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V^ /,;,'■
v.
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
FULGAIRE ME NT APPELÉ
DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX.
TOME SECOND
BOU=CRA
DICTIONNAIRE
UNIVE RSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
VULGAIREMENT APPELÉ
DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX,
Contenant la Signification Se la Définition des mots de l'une ôc de l'autre I.ano-ue 2
avec leurs différens ufages; les termes propres de chaque Etat v^ de chaque ProfeiTion :
La Defcription de toutes les chofes naturelles ôc artificielles ; leurs figures , leurs efpèces ,
leurs propriétés : L'Explication de tout ce que renferment les Sciences & les Arts , foie
Libéraux , foit Méchaniques , SCc.
AVEC DES REMARQUES D'ÉRUDITION ET DE CRITIQUE;
Le tout tiré des plus excellens Auteurs ^ des meilleurs Lexicographes , Et\molopiftes
ÔC Glojffaires , ^ui ont paru jufqaici en différentes Lan gués.
NOUVELLE ÉDITION.
Corrigée etconsidérablement augmentée.
TOME SECOND.
A PARIS.
PAR LA COMPAGNIE DES LiBRAIRES ASSOCIÉS.
^iiraiBaMMB— BwaMaw
CïM^^tKgrti-»<nrj-it— iiiHMJinni ||MM<|||| i|||if im,! bi | <!BW|| m I llll i il f I W ITTIB^
M. DCC LXXI.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI
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^ A'JAMSf-l.i/
IT/I'
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UNI V
CONTENANT
SEL,
TOUS LES MO
DELA
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DES SCIENCES ET DES ARTS,
t
Avec les Termes Latins qui peuvent y convenir.
Suite de la Lettre B.
B OU ^ BOU
OULEVART. r. m. (Quelques-
uns écrivent Boulevard ) terme
d'ancienne tbrtirication -, lyno-
nyme avec baflion , qui eft feul
en ufage aujourd'hui dans l'art
militaire. Koye^t Bastion.
A Paris on appe\[e Boulevart ,
le terrein du grand Baftion çle la
Porte faint Antoine -, &; cette partie a donne le nom i
tout le rempart , c'efl:-à-dire à cette promenade plantée
d'arbres aurour de la Ville. Se promener fur le Bou-
levcirt. C'cft-là que les Bateleurs , les Farceurs , les
Hiftrions de toute elpèce, amufent ce qu'on appelle
la bonne compagnie , & la populace.
Nicot dérive ce mot de boide-, & waer mot flamand,
ou du picard ward, qui (ignifie garder , coiilme qui-
diroit défenfe contre les boulets. Turncbe croit qu'il
vient de boules vertes. D'autres le dérivent de l'Ita-
lien balaordo , ou de l'Efpagnol balvarte , qu'on a
dit auffi dans la balTe latinité. Mais Ménage croit
qu'il vient de l'allemand bolverk , qui lignifie ouvra-
ge de poutre ; ^o/fignifiant poutre, Se werk, ouvra-
ge : ce qu'il a dit après Hotman. Du Cange le dé-
rive de burgwart , quodburgumfervat 6* tuetur. Les
Grecs modernes ont fait de ce mot leur BoAs/jos,
IJC? Ne pourroir-on pis dire tout iimplement que Bou-
levart vient des mots boule , corps fphcrique avec
. lequel on joue j & veri j ver4ure , gazon. B«ukyArt ,
Tome Ily
gazon où l'on joue à la boule. On a dit dans la fuite
Boulevart ; mais le peuple a confervé l'ancien mot ,
&c prononce encore Boulevert. Je crois avoir vu cette
étymologie quelque part.
Boulevart , fe dit lîgurément des places fortes qui
couvrent tout un pays , & qui en défendent l'entrée
aux ennemis. Propugnacula. Rhodes étoit autrefois
le boulevart de la Chrétienté. Le Tygre & l'Euphrare
font les deux puiifans boulevarts de ce Royaume.
Vaug.
BOULEVERSEMENT, f. m. Grand changement qui
met toutes chofes en défordre, renverfement. Ever-
Jio , £/?y?«r^^«o. Une mille qui joue, caufe le ^oa/^--
verfement d'un remparr. Au figuré , Les nouvelles
hétéiies caufenr un grand bouleverfement dans l'or-
dre , dans la difcipline de l'Eglife.
gs^BOULEVERSER. v. a. Renverfer entièrement, rui-
ner , evertere. La tempête a tout bouleversé. Le trem-
blement de terre a iouleverfé la ville & les envi-
rons.
^fT Bouleverser , fignifîe quelquefois càufer un de-
rangement général , mettre fens delfus defTous. Dif-
jicere , permifccre omnia. Ils ont tout bouleverfé dans
mon cabinet pendant mon abfence. Bouleverfer les
meubles d'une maifon.
go* Au figuré, bouleverfer fignifîe mettre en défordre.
Turbare , evertere , pertundare. Cette banqueroute
a bQukvirfé fes aflaise». Ce faâjeux a bouleverfé,
2. BO U
l'Etat, a cmCà de grands dclbrdres dans TEtat. Cette
nouvelle lui zboilUverfi l'clprit, acaulc une grande
akéiation dans fon efptit-
Bouleversé , ée. part.
BOULEUX. f. m. Ceft ainfi qu'on appelle un cheval
trapu & propre à des icrvices de tatig;ue. Ce cheval
eft un bon houleux. On dit aulU au figure , en par-
iant d'un homme d'un génie borné, mais qui tait
bien fon devoir dans l'occafion , que c'clt un bon
houleux. Il cft familier.
BOULI. f. m. Sorte de pot où les Siamois préparent
leur thé. . , , , i • /^>„n-
irr BOULTANUS.f. m. Terme de Mythologie. C elt,
félon le P. de Longueval , dans fon Hift. de 1 Eghle
BOU
d'une faude
Divinité
avoit un
Gall. t. I, p. 195 > le "°"^ . ,,
honorée à Nantes, en Bretagne, ou elle
temple fameux, qui fut abattu , comme on le croit,
vers l'an 519, fous le règne & par l'autontc du grand
Conftantin. Il y a quelque temps , dit ce 1ère,
à Nantes une inlcription en 1 hon-
que l'on tiouva .. . ,
neur de cette Divinité , conçue en ces termes -.r^u-
mini Juirufîor. Deo Bouljano M. Gemel.fecundus 6;
C. fedat. fiorus a?wT. Vicarior. portens. tribunal.
C. M. locis ex Jfipe conlata pofuerunt. Cette inl-
cription a beaucoup tourmenté nos Savans. Nous
croyons , ajoute le P. de Longueval , que ce Dieu
Boulianus eft le même que le Dieu Janus des Latins ,
au nom duquel on ajouta le nom celtique boul, qui
fignifie orhb. Ainfi Bouljanus fera le Janus du monde.
On allure en effet qu'une ancienne figure de ce Dieu
le repvcfentoit à trois faces , pout lignifier lans doute
les trois parties du monde qui étoient alors connues.
Boul, fignifie encore chez les Bretons un globe.
Rien de mieux imaginé-, rien de plus plaufible que
cette explication -, mais malheureufcment Bouljanus
eft un Dieu imaginaire , &: l'infcription n'eft pas
abfolument telle que le P. de Longueval la rapporte.
Au lieu de Numini, il faut lire Numinihus : Fol.
Jano , au lieu de Bouljano ; Secudus , au lieu de/e-
cundus: Ficanor, au lieu de Ficarior:C M.M lieu
de C. M. Ainfi il faut interpréter Deo vol. Jano, par
ces mots , Deo volente Jano , fous le bon plaifir de
' Janus : voici en deux mots tout le myftcre de cette
infcription ; elle fut faite pour apprendre à lapofté-
rité que les habitans de Nantes confacrerent leut
tiibunal aux Dieux des Empereurs , c'eft-à-dire , à
Jupiter & à Apollon -, mais après avoir invoqué
Janus , félon la coutume Payenne , afin que leur
offrande pafsat par lui aux Dieux de l'Empire. Foyei
une explication de cette infcription par M. Travers ,
Prêtre , Dodeur de Nantes, dans les Mém. de littér.
Se d'hift. recueillis par le P. Defmolets de l'Oratoire.
L'infcription y eft ainfi traduite : Aux Dieux des
Empereurs : de l'agrément du Dieu Janus. M. Ge-
melius Secudus &:"C. Sedatius Fiorus, de l'argent
contribué , ont bâti dans la place du commerce le
tribunal des affaires des habitans du Port.
BOULICHE. f. f. Grand vafe de terre dont on fe fert
fur les vailfeaux. Amphora , metreta. On enduit les
toulichesàe goudron , & on y met du vin : cela lui
donne le même goût que s'il y avoit du quinquina
infufé. Lettre écrite de Panama.
BOULIER, f. m. Terme de Pêche. Ceft un filet fait
comme une feine , dont les pêcheurs fe fervent fur
les côtes de la Méditerranée , 5c qu'ils tendent aux
embouchutes des étangs falés. Rete.
^ BOULIEU. Petite ville de France, dans le haut
Vivarais , proche d'Annonay.
BOULIMIE, f. f. Terme de Médecine. Ceft une mala-
die qui caufe une faim défordonnée. Plufieurs furent
travaillés de la boulimie. Aelanc. Les Tranfaélions
Philofophiques , N. 1^4- P- 59^- ^ ^om. III. p. 1 1 1 .
parlent d'un paylan malade d'une boulimie furieufe
dont il guérit entendant plufieurs vers de lalongueur
& la groflêur d'une pipe à fumer -, après quoi fa faim
diminua peu à peu , &c revint à un appétit ordinaire.
Ce mot vient, félon Futetiére, du grec «»5 , de de
fnfu\ , qui lîgni^ent èceuf & faim : c'eft - i ^ dire ,
avoir faim , être affamé jufqu'à manger un bœuf;
^ mais ce n'eft pas le fentiment de Jof. Sca-
nner , 5b , dit - il , apud Grœcos intendit , K/EiiA.>tos ,
ifSuM'/ii», ingens famés à refrigeratione vsntricnli
contracta, fie apud Latinos particulavc, ut in vehe-
mens , & aliis. Remarq.fur la Sat. Ménippée. Cette
maladie dépend de l'abondance ou de l'âcreté des
fucs digeftifs qui irritent les inteftins.
BOULIN, f. m. Petit trou qu'on dilpofe tout autour
d'un colombier pour y nicher des pigeons; c'eft l'en-
droit où ils font leurs œufs. Un colombier à pied a
quelquefois jufqu'à douze cens boulins.
On appelle auffi Boulins, des pots de terre faits
exprès pour fervir de retraite à des pigeons.
Boulin , en termes de Maçonnerie, cft le trou qu'on
fait à un mur pour recevoir les pièces de bois qui
portent les échafaudages. On appelle aullî Boulins ,
les pièces de bois qu'on met dans ces trous pour
foutenir l'échafaudage.
BOULINE, f. f Terme de Marine. C'cft une corde
aniarce vers le milieu de chaque côté d'une voile ,
qui fert à la porter de biais pour prendre le vent de
côté , quand on ne l'a pas en poupe ou de quartier.
Felum oblique ohtentum. La bouline de revers , eft
celle qui eft larguée 6c fous le vent. Le vent de
bouline , eft celui qui eft éloigné de cinq pointes ,
ou aires de vent de celui de la route. La bouline
grajfe , eft le vent qui s'en éloigne davantage de fii
à fept pointes. On dit , aller à la bouline , ou tenic
le lit du vent, quand on eft porté d'un vent de biais,
<\\x\ femble contraire à la route , en fe fervant de hou-
Unes hâlées & roidies. Obliquo vento navigare ; pe-
demfacere. On le dit aulll figurément , pout figni-
fîer , Biaifer , n'aller pas droit dans une affaire : mais
cela n'eft que du ftyle familier.
Courre la bouline. C'eft un châtiment qui fe pra-
tique fur mer. L'équipage fe r;^nge en deux haies de
l'avant à l'arrière du vaiffeau. Chaque matelot tient
une cotde , ou gatcette à la main. On fait pafTer le
criminel deux ou trois fois entre ces deux haies de
matelots, qui lui donnent chacun un coup.
Hâle-Bouline. f. m. Ce motfe trouve dans Pomey.
C'eft un nom de raillerie que l'on donne à un ma-
telot qui n'eft point encore expérimenté. Tu n'es
qu'un hâle-bouline.
BOULINER. V. n. Aller à la bouline , prendre le vent
de côté. Obliquo vento navigare. On appelle aufïi
cette manière de naviguer, louvoyer.
On commence à dire figurément, Bouitner ', pouc
dire, biaifer dans les affaires, n'aller pas droit,
trouver quelque détour , ou cchapatoire. Cela elî
bas & du ftyle familier.
BouLiNER. V. a. Terme de gens d'armée, qui fîgnifîe,
voler dans le camp. Furari. Il a perdu au jeu tout
ce qu'il avoit bouline. Ce foldat fe fera pendre , W
s'amufe à houliner. Il eft populaire.
Bouline, ée. part.
BOULINEUR. On prononce Boulineux. f. m. Ce moft
fe dir des foldats qui volent dans le camp. Fur y'ia-
tro. C'eft un boulineur. On pend tous les houlineurs ,
quand on les attrape.
BOULINGRIN, f. m. Terme de Jardinage, C'eft un
mot purement Anglois , qui fignifie un ga^on fur
lequel on joue à la boule. Area cefpititia. On l'a die
en France d'un jardin vert, & orné de palifîades.
On a nommé ainfi le Boulingrin de S. Germain.
On l'a dit auifi d'un parterre de pièces de gazoa
découpées, avec une bordure en glacis , qu'on prend
foin de tondre fouvent,afin d'entretenir l'herbe tou-
jours courte 6c verte. On fait des boulingrins de
plufieurs manières. Cette efpèce d'ornement de jar-
din vient d'Italie. Liger.
Ç3" Les boulingrins iîmplesfont de gazon, fans au-
cun ornement.
ffT Les boulingrins compofés font coupés en corn-
partimens de gazon , mêlés de broderies , avec de$
plates-bandes & des arbriffeaux.
BOULINGUE» ou hoaringej f. f. Terme de Matin*.
Bo tr
BO IT
Vdum ai ipfa carchejia. intentum. Petite Voile au
haut du mât.
BOULINIER. f. m. On dit d'un vaifTeaU , qu'il eft
bon , ou mauvais boulinier , loifqu'il va bien , ou
mal à boulines hâlces. J^avis excipUnio oblique
vento apta.
BOULINIS , ou BOULIGNIS. f. m. Monnoie de cui-
vre qui fe fabrique à Boulogne en Italie. Elle y tient
lieu de fous , &: dans les achats & ventes on y mar-
chande par bonlinis , comme l'on fait en France par
fous. Les boulhùs valent 4 quadrins , c'ell-à-dire ,
la bajoque de Rome, qui a cours en concurrence
avec eux , à caufe que Boulogne eft; terre Papale.
Leur nom vient de la ville où ils font frappes.
BOULOGNE. Ville archiépifcopale de l'Etat de l'E-
glife , en Italie , fur le Reno. Bononia. La fituation
• de cette ville eft charmante , & fon terroir lî abon-
dant en toutes fortes de biens, qu'elle en a pris le
nom de Boulogne la GraJJc. Il y a à Boulogne une
Académie très-fameufe pour les études de Droit,
honoré II , Luce III , Grégoire XIII, Innocent IX
& Grégoire XV croient de Boulogne. La même ville
a donné la naiifance aux Carraches , au Guide , au
Dominicain &: au Guerchin. T. Corn, Boulogne eft
la féconde ville de l'Etat Eccléliaftique. Le Légat de
Boulogne eft un Prélat que le Pape y envoie pour la
gouverner. Boulogne a le privilège d'envoyer au
Pape un Ambaffadeur pour fe maintenir dans fa li-
berté & dans fes droits. Idem.
Il y a une Hiftoire de Boulogne écrite en Italien
par Gafpar Bonbaci, qui remarque plulîeurs cir-
conftances qui ne fe trouvent pas dans les autres
hiftoires de Boulogne. Agnechius , Archevêque
d'Amafîe , a fait auflî un Traité de la fondation de
la ville de Boulogne. Cette ville a été long-temps
connue fous le nom de Feljîne , foit qu'elle ait
reçu ce nom d'un Roi d'Etrurie nommé Feljinus ,
qui , comme l'écrit Dempfterus , la rétablit long-
temps après la première fondation que le Roi Cel/i^
nus en fit , dit-on , mille ans avant la fondation
de Rome •, foit qu'on l'ait ainfi nommée , parce
qu'elle a été autrefois la forterefle de tout le pays ,
qui en langue vulgaire & ancienne , étoit exprimée
par le terme de Feljina. C'eft le fentiment d'Agne-
chius , qui ne rcconnoît parmi les Rois d'Etrurie ,
ni de Feljïnus , ni de Bonus , à qui quelques-uns
ont cru qu'elle devoir le nom de Boulogne. Quoi
qu'il en foit , c'eft pour cela que le Comte Carlo
Malvafia a intitulé fon Traité des Peintres de Boii-
logne , Feljine Pittrice , car cette ville s'eft fort dif-
tinguée par cet att ; & l'Ecole de Boulogne paffe
fans contredit pour une des plus célèbres -, plufieurs
difent pour la meilleure de toute l'Italie.
Quelques - uns écrivent Bologne ; & c'eft l'u-
fage le plus général pour la ville d'Italie , & la pierre
qui en porte le nom. Boulogne eft à 29°. 8' 3 3". de
longitude, & 44°. 29'. 55". de latitude. Manfredl
& Stancarl. Selon le P. Riccioli , elle n'a de lati-
tude que 440. 29'. 30". Sa longitude eft, félon Hofî-
fnan, 350. 55'. &: fa longitude 43". 52'. Falfoni ,
Chanoine Flégulier, a donné en Italien des Mé-
moires hiftoriques de l'Eglife de Boulogne & de
fes Pafteurs, à Boulogne 1(^49. in-40. & nous avons
deux ouvrages de Sigonius fur ^o?//og«e i l'un , Z>e
Rébus Bononienjibus; & l'autre. De Epifcopis Bono-
nienjibus. Il y a aufli Hijiorie Bolognefe de Fi:^am,
& deux volumes d'Alidofi, qui ttaitent de tous les
hommes célèbres de Boulogne,
Pierre de Boulogne , & mieux , Pierre de Bologne.
Lapis lucifer Cafciarolanus vel Bononienjis. C'eft
une pierre petite , grife , pefmte , tendre & fulfu-
reufe , de l'épaifleur à peu près d'une noix , & dans
laquelle on trouve une cfpèce de criftal , ou de taie ,
quand on la rompt. Elle fe trouve aux environs de
Boulogne en Iralie , & c'eft de-là qu'elle a pris fon
nom. II y en a cependant encore en d'autres lieux ,
comme au pied du mont de Palerne. C'eft-Là qu'un
Cordonnier , nommé Vincen^o Cafciarolo , ayant
ïamafle de ces pierres > Se les ayant portées chez
?
lui , & mifes au feu dans l'efpcrance d'en tirer de
l'argent-, au'lieu de ce qu'il atteUdoit, il découvrit
ce phénomène admirable , & la propriété qu'elles
ont, qui confifte en ce que quand on les a expo-
iëes à la lumière , elles la retiennent , & luifenr en-
fuite dans les ténèbres. fjO^ On fait calciner cette
pienc au feu , après la calcination on l'expofe à l'air^
afin qu'elle s'imbibe de lumière. Cette efpèce de
phofphofe tranfporté dans un lieu obfcur , doit être
lumineux. Malpighius dit qu'un certain Zagonius
avoit trouvé l'art de faire avec \z pierre de Boulogne
des ftatues & des peintures , qui brilloient dans
l'obfcurité ; mais il ajoute qu'il étoit mort fans avoir
découvert fon fecret à perfonne. Tranfacl. Pliilofi
n. zi.p. 375 n. i^^.p. 842. & Tom. III. p. 346'.
Boulogne, Ville épifcopale de France, en Picardie j
capitale du Boulonois. Bolonia. On trouve Bolonict
dans des fiècles poftérieurs. On croit que Boulogne
eft le Gefforiacum Morinorum. D'autres l'appellent
auJîi Morinorum Navale. M. Bately , Archidiacre de
Cantotberij après avoir montré que le port appelé
Riuupiiz, ou Céfar débarqua, eft le ttrrain qui
s'étend entre Richborroug & Recuver, en infère que
Vlccius Portus , où il s'embarqua pour pailêr dans
la grande Bretagne , eft Boulogne , parce que le bras
de mer qui étoit entre deux, n'avoit que 40 milles
de largeur félon Céfar. Dans la carte de France faite
par M. de Lifle , la longitude de Boulogne eft en-
viron de 150. &: fa latitude de 50''. environ 40'. &
félon M. Caffini, cette ville eft à 20°. 5', 26". de lon-
gitude , & 490. 16', 41", de latitude.
^ BOULOGNE , Bolonia. Petite ville de France ,
en Gafcogne ; félon Baudrand dans l'Armagnac , Se
félon de Lifle à l'extrémité occidentale du bas
Comminge , fur la Gimone.
BOULOIR. f. m. Terme de Maçonnerie. Inftrument
de bois dont les Maçons fe fervent pour remuer con-
tinuellement la chaux quand ils l'éteignent , c'eft-à-
dîre , quand ils l'ont mife dans l'eau , & pour la
mêler enfuite avec le fable & faire le mortier. M. Du-
hamel l'appelle en latin Tudiculus , ou contus. Le
bouloir eft compofé de deux parties , une tète &C
fon manche. La tête du bouloir eft un morceau de
bois de fix , fept , ou huit pouces de long , fur trois
ou quatre de large , plat d'un côté & en talus , ou
talus rond de l'autre. Du côté qu'il eft plat , il eft
emmanché d'un bâton d'environ fix pieds de long.
C'eft avec le côté qui eft en talus , que l'on broie ia
chaux qui s'éteint , & que l'on remue la chaux &:
le fable pour les mêler &: faire le mortier. Il faut
remuer long-remps la chaux avec le bouloir , pour
qu'elle foit bonne.
iCT BOULOIR. Chez les Orfèvres en grofferie , eft;
un vafe de cuivre oblong , avec une queue , dans la-
quelle on déroche les pièces. II eft auiïi à l'ufage
des Monnoyéurs.
BOULON, f m. Terme de Charperiterie & de Cha-
ronnage. Grofic cheville de fer qui a une tête ronde y
& qui eft percée & arrêtée par l'autre bout avec une
clavette. Clavus trahalis. II fert à attacher des pou-
tres, des titans de charpente .à un poinçon, à fou-
tenir le fléau d'une porte ccchère , fur lequel il eft
mobile. Il y a aufïi des boulons qui ont des têtes
rondes à leurs deux extrémités , comme ceux qui
attachent les arc-boutans d'un carroffe aux moutons.-
On appelle auïli boulon , la maflê, poids , ou pefoiï
de la balance Romaine.
Boulon , eft aufli une pièce ronde de fer ou de cuivre j
qui fcrc de noyau pour faire les tuyaux de plomb
fans foudute. Elle eft un peu plus longue que le
moule, & delà groffcur que doit être le diamètre
du dedans du tuyau.
Boulons , en termes d'Artillctie, font des branches' de
fer , c'eft-à-dire , les deux plus longues & plus'
groflcs pièces où pofe le canon.
BOULONNER, v. a. Arrêter une pièce de charpen-^
teric avec des boulons. Il faut boulonner cette"
poutre.-
A ''
4 B O U
i^ BOULONNÉ , EÉ. part.
BOULONOIS. f^oye:^ BOULENOIS.
BouLONOis, OISE. f. m. & f. Bononienjis. Qui efl de
Boulogne en Italie , ou du pays dont Boulogne eft
la capitale.
BouLONOis , f. m. Bononienjîs ager. Petite province des
Etats de rEglilc en Italie , qui a Je Fcrrarois au nord ,
la Romagne propre à l'orient , la Toicane au midi , &
le duché deModcneà l'occident. Il a pris fon nom
de Boulogne la capitale. Les Italiens l'appellent Bo-
lognefe. Davity èc le grand Atlas le nomment Bou-
logriois ; Maty Boulognois ,cu Bonlonois ; M. Cor-
neille Boulenois feulement.
BouLONoisE. f. f. Terme de Fleurifte. Anémone dont les
grandes feuilles font blanches à fond incarnat, fa pe-
luche entremêlée de blanc , d'incarnat, & de citron :
elle demeure long-temps en fleur. Sa peluche efl: fort
bien rangée. Anémone Bononienjîs. C'eft aulfi le nom
d'une tulipe rouge, pâle & blanc. Morin CuU. des
fleurs.
"BOULOUB ACHI. f. m. Terme de Relation. Capitaine
des Janiflâires. JaniJJ'ariorum O/z/z/r/o. AUoientdeux
à deux les Bouloubachis , ou les Capitaines des Ja-
niflâires , avec leurs grandes plumes fur le turban. P.
Dan. Hifl. de Barb.
BOULU , UE, adj. Ce mot eft du petit peuple de Paris,
qui dit châtaigne boulue , pour châtaigne bouillie.
Elixus,
BOUNE. f. f. Vieux mot. Borne. Du grec Bï««; , Co-
line , éminence. On a dit aufll Bourne.
BOUQUE. 1". f. terme de navigateur des ifles de l'A-
mérique , qui fignifie proprement une /1^:^^, ou entrée
paflage étroit , d'où eft venu embarquer & débouquer.
l^oy. ces mots.
BOUQUER. V. n. Baifcr par force Ce qu'on préfente-
Ce verbe ne fe dit proprement qu'en parlant d'un fin-
ge , lorfqu'on le contraint de baifer quelque chofe.
Ce linge a eu bien de la peine à bouquer. Faire bou-
quer un linge. On dit auHi à un linge -, Bouque^ cela \
& dans cetre phrafe , Bouquer eft employé active-
ment. 1^ On le dit au figuré , mais dans le ftyle fa-
milier ou populaire, pour dire faire malgré foi quel-
que aâ:e de Ibumillion. Invite-, ccgrefacere. Il a rclîfté
long-temps , mais à la fin il a tallu bouquer , céder
à la force.
Ménage dérive ce mot de buccare , qu'on a fait
de bucca , qui fignifie joue.
BOUQUERAN. f. m. Vieux mot , qui fignifie une forte
d'étoffé, qu'on croit avoir éré faite de poil de chèvre ,
comme le camelot eft fait de poil de chameau.
BOU QUET. f. m. Aflémblage de fleurs arrangées & liées
enfcmble. Florum fafciculus. Un Bouquet de fleurs
d'orange , de rofcs.
BOUQUET. On dir qu'une Dame a le bouquet; pour
dire , qu'elle eft la Dame du Bal , qu'elle en reçoit les
honneurs. Acad. Franc.
Ce mot vient de bofcetum. Guichard dit de p^it ,
abak , qui fignifie lier , d'où en lifant par tranfpofition
Kpa , s'cft fait bouquet.
Bouc^UET , fe dit aufll des fruits , & d'autres chofes
liées enfemble. Voilà un beau bouquet de poires ,
un beau bouquet de plumes. On dit aufll , Bouquet
de diamans , bouquet de pierreries , bouquet de per-
les. En cuifine , bouquet de fines herbes. ^fT On em-
ploie ce terme en Botanique dans le même fens. On
tiit que les fleurs de telle plante font raflémblécs
par bouquets. On s'en fert aufll à l'égard des feuilles ,
&: l'on dit qu'elles naiflent par bouquets , fafciaiim;
pour dire , qu'il y en a plufieur? raflemblées.
Bouquet de cheveux , petite touffe de cheveux. Cette
femme n'a qu'un bouquet de cheveux. On dit de
même qu'un homme a la barbe par bouquets , quand
il n'en a que de petites touffes , par-ci par (à.
On appelle aufll Bouquets , les repréfentations de
fleurs liées enfemble , qu'on fait dans des tapiflé-
ries, dans des peintures de panneaux de menuife-
ries , &:c.
"ouq.uET d'émail. Ce font des fleurs ar,tifiQeUes ,
BOU
que les EmalUeurs font avec des émaiis de diver-
fes couleurs.
On appelle aulTi Bouquet , un petit bois qui eft
dans un jardin de plaifance. Nemus ,Ji!vula.
BouQ,uET. Terme de Rivière & de Charpenterie. Tigil-
lum. Les deux bouquets d'un bareau font deux piè-
ces de bois , faifant enfemble cinq pieds de long ,
fervant à lier la matière-feuillie , c'cft-à-dire les cô-
tés , avec les deux courbes de devant. Caron.
Bouquet , eft aufll un fer dont fe fervent les Do-
reurs ou Relieurs pour appliquer le bouquet dont
ils ornent le dos d'un livre relié en veau.
Bouquet , fe dit aulfi parmi les Maquignons , de la
piaille qu'ils mettent à la queue & aux crins des
chevaux qu'ils veulent vendre.
Bouquet, fe dit figurément. Le bouquet facré. Bou"
quet fpirituel , fe dit de quelque penfée ou affec-
tion , quelque mot court & vif qui renferme ce
qui a le plus touché dans l'oraifon mcnrale , &
qui fert à nous élever à Dieu pendant la journée ,
& à nous rappeler le fruit de l'oraifon & les fain-
tcs vues que Dieu nous y a données. Les Spiri-
tuels difent qu'il faut toujours à la fin de l'orai-
fon fe faire un bouquet fpirituel \ qu'il faut de temps
en temps pendant le jour flairer le bouquet fpi-
rituel , c'eft-à-dire , fe rappeler ce mot , cette pen-
fée. Sertum fpirituale. Il faut abandonner ce mot
aux myftiques.
On dit proverbialement d'une maifon , qu'elle a
le bouquet fur l'oreille -, pour dire , qu'elle eft à ven-
dre : ^ d'une fille 5 pour dire , qu'elle eft à ma-
rier. On dit auflfi, donner le bouquet à quelqu'un >
quand on l'engage à donner un bal ou un repas à,
une compagnie ; & rendre le bouquet , régaler à
fon tour, ceux qui ont régalé. On dit aulfi , qu'une
femme fait porter le bouquet à fon mari , quand
elle lui eft infidelle,
BOUQUETIER. f. m. Terme de Faïencier. Vafe de
faïence , où l'on met des fleurs.
Bouquetier. Ouvrier qui fait & vend des fleurs ar-»
tificicUes. Les Maîtres Plumalfiers de Paris pren-
nent la qualité de Bouquetiers.
BOUQUETIÈRE. l".f. Celle qui fait des bouquets. Cb-
ronaria.
Bouquetière , fignifie aulfi celle qui a le droit d'ex-
pofcr & de vendre toutes fortes de bouquets de
fleurs naturelles. Elles font appelées maîtrelïès Boil-
queti'eres, Chapelieres en fleurs. Il leur eft défendii
de fe fervir de fleurs d'Acacia , & les autres fleurs
qu'elles emploient, doivent être nouvellement cueil»
lies.
BOUQUETAIN. f. m. Bouc-etain, Steinbok. Ibex,
Voy. Bouctein.
BOUQUIN. f. m. Vieux bouc. Hircus. On appelle
aulfi Bouquins , les maies des lièvres & des lapins.
On appelle figurément un vieux bouquin , Un
vieux débauché , fort adonné aux femmes.
gC? Dans la fable on donne le nom de Bouquins aux
fatyres , parcequ'on les reprélénre avec la figure de
bouc depuis la ceinture jufqu'en bas.
Cornet a BouQuiN.C'étoit autrefois une grande flûte de
payfan. Cornu mujicum. Elle fert maintenant dans les
chœurs de mufique des Eglifes. Voy. au wîo/Cornet.
Ménage dérive ce mot de buccinum , qu'on a die
pour buccina.
Ofi appelle aulfi de vieux livres dont on fait pei»
de cas , de vieux bouquins. Vilis & objbletus codex.
Ce mot vient de l'allemand buck , ou bouc, qui fi-,
gnifie un livre , & parce que les premiers livres im-
primés nous font venus de ce pays-là, on a appelé bou-
quins les vieux livtcs. Voyez Naudé dans le Mafcu-
rat, p. 1 71. Lipfe croit que l'Allemand vient duLatia
buxus , parce que le buis fervoir à leur reliure. Le
P. Kirker , Œd. jEg. T. 1. p. 6 , en rapporte une
ctymologie plus vraifemblable. Il dit qu'on ccri-
voit autrefois dans le Septentrion fur des tablettes
de hêtre , qui dans les langues feptentrionalcs s'ap-
pelle Buech, buechbamub ; que c'eft de-là qu'ils ont
aiiill appelé un livre buech , §c bûcher au pluriel.
B O TJ
Car poiTT l'ctymologie de Guichard , qui le tire cîe
l'hébreu 3113 , Catab , Ferire , d'où en tranfpofant
les lettres s'eft fait naa , bacath^ & de-là en grec
■acxTo,; &C ^vxTK , libelliis , tabula^ epijlola , duquel
■B-ox^U a été retenu en ïdiiin piciacium ; ik dont s'eft
formé en allemand buch , took en anglois , boeck
en flamand , liber , quaji fcriptum : poui cette éty-
mologie , dis-jc , elle ne paroît pas recevable quant à
l'hébreu ; & quant au relie , celle du P. Kirker eft
plus vraifemblable.
Reprenons unjlyle nouveau ,
Laiffbns la langue marodque ,
Bouquins , rentre^ dans le tombeau.
)BoUQ.t;rN , en latin Hirculus. Efpèce de nard bâtard.
Voyez Spica-nardi.
On dit proverbialement , fentir le bouquin ;
pour dire , léntir mauvais. Ce mot fe dit particulière-
ment des aiflclles , lorlcju'il en fort une odeur torte ,
comme celle d'un bouc. Olere hircum.
BOUQUINER. V. n. Chercher de vieux livres chez
les Libraires , ou s'amufer à les lire. Veteres ù ob-
folutos libros ac codices fcrutari, vel'evolvere. Il y
a force curieux qui ne font toute leur vie que ^0«-
quiner. Ce mot eft familier.
Bouquiner. Se dit aufli du lièvre , lorfqu'il efl: en
amour , &; qu'il tient fa hafe. Salnove.
BOUQUINERIE. f. f. Terme méprifant qui fe dit d'un
grand ramas de citations & de palfages de vieux livres ,
ou de bouquins. Au nom de Dieu trêves de partages -,
fc puifque tu m'as promis la ledture de ces nouveaux
titres que je fuis plus envieux de voir que toute ta
^c;«y/.'/V;enV, obliges-moi de m'en faire leéîure. Masc.
|ICF BOUQUINEÙR. f. m. celui qui cherche de vieux
livres.
^T BOUQUINISTE, f. m. Celui qui les vend ou qui
les achète*
BOURA. f. f. Sorte d'étoiFe foie &: laine.
BOURACAN. f. m. On difoit autrefois Baracan.
Gros camelot , ou étoffe tiifue de poil de chèvre.
Pannus è caprinis pilis contextus. Le Bouracan ne
fe foule point -, on le fait feulement bouillir dans
l'eau claire à deux ou trois reprifes , enfuite on le
calendre.
Ce mot vient de l'Italien baracane. MÉNACE.D'au-
tres le dérivent de varocino , ou varonico , parce que
c'étoit une étoffe qui étoit particulièrement propre
à vcrir les hommes , que les Efpagnols nomment
varones. Du Cange le dérive de barres , parce que
Imirs *ils ou leurs liffes repréfentent des barres.
BOURACANIER ) ou Baracanier , f. m. Ouvrier qui
fabrique les Bouracans.
^ BOURACHE. roy. Bourrache.
BOURACHER. f. m. C'eft le nom que l'on dôniie à
Amiens aux ouvriers qui travaillent à Certaines étof-
fes , comme raz de Gènes , &c.
BOURASQUE. Foye^ Bourrasque.
gC? BOURBE, f. f. Terre imbibée d'eau. Canum. Ort
le dit particulièrement de la fange de la campa-
gne , du fond des eaux croupiffantes , des étangs
èc des matais. Le poiffon qu'on pêche dans les étangs ,
fent ordinairement la bourbe.
Nicot dérive ce mot du grec sào/Bo»»? , fignifiant la
même chofe. Etienne Guichard allant plus loin à fon
ordinaire, prétend que de nT3 13" , abarboura, qui
vient de Ti>^ , cojijunxit , & fignifie , macula fie
appellata quoi fit lïvorifimilis , & félon les Gram-
mairiens hébreux , macula livoris , une tache livide ,
color ex pallido nis^refcens , couleur d'un pâle noi-
râtre , que de-là , dis-je , a été formé en grec eûp^opoi ,
Se bourbe en françois , & borra en efpagriol.
BOURBELIER. f. m. Terme de Chaffe. C'eft h par-
tie du fanglier , qu'aux autres animaux on nomme
poitrine , 8c aux cerfs la hampe. Pecîus. :a
BOURBEUX, EUSE, adj. Qui eft plein de bourbe.
Qcnofiis. Un ruiffeau bourbeux , un gué bourbeux.
Il fe dit aulïï de ce qui vit dans la bourbe. On lit
B OU
■/
dans la fable des grenouilles traduite du latin du P-
Comraire :
Déjà ces infectes bourbeux
OJbientfortir du marécage ,
Et paroijfajit fur le rivage^
Faifoientfuir les troupeaux quipaiffoient auprès d'euX'
BOURBIER , f. m. Lieu plein de bourbe où l'on en-
fonce , & dont on a peine à fe retirer, dcnofa lacuna.
Les chariots pefans demcutoient la plupart enfoncés
dans des bourbiers. Vaug.
Bourbier , fe dit figurément des embarras où l'on fe
trouve , des affaires hicheufes dont on a peine à for-
tir. Res, locus dificilis ,perichlofus. Il aura bien de la
peine à fe tirer de ce bourbier. Expr.du ftyle familier.
Ucr BOURBILLON. Terme de chirurgie & de ma-
réchallerie. Pus épaiffi qui fort d'une plaie , d'iin
apoftcme , d'un javar. Pus , fanies. Un clou , un
javar eft bientôt guéri , quand le Bourbillon eft forti.
BOURBON. Nom de pluficurs lieux. Borbonium.
Bourbon l'Archambaud Borbonium Archambaldî,
Ville de France , dans le Bourbonnois , airtft appelée
d'Archambaud fon Seigneur. Bourbon n'ctoit d'a-
bord qu'une Baronnie qui fut partagée entre deux
frères, Archambaud & Anfeaume ^ils curent cha-
cun dans leur partage une ville nommée Bourbon ,
ce qui fit que tous deux prirent le titre de Barons
de Bourbon. Bourbon l'Archambaud paffa dans la
Maifon de France par le mariage de Bcatrix , hé-
ritière de Bourbon avec Robert , Comte de Cler-
mont, fils de S. Louis en 1327. Bourbon l'Ar^
chambaud fut érigé en Duché par Charles le Bel
en faveur de Louis de Clermont , furnommé h
Grand, fils de Robert & de Bcatrix.
Bourbon r Archambaud eft fameux par fes bains
chauds, qui font les plus fréquentés qui foicnt en
France. Dans l'ufage ordinaire on dit Bourbon tout
court , fans ajouter l'Archambaud , quand on parle
de cette Ville, les eaux At Bourbon, les bains de
Bourbon , le voyage de Bourbon. Les Médecins
m'ordonnent d'aller à Bourbon ; on confeille à ce
malade de prendre les eaux de Bourbon,
Bourbon Lancy , Borbonium Anfelmi , on antiqui,
primogeniti'. Petite ville de Bourgogne dans l'Au-
tunois , ainfî appelée par corruption du nom du
Seigneur à qui elle fut donnée , comme nous avons
dit , ^ qui s'appelloit Anfeaume , deforte que Bour'
bon Lancy eft originairement Bourbon l' Anfeaume.
D'autres difent que c'eft Bourbon l'ancien , parce
que c'étoit la portion de l'ancien , Du de l'aîné de
la famille. Mais puifqu'on a dit Bourbon l'Archam-'
baud du nom du Seigneur , il eft plus vraifem-
blable que l'on a dit 3.uiVi Bourbon l' Anfeaume du
frère d'Archambaud , à qui ce Bourbon-là échut.
On dit qu'on trouve beaucoup d'antiquités en fouiï-
fant aux environs de Bourbon Lancy.
BOURBON, f. m. Nom de l'Augufte famille qui rè-
gne en France. Robert, fils de S. Louis, & Com-
te de Clermont, époufa Bcatrix Dame de Bour-
bon l'Archambaud. De ce mariage fortit Louis de
Clermont , furnommé le Grand , en faveur duquel
Charles le Éel érigea Bourbon l'Archambaud en
Duché l'an 1 5 17 , & qui porta le premier le nom de
Duc de Bourbon. De ce Louis font dcfcendus de
père en fils Jacques de Bourbon , Jean de Bourbon ,
Louis II de Bourbon , Jean II de Bourbon , Fran-
çois de Bourbon^ Charles de Bourbon, Antoine de
Bourbon, Roi de Navarre ; Henri de Bourbon , Roi de
France & de Navarre ; LouisXIII & Louis le Grand ,
XIV du nom.
Mânes des grands'^onïbof\s, brilîàns fbudres de auej-fe^^
Qui ftUes & l'exemple & l'ej^roide la terre. CoK}i.
Tel le grand Saiht Louis , la tige des Bourbons .
Lui-même du Soldat for çoit les Bataillons. Id.
Dans les Héros que pour rc^nerfit naître
Des grands Bourbons la Royale Maifon ^
i.efanginfpi'ri} &jpTévicnt U raifon i
BO U
BOU
Le nobk inJUncl , qui dans le cccur domine
RappcUcen eux Uur augulie origine ,
£i de cej'ungreçu de tain de Rois
La Majejié réclame tous les droits. P. du Cerc.
Astres de Bourbon. JJlra Borhonia, o\x Etoiles de
Bourbon. Stellx Borbomce. Ce Ibnt trente Satellites
que l'on a découverts près du Soleil , i?-: qui font leur
révolution autour de cet aftre en quinze jours. ^
Île Bourbon, ou de Bourbon, île d'Afrique à l'O-
rient de la grande île de Madagafcar. Injida Bor borna.
Elle efl: aux François, qui lui ont donné ce nom. Les
Portugais, qui l'ont découverte les premiers, la
nommèrent Mafcaregne. Il croît à l'Ile de Bour-
bon une efpèce de Café , ou Cafier , qui pro-
duit le Café long , qui eft très - bon. Il y vient
aulH une efpèce de poivre. On nous envoie encore
de-là un excellent extrait d'Alocs, une réfme odo-
rante que la colonie appelle Berijoin , & qui peut
être de vrai Benjoin i une gomme que la colonie ap-
pelle Tacamaca , Se qui paroît femblable à ïJffoite
de Maria des Efpagnols -, de la Curcuma ou Terre
Mérite j de la Schénantc-, de la Squine-, des Tama-
rins-, une forte de Scabieufc , & quantité de bois
fmguliers par leurs odeurs & leurs couleurs , qui peu-
vent les rendre également utiles aux Ebéniftes Si aux
Teinturiers. De Jussieu , Meni.Mjff. Voyez les dro-
gues ci-deflus mentionnées, chacune en leur place.
BÔURBONNE-LES-BAINS. Bourg de France célèbre
par fes eaux minérales. Ce lieu eft en Champagne ,
dans le Baifigny , éleétion de Langres, à fix lieues
de cette ville , dans le fond d'un vallon , dont la
pente du ruKî'eau de Borne, qui le parcourt , va de
l'eft à l'oueft. Les eaux minérales de Bourbonne font
difperfées en plufieurs fources, & on s'en fert pour
la gucrifon de diiférentes maladies. On les appelle
eaux de Bourbonne , à ce que l'on prétend , à caufe
de la bonté de leur bourbe , ou boue ', enforte que
Bourbonne eft dérivé de Bourbe bonne. Ces eaux font
chaudes &: remplies d'un fel qui a beaucoup de rap-
port au fel marin. Il y a uneDiflertation de M.Gau-
tier , Architetfte Ingénieur, & Infpeéteur des grands
chemins , des Ponts &: Chaulîces de France , fur les
eaux minérales de Bourbonne-les-bains , imprimée
à Troyes en lyitf. L'ancien château de Bourbonne
ayant été brûlé en 17 17 dans l'incendie prefque gé-
nérale du Bourg, on bâtit une maifon baffe dans la
cour de ce château , où l'on plaça une pierre qui
avoir été mife dans la face du donjon de l'ancien
château , fur laquelle on lit une infcription votive
& adreffée à la Nymphe ou Génie de la Fontaine de
Bourbonne; en voici les termes: 5orvo72i thermonx.
Caius Jatinius Romanus in Gallia profalute Cocilix
ex voto. Gruter. p. x. «. 4 , & M. Dunaud , tom. 2 ,
pag. 515 de fon hiftoire de l'Eglife de Befançon ,
font mention de cette infcription. Les eaux At Bour-
bonne font bonnes pour la paralylie , les rhumatif-
mcs, les humeurs froides, lefcorbut, difpofent à
la guérifon de la vérole , préviennent la goutte &
la gravelle. Elles doivent leurs vertus à un fel neutre
qu'elles renferment , à des parties fulfiireufes , bitu-
mineufes , volatiles , ablbrbantes & ferrugineufes.
M. Jurer , Médecin de ce lieu pour le Roi , prétend
qu'elles guériflent de la fièvre quarte mieux que le
quinquina. Foye^ fa Differt. imprimée à ce fujet en
1750. Les boues de 5or^o;7«f qui fe trouvent dans les
bains , fervent à guérir plufieurs incommodités , fur-
tout celles qui attaquent les nerfs. Voye^ Dom Cal-
mer , Traité hiftoriq. des eaux & bains de Plombiè-
res, 5o?^ri^on«f, (&<:. p. iiri. L'Hôpital militaire de
Bourbonne-les-bains , eft rempli de foldats depuis
le premier de Mai jufqu'au premier d'Oi^obrc. Ils y
viennent de toutes parts.
BOURBONNISTE. f. m. attaché à la Maifon de Bour-
bon. Kove^ Valesien.
BOURBONNOIS. BorbonienJIsProvincia, ouDuca-
tus. Le Bourbonnais eft un ancien Duché de Fran-
ce , firué entre l'Auvergne, le Forêt, la Bourgogne ,
le Nivernois, le Berry , £c la Marche. Le Bourbon-
nols fut anciennement le pays des Boies , ou Boïens.
Le haut Bourbonnais eft proprement le pays de Com-
brailles. Le refte s'appelle le bas Bourbonnais. Le
Bourbonnais eft arrofé de l'Allier , & divifé en 17
petites Châtellenies. Moulins eft la capitale du Bout^
honnois.
BOURBONNOIS,OISE,f. m.&f. Borbonienfis,Boius,
Qui eft de Bourbonnais. Il ne fe dit point pour figni-
fier celui ou celle qui eft de Bourbon , foit de Bour-
bon l'Archambault , foit de Bourbon Lanoy , mais
feulement qui eft de la province de Bourbonnois. Je
connoiilbis le P. Lingendes -, il étoit Bourbon^
nais. Qui font ces Provinciaux-là î Ce font des Botir'
bonnois.
^fj JjOURBONS. f. m. pi. terme ufité dans les Salines
de Lorraine. Grofles &: longues pièces de bois de
fapin fervant à foutenir les poêles par le moyen des
happes 6>: des crocs.
BOURBOURG. Ville de France , dans la Flandre ma-
ritime , cédée aux François par lapaixdesPirénées.
Burburs,us. Bourbourg étoit autrefois afîéz bien for-
tifié. Maintenant il eft démantelé.
Il étoit autrefois duDiocèfedeTérouanne , aujour-
d'hui de celui de S. Omet •, il eft célèbre par une
ancienne Abbaye de Bénédiiftins.
L'Abbaye de BouRBouRG fut fondée en iioi par
le Comte Robert dit le Jérofolymitain & la Comtefîe
Clémence fa femme , fous la dépendance immédiate
du Saint Siège , pour des filles de la première no-
blelfe du pays. L'Evêque de Térouanne approuva
cette fondation , & le Pape Pafcal II la confirma en
1 1 o(î , Calixre II en 1 1 1 9 , & I-nnocent II en 1 1 5 8.
Cette Abbaye eft compofée d'une Abbefle , d'une
Prieure & des Demoifelles : car on les appelle Z)e-
moifelles plutôt que Religieufes. Les Novices s'ap-
pellent Ecaiùres , c'eft le Gouverneur de la ville qui
les préfente.
BouRBouRG. f. m. Tefme de Fleurifte. C'eft une tulipe
de quatre couleurs, gris lavande, colombin obf-
cur , colombin clair &: blaiic. Cult. des El.
BOURCËR. V. n. Terme de Marine, qui fe dît lorA
qu'on ne met au vent qu'une partie d'une voile , Sc
qu'on la troufle à mi-mât , ou au tiers de mât ,
par le moyen des cargues ou cordes deftinées à cet
effet ; ce qui fait qu'on dit aufli carguer dans le mê-
me fens. Cela fe fait quand on veut prendre moins de
vent , afin de retarder le cours du vaiileau. Voye^
encore Carguer.
BOURCET. f. m. Terme de Marine. C'eft un nom qu'on
donne dans la Manche au mât de mifaine & à fa voile.
Dolo , exi^uum vélum ad corhitam,
BOURCETTE. f, f. Plante que l'on mange en falade,
qu'on appelle communément Mâches à Paris. Sui-
vant les analyfes de l'Académie des Sciences , ce que
l'on rire de la bour cette eft prefque tout alcalin , & il
y a peu de plantes qui donnent plus de fel volatil
concret , plus de fixe lixiviel & plus de terre. Sa fa-
veur eft d'un goût d'herbe falée , & comme déterfif,
& le fuc de fes feuilles rougit un peu le papier bleu :
cequifait conjedlurer que dans cette plante le fel am-
moniac eft didbus dans une portion confidérable de
flegme modéré par beaucoup de terre & un peu de
foufre. Elle eft très-utile dans les pertes de fang, les
hémorragies, la dilfenterie, &c.
BOURDAIGNE. f. î. Efpèce de paftel bâtard , qu'on
nomme autrement Paftel-bourg.
|p="BOURDAINE. f. £ ArbrifTeau fort Commun dans les
bois. Les feuilles qui fonrd'unbeau vert, reflemblent
prefque à celles de l'Aune. Il porre de petites baies
noires quand elles font mûres : fon bois, qui eft
extrêmement léger, fert à faire du charbon qui entre
dans la compofition de la poudre à canon. Son écor-
ce intérieure eft de quelque ufage en Médecine.
1)5° Le genre de cer Arbriifeau n'eft poinr douteux. Les
Vocabuliftes auroient pu s'épargner la peine de re-
lever la faute d'impreffîon qui s'étoit gliiTée dans la
dernière édition de ce Diélionnaire.
SE BOURDALISER. Prendre les manières du Pore
Bourdalçue , (on ftyle, fon caraiilcre. Holebeaufer-
B O U
rhon que vient de faire le P. le Comte ! II fe hourd.i-
lijc beaucoup. En voilà deux de lliite de la même
force. Abbé de Ciîoisy.
BOURDALOUE. f. f. Motquifignilîe une ctOiTe mo-
defte dont les femmes s'habillèrent pendant quelque
temps, depuis que le V.Boiirdaloue eut prêché forte-
ment contre le luxe, & la magnificence des habits.
Ce mot iignifie auffi une ibrte de rrefîè , ou d'or , ou
d'argent, ou de ibic , large d'environ un doigt, qui
fert de cordon au chapeau , 6: qui s'attache avec une
petite boucle de métal.
^CF On a auHi donné ce noni à une forte de pot-de-
chambre oblong ; dans ce l'ens il eft mafculin.
BOURDE, f. f. Menfonge dont on fe fert pour s'excu-
fer , ou pour fe divertir de la crédulité des autres.
Commennim , riugcCi Cet homme m'a fait accroire
qu'il avoir foUicité pout moi ^ mais il m'a donné
une bourde. C'efl: un homime qui fe plaît à donner des
bourdes , des baies. Tu n'es pas homme à te repaître
' àt bourdes Se de coccigtucs. Masc. Il eft populaire.
I^CT Voltaire dans fes remarques llir le IVIentcur de Cor-
neille oblerve que cette exprellîon , grand donneur
de bourdes ,qm y eft employée, eft aujourd'hui un
peu bailè : elle vient de l'ancien mot bourdekr j
bordeler t qui ne (îgnifioit que fe réjouir.
^fy Les Vocabuliftcs , qui fe piquent d'une fi grande
exactitude, difeht que le mot de bourde figniiie men-
fonge, défaite. Ils n'en ont pas trouvé davantage dans
Je Ditlionnaire de l'Académie. Ce qu'on appelle
bourde ç^ une choie controuvée pour s'exculer ou
pour rire de la crédulité des autres.
Ce mot vient de l'Italien burla. Ménage. Autrefois
il fignifioit aulîî un bâton gros par le bout fur lequel
on s'appuie j une forte de potence dont le fervent
les infirmes.
Bourde, eft aufTi un tetme de Marine , qui figni/îe la
voile que l'on met quand le temps eft tempéré;
Bour.de. Sorte de ibude qui eft ttès-mauvaife.
BOURDEAUX. Nos pères écrivoient plus communé-
ment Bordeaux. Mézetay l'écrit ainfi , & qujlques-
uns le font encore '■, mais Bourdeaux eft mieux au-
jourd'hui , & il faut toujouts le prononcer ainfi ,
quoique communément ceux du pays piononcent
Bordeaux. Burdigala, Burdegala. Ville de Fran-
ce , capitale de la Guyenne. Bourdeaux , lîtué fur la
Garonne , eft une des plus grandes , des plus riches ,
& des plus b -lies villes de France.
Ifidore de Séville écrit que Bourdeaux preiid fon
nom de ceilx qui l'ont peuplé , & qu'ils nomme
Burgos Gallos , c'eft-à-dire , Bourg Gaulois , ou
Ville Gauloijl. J'aimerois mieux le dériver à Burgo
GalaticO) c'f^ft-à-dire , Bourg Gaulois , ou Ville
Gauloife , le nom de Bourg étant alfez ancien , &
dérivé de la langue grecque , & par conféquent à l'u-
fage des Gaulois, pour lignifier une forterelTe , com-
me l'on peut voir dans Végéce, Orofe, & le Glof-
faire de Philoxène, Burgus,Turris.,'^vflii De Marca,
Hi/L de Béarn, L. 1. p. j. Fa vin , en fon Hifi. de
Navarre , L. II. p. 65 , croit que Bourdeaux eft
ainfi appelé à caufe de l'aflemblage des eaux tant du
reflux de la mer qui remonte jufqu'à fept lieues au-
deflus , que de la Garorme , Gironde , Dordogne , ,
8c autres qui s'aflcmblent près de-là pour fe jeter
dans la mer -, & que c'eft Burgum aquarum.
LesBerruyers , c'eft-à-dire, ceux deBerry, étant
trop ferrés prirent le large , 8i laifFant la rive de la
Loire & leur ville capitale de Bourges aux plus
vieux , vinrent s'établir fur la Garonne , où ils hl-
tneut Bourdeaux , laquelle ils appeletent Bourges,
Bituriges, comme la ville capitale de leur pays
qu'ils avoient laiflcc. J'ai vu une ancienne infcrip-
tion dans le château Trompette qui portoit , Auguf-
to facrum & Genio Civitatis Biturigum vivifcorum.
t AVYT^ , HiJî.deNav. p. 6:^. 6jf.
L'Archevêque de Bourdeaux diipute à celui de
Boutges le titre de Primai d'Aquitaine. Bourdeaux
a Parlement , Sénéchaufice , Amirauté , Bureau des
Finances, Généralité, Cour des Aydes, Hôtel des
Monnoies , & Univerfité. Les vins de £(/urdeau^
B OU
f
font eftimés : on fait cas iui-cout de ceux de Grave.
De la Brou/lè , dans fon livre fur la Primatie d'A-
quitaine , a ramafîe les étymologies du nom de
Bourdeaux. Selon lui Bourdeaux n'eft point une
colonie des Bituriges , mais des Phéniciens. Ainli il
ne peut fouffrir Ifidore , qui dit que Burdegalis vient
de Burgi & Galli: Burdegalim appellatarn ferunt ,
quod Burgùs Gallos primàm colonos hahuerit ; qui-
bus antea cuhorihus impleta efi. Cependant il cdn-
jedure qu'on pourroit changer Burgos en Brigos, ou
Briges,q\\\ font des mots phéniciens. Car, dit-il i
pourquoi plutôt Burgigala , que Brigigala î Enfuite j
parce que Riges en phénicien , félon lui , lignifie
Hommes braves , gens de cœur -, il foupçonne que
l'Hercule Gaulois , fur-nommé Ogmius , auroic
bien pu venir à Bourdeaux en allant en Efpagne ^
& donner fon nom de brave & de courageux à cette
ville ; mais , continue-t-il, les Phéniciens donnbienc
aux lieux les noms des fruits qui y naiflbient : il fa
pourroit bien faire que Bourdeaux vînt de Ibura j,
(il vouloit dire tm^V ibburak , chaldéen) qui figni-
fie abondance , fertilité & de dagan , 1» qui fignifie
blé; czT encore aujourd'hui le pays de Médoc &:
celui d'entre les deux mers portent beaucoup de blé;
Mais , ajoute-t-il , ne fetoit-il point mieux de di-
re que i comme les habitans de Saintonge portoienc
un habit nommé bardus , les Bourdelois le prirent
auifi à caufe du voifinage , &: de-là furent appelés
Bardigalli , comme une partie de la Gaule fut ap-
pelée Gallia Braccata , à caufe des btaies qu'elle por-
toit? Il croit encore qu'il faut tirer ce mot Bardus
de l'hébteu bardes , ou de l'arabe bord. Peut-être
aulIî furent-ils appelés bord, à caufe de leur habileté
dans la Poëfie & la Mufique Gauloife , ainfi que les
fumeux Bardes. Vinet a dit que Burdigala étoit un
mot celtique. S. Jérôme , deuxième Préf, fur l'Ep.
aux Galates , dit que l'Aquitaine tiroir de Grèce l'o-
rigine du nom Burdigala. Enfin , il conclut que leà
Romains pourtant pourroient bien être les auteurs
de ce nom ; car c'étoit leur coutume de donner des
mots de leur façon à tous les lieux qu'ils conqué-
foient , ou dans lefquels ils établiflbient des colo-
nies. Tout cela ne nous avance guère -, mais au moins
c'eft tout ce qu'on dit de l'étymologie deBourdeaux,
Le même Auteur prétend que c'eft Bourdeaux , 8c
non pas Bourges, qui a eu la Primatie d'Aquitai-
ne. Voici quelques-unes de fes taifons. Le droit de
vifitequ'a préteildu l'Archevêque de Bourges, n'eft
point un droit de Primat , mais de Métropolitain.
Hincmar égale l'Archevêque de Bourges & celui de
Bourdeaux , les appelant tous deux Primatum Se-
dium Regni Aquitanici. L'Evêque de Reims a eu lé
titre de Primat de fa Province avant Bourges. Le
changement de Frotaire ne prouve rien : on peut pal-
fer d'un Siège à un autre qui eft égal. Le Concile de
Tulle a donné le nom de Primat à l'Archevêque de
Bourdeaux; cette ville étoit la capitale de la Novem-
populanie; des Evêques de 5o«r^daKx ont préfidé
à des Conciles où étoit l'Archevêque de Bourges ;
favoir , au Concile d'Agde , au premier d'Orléans i
& au fécond de Mâcon, qui fe tint en 588. Il s'en-
fuit que Bourges n'avoit point encore de Primatie.
^oye^ Bourges. Mrs de Sainte-Marthe ne font point
du fentiment de M. de la Brouife. Nous avons des
antiquités de Bourdeaux par un Anonyme à Poitiers
i56'5.SelonMM. del'Acad. des Sciences la longitu-
de Bourdeaux e^ i-j°. %', & fa latitude de 44°. 50'.
Selon Picard Ss. de la Hire, Bourdeaux eft à i6'>,
46'. 55". de longitude, &à440. 5'. 5". de latitude.
Voyez fur Bourdeaux, Notitia utriufqae Vafconiœ i
auk. Arn. Oihenario , De Hauteferre , Rer. Aqui
M. Valois , Notitia Gall. De Sainte-Marthe , Galh
Chr. T.l.p.\c)i,.
^fT Bourdeaux. Bourg en France ou Dauphiné , aut
pied des Monts, à fept lieues de Valence. ,
BOURDELAGE , ou BORDELAGE. f. m. Terme def
Coutume , eft une redevance qu'on doit au Seigneur
en argent , blé , plume ou volaille , ou de deux de ces
trois cjiofes, félon la Coutume de Nivernois, /« i eki^
s
BOU
genJi prœdlatorii vecligalis. Le droit de hourddage
■en Bourbonnois eft de pereille condition & quali-
té que le droit de taille réelle : 6c le mot de boiir-^
dsiur le dit non-leulement du détenteur , mais aulfi
de l'héritage , de la redevance & du contrat, &c mê-
me du Seigneur auquel ce droit eft dû. Seigneur
tourdelier.
Ce mot, félon Coquille, dans Ton HijL duAi-
vernois, vient de tord , qui en ancien langage tu-
defque fignifie un domaine , métairie , ou ferme à
la campagne i &: de - là eft tiré l'ancien mot fran-
cohtordd, qui fignifie la même chofe. Quand un
homme riche avoir un ou pluiieurs domaines à la
campagne , il les bailloit à un ou plulîeurs labou-
reurs à perpétuité , pour les faire valoir , & en payer
une redevance , en grain & en volaille i & le tonr-
dela<re coniifte en ces trois chofes, ou pour le
moins en deux des trois,
BouRDELAGE, cft auili un vieux mot qui fignifloit ,
paillardife. Impudlcltia.
BOURDELIER. f. m. Ce mot fe dit non-feulement du
Seigneur à qui le droit de l-ourdelaç^e eft dû , mais
encore de l'héritage & du contrat. On dit , un Sei-
gneur /•oz/rJt;/i<;r. Un héritier tour délier. Un contrat
''tour délier. Les Chartreux du Val - faint - Georges
font les plus sjrands tourdelïers du Nivernois.
BOURDELOÎS , OISE , f. m. & f. Biturix Fivifcus ,
Burdi^alenjîs. Qui eft de Bourdeaux. On écrivoit
autrefois Bordelais ; ir.iis /lujourd'hui il faut écrire
& prononcer Bourdelois , & M. de Marca lui-mê-
me n'écrit jamais autrement dans fon Hifi.. de Béarn.
Les Bourdelois font les anciens Bitunges Vivifci ;
5c quelques-uns prérendent que ce nom s'eft corrom-
pu de celui de Bituriges. Ifidore le tire de Bur^os
Galles , étymologie qui ne plaît point à M. de Mar-
ca , qui aimeroit mieux le dériver à Burgo Gala-
tico , c'eft-à-dire , Bourg Gaulois , ou faille Gau-
loife. Céfar ne fait aucune mention des Bourdelois ,
ou Vivifques, dans la conquête de l'Aquitaine.
Lurbe a cru qu'ils étoient compris fous les termes
généraux des peuples éloignés , qui conferverent
leur liberté par le moyen de la rigueur de l'hi-
ver. M. de Marca en conclut qu'ils ne font point
une nation d'Aquitaine , mais un peuple gaulois, ou
bien qu'ils font compris fous le nom de Cités Ar-
moriques. Notre Poète Bourdelois , Aufone , après
avoir long-temps gouverné les écoles de fon pays, fe
rendit capable d'exercer le Confulat à Rome. Masc.
BOURDELOIS. f. m. Petit pays de Guyenne , qui
eft autour de Bourdeaux , & qui porte aulfi le nom
de Guyenne pîopr:e.BurdigalenJis ager. L'an 778 le
Bourdelois fut érigé en Comté en faveur de Seguin.
Bourdelois , ou Bourdelais , f. m. Gros raifin de
treille , blanc ou rouge. Le Bourdelais n'eft pas un
bon raifin. La Quintinie écrit Bourdelais, Le Bour-
delais eft une efpèce de gros raifin blanc , longuer,
qui fait de très-grandes & grolTes grappes , ne mû-
rit prefque jamais , & par-conféquent eft propre à
faire des confitures , ou du verjus. Il fert encore
pour fournir des feuilles à garnir les plats au mois
d'Odobre. La Quint. Part, III. Ch. 14. Le Bour-
delais , auttement verjus , tant le blanc que le rou-
ge , eft une efpèce de pied de vigne qui fe taille
au printemps , 8c fe provigne , le grèfe , & fe
plante comme l'autre vigne pendant les mois de
Janvier , Février & Mars ; il faut l'ébourgeon-
ner au printemps pour lui ôter les branches foi-
blcs ic inutiles. Id. Part, VI, p.17^.
BOURDER. v. n. Vieux mot , dont on fe peut fer-
vir encore dans le ftyle burlefque. Il fignifie , fe
moquer , dire des fornettes , des bourdes , Men-
ddciis fallere , imponere. Ce coquin ne fait que
tourder.
BOURDEUR. f. m. Donneut de bourdes. Mendax ,
iUufôr , derifor. De ce mot corrompu on a fait le
proverbe. Autant pour le Brodeur , au lieu de dire
pour le Bourdeur. On dit Bourdeufe au féminin.
BOURDILLON. f. m. Bois de Chêne refendu,
propre à faixe de$ tgnjieaus & futaillçs.
BOU
ffT BOURDIN. f. f. & non pas mafculin, comme le
difent les Vocabuliftes , pêche ronde, de bon goût,
très-colorée , qui mûrit à la fin du mois d'Août,
ou au commencement de Septembre , la bourdiii
eft un peu moins grolle que la mignone ; mais elle
eft excellente quand l'arbre eft un peu vieux ; fon
fruit en eft plus beau , & il charge beaucoup.
BOURDON, f.m. Bâton fait au tour, qui a une pora^
me en haut & au milieu , &; un fer pointu par
en bas , que portent les Pèlerins. Baculus longior
qualem gejlare folent qui perigrinaiiones okeunt. Oa
peint S. Jacques avec Ibn tourdon.
Ménage dérive ce mot du latin turdo , qui fignifie
■anâne,on un mulet, parce qu'il aide à marcher com-
me les mulets : de même qu'on appelle un bâton la
'haquenie des Cordehers , ôc que des tourdes figni-
fioient autrefois des potences. Selon Guichard am
darat , fait dourtan , \'yn ( il falloir dire dortan )
qui eft expofé , Stimulus quo rujiici arantes tovss
pungunt , fujlis , taculus ; c'eft-a-dire , l'aiguilloi»
dont on pique les bœufs à la charrue , fujîis , ta-
culus , bâton. De forte que par tranfpofition de ces
radicales en \'\'\1 , tour dan, tourdon %'t\\ trouvera
dérivé en françois en même fignification. M. Le
Moine prétend que ce mot eft arabe , & qu'il figni-
fie un tdtoji fait du bois qui fournifibit la matiè-
re du papier.
Dans la vie du B. Simon,Hermite de S. Auguftin,
il eft fait mention d'un tourdon de fer , cum uno
iordono ferreo in manu \ fur quoi le P. Papebrock
remarque que c'eft un mot ftançois & italien , Acl.
SS. April. T. II. /7. 82.8 , & dans les Aéles de S. Ca-
nion , qui femblent avoir été faits fur la fin du
troifième fiècle , mais qui font faux , &z ne peuvent
être même du commencement du cinquième fièclc,
on trouve turdilli pour des bâtons , des inftrifmens ,
dont ce Saint fut battu pendant une heure. C'eft
apparemmenr un diminurifde turdo , qui feroitfbrt
ancien fi ces Aéles éroient vrais.
Bourdon , fe prend auflî quelquefois pour le Péieria
qui le porte. Peregrinus.
Hé quoi ! Madame à fon chevet
Pourrait voir un Bourdon. La Font.
Planter le tourdon en quelque lieu. Sedem in ali-'
quo loco figer e. C'eft une façon de parler proverbiala
& figurée , qui veut dire , s'établir en quelque lieu.
Quelques-uns appellent les trois tourdons ces
trois étoiles que le vulgaire nomme les trois Rois ,
& qui font dans le baudrier d'Orion, toutes trois de
la féconde grandeur, lur une même ligne ^ à peut
près en égale diftance. Celle du pied gauche d'O-
rion eft de la première grandeur , & s'appelle Rigel;
& des deux brillantes de fes deux épaules , qui
font toutes deux de la féconde grandeur , celle de
l'épaule droite qui eft foit rouge , s'appelle Belde-
genjis , & celle de l'épaule gauche s'appelle Bella.'
trix , & toutes ces Etoiles n'ont jamais fait partie
de celles qui compofent les trois Rois.
Bourdon , en rermes d'Imprimerie , eft une faute que
commet l'ouvrier , lorfqu'il omet un ou plufieurs
mots , ou même plufieurs lignes de la copie. Faire
un tourdon.
Bourdon , eft aufTi une groffe mouche guêpe qui fait
beaucoup de bruit en volant. Fucus. Ce mot eft fait
par onomatopée du bruit que fdnr les mouches en
volant. Bumtus. Swammerdam en décrit huit ef-
pèces. Il y a des tourdons dans les ruches d'abeil-
les. Les tourdons font d'une couleur plus obfcure ,
d'un tiers plus grands SiC un peu plus gros que les
abeilles. Il y a des ruches où il ne fe trouve qu'un
petit nombre de tourdons , Se d'autres où il s'en
trouve une plus grande quantité , &: il y a des fai-
fons de l'année où l'on n'en remarque point. Il y a
des tourdons qui ne font pas plus grands que les
abeilles. Tous les tourdons mâles n'ont point d'aî-
guillon. Maraidi , Mém. de FAcad, des Scienc.
17U. /». joj,
B O U
En ce /ens Guichard dérive ce mot de nil2"1 , cli."-
lora , mot qui lignifie une abcitU; fiiiiknt une trani-
poiition rmil , borcix , d'où bourdon , vtfpa , fu-
cus, a été formé en françois , ii on l%n veut ctoi
re. Mais apparemment c'efl le bruit que font ces in-
fectes qui leur a fait donner ce nom.
Bourdon , eft au/fi le jeu de l'orgue qui fait la baf-
fe , qui a le fon le plus creux , & qui a les plus
gros tuyaux. Ordo tubornrnfoni gravioris. hç bour-
don efl un des principaux jeux de l'orgue. Il eft de
bois & bouché. Il eft accordé à l'uniffon avec la
montre. Il y a un fécond bourdon qui eft de qua-
tre pieds quand il eft bouché , ou de huit pieds
quand il eft ouvert , fait en forme de flûte , qui
eft à l'oélave de la montre ou du premier bourdon ;
il peut être d'étain ou de bois. Matthieu Paris té-
moigne que ces tuyaux ont été appelés burdohes ,
à caufe qu'ils re/femblenr aux bourdons des Pèle-
rins. On le dit auffi des baHès de quelques autres
inftrumens , comme des deux flûtes ou chalumaux
des cornemufes & des mufettes , dont le vent ne
fott que par la pâte. Notre bourdon ou bafle ré-
pond à la note' que les Grecs appeloiejit sTpet?-
^mtSeivéftivoç Les Aucieus avoient de greffes flûtes ,
faites en forme de bâton , qu'ils appelloient bour-
Jon , d'où font venus ces termes de Mufique , par-
ce que ces fons creux & bas imitent le bourdon-
nement des mouches.
Faux- Bourdon , eft une Mufique fimple qui fe chan-
te note contre note , & qu'on a-ppelle aufïi Jimple
contrepoint , à la différence du contrepoint figuré ,
qui fubdivife les notes en croches & en doubles
croclies. Rudior mujîcorum concentus. Les Italiens
nomment encore faux-bourdon une certaine Iiar-
monie produite par l'accompagnement de plufieurs
iîxtes de fuite , qui fait entendre plufieurs quartes
entre deux parties fupérieures , parce que la troi-
lième de ces parties eft obligée de faire plufieurs
tierces avec la bafle. Brossard.
On appelle auffi bourdon , la groflè cloche de Notre-
Dame de Paris.
£ouRDoN,f. m. Efpèce de poire de la fin de Juillet,
qui pour la groffeur , la qualité de fa chair , de fon
goût, de fon parftim & de ion eau , auffi-bien que
pat le tems de fa maturité, rcflemble à-peu-prcs au
Mufcat Robert , &: n'en eft guère différence que
par la queue , qu'elle a plus longue. La Quint.
%fT BouRDONAssE. f. f. Efpcce de lance dont on fe fer-
voit .à la o-uerre.Mém. de Comincs , L. 8. c. 6. p. j 1 8.
-BOURDONNANT. L'oifeau bourdonnant eft un oi-
feau de l'Amérique qui a le plumage fort joli , &
qui n'eft que de la groffeur d'une des plus grofks
guêpes. Il a le bec noir , & aulfi délié que la poin-
te d'une aiguille fine , avec des jambes & des pieds
proportionnés au reftedu corps. ?fT Quand il vole ,
. i\ ne bat point des aîles comme les autres oifeaux ,
îîiais il les tient étendues, dans un mouvement égal
&: continuel , comme les abeilles & les autres mou-
ches , dont il a le bourdonnement continuel quand
il vole. Il fe meut avec beaucoup de vitelfe , &
cherche les fleurs &: les fruits. Il y en a de deux
ou trois fortes , mais tous fort petits. Ils n'ont pas
tous le mcme^pluma2:e. Les plus i;ros font noirâtres.
BOURDONNE, ée , adj. Terme de Blâfon , qui fe dit
des croix garnies aux extrémités de pommes ou
bâtons femblables à.ceux des Pèlerins , ou dont les
branches font tournées , & arrondies en bourdons
de Pèlerins. On les appelle plus ordinairement
pommetées. Glohatus. Les Prieurs mettent aufli des
bourdons ou bâtons derrière l'Ecude leurs armes ,
pour marque de commandement , comme les Ab-
bés des crolfes.
|a= BOURDONNEMENT, f m. Bruit que font les
bourdons & autres infedles de cette n2Ltme,bumbus ,
bumbitatio. Le bourdonnement des abeilles , des
grollès mouches , des hannetons,
|CF Dans le figuré, on le dit du bruit confus que les
hommes font fans prononcer de voix articulées -,
ce qui pour l'ordinaire, n'eft pas un fign^ d'appio-
"Tomi IJ,
ÈO U 5
bation. Bumbus , murmur cœcum. A - peine eut-il
cefîe de parler, qu'on entendit un bourdonnement
univerfel dans l'adèmblce.
Bourdonnement fe dit encore d'un bruit qui lé fait
entendre dans les oreilles, tel que celui que fait une
mouche en volant , & quelquefois tel que feroit le
tintement d'une chofe. Voy.Ti^TtMLHT.Bombus.
On entend quelquefois ce bourdonnement à la
fuite d'une longue maladie. Il peut être caufé ou
par une grande chaleur, ou par une trop «grande
abondance du fang & des humeurs. Ce n'eïl pour
lordmaire qu'une indifpoiition pailâgère.S'iieftha-
T.^i^'i^i' '' ^"■'nonce quelque embarrak
BOURDONNER, v. n. Faire im bruit fourd tel que
1-0 nt les bourdons. Bombum eiere , bombilare. Il
n'y a rien de plus importun qu'une mouche qui
bourdonne aux oreilles.
Le moindre bruit éveille un marifoUpçonneux ,
^y^ ^''^^''^^our de fa femme une mouche bourdonne >
C'eficocuage qu'en perfonne ^ &c. La Font.
EouRDONi^ER , fe dit figurément d'un murmure ou
d un bruit confus. Strepere , murmurare ,fiîfurrare.
J ai entendu bourdonner quelque choie de cette
nouvelle, mais Je n'en fçais pas le détail. Il eft vieux.
ftC? Il fe dit plus particulièrement du bruit fourd &
confus de plufieurs perfonnes qui defapprouvent ce
qui a été dit ou fait. Sa harangue finie , on enten-
dit bourdonner l'aifemblée.
I^OURDONNET. f m. Terme de Chirurgie. Les
Bourdonnets font de petits rouleaux de charpie , en
forme d'un noyau d'olive. On s'en fert pour arrêter
le fang qui coule d'une plaie , pour tenir une plaie
dilatée , pour y porter des médicamens , & pour ea
abiorber le 'pus. Voye^ M. Dionis,
BOURDONNIER. f m. qui porte un bourdon , uti
long bâton fiit au tour. De l'ufage oblervé par les
Pèlerins , & ceux qui entreprenoient les voyages
d'outre-mer , de porter des bourdons , les héréti-
ques Albigeois prirent Hijet de fe raillei des Croi-
fésquiavoiententrepris de les combattré,en les appe-
lant ^0Kr.-/(7«/z/frj-,ainfi que nous apprenons du Moi-
ne de Vaux de Cernai , ch. 61.. Bourdonarios autem
vocabant peregrinos , eo quod baculos déferre fole-
rent , quos linguâ communi Burdones vocamus. . . ,
Du Cancre, Diffèr t. Xr. fur Joinville , p. zx-t,
BOUREAU. Foyei Bourreau.
BOURG, f. m. Gros Village qui a une Paroiffe ,
une Foire &: un Marché. Ficus , Pagus. Quel-
ques uns le reftreignent aux lieux qui ne font fer-
més ni de murs , ni de fbfTès. D'autres au con-
traire , comme Mefîieurs de l'Académie veulent
que ce foit un gros village fermé de petites mu-
railles ■■, §3" Mais ce ne font point les murs qui
diftinguent le bourg d'avec la ville ■■, puifqu'il
y a des bourgs murés & des villes fans murailles.
Ce n'eft poinr non plus la quantité plus ou
moins grande de maifons ; car il y a de très-
grands bourgs Lv de très-petites villes. La diftinc-
tion de la ville ic du bourg eft fondée fur les droits
de bourgeoifie &: fur les privilèges dont jouif-
fent les habitans d'une ville , & dont ne jouif-
fent pas ceux du bourg. Le bourg relevé prefque
toujours d'une ville ,& Jamais la ville A\\n bourg.
Ces obfervations peuvent fervir à rendre plus clai-
res , ou à reélifier les idées que nous attachons aux
mots de bourg, village , hameau.
Le hameau eft un affemblage de quelques miî-
fons feulement , fans églife paroiffiale , ni jurifdic-
tion locale.
Le village , plus grand que le hameau , a une
èglile deflervie par un Curé , fouvent une efpèce de
jurifdièlion fubalterne , comme d'un Bailli , fou-
vent une foire tous les ans , le Jour de la dédicace
de réglife ou de la fête du patron. Les habitans
du village font payfans , laboureurs.
Le bourg , plus grand que le village , a une pa-
roiffe & quelquefois une efpèce de magiftrature,
S)C , outre U foiie aiw^elle , un marché à certajui*
10 B O U
jours de h femaine. Les habitans du bourg font
en partie laboureurs , artilans ou marchands en dé-
tail. Quelques i^ourgs Ibnt accompagnés d'un châ-
teau où demeure le Seigneur. Quelques /^oiirgs ont
été fortifiés , ibit durant les guerres civiles, ibit à
caule du voiiinage de la frontière ; mais comme en
les fortifîant,on n'a rien changé à l'état des habitans,
ils ont coniérvé le nom de ^ourg , au lieu que les
villes dementelées font demeurées vi/ks , parceque
les habitans ont été maintenus dans leurs droits.
La vil/i eft nn gros bourg , qui , outre la paroiHè ,
une ou pluiieurs foires annuelles , un marché tou-
tes les femaines , a un Magiftrat nommé le corps
de ville , qui adminiftre la juftice de la vi/le , Se a
fon rellbrt. Les habitans de la vi//<: font bourgeois ,
& jouiffent , en vertu de leur naillance , des fran-
chifes & privilèges accordés par l'ufage ou par la
conceillon du Souverain à la ville dont ils font
bourgeois.
Le mot de Bourgade efl: moins diflinâ: dans la
fignifîcation , & on donne ce nom aux lieux dont on
ne fçauroit dire s'ils font villages ou iourgs , & qui
font'dans un état douteux entre ces deux qualifica-
tions. Il y a peu de fîefs confidérables où les Moi-
nes n'aient bâti de nouveaux ^oz/rg^, du confente-
ment des Seigneurs -, & la fondation des Prieurés a
produit cet avantage d'augmenter le nombre des
habitans , & de mettre à profit beaucoup de ter-
res incultes ; parce que ces nouveaux bourgs étoient
peuplés de nouveaux habitans , & c'étoit une des
premières conditions du traité que les Moines fai-
foient avec les Seigneurs. Du refte , les Seigneurs
leur laifîbient tout "l'exercice de la Juftice fur ces
étrangers , & n'en exigeoient aucun fervice , ni au-
cune corvée , fi ce n'étoit celle de travailler à la
réparation des ouvrages publics , dont ils avoient
l'ufage , aufTi-bien que les anciens habitans , com-
me ks ponts & les chauilees, Lobineau.
Nicot & Cujas dérivent ce mot du Izxxwpyrgus ,
venu du grec jri^^yoç , ou du latin burgus. Camb-
den efl à-peu-près de même opinion , Britan, p.
^2.5 & 852, car il prétend que ce nom ne s'eft
formé que fbus les derniers Empereurs , après la
tranflation de l'Empire à Conftantinople , du nom
«rJ^yoç qui lîgnifie un petit château , un fort; &
que c'eft de-là que vient le nom des Bourguignons ,
parce qu'ils habitoient dans ces fortes de châteaux.
Mais ce mot vient de l'Allemand burg , qui eft très-
ancien dans cette langue , comme on voit par la
terminaifon de la plupart de leurs villes. Luit-
prand , Liv, III. chap. 1 1. en parlant des Bourgui-
gnons, dit, que dans leur langue burgum iignifîe
un amas , ou afîcmblage de maifons , qui n'efl: point
renfermé de murailles. Les AUemans appeloienr
hurs,er , ou Burgar , les habitans de ces fortes de
lieux. Ilîdore , Ùv. IX. ch. 4, dit Burgarii à bur-
gis dicli. Dans Végéce le mot de burgus fignifie feu-
lement tour , ou petit château. Le fentiment le plus
vraifemblable , c'cfl: que burgus vient du mot pyr-
gus , viçyùi ; le 3- fe change aifément en ^ , & Vv grec
fe change en u dans plufieurs mots qui ont pafle
de la langue grecque dans la latine , &c. Ou plu-
. tôt Ttvf-yii , Se burg, font le même nom. Foyei Clu-
viER, Germ. Ant. Liv. I.p. 1 10.
BOURG. Ville de France, capitale de la BrefTe. On dit
fouveni Bourg-en-BreJ/e. Forum SeguJIanum. Ta-
num, Burs^us'.MeiXïtmi, de Mèziriac & Vaugelas ,
fouvent cités dans ce Diélionnaire , étoient de
Bourg-en-BrejJe.
Bonrg-fur-mer , eft une autre ville de France en
Guyenne, à l'embouchure delà Dordogne dans la
Garonne.
Faux -f BOURG. Affemblage confidérable de maifons at-
tenant les portes d'une ville. Suburbium. Les villes
de guerre ne doivent point avoir de faux-bourgs ;
- car ils favoriient les approches des ennemis.
Ce mot vient de fors Se bourg , comme qui di-
. ■roit. hors le bourg.
.On dit figurément de ceux qui approchent de
BO U
quelque chofe , mais qui ne font pas dedans , qu'ils
font dans les faux-bourgs,
BOURGACHARD. Bourg de Normandie , province
de France; il eft dans le Roumois , pays du Dio-
cèfe de Rouen. Ce bourg a donné Ion nom à une
rcforme'dc Chanoines Réguliers qui y a été établie
en i985,&; qu'on appelle les Chanoines Réguliers de
la réforme dcBourgackard.V Auieni de cette réforme
eft leP. Moulin.L'origine & l'hiftoire de cette réfor-
me fbnt fort obfcures , parce que ces Chanoines gar-
dent fur cela & llir tout ce qui les concerne un très-
grand lîlence. On fçait feulement qu'elle a commeiv-
ccau Prieuré de S, Cyr de Friardel , Diocèfe de Li-
lieux , fondé vers l'an 1 141, que quelque temps après
elle pafîâdans l'Abbaye d'Yvernaux,proche de Brie-
Comte-Robert, Diocèfe de Paris, Enfuite elle paf-
iâ au Prieuré de S. Lo de Bourgachard qui leur fut
donné. Elle s'eft forr étendue en Normandie, & a
paffé en quelques autres provinces. Leur habille-
ment coniifte en une foutane noire avec un grand
collet , comme celui des Chanoines Réguliers de la
Congrégation de France -, fur la foutane ils ont un
rochet , &: lorfqu'ils fortent un manteau noir. Ils
vont au chœur l'été avec le même rochet fans fur-
plis , ayant fur le bras une aumuffe grife. L'hiver ils
ont la chape noire avec le grand camail , comme
la plupart des autres Chanoines Réguliers , avec
cette différence que fous le camail d'érofft ils
ont une capuce de peau , comme leur aumufîè , Sc
que le capuchon du camail eft toujours abaiHe.
ils font deux ans de noviciat: la première année s'ap-
pelle l'année de pofturance,pendant laquelle les pol-
tulans font vêtus de noir , comme les Ecclcfiafti-
ques -, la féconde eft véritablement celle du Novi-
ciat i les Novices ont une foutane blanche à bou-
tons noirs Sa le rochet. Dans quelques Abbayes où
ils ont fuccédé à des Chanoines Réguliers non
réformés, ils ont pris la foutane blanche, comme
leurs Prédécefleurs la portoient. Ils ne font guère
établis qu'à la campagne,
-Le nom de Bourgachard eft devenu le leur , &
dans le difcours ordinaire on dit un Bourgachard,
les Bourgachards , Se plus ordinairement on adoucit
ce mot,& l'on dit un Boucachard, les Boucachards.
BOURGANEUF. Ville de France dans la Marche ,
lur la rivière de Taurion , à fix lieues de Limo-
ges. Burgus novus.
§3=" BOURG - ARGENT AL. (le ) Perite ville de
France en Forez , aux confins du haut Vivarais.
Ip- BOURG - D'AULT , ou à'eau , gros bourg de
France , en Picardie , Diocèfe d'Amiens,
IP" BOURG -D'OYSANS. Petite ville de France
dans le Dauphiné,fur la Romance , capitale de la
vallée d'Oyfans.
|C? BOURG - LA - REINE , à deux lieues de Paris,
fur le chemin d'Orléans.
^fT^ BOURG - LE - ROI. Ville dans le Maine , Dio-
cèfe & Eledion du Mans.
tfT BOURG -SUR -MER, Ville de France , en
Guyenne , dans le Bourdelois , fur la Dordogne ,
près du bec d'Ambez.
•|p* BOURG DE THYSI , ou BOURG - LE- COM-
TE. Petite ville de France , en Beaujolois , fur la
Loire , fix lieues au defTus de Roanne.
BOURG-THEROUDE , (on prononce affez commu-
nément Bou-Troude) Bourg ou village, chef-lieii
d'un Doyenné rural du diocèfe de Rouen , & Collé-^
giale fondée ou rétablie en i6c)-\. Defcrip. Géogr. &
Hifi. de la Hunte-Norm. Tom. II. p. 541,
BOURGADE, f. f. Diminutif de Bourg. Fagus. Ccrtç
Comté a dix villes, trente bourgades. Se quatre à cinLj
cens villarres. Patru. Voye:^ Bourg.
BOURGAGE. f. m. Terme de Coutume. Ce qui eft
litué dans l'étendue des villes, Se de la banlieue. Ce
font proprement les mafures , manoirs Se héritages
qui Ibnt es bourgs, £c qui font tenus fans fief du Roi,
ou d'autres Seigneurs du bourg , Se qui gardent les
coutumes des bourgs , Se payent les rentes aus ter-
BO U
i^es accoutumes , fans (qu'ils doivent autre eenfive ni
redevance.
Quand il s'agit de l'Angleterre , le Emir^age efl: \i.
ftianière dont les Cités , les Villes , l^lpourgs , &;c.
tiennent leurs terres du Roi , ou de quelque autre
Seigneur , moyennant une certaine rente ou rede-
vance annuelle. Harris. M. Boyer ajoLite que c'cft
auiîî cette rente , ou redevance; mais Harris ne le
dit point.
On dit franc'hourgage , comme on dit Franche-
bourgcoiiîe. Par une Déclaration du 4 Décembre
1^41. le Roi ordonna que toutes perfonnes , nobles
&C roturiers , propriétaires &: pofîcHeurs d'héritages
allodiaux en franc-bourgage & franche -bourgcoilie,
qui n'ont juftice , fuffent &: dcmeurailent confirmés,
&: leurs lucccfîéurs à perpétuité, à leur allodialitc,
Sec. Les villes de Gilbrs & de Ncaufle , dont tout le
territoire eft de temps immémorial en franc-boiirga-
ge , ne font qu'une Icule & même Seigneurie. Def-
. cript. Gcog. & HijL de la Haute - Norm. T. U p. 198.
fiOURG - DIEU. Burgum Dei. C'éft un bourg du
Berri en France , dans le territoire de Deols , c]ui a
pris ce nom à caufe d'un Monaftcre de Béncdiétins
qui y fut bâti en 917 par Abbon, Seicncur de Dcols.
|3- BOURGEOIS , BOURGEOISE. Y. m. & f . pro-
noncez BOURJOIS. Urbis incola. Dans la baffe
latinité on trouve Burgcnjh. Voye^ Acx. Sanct.
Marx. T.lllp.^\-j. k 5 5(î. A. 551. A. (S"c. fCF .Ce-
lui qui fait fa réiidence ordinaire dans la ville ,
& qui a un degré de condition qui tient le milieu
entre la Noblellè & le Payfan. M. l'Abbé Girard. La
vraie politefle ne fe trouve guère que chez les cour-
tifans & les principaux Bourgeois des villes capica-.
leS. /'oyf{ CiTOYïN , Habitant , leurs différences.
M. de Voltaire dans fes remarques liir le Nicomede
de Corneille obferve que cette cxpreflîon ert bannie
jduftyle noble. Elle étoit admile à Rorne , & l'ell: en-
core dans les Républiques. Le droit de Bourgeoijle ,
le titre de Bourgeois. Elle a perd^i de fa dignité ,
peut-être parce que nous ne joiiifîbns pas des droits
qu'elle exprime. Un Bourgeois dans une République
elten général un homme capable de parvenir aux
emplois : dans un Etat monarchique , c'efl: un hom-
me du commun. Aufïî ce mot cft-il ironique dans la
bouche de Nicomede , & n'ôte rien à la noble fer-
meté de fon difcours.
Xf^ Ce mot vient de l'allemand burger , qui fîgnîfîe fa
même choie , on plutôt , félon Pafquier , il vient du
vieux mot bourg qui fîgnifioit une ville.
IJCT BouRGEOiSjfe prend auffi comme non colleélif, &
fignifie l'affemblage , le corps de ceux qu'on nomme
bourgeois dans le vrai fens du mot. La police des
marches veut que le Bourgeois {oit fourni avant les
Marchands & Regratiers.
gCF Bourgeois défigne auffi quelquefois tous les gens
■ du tiers Etat, à la^diftindion des Eccléfiartiqucs &
des Gentilshommes qui jouifTent de pluficurs privi-
lèges dont le Peuple ne jouit pas. Les charges de
rÈtat font portées par le Bourgeois.
Laiffei les Ions Bourgeois Ce plaire en leur ménage:
C'cji pour eux feuls qu'Hymen fa les plaijîrs per-
mis. La Font.
|p° Bourgeois j fe dit auffi par mépris pour fîgnifîer
un homme qui n'efl: pas Gentilhomme, ou qui n'a
nul uf âge du monde. Ce vi^ii (\vl\xn Bourgeois. Cela
lent bien fon Bourgeois.
On appelle en plulieurs Coutumes Bourgeois du
lloi , des habitans qui ont quelque privilège pouf
plaider feulement en la Jurifdidion Royale , & dé-
cliner la Jurifdiélion des Seigneurs : ce qui a lieu
dans les Coutumes de Troyes , de Champagne , de
Chaumont , de Sens & d'Auxcrre : ce qu'on appel-
loit auffi droit de Juré i parce que ceux qui fe rcJi-
doicnt jufticiabks du Roi , faifoient un ferment par
devant le Juge Royal -, & pour cela on payoit un
droit de iix deniers pour livre des meubles , & deux
deniers des immeubles ; ce quj s'appeloit droit de
Bourgeoijle.
B OU ii
Bourgeois Fieffé , C'efl l'habitant d'une ville doiit
la Bourgeoifîe , la Mairie , l'Echevinage &c la Com-
mune font tenues en fief du Roi , ou d'un autre Sei-^
gneur. Ragueau.
l]3" On appelle Bourgeois du Roi ceux qui quoique
demcurans dans des terres feigneuriales , dont tous
les habitans font ferfs du Seigneur , communément
appelles gens de pot & de main-iuorte, font exempts
de cette fervitude au fnoyen de leur privilège
qui les en excepte , & qui même en quelques en-
droits les fouflrait cà.la Juftice feigneuriale , & les
rend juflriciables du Juge-Royal en première inftance;
(fer Ce privilège de Bourgeoijle royale n'a été intro-
duit que pour quelques endroits de la Cham|^gne i
où tout le Peuple eft de condition ferviJe j^'en-
forte que , fi quelque forain venoit habiter la
terre d'un Seigneur i « il devieudroit fon ferf ;
ainfi ceux qui viennent s'établit: dans quelque lieu
de cette Province , pour 'fe fouftraire à la fervi-
tude du Seigneur du lieu , ont recours au Roi oii
à fes Officiers qui leur donnent des lettres de Bour-
geoijle Se protetlion royale.
Bourgeois , en termes de Marine , eft le propriétaire
d'un vaiffeau, Ibit par achat, foit qu'il en ait fait
faire la conftruéfion. Navis dominus. C'eft celui
qui l'équipe cle tous fes apparaux_^& agrès , & qui
le frète erifuite -, c'eft-à-dire , le loue à un Marchand
pour faire voyage , lliivant les conditions d'un traité
qu'on appelle' charte -partie. gCF Si plulieurs Mar-
chands s'unifTcnt pour faire racquilitiOn d'un Navire,
on les appelle Co-Bourgeois.
Quelques Auteurs prétendent que le mot Bour-
geois eft venu du ftyle de la Hanfe Teutonique , à
Caufe qu'il n'eft permis en Allemagne qu'aux Bour-
geois des villes Hanféatiques d'avoir &: de faire conf-
truire des navires , & qu'en effet tous les Seigneurs
& propriétaires d'un navire font nommés Bourgeois.
Les Patrices ou Sénateurs de Rome ne pouvoient
poticder ou tenir en propre des navires ; mais feu-
lement des barques :' cela n'étoit permis qu'aux
bourgeois. à
Les ouvriers appellent Bourgeois , celui pour le-
quel ils travaillent. Il faut fervir le Bourgeois. Le
maçon, i'artifan , tâchent toujours de tromper Le
Bourgeois. C'eft en ce fens & en oppofiinc les Bour-
ges aux artifans , que le Roi dit dans l'Ordonnan-
ce de lûcTy. art. XI. Les Juges & les_ parties pour-
ront nommer pour experts des Bourgeois ; Se en cd.s
qu'un artifan foit intéreflé en fon nom contre un
Bourgeois, ne pourra être pris pour tiers expert c\xïan
Bourgeois.
BOURGEOIS , o I s E , eft auffi adj. dans les mêmes
fens qu'il eft fubftantif. Une mailbn bourgeoijé , c'eft
une maifon bâtie fîmplement & fans magnificence ,-
mais commode & logeable •, & elle eft également
ôppofèe à palais, hôtel , Se à cabane , ou maifon de
payfan Sc d'artifan. On appelle dans les bourgs Se
villages , Mailbns bourgeoijés , celles que les Bour-
geois des villes voifines y ont , par oppoiîtion à cel-
les des habitans du lieu. Dans les villages des envi-
rons de Paris tout eft plein de maifons bourgeoifes
très-propres. Une maifbn ou fimille bourgeoife , eft
une famille qui n'eft pas noble , mais au-deffus de
I'artifan , par fes biens Se fes emplois. On le dit auffi
adjeèf ivement dans l'autre fens. Cela eft du dcrniec
bourgeois. Mol. Corrigez-vous de vos façons de par-
ler bourgeoifes, c'eft-à-dirc , balles & populaires. Il a
des manières d'agir tout - à - fait bourgeoifes. Vous
allez voir entrer dans cette famille un air bourgeois
qui n'en forcira de dix générations. Te ne vis jamais
un corps' compofé d'atomes plus bourgeois. Mol»
dans le Bourg. Cent,-
Franc-Bourgeois. Voye^ FrAnc
On appelle garde-bourgeoife , Un droit établi dan»
la Coutume de Paris à l'imitation de la garde-no-
ble , par lequel les perc eC mcre , aycul ou ayeu-
le , out droit de joUir des biens de leurs enfans mi-
ficurs fans leur en rendre compte , en les entrete-
nant félon leur état ,& en payant leurs dettes mol>i-
8
Il BOTJ
iiaires. Pupillorum tut^la, & kerediiatis proturdtio.
On appelle aufli garii-baurgcoij'e , la milice des
bourgeois qui font gaule en quelque partie de kur
ville^ 6'iv/«OT excubvx. On appelle caution bourgeoi-
fe , une bonne caution , tfc tacile à dilcuter.
■SfT On appelle vin bourgeois , le vin que les Bo^ir-'
geois de la ville de Paris recueillent de leur crû • &
qu ils ont droit de V^^ndrc à pot chez eux. On le dit
• au;n du vin non frelate qu'on a dans la cave par op-
poiition au vin de cabaret. On dit dans le même l'cns
ordinaire, foupe bourgeoife,, bonne ibupe.
Bourgeois , f. m. Sorte de petite monnoye de billon ,
qui avoit cours Ibus le règne de Philippe le Bel. Il
y %woit des bourgeois lîmples , &: des bourgeois dou-
bles. Les bourgeois lîmples ctoienr les deniers pa-
rilîs , & les bourgeois doubles , les doubles pariiis.
Le Blanc. Truite des morinoyes.
BOURGEOLS ne ic dit jamais pour Habitant de Bour-
ges. Il faut dire Habitant de Bourges , un homme ,
une femme de Bourges.
Bourgeoise, f. f. Terme de Fleurifte. Tulipe d'un
rouge vif tirant fur l'orangé, 6: blanc. Morin, Cuit,
des Fleurs.
BOURGEOISEMENT , adv. D'une manière bour-
geoife. ^grejiiùs , Jîmpliciâs , rudiùs, Il vit, il par-
le , il raifonne bourgeoij'ement. Sur le midi il dine
bourgeoifaneni * &; en famille -, mais bien Ô£ avec
appétit. ViGN. Marv.
fS" BOURGEOISIE , f. f. Jus dvitatis. La qualité
de Citoyen. Ce mot luppole une ville & une ibcié-
té dont chaque particulier connoït les affaires , &
aime le bien ,&: peut fe promettre de parvenir aux
premières dignités. Il tant une demeure de dix ans
dans les villes franches pour acquérir le droit de
Bourgeoijîe &c l'exemption de la taille. Le droit de
Bourgeoijie à Rome , ou de Citoyen Romain , don-
noit de grands avantages : on l'accordoit même à
des étrangers. Lacédémone étoit li jaloulé de fon
droit de Bourgeoijie , qu'Hérodote a abfervé qu'elle
ne l'a accorde qu'à deux perlbnncs. La Guil. Les
François perdent le droit de Bourgeoijie françoi-fe ,
en s'établifTant dans les pays étrangers -, mais ils
le recouvrent s'ils reviennent en France. Pimont
dans le Nouveau Praticien François. Voyez dans
VHift. de Lyon duP.Meneftrier, /j^zo'. 448, la manière
dont on doit demander la 5o«ro'<;oi/if& y être reçu.
Bourgeoisie , fe dit aulfi en termes coUcdifs, de tout
le corps des Bourgeois. Civts. La Bourgeoijie cil en
armes , &:c. La Bourgeoijie eft toujours la copie de la
Cour. ScAR.
BOURGEON. Prononcez BOURJON. f. m. Le bou-
ton qui poudc aux arbres & aux plantes au p^rin-
tcmps. 1^ (Eil animé qui produit dans la fuite une
jeune branche,dans lequel les feuilles font arrangées
& repliées les unes fur les aurres. Voye^ Bouton.
Gemma, , oculus. La gelée n'ell dangereufe que lorf-
que les Bourgeons commencent à pouil'er.
Ce mot vient de burrio , qui a été fait Acburra,
boicrre. Ménage. Les bourgeons ont la même peau ,
le même parenchyme , les mêmes corps ligneux, les
mêmes infertions , &: les mêmes moelles que la tige ,
c'eft-à-dire , les mêmes parties , qui , par le moyen
d'un nouveau fuc qui y entre conrinuellement , re-
çoivent une extcntion pareille à celle de l'or qui paf
fe par la filière ,& qui fe déploient à peu près comme
les tuyauxd'une lunette d'approche. Les bourgeons
font toujours placés entre la tige ou branche dont ils
fortent,&: la bafe des pédicules, ou queue des feuilles.
Bourgeon , fe dit aulïî de tout le nouveau jet des ar-
bres & des vignes. Germen ^furculus. |K? Les bour-
geons s'alongent dans toutes les parties tant qu'ils
font tendres 6c herbacés. L'alongement diminue à
ir.efure que le bois s'endurcir. Il celle , quand le bois
e(I tout-à-fair dur. f^oye^ Arbre. Aubier, Branche.
^fT Dans ce fens ou le dit particulièrement des nou-
veaux fcions de la vigne. On coupe les nonveaux/'OKr-
geons de la vigne. On défend l'entrée des bêtes dans
les bois nouvellement coupes , à caufe qu'elles man-
gent les bourgeons , les jets tendres & nouveaux.
B O U
g-"? BôltRGtON fc dit par cxtenfion , dans Une éfpècê
de fens figuré , des boutons , bubes , clevuics qui
viennent|^tt vifagc. Papula. Il a le vifage tout cou-
vert de wHl^geons. Papulofus. Elle peint de bour~
geons fon vifage guerrier. Bon,.
Bourgeon , dans le commerce de lainage. Les bonr'-
gcms ou efcou.iilles font des laines plus fines que le
refte", & qui s'échappent ou s'allongent par brins eo
différens endroits. On les arrache de deflus la bête
avant que de la tondre. On donne ce dernier nom
dans le Berri à la laine levée fut les cuiflés.
^ BOURGEONNEMENT, f m. aétion de pouiret
des bourgeons. Gemmaiio. f^oyei Bourgeon. Je ne
trouve ce mot dans aucun Diélionnaire. Pourquoi
cela ? L'ufage l'a adopté •, & s'il n'étoit pas reçu , il
faudroit le recevoir , parce qu'il eft néccflaire. Ou
dit bien ébourgeonnement.
BOURGEONNER v. n. Pouffer des bourgeons. Gem-
niare,gemmas agere. Les arbres bourgeonnent au prin-
temps. On dit figurément de ceux qui ont des élevu-
res , des bubes au firont, au nez , auvifage , que leuï
front, leur nez, leur vifage commence à bourgeonner.
Bourgeonné, ee, part. & adj. Gemmatus. Qui a des
bourgeons au vifage. On dit ordinairement que les
ivrognes ont des nez bourgeonnes^
BOURG - EPINE. C'eft un "arbrilîèau , qu'on appelle
autrement Nerprun , ou Noirprun. Rhamnus. Voyez
ces mots.
§C? BOURGES. Ancienne & grande vîlle de France*
Capitale du Berry , avec un Archevêché. Bituriges ,
avaricum Biturigum. Elle eft fituée au confluent de
l'eure & de t'auron 5 c'eft l'ancien Avaricum Bi-
turigum , qui , dès le temps deTarquin l'aiicien ,
étoit le fiége de l'Empire des Gaules.
^fT Bourges , fut dans la fuite la capitale du Royaume
d'Aquitaine , & fon Archevêque eut le titre de Pa-
triarche &: la primatic fur les Provinces de Nar-
bonne , d'Auch 6%: de Bourdeaux. Foye^ les Anriqui-
tés de Bourge» par Chenu , Thiftoire du Berry par
la Thaumalîiere , & les différentes differtations de
M. Cathérinot , fur la ville de Bourges, Foye^
aulli le Dictionnaire de la Martiniere,
IJCT On ignore l'origine du mot Bourges , Cette ville
eft à ioo. }' 16" de longitude , & à 47° 4' 58" de
latitude. Cassini & M ar aldi. La tour de S. Etienne
de Bourges eft à 1 90 5 5' 1 5" de lon^. & à 45° 4' 54'*
de lat. Cassini.
ÇCr Louis XI ù'acquit à Rourges en 1415; Char-
les VII y fit fort féjour le plus ordinaire pendant
les premières années de fon règne. François I quj
aimoit les Sciences Si les Savans , alla un jour en-
tendre Alciat dans les Ecoles de Bourges.
Mr. Cathérinot, dans fon Patriarchat de Bourges ,
prouve que Bourges eft non-iéulement une Priir.a-
îie , mais arrilî i>n Parriarchat -, fes principales rai*
fons font que Didier, Dcjiderius y Evêque de Cà-
hors , écrivant à faint Sulpice le Débonnaire , Ar-
chevêque de Bourges , qui mourut en 640 , le trai-
te de Patriarche -, Cette lettre eft dans Du Cheihe ,
Hijl. GaU. Script. p. 88 -, Que Théodulphe , Evêque
d'Orléans, écrivant à S. Aouft, ou Aigulphe, qui
mourut en 841 , dit qu'il a par-deffus les autres llion-
neur Patriarchal du premier fiège , & qu'il a fous
lui une troupe de Pères ; que le Pape Nicolas ï.
écrivant à S. Raoul , aulIî Archevêque de Bour-
ges , qui mourut en 869 , le nomme Patriarche. II
devoir dire que dans cette lettre à Raoul , le Pape
Nicolas déclare que l'Archevêque de Bourges , en
verru de fon Patriarchat , n'avoit de jurildiâiion
fur l'Eglife de Narbonne qu'en cas d'appel, & qu'il
ajoute , qu'en vertu du même Patriarchat , il de-
voit gouverner l'Eglife de Narbonne pendant la va-
cance du Siège ; ce qui eft non-feulement appeilcr
l'Archevêque de Bourges Patriarche •, mais recon-
noîtrc qu'il étoit en pofléilîoïi de ce titre , & qu'il
en exerçoir les fondions. On n'a donc pas raifon
de dire que Nicolas fur le premier qui donna ce
titre .à l'Archevêque de Bourses, Catliéiinot ajoute ,
Jean VIII nomme l'Eglife de Bourges Cardinale ,
B O U
Çoî eft un nom fort approchant du Patriarchat ;
,<]uc le B. Robeic d'Arbriliçl , écrivant à Lci^er, Ar-
chevêque de Bourges , le nomnic auîfi Patriarche ;
que Gofredus , Prior Vojienjis [Geofroi , Prieur de
yigeois en bas Limouhn ) qualifie Patriarche de
Bourges : Albert , Archevêque de la même ville \
que la Glole du Décret reconnoîr un Patriarchat à
Bourges : c'efl: Tous la Diftiniit.ii , Ganon 7. S. An-
tonin. Archevêque de Florence, mort en I45'5) ,
obferve qu'il y a trois choies dans l'Eglife de ifowr-
^f^ , Métropole , Primatie & Patriarchat. Le Cardi-
nal Alexandre pafle plus avant fur \t Canon Defi-
nimus , diji. zi Se dit que T Archevêque de Bourges
eft le premier Patriarche après les quatre premiers.
En 1210, ou environ, Philippe Augufte écrivit à
Innocent III , pour faire confirmer la Primatie de
Bourges , parce que c'é^oit , dit-il , le feiil Patriar-
chat de ion Royaume. Enfin , Coquille ,■ le plus
judicieux de nos Juriiconfukes François ^ & Chal-
feneux , difent la même chofc. II prétend même que
les Archevêques de Bourges ont exercé les fonc-
tions Patriarchales ; que c'eil en cette qualité
que Vaugrin , Archevêque de Bourges , bénit en
iiii , Suger, Abbé de liiint Denys dans l'Eglifc
de faint Denys même , en préfence de Louis le
Gros ; que Guillaume de Boilratier , qui mourut
en 1421 , Henri d'Avaugour mort en 1446', &]e
Cardinal de Tournon , ont aulli fait les mêmes
fonélions, auifi-bieri que M. de Beaune, qui don-
na l'abiblution à Henri IV , & il cite les preuves
des libertés Gallicanes, p. 40(j, M. Cathérinot con-
jcélure que le Patriarchat de Bourges fut inftitué
^ fous Louis le Débonnaire , Roi des Aquitaines , &
depuis Empcreui'. Ses principales raifo'ns font , que
la ville de Bourges étoit devenue alors capitale
de: trois Aquitaines , & que vers ce temps-là Raoul ,
Archevêque de Bourges , eft traité de Patriarche.
Voilà ce que fa Diffettation contient de plus par-
ticulier. Cette conjeélure eft détruite par le fait
de S. Didier , rapporté ci-deflus par M. Cathéri-
not lui - même. S. Didier ayant vécu fous
bagoberl; , ( Clovis II , ) & fous Sigebert fils
de Dagobert , Sigebert étoit Roi d'Auftralîe , ainfi
Bourges avoir un Patriarche dès le Yîh fiècle. Raoul,
élu Archevêque en 840 dans des lettres de fondation
d'un Monaftère, rapportées par le P. Mabillon ,
Jcl. SS. Eened. Sœc. IV. P. IL p. 1158 , prend le
titre d'Evêque du premier Siège, primes fedis Epif-
copus. Bourges a une Univerlitc fameufe autrefois
pour le Droit , & où il vient encore beaucoup
d'étrangers. M. l'Abbé Fleury , qui, dans fon Hljr.
EccL L.LV.p.\%o, Tom. XI, & Liv. LXXXIK.
p. ')iç),T.Xy'II, réconnoît le Patriarclut de Raoul,
croit aufîi qu'il fut érigé, parce que Bourges étoit
la capitale du Royaume d'Aquitaine", que Charle-
inagne avoir donné à Louis le Débonnaire, & il
ne croit pas qu'on ait parlé de ce Patriarchat avant
ce temps-là. Cependant Théodulphe d'Orléans vi-
voit & écrivoit plus de vingt-ans , & Didier, cité
par M. Cathérinot , plus de 200 ans avant le Pape
Nicolas.
Quant à la Primatie , elle s'écendoit d'abord fur
les Provinces de Narbonne , d'Auch ôç de Bour-
deaux. La Province de Narbonne eft la première
qui s'en eft fouftraite , enfuite celle d'Auch-, mais
Courdeaiix y demeura Ibumis , & en 11^6 , Eugê-
r.e m. confirma par une Bulle la Primatie de Bour-
ges fur cette Province •, & les Archevêques de Bour-
ges ont Joui inconteftablement de ce droit pendant
pliifieurs fiécles , comme il pnroît par la Tranflation
de Frotaire , qui en 871J , demanda en gracç de
pafler du Siège de Bourdeaux à celui de Bourges,
êc parla lettre de Philippe Augufte à Innocent III.
en faveur de Gérard de Cros , Archevêque de Bour-
ges , rapportée dans le Gal/ia Chrlfiio-rfa , Tom.
I. p. 174. Les Rois d'Angleterre , devenus Ducs de
Guyenne , voulurent fouftraire Bourdeaux à la Pri-
matie de Bourges ; Philippe Augufte s'en plaignit à
Innocent III. en 121 1 , & le pria dç çonlervei: J.çs
B Ôtf
i?
droits de c^tte Egliie , qiii étoit la feiilc Primatiale
de fon Royaume. Ce Pape confirma ce droit à S.
Guillaume l'an 120Q, &; leiuppofant incontcftable,'.
l'année 1212 , il confirma la ilifpenfe prononcée par
l'Archevêque de Bourges contre l'Archevêque de
Bourdeaux , pour n'êrre pas venu à Ion Concile -, Se
ne la leva qu'après qtxe l'Archevêque de Bourdeaux
eut promis d'aller au Concile de Bourges quand iî
y feccit appelé. Alexandre III, Luce lll , Urbain
IlI,ClementIII , Céleftin III ,& enfin Grégoire IX,
prononcèrent en faveur de Bourges , &: les Arche-
vêques de Bourdeaux reconnurent fans difficulté
l'Archevêque de Bourges pour leut Primar , com-
ine il paro'ir par une lettre d'Etienne de Noyon à
Honorius III , par i'Auteur de la vie de S. Guil-
laume dans Surius , par la lettre que Gérard de
Malmort , Archevêque de Bourdeaux ,- écrivit le
28 Odtobre de l'année 1147, à Philippe Bcrruyer,
Archevêque de Bourges , qui lui avoir mandé qu'il
alloit faire fa vifite dans fa Province , qu'il fe pré-
parer , & qu'il en avertît fes fuJfragants > à quoi Gé-
rard répond qu'il eft prêt à la recevoir avec hon-
neur , aufli-bicn qu'à exécuter fes ordres. Enfin , en
1155 , le Cardinal Ocuivien j par commilîiori du
Pape , fit un règlement pour la vifite de l'Archevê-
que de Bourges dans la Province de Bourdeaux , &c
le Pape Alexandre IV le confirma. Ce ne fut qu'en
I505 , que Clément V, qui aVoir été Archevêque
de Bourdeaux , rranfporta j fi on en croit Matthieu
deWeftminfter & Wallingham , deux Auteurs, An-
glois , la Primatie d'Aquitaine de Bourges à Bour-
deaux,
Quelques-uns confondent le Patriarchat de
cette Eglife avec fa Primatie , comme fi c'étoit la
jnême chofe. MefTieurs de Sainte-Marthe , dans leur
GalUaChriJtiana , Tome I.p. I40 , conviennent que
Sulpice , Archevêque de Bourges , eft appelé Pa-
triarche par Didier de Cahors , 'mais ils difent qu'en
ces temps Patriarclie ne iignifioit au'n'é chofe que
Métropolitain. Tout ceci eft tiré de MeiTieuis de
Sainte-Marthe , Cathérinot & de Hauteferre , Rer.
jîquit. L. IV. c. 4. De la Brûufle a écrit contre.
P^oye^ Bourdeaux.
Bourges porte d'azirr à trois moutons d'argcnr 3
accollés de gueules ,■ clarines d'or ,1,2, a la bor-
dure dentelée de çuculrs.
BOURGMESTRE , ou BOURGUEMESTRE , f. m.
rS fe prononce. Premier Magiftrat des villes de Flan-
dres , de Hollande & d'Allemagne. Il eft comme le
Maire & le Gouverneur ; il donne des ordres pour
le gouvernement, l'adminiftration des finances , la
juftice 8c la police de la ville.- Le pouvoir Se les
droits des Bourc;uemefires ne font pas égaux par-
tout : chaque ville a lés loix & les ftatuts particu-
liers. En allemand on l'appelle Burgermeificf. On
ne fait pas bien comment on pouroit exprlmet cette
dignité en latin. Les uns Texpriment ^a.i: Sena:or ,_
& les autres par- Confu/. Quelques - uns dé ces
François ReligionnaircS réfugiés danâleis pays éttan-
gers, qui fe mêlent d'écrire en françois , écrivent
Bour^maitres , mais ti'ès-m\il ,' il faut dire & écrire
Bourgmcjire, Se pronoi-)ccr ['s.
Ce mot s'eft fofinè de deux tcmres ilamarts ; .gor-
.<^fr, bourgeois , & Meefier , ma.hxe , c'eft-à-dire , le
maître &: le protecSteur des' bourgeois. M.Bruneau ,
dans fon Traité des Criées , dit que SoiJrsuemejlre
en Hollande répond à ce qu'on appelle Aldertruin ,
& Shérif en Anglererrc , Attoufné à Compiegne ,
Capitoul A'Yo\\\o\\(ii , Confitl en Auvergne &: Lan-
guedoc,/«r^r à Bourdeaux, Pair de Ville à Beau vais,
Echevin à Paris , Lyon , Rouen , Tours, Angers , êy/
Bo'uF-GUEMESTREs , fe dit auilî figiïrément &: en badi-
nant des plus confidérabies bourgeois d'une ville,
Tous les honorables Bourguemefires jerterent les
yeux fur nos inconnus. Scar,'
BOURGO. Voye:^ Bi;rgau.
BOURGOGNE. Grand pays de France , qui a pbuc
bornes à l'orient les Suifies, & une partie de l'Ai-
face f à l'occident le Gatinois , le Nivf rnois ^ \^
î4 B O U
Bûuibonnois -, au midi le Lyonnoîs & la Brefle ; iu
nord la Champagne de la Lorraine. Burgundia. Ce
nom de Bourgogrig vienr de celui de Bourguignons,
peuples qui l'ont conquiie &C poll'cdçe. Celui de
Burgundia ne le trouve point avant Cailiodore.
Nous donnons la terminailbn ogne à pluiicutsnoms
de lieux termines en latin en ia , comme Cologne ,
Boulogne, , Pologne , Catalogne, Sologne. La Bour-
gogne efl: le pays des anciens Eduens , Scnonois Se
Scquaniens. La Bourgogne le divile en deux par-
ties , dont Tune eil le" Comte de Bourgogne , ou la
Franche Comté , que quelques-uns appellent la hau-
te Bourgogne , l'autre eft le Duché de Bourgogne ,
que quelques-uns nomment la baffe Bourgogne. Les
Eduens Se les Sénonois occupoient celle-ci , Se les
Séquaniens habitoient l'autre. La Bourgogne a été
a^^pelée la Mère des eaux,parce que plulîeurs grandes
tivièes desGauIes y ont leur Iburce , ou l'arrolénr.
Le Duché de Bourgogne eft la partie occidentale
àe la Bourgogne , Burgundia Ducatus , qui a le
Comté de Bourgogne à l'orient , au midi la Brcffe Se
le Beaujolois , le Nivernois au couchant, la Cham-
pagne au nord. La capitale du Duché de Bourgo-
gne eft Dijon. Les vins de Bourgogne font les meil-
leurs vins de l'Europe pour l'uiage ordinaire.
Le Comté de Bourgogne eft la partie occidentale
de la Bourgogne , qui a pour bornes au couchant
le Duché de Bourgogne ," Se une petite ' partie
de la Champagne -, au nord la Lorraine, au levant
le Comté de Mont-Belliatd î^: la Suiffe , au midi la
Breffe Se le pays de Gex. Dole étoit autrefois la ca-
pitale du Comté de Bourgogne, aujourd'hui c'eft Be-
îançon. Le Comté de Bourgogne fut cédé à la Fran-
ce par les Elpagnols à la paix de Nmiégue en i6y^.
Bourgogne propre. Quelques-uns appellent ainlî les
Dijonoisjl'un des fept Bailliages du Duché de Bour-
gogne , duquel Bailliage Dijon eft la capitale .
Royaume de Bourgogne, C'eft un puiffant Etat que
les Bourguignons établirent autrefois dans les Gau-
les , Se qui comprenoit , outre Ijs deux Bourgognes ,
le Nivernois , la Breffe , le Bugcy, & la Suiffe ; &*qui
s'étendit enliiite dans le Valais ,1a Savoye & le Dau-
phiné. Le Royaume àçBourgogne s'étendoit du côté
du Rhône & de la Saône , comprenoit une partie de
la Provence , &: ce que nous appelons aujourd'hui
le Dauphinc , la Savoye , la Franche-Comté , pres-
que tout le Duché de Bourgogne , le Nivernois Se
une partie de la Champagne. P. Dan. Il étoit divi-
fé en fept Provinces , dont les îviétropolcs étoicnt
Arles , Vienne , Lyon , Bezançon, Mouftier en Ta-
rentaife , Embrun , Aix en Provence. Voye^ le Mai-
re , L. III. de les Illujir citions des Gaules , Se Pierre
de S. Julien , Antiq. des Bourg, pag. 6j\, Enfuite il
fut divifé en deux Royaumes , dont l'un s'appela la
Bourgogne Transjurane, S: l'autre la Bourgogne Cis-
Jurane,'L\\nSeVa\xx.ic furent réunis fous Raoul IL
Roi de la Bourgogne Transjurane , à qui Hugues
Roi de la Cisjurane céda fes Etats Se fcs droits l'an
çiij. L'an 1032, le Roi Rodolfe IIL étant mort
fans enfans , tout cet Etat échut ,1 l'Empereur Con-
rad le Saliqac , &: fes fucceffeurs en jouirent près de
deux fiécles. Après quoi étant trop éloignes pour le
maintenir , ils y laifferent établit plufieurs petits
Souverains, les Comtes de Bourgogne, de Morienne,
ou de Savoye , de Forcalquier Se de Provence , les
Dauphins de Viennois , &: les Ducs de Zéringhcn.
Enfin , ces petits Etats , excepté la Savoye Se le Du-
ché de Zéringhen , ont été réunis à la Couronne de
JFrance en différens temps , &par différentes voies.
La Bourgogne Transjurane. Ce pays comprenoit
la Suiffe, & fes dépendances avec la Savoye. ^«r-
gundia Transjurana,o\x Transjurenjis, On l'appelle
ainlî , parce qu'elle étoit au-delà du Mont - Jura , ou
Mont-Jeu , Trans-Montem Juram , grande chaîne
de montagnes qui s'étend depuis le Rhin près de
Bâle jufqu'au Rhône , à quatre lieues au-deffous de
Genève. Le Royaume de la Bourgogne Transjurane
commença par Raoul , ou Rodolphe L l'an 888,
B O IT
Là Bourgogne Cisjurane, en latin Burgundia Cl<'
jur.ina ou Cisjurenjis , ainli appelée parce qu'el)'
renfermoit tout ce qui étoit en-deçà clu Mont-Ju-
ra , cis Montem-Juram , le divifoit en Cisjurane in-
férieure , Cisjurana inj'erior , qui comprenoit le Du-
ché de Bourgogne , le Nivernois , la Breffe Se le Bu-
gey , Se en Cisjurane fupéricurc , qui étoit la Fran-
che-Comté , Cisjurana fuperior, La Bourgogne Cis-
jurane a eu titre de Rc)yaume , que l'on a autrement
nommé le Royaume d'Arles. Il commença l'an 8757
par Bozon d'Ardennes;& finit l'an pip.Koye^ Arles.
On doute (î la Cisjurane fupérieure faifoit partie de
ce Royaume, ouli elle appartenoit à celui d'Arles;
yoye:^ la Notice de M, de Valois au mot Burgun^
dia^
L!L Bourgogne Royale j Burgundia Regia; la Bour-
gogne Impériale , Burgundia Impsratoria. On a don-
né encore ces noms , le premier au Duché , Se. lef
fécond au Comté de Bourgogne , vers l'an 1051.0a
1034. lorfque cet Etat tomba entre les mains de
l'Empereur Conrad. Petite Bourgogne. On a ainlî
appelé les quartiers du Mont- Jura qu'occupèrent les
Nuetlandois alliés des Bourguignons , & qui font
aujourd'hui le territoire de Fribourg Se autres en
Suiffe. Voyez Gollut,iVft'OT. des Bourg. L. Ill.chap, 1.
Aujourd'hui, ce que dans l'ufage ordinaire on
appelle iimplement la Bourgogne , c'eft le Duché de
Bourgogne. Pour le Comte de Bourgogne on l'ap-
pelle la Franche-Comté , ou Amplement la Comté.
Le Cercle de Bourgogne comprend le Comté de
Bourgogne Se les Pays-Bas. Circulas Burgundius. Au
commencement de la dernière guerre les troupes du
Cercle de Bourgogne furent reçues dans les places
du Roi d'Efpagne en Flandres, & dans lesEtats des
Electeurs de Cologne Se de Bavière.
Autrefois on écrivoit Bùrgoine Se Boiirgoine. De-
puis , quelques - uns , comme Mézerai , ont écrit
Bourgongne , mais on n'écrit plus que Bourgogne, Sc
il faut prononcer te gn comme une n mouillée à
l'ordinaire. Pour l'Hiftoire de Bourgogne , il y a
Pontus Heuterus Rerurn Burgundicarum , L. Vl.
fol. à Anvers 1 584. De S. Julien V Origine des Bour-
guignons, fol. à Paris 1581. Guil. Paradin , Anna-
les de Bourgogne, L. III. E. Perard, Recueil de plu-'
fleurs piices ferrant à l'Hifîoire de Bourgogne ;
Nicol. Vignerius, Du Cliefne, E. Delbene, Schurz,
Fleifchius, Philb. de La Mare, cmt aiùfi écrit l'Hif-
toire de Bourgogne.
Bourgogne, f. m. On donne ce nom au vin de Bour'
gogne dans le ftyle familier.
En quel état efî votre cave ?
Comment fe porte le ioff'u f
Qui tres-fouvent la dent je lave :
Tout rotre bourgogne eji-il bii ?
DiVERT, DE S^ÀV-Xï
Enfin c'efl bien pauvre bejhgne ,
Que de belle eau claire entre nous,
A tout hafard garniJfei-voHs
De quelque baril de Bourgogne,-
ifT Bourgogne, f. f. Dans quelques endroits , on
donne le nom de Bourgogne au fainfoin.
|tCF La Bourgogne. Efpèce de danfe françoife qui
fut faite pour M. le Duc de Bourgogne,
et? BOURGOIN. Bergufia , ou Bergujïum, Petite
ville de France en Dauphin'é, dans le Viennois, fur la
petite rivière du Pin, nommée autrement , /<? Bourre,
(ÇT BOURGUEIL , Burgolium. Petite ville de France,
dans l'Anjou, avec une célèbre Abbaye, Ordre de
S. Benoît , à quatte lieues de Saumur.
BOURGUIGNON, one, f. m. & £ Nom de peuple
que quelques-uns écrivoient autrefois Bourguin-
gnon. Se que les Anciens ont appelé Burgundia, Se
quelquefois , comme Ammian Marcellin , Burgun-
dius , mais plus rarement. Les Modernes difenc
i'onvtnx. Burgundus , mais mal à mon fens, piiifque
l'antiquité a dit autrement. En parlant des anciens
Bourguignons M. de Tillemont a dit en françois
Burgunies. Foye^ ce mot, Les Bourguignons , fe-
BO U
îoft quelques Auteurs ^ croient une partie cies Van-
dales 5 dont la première demeure fur la Cairubie en
Pomcrsnie, avec les conrrées de Pologne qui en
fonr voiiincs. Sous Tibère ils ibrtirent de leur pays,
&c conquirent une parrie de la hailc Allemagne. Ti-
bère & Druilis les dirperfcrent en ditferens camps
le long du Rhin , où ils multiplierenr de forre ,
qu'au rapport d'Oroie , L. VIL C. 5 1. ils parurent
au nombre de 80. mille iur le bord du Rhin, Sous
l'Empire de Théodole le Jeune, fils d'Arcadius, les
AUemans les ayant chafles du pays dont ils s'ctoient
emparés, &: que nous nommons aujourd'hui le Pa^
latinat du Rhin , ils paflerent ce fleuve , & étant
entrés dans les Gaules , ils vainquirent les Eduens ,
les Séi^onois & les Séquaniens , les chaflerent &
demeurèrent maîtres de leur pays , qui depuis fur
appelé de leur nom de Bourgogne, où ils formèrent
le Royaume ilont nous avons parlé au mot de
BoTTRGOGNE. Selon M. de Valois, les Bourguignons
ne font point Vandales, mais une nation Germani-
que, voifme des AUemans, Sidonius dit qu'ils par-
loienc le langare Germanique. Tibère ayanr tiré de
la Suabe les Sicambres, leur ayant fait paflér le
Rhin, & les ayant logés dans la Gaule fur le rivage
de ce fleuve , Ifidore , Se après lui plufieurs au-
tres, fe font imaginé que les Bourguignons font ve-
nus de cczï'~ Colonie de Sicambres , & confondent
inconiidcrcment les uns avec les autres.
Selon d'autres, les Bourguignons fonr de ces an-
ciens Gaulois , qui fous la conduite de Ségovèfe ,
du temps du vieux Tarquin, s'éroient établis en
Germanie , & qui pluiieurs fîècles après revinrent
dans leur ancienne patrie. Voyez Chorier , Hi/L
de Daup. Liv. III. §. i. p. 124, 1Z5. Ammien dit
comme une chofe confiante que les Bourgni^^nons
defcendoient des Romains j & Orofe prétend que
ce font ceux que Drufus & Tibère , fils adoptifs
d'Auguftc , avoient établis dans les châteaux & daus
les bourgades de l'A-llemagne , ?■: qUe même ils
ont pris leur nom de ces bourgs -, ce mot ligni-
fiant à-peu-près la même chofe en leur langue qu'en
la nôtre. Néanmoins Pline , Liv. IV. C. 14. en fait
une nation pU'-cment Germanique , une partie des
Vindiles , qu'on prétend être les Vandales \ & quel-
ques-uns prétendent qu'ils n'ont été appelés Ro-
mains , que parce qu'ils croyoient defcendre des
Gaulois , qui avoient été faits Citoyens Romains.
MarceDin dir qu'auparavant que les Bourguignons
'fe fuffeni inveRis d'.:ne partie des Gaules, ils ne
s'appl'uoient qu'aux armes & au labour, & lorf-
que , contre leur efp.érance , la terre leur failbit
faillite , ils entroient en une fureur (î étrange , qu'ils
chalfoient leur Roi de leur Royaimie , & en inf-
talloient un autre. Paso. Les Bourguignons ne com-
mencèrent à paroître & à fe jeter fur les terres de
l'Empire Romain que fous Maximien vers la fin du
troiliéme (îècle. Les Bourguignons palferent le Rhin,
& entreront en Gaule avec les A.lains & les Van-
dales fous Honorius & Arcadius , au quatrième fiè-
cle. Les Bourguignons , que l'on croit n'avoir été
ctirfcrens des Vandales que par le nom , ne mar-
choient au commencement que fous les mêmes en-
/eignes & fous les mêmes chefs. Mais ayant traver-
fé le Rhin enfemble , ils fe féparerent par le con-
feil 4e leurs Prêrrcs , parce qu'ils avoient embraf-
fé le Chriftianifme, que ces autres nations avoient
en horreur. Chor.ier.
On ne convient guère plus de l'origine du nom ,
que de celle du peuple. La plus vraifemblable eft que
Bourguignon , Burgundio , ou Burgundius , n'cfl:
point leur premier nom , ni un nom qu'ils aient
apporté en Allemagne ou en France , ou qu'ils fe
foient donné eux-mêmes , mais un nom que les Al-
lemans ou les François leur donnèrent , parce qu'ils
bâtirent aurour du pays qu'ils avoient conquis un
grand nombre de châteaux, ou camps, Cajlra ,
pour leur sûreté -, que c'étoit-là une de leurs cou-
tumes , & que château ou camp fe dit en allemand
& en ancien franc, ^arg, ou bourg , d'où l'on
o u
ly
fit Bourguignons , comme qui diroît Chafrelains"
C'eft l'étymologie d'Oroiius , d'Ilîdore , & de plu-
fieurs autres. Luitprand , L. III, c. 1 1, parlant des
Bourguignons , dit , Ipji domoriim congregationem ,
quœ, muro non claïuhiur , hurgum vacant. Et dans
les fragmens de Frédégaire on lit Burgundionum
80 fcre millia ad Rhenutn dej'cenderunt , & uli
cdjtra poj'uerunt , quaji Burgo vocitaverunt , ob lioi
nonun acceperum Burgundiones, Voyez encore
Oforius, L. VU. Hiji. 6. 4.
D'autres , qui approuvent dette étymologie , dî-
fcnt que les Bourguignons ne furent point ainii nom-
més des bourgs forrifiés qu'ils conftruifoient , mais
des* bourgs non fortifiés & tout ouverts que Dru-
fus & Tibère les obligèrent de former , pour di-
vifer en plufieurs petites habitations fcparées'& fans
défenfes , cette nation qui commençoit à leut de-'
venir fufpeéte par fes forces & fa multitude. C'eli
le lentiment de Paradin dans les Annal, de Bourg,
L. I. Chorier, Hiji. de Dauph, p. ^^^^S , 459. dit
que c'efl: ptarcequ'ils joignoient leurs rentes pour
être plus prêts à leur défenfe commune , & nom-
moient bourgs ces aifemblées qui avoient du rap-
port avec les villes , qui néanmoins n'étoient point
fermées de murailles.
Quelques Modernes , après M. de Valois , trai-
tent de ridicule cette étymologie tirée du mot
bourg, eftimant que de £?/ro' on auroir fait Burgio'
nés , & non pas Burgundiones , c'eft-à-dire Burgion ,
& non pas Bourgui«^nons ; mais il faut de meil-'
leures raifons , dit M. deTillemont, pour fe mo-
quer des anciens Auteurs. D'autres , comme Rhé-
nanus , qui tiennent cette étymologie pour vraie ,
remontent à la langue grecque , & tirent burg de
n-v/i'/k, une tour.; & fi l'on croit Picard , dans fa Ce/-
topédie , \\ n'y a aucun bon Auteur qui n'en con-
vienne. Quoi qu'il en dife néanmoins , & quel-
que vraifemblable que puifîe être cette opinion ,
ce mot peut n'être point grec ; & Pierre de S. Ju-
lien , dans fes Antiq. des Bourg, ch. u. réfute cette
opinion, parce que, 1°. les Bourguignons ; ni les
AUemans , dont ils faiibient partie , ne lavoienc
point le grec , & n'en ont eu connoiilànce que
fort tard, quoique, félon Rhénanus , ils aient éré
nommés Bourguignons plutôt qu'on ne penfe ; c'eft-
à-dite, avant Tibère. 2". Les Germains, ni par con-
féquent les Bourguignons , ne demeuroient point
dans des villes, & ne renfermoient point leurs ha-
bitarions de murailles , ainfi que Tacire nous l'ap-
prend. 30. Que -Ki^yai eft une tour , &c non point un
bourg. D'autres ont dit que Burgundio s'étoit dit
pour Gurgundio , à Gurgitibus , parce que la Bour-
gogne a été nommée la Mère des eaux , à caufe que
les plus grandes rivières des Gaules y ont leur cours ,
ou leurs fources -, mais ces peuples portoient le nom
de Bourguignons avant que la Bourgogne eût été
nommée la Mère des eaux , & qu'ils y fuÀenr placés ;
& il faut dans ce fentiment foutenir que les Bour-
guignons font Indigènes , ce qui eft faux.
D'autres prétendent que c'étoit un peuple forti
de la Scythie , & qu'ils campoient fous des tentes ,
qu'ils nommoient Burgs , d'où ils furent appelés
Bourguignons. Mais M. de Valois , dans fa Notice des
Gaules , prétend que les Bourguignons qui s'éta-
blirenr en Gaule font fort différens des Bourgui^
gnons venus de Scythie. Ceux qui difent que ce font
de ces Gaulois de Ségovèfe ajoutent qu'ils ptirent !e
nom de Boursuimons en l'honneur d'Hercule qu'ils
adoroient fous celui d'Ognius.
Enfin, quelques-uns difent qu'ils ont été^ ainfi
nommés du nom d'un lieu fitué dans le diocèfe de
Langres , & qui s'appeloit Bourg Ongne , ou Ogne ,
& dont le nom efl refté à la vallée d'Ogne. C'efl
le fentiment de S. Julien , Antiq. des Bourguignons,
C. 1, 5, 4, 5 -, c'efl pour cela qu'il écrir Bourgogne &C
Bourgognons, " Il prérend que Ongne en ancien lan-
gage celtique fignifîoit Dieu Ssi Dieux , parce que!
ÏBourgognc efl la même chofe que Burgus Deorum ,
Bourg "des Dieux, qui étoit au, même lieiH'q'-ie
x^
EOU
Bo ir
c'efl de-lix aufll qii'a été fait Burgiindia, de lurgum ,
&c dia ; mais tout cela n'a pas grande apparence. Les
Bourguignons ctoient ainii nommés avant qu'ils pal-
faflen't le Rhin , 6: qu'ils habitaflent le lourg d'Ogne.
Ogne eft une terminailbn que nous donnons à bien
d'autres lieux , comme je l'ai déjà remarqué au m.ot
Bourgogne , après de faint Julien lui-mcme, Dia
eft de même une pure terminailbn latine,
M, de Marca , dans fon Hijt. de Bearn , Liv. I.
p. 119 en parlant de Burgundio , Comte de Fézen-
iac vers le commencement du neuvième iiècle , dit
que le nom de Burgimd , ou Bergung , exprime
en latin par Burgundio , eft un ancien nomgalcon ,
mais il n'en apporte point de preuves , & ne dit
point ce qu'il lignifioit.
Voyez le mot de Bourg , &c fur la Bourgogne 8c
les Bourguignons, V Antiquité de l'Origine des Bour-
giiignons par P. de S. Julien ■■, les Annales de Bour-
gogne, par G. Paradin de Cuyfeaux. La Notice des
Gaules de M. de Valois. Beatus Rhenanus , Rerum
Germanicarum Nov. Antiq. lur-tout , Liv. l, & //.
&. les Notes qu'Otton a faites lur cet ouvrage ;
Cluvier , Germ. Ant. L. IlL p. 145. & fuiv. Camb-
den 5 p. 6i^, Britann. de Hautelerre , Not. in Greg.
Tur. p. ^C & 73 , 74. Chorier , HifL de Dauphiné.
Bourguignon. Ce mot eft venu en ulage dans la lan-
que par ce proverbe , Bourguignon i'alé , qu'on dit
par reproche à ceux qui aiment à ialer trop leurs
viandes : ce qui s'cft dit depuis l'an 1412. auquel
temps, y ;> .\.nt dans Aiguefmortes vme compagnie
de Bourguignons , les bourgeois fe ruèrent fur cette
garnifon , i!< jf^cerent leurs corps dans une grande
cuve de pierre , qu'on y montre encore à préfent ,
& ils les falcrent pour Iv-; conferver plus long-temps ,
comme un glorieux tr. phce de leur fidélité envers
leur Roi légitime -, eu (implement , comme dit An-
doque dans fon Hifi. de Languedoc , p, 444. de peur
que ce qui s'exhaloit des corps morts de ces Bour-
guignons n'infecStât l'air , ils hrent un grand trou ,
dans lequel ils les jetèrent , 6c les couvrirent de fel,
Ceft de-là , félon Monftrelet 8c Juvénal des Ur-
fins , qu'eft venu ce proverbe. La Faille , dans fes An-
nales de Touloufe , p. 175. dit précifément la même
chofe qu'Andoque. D'auttes tirent ce proverbe du
fel qui fe fait à Salins , à caufe que les Bourgui-
gnons ont eu plulieurs difputes pour leurs falines.
Bourguignon, f. m. Ce mot fe dit dans le ftyle fa-
milier j pour fignifier du vin de Bourgogne. Avalons
de ce bon Bourguignon. On emploie ce mot en ce
fens dans les chanfons à boire.
Bourguignon, f. m. Terme de mer. Les Mariniers
appellent ainfi les glaces féparées que l'on rencon-
tre en mer.
BOURGUIGNONISME. f. m. Expreffion Bourguj-
gnone , patois de Bourgogne. Ceft un terme dont
s'eft fervi Mr. de la Monnoye dans fon Gloflaire ,
au mot Dé[ar. Cet Auteur a fait de même le verbe
Bourguignonifer , rendre Bourguignon , au mot Pi-
taincke.
^ BOURGUIGNONNES ( Loix ) , font celles qui
étoient en ufage chez les Bourguignons avant Gon-
debaud , l'un de leurs derniers rois , qui les reforma
8c en fit une el'pcce de code , qu'on appela de fon
nom , loix Gombettes.
BOURGUIGNOTE. f. f. Arme défenfive pour cou-
vrir la tête d'un homme de guerre : c'eft une ef-
pèce de cafque , ou de falade. Galea. Son nom vient
de ce- que les Bourguignons s'ent font fervis les pre-
miers, ffy Cette armure de tête dont le fervoient
les piquiers n'eft plus en ufage.
^CT On appelle maintenant Bourguignote , une for-
te de bonnet , garni en dedans de pluiîeurs tours
de mèches &c revêtu d'étoffe que l'on porte dans
les ocçafions à l'armée pour parer le coup de fa-
bre. AcAD. Fr.
A i-A Bourguignote. Phrafe adverbiale. A la ma-
nière des Bourguignons. Bursundionum more , inf-
/<rr.Des françois croifés à la Bourguignote. Gollut,
il l'expliqucportans croix 8c ccharpes deBourgogne*
BOURI. f. m. On nomme ainii en Egypte le Muge y
des œufs de la femelle duquel on fait la buutargue.
BOURIAGE. f. m. Vieux mot qui fc difoit autrefois
pour métairie. Frœdium ru/licum. Il eft encore en
ufage dans quelques Provinces.
BOURJASSOTTE. f. f. Efpèce de figue. Il y a la
petite éourjajfotte , qui eft noirâtre , ou plutôt d'un
violet obfcur, tel qu'eft celui de certaines prunes ;
elle eft fort délicate, mais elle ne rapporte guère
au printemps , &c mûrit rarement à l'automne. La
Quint. P. III. c, j p. 415,
BOURIER. f. m. Mot ufité dans quelques provin-
ces 8c qui n'eft pas françois. Il ne fe prend pas
feulement pour les ordures qui font dans le ble ,
mais pour toutes fortes d'ordures. Purgamenta. Cet-
te chambre eft pleine de bouriers , il faut la ba-
layer. J'ai un bouTier dans l'œil qui m'incommode.
Ce mot femble venir de bourre, comme ii les
bouriers étoient les poils de bourre.
BOURIGNONISTE. f. m. $>i f. Nom de Sede. Les
Bourignonifles ibnt dans les Pays-Bas ProteftaTis,ceux
qui fuivent la 'doultine d'Antoinette Bourignon ,
native de Lille , apoftate de la religion Catholi-
que , ^ qui étoit une elpèce de Quiétifte , ou Fa-
natique , qui fe conduifoit par de prétendues ré-
vélations , 8c avoit beaucoup d'attraits pour la to-
lérance en matière de religion , comme il paroît
par \z% Nouvelles de la Rcp.des Lett, KÎ85. Avril,
pag. 410, Voyez au même endroit , pag. 418 Si
fuivantes. Il y a beaucoup de particularités tou-
chant la Bourignon èc les Bourignonijtes fes dif-
ciples. Voyez aulîi la vie de M'"^ Bourignon,
BOURIQUÉT Foy. BOURRIQUET.
BOURLET. Foyei BOURRELET.
BOURME , ou BOURMIO. f. m. Ce font les foîes
Legis de Perfe , qui ne font pas de la meilleure
qualité , eJJes ne font que de la féconde efpèce,
FoYei Legis.
UCr BOURMONT. Burnonis mons. Bourg de Fran-
ce , dans le Barrois , au Baifigni fur une montagne,
BOURNAL. f. m. Vieux mot, qui fignifie un rayon
de miel. Favus mellis. Il eft encore en ufage dans
la campagne.
|p=- BOURNEUF , Village de France en Bourgogne ,
bailliage 8c recette de Chàlon-fur-Sône , près de
Mercurey. Ses vins font de bonne qualiré.
TfF BOURNIQUET. Bnrnichildis cajirum , petite
ville de France, enGuienne, dans le Quercy, fut
l'Aveiroux , aux confins du haut Languedoc,
BOURNOYEUR. f. m. Foye^ Ardent.
BOURON. f. m. Vieux mot , qui lignifie Cabane.
§CF BOURON , ville de la Turquie , en Europe ,
dans la partie méridionale de la Romanie , avec
un Evcché des Grecs -, Bijtonia , fur un lac de même
nom, Bijîonis Lacus &C Bijlonium Jlagrium.
Ce? BOUROU-IERDE, ville de Perfe , à 74". 50'
de long. 8c 34<-\ 20' de lat.
BOURRACHE , ou BOURROCHE. f. f. Terme de
Botanique. Le premier eft le plus en ufage. Borrago.
Plante fort commune dans les jardins. Sa racyie
eft blanchâtre , gro/lè comme le doigt , vifqueufe au
goût ; elle pouffe des feuilles larges , arrondies ,
fucculentes, ridées , âpres dans toute leur furface,
à caufe d'un poil court 8c dur dont elles foi^t cou-
vertes. Ses tiges font allez foibles , hérilfées de pe-
tits poils piquans , branchues , hautes d'un pied
&c demi , garnies de quelques feuilles femblables à
celles du bas , mais un peu plus petites. Ses tiges
ôe fes brandies fe terminent par des bouquets , com-
pofés de trois ou quatre fleurs bleues le plus fou-
vent , quelquefois blanches ou couleur de chair >
8c femblables à une molette d'éperon. Leur calice
eft vert, velu, découpé en cinq parties jufqu'à la
bafe ; il devient a/îez grand lorfque la fleur eft paf-
fce. Se il contient quatre femences qui rellemblenc
à la tête d'une vipère. La fleur de bourrache eft du
nombre de celles qu'on nomme cordiales. On met
içs feuiilçs de hurr^dii àmi les Jt>(?uiJJons rafiraî-
BOIT
dil/îans i & Ton fiic poui-.b par les lUcurs & l.i trani*-
piiation. Parce que la l-ourrache clr cordiale, on
l'appelle en latin ùorrago , qui vient de corago ,
ny ayant que le C qui a été change en B.
La bourrache ne iè multiplie que de graine > qlii
efl: noire , d'un rond un peu alongc en ovale bof-
Ice , ayant d'ordinaire un pictir bout blanc du cô-
té de la bafe , & ce bout lcp>arc du refte ; la lon-
Ë;ueur eft toute comme entaillée de rayons noirs,
qui vont d'une extrémité à l'autre. La Quint. P. Vl.
va?. 179. hi bourrache & la bualole viennent & le
gouvernent comme la bonne - dame. On en Icme
plufieurs fois pendant l'été , parce que leurs feuil-
les dans lefquelles confiftc tout le mérite de la plante
ne font bonnes que pendant qu'elles font tendres
&C jeunes ■, leur petite fleur violette fait un orne-
ment fur les falades. Leur graine tombe aûiîi-tôt
qu'elle efl: mûre. Id. P. VI. p. 374.
BOUPvP.ACAN. Foyei Bouracan.
BOURRADE, f. £ Atteinte que les chiens donnent
au lièvre , quand au lieu de le prendre , ils n'at-
trapent qu'un peu de fr bourre. Pctitio.
BouPvRADE , fe dit aufll d'une attaque, d'un coup qu'on
porte à quelqu'un avec le bout d'un fufd. fCT Don-
ner des bourrades à quelqu'un , le faire fortir à
coups de b ourradcs,
'^fT On le dit figurcment dans le ftyle familier , des
attaques ou reparties vives que l'on fait à quelqu'un ,
en difputant ou en écrivant contre lui. ^.Bourrer.
JiOURRAS. f m. Sorte de groffe étoffe , comme qui
diroir , faire de bourre. Ledivenfa. Il n'étoit vêtu
que d'un bourras. Ce mot cfl: vieux. Voy. Bure.
BOURRASQUE, f. m. Tempcte foudaine & violen-
te qui s'élève, foit fur la mer, foit fur la terre, &
ijui dure peu, Ttmpeflas , turbo , procella .Nous fîmes
voile au matin pat un doux vent , qui fe changea
fur le midi en une violente bourrasque. Ablanc,
La mer avec fes tempêtes & fes bourraÇques , elT:
plus agréable qu'une eau tranquille. M. Scud.
Ce mot vient de l'italien burrafca , fîgnifîant la
même chofe. Ménage, *
Bourrasque, fe dit ngurément d'une émotion po-
pulaire qui fait beaucoup de bruit , & qui dure peu.
Il ne faut qu'avoir patience , & laiifer paifer ces
hourrafqiies. On le dit aullî des caprices & de la
colère de quelqu'un qui menace, qui fulmine. Il a
quelquefois des bourrafjucs infupportalfles. Je ne
veux poinfeiTuyer fes bourrafjuss ; c'eft-à-dire , fes
humeurs bourrues & emportées.
Il fe dit auffi d'un malheur, d'un accident fâ-
cheux , d'un redoublement fubit de quelque mal,
& de peu de durée. Il ne fe peut qu'il n'arrive
dans notre vie des bourrafqucs Sc des tempêtes, puif
que nous faifons tous notre navigation fur une mer
cracreufe. Ab, d. l, Tr.
ffj" Ijourrasq.ue, fe dit encore d'une révolution
d'humeur ou façon de penfcr, qui rend mauifade.
Mo rojît a s. y Oii beaucoup à fouffiirde fes bourraj'ques.
Bourrasque , fc dit encore du défordre qui arrive
dans le corps d'une perfonne ,par quelque mal , ou
quelque remède violent. L'émétique caulé quelque-
fois d'étranges bourrafques. Il fe trouve très-foible &
rres-abbatta par cette bourraf^uc. Dom Quiciîote.
BOURP-E. f. f. Poil de plufieurs animaux , comme
bœufs , vaches , chèvres , cerfs , &c. qu'on enleva de
deifus leur peau quand on les prépare dans les tan-
neiies. Tomcntum. La bourre fert à garnir des chai-
fes , des felles , &c.
Ce mot vient du latin burra , félon Ménage , d'où
il dérive aullî le mot de bourrée & de bourgeon,
BûURRE-LANicE , cft la lainc qui fe tire des draps ,
quand on les prépare avec le chardon de Bonne-
tier. Tomentun lancum. C'efi auilî la groff; laine qui
ïefte aux moulins , où l'on foule des draps fins. Celle
qui fort à lafoulure des gros draps, s'appele Laveton,
Bourre - tcntice , efl: celle qui fe tire des draps ,
quand ils palfent par les mains du Tondeur. Cel-
ie-là efl: la moindre , ^ il efl: défendu aux Tapif-
fiers d'en rac:ti.e dans Içs matelas entre les deux
Tome II,
BOU
t/
flitaines. On la laifle aux Potiers d'ctâîn j^ôlif flnr«
des bourrelets. II y a auili de la bourre de Joie <
qui efl de la foie de rebut ou imparfaite , qu'on
tire avec le peigne après que le cocon efl: dévidée
Bourre, en termes de Teinrurier, fe dit au(fi d'ui.â
certaine nuance , qui efl: la même que celle du rou»
ge cranroifi,
tfT Bourre de Marfeille , étoffe moirée, dont U
chaîne efl: de foie , & la trame de bourre de foic<
Il s'en fabrique ptéléntcmcnt dans plufieurs villes,
Acad. Fr.
Bourre , fe dit auîTi de ce qui fert à mettre ^r Li
poudre en chargeant les armes à feu , papier , foin ,
(^c. La bourre de ce piflolet lui a donné au vi-
fage. En ce fcns on appelle un tire-bourre , un fer
pointu , & fait en forme de vis , attaché au bout
de la baguette , avec lequel on décharge une ar--
me à feu fans la tirer.
Bourre, C'eft auifi un terme de Corroyeur , qui fi"
gnifié la tannée , ou vieux tan qui efl reflé des
peaux de moutons au fottir de la tannerie.
Bourre , fignihe auflî le commencement d'un bour-
geon de vigne, Mufcus viciàrius , farmentarius.
ifT C'eft un amas de poils ralfemblés en peloton
fur l'œil de la vigne , un duvet qui couronne le:
bourgeon. On dit que la vigne eft en bourre ,
quand fes boutons commencent à s'ouvtir , parce
qu'il fe montre d'abord un duvet qui reifemblc à la
bourre. On dit, geler en bourre , c'efl-à-dire ,
avant que la feuille de la vigne ait paru. Liger
l'étend aufîi aux boutons des arbres fruitiers. Ainfi ,
félon lui , on dit, les arbres ont gelé en bourre. Ce-
pendant il y a lieu de douter (i l'ufage eft qu'on
le dife , au moins auffi communémcnr des arbres que
de la vigne, Voye^ Bourré.
BouRB.E,ie dit fîgurément &c familièrement de tout
ce qui eft groifier , inutile dans quelque ouvrage
de profe , ou de vers -, &: cela par une métaphore
tirée des garnitures des chaifes qui font mal con-
ditionnées , quand on y met de la bourre au lieu .
de crin. Il y a de beaux endroits dans ce livre ,
mais il faut avouer qu'il y a aulîi de la bourre,
BOURRÉ , ÉE,adj, Terme d'Agriculture & de Jar-
dinage. On dit , voilà des arbres bien bourrés ; c'eft-
à-dire , bien préparés à donner du fruit , bien rem-
plis de bourre. Liger. 03" Bien des jardiniers ap-
pellenr bourres &: bourfes à fruit ce qu'on appelle
communément boutons j mais II n'y a que Liger
oui ait dit bourré pour boutonné.
BOURREAU, f. m. Le dernier des Offieiers de Juf-
tice , qui exécute les criminels. Carnifcx , tortor.
Quand on fcelle les lettres du bourreau , on les
jeté fous la table , pour marquer l'infamie du mé-
tier. Le bourreau ne fe'failitde la perfonne con-
damnée , qu'après avoir oui la prononciation de la
fentence , ou de l'arrêt qui la condamne. Arifthène
difoit, que les bourreaux étoient plus honnêtes
gens que les Tyrans , parce qu'ils ne font moutit
que des criminels , au lieu que les Titans ôrent la
vie à des innocens. Oti a comparé ceux qui font un
trafic du métier de la guerre,& qui le loueur pour al-
ler tuer des hommes, à des bourreaux, qui fonr d'au-
tant plus déteftables , qu'ils tuent des innocens fans
raifon : au lieu que les bourreaux tuent avec rai-
fon , & par ordre de la Juftice. Cour. On dit
qu'en quelques endroits d'Allemagne les bourreaux:
acquièrent le titre & les droits de noblelfe , quand
ils ont coupé un certain nombre de têtes porté
par la coutume de ces pays. Les bourreaux font les
diables du corps , comme les diables fonr les bour-
reaux des âmes. La loi des cenfcurs les privoit ds
domicile. Rochef. Scaliger dir que de foS temps
un Gentilhomme Savoyard , irrité contre fes frè-
res , s'alla faire bourreau à Genève.
Choricr remarque que dans 1^; Jugement de l'cm-
poii'bnneur de Rcmond , Baron de Menillon , ,eii
13Z5. les deux exécuteurs , car il y en eut autant ,
font appelés fimplement CommiiTaires 6c Spicula-
Seurs : ce cjui apprend, ajoutc-t-il , que le mot d«
î8
B O U
tourredu n'ctoit pas encore en ufage & que l'excdu-
tion des jugcmens de moir n'attachoir pas de l'in-
famie à la peiTonne qui la failbi: -, les noms de
Commilî'iiies & de Spiculateurs ne pouvant faci-
lement devenir fufceptibles de lens honteux & in-
jurieux. Chez les Ifraelites Dieu avoir ordonne que
ce fut ou tout le peuple , ou les parens' d'un hom-
tne tue , ou quelques autres perfonnes femblables ,
lelon les diffcrens cas , qui exécutallent les lenten-
ces de mort -, 8c on fe faiibit un honneur & un mé-
rite de cette exécution , loin qu'elle eût rien d'in-
tjynant. Dans la féconde cour du Serrail de Conf-
rantinople il y a une fontaine où l'on fait couper
la tête à tous les Bâchas que le Grand - Seigneur
fait mourir publiquement , & où le bourreau crioit
autrefois au Grand-Seigneur , qui voyoit l'exécu-
tion d'une fenêtre grillée : Mon Roi, le repentir d'u-
ne chofe faite ne fert de- rien ; mais Sultan Mourat
a aboli cette coutume. D\3 Lo\k, pag. 44. 4J.
Borel dérive ce mot de bourrée , qui fignifîe une
poignée de verges de faule , comms témoigne Mo-
net , parce que" les verges l'ont les premiers inllru-
mens dont ie fert le bourreau. Il peut venir auffi
de burrus , qui fignifîe roux , parce qu'en plufieurs
lieux les bourreaux doivent être habillés de rou-
ge & de jaune. Ailleurs il le dérive du grec /^apô?,
qui fignifîe carnajfier. Mais il eft vrai que c'eft un
mot celtique Se ancien gaulois -, car les bas-Brerons
fe fervent encore de ce mot fans y rien changer.
M. Huer le dérive de boyereau , qui efl: un dimi-
nutif de boye. Autrefois on appcloit un bourreau
boye , & les Italiens l'appellent boya. Selon Gui-
chard, de 133 , cabar , en omettant la première ra-
dicale , fe fait 13 , bar , qui en chaldéen fignifiant
facultas , licencia , a fait birro en italien, pour ligni-
fier /icior ; & de birro , bourreau en françois pour
lignifier à-peu-près la même chofe. Bourreau pou-
roitvenir de /j/rro; mais que ^zrro vienne de c^ï^^zr ,
il n'y a pas d'apparence.
^CF On dit fîgurément que le remords de la conf
cience eO: un cruel bourreau , parce que les remords
rourmentent fans celle le coupable. Le criminel
porte toujours avec lui l'on bourreau.
Chaque fens a. fon bourreau :
En vain dans fa foif brûlante ^
Le damné qui fe tourmente ,
Implore un goutte d'eau.
Duché , Ode fur VEnfer.
On appelle aulTi un bourreau , celui qui efl fan-
guinaire , cruel , fans pitié. Ce maître bat tous fes
gens , c'eft un vrai bourreau. Les Chirurgiens
ignorans font de vrais bourreaux. Le Démon arti-
ficieux procure quelquefois aux hommes d'heureux
fuccès pour les entrerenir dans l'illufion : ainli l'ame
fe livre elle-même à fon bourreau. Nie. Il efl: lui-
même fon impitoyable bourreau. Pat. Les en-
vieux font eux-mêmes leurs bourreaux. Vaug. en
quelque lieu que fe trouve un parricide , il rencon-
tre un accufareur , un juge , & un bourreau. Le
Mait. Vous ne l'avez pas en quel embarras je me
trouve réduit , par les confeils de ce malheureux ,
qui eft devenu mon ^u7/rrt?a«. Port. R. Le vice eft
lui-même fon cruel bourreau. Ablanc.
On dit proverbialement, qu'un homme efl: un
vrai bourreau d'argent , prodigus œris ; pour
dire qu'il le prodigue fans néceifité. On dit auflî ,
qu'un homme fe fait payer en bourreau , pour di-
re , qu'il fe fait payer d'avance. On dit auflî , qu'un
homme efl: brave comme un bourreau qui fait les
pà'qucs ,^ quand il n'a pas coutume d'être bien vêtu.
BOURRÉE, f. f. Petit fagot fait de fort menu bois ,
qui fait un feu prompt Se de peu de durée. Fafcis
virgeus. On le diraullî de l'ame d'un fagot.
Bourrée , efl: auflî une cfpèce de danfe compofée de
trois pas joints enfemble avec deux mouvemens , &c
commencée par une noire en levant. Le premier
couplet contient deux fois quatre mefures , &c le
BOU
fécond deux fois huit. Elle eft compofée d'un ti-^
lancement & d'un coupé. On croit que cette danfe
vient d'Auvergne. Le pas de bourrée eft compo-
fé Lie deux mouvemens , lavoir , un demi-coupé ,
un pas marché fur la pointe du pied , & un demi-'
jeté , parce qu'il n'eft fauté qu'à demi -, & comme
ce n'eft pas un pas coulant , fon dernier pas ne doit
pas être marqué fi fort. Il faut avoir beaucoup de
coup du pied pour faire ce pas. Rameau.
Pas de bourrée ouvert , ou efpèce de fleuret. Il
fe fait ainli. Si on le prend du pied droit , l'ayant
en l'air à la première politicn , vous pliez fur le
gauche , & vous portez le droir à côté à la deu-
xième polition , & vous élevez delfus , en vous
élevant fur le droit , la jambe gauche fuit la droi-
te en s'approchant à la première polition , dans
le même temps le pied droit le pofe entièrement ,
& de liiite vous pofez le pied gauche à côté de
la féconde polition , en pofant le talon le premier -,
& lorfque le corps fe pofe fur ce pied , vous vous
élevez fur la pointe, ce qui attire la droite dont
le pied fe glilî'e derrière le gauche jufqu'à la troi-
fième polition , ce qui termine ce pas ; mais li
vous en voulez faire un aurre du pied gauche , il
faur pol'er le talon droit à terre & plier defliis , ôC
porter ie pied gauche à côté , en obfervant la mê-
me manière. Id.
Ce même pas fe fait d'une autre manière. Fai-'
faut votre premier pas qui eft un demi -coupé ,
ayant le corps pofé fur le pied gauche, vous pliez
defllis , & en prenant ce mouvement , la jambe
droite qui eft en l'air , marche faifant un batte-
ment fur le coup du pied , &: de même temps fe
porte à côté à la deuxième polition , en vous éle-
vant dcilus , &: continuant votre pas , comme ci-
devanr. Id.
Pas de bourrée emlioëté. On le nomme ainlî *
parce qu'il s'arrête au fécond pas à l'emboeture ,
& fe /ait ainli. Il faut faire le demi-coupé en ar-
rière €n portant le pied à la quatrième polition \
le fécond pas fe pofte vite à la troilième , & vous
reftez un peu dans cette pofition fur la pointe
des pieds , les jambes étendues , puis vous laiflez
glilfer le pied qui eft devant jufqu'à la quatrième
pofition ; ce mouvement fe fait en laiflant plier le
genou, du pied de derrière , qui renvoyé par fon
plié le corps fur le pied de devant , ce qui fait
l'étendue de ce pas. Id.
BOURR.ELER. v. a. Faire foulTrir du mal, tourmenter.
Excarnificare , cruciare , difcruciare. Un Chirur-
gien ignorant -bourrelle les gens qu'il panfe. Ce
mot s'emploie rarement au propre , &: jamais hors
de la converfation.
On le dit au lîguré plus ordinairement des re-
mords de la confcience. Les méchans font tou-
jours bourrelés par leurs propres crimes. Une con-
fcience eft bourrelée de mille remords , quand elle
a fait quelque ad:ion noire & indigne. Le remords
de fon crime le bourrelle. Ablanc.
Bourrelé, ée , part. & ^àéyExcruciatus ,cruciatus.
Etre bourrelé par l'image de fon crime. Erre bour-
relé en fa confcience. Ablakc. Les méchans ont l'a-
me bourrelée , & ne fauroient repofcr. Vaug.
BOURRELERIE. f £ Ce mot fe trouve dans Pomey ,
pour lignifier le tourmenr quel'on l'oufire, ou que
l'on fait fouffrir aux aurres. Carnificina , cruciatus.
BOURRELET, ou BOURLET. f. m. C'éroit autre-
fois une partie de l'habillement de tête , qui fer-
voit à la cûcfïîire des hommes & des femmes ,
ou une efpèce de cordon qui fervoir d'arrêt au
chaperon , 6c qui le ferroit fur la tête. Pulvinata.
fpira honorarii capitii. Les Magiftrats &c les Doc-
teurs dans les Univeriîtés portent encore le cha-
peron fur l'épaule avec un petit tour rond qui rc-
prélente l'ancien bourrelet. Les femmes fe fervent
encore de bourrelet pour fe coëiîèr , & pour fou-
tenir 5c arranger leurs cheveux. Les femmes ont
auifi porté des bourrelets au lieu de vertugadins ,
pour fc garnir le bas du dos, & élever un peu leurs
B O U
Jupes. On met auflî des bourrelets fur la tête des
enfciiis , pour empêcher qu'ils ne le blelfent en
tombant. ÇfT Le lioiirrelct cft une elpèce de ban-
deau rcmboarré & épais qui leur ceint le front, ar
rêtc par des cordons ou des rubans. Circulus tonicnt-o
Bourrelet fe dit encore d'un couifin rempli de bour-
re , arrondi , & vide par le mili.u , qu'on applique
fur un badin , pour l'ui'age des malades , qui y font
adis plus mollen-i^ot. Les iemmes qui portent des
fardeaux fur leur tête , donnent encore ce nom à
un cercle ou efpéce de couronne d'ctofle ou de lin-
ge qu'elles mettent fur leur tête , & llir lequel el-
les appuient ce qu'elles portent.
Bourrelet , en termes de Biâlbn , ef!: un to'ir de li-
vrée , rempli de bourre j & tourne comme une
corde , que les anciens Chevaliers portoicnt dans
les tournois. Il étoic de la couleur des émaux de
l'ccu , ou des couleurs ordinaires des Chevaliers.
Spira f.irt:T. Les Dames pr:noienr elles -niJmes le
foin- d'attacher ces livrées ou tortils fur les caf-
ques , & on les appelloit le^ faveurs des Dames. On
Ls repréfente encore aujourd'hui dans les orne-
mens de l'écu. On appelle autrement ce tourre-
kt que les iimples Gentilshommes mettent ics
leurs cafqucs , trefjue , torque , tortil.
Bourrelet, fignific auffi en termes de Marine,de s;ro!"-
f.'S cordes qu? l'on citrclace autour du mât de milai-
ne , du màt d'artimon , & du grand mat , pour te-
nir la vcrgu.'idans un combat , quand on craicjt que
les manvjEuvres qui la tiennent ne foient coupées.
Bourrelet , en tn-mes d'Artillerie , fe dit de l'extrc-
nité d'une pièce d? canon vers la bouche, & par
ou on la charge ; en cet endroit elle cfl: renforcée
de métal , & a la figure d'un bourrelet.
Bourrelet, terme de Jardinage. Selon la Quinti-
nic, bourrelet fe dit de l'endroit où au bout de quel-
ques années la grciTc devient plus groffe que le
pied fur laau.'lle elle a été faite , & d'ordinaire
c'efl une marque que le fauvageon n'efl: pas trop
bon i la poire de petit blanquet eft ilfcte à faire
le bourrelet. Selon Liger , le bourrelet ç{\. une ef-
péce de gros nœud qu- furvient direi5lement au bas
des grerres quelques années après qu'c lies ont été
fnit'S ; ce qui eft une marque que la fève en mon-
tant du fauvageon , n'a point trouve de difpo/itions
à pnlllr dans la greffe qui lui efl appliquée ',& les
Jardiniers difent. Cet arbre fait le bourrelet ; c'eft-
à-dire , que timtôt c'cft la greffe qui groffit plus que
le fauvageon , & tantôt le fauvageon qui groflit plus
que la greife , & que l'un & l'autre s'appellent égale-
ment bourrelet. fS? Ov^ entend par bourrelet un.-;
faillie arrondie en boudin , qui fe form.e au bas des
greffes , au bas des boutures Z<. au bas des plaies des
arbres. /■'by«?^ aux mots Greffe & Couture la raifon
phvfique de ces fortes de bourrelets.
Bourrelet , ou Bourlet. Faux pli qui fe fait aux
' pièces de drap lorfqu'on les foule.
Bourrelet , ou Bourlet , fe dit aufîi de l'enîlure qui
furvient autour des reins à un hydropique. ïl eft hy-
dropique , il a le bourlet. Le bourlet cft déjà formé.
Bourrelet , f gnifie quelquefois le collier des che-
vaux de charettes , que fait un Bourrelie". Hekium,
BOURRELIER , iére , f. m. & f. Ouvrier qui fait les
harnois des chevaux de carrofie &: de charrette. Hel-
ciorum oplfcx. ft70n appeloit autrefois bourrelet la
partie du harnois des chevaux qu'on appelle à pré-
îent collier. De-!à le nom de Bourrelier. On l'ap-
pelle auffi SeUier-Lorinicr.
f3^ BOURRELLE. f. f, La Ivmme du bourreau. Fi-
gurément , une mère qui traite fes enfans avec une
extrême dureté. Cette mère eft une vraie bourrelle.
Il pft populaire.
BOUPv RPR. V. a. Mettre de la bourre , ou autre
cliofc , fur In charge dans le canon de l'arme à feu.
Farcire. Ainfi on dit , bourrer un fufîl. On dit audl
■ en général , bourrer une chofe , pour dire , la garnir
débourre.
ïfF Bourrer fe dit, en parlant d'un chien quipourfuit
BO U
î^
un hevre , & lui arrache le poil d'un Côilp. de dent,
Lacejfere , petere. On dit £\iii en termes de faucTon-
nerie , quel'oifeau/'6v/rrela perdrix. Involare.
ifT iiOURRER , fe die au fi-^urc pour donner des
bourrades , des coups av c k bout d'un f-ulil. ferire^
ifT On le dit dans le même fens des atteintes , des
coups que l'on porte à quelqu'un. Ces deux efcri-
meurs fe font portés plulieurs Portes franches , ils fe
font bien bourres. On le dit auJi des combats de lan-
g.ie & de plume : ces deux pédans fe font bien
bourres dans cette difpute , dans leurs écrits ^ ils fs
^ font bi-n attaqués & bien déiendus.
BOURRICHE, f, EEfpèce de panier , de forme ova-
le, qui eil plus loible , & qui a le tilfu plus clair que;
les paniers ordinaires. On fe fert de bourriches prin-
cipalero.nt , pour tranfporter du gibier & de la vo^
laille des provinces à Paris. L'ufage des bourriches
. eft ancien. Voiture écrivant à Mad. la ^iarquife
de Sablé, d:foit : j'envoie une bourriche de galans ,
que je vous fupplie très-h unblement defaire'mc'rtrg
entre les mains de la Confidente de * * *, C'eft dans
fa lettre io8.
BOURRJERS. f. m. P"oyei Bourier.
BOURRIQUE, f. f. Méchante bête de Voiture. Jfd^
lus,ajinus. Iliedit particulièrement des ânes , ou
âneifes , & eniuite des rncchans chevaux. Ceux à qui
on donne le fouet en Efpagne , font montés tiir des
bourri-iuei,
Ce mot vient de Burichns , burricus , ou buri-
eus . qui iigniiie cheval. Ménag. Saumaife dériva
ce nom du grec irUitr.^-, dimimitif de n-iri/oç , ru-
fus , à caufe que les Auteurs de la baife latinité ont
ain(i appelé tous les bidets o.i petits chivaux, quoi-
qu'ils fulîent d'un autre poil. Guichard dit qu? de;
"C^T , Rekes, qui iignifîe dromadarius , dromadaire ,
/K«/«i- , mulet , s'eft fait en grec /Ss!--'? , qui iignifie
un âne , en prépofanr un f -, & de /Sfix^o? , borrïco en
cfp3gnol,qui a la mCme lignification.
BouRRiciUE , eft auiîi une. machine Ccnlpofée d'aiis ,
qui fett aux Couvreurs quand ils travaillent f ir les
couvertures. Ils l'accrochent aux lates , & elle leur:
fert à porter l'ardoife dont ils ont befoin.
BOURRIQUET. f m. eft oarmi le peuple un diminu-
tif de bourrique. P-^titânon. Un petit bourrifiet ,
un méchant (p)K/'ri-,-i7É'/,
Ces deux noms , bourrique cSc bourriouet fe difent
métaphoriquement au.fi par le peuple des enfans pa-
rcfiêux , méchans 5 ignorans , &c. &: quelquefois mê-
me des hommes.
Bouk-Riquet. Terme de Maçonnerie. C'cft une peti-
te civière qu'on charge de moilons , ou de mortier
dans des baquets, & qu'on élevé avec des grues,
quand ta hauteur du bâtiment eft fort grande.
BOURRIR. V. n. Terme de chafle,qui fe dit en par-
lant du bruit que font les atles des perdrix , & fur-
tout des roufîeS , quand elles partent,
P.OURROCHE. f.f. Plante. Voye^ Bourrache.
BouRRocHE , f. m. Terme de payfans & de preneurs!
de pluviers j c'eft un panier de la forme d'un œuf,
dans lequel on met les oifcaux de marécage , pour
les rranfporter vivans. C'cft apparemment la mê-
me chofe que Bourriche.
BOURRON. Nomdelieu. Ces Camaldules firenrl'an
1611, \in établiflement à Grolbois , que l'on anpe-
loit pour lors le i^oz/rrc;?, à quatre lieues de Paris &:
ils eurent pour fondateur de cette maifo*i Charles
de Valois , Duc d'Angoulême , Ppir de France ,
Comte d'Auvergne S: de Ponthieu. P. Hélyot , T.
V. p. 1-6.
BOURRU, UE. ad). Celui qui s'écarte du goût des
a'.'trcs par çrolîièretc de mœurs &: pardéfaur d'édu-
cation, hz bourru dit proprement quelque chofede
mauffade. Morofus. Vove^ Bizarre.
ffT D.unandez aux Vocabuliftes ce que C'cft qu'un
homme bourru , ils vous répondront avec leur Juf-
teffe ordinaire que c'eft un homme bigarre , Çin-
tafque, di.'flcile, fâcheux, comme fi tous ces pré-
tendus fy^onymes n'avoient pas leur enradt^re par-
ticulier. Celui du bourru , morofus , eft de s'éca-rccs
Ci)
20 B O IJ
du goût des autres par groilicretc de mœurs & par
détaiit d'éducation. Le bourru, dit proprement quel-
que choie de maullàde.Ila i'elprit bourru , l'humeur
bourrue.
On fçait que c'efl un vieux boiu^ru , (Juvénal. )
Dont l'âpre & bouillante coicre ,
Qiiand une fois il eji féru ,
A'tf ferait pas grâce a fon père. P. Du Ceb-C.
|K!r Voyez aux articles particuliers les nuances qui dii-
tinguent les autres mots,
ffT On appelle Vm bourru , du vin blanc nouveau,
qu'on n'a point laiiîc bouillir, cv qui le conierve
doux dans le tonneau pendant quelque tems.
^fT Le mot de bourru s'applique auflî à tout fil iné-
gal , ou chargé de différentes bourres de la même
efpècc , qu'on n'a pas eu foin d'ôter lors de la J'a-
brique. Fil bourru , (o'ic bourrue.
Bourru , en termes de botanique , fedit des plantes,
ou de leurs parties , qui Ibnt garnies de bourre. Pi-
lofus. L'artichaut a une tige cannelée & bourrue.
Les Naturaliites appellent plantes bourrues , cel-;
les dont la graine étant trop mûre , devient en pe-
tites parties ii menues , que le moindre vent ou lou-
fle les difllpe , comme celles de pluiieurs chardons
qui croilîent dans les blés.
Le Moine Bourru , eft un tantôm.e imaginaire , dont
on fait peur aux petits enfans -, un lutin, qui dans
la croyance du peuple court les rues aux Avents de
Noël , &: qui fait des cris effroyables. Larva.
fer BOURRY, Bœuf de l'Ifle de Madagalcar. Foye^
BœuF.
BOURSAULT. i". f. Efpcce de faule. Salix fatua.
BOURSAUT , ou BoURSEAU. Voye^ BoURSEAU.
BOURSE, f. £ Efpèce de petit fac de cuir , ou de ve-
lours, ou de quelque étoffe d'or, d'argent, ou de
foie , qui fe femie avec des cordons ou avec un rcl-
fort,& dans lequel on met l'argent qu'on veut porter
fur foi. Sîicculus , marfupium , crumena , loculus. Les
voleurs demandent la bourfe le piftoletà la main.
Ce mot vient de burfa , dont les Auteurs de la
balle latinité fe font fervis dans le même fens , &
qui vient du grec fi-Sptra, qui (îgnifie cuir. Menag.
Henri Etienne , De latinitate falsé fufpeclà , c. 8.
le tire de ^ips-x , d'où les Italiens ont auffi fait borfa s
mais il y a plus d'apparence que du grec ^vpn-» on a
formé en larin barbare bourfa , & de bourfi les
François ont fait bourfe. Le P. Pezron prétend qu'il
cftpris du celtique bours & purs. On trouve fouvent
i>yrfa &c lyrfus , dans la balle latinité , pourfîgnifîer
un fac, ordinairement de cuir de cerf, de bœuf ,6'v.
Bourse de Jetons , ell: une bourfe pleine de cent je-
tons d'or , ou d'argent,que certains corps d'OfSciers
t'ont battre avec quelques devifes pour en faire prélent
aux Princes , aux ^lmiftres , aux Magiftrats de la
proteétion dcfquels ils ont hz^om.Calculorum faccu-
lus. Le garde du trcfor royal porte tous les premiers
purs de l'an une bourfe de jetons d'or au Roi.
Bourse. Dans les Eglifcs& les facrifties, eflaulîlune
efpèce de boîte platte &: carrée , faite de deux car-
tons , joints par un bout , & ouverts par l'autre ,
entre lefquels on met le corporal. Ils font revêtus
en dedans de toile , & en dehors couverts d'étoffe ,
& fouvent ornés de broderie. Les deux côtés ibnt
garnis de toile , qui donne du jeu aux cartons , afin
qu'on puijîe les ouvrir & les fermer. Corporalis
theca. La bourfe fe met fur le calice ; & quand le
Prêtre eft .à l'autel , & qu'il a tiré le corporal de
la bourfe , il dreffe la bourfe contre les gradins du
côté de l'Evangile.
Bourse , eft auiîl dans le Levant une manière de comp-
ter. Le Grand-Seigneur a tant de bourfes de revenu.
L'Egypte doit tant de bourfes au Bâcha qui la gou-
verne. Ces bourfes font de cinq cens écus , ou de
vingt-cinq mille médins. Il eft très-probable que cet
iifage de compter par bourfe ne vienr point des
Turcs , mais qu'ils l'ont pris" des Grecs , & ceux-ci
des Romains, dont les Empereurs l'avoieiit porté
E O U
de Rome àConflantinopIe. Une lettre de Conftan-
tin à Cécilien , Evèquc de Carthage , rapportée par
Eufèbe , Hift. Eccl T. IX. chap. G. & par Nicépho-
re, Liv. Vil. ch. 41. le prouve. Ce Prince dit : Ayant
rcfolu de donner quelque chofe pour l'entretien
des Miniftres de la Religion Catholique par tou-
tes les provinces d'Afrique , de Numidie & de Mau-
ritanie, j'ai écrit à Vefus , Tréforier général d'Afri-
que , & lui ai donné ordre de vous faire compter
trois raille bourfes. On peut appeller bourfe , dit fur
cela M. l'Abbé Fleury , ce que les Romains nom-
moient îlots foliis ; c'étoit une fomme de deux cens
cinquante deniers d'argent , qui revient à cent qua-
tre livres trois fols quatre deniers de notie mon-
noic. Ainli les trois mille bourfes fàifoient plus de
300000 livres.
Mais il faut remarquer que follis fe prenoit en
pluiieurs lignifications tiès-difFérentes. Car premiè-
rement il a lignifié une bourfe , un petit fac dans le-
quel on met fon argenr. Plante , jiulul. Acl. 11. fc.
4. V. 13. & Juvénal , Sat. XIII. v.6i. Sat. XIF, v.
181. Apul. Liv. IF. Metam, Vegetius //. 20, le pren-
nent en ce fens.
Enfuite follis fe prit poui l'argent qui étoit dans
la bourfe , de même qu'en françois , & il fe dit tant
du cuivre , que de l'argent &: de l'or , & eut diireren-
tcs fignifications. Car , 1°. on appelayo/Z/j le dupon-
dius , ou la pièce de deux fols , qui étoit une mon-
noie de cuivre, & qui changea de poids & de prix
félon les changemens du dupondius , mais ceci n'eft
point de notre fujet. Dans l'or il ne fe dit jamais d'u-
ne pièce de monnoie particulière ; mais dans l'ar-
gent , peut-être l'uiage avoit-il introduit que les
pièces d'argent qui fàifoient la bourfe s'appelap
ient aullî chacune foHis, bourfe.
Quelquefois follis fc prenait pour un poids , &
c'eft en ce fens que le /b/Z/'j comprenoit 51Z livres
iix onces , Iclquellcs font Z)0 deniers , fi cependant
ce Ibnt des deniers ■■, car un vieux Glofiaire des Ba-
filiques qu'avoir le P. Sirmond , & dont le P. Pe-
rau rapporte le miorceau qui regarde \c follis , fem-
bloit porter ^ampt* , au lieu de ^Kiâpix, , & Al-
ciat traduit donos ; on ne comprend pas trop ce que
c'eft. M. l'Abbé Fleury dit lans héfiter que ce font
des deniers , Se les prend pour la fomme lignifiée
par le mot follis , bourfe , quoique ce ne foit enco-
re que le follis , poids , Se non point le follis, fom-
me , comme il paroît par le texte de ce Lexicon No-
mique rapporté par le P. Petau.
Enfin , il fe prend pour une fomme compofée de
225 petites monnoies d'argent , dont chacune pe-
loit deux x.îp»-iit. moins un quart. Le x£^ûtiô\i étoit
la douzième partie d'une once ; ainfi la bourfe
compofée de iij de ces monnoies étoit de 32
onces , neuf y.epdTix ou 9 douzièmes d'once , plus
les trois quarts d'un Jc£f«T/«» •, & 5000 bourfes fài-
foient 5)8250 onces , ou 12281 marcs plus deux on-
ces. Or en mettant le marc d'argent à 27 livres , les
5000 bourfes font 551587 livres , ôc chaque bourfe
100 livres 17 fous & un peu plus , mais ce plus ne va •
pas à. un denier. Voilà ce que c'étoit que la bourfe
chez les anciens. Foye{ le P. Petau fur S. Epiphane ,
Tom.II.par^. 451.6' y}/n', Jean Frid. Gronovius >
De Pecuniâ Vet. Lib. IV. cap. ï6. Vofrius,Z,e.r Ery-
mol. Stewech , in Veget. Thefaur. Antiq. Rom.
Grcevii , Tom. X. p. 1 1-75).
S. Epiphane , dans fon Traité des poids & des
mefures , parlant du follis , dit qu'il eft de deux for-
tes , l'un qui eft compofé de deux pièces d'atgent ,
US'ûo àyi^ui <rvyxîi^t.£iicy, lefquellcs Valent 2o8 deniers,
o'i '/ItBVTcti ri ^}:vixpix', l'autre eft une pièce de mon-
noie , & ne fait rien ici. Scaliger , au lieu de lire
comme le P. Petau ?«' ^mâiia , 208 deniers , cor-
rige «-^rij , 288 deniers. Un manufcrit delà biblio-
thèque du Roi cité par le P. Petau , Epirh. T. IL
p. 445. porte , e'i ■yt'tvT»! a-ti ^mxpi» , lefquelles (deux
pièces d'argent) vous font vingt deniers. Mais Gro-
novius , à l'endroir que j'ai cité, lit , e-t ^^vû^iu ,
150 dçiiiersj & Ton ne peut douter quecenelbit à
B O U
là k véritable leçon , quand on Compare cet en-
droit du Père avec celui du Didlionnaire des Ba-
liiiqucs , où il cft écrit tout au long que follis
pefs é'A>££( i'V'pici Siaxoiiic ve/jr.xovza ^ deux ccns cin-
quante deniers. Quand on a vu plu/îeurs manul-
crits grecs , on convient ailement qu'il a été très-
facile de prendre un H. pour un N. Mais de cette
corretlioa il s'eniuit que S. Epiphane ne parle que
du fo/Iis pris pour un poids -, & en fécond lieu que
le P. Petau a eu raifoh d'imprimer ^«v^jia dans le
fragment du Lexicoa Nomique qu'il a cité , com-
me , dans S. Epiphane , &c non pas ^oyi^ia , com-
me le manuicrit fcmbloit avoir , & que cet « appa-
rent étoit un véritable « , peut-être un peu trop fer-
mé; qu'ainfi il n'y a plus à douter de ce que valent ces
^l'à^'" , &c qu'Alciat l'a mal traduit par dorios. Con-
cluons donc qu'il n'7 a que le Lexicon Nomique du
V. Sirmond cité par le P. Petau , qui nous apprenne
ce que c'étoit chez les Romains & les Grecs poftc-
rieurs , que le fol/is pris pour une fomme , ou la
l'ourje , & qu'elle étoit de loo liv. 17 fols , un peu
plus , de notre monnoie , en mettant le marc d'ar-
gent à 2.J livres,
Bourse COMMUNE, eft une fociété qui fe fait entre
d>.'ux , ou plufieurs peribnnes de même profefîion ,
pour partager les profits de leurs charges , ou de
leur trafic , afin qu'ils n'envient point la pratique
les uns des autres , & qu'ils ne courent point fur
leur marché. Societas. Les Secrétaires du Roi , les
Commiflaires du Châtelet , les Kuifllers du Parle-
ii^ent , font boiirfe commune. Les Marchands en fo-
ciété font bourje commune.
tfy Avoir , manier , tenir la bourfe , c'eû avoir le ma-
niment de l'argent. On dit rigurémenr d'un homme
qui prête volontiers de l'argent à fes amis , dans le
befoin , que fa bourje efl ouverte à fes amis : & que
toutes les bourjes font fermées , pour dire qu'on ne
trouve point d'argent à emprunter. On dit encore
figurément d'un homme qui relâche de fes droits
pour l'amour de la paix , ou pour accommoder une
affiire , qu'il s'eft lailfe couper la bourfe ; &c de celui
<iui l'a difpofé à cet arrangement, qu'il lui a coupé
la bourje. Et de ceux qui font la quête pour les pau-
vres, pour le prcdicareur, &c; on dit qu'ils viennent
couper charitablement la bourfe. On dit auffi , faire
utie affaire fans bourfe délier , quand on fait un troc,
faire un accomm.odement but-à-but , & fins qu'il
en coûte de l'argent. On dit auffi , qu'il faut faire de
la dcpenfe félon fa bourfe ; pour dire , qu'il la fiut
faire félon fon revenu. Vivre fur la bourfe d'aurrui,
c'efl vivre aux dépens d'autrui. Avoir la bourfe
bien ferrée , c'eft l'avoir bien garnie.^ Avoir la bourfe
platte , c'eft être gueux, n'avoir point d'argent.
La mort en lut coupant la. vie ,
Coupa /iZ bourlè à bien des gens^
Oeft-à-dire , appauvrit bien des gens. Quand on
plaide fur un retrait lignager , on cil: obligé d'ofilir
à chaque aéte de la caufe , bourfe & deniers à décou-
vert , & à parfaire.
On dit proverbialement, au plus larron la bourfe,
quand on confie fon argent aune perfonne infi-
dèle j |^ ou quand on donne la dépenie à faire à
une pcrfonne dont on doit fe méfier. On dit
qu'un homme fait bon marché à fa ^o«r/è ,lorfqu'il
dit qu'une Chofe lui coûte moins qu'il ne l'a ache-
tée.
Bourse , en termes de Collège ,efl: une fondation faite
pour entretenir de pauvres écoliers dans les études
Jus gratuites ac fîntce attrU'Utionis. Les bourfes
font à la nomination des Patrons & Fondateurs.
Les bourfes des Collècres fie fort point des béné-
fices, mais de fimples places affectées à certains pays,
& à certaines perfonnes. Il n'y a eue les écoliers étu-
diansqui puiff^nt prétendre droit tmx bourfes Aqs
Collèges de l'Univetfité de Paris. Il y a au CoUè-
gedu Cardinal le Moine à Paris de grandes 6«' de pe-
tites bourfes ; les petites font pour de jeunes cco-
B O U è i
lîers qui n'en peuvent jouir que fix années, c'eft -à-'
dire, autant de tcms à-peu-près qu'il en faut pour
parvenir au degré de Maîtw-ès-Arts , &: quand ils
l'ont obtenu , ils ceffent de jouir de k-urs bourfes : l;s
grandes bourfes ne peuvent être tenues que lieuf
ans par des Maîtres-cs-Arrs , & fini/fent quand ils
ont obtenu le degré de Doreurs. En quelques Col-
lèges il y a des bourfes qui ie donnent à vie. Il y en
a quelques-unes qui ne peuvent être poifcdces que
par des Eccléfialtiques Docteurs , ou autres -, mais
les bourfes , de quelque nature qu'elles foient , ne
. font point des bénéfices^
Bourse, fe dit encore des fommes d'argent que l'on
amaffe , î^" que l'on deftine à certains ulàges particu-
liers-.ainfi au commencement du Séminaire de S. Ni-
colas du Chardonnet àParis,on appela bourfe cléri-
cale , l'argent que l'on amaifoit pour envoyer dans
des Provinces les Prêtres qu'on y avoir formés, Icrvir
de Curés Se de Vicaires. Ce Séminaire a fait dans la
fuite de fi grandes acquifitions , que l'an riî^,-, les
Affemblées de la bourfe cléricale cefférent. L'Abbé
DE Chois Y, Fie de Madame de Miramion. P. HÉ-
LYOT, T. Vin. p. 141, 143.
Bourse ,• en termes de Négocians , efl en plufieurs
villes, ce qu'on appellera Paris & à Lyon, le
Change , c'eft-à-dire , le lieu où les Marchands fe
trouvent pour négocier leurs billets. Foraw argen-
tarium. La bourfe de Londres , d'Anvers , d'Âmf-
terdam.
Guichardin rapporte que l'otigine de ce mot vient
de ce que la première place des Marchands qui s'eft
appellée bourfe , a été celle de la ville de Bru-
ges , au bout de laquelle il y avoit un grand Hô-
tel bâti par un Seigneur de la noble ïamille de
Wander - Bourfe , dont on voit encore les armoi-
ries qui font trois bourfes gravées fur le couron-
nement du portail. Cet Hôtel donna le nom à la
place où s'aJienibloient les Marchands , les Cour-
tiers, les Conimiffionnaires, les Interprètes, &;
autres fuppots de négoce , pour faire leurs affaires
& leur commerce. Catel , Hifl. de Languedoc , p.
199, dit que ces Marchands d'Anvers achetèrent
pour s'affembler un logis où pendoit l'enfeigne de
la bourfe. Quoi qu'il en foit , de cette ville , qui
étoit autrefois la plus fàmeufe pour le rrafic , les
Marchands ont tranfporté ce nom aux places d'AmP
terdam , d'Anvers, de Berghen en Norwége, &;
de Londres , qu'ils ont nommé bourfe commune des
Marchands. La Pleine Elifabeth fit appeller Chancre
Broyai , la bourfe de Londres , & depuis elle " a
tcrenu ce nom.
La bourfe à Touloufc efl le lieu où les Mar-
chands rendent leur juflice, fuivant le pouvoir qui
lear en a été donné par Edit de Henri II. à Paris
au mois de Juillet 1548, par lequel il leur odtroya
d'érablir dansTouloufe une bourfe commune fembla-
ble au Change de Lyon , avec pouvoir d'élire tous'
les ans un Prieur & deux Confuls , qui jugeroient en
première infiance tous les procès entre les Mar-
chands. D'autres difent que l'Edit de Henri II. n'eft
que de 1549; mais de la Paye, dans fes Annales
de Touloufe-, le rapporte à l'an 1548. L'établiffe-
ment de ces fortes de Jurifdiét.ions eil dû au Chan-
celier Olivier , & non au Chancelier de l'Hôpi-
tal , comme l'a écrit Charles Loifeau , Des Sei-
gneuries, chap. 16. Ce qui l'a trompé, c'efl qu'il
a cru que la bourfe de la ville de Paris, qui ne
fur établie qu'à la fin de l'année ijfî? fous Char-
les IX étoit la première en inflitution , ce qui
n'cfl pas. La première eft Lyon ; la deuxième Tou-
loufe j la troifieme Rouen , & Paris la quarricme.
L'Edit d'éredion de celle de Paris, porte cxpref-
fément que c'efl tout ainfi que les places appe-
Ici^s le Change à Lyon , & bourfes à Touloufe Si
à Rouen. De la Paye. On dit auili la bourfe à Nan-
tes.
BoTfRSE,fignifieaufnia pocheou rextrémité d'un. filcc
dans leq'uel'le poirtbn ou le gibier fe trouve embar-
raffé fans pouvoir fortir,-
2i B O U
En termes de Fauconnerie la ^CK^yi de rollcan ,
c'cii: ia gorge, . ■ r j i
Bourse KomcCeft une partie qui fe trouve dans les
yeux des oileaux, .S: ne ie rencontre point dans les
yeux des autres animaux. C'eft M. Perrault qui lui
a donné ce nom. Elle eft placée en dedans de l'hu-
meur vitrée , & tient par la baie au fond derLtil , à
l'endroit où le nerf optique entre dans l'œil. Elle eft
fort noire. M. Perrault dit dans la première par-
tie de la Mcchanique des animaux , que les oileaux
ayant belbin d'une meilleure vue que les autres ani-
maux , à caul'e que leur vol les éloigne ordinai-
rement des objets qu'ils ont intérêt de connoître ,
ont dans l'œil cette partie qaifcmble leur avoir été
donnée pour rendre plus parfaite la fondion de l.i
membrane uvée , en ce qui regarde la Icpararion &
la réception des parties opaques du fang. M. de la
Hire trouve certe raifon mauvaife. Car, dit-il, les
poules , les oies , qui font toujours proche de la
terre , ont la Iwurfe noire comme les autres oileaux -,
il trouve encore que le nom de hoiirfe ne convient
poinr à cette partie -, félon lui c'efl: un mufcle com-
pofé de plufieurs feuillets triangulaires , dont le plus
petit côte eft attaché fur une membrane ronde 6: fort
dure , qui occupe route la baie du nerf optique à
l'endroir où il entre dans l'œii -, & ces feuillets font
attaches comme fur des rayons , qui partent du cen-
tre de cette membrane. Ils riennenr aulli par un autre
côté à un cordon , ou tendon , qui fottant du centre
de la baie , va s'attacher au criftallin par le côtevers
le grand angle de l'œil. Le troifieme côté de ces feuil-
lets , qui iii le plus grand , eft flottant dans l'hu-
meur vitrée. Ce mufcle eft donné aux oileaux pour
tirer le criftallin vers le fond de l'œ-il par le côte qui
répond au grand angle avec le cordon ou tendon
commun des feuillets de ce mufcle , & par là donner
à l'œil une pofition plus perpendiculaire aux rayons
des objets qui font au devant de la tête , fins quoi
les oifeauxjde la manière que leurs yeux font placés ,
ne pourroient diftinguer les alimens qu'ils doivent
prendre par le bec, ainli que l'expérience d'une
lenrillc de verre oppolce obliquement à la lu-
mière d'une chandelle , & les régies de l'optique le
démontrenr.
Bourse, ou Bouton, en termes de Botanique , eft
un bouquet de feuilles , ou une fleur qui n'eft pas
encore épanouie. FoUiculus. Voye^^ Bouton. On
appelle aulfi hoiirfe généralement tout ce qui fert
.à renfermer les graines des plantes , lorfqu'elles font
encore fur pied.
^3" Bourse ^volva , fe dit particulièrement en Botani-
que d'une efpèce de calyce ou enveloppe épaille qui
d'abord renferme certaines plantes de la famille
des champignons , fuivant Liundus. Elle s'ouvre en-
fuite pour ïailler Ibrtir le corps de la plante.
On appelle auîîî boiirfes , de longues poches de
rézeaux, qu'on met à l'entrée d'un rerrier, pour
prendre les lapins qu'on chalfe au furet. Prendre
les lapins dans les bourfes.
On appelle encore bourfes , deux fies de cuir ,
qui fe mettent des deux côtés au-devant de la felle
du cheval. Ac. Fr.
Bourse , fe dit auifi d'un petit fac de taffetas noir , où
les hommes renferment leurs cheveux par derrière ,
qui fe ferre & fe ferme par des rubans , comme
une bourfe, &: s'attache par devant avec un ru-
ban. Les bourfes font fort à la mode depuis quel-
ques années. On en- met aulH au derrière de cer-
taines perruques. Perruque à bourfe.
Bourse , veut dire aùfli en termes d'Anatomie , petite
vcflie. Vejicicla. La bourfe du fiel.
Bourses , f. f pi. Enveloppe extérieure des tefticules.
Scrotum. Les hernies ou defcentcs le font dans les
boitrÇes.
Bourse a Pasteur, ou Tabouret. Ce dernier mot
eft mafculin. Burfa Fajloris. Plante très-commu-
ne; fa racine eft un pivot menu, blanc, fibreux,
" douceâtre d'abord, mais peu de rems aorès dé-
fagréable. EU; jeté plufieurs feuilles difpofces en
B O U
rend, couchées fur la terre , oblongucs, quelque-
fois entier :s , le piuslbuvent découpées fut les bords
plus ou moins profondément comme celles de la
dent de lion. La tige qui s'élève d'entre ces feuilles ,
eft haute plus ou moins : alTez fouvent elle n'excède
pas la hauteur d'un- pied. Elle eft branchue, garnie
de quelques feuilles beaucoup plus petites i]ue celles
du bas. Cette tige &: les branches fe terminent par
des épis de fleurs blanches , compofées chacune de
quatre pétales, foûtenues par un calice à quatre pé-
rîtes feuilles verdâtres. Les fruirs qui luccédent aux
fleurs font des capfulesdivifées perpendiculairement
en deux loges en manière de gouif -t , Se renferment
dans chacune de leurs loges quelques femences me-
nues, arrondies & roulf.ltrcs. Ce fruit a quelque
rapport à la bourfe que porrent à la campagne les
berçers -, 6c c'eft d'où vient le nom de toute la plan-
te. Le tabouret eft aftringent ; on le fert de fon
eaudiftillée dans les potions aftringentes pour ar-
rêter des pertes, calmer des hémorrhagies, & gué-
rir des difîenteries. Sa dccodion a .à-peu-près les
mêmes ufiges , auflî bien que fon lue.
BOURSEAÙ, ou BOURSAUT, f.m. eft un enfaî-
tement de maifons couvertes d'ardoife, qui eft de
plomb , & qui règne le long du haut du roit. On
n'en met pluj guère fur les faîtes. Ainli Bourfeaic
eft une moulure ronde fur la panne de brilis d'un
comble d'ardoife coupé, qui eft recouverte de plomb
blanchi.
On appelle bourfeau rond , un outil dont les
Plombiers fe fervent pour battre les tables de
plomb dont ils font des tuyaux.
BÔUR.SET. f. m. Terme de Marine, ^oye^ Bourcet.
BOURSETTE. f. f. Petite bourfe. Locel/us, marfupio-
liini.
Ce mot n'eft pas fort en ufige.
Recevei en gré la bourfette
Ouv, ée de mainte couleur. Marot.
%fT Boursettes. f. f. pi. Corgue. Ce font de petites
parties du fommier fort ingénieulément imaginées ,
pour pouvoir faire entrer un fil de fer dans la loge ,
fans que le vent dont elle eft remnlie , puifîe
Ibrtir par le trou par où le fil de fer palîe. Encyc.
BOURSIER, 1ERE, f. m. & f Ouvrier qui fait des
bourfes. Loculorum opifex. On donne auiîi le nom
à celui qui les vend.
Boursier dans les Collèges, eft un écolier qui jouit
d'une bourfe. Jus nacius flattz attributionis. Les aé-
rions qui s'intentent pour les biens d'un Collège ,
le fonr au nom du Principal & des Bourjîers. Voye:^^
les réglemens pour les Bourjîers , &: leur réception
dans les Mémoires du Cler-jé , tom. IL
On appelle aulfi bourjîers , les Notaires 5.1 Secré-
taires du Roi qui font à la fuite de la grande Chan-
cellerie , & qui ont part à la diftribution des bour-
fes ordinaires , qui font diftinguées des gages.
Boursier , fe dit quelquefois pourTréforier. Qumjîor.
Il y ,a dans Berne quatre Banderets, qui font les
chefs de la milice de tout le Canton , & deux bour-
fiers , qui font les Tréforiers généraux, l'un pour
le pays Allemand , & l'autre pour le Roman , ou
François. Maty. Corn. On rrouve dans les états
delà Maifon des Ducs de.Breragne, un 0;'ficier
qu'ils appeloient Bourfier d'épargne. Voy. les Preu-
ves àc l'Hifi. de Bret. p. iiii. iiSfT. 1191. \iç)6.
I lOT.Le Bourfier & haut Commandeur du pays de
Vaux. Gaz. 1-7 ix., p. 201.
C'eft aulîi dans ce fens qu'on le dit en France
dans plufieurs Communautés où l'on fait bourfe
commune , comme les Bourfiers des Mefureurs de
fe! , Mouleurs de bois , Sec.
BOURSILLER. v. n. Fournir fa quote part d'une
fomme nécellaire pour faire quelque chofe qu'on a
entrepris, & qui coûte plus qu'on ne s'étoit ima-
giné. Pecunias in commune conferre. On croyoit
qu'il ne falloir que tant d'avance pour cette ferme ,
mais il a fallu encore que chacun bourfillàt. Les
B 0 U
PatôiiTiens ont bourfilli fJoiir achever le bâtiment
de leur EgliCe. Il eft du ftyle tiimilier.
On le ditauiîldc la première contribution que
l'on tait avec d'autres pour faire quelque choie à
frais communs , quand la contribution de chacun
n'eft pas grodè. Tous les écoliers de ce Collège
ont bûiirjillé poui plaider contre leur Principal.
Tous les métiers boiirjilkrent encr'eux pour faire
chanter le Te Deumà. la convalefcence de Monfei-
gneur , fils du Roi.
BOURSINi r. m. Terme de MaçonneriCi C'efl: une
efpèce de croûte de terre attachée à la piètre de
taille, qui n'eft pas encore bien pétrifiée, & qu'il
faut retrancher en la taillant, de même que l'au-
biet à l'égard du bois. Saxi Tccrementum , pars lapi-
dis molllor. On dit auïfi Boufm , qui eft mcmc
plus ufité.
BOURSON , ou BOURSHRON. f. m. Petite po-
che attachée à la ceinture du haut-de-chauflè , où
on met fon atgent , ou fa bourfe, Locellus.
BOURSOUFLER, v. a. Enfler de vent ou d'humidi-
té. Tumejcere, On peint les vents avec des vifages
qui font hourfoiijlés , qui ont les joues pleines &
enflées. Les hydropiques paroiflent gros , parce
qu'ils font tourfoujlés de mauvaifes humeurs.
ffT Boursoufler, fe dit proprement de l'enflure qui
furvient à la peau , par quelque caufe qu'elle foit
produite.
Boursoufler, fe dit aufTi en parlant des Bouchers
qui enflent les viandes en les foufflant, pour les
faire paroître plus belles, Injlare.
Boursouflé, ée, part. Ce mots'ernploye auffi quel-
quefois dans le ftyle bas & comique , pour mar-
quer du mépris. C'eft un s:,ïos l'ourfouflé. C'eft une
grofl'e bourfoufiée. Ce qui fe dit d'un homme
gros & replet , qni a de groflès joues ; alors il
eft employé fubftantivement.
On le dit figurément du ftyle & du difcours.
Injlatiis.. Un ftyle enflé &: bourfci/fé déplaît infi-
niment aux ^^gens de bon goût, S. Éyr, /""«yt-^ Enflé ,
Enflure.
BOUSARD , ou BOUZARD. Terme de Chafle. Bou-
dard , ce font fientes du cerf qui font molles ,
en forme de bouzées de vaches, dont elles ont
pris ce nom , & qu'on nomme autrement fumées.
Salnove.
BOUSE , ou BOUZE, f. f Fiente des bœufs & des
vaches. Stercus. On s'en fert contre les piqûres de
mouches à miel , &; pour réfoudre les apoftèmes.
Le P. Thomairin dérive le mot bouj'c de l'hébreu
hauts , qui veut dire cœnum , lutum , limus , boue ,
limon ; mais le mot bouts , avant que de s'éta-
blir en France fous le nom de boufe, a paffé en
Saxe, en Angleterre, & dans les Pays-Bas ; &c
c'eft de ces quartiers-là qu'il nous vient immédia-
tement •, car le même P. Thomaflîndit quefcrw/zw,
lutum , boue , s'appelle en faxon ïï'afe , en anglois
oofe , & Woofe, en flamand Wafe , d'où, fans dou-
te , eft venu le mot ftançois , vdfe , quand il figni-
fîe la boue qui eft au fond d'un étang , d'un fo/lc.
M. Huet dit que ce mot vient de ^vçZo-ix qui veut
dire la même chofe félon Euftathius. Fimus , bu-
bu/us.
Dans l'Inde on fe fert de bouges de vaches , com-
me on fe fert en plufieuis endroits de tourbes au
lieu de bois pour faire du feu. Cette coutume eft fort
ancienne dans l'Afie. Ticc-live , Liv. XLVIII. chap.
i8. dit que dans un pays d'Afie appelle Azyla ,
parce qu'il n'y avoit point de bois , on brûloir des
heurtes , ou de la fiente de bœuf.
En Anjou on dit, bouf'e £< bouferi pour marquer
excrementa homimcm , & cacare,
Salnove , dans le ÎDiélionnaire des Chafleurs , qu'il
a mis à la fin de fa Vénerie Royale , dit Bou:^ées
de vaches , comm.e on peut le voir ici au mot Bou-
fard , mais l'ulage eft de dire bou^e.
EousE, en termes de Blâfon, fe dit d'une efpèce de
chantcplare qui fert à puifer l'eau en Angleterre,
BO U
1.
dorit quelques Seigneurs Anglois ont chargé l'éeu dé
leurs armes.
BOUSILLAGE. f. m. Conftruétion faite avec de \.i
terre & de la boue. Conjlruciio lutea. Les cloifonsi
des cabanes des payfans ne font faites que de bou"
Ji/Li^e.
Ou dit figurément de tout ouvrage m.al fait , qi'ë
C'eft du boujillagc , que ce n'ell que du bouJlUagé
0Cr II n'eft pas noble.
Le mot boujîl/age , &C le mot boujî/kr, bouJîlUuri
félon le Père Thomallin , ont la même origine qut*
bouj'e.
BOUSILLER. V. a. Faire un rriur , une maifon aved
de la terre détreiTipée, ou avec de la boue. Lutô
conjlruere.
^fT Au figuré, boufdler un ouvrage^ c^eft le faire
mal. Il a boufille ce conte. C'eft un ouvrage qu'ori
a boujillé. Il n'eft que du ftyle familier.
On dit auffl métaphoiiqUement , boufdler , pouE
gâter ; mais dans le ftyle burlefque.
Sire yipollon dépité contre moi ,
De ce qu'avois fait écorne à fa gloire
En le quittant pour fuivre une autre loi ^
M'en joua d'une, & pat malice noire
Durant la nuit de l'un à l'autre bout)
Gâta l'ouvrage , & le boufilla tout.
Bousillé , ée. part.
BOUSILLEUR. f. m. Maçon de campagne qui bâ-^
tit de terre & de boue, Struclor luteus. On le die
figurément des mauvais ouvriers qui gâtent tout
en toutes fortes d'ouVrages, Jmperitus opifex. Cet
ouvrier ne fait rien qui vaille, ce n'eft qu'un ^o«-
filleur. Tout cela eft familier.
BOUSIN< i". m. Terme de Maçonnerie. C'eft la mêmd
chofe que Bourfin. Voye^^ ce mot.
BOUSQUIER. V. n. C'eft un terme de Marine , donc
on prononce fortement l'j. C'eft la même chofe que
ce qu'on appelle fur terre Butiner * & il fe dit de
tout ce que le foldat gagne au pillage d'un vaifleau.
On appelle même ainfi le plus fouvent ce qu'on y
vole, qu'on appelle bouliner dans les armées de
terre.
BOUSSAC. Petite ville de France , en Berri, vers les
frontières du Bourbonnois & de la Marche.
BOUSSOIR. f. m. Terme de Marine & de Charpen«
terie. Les bouffoirs font deux pièces de bois, dont
une partie eft pcfce & attachée au-deflus du cliâ-
teau d'avant vers la proue , tant à ftribord qu'à bas-
bord, & le refte faillanthors du navire, fert à le-
ver les ancres, Tignum tollendis anchoris aptum,
Caron.
BOUSSOLE, f, f. Autrement Compas , ow Cadran de
mer. C'eft une boîte où il y a une aiguille aiman-
tée qui fe tourne ordinairement vers les pôles , à la
réferve de quelque déclinaifon qu'elle fait en divers
endroits. Pixis nautica. Le cercle de carte que la
bou^ole (owùcTit eft divile d'abord en 3^0 dégrés j
& au-deflbus en 52 parties, qui marquent les 3Z
aires ou traits de vent , qu'on appelle auffi pointes,
La bouffole qui eft en ufage à terre a l'aiguille ai-
mantée portée fur le pivot , & la rofe des venrs eft
tracée au fond de la boîte. Jean Gira , ou Goya , que
quelques-uns nomment Flavio de Melphe, ou Flavio
Gioia, Napolitain, l'inventa, dit - on , vers l'an
1 50Z. & de-là vient que la terre de Principaro , qui
fait partie du Royaume de Naples, dont il étoit
originaire , a pris pour fes armes i^ne bon ffole. Quel-
ques-uns croient que Marc Paul Vénitien , ayant
voyagé à la Chine , en rapporta l'invention vers l'an
I i6o-, & ce qui confirme cette conjeélure, c'eft qu'ori
- s'en fervoit au commencement de la même façon que
font encore les Chinois qui la font flotter fbir un
petit morceau de liège. Ils difent que leur Empe-
reur Chiningus, qui étoit un grand aftrologue , en
avoit la connoiflance 11 20 ans avant Jélûs-Chrift,
Mais Faucher rapporre des vers de Guyot de Pro^
vins qui vivojt en France vers l'an 1100, levjue-î
!14
BOXJ
B O U
en fait mention fous le nom ck la rn.-irincue , ou
pierre marinière : ce qui tait voir qu'on la con-
noilfoit en Fvance avant le Vénitien &; le Mel-
phitain, La Bcut-de-lis que toutes les nations met-
tent lur la rôle au point du nord, montre que
les François l'ont inventée , ou l'ont mile dans la
perteclion.Un Suédois, qui fit en 1^99 une dil-
fcrtation lut la boaffole , de Pixide Maçnetica , feu ,
«[vacant y Compafo Nautico , imprimée à Uplal ,
prétend que les anciens Suédois en ont eu quel-
t|ue connoiilance.
Uaisuille de la hoiifjole doit être Laite d'une pla-
tine fort mince de bon acier en forme de lofange ,
&: vidée, enibrte qu'il n'en reRe que les extrémités ,
&: un diamètre au milieu , fur lequel la chapelle doit
Être appuyée. Pour l'animer , il la faut faire toucher
par une pierre d'aimant fort généreufe ; & la partie
qu'on veut faire tontner au nord , doit être tou-
chée par le pôle fud de la pierre : & au con-
traire , celle qu'on veut faire tourner au fud , doit
être touchée du côté de l'aimant , qu'on appelle le
noid, Foyei au mot Aimant. On peut faire auHi
une boiifole fans aimant, par le moyen d'une
petite ai2:uille de fer délicatement pofée fur l'eau ,
ou fufpendue en l'ait -, car e'ile fe tournera au midi.
De même une aiguille chauffée au feu, & qu'on
laifîe refroidir fur\me ligne du midi, acquiert la
vertu de la tou{j'ok , &Ve tourne vers les pôles.
On fait aulfi dès cadrans , des graphométres avec
ties hou^oles , ou des aiguilles aimantées. L'aiguille
de la louffvle a beaucoup de variation vers le cap
<le Bonne Efpérance. Elle nordouefte de \ 8 degrés
"à la vue de Zocotora. Sur le grand Banc fa varia-
tion eft de iz degré* 30 minutes. îl faut remar-
quer que l'aiguille , laquelle eft en équilibre avant
qu'elle foit aimantée , perd cette équilibre lorf-
qu'elle efl: touchée de l'aimant. Au deçà de la ligne ,
la pointe qui regarde le pôle feptentrional eft in-
clinée vers la terre, & le contraire arrive dès qu'on
pafle la ligne. Mais fous la ligne, l'aiguille demeure
pn équilibre. Dm. Guillaume Denys , Profeffeur
d'Hydrographie à Dieppe, a fairun Traité exprès
de la variation de l'aiguille aimantée , ou bon (foie.
Les Chinois divifent la bouffole en vingt-quatre par-
ties feulement , au lieu que nous y en marquons
trente-deux. P. Le Comte, Koy, Aimant & dccli-
naifon.
Ce mot vient du latin buxula , parce qu'elle reflem-
ble à une boîte. Ménage. Pafquier dit qu'on l'ap-
pelle cadran , .i caufe qu'elle eftmife dans une boî-
te carrée. On appelle bouffole affolée , celle dont
l'aiguille eft défeél:ueufe , à caufe qu'elle a été frot-
tée" d'un aimant qui ne lui a point donné fa véri-
table direcliion. La bouffole nous donne la connoif-
fance du nouveau monde , &: elle lie les peuples
de la terre par le commerce. Nicol.
On appelle bouffole de cadran , une boîte avec
une aiguille au centre du cadran , pour montrer
l'heure &: les parties du monde.
Il fe dit aulH au figuré, pour Guide, Conduc-
teur. Vous êtes ma bouffole.
BOUSTANGI , BOUSTANGI-BACHL Foye^ BOS-
TANGI , BOSTANGI-BACHL
BOUSTARIN. f. m, C'eft le nom que l'on donne à
un gros homme dans quelques Provinces de France.
C'eft un gros bouffarin. Journ. des Sav. 1717.
^ BOUSTROPHEDOÎvI. f. m. Mot emprunté du
grec par les antiquaites, pour exprimer une manière
d'écrire, particulière aux grecs, furrout dans les
infcriptions, C'eft la manière d'écrire alternative-
ment de droite à gauche, cC de gauche à droite,
fans difcontinuer là ligne, l l'imitation des filions
d'un champ que le bœuf forme , de façon qu'à
la fin de l'un il pafle à l'autre par un demi -cercle.
Les plus anciennes infcriptions gtccques font en
Bouflrcphedon. B.I5 , bœuf , 5-^ »*-< , atticle , ligne,
Voye:^ Bustrophe,
§3=- BOUT. f. m. Extrcmapars. La dernière des par-
. ties qui conftituent via cprps étendu en longueur.
Le mot de ^oK/reprciénte cette dernicfc partie com-
me celle jufqu'où la chofe s'étend. Le bout répond
à un autre bout. Ainfi on parcourt une chofe d'un
bout à l'autre. On dit le bout de l'allée. Le mot
extrémité répond au centre. L'extrémité du Royau-
me. Le mot fai répond au commencement. Lzfn
de la vie, M. l'abbc Girard, Syn. Foye^ Extrémité
& FIN.
Ménage dérive ce mot de bod, qui eft un mot
celtique , ligni.nant le fond, l'extrémité. Du Cangc
tient que bout Se bouton font venus de botones &C
bototinoA : c'eft ainli que les Anciens appeloient
ces mottes , &c élévations de terre , dont les Atpen-
teurs fe fervoienr pour piarquer les bornes & les
extrémirés des héritages. Chorier prétend qu'il nous
vient de bod, ancien mot allobrogiquc , c'cft-A-di-
re , celtique. Bodincum , dit-il, fignifie ce qui eft fans
fond , (S: le mot de bout en eft venu j inc fignifioic
fans. Se bod, bout, ce qui étoit appliqué autant
à ce qui n'avoit point de fond , qu'à ce qui n'avoir
point de bout.
Bout , lignifie auiTi la un , l'extrémité d'une chofe.
Finis. La chicane a tant de longueurs , qu'on ne
voit jamais le bout , la nn d'un procès. Le ferraon
a été ii long , que je n'en croyois jamais voir le
bout. Je veux voir jufqu'au bout , lî vous aurez li
hardieifc de me trahir. Mol. Un efprit pénétrant
voit d'abord -le bout de toutes chofes. S. Evr. Aa
bout de foixante jour? , ils fe rendirent. Vaug. Je
vous ptie de croire que je pourfuivrai m.on droit
jufqu'au bout. PoRT-R, Cet homme auroit-il v.n
million d'or , il en trouveroit le bout. Je vous pria
d'écouter mes raifons jufqu'au bout.
Bout , lignifie encore un fens , un côté. Ce Juge efi
interrogeant ce criminel l'a pris par tous le; bouts ,
par tous les côtés , il n'en a pu tirer aucun éclair-
ciflement. Undique.
Bout , fe dit aufîi d'une petite partie , ou d'un refte
de quelque chofe , & qui approche de les extrémi-
tés. P articula. J'ai befoin d'un bout de corde, d'un
bout de fil. Un bout de chandelle. ^JCT On le die
aufll d'une partie, d'une chofe qui ne doit pas êtra
divifée. Il n'a pu entendre qu'un bout de meife.
On appelle par dérilîon, ^o«/ d'homme , un pe»
tir bout d'homme , un homme extrêmement petit,.
On appelle le haut bout , princeps , fummus lo-
cus ; le bas bout, poflremus , imus locus , dans les
féanccs Se cérémonies , où les rangs font dillingués ,,
les plus ou les moins honorables. Faire le bas bout
à une table , c'eft , félon Mézerai , y être alfis le
dernier. Les ambitieux veulent toujours rcnir le haut
bout par -tout. L'Evangile apprend aux humbles à
prendre toujours le bas bout. Ronfard introduit dans,
fa Franciade le géant Phovère faifant cette promeiîe
à Kilie fa cavalle.
Je doublerai pour telle récompenfe
En les vieux ans ton foin & ta dépenfe i
Seul au haut bout y<? te ferai loger
De mon étable
Sarrafin , dans la Préface de fon Ode fur la ba-
taille de Lens , a blanié avec raifon Ronfard d'a-
voir imité en cela les Anciens. Nos mœurs & notre
goût ne fouffrenr i^lus ces fortes de difcours dans
des pièces férieufes.
On nomme figu rément le bout du monde , un
endroit-éloigné. Extrema pars. Il s'cft allé loger
au boiit du monde , à l'autre bout de la ville. Il efl
au bout du monde ; pour dire, il eft allé faire ua
voyage de long cours en un pays fort éloigné.
|p3° On dit auffi , en parlant du plus haut où
l'on paillé porter une chof^ dont on fait une ef-
pcce d'cftimation , c'eft tout le bout du monde fi
elle peut v:ilovr tant. Ad fummum.
En termes de Marine , on dit , Avoir vent de
bout; pour dire. Avoir vent contraire, ou le vent
par proue ; adverfum venturn experiri , &: Aller
1 de bout au venti pour dire. Aller contre le vent,
Adverfo
BOIT
'Aâverfo venio tiavigare. On dit auûl , atorcier Uil
vaifleau de toia au corps ; pour dire , lui met-
tre l'éperon dans le tïanc. On dit auill , filer le
cable bouc pour bout 'j pour dire , le lâcher en-
tièrement , & l'abandonner avec fon ancre. On ap-
pelle auill , en termes de Marine , bout de vergue ,
la partie de la vergue qui excède la longueur de
la voile , &c qui iert quand on prend les ris. On
appelle auffi , Bout de lof, ou Bout-lof-, une pièce
de bois ronde ou à pans , qu'on met au-devant
des vailfeaux de charge qui n'ont point d'éperon.
Elle fert à tenir les armures de milaine.
ÊouT s fc joint encore à plulîeurs mots où il chan-
ge de fignification.
Bout d'ailes , Ibht les plumes qui font au bout des
ailes des oifcaux. Penna. On le lert des bouts
d'ailes pour écrire. Il y en a même qui les aiment
mieux que les autres plumes , parce qu'elles font plus
fermes.
Bout de l'an , e(1: un fervicc qu'ort fait faire folen-
nellement pour un dcfant au bout de l'annce de
fa mort. Anjiiverfaria demortui parcntalia,
ÈouT d'Argent, Bout d'ivoire^ oii d'autre matière ,
ell une garniture qu'on met au bout d'une canne
pour s'appuyer , ou d'un bâton de commandement,
Caput.
On appelle auffi bout chez les Tireurs d'or ,
un morceau d'argent doré qu'ils piaflent par la fi-
lière , pour faire des filets d'or & d'argent.
Bout , eft aufll un terme de Ceintiuier. II fîgriifie
une petite plaque d'argent que l'on met au bout
des boucles d'un baudrier , afin de leur donner
plus de grâce.
On appelle aufli iln bâton à deu:t bouts , un
bâton garni de deux fers par les bouts, Utrinqiie
prœfixus baculus. C'éft Une bonne arme déiênfive 6c
oiîenhve.
Bout de Fleuret , eft un bouton de cuir rembourré
dont on garnit l'extrémité des fleurets \ afin qu'en
efcrimant on ne fe bleffe pas. Globulus,
^3" Bout de 1a mammelle j du téton. Cefl: le
bouton , le mammelon qui eft au milieu de la mam-
melle , par où fort le lait. Papula. Voy. Téton ,
Mammelle. On dit qu'un enfant ii'à pas encore
pris le bout du téton.
On dit àufïî j le boiit de Toreille , lé bout du
nez. On dit encore , toucher quelque chofe
du bout du doigt. Extremis digitis. Goûter quel-
que chofe du bout des lèvres. Primoribus la-
iris.
On dit, tire cfu bout des dents -, pour dire ,
s'efforcer de rire quoiqu'on n'en ait nulle envie.
On dit aulfi , qu'une garnifon eft Ibrtîe la mè-
che allumée par les deux bouts : ce qui eft une
des Conditions d'une capitulation honorable.
BoUt-PorTAnT , fe dit en têriTs^s de Guerre , des
coups qu'on tire à brûle pourpoint , qui ne man-
quent point , comme fi îe bout de l'arme à feu
portoit fur le pdutpoint. Admotâ proximè cata-
pulta. , "
Bout-toUchAnt. Ceft la même chofe que bout-por-
tant, qui fe dit quand on tire de fi près , que
le bout de l'arme à feu touche , pour ainfi dire ,
le but.
Bouts-rimes , en termes de Poefie , font des rimes
difpofées par ordre , qu'on donne à un Poète avec
un fujet , fur lequel il eft obligé de faire des vers
en fe fervant des mêmes mots &c dans le même
ordre. Ex tréma Rytkmica. L'extravagance d'un Poè-
te , nommé Du Lot, donna lieu à cette invention ,
vers l'année 1(^49. On choififlbit des rimes bizar-
res, & qui ont le moins de rapport enfemble , &!
chacun fe piquoit de les remplir heiireulèment. Au
Jugement des plus fins , ces rimes bizarres font bien
fouvent celles qui embarraffent te moins , & qui
fourniflent le plus de chofes nouvelles &: furpre-
nantes , pour ce ftyle folâtre Se burlefque. Sarra-
fîn a fait un Pocrae qu'il a intitulé : La défaite
des bmts-i'imèSi
Tome II\- • "
Les Lanfcrniftes de Touloafe ont trouvé le fe^
crer de relever les bouts-rimés ; cc.v ils en propo-'
fent toutes les années pour être remplis à la gloi-
re du Roi -, & le fonnet vidorieux eft récompcn--
Ic par une médaille d'argent. P. Mourgues. 11 laui
oblervcr trois choies dans les bouts-rimes, lo^ Quû
les rimes l'oient toutes bizarres. 20. Qu'ji ^^ ^-^jj.;
pas permis de les altérer en leur fubftituanr des ter-
mes ordinaires. 50. Qu'on en détermine le fujet.
Id. Voici un exemple de bouts -nmès qui furent
propofés par l'Académie de touloufe , pour être
remplis à la louange du Roi , & que le P. Com-'
mire remplit ainfi.
Tout efl grand dans le Roi, l'afpecl feul de fcn... bufte!
Rend nos fiers ennemis plus froids que des ... çlacons.
Et Guillaume n'attend que le temps des ... moilfons ,
Pdurfe voir fuccomber fous un bras fi ....... robufte*
Clu'on ne nous vante plus les miracles d' ... Augùfte^
Louis de bien régner lui fer oit des leçons.,
Horace en vain l'égale aux Dieux dans fes .. chanfons»
Moins que n'ejt mon Héros , il etoit fage & .... jufte.
Modejle fans foibleffe , 6- ferme fans ..... orgueil ,
Tandis qu'aux gens de bien il fait un doux ... accueil.
Contre l'impiété fes loi x fervent de ......... di<^ue f
Et fui de tout l'Etat conduifant les ........ f efforts ,
Par le charme fecret des grâces qu'il .... prodigue ,
Du Prince & des fujets il forme les .-...; accords,*
BOUT-RIMEUR. f m. Celui qui fait des bouts-si*-
més, qui en fait faire.
De favoris de Mars , de nourriffon des Mu fes 4
De Bout-rimeur charmant plein de grâces infufesi
Bout-saigneux , eft l'extrémité d'un quartier de veau ;;
ou de mouton , du côté de la gorge , où il de-
meure toujours du ftng de czs animaux quand ont
les tue. Jugulumi
On dit aulfi , boutfaigneux de bœuf. Le hout-
faigneux de bœuf mis au pot fait un très-bon po-
tage. Le bout-faigneux de bœuf fe mange aulïî en
haricots avec des navets ,■ & fe fait en le coupant
par morceaux , &: le faifant cuire avec de i'cau ,
du fel , du poivre , des oignons , &: des clous de
girofle , puis l'ôtant de ce bouillon , on ie palfe
au roux avec du lard , après quoi on le met égou-
ter; puis on le fert avec un coulis de navets.
On appelle , en termes de Couvreurs y un re-
manié à bout , la recherche d'un toit , d'une cou-
verture, pour y mettre les tuiles ou les lattes aux
endroits où il en manque. Foy. Rem'anier.
Bout-dehors, Foy. Boute-hoks.
Bout-rabattu. f m. Terme de Charpcnteric. Ct(b
Un bout de Charpente que Ton met au bout d'un
pignon. Au lieu de ptolonger & poulfer le pignon
jufqu'à la hauteur du taîte , on le laiife # la hauteur
des murs du bâtiment , & le faite , au lieu de venir
jufqu'au niveau du pignon ordinaire , eft rabat-
tu en croupe, & forme ce qu'on appelle vulgai-
rement bout-rabattu. Tous les pavillons font en
bout-rabattu. *
0CIF On dit adverbialement , à tout bout de champ ,
à chaque bout de champ , pour dire , à tenir pro-
pos , à chaque inftant. Il m'interrompt à tout bout
de champ. Bon pour le ftyle familier.
IJG' Mettre des chofes bout à bout , c'eft en joindre
les extrémités. On coud deux iTsorceaux de toile
bout à bout.
§3* En botanique, on dit que deux pièces font If-
fcmblées bout à bout , lorlqu'elles fe tiennent feu-
lement par leur extrémité. On les dit articulées f
quand il y a un peu de mouvement dans leuf
jopètion.
IJCT On le dit encore en parl-ant de Talfemblage de
certaines chofes qui ne font prefque rien qaaui
I>
-iG
BO U
BO
" on les prend féparément , mais qui prifes enfem-
ble îont un objet conlidcrablc. Si l'on mertoic Bout
à bout le chemin qu'il lait tous les jours dans l'on
jardin , on trouveroit au bout de l'année qu'il a
niit bien des Ueuçs.
^fF De tout en bout y d'un bout à l'autre , d'une
extrémité à l'autre. Parcourir la ville d'un bout à
Pantrc.
gCF Au bout du compte , après tout , tout conlîdc-
tc. Je voiu avois promis de taire telle choie \^ mais
au bout du compte je n'en ferai rien. Perpenjîs om-
nibus. Exprefllon tam.ilicre.
§C? A bout , locution adverbiale , il a différentes figni-
fications , fuivant les dilîcrens mots qui l'accom-
pagnent.
IP" Venir à bout d'un projet , c'eft arriver au but
qu'on s'étoit proposé , tcmVLi.Pcrficere, ajfequi pro-
pojitum.
^fîr Venir à bout d'une chofe , fignifie encore parve-
nir à la faire, en trouver la lin-, il eft venu à bout
de l'éprouver après bien des difficultés.
|t? Je n'ai pu venir à bout de lire ce livre. Il eft
venu à bout de fon argent , il n'en a plus.
§Cr Venir à bout de quelqu'un , le réduire à la rai-
fon^j à faire ce qu'on veut, ce qu'on en exige.
De? Être à bout , ne favoir plus que devenir. Met-
tre à bout la patience de quelqu'un , c'eft l'obli-
ger à fe mettte en colère , à force d'abufer de fa
patience-, poulfer quelqu'une bout, c'eft le réduire
.•l ne favoir plus que faire ni que dire. Ad inci-
tas redigere.
%fT Voltaire remarque que cette exprelTion, me pouf-
fe trop à bout , dont s'eft fervi Corneille dans Ni-
comede, eft comique, du moins familière. Racine
s'en eft pourtant fcrvi dans Bajazet Pouffons à bout
l'ingrat. Mais le mot ingrat qui linit la phrafe ,
la rélève. Ce font de petites nuarices qui diftin-
guent fouvent le bon du mauvais.
Ç3" On dit , en termes de manège , qu'un cheval eft
à bout , quand il eft outré par le travail.
Bout , fè dit proverbialement en ces phrafes. Au bout
de l'aune faut le drap -, pour dire , il faut prendre
d'une choie tout ce qu'on en peut tirer. On dit qu'un
homme s'eft mis fur le bon bout ; pour dire , qu'il eft
bien vêtu , bien équipé. On dit aufîî , le bout de la
rue fait le coin. On dit qu'un homme eft au bout de
fon roUet, quand il ne fait plus que dire, ni que
faire. Oi\ dit en ce fens , au bout de fes rufes , de
fes iîneflès. On dit qu'un homme manque à chaque
lout de champ ■, pour dire à toute heure. On dit au(fi ,
quand un homme hcfite , ou demeure en patlant ,
apportez un bouc de chandelle pour trouver ce qu'il
•Çeut dire. On dit aufîl en ce fens, qu'il a une chofe
fur le bout de la langue, lorfqu'il la fait bien; mais
qu'il ne peut s'en fouvenir à point nomm.é. On dit au
contraire, qu'un écolier fait fa leçon fur le bout An
doigt, quand il la fait fort bien pour la dire par
cœur. On dit qu'une chofe eft demeurée au bout
de la plume -, pour dire , qu'on a oublié de l'écrire.
On dit , tfliir le bon bout de fon côté , pour dire , con-
ferver toujours l'avantage de la poflefîîon de quel-
que chofe -, & qu'un autre ne l'aura que par le bon
hout ; pour dire , ' après avoir bien plaidé &
contefté. On dit qu'un hjimme brûle fa chandelle
par les deux bouts, lorfqu'il eft mauvais ménager,
qu'il fait des dcpenfes de plufiears natures , qu'il
Joue de fon côté , & fa femme de l'autre. On dit
encore , qu'il faut finir par un bout ; pour dire ,
qu'il faut mourir d'une façon ou d'une aUrre. Il faut
écouter jufqu'au bout , 6c puis dire , Amen ;
pour dire, qu'il ne faut pas interrompre mal-à-pro-
pos, ni répondre à une perlbnne, qu'on n'ait fu tout
ce qu'elle veut dire. On dit aulîi d'une chofe qui eft
proche, foit à l'égard du tem.ps, ou du lieu, qu'on
y touche du tout du doigt. Ain(î on dit à la Septua-
gcfime, que le Carême eft proche, qu'on y touclie
du bout du doigt. On dit audl , c'eft tout le tout du
^inonde j pour dire, le plus haut point où on pu'flè
parvenir. Si vous trouvez dix mille ccus de votre
miifon,c'ef: tout le bout du monde. On dit attffi,
du prolir ou revenant bon de quelque affaire i
il y a cent ccus à gagner , & haie au bout. Au bout
4e bout ; pour dire , qu'il faut toujours fe fcrvir de
ce qu'on a. Il n'importe quel bout en aille devant ,
d'im homme au défefpoir qui n'a plus rien à mé-
nager.
^ BOUTA. Petite ville de la Prufle Royale, en
Pologne, au territoir de Mircliaw , environ à lix
lieues de Dp.ntzig.
fKT BOUTADE- f f. Caprice , faillie d'efprit & d'hu-
meur-, changement fubit provenant d'une révolution
d'humeur ou de lâçon de penf^. On le dit prefque
toujours en mauvaife part. Prxceps animi impetus.
Avoir des boutades. Il lui prit une boutade. Cet Jiom-
me eft dangereux dans les boutades. La plupart des
bons ouvriers ne travaillent que par caprice & par bou'
tade. Toute fa fidélité fe réduit à quelque boutade
de tendrelfe , & à deux ou trois accès de défefpoir.
Dieu ne voulut pas que fa converfion fe fit légère-
ment & çzT boutade. BotTHouRs. Ce mor lignifioic
autrefois, effort, impuliîon, ou, félon le vieux ftyle,
une boutée, l'un & l'autre viennent de bouter: qui
vouloit dire poujfer,
^3" On donnoit auiU autrefois le nom de hotitaie i
de petitsballets qu'on paroiffoitexécuteràrimpromp-
tu, La boutade écoit le grand ballet en raccourci.
Boutade. Ternie de Coutume. Droir que quelques
Seigneurs ont en Berry , de prendre cinq pintes de
vin de la raefure des lieux où ce droit eft établi, ou
la fomme pour chacune pinte , pour chaque ton-
neau ou poinçon de vin , que les habitans de c^s
lieux vendent en gros ou en dérail , ou qu'ils achè-
tent pour le revendre. Galland.
BOUTADEUX, f m. BOUTADEUSE , f. f. Celui ,
ou celle qui n'agir que par boutade. ïngenio prxaps^
Il eft vieux , &: ne fe peut dire qu'en m.auvaile part.
Il eft abfoliu-nent hors d'ufage.
Ç3" BOUTAN. Grand royaume de la terre ferme de
l'Inde , félon quelques-uns , de la grande Tartarie *
vers l'Empire du grand Mogol.
BOUT ANE. f f. Etoffe qui fe fait à Montpellier. L'on
fait de forr belles fùtàines & boutanes blanches à
Montpellier, dont les filles & les femmes vont quafi
toutes vêtues , principalement en été. Catel. Hifi.
de Lan^. p. 47.
BOUTAK'T. adj.Tenne d'Architedure,|0- qui fe joint
toujours avec un autre mot comme , ^ic-boutant ,
pilier boutant; Zc fe dit par corruption pour butant.
Un s.TC-boutantjC'eii une arcade qui appuie une voûte
élevée , & qui eft elle-même appuyée fur une forte
muraille de maçonnerie.^w/mj. Erifma. Pilier bou~
tant , eft une groffe chaîne de pierire , qui eft faite
pour appuyer une muraille, unererralle, une voû-
te. On tait auiTi des 2xz-boutans avec des pièces de
bois qui pouil^nt, & qui arc-boutent.
On apppèlle aulTi itz-touLint d'un carroffe , le -
morceau de fer qui foutient les riioutons tant en
dedans qu'en dehors.
On le dit auffi au figuré de ceux qui fouriennent,
qui protègent une affaire , un parti. Propu^nacula ,
prœjîdia , columina. Ce Miniftre eft un des princi-
paux iTc-toutans de l'Etat,
?.;:r BOUT-A-PORT, ou BOUTE-A-PORT , Offi-
cier fur les ports , chargé de faire mettre à port les
vaiffeaux qui arrivent &: de les ranger, ^oye^
Débacleur.
BOUTARGUE. f. f. Mets qu'on prépare pour excirer
à boire. Ce fonrdes oeufs de poiffon falé. Salfamer.'^
ta pifcium. Les Provençaux appellent toutargues ,
. des œufs de muge , ou de muler, confits avec de l'hui-
le Se. du vinaigre, ou des œufs de poiffon falc&:
fcché, dont on fiit une efpèce de fauciffe. Il s'en
fait beaucoup à Tunis en Barbarie, & à Mortegue
en Provence , où ce mets eft fort en ufage , ainfi qu'er*
Italie. De-là nous cheminâmes furie bord du Méan-
dre une demi- lieue jufqu'à fon embouchure, où
nous nous arrêtâmes à voir une cabane de ces pê-
che.irs qui prennent les ipoiffons, dont l<s cuis
EOU
fervent à faire Isl iouiargue , qui efi: une efpcce de
cervelas d'un goût fort bizarre, & néanmoins que
quelques-uns trouvent fort délicieux. Du Loir,
pag. jz, _
Ménage dérive ce mot du grec ùx rupixa.
tfT BOUT-AVANT. f. m. Officier de Saline , dont la
fonction eft de veiller à ce que l'empliUage du va-
xel fe faffe félon l'uiage. AVy^{VAXEL.
BOUTE, f. f. Terme de Marine. C'eft la moitié d'un
tonneau en manière de baquet. Cupa minor , cupiiîa,
fcrt à mettre la boiiîbn qui eft deftince chaque
jour à l'équipage. On l'appelle auifi baille.
Boutes, font au/îî de grandes futailles où l'on met
l'eau douce que l'on embarque pour fiire voyage.
Dolia,
gCT On donne auiîi le nom de boutes aux tonneaux
dans lefquels on enferme en Guyenne les feuilles
de tabac après qu'elles ont fuc , & aux barriques
dans lelquelles on m.et le caviac , ou œufs d'eftur-
geon & de moutonne qui viennent de la Mer noire.
BOUTE , EE. adj. Terme de Manège , qui fe dit d'un
cheval qui a les jambes droites depuis le genou juf-
qu'à la couronne ; ce qui arrive fouvent aux ciievaux-
court-jointés
BOUTEAUX , ou BOUT DE QUEVRE. Terme de
Marine. C'eft un petit filet attaché à un bâton four-
chu , que les Pêcheurs pouffent devant eux fur les
fabljs. On s'en fert fut les côtes de l'Océan , pour
perndre une efpèce d'ecreviilè , appelée crevette ,
ou falicot.
§cr BqUTE-DEHORS. Foyei Boute-Hors.
BOUTEE, f. f. Terme d'Architeélute , qui fe dit des
ouvrages qu'on fait pour foutenir la pouifée d'une
voiite , d'une terralfe. Anteris. Il faut de fortes
boutées pour rélifter à la pouifée des voûtes des gran-
des Eglifes.
BOUTE-EN-TRAIN. f. m. Qui pouffe , qui excire ,
• qui donne l'exemple. Dux, exerrplum, incitator. On
appelle ainii un petit oifeau qui fert à faire chanter
les autres, & qu'on nomme autrement tarin.
^fT En termes de haras, c'eft un cheval entier dont
on fe fert pour mettre les jumens en chaleur. Un
hauts -entrain fe dit figurément d'un homme qui
anime les autres , Ibit au plailir , Ibit au travail. Ce
mot en françois , lorfqu'on en ufe en riant , fe doit
écrire boute-en-train , & non pas bout-en-train ,
Glo[f. Bourg, au mot Bôtré. Pour fe divertir il faut
un boute-en-train , qui lie la partie , qui excite &
qui entraine les autres.
Chaque ville ^lyôn Boute-en-traîn,
Qui veut rire quoi qu'il en coûte ,
Nous l'avojzs vît par le chemin
Dans les villes de notre route ;
Boute-cn-train de Château-Thierry ,
C'efl la Dame de Vajfigny,
M. de la Monnoye , & l'Auteur du Diâ;ionnairc
Comique , en étendent la fignification à tout ce qui
peut exciter à l'amour , comme une belle gor-
£re , &c.
BOUTE-FEU. f. m. Officier d'Artillerie qui met le
feu au canon &: aux mortiers. Qui ignem tormento
fubjicit. On appelle aufîi du même nom la hampe ,
ou le bâton garni d'un ferpentin, dans lequel on
paffe la mèche , & avec lequel on y met le feu.
BouTE-îEU, eft auffi un incendiaire , qui par malice ,
ou par vengeance , met le feu à quelque maifon.
Jncendiarius. Il commanda de tuer tous les boute-
feux. Ablanc.
Boute-feu , fe dit figurément de ceux qui fufcitent
des féditions , des guerres civiles , qui mettent des
diflenfions entre les Princes , ou les parriculiers, &
qui donnent occafion aux guerres & aux procès.
Seditionis aucfor , fax.
Ip- B OUTE-HORS , ou BOUTE-DEHORS, f m.
Efpèce de Jeu qui n'eft plus en ufage : mais au figu-
ré, on dit que deux hommes qui tâchent de fe
débufquer l'un l'autte de quelqu'emploi , de quel<jue
BO U
27
charge , de fe détruire , )ouent au boute-hors.
BOUTE-HORS , fe dit aulfi de la facilité d'expri-
mer les penfées , de faire connoître fon mérite &
fon favoir dans les compagnies. Expedita & pru-
fluens in dicendo celeritas. Il y a bien des Savans
qu'on n'eftsrnc pas, parce qu'ils n'ont point de boute-
hors. Ce mot en ce Icns eft trivial.
Boute-hors , ou Boute-dehors, f. m. Terme de
Marine. Ce font des pièces de bois ou petites ver-
gues qu'on ajoute par des anneaux de fer aux gran-
des vergues , pour porter des bonnettes ou cou-
telas lorfqu'on veut faire diligence. On appelle aufîi
boute-hors , ou défenfes , de longues pièces de bois
qu'on met en faillie en dehors du vaifleau , pour em-
pêcher l'abordage d'un brûlot , ou que les vaifîtaux
ne s'endommagent en fe heurtant les uns contre les
autres. Boute-hors fe dit encore d'un petit mât qui
fert à la machine à mater , pour mettre les chou-
quets & les hunes en leur place.
Boute-de-eof , ou Boute-iof. f. m. C'eft une piè-
ce de' bois ronde à huit pans, qu'on met au-de-
vant des vaifTèux de charge qui n'ont point d'épe-
ron. Elle fert à tendre les armures de mifâine.
BOUTERAME. f, £ On appelle ainii en Flandres
une ttanche de 'pain, fur laquelle on étend du
beurre , des pommes cuites , du fromage , & de la
viande. Mln.
BOUTE-SELLE. f m. Terme de guerre , fîgnal qu'on
donne aux cavaliers pour les avertir de monter à
cheval. Signiim buccince equitibus datum ut equos
infcendant. On dit aufîi , la levée du boute-felle ,
qui eft le fécond fiinal.
et? BOUTE-TOUT-CUIRE. f m. Terme populaire
qui fe dit d'un dilfipateui , qui s'accommode ds
tout , mange tout. C'eft un franc boute-tout cuire,
Hclluo. Barathrum.
BOUTEILLAGE. f m. Ancien droit que les Bretons
payoient à leurs Seigneurs fur le vin , & fur tous
les autres breuvages, Vecligal vinarium. Le droit
de bouteillage ctoit un des plus confîdérables. Les
Seigneurs levoient de grands droits fiir la vente du
vin & de tous les autres breuvages , comme la
cervoife , le mcdon ou hydromel , le piment &
le cidre. Lobimeau. Outie les vins étrangers, la
Province avoir les liens : il y avoir des vignes en
plufieurs lieux plus propres à fournir du bois , du
gland , & du charbon , que du vin -, cependant les
Seigneurs de ces lieux n'étoient pas ceux qui fif-
fcnt le moins valoir leur droit de bouteillage. Id.
Les anciens titres appellent ce dioit en latin Po-
tagium , Buticulatio , Boutelagium , & Botela^ium.
Les plus anciens de ces titres font du XIP fiè-
cle. Le P. Lobineau , Hifl. de Bret. T. IL p. 153,
remarque que le bouteillage de Dole étoit de dou-
ze fous par barrique de vin.
^fT Le Bouteillage eft aujourd'hui un droit fur la
vente des vins étrangers , que le Bouteiller du Roi
d'Angleterre prend, en vertu de fa charge, fur
chaque vaifleau. Cette dernière manière de parlée
vient du bouchon de la bouteille qui eft comme
fa coëffe , qu'il faut ôter pour boire la liqueur.
Ce mot vient de buticula , diminutif de butta ,
d'où les Italiens ont fait botte , Sc qui lignifie la
même choie. Ménage Les Bollandiftes , M^ar/. T. I.
p. 191 , le tirent du latin buto ou buttonus , qui
le trouve dans Anaftafe le Bibliothécaire. April.
T. U. p. 818. Dans le procès des miracles du
B Simon, Religieux Auguftin de Todi en Italie,
on trouve bottaslia au même fens. Le P. Papebtok ,
fur les Loix Palatines de Jacques II. Roi de Ma-
jorque, Acîa SS. Junii , T. JIJ. P. XFI. £. die
que l'on a dit botslla, ou buticula, diminutif de
boto , qui fignifîe vafe , coupe ; que les Allemans
en ont fait pot , auquel ils donnent néanmoins une
fignification plus étendue , le prenant pour ol/a ,
rnarmite , vale où l'on fait cuire la viande. Nous en
ufbns de même , comme on le verra au mot Pot.
On trouve encore buttis , Acla SS. Jun. T. III, .
Di]
à8
BOU
On trouve auflî en crrec moderne /3577'? . /3bt7mv,
/5tfTiJi»% &: /î»'":?, dans le Mathématicien Hcronj qui dit
que ;3«7'!î eft un vale qui a par en haut 6 pieds de
«iiamètre , &: huit par en bas. On dit que les Pro-
\ençaux difent auilî toute, & les Italiens l-oitc ,
comme l'a remarque le P. Poufline dans les O/'-
ferv. fur Pacliym. L. J, au mot ?ii-''C',t -, que Pa-
chymère , félon lui , a fait de ce mot Italien ,
qui approche de Butii dans ia prononciation. Pa-
chymère prend /3»tÇ«» pour une barrique, à ce qu'il
paroît très-vraifemblablement au même Père Pouf-
fine.
BOUTEILLE, fe dit par extenfion du vin qui cft
contenu dans la bouteille, Bacchus efl: appelé le Dieu
de ia bouteille. On a bu à ce repas trente bouteilles.
Bçire bouteille, ou vider bouteille , boire bou-
teille enfemble , exprciîîon populaire , mais fort
en ufage.
^T Bouteille, fe dit aufTi de ces efpèces d'am-
poules , ou balles remplies d'air qui fe forment fur
la furface d'un fluide , par l'addition d'un fluide
femblable , comme quand il pleut -, ou dans fa
fubftance , par une commotion de fes parties, com-
me quand le pot bout. Il fe forme de ces bou-
teilles quand on favonne. Les'enfans en font quand
ils foufflent de l'eau de favon , ou quelque liqueur
ondueufe par un chalumeau. Il s'en forme fur la
furface d'une liqueur fous le récipient de la ma-
chine pneumatique , quand on pompe l'air , fem-
blables à celles qui font produites par la pluie.
Dans tous ces cas , ces bouteilles ou balles font for-
mées par l'air qui fe dégage d'entre les particu-
les du fluide où il étoit comprimé , & en fe di-
latant, étend les particules du fluide. Elles font
rondes , parce que l'air , en fe dégageant , agit éga-
lement en-dedans d'elles en tout fens , & comme
elles ne font que très-peu de réfiftance , elles crè-
vent bientôt, pour peu que Pair fe dilate.
Bouteille, en termes de Marine , fe dit des faillies qui
font au côté du vailfeau au lieu de galeries , qui
font défendues par la nouvelle Ordonnance. Elles
ont deux pieds 6c demi au plus de large : elles
font conduites depuis les fabords de iainte Barbe
jufqu'au couronnement , &; font ouvertes en-de-
dans des chambres. Ce coup de vent ne nous fit
autre mal que d'enfoncer notre bouteille de bas
bord. Frez./». 6.
On dit proverbialement , quand un homme ivre
a fait quelque ctime i qu'on pardonne au vin , mais
que l'on pend la bouteille. On dit auffi , quand
il a quelque bouton ou rougeur au vifage , que c'eft
un coup de bouteille. On dit auifi d'un niais , d'un
ignorant, qu'il n'a jamais rien vu que par le trou
d'une i^'OA-m/A'. On dit auflî 5 quand on mange un
morceau après avoir bu , que c'eft pour boucher
la bouteille. On dir proverbialement , être dans
la bouteille , pour dire , être dans le fecret d'une
affaire.
BOUTEILLER. Foye:^ Boutillier.
§3* BOUTEILLETTE. f. f. Diminutif de bouteille.
Buttula. Il eft vieux. Il lîgnilioit auiîl petire tu-
meur. Ch. Est. DicT.
§^ BOUTER. V. a. Synonyme avec mettre. Il eft
vieux , & n'eft plus en ufage que parmi les Payfans.
Boutei cela là , mettez , boutc7-\'oi\'i là.
Dans le dilcours ordinaire il eft: d'ufage dans quel-
ques mots compofés , comme on l'a \u ci-defllis
en Boute-en-train , \Boute-Çeu , Boutc-hors , B^ite-
felle, Ablancour s'eil ferv'i de boute , boute , |)our
dire , tais, fais. Comme fi on difoit en latin, rt^tf ,
tfF En terme de Marine , bouter fignifie mettre &
pouffer, bouter le cable au cabeftan , bouter de
lof, pour dire, aller à la bouline. /^oyÉ-^ Bouline.
On dit aufTt Bouter à l'eau , quand on fait for-
tir un bateau du port , fp" quand on met le ca-
not à la mer \ &; bouter au large , le poulîer au
large.
BOU
En termes de Vénerie , on dit , bouter la bête -,
pour dire , la lancer.
§Cr Bouter le cuir, rerme de Corroyeur. C'eft en-
lever avec le boutoir ( Voye:^ Boutoir) la chair qui
eft demeurée attachée à la peau de l'animal au
fortir de la tannerie.
Du Cange dérive ce mot de butare , qui s'eft
dit dans la balle latinité. Seroit-ce de-là que s'ell
fait dans le grec moderne &>s]i'Ç,ui, plonger , met-
tre dans l'eau , & /3a7('^iî , nom d'un Officier de
l'Egliie grecque , dont l'office étoit dans la céré-
monie du baptême de plonger, ou de mettre dans
Peau le baptifé. Ces mots ont bien tourmenté le
P. Goar, Ne Ibnt-ce pas plutôt des corruptions de
&Z bouter viendroit-il de-la î
BOUTERIL.f. m. Vieux mot. Nombril.
BOUTEROLLE. f. f. C'eft la garniture qu'on met
au bout du fourreau d'une épée , pour empêcher
qu'elle ne perce.£.v;rew<E acinacis vagime munimen-
tum. Une bouterolle de fer , d'argent.
Ce mot vient de bouts à réoles , emprunté des
Efpagnols , qui nomment ainli les bouts des four-
reaux &des gardes d'épée arrondis, C'eft une pièce
quelquefois dans les Armoiries.
Bouterolle, eft aufli une fente de clef par où pailê
le rouet , ou les gardes d'une ferrure.
Bouterolle , eft aulii un outil ou poinçon rond ,
qui ferr à çravcr fur les pierres dures,
UCF BOUTEROUE, terme de rivière. On appelle
ainfi les bornes qui empêchent que les ciiieux
des voitures n'endommagent les garde -fous des
ponts.
BOUTEUX. f. m. Petit filet attaché à un bâton four-
chu , dont on fe fert fur les côtes de l'Océan <
& que les Pêcheurs pouifenr devanr eux fur les
fables , pour prendre une efpèce d'écrevifle ap-
pelée crevette ou falicot. On l'appelle autrement
Bout de quévre.
10° BOUTICLAPv. f. m. Terme de rivière, Voyei
Boutique à poilfon.
Ip" ROUTIERES. ( /«) Petit pays de France, dans le
Vivarais, vers Privas , couvert de montagnes fticriles.
BOUTILLIER , ou BOUTEILLER , t m. Grand
Echanfon chez le Roi. Supremus vini dijpejifvidi
mimjler , anciennement buticularius. Le Grand Bon-
tillier de France. Ce mot ne fe dit que danscctte
phrafe. M. le Gendre & d'aurres encore écrivent
Bouteiller. Le Bouteiller éto]i chargé de tout ce qui
regarde la bouche. Le Gendre.
Bouteiller , vient de Buticularius , formé, fé-
lon les Bollandiftes , Mart, T. J. p.i^i E.debn-
to , ou buttonus, qui fe trouve dans Anaftafe le
Bibliothécaire , pour fignifier un vafc , une bouteille ;
& d'où l'on a formé butica , de huticnhi , auiîi-
bien que Butellarius , & , Buticularius , dont Hinc-
mar 5c d'autres fe font fervis. Dans un ade du
XIF ficelé , où eft le cacher du Bouteiller du Roi
Louis VII , il y a Signum Guidonis ButiciJarii.
Voyei Acl. SS.Maii^ T. FI.p.'^zuC. rov.'^aufli
les loix Palatines de Jacques II , Roi de Majorque ,
au titre de Botellario majori , à la tête du troi-
fième Tome des Acla SS. Junii. Les Flamands di-
fent Butelier, & les Bollandiftes prétendent que
le nom Butelgio , qui fe trouve dans la vie de
Charles le Bon, Comte de Flandres , eft la même,
chofe que Buticularius,
Le Bouteiller étoit un des cinq grands Officiers de
Fiance qui fignoit dans toutes les Patentes des Rois,
ou du moins étoit prclent à leur expédition. 11 avoir
féance entre les Princes , 8i difputoit le pas au Con-
nétable.Du Tillet, Recueil des Rois de France,-ç.'!,9-3
cite un Arrêt daté de 1214 qui donne au Bouteiller
affiftance & opinion en la Cour des Pairs de France ,
pour jugement des Pairs. Le grand bouteiller préten-
doit avoir le droitde préfider à laChambre des Comp-
res.On trouve en efïer fur les Reî^iftres de certe Cham-
bre de l'an 1 5 97. que Jean de Bourbon , Grand Bou-
teiller de France,y ivx reçu comme premier Prclident,
EOIJ
Depuis , cette charge fut annexée par Edit dû. Roi
à celle de Grand BouteilUr. Mais ce droit s'éteignit ,
foit par la négligence du Grand BoutcilUr , Ibit par
l'autorité du Roi. Du Tilietcité ,/?, 408 , fait men-
tion d'une Ordonnance , que le Boutcillcr de France
foit ( à caufc de ion Office ) l'un des deux Prciidents
en la Chambre des Comptes ; mais il ne dit pas Prc-
iîdent. Le titre de grand Bouteilkr s'efl: aboli au(iî ,
& l'on y a fubftitué la charge de Grand Echanlbn -,
mais ils ont été contemporains , & l'on voit quan-
tité d'actes avant S. Louis 011 le grand Echanibn &
le grand/ow/e/V/c^rfont tous deux nommés, & quel-
quefois lignes, mais depuis, les fonctions de ces deux
emplois ont été réunies, Voye:;^ Fauchet & Favyn.
BOUTIQUE, f. f. Lieu où les Marchands expofent
leurs marchandifes en vente , qui eft ouvert liir la
rue , & au rez de chauffée \ & où les artifans tra-
vaillent. Taherna , officina. On dit , lever , ouvrir
bottii^m. Tabernam injiruclam mcrcibiis aperire.
Tenir boiiiiqite , garder , conduire la boutir/ue. Se
mettre en boutique. Garçon de boutique. Fille de j
boutique. Ce Marchand a ouvert fa boutique. La Po- j
lice fait fermer les boutiques les Dimanches & Fêtes, |
& pendant les réjouiffances publiques , ou quand il
y a une maladie contagieufe. Il yaauilîdes bouti-
ques dans les Foires , dans la galerie du Palais , ùc.
On appeloit autrefois boutiques , les études des
Notaires -, & on les appelle encore ainfi en plu-
fîeurs lieux de Province.
Henri Etienne , de Latinit. ÇuÇp. p. y 17. 3. remar-
qué que ce mot vient originairement du grec «s-ojàz»,
Âpotkeca , dont même Ciccron s'efl: lervi en latin 5
que dans les commcncemcns on a dit pothèque &
cnluite boiheque , puis bouthhqiic , & enfin boutique.
Les Italiens difent bottega , & les Efpagnols botica :
butica fe trouve fouvent pour iîgnificr cijta , une
boite ; peut-être que d'abord il ne fe diibit que des
boîtes ou balles de ces petits Mctciers qui vont par
la campagne , & qu'enfuite on l'a étendu aux lieux
où les gros Marchands mettent & étaient leurs mar-
chandiies. Les BoUandiflies , Mart. T. III. p, 847.
tirent butica de butis , qui s'efl dit pour un vafe à.
mettre des chofes liquides , comme du vin , une
boureille.
On appelle auiîi boutiques , certains ctaus por-
tatifs , à l'abri defquels ie mettent quelques artifans,
ou petits Merciers , comme les Savetiers , les Ra-
vaudeur's , les Vendeurs de pain d'épice , de pou-
pées , &c.
On appelle encore boutiques , des boîtes ou
layettes que quelques petits Merciers ambulans por-
tent au cou ou fur le dos. Capfa.
On appelle aufli boutiques, les bateaux où l'on met
& où l'on nourrit du poiflbn , en attendant qu'on
en ait le débit. Ces bateaux font tous percés au-deffous
du niveau de la rivière , & ne font élevés fur l'eau
qu'à caufc du vide qui eft à l'avant & à l'arrière.
Boutique , fe dit auffi du fonds du Marchand. Il a
vendu, il a laiflc fa boutique à fon affocié -, pour dire ,
fon fonds & fes marchandifes , ou les outils de fon
métier , s'il eft artifan , & les inftrimiens ou vaif-
feaux propres pour fes manufaéliurcs
M. Bofluet , dans fon hiftoire des Variations , L.
XI. p. 181. a pris ce mot métaphoriquement, com-
me font les Latins , pour l'auteur , l'origine d'une
choie. On peut voir par-là , dit-il , de quelle bou-
tique eft fortie la méthode de foutenir la perpétui-
té de l'Eglife par une fuite cachée, &c. Boutique en
ce fens n'cft pas du bel ufage.
En ftyle populaire , ce mot fignifie encore une
iTiaiibn où les Domcftiques Ibnt mal , pout le paye-
ment , la nourrituie , ou le travail. Tu ne refteras
guère dans cette maiibn , c'eft une boutique. Pierrot
dit dans la Fille /ayante : j'ai demeuré trois ans
dans une de ces boutiques.
On dit proverbialement : adieu la boutique , de
quelque choie qui tombe , qui le renverfe , qu'on en-
. traîne. On dit , qu'un homme fait de fon corps une
boutique d'Apothicaire , quand il prend fouvent, ou
BO U
iç,
par précaution, des lavemens &z des médecines.
On dit, il fait de fa tête une boutique Ac irtec Se
de latin ; pour dire , qu'il s'adonne entièrement à
l'étude de ces deux langues. On dit au/fi , d'une ca-
lomnie , d'une impofture, qu'elle vient de Izbou--
tique d'an tel Satyriquc , ou fcclcrat , de la bou-
tique de Sathan, On appelle aufli un Courtaut de
boutique , un artifan qui eft compagnon & oc-
cupé à un travail fédentaire. Cela ne fe dit que
quand on veut marquer du mépris.
Garde-boutique, eft une marchandile de mauvais
débit , qui n'eft plus de mode , que le Marchand
garde depids long-temps. (KTOn ledit dans le même
iens des ouvrages d'efprit qui n'ont point de dcbit.
Arrière-boutique , eft un magafin qui eft fur le der-
rière de la maiibn , où f'e mettent les marchandifes
qu'on veut conferver. Interior ojjicina , taberna.
On dit iîgurément d'une rufé , d'une chicane
qu'on garde pour la fin d'une affaire, d'un procès ,
qui cela vient de Varrière-bouti-jUe.
BOUTIQUIER, f. m. On appelle ainli un petit Mar-
chand qui vend en boutique. Si ce mot fe dit , il »
n'eft certainement pas de l'ufage ordinaire.
BOUTIS. f m. Terme de Chaffe. Endroit où les bê-
tes noires ont fouillé avec leur boutoir ■■, lieux où
les fangliers font des creux pour chercher des ra-
cines, linprcjfum folo aprugni rojïri vejtigium.
BOUTISSE , f. f. Terme de Maçonnerie. C'eft un
nom qu'on donne à des pierres quand elles font
miles en œuvre , enforte que leur plus grande lon-
gueur traverfe & entre dans le mur, Sique le pa-
rement n'en ibit que la largeur. La boutijfe diffère
du carreau en ce qu'elle prcfente moins de pare-
ment, & qu'elle a plus de queue. Pour bien bâtir ,
il faut mettre des pierres en parrement,& d'autres
en boutiffe alternativement.
BOUTOI. Terme de chaile. Voye:^ Boutoir qui eft
plus ulîtc.
BOUTOIR, f. m. Outil de Maréchal , tranchant d'a-
cier qui fert à parer le pied d'un cheval , &: à en
couper la corne fuperflue. Il eft large de quatre
doigts , & recourbé vers le manche.
ifT Boutoir, f. m. Terme de chafie. C'eft ainlî qu'on
appelle le groin du fanglier. Apri ou aprugnum roÇ-
trum. Le fanglier lui donna un coup de boutoir,
Salnove dans fa Vénerie Royale écrit boutoi. L'au-
-tre eft plus ufité. On s'en fert autfi dans le Blafon.
Boutoir, Terme de Corroyeur. Inftrument avec
lequel les Corroyeurs boutent les peaux de veaux
qu'ils veulent corroyer. Le boutoir c^ une efpèce de
couteau emmanché des deux bouts. Voye:;^ Bouter.
Il y a deux Ibrtcs de boutoirs, l'un dont le tranchant
eft émouffé , & s'appelle, à caufe de cela , couteau
fourd -, &: l'autre dont le tranchant eft fort affilé.
Vove^ Corroyer.
BOUTON, f. m. Petite boule , ou attache ronde ,
qui fert à joindre les deux côtés d'un habit , ou de
quelqu'autre chofe qu'on veut attacher ou déta-
cher félon les belbins. Globulus, Les boutons d'un
pourpoint, des manches, des botines , qui fe fer-
ment à boutons. Les boutons des pentes d'un lit font
en forme d'olive. En vieux ftançois on l'appeloit
fermail. Du Cange. On s'en fert quelquefois pour
orner &: paflementer les habits. Des boutons de dia-
mans. Des boutons d'Orfèvrerie. Des boutons d'é-
tain , de laiton , de jai. Des boutons d'or , d'argent,
de fil de foie , de crin. Des boutons à queue. On
trouve dans la mauvaife latinité du XIP ou XIIP
fîécle , bottones pour la même chofe , & maniccc ali-
qualiter botonatœ ; mais je ne trouve nulle part l'o-
rigine de ce mot.
^fT Bouton , en terme d'efcrime , fignifie le bout du
fleuret, qui forme une efpèce de bouton couvert
de cuir , pour ne point faire de conttiîion quand on
s'exerce. Globulu:; ferreus rudis corio teclus.
En termes de Fauconnerie, on dit , qu'un oifeau
branche & prend le bouton ,pour dire , la cime des
arbres. ^ .^.
On appelle , en termes de Manège , le bouton, la.
5°
BOU
boucle du cuir qui coule le long des rênes , & qui
les reHerre. Diulilis hahndrnm noàus. Et on ap-
pelle , mettre un cheval (bus le Bouton , lorfque
le Cavalier en delcendant abbaille ce bouton fur
le cou , jufqu'à ce que la bride ramené la tcte du
cheval en bon état.
On dit iigurcment en ce fcns , ferrer le bouton à
<5uelqu'un l quand on le tient en bride , Si quand
on le prelle tbrtement de taire quelque choie.
^ouTON , lignifie aufll un bouquet de feuilles , ou une
fleur quiVeft pas encore épanouie. Ainli l'on dit
un bouton à feuilles , & un bouton à fleurs. Ces bou-
tons font comme autant de petits œufs , d'où fortcnt
les feuilles feules , ou les Heurs entremêlées le plus
fouvent de quelques feuilles. Les boutons des feuil-
les font plus pointus 6c plus minces que les boutons
à fleurs , qui font plus gros & plus arrondis. Parmi
les arbres à pcpin, chaque bouton a plufieurs flcurs,6c
parmi les arbres à noyau, chaque bouton n'en aqu'u-
ne. Il y a des Jardiniers qui appellent ces boutons,des
bourres, ou des bourfcs à fruit. Le bouton s'ap^^clle
autrement œil, ou bourfe. Oculus , gemma. Maître
bouton , c'eft celui qui fleurit le premier , Se qui efl:
au plus haut du dard.
Ç3° Dans le cours de l'été il fe forme peu-à-peu dans
l'aiflelle des feuilles ou dans l'angle que forment
les queues des feuilles avec les branches , de petits
corps ordinairement conoïdes : c'ell ce qu'on nom-
me les boutons. On les apperçoit en hiver iur les
jeunes branches , quelquefois fur les grofles , mais
rarement fur le tronc. Les boutons fe montrent alors
fous des formes diflïrentes , fuivant les différens ar-
bres qui les portent. Ils font attachés par un pédi-
cule fort court fur un bourfouflement de la branche,
aflez iemblable à une confole , & qui l'été^ précé-
dent fourniflbit une attache à la feuille , dans l'aif-
ielle de laquelle s'eft formé le bouton. Voye^ Fîuil-
lE. Non -feulement les boutons de chaque genre
d'arbres ont des formes particulières , mais fouvent
les boutons de chaque elpèce en affeéient une , qui,
bien obfervée , efl très-utile pour diftinguer ces
efpèces entr'elles -, & ces différentes formes de bou-
tons fuffifent ordinairement aux Jardiniers pour
connoître la plus grande partie des arbres dans les
pépinières , même dans le temps où ils font dé-
pourvus de fleurs & de fruits , & même dépouil-
lés de leurs feuilles. Nous n'entrerons point dang
tous ces détails. Mais il efl: important de remar-
cjuer avec M. Duhamel que fur un même arbre on
voit plu/îeurs fortes de boutons; des uns qui, font or-
dinairement pointus , il fort des branches -, &: des
autres , qui font communément plus gros & plus
arrondis , fortent les fleurs. Les premiers font nom-
més par les Jardiniers boutons z bois, & les autres
boutons à fruit.
§3" On peut encore dans plufieurs efpèces d'arbres ,
tels que font les poiriers , les pommiers , les néf-
liers , &c. diftinguer deux efpèces de boutons à bois,
on en voit de très-petits d'où il ne fort qu'un bou-
quet de feuilles -, mais ces boutons donnent ordi-
nairement dans la fuite des ^o///onj à ftuit. Les au-
tres qui font plus gros donnent des branches.
i^ Ce qu'on vient de dire lùr les boutons à ftuit re-
garde les arbres qui portent des fleurs complettes ,
c'eft-à-dire, dont chaque fleur renferme tous les or-
ganes de la fruétification , comme le poirier , le
pêcher, le cerilier , &c. Car enrre les arbres qui pro-
duifent des fleurs à étamines &; des fleurs à piftil ,
fur différens individus , ou fur im même individu ,
mais à des parties féparées , il faut diftinguer deux
efpèces de boutons à fleurs -, puilque dans nombre
d'efpèces les boutons d'où fortent les chatons , font
très - différens de ceux d'où fortent les fruits. Par
exemple il fort du gros bouton placé au bout des
branches du noyer , une nouvelle branche ; les
feuilles fortent des boutons plus petits , qui font
le long des branches , & les chatons fortent d'au-
%cres très-petits boutons , à peine perceptibles , qui
font placés à côté de ceux qui fouiniffent les feuits.
BOU
ffy Les louions à bois & les boutons à fleur fctit
formés par des écailles creufées en forme de cuil-
leron , lefquelles , en le recouvrant les unes fur les
autres , forment des enveloppes capables de proté-
■ ger , pendant la faifon de l'hiver , les parties in-
térieures qui Ibnt extrêmement tendres Se délicates.
Les écailles extérieures font ordinairement aflcz du-
res Se garnies de poils intérieurement & fur les bords.
Leur extérieur reflemble allez fouvent à l'écorce des
jeunes branches. Les écailles intérieures font plus
minces , plus tendres , plus fucculentes. Leur cou-
leur tire iur le vert , leurs poils font noirs Se blan-
châtres, 6e ces écailles herbacées font prefque tou-
jours enduites d'une humeur vifqueufe qui les unit
très-intimement les unes aux autres.
03" Quand on pénétre plus avant dans l'intérieur des
boutons , on découvre d'autres feuillets très-minces
de différentes ligures , Se qui quelquefois ne ibnt
que de fimples filers. Toutes ces parties rangées avec
beaucoup d'art enveloppent les radimens d'une
jeune branche ou d'une fleur. Voye^ ces mots.
IJCJ" Il i'aut remarquer ici avec M. Duhamel que les
écailles extéiieures , celles qui font intérieures , Se
même les feuillets s'implantent lùr les lames inté-
rieures de l'écorce , dont elles femblent n'être qu'un
prolongement , Se que les jeunes branches , ou les
fleurs , paroilîcnt partir d'entre les fibres.ligneuies Se:
les corticales , ou aboutir aux fibres ligneufes Se à
la moelle des petites branches qui les portent.
§3" Les radimens des branches Se des fleurs contenues
dans les boutons , continue le même Phyiicien, peu-
vent être apperçus dès l'automne , Se ces différentes
parties croillènt même pendant l'hiver. C'eft dans
cette faiibn , où le mouvement de la fève paroîr
fufpendu , que les différentes parties des fleurs le
forment , pour ainfi-dire, clandeftinement. Se qu'el-
les ie diipolént à paroïtre au printemps. Alors dès
que le mouvement de la fève devient plus feniible,
les boutons s'ouvrent , les écailles extérieures tom-
bent, les intérieures acquièrent de l'étendue \ on les
voit pendant quelque-tems accompagner les nou-
velles produélions qui font des progrès : mais peu-
à-peu ces écailles intérieures fe détachent comme
les écailles extérieures , ou bien elles fe deifechent.
Se enfin elles tombent.
|t3" Les plantes annuelles n'ont point de boutons.
Les plantes qui ne font vivaces que par leurs raci-
nes , ne portent point auffi de boutons ilir leurs
tiges , mais ieulement fur leurs racines ; il n'y a qus
les plantes dont les branches Se les riges font vi-
vaces qui en font pourvues fur ces parries.
^fr Dans quantité d'eipèces d'arbres, comme aux poi-
riers, \z% boutons c^\\ fourniffenr les fleurs , Se que
les Jardiniers appellent boutons à ftuit, ibnt iitués
à l'extrémité des petites branches particulières quî
ne s'étendent jamais beaucoup , qui font fort gar-
nies de feuilles , Se qui contiennent plus de tifîu
cellulaire que les branches abois.
^fT Aux pêchers Se à quantité d'arbres de la mêm©
famille , les boutons à fleurs font pofés fur les mê-
mes branches que ceux à bois , de ibrte qu'on voit
quelquefois un bouton à fleurs à côté d'un bouton
à bois ; fouvent deux boutons à fleurs Ibnt aux deux
côtés d'un bouton à bois : de forte que les boutons
à fleurs qui ne font point accompagnés de boutons
à bois , tombent ordinairement fans produire de
fruit.- Voye:^ Branche , Fruit.
Ménage déiive ce mot de pulfare , parce que les
boutons viennent aux arbres quand ils pouffent :
d'où vient qu'on appelle aufFi bouture, leurs bran-
ches coupées Se plantées en terre.
Les boutons des habits n'ont été ainiî appelés
que par reffemblance à ceux des arbres.
On appelle figurcmentSe poétiquement une bou^
che petite Se vermeille , un bouton de rôle.
Bouton , fe dit auffi d'une bube , ou tubercule rouge ,
qui vient au vifage , fouvent pour avoir fait excès
de vin. Papula. Son pourpoint n'a plus qu'un bou-
ion , & fçn nez en a plus de trente. Go,mb. Ariftot»
BOU
rapporte dans fa Rhétorique que l'on avoir dît
d'un homme qui avoir le vifage plein de boutons
& tout bourgeonné, vous enfliez dit, à voirfon
Vii'age , que c'étoit un panier plein de mûres.
Les ferins deviennent malades quelquefois d'une
efpèce de bouton , qui ie forme llir leur croupion.
Il tautj autant qu'on le peut , le leui laiflér percer
eux-mêmes. S'ils ne peuvenr le percer , il faut le
couper par la moitié avec une pointe de cifeaux bien
fins. Hervieux.
Onditauffi, Des boutons de petite vérole, de
farcin.
Bouton , en termes de Chirurgie , «ft un inflrument
de fer rond par le bout , & qu'on fait rougir pour
guérir certaines plaies , comme les fîftules lacry-
males , où l'on met un bouton de feu. Cauterium.
Les Maréchaux difent auffi qu'il faut mettre un hou-
ton de feu à chaque bouton de farcin pour le guérir.
Bouton de feu eft encore un nom qu'on donne au
cautère aéluel propre à brider les os , pour confu-
mer les exoftofes & les caries, Voye^ le Dici, de M.
Col de Villars.
IJCJ" Bouton eft encore le nom d'un inftrumentde Chi-
rurgie dont on ie lerr pour l'opération de la taille.
L'uVage de cet inftrumenr eft de pénétrer dans la
velfie , pour retourner les pierres qui ibnt mal cliar-
gées dans les tenettes , & pour favoir , après la for-
tie d'une pierre , s'il n'y eijt a point d'autres,
Bouton, en termes d'ArtilldRe, eft un long bâton
tourné fur lequel on attache une peau de mouton,
la peau tournée en dehors , qui ferc à nettoyer le
dedans du canon après qu'il a tiré.
On appelle Bouton de cuiller de canon , un bois
fur lequel une cuiller de cuivre eft clouée. On s'en
fert à retirer les gargoufles de l'ame du canon.
Bouton , en termes de Guerre, eft le petit corps rond
qu'on met au bout d'une arme à feu pour fervir de
mire , & tirer plus droit. Le bouton d'un canon ,
d'une arquebufe. Il y a encore le bouton de la cu-
laffe du canon , qui eft à fon extrémité. On appelle
aufTi bouton la tête de la lanterne , du refouloir , &
de l'écouvillon.
Bouton , en termes de Serrurier , eft ce morceau de
fer attaché au pcne d'une ferrure pour l'ouvrir fans
clef. On le dit auiTt des vcrroux , des targettes.
Les eflayeurs d'or appellenr aufTi boutons, les
petites parties d'or ou d'argent qu'on leur fournit
pour effayer à quel riire fonr ces métaux. Il pefe or-
dinairement dix-huit grains, & eft de la groJfeur
d'un bouton.
Pour faire l'eflai de l'or , ou de l'argenr , on fait
fondre &: chauffer dans une coupelle une certaine
quantité de plomb proportionnée à la quantité d'or,
ou d'argent , qu'on veut eflayer -, Si on fait chauf-
fer ce plomb juiqu'àce qu'il foit bien clair , ce qu'on
appelle bien découvert : on prend alors la matière
de l'eflai avec de petites pincettes , on la porte
dans la coupelle, on ferme les regiftres, &: on la
lai/fe bouillir jnfqu'à ce qu'elle ait paru de couleur
d'opale , & qu'elle ait été fixée en forme de bou-
ton au fonds de la coupelle. C'cft ce qu'on appelle
bouton d'eff'ai , ou fimplement bouton. Voye^ Boi-
ZARD , Trait, des Monn. Part. I. cÂ. 19.
Bouton , fe dit aufTi des poignées de fer ou de laiton ,
qui font au-devant des portes , & qui fervent à les
tirer & fermer.Il y en a de fimples, il y en a de cifelées.
Bouton, Tcrrne de Luthier. C'eft ainfî que les Lu-
thiers appellent auffi un morceau de bois tourné en
forme de gros bouton , où la queue du violon eft
attachée.
On appelle aufîi dans les Académies de jeu, des
boutons , les faux dés , les dés chargés.
Bouton. Terme d'Artificier. C'eft l'extrémité de la
tétine du culot arrondie en forma de zone fphéri-
que, du milieu de laquelle s'élcve la broche qui
forme l'amc de la fufée.
Bouton. Terme de Conchyliologie. C'eft la même
çhofe <^ue bofles Se que tubercules. On entend ce-
BOU
3%
l»«ldant \;<ir.hutQn. l'élévation ironde qui fe rr-u .
ve danîie centre d'une fpirale. Se qui s'ékvc pa^
deifu':. En latin Umbo,
BOUTON DE MER. Voye^ OuR,sm, coquillage,
Alaballrus marinus , coucha. " '
On dit proverbialement qu'une chofene rient qu'à
un bouton; pour dire , qu'elle rieht à peu de choie.
La foûtane dç ce Gentilhomme ne tient qu'à un
bouton; pc>ur dite, qu'il la quirteraaiicmcnt poui:
le battre. On dit d'une choie qu'on mépriiéjqu'^QiTi
n'en donneroit pas un "bouton. On dit auffi , d'un
jeune homme qui , à fon entrée dans le monde , a
commencé d'une manière à faire attendre beaucoup
de lui , qu'il s'eft mis le bouton bien haut.
BOUTONNE (la) rivière de France, dans le Poi^
tou , où elle a la fource à Chef-Boutonne. Elle eft
navigable à Saint Jean d'Artgéli , ⣠tombe dans la,
Cliarcnte au Port de Carillon.
BOUTONNEMENT. f m. Aciidn de pouffer des
boutons. Le boutonnemcnt des Plantes. Ce moç fe
trouve dans le Boudot au mot Gemmatio.
BOUTONNER, v. a. Paifer des boutons aitx lieux def-
nncs pour les recevoir , foit gances,fbit bouton-
nières. Glof'ulis aftringere , conjiringere. Boutonner
fon habit. Se boutonner.
Boutonner la bonnette. Terme de Marine. C'eft un
terme dont quelques-uns (e fervent pour dire lacet-
la bonnette maillée. Ils difent aufîi déboutonner,
ifF Boutonner, v. n. Terme de Jardinage & de Bo-
tanique. Pouffer des boutons. Gemmare. Gemm.tj'ce-
re. Nos arbres , nos rofîers commencent à boutonner.
Boutonné, ée. part. U adj. On appelle un pourpoint
boutonné , celui dont les boutons font pafTcs dans
les boutonnières -, & non pas celui-là qui eft garni
feulement de boutons. Globulis ajlriclus. Un vifa-
s,t boutonné, ce\a\ qui eft chargé de boutons, Fui-
tus papulis Tubens.-
Boutonné , en termes de Blâfon , fe dit des rofes , SC
autres fleurs , îorfque les feuilles font d'un émail , Se
le milieu ou le bouton d'un autre. Globatus. On le
dit auffi d'un rofier qui a des boutons épanouis.
On dit fîgurémenr d''un homme myftérieux &:
caché dans les difcours , que c'eft un homme tou-
jours boutonné. Boutonné jnCqu^zu nœud de Ja gorge,
AcAD, Fr,
BOUTONNERIE, f. £ Marcbandife de Boutonnier,.
Globulorum officina,
BOUTONNIER. i. m. Ouvrier qukfait des boutons,
Globulorum opifex. On le dit de même de celuj
qui les vend.
BOUTONNIÈRE, f £ Petite fente furjettée ou gar-
nie de gance ou de galon , dans laquelle on pafî'e
des boutons pour fermer les ouvertures d'un liabit ,
ou pour l'attacher. FiJJiira cui glohulus inferitiir,
fie? Boutonnière , fe dit en Chirurgie , pour une in-
cifion faite au pétinée , afin de procurer , par le
moyen d'une canule ,Ie cours des urines , des gra-
viers Se du pus , dans certaines rétentions d'urine ,
caufées par des fongus de la veffie.
BOUTOU. £ m. Efpèce d'arme dont fe fervent tes
Caraïbes. C'eft une forte de maff le d'environ trois
pieds Se demi de long, platte , cpailfe dans toute
fa longueur de deux pouces , excepté à la poignée ,
où fon épaiffeur eft un peu moindre. Le Boutou va
un peu en élargiflanr depuis fa poignée juf qu'au
bout. Il eft fait d'un bois très-duc , trcs-pefant , Si.
coupé à vives arêtes , en forte qu'il n'y a point de
coup de Boutou qui ne cafTe un bras ou une jambe ,
ou qui ne fende la tête en deux parties -, car ils fe
fervent de cette arme avec beaucoup d'adreffc Zi
de force. Ils gravent pluficurs compartimens fur
\ç\.\xs Boutous,Sc rcmpiiflcnt les hachures de piu-r'
fîeurs couleurs. Le P. Labat , Voyage :, T. Il,
BOUTS-RIMÉS , BOUT-SAIGNEUX. /^V^-^ BoUf,
BOUTRIOT. £ m. Efpèce de burin dont fe fervent
les cloutiers d'épingles , pOur faire la petite cavité
du poinçon. Encyc, • '
nrr ROUTTE. Foyei Boute.
BOUTURE. ££ 'Xtcme d'Agricutore.Une btanci;?
1 BO U
de blante ligneufe que l'on coupe des deux tj^tcs ,
C< que l'on plante par un bouc tout droit , ou'^n la
pliant dans une terre adez humide , afin de lui tai-
re pouiler des racines. Tal<:d , c'avo/a , cluvula.
fCT Plufieurs efpèces de plantes reprennent de èou^
tun. On ue lauroir trop multiplier les expérien-
ces lut les bottturcs. Cette façon de fe procurer
des plantes fans le ' fecours des graines renferme
trop d'avantages pour être négligée,
^CT II ne faut pas cortfondre la bouture avec la mar-
cotte. La toiaurc cfl: une branche féparée du tronc,
coupée par le bas en forme de coin , que l'on plan-
te pour prendre racine. La marcotte eft une bran-
che tenant à l'arbre qui lui donne la vie , cou-
chée en ter re,& qu'on févte quand elle a pris ra-
cine,
^fr Mariette ^jCfl parlant des Boutures , dit que la
branche queTon coupe par le bas enferme de coin ,
étant mile en terre , la moelle qui eft fort groJfe
dans les arbfes qui reprennent de bouture , s'im-
bibe comme une éponge de l'humidité de la terre ,
èc qu'elle la tranlhiet aux petites fibres qui ^ont
entre l'écorce 6: le bois i d'où enluite elle eft: pouf-
fée en partie vers le bas pour produire des raci-
nes , Se en partie vers les nœuds qui font expolcs
à l'air , pour enfler les boutons & produire les bran-
ches,
§CF M. Duhamel qui trouve cette explication bien
Vague , oblerve qu'il n'eft pas certain qu'il foit im-
portant à la reprife des boutures que les arbres
aient beaucoup de moelle. Le faule , dit-il , l'if, le
buis , l'oranger , &t. reprennent aifément de boutu-
re , Se cependant ces arbres ont peu de moelle.
On appelle improprement boutures-, certains re-
jetions enracinés qui naiifent au pied de quelques
arbres > comme autour des pruniers , pommiers ,
&c.
Bouture , chez les Orfèvres , eft une eau préparée
pour blanchir l'ouvrage , ou une lellïve faite avec
du fel de tartre pour blanchir l'argent. On l'ap-
pelle au(Ti boulure ; mais elle n'eft plus guère en ufa-
ge , à caufe qu'on le blanchit au feu.
Dans les Monnoies on appelle bouture , une dro-
gue compofée de lie de vin féche émiée , de fel ,
&c. qui fcrt.au blanchiment des efpèces,
BOUVAR, f, m. Nom que quelques Angevins don-
nent à une efpcce de poire,appelée par d'autres Ron-
derte d'Anjou i^par d'autres Amadonte ; par d'autres
la Merveilled'hyver , & communément Petit-oin,
La Quint, f^oyei Petit-oin.
BOUVART, f. m. C'eft le nom d'un Jeune bœuf. Il
y a des cantons où on l'appelle Bouveati, dans d'au-
tres on dit Bouvillon. Ce detnier eft le plus uffté,
Bouvart, Ancien terme de monnoie.On appelle Bou-
vart un gros marteau dont on frappe les médailles ,
& monnoies lorfqu'ellesne font point faites au mou-
le ni au moulin. On fe fervoit de ce marteau avant
rinvcntion du balancier.
BOUVEAU, roys{;BouviiLON,
BOUVEMENT. f. m. Outil de Menuifier qui fert à
pouficr une doucine , différent du bouvet en ce que
fon profil eft une cimaife.
BOUVERIE. f. f. Erable a mertre les bœufs. Boum
jiabulum. Les Marchands Bouchers onr des bouve-
ries où ils mertent des bœufs, en attendant qu'ils
les tuent. Les Marchands forains fe plaignirent
que les Bouchers de Paris mettoient les bœufs qu*ils
avoient achetés dans des étables , ou bouveries dé-
couvertes, fales 2c mat faines, & que cela caufoit
la mort précipitée de plufieurt banifs. De la Mare.
BOUVET, f. m. Efpèce de rabot dont fe fervent les
Menuifiers. Il y à des bouvets à rainures & à lan-
guettes , Se d'autres à fourchemenr. ^fT Le bouvet
qui fait les rainures fe nomme bouvet mâle , & celui
qui forme les languettes , bouvet femelle. Il y a d'au-
tres bouvets qui prennent dilfércns noms fuivant
leurs diffcrens ufages.
BOUVIER , 1ÈRE , f, m, ^ f. Q.ui conduit ou qui
BOU
garde les boeufs, Bubukus. On le dit figurément âsTj
gens grolfiers , mal appris , qui font fans civilité.
Bouvier, eft aulfi une conftellation célefte, BoO'
tes , ArBophylax. Voye^ Bootes.
%fr Bouvier , eft aufli le nom d'un petit oifeait-
qui aime beaucoup les mouchis. U a le corps al-
longé , ainfi que le bec , qui eft d'un brun roufsâtre.
Sa tête & fon dos font de couleur plombée , mêlée:
de couleur de cendre , & jaunâtre ■, fa gorge & tout
fon ventre font blanchâtres ; fa poitrine eft femée
de ràches noires, fes a'ilLS font d'un noir jaunâtre
diverfifié de blanc -, fa queue eft longue & noire j
par Ils côtés elle eft blanche. Ses Jambes & fcs
pieds font noirâtres. Ces oileaux fuivent les bœufs
& les vach.sà caufe des mouches qu'ils trôiiv.-nt
à leur fuite , & de-là on leur adonné de nom de
Bouviers. Mufcicapus boxrius diclus.
Il y en a encore une autre efpèce , nommée en
quelques endroits Borin. II eft un peu plus grand
que le Roitelet. Son bec eft grcle Si aigu , & très-
propre à attraper des mouches. Le haut de fa tête ,
ainfi que fon cdu & fon dos , font d'un cendré La-
vé. Le delTus de la tête , fon gofier , fa poirrine «Sc
fon venrre , font d'une couleur blanche tirant fui:
le jaune. Le haut de fes aîles eft d'un gros gris cen-
dré; le bas de même , mais plus blanchnre. Son
croupion eft blanc -, fa queue , qui eft compofée
de douze plumes ,j^ longue de trois doigts , S:t
de la même coubilM^ie fes aîles •■, fes jambes & feç
pieds font d'un rougi éclatant •, feS ongles font affczf
longs & très-menus.
Bouvier, f. m. Buhuldt. Petit poiflbn de rivièfô' ,
qu'on appelle autrement Peteujé. Il eft long de tro's
ou quatre doigts , plat, &z large de près d'an poacc.
Il eft couvert de grandes écailles de couleur argen-
tine 5 il fe tient toujours dans la boue , en forte
qu'il eft fort fale quand on le pêche. Sa gueule eit
petite & fans dents, &■ fa queue eft fourchue. Les
Médecins difcnt qu'il eft apéritif. Lemery.
Bouvillon, f. m. Diminutif d'un jeune bœuf. Ja-
vencus. Buculus.
&Cr BOUVINES. Foye^ Bovines,
bouvreuil, f. m. Rubicilla. Efpèce d'oîfeau de la •
groffeur d'une allouette , qui a le bec noir , & de l»
forme à-peu-près de celui d'un perroquet, la rêre ,
les aîles , &: la qucue noires , le dos gris d'ardoi-
fe, & le ventre d'un beau rouge. La femelle en eft:
différente en ce qu'elle a le ventre gris. Le chant de
cet oifeau eft agréable.
Ip- BOUXENG,' ville d'Afie , dans la province de
Koradân.
BOUXIÈRES, Nom de lieu. Il eft à ime lieue de
Nanci , & eft renommé par fes Chanoine/ïes, Les
Chanoinelfes de Bouxlères croient autrefois des Re-
ligieufes Bénédii5fines , fondées au commencement
dti XIP. fiècle par Gocelin , Evcque de Toul. Elles
fe font fécularifces fous le titre de Chanoinelfes.
Bouxieres fi2;nifie un lieU planté de buis.
§C?BOUZANNE (b) ouBowziNE. Rivière de FrartCQ
au Berry , qui a fa fource aux Confins de la Marche ,
près d'Aggurande , & fe perd dans la Creufe au-
dcfibus d'Ars;cnton.
BOUZE DE'VACHE. Foyei Bouse.
BOUZIN. f. m. Terme de Carrier & de Maçon. Foye:^
BOURSIN.
BOX.
^ ÈOXBERT. Petite ville avec un château , che^
lieu d'irn petit bailliage du Palatinat du Rhin , en
Eraneonie , quoiqu'elle appartienne à l'Eledeur Pa-
latin avec fon .rerriroire.
Ip- BOXMEER. Ville du Comté de Zupthen , fur
les frontières du Duché de Clèves.
Ip- BOXTEHUDE. Petite ville d'Allemagne , au'
Cercle de Bafl^-Saxe dans le Duché de Brème, fur
la rivière d'Eft. Buxtehude.
^ BOXTEL. Petite ville du Brabant Hollandois ,
à quatre lieues de Breda , à deux de Bois-le-Duc.
BOY.
k
BOY
BOY.
^QY. C,m.Nom d'homme, Baitde/ius. f^^oye:^ Bau-
DILLE.
BO.YAR. Senator. Bojarus. f, m. Terme de reLition.
C'elt ainii qu'on appelle les grands Seigneurs en
Molcovie , Magncttes , félon l'opinion de Becman :
. il dit que les hoyars ibnrce qu'on appelle ailleurs
grande nobleile : il ajoute que le Czar dans les Di-
plomes , nomiiie les Boyixrs avant les Vaivodes.
Quelques-uns écrivent Bojar , ou Bojâre.
BoYAR , ou BoYARE, eft auili le nom qu'on donne
aux Nobles de Tranlylvanie , qui font parens ou
alliés des anciens Vaivodes, Ce nom lignifie Scï-
gneiir,
^^3' BOYAP.D. f, m. Efpcce de civière à bras , dont
le fond eft un grillage, dans laquelle , dans la fon-
te du lard de baleine , on place le lardet > les cro-
tons , afin que le fuc des uns & l'huile des autres
puillent s'cgouter dans les bacs. Encyc.
BOYAU, f. m. Les conduits ou tuyaux par où palfe
tout ce qui ibrt de l'eftomac , auquel ils font con-
tinus, ïnteraneum , Intcliinum. Les boyaux du in-
teftins font des corps longs, ronds , creux , & con-
tinus depuis le pilote jufqu'au fondement. Ils Ibnt
iîtués fous l'épiploon dans le ventre inférieur ,
dont ils remplilîent prefque toute la capacité , qui
eft depuis le ventricule julqu'à l'os pubis. Ils font
attachés au dos par le moyen du méfentcre qui les
lie enfemble , de manière que les grêles font au mi-
lieu du ventre à la région nmbilicale , & les gros
à la circonférence. Dionis. Quoique les boyaux
ne faflenr qu'un feul conduit qui va depuis l'ef-
tomac jufqu'au fondement , néanmoins on les di-
vile en grêles , ou menus , Se en gros. Les grêles
font au nombre de trois ; le duodénum , le jéjunum
&c Vilcon. ^fT Le duodénum , ainii nommé parcc-
qu'il a environ douze travers de doigt de lon-
gueur. Le jéjunum , ainfi appelé , parcequ'on le
trouve preique toujours vide •■, & Vilcon qui tiie
fon nom des tours & retours dont il s'entoitille.
^CF Les inteftins gros font aufll au nombre de trois ,
le cœcicm , le colon , &c le rectum. Le premier n'a
qu'une ouvertute. Les douleurs que l'on fent dans
le fécond, fe nomment coliques. Enfin le troifième
qui nous repréfente une ligne dtoite , a environ un
pied de longueur & trois doigts de largeur.
Les Anatomiftes dilent qu'ils ont ordinairement
fept fois la longueur du corps dont on les a tirés.
Tauvri. Dionis. Cette étendue & les différentes
circonvolutions qu'ils font dans le petit efpace qu'ils
occupent ctoient néceflaires tant pour y rctcrrir ,
plus long-tems le chyle , 6C le faire fermenter par
le mélange delà bile & du fuc pancréatique, que
pour le féparer d'avec fes excrémens , & le rendre
par le moyen dé ces deux liqueurs , plus cou-
lant & plus iubtil. D'ailleurs fi l'homme n'avoir
qu'un boyau , il feroit oblige de manger lans cefîe ,
. comme font les loups cerviers & les cormorans ,
à caufe qu'ils ont les boyaux fort courts \ & com-
me il arriyoit en effet à un homme dont parle
M. Dionis , pag, T70. qui n'avoir qu'autant de
boyaux , qu'il en falloit pout alkr du ventricule
à l'anus. Les Médecins les appellent inteflins. Les
Tranfaciions- Phi lof, n, loj. p, ij^6. ou Tom. H, p, ,
m. patient d'unhomm.e dont les boyaux étoient
tout renverfcs. On dit qu'il y avoit dans la biblio-
thèque de Conft-antinople un Homère écrit fur un
boyau as dragon, long de fix vingts pieds.
Ménage dérive ce mot de botellum , diminutif
de ^«oio, ou V«a;o,. qui fignifie vide. Borel le dé-
rive de voye , d'où eft venu , dit-il , le nom de long
boyau, qui eft une voie longue & étroite. Il pré-
tend qu'on difoit autrefois voyeàu ; pour dire , les
boyaux des animaux , à caufe qu'ils fervent de voye
aux viandes &C excrémens. Du Cange témoigne
qu'on difoit autrefois boél & boucl , &: croit qu'il
. vient de botulus , qui fignjiie aujli bçudin,
Tomi //,
Ê O Z 2i
■Boyau - gràs; C'eft le troifième & le rieriiiet dés groi
toy.iux , qu'on appelle autrement le droit , ou le
■ rectum, Omajum, îl eft ainii nomme , parce que ù
partie extérieure eft environnée de beaucoup de
graifle.
En termes de Fauconnerie , on dit ^ appétit de
boire & faire boyau. Elargir le boyau de l'oifeau.
Pour élargir le boyau de l'oifeau , donnez-lui léger
pât trempe uire nuit en vinaigre , &: fur le pat met-
tez du lucre ou du miel écttmé i ou lui donnez >^e
, l'eau fucrée.
Franc- BoYÀu, en terines de Vénerie , C'eft le gros
boyau ^ oùpaiientles viandes du cerf que l'on met
avec les menus droits. Salnove.
Descente de boyau , eft" un boyau qui tombe dans
les bourfes , quand on a fait quelque effort , ou
par quelqu'autre caufe. Hcrnia , ramex.
Corde a boyau , fe dit des cotdes faites de boyaux
d'animaux ; coupés 6f tors ^ donton fait les cordes
de raquettes , &; de plufieuts inftrumens de Mufique ,'
tomme violons , violes , luths , thcotbes , guitarrcs,
Nervus. Les Anciens ie iervoient de cordes de lin
avant qu'on eût fongé à mettre en ufage les cordes
à boyau.
On dit, en termes de manège ^ qu'un cheval a
beaucoup de boyau , lorfqu'il a beaucoup de flanc ,
beaucoup de corps , qu'il a les côtes longues , &:
qu'elles ne font ni plattes ni ferrées. On dit aun'i
qu'im cheval eft étroit de boyau ,pour dire , qu'il
n'a point de corps,
SoYAu, eh termes de Guerre, eft un folfc couvert de
fon parapet qui fert de communication à deux
tranchées , qwand on fait deux attaques. Fofja,
:0CI° C'eft aufll, en parlant d'iïne tranchée faite pour al-
fiéger une place , chaque partie de la tranchée qui
va eh ligne droite. On fait un hoyaU de commu-
nication d'une tranchée à l'autre.
On dir proverbialement , je l'aime comme mes
petits boyaux.
On dit d'une choie longue &: étroite, c'eft le
chemin de Ville-Juif, long boyau : ou même ab-
folument , c'eft un boyau; et qui fe dit ordinaire-
ment des apparremcns trop étroits. On dit encore
d'une chofe dégoûtante , qu'elle feroit voïnir tri-
pes .& boyaux.
On dit , pour fe moquer de ceux qui fe plaignent
de quelque petite plaie ou coupure , fi tes boyaux
fbttent par-là , tu en mourras. On dit aïKn d'un
homme de bon appétit , qu'il a toujours dix aunes
de boyauxvià.ts poi>r feftoyer fes bons amis. Toutes
ces cxprefîîons font balles.
BOYAUDIER. f. m. Artiian qui fait & prépare les'
cordes à boyaux , tant pout les raquettes , que pout
^les infttumens à corde. Nervorum opifex. Le rôle
d.u Conleil de 1^91 , f e fert du mot Boyaudier ,.
5c non pas de Boyauiier ; &; c'eft le nom que ces
ouvriers ont par leurs ftatuts , & qu'ils fe donnent
eux-mêmes.
BOYCININÔA. f. m. Sorte de ferpcnt du Bréfil. Foye^
BoiCININGA.
BOYE. Terme de Marine, C'eft la même cliofe que
Boue ou Bafile, • ,
BOYER. Terme de Marine,eft une chaloupe flaman-
de , matée en fourche , qui a deux femelles pi-iii:
mieux aller à la bouline ilms dériver,
UCr BOYEZ. f. m. pi. Prêtres idolâtres des f aiivages de
la Floride. Chaque Prcrre a fbn idole particulière ,■
fc le Sauvage s'adreflc au Prêtre de l'idole à la-
quelle if a 'dévotion. L'idole eft invoquée par des
chants, & la fumée de tabac eft Ibn ofirandc. En-
cyc. ,
gcr BOYLE. Petite ville d'Irlande , dans la province
de Connaught , au Comté de Rofcommon.
BOYLE. f, m. Nom propre d'homme. Voye^ Bau*
DILLE.
B O Z.'
^fl feoZA. Efpèce de bûiffon qu'oîi fait e.n Turquie ^
54
B 11 A
avec de Toïge & du millet qu'on cuit enfemble ,
Se qu'on l.iiHe cnluite termentcr.
BOZEL, f. m.Teïmc d'Architedure. Membre tond .,
Si' qui a la figure d'un anneau. Tôt us. C'cd la mê-
me chofc que le Tore.
BOZINE. i". f. Vieux mot. Trompette.
IfT BOZYCHISTRAN. Ville de Grèce , dans la La-
vadie propre, Kcyc^ Plevron.
B R A.
BRABANÇON , ONE. ù m. & f. Qui eft du Brabant.
Braharnuis , Menapius , Anibivarltus. On trouve
ce nom dans quelques Auteurs , pour dire un hom-
me de Brabant ; mais aujourd'hui il ne fe dit plus
guère. On ule de périphrale , 6c Ton dit plus com-
munément les habitans , les peuples du Brabant ,
&c. On appelle Cimmnc Brabançonne ^nnc ^ztiiQ
contrée du Brabant Hollandois, dans la Mairie de
Bolduc,
On appeloir autrefois Brabançons des troupes
d'aventuriers , ou de bandits , qui faifoient le mé-
tier de la guerre, &: le donnoien: à qui les payoit
le mieux \ & on les appeloit ainiî , parce que la
plupart étoient de Brabant. On les nommoit au-
trement Routiers , à caufe qu'ils étoient toujouts
en route pour aller par-tout où ils étoient com-
mandés. Le P. Daniel dit qu'on les nommoit aufîî
Cotcreaux. Il y envoya les Capitaines & l'es Bra-
bançons qui les taillèrent en pièces. G. Du Moulin.
' Le Roi d'Angleterre , irrité du foulevement de la
Btetagne , envoya les Brabançons ravager les terres
de Raoul de Fougères ; mais les gens de Raoul
ayant taille en pièces ceux qui porroienr des vivres
aux Brabançons ,., le refte flit oblif^é de le retirer.
LoBiNEAU. Le Roi Philippe Augufte les renvoya
aufîîtôt ( les Bretons ) du côté de Pontoribn Se de
Mortain avec le Comte de Boulogne , Guillaume
de Barres, une grande quantité de Gendarmes Fran-
çois , & les Routiers ou Brabançons qui s'étoient
rendus à lui à Falaife , & qui avoient mieux aimé
prendre parti dans fes troupes , que de ne plus
faire la guerre. Id. Philippe Augufte crant Ibrti de
Mante pour aller à Gifors , accompagné feulemenr
de deux cens chevaux , trouva en chemin, fort
près de Gifors , le Roi d'Angleterre , fuivi de
plus de quinze cens hommes de troupes réglées ,
& , ourre cela , d'une très-grande multitude de ces
bandits appelles Brabançons, ou Cotereaux. P. Dan.
BRABANÇONE. Terme de Fieurifte. Tulipe qui eft
blanc de lait, pourpre, Sc qui a un peu de rouge.
Ct'lt. des Fl.
BRABANT.Province des Pays-Bas, bornée au nord par
la Hollande & par la Gueldre-, au couchant par la Zé-
landc &: la Flandre -, au midi par les Comtés de Hai-
naut & de Namur ; au levant par le pays de Liè-
ge , qu'on y comprenoit autrefois , de même que
le Duché de.Limbourg. Maty. Brabantia.
Quelques Auteurs dérivent ce nom de Brennus ,
nom propre du fils de je ne fai quel Roi de la
Bretagne , c'eft-à-dire> d'Angleterre. D'autres difent
qu'il vient de Bratufpantium , Ville ancienne des
Gaules dont pa'rle Céfar , L. II. Comm. (7. 1 5. îvlais
Branifpantium n'étoit point du pays que nous ap-
pelons aujourd'hui Brabant-, puifqu'il étoit entre
Beauvais & Amiens. D'autres le dérivent de Salvius
Brabon , parent de C. Céfar. D'autres de Gotofri-
dus Barbatus , Godefroy le Barbu , Comte de Lou-
vaio. D'autres enfin d'une contrée de ce pays , nom-
mée le Brachbant , ou le Burbant. Le Brabant a
titre de Duché , & a eu long-temps fes Ducs pat-
riculiers.
Le Brabant fe divife en quatre quartiets, {bavoir, de
Louvain , de Bruxelles , d'Anvers & de Bolduc. On
le diftingue plus ordinairement aujourd'hui en Bra-
bant Efpagnol , Brabant FîoUandois , Si Brabant
Walon. Le Brabant Efpagnol , Brabantia Hifpa-
nica , c'eft la partie méridionale du Duché de Bra-
lant , où font Louvain , autrefois capitale de tout
B R A
îe Duché , Bruxelles , qui l'eft maintenant , Anve!^
Sc Malines. Le Brabant Hollandois , Brabantia
Hollandica , ou Batavica , c'eft la partie fepten-'
trionale du Brabant , qui comprend la Mairie de
Bolduc , la Baronie de Bréda , & le Marquifat de
Bcrg-op-Zoom. Le Brabant Walon , c'eft-à-dire 5
Gaulois , eft une petite contiée du Brabant Efpa-»
gnol, entre les villes de Nivelle & de Gembours»
ainfi appelé , parce que le langage qu'on y parle
eft un vieux François. Maty.
On trouve Breibant dans les Diplômes de l'Em-
pereur Othon le Grand, rapportés par Mirœus ,
& par le P. Mabilloh , Aàa SS. Ben. T. V. p»
300. Il y a f.ir l'hiftoire du Brabant , Adriani Bar-
landi Chronica Ducum Brabantice ; Melckior Bar-
Ixi Brabantias ; Topogrdpkia Hijlorica Gallo-Bra-^
bantitz , par Jacq. Le Roi , imprimée à Amfter-
dani en kTcji. in-fol. Cajlella & Pretoria Nobilium
Brabantice in-fol. à la Haye en KJ99. Antonii San-
deri Chorographia Brabantia , à Bruxelles, yô/,
i(ï59. Antiquitates BelgioE Brabantix , çz.i Jean-*
Bapt. Gramaye à Louvain 1708. in-fol.
BRABANTES. f. m. pi. Prexillas-crudos. Sortes dô
toiles d'étoupes de lin , qui fe fabriquent aux en-"
virons de Gand , Bruges , Courtrai Se Ypres.
BRABE. f. m. dans Oribafe , eft une plante haute
d'une coudée , qui poulfe de chaque côté des ra-
meaux garnis de feuilles femblables à celles de la
paiîerage , mais plus fouples Se plus blanches. Ses
fleurs font blanches SC difpofées en parafol , com-
me celles du fureau. Dict. de James.
BRABEUTE. f. m. ce mot , purement grec fignifie
arbitre du prix,
^fT C'éroit parmi les Grecs le nom d'an Officiel?
qui préfidoir aux jeux publics & folennels , & qui
étoit le juge & l'arbitre des piix. fjCF Cette charge,
qui étoit une efpèce de ittagiftrature pour juger
ceux qui remporroient le prix à la courfe & au-
tres exercices , étoit fort confidcrable , non feu-
lement chez les Grecs , mais aufli parmi les Per-
fes. Dans la Grèce , au moins tant qu'elle fut li-
bre , on choifiifoit les Brabeutes entte les plus il-
luftres perfonnages de toutes les villes de la Grè-
ce. Quand ils exercoient leur charge , ils avoient
une couronne fur la tête , un habit de pourpre ,
Se une baguette à la main , pour marque de leur
pouvoir. Ils étoient afTis dans un endroit féparé
dela'foule, qui s'appeloit /;/tv//r«//z , ^xiSfuyi. C'é-
toit un afile inviolable, d'où ils prononçoient leurs
jugemens avec un pouvoir abfolu. Les prix que l'on,
diftribuoit s'appeloient Brabeïa , BpaSulic > & jgj
couronnes , Thomipledes , Se/twAETss , pour mar-
quer que c'étoit Themis elle-même qui les avoir
faites Se plices de fes propres mains. Le nombre
de ces juges , ou Brabeutes , n'étoit point fixe. Tan-
tôt il n'y en avoit qu'un , quelquefois neuf, fou-
vent fept. ^iiitStvç, qui diftribue les prix, Ployer
Athlètes et Athlothetes.
BRAC. Foyei Bracque.
^3' BRACCIANO , Braccianum , Bracennum , Bry-
gianum. Petite ville d'Italie , dans la ptovince du
patrimoine , avec titre de Duché , fur un lac de
même nom.
BRACELET, f. m. Ornement que les femmes por-
tent au bras. Armilla , brachiale. Bracelets de ru-
ban , de perles , de pierreries. Les Amans regar-
dent comme une faveur d'avoir des bracelets^ àçs
cheveux de leur Maîtrefle. Anciennement à Rome
les hommes porroienr des bracelets auffi-bien que
les femmes, Se en ornoient leuts bras. Dac, On
mettoit les bracelets fur divers endroits des ha-
bits , Se on les plaçoit le plus ordinairement de-
puis le haut du bras jufques fur les doigts. Capî-
tolindit que Maximin avoit le pouce fi gros , qu'if
fe fervoit du bracelet de fa femme comme d'utt
anneau , qu'il portoit au doigt. La matière desr
bracelets étoit différente , comme elle l'eft encore.
La plus ordinaire éroit l'or. Les hommes Se les
femmes en portoient indifféremment , mais les fille*
B H A
JL> R A
ii*en portoient jamais , qu'elles hé fûCfcni àccat-
dces. Elles fe feroient fait tort d'en porter aupa-
ravant, Thomas Bartholin a fait un Traité des 6ia-
ceUts des Anciens ; De armiliis Veterum,
Ménage dérive ce mot de bracileium , diriiinn-
tif de braciU , qu'il trouve écrit dès le temps de
JuiHnien. Braci/e , dans la vie de S. Germain qui
eft à la fin du VIP iiècle (îsrnifie Cinmliivi ; &
quoique BoUandus , Act. Sanct. Fctr. T. lll. p.
166, croie que bracile ait lignifié le lien dont on
attachoit les braies , & qu'il ibit formé de brac-
vœ , ou bien qu'il fût pris pour la courroie dont on
attachoit la cliauifure ; il peut cependant , auflî-
bicn que le diminutif, avoir été eniliite appliqué
à d'autres chofes. f^oy. encore fur ce mot Haftenus ,
Dif^uijit. Monafiic. L. V. TraEl. IV. dij'q. 4.
Du Cange dériVe ce mot de brachialia, qui étoit
un ornement que les hommes , aufîl-bien que les fem-
mes , portoient au bout de leurs manches ■■, ëc dit que
c'eft , ce qu'en termes de Blâfon , on a appelé dex-
troch'eres. Tour ces mots viennent de brachium , le
èras ; parce que c'eft un ornement du bras. Les
Grecs ont fait auffi Bpax'^""^ > pour dire la même
chofe de ^pâ^^u^i, le bras.
Bi<.ACELET. Terme à.'h.mzova\ç.Li<:^ament du poignet.Ar-
milla. C'eft ce ligament circulaire, qui embrafle ,'en
formant un cercle dans la région du carpe ^ toute la
multitude des tendons qui fervent à la main. Comme
il eft a'.fez facile de le diviier en pluiieurs autres, il y a
des Auteurs qui le diftribuent en deux , l'un qui envi-
ronne le dedans du carpe , qui eft fort large , & qui rap-
proche tous les tendons des mUicles tléchi/iéurs -, l'au-
tre qui eft placé iur la partie fupcrieure du catpe , 5c
qu'on divjlé en lix autres plus petits , attachés les uns
aux autres , & entortillés autour des iiiulcles exten-
feurs , fur lefquels ils font arrangés , comme autant
de bagues. Dict. de James.
Bracelet. C'eft auifi un inftrument de cuir rerribourré
d'étoffe , dont fe fervent les Doreurs fur métal , pour
fe couvrir le bras gauche au-delfus du poignet, pour
éviter de fe bleffer , lorfque pour polir leurs ouvra-
ges, ils s'appuient fortement flir l'ctau. Cet inftru-
ment fert encore à plufieurs autres ouvriers.
Bracelet , fe dit auffi d'un inftrument de fer maillé
& lïérifle de pointes , que des perfonnes mortifiées
fe mettent autouf du bras^
On dit que les paflemens font mis en bracelet quand
ils font difpofés en rond fur les manches. Les Pages de
la grande Ecurie du Roi ont leurs paflemens en brace-
let ictxyk de la petite Ecurie les ont en quille , ou en
large.
BllACHER, f m. Braconarius, Voyez Braconier.
Bracher, ouBrasseyer, v. n. en termes de Marine,
eft faire la manœuvre des cordages pour tendre ou
détendre les branles.
BRACHET. f. fn. Vieux mot , forte de chien de chalfe.
Indagator canis, Borel dit qu'on l'a appelé ainfi
à caufe qu'il a les pieds courts. C'eft apparem-
inent la même chofe que Braque.
On a dit auiîl autrefois brachet pour bracelet.
BRACHIAL , ALE. adj. m. & f. Terme d'Anato-
mie , qui fe dit en général des différentes parties
qui compofent le bras. Mais on. donne particuliè-
rement ce nom à l'artère placée le long de l'hu-
mérus , & aux deux mufcles de l'os du coude. Bra-
chialis. Il y a le brachial externe, & le brachial \n-
' terne. Le brachial interne eft ainii nommé , parce
qu'il occupe la partie interne du bras -, il eft ca-
ché fous le biceps , &: prend fon origine de la par-
tie antérieure & fupérieure de Vhumerus , & va s'in-
férer à la partie fupérieure 8c interne du cubitus,
pour fléchir l'avant-bras conjointement avec le biceps.
Le brachial externe , ainfi nommé , parce qu'il oc-
cupe la partie extérieure du bras , eft une mafle
de chair qui prend fon origine de la partie pof-
térieure de l'humérus , &c va s'inférer à l'olocrane
par une forte aponeurofe qui lui eft commune avec
deux autres. Dionis. Voy. auffi Tauvry, P. II, C ,
18, L'artère axillaire palTe immédiatement au-de-
?T
vant du tendon du grand peétoiali Là on en chan-
ge le nofn , & on lui donne celui d'artère brachiale.
Elle defcend le long de la partie interne du bras
fous le mufcle coracobrachial , 6c l'anconé inrer-
ne , le long du bord interne du biceps , derrière
la veine bafilique , donnant de petits rameaux de
côté & d'autre aux muicles voiiins j au périofte &
à l'os. WlNSLOW.
Les nerfs brachiaux en général font au nombre
de fix cordons à chaque côté. L'an Kîpy. M. Du-
vernei en caraclérifa cinq par ces noms , le muJ-
culo-cutané , ou cutané externe , le médian j le
cubital , le cutané interne &c le radial , prenant
pour une branche du radial celui que je regarde
comme un cordon principal , & <jue j'appelle a.vi/-
laire ou articulaire: Winslov/,
BRACHIO. On a ainli appelé le petit d'un Ours.
BRACHITE. f. m. & f. Brachiies. Nom de Sc^fe,
Les Brachiies étoiênt Sedtateurs de Manès, &uae
branche des Gnoftiques. Ils troublèrent toute l'E-
glife dans le troilième fiècle.
BRACHMANES. f. m. Ce font les Pliilofophes oii*
Sages des Indiens. Ils fc font rendus célèbres dans
l'anriquite par leur genre de vie tout-à-fait auftère. Il
y en a encore aujourd'hui dans les Indes qui portent
le même nom, & qui vivent de la même manière qud
ces anciens. Les Portugais les nomment Brames , qui
eft le nom ancien des Prêtres Indiens. D'autres l:s ap-
pellent Bramines ; c'eft ainfi que l'écrit toujours l'Au-
teur de VÂmbaJf. de Holl.au Japon. Plufieurs croient
qu'ils ont pris ce nom du Patriarche Abraham > qu'ils
appclloient en leur langage Braclvna , ou plutôt ils
l'ont pris de leur Dieu Biahma , que c;[uelques-uns
croient être Abtaham. C'eft pourquoi Poftel leur
donne le nom A'Abrachmanes.
Le P. Thomaifin , qui rappelle l'origine de tous le?
mors à la langue hébraïque , croir que le nom Brach-
mancs vient de l'hébreu barach , fugit , aufugit y
fuir , s'enfuir , pai.ce que les Brachrnanei fe re-
tirent à la campagne , &: vivent dans les déferts.
On peut auffi , fuivant le même Auteur , dériver
le nom des Brachmanes d'un autre mot hébreu ;
c'eft barac , bcnedicere , orare , prier , bénir ; par-
ce que c'étoit là l'occupation des Brachmanes ■> qu'ils
avoient apprife de Noé, de qui ils delcendoient.
Les Brachmanes vivent d'herbes , de légumesSc de
fruits, s'abftenantde toutes Ibrtes d'animaux -, ils n'eu
peuvent même toucher aucun fansfe rendre immon-
des , & ils regardent cela comme une grande impiété;
Ils paffent la plus grande partie du Jour & de la
nuit à chanter des Hymnes en l'honneur de la Di-
vinité , ils prient & jeûnent continuellement. La
plupart d'entr'eux vivent feuls 6c daris la folitude ,
n'étant point mariés , èc ne poifédant aucuns biens.'
Il n'y a rien qu'ils fouhaitent tant que la mort ,
& ils confidèrent cette vie comme une chofe' onc-
rcufe , attendant avec impatience que leur ame fe
Icpàre de leur corps. C'eft la deicriptiori que Por-
phyre fait des anciens Brachmanes dans fon livre
De abfiinentia animalium. Les Brachmanes ricnnent
les opinions de Pythagore , dit le P. Kirker , 6c
mènent la vie qu'il menoit , comme il paroît paC
Maffée & par les autres hiftoires des Indes ', ou plu-
tôt Pythagore avoir pris des Brachmanes fes opi-
nions 6c fa manière de vivre. Les Grecs leur don-
nèrent le nom de Gymnofophijtes. Les Indiens di"
lent que les Brachmanes tirent leur origine du fa-
meux Philofophe Xaca. Foyei leurs mœurs', leiurs
feétes , leurs opinions, &c. dans le P. Kirker ,
China ill. P. III, c. 4, ^ , 6, -, on font les fi-
gures de leurs lettres. Voyc:( au(fi le même AuteUr ,
(Edf. ^çr- T. III, p. li , & fuiv.
Les Brachmanes font parmi les Indiens des afens
confidérables 6c pour leur naiffance èc pour leur
emploi. Selon les anciennes fables des Indes , leur
oritrine eft célefte , &: c'eft un fcntnnent commun
qu'ils ont encore dans les veines le fang des Dieux
dont on les croit defcendus. Bouh. Fie de Xav.,
L, II , le Dieu Brama , difent - ils ,, pour avôiï
EiJ
3*^
B R A
des cnfans, fc rendit vifible, & engendra les Erdch
mânes , dont la race s'cll miikiplicc à rin£ni. Id. On
dit àuHî Bramui Hz Brannne &: Brame , en parlant
de ceux d'au;ourd']nn , f^oy. ces mots ; mais en par-
lant des anciens , il laut toujours dire Braclimanes.
BRACHYCATALEPTIQUE, adj. m. & f. Terme de
Poëiie grecque &: latine. Ce mot iisnifie propre-
ment qui eft court, &C qui manque de quelque par-
tie. Il ne ie dit que des vers, BrachycatdUpticus ,
a , um. Un vers ïambe brachy cataleptique eft un
vers ïambe qui manque d'un pied. Les Latins ap-
pellent ce vers mutilus ; &c la Croix , dans fon art
de Pocfie latine , rapporte pour exemple ce vers
de trois pieds au lieu de quatre :
Alnfii Jovis gnatcc.
' Ce mot eft grec , compoic de ^fv-rJi > f'ref, &
ILxTO.Mn'iiyiCi; , dejicUIZS , de la propoiltion r.a.-.a,, HC
Pifisi-w , lir.quo.
|a= BRACKYGRAPHÎE. i". f, mot formé du grec
- Bfci.^t/ç, i revis, &: yfxÇK, fcril'O. L'art d'écrire
en abrégé. Ces abréviations éroient appelées «oris ,
6c ceux qui failbient profcilion d'écrire ainli, no-
tarii , Scribes.
BRACHYPNÉE. f. f. Brachypima. Terme de méde-
cine. C'eft une reipiration courte & lente, fyinp-
tôme ordinaire de la léthargie , félon Galien , /. 3 ,
de differ. refpir. c. 8, Cependant Hippocrate , /.
// , Epid. s. 3 , &c. entend par Bracltypnee une
reipiration courte lans lenteur , telle qu'on la re-
marque dans les fièvres & les inflammations. Ce
mot eft grec , B^a^-t-'f»""' , compofé de ^f^/C"^, bref,
court. Se de ?rvci , haUine , refpir ation. Col de
VULARS.
BRACHYSCIEN, ENNE. adj. Qui eft d'un climat
où l'ombre des corps eft courte , a peu d'étendue,
Brachycjius , a , um. Les brachyfciens font les ha-
bitans de la Zone torride , des p,iys com.pris entre
les deux tropiques ; ^ on les nomme ainli , parce
que l'ombre des corps eft très -courte dans leur
pays. Ils reçoivent les rayons du Soleil plus ver-
ticalement que les autres peuples.
Ce mot eft srec, 8c vientde ' xix,trcf Sc/S^a^"?, ombre.
%fT BRACKEL. Foyei Brakel,
^fj- BPvAKENHEÎM , petite ville , à deux lieues de
Haillebron , fut la rivière de Zaber. Elle appartient
au Duc de Wirtemberg.
|C? BRACKLAU , ou Braclaw. Braclavia , ville
de Pologne , dans la Podolie , far la rivière du
Bog, capitale du Palatinat auquel elle donne fon
nom. Cette petite province eft entre le Palatinat
de Kiovie , la Valachie , & le haut de la Podolie.
|C? BRACLEY. Ville d'Angleterre , en Northamp-
tonshire , Brackletum.
gcr BRACON, f m. Vieux mot , qui fe dit encore au-
jourd'hui en hydrolique -, bracon d'une porte d'éclufe,
confole , potence , appui qui foutient cette porte,
Telamo.
BRACONNER, v. n. Chaffer furtivement fur les terres
d'autrui. Les Ordonnances défendent de braconner.
BRACONNIEPv. f. m. Borel croit que ce mot figni-
fioit un coupeur de bois , à caufc de ce que dit Froif-
fard , que chacun devoir troulfer derrière foi un
braconnier. Lignator.
Braconier , eftaudi , félon d'autres , la même chofe
que Bracher , c'eft-à-dire , un homme qui a foin
des chiens de chaflé , appelés en trançois &: en
allemand £r(Z<r^ , Sx en latin braccones. Le mot
Braconarîus fe trouve en ce iens dans une Charte ,
d'Henri II , Roi d'Angleterre rapportée dans le
Munaflicum Anglicari. T. U , p. 285.
^3" Aujourd'hui on appelle Braconnier , celui qui
chaife furrivement , fans droit & fans permifllon
fur les terres d'autrui , de quelque manière qu'il
prenne le gibier.
^fT Quelquefois même on donne ce nom à ceux
qiii ayant une perfonne de chaife , ruent fans au-
cun ménagement le plus de gibier qu'ils peuvent ,
5c dépeuplent une terre.
E R A
•§cr BRACQUE, Foyei Brague.
^fF BRACTEA, Terme de Botanique par lequel on
déligne une feuille fingulièrc qui accompagne cer-
taines fleurs , & qu'on nomme feuille Jïora/e , comme
au Tilleul. '" _'_
BRADYPEPSIE , ou Bradupepsie. f f. Bradypep-
jia. Terme de Médecine. C'eft une digeftion len-
te , foible , imparfaite , & par conféquent un fymp-
tôme de l'adtion diminuée du ventricule qui ne
cuit les alimens que fort lentement. Ce mot eft
compofé de ^f»l:i<; , lent, tardif, &c de s-i-^-jç , cociion.
Col de Villars.
BRAGANCE. Ville de Portugal dans la province de
Tralofmontes , fur la rivière de Sabor aux confins
de la Galice &; du Royaume de Léon, Bragantia ,
Bragantiumà 14°. 50' de longitude, &à4io. 32',
de latitude , dit M, Corneille, Ferrarius , qui avec
d'autres Auteurs l'appelle Cœliobriga , ne la met
qu'cà 150, 5', de long. &; à 42°. de latitude. Bra-
gance eft divifée en ancienne & nouvelle ville.
L'ancienne , qui eft fur une hauteur , fut bâtie paf
Bigo, Roi d'Efpagne , l'an du monde 201 5, d'où
l'on piétend apparemment que lui vient fon nom.
La nouvelle ville , ou la cité, eft au pied de la
montagne, Bragance , que les Portugais nomment
Bragam^a , a titre de Duché, Les Ducs de Bragance
tirent leur origine des Rois de Portugal, par Alphonfe
dePortugal premier du nom,Duc deBragance, Comte
de Barcellos &c de Guimaraens , fils naturel de Jean
I , Roi de Portugal , &: d'Agnès Pérez, Jean II ,
Duc de Bragance fut mis fur le thrône de Portu-
gal en 1^40, & c'eft fon petit-fils qui règne au-
jourd'hui en Portugal, Voye^ la Révolution de Por-
tugal & VHifi. de Portugal , par M, le Quien de
la Neuville, T. I , p. 29,
BRAGARD. f m. Vieux mot , & hors d'ufage , qui
fignifioit autrefois brave, ajufié , mignon. Comptas ,
concinnus , elegans. Ch, est. Dict,
BRAGUE. Ville Archiépifcopale de Portugal , capi-
tale de la province d'entre Douro & Minho , &
fituée fur la rivière de Cavado , Bragua , Brac-
cara , ou Bracara Augujla , Augujia Braccarum,
Brague eft une des plus anciennes villes d'Efpa-
gne. L'irinéraire d'Antonin la nomme Bragara. L'Ar-
chcvcque de Brague , qui eft Seigneur fpirituel &
temporel de la ville , prétend être Primat d'Efpa-
gne, parce qu'Alphonfe I , ayant délivré Brague de
la puilfance des Maures en 1240, rous les Evêques
d'Efpagne fe fournirent à l'Archevêque de cette vil-
le, L'Archevêque de Tolède lui difpute cette digni-
té, Voye^ M, de la Neuville , Hijl. de PortugaC, T.
I.p. 24, 2j , 2(î. Rodrigue d'Acunha , Archevêque
de Brague , a donné une hiftoire eccléfiaftique clés
Archevêques de cette ville. Elle eft en Portugais en
2 vol. in- fol. à Brague KJ34,
Brague, f. f Terme de Marine. C'eft le cordage qui
arrête le recul du canon. On l'appelle auflî brac-
que,on drague. Ce cordage palfé fur les affûts , eft
amarré à deux boucles de fer, placées de chaque côté
des fabords,
Brague , eft aufli un terme de Luthier, C'eft un
morceau de bois autour du corps du luth pour ca-
cher les écliffes,
BRAGUER, Terme burlefque , pour dire, mener une
vie joyeufe ", faire le fanfaron, Glo[f. fur Alarot.
BRAGÛES. f f. pi. Divertiflément en amour , ou tout
ce qui peut fervirà la vie joyeufe Gloff. furMarot!
Bragues,Brages , Braie , en latin Braccct , femora-
lia. Vieux mots de notre langue , venus du celti-
que : ils fignifient haut de chaulfes , culottes. Ces
mots font encore en ufage en quelques provinces.
Le Limoufin qui retient beaucoup de mots du lan-
gage celtique , dit Bragas. Les Braques font des cu-
lottes fort amples à la façon de celles des Suilfes
de la Garde-, on les arrête fur le genou, où elles
bouflPent extrêmement. Tout le monde fait que la.
partie des Gaules où ces hauts-de-chau/Tes étoient
en ufage , s'appeloit G allia braccata. De brades, ow
plutôt bragues ^ eft venu Grégues,
B II A
B'^AGUETTE. ^oyf^ Braie , ouBr'Ayette. ■:
{fT'à9.AHLLOW. Bra/a/ovia^Brakovui.Pszhe ville de
Pologne , en Vakquie , aux coa^ns de la Moldavie.
BRAHIN, ad'. Vieux mot. Stérile. Il eft dans le ro-
man de la Rôle.
i]Cr BRAHMA. y'oyei Brama.
BRAI, ou BRAY. roye^ BUay.
Ip- BRAID-ALBAIN. AlLninia. Province d'Ecofe,
dans la partie leptentrionale,au Sud-eft deLochaber.
BPvAIE. Ç. f. Linge qui couvre depuis la ceintare juf-
qu'aux genoux , comme caleçons , haur-dc-chaufle.
FcmoraHa. C'efl: ce qu'on appelle autrcmeni hra-
giies , /vr.'^gs , ou trais , mots Celtiques qui avoient
donné le nom à la Gaule Narbonnoile de G allia
braccata; c'étoit une efpèce de haut-de-chauire , ou,
ieion d'autres , une el'pèce de faye court. Du Cange
croit que c'ctoit la partie de l'habit qui couvroit"
les cuiiies , comme font nos hauts- de-chaulies , que
le mot venoit du latin bracce. , ou bracccz , parce
qu'elles étoient courtes.
Le peuple de la campagne ,qui en a retenu l'u-
fage , en a aulll gardé le nom i.& les Suiilès , qui
font ceux des Gaulois qui ont été le moins lujets
aux invaiions des peuples étrangers, & par confé-
quent aux changemens qui ont défolé li fouvent le
reflc de la Gaule , n'ont pas encore quitté cette
coutume , dit Chorier ,pag. 8<î. Saumaife , après Isi-
dore, L. XIX. C. 22, , veut qu'il vienne du grec
/Spa/iJ;. D'autres croient qu'il vient de l'hébreu be-
jec , qui Cigniiic genou , à caufe que cet habit va jus-
qu'aux genoux. Mais Henri Etienne , dans Ton livre
J}e Latinita.te falso fufpeciâ , ch. 2>,p.]6o , ne dou-
te nullement que le mot de Braies ne vienne des
Gaulois -, & il s'appuie fur l'autorité de Diodore de
Sicile qui le leur attribue. Selon le P. Pezron , le
mot celtique eft brag, Henry Etienne ajoute que
ces anciens Gaulois ne prononçoient pas braie ,
comme nous prononçons aujourd'hui -, mais qu'ils
pro'nonçoient ce mot d'une manière plus rude, &
qui approchoit davantage du latin bracca , & du
irrec jipccxx^i , qui eft dans Diodore. Cela s'accor-
cie avec la vieille prononciation bragues, Covarru-
vias , dans fon tréfor de la langue Caftillane , a re-
marquc,parlant de Brague , ville capitale du Royau-
me de Poitugal, qu'elle tire ion nom des Gaulois
celtiques appelles braccati. Enfin , tons les peuples
qui defcendenr des Celtes , qui ont eu la même
langue, retiennent encore ce mof, les François, /îr^-
gue , & broyé ; les AUemans , félon les différens
dialeétes , bruch , broock , bruuk , broek. On a dit en
en latin bracca , bracchœ , & brucchœ. Les Hiber-
Eois difcnt broges au pluriel, ou /'ro^o^sj. Les An-
plois britches. Foye^^ Cluvier, Germ. Ant. L. I p.
70 & 140. Cambden dit , /^. 14 que les Anglois ap-
pellent encore à préfent brati des habits mauvais
&: déchirés, fales-, ce qui revient, félon lui, à ce que
Diodore de Sicile dit, que les brayers des Gaulois
croient des habits à long poil & de différentes
couleurs. Cambden prouve encore , />. , 11 que c'é-
toitaufTi un vêtement des anciens Bretons. Quoique
Vufage des braies fut dans Rome dès le temps d'Au-
gufte, Tacite l'appelle un vêtement barbare. Barba-
1 um tcgmen, parce qu'il venoit des Gctes , des Sarma-
tes,desAllemans6c des Gaulois. Les Perfes, qui tirent
leur origine des anciens Scythes, fe fervoient auffi de
traies , Perjîcam braccam , dit Ovide. f^T On dit
figurément & populairement d'un homme qui s'cft
tiré heureufement d'une mauvaife affaire , qu'il en
eft forri les braies nettes.
Braie , fe dit aufTi des linges dont on enveloppe le
derrière des petits enfans qui ne font pas nets ,
pour les changer plus aifément. La nourrice eft al-
lé laver les braies de fon enfant.
On dit en Architefture , une fauffe braie , ou
baffe enceinte , expliquée ailleurs à Fausse-braie.
BrAie , en termes de Marine , fe dit des morceaux de
cuir , ou de toile cirée , dont on entoure le pied du
m3t,ou l'ouverture par oùpafle labarre du gouver-
nail, afin d'empêcher que la pluje, ou les vagues n'en-
B R A 37
trent dedans, ou ne tombent à fond de cale.
Braie , en termes de Ciiarpcnterie , font des pièces de
bais qu'on met llir le paillier d'un moulin à vent,
pour foulager les meules. Tigillum. Cette pièce
de bois a environ iix pieds de long , & lix pouces
de groiTeur. Caron.
Braie , fe dit auUi , en termes d'Imprimerie , pour fl-
gnifier un morceau de parchemin qu'on colle au
grand timpan , quand il eft ulc. (ç:T On appelle auffi
braie une feuille de papier gris ou une maculatute
coupée en frifquette , qui Icrt à faire des épreuves.
|tr Braie , chez les Ciricrs ^cft un inftrument avec
lequel on écache la cire.
Braies , terme de fortification. Les braies paroiffent
avoir été une fortification comme les Bailles & la
Barbacane. Quelques Auteurs les appellent en latin
Brachiale. Le P. Daniel. Les braies étoient une
cipece d'avant-mur élevé devant la porte de la vil-
le , ou peut-être une faillie de la tour Idem.
Braies de cocu , plus communément primevère,
Voye^ ce mot.
BRAir-MEKT. f. m. Qui fe dit du cri des ânes , com-
me le henniffement de celui des chevaux. On dit
aufîi le braire. Rudentis afinij'onus^ruditus. Ces deux
mots ne font pas reçus-, ou du moins on ne les trouve
poinrdans nos Dictionnaires. Il faut pourtant choi-
fir entre braiement ouïe braire de l'âne , pour ex-
primer fon cri,
BRAILLARD , rovf{ Brailleur.
■fT BRAILLE, f. f. Voyei Brailler, terme de pê-
che.
BRAILLER, v. n. Parler beaucoup &: fort haut ,
fans dire rien 4e bon , ni de folide. Clamare , vo-
ciferari , obtundere.
Brailler , en termes de pêche, fe dit du hareng ,
lorfqu'on le faupoudre de fel , & qu'on le rernue
avec des pelles , qu'on appelle brailles , afin qu'il
prenne mieux la filure.
BRAILLEUR , EUSE. On dit aulfi, BRAILLARD,
APvDE. adj. Qui parle beaucoup , fort haut , &: mal-
à propos. Clamator , clamojiis ratula. Il ne fe faut
point brouiller avec ces grands brailleurs. Mol.
On dit qu'il n'y a point de terme en françois qui
explique riz/^/v/ij , qui veut dire en général un mé-
chant Avocat. Pour moi je l'exprimerois par celui
de brailleur, qui eft aifez le caraiflère des méchans
Avocats. ViGN. Mar.
^fT Brailleur , fe dit auffi , en tetmcs de manège ,
d'un cheval qui hennit très-fouvent.
|p= BRAINE. Petite ville de l'Ille de France , dans le
Soilfonnois , à trois lieues de F i fin es , avec une ab-
baye confidcrable de l'ordre de Prcmontré. Brana,
^ BRAINE L'ALLEU ou L'ALLEUD. Brennia
AllodienJis.VztMz ville libre , avec une petite ju-
rifdiâiion dans les Pays-Bas Auttichiens , entre Bru-
xelles , Mons & Nivelle.
^fT Braine-le-Comte. Brennia comitis , ou Broninm,
Petite ville des Pays-Bas Autrichiens, dans le Hai-
naut, entre Bruxelles & Mons.
BRAIRE, V. n. Terme dont on fefert pour exprimer
le cri des ânes. Rudere. Un âne chargé d'or ne
laifîe pas de braire. Coste. Ce verbe ne s'emploie
ordinairement qu'à l'infinitif, à la troifième perfon-
ne du préfenr de l'indicatif, il brait , ils braient , à
la troifième perfonne du futur , & à la troifième du
fubjondlif , il brairait.
Ménage dérive ce mot du latin barrire , ou plu-
tôt de rudere qui fe dit des ânes proprement. Bo-
rel le dérive de bram , qui fignifie grand cri en lan-
gue gothique.
Braire , fe dit figurément & populairement des cris
importuns & exceiTifs des hommes & furtout de ceux
qui ont la voix fort rude & défagréable. Fociferari.
Il y a lon-gtems que cet homme ne fait que braire.
Ce méchant Avocat ne fait que braire , & ne dit
rien qui lervc à fa caufe.
BRAISE, f f. Bois ou charbon allume , & dont
l'humidité eft confumée, cnfotte qu'il ne rende
point de fumée i charbon ardent, Pruna. Des
JS
BR A
B R A
marrons cuits à la traife , ou fous la hrciife. On dit
par hyperbole en tarant le pouls de celui qui a une
grolle htvre , que tout fon corps cil: tout traifi. Un
amoureux le plaint populairement qu'il a le cœur
tout en braife. M. Boile a fait la comparaifon de
la tTuife , ou cliarbon allumé , & du bois luifant , où
il montre leur rcflcmblance & leur dificrence. Elle
ic trouve dans les Tranja&, Philof. n. ■^i, p. do^ &z
T. III, p. 6^6.
Ce mot vient du crée /3^«^* , fu//io , effcrveo.
On dit proverbialement , qu'on eft tombé de la
poêle dans la hraij\: ; pour dire , qu'on eft tombé
d'un grand maî dans un pire. En parlant d'un hom-
me qui s'eft*vengé promptement d'un tort qu'on lui
a fait, ou qui a tait une repartie prompte & vive à
quelque chofe de piquant , en dit , qu'il l'a rendu
chaud comme l-raife. Onditaulli , quand quelqu'un
vient annoncer lans aucune préparation une mau-
vaife nouvelle , qu'il l'a donné chaud comme iTuife.
On dit encore , d'un homme qui dans un difcours
ou dans un écrit , paile légèrement fur quelque ar-
ticle, qu'il ne veut pas trop approfondir ,11 a paiîe
là-dcifus comme chat liir braife.
Braise , fe dit aulfi des charbons que les Boulangers
tirent de leur four, 6c qu'ils éteignent pour les ven-
dre. Acheter de la braije chez un Boulanger.
BRAISIER. Terme de Boulanger. Vo\ci Brasier.
^fT BR.AKEL , Brachdia. Petite ville d'Allemagne ,
fur la Nette, ou fur un ruiiîeau qui s'y jette, en
Weftphalie , Evcche de Paderborn.
BRAMA , ou plutôt Brahma , ou Bruma f. m.
Nom d'un Dieu du Tonquin , adoré par les fed:a-
teurs de Confucius. Quelques-uns croient que c'ei^
Pythagore qu'ils onr divinifé , fondés fur lamétem-
plychofe , 6c les autres fentiinens de ce Philofopne
que les adorateurs de Brami tiennent aulli. D'au-
tres , à caufe de la reffemblance du nom , s'imagi-
nent que c'eft Abraham. Ils feignent que Brama
s'eft fait homme , il qu'il eft médiateur entre Dieu
& les hommes , dir M. Huet , Dem. Ev. Prop. IF c.
6, d'où ce Prélat infère que les Indiens ont tiré cela
du Cliriftianifme, &: de ce que S. Thomas, S. Bar-
thclemi , Pant.tnus , 6c d'autres , leur en avoient ap-
pris. M. Huet écrit toujours Bramma. Mais on écrit
communément Brama , ou Brahma.
M. d'Hcrbelot dit que, félon la doclrine des In-
diens , Brahma eft le premier des trois êtres que
Dieu a crées , 6c par le moyen duquel il a fait en-
fuite le m.onde. Ce Brakma donna aux Indiens qua-
tre livres , qu'ils appellent Bethou , ou Bed , dans
ielquels toutes les fçiences 6c toutes les cérémonies
de la religion des Brachmanes fonr comprifes. C'eft
pourquoi on le reprclénte ordinairement avec qua-
tre têtes. Selon les Indiens , Parabaravaftou , c'eft-
à-dire , le Dieu fuprême , a créé trois Dieux infé-
rieurs i favoir , Briima , Vichnou 6c Routren. Il a
donné au premier la pullfance de créer ; au Iccond
le pouvoir de conierver , 6c au troifîème' le droit de
détruire. Ces trois Dieux ("ont les enfans d'une mê-
me femme , qu'ils appellent Parachatti , c'eft-à-dire ,
la puifTance fuprcme. Les premiers Indiens ne vou-
loient dire aurre chofe, finon que tout ce qui fe tait
dans le monde, foit par la création qu'ils attribuent
à Brama, foit par la confervation, qui eit le parta-
ge de Vichnou \ foit enfin par les diifcrens change-
mens , qui font l'ouvrage de Routren , vient unique-
ment delà puilîance abfolue du Parabaravaftou , ou
du Dieu fuprcme. Let. e'd. T. IX, p. T&fuiv. T.
X , p. 1 8 &fuiv. Elles ajoutent que , iuivant la doc-
trine des Indiens ,'Bruma tient le premier rang par-
mi les divinités fubalternes ; que c'eft lui qui a créé
toutes choies , 6c qui les confeive par un pouvoir
fpécial que la divinité lui a communiqué ', qu'il a
l'intendance générale fur toutes les Divinités infé-
rieures -, mais que Ion gouvernement doit finir ; qu'il
a un premier Miniftre , nommé Divendiren , qui
commande immédiatement aux Dieux inférieurs.
Le mot Brahme , en langue Indienne , lignifie Pi-
nitram tvutes ckofes. D'Htjs-E.
BRAM.^IN. f. lA Brachmanus. U. de Tillcmonts'cft
jervi de ce nom. Hiji dis Emp. T. II , p. 117, pour
Brachmane. ApoUone de Tyanes n'avoit encore que
fept difciples, qui même le quittèrent dès qu'il leur
parla d'aller dans les Indes chercher les Philolbphes ,
qui dès ce temps- là portoient le nom de Bramains ,
ou Braclimanes. Mais ce nom n'eft point eft ulage.
On dit toujours Brachmanes 6c Bramains , feule-
menr des fucceifeurs des anciens Brachmanes ; encore
ccnr-on Bramin, Foye^ ce mot.
§3" BRAMONT. Petite ville de Savoie , dans la
province de Maurienne , fur la rivière d'Arc,
fer BRAMAS. ( les ) Peuple ainli nomm.é entre les
villes d'Ava 6c du Pegu , aux extrémités des Royau-
mes d'Ava 6c de Pegu.
BRAME, f. m. On appelle ainfi ceux des Indiens que les
* anciens appeloient Brachmanes. Les Lettres Edi-
fiantes des Mifjïonn, Jef. T. IX, p. 188 dilent Brame ,
au mafculin , 6: Bramine au féminin. Il etoit Brame ,
ds. venoit d'époufer une Bramine, La Bramine avoir
été mariée dès fon bas-âge à un zikk Brame. Il n'y
a- guère de natioa plus orgueilleufe , plus rébelle à
la vérité , ni plus entêtée de fes fuperftitions que
les Brames. Lettr. Ed. T. X,p. 5 1. Fovei Bramix^
c'eft la même chofe. De la Boulaye cent Bramen ,'
èc dit que c'eft le nom des Sacrificateurs des Ra-
miftes, ou Indou; 6c au pluriel il dit Bramens.
BRAMENATI. f. f. Femme de fedle 6: de famille
brame. Il y avoit trois Brames 6c une Bramenati.
Lettr. Ed. Rec, XI, On dit amîi Bramine. Voyez
Brame.
BRAMER, v. n. Terme de chafîe , qui fe dit pour ex-
primer le cri des cerfs. Clamorem edere cervino JI-
milcm. Le cerf qui brame au bruit de l'eau. Théo-
phile. On s'en fervoit aufli autrefois pour expri-
mer le cri des éléphans. Ch. Est. Dict.
Il a fiçnifié aufll , crier fortement.
Ce mot vient de hram , qui fignine grand cri en
langue gothique. Chorier le tire de ^«««/ouai: qui
chez les Grecs a le même fens ; crier violemment Se
importunement.
BRAMIN , ou Bramine. f. m. C'eft un Prêtre de
la religion des Indiens idolâtres , fucceffeurs des an-
ciens Brachmanes. Les Bramins font la première ra-
ce des Banians , ^ font fi verfés en Aftronomie ,
qu'ils ne manquent pas d'une minute à prédire les
écliples. Ils ont un fi grand relpecl pour les vaches ,■
que pourvu 'qu'ils en aient une queue à la main
quand ils meurent, ils croient être bienheureux. Ils
font quelquefois des procelfions de 400 lieues , oiV
ils mènent des villes éc des villages entiers ; 6c ils
nourrilîent les peuples , quand ils Ibnt arrèrés aux
partages des rivières débordées , d'une manière
qu'ils font croire miraculeufe, leur donnant toutes
qu'ils demandent lans avoir fait aucune provifion.
Un Proteftant , nommé Abraham Roger , qui a écrit
de la vie ic des mœurs des Braminss , en diftin-
gue de fix Ibrtes-, les Weiftnouwa ,les Seivia , ley
Smaerta , les Schaerwaeeka , les Pafenda, èc les
Tfcheélea. Il traite allez au long de chacune de ces
fecles en particuliei dans fon Chap. III. Tout foa
Livre, intitulé La Porte ouverte à la connoiffance
du Paganifme , contient beaucoup de particularités
lur les Bramines.
BRAMPOUR, ouBarampour. Barampura. Ville,
d'Ane, dans l'Indouilran, dans les états du Mogol,
capitale du P.oyanme de Condifch.'
BRAN, ou Bren. 1". m. Excrément de l'homme , ma-
tière fécale. Stercus , alvi purgamentum.
Ménage dérive ce mot de Brance , qui eft uit
vieux mot gaulois , dont il eft fait mention dans
Pline , en parlant du fon , qui eft encore à préfent
appelé hrann par les Anglois ; ic il penfe que le
bran , qui fignifie excrément de l'homme , n'a été dit
que par méthapore de l'excrémenr du blé. Du Can-
£re le dérive auifi de l'Antrlois, ic témoigne qu'on
difoit autrefois , manger du bran de quelqu'un \
pour dire , manger de fon pain : ic qu'on appelle
Brena^e , un droit qiii le levoit fur le fon 5 6c Rri'.
B R A
BE. A
nier , ccîui qui en étoic Receveur, Mais hren efl: un
mot ancien gaulois , ou celtique , dont les bas-Bre-
tons & les Languedociens le iervcnt encore pour iî-
gnifier du fon.
Bran de Judas, fe dit populairement des ronfleurs
qui viennent aux mains & au viiage. LeruicuLe,
Bran-de-son. C'eft le plus gros Ion des grains qu'on
a fait moudre, qu'on en tire par le bluteau.
Bran-de-scie , c'eft la poudre du bois qu'on fcie.
1^ Bran ,eft encore un terme trivial dont on fe lert
pour marquer du mépris pour une perfonnc , ou
pour une choie. Bran du prédicateur. Bran de vos
promefîes. Fuk, malcjù.
BRANCADES. f. h pi. font les chaînes des forçats.
BRANCARD, r. m. Lit portatif pour tranfporter des
malades. Valetiidln.iriiun f^rcuium. C'eft une el'pc-
ce de grande civière avec des cerceaux en berceau ,
qu'on garnit de matelas £■: de couvertures , & qui
cft portée par des mulets ou par des chevaux, l'un
devant , l'autre derrière , & quelquefois par des
hommes.
Brancard, Terme de charron. Pièce de bois pliant,
qui joint le train de derrière d'une chaife roulante
au train de devant, qui aboutit ordinairement à un
arc. LeSicarium ferculum. Ils font l'office de la flo-
che d'un-carroife , & quelquefois la chaile eft pofce
defliis ; quelquefois elle eft fufpendue fur des con-
foles. Il y en a auiil aux berlines.
Brancard, eft aufïî une machine faite par raflembla-
ge de plufieuts fortes pièces de charpente , & qui
fert à tranfporter des pierres , ou auttes fardeaux
d'une péfanteur extraordinaire , afin d'empêcher
qu'elles ne fe callent, ou ne s'écornent ,ainfi qu'on
» a fait pour les deux pierres qui couvrent le fron-
ton du frontifpice du Louvre. Cafrucarium fer-
culum.
On trouve dans la bafle latinité hranchada dans
le même fens que nous difons brancard. C'eft ap-
paremment de-là qu'il s'eft formé ,&c éranckat a vient
de brachium , patce qu'il fe porte à bras.
BRANCARDIER, f. m. Qui conduit un brancard. En
deux ou trois interrogations que les Comédiens fi-
rent au Brancardier , ils iiirent que la femme du Sei-
gneur du village où Mademoifellc de l'Etoile s'é-
toit bleffée , lui avoit rendu vifite , &c l'avoit fait
conduire au Mans avec grand foin. Scarron , Roman
ccm. to.i fch.y ,p.^S.
IBRANCE. f. f. Efpèce de grain, ou de légume. Vieux
mot françois : c'eft celui dont parle Pline fous le
nom Acjandalis&cfandalum; Sc^r^/zce en gaulois
ou celtique. Foye^ Liy, FUI , ck. 7. Borel dit qu'il
lignifie une forte de froment très -pur. C'eft Pline
qui le dit , & qui ajoute qu'il fait beaucoup plus
de pain que l'autre froment. Chorier,//iy^^t? Dau-
phiné, prétend que c'eft le blé blanc. Voye^ ce mot.
Borel ajoute que c'eft auffi une forte d'épéc, &
qu'en cette fîgnification on a dit audi branc & brans.
branchage", f. m. Nom colledif qui fe dit en gé-
néral de tout le bois qu'un arbre poufîé en rameaux.
Ramiy ramalia. On fait du tronc des arbres , du
bois de charpente*, & du branchage-, des cotrets&
des fagots,
BRANCHE, f. m. Jeune bois qu'un arbre pouffe en ra-
meau au-delà de fon tronc. ^ÊfT Les tiges le divifent
par le haut en plufieurs grofles branches , brachia ,
qui fe fubdivifent en plufieurs petits rameaux , rami ,
& bourgeons ,furcn/i. Les jeunes branches font , ou
oppofées, oppojiti, ou alternes, conjugati,T3i(iemb\ces,
comprejji, on qui s'cvaieni , patentes. Celles qvû font
garnies de feuilles font foliati ; celles qui en font
dégarnies, nudi. Enfin il y en a de garnies de fup-
port , & d'autres qu'on nomme prolifères. Les bran-
ches font compofées des mêmes parties de la tige.
tfT Dans les arbres fruitiers , les Jardiniers appellent
branche à bois , celle qui étant venue fur la taille
de l'arnce précédente , & cela dans l'ordre de la
nature , eft raifonnablcment grolTc. Branche à fruit ,
fe dit de celle qui eft venue de médiocre longueur
Sigroffeur fur cette même taille. Les branches à
3S
9
fruit ont les yeux gros Si aflèz près les uns dc5 au-
tres. Branche à demi bois,ei\: celle qui étant trop
menue pour branche à fois , &: trop groife pour bran-
che à fruit , eft coupée deux ou trois pouces de long
pour en faire fortir un meilleur jet , foit à fruit , foit
à bois, pour contribuer à la beauté de la figure, &
amufer la vigueur de l'arbre. Branche de faux bois i
ce font les mauvaifes qui font venues contre l'ordre
de la nature, & d'ailleurs que des tailles de l'an-
née précédente , ou qui étant venues fur ces tailles y
fe trouvent grolîcs à l'endroit où elles clevroicnt
être menues. Elles ont les yeux plats & fort éloi-
gnés. La Quint. Pour entendre cet ordre de la na-
tute , il faut lavoir , 10. Que les branches ne doivent
venir que fur celles qui ont été racourcies à la der-
nière taille , & ainfi toutes celles qui viennent en
d'autres endroits font branches de faux bois. 2°,
Que l'ordre des Branches nouvelles cil, que s'il y
en a plus d'une , celle de l'extrémité foit plusgrolîê
&: plus longue que celle qui eft iinmédiatement au-
defîbus, & celle-ci plus longue cc plus groîfc que
latroifième,5i ainfi des autres ;& par conicqucnt,ii
quelqu'une fe trouve grorte à l'endroit où elle de-
vroit être menue , elle eft branche de faux bois. Il
y a cependant quelques exceptions. Ideivî.
Dans les arbres qui font vigoureux, 'ÔC en même
tems d'une belle figure, il n'y fauroit guère avoir
trop de branches à fruit , pourvu qu'elles n'.y faf-
lènt point de confufion ; mais à l'égard des bran-
ches à bois,\l n'en faut d'ordinaire laifleren tou-
tes fortes ci'arbres qu'une de toutes celles qui font
forties de chaque taille de l'année précédente. La
Quint,
Branche mère, ou mere-eranche , fe dit de celle
qui ayant été racourcie à la dernière taille ,a pro-
duit d'autres branches nouvelles. Branche aoktee ,
fe dit des branches qui fur la fin de l'été cefîent de
pouffer & s'endurcilfcnt , en prenant une couleur
noirâtre : fi elle demeure verte , elle n'eft pas bien
aoutée. La Quint. Branches ventes , ou branches
élancées , fe dit de certaines branches longues &
menues , qui ne font propres ni à fruit , ni à bois ,
& qu'il faut retrancher. Les branches renies fur un
arbre fruitiei ne font propres à rien. Liger. Bran-
ches chifonnes , font des branches courtes ^ me-
nues qui ne font que de la confulion dans l'arbre ,
& qu'on doit couper. Branche furieufe , c'eft celle
qui eft très-grande , qui a beaucoup pouffé , 6c fait
un beau &: gtand jet. Il eft à ptopos de conferver"
toutes les belles- branches que les pêchers pouflcnt
r éré , à moins qu'il n'en foit forti une fi grande abon-
dance, qu'elles faffcntde la confufion. Mais en tout
cas , fi la nécelïité y oblige , il faut avec beaucoup
d'intelligence attacher ou couper tout prêt quel-
ques-unes des plus furieufes. La Quint. Foye^ en'
core Gourmand,
On dit figuréraent, qu'une affaire a plufieurs bratt'
ches ; pour dire , qu'il y a plufieurs afïaives connexes ,
& jointes enicmble -, qu'il y a plufieurs chefs à dif-
cuteti
^fT On dit proverbialement qu'un homme eft comme
l'oifeau fut la branche , quand il n'a point d'étac
affûté, de fortune certaine. On dit de ceux qui paf-
fent fans taifon d'an propos à un autre , qu'ils fau-
tent de branches en branches , &: de celui dont la
fortune fe renverfe , qu'il s'eft attaché aux branches >
quand il ne s'eft attaché qu'.i: des gens qui ne peu-
vent le foutenir , au lieu de s'arracher au tronc ,
à celui qui a une autbrirc fupérieure. ^fT Ce
mot vient du Izùn, brancha. Ménage , après Saa-
maife. D'autres le dérivent de brachium , parce
que la branche eft comme le bras d'un arbre. D'au^
très enfin de branchia^ parce que les branchas iio\M
attachées aux arbres , comme les nageoires au::
poifjbns. , ,
Ifr Gè mot a été tranfoorté par mctapnore , a plu-
fieurs chofes qui font regardées comme des parties
analogues à la branche dans l'arbre.
:na* Ainfi l'on dit une branche de cc?rail. Un çh.znii-'
%
40 B Pv A
lier à pkiiieui-s- hanches ; pour expriitlcr , un chan-
delier a plufieurs rameaux qui lervcnt auilî de chan-
deliers. Un ruban noue a plufieurs branches. Branche
d'un bouquet de plume. Branche d'une garde d'épce.
Les deux parties d'un bois de cerf font appelées .
branches. Branche de commerce , objet particulier
de commerce , &c.
Branche , en Archite&ire j (îgnifie les aresdes voû-
tes des ogives , Icfqueis arcs travcrfant diagonale-
ment d'un angic à un autre , forment une croix entre
.les autres arcs qui font les côtés du carré,dont les arcs
" font les diagonales. Quelques-unes de ces branches
détachées d'es pendentifs de la doulle , en rachètent
d'autres fufpendues, d'où pend quelque cul de lampe.
Branche. Terme de Manutad ure d'étoiïes de laine ,
en ulage dans quelques endroits de Picardie , parmi
les Sergers &: Bouracaniers , particulièrement à Ab-
beville. La branche eft une portée de fils dont font
composes les portées qui font la largeur de la chaîne
d'une étoffe.
Branches de tranchée, efl: la même chofe que
boyau de tranchée. Voyez Boyau.
Branche de la bride, en termes de Manège, font
deux pièces de fer courbées qui porrent l'embou-
chure, les chaînettes & la gourmette, & qui font at-
tachées d'un côté à la têtière, &: de l'autre aux rênes ,
quj tiennent la tête du cheval iujette. On dit branche
hardie, en parlant de celle qui ramené. On forgeoit
autrefois une branche pour relever , qu'on appeloit
branche fiaque. Elle n'eft plus en ufage.
Les meilleures branches démords font de l'inven-
tion du Connétable de Montmoretici, qu'on appelle
à caufe de cela , à la Connérable. Mewcastle. De
quelque côté que les branches du mords aillent , la
botKhe du cheval va toujours au_ contraire. Vaus
tirez la bride , & cela tire les branches en haut , &
la bouche va en bas. Id, Foyci (lit les branches du
mords le même Auteur, pa^. 419 Hifiàv. où il ex-
plique ce qui les tend foib'les 6c fortes , & quelle
eft leur aCl;ion femblable à celle du levier.
Les Potiers d'étain appellent branche de flambeau,
toute la partie du flambeau qui s'clève au-deifus du
pied , jufqu'.t l'endroit où l'on met la chandelle.
Les deux grands bâtons de devant des crochets
d'un Crocheteur , & qui pofcnt fur fbn dos , (ont
appelés branches de crochet..
On appelle les branches d'un carroffe , les deux
pièces de bois qui font au derrière du train d'un car-
tofle , vis-à-vis les moutons , & qui en foutiennent
les arcs-bourans.
On appelle TL\M\\hr anches de la trompette, fes deux
premiers canaux qui portent le vent au pavillon.
Branche, fc dit en Anatoniic, des rameaux qui for-
tcnt d'une groflc veine , &: particulièrement de la
veine cave.
Branche, fe dit aufîi fîgurcment des rameaux qui
fortènt de la fouchc ou de la tige de l'arbre gé-
néalogique , où fe voienr les defcendans en ligne
collatérale. La branche mafculinc. La branche fé-
minine. La branche d'Alençon , de Dreux. La
branche de Valois.
Branch-e , (îgnifie aufli la verge, ou la pièce de bois ,
ou de fer ," qui tient lieu de fléau dans la balance
romaine, le long de laquelle le contrepoids eft
mobile.
Branches de biveau , ou de Sauterelles , font les
côtes de ces inftrumens. Le P. Déran les appelle
doigts. Daviler les appelle bras.
Branche de voussoir. ^ojt'{ Enfourchement.
Branche , en termes de Verrerie. C'eft un inftrument
de fer, long d'im pied & demi, ou environ, avec
lequel on élargit la bofle du côté qu'elle a été fé-
parée de la felle qui a fervi à la fouftler.
^fT Branche de vigne. Cétoit chez les Romains la
marque des Centurions.
Branche de Cyprès. C'eft une efpcce de drdit de
baliie qui fe paye au Bureau des Fermes du Roi ,
établi à Blaye. Ce droit eft de 4 f. 6 A. par chaque
vaifïèau venant de Bourdeaux , Libourne §c Bourg.
B R A
Le tiers dé ce droit montant à i fol 6 d. apparticiifS
au Fermier , les deux autres riers font au Duc de
Dtiras , par conccllion de Sa Majefté.
Branche-ursine. Quelques-uns difent Branq.ue-
URSiNE. f". t. Herbe qUe les Grées Se les Latins ap-
pellent Acanthe , Acanthus. C'eft de la reprcfenta-
tion de fes feuilles qu'on fait les ornemcns du
chapiteau Corinthien. Voye?^ ACANTHE.
BRANCHEFL. V. a. Pendre un (oldat , voleur ou défer-
rent, à une branche d'arbre. Reum de arbore fuf-
pendcre. Cela n'a d'ufage qu'à la guerre. Certains
payfàns du tems de Charlemagne confeifoient avoir
(emé des poudres dans les campagnes afin de taire
mourir les baftiaux,enfuite de quoi on \c% branchait
de tous côtés , jufqu'à ce que S. Agobard, pour-lofs
Evcque de Lyon , ayant reconnu leur innocence ,
entreprit leur défenfé dans fon livre Contra inful-
J'am vulgi opinionem degrandine & tonitruis Mascur,
Ce terme eft familier.
Brancher, en teimes de ChafTe, fedit des oifeaux qui
le polcnt fur une branche d'arbre , qu'on appelle de-
là oijeaux branchiers. Sedere in rama , ramo injidere.
Ce font de jeunes oifeaux de proie qui commencent à
fortitdunid, &qui n'ayant pas encore aifez de force,
volent feulement de branche en branche. En ce fcns
il eft neutre.
On dit audi , Brancher , & ptendre le bouton
de l'arbre -, c'eft-à-dire , fe percher fur la cime.
Brancher la boffc. Terme de verrerie. C'eft tournée
en rond l'inftrumenr que les Verriers appellent Bran-
che , au-dedans de l'ouverture qu'on a faite à la bofle ,
en l'incifànt avec de l'eau, pour la féparer du col
de la felle.
Branché, ^ÉE, parr.
BRANCHÉ , adj. Vieux mot. Perché. Se dit des oi-
feaux. Glo[f. fur Marot.
BRANCHIDES. f. m. pi. Prêtres d'Apollon Didymcen.
Branchides, Appollon avoit un temple à Didyme ,
ville d'ionie dans la Natolie. Les Prcrres de ce tem-
ple s'appeloient Branchides , Se le Dieu s'appeloit
l'Oracle des Branchides , parce qu'il y rendoit des-
oracles. Branchidarum Oraculum.PwnoncczBran-
kides
^fT Les habitans de Didyme s'appeloient auffî Bran-
chides.Cc fiirenr eux qui ouvrirent àXercés ce temple
d'Apollon , d'où il enleva toutes les riched'es. Ne
(c trouvant pas en fureté dans la Grèce , après cette
traliifon , ils obtinrent de Xercés tme retraite dans
la Sogdiane, au-delà de la mer Cafpienne, flir les
frontières de la Perfe , où ils bâtirent une ville qu'ils
nommèrent Branchides. Mais ils n'évitèrent pas li
punition de leur crime ; car Alexandre , ayant vain-
cu Darius, Roi de Perfé^i ayant été inftruit de
cette perfidie , punit daris'ies enfans l'impiété des
pères , en taiiant pader au fil de l'épée tous les ha-
bitans , & rafer entièrement la ville. Quint. Curt»
ciré par Mor.
BRANCHIER. adj. m. C'eft ainfi qu'on appelle en-
fauconnerie les jeunes oifeaux de proie qtii fortenc
du nid , &: qui n'ont encote la force que de voIec
de branche en branche. Accipiier arborarius.
BRANCHIES, f. f. pi. C'eft le nom que las Médecins
grecs ont donné aux oliies des poiiTons , qui font des
parties compofécs de cartilages &: de membranes ,-
en forme de feuillet , qui leur fervent comnte de
poumons.
Ce mot eft grec , & vient de a^ûyxitc , qui fignifîe
la même chofe. Et félon le P. Pezron ^pxyxnt vient
du mot celtique brenc.
BRANCHU , UE , adj. Qui a des branches, Ramofus,
Il ne fe dit que des arbres & des plantes , & eft fort;
uiîté en Botanique.
BRANCHUS,f m. b^%o<,7^o, fluxion d'humeur fur
la gorge, ou efpèce de catarrhe. Dict. de James.
fJO" BRÀNCHUS , Devin, étoit fils de Smicrus, que
fon père Democlus de Delphes , avoir laide à Miler.
Ce fils y époufa une fille riche, laquelle étant piête
d'accoucher , fongea que le foleil entroit par l'a bou»
che & forcoit de fes enuailies. Les Devins dirent
•
B R A
tjue c'étoit un bon prciage , & elle accoucha d'un
fils qu'elle appela branchas , à caule qu'elle avoir
vu en fonge que le Ibleil ctoit entré par la gorge.
Ce iils ctanr devenu beau & bienfait , fut aimé
d'Apollon , qui le gratifia de l'art de deviner. Apres
iamort, il rendit encore des Oracles, qui croient
les plus célèbres, après ceux de Delphes. Mor,
ÊRAND. f. m. Vieux mot , qui iignifie une groiFe épce
d'acier , qu'on nianioit <à deux mains , &: que les
anciens Chevaliers portoient autrefois, ^cinaces.
Du Cange prétend qiic ce mot vient dé hranca ,
qui a fîgnifié une griffe de lion , ou un ongle d'oi-
feaii ; & qu'on l'a trarilporté au coutelas , parce qu'il
lért au folda't comme de griiîé & de défenfe,'
tfT^ BRANDAM. Ville des Indes , dans l'Ile de Java,
fur la côte feptentrionale.
BRÀNDE. C f. Petit arbufte qui croît dans les terres
incultes. On appelle auifi de ce nom une Campagne
pleine de ces arhujies. Entrer dans une brande.
BRANDEBOURG. Ville d'Allemagne , dans la
moyenne Marche de Brandebourg fur le Havcl , qui
la Icpare en deux parties , dont l'une cil: le vieux Bran-
debourg, Se l'autre le ncufBrandeiourg. On prétend
que cette ville a été bâtie par Brennus , chef des
Gaulois , &c que c'efl: de-là qu'elle a pris Ion nom
Brândeburgum , Brandebourg , qui efl: la même
chofe que Bre'nnoburgum , Brcnncbourg , ou ville
de Brennus. D'autres dérivent ce mot de Bran-
don , Prince des François , & fils de Marcomir ,
qui félon eux en eft le fondarcur. HofÎTian liîi donne
clé longitude 55''.&de latitude 52°. 59'.Cettevillc,
félon M. de la Hire, a de longitude 31°. 21', 3 3", Se
de lat. 5 20. 16', o" Tab. Afir.
Brandebourg. La Marche , ou le Marquifaf de Bran-
debourg, en latin Marchia Brdndeburgenjïs. Provin-
ce du Cercle de la haute Saxe , en Allemagne ,
bornée au couchant par le Duché de Lunebouig , au
nord par celui de Mecklenbourg , & par la Poméra-
iîic-, au levant par la grande Pologne; & au midi
par la Silélie , la Lulace , les Duchés de Saxe & de
Magdebourg. C'eft Henri l'Oifcleur qui a érigé le
Brandebourg 6n Marquifat , dont les Marquis n'é-
toient d'abord que des Gouverneurs , qui devinrent
enfuite héréditaires. Et c'efl: l'Empereur Sigifmond
qui en 141 1 ayant vendit le Marquifat de Brande-
éourg à Frédéric IV, Burgiave de Nuremberg , i'é-
rigea en Eleétorat en 141 j, & lui en donna Tinvelli-
ture en 1417. L'Eledteur de Brandebourg eft Archi-
chambellan ou grand Chambellan de l'EmpirCi La
Marche de Brandebourg fe divife en trois parties ,
dont nous allons parler.
La vieille Marche de Brandebourg ; c'efl: la partie
occidentale du Marquifat de Brandebourg, appelée
autrefois Marche de Soltwedel, parce que Soltwc-
del en ctoit la capitale. La moyenne Marche de
Brandebourg, qui efl: à l'orient de la vieille Marche ,
Ôc à l'occident de la nouvelle, a pour capitaleBcr-
lin , qui l'efl: aujourd'hui de tout l'Eleélorat. La
nouvelle Marche de Brandebourg en efl: la partie
orientale , Se a Ctiftrin pour capitale. Il y a encore
la Marche Uckerane de Brandebourg , qui efl: au
lîord de la moyenne Marche : Marchia Uckerana
Brandeburgica. Elle a été ainfi nommée à caufe du
grand lac, & de la rivière d'Ucker qui font au mi-
lieu. L'hiftoire des Marquis de Brandebourg a été
écrite en latin par Gafpar Sagittarius , imprimée
//2-40. àléne en 1(^84. ImliofF, Notit. Imp. L. II,
cap.%, en traite aulfi,
Brandebourg , efl: aulll une ville bâtie depuis peu par
l'Eleéteur de Brandebourg dans la Prude Royale.
Il y en a encore une autre dans le Cercle de la ba(fe
Saxe, qui fe nomme le nouveau Brandebourg, ou
la nouvelle Brandebourg..
Brandebourg, f. f. Terme de Fleurifte.Tulipe d'iin rou-
ge pâle tirant iur le colombin , Se d'un blanc terni.
MoR. Cuit, des fleurs.
Brandebourg, f f. GrofTe cafaquc dont la mode nous
efl: venue de Brandebourg. Penula chLimis. Elle va
jufqu'à mi-jambe, & a des luanchcs bien jplus lon-
Toms II,
B R A 41
gués que les bras ; Se quand on y veut mettre quel-
que ornement , elle eft chargée de boutons à queue
d'efpace en tfpace. Ce nom pafla en France en 16 j^^
lorfque l'Eleéleur de Brandebourg entra en Alface.
Les gens de l'Eleéleur portoient cette efpèce de ca-
laque.Richclet avoit reproché à M. du Perler qu'il
croit fait comme un crieur d'arrêts : cela Tayanr pi-
qué , il i"e fît faire une Brandebourg. Il trouva fj
foir un Grivois qui s'approcha fort m6defl:cment de
lui , & s'infmua tellement fous fa Brandebourg ,
qu'il s'en trouva revêtu , 5c le pauvre du Perler relia
en jufte-au-corps. Ménage.
Brandebourg, en fait de modes, f. m. C'eft le nom
qu'on donne aux agtémens de galons d'or ou d'ar-
gent , Se même de foiô , qu'on applique en forme
de bouronhictes fur les habits. Les Brandebour<^s
font quelquefois d'un galon fimple , mais plus fou-
vent d'un galon doublé qui forme la boutonnière.
On en a fait aulfi à queue & fans queue. "î
BRANDEBOURGEOIS , OISE , {•. m. & t. Qui eft du
Marquifat.de Brandebourg. Brandcburgcnjis.
BRANDEIS. Brandijium , petite ville de la Bohême
propre , avec une Citadelle , fur l'Elbe.
BRANDERIE. i\ f. On nomme ainfi en Hollande, &
particulièrement à Amfterdam , les lieux où l'on fait
les eaux-de-vie de grain.
BRANDE VIN. f. m. C'eft le nom que le peuple donne
à l'eau-de-vie. Vinum igné vapordtutn & jiillatum.
Les artifans Se journaliers commencent ordinaire-
ment leur journée par boire du brandevin.Q}xznA\cs
maîtres, principalement les Officiers miliraires, font
quelques petites libéralités de peu de conféquen-
ce à des foldats ou domeftiques , ils diferit que c'eft
pour boire le brandevin.
Ce mot vient du ïl^mznàBtandewyn , qui fîgni-
fié vin brûlé,
BRANDEVINIER , NIÉRE. f m. Se f. Celui ou celle
qui vend Se qui crie du brandevin en détail dans un
camp ou dans une garnifon. Ce terme eft plus uiité
à Tarmée qu'ailleurs ; car ces fortes de gens n'y ont
point d'autre nom.
Ce mot fe dit Se pour celui qui fait le brandevin ,
Se pour celui qui le vend, foit dans la boutique , foit
par les rues. Cabaret de brandevinier.
BPvANDEUM. f m. Ce nom eft purement latin. M.
l'Abbé Fleury s'en eft fervi dans fdn Lfiji. Eccl.
Liv. XXXV ,pxig. 95. C'eft ainfi qu'on nommoir
dans la bafle latinité les linges qui avoient été mis
auprès des fépulchres des Apôtres Saint Pierre &:
S. Paul , Se qui y éroient reftés quelque tems. L'i-
gnorance des derniers iiècles les a fait prendre pour
des corporaux. On les regardoit & on les honoroic
comme des reliques, Se on leur donnoitce nom.
BRANDILLEMENT. f. m. Ce mot lé trouve dans
Pomey pour agitation. Mouvement que fe dotine
celui qui fe brandille. Agitatio , jactaîio.
BRANDILLER. v. a. Mouvoir deçà Se de-là Movere,
jaclare. Brandiller les jambes. Se brandilUr , s'agiter
en l'air fur une planche , fur une corde , Sec.Agita-
re fe; jaclare fefunc ex arbore fufpenfo. Les enfans
prennent plaifir à fe brandiller. Les Danfeiirs de
corde fe brandillent quelque temps , avant que de
fe donner l'elhapadè , & de faire leurs autres tours
de Ibupleiîe.
BRANDILLOIRE. f. f. Quelques - uns difent mal
BRANDILLOIR. f m. Planche, cordes ou bran-
ches entrelacées, ou autre chofe femblable, qui fert
à fe brandiller. Funis aut ramus aïboris quo fe qiiis
jaRat. Lz braridilloire eft un jeu ufité'au Tunquin.
Le P. Marini en a fait la defcriptioii dans i^ Rela-
tion du Tunquin. Son Traduoleur a dit quelque
part brandillon pour brdndilloire , mais on n'a trou-
vé ce mot que dans cet Auteur.
BRANDIR, vieux v. a. Branler , fecoucr une arme à
la main qui a quelque longueur , comme.hallebarde,
pique , épieu , comme fi on fe préparoit à frapper
'de la pointe. Quaffare , fuccutere , vihrarc. 1} bran-
dit un long bâton. S. Amand. Brandi fjant une grof-
ie hallebarde. Celui-ci tcnoic une épée de la maii*
42.
BR A
droite, qu'il ^M/z^/^/r prelque toujours Spectat.
Brandir, fe dit audi en Cliarpenteric, comme lyno-
nyme avec arrêter , afllijettir. Brandir un chevron ,
c'eft , percer un chevron & la panne , SC les atta-
cher eniemble par le moyen d'une forte cheville.
BRANDI , lE. part. & adj. On dit proverbialement ,
enlever quelqu'un tout brandi , pour dire , à vive
force , l'enlever tout d'un coup , dans l'état où il le
trouve.
BRANDON, f. m. Flambeau de paille tortillée qui fert
aux payfans à s'éclairer la nuit. i^^A;.
Ce mot eft ancien dans la langue , & vient de
l'allemand brandt , qui lignifie , tifon , incendie.
Ménage. Il falloit dire , '"avec le P. Henfchenius.
Acl.SS. April. Tom. 1 1 1 , p. 598, de l'allemand
Branden , qui fignifie ardere , brûler. On a dit bran-
dos , branda , dans la balle latinité , pour fignifîer
un jlambeaii, un ci/on. Ou plutôt bran do , qui fe
trouve dans les loix Palatines de Jacques II , Roi de
Majorque , tic. de illuminatione , &: en beaucoup
d'autres anciens monumens.
Le Dimanche des brandons , eft le premier Di-
manche de Carême. Il y a des Commilllons de S.
Louis & de Rodolphe Légat du S. Siège , pour ter-
miner le différent entre l'Eglife & les habitans de
Lyon, qui font datées du Vendredi devant les
brandons. Ce nom vient de ce que , par un refte d'I-
dolâtrie , quelques payfans mal inftruits vont la nuit
de ce jour-là avec des torches de paille , ou de
bois de fapin allumées , parcourir les arbres de leurs
jardins , & de leurs vergers , & les apoftrophant les
uns après les autres , ils les menacent , s'ils ne por-
tent du fruit cette année , de les couper par le pied
& de les brûler, C'eft un refte de paganifme que les
Idolâtres pratiquoient au mois de Février , qui en
fut nommé Februarius à Februando , parce que ,
comme dit un ancien Auteur , les Payens , pendant
douze jours de ce mois , qui étoit le dernier de
leur année folaire , couroient les nuits avec des flam-
beaux allumés pour fe purifier, & pour procurer
le repos aux mânes de leurs parens 8c de leurs amis -,
ce que quelques payfans ont retenu pour les arbres;
peut-être parce qu'on le faifoit avant le commence-
ment du Printems pour purger les arbres de che-
nilles , dont les œufs commencent à éclore aux
premières chaleurs fans cette précaution , qui in-
fenfiblement a dégénéré en fuperftition. Menestr.
Hiji. de Lyon ,p\ ■>,-}(). En pluficurs endroits il n'y
a que les entans qui portent des brandons , mais le
foir feulement dans les rues , 6c fans aucune mar-
que de fuperftition.
On donne aufTi à Lyon le nom de brandons à des
rameaux verts,que le peuple va quérir tous les ans
au fauxbourg de la Guillotiere,le premier Dimanche
de Carême ,'& auxquels il attache des firuits.des gâ-
teaux , des oublies, &c. & avec ces brandons il rentre
dans la ville. C'eft ce qui a fait donner à ce Dimanche
le nom de Dimanche des brandons. Menestr. C'eft
probablement un refte de la cérémonie que nous
avons expliquée au mot A gui lan neuf,
âC? DANSE DES BRANDONS. Qui s'exécutoit dans
plufieurs villes de France , le premier Dimanche
de Carême , autour des feux qu'on allumoit dans
les places publiques : d'où lui vient fon nom. Ces
danfes ont été abolies par les Ordonnances des Rois,
ainfi que les Balladoires , les Nodurnes & autres
danfes que l'on nommoit facrées.
|Cr Ce jour-là le peuple allumoit des feux , danfoit
autour , 5c en portoit dans les rues &c dans les Cam-
pagnes.
Brandon , fignifie aufll, feu errant. C eft un feu paf
fager pareilàces brandons,qm errent àlafaveur d'un
vem qui les conduit. Voit. Il eft vieux en ce fens.
On appelle , en termes de Palais , brandons & pa-
nonceaux , de la paille tortillée qu'on attache à la
porte des héritages faifis avec les atmes du Sei-
o;neur , pour montrer que les choies font a vendre
en Tuftice. Paleatus baculus fymbolum tnteUz Prin-
cipis. Les procès-verbaux des failles réelles portent,
BR A
que le Sergent a attaché aux portes des lieux, des
brandons 8c panonceaux.
On le dit auffi de ces piques ou bâtons garnis de
paille qu'on plante dans un champ , pour montrer
que les fruits pendans par les racines font faifis 8c
arrêtés. Dans l'ancienne pratique on difoit auffi ,
brandonner ; pour dire , faifir. On met encore de
la paille à la queue des chevaux qui font à vendre ,
ou fur des meubles qu'on expoic dans la rue.
0CF On appelle encore brandons en quelques en-
droits , les épines , branches , ou bouchons de paille
que l'on met dans les champs, pour avertir que le
chaume eft réfervé & retenu pat celui qui jouit de
la terre , fans quoi ce chaume feroit cenfé abandon-
né èc pris par le premier venu.
IJcr Brandon , fe dit encore des corps enflammés qui
s'élèvent d'une incendie. Le vent pouffoit des bran-
dons qui portoient partout l'incendie.
Brandons , fe dit fîgurément en poelie des feux cc-
Icftes , &c du flambeau que porte l'amour. Faces.
Ainjiles célejles brandons
f^erfent fur fon chef mille dons
En lignes perpendiculaires.
Desmarets , enfes Vifonn,
Qu'efè ceci, mon cher Cupidon ?
(Quelque cœur de glace
Réfijie-t-il à ton Brandon.
Il eft vieux , 8c hors d'ufage.
Brandon d'amour, /^oye^ Arrosoir , Coquillage,
BRANDONNER. v. a. C'eft mettre des brandons.
Brandonner un héritage , prxdium tonà paleâ in-
Jignire , ou fub tuteli Principis effe , tortâ paleâ in-
dicare. Il y a. des coutumes qui veulent qu'on mette
des brandons aux quatre coins &c au milieu des
héritages faifis , 8c mis fous la main &c autoiité de
Juftice. Bruneau.
BRANLANT, ANTE , part. ad. &: adj. v. Qui branle ,
qui panche de côte 8c d'autre. Nutans , labans.
Tète branlante.
On dit proverbialement d'une chofe qui n'eftpas
ferme , ni aflurée , que c'eft un château branlant.
ifT Branlante, en termes de metteur en œuvre. C^eft:
une croix qui fe porte fans coulant , d'un fîmple
chaton , qui fe termine par une pendeloque qui lui
donne ce nom. Encyc.
BRANLE, f. m. Agitation de ce qui eft remué tantôt
d'un côté , tantôt de l'autre. Motus. On fonne les
cloches en branle. Les eftomacs foibles ne fauroient
fouffrir le branle du navire.
Branle , fe dit fîgurément du commencement d'une
affaire , lorfqu'on la met en train d'aller , qu'on lui
donne le premier mouvemenr. Ce Miniftre eft ce-
lui qui donne le branle aux affaires , il à tout l'Etat.
Aucior , impulfor ad rem faciendam. C'eft cet hom-
me de bonne humeur qui mène le br anle ^ (yyà ïnzt
les autres en train pour Çt divertir. Ce font eux qui
donnent le branle à la réputation. Mol. Dieu , après
avoir créé les caufes fécondes , èc avoir donné le
branle à toute la machine du monde, les laiffe agir fé-
lon le mouvement 8cle branle qu'il leur a imprimé. Ju,
Branle , fignifie auffi , incertitude , délibération. Fliic-
tuatio , jaclatio. Cet homme eft en branle s'il s'en-
gagera dans une telle entreprife. Sa fortune eft en
branle , 5c fort incertaine.
Branle, en termes de Mufîque 8c de danfe , eft un art
ou une danfe par où on commence tous les bals ,
où plufieurs pcrfonncs danfent en rond , il. non pas
en avant, en fe tenant par la main, ic fe donnant
un branle continuel 8c concerté avec des pas con-
venables , félon la différence des airs qu'on joue alors.
Saltatorius orbis. Ses branles confiftent en trois pas
&i un pied joint , qui fe font en quatre mefures , ou
coups d'archet , qu'on difoit autrefois battement de
tabourin. Quand ils font répétés deux fois, ce font
des branles doubles , ou communs. On danfe d'a-
bord le branle Jimple il puis le branle gii, par
deux mefures ternaires : Si il eft ainfî appelé , parce
qu'on a toujours un pied en l'air. Voye^ Thoinot
B R A
n
A
Àft-BEAU dans foa Orchefographie , où i! donne les
noms, les mclurcs , & la tablature d'un grand nom-
' bre de branUs qu'on daplbit il n'y a pas long- tems,
comme les brunies de Bourgogne i qui le danicnt à
droit &: à gauche par une mci'ure binaire, promp-
te & légère , les branles du haut Barrois , du Monl-
tier en Der j de Hainault , d'Avignon , &c. Les bran-
les du Poitou , qui le danient par melUre ternaire en
allant toujours à gauche, hts branles d'EcoiTe & de
Bretagne, On appelle ceux-ci le Tryori, Il parle aiilil
du branle des Lavandières , ûù les danleuts font
du bruit par le tapement de leurs mains : du bran-
les des jabots , où on bat du pied, qii'on a appelé
auffi le branle des chevaux , à caufè de ce tape-
ment de pieds ", du branle des pois & des Hennî-
tes ; du branle de la torche , dans lequel le danfeur
tient un chandelier , une torche , ou un flambeau
allumé. Il y a eu aiiiîi des branles morgues de gefii-
cidès , qu'on a appelé de la moutarde , que les Da-
mes appellent branles de la hâie , qui ont dégéaé-
J-é enfin en ceux qu'on appelle branle à mener , qui
font ceux par qui fe terminent niaintenant tous les
branles. En ceux-ci chacun mène le branle à Ion
tour , & puis fe met a la queue. Les danfes aux chan-
fons Ibnt des elpèces de branles. Le branle de for-
tie eft ce qu'on danfe à la fin du bal.
Il y a aUlfi une elpcce de petit jeu qu'on app'elle
Branlemoine. .
^RANLE DE s. Elme. ( le ) Réjouifiance ou Fête qui
fe donrioit autrefois à Marfeille ,1a veille de S. La-
zare, pour divertir les étrangers qiii.venoient en
foule à cette i'èzz : on faifoit un branle de tous les
plus beaux garçons & des filles les mieux faites qu'on
pouvoit trouver : on les hàbilloit le plus fUperbe-
Inent qu'il étoit poillble v les uns reprcfentoicntles
Dieu» de la fable , & les autres toutes les nations
du monde. En cet état ils paffoient par la ville au
fon des violons & des tambo'ilrs. Ce branle , qu'on
appeloit communément le branle de S. Elme , a été
interrompu depuis long tems. De Ruffi. ffiji. de
Marfeil,c. i\. p. 400.
On dit proverbialement , qu'on va danfer un
branle de fortie , lorfqu'on eft prêt de s'en aller, ou
qu'oii eft cha.'ïe de quelque lieu.
On dit aufli d'un homme ou d'une femme de
gaieté excedlve , qu'il eft fou , ou qu'elle eft folle
comme le branle gai.
Branle, en termes de Marine, ou hamac, eft un lit
dont on fe fort fur les vaiflcaux , qui eft fufpcndu
fous le pont par des cordes qui tiennent aux quatre
côtés,- Il eft fait de grofle toile, ^ renforcé d'uncor-
dase qui lui fert d'ourlet nommé ralingue. Il fcrt
à coucher le foklat. On appelle branle matelajfz ,
une forte de matelats qui eft fait en branle. Quand
on veut faire détendre tous les branles d'entre les
ponts , afin de fe préparer au combat, ou pou? faire
quelqu'autre choie, on dit Branlcbas, ou For-branle.
IJCF Branle , en Fauconnerie, Voye^ Branler.
fjCF Branle , en Horlogerie . s'entend de l'elpace par-
cour upar le régulateur dans ime vibration.
BRANLEBAS. f. m. Terme de Marine. Frœparaùo ad
pugnam. Faire branlebas , c'eft ôter tous les cadres ,
hamacs, coffres, & malles qui font tant fur le gaillard
que dans l'entrepont , pour fe difpofcr à un combat.
On jette tous lescoîftes & malles au fond de callej
les hamacs &: matelats fervent à faire des retranche-
mens fur le pont , fur le gaillard &: fur la dunette.
BRANLEMENT. f m. Mouvement de ce qui eft agité ,
de ce qui va de côté &: d'autre, hhitaùo , jaciatio.
Il a approuvé fon difcours par un branlement de
tête. Nutatio capitis, Branlement d'un carrofle,
IP" BRANLER, v. a. Agiter , faire aller de côté &
d'autre. Branler les jambes, les pieds, la tête. Mo-
yefe : dans ce fens on dit baffement branler le men-
ton,la mâchoire, pour dire manger.
^CF Branler eft aufli neutre, être agite, chanceleî ,
pancher de côté & d'autre : moveri, nutare, ticu-
bare. Le plancher branle : cette femme eft fi vieille,
que la tête lui branle»
4î
03* Dai1s ce fens on dit proveCbiàleiilèni: qfîè tous
ce qui branle rie -tombe pas , & figurément , & fa-
milièrement qu'un homme branle au manche, poui^.
dire eft irréfolu , qu'il n'eft pas ferme dans fon aviS ^'
aiilué dans Ion emploi, dans fon pofte qu'il eit prêt
de perdre. On dit de même d'un homme fbibig .^
qu'il tourne, qu'il branle à tout vent.
Branler, fignifie auHi , n'être pas ferme dans une
opinion , dans un parti. Fluciitare a.nimo , vacillare*
\\ y a plufieurs villes rebelles qui branlent , & qui
fe veulent remettre dans le devoir. Le calme dans
l'orage procède de la force de l'ame , qui ne branle .
point de quelque impétuofité que la fortune la cho-
que. Bal, La renonunce de cette viétoire arrivée
Il à propos , aftermit l'Aile qui branlait de toutes
parts; VAijG.
IJCr Branler, fignifie aufli v fimpIemencreftiAier, faire
quelque mouvement. Moven. Si tu branles , je te
tue, dit un brigand à celui qu'il vole. Toute la le-'
dition eft appaifee, rien ne branle. Il ne faut pas
qu'une lentinelle branle de fon pofte. Huit heures
étant venues fans qu'on vît rien branler dfl côté
des ennemis. Bussy.
|fcr Dans ce fens, branler fe dit du mouvement que
font des troupes intimidées , qui par leur contenance
font voir qu'elles font prêtes à fuir. L'armée Ro-
maine comniençoit à branler. Z-ai^'erè. Quand il vit
les ennemis branler , il fe mit à les charger, Vaug.
On dit proverbialement , quand je remue , towt
branle; poui dire, je fais trembler toiîs mes gens.
On dit aaffi d'un homme puiifant, qitc tout le mon-
de branle ibas lui -, pour dire, que tour le monde eft
prêt de lé remuer pour obéir à fes coramandcmens.
^fT Branler , eil termes de commerce , fe dit d'un
marchand ou d'un banquier qui donné à connoîrre
que fes affaires fbnc en mauvais ciiat , & qu'il eft
prêt à faire taillite;
^CF Branler , en fauconnerie , fe dit lorfque le fau-
con fe tient liant au premier degré fur la tê^'e
du fauconnier; & qu'il tourne 'en battant les allés
& remuant la queiie.
^fT Outre cette idée principale , le libertinage en
a attaché une accelfoire au mot branler qui n'eft
que trop familière aux jeunes gens. Hcu'reux fi des
réflexions férieufes fur leur propre intérêt les dé-
goutoient d'un exercice* aulfi contraire à la reli-
gion , que préjudiciable à leur fantc. Ce dernier:
motif rtu moins devroit les toucher.
BRANLÉ , EÉ. part.
BRANLEUR , EUSE , adj. Qui branle. Il n'eft guère-
en ulage qu'en un fens odieux & oLlcène.
BRANLOIRE. f. £ On appelle ainfi un ais pofé en
travers &: cfi équilibre fur quelque choie d'élevé,-
& aux deux bouts duquel deux enfans font tour
à tour le contre-poids.
Branloire , fe dit auiîî de la chaîne qui feft à faire
mouvoir les foufflets des forgerons , ferruriers ,
Taillandiers , &c.
On dit en Fauconnerie , qu\m héron eft à la bran-
loire ,\ox{'q\.\'\\ eft haut, & qu'il tourne en branlant,-
BRANQUE - URS-INE , ou BRANCHE - URSINE.
Koy. Acanthe.
^ BRANSKO ou BRANSKI. Ville de l'Empire
de Rudie, dans le, Duché de Séverie fur la Defzna.
Ip^- BRANS-LE (la). Rivière de France qui a fa ibur-'
ce dans le Vandomois , arrofe' quelques villes en
Tourainc , & fe jette dans la Cifle , un peu au det-
fus de fa jonélion avec la Loire,
BRANTA , ou BERNACLE. f f C'eft une efpèce
d'oie que l'on tiouve en Angleterre &c en Ecblfe,-
& qui a donné lieu à plùfieuts fables. On a pré-
tendu qu'elle nailfoit fur les arbres , <?v' dcmeutoit fuf-
pendue à leuts branches. D'autres ont avance qu'elle
s'enp-endre du bois vermoulu. Si chair eft moins fi-
voureule & d'une odeur plus forte que celte de l'oie
ordinaire , mais les Montagnards d'Ecoffe l'eftimenr.
un mets très-délicnt. I>.ct. de James.
BRANTION. (. f. Terme de Fleutifte. Nom de tii-
lipe. Elle eft incarnat 5c blanc. La Brandon Mariri
i i>
44 • '^ ^^ ^
rouge , coîombin & blanc. EUfe cil primanicre. Md-
K-mt II y a encore la Bruntion de 13oh. &: la Bran-
, tion de l'Aubebine. Id.
BRANTOME, ville de France eii Périgord, fur la
Diome.
BRAQUE , niieiix que Brac. f. m. Terme de chaire.
Elpècc de chien de chalie , ras de poil , bien cou-
pé, bon quêteur, & rin du nez. IncLtgator canis.
11 vient de hr accus , ou de tracco, qui a été
tait de rallemand brachen , lignifiant la même choie ,
ou du grec "^faxii ^ irevis. Ménage
BRAQUE, r. m. Nom'd'hon^mc. Brcichi». C'eft ainli que
l'on nomme à Menât celui qu'ils prennent pour luc-
ceireur de S. Ménelé , leur premier Abbé , mais qui
paroît plutôt être ce célèbre Bracliio , dont Gré-
goire de Tours parle dans l'on livre de la gloire
des ConfeUeurs. Chastel,
ffF BRAQUEMARDER. v. n. Vieux'terme obfcènc,
qu'on trouve Ibuvent dans Rabelais. Faire l'ade
congugal. . ,
BRAQUEMART. f. f. Epée courte & large qu'on por-
toif anciennement. Fauchct le dérive de 'Qpc.y^vy.àxaifa ,
mot grec , qui lignifi? la même choie. Il a quel-
quefois une lignification joyeufe dans le figuré.
, GIo[f. fur Mcirot.
BRAQUEMENT. f. m. Dilpolition d'urie pièce d'ar-
tillerie à tirer vers un certain lieu. Libram-in-
tutn.
BRAQUER. V. a. Tourner le canon felori certaine
ligne , & félon certain angle ou élévation , pour
le faire tirer à un point déliré. Bdliciim tormentiun
librare , àirigere. Il vaut micu>: dire pointer le
canon.
On dit aulïi , Braquex ïe timon d'un cartoflè , pour
, le pouflcr d'un certain côté : braquer une lunette.
Braqué , ée , part.
BRAxQUES, f. m. Qui fe dit des pinces d'une écrevilic;
Chela:.
ÊRAS. f. m; La patrie du corps de l'homme qui abou-
tit d'un côté à l'épaule , & de l'autre à la main.
Brachium. En terme d'Anatomic, c'cft feulement
la partie qui prend de l'épaule Jufqu au coude y
car celle qui eft depuis le coude jufqu'au poignet
s'appelle avant-bras. Le bras , pris au fécond fens ,
n'a qu'un os grand & très-fort appelé humérus ,
qui a une grolfc tête "à Ion extrémité fupéricure ,
laquelle s'embouche dans la cavité de Tépaule. Il
a trois éminences 5c deux cavités à fon extrémité
infcrieute, qui forment comme une poulie ,■ par
laquelle le pli , èc le mouvement de Wivant-bras
qui lui efl joint , font facilités. Vavant-bras e(î
compofé de deux os : le plus long , qui efl: l'infé-
rieur, s'appelle le grand /oc/A' , ou l'os du coude ,
parce que c'efl: lui qui forme le coude. On l'ap-
pelle en latin Cubitus, lacer tus, Dautres lui ont
donné le nom à'uljia , parce qu'anciennement il
fervoit d'aune & de mefure. Le fécond os qui eft
plus court, &le fupérieur, s'appelle le petit facile,
& en latin radius , rayon. Dieu a donné deux bras
h l'homme , afin qu'il put vivre de fon travail. Moyfe
avoir les bras levés au ciel , tandis que le peuple
combattoit contré Amalec. Les faignées du bras
font les plus ordinaires. Il eft eftropié d'un bras.
Il a le bras en ccharpe. Il s'en va les bras balans ,
ou les bras pendans. Autrefois un cri militaire
des François étoit, aux bras, aux bras, Kaye^ Guil,
de Nangis , dans VHijioir'e de S, Louis , p. 581,
On dir , en termes de Danfe , avoir des bras,
c'cft les porter, les difpofer, les remuer avec grâce ,
les élever , les abaiilêr à propos. Il faut les faire
porter plus haut, li Te fujet a la taille courte, &
s'il a la taille longue , ils doivent être à la hauteur
de la hanche •, mais s'il eft proportionne , il les
tiendra à la hauteur du creux de l'eftomac. Beau-
champ eft le premier qui en ait donné des régies.
Conduire fcs bras , c'eft les bien manier , les bien
mouvoir , les bien pofer & avec grâce. Si un dan-
feur n'a point les bras doux Se gracieux , fa danfe
ne paroîtra pas animée. 1,'çlçvat.ion clés bras , les
B R A
rnouvemens des bras , l'oppolition des bras aux pîcdîj
la manière de faire les bras dans les dilfcrcnres'dan-
fcs &c av^c les différens pas. Foyei fur cela Ra-
meau. Faire des bras enferme de danfe, c'cft don-
ner du mouvement à l'es bras , leur faire prendre
dilférentes lituations. Les Demoifelles ne doivent
point faire de bras dans le menuet , lorfqu'elles
préfcntent les mains. Rameau.
Ce mot bras vient du latin brachium, qui s'eft
fait du grec tiiax'"' ? Et le P. Pezron prétend qus
le mot grec vient du mot celtique breck. Et le bras ,
dit-il, eft ainlî appelé des Gaulois, parce qu'il eft
rompu au milieu j au lieu que la jambe eft toute
d'une pièce. Or toute rupture fe nomme brèche ^
mot que les François ont tiré des Celtes ^ car il n'eft:
ni grec, ni latin.
Br-As , en termes de manège , c'cft la partie de la jambe
de devant , qui s'étend depuis le bas de l'épaule
jufqu'au genou \ & on dit qu'un cheval plie bien le
brds ; quand il plie bien la janibe , quelque la par-
tie appelée bras ne pHe pas.
Bras, fe dit encore des choies qui ont quelque relfem-
blancc avec les bras, qui ont par leur longueur & leurs
fonèlions, des rapports quelquefois bien éloignés ,'
avec la forme ôc les fonèlions du bras , dans le corps
humain. Les bras d'un fauteuil , ce font les bâtons ,
qui font aux côtés, fur lefquels on appuie les bras.
On le dir aullî de l'étoffe ou de la tapilîerie qui
les couvre. On appelle bras , les chandeliers qu'on
applique contre les murailles, qui ont la figure d'un
bras. Le même fe dit des enfeignes d'un Maître en
fait d'armes. Au bras d Hercule , &£. Les Tourneurs
difent aulfi , les bras des poupées de leur tour ,
les Charpentiers les bras d'une chèvre , en parlant
des deux pièces qui font à côté du poinçon, & qui
lui fervent d'aic-boutans. On dit aulîl les bras d'une
Croix.
On dit, en Architeéïure , les bras d'un bâtiment,
en parlant des corps de logis qui font à côté dii
grand : on les' appelle auffi ailes , ou potences.
Bras , le dit aulii en parlant des choies qui fe por-
tent à bras, ouquife remuent à force de bras. Un
bar , une civière à bras. Un moulin à bras. Il a
fallu monter le canon à bras , à force de bras. Oit
appelle aulfi des tours de bras, des dentelles qui
fe mettent au bout des manches.
Bras,, fe dit au figuré pour la manche qui le couvre.
Elle avoir les mains cralleufes èc ks bras retrouifés.
AblAnc.
Bras , fe dit auffi de la mer , fretum , Se des rivières -,
ramiis , alveus , quand les eaux fe féparent , & font
un petit canal entre deux terres. L'Italie & la Si-
cile ne font divifées que par un bras de mer. Le
bras de mer eft rme partie de mer qui s'avance dans
les terres , ou qiù eft entre deux terres : petit golfe
étroir. Sinus, détroit,'
^fF Bras d'une rivière , fe dit des difFéreris canaux
qu'elle forme. Une rivière, un fleuve fe partage en
plulieurs bras.
On appelle dans la Médirerranée le bras S. Geor-
ge , le détroit du Bofphore , à caufe d'une Eglife
conftruite furies bords, dédiée à S. George, hors
de la ville de Conftantincple. Quelques-uns ont
donné aulU ce nont à la Propontide & à l'Hellel-
pont. Hellefpomus, Du Cange.
Bras , terme cl'Horlogerie , pièce qui fe met fur le
principe du levier , & d'une Bafcule. On appelle
bras tomes les parties d'une pièce qui auH cenrre.
Bras de levier font les deux côtés d'une bafcule : l'un
eft ordinairemcnr plus grand que l'autre. Les deux
côrés d'un fléau de balance fonr appelés bras ; celui
d'une équerre s'appelle branche.
On appelle les bras d'une fcie, les deux pièces
de bois auxquelles la feuille de la fcie eft atta-
chée.
Bras , en termes de Marine, font des cordages qui
font amarrés au bout de la vergue pour la tour-
ner , ou gouverner félon le vent. On appelle bracher ,
ou brajeyer , flûte U manœuvre de ces cordages.
BRA
B
A
k
On clii; tenir un hras ; pour dire , hâler & amarrer
?in des cordages. On appelle bras d'ancre, la moi-
tié de la croilee de l'ancre. On appelle bon bras ,
(^iiand on bralîe au vent , en forte que le vent
ne foit pas au plus près. ;
Bs-As , en termes de Jardinage. Les Jardiniers appli-
quent principalement ce nom aux branches des cu-
curbiracces, melons, concombres, citrouilles, i?»;-
TTius, brachiiun. On dit qu'un pied de melon poulie
des bras; qu'il fait des bras. Les bras de nos me-
lons font déjà fort grands , fort longs. Les bons me-
lons viennent fur les bons bras , & il n'en vient point
fur les mcchans bras ; par exemple , fur ceux qui l'ont
trop veules , , ou fur ceux qui venant des oreilles
font trop matériels , larges & épais. Il faut entic-
hement les ôtcr. La Quint. Lig.
^ On appelle auifi bras , les nageoires d'une baleine.
Bras , (îgnifie fîgurcment , Puilîance : & fe dit pre-
mièrement de Dieu. Le bras du Tout-puiflant. Le
bras qui lance le tonnerre. Le bras de Dieu s'eft
appefanti fur ce criminel. On le dit auHi de fa mi-
féricordc. Le recours des afiligés , c'eft de fe jeter
; entre les bras de Dieu. .
Bras , fe dir auflî des autres Ptii/Tances , &,fignifîe , pou-
voir , autorité, bravoure , exploits militaires , &c.
Les Rois onr les bras bien lonars. Ce Miniftre eR
le bras droir de ce Prince. Il ne faut point prcrer
fon bras pour foutenir rinjuilice. Tout plie fous les
cfibrts de fon bras.
Si ces fers ennemis refiifent celte grâce ,
Qji'ils doivent regarder comme iinfuprtme bien ,
Le Ciel , pour mieux punir leur criminelle audace ^
Ne fe fervirapas d'autre bras que dujr.en. Scuderi.
Bras , fe dit figurément en ces plirafes. Son Médecin
l'a retiré d'entre les bras de la mort ; pour dire ,
l'a tiré d'une très-dangereufe maladie. Il l'a reçu
entre fes bras ; po'ur dire , il lui a donné fa protec-
tion. Il l'a reçu à bras ouverrs ; pour dire , il lui a
fait un grand accueil. Il lui a tendu les bras ; pour
dire , il lui a facilité les moyens de faire ce qu'il
défiroit. Il étoit le bras droit du Cardinal •, c'eft-à-
dire , le Cardinal fe feivoic de lui en toutes choies.
Prêter fon bras à quelqu'un , c'cfl: le.fervir dans quel-
que entreptife. Oii ditaulfi d'un Rapporteur qui a fait
tout ce qu'il a pu contre une partie , qu'il lui a rom-
pu bras &: jambes. On dit, qu'un Miniftre a toutes
les atfaires d'un Etat fur les bras ; pour dire, que
c'eft lui qui a la charge de toutes les affaires. On
dit c]u'un Capitaine avoit toute l'armée ennemie
fur les bras; pour dire, qu'il avoit à réfifter à toute
une armée. On dit qu'un homme a fix enfans fur
les bras ; pour dire, qu'il a le foin de les faire fub-
fifter. On fe confolc aiicment quand on n'a fur les
bras que ceux qui fe font déclarés courte le bien.
Abb. d. l. Tr. On dit aufTi , qu'un homme n'a que
fes bras ; pour dire , qu'il ne vit que de fon tra-
vail, qu'il n'a ni bien , ni revenu. Faire quelque
chofe haut les^r^ïj.'; pour dire,'faiEe quelque ehofe
, d'autorité. .. -• . , •
Bras raccourci.* Terme d'Efcrime. Pouffer à bras
raccourci , c'eft rapprocher fon poignet du corps
avant que d'allonger la botte. Motu reciprocopetere ,
i3u reciproco fer ire.
Bras séculier. Terme de droit , fe dit de lu paif-
fance temporelle & laïque , de l'aurorité du Juge
féculier , à laquelle on eft obligé d'avoir recours
pour l'exécution des fentences du Juge d'Eglife.
FrofûJicc jurifdiclionis poteflas , robur , auxiUum.
L'Eglife ne verfe point de fang : & quand un Prêtre
eft criminel , on l'abandonne au bras féculier. On
implore le bras féculier. Le Concile d'Anrioche ,
tenu en 541 , ordonne d'avoir recours au bras fécu-
lier, pour réprimer ceux qui ne vculcnr point obéir
a l'Eglife j &: il appelle puifiance du dehors , ou
puillànce extérieure, ce que, nous appelons /''rd^yt-
culier. On trouve dans le f'ontiiîcal Romain , &
4àns les Rituels Pontificaux de plufîeurs Eglifes
particulières, la manière de livrer Un Clerc au brdi
féculier : où il fùut remarquer que l'Eglife ne pou-
vant retenir un Clerc que les Juges Laïcs répètent
pour le punir de fes crimes , elle prie qu'on uf^
de douceur à l'égard de ce malheureux , & qu'on
épargne fa vie. Cette cérémonie de livrer un Clerc}
au bras féculier ne fe pratique guère en France -,
où les Juges Laies font en polfctljon de faire le
procès à rous les criminels , Ecclefiafîiques ou Laïcs.
On dit figurément en ce fens , qu'on a abandonné
quelque choie au bras féculier ; pour dire , qu'on
l'a abandonnée aux v.ilets , ou à des gens qui la
eonlbmment , qui la déiruifenr.
Bras. On ditfigurément d'un Juge, d'un arbitre* oiî
de toute autre perfonne qui retranche à quelqu'un
beaucoup de fes droits \ de fes prétentions , qu'il
:. coupe bras & jambes. Acà.d, Fr.
Bras , fe dir proverbialement en ces phrafes. Il l'a,
reçu bras dellùs , bras delfous ; pour dire , il lui
a fait bien des carelfes. Il l'a traité de MonfieuC
gros comme le bras ; pour dire , il lui a fair le
plus d'houiieur qu'il a pu. On dit auHi , ii on lui
en donne un doigt , il en ptend. long comme le
bras ; pour dire,, il étend la liberté, la.permif-
lion qu'on lui donne. On ditaufTi à celui qui craint
d'en attaquer un lutte, il n'a que deux bras non
plus que vous. On dit, qu'un homme demeure les
bras croifés, quand il eft oifif , quand il voit tra-
vailler les autres fans rien faire ; & qu'il a les bras
rompus, quand il ne veur point travailler.^ L'Efpa-
gnol a dit agréablement en ce fens , jîdiiieros pa-
gados branços que h.rantados. Il faut baifcr le bras
dont on voudroit que la main fut coupée ; pour
dire , qu'il faut faire bonne mine &: des cômpli-
mcns à gens qu'on hait & qu'on voudroit qui fuf-
fent morts,
h. TOUR DÉ BRAS , adv. De toute fa force. Il lui a
donné un coup de poing à tour de bras. \Jr\ fouf-
fier à tour de bras,
L'Ordre du bras armé. C'eft un Ordre militaire
des Rois de Dannematk. Il floriflbit Ibus Chriftien
IV , dans la, fuite il fut uni à celui de l'Eléphant ,
& l'on en' attache l'écu au côté de l'Eléphant dans
. les armoiries de ce dernier Ordre.
P'RASER. V. a. Souder le fer, en joindre deux pièces
enfemble avec de la poudre d'épingle * de laiton,
^ du borax , de la roche &: du verre pilé , & faire
fondre le tout dans un brafier ardent, Ferruminare,
C'eft par cette manière de ibudute qu'on met des
pièces à des canons de piftolct qui font crevés , qu'on
fàir des cadenats , & qu'on racommode d'autres ou-
vrages. Elle eft différente de la manière ordinaire
des Maréchaux , de fouder le fer en appliquant le;»
deux bouts enfemble bien chaufTcs & bien battus.
BRASIDAS. ^f. m.. Un des plus fameux &: des plus
braves Chefs des Lacédémoniens. Les habitans d'Am-
phipolis lui élevèrent au milieu de leur ville un
fuperbe tombeau, & établirent en fon honneur des
fîtes appelées Brajidées,
BRASIDÉES. f f. pi. Fêtes établies en l'honneur de
Brafidas , Général des Lacédémoniens , donr les
belles aéiions dans les batailles données à Mé-
thone, à Pyle, & à Amphipolis, étoient célébrées
à Sparte par des facrifices & par des jeux , aux-
quels perfonne ne pouvoir difpurer le" prix , à moins
qu'il ne fur cî#yen. Paufanias , in Lacon, Tliucy-^
; dide, L, F,
BRASIER, f. m. Feu de charbons ardens. Jrdentes
prunes.
Brasier , eft aufîi un vaillcau de méral large & plat/
où 1 on met de la braife pour échaulfér une chambre.,
. Ciiez les Grands il y a d'amples brafiers d'argent,
Focus. Elle eut le plus gros lot , qui étoir un bra-
fier d'argent. Bussi.
Brasier , Ve dit figurément de ce qui eft fort chaud.
Cet homme a une violente fièvre , fon corps cit
un brafier ardcnr. Ardens focus. Nos cœurs doi -
vent être des brafiers ardens de l'amâfur divin. U
fe dit aulfi d'une Hamme amourcufe.
4^
BP
X
A
B Pv A
Il porte dans le fein
Un bi-alîer qui n'a point de fin. VolT.
"Brasier, en termes de Boulangers, c'efl une manière
de petite huche où les Boulangers mettent de la
braile , quand elle eft étouffée. Les Boulangers ne
l'ont pas d'accord fur ce mot -, il y en a plulieurs
qui difent braijier.
13RAS1L P'oyei Brésil.
BRASILIEN, ENNE. 1". m. & f. Br a/dus, d. Quoi-
qu'on diie Brélil , ainfi que nous le marquerons en
Ibn lieu ; il y en a qui dilent Brajilien , &c non pas
JÊhejllien, pour licniher un homme du Brciil , habi-
tant du Brciil, fauvage du Brciil. Les Brafdiens ont
Une tradition oblcure du déluge. Les Brafdiens
croient l'immortalité de nos âmes -, qu'elles vivent
encore après leur réparation des corps -, que les unes
font alors changées en démons , & que les autres
font tranlportées dans des campagnes agtéables, où
elles jouifiént de plailirs continuels. Jean de Lery ,
dans VHijloire de fon voyagé du Bréjd , dit Bre-
filien.
BRASILLER. V. a. Faire gtiller un peu de temps lur
de la braile. Faire brajdler d^ pcchcs. Il n'a guère
d'ufage que dans cette phtafe , où il eft neutre.
Brasillé , EE , part. Des pêches brafdlies. _
%fT En parlant de la lumière que l'on voit Ibrtir de la
mer pendant la nuit , on' dit neutralement que la
mer irafdle le long des flancs d'un navire.
^ BRASLAW, Braflavca.NWXtAz Pologne, dans
la Lithuanie, au Palatinat de Wilna , capitale du
Palatinat. ,
%r BRASQUE. f. f. Klêlange d'a:rgille & de charbon
pilé, dont on enduit l'intérieur' des fourneaux des
Fonderies.
BRASSAGE, f. f. Terme de Monnoyeur, qui fe dit de
la manufaélure des Monnoies. Le trajfdge eft la
peine de l'ouvrier, dont la plus gtandè eft celle de
bien reimier avec les bras l'or & l'argent en grenaille ,
qui eft dans des files, quand il y en a de différente
valeur, pout en faite un mélange fort égal. Se avoir
La monnoie au titre qu'on deiiie. Bracaioruin labor.
Dans le droit de hrajfage eft compris le droit du
Maîtte , du monnoyeur &: du Tailleur de la mon-
iioie , ^li s'appellent particulièrement ouvrage ,
monjloya^e &C ferrage. Ainlî Boizard , T»-. des Mon.
P. I, C. 9, le déhnit : Le pouvoir accordé par le Roi
îiù Maîtte des monnoies de prendre lut chaque marc
d'or , d'argent, ou de-'billon, ouvïé en efpc^es , une
certaine ibmme modique , de laquelle Ibmme le
Maître de chaque monnoie retient environ la moi-
. tié pour le déchet de la fonte , pour le charbon, &
pour les àuti^es frais ordinaires. L'autre moitié eft
diftribuce aux Officiers des monnoies , & au>; Ou-
vriers qui ont contribué de leur miniftère à la fabri-
cation des efpèces. Les vieux titres appellent le droit
de Brajfage , en latin Braieagium. Le droit de haf-
fage pour l'or eft de trois livres par marc , & celui
W l'argent de dix-huit ibis. Bouteroue dit , pag. 7 ,
que les frais de la fabrication font ce que l'on
nomine Brnffage.
^ BRASSARD, BR ASS ART ou BR ASSAR. Le pre-
mier eft le plus ufité. Les Vocabuliftes copiant E-
dellenlent l'Académie , dilent qi^ c'eft la partie de
Varmure d'un liomme de guerre , fervant à lui cou-
vrir le bras. Cela eft vrai-, mais mal dit. On ne dit
point ^armure , mais les armes d'un homme de
guerre, en parlant en général de ce qui lui fert
dans le combat : armure ne fe dit qu'en détail, ^r-
mure de tête, armure de cuiffe, armure de bras.
Voyei_ Armure. Airrfi il faut dire qiie le Braffard
eft non pas une partie de Varmure , mais fimple-
ment eft M armure du bras d'un Gendarme, d'un
homme de guerre. Brachiale. L'ancienne Gendar-
merie portoit des brajjards. L'infanterie fuiflé porte
encore des braffards ; ce font feulcument les pi-
quiers. Pour armes défenfives , au lieu de Jacques de
maille , dont on s'étojt fervi long-temps , les cava-
iiers prirent vêts l'an 1500 une cuiralTe, des iraf^
fards , des cuillatds , des jambières & des gantelets^
Le Gendre.
BrassàrC, eft aulTî dh inftrumeritde cuir,Iong environ
d'un pied : Il eft rond & creux , afin qu'on puifle y
paHlr le bras : on s'en fert en jouant au balon pout
le pouHer avec plus de force , & pour ne le point
blcllLr, ce quiarriveroit, lî en pourtant on rencon-
troit l'ouverture du balon, 011 il y a un morceau
de bois avec uiie Ibiipape. Brachiale luforiurn , co'
riaceum.
^3" On lé fert auflî dans les Verreries de hraffards faits
de vieux chapeaux , dont on le couvre le bras droit
jufqù'au coude, afin dé pouvoir Ibutcnir le manche
des pelles, quand il eft trop chaud.
(CT BR ASSAW , ou BRASSOW. Chez les Allemands
Cronftadt. Patroviffa. Ville de Tranfilvanie, avec
Evcché , fur la frontière de la Valachie , dans le
Burchland.
BRASSE, f. f. Mcfure qui contient la longueur des
deux bras étendus , avec le travers du corps ; ce qui
fait à-peu-près la longueur de lîx pieds de Roi. Se^
norum pedum menfura , orgya. En plufieurs lieux -,
comme à Florence , à Berganle , à Lucques , la braffs
eft une mefure de longueur , dont on le fert pour
les étoffes. Il fie fe dit guère fur terre que d'une
braffe de corde. %f3' Elle eft différente dans les diffé-
rentes villes d'Italie où cette mefure eft en ufage.
|Cr On fe fert encore de la braffe pour mellircr la
profondeur des mers ci. des rivières , quand on jette
la fonde. 'Làbraffe des vaiCeaux de guerre eft de fix
pieds-, celle des vaiJfeaux inarchands , de cinq pieds
& demi ; celle des barques & bâtimens deftinés à
la pêche , de cinq pieds. Grande , moyenne & pe-
tire braffe. Il y avoit en ce poit douze ^r^T^'^ d'eau*
Ce vaiHeau tire deux braffes d'eau. On dit auiîi , du
pain de braffe ; pour dire , un pain très-gros , pefant
vinç;t ou trente livres*
On ditauiH au figuré. Il eft cent /"-^r^j au-defllis
de lui. Longo illum intervallo fuperdt : c'eft-à-dire,-
il eft bien lùpérieur à lui , foit pour le favoir , foit
pour le crédit, &c.ll eft cent braffes au-delfous de
lui ■■, pour dire , il eft beaucoup inférieur. Cela n'eft
bon que dans le ftyle familier.
BRASSÉE, f. f. Charge de quelque chofe qu'on peut
porter entte fes bras. Quantum ferri potefl amba-
bus uinis. Braffée de fagots , de foin , de paille ^
&c. Emporter à braffee.
BRASSELET. Foyei BRACELET.
|Cr BRASSER. V. a. Remuer avec les tras , à force
de bras, plufieurs chofes , afin qu'elles s'incorporent
les unes avec les autres. Subigere fubigendo , agi-
tando permifcere. Bra[fc~ bien toutes ces matières.
ik? Brasser la bière, c'eft la faire. Ilfautpiour cela
rémuero agiter fottement la liqueur pour la mêler
avec l'orge , le houblon & les autres ingrédiens
dont elle eft compofée.
|tC? Brasser à la monnoie , c'eft remuer le métal
c]uand il eft en fufîon dans le creufet, quand il a-
acquis le degré de fluidité. L'or ne fe braffe pas de'
même que l'argent. Voycy Brassoir.
|J3° On clit auflî braffer dans les Papeteries. Voye:^
Papier, Papeterie.
ifT Brasser. Terme de Tanneur. C'eft remuer les
cuirs & les retourner dans une cuve remplie d'eaa
& de tan pour les rougir.
Ménage ciérive ce mot de braxare., qu'on a dit
çoiit brajiare, quifignifie proprement ^r^^T de la.
bière, qu'il dit avoir été formé Az braftum, ligni-
fiant bière. Du Cange dit que hrace , brajium , èC
bracium , fîgnifioient une efpèce de blé dont on
failbit la bière , d'où font venus les mots de braljè ,
braffin &: brafferie , qu'il dit avoir été appelée hra-
cina , brafcina , br achinum , braxatorium Se braf-
feria, dans la baflc latinité. Mais il y a plus d'app.i-
rence que ce mot vient fimplement de bras ; parce
qu'encore en plufieurs lieux on nomme Brajjïert
un manœuvre , un homme qui vit du tr.availlc de fes
bras. Le Père Thomailîn aime mieux remonter juf-
E
A
BR A
qiiW la langue grecque, & chercher Ira^jr cîaus
^pxça, ferveo, ebullio, parce qu'on le lerr de feu
pour faire la bière.
En Normandie on appelle hraffer , la manière
d'exprimer le jus des pommes & des poires. Pour
trader ces fortes de fruits deftincs à taire du cidre
ou du poiré, on les fait écrafer dans le tour du
preflbir avec une meule qu'un cheval fait tourner au-
tour. Quand ces fruits font bien écrafés , on en
prend le marc, on le met fur un tablier en le ftra-
tifiant avec du gleu ou du glui , jufqu'à une élé-
vation d'environ trois pieds -, puis par le moyen de
l'arbre du prelfoir & de fa vis , on prefîe ce marc
de façon qu'on en exprime tout le jus , qui tombe
du tablier où eft le marc , dans le cuvier nommé Bel-
Ion; d'où on le prend pour le mettre dans les ton-
neaux. C'eft-là que la liqueur bout , fermente &
devient potable.
Brasser, fe dit aufîî particulièrement en matière de
pêche , de ceux qui agitent & troublent l'eau avec
des bouilles , ou bouloirs , pour faire donner le
poiilbn dans lestrubles, étiquettes, ou autres filets
que le Pêcheur a tendus.
En termes de Marine , Brafftr , c'eft fe fervir de
bras, ou manœuvres , avec lefquelles on gouverne
les vergues. On dit , Brajpr à faire fervir ; c'eft
truffer les vergues , enforte que le vent donne dans
les voiles. Brajfer à contre ; c'eft traffer le bras du
vent, afin que le vent donne dans les voiles. Braffer
au vent; c'eiï èraffer les vergues du côté du vent.
Braffer fous le vent ; c'eft hraffer les vergues du côté
oppofé a celui du vent. Braffer les vergues ; c'eft en
maniant les bras , mettre les vergues horifonralement
de l'avant à l'arrière. Brafjer les voiles fur le mat,c'c9i
hâler les bras du vent , enforte que le vent fe mette
fur les voiles , au lieu d'être dedans j c'eft-à-dire ,
manœuvrer les voiles, de manière que le vent fafle
le contraire de ce qu'il faudroit pour faire fiUer le
vailîcau. |^ On dit en commandement : braffe tri-
bord devant , braffe bas-bord , &c.
ifF On trouve dans Montaigne , braffer un lit de
plumes -, pour dire , le remuer. On le dit encore
dans les Provinces , 6c braffer les cartes , pour les
mêler.
Brasser , fignifie figurément , faire quelque confpi-
ration. fJCT Pratiquer fecrettement quelque complot
pour prendre ou trahir quelqu'un. Machinari , mo-
/iri. Il y a long-temps qifils braffoient cette trahi-
fon. Braffer quelque chofe contre l'Erat. Il fe dit
toujours odieufement. Il n'eft pas noble.
Il fignifioit auttefois , procurer , fournir. Il ne fe
dit plus qu'en mauvaife part. Glojf. fur Marot.
Brassé , ée, part.
BRASSERIE, f. m. Lieu où l'on fait de la bière. Cer-
vijîiz officina. Dans un placer des Moines de Fulde
à Charlemagne , on trouve braciarium en ce fens ,
Aa.SS.Ben. Sœc. IF. P. L p. i5i. Il eft défendu
aux Brafleurs de nourrir , ou de tenir en leurs mai-
fons , où font les brafferies , aucuns bœufs , vaches ,
porcs, oifons, ni canards, à caufe de l'infeélion
que caufcroient ces animaux dans les brafferies , qui
ne peuvent être tenues trop nettes. Delà Mare.
BRASSET. f. f. On appelle à Meaux le Brafet ; un
canal d'eau qui environne les fauxbourgs de la ville.
C'eft l'ancien lit de la rivière de Marne. Hifl. de
l'Egl. de Meaux , Tom. L p. 3 .
BRASSEUR, f. m. Celui qui fait &: qui vend de la
bière en gros. Cervifiarius. Les Braffeurs s'appe-
loient autrefois Cervoifiers. L'hiftoire des Evêques
de Verdun , qu'on trouve dans le Spicilcge de Dom
Lucd'Achery, appelle les Brajfeurs , bracentes.
BRASSEUSE, f. f. Femme de Brafl'cur.
IfJ- BRASSEYAGE. f. m. Terme de Marine. C'eft la
partie qui avoifine le milieu des vergues. On en-
tend par braffeyage ce qui eft compris entre les
haubans. Le braffeya<:^e eft facile quand la vergue
ne touche pas les haubans fous le vent , fans être
orientée su plus près.
BRASSICOURT , BRACHICOUR fubftancivemcnt.
47
Terme de Manège , qui fe dit d'un cheval qui a
naturellement les jambes courbées en arc , a la dif-
férence des chevaux arqués , qui les ont courbées
par la^ force du travail.
BRASSIERES. 1. f, pi. Chemifette , efpèce de petite
camifole de femme qui fert à couvrir les bras & le
haut du corps. Brachialia.
On dit proverbialement , qu'un perfonne eft en
braffûres; pour dire, qu'elle eft contrainte, qu'elle
n'a pas la libre difpofition d'agir , de faire ce qu'elle
voudroit.
%fT BRASSIEUX. Gros Boutg de France, dans la
Sologne, au bord du Beuvron.
BRASSIN. f. m. Eft un vaillêau où les Braffeurs font
leurs bières. C'eft aulfi la quantité de bière contenue
dans la cuve. Ce mot fignifioit autrefois , Araire.
Soit Philofophe ou Médecin ,
// n'entend rien en tel braJTm.
BRASSOIR. f. m. Terme de Monnoie. Efpèce de canne
de terre cuite avec laquelle on braffe l'or en bain,
Rudicula. A l'égard de l'argent &: du billon, on fe
fert d'un braffoir de fer , à" caufe qu'il n'y a pas le
même inconvénient qu'à l'or , qui s'aigriroit avec
un braffoir de fer : &: de plus, le fer, par fon hété-
rogénéité, feroit pétiller l'or, ce qui cauferoit des
déchets.
BRATHITE, ou SABINITE. f. f. Pierre figurée. C'eft
une efpèce de la Dendrite, Elle imite les feuilles de
la Sabine. Brathites.
^ BRAVA. Ville d'Afrique , en Ethiopie , au Zangue-
bar, fur la côte d'Ajan, dans un petit Etat indé-
pendant. C'eft aufli le nom de la plus méridionale
des Iles du Cap Vert , connue par fes bons vins.
BRAVACHE, f. m. Fanfaron fur le fait de la valeur ,
faux brave. Trafo. Ce mot eft un peu vieux , & ne
peut entrer que dans le difcours comique &: bur-
Icfque.
BRA VACHERIE, f. f. Bravade, menace fière& info-
lente, fanfaronade, Cotgrave feul. Frivola jaclantia.
Il n'y a ni rodomontade d'Efpagne , ni bravacherie
Napolitaine, ni mutinerie Walonne, ni Fort d'An ■
tonia , ni du Temple ou Citadelle dont on nous
menace , qui nous puiffe empêcher de defirer & de-
mander la paix. Sat. Mén. t. i , p. lyfî.
BRAVADE, f. m. Menace d'un fanfaron, fCF a6tio,p de
braver quelqu'un par fes aétions , par fes paroles ou
par fes manières. Ferocior infultatio. Ceux qui font
le plus de bravades , font bien fouvent les plus pol-
trons. Voilà où fe fonr terminées toutes fes bravades.
Voit. Fabius étoit trop ptudent pour prendre les
bravades d'Annibal pour autant d'aiftonts. S. EvR.
Les bravades enfin font des difcours frivoles ,
Et quifonge aux ejffèts^ néglige les paroles. Corn.
Bravade , f f. eft aufTi le nom d'une fête inftituée en
I zjô', par Charles d'Anjou, à fon retour de la Terre-
Sainte , & qui fe fait à Aix en Provence. Celui qui
a abattu l'oifeau eft déclaré Roi par les Magif-
trats , il fe choifit un Lieutenant & un Enfeigne,
qui lèvent chacun une compagnie -, & la veille de la
fête de S. Jean-Baptifte, ils fe rendent dans la place
de la ville , où le Parlement & les autres Corps fe
trouvent aulTi pour allumer le feu , &: cela s'appelle
la Bravade; peut-être parce qu'ils font braves, c'eft-
à-dire, vêtus magnifiquement, ou plutôt parce qae
cette fête fut établie pour entretenir les habitans
dans l'exercice de la guerre , & les rendre braves.
fCr BRAUBACH, Brocubachium , ou brubactiium^
petite ville d'Allemagne , fur le Rhin , dans la Wé-
téravie.
BRAVE, adj. m. & f. & f. Excellent en fa profefïîon.
Eximius , infinis , egregius. On dit un brave
homme , un brave foldat', brave cavalier , qui fait
toutes chofes d'une manière noble & honnête. Il l'a
fait en brave homme, &C le doit foutenir. Corn.
Cette qualité ne doit être attribuée qu'à un hommft
48
BOU
d'épce , & Balzac s'cft mocqué d'uli Prédicateuï qui
avoir appelé fainte Paule , cette hâve veuve. On
ne lailîc pas de dire dans le dilcours familier, vous
êtes une brave femme.
Brave , en termes de guerre -, fignifie ffT celui qui a de
la bravoure , c'eft-à-dire , cette fermeté d'amc qui ne
connoît pas la peur-, qui court au dangeï de bonne
grâce, & préfère l'honneur au foin de fa vie. Prœf-
\anus ammi vir , helllcâ lande clarus. On dit ab-
rolument, c'eft un brave : les vrais beaux efprits font
de l'humeur des vrais braves , qui ne parlent jamais
de ce qu'ils font. Bouch. Si les Braves n'avoient pas
la pafFion de la gloire, ils demeureroiertt paifiblement
- x;onfortdus avec les lâches. M. Scud. Faifons tant
que nous voudrons les braves , la mort eft la fin qui
attend la plus belle vie du monde. Pasc. Un faux
brave tourne les yeux de tous côtés pour voir fi on
le regarde. S. Evr. On efl: brave par férocité, aufll-
bien^que par la vertu. Flech. Un homme brave par
tempérament feul , ne fera autre chofe que de n'être
.pas poltron •, Se ce n'eft que par ambition qu'il cher-
che à fe fignaler. M. Scud.
II e/i de faux dévots, comme il eft de faux bfàvès. Mol.
Ce mot mot vient de bravium qui fignifie le prix
de la victoire.
Brave , fe prend en mauvaîfe part , & fe dit d'un bret-
teut , d'un aflafTin , d'un homme qu'on emploie à
toutes fortes de méchantes aélions. Sicarius. Cette
coiutifane a plufieuis braves qui la protègent.
Brave, fignifie auiTi une petfonne bien; parée, bien
vêtue. Injigni ornatu comptus , cultus. Les bour-
geois ne font braves que les Fêtes & Dimanches.
Ce mot eft un peu bas en ce fens, Mén.
On dit ironiquement d'uh fanfaron , qu'il eft
hrave jufqu'au dégainet. Acad. Fr.
On dit proverbialement , qu'un homme eft brave
comme Cefar -, qu'il eft brave comme l'épée qu'il
porte i pour dire , qu'il eft fort vaillant : qu'il eft
brave comme un bourreau qui fait fes Pâques \ pour
dire , qu'il n'a pas coutume d'être fi bien vêtu._ Ce
proverbe vient de ce que les bourreaux étoient
autrefois obligés de porter des habits chargés de
quelque marque de leur infamie , comme d'une
échelle &: d'une potence , pour les diftinguer des
autres perfonnes -, Se il leur étoit permis de les quit-
ter quand ils faifoient leurs Pâques, pour la révé-
rence de la fête , auquel jour ilss'habilloient des plus
beaux habits qu'ils vouloienr. On dit audl , brave
comme un lapin. On dir auiïi , mon brave , abfolu-
ment , comme on dit , mon chei , &c. A brave ,
brave & demi \ pour dire que fi un homme eft
brave, on lui en oppofera un autre encore plus brave
que lui, ou lorfque quelque bravache s'eft tait
bartre.
BRAVEMENT, adj. D'une manière brave , couragcu-
fement , honnêtement. Fortiter , egregiè. Il lui a
répondu bravement & fans crainte.
BRAVER. V. a. ^ÇT Traiter quelqu'un avec hauteur ,■
Je regarder arec mépris, l'infulter. ïnfultare. Un
homme de cœur fouffre difficilemenr qu'on le brave.
^fT Tu me brave , Cinna , tu fais le magnagnimc ,
COM,
§C? Il fe prend très-fouvenr au figuré, braver la mort ,-
les périls , la fortune , les méprifer , ne les point
craindre. Laceffere , defpicere , contemnere. La fa-
tire brave l'orgueil Se fait pâlir le vice. Boil. La
tHionwt brave pas toujours la puilfance fuprême de
l'amour. ViLL. Il eft bien plusaifé de fe guinder fur
de grands fentimens , & de braver la fortune en
vers", que d'entrer comme il faut dans le ridicule des
hommes. Mol.
Fui , traître , & ne viens point braver ici ma haine.
Et tenter un courroux que je retiens à peine. Rac.
Kous triomphe:^ , cruille , 6* bravez ma, douleur, lo.
BOU
UCj* La Prinee/Te ne bravoit point la mort avec fierté ,
contente de l'envilaget fans émotion , de la recevoir
fans trouble. Boss.
|p=- On trouve ce mot dans Montagne , pour figni-
fier aélion de valeur.
Bravé, ée, part, &: adj. Laceffitus , contemptus.
BRAVERIE. f. f. Dépenfe en habits v inclination ,
penchant à fe vêtir richement & proprement. Ma-
nièie affeétée de fe vêtir ainfi. Cultus , ornatus. Cet
homme a dépenfé tout fon bien en braveries inu-
tiles. Il eft familier. On trouve ce mot dans Mon-
taoïne pour fignifier adion de valeur.
BRAULS , f. m.\^l. Toiles des Indes rayées de bleu &:
de blanc. On les nomme autrement Turbans , parce
qu'elles fervent à couvrir cette forte d'habillement
de tête, particulièrement fur les côtes d'Afrique.
^fT BRAVOURE f. f. magnanimitas , animi magni-
tudo , fortitudo. C'eft une fermeté d'ame qui ne con-
noit pas la peur , elle court au danger de bonne
grâce & préfère l'honneur au foin de la vie. La bra-
vo«r£ fait qu'on s'expofe.Ilne faur pas que la bra-
voure fe pique de paroîtrc rnal-à-propos. M. l'Abbé
Girard. Ce qui diftingue la véritable bravoure de
la brutalité , c'eft qu'elle a la gloire pour objet.
LOG.
13" Le courage , eft cette vigueur néceflTiire à l'amc
pour exécuter des aèlions vertueufes qui , par les
obftacles qu'il faut braver j feroient impraticables à
des cœurs pufiUanimes,
|tCr Lth force, eft la noblefle des fentimens qui élevé
l'ame au dellus des craintes vulgaires , èC lui fait
braver, quand il eflbefoin, le danger, la douleur
&; l'adverfité.
iCr L^ grandeur d'ame, eft ce fentiment noble qui nous
montrant le vrai beau , nous y fait tendre avec
emprefiement.
?fT L^ fermeté, eft la réfolution conftante d'un homme
fenfé qui perfifte dans un deflein qu'il fçait être
jufte Se utile , malgré les oppofitions qu'il rencon-
tre , ou les travaux qu'il lui en coûte. L'honneur ,
la vertu , l'amour du bien public , infpirent la fer-
meté. V intrépidité eft une forte de fermeté, mais
éprouvée par la préfence du danger , des peines &C
des fouffrances , elle cara6térife plus parriculière-
ment le héros.
IJCr Le cœur foutient dans l'action -, le courage hit
avancer; la valeur fait exécuter^ la bravoure fait qu'on
s'expofei l'intrépidité fait qu'on fe facrifie.
Il fignifie quelquefois, les aélions de valeur. En
ce Cens il n'a d'ufage qu'au pluriel. On attribue aux
héros de roman des bravoures merveilleufes. Fati-
guer le monde du récit de fes bravoures.
BRAURON, f. m. Bourgade de l' Attique , où la ftatue
de Diane , apportée de la Tauride par Iphigénie ,
fut tranfportée Se dépofée dans un Temple qui y
fut bâti par Orefte. On y célèbroit tous les ans
la fête de la délivrance d'Orefte & d'Iphigénie. On
appliquoit légèrement une cpée nue fur la tête d'une
victime humaine-, quelques gouttes de fang répan-
dues en l'honneur de Diane , y tenoienr lieu de
facrifice. Iphigénie fut Prêtreflê de ce Temple , &
après fa mort" y reçut les honneurs divins.
BRAURONIES. f. f. pi. Fêtes de Diane , furnommée
Brauronie, de Braurcn , Bourgade de l'Attique ,
où fe voyoit cette célèbre ftatue de la Décfic appor-
tée de la Scythie-Taurique par Iphigénie, & qui y de-
meura jufqu'au temps de la féconde guerre Perfi-
que, durant laquelle Xercès la fit enlever Brauro-
w/^z. ( Paufan. in'jttic & Jrcad. Pollux, /. 8 c. 9, )
Ces fctes étoient données une fois tous les cinq
ans par des Décemvirs furnommés l'iptTrelti , c'eft-
à-dire , Inrendans des chofes facrées. Héfychius
dit qu'on y immoloit une chèvre, &c que l'on y
chantoit l'Iliade d'Homère. L'Ornement de la fo-
lemnité étoient plufieurs vierges depuis l'âge de cinq
ans jufqu'à dix , habillées de robes de couleur
de fafran. ( Kpty.ar)» ) Voici , félon Suidas , l'origine
de cet ufage. Dans un bourg de l'Attique étoit un
ours fi apprivojfé, qu'il mangeoit familièrement
avec
I
fi R A
ivec tout lé monde , & badinoit fans faire le moîncire
mal à perfonne ■, mais une jeune fille ayant un jour
voulu badiner avec lui d'une manière un peu trop
familière. Se contraire aux loix de la nature, l'ours
fe jera fur elle & la mit en pièces. Ses frères ven-
gèrent fa mort fur le meurtrier. Cette vengeance
fut luivie d'une perte horrible qui déibla toute l'Atti-
que. Pour en faire ceffer les triftes effets , on aban-
donna à Diane , fuivant la réponfe d'un Oracle ,
pluficurs jeunes filles, pour appaifer la colère que
lui avoir caufé la mort de {on ours , & l'on fit une
loi qui dcfendoit à aucune fille de fe marier , fins
avoir fer vi de Prêtrcffe à la Dceffe. Harpociation
êc Hcl'ychius nous apprennent que ces jeunes filles
étoicnt appelées a'^^toi , urfœ ; & l'initiation A'fKldx ,
qu'Ariftophane nomme AiKelili , à caule qu'il ne fal-
loir pas avoir plus de dix ans , pour être mile au
nombre des filles conlacrées à Diane.
BRAY. f. m. Vieux mot , qui fignifioic autrefois , fange ,
boue. Lutum ; &c dans la baffe latinité , Braïum.
C'eft de-là que le nom de Bray a été donné à tant
de lieux en France. Le pays de Bray, Braïum',
petit pays en Normandie , très-mauvais &; très-fan-
çeux dans le temps de pluie. Il eft fitué entre le pays
de Caux , le Comté d'Eu , le Vexin Normand , le
Vexin François , & les Diocèfes d'Amiens & de
Beauvais. Foye^ la Defcript. Géo<*r, & Hiji. id la
Haute-Norm. Torn. L pas;. 52. Le Livre des miracles
de S. Bernard parle du château de Bray , ce qui figni-
fie , dit-il , l'âne , fange. Cajtrum Braïum. , quod lu-
tum interpretatur. C'eft Bray fur Seine dans le Sé-
nonois. Dans la Chronique duMonaftèrede S. Pierre
le Vif dans le Sénonais, il eft appelé Braîcus , &c il
eft dir qu'il eft dans des lieux marécageux-, Muni-
tiunculam in pago Senonico, fuper Secanam jluvium,
quiz Braîcus dicitur , in locis palujlribus. C'eft-de-là
encore que l'on dir Bray , ilir Somme , Braïum ad
Summam ; la forer de Bray , Jilva Bràienfis \ la
Ferré en Bray , Firmitas in Braïo ; Houdafic en
Bray , Hojdencum ; Ville en Bray , villa in Braïo ;
la tour de Bray , turris in Braïo ; Pifeux en Bray ,
Puteoli in Braïo ; Onfenbray , Omium in Braïo ;
Bray Comte-Robert; Braïum Comitis RobeTti , que
l'on prononce communément Bri-Comte-Robert.
On a dit aufii Brahic,ou Braic, Breïcum,Braïacum,
Brdïcum , Brahicum , & quelquefois Brajotum. De-
là viennent encore Vibraye, Follenbray , Savigni
fur Braye , & cent autre? lieux. Strada dit que quel-
ques Auteurs croienr que Bruxelles a été ainfi nom-
mée , parce que certe ville eft dans un lieu boueux
& marécageux. Enfin , M. de Valois prétend que
e'eft de-Ià que viennent les noms de brouet , bouage
èc boue. Voyez cet Auteur dans fa Notice des Gau-
les , /7 94 & 9î , d'où rout ceci eft pris. Foye^
Brayeux. Peut-être que bray eft un mot celti-
que, qui vient de «13, gras-, les ferres gtalfes font
plus brayeuies , ou fangeufes que k? autres.
Bray, ou Bré, félon Ménage, f. m. on dit mieux
Bray ou Brai. Terme de Marine , eft une com-
pofition de gomme , de réfine & d'autres matiè-
res gluantes , qui font un corp? dur , fec & noi-
' râtre , qui fert à calfater & remplir les jointures
des planches du bordage d'un vaiffeau. Navalis
nnclura cera. On en fait auffi avec de la poix li-
quide mêlée avec de l'huile de poiflbn. Il y a du bray
fec & du bray gras ; le bray gras a plus d'humeur ,
&: eft plus vifqueux. Le bray liquide eft une liqueur
graffe & claire qui découle du rronc des vieux pins.
Les Suédois & les Norvégiens les incifenr , & enfuite
coupent récorce de l'arbre, d'où il découle du ga-
lipot noir , qu'on appelle auffi tare , & c'eft le bray :
quand ce tare, qui eft comme la graiffe de l'arbre ,
eft tout découlé , l'arbre meurr. Le bray kc , qu'on
appelle auffi aicançon, eft du galipot ou fuc de pin,
qu'on a fait cuire jufqu'à ce qu'il fbit prefque brûlé.
PoMET. JCF On entend encore par ce mot bray ,
l'efcoursT'^on Se l'orge broyés pour la bière,
BRAYE. Foyei Braie.
BRAYE , ( la) rivière de France , qui a fa fource dans
Tome II,
B R È
la petite Perche , près de S. Bomert, reçoit plufieuts
ruiflèaux, paflè à Vibraye dans le Maine, & fe perd
dans le Loir.
îiRAYEMENT. Foy^i Braiemext.
BRAYER. f. m. Bandage fait d'acier, |KF du d'autte;
.matière femblable, pour conrenir les parries aux-
quelles il y a des hernies , ou ruptures. Subligar ,
fubligaculum , hernitz vinculum , ou faj'cia inguina-
lis. Il y a aux Grands Auguftins une fondation pour
diftribuer charirablement des brayers aux pauvres
qui en ont belbin. ^fF II y a des brayers pour les
hémorroïdes , pour la chute du fondement de la
matrice , pour la hernie du nombril.
Quelques-uns dérivent brayer de brak , mot de
Lombardie , qui fignifie rupture. Mais du Cange" le
dérive à brachis , ou braccis , parce qu'il fe mer fous
les braies. Il l'appelle bracheriolum en latin. Dans
la vie de S. Juftine, Acl. SS. Mart, T. IL p. 144.
on trouve ce mot que les Bollandiftes dérivent de
brak, nom Lombard, qui fignifie rupture. De-là
s'eft fait braker , bandage , d'où l'çn a fait brache-
riolum diminutif Dans le même ouvrage, Jpnl.
T. IL p. 8z8 , cet inftrument eft appelé brachiro-
lus , du même inot bracclm , ainfi qu'il s'écrit quel-
quefois. Et Mî//, T. Kp. 190 , on trouve bracrinm ,
fait apparemment de bracerium , où brachcrium ;
Scbracale, Junii , T. IIL p. S6i.
Braver , eft auffi un terme de Balancier -, & il fe dit
du petit morceau de fer qui paffe dans les rrous qui
font au bas de la chafle du trébucher & des balances,
^ qui ferr à la tenir en état.
BrayeK , eft aulfi un morceau de cuir , large de deux
à rrois doigts , au bout duquel il y a une efpèce de
fachet de cuir , où l'on mer le bâton de la bannière
quand on la porte.
^fT On appelle auffi brayer un bandage fait de gros
cuir garrii d'une boucle & de fort ardillon qui fert à
fbutenir le battant d'une cloche.
Brayers , en termes de Maçonnerie , fe dit des cor-
dages qui ferveur à élever le bourriquer , ou petit
bar , avec lequel on porte le moilon , & le mortier
au haut des plus grands édifices.
Brayer , en termes de Fauconnerie , fignifie le cul de
l'oifeau. Anus. Une marque de la bonté d'un oifeau
de proie , c'eft quand il a le brayer ner , &: lorfqu'il
lui tombe bien bas le long de la queue , &: qu'à l'eii-
rour il eft bien émaillé de raches n^^ires ou roulfes.
BrAyer. V. a. Terme de Marine. Efpalmer , ou cali'ater
un vaiffeau , y appliquer du bïay bouilianr , du gau-
dron & duflxifpour remplir les jointures de fou
bordage. Navem incerare.
BRAYETTE. f f Ce mot n'eft guère en ufage que dans'
les Provinces. C'eft la fente de devant d'un haut de
chauffe. Subligaris anterior lingula ,' Braccarum
pars anterior. Il y a peu de temps qu'on difoit bra-
guette. On les voit encore peimes dans les tableaux
du fiècle paffé. Comment Panurge défifta de porrer
fa magnifique braguette. Rab. On dit figurément
q-u'un homme eft chaud de la brayettc ; pour dire ,
qu'il eft ardeur après les femmes.
BRAYEUX , EUSE. adj. Vieux mot , qui fignifioit
autrefois boueux , fangeux , plein de bray ou de
boue. Lutofus , cœnofus. Il paffa parmi la ville , où
y avoir caves & fources mouk brayeuj'es. Mons-
TRF.LET , C. ill.
BRAYMAL. Pays de France en Normandie.
Ip" BRAYOIRE. f. f. On appelle ainfi dans quelques
Provinces , l'inftrument qui fert à donner au chanvre
la première façon , & à commencer à fcparer la fi-
lafTe de la chenevotte. En Normandie, on à\\.brie,
en Breragne , braye & brayer.
BR AYON.V. m. Terme de Chaffe, qui fe dit de ce qui fert
à prendre les bêtes puantes qui ruinenr les garennes.
Brayok , fe dit auffi chez les Imprimeurs , de ce qui
fert à brover l'encre avec le noir.
IJC? BRAZER. Foyei BrAser.
B R E.
I BRÉANT. f. m. Petit oifeau qu'on nourrir en cage à
jo B R E
caufe de fon chant. Anthusi II a le bec court &
alîez gros. Il eft d'un vert brun avec quelques mar-
ques punes lut rcxtrcmité des gros tuyaux de les
ailes \ les jambes & les pieds Ibnt d'un rouge prel-
quc couleur de chair.
BREAUNE. f. f. Ceft une forte de toile de hn , blan-
che & allez claire , qui le fabrique en Normandie ,
particulièrement à Baumont & à Bernai. 11 y en a
de différentes qualités: les unes fines, les autres
moyennes , & les autres plus groflés qui s'emploient
ordinairement à faire des rideaux de fenêtre._ On
ne lailfe pas cependant de s'en fervir quelquefois à
faire des chemilés Se autre forte de lingerie.
BRÉBIAGE. f. m. Dans la balfe latinité. Behriagium ,
irïhitum ex berlncihus. Ceft un tribut qu'on levoit
fur les brebis. Il en eft parle dans une charte de
Philippe le Long. Item , il a efdites fermes brehiage
de tiers en tiers an.
BREBIETTE. f. f. Vieux diminutif. Petite brebis.
Ovi cilla.
BREBIS, f. f. Animal à quatre pieds, couvert de lame -,
la femelle du bélier , & qui porte les agneaux. Ovis.
Mener un troupeau de brebis. Elle vit neuf ou dix
ans. Il y a dans le Pérou une forte de brebis, tant
fauvages que domeftiques, qui approchent de_ la
forme d'un chameau , à la réferve qu'elles font ians
boflc. Elles font plus grandes que les brebis de l'Eu-
rope , & hautes le plus fouvent d'une aune d'Efpa-
gne. Elles ont le cou long & rond , & la lèvre d'en-
ïiaut fendue. Les privées font d'ordinaite blanches ,
ou noires, & quelquefois de couleur cendrée. Les
fauvages font rougeâtres ou fauves , &: couvertes
d'une" laine longue , légère , luifante , & qui eft
beaucoup plus chère que celle des autres. On en
fait un certain drap dont le luftrc approche forr de
celui du camelor. Leur chair eft plus féche que celle
de nos brebis. Elles courent d'une grande vîteife ;
fur-tout les fauvages. En Ethiopie les brebis n'ont
point de toilbn. Celles de Turquie ont une queue
longue & épailfe. Les brebis du Pérou &: celles de
S. Laurent portent à chaque fois trois ou quarre pe-
tits. HisT. DES Incas , & Pyrard. L'on trouve
dans route la Chine des troupeaux de brebis par
milliers, qui portent, comme en Tartarie &: en
Perfe, de longues queues; dont quelques-unes pc-
fent 40 livres '& plus. Ambaff'. des Hall, à la Chine,
P. II. p. Ç)i. Au Royaume d'illiny en Guinée, les
brebis portent régulièremenr deux agneaux de cinq
mois en dnq mois. Ce qui plaît dans la vie cham-
pêtre, c'eft l'idée de tranquillité attachée à la vie de
ceux qui prennenr foin des brebis &c des chèvres.
FoNTEN. On voit Ajax elfayer fa fureur fur une in-
nocente brebis , qui lémble jerer un accent plaintif
pout implorer l'alliftance des fpedateurs Vill.
Alors pour Je couvrir durant l'âpre faifon.
Il fallut aux brebis dérober leur toifon. Bon.
Heureux qui vit en paix du lait de fes brebis ,
Et qui de leur toifon voit filer fes habits. Racan.
Ces animaux étoient en vénération à Saï's en
Egypte, apparemment à caufe de leur utilité.
"Ménage dérive ce mot de berbix , dont les Latins
fe font fervis en même fignificarion , qu'il dir venir
de vervex. Il allègue aulîl qu'on a dit berbix , ber-
bigale &c berbicarius , d'où font venus bercail ôc
berger. Dans la vie de S. Gudwal, Evêque en An-
gleterre , on lit brebix , 8c non berbix , furquoi le
P. Henfcheniirs remarque , Acl. SS. Junii , T. I.
p. -746, que c'eft la feule fois qu'il a rrouvé ce mor,
qui méritoit bien d'être dans Du Cange-, que cepen-
dant il faut qu'il ait été autrefois en ufage, puif-
qu'il eft refté dans la langue françoife. On le voir
auin dans les Loix Saliques, tit. 4, & Chifflet l'in-
terprète vervex. En françois, il a changé de genre,
& ne lignifie proprement que les femelles. On dit
cependant quelquefois brebis en général , & pour
l'efpèce-, 6i un troupeau de brebis , quoiqu'il y ait
B R E
des maies , comme on dit mouton en général , &
un troupeau de moutons , quoiqu'il y ait des fe-
melles , & même en plus grand nombre.
Brebis , fe dit hgarément des Chrériens qui font fous
un mên-iePafteur,ou Ibus le Chef de l'Eglilé. Jefus-
Chrift dit à S. Pierre, paillez mes brebis. On le dit
aullî de ceux qui font fous le gouvernemenr fpirituel
d'un Curé, d'un Prélar. Combien de brebis errantes
& difperfées, qu'un Pafteur ibigncux & vigilant au-
roir ramenées dans le bercail , ont été malheureu-
fement dévorées par le loup ! El. Dieu vous traite
comme fes brebis favorires , à qui le fouverain Paf-
reur a réfervé fes plus fertiles pâturages. Id.
Brebis, fe dit proverbialement en ces phrafes. ^re/vi-
comptées , le loup les mange -, pour dire , que ce
yii'eft pas allez d'avoir compté fon bien , fon argent v
11 faut encore avoir le foin de le bien garder. On
dit auHi , quand on fe fait brebis , le loup vous
mange; pour dire , que ceux qui font trop endurans,
qui ne favent pas fe défendre , font fujets à efiuyer
beaucoup d'oppreflions & de violences , & qu'il ne
faut poinr avoir trop de douceur & de condefcen-
dance. A brebis tondue Dieu lui mcfure le vent ;
pour dire , que Dieu ne nous envoie pas plus de
mal que nous n'en pouvons porter. Faire un repas
de brebis, quand on mange beaucoup fans boire.
On appelle auHl , une brebis galeufe qu'il faut fé-
parer du troupeau , une perfonnc dont la compa-
gnie eft dangereufe. On a dit autrefois , brebis ro-
gneufe fait fouvent les autres teigneufes.
Alorbidafola pecus inficit omne pecus.
Cela fignifie que les défauts fe communiquent ai-
fcment. On dit encore , brebis qui bêle , perd fa
goulée ; pour dire , que quand on parle beaucoup ,
on perd le temps di'agir. Et cela fe dit particuliè-
rement de ceux qui parlent tant à table , qu'ils
perdent le temps de manger. Quand brebis enra-
gent , elles font pires que loups ; pour dire ,
que les gens doux font les plus terribles quand
ils font en colère.
BRÈCHE, f. f. Ouverture faite à quelque partie d'une
clôture , foit qu'elle fe falfe par violence , foit par
caducité. Mûri ruina , pars dejecla. Il faut réparer
les brèches de ce paie pour conlérver le gibier.
Ce m.ot vient de l'allemand brechen , qui ligni-
fie rompre, dont on a fait ébréchcr. Le rout eft
venu de brix , ancien mot gaulois qui s'eft dit
dans le même fens.
Brèiche , en tennes de guerre , fe dit de cette ou-
verture qu'on fait aux murailles d'une ville af-
fiégée , par mine , fappe , ou coups de canon ,
pour enfuite monter à l'alfaut. On dit qu'une bat-
terie voit en brèche , quand elle la découvre de
telle forre qu'on puilîé rirer delîus pour la défen-
dre ou l'attaquer ; que le canon bar en brèche.
gCF Battre en brèche ; monter à la brèche, l^oye:^
Battre, Batterie, &: Monter.
Brèche , s'eft dit poétiquement des larges bleflurcs»
Il mourut tout couvert & defang & de flèches ,
Et fon ame fortit par plus de mille brèches.
SCUD ER,
Brèche , fe dir des diminutions ou ruptures qui fe
font à plufieurs chofes. Ce goinfre a fût une grande
brèche à ce pâté. Dans une traducfion de la Batra-
chomyomachie , le rat dit qu'il . fait
Faire brèche au fromage , & d'une adreffe extrbne ,
Sans tomber dans le lait , en enlever la crime.
Il a fait deux ou trois brèches à mon couteau.
Brèche , fe dit figurémenr , du rort , du dommage
qui eft fait à quelque chofe , de la diminution
d'un bien qui doit être confervé tout entier. La-
bes , macula., detrimentum. Il n'y a rien de lî dé-
licat que la réputation , il eft aifé d'y faire brèche.
Cette déclaration a fait brèche , a donne atteinte
BPv E
aux ;:irivilc!;es de cette Compagnie. Les plus belles
pa/îîoîis s'afl-biblillent avec le temps -, chaque joiit
y fait une brèche. S. EvR. La ctainte etl la ère-
che par laquelle Dieu entre par une heureufe vio-
lence dans les cœurs les plus endurcis. Flech. Les
partions font les brèches de l'ame : c'eft par-là que
tous les vices y peuvent entrer. S. Evr. Par le
renouvellement de vos vœux , vous réparerez avec
avantage julques aux moindres brèches que l'en-
nemi peut avoir faites dans vos cœurs, Bourdal.
Exhort. T, I , p. 248. Le relâchement s'introduit ,
les fautes demeurent impunies , chaque jour ce
font de nouvelles brèches qu'on fait à la règle.
1d. //, p, 557.
^fT Voltaire dans fes remarques fur le 'Nicoméde
de Corneille , à propos de cette expreffion faire
brèche an pouvoir fouverain , obferve que faire
brèche n'eft plus d'ufage. Ce n'eft pas que l'idée
ne foit noble , mais en françois toutes les 'fois
que le mot faire n'eft pas fuivi d'un article , il
forme une façon de parler proverbiale , trop fami-
lière. Faire aflaut , faire force de voiles , faire de
nécelfité vertu , faire ferme , faire altc , ùc. toutes
cxpreifions bannies du vers héroïque.
Brèche, f. f. Sorte de marbre fort dur qu'on tire
particulièrement des Pyrénées. Le fond en eft noir
avec des tâches & des veines blanches. Il eft aufli
mêlé de veines jaunes , & reifemble à différcns
cailloux congelés , & joints enfemble. Ce marbre ,
dont on a tiré des pièces de plus de vingt pieds
de long , prend un poli merveilleux. De la brèche
violette.
IJCF Brèche (la) , ou la Brefche , rivière de France qui
a fon cours dans le Beauvoifis , & tombe dans
l'Oife.
BRÉCHE-DENT. adj. m. & f. A qui il manque des
dents , particulièrement fur le devant. Dente cap-
tus , âentium parte minutus , mutilus. C'eft dom-
mage qu'elle foit bréche-ient.
BRÉCHET. Par corruption , BRÏCHET. f. m. Le
devant de la poitrine où aboutiflént les fept vraies
côtes. Feclus. En termes d'Anatomie , on l'appelle
fierniim. Voy. ce mot.
On appelle auiTi la poitrine de mouton , le bré-
chet , quand elle tient avec le bout faigneux.
IJCF BP.ECHIN , i?rfc/z/;î///OT. Ville de rEcolfe fepten-
trionale dans la Province d'Angus , fur la ri-
vière d'Efck.
BRECIN. f. m. Croc de fer. Uncus ferreus.
%Ç3- BRECKNOKC, Brechinia. Ville d'Angleterre au
pays de Galles , dans la Province de Brecknockis-
liire.
§3- BRECKNOCKSHIRE. Province du royaume
d'Angleterre dans la principauté de Galles , dio-
cèfe de Landaft" au couchant d'Héréfordshire.
BREDA. Ville des Pays-Bas. Breda. Elle eft dans le
Brabant Hollandois , & eft capitale d'une Baronie
qui entra par le mariage dans la Maifon de Naf-
fau Ckange l'an 1404, ou 1405. Ce nom, Breda,
vient de breed , qui en Hollandois fignifîe lars,e ,
&: à^Aa , qui eft le nom d'une petite rivière fur
laquelle eft Breda; apparemment qu'elle eft à l'en-
droit le plus large de cette rivière. La Baronnie
de Breda eft une Seigneurie fort ancienne , qui a
pour bornes la Hollande , la Mairie de Bolduc ,
le Marquilat de Hoeftred , le pays de Rye , cc la
terre du Prince.
BREDALER. v. n. Terme de fîleufe au rouet. Il fe
dit d'un fufcau perce trop gros à proportion de
la broche , &: qui fait du bruit. Les fufeaux bre-
dalent lorfque la broche eft trop petite , ou que
les fufeaux font percés trop gros. C'eft un terme
Provincial.
Ip- BREDENBERG , Bredenberga. Petite Ville d'Al-
lemagne , au Duché de Holftein , fur la rivière de
Scoer , dans le Stormar. Quoique le vrai nom foit
Breiunbers , l'ufage eft pour Bredcnbers,.
BREDI-BR.ÉDA. Expreiïion budeftpe pour' mjirquer
B R E
ti
un gtand, flux de bouche , eu beaucoup d'aètivitâ
dans l'exécution.
Il dit bredi-breda, maison Tie le crvi't r,ucre ,
Qii'il prejiit de l'argent à défunt fon grand-pere.
Conu des Fabl. d'Efope,Acl. 5 , Se. 3 ,p. 88.
Je lui ai dit tolit Cela bredi-hreda , ciiofcs &
autres les plus belles du monde. Com. des Prov.
Aci. 2, Se. 5 , p. 45. Le velà bredi-bred.i , qui
commence à griller tout avaux les branches. Com.
du Pédant joué j Acie 1 , Se. 5 i, p. ir)6.
BREDINDIN. f. m. Terme de Marine , eft une ma-
nœuvre ou palan amarré à l'étai pour enlever de
médiocres fardeaux.
Bredindin eft auflî un terme enfantin , dont on
fe fert pour exprimer le mouvement & le bruit
que fait un carroffe , une carriole , ou uhe fem-
blable voiture. Les nourrices , en raifant fauter les
enfans aiîis fur leurs genoux , cormue s'ils étoienr
dans une de ces voitures, difent bredindin, bre-
dindin , bredindin.
|)Cr BREDIR. V. n. Terme de bourreliers par lequel ils
expriment la manière de joindre enfemble, par 1«
moyen des lanières de cuir & d'un outil qu'ils ap-
pellent alêne à bredir , les différcns cuirs dont ils
coufent les foupentes ou autres grolfes pièces.
BREDOUILLE, f. f. On appelle au Tridrac être
en bredouille , quand vous avez gagné des points ,
fans que celui avec qui vous jouez ait gagné de-
puis, &; fi vous en gagnez douze fans être in-
terrompu, ils vous valent deux trous , que l'on
appelle partie bredouille , ou partie double. Ce-
pendant Ibuvcnt l'on prend douze points fans être
interrompu , & même davantage , & néanmoins
l'on ne gagne pas la partie bredouille. Par exem-
ple , d'un coup de dé vous gagnez quatre points.
Je jette le dé enfuite , & fais un fonnet ou un
quine , qui me vaut (îx fur une dame que je vous
• bats par palfage ouvert. Du même coup vous ga-
gnez douze points fur deux dames que je vous
bats par impuiifance ou par jan qui ne peur. Vous
gagnez ces douze points tout de fuite & fans in-
t?rruption ; mais parce que vous aviez quatre points ,
vous ne marquerez qu'un trou fans bouger. Ces
quatre points que vous aviez , & que j'ai interrom-
. pus par les fix que j'ai gagnés , étant comptés les
premiers fur les douze que vous gagnez iàns inter-
ruption , de forte que les quatre qui vous reftent ,
la partie limple marquée , font cenfés être rcftés
des douze derniers que vous avez gagnés.
Mais fi vous aviez huit points iimples , & moi
autant en bredouille , & que d'un coup de dé vous
gagnaffiez dix - huit points , alors comme dix-huit
& huit font vingt-fix , vous marqueriez partie une ,
deux & trois , & deux points fur l'autre , c'eft-à-
dire , que la première partie fcroit limple , parce
qu'eHe feroit compolce "des huirs points que vous
avicz,& que j'avoisintcrrompus,& l'autre feroitdou-
ble , l'interruption que j'avois faite étant cefîce ,
au moyen de ce que vous avez effacé en marquant
votre premier trou, les huit points ^que j'avois en
bredouille.
Partie bredouille. Quand un Jouent fait n points ,
& qu'il n'y a qu'un jeton fur le jeu , c'eft mar-
que qu'il gagne bredouille , il doit paffer un rrou ,
&: mettie fon fichet dans le fuivant , en difant , par-
tie une & deux. Quand les trois jetons font fur
le • " ■ - • . ■ ■ '
points
jeu , & que celui qui en a deux , achevé douze
ints , il gagne bredouille ; parce que fi l'autre
c interrompu fes points , il lui auroit ôté un de
i^^ jetons. C'eft ce qu'on appelle oter la bredouille ;
il faut donc également paffer un trou , & mettre fon
^îchet dans le fuivant , en dilânc , partie une &
deux.
Rentrer en bredouille. On fe fert de ce terme
land celui qui avoit été dcbreiouilk , vicii; à
ç|uand celui qui avoit
Gij
52 ERE
taire un grand coup , par lequel il a de quoi mai V
quer trois trous à la fois. 1
Gagner une partie grande hedoiiille c'cfi: mar-
quer "iz trous de fuite, tandis que l'autre joueur
n'en marque aucun. Le premier qui commence a
marquer un ou plulîeurs trous , n'exclud pas l'autre
du droit de gagner grande bredouille , pourvu que
ce dernier t'allè douze trous de Cuite l'ans interrup-
tion. La grande bredouille ne ic paye qu'autant
qu'on en eft convenu au commencement du jeu -,
alors celui qui tait douze trous de fuite , gagne
double en jeu , c'cft-à-dire , autant que s'il gagnoit
deux parties. Le premier qui commence a mar-
quer , n'a pas belbin de diftinguer l'on ficher -, mais
lorfqu'il eft interrompu , le fécond met une mar-
que .à fon ficher , qu'on appelle cravatte ; c'eft un
jeton percé , ou un morceau de papier qui fert à
connoître la fuite non interrompue de fcs trous.
Cela s'appelle entrer en bredouille. Et quand le
premier peut à fon tour interrompre le fécond ,
il lui ôte la «ravatce , & alors ni l'un ni l'autre
n'ont rien à prétendre fur la grande bredouille.
Traité du Trictrac. Un tour bredouille , c'eft quand
on gagne i z trous , ou partie de fuite -, & alors
on gagne le double de ce qu'on a mis au jeu , û
l'ori en eft convenu. On appelle aulH bredouille,
le jeton d'ivoire qui fert à marquer la bredouille.
Bb-edouilli. Quelquefois Se en quelques endroits on
fe fert du mot bredouille au jeu de piquet , & ce-
lui qui fait cent points avant que fa partie^ en ait
cinquante , gagne la partie bredouille , c'eft-a-dire ,
le double de ce qu'on joue.
On dit figurément , qu'un hom.me eft en bre-
douille , lorVque fes affaires font en défordre , tk
que cela lui a altéré l'efprit , ou ôte la liberté de
la parole ; qu'il ne fait ce qu'il fait ou ce qu'il
dit. On dit qu'une femme eft fortie bredouille du bal ,
quand elle n'a point été prife pour danfer.
On dit d'un homme qui eft allé à des thèfes i?our
y difputer , qu'il eft Ibrti bredouille d'un aéle , d'une
difpute -, pour dire , qu'il en eft forti fans avoir pii y
difputer.
BREDOUILLEMENT. f. m. Vice de langue qui em-
pêche qu'on ne prononce bien •, ou action de ce-
lui qui bredouille & qui prononce mal. Oratio
llni^uœ vitio mudlata , prczpedita.
BREDOUILLER, v. n. Parler avec difficulté , ou
trop vite -, articuler mal , ne prononcer pas les mots
allez diftindlement pour fe bien faire entendre. Ver-
ba frangere , fermones interfcindere. Il ne faut pas
s'accoutumer à bredouiller. Ce verbe , qui eft neu-
tre ordinairement , eft auiTi quelquefois aiftif, dans
le difcours familier.
En bredouillant maint terme faugrenu ,
Il te fagote un compliment cornu. S. Amant,
BREDOUILLEUR , EUSE , adj. & f. Celui qui bre-
douille, qu'on ne peut entendre ,' parce qu'il parle
mal ou trop vite. Q^ui yerba frangit.
tfr BREF , Brève , adj. Qui eft de peu de durée.
Brevis. Bref eft relatif à la durée du temps.
^fT Le temps eft bref. On prolonge le bref. On allonge
le court. On étend lefuccint. M. l'Abbé Girard. Sy n.
fj^ Bref , lignifie quelquefois , qui eft de petite éten-
due. Ce commentaire eft trop bref ; cela le rend
obfcur. C'eft faire un mauvais ufage de ce mot.
§Cr On a dit autrefois bref pour petit , de petite
taille , mais ce mot n'eft plus d'ufage dans cette
lignification , qu'en parlant du Roi Pépin , qu'on
appelle encore Pépin le bref.
îJCF Le féminin brève n'eft guère ufité qu'en parlant
d'une fyllable , pour dire qu'on la prononce vite
à la difféience de celle qu'on prononce lentement.
Par exemple , la première fyllable de race eft brève ,
& la première fyllable de grâce eft longue. Pour
prononcer une brève , il ne faut que la moitié du
temps qu'on emploie à prononcer une longue , ce
que les Grammairiens expriment en ces termes •,
une irèye n'a qu'un temps , Se une longue en a
BR E
deux. Le mot brève dans ce fens , s'emploie ttès-fou-
vent comme fubftantif. Dans les livres de Profo-
die latine , les brèves , ou fyllables brèves fe mar-
quent par une cfpèce d'v confonne que l'on met
fur la voyelle brève.
§Cr On dit proverbialement & figurément qu'un
homme fait les longues & les brèves de quelque
choie, pour dire qu'il en fait toutes les particu-
larités -, & qu'on lui a fait obferver les longues £•:
les brèves ; pour dire, qu'on lui a fait exécuter ponc-
tuellement tout ce qu'on lui avoit prefcrit. On dit
aulfi -, de fou juge , brève fentence , parce qu'un mau-
vais juge prononce bien vite & ians être fuffilàm-
ment inftruir. C'eft le dire d'Ariftotc , qtn adver-
tit ad podica , facile judicat.
^fj- Bref adv. Enfin : pour le dire en peu de mots.
Br éviter. Après quelques propos , on dit bref'û n'en
fera rien. On dit auffi en bref, pour dans peu de
temps. Ce mot eft du ftyle familier. On dit auUi
familièrement ; parler bref, pour dire avoir une pro-
nonciation trop prompte , rrop précipitée.
%fT Bref , état de compte • terme de commerce :
compte abrégé , qui n'eft pas drelîé & rendu en
forme.
Bref. f. m, eft une lettre que le Pape écrit aux Rois ,
Princes ou Magiftrats, fur quelques alfaires publi-
ques. Surnmi Pontificis diploma , epijlola , brève.
On peut appeller comme d'abus des brefs du Pa-
pe , lorfqu'ils font contre les libertés de l'Ëglife Gal-
licane. Il y a à Rome des Ofliciers qui font les
Secrétaires des brefs. On définit unirtf/'Apoftoliquc ,
un refcript émané du Pape , ou du grand Péniten-
cier , fur des affaires brièves , légères & fuccinc-
tes , expédie ordinairement en papier , fans prélace ,
& fans préambule. Le Pape ne le foufcrit point.
Les btefs qui s'expédient par la Dateiie & Secre-
tairerle font aulli quelquefois fur du parchemin ,
& fcellés de cire rouge du fceau du Pêcheur , qui
eft un cachet fur une bague où S. Pierre eft re-
préfcnté dans une barque en état de Pêcheur : il
ne s'applique qu'en la préfcnce du Pape. Il y a
cette différence entre le brefSs. la Bulle , c'eft que
la Bulle eft plus ample , qu'elle s'expédie roujours
en parchemin , & qu'elle eft fcellée de plomb ,
ou de cire verte. Le bref eft foufcrit du nom du
Secrétaire , & non pas du nom du Pape ; fon adrelfe
eft fur l'envers. Il contient en tête le nom du Pa-
pe , féparé, & après Dileclo filio falutem & apojlo-
licam benediciionem , ùc. A notre cher fils faîftt &
bénédidlion apoftolique 5 & enfuite fans préambule ,
11 explique fimplement ce que le Pape dit , ou
accorde. Voy. Bulle.
Le Pape Alexandre VI, a beaucoup amplifié la ma-
tière des brefs , & c'eft lui qui a inftitué le Collège
des Secrétaires. Autrefois les brefs ne regardoient
que les affaires de Juftice -, aujourd'hui on les accorde
pour des grâces , pour des difpenfes. Voye:{^ M. Au-
boux dans la Véritable Pratique Civile ù Criminelle
pour les Cours Eccléjîafliques , Sfc.
Ce mot vient de brevis , ou brève , qui ^e trouv»
dans les Anciens pour fignifier écrit , ou Lettre ,
comme on le peut voir dans les ^cla SS. JÎpril.
T. I , p. 415. Nos ancêtres difoient brief; & en
allemand on appelle encore à préfent brief une
lettre miffive. De-là eft aulTi venu le mot de bre-
vet. MÉNAGE.
Bref, en plufieurs coutumes , fe dit des lettres
de Chancellerie qu'on obtient poui intenter aClion
contre quelqu'un ; on pour être maintenu , ou pour
rentrer en poflellion d'un héritage , ou pour quel-
qu'autre raifon. On fe fervoit autrefois du mot
bref , pour toutes les acflions qu'on inrentoit en
Juftice. Cet ufage s'eft confervé en Angleterre.
Bref , eft aullî un petit Calendrier eccléfiaftique ,
qui contient l'ordre de réciter l'Office divin cha-
que jour de l'année , & félon le Rir de chaque
Diocèfe ou ordre Monaftique. Ordo recitandi Of-
ficii divini^ Le bref de Rome. Le bref de Paris. Le
bref des Béncditlins, fp" Dans plufieurs endroits on
B R
T7
JB R E
dit un direBoire. On dit auiii par ironie & dans
le ftyle burlelque un guidc-ùne.
Bref , en termes de Marine , le dit en Bretagne
d'un congé qu'on eft oblige de prendre pour na-
viger , qui eft de trois Ibrtcs. Refcriptum. Le href
de fauveté , qui i'e donne pour être exempt du droit
de bris, Fuye^ d'Argentré , Hijt. de Bret. L, I , p.
ICI , qui ajoute que s'il arrive qu'on le brife , &c
que dans les deux prochaines marées après être
brilcs 5 on prenne ces l>refs des Fermiers lIcs ports
& havres , on eft en lureté de droit de bris , mais
non pas des larrons , à qui , pour le droit de lau-
veté , on adjuge le dixième de ce qu'ils fauvent.
Les Ducs de Bretagne donnoient autrefois des brefs
pour la mer , &: ceux qui les prenoient, ctoient à
couvert du droit de lagan , ou de bris. Lobineau ,
Hiji. de Bret. T. I , p. 848.
Le fécond étoit un bref de conduit , pour être
conduit hors des dangers de la côte. Les anciens
Vicomtes de Léon donnoient auHi des fceaux ,
que l'on appeloit de conduit , parce qu'ils étoient
obligés de faire conduire les vailicaux de difFcren-
tes nations qui paifoient au Raz de S. Mahé. Et
ceux qui ne prenoient pas ces fceaux , les Vicom-
tes étoient en droit de les pourfuivre comme en-
nemis. Id. au mime endroit.
Le trciiième, bref de victuailles^ pour avoir li-
berté d'acheter des vivres. On les appelle aulfi
irieux ; & on dit , parler aux htbrieux ; pour dire ,
obtenir ces brefs. Marie de Bretagne prétendoit de
grands droits fur les brefs de Bourdeaux Se de la
Rochelle , contre fon neveu Jean III , Duc de Bre-
tagne. Le Duc de Bretagne avoit à Bourdeaux un
Clerc qui tenoit fon fceau pour délivrer des brefs
aux Marchands de Gafcogne , & autres qui trafî-
quoient fur les côtes de Bretagne. D'Argentré.
Brève , en termes de mullque , eft une note blanche
figurée comme un carré fans queue , qui vaut deux
mcfures.
■Brève. C £• Terme de monnoie , qui fe dit de cha-
que fonte des monnoies , &c des flans , carreaux , ou
efpèces , qu'on donne aux ouvriers pour les tailler ,
pefer , ajuftet , & y mettre toutes leurs façons. On
les donne au poids &c par compte , pour les rendre
enfuite au Maître de la monnoie toutes façonnées.
On les appelle ainlî , à. caufe que le Prévôt des ou-
vriers Se des monnoyers en fait un petit regiftre ou
bordereau , ou brève écriture.
BREGENTZ. f m. Nom d'une ancienne ville , voifine
d'Ârben , bourg lîtué fur le lac de Confiance. Bre-
gentium. Bresent^ étoit placé dans un lieu fertile &c
agtéable , environné de montagnes.
BRÉGIN. f m. Efpèce de filet en ufage fur la Méditer-
ranée , dont les mailles font fort étroites. Il eft atta-
ché à un petit bateau , & on le traîne fur les fables.
BREHAIGNE. adj. f. Femelle qui ne conçoit point ,
qui eft ftérile. Sterilis. Il y a des brebis bréhaignes ,
& d'autres qui font portières. Nicot. On ap-
pelle proprement une carpe bréhaigne , celle qui
n'a ni œuf , ni laitte. On dit aufli , une biche bré-
haigne ; IJCr quelques-uns difent brehagne qui n'en-
gci"idre point. Le peuple le dit quelquefois au fubl-
tantif ,des femmes ftériles , c'eft une brehagne.
Ménage dérive ce mot de l'anglois barren , qui
fignifie zuffifleri/e. D'autres le dérivent deperania ,
cjuajl fenio à partu exacla. Du Cange de brana ,
qui fignifie \xr\t jument flérile. Il vient plutôt du bas-
breton , où l'on dit bréhaing dans le même fens.
BREHIS. f. m. Animal qui n'a qu'une corne fur le
front , Se qui fe trouve dans l'Ile de Madagafcar. Il
eft fort fauvage , auffi gros qu'une chèvre , & fe
tient particulièrement dans la Province d'Afianacle.
D^F BREISICH. Petite ville d'Allemagne , au Duché
de JuLiers , fur le Rhin , vis-à-vis d'Huningen.
BRELAN, f. m. Ludus aleatorius quo ternis luforiis
foliis luditur. Jeu de cartes qu'on joue à trois , qua-
tre & cinq perfonnes. On y donne trois cartes à cha-
cun , après en avoir ôté les plus petites jufqu'à fept
inciufiveiïient;. On y fait plufieurs enchères à l'envj
T?
j les uns des autres. Avoir brelan , c*eft avoir trois
cartes de même figure ou de même point , trois as
trois rois , trois dix, &c.
On appelle brelan favori , le brelan qu'on a dé-
claré au commencement du jeu , qui fe payeroit
double ; Se brelan quatrième, lorfque la carte qui re*
tourne eft de même forte que les trois qu'un des
joueurs a dans la main. Acad. Fr.
IJC? On écrivoit autrefois berlan ; plufieurs pronon-
cent encore ainfi. Il faut écrire & prononcer brelan.
D'écoliers Hier tin s une troupe indocile
t^a tenir quelquefois un brelan défendu. Boil,
Brelan , fe dit auffi d'une académie ou maifon où l'on
donne publiquement à jouer aux dés ou aux cartes.
Ludus aleatorius , forum aleatorium. Les brelans
font défendus par la Police.
Brelan , fe dit aulfi fort fouvent par mépris , de^ mai-
fons des particuliers où l'on joue trop Ibuvent, ZJo-
mns aleatcribus referta. Sa maifon eft un vrai brelan.
BRELANDER. V. n. Jouer aux dés ou aux cartes
avec allîduité -, ne bouger des académies de bre-
lan. Aleam exercere , perpétua in aléa verfari.
BRELANDÎER. f. m. Joueur de pcofeirion qui fré-
quente les brelans. Aleator. Ce mot emporte aulli
quelque forte de mépris •■, Se on ne l'emploie guère
que lorfque l'on veut blâmer quelqu'un de ce qu'il eft
trop adonné au jeu. Cet homme n'cft qu'un brelan-
dier. On le dit de même d'une femme brelandiïre.
BRELANDINIER , ERE , f. m. & f. C'eft le nom
qu'on donne aux marchands & ouvriers qui n'ont
point de boutique ■-, mais qui étalent au coin des
rues , fur des planches , ou dans une boutique porta-
tive , que l'on conftruit tous les matins , & que
l'on détruit tous les foirs.
BR.ÉLE. f f. Petite rivière qui fépare la Norman-
die d'avec la Picardie. En latin Brifela, mot dé-
rivé du celtique Brei:;^, qui fignifie un maquereau
Se une truite. Cette rivière en elfet abonde en trui-
tes , fur-tout du côté d'Aumale. Les Francs lui
avoient donné le nom d'Où , Au , ou Eu. Mais
l'ancien nom de Br^Ie a prévalu. Defcript Géogr.
& Hift. de la Haute-Norm. T. I. p. i , ^i , 4^.
BRELIN. f. m. Nom d'une forte de coquillage, f^oye^
COQUILLAGE.
BRELINE. ^^oyei Berline.
BRELIQUE-BRELOQUE.Adv.dontonne fepeut fer-
vir que dans le ftyle bas Se populaire, Se qui fignifie ,
inconfidcrément. Se fans y regarder de près. Temeri ,
inconfulté,inconfider ati. Il fait czl^brelique-breloque.
BRELLE. f. f. C'eft le nom que les Matchands^ de
bois carré donnent à une certaine quantité de pièces
de bois liées cnlemble, en forme de petit radeau.
Il faut quatre ^re/Zi^J pour faire un train complet.
BRELOQUE. Quelques gens difent BRELUQUE. f f.
Bagatelle , ou curiofité de peu de valeur. Frivola.
Les curieux qui vont voir des cabinets où il n'y
a point de pièces rares, difent, pour les mcpri-
fer , qu'il n'y a que des breloques. Du Cange dé-
rive ce mot de bulluga , qui eft une efpèce d'a-
tome , ou de petite pomme , dont il eft parlé dans
la vie de S. Colomban , qui fert de comparaifon
à toutes les chofes dont on veut marquer la pe-
tite/Te , ou le peu d'importance.
On appelle perite breloque , l'efpèce de bouti-
que , que les petits merciers portent avec eux ,
ou devant eux dans les rues.
BRELUCHE. f. f. efpèce de droguer , éto.fe mcjee
de fil Se de laine. Les breluches ont la trame de
laine Se la chaîne de fil -, elles ont demi - aun.3
de large , fur vinst-cinq aunes., Se jufqu'a 67 aunes
de longueur. Les breluckes approchent fort, pour
la qualité Se le prix , de certains droguets qui fe
font à Verncuil au Perche.
BRÈME, f. £ Poilfon d'eau douce rcffemblant a une
carpe , mais qui eft plus plat , Se qui a de plus
grandes écailles. Cyprinus lattis , Brema. Sa tête
eft petite , Se a deux nageoires auprès des ouïes ,
& deux awtres au milieu du ventre. Ce poiffon le
T4
B RE
fe plaît dans les eaux dormantes , & fe nourrît d'her-
be , de bouc , & d'ordure. Sa chair cft molle , grallc
&c excrcmcntculc. Quelques-uns dilenc brame.
Brème, ou Brame de mer, Poiflbn de mer qui ne
s'écarre i^ucre du bord , qui eil environ de la lon-
gueur d'une coudée. 11 a le corps fbrr large. Il
cft de plulieurs couleurs , lelon les diifercnrcs par-
ties. Le dos eil d'un bleu tuant llir le noir \ les
côtés argentés-, & le ventre eft d'une couleur de
lait. Il a le tour des yeux doré : ce qui a fait ap-
peler ce poifTon Aurata parmi les Latins.
BREME , ou Bremem. Nom de ville. Brema. Brèrm
eft une ville d'Allemagne dans le Cercle de la Bafle-
Saxe •, elle eft capitale d'un Duché de même
nom , Sri iur le Wel'er , qui la Icpare en deux. Brème
eft une ville anfcatique. Elle a eu un Archevêché
fondé en 7S7 , par S. Bonitace -. il fut réduit en Eve--
chc fulfraganr de Cologne en 895.11 a été fupprimé
par la paix de Weftphalie. Brème a prétendu être
ville Impériale , &c Ferdinand lïl , lui confirma
ce titre l'an i6a^6; mais les rois de Suéde s'y l'ont
oppolcs , & ont foûtenu qu'elle devoit dépendre
d'eux , comme Ducs de Brème. Il y a en latin une
Hiftoire Eccl. de Brème par Adam, Chanoine de
Brème, in-40. à Coppenhague en 1579.
Le Duché de Brème; Bremenjis Ducatus , Prc-
vince de la Bafîe-Saxe , enrre le Wcfer S<. l'Elbe ,
dont l'Archevêque de Brème étoit Seigneur , mais
qui à la paix deWeftphalie, fut fécularifée &c cédée
à la Suéde. L'Eleéîeur d'Hanover eft à préfent
en polfeiîlon de ce Duché.
gCF BREMERFER.de , BREMERFURDE , BRE-
MERVERDE , ou BREMERVORDE. Petite ville
d'Allemagne , au Duché de Brème , fur la rivière de
rOoft, aurrefois réfîdence de l'Archevêque.
|3- BREMGART , ou BREMGARTEN. Bremogar-
tum. Petite ville de Suifle , fur la rivière de Rulf,
entre Baden , Soleure , Zurich & Lucerne , autrefois
libre, appartenant aujourd'hui aux huit anciens
Cantons.
BREN. f. m. Vieux mot. Ordure. Stercus, C'eft de-là
que vient breneux.
BRENÊCHE. f. f. C'eft le nom qu'on donne en Nor-
mandie au poiré nouveau dans le temps qu'il eft en-
core doux. La brenèche eft adcz agréable à boire •, les
femmes l'aiment beaucoup i ceux du pays du vin en
boivent même avec délices , & on leur perfuade ai-
fement que c'eft du vin doux.
BRENEUX , EUSE. adj. Ce mot fe dit par le menu
peuple ; pour dire , fali de matière fécale. Stcrcore
ohlitus , illitus.
BRENNE. Pays de France , partie en Tourraine , partie
en Berry, &: partie en Poitou. Brenenjls , ou Brio-
nenjîs a?er.
tp- BRENNE. Ville de Picardie. Foye^ Braine.
§CF BRENNKIRCHEN. Petite ville de la balfe Au-
triciie , fur les frontières de la Hongrie,
la- BRENSKI. Ville de RuiHe, dans la principauté
de Severie , fur la Dezna.
BRENTE. f. f. en italien Brenta. Mefure des liquides
dont on fe fcrt à Rome. Elle eft de ^6 bocales.
^ BRENTFORD. Ville d'Angleterre , dans le Comté
de Midlefex , fur la Tamife.
^ BREOULS , ou BREOULX. Breulia. Petite ville
de Provence, vers les confins du Dauphiné, à quatre
lieues d'Embrun.
BREQUIN. f m. Outil d'artifan qui fertà percer. ?p="
C'eft la même chofe que vilbrequin, ou virebrequin.
Terebra arcuato manubrio injlrucla. Le brequin eft
proprement la partie du vire brequin, qu'on appelle
la mèche.
^ BRESCAR. Ville d' Afrique , au Royaume de Tre-
mccen, dans la Province de Tenez.
BRESCIA. Ville épifcopale d'Italie', capitale du Bref-
fan , dans l'Etat de Vehife. Brixia , Brefcia. Les hif-
roircs fabuleufes font Hercule fondateur de Brefcia ;
d'autres un nommé Brinom , d'où elle fut appelée la
Brincmie. Il la bâtit premièrement , difcnt-ils , fur le
bord du laç de Garde, piys la tranfporta oix elle eft
B RÉ
maintenant , au pied d'une montagne , & changea
fon nom en celui de Brixia. Les autres l'attribuent
aux Troyens qui vinrent en Italie avec Ence, qui,
félon euic , l'appelèrent Altilie , comme s'ils avoient
dit Alterum llium , une autre Troye. Mais Tite-Live,
Liv. V y dit plus hiftoriquement que les Cénomans
en furent les premiers Fondateurs -, mais peut-être ,
dit Vigenère , qu'ils ne firent que l'agranair. Foye?^
cet Auteur , Annot. fur Tite-Live , T. l.p. 1757 , 6,
qui dir roujours Brejfe , auifi-bien que beaucoup d'au-
tres. Ainli l'ufage eft autant pour Brejfe , que pour
^rt^yl-ia. Eliat Carroloa écrit l'hiftoire de Brejfe en
douze livres , & Odavio Roifi les Mémoires de
Brejfe, le Memorie Breff'ane , in-j° , à BrelTe en
1616, &: réimprimés au même endroir ^/2-4" en 1595,
avec les additions de Fortunato Vinacceii. Cette édi-
tion eft la plus ample & la meilleure.
{K? BRESCOU j ( le ) Brefcovia. Château fur un ro-
cher , dans une petite Ile fie la Méditerranée , à une
lieue d'Asrde , au bas Languedoc.
BRÉSICATE. f f. Efpèce de revêche dont il fe fait quel-
que commerce avec les Nègres , qui Ibnt aude-là de
la rivière de Gambie , jufqii'à celle de Serre-Lionne.
Les meilleures pour ce négoce font les bleues & les
rquffes.
BRÉSIL. Grande contrée de l'Amérique méridionale,
le long de fa côte orientale. Brajilia. Alvarez Cabrai,
Portugais , appelle le Brejil, la urre de f aime Croix,
parce que ce fat le jour de cette tête qu'il la décou-
vrit en 1500, OUI 501. Les Hollandois fe laifircnt
d'une partie de ce pays l'année i(îi9 &: les fuivantes.
Leur Commandant le rendit aux Portugais par un
traité l'an 1(^54. Ce traité fut rariné en \G6\. Quel-
ques-uns divifent le Bréjil en méditerranéen & en
maritime. Les Portugais font maîtres du Bréjil mm-
rime , qui contient douze cens lieues de côtes , que
les Portugais partagent en quatorze Capitainies oa
Gouvernemens. Les Sauvages occupent le Brejzlmé-
diterranéen , 8c l'on y diftingue jufqu'à foixante ôc
feize Nations. Le Brefil s'étend depuis le deuxième;
degré de latitude auftcale , jufqu'au quarante-cin-
quième ■■, ce qui tait 1075 lieues, en donnant 15 lieues
au degré.
On a écrit quelquefois Brajil ;le P. Bouhours pré-
tend même que Brafîl i'c dit plus communément en
parlant du pays. L'ufage a changé , & l'on dit aujour-
d'hui , pour le moins auiTi communément, Brèfil ,
que Brafil. M. de la Neuville ^ dans fon Hifl. du
Portugal, écrit toujours 5/-e/?/; mais on dit Braji~
lien , comme nous l'avons mis en fa place , & non
pas Bréjilien. Ce nom a été donné à cette contrée ,
parce qu'elle produit une très-grande quantité de bois
rxommcBréJîl. Car ce n'eft point ce pays qui a donné
ce nom au bois , puifqu'il eft certain que long-temps
avant la première découverte , non - feulement du
Brcfil , mais de l'Amérique, ce bois s'appeloit Brcjil,
comme il paroît par le Diélionnairc hébreu de Rabbi
David Kimhhi , appelé Sepher Schorafchim , Liv.
des Racines. Car cet Auteur , qui vivoirfur la fin du
XÏPfiècle , &au commencement duXIIP , dit à la
racine Tii/S, & la racine Q^V, que quelques-uns pré-
tendent que le bois, que l'écriture appelle a'UjV^ ,
algumin, &c une fois tz:UoVi? , almiighim, eft le
bois de teinture que les Arabes appellenr t^piVîi ,
albakam , & qu'on nomme en langue vulgaire Bréjil.
Et le Géographe Perfien , ciré par M. d'Hcrbelot au
mot Bacam , qui eft celui que les Arabes donnent à
ce bois , aufîî-bien qu'Edrciîï dans le troifième climat,
écrivent que l'on trouve cet arbre dans les Iles de
Rami , de Lameri , & de Kaulan. Perceval a dit ;
Ckemifes Ù brayes de chancil
Et chauffées teintes en bréfil.
Linfchot a donné la dcfcription de la terre du
Brejil. Jarric , Liv. IIL Hcrrcra, c. îî , Barlé &
M. de la Neuville , Hiji. de Port. Liv. V. p. 69. Oro-
fins , Liv. IJ. Maffé dans VHiJi. des Indes , en ont
auifi parlé. Emaianusl Mordis a écrit di Kib, Brajil,
B R E
& Edouard d'AIbuqueiqae , Guerra iel Brejil. Nous
avons en François l'hilloire d'un voyage fait en la
terre du Brejil, autrement dite Amérique , recueillie
fur les lieux , par Jean de Lcry.
BRESIL, f. m. Bois rougç & pelant , qui eft fort Çcc , Se
qui pétille beaucoup dans le feu, où il ne fait preP
que point de fumée , à caufe de fa grande i'échereiîè.
BrajUicum ligniun. On peut voir au mot Brésil,
nom de Contrée , que ce bois n'a point été ainli
nommé, parce qu'il a été d'abord apporté du Brclîl,
& qu'il ié nommoit ainli avant la découverte de l'A-
mérique , & l'on lie liiit d'où -il a pris Ton nom. Les
Arabes l'appellent Bacam , £c le Géographe Perlien ,
aulfi-bien qu'Edreifi , cites par d'Herbelot, difent
que fes feuilles font Icmblables à celles du jujubier ■■,
que fon bois eft extrêmement rouge ; que fes racines
font un excellent remède contre la moriùre des vi-
pères; S-c que la ville de Caulem , à la côte de Ma-
labar , eft iituée dans une plaine qui en eft toute cou-
verte , auili-bien que l'Ile Ramy. /''ojt?^ d'HERBELOx
à ces mots.
Quelques Teinturiers s'en fervent pour les teintu-
res : néanmoins il eil défendu par les Réglemens -, &
on l'appelle un#fauiîe couleur, parce que fon rouge
s'évapore tacilement. Néanmoins le rouge incarnar,
la rofe féche , & les canclas , font teints avec du /^réfil
& bois d'Inde ■■, &: les violets font montés de /^réfil Se
d'orfeille, puis paffés fur la cuve d'Inde. Les acides
changent le /^ré/i/ en jaune \ mais fi on y met quel-
que alcali , il deviendra de couleur de pourpre : de
forte que ii on met du citron, ou du vinaigre dillillé
dans la décoélion du brèjil, il deviendra jaune; fi on
y met enlùire de l'huile de tartre , il fe changera
en violet , de même fi on y met du bois d'Inde.
L'arbre du bois de hréfil qui s'appelle, dit M. de la
Neuville, Arahouten, dans l'Amérique, eft fort gros
& fort grand, garni de longues branches , qui font
chargées d'une quantité prodigieufe de petites feuil-
les à demi rondes, d'un très-beau vert luifint, après
lefquelles naiifent les fleurs, qui font d'un rrès- beau
rouge , Se d'une odeur très-agréable , du refte fem-
blables à celles du muguet ; de ces fleurs il fort des
fruits plats , dans chacun delquels il y a deux aman-
des plates , femblables aux graines de citrouilles.
Cet arbre â une grande quantité d'aubourg qu'on
ôte, aulfi-bien que les branches , avant que de l'en-
voyer en Europe.
On dit proverbialement d'une chofe très-féchc ,
& qui bride ailement , qu'elle eft féche comme
éiW hréjil) qu'elle brille comme /'r(//?/; qu'elle prend
feu comme bréjil. On le dit aulli d'une perfonne
fort féche & fort maigre , ou qui fe met aifément
en colère , qui prend feu pour peu de choie , ou
qui a des manières féches; & même du ftyle d'un
Auteur fec Se fans aménité •, mais tout cela , comme
on la dit , eft proverbial , & par coTiféquenr du
ftyle fimple Se familier.
BRESILIEN , ENNE. f. m. Se f. Qui eft du Bréfil.
Vpy- Brasilien.
BRÉSILIER. V. a. Terme de Teinturier. Teindre
avec du bréfil. Brafilico ligno tingere , injîcere. On
ne doit bréfiller aucunes toiles , ni fils à marquer ,
qu'ils ne foient teints en bonne cuve.
Brésiller , fignifie aufîi , rompre par petits morceaux.
Voilà qui eft tout brcfillé.
BRÉSILLÉ , ÉE. part. & adj. Qui eft fi kc , qu'il fe
brife & fe réduit en poudre. Il fe dit des choies
qui étoient vertes, dociles Se pliantes. Se qui de-
viennent friables , en les faifant fécher au feu ou
au foleil.
BRÉSILLET. f. m. Efpcce de bois de Bréfil. Le bré-
Jillet des Iles Antilles : c'eft de toutes les efpèces de
bois d^e bréfil la moins bonne. Pomet.
%s- BRÉSIMI , ou BRÉSINÎ , petite ville de la grande
■ Pologne , au Palatinat de Lencicza.
^_ BRESLAW , ville d'Allemagne , capitale de la
Silcfie &; d'un Duché particulier, avec un Evêché
fuffragant de Gnefne Se une Univerfité , fur l'Oder,
Vratifiayia , Budorgis Se Budorgium. Cette ville
B R Ë
rr
eft à 50. 59% l" , de longitude, & 5:10. 5', o", de
latitude» De la Hire, Tabl. A(lr. Le P. Heinrich*
IfT BRESLE (la) , Brejla , petite'ville de France, dans
k Ly onnois , fur la Turdine , à trois lieues de Lyon,
On i'appeloit autrefois Arhrelie.
$3- BRESLE , ou BRESELLE , rivière de France ,
qui a fa fource en Normandie , au deifus d'Aumale,
fcpare la Picardie de la Normandie , arrofe Ga-
mache , Eu , &: ie jette peu après dans l'Océan.
BRESSAN. Pays d'Italie , auquel Bréfica , ou Breffe!
qui en eft la capitale , a donné fon nom. Brlxia-
nus ager. Le' BreJJ'an a pour bornes du côté du
nord une partie du Tirol Se de la Walteline , au
couchant le Bergamafque , & la Walteline encore,
au midi le Crémonois Se le Mantouan , au levant
le Trentin , le Véronois , Se le lac de Garde.
Bressan , ane , f. m. Se f. Qui eft de Brefcia en Italie ^
ou du Breffan. Brixianus. L'an 1417 , les Biejfans
ne pouvant plus fouffirir les exce/îlves tyrannies des
Ducs de Milan, fe donnèrent aux Vénitiens. Vigen,
Bressan , fignifie aufîi , qui eft de Brefie , province
de France. Breffianns. La rivière d'Yone féparoit
les Allobroges ', c'eft-à-dire, les Dauphinois , Se les
Savoyards , des Brcjfans & des Lyonnois, que Céfar
appelle ^egufiani. Thiroux. Le peuple Breffan. Id,
Céfar appelle les Brejjans alliés Se Confédérés des
Autliunois. Id.
D'autres difent Breffunde au féminin. J'ai vu le
Guemen don poure Labory de Breiffy fu la paie
che la de la garra , en rime Brejfande , par Ber-
nardin Uchard , avec l'explication françoife des mots
Brejfans ce qui fait que ledit livret n'eft pas moins
néceilaire que plaifant. Maso.
Bresse. Foye^ Brescia. C'eft la même ville.
BRESSE. Province de France , qui a la Franche-Ccmitc
au feptentrion , le Bugey à l'orient , une partie du
Duché de Bourgogne , Se une partie du Lyonnois
au couchant , & le Dauphiné au midi. Breffia ,
ou Brexia. On comprend fouvent le Bugey dans
la Brejfe, La Principauté de Dombes , dont Tré-
voux eft la capitale , eft enclavée dans la Brejfe,
Bourg eft capitale de la Breffe. Il y a une con-
trée de cette province qu'on appelle la Breffe Chà-
lonnoife ; parce qu'elle approche de Châlons fur
Saône. La Bre[fe fut cédée à la France par le Duc
de Savoye au commencement du dernier fiècle,-
l'^oye:^ la Notice des Gaules de M. de Valois au
mor Brexia. Sam. Guichenon, Avocat au Préfid,
de Bourg en Breffe , a donné l'Hiftoire de BreJJc
Se de Bugey, in-fol. à Lyon nJ^o.
ffT BRESSELLE , rivière. Voye^ Bresle,
BRESSIN. 1". m. Terme de Marine. C'eft une corde
qui fert à iffer Se .à amener une vergue , ou une voile
Fiinis antennœ. adducendœ. dejiinatus. On l'appelle
autrement guindereffe, BreJJins fignifie auilî fur mer ,
des crocs de fer. Vncus ferreiis.
BREST. Ville Se port de mer de France en Bre-
tagne , dans le Diocèfe de Léon. Bivœtes portas ,
Bre/lia , Brefium. Brejî eft le plus excellent port
de mer de toute la Bretagne , Se duquel peut-être
toute la province a pris l'origine de fon nom. Du
Chesne , darts fes Antiq. & Recherches des villes
de France. Au refte , c'eft un erreur de croire que
Brefi air donné le nom à la Breragne. L'entrée de
la baie de Breji , qu'on nomme le Goulet, eft très-
difficile. Brefi a été choifi pour y faire le princi-
pal arlenal de mer de la France. C'eft un maga-
fin de mer pour l'Océan. Brejl a ii^>. 57', 55", de
longitude, Se 48°. 13', o", de latitude. Picarde
De la Hire.
La fondante de Brefi eft une efpèce de poire.
Voye^ Fondante.
BRESTE. f. m. Chaffe aux petits oifeaux , qu'on prend
à la glu avec un appas.
BRESTER. V. n. Vieux mot. Crier , clabaudcr.
BRETAGNE. Nom de lien. Britannia.
La grande Bretagne. Magna Britannia. Grande
île de l'océan , qui comprend l'Angleterre Se l'E-
cofie. C'eft une efpèce de triangle dont la bafe cil:
r^
BRE
la côte méridionale qui re^jarde la fràncc. Titc-
Livc Se Fabius Rufticiis lui^donnenc la fiy;ure d'une
hache. Quelques Anciens ont cru que cette Ile avoir
été autrefois jointe à notre continent. Ils préten-
dent que c'eft le iens de ce vers de Virgile ,
Etpenitus toto diyifos orbe Britannos. Ecl, i , v. (îy.
Et Servius l'allure pofîtivement , en expliquant
ce vers de Claudien. In Conj'ul. Munlii. v. 51.
Et nojtro diducla Brùannia munio.
Et peut-être pourroit-on trouver dans le nom
de cette île de quoi appuyer ce fcntiment , comme
on le verra ci-après. Quoi qu'il en lôit les pre-
miers habitans de la Granda Bretagne turent des
Gaulois qui y payèrent , ou qui y turent jetés acs
côtes de Picardie & de Flandres. On ne peut en
douter , quand on fait réflexion. 1°. Qu'ils lonr ap-
pelles Cumeri, & Kimhri , & leur langue Kunry ,
de même que les Gaulois ont été appelés Cimbri ,
félon la remarque de Cambden. 2.°. Que la reli-
gion étoit la même dans la Gaule &: dans la Grande
Bretagne, comme l'a remasqué Tacite j que l'une
&: l'autre nation avoit les Druides fc les Baraes ,
&c. 50. Que l'ancienne langue des Bretons etoit
la même que la langue des Gaulois , comme on
peut s'en convaincre dans l'Archéologie Britan-
nique de Lhuyd , & dans Cambden , Bruan.p. iz ,
& fuiv. Ce font apparemment ces premiers habi-
tans de l'île qui lui donnèrent fon nom. On dit
qu'ils la nommoient Pndain , ou Phridain , &: que
c'eft de-ià que s'eft fait le mot de Bretagne &: de
Breton.
Au refte, ce n'eft pas à la feule Ile que nous
appelons aujourd'hui Grande Bretagne que l'an-
tiquité a donné ce nom •■, toutes les Iks de la mer ,
qui l'ont aux environs de la Grande Bretagne ,
furent appelées îles Britanniques , comme il paroit
par Dcnys le Géographe , l'Auteur du livre du monde
artribué à Ariftote , &c. Celle-ci fut cependant ap-
pelée par excellence Britannique, B|»'t«ï»(x«; Bri-
tannia , ou Bretannia , B^£t«vis, 'BfCana. hlle fe
nomma aulfi Albion, Quelques anciens Auteurs fa-
buleux prétendent qu'elle fut nommée d'abord Sa-
mothée , puis Albion , & enfin Bretagne^ Elle avoit
ce nom du temps de Célàr , & elle l'a porté juf-
qu'à l'invalion des Saxons , ou Anglois-Saxons , qui
donnèrent le leur à la partie qu'ils occupèrent ,
S<. la firent nommer Engelland , c'eft-à-dire , An-
gleterre , tandis que la partie feptentrionale s'ap-
peloit Ecoffe , du nom d'un peuple Irlandois qui
s'y étoit établi. On a repris ce nom de Bretagne
dans ces derniers fiècles. Jacques I , qui avoit réuni
les deux couronnes d'Angleterre & d'EcoHé en
fa perlbnne , projettoit aulîî la réunion des deux
Royaumes , & fit même battre des médailles à ce
fujct , dont les Légendes étoient : Q^ua Deus con-
jiinxit , nemo feparet : Et , Faciam eos in Gentem
unam : & , Tneatur unita Deus ; & , Henricus
Tojas , régna Jacobus , par allufion à Henri VII ,
qui avoit réuni les deux factions de la rofe blanche
& de la rofe rouge , en réuniflant par fon mariage
avec Elizabeth fille d'Edouard IV , les droits des
maifons de Lancaftre &: d'Yorck. Cependant Jac-
ques ne put venir à bout de l'on delîein , auquel
les Parlemens d'Angleterre & d'EcoUc s'oppofeient
également. Enfin , la Reine Anne l'a exécuté , en
ne faifant qu'un Royaume des deux , & ordonnant
qu'on l'appelât Grande Bretagne. Ainfi l'on a rap-
pelé l'ancien nom, de l'étymologie & delà ligni-
fication duquel on ne convient pas.
Un certain Galfredus Arurius , qui fous Henri
II , donna une Hiftoire Britannique qu'il avoit ti-
lée , diioit-il , des anciens Auteurs Bretons , préten-
dit que Brutus Troien , fils de Sylvius , perit-fils
d'Afcanius , &; arrière petit-fils d'Enée , après bien
des avantutes roraanefciues , étoit pafle dans TÎle
BR É
dont nous parlons, habitée pour-Iorspar des géam^
& Lii avoit donné Ion nom. Le Chevalier Tiionias
Eliot le titre du nom grec ?r«uian« , qui figni.ioif
' chez les Athéniens , les revenus publics de la Répu-
blique. Humfroy Lhuyd veut que ce mot foit formé
de Fridcain , qui lignine fort blanche. Cela revicn-
droit au nom Albion que les Grecs lui donn.rcnr.
Ain'i ce n'autoit ete qu'une interprétation du nom
propre i & ce qui pourroit appuyer ce fcntiment,
c'eft qu'on en a ufé de même en d'autres noms
femblables , comme en celui d'Aquitaine , appelée
par les Gaulois Armoriquc , ainfi qu'on le peut voit
au mot Aquitaine. Mais Cambden prétend que cette
ctymologie eft dure , & que cain , blanc , a pafiï ,
du latin candidus , dans l'anglois , Se qu'il.ne vient
pas de plus loin. Pomponius Gallus dit que ce font
les Bretons de Gaule , ou les Armoriques , qui ont
porté ce nom en Angleterre ■, Goropius Bccanus ,
que les Danois qui s'y établirent lui donnèrent le
nom Bridaniiim , qui lignifie Libéra Dania , & que
de-là s'eft fait Britania. D'autres tirent ce nom de
Priuenia , la PruOé ; Bodin de Bretta , efpagnol ,
qui fignifie tetrc ; d'autres de britin ; qui dans Athé-
née s'eft dit pour fignifier un port \ d'autre des
Bruricns , peuples d'Italie , Sc quelques-uns du mot
latin brutus , brutal , A caufe des mxurs fauvagjs
&: barbares des habitans de cette Ile. Cambden ré-
fute toutes ces opinions. Bochart , qui rapporte
tout aux Phéniciens , prétend que ce nom eft plié-
rticien , formé dem2, terre , & nz^ , etnin, dont
les mines qui font en Angleterre donnèrent le nom
à tôate l'Ile ; que les Brerons font des colonies de
Phéniciens , ou de Chananéens , que Jofué challa
de leur pays , & qui fe répandirent en Efpagne ,
en Gaule , & en Angleterre plus de 500 ans avant
le temps ou l'on place le Brutus dont nous avons
parlé. On pourroit dire que ce nom , prid.iin , ve-
noit Az'X^^i feparavit , disjunxit , pour marquer
que cette terre a été féparée de notre continent.
Cambden croit que Britannia vient de Erlt , qui
fignifie peint , parce que ces peuples avoient cou-
tume de fe peindre le corps , pour fe rendre , di-
fent quelques-uns , plus eiftoyables dans les com-
bats.
On ne fur que l'Angleterre croit une Ile que fous
Domirien y & far la fin du gouvernement d'Agri-
cola , par une aventure que Tacire &: Dion ra-
content. M. Lhuyd a f^it un recueil de toutes les
Grammaires &: Dictionnaires de l'ancien breton , ou
du bas-breton , qui ont rapport à l'ancien-bieron,
qu'il a intitulé Archxologia Britannica. On trouve
beaucoup de chofes curieufes & favantes fur l'an-
cienne Bretagne dans la Britannia de Cambden ■■,
cet ouvrage a été traduit en anglois , & augm;nté
par Edmond Giblbn , & cette traduction fut im-
primée à Londres en 1(^95. Les ReH.jUia Carnbde-
iiiancz eft aulfi un bon livre, imprimé à Londres
efï 16^-7 , dans lequel il y a des remarques cu-
rieufes touchant le langage des anciens Brerons.
Pitfsus , BaLrus , Wood , & en dernier lieu Nichol^
fon, ont donné des liftes & bibliothèques des Ecri-
vains de leur nation , tant anciens que modernes.
M. Blair , Médecin Ecoffois , a fait un' ouvrage
intitulé , Pharmaco Bot.tno/oç;ia , ou Hiftoire corn-
plettc des plantes médecinales de la Grande Bre-
tagne.
Les Iles de la Grande Bretagne. Infulœ Britan-
nica. Ce font des îles d'Europe , fituées entre le
ço , &: le (îi , ou 61° degré de latitude fepten-
trionale, & entre le 9* & le z^^ degré de longi-
tude. On les divife en cinq parties 1°. La Gran-
de Breta<rne, dont nous avons parlé. 1°. L'Irlande.
3°. Les Sorlingues, 40, Les Hébudes , ou Inch
Galles, ou Wcft-rrnes. j". l?s Orcades, ^auxquelles
on ioint les Schetlandiques. Toutes ces îles dépen-
dent aujourd'hui du Roi de la Grande Bretagne,
Maty.
La nouvelle Bretagne. Grand pays de l'Améri-
que fcpcenitionale au nord du Canada, l^ova Bri-
tannia^
ERE
tannia. On l'appelle auiîi Ellonlande , ou terre
de La/'rador , ou de Conu-r^a/.
Bretagne. Armorlca , Brltannia minor. Petite Bre-
tagne. Province de France qui a titre de Duché. C'ell:
une grande prcfqu'Ile baignée au nord par la merde
Bretagne , au couchant par l'Océan, au midi par la
mer de Gaicognc , &: du côté de la terre elle eft
bornée par le Poitou , l'Anjou , le Maine , & une
petite partie de la Normandie. C'cft une des plus
grandes Provinces de France , qui s'étend de-
puis environ le iz*^ degré 50 minutes de longitude
jufqu'au Kî'l 30' , Iclon les cartes de M. de
rifle, faites fur les obfervations de l'Académie des
Science-s , &C qui efl; entre le 47^ & le 49^ de la-
titude feptentrionale. La capitale de Bretagne efl:
Rennes. Cette province Ce divife en Haute-^rf/iZ-
gne , & en B^iVc-Bretagne. La Hàuie-Bretagne com-
prend les Evcchés de Rennes , de S. Bfieu , de
S. Malo , de Dol & de Nantes. On trouve dans
la Bsiûc-Bretai^ne les Diocèfes de Vannes , de Cor-
nouailles . de Léon & de Tréguier. Ces neuf Evc-
chés font fuffragans de Tours. On ne dit guère la
Hante-Bretac^ne, mais on dit (ouvcmBaiTe-Bretagne.
Le Pliaéton d'une voiture à foin
Vil jon char embourbé. Le pauvre homme étoit loin
De tout humain jecour s : c'était à la. campagne ,
Près d'un certain canton de la Balîè-Bretagne
Appelé Qiumper-CoTentin :
On fait affe^i que le dejïm
Adrejfe~là les gens , quand il veut qu'on enrage :
Dieu nous preferve du voyage.
La Bretagne s'appeloit Armorique du temps des
Romains. On convient aifez qu'elle a reçu le nom
de Bretagne des habitans de la Grande-Bretagne
qui s'y font établis , mais on ne convient pas du
temps où cela s'efl: fait. Il y a des Auteurs , qui
fondés fur quelques endroits de Pline & de Bède ,
prétendent que dès les premiers liècles de l'Eglife ,
des Bretons avoient palfé la mer , & conduit des
colonies dans l'Armorique. Ils ne difent pas cepen-
dant que dès- lors elle prit le nom de ces nou-
veaux hôtes. D'autres foutiennent qu'au quatrième
■ fiècle l'Empereur Maxime s'étant rendu maître de
cette province , il la donna aux Bretons qui l'a-
voient fuivi dans fes expéditions -, d'autres que Vor-
tiger , ou Vortigem . que les Bretons avoient ap-
pelé à leur fecours contre les Ecoifois, peuple d'Hi-
betnie ou d'Irlande, qui vouloit envahir la Gra/Zi^ir-
Bretagne ; que ce Vorticrer , dis-je , après avoir re-
pouifé les Ecoifois , fe rendit maître de la Bre-
tagne ; qu'un grand nombre de Bretons , pour
évitet fa tyrannie , paflcrent en Armorique , & s'y
étant établis , donnèrent leur nom à cette partie
de la Gaule. D'auttes écrivent que ceux qui s'y re-
tirèrent , & lui donnèrent ce nom , font les Bre-
tons chalfés de leur Ile par les Anglois - Saxons ,
qui y entrèrent fous la conduite de Heruçill en
44<î. La Chronique Bretonne , ou Britannique de
l'Eglife de Nantes , que le P. Lobineau a impri-
mée dans le IP Tome de l'HlJt. de Bret. p. 5 ,
<lit /;. 3 1 , que ce fut en 515 , fous le règne de
Clotaire fils de Clovis, que ces Bretons paflerent
dans l'Armorique. Clotaire II vaincu par Théode-
bert &Théodoric , fils de Childebert , céda à Thco-
. -doric tous les pays renfermés entre la Seine , la
Loire & l'Océan , juj'qu'à la frontière des Bretoris,
mots, dit le P. Lobineau, qui font voir que nos pre-
miers Rois n'avoient aucun droit de fouveraineté
fur la Bretagne. Le même Auteur dit que fon gou-
vernement ôtoit ariîlocratique , T.I,p. 75.
Quelques-uns prétendent que la Bretagne a eu
titre de Royaume i que Conan, le chef des Bretons,
que Maxime mit dans l'Armorique , la reçut de cet
Empereur à titre de Royaume -, que ce Royaume ,
après avoir duré jufqu'à Charlemagne , fut rendu
feudataire par cet Empereur , & changé en Comté.
D'autres difent qu'il ne dura que jufqu'à Clovis &
Chilpcric , qui obligèrent ces petits Rois de fe con-
Tome H,
BUE
57
tenter de la qualité de Comte ; qu*ehfuite cepen-
dant, s'ctant remis en liberté, ils furent rendus tri-
butaires par Dagobert II jufqu'à Charlemagne , qui
les ilibjugua & les réduifit à la qualité de Comtes ;
depuis , la Bretagne fut érigée en Duché , & a eu
long-temps fes Ducs particuliers. C'ell Philippe le
Bel, qui étant à Courtray en 1247, au mois de
Septembre, en confidération des grands fcrvices que
le Duc de Bretagne Jean II lui" avoit rendus , le
créa Pair de France , avec les mêmes prérogatives
dont jouiifoit le Duc de Bourgogne , déclarant qutj
la Pairie feroit attachée au Duché de Bretagne', &:
que le Duc qui n'avoit été jufqucs-là nommé que
Comte dans les Lettres Royaux , feroit dcfoimais
appelle Duc. Lobineau. Le dernier Duc de Breta-
gne fut François II, qui n'eut qu'une fille , Anne dfe
Bretagne , qui apporta la Bretagne à la Frante par
fon mariage avec Charles VIII,& puis avec LouisXIL
La Bretagne rclcvoit de Richard troifième Duc de
Normandie , Se dès le temps du premier Duc ( Rolon,
Fondateur de. ce Duché ) elle étoit devenue comme
un arrière fief de la Couronne , par le confcntement
de Charles le Simple. Au commencement de la troi-
fième race on vit les Bretons fe relever, & donner
de l'inquiétude aux Ducs de Normandie. P. Dan.
lUut réglé par le traité de Guétandc, conclu le 12.
d'Avril de l'an 1^6^ , que déformais les femmes ne
pourroient prétendre au Duché de Bretagne qu'au
défaut de tous les mâles légitimes de la ^^laifon' de
Bretagne. 1d. Tom. II , pag. 6i9. La Bretagne eft
un pays d'Etats. Les Etats de Bretagne fe tiennent de
deux ans en deux ans dans le lieu de la Province que
le Roi défigne. Voye^ encore le mot Armorique. II
y a des Chroniques Annales de Bretagne , par M'^
Alain Bouchard , Avocat au Parlement -, VHiftoire
de Bretagne par Bertrand d'Argentré-, une autre pac
d'FIofier, avec les Chroniques des Maifons de Vitré
& de Lai a' ; 8c enfin la dernière en deux tomes,
dont le fécond contient les preuves données par D.
Alexis Lobineau, Bénédiôtin. Il y a des Differta-
tions fur la mouvance de la Bretagne , de M. l'Abbé
de Vertot &: d'un Anonyme. Voye^ encore de Haute^
ferre, A^otœ in Greg. Tur. L. IV, p. 114.
La mer de Bretagne ,-3.\ix.Kmtr\t la Manche , ou
le Canal. C'efl: un grand détroit de l'Océan Atlan-
tique , qui s'étend entre les côtes de France au midi ,
&c celles d'Angleterre au nord,
Il_ y a une contrée en Canada , à la pointe du
golfe de Saint Laurent , à laquelle on a donné le
nom de Nouvelle-Bretagne. On écrivoit autrefois
Bretaigne.
BRETAILLER, v. n. Tirer fouvent l'épce & fréquen-
ter les falles d'armes. Ce terme eft méprifant , & ne
convient qu'à de jeunes étourdis qui veulent faire
les bravaches. Les honnêtes gens ne s'amufent point
à bretailUr. Ce mot vient de brette , qui fignifie une
longue épée. II n'eft que du ftyle familier.
BRETAILLEUR. f. m. Jeune fanfaron qui met l'épce
à la main pour la moindre bagatelle. Thrafo. Les
brétailleurs font bannis de la fociété des honnêtes
gens. Il fe dit aulfi de ceux qui fréquentent fou-
vent les falles d'armes.
BRETANNION. (. m. Nom d'homme. Bretannio , ou
Vetrannio. D'autres difent Vetrannion. L'un peut
s'être formé de l'autre. S, Bretannion , Evêque de
Tomes , dans la petite Scythie , près du Pont-Euxin ,
parla hautement à Valens pour la défenfe de la foi
de Nicce , &: ne voulut point communiquer avec lui.
|tT BRETAUDER. Vieux verbe qui fignifioir autre-
fois tondre inégalement. Imzqualiter tondere.
Il a confervé cette fignification chez les tondeurs
de drap : il s'emploie auiTi aétivement en maréchal-
lerie Brétauder un cheval , c'eft lui couper les oreil-
les. Aures refecare , truncare.
IP" Quelques-uns s'en fervent auffi pour châtrer. En
ftyle comique &burlefque,^rir.rwi..T quelqu'un, c'eft
lui couper les cheveux plus courts qu'il n'a coutume
de les porter.
BRÉTÈCHE. f. f.Vieuxmot , qui fignifie une forcçre/fe
H
58
B RE
BR E
à créneaux , &: le lieu public où l'on fait les cris Se
proclamations de Juftice. Turris pinnis injlriicla.
Il vient de l'italien Breiefca , qui le dit de cette
barrière qu'on met d'ordinaire devant la porj:e des
palais. MÉNAGE. Les portaux des villes s'appe-
loient auHi breùches , parce qu'il y avoir quelques
petits forts ou défenl'es de bois , comme on appelle
tarbacane , ce qui fert à défendre le foilc. Il a aulfi
lignifié , marche-pied , corridor.
Mainte pucelle illec avait
Dejfus la bretèche montée.
En quelques coutumes on dit bret'eque , ou hre-
tefques.
BRETELLE, f. f. Ce qui fert à attacher i fur les épau-
les«s des hottes , des crochets , des bars , des brouet-
tes , ou autres çhofes propres à porter des fardeaux.
Funalcs habena dojjuarii corbis. Ce font deux fan-
glcs , ou deux bandes de cuir ou de groffe étoffe ,
chacune large de deux pouces , 6c longue d'environ
une demi-aune: on les attache par un bout vers le
milieu de la partie platte de la hotte , afin que cha-
cune faifant le tour d'une des épaules , & palfant
par delfous les aiflelles , elles viennent s'accrocher
par leur autre bout , qui a une boucle , à deux bouts
de bâton qui fortent exprès du bas de la hotte , &
qu'ainfi la hotte tienne ferme fut les épaules. Il en
eft de même à proportion aux crochets. Prenez
garde que les bretelles de votre hotte foient affez
fortes pour ce fardeau. Ces bretelles font trop pe-
tites , trop courtes.
Borel le dérive de /3f «':&« , c'eft-à-dire yje charge.
Bretelle , eft aufli un terme de Rubanier -, & il iignifîe
un tiflu pour iburenir le corps du Rubanier lorf-
qu'il travaille , de peur qu'il ne tombe en devant.
Bretelles , au pi. fîgnifîe encore un tiflii de fil ou de
foie , qui lerr à foutenir les culottes des enfàns , ou
des hommes un peu gros.
On dit proverbialement , Il en a par-dejfus les
bretelles , ou jufqu'aux bretelles ; pour dire , il en a
par-defliis fes forces , au-delà de ce qu'il peut porter.
Ce qui fe dit de toutes fortes de méchantes affai-
res , mais plus ordinairement lorfque quelqu'un a
bû trop de vin.
Bretelles, f. £ pi. fignifie encore dans le tarif de la
Douane de Lyon , ce qu'on nomme à Paris , des
charges ou paniers de verre.
BRETÈSSES , ou BRETECHES. Terme de Blâfon ,
qui fe dit d'une rangée de créneaux fur une fafce ,
bande , ou pal , ou fur les côtés d'un blâibn de plat-
te figure. Pinnarum mur alium ordogeminus. Et on
appelle Ecu bretejp fimplcment, quand les créneaux
d'une fafce , d'un pal , d'une bande fe rapportent ,
& font vis-à-vis l'un de l'autre. Les Martinozzi por-
tent quatre fafces breteffécs à double. Masc.
BRETEUIL, Gros bourg de France en Normandie ,
avec titre de Comté , fur la rivière d'Iton , à fix
lieues d'Evreux. Britolium.
^CT Breteuil , Bretolium. Petite ville de France , en
Picardie , au Diocèfe de Beauvais , avec une Abbaye
de l'Ordre de St Benoît.
Ip- BRETIGNY , Bretiniaca. Village de France , au-
deffus de Montlhery , à une lieue de Châtres , à
cinq de Paris. C'eft là que fut conclu en 1560 , le
traité de paix entte la Fiance & l'Angleterre.
BRETON , ONNE , f m. & £ Britannus. Brito. C'eft
le nom des anciens habitans de l'île que nous ap-
pelons aujourd'hui Grande-Bretagne. Ils avoient ce
nom au temps de Céfar , & l'ont gardé Jufqu'à l'in-
vafion des Saxons. Voye^^ ce qu'on dit de fon cty-
mologie au mot Grande-Bretagne. Aujourd'hui
on n'appelle point en françois Bretons les habjtans
de cette île , mais Anglois, ceux qui habitent la par-
tie méridionale ; & Ecoffois , ceux qui occupent la
part'C fcptentrionale. Cependant , en parlant des
anciens peuples de ce pays, fur-tout de la partie mé-
ridionale , il faudroic dire Bretons ^ jufqu'à l'inva-
fion des Saxons,
Breton , onne , f. & adj. Armoricus , a. Nom du peu-
ple qui habire la petite Bretagne , province de Fran-
ce, qu'on appeloit autrefois Armorique. Ce font les
feuls qui portent aujourd'hui en norre langue le
nom de bretons , qu'ils ont depuis plufieurs fiè-
cles. Voye:^ Bretagne. Les Bretons de France , &c
les Gallois d'Angleterre , ou Montagnards de la
Principauté de Galles , ont une même langue , &
s'entendent les uns les autres. La noblclfe Bretonne.
Grégoire de Tours dit exprefféraenr , Liv. IV , C. 4 -
que depuis Clovis les Bretons furent fous la domi-
nation des François -, que les Bretons dès-lors n'eu-
rent plus de Rois , & que leurs Princes fe contentè-
rent de porter le titre de Comte. P. Dan. Les char-
ges bretonnes fonr au Parlement de Bretagne les
charges de Conlcillers , qui ne peuvent être pofle-
dées que par des Bretons tCommz les charges fran-
çoifes ne peuvent l'être que par d'autres que des
Bretons. Un cheval breton.
On dit bas-Breton &c baJfe-Bretonne , pour dire
un homme ou une femme qui eft de Baffe-Bretagne.
Un gentilhomme bas-Breton. Au lieu de baffe-Bre-
tonne , on dit fouvent dans le difcours familier une
iaffè'Brette, Les ba^es - Brettes ont de l'eiprit ,
c'eft-à-dire, les baffes-Bretonnes , les femmes de Baf^
fe-Breragne. Ce Capitaine de vaiffeau a époufé une
baffè-Brette qui lui a donné du bien.
Breton-Bretonn ant. Si l'on en croit d'Hofîer , dans
fon H/ji. de Bretagne , pag. 45 , 44 , les Bretons qui
habitoient les côtes de l'Océan du côté de l'occi-
dent , prirent des femmes de la Grande-Bretagne , Sc
c'eft le langage de ces femmes qui continue encore
aujourd'hui, &:qae nous nommons bas-Breton; car
c'eft le langage des mères que lesenfans apprennent^
& c'eft pour cela, dit-il , qu'on appelle ceux-ci Bre-
tons-bretonnans. Pour les autres litués vrs l'orient .
ils prirent des femmes Gauloifes , & c'eft à raifon
de leurs mères & de leur langue , qu'on les appelle
Bretons-Gaulois. Dans le pays on les appelle Gal-
tots.
Il eft vrai qu'on appelle Bretons-hretonnans ceux
qui parlent bas-breton ^ mais la raifon qu'il en rap-
porte n'eft pas bien fure : il y a plus d'apparence que
c'eft leur peu de commerce avec la France , & leur
langue qui leur fit donner ce nom , qui du refte eft
bas & populaire.
• Du Tillet , Rec. des Rois de Fr. ,p. ^ , dit Breton
tonnant , & non pas bretonnant. Ce n'eft qu'un re-
tranchement de la première fyllabe , & cette ex-
preffion n'a rien de différenr de l'autre ; mais elle ne
fe dit plus.Cet Auteur n'appelle point ainfi le peuple
de Bretagne , mais le langage de ce peuple que nous
appelons bas-Breton. Du refte , il dit plus vraifem-
blablement que d'Hofier , que c'eft le langage ap-
porté & confervé jufqu'à préfent par les Bretons
qui s'y retirèrent chafles par les Anglois - Saxons.
Mais aptes tout , il eft difïicile de fe perfuader que
quelques réfugiés fiffent changer le langage auxAr-
moriques naturels du pays. Ils s'accommodèrent bien
plutôt au leur, qui n'étoit pas fort différent de celui
des Bretons , parce qu'il eft certain , que les Bretons
de l'île Britannique étoient originairement Gaulois.
Breton & Britto , Brittus , au plur. Brittones &
Britti, félon le P. Pezron, font des noms pris de la
langue des Gaulois , qui difenr Brittes , Brith , pour
iignifier un homme peint &c marqué de diverfes cou-
leurs , & chez eux Britho croit un verbe , qui figni-
fioit pingere , variegare, c'ell-à-dire , peindre & mar-
quer de diverfes couleurs. Brittones & Britti n'é-
toient donc autte chofe que des hommes peints. En
effet , continue-t-il , ces peuples Bretons ancienne-
ment fe peignoient le coips, &c même le vifage prin-
cipalement d'une couleur qui tiroit fur le bleu ; delà-
vient que Marrial les appelle Picli Britanni , en par-
lant de ceux d'Angleterre. Sur quoi il eft bon de re-
marquer , dir encore le P. Pezron , que Britannia
vient du Celte Britt , c'c(i-\-d\Tc , peint ; &c de tan y
on Jîan, qui fignifie pays , ou région. Ainfi Britan^
nia , félon lui , veut proprement dire région des
BR E
parûmes peints, Deforte que les Grecs qui ont ccùît
"B^-.lrU & B^ilTxnu par un é & deux it, ont mieux mar-
que le véritable nom de ces peuples que les Latins ,
qui difent Britannia.
Le Cap-Breton. Cap de l'Amérique fepterirrio-
nale , fur la côte méridionale de l'île du Cap-Bre-
ton , à laquelle il donne fon nom , & qui e.1: (itucc
dans la mer de Canada , entre l'Ile de Terre-Neuve
& l'Acadie. Capitt Britonum,
Le Pertuis-Breton. Petit détroit de la mer de
Gafcogne , entre la côte feptentrionale de l'Ile de
Rhé,& celle de Poitou. Fretum Britannicum.MAJY.
L'i/le des Bretons ,J.lc de l'Amérique, Britonum In-
fuLi , autrement l'Ile du Cap-Breton.
Llle du Cap Breton , aujourd'hui île Royale. Elle {
eft diftante de dix lieues dii cap de CampTeaux en
Acadie -, elle à 80 lieues de tour , y compris l'Ile de
Sainte Marie , qui y efl: adjacente , & iitucé enforte
qu'elle forme deux partages , l'un entr'elle &: la
terre ferme , appelé l'entrée du petit jjafiage de
Campfeaux -, &: l'autre eft un intervalle de fîx iieucs
qui eil entr'elle & l'Ile du Cap Breton , par où l'on
Va du petit pafTagede Campfeaux au fort St Pierre.
Le trajet ne s'en peut faire que par dés barques ,
encore faut-il bien prendre garde au chenal ou ca-
nal de l'enttée du petit partage. Allant le long de
rile de Stc Marie" dehors , l'on trouve unepctitc île
toute ronde à trois lieiies de-là , nommée l'île 'v^erte.
Pour y aller , il faut tenir le large ; la côte y eft fe-
mée de rochers qui avancent une bonne lieue en
mer ,^trois lieues durant. Cela parte , vehaint trou-
ver l'île Verte , il la faut laifler à droite , pour en-
trer dans la baie de Saint Pierre. L'on y mouille de-
vant une pointe de fable un peu au large. Les vaif-
feaux ne peuvent apptocher plus près de S. Pierre
que de trois lieues : les barques y peuvent venir,
mais il faut bien favoir le canaî.
Sottant du port S. Pierre par le cote de Camp-
feaux poin- faire le tout dej'lle , titant vers la par-
tie orientale , l'on trouve l'île Verte. De-là Ton va
aux îles Michaur, qui en font à trois lieues. Ce font
des rochers que l'on nomrne ainfi. La pêche de la
morue y eft bonne , & de-là au Havre l'Anglois on
compte dix lieues : toute la côte n'cft que rochers ,
&: à l'enttée de ce Havre l'on trouve une île qu'il
faut lairter à gauche. Les navires étant dedans , font
en fureté. L'ancrage y eft bon -, toutes les terres du
dedans ne font que côtes de rochers artéz hautes ;
au bas il y a un petit étang où l'on prend grand
nombre d'anguilles : la pêche de la morue y eft
très-bonne,
A trois lieues de-là l'on trouve le porrde la Ba-
leine , qui eft encore un bon havre , mais de di-^-
cile entrée , à caule de quanrité de rochers qui s'y
rencontrent. De-là otiVaauFourillon qui eft derrière
le C^ç-Breton.hc Cap-Breton n'eft- qu'une île, &
la partie de l'île qui porte ce nom' & qui rcgar de
le fud-eft , ce fonr tous rochers , entre lefquels on
ne lairtê pas de mettre des navires à l'abri pour la
pêche, qui y eft très-bonne. Toutes les terres de ce
pays-là ne valent guère , quoiqu'il y ait de beaux
bois dans le haut des montagnes , Comme bouleaux,
hêtres & principalement lapins &: quelques pins.
Partant plus avant , l'on trouve la rivière aux-
Elpagnols , à l'entrée de laquelle les navires peu-
vent être en forcté. il y a une montagne d^excellent
chatbon de terre à quatre lieues de la rivière. La terre
y eft artêz bonne. De l'autre côté elle eft couverte
de bouleaux , érables , frênes , & quelque peiî de
chênes. Il s'y ttouve aurtil des pins &c des" fapins.
Du haut de la rivière on traverfe à Labrador , à
travers de deux ou ttois lieites de bois.-
Sortant de la rivière aux Elpagnols pôutallerà
l'enttée de Labrador , l'on fait rrois lieues parrai des-
rochers , au bout defquels eft l'enttée du petit Chi-
bou ou- de Labrador. En cette contrée il y a encore
du charbon de terre. Là commence une grande baie
qui va proche de Niganichc', elle a huit ou dix lieues
dé large. Dans cette baie il y a force niches où les
B R
V
Ë
19
cormorans font leurs nids : en retre de toutes ccS
roches, à la droite, eft le grand Chibou , qui eft l'en-
trée du havre de Sainte Anne.
Entrant dans la baie , il y a de plus grandes îles,'
ou les fapins font plus beaux , & en toiit cet efpacc
de dix-huit lieues , ce ne font qu'îles dont on ne
lait point le nombre , & le gibier y abonde de rou-
tes parts. Il y a un partage de l'une des poiiites à
l'autre de la baie , entre ces îles , pour une chalou-
pe & pour une barque ; mais il faut bien favoir le
chemin pour y partêr.Ccrté baie a bien près de qua-
tre lieues de profondeur,^: plulieurs rivières qui def-
cendent dedans; elles font petites; ce rie font prc)?
que que de gros ruiileaux par où les Sauvages font
& viennent , ils y font en grand nombre^ à caufe
de la ehaffe qui eft bonne dans le haut des terres ,
y ayant des montagnes toutes remplies d'otitrnaux.
Ilnelairte pas d'y^avair de beaux bois, de boriilc
terre, & des endroirs beaux & agréables; Denis- P
I , C 4.
. Sortant deda , allant à Niganichc , l'on parte huit
lieues de côtes de roches extrêmement hautes & es-
carpées ^ comme une muraille ; & NiganiChe qui eft
a deux lieues de la pointe ne vaut guère non plus.
Du Fourillon au Cap Breton il peut y avoir vn-^rt
à vingt-deux lieues jufquà Niganiche , Se de-lï ali
cap de Nord cinq à iix lieues , toutes côtes de ro-
chers. Il y a place au cap du nord pour tin navire ,■
qui peut y faire ù pêche. Du Chadye aii cap du nord
il y a environ qninre à feize lieues : route cette côté
là n'cft que rochers couverts de fapins , mêlés de
quelques perits bouleaux : il s'y tronve cjuelques an-
les de fàblc , où à peine fe peiït retirer une chaloupe.
Cette côte eft dangereufe.
De Chadye continuant fa route le long de la côte
qui foiit montagnes de roches jufqu'à quatre lieue^
«le-là,ron trouve une petite île vis-à-Vis d'une anfe'
de fable, propre à n>rettre des chaloupes a couvert.
Dans cette anfé il y a une montagne depierres'noires
dont les Charpentiers fe fervent à marquer leurs
ouvrages :' elle n'eft pas d:esraciileures , étant un peu
çlure. Apres avoir fait encore huit lieïïcs de côtes ,■
l'on trouve des terres bafles & plattes, couvertcirde
bois de toutes fortes, comme frênes , bouleaux ,■ hê-
tres, érables, pins & fapins ; mais tous ces bois -là
ne font pas des plus beaux. De-là on entre dans
une pctîre. rivière à chaloupe , où l'on pêche force
lliuni'ojis. Il y a une mine de charbon de terre ;- on
dît qu'il y a aurtl du plâtre. Le bois eft artéz: beau
en cette rivière , & le terrein n'en eft pas monta-
gneux. De rembouchiire de cette petite rivière jul^
qiï'à l'entrée du peut partage deCampieaux , ducôté
du nord, il n'y a' que trois lieues , Se de-là à l'antre
entrée du côté du fud environ dix. Iieucs , où j'ai
commencé pour faire le tour , & c'cft où finit le cir-
cuit de cette Ile du Cap - Bfeton.i à laquelle on don-
ne communément qultre-vingt lieues de tour , donc
la circonférence Se le deda:ns ne contiennent preP
que que des montagnes de roches ; mais ee qui la.
fait eftimer, font les ports & rades où les navires fe
mettent' pd'ur faite leur pêche. Le maquereau & le
hareng donnent fort autour' de l'île. Cette île a en-
core été eftimée pour la cnaflc de l'orignac. Il s'y
en trou\'oit autrefois grand nombre , mais à prcfent
il n'y en a plus : les Sauvages ont toUt détruit , &
l'ont abandonnée , n'y trouvant plus de quoi Vivre.
Ce n'eft pas que la cWlfe du gibier n'y foit bonne
& abondante; m;ais cela n'eft pas fuffifant pour leu;.'
nourriture , outre qu'il Icux encoxite trop de poudre
& de plomb ; car d'un coup de fi'ifil dont ils abat-
tent un orignac , ils ne tuetont qu'une outarde ou
deux , quelquefois trois; & cela' ne fùffit pas pour les-
nourrir avec leur famille.
Breton, f. m. Coquille blanche & inégalé , qui s'em
ploie aux ouvrages de rocailfes.
BRETONNE, f. f On adonné ce nom p'aeticulier à
ce qu'on appelle en générn' C'Z/'o/t;) qui , fjivant
l'explication qu'en a donné l'Acldémie-Françoife .
dans la troificme édition de fon DiiSlionftaiïe, eft
Hij
Go
B R Ë
une elpèce de mante que les tcmmcs mettent pat-
delllis leurs habits , quand elles forcent , & qui les
couvre depuis la tête julqu'aux pieds. Capots de ca-
melot. Capote de taffetas.
tfT Le mot bretonne ne défigne point tout feul 1 ef-
pèce d'habillement dont on parle ici. On dit une
cape bretonne , pour la dirtinguer de celles qu'on
porte dans les provinces voilines , en Normandie ,
en Anjou , 5c qm ne Ibnr pas faites de la même fa-
çon.
BRETTE.f. f. Epée qui efl: plus longue que celle qu'on
poite ordinairement. Ritdis gladuitoria. C'eft un ter-
me de plaifanterie.il ne quitte jamais la brette. Quel-
ques-uns dérivent ce mot de ^mro:iqui fignifîe une
ej'pece d'arme tranchante ,\nycnx.cz en BTetagne.
Brette , eft proprement une forte d'épée longue
& étroite. M. Huet croit qu'elles font ainlî nom-
mées pour ctte venues de Bretagne. Dans le grartd
teftamcnt de Villon le mot Brettes eft employé pour
bretonnes , & brettes tardes , pcair targes bretonnes.
On appelle aufîi une femme de Bretagne Brettx,
de Britta^èc haiVe-brette une femme de bafle-Bretagnc,
BRETTE , EE , adj. Truelle brettèe , marteau btetti ,
ou brettclé, font des outils qui ont pluiieurs dents
ou petites pointes qui fervent à bretteler leurs ou-
vrages. Voye:^ Brettep-.
Ip" BRETTEN. Ville d'Allemagne dans la Suabc ,
appartenante avec l'on territoire à l'Eledeur Pala-
tin.
Ip" BRETTËN. Petite ville de Suéde , dans la Dàlie ,
fur le lac Waner.
BRETTER , ou BRETTELLER. V. a. C'eft parmi les
Sculpteurs une manière de travailler fur la cire ou
fur la terre. Ils ont un ébraichoir ou iiiftrumcnt de
bois qui a des dents par un bout, Se qui en ôtant
•la cire du ta terre , rie fait que dégrofllr & iaiifer les
traits fur l'ouvrage qu'on nomme brettures. Les
Maçons ont des truelles qu'ils nomment brettées&c
hrettellees , parce qu'elles ont des dents ; elles leur
fervent pour dreflér leurs enduits de pià-!re. Les Tail-
leurs de pierre ont aufll des marteaux brettes , qui
leur fervent à drefler les paremens des pierres. Bret-
teller l'iernifie auffi resratter im mur avec un outil ù
dents 5 comme la laie , le rifflard , la rippe , &c.
Bretter, V. n. Chercher querelle , fcrailler , avoir
toujours l'épée au vent , attaquer infoiemment tous
les paffans , chercher noife à un »chacun. C'eft un
métier qui envoie bientôt fon maître en l'autre mon-
de. Dict. Com. ^ ^
BRETTE, ÉE-, & BRESSELE, EE. part. Se adj.
BRETTEUR. f. m. Celui qui porte une brette, qui
aime à fe battre & à férailler. Rixarum amans.
BRETTURE. f. f. Dentelure qui eft aux extrémités
de plufieurs outils d'artifans , comme truelles , rip-
pes , marteaux , &c. Dcnticuli.
Brettures , fe dit auffi des traits que le Sculpteur
lailfe ilir un ouvrage qu'il dégroilh avec l'ébauchoir
brette.
|Cr BREUBERG. ( Seigneurie de ) Petit pays de
Franconie , le long du Mein , entre le Comté d'Er-
pach & l'Archevêché de Maycnce , avec un châ-
teau qui lui donne ce nom.
BRÈVE, p r BREF.
BREVEMENT ,. \ Voyei \ BRIÉVEAiENT.
BREVETE, N l BRIÈVETÉ.
BREVET, f. m. A6le expédié par un Secrétaire d'Etat ,
qui porte la conceflion d'une grâce , ou d'un don
que le Roi a fait à quelqu'un. Brève Régis diploma.
Il a eu le brevet de nomination à un tel Evèché ;
un brevet pour jouir d'une telle charge. |^ On. ap-
pelle de même brevet , une expédition par laquel-
le un Prince, un grand Seigneur accorde une graee
à quelqu'un.
|C? Brevet d'affaire. Privilège que le Roi accorde
à quelques couftifans , de le voir dans fa garde-ro-
be. Acad. Fr.
ffT Brevet de retenue. Brevet par lequel le Roi af-
fure une certaine fomme fur le prix d'une charge »
B R É
laquelle doit être payée aux héritiers ou aux crcan-
eiers du titulaire par celui qui le remplacera.
§3" Duc A brevet , celui qui n'a qu'un brevet de
Duc.
§3^ ]u.i}:e-i\i-cotps à brevet. Sorte de jufte-au-corps
bleu que quelques courtifans ont droit de porter
par brevet du Roi.
^CJ* Brevet de joyeux avénenient. GtAceex^eû::Ltivà
dont le Roi , à fon avènement à la couronne , a
droit d'ufer fur une prébende de chaque èglife ca-
thédrale , & fur les dignités & prébendes des
collégiales , en prélénrant un fujet à chaque Pré-'
lat 6c à chaque Chapitre pour être par eux pourvu
du premier bénéfice qui viendra à vaquer.
§Cr Brevet de ferment de fidélité. Autre mandement,
par lequel le P.oi enjoint .à chaque Evêque donc
il reçoit le feiment de fidélité , de conférer la pre-
mière prébende vacante à celui qui eft délîgné par
le brevez.
IJCF" Obligation par brevet , en termes de pratique*
C'eft celle dont il n'eft point refté de minute chei
le Notaire , qui a été délivrée en original à l'une
des parties.
|J3" On dit aufll brevet d'apprentiffage. Foye^ Ap-
prentissage , & brevet de Maîtrise -, mais plus
communément lettres de maîtrife. Du Cange témoi-
gne qu'on difoit autrefois Brevis Aotar/orum ; od
brève facramenti ; pour dire ,■ Les actes & minutes
de N\)taires ; Sc rapporte une autorité de Lampri-»
dius pour le prouver.
BïtEVET , en teriTies de Marine",- eft un écrit Ibus fcing^
privé , par lequel le maître d'un vaillèau reconnoîr.
avoir chargé telle marchandife l'ur fon bord , qu'il
s'oblige de porter à fa deftination pour le prix con-
venu , fauf les rifcjiies de la mer. Les matelots l'ap-
pellent cor.noiffement fur i'Océ^n, Se police de char-
gement fur la Méditerranée. J^oye:^^ Bref.
Brevet, f. m. Terme de Teinturier. Décoèlion de ga-
rence Si de fon , que les Teinturiers ajoutent dans
l'ean commune, & paffée par un tamis dans le bain
de l'indigo , qui eft verte ibus l'écum.e. Ils y met-
tent la garence j pour allliter , difent-ils , la couleur
de l'indigo , parce que cette racine en fournit un fi
folide fur les iujcts préparés, qu'elle réfifte à prel^
que toutes les épreuves. Ils y ajourent le fon , pour
adoucir l'eau qu'ils fuppofent contenir ptefque tou-
jours des parties d'un fel acide , qu'il eft bon , felort
eux , d'amortir, Mem.- de l'Acad, des Sç, 1 740 , p.
§3" Manier le brevet , c'eft examiner avec la main ii
le bain ou le brevet de la cuve eft bon ou aifez
chaud. Ouvrir le brevet , prendre de la liqueur pouc
eonnoîcre la couleur du bain.
On appelle encore brevet la croix du Saint-EP
prit , qui eft brodée fur les manteaux Se les habits
des Chevaliers de cet Ordre i mais plus communé-
ment ces croix en broderie , détachées , qu'on coûc
feulement fur l'habit , Se qu'on peut tranfporter ,
quand on veut, d'un habit iur un autre. On acheta
douze brevets pour M. de . . . On donne même quel-
quefois le nom de brevets aux Seigneurs qui font de
cet Ordre ,& qui portent le cordon bleu. On les
nomme fouvent Cordons bleus , mais quelquefois
Brevets. On laiffe entrer les Brevets au lever du
Roi. Etat de la France,
Brevet dé tailles, eft une commiffion du Confeil ,
fcellée du grand Iceau de cire jaune, qui contient
la Ibmme qu'il plaît au Roi d'impofer pour la tail-
le dans l'étendue de chaque Généralité &c de cha-
que Eleâion.
Brevet de contrôle, eft une reconnoiffance que les
Commis des Bureaux des Traites délivrent à la for-
tie du Royaume , à la place de l'acquit de paye-
ment que les conduèteurs Se voituriers leur remet-
tent entre les mains.
Brevet , fe dit aufl] de certains billets , caraélères , ou
oraifons que donnent des charlatans , Se des em-
piriques pour guérir de plufieurs maladies , ou pour
B RÉ
faîte des chofes extraordinaires, Aînfî Comeiiîe a
. dit dans l'illiiiion comique ,
Et pour gagner Paris il vendit par Id plaine
Des brevets à chajfer la fièvre & la migraine.
On les appelle en grec ?»i;A«»7-^f <« , en latin^êrv^-
torium , amuktum,
BRÉVETAIRE. i. m. Teime de palais. Celui qui i
obtenu un brevet du Roi , en matière bcncficiale ,
pour être pourvu du premier bcnc/ice qui viendra à
vaquer./?É'ff/.j- diplomate munitus , injirucîus. Dans le
concours d'uil Indultaire 6i d'un Brève taire de joyeux
avènement, le grand Conlèil donne la préférence à
rindultaire , quoique fa réquilition foit poftcrieure
à celle du Brevetaire. C'ell ce qui a été jugé par
pluficurs arrêts , dont il y en a un du 4 Mars 171 7.
|Cr BREVETER, Vieux v. a. dont Montaigne s'eft
fervi pour abréger, Breviare. Aujourd'hui J^reveter
lignifie accorder un brevet , donner le brevet d'un
office , d'un emploi , d'une penlion. Le Roi la hre-
re/Ê d'une penlion. ,
BRÉVIAIRE, f. m. Office divin qu'on fait tous les
jours à l'égliie , & que les Eccléfîaftiques doivent
dire chez eux , quand ils ne peuvent pas y a/liftcr.
Breviarium. Le bréviaire de Rome fe peut dire
pat-tout. Il y a des bréviaires particuliers pour cha-
que Diocèle , & pour chaque Ordre de Religieux.
Comme avant le Concile de Trente le bréviaire n'é-
toit pas uniforme pour tous les Diocêfes 5 le Pape
Pie V fit dreifer un bréviaire pour l'afage imiver-
fel de l'Eglifc, intitulé Breviarium Romanum. ex dé-
créta facro-fancii Concilii Tridentini reflitutum.
Le bréviaire efï Ccntlpofé de Matines , Laudes ,
Prime , Tierce , Sextc , None , Vêpres & Compiles ■■,
c'eft-a-dire , de fepr différentes heures , à caufe de ce
mot de David , Pfeaume CX/^III. Septies in die
laudem dixi tibi. L'obligation de réciter l'Office |
que les Latins appellent bréviaire,^ les Grecs l'hor-
loge, pcu-à'peu s'ell réduite aux feuls Clercs & aux
Bcnéiiciers , qui y font obligés fous peine de péché
mortel, & de reftitution des fruits ,à proportion
de ce qu'ils en auront oirris. God. Au XIV^ fié-
tle c'étoit un cas rcfervc aux Evoques que d'avoit
été trois jours fans dite le bréviaire. Il y avoir des
Ëvêques qui exigeoierit des Prêrres qu'ils eulfent
dit non-feulement Matines , mais encore Prime ,
avant que de célébra la Meilê. Lobinealt. Hijî. de
Bret. T. h p. 847. #
L'inftitution à\x bréviaire n'étant point ancienne ,
en y a inféré les vies des Saines telles qu'elles étoient
alors, c'eft-à-dire , pleines de faits qui ne font point
aflez avérés, C'efl: pourquoi il a été néceflàire que
les Papes & les Evêqiïcs les réformafîènt félon le
décret du Concile de Trente. Les Papes Pie V ,
Clément VIII & Urbain VIII ont fait réformer
le bréviaire Romain. Plufieurs Evêques de France
ont aufll fait travailler à la réformation des bré-
viaires de leurs diocêfes.
M. Jolijgrand Chantre de Notre-Dame de Paris ,
dans une confultatiou touchant la réformation des
Heures Canoniales, imprimée en 11S44 , prétend que
l'obligation de réciter le bréviaire en particulier
n'ell appuyée que fur une coutume qui fert de loi ,
& qu'avant le Concile de Balle on n'avoit fait là-
defîus aucune conftitution. Il ajoute même que ce
Concile n'enjoint pas cxpteffément aux Eccléfîafti-
ques de le réciter , mais qu'il enfeignc feulement
la manière de le reciter : ()uœ conjîitutio non di-
fertis verbis opus ijlud Ecclejiafi.icis injungit ; fed
quomodo traciandurji fit , exponit.
Il fe fit dans le Concile de Latran tenu fous les
Papes Jules II , & Léon X une conftitution plus ^
expreile , qui oblige les Eccléfiaftiques jouiflans de
bénéfices , à réciter le bréviaire fous peine d'être
privés des fruits de leurs bénéfices , & même d'être
dépouillés de leurs bénéfices , lî après avoir été aver-
tis , ils ne fe corrigent point. Mais quoique ce Con-
cile de Latran porte le nom de Général , plufieurs
doutent qu'il le foit , comme Bellarmin même Ta
ÈRE
èi
remarque. On obfervera de plus , que ce Concile
n'oblige pduit les Béncriciers à réciter leur bréviaire;
lorfqu'ils ont des ôccuparions légitimes qui les en
empêchent. Légitima impedimenta cejfante. M. Joly
met au nombre de ces empêchemens légitimes l'é-
tude de l'Ecriture-Sainte , ou de ce qui la regarde,
par exemple , la prédication de la parole de^Dieu ,
&' plufieurs, œuvres de charité qui font comman-
dées dans l'Evangile. Mais ce que dit M. Joli ne
doit pas faire croire qu'on puiife aiiêmcnt fe difpen-
ler tie dire le bréviaire , quand on y eft obligé. Une
coutume légitimement établie a force de loi , pafTe
en loi ; ainfi , excepté dans les maladies , qui met-
terit dans l'impofTîbilité de réciter le bréviaire , ou
qui en rendent la récitation très-difficile , l'obliga-
tion de le dire lubfifte toujours, à itidins qu'elle'ne
fiit incompatible avec les devoirs d'une autre vertu
d'un ordre fupérieut. Par exemple , s'il s'agiffoit
d'a/îiftcr une perforine mourante , de lui adminif-
trer les Sacremens , de baptifer des enfans ^ ou des
catéchumènes qui font en danger de mort j.^-c. on
doit préférer ces devoirs de charité à la récitation
du Bréviaire. Mais de ctoire que pour étudier fîm-
plemcnt l'Ecriture Sainte, ouïes choies qui y ont
rapport, on puiffe fans autre raifon fe difpenfer de
récirer le Bréviaire , c'efl: fe tromper -, & fi c'étoit
là le fentiment de M. Joly , il taudroit le rejeter
comme faux. On doit ajouter que l'obligation de
reciter le Bréviaire eft encore plus grande pour les
Bcnéiiciers que pour les autres.
Dans un Concile tenu à Cologne en l'r^cî, on
parla fortement pour la réformation du Bréviaire ,■
& l'on y reprcfenta que les anciens Pères ne permet-
toient pas qu'on liit dans les Eglifes autre chofc que
l Ecriture Sainte : Hic multo jam ex tempore pio
anima dcfideravimus repurgari Breviaria^
Le Cardinal Quignon, du titre de Sainte-Croix,
avoit publié dès ce tenrps-là un nouveau Bréviaire
Romain, d'où il avoit ôté prefque tout ce qui lui
paroifîbit ftbuleux , par l'ordre des Papes Clé-
ment Vil & Paul IIL Son deflêin étoit , comme il
le déclare lui-même dans Une belle préface qui eft à
la tête de ce livre, qu'on lût principalement l'Ecri-
ture Sainte pendant toute l'année, & le Pleauticr
entier chaque femaine. Il en retrancha le petit Office
de la Vierge, les traits ou verfets , les répons &
plufieurs autres chofes femblables que le chant a in-
troduites dans fEglife. ïl avoit eu égard en cela à
l'inftruifiiion & à l'utilité de ceux qui récitent le
Bréviaire en particulier. Il afllire que les EÏiftoires
des Saints qu'il a laiflèes dâ»-.'s fon Bréviaire y font
rapportées d'une telle manière , qu'elles ne contien-
nent tien qui puifîc choquer les perfonnes graves &C
favanres : Hifiofice SanBoruntfiç confcriptàfunt, ut
nihil habeant quoi graves & do&as aures offendat.
Les Papes Jules Ili & Paul IV , auroriferent ce Bré-
viaire , dont il y a eu allez grand nombre d'éditions „
principalement en France,
Il eft vrai que cette réformation du Bréviaire Ko-
main parut trop libre aux Doéleurs de la Faculté de
Théologie de Paris. Ils en firent l'an 1555;, une cri-
tique en fornie de cenfure, fous le titre dcNot/s Cen-
furaricc in Sacrum Qjdgnonis Breviarium. Ils ne
pouvoient foufFrir une fi grande nouveauté , paice
que ce Bréviaire du Cardinal Quignon eft tiès-diffé-
îentdc tous ceux qui avoient été publiés jufqu'aiors-
Mais nonobftanr certe cenfure , il fur imprimé dans
la fuite plufieurs fois avec l'approbation des Doc-
teurs de Sorbonne , & avec le privilège du Roi. Les
Doreurs mêmes fe fervirent de l'autorité de ce Bré-
viaire ç.xï 1574, pour établir la Conception Imma-»
culée de la Sainre Vierge contre Maldonat. Ce quî
fait voir manifeftement que ce Bréviaire., qui fût
enfuite fupprimé , étoit alors en ufage , au moins
parmi les Eccléliaftiques de France, qui le récitoienr
comme un véritable ^ri/v/.nVc- Romain. Il yen a au
moins quatre éditions de Lyon.
Dans le ^m'/'-t/re Romain on récite le Dimanche
à Matines, dix-huit Pfcaumes en trois npifiurne*
^%
BRÉ
douze iû premier , & trois à chacun clos deax autres.
Les autres jours de la lemaiac, qu'on appelle iéries ,
&: aux tctes hmples , on en récite aouze en un
feul nocturne. Pour les fêtes, excepte celles qui iont
iimplcs , on en récite neuf; mais aux fêtes de Paque
& de la Pentecôte , on n'en récite que trois. Apres
les Pleaumes de chaque noélurne , on Ut trois le-
çons , qui font précédées de quelques vcrfcts , d'un
Faur 72opr & d'une prière pour demander la bc-
tiédiclion , & terminées par des répons j hors la
dernière , après laquelle on dit le Te Deum les jours
de fêtes & les Dimanches , qui ne tombent pas aans
l'Avent ou dans le Carême. A Laudes , on dit tou-
jours fept Pfcaumcs & un Cantique fous cinq an-
tiennes , ou trois antiennes feulement dans le temps
Pafcal : dans ce même temps-là , on ne dit qu'une
antienne pour chaque no^lurne, quelque nombre_^de
Pleaumes qu'il renferme. A Prime , les jours de fête
& le Samedi , on ne récite que trois P.eaumes -, les
Dimanches & les fériés on en récite quatre, hormis
da-ijf le temps Pafcal , où l'on n'en récite que trois.
A Prime , en récite les Dimanches le fya>bole de
S. Athanafe après les Pfeaumes. A Tierce, Sexte &
Nonc, on récite toujours trois Pfeaumes, qui font
des parties du û;rand Pfeaume 1 1 8 , Bciui imina.culati.
A Vêpres , on récite tous les jours cinq Pfeaumes , &
quatre à Compiles. De plus , on récite un Pater ,
un Ave , un Crelo , au commencement de Mannes
& de Prime & à la fin des Compiles -, au commen-
cement des autres heures, on récite feulement un
PMcr & un Ave ^ excepté au commencement de
Complics que l'on dit une courte leçon, un Pxtir,
le ConfiteoT , les verfets Convcne nos , &c. & Deus ,
in a.ij'.uorliim , &:c. A la fin des Laudes , des pe-
.tites heures £«: des Vêpres, on dit toujours l'oraifori
propre de l'office que l'on fair -, on en ajoure quel-
ques autres a-.ix jours moins iblenncls, comme lori-
que l'office n'eft pas double* &c, A la fin des Lau-
des , on dit après les Pfeaumes une leçon brève, une
hymne , un vcrfet , une antienne & le Cantique
Benediclus; on fait la même chofe à Vêpres après les
Pfeaumes, excepté qu'au lieu du Canrique Bene-
dicîiis, on dit le Cantique Magnificat. Après les
Pfeaumes de Compiles , on dit une leçon brève ,
une hymne , quelques verfets , une antienne , le
Cantique Nunc dimittis èc une oraifon , devant la-
quelle on récite quelques prières les jours moins
folennels , puis l'antienne de la Sainte Vierge avec
fon oraifon. Au commencement des Matines après
le Pater , VAve, le Credo de llnvocation ordinaire ,
on dit le Pfeaume J^enite,€xuhemus alternativement
parverf;rs avec des antiennes. Enhn , l'on dit tou-
jours à la -fin des Pfeaumes, le veritt Gloria. Patri,
&c. excepte les trois derniers jours de lai Semaine-
Sainte , où l'office efl: un peu différent. On ne dit
en ce temps-là que le Pater &c VAve au commence-
ment des heures , & de plus le Credo à Matines &
à Prime , puis les Pfeaumes fans antiennes , &: fans
le verset Ghri.i Patri , 8cc. en lit les leçons à Ma-
tïucs à l'ordinaire, fans demander la bcnédiclion : à
la fin des heures, on dit un verfet , une fois le
Pater , le Pfeaume 50^ Mi fer ère , &-*une oraifon
conforme aux myftères que l'Eglile célèbre. Le Sa-
medi-Saint à Vêpres ,• on ne dir qu'un Pfeaume ,
qui fait la communion de la Meflê , puis l'oraifon
qui en fait la poftcommunioti. Ceux qui difent en
particulier l'office , commencent les Vêpres par un
Pater &: un Ave à l'ordinaire. Le jour de l'Epiphanie,
on ne dir poinr au ccHTimencement de Marines le
. Pf?aume Fenite,exii[temiis , ni l'hymne , le Pfeaume
eft rejeté au commencement du troifièmc noèlurne.
Le jour de la Toullainr&, outre les Vèpresde la fcre,
ort dit les Vêpres des Morts-, & le lendemain , outre
les Matines &C les Laudes du jour , on dir Marines 5c
les Laudes de l'office des Morts. Telle eft la difpo-
fition générale du Bréviaire Romain , qui fervira
à connoitre la difpolîtion des autres Bréviaires.
Ceux qui cherchent des r^ifons allégoriques de
kt difpofition du bréviaire les trouveront dans Ama-
BRÊ
iarus Formfiatus , Honorius , Durand , &c. GcuM
qui veulent favoir quels pfeaumes l'on dit à chaque
partie du brevMre lés trouveront marqués à la fin
de la verliori eh François > que le P. Lallemant a
faite des pleaumes. Voyei le bréviaire Ps.omain ,
&c les rubriques qui le concernent, f^oyei auifi le
Cardinal Bona.
Le bréviaire des Bénédidins a été formé d'abor4
par S. Benoîr : on y a ajouté dans la fuite l'of-
fice de quelques Saints , ce qui ne change pas la
difpofition &: la forme de ce bréviaire. S. Benoit
avoir tellement divilë le pfeautier , que fes Reli-
gieux le rccitoient tout en une ferhaine , 8c afin
que la diftribution tut plus égale , il avoir divifé
par parries les plus grands piêaumes. Dans le bré-
viaire de S. Benoît il y a toujours douze pfeau-
mes à Marines , &c douze leçons les Dimanches ,
& les Fêtes ; il y a de plus trois cantiques tiréi
de l'ancien Teftament. A Laudes on dit huit pfeau-
mes , ou cantiques , dont le premier fe dir fans an-
tienne : les jours de Fêtes les pfeaumes font les
mêmes que dans le bréviaire Romain : les Diman-
ches & les jours de férié quelques-uns font diffc-
rens. A Prime , à Tierce , à Sexre & à None , on
récite trois pfeaumes : à Vêpres quatre , &; trois .à
Complies. Au commencement de toutes les heures
on dit le Pater , VAve ^ & le Credo , k prière
Deus , in adjutorium , &c. &: à la fin de l'office
l'ancienne de la fainte Vierge , comm.e dans le Ro-
main. Les Dimanches &: les Fêtes à Matines après
les prières ordinaires du commencement on dit une
fois Deus, iri adjutorium, &:c. tïois t'ois Domine ,
labLi ;nea,écc. p'dis le rroifième pfeaume Doniine,quid
multiplicati , Sic. fans anrienne , enluite l'invita-
toire & l'hymne , fix pfeaumes avec antiennes , &
quatre leçons avec leurs répons , & cela forme le
premier noc'iurnc : le fécond elb compofé de même
de f:x pfeaumes &; de quatre leçons •,■ & le rroifième
de trois cantiques , qui fe difent fous une feule
antienne , 5c de qHàtre leçons , après on dit le
Te Deum dc quelques prières qui terminent les
Matines. Les jours de ferie à Matines on dit les
mêmes chofes que les Dimanches jufqu'a l'hymne ,
puis fix pleaumes Se trois leçons, avec les béné-
dii5tions qui les précédent , & les répons qui les
fuivent , excepté que depuis Pâque jiiiqu'à la Toul-
faims y à caufe que les nuits font plus courtes ,
on ne lit qu'une leçon fjttt courre avec un ré-
pons , 8c c'eft ce qui fait ^premier noCturne. Le
fécond eft conipofé de fix pfeaumes , après IcP
quels on dit quelques prières, qui changent lêlon les
temps ; ainii finilfent les Matines de la ferie qui n'a pas
trois leçons. Les Laudes du bréviaire Bénédictin,
font prefque en tout femblables à celles- du /rJ-
viaire Romain ; elles diftèrenr en ce que dahs l'of-
fice fimple , & dans l'office de la' férié , au commence-
ment , après un Pater Se un Ave , on dit le pfeaume
Deus mifereitur , & à la fin , après le cantique
Benedicius , on récire à haure voix un Pater , qui
efl fuivi de l'oraifon , & des commémorations or-
dinaires. On dit à Prime , à Tierce , à Sexte & à
None , les mômes pfeaumes que dans le Romain ,
après le chapirre il n'y a point de répons ; le refce
comme à Laudes , excepté les commémorations que
l'on ne fait point. Les Vêpres n'ont que quatre
pfeaumes , elles finiffent comme les Laudes excep-
té qu'au lieu du cantique Benediclus on dit le can-
tique Magnificat. A Complies il n'y a point de
répons après le chapitre. Du refte on dir apfèi les
trois pfeaumes un chapitre , un verfer , quelques
prières , comme aux autres heures & l'oraifon ,
puis la bénédiétion. Ces prières qu'on 'dit à la fin
des heures Ibat appelées litanies dans la règle de S.
Benoîr. Les déclarations de la Congrégarion d.t
Monr-CaOln nous apprennent que par ce mot de li-
tanies on entend les prières fui vantes, favoir, i^yr/i',
eleifon , Chrifte , eleifon. Kyrie , eleifon , une fois
le Pater , Dominus vobifcum , Sec. Se l'oraifon du
jour. Les mêmes déclarations remarquent que le^
B R E
trois derniers jours de la Semaine-Sainte ort fait
l'office félon l'ufage de la Cour de Rome , fecun^
dum Roma.nam Curiam. Voyez la règle de S.
Benoît , les déclarations de la Congrégation de
Sainte Juftine , ou du Mont-Caifin , le Cardinal
Bona , qui marque quels font les pfeaumes que l'on
dit à chaque partie du bréviaire Bcnédiétin. On
trouve des explications allégoriques de la difpo-
fition du hiéviaire de l'Ordre de S. Benoît dans
Honorius , Jean Beleth , Ruper àc Pierre Da-
mien.
Le bréviaire de Cîteaux ou des Bernardins , cft
différent de celui des Bcnédiélins ; mais les Ber-
nardins prétendent , en ce qu'ils ont de différent
dans le bréviaire , obferver à la lettre la règle de S.
Benoît , comme le montre le Cardinal Bona. Voici
à peu près en quoi conliftent ces différences. Avant
les leçons on ne dit point le Pater , ni l'ablblu-
tion , ni le Cuny'sor à Prime & à Complies , ni
le verfet Gloria Patri aux répons qui luivent les
leçons. En été il n'y a qu'une leçon aux Matines
des fériés. A Tierce & à Complies les hymnes
fe changent luivan: les fêtes & les temps de l'an-
née. Les pfeaumes des Vêpres des fériés font tou-
jours les marnes. A chaque heure du bréviaire il
a une r ■ d'fférente de celles des autres heu-
res. Jimai:- ,:i ne double les antiennes, & il n'y
en a qu'une à Laudes. Toures les heures finllfent
par une commémoration de la fainte Vierge ; en-
fin , tous les jours on chante le Salve , Regina après
Complies. Voye:!^ le bréviaire de Citeaux , ôî le
Cardinal Bona.
Le bréviaire des Chartreux approche fort de celui
des Bénédiilins , & de celui des Bernardins , il
en diffère dans les chofes fuivanres. Au commen-
cement de Matines on dit trois fois le Pater &
l'Ave , après la dernière antienne d'un noéturne
on dit un Pater &c un Ave , puis on donne l'ab-
folution : après le cuntique Benedicius , on dit neuf
fois Kyrie , eleifon. Chrijle , eleifon , & beaucoup
de pncrcs , auxquelles on ajoute un Miferere les jours
moins folennels ■■, &c ces prières fe difent à toutes
les heures. A la fin des leçons qui font tirées des
Prophètes , on ajoute ces paroles , Hœc dicit Do-
minus : Convertimini ad me & j'alvi eritis ; le Sei-
gneur a dit ceci : Retourne:!^ à moi-, & vous J'ere^
jauvés. Les pfeaumes des Vêpres changent félon
que les fêtes font différentes. Tous les jours à
Prime l'on dit le Symbole de S. Athanafe. Après
l'oraifon', qui fe dit à la fin des heures , on dit
Benedicamus Domino , &c. fans rien ajouter. Voye:^
1« bréviaire des Chart-reux , & le Cardinal Bona,
Le bréviiVri des Prémontres eft fort femblable
au bréviau'j llomain , & les Prémontrés croient
qu'ils ont confervé l'ancien bréviaire Romain, Voici
ce qu'il y a de particulier dans ce bréviaire. Avant
Matines ils récitent trois pfeaumes , & quelques
prières avec quelques oraifons. Avant les leçons
de Matines ils difent un verfet , & un Pater , mais
il n'y a point d'abfolution.. Après le neuvième ré-
pons ils chantent le Te Deum. Avant Laudes ils
récitent un verfet , qu'ils appellent facerdotal ,
verfus facerdotalis. Aux premières Vêpres des Fêtes
folennelles ils chantent un grand répons après le
chapitre. Les hymnes changent à toutes les heures
du bréviaire , fuivant les fêtes & les temps de l'an-
née. Ils ne difent l'antienne de la fainte Vie;fge
qu'après Complies i depuis la Septuagéfime jufqu'à
Pâque ils récitent le pfeaume 117, Confitemini ,
les Dimanches , non pas à Prime , mais à Laudes ,
à la place du pfeaume Dominus regnavit , decorem ,
&c. qu'ils récitent dans ce même temps-là à Prime.
Enfin , depuis Pàque jufqu'à l'Afcenfion ils ne di-
fent les Dimanches à Matines que trois pfeaumes
& trois leçons. Voyes;_ le bréviaire des Prémontrés
& le Cardinal Bona.
Le bréviaire des Dominicains a confervé beau-
coup de chofes de fa première origine •, car S. Do-
minique , qui avoir été Chanoine régulier de S,
BRE
6^
Auguftin, porta dans l'Ordre qu'il inditiia la forme
du bréviaire qu'il avoir trouvée établie chez les
Chanoines réguliers de S. Auguftin. C -pendant les
Dominicains y ont fait quelques changemens. A
Prime ils récitent trois pfeaum.es, mais les Di-
manches depuisla Septuagéfime jufqu'à Pâque, ils
en récitent neuf, & à Laudes cians ce même temps-
là ils récitent le pfeaume 117, Confitemini, à la
place du pfeaume Jubilate; le refte de l'année ils
ne difent point à Prime les pfeaumes propres de
chaque férié , qui font marqués dans le bréviaire
Romain. Ils lifent le martyrologe après Laudes ,
& quand ils dilént les Mannes le foir , ils ne le
lifenr qu'après Prime. L'hymne de Complies change
félon les temps. A la fin des heures du bréviaire ,
ils difent toujours l'antienne de la fainte Vierge
Salve , Regina , &c une autre de S. Dominique avec
quelques prières. Hors le temps de l'Avent & du Ca-
rême ils n'ont prefque point d'ofïice de férié, car
chaque femaine ils difent l'oiîice de faint Domi-
nique , du S. Sacrement , de la fiinte Vieige &:
du S. titulaire de la Province, Depuis Pàque juf-
qu'à la i rinitc ils ne récitent à Matines que trois
pfeaumes & trois leçons, ^oyei le bréviaire des
Dominicains , & le Cardinal Bona.
Le bréviaire des Carmes , que quelques Auteurs
prétendent être conforme au rit ancien de l'Eglife
de Jérufalem , eft peu différent de celui des Do-
minicains. Les Carmes difent à Prime le Dimanche
durant l'année le pfeaume 117, Confitemini , &c.
& les Dimanches de l'Avent , avant les pfeaumes
ordinaires de Prime , ils en dilént cinq autres. Les
Dimanches depuis la Septuagéfime jufqu'à Pâque
ils récitent à Laudes & à Prime les mêmes pfeaumes
que les Dominicains. Ils ne diléit que trois pfeaumes
durant les oélaves de Pâque îk: de la Pentecôte ,
comme ceux qui difent le bréviaire Romain ; mais
ils récitent des prières plus longues après certains
offices. A la fin de chaque heure du bréviaire ils di-
fent toujours , l'antienne Salve , Regina au lieu de
laquelle ils difent dans le temps Pafcal l'antienne
Regina cœli. A Pâque, au commencement de Vê-
pres , au lieu de dire le verlét Deus , in adjutorium ,
il chantent neuf fois Kyrie, eleifon , comme à la
Meife , ce qui eft conforme à l'ancien ufage de l'E-
glife Romaine, t^oye^ le bréviaire des Carmes, SC
le Cardinal Bona.
Le bréviaire des Francifcains & celui des Jéfliites
n'eft pas différent du Romain , hors quelques fêtes
particulières de ces deux Ordres , dont ils font l'of-
fice fuivant le rit Romain. Voye^ le bréviaire Ro-
main , & le propre du bréviaire de ces deux Or-
dres.
Le bréviaire àc Cluni , tel qu'il eft aujourd'hui,
a été féformé par ordre de deux Chapitres Géné-
raux de l'Ordre. Jacques d' Arbouze , Abbé de Cluni ,
& le Cardinal de Richelieu avoient travaillé à cette
réformation , mais elle fut fouvent interrompue ,
& ne put être achevée qu'environ l'an kTSo, pat
les foins de Dom Paul Rabuifon Sous-Camcrier ,
§>: de Dom' Claude de Vert Trcforier de Cluni.
Alors Monfieur le Cardinal de Bouillon, Abbé de
Cluni , donna un décret daté de Cluni du 1 8 No-
vembre ( jour auquel on fait la fête de faint Odon
Abbé de Cluni) l'an 1(^85, par lequel il ordonne
à tous les Religieux & à toutes les ReligieUfes de
la Congrégation de réciter le nouveau bréviaire
réformé. Ceux qui ont travaillé à la réformation
de ce bréviaire ont tâché de lui rendre la forme
que S.. Benoît lui avoit donnée. Q\»and les chofes
ont été douteufes , ils ont fuivi le bréviaire Ro-
main , ou l'efprit du bréviaire Romain , les cou-
tumes de l'Eglife Romaine , & les anciens ufages
de Cluni. En général il y a peu d'offices de douze
leçons , pour laiffer plus de remps pour le travail
des mains , il n'y a point de fêtes avec odave du-
rant le Carême-, tous les famedis, ou l'on dit l'of-
fice, ou l'on fait commémoration de la fainte Vierge,
Foye^^ le bréviaire de Cluni,
iS4ç.
BRE
Le bréviaire de l'Eglife de Lyon, fi l'on en croît
la tradition , eft prelque le même que S. Ircncc y
établit autrefois. A Prime durant la iemaine on ne
dit que trois pieaumes , Se neuf les Dimanches ,
avec le lymbole de S. Athanai'e. Depuis la Sep-
tuagéfime jufqu'à Pâque les deux premiers pfeaumes
des' Laudes font le ^o\ Miferere , &i le iiy^ Co«-
fitemini , le refte de l'année on dit ceux qui font
marques dans le héviaire Romain. Avant Matines
on dit feulement nn Pater , puis une courte prière
ail Saint-Efprit , les verfets Domine , labia , &c. &:
Deus in adjutorium. , &c, l'invitatoire , puis les
pfeaumes , fans hymnes , car on n'en dit qu'à Com-
plics. Le nombre des leçons Se la forme de les
lire font conformes au Romain. Après le Te Deum
on dit Gloria Patri , &c. comme après les pfeaumes.
Au commencement de chaque heure du brévi.iire
on ne dit que le Pater, Si à la fin le pfeaume De profun-
dis , avec l'oraifon pour les morts. Il y a certains jours
où l'on répète fept fois l'antienne du cantique de
Vêpres , & on la mêle aux verfets de ce cantique.
Compiles fe difent fans leçon brève , mais après
le Pater Se les verfets Converti nos , Se Deus in
adjutorium , on dit les quatre pfeaumes des Com-
piles du bréviaire Romain , puis l'hymne qui chan2;e
à toutes les fêtes & à toutes les fériés -, le relie
comme dans le Romain, hormis le chapitre qu'on
ne dit point. Foyei le bréviaire de l'Eglife de Lyon ,
&: le Cardinal Bona.
Le bréviaire de l'Eglife de Milan eft félon le
rit qu'on appelle Ambrolien , non pas , dit le Car-
dinal Bona , parce que S. Ambroife l'a inftitué ,
car cela n'eft pas ; mais parce qu'il s'en eft fervi
quand il étoit Archevêque de Milan. Selon le rit
Ambrofien le pfeautier eft divifé en deux parties ;
\i première comprend les pfeaumes , depuis le pre-
mier jufqu'au cent neuvième , & ce font ceux qu'on
récite aux Matines en les divifant en deux femai-
nes qui ont dix parties , qu'ils appellent dixaines ,
ou décuries , decuriœ , par un ufage arbitraire , car il
y a de ces parties qui contiennent plus de dix
pfeaumes , d'autres qui en contiennent moins , d'au-
tres enfin qui en contiennent dix précilement. La
féconde partie comprend les pfeaumes depuis le
cent neuvième jufqu'au dernier , qui font ceux qu'on
récite aux heures du jour. A Marines , après le
Pater , VAve , le verfet Deus , in adjutorium , on
dit l'hymne Sterne rerum conditor , &c. qui fe
dit toujours à Matines , puis un répons , enlliite
le cantique Benedicite , omnia opéra , Sec. avec an-
tienne , trois fois Kyrie, e/eifon, les pfeaumes du
jour avec leurs antiennes , les trois leçons avec
leurs bénédidions & leurs répons , qui font pref-
que toujours propres. Les Dimanches les leçons
font des homélies fur l'Evangile -, les jours
de férié , elles font prifes de la fainte Ecriture ,
& les jours de fêtes, elles font tirées^ de la vie
des Saints , ou d'un fermon fur la fere. Le jour
de Pàque & le jour de l'Epiphanie il y a trois
noèlurnes Se neuf leçons , Se le Vendredi- Saint
auffi , Se les trois dernières leçons ,' de ce jour ne
font autre chofe que l'hiftoire de la Paifion rap-
portée par S. Marc , par S. Luc , Se par S. Jean ;
on lit à la Meffe la Palfion prife de S. Matthieu.
Après les deux premières leçons , il y a des ré-
pons , on dit le Te Deum après la troificme. A
Laudes on dit le verfet Deus , in adjutorium ,
puis le cantique Benediclus , à la place duquel les
Dimanches de l'Avent , Se les jours de Noël , de
la Circoncifion Se de l'Epiphanie , on dit le can-
tique Audite cœii , enfuite trois fois Kyrie, e/eifon ,
'& les Dimanches Se les jours des fêtes des Saints,
cinq ou fept fois une antienne à la Croix ,
avec l'oraifon , puis ie cantique Cantemus Domino
avec antienne , trois fois Kyrie , eleifon Se une
oraifon , enfuite le cantique des trois enfans, Be-
nedicite, ou le Samedi Ib pfeaume 117, Confite-
mini , ou enfin le pfeaume 50 Miferere les jours
de férié , puis une antienne j crois fois Kyrie , eleifon ,
ERE
une oraifon à haute voix, quatre pfeaumes fous
un leul Gloria Patri , après les pfeaumes le cha,-
pitre , une antienne , trois fois Kyrie eleifon , Do-
minus vobifcum , &c. un pfeaume qu'ils appellent
direct, pfalmus direclus, une hymne qui change
félon la différence des offices , douze fois Kyrie ,
eleifon , une antienne fimple ou double appelée
pfillenda , quelques verfets Se l'oraifon du jour ;
on ajoute quelquefois des commémorations ; oC
quand l'office n'eft pas folenncl , on en fair Toujours
trois , favoir , de la fainte Vierge , de faint Am-
broife Se du Patron de l'Eglife. A Prime, après
un Pater Se un Ave , le verfet Deus , in adjuto-
rium , &c. l'hymne Jam lucis orto Jidere , on dit
fans antienne les trois pfeaumes ordinaires de Prime
marqués dans le Bréviaire Romain , après quoi l'on
dit Alléluia , ou , Laus tibi , Domine , en Carême ,
puis une petite épître , Epifiolella, avec un court
répons, le fymbole de S. Arhanafe , un chapirre
avec des prières, qui ne fe difent point les jouis
folcnnels. Enfuite on dit trois oraifons , qui font
toujours les mêmes -, puis on lit le martyrologe ,
que l'on termine par le verfet Exultabunt fancli ,
&c. Se une oraifon. A Tierce , Sexte Se None ,
on dit les hymnes Se les pfeaumes qui font mar-
qués dans le Romain pour ces heures , mais on ne
clit point d'antienne •, après les pfeaumes on die
Alléluia , ou Laus tibi , Domine , puis une pe-
tite épître , un court répons , les prières fi l'of-
fice n'ell pas folennel, enfin l'oraifon. Les Diman-
ches Se les têtes folennelles on chante à Tierce
l'hymne Jam furgit hora tertia , &c, A Vêpres on
dit le Pater Se VAve , puis Dominus vobifcum ,
enfuite un lucernaire, lucernarium ( c'cfl un répons
qui fe dit trois fois , Se qui change félon les fê-
tes) on répète Dominus vobifcum^ après quoi l'on
dit une antienne , Se Dominus vobifcum , pour la
troiiième fois , puis l'hymne du jour ou de la fête ,
Dominus vobifcum une quatrième fois ; cinq pfeau-
mes avec leurs antiennes : après les pfeaumes , on
dit trois fois Kyrie , eleifon , puis Dominus vobif-
cum , ime anrienne , le canrique M.i2;nificat ; après
l'avoir dir , on en répète le premier verfet &: l'an-
tienne •, on dit enfuite ttois io\s Kyrie , eleifon. Se
une oraifon, une autre antienne appelée /^^//««^,2,
Se le refte comme à Laudes. Les jours de férié en
Carême , on dir neuf fois Kyrie eleifon , au lieu de
Magnificat. Les Vêpres dgs faints Patrons Se Titu-
laires des Eglifes ont ceci de particulier : après la
première oraifon , on dit le premier pfeaume , Sc
on lit une leçon de la vie du Saint avec fon répons ,
Se après une féconde oraffon Se le fécond pfeaum.e ,
on lit une féconde leçon avec fon répons -, enfin ,
après Magnificat, on chante des antiennes (pfal-
lenda) des prières Se quelques oraifons. Il y a en-
core quelques perits changemens qui fe font aux
fêtes de notre Seigneur Se à celles des Saints .1 Vê-
pres. A Compiles, après le Pater Se VAve, les
verfers Co/2ver/e nos, Se Deus , in adjutorium, on
dit l'hymne , Te lutis ante terminum , Sec. durant
l'année; Se en Carême, Chrifie , qui lux es. Sec.
puis fix pfeaumes fans antiennes , Se deux fois Gloriz
Patri, chaque fois après trois pfeaumes ; après les
pfeaumes , on dit Alléluia , ou Laus tibi. Domine ,
puis en Carême l'hymne Te lucis , Sec. Se dans un
autre temps une petite épître avec fon répons •,
gprès quoi l'on dit le cantique Nunc dimittis avec
des prières , ou fans ces prières , fuivant l'office du
jour , puis l'antienne de la fainte Vierge 5 Se on finir
par faire la confcfîîon à l'ordinaire, Voy. le Bréviaire
de l'Eglife de Milan Se le Cardinal Bona,
Le bréviaire Mozarabe eft celui dont fe fervoient
les Eccléfiaftiques en Efpagne , depuis que les Mau-
res s'en furent rendus maîtres. Le quatrième Con-
cile de Tolède ordonne à toutes les églifes de s'en
fervir. Dans la fuite il s'y gliffa des fautes Se des
erreurs. Le Cardinal Ximéncz l'a réformé, & il eft
encore en ufage dans cinq Paroidcs de Tolède , Se
dans la chapelle du Cardinal Xiraénez , Se 3. Sala-
luanque
B R E "
mniiq.ic d?.ns celle du Docteur de Salabi'îca. Tcnires
les heures de l'ofice Mozarabe commencent par
Kyrie , clelfon , &c, un Fater *c un Ave : à Mati-
nes l'on ajoute l'antienne Ave , lieglna cœlorum ,
ècc , avec le veriet Se l'oraifoii , & une courte prière
à Jelks-Chrift. A la fin des heures on dit le Pcuer à
haute voix, 6c à chaque demande ou veriet on ré-
pond Amen , excepté au veriet , Panern nojcnnn ,
dcc, où l'on répond , Quia Dcus es: après \c Pater,
on dit une prière , laquelle à Laudes & à Vêpres cil
différente de celle qu'on dit aux autres heures, après
quoi le Diacre dit à haute voix. Humiliez-vous
pour recevoir la beniiiciion , Humiliate vos iene-
diclioni , & le Prêtre prononce & donne la béné-
didtion. Les Matines de l'ofïice Mozarabe font
fort courtes. Après le commencement ordinaire
marqué ci-defllis , on dit le pfeaume 50 Miferere
avec antienne ; puis trois antiennes & un répons ,
& trois oraifons, une après chaque antienne \ eniliite
trois pfeaum^s avec leurs antiennes, & trois autres
antiennes & un répons , avec leurs orailbns. Les
Dimanches , depuis Pâque jufqu'à la Pentecôte , £c
les {'êtes folennelles, au lieu du pfeaume Miferere,
on dit le pfeaume Domine, quid muhiphcati junt.
A Laudes , après It commencement ordinaire , & ces
paroles Dominus fit femper vohijcum , on dit une
antienne & un cantique tiré de l'ancien ou du nou-
veau Tcftament.( Ce cantique les jours des. fêtes de
notre Seigneur &: de la faintc Viert^e eft toujours
Magnificat ; &c Beneiiclus le jour de S. Jean-Bap-
tifte. ) Après le cantique on répète l'antienne , on
dit Dominus vohifcum,ècc,^ une. autre antienne
devant le cantique des trois enlans Benedicite , &c ,
puis un fon ( fonus en latin , &cfono en efpagnol ,
c'ell quelque choie de femblable aux répons ) en- .
fuite une antienne , le pfeaume Laudate Dominum
de cœlis , Sec, une prophétie, une hymne, une courte
invitation au peuple pour l'exhorter à demander à
Dieu ce qui eft nécelfaire pour le falut ,& la réponfe
du peuple encore plus courre -, puis Kyrie , eleifon ,
^c , un chapitre en forme d'oraifon , un Pater, une
Laude, ou louange ( laus en latin , & lauda en ef-
pagnol •, elleconlifteenpluiîeurs verfers répétés plu-
îieursfois. ) Enfin, l'on finit par la bénédiction. Sou-
vent on ajoute aux antiennes &: aux laudes , ou
louanges, un verfet qui répond au Gloria Patri ,
&CC. Entre Laudes Se Prime , les Mozarabes récitent
une heure qu'ils appellent Aurore , Aurora , appa-
remment parce qu'elle fc récite au lever de l'au-
xore. L'aurore confifte en quatre pfeaum.es , une an-
tienne, une laude, une hymne , un verfet, un Pa-
îer nojler. Se quelques prières d'aurore ne le dit que
les jours qu'on fait l'office de la férié ; mais il y a
tant de fêtes de Saints dans l'office Mozarabe ,
qu'excepté la veille de Noël, la veille des Rois,&
le jour des Cendres , on ne dit guère l'aurore du-
rant l'année. Au commencement de Prime on dit
une courte prière ou antienne ; puis on récite fept
pfeaumes câpres on répète l'antienne , on dit un
répons , une prophétie , uneépître , une laude , une
hymne , un veriet , puis le Te Deum , excepté en
Avent &: en Carême , enfuitc le fymbole des Apô-
tres , la fupplication ou invitation au peuple, un
Pater noitcr , Se la béncdiélion. Tierce , Sexte Se
None , commencent comme Prime , enfuitc on dit
quatre pfcaumes , plufieurs répons, une prophérie,
une épîpre , une laude , une hymne , des cris , ( du-
mores en latin & en efpagnol-, ce font des prières
par lefquclles on demande à Dieu de ne nous point
punir félon que le méritent nos péchés) après cela
on dit la fupplication, le chapitre , le Pater no fier ,
6cc , &: la bénédidion. A Vêpres on ne récite point
de pfeaumes , mais après la prière ordinaire du com-
mencement on chante une laude , un fon , une an-
tienne , une autre laude , une hymne , la fupplica-
tion , le chapitre , un Pater nojier , la bcnédiélion ,
puis encore une laude , pendant laquelle on fait les
encenfemens , enfin , l'oraifon ou lacolleéle du jour.
Complies commencent par le pfeaume Sig/iatum
Tome 11.
B R E
6;.
efl fuper nos : c'eft le feptième vcrfei du quatrième
pieaume , puis on dit trois fois Alléluia , ou Laus
tiln , Domine , &:c , en Carême , puis un pfeaume &
trois Alléluia, un autre pfeaume , une hymne , un
vcrfer, deux autres pfcaumes, une autre hymne, un
verfet, la fupplication , le Pater Se la bénédiction-,
on finit par l'antienne Salve , Regiiia , &c , le verfet
& l'oraifon. Voyez la vie du Cardinal Ximéncz,
écrite en efpagnol par Eugène de Robles , Curé de
S. Marc, Se Chapelain de la chapelle des Mozarabes
de l'eglife de Tolède. Voye^ aulfi le Cardinal Bona.
Il n'y a prefque point d'cglife dans l'Occident ,
en France , en Allemagne , en Flandres , en Efpa-
gne , qui n'ait quelque chofc de pariiculier dans Ion
tréviaire , mais ces dirfcrcnces font légères. A Be-
fançon on ne dit point aux fécondes Vêpres des fê-
tes folennelles de chapitre , ni d'hymne ; aulieu de
chapitre on dit un Allcluia avec un verfet , Se au lieu
d'hymne on chante une profe. Les jours de gran-
des tc-tes on dit deux fois le cantique Magnijicat ,
en mêlant aux veriêts dirfcrcntes antiennes. A To-
lède devant Matines , on dit à genoux l'antienne ,
Ave,Regina cœlorum ZNtc l'oraifon. On dit auili
quelquefois les pfeaumes graduels , Se l'office de la
lainte Vierge. Voye^ le bréviaire de l'Eglilê de Bc-
fançon , & ceux des autres églifes particulières.
Le bréviaire des Grecs ell: le même, à peu de cho-
fes près , dans routes les églifes Se dans tous lesmo-
naftères qui iliivent le rit grec. Les Grecs divilént
le pléautier en vingt parties , K«^i'ç'.f«T« -, ce font.com-
mc des répons , des paufes ou ftations -, quelque
nombre de pfeaumes que contiennent ces paufes ,
on les fousdivilt en trois pattics , même la dix-fep-
tièrne qui ne contient que le pfeaume 118-, le ver-
fet Gloria Patri fert à marquer ces trois parties. Le
bréviaire fe divife en deux parties -, l'une contient les
prières qu'on dit la nuit , qu'ils appellent KE^ewJx-io.,
l'autre les prières du jour , qui fonr Matines , Lau-
des , Prime , Tierce , Sexte , None , Vêpres & Com-
plies. Le ftîj-.vu'xTio», ou office de la nuit , commence
par une prière à Dieu , après on dit le Trifagion ,
ou Sanclus Deus , Sic. trois fois Gloria Patri, une
prière à la fainte Trinité , douze fois Kyrie , elei-
fon , Gloria Patri , une autre prière qui répond au
pfeaume Venite , exuhemus , dont elle renferme le
fcns , Se prefque les paroles. Ce commencement efl;
commun à toutes les heures. Ce qui fuit eft propre
de l'office de la nuit -, favoir , le pfeaume 50' Mife-
rere ,Se\ç. \\%'^ Beati inimaculati , le Symbole de
Nicée , le Trifagion , des tropaires , Tpavâom , ( ce font
des cantiques que l'on chante comme nos antiiîn-
nes ) quarante fois Kyrie , eleifon. Tout cela fait la
première partie du ,K£(ro»«Vrio» , mefonyclion ; à la fé-
conde on dit Venite , adoremus , comme à la pre-
jnière , puis le pfeaume 110' Levavi oculos ,Se le
153^ Ecce nunc , le Trifagion , des tropaires pour
les défunts , douze fois Kyrie , eleifon , une orai-
fon pour les morts , des prières pour les vivans ; en-
fuire l'Archimandrire, ou celui qui préfîde au chœur,
donne l'abiblurton. Le famedi les pfeaumes font
dilfcrcns. Le Dimanche tout le no'fturne , ou office
de la nuit eft difl-crcnt. Après les prières du com-
mencement qui fe difent à l'ordinaire, on récite le
pfeaume so° AU fer ère, puis nn Odairc de ta fainte
Trinité,( l'Odaire, Odarium, eft une efpcce d'hymne
qui contient neuf odes , ) le Trifagion , les Tropai-
res , des Litanies ou prières-, enfuitc l'on donne l'ab-
folution. Se l'on finir par des prières pour les vivans ,
où l'on demande ce qui leur eft nécelfaire. A Ma-
tines après les prières ordinaires du commencement
on dit deux pfeaumes , le Trifagion , des Tropaires ,
une litanie appellée Litania facerdotis , une an-
tienne qui change félon Jcs temps , enfuitefix pfeau-
mes , puis la grande litanie , une antienne qui eft
différente des Tropaires félon les temps , la partis
du pfeautier marquée- pour ce jour-là , le pfeaume
$o'*Miferere , quelques Odaires , le cantique Ma-
gnificat, aux verfers duquel on mêle un verfet à
l'honneur de la fainte Vicrjjc. Aux fêtes folennelles ,
6G
BR E
(■
BR E
au lieu du cantique Magnificat , on dit quel-
ques auttcs prières -, &; aux autres fctes on dit l'ode
ncuviè'-ne , qui cil toujours lut la iainc- Vicrj];e. Les
Grecs difent toujours Laudes immédiatement après
MarincSjlans reciter auparavant les prières ordinaires
du commencement des heures. Ainfi d'abord on dit le
verfet Omriis fpintus Ltuâ:t. Z)o/;z/>2///;z , puis trois
pfeaumes , en mêlant aux vcrlets du dernier diifercns
jiichcrcsy^nxy.fji ( ce ibnt des verlcts compolcs par
ceux qui ont fait les hymnes des Grecs )cnluite le
Gloria in exceljis , avec des orailbns , des litanies ,
ou Kyrie , eleifon, des Jlickères , & des verlets , le
verfet Gloria- Patri , un Jlichire , ^'zipo' \ le vcrlet
Bonum ejl confiteri Domino , le Trija^ion , un Tro-
paire , des litanies , & les prières de la fin , ou le di-
mifîbire , dcmifforium , âa-oAuTiKi.» , ou i'|«To<£iAâ/!ioï. A
Prime après les prières ordinaires on dit trois plcau-
mes , des Tropaires lelon le temps 6; les fctes , quel-
ques prières qui ne changent jamais , le Tnjagion ,
un contacion , x«.t«>£18», ( c'eft une elpèce d'hymne
plus courte & plus (impie que les autres ) puis qua-
rante fois Kym , cUifon , des oraifons , Se le dimif-
Ibire. Tierce , Sexte & None fe difent de même , il
n'y a de différence que dans les pfeaumes. Après
chacune des petites heures , les Grecs en récitent
une qui leur efl: particulière , & qu'ils appellent
^«râ^io , pour faire entendre qu'on la récite entre
les autres heures. Ces Majores furufiu, , commen-
cent par le Trifagion , puis on récite trois pfeau-
mes^ on répète le Trifagion ■■, on dit des Tropaires ,
trente fois Kyrie , eUifon, des oraifons &; le dimif-
foire -, les pfeaumes 5c les oraifons changent à cha-
que méfore. A Vêpres après les prières ordinaires
on dit le pfeaume 103S puis une grande litanie,
quatre pfeaumes en mêlant des /îickères aux ver-
fet5 des deux derniers , enlliite des verlets , des pro-
phéties, une litanie , des oraifons , le pfeaume 121'
avec les Jîichères , le cantique Nunc dimitns , le
Trifagion , un Tropaire , une litanie,&: le dimiflbire.
Les Samedis , & aux premières Vêpres des têtes
iblcnncUes , au lieu du pfeaume 1 11^ on dit plufieurs
Tcrfets. Les Grecs appellent Compiles «3-»i?£i3-v»» , ce
qui veut dire après le repas , ou l'après-fouper. Il
y a trois fortes de Compiles , les petites , les moyen-
nes & les grandes , qui fe difent en Carême , &c les
autres le relie de l'année. Aux petites Compiles
après les prières ordinaires on dit trois pfeaumes ,
puis le Gloria in exceljis avec des oraifons,, un
Odairc , le Trifagion , des Tropaires, quarante fois
Kyrie , eleifon, trois oraifons , dont la féconde s'a-
dtelfe à la fainte Vierge , le dimi (foire , l'abfolution ,
& des prières pour les vivans & pour les morts. Aux
Compiles moyennes après les prières du commence-
ment on ditle pfeaume Qui habitat , &c , puis le
cantique d'Ifaïe Notifcum , Deus , &cc , des Tropai-
res, le fymbole de Nicée , des invocations à la fainte
Vierge, aux Anges &c aux Saints , le Trifagion ,
des Tropaires , quarante fois Kyrie, eleifon, une orai-
fon, trois fois Venite , aioremus , trois pfeaumes, le
Gloria in excelfis , & le relie comme aux petites
Compiles. Les grandes Compiles ont trois parties ;
dans la première, après les prières du commence-
ment , on récite quatre pfeaumes , puis le cantique
dTfaïc Nolifcum Deus , ëcc , des Tropaires, le Sym-
• bole de Nicée , des invocations à la lainte Vierge ,
aux Anges &c aux Saints , le Trifagion , des Tro-
paires , quarante fois Kyrie , eleifon , & uneorailbn.
La féconde partie commence par le verfet P^enite ,
adoremus , qu'on dit trois fois ; après on récite deux
pfeaumes &: l'oraifon du Roi Manaffés, le Trifagion ,
des Tropaires , le Kyrie , eleifon , &c l'oraifon. La
tr lifième partie commence comme la féconde , puis
on dit deux pfeaumes , la doxologie ou le Gloria
in excelfis , k relie comme aux petites Compiles. Il
faut remarquer qu'il y a quelquefois , à certaines fê-
tes & en certains temps , de petits changemens
qui ne font rien à la forme générale du bréviaire
que nous avons exphquce -, par exemple , dans le
temps Pafchal , l'oiScf çft beaucoup? plus court ,_&
durant le Carême beaucoup plus long quedanîuti
autre temps. Voyer^ le P. Goar , Godinus , le P. •
Morln , M. Habert , Evêque de Vabrcs , le Cardi-
nal Bona , Du Cange , les Typiques des Grecs ,
le fécond tome du mois de Juin des Ad:a Sancio-
rum par les Jcfuites , où l'on trouve un traité de
l'ordre 8c de l'œconomie de l'office des Grecs.
L'églifc Arménienne a deux bréviaires ; le plus
long fe dit dans les monaltères , & le plus court
dans les autres églifes. Le premier renferme tout le
pfcautier dans l'office de chaque jour ; & dans le
fécond on ne dit le pfeautier qu'une fois cha-
que femaine. Il y a huit parties dans l'office du bré-
viaire Arménien , qui font l'office de la nuit, le
p^oint du jour, ou Laudes , Prime , Tierce , Sexte ,
None , Vêpres , ■?; la pacification ou le repas , qui
répond à nos Compiles. On ajoute une petite heure
qu'on dit en particulier avant la nuit, un peu de-
vant que de le coucher. L'office de la nuit com-
mence par le Pater nojler , puis on dit le verfet
Domine , Libia , ô;c. avec une prière à la fainte Tri-
nité , quatre pfeaumes , dont chacun efl terminé par
le verfet Gloria Patri , une oraifon , après laquelle
on lit un fermon , ou wnc par é nef e ; puis on dit Do-
mine , rnifercre cinquante fois , ou cent , iî c'eft un
jour de jeûne , outrais fois feulement, (i c'eft un
jour de fête , une oraifon , des cantiques -, puis li
c'eft le Dimanche , on lit l'Evangile , enfuitc on dit
une oraifon , puis les pfeaumes du jour ou de la fête ;
après quoi on lit quatre fermons , ou exhortations ,
qui changent félon les temps ; après chaque ler-
mon on dit une orailbn , ce qui répond à nos le-
çons & à leurs répons ,enfuite on dit une hymne,
qui cft toujours la même ,& une autre qui change
chaque jour de la femaine •, on fait une prière : on
lit le Ménoloîre, ScTon dit le Pater nofler. A Lau-
des , après le Pater nojicr , on dir les quatre der-
niers verfets du pfeaume 89^, puis le cantique des
trois enfans , Benedicite , &c, une oraifon , un ode
liir les Saints , une invitation à la prière , uns
oraifon à la fainte Vierge , le cantique Benediclus ,
&c. après quoi les Dimanches on dit différentes
prières , trois verlets des pfeaumes , on lit l'Evangiis
de la réfurreclion , un fermon qui eft fuivi d'une
oraifon : les autres jours , après le cantique Benedic-
tus , on dit l'oraifon. Enfuite les Dimanches & les
autres jours on dit le pfeaume 50 Miferere , une
exhorration à la prière , une ode à la louange des
Saints , une oraifon , trois pfeaumes , trois verfets ,
le Gloria in excelfis, des oraifons , le Trifa'uon , un
pfeaume , après lequel on lit le Dim.anche feule-
ment l'Evangile du jour -.puis on dit une ode, qua-
tre pfeaumes, deux verfets, des prières , une hymne,
un fermon , une oraifon & le Pater nofier , Sec. A
Prime , après le Pater nofler , on dit une partie du
picaume foixante-quinzième , avec le verfet Gloriz
Patri, &:c. une oraifon , le pfea'.ime Bonum eft con-
fiteri,SiCC. une oraifon, deux pfeaumes, une hymnç ,
les jours de jeûne feulement , puis un pfeaume , 5c
une partie d'un autre , deux autres pfeaumes , deux
verfers , le Gloria Patri , Sec. un fermon , une orai-
fon , le Pater nofier , &c. A Tierce , après Is Pater
nofler , & une oraifon au faint Efprit, on dit le
pfeaume cinquantième Aliferere, une autrebraifoa
au Saint Efprit , un pfeaume Se partie d'un autre,
le verfet Gloria Patri , un fermon , une oraiJbn ,
Se le Pater nofier. A Sexte , après le Pater nofier Sc
une oraifon au Père Eternel , on dit le pfeaiune Mi-
ferere, un fermon , une oraifon , les pfeaumes mar-
qués pour Sexte , quatre verfets du pfeaume 40° ,
un fermon , une oraifon , le Pater nofler. A None ,
après le Pater nofier , une oraifon au fils de Dieu
& le pfeaume Miferere , on dit un fermon , une
oraiibn , plufieurs pfeaumes , un cantique , un fer-
mon 5c le Pater nofier ; après quoi dans l'églife on
dit la mefle. Ceux qui récirent l'office en particu-
lier , après ce dernier Pater nofier , difent un pfeau-
me qui change à chaque fcrie -, puis on récite an
difcoucs .à la louange de quelque Saint , dont oa
ERE
fait la fetc ce jour-là : enfiiire on dit le Trifu^làn ,
Une oraifon.un fcrmon j quelques verièts, des pfeau-
mes , une leçon fort Ionique tirée des Prophètes , ou
de l'Apôtre , deux fois ALleluin , trois verlets des
pfeaumes, une fois AlUluia ; puis on lit l'EvansTile,
on dit le Credo , un lermon , une oraifon ^Sc le Pa-
ter hojier. A Vêpres après le. P^rt;.'' /^o/At, quelques
verfetSj le GlorLt Patri, on dit un pfeaume , puis
Gloria, tïbi , Domine , enlliite trois pleaumes , des
■ prières comiTie à Laudes , &: vingt-trois oraifons ,
à chacune defquelles on dit Dominum oremus ,
. Prions le Sei'rneur ; ces prières 6c ces oraifons ne
le difent que le Dimanche -, puis on dit une orai-
fon , le TriJas;ion , un pfeaume , un cantique , un
fermon , trois pfeaumes , un fermon , une oraifon
Se h Pater nojier. Nous avons déjà remarque qu'il
y a dans le bréviaire Arménien deux offices de Com-
plies, l'un fe dit dans l'églife immédiatement après
Vêpres , & l'autre crt particulier après le foupcr ; &
après l'avoir dit , il elt expreifcment défendu de
boire & de manger , ou de parler à qui que ce foit.
Aux premières CompUes après le Pater nojier , &c ,
on dit un veriet , le Gloria Patrij &c , fept pfeau-
mes , deux vcrlers , le Gloria Patri , un long can-
tique , un fermon , une orailbn ,• un pfeaume , une
hymne -, leSjOufs de Jeûne feulement un fermon , une
oraifon , 6cle Pdter nojier. Aux lécondcs CornpMcs
après le Pater nojier , on dit quatre verfets du plcau-
me 4z% le Gloria Patri , pluhcurs verfets de diffé-
tens pfeaumes & du cantique d'Habacuc , le com-
mencement du cantique des trois enfans i le dernier
des pfeaumes, le cantique Niinc dunittis.,àzs ver-
fets des pfeaumes i ^7 , 141 , 8 j , une oraifon y le
pfeaume Càm invocarem , une hymne , puis on lit
l'Evangile -, on dit une longue orailbn Se le Pater
nojier , &Cc. Voye:^ le bréviaire du rit Arménien ,
qui efl: ért langue Arménienne , & le Cardinal Bona.
Le bréviaire des Maronites contient fept heures
canoniques , qui font l'office de la nuit , Matines,
Tierce » Sexte , None , Vêpres & Compiles. Les
Maronites difent toujours les mêmes pfeaumes à
chaque heure fans y rien changer -, ainfi ils ne
técitent point tout le pfeautier même en une an-
née. Au cômmertéement & à la fin des heures ils
difent toujours le Tri fanion , le Pater & {'Ave ,
le Symbole de Nicée &: une oraifon , puis des
hymnes ou des cantiques & des prières , en mê-
lant ces prières aux ftrophes de l'hymne , & aux
Verfets du cantique. L'office de la nuit contient feize
ofàifdns , onze cantiques , iix hymnes , deux pfeau-
mes , un répons & des prières. D'abord on dit
une oraifon , & un cantique fuivi d'une oraifon ,
puis une hymne , un pfeaume , deux oraifons ,
tine hymne, quelques prières, ime oraifon, deux
cantiques, deux oraifons, une hymne, des prières, une
oraifon , deux cantiques , trois orailbns , une hymne ,
des invocations, une oraifon , deux cantiques, une
oraifon , une hymne , un canrique , un répons , deux
oraifons , une hymne , un pfeaume , une oraifon, &
le relie des cantiques. A Matines il y a onze oraifons ,
fept hymnes , fîx cantiques , quatre pfeaumes , & un
répons , qui fe difent ainfi. On commence par une
oraifon , puis on dit un cantique , une oraifon , un
cantique , une oraifon , une hymne , un pfeaume ,
une oraifon , une hymne , un pfeaume , une orailbn ,
une hymne , un pfeaume , une oraifon , une hymne,
un cantique', une oraifon , une hymne, des invoca-
tions , une oraifon , une hymne , un pfeaume , un
répons , deux ora'Tons , un cantique , une orai-
fon , un cantique. Tierce , Sexte & None , ont cha-
cune cinq oraifons , deux ou trois cantiques -, Tierce
&: None , deux feulement & Un pfeaume. Ces heu-
res fe difent ainfi : on dit d'abord une oraifoTi , puis
un pfeaume , ou un cantique , trois oraifons , un
cantique, une orailbn, 8^ un cantique. Les Vêpres
ont fept oraifons , deux hymnes , quatre cantiques ,
quatre pfeaumes , & un répons. Ces prières fe difent
de cette manière. On chante une orailbn & un can-
tique , puis une orailbn , un cantique & une orai-
BRE G-;
foh , Une hymne , un pfeaume -, une oraifon , une
hymne , trois pfeaumes , un répons , deux oraifons ,
un cantique, une oraifon 6c un cantique. A Com-
plics , il y a cinq oraiibns , trois pfeaumes , deux
hymnes , deux cantiques , qu'on dit ainli. On com-
mencé par uiie oraifon , puis on dit un pfeaume ,
une oraifon ,• une hymne , un pfeaume , deux orai-
lbns , un cantique , une hymne , un pfeaume , une
oraifon & un cantique.
Chez les peuples qui parlent la langue Efclavone^
ou quelqu'un de fes dialcdtcs , ceux qui difent le bré-
viaire , excepté les Polonois , & quelques autres , le
récitent en langue vulgaire , comme les Maronites
en SyriaC , & les Arméniens en langue Arménienne.
Ceux qui récitent le bréviaire en efciavon font par-
tagés pour le rit , les uns fuivent le rit latin ou ro-
main , 6: ce font ceux qui habitent la Dalmarie & les
côtes voifines ; ceux qui habitent plus avant dans les
terres , en Hongrie j en Bolfinie, en Efclavonie, 6v. en
Pologne , en Lithuanie , en Mofcovie , & le long de
la mer Noire du côré du nord ^ fuivent le rit grec.
On a imprimé à Rome en i(5'48 le bréviaire Romain
en langue Efclavone & en caratîtères Efclavons.
Le bréviaire des Cophtes eft femblable à celui
des Abiifins , qui difent les heures de l'office en
cette manière. Toutes les heures commencent par
le Pater nojier & VAye , Maria. Au commencement
de l'office de la nuit , ils récitent le pfeaume Venite
exultemus : ilslilént beaucoup de leçons de la Sainte
Ecriture , & ils n'en lifent qui foient tirées des S.
Pères que durant la femaine fainte. Toutes les heu-
res de leur bréviaire renferment douze pfeaumes j
& dans les Monaftères où il y a beaucoup de Moi-
nes , on récite tout le pfeautier avant dîner , ce qui
fe fait en fort peu de tems, parce que l'on donni»
à chaque Moine quelques pfeaumes, ou feulement
quelque partie des plus grands pfeaumes que l'on di-
vife. Le pfeaume <;o'^ Mijérere,eiï toujours un des
douze de chaque heure du bréviaire. Foye^ les bré-
viaires Cophtes , & les bréviaires Abilfins , & lé
Cardinal Bona.
D. Jofeph Mége conjeéhire que le mor bréviaire
vient de ce qu'on donnoit aux Moines qui faifoienc
voyage , de petits livres , dans lefquels on ramalfoir
les pfeaumes , les leçons & les oraifons qu'on lifoit
au chœur dans de grands volumes. Le P. Mabillon
dit qu'il a vu dans le trélbr de Citeaux dcuX de
ces petits livres , & il en donne certe defcription.
Ces livres n'ont que trois doigts de large j mais ils
font plus longs. Ils paroiffent fort petits quand
ils font fermés , mais quand on les ouvre 11^ pa-
roilfent trois fois plus grands , parce que les feuil-
lets en font plies à trois plis ; ils ne font écrits que
d'nn côté , & la lettre en eft fi menue & C\ abrégée ,
qu'en fort peu de fyllabes on exprime route une
période. Les feuillets en font attachés par un filet „
& on enferme ces petits livres dans un lac de cuir.
Bréviaire, chez les Anciens, fignifioit feulement le
lieu où on gardoit les brefs , ou ce qui étoit écrit
en abrégé : d'où vient qu'on a: appelé Bréviaire
l'Abrégé de l'Office divin. Quelques-uns croient que
ce livre ne conrencrit autrefois que les rubriques ,
Si qu'on l'a étendu depuis à tout l'office.
Bréviaire, fe dit auffi du livré qui contient cet office^
(?i tous les changemens qui s'y doivent faire liiivact
les- divers jours & fêtes de l'année. Le mot de Bré-
viaire eft employé pour fignifier.un livre d'Eglife,
dans la lettre de l'Archevêque de Lyon à Roberr,
Evêque de Langres , au fujet de l'Abbé Robert ,
reriré à Molême en 1099. C'eft peut-être la pre^
mière fois qu'il fe trouve en ce fens.
Bréviaire , félon Chauvet &: le P. Papébrock, Aci. SS.
Jun. Tom.II, pag. 4Ç)S , s'cft dit auffi quelquefois
pour Mi (Tel.
BRÉVIATEUR. f. m. Nom d'Office. Breviator. Les
Bréviateurs croient dans l'Empire de Couftanrino-
ple, les Sectétaires des brefs, ou les Ecrivains des
brefs. Scriptores Brevium. On appelle encore Bré-
viateurs y ou plutôt Abréviateurs ceux qui ccriven c
^8
BRI
& délivrent à Rome les refcripts & les brefs du |
Pape. y"oyei le DicT. de Droit de Calvin.-
BREUIL. f. m. En'termes d'Eaux & Forêts, fe dit d'un
bois taillis , ou buillbn fermé de murs , ou de haies ,
dans lequel les bêtes ont accoutume de fe retirer.
Lujirum. Dans la Coutume d'Anjou, eft rcpUtc
treuil de forêt, un srand bois marmenteau , ou
taillis, ou buiflbn, ou les groffes bêies fe peuvent
retirer. Ce mot a formé pluficurs noms de lieux.
Le mot de treuil , pour dire bois , forêt , efl:
fort commun en Poitou. Il vient apparemment de
Broilttm, qui fe trouve en ce fens-là dans les Capi-
tulaires de Charlemagne & de Charles le Chauve ,
èc dans l'hifloire de Luitprand. L'un des quartiers
de la place de Venile s'appelle Brog/io, parce qu'il
y avoir auttefois un bois en cet endroit-là. Foye^
le DiCT. ETYMOLOG, de MÉNAGE.
Ce mot vient de hroilum , ou briolium , ou hro-^
lium, on brogilum , félon Luitprand. Onadiraulîi
hreil , & broillot &C bruillet , bruillot , des petits
bois ou brolfailles qu'on avoir accoutume de brûler
afin de les défricher.
Breuils. Terme de Marine. Ce fonr des cordes qui
fervent à trouflér ou à bourcer les voiles , qu'on
appelle autrement Cargiiesfond. Pomey dit qu'on
les appelle aulfi Brouils , Martinets , Garcettes. On
dit auin , br cuiller les voiles , ou les brouiller, pour
dite les carguer , ou les troujfer. Y oyez C arguer.
BREUILLES. f. f. pi. Entrailles , boyaux, inteftins d'un
poiflbn, Fifcera, iritejlina. Avant que de caquet le
harenç , on lui arrache les breuilUs , ou entrailles.
^ BREVOGNE. Perire rivière de France en Nor-
mandie , dans le Cotentin où elle a fes fources ,
êcrombe dans la Vire, au-deflus d'Etouri.
UO^ BREVOORT. Petite ville des Provinces-Unies ,
dans le Comté de Zuphten , fur les confins du pays
de Munfter.
BREUVAGE, f. m. Liqueur qui ferr de boiflbn. Potio.
Le Condrieux efl un excellent breuvage. Le neélar
c^ïc breuvage des Dieux. Ablanc. De-ïà vienr qu'en
parlant d'une liqueur agréable a boire , on dit que
c'eft du neélar.
Ce mot a été dit pour biberage , qui fe trouve
dans les anciens livres , qui vient de biberagium ,
qui fignifioit vin du. marché , qui a été fait de bi-
^«re, comme abreuver, Ac aibitere. Ménage. M.
Huet croit que ce mot vient de brou , broue , &c
brouet ; Se que ces derniers viennent de braia ,
ancien mot gaulois, qui fignifie de la boue, & qu'on
a tranfporteàtoute forre de liqueur épaifle.
Brewvage , fe dit auffi des potions médicinales qu'on
donne aux animaux , donner un breuvage à un che-
val, à une vache, &c.
On appelle aulfi breuvage, le mélange égal de vin
&: d'eau que l'on fait fur mer pour la boiffon de l'é-
quipage.
LesVnciens parlent de certains breuvages préparés
pour donner de l'amour , ou de la haine. Les breu-
vages de haine ( uta-^lp-i ) éroienr compofés du fuc
de" l'herbe appelée Promethea , &; du fiel de quatre
animaux. Circé changea les compagnons d'Ulyflé
" en pourceaux par un breuvage magique. Dac.
ÇCr BREZÉ. Bourg de France en Anjou , avec titre
de Marquifat , au midi de Saumut.
^ BREZOLLE. Bourg dans le Perche, près de
Verneuil.
Ip" BREZOLLES. Bourg dans le Querci , près de
Montauban.
B R L
BRIANÇON. Ville de France dans le Dauphiné. Cette
ville eft foit ancienne. L'Itinéraire d'Anronin la
nomme Brigantion , auiîi-bien qu'^thicus , Pto-
lomée /3p(y«»7io' ; mais de nouveaux Critiques foup-
çonnent qu'il faut lire ^otymlint. Julien , dans l'on
cpître aux Athéniens, l'appelle Brigantia. Dans
Ammien MarccUin on trouve Virgantia , au lieu de
Frigantia, qui eft la même chofe que Brigantia.
BRI
La Manne de Eriançon eft une gomme blanche fort
douce &: fucree qui découle des frênes.
BRIANÇONNOIS , OISE. f. m. ôc f. Qui eft de
Briançon. Brigantionenjis.
Briançonnois. f m. Petit pays de Dauphiné , dont
Briançon eft la capirale , qui lui a donné fon nom,
Brigantionenjis ager. Quelques Dauphins def Vien-
nois ont pris le nom de Princes du Briançonnois.
BRIANGE. f. 8: adj. m. & f. Qui eft de Brie , qui ap-
partient à la Brie. Brigenjîs , e. La Fère Briange.
Valois. Not. Gall.p. 191.
BRI ARE. Brivodurus , Brivodurum , Briviodurus ,
Bridoborum. Petite ville de France dans le Gâtinois,
qui n'eft connue que par fon canal , appelé le Canal
de Briare , fait fous Louis XIII , pour paffer les
bareaux de la Loire dans la Seine , par le moyen
du Loing.
BRIAS. Lieu de Flandre , fuivant la méridienne de
Paris du côté du .nord, fe trouve à ig". 54' , 8",
de longitude , & à 50°. 14', 5^ de latitude. Cassini-
Ip- BRIATESTE. Bnatejta. Petite ville de France ,
dans le Languedoc, fur le Dadou , à cinq lieues
d'Albi.
BRIBE. f. f. Morceau de pain ou de viande qui refte
d'un repas ; rout ce que l'on deflert de quelque ta-
ble. Frujlurn. Vaug. Rem. Il y avoit toujours quel-
ques bribes dans la beface de Diogcne. Ablanc.
On le dit aulfi d'un gros quartier de pain. Ce
berger ne veut point fortir , qu'il n'ait ia bribe de
pain dans fa panetière. Il eft du ftyle familier.
Bribes , au pluriel , le dit figurémenr de quelques
morceaux qu'on attrape de quelque chofe. Ce neveu
n'a pas eu toute la fuccefîlon de fon oncle -, mais
il en a eu de bonnes bribes. On dit encore des
bribes de latin-, pour dire, des partages & des
phrafes de latin , que l'on prend çà & là. On dit
aulïï , mettons nos bribes enfemble -, pour dire. Joi-
gnons enfemble nos morceaux , ou contribuons
chacun de norre part à la dépenfe du dîner._ Ils fe
régalent quelquefois entr'eux , en mettant toutes
leurs bribes enfemble. Ablanc. Tour cela ne fe
peut dire que dans le ftyle bas & familier.
On dit proverbialement en ce fens , qu'il n'y a
tel feftin que de gueux , quand toutes leurs bribes
fonr ramaffées.
BRIC. f. m. Vieux mor. Cage à prendre les oifeaux.
Gloff. fur Marot.
03" Bric. adv. au bric , c'eft-à-dire , à l'improvifte. In
ipfo articulo opprimere. Il eft vieux. Ch. est. Dict.
BRI CE. f. m. Nom d'homme. Briclio, Briclius ,
S. Brice croit de la ville de Tours. Bail. & vécut
au IV^ & V= fiècle.
BRICHET. Voyei Bréchet.
BRICIEN. f. m. L'Ordre des Briciens. Bricianorum
Ordo. Ordre militaire érabli par fainte Brigide ,
Reine de Suède, l'an 15^1?, fous le Pontificat
d'Urbain V qui l'approuva , Se lui donna la règle
de S. Auguftin. Leurs armes étoient une Croix
d'azur fcniblable à celle de Maire, fous laquelle
éroit une langue de feu , fymbole de l'ardeur de la
foi 6c delà chariré envers le prochain. Leurs devoirs
étoient de combattie contre les Hérétiques , la fé-
pulture des morrs , l'afllftarce des veuves , des or-
phelins Se des hôpitaux. La fainte Inftitutrice le
dota de riches Commanderies. Voyei Ant. Bofius ,
des Hermites de S. Auguftin, Marc - Ant. Viano,
Polonois , Defcription de Pologne , Juftiniani ,
Hift. di tutti gl'Ord. mil. T. it, c. 59 , ;^. ^8? ,
outre ceux qui parlent en général de tous les Or-
dres militaires.
BRICOLE f. f Réflexion d'un corps folide qui fe
fait à la renconrre de quelque aurre corps dur. Obli-
qua corporis alicujus folidi in aliud corpus durum
impaclio. ffT C'eft , à parler exaélement , la ligne
que décrit un corps que l'on pouffe obliquement
pour le faire aller en quelque endroir par réflexion.
On le dit des balles dans un jeu de Paume , quand
on les fait frapper contre un des muts de la lon-
gueur du jeu de Paume. On le dit au jeu de Billard ,
BRI
lorsqu'une bille, au lieu d'être pou/Tce direiStement
contre une autre, ne la rencontre qu'après avoir
frappe la bande du billard & avoir été renvoyée
par cette bande •, &c des boulets de canon qui bat-
tent obliquement, comme il arrive dans les barte-
ries qu'on appelle en écharpe.
Ce mot vient de l'Eipagnol brincar , qili lignifie
faire dis cabrioles , fauter.
Bricole , a lignifié chez les Anciens une machine à
jeter des pierres. Du Cange. C'ctoit une efpèce de
fronde laite de cuir. Funda coriacea.
Bricole. Terme de Marine, il fe dir de la puiiîance
qu'ont les poids qui font placés au-dellùs du centre
de gravité, pour mettre le vaiffcau iiir le côté -, le
lefl: contre-balance la bricole qui cfl: occalîonnce par
les poids des mâts, des manœuvres hautes, &c.
Bricole, dans le fens figuré , lignifie auffi une trom-
perie qu'on fait à quelqu'un , quand on agit avec
lui par des voies obliques & indireéles. Te m'at-
tendois à recevoir de cet homme le fecours qu'il
m'avoit promis -, mais je vois bien qu'il m'a donné
une bricole. Ce valet eft un grand menteur , il me
donne toujours quelque bricole.
Dans cette acception , de bricole , par bricole ,
pour dire, indiredtement, ibnt des expreiHons ad-
verbiales, '
Petit écrit donné fous le manteau
Qu'on fe dérobe, & ^ui vient par bricole.
Ou bien moulé che:^ Pierre du Marteau ,
Fut-il mauvais , nous paraît toujours beau ,
Et pour l'avoir , on ne plaint la piflole. P. D.
On ne voit point ici ces tours & ces bricoles
Qui -du fort impofleur déterminent les coups ,
Ni la dupe expofee à la gueule des loups
Plaindre L'a^reux revers de fes efpoirs frivoles.
L'Ab. Genest.
Dans ce fens , il ne peut paffer que dans le ftyle
familier & badin.
Bricole, en termes de ChalTe, c'efl un filet de petites
cordes , & qui eft en forme de bourfes pour pren-
dre les grandes bêtes. Salnove , qui écrit bricolles.
Une Ordonnance d'Henri IV , dU mois de Juin
• i<îoi , défend dans l'jJrt. IX à toutes perlbnnes
indifféremment de faire ouvrer, ScexpOler en vente ,
avoir & eux aider de tiraffes , tonnelles, traîneaux ,
bricoles de corde, & de fil d'archal , ùc. Et une Or-
donnance du Roi du mois d'Août \6Gc). porte j
Art. XII. Tous tendeurs de lacs , tiralles , ton-
nelles , traîneaux , bricoles de corde & de fil d'ar-
chal , pièces & pans de rets , colliers , halliers de
fil , ou de foie , feront condamnés au fouet pour
la première fois, & en 50 liv. d'amende, &c.
On appelle auffi bricole , ce dont on fe fert pour
empêcher les chiens d'aller trop vîte devant les autres.
t^ Bricole, terme de Bourrelier, eft la partie du
harnois d'un cheval de carrofle , qui paffe fous les
couirmets , & qui s'attache de côté & d'autre aux
boucles du poitrail.
On le dit auffi des pièces de cuir , attachées en-
femble , qui fervent aux porteurs à porter des chaifes.
BRICOLER, v. n. Poulf;r une balle, une bille, un
boulet, obliquement, pour le faire aller en un certain
endroit par réflexion. Obliqué impingere. Toucher
une bille en bricolant.
On dit auffi au figuré , de ceux qui ne vont
point droit dans les affaires , qu'ils ne font que
fliir &: bricoler ; c'eft-à-dire , amufer & tromper.
Il eft bas en ce fens.
Bricoler , v, n. fe dit des chofes qui dans leur fitua-
tion ont des tours & des détours qui vont en zigzag.
Mœandros agerc. Les vaifleaux lymphatiques des
. doigts tant du pied que de la main fe réunifiant en
deux ou trois troncs , accompagnent en remontant
les veines céphaliques & faphènes, tantôt en ligne
droite, tantôt en bricolant à l'entour. Journal
ejis Se. 1714,^. 411,
Biiî
ë ^
Bricoler , fé dit auffi , mais dans le Ityle bas, de ceux
qui mangent trop chaud. Iljignifie, faire aller Je
morceau de côté & d'autre dans fa bouche avant
que de l'avaler , afin de n'en être point brîjlé. Ma
foi j'ai été oblige de bricoler.
BRICOLIER , f m. en terme de manège , eft le cheval
que l'on met à une chaife de pofte à côté du clicval
de brancard j ôc fur lequel le portillon eft monté;
Il eft ainfi nommé du harnois qu'on lui met , qui
s'appelle une bricole,
BRICON. f. m. Vi«ux mot. Coquin j miférablèi ma-
lotru , trompeur. Foèf. du Roi de Nav.
BRICOTEAUX. f. m. pi. Pièces de bois longues &:
étroites j en façon de tringles , qui font placées
fur le devant du métier des Ouvriers qui travaillent
avec la navette.
BRIDE. C f. Affortiment de bandes de cuir& de pièces
de feri propre à tenir la tête d'un cheval fujette
& à le conduire. Frenum , habena. La bride eft
coinpofée de deux rênes , d'une têtière , &: d'un
ma» On dit , en termes de manège , tenir , rendre *
lâcher, donner la bride, & plus élégamment, tenir/,
rendre , donner la main.
Bride , fé prend quelquefois pour les rênes feules ,
& dans ce fens on dit , qu'un cheval a rompu fa
bride , lorlqu'il a rompu fes rênes.
Ménage dérive ce mot du latin brida , qui a
été fait du grec çJa» , qui fignifie trako , je tire. Il
eft bien plus naturel de le dériver avec Icquez de
la langue faxone , & de celle des Francs , où l'on
trouve les mots bridel , brydel, dans le même fensi
Le P. Pezron dérive le grec Bpvrip , &C le françois
bride, qui fignifient la même choie, du celtique
brid.
Boire la bride ou le mors , fe dit quand le mors
remonte trop haut, Ôi fe déplace de delfusles barres
où fe fait l'appui. Se tenir à la bride , c'eft s'y
attacher comme on fait aux crins. La main de la
bride , c'eft la main gauche du Cavalier. On appelle
coup de bride , l'efpèce de châtiment que le Cava-
lier donne à fbn cheval enfecouantune rêne , lorfque
le cheval ne veut point tourner. On appelle efîét
de la bride, le degré de fenfibilité que le mors
caufe aux barres du cheval , par la main du Ca-
valier , & l'on dit que le cheval commence à goûter
la bride, quand il commence à s'accoutumer aux
impredions du mors.
On dit courir à bride sbztfat , ou à toute ^ni^ -,
pour dire j courir de toute la vîteffe du chcvaL
Immifjis , laxatis habenis accurrere. Ablanc. Il
gagna la ville , où il fe retira à toute bride. Dans
le figuré , courir à bride abattue après les plaifirs ,
c'eft les rechercher ardemment , s'y livrer aveuglé-
ment & fans retenue. Courir à bride abattue à fa
perte , s'y porter ardemment & inconfidérément.
On dit auffi, pouffer un cheval à toute bride. Vaug.
Voyei fur les Opérations de la bride au Manège i
la Méthode de dreffer les chevaux par le Comt de
Newcaftle , pag. i8i &: fuiv. de la traduction fran-
çoife , Se pag. icjo &c fuiv. p. ^t^ ôi fuiv. pag,
378 3c fuiv.
Bride à abréver oU abreuver. Vous pouvez mettre
au poulin pour quelques jours la bride à abréver ,
fans rênes , après quoi vous lui mettrez le mors.
Newc, Il n'y a rien de fi utile à la fanté des che-
vaux que de les tenir avec la bride à abréver trois
ou quatre heures avant que de les monter , & au-
tant de tems après , jufqu'à ce qu'ils foient bien re-
froidis. Id.
Bride , fe dir figurément de tout ce qui arrête , ou
qui borne la puiffance de quelqu'un ; qui le retient
dans fon devoir, Freni. Les Ephores de Sparte
croient établis pour tenir en bride la puiffance
royale. Lesloix riennent en bride les peuples. Il faut
tenir la bride haute aux jeunes gens qui font trop
fougueux , pour dire les trairer avec févérité , de
peur qu'ils ne s'échappent. Notre efprit alfez fou-
vent n'a pas moins befbin de bride que d'éperon,
BoiL. On dit auffi , qu'un homme a lâché la bride
o
B R î
à Tes parTiûns , lorfqu'il s'y abandonne entièrement.
Il faut ulcr de toutes clioles avec modération , &
ne lâcher jamais la bride à nos Tens-, quelque inno-
cens qu'en foient les objets. Nicol. Lâcher la ùridc
à quelqu'un , l'abandonner à lui-même, .à fa propre
volonté j ne le plus retenir. On dit au/lî , qu'une
citadelle , une place forte , tient en bride toute une
ville , toute une Province -, pour dire , qu'elle la
tient dans la fujettion , dans l'obciflance.
On appelle proverbialement des brides à veaux ,
les railbns qui periuadent le? lots , & dont le
moquent les gens éclairés. Je ne faurois fouffrir
qu'on le moque de vous, & je vois que tout ce
qu'il vous dit là , font des brides à veaux. R.
Huit cens petits livres nouveaux
QiCon appelle brides 1 veaux. Masc.
On dit auflî qu'il fout aller bride en main en
quelque affaire -, pour dire , qu'il faut a£ri||^cntc-
ment , &; après une mûre délibération. On dîfauiri ,
mettre la b.ride fur le cou à quelqu'un , IcrJ'qu'on
l'abandonne à lui-même. On dit auili , qu'on a ho-
ché la bride à quelqu'un ; pour dire , qu'on a
fondé Tes intentions , potir favoir s'il voudrait
faire quelque chofe qu'on ne lui a pas demandée
ouvertement.
Bk-ide , fe dit auflî de ce qui ferre , qui arrête & qui at-
tache une chofe à une autre. Rctinaculum.W. faut
refaire des brides à cette dentelle. Les bouton-
nières ont befoin de brides 'ç^on'c les arrêrcr.On met
des brides aux béguins des enfans pour les arracher.
§C?Bride , chez les" Arquebuf.ers , eft un morceau de
fer plat , afliijetti en dedans par des vis au corps de
platine, fervanr pour foutenir la noix , & empê-
cher que le chien n'approche trop près du corps
de platine en dehors.
IJT Bride , chez les Charrons , efl: une bande de fer ,
plate , pliée en trois , carrément , dont les deux
branches font percées de pluheurs trous vis-à-vis les
uns des autres pour y placer une cheville de fer
qui va répondre d'un trou dans un autre. Elle fert
aux charrons pour aflujettir pjulîeurs pièces de leurs
ouvrages enfemble. Encyc. Les charrons fe fervent
encore d'un autre outil afléz femblablc , qu'ils ap-
pellent Bride de brancard, dont l'uiàge eft de main-
tenir le brancard , quand ils le montent Se Tallém-
blent.
^f3" Chez les fondeurs de cloches , on appelle brides ,
de grands anneaux de fer , fervanr à fufpendre la
cloche au mouton par le moyen des barreaux de
fer qui traverfent les anfes de la cloche &: les bar-
reaux de bois &: de fer pofésen travers fur le mouton.
BR.IDER. V. a. Mettre la bride à un cheval , ou à
une autre bête de voiture. Frenare. c'eft faire entrer
le mors dans la bouche , paflcr le haut de la têtière
par deiliis les oreilles, & accrocher la gourmette.
Bride^ les chevaux , S: abfolument bride^ , nous
allons partir.
On dit qu'un cheval fe bride bien •■, pour dire ,
qu'il a la tête bien placée.
On dit familièrement que chacun bridera Ca. bête;
pour dire , que chacun fe conduira à fa fantailîe.
En termes de Marine , on dit brider l'ancre ; pour
dire , empêcher qu'elle n'enfonce dans le fable :
ce qui fe fait en enveloppant fes pattes de planches.
On dit en Fauconnerie , brider les ferres d'un
oifeau , quand on en lie une de chaque main : ce
qui l'empêche de charrier , ou d'emporter fa
proie.
Brider une pierre. Terme de Carrier. C'eft l'attacher
avec le bout du cable de la grande roue , où tient
le crochet , pour la tirer en haut.
Brider, en termes d'Hilloirc naturelle, fe dit pour
Arrêter , retenir , empêcher l'attion ou la vertu
d'un agent naturel. Cohibere. Le lucre dans cette
préparation efl: charge d'une huile efléntielle , qui
/ride l'aâ;ion de fes parties falines. Demours.
Brider, lignifie figurément , tenir en fujettion. i^r^r-
B R ï
nare , frenos injiccre. Cette fortéreflc , bride toute
la Province. Les peuples fonr bridés p:Lï les loix,
par l'autorité des Magiftrats. Brider le cours im-
pétueux de l'ambition & de la fortune. , ^r/i/er fes
panions. TtïÉorH. Ils font bridés par mer , ils ne
peuvent plus fortir.
La r ai/on trop farouche au milieu desp/aijîrs ,
D'un remors importun vient brider nos dejirs. Boii,
On le dir au.Ti des conventions particulières. CeE
homme eft bien bridé par cette tranfaéf ion , il né
peut plus taire de chicane. Il eft du ftylc familier.
On dit flgilrément & proverbialement, brider
la bécaffe -, pour dire , engager adroitement quel-'
qu'un , de telle forte qu'il ne puiHe plus s'en dé-*
dire i l'attraper, le tromper. La beca/le ed bridée.
On appelle auflî un oifon bridé , un for , up homme
qui n'a point vu le monde.
Brider , lignifie aufîî, étreind.re , ferrer, Cacher. Strin-
gere , ajtrin^/re. Ce jufte-au-corps eft mal taillé , il
vous bride trop fuf les épaules. Il s'eft brid^ le nez
de fon manteau pour n'être point appctçu.
Brider le nez , fe dît aufîî , pour donner un coup
de fouet , de verge , ou de baguette par le nez.
Il lui a bridé le nez d'un coup du fouet qu'il avoit
en main. Quand on marche dans un bois épais les
petites branches que l'on fait plier, vont brider
le nez de ceux qui fuivent de trop près. On dit
même de tous ceux à qui on jette quelque chofe
au vifage , qu'on leur en a bridé le nez. Tout cela
eft familier.
Brider. , eft aufîî un terme d'Académifte , qui fe dit
en parlant de la courfe de la bague. Impingere.
C'eft toucher la potence avec la lance , paffer par
deflbus la potence , ou fraper le canon de la po-
tence. Cet homme eft bien mal adroit , il bride
toujours la pot:nce.
Brider les cloches , c'eft en lier les battans avec des!
cordfs pour carillonner,
BRIDÉ, EÉ, part.
On dit proverbialement , qu*urte affaire eft fellée
^bridée ; pour dire , qu'elle eft achevée , qu'elle eft:
conclue , par une méchante allufion de la felle du
cheval, au fceau des arrêrs qui terminent les afiûires
r^CT BRÎDGENARTH. Petite ville d'Allemagne, ea
Shrop<;hire , fur la Severne.
?3crBRIDGETOWN. Ville de l'Amérique Angloife,
dans rilc de la Barbade ; on l'appelle autrement
ville de Saint Michel.
ffT BRIDGEWATER. Ville d'Angleterre en Som-
merletshire, fur le Parret.
BRIDOIR. f. m. Pirononcez Bridoi. C'eft un morceau
de linge , large d'environ trois doigts , que les
Damts mettent à leut bonnet , quand elles fe
coé'Fent. Il fert à bander le menton, & c'eft pour
cela qu'on l'appelle auflî une mentonnière,
BRIDON. f. m. Terme de Manège & d'Eperonnier.
C'eft un filet à l'Angloife , qui a une embouchure
fort menue, & qui n'a aucunes branches ^ bride
leccère &; fans branches. Les chevaux Anglois k
mènent avec des bridons^ &: n'ont des brides qu'à
l'armée. Il n'y a point de cheval, ni sûr, ni utile,
ni qui puiife aller avec un bridon , s'il n'eft pre-
mièrement monté avec le mors. Newc. Les bridons
à la royale , ne font prefque pas diiîérens des bridons
à l'angloife.
Bridok , eft aufTi un terme de quelques Religieufes.
II fignifie un morceau de linge large d'environ deux
doigts , qui eft coufu &c attaché au voile. Ce bridon
fait voir que leà Religieufes doivent fe priver de
tous les plaifirs du monde.
fp* BRIDURE. {'. f Terme de rivière : perche qui
tient avec une longue rouette. A^oy. Rquette.
BRIE. f. f. On nomme brie en Normandie , ce qu'on
nomme ailleurs brayoire ; c'eft- à-dire , cet inftni-
ment qui fert à donner au chanvre la première
façon , & à commencer à en fcparer la filafle de la
chenevotte.
BRI
B?».IE. Piiys de France entre la Champaçrne particu-
lière, le Sénonois , le Gàtinois, le Hurepoix, le
Pariiis de le Soifîbnnois , en latin Salius Brigenjis ,
ou Bri^ia Jllva, ou Pagus ^r/eo'ZWi'. Quelques-uns
difent que ce mot vient du mot françois Abri ,
qui (Î5ni^ie lieu couvert , où il y a de t'ombre , &
ils prétendent que ce pays futainii nommé, parce
qu'il el\ tout planté d'arb'res fruitiers , qui font
par- tout des ombrages, ou des abris. Dom Du
Pleffis , dans Ton Hiftoirc de tEglife de Meaux ,
Tom. 1, pag. 16 Se 6^5 , prouve que l'Abbaye de
Faremoutier dans fon origine a été appelée Brige ,
c'cft-à-dire , Font ; que ce nom s'étant enfuite
communiqué à tout le territoire voilin , on l'a ap-
pelé Saltus. Brigcnjis \ & que de-là s'efl formé celui
de Brie. La Brie^ eu autrefois les Comtes, Cette Pro-
vince le divife en Brie fupérieure, ou haute Brie, dont
Meaux ell la capitale , & Brie inférieure ,ou bafle
Brie , qui a Provins pour capitale , &c Brie Pouil-
leufe ou Galleufe , autrement dite Galevejfe , dont
le lieu principal eft Château-Thierry. Celle-ci tire
fon nom de celui de yadicajfes. La plus grande
partie de la Brie eft annexée au Gouvernement de
Champagne , le refte , qui l'efl: au Gouvernement
de rile de France , s'appelle à caule de cela Brie
Françoife. La première s'appelle Brie Champ enoi je.
Voye^^ Baugier , Mem. Jur la Prov. de Champ.
La féconde s'appelle Brie Françoife ou Brie Pa-
rifienne. Braia Parijierijis. Bric Comte-Robert , eft
dans la Brie Parijienne, Longuerue. Ce nom eft
corrompu de braie qu'on trouve dans tous les an-
ciens Aélcs , même en françois & en latin. Le mot
braie fignifie en vieux françois une terre grart'e &:
bourbeufe , comme eft le terroir de cette ville.
( Brie-Comte-Robert. ) Id.
^ BRIE -COMTE -ROBERT. Ville de France ,
capitale de la Brie Françoife, avec bailliage, clu-
tellenie & grenier à fel, à cinq lieues de Paris.
%fT BRIEF, EVE. adj. fynonyme avec bref, court,
qui eft de peu de durée. Brevis. C'eft un terme de
pratique. Alfigner à trois briefs jours. Faire bonne
' & brieve juftice aux parties.
BRiEFS. f. m. pi. Terme de Commerce de mer , en
ufage dans toute la Bretagne. Il lli^nifie la même
chofe que Brieux. f^oye:^ ce mot.
§Cr BRIEG. ( On ne prononce point l'E. ) Brcgi.
Ville d'Allemagne , dans la Siléfîe , capitale d'un
Duché du môme nom , fur l'Oder.
BRÎENNE. Petite ville de Ftance en Cliampagne ,
près de la rivière d'Aube. Breona,
IP" BRIENNOIS. ( le ) Petit pays de France , diffé-
rent du Comté de Brienne, le long de la Loire,
aux confins du Bourbonnois , dont Scmur en Brieii-
nois eft le lieu principal. Il tire l'on nom de Brienne
lieu ruiné depuis long-temps.
XfT BRIENON. Ville ' de France en Champagne ,
dans le Senonnois , entre Joigny & St Florentin.
ERIEU. f m. Nom d'homme. Briocus , Briom.ichus ,
Briomacles , ou Uriomaclus. S. Brieu , que quel-
ques-uns font originaire de la Grande-Bretagne ,
vivoit au VIP ficelé. ChalTé , dit-on , par les Saxons,
il fe réfugia fur les côtes de l'Armorique.
St Brieu , f. m. Ville cpifcopale de Bretagne en
France , qui a pris le nom de St Brieu fon Patron ,
& en quelque forte Ibn fondateur ; car ce Saint
étant mort dans un Monaftère qu'il avoir bâti en
cet endroit, entre Lexobie 8c Alcth , la réputation
de fa fainteté & l'éclat de fes miracles y attirè-
rent tant de monde , qu'il s'y forma bientôt une
ville. Briocum , fanum S. Brioci , Briocopolis. Voy.
Baillet au premier de Mai.
Ce mot vient du latin Briocus , dont d'abord
retranchant 1'« , comme en beaucoup d'autres , on
a dit Briocs ou Briox , car .r ou es , font la même
chofe. Enfuite on a dit Brieus comme on écrit
encore fouvent , puis pour adoucir la prononcia-
tion Tufage a changé \'x en s , Brieus : enfin il a
retranche Vs , &: l'on dit Brieu. Ceci montre que
Briocus eft le véritable nom latin , plutôt que
BRI 71
Briomaclus ou Briomacles. D'Argcntré , M. Fleuri
Se le P. Lobineau écrivent toujours Brieuc , comme
font auffi tous les anciens titres.
BRIEVEMENT, adv. D'une' manière courte, fuc-
cinétement. Breviter. Cet Auteur a éc-rit trop
brièvement ■■, cela fait qu'il eft obfcur.
BRIEVETE, f f Le peu de durée d'une chofe. Voy.
Bref. Brevitns.La brièveté d'un difcours. La briè-
veté de la vie. La brièveté d'un dclai. Nos meil-
leurs Ecrivains difent toujours brièveté , à la réferve
de Mefîîeurs de Port-Royal, qui écrivent \di bre-
veté &i l'inftabilita delà vie. Ce difcours n'a point
cette breveté v'wz & animée fi nécefiaire. Je ne fuis
pas de leur avis : mais à caufe de leur autorité ,
je n'ofe dire que breveté & brév&hient , foit une
faute. Ménage. M. l'Abbé Fleury imite les Ecri-
vains de Port-Royal. La breveté du Canon , dit-il ,
en parlant de la Liturgie Gallicane , Hijl. Eccl.
L. XXX n, p. 114-, mais ce n'eft pasl'ulage. La
langue françoife a trouvé le fecret de joindre la
brièveté, non-feulement avec la clarté , mais encore
avec la pureté & la politeffe. Il n'y a peut-être
rien qui foit moins à fon goût que le Ityle afiati-
que : & rien ne lui eft plus naturel qu'une brièveté
raifonnable. Ceux qui écrivent le mieux , ont im
ftyle également ferré 6-: poli. Ils joignent la pureté
de Céfar , & la fermeté de Tacite. Leurs paroles
tiennent quelque chofe de celles des otacles -, fans
en avoir l'obfcurité, ni l'embarras, elles en ont la
brièveté & la force. Bouh. Il y a une brièveté qui vient
de laféchereiTe del'efprit, ou du peu d'étendue du
génie : on ne loue point celle-là. Il faut une brièveté
qui vienne de la réflexion & du jugement. Val. La
brièveté contribue à l'obfcurité , félon le mot d'Ho-
race •, je veux être court, je deviens obfcur. Bouh.
La brièveté eft bien voifine de l'obfcurité. Dac. Il
y a pourtant une brièveté louable , qui corWifte à
employer toutes les paroles qu'il faut, & à n'em-
pJoyer que celles qu'il faut , ou même à fe fervir
quelquefois d'un mot qui vaille plulieurs autres,
C'eft la brièveté que Quintillien trouve fi belle d^ns
Salufte •, mais, comme remarque Quintillien au
même endroit , dès qu'on imit; mal fes manières
de penfer & de parler , on devient obfcur. Bouh.
Si nous l'emportons fur nos ancêtres par le choix
des mots , par la clarté , Sc par la bi ièvetè du dif-
cours , c'eft une queftion encore indécife. La Bruy.
La brièveté eft l'amed'un conte , puil'que fans cela ,
il faut nécefîairement qu'il languide, La Font.
Dans le grand art on dit par manière de pro-
verbe , l'œuvre ne veut point de brièveté ; pour
dire , qu'on ne doit point donner le feu trop violen t ,
qu'il ne faut rien précipiter , qu'il faut feulement
aider la nature par un feu ménagé à propos.
BRIEUX, Ce mot fignifie fur les côtes de Bretagne ,
le congé ou pafleport , la permiiîîon de naviger ,
que tous les vailfeaux doivent prendre des Gou-
verneurs ou des Juges de l'Amirauté , pour fortir
d'un port. Facuhas navigandi ; Diploma navigandi
potejictem faciens. On dir, parler aux Ffébrieux-, pour
dire , demander ce congé. C'eft peut-être une mau-
vaife allufion au mot Hébrieu , que l'on difoit autre-
fois pour Hébreu , que nous difons aujourd'hui.
BRIFABLE , adj. Qui eft mangeable. Edulis , efcu-
lentus. Ce fromage eft brifable.S. Amand, Ce mot
n'eft d'ufage que dans le ftyle familier &: comique.
Il vaut encore mieux le bannir de tout ftyle. Il
eft tror» bas.
BRIFAUT. f. Nom d'un chien de chafTe.
Il s'enfuit dans fon fort, met les chiens en défaut y
Sans mime en excepter Brifaut. La Font.
U autre fit cent tours inutiles ,
Entra dans cent terriers , mit cent fois en défaut
Tous les confrères de Brifaut. Id.
BRIFER. V. a. Manger avidement. Forare , avide ca-
medere. Les écoliers brifenttoaz ce qu'on leur donns.
Il eft populaire & trivial.
•ji BRI
QueUfucs - uns dcrivent ce mot à h'is faucihus ,
comme^li l'on manyeoit avec deux bouch.s.
BRiPÉ, ÉE,.pair.
BRI! EUR , EUSE , f. Celui ou celle qui biifc. Forax ,
liiHiio. Ce mot elt populaire.
BRIFiER. i". m. Terme de Plomberie. C*eft une bande
de plomb qui 'fait partie des ent'aîtemens des bâ-
timens couverts d'ardoile.
Ça- BRIGADE, r. m. Troupe de gens de guerre d'une
même compagnie , ibus un bas Oflicicr qu'on
nomme Bns^aJicr.
(er BRIGADE, fe dit auiîi de pliifieurs bataillons
ou elcadrons d'une armée , commandes par un
Officier-Général qu'on nomme aufli Brigadier. Une
armée eft ordinairement divilce en tngddes de ca-
valerie , dont chacune elt de dix ou douze eica-
drons , plus ou m.oins -, 5c d'infanterie , dont cha-
cune e(l de cinq ou lix bataillons. Ce régiment elt
de telle hrigade , de la première , de la léconde ,
Iri^adi. j^girwn , catcrva.
f3" BRIGAE)E , dans l'artillerie , eftune certaine di-
vifion de l'équipage &: du train d'artillerie , compo-
fcc ordinairement de dix pièces de canon & de toutes
les munitions néceflaires .à leur (crvice. Chaque
fric^add a un Commiflaire provincir.l , & plulieurs
Commillaires ordinaires & extraordinaires, &c.
On dit aulfi , brigade d'atchers.. Brigade des
Gardes. Brigade du Guet à cheval.
Il le dit aulîi par extenfion , de tous ceux qui
vont par bandes foumis à un chef^ Brigade de vo-
leurs. Brigade de faufiauniers.
On dérive ce mor de brigand , ou de brigue ,
menée Tecrette. Du Cange le dérive de brigands ,
qui croient une efpcce de foldats. .Foyei Bf^igand.
Ainlî latro en latin ne (Ignifioit d'abord qu'un Ibl-
dat. Chorier , Hiji. de Dai/fh. /».9 3' prétend que
brigade efl: un mot emprunte de la langue des
Celles , dans laquelle brig, ou hriga, fignifioit non-
feulement une ville , mais encore une aflèmblée ,
une ttoupe d'hommes. On trouve dans la baile la-
tinité brigata à peu près dans le même fens que
brigade. Dans les Statuts de la ville de Nanci pour
la courfe de bague , Acî. Sancl. Maii , T, I , p.
i,c)6 , E, Il eft pris pour la Compagnie ou brigade
que chaque quartier de la ville envoyoit"à cette
courle.
Ce mot fe dit aulfi quelquefois dans le flyle
badin & enjoué , & fignifie plufieurs perlbnnes af-
femblces pour quelque honnête plajlir. Turbo. ,
(oJiors.
Soit que fur le bord de la Sein»
Notre brigade fe promène ,
Ou qu^ nous demeurions che^ nous ^
rA toute heure on parle- du vous. VùiT.
BRIGADIER, f. m. Officier qui commande tme bri-
gade de gens de guerre, Catervce , agminis ducîor.
Brigadier d'armée , eft celui qui commande une
brigade de Cavalerie ou d'Irffanterie dans l'armée.
Cet Officier eft confidérable , & marche immé-
diatement après le Maréchal de Camp.
§C? Brigadier des armées du Roi , d'Infanterie ,
de Cavalerie , de Dragons.
BRIGAND, f m. Voleur de grand chemin. Latro ,
graiïator. Une troupe de brigands défoie rout le
BrviGAND , fe dit auffi des Soldats mal dilciplines ,
qui ne font que pillei &c défoler les pays où ils
font des courfes. Les armées des Arabes , des Tar-
tares , ne font que des armées de brigands. Ce
mot s'eft dit otiginairemenr d'une compagnie de
Soldats que la ville de Paris arma &c foudoya en
1551Î, pendant la détention du Roi Jean , prilbn-
nier en Angleterre. Ils Rirent ainfi nommés , parce
qu'ils étoient armés de brigandines , armes fort uii-
técs alors -, ou parce qu'ils commirent beaucoup de
défordres -, ehfuite on appela de leur nom tous
liïs voleurs de grand chemin, C'eft ainlî qu'en la-
B R î
tin latro , qui figninoit Soldat , lîgni5a dans la fuite
un voleur , parce que les Soldats voloient & pil-
loicnt. D'autres croicnr que le vaox. brigand e^ venu
de certains peuples d'Allemagne appelés brigan-
tins , ou brigans , qui habitoient fur les rives du
lac de Conftance , & voloient publiquement amis
& ennemis. Mcnage, croit que ce mot vient de
brigans , peuples d'Hibcrnic , qui fous l'Empire Ro-
main paifcrent en Angleterre & la ravagèrent , dont
il eft parlé dans Tacite. lî'autrcs croient que ce
mot vient de Burgand, infgne voleur qui ravagea
la Guicnne du temps du Pape Nicolas I. Faucher
le dérive de brig , ou brug , vieux mot gaulois ,
qui fignifie un pont , à caufe qu'on y détroufîè
facilement les paflans. Lipfe le dérive du latin
Brigajites , qui étoient des Soldats à pied. Bord
le dérive de brugne , qui étoit une armure ancienne
faite de lames de fct jointes , fervanr de cuiralîe ,
dont les brigands étoient armés. Palquier croit que
brigand a été dit de brigade , qui fignifie troupe ,
&: que c'étoient des voleurs qui alloient en troupe.
Le P. Daniel, dans fon HiJi. de Barbarie, L. lîl -,
C, 4 , croir que les Pirates de Barbarie n'ont eu
pendant long-tem.ps que des galères & des brigantins ,
&: que c'eft de-là qu'eft venu le nom de brigand.
On le dit auffi par extenfion , de ceux qui font
des exaélions & des conculTions. Ces petits Juges
. font de vrais brigands.
BRIGANDEAU. f. m. Ce mot fe trouve dans Po-
mey pour fignifier un petit brigand. Latntncuhis,
Il n'eft bon que dans le ftyle familier. On de-
vroit pendre tous ces brigandeaux,
BPvIGANDAGE. f m. Vol fait à main armée , à force
ouverte. Ileft'oppofé à filourerie & larcin. Latro'
cinium , grajfatio. Les bandirs d'Italie ne vivent que
de brigandage.
Brigandage , fe dit auffi dans un fens figuré descon-
cullions 6c extorlions des particuliers; comme quand,
on exige des droits qui ne font pas dûs , quand
on fait une injuftice manifcfte dans le jugement
d'un procès ; quand un Marchand trompe ou ran-
çonne quelqu'un , en lui vendant trop cher une
marchandile dont il a befoin. Il y a bien des Ercns
qui vivent de brigandages. Je voudrois qu'on éta-
blît un nouveau tribunal , où les ufurpateurs des
droits matrimoniaux fuffent punis de leurs brigan-
dages. Vin.
BRIGANDER. v. n. Voler fur les grands chemir»
Latrocinari , grajfari. Il n'eft pas ufité.
BRIGANDINE, ou Brigantine. f m. Haubcrgeon ,
ou cotte de mailles , donr les Soldats & voleurs
fe fervoient autrefois. Lorica, ferreus thorax.
|C? BRIGANDINE. f f. Vieux mot. Il; fignifioit un
bouclier à double écaille ou double chaîne d'annelers.
Bilix , icis. Ch. Est. Dict.
BRIG ANTIN. f. m. Autrem.cnt Armatomene , eft un
vaifleau de bas bord , qui va à voiles & rames ,
6c qui eft fans couverte. Mycparo. Il a jufqu'i dix
ou douze rames de chaque côté , & un rameur à
chaque rame. Les Corfaires s'en fervent ordinaire-
ment pour aller en courfe, parce qu'il eft léger,
S>i que chaque matelot y eft foldat. On l'a appelé
danslabafle \OiZ\\\\ic brigcntinus. Le Brigantin, ap^
pelé par les Latins Catafcopium , eft une inven-
tion des habitans des îles de Diomédes , aujour-
d'hui de Trémiti. Géog. Bernard. Tafuri.
BRIGIDE. f f. Nom de femme. Brigitta. Sainte Bri-
gide eft célèbre par fes révélations. On trouve
auifi Brigitte ?c Birgite dans quelques Ecrivains ,
parce qu'en latin on dit Birgita & Brigitta ;
mais quel que foit le vrai mot latin , l'ufage en
frarçois eft pour Brigide , comme en italien Bri-
gid.i. En quelques lieux on dit Britte , par cor-
ruption 8c par abbréviation.
Sainte Brigide , Ordre militaire inftitué en Suéde
par fâinte Brigide en \^-,C^6, Briciani Equités , Bri-
cianorum Equitum Ordo. Voyez Bricien.
BRIGITTE, f £ Vcyei Brigide.
BRIGITTIN. f. m. Nom de Religieux. Bri^ittimis.
• Cet
BRI
■Cet Ordre fut fondé pat fainte Bi'igide l'an 1541..
Il a été appelé l'Ordre du Sauveur 3 parce que
l'on prétend que J. C. a révèle la règle de cet
, Ordre. Communément on appelle ces Religieux
Brigittins ou Birgutms, En trançois comme on dit
• ordinairement Brigidc , & rion pas Birgitîe , il
faut dire Brigittins ^Xuiôx. qnt Birgittins , comme
difent le P. Helyot & d'autres , ou même Birgit-
uùns. Cet Ordre commença par le Monaftère de
Waftein dans le Dioccfc de Lincopcn. La Sainte
le bâtit , à ce que l'on croit , l'an 1 544. Les Bri-
gittins ont la règle de S. Auguftiii , & les Con-
ftitutions que fainte Brigide leur a données , &; qui
ont été approuvées par Urbain V , Urbain VI, Jean
XXII, &; Grégoire XV. Chaque Monaftère doit
être double, l'un de Religieux & l'autre de Re-
ligieufes ^ qu'on appelle Brigittines i ou Birgittines,
Il y en a cependant en Flandres iix d'hommes
feuls , & fix de feules filles. Clément VIII , fit
quelques changeraens à leurs Conftitutions en KÎ05.
Grégoire XV, y changea aulïi en i6xz , quelques
articles qui ne oonvenoient qu'aux Monaflcres
doubles. Il paroît par le titre de ces nouvelles
Conftitutions imprimées à Douay en 152,5 , que
ces Brigittins qui demeurent dans des Monaftères
amples , ont pris le nom de Birgittins NovifTimes
de l'Ordre du Sauveur j vulgairement dit de fainre
Brigide , apparemment pour fe diflingaer de ceux
•qui -demeurent dans des Couvens doubles, f"i7yt{
le P. HÉL. T. ir, Ckap. 4.
Les Brigittines ont été introduites en Efpagne
par M. Marine d'Efcobar , qui fit des Conftitutions
nouvelles , pour mitiger celles de fainte Brigide,
Ces Religieufes.s'appellent en Efpagne , Religieufes
de fainte Birgitte de la RécoUeclion. Èlifabeth de
France, femme de Philippe IV , Roi d'Efpagne ,
îeur bâtît & leur fonda leur premier Monailère à
Valladolid.
AI. Hermaeft & Schoonebeck prctendejit qu'il
y a aiiffi des Brigittins militaires , ou un Ordre
de Chevaliers de fainte Brigide -, mais te . P. He-
lyot foûtient que cet Ordre eft fuppofé. Fbje^ T,
IF y Chap. 6.
BRIGITTINE. f. f. Nom de Religieufe. Monialls
Blrgittina. Il y a eu en Irlande des Religieufes Blr-
ntïines , ou Religieules de fainte Birgitte , ou
Brigitte , inftituées par cette fainte Vierge Irlan-
doife , qui vivoit au cinquième fiècle. P, Helyot.
T. Il , C. 21.
fp- BRIGNAIS, ou BRIMAIS. Petite ville deTrance,
- dans le lyijnnois, fur le Garon. Prlfclnlacnm,
BRIGNOLE. f f Efpèce de prune excellente qu'on
fcche , & qu'on envoie à Paris de la ville de Bri-
gnole en Provence. Brinolium. On ôte la peau
&: le rtqyau , & après les avoir fait fccher , on
les met dans de petites caiffes , qu'on envoie par toute
l'Europe. Elles ont une chair aflez ferme , & font
de couleur un peu rouge tirant fur le jaune , &
d'un goût fort agréable. M. Ménage foûtient
qu'il faut dire brugnole ■, &C qu'on le dit à Paris. La
Qiiintinie le dit toujours : mais la Quintinie dit mal.
On dit trignoles du nom de la ville d'où on les tire.
^ BPvIGNOLE , ou Brignoles. Ville de France
en Provence , dans une plaine fertile , &; qui pro-
duit ces excellentes prunes , qui en ont emprunté
le nom de hrignoles , que l'on tranCporte julque
dans le levant. Brinonia &c Brinnona.
|Cr BRIGNON. Ville de France , en Champagne ,
dans le Senonois , entre Joigny & S. Florentin ,
fur l'Armancon.
BRIGNON. Voyei Brugnon.
BRIGUE, f f Défit ambitieux pour obtenir quelque
charge ou dignité, où l'on tâche de parvenir plus
par adreife que par mérire. ^fT Pourfuite vive , par
le moyen de quelques perfonnes qu'on engage dans
fes intérêts. Faire une brigue. Obtenir quelque
chofe par brigue , à. force de brigues. Ambitus.
Les brigues commencent à s'échauffer. Vaug.
Les brigues qu'on faifojc n'éclatoient pas encore.
Tome II.
B R î
73
Là Rocm. Les brigues des Eccléfiaftiques font fé-
vèrement défendues par les Canons. Il ne s' em-
ploie guère que dans un ferls odieux,
IJCT Les brigues chez les Pv.cmaihs étoient les démar-
ches que faifoient, pour fe fnrc élire, ceux qui
afpiroient aux charges de la République. On les
nommoit Candidats à caufe de la tobe blanche
qu'ils étoient obligés de porter pendant leS deux
années qu'ils f^oftuloient ces charges. Ils alloiclit
par toute la ville , cherchant du crédit , des amis
& de l'autorité parmi les grands , & quêtant les
fuffrages du peuple dans les places &c dans lés af~
fembices publiques. De-là le mot ambltus >, com-
pofé de l'ancienne propofition arn , qui fignifioit
autour , ôc de ire , a/der , pi qui fignifie propre-
ment racfîon par laquelle on environne ime per-
fonne , pour avoir fon fufîrage dans les élevions ,
étant toujours autour de lui , le carelflnt , le Hâ-
tant pour cela. Voye^ Candidats,
^CT Les Romains faifoient un crime à ceux qili bii-
guoient les charges par des voies illicites, par des
largeffes extraordinaires , par des menaces , ou à
force ouverte. On fit plufieurs loix pour empê-
cher Ces abu5 , ou pour punir ceux qu'on en pou-
voir convaincre. Mais les choies allèrent fi loin dans
la côrrilptiori de la République , qu'on aVertiffoic
publiquement les tribus des fomm.es d'argent qu'on
leur promcttoit pour avoir leurs fufFiragesi &cela,
dit Cicéron, s'appeloit pronunciare in tribus. Ils
fe fetvoient pour cela de trois fortes de perfonnes
qu'ils appeloient interprètes , des entremetteurs qui
aidoient à faire le marché j per qiios paclio indu-
cebatur ; fequejlres , les dépofitaires , entre les mains
def quels on confignoit l'argent dont on étoit con-
venu 5 & enfin Dlvlfores , les diftributeurs qui
avoient foin dé partager l'argent dans la tribu à
chaque particulier.
La brigue â coûté pbût une feule tribu jufqu'à
80729 liv. Or il y en avoir 3 ^ , qu'on juge par-
là des fommes énormes que coùtoicnt les charges
à Rom.e ,. où elles n'étoient pas vénales.
Du Cange dérive ce mot de briga , qu'on a dit
dans la baffe latinité pout fignifier , nolfi-, querelle ,
contefiatlon , qui artive fouvent où il' y a de la
brigue : d'où on fait auflî le vieux mot de bricon ,
qui fignifioit querelleur ôc impudent. Quelques-uns
le dérivent deprecarl , parce qu'en effet la brigue fe
fait par des prières.
Brigue , fe dit aufîî dé la cabale qui eft intércfloe
à foutenir plutôt un parti que l'autre. La brigue
d'un tel a prévalu fur l'autre. Combien y a-t-il
de Prédicateurs qui ne doivent leur réputation qu'à
la brigue & à la cabale î S, EvR.
Pour me faire admirer je ne fais point de ligue ,
J'ai peu de voix pour mol, mais je les al fans brigue,
toRN.
N'allons point à l'honneur par de honteufes brigues.
BoiL«
Un Prélat par la brigue, atix honneurs parvenu ,
Ne fait plus qu'abufer d'un ample revenu. Id.
^ BRIGUEIL. Petite ville de France , dans la Baffe-
Marche , aux confins du Poitou & de l'Angoumois ,
à fept lieues de Limoges.
BRIGUER. V. a. Tâcher'd'obtenir quelque chofe pat
brigue 5 par cabale. Amblre , prcnfare. Quand on
peut prouver qu'on a brigué les voix , les fuffta-
ges d'une compagnie , l'éle(5tion eft nulle. A Rome
dans les derniers^emps on briguait les charges affez
ouvertement : on gagnoit lesYufftages par des pré-
fens , qui étoient plutôt des corruptions que des
libéralités. On rapporte là-dcffus un mot célèbre
de Craflus , briguant le Confular , & n'ofant flater ,
ni careffer le peuple devanr Scévola, avec lequel
il marchoit dans les rues de Rome , il le quirta
brufquement : vous m'empêchez, lui dit-il, d'ob-^
74
B R I
tenir le Confulat , car )e n'ofe foire des fottifes en
votre préfence. t^oy<:^ Brigue & Candidat.
§3° Rf-iguer, fignine quelquefois rechercher une choie
avec ardeur, avec empreliemenc -, & alors il le prend
en bonne part pour dcligner les voies légitimes d'ob-
tenir quelque 'chofe. Il irisne les bonnes grâces
de fon Prince.
Briguer, avec un infinitif enfuite, eft mal. Il lui faut
un nom pour régime.
Quoi donc tant de Romains , Tibirinus fon fren
Briguent de me venger, fans efpoir de me plaire ?
Voltaire.
Il falloit dire bripcent la gloire , ou l'honneur de
me venger.
BRIGUÉ'; ÉE, part. Cette charge efl: bien briguée.
BRIGUEUR. f. m. Ce mot ne le dit guère feul. C'eft
celui qui brigue. Ambitiofus , petitor ambuiojus.
Ceft un brigueur à gages. Rien ne me choque
ni ne m'afflige tant que ces brlgueurs d'cioges,
Balz.
Ip^BRIHUEGA. Petite ville d'Efpagne , dans la nou- !
velle Caftille , entre Guadalaxara & Siguença.
BPvlLLANT , ANTE , adj. dans le lens propre &
phylique , terme relatif aux couleurs , fe dit de
tout ce qui jette de la lumière , ou qui en réflé-
chit : ce qui , par des couleurs claires , affede vi-
vement nos yeux, Fulgens , fpkndens. En ce mot
& dans les fuivans mouillez les deux //. Le Soleil
&: les Altres font brilLms. Les pierreries vraies ou
fauflcs font brillantes , Des yeux vifs & brillam^
|tC? Ce mot pris dans le fens figuré , & tranfporté par
Métaphore aux penlces , au ftyle , aux ouvrages
d'efprit , paroît lignifier ce qui par le tour & la
dclicatelfe de l'exprelfion afiTede notre efprit av-ec
une certaine vivacité. Vividus. Un efprit brillant.
Une imagination brillante. Je ne voudrois pas
commencer mon difcours par une penlee brillan-
te , il faut aller par degrés. Ch. de Mer. |p" Par
extenlion On a applique ce mot aux perfonnes &:
aux avions des grands hommes qui ont beaucoup
d'éclat. Un Héros tout brillant de gloire. Splen-
didus , nobilis , illuflris. Une adion brillante , une
valeur brillante. C'eft un parti fage' à la guerre ,
que de fe tenir quelquefois fur la défenfive, mais
ce n'eft pas le plus brillant. Il n'y a jamais eu
de retraite plus brillante que celle du Prince de
Condé devant Arras. La vie la plus brillante d'un
homme du monde aboutit à la mort. Abb. de la
Trap.
Si fon cœur quelquefois à la gloire fcnfib le.
Court du brillant honneur la carrière pénible. Vill.
L'Auteur de la Traduction de Bion & de Mof-
chus a employé ce mot dans un fens allez fingu-
iier •■, mais qui eft reçu aujourd'hui :
Corydon a la voix plus nette & plus brillante-,
Philinte l'a plus douce , ainfi que plus touchante.
|p=" Brillant eft aufll un fubftantif , &: dans le fens
propre il le prend comme fynonymc avec éclat ,
luftre , au moins dans l'ufage ordinaire. Alors il
paroît lignifier les couleurs claires par lefquelles les
objets atfedent nos yeux. Les perles orienrales
ont un certain brillant qui ne fe trouve point dans
les autres. Ce diamant a plus de brillant que
l'autre. Dans cette acception , pris au figuré , il
paroît exprimer dans les ouvrages d'efprir , la fi-
nelle du tour & la délicatelfe de l'expreiHon. Il
y a du brillant dans ce Posme , dans cette pièce
d'éloquence. Lumen, fulgor. Il s'applique de mt--
me à la gloire , à la fortune. Les hommes vivent
dans une" foUicitudc continuelle , courant avec
emprefiement après les faux brillans d'une for-
cane imaginaire. Flech. Les Italiens courent après
7
BRI
les brillans , &t ce qu'ils appellent vivene d'in^
gegno, BouH.
Laiffons à l'Italie
De tous les faux brillans l'éclatante folie. Boit.
ffT L'éclat , dit m. l'Abbé Girard , enchérit fur le
brillant , & celui-ci fur le lujire. Mais ces mots
ne font pas faits pour être le régime l'un de l'au-
tre. On ne dit pas l'éclat du brillant , ni le bril-
lant du lufire. Encore moins le lujtre du brillant,
& le brillant de l'éclat. Il faut opter pour l'un
des trois , félon le goût ou la force de ce qu'on
veut exprimer : ou lî l'on veut les appliquer tous
au même fujet , il faut que ce foit fans régime &C
par forme de gradation. Cette étoffe a du lujire,
du brillant, & même de l'éclat.
ffT Les couleurs vives ont plus d'éclat que les cou-
leurs pâles. Les couleurs claires ont plus de bril-
lant que les couleurs brunes. Les couleurs récen-
tes ont plus de lujire que les couleurs ufces.
ffT II femble que l'éclat tienne du feu , le brillant
de la lumière , &: le luftre du poli.
|}3° On ne fe fert guère du mot de lufire que dans
le fens littéral , pour ce qui tombe fous la vue.
On emploie quelquefois celui à'éclat , & plus fou-
vent encore celui de brillant dans le fens figuré
pour le difcours & les ouvrages d'efprit. Dans ce
fens il paroît que c'eft par la vérité , la force ,
& la nouveauté des penfées qu'un difcours a de
l'éclat ; qu'il a du brillant par le tour & la délica-
telfe de l'exprellion ; & que c'eft par le choix des
mots, la convenance des termes , & l'arrangement
de la phrafe qu'on donne du lufire à ce qu'on dit.
Brillant , fignifie encore un diamant taillé à fa-
cettes par-dclfus & par-delTous. Vous avez un fort
beau brillant. On dit aulfi dans le même fens à l'ad-
jeiflif , un diaiTiant brillant.
Brillant, en termes de manège, eft une épithéte
qu'on donne au cheval , lorfqu'il a belle appa-
rence , qu'il a l'encolure relevée , qu'il a un beau
mouvement , & qu'il mâche fon mors de bonne
grâce. E^regius , eximius.
BRILLANTER. v. acl. Terme en ufage , pour figni-
fier , tailler des diamans à facettes , par-deflbus
comme par-defilis. Quelques néologues ont dit bril-
lanter une penfée -, un efprit brillante.
BRILLANTE , ÉE , part.
BRILLE ( la) ville Maritime des Provinces-Unies des
Pays-bas , capitale de l'Ifle de Voorn, à l'embouchu-
re de la Meule.
BRILLER, v. n. Jeter une lumière vive, étincelante.
Fulgere. Le foleil , les étoiles brillent. Les cryf-
taux bien taillés brillent fort aux flambeaux.
Briller , fe dit aulTi de ce qui a des couleurs claires
&: vives, L'écarlate brille plus que le gtis. Les
fleurs brillent dans cette prairie, La jeunelTc en fa
fleur brille fur fon vifage. Boil.
Briller , fe dit figurcment en chofes fpirituelles Sc
morales. Cet homme brille dans les compagnies
par fon efprir, La première fcène de cette tragé-
die , eft celle qui brille le plus. La libéralité eft
la vertu qui fait briller davantage. C'eft à mon
gré un plus grand défaut de briller trop , que de
"briller trop peu. Bouh. Il y a cerrains défauts qui
étant bien mis en œuvte brillent plus que la ver-
tu même. Rochef. On voit des hommes qui bril-
lent dans le mouvement & dans l'adlion , & que
le repos obfcurcit & anéantit. P. Bourd. Ceux
qui veulent toujours briller , & fe faire admirer
des autres , s'en fonr rarement aimer. Balzac a dit
d'un Conquérant ; La gloire qui lui en revient
péfe pour le moins autant qu'elle brille.
fCT Faut-il 'fue fur le front d'un perfide adultère
Brille de la. vertu le ftcré caraclere.
Par-tout de l'amitié brillent les avantages ,
On en trouve par-tout d'éloquentes images, Vill.
Briller , terme de cluffe , fe dit des chiens qui que-
B B î
B Ri
tent dans une plaine , §3" & qui battent beau-
coup de Pays. Ce chien irillu tore dans la plaine
J^djtigare, indagare.
On a àizd^nki trilkr i chafler aux oifeauxlaniiit
aux flambeaux , & l'on appeloic brUlnux celui qui
chafToit ainii.
BRIMBALE, i". i. Quelques-uns difent brinque baie.
Terme de Mcchanique 5c de Marine. C'efl: le bâ-
ton 5 la barre , ou refpcce de levier qui fait jouer
la pompe.
BRIMBALER, v. a. Branler en deçà & en delà. Il
le dit particulièrement des cloches qu'on Ibnne
mal , en délbrdre. Ils ne font que brimbaltr
ces cloches jufqu'à l'importunitc. ^s , campanum
vehementius agtre.
Ce mot eft bas , & vient du bas-breton brimbalât ,
qui lîgnifie Sonner.
BRIMBALÉ , ÉE , part.
BRIMBORION, f. m. Terme de fcépris , qui fert à
exprimer des curioiitcs légères ou de peu de va-
leur. Frivola. Il fert audî de nom coUeélif , pour
exprimer tous les petits meubles qui n'ont point
de nom. Je rie vois que lait virginal, blancs d^œuis,
& autres brimborions. Mol.
Brimborion , fe dit auffi fort communément des pa-
piers , des écrits , des ouvrages manufcrits , des
Mémoires d'un Auteur de peu de corifequence. Il
n'efl: que du difcours familier.
Paiquier dérive ce mot de breviarium , dont on a
fait brcbiarium , pour lequel on a dit enfuitc brim ■
borion. H
BRIAiBOTER. V. a, &; n. Parler entre fes dents ,
remuer les lèvres fans fe faire entendre diftinéle-
ment. Ne pas bien articuler. Apolog. pour Hiroi.
Chdp. 39. art. 6. Ce mot eft vieux & hors d'ulage.
BRIMO. f. f. C'cft un des noms de Proferpine ,
formé de /3o.«» , j'épouvante. Properce l'appelle
ainfi. L. II, Eleg. i,v. 11 ,§Cr les Anciens croyoient
que les terreurs noifturnes venoient d'elle.
%fT BRÎN. f. m. fe dit proprement des menus jets
des herbes , des joncs & de tout ce que les raci-
nes pouffent. Brin d'herbe , brin de froment. Coli-
culus , furculus. On le dit aufTi des petits jets que
les arbres & les arbuftes pouffent. R^mufculus ,
raniulus. Brin de romarin , de fagot. Il fe dit
encore de toute petite portion d'un corps foible
& long, de ce qui eft long & même de ce qui
étant tortillé fait des cordons & des cordes. Sta-
imn. Brin de paille , brin de foie , brin de che-
veux. Les brins de vergettes font faits de petits
3oncs. Les trelî'es de cheveux fe font brin à brin.
Philyra.
fC? On appelle , en termes d'eaux & forêts , brin un
jet de bois plus confidérable. Quand on coupe les
taillis , on eft obligé de laifTer les brins les plus
hauts & les plus droits , qui font les fouches au
nombre de feize par chaque arpent , pour venir
en haute fîitaie. Les meilleures planches fe font
de brin , c'eft-à-dire , de troncs d'arbres qui ne
font point fciés ■, mais feulement équarris. En ce
fens on dit , qu'une pique eft faite d'un beau brin
de bois. Le plus haut du buiffon où fe tient l'oi-
feau s'appelle le bri?! en termes de chafle, M. Huer
dit que ce mot vient de virga , d'où on a fait
virge y vrige , vringe, bringe , bring, &c enfin brin.
On appelle, en termes deCharpenterie,/?^^ de
bois â brin de foitgere , une difpolition de petits
potelets ademblés diagonalement à tenons & à mor-
toifes dans les intervalles de ptulieurs poteaux à
plomb ; Si ce nom lui eft donné âcaufe de la reffem-
blance qu'elle a avec des branches de fougère donr
le brin fait cet effet. fO" On dit encore bois de
brin , folive de brin quand la pièce eft prife dans
le montant de l'arbre & non dans fes branches.
Brin , eft aulTi un terme de jardinier. Quand les
Jardiniers parlent d'arbres fruitiers , ils difent ,
il faut choilîr un arbre d'un beau brin , c'eft-à-
d^ , droit & aflez gros , d'une belle venue.
On appelle brin de plume , en tenties de Plu-
7T
macier, une plume d'Autruche. Il a un béeu brin
de plume à fon chapeau.
Bp.in d'estoc. Grand bâton en forme de petite pi-
que feirce par les deux bouts , qui fert à fauter
les canaux en Flandre. Baculus ferra utnnque
prisfixusi
Ce mot vient du flamand fpringflok , qdi veut
direla même choie , compofe de Jtok , bâton , &
de Jpringen , 'Jautf-r. Men.
^fT On appelle aulfi brin d'ejioc , un long baron ferré
par les dfeux bouts , dont on fe fert pour fe battre
ou fe défendre.-
Brin. On nomme ainfi dans le commerce de chan-
vre , & en termes de fabrique de toile , le chanvre
le plus long & le meilleur -, c'eft-à-dire , celui
qu'on tire de la principale tige de la plante.
On appelle ainiî les filamens du chanvre , fur-tout
quand ils ont été affinés & peignés-, les-filanuns
les plus longs qui reftenr dans les mains des Peig-
ncurs , s'appellent le premier brin. On retire du-
chanvre qui eft rcftc dans le peigne , des fihmens
plus courts, qu'on appelle le fécond brin ; le refte
eft l'étoupe. Jrt de la Corderie perfeclionnée.
Brin. Efpèce de toiles de chanvre qui fe fabriquenr
en Champagne. C'eft à Troies & aux environs que
fe fabriquent quantité de toiles mi-blanches , qu'ori
appelle aulH toiles boulvardées.
Brin de bois. Terme de Mardiand de bois carré ,
& de Charpentier , dont Us fe fervent pour dif-
tinguer le bois de brin d'avec le bois de fciage.
Ils appellent bois de brin , les pièces dont on a
feulement ôtc l'aubier pour les équarrir , & dans
lefquelles fe trouve en entiçr le coeur du bois , en
quoi coniifte fa principale force.
Brin , chez les Eventailliftes. C'eft une de ces pietites
flèches qui foutienrient le papier d'un éventail , tJ;
qui le rcunillent par leur extrémité à un centre
où elles font attachées avec un clou. Maître brin
font les deux montins auxquels font collées les
deux extrémités du papier , & entre Icfquels les'
flèches font rclîérrécs.
Brin , fert quelquefois à faire une négation. Il n'y a •
• pas céans un brin de fagot , un brin de paille. II
n'y a pas un brin de provifions dans cette maifon.
Etant- certain que Ji bien tu limites
De ton Sauveur la vraie intention.
Tu n'y auras brin de préfomption. Marot.
On dit fîgurément 5-: dans le difcours familier , çd
parlant d'un jeune homme grand &c bieri-fair y
que c'eft un beau brin d'homme •, &; d'une fille
ou d'une femme grande & bien- faite , que c'elï
un beau brin de fille, ou un hezvi'irin de femme.
Enfin, le peuple le dit en toutes fortes de matiè-
res, pour lignifier une petite quantité de quelque
choie que ce foit. 'Un petit brin de temps j pouc
un peu de temps. Donnez-moi un petit brin d'eau ,-
un petit brin de pain , &c. ou donnez-moi de l'eau
un petit brin , du pain un petit brin ; c'eft-à-dire ,
un peu d'eau , un peu de pain. Viens ici un petit
brin. ChaufFons-nous un petit brin. Il n'eft refté
ici qu'un petit brin. Je ne l'ai vu, ne lui ai parlé
qu'un petit brin. Tout cela lignilie un peu de temps ,■
très-peu de temps , un moment. Si nous mettons
ceci , c'eft afin qu'on fâche ce que cela lignifie , &C ^
non afin qu'on l'imite -, car ces manières de parler
font' très-mauvailés. Voici pourtant deux exemples
tirés des Lettres de Madame de Sévigné. Il y a dans
tout ce qui vient de vous autres , un petit brin
d'impétuofité qui eft la vraie marque de l'ouvrière.
Mandez-moi des nouvelles de votre fanté , un dcmi-
brin de vos fentimens , pour voir feulement li vous'
êtes contente. M=. de Sév.. On palfc cela dans le'
difcours familier.
Brin-a-brin, adv. Un brin après l'autre. Arracher
brin à brin.
BRINDE. f £ Terme de Buveurs , qui fe dit de l'in-'
vitation qu'on fait à un autre de faire raifon d'une
fantc qu'on lui porte. Propino. Les Allemands font
K ij
^■5
BR I
des l^rinies continuelles. Ce mot eft venu des fla-
mands , qui difent ik brcn^" tu , quand ils por-
tent une rantc-j qui veut dire j je vous la porte.
MÉNAGE. Ce mot eft vieux Se fc dit rarement.
Brinde, fe dit dans le langage populaircj d'une petite
jument , au moins en quelques Provinces. Eqiiu.
Manuel , manîiiiUu Mem, manujc.
BRINDES. Ville du Royaume de Naplesdans la ferre
d'Otrante. Brundujlum , ou Brundijium. Les Ita-
liens l'appellent brindijî. Br truies eftjur le golfe
de Venile , & (on port ell un des plus grands , des
plus beaux &; des plus aisûrcs de l'Italie. M. d'Ablan-
court , dans fa traduction de la guerre civile de Cé-
far,dit toujours 5r//,'z^7/^^.Comme Pompée eut appris
ce qui s'ctoit parte à Corfinium , il alla de Nocère
à Canoufe, fie de-l.i à BranJn^e , où il donna ren-
dez-vous à toutes fes troupes. D'Ablanc. Magius
fut pris comme il alloit à Brundur^e. Id. Oii ne fait
au iufte quand l'Evèché ni l'Arcllevêchc dé Brindes
ont ctc crii^cs. Les adles de S. Leucius difent qu'il
convertit la ville de Brindes fous Commode, &i
qu'il en fut le premier Evcque ; mais il y a tant de
faux daiis ces aâes , qu'on n'y peut ajouter foi. Il n'y
a point eu d'Archevêché avant le XP fiècle.
Jullin ,L,X-, dit que Brindes fut bâti par les
Etoliens , qui fuivirent Dioméde ', Strabon , par
les Candiots venus avec Théfée & Gnofus , au-
quel Phalàf.te chef des Tarentins l'ôta depuis.
Quelques-uns l'appellent en grec, BpitTÎii-iat > 8c
, d'âuttes Bj£»7rio-icv. Ces mots Viennent de lipivr,, , qui
en langue de Crcte ligniiioit Cerf, & veulent dire
tête de Cerf. Feftus dit que quelques Poètes l'ont
appelée Brendam hrevitatis causa ; & Vigcnère
remarque que cette ville reprcfcnte le col & la
tête qui s'étend d'ufî détroit. Probablement que
cette lansnie de terre fut d'abord nommée B;£ft:V(ov
tête de ceif, &; que la ville qu'on y bâtit prit ce
nom. Foyez Vis^encre fur Tite-Live , T. I , p. 1758 ,
& le P. tantcL Urh. Hifi. III , Dif /F,- 6,5.
Quoique Brindes foit le véritable mer françois ,
& 5r/V;Jy'/ l'italien, cependant on àhvMiVi Brindijî
en françois. Nos gazettes s'en fervent , auiH bien
que Du Moulin, dans fes Conquites des Normdnds ,
& Du Ryer , qui d'n Brindes, BrindiJi S.c BrundiJz.W
ne. ne faut pas fe fervir de ce d-ernier, qui ne fe
trouve oue dans cet Auteur.
BRINDONES , Garciœ. C'efl: un fruit des Indes Orien-
tales , rougeàtre en dehors , & rouge comme du
fang en dedans , d'un goût forr aigre. Il prend
une couleur fort noire en mûriflanr, & demeure
rouge en dedans. Les Indiens en mangent , & les
Teinturiers s'en fervent. Ce fruit efl: aflringent.
BRÏNGE. f. fîlBRINGER. v. aét. En Normandie on
dit des Brine;es,^oux dite , des vergettes ■■, & hringer ,
pour dire , nettoyer avec des vergettes. On dit aulfi
Bringes , pour dire , des verges , & bringgr , pour
dire , fouetter avec des verges. M. Huet.
BRINGUE, f. f. Terme de Manège, Petit cheval
d'une vilaine figure.
fCf BRINN, ou Bk.in. Ville du P.oyaume de Bohême,
capitale de la Moravie , fur la Swarte , nommée
Bruno par les habitans.
BRINQUE-BALE. Voyei Brimbale.
BRIOCHE. {'. f. P.iti(ferie délicate qu^on fait avec de
la farine très-déliée , du beurre fi: des œufs. Libum.
On envoie des brioches à fes amis , quand on a
rendu le pain béni , au lieu des parts du chan-
tcau , ou du coufin qu'on envoyoit autrefois.
BRIOINE. f. f. Plante qu'on appelle autrement cou-
leuvrée. Voyez Couleuvrée.
BRIOIS. f. m. Qui eft de la province de Brie. Quel-
ques-uns difent Briard.Tyiwhy , p. 60. des Etats &
Empire du Monde , in-fol. Paris , ii^iy, parle ainh
des Champenois & des Briois. Bien que leurs voi-
lins, dit-il , les blâment d'être trop arrêtés en leur
opinion , & qu'on les appelle têtus , toutefois cette
imperfcftiori efi: couverte par un nombre infini de
vertus qui les rendent louables , pource q\ie la rai-
fon leur fait domter cette chaleur naturelle , d'où
Ë R ï
procède ce vice qu'on leur impofe. Ils font accof-
tables , prompts à faire plaifir , craignans Dieu , 8c
point fujets à fe coeifer aifément de nouvelles opi-
nions»
BRIOLETS. f. m. Mot gafcon ; pour dire -, Amans.
Merc. Juin 1 7 3 1 .
Ç3° BRION. f, m. Moufle qui croît fur l'éeorcedès
arbres , & particulièrement fur celle des chênes.
AcAD. Fr.
Brion. f. m. Terme de Marine. C'eft l'alongè , ou la
dernière partie de l'étrave, qui vient jufqu'à lahati-
teur de l'épeton. On l'appelle autrement ringeau.
Brion ; en Anjou, eft à 17° (î' 33' de longitude ,
■ & à 470_i(J' 15" de latitude. Picard.
Brion. ( L'Ile de ) Petite île de l'Amérique fepten-
trionale , près de celle dit Cap-Breton & de la
Magdeleine;. Denis. L.T, C. 8.
BRJONE. Bourg de France , en Normandie , dahs lé
Roumois, fur la Rîlc, avec titre de Comté Brionium.
Vovez la Dejcripti Géogi & Hijl. de la Haute-Norm.
T. 'il, p. vy^.
rp- BRIONES. Petite ville d'Efpagne,daiis la Vieille-
Caftille , ilir l'Ebre.
BRIOTTE. f. f. Terme de Fleurifte. Anémone à pe-
luche , dont les grandes feuilles font blanches , mê-
lées d'incarnadin , fa peluche eft toute incarna-
dine.
ERIOUDE. Ville de France dans la Bafl'é - Auver-
gne. Bi'ivas, Brivatum , ou Brivatenjîs pagus.Guii-
laume I , Duc de Guienne 6c Comte de Provence y
furnommé le ifieux , inlTiitua à Brioude 10 Cheva-
liers pour faire la guerre aux Normands , Se ces
Chevaliers furent depuis changés eh Chanoines,
C'eft le premier lieu où l'on remarque qu'on ait
ordonné une compagnie de Chevaliers pour la dé-
fenfeSi l'exaltation de la religion chrétienne. Corn.
Les Comtes de Brioude font les Chanoines de cette
ville qui portent le titre de Comtes , comme ceux
de Lyon. Les Chanoines de Brioude font preuve de
Nobledé. M. N. Manujc.
BRIQUE, f. f. Terre argilleufe fii rougeàtre , pétrie i
&: moulée , puis féchée au foleil , ou cuite au four *
qui fert à bâtir. Later. La bfique entière fert à faire
des pareijiens aux murs de cloifon,- La demi-brique
ou'on appelle de chantignole , ou àl" échantillon , n'a
qu'un pouce d'épailfeur fut la même grandeur que
la brique entière. Elle lert à paver & à élever des
tuyaux de cheminée. On appelle briques de liaifon ,
celles cfui font pofées fur le plat r enliées de leur
moitié les unes avec les autres , & maçonnées avec
du plâtre , ou du mortier. Briques de champ , celles
qui font pofées fur le côté pour fervir de pavé.
Briques en épi , celles qui font pofées diagOnale-
ment fur le côté en manière de pointde Venife.On
bâtit tic brique aux lieux où il n'y a point de carrières
de pierre.
La brique eft d'un ufagé fort ancien. La tout de
Babel en fut bâtie , quelque temps après le déluge v
ic comme l'Auteur lacré qui le raconte , Gen. C.
XI , n'en patle point comme d'une invention nou-
velle, mais déjà connue; on peut croire qu'elle
l'avoit été avant même le déluge. Les reftes qui
fe voient de la Tour de Babel font de' briques.
Sôus les Rois de Rome l'on fe fervcit de pierres
carrées & malHves. Les Tofcans avoient appris aux
Romains cette manière de cônftruire. Dans les der-
niers temps de la République on commença à em-
ployer la brique. Cet ufige venoit des Grecs. Les
édifices les plus C'3n(idérables que les Empereurs
firent élever font de brujues , & ont été les plus du-
rables; comme le Panthéon. Du temps de Galien
les bâtimens étoient compofés d'un ordre de tuf,
& d'un ordre de brique , alternativement. Après
lui on négligea Tufagc de la brique, fie on re-
prit le caillou. En Orient on cuit les briques au
foleil. Les Romains fe fervoient de briques crues
qu'ik faifoient féclier pendant un long elpace de
temps , jufqu'à quatre ou cinq ans , & que l'^n ne
mettoit point au four. Peï.ravlt fur Vitruve, Les
BRI
tytics faifoîent [jrlncipalcmenc de trois fortes de j
briques ; l'une qu'ils appeloient W»^o ,• c'efl-à-dive ,
. 'de deux palmes -, l'autre T-rpa^uix, ; de quatre palmes-,
& la troiiième Tvatx^apm î de cinq palmes. Ils en tai-
ibient encore d'autres qui n'avoient de grandeur
que la moitié de chacune de ces trois fortes , &
les j6ignoient enfemblc pour rendre leurs ouvrages
plus Iblides & plus agréables à la vue ; par là di-
vci'lité des grandeurs &; des figures de ces diffé-
rentes briques. Félibien.
.Ménage dérive ce mot de bric:!. , dont lès Au-
teurs de la baile latinité fe font ferVis dans le même
fens j c|ili a été fait de irhbricare-^ pour dire , couvrir
de tuiles. D'aiitres le dérivent de f.ihrica, parce
que c'efl: une pièce qu'on taille & qu'on fabrique.
L'huile de brique eft une huile d'olive dont on
empreint des briques i 5c qu'on fait enfuite dif-
tiller. On fait rougir des rnorceaux de briquc.cnize
les charbons ardens , & on les éteint en les jetant
dans une terrine remplie à demi d'huile cVolive.
On les fépare enlllite , & ayant pulvérifé groiTié-
rement la brique imbue d'huile i on la m:t dans
une cornue, qu'on place dans le fourneau de ré-
verbère •,' 2i par le moyeii du feil , on en tire une
huile que les Apothicaires appellenr oteum de Uztc-
ribus , 5c les Chymilles , ^wi/t? dc5 Phi!o!bphe?. On
S'en fcit pour rcfoudte les tumeurs de la rate ,
pour la paralyfie & pour l'afthme;
On appelle de l'étain en brique , une forte d'étain
qui vient d'Allemagne , en petits morceaux , ou
lingots de huit à dix livres, qui ont la figure d'une
brique.
Brique, fe dir encore de» certains pains, ou mor-
ceaux de favon fec & jafpé.
f/Cr BRICQUE3EC. Perite ville de France en Nor-
mandie, à trois où quatre lieues de Cherbourg.
BRIQUET, f. m. Èfpèce de coiiplet où la char-
nière ne paroît pas , comnle aux auties couplets ,
où elle forme iiri demi-cyfindre des deux côtés.
BRiq.i'ET , f, m, Fulil oa indrument , petite pièce
d'acier dcrnr on frappe un cailloJ , pcfur en tirer
du feu : ce qui s'appelle battre le briqua.
B-RiQUET. Terme de manufaélure de tabac. Sotte de
petit tabac dont lé filage n'a guère plus de cinq
lignes de diamètre.
BRIQUETAGE. f. m. Amas de briques, ouvrage de
brique. Opus Icaeriùum. Dans Marfal en Lorraine
& aux environs , en fouillant à une certaine pro-
fondeur de terre ,' on trouve ce que l'on appelle
communément Briquetage. D'Artez'é. Ce qiii forme
ce briquetage cft uri affemblage de briques ou mor-
ceaux de terre cuite, fougeStre ; comme font les
. briques cififes au four. Tous ces morceaux de terre
cuite n'ont pas été moulés , on leur a donné avec
lés mains telle figure qu'on a voulu -, les uns font
en cylindre y d'autres' en efpêcé de cône, ou de
parallétepipcde , ou de qu'elc^ùe figure informe. On
en voit ptufleurs où l'empreinte de la main eft
parfaitement marquée y on en remarque auffi quel-
ques-uns dont la terre a éré entortillée & preflce
d'un brin de bois. Les plus gros morceaux de ce
briquetage ont environ dix ou onze pouces de pour-
tour. Les autres morceaux d'une moindre groiîeur ,
font de toutes fortes de din^enfions, & il y en a qui font
très-petits. Tous c:s morceaux, avec la cendre &
les autres parcelles qui fe trouvent dans les fours
à briques , &: jetés confufément fur les marais ,
fans mortier ni chaux , Sc fans' aucune matière ,
forment un cotps ou m'afïîf de briques cjue l'on
a appelé briquetage , fur lequel eft bâtie la ville
de Marfal. Id. Ce briquetage eft un ouvrage des
Romains , mais on ne fauroit dire en quel temps
il a été fait. Il s'cfend au-delà de Marfal , dans la
campagne. Voye:^ M. D'ArtÏzé , Recherches Jur le
briquetage de Marfal.
Briquetage. Imitation de la brique , qui fe fait avec
du plâtre & de l'ocre rouge. Brique contrefaite.
Tous les dcvans des maifons de Verfailles font de
briquetage,'
77
BRI
ETIQUETER. V. a.Ccft contrefaire la brique fur le
plâtre , avec une imprcifion de couleur d'ocrc rouge
& y marquer les joints avec un crochet. Later'es
imuari: Devaji': de maifon briquetc.
BRIQUETEi EE, part; ^^ adj. Qui cft fait de brique,
ou dilpolc en façon de brique. Lateritius.
BRiQUExéi ÉE. Terme de Médecine, qui fe dit de
l'urine qui prend Une couleur de brique , de rouge
fale. Rubeus , rubefcens j latéritïo colore , lateri-
tius , a , u/n. Son lirine étoit claire , &: couloit
en abondance dutanr tout l'accès , & ellc.devenoit
trouble &: briquette après qu'il étoit ccffé. Demours,
y4cad. d'Ed, I. p: J3 3. Les hydropiques à qui les
firines reftent rouges , iriquetées , & en petite
quantité après la pbnôlion , laillént peu d'efpé-
rance. DuveS-ney ; fils , Acad. des Se. 1705. Mém.
p. \ja.
BRIQUETERIE, f. f. Lieu où l'on fait la brique. Fi-
ghna , Lateraria ; & l'art de la fabriquer , ars
làteraria. .
BRIQUETIER. f. m. Ouvrier qiii lait ; ou qui vend
de la brique. Figulus.
BRIS. f. m: Terme de Palais, Rupture faite avec vio-
lence fJCT d'une chôfe fermée, ou de ce qui en fait
la clôture. -Bris de fc.llé , bris de prifoni Fraclura. Le
bris des prifons rend un accitte coupable , & fertde
corividion. Par la difpofirion du Droit , ceux qui Jk
ayoienf brifé leur prifori , étoient punis comme cri- ^
minels. Mais en France la peine du bris de prifon
eft arbitraire, & fe régie par la qualitédeTcvalion.
De Lange. En ce cas on fait le procès à l'accufé
par défaut & contumace. Foyei l'Ordonnance de
i(?70. Le bris de prifon eft un cfime dans laper-
fonnc même de celui qui fe trouverdit avoir été
empriibnné fans caufe légitime, parce que la vio-
lence n'eft point permife , & qii'il faut tenir fa li-
berté de la Juftîce. Les complices du brisât prifon
font punis encote plus féverement que le priibn-
nicr qiiî chcixhe à s'évader. La peine de ce crime
eft arbitraire, parce qu'il eft toujours accomp.agné
de circouftances qui le rendent plus ou moins grave.
Il y a un article dans la dépenfe du compte des
menus plaifirs du Roi, pour le bris qui fe fait
dans les voyages de la Coût.
^ZT Le bris de fcellê fe pourfuit cxtraordinairement,
Ce mot vient du grec /3;)i,J« , impetum facio , ou
du vieux mot brijare , qui fe trouve dans quelques
loix en la l'ncme fignification.- ^
Bris, fe dit au(îl des vaifreaitx qui viennent échouer^
ou fe rompre fur les rochers ou les bancs qui font
fur !es côtes. Quajfatarum navium labefaclatio , /a-
<:cr^rzf.C'étoit le droit de ■s'emparer des effets des
malheureux que la tempête faifoit échouer fur les
eôtes. LoBiN. Hijl. de Brét. T. I, p. 205. Tous les
effets d'un vaiff^^au brifé ou échoué fur les côtes >■
& le vaifléau même , étoient au Duc de Bretagne ,■
& ceu;^' qui iauvoient ces effets dévoient fe con-
tenter d'un falaire convenable, à moins qu'ils ne
fe fuffenr mis en mer pour cela ; car alors il leur
étpitdû le tiers de ce que l'on fauvoit. Id. p. 848,
Le droit de bris des vaiffeaux , qu'un titre dî
l'an 1155 appelle en latin lagahrttn, appartient ai
Seigneur du lieu où fe fait le bris : c'eft le droit
le plus injufte & le plus uniVerfel qui foit au monde.
D'Argcnrré, Hijl.de Br /t. L. I,p, loi, dit qu'il y
a lettres parmi" les chartres , par leiquelles les Princes
de Bretagne avoient droit de prendre ce droit
jufqu'à la Rochelle & à Bourdeaux , & déclaration
des Rois de France & d'Angleterre au proSt des
Ducs. Au Royaume d'Achem , & par toutes les
Indes , le bris appartient au Roi. Les anciens Gau-
lois ufoient de ce droit , parce au'ils rcputoient
tous les étrangers pour leurs ennemis , & en fâi-
ibienr même de fanglans facrifices à leurs Dieux,
les Romains abrogèrent cet ufage : mais fur le
déclin de l'Empire il fut rérabli à paufe de l'inr
curfion des nations , 8c fur-tout des Normands
qui ravageoient les rivages de la Gaule. Enfip
les Ducs de Bretagne , du temps de S. Louis , Se
78
BRI
à i*a foUicitation , changèrent cette barbarie , &
donnèrent, moyennant quelque taxe, des brefs ou
congés , qu'ils obligcoient de prendre à tous ceux
qui vouloitnt naviguer llir leurs côtes : '&: pour-
cela les Ducs tenoient des Bureaux , des Secré-
taires , Se des Receveurs à Bourdeaux , à la Rochelle
& aux autres ports , comme témoignent d'Argen-
tré , les Bénédictins dans la nouvelle Hiji. de Bre-
tagne , & Garcie de Ferrande en Ion Grand Routier.
Voyez aufli ci-deiîlis au ^lot Bref.
Au Concile de Nantes tenu en 1117, le Duc
de Bretagne , Conan III , llimommé le Gros , le dé-
pouilla généreufement du droit de bris , priant
les Percs de prononcer anathème contre ceux qui
.Voudroient en ufcr dans la lliite. Les Evcques pro-
noncèrent avec joie cet anathème. Mais ce Concile
travailla en vain à abroger cette barbare coutume.
Les Seigneurs de Léon & de Penthiévre écoutè-
rent plus leurs intérêts que les loix du Concile.
Ils le firent url droit de cette barbarie, & l'appelè-
rent droit de bris ou de Lig.im. Guiomar de Léon
dilbit à ce ptopos qu'il avoit dans lés Etats une
pierre plus précicufe , que toutes les pierres pré-
ciculés du monde , qui lui valoir tous les ans dix
mille fous. Il cntcndoit parler d'un écueil tnmeux
par les naufrages. I^bineau. Tom. /,/?. 101 , 104, .
On appeloit auHl ce droit, Peçoi de mer. Id. pag.
|l : 308. En 1450', le Duc de Bretagne fe plaignit au
Pape que l'Évcque de S. Milo prétendoit le droit
de bris en fa ville. Lobin. T. I,p. 583. Il y a eu
des Chapitres d'Eglifes Cathédrales qui ont pré-
tendu avoir le droit de bris. Il y a eu auffi des
Abbayes qui ont prétendu ce droit de bris , & qui
en jouiflbient par la conccifion des princes. Id.
p. 845. ^
En r'rance, en Italie, en Elpagne , en Angle-
terre & en Allemagne , le brif n'a plus lieu , ii
ce n'eft à l'égard des pirates & des ennemis de
l'Etat Si de la Foi. L'Emprrcur Andronic fut le
premier qui fit exécuter un Edit portant déirénfes
de piller les vaifléaux échoués ou brifcs : ce qu'on
laifoit auparavant avec grande rigueur fur toutes
les côtes de l'Empire, nonobftant les défenfes des
Princes précédens , comme témoigne Mirera Séna-
teur de Conftantinople en fon hifloire. Chez les
Aureurs ce droit s'appelle /..'ir>zw , que Spelmannus
dit être un mot faxon qui lignifie y<zc<?rt; , ejeclus ,
S<- qui cft fore diff:rent du droit de varech.
<^Ris , en termes de Blâfon , fe dit de ces longues
happes de fer à queue parée , dont on fe ferr pour
foutenir les portes fur leurs pivots , 8c pour les
faire rouler fur leurs gonds. Quand on repréfente
lut un ecu ces pivots fur lefquels fe meuvent les
portes ou fenêtres brifées , on les appelle bris
d'huis.
Bris démarché, eft le vol des marchandifes que l'on
porte au marché , ou le monopole , afin d'empê-
cher la bonne vente au marché , ou quand quel-
qu'un avec port d'armes empêche les Marchands
d'aller au marché ou à la foire , ou bien quand
on cm'.icche le payement du péage.
BRISACH. Ville d'Allemagne dans fe Brifgaw, Bri-
facum. Elle elr fur le bord oriental du Rtiin. Le
nenf-Brifack e(l une ville très-forte , bâtie par le
Roi de l'autre côté du Rhin. Brifack , qui avoit
été cédé à la» France par la paix de Munflcr en
i(î49 , fut rendu à l'Empereur par celle de RiiVich
en ï^c)7 , & enfuite par celle d'Utrecht & de Raftadr.
BRISANS. f m. pi. Terme de Marine. Rocher! fleur
d'eau où fe brifent les vaiiîeaux , ou fur lequel fe
viennent brifer les flots de la mer. Scopulus. Ils
font repréfentés fur les cartes marines par de pe-
tites croifettes. On appelle aulTi brifans , le rejail-
lifTement des vagues que la violence des vents
poulie avec impétaofité contre les rochers ou les
côtes.
§::?■ BRISCA , BRÎSCHA ou Br.ExAR. Petite ville
du Royaume d'Alger dans la Province de Tenez.
BRISE, f. f. ou yeni d'à bas. Favoniusy ventusjlans
BRI
db ccquinocîi.ili occafu. Tetme de Marine : c'eft lin
vent d'aval qu'il faut attendre pour revenir des
îles de l'Amérique en Europe -, parce qu'on ne
peut faire le trajet de la mer Atlantique vers l'A-
frique en revenant , comme on fait en y allant ,
à caufe du flux trop violent de la mer , qui va
d'Orient en Occident par un mouvement contraire
à celui de la terre ; & il faut quelquefois remonter
avec ces brijes jufqu'au 40"^ ou 50^ degré.
On appelle brij'e carabinée , une brife forcée j
ou un vent qui louftle avec grande violence.
On appelle auili brifes , de petits vents alifés
qui viennent de terre fur le foir , & qui ne font
guère fenfibles qu'aux bâtimens qui rangent la côte.
Sur la rivière des Amazones , il fe levé tous les
jours certains vents Orientaux qu'on nomme brifes ^
qui durent trois ou quatre heures , èc qui repouf-
Icnt les eaux contre mont.
Brise, terme de Charpenrerie. Poutre pofôc en baf-
culc fur la tête d'un gros pieu , fut lequel elle
tourne , & qui fert à appuyer par le haut les ai-
guilles des pertuis.
BRISE-COU. f. m. Pas difficile, marche dans un ef-
calier qui eft plus haute ou plus étroite que les
autres , qui donne occafion de tomber & fe blelîer ,
de fe brifer le cou. Loeus lubricus , difflcilis.
On appelle aulli un efcalier étroit & obicur ,
un brife-cou . par la même railbn. Les Baladins Ita-
liens appellent auffi un faut dangereux , un rom^
picol/o , auifi-bien que tels efcaliers. Ce mot eft du
ftyle familier.
IJCF Brise-cou. On appelle ainfi , en termes de Manè-
ge , un jeune homme hardi &: de bonne volonté , à
qui on fait monter les jeunes chevaux , pour les
accoutumer à fouffirir l'homme.
BRISE-GLACE, f. m. Rang de pieux poics devant
une palée de pont du côté d'amont , pour briler
les glaces & cortlerver la palée. C"s pieux font de
grandeur inég.ilc , & recouverts d'un chapeau.
BRISE-IMAGE^, f. m. & f. Nom de fedle. C'eft la
même choie qu'Iconoclafte , & Iconomaque. yoye^
ces mots en leur place.
BRISE-VENT, f m. Nom que les Jardiniers donnent
à une clôture en forme de petit mur , faite de
paflle , &c foutenue par des pieux fichés en terre.
Foricula Jlraminea.. Les brifes-vents ibnr hauts de
iix ou fept pieds , &; la longue paille ou les é-
chalas dont ils font compoles, font liés enfemble
avec de l'ofier , ou avec du fil de fer. Ces brifes-
vents fervent*! mettre les couches de melons à
l'abri des venrs froids, ^oye^ La Quint. Les Jar-
diniers qui n'onr pas de véritables murailles qui
les défendent du nord, fe fervent avec fuccès de
ces brifes-vents.
BRISEES, f. f. Terme de Charte. Marques que laifTe un
Chaflèurdans un chemin où a pafic le gibier, qui
font ordinairement des branches d'arbres qu'il brife
ou qu'il coupe , & qu'il |]cr feme dans fon chemin
pour reconnoïrre l'endroit où eftla bête , & où on l'a
détournée. Rami à venatore feram indaç^ante fparjî.
On dit , fraper aux brifées , quand le Veneur qui
a fait fon rapport va laiifer courre.
Brisée, fe dit au(fi des branches qu'on coupe dans un
taillis , ou à de grands arbres , pour marquer les
bornes des coupes.
Brisées, f. f, pi. Route , chemin. Via.
Qiie des enfers for tir as les biifées ,
Pour t'en aller aux beaux champs Elifées. Marot.
On dit figurément , marcher fur les brifées de
quelqu'un i pour dire , fuivre les traces , imiter fon
exemple. Fefligia. On le dit auffi de ceux qui en-
treprennent le même defiein , qui écrivent ilir le
même fujet, quoiqu'ils le traitent diverfement.
De quel front aujourd'hui vient-il fur nos brifées ,
Se revêtir encor de nos phrafes ufées .^ Bon.
On dit aulTi , reprendre fes premières hrifées ,
B Rï
, pour dire, reciommencer à vivre fuivant fes premiè-
res manières , recommencer à écrire ilir le même iujc t
à l'endroit où on l'avoir quitté j Si dans le même
ftyle. yid ici unie fada digrej^lio /jt reverti.
BRISEIS. f, f. Captive d'Achille , avoir été enlevée à
la prife de Lyrnefle , ville alliée de Troye. Agamem-
non , Roi de Mycènes , la fit enlever. Achille, ou-
tré de l'affront qu'on lui niibit , jura de ne plus
combattre pour la cauic commune. En effet , il ié
tint dans fa tente près d'un an , quelque progrès
qu'il vît faire aux Troycns , & quelques fatisfadions
que lui offrît Agamcmnon -, &: lorfque ce Prince
lui renvoya la captive , accompagnée de riches prc-
fens , il ne voulut point la reprendre.
BRISEMENT. (. m. Il le dit des flotà (jui fe brifent
contre un rocher , une digue , une cote. Fluciuum
collifus , Ljitajfatio. Le trifement des flots fait beau-
coup de bruit en cet endroit.
Brisement, fe dit fîgurémcnr, en matière de piété,
& fignifîc pénitence , douleur , componélion , con-
trition du cœut. Dolor vchemens.
L'humilité parfaire ne confifle pas feulement dans
un abaiflément de cœur , mais dans un enrier brijc-
jnent de cœur. Port-R. La Dame pénitente qui a
fait les réflexions fur la miféricorde de Dieu, a dit
aufll; Apprenez-moi par le rrouble de mon efprit 6c
le ùrifement de mon cœur, quelle doir être ma dou-
leur d'avoir tant de fois offenfé un Dieu fi puilfan:
& lî bon.
BRISER. V. a. Mettre en pièces , rompre avec vio-
lence. FraTigere , perfringere. Il n'y a rien que le
canon ne l^rije. La meule du moulin hrife le grain
pour le moudre.
Ménage dérive ce morde hrix ,xnoK. celtique , qui
fignifie rupture , ou hrichc ; ou du latin trifare ,
qu'on a dit pour prcjfer Se éprebiire ; du de brija ,
qui f gnifie une trappe de raijïn foulée,
^3" Briser, lignifie quelquefois , par extenfion , fa-
tiguer , incommoder par une agitation trop rude.
Brijï de fatigue & de lalfitude. Ce cheval a un
train rude qui m'a tout brijï.
|l3°BRiSER,efl: quelquefois neutre , en termes de ma-
rine, & fignifie heurter avec violence. Le vaillcau
alla brider contre un écueil -, la tempête le porta
contre un écueil où il fe brija. On dit auffi que la
mer hrife , lorfque les flots viennent fe tompre avec
impétuofité fur des côtes , fur des rochers , fur des
bancs de fable.
|Cr II eft auffi réciproque ,& fignifie être mis en piè-
ces. Ces vailfcaux lé fonr brij'es fur nos côtes. Le
Verre fe brij'e facilement.
^C? Se brij'er , fe dit auffi des porres , des volers &
de plufieurs autres ouvrages de fer ou de bois ,qui
font compofcs de plufieurs pièces qui peuvent fe
plier , s'alonger ou lé racourcir. Une table brifee.
qui fe brife. Un bois de lit qui fe brife. Des por-
tes , des volets qui fe brij'ent. Une cquerre brifée ,
une règle brifee , qu'on plie par le moyen d'une
charnière. Une aune brifcs , qui fe brije. Une forme
brifée , dont on fe fert pour élargir les fouliers trop
étroits. On le dit aulfi d'un canon de fufil coupé
en deux , & qu'on affemble par le moyen d'une
vis dans l'occalion. On l'appelle aurrement couplet.
il eft défendu de portei les armes à feu brifées par
la croffe , ou par le canon , à caufe de la challè
Briser , en termes de chaife , fignifie rompre du bois
pour marquer le lieu qu'on veur retrouver. Ramos
fpare^ere, Bfij'er bas , c'eft rompre des branches , &
les jeter par où a pafie la bête , que nous appe-
lons fur les voies. Brijér haut , c'eft rompre les bran-
ches à demi à la hauteur de l'homme, & les laiffer
pendre au tronc de l'arbre. Saenove. ^wT La poinre
des branches fait voir d'où vient la bête , & le gros
bout indique où elle va.
Briser, fe dit fîgurément en chofes morales. Rumpere.
Cet homme a brifé fes fers , pour dire,non-feulemenr
qu'il s'eft mis en liberté , qu'il s'eft délivté d'une
domination tyrannique-, mais encore qu'il s'eft dé-
gagé d'une paflion amoureufe. Heureux celui qui
BRI 79
brife les liens & les attaches qui l'engagent dans lé
monde, pour fe donner rout à Dieu. Il doit brifcr
toute la puiiîance des enfers. Pat. Les cliangemcns
font toujours difficiles , quand les hommes ont pris
de certains plis. Ce feroit les brifer , que de vouloir
les fedreffer fans prendre fes mefures de loin, Abb.
DE LA Tr. La contrition , I4 douleur de fes péchés j,
lui a brifé le cœur.
Soupirs i^ui dans monfein retenus par la crainte j,
Souffrei depuis long-temps une injujie contrainte |
Brilez ce cceur perfide.
Briser ; fe dit abfolument , quand on veut interroin-
pre , ou faire taire quelqu'un qui dit des chofes dé-
(agréables. Finem imponere , dicendi finem facere,
Brifons-là. , Monfîeur , s'il vous plaît. Il eft du ftylc
familier.
Briser , en termes de Blâfon , fignifie charger unécù
de brifures , comme lambel , bordure, &c. pour dif-
ringuer les branches i & les cadets de leur aîné j au-
quel appartiennenr les armes pleines. Frangere ,feg-
mento afficere , dijiinguere. On le dit encore des che-
vrons dont la pointe eft déjointe.
On dit proverbialement , tant va la cruche à l'eauj
qu'enfin elle fe brife ; poiir dire , qu'enfin , on pé-
rit dans les dangers où l'on s'expofe fouvent : ce
qui fe dit auffi des débauches qui ufent les corps
des ^ hommes. * .
BRISÉ , ÉE , part. & adj.
BRISEUR, f m. Qui brife. Ruptor. On ne le dit guère
que des Iconoclaftes, Brifeurs d'images. Il y a des
Officiers de gabelle qu'on appelle Brifeurs defel j
tant fur le port que dans les greniers , pour brifet
le fel qui eft trop Çtc , & le tendre propre à être
chargé & mefuré i & pour faire le chemin aux Jurés
Mefureurs & Porteurs. Ils font obligés dfe foutnit
les pelles v^our mettre le fcl dans la trémie.
?fT BRISEUS, tetme de mythologie. Surnom de Bac-
chus. l^oye;^ Brisis.
BRISGAW. f m. Conttée du Cetcle de Suabe en
Allemagne. Bfijigavia , BriJ'goia , Brifgavi , ou Bri-
Jtgavi.
0- BRISIGUELA. Petite ville d'ItaUe,dans la Ro-
mâgne , dans l'Etat de l'Eglife , fur la rivière de
Lamonci
BRISIS. f m. Terme d'Architeélure. C'eft ainfi qu'on
nomme dans les manfardes , ou combles coupés ,
l'endroit où le toit eft coupé & brifé , & où fe fait
la jonélion du vrai comble avec le faux. La partie
fupérieure du toit , qui prend depuis cet endroit jul^
qu'au faîte , s'appelle aulfi brijis.
Brisis. C f. Nynlphe qui fut la nourrice de Ëacchus >
appelé de-là , Brifeus.
BRISOIR. f m. Terme de chanvrier. C'eft un in-
ftrument de bois quatre avec des denrs , qui fert à
brifer le chanvre.
BRISQUE. f f. Sorte de jeu de cartes qui fe joue
cntte deux perfonnes , comme le piquet. Chaque
joueur prend fix cartes , & à toutes les cartes qu'on
joue , chacun en prend une du reftant. Les as va-
lent onze , les dix dix , les rois quarte , les dames
trois , les valets deux , & le refte ne fe compte point.
On peut renoncer à ce jeu tant que l'on veut , ex-
cepté à la fin , que toutes les cartes font entre les
mains des joueurs , à chacun fix. Le dernier levé
compre pour dix. Celui qui a le fept de triomphe ,
peut prendre la tourne. Le roi & la dame de triom-
phe valent quaranre,& le roi' & la dame des au-
rres deux vingr , & c'eft ce qui s'appelle mariage.
Quand on a les quatre rois ou les quatre dames ,
on a gagné.
lier BRISSAC-SUR-LAUBANCE. Petite ville de
France , en Anjou , à quatre lieues d'Angers , avec
ritre de Duché, criçré par Louis XIII , en faveur de
Charles de Coffé , 'Maréchal de France.
BRISSUS. f. m. Terme de Conchyliologie. Elpèce
du genre des ourfins , qui n'a point d'ouvertura fur
1 le dos , & qui eft toujours de figure ovale , avec des
I filions crénelés & ponélués au fommet. On prérend
8
o
BRI
que lefjfaiagus Se le iriffus n'ont point de dents :
ils ont une mâchoire pour prendre l'eau 6i le la-
bié , S: en dedans un ieul intcftin rempli d'eau qui
leur rient lieu de chair &c d'œufs.
BRISTC>L , ou BRISTOW. Ville d'Angleterre , fituce
i\n la rivière d'Avon & llir celle de Froome. BnJ-
tohum. C'cit une v^le Epifcopale , & le meilleur
port d'Aneleterre après Londres. L'Abbaye de S.
Auguttin de Brijlol fut convertie en Evcché par
Henri Vlll en 1543. Larrey. Cette ville eft à 14'-!
a8' 48" de longitude, &: à 51° i3 o" de latitude.
Street. Astron.
Les An >-lois ont anifi donné le nom de Brijiols.
une ville de FAmérique , dans la Barbade , une des
Antilles. Ils rappellent le petit BnltoL
Pierres de Bristol. Ce l'ont des pierres trani'pa-
rentes comme du cryftal de roche. De Buffon.
Cependant un Auteur Anglois dit -.donner des pier-
res de brijtol pour des cmeraudes. Ces pierres le
tirent d'un roc près de la ville de Briftol , en An-
gleterre.
■jBRISURE. i". f. Terme de Blâfon. Ceft une altération
de la limphcitc &: intégrité du blàlbn de l'ccujen
y mettant quelques pièces , ou figures , pour les dil-
tinguer des armes pleines d'un aîné. Scuti gennàni
adjcititia Jectio. Symbolicariim imaginum infraSio ,
fractura Jcutaria. Le lambel eft une brijure , une
marque de puînés , & des*^deicendans , aufii-bien que
ie bâton , la cotice , la bordure , &: les pièces dont
on -les charge pour les varier. Il y a des doubles
& triples Injures , expliquées par Favin , Geliot ,
Chalî'eneu & autres.
"Lz brijure ell: introduite pour diftinguer Je pour
rabailî'er en quelque Ibrte les armes , tant des ca-
dets que des bâtards , au regard de celles des aînés
& des légitimes. Cette brijure fe pratique pour des
caufes julles & néccilaires à l'état des familles ; elle
fe pratique , dis-je , par de menues pièces de blâlbn
i^ui intéreirent peu l'entière , pure Se pleine figure ,
& la nature des armes. La brijure pafle à toute la
poftérité , & ne ceife point , que le droit ouvert de
fucceiriort n'ait rendu le plas proche & plus habile
de la race capable du titre d'aînefle & des pleines
armes. Ceft ainli que les familles d'Anjou , d'Or-
léans , de Bourbon , ont potté la brij'ur-e julqu'à ce
que letir rang de fuccedion aux pleines armes &
à la couronne les en ait déchargées. Monet. Ceft
ainfi que les maifcns d'Orléans , de Condé &: de
Conti 5 portent aujourd'hui la brijure. La brijure &
la chargeure n'ont aucune différence en leur figure •■,
la feule intention de l'Auteur du blâfon nous lért
à les diftinguer. Monet.
Brisure , terme de fortification. Ligne de 4 à y toifes
qu'on donne ^ la courtine , & à l'orillon pour faire
la tour cre !><''■•, ou pour couvrir le fîanc.
|i3* Br.isure , /e dit auffi en plufieuts arts méchani-
ques , d'une forme que l'on donne à une ou plu-
fieurs parties d'un tout , pour les féparer , les réunir ,
les racourcir , les érendre , les plier. Voye:^ Briser.
Rh<rle brifee , fujil brifé.
BRITAN^fICUS. f. m. Britannicus. Il ne faut jamais
hhe Britiiririi./ue nom propre , il fiut toujours dire
alors Britannicus. Bricannicus étoit fils de Claude
Sx. de Mellaline. L'âge de Britannicus étoit lî connu,
qu'il ne m'a pas été permis de le repréfenter autre-
ment que comme un jeune Prince qui avoit beau-
coup de cœur , beaucoup d'amour & beaucoup de
firanchife \ qualités ordinaires d'un jeune homme.
Racine. Dès que Britannicus eut commencé à
boire , le poifon faifit tellement tous fes membres ,
qu'il tomba par terre. Tillem.
Jefai que j'ai moi feule avancé leur ruine ,
Q^ue du thrône , où le j ans; l'a dîi faire monter ,
Britannicus /J^r moi s'efi vu précipiter. Rac.
Non , non , Britannicus eji mort empoifonné ,
Narciffe a fait le coup , vous fave^^ ordonné. Id,
La pièce de Racine , d'où ces exemples font tirés ,
B R I
s'appelle aufïî Britannicus. Si j'ai fait quelque choit
•de lolide , & qui mérite quelque louange , la plu-
part des conn^ùiffeurs demeurent d'accord que c'eft
ce même Britannicus. Rac
BRITANNIQUE, adj. qui eft de la Grande-Bretagne ,
ou quiy appartient. iiriWTZ/ziCJ/J.L'Occan Britanni-
que , c'eft la Manche ou le Pas de Calais. Les Iles
Britanniques font la Grande-Bretagne, l'Irlande,
les Sorlingues, les Orcades , & les autres qui font
autour de celle de la Grande-Bretat;ne,
Britannique , a été auffi dans l'antiquité un furnom
de Minerve , parce qu'elle préfîdoit aux fontaines
de la Bretagne , dit Solin , ch. 24. C'a été auffi le
furnom de quelques Empereurs , qui avoient fait
des expéditions dans la grande-Bretagne. Les Anti-
quaires avoient cru que Sévère n'avoir eu le fiirnom
de Britanniijue que la dernière année de fon em-
pire -j mais M. Bately , Archidiacre de Cantorbcri ,
a produit une médaille de cet Empereur , où ce
furnom eft joint à la féconde puiliânce Tiibuni-
cienne. Voye:;;^ fes Antiquitatcs Rutupinx, Caracalla
a porté le furnom de Britannique. Une belle mé-
daille de grand bronze du cabinet de M. de Bose
a poiir légende du côté de la tête M. Avr. An-
TONiNUS Pivs AuG. P. B. G. Max. C'eft-à-dire,
Perjicus , Britannicus , Gerinanicus , Maximus , au
revers Aeternum Beneficium Un boiffcau
d'où il fort quelques épis de bled. Ceft peut-être
une médaille unique,
Britannique , ou Herbe Britannique. Sorte de
plante qui avoit été fort célèbre jufque vers le
milieu du VHP fiècle,que les Goths Se les Normands
inondant la Frife , les fciences Se les arts ayant été
abolis , la connoiffance de l'herbe Britannique fe
perdit auffi. Diofcoride , Pline, Galien , Se d'autres ,
la font femblable au lapas fauvage , appelé par les
Latins Rumex. Un Médecin de Groningue , nom-
mé Munring , a fait un traité De vera antiquorurn
kerba BritannicdjOÙ après avoir diftingué vingt-lept
fortes de lapas , il conclut que le lapas fauvage à
longues feuilles noiifes qui naît dans les marécages ,
OU l'hydrolapas noir , eft la véritable herbe Britan-
nique des Anciens , & qu'ainfî on a mis m.al-à-pro-
pds à fx place la Biftorte , la Tormentille , la Bé-
toine , la Cochlearia, le Plantin aquatique, &c.
Il prétend que ce nom vient des mots Frilbns
Brit , qui fignifie confolider , afîermir ; & Tan , qui
veut dire di.nt , & de ica , ou A/c^, c'eft-à-dire éjec-
tion ■," de forte que c'eft à caufe des effets qu'elle
produit qu'elle a été appelée Britannica , c'eft-à-
dire , herbe des parties folides, principalement des
dents , qu'elle a la vertu de confolider & ail'ermir,
auffi-bien que de remédier à la maigreur & flux de
ventre , qui font des fymptômes affez ordinaires au
fccrbut, qu'elle guérit auffi.
BRITOMAPvTIS, f. f. Nom d'une faufTe Divinité de
l'île de Crète. Britomartis , Britona. Britomartis
étoit une Nymphe de Crète , fille de Jupiter Se de
Carmé. On lui attribue l'invention des rers , ou
filets , dont les chafTeurs fe fervoient autrefois pour
prendre des bêtes ■■, Se cette invention lui fit donner
le nom de Diélynne , du mot grec J^xti/o» & non pas
St^lvc, , que les Auteurs d\^ Moréri ont forgé. D'au-
tres confondent Britomartis avec Diane , comme
Héfychius , qui dit que Britomartis eft la Diane
de Crète , ou le nom de Diane dans l'Ile de Crête.
Solin eftdemcme fentiment, cA. ly, mais le Scho-
liafte de Callimaque , fur l'hynr.ne 3' , qui eft à la
louange de Diane , dit que Britomartis eft une
Nymphe , à caufe de laquelle on honore Diane en
Crète, fous le nom de Britomartis. 'Lz Scholiafte
d'Ariftophane , dans les grenouilles , acl. V ,Sc. 2 ,
l'appelle Bretimartis , & dit que s'étant un jour em-
barraflcc dans les filets à la chafTe , Diane l'en déli-
vra, en mémoire de quoi Britomartis lui bâtir un
temple fous le titre de Diane Dicivne. On dit qu'elle
fe précipita dans la mer pour éviter les pourlâiitcs
du vieux Minos qui l'aimoit. Voye^ Vossius , T)i
Idol
BRI
LicI.Liv. I , ch, i-j , où il rcfute Diociore qui nie
ce fait: , 6v: Liv. 11, ch. z^.
Ce mot fil: lie i'ancien Ianga_c:e de Ccét? , dans
lequel Brito (îf nifioit doux , & Manis Vierge ; Èri-
tomartis , douce Vierge , comme nous l'apprend
SoLIN , ch. i-j.
■ BRÎTTINIEN. f. m. Nom d'une Congrégation de
Religieux Hermites en Italie , & lur-tout dans la
Marche d'Ancônc, Briitinianus. Ils fontainlî appelé:
dans une Bulle d'Alexandre IV , du ii Fcvrici
iiy(î. Cette Congrégation avoir commencé Tous le
Pontificat de Grégoire IX , qui leur avoir donné
la règle de faint Âugullin. Ils avoient établi leur
première demeure dans un lieu folitaire, appelé
Brittini, dans la Marche d'Ancône, d'où on les ap-
pela 5/7"«/«/f7ZJ. Ils étoienr très-auftères , ne man^
geoient jamais de viande , Jeiinoient depuis la fcre
de l'Exaltation de la fainte Croix jufqu'à Pâques ,
& dans les autres temps , tous les micrcredis , ven-
dredis & famedis , outre les Jeûnes ordonnés par
l'Eglile. Ils ne mangeoient du fromage & des œufs
que trois fois la femaine , & s'en abftenoient pen-
dant l'A vent , qu'ils commençoient à la S. Marri;i, &
pendant le Carême, auquel temps il n'étoit pas même
permis d'en manger dans les lieux où la coutume
ctoit d'en manger. Herrera & quelques autres Ecri-
vains croient qu'ils n'étoicnt pas d'abord différens
des Jean Bonites. Ils furent de ceux qui réunis par
l'autorité du Pape Alexandre IV , formèrent l'Ordre
des Ermites de faint Auguftin.
BRIVAUD. f. m. Nom d'homme. Berethtvaldus , ou
Brithvaldus. Bédé, en fon Hiji. d'Anal. Liv. V ,
eh. çf , dit que S. Brivaiid étant Abbé de Raculf
fuccéda à Théodore en l'Archevêché de Cantorbie,
qu'il fut élu le I Juillet 65)1, facré l'année d'après ,
le Dimanche 19^ Juin , & inftallé le Dimanche
51 Août, & qu'après 37 ans 6 mois & 14 jours
d'épifcopat , il mourut le 9 Janvier. Ci-iast.
BRIVE. Ville de France dans le Bas-LimouJin.5r/v^j ,
Brivatenjîs viens ., ou pa^us ,Briva Curreiia.Pavcc-
qu'elle eit fur la Coureze. On la furnomme Brive la
■ Gaillarde , à caufe de la beauté de fa fituation.
Brive la Gaillarde ed ancienne , & Grégoire de
Tours en fait mention.
> Brive; Briva, cil: un ancien nom celtique, qui
s'eft dit au(îi-bien quci'riga, pour lignifier une ville.
Les Thraces difoicnr èria , au rapporr de Strabon ,
Liv. VU. On a dir aufTi Irica. On fait que le g
& Vv fe changent fouvent l'un dans l'autre , Galli ,
Walli , &c. Briva en celtique a audî lignifié Porit ;
c'eft de-là que tant de villes lituées fur des rivières
ont été appelées èriva , ou Iriga. Langol^riga fur
le Douro , Samobriga dans Célar , & Sambriva
dans l'Itinéraire d'Antonin -, Augujlo-bri%a fur le
Tage \ Briva Ifarœ. , Pôntoife ; de même Briva
Curretia , ou Curretii , Brive fur Courreze , &c.
Voyez Cluvier , Germ. Am. L , I , cap. j , p. 61 ,
6' fuiv. Ce mot à eu la même lignifîcarion chez
les anciens Bretons -, Cambdcn leconjeéture,/?. i9(5',
du nom Durobriva , qu'il croit fignifier aquiz tra-
jeclus.
ÎP" BRIVÎO Petite ville d'Italie dans le Duché
de Milan fur l'Adda , entre Como & Bergame.
ffT BRIXEN &: Bressenon. Briximo , Brixina ,
& Brixinum. Ville d'Allemagne , dans le Tirol ,
avec un Evêchc fuffragant de Saltz-Bourg,
|3" BRIXENSTADT. Petite ville d'Allemagne, en
Franconie, à neuf milles d'Anfpach.
BRIZO. f. f. Déefle des longes , ou plutôt des pré-
diélions qui fe faifoient par les longes. Elle écoit
honorée par les Déliens. {CF On lui ofFroit des Na-
telles pleines de toutes fortes d'offrandes , excepté
de poilîbns. Ce nom vient du'grec Pf-S,u^ , dormir. Les
fonges qu'elle envoyoit étoient regardés comme des
oracles.
BRIZOMANCIE , ou BRIZOMANCE, f. f. Art de
deviner les chofes futures ou cachées par le moyen
des fonges. Bri^omarnia. Aux fonges près que Dieu
Terne II.
B R O
e.T
envoie, c^mme il fît autrefois dans l'ancien TelL-
ment, la briiomancie cil une grande fupcrftition »
ou une grande extravagance. Les Grecs l'appellent
encore Enhypniomancie & Onirocritique, Ce mot
cft grec , & vienr de lifi-Ç^a, , dormir , proprement
dormir après le repas , faire la méridienne , &
de fianiix j divination.
BRIZOMANCIEN, ENNE. f. m. & f. Celui & celle
qui devinent les chofes cachées ou futures par les
fonges. Bri^omantis.
B R O.
BROC. f. m. ^fT Gros vaillcau, ordinairement de bois,
lié de cercles de fer , qui ^*ine anfe &: dent on fe
fert pour tirer une grande quantité de vin .à la
iois. Il eft principalement en ufage chez les Mar-
chands de vin , pour aller tirer du vin qu'ils diibi-
buent au comptoir en petites mefurcs. Œnopho-
runi , amphora.
Broch, ielonle P.Pezron, cft un mot celtique,
d'où le mot françois broc , & le mot grec fipix"^' , ibnt
venus.
Broc, en quelques endroits de France , ed: une m.efurc
de deux pintes -, ce qu'on appelle à Paris la quarte ,
& ailleurs le pot. Vigenère , dans fes Annotations
fur Tite-Live , dit que le broc eO de divers cali-
bres , c'eft-à-dire , de diverfes grandeurs -, mais
que le vrai efl: de douze pintes. Cela p.iroîr plus
cxad: -, car on diftingue communément le broc du
por, & le pot contient deux pintes.
Broc , fignifioit autrefois une broche, Féru ; mais
il n'eft plus en ufage qu'en cette phrafe prover-
biale , manger un rôti de broc en bouche -, pour
dire , tout chaud , au fortir de la broche.
3;',oc , fe prend ( en Dauphiné ) pour une difficulté
qui le prcfcnte à celui qui fait quelque chofe, &
quf l'arrête. Obex , impedimcntmn-, Ji^^cnltas. On
dit d'un homme qui parlant en public héfite long-
temps, qu'il a trouvé un broc. Cette manière de
parler efl: du bas peuple. Chorifr , qui'a^out? avec
beaucoup de vraifemlTlancc , qu'.;lle efl: grecque,
que c'ell: celle dont S. Paul fe fert, /, Ccr. Fil ,
33 , '' ii^.iix ^f,tyd •luTu «ViSâ^i', OU P. R. a ttad 'it ,
non pour vous faire romber dans un /"/iTj, J^f, Si_
mon f'e fert auîfi du mot pièi^e. Il f^roit mieux de
dire , non pour vous faire de h difficulré , vous, eau-
fer de l'embarras. Quoi qu'il en foit , Choricr dérive
broc en ce fens avec beaucoup de raifon de /Ssî^t»? .
un lacet , un lac , en latin l.i.jueus
\SfT BROCALO. Petit Royaume d'Afrique dans la
i Nigritie , vers les embouchures du Niger.
, BROCANTER, v. n. Faire métier d'acherer Z< de
revendre , ou troquer des tableaux ou autres cu-
riofités , bronzes, médailles, bijoux. Cet homme
s'eft enrichi à brocanter.
BROCANTEUR, f. m. Terme en uQge parmi les
Peintres & les curieux de Paris. C'efl celui qui
achète & revend , ou troque des tableaux , d-es mé-
dailles cC autres curiofirés. |C'eft un des plus habiles
& des plus fins brocanteurs de Paris.
BROCARD, f. m. Raillerie piquanre. Diclarium.
, Lorfque la raillerie fort des bornes que lui prc/-
I crit la politclîe , elle dégénère en brocard. L»
rai Hcrien'oi^cu'ic \;'om.'L'j brocard c{\. une injure. L';s
difcurs de brocards font fujets à pludrùrs aventures
fachcufes. Quelques-uns dérivent ce mot du latin
broc-:s , qui lignifie celui çui a la bouche ou Ls
dents qui avancent en dehors. On s'eft fervi de ce
; mot pour marquer un homme mordant & faty-
\ rique.
On appelle brocard ^. droit , des principes , ou
' premières maximes de droit , tels que ceux d'A^o ,
qu'il appelle Brocardica Juris. Vo.Tius dérive ce
mot du g.rec ■:rpi>T%''X't , c'eft-l-dire , premiers èU-
inens. Doujat conjcifture avec affcz de vraifem-
blafice y que brocard a cré formé du nom de B'ir-
clvavd , Evêque de W'^orraes , qui a fait une col-
leclion de canons , qu'on appcloit Brocardica ; &
8
B II O
ouvi-igc ccoit plein de roiKcnccs qu'on 1
:nt , où appela /Tocari/j; les bons mocs,
comme; Ton
citoit ibavent , on app
oa maximes fententieulcs , Se eniuicc les traits de
railleiie.
Brocar-d. D'autres difemBu-OQUART. Jeune ccïf d'un
an. f'^oyei Brocart.
^ Brocard, ctofi-e. Voyei Brocart,
^3" BROCARDER, v. a. Donner des brocards. Of-
fenfer pat d?5 traits plailans &; latyriques , par des
railleries piquantes & malis;nes. Dicleria âicere , die-
lis mordadbus aliquim petere , mordoré. Un homme
iage s'abftient Je plus qu'il peut de hocardcr. On
ne me brocurdera^^oiM de m'être voulu commenter
piûi-mcme. S. Amand. 11 ne luit que brocarder le
tiers Se le quart. .||
Mais ces leçons t'ont-elles engagé
A brocarder un Auteur affligé ? R.
PROCARDÉ , ÉE part.
ÇROCARDEUR , EUSE , f. m. ic f. Ce mot Te troitve
damPomcy &: dins le Did. de l'Acad. pour di-
feut & difeufe de brocards , de railleries piquantes.
Acerbus , mordax irrijor.
BROCART, f. m. D autres ccrivcnt brocard. Origi-
nairement en fa propre lignification c'eft une étolfe
tililic toute d'or , tant en chaîne qu'en trame , ou
d'argent , ou des deux enfcmble. rejiis Attalka ,
Analiciim textile. Après on l'a étendu aux étoffes où
il y avoit quelques porfilures de l'oie pour relever &
donner de l'ombrage aux fleurs d'or dont elles ctoient
enrichies-, &: enfin, on adonne ce nom aux étoffes
■de Ibie , Ibit de fatin , foit de gros de Naples ,
ou de Tours , ou de taffetas ouvrages de fleurs
. & d'Arabefques , qui les onr rendues riches &; prc-
cieufes, comme le vrai brocart.
'Brocart de foie , f. m. Coquillage. Une des efpèces
du rouleau. Il imite le brocart de foie par la bi-
garrure brune , lur un fond blanc.
BROCATELLE. f. i. Pcrite éroffe laite de coton ou
de groffe Joie à l'imitation du brocart. Il y en a
aufli de toute foie 6c de toute laine.
On a écrit brocatel , & il ctoit mafculin. Ils ctoient
fuperbement habillés de brocatel , & couleur de
rôle , tout couverts de broderie d'or & de perles.
La Colomb.
Brocatelle, cft aufTi une cfpcce de marbre, dont
le fond eft jaune &: violet , ou rougeâtre : il vient
d'Efoagne.
§a- dn^pclle aulTi marbre de JSrocd/e//^ une autre
Ibrte de marbre de plulieurs couleurs.
BROCCOLI. r. m. Petit tejeton que pouffe le tronc
d'un vieux chou après l'hyver. On mange les broc-
colis en falade. Ce mot vient d'Italie , & s'ex-
prime en quelques Provinces de France par le mot
de Brottons ou Broutone de choux. Voyei BROQLfE.
(C? L'Académie ccnz Brocoli , 5c en fait une efpèce de
chou qui nous vient d'Italie , dont nous avons con-
fetvé le nom italien. Les vocabuliftes copient à leur or-
dinaire. Il eft vrai qu'il y a un chou nommé brocoli ,
dont la feuille efl: d'un gros vert , frilce 6c bou-
clée comme celle du gros milan , mais alongéc
comme celle du chou-fleur. Des aiff;lles de chaque
feuille il fort un drageon , qu'on nomme bro.jnc
en quelques provinces -, 5c c'eft ce dragon qu'on
mange à l'huile , ou au beurre , ou cuit avec de la
viande.
^ O.i donfle auffi le nom de brocoli à tous les re-
jetons des choux pommés ou ftifés dont les pieds
ont refté en tetre pendant l'hyver , après avoir
coupé les pommes , &c qui repouffent au printemps.
Enfin il y a le vrai brocoli qui nous vient d'Italie ,
qui fait une pomme comme le chou-fleur , avec
cette différence qu'elle eft violette , 6c que le
grain n'eft pas fi fin , ni fi ferré.
BIÎOCCUS. f. m. Nom d'une forte de coquillage.
l-^oysi Coquillage.
BROCEREUX. adj. Vieux mot. On a dit , lieu bro-
ccreux ; fOut
Kn lieu plein de bois 6c dî
BR O
broffalUes : 6c bois brocereux ; pour dire , un bois
plein de nœuds.
BROCHANT, adj. Terme de Blifon. Foyei Brocher.
BROCHE, f. f. Pièce de fer longue 6c menue , apla-
tie par le milieu , qui a une roue ou une m.ani-
velle au bout , Se qui fert à rôtir de la viande.
Féru. Il faut mettre ce rôt à la broche. Il ne lui
faut que deux tours de broche. Il eft temps de metcre
en broche.
(ÇJ' Dans les arts &c métiers on donne généralement
le nom de broche à tout outil , inftrumenr ou ma-
chjne , d'une figure longue &c menue , fervant à
traveri'er ou à loutenir d'autres chofes.
Broche , le dit de certaines aiguilles longues de fil
de fer , qui fervent à tricoter des bas , à faire du
ruban , du brocart 6c autres étoffes. Veruculiim.
Ce ruban eft à double broche.
Broche , eft auffi une pointe de fer qui eft daos
la ferrure , qui doit entrer dans le ttou d'une
clef forée. On appelle broches rondes , des mor-
ceaux de fer rond , donr les Serruriers fe fervent
pour taire des couplets S^': des fiches , 6: pour tourner
plufieurs pièces à chaud ^ à froid. Il y a auifi des
broches cames , fur lefquellcs on • tourne des
pièces.
Broche , eft aullî la pointe de fer qui eft au mi-
lieu d'un blanc , où l'on vife pour tirer de l'arc , ou
de l'arqucbufe. En ce fens on dit , faire un coup
de broche; pour dire, enfoncer la broche.
BiocHE , eft auffi un tetme de Cordonnier , qui
fignifie l'inftrument avec lequel ils brochent les
talons.
Broche. Terme de Balancier. Ce font de petits mor-
ceaux de fer tonds , qui paffent au travers de la
virole du pefon.
Broche. Terme d'Imprimerie. C'eft une barre de
fer , à laquelle eft attachée la manivelle qui fert
à faire rouler le train de la preffe fur les bancs.
On appelle broche de rouet à filet , la verge de
fer qui paffe au travers de la noix, 8c qui lui 1ère
d'aidîeu. La broche du rouet palTe auffi au travers
des fuléaux Se des ailettes. Les fileufcs ne fau-
roient plus filer quand on a forcé la broche de
leur rouet , Se qu'elle eft crochue.
Broche , fe dit auffi d'une petite verge de bois , ou
baguette , où l'on fufpend des harengs pour les
faire égourter , ou des chandelles ie des ciergej
dans les boutiques.
Broche. Terme d'Artificier. C'eft une petite verge
ronde , conique , de fer ou de bois fort , tenant
au culot du moule d'une fufée volante , pour mé-
nager un trou de même figure dans la matière
C3mbuftible dont on la charge, ùc.
Broches. Ce font de petits morceaux de bois poli,
en forme de cône très-pointu , avec lefquels les
Marchands ciriers percent les gros bouts de leurs
cictges , afin qu'ils puiflent entrer dans les fiches
des chandeliers.
Broche , en termes de marchand de vin , fe dit de
la cheville qu'on met à un muid pour boucher
le trou qu'on a percé. Du vin vendu à la brochg
ou en détail.
En ce fens on dit proverbialement, couper broche
à quelque chcfe •-, pour dire , empêcher qu'elle ne
continue , comme on interrompr le cours du vin^
quand on a coupé la broche du tonneau. Cette
femme s'eft mile dans la retraite pour couper broche
à toutes les médifances. Je lui ai refufé de l'ar-
gent tout plat , pour coupçr broche à toutes fes
importunités.
Ce mot , félon Du Cange , vient de brocccs , eu
brochiez , qu'on a dit dans la baffe latinité , pour
dire , des pieux , ou bâtons pointus ou ai^uifis.
L'Abbé Gaufroi, dans la vie de S. Pierre, Arche-
vêque de Tarentaife , dit que l'on appeloit vulgai-
rement ^roc^e, broches, des bâtons pointus. Il écri-
voit au XIP liècle.
Broches , en termes de chaffe,eft un nom qu'on donnr
aux défenfes du Sanglier. Aprugm dentés fakuti.
B RO
moctîES » eft un vieux mot qui fi^nine lûmorroïdes.
Elle cheut eu une dani^ereulè & dcplailante mala-
die, que communément on appelle hoches. Cent
nouvelles nouvelles.
On dit proverbialement d'Un homme, qu'il ne met
pas tout l'on rôt à une mèmz troche ; pour dire,
qu'il le mêle de plus d'une aiiaire & de plus d'un
néç^oce.
BFv.OCHEE. r. f. La quantité dé viande qui peut tenir
à une broche. Infiruclum vera carnibus. Il a fallu
trois brochées pour faire cuire le rôt de ce feftin.
Les Rotifleurs font cuire plufieuts Brochées de viande
en même-temps.
Brochée , cfl: auili un terme de Chandelier. Il fignifie
plufieurs mèches de chandelle fur une broche.
BROCHER, v. a. Piquer un cheval avec des éperons
pour le faire courir plus vite. Equi latera. calcarièus
fodere. On difoit, i^roc/z^r des éperons. En ce fcns
il eft vieux & hors d'ufage. Le Duc de Beaufort
appeloit brocher Bayard , courir à toute bride
après les chiens. S. Evrem.
Ce_ mot vient de brofsr & brcjfailles , d'autant
qu'il faut piquer pour avancer chemin dans les broifes.
Brocher, fe dit dans le figuré , pour fignifîer, écrire,
compofer à la hâte. Deproperare. Ce'Clerc a broché
cette copie : cet Auteur a broché ce Roman ; pour
d'ire , ils n'y- ont point apporté tout le foin , ni
toute l'application qu'ils pouvoienr.
Brocher , en termes de Manège , lignifie faire entrer
un clou avec le brochoir au «avers de la corne , ^-
du fer du cheval pour le ferrer. Equo fole.ts induere.
Il faut tantôt brocher haut, tantôt brocher bas , pour
b-ien ferrer un cheval , félon que fa corne eft plus
épaifle ou plus mince.
Brocher, fignifie, pafler de l'or , de l'argent, de la
foie , de côte & d'autre dans l'étoff-e. Brocher
une ctofte. Auriun ferico intexere. Cette étoffe eft
brochée d'or & d'argent. On broche des bas à l'ai-
guille , quand on rricote.
Brocher. Terme de Cordonnier. C'eft attacher avec
,. des doux. Brocher un talon, brocher une femelle.
Brocher. Terme de Couvreur. C'eft mettre de la tuile
. en pile fur les lares , entre les chevrons.
Brocher. Terme de Cordier. C'eft mettre k boulon
au travcts du touret. Brocher le touret.
|Cr Brocher. Terme de Relieur. Brocher un livre ,
c'eft en aifembler les feuilles ou cahiers, les coudre
avec de la ficelle , & les couvrir de papier ou de
carton, Librum compaclum papyro cooperire.
Brocher, v. n. Terme de Jardinier. II fe dit des ar-
bres nouvellement plantés, & qui commencent à
poufler de petites pointes. Tout le monde n'ap-
prouve pas ce mot -, mais les Jardiniers s'en fervent ,
& difem , l'arbre broche , l'arbre ne broche pas encore.
Brocher & Brochant, en termes de Blàfon , fe dit
des bandes , cotices ou bâtons & autres pièces ,
même des lions & des aigles , qu'on fait pafler d'un
bout de l'écu à l'autre, ou qui traverfenr fur d'au-
tres pièces. Supergredi , fuperferri. Il porre d'azur
au lion d'or , à la fafce de gueules , brochant fur le
tout. On dit que des chevrons brochent fur des
burelles -, pour dire , qu'ils paflent cfans l'écu fur
des burelles.
, On dit figurcment, brochant fur le touf ., en par-
lant d'un homme qui fe fait remarquer plus que les
aurres dans une compagnie, foit en bien , foit en mal.
J'y ai trouvé fix perfonnes & un tel brochant fur le
tout. Il eft du ftyle familier.
Brocher, fe dit quelquefois au fubftantif. Pour lors,
il s'entend des façons qui ont été brochées fur une
ctofFc. L'on dit en ce fens que le fimblot fert au
brocher d'une gaze, & qUe It brocher d'un brocard
eft bien fair.
BROCHE , EE , part. Un livre broché. Ce livre broché
coûte un fol plus qu'en blanc.
BROCHET, f m. Poiffon d'eau douce, blanc, long
&c fort vorace , qui mange les autres. La dent du
Brochet z?c fort venimciife , S^ fait partie de l'os
de- la mâchoire. Lncms,
BR O 8|
Ip' On trouve dans quelques Brochets dos ci-uts &c
une laite en même-temps. D'où l'on conclut qu'ils
font hcrmaplirodites.
ifF On le prépare dans les cuifines de plufieurs ma-
nières. Les œufs de broche/^ excitent des naufées
& purgent violemment. Sa chair eft blanche , ferme,
a/iez nourrilfante , indigcfte pour bien des gens ;
quoique les Vocabuliftes afllircnt qu'elle eft facile
à digérer.
Les Mancini prirent deux brochets pour leurs
armes , à l'exemple des Colonnes &c des Urfini y
qui partent de leur nom , pour faire alluiion au
nom Lucius , lequel éroit c'ommun dans leur maifon,
Mascijr. Car encore que le R. P. Silveftro Pietra-
Santa in tejjeris Gentilitiis ne leur donne point
de nom , néanmoins Ganzc S: Gozzc difent que
ce font deux brochets. Id. On tient que c'eft Au-
fone qui le premier lui a donné ce nom Lucius ,
qui femble dérivé du grec /r'».; , qni fignifie loup ,
parce qu'il dévore les poilfons des rivières , comm;
le loup marin fait ceux de la mer.
On appelle brochet carreau, un gros brochet ^
& qui à plus de dix-huit pouces entre œil & bat.
Bp.ochet de mer. Les habitans des îfcs Antilles ap-
pellent ainfi une elpèce de petit Lézatd amphibie
qui fe nomme eu Egypte Stinc marin. On fait
entrer la chair de cet animal dans la compofition
du mithridare. Foye^ Stinc Marin.
Brochet de, terre. Reptile qui fe trouve dans les
Iles de l'Amérique. Il a toute la figure , la peau
& la hure de nos brochets de rivière 5 mais au lieu
de_nageoires , il a quatre pieds, qui font fi foibles,,
qu'il fe traîne fur la terre en rampant & en ferpcn-
tant comme les coulcuvrers , plutôt qu'il ne mar-
che. Les plus grands n'ont que quinze .pouces de
long fur une grofieur proportionnée. Leur peau
eft couverte de petites écailles qui font extrême-
ment luifantes èc de couleur de gris argenté. Quel-
ques curieur en ont dans leurs cabinets, qu'on
leur fait pafler pour des Salamandres. Pendant la
nuit ils font un bruit effroyable de deflbus les
rochets , & du fond des cavernes où ils fe riennent ;'
&: ce bruit eft beaucoup plus déiagréable que celui
des grenouilles & des crîpaux. Ils ne fe montrent
prefque point qu'à l'entrée de la nuit. Lonvill,
Liv. î , Ch, I 3 ,- Art. j de tHifi. nat. des Antilles,'
B R O C H E T O N. f. m. Brochet de petite ou de
moyenne taille. Lucius.
ffT BROCHETTE. C'eft en général un petit morceau
de bois ou de fer long & pointu , qui , pafle dans
quelque corps, fert à unir , foutenii ou rappro-
cher fcs parties. On le dit , en termes de cuiline ,
d'un petit morceau de bois poiritu qui fert à faire
tenir ferme la viande à la broche.. Veruculum.
Brochette, eft aufli un nom' que les Fondeurs don-
nent à leur échelle campanairc , qui leur fert à
connoître la giandcur , l'épaifleur & le poids des-
cloches. Ils l'appellenr auffi bâton , régie Se diapafon.
Brochettes, en termes d'Imprimerie , fe dit de ce
qui tient la ftifquette fur le grand rympan, |KF Ce
font deux petites tringles de fer de quatre à cincf
pouces de long fur huit à dix lignes de circonfé-
rence , qui vont en diminuant d'une extrémité à
l'autre , afin qu'on puiflîe les ôter quand on veut dé-
tacher la ftifquette du tympan.
Brochette, fe dit aulfi du petit morceau de bois
au bour duquel on donne à manger , ou , comme
l'on dir , on donne la becquée aux jeunes oifeaux
qu'on élevé. Nourrir des oifeaux à la brochette ,
c'eft les nourrir ainfi foi-même , fans les laiflcr
nourrir à leurs pères & mères. A dix ou douze Jours
vous ôterez à la femelle fes petits ferins , pour
les nourrir à la brochette , afin qu'elle ne fe fa-
tigue pas tant. Hervihux. Des oifeaux nourris à
la brochette font plus privés que d'autres.
On dit au figure : Un enfant élevé à la bro-
chette ; pour dire , élevé avec beaucoup d'appli-
carion & de foin.
On appelle brochettes , des morceaux de foi©''
tij
^4
B RO
^rras, & de riz de veau palfcs &c rôtis dans de
petites brochettes de bois ou d'argent. Servir une;
p ièce de bœuf avec des brochettes.
BIIOCHETTER. un cuir. Terme en ufage parmi ies
Boucaniers de l'Ile de S. Domin^^ue. CcH: étendre
un cuir fur la terre avec plulieurs chevilles , ou bro-
chettes de bois , pour le Icchcr , 6c le mettre en
état d'être embarque fans fe gârcr.
Brochetter , terme de Marine. C'eft mefurer les
membres 6: les bordages d'un vailfeau.
BROCHETTE, ÉE. p. &c ad). Il fe dit des artifices
percés d'un trou plus petit ou plus courr que i'ame
des fufées volanres , foir en les chargeant avec
des baa;uertes percées, foit après coup, en les
chargeant mafllfs , & les perçant enfuite fuivanr
leur^xe, pour leur donner un mouvement plus
vif, comme à quelques ferpentaux qu'on appelle
fougues, lardons ou (tt^tntàMX brochettes. Voyez
FouGTfES , Lardons.
BROCHEUR, EUSE. f m.&f. Ouvrier & ouvrière
qui fait des bas avec des aiguilles à tricoter. On
le dit auflî de l'ouvrier & de l'ouvrière qui broche
des livres.
BROCHOIR. f. m. Marteau de Maréchal qui lui lert
à ferrer les chevaux.
BROCOLI. Voyei Broccoli.
gCTBROCHURE. f. £ Petit ouvrage de peu de feuilles,
qui n'elt pas relié comme un livre , mais limple-
menr couvert de papier. L'ufage a particulièrement
confacrc ce nom aux petits ouvrages nouveaux ,
ordinairement mauvais , dont le public efl: inondé.
Brochure, fe dit en termes de Minufaéture d'étof-
fe de Ibie. Ce font toutes les façons , figures &
ornemens que l'on ajoure au fond d'une ctofle de
foie, d'or ou d'argenr , ou pour l'enrichir, ou
pour l'embellir , & en relever le prix & la beauté.
Ce fond efl quelquefois de peu de valeur , quel-
quefois précieux par foi-mcme.
BRODE, f. f. En termes de point Royal ou point
de France , on ne fe fert point du terme broderie ,
on dit de la brode. Ce point eft compofé de la
trace du fond , de la brode , du rézcau ou du den-
telon de la bride.
Brode, adj. Ce mot eft du ftyle bas, &fig;nificune
femme dont le teint eft un peu noir. Fujcus. Une
femme brode. On appeloit autrefois du pain bis ,
du pain brode , comme il paroît par un Règle-
ment de Police pour Paris du 30 Mars i(Î3 5.
^ BRODEQUIN, f. m. ou Bottine, f. f. Cahga.
Chaudure d'un funplc foldat Romain en guerre , d'où
vient que le mot caligatus (\s.m<àc un fimple foldat.
C'eft ainfi qu'il faut entendre le paffage de Suétone
dans la vie d'Augufte. Coronas murales fœpè etiarn
caligatis tribuit ; qu'il accorda fouvent des couronnes
mur'ales aux fimples foldats qui montoient les pre-
miers fur les murailles des villes ennemies. C'eft
ainfi qu'il faut entendre ce que dit Sencque de
Marius qui de fimple foldat , ctcit parvenu au con-
fulat. A caliga ad confulatum perveniffe. Audi
Agrippine fit-elle appeler Ca/igu/a fon fils Caïus ,
à caufe qu'étant né à l'armée , elle lui faifoit porter
de ces bortines , comme les fimples foldats , pour
les gagner par cette complaifancc. Cette chaulfure
venoit jufqu'au milieu de la jambe : la partie in-
férieure , ou le calceus , éroit une femelle de bois
fort épaiffe , quelquefois de cuir -, la partie fupé-
rieure , qui étoit proprement le caliga , étoit de
cuir , quelquefois d'étoffe très-précieufe , lorfque
cette chaufllire devint à la mode , & paffa des
foldats jufqu'aux Princes. Elle étoir garnie de pe-
tirs doux de fer, 8c même d'or & d'argenr. Il y
avoir un fonds deftiné pour fournir ces doux
aux foldats , qu'on appeloir clavarium , & les Of-
ficiers qui en étoient les diftributeurs , fjb nom-
moient clavarii : tel fut le père de Suérone. Juftin
nous apprend que tous les foldats de l'armée d'An-
tiochus firent orner leurs bottines de doux d'or.
Ar^enti certc , aiirique tantùm , ut etiam gregarii
milites caligas auro fuffigerent.
B R O
Cette chaufilire croit carrée par en bas , êc comme
le 'calceus éroit fort épais , elle donnoit une taille
de héros aux hommes ordinaires. Efchyle inrro-
duilit l'ufage du brodequin , cothurnus , lut le théâ-
tre , & le fit chauifer à fes adteurs , pour leur
donner une raille plus avanrageufe : il étoit diftin-
guc du foc, efpèce de foulier beaucoup plus bas,
affeélé à la Comédie. De-là, chez les^ Poètes, le
mot de brodequin ou cothurne défigne fpecialement
la tragédie , & encore aujourd'hui on dit d'un
Poète" qui compofe des tragédies qu'il chauife le
cothurne. Les Âdeurs tragiques n'éroienr pas les
feuls qui fe ferviifent de brodequins. Cette chauf-
fure devint à la mode ; les filles s'en fervoient pour
paroîrre plus grandes , les voyageurs pour fe ga-
rantir des boues. Aujourd'hui il n'y a que les
Comédiens qui s'en fervent lorfqu'ils repréfenrcnt
quelque pièce tragique , ainfi que le pratiquoient
les anciens.
Brodequin, félon Guichard , vient du grec ^po"X'iy
qui eft le nom d'une elpèce de chaufllire -, comme li
l'on difoit beronequin. IÇT Cette efpèce de chauflùre
eft encore en ufage chez nous dans certaines grandes
cérémonies. Chaufler les fandalcs & les brodequins
à un Evêque à fon inrronifation. On chauife des
brodequins aux Rois à leur facre. Acad. Fr,
Brodequin , eft aulfi un rerme d'Académifte, qui
fignifie une forte de petits bas à érrier , qui fonr
de laine , Ssi que les jeunes Académiftcs merrent
avant que de ie botter. Caliga. Ces brodequins ne
viennenr qu'à mi-jambe : ils fervent à bien rem-
plir la botte. Les bottes vont bien mieux avec des
brodequins qu'avec des couHîncts.
Brodequins , au pluriel , fe dit d'une efpèce de tor-
ture qu'on donne aux criminels par le moyen d'une
chauflurc de parchemin fp" que l'on mouille &
que l'on applique ainfi à la jambe du patient : cette
jambe étant enfuite approchée du feu, le parche-
min fe rerire , & en fe rerrécilfant , il ferre extra-
ordinairement la jambe, 6c caufe par là une rrès-
o^rande douleur. On la donne aufiï avec une forte
de brodequins qui font quatre petits ais forts 6c
épais , dont un fe met d'un côté d'une des jambes ,
un autre enrre les deux jambes , Se les deux aurres
de l'autre coré de la féconde jambe , l'un à côré
de l'aurre. On lie tout cela enfemble avec de bonnes
cordes , puis on prend des coins de fer ou de bois
que l'on fait entrer à coups de maillet entre les
deux planches qui fonr à côré l'une de l'autre. A
mefure que l'on frappe, cela ferre d'une manière fi
rcrrible , que l'on en a vu éclater les os 6c forrir
la moële. On donne les brodequins à un criminel
qui n'avoue pas de certaines choies qu'on voudroit
favoir avanr que de le juger.
BRODER. V. a. Enrichir une étoffe , une mouffeline ,
&c. par plufieurs ouvrages de diverfes figures qu'on
frit deffus à l'aiguille. Acu pingere. On brode avec
de l'or , l'argent , la foie , le fil , &c. On brode auffi
les points , les dentelles , avec du fil & du cor-
donner.
Le P. Thomaffin dérive broder de l'hébreu bar ad,
grêler , marquer de poinrs , comme foir la grêle ,
"parce qu'il y a quelque chofe de femblable dans
la broderie. Cela n'eft poinr du rout vraifembla-
ble. Broder vient de border Voyez au mot Brodeur.
Broder, fe dit figurémenr des embelliffemens qu'on
ajoure à quelque fujet , à quelque matière , & par-
ticulièrement à un conre , quand on en altère la
vériré pour le rendre plus agréable : ce qui fe dit
tanr en bien qn'en mal. Adornare. Voilà l'hiftoire
de N. je vous avoue que je l'ai brodée. Mlle L'Hé-
ritier.
Broder, fe dit à peu-près dans le même fens enmu-
fique , de plufieurs notes que le muficien ajoute à
fa patrie dans l'exécurion , pour varier un chant
fouvenr repéré , pour orner des paffages rrop fim-
ples, ou pour montrer la légcreré de fes doigts
ou de fon gozier.
È R O
BRODE, EE, part.
BRODERIE. C, f. Ouvrage en or , argent , Toie ou fil
formé à l'aiguille , ilir une ctoffc ou l'ur de la mouf-
feline , pour l'orner davantage, ^cu picium opus.
Le Roi a donne des ornemcns à l'Egliiè tout cou-
verts de broderie d'or & de perles. On fait des
lits , des habits , des houflès de chevaux en broderie.
|1CJ" Broderie appliquée , efl; celle dont les figures
font relevées , & arrondies par le coton ou velin
qu'on met delfous pour l'arrondir.
Ç3' Broderie \en cauchure , eu celle dont l'or &
l'argent eft couché fur le deflein & coufu avec
de la foie de même couleur. Encyc.
^CF Broderie en guipure , lorfqiie dans cette broderie
on met de l'or ou de l'argent frifé , du clinquant ,
«les paillettes.
^3" Broderie pajjce , eft celle qui paroît des deux
côtés de l'étoiîe.
^fT Broderie plate , efl: celle dont les figures font
plates & unies, fans frifurcs , paillettes, &c.
Broderie , fe dit audi figurément des embellilfemens
qu'on donne à des contes , & à des hiftoires , <3:
le plus fouvent aux dépens de 1» vérité. Ornatus,
Il y a dans ce conte quelque chofe de vrai, mais
le refl;e efl: de la broderie. On tomba fur les contes
naïfs , &: il falut en dire un à mon tour. Je con-
tai celui de Marmoifan , avec quelque broderie qui
me vint fur le champ dans l'efprit. Mlle L'Héritier.
Broderie , fe dit aufîl des parterres qui font faits
feulement de buis nain , compofcs de feuillages ,
& de fleurons ornés &: tracés à la manière des
Brodeurs , à la différence de Ceux qui font faits
par planches , carreaux & compartimens , où l'on
met des fleurs. Le fond des parterres de broderie
doit être labouré , & de terre noire ; & le dedans
des feuilles fable. Ils font entoiu:és de platebandes
de fleurs & d'arbrifîcaux verts. Il fiut que les or-
nemens de broderie foient fans confulîon , & mar-
qués diftinftement. Leur beauté conlifte à n'être
jamais répétés. Il y a aux Tuileries de beaux par-
terres de broderie.
^3° Broderie en mùfique. Voye\_ Broder , terme
de mulique.
BRODEUR, f m. Artifan qui fait de la broderie. Phry-
gio , Phrygii operis artifex. Ces bandes de tapif-
ferie ont été appliquées par le Brodeur fur cette
étoffe. §3° L'on ne comprend fous le nom Ae Bro-
deurs que les ouvriers qui ornent les étoffes d'ou-
vrages de broderies. Les femmes qui brodeur le linge
he font point de la communauté des brodeurs.
Ce mot efl: venu par tranfpoftion de Bordeur ,
parce qu'on ne brodoit autrefois que le bord des
étoffes. On ne mettoit des embelliffemens que fur
les bords -, d'où vient que les Latins les ont auffi
appelés Limbularii. Du Cange dit qu'autrefois on
diloit aurobruflus ; pour dire , bordé d'or , ou bruf-
dus, bnidatus & brodatus. C'eft la remarque du
K Papebrok fur ces mots des acîïes de S. François
de Paule , Quidam homo , quem Brodatorem Régis
vulgo nuncupabant. A3.a SS. April. T. I y p. i^^.
Voyez auffi Pafquier , Rech. de la Fr. Liv. FUI,
Chap. 6i.
On dit proverbialement -, autant pour le Bro-
deur , pour fe moquer d'un homme qui fait un
conte à plaifir -, comme fi on difoit , pour le bour-
deur , qui nous donne des bourdes , des mentcries ,
qui brode des contes.
L'invention de la broderie efl: attribuée aux
Phrygiens. Les Latins même ont appelé les bro-
deurs , Phrygiones.
BRODEUSE, f f. Ouvrière qui brode. Phrygii ope-
ris artifex famina. Il y a en particulier de cer-
taines Brodeufes qu'on appelle Brodeufes de gaze :
ce font des ouvrières qui embellilfent de divers
petits acrémens la gaze dont on fait des coeffes.
^BROD-NEMEKI , ou DEUTSHEN-BROD. Petite
ville du cercle du Czaflaw , fur la rivière de So-
zawa.
Ip- BRODRA , BRODERA ou BROUDRA. Ville
BRO 85^
d'Afîc , dans l'Indouflan , au Royaume de Guzurate 4
vers le Golphe deCambayc.
CP" BRODT. Petite ville fortifiée , du Royaume de
Hongrie dans l'Efclavonie , fur la Save.
gcr BRODY. Ville de Pologne , aux confins de là
Volhinie &: de la Ruffie.
§Cr BRODZIECK. Petite ville , ou gros bouto- dé
Pologne dans la Lithuanie , au Palatinat'' de
Minski.
r? BROCARDER. Vielix v. a. Conter des fables;
Apologare. Ch. Est. Dict.
BROIE, ou BROYOIRE. f f. C'eft un inftrument
dont on fe fert pour rompre le chanvre après qu'il
eft roui, & le filer enfuite plus aifément. Voyez-en
la defcription dans le Diétionnaire (Economique.
On dit dans quelques Provinces Brai & Braye ,
& Brayoire.
BROIËR. royei Broyer.
BROIEUR. roye^ Broyeur.
BROIL. f m. Vieux mot. En bas latin, broilum,
Brouffailles , bois , branche d'arbre. Gloff', des Poéll
du Roi de Nav.
BROILLIS , pour BROUILLËRIES. Gloff. fur Marot,
BROILLOT. f. m. Vieux mot. Petit bois ou brouf-
faille , appelé ainfi , parce qu'on avoir accoutumé
de le brûler, afin de le défricher. On a dit auffi
Bruillot &: Brnillet.
et? BROITSCHIA. Ville d'Afie dans l'Indouftan à
douze lieues de Surate -, (iir une rivière qui feparc là
Royaume de Decan de celui de Balagate.
BROM ALES. f m. & pi. Bromalia. Ce nom le trouve
dans Balfamon au tfi' Canon du IV^ Concile de
Conftanrinople appelé in Trullo , comme fi ce nom
venoit de Bromius , Bromien -, furnom de Bacchus }
mais on prétend qu'il faut dite Brumales, &c non
pas Bromales. Voyez Brumales.
BROMIEN. f m. Epithète qui fe donne à Bacchus»
Bromius,
Le blond Pkœbiis à laffe pleine
Se coéjfe au bord de l'Hippocrène ,
AuJJi rondement , aujfi-bien
Que fait le bon Père Silène
Du jus du Père Bromien,
Ce nom vient du grec /3,„V« , je frémis , je fais
du bruit , ëc fut donné à Bacchus , parce qu'il na-
quit au bruit d'un coup de tonnerre qui fit accou-
cher Semelé fa mère, ou parce que les buveurs font
beaucoup de tumulte & de bruit.
BROMOS. f m. Plante dont les feuilles reffcmblenr
à celles de l'avoine fauvage. Elle pouffe plufîeurs
tuyaux bas , menus &: noués ; fes fommités , au lieu
d'épi , portent des barbes longues & rudes au tou-
cher. Cette plante qui croît au bord des chemins,
eft déterfive, defficcative, vulnéraire, propre pour
les ulcères , principalement du nez. Ses racines l'ont
menues & nombreufes.
|p=" BOMSBERG. Foye^ Bydgost.
BRONCHADE. Faux pas que fait un cheval. Lapjîo^
lapfus , offénjîo.
BRONCHES, Foyei BronchiesI
BRONCHEMËNt. f. m. Ce mot fe trouve dans
Pomey, pour lignifier l'aâion de celui qui bronche-
BRONCHER, v. n. Mettre le pied à faux , faire un
faux pas. Pedem offendere ad aliquiâ. Il fe dit pro-
prement des chevaux qui choppent,
// n'efl cheval fi fuperbc
Qui ne bronche , dit le proverbe. Voir.
On le dit auffi quelquefois des homm.cs qui font
des faux pas.
Sa canne s*accrocha
Dans l'un de fes canons y & mon homme broncha. ScAR,
Broncher, fignifie figurément, faire uns légère faute,
faillir. Offendere , labi , errare. Ce père eft li fc-
vère , qu'il ne faut pas que fes enfàns bronchent le
moins du monde devant lui. A chaque pas qu'il
faifoitj il croyoit broncher S<. offenfer Dieu. Boum.
8^
B R O
On dit proveibialement , qu'il n'y a fi bon chevr.I
qui ne bronche, ni libon Cliarreticr qui ne vcn'e ;
pour dire , qu'il n'y a perlbnnc qui ne foit rujet a
faire des fautes. On le dit auUi d'un Orateur, quand
la mémoire lui manque.
BRONCHÎAL , ALE. ad). Terme d'Anatomie ip"
qui a rapport au poumon. Artère bronchiale. Verne
hronchiale. Glandes bronchiaks. L'artère bron-
chiale vient du tronc defcendant de l'aorte , & le
diftribue fur toutes les divifions de la trachée - artère.
Il y a auffi une veine bronchiale qui accompagne
l'artère, & qui fe divife en autant de rameaux qu'elle.
L'artère porte le fang aux bronches , & la veine le
rapporte à la veine cave, où elle va fe rendre immé-
diatement.
BRONCHIES, ou BRONCHES, f. m. Ceft le nom
que les Anatomiftes ont donné aux tuyaux de la
trachée - artère , qui font répandus dans tout le
poumon, & dans Icfqucls l'air entre par la refpi-
ration.
^ Les glandes hronchiciles qu'on trouve a chaque
divifion des bronches , font deftinées , à ce qu'on
croit, à humeéler Se lubrefier les bronches, afin que
l'air defleche moins les poumons.
BRONCHIQUE, adj. Terme d'anatomie , qui fe dit
de la première .paire des muicles communs du la-
rinx , q'-i'on appelle autrement flernothyroidiens :
ils moixtcnt le long des cartilages de la trachée-ar-
tère , & tirent le larynx en bas.
BRONCHOCÈLE. f. m. On prononce broncocele.
Terme de médecine. C'eft une tumeur dii cou ,
srande &: ronde , & attachée à la trachée-artère. On
l'appelle aulfi goii:tre ou ^oitrt: , & en latin Her-
nia zuttinis. Le bronckocile eft fort commun dans
les Àln;s. Il y en a quatre fortes. Le premier elt
appelé' en latin botiiim ou natta. C'cft une tumeur
charnue qui a pris fon nom de «<7ri?^ ,_fe(fes. Le
fécond eft une efpèce d'athérome -, le rroiiième , une
efpèce de méliceris ; le quatrième , une efpèce de
ftcatome, Bronchocïle eft un mot grec , ^^^oi%ox%>^-n ,
compofé de /ifhx'i . gorge , trachée-artère^, bron-
ches , &: de x.r>^>!, ramex , hernie: mais c'cft une
faulfe hernie. Col de Villars.
BRONCHOTOMIE , ou LARINGOTOMIE. f f.
On prononce broncotomie. Terme de chirurgie.
C'eft une ouverture qu'on fait à la trachée-urtère ,
lorfque l'inflammation qui arrive au larynx ^ em-
pêche la refpiration , afin de donner à l'air la liberté
d^ntrer dans les poumons & d'en Ibrrir -, &; quel-
quefois afin de tirer les corps étrangers qui fe fc-
roient infuiués dans le latynx ou dans la trachéc-
arrère.
Ce mot eft dérivé de /3/i'Ta;«« , bronches , gozier ,
&:dc r/^»", jecoupe',je tranche.
BRONTÉE. f. m. Tonnant, qui tonne, qui lance la
foudre. Brontxiis. C'eft un des furnoms _ que les
Anciens donnoient à Jupiter. Blondus Flavius, TÎoot.
Triump. L. I , prétend qu'on a aulfi donné à Bac-
chus le nom de Brontin , à caufe des troubles &c
des délbrdres femblables au tonnerre qu'excite l'i-
vrognerie.
Ip- Les anciens fe fervoient dans leurs jeux publics
d'une machine qu'ils nommoient brontée , parce
qu'elle imitoit le bmit du tonnerre , par le moyen
d'un grand vaifleau d'airain , que l'on cachoit fous
k théâtre , &: dans lequel on faifoit rouler des
pierres. Feftus appelle cette machine le Tonnerre
Claudius , du nom de Claudius Pulcher , qui en
Rit l'inventeur,
BRONTÊS, f. m. Un des cyclopes qui forgèrent la
foudre dont fut armé Jupiter. Il étoit fils du ciel
& de la terre , félon Hcfiode. Ce mot vient du grec ,
Bç"Ti!, Tonnerre.
BRONTON. f m. Surnom de Jupiter , qui fe trouve
dans cette ancienne infcription. Jovi sancto
Brontonti. ecataeque aur. VOVLlVS.GrUt.XFlI.
1 1. On trouve encore dans une autre un Prêtre du
DieuBrontontes. Sacerdos dei Brontontis.6V«/,
p, ;. XXXIV, Quelques-uns difent Brentontes ,
B R O
au lieu de Bronton ; mais ils fe trompent. Bront.in-
tes feroit en grec /SsovrivT/?, qui auroit au génitif V;-
TÔ.7», & au datif /3jovr^:«T« , &par confcqucnt en latin
Brontontx ,à l'un'&i à l'autre cas , & non pas Bron-
tontes, Bromonti, comme il y a dansles deux infcrip-
tions que l'on vient de rapporter. Il vient donc de
;8=c.vTa» , ^^ii-sjc toniic , .sjovT^m , & pat cdntraclion
/3^^o»T*», Tonnant, duquel il faut dire /3f«.î«<.»x»! ,
Ce mot fignifie la même chofe que le précédent ,
&; ils viennent l'un &: l'autre du grec p^pmiijonnerre.
fKF BRONZE, f m. Autrefois on faifoit ce mot fé-
minin. Voiture dilbit encore comparer la bronze à
l'or. Aujourd'hui , l'uiage général le fait mafculin.
Le bronie eft un alliage de métaux , dont le prin-
cipal eft le cuivre fondu avec quelque parrie d'é-
tain ou de laiton. Quelques-uns , par épargne , y
mettant du plomb , parce qu'on ne fauroit fondre
du cuivre fin dans un fourneau de réverbère , qu'on
ne le trouve percé & plein de trous comme une
éponge. Il y a encore un autre cuivre compofé qu'on
appelle /«c;;^/, qui n'eft pourtant en effet que du
bronze ; &c on Aui donne ce nom félon la plus grande
ou plus petite quantité qu'on y mêle d'étain , qui
eft de I i jufqu'à 15 pour cent. La lie ou le marc de
bronze s'appelle diphrygies , & eft en ufage en mé-
decine. La fleur de bronze fe fait quand on jette
de l'eau pure fur du bronze fondu , lorf qu'il s'écoule
par les canaux. On met une platine de fet au-deffa*
de la fumée, & il s'y forme de petits grains en forme
de millet , qui fbnt luifans &: rougeâtres ; c'eft ccî
qu'on appelle ^sur de bronze. Ecaille de bronze , eft
ce qui tombe de l'airain, lorfqu'on le bat , & qu'on
le mer en œuvre.On dit , jeter des figures en bron^Cy
animer le bronze , graver fur le bronze , &:c. Le che-
val de ironie qu'on voit dans la place Royale à
Paris eft un ouvrage de Daniel Volteire, fameux
Sculpteur.
03" Bronze , f. m. fe dit eh général des ouvrages ,■
des figures en bronze , foit que ces pièces fbienc
des antiques , des copies de l'antique , ou des fujets
nouvellement inventés. Voilà un beau bronie.
Les Médailliftes diftinguent le grand, le moyen,
&: le petit bronie , pour dire les grandes , les moyen-
nes & les petites médailles de bronie. Tout le cui-
vre, dans la diftinélioTi des fuites de médailles, a
Phonneur de porter le nom de bronie. Le P. Job,
Quelques-uns dérivent ce mot a Brontibus ,
qndjï hrontium àVidcani famulis fabrefaclum. D'au-
tres croient qu'il vient de l'italien abbroniare , qui
fignifie enduire d'une couleur brune. Le mot bronie
vient de l'italien bronio, qui fignifie la même chofe ,
& bronio vient àH abbroniare. Le P. Thomaflin re-
monte plus haur , & il fait venir le nom de bronie
du mot faxon brxfens , œneus , qui eft de cuivre ou
d'airain. Icquez le dérive de irunt , mot faxon , Sc
de la langue des Francs.
Bronze. C'eft aufli une couleur préparée par les mar-
chands épiciers , vendeurs de couleurs , pour imiter
le bronie.
^3" On fe fert de ce met au figuré , en l'appliquant au
cœur, à l'ame, pour défigner un cœur infenfiblc,extrê-
mement dur. Cet homme a le cœur de bronie. Horace
donne un cœur de /ronre à cet homme audacieux qui
s'abandonna le premier a la merci des flots. Bouh. Le
cœur de l'homme , qui eft de cire pour toutes les
chofes qui vont à le pervertir &: à le corrompre , eft
de bronie pour celles qui peuvent contribuer à fon
falut. Ab. de la Tr. Il faut l'avouer, on ttouve pat-
tout, mais f pécialement dansles conditions riches
& opulentes du fiécle , de ces âmes de bronie que
rien n'amollit. Bourdal. Exh. T. I , p. 49.
On appelle proverbialement ,Tes courrifans du
cheval de bronie , plufieurs fainéans , fil«us &: gens
de mauvaife vie , qui fbnt ordinairement fur le Pont-
neuf à Paris.
Quand on dit abfolument le cheval de bronie ,
on entend celui du Pont-neuf à Paris , c'eft-à-dire,
la ftatue équeftre d'Henri IV, placée au milieu du
B R O
Pont-nenf , vis-à-vis la place Daupliîne. CtH: Un
prclent que la République de Veniic fie à iâenri
IV.
BRONZER. V. a. Peindre en couleur dcbronze avec
de la limaille de bronze. jEris colore injicsre , im-
buere.
ffT Bronzer , chez les Arquebufiers & autres ou-
vriers en fer , c'eft faire prendre au canon d'un fu-
fîl 5 par exemple , une couleur d'eau , en le frétant ,
lorfqu'ils l'ont fait chauffer à un certain point ,
avec la pierre languine , jufqu'à ce qu'il ait pris la
couleur.
%T Bronzer , chez les Parfumeurs , c'eft teindre en
noir de^s g^nts &: des fouliers pour un deuil.
BRONZE , EE , part. & adj. On appelle du marroquin
bronzé, cz\m qui n'eft point grenu, qui eft paiîecn
noir , & qu'on emploie pour faire des fouliers de
deuil, ^ris colore infecîus. Souliers bron^^es , gants
bronzés,
BROQUART. f. m. Terme de Vénerie, qui fe dit d'un
jeune cerf, & généralement des bctes fauves d'un
an. Cervulus himulus. On écrit aufîl Brocarb.
BROQUE. f.m. Terme de Jardinage. Tête d'un re-
jeton d'un chou frif c. Surctdi capiu. Si l'on étête des
choux , ils repoudent non -feulement du couronne-
ment , comme les arbres,mais encore de leur tige , de
haut en bas , à l'endroit de l'aifTelle de toutes leurs
feuilles caduques, autant de têtes qu'ils ont perdu
de feuilles dans' tout cet intervalle. Si la pre-
mière Ottuife fe cafTe au collet , alors les tepouces
foifonnent fur-tout au couronnement , & chaque
rejeton forme à part fa tête , grofle comme le poing
ou plus. On appelé ces têtes dans les choux frifcs ,
des braques , de l'italien broccoli. Dod. Acai. des
Se. ijoo , p, 145, 150. Le vingt-quatrième Jan-
vier j'ai compté vingt-fept fîeurs dans une broque
qui n'avoir que dix-fept feuilles. Id, p. 151. La
broque grainée portoit tant en cinq tiges principa-
les que latérales , 1 5«? , tant gouffes que fleurs. Tou-
tes les huit braques cnlcmble eftimées ftir le pied
de la plus avancée, 1088. l-o.p. 152. Un chou frifé
ctêté avoit pouffé trente-fix rejetons en braques.
Voyez encore Broccoli.
BROQUETTE. f. f. Petit clou à tête dont on fe fert
pour attacher des garnitures de lit , de chaiiés , &
autres petits ouvrages. Clavulus. Ce mot doit ve-
nir de broche.
3ROSS AILLES , plus ordinairement BROUSSAIL-
LES, f. f Fruteta ^frutecla , fruticeta , dumeta. Mé-
chant bois qui ne profite point , touffes de buifibns ,
genêts, épines ,, bruyères, fi-c. Un pays de brojjailles
eft difficile à pafTer.Le lion voulant chaffer avec l'âne
le cacha dans les brojfailles. Port-R. Ce n'étoient
que de petits fentiers pleins de brojfailles. Vaug.
Ignace perça les broffailles qui fermoient les ave-
nues de la caverne. Bouhovrs.
On dit dans la baffe latinité brufcia Se bre^ia ,
d'où Du Cange dérive ce mot.
On appelle auffi broffailles, ces menus bois de fa-
gots rompus & déliés qui reftent dans un grenier
ou l'on a entaflc beaucoup de menus bois. Firgulta.
Il n'y a plus que des brojjailles dans ce bûcher. On
le dit auffi de ce qui rcfte du menu bois qu'on aban-
donne dans les forêrs après qu'on y a fait des fa-
gots. Ils amafferent des broffailles pour faire du feu.
Ablanc.
On dit de quelqu'un , qu'il eft dans les brojfail-
/e5;pour dire, qu'il eft gris ou ivre. Dict. Com.
§3"BR0SSE f. f. fe dit en général de rout inftrument a
poil, à laiton , ou à fil d'archal , fervant à nettoyer,
ou autres ufages femblables.
Brosse à tête, affemblage de petites verges de jonc
délié qui fert à décraflér la tête. Scopula.
C'eft aufli un aflemblage de pluiieurs foies de
pourceau ou de fanglier , liées & engagées dans
plufîeurs trous d'un ais percé à ce deffein, qui fert
à nettoyer les habits , à froter les planchers , & à
panfer les chevaux , &c. On en fait auffi de petites
qui fervent aux Peintres, aux Doreurs ,aux Vitriers, 1
B R O
S?
e
es
font
aux ouvriers en ?i\.ic,&c. LabroJ/l d'cs Peintres, cft
un pinceau dont tous les poils font égaux , &' ne
le terminent pas en pointe , comme les pinceaux
ordmaircs , fervant pour coucher ou pour étendre
des couleurs. Il y a des brofes de toutes fortes d
grofieur , mais en général les pius pcrites broïï,
font plus groffcs que les gros pinceÀux. Elles fe tôt
dç poil de porc, C'eft une très-bonne pratique de
peindre avec la bro£e : on p?int avec plus de fer-
meté. Les premières couleurs s'appliqu?nt avec la
broje , parce que la pratique en eft plus cxpéditive.
DicL de Peine. & à'Arch. Les Imprimeurs fe fer-
vent auffi de grandes bro(fes faites de poil de fan-
glier pour laver les formes avec de la lefîive , quand
elles font tirées.
ifT II y a encore plufîeurs fortes de broffes : brops
de carrofîes pour nettoyer le dehors &: le dcaans
du carroffc. Bro(fes à cheval \ pour étriller les
chevaux &: leur polir le poil. hro([es à dent , pour
nettoyer les denrs. Bro§'cs à luftrer , chez les gai-
niers , pour luftrer leurs ouvrages en noir , ou en
d'autres couleurs : chez les Chapeliers, pour luf-
trer les chapeaux. Bro(fes à peigne, Dour nettoyer
les peignes. Bro^'es de Tiffcrand , pour mouiller
leur brin fur le métier. Brodes à Chirurgiens pour
froter le corps de ceux qui ont des rhumarifines ,
pour faire tranfpircr l'humeur qui caufe la dou-
leur.
Brosses , au pi. fe dit des bruyères ou brouffailles
des rerres incultes où il vient des plantes fauva-
ges , du menu bois ou arbuftes peu élevés , ou
de méchantes tailles qui font au bord de la forêt,
Denfum virgetum.
Brosse. La féconde &' la troiflème paire de jambe
de l'abeille ont une partie que l'on appelle la
broffe. Cette partie eft carrée , fa furface extérieure
eft rafc & lifle ; fa fjce intérieure eft plus chargée
de poils que nos brojfes : ils y font rangés de même.
BROSSER, v. a. Froter avec des broffes la tête, les
habits, les meubles. Sec. Tergere , decergere.
Brosser les lettres. Terme d'Imprimeur , c'eft
en ôter l'encre avec de l'eau &i de la lellive,:
jJCT Brosser un cheval , le froter avec la broife,
pour ôter la pouflière de deflus fon corps.
Brosser, fîgnifîe aulfi , courir à travers les bois Sc
les p.tys de bruyères & de broulïailles. Sylva? pcr-
errare , pervagari. Broffer à travers les buiiîbns.
Vaug. Quint. L. 6. Il travaille fans ceife à broffi.r •
les forêts. Théoph. Voye? auffi Salnove.
BROSSE , EE. part.
BROSSIER. f. m. Oiiv-rier qui fait des broiTes.
Brossier ( Mz/-Mi? ) Fille de Jacques Brc(j'L'r, TifTe-
rand de Romorantin , étant âgée de lo ans en 1598,
fut tourmentée d'un mal qui lui cauibit des con-
torfions étranges & lui fiifbit faire des mouve-
mens extraordinaires : de forte que le peuple s'i-
magina qu'elle étoit poffédée. Son perc courut le
pays avec elle , ibus prétexte de la mener à des
pèlerinages &c de chercher des exorciftes qui la
pufîent délivrer. L'Official d'Orléans la chaffa de
ce dioccfé : l'Evêque d'Angers en fit autant. Brofjier
amena fa fille à Paris-, & les Capucins commen-
cèrent à l'exorcifer dans l'Eglife de Sainte Gene-
viève. Le Cardinal de Gondi , Evêque de Paris ,
convoqua une aff; mblce d'Ecrleliaftiques dans cette
Abbaye, & par leur avis, il choiiît cinq fameux
Médecins pour examiner ce qui en éroit. Après
plufîeurs épreuves, trois jugèrent qu'il n'y avcit
point de po/feffion , & comme dit M. de Thou ,
qu'il n'y avoit rien de diabolique dans fbn fait,
mais beaucoup de Ibude 5c un peu de inaladie.
Unanimi ab iis Medicis confenfu , Epifcopu ro-
gitnte , refponfum e(l ,nihil a fpiritn , wulta fia.i .,
pauca à morho c[fe. Un quatrième dit qu'il falloir
attendre trois mois pour connoître ce mal. Durer
fut le feul qui fbutint qu'elle ctok poffédée. D'au-
tres Médecins furant appelés , qui furent du même
avis. Le peuple couroit en foule, comme pour
entendre quelqu'OracIe fur les affaires du temps.
88
B R O
Le Parlement mit la pictcnduc pon'cclce entre les
mains du Lieutenant criminel & du Procureur du
Roi au Chàtelet, Si nomma onze Médecins des
plus fameux pour examiner fon mal. Ceux-ci dé-
clarèrent qu'ils n'y trouvoient rien au-deiîus des
forces de la nature. Les Prédicateurs cependant pu-
blioient dans les chaires qu'on entreprcncit lur la
jurididiion de l'Eplife & qu'on étoJifoit une voix
miraculeufe dont bleu voiiloit fe icrvir ppur con-
vaincre les Hérétiques. Le Parlement le Icrvit de
Ton autorité pour leur impofcr fîlcncc. Marthe
Broffler fut ramenée à Romorantin , & mile fous
la gatdc de l'on Père , «avec défenfes de la lailfer
fortir de la Ville , fous peine de pur.ition cor-
porelle à l'un &: <à l'autre. Malgré c;la Alexan-
dre de la Rochcfoucaud , Abbé de faint Martin,
enleva cette fille , la mena à Avignon , puis à
Rome. Mais les Agens de France aiant prévenu
le Pape, cet Abbé ne réullit pas dans le dcllein
qu'il avoit de faire valoir les oracles de ccrte
prétendue Démoniaque , qui ne parut plus. Mr-
2ERAI , Hijt. de Fr. fous Henri IV. Bayle Dict.
Cr.it.
BROSSURE. f. £ On appelle fimple Brojfure , en
termes de Peauilïers-Teinturicrs en cuir , la cou-
leur que ces artifans donnent aux peaux , en les
imprimant limplement avec la broHe.
fer BROTHÉE. Brotheus , fils de Vulcaîn & de
Minerve, fe voyant la rifée des autres à caufe de
fa dilformitc , fe jeta dans le feu , préférant la
mort au mépris. Ovide en parle in ibln. V. 517^
BIOTTES. f. f: pi. On nomme ainfi à Lyon , &
. aux environs , les cuillères de buis, & de limole
bois, qui ferveur à table,
BROU. f. m, ou plutôt Br-ouT. Ecorce verte qui
couvre les noix. gCT Les Teinruriers l'emploient
dans quelques couleurs. Les Diftillatcurs en fonr
un affcz bon ratafiat. Gulioca., viride nucis puta-
men. On appelle encore ainfi l'écorce qui eft fur le
coco & qui l'enveloppe. Elle a trois doigts d'é-
pailfeur , & on peut mettre les fibres en corde.
Cela efl: caufe que les Siamois n'ayant point de
chanvre , font leur cordage de brou de coco.
Bs-pu. L'Eglife de Brou , Notre-Dame de Brou. C'cfl;
le nom d'une Eglife qui eft tout près de Bourg-
cn-Breife. Elle eft delfervie par des Auguftins Dé-
chaulîcs. Nous n'avons point en France de plus
beau morceau d'archiretflure que cette Eglife de
Brou. Marguerite d'Autriche , veuve de Philibert
n. Duc de Savoye, la fit bâtir. Elle eft grande,
riante , éclairée. Le chœur, les chapelles, les vitres,
t3Ut eft exquis & fini. Les maufolécs qui font dans le
choeur , font des pièces achevées. On y voit celui de
Philibert II , &; celui de Marguerite fonépoufe. Rien
n'eft plus délicatement travaillé que les formes du
chœur. Vie du F. Fiacre, L. III , p. i-i^ & fuiv.
"^îT Bp-ou, Petite ville de France, fur la rivière de
Douxaine , dans le Perche , au-defilis de Dangeau ,
Diocèfe de Chaftres , Élcdlon de Châtcau-Dun.
BROUAGE, Ville de France en Saintonge fur l'O-
céan, Broagium. Brouage eft' au milieu des marais,
dont on tire une rrès-grande quantité de fel,
03" BROUAGEAIS. Petit pays maritime de France,
en Saintonge , connu par lés marais falans , où le
fait le meilleur fcl du Royaume.
BROUAILLES. f. f". pi. Inteftins de poiflbns ou de
volailles qu'on vuide , lorfqu'on les habille , qu'on
les apprére pour manger, Imcjiin.i. En Normandie
on dit hreuiUes.
Ménage dérive ce mot de burbalia , qu'on
trouve en ce fens dans quelques Auteurs.
BROU AS. f. m. Vieux mot que le peuple dit encore.
Brouillard. Nebula..
ifT BROUCK. Petite ville d'Allemagne, au cercle de
Weftphalie , fur le Roer , au Duché de Berg ,
Chef-lieu d'un Comté de même nom,
^rr BROUCK ou Broug, Ville de SuilTe , dans
TArgaw?, au bord de l'Atc.
B R O
CKT BROUCOGOLAS , ou faux re/rafcirés. F..y-7
BRUCOLAGUtS,
BROUDRA. Foyci Brodra.
BROUÉE. f. f. f'iuie menue , qui approche br^au-
coup du brouillard. J'ai efluyé une peritc broucc,
qui n'a pas lailfé de me bien mouiller. Nebn/a.
Il y a des hrouées dangereufes aux vignes & aux
blés. On dit aulfi , prendre une brouee de feu -,
pour dire, fe chau.fer légèrement &; en partant ,
brûler une ame de fagot. Cela eft du ftyle po-
pulaire.
BROUET. f m. Bouillon qu'on portoit autrefois aux
nouvelles mariées le lendemain de leurs noces avec
folcr.nité & rcjoiiilfance. Jus coniitum , jufculum. Il
ctoir fait d'œufs , de lait & de fucre. Cela n'a plus
d'ufage que parmi le périt peuple.
Ce mot vient de brodet-tum-, diminutif de brodum,
qu'on a dit pour brodium, qui fe trouve en cetts
fignification dans quelques Auteurs Latins.MÉNACE.
BaoufT , fe dit aufll d'un méchant potage , mais
dans le ftyle comique & burlefqus. Jus injulfiun.
le galant pour toute befogne avoit un brouet clair.
La Font,
En parlant des anciens Grecs , on appelle Brouet
de Lacédemone , un certain potage noir , dont les
Laccdénfoniens avoient accoutinné de fe nourrir.
On dit proverbialement , qu'une choie s'en eft
allée en brouet d'andouilles , lorfquelle n'a abouti
à' rien,
BROUETTE, f, f. Petite charrette ou pAft tombe-
reau qui n'a qu'une roue, & qu'un homme pou/fe
devant lui, Vehiculum trulciiile. Les Vinaigriers
le fervent de brouettes pour porter leur vinaigra
par les rues. On lé fert de brouettes pour porter
des tetres , du fumier, des ordures à la campagne.
Dans les mines on lé fert de brouettes dont la
roue eft au centre.
Ménage dérive ce mot de birotetta , diminutif
de birota , qui fe trouve dans le Code Théodo-
ficn , & fignifie une petite voiture à. deux roues.
D'autres le dérivent de bifrota.
On .appelle au(îl brouettes , ces petites chaifes .\
deux roues qui font traînées par des hommes , Sc
audi les carroflcs mal propres & mal attelés.
BROUETTER, v. a. Tranfporter quelque chofe dans
une brottette. On brouette des terres , des pierres ,
du fumier. C'eft encore mener quelqu'un dans une
pcrite chaife .à deux roues. Je me fuis i-iXx. brouet-
ter toute la journée. Véhicula trahere.
'■fT Ici les Vocabuliftes triomplient. Ils ont vu dans
l'ancienne édition, brouetter v. n. Et ils ne man-
quent pas de faire remarquer que ce verbe n'eft
pas neutre , comme le dit le diâ. de Trévoux.
Le diét. de Trévoux ne dif pas cela. Il eft évi-
dent que V. n. eft une faute d'imprelfion , pour
v. a. l'exemple qui fuivoir , devoir leur faire voir
qu'on donnoit à ce verbe une fignification tuftive.
Il y a dans la remarque un peu de malignité. Ils
auront beau fuppofer des faures dans les autres
Dictionnaires , le grand Vocabulaire n'en vaudra
pas mieux.
BROUETTÉ , ÉE. part.
BROUETTEU?-., f m. Ceki qui traîne des hom-
mes dans les chaifes qu'on appelle brouettes oa
vinaigrettes.
BROUETTIER. f m. Celui qui mena une brouette.
A^ens truÇarile vehiculum. îjCT Celui qui tranfportâ
quelque fardeau dans une brouette .t. une roue.
BROUHAHA, f. m. Acclamation , bruit «fourd &
confus, qu'on entend dans les Affembléés où l'on
fait des difcours publics , & où l'on donne des
fpedacles , lequel témoigne l'admiration , ou l'ap-
plaLidilll-mcnt des adiftans. Piaufus , clamor. Ce
terme eft fur-rout en ufage patmi les Comédiens,
lorfqu'on fe recric fur les beaux endroits de I,a
pièce. Le Comédien s'arrête aux beaux endroits
de la pièce , & avertit par-là qu'il faut faire le
brouhaha. Mol. Ce mot eft du ftyle fimilier,
BROUI. f. m. Terme de gens qui travaillent en
email.
Ê R O
émail. C'efl une forte de tuyau dortt ils (e fer-
vent pouL- fouffler la flamme de la lampe fur l'é-
mail qu'ils veuleat l'aire iondre. Calamus. On rap-
pelle autrement Chalumea.ii.
.BROUILLAMINI, f m. C'eft une terre rouge &
vifqueufe , naturellement féclie avec peu d'odeur &
de faveur. On la trouve dans les minières de fer.
Biringuccio affure que l'on s'en fertprcfcrablement à'
la terre figillce contre toutes fortes de venihs. Quel-
ques-uns la confondent avec le bol d'Arménie , &
difent que ce mot s'eft fait par corruption de loli
armemc'u Les Médecins s'en fervent fouvcnt. Les
Peintres s'en fervent auifi pour attachet l'or aux or-
nemens de leurs peintures j & les Potiers pour tein-
dre leurs pots en couleur rouge.
^ Les Maréchaux appellent brouillaniini , par cor-
ruption , une emplâtre pour les chevaux , faite de
bol d'Arménie.
Brouillamini , fe dit encore d'un bol tiré des car-
rières , dont on fait une pâte , de laquelle on forme
des bâtons plats , de la groOeur & de la longueur du
doigt ; ces bâtons s'appellent brouillamini, ou bol
en bille.
Brouillamini , efl: au/Ti un mot burlefque , pour fi-
gni/ier défordre , brouillerie , confulion , obfcurité.
Tenebrx , caligo , obfduritas. Il y a là dedans trop
de brouillamini, Molière.
%I BROUILLARD, f m. , autrefois brouillas. Nebu-
la. Amas de vapeurs & d'exhalaifons groflîères qui
s'élèvent de la terre , que le froid condenfe , & que
leur propre pefanteur retient proche la furface de la
terre. Toy^ç Vapeurs & Exhalaisons. Les brouil-
lars font de vrais nuages , que leur propre poids
retient dans la plus baffe région de l'air. Les nua-
ges font des brouillars plus élevés. Foy£7 Nuage.
IP" Les particules d'eau dont \c brouillard tGicom-
pofé , fe joignant les unes aux autres , interrompent
l'adtion de la lumière , empêchent le pafîai;e des
rayons du Soleil , & nous dérobent le jour. Lqs
broxdllars font plus ftéquens dans les lieux hu-
mides & marécageux , parce qu'il en fort plus dé
parties aqueufes ou de vapeurs.
tfT Ils font auffi plus frcquens en hiver qu'en été -,
parce que le froid de l'atmofphèrc condenfe promp-
tement les vapeurs & les exhalaifons qui s'élèvent
de la terre.
%T Lorfque le brouillard n'efl: compofé cjue dé par-
ties aqucufes , il n'efl: point nuifible : lorfqu'il efl:
formé d'exhalaifons , il efl: mal-fîin & puant , plus
ou moins , félon la nature de ces exhalaifons.
fO" Quelquefois les brouillars font chargés de fels
nitreux&iulfureux qui tombent en petites çouttes
de pluie : c'eft ce que les Jardiniers Se fcs La-
boureurs appellent nieU , qui détruit tout d'un
coup les plus belles efpérances du Moilfonneur.
Les particules tranchantes de ces corpufcules dé-
chirent les fibres des planres & des fruits encore
tendres : le mouvement des fucs efl: arrêté : tout fe
defféche, tout languit & dépérit faute de nourriture.
f^oye^ NiELE.
|CF Les objets que l'on voit à travers un brouillard
paroiffenr plus grands & plus éloignés. Voyei au
mot apparent , grandeur apparente'', Sc vifion.
§3=- La pèche du hareng ne le fait que pendant les
brouillars. Voyez Hareng.
On^ dit proverbialement d'un brouillard , qu'il
eft li épais , qu'on le couperoit avec un couteau.
Brouillard , fe dit aulfi adjed1ivement;du papier fans
colle, tel que le papier gris , qui fert à filtrer. Ckarta
hibula. On fe fert de ce papier pour boire l'encre des
écritures fraîches qu'on fait dans un regiftre. On le
dit auffi de tout autre grand mcciiantpapier ou
inutile , qui fert à envelopper quelque chofe , ou à
d'autres ufages.
Brouillard , fe dit encore d'un livre fur lequel les
Maîtres , & autres qui font employés dans le com-
merce , écrivent à fur & à mefure ce que l'on
reçoit & ce que l'on prête , pour être enfuite porté
& mis en ordre fur un autre regiftre , qui eft pro-
Tome 11,
B il O
ptementie journal, ai.^ àccepti ù mutut rMionem
conttnens Quelques-uns appellent le journal d nom
de brouillard, m^,^ improprement. Bornipr
Brouillard. Pris figurémcnt, îigni/ie obfcurité; 'obfa, ■
firMiDr:;fr^«'^^^'^^^---^-4ef
^^^^.ll^^\ '• '• ^""ïf '" °^"^ ^'^-'^ ^- Amours
SSet ^'"" '^"^ ^'''^'' pariant de-ià
Eft brouille avec ma Bergère ,
Je nous chaniaillons exprès,
C'eft une expreflîon populaire , qui ne peut paf
fer que dans la bouche d'un payfan^ou d'une pcr-
ionne de la he du peuple. "^ ' ' ''^"
BROltlLLEMENT. f m. Mélange , confufion. Ce
brouiUement des couleurs
CCr BROUILLER, v. a. Me'ttré les chofes pêle-mêle,
en de ordre, en confufion, Mifcere , turbare. J'ai
broutlle tous mes papiers. Mes livres font ^ro«.L-.
Ménage denve ce mot de brogliare , c^ni 2. été fait
de broglw qui fignifie bois , d'où eft venu iméro-
gliare , qui a fait embrouiller.
^^ Brouiller , fignifie aulf, mêler plufieurs chofes en-
izmblc, mjcere , confundere. Mettez toutes ces dro-
gues enfemble & les brouillei bien. Brouiller plu-
fieurs vins enfemble , & brouiller du vin , remuer
un tonneau , une bouteille , enforte que la lie & le
fediment fe mêlent avec la liqueur. Brouiller de-»
œufs , mêler le blanc & le jaune.
Brouiller , fe dit aU figuré , pour mettre de la con-
fufion , du défordre. Brouiller les affaires. Ce Mi=
niftre a brouillé l'Etat.
ffJ" On le dit au/fi des perfonnes pour fiç^nifier met^
tte la diffenfion , femer la difcordc. J'aurois pu iuf
quici brouiller louslts Chapitres. Boil.
IP" On dit figurément & proverbialement que l'a-
mour a brouillé la cervelle à quelqu'un , pour dire
qu il lui a troublé l'cfprir.
IP* On dit de mcms brouiller \c% C3.nes, embrouiller
les affaires , y mettre du trouble , en parlant des
perfonnes , les mettre en mauvaife intellit^ence.
Brouiller , fignifie auffi embarralfer. Ce mot n'a' été
inventé que pour brouiller. Pasc,
IP On le dit abfolument , pour dite faire les chofes
avec confufion, foit par ignorance , foit par malice.
11 n'a ni règle ni ordre dans l'efprit , il ne fait eue
brouiller, Acad, Fr,
IP Brouiller , eft aufTi réciproque , & .fignifie s'em-
barralfer , fe troubler en parlant. Il fe brouilla tel-
lement , qu'il ne favoit plus ce qu'il difoit.
\fT Se Brouiller , fe mêler , fe confondre. Ils ne fe
brouillent point avec le refte des troupes dans les
défilés. Ablanc.
IP On dit auffi que le ciel fe brouille , quand il fe
forme des nuages qui annoncent la pluie ou l'orage.
IP On le dit au/fi au figuré , en parlant du refroi-
diflement qui arrive dans l'amitié. Abalienari , (i-
multates Jufcipere , Les amis fe brouillent aifément ,
mais ils fe raccommodent avec la même facilité. Ills
ne fe brouillent ni avec la foi , ni avec la raiibn.
Pasc.
Brouiller , fignifie encore , gâter du papier en faifant
des écritures inutiles, ou de méchans livres. Chartam
perdere. Ce mauvais Poëtea bien brouillé du papier.
Les faifeurs d'anagrammes brouillent bien du papiet
inutilement.
Brouiller , fe dit auffi , en termes de Manège ; pout
dire, mettre un cheval hors d'état dcfe bien manier ,
par la faute du cavalier qui le monte. Vitiare. On
dit qu'un cheval fe ^rotf/7/tr, lorfqu'à force de vou-
loir précipiter fon exercice , il le confond , de façon
qu'il ne fait p^lus ce qu'il fait.
BROUILLÉ , EE, part. Les Fleuriftes difent qu'une
fient eft brouillée, cfi.z.nà elle n'a point panaché net
^o
BRO
Pertilftus, confufus, turl:>atus,penurl>atus. Cette tu- i
hpe elt hrouillce Qoi>^T, Cet œillet efl: brouilleXiG.
On appelle , en termes de nianct;e , un cheval
brouille , ca qui le irouille , celui qu'on recherche
pour lui taire faire quelque exercice , &c qui au-
lieu d'obéir , l'c précipite , ie travcrie & le de-
funit , étant incertain oc inquiet , parce qu il a les
aides trop fines : ce qui l'empêche de manier , pour
peu qu'on ferre trop les cuiifes , ou qu'on iailTe
cchaper les Jambes. .
gcr BROUILLERIE. f. f. L'Acad. dit funplement ,
querelle , dilfenfion : les Vocabuliftes ajoutent ziza-
nie , difcorde. Pourquoi tous ces prétendus fyno-
nymes î Le mot de brouilUrie ne dit autre chofe que
méiintelliqence entre perlbnnes qui ont été bien en-
femble. Difenfio , diljiduim. Il y a quelques brouil-
leries à la Cour qui* n'éclatent pas encore. Il y a
de la brouilkric dans ce ménage , entre ces amis.
hzs brouilleries d'un Erat aboutiilcnt iouvcntàdes
î^uerres civiles. Dans toutes les brouilkries du
Royaume , il s'eft toujours montré bon françois.
Voit.
BRouiLLfRiE , fe dit aufTi pour difputes. Contentiones,
Voulez-vous recommencer nos brouillaies î Pasc.
Brouillerie , pour bévue d'un Auteur qui confond
les choies , qui les brouille , eft un mot de la laçon
de Bayle. Ce font des brouilkries d'autant plus
grandes , qu'il eft fur que les Sarrazins étoient maî-
tres du Lan2;uedoc avant qu'Abdérame eût paifé les
Pyrénées. Bayle, Les brouilkries d'Auguftin Cu-
rion fonr encore plus confufes. Id. Brouilkrie n'a
qu'un fens moral : il lignifie les difputes , les méiin-
telligences , les diifcrens qui font entre les perlon-
nesTsi les ^ro«i//<;nM de Curion ne peuvent figni-
fier que les inimitiés , les difcordes qu'il a excitées ,
ou qu'il a eues. Brouilkrie ne le dit jamais pour
ime confufion de choies niifes pêle-mêle , contre
l'ordre qu'elles doivent avoir.
§3= BROUILLON , ONNE. adj. remuant , qui cher-
che , ou qui aime à brouiller. Turlndus , turbukn-
tus. Efprit brouillon. Humeur brouillonne. N'ayez
aucun commerce avec les efprits brouillons.
gCF On dit fubftantivemcnt , c'eft un brouillon. Tur-
bator , novarum reruin moliior, C'cll: une brouil-
lonne. . . ,, ,
fer Brouillon, fe dit aufTi de ce qu on écrit d abord,
des premières idées qu'on jette fur le papier , pour
être enfuite mifes au net. Je travaille .à cet ouvrage \
mais je n'en ai lait encore qu'un brouillon. Il m'a
fait lire fon brouillon.
ftCr Brouillon, chez les marchands , fc dit d'un ef-
pèce de journal , qui n'eft pas tout - à - fait au net ,
fur lequel les Marchands 6c Banquiers écrivent
les chofes qui ont rapport à leur commerce. Ad-
verfaria. Porter , effacer un article fur le brouillon.
§Cr Quelques Provinciaux dhent brouillard. C'eft pro-
prement un mémorial. Memorialis liber.
BRUINE, f. f. yoye?^ BRUINE. C'eft la même chofe
que Brouée. Une pluie menue. Ce mot vient du
latin Pruina , comme on l'a dit. Bruine eft mieux
que brouine.
IP" BROUIR. V. a. Terme d'Agriculture qui fe dit
des boutons des arbres , des nouvelles pouifes , des
ftuirs Se des blés brûlés & grillés par l'adion du
Soleil, après avoir été attendris par une gelée blan-
che, Urere , arefacere. Le Soleil a broui nos fruits ,
nos arbres à fruits. Tous les blés Ibnt brouis. Car-
tunculaniur femina.
On le ditaufli de quelque mauvais vent qui fait
retirer les feuilles des arbres -, enforte qu'elles n'ont
plus leur étendue , ni leur verdeur ordinaire. Ces
feuilles tombent , Zc font place à d'autres qui leur
fuccèdent. La bize a brouï nos arbtes. Au prin-
temps les vents de nord-eft , c'eft-à-dire , les venrs de
bize , fort fecs & fort froids , brouij/enc les feuilles
&: les jets nonveaux. La Quint.
|p° On difoit anciennement ^ro.vir.?, brûler, fccher.
L'ardeur du Soleil qui furvient après la bruine ,
htouitks arbres. Cdrbunculare. Ch. est. Dict.
BRO
BRÔUI , IE , part. Des abricotiers brouis , des pê-
chers brouis. Des feuilles hrouies. La Quint.
BROUISSEMENT. Voye^ BRUISSEMENT.
BROUISSURE.f. f. Terme de Jardinage. C'eft le dé-
gât &: le mauvais effet du vent , ou de la gelée qui a
brouï les arbres. Arentia foiia , aridi folliculi. Car-
bunculatio. La brom^ure rombe , &; fait place aux
nouvelles feuilles qui doivent fuccéder. Cette bruij'-
fure tombera aux premières pluies douces. La
Quint.
BROUNISME. f. m. Sede , doûrine des Brouniftes.
Brounifiarumjtcla,doc{rina. Il eft vrai de dire que
le Brounifme n'a point proprement d'autres Auteurs
que les Epifcopaux. Pelisson.
BROUNISTES.Nomde certains fedaires quifefont
élevés à la fin du feizième liècle, en Angleterre. Leur
chef s'appeloit Robert Broun , originaire de Nort-
hampton. M. Stoupp qui les a connus en Hollande,
en fait cette dcfcription,dans fa deuxième lettre tou-
chant \i Religion des HolLindois. Les Brounijies
fe font fcparcs de l'Eglife Anglicane , & de toutes
les autres Eglifcs Réformées, qu'ils croient cor-
rompues , non pour les dogmes de la foi , mais
pour la forme du gouvernemenr. Ils condam-
nenr éijalemenr le gouvernement épifcopal & celui
des Prelbytcriens "pat des Confiftoires , par des
Claffes & par des Synodes. Ils ne veulent pas fe
joindre à nos Eglilés , parce qu'ils difent qu'ils ne
font pas aflliiés de la convetfion & de la probité
des membres qui les compofent , .à caufe qu'on y
tolère des pécheurs avec qui il ne faudroit point
communier , &: que dans la parricipation des Sa-
crcmens , les bons conttadent de l'impurerc parla
communion des méchans. Ils condamnent la bcné-
didion des mariages , qui fe fait dans les Eglifes
par les Miniftres , foutenanr qu'étant un contrat
polirique , fa confirmation dépend du Majiftrat ci-
vil. Ils ne veulent point qu'on baptife les enfans
de ceux qui ne ibnt pas membres de l'Eglife , ou
qui n'ont pas affez de foin des enfans qu'on a bap-
tilés. Ils rejettent tous les formulaires des prières,
5s. ils difent même que l'orailbn que le Seigneur
nous a enieignée ne doit pas être récitée comme
une prière -, mais qu'elle nous a été donnée pour
être la règle Se le modèle fur lequel nous devons
former routes celles que nous préfenrons à Dieu.
BROUSSAILLER. v. a. Terme de Jardinage. Garnir
de brouj[failles. Broujfailkr par des lizières de bois,
des palilfades un peu garnies , le pourtour des murs.
Jard. de propreté.^
BROUSSAILLE , EE , parc. Garni de brouflailles. Pa-
hiVuAebrouiïailke. Jard. de propreté.
BROUSSAILLES. Foye^ BROSSAILLES.
BROUSSE. Nom d'une ville de l'Anatolie. C'eft la
capitale de la Bithynie.
BROUSSIN
qui vient à un arbre qu'on appelle érable : elle eft
ondée & madrée d'une manière fort agréable : elle
étoit d'un fi grand prix parmi les Romains , que
Pline afllire qu'ils l'eulfenr préférée au citronnier ,
s'ils en euflenr pu faire des tables. On en fait des
cadettes, des tablettes, & autres ouvrages , qu'on
eftime beaucoup. Mollufcum.
|5Cr BROUT. f. m. Nouvelles pouffes , nouveaux jets
que les jeunes taillis pouffent au printemps , & que
les bêtes vont manger. De-là vient qu'en termes
de Vénerie , on entend pat bètes de brout , toutes
fortes de bêtes fauves-, comme le cerf, le chevreuil ,
le daim , le bouquerin , le chamois , le rangier , &c.
On les appelle auflî bêtes brouantes. Fera pafcens.
Du Cange dérive ce mor de brujius , qu'on a dit
dans la balfe latinité au même fens , quod ex bruf-
ci s feu dumetisfiat paflio animalium. Mais il vient
plutôt de broufi^ qui eft un vieux mot celtique, ou
bas-breron , qui fignifie bourgeon , ou hallier , ou
du grec (ieio-Ko), rnojzduco.
B R O
i'^ B-.OUT^ fl' dit aufîi des ccalcs de noîx vertes
q-ii fervent à divers uiagcs. Gidiocu.Ou. prépare le
trout pour lèrvir aux teintures. On fait du rara/ia
iXchroucde noix. On confit les noix avec leur trout.
Il faut écrire brotit &c non pas frou.
BROUTANT , ANTE , ïdj. On aopelle en Vénerie
les hères /routâmes, le cerf ,1e fangier, le daim,
le chevreuil , le chamois , le bouquetin ou bouc
fauvige. Piijcens.
Brouter, v. a. Paître rherbe dans les près , man-
ger le brout dans les forêts. Fafci , morju capere ,
depajcere. §3" Les moutons broutent l'herbe des
prés. Les chèvres hroutentlzs feuilles , les bourgeons
des arbres. On ne le dir que de l'herbe qui tient à
la terre , & des feuilles & des bourgeons qui ricn-
nent aux branches.
Ménage , après Bochart , dérive ce mot du grec
/3^1/776,, , iignifîant la même chofe. Borel le dérive du
grec /3/)o;iiflij'£,v, qui lignifie depajcere.
On dit proverbialement , là où la vache eft atta-
diée , il faut qu'elle broute; pour dire , qu'il fine
demeurer arraché à fa profe/fion. On dit auffi d'un
homme qui a de l'induftrie , que l'herbe fera bien
_^ courte, s'il ne trouve de quoi brouter ; pour dire,
qu'il trouvera bien le moyen de çasner fa vie.
BROUTÉ , ÉE part. ^ ^- ^
BROUTILLES, f. £ pi. Menues branches qui relient
dans les forers après qu'on a retranché le bois de
corde : elles fervent à faire des figots, Firgultn, En
plufieurs endroits on dit bretilles,
Bro'j TILLES , fe dit auffi dans le ftyle familier , de plu-
fieurs petites chofes inutiles & de nulle valeur.
Voilà bien des broutilles,
^ BROWERS - HAVEN. Ville de Zélande , dans
les Pays-Bas , dans l'île de Schowen.
BROYE, f. f. Dans le propre , c'ell un inltrument dont
on fe fert à la campagne pour rompre le chanvre ,
& tiller plus aiférnentt On dit dans quelques pro-
vinces, brie , brayoïre , braye & mdCjue.lnJirumen-
ium macerandce cannabi comparatum. On le dit en
termes de Blâfon , d'une efpècc de feftons qu'on
trouve dans quelques Armoiries pofés en diverfes
iituations. La maifon de Broyé en a porté , par
allulionà fon nom. Celle de Joinville, porte d'azur
à trois broyés d'or , liées d'argent , &c. Quelques-
uns les prennenr aufll pour des moraillcs, d'autres
pour toutes fortes d'inftrumeus propres à broyer.
Les Ahglois les nomment barnades , ou bernicles ,
du nom d'un inftrument dont les Sarrafîns fe fer-
■ voient pour donner une géhenne cruelle.
BROYEMENT.f m. Réduélion d'un corps en petites
parties. rm//r<z. Il y a des Médecins qui penient que
ladigeftion fe fait par le broyement des alimens.Il c.n
efi: même qui foutiennent que tout eft vaiffeau dans
le corps humain jque tous ces vaidéaux ont un mou-
vement de fyftole & de diaftole , & que tout s'y fait
par le broyement des humeurs qui y coulent. M.
Lifter, Médecin de la feue Reine d'Angleterre , a
réfuté dans fon livre des humeurs , l'opinion qui
fait conlîfter la digeftion dans le broyement. Voyez
au mot Digestion.
BROYER. V. a. Réduire un corps en particules plus
menues de quelque manière & avec quelque inftru-
ment que ce foit. L erere. Il faut broyer ces drogues
dans le mortier. Suivant une opinion nouvelle", les
inembranes del'eftomac^roye/z/les alimens que l'on
prend , comme une meule , & c'eft ainfi que fe fait la
digeftion. Voye^ Digestion.
On le dit particulièrement des couleurs qu'on
écrafe long-temps furie marbre ou le porphyre avec
une pierre dure qu'on nomme molette , en les mê-
lant avec de l'huile pour les en imbiber , après qu'on
les a pulvérifées. fCT On broyé les couleurs à l'eau
ou à l'huile , fuivant l'ufage qu'on en veut faire,
fi^ On les hroye fur la pierre avec la molette : onlcs
mêle fur la palette avec le pinceau
BaoYER , en termes de Philofophic hermétique , fi-
gnifie quelquefois cuire la ilature jufqu'à ce qu'elle
iQit parfaite.
BRU
5 ï
Broyer. Terme de Cordier. Façon de détacî.cr iache-
nevorte de la f.huîe , au mo/en d'une machine qui
a br ne, qu on appelle i^royf.
BROYE , EE , part. & adj. Tritus.'
On appelle pain broyé, nn certain petit pain dp
fine farmc , que les Boulahgers croient autrefois
obliges de faire pour leur chef d'oeuvre , quand on
les recevoir maures. Foyer Pain.
BROYEUR, f m. Qui fc dit en cette phrafe. C'eft Un
Broyeur d;ocre ; pour dire , c'eft un fort mauvais
1 emtre. Tritor. On le dit aufll de celui qui broyé
les couleurs donr les Peintres fe fetvent.
BROYON. f. m. Terme de Cha/fe. Piège pour pren-
dre des bêtes puantes. On fait la chaffc avec des
traîneaux , ailiers , panneaux , rets faillans , bricoles ,
tenres, éraingues , collets, pièges, amorces, broyons,
Broyon , terme d'Imprimerie. C'eft une efpèce de
molette , avec laquelle les Imprimeurs broient le
vernis & le noir , dont ils compofent leur encre.
BRU.
BRU. f. f. Belle-fille. C'eft un terme d'alliance re-'
lanf au père & à la mère d'un fils, à l'égard defquels
la femme qu'il a époufée s'appelle \zntbru , ou leur
be le-jtlle. Ce dernier terme eft plus du bel ufaire.
lyurus, ^
Ménage dérive ce mot de nurtis latin , ou de
1 allemand bruvt , ou plutôt braut ; qui fig-nifie
epcwjée. Du Cange cite les Glofes d'Ifo^Ma-
gifter , où il eft dit que brut fignifie une femme
accordée , ou fiancée,
BRUANT , ou Bruand , f. m. plus communément
breant, C'eft un petit oifeau gros comme un moi-
neau , & donr le chant eft allez agréable. Ciru-
his , Florus , & en grec , Anthus, ' Le Briiant ,
ou Verdon , que les Italiens appellent Fer-
done , eft un peu plus gros que le Pinfon. Les
mâles font preique tous jaunes ; ils ont néanmoins
quelques patries des aîles & de la queue qui tirent
fur le cendré : les plus grandes pennes font d'un
plus beau Jaune ; les plumes de la queue à leur ex-
trémité font tout-à-fait jaunes ; en dedans elles font
d'une autre couleur. Son bec eft gros & aigu , de
couleur pàlé ; fes jambes & fes' pieds font d'un
rouge riranr fur la couleur de chair. L'on en "nour-
rir en cage à caufe de la beauté de leur chant. Le
Bruant fait fa demeure ordinaire dans les prés hu-
mides &: pleins d'eau , ilir les hauts arbres. Il femble
hennir comme le cheval, pour lequel il a de l'an-
tipathie. Son temps eft depuis le commencement
d'automne jufqu'au mois d'Avril , & pendant ce
temps on en prend une grande quantité. Pour en
prendre au printemps il faut mettre enrre deux
rers plufieurs fortes d'herbes , comme lacerons fau-
vagcs , & autres dont ils mangent -, l'on y mettra
aulîi deux ou trois pieds de chardons , avec des ra-
meaux d'arbres , fi l'on peut avoir des herbes avec
leurs femences , ce fera le mieux.- Il faut dreffer les
plantes de ces herbes comme fi elles avoient natu-
rellement crû en ce lieu. Cet oifeau mange de la
navette & du chencvis , & fait fon nid" dans les
vallées & lieux bas. Il fait quatre ou cinq petits. Le
mâle eft d'un verr jaunâtre. La femelle tire davan-
tage fur le gris.
IlyaaufTiun Taii'an bruand , appelé autrement
Coq de bois , ou de bruyère, Urogallus. Il y en a
de deux efpèces. Foye^ Faisan,
IfT BRUCELLES, f. f. pi. Petite pincettc dont fe
fervcHt les horlogers pour tenir des pièces déli-
cates, comme des roues très-fines, &c, Plufieurs autres
ouvriers , les Argenteurs , Lapidaires , onr auifi leurs
brucelles.
§CF BRUCHAUSEN. Comté d'Allemagne , en Wcft-
phalie , fur les bords du Wcfcr.
Ip^^ BRUSCHAL. Ville d'Allemagne , dans l'Evcché
de Spif e , fur la rivière de Saltz.
§3" BRUCK. Il y a trois villes de ce nom en Aile-
Mij
BRU
la
masïne. La première dans la Bade-Autrichc ; la Tc-
condc en Sruie -, la troilicme dans l'Elcclorat de Saxe
içj- BRUCREN. Petite ville d'Allemagne , de
Thurin!;c. , ^
BRUCOLAQUES, ou BRtTCOLACAS. f. m. pi. Les
Grecs appellent ainfi les cadavres des perionnes ex-
communiées , qu'ils difcnt être animés par le démon :
ce qui leur tait donner ce nom de Brucolacas ,
qui veut dire faux relllilcités. Le démon le lervant
de leurs organes , les tait parler , marcher , boire
6c man^irer. Ils ont quelque rapport avec les iitoupi ,
les jin2,is. Les Grecs dilcnt que pour ôter le pou-
voir du démon fur ces excommuniés , il faut prendre
le coeur du Brucolaque , le mettre en pièces &:
l'enterrer une féconde fois , ou , comme le dit
François Richard dans fa relation de l'ile de Saint
Irène', ckap. 15 , brûler fon corps , Rejeter fes cen-
dres ou vent. Il y a un article des Brucolaques dans
les Hnetiand , où le favant Evèque leur donne une
autre étymologie. Adrien Baillet dit que ces impof-
teurs qui pubHcnt fous leur nom les ouvrages des
lavans , qu'ils ont recouvrés , font femblables aux
Brucolaques ou faux refllilcités.
^ BRUEL, Ville d'Allemagne, au diocèfe de Co-
loi^ne. Voye^^ Rruyll.
BRÙG. f, m. Vieux mot. Pont. Il a auffi fignifîé un
donjon , une tour. On trouve ^n'o'dans le même iens.
BF.UGELETTE. Kom de lieu, Brugckua. Il eft à
trois lieues de Mons en Haynaut. P. Hélyot , T.
Fil, pag. 304.
BPv.UGES. Ville de Flandre , Province des Pays-Bas.
Bru9x. On dit qu'il y avoir autrefois près de Bruges
une ville nommée Ourtembourg , Aldenhurgurn ;
tiu'.lle fut ruinée par Attila, & cnfuite au IX= fiècle
par les Normands , & que ce fut en ce fiècle que
de fes ruines Baudouin le Chauve, Comte de Flandre,
entoura Bruges de murailles , &: la fortifia, Bruges
^ été autrefots capitale de tous les Pays-Bas. gCJ" C'é-
toit la plus riche & la plus flori fiante de toutes les
villes de la Flandre , dans le temps où elle n'étoit
pas encore fous la domination de la maifon d'Au-
triche, Philippe , fils de l'Empereur Maximilien , &
père de Charles V , croit né à Bruges. C'eft une
des plus belles villes des Pays-Bas. Hoffman lui
%fT
Siège d'unEvêche
Ssl de latitude
M. de Calïini , eft 10°,
1 1' , 30". de latitude,
de Bru^iiœ
58',
donne de longitude 14'i. ij'
56', Cette ville, félon
53", de long & à yiJ, _
Ce mot femble venir de Brunice , nom que lui
donne l'Auteur de l'hiftoire de la tranilation de S,
Vcndril , A&. SS.Bened. Sœc. F. p. zio , &c dans
la Notice des Gaules de M, de Valois au mot 5r«^-
^/iT, L'Abbé Suger , dans la vie de Louis le Gros ,
l'appelle Bru^œ ] d'autres Bn/gia, 5c d'autres Brugia.
Nousdifons^rz^^?c5; &les Flamands ^rwgg'e; ainii
le i s'eft change en g, comme dans Blau^acum ,
BLiugiacum, Blaugi , Fir^eium , Veriiacum, Vir-
. gcium , Fergiacum , Fergv. Ce mot vient appa-
remment de Brud, qui en flamand lignifie la même
chofe que bray en encien françois , c'eft-à-dire de la
fange, de la boue, parce que cette ville étoit dans un
lieu marécageux &c boueux : on aura dir apparemnicnr
Briudria , Bruderia , Bru^ia ; le changement de d
en { , n'cfl: pas extraordinaire-, fut-tout devant un { ,
ou une/
Il y a aufTien Bcarn une petite ville du même nom.
BRUGELIN , INE. f. m. & f. qu'on trouve en quel-
ques vieux Auteurs , pour iignifier qui eft de Bruges
en Flandre , mais il n'cft point en ufage. Bru-
eenfis.
BRUGEOIS, OISE, f m, & f. Qui eft de Bruges,
Brugenfis. L'infolencedes Brugeois , qui fe faifîrenr
de fa perfonne ( d'Engelbert II , Comte de Naffau )
dans la chambre même de l'Archiduc , triompha
de fa conftance, D. l, Pise. J'aimerois mieux dire
ceux de Bruges , les habitans , les bourgeois de
Bru ses.
§Cr BRUGGEN. Petite ville d'Allemagne , au cercle
de Weftphalie , au pays de Julicrs , fur la Sv/alin,
(CT Brug^en. Autre petite vilis d'AllemagÂe , daaî
BRU
le cercle de la baffe-Saxe , Evêché de Hildeshehil
fur la Lcine.
BRUGNE. f m. Vieux mot. Baudrier,
BRUGNETO. Petite ville d'Italie, dans l'Etat
de Gènes , fur la rivière de Votra ,
fuifraçant de Gênes,
BRUGNOLES. Foye^ Brignoles* •
BRUGNON, f m. Quelques-uns difcnt hrignon ; mais
le bel ufage eft pour brugnon. Brinolium. Fruit à
noyau , qui a une peau rouge & déliée , qui a la
chair pleine d'eau , & qui eft d'un goût exquis.
Il mûrit au mois de Septembre. Le brugnon vio-
let eft le plus eftimé de tous. Il y a auffi des bru-
gnons indiqués. Quelques-uns croient que le bru-
e;non eft une efpcce de prune -. ce qui a donné lieu
à cette diverfité de fentimens fur la nature du bru-
gnon , c'eft qu'il approche fort de la prune & de
la pêche. Nous appelons brugnon tout ce qui étant
lifle , c'eft-à-dire , fans poil , ne quitte pas le noyau,
La Quint. Part. III , ch. $ , p. 418. Cela s'entend
parmi les pêches. Tous les brugnons ne lauroient
prefque avoir trop de maturiré,
La Quintinie met le brugnon entre les efpèces de
Pavies. Il y a un brugnon violet tardif, que la Quin-
tinie au même endroit, /?. 41 S , compte parmi les detr
nières pêches du mois d'oé'iobre , &c les moins bonnes
de l'année •, & un brugnon jaune liffe qu'il met au
même rang : de' forte qu'il y a , dit-il , trois
brugnons bien diffétens, §C? Le brugnon violet tar-
dif 5c le brugnon jaune ne mûriffent guère à Paris,
5c fonr fujets à fe crevaffer & à pourrir fur l'arbre.
pa^. 440,
Ip- BRUGUÈRE , ou BROUGUkRE. Petite ville
de France , dans le Rouergue , fur le Tarn.
00- BRUGUliRE (la) Ville de France dans le Haut-
Lansuedoc , au Diocèfe de Lavaur,
BRUIANT, Foyei Bruyant.
BRUlfeRE, Foyei Bruyère.
BRUINE, f. f. Petite pluie froide 5c dangcreufe pout
les grains. Pruina. La bruine fe forme , quand la-
vapeur deftinée à faire de la neige ne fe gèle que
lorsqu'elle eft en bas. On dit aufli brouine , à per-
urendo , parce qu'elle brûle les rendres boutons
des vignes & des arbres. Foye^ Pluye.
Bruine vient de pruina, en changeant \tp en b.
Le P, ThomafTin remonte plus haut , &c il dériVe
pruina de s-ï/) 5Cs-t.^i»cç, qu'il dérive de l'hébreu ba-
har , accendere , brûler , en changeant \ç b en p ;
Se il remarque que la bruine brûle les blés Se les
autres plantes auxquelles elle s'zztiche , penetrabiig
frigus adurit.
BRUINER, v. n, & iinperfonnel , qui fe dit de la
bruine^ qu^i tombe. Il bruine. Cadit pruina.
BRUINE , EE , parr. Se adj. Qui eft gâté de la bruine.
Uredine affecius , peruflus. Il ne fe dit que des blés.
Lffs blés bruinés font de difficile garde.
BRLIIR une petite étoffe , comme il fe pratique à
Amiens , à Reims Se au Mans , c'eft en amortir tous
les refforts en la pénétrant de la vapeur de l'eau
chaude dans une chaudière carrée , où on la couche
fur fon rouleau avec d'autres , ce qui la difpolt à
fe bien apprêter.
BRUIRE, v. n. Je bruis , tu bruis , il bruit , nous
bruijjons , vous bruiffe^ , ils bruiffent. J'ai brui. Je
bruirai. Que je brui[fe. Strepere. Ce mot n'eft ea,
ufage qu'à l'infinitif, 8c à la troifième perfonne de ,:
l'imparfait de l'indicatif, où l'on dit , il bruyoit, ^
On entendoit bruire le vent , le tonnerre ; pour dire ,
fouftler , gronder. Les flots bruyoienf. Il fîgnifîc
aufli , faire un bruir fourd 8c confus. Les Soldats fi-
rent bruire leurs armes en forme d'applaudiffement.
Ablanc. Les douleurs des femmes groffes fonr eau-
fées par des vents qui vont 5c qui viennent en hruif-
fane par rour le ventre. Mauriceau.
Le Scholiaftc de Théocrite dit fur la féconde Idylle ;
Les Anciens faifoient bruire de l'airain aux cclipfes
de lune. Il ajoute qu'à Athènes le Prêrre de Profer-
pinc faifoit bruire un vaiffoAU d'airain. De Mézw,
BRU
dr.::sfon Commentaire fur la lettre ieHypfipyle à. Ja-
■Jon p. 6o4f.
Il ledit, figurcment de la réputationjon entend /^r///r^
fon nom , les louanges de toutes paits. Il efl: vieux-.
Ce mot vient de rugire , comme hruit de ru-
gitus , qui a été dit non-fculemcnt du lion , mais
au/li de l'homme , & de quelques auttes animaux.
MÉNAGE. J'aimerois mieux le faire venir du latin
hruitiLS , qui vient du grec i^pûti , qui lignifie verjer de
l'eau en ahondance, comme les fources, les fontaines.
■ tfy Ce verbe n'a point de participe du prétérit. On
dit à l'aélif , bruyant , qui n'efl: qu'un adjeélif Voye^^
ce mot.
^fT BRUISINER. Terme de BralTeur, C'eft moudre
le grain germé , en gros. Encvc.
BRUISSEMENT, ou BR.OUISSEMENT. f. m. Le der-
nier n'eft plus en ulage. Bruit confus. Fremitus. Une
femme de ville entend-elle le hruijfement d'un car-
rolîè qui s'arrête à la porte, elle pétille de goût & de
complailance pour quiconque cft dedans, fans le con-
noître. La B?.. Le brulffement àcs venrs, des vagues.
Çcr On dit un hruiffement d'oreilles, dans le même
ibns que bourdonnement. Voye^ ce mot.
fC?" BRUIT, f. m. 0\\ entend par ce mot un fon ,
ou plutat un ailemblagc de Ions conlidérés /împle-
ment comme des Ions , abftradtion faite de l'articula-
tion & de l'harmonie , & qui , pour l'ordinaire, offcn-
fent l'oreille. Murmur , fremitus ,tumultus. Ainli le
hruitç.^ difi"crent du fon , comme l'a remarqué M. Per-
rault, dans la diUertation fur l'ouïe : car perfonnene
s'avilc d'appcleryo/2 le bruit d'un canon, d'un carrolTe,
d'un moulin , ou d'une populace alfemblée. Le
bruit jimple a trois efpèccs , qui font le bruit clair ,
le bruit cajfe , le bruit fouri. Le bruit compofé ,
Je bruit fuccefff -, le bruit rompu , le bruit continu ,
le bruit de choc , le bruit de verbération , &c , font
plulîeurs autres efpèces de bruit. On entend un
grand bruit dans les Volcans avant qu'ils vomiiTent
leurs flammes. Le bruit des carrelles empêche de
dormir. Dans les nombreufes alfemblées la converfa-
tion eft plutôt un bruit confus qu'une véritable fo-
ciété. M. ScuD. Le moindre bruit éveille un mari
foupçonneux. La Font. Ce n'eft pas laraifonqui
frappe les efprits grofliers : c'eft l'émotion , & l'ar-
deur avec laquelle on parle ; c'eft le bruit qu'on fait.
Le p. R.
0:3° BRUIT , fe dit.auflî d'un alTemblage de fons agréa-
bles. On s'endort au bruit d'un ruilfeau , d'une fon-
taine. Sufurrus , fonitus aquiz. De ces ruifleaux le
bruit délicieux frappe mes fens. Voit.
%fT Et de même de certains fons qui témoignejit la
joie , l'applaudillément. Fremitus fecundus. Fra-
çor. Ce Prince a été reçu au bruit des tambours ,
des timballes , des trompettes.
\fT Bruit qui fe fait entendre dans les oreilles.
Voye^ Bourdonnement , qui eft le vrai mot.
||cr Bruit que font les abeilles, les mouches, ùc ,
en volant, Bornbus. Voyez Bourdonnement.
§CF Bruit , dans la lignification de démêlé , con-
teftation. Rixa. Si vous continuez , nous aurons du
bruit enfemble. Il y. a fouvent du bruit dans le mé-
nage. Ils avoient déjà eu du bruit enfemble. Turbo,
inter cos incœperat.
^3" Bruit , dans la lignification de trouble , émeute ,
mouvement populaire, remuement féditieux. Turba,
turbamentum , turbatum. Il y a du bruit dans telle
Province. Le Gouverneur a eu bien de la peine
à étouffer le bruit.
^CT BRUIT , fe prend quelquefois pour nouvelle qui
court , qu'on répand. Le bruit court , il court un
bruit, Rumor eji , rumor ait, rumor venit. On
feme , on fait courir de faux bruits,
De? Bruit , dans la fignification de renom , répu-
tation. Fama, Cette femme a mauvais bruit. Malo ru-
more flagrat. Il vaut mieux fe fervir du terme propre.
^CT Bruit , fe dit encore de l'éclat que certaines
chofes font dans le monde. Alors il fe conftruit tou-
jours avec le verbe faire , ce procès, cette affaire fait
beaucoup de bruit daiis le monde. On ne fait point j
BRU
93
prccîfcmcnt ce qu'on eft obligé de faire , &ron veut
pourranr fc diftinguer par tout ce qui fait du bruit.
Quand on ne cherche qu'à faire du bruit , ce ne
font pas les caraélères les plus railbnnables qui y
font les plus propres.
Tous les jours il m'éveille au bruit defes expiais. Boit
On dit encore -, faire du bruit , dans un fens
autant moral que phylique^ pour dire, fe plain-
dre de quelque chofe , marquer fon mécontente-
ment , fon reffentiment , fa colère. Comme j'en
faifois du bruit le lendemain dans mon doniefti-
que. BussY. Exprellion familière.
(iCr En terme de vénerie , on dit chaffer à grand
bruit , pour dire , chaffer à cor & à cri ,"avec
grand équipage , avec meute & piqueurs. f^oye^
cor & cri. Au figuré à grand bruit fignifie avec
fafte , avec oftentation. Cet homme marche tou-
jours à grand bruit. S'il fait du bien, c'eft tou-
jours à grand bruit. Dans un fens oppofé, on dit
à petit ^rtt//,fecrettemcnt , fans éclat. Tacite, fine
firepitu. Il fe fauva à petit bruit. Il fait fes affai-
res à petit bruit. On dit auffi fans bruit , clandef-
tinement , fans être apperçu. Introduire quelqu'un
fans bruit dans fa chambre. Loin du bruit, loin
du tumulte , du commerce du monde.
On dit auffi , point de bruit , pour impofer
f Icnce à quelqu'un qui menace. Siïe , obmutefre.
Ainfi on dit à un Capitaine dans l'illufion comique.
Point de bruit ,
]'ai déjà maffacré dix hommes cette nuit ;
Et Ji vous me fâche ^ , vous en croître^ le nombre.
On dit proverbialement , je n'aime point le bruit
fi je ne le fais , quand quelqu'un veut être le maître
en fa iTiailbn , ou prend des libertés qu'il ne veut
pas permettre aux autres. On dit , qu'un homme
eft un bon cheval de trompette , qu'il ne s'étonne
point pour le bruit , ou du bruit ; pour dire ,
qu'il lailfe crier les gens , & qu'il ne s'épouvante
pas ailcment. On dit aullî , qu'un homme fait plus
de bruit que d'effet ; ou bien , qu'il relfemble aux
Bahutiers -, il fait plus de bruit que de befognc ;
pour dire , qu'il promet , qu'il parle beaucoup ,
ôc qu'il ne travaille guère. |G° On dit , a beau le
lever tard , qui a bruit de fe lever matin. Acad. Fr.
Pour dire que quand on s'cft fait une bonne ré-
putation , on ne la perd pas aifémcnt.
En bas-breron brut fignifie bruit , & dans la lan-
gue de Galles brut fignifie hijioire. Huet.
Arbre a grand bruit. C'eft un arbre qui fe trouve
dans les Indes , dont les feuilles font femblables
à celles de nos miniers & que les Indiens appel-
lent Arbre à grand bruit , parce que fon fruit ,
qui eft tout rond, étant mût, fort de fon écorce
avec un bruit fcmblable à celui d'un coup de
moulquet, & va tomber bien loin de l'atbre. Journ.
DES Sav. \G-f%.paz. 174. d'après les Journ. d'Allem.
BRULABLE , adj. Qui mérite d'être brûlé. Urendus,
dignus igné, ou. flammis ; ignem meritus. Rabelais
a dit ; c'eft un hérétique brulable. Il ne fe trouve
que dans cette phrafc.
BRULANT, ANTE, part. aét. Qui bride. Urens ,
comburens. Un fer brûlant ; un foleil brûlant. Ce
potage eft tout bridant.
Brûlant , Participe neutre. Qui brûle , qui eft en
feu, ou qui eft extrêmement c\\-^u A. A rden s ,fla~
grans. Un palais bridant. Une ville brillante ; les
climats bridans font les pays échauffés du Soleil.
Les déferts bridans de l'Afrique. Voit. Ce ma-
lade eft tout bridant , il a une forte fièvre. La
chaleur étoit fi violente par la réverbération des
montagnes , & par la nature du terrein tout couvert
d'un fable aride Se brûlant, que Ton ne refpiroit
qu'un air embraie. Port-R,
On le dit figurément de ce qui eft poffédé d'une
paillon violente , ardemment épris. On peint les
Chérubins, avec un vilage enluminé, pour nous
apprendre qu'ils font tout brûlans de l'amour divin.
54 BRU
I.e cœtir de l'homme efl; htiLint d'ambitibii , de
deîirs , &c.
De fort lele brûlant Tardeur fe ralentit. Boil.
|t3=" Chaud , brûlant , ardent , enflamme , embraie ,
conlîdcrcs dans une fignification Synonyme. Une
• choie eft brûlante , quand oui ne peut plus la tou-
Ch-r lans reilentir de la douleur, f^oye^ les au-
tres mots.
BRÛLÉE, f. f. Nom d'une efpèce de coquillage de
mer , ainli nommée à raifon de la couieur , ou
plutôt de les coaleurs. Conchtt marina ambiijla.
BRULEMENT. f. m. Adion par laquelle on brûle.
Ujtio , crematio. Le brûlement , le viol , ont été
dctehdus dans ces dernières guerres. Le brûlement
des vailleaux.
1^ BRULER. V. a. l/rere , comburere. Verbe qui
fert à exprimer l'action du feu , par laquelle les
plus petites parties des matières lur lelquelles il
■ agit , font détachées les unes des autres , & mi-
dcs dans un mouvement très-violent , en forte que
quelques-unes deviennent elles-mêmes de la na-
ture du feu, ou font au moins pénétrées par la
matière du feu , pendant que les plus fubtiles s'é-
vaporent, ou font réduites- en cendres. Les corps
io-.'iZ enflammés , embraies , confumés par le feu.
■ Enflammés , lorlque le feu qui les pénétre fe rend
fenlible aux yeux au-déla de leur lurface. Embra-
fés , lorfque le feu a celfé de s'élancer , & qu'il
en paroît feulement dans toute leur fubflance. Con-
fumés , lorfqu'il n'en refte plus que la cendre. Brû-
ler un homme tout vif, le brûler à petit feu. Brû-
ler du bois , brûler de la paille , brûler des paf-
tillcs. La plupart des païens brûlaient les corps
morts , au lieu que les Chrétiens les enteirent.
De temps inmiémorial les Indiennes fe brûlent
dans le bûcher de leurs maris.- Les premiers Ro-
mains ne brûloient point les corps morts -, ils les
entevroient , comme Pline l'a remarqué , liv. 7 ,
. ch. 54. où il dit , que la coutume de les brûler
ne fut introduite chez eux , que lorfqu'ils appri-
rent qu'on déterroit les corps de leurs gens qui
étoient morts à la guerre dans les pays éloignés.
Plutarque néanmoins , dans la vie de Numa , dit
que Numa fut inhumé , parce qu'il avoit défendu
expreflement par fon Teftament de brûler fon
corps. Ce qui prouve que les Romains , dès-ce
temps-Là , avoient accout\imé de brûler les corps.
Cette coutume de brûler les corps , pratiquée par
les Grecs & par les Romains , a été en horreur à
quelques Nations. Hérodote rapporte que les Per-
fes la déteftoient , parce qu'ils croyoient que le
feu étoit un Dieu. Les Egyptiens ne brûloient point
aulfi les corps morts, parce que, félon eux , le
feu étoit une bête inanimée -, ils eftimoient qu'il
. n'étoit pas permis de donner les corps morrs à dé-
vorer à des bêtes. Macrobe , qui vivoit fur la fin
du quatrième lîècle , allure, Liv. VIÎ de fes Sa-
turnales , que de fon temps la coutume n'étoit
plus à Rome de brûler les corps des morts. Cette
coutume cefla chez les Romains fous l'Empire des
Antonins.
Ce mot , félon Ménage & Guyet , vient de
irufulare , félon d'autres de prxujiulare ; félon du
Cange de brufcare , mot de la balfe latinité , ou
de l'italien brufciare.
§3° Bruiîr fignifie auffl employer quelque matière
combuftible pour faire du feu. On brûle tous les
ans tant de voies de bois dans cette mailbn. Il y
a des pays où l'on ne brûle que du charbon de
terre , de la tourbe.
ffT On le dit de même des matières qu'on allume
pour éclairer. Dans bien des maifons on ne brûle
que de la cire. Le peuple ne brûle que de la chan-
delle, de l'huile. C'efl: faire ufage de bougie , de
chandelles ,• de lampes à huile pour éclairer.
§3" Brûler fe dit aulîî dé l'aéfion des corps péné-
trés par le feu , dont l'attouchement produit un
fentijnexit de douleur, Cela me/^ni/e: Voy. Bb-u LAN T.
E R U
Brulik. , fe dit hyperboliqucmcnc pour fignifiir ,
échauffer ^ excefllvemcnt , dclfcchcr par un:;
chaleur cxcclTlve. Le Soleil brûle les campagnes
d'Afrique. Cela brûle le fang. Il a une fièvre qui
brûle.
Brûler , fe dit aulTi |p° par extenfion de l'effet que
fait un froid cxcefTif à-peu-près le même que celui
qui cfl: produir par une très-grande chaleur. Pene-
trabile frigns adurit. Voyez Froid. Quand la vi-
gne efï en bourgeon , il vient une gelée , un vent
froid qui la brûle. Il y a certain brouillard ou
rouille qui brûle les blcs. La neige brûle les fou-
liers, à caufe d'un certain acide ou falpêtre qui y
eft contenu. L'eau forte brûle le drap & la peau.
Brûler dans un fens actif & figuré , fignifie aulfi ,
donner de l'amour ; Incendere , infiammare , ad
amorem incitare. Il faut qu'après avoir bnïlé tant
deCaftillanes, il fallc fondre quelques Portugaifes.
Voit.
On dit encore , Brûler de l'encens devant quel-
qu'un -, pour dire. L'idolâtrer, l'adorer, le flater
dc;nelurémcnt. ^ •
On dit adverbialement , tirer un homme à brûle
pourpoint -, pour dire , le tirer de li près , qu'on
ne le puilfe manquer. Proximc catapultam admo-
vere. Brûler la cervelle à quelqu'un. Il lui brûla
la cervelle d'un coup de moufquet. Un coup de
fufd lui a brûle la cervelle. Tout cela fe dit d'un
homme qu'on tue d'un coup d'arme à feu. Dans
l'origine on ne le dilbit que quand on tiroir quel-
qu'un prefqu'à bout portant , tellement que le feu
du fulil ou du piftolet brûloit la perfonne : te
c'eft de-là aulfi que vient cette exprelfion , tirer à
brûle pourpoint.
On dit aulfi dans un fens figuré , qu'un argu-
ment efl; à brille pourpoint , quand il eft fî con-
vaincant, qu'on n'y peut répondre. Argiimemunt
evidens , clarum , jirmiffïrnum. .
Brûler un endroit ie dit auffi figurément & dans
le ftyle fomilier', pour palTer par un lieu , ou au-
près d'un lieu , lans s'y arrêter : brûler un caba-
ret en voyage , c'eft le palier lans s'y arrêter. Quel-
ques-uns le\iifent des ibldats , lotfque paflant par
quelque endroit, au lieu de s'y arrêter , comme il
leur eft marqué , ils fe font donner ■ en argenr ce
qu'on leur devoir fournir en vivres , & en fourra-
- ges. La difcipline que le Roi a mife dans lés trou-
pes ne permet plus ce défordre. On dit aulfi brû-
ler une pofte , quand fur les mêmes chevaux on
paffe le lieu de la pofte ordinaire marqué fur la
route, pour ne les changer qu'à un autre lieu de
pofte.
Brûler, en termes de fcience hermétique, veut dire
cuire la matière, la calciner, fublimer.
IfT Brûler du vin, c'eft mettre du vin fur le feu,
pour le diftiller Se «n faire de l'eau-dc-vie.
|C? Brûler le fer , l'acier , &c. Chez les Ouvriers
qui emploient les métaux , c'eft leur ôter leur qua-
lité en les laiflant trop chauffer. Les métaux brk-
les ne font plus qu'une matière fragile qui n'eft
bonne à rien.
Brûler, v. n. Etre en feu , être embrafé. Ardere ,
Flaurare. Voilà une maifon qui brûle. On voyoit
de loin la flamme des vaiffeaux qui brûloient. L*
temple de Diane brûla la même nuit qu'Alexan-
dre vint au monde. Les damnés brûleront éternel-
lement dans l'Enfer , mais ils ne feront point con-
fumés.
Ip- Il lignifie aulfi iimplement être très chaud. Ses
mains brûlent. Les mains lui brûlent.
Brûler , figurément lignifie , être agité d'une vio-
lente paffion d'amour , d'ambition , de dclîr d'im-
patience. On peut brûler d'un chafte amour. S.
Paul dit qu'il vaut mieux fe marier que brûler. On
a dir du Baron de Fenefte , qu'il brûlait d'ambi-
tion. De la même ardeur que je brûle pour elle ,
elle brûle pour moi. Malh. J'aime à brûler d'une
li belle flamme. Voit. Vous brûle^ d'une foif qu'on
ne peut affouvir. Boil. La plupart des gçns bru-
BRÏÏ
lent ardemment pour ce qu'ils fouhaitchi: , Si fé
laflenr bientôt de ce qu'ils poflcdent. Il y a des
peribnnes louables qui lembknt nées pour le bien
général du monde , & qui ne brûlent que du dé-
lit de rendre les autres heureux. Vill. On cft bien-
tôt las de brûler pour ceux qui ne l'ont pas en état
de brûler pour nous.
Je ne veux pas hmlei pour une abandonnée. Moti,
Or vous donc ^ ^uibdihnt d'une ardeur périlleufe ^
Courei du belefprit la carrière épineufe. Boil.
§3" Brûler eft aulTî réciproque , & lignifie comme
dans le neutre , être brûlé. On ne peut toucher
cela fans fc brûler. .
Quand onfe brûle au feu que foi-mcme on àtîife ,
Ce n'cji point accident , mais c'eji unefottife. Rig.
Brûler , fe dit proverbialement en plufieurs phrafes.
GrailFcz les bottes d'un vilain , il dira qu'on les
lui brûle ; pour dire , qu'il y a des gens qui ne
connoiirent pas les bons offices qu'on leur rend.
On dit aulfi , qu'un homme brûle la chandelle par
les deux bouts ; pour dire , qu'il tait des dcpenfcs
de plufieurs fortes qui le ruineront bientôt. On dit
aulfi , qu'il s'eft venu brûler à la chandelle, quand
il eft forti d'un lieu où il étoit en fi'ireté , pour
fe faire prendre en un autre : §CF ou lorfque vou-
lant lîmplement s'amufer auprès d'une jolie per-
fonne , il en devient amoureux. On dit que la
chandelle fe brûle , quand on avertit un homme
de doubler le pas pour arriver de jour au gîte. On
dit aufll , que le rôt le brûle , pour avertir quel-
qu'un d'achever virement une affeire , pour fonger
à une aurre plus importante qui cependant dépé-
rit. On dit auffi entre joueurs , que le tapis brûle ,
pour exciter quelqu'un à l'arrofer ; c'eft-à-dire , à
mettre au jeu. On dit, je viendrai à bout de cette
affaire , où j'y brûlerai, mes livres -, pour dire , je
la veux pourfuivre avec la dernière opiniâtreté. On
dit , qu'un homme brûle à petit feu , quand il
languit après quelque chofe importante qu'on lui
a fait efpérer , &C qui ne vient point. On dit en
badinant , qu'un homme brûle le jour , lorfqu'il
fait amende honorable , la toïche au poing. On
dit d'un homme inquiet &: impatient de faire quel-
que chofe , d'aller quelque part , que les pieds lui
brûlent, ^cad. Fr.
BRULE , EE. part. & adj. I/jlus , exujius , adujius ,
combujlus. On dit de l'eau-de-vie brûlée , du vin
brûlé , quand on y a mis le feu avec un papier
allumé. Du pain brûlé ^ de la viande brûlée, quand
ils font trop cuits.
Brûlé. Terme d'Aftrologie judiciaire; Qui n'eft pas
plus éloigné du Soleil que de la moitié de l'orbe
de fa lumière ; enforte que Mats , par exemple ,
fera brûlé toutes les fois qu'il ne fera pas éloigné
du foleil de plus de fix degrés.
On appelle figurément Cerveau brûlé , cervelle
Irûlce , un fanatique, un homme qui porte tout à
l'excès. AcAD. Fr.
ffT Brûlé fe prend aulTi fubftarttivement , ôC lignifie
alors l'odeur d'une chofe qui brûle ou qu'on a brûlée.
Ce pain fcnt le brûlé, a un goût de brûlé.
^ BRULEUR, f. m. Celui qui brûle. On appeloit
UJior celui qui brûloit les corps des morts. Ce
mot ne va jamais feul , & ne fe dit que dans cette
phrafe , ^ni/e?/r de maifon, incendiaire. Incendia-
rius,incenfor. On dit proverbialement & figurément
d'un homme mal vêtu , qu'il ell fait comme un
brûleur de maifons.
|CF BRULLOIS. petit pays de France en Gafcogne ,
entre le Condomois & la Garonne.
|Cr BRULLON. petite ville de France , dans le
Maine , au-deflus de Sablé.
BRULOT, f. m. Terme de Marine. C'eft un vailTcau
qu'on emplit de feux d'artifice , de matières com-
B R lî
9)
buflibk-s , Se qu'on attache i de grands vairtc.ni^
ennemis pour les brûler. Navis inccndiarici. On
l'appelle eii quelques lieux navite forcier. Un Ca-
pitaine de iriUot cft nendu quand il fe laide pren-
dre. On peut comparer certains Avcntu;:icrs de
parn , a^ix brûlots qu'on ne fc met guère en peine
de perdre , pourvu qu'on falfe lautcr uil gros vaif-
fcau ennemi, P. Dan.
Brûlot , cft aulfi une certaine nlachine dont le"!
Anciens fc fervoient pour lancer des dards , a la-
quelle étoit attachée une matière combuftible ,
qu'on leur vouloit darder. Catapulta incendiaria-
Perrault, Vit.
Brûlot , fe dit figurémenr &: burlefquenîent d'un
morceau de pain , de viande , ou d'autre cliofe ,
chargé de fel 5c de poivre , qui brûle le goiier de
celui ï qui on le dohne à manger. Buccea incen-
diaria.
En parlant d'un homme ardent, inquiet ,'& qui
eft une efpèce de boute-feu, qu'un parti détache
contre un parti oppofé on dit figurément , que
C'eft un brûlot. Acao. Franc. Exprellion du ftyle
familier.
BRULURE, f. f. Solution de la continuité des par-
tics caufée pat l'imprellion du feu : marque qui
rcfte fur une chofe brûlée, yidu/iio. Il lui eft refté
fur Id joue des marques de fa brûlure. Les Char-
latans vendent de l'onguent pour la brûlure. La
brûlure eft légère lorfqu'il s'élève feulement fur la
peau quelques puftules , avec rougeur & fépara-
tion de l'épidcrme d'avec la véritable peau. Le
fécond de^ré de brûlure eft lotfque la peau eft
hrûlée, dellcchée &: tetitéc , fans qu'il y ait pout-
tant de croûte ou d'efquarre. Le troifième degré eft
lorfque la chair, les veines , les nerfs, &c, fe reti-
rent , & font une efquarre. Degori. Amatils Lu-
fitanus dit qu'un bon remède pour la brûlure , eft
lin onguent tait de cendre de feuilles de laurier
brûlées aVec de la graiffe de porc qu'on fait dé-
goutter deffus. Le même Médecin dit encore que
C'eft un bon remède que de frotcr la partie brû-
lée avec de l'onguent populeum , & de mettre des
feuilles de vigne deflus. Panarolc dit que la boue
étant mife Cm lî brûlure auffi-tôt qu'elle eft faite,
adoucit fort la douleur. On dit qu'en Hollande
les Bralîeurs de bière fe fervent de décoiilion dô
lierie , pour fe guérir de la brûlure,
BRUMA. Voyei Brama. C'eft le même,
§CF BRUMAL , Ale. adj. Brumalis. Qui vient l'hi-
ver , ou qui appartient à l'hiver. Ce mot eft peu
ulîté. Les Jardiniers appellent plantes brumales ,
celles qui viennent pendant Phiver. On appelle fol-
ftice brumal, le folftice d'hiver. Voye^ Solstice,
Fêtes brumales :, que les Romains célébroienr l'hi-
ver en l'honneur de Bacchus»» Voye^^ l'article fui-
vant.
BRUMALES. f. f. pi. ou adj. Fêtes Brumales, bru^
malia. Ce mot fe trouve dans le Calendrier Ro-
main , traduit par M. Blondel ; c'eft le nom que
l'on donnoit chez les Romains à une fête de Bac-
chus. Les Brumales duroient trente jours. Les Bru-
males commençoient le vingt-quatrième jour de
Novembre , & finiffoient le vingt - cinquième
jour de Décembre. Les Brumales furent inftituées
par Romulus , qui avoir coutume durant ce temps-
là de donner à manger au Sénat. L'Empereur Con-
ftantin Copronyme célébroit la fête païenne des
Brumales en l'honneur de Bacchus , & afTis dans
une galerie avec fes courtifans il jouoit de la lyre ,
& faifoit des libations profanes. Fleury.
Le nom de Brumales vient de bruma, qui veut
dire hiver , parce que cette fête tomboit au com-
mencement de l'hiver : d'aatics dérivent le nom
de Brumales de brumus , ou brornius , qui font
des noms qu'on donnoit à Bacchus , en l'honneur
de qui on célébroit les Brumales. Voyez le Calen-
dtiet des anciens Romains, Cœlius Rhodiginus,
Rofinus , Lilius Giraldus , &c. La fête des Bru-
^6
BRU
maies fut abolie par le VP Concile", appelé in
Trullo.
BRUME, f. f. Terme de Marine. Ceft ainfi qu'on
nomme un brouillard épais : &; on appelle un temps
emhruim -, quand l'air cfl: couvert de brouillars.
Nchula. On dit fur la mer que dans le temps de
hrumc tout le monde cfl; matelot -, parce que dans
le temps d'un brouillard épais , chacun dit fon len-
timent pour la route.
Bkume. On donne encore le nom de brume à une
certaine vapeur , à un certain brouillard qui s'é-
lève fur les cafcades ou cataracles des eaux. La
trume que forme la cataraéte du fleuve Niagara ,
eft li élevée , qu'on l'apperçoit de cinq lieues -, &
lorfque le Soleil paroît , on voit toujours un
bel arc-en-ciel dans cette brume. M. l'Abbé de
Chaulieu , en parlant des avantages dont joiiit
l'Ile de Cythcre , /^. 59 du i*^ tom, de fes Œu-
vres de l'cdit. de 1735 dit que
Là jamais ni brouillard^ ni brume,
N'obfcurcit la clarté du jour ,
Et jamais dans ce beau Jejour
l^"" enfanta catharre , ni rhume. Chaulieu,
Ce mot vient du grec &^ax^~ia. y,yé^v.. Jof. Scaliger dit
que ce mot vient de Bromius Bacchus , dont les
facriiices fe faifoicnt environ le folftice d'hiver.
Le mot bruma fignifioit le plus court jour de l'année.
' BRUN, UNE. adj. Qui eft de couleur fombrc 8i obf-
cure, tirant fur le noir Fuj'cus , fubniger. Du drap
brun , gris-brun , rouge-brun , vert-brun.
^fj" Brun, f. m. Signifie couleur brune. Cette étoffe
eft d'un beau brun , tire fur le brun , lur le gris-
hrun.
Ce mot vient du flamand bruin , ou de l'alle-
mand braiin , qui lignifient la même chofe. Mén.
Odtavias Ferrariiis dit qu'on a donné ce nom à
cette couleur, à caufe qu'elle approche de celle
des prunes, ou de la couleur des armes brunes ,
dont on croit qu'on a fait auifi bronze Se bronzer ,
à caufe que les Italiens difent abron:^are ; pour
dire , enduire d'une couleur brune. Quelques-uns
croient que c'eft un vieux motfrançois, à caufe de
Brunehaut , qui fignifioit une Dame brune.
Brun , fe dit auHî des perfonnes qui ont le poil noir ,
ou qui n'ont point la peau extrêmement blanche.
Un beau brun , une belle brune. Les goûts ibnt
différens ; l'un aime la blonde , & l'autre la brune :
& l'on dit des inconftans , que tout leur eft bon,
qu'ils courent après la blonde 5c la brune.
Brun , Brune , adj, fe dit audî figurément , mais
dans le ftyle comique , pour Ibmbic, mélancolique.
Obfcurus , tetricus. Cet homme eft d'une humeur
bien brune.
On dit auffi,quê le temps eft brun: qu'il fait
brun : ou abfolument on dit la brune , quand la
nuit approche. Il eft familier.
On appelle un clair-bru'n , celui qui a les che-
veux entre le blond &: le noir foncé.
Bai-Brun , fe dit des chevaux qui font de couleur
de châtaigne , mais fort obfcure. Badius. Le Sou-
diacre Bonitus , dans la vie de S. Théodore , qu'il
écrivoit, ou qu'il augmentoit il y a plus de 600
ans, dit qu'en latin on appelle Brunus , une ei-
pèce : de cheval que les Grecs appellent Dar-
danus -, c'eft-à-dire, un cheval brun-, ou, comme
il parle, d'un blanc obfcur. Equumquem albus ac
perobfcurus color exornat ; où BoUandus remarque
que brunus s'eft dit en effet pour fufcus , dans
les Auteurs du moyen âge -, mais que ce mot n'eft
point latin , non plus que Dardanus n'eft point
grec dans ce fens. Acl. Sancl. Ftir. T. II. p. ^5.
Brun-rouge. Quelques-uns appellent ainfi un ocre
rouge d'une couleur foncée , dont on fe iért dans
la peinture. •
IKT En termes de peinture , on dit les bruns d'un
tableau , pour dire les ombres. Voy, ce mot. Mais
quand on dit qu'un tableau eft brtln, on entend
BRU
alors que le peintre a forcé les ombres , a donné ,
comme on dit , dans le noit.
Brun , f. m. Nom d'homme. Brunus. S. Brun , Ar-
chevêque &c Apôtre de Pruffe , où il fut décollé
avec 1 8 autres Milfionnaires , eft nommé Brunus ,
& non Bruno , en tous les manufcrits de fa vie
écrite par Ditmar , Evêque de Mcribourg , qui a-
voit étudié avec lui, Chast. Cependant on dit
aufîl quelquefois Brun en françois pour Bruno ,
ou Brunon.
Brune, f. m. On appelle ainfile temps du foir , lorf-
que la nuir approche -, le temps qui eft entre le
coucher du foleil 8i la nuit, Fefper , vej'perus ,vef-
pera , vefpertinum tempus. Sur la brune ; c'eft-a-
dire, au temps, ou vers le temps qu'on appelle
brune. Cet homme craint les Sergens, il n'ofe Ibrtir
que fur la brune. Cette façon de parler vieillit. Il
fait brun , la nuit approche. Sur la mer on dit , Le
brun de la nuit -, pour dire , l'obfcurité.
BRUNE, f. f. Fille de l'Hôpital-Général. On appelle
les filles de l'Hôpital Général les Brunes.
Brune, f f. Toile qui fe fabrique à Rouen,
BRUNDUZE , ou BRUNDUSE. Foye^ BRINDE.
BRUNECHILDE. Ci'. A^oye^ BRUNEH AUD.
BRUNEHAUD. f. f. Nom de femme. Brunechildis.
Ce mot s'eft formé du larin. brunechildis eft la
même chofe que Brunehildis ; car c'a été la cou-
tume d'écrire ch , au lieu de h fimplcmcnt ; michi ,
pour mihi ., nichil , pour nihil. Outre cela un /
avec la voyelle qui le précède, comme al, el y
&c. fe change communément en au , ainfi childis
a dû fe changer naturellement en Aa?^i^, la termi-
naifon latine w étant retranchée, Brunehaut , fille
d'Athanagil, Roi des Vifigoths , établis en Efpa-
gne , époufa Sigebert I. Roi d'Auftrafie. Fréde-
gonde fût avec Brunehaud la furie de la Mailbti
Royale de France. God.
Je trouve aulii Brunecheul dans quelques vieux
Auteurs. Mérovée , fils de Chilperic , étant allé à
Rouen pour la délivrance de ladite Reine Brune-
cheul, ié trouva tellement épris de fa beauté , qu'il
ne ceilà qu'elle ne lui eût accordé mariage, Parad.
Ann. de Bourg. /). 58. Il dit Brunecheul S>C Brune-
chaud dans fon Hiji. de Lyon , Liv. IL c. 14. Bru-
necheul fonda l'Abbaye d'Aifnay. L'on écrit qu'elle
donna tant de biens à cette Abbaye , qu'il s'y nout-
riffoit ordinairement 500 Religieux, de manière
qu'on l'appeloit l'Ordre de Brunehaud. D'ailleurs
elle fir des levées pour la réparation des chemins
en Bourgogne , dont on trouve encore en quel-
ques lieux des veftiges , qu'on nomme les levées
de Brunehaud. Ces deux noms donnés aux Reli-
gieux d'Aifnai & à ces levées , montrent que l'u-
lage eft depuis très-long-rcmps de dire Bru-
nehaud. Brunehaud fignifie Dame Brune, Voye?
BRUN.
BRUNELLE, f. f. Terme de Botanique. Brunella,
Plante vulnéraire. Sa racine eft menue , fibreufe ,
& s'étend obliquement en terre ; elle donne quel-
ques tiges de neuf .à dix pouces de long , carrées ,
velues , en partie appliquées contre terre , droites
en patries , branchues , noueufes , & garnies à cha-
cun de fes nœuds de feuilles oppofces , femblables
à celles de l'Origan , mais d'un vert plus brun ,
un peu plus velues , & dentelées fur leurs bords
Ses fleurs tetminent les tiges & les branches , &
ibntramaffées en une tête allongée, écailieufe , cy-
lindrique , difpoféc en manière d'épi. Chaque fleur
eft un tuyau lavé de pourpre , découpée par le
haut en deux lèvres , dont la fupérieure eft en caf^
que,&; l'inférieure eft divifee en trois parties, la
moyenne defquelles eft creufée en cuilleron. Le
calice de la fleur , qui eft un cornet verdâtre , long
de quatre lignes , eft divifé en deux lèvres , dont
la fupérieure eft à trois pointes , & l'inférieure à
deux. Il renferme dans fon fond quarre femences
petites , ovales. Il y a plufieurs autres efpèces de
Brunelle qui diffèrent de celle-ci , qui eft la plus
commune , foit par leurs feuilles , foit par leur
grandeur ,
BRU
grandeur , ou couleur de leurs fleufs.'La BniiHne \
eft vulnéraire tort vantée pour reiquinanci; & I
oumoT *" ^^ ^'^'' ^ P°"' ^^^^^' ^^"
Brunella vient du mot allemand Die braane
qui />gmfie certaines maladies de la gorge pour là
guer^fon delquelles on fe fert avec ilicccs de k/rl
nelle commune.
BRUNET , ET TE. Ç. Diminutif de brun. Qui eft un
peu brun. Submger ,fuba^uilus. C'eli un beau bru-
net, 11 aune une petite brunette. II eft auili adi On
Uûuve dans un vieux Poète :
Bergères brunettes font rage ^
Lt laiffent aller de courage.
Bien Jouvem le chat au fromage. %
Brunette, étoit aufTi autrefois une étoffe fine, de
cou eur preique noire, dont les gens de qualité
shab. loient. Pannus fubrnger , &"dont on 1 con'
lervc la mémoire dans ce vieux proverbe :
Aujjî bien font amourettes
Sous bureau, que fous brunettes.
t fS7 ''°''^' fo" belle & précieufe. Le bon Roi .
(faint Louis depuis qu'il eut pris la croix, ) ne
voulut plus dés-lors vêtir d'ecarlate , ni de bul
nette m de vert, ( .'. vair) ni couleur quifiit de
grande apparence , & vêtoit robes de camelin , de
brun, ou de pers. Anonyme , Fie de S. Louis.
p^r"; '• '-^''T f^^-'^^--- Petit air cham-
pêtre, naure , joli, d'un goût délicat. A^reliis
cantiunculall y a des recueils de Brûneltfs^E,
toutes ces brunettes, tous ces jolis airs champê-
tres qu on appelle des brunettes , combien font ils
^aturels î Anon. Hijl. de la Mufi^. Ces branles , ce
hruriettes font doublement à eftimer dans no«
Muùque parce que celan'eft ni de la connoilTruce
tt^r ^"^1^-^' & <l"e les tons amables'
fn îonr h' ' '^ ^"'"'"' proportionnés aux paroles ,
en font dun extrême prix. Car iur des parole
Sr"o?t' """^ '^" '" P^^°'" héf^ï^u'esfen
petit, tout comme en grand, la juftcffe d'expref-
res'de°rac"""- '" ^'^ ^^"^^"^" ' ^^^^ ^^
des I..L , T-'^P'^f"?'"' cluclaveffin, a donne
pLnther r. V''°'f'"'.^'^' ?^^-éesfur dix-huit
W h! a/ r P''^''' ^" brunettes à toute autre
forte de Mu/.que , parce qu'elles conviennent par-
faitement .à fonde/fein. Ce font de petits airs aux-
quels la naïveté & la délicateffe tiennent lieu des
grâces de la nouveauté.
La brunette eft une petite chanfon amoureufe , qui
clt ordinairement a plufîeurs couplets, dont l'air cft
tamilier, & qui a fouvent un refrain. Les brunettes
ont beaucoup de rapport aux vaudevilles, mais elles
font plus fages. On voit des brunettes dans les Opéra
L Auteur d unelettre f ir la Mufique de Lully , dit que
les paroles dune ^r/«.v.. font pleines de fentimem •
cha'nt" nn"""^"^ '^ routenu'pat l'expre<r.ôn dû
,tr,?r,l ^ ? '"' "" uncaradère d'ingénuité, de
naturel , qui charme encore quelques peribnnes , bien
plus que tout i'att & tous les apprêts les chants nou-
Brunette. Terme de Conchyliologie. C'eft le terme
vulgaire dont fe fervent les Holîandois, pour S
%ner un cylindre ou rouleau , imitant le drap d'o?
T^aiTd itri'^^'^'T'^'^'T^ ''' raches b'runes
E^VrMrP ^^^t"'"-"'/ ^ Conchyliologie.
BRUNIR. V. a Rendre brun. Obfcurare, fufcare II
faut brunir davantage le fond de ce tableau On
mêle les couleurs vives avec les fombres pour Tes
bmn' r "'"' '^-'^''" "^""^' ^^ 'iS"ifie deven
avec"n'/M''°K-"°^/ ^°" "^^""^ ^""^^«i^' n^^i^
avec lage il a bien bruni.
veux'd't' ^^,'^^'^^,q"?foi^ réciproque. Les che-
mencent a fe brujiir. Acm,. Fr.
BRU .
aux1lfa,''^'"-''°"^"^^y^' ^°"^ teindre leurs bof,
^Wmecholed|^^:^^?^,f^rS
&^;Sun;^ri^-^^;5-^ouie
ae blanche qu'elle étoit, après avoir ôté Ta peau
vciue qa:la couvroit, la fait venir roule 4re
ou^de couleur brune, félon les terres °o^t il
eclaircir, polir la teto, la queue &la tranche d'un
Ôup 'p ,/ ■"" ' r'""''' ^''^'^"'^ ^'''^ 1^ dent de
Brunir figni^e au/H polir un corps, non pas en
b fu'rTr 7 '^'"'f' ^=^ P"'^" cminences qui
e di d/ ,' f 7'^ ^" '^°>"^" '^" brunilfoir. Oïl
dent de I °' ^' "^I ^'"Sent , cela fe fait avec la
po ée'r '^°^'r.' ^' ^'''^^' d^ bois blanc, & la
potée demeri. On dit de l'or bruni, de l'argent
tSui ; ^'°'' ^ °^'t^°'" ^ '^- ^^ '^ l'^r^e'nt ,...; t'elE
l'éclnr^" ' extrêmement poli pour lui donner de
ITrZ' \T '/^^^''"""'« /'o/.W«, lœvatum,Uvi^
fe aun- f r ''ç"'" ^^'°'^ -^r../ paroiffent plJs que
les aat cs.Les Serruriers difent auifi /.r««fr le fer,
BpTS % ^' P°^^'^'"". ^^^'^ 1=-^" brunhfoirs. '
BKl/NI, lE, part.&adj.P./,,^^,/^,^,;,^,/^^;
levât us , ou levi^atus
IIY.^U?^}^^^' '^'y^l BRtÎNEHAUT.
BRUNISSAGE, f m.'^ôuvrage de Bruni/Teur. P.//.
BRUN^S'^nV'r' ^'°''I ^^. bruni fige de h vaiifelle.
BRUNISSOIR, f. m. CQ- Outil dont fe fervent pref-
que tous les ouvriers qui emploient le fer , l'or , l'ar-
gent, 1 acier, l'étain, pour dqnner de l'éclata
leurs ouvrages. II y en a de différentes façons 8C
de diderentes matières fuivant les ouvrages. Pour
les métaux, ih (ont ordinairement d'acier. Ferrurrt
metallis poheniis comparatum. On pa/fe le /^r««//-
Joir tant pour fouder l'argent, que pour le brunir.
lioiz. 11 fert aux Graveurs d'un côté à brunir &
polir, de l'autre à racler. Il y a auffi des brunir-
Joirs qui ont un bout garni de fanguinc. Les Ser-
ruriers ont auff. des brumffoirs pour polir le fer.
Les uns font droits, les autres crochus, pour polir
les anneaux des clef, i il y en a d'autref qui font
ctemi-ronds , pour cramer avec Pétain.
Ip- Le brumffoir pa/fc fortement fur les endroits
de a*furface de l'ouvrage qu'on veut rendre plus
brillant que les autres , produit cet effet en ache^
vant d enlever les petites inégalités qui s'y trou-
vent. Ainli de quelque matière que l'on fa/fe le
hrunijjou , cet outil n'emporte rien de la pièce .
oc doit ette plus dur qu'elle.
BRUNISSURE. f £ Terme de Chaffe , qui fe dit
de la polliflurc des têtes de cerfs , de daims , de
chevreuils. Ceri'ini cornu nitor , Uvor.
^ BRUNITURE.f f. Se dit, en Teinture, de la
manicre d'ctcindre l'éclat d'une couleur, afin de la
réduire a la nuance qu'on veut , fans toutefois la
faire chausser d'efpèce. Encyc
BRUNO, BRUNON. Ç. m. Nom d'homme. Bruno.
Ce mot peut pafibr pour irrégulier dans notre lan-
gue i car Pufage efl que les noms qui on latin fe
terminent en o , fe terminent en francois en on ,
comme Caton , Varvon , Cicéron, Corbulon, Stra-
bon , LaRon , Orhon , Parmcnion , Didon. C'eft
la remarque de M. de Vaugelas , p. 71 de l'édir.
^«-40. Néanmoins dans ce nom ci on dit plus fou-
vent Bruno que Brunon. Bruno ou Brunon, frère
dcWitikind , Roi des Saxons. Bruno ou Brunon,
Bénédiélin du onzième ficelé , Autcut de l'hiftoire
de la guerœ que l'Empereur Henri IV fir à Maç^nus
& Herman, Ducs de Saxe. S. Bruno ou S. Bru-
non , Evêque de Segnî. Brunon , Evêque d'Ans^crs
on dit auffi quelquefois Brun pour Brunon, Brunii
N
5«
BRtj
&; non pas Brimon , furnommé le Grand , Arcnc-
vcque de Cologne , Se Duc de Lorraine , fils d'Hcnn
l'oileleur. S. Bruno ou Brunon , Evcque &; Apôtre
de la Prulfe. Bruno ou Brunon de Wirtzbourg ,
Hcrbivolen(is\ mais il faut toujours dire S. Bruno
fondateur de l'Ordre des Chartreux , & non pas S.
Brunon. Il y a dans les Mi'an^cs d'Hifiom t/ de
Littérature du prétendu Sr de Vigneul-MarVille ,
T. 11. p. 175 , Se J'uiv. une elpèce de diHertation
pour montrer que rhilloire du Chanoine que Ton
prétend avoir été l'occaiion de la converiion de S.
Bruno efl: apocryphe , parde que tous les Auteurs
contemporains de S. Bruno , ou les plus anciens
ac les plus voifins de fon temps n'en dilent mot.
Le S. Bruno gravé par Melan , cfl le véritable por-
trait de Chriftophle Du Puy. Vign. Mar.
|Cr BRUNSBERG. Ville de Pologne. Voy. BRAUNS-
BERG. ^ .^, „,„
|K? BRUNSBUTEL. Petite ville fortifîce d Alle-
magne dans le Holftcin , fur l'Elbe.
BRUNSWICK ou BRUNSWIG. Ville d'Allemagne,
l'une des plus conlidérables de la Bafle Saxe, ca-
pitale du Duché de Brunfwick. Brunfviga , Brunf
yicum , BrunopoUs , Brunonis vicus. On croit que
Brunfwick a pris fon nom de Bruno , fils d'Adol-
phe Duc de Saxe , qui la répara vers l'an 8<58. Mat y.
Quelques Auteurs croient que c'eft le Tubijurgium
de Ptolomée. Elle eft divifée en cinq quartiers ,
qui l'ont fait appeler p>ar quelques Auteurs Pen-
tapolis, cinq villes. Elle eft, félon Hoiîman ,
au 510 40' de longitude , & au 52° 40' de la-
titude. Brunfwick a été ville anlcatique. M a t y.
C'eft une des premières villes d'Allemagne qui
ait reçu l'héréfie de Luther. Bugenhag l'y 'porta
en 1511, & Chemnitius l'y prêcha ^o ans durant
& y mourut en içSiî. M. Lcibnits imprima en 1707
à Hanover , en trois volumes in-fol. un recueil des
Hiftoriens de Brunfwick. Voyez auHi Imhoff. Not.
Jmp. Proc. Lih. IF, C. 4. Le Duché de Brunfwick ,
Brunfwicenfs Ducatus , eft une Province du Cercle
<le la Balfe-Saxe en Allemagne, bornée au nord
par le Duché de Luncbourg, au couchanr par le
Cercle de Weftphalie , au midi par la Hedc , &
le petit pays d'Eichfelt, au levant par la Thuringe ,
les Principautés d'Anhalt & d'Halberftat , & le
Duché de Magdebourg. Le Duché de Brunfwick
fe divife en trois Principautés ; Wolfcnbutcl , qui
a fes B>acs particuliers -, Grubenhagen , & Calem-
berg , qui appartiennent au Duc d'Hanover.
La Maifon de Brunfwick vient d'Azo d'Eft , Mar-
quis de Tofcane , qui paffa en Allemagne dans le on-
zième fiécle avec l'Empereur Conrad II , &: cpoula
Cunegonde, fille unique de Guelphe III.
BRUSC. f. m. Terme de Botanique. C'eft une efpèce
de Houx-frelon. Voyei ce mot.
§3- BRUSCH, Rivière de France , qui a fa fourcc
dans les montagnes de Lorraine , fur les frontières
d'Alface -, & fon embouchure dans l'Ile de Stral"-
bourar, _
BRUSLABLE.
BRUSLANT.
BRUSLEMENT.
BRUSLER.
BRUSLEUR.
BRUSLOT.
BRUSLURE.
BRULABLE.
BRULANT.
BRULEMENT
Foye? < BRULER.
BRULEUR.
BRULOT.
BRULURE.
BRUSQUE , adj. m. fie £ Qui eft d'un tempérament
vif 8i rude , qui parle 6c qui agir avec ||omptitude ,
mêlée d'un peu de rudelfe. Acer & prxceps. Il no
fait pas bon attaquer cet homme-là , il a la repartie
prompte fie brufque. Le génie françois brufque ^
impétueux, aime le changement. La conduite de la
nature n'eft pas brufque , K fa méthode eft d'ame-
ner tout par dégrés prelqu'infenlibles. Fonten. L'air
o-alant penche plus vers la douceur & l'enjouement ,
que vers le brufque èc le férieux. M. Scud. Il y a
des gens naturellement briifques •■, le ton de leur
vodx^a je fiQ fais (juoi 4« faiivagç , & il femble qu'ils
^ BRU
vont toujours dire des in'urcs aux gens. Bell. Daf.s
vos biujques chagrins je ne puis vous comprendre.
Mol. On dit auiil du vin brufque , qui eft âpre & pi-
quanr. Ce mot ne fe prend qu'en mauvaiie part.
Il vient de l'italien ou de l'eipagnol brufco , qui
fifçnifie acre , prompt ,colère. Ménage.
BRÙSQUEMBILLE. f. m. Efpèce de jeu de cartes,
fort dixférent de tous les autres. Il fe joue avec le
jeu de piquet de trente-deux cartes. On en donne
à chacun cinq , puis on en tourne une qui eft la
triomphe, qu'on met de travers fous le jeu , afin
qu'on la puilfe voir, fi: qu'elle n'empêche pas les
joueurs à chaque carte qu'ils jouent , de la rempla-
cer par une autre du talon , qu'ils prennent à tous
les f;oups , jufqu'à ce qu'ils aient tout pris. Les qua-
tre as font les premiers brufquembilles , fie les qua^
tre dix les féconds. Celui qui a le fept de triom-
phe , peur le changer contre celle de la retourne
pendant le courant du jeu , & attendre même juf-
qu'à la dernière carte à prendre du talon. Les as Se
les dix font les principales cartes -, les autres fui-
vent leur ordre ordinaire. On renonce tant qu'on
veut à ce jeu, excepté lorfqu'on a levé toutes les
cartes du talon, Se que l'on n'en a plus que chacun
cinq à jouer. On joue en cent deux , cent trois ^011
cinq cens , comme l'on veut. La retourne vaut dis
à celui qui fait, lorfque c'eft un brufquembillc ou
une peinte. Celui qui a les cartes fie fak plus der"
mains , marque aullî dix. Lorfque tout eft joué, cha-
cun compte les points qu'il a dans les mains qu'il
a levées , en obfervant que les as valent onze , les
dix valent dix , les rois quatre , les dames trois , les
valets deux , fie le refte ne fe compte point. On ajoute
à ce jeu des mariages fie autres pretintailles.
fçj- Ce mot eft ordinairement féminin. Jou de la
brufquembiUe. Jouer à la brufquembille.
BRUSQUEMENT , adv. D'une manière brufque. Priz-
cipiti impetu. Il eft parri brufquement Se lans dire
adieu. Ce Général a donné brufquement fur les en-
nemis. Ce combat donné brufquement , Se à la hâte ,
feroit plus long à raconter , qu'il n'a été à terminer.
Bou.
Ip- BRUSQUER. V. a. Offenfer quelqu'un par des
paroles briifques , rudes , inciviles. Verbis afperio^
ribus , dure , acerbe aliquem excipere , kabere , trac-
tare. Cet homme etl fi violent , qu'il brufque cenx
qui ont affaire à hii. Le mot eft vif , fie marque bien
quelque choie de précipité fie de rude. Savoir le
monde , c'eft être toujours égal ; c'eft ne brufquer >
fie ne chagriner jamais perfonne. Ce Critique infle-
xible eft (\ peu maître de fon dépit, qu'il pouffe fon
chagrin jufqu'à brufquer ceux qui rendent juftice
au mérite des aurres.
Bp-usquer , fe dit aulfi pour faire quelqne chofe vîre,
brufquement, avant qu'on puiffe s'appcrcevoir qu'on
en a le defféin. Deproperare , prœpropere aliqiiii
agere. En parlant d'une petite place de guerre qui
ne mérite pas un fiège dans les formes , n-iais qu'on
peut emporter d'emblée -, on dit que c'eft une place
qu'il faut i'rw/fz/^r.AcAD. Fr. Brufquer une àffiitc.
Brufquer un ouvrage d'cfprit. Brufquons à nous
deux l'épithalame du bon Vulcain. Fuselier.
BRUSQUÉ , ÉE , parr.
BRUSQUERIE, f. £ Action de brufquer quelqu'un,
Pncceps natur(c,animi impetus. Il faut excufer le9
paroles offcnfantes , quand on ne les djt que par
brufquerie Se par promptitude.
BRUSQUET. On dit proverbialement , à brufquin
brufquet ; pour dire , puifque vous me parlez
délbbligeamment , je vous réponds fur le même
ton. ExprelTlon triviale.
^iJ- BRUT , UTE. adj. On prononce le Tau fingulier.
*" Ce qui n'eft pas poli, qui eft âpre Se raboteux. li
eft oppofé à travaillé. Il fe dit parriculièrement d'une
pierre qui vient de la mine ou de la carrière , qui
n'eft ni polie , ni taillée , ni dégrofTie": du diamant ,
&c , en un mot , de toutes les choies dans l'état^ où
la nature nous les préfente , lorfqii'elles doivent être
perfcdionnçcs par Tait : 6e par extenfion on domic
1.
B'R tf
BR li
3^
îô nom de briu à des produirions àrrirldielies que
la main de l'ouvrier doit dcgrollir ou perfeclion-
rier ; de forte qiie cette énirhète ne peut erre ap-
|5liquéc qu'aux prdduiîtidns naturelles ou artificiel-
les quipciiverit être perfedliorinces par la main d'œu-
tre. Ainfi , on ne peut pas dire une plante bruts. Un
Naturalise ne peut dire urie plume brute , parce qu'il
iiè la ôorilidère pas comme pouvant être perlcc-
t'ionnée par l'art. Mais un Plumalîicr \cà\t.Afper,
fcj.ber , impolitus. Les diamans bruts fe n'ouv*cnt
dans des latries, du dans de-i fentes des rochers de
GoJconde. Tavernieb.. l/ne cmeraude brute cft
peu ellîmce, à c'aufe dii rifque qu'il y a de li cafler
en la tailknt. On dir aullï Une maçonnerie de picr-
tcs brutes ; pour dire qui ne ibnt point taillées. On
appelle auill du fucre brut ^csI\ï\ qui ni'cfl: pas affine.
On dir d'un jardin qUi n'eft pas encore achevé
d'être planté , d'être accommodé , qu'il é'ft encore
. tout /';■///.
Brut , le dit auffi fîgurémenr d'un ouvrage qui n'cll
qu'ébauché, qu'on n'a pas eu le loilir de limer &
de polit.
BRUT , du ORT , fe doit entendre du poids de la
marcharidife , quand elle cft peice avec l'on cmbal-
larje. On dit en ce fens : cette balle de poivr(? pelc
irut ou on fix cens livres ; pdur marquer q\ief l'em-
ballage & le poivre qui eft dedans , pèlent enfcm-
ble lix cens livres. IK? Il y a des marchandifes qui
paient les droits d'entrée & de fottie du Royaume
net . & d'autres brut ou ort.
lier BRUTAL , ALE , adj. On défrgne par cette épi-
thète , un caraélèrc féroce & em'poïté , un homme
qui tient de la betc brute. Ferox , belluinus -, feri-
/z-vj. Homme i^r«^^/. "Valeur ,palîion brutale ; em-
ployé fubftantivemenT , il dciigne irn homme féroce
& grolller. C'eft' un briiial , un franc brutal. Ce
repos brutal conrrc la crainte de l'enfer , fem'bîe li
Geau , que ceux qui font dans ce doute malheureux
s'en glorifient. Pasc. Un débauché n'a que des ap-
pétits brutaux. Un franc ^rw/^/conteftant comme
un diable. Scar. Il n'y a point d'homme fi brutal ,
ou a fauvage , qui ne voie avec plaifir fon nom im-
mortalifé. Pat. Je ne fuis p.is furpris de la vaillance
d'un brutal ., qui ne fait ce que c'eft d'être vivant ou
mort. Le Ch. de Mer. Ces efprits brutaux éroicnr
rendus plus farouches par la guerre ,& par le dé-
fefpoir du pardon Vaug. Il va aulfi à la di/idlu-
tion &: à la corruption des mœurs. La licence cf-
frçjiée de ces brutaux avoir rendu' le noindes Ma-
cédoniens odieux. Vaug.
L' homme feu l , l'homme feul en fa fureur extrane ,
Metun brutal "ilb///ztfKr a s'égorger foi-méme. Boil.
Brutal , fe dit auOl d'un homme qui ne fait [^as vivre ,
qui ne ménage p;rlbhne,c5c qui brufque tout le mono';.
La fortune avec toute fa puiliànce , ne pourra jamais
apprivoifer'un brutal &i polir la rudellê de Tes mœurs.
Balz. On dit, il m'a fait une réponle fort ^rw/ii/c; ;
c'eft-à-diré , fort iiicrvile , fdrr m.al-honnête. iJr///^;/
cmporre plu-s que grofjier , & y ajoute quelque choie
de dur & de choquant. Boun. La valeur naturelle
, eft brutale. M. Scud.
BPvUTALEMENT , adv. D'une manière brutale. Fe-
rino more, ferocitef. '[]n\u-Ai\ùt\\x\'\t brutalement
Un Corfaire rraire brutalement fes efclaves. On croit
l'enfer & cependant on- va brutalement à la mort ,
. comme s'il n'y avoit plus rien après elle. Nie.
BRUTALISER, v. n. C'eft un mot qui a été invente
pour le mettre dans la bouche d'une précieufe. Il fi-
gnifie prendre des plaifirslcn(uels,des plailirs qu'une
précieufe voudroit qu'on laifsâi prendre aux feules
bêtes. Belluincis fecîari delicias. Le moyen de pénfer
aai mariage , puifqu'on y paflc route fi vie à bru-
talifbr avec un homme. Il n'eft' pas d'ufagc.
Brutaliser. V. a. Traiter quelqu'un durement , bru-
talement. Dure , acerbe , ferociter aliijuem excipere.
L'uiage du monde poli apprend à ne brutalifer per-
fonac. Il n'eft que de la conveïiariort.
BRUTALISE , LE , part. . .
BRUTALITÉ, f. f. Action A\m brutal. Les fofdat^
commettent de grandes brutalités , quand on leur
abandonne une ville au pillage. Aciio digna pecude.
Four pouvoir d'un œil fec voir n'ourir ce qu'on aime ^
Ah ! c'eji bruralirc , plus que vertu fuprime. Gui.
§3°. Il fe dit aulfi du vice du brutal , de la palîîon iJru-
tale. Sa brutalité lui a tait beaucoup d'ennemis.
{CF Cet homme s'eft reconnu après avoir alj'ouvi fi
brutalité. Et d'une parole dure & brutale , il nl'a dit
cent brutalités.
Brutalité , fignifie encore grolfièreté m.èlée de du-
rcic. Stupuiitds ,jlupor. La rufticitc , la grolfièreté
te la hrui?Mté peuvent être les vices d'un homme
d'cfprir. La Bruy.
BRUTAMAKMA, f. ï. Sorte de poire nommée au-
trement, Tihivilliers. La Quint. T.l,p. 385. C'eft
une poire de Klars & d'Avril. Id.
IJCT BRUTE, f. f. Animal confidéré comme privé de
1^ raifon , &: par oppofition à l'homme. Brutum,
animal. L'homme n'eft diftingué des brutes que par
la raifon. La bête confidcrée dans fon dernier degré
de fbupidité , comme alfranchie ^les. loi:: de la rai-
fon & de l'honnêteté , feton lefquelles noijs devons
régler notre conduite , eft appelée brute. Ainfi
c'eft Toujours un terme de Kvé-pris qu'on n'applique
nux bêtes &: à riïomme qu'en mauvaife part.
L'iuftincl tient fieu de raifon aux brutes. Il n'a pas.
plus de raifon qu'une brute. Il s'abandonne à rou-
te la fureur de fon penchant comme Ï2/'rute. •
((3^ On dit aulîi une bête brute , ik; figurcment d'un,
homme fans cfprir , fans jugement , que c'eft une
bête brute , une vraie brute.
BPsUTE - BONNE, f. f. Sorte de poire que la Quin-'
ti nie nomme ainli , P. III. Tom. I , pag. 5 5 of C'eft
une poire de la mi-Août , qui s'appelle autrement
poire du Pave. Id.
BRUTIEN , ENNE. f. m. & f. Nom d'un anci'cn peu-
ple d'Italie. Brutius. Les Brutiens ô'ccupoient fa
partie de l'Italie qui' étoit entre la Lucsnie & le
détroit de Sicile , ayant à l'orient la mer de Tarcnre,
& celle de Tofcane à l'occidenr. C'eft la pointe de
l'Italie où eft anjourd'lmi la Calabre citéricure &:
l'ultérieure.'
On prétend que ce furent originairement des pal^
teurs ou b'crgers' de? Lucaniens , qui fecouèLent le
joug , & fe délivrant de la fervirude établirent ce
peuple , & qu'on les appela Briitii à caufe de leur
grolfièreré , de brutus , brure , ftupide. Aulu-Gelle ,.'
/.. X , C. 5 , dir que les Brutiens ayant été- les pre-
miers de Vira-lie à fe révolter pour AnniLial , les PvO-.
mains dans.la' ftrite ne les voliluient plus enrôler
pour foldats , ni les tenir pour alliés , mais qu'ils
en firent les Miniftrcs des Magiftrars qui alloient,
di'ns les provinces , les appelanr Brutianiens , com-
me on le voit dans Caton, Voye'i Viûenere fur
TiTE-LiVE ,p. 1758/ ■
BRUTIER. f. m. 0\{:ci\.\x àtpioxs. Aies prœdator.On
dit proverbialcmenr , que d'un brutier on ne fautoit
faire un épetvief j pour dire qu'on ne fauroic rendre
honnête homme ni habile celui qui eft lot tz butor :
parce que le brutier eft un oifean de proie qui vit
aux champs , qu'on ne peu: dreller ni an poing ,
ni au leurre. Cet oifean cft le même qncla/v'/è &
le butor ; quoique qnclques-uns les' d;'ftin!rucnr.
BRUTIFICATION. f. f C'eft un mor que Cyrano a for-,
gé pour marquer l'érat des bêtes, du nombre defquel-
les on vouloir le ranger dans Pempire de la lune. On
exécuta , dit-il ,de point en point la volonté du
Prince , de quoi je fns très-aile pour le plaifir que je^
rcc.?vois d'avoir quelqu'un qui m'entrerînt pendant:
\a {'oWinAt Acm-xbrutification.
BRUTIFIER. V. a. Rendre bête. J'ai Lcmarqucque
prefque roures les vifions d'cfprits ne le fonr prcfcn-
récs qu'à des femmes i ou à des reclus qui avoienr le
cerveau un peu altéré .1 force de ne voir perfonn'e &
de s'être comme briaiji'^-s parmi les bêtes au milieu-'
Ni)--
#
loo Biiir
des bois qu'ils habitoicnt. Valesiana. Il peut aller
avec briitification.
BRUVACE. Vvyci BREUVAGE.
BRUXANELI. f. m. C'eî!: un grand arbre de la grof-
fjur d'un pommi'jr , qui croît dans ks bois & lur les
inontagncs du Malabar. On prépare avec le (lie de
les k-Lilllcs U du beurre frais un Uniment dont on le
Icrt dans la cure du charbon. La décoction de ion
ccorcc cfl: elliméc diurétique. Dict. de James.
BRUXELLE. f. i. On prononce BruffeUe : il y en a
même qui l'écrivent. Tapiilcric faite à Bruxelles. Par
une pierre antiphilofophale , Hortenfia trouva le
fecret de convertir la vaifielle d'argent en vaiflcUe
d'étain ; les diamans en cryftaux , &: fa Bruxclk en
Berixame. Ecole du Monde.
BRUXELLES, Prononcez Brucelles. On écrit aulH
Bri, [filles. Ville des Pays-Bas, dans le Brabant , ca-
pitale du Brabant Autrichien. Bruxclla, Bruxelliz.
Le Gouverneur des Pays-Bas rélide à Bruxelles. La
lonçitudc de Bruxelles eil 25° 4(î', Ôc la latitude 500
5o'.^Cctte ville , félon M. Caflini , a 29° 5 5' 5 5" de
Ic-qitude S: 50^50' 50' de latitude. Cassini. Le
quartier de Bruxelles eft une des quatre parties du
Duché de Brabant. Il eil borné au nord par celui
d'Anvers, au levant paf celui de Louvain -, il a la
Flandie au couchant , & le Hainaut au midi.
Bruxelles. Terme de Fleurifte. Tulipe d'un rouge
obfcur , colombin clair & blanc. Morin.
BPvUXELLOIS , OLSE , f. m. & f. Qui eft de Bru-
xelles. Bruxellenfis. Ceux de Bruxelles feroit ce-
pendant mieux que les Bruxellois.
§0=- BRUYAN. f. m. Oifeau. Voyei Verdier.
IJCF BRUYANT , ANTE , adj. Qni fait gr^nd bruit.
Strepens , ohfirepens. Les flots bruyans. v rompettc
bruyante. Voix bruyMiu.
^ Quand Flore dans les plaines
Faifoit taire des vents ks bruyantes haleines.
BoiL.
gCFCemotfcrt encore à exprimer réclat que certaines
choies ont dans le monde. Le véritable zèle n'efl: pas
bruyant , de ne cherche point à lé donner de la répu-
tation par fes emportemens & pat fes terveurs in-
difcrétes. De Vill.
^3° On dit qu'une rue eft bruyante , pour dire qu'on
y fait , ou qu'on y entend beaucoup de bruit,
On appelle un homme bruyant , un homme qui
fait beaucoup de bruit. Il cil: du itylc familier.
AcAîj. Fr.
Le P. Du Ceiceau a dit de Juvénal.
^ivec fon ton ais;re & mordant ,
, Ses bruyants éclats de paroles y
Son air maaijiral & pédant ,
Ses emph.ijes 1 fes hyperboles.
En termes de Fauconnerie , qu'on appelle vol
. bruyant Se âpre, celui de la colombe.
BRUYÈRE, f. f. Terme de Botanique. Erica. La
bruyère ordinaire eft un petit arbrilléau qui n'excède
guère la hauteur d'un pied Se demi. Ses racines
font longues jligneufes , forr Ibuples 5 & ne le caflént
pas aifément ; elles Jettent piulieurs tiges ligneufes ,
dures , branchucs , couvertes d'une ccorce d'un rouge
très-brun , garnies de feuilles allez preffées , ran-
gées fous quatre ordres , menues , vertes , &: cou-
chées les unes fur les autres en manière d'écaillés.
Ses fleurs font difpofées en épi aux extrémités des
tiges Se des branches , Se foutenues j^ai des pédi-
cules aflez courts. Cette fleur eft" un petit cornet
découpé en cinq lobes jufqu'à la bafe , couleur de
pourpre , blanc quelquefois , &; foutenu par un ca-
lice pareillement découpé , du fond duquel î'éleve
le piftil , qui perce la fleur , & devient un fruit
prefqiie ovale , de la même longueur que la fleur ,
divifé en quatre ou cinq looes remplies de femences
fort menues. Il y a piulieurs efpèccs de bruyères
différentes de celle ci par leur grandeur , par
B 11 Y
1.1. difpo.ltion & figure de leurs feuilles 5c de leurs
fleurs. Clulius décrit pluiieurs efpèces de bruyères
qu'il a obfervces en Efpagne ; le Languedoc Ze
les e'iviro)is de Paris nous les fournirent en partie.
L'Afrique eft encore abondante en bruyères- diffé-
rentes de celles de l'Europe. La bruyère bien fleurie ,
infufée dans de l'huile eft bonne pour faire pailer
les dartres Se les taches de la peau -, fon eau di-
ftillée eft recommandée pour les rougeurs & dou-
leurs des yeux.
Bruyère , eft aulfi en France un nom général qu'on
donne à plufieurs petits arbres fauvagcsqui croiiîent
fans culture dans des terres abandonnées , & qu'on
ne laboure point ; ce font des genêts , ou autres
fembiables arbuftes. C'cft une elpèce de fablon
mort qui ne peut tout au plus produire que des
genêts Se des bruyères. La Quint.
Bruyère, feditaulfi des terres incultes , où croilTenr
CCS fortes d'arbuftes. On trouve bien du gibier dans les
bruyères. Ce champ ne rapporte rien , ce n'eft qu'une
bruyère.
Bruyères à vergettes. C'eft un arbre qui jette
force branches , Se qui produit des grains rouges
comme le genièvre. Ses rameaux font petits Se très-
Ibuples , c'eft pour cela qu'on l'appelle feopa-ballet.
Les vergettiers en tirent d'Italie où il eft fort
commun.
Ce mot vient du vieux gaulois bruir ,ou brouir ,
qui lignifie brider , qui eft dérivé du latin uro ,
parce qu'on brûle les bruyères pour les défricher ,
Se en faire des terres à blé. On l'a appelée dans
la balle latinité hruariurn , Se bruera.
Bruyère. C'eft auffi une forte de laine d'Allemagne.
^ÇT Bruyères, petite ville de France, en Picardie,
à une lieue de Laoù : il y en a une autre de même
nom en Lorraine , à l'entrée des Vofges , à douze
lieues de Naiîci.
fjC? 11 y a anlîî dans le Languedoc , près de Toul-
loufc , un bourg de ce nom.
B R Y.
BRYON. f. m. Ce mot fe trouve dans VHifioire
générale des drogues de Pomet. Le bryon eft la
même chofe que la coraline. Voye^ Coraline.
Bryon. f. m. eft une moufle qui croît fur l'é-
corce des arbres , Se qui eft , pour me lérvir de Tex-
prcUion de Pline , Lib. XII , cap. 15 , comme leur
poil grifbn. Elle eft beaucoup plus abondante fur
les chênes. Hippocrate emploie le bryon dans les
• fuffumigations pour l'utérus. Ce même Médecin ap-
pliqua l'algue ou moufle marine en forme de cata-
plalme , à une femme qui avoit une inflammation
de matrice. E/it/'o». Dict. de Jam:es.
BRYONNE d'Amérique. Voy eiMicno ac Ati , c'eft la
même chofe.
Bryonne, appelée vigne blanche, ou couleuvrée. Voy.
CouLEUVRÉE. Bryonne, appelée vigne noire, eft une
autre elpèce couleuvrée. On écrit bvioine Se non pas
bryone.
gCT BRZESCIE , ville de Pologne , en Lithuanie ,
capitale du Palatinat de Br^efcie , au confluent des
rivières de Bourg Se de Muchawccz. On la nomme
Br^^efcie de Lithuanie pour la diftinguer de celle
de iPologne.
ifs" Brzescie. Ville de la Grande-Pologne , au Pa-
latinat de Br^efcie 1 dans la Cujavie. Le Palatinat
eft entre la Viftule Se les Palarinats d'Inowladiflaw ,
de Rava , de Lancieza Se de Kalifch.
B S 1.
BSIDERI. Nom de poire qu'on dit par corruption
pour Beji de Heri, Ce mot en Bretagne , Anjou
Se Poitou , fîgnifie poire Jauvage ; Se Héry eft une
forêt de Bretagne entre Rennes & Nantes , où ces
poires ont été trouvées. Voye^ Besi-D'hÉri.
B U.
BÙ , BUE. part. Voye^ Boire.
B U B
EUABIN. f. m. Idole des peuples du Tunquin. Ce
dieu prélide aux mailbns dans l'idée des Tunqui-
nois , Se ils l'invoquent , quand ils en veulent
bâtir quelqu'une. Ils font drefler un autel, & appel-
lent des Bonzes pour iacrifier à ce dieu. Après le
iacrifice on prépare un feftin de viandes qui
ont été facrifiées , puis on préfente au dieu plu-
fieurs papiers dorés , où l'on a écrit quelques
paroles magiques •, eiiiuite on les brûle avec des
pariums devant l'Idole pour l'engager par cette cérc
monie à empêcher qu'il arrive jamais aucun mal-
heur dans la maifon qu'on va bârir. Tav. Koyage
des Indes , cité par Mar.
D:T BUADE. f. f. Terme de Manège. Bride à longues
branches droites S^ non coudées.
BUANDERIE, f. f. Efpèce de lalle au nez de chau/Tée ,
où il y a un fourneau & des cuviers pour faire la
Icfîive. Ojjîcina lavaniis , pur^andis lintcis com-
parai. Il s'en trouve dans toutes les Communautés ,
& dans la plupart des mailbns de campagne.
BUANDÎER. f. m. BUANDIÈRE. f. f. Celui ou celle
qui fait le premier blanchiment des toiles neuves.
Blanchiilcur eft celui qui les blanchit , à mefure qu'on
s'en fert. On le dit encore dans quelques provinces
en Bretagne & dans tes provinces voifines , pour
Blanchiflcur & Blanchi.Teufc faiiant la IcHlve que
l'on appelle buée. Lixivicc adminijler , veladminilira.
#CF L'obfervation critique des vocabuliftes qui re-
lèvent ceci comme une erreur capitale , n'cfl: que
rifihie.
^ BUARCOS , ville de Portugal , dans la province
de Beira , à l'embouchure de la rivière de Mon-
dego.
B U B.
BUBALE.'^, m. Animal qui tient un peu du cerf &
de la vache. Ariftote , en parlant du BubaU , dit
qu'il reficmble au cerf. Pline dit qu'il reflemble à
un cerf & à un veau. Oppien dit qu'il a des cornes
recourbées en arrière. Toutes ces particularités fe
trouvent dans l'animal que nous appelons aujourd'hui
vache de Barbarie : ce qui a donné occaiion à Al-
drowandus de dire que c'efl: le Bubale des Anciens.
BUBASTE. Ancienne ville d'Egypte, capitale d'une
province ou canton qu'ils apprloicnt Nonius, Bu-
Jbajtus. Le P. Kirkcr j (E.d. jEg. Tom. I, pa^. 31 ,
dit que Hot-',j«ro; lignifie, le pas d'un bœuf II faut en
ce fens qu'il vienne de /;», , bœuf, & jSai»» , je vais ^
je marche. Il ajoute que d'autres le dérivent de /3«5 ,
bœuf, & «s-u , ville ; la ville du bœuf, en Cophte
Baub afl , fignifie deux bœufs , parce que c'eîl in
que les deux fameux bœufs de l'Egypte , l'un appelé
jipis par les habitans de Memphis , & l'autre Miavis
par ceux d'Héliopolis, apparurent d'abord, & qu'ils
apprirent aux hommes l'agriculture. On honoroit
Diane à Bubajte. D'où lui vient le nom de Diane
bubajle , qui lignifie Diane la chate , parce qu'elle
fe transforma en chate , lorique les dieux fe réfugiè-
rent en Egypte.
BUBE. f, f. Petite élevure ou bouton qui fe forme fur
la peau. Tumor , pnftuLi. Il vient des bubes fur les
lèvres , quand on boit dans un verre qui n'efl;
pas net.
Ce mot, audi-bicn que cthnàz Bubon, vient du
grec /3»/3&'v, efpèce de tumeur.
BUBERON. f. m. Le peuple dit buberon , pour bi-
beron.
BUBON. Terme de Médecine & de Chirurgie. Ceft
une tumeur qui vient aux- glandes des aines & des
aiflelks , avec inflammation & douleur. Il provient
d'un fang épanché dans les glandes joint à quelque
humeur dépravée. Bubo. Il y a deux fortes de bubons.
On appelle les uns bénins ; & les autres malins.
Les malins fe divifent en peftilentiels , & véné-
riens. Les peftilentiels furviennent dans les fièvres
& maladies peftilentielles : les vénériens font une
iiiite d'un commerce impur , & bien fouvent des
c-vant-coureurs de la vérole. On appelle ordinal-
Bue loi
remeht ces derniers, poulains. Quand un ^^m/^o.t eft
■entouré d'un cercle de différentes couleurs, comme
l'arc-en-ciel , c'eil; une marque qu'il elt p.ftilcn-
ticl, & le plus fouvent mortel.
BUBONE. f. £ Nom d'une faulle divinité. Bubona.
S. Auguftin , Liv. IF , de Ui Cité de Dieu , ch.
?4, dit que Bubone étoit chez les Romains une
Déelfe que l'on croyoit être chargée du foin des
bœuts. Les Juifs , leur dit-il , en fe moquant de tant
de divinités , ont eu des blés fans la Déelîe Ségétic ,
des bœuls fans bubone, du miel fans McUone, &
des fruits fans Pomone. Quelques éditions difent
Bobojia.
BUBONOCÈLE. f. m. Terme de Chirurgie. Tumeur
qui arrive à l'aîne , & qui eft caufée par la chute
de l'épiploon ou de l'inteftin. Bubonocele C'eft une
efpèce d'hernie , qu'on appelle incomplette. Les
femmes font moins fujettes au buionuc'cle , que les
hommes.
B U C.
BUCCAL , ALE. adj. Qui appartient à la bouche
Buccalis , e. En Anatomie les glandes buccales font
des glandes qui parfement toute la face interne des
joues du côté de la bouche. Ce font des grains
glanduleux, qui s'ouvrent par de petic^ trous ou
' orifices à travers la membrane interne de la bouche
& qui féparenr du fmg , la faliyc qui fert à la
maftication & à la digcftion. Winslow.
CG" If y a aulfi un nerf /'.vrciz/ interne & un externe :
& une artère buccale , qui fe diftribue au mufcle
buccinateur.
0:r BUCCANE , ou BOUCHARIE , grand pays
d'Afie dans la Tartarie , qu'on divife en grande
cC en petite Boucharie , ou Buccarie. La grande
comprend précifément la Sogdiane & la BacSlrriane
des anciens avec leurs dépendances. Elle fe divife
en trois autres provinces , le Maouvenner , qui a
pour capirale Samarkand. La grande Boucharie pro-
prement dite ,- qui a pour capitale Bouchata , ( Bo-
char & celle de Balck , qui a pour capitale , une
vilîe de même nom.
La perite Boucharie , eft le même pays que le
royaume de Gafchgar. Voye:^^ ce mor.
ffJ' Les fujets du grand Mogol & les Perfans, appellent
communément Ufoecks , les Tartares qui habitent
ce pays.
BUCCELLAIPvE. Nom d'tme efpèce de Soldats que
les Empereurs Grecs enttetenoient dans les provinces-
& dans -les campagnes. Buccellarii , L,avx.£X>,K?'tii. Le
nom de Buccellaire vient de bucca , bouche , &;
bnccella , bouchée , d'où l'on a fait Buccellanus
à Rome , & ^ovy.tMàpiot, à Conftantinople. Les Buc-
cellaires futent ainfi appelés parce qu'ils étoient
entretenus par l'Empereur : C'étoit l'Empereur qui
failbit leur dépenfe de bouche : ils croient dans ,
les provinces* ce que font à la Cour ceux qui ont
bouclte à la Cour , qui font commenfaux. Les Buc-
ceilaires , dans la marche d'une armée où étoit
l'Empeteur , marchoient devant & après l'Empereur
pour le ^■ixàtx. Voye^ Maurice , Cu)AS,Tournh-
BCEUF II y avoir encore une autre forte de Buc-
cell.iires fous les Empereurs Grecs ■, c'étoient des
Grecs de Galatie , E'A^ij'oyàPia?*' qui fourniflbienr du
pain aux foldats. Koye{ Constantin PoRrHYR.Les
Buccellaires pris dans le premier fens étoient , félon
quelques-uns , des gens dont l'Empereur fe fervoit
pour faire mourir en fecret certaines perfonnes.
Les Gloffiz NomiciZ l'interprètent , Envoyé , qui'
porte quelque choie-, & encore, Soldar ftationnaire,
ou qui demeure chez quelqu'ua, & qui eft à (on fer-
vice. La même explicarion fe trouve au Livre 60
des Bafiliques , où il eft dit que ce mot vient de
/3s'x« ; c'eft-à-dire , bucca , qui , dit-on , fignifie pain ,
«jî«ç -, &: les Buccellaires , continue-t-on , étoient
ainfi appelés , parce qu'ils mangeoient le pain d'une
perfonne , à la charge de demeurer chez lui.
Chez les Vifigoths on appeloit Buccellaire eja
loi B IF C
général tout client, tout valfal , parce qa'ih vivoieiit
Sx trais de leur Seigneur. Ceft en ce iens que le
nrennent les loix des Viiigoths dans 1 apias, Uv.
K rr ,,§.1,5^ Anaftafe le Bibliotliccaire dans
la 'vie du Pape Zacharie. Koyc^i-ur ce mot M. Du
Canie, les Macri , Hoffi.an , .^ le Glolîau-e de
Cedrenus, Conjiam. de Th. orient, i^ , 6 , èc de
admin. Imp^ c. 51 , Curopal. p. «5?-
Au relte , les Empereurs d'Orient ne font pas
les ieuls qui ont eu des Buccellaues ; 6c d autres que
k Empereurs en avoi.nt. En effet , on trouve au
i^iUeu du V^ (iècle un Bncccllaire du fameux Aetius
dans Grégoire de Tours , Hift. Franc. Lib.U, cap. 8 ,
àmoins qu'on ne voulût dn-e que c'eft une pro-
jeté ou anticipation de cet H.ftor.en -, ce qui ne
paroîtpas. D'aiUeur. l origine &. '^ ^^^^^ '^""^, J^
de noni perluadent aifément qu'il a paflç de Rome
à Conftantinople plutôt que d'être venu de Gtcce en
BUCCELLATION. 1". f. Quelque; Chimiftes fe fervent
de ce mot oour iigniiier une diyiiion en gros mor-
eenix. Ha^^ris. Buccellatio , âivifio m buccehas ,
id-lt , in partes majores. DivilioW de diiîcrentes
fubftances , comme par bouchées , pour les tra-
^iCF^BUGCHANTE. f. f. c'eft ainfi qu'on appelle une
%lante tort commune aux environs de Mont-
nMli=r. C'eft une efpèce de Conyze. Voyei ce mot.
BUCCfN. (. m. Terme de ConclTyiiologie. Voye^
Trompe. ^ . ,- 1 n
BUCCÎNATEUR. adj. m. Pns 'fubftantivement.
Term-^ d'Anitomie. C'eft une épithète qu'on donne
au fe-o.id des miUUes communs des lèvres , qui elt
ain li nommé , parce que c'eft lui qui s'enfle & tait
la iou" corolle en fouflant ou en lonnant de la trom-
Pe'^tr Buccinator. On l'appelle aufîl trompetteur.
rA- Le Buccinateur occupe latéralement l'elpace qui
"^ft enn-e les deux m'achoires. Il lert dans la malfci-
cation à remuer les alimens , & à les taire encrer
dans la bouche en aplatillant les joues.
Buccinateur, pourroit fe direaullî des Joueurs de
bu'.-in-s 5 qu'on appeloit autretois Buccinatores. Les
Tritons, félon les Poètes & les Peintres , font des
Succiriateiirsmir.\n%, ou les ^«^c^n.-r^.^r^ de Nep-
tune. Il y avoir chez les Romains un Elclave pu-
blic 'qu'ils appeloient Buccinateur des noms , Buc-
cinator nominum , qui accompagnoit toujours le
crieur public , appelé Praco. Il eft parle de ce Buc-
cinateur des noms, Lcç^. uh.f De jure immunit ,
éc dans une ancienne Inlcription.
C" mot vient du latin buccina , trompette.
BUrcÏNE f f. Buccina. Ce mot lé trouve dans Nicot.
C-'ctoit un inftrument de guerre , oU plutôt , un
inftrument de mufique martiale & guerrière^ un
. inftrument de mufique fervant à la guerre. Nous
le prenons communément pour une efpece de rrom-
pen- Feft'is confirme ce fentiment en dcfinillant la
Buccine une cotne recourbée , dont on joue comme
d'une trompette. Végétius , au Liv. IH , De re mi-
litari , ç. 5 , dit auiTi que la buccine fe recourooir
en cercle , & diffcroit pat - là de la trompette , tuba.
Varron dit qu'on les nommoit cornes , cornua , parce
que dans les commencemens c'éroient des cornes de
bœuf, dont onfefervoit, comme font encore nos
Paftresenbien des endroits de la campagne. Servius ,
fur le Vil'. Liy. de l'Enéide, v. 518, femble dire
nu'on en taifoit auffi d'abord de cornes de boucs -, 6c
BÏÏCJ
lui un eu i.i'iv.ii ^..."^ ---
récriture appelle les inftrumens dont les Hébreux
fe fervoient dans le temple & à la guerre , hnv \y^ ,
Kcren Jobel : c'eft-à-dire , corne de bélier , Joluc
yf ■< , & cSa'T'nrmD"^, Sopheroth hajoheUm, qui
fignifiê buccines de béliers ,Jof. FI , 4 ^ l^f°" '^^
ces inftrumens. Voyei encore 1 , Paralip. XXV , 5 ,
dcBoch^tn,Hieroi.Part. I, Liv. Il, c 51. Les in-
ftrumens de mufique fervanr a la marche guerrière
font les buccines , les trompettes , les litaes,*les clai-
rons , les cors & cornets , les fitres ,le5 arigors , les
tambours , les attabales , les nacaires ,-les tymDales ,
&c. Les buccines marines que les Poètes de les' Pein-
tres donnent aux Tritons font des coquillages efi
forme de limaçon^
Les cloches font, tambourins & douane ^
Harpes & luths, injirumens gracieux.
Hautbois,. fasreoli, trompettes & bu'rcine,
Renduns un fon ji tres-jolacieux. Marot.
Ce nom vient de Bucca , bduche ,_parce qu'il faut
eir.boucher ces inftrumens pour en )ouer , que c elt
de la bouche qu'on en joue. Kmh buccine propre-
ment, 6c fclon fon origine , devroit erre un nom gé-
nérique de tous les inftrumens qui s emDouchent y
mais l'ufage l'avoir déterminé en particuhct a celui
que nous avons dit. .
BUCCULA. f. f. Terme latin , qui fignifie petite
bouche , ou félon M. Dionis , petite gorge. Les Ana-
tomiftes donnent ce nom à la partie intcr.eure du
vifa-e , qui comprend le dclfous de_ la evre intc-
ri^ure,îe menton,6c la partie charnue iousle menton.
BUCENTAURE. f. m. Efpèce de Centaure qui avoir
le corps d'un bœuf ou d'un taureau , au lieu que le^
Centaures onr communément le corps d un chevaL
11 V en a aulîi qui ont le corps d'un ane Nous avons
des monumens qui reprcfenrent Hetçule combattant
un Bucentaure. Le Héros n'a ni maflue , m aucune
forte d'arme. Il embralfe le Bucentaure ^^z le mi-
lieu du corps , 6c femble l'étreindre pour 1 etoufter.
BVCENTAURE, cft auill Ic nom d'uu grand 6c magni-
fique vailfeau dont lé fervent les Vcmnens tous les
ans, lorfque le Doge tait la finguhere cérémonie
d'epoufer Va mer le jour de rAlcenfion. Pierre
Tuftiniani , dans fon Hijloire de Fenije , Liv. XIV ,
donne une defcription très - détaillée du Bucen-
taure , & il ajoute que l'on en rapporre 1 origine a
l'an M 1 1 , de Tefus-Chrift ; que d'autres néanmoins
remontant- plus haut difent qu'il la faat rapporter
à l'urivée de l'Empereur Frédéric Barberoulle a
Venifeen 11 77", lorfqu'il y vint pour taire la paix
avec le Pape Alexandre VU , 6<£ 1* Rcpubkque.
Cer Empereiït avoir oblige le Pape de iortir
de Rome , 6c de le retirer à Venife. Choque de ce
que les Véniriens donnoient un afile a Alexandre,
il envoya contie eux fa flotte fous la conduite de
fon fils Othon, qui fut défait , pris & renvoyca
fon père, auquel il perfuada d'aller a Venile pour
f^^ire la paix, qui y fut en effet heureulement con-
clue Le Paoe , en reconnoiffance du lecours qu il
avoir tecu des Vénitiens , Icui accotda plufieurs pn-
vil'M^-s ," 6c fit préfent au Doge d'un anneau dor-,
c'cff l'origine de l'anneau que le Doge jette dans
la mer. ,
Ce mpt vient du gtec /3«x£ït«;(os , compofe de ,e>; ,
patticule d'au-mentation , dont on fo fert pour
matquer une grandeur énorme-, 8c de K.,r«.,« , Cen-
taurus , Centaure. Juftiniani ajoute encore deux cty-
mologies à celle-ci. La première tire ce nom de
bis , U de Taurus , ou plutôt Centaurus , nom d un
des vaiffeaux d'Enée dans Virgile.i'^. D'autres veulent
qu'on ait dit Bucentaurus,\^om Ducentaurus , mot
forc-é pour lignifier un vailfeau , qui peut tenir deux
cen's hommes , ducentorum hominum capax.^ La pre-
mière etymologie que l'on a r.ipportce ici,paroit
être la véritfiblc. ^ -,
BUCÉPHALE. f m. qui fignifie tête de bœut , du
-rcc /3« . bciuf 6c ..^xA: , tête. C'étoit la coutume
autrefois d'imprimer quelques marques aux chevaux.
Les plus communes éroient un s, Ji^ma , un K,
Kappa, 6c une tête de bœuf. Ceux qui etoient mar-
ques du s s'appefoient s-.r.?-«'-, ceux qui avoicut
IcK, R.^^.^.,-, ^ l'on donnoit le nom_ de 5/.'a;-
phahs , B..r./a«A.< à ceux auxquels on imprimoit
un- rête de bœuf. Cette tête de bœut le mcttoit
fur la croupe du cheval, ?s. fur lés armes ou fon
harnois. Ceft le Scholiafte d'Ariftophane dans les
Nuées, ^f?. i--^''- I ' 6c Héfychius au mot r.ot-y.Éi-aA»? ,
qui nous apprennent ceci. Toy.SAUMAisE fur5y/.'«,
BucÉPHAiE , fut en particulier le nom du chevul d h-
lexandré , ainfi nomiTtc , i\ l'on en ctoit le Scho-
B U C
B
Tf
Kaftc vf Ariflophanc , parce qu'il croit marque de
la tête d'un bœuh D'autres dilisnt parce qu'il avoir
le j;\ont large , ou un regard farouche •, mais le
Scholiafte d'Àriltophane , à l'endroit que j'ai cite ,
dit qu'on n'appeloit point ainii les chevaux à cauCc
de leur forme ou figure , mais feulement à caule
de la marque qu'on leur imprimoir.
Freinshemius dit que Philippe ayanWfait cor^ful-
ter l'Oracle de Delphes , pour favoir qui leroit
fon fucceireur , l'Oracle répondit que ce feroit celui
qui monteroir Bucéphale ■, que ce Biicéphale étoit
un très-beau cheval , bien tourne , mais rrès-farou-
che , qu'un certain Philonicus de Thefîalie avoit
vendu à Philippe 1 3 talens ; c'efl-à-dire 1 5000 livres
félon la fupputation de Budé , qui met le petit talent
à looo livres i ou 17519 livres ii c'ctoit de grands
talens, que Budé évalue à 1555 livres de notre
monnoie. Aulu-Gelle dit qu'il fut vendu 1 3 talens ,
6c donné à Philippe , ce qui revient félon lui à
311 fefterces monnoie Romaine, & Iclon le P.
Prouil , dans le Commentaire d'Aulu-Gelle , ad
ufum Delphini , à 1 31^50 livres de notre monnoie.
Quoi qu'il en foit , Philippe l'ayant fait enfermer
long-temps , & enfin ayant ordonné qu'on le laifsât
aller à l'abandon , parce que perfonne ne le pou-
foit monter ; Alexandre s'écria , Quel cheval leur
ignorance ou leur délicatelle leur fait perdre ! Et
Payant flaté quelque temps , il eut l'adrelfe de le
monter , & enfin de le domter. Quand il en def-
cendit, Philippe l'embraffant , clierchez , lui dit-il,
mon fils , un Royaume digne de vous. La Macé-
doine ne vous luffit pas. Depuis ce temps-là Ale-
xandre monta Bucéphale ; & s'en fervit dans tous
fes combats. Oncficrite & Arrien , Liv. V,chap. 3.
difent qu'il mourut de vieillefîe , après avoir vécu
30 ans , félon le premier de ces Aureurs. Plutarque
affiire qu'il mourut quelque temps après la bataille
de Porus des blelfures qu'il y reçut. C'cft dit HofF-
man , le lentimeni commun. Voye:^^ BucÉthalie.
Quand Buciphak étoit fellé & armé pour le combat,
il ne fouffroit point que perfonne le montât qu'A-
lexandre.
On emploie quelquefois ce nom pour fignifier
•dans le difcours familier, ou burlefque , un beau
cheval, grand, vigoureux, un ch;val de parade.
II parut monté fur un Buciphak.
On dit aulfi quelquefois en badinant des chevaux
ordinaires , ou mêmes des roifes , ou mauvais che-
vaux : J'étois fur mon Buciphak , qui alloit allez
bon train -, pour dire , llir mon cheval. Ah quel5«-
ce/'/ij/t' vùusavez là ! pour dire, quel mauvais che-
val ! par ironie.
BUCÉPHALIE. f. f. Ville bâtie dans les Indes pat A-
iexandre quelque temps aptes la viétoire remportée
fur Porus , Si nommée ainfi en mémoire du cheval
Bucéphale , que ce Prince avoit perdu. Quint-Curce
là nomme Bucephabn , ou Bucephalum , aufli-bien
qu' Aulu-Gelle -, Ptolomée , Bucephala\ le Scholiafte
d'Ariftophane , fur la Y Scène du premier Aéïe de
la Comédie des Nuées , la nomme Alexandrie. Aulu-
Gelle , Liv. V, ch. z , dit que pendant la guerre des
Indes , Alexandre dans un combat s'étant jeté trop
imprudemment au milieu d'un gtos d'ennemis , on
lança fur lui une grêle de flèches, dont Bucéphale,
fur lequel il étoit , futbleffé à la tête , & au flanc \
qwe malgré fes blelfures , n'en pouvant plus, & ayant
perdu prefque tout fon fang, il tira cependant fon
Maître de la mêlée, & l'emporta avec une extrême
vigueur jufque dans un lieu où il fut hots de dan-
ger , cC que là il tomba mort. Ce fut en ce même
endroit, ajoute cet Auteur, qu'Alexandre fit bâtir
la ville de Buccphalie. Samfon & d'autres après lui
la prennent pour Lahor , ville de la Province de
Pengab fur l'Hydafpe.
§3° BUCH. Pays de France , dans les landes de Bour-
deaux , près de Medoc.
|a- BUCHAN ou BUGAN. Province d'Ecofle qui a
pour bornes à l'orient Se au feptentnon, la mer
U c ïôj
d'Allemagne , à l'occident & au midi, les Provinces
de Mutray & de Marr.
BUCHA>X^, BUCKAU. fv[om d'une ville de Suabe
en Allemagne. Buckovia. Elle cft fur le lac de Fcder*
C'efl: une ville Impériale. L'Abbaye de Buckaw. Les
Ch.anoineffcs de Buckaw. Cette Abbaye fut fondée
fur la fin du IX" fièclc par Adelinde , fille d'Hilde-
brand Duc de Suabe. L'Abbclle de Buchaw efl
Prince (fe de l'Empi-rcS: les Chanoinclfes doivent être
non-feulement nobles , mais Comtertes ou Barones»
c'cft-à-dire , filles de Comtes ou de Barons.
BUCHE, ['. f. Morceau de bois de chauffage , de grof-
feur ic longueur .déterminée. Plufieurs de ces mor-
ceaux forment la corde. Voy. ^oïs, (Upes , truncus^
caud^x. Mettre une huche au feu.
Du Cange dérive ce mot de hufca, qu'on a dit
dans le même fens en la balfe latinité.
On appelle figurément im homme ftupide, une
grolîe huche. Stipes. Et on dit d'un homme pefant ,
qu'il ne fe remue non plus qu'une /^«cAf i qu'il vau-
droit autant parler à une huche.
BucHE. Il y a une ferme du Roi qu'on appelle le gros
de la huche. L'impofition de la huche , ou le droit de
huche cQi un droit qui s'clt levé à Paris fur les ^/<-
ches. Par Arrêt du Grand-Confeil du 1 3^ Juin i ^^6 ,
il eft déclaré que les Secrétaires du Roi font exemtà
du droit de huche. Et par un Jugement des Requêtes
de l'Hôtel , du 9' Mars i^^6 , ils font déclarés
exempts du droir de huche , & le Fermier eft ap-
pelé le Fermier de Vimpojition de la huche en la
ville de Paris. P^oye^ VHilioire de la Chancd, Liv.
H. p. loi & 102.
On appelle réparation à la huche , en termes
d'e.iux 6c forêts , les jugemens portant condamna-
tion d'amende contre ceux qui ont commis des
délits dans les bois du Roi en abattant &C enle-
vant des arbres. L'Ordonnance a fait un tarif de
la réparation civile , fuivant la grofleur & la nature
des arbres furrivement coupés , & l'on a coutume
d'appeler ces fortes de jugemens des répararions à
la huche. Journal du Palais. On en juge de même
pour la rcpararion civile entre particuliers ; mais
cette féparation n'eft pas eftimée à la huche Çai le
tarif de l'Ordonnance. On l'arbitre par l'affcdlation
& par la deftination du maître , Idem T. IL
On appelle Controlleurs de la huche , en termes
de Police , de petits Officiers établis fur les ports
de la ville de Paris , pour veiller à ce que les bois'
foienr de la longueur &: grolfeur réglées par les Or-«
donnances , félon leur forte & qualité.
BucHE , en termes de marine , eft une efpèce de fhbot
dont les HoUandois & les Anglois fe fervent pour
la Pêche du hareng.
^fT BucHE , en jardinage : on appelle ainfi la tige
des orangers étêtés qui nous viennent de Provence
& de Gènes.
ffF BUCHEN. Petite ville d'Allemagne, au Cercle
Eleéloral du Rhin , Evcché de Mayence.
BUCHER. V. a. ablblu. Abattre du bois dans les fo-
rêts ; &; en faire des bûches. Ligna cœdere. Il n'eft
plus en ufage.
BUCHER, f. m. Pyramide faire de bois , fur laquelle
on mettoit autrefois les corps morts pour les brûler.
Bu/ium , pyra , rot^us. Didon pria fa foftir de lui
faire dreffer un hucher , fur lequel enfuite elle
fe tua. Crœfus étoit fut le hucher , quand il pro-
nonça les paroles de Solon qui le fauvèrent.
Les Romains avoient pris des Grecs la coutume
de brûler les corps : cela fe faifoit avec beaucoup
de cérémonie. Le mort couronné de fleurs , & re-
vêtu de fes habits les plus magnifiques , étoit pofc
fur le hucher : les plus proches parens l'allumoient
avec des torches , en détournant le vifage , pour
témoigner qu'ils ne lui rendoient qu'avec répugnance
ce trifte & dernier devoir. Dès que le hucher étoit
confumé , des femmes prépofces pour recueillir les
cendres, les renfermoient dans une urfie , que l'on
portoit dans les tombeaux. ^fT C'étoit la mère ,
les foeurs ou les parentes du défunt qui ramafloicnî
Î04 BUG
fes cendres 5c les os. Elles ctoient vêtues de noir.
Les fils recueilloicnt les reftcs de leurs percsi^au
défaut d'enfans , ce devoir étoit rendu par les autres
parents, ou par les héritiers. Les Conllils ou les
premiers Officiers des Empereurs ramadbient leurs
cendres, La cérémonie finie , ralliftancc crioit au
défunt , FaU , valc , vak ; nos te ordlne qiio natiirâ
permiferit ciincli fequcmur. Adieu , adieu , adieu.
'Nous te fuivrons tous quand la nature l'ordonnera.
On brûloit les pauvres fans tant de cérémonies dans
de grands lieux enfermés , nommés itjtrina. Voyez
U(iriruim,
Bûcher , eft auffi un lieu à rez de chaufTée, cii l'on
ferre le bois dans les maifons des particuliers. Cella
lignaria. Chez les Princes on l'appelle fourrière,
ifr BUCHEREST , BUCHOREST , ou BUCKE-
REST. Ville de la Turquie en Afie , dans la Vala-
chie , réfidence ordinaire du Hofpodar de Valachie.
|p=- BUCHERL Ville d'Italie, en Sicile, dans la Pro-
vince de Noto , avec titre de Principauté.
BUCHERON , ONNE. f. m. & f. Quelques-uns di-
fent mal Bofcheron. Lis;nator. Homme de journée
qui abat du bois dans les forêts & fabrique le bois
de chauffage.
BUCHETTÈ. f. f. Menu bois que les pauvres gcrts
vont ramaffer dans les forets , & qui refte après qu'on
a mis le bois en ouvrage , ou en fagots. Surculus
aridus , cremium.
^ BUCHORN. Petite ville d'Allemagne, au Cer-
cle de Suabe , dans l'A Igow , fur le lac de Conf-
tance. "^
BUCIOCHE. f. rt. Sorte de draps de Provence &
de Languedoc , que les vaifîeaux François portent
.1 Alexandrie &: au Caire.
^ BUCK ou BUSK. Ville de la petite Pologne ,
fur la rivière de Boug , au Palatinat de Belz.
BUCKINGHAM , BUKINGAM , BOUKINGHAM ,
BOUQUINGHAM. Ville d'Angletetre , fur la ri-
vière d'Oule , capitale d'une Province ou Comté
à laquelle elle donne fon nom.
^ BUCKINGHAMSHIRE. Province d'Angleterre,
dans l'intérieur de l'Ile, au Diocèfe de Lincoln.
^ BUCKOR. Ville d'Afie , dans l'Indouftan , à
l'extrémité de la Province du même nom, dont
elle eft capitale. Cette Province eft fur le grand
Fleuve de l'Inde qui la coupe en deux parties , l'une
au levant , l'autre au couchant.
BUCOLE. f. m. Nom de certains lieux en Egypte ,
& de ceux qui les habitoient. Bucolium , Buccins ,
BucoHcus. Les BucoUs ctoient certains quartiers
de l'Egypte , nommés apparemment ainfiparcequ'on
y nourriflbit beaucoup de bœufs. Les habitans à
qui on donne le nom de Bucoles , ou Bucoliques ,
ctoient tous barbares &: fauvages. Tillem. Voye^
S. Jérôme dans la vie de S. Hilarion. Julius Ca-
pitolinus , dans Marc Auréle , les appelle foldats ,
Bucolini milites , à ce que quelques-uns ont ctu -,
mais il n'entend par-là que les foldats de ces con-
trées-là.
Ce mot vient de /3b« , ^oj » &r.«A««, cil^us. On
dit li-<to>.sa, ioves paco \ & /3»«o^£o«, qui paît les
bœufs , bouvier , buhtilus.
§3" BUCOLIASME.f". m. Chanfon enufage p.armi les
bergers oupafteurs de l'ancienne Grèce, qu'ilsichan-
toient en conduifant le bétail aux champs.
^3" On donnoit encore ce nom à unairàdanfer
qu'on jouoit fur la tlute. Encyg.
BUCOLIQUE, ad). Ce mot veut direPaftoral, & fe
dit desPoèlies qui regardent les bergers & les trou-
peaux. Bucolicus. Poème bucolique. Poètes bucoli-
ques. Mofchus 5i Bionibnt les plus agréables Poètes
bucoliques de l'antiquité. Théocrite a quelquefois
le ftyle un peu tiop /■«co/i^we. Fonten. La Poéfîe
bucolique eft la plus ancienne de toutes les poefies.
Id. Quelques-uns croient que ce genre de Poclîe a
pris naiffance dans la Sicile , parmi les divertilîc-
mens des bergers. Elle fut infpirée par l'amour &:
■ l'oiliveté. On ajouta enfuite des régies à ces diver-
tjjfemcns cbampêtres , & l'on en fit un art. Le foin
BUE
des troupeaux, les beautés de la nature , &lesplai-
firs de la vie rufliique , en faifoient les plus nobles
fujets. Id.
Il eft des Auteurs qui attribuent l'invention de
la Poëfie bucolique à un Pafteur nommé Daphnis ,
d'autres à Bucolius fils aîné de Laomedon. Tout
cela paroît fabuleux.
Bucolique. Soldat AkcoA'^w?. Voyez Bucole,
Bucolique. Ce mot eft aufîi quelquefois f, f. auquel
fens il ne fe dit qu'au pluriel. Il fîgnifie, Poe'me
paftoral. Bucolica. Les bucoliques de Virgile font
de certains Poèmes le plus fbuvent en forme de
dialogue , où des bergers s'entretiennent enfemble.
Bucoliques, f". f. plur. Plufieurs hardes, menues cho-
fes, ou papiers, qu'une perfonne a apportées pour
faire voir à quelqu'un. Je ne veux point acheter
tout es fatras , remportez toutes vos bucoliques.
Dans ce fens il eft du ftyle très-familier.
Ce mot vient du grec /3sxôa«? , qui paît les bœufs.
BLTCORNE. f. m. Terme de myrhologie. Nom qu'on
donne à Bacchus , parce qu'on lui met quelque-
fois à la main une corne de taureau , comme le
fymbole d'un vaifieau à boire.
^fT BUDAIS. Plaine delà Tartarie en Eutope, entre
la bouche du Nieper & celle du Danube , l'une
de celles qui font comprifes entre le Budziack bc
rUckraine, ce qui tait que ceux qui l'habitent fbnt
appelés tartares Budziacks. Ces tartarcs font libreç
&; ne reconnoillènt ni le Kan ni le Turc,
B U D,
BUDE. Ville capitale de laBafTe-Hongrie, &de tout
le Royaume. Il y a des Iburces d'eau chaude , où
l'on cuit des œufs en tiès-peu de temps, quoiqu'on
y voie nager des poilfons vit^ans. Elle eft fur le
Danube à 41 lieues de Vienne. Btiâa. , Aquincum.
Ip- BUDELICH. Petite ville d'Allemagne au Cercle
Eleèlioral du Rhin , Archevêché de Trêves , fur la
petite rivière de Traen.
BUE.
^ BUDINGEH. Ville d'Allemagne dans la Wetc^-
ravie, au Comté d'Ifembourg» fur le Nidder.
§3* BUDOA. Ville épifcopale de Dalmatie , à dix
milles d'Antivari. Elle appartient à la République
de Venife.
§3" BUDZIAC. La même chofe que BefTarabie. Foye^
ce mot.
§Cr BUECH. Nom d'une rivière de France, qui a
fa fource en Dauphiné , & fe jette dans la Duranc*
à^Sifteron.
BUÉE. f. f. Vieux mot , qui fîgnifioit autrefois la lef^
fivc , &: dont on fè fert encore dans les Provinces , où
l'on appelle Buandière , la blanchiffeufe ; & Buan^
derie , les lieux où l'on blanchit les toiles neuves.
Lixivia. Faire la buée , la leflîve.
Buée , bui , ou Buie , eft un mot dont fe font for-
més- dans la fuite ceux de Buandier Se de Boud ,
& qui s'applique à tout ce qiii eft mouillé , hu-
meélé, détrempé. Defcript. Géogr. & Hijî. de la
Haute-Norm. T. I , p, 159.
BUENOS-AYRES, Tille de l'Amérique méridionale ,
appelée audî quelquefois NueJlraScao'ia. de Buenos-
ayres; c'eft- à-dire, Notre-Dame des bons airs, ou
du bon air. Pedro de Mendoza la fit bâtir en 1 5 3 j
fur la rive méridionale de la rivière de la Plata ,
vis-à-vis des Iles de S. Gabriel , dans la Province
des Sauvages , nommés vulgairement Morocotes.
Corn. Ces noms fbnt efpagnols, mais notre langue
les a adoptés dans ce nom propre. Nous ne difbns
que Buenos ayres , fans mettre Nueflra Senora de.
Mary écrit Bonayres , mais on doute qu'il foit en
ufage. Cette ville eft à 34° 54 58" de latitude méri-
dionale. Le F. Feuillée.
BUENS. ad), m. pi. Vieux mot. Qui eft accommodé à
ion aife.
BUER. Vieux jiiot. Laver , leflîver. Faire la leflivc
f^ixiyiapi^
B U î^
îzixlviam facere. Elles filent ^ huent, Sc ont h cure
de tout rHôcel. Villon s'cft iervi du verbe luer.
La pluie nous a hi^is &: laves. Ceft dans la Balla-
de de lui &: de les conipai^nons pendus. Ménage ,
Dicl. Etym. au mot Buée , Tejfii'e. Ce vieux mot eit en-
core en ufage dans quelques Provinces. A Dijon ,
un homme /ri:iu/\ué , efl un homme en lin^e iàle ,
dont on ne blanchit le linge que rarement. La langue
françoifen'a point d'adiedîifs quipuillcnt reprcicnter
celui-là. Gloffdire bours,ulgnan au. mot Maueué ,
où l'on dit que buer eft un viqji.x mot qui lii,miNe
mettre à la leifive. Il 7 a à Paris dans le Quartier
de Saint Martin une rue qui s'appelle Maubuée, Ce
mot eft aulli dans Nicod.
B U F. ■
BUFFE, f. f. Vieux mot, qui ligrfifie , Soufflet. Àldpa.
On le trouve dans les Plcaumcs de Marof.
Qui dd bulfes renverfes
Mes ennemis ntordans,
BUFFET. 1". m. Meuble qui fert pour mettre les
pots l< les verres , la vaifîclle & autres choies ne-
celfaires pour le lervice de la table. Armu.rlum.
Autrefois c'étoit un meuble de bois orné de me-
nues colonnes , & icparc par un plancher , au-dei-
Ibus duquel le mettolcnt les brocs ic les bouteilles ,
ce au-dtiilis les verres ik la vailicllc. Depuis on a mis
au milieu imej)etitc armoire pour y ferrer le linge,
ou le couvert d'un bourgeois ■■, & enfin on en a
tait une grande armoire avec plulieurs tiroirs êc vo-
lets , ou Ton enlerme ce qu'on a de plus précieux , '
& qu'on appelle au/ii cabinet. Un /^«j^i'/' ou cabinet
d'ébène , de bois de cèdre , d'écaillé de tortue , ùc-
On a appelé autrefois un bnfet, drc/fo-ir. En la
Salle où il mangcoii( le Duc Philippe de Bouri^'o-
gne ) étoit un buijet , ou drefjolr, à quatre dégrés ou
pans, tout meublé de vai/fellc d'or ou d'argent doré,
riche fur riche , au deux coins duquel étoient deux
précieufes licornes de prix indicible. Pakad./;. 855.
Buffet , maintenant fe dit feulement d'une table
longue où l'ont met la vaifVelle d'argent , les ver-
res & les bouteilles , pour le fervice de la table.
Supellex argentaria. 11 faut allei* boire au buffet ;
fe rincer la bouche au buffet. On étale lut les
iuffets non-feulement les choies néceffaires pour
la table; mais auili tout ce qui peut fervir à faire
paroître la magnificence de ceux qii'î les ont. Pour-
quoi faut-il que vos buffets gémiflcnt fous le poids
cle tant de vafes précieux que vous étalez , &
qui ne fervent qu'à éialcr votre vanité , & à irri-
ter celle des autres. Fi.ECFf. Les Italiens le nom-
ment crédence ; il eft placé chez eux dans Iç grand
fallon , de enfermé d'une baluftrade à hauteur
d'appui. Les buffets.^ des Princes- & des Cardinaux
font fous un dais d'étoff-e.
Buffet , fe dit auffi de$ OfSciers ou Valets qui fer-
vent au buffet. SupcllectUl argentarica prœpofitl.
Quand on croit avoir bù trente bouteilles , le buff'et
en a bû la moitié.
Buffet , fe dit auffi de la vaiffclle d'argent qu'on
met fut le buffet pour le fervice de lavable, ou
feulement par parade & par oftentation. y^lrjiaentum
expojitum. Cet Ambaifadeur a un buffet de ver-
meil doré qui vaut cinquante mille écus.
Buffet , fe dit aufli de la mcnuiferic d'un jeu d'or-
gues , & de celle qui contient chaque jeu en par-
ticulier. Le buffet du grand jeu , qu'on appelle le
grand corps. Le buffet du pofitif ou du petit jeu.
On le dit auffi de l'orgue entière -, c'eft-à-dire , le
buffet &c tout te qu'il contient, tuyaux, fouffler,
clavier. Quand elle eft dans des maifons particu-
lières, on l'appelle cabinet. Je viens d'acheter ur.
joli buffet d'orgues.
(fy Buffet d'eau, Ceft une dcmi-pyràmide d'eau
adoffée contre un mur , ou placée dans le fond
d'une niche, avec pluficurs coupes & badins qui
forment des nappes.
BUFFETER. v. a. Terme de fauconnerie, qui exprime
l'aétion de l'oifeau , quand il donne de la tête eu
Tome IL
BU F' io^
^ pafTmr contre la tête du plus fort, {lar exemple
contre le duc ou contre l'aigle, ou contre la tcte
du lièvre , quand on le fait battre aux oifeaux. Le
faucon a buffete la pri)ie.
Bupfeter. Signifie encore boire m tonneau, Appofito
ad dolium ure vinuinju^ere. Ce qui fe dit des Voitu •
riei s qui percent les tonneaux avec un forêt, & appli-
quent la bouche contre le tonneau pour y boire.
Buffeterî eft auifi un vieux mor qui fignifioif, ex-
citer quelqu'un , le tourmenter. Fexarc , exa<Htare .
coUphos unpin^ere , Incutere. De-là vient que l'on
trouve encore dans les vieilles Traduètions du
nouveau Tcftamenc ces paroles de S. Paul : j'avois
un Ange de Satan qui me buffetoit. Ce mot eft
venu de ce qu'autrefois on difoit buffe pour Ibuf-
„ fier. On difoit aufll buffier & buffolen
BUFFETEUR, f m. Voiturier qui.boif au tonneau
fur les grands chemins, L'Ordonnance enjoint aux
Juges de punir ces Voituriets bufeteurs , i<c de
icsjronJainner aux Galères;
1 DUS ces mots ,■ félon du Cange , viennent de
èuffetagium , qui fignifioit un impôt mis fiar le
vin bu en t.ivernc i par corruption de buvetage.
BUFFETIN. f. m. Jufte-au-corps fait de cuir d'un
jeune buffle. Thorax è bubulo cotio.
BUFFLE, f m. Animal fauvage reflèmblant au bœuf,
inais plus long & plus haut. Bubalus II a la corne
fort noire , & devient furieux en voyant de l'écar-
late. Son corps eft fort gros , & fa peau dure. Il
ell dur^fte fort maigre. Il a le poil fort court &:
très-noir. Il n'en a prefque point à la queue , mais
il en a beaucoup fur le devant de la tète , laquelle
eft fort petite en comparaifon du corps. Ses cor-
nes font fort larges , fon cou fort gros , & long
a proportion , fa queue fort petite) & fes cuifles
groffes & courte?. Le buffîe aime rcau jufques .à'
y demeurer long-temps couché, de manière qu'il
ne fait paroître que la tète hors de l'eau -, c'eft
dc-là que les Turcs lui ont donné le nom àzbtzuf,
ou vache d'eau , joujighli- en leur langue.
Il fe trouve force i>uffles dans le Royaume de
Congo. Ils ont la peau rouge , & les cornes noires
ceuMnc de la poix. C'eft une bête fort daiigereufc ,
quand quelque blefîùre l'a mile en furie ^'fa chair eft
gro/îière vies Portugais la coupent en tranches , la'
font fècher, & en noutriflènt leurs efclaves. Dapper,
Le buffîe n'cft point le bubalus des Anciens ,
puifqihe le bubalus eft un animal d'Afrique , &
fort petit en comparaifon de celui-ci. Ce qui a
doiyré occafion à l'erreur de quelques-uns eft la
rcfîcmblance des noms. Martial néanmoins , ou
quiconque eft l'Auteur du livre de l'Amphlthéa-
rre , ou àz% fpeèlacles , fe fert de ce mot , pour
lignifier celui de buffle. Les AHemands l'appellent
buffel, A'on eft venu notre mot françois &c l'cfpa-
gnol bufiino. Il Y a beaucoup de buffles en Italie
& en Ailcmagne ; ils y fervent à l'agriculture ,'
l'on en mange la chair ; mais, elle eft dure &
mauvaife. De la Mare,
En tsrmcs dcl'/i.iibn , on appelle les buffles' bou-
cles, ^-xicc qu'on les repréfente avec une boucle.
En vicu34- gaulois bugle fignifioit un bœuf.
Buffle , fe dit aufTs- d'un jufte-au-corps fait de la
peau d'un buffle , qui eft fort épaiffe, & qui étant
bien préparée , fert d'une arme defenfive. Tho-
rax t' bubulo corio. Tous ces Gendarmes avoient
de beaux buffles , des colletins de buffle. ^ On
donne le nom de buffle à la peau de cet animal
quand elle a été paffée à l'huile comme le Chamois.
Les peaux d'Elans r de bœufs & antres animaux
de la même efpèce , préparées comm<j celles du
buffle, prennent le même nom.
. On dit figurémcnt , qu'un homme eft un vrai
buffle j pour dire , qu'il eft un ftupide ; &: qu'il fc
laiffe mener par le nez comme un buffle ; pour
dire , qu'il eft aifé à tfftmper , qu'on le mène comme
on veut ; parce qu'on a coutume de pafTcr un
cercle de fer , ou d'autre matière , au travers des
narines de cet animal, pour le mener où l'or. veut.
0
ig6
BUG
BUFFLETIN. i". m. On le dit également , &: d\x Buffle,
quand il.clt encore )eunc , 6: de la peau des jeu-
nes luifflis aniH-ctée 6c pallee à l'huile.
BUFFOI. r. m. Vieux mot. Vanité , orgueil. On a
dit aulîî , ians htffoi ; pour dire , lans moquerie.
BUFFOIER , vieux verbe ad. qui fe trouve dans le
petit Glollaire du P. Labbe, pour fouflkter, alapan.
BUG.
BUGA. Ville derAnatolie, dans la haute Carama-
nie , près de la Iburcc du Madré.
BUGANACH. Nom d'une montagne de Languedoc.
La hauteur du Buganach , au-deiUis du niveau de
la mer a été déterminée , par trois différentes ma-
nières, de (Î48 toiles. Le Baromètre fur le haut du
^//ç^,z«;a-A fe tenoit iulpendu à 15 pouces 8 lig.
& un tiers, en même temps qu'il lé tcnoit a l'Ob-
fervatpire à 17 pouces 3 lignes. MaraLdi , Acad.
des Se. 170 ^ Menu p. 131.
BUGARAC. Nom d'une montagne de France. Le
foramet du Bugarac eft à 1 9" j 3' 5 $" de longitude &
4Z0 41' 17" de latitude. Cassini.
IJCr BUGEN , petite ville du Japon , capitale du
Royaume de ce nom, dans llle de Ximo.
§Cr BuGEN, (Pays ou Royaume de) ou partie du Japon,
dans rîle de Ximo ^ ainll nommé de fa Capitale.
BJJGEY.Bugiaa, Bugdjia. Pays de France, que l'on
renferme ibuvcnt dans la Brclle propre Se le Rhonc ,
qui le fépare du Dauphiné & de la Savoye. Il
confine vers le nord avec la Franche-Comte &c le
pays de Gcx. Belley eft la capitale du Bugey. Le
Bugey fut cédé au Roi par le Duc de Savoye dans
le Traité de Lyon, à la réferve de la partie qui
eft au-delà du Rhône. Samuel Guichcnon, Avocat au
préfidial de Bourg en Brcilc, a fait VHijhlre de Bre(fe
& de Bufrey , imprimée à Lyon en KJ50. "':/"-^-
ifT BUGIÈ. Ville maritime d'Afrique , fur la cote
de la Méditerranée , au royaume d'Alger , entre
Gigeri & Alger , capitale de la Province qui porte
fon nom. Cette Province efl: une contrée de la Bar-
barie , au royaume d'Alger , prcfque toute entourée
de montaijnes.
rtr BUGIÈNS. Peuple d'Afrique , au royaume de
Sennar ou de Nubie , entre le Nil & la Mer rouge ;
Nation errante &c fans Villes.
BUGLE. f. m. Vieux mot. Ba-uf. C'eft de-là que vient
l-ucrier , ou i-eu'^/er ; pour dire , mugir.
BuGiE. f. f. Bugulii , ou confoUda média. Plante
vulnéraire. Sa racine eft libreufe, chevelue, aftrin-
çcnre au goût, &: donne des feuilles femblables
\ la pâquerette , ou hellis , mais plus larges , plus
courtes, d'un vert luifant en dedus, dentelées lut
fes bords , & comme crénelées. Du milieu de les
feuilles nailTent deux fortes de tiges ; les unes font
droites & portent les Heurs , les autres font cou-
chées , &c ne donnent que des feuilles vertes , fem-
blables aux premières par leur figure , plus pe-
tites, &; difpofées par paire d'efpace en efpace ,
• velues-, ces 'dernières tiges donnent des filamens
fibreux , qui portent des noeuds d'où naiflcnt les
feu'Ues, & fervent à multiplier l'eipèce : les tiges
à fleurs font auifi garnies de quelques paires de
f(?uillcs , & terminées par un épi de fleurs en
cueule, bleues, quelquefois de couleur de chair,
d'autres fois cendrées , ou cannelées &vcrricillées.
Chaque fleur efl: un tuyau long de trois lignes en-
viron , évafé par un bout , &: prolongé en une
lèvre découpée en trois parties, la moyenne dzC-
quelles efl: échancrée. La place de la lèvre fupc-
rieure efl: ordinairemenr occupée par deux petites
pointes. Le calice , qui efl: un godet de deux li-
gnes de long, bleuâtte, velu & coupé en cinq
parties , renferme dans fon fond quatre petites
fc'menccs ptefque rondes. Les fleurs de hug!e font
douces au goût , &: remplies dansleur fond d'une
liqueur mielleufe. La higle vient communément
dans les endroits humides * dans les prés Se dans
les bois. Elle s'emploie dans les décoétions vulnc-
riiires , pour les ulcères , les chûtes , les duretés
du foie , &: pour les rétentions d'uiine.
BUÎ
On dit vulg.iircment , qui connoît la huglc & là
fanicle, fait aux Chirurgiens la nicque -, pour dire, •
qu'en ayant la coniioiiVance de quelques plantes
vulnéraires, on pourra fe palfer des Chirurgiens
pour la guérifon des bleiUircs,
BU GLOSE, f. f. Terme de Boraniqiie. Buglojfum.
Plante qui vient ordinairement dans les jardins &;
dans les bonnes terres. On l'a ainli appelée de /3»? ,
bœuf, &; •yAâr.-.-. , langue , à c.iufe de la figure de fes
feuilles , ou parce qu'elles l'ont rildes comme la
langue du bœuâSa racine efl: vivace, longue, bran-
chue , noirâtre en dehors , blanche en dedans , &C
vifqueufe au goût. Elle poulie plulieurs feuilles lon-
gues, 'étroites, terminées en poinre , charnues,
d'une couleur de verd cendré égalem.ent , gc hcrit-
fces de poils qui la rendenr rude. De leur milieu,
s'élève une ou plufieurs tiges hautes d'un pied Si
demi environ, rondes, épailîes de trois lignes,-
couvertes dans toute leur longueur d'un poil court
&; rude, branchucs à leurs exrrémités , Se garnies
de feuilles fcmbîables à. celles du bas, mais plus
courtes , de l'aiUclle defquclles partent les branches.
Ses fleurs naiffent aux extrémités des tiges & des
branches -, elles font le plus ibuvent bleues , plus
rarement blanches , ou de couleur incarnat. Cha-
que fleur eft un entonnoir à pavillon , découpé le
plus ibuvent en cinq pairties obtufes. Cette (leur
efl; Ibutenuc par un calice vert fendu en cinq pièces ,
qui renferment dans leur fond quatre femences fem-
blables a la tète d'une vipère.
La hu'j^lofe a à-peu-près les mêmes ufages que
la bourrache. Ses fleurs ibiit du nombre des fleurs
cordiales. Il y a plulieurs efpèces de buglofe qui
différent de celle-ci , qui efl: l'ordinaire , par leurs
fleurs, ou par leiffs feuilles. Dans ce_ nombre on
y renferme une éfpèce d'orcanette qui a fes fleurs
bleues , ou de couleur de pourpre , fes tiges cou-
chées fur terre , fes feuilles petites & un peu âpres ,
& qui a fes racines couvertes d'une écorce fort
rouge. Elles font employées pour donner une belle
couleur rouge aux teintures de phatmacie & aux
pommades. La buglofe ne fe multiplie que de
graine , qui eft fi femblable à celle de la bourra-
che , qu'on ne la fauroit diftinguer. La Quint.
P. VJ , p. i.-jq. Voye^ au mot Bourrache.
BUGNE, f. f. Vieux mot , qui fignifioit autrefois
' tumeur , élévation de chair , contufion. Tumor.
On le dit encore en quelques Provinces.
BUGRANE , ou BUGRATE. f. f. Terme de Bota-
nique. Plante qu'on appelle autrement arréte-hœuf.
Vovez Arrête-B(EUF, •
BUG Y. Voyei Bugey.
BUGY. f. m. Nom d'une elbèce de poire qui fe con-
ferve jufqu'au mois de Février & de Mars. Le bugiy
à qui on donne régulièrement le furnom de ber-
gamorre , & de bergamotte de Pâque , à caufe
que dans fa couleur "verre £c dans fa groffcur il- a
quelque air de la bonne bcrgamorte d'Automme,
étant pourtant beaucoup moins plat du côté de
l'œil, & un peu plus long du côté de la queue?;
le bugi , dis-je , eft une poire tiquetée de petits
points gris , qui jaunit un peu dans fa maturité ,
Se dont"" la chair participe en même temps du ferme
& du tendre , .'^ eft prefque cafTante , quelquefois
pkeufe Se farineule , ce qui arrive quand on la
lalife trop mûrir , ou qu'elle eft venue dans un
fond trop humide -, fon eau , qui eft allez abon-
dante , a un je ne fais quoi d'aigrelet , dont un
peu de fucre eft le remède Elle ne mûrit que dans
le Carême. La Quint.
B U H.
BL^HOR. f. m. M. Du Cange croit que ce mot vient
de bekours , qui veut dire joutes , parce que ceux
qui payoient le droit de /^«Aor , avoient permillion
de faire des behours ou joutes.
BUHOT. f. m. Nom qu'on donne en Picardie, fur-
tout dans les manufaélurcs d'Amiens, à ce qu'on
appelle communément Efpoidlle , qui eft un petir
canon, ou tuyau fait de rofeau, en manière de petite
B U I
bobine fans bords , qui ie met dans la poche de k
bavette , & fur lequel huhot. on dévide une portion
du fil dcftinc à tonner la trame d'une étolF-.
Ce terme eft auffi en ufaîrc à Abbeville
/ïg:
pour
nifîer une partie de la chaîne dont les étoffes
font compoices.
BUHOTS. i. m. pi. Terme de Plumaffier, Ce font
des plumes d'oie peintes, qui fervent d'étalage &
de montre fur les boutiques des Plumaifiers.
B U I.
BUJALEUF. f. m. C'efl le nom qu'on donne en An-
goumois à la poire de virgou/é, La Quint, royc^
VlRGOULÉ.
BUIES. f. m. & pi. Boii. C'eft, félon M. de Valois,
le nom qu'on donne aujourd'hui aux peuples qui
habitent en Gafcogne le pays des anciens Boiens,
f^oyc^ BoiEN.
BUIRE, ou bUYE. f. f. Efpèce de broc d'argelit, ou
d'étain, pour mettre des liqueurs. HjJria, urccus.
^ZT BUIS. f. m. On difoit autrefois bonis; & ce mot
s'eft confervé dans quelques phrafes proverbiales.
On s'en fert encore pour exprimer un inftrument
de Cordonnier. Voye?^ Bouis.
Buis, ( le ) Buxum ou biixus , eft un arbre
de moyenne grandeur , Se qui eft toujours coBvcrt
de feuilles. Sa racine eft ligneufe , noucufe , fort
dure & bien veinée •, c'eft pourquoi on la recherche
pour les ouvrages du tour. Elle donne quelques
jets de différentes groffeur oc hauteur fuivantleur
~ âge , branchus &: couverts d'une écorce raboteu-
fe , blanchâtre & très-amère. Le bois en eft très-
dur, fans moelle, d'une couleur tirant fur le jaune
& fort pefant. Ses branches font garnies de feuil-
les oppofées près-à-prcs , portées par des queues
affez courtes ; elles font vertes , oblongues, féches,
ferm.es , d'une odeur & d'un goût affez défagrca-
bles. De leurs aiffelles naiffent des bouquets de
fleurs , dont les unes font ftériles & les autres
fertiles ; les ftériles font compofées de trois .à
quatre étamines .à fommets jaunes qui naiffent des
cchancrures d'une rofette coupée en quatre quar-
tiers , & foutenues par un calice à trois ou qua-
tre petites feuilles d'uh jaune tirant fur le vert.
Les fleurs fertiles n'ont point d'étamines & pouf-
fent de leur centre un ftuit qui reflemble en quel-
que manière à une marmite renverfée , verdâtre,
gros comme une petite noifette , & divifé en trois
loges, dans chacune defquelles il y a une cap-
fule cartilagineufe , qui par fa contra6lion pouffe
ordinairement avec violence fes fetnences noirâ-
tres & luifantes. Les feu'Ues du buis font quel-
quefois panachées de jaune ou de blanc.
Il y a une efpcce de bins qui ne s'élève jamais
plus haut d'un pied ou deux : fes feuilles font
plus arrondies que celles du grand buis : comme
on fe fert de cette elpèce pour les bordures des
parterres , on l'a nommé buis à parterre. Le buis
ordinaire s'élève dans les jardins , & on le taille
en pyramide ou en boule, ïfF On en fait aulll
des paliflàdes , des allées, des labyrinthes. Le buis
fe trouve communément aux environs de Lyon ,
du côte de Genève , de Nantua, de S. Claude,
& au pied des montagnes du Dauphinc. On a cru
que le bois de buis & fa rapure étoient auffi bons
que le gayac pour les tiianes de/îlccatives. Fer-
nel affure que fes feuilles font purgatives. On
recomimande l'huile de' biiis pour les maux de
dents. On dit couleur de buis , d'une couleur
jaune qui approche de celle du bois de buis.
Ce mot buis\'\cnr. du latin buxus, d'où s'eft fait
d'abord bux , enfuite buix , Se enfin buis, ou bonis,
en prononçant Vu en on. De bonis, ou buis , fe
font formés les noms de Boucey, Buffy, Pouffy,
Poiffy, Pouffcy, Poffey , la Bufficre , Buffcrole ,
Bouqucfolle , Bouifigny. Buxetnm. Buxiacum ,
Buxaria , Bnxariola , Buxaliola , Bnxiviacum.
HuET. Le P. Pczron prétend que buis vient de bens
& ^oxmots celtiques. Voye^ Brus.
Chez les Anciens , le buis étoir confacré à Cibèle ,
BUI 107
parce qu'on en faifoir des fliites , comiile on eh fait
encore. Stace, L. JX , de fa Thcbnïde , .. 4-.. .
fcmble auih .1 Pirifcus marquer qu'jl croit conûcr-^
a Bacchusi niais il fe trompe. CnmBacchicamumt
Bnxns , hpiihc feulement les flûtes , dont on jouSit
aux fctcs de Bacchus , & bnxas eft ptis lA pouif
flvités , comme la matière ordinaire dont on les lai-
foit , & non pour un arbre confacré à Bacchus,
Voffuis,^£>c; Ido/. L. F, C. 48 , dit que le Inis croit
aadi coiilacrc à Cérès chez les Romains.
^ Le jour des Rameaux , on porte à l'Eglifc , cil
guife de palmes , des branchej dé buis bénis.
BUIS, f m. Contrée de France dans le Dauphiné,ap.
pelcc communément le Bailliage de Buis, ou les Ba-
traclus y ou a^sr
a*
BaronitZi
ronnies. Bruxienfis
Voyez Baronnies.
Le Buis , Bnxium , petite ville qui eft un des
principaux lieux du Bnis , & lui donne fon nom
BUISART,ou BUS ART. f. m. Oifeau de proie. Bnteo
Voyez Buse.
BUISINE. f. £ Vieux mot j qui fignifioit autrefois un
inftrument de mufique. Bnccinapajiorina. Quelques-
unsprétendentque c'eft un fiftre,commeonle trouve
en quelques Dicl:ionnaircs : d'autres que c'eft une
trompette , & le déiivent de bnccina , de bucca.
& de cano : d'autres que c'eft un hautbois , & le dé-
rivent de buis , dont il eft fait. Quoi qu'il en foit i
c'ctoit un inftrument qui faifoir beaucoup debruit^,
& dont les anciens croyoient que fe ferviroit l'Ange
de l'Apocalypie qui annoncetoit le jugement.
BUISSE. f. f. Petite branche d'arbre que le peuple
nomme bnc/wne.
gCF Buisse. f. f. Terme de cordonnier. Billot de bois
dans lequel eft un creux qui fert à donner la forme
aux femelles de fouliers qu'on bat fur ce billot avec-
un marteau.
BUISSERIE. f f. Efpèce de mairrain , propre à faite
des muids , & autres ouyiages de tonnellerie.
§C? BUISSON. C. m. Ce mot fignifîe proprement une
touffe d'arbriffeaux iauvages épineux. Dumns, dume-
turn. Buiifon d'épines , de houx, de genêts. Dieu ap-
parut à Moyfe dans un buijjon ardent.
03" Buisson, fe dit encore , par oppofition à forêt,
d'un bois qui n'a pas affez d'étendue pour être appe-
lé foret : Se l'on appelle boqueteau celui qui eft
moindre que lebuiffon. Silvula. LesVocabuliftes ob-
fervcnt que ic buiffan ne doit pas avoir aude-là de
quinze cens arpcns. Il faut avouer qu'un bois de cettii
étendue fait un affez joli buiJ(on.
^fT Buisson ardent , ou Pyracantiie. f, m. Arbrif-
feau épineux qui porte de pGtitcs^baies ou fruits d'un
belle couleur de feu j d'où lui vient fon nom. On
le cultive par cette raifon dans les jardins, & l'on en
fait des paliffades , ou on les laiffe en boule. Plu-
fieurs Botaniftes l'appellent aubépin , & en latin
axyacantha Diofcoridis. Les Rabbins difent que le
buijfon en feu que Moïfe vit , étoit d'aubépin, d'où
cet arbriffeau a pris fon nom.
Buisson. Terme de Jardinier. Arbre que l'on tient bai
& petit , & que les Jardiniers , par le moyen de la
• taille , obligent à prendre la figure qu'ils veulent,
Arbor coaclce brevitatis. Voilà des bnilJons bien con-
duits. Ces bui(fons font tout eftropiés. Des buiffons
de romarin , de chéviefeuil , &c.
On le dit fur-tout des arbres fruitiers , que l'on
nomme àuttemcnt arbres nains , arbres en buiffo/t
&quequelques Provinciaux appellent arbres en bou-
quet. Les bui^ons ont cinq ou fix pouces de tige , &
on leur donne de l'ouverture au milieu , de l'éten-
due furies côtés, pour en faire des arbres d'une agréa-
ble figure. C'eft ce qui les diftingue des grands ar-
bres fruitiers , qu'on appelle à plein vent. Un buif-
fon, pour être d'une belle figure,doit être bas de tige,
ouvert dans le milieu , rond dans fa circonférence ,
Se également garni fur les côtés: de ces quatre condi-
tions la plus importante eft celle qui prefcrit l'ou-
verture du milieu -, comme le plus grand défaut eft
celui de la confufion de trop de bois dans ce milieu.
La Quint. Reffcrrer un buijfon qui s'évafe trop, lo,
Oij
io8
BITL
|rr A la clîaffe , on appelle hùjjon un amas de brcuf-
lailles Si d'arbvcs qui ne s'clcvent point -, ^l'ondi:
que les cert^ prennent buijjon , quand ils vont choi-
lir un lieu lecret pour faire leurs teces après qu'ils
ont mis bas. On dit auffi que les certs 6c les iangliers
prennent buiffon , quand ils quittent la compagnie
des autres ; ce qui le tait au tiers an. Battre les /^uij-
Jbfis pour faire lever le gibier.
On dit proverbialement , qu'un homme a battu
1rs hiiffo}is,&c qu'un autre a pris les oiTcaux -, pour
dire qu'un homme recueille le profit du travail d'un
autre. On dit aulii qu'on a trouve buiJJon ereux ,
lorlqu'on n'a pas trouve dans une affaire , ou dans un
lieu , ce qu'on efpéroit d'y rencontrer. Ce proverbe
cft figuré , & tiré de la chalîé , où l'on dit qu'on a
trouvé huiffon creux, quand on n'a rien trouvé , ou
qu'un cerF s'en cil allé de l'enceinte. On dit , ^ il
n'y a fi petit hiifjmi qui ne porte ombre , pour dire
que le plus pauvre peut nuire.
BUISSONNET. 1". m. Diminutif. Petit buifron.J>z/OT«.r,
Où pas -à- pas le long des hiiiffonnets
Alloit cherchant les nids des ChardoTuiets. Marot.
On pourroit encore le dire en ftyle badin.
BUISSONNIER , lî-RE. adj. Parclîeux , qui va le ca-
cher ou lé rcpolér derrière un Inàffbn , au-lieu de
faire fa befogne . Segnis , ignavus , iners. Cela lî'eft
guère en ulagc.
1^ Dans l'ulage ordinaire , & en ftyle de rôtifléurs ,
on appelle lapins bui(j'on7iiers , ceux qui ont leur
terrier dans quelques buijfojis, qui font nourris dans
quelque clos parmi les haies & les buiffons , par op-
pofition aux lapins de Garenne.
'^3' Faire l'école kuijjonnicre , en ftyle de collège, c'eft
aller fe divertir au-lieu d'aller enclaffe.
BuissoNNiER , eft auHi un Officier de ville , ou Garde
■de la navigation , qui doit donner avis aux Echc-
vins des contraventions qui fe font aux rcglemens ;
qui doit dreilcr des procès-verbaux de l'état des
ponts , moulins & percuis , & de l'état des rivières ,
s'il y a aucuns orbillons , ou courions en fond d'eau
qui puilîént blellér les bateaux.
|p= BUISSURES. f. £pl. Terme de Doreur. On ap-
pelle ainli les ordures que le feu a ralfemblées fur
une pièce que l'on a fait cuire , ô: qu'on ôte avec
la gratte-boclfe.
B U L.
BUL. f. m. Sceau. Sigillum. On donna le hiil , c'eft-à-
dire , le fceau de l'Empire à Numan Couprcugly,
Volt. C'eft-à-dire , qu'on le fit grand Vilir.
gCrBULACH. Ville d'Allemagne, au cercle de Suabe,
au Duché de Wurtemberg.
^fT II a auffi un bourg de ce nom au canton de Zu-
rich , en Suilfe.
^ BULAGUEN. Ville d'Afrique , au Royaume de
Maroc ,dans la province de Duquela,fur le fleuve
d'Ommirabi.
BULBE, f. (, Terme de botanique. C'eft une racine
oblongue ou preique ronde , compolée de plulîeurs
peaux, ou tuniques appliquées les unes fur les autres ,
&embo'itées,pour ainli dite , les unes dans les autres.
BidbiLs. Elle jette par fa partie inférieure quantité
I de fibres. Les racines de l'oignon commun , du nar-
cilTe, de la Jacinte , &'c. font appelées des bulbes. On
donne quelquefois ce même nom à des racines tubé-
reuies,compolces d'une fubftance Iblide & continue,
quoiqu'elles n'aient point de peaux appliquées les
unes fur les autres. Ainli les racines du fafran & du
colchique font appelées bulbeuj'es. Foye:^ Oignon ,
Racine.
Bulbe , fe dit aufTideplufieurs plantes , dont quelques-
unes font des efpèces d'ornitko-^alujn. Celle qu'on
appelle bidbus eriophoris orientalis a beaucoup de
feuilles longues, prefque fcmblables à celles de laja-
cinte \ mais moins fucculentes , plus dures , vertes &
de mauvais gour. Ses fleurs font compofées de lix
petites feuilles difpofées en rond , fans odeur , de
couleur bleue. Sa racine eft grofîé , biilbeufe , blan-
c-l:ie &■ cotonnce. li y a une efpèce de bulbe ^ qu'on
BUL
nomme bulkc fauvage , qui a les feuilles comme les
porreaux , mais en petit nombre , car elle n'en a
qu'une ou deux. Ses fleurs font jaunes , compofées
de iix petites feuilles , 6: difpofées auiH en rond. Il
y a pldfieurs autres fortes de bulbes.
Bulbe. M. Winflow , dans fon anatomie , fait ce nom
mafculin. Le bulbe de l'uretère , tifTu fpongieux qui
n'entoure pas d'abord le canal de l'uretère. Il forme
auparavant un corps oblong en manière de poire ou
d'oignon -, qui ne s'attache qu'à la face intérieure
de la convexité du canal , & un peu après fe fertd
de côté & d'autre , &: l'embraflc tout autour. On
appelle ce corps particulier le bulbe ou l'oignon
de l'uretère. Winslow. Près du bulbe. Id. La cloi-
fon du bulbe. Id,
BULBEUX , EUSE. adj. Qui part cipe de la nature
d'une bulbe , ou qui en vient, Bulbojus. Une ra-
cine eft appelée bulbeufe , lorfqu'elle participe de
la nature d'une bulbe. Une plante eft auHî appelée
bulbeufe , lorfqu'elle vient d'une racine bulbeufe.
BU'LBOCASTANUM. f. m. La racine de cette plante
eft un tubercule gros comme une grofle noix , char-
nu , dur , &: de couleur blanchâtre , jetant plulieurs
fibres de fa baie &: de les côtés. Les feuilles inférieu-
res font ailées , partagées en plufieurs fegmens , plus
minces &; plus petites que celles du faxifrage des
prés. Ses tiges ont plus d'un pied de haut , & pouf-
fent de leur milieu une feuille ', elles fouticnnent à
leurs fommcts des ombelles ou parafols garnis de
petites fleurs blanches auxquelles fuccèdenr deux
graines menues, un peu longues & liflés. Cette plante
Gtoît aux lieux fablonncux.^oj^^ leDicT, de James.
BULBO- CAVERNEUX, adj. Terme d'Anatomie.
Bulbo - civernofus. Les mulcles bulbo-caverneux ,
communément dits accélérateuts , forment d'abord
un mufcle penniforme par un tendon mitoyen atta-
ché au bas du ligament inter-olfeux des os pubis , &
à l'union des mufcles tranfverfcs avec les fphinélers
cutanés de l'anus. De-là ils paffcnt largement fous le
bulbe de l'uretère , Sc couvrent ce bulbe & l'uretère
même avec une efpèce d'adhérence jufque vis-i-vis la
naiifancc du ligament fafpenlbire , de manière que le
tendon mitoyen répond à la cloifon du bulbe.Enfuite
les deux plans charnus fe fcparent &: vont oblique-
ment l'an à droite & l'autre a gauche , de derrière en
devant , Se de bas en haut , en embfaflantcs deux
corps caverneux, & s'attachent l'uri au côté de l'un des
corps caverneux , 6c l'autre au côté de l'autre. Wins.
BULBONAC. f. m. Terme de botanique. Lunaria , ou
viola lunaria. Plante ainfi nommée .à caulé que la
racine de l'efpèce ordinaire eft noueufe 6c grumc-
lée -, d'où s'élève une tige haute de deux à trois
pieds , grolTe comme le petit doigt au plus , d'un
vert blanchâtre, rougeàtre, quelquefois velue , bran-
chuc dès l'on milieu , & garnie de feuilles femblables
.à celles de la violette , mais plus grandes , d'un vert
plus clair & plus gai , velues , & plus dentelées fur
leurs bords. Ses fleurs nailfent aux extrémirés des ti-
ges 6c des branches , 2c font en croix , pareilles à cel-
les de la Juliane 6c purpurines. Leur calice eft de
même lavé de pourpre ; elles n'ont pas beaucoup
d'odeur : il leur fuccède à chacune un fruit plar , ar-
rondi quelquefois , & quelquefois alongé , formé
par le piftil qui occupe le centre de la fleur , 6c com-
pofé de trois peaux appliquées les unes fur les au-
tres parallèlement -, les deux extétieures couvrent la
moyenne , à laquelle font attachées de part 8c d'au-
tre les femences qui font plates , lenticulaires 6c tail-
lées en pin. C'eft de cette membrane , qui eft d'un
blanc lî luifant , ou argenré , que fonr venus les noms
d'herbe aux médailles , de palfefatins Se de lunaire ,
que l'on donne à cette plante. On peut manger lés ra-
cines comme celles de la raiponce ; elles ont le même
goût. Toutes les plantes qui portent le nomde luna-
ria font recherchées par les Chimiftes.llsne parvien-
dront cependant jamais à leur grand œuvre préten-
du par le mélange du règne végétal avec le minéral,
puifqu'il n'y a aucune plante qui puilfe changer la
tiflure des parties cffentieljes des métaux. On range
I
B ÏÏ L
patmi les lunarin quelques plantes qu'ort noiTAiftbît
anciennement yilvffan,
BULGAR , ou BOLGAR. Royautae de la T.iitârie
Moltovitc. Bulgaria. Il eft le long du bdtd orien-
tal duVolsa, ayant au noicl le Royaume de Ca-
zan , au lud Celui d'Allrâcan , au levant le Pafcarir ,
ôc lesTartares Kalmoucks. Maty. On croit que les
Tartares de Bulgur (ont les rcftes des Orgaies , peu-
ples de la Scythie , qui fe jetèrent avec les Alains
fur les tcircs de l'Empire. Les Tartares de Bulgar
ibnt fournis aux Mofcovites , depuis le Czar Jean
■Balile qui les aflujcttit. Ils logent fous des tentes de
peaux , dont ils forment des hordes , OU villages
qu'ils tranfportcnt d'urt lieu en un autre félon le
befoin. Foye^ Audifftet , Davity , Corneille , Maty,
Baudrand.
BULGARE, f. m. & f, Bnlgams , a. Nom d'un peuple
d'Europe qui habitoit dans la Mœfic inférieure , llir
le bord du Danube •, mais bien des gens prétendent
qu'ils croient venus de plus loin ^ qu'ils ctoicnt ori-
ginairement Scythes ; que leur nom , ainil que Vola-
terran l'a cru, vient de celui du Volga, des rives
duquel ces peuples partirent l'an 499 , & vinrent
is'établir dans l'ancienne IvloEfie , qu'ils enlevèrent
aux Empereurs Romains , & à laquelle ils donnè-
rent le nom de Bulgarie , qu'elle a toujours gardé
depuis. D'autres dilent que c'ctoit une branche des
Gères & des Gépides. Il eft néanmoins plus proba-
ble que les Bulgares font Scythes ; qu'eux &: les
Tuics ont tiré leur origine du Royaume de Bul-
gar , ou Bolgal , dont nous avons parle ; & la preuve
eft , outre la teflemblance parfaite du nom , qu'ils
ont la même langue , les mêrnes mœurs , & la
même manière de combattre. Cela confirme l'éty-
mologie de Volaterran. Quoi qu'il en foit, l'art 500
ils étoient établis dans la Mœlie , & ils firent cette
année-là un traité de paix avec l'Empereur Anaftale.
Quoique Telerich leur Roi eut embraifc la foi dès
779 &: Boger en 845 les Bu/gares ne fe firent Chré-
tiens qu'en 970
Les Bu/gares donnèrent dans la fuite dans les
erreurs monftriieufes , & dans toutes les abomina-
tions des Manichéens , qu'ils répandirent même
dans bien des endroits de l'Europe & jùfqu'en
France, où on les appela communément Aliigeois ,
ainfi que lious l'avons dit fur ce mot. Dc-là vient*'
que dans bien des Auteurs depuis le XIP fiécle.
Bulgare i ou Bugare , eft un nom de fedle , qui ii-
gnifie la même choie que Manichéen -, & que le ma-
nichéifmc s'appelle l'hcrélie des Bulgares. Oh voit
en elî'et dans Mattliieu Paris à l'an 112.5 ^^^- les
Bulgares avoient un Pontife qui demeuroit en Bul-
s;arie , aux environs de la Croatie & de la Dalma-
tie , proclie de Hongrie , & que les Albigeois vrais
Manichéens alloient le conlulter , & recevoir les
décifions. Ce fut au IX° iiécle , Vers l'an 871 , que
les Manichéens ou Pauliciens d'Arménie envoyèrent
de Tibrique ou Téfrique leur capitale , des prédi-
cateurs en Bulgarie , pour Icduire ces peuples nou-
vellement convertis. Ils y réuffirent , l'hcréfie des
Manichéens s'infinua & s'établit en Bulgarie, y jeta
de profondes racines , & de-là s'étendit dans le refte
de l'Europe.
Leurs crimes déteftables firent encore que leur
nom devint un nom odieux , un nom de débauche,
dé forte que Bulgare , ou , comme on trouve dans
quelques Auteurs, i?7^gitre lignifie un Sodoraitc,un
Ctenobatre , & un ufurier , parce qu'ils fe livroientà
tous ces vices. Malgré tout cela les Protcftans recon-
noiflcnt les Bulgares pour leurs pères , ^ n'ont point
de honte de prouver par eux la fuccefTion prérendue
de leur églife. Quelques relations difent Bulgariens,
mais mal -, l'ufage eft pour Bulgare.
BULGARIE, Pays qu'ont occupe les Bulgares , & au-
quel ils ont donné leur nom. Bulgaria. Ce paysétoit
une partie de la Mœfie inférieure , comme nous
avons dit. Aujourd'hui la Bulgarie, eft une province
de Turquie en Europe, qui a pour bornes au nord
la Valaquie , à l'occident la Servie , au midi la Ma-
B U Ë
Î09
"éédoine, & la Tlirace eii pàitie j & à l'or'ient \é font-
Euxin & la même Th.race. Sophie eft la capitale de
Bulgarie. La Bulgarie a eu ics Rois , & titre de
Royaume , qui fut fubjugué par les Rois de Hon-
grie 5 auxquels les Turcs l'ont enlevé.
IJCF BULGOLDA, pierre qu'on ttolive dahsiatêté
d'un animal de même hom , à laquelle les Indiens
attribuent les mêmes ptoptiétés qu'au Bczoai:. Oii
la dit fort rare. Ferdin. Lopei, Hifi. des Inâes,
rp" BULIMIE. Voyei Boulimie,
BULITHE. f. m. Pierre que l'on trouve fguvent non'
feulement dans la véfîcule du fiel , mais encore dans
les reins 6-: dans la velHe du bœuf Ariftote paroît
donc s'être trompe, lorfqu'il a avancé, Secl. io Prov.,
42 , que l'homme eft le fcul animal lujet à la piètre;
i«;iiOoi , de Bis , Iccuf , & Aie«î pierre^ Dict; dé
James>
BULLAlRE,f m. eft un recueil de piufieurs bulles
des Papes , ramaUces d'abord en trois volumes pat
Chérubin : il eompofe aujourd'hui dix volumes.
03" BULLE. 1". f Bulla. C'étoit autrefois un drnement
des habits que l'on donnoit aux enfàns de qualité;
Tarquin l'ancien , fuivant Pline , fut le premier qui
donna urte hdle d'Or à fôn fils , qui n'ayant en-
core que 14 ans , tua Un ennemi dans un combat
contre les Sabins. Il rehiarque pourtant que quel-
ques-uns prétendent qu'avant ce tems-là Romulus
en avoit donné au fils d'Hoftus , le premier né deS
filles Sabines , après leur enlèvement , qui fut de-
puis appelle Tùllus Hojiilius. Cet ornement croie
DU rond , oU eri forme de cœur , & on le portait fur
la poitrine. Il avoit été en ufage chez les Egyp-
tiens , & il n'y avoit chez les Romains que les iils
des Magiftrats Curules qui le portalfent. Ils le pre-
noient à 14 ans , & le quittoient à i ■;. Quoiqu'il n'y
eut que les enfaris des Magiftrats Curules qui eul-
fent droit de porter la ifa/Ze d'Or, ceux qui rece-
voient les honneurs du triomphe prenoient aufîï
cet ornement, Bulla gejlamcn erdt triumphântiurrii
qiiam in triutripho prx je ge'rébant , dit Macrobe.
Mais cette huile étoit plus grande que celle des
enfans. La grande veftale en portoit par diftindion ,
& les Dames Romaines comme parure,
ilcT On étenddit ce nom de bulle à piufieurs autres
ornemens de là même figure , que l'on mettoit , ou
fur les habits , où fut les armes, ou fur les portiques ;
on le donnoit encore? aux tables expofées en public j
fur lelquelles on marquoit les jours de fête.
^fF Dans les fiècles fuivans on a donné le nom de
bulles aux aéles des Princes , qui étoient fcellcs
d'un fceau d'or , d'argent , ou de plomb , foit à caufe
que ce fceau était fcmblable aux bulles anciennes-^-
que portoient les enfans , fait par allufion à ces ta-
bles expofées en public , dont nous venons de par-
ler. Il convenoit parriculièrement aux ordonnances
des Princes qui concernoient le bien public , par-
ce qu'elles étoient patentes & feulement fcellées ,
au-iieu que les lettres qui regardoient lés particu-
liers éroient fermées &: fignées.
^fT Ce nom de bulle a été long temps propre aux
édits des Princes , & a depuis paffè aux concordats
faits entre les Souverains , autorifcs par leur fceau.
C'eft ainfi qu'on appelle encore l'édit donné par
l'Empereur Charles IV i pour régler les droits de
l'Empire, I3. bulle d'Or : mais dans les derniers temps
ce nom eft devenu particulier aux décrets folennels
des Papes , que l'on nomme communément bulles ,
parce qu'elles ont un fceau de plomb ( il étoit quel-
quefois anciennement d'or. )
Bulle. Expédirion de lertres en Chancellerie RoiTiaine,-
fcellée en plomb , qui répondent aux édits , letrfes-
patentes , & provifions des Princes fèculiers. Ponii-
ficice Litterx , Pontificium Diploma , vulg'o Bulla. Si
les bulles font lettres gracieufes , le plomb eft pen-
dant en lacs de foie ; & fi ce Ibnt lettres de juftice ,
& exécutoires, le plomb eft pendant à une cordelle
de chanvre. Les Jubilés s'odroient par bulles. On
ne facre point les Evêques qu'ils n'aient leurs bulles.
En Efpagne on expédie des bulles pour toutes
110 BUL
fortes de bcncfîccs. Mais en France on n'a que de ûm- '
pies iignatures en papier , à la rélerve d:s Evèchés ,
Abbayes , Di!J!;niccs & Prieurés conventuels. La ^liZ/t:
ell la troilicmc ibrte de r^-Icric Apoftolique , qui eft
le plus en ulage , tant pour les aiFaires de jultice ,
que pour les aftaires de grâce : elle elt écrite fur par-
chemin , à la différence de la lignaturc qui eft écrite
en papier. La /'«//2 elt proprement une lignature
étendue , &: ce qu elle contient en peu de paroles la
ii://e rétend ; néanmoins elle ne doit pas être, quoi-
qu'etendue , plus ample que la lignature , li ce n'efl:
pour les claules qu'on a coutume d'étendre ielon le
ftyle. La hi//d,Qn la forme qu'elle doit être expédiée,
fe divifc en quatre parties , qui font la narration du
fait, la conception, les claules & la date. Dans la
fa lutation le Pape prend la qualité d'Evcque feryi-
teur des fcrviteurs de Dieu. N. Epifcopiis jciynsfcr-
voriim Dci. Au doux.
La hilU n'cft proprement que le fceau & le plomb
pendant qui donne fon nom au titre , parce qu'il
lui donne ion autorité ; &c généralement tout reicrit
où il y a plomb pendant s'appelle éiil/e. Ce plomb
repréfente d'un côté les têtes de S. Pierre à droite ,
èc de S. Paul à gauche ; de l'autre côté eft écrit le
nom du Pape régnant, &c l'an de l'on Pontificat. Au-
Boux. Jean Ciampini , Référendaire des deux fi-
gnaturcs , remarque , dans fon Traité du Fice-Clian-
ce/itr de l'Es,lije Romaine , que les huiles font écri-
tes d'un caraclèrc qui reffemble aux caraélèrcs fran-
çois , c'eft-à-dire, d'un caraélère rond ou gothique ,
êc que cet ufage s'établit lorfque les Papes tenoient
leur fiége à Avignon-,que les brefs au contraire, dont
l'origine eft bien après celle des huiles , font écrits
d'un caraétère italique.
^fT La différence eflentielle qu'il y a entre les huiles
& les brefs ou autres refcrits apoftoliques , eft que
ces derniers rfe font fcelles qu'en cire , avec ce qu'on
appelle Vanneau du pécheur , ou iimplement lignés
par un Cardinal datairc, ou par un Secrétaire des brefs.
Les bénéfices dont le revenu excède vingt-quatre
ducats ne font poffcdés que fur des provilions qui
s'expédient par huiles , & non pas par lîmples ligna-
turcs , fuivant une règle de la Chancellerie. La France
n'a point voulu fe foumettre à cette règle , & à
l'exception des bénéfices qui font taxés dans les
livres de la Chambre Apoftolique , elle s'eft con-
fervée dans le droit de n'exprimer le revenu du
bénéfice qu'on impétre, qu'en général , en cette md,-
nlcïe.Cujus &' illiforfan annexeoruni jrjiciusi^duca-
torum auri de caméra. , fecundùm communem csjiima-
tionem, valorem , annuum non excédant. Les bénéfices
à l'égard delqucls on eft obligé de lever à Rome des
hulùsiont. ic.Tousles béncficcsqui fe trouvent taxes
aux livres de la Chambre Apoftolique , comme Evè-
chés , Abbayes, quelques Prieurés conventuels. 2.°. Les
premières dignitésdes Eglifes Cathédrales,qui s'expri-
ment ainfi, Dignitas poftpontificalem major. 3°. Les
principales dignités des Eglilés Collégiales. 1°. Enfin
les monaftères de filles. Ce n'eft'pas que dans le cas
où l'on demande des Bulles à Rome, lesfuppliques
ou fignatures fimples ne fufîént reçues en France ;
mais les Officiers de la Cour de Rome font fi at-
rentiis, qu'ils ne relâchent jamais les fuppliques ,
que les Bulles n'aient été expédiées. Castel.
Quand le Pape eft mort on n'expédie plus de
Bulles , duranr la vacance du fiège jufqu'.à l'élec-
tion du fuccelfeur -, ainfi, pour .prévenir les abus
qui pourroient fe glifîer aulfi-tôt que le Pape eft
mort , le Vice-Chancelier de la fainte Eglife Ro-
, maine va prendre le fcean des Bulles , puis il fair
rompre en préférée de plufieurs perfonnes le nom
du Pape qui vient de mourir ; il couvre d'un linge
le côté où font les têtes de S. Pierre & de S. Paul , il
y met fon fceau , & donne ce fccau des Bulles ainfi
enveloppé au Camérier pour le garder , afin qu'on
n'en puiife fcellcr aucimes lettres. Ordre des Rits
Ecoles.
On dcrivç ce mot Bulle de hullare , qui fi-
gnific cacheter des lettres; ou de huila, qui fignifie
BUL
aiilfî ampoulle , ou veilie qui le forme fur l'eau
quand l'air en v.ur fjriir. Un vieux glolfaire ma-
nufcrit cité par le P. Rofwcid , p. 1019 , dit BulU
cerà jigillatie. Bulles, c'elt-à-dire , cires marquées
d'un fccau , & hullare ,Jigillare , bulier , c'eft fcel-
lcr. Les Grecs recens ont auili dit p»AAa , îk /Soî-AAi^t,,,
6; /S»>,o,îj,. Voye^ le Gloifaire qui eft à la tête de
Nicétas de l'édition du Louvre. D'autres le dérivent
du grec /3»a«, qui fignifie, ccnj'eil , parce qu'il faut
délibérer avant que d'en donner les expéditions. Le P.
Pezron prétend qu'il cil: tiré du Celte buill, &c bul, qui
lignifie une boiUe , une houteille ronde qui fe forme
fur l'eau; mais où a-t-il trouve que huil , ou hul ,
fut un mot celtique qui eut ce »fens ?
La Bulle in Cœna Dumini , eft une Bulle qu'on
lit tous les ans le Jeudi-Saint .à Rome en prefence
du Pape , &C qui contient plufieurs excommunica-
tions contre les Hérétiques, les déibbclifans au S.
Siège, ceux qui troublent, ou qui veulent reftreindre
la Juridiction Eccléfiaftique , & plufieurs cas rc-
fervés. On la trouve dans la Pratique Bénéficiaire
de Rebuîfe. Elle n'eft pas reçue en France. Le Con-
cile de Tours, en 15 10 déclara cette Bulle infou-
tenable , en ce qui concerne les droits du Roi Se
les libertés de l'Eglife Gallicane. En 1580 quel-
ques Evêques , pendant le temps des vacations ,
tachèrent de faire recevoir dans leurs Diocèfes la
Bulle in Cœnâ Domini , laquelle excommunie en-
tre-autres les iVîagiftrats , les Confeillers & Pro-
cureurs-Généraux, qui maintiennent la juridiction
des Princes , contre celle des Eccléliaftiques. Le
Procureur - Général s'en étant plaint, le Parlement
ordonna que tous les Archevêques & Evêques qui
auroient reçu cette Bulle , & ne l'auroient pas pu-
bliée , euifent à envoyer à la Cour \ que ceux qui
l'auroient tait publier flilfent ajournés , & cepen-
dant leur revenu faifi ; & que quiconque s'oppo-
feroit à cet arrêt , fut réputé rébelle & criminel
de lèze-majcfté.
Fulminer des Bulles , c'eft en faire la publication
ou vérification par l'un des trois Commhîaires aux-
quels elles font adreilees , foit qu'il foit Evêque , foit
qu'il foit Officiai. On s'oppofe quelquefois à la pu-
blication des Bulles , ou des Refcrits du Pape. Mais
quand il s'y trouve de l'abus , l'on a pour lui le
rcfped de n'appeler pas direélement de la concelfion
de la Bulle ; on interjette fimplement appel comme
d'abus de l'exécution ou fulmination de la Bulle.
C'eft un expédient pour ne point choquer le Pape ,
en ne fe peignant que de la procédure , &: de la
partie qui a obtenu la Bulle. Cependant il y a des
cas importans , dans lefquels on appeleroit fans dé-
tour comme d'abus de la Bulle du Pape; par exemple
s'il prononçoit l'excommunication contre la per-
fonne du Roi ; s'il entreprenoit fur le temporel
du Royaume ; s'il difpofoit des bénéfices dont la no-
mination appartient au Roi par le Concordat , &c.
Voyez le Traité de l'ahus par Fevret.
Les Bulles qui viennent de Rome en France font
limitées & modérées félon les ufages du Royaume ,
avant que de les enregiftrer. On n'y en reçoit au-
cunes, qu'après avoir bien examiné fi elles ne con-
tiennent rien qui foit contraire aux libertés de l'E-
glife Gallicane. Il fuffit en France que ces mots ,pro-
prio motu , c'eft-à-dire, de notre propre mouvement ,
fe trouvent dans une Bulle , pour la rejeter toute en-
tière. Les Efpagnols ne reçoivent point non plus
aveuglément les Bulles des Papes. Elles font exami-
nées dans le Confeil du Roi ; & fi l'on trouve qu'il y
ait des raifons pour ne les pas mettre en exécution ,
l'on en donne avis au S. Père par une Supplique;
& par ce moyen ces Bulles demeurent fans effet.
Cette maniète d'agir avec Rome eft établie dans
la pluparr des Etats & des Royaumes. On en trouve
plufieurs exemples dans un livre imprimé à Liège ,
qui a pour titre , Jus Belgarum circa Bullarum Pon-
tijicialium receptionem, c'eft-à-dire , le droit des Fla-
mans à l'ér^ard de la réception des Bulles du Pape.
Les BoUandiftes ont fait plufieurs remarques eu-
B U L
Y'utifes fur les Bulles des Papes dans leur Propilœiim
du mois de Mai , & dans dos Parallpomena , ou ad-
dirions qui ie trouvent ccmnumément à k fin du
l^ll^ Tome des Acîj- SS. du même mois. i". Inno-
cent V , dans une Bulle , qu'il donna auffi-tôt qu'il
fut élu , & avant ia confceration , ne met point fon
nom, mais feulement EleSiis Epijcopus , fermas
fervorurrt Dei , &c il dit que c'cft la coutum:^ &
' que tous fes prédccelîeurs en ont ainfi ufé, z°. Dans
une Bulle que Martin V^ donna le jour même
de fon éledion, quoiqu'il ne fût encore ni Evêque,
ni même Prêtre , il prend le titre d'Evêq'uc , mais
fcul , & fans mettre elechis , comme Innocent V , &
il met fon nom. JS'Lirtinus Epijcopus , fervus J'er-
vorurn Dei. 5^. Depuis 800 ans le fceau des Bulles
çfl: de plomb , &: veprcfente S. Pierre & S. Paul , &
ils montrent qu'on n'en peut tirer aucun avantage
pour l'opinion des deux chefs ex aquo^ Ce n'eil:
point Adrien IV , qui en i ï 5 5 a commence d'y mettre
les images de ces deux Apôtres. Vidtorellus a cru que
Jean premier écoit celui qiii avoir commencé à ap-
pofer 2inyi Bulles un fceau de plomb , fur lequel lut
fon nom. Le P. Mabillon n'n ofé remonter plus haut
que Jean IV. Les Bollandiftes fo'utiennent que fi on
compare l'es deux' iceaus , fur Icfquels Victorellus
fe fonde avec les Bulles indubitables d'Adrien I ,
de Pafchal I, de Nicolas I , on ttouvera que ces
fceaux fonr du même (îècle , c'eft-à-dire , du IX%
& par confcquent de Jean VHP. 4°. Au VIIF lîccle
le fceau fur carré, & ion caradlcre barbare, jf". Le
P. Mabillon , De Rediplotn. L , Il , C, 14 , dit qu'il
a vu des privilèges de Jean IV , & de Segius I ,
avec chacun une Bulle , ou fceau de plomb ," ce qui
montre, félon lui, que Polydorc Virgile s'ell trompé ,
de rapporter le commencement de cet uiage à
Etienne IIP & Adrien P . Domitius Raynaldus pié-
tend qu'il eft bien plus anciea, & cite une Bulle
de plomb de S. Silveftie , &<: d'autres de Léon I ,
& de S, Grégoire le Grand ; mais quand cela le-
roit vrai de S. Grégoire , il ne peut i'êtte de S.
Silveftte , ni même de S. Léon. 6°. Jufqu'à Jean
XIIP , il n'y a fur la Bulle , ou fur le fceau , que le
nom du Pape. 7°. Dans le XP ficcle on y innova
bien des chofes. On commença à y marquer rannce
de l'Incarnation; & iélon le P. Mabillon, ce fut Léon
3X' qui introduiiit cet ufage , parce qu'il étoit de la
lamille des Empercuts de Germanie qui l'obfer-
voienr ; qu'il avoir été EvêqUe de Toul-on où cet
ufage fe gardoit, & qu'il. avoir pour Secrétaite le
Doyen de Toul qui y étoit accoutumé v Ciaconius a
cru qu'on n'avoir commencé que Ibus Eugène IV.
Au telle , par année de l'hicarncidon , il faur en-
tendre de la Nativité de Jéfas-Chrift. On changea
aufll le commencemcnr de l'inditfîfion & du mois
de feptembrc , on le recula )ufqu\à Noël. 8". Au
même liècle , ou fous le même Léon IX"^ , com-
mença l'ufage de faire foufcrirc des rémoins aux Bul
Les des Papes \ ce qui ne iç faifoit auparavant que lorf-
que ces fortes de lettres fe fignoienr dans un Concile,
&: qui commença alors à l'occaiion d'un Concile tenu
à Metz , où quelques Evêques du Concile étoienr
encore , quand Léon donna le privilège où cela s'eft
fait la première fois. 9°. Le même Pape eft celui
qui exprima le premier par un monogrammic la
formule Bene valete , par laquelle on fîniffoitles
Bulles, au moins depuis Charlemagne. lo^. Enfin",
ce fur au même temps que les Papes commencèrent à
prendre des fentences , à les mettre fur leur fceau ,
à y graver des croix ^ & pluficurs aurres chofes cm -
blématiques. /^^ovf{; Ciaconius , le P. Mabillon aurc
endroits cités , &les jicla San'âor. Propylœum Mail ,
p. 99 & 190 & Parapolim. pas;. 55 , 48, 59 , 87 ^
105, 1 1 i. De Hauteferre , De Duc. & Comit. Prov,
L ylll , C. 4 , dir que les Papes fe fervent diuic
Bulle ou fceau de plomb pour marquer leur mcpiis
pour l'or & l'argenr.
Bulle d'or , eft une ordonnance ou règlement fait
par Charles IV, Empereur en l'an U51Î. On dit
q\xz ce fut le célèbre Jurifconfulte Bartole qui la
:. , , , B 'U L .. , . .ni
dredà. C'cft une loi fondamentale dans l'Empire*
Avant ce temps-là les cérémonies, &: la fonne de
l'cleclion ^les Empereurs ctcienr douteufcs & incer-
taines ; & le .nombre des . Eledeiirs ji'étcit pci'nt
fixé. Cet Edit folennei règle Içs fbndticns , les droits ,
les privilèges, & les prééminences des LlcLteurs!
L'original, qui eft latin, 6c écrit llir du vélin, eft
gardé à Francfcrr , relié m-40. en parchemin rouge.
Au dos du livre font palfés plufieurs lacs de foie
noire & jaune, au bour defquels pend un Iceau d'or.
On l'appelle par excellence Bulle d'or , parce que les
Empereurs d'Orient Irailbient autrefois fceller leurs
Edits àiin fceau d'or ^ qujon appeloit.^/^/A'. Cette
ordonnance, qui contient, 50 articles, fut approu-
vée par tous les Princes de l'Empire , 6c s'obferve
encore aujourd'hui. .L'éledlion fe faifoit par fept
Eleèleurs ; trois Eccléiiaftiques , . les A.rchcvêques
dcMaience, Trèyes 6ç Cologrie v Se quarre Sécu-
liers , le Roi de Bohème , le Comte Patatjn , Is, Duc
de Saxe , le- Marquis de Brandebourg -, & pVr la
Bulle d'or , le Comre Palatin marchoit après le Roi
de Bohème ; mais il fut dépouillé de fon Eleètorat
en 161X,. Le Duc de Bavière fut mis en fa place.
Le Comre Palatin a été rérabli en i<?4S ,' par la
paixde:Munftcr : ainfi il eft :1e huitième Eleclieurj
& en ï6ç)z , l'on a érigé un neuvième Eleiftorat
en faveur de la Maifon de Lunebourg. Hem4
Gunrher Thulemarius a fait des traités , De Bullis ;
De Bulla Jured. Caroli V, Bulld Andronici Imper,
Sec. C'eft un in~fol. imprimé à Francfort en i6çfj.
Les Bulles d'or ont été .en uiage chez les Em-
pereurs .d'Orient dès le temps de Louis le Débon-
naire : en s'en fervoic dans les aéles de grande con-
féqiTence , comme en la conceiHon des privilèges
des Eglifes. Aux aurres occafipns ils fe fervoient\le
plomb , ou de cire f^oyei fur les Bulles d'or des
Empereurs , Zonaras in TAeopliilo , Ccàteniis in Con-
lianiino Monomach, Nicetas in Manuel, Comn. L ,
7 , Phrances , Z , 111, C, Léo Oftienlîs Chron. Caf..
C. i± & C. 6j. Cmopzïztes de .Offic. magniLogotk.
& de Hauteferre , Dud. & Com. Prov. L. ^ , C , ^
& dans fes notes fut Anaftafe , p. kï'o , Spelmanus
fait mention d'une Bulle d'or dans un traité d'al-
liance ftiit entre le Roi François I, & Henri VIÏI ^
Roi d'Anglererre. H y en a plufieurs aurres exemples
dans Du Cange & dans de Haurelcrre , De Duc. &
Comt. Prov. L. m, C, 4, où il moTirre que les Rois
fe donnèrent auiTi ce droit.
Bulle. Teirae de phyfiquçi Les. Phyfîciens fe. fervent
de ce' nom pont exprhiier ces'petits globules, ces
petites bouteilles pleines d'air qui le" forment fur
Teau. Bull.t..Y oyez au mot Bouteilles d'eau la
formation de ces Bulles. On attribue la conforma-
tipn de la pierre ponce fpumeuiê , qui paxoîr com-
poice de brins de verre qui 'a rend traniparenre &
friable , aux luilhs de l'écuriae de la m.er , donc
la luperficie compolée de parricules falines le coa--„
gule, ie criftallile dans les cavernes- où ces hdles
i'onr poufices par les vents. Dans le niveau d'air
il y a rme huile- qui détermine le niveau. Ce ni-
veau eft un tube de verre rempli d'eau , à la rc-
ferve d'une petite portion qui produit la huile. Cette
bulle eft extraordinairement mobile : Se lorfque le
niveaucft couché horizonralemcnt , & qu'elle s'arrête
juftemcnt au milieu , on peur dire que cer inftru-
mcnt donne un niveau dans fa jufte précifion. Les
. enfans s'amufent à faire des huiles de favom
Bulle , a aufTi fignifié des doux à tête dorée, & dç.i
bcffettes qu'on merroit aux brides & harnois des
chevaux-, mais fur-tour il fignifioir les fceaux atta-
chés aux patentes & lettres des Princes , & les ma-
trices dont on fe fervoit pour les former , à caufe
cju'ils reifembloienr en quelque façon à ces bou-
teilles, ou à ces têtes de doux.
Bulle , Vieux mot. Arbre naiilantdans les lieux humi-
des. Arborpaluflris ,in locis palujlribus fuccrefcens.
Des bulles, qui font'des arbres naiffans dans des lieux
humides , s'eft fait le nom de lieu Bully, Hvet Antig,
de Cam,
HZ B U L
BÛLLÉ , EE, adj. Q-ii elt en t'ocmc authentique. BulLi
injlrucius. j'ai eu ma commUlion bieniignie'&: bien
hiillie. On dit aulîi quelquefois , un bcnclice bulle ,
une Abbaye bulUî ; pour dire , un bénéfice conli-
ftorial , pour lequel il iraut des Bulles du Pape. On
• dit aufli , Abbé bulle , pour un Abbé qui a un bé-
néfice de cette elpèce. On dit , M. l'Abbé tel n'eft
point encore bulli ; pour dire , n'a point encore
reçu ies bulles. On ne le dit que dans la converia-
tion & dans le difcours familier.
^fT BULLES , petite ville de France , eh Beauvoilis ,
fur la Brede -, à trois lieues de Beauvais.
BULLETTE, ou BULETTE.^f. f. Terme de coutu-
mes. Le droit de hilLta , on burletce , dans le pays
Meiîin , pour les biens en fonds , eft le quarantième
denier des acquilitions , & pareillement le quaran-
. tième denier des obligations. De Laurij.ri;.
BULLETIN, f. m. Ordre que donnent des Echevins
ou Magiffcrats d'une ville pour loger des foldats,
pour faire des coîvées , ou les obliger à quelque
autre charge publique. Schedula- Magijlraiàs lejïi-
motiiuin contincns.
Bulletin , fe dit aulH des certificats de fancé qu'on
va prendre des Magiftrats en temps de pel^e , pour
avoir libre, entrée dans les lieux où l'on a à palier.
^fT Bulletin , fe dit encore du fuffrage donné par
écrit. Il n'a guère d'ufage qu'en parlant des futîrages
donnés de la forte pour l'élcélion d'un Pape. Les
Cardinaux portent les bulletins dans le calice.
0Cr On appelle encore bulletin y un billet par lequel
on rend compte chaque joiir de l'état aéluet d'une
affaire intérclfante,' d'une maladie, i-c. Le bulletin de
l'armée.
tfF Bulletin ,■ dans le commerce , eft au'ffi un nom
qu'on a donné aux billets que ceux qui avoicnt
des comptes ouverts dans les livres de la banque
royale de France ,• dévoient envoyer ou porter aux
teneurs de livres pour s'y faire ou créditer y ou
débiter. Encycl.
Bulletin. C'eft , en termes de Finances , le billet
que l'on donne pour fcrvir de preuve qu'on a payé
ies droits d'entrée & de fortie. Dict. des Finances.
Bulletins. C'eft le nom qu'on donne aux Cordeliers
réformés dans le temps de leur réforme en 1491.
Les Cordeliers bulletins ou de la Bulle , dit M.
Huet , fous prétexte d'une plus grande réforme ,
ayant voulu fe rendre maîtres du Couvent de la
ville de Caën , les Religieux qui riiabitoieat , les
en empêchèrent.
On appelle , en termes de Marine , bulktin , un
petit livret qu'on donne aux gens de mer , lorfqu'ils
font: enregiftrés au Bureau des Claiîes de la Marine ,
lequel contient leurs qualités , leufs fignalemens ,
leurs .âges , 6c le lieu de leur naiflànce.
BULLIARDE. f. m. C'eft le nom que les Aftronômes
donnent à une des taches de la lune , qui eft la
14'= du catalogue qu'en a fait le P. Riccioli. Bul-
iialdus. C'tiit le nom du célèbre Ifmaël Bouiilard
qu'on a donné à cette tache.
^ BULLINBROOK. Ville & Comté d'Angleterre ,
dans la province de Lincoln,
BULLISTE. Nom d'une Congrégation de Religieux de
l'Ordre de faint François , appelés plus commncment
Obfervans. Bulli /ta. Les Bullifies , c'eft-à-dire , les.
Obfervans , car on les appeloit ainù en quelques
lieux. P. Helyot , T. Fil , p. 10;. Sans doute qu'on
leur donna ce nom à i'occaiion de la Bulle de Léon
X , du I Juin 1 5 17 » qui fit ceifer les troubles dans
l'Ordre de S. François , &: remit la paix & la tran-
quillité entre les Obfervans & les Conventuels.
|13° BULLOITES, (les) peuples d'Afie, dans les Etats du
Moçol , -probablement les mêmes que les Bulloques.
^ BULLOQUES , ou BALLUCHES (les) peuples
d'Afic , partie dans la Perfe , partie dans l'Indou-
ftan , dans les provinces de Méeran , de Ségeftan ,
de Buckor & de Moultan. Comme ils font peu
connus , quelques Auteurs les ont tait pafler pour
des Géans &; des Antropophages.
B tr L
IfT BULLOS , ou BOL. Petit: ville de Suiile , aa
Canton de Fribourg , dans le Bailliage- du même nom.
BULTEAU. f m. Termes d'Eaux. &; Forêts. Arbre en
boule. Mettre des arbres en bulteau , ou tctars ,
c'cft-à-dire , couper la tête des arbres. Conf, de
rOrd. des Eaux & Forêts.
ËULUK BACHI. 1". m. Terme de relation, qui fi-
gnific clief de troupe. Prœfeaus turmiz , tricena-
rius. Les Azamoglar.s font ordinairement 25 ou 50
dans une chambre , commandés par un Buluk Ba-
chi , c'eft-à-dire , chef de troupe. Du Loir, p. 100.
Voye^ BosTAMGi , car les Buluk Bachis font aufli
Commandans des Boftangis , fous le Boftangi Ba-
chi. Le Buluk Bachi accompagne ordinairement
partout les Azamoglans. Son bonnet eft blanc Sc
pointu comme ceux des Adgiamis Oglaris qui en
ont de jaunes, &: la principale marque de la charge
eft la canne qu'il porte toujours à la main , pour
châtier fur le champ ceux qui feroient quelque in-
folence. Du Loir, /^. ici.
B U M.
BUMICILI. f. m. Nom d'une fc*!l:e Mahométane en
Afrique. Les BumicUis font grands forcicrs. Ils com-
battent contre les Diables , à ce qu'ils difent 6i Vont
tout meurtris &; couverts de coups , dans un grand
effroi", fouvcnt en plein midi ils contrefont un com-
bat en préfcnce de tout le monde l'cfpace de deux
ou trois l>eures , avec des' javelots , ou zagaics ,
jufqu à ce qu'ils tombent tous moulus de coups. Mais
après s'être tépofés un moment, ils reprennent leurs
ciprits, & fe promènent. Je" n'ai encore pu favoir
quelle eft leur règles mais.,on les tient pour Reli-
gieux. Marm. d'Ablanc. Ce font des fous dignes
des petites maifons.
B U N.
BUNETTE. f.f. Petit oifeau. C'eft uneefpècede moi-
neau de haie , d'un plumage gris , moins gros que
la fauvette , mais plus gros que le roitelet. Il faic
fon nid dans l'es haies , foit vives , foit mortes , avec
un peu d'herbe féche, de la mouffe verte, & du
crin en dedans . à la hauteur de la ceinture , ou tout
aiT plus des épaules d\in homme d'une raille ordi-
naire. Obferv. fur les Ecr. mod.
ifT BUNGO. Royaume du Japon , un des plus confi-
dérables de l'île deXimo. lia celui de Bugen ou
Buygen au nosd -, celui de Fingo au fud -, le Figen
à l'oucft -, & a l'eft , le bras de mer qui fépare l'île
de Ximo d'avec celle de Xicoco. Capitale Fuched
ou Funay &: non Bungo.
BUNIAS. f. m. Ce mot eften ufage chez lesBotaniftes
&: les Droguiftes. Le bunias eft le navet fauvage ,
qui croît "ordinairement dans les blés. Il a quan-
tité de feuilles, des fleurs jaunes; quelquefois il y
en a quelques-unes de blanches. Les goulfes qui ren-
fermenr lafemence font de la longueur d'un pouce,
ou d'un pouce & demi , rondes en longueur^: la fe-
mence eft ronde, de couleur purpurine, acre &
mordicante au goût, 6c en tout fort approchante
de la femence du navet domeftique. La graine de
bunias entre dans la compofition delà thériaque ,
ce qui lui eft propre, & ne convient point à la
srainc du navet domeftique. Pomet.
^ BUNTZEL. Ville de Siléiîe , dans la Principauté
de Javer.
Ip- BUNTZEL , ou PUNTZEL , ou BUNZLAU.
Nom de deux Villes voifines en Bohême , l'ancienne
ptès de Brandeis fur l'Elbe , 5c la nouvelle fur la
Gizen.
§Cr BUONDENO. Nom d'un bourg d'Italie, au
Duché de Fcrrarc , à l'embouchure du Panaro.
g3° BUPFIAGE. Surnom d-onnc à Hercule , pour avoir
dévoré un bœuf tout entier dans un feul repas ,
lorfque les Argonautes le firent fortir de leur vaif-
feau , dans la crainte qu'il n'épuisât toutes leurs
provifions. Ce mot vient du grec /3*5 , bœuf, ^
çùyuv , manger.
. .EUPHONIES
BUft
B u p:
EUPHONIES f.f. pi. Fêtes que l'on célébroit.à A-
thcnes en Hîcnneur de Jupiter Polien , dans lei-
quelies orf lui iinmoloit un bœuf, doù elles ont
pris leur nom.
BUPHTHALMUM. f. m. eu (EIL DE BCEUF. Plante
que qiVelqucs-uiîï appellent Cachk, dont les rejetons
Ibnt grêles & tendres , Sc les feuilles lemblables au
fenouil. Sa fleur efl: jaune , & plus grande que celle
delà Gamoiraîle. Elle eft faite en manière d'oeiî
de bœuf; ce qui a donne le nom à cette plante ^
, du mot grec tj,, èœuf, & de i'-^^AA.» , csi/. ■
BUPLEURUM, f. m. ou (EIL DE LIEVRE. Petite
plante que Pline dit avoir fa tige d'une coudée ,
èc plufieufs feuilles fot: longues" IJ ajoute q-ae f?.
fcmence eft bonne contre les plaies que font les
ferpens. M. de Neuve qui l'appelle Bupkitnts , ou
àiiricula leporis , dit qu'elle efl: toute femblable à
ï'oreille d'un lièvre , d'où elle a pris fon nom ; qu'elle
efl chaude, féchc, 6: lithontriptique , & qu'on ne
; leiert que de les feuilles en médecine.
BUPRESTE, f. fMnlbde ailé, allez femblable aux
Cantharides. On prétend qu'elle fait enfler le bé-
tail qui l'avale en paillant l'herbe fous laquelle elle
efl: cachée. Buprejtis : c'eih pyuvquoi on lur donne
ordinairement le nom d'erijle t (eu f., Si Un homme
en mange , if ainrales mêmes accitfcns que s'il avoir
pris des cantharides. Ceux qui en ont avalé , on>-
un goût puant & femblabfe à celui d"i nître ; le
ventre & l'eftomac leur tirent étrangement comme
aux hydropiques. M. de Saumaife prétend que la
huprejte étoit anHi une herbe dont les, Grecs fe fai-
foienr un ragoût dans leurs repas. On fe fért de la
l'uprefie en médecine , de même que des chenilles
qui viennent fur les pins, excepté qu'il efl: Befoin ,
pour conferver' ces dernières, de lés faire rôtir un
peu fur la cendre chaude dans une poêle. BaV^^ç-iç.
Ce mot efl; dérivé de la particule augmentative
^y, &: de Trpuçrs, an incendiaire , de ?rp'L , /^r/i/^r ,
à caufe que cet infeéte pofTéde une qualité extrê-
mement inflammatoire. DicT. DE James. D'autres
croient que ee mot vient de Ea?, & de ■^p>-Ju , ir.flo,
B U R.
|:T BURABOURG. ViUe d'Ariemagne, vers les fron-
tières de la Heffe & de la Veftphalie , autrefois
épifcopale , aujourd'hui ruinée/
BURAIL, f. m. Efpèce de fcrge^ ou de ratine. Il y a
à\iburail\\& , du burail croifé , & du burail d'é-
toupes. '
Burail A CONTRE-POIL. f. m. Certe étoffe fe flïît par
les hauteliffeurs de la Sayeteric d'Amiens.
§C? BURALISTE, Commis prépolé pour recevoir dans
fon bureau le payement de certains droits.
UCr BURAMOS(les) ou les PAPAIS. Peuple d'Afrique,
dans laNigriric, voilîn des Cafangas, au tour de
la rivière de San-Domingo.
BURAT. f. m. Groflé étoffé de laine qui tient
quelque chofe du drap , & dont les Capucins &
d'autres Religieux font habillés, Pannuslanâ rudio-
re contextus,
BURATE, EE, adj. Qui participe à la nature de la
bure. Etamine buratéc.
BURATINE , ou BURATIN. Efpèce de papeiine
dont la chaîne efl: de foie fort déliée , & la traiïie
de groifc laine. On la paflé fous la calandre.
BURBAS, f. m. Petite monnoie qui fe fabrique à 'Al-
ger , & qui porte des deux côtés les armes ou en-
feigncs du Dey. Six burbas ne valent guère que la
moitié d'un afpre.
^ BURCHAIM. Petite ville d'Allemagne en Ba-
vière entre Neuboura; & Insîolftadr.
IP" BURCHAUSEN. Ville d'Allemagne dans la baffe
Bavière, fur la rivière de Saltz.
^ BURCZLAND. Petit pays de la Tranfilvanie ,
Tom^ IL
anx environs de Biaffaa , aux confins dt la Vali-
i:hï<t & de la Moldavie. , .
ffT BURD. Petite rivière qui a fa fource àii àeflus
de Pont-Btocard , en baflé Normandie , traverfe le
Cotentin , Se fe jette dans la mer au deifous'^de
Coutance. • ...
r? BURDUGON. Petite ville de la Morée , fur le
VafiUpotamc.
BURDIN. Foyei Buridan,
BURDINAIRE, f. m. Burdinaritii. C'eft le nom que
Raimond , Comte de Touîoufe , donna aux Croifés
qui marchercnK contre lai après qu'il eut été ex-
communié comme hérétique Albigeois. Ils fc nom-
moient Pèlerins, d'où le Touloufain les appcloic
par raillerie Burdinaircs. MÉz. du nom latin buydo ,
le bourdon d'un Pèlerin.
BURE. f. f. Etoffe groinère & de peu de prix . faite de
laine, dont fe vêtent les pauvres gens. Les chagrins
& les douleurs fe trouvent plus fouvcnt fous lafoye.
que fous h b/ue, Burnis , burnu D'autres, le déri-
vent àz bourre , & du grec T^ôifa, & du. latin birrus
çuburrus, qui fignifient roux , comme il efl: é-
ciit dans le Code Théodolien ,, parce que la bure
efl: ordinairement de cette couleur. Les Anciens
fe iont fervis Je ce mot pour lignifier plulîeurs for-
tes d'habits. Quelquefois ils Vcn fervoient pour
dire un habit riche & magnifique, Ainli Baronius
' dit que burrus étoit Faucien habit des- Evêqucs ,
que quelques-uns croient être la même chofe que
le rocket. Quelquefois il a lignifié un habit vil 84,
grodier , fait de ce que nous appelons bureau ,
& les Bretons burell. On trouve bureUum en ce
fens dans' fa vie de S. Yves , qui eft tirée des Adles
faits au XIIP liècle. Peut-être aulli que ce mot cfï
venu de la couleur de l'étoffe \ car Feilus témoigne
que les Anciens appeloient burrus , ce que l'on
appela depuis ri,ifus, roux, brun -, & Valère-Maximc
dit que c'eft dans cette figni-fication que tant de
, feinn^s ont porré le fuiaom de burrd.
Bure, Bura. Ville d'Achaïe , où, dans un antre y
éroit une petite ftatue d'Hercule ,• & où' ce Dieu
«cndoit des Oracles, non pas de vive voix, ni par
le miniftèredes prêtres, comme cela fe pratiquoit
ailleurs, mais par le moyen des olfeiets ou dés
que les confultans jetoient fuï une table,- On faifoit
d'abord des prières à Hercule , puis on jetoit , fur
une tahlc quatre oHèlets ou dés , fur lefquels étoient
graves plulicurs caractères. On cherchoit dans le
livre des prédidfions le point qui répondoii a celui
qu'on avoir atnené, & la prédijTtion qui y étoit jointe ^
étoit prife pour celle du Dieu. ( Paufan. Achaïc.
<:• i)5 )
■ ^ Bure. f. £ On appelle ainfi le puits des mines ,
qui defcend de la furface de la terre' dans fon in-
térieur. AcAD. Fr. On en fait ordinaireirvent deux
a la fois : l'un pour l'établiflément des pompes à
épuifement i l'autre pour remonter les nuarières &
donner de l'air.
Les Encyclopédiftes font ce mot mafcuHn &
féminin.
BUREAU, f. m; Grofle étofl'e faite de laine : c'eft la
môme chofe que la bure , linon que c'efl? un drap
plus fort.
El qui n'étant vêtu que dejimple bureau , .
Pajje l'été fans linge, 6' l'hiver J'ans manteau. Boii,
Bureau, eft au01 une efpèce de petit pupitre eouvert
de bure verte , que les Préfidens ont devant eux
pour y écrire ce qu'ils veulent remarquer d'un pro-
cès qu'on leur rapporre. Stragulus, menj'ce tapes.
C'eft aulfi la table fur laquelle le Rapporteur mec
les pièces d'un procès qu'il rapporte, Menfa. Et c'eft
en ce fcîis qu'on dit qu'il eft au bureau, qu'il a
mis un procès fur le bureau ; qu'il lui a fait baifer
le bureau. ; pour dire i qu'il en a entamé le rapport.
Bureau , lignifie aulT! quelquefois Juridiélicn. Le
Doyen du Confeil a droit d'avoir un èureau chez lui-
114 BUI^
Jus co<rendi concilii. On y rapporte les affeires qui
BU R
y (ont renvoyées par le Conleil
BuK-EAU EcciÉsiASTiQ.uE, OU DiocÉsAii?, eftuneal
femblcc de perfonnes Ecclélialtiques , qui font char
ffèes de taire dans chaque Diocùlb la répartition
fur chaque bénéfice du Dioccfe , de ce que railcm-
blée du Clergé a recèle qu'on levcroit pour les de-
cmies & dons gratuits : cette aUcmblee termine les
différents qu'il y a au lujet des décimes & autres
impofitions du Clergé. Il y a appel aux chambres
Eccléliaftiqaes, quand la fomme dont il sa^it elt
audefllis de vingt livres. Ecclefiujtica fubfidiorum
Cuna , Rerum ad décimas & Ecclejiajtica fubjidia
pertincmlum priml cognitons. Les ^f^reaiix dio-
célains l'ont ordinairement compotes de l' Archevê-
que , ou Evcquc , d'un député du Chapitre de la
Métropolitaine, ou de la Cathédrale, d'un ou de
deux députés des autres Chapitres , d'un ou de deux
députés pour les Réguliers, d'un ou de deux dé-
putés pour les Curés , & quelquefois d'un députe
pour les Abbés 6c Prieurs commendataires. En quel-
ques Diocèfcs le Doyen du Chapitre Cathédral clt
député né de fon Chapitre , comme à Paris. Il y
.en a où la dépuration pour les Réguliers efl: atta-
chée à certain Ordre , ou bénétice , comme dans
le Diocèfe d'Aire, le Prieur de l'Abbaye de S. Sever
eft député né pour les Réguliers du Diocèfe. Il y
a des Diocèfes où ils font nommés par leur corps
ou leur communauté -, il y en a où ils font nommés
par les Synodes , & en quelques-uns l'Evêque feul
• s'efl: attribué le droit de les nommer. L'Abbé Dan-
GEAU. Les Bureaux Diocèiains furent accordés &
établis par le contrat fait avec le Roi le 8 Août
kJij. Ils ont depuis été autorifés par plufieurs Arrêts
tant du Confeil , que des Parlemens , lùr ce que
leur Juridiction a été fouvent troublée par les Bail-
lifs & Lieutenans Généraux. Les lettres patentes
du Roi en forme d'Edit du mois de Juillet i6i6
les ctabliflent encore , & leur Jurididtion eft confir-
mée par la Déclaration du mois de Mai i6i(î. Le
Gentil.
Bureau , fe dit aulll de la Juridiélion non conten-
tieufe des Tréforiers de France , qu'on appelle Bu-
reau des Finances. Qucejioruz Jurijdiclionis exer-
cendœ locus. Il y a vingt-quatre de ces Burettiix ,
qui font les fiègcs des Tréforiers de France dans
les vingt-quatre Généralités.
Le ^Bureau de U Ville , c'eft la Jurididlion du
Prévçr des Marchands & Echevins. Confefus ur-
bani Collegii.
Bureau , le dit aufTi des affemblées des Juges qm
travaillent à juger des procès , ou .à régler des at-
faires. Conjeffus" judicum adcaujds difceptandas. On
rapporte a "la Chambre des Comptes les grandes
affaires au grand Bureau , Se tous les comptes au
fécond Bureau. La grand'Chambre du Parlement
fait deux Bureaux. Les procès partis fe vont rap-
porter au fécond Bureau. Qn dit qu'un Confeillet ,
ou Rapporteur a le Bureau; pour dire, qu'il a com-
mencé à rapporter un procès , ou qu'il eft le pre-
mier qui doit rapporter. En ce fens on dit aullî qu'un
Préfident a donné le Bureau à. un Confeiller. Acad.
Franc.
Bureau', fe dit aufli des lieux où l'on traite les af-
faires des Communautés. Confeffiis ad controvcrjîas
focietatum communitatum^ue dijceptandas. Le Bu-
reau de l'Hôtel-Dieu. Le grand Bureau des pauvres ,
eft un lieu où s'alfemblent le Lundi &; le Samedi ,
à trois heures^près midi, plufieurs des plus con-
fidérables Bourgeois de Paris , qui ont été choifis
de chaque Paroiffe pour avoir foin des intérêts fpi-
rituels & temporels des pauvres, dont chaque Pa-
reille eft chargée. Ces Meilleurs ont pour chef le
Procureur Général du Parlement , qui préfide tou-
jours à cette Compagnie , ou par lui-même , ou par
quelqu'un de les Subftituts. C'eft de cette Com-
pagnie qu'on tire les Adminiftrateurs des Hôpitaux
de Paris 5c des environs. C'eft de là qu'à Rouen
l'Hôpital général s'appelle le Bureau.
Bureau , fe dit auflî des lieux où l'on fait les recettes
des impôts. Le Bureau du Domaine. Coiifepis ju-
dicum rcs portorii decidentiuni. Le Bureau des Ai-
des. Summi Trihutaricz controverjix cûgnitores. Le
Bureau des Gabelles , c'eft le lieu où les intéteflcs
en ces Fermes difcutent leurs affaires. Tributij'a-
larii cognuores. Il y a des Bureaux des entrées à
toutes les portes. Impofùi rébus inveclitiis vecligalis
judices. Des Bureaux des Traites foraines au paf-
fage des frontières. Mercis exportandœ cujiodes. Des
Bureaux du papier marque , &c. I/npreffa: figillo
redo chartiZ cujiodes. Les Bureaux des Poftes , des
Meflageries.
Bureau", le dit aulTi des lieux où l'on fait quelques
payemens pubics. Erogationum annuarum exhedra.
Il y a à l'Hôtel de Ville plufieurs Bureaux pour
les payeurs des rentes. Les Bourgeois font affûtés
de recevoir leur quartier de rentes à Bureau ouvert.
On appelle auffi ieBureau , le lieu où fe délivrent
les expéditions de MelTieurs les Secrétaires d'Etat.
Kirorum Régi à fanclioribns commentariis conclave.
Ce Capitaine elt allé prendre fa route au Bureau.
Bureau , fe dit encore de certains lieux établis pour
y expédier des aéles publics de Juftice. Le Roi pat
fon Edit de i66^ , pour le contrôle des exploits ,
ordonne que des Bureaux foient établis dans tous
les Bailliages , Sénéchauilees , &c. où tous exploits
feront regiftrés , à l'exception de ceux qui concei-
nent la procédure & inftruéiion des procès.
Bureau , eft aulli une table garnie de quelques tiroirs
ou tablettes , où les gens d'aflàires ou d'érude écri-
vent 6c mettent leuis papiers. Abacus. J'ai enfermé
ces papiers dans mon Bureau.
On dit figutément , favoir le vent du Bureau y
connoîrre l'air du bureau ; pour dire , connoîtie ou
preilentii le fentiment des Juges qui ont com-
mencé de travailler à une aflàire. Judicumjenten-
tiam odor.ari.
Bureau , fe dit auflTi d'un lieu établi pour vendre de
certaines marchandifes. Officma. Le Bureau des
flambeaux.
Bureau d'adresse , eft un lieu où l'on va donner
Si. prendre des avis pour les choies dont on a be-
foin. Le premier defiêin du Bureau d'adreffe eft
dans les EJJais de Montagne. Son premier ctablif-
fement à été fait par Théophrafte Rcnaudot, Mé-
decin, par lettres patentes. A^oye^ Adresse.
On appelle Bureau d'adreffe , une femme qui
fait beaucoup de nouvelles , &: qui les va débiter
par-tout. Cette femme eft un vrai Bureau d'adrejje ,
une Gazette. Cela eft familier.
Ce mot , Bureau , vient de bure , Se s'eft dit
d'abord du lieu où s'affcmbloient les Juges pour
d^bércr , parce qu'ils étoient anciennement icpa-
rcs du peuple &c des cliens , par de grands rideaux
de bure. Sidonius Apollinaris a remarqué ces ufages
dans une de fes lettres , où il fait le portrait de
Theodoric , & décrit la manière dont il rendoit
la juftice. Menest. Hifi. de Lyon ,p 345.
BURELE. f, f. C'eft , en termes d'Armoiries une fafce
de huit pièces ou plus. Pomey.
BuRELLES , font des fafces diminuées en nombre pair.
Fafciœ minntxpari numéro oclonœ autetiamphires.
BURELÉ , ÉE , adj. Terme de Blâfon , qui fe dit d'un
Ecu compofé de diverfes fafces d'émail différent en
nombre égal , &: particulièrement de dix. Scutum
fafciis minutis numéro pari dijlinclum , duplici mé-
tallo feu colore alternatum. Quand il y en a da-
vantage , il en faut faire l'exprelTion en blafonnanr.
Quand il y en a moins , ©n dit feulement fajcé. II
faut que ces fafces diminuées foient en nombre
pair ; .lutrement on les appelle tr angles. La Ro-
chcfoucaut porte Burelé d'argent &: d'azur à rrois
chevrons de gueules brochant fur le tout. On a fait
en armoiries le tetme de bureU d'une efpèce de
cloifon à bandes , ou liteaux couchés , qui laiffoienr
des efpaces vuides d'égale largeur à ces tringles
ou liteaux. Menestr. Hiji.de Lyon., p. 345.
|cr BURELLA ou CITTA BURELLA. Petite ville
B
lîH
d'Italie au Royaume de Naples , dans l'Abniize
citéricLire.
JfT BUREN, Ville des Provinces -Unies , dans la
Gueldrc , avec titre de Comté au quartier de Bctu we.
IP" BUREN. Petite ville de Suiile , au canton de
Beme, ilir l'Aar,
$3- BUREN. Petite ville d'Allemagne, au Cercle
de Weftphalie, Evêchc de Padcrborn.
BURET, 1'. m. Eipèce de poidbn , d'où l'on tiroit au-
trefois la pourpre, Aîurex.
BURETTE, f, f-. Petit vaillcau pour mettre du vin &: de
l'eau dont on le fert particulièrement .à portée le vin
& l'eau ncceffaires pour le iacrifice de la Melfe, Ur-
csolus. Les turetus font une partie' de la chapelle
d'argent d'un Prélat.
BURETTIER, Ç. m, C'eft un nom qu'on donne à un
certain nombre de Prêtres qui vont dire leurs méfies
à Notre-Dame , dont le principal devoir eft de por-
ter & rapporter les burettes des Chapelles,
BUREVA. Petit pays d'Efpagne , qui fait partie de la
Caftille. Biireva. Le Royaume de Navarre croit
compofé de laCantabrie, de la Rioja, de la Bureva,
que le Roi Dom Sanche avoit détaciiée de la Cal-
tille, P, d'ORL,
ffT BURG. Petite ville des Provinces-Unies , dans
le Comté de Zuphten , far le vieux Illcl,
BURG ALÈSE, f, f. Laine qui le tire de Burgos.
BURGAN de reinture. On nomme ainlî dans les Iles
Antilles Francoifes , un poiiïbn tellacc qui produit
une efpèce d'écarlatte ou de pourpre,
BURGANDINE. adj. f. C'eft le nomquc les ouvriers
en nacre donnent à celle qui vicnr du Burgau , qui
eft un limaçon des mers des Antilles. La nacre ^«r-
gandine eft la plus belle de toutes.
BURGAU. f. m. Limaçon qui fe trouve dans les mers
des Iles Anrilles, Quelques - uns écrivent BUR-
GAULT,& d'autres BOURGO,comme Denys dans
fa Defcript. di C Amirique feptentrionale, P. I.C.^ ,
où il dit que vers la baie de Sable en Acadie , on
pêche force coquillages, & entr'autres des Bur^os.
Les Burgaus font aulfi communs dans les mers" de
nos Iles , qui font bordées de rochers , que les li-
maçons le fonr en France, P. du Tert, V'oyei aulîî
LoNviLLERS , Hifi. nat. des Ant. Liv. I ,ch. 19 , art.
4. Il y en a de deux fortes : les prcm.iers & les plus
communs croiflent quelquefois juiqu'à la grolleur du
poing ; mais ordinairement ils n'en excédent pas la
moitié. C'eft de leur coquille que les ouvriers en
nacre rirent cette belle nacre, qu'ils appellent la
huraandine , & qui eft plus eftimée que celle des
perles. Le dehors de cette coquille eft gris , brun ,
noir & blanc j & quand on l'a bien dccralle, elle de-
vient argentée , & d'une grilaille lî luftrée , que tout
l'art d'un Emailleur n'en fauroit approcher. Pour
cela on la fait palier lùr la meule douce, par l'el-
prit de vinaigre , de fel , ou l'eau féconde , qui lui
ère toute fa crafl'e , & la fair devenir comme une
grande opale marbrée de blanc , de verr & de noir.
Le poillbn qu'elle renferme a une écaille ronde ,
noire , & mince comme une feuille de papier , at-
tachée à fa tête, mais qui eft plus dure & plus forte
que de la corne, C'eft un mufcle avec lequel ce poif-
fon bouche & ferre li fortement le trou de fa co-
quille , qu'il eftimpolTible de l'en tirer , fans la rom-
pre ; mais quand ils font cuits , on les en tire aifé-
ment, C'eft la nourriture ordinaire des gens peu à
leur aife. Ce poillbn a un certain boudin amer , que
l'on dit être fiévreux,& qu'il faut tirer par l'extrémité
du lim.açon. On ne mange guère que ce qui eft tour-
né en limaçon, &: rempli d'une certaine malle verre ,
que quelques-uns difent être fes excrémens ; d'aurres
veulent que ce foit les herbes qu'il a mangées ,mais
qu'il n'a point encore digérées, C'eft le fentiment
du P. Du Tertte , qui dit aulfi que c'eft une mauvaife
nourriture.
L'autre Bureau , qui eft plus petit , n'eft eftimé
que parce qu'il eft plus délicatement ouvragé que
le premier. Il eft plat par delfous , &: a un petit trou
rond, dentelé , qui va depuis le milieu jufqu'au hiut
B TJ R î I c
de la coquille , tout en tournoyant cortme un lima-
çon ; cette coquille eft de la largeur d'un écu , &:
de la longueur d'un pouce. P, Du Tert. Hili. des
Antiq. T. IK, C. § y. Foye^ Coquillage.
^ Burgau. Ville & Château d'Allemagne, dans le
cercle de Suabe , capitale du Margraviat du même
nom , litué dans la Suabe , entre î'Evcché d'Augs-
bourg & le Danube , appartenant à la maifon d'Au-
triche.
ifT BURGDORF. Petite ville , avec un châte;u,en
Suilfe ,dans le canton de Berne , chef-lieu dun BaiU
liage du même nom.
IfT BURGEL. Petite ville d'Allemagne , dans le cer-
cle de la Haute-Saxe , en Milhie\ chef-lieu d'un
Bailliage de même nom , fur la Sala.
ffT BURGHELLI. f. m, , ou Petits Bucemaures,
Nom qu'on donne à Venife à de petites barques donc
on fe fert pour le promener fur les bords de la mer.
^ BURGLEN, Petite ville de Suilfe , dans le Thur-
gou. Il y a un village de même nom au canton d'Uri„
§C? BURGLEHN. On nommoit ainli autrefois en
Allemagne une ligue défenlive entre deux familles ,
qui devoir avoir lieu non-feulement entre les parties
exiftantes , mais aullî entre leurs héritiers &del"cen-
dans à perpétuité , & en vertu de laquelle l'une clés
deux familles venant à s'éteindre , l'autre devoit lui
fuccéder dans tous fes biens , droits & prérogatives,
Encyc.
iO- BURGIAN. Ville d'Afie , dans la Khoralfane , fuc
un lac de même nom.
fp" BURGMANN. C'eft ainfi qu'on appelle , dans les
deux villes de Fridberg & de Geinhaufen en AUe-
magne,lesConlcillcrs de ville quiélifent leBurgrave.
BURGOS, f. m. Bravium,M.isbur^um,Biirs,i. Ville ar-
chicpifcopale d'Efpagne , capitale de la Vieille-Caf-
tille. Quelques Roisde Caftilleont fait leur rélidcn-
ce à Burgos. L'Evêché d'Auca fut transféré à Bur^os
en i075,& érigé en Archevêché en 1^71 par Grégoire
XIIP , à la prière de Philippe IL La cathédrale de
Bursos eft renommée par ia grandeur &: fa beauté.
L'Abbaye-Royale de Sanda-Maria de Lis Huel^as
Bernardas , fondée par Alfonfe VHP, vers le com-
mencement du XliP lîècle ne l'eft pas moins. L'Ab-
bellc de ce Monaftère , qui eft fous les murs de Bur-
gos , eft Supérieure de vingt-iix autres couvens. Elle
a le tirre de Sennora. Ce Monaftère n'a point d'égal
en richefles & en grandeur , dit Gilles Gonzalès d^^-
villa,dans izTliédtre Ecclcjia^. des Eglifes d'Efpagne.
Voyez cet Auteur fur Burgos , T. III , p. 1 &c i'itiv.
On ajoure que l'Abbelfe de las Huelgas eft Dame
de quatorze villes & de cinquante bourgs ou villa-
ges , dont elle nomme les Gouverneurs & les Magif-
trats , qu'elle difpofe auîlî de douze Commanderies.
L'Hiftorien que j'ai cité ne dit rien de ce détail.
Ip- BURGRAVE. f, m. Burgravhis. Titre & dignité
en Allemagne. Les Burgraves , dans leur origine ,
étoient les Gouverneurs des forterelfes de leur dif-
triél. On les nommoh Comités Cajtellanes. Le Buf-
graviat de Nuremberg appartenoit à la maifon de
Brandebourg. Celui de Magdebourg A celle de Saxe.
En Bohême, le principal Officier qui fait les fonc-
tions de Viceroi , eft nommé Burgrave. L'on rap-
porte l'origine de celui de Nuremberg à l'Empereur
Henri IV, lequel donna le droir de bourgeoilie à
certe ville, en i i(îo , après avoir fait bâtir une cglife
à Dieu , fous l'invocation & le nom de Sr Gilles.
D'autres rapportent ce Burgraviat à Conradll, en
911 , temps auquel Nuremberg fit partie de l'Em-
pire Romain, Dans la PruH'e , le Burgrave eft une
des quatre principales charges de la province. En
Gueldres, \t Burgrave deNimcgue eft Prclîdent des
étais de cette province. Il y a d'autres pays où cette
dignité eft avilie,fur routdans le Palatinat.De quinze
familles qui jouilToicnt autrefois dans l'Empire du
tirre de Burgrave , il n'en refte plus que deux , celle
de Daun &: celle de Coinhberg.
Ce mot vient de l'un',, qui (îgnifie Ville on Bourg,
8c de Grave , qui liirnine Comte , ou Ju<:;e.
BURGRAVIAT f. nC Burgraviacîis Prcefeclura. Qe'l
Pij
ïiG BTJR
•la chargea la dignité de Burgrr.ve. 5//r?/.îvM/ cft
aiillî le territoire dépendant d'un Burgrave.
BURGUNDE ou BURGONDE. Nom de peuple.
Burgundiis. Voyez Bourguignon; c'eft le même
peuple , 6c communément on fe fcrtdumot de Bour-
guisinon , mQmç en parlant des premiers Burgondes.
Je n'ai vu jufqu'ici que M. de Tillemont , qui em-
ploie le mot Burgonde. Zozime prétend que les
Gots , les Carpes , tes Biirgundes & lesBorans , tous
peuples qui habitoient le long du Danube , rava-
gèrent toute l'Illyrie & toute l'Italie. Tillem. , au
IV^ Tom. de fon Hift. des Emp.p. 17 & 18. Il dil-
tingue les Z?«r^o«</t;j des Bourguignons. Les Gots,
dit-il , après avoir vaincu les Burgondcs,itiv3:\\\o\tnt
à les exterminer entièrement ; mais les Biirgondes
étoient foutenus par les Alains & les Tervinges.
• Une autre partie des Gots , jointe aux Taifales ,
faifoit la guerre aux Vandales &i aux Gépides. Les
Bourguignons avoient occupé divers pays fur les
Allemands. Il a retenu le nom de Bursondes , pour
ceux qui relièrent iur les bords du Danube , 3c il
appelle Bourguignons czax qm paflerent le Rhin ,
& s'établirent en Gaule.
BURGUNDIONS. f. m. pi. M. Corneille , dans fon
Diclionnaire-Géographique , a fait ce nom du latin
Burgundiones , mais mal. Quoiqu'en parlant des an-
ciens peuples on le ferve Ibuvent de leurs noms la-
tins ou tarées, en y donnant une forme françoilc ,
comme'nous l'avons dit bien des fois , on n'en ufe
pas néanmoins ainfi, par rapport à celui-ci , & l'on
dit toujoufs Bourguignons , même en parlant des
anciens peuples qui paflerent le Rhin, & vinrent
s'établir dans la Séquanoiie , à laquelle ils donnè-
rent le nom de Bourgogne. C'ctl ainli entr' autres que
parle toujours M. d^e '^Cordemoy , ne diiant jamais
Burgundions , lui qui par-tout ailleurs emploie les
anciens roms des peuples & des pays.
fCT BURIA. Les habitans de la Carinthie appellent
' ainfi un vent d'Eft qui règne quelquefois chez eux
avec tant de violence , qu'il tl capable d'empor-
ter les voyageurs avec leurs montures , & de ren-
verfer tout ce qu'il rencontre.
^ BURICK. Petite ville d'Allemagne , fur le Rhin,
au Duché de Clèves.
BURIDAN. Nom d'homme. Buridan étoit un Doc-
teur 6c Reélcur de l'Univerfité de Paris dans le XIV
fiècle, 6c il pafla pour un des plus habiles Philo-
fophes de fon temps. C'eft de lui qu'eft venu le pro-
verbe que l'on dit à un homme irrcfolu , qui ne fait
à quoi fe déterminer , qu'il rellêmblc à l'âne de Bu-
ridan. Ce proverbe eft fondé fur ce que difent les
Philofophes , 6c que difoit apparemment Buridan,
qu'un agent qui n'eft pas libre entre deux objets ,
qui ont une égale force pour le déterminer , ne fe
déterminera jamais à l'un plutôt qu'à l'autre. Par
exemple , un âne au milieu de aeux picotins d'a-
voine tout femblables, également diftans, agiflant
lut lui avec une égale force , ne fe déterminera ja-
mais à l'un plutôt qu'à l'autre , 8c mourra de faim
entre les deux. Cela me fait appréhender qu'il ne
t'arrive comme à l'âne de Buridan , qui mourut de
faim entre deux picotins d'avoine , faute de fe ré-
foudre auquel il devoir alonger le cou, parce qu'ils
croient également diftans de lui. Mascur , /j. z 5 . Il
paroît par les Annales de Bowgogne dcParadin,
L.II, p. 171 > qu'en Bourgogne on dit l'âne Bur-
din , au-lieu de l'âne de Buridan , ?>: il rapporte une
autre origne de ce proverbe. Calixte II , dit-il , prit
prifonnier un Efpagnol nommé Burdin , qui avoir
été fait Antipape contre Gelafe II , par l'Empereur
Henri. C'efl: celui qui prir le nom de Grégoire VHP,
au commencement du XIP ficcle. Il n'étoit pas Ef-
pagnol , mais Limoufm mené en Efpagne par Ber-
nard, Archevêque de Tolède , & élevé enfuite à l'E-
véché de Brague. Ayant été pris à Sutri par le Car-
dinal de Crème , on le revêtit d'une peau de chè-
vre fanglante , les cornes élevées fur fon front ■■, on
le fit monter fur un chameau , le vifage tourné du
Cuté de la queue de la bête , qu'il lenoit de la main
B U R
en fofme c\c bride ,& en cet état on le promena dans
Rome. Quelques-uns difent , ajoute Paradin, que le
proverbe de l'âne Burdin , fréquent en Bourgogne,
prit de-là ion origine.
BURIN, f. m. Pointe d'acier qu'on poufîe avec h
main pour graver fur les métaux , foit argent, cui-
vre ou étain. Cœ/um. On appelle une planche gra-
vée au i-urin , celle dont on tire les images en taille
douce, à la différence de celles qui font gravées *.n
eau forte , qui font plus rudes.
Les Serruriers ont aulfi des hurins. Ils en ont de
plac^ , de coulans , de carrés , 3c d'autres propres à
piquer les rapcs. Ils fe fervent de hurins plats pour
fendre les panetons des clefs , 3c c'eft encore avec
ces forres de burins qu'ils coupent & emportent le
fer à froid , lorfqu'il s'y trouve des grains.
On ditfîgurémcnt d'un Graveur , que c'eft un bon
hurin ; pour dire qu'il manie bien le iurin. Ctefi
truclandi peritus artifex.
(ter On dit encore mieux qu'il a le hurin délicat , élé-
ganr. En parlanr des eftampes gravées au hurin, on
dit c'eft le hurin d'un tel. On dit auHi qu'un hurin
a du mérite , du goût , &c. pour dire les eftampes.
0C? Burins , ou Tappes , en marine , font les outils
dont on fe ferr pour calfarcr les vailfeaux.
Burin , eft auffi un rerme d'arracheur de dents -, c'eft
un inftrument d'acier avec lequel ils nertoient les
dents en les raclant forrement. Dentij'calpium.
BURINER, v. a. abfolu. Graver avec le burin fur let
métaux. Calare. Buriner une planche. Faire buriner
des armes. Buriner les dents, c'eft les nettoyer avec
le burin , comme font les arracheurs de dents. Pur-
gare , radere ,Jca/pere dentés.
BÙRINÉ,ÉE,part.
§3* BURKEN. Ville d'Afie , dans la Perfe , au Tur-
queftan.
ÇCF BURLATZ. Petite ville de France , dans le Lan-
guedoc , fur la rivière d'Agoût.
BURLESQUE, adj m. & f. 3c f. m. Plaifant , gaillard ,
tirant fur le ridicule. Style bouffon , rempli d'ex-
prelîions propres à faire rire', poeiie triviale 6c plai-
lânte , propre à jeter du ridicule llir les chofes ou fur
les perlbnnes, Jocularls , ludicra diclio. Ce mot eft
ailez moderne , ainli que le genre fmgulier de poefic
qu'il exprime. Sarrafui fe vantoit d'en avoir ufé le
premier. Il nous eft venu d'Italie , où il y a quantité
de Poètes hurlefques, dont le premier a été Bernica ,
6c enfuite Lalli, Caporali , &c. La fureur hurlefque fô
déborda en France , 8c y fit d'étranges ravages -, mais
on s'en guérit bientôt , 3i. elle n'y régna pas long-
temps , à caufe qu'on introduilit trop de licence ,
tant dans les fujets que dans les vers , 3c trop de ridi-
cules plailântcrics. Le burlefque y étoit devenu tel-
lement à la mode , qu'en 1 1Î457 il parut un livre avec
ce titre , La pajjion de notre Seigneur en vers bur-
Uj'ques. Scaron y excella , 3c fut agréablement ri-
dicule. On appelle en profe , ftyle burlefque , celui
où l'on emploie des mots qui ie difent par pure
plaifanrerie , 3c qu'on ne fouftre point dans le
fcrieux. Ce ftyle fouffre rout. Le P. VavafTcur a fou-
tenu , dans fon livre De ludicra diclione , que le bur-^
lej'qiie a été abfolument inconnu aux Anciens, quoi-
que quelques-uns difent que du temps de Ptolomée,
fils deLagus , un nommé Raintou avoir traité en
ridicule des lùjets férieux de Tragédie.
Zn dépit du bon fens le burlefque effronté
Trompa les yeux d'abord,plutpar fanouveauté. Boil_
Mais laijfons le burlefque aux plaifans du Pont-Neuf.
Idi;m,
f aime affei Bergerac, &• fa hmlcCque audace. Id,
On voir par plusieurs exemples que l'on vient
de cirer que l'on ditaufîi le bur/efque iahR:a.nm ms.f-
culin , pour lignifier le ftyle burlefque , comme on
dit le françois", l'italien, l'efpagnol, l'allemand, 6v.
pour la langue françoife , iralienne, efpagnolle , &c.
Naudé traite du burlefque dans fon Mafcurar , p.
z\o 3c fuiv. où il y a plufienrs chofes fmgulières ,
tant fur le ftyle hurlefyue des François , que fur ceiloi
B tr s
des italiens ; 5c à h p. iio Scfuiv. il cxariiine /i k
poeiie burkfqiie croit en vogue chez les Latins ,
^:oinme elle ccoit de l'on temps chez les François &
Italiens , & il diftingue quatre efpèces A< poàie la-
tine burlefquc , tant ancienne que moderne.
BtTB-LESQUE , adj. Il ie dit par extenfion , de ce qui ett
plaiiant ou extravagant. Cet homme a une mine
huTkfque, Pofture hurkfqm. Cette adion fut bur-
lefijue. AcAD. Fr.
BURLESQUEMENT. adv. D'une manière burlefque
& ridicule. Ludlcre. Cet homme parle toujours /^k/--
hfquement. Il eft vêtu burlefquement ; c'eft-à^dire ,
plaifamment & ridiculement.
feURLETTE. ;^c>yc^ BuLLETTE.
BURON. f. m. Vieux mot franço!S,qui figni/ioit au-
trefois un lieu où l'on ie retiroit pour boire & man-
ger. Cajula , gurgufiium , Il n'eft plus d'ufage qu'en
cette phrafe proverbiale. Il n'a ni maifon ni" buron;
pour dire, qu'il n'a point de lieu ciertain pour y cou-
cher ou y manger.
Ce mot vient de vibur , ou vibure j qui fignifîe
en quelques lieux une carrière de pierre dure qui
n'eft point fujette à la gelée, dont il y en a beau-
Coup en Bafligni : de forte que le proverbe veut dire
qu'un homme n'a point de maifon , rti de pierre de
quoi en faire. Ménage le dérive du grec ,i6pio, , qu*il
dit avoir la même fignificatiOn. En Auvergne , on
appelle buron , un petit toit de betger ou de chc-
vrier bâti fur le haut de la montagne l où il fe retire ,
quand le temps j^rmet d'y mener paître fes trou-
peaux.
BURQTJET. f. m. Sorte de poire appelée autrement
Rufféite d'Angleterre. C'cft une poire de Septem-
bre & d'Odobre , qui n'eft pas bonne. La Quint
1^ BURSAL , ALE , ad), qui s'emploie ordinaire-
ment avec le mot édit. L'cdit burfab eft une pu-
nition pécuniaire. Pecuniarius. Qui concerne la
bourle.
^BURSE, BOURSE , BROUSSE & PRUSE.
Ville de la Turquie en Alîe, dans la Natolie , vers
le mont Olympe.
ÈURY. f f. Terme de Fleurifte. Nom d'une anémone
à peluche. La Bury eft d'un blanc fale , mêlé d'in-
carnat. Sa peluche eft fort étroite.
BUS.
BUS , en termes de blâfon , fe dit de la repréfentation
des figures humaines , quand il n'y a que la tête , le
col & une partie de la poitrine finiifmt en pointe.
Signum peclore tenus efformatum. Ainfi on dit , un
bus de Religieux , un bus de femme , des bus de
Reines, Dans la langue ordinaire on dit bu flow bt/Jie,
en prononçant \'s.
^ BUSART. Voyei Buse.
Buse. f. m. Morceau de bois , d'ivoire ou de baleine,
que les femmes mettent dans les corps de jupe pour
fe tenir droites. Aff'ula , régula peÛoralis, On fait
des bufcs de baleine, d'ivoire, de bois Verni. On
en fait auOl d'acier.
On appelle auffi bufcs , un treillis dur & pi-
qué que les Tailleurs mettent au bas du pourpoint
des hommes par devant , pour leur donner plus de
fermeté. Virilis thoracis anterior pulvillus.
§0" On appelle aufli bufc , en Arcliitedture , un aflcm-
blage de charpente , compofé d'un feuil , d'un heur^
toir contre lefquels s'appuient les bas des portes
d'une éclufe,avec un poinçon qui joint enfemble
le feuil & ks heurtoirs , & quelques liens de bord
pour entretenir le tout. Une porte bulquée eft celle
qui eft revêtue de cet affemblage. Encyc.
BUSCHE. f -) BUCHE.
BUSCHER. 3 I, ( BUCHER.
BUSCHERON. ) '^"^'^ C BUCHERON.
BUSCHETTE. ^ ^ BUCHETTE.
f^ BUSDASCAN. Voyei Badaschian. '
BUSE. f. f. D'autres difent bufard, & quelques autres
blafard ;m.^\s, ce dernier eft le moins bon & le pre-
mier eft le meilleur. Oifeau de proie qu'il eft im-
ÈÏJS
... ^^1
pôiïîbie de dreffer , qui eft une cfpèce d'aic^Ie poi^
tronne. Percnos. Percnvpuros. La buje eft ioujouri
affamée , crie toujours , & ne fe jette que lUr la proie
morte. C'eft de toutes les aigles celle qui a le moihi
de cœur. Elle eft plus grande que le çerfaut , mais
«on vol eft plus court. Sa queue eft longue. Elle a
quelque rapport avec le vautour. Elle eîl appelée
par Ariftote féconde efpèce d'aigle ou cicrôcrne de
montagne , à caufe de fa grandeur. Aldrovandus
lui donne le nom à\ngle-v:iutour , & la décrit ain(i •
elle elt de la grandeur de l'aigle royale , • appelée
Uiryj.tctos; mais d'une figure ridicule -, elle â le bec
prefque tout droit Jufqu'au inilieu i il eft à l'ex-
tr^cm.rc très-erochu à la manière des l^aUtcJurs. Il
eu blanc à la partie d'enhaut jufqu'à i'endrûit au-
quel Il commence à fe courber -, le refte en eft
noir. Le deiîbus eft blanc , & fon ouverture de
f OLileiir châtain -, fes yeux font blanchâtres , leurs
prun.-Lcs lont noires ; fi tête eft pareillement blan^
ch.itre , tirant un peu fur le brun 5 fon cou îuf-
qu a la moitié , fivoir , la partie d'enhaut , A
cnauve & couvert de quelques petites plumes très^
menues , qui blanchilfent à l'extrémité de cet en-
droit chauve qui fiit comme le milieu du cou ,
ainh que de poils hérilfes & crépus , ou comme
de grands crins, qui tombent fur les autres plumes.
A la poitrine & au dos paroilfenr de fcmblableg
poils ; fut- tout le derrière jufqu'au bas du crou-
pion elle a une efpèce de cuculle qui s'étend juf-
qu'au milieu, fini/larit en pointe comme un trian-
trle. Le champ de fon pennage eft d'un châtain
obfcur nrant fur le noir. Sa queue eft lorio-ue ,
les pieds lont blancs. Ses jambes font obfcureS,
On lui voit une tache blanche très-remarquabld
uir la tête.
Il y a encore une bufe , ou bufart de Bellon.
Percnopteros , Oripelargns. On en voit grande!
abondance en Egypte , en Syrie & en France. Le
champ de fon pennage eft noirâtre. Son vol eft
court & fa queue longue. Il a peu de ccetir. U
fréquente ordinairement les environs des villages ^i
■ & fe perche bas. On en voit l'hiver darts les maré-^
cages. Il fe nourrit d'infedes & de volailles, qu'il
furprend autour des villages. Il a très-ptu de cœur^
cC on he le tient pas pour véritable efpèce d'aio-Ie.
^oyei BoNDRiE. °
Il y a encore une autre efpèce d'oifeau qifon
appelle bufe en françois , Se en latin buteo , &
Triorchis en grec. C'eft le plus couard de tous
les oifeaux. Bien qu'elle foit auflî grande que lé
milan , elle ne lailîe pas d'êrre pourfuivie & rtife
en fuite par les autres petits oifeaux. Elle a le bed
fort gros , d'un noir tirant fur le bleu , la mem-
brane qui le couvre à l'endroit & proche de fe^
nazeaux eft jaune < l'ouvcrrure en eft jaunâtre. Sa
tête eft platte comi-np celle du faucon , & d*une
figure triangulaire. Sa langue eft large & épailft
fans pointe. Ses yeux font' brillans , faits en ovale
& éveillés. Leur prunelle eft fort noire. L'iris quî
i'environrte eft d'un gris cendré ; fon cou eft court
& gros, &: bien garni de plumes. Tout fon dos,
)u(qu'àfa queue, eft de couleutde rouille tirant fut
le brun; fon ventre eft entièrement blanclxâtre, &
fcmé de taches de couleur de rouille. Sa queue 'eft
large & travetfce de plulieurs raches. On l'appelle
Triorchis en grec ^ parce qu'on dit qu'elle a trois
tefticules.
On dit proverbialement d*un fot , d'un ftupide,
que c'eft une bufe. On dit au/IÎ, qu'on ne fauroit
faire d'une bufe un épervier ; pour dire , qu'il y â
des gens incapables de fcience & de difcipline. Ce
proverbe eft dans le Roman de h Rofe , v. ^jU,
J'ai ouy , ce n'efî d'kuy ne d'hier j
Dire qu'on ne peut efpervier
En nul temps faire d'ung buyfarC,
Ces deux mots , félon Ménage , viennent dfi
Buteo. Butco , tufeo , btifea , bufe, BufearJus ^
i8
B US
tufard. M. Huct dit que bufard efi: un augmen-
tatif de biife , 3c qu'il vient de l'arabe baion ,
faucon , cperviet. T. i , des Dijj'trt. rec. par M-
de. Tilladct , />. 1 8 1 .
Buse, f. h Terme de ''Mineur. Tuyau de bois ou de
plomb, qui Icrt de communication entre les puits
dans les mines , & qui y conduit l'air. Lanalis.
BUSIRIS. r. m. Roi d'Egypte, fils de Neptune U
de Lybie lillc d'Epaphus^ il ctoit li cruel , qu'il lacri-
fioit tous les étrangers à Jupiter. Ilbcrate a tait
le Panégyrique de Bujiris. Maximin fut appelé un
autre Bujiris.
BusiRis , Bujiris , eft le nom d'une ancienne ville
d'Egypte , capitale d'une Province , ou No-
mus , à qui elle donnoit l'on nom. Quelques-uns
dérivent ce nom de celui du Tyran dont nous
venons de parler , d'autres de celui d'Ofuis j d'au-
tres de Bafir , fils de Cham. C'ell le fentiment des
Arabes, le P. Kirkcr , (Bdip. jEg. T. I, p._ 14,
• croit qu'elle fut ainfi nommée , parce qu'Oliris y
ctoit honoré , Se que Bujiris eft la même choie
que léroit en Cophte Bous Ncfriji , c'eft-à-dire ,
Bœuf du Roi , ou Bous OJirin , Bœuf Ollris.
BUSQUE. Voye7^ BUSC.
BUSQUER, V. a. Chercher. Foris quœrere quod non
invenias domi. Fortunam tenture. Il ne lé dit pro-
prement qu'en cette phrafe , bufquer fortune , en
parlant de ces gens fans bien , qui vont parle monde
chercher à vivre , 6c à faire fortune.
II fignifie aufTi , mettre un bufc dans un corps
de Jupe. Cette femme ne fort jamais qu'elle ne foit
bufquée,
BUSQUÉ, ÉE, part. Porte Bufquée. Voyez Buse,
ou Architecture Hidraulique.
Ce mot vient tout pur de l'Efpagnol , où le mot
de bufcar iignifîe proprement chercher,
]BUSQUIERE^ f. f. eft le trou ménagé dans un corps
de jupe , dans lequel les femmes fourrent leur
bufc. For amen per quod régula pecloralis inferitur.
On le dit auifi de l'extrémité tonde de leurs
corps de jupe par où elles commencent <à foifirrer
leurs bufcs.
BusQuiÈRE, fe dit aufll d'une petite pièce d'étoffe
brodée , que les Dames qui font en manteau met-
tent devant leur eftomac fur le corps de jupe ,
& qu'elles laiilént un peu entrevoir. Tœnia peclo-
ralis.
BusQuiÈRE , fe dit encore d'une manière de petit cro-
chet , que les femmes portent à la ceinture , &
qui à l'un des bouts eft affcz fouvent en forme
de petite rôle ornée de diamans , de perles, ou
d'autres pierres prccieufes. Fibula. Il y a des buf-
quiercs d'argent , où d'acier poli , pour les limples
bourgeoifes.
BUSSARD. f. m. Vieux mot françois , qui lîgnifioit
un vaijfeau à mettre du vin , qui vient félon du
Cange , de bu<^a qu'on a dit pour buta , bouteille.
Vas vinarium , œnophorum.
BUSSE, f, f. ou BUSSARD. f. m. Efpèce de futaille
dont on fe fert particulièrement en Anjou. Le
iuffard eft la moitié d'une pipe. Il eft égal à la
demi^ueue d'Orléans , de Blois , de Nuis , de
Dijon &: de Mâcon , ce qui revient aux trois quarts
du muid de Paris •, en forte que Buffard eft com-
pofé de ii(j , pintes de Paris.
%T BUSSERETH. Ville d'Afie , dans l'Arabie Pétréc.
VoycT^ BosTRA.
^fl BUSSETO, Buxetium. Petite ville d'Italie, en
Lombardie , au duché de Plaifance , chef-lieu d'un
petit pays ou état entre le duché de Parme , le
Tenitoire de Plaifance, & le Pô qui le fépare du
Crémonois.
BUSSIERE-POITEVINE. Petite ville de France dans
la Marche.
|t? BUST ou BOST, ville de Perfe , capitale du Sa-
blcftan.
^C? BUSTE, f. m. Ouvrage defculpture , repréfentant
une figure humaine qui n'a que la tête , l'eftomac
èc les épaules fans les bras. Statua dimidiâ jui
BUT
parte infcrne trunca. On le met d'ordinaire fur
im piédeftal ou une confole. Quoiqu'en Peinture
l'on puiiiê dire d'une figure , qu'il n'en paroît que
le bûjie , comme d'un portrait à demi-corps , on
ne rappelle pourtant point un bujie ; ce mot eft
rélérvc , & déterminé à ce qui eft de relief. Fel.
Les Vocabuliftes décident pourtant qu'en ter-
mes de peinture, on appelle Bujle un portrait à
demi-corps , où la peribnne ne paroît que jufqu'a
la ceinture. On ne les en croira pas fur leur pa-
role.
Buste, fc dit auHl du tronc du corps d'un homme,
depuis le cou jufqu'aux cui/fes. Quelques-uns croient
que ce mot vient de l'allemand brujl , qui fignirie
Veliornuc,
Ménage le dérive de bufque , à caufe que les
femmes mettent leurs bufques en cet endroit du
corps , que les Italiens appellent bujio.
En termes de Blàfon on a^ipelle buJie , une tête
d'homme ou de femme , nue ou coéfFée , peinte
de front jufqu'à la poitrine , & qui eft fans bras.
Quand il eft de profil , il en faut faire mention.
IJCF Dans le commerce , on appelle bujïe , les boé-
tes de fapin dans lefquelles on apporte les rai-
iîns de Damas.
BUSTROPHE. f. f. Terme dogmatique. On appelle
Bujlrophe la manière d'écrire de la gauche à li
droite, & enfuire de la droite à la gauche , fans
difcontinuer fa ligne , parce que quand l'écrivain
eft arrivé au bout de fa ligne , au lieu d'en venir
commencer une autre, comme nous le pratiquons,
il courbe la première ligne en demi-cercle , &
revient par une féconde ligne , qui n'eft que la
même continuée , au côté du papier dont il étoit
patti. Les vers s'écrivoienr autrefois de cette ma-
nière ; c'eft pourquoi , félon Marins Viclorinus ,
on les appeloit verfus a verfuris , c'eft-à-dirc , à
repetita fcriptura ex parte in quam définit , comme
les iillons du labourage , ce qui s'appelle en grec
B»s-/io4)j)^o» boutn verj'atio , Scc. d'où a été formé
le mot françois Bufirophe. M. Funccius , dans fon
Traité de l'enfance de la langue latine , femble
être du fentiment que l'on écrivoit non-feulement
les vers de cette manière , mais encore tout le terte,
parce que , dit-il , le mot verfus fignifie une ligne,
yoye^ BOUSTROPHEDON.
BUSTUAIRE. f m. Gladiateur , qui fe battoit autre-
fois chez les Romains auprès du bûcher d'un mort
à la cérémonie de fcs obféques. Bujluarius. La
coutume fut d'abord de facrifier des captifs fur le
tombcju , ou près du bûcher des guerriers. On en
voit des exemples dans Homère aux obféques d«
Patrocle , Iliad. Liv. XXIII. & dans les Tragiques
Grecs. On croyoit que leur fang appaifoit les Dieus
infernaux , &; les rendoit propices aux mânes du
mort. Dans la fuite cette coutume parut trop bar-
bare , & au lieu de ces viélimes on fît combattre
des Gladiateurs , dont on crut que le fang auroit
le même effet. Au rapport de Valère - Maxime ,
Liv. Il, Ch 4. & de Flofus dans fon Epitomc ,
Marcus, & Decius , fils de Brutus , furent les pre-
miers qui ho:iorerent .à Rome les funcr.ailles de
leur père par ces fortes de fpedlacles , fous le Con-
fulat d'Appius Claudiu'; , & de M. Fulvius l'année
489 de Rome , & la première de la première
guerre Punique. On croit que les Romains prirent
cet ufage cruel des Erruriens, qui peut-être l'avoient
pris des Grecs.
Ce mot vient de bujlum , qui fignifie le bûcher
fur lequel on brûloir le corps d'un mort , & au-
près duquel les bujiuaires fe battoient , ce qui
leur fît donner ce nom.
BUT.
BUT. f. m. Point où l'on vife & auquel on veut
atteindre. Signum dejiiiiatum , meta , Scopus. Ce
joueur de boule mec tous les coups fur le but.
Cet Arqucbulier a remporté le prix , il a donac
UT
B U '^
darts le l'Ut. Le cceui de l'homme eft Comme un
but où chacun vife. Ablanc.
1^ But , relativement à la conduite d'un être pen-
fant , ou coiiiidérc comme penfant , fe dit dans
un i'ens figuré , pour lignifier un objet déterminé
Se fixe auquel les allions de cet être font diri-
gées. Finis. C'ell le hut que je me propofe. Voilà
mon hiit.
gCF II ne fout pas éortfondre i>ut , vues & delTein.
Le eut , dit M. l'Abbé Girard , eft plus fixe ; c'ell
où l'on veut aller ; on luit les routes qu'on croit
y aboutir , SC l'on fait Tes efforts pour y arriver.
Les vues 'font plus vagues ; c'efl: ce qu'on veur
procurer ; on prend les mellires qu'on juge y être
utiles ; & l'on tâche de réufTir. Le dejfein eft plus
ferme ; c'eft ce qu'on veut exécuter -, on met en
œuvre les moyens qui parollFent y être plus pro-
pres -, & on travaille à erl/venir à bout.
gCT Le dsjfcin & les vues font en nous ; le i>ut efb
hors de nous. On fc propofe un but. On a des
vues. On forme un dejfein. Le véritable Chrétien
n'a d'autre but que le Ciel , d'autre vue que de
plaire à Dieu, ni d'autre dejfein que de faire fon
fàlut. La railbn défend de fe propofer un but ,
où il n'eft pas podible d'atteindre , d'avoir des
vues chimériques , &: de former des deffeins qu'on
ne fauroit exécuter. Si mes vues font julles , j'ai
un dejfein dans la tête qui me fera arriver à mon
but.
|fcT Aller au but , c'eft aller direélement à la fin
qu!x3n fe propofe. Et l'on dit toucher au but ,
fraper au but , pour dire , démêler un point coa-
troverfé , trouver le nœud d'Une affaire , d'une diffi-
culté. Summa , cardo , nodus.
On dit adverbialement , But à but ; pour dire ,
d'une manière égale. Ex aquo , paribus momentis.
Il joue-contre un tel but à but ; il ne donne & ne
reçoit aucun avantage. Ils ont fait un troc bnt à
but ; c'cft-à-dire , fans retour , troc de Gentil-
homme. Se marier but à but , fans que l'un faffe
aucun avantage à l'autre.
Je ne veuxrie?i, dit-il, en fe jeti.int par terre ,
Foing de fouhaits , point de tonnerre ,
Seigneur , demeurons but à but. Perr.
C'eft-à-dire , demeurons quittes , n'ayons rien à
démêler enfemble.
De but en blanc , c'eft aufîl une façon de par-
ler adverbiale, qui dans le propre fe dit en par-
lant d'armes à feu & de gens qui tirent. Cela
lignifie depuis le lieu où l'on eft pofté pour tirer ,
jufqu'à celui où l'on doit tirer , 8C où eft attache
le blanc auquel on vile. DtT C'eft la portée d'un
moufqUet ou fufil tiré horifoiitalemerit , dont la
bouche ne haufle ni ne bailTe. Quarld on tire de
but en blanc , on fuppofe que le boulet ne s'é-
carte point .de la ligne droite avant que d'arri-
vé} au but. Reclâ à lineis ad metam. Le canon
des arquebufes buttières peut porter de but en blanc
mille pas ou environ. Gaya , Tr. des armes.
On le dit aulfi au figuré -, pour dire , tout droit ,
brufquement, fans réflexion, fans garder de mefurc.
En venir de but en blanc à l'union conjugale , il
n'y a rien de fi marchand que ce procédé. Mol.
BUTAGE. f. m. Droit de corvée.
^CT BUTE, f f. inftrumcnt de maréchal qui fert à
couper la corne des chevaux. Scalprum, C'eft auffi
un terme de blafon. On voit cet inftrumcnt fur
piufîcurs écus.
BUTEALT. f. m. GrofTier , lourdaut , butor. Ce der-
nier mot eft plus en ufage aujourd'hui. P. de S.
Julien prétend que Buteau vient de Caç-TAç , bœuf-
Dieu , qui s'eft dit d'Apis , ou Sérapis , que les
Gaulois adoroient aufll-bien que les Egyptiens , &
que ce mot qui de foi n'eft point une injure , s'eft
dit par ceux qui ne l'entendoient pas pour une
injure, & un reproche. du naturel du bœuf, qui
1 ïî^
eft d^être lourd U grofîîer. Anu^iutt de Bourg,
p. izy.
BUTEE, f. f. Terme de Maçonhcrie. Voye^ Buttée*
1^' BUTELER. vieux verbe. Vii'er à un but. Il y
a d^iutres lujets qui ont butclé qui à gauche j qui
à dcxtre. Mont. Edit. de Rouen. i6^x. p. 480.
ICF BUTER. V. n. Fraper au but. Toucher le but»
Coliunare , Collincare. Cfn le dit au jeu de pau-
me ev de billard , Se à d'autres jeux où l'on hut^i
où l'on frappe au but,
^CF Buter. ( fe ) v. récipi Prendre une réfolutioil
ferme , fe déterminer , s'arrêter à quelque chofe»
Je me bute à cela. Il le bute à l'exécution de cet adte*
^j^ Buter , ( fe ) ié dit auffi de deux perfonnes qui
font toujours oppofécs , contraires l'une à l'aurre*
Ces deux frères fe butent , font toujours butés l'uri
contre l'autre; Adverjdri,
^' Buter , fe dit encore dans le figuré , pour ten-
dre à un but , à une fin. C'eft à quoi je bute. Ce
Prédicateur bute à l'Évêché. Tout cela eft du ftyld
familier.
^fF Buter , enMaréchallerie jfe ditd'un cheval qui à
les jambes fi loiblcs , que la moindre inégalité dil
terrein le fait broncher. Ce cheval bute à chaque
pas dans le plus beau chemin. Foyes^ BRONCHEk ^
Chopperj
CCT Buter , ferme d'Architéélure , d'Agriculture SiC
de Jardinage. Foye^ Butter
BUTE, EE, part. Gens butés l'un contte rature,
oppofés l'un à l'autre.
Buté j fignifîe auffi , fixé à uti certain point où l'on
fe tient opiniâtrement, fixus , Jirmus , pertinax.
Il a offert une telle fomme de cette charge , il el^
buté là -j il n'en donnera pas davantage.
En terme de chaffe , on dit qu'un chicii eft buté,
lorfque la jointure des jambes de devant lui groffit*
Tu/fiens , tumidus , injlatus. Voyez Buture.
BUTES. 1"; m. Un des Argonautes qui fut honoré
après fa mort par les Athéniens comme un Hé-
ros !, il eut même un autel dans le temple dT-
reéthéé.
1^ BUTHUS, fameux Athlète, mahgeoît, dit-on, un
bœufentierdansun jour.Depuis on donna le nom de
Buthus aux grands mangeurs qu'on ne peut raifalier,
BUTIÈRE. Voyei BUTTIÈRE.
BUTILIER. f. m. Nom d'un Office. Dans le Chapitre
de Laon , on donne ce nom au Syndic du Chapitre,.
BUTIN, f. m. Ce mot ti'a point de pluriel. Argent,
habits , beftiaux , tout ce qu'on prend fur les en-
nemis pendant la guerre. Prceda. Chez les Grecs
le butin fe partageoit en commun •, le Général en
prenoit feulement une plus greffe portion. Pa£ la
difcipline militaire'des Romains ^ le butin fait fur
les ennemis , appartenoit à la République. Les par-
ticuliers n'y avoient point de part -, les Généraux
qui fe piquoient de probité , faiibient porter au
tréfor public tout ce qui provenoit du pillage.
Quelquefois on diftribuoit le butifi aux foldats
pour les animer , & pour leur teilir lieu de ré-
compenfe. Cette difttibution dépendoit des Géné-
raux , qui en ufoienr avec prudence. Autrement
c'étoit ufi ciime de péculat , que de diftraire , ou
de S'emparer du butin , qui régulièrement appar-
tenoit .ad Sénat , & devoit être tranfporté dans
le trélbr. Les Conllils Romulius &: Veturius furenr
condamnés pour avoir vendu le butin fait fur les
Equcs. TiTE-LivE, Liv. VIII.
Selon Grégoire de Tours le butin fe partageoit
anciennement au fort entre les François , & le
Roi lui-même n'avoir que le lot qui lui échéoit,
Grotius.
Ip" Aujourd'hui par le mor de butin , on n'enrend
que ce que les foldats pillent fur les ennemis.
En termes de Marine quelques-uns diftinguenc
le butin du pillage , & difent que le butin eft le
gros de la prife , & le pillage la dépouille des
habits , bardes & cofiies de l'ennemi , & de l'ar-
gent qu'il a fur fa pcrfonne jufqu'à 30 livres.
Butin, fe dit figurément de tout ce qui eft enlevé
I20 BUT
cil quelque manière &c pat quelque choie que ce j
foit.
gC? Comme on voit au printems la diligente abeille.
Qui du butin des jieurs , va compojcr Jou miel.
BOIL.
C'eft un diminutif du bas allemand lute , qui
fignifie la même choie.
Butin, fe dit auHi des voleurs. On a attrapé ces Bo-
hémiens , & on s'cft faili de tout leur butin.
BUTINER. V. a. ablblu. F.iire du butin. Piœd.iri ,
prczdam facere. Ce pays eft gras , il y aiua bien
à butiner. Ces troupes ont bien butiné en ce pays
là , mais ellcS n'ont pu profiter de leur butin.
On dit figurcracnt îx poétiquement , que les
abeilles vont butiner fur les fleurs.
^ BUTIREUX, EUSE. adj. Qui eft de la nature
du beurre. Quod ad butyri naturam accedit. On dii-
tingue dans'^le lait trcvis fortes départies : la luti-
reufe , qui efl la cralfe dont fe fait le beurre -, e'eft
la crème , & ce qu il y a d'onctueux qui s'cieve
au deffus du lait ; hfereufe , qui eft le lait clair ;
& la cafeeufe , qui eft la plus cralle & la plus f':che ,
dont on fait le fromage. Foye^çcs mots & Lait.
Butor, f. m. Gros oifeau, efpèce de Héron fainéant
& poltron, marqué de tachrs rouiîés en forme d'é-
toiles , d'où vient qu'on l'appelle Ardeola ajterias.
On l'appelle aulii taurus-, ou bos-taurus , a caufe
que quand il crie le bec plonge daAs la boue, il
fait un bruit qui imite le meuglement du tau-
reau. C'eft de-là qu'eft dérivé le iVom de Butor.
Lorfque le butor approche de quelqu'un , il cliaye
de lui crever les yeux. BrLON.Il y a deux efpècesde
butor. Le grand butor rougeârre , ci le butor luipé.
Crand Butor rougeatre. ArdeafielLiris major. Eft
lin oifeau qui approche fort du naturel du Héron ;
mais il n'eft ni li'bon ni ii eftimé. Il eft toujours-
fur les bords des étangs , & fe cache dans les rofeaux
& les joncs, ne vivant que de poiHbn, de gre-
nouilles, & desiiifeélcs qu'il y rencontre. Cet oi-
feau a quantité d'amers auffi-bien que le Héron. Quel-
ques-uns font cas de fa chair -, mais elle fent trop
la fauvaginr. Son bec eft très-dangereux ; il s'en
défend parfaitement bien. Pour fa figure , il eft de
là grandeur d'un Héron ; mais fes jambes Ibnt'plus
courtes. Il a les plumes rouannes , marque'ées de ta-
ches brunes par le travers : ion cou eft long d'un
pied &: demi , bien environne de plumes pâles ,
marquées de taches noires -, il en eft mieux garni
deffus que délions. Les plumes qui couvrent ledelllis
de fa tête font noires. Il a les trous des ouïes larges ,
& environnes de petites plumes fauves. Son bec eft
droit, plus petit de beaucoup que celui du Héron ,
n'étant que de cinq ou iix doigts de longueur , d'une
couleur entre le cendré & le plombé, & tranchant
par les bords , gros comme le doigt &; pointu par
le bout , creux par dedans avec de petites entail-
lures. Sa partie d'enbas s'emboîtç dans celle de de/îlis.
tellement qu'il Icmble quafi carré avec des cannulcs
par deflus. Il eft garni de plumes noirâtres, celles
d»e delîlis Ion bec font blanchâtres 5 fes aîles font
grandes , & contiennent vingt-quatre grofîes pennes,
& quatre en chaque petit aîleron. Sa queue eft
courte , ic compoféc de huit pennes à gros tuyaux;
il i, les yeux rouges & ovales ; fes paupières font
fans poil ; fes janibes ont environ un pied de long;
elles font d'une couleur entre le jaune & le plombé ;
fes doigts font grands aulll-bien que fes ongles ,
qui fervent de cure-dents ; les curieux les font quel-
quefois enchâfîer richement , principalement celui
' de l'ergot. On l'appelle Galereau en Bretagne. Il
fait fon nid fur le haut des branches des hauts ar-
bres , & le conftruit de bûcbettes. Il fait trois ou
quatre oeufs. Quand il veut fiire fon cri il fourre
fon bec dans la bourbe , & fait un bruit que l'on
entend d'une demi-lieue , comme fi c'éroit le mu-
giffemenr d'un bœuf. C'eft à caufe de cela que quel-
ques-uns l'ont appelé Taurus , c'éft-à-dire, Tau-
ques-i
BUT
reau i ou Bas - Taurus i Bœuf-Taureau ; Sc c'efl dé
ce derniet- nom latin qu'eft formé le françois butor.
B»TOR HtJi-ji. Ardea Jtellaris cirrata. Cet oil'eau eft
de tous côtes d'une même couleur ; favoir roufsâ-
;re , moins par le devant , & plus par-deflbus. Ses
jambes & fes pieds font bruns ; fon bec jaunâtre,
Aldrovand dit qu'on en prit un dans les marais de
Boulogne en Italie ; il avoit le bec long d'une palme ,
de couleur de corne , droit & pointu : la mandi-
bule de defliis étoit un peu courbée vers lafin,&:
plus longue que celle d'en-bas , avec quelque noir-
ceur. Il avoit le Ibmmct de la tête noir. Son cou
étoît de cowleur de rouille , long de deux pal-
mes. Il étoit noirâtre fur le dos. Il paroiUbit en-
core tout jeune. Sa queue étoit pareillement noire '■,
le bas de Ion croupion étoit blanc ; fa queue croit
fort courte ; les ailes étoient en partie de couleur de
rouille. Si en partie blanches; fes jambes ctoienr
longues de neuf pouces. Le cercle qui environne la,
prunelle de fes yeux éroit jaunâtre.
On dit figurément d'un homme ftupide & iiul-
adroit , que c'eft un gros butor ; parce que cet
oifeau eft foc & parelTeux. Stupidus ,Jlclidus yplum-
beus , jiipes. Pefte foit du gros butor. %fT On dit
de même d'une femme , que c'eft une butor de. Voyez
cette mal-adroite, cette bouvière, cziï.q butorde.
Mot .X'expreffion n'eft pas noble.
BUTTE. V. fl Petite terre y lieu un peu élevé par na-
ture ou par art. TuwmIus. On a rafé la butte laint
Roch pour y bâtir. Ils apperçutent une butte oc-
cupée par les ennemis. AblAnc.
Butte , eft audl le jeu des Chevaliers de l'Arquebufe,
la mailbn où tirent les Chevaliers de l'Arquebui'e.
Et l'on a dit la butta des Archers, la butte des Al-
balêtriers , la butte des Arquebùhers. Les Rois des
buttes , qui croient la même chofe que les Rois' des
Arbalétriers ou dt?s Arquebuliers, c'eft- à-dire, ceux
qui avoienr lemportc le prix. Les Chefs des i^w/^^.
Voyez Le Maire, Hill. d'Orléans ^ pao. 515.
%fF Butte, fe dit particulièrement d'une petite élé-
vation de terre ou de maçonnerie au inilieu de la-
quelle on place le bur où l'on tire.
Dans ce fens on appelle poudre de butte , de li
poudre à canon fort fine , pour charger les arque-
bufes de ceux qui rirent au blanc pour les prix.
Pulvis nitratus tenuijjimus , fubtili(Jlmjis, Leur lice
s'appelle aulîi la butte.
Ménage dérive' ce mot'de/^o/M, ?<. botontinus ^
qui fe trouvenrchez les Latins en cette fignificarion.
On dit figuréI^lenr , être en butte à l'envie, à la
îiicdifance j pour dire , être expofé aux traits de
l'envie , de la médifance. Expofitus ad invidiam ,
maledicentiam. Dès que l'on eft trop fenlible , on
ne peut plus comprer fur fbn repos , & l'on eft
en butte à tous ceux qui nous veulent chagriner,
Bell. Le bien eft en butte à ceux qui ne le font pas,
Abb. d. l. Tr,
Cet illujîre affligé ne veut pas dans' fa chute,
Laijfer à tant de maux tant dépeuples en butte. Breb,
Butte , en Architecture. Voy. Buttée.
Butte. Terme de Jardinier. Morte de terre qu'on éle-
vé au pied d'un arbre nouvellement planré pour
l'affermir , ou dans laquelle on planre l'arbre. Tu-
mulus , tuberculum, Planrer des arbres en butte ,
c'eft les planter non pas dans un trou creufé au-
delîbus de la fupefficie , mais dans une morte ou
élévation de terre que l'on fait exprès au-delTus de
laTuperficie, afin de les y phnzsï. In tumulis con-
ferere , plantare. Cela fe pratique à l'égard des pe-
tits arbres que l'on plante dans une terre trop hu-
mide , ou qui n'eft pas encore égalée & mile de
niveau avec le refte du terrein. La Quint. Il fe
dit aulfi d'un amas de terre, ou de fumier , dont
on couvre une plante , ou une herbe pendant l'hi-
ver , pour la garantir de la gelée. Voye^ Butter.
Jardinage.
BUTTEE, f. f. Terme de Maçonnerie. Malllfd&pîerreï
dureî^
B II V
B U 2
ïii
dnrcS 5 qui aux deux extrémités d'un porii: j foûtîe'nt
la chaullce &c rciîftc à la pouilce des arcades» Moles
ih.xca. On l'appelle auili ôiute cC eu/ce.
0- BUTTER. V. a. Terme d'Architcdure Si de ma-
çonnerie. Uiutcr un mur , une voûte , c'eil (ou-
tenir un mur oti une voûte par le moyen d'un pilier
bourant, d'un arc boutant , pour les empêcher de
s'écarter -, empêcher la pouiîce d'un mur, ou l'ccar-
tcmcnt d'une voûte par le moyen d'un arc ou pi-
lier boutant j appuyer les reins d'une voûte par
quelque contrefort. Fulcire. Il faut butur ce mur.
^fT BaxTER un arbre en termes de J.^.rdinage , c'cft
le garnir de moit:s de terres autour du pied pour
le ibiitenir: ce qui fs pratique lûrtout ci l'égard des
arbres de tige nouvellement plantés , que le vciit
pourroit renverfer fans cette précaution.
0Cr On hutte encore les arbres , c'eft à-dire qu'on
les contient avec de la terre ama/lce autour du
pied , pour les garantir d'une trop grande humV
dite dans les terres fraîches, ou dans une terre qui
n'efi: pas encore mi!e de niveau avec le refle du
tcrrcin.
^3" RuTTFR une Plante, c'c'^ la couvrir de terre
ou de fumier pour la garantir de la gelée pendant
l'hiver.
0Cr On hutte aulfi le céleri , les Cardes d'Artichauts
&c , c'efl-à-dirc qu'on les entoure de terre , pour les
faire blanchir.
^fX Butter des terres , c'efl: les mettre en petites
buttes , pour faire plus facilement écouler les eaux,
f S° Butter un jalon , chez les Arpenteurs , c'efl: le
mettre à la haureur du nivellement par le moyen
de la rerre qu'on rapporte au pied.
|!Cr BUTIERE , ad). t\ qui le joint avec le mot ar-
quebufe. Arquebufe biit'ùre , efpèce d'arquebufe dont
on fe fcrt pour tire» au blanc , au but. Elle ne dif-
fère des autres qu'en ce qu'elle efl: plus grande &
plus pefante. Les Chevaliers de l'arquebufe fe fer-
vent de huttïeres pour tirer l'oifeau &: le prix.
^ BlJTtlMAN. f. m. Poids d'ufage en Perle , d'en-
viron vinfft-cinq livres.
EUTU. adj. m. Les chèvres de la Thébaïde font
grandes comme les nôtres, avec les oreilles de la
grandeur d'un chien couchant bien coëffé , le vi-
fage très-agtcable , avec un nez butu , nès-hutu
comme.... je vcudrois bien vous donner une com-
paraifon , mais vous lavez que nous ne connoiHbns
point de nez de perroquet. Abbé de Chaulieu , p.
241 du 1 tom. de fes cÉuvres in-'6°, Amjh ij^'^.
BlJTURE. (. £ Terme de Charte. Grodèur qui fur-
vicnt à la jointure au-deilus du pied du chien de
chaffe j dé fdtte qu'il lui tombe des glaires
qui, lé rendent boiteux ; ce oui arrive fouvent par
quelque piquure d'épine. Tunior. On appelle un
chien attaque de ce mai un chien hutê.
tfT BUTYREUX, EUSE. Foyci Butireux.
^ BUTZAW, Ville d'Allemagne , dans la baflb
vSaxe i du Duché de Meckelbourg , dans l'ancien
état de révêque de Schwerin.
IP^^BUTZBACH. Petite ville d'Allemagne , dans la
W'téravie, dans le Comté de Solins, entre Franc-
fort & Giefen,
B U V,
Buvable, adj. m. & f. Qui fe peut boire. Ce viri
là fera bon, mais il n'eft pas encore buvable. Il efl:
familier.
BUVANDE. f. f. A In Campagne on appelle ainfi la
liqueur qu'on exprime du raifm , quand orl en a
tiré le vin. On verfe fur le marc de l'eau, on fait
agir le prcilbir, & la liqueur qu'on en exprime
s'appelle huvande , palace c^e les gens; de la cam-
pagne en font leur boidon. Les Villageois font
auiîi de la huvande , en mettant dans une barri-
que des raif.ns , cormes , pruneaux , pommes ou
poires , fur lefqUels ils mettent de l'eau. On Tippelle
autrement ;'/,'7/crr<? ou de la hoiffon.
EUVANT , ANTE. part. Qui boit , ou qui eft en
état de boire, bibens. Cst homme a fept enlans ,
'Tu me II,
tous bieh huvans & bien mangeans 5 qui fe pdrtèht
bien.
BUVEAU. f. mi Foyei Beveau.
§Cr BUVERIE. 1: f. Vieux mot. c'eft la même chofé
que Beuverie.
BUVETIER. {'. m. Celui qui tient la buvette en plu-
lîcurs Jurididions. Qui potum pnzbet.
Elle eut du Buvetier emporté les ferviettes j
Plutôt que de rentrer au logis les mains nettes. RÀciiii
BUVETTE, f. f. Lieu crabli dans toutes les Cours 6c
Juridiétions, où les Confeillers vont ié rarraîchirj
tlcjeûner & faire la collation. Locus potioni ddii-
natus:
Thcmis înfpire à la Buvette
Aux Magijtrats la plus droite équité }
A l'audience on vous répète
Plus d'un arrêt que Bacchus a diclé.
Ce mot lignifie audi un régal qu'on fait dans tés
cabarets, ou autres lieux, entre amis qui fe veu*
lent réjouir. C'oot/om//o. Maisencefens il n'eft prei-
que uliré qu'au pluriel , & feulement dans le ftyle
fimple & familier. Il eft défendu par les ftatuts des
Métiers de Paris , de faire des buvettes pour la ré-
ception d'un apprenti.
BUVEUR, f. m. Dans un fens général , celui qui boit.
• On dit en ce fens, vin qui rappelle (on buveur j,
en parlant d'un vin agréable , qui invite celui qui
en a bu à en boire plus d'une fois. Pvtator.
fcT Buveur fe dir plus fouvent dans un fens odieux ^
de celui qui aime le vin , qui eft accoutumé à en
boire beaucoup. Vinipotor , ou vinipotator j vinofus.
Tous les peuples du Septentrion font de grands bu-
veurs. Bacchus étoit le Dieu des buveurs chez les
Païens. Horace a dit que les buveurs d'eau ne font
jamais que de mcchans vers. S. Evr. On appelle
un buveur d'eau , celui qui ne boit que de l'eau
ou du vin fort trempé. Hydropotes-.
Les Anatomiftes appellent aulfi Buveur , le troi-
fième mufcle de l'œil qui fert à le faire mouvoii'
du côré du nez j parce que c'eft un mouvemenr qui
fe fait d'ordinaire quand On boit. M. Dionisle nom-
me audi adducteur , 8c lifeur.
BUVOTTERi V. n. Boire à petits coups réitérés*
Sorbillare , pitijfare. Ils partent enfe.mblc des jour-
nées entières à buvotter. Il eft familier,
BUY.
BUYE f. f. Vieux mot qui fignifie une cruclie , ©u
vairteau à mettre de l'eau. On dit aujourd'hui Buire,
Hydria , urceus.
ffT "BUYGEN ou BUGEN. Royaume le plus fepten-
trional de l'île de Ximo au Japon, dont la Capi-
tale eft Kokura
BUYO. f. m. Terme de Botanique, Nard. Antoine
Reche parle de trois plantes dans fon Livre //^%
c. 57, qu'il nomme Buyo. Ce font lans doute les
mêmes que la queue de Renard. Saururus. Il leur
dorlne prefque les mêmes qualités & effets. Plu-
mier.
CCr BUYTRAGO, ouBUTRAGO. Petite ville d'EP
pagncj dans la nouvelle Caftille j aux confins de
la vieille.
B U Z.
BliZANÇAIS ou BUZENÇOIS. Buiencœum. Ville
de France en Berry. Ce mot eft écrit dans Moreri ,
Buien^ais : cela eft mal ; car on prononce Bu-*
pences.
liO" BUZARD. f m. V^oyei BusE,
BUZE. f. f C'eft le nom qu'on donne aux tuyaux
des foufflets. On les fait de fer , de cuivre , d'ar-i
cent , '& quelquefois de bois. Les hu^es de ces fou-
flets grortiers furent faires avec des canons de pi*
ftolets. L'Abbé Desfontaines*
Î22 - B y S
ffy BuzE , Terme de Marine , flibot , petit bâtimenb.
yoyei Bue HE.
BuzE , terme de mineur, l^oye^ Buse.
|ÎCF BUZET, Petite ville de France, dans le Langue-
doc , fur le Tarn , Diocèfe de Touloule.
^y li y a encore un bourn; de ce nom dans le Baza-
dois, auprès de l'emboucliure de ia Biaiie> dans la
Garonne.
B Y A.
ÎBYARIS. 1". m. Efpèce de baleine, ainfi nommée par
les Bafques , & Ciclielot par ceux de S. Jean de
Luz. Quelques-uns croient que c'eft le mâle de la
baleine. Cents , ce:us mas. C'efl: de Ja cervelle de
hyaris , que le fait le blanc de baleine.
tp- BYCHOW. Petite ville deLithuanie, au Pala-
tinat de M^cii'la^y , lut le Nieper, entre Mohilow
de Rohaczow.
§3" BYDGOST. Petite ville de Pologne , dans la
Prulle Royale , la mime que Bromsberg,
B Y G.
BYGOIS. f. f. Nvmphe d'Etrurie , qui avoir écrit des
foudres, & dont les livres Etruriens des Arufpices,
les livres falgurcux Se leurs Rituels parloient. -Ser-
vius Se Ciccron en font aulîi mention,
B Y S.
. BYSANTIN. Foyei Byzantin.
BYSSE. Terme de blàlbn. /^ojt'{BissEi
BYSSE. f. m. Ceft le nom de la foie dont les An-
ciens s'habilloient, Byjfus. Elle ctoit fi dilfcrcnte
de celle dont on fe lerr aujourd'hui , qu'on ne doit
pas confondre deux chofes lî dilférentes fous un
mime nom. En Egypte Sc en Syrie on portoit du
fin lin, du coton, èc du l'yûe. Fleuri.
Le mot de i>yjf'e n'eft guère en ufage. Les Inter-
prètes de l'Ecriture expliquent communément le
mot byfftis y qui vient du grec /sûs-o-»? , ^iifin lin ,
tant dans l'ancien que dans le nouveau Teftament
au ch. i6 de S. Luc 19 , où il eil dit dans notre
édition latine conformément au texte grec , du
mauvais riche induehatur purpura & byffo : Mrs
de Port-I4oyal ont traduit , qui étoit vêtu de pour-
pre & de lin -, ce qui n'exprime pas allez la pro-
priété du mot hyjfus qui lignifie quelque chofe
qui eft plus que de iimple lin. Les Pères Jéfuites
ont traduit , qui s'ho-billsit d'écarlate & de toile
fine. Le P. Amelote , qui a voulu s'accommoder à
nos ulages , a mis dans fa verlion, qii" il étoit vitu
de pourpre & de foie. On lit de la même manière
dans la traduction de Calvin , & dans l'efpagnole
imprimée à Venife eti 1 5 ?(> : mais by(fus étoit autre
chofe que notre foie , comme on le peut prouver
évidemment par un grand nombre d'anciens Ecri-
vains , i<c entre autres par PoUux , Liv. P^II àt fon
Onomaft. ch. 17. M. Simon a traduit plus à la
lettre , qui fe vctoit de poupre & de fin lin , avec
cette note : Il y avait une efpèce de fin lin qui étoit
fort cher , & dont les plus "rands Sei^neursfc vètoient
en ce pays là & dans Egypte. Ce Riche en avoit un
habit de couleur de pourpre. Cela s'accorde parfai-
tement avec le Lexicon de Héfychius. Bochart a
aulfi remarqué dans fon Plaleg , Liv. III, ch. 4
que ce qu'on appelle byffus étoit un lin fort délié ,
qui étoit fouvent teint en pourpre. Pline aifure que
le byffe étoit une efpèce de lin très-fin. P?ufanias
dit la même chofe -, il remarque que dans toute la
Grèce il ne ofoilfoit de bvffe qu'en Elide. Il faur
qu'il y eût deux fortes de byffe , l'un beaucoup
f lus fin que l'autre ; car Bonfrérius remarque que
de deux mots hébreux qui fignifient by^e , il y en
a un qui eft toujours employé dans l'Ecrirure
quand il eft parlé des vêremens des Prêtres , &
l'autre quand il eft parlé des vctemens des Lévites :
cette conjeélure paroît fort viaifcmblable. Lei-
B Y Z
dekker croît que le byjjé étoit un lin fort fin &
fort b'anc.
^Zr M. de Fleuri prérend que le by^e , ou byffus, étoh
une foie d'un jaune doré qui provenoit de certains
coquillages de mer.
IJCF Ariftote parle d'un byjfus , tiré des pines-marincs ;
& nomme ainfi la foie de ces coquilles.
§CF Le byj/us des anciens , n'étoit peut-être qu'un
terme générique , qui s'appliquoit à toutes les ma-
tières qui fe filoient , &: qui étoient plus précieufes
que la laine»
B Y Z.
BYZACÈNE, que quelques-uns écrivent BISACENÈj
ou BIZACENE. f. f. Byiacium, By^acenus ager ,
Byiacena Provincia. Ancienne province de l'Alrique
propre , dont la capitale étoit Adruméte. Ceft
mainrenant la partie méridionale du Royaume de
Tunis. La By^acene croit un pays très-fertile , comms
on le peut voir dans Pline , Liv. XFII, ch. 5 , Liv.
XFlll , ch, I o •, dans Varron , De Re Rufiica , Lir.
/, C 44 & dans Silius Italie. L. IX, v. 204, où
on lit communément Buxencia, au lieu de By^acia.
Cette fertilité peu commune a fait croire à Bochart
dans fon Phaleg , L. /, C. 15 que ce mot venoit
du Phénicien «lO > mammelle. Il confirme la con-
jeéture par l'ufage des autres langues , qui fe fervent
du terme qui fignifie mammelle , pour marquer la
fertilité-, témoin Homère , Iliad. I, 141 , & Virgile
i Georg. v. 185, Procope parle d'une ville delà
By:^acène nornmée Mamma. La Byiacene fut auili
dans la fuite une province Eccléfiaftique.
tiYZANCE. Ville très-ancienne, capitale de la Thraccj
By^antium. On ne fait pas au jufte quel eft le fon-
dateur i ou l'origine & le cammencement de cette
Ville. PlufieursHiftoricns difent que ce font les Lacé-
démoniens qui l'ont bâtie. Juftin , Liv. IX , ch, 1
en fait honneur .à Paufanias, Roi de Sparte. Ifidorc
a copié Jurtin 5 mais le P. Cantel , dans fes notes
fur Juftin , prérend que c'eft là une erreur grol-
fière de cet Hiftorien , & que le fondateur de By-
^tnce eft Byzes ou Byzas, Général des Mcgaricns.
Ceft auHi le fentimcnt d'Euftathius dans les notes
fur le Géographe Denys , v. 800 & 801 , où l'on
pourra remarquer qu'en corrigeant Juftin , le P.
Cantel , s'eft auiîi trompé ; car il ne fait qu'un feul
homme de Byzes ou Byzas , Général des Méga-
riens , au lieu qu'Euftathius diftingue Byzes de Byzas;
Se félon lui Byzas étoit fils de Céroeife , fille d'Ioi
éc Byfes étoit un Mégarien , qui cdnduifir-là une
Colonie de fes Compatriotes, qui y bâtirent une
ville , qu'ils nommèrent By^ance , du nom de leiur
Chef Au refte, il lémble qu'il faut plutôt appeler ce
fondateur Byzas que B^es ', car les médailles de
By^ance ont quelquefois d'un côté une tête d'homme
avec ce mot pour légende, BrSAS. Au revers uno
proue de vailléau Btsantiîîn. Cette infcriprion da
revers montre que ceux-là fe trompent, qui , au rap-
port d'Euftathius au même cndroir , difent que le
nom grec de cette ville doit s'écrire par oa
«», BTSANTEioN, & quc Dcuys contre l'ufage. Se
pour faire fon vers avoit retranché 1'« en "difant
(3i»^«.Tio». Au temps de Pline c'étoit une ville libre,
& cet Auteur ajoute, Liv. IF -, ch. 11 , qu'avant
de s'appeler By^ance , fon nom éroit Lygos. Eafta-
rhius dit que Scvère la nomma Antonia. Enfuirc
Conftantin y ayant tranfporré le (îctje de l'Empire
au Commencement du IV' fiècle , il lui donna fon
nom , & ce fut déformais Conftantinoplc , ou la
nouvelle Rome. Enfin , les Turcs qui la prirent l'ati
145;, ont fait de (Jonftantinople Stamboul. Elle
eft fituée far le bofphore de Thrace , ou canal de
la mer noire, fur une langue de terre qui s'avance
vers l'Anatolie , dont éTle n'eft féparée que par un
canal large d'un mille. Ce promontoire s'appeloit
autrefois Chryfoceras , corne d'or. Dion dans Sé-
vère , & Zonaras dans fon hiftoire , ont donne la
dcfcription de By:^ance, Voyez encore les deux
t
BYZ
Tomes d'anciens morceaux de l'hlftoirc de Con-
ftaminople^ que le P. Banduri a tait imprimer ,. &
Pcrrus GiiliuS , De Topographia ConfiantinopoUos,
Pline dit que le premier nom de By'iance fut Litros ^
Hérodote&r les autres arieiens ne lui en donnant point
d'autre que celui de i?)'^(7/2c<î, & quelques-lins croient
que les Aic^ariens la bâtirent di\--lcpt ans après
Calcédoine. Quant à moi , je Icrois plus volontiers
de cette opinion que de celle de Juftin , qui veut que
Paulariias , Roi de Sparte , en foit le fondateur ;
car il efl: confiant , félon Thucydide , que lorfque
ce Général Lacédcmonien la prit fur les PerfeS , il
y avoir déjà 50 ans qu'ils s'en étoient rendus maîtres ,
après que Darius eut pa/fc le Bùlphorc pour aller
contre les Scythes Dir Loir , p, 40.
Il y a cd deux autres Villes de ce nom' , l'une que
Ptolémée place dftis l'Inde en deçà du Gartge ^
&: l'autre qu'Eititathius , à l'endroit que j'ai cité ,
place en Libye.
gYZANT'lN, INE. adj. Qui e(l de Byzance , c'eft-
.■\-dite , de Conftantinople. Byr^antinnsj, By^nitiiis.
Plulicurs pcrfonnaL^es célèbres dans l'antiquité ont
porté le furnom de By7^antin. Etienne Byzantin,
Auteut d'iia D'iélionnairc Gcojjf'aplrique en ftec,-
BYZ lAj
Lcon By^^dntm , Théodore By^^amlm difciples de
Platon l'un & l'autre, Théodore By^anùl m-
et.que du II fiède, qtii après avoir apoRalié par
la craifite de la perfécirtion , fe fit Hérétique, & nii
la divinité de J C. Cependant en ces occaf.ons
on dit plutôt de Byzance que Byzantin. Etienne de
Byzance , Théodore de Byzance , &c. Philippe ayant
ailiégc IS& Byiannns , fut dbliirc de lever le iièee
pour aller faire la guerre aux Scythes. II ne faut
pas toujours dire Byiaiitin , Pufage veut que l'on
diie quelquefois, ^<; Byzance ; par exemple : otï
ne dit point , Etienfte Byzantin , niais Etienne de
tiy lance , Auteur du livre ïii/,', ^,^,,,, , De Urhihis
On dit l'hiftoirc Byiamine , & non pas de Bv-
iance. ^
§Cr Hifloire Byzantine. Corps d'Hiftoire de Cori-
Kantinople , imprimé à Paris au XVIP ficelé
Byzantin , ou turc. f. m. Terme de Fkurilte. Sotte
d Anémone. Anémone By^antina , ou Turcica. Le
Turc , eu Byzantin eft couleur de rofe. Anémone
rojeo colore. Chom.
■CiCr BZO. Ville d'Afrique ,• au Royaume de j^aroc
dans la Province de Hafcore. Marmdl l'appelle
C
Troificme lettre de l'Alphabet , fe
prononce ordinairement comme un
k , devant les voyelles a 8c o , Se
devant les diphtongues au , Se ou ,
comme cahinet, copie, caufe , co«-
/f«r. Devant la voyelle «,& devant
les diphtongues & les triphtongues
qui commencent par un u , le l'on
du c n'eft pas fi dur que devant Va Se Vo , il eft un
peu adouci , comme cueillir , cuiraffe , curieux.
Mais quand le c fe trouve devant les voyelles a ,
o Se u. Se qu'il a une petite virgule deflbus , que les
Efpagnols appellent Cédille , Se les Imprimeurs ç à
queue , on le prononce comme une s ; Se devant les
voyelles i Se e , toujours cômnre une s, c'eft-à-dire ,
qu'il a un fon fiftlant qui fe forme en avançant la
langue vers les dents , entre celles d'enhaut & celles
d'enbas. Le c fuivi d'une k, a un fon fiftlant, mais
grofïîer, & bien différent du fori de l'j- ; celui du
ch. de la langue Françoife eft un fon qu'on peut ap-
peler/j^/^;^/, ou fon du palais i il fe forme en
approchant la langue du palais , Se refTemble au fon
des lettres sh dans les mots Anglois , on c devant
e Se i dans les mots Italiens , excepte qu'en Italien',
le c prend quelque chofc du fon du / , ce qui n'ar-
rive pas eh François quand ow prononce ks let-
tres ch.
Le c fe prononce fortement à la fin de prefquè
tous les monofyllabes, comme en l'ec y' choc , croc ,
froc , hoc,- pic , roc ,Jec,foc. Il y a auffi quelques
mots de pluiîeurs fyllabes , à la firf defquels le c fe
prononce auffi fortement : comme en 6iffac , E/ioc ,
Lamec. Il en fa'Ut excepter almanac. Dans refpeclSe
fufpecîlecCe prononce fans le r, fufpec , refpec. P.
BuFFiER. On peut, malgré cette règle, prononcer
le t enjufpecl. Dans pacl, exact', correct, direct, le c
Se le t fe prononcent. Dans almanac , arfenac , ar-
fenic , cotignac , clerc , marc ,porc , épie , & dans les
mots où le c eft précédé d'une voyelle nazale, com-
rne l'âne, donc , jonc , le <: final ne fe prononce point,
fi ce n'eft devant une voyeHe en- récitant des vers.
C
P. BuFF. , & dans une prononciation foutenué à:
énergique. Quand porc-épic font joints enfemble ,
il faut prononcer le c de porc. Dans ejiomac , tabac i
broc , il rie fe prononce poitit, Id.
Tous les Grammairiens ont remarqué que les ari-
eiens RomaiUs pronoriçoient le q comme le c , Sc
qu'ils pronoriçoient le c coinme nous prononçons
le k. MÉNAGE. Le P. Mabillon a obfervc que Char-'
les-Magnê a toujours écrit ibn nom avec la lettre c,
au-lieiï que les autres Rois de la féconde race qui
portent le nom de Charles , l'écrivent avec un k. Orf
remarque la même différence fur les monnoies.
^ Scaliger prétend que cette lettre s'eft formée dU
K des Grecs , & qu'en rerranchant la colonne ou la
ligne droite, ç'eri eit l'autre moitié. D'autres veulent
que ce Ibit le 3 Caph des Hébreux. Le Cdph,çix effet ,
a toute la inême figure , à cela près , que les Hébreux
lifan'!: de la droite à' la gauche , il eft tourné en ce
leri'^,au-lieu que les Latins l'ont tourne de gauche
a droite, paice qu'ils lilbient ainfi , aufTï-bien q«e
nous-. Cependant le c n'étant point l'a même lettre
<5ue le caph quant au fon , & les Romains n'ayant
point re€u leurs lettres immédiatement des He-
brenx ni des autres Orientaux , mais des (Srecs , il
paroît plus probable que cette lettre a été prifé d'à-'
près le K Grec. Le P. Montfàucon , dans fa Paléo-
graphie ,-3. marqué des formes de K; Grec qui ap-
procherit de celle - cï e- Suidas appelle | le C le
Kappa Romain.
C chez les Roi^fiaîns , ctoic une lettre numérale'
qui fignifioit cent , fuivant ce vers :
Non plus quàm centiim C Htterafertur habefe^
Quelques-uns tiennent que fî on met-toit un titiré
ou une barre au-deffus du C , elle fignifioit cent
mille: on auroit de la peine à en trouver des exerii^
pies chez les Anciens. Il fignifie Caiiis dans les noms
d'homme, comme C. Semptonius , C. Céfar, c'eft-à-
dire , Caius Sempronius , Caius Cefar. Les Romains
en ufoient ain/î,&nous les imitons. ftF Le Ctcn*-^
^4 '
1 2-4
C A A
verfc, ou écrit de droite à ijauche , figniiîe Card ,
nom de temme. C;tte même lettre mite toute feule
marque chez les Jurirconlultes, Codice , ou Conju/c;
&; quand elle ell double , Confiilihus. Cctoit auHi
une lettre funelle : elle llgnilioit Condemno ,]Ç: con-
damne. IT-J" De même qiie la lettre A croit une let-
tre ralutaire,parce que Icil liges jetoicnt dans l'urni.'
une tablette , fut laquelle ctoit écrite la lettre A ou
la lettre C, luivant qu'ils vouloient abfoudr'é ou con-
damner un accule.
Cette lettre cil le caractère difliniStif d'une des
monnoies de France, qui^roit à S. Lo,&qui eft
préfentcment à Caën i lorlque le C eft double , c'cft
la marque de la monnoie de Bcfançon,
Le c dans l'Alphabet chimique ùgnifie le falpc-
tre. DicT. DE James,
Parmi les marchands , certe lertrc lignifie compte.
C. O. compte ouvcrr. C. C. compte courant.
fCT Dans la mulique c'cft le ligne delà mellire à quatre
temps, ë: li le C efl: barre, c'ell: le ligne de la meilire à
quatre temps vîtes , ou à deux temps poics ,' con-
fervant pourtant toujours le caractère de la mellire
à quatre temps, qui eft l'cgalité des croches, Rous,
Dans la Mulique le C niajufcule marque le defllis
chantant dans les balles continues.
ÇA.
^3=- CA. Première partie d'un Tchag , ou Cycle de
dix années , que les Cataïens failbient rouler avec un
autre Cycle de douze, pour compoler une période
de foixante ans , qui lért à marquer les caradères
de leurs années Se de leurs époques. D'Herb, Bi-
blïot. Orient.
ÇA , adv. tantôt de mouvement , & tantôt de repos i
il iiçniîie ici ; mais avec cette différence , que çà ,
quand il eft feul , ne fe joint qu'avec le verbe venir ,
& dans ces phrafes, vien-çà , venei-là ; & qu'/c/, qui
eft de même adverbe derepos &c de mouvement tout
enlémble , fe joint avec toutes fortes d'autres ver-
bes. AcAD. Fr. Venez çâ , c'eft-à-dire , venez ici.
Ehodum , adefdum , hue concède.
IP" Ça , joint avec là ne le met qu'avecles verbes de
mouvement , & lignifie de côté & d'autre. Ils er-
roienr çà & là , hic , illàc. Il s'arrête çà & là.
^ En ça. adv. de temps. On dit en ftyle de palais ,
depuis deux mois , deux ans en çà. Duobus ahhinc
annis.
Depuis cinq ou fix ans, en ça.
Au travers de mon pré, certain ânonpaJfa.KKc.
(tr Qui çà , qin là , pour dire les uns d'un' côté, les
autres de l'autte. Ils vont qui çà , qui là. Alii alib ah-
eunt. ExprelTion du ftyle très-familier,
§;? Deçà , de-là , par-deça ypar-de-là , en deçà, en
de-là. Voyez ces mots. ,
ffT Ça , eft quelquefois une interjedion dont on fe
fert pour encourager , exciter , commander. Ça ,
commençons. Ç(Z , dites- moi. Ça, qu'on mette la
main à l'œuvre!' ^tr'^ , asiejis. Ça la main droite , la
gauche. Cedo dextram ,Jînipram. Ça , ça y qu'on
monte à cheval.
^^3" Ça , fc dit encore tout feul , en répondant à quel-
que queftion , ou pour exptimer le confentement
qu'on donne , comme (i quelqu'un demandoit des
étoffes à un Marchannd , il rcpondroir , ça , pour
dire qu'il va les montter. Acad. Fr.
ScT Or ça , le dit encore pour encourager , mais en
commençant feulement ,&: fans prononcer l'r. Or ,
ça , mes enfans , travaillons.
C A A.
CAA-APIA. Voye:( ci-après C a api A,
CAA-ATAIA. f. m. Pla'nre du Bréfil, qui relTemble par
fes feuilles oppofées , denrelées , fe? fleurs en cafque,
& fa fcmence renfermée dans une gouHe , à l'Eu-
ftaife , au genre de laquelle on pourroit la rappor-
ter. Broyée 5c bouillie dans l'eau, fâ décodion prifc
C A A
en boilTon , purge tbrtement par haut ô: par bas,
D(CT. DE James.
ifS" CA ABAH , ou CA APjEH. Nom arabe , croit celuii
qu'on donnoit au temple de la Mecque, .^c propre-
ment À la tour carrée s que l'on nommoit autre-
ment Te kyblak. D'Herb. Bibliot. Orient.
CAABLES. 1". m.Jc voudrois bien farvoir pourquoi les
Vocabuliftcs en font un adj. fynonyme avec chablis.
Terme de jurifprudence. Ce mot, dans les Ordon-
nances des forêts veut dire , bois verjes & abattus
par les vents. Voyez Chablis.
CAACHIRA ou COACHIRA. C'eft la plante de
l'Indigo , autrement Ami. Voyez ces mots.
IfT CAÂCICA. f. m. Plante umbeilifere , qui croît au
Brélil , dont la racine eft petite , filamenteufe , les
tii^es nombrcufes, genouillées , d'un vert rougcâtre^
les feuilles un peu velues , f%nt vertes d'un côté ,
blanchâtres de. l'autre , & rellêmblent allez à
celles de la Véronique - mâle. Toute la plante
eft remplie d'un lue laiteux. Broyée 6c appliquée y
c'eft un remède excellcnr contre la morfure des fer-
pens. On s'en fert aullî dans les autres bleffures.
IfT CAA-ETIMAY. Plante du Ikélil , dont la tige
verte , remplie d'une fubftance médullaire , s'élève
cà la haureur de trois pieds. Ses feuilles reliemblent
.à celles de l'hylope , & les fleurs à celles du feneçon.
Les feuilles de cette plante font chaudes & acrimo-
nieulés au goût. Bouillies , broyées , elles guériHênt
la gratelle en quelque endroit du corps que ce foit ,■
en" en frorant la patrie affedée.
CA AGHIYNYO. f. m. Périt arbriflcau du Bréfil , de la
grolfeur du firamtoifier. Foye^- en la defcription
dans le Dicl. de James. Ses feuilles pulvérifées font
un excellent temèdc pout les ulcères qui provlen-
nenr d'un princip'e chaud.
CAAGUACUBA, f. m. Périr arbre du BréfiL Foyei-eh
la defcription dans le D":ct, de James,
ffT CAAIGLfE. f. m. &C f. Nom d'un peuple fauvage
de l'Amérique méridionale. Ils habitent féparément
dans les forets entre le Parana & l'Urraic. C'eft de-
là que leur vient le nom de Caaigue , Caaigua , qui ,
fi l'on en croit quelques voyageurs , fignifie dans la
langue de ce peuple homme des bois, for efiier. Voyez^
Hijt. Parag. L. IX, C. 14.
IJC? CAAIO! f. m. Plante du Bréfil , dont Ray diftin-
gue deux efpèces. Il les appelle fenjîtives , & n'en'
dit rien de plus.
ffj- CAANA. Ville d'Egypte ,- fur le Nil , au-deffous
des catarades. Paul Lucas dit que les anciens mo-
numens qu'on y trouve , font croire qu'elle éroit
autrefois confidérable.
CAAOBETINGA. f. m. Petite herbe qui fe trouve
au Bréfil. Il fort des feuilles de fa racine même
qui font blanchâtres par-delfous , & vertes par-
deffus. Sa racine & fes feuilles pilées etrfemble
font bonnes à confolider les plaies.
CAAPEBA. f. m. Plante du Bréfil qui a. beaucoup^
de rapport avec la Clématite. Elle pouffe , comme
elle & comme la vigne , de longs farmens qui ram-
pent fur terre , lorfqu'ils ne trouvent pas à s'ac-
crocher à quelques arbres ou arbriffeaux voifins.'
I^T Ses feuilles font très déliées , les unes ron-
des , les autres en forme de cœur , toutes d'un beau
verr en-deffus. Ses fleurs fonr d'un jaune pâle cn-
deHus , & il leur fuccède un grain de figure ovale ,
gros comme un poids , vert en-dedans , & rouge
à l'extérieur. Sa racine , qui la rend recomman-
dable , n'eft d'abord que de la groffeur du doigt,
& de coulent grife ; mais elle devient noire en
vieilliffant , & de la groffeur du bras ; ce qui a
fait croire qu'il y en avoir de deux efpèces. Cette
racine eft torrueufe , compade , & d'un goût tirant
fur l'amer. On la croir bonne pour atténuer la
pierre tant des reins que de la veffic , pour réfi-
fter au venin &: à la morfure des ferpens. On la
coupe par rranches, SC on la fait infufer quelques
jours dans de l'eau ou autre liqueur appropriée à
la maladie, & le malade en fait fa boiffon ordi-
naire. On tire auffi le fuc de la feuille & de 1»
CÂ1&
C Afi
èacirie pilce,'; cnleinble , &c on les mêle avec îe
vin dont on fait: fa bdiltbn, Voyei. Lémiby qui
en parle d'après Guillaume Pifon.
CAAPIA o'ii CAA^APIA, Tm. Nom d'une plante dii
Brcfil, Caapia , Caa-apia Pifonis. Le Caapia de
Piibn eft une pcrire plante baiic , dont la racine
cft ioni;ac d'un ou de deux travers de doigt, de
la i^rolieur d'une plume de cigrie , & quelquefois
du petit doigt ^ iioueufe , garnie à fes côtés & à
fon extrémité de iilamens longs de trois ou quatre
travers de doigt , d'un gris ftoiràtrc au dehors >
blanche au dedans , prefqu'iriiipidc dans les pre-
miers tîiomens qu'on la tient dans la bouche i d'un
goût par la fuite un peu acre &; piquant.
De cette racine s'elevcnt trois ou quatre tiges
ou pédicules , ronds i de la longueur de trois o;i
quatre travers de doigt , partant chacun une feuille
large d'un travers de doisît , & longue de trois ou
quatre ,■ d'un vert luifarit par-delfus , un peu blan-
châtre par-dcflous , chargée d'une nervure dans
toute ia longueur, & traVerice de quelques Veinei
televces au-dcffus.
La fleur a fon pédicule particulier ; elle eft ron-
de , radiée , approchant de la fleur du Bellis , coni-
polce de plulieurs étamines < portant des femen-
ccs rondes , plus petites que la graine de moutarde.
Cette racine a prefque les mêmes qualités qiie
l'ipecacuanha , ce qui lui a fiir donner par quel-
ques-uns le nom d'Ipecacuanha , maïs mal-a-pro-
pos , comme l'a remarqiïé Pifon lui-même. Elle
arrête le flux de ventre , Se fait vomir, aiilli bien
que l'ipecacuanha , mais non pas (i fortement , ce
qui fait qu'on en peut donner une dofe plus forte.
La dofe eft depuis line demi drachme jufqu'à une
drachme en poudre dans du vin , du bouillon ,
ou autre liqueur convenable. Les Bralîliens pilent
toute la plante,- en expriment le fuc & l'avalent.
Ils fe fervent auffi avec fuccès de ce fuc pour gué-
rir les plaies de flèches empoifonnées & les mor-
fures des ferpents, en le vetfant dans- les plaies.
Pifon ajoute qu'on trouve encore une autre
efpèce de Caa-apia toute femblable à celle que
nous venons de décrire , à la réferve que fes feuil-
les font un peu dentelées à leur? bords , &
velues , auffi bien que les tiges,
CAAPONGA. f f. Nom que ler hahitafts du' Bréfiî
donnent à une efpcce de crête marine ^tJ" & de
pourpier. Ils font bouillir & confire les feuilles &
les jeunes tiges dans le vinaigie , & s'en fervent ,
comme nous' des câpres & des cornichons, poUr ex-
citer l'appétit.
tAAROBA. f. m. Arbre très-coïnmlm au Bréfil.Aoy^{-
en la defcription dans le Dicl. de James. Ses feuil-
les font amères au goût , elles paflênt pour un
ingrédient excellent dans les fomentations , & les
bains , lorfqu'elles font icchées & broyées. ^3* Pri-
fes intérieurement , elles palTent pour déterfivcs ,
deflicatives , & bonnes contre les maladies chro-
niques. La conferve préparée avec feS fleuis , a les
mêmes propriétés,
€ A R-
CAB ou CABE. f. m. Nom d'une mefure de blé ,
félon PoUux & Héfychius. Cabus. Tirin , dan^
fon Traité des mcfures & des vafes , dit que le Cabe
ctoit la même choie que le Chenix des Grecs -, que
c'étoit la mefure de ce qu'un manœuvre mange par
jour, telle que Caton la marque aux payfans dans
fon ^6' chapitre. De Re Rr/Jiica ; qu'on l'appeloit
autrement Palme cubique : que c'étoit la lixième
partie du Satum , ou du boiflêau -, qu'il contenoit
quatre loges ou fetiers hébreux , & qu'il reve-
nbit à peu près à ce que les Italiens appellent
hoccale , & les Efpagnols açumbre. R. Alphes ,
cité par Buxtorf , dit que le Cabe , contenoit au-
tant que 14 œufs. Un Auteur Anglois , qui a écrit
fur ces matières , lui donne un peu plus de 90
pouces cubiques de capacité. Tout cela- revient à
i2,f
peu près au même , ëc il s'enfuit que le Cai>e étoi?
la to'' partie de ï'éphif Se le tiets du hin ; que le
quart du Caèe ctoit un ietier hébreu , qui étoir
égal au fetier atrique , & qu'ainii dans Ja lairri
^ de Samarie dont il eft parlé , i' Livre des Roîs VI ,
zj ,■ un quart de Cale , ou un ietier de fumier
de pigeo'n , valoit cinq pièces d'argent, c'eft-à-dirc
cinq liclcs , qui font de notre monnoie fept livreS
. quelques fous.
CABACET. roy^r CABASSET.
IfT CAB ACK. C'ert ainfi qu'on •appelle en Ruffie les
Cabarets 8c les maifons où l'on boit du vin Se des
liqueurs fortes. Tous ces Cabacks appartiennent aii
Souverain. Il eft le feul cabareticr de Ion Empire.
Il afferme en argent ces fortes de maifons. Moyeti
très-fur d'.augmenrer fes revenus , dans des Etats
d'une auflî grande étendue où les Peuples aiment
à boire & à s'enivrer , principalement d'eau-de-
vie.
CAB AIE. f. f. riabillemerit des Gardes du Roi & des
Mandarins 'de Loy. Ils ont, au lieu de robe ^
une Cabaie blanche avec le turban. Les Officiers
îa portent un peu plus longue que les Soldats.
Routier des côtes des Indes Orientales.
|)CrC AB AIGNAC. Petit lieu du haut Languedoc, entre
Touloufe & Carcaflbnne , vers fa fource duGirou.
CABAL , & CABAU. f m. Terme de Coutumes. Le,
Perron l'explique par peculium. On ap'pelle cabal
les marchandilcs qu'on prend de quelqu'un à moi-
tié , au tiers , au quart de profit. Cabal ; en lan-
gage Touloufain , veut dire , le fonds d'un Mar-
chand.
CABAL. f. m. Livre Hiftorique , mêlé de pîu'fieufsf
narrations fàbuleufes touchant le Muiiilmanifmeo'
On trouve dans ce Livre ,• dont l'Auteur eft in-
connu , plufieurs traditions anciennes du Chriftia-
niline , &: entt'autres , celle des' Ange? GardienSi
D'H'erb. ...
CABALE, f. f. Quelques-uns 'écrivent KABALE. Ce
nom a plufieurs fignifications , qu'il faut diftin-
guer plus exactement qu'on ne fait dans tous nos
biétionnaires. Cabale eft un mot Hébreu , rh':ii;>
Kabbalach , qui fîgnifie proprernent & précifément
Tradition , & Vap, Kibbel iq\xi fîgnifie, recevoir par
tradition , recevoir de père en fils, d'âçe en âge fur-
tout enChaldéen &c liébreu Rabbinique-, mais non pas
comme on le dit mal-à-propos dans le Moréri ,■
Tradidit, il a enfeigné. Do-là. il fe dit première-
ment d'un fentimenr , d'une opinion, d'une cxpli-
catioTî de l'Ecritu're ,' d'une coutume ou pratique
qui s'eft tranlmife de père en fils. Les Juifs 3 comme
on le peut voir dans' la préface de Ma'i'enron fur la
Mifchna , croient que Dieu' donna à Moïfe non-
feulement la Loi , mais encore ['explication de la
Loi fur la montagne de Sina'i. Quancf il étoit def-
cendiï, & qu'il s'étoit retiré dans' fa tente , Aaron
l'alloic trouver , & Moïfe lui apprenoît les Loix
qu'il avo'it reçues de Dieu , Se lui en donnoit
l'explication, que lui-même avoit auifr apprife de
Dieu. Quand il avoit fini ,= Aaron le mettoit à la
droite de îvio'iTe , Eléazar $c Irhamar fils d'Aaron
entroient, Se MoiTe leur difoit ce qu'il avoit déjà
dit à Àarôu,- Après- quoi s'étant placés l'un à la
droir'e , & faurre à fa gauche , venôieht les 70
vieillards qui compofoient le Sanhédrin , & Mo'i'fe
leur répéroit encore tout ce qu'il avoit dit a
Aaron & à fes entans. Enfin , on faifoit entrer
tous ceux du peuple qui vouloient , Se Mo'iie lev
inftruifoit encore comme il avoit fait les autres.
De forte qu'Aaron entendoir quatre fois ce que
Moïfe avoit appris de Dieu fut la montagne j Eléazar
& Ithamar l'entendoient trois fois ; les 70 vieil-
lards , deux V & le peuple une'fois. Or des deux
chofes que leur apprenoir Moïfe , les Loix que
Dieu impofoit , & l'explication de ces Loix^, on
n'en écrivoit que la première , c'eft-à-dirc , les Lois-,
Se c'eft là ce que nous avons dans l'Exode , le
Lévitique & les Nombres. Pour Ce qui regarde
rintelligeftce & l'explication de ée? Loix ,' oii («
1 16
G R B
contcntoit de ic l'impaïucr bijn dans !.i n^.cmoirc,
èc enlliite les Pères l'apprirenif a leurs enhins,6:
ceu-c-ci aux leurs , & amli de ùccl'c en Iiccle jul^
qu'aux deniiers aaes. Ceft pour cela que la pre-
mière partie de ce que Dieu avoir donne a Moilc
s'appela iimplemcnt Loi , ou Loi écrite ; &: la le
bonde Loi orale , ou Caèa/e ; car voila originai-
rement ce que c'ell que Ca/'u/e &c le lens propre
èc primitif de ce nom. Quelques Rabbins pré-
tendent que leurs Pères l'avoienr reçue des Pro-
phètes , qui l'avoient reçue des Anges. Rabbi-
Abraham-Ben Dior, dit dans la Préface de fon
Livre de la clc.uion {.hi/na ) que l'Ange Raziel
fut le maître d'Adam , & qu'il lui apprit là Cal'ale ;
bue Taphi.l fut le maître de S'em , que Tiedckiel
le fut d'Abraham , Raphaël d'ilaac , Pcliel- de Ja-
cob , Gabriel de Jolcpli , Mératron de Moiie , &
Malathiel d'Elie. Les Rabbins apportèrent de
Chaldée les rêveries de la CaUle , & y ajoutèrent
une infinité de tables.
Parmi ces explications de h Loi^ qui ne font
U plupart aurrc choie que des interprétations de
différens Rabbins fur les Loix de Dieu , &: leurs
décifions fut les obligations qu'elles impofenr_, &
fur la mariiëre de les pratiquer , il y en a qui lont
myftcrieufes tk cachées , qui conliftenî dans des
i^gnifications abftrufes & fingulières que l'on donne
ou à un mot , ou même' a chacune des lettres
qui le compofent > d'où par différentes combi-
naifons- , l'on rire de l'écrirure des explications
fort différentes de ce qu'elles femî)lenî naturelle-
t ment lignifier. L'art d'interpréter ainfi l'Ecriture
s'appelle plus particulièrement Citlnik , &: c'eft le
feris le plus ordinaire de -ce mot dans notre lan-
gue. Cette Cabale-, que l'on lYOïrane Cabale arti-
ficielle , pour la diftinguer de la première dont
nous avons parlé , & qui n'eft qu'une fimple tra-
dition , cette Cabale , dis-je , fe divife en. trois
efpèces, La première s'appelle Gématrie : elle con-
fiée à prendre les lettres pour des chifres ou nom-
bres arithmétiques» &: à expliquer chaquemor
par la valeur arithmétique des lettres dont il efl:
compofé ; ce quï fe fait en plufieurs nianières ,
comme nous le dirons au mot Gématrie.
La féconde efpèce s'appelle Notaricon , & con-
fifte , ou bien à prendre chaque lertre d'un mot
pour une diiSlion entière -, par exemple , n';L'Nl3i
premier mot de la Genèfe, pour v\'av pï? y^p-i «T^'
t\^n^n no^ \ ou bien à faire des premières lettres
de plufieurs mots une feuls didion , comme de
ceux-ci ,. r 3« i:)-!:? ohw Vm^:! Vous ites fort dans
, l'éternité , Seigneur , en ne prenanr que les pre-
mières lettres, on forme ce nom Cabaliftique de
Dieu sVjs? , ^gla , dont parle Galatin,LrV. //, c /i 1 5 .
La troifiéme efpèce s'appelle mi^n y Thémura,
qui fignifie changement , Se confifte à changer Un
mot,"&: les lettres donr il elt compofc, ce qui
fe fait en plufieurs manières-, car i" , On les fé-
pare , &: de ; , "lu;^<^3 , Brefchit , par exemple , qui
veut dire , In principio , on fait n>t:;i?*i3 , pofuit
funiamentum. C'eft ainfi que dans certains Jeux
de mots , on a quelquefois féparé des mots La-
tins. Sum-mus , Ter-minus , Suf-tinea-mus. 1°.
On tranfpofe les lettres d'un mot , on les place ,
on les arrange différemment ; par exemple , du
même mot ^■>wL'5?^a on fait T^-Tia S , ce qui fig-
nifie 1° in Thifri ; &c parce que cela fe tire du
premier mot de Phifloire de la création du
monde , qn en conclut que le monde a été créé
le prtmier jour du mois Thifri. 5p. On prend
une lettre pou: une autre, à caufe des différens
rapports qu'on leur donne en prenant l'alphabet
en différens fens. Ainfi en partageant l'alphabet
hébreu de ii lettres , en deux parties , la pre-
mière de chacune de ces parries fe prend pour
la première de l'autre : la féconde pour la féconde :
îa troifiéme pour la troifiéme , &: ainfi des onze
lettres , dont chacune de ces^ parties eft compo-
CAS
fée , qui le prennent mutuellement poitr ecllè
efui leur répond ditfis l'autre partie , c'eft-,\-dire ,
K pour T j ou T pour K : J pour O , ou îDpour 2 : J
pour i , ou A pour : , &c. Par-la de ^^î^3^ > Taiéel
nom inconnu, qui fe rrouve en Ifaïe VIL 6, on
en fait sût, Remla , nom d'un Roi d'ifrael. Une
autre tacon de changer les lettres efl; de prendre
• l'alphabet en deux manières : prcmièrcmenr à l'or-
dinaire , puis à rebours , en commençant par la
dernière lettre , & de changer encore les deux
premières lettres , Tune &c l'autre mutuellement ,
& de même les deux fécondes , les deux troiiièmes
&c. c'eil;-à- dire , s en n , ou n en t^î ; a en u/ , ou w
en j > T en 3 , ou : en t , Sec. Par-là de r^,? 37. Le
cœur de ceux qui s'élèvent contre moi , dans Jércm.
Liv. L I , on fait D'7ï."l y l'^ Chaldéens , & l'on
conclur que ceux dont Dieu parle font les Chal-
déens. Ces deux dernières efpèces de Tkemure
s'appellent plus particulièrcmenr encore ^jniy, c'cft-
à-diï'r, affectation , combinaifon. Voyez Rcuchlin,
Pic de la Mirandole , le P. Kirker dans fon Oedrp.
JEgypt. Sérarius & Bonfrerius dans leurs Prolé-
gomènes. La Cabale dont nous venons de parler r
peut s'appeler la Cabale fpéculative. II y en a
une autre qu'on peut nommer la Cabale pratique y
c'efl: celle dornt rious allons parler.
Cabale fe prend encore pour les ufages, ou plu-
tôr les abus que fout les Magiciens des pa/îagi's-
de l'Écriture , ainfi qu'on le peur voir dans un:
petit ouvrage de cette forte , intitulé tylQ*^ C''7"in i
L'ufage des Pfeaumes y Se imprimé à Sabiortette
en 1588', à la fin d'une édition des Pleaiaues ^//-14..
& dans 'plufieurs autres livres de même forte. Tous
les noms , toutes les figures magiques , tous les
nombres , les lettres , &c. dont on fe fert pour
cela, & encore la fcience hermétique, ou la re-
cherche de la Pierre Philofophale , tout cela efl
compris dans cette efpèce de Cabale. Mais' il n'y
a que les Chrétiens qui l'appellent ainfi , Sc ce mot
a ce fens , fur- tout erf notre langue , à caufe de
la reffemblance que cet art a avec les explications
de la Cabale dont nous avons parlé; car les Juifs
ne donnenr point à cet art , ou diabolique , ou
vain Se ridicule ,. le nom de Cabale , qui ell: tou-
jours un nom faint & refpedable parmi eux. Au
refl:e , ce n'eft point la magie feule des Juifs que
nous nommons Cabale ; nous avons tranfporté ce
nom à toute fotte de magie y & c'efl: daiîs ce fens'
que l'Abbé de Villars l'a pris dans fon Livre inti-
tulé Le Comte de Gabalis ; où il a expofé les
ri^dicuîes fecrets de la Cabale , que les Cabalifles-
appellent la facrée Cabale. Cabala , cabalijiica.
doclrina , occulta , arcana Hebrxorum difcipiina ,■
fapientia. Ils fuppofent qu'il y a des peuples clc-
raentaires , fous les noms de Sylphes , de Gnomes
de Salamandres , cS'c. SC que cette fcience intro-
duit les hommes dans le fanéluaire de la narure.
Ils prétendent que les Hébreux connoilfoient ces
fubftances a'ériennes , qu'ils avoient puifé ces con-
noilfances cabaliftiques chez les Egyptiens; & qu'Us
n'avoient pas ignoré, l'art particulier d'entretenir
ces nations élémentaires , & de converfer avec ce%
habitans de l'air. On leur fait dire qu'ils ont dé-
féré à Paracelfe le fceptre de la Monarchie Caba-
liftique. Foyei Le Comte de Gabalis. La Cabale
eft une fcience fcrieufe ,• & il n'y a que les mé-
lancoliques qui s'y adonnent. Abe. de Villars.
La Cabale eft ime de ces chimères qu'on autorife
quand on les comhat gravement , & qu'on ne doit
entreprendre de dérruire qu'en fe jouanr. Id. Ro-
bert Flud Anglois en a fait d amples Traités &
Apologies dans les neuf grands Volumes.
Cabale , fe dit auHi de la SeÀe des Juifs , qui fuivcnt
&" pratiquent la cabale , qui interprètent l'Ecriture
• félon l'art de la cabale , prife au fécond fens que
nous avons expliqué ; car les Juifs font divifcs en
deux feâes générales , les Karaïtes , qui ne veulent
point recevoir les Traditions , ni le Thalmud , mais
le feul texte de l'Ecriture ; & les Rabbanifles ,
C A
ou Thalmudiftes., qui outre cela reçoivent encore
les Tradicions & fiiivent le Thalmud. Ceux-ci Ibnt
tncore divilcs en deux : en Rabbaniftes iimpics ,
c]ui expliquent l'Ecriture félon le lens naturel par la
Grammaire -, l'Hiftoire , ou la Tradition ; & en
Cabaliftes , qui pour y découvrir les lens caches
& myftérieux que Dieu y a mis , fe fervent de la
'cabale & des manières myftcrieufes que nous avons
expliquées. Si l'on en croit les Juifs , la cdhaU ,
comme la Loi , vient de Dieu & du mont Sinaï, &
y fut donnée <à Moïfe , 6c par lui à tout le peuple
de la manière que nous le dilbns ci-deifus, C'eft
une fable j mais plufieurs Savans croient qu'elle ctôit
déjà trouvée du temps de J. C. & il s'eft trouvé
des viiîonnaires parmi les Juifs , qui ont dii: que
ce n'ctoit que par les myrtcres de la cabale que
J. C. avoir opéré fes miracles. Quelques Savans ont
cru que Pythagore &; Platon avoient appris des
Juifs en Egypte l'art cabaliftiqûe , 6c ils ont cru
en ttouver des vertiges bien marqués dans leur phi-
lofophie. D'autres croient au contraire , que c'cft
la philofophie de Pythagote, & de Platon, qui a
produir la cabale. Quoi qu'il enfuit, il eft certain
que dans les premiers iiècles de l'Eglife la plupart
Ides hérétiques donnetent dafis les vaines idées de
la cabale. Les Gnoftiques , les Valentiniens , les
Bafilidiens > y furent fui -tout plus attachés, comme
on le peut voir dans S. Epiphane. Ceft ce qui pro-
duilît PaBpahas , & tant de Talifmans , dont il nous
relie encore une grande quantité dans les cabinets
des Antiquaires. On donne aulfi le nom de cabale
hon-feulement à l'art , mais encore à chaque opé-
ration de cet art -, c'eft-à-dire , à chaque iarerprc-
tation particulière , faite félon les règles de cet art;
G'eft-là Une cabale-, ce n'eft point ime interpréta-
tion naturelle & littéirale. R. Jacob-Ben Afchcr ,
furnommé Baal Haaturim , eft un compilateur de
prefque toures les cabales inventées avant lui fur
les cinq libres de Moïfe.
Cabale, fignifie auffi dans quelques Auteurs la con-
noillance des choies qui font au-delllis de la lune j
des corps céleftes , de leurs influences. La cabale j
en ce fens , eft la môme chofe que l'Aftrologie ju-
diciaire , ou elle en fait partie.
•Cabale , lignifie figurément une focicté de perfonries
qui font dans la même confidence , & dans les
mêmes intérêts : mais il fe prend ordinairement
en mauvaife part. Coitio,fatlio. Tous ces gens-là font
d'une même cabale. On le dit aulf» des complots
{k des entreprifes fecrerres , des defleins qui le for-
inent dans cette fociété de l'État , ou contre les
jparriculiers. Clandejiina coitio , conjuratio. On a fait
iine cabale poiir décrier cette Tragédie, Former
des cabales contre quelqu'un. Bouhours. Comme il
ctoit habile Se homme de cabale , il ne manqua
pas d'arrifi.ce pour le juftifier. Bouch. A Rome ,
comme aujourd'hui , la cabale l'cmportoit fur le
mérite , & décidoit du fort des Ouvrages. Dac.
Elle fotmoit incefiammcnt des cabales qui divi-
foient toute la Coui. Mlle I'Héritier.
Cabale. Il veut dire encore , la troupe ir)ême de
ceux qui font de la cabale ; comme , c'eft fa ca-
bale. On a exilé toute la cabale. AcÀd. Fr.
Cabale , fe dit aulîi de quelques fociétés d'amis qui
ont entr'eux une liaifon plus crroite qu'avec d'autres
fans avoir aucun mauvais deffein -, comme pour fe
divertir, pour étudier. Societas. Je crois. qu'il vau-
droir mieux donner un autre nom à une pareille
focicté. Il me femble que le mot cabale fe prend
néceflairement en mauvaife parr.
CABALER , V. n. Faire une cabale. Clandeflinnm fo-
cietatcm coire , facere , conjurare. Cette ville eft
remplie de gens qui cabalent contre l'Etat.Il fe prend
toujours en mauvaife parr.
ÇABALEUR. f. m. Celui qui cabale , qui eft du nombre
de ceux qui cabalenr , ou le promoteur de la ca-
bale. Facliofus.Ytd.r\c cabaleur, adroit, rufé , ardent ,
dangereux.
CABÀLEZET ou KABALEZET. f. m. Ceft le nom
C A E Uy
d'une étoile fixe qui s'appelle autrement cœur dk
lion., Bajilic, & Regulus. Foye^ ces mots.
Ip- CABALIG. Ville d'Afic,dans le Turqueftan. long',
105 , lar. 44.
CABALISTE. f. m. Celui qui fait la fcience de là
Cabale. Savant dans la cabale des Juifs Occultx
Hebrœurum dtjciplinœ peritus. Artis cabalijiux flu-
diofiis , peritus , Cabalijia , Cabalijiicus. Les Rabbins
font grands Cabalijies. Vouloir guérir les Caba-
/ijies par railbn , c'eft enVreprendre l'impoifible.
Ce font de:s viiîonnaires férieux qu'on ne ramène
guère. Savant, habile, doâc j profond Cabalijte,
^yr On ne dit point cabalijle , mais cabaleur , en
parlant de ceux qui font des cabales. .
Cabaliste. Terme de commerce, qui eft en ûfagé
à Touloufe , & dans toute la Province de Langue-
doc. C'eft un marchand qui ne fair pas le com-
merce fous fon nom , mais qui eft intcreflc dané
le négoce d'un marchand en chef.
CABALISTIQUE, adj. Qui appartient à la cabale. Ca-
balijiicus : Fart caballfii^ue : une inrerprération
cabalijUijue : les fubtilités cabalifliques font de pureS
vifions & fupcrftitions. Tâchez de vous rendre digne
de recevoir les lumières cabalifliques. Abb.deVil-
j-ARS.Les puérilités, de l'arr cabali[iiquc. P, Souc.
CABALLIN , INE. adj. Qui appartient à la fontaine
des Mules ; fur le mont Helicon , dans la Bcotie i
appelée en latin fons caballinus , du mot latin ca-
bdllus. On fait que le cheval Pégafe d'un coup de
pied fit paroître cette fontaine : c'eft pourquoi les
Grecs la nommoienr hipocrene , fons equi , là fon-
taine du cheval.
CABAN, f. m. Vieux mot. Manteau pour fe garantit
de la pluie , avec des manches , qu'on porte à cheval.
Penula. Ménage le fait ve»it de cappa , cappe, C'efl;.
auifi parmi les Matelots de Provence un habille-
ment en temps de pluie avec des manches , & un
capuchon. Il a la même fignification que Capot.
Cucullus nauiicus. Caban eft fait de Cappanum ;
formé de cappa. Les Efpagnols £c les Italiens
chez qui legaban , ongabbano , eft encore en ulage j
entendent par ces mots , une forte de cafaque fo/t
longue qu'ils portent buvette. Remarques Jur la
Satyre Ménipp^e.
Cabane, f, £ Malfonaette , b.îtie ordinairement de
bauge 6c couverte de chaume. Cafula. Les Solitaires
inéprifoienr le féjour des villes , pour aller dans les
déferts habiter des cabanes. DtJ Pin. Malherbe à
dit en parlant de la mbrt :
Le pauvre en fa cabane où le chaume le couvre ,
E[i fujet à fes loix ;
Et là garde qui veille aux barrières du Louvre ,
bS'en défeiid pas nos Rois.
On appelle cabane de Berger , une manière de
petite chambre taite de planches , que l'on fait aller
d'un lieu à l'autre , par le moyen de quatre rou-
lettes qui la foutiennent.
Cabane. Tetme d'Oifelier. Efpèce de petite loge où
l'on ne voit le jour que par un endroir , 8c où l'on
fair nicher des oifeaux. Il y en a aulTi de très-éclairées ,
où l'on fait couver des ojfeaux.
Ce mor vient de l'Italien capanna , qui f gnifie
petite maifon de chaume , qui a été lait du grec
x«3r«»« , fignifianr crèche. Ménage. Ifidore dit que
le mot de capanna vient ex eoquodunum tantùm
hominem capiat. Les Efpagnols difent aulfi cabana.
Cabanes , en termes de Marine , font de petits lo-
gemens de planches pour coucher les Pilotes , &
auttes Officiers de Marine , qui fonr forr étroits
6c en forme d'armoires , pratiqués en divers en-
droits du châreau de poupe , ou le long des côtés
du vaiffeau.
Les Bateliers appellent au/Il cabane , un bateau
couvert d'une toile que l'on nomme banne , fou-
tenue fut des cerceaux plies en forme d'arc , pour
garantir les paflagers du Ibleil ou de la piuie.
Cabane , eft aufll un batteau à fond plat , 6c cou-;
1^8
C A B
vert de planches de lapin dont on fc llrt fur la ri-
vière de Loire. Cymba. '
C * BANER. V. n. Ce mot eft particulièrement en uia^e
"parmi les' gens qui voya^çent aux Indes Occiden-
tales. Il litrnifie, être, le mettre lous des cabines.
C t as cmltmere , <zdijicare. Quand le mauvais temps
vient , on eft contraint de cab^ncr. Les Sauvages
cibannent autour de leur Capitaine. Denys , p. i ,
c. 7. Il iignihe aulli être en cabane , en parlant des
oil-auK. Fail:e cubaner des Icrins.
C'^B\NUARIA. 1". f. Ceft une terme ou métairie ,
'comme dit Salvin en Ton Traité des droits d^s hcts ,
It?' CABARER. v. n. Terme de brafllrie , qui li-
miiiie jeter les màiers , ou Teau d\in vaii^c;ui dans
un autre, foit avec le jet, ou le chapelet. Encyc.
CABARET r. m. Lieu où l'on vend du vm en détail.
Ou^pona, popina, tahnna. On confond aujour-
d'hui ce mot avec celui de tavcrm. (fF Autrefois
dans les tavernes on ne vendoit que du vin , lans
y donner à mauL^er -, au lieu qu'on donnoit a man-
ger dans les cabarets. De-là les mots tabernx^ K
povirm chez les Romains. Maintenant les profefî.ons
d'Hotelliers , de Cabaretiers & de Tavermcrs iont
contondues. .
îfT 11 l'emble que dans l'urage ordinaire , le mot de
taverne dile quelque choie de plus odieux que celui
de cabaret,
Mcna>^c croit que ce mat vient de caparetum ,
qui a ct'é fait du 2;rec ««i--! ; qui lignifie heu ou
l'on mancre. Adrien Scriek dérive le mor de ca-
bar et de l'hébreu cah.ir , T ifi , affembler , réunir,
parce qu'on s'allemble dans les cabarets , Inr-tout
lorlqu'on eft en voyage.
On appelle cabaret bltrgne , un méchant cabaret
qui n'cft fréquenté" que par de pauvres gens , qui
eft obf^'ur , mal propre , & mal letvi.
On dit proverbialement & populairement qu'il
y a du vinaucd^^mà tout prix-, pour dire, qu'il
faut faire dilrérence entre les chofes , & qu'il y en
a de diverlé valeur. On dit au(fi qu'un homme
fuir de fa maifon un cabaret ; pour dire que tout
le monde eft bien venu à boire 8c à manger
chez lui. , - t
tzr Cabaret. Efpèce de pente table , ou plutôt pla-
te.-u , dont les bords font relevés , ordinairement
couvert de vernis , fur lequel on met des talfes _&:
des foucoupeS , pour prendre du rlié , du café ,
&c. Un caÂaret de' la Chine, du Japon.
C.VBARET. Terme de Botanique. Jfarum. 1. n. Plante
dont la racine eft menue , traçante & fibreule. Son
odeur eft très- forte, aromarniue , tenant delà grande
Valériane & du Nard Indien ; c'eftce qui empêche
de la joindre aux fleurs dont on forme des bou-
quets-, & c'eft par cette railbn qu'on la nomme
Afarum , de Va privatif , &: de ^«.f « , orno , «^«<<i; ,
non ornatus. Ses feuilles nallfent des nœuds de la
racine-, leur contour eft pareil a celui de l'oreille ex-
térieure, d'où vient le nom d'oreille d'homme,
que quelques Botaniftes ont donné à V Jfarum.
Elles font d'un vert foncé en deillis , plus pales
en deflbus, & font porrées par . des queues qui
ont deux à trois pouces- de longueur. Ses fleurs
naiiîent du même endroit que les feuilles , mais
leur pé.licule n'a 2;ucre qu'un pouce de longueur.
Ces fleurs font d'une feule pièce à fix pans , d'un
vert brun , tirant fur le rouge, longues de fix Ugnes
environ julque vers fon évafement, où elle le dé-
charge en trois quartiers poinrus , longs de quatre
lisrncs -, teintes en dedans d'un rouge brun foncé.
Cette fleur renferme plufieurs étamines , & un pi-
ftil qui devient , conjointement avec la fleur qui
s'y colle , un fruit contenant fix ordres de femences ,
femblables en quelque façon à des pépins de
raifins.
Les racines de Cabaret entrent dans la Thériaque :
données en fubftance , ou infufees dans du vin ,
elles font vomir -, au lieu qu'érant miles en décoc-
tion dans de l'eau , elles devisnnsnt diurétiques. Ses
C A B
feuilles purgent encore plus violemment que- is^
racines. „
Il y a-une efpèce de Cabaret qui croit en Canada,
Se qui n'eft t!;uère différent de celui d'Europe que
par fes feuilles , qui quoiqu'arrondies le terminent
en pointe. Ses racines ne font pas vomitives , &:
l'on odeur n'eft pas fi défagréable. Le cabaret croît
en plufieurs endroits du Royaume.
CABARETIER , 1ÈRE. f. m. iî- f. Qui^ tient un ca-
" bar:t. Caupo , Tabernarius. Le Maître , \x Maî-
trelfe d'un cabaret. Les Cabaretiers n'ont point d'ac-
tion pour le vin vendu chez eux en détail & par
allîette, fuivant l'article ii8 de la coutume de Paris ,
&le 5 3 5^ de la coutume de Normandie. Plutarque
témoii2;ne que les Lydiens furent les premiers 6*
beretùrs. Horace les appelle perfides & trompeurs ,
à caulc du mélange de leurs vins. Perfidus hic caupo.
On ne prononce point l'r finale dans le Cabaretiers
On dit mal Cabartier de Cabarriere.
CABARETIQUE. adj. de cabaret. L'hôrelTe dit cela
d'un ton fi gravement cabarétique , que la rancune
)U2;ea qu'elle avoir railbn. Rom. Com. Je ne fais
s'iï y en a des exemples ailleurs.
CABARNE. f. m. Cabamus. Prêtre de Cérès dans l'Ile
de Paros. Le Géographe Etienne au mot n«f»î, die
que cette île fut auifi nommée z.k?a.=n<, , Cabarnis ,
ic que ces noms venoient de iu^^c^î , qui fut ce-
lui qui apprit à Cérès l'enlèvement de fa fille
Profcrpine \ mais d'autres traitent cette étymo-
logie de fable , &: difcnt que Cabarne eft lin mot
phénicien , que n" Kareb , s'cft dit dans cette langue
aullî bien qu'en hébreu, pour, offrir en facririce,
^\V\T,, Korban ^ pour , oblarion -, que de-là pat
la tranfpofition du refch , r , .& dU beth , b , s'eft
fait p-i::,7 , Kabarnin , poui' , Karabnin , qui fignifie,
ceux qui oflrent , qui font des oblations , des Prêrres ;
& que c'eft de-là que les Cabarnes ont pris leur
nom. ^
|p=- CABARRE. f. m. On donne ce #m a toutes
fortes de petits bâtimcns à fonds plats qui fervent i
fecourir & alléger les gros vailfeaux en mer. Les
Suédois &: les Danois les appellent Clincar.
Encyc.
CABAS, f.m. Panier de jonC où l'on met des figues,
Fijcina. Il fignifie aulli les figues qui y font con-
tenues. Ficorum fijcina. Ce Marchand a fait venic
deux cens cabas de figueS.
Leur Avocat difoit qu'il falloit bel & bien
Recourir aux arrêts : en vain ils les cherchèrent»
Car en certain cabas, où leurs gens les cachèrent ^
Les Souris enfin les mandèrent. La Font.
Ménage dérive ce mot de l'italien cabaco , qu'il
dit avoir été fait de cobacus latin. D'autres difent
que c'eft un mot hébreu retourné , fabac , qui fi-
gnifie implexum efifc. Il peut venir aulfi de cabafet ,
parce qu'il a la même figure , & rcficmble à une
coiffe. Ces deux mots viennent de caput,
|KF CABAS , le dit aulfi d'un grand coche de melîa-
série, dont le corps eft d'olier cliflè.
CÀBASSER. V. n. Vieux mot. Machiner quelque
tromperie. Machinari.
Journellement chacun fon cas porirchafe :
Noifes y font : on y trompe ù cabalfe,
CABASSET. f. m. Vieux mot qui figninoit autrefois
une arme défenlive qui couvroir la tête , une armurs
de rcte. Ca^is , ^aka.
Ce mot ,Yelon Nicot , vient de l'hébreu toha , quî
fignifie un cafjue ou heaume , ou de l'efpagnol ca-
b'eça , tête. L'Efpagnol dit aulîî baffineî , parce qu'il
approchoit de la figure d'un ballln.
On dit proverbialemenr qu'un homme a bien da
bon fens, ou de la malice , fous fon cabajfet ; pou|^ •"
dire , dans fa rère.
CABASSON. f. m. Poiflbn , le même que Lavaret.Z^-
varonus. Voyez ce mot.
CABAT,
C A B
CABAT. c m. Vieux mot , qui veut dire tine certaine
melure de blé. If vient du gtec Kd^xç , qui veut dire
la même clio're ," & qu'H^lychius explique auffi pour
une mefure de vin.
^ CABAY. f. m'. Nom qxic les Indiens & les Iiabi-
tans de l'Ile de Ceylan & d'Arracan donnent à des
habits faits de foie ou de coton , ornés d'or, que les
principaux dupavs ont coutume déporter. Encyc
CABEÇA ou CABÈSSE.r.f. Les Portu^çais qui font
le commetce des foies dans les Indes" Otientales ,
îes diAipguent par les mots de Caheça, & de Bavillo,
c'eft-à-dire , tête èc ventre. Les foies Cabeqa ibnt les
plus fines.
CABEER. f; m. Monnoie de compte dont on feJertà
Mocha.
§3° CABELA. Nom d'un finit des Indes Occidenta-
les , reilémblant beaucoup à nos prunes.
CABELIAU. 1". m. Voye^^ Cabillaud.
CABESAS. f. m. Ef'pèce de laines qui viennent d'Ef-
, tramadure.
Cabestan, ft'm. L'^le prononce. Quelques-uns
écrivent Capefian. Terme de marine. C'eft un cy-
lindre , ou un efrieu , pofé perpendiculairement ,
lequel fe tourne,- par le moyen de quatre leviers ,
ou batres qui le traverlent ; & par le moyen d'un
cable,- qui eft toutné f lit ce cylindre , il ferr à'en-
lever ou cà tirer les plus gios fardeaux qui font at-
tachés au boiit'de ce cable, i-ro'a/iz. C'eft: en virant
les c:a/^«;//a«i- qu'on remonte ks bateaux , qu'on tire
fur terre les vaiifeaux pour les calfater , qu'on les
décharge des plus grofles marchandifes ,' qu'on levé
les ancres & les yoiles , &c. Il y a deux cabeftans
fur les vaifTeaux. Le grand cabeftan ell pofé fur le
premîeppont , & s'élève jufqu'à quatre ou cinq pieds
de hauteur au-deiîlis du deuxième. On le nomme
cabejian double-, à caufe qu'il fert a deux étages pour
lever les ancres, &: qu'on peut en doubler le's forces,
en mettant du monde fur les deux ponts pour le virer,
étant garni de barres & d'autres pièces , comme ta-
quets , entremifes & languettes , pour le tourner &
arrêter.
Le petit cabejian , ou cabejlanjimple,e[\: pofé fur le
fécond pont entre le grand mât & le mât de mifaine.
Il fert à faire iifer les mâts' de hune & les grandes
voiles , où il faut moins de force que pour" élever
les ancres. On appelle cabejian à l'angloife , celui où
Ton ri'emploie que des demi-barres , & qui à caufe
de cela n'ell: percé qu'à moitié. Il ert plus renflé que
les cabejians ordinaires. Il y a auffi un cabeftan vo-
lant. C'clt celui qu'on peur tranfporter d'un lieu à
Uh autre. On dit , virer \t cabeftan , poufîér au cabef-
tan ; pour dire , faire tourner le cabeftan. Oh dit
auffi , envoyer les Pages au cabeftan ; pour dire ,
ordonner que les garçons du vaifleau , qiii otit com-
mis quelque faute , aillent au lieu où ils doivent
, être châtiés. Sur la mer du Levant on l'appelle girel.
«ÉABESTERRE. 1", i. Terme de relation. On appelle
Cabefterre dans les Antilles , la partie de l'île qui
regarde le levant, & qui eft toujours rafraichie par
les vents alifés. La cabefterre eft oppofée à la baffe-
terre. La mer de la c^^e/if^rr^ eft bien plus rude que
Celle de la bafle terre , & eft ordinairement remplie
de roches & de falaifes. Le P. Labat. Peut-être qu'il
faut prononcer Ca/'-e//-/erre;rnàis él'ufage eft pour
cabeflerre , c'eft toujours une corruption de Cap-
^ eft-terre, c'eft-à-dire , rerre quiforme un cap à TEft
03- CABIGIAK & CAPIHAK. Tribu des Turcs orien-
taux , à laquelle Oghuz-Kan donna ce nom. Ce
Prince qui faifoit la guerre à un Prince de la nation
des Tarrares , flit obligé de reculer. Une femme de
fon armée préffée d'accoucher fe retira dans le creux
d'un arbre où elle accoucha d'un fils. Oghuz prit
foin de l'enfanc , le fit élever comme fon fils , &
pour marquer la fmgularité de fa naifîance,hii donna
le nom de Cabigiak , qui fignifie écorce de bois. Ca-
bigiak eut une poftérité forr nombreufe , qui fe ré-
pandit jufqu'au bord de la mer Cafpienne. Ces peu-
ples font encore aujourd'hui connus fous le nom de
Dejchfkiuhatk. C'eft d'eux que forcirenç les armées
' àlilt^lrr.'^rl"'' r^'' ^'"=°^^ Po/fédoienc
dans la Perfe Ce fut cl^z eux , que Bajazet , pre-
. m.er Suhaj: des Turcs , leva des troupes pouf les
oppofer a Tainerlan: D'Herb. Bibl^ot. Oriem. cité
par Mqr.
|p= CABIDOS. Voye:^ Cavidos.
rr CABILLAUD ou CABLIAU. Afellus. Grand
poiffon de mer ainfi nommé par les Hollandois On
le pèche dans tous les ports de mer où il fc trouve
en abondance. C'eft une efpèce de morue froiche
Voyei Morue.
CABILLAUX. f. m. pi. C'eft le nom d'une taélion quf
sclcya en hollande en 1 5^0 , dont parle Jean de
Leydcn,Z. ^^ ^ ch. 16 Cabelgenfes. Caheliau , on
CalH//ua,d , iigniRe un poiflbn de mer, appelé en
Jann ^Jellits. Cette faction avoit pris ce nom pour
faire entendre qu'elle terrafleroit fos ennemis , avec
autant de facilité , que ce poiffon d^v^e les autres^
poiflons Ceux de la faétion oppofçe s'appeloient
J-loekcnJes ,• d'un mor qui fïçrnifie hameçon , parce
qu Ils efpcroienr furprendre leurs ennemis comme
on attrape le poifibn.
CABILLE ou CABILAH. f f. Terme de relation.C'eft
chez les Arabes une Tribu qui vit fous un Chef qu'ils
fe chbififîent. Ces Tribus ou a^///,^ font indépen-
dantes i- &c ne reconnoiffent aucun Souverain Ce
font des troupes de vagabonds qui marchent fbus
un chef qu'ils appellent Cacique. On compte qua-
tre-Vingt de ces Tribus parmi les Arabes. D'Htrb,'
OzANAM.
(SABILLOTS. f. m. pi. Terme de marine.' Petits hoùts
d-e bois qu'on mer au bout de plufieurs herfes qui
tiennent aux grands haubans; Léurufage eft de tenir
certaines poulies dit Vaifîeau; On appelle auffi Gz-'
billots , de petites «hevilles de bois qui tiennent
aux chbuquéts avec une ligne , & qui feivent à tenir
la balancinede vergue de hune , quand lès perro-
quets font ferrés,
IfT CABIN. Petite rivière d'è France, en Gafcoo-ne /
dans le Turfan. °
CABINET, f. m. Le lieu le plus retiré dans le plus bel,
appartement des palais ,des grandes màifons. Co/z-
clave ,fecretius ciibiculum. Les Officiers du Cabinet.
du Roi. Le Secrétaire, l'Huiffier du Cabinet. C'eft"
un favori , il a entrée dans le Cabinet.
Ménage dérive ce mot de Cavinettiim.
Cabinet , fignifie auffi une pièce d'appartement & un
lieu retifé dans les majfbns ordinaires , où l'on étu-
die, où l'on fcféquer:X-e du rcfte du monde, & où
l'on ferre ce qu'on a de plus précieux. Ai///œ?/^. Là'
place qui contient une bibliothèque y s'appelle auffi
un cabinet. Ce Savant eft toujourrenfermé dans fon
cabinet. Il y a des gens qui écriventbien , & qui patT
lent mal \ 'la raifbn eft qu'ils ont befbin de tout le cai^
me du cabinet pour bien arranger leurs penfé^.' S.
EvR. On ne perd que dans le commerce du monde'
cette contenance embarrafîée,& cet air fombre qu'on
acquiert dans le c^î/^mc/ & dans la folitude. Idem.
Cabinet de Glaces. Cabinet Aont le principal or-
nement confifte en un lambris dé revêtement fait
de miroirs , pour donner plu; d'apparence de gran-
deur au lieu , & pour réfléchir & mulripHer les ob-
jets, Co/ic/^vd laminis crïflalUnis laqueatum.
Cabinet de Tableaux, de Livres ., &c. eft un cabi-
net où l'on garde ^des tableaux, des livres , ùc.On
dit plus particulièrement cabinet .àc livres , quand
on n'a qu'une petite quantité de livres , qui ne fuffit
pas pour une bibliothèque : je n'ai point de Biblfo-'
thèque,je n'ai qu'un f^^'/^e/ de livres.
I^S" Cabinet de Toilette. Pièce où les Dames fe re-
tirent pour faire leur toilette. Foxei Toilette,
If5° Cabinet d'aifance. Lieu où font placées les
commodités connues aujourd'hui fbus le nom de
lieux 3. foupape. Molière a dit dans le Mifaiiîhrope ,
■ en parlant d'un méchant fonnct :
Franchement il n'eft bon qti'àmettr'e au cabinet.
Cabinet , fe dit auHj de ce qui clt djntériù dàiiJ-un
3
O
C A B
cadi7iet , canoîitcs , pièces antiques, médailles , ta-
bleaux , coquilles , ik autres raretés de la nature &:
de l'art. Le Cabinet d'un tel curieux vaut cent mille
francs.
On dit chez le Roi , & chez quelques Grands
Seigneurs , le cabinet des livres , des armes , des mé-
dailles , pour (ignificr les lieux où ces choies font
rangées , Si les choies mêmes qui y font conlervccs.
Armarium, cimélhan. J'ai en ipain une médaille
■du cabinet du Roi , ùc P. Souc. On dit auUl des
ciibinets Açs Particuliers -, le cabinet àc Sainte Ge-
neviève, des Jcfuires du Collège de Paris, de M.
Foucault, de M, de Wilde, du Comte de Pembtoch,
&c. Idem.
Cabtnet , efl. aUlTi un buffet où il y a pluiieurs volets
& tiroirs pour y enfermer les choies les pliis pré-
cieufes , ou pour fervir limplement d'oînement
dans une chambre , dans une galerie. Un cabinet
d'AUema^e , Armarium Germanicum ; d'ébène ,
ex ebeno.W y a de magnifiques cabinets d^-ius la Ga-
lerie du '9^01. Cabinet de marqueterie , t^avicabinet
dont les ornemens font de bois de diverlcs cou-
leurs , ou de pièces de rapport.
Cabinet d'orgues, eft une petite orgue portative,
qui eftune efpecc de polîtif compofe d'un plus grand
ou d'un plus petit nombre de jeux , félon la volonté
du maître. Organ: mujici Armarium. Dans des ca-
binets d'orc^i/es oft ajoute quelquefois un jeu d'é-
pinette , où le même clavier fait parler en même
tems les tuyaux & les cordes qui font accordées à
l'unillbn , ou à l'oélave. (
|Cr Cabinet d'Hijloire - Naturelle , appâttement
d'une ou de pluiîeurs pièces propres à contenir
des coUedions en tout gcrtre , des différentes
produétiohs de la nature da§s le règne animal , vé-
gcral & minéral , rangées par ordre méthodique ,
a façon la plus convenable à l'é-
êi diftribuées de la :
tude de l'hiftoire-naturelle.
fifS' Celui du jardin du Roi eft un des plus riches de
l'Europe.
f^ Cabinets Secrets , en phyfiquê , font des cabi-
nets dont la conftrudion eft telle , que la voix de ce-
lui qui parle à un bout de la voûte , eft entendue à
l'autre bout.
Cabinet , lignifie figurémertt ce qui fe pafîe , ce qui le
dit dans lin cabinet , foit à l'égard de* Princes pour
le Confeil qui s'y tient , Ibit pour l'étude qu'y font
les Particuliers. Ainli quand il s'agit de la Cour S>c
du Roi , le mot de cabinet fignitie le Confeil par-
ticulier du Roi , &: les fecrets les plus cachés. Se-
, creta , arcana conjllia. Régenter le Cabinet, La Ro-
j CHEF. Juftinien fut un Empereur de cabinet , & pro-
pre feulement à faire la guerre de loin v mais qui en
récompenfe prétcndoit exceller dans les combats de
doctrine , ?^ entendre mieux que perlbnne les
' cfintroverfes de ce temps-là. P. Doucin. Charles
V , Empereur n'étoit pas grand Capitaine , mais
c'étoit un grand homme de cabinet. Ce courtifan
fait tous les fecrets du cabinet. Ce Jurisconililte ne
fait pas plaider \ mais il eft très-babile dans le ca-
imi?i,c'cft- à-dite , pour la confultation.
On dit aulfi qu'un homme tient cabinet ; pour
dire , qu'il reçoit chez lui les honnêtes gens qui s'y
veulent aflembler , pour faire une converfation la-
vante & agréable. Meilleurs du Puy ont long-tems
tenu cabinet dans la bibliothèque de M. de Thou.
M. Ménage tenoit fouvent cabinet chez lui.
Cabinet de Treillage, eft un lieu couvert au bout
des allées d'un jardin , où l'on fe repofe ,compofé
feulement de verdure foutenue par des barreaux de
fer ou des perches. Pergula , trichila. Un cabinet de
chèvrefeuille , de filaria , &c. Cabinet de verdure ,
eft auflî une efpèce de berceau , fait par l'entrelace-
ment de branches d'arbres.
Cabinet de Jardin , Petit bâtiment ifolé en manière
de pavillon , ouvert de tous côtés , qui fert de re-
traite contre les ardeurs du Soleil pour y prendre
le frais, t/mbraculum ,curta pergula, trichila -.nu-
iHarium ,fuff'u§ium imbris & Jolis. Le nom de fa-
C A B
/ons convient mieux à ces efpèces de cahînets, LôrA
qu'ils font accompagnés de quelques autres pièces,
on les nomme belvédères.
CABIRES. Terme de l'ancienne Théologie des Païens ,
qui fignifie,lélon Ibn étymologie qui eft Phéniciennci
puiff'ans Dieux. C'étoit le nom qu'on donnoit aux
Dieux des Samothraciens. Ils étoient auHi adorés en
quelques lieux de la Grèce , comme à Lemnos &; à
Thebes , où l'on célébroit les Cabiries en leur hon-
neur. Sanchoniaton dit que les Phéniciens les ho-
noroient aufîî, Eufeb. Prœp. Lib. I, Diodore de Si-
cile dit , Liv. F, qu'ils palfoient pour avoir trouvé
l'ufage du feu, & l'art de faire des ouvrages de fer.
C'eft pour cela que fur une médaille de Gordien III j
& fur une de Furia Sabinia Tranquillina , toutes
deux de la ville de Carrhes , où les Cabires étoient
adorés , il y a un Cabire fur une colonne , tenant
de la main droite un marteau. Vaillant , Num.Im^
per.p. 105 & 115 ,& Hérodote remarque dans fort
///' Liv. , que les Cabires étoient repréfentés fem-
bhbles à Vulcain. Une infcription grecque qui eft:
.à Venif'e les appelle grands Dieux & Diofcoures y
quielt un nom affecl:éà Caftor & à PoUux, comme
fi ces Dieux avoient été du nombre des Cabires, Elle
porte ,
faIos TAior
AXAFNEïS lÉ
PETS FENOME
NOS ©E.QN ME
TAAON Aies
KOPîiN KABEirnN,
VofTius a parlé des Cabires dans fon Liv. II des
Idol., c. 31 ,p. Z55 , 25<î. C. 55 ,p. 302; &C. 573,
/;. 311.
De Méziriac, dans fofl Commentaire fur VEpître
de Didon à Enée , après avoir rapporté fut ce fujet
un long paflàge de Vairon , pris de Servius , ajoute
ces paroles : on peut tirer de ce paffage avec Scali-
liger , que ces Dieux Samothraciens , qui étoient
furnommés puiffans , font les mêmes qu'on appeloit
Cabires, d'autant que Caber ,en langue Phénicienne
ou Syriaque , lignifie puiffant. Nonnus , Liv. XIF ,
des Dionyjiaqucs , fait mention de deux Cabires^
nommés Àleon &: Eurymcdon , & dit qu'ils étoient
fils de Vulcain & d'une Nymphe Thracienne , ap-
pelée Cabire ou Cabere. Il fait néanmoins dans fes
Livres XXFII , XXIX & XXX, cette Nymphe
mère des Cabires.
De Méziriac rapporte encore au même endroit
cette remarque du Scholiafte d'Apollonius , fur Le
premier livre des Argonautes, touchant les Cabires.
En l'île de Samothrace on s'initie aux 6'a^irM , &
Mnafeas rapporte même leurs noms. Ils font au nom-
bre de quatre , favoir, Axierus , Axiocerla , Axiocer-
lus : Axierus, c'eft Cércs ; Axiocerfa, c'eft Prolérpinei
Axiocerfus, c'eft Pluton. Le quatrième qu'on ajoute,
nommé Cafmilus , c'eft Mercure , au rapport de
Dionyfodorus. Athénée dit que Jalon & Dardanus
furent engendrés de Jupiter & d'Eled;ra , i<c qu'il
lui femble qu'ils furent appelés Cabires , dont le
plus ancien , c'eft Jupiter , le plus jeune , c'eft Bac-
chus. Voilà ce que le Scholiafte d'Apollonius a
remarqué touchant les Cabires, dont il eft aulli parlé
dans Strabon. Héfychius dit que ces Cabires , oui
fout fils de Vulcain, étoient fort honorés dans l'Ile
de Lemnos. Hérodote , Liv. III , les fait aufîî fils de
Vulcain. Foyei de Méziriac, qui s'étend fort au long
fur les Cabires. Bochart en parle prefque de la mê-
me manière dans la féconde partie de fa Géographie
facrce ,Liv.I ,ch. iz , & félon fa méthode ordinaire.
f
il remonte jufqu'à la langue Phénicienne , d'où les
Grecs ont formé les noms des Dieux Cabires, en le>
accommodant au génie de leur langue.
Le mot de Cabires a un autre fens dans Origcne
contre Celfe , où il fe prend pour les anciens Per-
fans. M. Hyde,quia donné depuis peu une hiftoire
de la Religion des anciens Perfans , tirée de leurs
écrits en leur langue , a remarqué que le moi de
C A B
Cayires eil Pc-rlan. Cabiri -, die- il ,au ch. 19 cîe Ton
oavL'atîe ,Juju Gabri voa Ferjicâ aliquantulum il:-
tonâ. En cfîcr , ceux qui ont donné des relations de
la Perle nous apprennent qu'il refte encore aujour-
d'hui chez les Perlans des defcendans de ces an-
ciens Gabrcs , ou Giavres , adorateurs du feu ■■, quel-
ques-uns les appellent Gciiires , ou plutôt Gavrss.
M. Hyde , qui en traite fort au long dans fon hil-
toire , pïétcad qu'ils ne rendent point au feu &
au Soleil un véritable culte, mais leulemenr un culte
civil , & qu'ainli ils fie font point idolâtres.
CABlPvIDEi. f. f. pi. Nymphes , filles de Vukain &
de Cabira.
GABIRiES. f. m. pi. Cabiria. C'eft une fête des Grecs
donc parle Hclychius , dans lequel on l'appelle
Cabbires , Kxpjir.ex -.mais Meurfius, dans fon Liv. //•'
d(:s Fer Les , Od Fêtes Grecques, conjecfure avec bien
de la raifon , qu'il faut lire KaiHipix , Cabiries. C'ctoit
Ja fcte des C^i^irt-^ , que l'on honocoJt dans l'Ile de
Lemnos. Les Thcbains la célébroient auili , de même
que les Samothraces , parce qu'ils honoroient auiîi
ces Dieux. Cette fête pallbit pour être très-ancienne,
& antérieure au temps même de Jupiter , qui, dit-
on , la renouvella. Les Cabiries le célébroient de
nuit? ; & l'on y confacroit les enfans depuis un cer-
tain âge. Cette coniccration ctoit , félon l'opinion
Païenne, un préfcrvatif contre les dangers de la mer,
& les autres périls. La cérémonie de la confécra-
tion conufljoit à mettre l'initié fur un thrônc , au-
tour duquel les Prêtres failbient des danfes. La
marque des initiés étoit de porter une ceinture ou
écharpe d'un ruban de pourpre. Quand on avoir fait
quelque meurtre , c'étoit un azyle d'aller aux fa-
crifices des Cabires. Meurfuis , à l'endroit cité , pro-
duit les preuves de tout ceci.
$3- CABLAN. Ville de l'Inde, au-de-là du Gange ,
en Alie , capitale d'un Royaume de même nom ,
préléntement Ibumife au Roi d'Ava , avec le Royau-
me qui dcpendoit autrefois du Roi de Pégu.
ff? CABLE, f. m. C'eil: en général un gros cordage,
dont on lé fcrt pour traîner ou enlever des fardeaux.
En marine , c'eft un très-iiros cordage qui lért dans
les navires pour les tenir a l'ancre. Funis. Il cit
compofé de trois aulîières , dont chacune a trois to-
rons : le cable eft donc de neuf torons. On le dit
auilî des cordes qui fervent à tenir les mâts , comme
les haubans , à remonter les bateaux , à élever d^
gros firdeaux dans les bâtimens par le moyen des
giracs & des poulies. Les cables qu'on appelle
brayers , fervent à lier les pierres , les baquets à
mortier , ùc. Les haubans fervent à retenir & hau-
baner : les engins , les vintaines , qui font les moin-
dres cordages , fervent à conduite les fardeaux en
les montant , pour les détourner des faillies. Un
navire bien équipé doit avoir quatre cables. Le plus
gros s'appelle maître cable , & le plus petit , grelin.
Ce mot vient de l'Hébreu chebel , ou de fon
pluriel chebalin , qui lignifie corde. Nicox. Du
Cange croit qu'il vient de l'Arabe kabl, qui lignifie
corde , ou de habala , vincire. Ménage aptes Ilîdore
li dérive de capalum , ou cabuliim , qu'd fait venir
du Grec ya{i\>.c^ ^ ou du Latin camelus. On a
dit aulTi dans la balle Latinité , caplum que Papias
dérive à. capiendo , &: qui lignifie ime corde de
n-.: vire.
On dit, donner \e. cable à un vaiflcau, lorfqu'é-
tant incommodé, on le remorque avec un cable qu'on
lui donne : ce qu'on appelle autrement touer ou
tirer en ouaiche. On dit filer le cable bout pour
bout , lorfqu'on lâche & abandonne le cable avec
l'ancre , quand on n'a pas le temps de défancrcr ,
bittcr le cable , c'eft le rouler &: l'arrêter autour des
■ bittes. On dit , les cables ont un tour , ou un demi-
tour, lorfcue le vaiileau qui cft à l'ancre obéillânt
au vent , ou au courant de la mer , a croifé , ou cor-
donné près des écubicrs les cables qui le tiennent.
Alonger le cable , c'eft. l'étendre fur le pont, ou
pour le débittcr , ou pour mouiller l'ancre. Débitter
le cable , c'eft dépallcr un tour que le cable fait fut
C A B
î ?i
la bitte. Débofler le cable , c'eft démarrer la boHé qui
le tient. Talinguer le cable, c'eft amarrer , & lier le
cable à l'argancau de l'ancre. Fourrer un cable, c'eft le
garnir de trèfles , ou de toile , pour le conferver.
Cable le prend auHi, en termes de Marine, pour
une mefure de 110 bralîés , à caufe qtie c'eft la
mefure ordinaire de toutes fortes de cables ; ainlî
lorfqu'on dit , qu'on eft m.ouillé à deux ou ttoii
cables de terre , on doit entendre qu'on en cft i
deux cents quarante, ou à trois cens-lbixante bralîés.
§3" On appelle auHl cables , les cordes qui fervent
à remonter les grands bateaux dans les rivières ,
& à élever de gros fardeaux dans les bâtimens ,
par le moyen des poulies.
(fr Dans l'Ariillerie c'eft aulTi un gros cordage qui
fert particulièrement aux Chévtes. f^oye^ Chèvre.
Ce mot^vient de l'Hébreu.
CABLE , EE. adi. Terme de Blafon , fe dit d'une croix
faite , ou couverte de coide , ou de cables tortillés.
Crux è funibus intortis coniexta.
-:fT C'eft aullî un terme d'Architeélure , qui fe dit
des cannelures qui font relevées & contournées
en forme de Cablss.
ÇABLEAU. Dimunutif de cable: c'eft le petit c^r/^/if,
qui fett ordinairement d'amarre à la chalouppe du
navire. Funis minor. On dit aulfi Cablot.
ifT On donne auHi ce nom à cette longue corde que
les Mariniers appellent ordinairement Cincenelle.
Voye^ ce mot.
CABLER, v. a. C'eft un terme de Cordier , qui ligni-
fie, aflémbler plulieurs fils , & les tortiller pour
n'en faire qu'une corde. Funes intorquere. Câbler
de la ficelle.
^ CABLIAU. roye^ Cabillaud.
CA.BLOT. f. m. Foye:^ Cableau.
CABO. f. m. Cap, Promontoire, Caput , Promon-
torium. Ce non. eft purement Efpagnol , & fignifie
la même cliofe que Cap en François. Nous le rete-
nons quelquefois dans notre langue aux noms des
lieux auxquels les Efpagnols le donnent, & quel-
quefois on le trouve fur des Cartes de Géographie.
Caba-ceira , Cabo-carço , Cabo-roxo , Cubo-dlf-
tria , ècc.
ffT Cabo. Caput. Royaume d'Afrique, au pays des
Nègres', fur le Riogrande , vers le Sud.
CABOCHE, f. f. La tête de l'homme. Caput. Il y a
bien de là malice dans cette petite caboche. Ce mot
cft vieux &: populaire •, on s'en lért dans le ftyle co-
mique , & quelquefois dans le ftyle familier. Mé-
nage le fait venir de caput , la tête.
{C? Caboche , en termes de blafon , lé dit d'une
tête d'animal, coupée derrière les oreilles par une
fcélion perpendiculaire. Encyc.
Caboches, en termes de Quincaillerie, font en gé-
néral ^ÇT des doux qui font courts avec une tête
large.On les appelle aullî Cloux à Ibuliers , parce-
que les gens de la campagne , en garrulfenr b /"rmelle
&: le talon de leurs ibuliers , afin qu'Us durent
plus long-temps. Clavorum capita.
Caboche. Dans la fatyre Ménippéc , on donne ce
nom aux féditieux , à l'imitation de la fédition des
bouchers , ttipiers , & auttes mauvais garnemens
qui fe foulevcrcnt contre le Roi Charles VI en
I4i2,& qui furent aomvacs Cabochiens , à caufs
du nommé Caboche , écorcheur de bêtes , l'un de
leurs chefs.
CABOCHIEN. f. m. Voye^ l'Article précédent.
CABOCHON, f. m. Terme de Jouaillier. Pierre pré-
cicufc, & particulièrement un rubis, qui eft feu-
lement poli fans avoir aucune figure régulière ,
mais telle que s'cft trouvée la pierre , après en avoir
ôté ce qu'elle avoit de brut : de forte qu'il y en a de
rondes , d'ovales , de bolfues , Hc de plufieurs
autres fortes. Lapillus pretiofus.
Cabochon. Terme de Clouticr. Clou qui a la tête
large & prefque en forme de diamant, & qui cft
for't court , & plus petit que les Caboches.
Cabochon. Ornement qui failbit partie delà cocffure
des Dames. Cetoit une efpèce de bonnet piquc^
î^^
€ A B
C A B
lorc pointu vers le front. Il croit fait dc'tafFctas de / pieds prcftcmcht , tandis qu'ils font en Tair. En ma-
ie & peinte , 1 titre de Danlc la cabriole eft la même choie que le
diverles couleurs , de gaze rayée , ou unie
où l'on mcttoit de la chenille , du clinquant d'or ou
d'atiTcnt, ou d'autres a^^rcmens. Merc. M.ii. iit(^.
03" CABOLjETTO. ù m. Monnoye qui a cours
dans les États de la république de Gcncs , valant
environ quatre lois de France.
CABOSSE. {'. i. C'cll: la gouHe qui renferme les
amandes du cacao. On connoit que le cacao eft
mût , lorfque les catojj'cs commencent à jaunir.
CABOT. Voyei Malet.
CABOTAGE, f. m. Terme de Marine. Le cabotage
cfl: la première partie du pilotage. Le cabotage , clt
la- -navigation de terre à terre, ou le long des cotes.
BouG. Le cabotage cil aufli la connoiiiance de la
boaHble,des côtes , des mouillages , des ancrages ,
des courans & marées , des profondeurs des bancs ,
& autres dangers , & le pointage des cartes
plittes. Id.
CABOTER. V. n. Terme de KLirine. Naviger le long
des côtes -, & faire de petits voyages fur mer ; aller
de cao en cap , de port en port. Liitora radere. Les
Corfaires,ou les navires qui croifent les mers , ne
font que caboter , aller de cap en cap.
^ CAEOTÎER. f. m. bâtiment dont on fe fcrt
pour cabot&r. Académie Fr.ançoise.
CABOTTIERE. f. f. Bateau plat , long & étroit ,
d'environ trois pieds de profondeur , .avec un gou-
vernail très-long , fait en forme de rames. Cette
forte de bateaux ne fert guère qu'au commerce qui
fe fait par la rivière d'Eure , qui vient du côté de
Chartres , pafTe à Dreux , & fe jette dans la Seine
à un quart de licuc au-deilus du pont de l'Arche.
§3= CABOUCHAN. Ville d'Afie, dans le Korallln. ]
Elle dépend de Nichabour.
^3' CABRA. Ville d'Afrique , dans la Nigritie, au
R oyaume de Tombut , fur le Scncgal.
CABRE. (A\ On appelle f.î/'rfjf, en termes de Ma-
rine, de gros boutons ronds joints par le haut , &
pofés proche des Apoflis aux extrémités du côté
d'une Galère. C'eft auill une efpèce de chèvre com-
pofée de deux ou rrois pieux joints enfcmble par
le haut , qui s'étendent beaucoup par le bas , au
haut defquels on met une poulie de caliorne avec
une.étague, pour tirer de gros fardeaux. C'eft avec
une cabre qu'on enlève de de/fus le bord des riviè-
res les groiîes pièces de bois de conftrud:ion. Cerrc
machine s'appelle chèvre en quelques endroits. Le
mot cabre femble venir du Larin capra, aulîi-bien
que le mot chèvre. Machinamcntum.
^CF Cabré , en termes de Blalôn , fe dit d'un Gheval
acculé. Equus arrcHus , arreclo peclore.
CABRER. ( fe ) v. récip. On le dit au propre des che-
vaux qui fe drellcnt fur les pieds de derrière. Peclits
arri^ere. Ce Cheval eft vicieux , il fe cabre quand
on lui tire trop la bride.
^3" Se cabrer , dans le fcns figuré, fe dit, des hom-
mes qui fe mettent en colère , qui s'emportent de
dépit. C'eft un fantafque , qui fe cabre aifcment &
fins fujet. Pronum , facilern e£e ad ofjciijicnem.
Il y a des tempéramens ennemis de toute réîiftance ,
que la vériré fait cabrer , & qui fe roidilfent tou-
jours contre la raifon. Mol.
Monfieur de la Châtre s'eft fcrvi de ce rerme acli
vcment , quand il a dit : Le difcours de la Princciîc
fur rempli de beaucoup d'attaques contre M. de
Beaufort, auxquelles je répartis du mieux que je
pus fans la cabrer.
Ce mot vient de chèvre , parce qu'elle a accou-
tumé de^ fe drefîer & de fauter.
CABRE , EE. part. & adj. Foye^ Cabrer.
CABRI , f. m. Fo\ei CABRIL & CABRIT.
CABRIL , f. m. Mot populaire , Chevreau , le petit
d'une chèvre. Capreoltis. Sauter comme un cabril.
On ditauili Cahrit, plus communément cabri.
CABRIOLE. Mieux que CAPRIOLE. f. f. Elévation
du corps , faut léger & agile , que font les Danfeurs
ordinairement à la fin des cadences. Levis , agiîis
infublimefaltus, Frifçr la cahio/ëiC'ciï, remuer les
Jaiet. La demi-cabriofe eft lorfqu'on ne retombe
que fur l'un des pieds. L'Auteur des Réflexions
Jur Fujage de la Langue Françoife fe déclare pour
capriole , &: quelques autres avec lui. L'ufage le plus
gênerai eft pour cabriole. Mén.
Cabriole, en termes de Manège, fe dit , lorfque le
_ cheval étant en l'air , avant que de rorrlber à rcrre ,
cpare cntièrcm.ent du derrière , c'eft-à-dire , rue eh
étendant les jambes avec violence. C'eft un faut que
fait le cheval , fans aller en avanr , en forte qu'étant
en l'air , il montre les fers , & détache les ruades.
Ce qu'on appelle éparer & nouer l'aiguillette , on
l'appelle autrement faut de ferme à ferme. Quand il
n'epare qu'à demi , on donne à la cabriole le nom
de balotade : &c on ini donne celui de croiipade ,
quand , au lieu d'étendre les jambes en arrière , il
les troulfe fous lui , comme s'il les vouloit retirer
dans le ventre , 6c retombe prefque les quatre pieds
enfemble.
^fT La Cabriole eft un manège^ par haut, & le plus
difficile de tous les airs relevés. On dir qu'un cheval
fe prcfente de lui-même à cabrioles , qu'il fe met de
lui-même à cabrioles , lorfqu'il fait des faut?cgaux
& dans k main , c'eft-à-dire, fans forcer la main &C
lans pcfcr fur la bride.
§C? Il y a plufieuts fortes de cabrioles ; cabriole
droite , cabriole en arrière , cabriole de côté , ca-
briole battue ou frifée , cabriole ouverte.
\fT Ce mot vient de capreolare , qui a été fait de
capreolus.
Cabriole , fe dit auffi des fauts dangereux , des
chutes. Periculofi/s J'altiis. Gcz homme ed tombé,
il a fauté dix marches fur l'efcalier , il a fait une
jolie cabriole. Cela ne fc dit qu'en riant.
CABRIOLER, v. n. Faire la cabriole, ou des cabrioles.
y^gi/i , levifaltufe in fublime tôlier e. Ce Danfeur,
ce Baladin , cabriole bien.
(fT CABRIOLET, f. m. Sorte de voiture légère , mon-
tée fur deux roues , fort à la mode depuis quelques
années.
CABRIOLEUR. f. m. Faifeur de cabrioles Agilis iri
fui lime jaltator. C'eft un excellent Cabrioleur.
CABRIONS, f. m. Terme de Marine. Ce font des
pièces de bois , qu'on mer derrière les affûts deS
canons pendant le gros remps , de peur qu'ils ne
• rompent leurs bragues & leurs palans.
CABRIT. f. m, Jeune chevreau. On le nomme ainfi en
pluficurs endroits de la France. Hœdillus, hœdulus ,
capreolus. Sauter comme un cabrit.
CABROLLE. Pohlbn de mer. Vaye:^ Biche.
CABRON. f. m. Peau de jeune chèvre ou cabrit.
Pellis h'xdina.
CABROUET. f. m. C'eft ainfi qu'on nomme les chat-
rertes dans les Iles. Je ne manquai pas de lui en té-
moigner ma joie, & de lui offrir nos cabrouets^
no"; bœufs pour l'aller chercher. P. Labat. Il embar-
que fes marchandifes à la porre de fa maifon , fans
avoir bcfoin de cabreueis ou charrettes pour les
rranfportcr, Id.
\^Q^ Cabrouets font ordinairement rires par de*
bœufs.
CABROUETTIER. f. m. Celui qui conduit un Ca-
brouet.
CABRUS. f m. Terme de Mythologie. Cahrus. C'eft
le nom d'un Dieu des Phafclyrcs citoyens d'une
ville de Pamphilie. Ils lui olfroienr du poiflbn falé.
Dc-là vient qu'on appcloit proverbialemcnr du poif-
ibn filé , un facrifice de Phafélytes. Suidas appelle
ce Dieu Çalabrus , au lieu de Cabriis. Erafme pré-
tend qu'il faut dire Caprus. Peut-être que Cabrv.s
s'eft dit plutôt pour Cabirus , Cabire. Il eft ordi-,
naire de ciianger 1'/ en un e muet.
CABUIA. f. m. Herbe qui croît aux Indes Occidenta-
le;. Ses feuilles reifcmblent à celles de l'iris ou du
chp.rdon. Les Sauvages cnfontdes cordes & des filets.
CABUL. f m. Petit pays de Galilée , que Salomon
donna à Hiram Roi de Tyr, à caufc de ce qu'il lui
C AC
ftVoit foflrnî ponrhâtir le temple de Jcnrralem. /77*
Livre des Rois, IX, i ^.Térra Chabul. C'eft Hiram qui
.lui donna ce nom en Ir.ngue Phénicienne , dit Joleph
Z'v. Vni 1 ck. 5 , & il paroîr qu'il le lui donna par
mépris ■, car il tut peu content que Salomon lui
aonnàt li peu de choie. Jolephe l'interprète dephti-
J'ant, malplaifant ; d'autres Jatle , Si diiént qu'Hi-
ram l'appela ainli , parce que ce n'étoient que des
labiés ftérilcs. Quelques Rabbins au contraire prc-
t.-ndent qu'il lignifie , de la bouc ; que c'ctoit un
pays marécageux & ilérile. FuUcrus eft de mêifie
iLntiment ■■, mais la fertilité de la Tribu d'Afcr où il
ctoit,&:lc voiiînagc du Liban, lui pctfuadent que
la terre Ch.ihd croit une tetre fertile Se graiîe ,
mais forte Se difficile- à labourer, &: que c'cfl: pour
cela qu'Hiram en fut mécontent. Au refte , les uns
& les autres tifent ce mot de Vl33 impeditus con-
jiriclus , parce que l'un & l'autre , c'cll-à-dire, le fable,
au.'Ii-bien que la bouc , &: la terre gralle , arrête &
retient les pieds.
Cabitl, eft auffi une ville de la Tribu d'Afet , dont
parle Jofué, XIX, 17. Cabul.
Cabui. , eft encore aujourd'hui une grande ville d*Afie
dans l'empire du Mogol, & qui eft capitale d'un
Royaume , auquel elle donne le nom. Cahulian.
Cabul z^ik. fur la rivière de Béhat, vers les montagnes
& le pays de Zagatayc. Le Royaume de Cabul ç?i
une grande Province du Mogoliftan , au midi du
Caucafe , qui le fépate de la Tartarie. Cabuli , ou
Cabnlenfe re^niinu
Ip- CABULISTAN. La même chofe qite Cabul,
Royaume.
fJ- CABURLANT. PoifTon demer. Voye^ Chabot.
CABUS. Il y en a qui difent Capus. adj. m. Epi-
thète des choux qu^n appelle -xwxizmznx. pommés.
Caiilis capitatus. On le dit auflî des laitues , quand
elles font tranfplantées te pommées. Rabelais feint
que ce fat d'une fueur de Jupiter que naquirent les
choux cabus.
Ce mot vient de capitatus , ou bien de caputus ,
félon Ménage. Les Allemands les appellent Kab-
skraut , c'eft-à-dite , herbe à tête,
C A C.
£ACA. f. m. Ordure. Stercus. On le dit aux petits
enfans. Il faut aller faite caca. N(? mangez pas de
cela , c'eft du caca. Il vient du Latin c.icare. C'eil un
terme de Nourrice.
ÇACA. f. f nom de femme. Caca. C'eft la fœur de
Cacus,dont parle Virgile au ^7/7' Liv. de l'Enéide.
Elle fut honorée à Rome comme une Dée/îè. Voye^^
Ladlance Liv.I, ck. io. Scrvius fur l'endroitde Virgile
cité v. ipo. Elle avoit un temple dans lequel on
lui entretenoit , comme à Vcfta , un feu perpétuel.
CAÇACA. Ville de la province de Garel , dans le
royaume de Fez en Alrique , fur la côte de la mer
Méditerranée , proche Melile.
CACABER. V. n. C'cft le terme dont on fe fett pour
exprimer la manière de crier de la Perdrix. La Per-
drix cacabc. On prend plaifir à entendre cacaber les
l'crdrix. Ce mot cfl: tout latin. Cacabare.
CACADE. f. f. Décharge de ventre. Alvi dejeclio.
Terme populaite.
Caca DE , fe dit figurémenr & familièrement du
mauvais (accès de quelque folle entreprife , où un
homme s'étoit vanté de réuflir. Il a fait une vilaine
cacade. Cajï/s.
Ce mot eft du ftylc bas , au propre & au figuré. Il
vient de l'Italien cagar , cagada , qui fignifie la
même chcfe.
CACAGOGUES, f. m. pi. &: adj. Onguens qui ap-
pliqués au fondement provoquent les felles. Caca-
goga. James , dans Ton Diélionnaire , rapporte la ma-
nière dont Paul Egincte failbit cet onguent.
CACALIA. f. f. Plante dont il y a deux efpeces. Te ne
décrirai que la première, parce que la féconde lui eft
toute- fcmblable , excepté que fa tige &: Tes feuilles
fort fnns poil , & que fa fleur eft d'un purpurin
plus pâle ou jaune. La Cacalia croît fur les mon-
C AC ïji
hghes , &: eft propre pour amolir, adoucir , Se ci-
catrifer. On s'en fert aulfi en décodiion pour cpaif-
lîr la fcrofiré qui tombe du cerveau. Se: feuilles lonr
prefque rondes, cpaiilcs , dentelées par les bords,
aîiguleufcs, cotoneufes , & blanches en deifous
comme celleS du Petajites. Il s*élcve d'entre elles
une tige d'environ deux f>iéds, velue , moclleufe >
fe divilbnt vers ia fommité en quelques rameaux oui
foutiennent des fleurs dilpofées en bouqucrs , de
couleur purpurine dans un calice cylindrique; Quand
ces fleurs font tombées, il naît en leur plalfe dej
graines oblongues, garnies chacune d'une aigrerre.
Sa racine eft groflc comme le petir doigt, entourée
dt fibres menues. Lémery. JOiofcoride en parle*
Galien l'appelle cancaniim,
CACAO, f. m. Cacao. C'eft .l'amande d'un arbre âp=»
pelé Cacaoyer. Elle eft la bafe du Chocolat, l^oyef
Chocolat. Oh diPcingue le Cacao en quelques
cfpèces qui paroiffcnt des variétés dépendantes de
leuts différenres grofièurs , ou du lieu dont elles
font apportées-, telles font les diftirtélionsen 6"iZf.z(?
grand & petit Caracque , & en Cacao gros & petit
des îles.
CACAOTETL. f. m. Pierre Indienne , autrement ap-
pelée Lapis-corviniis , qui quand elle eft échauf-
fée, produit, à ce qu'on dit, un bruit comme un'
coup de tonnerre.
CACAOYER ou CACAOTIER, f. m. Cacao.
C'eft un atbre d'une moyenne grandeur , qui croît
dans le Brélil , Se qu'on cultive à préfent dans
nos îles d.' Amérique. Son tronc eft de lagroffeur de
la jambe , haut de quarte à cinq pieds , coMvert
d'une ccotce brune , gerfée», Se divifée en plufieurs
branches qui fe fubdivilcnt en plufieuts rameaux ,
charges de feuilles alternes , liflcs , glabres , inclinées
en bas , afîez femblables à celles du eitr'onier, longues
de neuf à dix pouces , fur quatre pouces de largeur.
Ses fleurs naifiènt par bouquets , attaches aux bran-
ches 5 quelquefois au tronc , Se font compofées de
cinq pétales d'un jaune pâle , foUtcnucs par un ca-
lice à cinq découpures , pâles en dehors , Se rouges
en dedans. Le piftil, qui eft environné d'un nombre
d'étamines courbées Se chargées de fommets pâles ,
devient un fiuit d'uti demi-pied de long , fur frois
pouces d'épaifleut , relevé de dix crêtes , raboteux
exrérieurement, d'abord verdâtre , enfuite Jaunâtre,
Si enfin d'un brun rouge poirttillédetachcsjaunâtres.
Le pédicule de ce ftuit eftoblong, & de la groileut
d'une plume à écrire. Ce fruit eft blanc en dedans , Se
renfeime une trentaine de femences ou amandes ,
de la groficur d'une olive , taillées en fotme de
cceur alongé, luifantcs, polies, d'un beau violet,
clair en dehors , Se blanches en dedans, & d'urt
goût d'am.andes lorfqu'elles font fcches. Cet arbre
donne deux à trois fois l'année des fleurs. Plumier ,
Hermand , Du Tertre , Rochefort , Pifon , Laet ,
Acofta , Clulius.
Cet arbre , dartsles Indes Occidentales, fè nomme
la cvcuhnazuah.uhl. Il eft fort foible & tendre ; c'eft
pourquoi il a befoin d'un autre grand arbre qui
foit tout proche de lui pùut lui faire ombre , &:
qui s'appelle ahynan , par les Efpagnols , la madré
del cacao. Ot\ en trouve beaucoup dans le pays de
Guatimala.On tire du beurre de fon fruit, de l'huile,
qui ont plulicurs propriétés en médecine. Le cdc/zo
fert auflTi de menue monnoie dans le pays.
CACAOYERE, f. f. Lieu planté d'arbres de Cacao,
ou de Cacaoyers. Locus arboribtis Cacao conjttus.
Quoiqu'on écrive Cacao , Cacaoyer , Cacaoyère ,
néanmoins d'ans les îles de l'Amérique, on prononce
Caco ., Cacover , Cacoyere, Se l'arbre, ou le Ca-
caoyer*, s'appelle le plus fouvent CaCo , comme fon
fruit. Le P. Labat écrit Cacoyere , par contradion,
Voyei l'HiJl. Naturelle du Cacao , impr, à Paris
en 1719.
CAÇAR. Nom Arabe , ?-' originairement Hébreu,
qui entre dans plufieurs nom' de villes bâflcs , ou
■ podcdécs par des Arabes. Ce mot vient de l'Hé-
breu ni-n , Hhatjar , ou Chatfar , qui en cette lan-
îH
C A C
giie fignifie palais , demeure , halntatwji ; Se en
Arabe encore fortijîca:io/i , lieu foniJiJ , fort, ch.i-
tcau , ville. Ainli Caçar-Pharaon , lignine château
de Pharaon, C'eft une ville d'Afrique , dans la
Province de Fez , & firnce fur l'une des cimes de
la montagne de Zarhon. Les habitans croient qu'elle
a été bâtie par un des Pharaons, Pvoi d'Egypte. On
croit que ce font les Goths qui l'ont fondée. Caçar
Haimt , ville ruinée fur la côte de Tripoli en
Afrique , fignifie fortcreffe , ou Château de Hamet.
Caj^r Hafcen, autre ville ruinée à l'Orient de Tri-
poli 5 fignifie fortereffe de Hiifcen.
<ZACAVL Foye:- CASSAVE.
CACCÎONDE, f. m.„Nom d'une pilule, qui a pour
baie la terre du Japon , ou le Cachou , & que Ba-
glivi recommande dans la dyfrcnterie. Casselli ,
cité par James.
fer CACERE5. Petite ville d'Elpagne , dans l'Eftra-
madure , flir la rivière de Falot.
^^'Çacep.es , ou Caures de camarinha-. Ville de
rile de Luçon , l'une des Philipines , avec un évè-
ché fuffragant de Manille, long. 142. d. 15'. lat.
14.. d. 15'.
Cachalot. (. m. Grand PolfTon cétacée , qu'on
dit être fort ennemi de la Baleine. D'autres difcnt
qu'il eft lui-même le nûle de la Baleine •, d'après
ce qu'en difent Clufius , Willughby &: Anderfon -,
c'cll une efpèce particulière des Cctacécs. Ils en
diftinguent plufieurs elpècçs. Le fperme de Baleine
que l'on vend chez les Droguiftes , n'eft rien autre
chofe que la cervelle du Cachalot préparée.
pACHAN. Cachanum. Ville de la Province d'Yerak
en Perle , à zo lieuls d'ifpahan en tirant vers Kom.
Cachan ell: une grande ville , 6c de toute la Perle ,
celle où l'on fait les plus beaux brocards d'or &
d'argent. Elle eft flirnommée DorolrnoumcniT2,c'e^-i-
dire , Jijoiir des Fidèles , parce que l;s delcendans
d'Hali s'y retirèrent durant les perfecutions des Cali-
fes.Les Perfans difcnt qu'elle a été bâtie par Zebd-le-
Caton petite-fille de Kafchan , petit-fils d'Hali , qui
ctoit enterré là, &: qu'elle lui donna le nom de fon
aïeul. Oléarius écrit Cafehan , 5c quelques autres
Voyageurs Cakem. Cafehan eft m.ieux , parce que c'cft
un Schin , qui en Perfan , comme en Arabe &c en
Hébreu , a le même fon que notre ch dans char ,
charrette , cheval , &Cc.
Cachan. AïIcï à. Cachan. Voyez plus bas Cache.
CACHATIN. f. m. Gomme laque , Cachatin ; c'eft une
des fortes de gomme laque que les marchands Chré-
tiens portent à S'myrne.
CACHE, i". f. Lieu lecrer , où l'on met ce qu'on veut
dérober à la vue des hommes. Latehra. Il y a plu-
fieurs caches dans cette maifon , dans ce bois. L'avare
met fon argent dans des caches où l'on ne peut le
trouver. Ce mot ne peut s'employer que dans le fty le
familier.
On dit proverbialement qu'un homme a trouvé la
cache , quand il a trouvé quelque bonne invention ,
le fecrer d'une affaire , ou le lieu où il y avoir quelque
chofe de bien caché. On dit aulfi, mais balfement,
qu'un homme eft allé à Cachan , quand il eft obliîîé
de fe cacher pour quelque méchante affaire , p"ir
allufion au village de Cachan auprès d'Arcueil , à
une lieue de Paris.
Cache -jgACHE mitoulas. Terme populaire. C'cft un
jeu de jeunes pcns , qui conlifte à mettre quelque
diolé fecretement entre les mains , ou dans les ha-
bits de quelqu'un de la compagnie : ce qu'on pro-
pofe à deviner à une tierce perfonne.
Ce mot vienr par contraction & tranfpofirion de
mie tu ne l'as , au lieu de tu ne l'as w/V.*Pcut-ctre
aufîi pour où l'as-tu mis ?
Çache-entrée. f. m. C'eft ainfi que les Serruriers ap-
pellent une petite pièce de fer qui couvre l'entrée
d'une ferrure.
Çachb-mez. f, m. Vieux mot qui fignifioit autrefois un
maj'que. Oris , vultks tegmen.
ÇACH£-f lAiiKt. Terme de SWSWÇi Morceau, de cuir ,
C A C
qui couvre la platine d'un fulil. Faire ôterles cache-
platines Se les tampons. Bombelle",
Cache , f. f. qu'on nomme .i la Chine; cayas-, Si en
plufieurs endroits des Indes, cas, cajfe , cajiey&c
cdffie. Menue monnoie de cuivre , qui vaut un peu
plus qu'un denier de France . . . Les caches font
comme les doubles de France : elles font trouées ,
&: fix cents valent trois livres dix fols. Albé de Choiji.
CACHECTIQUE, f. m. Terme de Médecine. CacheÛi-
cus. Qui a une conftitution mauvaife , & un fang
noyé de férofités , & dont les parties branchues s'ac-
crDchcnr en s'unillant , &: ontbien de la peine à cir-
culer. Mem. de Trév. 17 14. Dec. p. iiyo.
^py On le dir particulièrement des remèdes bons
pour prévenir la cachexie -, ou pour la guérir quand
on en elt attaqué. Remèdes Cacheclujues. Faire ufage
des cachectiques. Ainfi il eft adjeétif & fubftantif.
Voye^ Cachexie.
CACHEMENT. adv. Il n'eft en ufage que dans le ftyls ,
bas , ou familier , ou burlefque Si. comique : D'une
manière cachée. Latenter, clam,J'ecretb. Il eft abfo-
lument hors d'ufage.
Cachement. f m. Occultatio. Manière dont une per-
fonne eft cachée. Il n'eft pas en ufage , & je crois
qu'on ne devroit pas imiter ceux qui s'en ferveiEt,
Richeeet , dans Jes augmentations.
C'eft un vieux mot que Nicot a mis à la fin du.
Verbe cacher. Molière s'en eft lérvi dans la troifiems
fcene de fa critique de l'Ecole des Femmes. Il y avoit
l'autre jour , dit-il , des femmes à cette Comédie,
qui par les mines qu'elles atfeélcrent durant toute la
Pièce , leurs détournemens de tête , &: leurs cache-
tnens de vifage , firent dire de tous côtés cent Ibtifes
de leur conduite. Au refte, je ne vois pas pourquoi
Richelet a eu plus d'indulgence pour détournement ,
qui a paru dès la première édition de fon Diclion-
naire , que pour cachement. L'un ne vaut pas mieux
que l'autre ', ou plutôt, ils font tous deux bons dans-
l'exemple que je viens de citer. ^
gO" CACHEMIRE. Province d'Afic , dans les Etats
du Mogol, qui a pour capitale une Ville de mêm2
nom. Long. 950 ,lat. ^(4° , 50'. Cette Ville eft gran-
de, & bien bâtie fur le bord d'un Lac rempli
de petites îles qui forment autant de jardins de
plai lance.
^fT CACHER, v. a. Mettre quelque chofe en un lien
fecret , où l'on ne puille pas la voir , la décoavrij
qu'avec beaucoup de difficulté. Abdere , Occultare ^
Occulere , At'fcondere. Les payfans cachent leuî
ar<cnr dans la terre , afin que les Soldats ne le
puilfent trouver.
0Cr Ménage , après Guyet , dérive ce mot de Caciare ,
qui fignifie chaff'er , pouffer. On dit en ce fens ,
que la nature nous a cache fes trélbrs , fes plus
merveilleufes opérations.
^fT Cacher , fignifie auffi voiler, couvrir , ne pas
faire paroître à la vue. Cacher un tableau. Cacher
fon vifage. Ce bais nous cache la vue de ce château.
^fj- On dit cacher ion jeu , Se cette expreffion a trois
divers fe'ns. Tegere , dijjimulare. Elle fignifie. i".
empêcher que fon jeu ne foir vu •, 1«. dillirau-
1er fon adreffe , en faifant femblant de ne favoir
pas bien jouer. 5°. cacher fes defleins , en forte que
perfonne ne puiiTe les découvrir. II eft tout-à-lait
figuré en ce dernier fens.
0Cr" Cacher au figuré, dans la fignification de diiTi-
muler , déguifer , fignifie, ufer d'un profond fecret,
pour dérober à la connoilfance d'autrui , ce qu'on
ne veut pas manifefter. Foyei les deux autres Sy-
nonymes. Il y a du foin & de l'attention à cacher;
de l'arr Se de l'habileté à difjimuler ; du travail
. & de la rufe à 'déguifer. Il Icmble qu'on cache par
le filence ; qu'on diljîmule par les démarches' -, &
qu'on deguife par les propos. Syn. Fr. quand on
veut réulllr dans leS aiîliires d'intérêr & de poli-
tique , il tant toujours cacher lés deffeins, les lii/^
Jimuler fouvènt , Si les déguifer quelquefois. Quand
on n'a pas la force de fc corriger de fes vices , ou
doit 4h niojns avoir U fageflè de les cacher.
C AC
^3* On dîtlbfoIuftleh'L Ce cacher , pout dira j vîvfe Sri
retraite , Oïl bieri Ce mettre en lieu de fureté pour
n'être pas pris ni découvert. Abdere Je , occuUare ,
lacère. Les Saints le cachent aux yeux des hommes
pour le donner tout à Dieu, Cet homme craint la
priibrt , il fe cache.
^ On dit fe cacher à quelqu'un , pour dire , rie
fe pas laifler voir à lui. Il s'eft caché à tous lés
anlis. On dit qu'on ne peut fe cacher à foi-même ;
pour dire , qu'on ne peut fe dillimuier fes feriti-
mens & les difpolitions de fon coeur. Ac. Fr*
§C? On dit lé cacher de quelqu'un , c'eft-à-dire , lui
cacher ce qu'on lait , fes deiléins, fa conduite. Ac. Fr.
^fT On. dit proverbialement cache ta vie -, pour dire ,
qu'il rie faut pas faire connoître à tous les hommes
ce que l'on fait. C'eft un des préceptes d'Epicure ,
dont Plutaraue a fait un beau Traité.
IJCr CACHÉ , ÉE. part. Qui eft dans un lieii fecret , qui
n'elt pas facile à trfijuvcr. Latens , abditus , occuhus.
^fF On appelle un homme caché , celui qui ne veut
pas fe faire connoître dans le monde-
^fT On dit fîgurement , d'un homme qui a beaucoup
de talens , & qui ne les produit pas , que c'eft un
tréfor caché. Ac. Fr. On appelle une vie cachée ,
une Vie fôlitaire & retirée.
Hei
Vit dans l
ureux , qui fatis fait de fon hurrible fortiine ;
ans l'état oh leur où les Dieux l'ont caché. Rac.
§CT Ce participe a en général toutes les lignifications
de fon verbe.
^fT Caché , dijjîmulé , déguifé , confidérés dans une
lignification fynonyme. L'homme cache veille fur
lui-même pour ne le point trahir par indifcrétion :
fa conduite eft impénétrable par les ténèbres dont
elle eft couverte. Le dijjimulé veille fur les autres
pour' ne ks pas mettre à portée de le connoître.
Sa conduite eft toujours rélérvée ,• pour ne pas fe
laiiler appercevoir. Le deguifé fe montre autre qu'il
n'eft,pour donner le change. Sa conduite eft tou-
jours mafquée par des apparences contraires , pour
fe dérober à la pénétration d'autrui. Il fuffit d'ëtte
cache pour les gens qui ne voient que lorfqu'on les
éclaire : il faut être difjimulé , pour ceux qui voient
fans le fecours d'un flambeau -, mais il eft néceffaire
d'être parfaitement deguifé , pour ceux qui , non
coriteris de percer les ténèbres qu'on leur oppofe,
difcîtent la lumière dont on voudroit les éblouir.
|Cr CACHERE. f. f. Terme de Verrerie. C'eft ainfi
qu'on appelle dans les verreries en bouteilles, une
petite muraille contigue aux fils des ouvraux, fur
laauelle le maître fépare la bouteille de la canne.
fC? CACHEREAU. "Vieux mot qui fignifioit autre-
fois papier-terrier.
Cachereau. f. m. Nom d'Office. C'eft la même choie
que Cartulaire. Cachenllus. Le Cachereau chez les
Anglois, eft un Bailli d'un ordre inférieur. Bailli
de village.
CACHERON. f. m. Efpèce de ficelle grolTtère qui fe
tire d'Abbeville.
CACHET, f. m. Petit fceau qui porte une gravure par-
ticulière de quelques armes ou chiffres qu'on imprime
fur de la cire , ou du pain à chanter s pour empcclier
qu'on n'ouvre un paquet fermé & marqué de cette
empreinte. Signum -, figillum,\:.z% Anciens n'avoient
point d'autres cachets que leurs anneaux, qui por-
toient des pierres gravée?'. Annulus jignatorius.
Les cachets différent des fceaux , en ce que les
Iceaux font pour les affaires publiques , ou qui re-
gardent le public , & les cachets^ ne font que pour
les affaires des Particuliers entre eux , comme lettres.
Les cachets des Anciens étoient des figures gravées
fur leurs anneaux , qui étoient d'or , d'argent , ou
de quelque autre métal, ou une pierre gravée en-
chaflee dans leur anneau -, aujourd'hui la plupart des
cachets font différens des anneaux. Autrefois les
cachets repréfenîoient quelque Divinité , quelque
grand perfonnage , comme un Empereur, un Philo-
sophe chef d'une Icéte , ou célèbre dans fa fed:e , le
portrait de quelqu'un des Ancêtres , le fyrabole de
C A C i^f
k pltrie , des inimaiiic véritables , 6d fèihts i Oè;
Aujourtl'hui les cachets repréf;ntent les armes tiei
celui à qui eft le cachet , ou un chiffre j ibit qu'ii
lignifie quelque chofe , ibit qu'il foit arbitraire , èc
qu'il ne fignifie rieri : quelquefois , mais rarement ^
on y met quelque emblème, urie tête, ou quelque
autre figuré. Il y eri a où on lit quelc^ues paiolcs j
elles doivent être courtes & pleines d'un grand fens,
comme une Sentence, un Axiome , un cri'de guerre,
è'c i un fentiment du cœur , une padion vivement
exprimée , &c. Ainii , par exemple , on a exprime la
conftance & la fidélité dans l'amitié par ces lettres
Grecques gravées fur un cachet , I'NTO'A^npmB , lef-
quelles étant prononcées forment ces mots Ital'icns.
Finna fedeltà , finira mi t'//^. Je cefferai de vivre ^,
lorl'que je ceflérai d'être fidèle. Les Cachets des Prin-
ces qui fe mettent fur les aéles , & s'appellent Sceaux ,•
s'appcloient autrefois bulles. Heineccius a fait uii
faVant Traité , De veterihus Gcrriidnorurn aliarum-
que tiationumjigillis , imprime à Francfort en lyoc;,
in-folio. Voyez ScEL j ou Sceau. Foyei aulfi An-
neau & ButLE.- Hemecciu5 ptérerid que les cachets
font originairement des contrefceaux , contr aflgilla ;
qu'on a commencé .1 les mettre au lieu de femg , &:
que l'ufage en fft moderne. Voye^^ le ch. XF\k fa
première partie-, n, IIL
Ce mot vient de cacher , à caufe qu'il Czf. à cacher
l'écriture. Ménage,-
Cachet. Se dit auffi de la figuie, de la marque impri-
. ■ mée fur la cire. Figura Jigillo irnprefjli. Le cachet eft
entier , il n'a point été rompu.
0C? On dit qu'une lettre eft 'à cachet volant , lorfqud
le cachet mis fur l'enveloppe ne la ferme pas.
Lettre de cachet eft une lettre cachetée cui cachet
du Roi, & fignée d'un Secrétaire d'Etat , qui contient
quelque ordre , commandement , avis ,- ou autre chofe
qu'on envoie de la part du Roi. Litterca Jîgillo Prin-
cipis ohjignatcc.
CACHETER, v. a. Appliquer uil cachet fur quelque
chofe qu'on veut envoyer fermée. Epijlolamjîgnare ,
objignare j Epifiolœ Jigillum imprimer e. Cacheter uri
paquet , urie boite , une bouteille.
tp3' Ce verbe lé conjugue d'une manière irrégulièré
au temps préfent feulement de l'iridicatif, impé-
ratif, optatif & fubjoniiUf, aux" perlbnnes du liu-
gulier & à ii troifième perfonne du plutiel ^ tant
au fimple que pour les compofés décacheter , re-
cacheter. Ainii l'oit dit je cachette , tu caihettes , il
cachette , ils cachettent : de même à l'impératif,
optatif & frfbjonC^if. Ainfi toute l'irrégularité de ce
verbe coTilifte en ce que l'on âjoine un fécond t à
toutes les perlbnnes du prefent au fingulier j^ & à
la troifième du pluriel. Il en eft de même des verbes
décacheter & recacheter. Cet ufage s'eft introduit
fans doute pour rendre la prononciation plus douce,
Voye^^ U D'ici, des rimes, tirées dé Du Bartas.
CACHETE , EE. pa'rt. & ad). Signatus , objîgnatus. Il
m'a rendu vos lettres cachetéesi
CACHETTE, f. f. Petite cache. Latebra. Il y à bien
des cachettes dans ce bois. Il eft du ftyle familief, "
ainfi que cache,-
En cachette y adv. D'une manière cachée, feérère.
Clam , occulté , latenter. Les livres défendus ne fe
vendent qu^erv cachette , & fous le mainteau.
|C?En cachette de quelqu'un , eft une expreffion , tour a
fait populaire & balle. Il a lair cela en cachette de mai,
IP^ CACHEUR. f m. Nom que les raffineurs de lucre
donnent à un morceau de bois dont ib lé fervent'
pour fonder les formes.
CACHEXIE, f. f. Cachexia. Terme de Médecine.-
îfT ( prononcez cakexie. ) Mauvaife difpofition du
corps humain dans toute fon habitude, cauféepat
la dépravation des humeurs , du ciiyle &: du farig".
La cachexie négligée dégénère très-facilemerit en
hydropifie. De la dépravation du chyle <k du fang
fuivent nécefîairement la pâleur de toutes les parties
charnues , & fur-tout du vifagc , la diminution des
forces en général , ïes laifitudes dans les bras &
dans les jambes ,- la difficulté de fefpiKr & la dâ-
i^è C A C
psavarion dii Tue noitrricier produit l'amaigriflement
Si l'aflàiirement ratai de la machiner.
La cachexie vient ordinairement de la débilité ,
GU de l'impureté du ventricule & des vilcères , quel-
quefois de Tulccre des reins dans ceux qui ont la
pierre. Les caulés extérieures de la cachexie font
les alimens impurs & corrompus, les ivrogneries
fréquentes , la bonne dicre , les études excellvves ,
les longues veilles , la fupprefllon des mois ou des
hémorroïdes , les grandes évacuations de iang , une
longue dyilcnteric, les priions, les poilbns , les moriii-
res des animaux vcnii^eux , les fièvres longues Se chro-
niques , les obflruftions opiniâtres. On trouve des
remèdes pour la cachexie dans Platerus, Ohferv. L ,
III ,p.'6o ■!,,&: dans la pratique du même Auteur , T.
III ,L. I,c. 1 , p.iici -y dans Fernel , Conf. 3 5 -, dans
Jean Herman , Pi^rx, Chym. dans Jean Heurnius
, î'ur raphorifme 9 , fecï. 2.
Le mot cachexie vient du grec xetxilU , forme
de xuy.r., mauvaije y & à'ï'iti , dilpolitioru Foyei
Cacochymie.
CACHIER. Vieux mot qui veiA dite chajfer.
GACHLECE. i". f. Un petit caillou , ou une Petite
pierre , telle que celles qu^on trouve au fond des
eaux , fur le bord de la mer. Kix,M-:if Galien dit que
les Cachléces rongies dans le feu &; éreinn-es dans
du petit lait, lui donnent une qualité aftringente qui
le rend falutaire dans ladyflcnterie. Dict.de James.
|cr CACHOMAS. Pays de l'Inde, de-là le Gange ,
avec^une ville de même nom , llir les frontières du
Royaume de Bengale \ ce Royaume , autrefois fou-
rnis au Roi de Pégu , obéit aujourd'hui à fon propre
Roi qui eft tributaire de celui de Pégu.
CACHOS. f. m. Fiante que l'on ne tjouve que for
les montagnes du Pérou. Elle croît comme un ar-
briffeau , &: efl: d'un fort beau vert. Sa feuille eft ronde
&: mince. Son fruit eft plat d'un côté, rond de l'autre ,
iiniiianr en pointe , de couleur ce^idrée , d'un goiit
agréable & fans acrimonie , contenant une femence
fort menue. Les Indiens font beaucoup de cas de
cette plante , à caufe de fes rares qualités -, car elle
fait uriner j & clrafle le fable & la pierre hoTs des
reins , &, ce qui eft plus admirable , c'eft qu'on tient
que par fon ufage elle brife l-i pierre dans la veille ,■
fi elle eft encore rendre. En latin, cachas, ou fo-
larium pomiferum folio rotnndo tenui.
CACHOT, f. m. Prilbn noire &; oblcure , qui eft
au-dellbus du rcs-de-chauîce, où l'on renferme les
malfaireurs. Locus in car 'ère angujius'y interior in
carcere , arciiorque cujiodia. On met dans les ca-
chots les criminels condamnés , ou accufés de grands
crimes , ou qui font des rébellions dans la Prilbn.
Vous décrirai-)e ces cachots , ou plurôt ces fépukres
funeftes , où l'on enterre des hommes vivans , pour
qui il femble que le foleil ait celle de luire , &
que la nuir ait pris la place du jour, Flech. Il y
a des priions où Ion diftingue les cachots noirs
d'avec les autres : les noirs font de petites caves
fous'terre où l'on n'enferme qu'un feul prifonnier \
les autres font au rès-de-chauflée , ou peu pro-
fonds : on y enfbrme pendant la nuit plufieurs pri-
fonniers enlémtie.
Gachot , fe dit aulfi d'une forte de petite loge qui
eft fermée à clef, & qui n'a qu'une petite ouver-
ture à la porte par laquelle on donne à boire &
à manger au fou qui eft dedans,
Ip; CACHOTTERIE, f. f. Terme du difcours fami-
lier pour exprimer une manière myftérieule dans le
difcours ou dans les aélions qu'on emploie pour ca-
cher des chofes importantes.
CACHOU, f. m. Petit grain ou dragée qui fe fait
d'une compofition de mufc & d'ambre , qui fert a
parfumer l'haleine. Sa bafe eft une gomme qui fe
tire d'une décoélion épailTe d'un certain atbre qui
croît aux Indes. Cet arbre, que les Auteurs appellent
hais , & qu'au Bréiîl on nomme cajous , eft de la
grandeur d'un grenadier. Il a la feuille d'un vert
C AC
cîalr. Sa fleur eft blanche , &C prefque fémbîabîe
à celle de l'oranger. Il porte un fruit de même nom
qui eft fort cftimé , comme étant de boni goût Se
fort bon pour l'eftomac. Il eft fait comme une grofle
pomme fort jaune &i de bonne odeur , fpongieux
au dedans , & plein d'un lue douceâtre & aftringenr;
Il croît deux fois en un an , mais ce n'eft que dans
les jardins cultivés dans le Royaume de Cochia,
On coupe le bois de cet arbre en petits morceaux
que l'on fait bouillir y 6i l'eau dans laquelle
bout ce bois s'étant épaîllîe , forme une efpèce
de gomme qu'on fait fécher , ^ & qu'on envoie
en Europe , où on la met en petits grains y
après y avoir mêlé du mufc & de l'ambre , ou tels
autres aromates que l'on juge à propos. On pré-
tend que le cachou eft falutaire à l'eftomac , propre
à adoucir la falive &: l'haleine , & bon pour arrêter
le vomilfement, la diarrhée & la dyiïènrerie.
CACHRYS. f. m. Terme de Botanique. Ceft une
plante qu'on appelle autrement Arinarinte, Voyez
Armarinte.
Cachrys, fe dit aulïl de la femence de cette même
plante,
Cachrys , fe dit encore des boUronsque le chêne, le"
fapin , & quelques autres arbres poulTent au prin-
temps & dans l'automne.
CACHUNDE , CACCIONDE & CACHONDE. f. m.
Compolîdon dont le cachou eft la baie , mêlé avesd
plulîeurs drogues aromatiques. Il y entre aufli des
pierres précièufes : ce qui rend cerre préparation fi
chère , qu'il n'y a que les Princes &; les grands de-:
Indes qui en faifent ufage. On lui attribue des pro-
prîérés merveilleufes , comme de prolonger la vie
& d'éloigner la mort.
CACHYMIE, f. f. Cachymia. C'eft un terme par îe-'
quel Paracelfe entend un corps métallique, impar-
fait , ou une veine métallique qui n'eft pas parfiite,-
qui n'eft ni métal , ni fubftance fahne , mais qui
tient beaucoup du métal , puifqu'elle a les premiers
principes , & la matière première des métaux , Sc
qu'elle tire fon origine des trois premiers métaux,
Voye/^ le Dict, de James,
§3" CACIQUE, f. m. Nom que les peuples du Mexique
Se de quelques régions de l'Amérique , donnoicnt
aux Gouverneurs des Provinces & aux Généraux des
troupes fous les anciens Incas. Les Princes de l'île de
Cuba portoient le nom de Caciques, quand les Efi^ni-
gnols s'en rendirent maîtres. LesSauvages donnent
encore ce nom aux plus nobles d entr'eux. Mais de-
puis la conquête du Mexique , le titre eft éteint
quant à raucorité.
1^ Ce nom fe donne aulïï aux chefs des- Arabes- &
des Tartares vagabonds.
§Cr GACIS. f. m. Plante qui approche beaucoup du
grofeiller. Son fruit eft en grappe & les grains de-
viennent noirs dans leur maturité. Le fruit fert à
compofer du ratafiat , qu'on regarde propre à for-"
tifîer l'eftomac.
CACIZ. f. m. Terme de relarion. Dodfeur de la loi
Mahométane. Myjla Mahometanus , Docior. Lors-
qu'ils difpuroient enfemble, un C<zcij ou Dodteur
de la loi furvint. Bouh.
CACOCHYLIE. f f. Terme de "^iédccmcCacochylia.
Chylification , ou digeftion dépravée , aélion de
l'eftomac qui convertit les alimens en chyle mai
conditionné , propre à engendrer la cacochymie.
Ce mot vient du grec k«>-.os , mauvais , &c j^^vxis
chyle.
CACOCHYME, adj. m. & f. plein de mauvàifes hu-
meurs. VitioJishumorihusredundans.^fTQt\2. fe dit
proprcmenr du corps humain quand il eft plein
de mauvaifes humeurs, & toujours fujet à quelque
infirmité. C'eft un corps cacochyme.
On dit figurcment, un efprir cacochyme , Une hu-
meur cacochymi ; pour dire, un fantafque, un
bourru. Morofus , ingénia varius. Delinarets a dit
dans fes vilionnaires ,
C A C
^ujjî ton efprlt cacochyme
Fait que l'on te nomme en tout temps , &c.
Ce mot vient du grec xan3« , malus , pravus , &
X^u\ , fuccus.
CACOCHYMIE. f. f. Tcrine de Médecine. Etat dé-
pave des humeurs. Vuioj'orum humorum rediin-
dantia. Quand la rcplétiou ell: iimplement de (an£ç ,
on l'appelle/Zer^ore. Gorrhxus, Médecin de Paris ,
appelle cacochymie l'abondance & l'excès de quel-
que mauvaife humeur que ce fbit, bile, pituite,
t'c, pourvu qu'il n'y en ait qu'une qui pèche en
quantité; 5c il z^^zWc pléthore l'abondance & l'excès
. de toutes les humeurs enicmble.
CACOETHE. ad). Terme de Médecine. C'ell une épi-
thète que les Médecins donnent aux ulcères ma-
lins & invétérés. Voye^^ Ulcère.
Ce mot vient de «««j^ , & de ^«»? , confuetudo
main , mauvaife coutume. Il fe prend pour une mau-
vaife di.fpofitiondu corps tellement enracinée, qu'on
ne iaurcit la guérir que difficilement.
gCF CACONGO". Royaume d'Afrique dans le Coftgo ,
iur la rivière de Zair. Malemba en eft la capi-
tale.
CACOPHONIE, r. f. Terme de Grammaire. C'cll la
rencontre de deux lettres , ou de deux fyllabcs ,
qui font un fon défagréable à l'oreille. Sont aj'pe-
ritas , cacophonia. Il y a dans ce vers de Marot
une cacophonie,
Cy gift qui a£ei mal préchoit.
|C? La cacophonie ^ui vient delà rencontre de deux
voyelles s'appelle hiatus ■> ou bâillement.
Les Poètes fe donneur de grandes gênes pour éviter
la cacophonie : ils ne veulent pas que deux voyelles
fe rencontrent.
§3" Gardei qu'une voyelle à courir trop hâtée ,'
Ne Joit d'une voyelle en fon chemin heurtée,
BoiL.
Et les moindres défauts de ce grofjîer génie ;
Sont, eu le pleonajme , oa /a cacophonie. Mol.
|CJ" On dit aulfi cacophonie , en parlant des voix Se
des inftrumens qui chantent & qui jouent fans erre
d'accord. Bruit défagréable qui réfulte du mélange
de pliifieurs fons , dHcordans , ou dilfonans.
Cacophonie. Terme de Médecine. Cacophonia. C'efl:
en général une voix viciée , dont les efpèces font
l'aphonie , ou privaâon de voix , & la duphonie ,
ou difficulré de voix.
Ce mot vient du grec ««kW , pravus , ç^^ vox
rr CACORLA Foye7^ SÉgura.
CACOTROPHIE. f f. Ce mot fignifie en général
une nutrition dépravée , comme celle quife fait
dans la cacochymie & la cachexie. Cacotrophia vient
de Kaxi; mauvais , &: z^oipi, , nourriture.
Ip- CACOUCHAS. Peuple faxivage de l'Amérique
Septentrionale , dans le Saguenai , contrée de la
Nouvelle-France.
CACOZELE. f. m-. Vieux mot qui'fignifioit autre-
fois un zèle indifcrct & trop ardent. Studium in-
confultum, inconfideratum. Balzac raille dans' lés
lettres quelques Auteurs de l'avoir employé.
Ce mot efl: dérivé de ^.«^s , & ^ïa«î , :(ele ,■ autre-
ment , jaloufie,
CACREL blanc. Poiflbn que l'on trouve dans la Médi-
terranée. On dit que fa tcte réprime les bords a:on-
flés des ulcères , lorfqii'elle cft falée & calcinéeî Sa
chair falée paflé pour bien faifante dans k piquure du
fcorpion, ou la morfure d'un chien enrage. Pour cet
effet, on l'applique fur la partie affeétéc,
^fT CACTONITE. Caclnnites, Pierre que quelques-
uns prennent pour la Sarde , ou pour la Corna-
line, à laquelle quelques vilionnaires ont atttibué
des proptiétés merveilleufes. On en a fait un îa-
Tome II.
■c.
CAD t ^j
lifmàn qui affuroit la viétoirc a ceux qui \e
portoient.
CACUMINE, i". £ Cacumen. Vieux mot qui fi
gni.fie fommet ; il çd formé de cacumen.
Cantharides faulce vermine^
Habitent en la, cacuniine ,,
Des Frênes , dejfus la prairie, Despligney.
CAD,
1^ CADAFALQUE Foye7 Catafalque.
03" CADAHALSO. Petite ville d'Efpagne , dans là
Nouyelle-CalHlle. i*,
jfT CA'^ALENS ou CADELENS, Ville de Fr^
dans l'Albigeois, au Languedoc.
CADAAIOMY. f. £ ou graine de perroquet. Drogue
dont il eft fait mentio/i dans lé tarif dç h Douane
de Lyon. ■
§CF CADAN. Petite ville de Bohême ,' ari cercle de
Zatz , f.ir la rivière de l'Egre.
CADARIEN , ENNE. f. m. & fem. & adj. Nom de
feéle _Mahométane.,Ctif(znir/zKi-. Les Cadariens font
une^lcCte de Mufulmans qui attribue les aélions
dç. l'homme à l'homme même, & non à un décret
divin déterminant fa volonté. L'Auteur de cette
fecle fut Maabed bcn Kalid-Ad Giohni. Ben Aun
difoit qiie les Cadariens étoient les Mages , ou les
Ma;r.ichéeris du Mufulmanifme. Ori les appeloic
auiîî Mctazales. D'Hlrc.
Ce mot vient de l'Arabe mp , Kadara, qui fi-
gnifie pouvoir. On le dorine à ces Mufulmans ,
parce qu'en ccla^plus fagesoue les aurres, ils veulent
que ce ne foit pas Dicii qui falfe tout en 1 homme ,
mais que l'homme puiffe & faffe auifi quelque chofc;,
car ils ne liii attribuent pas tout. Ils veulent feulement
cfu'il coopère -, & ils admetitent deux principes, difoit
Bén-Aun lui-même, Dieu & l'homme. Les Mufiil-,
mans appellent en arabe le décret divin & la prédef-
tiriation Kadr , e'eft-à-dire , puiilance. Puiique les
Cadariens paffent parmi les Mahcmétaris pour en-
nemis du décret divin , il n'y a pai d'apparence
que leur nom foit pris de CaJr , décret ; mais de
kadr, puiffance, comme on vient de dire.
CADASTRE, f. m. Rcgifire public qui fert à l'affiette
des railles dans les lieux où elles font réelles , comme
en Provence , en Dauphiné 8c en Languedoc. Fec-
tigalium , trihutoriLii codex ; capitularium ; tri-
butorum liber cenfualis. Ce regiftre contient la qua-
lité , l'eftimation de tenues les terres , qui font dans
le territoire de la: Communauté , & le nom des
pToprictaires- des fonds de chaque Communauté ou
Patoiiîc. Les Romains faifoient la même chofc pour
leurs cens.
Ménage dérlye ce mot de l'Italien cataflo , & de
accâtaxe , qui a été fait de ad &: quotas , parce
qu'il fe'rt à cotifer. Régulièrement on devroit écrire,-
capdajîre ; & quelquefois- on trouve écrit catajirfr
Borel le. dérive de çadon , qui fignifie chacun civ
Languedoc,où princrpalement le cadxfire eft enufaçe..
Ragueau le dérive de capitularium ^: qm di le nom
qu'on a donné au regiftre qui contenoit iescadaflres,
Borel tait remarquer qu'anciennement la taille Se
les cadajires ne s'écrivoieh-r que fur des verges ou
pièces de bois marquées avec un couteau , comme
les' railles que l'on feir aujourd'hui avec les Bou-
langers & les Cabaretiers,,. qui fo;nt deux mor-
ceaux de bois divifés également. L'achercur & le
vendeur gardent chacun une de ces pièces ,• &: ils
les raflemblent quand ils veulent fiive de nouvelles
marques. Comme cela eit enraillé avec un couteau,
on l'appelle taille. Il ajoute qu'en certains villages
du Languedoc il y a encore de groilés pièces de
hois s.ppeiée'i fougs , c'eft-à-dircjfouchcsqui fervent
de cadaffres , & qu'il a fallu une charrette pour les
porter a Montpellier , à caufe de quelques procès
intentés à la chambre des Comptes.
l|tT,Dans quelques endrohs cadaflre fi5;nme L\ mcn^e
\ chofe que papier-terrier. Fcrriîîrs.
38
CAD
îcr En Provence 5; en Dauphinc, les Marchands don- <
nent quelquefois ce nom au journal lur lequel ils
ccriveut chaque jour ce qui concerne leur commerce
&c la dcpenle de leur maifbn.
CADAVÉREUX , EU.SE. adj. Qui a les qualitcsd'un
cadavre , l'odeur , la couleur , &c. Cadavcr rejerens
odorc , colore. Le pouls eft lent , & la face cada-
vereuj'e dans la fyncope. Degori. Ce malade aune
odeur cadavércufe.
CADAVRE , f. m. Corps mort. On ne le dit que dii
corps humain. Ccidaver. Il faut appeler les Officiers
de Tufcice pour lever le cadavre d'un homme tué ,
ou noyé , afin qu'ils faÉlent un procès verbal de
At où ils l'ont trouvé. On ne peut faire le procès
iun cadavre que pour crime de Lèle-Majefté di-
vine &c humaine. Les cas ordinaires Ibnt le duel ,
l'homicide de ibi-même , & la mort arrivée dans
uue rébellion à force ouverte contre l'autorité de la
Tuftice , au cas que quelqu'un ait été tué. Alors
on nomme un curateur au cadavre , Si fi le mort eft
trouvé avoir commis quelqu'un de ces crimes , on
condamne non pas le curateur , mais le cadavre ,
à être traîné fur la elaie, pendu parles pieds 6i jeté
à la voierie.
Ce mot eft tiré du latin cadaver , qui vient du
verbe cadere , cheoir, tomber. En grec de ■ttIoS , cado ,
on a fait zilSi.t, , qui fignifie auffi cadavre.
ICJ- CADDOR. Nom qu'on donne en Turquie à une
épée dont la lame eft droite , que les Spahis font
dans l'ufage d'attacher à la felle de Icuts chevaux ,
& dont ils fe fervent dans une bataille au défaut de
leurs labres. Encyc.
Ip- Caddor. Ville d'Afie , dans l'Inde' au Royaume
de Brampour, dépendante du Grarfd Mogol.
CADE. f. m, Foyei Caque.
CADEAU, f. m. Grand trait de plume 5c fort hardi ,
que font les Maîtres Ecrivains fans lever la m.ain ,
pour orner leur écriture , pour remplir les marges ,
& le haut & le bas des pages. Linearum décore inter
je impkxarum circumdiiclio. Les écoliers s*enhar-
dillent la main à faire des cadeaux. On le dit au.'îi
des figures qu'on trace fur les -cendres , ou fur le
fable, quand on rêve, ou quand on badine.
Ce mot vient de catellum , qui a été fait de catena.
MÉNAGE. D'auttcs le dérivent de caducée , parce
qu'avec une baguette , ou caducée , on trace des
cadeaux fur leVable , Air la poullière. ■
Cadeau feditaufTides repas qu'on donne hors de chez
foi , & particulièrement .i des dames. Epulum. Don-
ner un crand cadeau. Le mari , dans les cadeaux
qu'on donne à fa femme , eft toujours celui à qui il
en coûte le plus. Mol. en ce fens il vieillit. On dit
donner un repas, une fêre.
On dit figurément &: familièrement dans" le même fcns ,
je m'en fais un grand cadeau ; pour dire, je m'en
promets un grand plaifir.
CADÉE , ligue de la cadée. C'cft le nom que l'on don-
ne à l'une des trois ligues qui compofent la Répu-
blique desGriibns. OnVappcUe autrement la ligue de
la Maifon de Dieu , Fcedus Cafcc Dei , Fœdus cathé-
drale. La Cadée eft lapins étendue & la plus puilfan-
te de ces trois ligues. Elle renferme l'Evcché de
Coire , la Vallée Èngadine & celle de Brégaille , ou
de Prégcl. Cette ligue eft alliée avec les fept pre-
miers Cantons Suilléj depuis l'an 1498. La Religion
Proteftante y domine. Des onze grandes Commu-
nautés 6c vingt 6c une petites dont la Cadée eft com-
pofée , il y en a deux qui parlent Allemand : le
Ian"-age des autres , qu'on appelle Rhétique , eft un
diafede Italien.
CADEL AVANACU f. m. Efpece de ricin qui croit au
Bréfil , fleurit 6: porte fruit deux fois l'an , en Jan-
vier Se en Juillet. Ses feuilles broyées bc prifes dans
l'eau , font purgatives. Voyez-en les auttes pro-
priétés dans le Dici. de James.
CADELER. Vieux V. a. Faire des cadeaux. Nos nou-
veaux Lexicographes ayant omis ce verbe , j'en
emprunte l'explication de Nicot , qui , pour une plus
CAD
parfiite intelligence, avoit dit fous Cadeau, que c'eil
une grande lettre capitale , tirée par maîtrife de l'art
des écrivains ou maiures d'écritures à gros traits de
plume -, &: que fi toute l'écriture eft de tels cadeaux ,
on l'appelle -écriture cadelce. Letttc cadelée. Quand
quarte des feize de la ligue eurent fait pendre le
Préfidcnt Briflbn Se mefheurs Larcher Se Tardif , ils
firent conduire leurs corps en grève, où ils furent at- .
tachés à une potence fourchce. Le lendemain de leur
fîipplicc on mit à chacun deux fur le dos un ccritcau
en lettres cadelces , en ces termes : Barrtabé Bri[îon ,
chef des Hérétiques & PoUtuju.zs : Claude Larcher ,
fauteur des Hérétiques : Jean Tardif, ennemi de la
J'aime Ligue & des Princes Catholiques. Le nomme
du Sur, '"'dit Jambe -de -bois, épicier, convaincu
d'avoir fait ces''écriteaux , fut pendu pour ce fait vers
k' mois de Mars 1 595. M le Duchat fur la Sut. Mi'
nippée , tome % , pag. 91.
§a= On s'eft auHi fervi de ce verbe dans la (ignihca--
tion de conduire. Il s'eft dit des Baillis & Séné-
chaux qui conduifoieitt les troupes de leurs Sé-
ncchaufices. On a dit auiEi Chadeler. La vertu de
Dieu les Chadele. Dict. des Arts.
CADELUBCE. f. m. Nom d'homme. Cadilvecius. S.
Cadeluhce fut moine de Cîteaux,^ puis Evcque de
Cracovie. On l'honore comme bienheureux en divers
lieux de Pologne , fur-tout à Andricovie où il
mourut le 8 Février. Chastelain.
CADEMOTH. Ville dans la Tribu de Ruben, à l'O-
rient du Joutdain -, elle fut donnée aux Lévites ,
& adlgnée pour Ville d'afile. On la nomme auiîî
Jethfon , Jof XXI, ^(^. Holftenius prétend que
c'eft la Cormos dont parle R. Benjamin de Tu-
delà dans fon Itinéraire , p. 5 >^ & qu'il dit être la
ville capitale des Alfaduis , dans le pays où reg-
noit autrefois Séhon. Quelquefois elle eft appelée
Gédirnoth dans l'Ecriture. Ces mots font Hébreux ,
'•ôcfignificnr quelque chofe d'oriental. La campagne,
ou , comme patle l'Ecriture , la folitude qui étoit
aux environs de cette ville , s'appeloit auffi Cadé-
moth , ou Cédimoth , de Q-a Kedem , Orient.
CADENAC. Ville de France en Quercy , fur la ri-
vière de Lot , à huit ou neuf lieues de Cahors ,
à deux de Figeac.
CADENAS. On difoit autrefois CADENAT. C m.
Serrure mobile 6-: portative , enfermée dans des
boules ou plaques de fer , qui a un anneau par
leauel on l'accroche quand on veut dans d'autresr
anneaux ou chaînes de fer. Sera catenaria. Les petits
bateaux ne fe ferment qii'avec des chaînes & des.
cadenas. On a de petits cadenas pour fermer les
valifes. Il y a des cadenas ronds , en cœur, en
triangle , en éciUlbn , en ovale , en glan , en ba-
luftre : il y en a de carrés , de plats. Il y a des
cadenas faits de plufieurs cercles mobiles marqués:
tout au tour de plufieurs lettres , qu'on ne peut
ouvrir fans favoir un certain mot ,^ fuivant lequel
les lettres étant arrangées , le reflbrt du cadenas
fe trouve difpofé à fe'laifler ouvrir, l'invenrion en
eft décrite dans Cardan en fa Subtilité. On dérive
ce mot de cadenacium , ou de catenatium , ou de
l'Italien catenaccio.
Cadenas eft aulll une efpèce d'aiïiette catrée où
l'on ferre la cuillière, la fourchette &: le couteau.
Un des côtés eft retroufic & élevé de deux doigts ,
avec un petit couvercle où l'on met du fel , du
fucre & du poivre. On s'en fervok autrefois chez
les Rois & les Princes. C'eft maintenant une cf-
péce de coflTret d'or ou de vermeil doré , où l'on
met le couteau , la cuillière , la fourchette , ùc.
qu'on fert à la table des Rois & des Princes.
CADENASSER. Quelques-uns écrivent CADENA-
CER. V. a . Mettie , appliquer un cadenas. Sera ca-
tenaria claudere, ajiringere. Il n'y a perfonne dans
cette chambre , elle eft cadenaffee. La jaloufie de
quelques Italiens les porte à cadenafer leurs fem-
mes. , ,
CADENASSE , EE. Part.
i
CAD
Lé. chambrz hitn cadenaifée
Pernuttoit de laiffcr L'argenc fur le comptoir.
La Font.
CADENCE, r. f. Suivant les anciens Mufîciens qui
ont écrit de la théorie, c'eft une fuite d'un cer-
tain nombre de notes de Mulique dans un certain
intervalle, qui frappe agréablement l'oreille, &
fur-tout à la fin d'un couplet. Ntimerus , moins.
Elle cft ordinairement compolcc d'une quarte &
d'une quinte , pour faire une odtave , qui eft la
plus excellente des confonances. On fait auflî des
doubles cai^iTices. Quand la cadence cil imparfùite
on la peut terminer par la quinte , ou par l'une
des tierces ou des fixtes. La cddence doit être com-
pofée ordinairement de trois notes. On appelle
clauj'ule , ou conclufwn , ou cadence finale , la caden-
ce principale par laquelle on termine le chant.
L'autre cft appelée entrée^ ou médiation, & quel-
quefois attendante , parce qu'on attend toujours la
parfaite cadence qui finit.On l'appelle auffi cudence
médiane ou médiante. La cadence dominante eft
celle qui tient le plus haut entre les deux autres ,
& c'eft pour cela qu'on l'a appelée dominante ,
comme la médiante a eu fon nom, parce qu'elle
tient le milieu entre la dominante &c la finale.
Yoytz le P. Parran dans fon Traité de Mufi-
que. Mais les Muficiens modernes appellent lim-
plement cadence , la relation de deux notes qu'on
chante enfemble , comme ut ,r^, &c ils difent qu'ils
y a double cadence , quand la dernière de ces no-
tes eft fuivie de deux doubles croches. En général
Ja cadence eft une certaine conclufion de chant ,
qui fe fait de toutes les parties enfemble en divers
endroits de chaque pièce , & qui la divife comme
en fes membres &c périodes ■■, 03" c'eft la rermi-
naifon d'une phrafe harmonique par un repos. Cela
fe fait lorfque les parties viennent tomber & ter-
miner fur une corde , que l'oreille , ce femble , at-
tend naturellement.
La cadence parfaite eft celle qui confifte en deux
notes chantées tout de fuite , ou par degrés con-
joints en chacune des deux parties. Elle s'zp-
Çellc parfaite , patce qu'elle contente mieux l'o-
reille que les autres. La cadence eft imparfaite ,
quand fon dernier temps n'eft pas à l'oélave ni
à l'unlifon , mais à la fixte , ou à la tierce. Cela
fe fait quand la bafle au lieu de defcendre par la
quinte, ne le fait que par la tierce : ou quand en
defcendant pat la quinte , ou en montant par la
quarte, ce qui fait le même effet, elle fait avec
le deiTus au premier temps une oâiave , & au fé-
cond une tierce majeure. On l'appelle imparfaite ,
parce que l'oreille , au lieu d'acquiefcer à cette
conclufion , attend encore la continuation du chant.
La cadence eft rompue, quand la baife, au lieu
de defcendre à k quinre où l'oreille l'attend ,
monte d'une féconde '^mineure ou majeure. Toute
cadence fe fait en deux temps. Quelquefois elle
eft fufpendue , &: alors elle s'appelle repos , & n'a
qu'un temps. Cela fe fait quand les deux parties
' demeurent à la quinte , fans achever la cadence.
Les cadences font au chant , ce que les points &
les virgules font au difcours. Nivers,
Selon M Rameau , on appelle cadence parfai-
te , toutes les conclufions de chant , qui fe font
fur une note tonique précédée de fa dominante.
Cette note tonique doit être toujours entendue
dans le premier temps de la mefure , pour que la
conclufion puiffe fe faire fentir -, & fa dominante
qui la précède en ce cas, doit toujours porter l'accord
de la feptième , ou au moins le parfair, parce que la
feptième peut y être fouf-enrendue. Il y a auffi
des cadences imparfaites, qui fe font par renver-
fement. Id. Cadence rompue. Si nous changeons la
progreflîon de l'un des ions compris dans le pre-
mier accord d'une cadence parfaire , il cft certain
que nous en interromprons la conclufion ; auffi
CAD i^^
efl-ce de cette interruption caufce par ce change-
ment de progrcifion que la cadence rompue tire
l'on origine. Cette cadence ne diifcrc pas beaucoup
de la parfaite , puifque l'une & l'autre font égale-
ment compofces , ou des mêmes accords , ou de
lamêmebafe fondamentale , qui dans la cadence
parfaite devant defcendte de quinte , montera
diatoniquemcnt dans celle-ci , fie i\ la bafe fonda-
mentale eft la même dans l'une &: l'autre cadence ,
l'accord parfait qui termine la cadence patfaite ,
fera changé ici en un accord de lîxte. Id. Cadence
irrégulière. Au lieu que la cadence parfaite fe ter-
mine de la dominante à la note tonique , celle-ci au
contraire fe termine de la note tonique .à fa domi-
j nante , d'où nous lui donnons le nom d'irregulière.
Id. Il y a une imitation des cadences par "renver-
fcmcnt. Lorfque nous voulons imiter une cadence
par renverfement , il faut en retrancher ordinai-
rement la baffe fondamentale , & prendre pour
baffe , telle autre parrie que l'on juge à propos ,
en diverfifiant même la progreilion des fons qui ne
font point dilfonance enlbmble , comme le foo
fondamental & fa quinte. Id. Eviter les cadences.
C'eft éviter les cadences que de ne les imiter qu'en
partie , mais nous nous fervons plus prccifcmcnc
du terme A'éviter ( dans les accords où il eft per-
mis d'altérer ceux dont fe forment les cadences.
L'accord confonant peut être altéré par. l'addition
d'une tierce , qui y introduit la diifonance de la
feptième , & le didbnant peut l'être en rendant
mineure la tierce , qui fe trouve naturellement
majeure dans les dominantes , pouvant ainfi con-
duire une aflêz longue liiitc de chant & d'harmo-
nie lans y introduire aucune conclulîon. Id. On
cvitc auffi les cadences avec des accords par fup-
pofition & par emprunt. Id.
Cadence , fe dit auffi de la voix & des inftrumens ,
& fignifie un tremblement foutenu, quife fait or-
dinairement à la fin d'une mefure.
Les Maîtres à chanter difent que la cadence eft
un don de nature. Il faut battre du golîer les deux
notes dont la cadence cft compolee , & l'une aptes
l'autre \ de même que fur le claveflin , en battant
des deux doigts les deux touches qui font le trem-
blement.
M. Rouffeau , dans fon Traité de la viole , dif-
tingue par rapport à cet infttument deux fortes de
cadences ; I3. cadence avec appui, & la cadence fans
appui. La cadence avec appui fe fait lorfque le doigt
qui doit trembler la cadence appuie un peu , avant
que de ttembler , fur la note qui eft immédiatement
au-de(fus de celle qui demande une cadence. La
cadence fans appui fe fait comme l'autre , en re-
tranchant l'appui. Il y a des cadences fîmplcs ; des
cadences doubles de plufîeurs manières : les plus
à.O'CioXts cadences font celles qui fe font liir uae note
longue , les moins doubles fe font fur une note
brève. Il y a une double cadence , qu'on appelle
renverfée : on la prarique au lieu de la double ca-
dence , lorfque la difpofition de la main ne permet
pas de faire auttement. La cadence finale doit être
précédée de la dout)le cadence. La cadence avec ap-
pui ou fans appui , eft propre pour tous les jeux de
la viole. Il faut varier les cadences fuivant les di-
vers caraélères des airs. La double cadence fakiia
bel effet quand elle eft bien ménagée.
Ce mot vient de cadentia , qui veut dire chute y
parce que la cadence eft la chure , ou la conclufion
de chant ou d'harmonie , propre à terminer , ou
tout-à-fait, ou en parrie, une pièce.
On dit cadence double, étrangère, feinte . évitée,
hors du mode , imparfaite , ou attendante , irrcgu-
lière , parfaite , régulière , fimple , trompeulé , fîeu-
rie , &c.
Cadence eft auffi l'obfervation des mêmes mefu-
res , qui fe fait en danfant , lorfque les pas & le
mouvement du corps fuivent les notes & les me-
flites des inftrumens -, ainfi la cadence eft la fin d'un
t,emps ou d'une mefure. On dit entrer qi^ cadence ^
Si]
I4<^
CAD
fortir de CAïknce , n'être poinc en cid.-nce ; pour .
dire , fuivre ou ne iuivrc pas les mouvemcns du
violon , du hautbois , du clunt , &c. hnra aut ex-
tra numcrum movcrefe^ faltarc, S>ic. Innnm^rum
canere , ad numcrum jaUare.
r Cadvnce, dans le àiicours oratoire & la poefie, fe
dit de la marche harmonieufe de la proie c^ des vers,
qu'on appelle autrement nombre -, mclurc que doit
garder l'Orateur, pour foimer des Ions qui conten-
tent l'oreille. Le ftyle périodique & Ibutenu , gar-
dant un jufte milieu entre le ftylc rapide & hache ,
Se le ftyle traînant & lanQ;uiirant , eft le plus propre
à flater agréablement l'oreille , Se conlcqucmmcnt
le plus convenable anx Orateurs. Ilocrate fut le
premier qui reconnut qu'on devoit garder quelque
cadence dans la proie même. C'eft un vice dans le
difcours que de taire trop lentir la cadence mefurcc
des périodes. S. EvR. Une cadence trop harmonieufc,
Se trop régulière, ennuie enfin l'Auditeur. P. Rap.
fO- La cad'ence des vers dans la poelic grecque &
latine , dépend du nombre & de l'entrelacement
» des pieds qui entrent dans la compoiition des
vers , des céiiires. Elle varie luivant les diiiérentes
cfpèces de vers. La cadence des vers faphiques eft
bien différente de celle des vers héroïques ou ïam-
biqucs.
fer Dans la poëfie Françoife , la cadence réfulte du
nombre de fyllabes qu'admet chaque vers, de la
richeffe , de la variété & de la dilpolition des rimes.
Ayeipour la cadence une oreille fév ère. Bon,
Enfin Malherbe vint , & le premier en France
Fufentir dans les vers une jujie cadence. Id.
Cadence , en termes de Manège , eft la mefure égale
que le cheval doit garder dans tous les mouvemens,
/bit qu'il manie au galop , ou terre à terre , ou dans
les airs , en telle forte qu'un de les temps n'embrafle
pas plus de terrain que l'autre , & qu'il y ait de^ la
fuftefle dans tous les mouvemens. Ainii on dit qu'un
cheval manie toujours la même cadence, qu'il fuit
fa cadence, entretient fa cadence, n'interrompt point
fa cadence , ne change point la cadence ; pour dire,
qu'il obfcrve régulièrement fon terrain , & que fes
mouvemens fe ibuticnnent toujours également.
Cadence , fe dit aulîl de tous les mouvemens égaux
qui fe font dans les autres profeifions. fCT Les
Maréchaux battent le fer en cadence fur l'enclume.
Ce que Virgile exprime heureufement dans ces vers,
où il parle des Cyclopes :
//// inter fe fe ma^nâ vi brachia tollunt
In numerum, verfantque tenaci forcipe ferrum.
CADENCER. v. a. Donner de la cadence, de l'har-
monie. Cadencer fes périodes ; pour dire, les rendre
nombreufes & agréables à l'oreille, II n'eft guère
d'ufage que dans cette phrafe.
CADENCÉ, ÉE. part. 5c adj. Qui a delà cadence.
Numerofus. Tout cela eft bien cadencé. Cette pé-
riode eft bien cadencée.
Un art pour foutenir l'efprit bientôt laffe
Des uniformes fons d'un difcours cadencé.
On le dit aulfi , en parlant de ce qu'on appelle
dans certaines Mefles , Séquence , fequentia , qui
n'eft autre chofe qu'une profe rimée &: cadencée.
CADÉNE. f. f. Chaîne à laquelle eft attaché un ga-
lérien, Catena. Les Efpagnols en ont fait audi ca-
dena. Ménage. Il eft vieux & fynonyme .à chaîne.
On appelle aulît cadhne des haubans , la chaîne
de fer , au bout de laquelle il y a un cap de mou-
ton ; qui fert à amarrer & à rider les haubans con-
tre le bordage,
Cadéne fe dit figurément en chofes morales, pour
marquer de grandes incommodités. J'aimerois au-
' tan: ê#c à U 'cad'tne , que d'avoir à fouiftir ces con-
CAD
tinuelles réprimandes. Ce mot eft vieux , on ne s'en
fert point.
Cadéne. f. f. C'eft une des fortes de tapis que les Euro-
péens tirent du levant , par la voie de Smyrne.
CADENET. Ville de France en Provence , près de la
Durance , à cinq lieues d'Aix.
CADENETTE, f. t. Poignée de cheveux qu'on laiflbit
croître autrelbis du côté gauche , tandis qu'on te-
noit les autres courts. Cowa. Ménage dit que c'étoit
du cote droit •, que cette mode fut introduite par
H. d'Albert , Seigneur de Cadenet , Maréchal de
France. La mode des cadenettes a été fort long tems
en vogue.
On appelle encore cadenettes les.cheveux , lorf-
qu'ils font féparcs en deux derrière la tète , &: cha-
que partie entortillée d'un ruban , ce qui fait deux
queues , ou cadenettes , qui tombent ou defcendent
fur les épaules.
tfT CADEROUSSE. Petite ville du Comté Vénaiffin,
à une lieue d'Orange. ,
CADÈS. Ville de la terre de Chanaan , limée au midi ,
&: fur les confins de l'Idumée. Il y avoir alTez près
une fontaine qui s'appeloit En Cadès , c'eit-.i-dire ,
fontaine de Cades , & auparavant En Mifphat ,
fontaine de Jugement. Gen. XIF, 7. Le défert voi-
fin fe nommoir le défert de Cadès. Pf XXKJII , 8.
C'étoit le même que celui qu'on appeloit défert de
Pkaran , ou celui-ci étoit une partie de celui-là.
Nombr, XIII, 27. On l'appeloit défert de Sin. Nom-
br. XIU, 5<î. Ce défert de Cadès fut une des fta-
tions du peuple,d'Ifraël dans les déferrs-, c'eft la.
trente - troilième. Jof. V, \^ , elle eft appelée Cé-
dés, au lieu de Cadès juiais c'eft la même chofe.
Cadès étoit aulfi le nom d'une ville de la Galilée ,
dans la Tribu de Nephthali, C'étoit une ville forte ,
lituée dans les montagnes , Jof. XIX , ^7 , XX, 7-
Elle avoit été capitale du Royaume des Chananéens,
auquel elle donnoit fon nom. Jof. XII , 21. Après
l'établillement des Ifraelites dans la terre de Cha-
naan , elle fut ville de refuge. Elle eft aullî appelé©
Cèdes. Elle fut encore ville Lévitique, donnée aux
enfans de Gerlbn. Jof. XXI , 51 , i.
Ce mot !i*T , Cades on Cèdes , & plus propre-
ment Cadefch , ou Cedefch , eft hébreu , & lignifie
Sainteté , lieu famt.
Cadès Barné. Autre ville de la Terre Sainte , a^
midi , de la Tribu de Juda , fur les confins de l'Idu-
méc. Ilparoir par le livre des Juges Jt/, Kî, qu'elle
eft différente de Cadès : c'eft le fentiment de Bon-
frerins. C'eft de-là que Moïfe envoya des efpions
pour reconnoître la terre de Chanaan. Dent. 1 , 12.
03" CADESSIA. Cadifia Ville de Perfe, dans la pro-
vince d'Irach Babylonienne , à 30 lieues de Cufa.
Baud.
§Cr CADET , ETTE , adj Ibuvent employé fubftan-
tivcment. C'eft la même chofe que puîné, puinée.
Voye:^ ce mot. Quelquefois il lignifie feulement le
puîné , qui ne lailfe pas d'avoir d'autres frères après
lui, mais qui eft ca^/e/ à l'égard de fon aîné. ISlatii
minor , junior.
^fT Cadet le dit aufTI , par rapporr aux puînés des
aurres frères qui font moins âgés que lui. Ainfi le
fécond dit du troifième que c'eft fon cadet , le troi-
lième du quatrième , (fc.
1^ Cadet fe dit abfolument du dernier de tous les
ent\ns. Minimus. Benjamin étoit le cadet de tous les
enfâns de Jacob, & le plus chéri.
ÇC? Mais , par rapport au droit d'aîneffe , tous les
puînés font appelés cadets , relativement à leur
frère, qui eft né avant eux, & à qui feul appartient
le droit d'aînelfe.
§Cr Comme le droir d'aînelfe appartient à celui qui (by
trouve l'aîné lors de la mort de l'afcendant : quel-
quefois un cadet devient aîné. A Paris , chez les
Bourgeois , les cadets onr autant que l'aîné en par-
tage. Les aînés n'ont le préciput que pour les biens
nobles. La coutume de Caux , en Normandie , Se
bien d'autres , donnent tout à l'aîné , & lailTe une
petite légitime aux cadets. Coutume révoltante ,
CAD
<]ui choque également le bon fcns Se la natur?.
Suivanc la coutume d'Efpagne , l'un des cadets des
grandes maifons prend d'ordinaire le nom de la
mère, quand il eft illuflre. P. Verjus.
On dit branche tût/erre d'une maifon , paroppo-
fition à branche aînée , Se îl lignifie une branche de
cette maiibn , fortie d'un cadet. Branche cadette de
Bourbon. Branche cadette de Lorraine. Acad. Fr.
Ce mot vient de capitetum, comme qui diroitjPi.--
tit chef de famille. On ccrivoit autrefois capdet , &
on le prononce ainiî en Gaicogne. Ménage. Borel
confirme cette penfcc , & dit qu'en Gafcogne on ap-
peloit 1^ aînés capmas , comme qui diroit , chefs
de maifon , & capdets , quaji minora capita. Domi-
nicus dit que ce mot vient quajî à majori natu ca-
dant , & jint veluti catheti , aut normales linecs ab
ipfo dependentes.
Cadet fe dit auffijpar extenfion , en parlant de deux
hommes , dont l'un efl: moins âgé que l'autre , fans
qu'il foit queftion de fraternité. Cet homme dit qu'il
efl: de mon âge , mais je lui montrerai qu'il ell mon
cadet de plus de dix ans.
Cadet fe dit dans le même fens à l'égard de la ré-
ception des Officiers dans une profedlon , foit de
guerre , foit de juftice , fans confidération de l'âge.
Un Officier fe plaint avec raifon, quand on a fait
monter fon cadet devant lui.
Cadet, en terme de guerre , fe dit d'un jeune homme
qui fe met volontaire dans les troupes , fans prendre
de paye , pour apprendre le métier de la guerre, &
fe rendre capable de quelque emploi. Miles volun-
tarius. Cadet aux Gardes , efl: un jeune homme vo-
lontaire dans le Régiment des Gardes, Il ne doit
y avoir que deux Cadets dans chaque compagnie ,
âgés au plus de dix- huit ans , par l'Ordonnance de
ï6jo, ^fT Les Cadets d'Artillerie font de jeunes
gens de famille , que le Grand Maître reçoit pour
les faire inftruire dans les écoles d'artillerie, &: les
rendre capables de devenir Officiers. En i(î8i,le
Roi établit en fon Royaume des compagnies de
jeunes gens , à qui l'on donna le nom de cadets.
Les cnfans des Gentilshommes , ou de ceux qui vi-
voient noblement , y étoient inftruits dans tous les
exercices militaires , & lorfqu'on les trouvoit capa-
bles de commander, on les faifoit Sous-Lieutenans , •
Enfeignes , ou Cornettes. Médailles du Roi 191,
La médaille qui fat faite à ce fujet repréfentoit au
revers une troupe de jeunes hommes , avec un Of-
ficier qui leur met l'épée au côté , & pour légende
JviiLiTiyï TYRociNiUM : & dans l'exergue , nobiles
iducati munificent, Princ, m, dc. lxxxii. On fit
auffi une dévife fur cet ét^ilîement. Le corps de
la dévife étoit un chataigner , dont les fruits jeu-
nes & tendres paroiilént armés de pointes -, ces
paroles faifoient l'ame. Teneros armât fœtus. Cet
établiffement s'efl: renouvelle fous le règne de Louis
XV, On a frapc à cette occafion une médaille du
Roi , gravée dans le Mercure de Janvier lyzS , &
dont le revers repréfente Pallas debout , tenant fa
pique d'une main ,& montrant de l'autre déjeunes
gens qui tracent des plans de fortifications , & qui
îbnt d'autres exercices , avec cette dévife ,
NobiUum Epheborum inflitutio militaris rénovât a.
Mais on a depuis licencié , par ordre du Roi ,
la Compagnie des 600 Cadets , que S, M. enrrete-
noit à Metz, dont la plupart ont été faits Lieu-
tenans ou Sous-Lieutenans dans les Régimens de
Milice, Mcrc. Janv.m,^. C'efi: en parlant de ces
jeunes gens que Boileau a dit :
Eprife d'un Cadet , yvre d'un Moufquetaire,
%T On dit proverbialement d'un jeune homme qui
aime à faire bonne chère , à faire de la dépenfe ,
c'cft un cadet de haut appétit.
CADETES, f. m, pi. Nom d'un ancien peuple des
_Gaulcs, Voye^ plus bas dans l'art, de Caen,
CAD 141
CADETTE, f. f. Pierre dc tziûlt pour paver. Lapis
quadratus.
CADETTER. Paver avec des pierres appelées cadet'
tes. Lapidibus pavimentum jternere. Ces deux mots
fe trouvent dans Pomey & dans Richclct. Le pre-
mier fe trouve aulfi dans le Dict. de l'Acad.
CADL f, m. Terme de relation. C'eft le nom qu'on
donne aux Juges des caufes civiles chez les Sara-
fins & les Turcs, d'Hcrbelot écrit Cadlii , & les Cad-
his. Ce n'eft pas l'uiage en françois, Voye^ctqnz
cet Auteur rapporte au mot Cadhi , pour montrer
ce que c'eft que les Cadis , gc quelles font leurs ra-
pines.
Ce mot efl arabe, np, ou *ibî; > Kadi , Juge
de 'T? , Kadai , qui fignifie y;,gcT. Il fe prend or-
dinairement pour les Juges d'une ville ou d'un
village : ceux des provinces s'appellent Mollas ,
Moula-Cadis , ou Grand-Cadis. Les Cadis connoif-
fent aufîi des affaires de Religion dans le Biledul-
gcrid en Afrique.
CAdIASCHER. f. m, Voye^ Cadilesker. Ceft la
même chofe \ il n'y a de différence que l'article al
qui eft à Cadilesker , n'eft pas dans Caduifcher. Il
faut prononcer Cadi-asker
CADILESKER , ou CADILESQUER , ou CADI-
LESQUIER, Chef de la Juftice chez les Turcs. Cha-
que CadilefiJuier a fon diftrid particulier. M. Ri-
"caut les réduit à trois pour tout l'Empire. Le Ca-
dilefquier d'Europe , d'Anatolie & du grand Caire,
Le Cadilcfquicr , dit Vigeucre , dans fa Traduc-
tion de Chalcondyle , eft comme Grand Prévôt de
l'Hôtel, f^oye^ encore cet Auteur fur les droits des
Cadilefkers , dans fes Illufirations fur rHiJioire
de Chalcondyle , pag. 331,555.
Cadhil-asker , ou comme les Turcs l'appellent
Cadhilesker , eft le Juge de l'armée , que nous ap-
pellerions Intendant. Aujourd'hui c'eft le nom d'une
grande dignité dans l'Empirc-Ottoman , où il n'y
a que deux perfonnes qui en foient revêtues , dont
l'un eft le Cadhilesker de Romelie , c'eft-à-dire
d'Europe, &: celui d'Anatolie, c'eft-à-dire , de l'Afie,
d'HERB. Ricaut en ajoute un troifième , qu'il ap-
pelle Cadilesker du Kaire.
Le mot Cadilefchker eft arabe , compofe de ^^^p ,
Kadi , qui fignifie Juge , &: T»")'^ , Jfchar , & avec
l'article ni^7X ^ Alafchar , c'eft-à-dire, armée ^
d'où s'eft formé KadUafcher , Juge d'armée, parce
que d'abord il étoit Juge des Soldats. Selon cette
étymologie , il faudtoit écrire Cadilefcher , parcs
qu'en Arabe & en Turc c'eft un Kef, c'eft-à-dire ,
un fon femblable à celui du ^ des Grecs , & en no-
tre langue tel que le Ch dans Ckaron , Chorévique ,
Chelidoine : mais l'ulâge eft d'écrire Cadilesker , ou
Cddilefquer.
CADILLAC. Ville de France en Guienne , dans le Ba-
zadois , près de la Garonne , Catelliacum.
CADIS , CADIZ , ou CADIX. Petite île fur la côte
d'Andaloufie , province d'Efpagne. Gades , Gadira.
Solin dit que les Tyricns s'étanr embarqués fur le
golfe Arabique , ou mer Rouge , firent le tour de
l'Afrique , & vinrent futgir à cette Ile , qu'ils nom-
mèrent Erythrée , c'eft-à-dire , Rouge , du nom de
la mer de laquelle ils étoient partis. Enfuite les Car-
thaginois la nommèrent Gadir , qui en leur langue
liiînifie Septum , c'eft-à-dire , un lieu clos , paliffadé.
C'eft-là, que félon la fable , Hercule vainquit Gé-
ryon. L'île de Cadix a environ quatre ou cinq lieues
de long , & depuis une jufqu'à trois de large. Elle
n'eft feparée de la terre ferme que par un canal que
l'on palfe fur le pont de Suaco, La différence du
méridien de Cadis à celui de Paris , eft , félon l'Aca-
démie des Sciences de 9° 45' occid. par conféquenc
Cadis eft au 10"^ degré 1 5' de longitude.
Ce mot vient du latin Gades , qui s'eft formé du
Punique Gadir , qui , comme nous l'avons dit .fi-
gnifie Septum, & vient de l'hébreu ^^i, fepire.
Cadis, Ville dans l'île de même nom , dont nous ve-
nons de parler. Cette ville n'eft pas bien grande,
mais elle eft bien bâtie &c forte ; elle a un très-boa
'142-
CAD
port, Cadis cft encore nès-confidcrablc par le
merce de l'Amcrique, C'eft-là où aboutillcnt t
com-
Vnicnque, L.'elt-la ou aboutillcnt toutes
les marchandiles que les Espagnols portent aux In-
des , 5c toutes les richcHes qu'ils en rapportent en
Europe. CaJis eft une ville Epil'copale. Nous ne di-
ibns jamais C:i/is. En Angleterre Se dans les Pays-
Bas on dit Cii/is Malis.
Cette ville cft au 5<î" 5 }' 50" de latitude , &fa dii^
fcrence de la longitude de Paris cfl 8° tj' o". Cas-
siNi. C'.ft-à-dirc, qu'elle cfl: au 11° 24' zo" de
longitude.
Le Golfe de Cddis , Sinus Gaiitanus , Oceanus
Gaditanus. Il comprend toute la partie de l'Océan
Atlantique , qui efl: renfermée entre les côtes de l'Al-
garvc , SiC de l'Andiloulie , vers le nord , &: celles
du Royaume de Fez Se de Maroc au midi , jufqu'à
une ligne tirée du Cap de S. Vincent en Europe ,
à celui de Camin en Afrique. Il prend fon nom de
Cadis, parce que c'efl: le port le plus confidcrable
qui foit fur ces côtes. Maty.
La Baie de Cadis. Sinus Gaditanus ; c*ê(l: une
petite partie du Golfe de Cadis , renfermée entre
l'Ile de Cadis au midi , & les côtes d'Andaloufie au
^ord & au levant. La Baie de Cadis a environ douze
lieues de circuit , &c deux de large.
Cadis. f. m. Sorte de petite éro.fc de laine de bas
prix. ^Un Ut de Cadis. Une tapillerie de Cadis.
CADISE. f. m. ou plutôt adj. employé fubftaniive-
ment. Efpèce de droguer croilc & drapé , dont il
fe fabrique pluiieurs fortes en divers lieux du
Poitou.
CADIZADELITE. f. m. Nom d'une feifte Mufulmane.
Cadiiadelita. Les Cadis^^adélites font une cfpcce de
Stoïciens Mahométans , qui fiaient les feftins & les
divertiifemens , & qui affeélent une gravité extra-
ordinaire dans toutes leurs allions. Ceux des Cadi-
^^adélites qui habitent vers les frontières de Hon-
grie &: de Bofnie , ont pris beaucoup du Chriftianif
me , qu'ils mêlent avec le Mahomctifme. Ils lifent
la traduction Eiclavone de l'Evangile , auiTi-bien
que l'Alcoran. Ils boivent du vin , même pendant
le jeûne du mois de Ramazan •, mais ils n'y mêlent
point de cannelle , ni de liqueurs. Ils aiment & pro-
tègent les Chrériens. Mahomet eft, félon eux, le
5 Efprit qui defcendit ilir les Apôtres le jour de la
Pentecôte. Ricaud parle de cette fedle dans fon livre
de l'Empire Ottoman.
CADMIE. f. f Terme de pharmacie. Cadmia. C'eft une
cfpèce de minéral qui eft de deux fortes. Il y a de
la cadmie naturelle &c de l'artificielle, La cadmie
naturelle eft encore de deux Ibrtes : l'une con-
tient des parties métalliques , & l'autre n'en con-
tient point. La première , qu'on appelle cobahum ,
eft un minéral terreftre, de couleur prefquc noire ,
6 qui contient quelques parties de cuivre ou d'ar-
gent. On en tire beaucoup d'Allemagne : elle eft
fort cauftique & corrofive , de forte qu'on la met au
rang des poifons La cadmie naturelle , qui eft pri-
vée des parties métalliques , eft autrement appelée
calamine , ou pierre calaminaire. Voyez Calamine,
La cadmie artificielle fe fait dans les fournaifes de
cuivre, dont il y a de cinq fortes, La première eft
appelée botrytis , parce qu'elle a la forme d'une
grappe de raifm -, la féconde q/?rac/m , qui eft faite
comme un teft ou coquille : la troifième pUcitis ,
parce qu'elle reflemble à de la croûte ; la quatrième
capnitis: la cinquième calamiris ; celle-ci s'attache
autour des perches de fer, avec lefquclles on remue
la matière de cuivre dans la fournaife , laquelle
étant fccouce , a la figure d'une plume , qu'on
nomme en latin calamus. La cadmie botrytis fe
trouve à la parrie moyenne de la fournaife -, l'oflra-
citis dans la partie baffe •, l-xplacitis dans la partie la
plus brute , &: la capnitis à la bouche de la fournaife.
La cadmie eft defTicative & déterfive : on s'en
fert dans les ulcères humides & puants , qui fe ci-
catrifenr par fon moyen. La botrytis & Itiplacitis
font aufTi très-bonnes dans les maladies des yeux.
gCT La cadmie , difent les EncycIôpédLftes j eft une
CAD
fubftance fémi-métallique, arlcnicale, fulfureufe &
alcaline , qui s'attache comme une croûte au pa-»
rois des fourneaux où l'on fait la première fonte
des minéraux. On la nomme cadmia fornacum. r
Cadmie des fourneaux , pour la diftinguer de la j|
pierre calaminaire qu'on appelle quelquefois cad-
mia fojjiiis , cadmie foiîîle , parce qu'elle a toutes
les propriétés de la cadmie , avec cette différence
que la pierre calaminaire eft une produôlion de la
nature , au lieu que la cadmie des fourneaux eft une
produiflion de l'art.
^fT La différence des cadmies vient de la diverfité des
minéraux dont les vapeurs les produif'Air.
'JCTll femble que les Auteurs qui ont écrit ilir la cadmie
aient cherché à la défigurer par lesdifférens noms
grecs que nous avons rapportés dans le premier arti-
cle , qui ne marquent dans leur étymologie que la fi-
gure diîfcrente qu'elle prend , &; la place qu'elle oc-
cupe dans le fourneau. C'eft un plus grand mal en-
core de la confondre avec d'autres fubftances avec
lefquelles elle n'a que quelques points de confor-
miré , comme la Tutic , le Pompholie , &c. La Tutie
cft un bon remède pour les maux d'ycux^la Pompho-
lie pour delfécher les plaies. Où en feroit-on fî on
employoit pour ces ufages la cadmie, qui eft prefque
toujours mêlée de parties arfénicales ?
CADMUS. f. m. Nom d'homme, Cadmus. C'eft un
Dieu des habitans de Gortyne , ville de Crète , où
Europe fa fœur fut auffi honorée comme une Di-
vinité. Ce Cadmus , eft ce Phénicien fils d'Agenor,
Roi de Tyr , félon quelques-uns , & félon d'autres ,
Roi de Sidon, Les Sidoniens difent encore dans
Euhemère deCos,ciré par Athénée, que Cadmus
n'étoit pas fils du Roi , mais cuifînier du Roi de
Sidon, c'eft-à-dire , chef, Prince des Cuifîniers ,
C3''naan-t^ , tels qu'étoient dans l'Ecriture Puti-
phar , Arioch & Nabuzardan, C'étoit un de ces Ced-
monéens, dont parle Moïfe , Gén, XF , 19 , c'eft-à^
dire un de ces Phéniciens Orientaux , ou de ceux qui
habitoient la partie orientale de la terre de Chanaan,
apparemment proche du mont Hermon : car on die
que fa femme s'appeloit /ffr/wio/zf, ou /f^r/7zo«/£,
probablement du Phénicien , 'JOT^n , habitant du
mont Hermon. Tout le refte de l'hiftoire de Caâ-
■ mus s'explique de même par le moyen du Phéni-
cien. Car 1° , il fit , il produilit des foldats : c'eft
une expreflion Phénicienne, pour dire , il leva , il af^
fembla, i". Ces ibldats devinrent férpens : c'eft qu'ils
croient Hcvéens , cniTt, & qu'en Phénicien , auf^
fi-bien qu'en Chaldéen , ce mot fîgnifie un fer-,
pent, ;<^. Ils furent produirs des dents d'un fer-
penf, c'eft, dit Bocli||t , qu'en Phénicien ^aj i3U7,
dents de ferpens , fîgnifie auffi lances d'airain; c'c-
roient les armes dont Cadmus arma fes gens, car il
pallé pour être l'inventeur de l'airain , dit Hygin ,
ck. 174; vraifemblablement parce qu'il en apporta en
Grèce de Phénicie , ou peut-être de Chypre , & l'y
fit connoître. 4^. Enfin , on dir que ces ibldats s'en-
tretuerent , de forte qu'ils furenr réduits à cinq -, c'eft
une mauvaife explication du mot iy::n , qui fîgni-
fie cinq , &c encore expeditus , accinclus , &:c. prêt au
combat , déterminé , alerte. Ainfî , au-lieu de dire
qu'il avoit une troupe de cinq hommes feulement ,
il falloir dire une troupe de gens fort aguerris, dé-
terminés , alertes au combat , comme Exode XIII ,
1 8. C'eft ce Cadmus qui apporta les lettres en Grèce ,
au moins teize , «, ff.î','î'j','>*,'\,M,y,i,
CADO, Voyei Cazou.
CADOLE ,' f. f. C'eft le nom que les Serruriers don-
nent au loquet d'une porte > & à une efpcce de
pêne qui s'ouvre & fe ferme en fe haufîant , ou
fe baillant avec un bouton , ou une coquille.
Pejfulus.
CADORE , f. f. Petite ville de l'Etat des Vénitiens
en Italie. Parochia Cadorini , ou Cadorina. Elle
eft fîtucc fur la rivière de Piève , dont on lui donne
quelquefois le nom ; la Piève , ou 1:^ Piève de
C A D
'Ciidi)rc. Ph-h , ou Citfirum pUhis. Cadore a été la
patrie du célèbre Titien. Corn.
CADORIN , i\ xa, ou CADORINE , f. f. Maty dit
le premier, & M. Corneille le {'cconà.Cadorinus
airer , Cadubrium. Petite Province de l'Etat de
Vénile en Italie , qui prend l'on nom de Cadore
qui en eil la capitale. Le Cadorin eft borné au
Levant par le Friouî propre , au Midi & au Cou-
chant par le Bellunois , & au Nord par rEvéché
de Brixen. Ce pays eft fort montagneux.
CADOUiN. La Congrégation de Çadouin eft une
Congrégation de Religieux , qui eut pour fonda-
teur le Pi Giraud de Sales, vers l'an 1115, Il lui
donna les Coutumes de Cîteaux.
CADRAN , f. m. Terme de JoaiUier. Efpcce d'étau ,
ou de main de fer qui iert à tenir les diamans ,
quand on les taille, pour changer leur iîtuation
fuivant les diverfcs faces qu'on Icilr veut donner.
Pour les autres pierreries les cadrans font de bois.
Quadrans vel fcalper fca.lptoris gsmmarum, Cet
Inftrum.ent porte la pierre horizontalement &c vcr-
èicalemcnt fur la roue , on la tourne fuivant le
fens de fa facette. Les pierreries taillées z.n cadran
font plus eftimées que les autres. La couleur des
pierres taillées au cadran eft fatince : celle des
pierres qui font en table ronde , ou en cabochon ,
eft veloutée.
Cadran. Inftrument de Mathématique , qui eft un
quart de cercle divifé en ç)0° , qui a un plomb
au centre , une alhidade & des pinnules , qui fert
à obferver les hauteurs tant fur mer que fur terre.
Qiiadrans circuli Mathcmaticus. On l'appelle or-
dinairement quart de cercle , ou quart de no-
nante. L'ctymologie dcmanderoit qu'on écrivît
QUADRANTi Cependant communément on écrit
Cadran,
Cadran Iblaire , ou au foleil , eft une délinéation
fur un plan ou une muraille de certaines lignes
qui marquent l'heure par le moyen de l'ombre
d'un ftyle qui eft élevé au milieu. ^fT Surface
fur laquelle on trace certaines lignes qui lérvent
à mefurer le temps par le moyen de l'ombre de
l'aiguille ou ftyle fur ces Ij^nes.
ffT On définit plus esaélement le Cadran , difent
les Encyclopédiftes , la defcription de certaines
lignes fur un plan , ou fur la furface d'un corps
donné , faite de telle manière que l'ombre d'un
ftyle , où les rayons du Soleil palfans à travers
fin rrou pratiqué ail ftyle , tombent fur de cer-
tains points à certames heures. Solarium korolo-
gium y vel fciatkericon. Le cadran horifontal , eft
celui qui eft fur un plan parallèle à l'horifon ;
i'équinocllal ,celu.\ qui regarde l'équateur, & qui
eft élevé félon le pôle du lieu vertical -, Méridio-
nal, Septentrional ^ Oriental & Occidental y font
ceux qui regardent directement les quatre points
cardinaux. Le Cadran polaire, eft celui qui fe fait
fur un plan parallèle à l'axe du monde , ou , ce
qui eft la même chofe , à quelque horifon de la
fphère droite. Le Cadran vertical, eft celui qui
fe fait far mi plan vertical. Le Cadran régulier ,
eft celui qui fe fait fur la furface d'un plan qui
regarde droit l'une des quatre parties du monde.
Cadran vertical décli?uint èi. réclinani , celui qui
n'eft pas tout-à-fait à plomb , ou qui ne regarde
point précifément l'un des quatre points de l'ho-
rifon. On appelle Cadran Ajlronomique , celui
qui montre les heures Aftronomiques , c'eft-à-dire,
depuis minuit , ou midi. Cadran Babylonique ,
celui qui montre les heures Babyloniqucs , ou
depuis le lever du Soleil. Cadran Italique ,■ celui
qui montre les heures Italiques , ou depuis le cou-
cher du Soleil. Cadran Antique , ou Judaïque ,
celui qui montre les heures Judaïques. Cadran Jldé-
rcal ou aux Etoiles , celui qui montre de nuit
les heures par le moyeri des Etoiles qui ne fe
couchent point. On fe fert ordinairement des
Etoiles de la grande Ourfe. Cadran lunaire ,' ou
à la lune » celui qui indique l'heure de la ntiit
CAD i4f
par le moyen de la lumière de la lune. Cadran
portatif, celui que l'on porte avec foi pour vois
les heures aux rayons du Soleil quand on veur.
Cadran particulier , frelui qui eft tait pour une
latitude particulière. Cadran univerfel , celui par
le moyen duquel on peut connoître les heures
par toute la terre. Le plus commode eft celui qu'on
appelle ['anneau univerJéC Y csyez Anneau. Ori
appelle aulH tous ces Cadrans , Jciatériques , parce
que l'ombre ferr à marquer les heures : du mot
Grec o-jcia, qui lignifie ombre. M, De la Hire a
donné une manière univerfelle pour faire des Ca-
drans folaires.
Anaximène, Miléfied , difciple de Thaïes, fut,
au rapporr de Pline , le premier qui fit un Cadran,
jolaire à Lacédémone > qu'il appela fciatéricon.
L'Ecriture fait mention de l'horloge fôlaire du
Roi Achaz , dans le temps qiie'Romulus jetoit les
fondemens de la ville de Rome. Vitruve eft le
premier qui en a }ai<lé pur écrit la conftrudlion,"
Hérodote aiilire que les Grecs ont reçu des lîa-
byloniens les Cadrans folaires &: l'aiguille : c'efl?'
Anaximandre, mort vers la fin de la captivité de
Babylone , qui leur en enfeîgna i'ufage j qu'il
avoir appris des Chaldéens. PÎine dit que ce Ait
Anaximène difciple d'Anaximandre, mort le jour
que Cyrus prit Sardes. Les Hébreux , plus voifins
de Babylone, ont connu plutôt une invention i\
utile, Gomime il paroît par l'horloge d' Achaz,
|tT Cadran i dans un Horloge, une Montre, e'ît
une plaque fur laquelle font peintes ou î^ravées
les heures , les minutes , les fécondes , & rout ce
que la difpofition du mouvement lui permet d'in.
diquer. Le Cadran des Montres eft fait d'une
plaque de cuivre recouverte d'ime couche d'émail.
Ces Cadrans doivent être bien divifés, $c toutes
les patries bien diftinguées.
fer Cadran , Anémonique înftrirmenr qui indique
la direction du venr , comme une girouette.
CADRAN.Terme de Conchyliologie. Nom d'une efpèce
de coquillage de meï , qu'on appelle autrement
Efcalier. Scala concha.
CADRATURE. f. f. En termes d'horlogerie , on
donne ce nom en général à l'ouvrage qui eft entre
le Cadran & la platine d'une Montre , c'eft-à-dire ,
enrre les deux plaques qui font fous le Cadran. Le
mouvement de la Cadrdture eft conduit par un
pignon de rapport qui eft fur l'axe de la roue qui
fait fa révolution en une heure, Dom Jacques
Alexandre dans fon Traité des horloges , au pa-
pagr. 4 , du ch. 7 , pag. 147 , explique la Cadra-
ture des Montres fimples ; & au ch. 8^ paragr.
3 > page x6] , il explique la Cadrature des peiv
dules à répétition.
CADFvATURIER. f. m. Nom que les Horlogers don-
nent à celui qui fait des Cadrdtures des Mon-
tres à répétition. Pour les Cadratures des Pendu-
les , il n'y a point d'Ouvrier particulier , c'eft-à-
dirc , qui ne falfe que cela. Encyc.
CADRE, f. m. Bordure , chalîis d'un tableau. Qua-
dratus margo. Un Cadre de cheminée. On le dit
du rond , auOl-bien que du carré. On le dit au<Ti
des bordures de menuiferic , qui font ftir les pan-
neaux des cabinets , & qui renferment les pan-
neaux des portes. Un Cadre eft toute bordure car-
rée , qui renferme un bas relief, un panneau, un'
rableau , &c. Daviler,
Cadre fe dit audi d'un aflemblage en carré, fiit
de quatre grofles pièces de bois au milieu d'un
plancher , d'un dôme , ou au haut d'un efcalier ^
pour y faire des plafonds , ou y mcrtre d'autres
ornemens. Quadrata figura , vel res figura, qua-
dratce.
On le dit auin d'un morceau de cuir ou de
carton enjolivé & doré , au milieu duquel il y 2
une ouvertuie ronde ou carrée , où l'on enchâffe
une image en yélin , un rcliquaiEC , &c. Qua-
drum tabellcz.
f3* Cadke fe dit en architei^urc d'une bordure de
144 CAD
■pierre ou de piîtVe trainc au calibre , laquelle
dans les compartinicns des murs de tace -, & les
plafonds renferme des ornemens de l'cujpture.
gCF En marine , c'eit un chaflîs formé par quarrc
pièces de bois miles en carré &c des cordes entre-
lacées, i'ur lequel on mec un matelas pour le cou-
cher.
gCr Cadres , terme de manufadlure de papier ,
ibnt des chadis compolcs de quatre tringles de
bois jointes par les extrémités à angles droits , &
ayant un drageoir. Comme les cidres des miroirs
& tableaux. L'ouvrier fabricant les applique fur
la forme pour lui fervir de rebord & empêcher
que la pâte ne tombe , quand il cgoute la forme.
Encyc.
CADRER. V. a. Faire un carré qui contienne prcci-
fément autant d'efpace qu'un cercle , un triangle ,
ou autre figure*. Quadrarc. On n'a lu encore trou-
ver le moyen de cadnr un cercle , une parabole ,
une ellipfe , ou autre figure curviligne. Dans ce
lens , il faut dire carrer.
^ Cadrer , v. n. lignifie convenir , fe rapporter Juf-
tement à quelque chofe. L'Acad. écrit quadrer.
Ad , vel in ali^uid quadrare , vel convenire ad.
Il faut que nos aétions cadrent avec nos paroles.
Ces deux paflages le contrarienr , ils ne cadrent
f)as enfemble. Cette garniture ne cadre pas bien
avec cet habit , n'ell pas bien afTortie. S^a vie ne
cadre pas avec la dodirine. Les livres ne cadrent
pas bien avec le mariage.. Mol. Ne cadrer ni avec
Dieu , ni avec le monde, Lombert.
CADRILLE. Voyei Quadrille.
CADRITES. f. m. Sorre de Religieux Mahomctans.
Les Cadrites ont eu pour Fondateurs un habile Phi-
lolbphe &: Jurifconlulte , nommé Abdul Cadri ,
de qui ils ont pris le nom de Cadrites. Les Ca-
drites vivent en Communauté , & dans des elpè-
ces de monaftères, qu'on leur permet néanmoins
de quitter s'ils veulent , pour le marier , à condi-
tion de porter des boutons noirs à leur velle pour
fe diftinguer du peuple. Dans leurs monaftcres ils
paflent tous les Vendredis une bonne partie de
îa nuit à tourner , en le tenant tous par la main ,
& repérant fans cefle /fAdi , c'eft-à-dire , f^ivant,
qui efl: un des noms de Dieu. Pendanr ce temps-
là un d'eux joue de la flûte , pour les animer à
cette danfe extravaganre. Rigaud parle des Ca-
drites dans fon Lrnpire Ottoman.
§3- CADROUSE ou CADOROUSSE, Foye^ Ca-
DOROTISSE.
CADRUPLE. Foyei Quadruple.
CADUC , UQUE. adj. Il y en a qui écrivent cadu-
que , auïfi-bien pour le mafculin , que pour le fémi-
nin : ce qui eft mal. Qui a perdu fes forces , Ibit
par l'âge, foit par les maladies, & qui en perd
tous les jours davantage. Age caduc. Santé cadu-
que. Quand on a palfé 60 ans , on efl dans un
âge caduc.
Ce mot vient du Latin caducus , fujet à cheoir ,
de cadere.
Caduc , fe dit par extenlîon , des bâtimens qui me-
nacent ruine. Il faut étayer une mailbn caduque ,
de peur qu'elle ne tombe.
Caduc fe dit figuiément, La faveur de ce Courti-
fan eft bien diminuée ; fa fortune eft fort caduque.
On appelle biens caduques les biens de la terre ,
les biens de ce monde , par oppolition aux b-iens
du Ciel , qui durent toujours : caduc en ce fens
veut dire une choie qui fe détruit , qui pafle ,
qui n'eft pas de longue durée.
Caduc , en termes de Jurifprudence , fe dit d'un
legs , d'une inftitution d'héritier qui n'ont point
d'etfcr. Ce legs eft devenu caduc par la mort du
légataire avant le teftateur. Cette fuccelTion eft
devenue caduque , parce que perfonne ne s'eft porté
héritier. Il y a un- titre dans le Droit, de caducis
tollendis.
On appelle voix caduque , celle qui par quel-
CAD
que raifoh particulière n'eft point comptée dans un
lulfrage.
En termes de Médecine , on appelle le mal
caduc , le haut mal , le mal de Saint Jean , ou
l'épileplie , morbus comitialis , facer , major ,Jhn-
ticus. Voyez Epilepsie, Alexandre II. dans fa
XXXVP Épître , décide qu'un Prcrre artaqué de
mal caduc ne doit point dire la Mellé , jufqu'à
ce qu'il foit guéri , à moins que les accès ne foicnt
pas frcqucns.
CADUAD. Foye7^ Cazou.
CADUCEATEUR. ùm.Caduccator. Ancien Officier
de la République Romaine. Servius dit que c'é-
toienc Its Caducéateurs qui traitoient de la paix,
i?c les Fécialiens qui dcno-nçoicnt la guerre. Vige-
■siKï. fur Tite Liv. t. i, p. 1355. Oh les appeloit
ainfi , parce qu'ils portoient en main un caducée.
Nous les nomme-ns Hérauts : mais parce que ce
nom eft géneriqite , &; qu'il eft quelquefois befoin
de diftinguer les efpcces , le Caducéateur , & le
Fécial ou Fécialien j- on ne doit point faire diffi-
culté de fe feivir de ces mots , fur-tout dans des
ouvrages d'érudition.
CADUCEE, f. m. Verge de Mercure : c'eft un bâton
entortillé de deux ferpcns. C.iduceus. Les Poètes
attribuent plufieurs vertus au Caducée de Mercure ,
d'endormir les hommes , de relîufciter les morts ,
&c. C'étoit aulfi le fymbole de la paix , &: de la
concorde. Les Romains envoyèrent aux Catthagi-
nois une javeline & un caducie , pour choifir
lequel des deux ils voudroienr, ou la guerre, ou
la paix. ViGENERE. Apollon le donna à Mercure,
qui lui avoir fait préfcnt de la lyre.
Ce mot vient du Latin caduceurn , ainfi appelé
à cadendo , quia contentiones , & bella cadere fa-
cietat. Chez les Romains ceux qui dénonçoient la
guerre s'appeloicnr Feciales ; &c ceux qui alloieirt
demander la paix s'appcloient Cadnceatores. Il fe-
roir plus à propos de faire venir ce mor du Grec
XifVKiioy 5 qui fignifie la même choie , Se qui vient
de ;;:■"'?, un Héraut. Le caducée qui fe marque
fui" diverfcs médailles , eft un fymbole commun :
il lignifie la bonrvf conduire, la paix & la félicité.
Le bâton, marque le pouvoir; les deuxferpens, lu
ptu.dence -, &: les deux aîles , la diligence ; toutes
qualités néceflaires pour être heureux dans les
entreprifes où l'on s'engage,
Cadttcee , le dir aulfi d'un baron couvert de velours
fleurdelifé , que portent les Hérauts d'armes dans
les cérémonies. Celui du Roi d'armes a une fleur
de lis d'or au bout , que quelques-uns nomment
feeptre,
iCT Caducée. En Phyfique. Foye^ Baguette divi-
natoire.
■ CADUCITÉ, f. L État de ce qui menace ruine.
Il le dit tant des hommes que des bâtimens. Res
caduca , JEtas caduca , viribus defecla , injinni-
tas. La morr qui prévient la caducité arrive plus
à propos , que celle qui la termine. La Bruy.
ffT Les Encyclopédiftcs font une obfcrvation fur
le mot caducité que je crois fau/l'e. Caducité ,
difent- ils , état d'une perfonne caduque. On dit
cette personne approche de la caducité ; d'où
l'on voit que la caducité fe piend pour l'extrê-
me vieillellê ; mais il n'en eft pas de même de
caduc : on dit d'un jeune homme qu'il eft caduc ,
& d'un vieillard qu'il ne l'eft pas.
ifT II n'eft pas vrai que le mot de caducité , même
dans l'exemple cité , fignifie extrême vieillellê. Là ,
comme ailleurs , ildéfigne l'état d'un homme caduc,
qui menace ruine , qui a perdu de fes forces , &
qui en perd rous les jours davantage. Or on eft
caduc à tout âge. On dit d'un jeune homme qu'il
eft caduc ; & Ton dit d'un vieillard qu'il ne left
pas. Ainfi le mot de caducité ne fignifie jamais eflcn-
ticUement une extrême vieilleUê. Si le mot de
caducité convient ordinairement à l'extrême vieil-
lefiê , qu'il ne renferme pourtant pas dans fort idée ,
c'eft qu'en général , c'eft le temps oà l'on eft
plus
C AE
plus ca.iuc , où Ton a perdu , ic où l'on perd plus (
de fes forces , quoique cela ne l'oie pas vrai dans
iroiis les cas.
On le dit aulTi en ftyle de Palais. Caducité d'un
legs, c'eft lorfqu'un k^s devient caduc.
CADURCIEN , ENNE.^ l". Nom d'un Ancien peu-
ple de l'Aquitaine. Cadurcus. Les Cadurcuns occu-
poient le pays que nous nommons aujourd'hui le
Quercy , & croient , lelon Strabon , un des qua-
torze peuples qui habitoicnt entre la Loire éc la
Garonne. Les Cadurcicns furent les inventeurs des
lits , ou matelas , culcitœ. Liv, XIX , c. i. De Ca-
durci y on a fait dans la fuite Caturji , Catorji &
Cadorji , qui fc trouve , dans des Auteurs de la baffe
Latinité , & de-là Cahorfin & Caorjin , qui s'efl:
dit autrefois , &: enfuite Caurfin , &c puis enfin
Querci, Voyez Valois. Not. Ga.lL
C A E.
C^ADE. f. m. Gouffire ou abyme où les Laccdémo-
niens jetoient le^ criminels. k»i«^'«4. On en attri-
bue l'ouverture immenlc à un tremblement de terre.
Paufanias rapporte, Liv. i/^, cli. i8 que le MeHc-
nien Ariftomène , y ayant été précipité , appercut
Un renard qui ronjj^eoit un cadavre , & que l'ayant
faifi, ( apparemment par la queue ) il le fuivit par
toutes les routes obfcures de ce gouffre , que quand
cet animal vouloir fe jeter fur lui , il lui prcfen-
toit fa robe à mordie , qu'il arriva enfin à une ou-
verture par où cet animal avoir paffé , & l'ayant
élargie , il fe fauva de la ibrte.
CIGALE. adj.Epithète qu'on donne à une veine qui
reporte le fang dans l'intcftin c<zcum dans le tronc
méfentérique,
C/£GILIA, f f. Périt ferpent donr parle Jonfton , qui
tire fon nom de ce qu il paroît aveugle. vSa peau
brune, parlemée de riches noirâtres & purpurines,
' eft noire fous le ventre. A peine peut-on dilccrncr
fes dents, wnt elles font menues. Il a la langue four-
chue j Si rampe d'une grande vireife. Sa morfure eft
«iangereulé, ii on n'y applique les mêmes remèdes
qu'à la piquure de vipère. Dale fait mention d'après
Gefner d'une thériaque. préparée avec ce Serpent ,
& d'une eau thcriacale qu'il donne pour un fudo-
rifique dans la pefte. Dicl. de. Jcrnes,
C^CILIUS. f. m. Nom d'homme. Ce mot eft pure-
ment Latin , mais on le retient en françois , & il
faut l'écrire ainiî , & non pas Cécilius. Les C(ZcUius
croient une des plus illuftres familles de Rome. La
famille des CœcLlia. Voyez Cécile.
C^LESTiEN, ENNE.f Nom d'hérétiques. C«/e/?/^-
nus,a. Les dzkjliens font les mêmes que les Pélagiens.
Voye:^ l'Epitre de S. Jérôme à Alypius &: à S. Au-
guiiin , où il appelle cette héréfie , Hxrejis de/ef-
tina , par où il femble qu'il faudroit dire Cxleftin ,
& non pas CœUjtien , mais ce pourroit être une faute
de copifte , & le nom de Cxleftius , l'un des prin-
cipaux chefs du parri Pclagien , duquel ils onr
pris ce nom , demande que l'on dife Ccclejiien , &
non pas Ccekjiin. AufTi S. Auguftin , de kœref. c 41 ,
& c, 83 , les appelle-t-il Cœlejiiani , Calejiiens.
CAEN. Ville de Bailé-Normandie , dont elle eft ca-
pitale. Ce mot eft monofyllable , prononcez Can ,
Cadomurn. Caeri eft fur l'Orne, à trois lieues de la
mer. Caen n'eft pas une ville ancienne -, mais elle
eft belle , grande, & bien peuplée. M, Huer a fait les
Antiquités de Caen , où il montre que Caeii n'eft
pointl'Otlinga ouAutlinga , dont il eft fait mention
dans les Capitulaires de Charles le Chauve , & dans
la vie d'Aldric, Evêque du Mans , parce que l'Ot-
linsia Saxonia q(\. ^ppelàc pasus SCpa're//us, c'eft
à-dire, un pays, un petit pays, & que Caen n'é-
toit gucres alors qu'un village. 0"clqui?s Poètes ont
donné à Caen des Fondateurs illuftres , comme Cad-
mus, Caius Céfar, qui , à ce que l'on a prétendu , l'ap-
peloit en railJant Caii domum , d'où s'cft fait Cado-
murn ; ou bien 'in autre Caius , Maîrre d'Hôtel du
Roi Arrus. C'eft le fentiment de Guill. le Breton.
Paul Emilie & q^uelq^ues autres Hiftorjens on: dé-
Tome II,
C A
i
t>ité ces fables comme des vérités. Lé Préiideni!
Fauchera cru que Qucmovicumoù Charles le Chauve
pcrmcr la fabrique de la monnoie dans les Capi-
tulûuej, eft Liii.7i ; il ne lavoit pas que c'étoit une
ville de l'Artois à l'cmbouclîure de la Quanchc. M.
de Bras veut que Caen foit le Corocotinum de Pro»
lomée ; mais c'etoit un port de mer j & immédiat'
tement après avoir marqué Corocotinum , il met
r.nibouchure de l'Orne. M. Huer dit que Caen
paroît avoir été ville fous les premiers Normands
qui s'établirent en Normandie Vers le commence-
ment du X^ iiècle -, m.ais que l'on ignore quand elle
a comm.ncé de l'être, & qu'elle lémble avoir éré l'ou-
vrage du hazard , comme beaucoup d'autreS Vil-
les , dont la iituation & d'autres avanragcs ont
obligé des hommes à s'y établir. Il croit au refté
qu'il faut remonter au temps des Saxons , qui vers
le VP fiècle occupèrent prcfquc toute la côte Sep-
tentrionale des Gaules, peut-être juiqu'aux Romains
ou même jufqu'aux Gaulois; Car qui peut favoir,
dit-il , quand la première maiibn , la première hurrë
a été bâtie à Caen ? Quoi qu'il en foit , Caert
n'a eu aucune réputation avaht les premiers Ducs
de Normandie ; mais dès-lors ce fut une ville im-
portante , & félon Guillaume le Iketon , qui à
vécu vers le milieu du Xlir iiècle , Caen étoit
alors une ville fi peuplée & fi bien bâtie, qu'elle
pouvoir prefquc aller de pair avec Paris.
Caen a une Univerfité. Elle fur fondée d'abord
par Henri VI, Roi d'Angleterre, en 1 45 1 , confirmée
par Eugène IV en 1437 , & érigée en fécond
lieu par Charles Vil, Roi de France, en 14^0 , quand
il eut chaifé les Anglois de Normandie. îl y a auflî
une Académie de belles-lettres & de Phyfique com-
mencée en i<î5z , par M. Brieux , continuée par
M. Segrais , & après fa mort , érigée par let-
tres - patentes du Roi en compagnie réglée l'an
1705 par les foins de M. Foucault, alors Inren-
dant de Caen. Il y a aufli à Caen une Vicomte , un
Bailliage , un Prefidial , un Bureau des Finances ,
une Elcdion , un Grenier à fel , une Amirauté , ôC
une Cham.bre des Monnoies.
Selon Meflîeurs de l'Académie des Sciences j
C eft:^au 17'^ 15' de lorigitude , & au 490 iif
de latitude feptentrionale. Selon les aftronomi-
ques de M. Caffini , la latitude de-cette ville eft
490 10' 50" , fi longitude 170 6' 20", ayant pour
différence de la longitude de Paris 1° 45' o" oc-
cidentale. Caençonoit autrefois de gueules au châ-
teau donjonné d'or , & j'ai vu des fceaux portant
ces armes. C'eft vifiblcment une peinture de Caen ,
lyrique Charles VII reprit cette ville fur les An-
glois,pour reconnoïtre fa fidélité, il changea fes
armes , & lui fit porter coupé d'azur & de gueules
aux rrois fleurs de lys d'or -, apparemment pour être
le fymbole de la fortune de Caen, qui avoit été
long-temps fujette aux Anglois ; car le rouge eft
la couleur de leur écu -, mais la ville rcrournant
fous la domination françoife, l'azur & les fleurs de
lys avoient repris le deffus. Huet. Voye:^ les re-
cherches & anriquitcs de Caen par De Bras in-^",
àCaen i6iS , ou plutôt celles de l'illuftre M. Huet,
qui font beaucoup plus exaéles & plus favantes.
Du Chefne parle auffi de Caen dans fes antiquités
des vil/es de France , Liv. y II, ch. 10.
Le nom ancien de Caen étoit Cathim. Il eft ainfî
nommé dans la charte de donation de P.ichard III,
Duc de Normandie , darée de l'an \oi6. M. Valois
a cru qu'il falloir lire Cathem ; mais Cathim , Catlieinf »
Cathem & Cathorn , font différentes prononciations
d'un même mot. Cathim & Cathem étant donc la
même chofe , de Cathem s'eft formé Cahem j le t
&c le th fouffrant fouvent élifon dans le milieu des
mots, comme dans ceux de père , mère , frère , qui
font formés de pâtre, matre , fratre , &c comme
du mot (VSAaç , les Doriens fiifoient eVaoç-, de Cahem
s'eft fiit celui de Caen , le mot Cahem , fe trouvant
écrit dans les augmentations fa'tes à Si"-ebertpar
Robert de Toriçnj , Abbé du Mont S, Michel , &c
14^ C A E
imprimées par D. Luc d'Achery. Cela fe prouve
encore car l'ancieane prononciation du mot de
Caen , qui n'étoit pas monoiyllable , comme mam-
tcnant , mais qui croit un mot de deux fyilables ,
où les deux voyelles a ^ e croient marquées par
une prononciation diftinde , comme les vers du
Poète Waice , qui vivoit vers le milieu du XU
liéclc , & les vigiles de Charles VI en font foi.
De Cathom, on a fiiit Cadom, le ;s'étant change
en d , comme de ©A« , on a fait Deus. Je crois
mêm e que dans le temps qu'on a du Cathom , d'au-
tres , & peut-être le plus grand nombre , pronon-
coient Cadiim ; car il le trouve dans la chartre de
fondation de l'Abbaye de la Trinité , dans la vie
de S. Lanfranc , & dans la chronique du Bec. De
Cadom , le mot Cacn a pu fe former dans la fuite ,
aulîi bien que de Cachcm , par une analogie forr
ordinaire dans notre langue , comme de Laudunum ,
s'ell: fait Laon , de Lugdunum , Lyon , à'Judoma-
riis , Orner , &: A'Audoenus , Ouen.
M. Bochart croit que Cadom, en vieux gaulois, li-
gnifie demeure de guerre. Il eft vrai que ca enbas breton
ïignifie guerre ; mais kom , qui fignific demeure , eft
un mot d'origine allemande , comme il le reconnoît
lui-même : ce mot, félon les divers dialedles de
cette langue , fe prononce kom , comme en Alle-
magne , ou kem , comme en Hollande , ou ham ,
comme en Angleterre , ou homme , comme en plu-
fieurs lieux de Normandie. Car les villages nommés
le homme , fuhomme , roUhomme , le homme: , le
hommel , viennent du Saxon hom ; comme hameau ,
& hamel , viennent de ham. De forte que M. Bo-
chart fait ce mot hybride , moitié gaulois , moitié
Saxon. Pour moi , j'eftimc qu'il faut rapporter ce nom
à celui de Cadetes , peuples célébrés par Céfar ,
ôc fitués apparemment vers le lieu où Caen eft fi-
tuc 5 & que Cadom , fignifie demeure des Cadetes ;
de même que Cabourg , petit bourg aifez voifin de
Caen , appelé dans les vieux titres Cateburgum ,
&c Cadburgum , fignifie bourg des Cadetes. Du refte ,
ces Cadetes , peuples Gaulois , peuvent bien aVoit
pris leur nom , de Cad , mot gaulois , qui fignifie
guerre. Ainfi Cadetes fignifie Belliqueux. Huet.
D'autres ont formé le nom Cadomum-, Caen, de
Cadmus, comme fi ce Prince Phénicien, 9n cherchant
fa focur par le monde , eût jeté les fondemens de
Caen. Les autres de Caii domus ; comme nous avons
dit ci-deffus. D'autres de Campodomus , comme ayant
pris ce nom de fa fituation entre deux campagnes.
Quelques-uns de Quentovicum , comme fi ce nom ,
qui apparrienr à une ville d'Artois , éroit celui de
Caen. Les autres du grec k«!vo« .J'»m»«. nouvelle de-
meure ; &c quelques-uns de Cademoth , ville de la
Terre-Sainte. M, de Bras de Crociatonum , ou CaJJîa-
tonum, ou Caradinan , ou Cajla Jootwj. D'autres
à canitie. Toutes ces étymologies font fauflês.
C-(£NÉE , f. m. Nom d'un ancien promontoire de la
mer ^gée , fur la côre de Grèce , au nord du canal de
Negrepont, Ccenum promontorium. De-là ( du bourg
de Talanda )malgré une groffe bourafque de vent ,
ayant doublé le 'promontoire Cccnée, dit à préfent
Cap Martel , où fe trouvoit cette pierre Amiantus
dont les anciens faifoient de la toile , qui fe blan-
chiffoit au feu , nous entrâmes dans le canal que
fait la longueur du Negrepont. Dulotr , p. 249.
CAENOIS ,'OISE , f. m. & f. Qui eft de Caen , ha-
bitant de Caen. Cadomenjis. Prononcez Canois dif-
fyllable , ou même Canais , comme on fait dans le
pays. M. Huet , dans fes antiquités de Caen , ch. x^ ,
fait un dénombrement de 1 57 Caenois , qui ont été
hommes illuftres dans l'Eglife & dans les Lettres.
Il faut y ajouter M. Huet lui-même. M. de Cahai-
gncs a donné les éloges des Caenois , fes contem-
porains.
Ce mot aujourd'hui n'eft que du dilcours fa-
milier. M. Huet dit toujours habitans de Caen,
homme de Caen , £'c.' Les habitans de Caen font
gens d'clprit , ftudieux , polis. Huet. Des hommes
de Caen , illuftres dans l'Eglife &: dans les Lettres.
C AF
Id. Je n'entreprends pas dans ce chapitre, de donner
la lille de tous les Citoyens de Caen qui ont ac-
quis du nom dans le monde. Id. Roger , natif de
Caen. Idem. Guillaume Acatin étoit Citoyen de
Caen. Id,
Ip" CAERDIGAN. Voyei Cardigan.
^ CAERDIGANSHIRE. Voyc^ Cadiganshire.
|p=" CAERLEON. Anciennement Ifca, Ville d'An-
gleterre , en Monmoutshire , fur l'Usk : c'eft une
Ville très-ancienne , & une des trois premières Mé-
tropoles que les Chrétiens établirent en Bretagne.
§cr CAERMARTHENSHIRE ou CARMARTENS-
' HIRE. Province d'Angleterre, dans le diocèfe de
Saint David. C'eft une des plus fertiles du pays de
Galles.
UCr CAERNARVAN. Ville d'Angleterre, au pays de
Galles , fur le Menay , capitale de Carnarvanshire ,
Province du diocèfe de Bangor.
CISALPINE, f i. C'eft le nom que le P. Plumier
a donné à une plante qu'il découvrit dans l'Amé-
rique , en mémoire d'André Cifalpin , célèbre Bo-
tanifte. ^ Sa fleur eft monopétale , irrégulière ,
en forme de mafque , divifée en quatre parties in-
éo-ales -, du fond de la fleur , s'élève un piftil envi-
ronné d'étamines recourbées. Ce piftil devient dan5
la fuite une filique remplie de femences oblongues,
On ne lui connoît point de propriétés médeci-
nalcs. , , , .
|Cr ET CAETERA. Terme emprunte du latin , qu on
abrège dans l'écriture, 6^ qu'on met avec un ù , un
c & un point , &c. Il fignifie le refte d'un difcours
qu'on ne dit point, qui eft fous-entendu ,& pue
le Leéleur peut fupléer facilement de lui-même.
ffT On dit proverbialement , Dieu nous garde d'un
et ceetera de Notaire -, parce que , fous prétexte de
ces mots qu'ils mettent au bout des Obligations,
promettant , &c , obligeant, &c , renonçant , &c , ils
étendent fi loin ces claufes , en gtofîbyant les a6tes ,
que cela va fouvent au de-là de ce que les parties
ont cru confentir. Ce mot vient àif grec k«' inf»
& alia.
C^SAR. Foyei César,
C AF. .
CAFARD , ARDE. adj. Souvent employé fubftanti-
vement. Bigot , hypocrite. Il fe dit particulièrement
des gens qui font leurs affaires fous prétexte de
religfon , en abufant de la fimplicité & de la con-
fiance des autres. Religionis , probitatis Jimulator.
Vance pietatis aQeclator , hypocrita. Il a l'air cafard ,
l'humeur cafarde. C'eft un vrai cafard.
Ménage dérive ce mot de l'Arabe capkar , qui
fe dit par les Arabes proprement d'un homme ,
qui de Chrétien s'eft fait Turc , ou de Turc Chré-
tien. Il a été fait de l'Hébreu caphar , qui fignifie
renier. 123. Capkar en Arabe , fignifie auffi un
infidèle , un impie. Les Turcs & les Arabes , d'après
l'Alcoran, donnent ce nom aux Chrériens. Les
Anciens onr eu une efpèce de couverture de tête
qu'ils appeloient capkar dum. Du Cange.
Ce mot vient apparemmenr des Arabes. Cafara ,
fignifie en leur langue nit;r, d'où les Rabbins ont fans
doute pris leur verîje cafar pour dire nier; Le Targum
de Jérufalem s'en fert fouvent en ce fens-là. Ces mê-
mes Rabbins appellent un Renégat Caferan. Con-
fultez le DicT. Raebinique de David de Pomis , Se
legrandDicT. deBuxTORF. Quelques-uns croient
qu'on a aufifi donné le nom de Cafres aux peuples
d'Afrique, qui habitent vers le Cap de Bonne-
Efpérance -, parce qu'ils n'ont aucune religion.
Cafard , fe dit d'une efpèce de damas ou de fan'n.
Damafceni operis bomhycinus pannus. Le véritable
damas cafard eft tout de fil ; mais le damas cafard
ordinaire eft celui dont la trame eft feulement de
fil , & les chaînes de foie , & qui fe manufadure en
Flandres.
CAFARDERIE. f. f. Hypocrifie , faufle dévotion.
Hypocrifis. Ce mot n'eft pas d'ufage.
i
i
C A E
CAFÉ. r. nr. Cajkum; Semence qui nous eft apporrcè
de l'Arabie- Heurcul'c. On cftime davantage celui
Cjui nous vient par le levant j il cil: plus vert , plus
pelant ,& paroît plus marque celui de Moica, le-
quel cft plus gros , plus léger Se plus blanchâtre. On
appelle cafi en coque , cette même femence renlvr-
mée dans les enveloppes propres Se communes \ &
cafi monàc, celle qui en eft dcpoulllce. L'épargne
^ fait quelquefois lubftituer à cette femence celle de
pois , de fêvcs , de leigle , d'orge , elpèces de lemen-
ces qui étant rôties ne fourrtiiiènt pas une matière
huileuie àuflS agréable, & en aufli grande quartcité
que le cafi. L'arbre qui donne cette femence £è peut
nommer Cujiir. Voyez ce mot.
Café , fe prend auffi pour une forte de boiflbn qui tft
devenue familière en Europe depuis quelque temps ,
& qui eft en ufage en Turquie depuis plus d'un isè-
cle. Cafctitm , cafœa , cafitus liquor. On ne fait pas
au vrai Ion origine. Le café fut découvert , au rap-
port de Maronite Faufto Nayronne , pat le Prieur
de quelques Moines , après qu'il eut été averti par
un homme qui gardoit des chèvres ou des chameaux,
que quelquefois fon bétail veilloit & iâuroit toute
la nuit après avoir mangé du cafc.^fT Ce Supérieur
en fit boire Tintuiion à les Moines pour les tirer
de l'allbupiflement où ils étoicnt aux offices du
chœur pendant la nuit. Cette origine de l'ulage du
caft: approche fort de la table. D'autres difent qu'il
en faut attribuer la découverte à h piété d'un Mufti ,
qui, pour faire de plus loîigues prières , & poudcr
les veilles plus loin que les Dervis les plus dévots ,
en fît le premier l'expérience.
Abdakader , dont le manufcrit eft à la bibliothè-
que du Roi , & M. Galand , d'après lui , en r«ppor-
tent une autre plus croyable, prife deSehehabed-
din. Auteur plus ancien &: plus proche de l'origine
de l'ulage du café. Il dit qu'au milieu du IX' fièele
de l'Egire , c'eft-à-dire , du XV^ de l'ère Chrétienne ,
un certain Gemaleddin , qui étoit de Bhabhan , pe-
tite ville de l'Arabic-Heureufe , & qui demeuroità
Aden , ville & port fameux .à l'orient de l'embou-
chure de la mer Rouge , faifant un voyage en
Perfe, y trouva des gens de fon pays qui prenoient
du café , &i qui vantoicnt cette boilfon. De retour
à Aden , il eut quelque indilpofition , dont il le per-
fuada qu'il fcroit Ibulagé , s'il prenoit duc<z/Z'. lien
prit , & s'en trouva bien. Il reconnut, par expérience,
qu'il diffipoit les fumées qui appefantiHént la tête ,
qu'il infpiroitde la joie •, qU'il rendoit les entrailles
libres ; qu'il empêchoit de dormir fans qu'on en
fût incommodé. Gemaleddin étoit Mufti d'Aden ,
& avoit accoutumé de pafTer les nuits en prières
avec les Dervis. Pour y vaquer avec plus de liberté
d'cfprit , il leur propofa de prendre du café. Leur
exemple mit le café en vorae à Aden. Les gens de
loi , pour étudier -, les artilans, pour travailler ; les
voyageurs, pour marcher la nuit -, enfin tous les habi-
tans d'Aden en prirent. De-là il pafîa à la Mecque, où
les dévots d'abord , puis tout le monde en prit. De
rArabie-Heureuléjil fut porté en Egypte & au Caire.
L'an 9 1 7 de l'Egire , 1 5 1 1 de l'ère Chrétienne, Khaie
Beg le défendit , parce qu'il crut qu'il enivroit , &
qu'on lui perfuada qu'il portoit à des chofes défen-
dues. Sultan Canfou leva prefqu'auflltôt la dcfenfe.
Le café pafla d'Egypte en Syrie , &: de-là .1 Conftan-
tinople. Les Dervis déclamèrent contre , parce que
l'Alcoran dit que le charbon ne peut être mis au
nombre deschofos que Dieu a créées pour la nourri-
ture de l'homme. Le Mufti ordonna que les mailcns
à café feroient fermées. Un autre Mufti déclara que
le café n'étoit point du charbon. Les affembléesdes
Nouvelliftes , qui parloient trop librement des af-
faires d'Etat dans les cabarets à café, obligerenr le
Grand-VifîrCuproli , pendant la guerre de Candie,
defupprimer ces maifons de cz/i à Conftantinople
feulement. Cette fuppreffion, qui dure encore, n'em-
pêche pas qu'on n'en prenne publiquement dans
cette capitale. Quant .à la France, c'eft Thevenot
ie Voyageur qui a le -premier apporté le café à Paris.
CAP l^y
Le nom de Café que nous donnons à cette lioueac
&a ia femence aV.c laquelle on la fait, eftorigi-
naircrnenî Arabe. Les Turcs , dit M. Gallandi'ic
prononcent Cdhuch , & les Arabes Cahouah , où
Cakoné. C'eft de ce dernier que nous avons fait le
mot Café, en changeant Vouaou , ou Vu Arabe,
en f. Pour ce qui eft de l'origine , ou plutôt de la
figni/ication primitive de ce mot, on varie jufqu'à
dire les deux contraires. Cdhouah , ou cakoueh ,
h'cft pas un nom propre , c'eft un nom générique ,
bu appellatif, félon M. Galland, dans le petit Trané
que nous avons cité. Cahouah , vient d'un verbe ,
qui iignilie avoir du degoât , n'avoir pvint d'appétit ;
'& c'eft uii des noms que les Arabes donnent au
vin , à caufe qu'il ôte l'àppctit quand il eft pris
avec excès. Ainfi il faut que Cahouah vienne de
ilp , ou ip , ou inp , qui eft la même ch'ôfe , & qui
en Arabe & en Turc ïignifie avoir de l'aVerfioii ,
du dégoût pour quelque choie ; & qUi fe dir des
viandes , & de tout ce qui le prend par la bouche.
Au contraire Golius , Mcninski &; Caftel difent que
Cahouah fignif.e ce qui doniie de l'appétit, quoi
appetentiam cibi adducit. Si après de telles auto-
rités il étoit permis de propofer un autre fentimenr,
on diroit qu'il ne figniiie ni ce qui donrie de l'ap-
pétit, ni ce qui l'ôte , & qu'il ne- vient point de
'np , ou f^ , ou inp , qui lignifie , aVoir ou donner
du dégoût , mais de '^p , ou mp , qui lignifie
donner de la vigueur 8c delà force , fortifier , cor-
roùorare , roborare , confirmare ; °& que Ca-
houah en Arabe & eri Turc n'eft autre chofe que ce
qui fortifie , ce qui donne de la vigueur; lignifica-
tion qui convient très-bien au vin & au café; Hc c'eft
un mot ordinaire chez les Turcs aux gens de guerre
qui boivent tous du vin fans Icrupule , de dire qu'ils
le font , parce qu'il fortifie. Quoi qu'il en foit , de ce
mot Cahoueh s'eft formé en Europe le nom de café y
eh changeant , comme il arrive très-fbuvent , le 1 ,
c'eft-à-dire, Xu en /. Au refte , les Mahométans
diftinguent trois fortes de Cahoueh , ou Cahouah.
La première eft le vin & toute autre boi.Ton qui
enivre, dit M. Galland ; Golius , Gaftel & Me-
ninski n'y mettent que le vin. La féconde fe fait
avec les goulfes ou les enveloppes qui renferment
le fruit du café , ou le bunn. La troilièrhe fe fait
avec ce fruit-là même. C'eft celle qui eft en ufage en
Europe , parce que les gonfles ou enveloppes né
font pas propres à être tranfportées , ou ne fe tranf-
portent point ici ; car on dit qu'on en porte en
Turquie , Voye:^ ci-deffous café à la Sultane. La
couleur brune & foncée de cette boiflbn l'a fait
appeler d'abord fyrop de Mûre des Indes , & c'eft
fous ce nom fpécieux d^orx commença à débiter
à Paris cette boiflbn.
La préparation du café confîfte dans le jufte dé-
gté de fa torréfaélion & de fon infifion. On brûle ,
ou plutôt Ton rôtit' cette femence , ou dans une
poclc de fer , ou dans un plat de terre , jufqu'à ce
qu'elle ait acquis également de tous côtés , une cou-
lent tirant fut le brun-, on en moût enfuite dans un
moulin à café jufqu'à la quantité dont on doit fe
fervir fur le champ. On fait bouillir dans une cafe-
tière de l'eau à proporrion du noinbre & de la
grandeur des talTes que l'on doit en remplir, dans
laquelle on jette le café moulu. Certaines maifons
ont des mefures à café pour la jufte quantité des
talTes d'eau dans laquelle on doit l'infufer. Lorfqu'il
a bouilli fuffifamment , on retire la cafetière du'feu*,
éc on laifTe pendant quelque temps repofer l'infu-
lîon pour la vetfer à clair dans les rafles ; la coutu-
me eft de l'avaler le plus chaud que l'on peut ; les
uns le boivent fans fucre , & les autres y en mettent
plus ou moins. Les Tutcs ne fe mettent pas en
peine d'en adoucir l'amertume avec du fucre. Les
grands Seigneurs mettent dans chaqvie taflfè une
goutte d'efTcnce d'-ambre. D'autres le font bouillir
avec deux doux de girofle -, d'autres avec un peu
d'anis des Indes , & d'autres avec du cacouleh ,
qui eft la graine du Cardamomum minus. Le cajï
Tij
C A F
ell: une des chofes ncceilaircs que les Turcs font
obli'Jics^e fournir à leurs femmes.
' Beaucoup de gens déjeunent avec une^ rafle de
■caft & un morceau de pain. Dans la plupart des
ixiailbns on lert ic café immédiatement après le re-
pas. Le' cafc Ce prend pour différentes intentions :
les uns cii ufent par amuiément, par coutume ;
ks autres pour rcliflier au Ibmmcili beaucoup de
^ens pour taciliter la digcftion -, fouvcnt di.fcrentes
perlbnncs d'une même compau,nic le prennent^pour
le procurer des effets tout oppofes, U fert d'amu-
fcmcnt & d'entretien dans une longue converla-
don , ou de prétexte pour Te taire avec bienféance.
Mais les qualités les plus réelles que les Méde-
cins lui reconnoilfcnt , font de mettre le fang en
mouvement, moyen par lequel il tient éveillé -,
de difnper les migraines , &C d'abibrber les aigreurs
de l'eftomac. Le" bon café contient des fels , des
foufrcs & des huiles capables de produire ces effets,
& de rétablir un eftomac dérange. L'expérience
a appris qu'il convient aux perfonnes qui ont de
l'embonpoint -, & qu'il nuit, à celles qui forit fèches ,
maigres, & d'un tempérament bilieux, à ceux qui
digèrent trop vite, à ceux dont le fang circule trop
vite , à ceux qui ont un crachement de fang pro-
venant de quelques extrémités de veines, ou d'ar-
tères trop ouvertes , ou d'un fang trop fubtil & trop
acre. Simon Pauli , Médecin Danois , a prétendu
qu'il énerve les hommes & les rend inhabiles à la gé-
. nér.ition. Une perlbnne qui a demeuré quinze ans
en Turquie m'a dit que les Turcs attribuent au cafi
le même effet , 8c qu'ils penlent que le grand ufage
qu'ils en font eft la caufe pour laquelle les provinces
qu'ils occupent , autrefois fi peuplées , le font au-
jourd'hui fi peu. Dufour réfute cette opinion dans
fon Traité du Café , du Thé Se du Chocolat.
Les perfonnes qui ne font pas accoutumées à
cette boilfon, la trouvent amère, & font obligées d'y
mettre beaucoup de fucrc.
On n'i pas toujours rôti le café pour faire cette boif-
fon : il y a toute apparence qu'on s'efl: fervi d'abord
de cette femencc bouillie dans de l'eau fans autre
préparation , & qu'on n'a pas eu de peine à aban-
donner cette première , puilque le cafi rôti eft beau-
coup plus efficace & plus agréable.
Le premier qui a écrit du cafi vers le IX" fiècle , a été
Zacliarie Mahomet Rafes ou Ralis , célèbre Mé-
decin Arabe , puis Ebenfma, dit Avicenne , Prof-
per Alpinus, au Livre des Plantes d' Egypte , qui cil:
le premier qui en a donné des nouvelles aux Eu-
ropéens il y a plus d'un ficcle. Avicenne en parle
dans le fécond Livre de fon Canon , & en explique
les qualités. Vcftingius dans les 0/-fcrvations,Bau.-
hin dans Ion Pinax. Olaiis Wormius , Oléarius , &
Léonard Rauwolf dans leurs Innéraires;Mo\\em-
brok , Piétro dcUa Valle , .Thévenot dans leurs
Relations. Simon Pauli en a condamné l'ulage
dans un Commentaire contre le Thé Se le Tabac , &
il objecïe qu'il énerve les hommes , comme témoi-
gne Oléarius , & comme on l'a dit ci-dcifus.
Les inftrumens Se les vaiflcauxproprcs à préparer
le c^zp , font une poêle, ou un moulinet pour le
rôtir", un moulin à moudre, «ne boëte à conferver
celui qui eft moulu , une cafetière , un petir four-
neau , èc un cabarer à café , compolc de tailcs avec
leurs foucoupes, d'un fucrier , de petites cuillièrcs
& des ferviettes à café. Quelques gens font cuife le
café à un feu de lampe , Se quelques autres à un feu
d*êfprit de vin. Le plus ordinairement c'eft au feu ,
ou bien fur un petit fourneau de fer dans lequel on
allume du charbon.
Philippe Sylveftre du Four, dans fon Traité, ^«
C^/i, Thé, Chocolat, fe fert du terme de torréfier
le café. Dans l'ufage ordinaire, on dit brûler le café.
Votre café n'eft pas bien brûlé ; il eft trop brûlé -,
vous brûlez mal le café. Vous ne favez pas brûler le
cafc. On dit aufli rôtir le café, du café bien rôti.
On dit que le Ciî/? eft trop grillé, lorfqu'on l'a ré-
duit en charbon , & qu'il fent l'eau froide , lorfqu'on
C A F
Ta verfé dans l'eau fans qu'elle ait bouillie fufRfam-
ment. On appelle un café fort , lorfqu'on a mis
dans l'eau une quantité de café moulu plus grande
qu'à l'ordinaire : &C lorfqu'on n'en a pas mis affez ,
ou qu'il eft éventé , ce qui en rend l'inflifion moins
chargée , on l'appelle café foible.
CAFÉ au /ait eft ou l'infufion que font qlielques-uns du
c^/ê' moulu dans du lair , ou le mélange d'une cer-
taine quantité de lait chaud fur une partie d'infufion
du café à i'eau , en y joignant fi l'on veut du fucre.
On appelle café chocolaté , une infufion de café dans
laquelle on a fait fondre &: cuire un morceau de
chocolat. Quelques Cafuiftes foutiennent que le
café ne rompt pas le jeûne.
Café à la Sultane eft l'infufion des coques qui fervent
d'enveloppe au cafe^ laquelle eft en ufage en Tur-
quie, où les Sultanes en ont introduit la mode, pat
l'expérience qu'elles ont qu'il échauffe moins que
l'infufion de la femence même, & qu'il tient le
ventre libre. Les coques ont été appelées impropre-
ment fleurs de café par nos François qui les ont ap-
porté de Mocha. Voye^ la Bièiiiothéque Orientale
d'Hcrbelor au mot Camua.
On mêle quelquefois avec le Café de la pellicule
fine qui couvre immédiatement la fcVe , enforte
que quand le tout eft bien ptéparé , on eftime que
nulle boiifon n'eft comparable à celle-là. Nos Fran-
çois qui, à la cour du Roi d'Yemen , chez les Gou-
verneurs & les gens deconfidération, n'ont point
pris d'autre C(z/ê' , avouent que c'eft quelque chofc
de bon & de délicat. Ils ajoutent qu'il n'eft pas nc-
ccflairc d'y mettre du fucre, parce qu'il n'y a aucune
amertume à corriger , & qu'au contraire on fent une
douceur modérée qui fait plaifir. Il y a beaucoup
d'apparence qu'on ne peut guère la faire avec
fuccès que fur les lieux ^ car pout peu que les écor-
ces de café qui déjà n'ont pas beaucoup defubftance*
quand elles font trop lèches , foient tranfportées ou
gardées , elles perdent beaucoup de leur qualité ,
qui confifte ptincipalement dans la fraîcheur. Pour
préparer le café à la Sultane , on prend l'écorce du
Café parfaitement mûre , on la brife & on la met
dans une petite poêle ou terrine , fur un feu de
charbon , en retournant toujours en forte qu'elle
ne le brûle pas comme le café, mais feulement
qu'elle prenne un peu de couleur. En même temps
on fait bouillir de l'eau dans une cafetière ; & quand
l'écorce eft prête , on la jette dedans avec un quart
au moins de la pellicule, en laiflant bouillir le tout
comme le Café ordinaire. La couleur de cette boif-
fon eft femblable à celle de la meilleure bierre
d'Ana;leterre. On sarde ces écorces dans des lieux
fort fecs & bien enfermés ■■, car l'humidité leur
donne un mauvais goût Voyage de l'Arabie Heu-
reujé ,p. 2.87 & fuiv.
Les Orientaux prennent le café fans fiicfe & dans
de foft petites taffes. Il y en a parmi eux qui font
envelopper la cafetière d'un linge mouillé en la re^
tirant du feu j ce qui fair précipiter le marc incon-
tinent, & rend la boiflbn plus claire *, il fe faitauiri
par ce moyen-là une parité crème au-deflûs , SC
lorfqu'on le verfe dans la ralfe , il fume beaucoup
davanrage , & forme une efpèce de vapeur grade ,
qu'ils fe font un plaifir de recevoir , à caufe des bon-
nes qualités qu'ils lui attribuent.
Voici une nouvelle manière de préparer le café ,
inventée par M. Andry , dodeur de la faculté de
Paris , Se expliquée dans fon Traité des alimens de
Carême. Jufqu'ici on n'a reconnu qu'un moyen de
fe fervir du café , qui eft de le brûler. Il y en a un
autre néanmoins auquel il eft étonnant qu'on n'ait
pas encore penfé , c'eft de tirer la teinture du café ,
comme celle du thé. Se d'en faire, par cette mé-
thode toute fimple , une boifTon d'autant plus fa-
lutaire , qu'on n'y peut rien foupçonner d'adufte ;
Se quede plus elle doit contenir un extrait naturel
de ce qu'il y a dans le café de moins fixe & de plus
éthéré , c'eft-à-dire , la partie la pluî mercuriellc ,
■C AF
îa plus légère , & en même temps la plus doûcè de
ce mixte ; au lieu qu'en le brCilnnt , on cft caufe qu'il
fe diiîîpe beaucoup de cet elprit doux & lubtil.
Toujours eft-il certain que par la préparation or-
dinaire le cip perd confidcrablement de ion poids ;
& iî l'on veut l'éprouver , on verra que le déchet
efl: de i io grains i'ut une once -, c'eft-cà-dire , de
près de deux gros \ diminution trop grande pour
que la diiîiparion des efprirs volatils , qui font les
premiers à s'évaporer , n'y ait beaucoup de part.
Quoi qu'il en foit , voici comment on doit pré-
parer cette boillbn.
Il faut prendre un gros de tap en fève, bien
mondé de l'on ccorce , le faire bouillir l'clpace d'un
demi-quart d'heure aU plus , dans un demi-leticr
d'eau, enluite retirer du feu la liqueur, qui fera
d'une belle couleur citrinc , & après l'avoir laiilce
repofer quelque temps , bien bouchée , la boire
chaude avec du fucre. Cette boiiiôn exhale une
odeur douce qui le difîlpe ailcment, elle a un goiit
agréable ; elle fortifie l'eflomac , elle corrige les
crudités , & débarralîe fenliblement la tête. Mais
une qualité particulière qu'on y trouve , c'efl; qu'elle
adoucit l'acrcté des urines, & foulage la toux la
plus opiniâtre. Nous en avons fait l'expérience fur
plufieurs malades.
Le même café qu'on a employé la première fois ,
retient encore allez de qualité pour pouvoir s'en
fervir une féconde , & même une ttoilième ■, ce qui
vient de ce que ce fruit qui ne le ramollit prefque
point en boftillarit , efl: d'une tilUire extrêmement
Compacte , qui empêche que ce qu'il contient de
plus lubtil , ne s'évapore tout d'un coup.
Si on lai lie bouillir long-temps le café, fa cou-
leur fe charge , & la liqueur devient verte comme
du jus d'herbe : elle eft moins bonne alors , parce
qu'elle efl: trop remplie de parties terrcfl:res ; elle
iaille même au fond du vaillêau , un peu de li-
inon vert , ce qui marque allez la grolliercté de ces
mêmes parties. Il faut donc prendre garde de la
faire trop bouillir. Avec cette précaution on peut
S'afllirer d'avoir une boiifon merveilleufe , pour
produire les effets falntaires que nous venons de
tnarquef. Il y a même lieu de croire que , li l'ufage
s'en introduit , ce ne foient pas-là les feuls avan-
tages qu'on en pourra retirer. Andry.
Nous remarquerons qu'ayant fait ufage de cette
boiifon , nous avons découvert qu'outre les qua-
lités qu'on vient de rapporter, elle a celle de fôu-
tenir les forces contre l'inanition : enforte qu'étant
prife à jeun , on peut le palier plus long-temps de
nourrirure , fans en être incommodé. C'efl; de-
guoi fe convaincront aifément ceux qui en vou-
«droient faire l'expérience. Journal des Sav. I/KS,
p. 285.
Pour qu'on ne foit pas obligé de pefer chaque
fois le Ciz/è; , nous ajoutons que 28 grains de cafc,
mondé fonr un gtos. Obfervons encore qu'il y a
128 gros dans une livre s & que comme le café
peut fervir trois fois, il y aura 384 prifes de café
dans une livre. Une perlbnne qui n'en prendra qu'une
fois le jour, n'en dépenléra pas Une livre en un an.
Il s'en faut beaucoup qu'il en foit de même en le
brûlant. Un homme tombé en apoplexie en fut
tiré par plusieurs lavemens de café, Acad. 1720 ,
Hifl:./7. 29.
Café mariné, C'efl: du café, qui a été mouillé de
l'eau marine, &: pni"; léché. On ellime peu cette
forte de cafc , à caufe de l'àcreté que lui donne
l'eau marine , & que ne lui ôte pas même la torré-
faftion.
On appelle auffi café , un lieu defl;iné à prendre du
café , une maifon où l'on va prendre le café , pour
de l'argent. Il demeure près d'un café. Nouvelle de
cafc. On dit qu'il y a trois mille cafés à Londres.
Il y a en Turquie des cabarets exprès pour vendre
du cafc, comme on fait le vin en France.
Café. Coale\«: de café. Cefl: la couleur, non pas de Is
fève, ou rôtie ou non rôtie-, mais celle de cette
G A F
ï
fève rotie& réduite en poudre » éd de l'caii dj.ns
laquelle elle a bouilli ',c'eft-à-dire, un châtain foncé,
Cafœi color. Rufus. J'ai levé un habit c»u!eur de
café. On dit quelquefois , en abrégeant , urt drap
café; fon habit efl: café.; oû de ^café\ C'efl: cet
homme vêtu de café. On foûl'entehd la cou/air.
CAFETAN ou CAFFTAN. f. m. Robe longue dccamë--
lot ; agrafée 6: bordée par-devant avec des courtes
manches, que portent ordinairement les principaux
Officiers Militaires Turcs. On accorda par une dif-
tinétion particulière aux Officiers des Vaiflcaux du
Roi , douze Kerckes -, outre dix Cafetans:: . Merc
Dec. 1724. Le mot de Kercke efl: Grec i & a différent
tes lignifications , expofécs dans le Jardin des Racines
Grecqiies , art. 91, nos 1 1 & 1 2 -, mais je n'y vois rien
qui puiife convenir ici. Sa Majefl:é Czarienne vou-
lanr marquer fa confidération à Donduk Ombro ;
lui à envoyé le cafetan &c le Sabre , fuivant l'u-
fage établi parmi les Princes Mahométans. Merc,
Juin. 173^.
CAFETIER, f. m. Prononcez Caftie'r. Rîchelet dit
qu'on appelle ainli un homme qui ne vend que du
café en femence , ou , comme on dit , en fève,
03" Nous entendons aifjourd'hui , par Cafetier , "ce-
lui qui vend du café , du chocolat , des liqueurs froi-
des & chaudes. Foye^ Ln»roNADlER , qui fe dit
plus ordinairement.
CAFETIÈRE, f. f. Petit vaifleau fait en forme de co-
quemar, dans lequel on prépare le café. Kz/cv/A/w
coqnendo Cafxo lioneum. Cafetière de terre j cafe-
tière de faïcfncc , cafetière de fer blanc -, ou de cui-
vre , cafetière d'argent. Prononcez comme s'il étoit
écrit caftiere, ou prefque de la même manière.
CAFIFR. f m. Efpèce de Jafmin d'Arabie dont là fe-
mence nous eft connue fous le nom de café. Jaf-
mini:-m Arakicum , Lauri folio, cujus fetnen apiii
nos café àicitur , Act, Ac. R,Pan. Cet arbre a été
apporté en Europe en 1737 par lés Holiandois,
&: en 1709 il donna des fruits au jardin d'Amfter-
dam ; avant ce temps-là on ne connoirtoit point
fon caraétère ; Se les diiférens fentimens des Au-
teurs qui avoient traité du café , faifoient naître
des doutes qu'on rie pouvoit réfoudre que par la
vue & la culture de certe plante. Celui qui en a
le mieux parlé, efl: M. Galland , dans une lettre
qu'il imprima en 1(^99 à Caen , ëc qui contient une
Traduélion d'un Traité fur le café , compofé par
Abdalcader Ben Mohammer , qui vivoit l'an 996
de l'Egire , c'efl-à-dire, 1587 de J. C. Cet Auteur ,
à la fin de cet ouvtage , témoigne qu'il a vii à
Conftantinople les rejetons d'un arbre de café. Un
Turc qui avoir pris foin de le cultiver , voyant
qu'il avoit gelé , le coupa par le pied ; mais il
pouffa des rejetons. Il ajoute que fes feuilles font
vertes toute l'année -, qu'elles relfemblent à celles
du Laurier j excepté qu'elles ne font pas lî poin-
tues , mais plus épailfes , & d*un vert plus foncé.
M. Nointel , Ambalfadeur du Roi, le fit f^eindre.
Le Cafcr , qui efl garni en tout temps de feuilles,
donne beaucoup de branches un peu horifontales ,
toujours oppofées , & chargées d'efpace en efpace
de feuilles oppofées deux à deux , à queue fort
courte, La figure de ces feuilles efl: pareille à celle
du Laurier , a.vec cette différence , qu'elles font
plus larges , plus pointues i d'un verr gai & lui-
fant en defîlis, plus pâle en delfous , & qu'elles
n'ont qu'un goût douceâtre & d'herbe, fans odeur
particulière. De l'aiffelle de la plupart de ces feuilles
naiffent des fleurs jusqu'au nombre de cinq, foutenues
par un pédicule fort courr. Ces fleurs font à peu
près de la figure & dil diamètre des fleurs du Jafinin
d'Efpagne -, niais elles font toutes blanches ; leur
ruyau efl; plus court, & leurs découpures plus étroi-
tes-, les étamines , outre cela,fe trouvent en nom-
foutient la fleur efl: à quatre pointes. Se enviionné
lin embryon ou jeune fruir furmonté d'un ftyie
1^)0
C A F
fourchu qui enfile la fleur. Ce jcanc fruit cft ter-
miné pir un périr nombril, &c devient de la grol-
feur d'iin Bigarreau moyen , vert clair d'abord,
puis rougeârre , cnliiite d'un beau rouge , & enhn
rouge oblcur dans fa parfaite miturité. La chau-
de 'ce fruir eft mince , blanchâtre , glaireufe , &c
d'un goût allez tade. Ce goût fe change en celui de
nos petits pruneaux, lorlque cette dhaiv elt deilc-
chée. Cette cl-mir icrt d'enveloppe comm-une a deux
coques minces, dures cependant, étroitement unies,
'&c qui gardent la fti^nire de la Icmence qu'elles con-
tiennent , qui eft ovale , plate d'un côté , & crcu-
fée de ce même côté , & dans fon milieu par Un
fiUon aficz profond , arrondie & voûrée du cote
opt^olc. Si une de ces deux IcmchcesYicht a avorter,
celle qui reliera , occupera tour le truit , qui pour
lors n'aura qu'une loge. Cette ieme'nce , quoique
dure & de iubfliance comme de corne , veut être
mife en terre auflî-rôt qu'elle eft mûre, autrement
elle a peine à germer , &c ne fauroit profiter. Cette
obfervation , qui cft très-ceitaine , dilculpe kslia-
bitans du Royaume dlcmen , où cet arbre ie ciil-
»ve , de la malice qu'on leur impuroit , de trem-
per dans l'eau bouillante , ou de palier au four tout
le café qu'ils vendent aux étrangers , dans la crainte
de perdre un revenu trcs-confidéiable que leur pro-
duit fa culture. On afliire qu'ils en débitent pour
plus de cinq millions d'argent chaque année , ce
qu'on n'a pas peine à croire , lorfqu'on iait atten-
tion à la grande confommaçion qui, s'en tait en
Turauie èc en Em-ope. Comme il n'y a point d'hi-
ver dans le Royaume d'Iémen , on eft obligé en
Europe de conlcrver ie Cafier dans des lerres où
l'on fair du feu pour y entretenir une chaleur douce.
Cet arbre porte beaucoup de fruits , lorfqu'il eft
jeune. Les HoÙandois ont à Batavia des Cafers
qui ont près de 40 pieds de haut , £c à Amfterdâm
ils en ont qui ont déjà 15 à 14 pieds. M. Paneras ,
Bourçruemeftre, Régent de la ville d' Amfterdâm, en-
voya'au Roi en lyi^.nn Cafier haut de cinq pieds ,
qui donna dans la même année des fleurs & des
fruits. Profp. Alp. Commelin , Dufour, Gallant, &
7ranfaclions FhUof. d'Jngleïerre. Bligni, Malp.
M. De Julfieu a fiit le mot de Cafier pour ligni-
fier cet arbre -, mais communément on dit café. Ar-
bre de café , ou à café. Les Malouins ont fait au
commencement de ce liecle deux voyages à Moka ,
pour en apporter du café. Au fécond voyage ,
quelques-uns furent députés à la- Côut du Roi
d'Icmen , à Mouab. On a donné une Relation de
ces deux voyages en 1616. à la fin de laquelle on
a joint un mémoire concernant l'arbre Se le ftuit
du Café , dreflè fur les Obfervations de ceux qui
ont fait le dernier voyage. Voici un précis de ce
qu'ils en diient. L'arbre qui produit le café s'élève
depuis 6, jufqu'à 11 pieds de hauteur-, fa groHeur
eft de dix , douze , jufqu'à quinze pouces de cir-
conférence. Quand il a atteint fOn état de perfec-
tion , il reffemble fort pour la figure à un de nos
pommiers de 8 à 10 années. Les branches infé-
rieures fe courbent ordinairement , quand cet arbre
eft un peu âgé , &c eh même-temps s'étendent en
rond , formanr une manière de parafol. Le bois en
eft fort tendre , & fi pliant , que le bout de fa plus
longue branche peur erre amené jufqu' à deux à trois
pieds de terre. Son écorce eft blanchâtre , &c un
peu rabôteufe. Sa feuille approche fort de celle du
Citronier , quoiqu'elle ne foit pas tout-à-fait fi poin-
tue, nifiépaiilei la couleur en eft aulTi d'un verr
un peu plus foncé. L'arbre du café eft_ toujours
vert , & ne fe dépouille jamais de toutes fes feuilles
à la fois : elles font rangées des deux côrés des ra-
meaux , à une médiocre diftance , & prefque à Top-
pofite l'une de l'autre.
Prefque dans toutes les faifons de l' année , on
Voit un même arbre porter desfleurS &: des fruits,
âont les uns font encore verts , S^ les autres mûrs
ou près de leur maturiré. Ses fleurs font blanches ,
&. refiemblept beaucoup à cellesdujafmin , ayant
C A iF
de même tinq petites feuilles affez courtes -, l'odeui
en eft agtéable , & a quelque choie de balfamir-
que , quoique le goût en foit amer. Elles nailfenc
dans la jonélion des queues des feuilles avec les
branches.
Quand la fleur eft tombée, il reftc en fa place,
ou plutôt il nak de chaque fleur , un peut fruit
fort vert d'abord , qui devient rouge en m.ûriflanr,
&: eft fait à peu près comme une groife cerife. Il
éft fol't bon à manger , nourrir Se rafraîchit beau-
coup. Sous la chair" de cette cerife , on trouve au
lieu de noyau , la fève ou la graine que nous ap-
pelons café , ehvelôpce d'une pellicule très-fine.
Cette fcve cft alors extrêmemenr tendre , & fon
goût eft afiez défagréable -, mais à mcfure que cette
cerife mûrit , la fève qui eft dedans , acquiert peu
à peu de la durere , Se enfin le Ibleil ayant tout-à-
fait dcfféché ce fruit rouge, fa chair que l'on man-
geoit auparavant , devient une baie , ou goufle de
couleur fort brune , qui fait la première écorce ,
ou l'écorce extérieure du café , & la fève cft alors
folide , & d'un vert fort clair : elle nage dans un»
efpèce de liqueur épaifle , de couleur brune , Se
extrêmement amère. La goulfe qui cft attachée à
l'arbre par une petite queue fort courte , eft un
peu plus grolTe qu'une graine de laurier , & chaque
goufle ne contient qu'une feule fève , laquelle fe
divife ûrdinaircmenr en deux moitiés.
Cette fève eft entourée immédiatement, comme
nous l'avons dit , d'une pellicule fort fine , qui en
eft comme la féconde écorce , ou l'ccbrce intérieure.
Les Arabes font beaucoup de cas de l'une Se de
l'autre , pour compcfet te qu'ils appellent leur café
à la Sultane.
Les arbres de Café viéhnertt de femaille & non
pas de herghe , ou de bouture , comme quelques-
uns l'ont dit, par les gonfles , c'eft-à-dire, le fruit
entier j & dans fa parfaite maturité, mis enterre,
-dont on élève enfiiite les plans en pépinière , pour
les replanter où l'on veut.
Le pred des montagnes, Se les petites collines»
dans les cantons les plus ombragés , & les plus
humides , font les lieux deftinés aux plantations des
cafés. Leui plus grande culture confifte à détour-
ner les eaux de fources , Se les petits ruifleaux , qui
font dans les montagnes , Se à conduire ces eaux
par petites rigoles , jufqu'au tour du pied des arbres ;
car il faitt néceflairemei'u qu'ils foient arrofés & bien
humeètés pour frudifier , Se pouï porter leur fruit
à maturité. C'eft pour cela qu'en replantant le café *
les Arabes font une fofle de trois pieds de large Se
de cinq -pieds de profondeur , qu'ils revérifient de
cailloux , afin que l'eau ait plus de facilité à en-
trer bien avant dans la terre , dont cette folle eft
remplie , Se y entretienne la fraîcheur convenable.
Cependant quand ils voient fur l'arbre beaucoup
de ccfé mûr , ils dérourncnt l'eau de fon pied ,
afin que le fruit fèche un peu fur les branches,
ce que la trop grande humidité pourroit empêcher.
Dans les lieux expofcs au midi , ou qui font trop
•découverts , ces arbres fe trouvent plantés fous
d'autres grands arbres , qui font une efpèce de peu-
pliers , qui leur fervent d'abri , & les mettent à
couvert de l'ardeur exreTnve du foleil. Sans cet
ombrage qui entretient la fraîcheur deflbus , la flejr
du café feroir bientôt brûlée, Se ne produiroir ja-
mais aucun fruir. Dans les lieux moins chauds , ils
font à découvert, viennent Se rapportent à mer-
veille fans le fccouLs de ces grands arbres qu'on
n'y voit point. En quelques endroits , comme fur
la route de Moka à Mouab , Se dans le canton de
Redia , les cafés font plantés par ordre Se en ali-
gnement à une même diftance l'un de l'autre.
A l'égard de la réc*lte du café , comme l'arbre
qui le porte , eft chargé tout à la fois de fleurs ,
de fruits imparfaits Se de fruirs mûrs, c'eft une
néceHité qu'elle foit faite en trois rems diffcrensi
Se à cet égard on peut dire qu'il y a trois faifons
dans l'aniice propres à la cueillette du cafc ; mais
C A F
ces temps ne font pas bien fixes & réguliers , de
forte que les Arabes ne reconnoiflcnc de récolte
proprement dite, que celle du mois de Mai , parce
que c'eft la plus grande de toure l'année. Quand
ils veulent cueillit le café, iis étendent des pièces
de toile fous les atbres , que l'on fecoue eiilliite ;
tout le café qui le trouve mûr , tombe avec facilité :
on le met dans des iacs pour le tranfporrer ailleurs ,
& le mettre en monceau fur des nattes , afin qu'il
fèche au foleil pendant quelque temps , & que les
gouifes qui contiennent la fève , puilfent enfuite
s'ouvrir par le moyen de gros rouleaux de pierre
ou de bois fort pefans , que l'on pafle par-deHiis.
Lorfquepar ce travail le café eft forti de lés ccorces ,
&c fcparé en deux petites fèves , ou plutôt en deux
moitiés, qui ne faifoient auparavant qu'une lève,
on le met de nouveau lécher au foleil, parce qu'il
eft encore allez vert, & que le café trop frais,
Se qui n'cft pas bien fec , court rifque de fe gâter
fur la mer. On le vanne enfuite dans de grands
vans pour le nettoyer , afin que le débit en foit
meilleur i car ceux qui ne prennent pas le foin de
rendre leur café bien net & féché^ à propos , le
vendent beaucoup moins.
Le fcLil royaume d'Iémen , à l'exclulîon de toutes
les autres régions de l'Arabie , produit l'arbre du
café. Encore cet arbre ne le trouve-t-il en grande
abondance que dans trois cantons principaux , qui
font ceux de Detelfasui , Senan ou Saana , & Gai-
bany, du nom de trois villes qui font dans les
montagnes. Voyages de l'Arabie heureufe , 1 , 124.
Les Arabes croient que le café ne croît nulle
part ailleurs que dans l'Ièmen. On a cru cependant
qu'il venoit originairement d'Ethiopie , d'où il a été
tranfporté dans l'Arabie Heureufe. Certe opinion
eft en quelque forte confirmée par la Relation d'un
voyage qu'a fait Charles- Jacques Poncet en Ethio-
pie, dans les années KîgS, i(?99 & 1 700^6; in-
férée dans le IV Recueil des Letttes édites par
les Millionnaires Jéfuites , imprimé en 1704 à Paris.
Ce Voyageur dit qu'on voit des Cafés en ce pays-
là , mais qu'on ne les cultive que pat curiofité. S'il
eft vrai que les Abilfms foient venus d^'Arabie en
Ethiopie des les premiers temps , comme l'écrit Lu-
dolfe , ils auront pu y porter d'Arabie l'arbre du
café, qui apparemment n'auta pas beaucoup réullij
puifqu'il eft même fort incertain qu'on en trouve
aujourd'hui en Ethiopie. Du Poncet ne paroît pas
en avoir vu , tant la defcription qu'il en fait , eft
peu lelfcmblante. D'ailleurs , ni le P. Tellez , Jé-
fuite , dans fa Relation d'Ethiopie , la plus efti-
mèe que nous ayons , ni Ludolfe , dans fon hiftoire
d'Ethiopie fi curieufe & fi exaéte , ne parlent en
aucune manière du café. Voyage de l'Arabie Heu-
reufe , p. 189 , zpo.
Outre l'Ethiopie , le café croît aulfi dans l'Ile
Bourbon. La fève eft un peu plus longue & plus
pointue pat les deux bouts que celle du cafc de
l'Arabie. Un Jéfuite qui partit le 7 Mars 172^1 ,
fur la Danaé pour la Chine , & qui paffa p«r l'Ile
Bourbon , y remarqua cet arbre : &: voici ce qu'il
en a mandé de l'Ile même le 7 Juillet 1 711. J'ai
remarqué avec foin le café venu de Moka , qu'on
y cultive ( à l'Ile Boutbon ) , Si le fauvage , qui y
a été de tout temps , &: qui y eft très-bon. Ce
café fauvage eft de vrai café , d'une efpèce , à 1 a
vérité , un pcni différente du café d'Arabie , mais
qui n'eft ni moins bon , ni moins falutaire , &
qui même a des qualités que l'autre n'a pas , ainfi
que l'a éprouvé M. de JufTieu , à qui la Com-
pagnie des Indes en envoya pour l'examiner. Voici
à peu près le compte cjue cet habile Botanifte
en rendit. Le café de l'Ile de Bourbon eft un arbre
aulTi-bien que celui de l'Arabie. Les branches de
l'un &: de l'autre croifl'ent le long de la partie
fupérieure du tronc , oppofées l'une à l'autre , &
rangées de manière qu'elles fe croifcnt entre elles.
Leuis feuilles fuivent la même difpofition, & ap-
prochent de la figure de celles du Laurier, ou du
CAF î^î
Citronier , avec cette différence , que celles du
Cafier de l'Ile Bourbon font plus courtes & plus
ventteufes que celles du café de Moka. La fleur
qui dans tous les deux eft de même ftrudure ,
c'eft-à-dire , femblable à celle du Jafmin, fort éga-
lement dans l'un & dans l'auttc de ces cajiers ,
de l'aiHélle des feuilles , & ne diffère que très-peu
en grandeur. Le fruit de l'un & de l'autre eft une
baie charnue de la grolTeur d'une cerile , qui ren-
ferme deux fcmences enveloppées chacune dans
une coque très-mince : & ces femences ont en tout
la même figure , excepté que celle du cafier de
l'Ile Bourbon eft beaucoup plus longue , d'une
conliftancc plus compaifte que celui d'Arabie , &
que fa couleur tire plus fur le vert-brun ou fut
le jaune , au lieu que celle de l'autre tire fur
le gris.
Toutes ces différences n'établilTent pas un nou-
veau genre d'arbre , mais feulement une efpèce
différente : ce qui fait voir qu'il pourroit encore fê
trouver d'autres efpèces en différens pays , comme
depuis peu nous en avons vu apporter de Ben-»
gale , dont l'efpèce eft plus petite que ces deux-
ci : ce qui ne les rend les unes & les autres pas
moins d'ufage , que le font chez nous les aman-
des , les cerifes & les pêches , quoique les diffé-
rences entre leurs efpèces foient encore plus con^
fidérables.
Mais comme l'expérience & l'ufage en doivent
décider plus que les yeux , M. de JulTieu fit lotir en
même temps parties égales de café de Moka &
de celui de l'Ile Bourbon , & il obferva que l'o-
deur de celui-ci étoit pour le moins aulfi agréa-
ble , Se aulfi pénétrante que celle du premier. Il
vit Ibrtir de l'un & de l'autre de ces cafés cette
huile dont l'exhalaifon produit cette odeur , aveu
cette différence à l'avantage du café de l'Ile Bour-
bon , qu'il fournit une quantité plus abondante de
cette huile , & qu'il conferve plus long-temps les
efprits , parce qu'il eft d'une tilfure plus ferme.
Aulfi M. Julfieu remarqua-t-il pat la comparaifoji
qu'il fit de quelques-unes de ces femences qu'il
avoit fait rotii plus de cinq ans auparavant avec
celles que les Direéteurs de la Compagnie des
Indes lui avoient envoyées tout récemment , que
ces premières avoient peu perdu de leur goût dans
cet efpace de temps , au lieu que celui de Moka
ne put foutenir cette épreuve , & qu'après une
année de garde , depuis la torréfaction, il fe trouve
ou éventé ou rance. C'eft encoie à cette même
caufe qu'il faut attribuer la verru qu'a le café de
Bourbon par-delfus celui de Moka, de confervec
plus long-temps fes efprits , même étant moulu,
& d'être moins fujet à fe réduire en charbon, quand
on le lailfe un peu de temps fur le feu.
Le goût de l'infufion de ces femences rôties &C
grolfièremenr moulHes,qui eft la dernière marque
qui peut mieux faire juger de leur bonté , n'a p-tS
été moins favorable à celui de l'Ile Bourbon, qus
les autres épreuves que l'on en fir ; car ayant pris
un poids égal de la poudre des femences de l'une
& de l'autre , rôties & pulvérifées en même temps ,
on les fit cuire dans deux cafetières différentes con
tenant égale quantité d'eau proportionnée à celle
du café; l'un & l'autre parurent avoir un goûta
peu près femblable; & fi l'on y remarqua quelque
différence , elle ne fut que de quelques dégrés de
vivacité que la boiflbn du café de l'Ile Bourbon
parut avoir plus que l'autre. Ce que M. De Julfieu
n'a pourtant pas voulu abfolument affurer , parcft
que cela pourroit dépendre de la manière différente
dont on pourroit le rôtir ou le cuire.
Une dernière épreuve , fur de mêler une partie
du café de l'Ile Bourbon avec deux parties de ce-
lui de Moka en poudre ; & la boilfon que donna
ce mélange ne fut point différente de celle qui
fe fait ordinairement avec le café d'Arabie tout
feul. Quand on mêla deux parties égales de l'un
& ds l'autre, la différence fe fit un peu fentit »
1^1
C AV
ceux qui favoient le mélange , nuis ceux qui ne
furent point prévenus , ne s'en apperçurent point.
Quelques pcnonnes même ayant pris du café de
l'Ile Bourbon , tout leul , l'ans le l'avoir , & l'ans
être averties , ne s'apperçurent d'aucune difFcrence.
Il eft néanmoins certain que le café de l'Ile Bour-
bon a une légère amertume . &c une petite pointe
un peu plus vive que celui d'Arabie. Ce qui ne
peut être qu'une bonne qualité plutôt qu'un défaut :
puilqu'avec une moindre quantité de ce café long ,
on fait une intulion auffi colorée &c auiîl forte
qu'avec une plus grande quantité de café ordi-
naire i & li l'on veut en mettre infuler une pa-
reille quantité , on la rend avec une doi'e de fucre
proportionnée , tout-à-fait femblable à l'autre. M.
De Julficu a même obfervé que par le mélange
du lait , l'infufion de cette nouvelle efpcce de
cafi: eft auilî agréable que celle du café de Moka.
Toutes ces obfervations montrent que cette nou-
velle efpèce peut être auHi agréable &c auilî utile
à la fanté que l'ancienne.
Il croit auflî du' café à l'île de Java. Ga^.
1725 , p. 47. On en a auilî porté à la Martinique ,
& en d'autres îles de l'Amérique méridionale , où
il vient fort bien.
^ CAFETAN, r. m. Robe de diftincîlion en ufage
chez les Turcs. Le Grand Seigneur envoie des
Cafetans aux perfonnes qu'il veut honorer , fur-
tout aux Ambaiîadeurs & à ceux qui paroiflent à
fon audience Acad. Fr.
CAFFA. f. (. Toiles de coton qui fe fabriquent aux
Indes Orientales , & qu'on achctte au Bengale, l'Au-
nagc en eft inégal. Ces toiles font peintes de di-
verfes couleurs , & elles font remarquables , & curieu-
fes par une grande variété de deflcins.
ffT Caffa , ville de la petite Tartarie , fur le
bord de la mer Noire , du côté de l'ancien Bof-
phore Cimmérien , aujourd'hui appelé le Détroit
de Caffa , du nom de la ville. C'eft la capitale de
la Tartarie Crimée.
CAFFILA. f. i. La Caffila eft proprement dans
l'Empire du Roi de Perfe , ce que le mot de ca-
ravane lignifie dans l'Empire du Grand Seigneur,
C'eft une troupe de Marchands ou de Voyageurs ,
ou plutôt c'eft une troupe compofee de Voya-
geurs &: de Marchands qui s'aJfeniblent pour tra-
verfer avec plus de lîireté les Etats du Mogol , &
autres endroits de la Terre- ferme des Indes. Il ya
auilî de femblablei caravanes ou Cajjîlas qui fe
forment & s'aifemblent pour traverfer les déferts
d'Afrique , particulièrement ce qu'on appelle la
mer de Sable , qui eft entre Maroc & Tiinbouélou,
capitale du Royaume de Gago.Ce voyage eft de 400
lieues , & dure deux mois pour aller , &: autant
pour le retour , la Caffila ne marchant que la
nuit à caufe des chaleurs exceflîves du pays.
Çaffila fe dit auffi des petites flottes marchandes
qui partent des difFérens porrs que les Porrugais
occupent encore ilir les côtes du Royaume de Gii-
zarate , & vont 3. Surate , ou qui reviennent de
Surate aux mêmes ports -, ce qui fe fait fous l'ef-
corte d'un vaiileau de guerre que le Roi de Por-
tugal y entretient à cet effet.
C A F F I S, f. m. Meliire dont on fe fert pour les
grains à Alicanre. Le caffis revient à une charge &
demie de Marfeille , Se contient iix guillots de
Conftantinoplc -, ce qui revient à 3(^4 liv. poids de
marc.
CAFRE. Cafer , a. Nom de peuple qui habite une
grande région de la balTe Ethiopie, ou la côte
Orientale &: Occidentale de la pointe Méridio-
nale de l'Afrique. Les Cafres font les peuples de
la terre que l'on connoilfe les glus groilîers , &
les moins hommes. Ils habitent dans des cavernes ,
ou fous des cabanes faites de branches d'arbres ,
& couvertes de nattes de jong. Ils vont nus , font
noirs , mal-faits , fales , brureaux , fauvages prefquc
comme des bctes , ?c même quelques-uns , à ce
que l'on dit , antropophages, Pour la religion ,
CA F
ils ont quelque vénération pour la Lune. Ils
ont l'idée d'un être Souverain , qu'ils appellent
Humma ■, mais ils fe mettent peu en peine de lui
rendre aucun culte. Les Cafres font divilcs en un
très-grand nombre de peuples , qui ont chacun
leur Capitaine. Ils ont aulIî quelques P^oyaumes.
Leur langage n'eft prefque point articulé , & plus
femblable aux voix des bêtes , qu'à celle des
hommes.
CAFRERIE. Pays des Cafres. Grande contrée d'A-
frique , qui s'étend en forme de demi -cercle au-
tour du Royaume de Monomotapa , dont elle eft
féparée par une chaîne de montagnes qui font une
partie de celles de la Lune. Selon Sanut, la Cafrerie
commence fous le Tropique du Capricorne , au 25*
degré &c demi de latitude Méridionale , & defcend
jufqu'au Cap de Bonne-Efpérance , d'où remontant
vers le Nord jufqu'à la côte de Zanguebar, elle a
pour bornes l'Océan Indien au levant , l'Ethiopie
au couchant , le Méridional au fud , & au Nord
les montagnes de la Lune qui la féparent du refte
de la terre ferme. Selon Magin , &: la plus com-
mune opinion , elle s'étend feulement depuis le
Couchant de Cabo-negro , jufqu'au Cap de Bonne-
Efpérance , &: de-là jufqu'à la rivière de Magnice ,
ou du S. Efprit. Dans cette opinion la Caffrerie
comprend environ mille lieues de côtes en Ion»
gueur & depuis cinquante jufqu'à cent de largeur.
Tout ce pays eft fort inculte , & particulièremenc
vers le Couchant & le Midi , où il eft tout hé-
riifé de montagnes. Il eft plein de lions , de tigres,
derhinocéros, d'éléphans , d'ours , de cerfs, dcfan-
gliers , & d'aurres bêtes fauvages. Il n'y a prefque
que des pâturages où les habitans nourriflent une
grande quantité de bétail , dont ils tirent la prin-
cipale partie de leur entretien : la pêche & la
challe leur fourniifent le refte , avec quelques ra-
cines Se du riz qu'ils cultivent en certains endrois*
L'air y eft fort tempéré -, & quoiqu'un peu froid
vers le Cap de Bonne-Efpérance à caufe des ne-
ges qui s'amailènt fur les montagnes . Il eft pour»
tant li fain par-tout , que les Cafres vivent ordi^
nairement jufqu'à cent & cent vingt ans. On trou-
ve fur-tout dans le Royaume de Sofola une gran-
de quantité d'or dans les mines & le long des
rivières.
^ CAFSA. Ville d'Afrique , dans la partie du Bi-
lagerid qui en porte particulièrement le nom , elle
eft ancienne & fondée parles Romains , à 400 d«
longitude, & à 27° 10' de laritude.
Ç:y CAFTAN, f m. Nom qu'on donne chez les Turcs
Se les Perfans à une efpèce de manteau.
GAG.
gCF CAGAYAN. Province de Luçon , l'une des Phi-
lippines , dans fa partie Septentrionale. La ville
n'eft point nommée Ca^ayan , comme quelques-
uns l'ont écrir, mais la nouvelle Scville. Voyc^zM,
mot Seville.
lîC? Il y a auifi dans cette province une rivière
qui porte le nom de Cagayan.
CAGE. f. f. Petite loge fermée de petits bâtons
d'ofier ou de fils d'archal pour mettre des oi-
feaux. Cavea. Le perroquet eft forti de la cacre.
Cet oifeau a rompu un des bâtons de fa catre.
Ce mot vient de cavia , qu'on a dit pour cavea.
Men. a caveis theatralibus quibus incliidehantuT
ferce. : on l'a tranlporté aux cages des oifeaux.
On dit figurément & burlefquement d'un hom-
me qu'on a mis en prifon , qu'on l'a mis en ca?e.
On dit par menace à des infolens , qu'on les fera
mettre en cage , pour leur apprendre à parler. En
effet , il y a" des prifons où il y a des cages de
fer , comme dans le château d'Amboife. Bajazet ,
Empereur des Turcs , fut , dit-on , promené par Ta- ■
merlan , enfermé dans une cage. Ce Prince ne pou- I
vant fupporter cette ignominie , fe brifa la tête
contre les barreaux de fa cage.
Qn
I
C A G
^ En pariant d'une grande mn'fon où lo^e
une perfonne peu confidcrable , on die : voilà une
grand'e <:^^£ pour un petit oileau.
§a° On dit encore proverbialement qu'il vaut
mieux être oifeau de campagne , qu'oiicau de ca^e ;
pour dite, que la liberté efl préférable à toutes
chofes. La belle cage ne nourrit pas l'oifeau , pour
dire, qu'il ne fuffit pas d'être bien logé , mais qu'il
faut d'autres biens à proportion pour vivre.
Cage , eft aufTi un treillis d'ofîer qu'on met devant les
fenêtres en forme de jaloufie , pour voir au dehors
fans être vu au dedans. Tranjenna , fenefira can-
cdlata. On le dit auffi des vailîcaux d'ofier , ou
garnis de toile , qui fervent de garde-manger. Ca-
vea penucirià. gCT On a tranfporté ce mot dans
plulieurs arts mcChaniqUes , aux parties antérieures
qui fervent de bafe à d'autres.
Cage fe dit, en termes d'architeélure , des quatre
pans ou gros murs qui enferment un bâtiment
ou qui en font l'crtceinte.
On appelle au/îî cage. , l'efpace contenu entre les
quatre murailles , ou entouré d'une muraille , oU
de pans de bois en rond ou en ovale. La ca^re
d'un efcalier. La cage d'un moulin eft le corps d'un
moulin à vent , qui eft fait de charpente & re-
vêtu d'ais. On le fait tourner fur un pivot de char-
pente ou il eft pofé , pour expofer les volans du
moulin du côté du vent , par le moyen d'une gran-
de pièce de bois qu'on appelle la ^ueué. ^
Cage de croifee eft le bâti de menuifetie qui pbrte
en avance au dehors la fermeture d'une croifee. Et
ce qu'on appelle cage de clocher , eft une aflem-
blage de charpente qu'on revêt ortiinai rement de
plomb , & qui eft compris depuis la chaife fur la-
quelle il pofe , jufqu'au rouet ou la bafe de la
flèche d'un clocher. Les Orfèvres donnent aufll le
nom de cage aux nis d'archal qui font travailles pref-
que en forme de grande cage & où ils renferment
leurs marchandi fes.
Cage ou Cagerotte ^ fe dit encore des formes où
on fait de petits fromages > dont le fond eft d'ofer ,
pour en laiiTer écouler le lair clair. Craccs viminea.
Cage , en termes de mer , eft une efpèce d'cchauguet-
te faite en cage à la cime du mât d'un vaiileau ,
qu'on appelle gabie fur la Méditerranée , & hune
fur l'Océan. Mali fpecula , ou cortita.
En termes d'Horloger , on appelle cage de mon-
tre , les deux platines de la montre jointes par les
quatre piliers , qui enferment un efpace dilpolé à
recevoir les roues & les rc/forts.
CAGtE. f. f. Une pleine cage , rant qu'une • cao-e
contient , ou peut contenir d'oifeaux. Une ca^ée
d'oifeaux. J'ai acheté toute la cagee. C'eft un ter-
me d'oifcleur.
CAGEOIS , OISE. adj. Vieux mot qui lignifie Vil-
lageois, Payfan. Paganus. Nicot dit que Caoeois
s'eft dit pour Cafois , du mot Latin cajà , qui lig-
nifie une chaumine , â cafarum incolatu. ^
CAGEOLER. T ; CAJOLER
CAGEOLERIE. S Voyer ' "■
CAGEOLEUR. 3
CAGIEP.. f m. Terme de Fauconnerie , qui fe dit
de ceux qui portent des faucons , des iacres, des
laniers & autres oifeaux à vendre.
ffT CAGLÎ ou CAGLIO , CALE , CALLE ou
CALLÎ^UM. Ville d'Italie, dans le Duché d'iTrbin
dans l'Etat Eccléfiaftique , avec un Evêché fuffra-
gant d'LTrbin.
CÂGLIARI. Ville Capitale de l'île de Sardai<rne.
Calaris. Prononcez gli comme deux // mouillées ,
ou prononcez cagli , comme dans le mot cai//e.
Cette ville eft fur une petite montagne, d'où elle
s'étend jufqu'à un grand golfe , auquel elle donne
fon nom. Elle a une Univerf té , Archevêché, Ci-
tadelle & un fort bon port. Elle donne auiû fon
* nom à la principale Province de l'île qui en occu-
pe toute la partie méridionale. On l'appelle Cabo
ou Indicado de Cagliari, Lucifer de Cag/iari eft
To;,ie II.
G A G
ri
S CAJOLERIE.
: CAJOLEUR.
fameux dans THiftoire Èccléliaftiquc du IV<= /iê'-le-
CAGNARD. i; m. Vieux mot qui fignifioit aotreiois
un heu mal propre , tel que celui où logent les
chiens. SorJidimi tugurivm , ou canile. Cette mai-
Ion eft un vrai cagnarâ.
Cagnard, àrde, a-ii. Fainéant, pàre/feùx j qui ne
IP' veut point quitter le coin du feu. Dejes 3 hna-
vus, cafarius. Mener une vie cas.narde. Il fe dit
auifi fubftantivcmcnt. C'eft un vrai cagnard. Ce
mot n'eft pas du ftyle noble. Les Vocabuliftcs ,'
d'après l'Académie , le difent du ftyle familier i ils
auroicnt pu dire populaire.
Pafquier dit qite \t cagnard étoit un lieu fous
les ponts de Paris , où s'afiembloient plufieurs gueux
& fainéans , tant hommes que femmes ; &"que es
lieu fut appelé cagnard , à caufe qu'il étoit près
de l'eau, la demeure ordinajre des cagnards. La
Police détendit ces affemblées , & il y en eut plu-
fieurs de fuftigés, pour avoir contrevenu à cesdt-
f en fes.
Ip^ Cagnard. f. m. Terme de Cirier, C'eft une forte
de toutneau fut lequel les Ciriers mectent la cuve
où eft la cire fondue , qui fcrt à faire des bcuries
& des cierses. ^
ce? CAGNARDER. v. n. Vivre dans la pare/Te , m--
ner une vie obfcure 3c fainéante. Onari , ccf^re ,
dcjidere. Cet homme ne fait plus que cagnarder.
Il auroit cagnardé. Il eft populaire.
CAGNARDERIE. f. f, Pareife, fainéantife', eueùfcrie.
Inertia , fegniiies.
CAGNARDIÈR , 1ÈRE, fignifie la même chofe que
cagnard. S'il s'eft dit , il ne fe dit plus.
Ca\GNARDISE. f. £ C'eft la même chofe que cagnar-
dcrie. Ce dernier eft plus uficé;, Ils font l'un & l'autre
du ftyle populaire.
CAGNE. f f. Vieux mot , qui fignifioit autrefois
chienne. Canis. Il ne fe dit plus que"" par injure , à des
femmes qu'on veut taxer d'intame ptôftitution. Il
ne fe dit que pat la populace
CAGNEUX , EUSE , adj. Qui a les jambes & les ge-
noux tournés en dedans, f^arus. Homme cagneux.
Femme cagneufe.
On le dit auffi des Jambes même ou des pieds.
Il a les jambes cagneufes. Il a les pieds cagneux.
Ac. Fr. Sa ringraVe étoit courte & fes genoux
Cagneux.
Ce mot vient apparernnlent de chien , parce qu'il
n'a pas les jambes droites ; & ainfi il a été feit
de Cagnofo , ou de cagna. , qui font des mots Italien-^
CAGNOU. f. m. Nom" d'homme. Chagnoaldus , Haa-
noaldus , Chainoaldus , Jgnoaldus', Chagnulphus,
Chagnoald , ou Cliainoald , que nous appelons Vul^
gaifemcnt S. Cagnou , étoit fils d'un Gentilhomms
des plus qualifiés du pays de Bric , nommé Chag-
neric , ou Agnery , & frère aîné de S. Faron , Eve-
qucde Meaux, & de fainte Fare , Abbe/fe de Fare-
moutier. Baîllet. 5= de Sept. Il fdt Evêque de
Laon au VIF fiècle.
CAGOSANGA. C'eft la plante fi fouveraine pour
la dyffenterie , qu'on nomme autrement Ipeca-^
ciia/iha. Voyez ce mot.
CAGOT , OTE. adj. Souvent employé fubftarttive-
ment. Faux dévot , hypocrite , qui affcéte de montrer
des apparences de dévotion pour tromper ,& pour
parvenir à fes fins. Simulator , pietatis jiniulat^
falji'ctqiie religionis affeclator , hypocnta.
Quoi ! je fouffrirdi , moi , eju^un cagot de criti<^ue
Fienne iijurper céans un pouvoir tyrcinnique ? Mou
Ce mot eft injurieux , & vient de certaines per-
fonncs habituées en Bcarn , & en quelque parrid
de la Gafcogne, qu'on croit dcfcenducs des Vifigcts ,
qui font tenus pour ladres, Voyci Capot, Ce "nom '
leur a été donné , comme qui diroit caas Goths
ou chiens Goths , en haine de l'Arianifine , dont
les Goths avoient fiit profedlon , félon Ménage ,
M. deMarca,^; plufieurs autres. Pafquier dit qu'il
vient de Got , qui en langue Germanique fignifioit
V
IT4
C A G
Dieu-, d'où font venus ces jurcmcns dcguifcs wior- 1
gtioi , vertuguoi , fanguoi , ècc. ifT On les a aiiUi
appelés Géiidtins , comme delcendans^de Giézi , 1
îcrvitcur d'Elilce , qui fut ftapc de la lèpre. Borel
le dérive avec peu de vraifemblance de r.àya-i'oc, , qui
veut dire , & tonus , Se l'on , & homme de hien. On
n'a jamais dit , y.àyaùi , mais xxAozay^'s.
I^T Cagot & Bigot, fynonymes. Dans l'ufage or-
dinaire on confond CCS mots, & nos Di'itionnaires
ne les diftins^uent pas aflez. Ils prennent l'un &
l'autre le malque de la vertu , & le montrent autres
■qu'ils ne font -, mais la bigoterie paioît plus minu-
ticufe : elle eft Icrupuleurem.ent attachée aux peti-
tes pratiques de dévotion : elle convient particu-
lièrement aux femmes. La cagoterie paioît dire
quelque chofe de plus; elle s'étend aux actions , aux
diicours, à la condtiite , à la manière de s'habil-
ler -, fcrupuleufement attachée , comme la Ingoterie j
aux pratiques extérieures de la religion •, elle ne fe
lait aucun fcrupule d'en violer fccrétement les de-
voirs les plus clTentiels. Le cagot eft un homme
déteftable.
'CAGOTERIE. f. f. FautTe dévotion , hypoctirie. Pie-
tatis varne afeclatio , ou affeclata pietas , hyjocrifis.
Foyei Cagot. Il y a bien des gens qui,iiont leur
fortune par la cagoterie.
Oui , l'infolent orgueil de fa cagotetie
N'a triomphé que trop de monjujte courroux. Mot.
Cagoterie , fedc , cabale de cagots. Hypocritarum
turba ,fecla. Toute la cagoterie ell pour lui , brigue
pour lui.
CAGOTISME. f. m. Manière d'agir d'un cagot , ca-
radère du cagot. Simulata. religionis ambitiofior
nffeclatio ,pietatis fimulatio. La profelfion àncago-
tifme efface la mémoire de tous les péchés qu'on a
faits. S. EvR»
Des que du cagotifme on fait profejjîon ,
De tout ce quon a fait la mémoire s''e^dce ,
Ceji fur la réputation
Un excellent vernis qu'on paffe. Deshoul.
CAGOU. f. m. Mot du ftyle bas , pour fignifier un
homme qui vit d'une manière obfcure & mefquine,
&: qui fuit la bonne compagnie. Cet homme cft un
vrai ca^ou , il mené une vie de cagou.
CAGOUÏLLE. 1". f. Revers d'éperon, l'^oluia helix.
Quelques-uns appellent ainh , en termes de Marine ,
une volute qui fert d'ornement au haut de l'cpe-
ton du vaiflcau.
CAGUE. f. f. Terme de Marine. Sorte de bâtiment
hollandois. Navis Batavica. La cague a quarante-
fept pieds de long de l'étrave à l'étambord , douze
pieds fix pouces de dedans en dedans , & quatre
pieds deux pouces de creux. L'étrave a neuf pieds
dehaut,un pied de large par le haut, &:cinq pieds &
demi de quête. L'étambord a fcpt pieds huit pouces
de haut, 5c trois pieds de quête; il a fept pouces ci'é-
pais en dedans , &: cinq pouces en dehors , & un
pied de large par le haut. La foie a huit pieds cinq
pouces & demi de large , £c quatre pouces d'épais.
Les varangues ont trois pouces & demi d'épais , (Se
font à un pied de diftance l'une de l'autre j les ge-
noux font à même diftance , ayant quatre pouces
d'épaiiléur vers le haut,&: cinq pouces de largeur.
Le bordage a un pouce Se demi d'épais , & la ceinte
en a quatre & demi , & autant de largeur. Le bor-
dage au-deflus de la ceinte a un pied de large. La
ferre-goutière qui eil: au-defllis a un pied fept pou-
ces de large , deux pouces d'épais, Se cinq pouces
de large e'n dedans. La couvertede l'avant a quinze
pieds de long. La carlingue a un pied deux pouces
de large , & trois pouces d'épais. Le cornet du ma:
s'élève d'un pied fept pouces au-deffus du tillac ,&i
a quatre pouces d'épais : fon étendue en dedans efl:
de treize pouces d'épais S; de quinze de large. L'é-
coutille qui eft au devant a fept pieds fept pouces
de long. La liffe a un pouce Si" demi d'épais. La
couverte de l'airièrc a quatre pieds huit pouces de
C A H
long , Si deux ccoutillés. Le traVcrfin d'écoutilîc a
deu'x pouces d'épais ,Si quatre pouces de large. Le
courbatons ont quatre pouces d'épais Se cinq de large.
La ferre-gouttière a un pied neuf pouces de large.
Derrière le mât il y a un banc où les l'emelles font
attachées , Se un autre au bout de la couverte de
l'arrière. Les femelles ont onze pieds Se demi de
long , deux pieds de large par devant , quatre pieds
Se demi par derrière , Se deux pouces Se demi d'é-
paiffeur. Le gouvernail a deux pieds Se demi de
lari;;e par le haut , quatre pieds cinq pouces Se demi
par le bas , Se d'épailfeur par- devant autant que
l'étambord \ mais il cft un peu plus mince par der-
rière. La barre du gouvernail a huit pieds de long ,
quatre pouces d'épais. S: cinq de large. Le mât a qua-
rante-cinq pieds de long , Se neuf palmes de circon-
férence. Le balefton a cinquante pieds de long. II
y a dans les courcives un taquet au-defTus de cha-
que courbaton. Les branches fupérieures des ge-
noux abouciflent fur la préceinte. On peut augmen-
ter ou diminuer ces mcfures de quelque choie, en
o-ardaiit la même proportion entre les pièces ou les
parties du bâtiment , pour faire une cague plus ou
moins grande.
CAGUESANGUE.f. f. Terme populaire , flux de fang.
Dyfenteria. On ne le dit guère que par 'impréca-
tion. La caguefangue lui puifle venir.
Ce mot vient du latin caca ,Scàsfanguis. Voyez
Dyssenterie
C A H.
CAHAUCON. f. m. Drogue mcdecinale qwe les Chi-
nois portent à Siam.
CAHIELLE. P^oye^ Cahiére.
CAHIER. Quelques-uns écrivent CAIER. f. m. Plu-
lieurs feuillets attachés légèrement , qui ne font point
reliés enlémble , en forte qu'on les peut ôtcr ou
rranfpofer comme on veut, Charta fœpius in fe re-
plicata , codex. Ce Marchand vend le cahier tant ,
le cahitr de parchemin tant. Il faut prononcer
calé.
Ce mot vient de quaternus , qu'on a dit pour
quaternio. Ménage.
Cahier fe dit audi des feuilles plices ou détachées
qui compofent un livre relié. Folium. Ce volume
eft de tant de cahiers. Ils font marqués par des let-
tres de l'alphabet , qu'on appelle Jignatures , Se en
italien regijlre. Cette relation eft comprife en un
cahier ; pour dire , n'a qu'une feuille plice.
On appelle auffi cahiers , les délibérations de cer-
taines alfemblées,commc celles du Clergé de France,
des Etats 8eauties,qui contiennent ou des remon-
trances , ou des propofitions qu'elles font au Roi ,
Se qui font écrires fur du papier : le papier qui con-
tient ces\iélibérations, s' i'Çf^aWs cahier. Acla. Les
Etats de Bretagne , de Languedoc ont tait prcfenter
leurs cahiers par leurs Députés.
Cahier , lignifie encore des mémoires qu'on donne
féparément. Libelli memoriales. Ces articles font
dans un cahier à parr.
Cahier de frais-, ou mémoire de frais. Ce term;
eft en ufage parmi les comptables , Se fe dit d'un
état qui contient en détail toutes les dcpcnfes qu'un
comptable a faites pendant l'année de fon exercice.
Le cahier de frais dokctrc fîgné du comptable qui
le prcfente avec fon compte pour le faire arrêter.
Les coniprables qui ont droit de cahier de frais
payent ordinairement la dépenfe commune de leurs
comptes. On lui a donné un cahier de frais.
Cahiers , font auffi les écrits que les écoliers écri-
vent fous leurs Alaîtres en Philofophie , Théologie ,
Se en toute autre fcience qu'on enfei^ne dans les
Ecoles, Codices. Un écolier doit repréfenter fes ca-
hier s à fon Maître , pour ea obtenir une atteftatioxi
de fon temps d'étude.
On appelle Feffc-cahier ■, un écrivain qui écrit à
I la hâte des cahiers, Scriptor codicum fflinus. Ce
C A H
pauvre homme cil oblige de feiier le cahier , pour
vivre.
En termes de Libraire , on dit auffi fsjfer k ca-
hier , pour fignifier , aflembler des feuilles impri-
mées pour les plier en cahiers.
CAHIEU. Foyei Caieu.
CAHIÈRE. f. f. Grande cliaife à bras. Sella amplior.
Ce mot eft vieux & populaire. Aulieu de Cahiïre ,
le peuple dit quelquefois cjhiel/e.
CAHiMlTIEP-. f. m. Arbre fruitier de l'Amérique, qui
eft de la grolîl'ur 8c grandeur des pommiers de Nor-
mandie. Il eft beau , bien uni, & rempli de beau-
coup de fève. Les feuilles en font admirables -, le
deiliis eft; un vert vif & comme vernifle , le deflbus
eft un compofé de jaune doré de feuille motte de
citron mêlé avec quelques petites taches de cou-
leur de feu-, & lorfqu'on les rompt, elles rendent
un peu de lait. Ses fleurs viennent par bouquets.
Elles font compofées de plufieurs boutons attachés
à de petites queues aurore. Chaque bouton , qui e(t
le firuit de l'arbre , poudé à fon fommet une fleur
double ; chacune defqùelles eft compofce de cinq
feuilles. Les extérieuies font rouges avec des points
dores , & les cinq qu'elles renferment font orangées, '
Se forment une efpèce de calice , plein de petites
étamines dorées. Le bouton , en grofliflant , forme
le fruit , & cette double fleur qui y demeure atta-
chée , lui fert de couronne. Le fruit eft rond , en-
viron de trois pouces de diamètre ; fon écorce eft
lilic , &c d'un beau vert mêlé de taches rouges &
aurore. Sa chair eft blanche , ipongicule , & pleine
d'un fuc doux & miellé , qui ne plaît pas d'abord
aux Européens ; mais qu'ils trouvent excellent dès
qu'ils y font accoutumés. Ce fruit eft très-rafraî-
chi/iânt -, on en donne ians crainte aux malades , &
le P. Labat aifure qu'il eft inoui qu'il ait jamais
fait de mal , quelque quantité qu'on en mange.
CAHIN-CAHA. adv. Terme familier qui fe dit des
chofes qu'on f-ait avec peine, de mauvaife grâce , &
à plufieurs reprifes, ou tant bien que mal. ^!:;rè,
frigide, indiligeruer ; levi, molli brachio. Cet hom-
me a fait pour moi quelques foUi citations -, mais il
les a faites cahin-caha. Ce pauvre homme gagnoit
fa vie cahin-caha. Rabelais.
CAHOANNE. f.f. Sorte de tortue, qu'on appelle aufTi
Kaouanne.
CAHORS.Ville de France, capitale du Qaercy,au
1 5° de longitude ,& au 44* environ zç'de latitude
feptentrionale. DivonaCadurcorum , Cadurcurn. Ca-
hors eft fur le Lot , ad Lotiiim, qui en fait une pé-
ninfule. C'eft une grande ville bien peuplée & fort
ancienne. Ptolomée , L, IL Plin. L. IX, c. 19. L.
II, c. 11,6" L. IX , c. xo de fon hijioire,Gn parient.
Jean XXII qui étoit de Ca/zor5 , y fonda uneUni-
verfité l'an 1 5 5 1 , ou 1 3 5 2. Cakors a un Evêque fuf-
fragant, autrefois de Bourges , & maintenant d'A-lbi.
On y voit un amphithéâtre , & quelques autres mo-
numens de l'antiquité. Guillaume de la Cioix a
donné l'Hift. des Evêques de^ Cahiers. Séries &a3a
Epifcoporum Cadurcenfium , à Cahors , //2-4° \6\y.
Voyez encore Du Chefne , Antiquités des villes de
France, Liv. II , c. 12.
Il y adansle/o*rn. diçs Sav.àz ï6^%,p.\i^j^&fuiv.
Une difîertation de M. de la MoStre , dans laquelle
il montre que Cahors n'eft point l'ancien Uxello'
ddnurjiàc Céfar, principalement pour deux raifons.
1°. Parce que Uxellodunum étoit efcarpé de tous
côtes , au lieu que Cahors ne l'eft que de deux cô-
tés au plus. 2". L'ifthme de Cahors eft de 900 pieds
de Roi , & l'ifthme ii Uxellodunum n'ctoit que de
30 pieds romains. De Serres dit , dans fes Anno-
tations fur Céfar , que , félon Marlian , & la plus
commune opinion , c'eft Cadcnac en Quercy.
Vigenère eft du même fentiment. De Serres
ajoute que toutefois on l'a averti qu'aflez près de
Martel fut la Dordogne il y a un lieu qui s'appelle
encore aujourd'hui en langage à\i fzys Lou peuch
d'Euxo/lou , comme qui diroit , le puy ou terre
d'Uxollou , que Ton y voit encore la fontaine que
CAI i^f
les P..cmains co)iperent aux habitans à' Uxellodu-
num alliégés , & les autres marques que décrit Op-
pius.
CAHORSIN , INE. f. m. & f. Qui eft de Cahors , na-
tif, ou habitant de Cahors. Cadurcinus , Cadurcen-
Jis. Valois, iVo/. Gall.p. m, prétend que l'on ap-
pcloit autrefois Cahorfins tous les habitans du Qucr
cy , qu'il faut maintenant appeler Qjiercinois.
CAHOKsm.Cadurciniispagus , oa a:;er. Le Cahorjin,
éroit autrefois dit Valois , ce que nous nommons
aujourd'hui Quercy.
CAHOS. Voyei Chaos.
IKT CAHOT, f. m. Saut que fait un catrode ou une
autre voiture en roulant dans un chemin raboteux
& inégal. Rhedx fubjilientis fuccuffus. On le dit
de même de la fecoulfe que recevoient ceux qui
font dans la voiture. Il y a dans ce chemin des
creux , des ornières qui font faire bien des cahots.
Nous avons eu un grand cahot. On dit aulfi , nous
avons trouvé bien des cahots en ce pays-là -, c'eft
à-dire , nous avons trouvé des chemins qui font
faire bien des cahots,
CAHOTAGE. f. m. Secou/les fréquentes , mouvement
fréquent caufé par les cahors. Succuffus durior. Ce
cahotage me tue. Je ne puis Ibuîïrir le cahotxgs de
ce coche.
CAHOTER, v. a. Donner des cahots. Agitare , fuc-
cutere duriter. Il nous a cahoté durant tout le che-
min. Les eftomacsfoibleslbuflrent beaucoup , quand
ils font cahotés.
Cahoter eft aulfi neutre , &: fignifie fouffrir des ca-
hots: être fccoué par des cahots. Nous n'avonG taie
que cahoter pendant plus de deux heures. Nous
avons bien cahoté dans ce maudit chemin. Sulfulr
tare duriter , duriore fuccuffu ferri.
Cahoter fe peut dire figurém.ent d'un difcours, d'un
chant rompu, fouvent interrompu, qui fautilb. Sul?'
fultare. C'eft un chant (celui des Italiens dans leur
trio) c'eft un chant rompu, eftropié , & qui cahots
inceffamment , fi je puis pailet de cette manière.
Entret. fur la Muf.
CAHOTÉ , ÉE , part.
CAHUE. f. m. Voye^^ Café. Il y a plus de cent ans
qu'on difoit en France calmé. Après le délicieux
breuvage ( le cherbet ) on apporte dans une taife
plus petite le cahué , qui eft une eau rouife , qui
prend fon nom avec fa teinture d'une graine d'E-
gypte qu'on fait bouillir dedans , & qui eft gro.Te
comme un grain de froment. Cette liqueur n'eft
bonne que toute chaude , tellement qu'à-peine peut-
on la fucer du bord des lèvres , & on ne la prend
qu'en foufflant , & à plufieurs reprifes. Elle eft d'un
goût qui fent un peu la fumée , n>ais d'un effet mer-
veilleux pour l'cftomac , & pour empêcher que les
vapeurs ne montent au cerveau. Du Loir,/?. 16^
& 170 , eil i(î34. Il nous fit boire du cahus & da
cherbet. Dul./'. 315.
CAHUETTE. f. f. Petite maifon ou cabane de payfan ,
de berger , de pauvre homme. Cafa, tugurium, gur-
gufîium. Ce mot ne fe dit guère qu'en raillant & par
mépris.
fier CAHUSAC. Voyei Caieusac.
CAHUTE. 1'. f C'eft la même chofe que cahuette ; m :is
il eft plus ufité. Quelques-uns éctiventce mot avec
deux tt , parce qu'il vient de l'allemand Hutt:n ,
qui lignifie une petite maifon.
CAHYS. f. m. Mefure de grains dont on fe fert en quel-
ques endroits d'Efpagne , particulièrement à Seville
& à Cadix, 4 cahys font le fanega, &c 50 fanegas
font le laft d'Amfterdam.
CAI.
Ip" CAI. Royaume. Cajanum regnum. Province du
Japon , dans l'île de Niphon , & dans le pays de
Quanto , avec une ville nommée Cal', ou Cria, ou
Caay.
ÙZT CAJABO. Province de l'Amérique feptentrionale,
Y ij
6
C Aï
dans l'île Efpngnolc , entre Cubao & la rivièi-c de
lacqiia.
C'iJAHARA. f. f; Plante des Indes qui s'attache aux
arbres comme le lierre. Les Indiens la broient ôc
l'appliquent furies frafturcs. Dict de James.
^ CAJAM ou CAjAON. Ville de l'Ile de Java,
à cinq lieues de Tubaon. Elle a l'on Roi parti-
culier.
§CF CA JAN. f. m. Arbre des Indes , d'une grandeur
médiocre, dont les feuilles l'ont rondes, attachées
trois à trois , comme les feuilles du trèfle : il eft vert
CH tout temps: ies fleuis répandent une odeur agréa-
ble. Il porte des gouilcs qui contiennent quatre pois
rougeâtrcs , qui lont bons .à manger. Ses feuilles en
apofème arrêtent le flux immodéré des hémorroï-
des. Broyées avec le poivre , elles nettoient les gen-
cives & calment le mal de dents. Sa graine bouillie
dans de l'eau de riz, & convertie en Uniment avec
du beurre , cR un bon remède pour les lallîtudes
douloureufes aux jointures -, on en fait aulll une li-
queur convenable dans la petite vérole. Dict. de
James.
CAJAN ou CAIAN. Foye^ Caianien.
ifT CAJANEBOURG. Ville forte de Suède, en Both-
nie , dans la Cajanie , fur les frontières de la La-
ponic.
CAIANIDES. f. m. Ceft le nom de la féconde Dy-
nafcie des Rois de Perfe. D'Herb. Les Caïamdis
font proprement ceux que les Grecs ont reconnu
poui Rois de Perfe. Id. Le même Auteur dit Caïa-
nien , ou Caïanides. Data , le dernier des Caianiens
ou Cn'ianides . fut défait par Etkander P^oumi ,
c'efl-à-dite , Alexandre le Grand. Id.
fp^" CAJANIE. Partie de la Bothnie , dans la Fin-
lande , c'efl: , à proprement parler , la partie orien-
tale de la Bothnie.
CAIANIEN , ou CAINITE. Caianus. Quelques-uns
difent auffi Caian & Caien. Noms d'anciens Hé-
rétiques, qui ont été ainfî appelés de Caïn , qu'ils
regatdoient comme leur père. C'éioit une branche
de Gnoftiques , qui foutenoient des eireurs mon-
ftrueufcs. Ils prctendoicnt que Gain , & même
Efaii , Lot , &: ceux de Sodome , étoient nés d'une
vertu célefte très-puiffaure , & qu'Abel au con-
traire étoit né d'une vertu bien moins puiflante.
Ils affociolcnt à Gain , &: aux autres du même or-
dre , Judas qui avoir eu , félon eux , une grande
connoiilànce de toutes chofes j &: ils avoient une
li grande vénération pour lui , qu'ils avoient un ou-
vrage fous fon nom ,' intitulé V Evangile de Judas.
Ils avoient phifieurs autres livres abominables, &
qui leur fervoienr de prérexte pour le jeter dans
toutes fortes de débauches & d'impuretés. Saint
Epiphane a rapporté & réfuté en même temps
leuts ctreurs , hxr. ^8.
CAJANTE , qu'on nomme auifi Plumette. f. f. Sorte
d'étoffe qui le fabrique à Lille 6c dans quelques
autres endroits des Pays-bas.
Ip- CAJAZZO , CAJÀTA ou CALATIA. Ville
d'Italie, au Royaume de Naples , dans la ptovince
de Labour , avec un Evéché fuffragant de Ca-
poue.
CAIC , CAIQ , CAÎQUE , & KAIC. f. m. Terme
de Marine. Efquif deftiné au fervice d'une Galère.
Scapha , cymha. duc eft aullî une petite barque ,
dont les Cofaques fe fervent pour naviger fur la
mer Noire. Cofacorum cymha. Ils mettent fur les
caïcs quarante ou cinquante hommes d'équipage ,
& ils vont ainfi en courfe : ces petits bâtimens
l'ont tout couverts de peaux de bêtes.
CAIEN. Koye{ CAIANIEN.
CAIENNE ou CAYENNE , & non pas CAJENE ,
& moins encore CAJANE , ni même CAYANE.
Caianus. Fleuve de l'Amérique qui prend fa fource
dans les montagnes delà Guaiane, traverfe toute
la Caribane du midi au feptentrion , & fe dé-
charge dans la mer du Nord.
Caienne. Caicna. île qui efl: à l'embouchure du
fleuve dont on vient de parler , & qui pour cela
C A ï
porte le même nom. La Cdi<:nne a dix-huit lieues
à peu près de circuit. Elle cil: aux François , qui
s'y établirent en 1(^55, fie y bâtirent le Fort Louis.
En KS54 , les François l'abandonnèrent , & les
j Anglois s'y logèrent. En i(î<î4, de la Barre y ré-
tablit les François, que les Holbndois obligèrent
encore d'en Ibrtir en \6-j6 , mais au commence-
ment de l'année fuivante M. d'Eftrées la reprit.
Voyei Biet , Voyage de la Terre Eqidnoxiale ,
Liv. i , ck. 17. & Liv. ///, cA. 5 , 1 5 6- 14, & de
la Barre, Dejcript. de la Giiiane. La Caïenne cft
au 4^ d. 45' de latitude feptcnttionale.
CAJEPUT. f. m. Cajc'puù oleuin. Huile aromatique
qu'on apporte des Indes Orientales dans quelques
contrées de l'Europe. Hoffman en a fait mention
dans fes Obfervations Phylico-Chymiques , Lih.I,
Obj'. IV. mais il n'a point dit de quelle plante
on la tiroir.
CAIER. Voye:;^ CAHIER.^
CAIETE. f. f. Nourrice d'Ence , fuivit ce Prince dans
fes voyages , & mourut en arrivant en Italie. Énce
lui éleva un tombeau fur la côte de la grande Hef-
pèrie , dans l'endroit où eft aujourd'hui Gaeta ,
en Latin Caieta , qui a pris fon nom de la nour-
rice.
CAIETE. Caieta. Ancien nom d'une ville du Royau-
me de Naples , qu'on nomme aujourd'hui Gaete.
'Voye[ ce nom. Caïète n'ell: bon qu'en traduifant
Virgile, qui en parle, ou quelque autre Ancien.
CAIES. Voyci Cayes,
CAIEU , f. m. Terme de Botanique &: de Fleutiftc.
On appelle Caïeu , ou Caïeux, les petits oignons
qui naiflênt aux côtés des vieux oignons de la tuli-
pe , de la jacinte , du narcilFe , |ÏCJ" &c autres oig-
nons qui portent fleut. Ils font comme les boutons
des plantes bulbeufes. Bulbus minor adjacens ma-
jori, bidbulus, adnata, adrzafceritia. Chzque caïeu
eft comme un petit œuf que l'on détache de la
" maîticffe racine , & que l'on plante féparément ,
lorfqu'il a acquis une certaine grofleur. J'ai beau-
coup de caïeux de tulipes. Les caïeux de tubé-
reufes ne réuirilTent point dans les pays tempérés.
Ce mot Caïeu ne s'emploie que parmi les Fleu-
riftes, LiGER. Ce qu'on appelle une gonfle d'ail ,
eft proprement un caïeu de la racine de l'ail.
Les Caieux d'Anémones s'appellent pattes , &
ceux de Renoncules , griffes. Les Caieux ne dégé-
nèrent point.
^C? Caieu fe dit aulTi de la fleur qui vient d'un Caïeu,
Cette tulipe eft un caïeu de deux ans.
llCrCAJEUSAC. Petite ville de France dans l'Albi-
geois, à trois lieues d'Albi.
§:? CAIFUNG. Ville d'Aiîe dans la Chine & dans la
province de Honang dont elle eft la capitale.
CAILLE , f. f. Oifeau de plumage grivelé , qui fe
tient dans les bleds. Coturnix. M. Huet prétend
que cet oifeau a pris fon nom de ce que les cou-
leurs de fon plumage repréfentent des écailles.
C'eft un oifeau de palfage àflez petit , & bon à
manger. Il eft de chaude complexion , d'où l'on
a lait le proverbe , chaud comme une caille. On
dit que les cailles mangent de l'ellébore , & de la
ciguë, fans en être empoifonnées. S. Bafile en rap-
porte la raifon , Sc dit que ces oifeaux ayant les
conduits de la gorge fort étroits , les alimens qu'ils
prennent ne peuvent defcendre que lentement , &
qu'ainli ils fe ttouvent notablement altérés, avant
qu'ils foient dans l'eftomac. Willoughby dit que
la chair des cailles, eft bonne contre la jaunifTe,
& leur fang fouverain contre la dyflTenterie. Ser-
vins , ///. ^Mneid. dit qu'Aftétie fut changée en
caille. De Rochef. Les cailles d'Italie mangent une
forte de graine qui ôte la délicatefle du goût , &
rend leur chair tilleufe. Id.
Ménage, après Scaliger , croit que ce nom lui a
été donné à caufe de fon chant , qui femble en
prononcer la première fyllabe. Ce mot vient ap-
paremment de l'Italien Q^uaglia^ qui s'cft forme,
aulîi-bien que celui-ci , de Qua^uila ou Qui/-
G A î
■fïdld , quî Te trouvent dans la balle Latinité poar
exprimer cet oil'eau , & qui font des mots faits
fur le chant des cailles.
Quoiqu'il Ibit étonnant , comme Pline l'a te-
marquc Liv. X, du zj , qu'un oifeau li pefant ,
& qui s'élève à peine de terre , dans les lieux de
fcjour , puifle palier la mer , & que quelques-uns
aient mieux aimé croire que les cailles ne chan-
gcoient point de pays , mais fe retiroient en des
lieux ^cartes , & à l'abri pendant l'hiver , & qu'elles
y vivbient de leurs plimies , ou de leur propre
graiife, & de leur propre fubftance , le Fait cil
cependant certain. Belon , de la Nature des Oif.
Liv. 5 , ck. 10 , aflure qu'il s'eft trouvé dclix fois
ilir mer au temps que les cailles paflent , une
fois en Automne lorfqu'ellcs s'en retournent , &:
une fois au Printemps , quand elles reviennent ; &
que toutes les deux tcis il avoir vu plufieurs cailles
fcrepofer fur le vaillcau. Pline dit Z,îV. X) ch. 15 ,
qu'elles s'abaiflent quelquefois eil fi grand nom-
bre fur les voiles , que par leur poids , elles ont
fait couler à fond des barques & d'autres petits
bâtimens,. L'on remarque aulli qu'elles fe repolcnt
dans les Iles qu'elles rencontrent en mer, far leur
route, Aldrov. Ornithol. Liv. XJII,ck. zi, Voyez
de la Mare, Traité de Li Police , Liv. V, Tom.
xxm, ch. X.
Les cailles arrivent à la fin d'Avril & au com-
mencement de Mai , te s'en retournent à la fin
de l'Été. Lorfqu'ellcs ont le vent contraire, on dit
qu'elles fe chargent de fable qu'elles avalent ,
éc qu'elles prennent de petits caillou;^ à leurs
pieds , afin de fe rendre plus pefantes , de crainte
que le vent ne les emporte. Elles font volontiers
leur paflage quand le vent de Nord foufflc , &
elles appréhendent le vent de Midi , qui efl: char-
geant , & les fait périr en mer quand il les fur-
prend , à caufe de fa moiteur, qui mouille &:ap-
pefantit leurs aîles, Belon dit qu'elles ne vont
point en troupe quand elles font leur pallage ,
mais qu'elles partent la nuit deux à deux , bien
qu'en même temps. La mangeaille des cailles ell
le millet & le blé.
La caille fe plait dans les blés vetts : elle y
fait aulîî la demeure lorfqu'ils font murs ; & dans
leurs chaumes , quand ils font coupes. Elles de-
viennent quelquefois li graflés , qu'elles ne peu-
vent s'en retourner , & fervent de pâture pour
l'ordinaire aux oifeaux de proie.
Il n y a point d'oifeau qui multiplie davantage.
Elles font jufques .à feize œufs au mois de mai.
Les femelles qui viennent à éelore en ce temps,
s'apparient au mois d'Août , &: font jufqu'à dix
œufs. Dans les pays où elles retournent , elles
font aulTi deux pontes ; tellement qu'elles cou-
vent quatre fois par an. Elles conduifent leurs
çailleteaux par la campagne , & les retirent fous
leurs aîles à la manière des poules.
Les Arabes difent que llémen , ou Arabie-heu-
leufe , a une efpèce de cailles que l'on ne voit
point ailleurs ; ils les appellent falova , &: ils
croient que celles que Dieu envoya aux Ifraélitcs
pour les nourrir dans le défert , furent poulîces
par un vent du Midi de l'Icmen jufqu'à leur camp».
Ils écrivent que ces cailles n'ont point d'os , &
qu'elles fe mangent toutes entières. D'Herb. Le
nom falova , eft le même que l'Hébreu ^\v ,
felav , &: au pluriel cy^i^vl s falvim , qui eft celui
que l'Ecriture donne aux oifeaux que Dieu envoya
aux Ifraëlites. Mi d'Herbelot , aii mot Sâlva , dit
que Houllain Vaez , Comm. de l'Alcoran , remar-
que la même chofo : il ajoute que c'cft un oifeau
particulier de l'Iémen , qui eft plus gros qu'un
moineau , & plus petit qu'un pigeon , qui n'a ni
herfs , ni os , ni veines , &c dont le chant eft fort
agréable. Cela relTemble fort à nos becfigues. Quant
à ce que difent les Arabes , qu'il n'a ni os , ni nerfs ,
ni veines , c'cft une de ces expreflions & hyper-
boles qui leur font fi communes , auffi-bien qu'à
C Â ï
toUs les Orientaux I, Se qui fignifie feulement que
cet oifeau eft fort gras , que fcs os , netfs , &c.
font petits &: tendres , &: qu'on mange l'oifeaù
tout entier , comme en effet le becirigue j l'orto-
lan , &c. fe peuvent manger tout entiers, yoye:^
ce que l'Antiquité a dit des cailles dans VofiTms ,
De Idolol.L. ///, c. Stf, 88, 93.
Les Phéniciens olftoient à Hercule des Cailles
en facrifice, & difoient que cette coutume venoit
de ce que ce héros ayant été tué par Typlron ,
lolaiis lui rendit la vie avec l'odeur d'une Caille.
Fable fondée fur ce que dit Bochard , qu'Hercule
étoit fujet au mal caduc , & qu'on le faifoit
revenir en lui faifant fentir une Caille , àonz l'o-
deur , au rapport de Galien , eft un remède utile
à ce mal.
I/C? On appelle roi des cailles , un oifeau que l'on
prétend fervir de guide aux cailles , quand elles
palîênt d'une région dans une autte. Sa chair eft
très-délicate , & l'on dit proverbialement que c'eft
un morceau de roi. Son plumage eft grivelé com-
me celui de la Caille.
(fj- CAILLEBOT , pour CAILLOT , ne fe dit
qu'à la place Maubert. Voye^ Caillot.
CAÎLLEBOTTE. f. f. C'eft une malfe de lait caillé,
qui eft ferme & épailfi. Concret i laclis grumus ,
maffa. Nous n'avons mangé que des caillebottes.
CAILLEBOTTE , ÉE. adj. Réduit en caillots , coa-
gulé. Coagulatus , a , um. L'oreille droite du cœur
étoit remplie d'un fang noir , épais & c.iillebotté.
DuvERNÉ. Acai. des Se. 1705. Mim.p. 158.
CAILLEBOTTIS. f. m. Terme de Marine. Efpèce
de treillis, ou tillac à jour j fait de menu bois,
& placé entre deux hiloires , ou bordures pour
fervir à évaporer la fumée du canon quand on le
décharge , & pour donner du jour entre les ponts,
quand les fabords font fermés durant l'agitation
de la mer. Tatulatum pervium , Ou cancellatum.
L'efpace qui refte des ponts eft couvert de borda-
ges de pareil échantillon que celui qui eft attaché
fur les membres , ou côtes du navire.
GAILLELAIT. f. m. Terme de Botanique. Gallium.
Plante dont les fleurs ou tiges nouvellement fleu-
ries font cailler le laif, d'où lui vient fon nom.
Sa racine eft menue , noueufe , rampante & tra-
çante , d'un jaune tirant fut le rouge , chargée de
quantité de filamens. Ses racines portent plufieurs
tiges catrées , menues , hautes d'un pied & demi
au plus , noueufes , & un peu velues •■, chaque nœud
eft entouré de fix, huit, & jufqu'à neuf feuilles ,
longues de trois quarts de pouce fur moins d'une
ligne de largeur , d'un vert foncé. De la plupart
de ces nœuds fort de chaque côté une branche
noueufe, garnie de feuilles, & terminée aulTi-bien
que les tiges par des bouquets de petites fleurs
jaunes d'une feule pièce fendue en quatre quar-
tiers , foutenus par un embryon qui devient , après
que la fleur eft palTée, un fruit menu, brun, fec^
compofé de deux femences arrondies & aplaties
par l'endroit où elles fe touchent.
Il y a une efpèce de caillelait auffi commun
que celui-ci ^ mais qui en diffère 1° , par fes fleurs ,
qui font tout-à-fait blanches , 1° , Par fes feuilles
qui font un peu plus larges , & plus courtes , d'un
vert gai , & par fes branches qu'elle répand çà &
là ; enfin , par l'odeur de fes fleurs , qui eft foible.
Ces deux planres font à préfent recommandées
pour l'cpilepfie. On prend l'une & l'autre indif-
féremment -, on en tire le fuc en ajoutant du vin
blanc , lorfqu'on les pile , ou bien l'on en fait
me décoélion , ou on les prend infufées à froid.
On joint à l'ufage de cette plante des purgatifs
plus ou moins forts, & qu'on réitère fuivant l'état
de la maladie & les forces du malade. La poudre
de fes feuilles eft aftringente, & elle fufpend les
hcm-orragies. La première de ces efpèces fe nomme
Galliuni luteum , & la féconde Gallium vulgare
û'ni/m. Infî. R. herb.
CAÎLLEMENT. f. m. §3" . Etat du lait , du fang
ijS
C A I
ou (.l'une autre liqueur qui Ce catllc. Coagr/ario ,
covcreiio. Caillement de laie dans les nouvelles
accouchées , eil une maladie qui leur vient ,
parce que leur lait s'eft caillé , & s'efl: mis en petits
grumeaux dans leurs mamraelles. Le cMlLement
caule de grandes douleurs , & un triiîbn au milieu
du dos. Le caillement de lait vient de ce que la
nouvelle accouchée n'a pas été afléz tctée. Pour
remédier au caillement de lait & pour l'empêcher ,
il faut lé faire teter , &: vider les mammelles. Mau-
RICEAU.
CAILLER. V. a. Coaguler , figer. Cogère , coagulare,
confpiffare. La morl'ure des icrpens tue , parce
qu'elle caille le lang , &; empêche la circulation.
A Floience on caille le lait pour faire des froma-
ges avec des fleurs d'artichauts , au lieu de prélure.
Paufanias raconte qu'Ariftée fils d'Apollon & de
Cyrène , fill'e du fleuve Pénée , fut le premier qui
trouva le fecret de faire cailler le lait. De Ro-
CHEF.
Cailler , avec le pronom perfonnel. Se cailler , v.
récip. Coci,cojicreJcere. Le lang le caille li-tôt qu'il efl:
■ hors des veines , ou privé de chaleur. Le lait fe
caille avec de la préfure. L'huile de tartre , &
l'efprit de vitriol mêles enfemble , fe caillent après
quelque légère effervelccnce. On a trouvé en Ir-
lande une forte d'ardoife noire , excellente con-
tre le flux de fang , &: qui empêche qu'après les
grandes chûtes le lang ne. le caille dans le corps,
kisT. Nat, d'Irl.
Cailler , eft audl un vieux mot qui lignifie chaf-
fer aux cailles. Il fignifie aulTi fc fervir de l'appeau
qui contrefait le chant de la caille.
Hoafeaiilx fromis & larges hottes ^
Qui rejfemhlent ùourfe à cailler . Rom. de laRofe.
Ce paiTage de Jean de Meun , expliqué en peu
de mots, lignifie que les Moines hypocrites dont
parle Faulx- femblanr , ont leurs bas qui font au-
tant de plis qu'un appeau de cailles , que ce Poète
appelle bourje à cailler, Suppl. de Glojf. du Rom,
de la Rofe.
CAILLE , EE. Part, Lait caillé, fang caillé, Coacius ,
concretus.
On dit abfolument du caillé ; pour dire , du
hit figé & coagulé , dont la partie féreufe eft
fortie , qu'on appelle le lait clair , ou le petit lait.
Coagulatum , lac prefum. Plufieurs Médecins ap-
pellent la prélure , du caillé. Voyez Présure. Les
Bifaltes , peuple de Macédoine, ne mangent pref
que que du caillé. Dans le haut pays d'Auvergne
le peuple vit de caillé , & leur boilfon n'efl: que
du petit lait. De Rochef.
CAILLETEAU. f. m. diminutif. Jeune caille. On
fert les cailleteaux fur les tables comme un mets
friand. Pullus coturnicis.
CAILLETOT. f, m. Efpèce de petit tutbot fort dé-
licat , ainfi nommé dans la balle Notmandie.
CAILLETTE, f. f. Le quatrième ventricule du veau ,
du chevreau , de l'agneau , &c. Abomafum. C/elT: le
lieu où fe fait le chyle , èc d'où tous les alimens
tombent dans les intefl:ins. Omaftim. La caillette
fe vend avec les tripes. C'eft dans la caillette des
veaux ou agneaux que fe forme la préfure qui
caille le kit : ce qui lui a fait donner le nom
de caillette. Ce quatrième ventricule eft rempli de
feuillets comme le troillème : mais ces feuillets ont
cela de particulier , qu'ils enferment , outre les
membranes dont ils font compofés , plufieuts
glandes qui ne fe trouvent point dans les trois
autres ventricules.
§3" Caillette fe dit figurément , dans le ftvle fa-
milier &c badin , d'une femme frivole &: babillarde.
C'eft la Caillette du quartier.
C AI
// n'efl Caillette en honnîte maifon
Qui ne Je pâme à J'a douce faconde,
Ln vérité Caillettes ont raifon ;
C'eji le pédant le plus joli du monde,
§3" On le dit aulfi d'un homme de même cataftère.
C'eft une franche Caillette, Gerro , lojuaculus ,
garrulofus,
|C? Pris dans un fens obfcène , pour déligner les
parties naturelles de l'homme , ce terme n'eft con-
nu qu'aux halles.
Caillette s'eft dit anciennement pour Cauchois,
Voyez ce mot.
CAILLEUR. f, m. Vieux mot , qui veut dire celui
qui c/iajfe aux cailles.
Ip- CAILLIQUE, Poiflbn de mer, royei Haren-
gade.
CAILLOT , f. m. On le dit du fang. C'eft un gru-
meau de fang , ou une petite malfe de fang caillé.
Un caillot de fang, Grumus fanguinis.
Caillot s'eft dit anciennement pour Cauchois,
Voyez ce mot,
CAILLOT ROSAT eft une efpèce de poire au-
jourd'hui peu eftimée. Pirum callionium. On l'ap-
pelle ainfi à caule qu'elle eftpierreufe, & qu'elle
a le goût de rofe. Quelques-uns l'appellent poire
d'eau rofe. Ménage écrit caillorofat.
CAILLOTIS, f. m. Sorte de Soude , dont les pierres
font de médiocre groileur , & fort femblables à
des cailloux , d'où elle a pris fon nom.
CAILLOU , f. m. Petite pierre dure , &: quelquefois
polie & luilante. Silex ,fcrupus. On l'emploie avec
le ciment à paver les aqueducs , les grottes & les
baflins de fontaine. On s'en fert aulîî pour les
ouvrages de molaïque ; & pour cela on la fcie ,
& on la polit
§Cr On peut divifer les cailloux en quatre articles ,
les criiiallifés , les tranfparens , les opaques & les
communs. Les cailloux criftallifés , formés d'une
matière vitrée , font fulibles , Se forment avec la
foude la matière des glaces. Il y en a de deux efpèees.
La première eft des Cailloux criftallifés , incorporés
l'un dans l'autre ; dont l'un qui fert de noyau à
l'autre , paroît d'une nature bien différente , étant
feul criftallifé, La féconde efpèce eft creufe en
dedans , & n'offre qu'une caverne congelée &
brillante par la criftallifation, C'eft ce qu'on appelle
ciiftal de cailloux. Cette cavité eft d'une matière
plus fine & plus ferrée que la croûte de deflas.
On en tire de differens endroits.
ffT Les cailloux tranfparens font pleins partout de
la même matière. Ils imitent le diamant , & fiit-
pallênt fouvent le criftal de roche en blancheur ,
en netteté & par le feu qu'ils jettent comme ceux
du Rhin & quantité d'auttes.
§3" Les cailloux opaques font foimés d'une ma-
tiète fablonneufe. Il y en a qui peuvent fe polir
& d'auttes qui ne le peuvent pas. Les cailloux d'O-
rient , quoique pleins & opaques , font d'une na-
ture très-fine ; leurs couleurs , leurs veines & leurs
marbrures les font rechercher : on les polit par-
faitement , ainfi que ceux d'Angletetre & autres.
0C? Les cailloux opaques de la féconde efpèce font
ceux dont le gtain trop gros ne permet pas qu'on
les polille facilement , quoiqu'ils foient com-
pofés d'une matière très-dure. Ces cailloux font
pleins en dedans 8c unis en dehors , fans aucuns
pans ni angles, le plus fouvent ronds.
%fT Les cailloux communs fe divifent en ceux qui ,
frapés les uns contre les auttes , ou contre le fer,
font du feu , & ceux qui n'en font point. Les pre-
miers font les galets , les pierres à fufil & les cail-
loux des vignes,
ÇCr Les galets font des cailloux ronds qu'on trouve
au fond des rivières , fur la grève des mers & des
fleuves. On les cafie pour en tirer du feu.
^ Les pierres à fafil , ouJîUx, font aufTi dures que les
auttes cailloux. Elles font de couleur blanche ,
f
C A I
i^riib ou roufTe , avec une croiite rabotcufc par-
cle/Tas. 11 y en a qui étant cafïcss , repicicntent des
figures informes, des têtes Ôc d;s p.u'tics d'animaux.
^3" Le Si/ex qui eft blanc & tranfparent , 6: de la na-
ture de la corne, fc nomme pvrimac/ius. S'il n'eft
propre qu'à faire du feu, c'ell: unpymt;. Qiiand il
noircit en formant des veines argentées ,i! prend le
nom d'arprom^/anos.
^CJ" Les cailloux des vignes , ainfi que ceux qui flotte?
les uns contre les autres , ne font point de feu , ne
font preique d'aucune ufage.
Il efl: rapporté dans les nouvelles Littéraires de
la mer Baltique qu'il y avoir à Hclmftad un hom-
me qui avoir le fecret d'amollir les cailloux les plus
durs , & d'y imprimer comme fur la cire les figures
qu'il vouloir ; qu'il s'étoit fouvent fervi de (on
fecret en temps de guerre , pour enfermer fon
argent dans des pierres, auxquelles il rendoit en-
fuite leur première dureté.
Eau de Caillou. On appelle eau de Caillou , une
certaine eau forte préparée , dont il eft parié dans
le Journal des Savans de Kîyy , fec fur laquelle
on voit végéter les métaux, comme un arbre qui
croît à vue d'ceil ,& s'étend en plulieurs branches
dans toute la hauteur de l'eau. Rhodes Canalîe,
Chymifte Grec , eft l'inventeur de ce fecret.
CAILLOUTAGE. f. m. Scruporum acervus. Ouvrage
de cailloux raraaifés. Faire une grotte de cail-
loutasse.
CAIAIACAM ou CAINACAN. f. m. Nom de di-
gnité dans l'Empire Ottoman. Il y a deux Caimu'
cans ; l'un qui eft toujours proche la peribn.ne du
grand Vifir , & l'autre qui rcfde toujours à Cqu!-
rarîtinople, & qui en eft comme le Gouverneur. Il
n'y a d ordinaire que trois Caimacans dans l'Em-
pire j Ji y en a quelquefois moins. C-^lui qui
n'abandonne jamais Conftantinople , examine
toutes les aifaires de Police , & les règle en partie.
Il y en a un autre qui ne quitte jamais le Grand
Seigneur , &: fi le Viftr eft éloigné , il y en a auiîî
un auprès de lui -, mais la fonilion du dernier de-
meure lufpendue quand le Vifir eft auprès du Sul-
tan. Le Caimacam du Vifir eft comme fbn Secré-
taire d'Etat, & le premier Miniftre de fon Con-
feil. La Guill.
Le Caïmacam fait la charge de premier Vilît à
Conftantinople , durant l'abfence du Grand Sei-
gneur. Du Loir,/", zoi. Il écrit Caymacan.W. fau-
riroit écrire Caimmacam , félon l'étymologie -, car
ce mot eft compofé de deux mots Arabes , qui font
Caim-macam ; celui qui tient la piace cTun autre ,
qui s'acquitte de la fonction d'un autre,
CAIMACANIS. f. m. Sorte de toiles fines , dont il
fe fait un grand commerce à Smyrne : elles font
du nombre des Cambrafines de Bengale.
CAÏMAN efpèce de Crocodile. C'eft auffi le nom
d'une pierre qui fe trouve dans l'eftomac de ces
animaux, que les Indiens & les Efpagnols regardent
comme un remède aflliré contre la fièvre quarte,
en l'appliquant à chaque tempe.
■CAIMAND , ANDE. f. m. & f. Mendiant qui gueufe
par fainéantile. Afendicus. Il eft peu ulité , (î ce
n'eft parmi le peuple.
CAIMANDER. v. n. Giieufcr , mendier. Mendicare.
Cet homme n'a d'autre métier que de caimajid^r.
Ménage. Il fe dit aulfi en parlant de toutes les
choies qu'on va demander de porte en porte,
comme des foUicitat'ons , des emplois , des re-
pas , ùc. Et alors il eft aéfif. Cnimander des recom-
inandations , les fuffrages •, dans cette acception
il eft figuré. Quelc]ues-uns dérivent ce mot par mc-
tathèfe de mendicare , fignifiant la même choie. Il
eft du ftyle familier , même bas.
CAIMANDEUR , EUSE. f m. & f. fignifie la même
choie, que Caimand , & n'eft pas plus noble.
CAIN-CAHA. Voye^ CaHin-CahA.
C A I N I T E. f. m. & £ Nom de SecSle. Cainita.
Prononcez Caïnite en quatre fyllabes. Koyei
Caianien^
G A I
T^
CAJOLER. Vieux V. n. qui hgnifioit prôptémcnt ba-
biller , caufer. Garnre. l\ s'eft dit originairement
ail propre des enfans qui apprennent .i' parier, I es
pcres prennent plaifir à entendre leurs eilfan?
quand ils cajolent.
Ce mot vient apparemment de cage , qui eft Je
lieu où oh apprend a parler aux oifeaux.
Cajoler, v. a. Signifie maintenant , dire des dou-
ceurs, des paroles honnkcs & obligeantes, fiatcr ,
louer, entretenir quelqu'un de chofes qui lui
plaifent & qui le touchent, hlandiri aiicui , llandt)
jermone delunre , Icnociniis aliquem permulcere-^
Cajoler quelqu'un fur la f:ience, fur le bel efprir,
lui- fi bravoure, fur fes belles avions. Elle aime
qu'on la cajole fur fa beauté, lur fes ajuftemensi
iuria bonne grâce en tout ce qu'elle fait. Aimera
être cajolé par les louanges. Aelanc. Les hommes
fe cajolent mutuellement pour fe faire rendre leurs
éloges avec ufure. Id.
Cajoler fignifie auffi , carefief quelqu'un , afri
d'attraper de lui quelque choie à force de ilareries.
Palpare ou palpari. Il a fi bien cajole a vieillard,
qu'il eft devenu fon héritier. On a beau cajoler
un avare, on n'en peut rieii arracher. Il faut beau-
coup d'art & d'adrefie d'efprit pour cajoler un
riche, & pour gagner fes bonnes grâces. Ablanc.
Ah ! que celui-là avoir d*efprit , qui a comparé le
fiateur à un Renard , qui cajole le corbeau , pouf
avoir fon firomage ! Royaumont.
Cajoler fe dit plus particulièrement à l'égaïd des
femmes & des filles , qu'on tâche de féduife par
de belles paroles i & à force de leur dire des
c!o;!ceurs & des Hateries. Procari, Le foible deè
femmes, c'eft d'aimer qu'on les cajole.
Voir cajoler fa femme , & n'en témoigner, rien ,
Se pratique aujourd'hui par forcegens de lien. lAoi-,
Ce verbe dans toutes ces acceptions n'eft que du
ftyle de converfation.
Cajoler un vaiffeau , c'cil: , en fermes de Marine,
le mener contre le vent dans lé courant d'une
tivière. Adverj'o vento projlitentcm dccurrere. On
ie ferr aufliMe ce terme pour dire faire de petitesbor
décs , ou attendre fans voile , en faii'ant peu de route.
Cajoler, v. n. Terme de Fauconnerie, qui ie dit du
cri des geais. Faultrier. Quelques-uns écrivent
Ca^eoler , mais cajoler vaut mieux.
CAJOLE , ÉE. part.
CAJOLERIE, f. f Flateries pour gagner l'amitié de
quelqu'un , & en obtenit ce qu'on dcfire. Blandi-
tla:. Il fe dit particulièrement du langage fiateur
dont on fe i'err pour tâcher de féduire une femme
ou une fille. Une fille doit craindre toutes les cajo-
hries des hommes.
Ip- CAJOLEUR , EUSE. f. m. 5c f. Celui ou celle
qui cajole ; celui qui donne des louanges où il y
a quelque affedfation , & qui ientent la flaterie,
ou qui cherche à féduire une femme ou une fille
par de 'oellcs paroles. Blandidicu.s , blanàiloquus ,
blandulus. Vous n'êtes qu'un cajoleur.
IKF Cajoler , Cajolerie. Cajoleur ne peuvent entrer
que dans la converfiition familière-,
CAîOU. f m. Eipèce de noix qui vient du Bircfil.
On dit Acajou, & non pas cajou. Voye^i kcMov,
Ip" CAIPHE , ou CAIPHAS , ùirnommé Jojeph ,
grand facrificateur des Juih qui condamna le Sau-
veur à mort. Lorfque les Juifs tinrent confeil pour
fiire mourir Jefus-Chrift ,' Caîphe prophétiia qu'il
étolt expédient qu'un hom.me mourût pour conler-
ver la nation. Quelque teir.ps après , Ibus l'empire
de Tibère, Virellius lui ôta fa dignité qu'il avoit
confervée près de neuf ans. On prétend qu'il en
mourut de chaevln.
CAÎQUE, f m. Terme de relation & de Marine.
Efquif , petit bâtiment chez les Turcs. Cymba. C'eft
le Boftangi-Bachi qui gouverne le timon du Cal-
que du Grand Seigneur , qOand il va lùr mer.
Du Loir , p. 9^.97 / ovr^ Catc.
CAÎPvE,f. f Vieux mot, quifig.lifioit Vilage. Quand
î^ o
C A ï
un homme cft mince de cane. Botcl le fait venir
du Latin caro , chair. Les Elpagnols dilent cara ,
pour dire , vilage.
CAIRE, diriis. Le Caire, ouïe Grand Caire, elt
la Ville capitale d'Egypte, (ituce furie bord oriental
du Nil, troislicues^environau-dcirusderendroiroù
ce fleuve commence à le divilcr, 6c à tormcr ce
riu'oii aopeloir autrefois le Delta , & qu'on nomnre
aujourd'hui ï'Emf. Le Caire eft une des plus grandes
Villes du monde. Il eft diviic en trois, la Bu lac ,
le vieux Caire & le nouveau Caire. Vis-à-vis du
Caire , au Couchant du Nil , on voit les reftes de
l'ancienne Memphis : c'eft pour cela que nos Poiftes
-appel'entlbuventle C^/re, Memphis.
On voit aulli du côté même du Caire , & afTez
proche , les ruines de l'ancienne Babylone d'Egypte.
On prétend que le Caire ctoit autrefois rrois tois
aulIi grand que Paris ■■, mais il a beaucoup diminué
depuis' qu'on s'eft ouvert une route aux Indes par
le Cap de Bonne -Efpérance. Aujourd'hui on dit
que le nouveau Caire eft encore auffi grand que
Paris*, le vieux & le Bulac , font deux gros
boursîs que l'on compare à Rennes en Bretagne ,
ou à la Haye en Hollande. On dit que cette
ville a été bâtie l'an 908 des ruines de la Babylone
d'Eîîypte par Elmendinalla , petit-fils d'Abdalla
CalTte d'Afrique , qui fe rendit maître de l'Egypte.
Le Caire a de latitude 50° 2.' 30", Se fon mé-
ridien diffère "de celui de Paris de 19° 35' o"
^'eft-à-dire, que fa longitude eft de 49° 16' 50".
Cassini.
le Caire fut bâti auprès de l'ancienne Capitale
d'Egypte que l'on nommoit pour lors Mefr , ou
Forithath. Saladin fit enfermer ces deux Villes
d'une muraille. Mefr s'appelle aujourd'hui le vieux
Caire. On a bâti une troifième ville entre le vieux
&; le nouveau Caire. Macrifi a fait une exadie
defcription de cette Ville, dans laquellc_ on peut
voir tout ce qui y a été ajouté depuis ia fondation,
D'Herbelot.
Le nom de Caire , que nous donnons à cette
Ville , vient du nom arabe Cahera , "T'P , qui lui
fut donné .parce que fon fondateur Giavar, Général
de l'armée de MoezLedinillah premier Calife de la
race des Fatimites, voulut qu'on jetât les fondemens
de cette Ville fous l'horolcope ou l'afccndant de
Mars , à qui les Aftronomes Arabes donnent l'é-
pithète de Caher , qui fignifie vainqueur , conqué-
rant , du verbe arabe nnp , Rahara , vaincre -, de
forte que cette ville fut nommée Alcahera , c'eft-
à-dire , la viélorieufe. D'Herb.
CAISSE, f. f. Coffre , boîte , vai.Teau fait de menues
planches de fapin , ou d'autre bois léger , pour
tranfporter des marchandifes. Capfa. On appelle
•des raifins de caijfe , les raifins fecs &: un peu gras
qui viennent dans des caiffes. Ce mor fe prononce
comme s'il étoit écrit Kejfe , il faut dire la même
chofe de fes dérivés.
Caisse, terme de Jardinier, C'eft un coffre carré de
4)ois foutenu de quatre petits pillicrs carrés , ou
tournés , qui fervent aulfi à en tenir les quatre côtés
aflemblés -, il eft ouvert par le haut , &: ordinaire-
ment peint par dehors pour le conferver & pour
l'orner : on remplit les c^z/^^ de terre préparée, &:
l'on y plante des orangers , des grenadiers , &c.
Caisse eft auffî un renfoncement carré qui eft dans
chaque intervalle des modillons du plafond de la
cornice Corinthienne , 8c qui renferme une rofe.
Lacunaria. On appelle zniYi panneaux , ces mêmes
renfoncemens , de ils font de différentes figures
dans les compartimens des voiites & des pla-
fonds.
On appelle auffi caiffe de poulie d^ns un navire,
un moufle de poulie. Rechamus.
Caisse, chez les Tourneurs, eft ce qui fert à con-
tenir le regiftre ou clavier. La caiJfe eft de fer
ou de laiton. CapÇuld..
Caisse fignifie au/lî un coffre fort de Banquier ,
de Marchand, Capfa. Cette caiffe a de bonnes ban-
C A î
des de fer , &: une ferrure à trois pênes. C'eft un
tel Commis qui tient la caiffe chez ce Trcforicr.
Argent de caiffe , ou monnoie de caiffe, c'eft l'ar-
genr que les Ncgocians ou Marchands ont pour
faire des paycmens de la main à la main.
Caisse , ie dit aufli de tout l'argent qu'un Finan-
cer a chez lui & qu'il négocie. La caiffe de cet
homme-là eft de cent mille écus.
On nomme auffi caiffe , le lieu où eft le coffte
fort, & OÙ le Caifller fait les payemens. On dit
je vais à la caiffe. Livre de caiffe, c'eft un regiftre
dont les Caiffiers fe fervent pour y coucher toutes
les parties de recette &: de dépenfe qu'ils font en
deniers comptans.
^3" Caisse de crédit, C'eft une caiffe établie en
faveur des Marchands fotains qui amènent à Paris
des vins ou autres boiffons. Ces Marchands peu-
vent aller à cette Caiffe prendre le crédit dont ils
ont befoin , pourvu qu'il n'excède pas la valeur
de moitié de leur marchandife.
Caisse des Emprunts , croit une caiffe Royale , qui
fut établie fous le règne précédent à l'Hôtel des
Fermes, pour y recevoir les deniers des particu-
liers qui vouloient prêter leur argent à intérêt.
Les Fermiers donnoient des promelTes qui étoient
des billets au porteur , pour valeur reçue comp-
tant , & qui avoient cours fur la place , fous le
nom de promeffes des Gabelles. A la mort de Louis
XIV , ces promelles ont été converties en billets
de l'Etat , & acquittées en entier fous Louis
XV.
CAissEjfignifie auffl un gros tambour qui fert à la guerre.
Tympanum. Et on dit , battre la caiffe ; pour dire,
alfcmbler des Soldats. Tympanum pitlfare. On le
dit auill pour fignifier , lever des Soldats.
On dit proverbialemenr , bander la caiffe ; pour
dire , s'en aller , parce qu'il faut en effet bander
les peaux de la caifle pour battre la retraite ou
le décampement.
(CT Caisse du Tamhour. Terme d'Anatomie. C'eft
ainfi qu'on appelle la cavité demi-fphcriqu'e qui fc
remarque au fond du trou auditif-externe de l'oreille.
i^oyei Oreille 5r Tambour.
Caiss'e de Fufées. C'eft un coffire de planches, long
& étroit en carré fur fa longueur , pofé verticale-
ment , où l'on enferme une grande quantité de fu-
fées volantes , lorfqu'on veut faire partir en même
temps ëc former en l'air une figure de feu compa-
rable à une gerbe de blé d'une vafte étendue , qu'on
appelle aulfi par cette raifon gerhe de feu.
Caisse Aérienne , eft une forte de ballon qui ren-
ferme beaucoup d'arrifices &: de petites fufées.
CAISSETIN. f. m. Petite caiffe de fapin , plus lon-
gue que large , dans laquelle on envoie de Provence
cette forre de raifins en grappes , féchés au foleil ,
qu'on appelle raifins aux jubis.
^fT On appelle aulfi caiffetin dans les manufadfures
d'ouvrages enToie, une petite armoire à plufieurs
étapes, "dans lefquels l'ouvrier range les dorures &
les foies qu'il emploie.
CAISSIER, f. m. Celui qui tient la caiffe d'un Trcfo-
rier, d'un Banquier, qui eft chargé de recevoir &c de
payer. Capjis prcefecius , capfarum cuflos,adminijicr.
Le Caiffier des gabelles. Il faut qu'un Marchand
ait un' Caiffïer fort fidèle.
CAISSON, f. m. Grande caiffe couverre en dos d'àne,
qu'on porte fur un charriot pour y mettre le pain
de munition, & autres chofcs dont on a befoin à
l'armée. Annonarius currus. Il y a aufll des caiffons
de l'arrillerie.
Caisson de bombes , eft un fourneau faperfîciel
fait de bombes enfermées dans une caiffe de bois.
On en fiit quelquefois qui ne fonr pleines que de
poudre. On le couvre d'un peu de rerre , &: on y
mer le feu, par le moyen d'un fauciffon qui répond
au fond du caiffon , lorfque l'ennemi fait fes ap-
proches , & vient fe loger deffus. OUis i^nariis re-
fend capfa. Les fo^t^aces font plus d'effet que les
caiffons.
Caissons ,
CAL
Caissons , c'eft ainfi qu'on appelle fur mer les coffres
qui Ibnt arrachés fur le revers de l'arrière du vaifTeau.
Citfjie nautictz.
CAiSTRE, Foyei Caystre*
^ CAITHNESS ou CATHNESS. Province la plus
méridionale de l'Ecolfe. Elle eft ferrile en blés &
en pâturages. Weik en eft la capirale.
CAIUS. f m, Prénom latin que nous confervons en
fon entier dans notre langue. Les Romains ne l'ex-
primoient fouvent que par un C, & noils en ufons
de même.- C, Céfar, furnommc Caligula , fils de
Gcrmanicus , fut le quatrième Empereur de Rome.
Caïa étoit le prénom pour les femmes. Les Romains
le marquoient par un 3 renverfé. Quelquefois Caïus
n'efl: pas prénom , mais nom. Caïus , difciple de S.
■ Paul , dont il eft parle aux aéles des Apôtres XIX,
zç), XX, 4. S. Caius yVtipc étoit originaire de Dal-
matie , &, à ce que l'on croit, parent de Diocié-
tien. Ce nom n'a point de pluriel. Ainli l'on dit ,
il y a deux Caius Patriarches de Jérufalem, Quel-
quefois on trouve Gains pour Caïus , parce qu'en
grec on dit taios.
CA JUTES, f. f. Terme de Marine. Ce font les lits
des vaifleaux , qui font la plupart emboîtés autour
du navire. On les appelle auffi camagnes Se càpites.
LecliiU naiitici.
^fF CAIWANL Sauvages de l'Amérique , qui ha-
bitant les Iles qu'on trouve dans l'embouchure de
la grande rivière de l'Orenoqiie.
CAIXE. f. m. Sorte de monnoie qui a côiirs au Japon.
Caixa , Caixus. Pour liii ménager ces audiences ,
on lui demandoit cent mille caixes , qui font fix
cents écus de notre monnoie. Bouhours , Xav. L ,
V. Par conféqucnt chaque caixe vaut 4 den.
§C? CAIZUNU. L'une des cinq Provinces qui font
la divifion de l'Ile Efpagnole , en Amérique. Ce
mot dans le langage du pays fignifïe , front ou
gouvernement.
CÂKERLAC. f. m. Nom d'un infede qui fe trouve
dans l'Amérique méridionale. Cakerlacus. Les four-
mis font ennemies des Cakerlacs , & les dé-
truifent.
^ CAKET, Ville & petit Royaume , dans le Gur-
giftan. Ce Royaume , qui eft l'Ibérie des anciens ,
obéit au Roi de Perfe,
Chu
CAL ou CALUS. f. m. Durillcin qui vient aux pieds ,
aux mains & aux genoux. Callus , calLum. Il vient
des calus aux mains à force de travailler, & des ca-
las aux pieds à force de marcher.
Le cal eft auiîl le nœud qui joint un os frac-
turé. DiONis. La formation du cal. Id. Le cal fe
fait en cette manière. Le fuc qui nourrit les os
coulant le long des fibres olTeufes , fuinte par l'en-
droit où ces fibres fe trouvent rompues, & venant
à s'arrêter , & à s'amafler autour des extrémités
de l'os fraduré , il s'y defleche, &: les unit comme
li c'étoit de la colle forte , de manière qu'il li'y
refte plus qu'une petite inégalité à l'endroit où le
cal s'cft formé. Id.
Dans .les eilais Se obfervations de l'Académie d'E-
dimbourg , Tom.I,p. 184, il eft parlé d'un cal
I extraordinaire , qui répare la perte d'une grande
partie du tibia.
lO" CALA ou KALA. Ancien palais des Rois de
France , dans le territoire de la ville de Paris , au-
près du lieu où a été fondée l'abbaye de Chelles.
Ce fut à Cala , félon Grégoire de Tours , que le
RoiChilpéricfitemprifonner Ion fils Clovis, & qu'il
permit à la Reine Frédégonde , fa belle-mere, de le
faire mourir. Le crime tnt cependant commis à
• Noiiy fur la Marne. C'eft encore à Cala que fut
tué Chilperic. Le Roi Robert aîlembla un Concile
à Cala l'an 1008. Le bourg de Chelles a été bâri
des ruines de cette Maifon-R^oyale.
CALABA. f. m. Arbre gommcux des Indes. Il a la
fieur en rofe , compofée de pluficurs pétales placés
dans un ordre circulaire. Il s'élève de fon fond un
Tome- II,
G AL
i^î
piftil qui devient enfuite un fruit fphcrlque , charnu s
& qui contient un noyau de la même forme. Il
fort du tronc de cet arbre & de les branches une
gomme claire , à peu près femblable au maftic
dont elle porte le nom j & aux ufages duquel on
le fubftitue dans quelques endroits;
CALABERNO. Koyei Carabouron.
CALABOURNO. Nom d'un Cap fîtué à dix milles
au fud-eft de Salonique. P. Feuiil-^e
^ CALABRA-CURIA. Lï cour Calabre , bàrie
par Romulus , fur le mont Palatin , félon Varron i
ou lelon d'autres , près du Capitole. Elle f.it ap-
pelée calabra , àvL mot calare , (\u.\ lignifie convo-
quer , parce que Romulus deftina ce lieu pour les
aflemblées du peuple. Depuis ce temps-là le Roi
des facrifices y eonvoquoit le Sénat 8c le peuple
pour leur annoncer les jours des jeux & des fa-
crifices. roye:^ Macrobe , O. i^ ,&c Festus.
CALABRE. Nom d'une Province du Royaume de
Naples , laquelle a titre de Duché. Calabria. La
Calabre diCié nommée anciennement Meff apie, Mj^iî-
pia, de Meflapus ; &: Pencétie , Pencetia, de Pencccius
frère d'Oenotrus. Enfuite elle a pris le nom de
Calabre , qui eft très-ancien, & que quelques-uns ti-
rent du grec x«ao? j beau , bon,U lip)ea]c fuis chargé ,
parce qu'elle eft chargée , c'eft-à-dire , pleine de
toutes fortes de biens. Mais Bochart veut qu'il
Vienne de l'hébreu aVp. Car, dit-il, Ckanaan , Livre
II, chapitre 35 , &: ^Hl^p , Kalab 8c Kalba, ligni-
fient de la poix j or la Calabre eft pleine de /iceûj
& d'autres arbres d'où coule la poix ; & c'eft même
pour cela que les Grecs l'ont nommée Pencetie ,
wxvKiVa., car Tratxi , lignifie picea. Ainfi félon lui
Pencétie & Calabre ne font que la même chofe.
Le P. Briet montre que la Calabre n'étoit autrefois
qu'une partie de l'ancienne MefTapie qui compre-
noit les Salentins & les Calabrois. Aujourd'hui la
Calabre eft une gande contrée que l'on prend
quelquefois pour une des quatre parties générales
du Royaume de Naples 5 mais qui darts là fio-nifi-
cation propre & commune eft Une prefqu'île bai-
gnée au couchant par la mer Thirrene j ou de
Naples -, au midi par celle de Sicile , au levant
par la mer Ionienne , ou de Grèce 5 & qui a au
nord la Bafîlicate. Elle fe divife en deux parties )
la Calabre citérieure ou fupérieure , & la Calabre
ultérieure ou inférieure. La Calabre citérieure , Ca-
iairia citerior ou fuperior , eft la partie qui eft
au nord, &: touche à la Balilicate, 6c s'étend de-
là environ vingt lieues au midi. Sa capitale eft
Cofenza. La Calabre ultérieure eft le refte j Cala-
bria ulterior ou inferior , ou la partie méridio-
nale de la Calabre générale. La capitale de la Ca-
labre ultérieure eft San-Severino. La Calabre d'au-
jourd'hui n'eft point la Calabre de Ptblomée , de
Tite-Live , ni de Pline. Elle en eft même affcz
éloignée -, car celle-ci étoit une partie de ce qu'on
appelle aujourd'hui la terre d'Otrante.
La mer de Calabre eft la partie de la mer Ionienne
qui baigne les côtes de Calabre &c de Sicile , qui
s'étend jufqu'à Santa-Maria de Leuca. Foye:^ fur là
Calabre Cluvier , Liv. III, &c Leand. Dejc. Itaim.
On dit , battre la Calabre ; pour dire , battre la
campagne. Ho , pour cette fois-ci , il faut battre la
Calabre [Abbé de Choisy.
CALABROIS , OISE. f. m. & f. Qui eft de Calabre.
Calaber. S. François de Paule étoit Calabrois.
go- CALAC, Ville d'Afrique , dans la province dé
Béni-Arax , Royaume de Trémecen.
|p= CALACIA, Ville de la Tartarie , au Royaume
de Tanguth , capitale de la province d'Esrrigaia.
|p= CALCAOROLY. Royaume d'Afrique' dans la
Nigririe , au haut de la rivière de Saint Do-
mingue.
CALADARIS. Voye^ Calladaris.
CALA DE. f. f. Terme de Manège. C'eft là penttf
d'une éminence , d'un terrain élevé , par où l'on
fait defcendre plufîeurs fois un cheval au périt
galop , pour lui apprendre à plier les hanches , SC
16%
CAL
à former fori arrêt , avec les aidés dit g^as des
jambes , da Ibutien de la bride , & du cavei:on
employés à propos. Chvius. On l'appelle aulfi bi\£e.
Pixvimtiiium dcclive , dec/ivitas.
Ce mot vient de ca/adci , qui fignifioit autrefois
jpavé , & le dit encore à Momauban -, &c eft dc);ivé
de riicbreu ka/n , qui lii;nific une pierre. On ap-
pelle encore caladt en pkiiicurs Villes , & fur-tout
dans le Lyonnois , le parvis qui eft au-devant de
l'Egliie , où fe promènent les fainéans.
CALÀF, f. m. Efpècc de faule qui croît en jplufieurs
endroits de l'Eti^ypte , fur-tout dans les lieux hu-
mides. Sa.lix jÈgyptiaca. Voyez Collafe , car c'eft
ainii qu'il faut dire, &: non pas ctlaf.
CALAHORRA. Ville cpifcopale d'Efpagne. Calaguris.
Elle efl: dans la vieille Caftille , aux confins de la
Navarre , fur le bord de FEbre , à l'endtoit où ce
fleuve reçoit la rivière nommée Cicados di Cajtilla,
entre Lagrono & Tudela. L'Evëque de Calahorra
écoit autrefois fuffragant de Târragone. Il l'eft au-
jourd'hui de Burgos.
^ CALAJATE. Ville de l'Arabie-Heureufe , vers
le Golfe-Perfique , dans la contrée d'Ofman , dé-
truite par les Portugais.
CALAIS. Calmim. Ville Se port de hier en Picardie ,
province de France. Calais eft capitale du pays re-
conquis , petite contrée de Picardie au feptentrion ,
&; le long de la mer. Cette ville n'eft pas grande,
mais elle eft bien bâtie & fort peuplée , à caufc
du commerce qu'y attire la bonté de fon port. Ca-
lais eft une des plus fortes villes de France , étant
prefque toute environnée ou par la mer , ou par
des marais , à quoi l'art a ajouté un grand nombre
de baftions , une bonne citadelle , & un fort ap-
pelé le Risbandy qui défend l'entrée de fon port.
LesAnglois prirent Calais\:^■a. 1347, & l'ont garde
jufqu'en 1558, que le Duc de Guife la re|3rit. Mat y.
Quelques favans croient que Calais eft VIccius por-
tas de Céfar. Les Caletes des anciens ne font pas
Calais , c'eft le pays de Caux ', mais ces Caletes ,
ou une partie de ces Caletes s'étant éjrablis à Ca-
lais , lui ont donné leut nom. Baudouin IV , Comte
de Flandre , fur la fin du dixième fiècle , eft celui
qui a commencé à faire travailler au port de Ca-
lais. Philippe, Comte de Boulogne, au treizième
fiècle, fit fortifier la ville. Edouard III , Roi d'An-
gleterre , la prit en 1547. Le Duc de Guife la re-
prit en 1558. En 159^, l'Archiduc Albert la prit.
Deux ans après elle fiit rendue à Henri IV , par
la paix de Vervins. Foye^ Du Chefne , Ant. des
villes de France , L. I, c. no. Valois. Notic. Gall.p.
114 Se 115 , où il montre que Caletum n'eft point
Calais. Le nom de Calais vient , à ce que quel-
ques perfonnes croient , de Caletes , nom latin d'un
peuple , dont parle Céfar , & qui habiroient dans
le pays de Caux, & fur cette côte. Vigenère &
quelques autres , ont cru que Calais croit le Portus
Iccius de Ptolémée & de Céfar ; mais aujourd'hui
ce fentiment eft abandonné.
Le pas de Calais , fretum Gallicum , ou Cale-
tanum, C'eft un détroit qui fépare la mer de Bre-
tagne de celle d'Allemagne , &: qui eft entre les
côtes du pays reconquis et» France , & du Comté
de Kent en Angleterre. Il peut avoir 7 à 8 lieues
de long & autant de large ; fi bien qu'avec des
lunettes d'approche , on peiit de Calais voir les
Ançlois qui marchent fur les cotes. Maty.
Calais eft au 50"^ degré 57 minutes de latitude
ftord, & au 19' degré z8 minures de longitude ,
félon Mrs de l'Académie des Sciences.
Calais diffère du méridien de Paris de o» ;i' 50".
Cassini : &: conféquemment il a zoo 24' o" de
longitude. L'élévation du pôle y eft de 50« 57' o".
Cassini.
CALAIS, f m. Nom d'homme. Carihfus. S. Calais
ou Carilef, fiit Moine du monaftère de Micy , à
deux lieues d'Orléans , fondé par Clovis. S. Calais
on Carilef, étoit natif d'Auvergne , &c ayant été
élevé dans le monaftère de Menât , il en fortit
CAL
ivec S. Avit , pour fe mettre fous la conduite de
S. Maximin près d'Orléans. Eni'uite ils fe retirèrent
dans une folitude du Perche, où, par la libéralité
du RoiChildebert, ils bâtirent un monaftère, qui
porte encore le nom de S. Avif, mais il eft à pré-
fent habité par des Religieufes. S. Calais pafla dans
le Maine, &c des bientaits du même Roi, fonda
un monaftère près de la rivière d'Anifole , aujour-
d'hui Anille , dont il prit le nom ■■, mais dans la
fuite on lui a donné celui de S. Calais , qui mourut
vers l'an 540. Fleury. Bailler écrit^ C^z/izii on Calés.
Il ne faut point dire Carilef en trançois , comme fait
M. Fleury -, mais toujours Calais ; c'eft l'ufage.
CALAIS, f m. Terme de Mythologie. Fils de Bo-
rée & d'Orithye. Il ctoit ailé , auffi-bien qUe fon
frère Zéthès. Ils partirent tous deux pour la con-
quête de la Toifon d'or. Ayant été bien reçus du
Roi Phinée , ils chafîcrent les Harpies qui infec-
toient la table de ce Prince malheureux. Ils furent
tués par Hercule , & changés en vents , qui com-
mencent à fouffler environ huit jours avant le le-
ver de la canicule. Leurs noms fignifient , qui fouffle
/ort , Se qui jouffLe doucement.
LAISON, f. f. On nomme ainfi dans les ports de
la province de Guyenne , particulièrement à Bour-
deaux , la profondeur d'un vailfeau depuis le pre-
mier pont jufqu'au fond de cale. Jauger la calaifon y
c'eft-à- dire , en jauger la profondeur.
CALALOU. Ragoût que préparent les Dames Créoles
en Amérique , avec les herbes potagères du pays ,
beaucoup de pimant , & de la volaille , du bœuf,
ou du jambon , les jours où l'on fait gras , & avec
des crabes & des pohfons , en maigre. Encyc.
CALAMANDRE. f, f. Nom de femme. Calamandis.
Sainte Calamandre eft honorée à Calaffe en Cata-
logne. Chastelain. Martyrol. 5' Févr.
CALAMBA. f. m. C'eft la plus excellente forte de
bois d'aloës , qui n'eft deftiné que pour les Rois
des Indes , & qui rend une odeur admirable , lorf-
qu'on le remue feulement entre les mains. Xyloaloë.
On l'appelle aulfi calampan. Voyez Bois d'A-
loes.
CALAMBOUR. f. m. C'eft une efpèce de bois des
Indes que l'on vend chez les Droguiftes en bûche *
?s. dont les Ebcniftes fe fervent dans leurs ouvrages de
marqueterie. Il eft verdâtre , & d'une odeur fi agréa-
ble , que l'on s'en fert dans les bains de propreté.
On en fait auffi des chapelets & d'autres ou-
vrages.
CALAMEDON , fous -entendu fraiflure. Terme de
de Chirui^ie, emprunté du grec. Efpèce de fà'aClure
tranfverfale qui s'étend jufcju'au bord de l'os , dont
l'un des bouts eft éclaté en manière d'ongle ou de
bec de flûte. Ce mot eft un adverbe grec x»xxu.^Sl<, ,
in tnodum calami, en manière de rofeau taillé en
bec de flûte : de ««a»:',, rofeau, flûte. On appelle
au (îî cette fraélare en grec hc 'i^^^xy de ««af, ongle.
CALAMENT , f. m. ou CALAMENTE. f. f. Terme
de Botanique, Nepeta. C'eft une plante dont les
feuilles, qui naillent de tiges & de branches car-
rées , font de la longueur d'un pouce , ou d'un pouce
& demi , légèrement découpées tout autour , ve-
lues , & d'une odeur a/Tez bonne. Ses fleurs viennent
en bouquets dans les aiflelles des feuilles : elles
font en gueule, de couleur de pourpre & d'une odeur
agréable. En latin calamentha vulgaris , du grec
jtaAV , beau , nfvh , mer2te , comme qui diroit belle
mente. Cette plante eft chaude & acre : elle eft
propre pour l'eftomac , pour provoquer les mois
des femmes , l'urine , &: contre la toux. Il y a plufieurs
autres efpèces de calamente. Il y en a une qui a
l'odeur du pouliot ; il y en a une -autre dont les
feuilles redemblent à celles du bafilic , & qui eft
nommée par cette raifon Calamintha oclmi foliis.
CALAMINAIRE. adj. m. & f. Qui appartient à la
calamine. Calaminarius , a , um. Cadmiœus. Je pré-
fère les njatièrcs minérales , telles que la pierre
calaminaire ^ le minium ou le vermillon, pour les
inje(51:ions rouges. Demours , Acad. d'Edimb. T.l y
CAL
p. 1 1 5. Aux environs d'Aix il y a beaucoup de mine;
de pierres ca.larninj.ir es. Acad. 1700. Hiji, p. jc^.
Voy^i^ l'arcicic fuivanc.
C'VLAMINE, f. f, Efpèce de cadmic naturelle, qui
e(l privée de parties " métalliques. Terre follile
^ bicamineufe, qui affine le cuivre avec lequel on
la jette dans la fonte, & l'augmente de plus d'un tiers
en l'affinant. Cadmia. C'cft une terre f-oilile de cou-
leur jaunâtre , qui n'eft pas fort dure , &c qui jette ,
lorlqu'on la brûle , une fumée Jaune : elle efl def-
ficative , dcteriive & aftringentc. On la mêle auffi
avec le cuivre pour le rendre jaune , & pour aug-
mehter fon poids. Avec tout autte métal elle s'é-
vapore -, & lî on la met toute feule dans le feu ,
elle devient cendre. Sa trop grande quantité mêlée
dans l'airain , le rend fragile : il redevient rouge , (î
on le fond cinq ou fix fois. Il y en a une efpèce
nommée calamine blanche , qu'on trouve au haut
du creufet, quand on fond le cuivre avec la pierre ca-
laminaire. On l'appelle pampolix ou capnites. Ce
n'eft, à proprement parler , qu'une fuie métallique.
fC? En 1 561 , fous le règne d'Elifabeth , on fit en An-
gleterre la découverte des mines de cette terre.LARR.
On trouve audî de là calamine, en Allemagne &
dans plufieurs provinces de France , où il y a des
mines de plomb & de cuivre , au milieu defquelles
elle exifte. Voye^ Galien , Pline , Diofcoride , Agri-
cola, Gonxus , Savot , &c. Voyez Cadmie.
CALAMISTRER. v. a. Frifer , mettre les cheveux en
boucles. Il eft du ftyle familier. Crifpare comam.
CALAMISTRE , EE. part. Frifc , mis en boucles. Ho-
race oppofe incomptos capillos , les cheveux négli-
gés de Curius aux cheveux frifés & calamijlrés qu'on
vit dans les fiècles fuivans , & qui furent après regar-
dés comme des marques de mollefle, Dacier.
fur Hor.
gCF Les Vocabuliftes , d'après TAcadémie , difent
que calamifirer , c'eft frifer , poudrer. Poudrer ,
non : ce mot eft formé du latin , & calamijirare
lignifie feulement frifer des cheveux , les mettre en
boucles. Calamijitum , fer à frifer.
CALAMITE, f f. C'eft un des noms que l'on a donné
à la pierre d'aimant ,& enfuiteà la bouiîble. Ma<rnes,
lapis magnejius. Ce mot a iîgnifié proprement en
françois une grenouille verte , à caufe qu'elle vit
volontiers parmi les rofeaux ; & il a été donné à
l'aiguille aimantée , parce qu'avant qu'on eût trouvé
l'invention de la fufpendre fur un pivot , on l'en-
fermoit dans une phiole de verre demi - pleine d'eau ,
fur laquelle onlafaifoit floter par le moyen de deux
fétus comme une petite grenouille, Caimnita , Rana
calamita , Diophyta. D'autres dérivent ce mot à
chalybe amata. Il vient de ««;>«,«, , jUpula , paille ,
parce que cette pierre attire la paille.
^fT Calamité, adj. Epithète que l'on donne quel-
quefois au ftyrax , à caufe qu'on le mettoit autrefois
dans des rofeaux appelés calami pour le conferver.
IJCF On donne auffi le nom de calamité à une pierre
qui imite un rofeau. ^
^ CALAMITE, f. f. Evénement fâcheux , grand
malheur qui accable quelqu'un & ruine entiètement
ies affaires. Calamitas. Il eft tombé dans une af-
freufe calamité. D'Ablan. Il femble pourtant que
ce mot , fuivant fa propre lignification , & même
celle qu'on lui attache dans l'ufage ordinaire , dé-
ligne un malheur public qui afflige un Etat , une
Province. Toutes les calamités çxihWquQ^ paffent dans
refprit des fuperftitieux pour des vengeances du
Ciel irrité. Flech. Les Païens accufoient les Chré-
tiens d'être la caufe de toutes les calamités qui
affligeoient l'Empiie. Ménage. Quelle eft la caufe ,
demande un Rabbin , de notre calamité préfente ,
qtii dure depuis plus de mille ans , vu que Dieu
n'a puni les horribles idolâtries , le mafTacre des
Prophètes & les autres crimes afteux de nos pères ,
que par une captivité de foixante Se dix ans à
Babylone î
Ce mot viejit du Latin calamitas , qui vient de
calamus , le tuyau du bled. On appeloic du nom
CAL
16 ■?
de calamité , la grêle qui brifoit & coupoit les bleds.
LaLimum tertre.
CALAMITEUX, EUSE. Adj. Infortuné, miférable.
calamitojus. Il ne fe dit guète que des tems de
trouble & de guerre, qu'on appelle temps cala-
miteux. Règne calamiteux. MAucRoi'îàlItDans ce
iens-là même il vieillit , & ne pouri'oit 'être em-
ployé qu'en poéfie.
CALAMUS , en termes d'Anatomic, eft la pointe ou
l'extrémité du quatiième ventricule de la tête du
côté de l'épine du dos. On rappelle ainfi, parce
que cette extrémité de ce ventricule fe termine en
tâçon de plume à écrire, en l.:\.i\\\, calamus. Cala-
mus fcriptorius.
CALAMUS AROMATICUS. f. m. Plante qui eft de
deux fortes. Il y a le vrai calamus aromaticns des
Anciens , qui vient dans les Indes Orientales , Se
qui eft une efpèce de rofeau \ £c celui des boLW
tiques.
ItC? Le Calamus Aromaticus Férus nous vient des
Indes Orientales en petites bottes. Il s'élève à U
hauteur d'environ trois pieds. Sa tige eft de la
groflcur d'une plume médiocre , & contient une
moelle blanche , d'un goût un peu amer & d'une
affez bonne odeur. Ses feuilles font longues SC
pointues. Ses fleurs de couleur jaune , naiflênt aux
fommités, difpofées en ombelles.
Le Calamus Aromaticus des boutiques eft bicft
di/Férent^ du premier. Il a une racine qui rampe
prefque à fleur de terre , S; qui jette beaucoup de
filamens ; elle eft fort nouée, de la gro/feur du
doigt , blanche , tirant fur la couleur 'de chair ,
d'une fubftance rare & légère , d'un goût mordi-
cant &c un peu amer , & d'une odeur forte , mais
aflez agréable. Ses feuilles font femblables à celles
de la flambe , mais plus longues , d'un goût acre
&: aromatique. Il n'y a que la racine qui foit en
ufage ; elle eft bonne pour l'cftomac , contre la
colique , Si contre les obftrudlions du foie 6c de
la rate.
|Kr CALANDA. Petite ville du Royaume d'Arragon
en Efpagne , fur la rivière de Guadaloupe.
CALANDES. Foyei Calendes.
CALANDRE, f. f. Terme de Manufacture. Machine
dont on fe fcrt pour preffer Se luftrer les draps ,
les toiles Se autres ctoflis. Machina poUendis Ix-
vigandifque telis & kolofericis comparata. Elle ferc
aullî pouf y faire ces ondes qui font fur le tabis
Se les moires. Elle eft compofée de deux gros rou-
leaux de bois , autour defquels on roule les pièces
d'étofl^e. On les met entre deux gros madriers de
bois dur , large , épais Se fort poli.'Celui de deifous
fert de bafc. Celui de de/fus eft mobile par le
moyen d'une roue telle que celle des grues. Uq cable
eft attaché à un tour qui compofe "fon axe. Cette
partie du deifus eft d'un poids prodigieux , quel-
quefois de 50 ou 60 milliers. C'eft cette pefanteur
qui fait les ondes fur les étoffes qui font autour
des rouleaux , par le moyen d'une légère gravure
qu'ils contiennent. On met Se on ôte ces rouleaux,
en inclinant un peu la machine.
Ce mot vient du Latin cylindrus , parce que
tout l'effet de la machine vient du cylindre. Borel
dit que ce nom lui vient d'un petit oifeau de mô-
me nom, parce que les marques qu'elle imprime
font femblables à fes plumes. Les Auteurs de la
baifc latinité l'ont appelée celendra.
Calandre. Petit oifeau du genre des alouettes , qui
n'a point de crête. Alauda non cryfiata , ou eory
dalus minima. Conrad de Montpellier , de Mon-
tepuellarum , Chanoine de Ratisbonne, qui florif-
foit vers l'an 1390, dans la vie de S. Erard qu'il
a écrite , ch. I. appelle calandre un petit oifeau
qui chante agréablement dans les bruyères. Cala,n-
drus dulcifonans in miriea. On l'appelle au/Ti ca-
landre de bocage. La calandre a la voix très-haute",
fi elle l'avoit moins , il y auroit peu d'oifeaux qui
égalaient la beauté de fon chant. Ceux qui en
veulent nourrir, doivent les avoir du mois d'Août
Xij
1^4
CAL
&i jeunes, afin qu'elles ftflent leur première mue
en cage; & elles deviendront audi privées, que li
elles avoient été prilcs au nid. Elles auront leur chant
naturel , & imiteront celui des autres oilcaux que
l'on mettra auprès d'elles. Les vieilles l'ont farou-
ches 01 faut leur lier les aîlcs pour les apprivoiler
plus facilement. On leur donne du froment , ou de
la compoiîtion de l'alouette -, quelquefois de la chi-
corée pilée, parce que qUand cet oifeau crt en liberté,
il s'en fert pour le purger. Pour élever une calan-
dre niaife , on lui donne du cœur &c de la pâte -,
& foit la niaife , foit la liocagère , on l'élevé comme
l'alouette commune. Elle eft fujette à fe dépiter
lorfqu'on la change de lieu •,& elle celle de chanter
jufqu'à ce qu'on l'ait rcmife au lieu où elle croit.
Le mâle a la tête &: le bec plus gros que la fe-
melle. Son collier va ordinairement tout autour
du cou. La calandre fait fon nid pour l'ordinaire
dans des lieux fccs par terre , & dans des champs
cnfemenccs , fous quelque motte bien couverte
d'herbes. Elle fait quatre ou cinq petits , &: jufqu'à
trois nids par an -, favoir au commencement de Mai ,
au mois de Juin, & à la mi-Juillet comme l'a-
louette & le cochevis.
. Belon dit que la calandre efl: une efpèce d'a-
louette fans huppe , qui approche de la grandeur de
l'étourncau -, &: quelques-uns l'appellent grande
alouette. Elle approche de l'alouette pat fon chant
èc par fon plumage. Les aîles & la queue font de
même ■■, elle a les mêmes mœurs & les mêmes fa-
çons. Les calandres volent en troupe, &^font oi-
feaux de partage.
Calandre. Petit ver qui le fourre dans le blé , &
le mange -, on l'appelle aulfi charengon ou patc-
peine. Curculio , ca/andrus. Les Allemands l'appel-
lent kalender. Voyez Charençon
CALANDRER. v. a. Mettre une éppffe fous la ca-
landre pour la prefler ou tabifer, Telas , holofe-
rica expolire , lœvigare.
CALANDRE , EE. part.
CALANDREUR. f m. Nom de l'ouvrier qui con-
duit la calandre , qui met les étoffes &: les toiles
•fous la calandre
CALANE ou CATANE. f. f. Le Roi de Siam avoir en-
voyé deux Catanes ou fabres du Japon , garnis de
tambague, pour le préfenr du Roi. Abbé de Choisy,
Jour, "du Voyage de Suim , in ii, p. 193. Deux
Calanes du japon , garnies de tambague , qui font
deux lames de fabre\rès-larges , au bout d'un bois
bien long. Chevai. de Chaum./». 14, Prèjens du
Roi de Siam à Monfeis;neur.
CALANDRIER. Voyei Calendrier.
CALANGUÉ. Voyei Calé.
gcr CALANTIQÛE. f. f Ornement de tête dont fe
fervoient les femmes Romaines. Cicéron n'en dit
rien de plus. Vous ajoutez , dit-il , à Clodius , la
Calanticjue à fa tête. Calantica.
(fT CALAPATE. Ville de la prefqu'île de l'Inde en
deçà le Gange , dans le Royaume de Bifnagar , fur
la côte de Coromandel.
CALATAYUD. Ville du Royaume d'Arragon en
Efpagnc. Bilbilis , Calatayada. Elle eft (îruce fur
une monragne fur le Xalon , au Nord de Sarra-
gofle. Calatayud eft affez grande ; c'eft une belle
ville. Calatayud n'eft point l'ancienne Bilbilis;
mais on en voit les raines à un mille de Calatayud ,
fur une montagne près d'un lieu nommé Baubula,
Bilbilis étoit la patrie du Poète Marrial.
^ CALAT AR-BELLOTA. Ville de Sicile, fur la
rivière de ce nom, dans la vallée de Mazate , près
de la côte de la mer d'Afrique,
ftr CALAT A-FIML Ville de Sicile , dans la vallée
de Mazare , entre Mazare & Caftel.
§3=- CALAT A-GIRONE. Calata hieronum. Ville de
Sicile , dans la vallée de Noto , près de la rivière
de Drille.
§CF CALATA-NISSETA. Ville de Sicile , dans la
vallée de Noto , fur les confins de celle de Mazare.
^ CALAT A-XIBET A. Petite ville- de Sicile, pref
CAL
que au milieu de l'île, dans la vallée de Noto ,
fur les confins de celle de Démone , & de Mazare.
DCr CALATÎSME. f m. Danfe des anciens dont il ne
nous eft veftc que le nom. Encyc.
CALATRAVA. Ville d'Efpagne , dans la nouvelle
Caftille ■■, elle eft fur la Guadiane , à trois Irêucs
de Ciudad Real. Calatrava. Il y a à Calatrava ,
non-feulement des Chevaliers , mais auHi des Re-
ligicufes de Calatrava. Monniales de Calatrava. Elles
fiirent inftituées en 1119, par D. Martin Fcrnan-
dès , Grand Maître de l'Ordre de Calatrava. Ces
Religieufes ont le titre de Commendatrices , &:
doivcnr taire les mêmes preuves que les Chevaliers
de Calatrava. Elles fonr habillées comme les Re-
ligieufes de Cîteaux , & ne font diftinguées que
par la Croix de l'Ordre de Calatrava , qu'elles
portent fur le fcapulaire. Ell«s furent d'abord éta-
blies au couvent de S. Félix, proche d'Amaya ,
■ dans un lieu appelé Barrios , où elles ont demeuré
pendant près de 550 ans. Philippe II, Roi d'El-
pa?ne , & adminiftrateur de cet Ordre , les transféra
dans la ville de Burgos , l'an 1558. P. Helyot ,
Tome FI-, c. 4.
Calatrava. ( la nouvelle ) Nom d'un lieu de la
nouvelle Caftille en Efpagne , à huit lieues de Ca-
latrava la vieille. Ce lieu fut ainfi nommé par D.
Martin Fernandès , Grand Maîrre de l'Ordre de
Calatrava, parce qu'il y tranfporta le principal
couvent de fon Ordre , vers le commencement du
XIIP fiècle.
CALATRAVA. Ordre Militaire , inftitué fous le tcgne
de SanchellI, Roi de Caftille en 1558. Le bruit
s'étant répandu que les Arabes venoient attaquer
avec une armée puiifante, la petite ville de Cala-
trava , en Caftille , les Templiers , à qui on avoir
confié la garde de la forterelfe , craignant de ne la
pouvoir défendre , L- remirenr au "Roi Dom Sanche,
• Diego Vélafquez , Moine de Cireaux , homme de
qualité , qui avoit été élevé à la Cour , & qui avoir
fervi lonç-temps dans les aimées avec beaucoup de
valeur.&de gloire, perfuada à Raimond , Abbé de
Fitère , Monaftère de Cireaux , de demander Cala-
trava au Roi. Malgré la répugnance qu'il y eut
d'abord , & contre l'opinion de bien des gens , il
le fit & l'obtint. L'Archevêque de Tolède , nommé
Jean , contribua à cet etablilfement , & fit exciter
les peuples dans les prédicarions à aller défendre
Calatrava. Raimond ôi Diego s'y rendirent, & bien
des gens vinrent à leur fecours. Les Arabes , ou
perdanr l'efpérance de forcer Calatrava, ou oc-
cupés ailleurs , abandonnèrent leur entreprife & ne
parurent point. Plufieurs de ceux qui éroient venus
. au fecours de la ville entrèrent dans l'Ordre de
Cîteaux, fous un habit plus propre aux exercices
militaires que celui des Moines , Se ils commencè-
rent à faire des courfes fur les Arabes , & à leur li-
vrer des- combats , que Dieu bénit. C'eft ainfi que
s'établit l'Ordre de Calatrava , qui , comme l'on
voit , fut une branche de celui de Cîteaux , fous
Morimond, donr Fitèie étoit venu. Le ptemier Grand
Maître fut Garcias , fous le gouvernemenr duquel
Alexandre III confirma l'Ordre en 11^4, fix ans
après fon établiflemcnt , & Innocent III en 115)9,
le 18' d'Avril. Ferdinand & Ifabelle en 1489, du
confentement du Pape Innocent VIII, réunirent à
la Couronne la grande Maîrrife de l'Ordre de Cala-
trava , dont les Rois d'Efpagne fe qualifient Admi-
niftrateurs perpétuels. Les Chevaliers portent fur l'ef-
romac une croix de gueule fleurdelifée de finople ,
acoftée en pointe de deux entraves ou menotes d'azur,
La règle qui leur fut donnée par l'Abbé de Cî-
teaux , étoit celle de Cîteaux , quand ils n'étoient
point en campagne, le vivre , le filence , les jeiines ,
les macérations du corps, les veilles, l'oraifon , la
pfalmodie , «S-c. Leur habit fut aullî le même que
celui des Moines de Cîteaux , mais accommodé aux
exercices & à la vie militaire. Ils avoient le fcapu-
laire , & un capuce ; mais qu'ils ne mettoient point
en tête. Ils prétendirent dans la fuiçe que ce captacc
CAL
ne les diftingiioit poinr afllz , & Etrioît XIII ,
l'anti-Papc , la troilicme année de ion prétendu
Ponri/icat , leur permit de le quitter , & de porter
à la place une croix. Manrique , qui rapporte ceci ,
Cifierc. Ami. T.II^è. l'an 1 1 58 , c. 2 , /^^ 7 , ajoute
qu'on ne peut douter qu'à railbn de leurs cxcrciccii ,
on n'eut accourci leur habit , &: qu'après même
qu'on leur eîît permis dans la iliitc de prendre
l'habit léculier , on leur ordonna de le porter de
même ctoife & de même couleur qu'auparavant,
L'Abbé Juftiniani , dans ion Tome I , c. ij , p, 590 ,
traite fort au long de cet Ordre , & indique à l'on
ordinaire les Auteurs qui en ont écrit. François de
Rades , Chevalier de Ca/atrava , a fait THiltoire
des Ordres de S. Jacques , de Ca/atrava & d'Al-
cantara, aulfi-bien que François Charles de Torrès -,
& Jérôme Maicaregnas a écrit une apologie pour
cet Ordre.
On juge aifément pat ce qui «vient d'être dit ,
que cet Ordre a tiré ion nom de la ville , pour
la défenfe de laquelle il s'établit , &c dans laquelle
il commença. Foye^ Mariana , Hiji. d'EJf. Liv. XI ,
c. 6 , &c Manrique , HiJi. de Citeaux , Torin II , à
l'an 1 1 5 8 , c. 1 , 1 , 6'c.
t^ CALAVONou CALAON. Petite rivière de Fran-
ce dans la Provence. Elle a la Iburce au diocèié de
Sifteron , pallè à Apt , coupe le diocèle de Cavail-
lon , & Ce jette dans la Durance.
^ CALAZZOPHILACES. i". m. Certains Prêtres
parmi les Grecs, dont les fondions étoient de prendre
garde aux grêles & aux tempêtes , pour les détourner
par le lacrifice d'un agneau ou d'un poulet. Si ces ani-
maux leur manquoient , ou s'ils n'en tiroicnt qu'un
• mauvais augure , ils le découpoient le doigt avec un
canif ou une efpèce de poinçon , croyant ou voulant
faire croire qu'ils appailéroient lesDieuxparl'effulîon
de leur propre iang.Ils avoient été inflitués par Cléon,
comme le remarque Gerald au Liv. des Dieux des
Fayens. Ce mor vient du grec x;«a«|« , grêle , & de
çiv?Ma-a-a , j'oblérve. On tiouve dans l'Hiftoire bien
des exemples de femblables charlatans. Foye^ Baal
gc Bellonaif-Es.
|}3"CALB. Ville d'Allemagne , dans la vieille Marche
de Brandebourg, entre Domitz & Magdcbourg.
Ip- CALBA. Ville d'Alie , dans le Turqueftan, vers
l'embouchure de la rivière de Tachofca.
fp- CALBOTIN. r, m. Terme de Cordonnier. Foyei
Calebotin.
§Cr CALCAIRE, adj. de t. g. qui concerne la chaux.
Calcarius. On appelle pierres &: terres calcaires ,
celles que l'aélion du feu peut changer en chaux-vive ,
& qui fe diUblvent pat les acides. Telles font la
craie , le marbre , la pierre à chaux, les coquilles,
les ftalaélites caicinables, ùc.
CALCAMAR. f. m. Oifcau du Bréfd. Calcamarus. Il
eft de la groHêur d'un pigeon. Il nage fur la mer ,
& ne vole point. Ces fortes d'oiléaux vont en
tioupes.
CALCANEUM. f. m. Terme d'Anatomie. C'eft le
fécond os du tarfe , & le plus grand de tous. Il
empêche que le corps ne tombe en arrière , étant
fitué à la pattie poftérieure du pied. Quelques-uns
l'appellent l'os de P éperon. \\ vient du Latin c^ïcrt-
neum. C'eft à lui que s'infère le tendon d'Achille.
CALCANTHUM. f. m. C'eft le vitriol rubifié , félon
le fameux Droguifte Pomet.
Ip- CALCAR. Ville d'Allemagne , dans le cercle de
Weftphalie , au Duché de Cleves , fur le ruiifeau
de Men.
ÇC? CALCEDOINE. Ville. On prononce ainfi , &
l'on écrit Chalceuoine. Fo^c^ ce mot.
§3° Calcédoine, f. f. Pierre. L'Académie écrit ainfi
Foye^ aufll ChaicÉdoine.
CALCET. f m. Terme de Marine. Aflemblage de
planches élevées &: clouées fur le haut des arbre-;
d'un^i galère, & qui fert à renfermer les poulies de
bronze qui font deftinées au mouvement des an-
tennes. Carchcfium.
CALCHAQUIN , INE. f. Nom d'un peupc de l'A-
C A L
i^y
mcilque méridionale. Cakhaquinus ^ <z. Il y a dans
l'Amérique méridionale deux vallées qui portent le
nom des Calchaquius , & habitées toutes deux par
un peuple de ce nom, foit que ce Ibit le même,
divifé en deux parties , foit que ce foient deux
peuplis diflcrens du même nom. La première vallée
Cakkaquine eft lituée dans les Andes , montagnes
qui bornent le Pérou &: le Chili du coté du le-
vant, & elle en eft bornée prefque des deux côtés.
Elle s'étend 50 lieues du nord au léptentrion , &
n'a que forr peu de largeur. Elle aboutit d'un
côté vers Saltée , & de l'autre vers Londres ( Lon-
dinum ) petites villes du Tucuman. On a cru avoir
bien des railbns de dire que les Calchaquins , hab>
tans de cette vallée, étoient originairement Juifs.
Les principales font que , lorfque les Efpagnols ar-
rivèrent chez ce peuple , ils trouvèrent bien des
Calchaquins qui pottoient les noms de David & de
Salomon. Que les vieillards difoient qu'autrefois
leurs ancêtres avoient la circoncifion. Que quand un
frère étoit mort fans enfans , fon frère lui en don-
noit en prenant fa veuve , comme chez les J uifs.
Qu'ils portent une robe traînante jufqu'à terre , Sc
liée d'une ceinture comme les Juifs. Que Jofeph
Acofta rapporte que bien des gens croyoient que
les Américains étoient Ibrtis des Juifs, Que toute
la natioisi des Calchaquins , auiiî-bien que la nation
Juive, eft trcs-luperftitieulé, qu'ils adorent les atbres
ornés de plumes ; de forte que l'on peut dite d'eux,
ce que l'on dilbit de la Synagogue : Fous vous prof'
ternie^^fous tous les arbres feuillus. Qu'ils font des
monumens à leuis ancêtres de monceaux de pierres
qu'ils honorent. Quoiqu'il en foit, li ces peuples
ont été Juifs , ils avoient beaucoup changé. Ils ado-
roient le Ibleil pour première divinité, & le ton-
nerre 6c l'éclair pour divinités lécondaires. Ils avoient
des Magiciens pour Médecins &: pour Prêtres. Ces
Magiciens vivoient dans des efpèces de chapelles fé-
patées des cabanes des autres : là ils confultoient le
démon, ou failbient lémblant de le confulter. Toutes
leurs cérémonies ou allémblées font pleines des plus
grandes fureurs , telles qu'on en peut attendra
de gens toujours ivres ; jamais ils n'en font plus
ttanfportés que dans les funérailles de leurs morrs.
Tous les parens & amis d'un malade courent à
fa cabane , & y boivent tant que la maladie date.
Ils enrourent le lit du malade d'une infinité de
flèches , qu'ils fichent en terre , afin que la mort
n'ofe pas s'approcher. Quand le malade eft mort ,
ils fe lamentent en criant de toutes leurs forces.
Ils placent le cadavre fur un fiège , ^ mettent de-
vant lui toutes fortes de mets & du vin , comme
s'il devoit manger & boire \ ils allument des feux
& jettent dedans , au lieu d'encens, je ne fais quels
morceaux de bois ou branches d'arbres. Pour exciter
la pitié des affiftans ', les hommes & les femmes
montrent toutes les .choies qui ont été à l'ufage
du mort. Pendant ce temps-là , d'autres en danfant
& en lautillant, portent des viandes à la bouche
du mort , comme s'il devoit les prendre , &; les
mangent eux-mêmes. Ces cérémonies infenfées du-
rent huit jours; après quoi ils mettent le corps en
terre , & avec lui , fes chiens , lés chevaux , tous fes
meubles , & des habits que fes amis lui offrent. En-
fuite ils briilent la cabane du défunt , pour que la
mort n'y revienne plus. Après un an de deuil, ils
célèbrent l'anniverfaire de la même manière ; &
pour ne point faire de faute contre cer extrava-
gant cérémonial , ils ont un maître des cérémonies.
Ils croienr que perlbnne ne meurt de morr naru-
relle , mais toujours de mort violente : de-là foup-
çons , inimitiés , combats perpétuels entr'eux. Ils
croienr que les âmes des morts fe changent en af-
tres , & en aftres d'autant plus brillans , qu'ils ont
été plus illuftres pendant leur vie, ou par leur rang ,
ou par leurs adlions. Ils ont des fêtes, & ces jours-là
ils fe couronnent de plumes de différentes couleuts.
Ils ont des cheveux qui leur pendent juiqu'à la cein-
ture , qu'ils trclfent , &: qu'ils nouent comme des
j66
CAL
femme;. Ih portent des brailarts d'argent ou de cui-
vre, qui leur couvrent les bras julqu'au coude, qui leur
fervent à tirer l'arc , ^: font auili pour eux un orne-
ment. Les principaux de la nation ont un cercle d'ar-
trent ou de cuivre , ils y parlent un diadème &
.s'en ceignent le front. Ils fe dctruifenr eux-mêmes
par de continuelles dilfentions. Ce font les femmes
qui font la paix. Ces barbares accordent tout à un
fcxe qui les a alaités &: nourris. Hijtoire Parag.
Liv. $ , c. 1^.
L'autre vallée des Ccilcha<]uins commence vers
la ville de Sainte Foi , du côte qu'elle regarde le
Paraguay -, elle s'étend julqu'au Beuve de la Plata ,
&: a^en ce fens loo lieues de long. Elle eft habitée
par les plus cruels de tous \zs\\ommcs.l h id. Liv. j^,c.i.
CALCHAS. f. m. Surnommé Theftorides , c'eft-à-
dire, fils de Theflor , qui fut un des Argonautes,
paflbit pour le plus éclairé des devins de fon temps.
Il fcavoit , dit Homère , le préfent , le paife &
l'avenir ■■, &c .à caufe des grandes connoilfances dont
Apollon l'avoit favoriiV , il avoir été choiii pour
conduire .à Troye les vaillcaux grecs. Calchas étoit
dans l'armée des Grecs, en qualité de grand Prê-
tre & de Devin : comme grand Prêtre , il oifroit
les facrificcs , & on le confultoit comme Devin.
1^ Le Deftin avoit réglé que Calchas mourroit quand
il trouvcroit un Devin plus habile que lui -, ce
qui s'accomplit dans la ville de Colophon,où il
trouva le Devin Moplas.
Ip" CALCINABLE. adj. de t. g. Qui peut être cal-
ciné , réduit dans l'état de chaux par la violence
dutcu. Les matières terreufes ou lapidifîques, que
les cfprits acides dilîblvent far le champ avec cha-
leur & ébuUition , font ordinairement calculables :
celles fur Icfquelles ces efprits ne font aucune
imprelfion , font vitrifiablcs.
fcALCîNATION. f. f. Action par laquelle on réduit
en chaux & en poudre tres-fubtile les métaux , les
minéraux , avec un feu violent. Réfolution d'un
mixte en poudre par le moyen du feu , ou de
quelque autre chofe de corrofif, comme le mer-
cure, l'eau forte , &c. Calcinatio , exnjiio reime-
tallicœ. La calcination acliidU fe fait feulement
par le feu. La potentielle fe fait par le moyen des
efprits corrofifs, qui les pénétrent &: les dilîblvent,
comme l'argent &: l'or , par les eaux fortes &c l'eau
régale -, & cette calcination eft appelée immerjive.
Quand on a pendu des cornes , des os , de la
corne du pied des chevaux , &: autres chofes
femblables au-defllis d'une eau bouillante , ou de
quelqu'autre liqueur , & que ces corps ont perdu
leur mucilage , c'eft-à-dire , toute la matière grallé
& onélueuic qu'ils avoient, & qu'ils peuvent être
aifément pulvérifés , quelques Chimiftes appellent
cela calcination philofophique. Harris.
Ce mot vient du Latin calx , qui vient du Grec
;éâ;>i,| , qui , félon le Gloflairc grec - latin , lignifie
pierre, ciment.
13° La calcination des métaux imparfaits, expofée
au feu , eft de la féconde efpèce. Ils font décom-
pofés, ils perdent leur forme métallique, parce
que le feu les dépouille de leur phlogiftiquc. La
première calcination fe fait donc par l'évaporation
des parties volatiles \ &; la féconde par la deftruc-
tion du principe inflammable.
CALCINER, V. a. Terme de Chimie. Réduire les
métaux ou les minéraux en chaux , ou poudre très-
fubtile , par le moyen du feu. Torrere , exurere ,
in calcern redigere. L'or fe calcine au feu du réver-
bère avec le mercure & le fel ammoniac -, l'ar-
gent avec le fel commun 6c le fel alkali , le
cuivre avec le fel & le foufre ; le fer avec le fel
ammoniac & le vinaigre -, l'étain avec l'antimoine -,
le plomb avec le foufre ; le mercure avec l'eau
forte -, il fe calcine aulTi tout feul par le feu. Tous
les autres minéraux fe calcinent au feu fans addi-
tion d'aucune drogue. On calcine les pierres à
fufil, le criftal & le caillou, en les faifant rougir
au feu , & les jetant alors dans l'eau froide , ou
CAL
dans du vinaigre. Car après qu'on a fait cela quatre
ou cinq fois, ces corps deviennent friables, fie fe
réduifcnt aifément en poudre. Harris. Le vitriol
le calcine audi en le mettant fur fe feu dans un
vafe de terre : il s'y dilfout d'abord en une efpèce
d'eau -, puis quand il a bouilli juiqu'à ce que toute
l'humidité foit confuméc , ou qu'il foit réduit en
une malle grifâtre , alors on l'appelle vitriol cal-
ciné jul'qu'A la blancheur. Enfuitc ii on le laillé long-
temps fur un feu violent, il rougit: on le nomme
Colcothar. Idem.
^fT On calcine les corps , ou pour leur enlever
quelques fubftanccs volatiles , ou pour détruire
leur principe inflammable. La calcination des pierres
& terres calcaires expofécs au feu pour les con-
vertir en chaux , eft de la première efpèce. Ces
terres ne fe calcinent que parce que le feu les dé-
pouille du principe aqueux qu'elles contiennent.
Il en eft de Qicme du gypfe , de l'alun , du bo-
rax fie de plulîeurs autres fels. Les minéraux font aullî
dépouillés , par l'action du feu , des parties ful-
fureuics , arfénicales & autres matières volatiles
qu'ils contiennent.
CALCINÉ, ÉE. part. pafT & adj. Tojltis , exujlus.
CALCIS. f.m. Faucon de nuit. Bclon , après Ariftote,
rapporte que cet oifeau ne vole que de nuit ,
ayant la vue trop foible le Jour. Il a guerre per-
péruclle avec l'Aigle , & on les trouve quelquefois
attachés par leurs ferres. Il fair fon nid dans des
lieux remplis de rochers , où il y a des cavernes ,
& ne pond que deux œufs. Il ne quitte guère les
montagnes &c les lieux déferts où il fait fon nid.
Il a le champ de fon pennage noir , & eft de la
taille d'un faucon. Les Ioniens l'appcloient Cy-
mindis ou Cybendis ; on le nommoit aufli Ptinx.
Homère en fair mention dans fon Iliade. Il porte un
collier de plumes fous la gorge, de même que le
hibou. Dans les hautes montagnes du Dauphiné ,
il fe trouve un oifeau de nuit que les habitans du
Pays appellent Arpens , qui fait fon nid dans des
pays de montagnes efcarpées , dans les ouvertures
des rochers. Il pouroit bien être de cette efpèce,
CALÇON. Voyei Caleçon.
CALCUL, f. m. Supputation de plufieurs fommes
ajoutées , ibuftraires , mulripliées , ou divifces.
Computatio. L'erreur de calcul ne fe couvre jamais
ni par arrêrs , ni par tranfaélions ; c'eft-à-dire
qu'on eft toujours en droit de revenir contre l'erreur
de calcul. Quand on arrête un compte , on fous-
entend toujours fauf erreur de calcul.
Calcul fe dit auffi des fupputations qui fe fonr en
Aftronomic & en Géométrie. Snpputatio. Il faut
un long calcul pour faire des Tables Aftronomi-
ques , des Ephémérides , des Logarithmes , des
Sinus & Tangentes.
Dans la nouvelle Géométrie , il y a le calcul
différentiel , & le calcul intégral. Calculus differen-
tialis , calculus integralis. Le calcul différentiel ,
eft la méthode de différentier les quantités ou
grandeurs ; c'eft-à-dire , la méthode de trouver
une quantité infiniment petite, qui prife une infî-
niré de fois , égale une quantité ou grandeur don-
née. Ce que nous appelons diiférences , les Anglois
l'appcllenr fluxions. Le calcul intégral , eft la ma-
nière de former les différences , c'eft-à-dire , la
fomme ou la grandeur égale à une infiniment pe-
tite donnée , prife une infinité de fois. Les Anglois
l'appellent la méthode inverfe des fluxions. Dans
la nouvelle Géomérrie , on conçoit que toutes les
grandeurs finies fe réfolvenr en grandeurs infîni-
menr petites , qui en font les clémens , ou les dif-
férences. On appelle calcul différentiel , l'art de
trouver ces grandeurs infiniment perites, d'opérer
fur elles , & de découvrir par leur moyen d'au-
tres i^randeurs finies \ car ce qui rend la connoif-
fance des infinim?ns petits fi utile & fi féconde,
c'eft qu'ils ont entr'eux des rapports , que n'ont pas
les grandeurs finies, dont ils font les infiniment
petits, bc que pat ces mêmes rapports ils condui-'
i
CAL
fent à décîouvrir d'autres finis. Par exèttipîe > dans
une coiu'be quelle qu'elle Ibit , les dilîcrences in-
finiment petites de l'ordonnée & de l'abicifle , ont
entre-elles le rapport , non de l'ordonnée 8c de l'ab-
cifîe , mais de l'ordonnée &c de la Ibutangente •, & par
eonfcquent l'abfciire & l'ordonnée feules connues,
donnent la Ibutangente inconnue , ou ce qui re-
vient au même , la tangente , pourvu qu'on paflê
parles infiniment petits.
(fT En rebrouflant chemin , il faudroit que là tan-
gente ou Ibutangente menue d'une courbe incon-
nue donnât les infiniment petits de l'abfcifTe & de
l'ordonnée » qui l'ont produite , & par eonfcquent
l'abfcifle & l'ordonnée, qui font des grandeurs finies
dont le rapport fait toute l'elfence de la courbe.
Cet art de retrouver par les grandeurs infiniment
petites les grandeurs finies, à qui elles appartien-
nent, eft ce qui s'zppelle le Ca/cu/ intégrai.
Le calcul diffcremiel defcend du fini à l'infini-
ment petit , & le calcul intégral remonte de l'in-
finimeat petit au fini. L'un , pour ainfi dire , dé-
compofe une grandeur , & l'aurre la rétablit -, mais
ce que l'un a décompofé , l'autre ne le rétablit
pas toujours , & par eonfcquent l'intégral ell im-
parfait & borné , du moins jufqu'à pféfertt. S'il
celîbit de l'être , la Géométrie feroit arrivée à fa
dernière perfedlion.
Des qu'il s'agit de mcfurer une furfàie , c'efi:
au calcul intégral à le faire. La bafe d'un pa-
rallélogramme multipliée par Télérnent infinimenr
petit de fa hauteur , fait Un parallélogramme in-
finiment petit , qui eft l'éiémënt du parallélogramme
fini , & qui eft répété une infinité de fois , c'eft-
à-dire , autant de fois qu'il y a de points dans la
hauteur du paranélogrâiTim& fihi. Pour avoir ce pa-
rallélogramme fini par le moyen de fon élément,
il le faut donc multiplier par cette hauteur, &
c'eft-là le calcul intcgral , qui remonte de l'infini-
iriejit petit au fini -, & quand il s'agit de furfiices
terminées ou entièrement ou en^iartie par des cour-
bes , cette méthode devient nécelfaire , ou du moins
préférable à tonte autre.
Que l'on compare dans une parabole , par exem-'
pie, l'efpace renfermé entre deux ordonnées infi-
ment proches , une portion infiniment petite de
l'axe , & un arc infiniment petit de la courbe , il
eft certain que cette futface infiniment petite , n'eft
pas un parallélogramme , car les deux ordonnées
parallèles qui la terminent chacune de fon côté ,
ne font pas égales , &; l'arc de la Courbe oppofc
à la petite portion de l'axe ne lui eft k plus fou-
vent ni égal ni parallèle. Cependant par les prin-
cipes de fa nouvelle Géométrie cette furface qui
Ji'eft pas un parallélogramme , peut en toute ri-
gueur géortétnque , être traitée comme fi elle en
croit un , parce qu'elle eft infiniment petite , &
par conléqueM pour la mefurer , il n'y a qu'à mul-
tiplier une ordonnée de la parabole , paï la portion
de l'axe infiniment petite qui lui répond. Voilà l'élé-
ment de la furface de cette parabole. Cet élément de-
venu infiniment grand par le calcul intégral , ou ce
qui eft la même chofe , changé en une grandeur
finie , eft la furface entière parabolique.
La Géométrie nouvelle emploie la même chofe
pour les folides. Une futface à laquelle on donne
une hauteur infiniment petite, eft l'élément d'un
folide , & cet élément fe transforme en ce fo-
lide même par le calcul intégral.
Les centres de pefanteur , de percuiîîon & d'of-
cillation , qui font une partie des plus difficiles
queftions de la Géométrie , fe peuvent rapporter
à cette même méthode , 5: y deviennent des quef-
tions plus aifces.
M. le Marquis de l'Hôpital a traité du calcul
différentiel dzns fon Analyfe des infiniment petits ,
& M. Carré , du Calcul intégral dans fa Méthode
pour la mefurc des furfaces.
On dit proverbialement , qu'un homme fe trompe
en fon calcul, quand il fe trompe fur l'objet dont
C AL 1^7
îi eft queftion . quand il raifonne fur des principes
ou des fuppofitions làuflcs.
Le mot calcul vient du latin calctllus i une piéïif e »
^arce que les anciens fe fervoient de petits cailloux }
au lieu de jetons , pour faire leurs fupputations eii
Alhonomie & en Géométrie. Les Rois de Lacé-
dcmone donnoient leurs fuffrages avec deux petites
pierres : & les Romains rnarquoient les jours heu-
reux d'une pierre blanche > & les malheureux
d'une pierre rtoire. D'où vient rexpreillon d'Ho-
race , Mes albo notanda lapillo , &: l'eXpreffion fi
ordinaire aux latins , calcula comprohare ■■, donner
fon fuffrage. Antiq. Grecq. & Rom,
Calcul, en termes de Médecine, c'eft la maladie
de la pierre dans la veflîe , ou dans les reins. Cal-
culus. Le calcul eft une maladie qui vient de ce
que nous avons des carrières dans nos corps , dont
les matériaux font bien plus propres à détruire le
bâtiment naturel qu'à l'entretenir. Trésor de la
PRAT. DÉ MÉdEC.
Calcul > fe prend auiïî pour la pierre qui fe fotmé
dans nos corps. Le calcul eft un corps folide &
dur, coagulé en forme dé pierre , d'une humeur
terreftre & faline , caufant de la ftupeut , des ob-
ftrudiions & des diftentions. Il n'y a point de par-
tie dans notre corps où il ne fe puiffe engendrer :
car la tête , la langue , le poumon , le cœur , l'ef-
tomac , le foie , la véficule du fiel , les inteftins ,
le méfentère & la inatrice , n'en font pas exemts -,
néanmoins quand on parle du calcul , on entend
par antonomafe , celui de la veffie ou des reins ,
à caufe qu'il s'engendre plus fouvent en ces parties-
là qu'ailleurs. Les caufes du calcul {ont la crapule,
les crudités , les agitations du corps à contre-temps ,
furtout après le repas , Se celles où l'on a le dos
courbé ; les alimens groiïiers , le vin vert , noir ,
grolfier , le vin nouveau , la bierre nouvelle Sc
mal dépurée , aller à cheval , La danfe , la débau-
che avec les femmes , enfin , une difpofirion na-
turelle qu'on apporte en nai/Tant, 5c qui eft comme
héréditaire.
Les fignes du calcul des reins font une douleur
fixe dans les lombes , l'urine crue , ténue 8c aqueufe ,
& quelquefois teinte de fang , l'engourdiifement
de la jambe qui eft du côté du rein où eft le calcul t
la naufée & le dégoût pour tous les alimens , &Ci
Les fignes du calcul dans la veffie font l'éjedlion
fréquente , ou la fupprelTion de l'urine , le ténefme ,
la douleur tout le long de l'uretère , le fédim.cnt
fabuleux dans l'urine , ùc.
Il y i une infiniré de remèdes pour le calcul.
Le plus efficace eft la lithotomie , ou extraélion
du calcul par incifion : cette opérarion fe pratique
aujourd'hui avec beaucoup de fuccès par les Chi-
rurgiens François. Koye^ Degori dans le Tréforde
la pratique de Médecine-, & les Auteurs qu'il cite,
Jcan-B. Montanus, Félix Platerus, Horatius Auge-
nius, Pierre Foreftus , JeanCrato, Martin Acacia,
Hiérôme Donzelius , Doniin. Panaroile, Hippo-*
crate , Reiner Solimander , Jean Zecchius , Car-
dan , Jule Scaliger, Avenzoar , Zacutus , Jean
HoUet , Jean Hclmont , Lazare Rivière , Jean Hart-
man , Volfang Hocfet , Paul Barbette , Frédéric
Deckers , Barthelemi Montagnana , Guillaume Fa-
brice Hildanus , Jean Ptevôr Médecin de Padouc ,
Robert Boyle , Daniel Sennert , Pierre Borel , le
Journal des Savans de 1^70 , Obferv. lo-j ,p. 145 ,
êc Obf. 115, p, i77 , & de l'an \6-jt. Bernard Stie-
berg , Greg. Horftius , Thomas Eraftus, Jean Wie-
rus, Othon Heurnius, &c. Foye^ auffi M. Dionis
dans fon Anatomie , & dans fon Traité des Opéra-
tions , &c.
Si le calcul eft dans la velîîe, on l'appelle li-
thiafis ; s'il eft dans les reins , on l'appelle néphré-
tique.
Le mot calcul vient du latin calculus.
Ce qu'on appelle cd/c«/ en Médecine , s'appelle
pierre dans l'ufage ordinaire.
CALCULABLE, adj. Terme d'Aritlimctique. Qui fe
i^S
CAL
peut calculer. Le ftottcmertt de toutes les parties
d'une machine compolce eft cdculabk. Bremond,
CALCULATEUR. T. m. Celui qui calcule. Ratio-
ciriafor, ca/culator , comf ucator. AdxicnXizq cton
un crand calculateur. Origan, Kepler, Ar-olus ,
ont'été de grands calculateurs. Robert de Suifet
a été lurnommé le calculateur , & a ete mis par
Cardan au nombre des douze Auteurs les plus fub-
tils qui aient jamais etc.
fer On donnoit chez les Romanis le nom de cal-
culatcur aux maures de condition libre qui appre-
noient aux cnfans à compter avec des jetons , cal-
culi, & ils appcloient calculones les elclaves^ou
les nouveaux alftanchis qui exercoient la même
CArCULER. V. a. Supputer. #3" Appliquer les ré-
gies de l'arithmétique ou de l'algèbre , ou les unes
te les autres , à la détermination de quelque quan-
tité. Computare , fupputarc. Il a calculé toutes les
fommes qui lui Ibnt dues fur fon regiftre Les Al-
tronomes calculent les Eclipfes , & predilent au
jufte celles ,qui arriveront.
CALCULÉ , EE. part.
ir? On le dit abfolument. Cet homme calcule beau-
coup, Il calcule Julie , il fait calculer.
CALCULEUX. 1". m. Calculojus. Qui a le calcul ,
qui eft tourmenté de la gravelle , de la pierre. Les
Calculeux , dit Pline , doivent s'abftemr des eaux
métalliques. Pline s'eft trompé là aufh-bicn qu ail-
leurs , quand il s'cft mêle du métier d'autrui. Gui
Patin. Ce mot n'eft pas d'ufage.
Calculeux , euse. adj. Pierreux , graveleux. Rien
n'eft li commun chez les Médecins , tant anciens
que modernes , qui ont écrit de la pierre du rein
ou de la veffie, que le mot de concrétion calcu-
leufe. Concretio calculofa , concretwnes calculojœ ,
lit-on en cent endroits de leurs ouvrages. Journ.
DES Skv. Août 175 1. w ^ 77 •
CALDERINO. Montagne d'Efpagnc. Mons Lalderi-
nus. Le Comte Julien ayant réfolu d'introduite
les Maures en Elpagne pour venger l'affront que
Rodrigue , dernier Roi des Goths , avcSit fait a
fa fille Caba , il aflembla fes amis fur une monta-
gne appelée depuis d'un mot Arabe , la montagne
AzCalderino, c'eft-à-dire , la montagne de la Tra-
hifon, parce que ce fut là , en effet , que fut tra-
mée la plus honteufe trahifon qui fût jamais. P.
d'Orléans. ■ r t
Ce mot vient de l'Arabe -ny në,adat , qui figrtifie
trahir. Ngaddar , trahifon. De là changeant le pie-
mier^, en / pour adoucir la prononciation, on
a fait n^aldar , caldar.
jrr CALDERON. f. m. PoifTon ptefque auffi gros
que la Baleine , dont il a la peau , la graifle , la
chair & les dents. C'eit une elpcce de Souffleur.
CALE. f. f. Terme de Marine. C'eft le lieu le plus
bas du vaifléau , la partie qui entte dans l'eau fous
le franc tillac , & qui eft dans un bâtiment de
mer , ce qu'eft la cave dans un bâtiment de terre.
■ Elle s'étend de poupe en proue. Injimum navis
tahdatum. |p= Cette partie du vaiffeau eft divifee
en plulîeurs autres parties , cù l'on renferme les
poudres, le bifcuit , les voiles, les cables , les
futailles , &c. Ces différentes cales s'appellent joutes
ou fofles , &: prennent leur dénomination des chofes
qu'elles renferment. Joute au pain, ;o^/^ aux pou-
dres , cale à l'eau , fofe aux cables , &c. Quand
on combat , on enfetme les Efclaves , les gens fuf-
peéls , fous le tillac , à fond de cale.
Cale eft auifi l'adion par laquelle on plonge quel-
qu'un dans l'eau, humerfio. Ce fut autrefois un
paffe-temps dont ufoient les Goths par forme d'exer-
cice , comme ledit Olaus Magnus -, mais c'a été un
fupplic; chez les Celtes Se les François. Les Alle-
mands l'ont pratique contte les infâmes & les fai-
néans , au raoport de Tacite. A Marfeille & à
Bourdeaux les hommes & les femmes^de mauvaife
rie font condamnés à la cale , ou à être baignes :
CAL
& pour cela on les enferme nus en chemife dans
une cage de fer amarrée à la vergue ou au palan
d'une chaloupe , &; calée plufieurs fois dans la ri-
vière. On en fait autant à Touloufe aux blafphé-
mateurs : & à Marfeille , c'eft auill un fupplice j ou
plutôt un châtiment de gens de mer. On les atta-
che à une corde , & on les jette dans la mer di
haut de la vergue du grand mât : ce qui fe fait
une ou plufieurs fois fuivant la qualité de la faute.
Quelquefois on leur attache un boulet de canoh
aux pieds , pour rendre la chute plus rapide , &
le ilippJice plus rude. On appelle la cale feche ,
lorfque le patient eft fufpendu à une corde racour-
cie qui ne defcend qu'à cinq ou fix pieds de la
furiace de la mer ou de la terre : c'eft une efpèce
d'eftrapade. Ce châtiment eft rendu public par un
coup de canon qu'on tire , pour avertir ceux de
l'efcadre ou de la flotte d'en être fpeétateurs.
La grande cale , ou la cale par-de'ffous la quille ,
eft une Ibrte de fupplice en ufage parmi les Hol-
landois. On attache le coupable à une corde par
le milieu du corps, puis on le jette à la mer ; alors
quelques matelots des plus forts , qui font de l'autre
côté du vaiifeau , tirent promptement la corde qui
eft paffée par-delfous la quille, & font ainfipaiTer
fous le vai/leau le coupable qui eft attaché à la
même corde. La grande cale eft un fupplice rude
&: dangereux.
Du Gange dit qu'on à appelé cela dans la bafle
Latinité accabuQ'a.re , & qu'il vient du mot gafcon
cahujfa , lignifiant faire la culbute, fe jeter Litote
la première.
Cale eft auffi un abri ou rade qu'on trouve fur la
rôte derrière quelque terrain éminent , qui peut
mettre de petits bâtimens à couvert des vents &
des flots. Apricce. fauces , promontorium. On l'ap-
pelle autrement calangue. Ce mot n'eft en ufage
que fur la Méditerranée.
Cale eft aufTi une efpèce de talus fur le bord de
la mer, enforte qu'on y monte facilement, pour
tirer les vaiffeaux à terre quand il eft queftion de
les radouber. Acdivitas , declivitas. ^
Cale fe dit encore d'un plomb qui fercà la pêche de k
morue , pour faire enfoncer l'hameçon au fond de
l'eau. Bolis,
Cale eft auffî une' efpèce de coiffâire de femme, un
bonnet plat par enhaut , qui vient couvrir les oreilles.
Se eft échancré par-devant avec une petite bordure
de velours. Toutes les Servantes de Brie portent
des cales. Calantica.
Cale eft auffi un bonnet d'homme fait en rond
& plat , qui couvte feulement le haut de la tête.
P iléus. Tous les Clercs portoient autrefois la ca/^,
& ils le font encote aujourd'hui à la chambre des
Comptes. Les Bedeaux , les Pâtiffiers , les petits
Laquais , quelques gatçons de métiers portent des
cales. Voiture avoir aimé depuis le fceptre jufqu'à
la houlette , & depuis la couronne jufqu'à la cale,
Saras.
Bord dérive ce mot à'écaille, auffî-bien que celui
de calotte.
Cale , chez les Artifans , eft une pièce de bois ou
d'autre matière , en forme de petit coin ^ qu'on met
entte deux pierres , ou deux pièces de bois, pour
les ferrer & prefTer. Affula. .
^ On appelle plus communément cale , un mor-
ceau de bois plat , ou d'autre matière , qu'on met
fous une table ou fous quelqu' autre chofe , pour
la mertre de niveau.
^ Les Vocabuliftes difent élégamment , morceau
de bois plat qu'on place deflbus une pierre , une
poutre , &c.
ip- CALEB. Contrée de la Paleftine , dans la Tri-
bu de Tuda.
CALERAS ou CALBAS , CARGUEBAS ou CAR-
QUEBAS. f. m. Terme de Marine. C'eft un cordage
qu'on amarre par un bout au racage de l'un des pac-
fis , & par l'autre bout à un arganeau qui eft au pied
du mât-, ce cordage fert à guinder, 5c à amener
les
I
CAL
les vergues de pacfî*: Funis antennàfum erecitvus.
C'efl auHi U0 petit palan dont on fe iert pour rider
le grand ctai.
IJcr Cy^LECHAUBON. Cordage qui appuie les mâts
des hunes & des perroquets fur lefquels il ell:
capelc. Il eft fixé par un bout fur les capmoutons
par des rides ou cordes.
CALEBASSE, f. f. Terme de Botanique, Cucurhita
lagenaria. Prononcez Calbace , plante cucurbitacéc ,
dont la racine eft blanche , branchue , &: périr
toutes les années. Elle jette pluiîeurs tiges ten-
dres , groflcs comme le petit doigt , anguleufes ,
longues de plufieurs brailès , couchées par terre
lorlqu'elles ne trouvent point de corps voifins aux-
quels elles puiiîcnt s'entortiller & s'attacher par
le moyen de leurs vrilles. Les feuilles font alter-
nes, arrondies, d'un demi-pied environ de dia-
mètre , velues , mollafles , d'une odeur puante &:
tenant du mufc , & foutenues par deux queues
longues de cinq à fix pouces. Ses fleurs font blan-
ches , grandes , d'une feule pièce , découpées pro-
fondément fur leurs branches en cinq parties. Ces
fleurs font ou ftériles , ou fertiles : celles-ci ont à
leur partie poftérieure un embryon , qui leur fert
de calice : il devient par la fuite un fruit charnu
fait en forme de bouteille ancienne , c'eft-à-dire ,
formée par deux eipèces de panfe , dont l'infé-
rieure cil: plus groile que la ilipérieure , l'une grjn-
de , l'autre petite. La chair de ces fruits eft blan-
châtre , & contient lix ordres de femences , oblon-
gues , éttoitcs , obtufes par un de leurs bouts. Ces
femences font du nombre de celles qu'on nomme
femences froides. Il y a quelques Provinces où
on appelle ces fruits des cour Us bouteilles ; mais
ce mot n'eft pas François. On appelle la cakbaffc
une gourde.
^3" De la calebajfe des îles d'Amérique , quand elle
eft dans fa maturité , on extrait une liqueur qu'on
regarde comme ipécifique contre les maux de poi-
trine. C'eft ce qu'on appelle lyrop de caUbaJJ'e, On
s'en fert auifi , comme de limonade , pour fe ra-
fraîchir. A^oye^ Calebassier.
Calebasse fe prend le plus fouvent pour le fruit
qui eft de différente grofléur , & qui étant bien
deiféché & vidé de fes femences, peut contenir
du vin ou d'autres liqueurs , & fervir aux voya-
geurs. Les Pèlerins font dépeints avec une calebajfe
attachée à leur bourdon , ou à leur côté. Il mar-
choit le bourdon à la main &: la calebaJJ'e au côté.
BouHOURS. Les Pèlerins , les ibldats , fe lervent de
calebajfes pour porter du vin. Les cakbajj'es fervent
pour apprendre à nager. Ce mot , lélon quelques-uns
eft Arabe.
On dit proverbialement , frauder la calebaffe ,
illudere , fallere , pour dire , tromper fon com-
pagnon j boire ce qui eft dans la calebajfe en fon
abfence.
Calebasse, en termes de jardinage, eft une prune
qui au lieu de grodir , & de conlerver fon vert,
devient large & blanchâtre , & enfin tombe fans
venir à maturité. La Quint. & Liger. Les Jardi-
niers difent , voilà des prunes qui viennent toutes
en calebajfe ; & on fe fert de ce terme , à caufe
que pour lors elles en ont la figure. Liger.
CALEBASSIER. f. m. Cucurbitifera arbor Americana.
Arbre qui croît à la hauteur de nos pommiers ,
& à-peu-près de la même grofléur -, fon rronc eft
torrueux , couvert d'une écorce grife & raboteufe ,
divifé en plufieurs branches compofées d'autres plus
petites , chargées de feuilles pointues, longues d'un
demi-pied fur un pouce de largeur , plus larges
dans le milieu que par l'une ou l'autre de leurs
extrémités , lifTes , glabres , d'un vert clair en def-
fous , & plus obicur en defllis , & qui naiflent
comme par bouquets. Ses fleurs , qui fortent du
tronc ou des branches, font d'une feule pièce,
blanchâtres , en forme de cloche , irrégulières ,
longues d'un pouce & demi fur un pouce de lar-
geur , pointillées fur leur furface , & d'une odeur
Tome JI,
CAL
!
tlcfagléablc. Sa étamifies font blanches , Se le- ca-
lice de la rieur eft vcrdâtre, à deux feuilles atron
dies , du milieu defquclles s'élevc un piftil qui
devient lin fruit femblable aux calcballes & âù
potiron , de différente figure ôc groffeur , compofé
d'une écorce dure & épaifîé , d'une couleur biah-
chârfe , & de femences pareilles à celleâ du coti-
combrc , mais brunes. On nomme communément
ce fruit couic ou calebaffe. C'eft de ce fruit qu'ori
extrait le fyrop decalebaflé. Il y a plufieurs eipèces
de caUbdJjiers dans nos Iles d'Amérique. Maj.gr.
Du Tertre, Rochefort , Plumier.
Cet Arbre fournit la plus grande partie des petits
meubles du ménage des Indiens , & des habitans
étrangers , qui font leur demeure en ces Iles. Les
Chaflcurs des Iles fe lervent de fon fruit pour
étanchcr leur foif , au befoin , & ils _ difent qu'il
a le goût du vin cuit ; mais qu'il reflérre trop le
ventre. Les Indiens poliflént l'ccorce & l'cmaillens
li agréablement avec du roucou , de l'indigo &;
plufieurs autres belles couleurs , que les délicats
peuvent manger & boire fans dégoût dalis les
vaifléaux qu'ils en forment. Il y a auffî des curieux:
qui ne les eftiment vias indignes de tehit place entre
les raretés de leurs cabiners.
CALEBOTIN ou CALBOTIN. f. m. Efpèce de
petit panier fans anfe , en forme de picotcin j ou
un cul de chapeau où les Cordonniers mettent
le fil & les alênes, (^uaflllus j'utorius,
CALÈCHE, f. f. Petit carroife coupé , qui a d'ordirtair;
plufieurs ornemens. Rh.eda minor , pilentum. Il fert
aux jeunes hommes qui veulent marcher en parade.
Ainfi Molière a dit dans les F.àcheux :
Marquis , allons an cours faire voir ma calèche.
Elle ejt bien entendue , &:c.
On appelle auffi calèche , une forte de carrofTe
léger , entouré de mantelets , & dont on fe fert
pour fe promener dans les jardins.
Caleçon. Quelques-uns difenr Calçon > d'autres
Caneton , mais ces derniers parlent mal. C'eft un
vêtement qui couvre les cui/fes , qu'on attache à
la ceinture , & qu'on met fur la chair nue, enfermant
néanmoins dedans le bas de la chemife. Interiord
feminalia , interius fubltgar , fubligaculurn. Il eft
ordinairement de toile \ mais on en fait auffi de
chamois , de taffetas , &c. Il fe faut garder des
femmes qui portent le caleçon -, c'eft à-dire , qui
dominent leurs maris.
On dit auffi des caleçons au pluriel , quoiqu'il
n'y ait qu'un iîmple caleçon.
Ce mot eft tiré du Latin calcedre.
CALECONÏER , f. m. Ouvrier qui fait des caleçons.
On ie dit plus particulièrement de celui qui i'ait
des caleçons de chamois. Les maîtres- Bourliers pren-
nent cette qualité dans leurs Statuts.
CALÉDONIEN , ENNE. f Calédomus , a. Les Hif-
toriens Romains Dion-Caffius & Hérodien , divi-
fent les Ecoflbis en deux- nations principales , à
la première defquclles ils donnent le nom de
Méates , & à la féconde celui de Calédoniens. Quel-
ques Modernes croient que ce font les mêmes que
les Hiftoriens du pays nomment Piétés. Les Calédo-
niens habitoient la partie Septcnttionale de l'E-
colfe. Il y avoit une vafte forêt appelléc Caledor.ia
Jllva , fameufe par la grandeur des ours qu'elle
nourriflbir.
Cambden dérive ce mot de Kaled , ancien nom
Breton, qui iîgnifie dur, & qui vient de iSj, ga-
Ud,(\m fignifie s'endurcir, en Hébreu, en Syria-
que, & en Arabe. Lloyd approuve cette érymo-
logie. Les Calédoniens ètoient des gens durs, grof-
iiers , barbares -, & leur pays , qu'on appeloit Cale-
donia , eft tout hériffé de montagnes. C'eft ce qu'on
appelle aujourd'hui les Provinces de Brai , d'Al-
bain , d'Athol & de Perth. Ils s'étenditent enfuite
au-delà du Tay , & donnèrent aurfi le nom de
Calédonie à ces nouvelles terres qu'ils occupèrent.
Y
I70 CAL
CAtÉDONiEM, ENNt. adj. Qui appartient aux Cilcdo- l
nicns , ou au pays des Calédoniens. CaUJonius , a.
La tbrct Calédonienne. Sylva CaUdoniu. Elle s'ctcn-
doit dans les Provinces de Mendieit , & de Ster-
ling , & coupoit la montagne Grampc, aujourd'hui
Grandzbainc , par la moitié , tirant de l'Ell: à l'O-
rient. Larrey. L'Océan Calédonien , Oceanus Ca-
ledonius , OU DeucaUdonius , c'eft la partie de
l'Océan fcptentrional , qui s'étend depuis les cô-
tes /eptentrionales de l'île de la Grande Bretagne ,
JLifqu'itux côtes méridionales de l'Iflande.
CALEF ACTION, f. f. Terme didaclique. Chaleur
caufée par l'aétion du feu. Calefaclus , iis. On
l'emploie particulièrement en Philolbphie , & en
termes de Pharmacie , où l'on tait différence de la
calefaclion d'avec la coclion. Celle-là le dit des
choïes qu'on chauffe leulemcnt fans les cuire.
0£J- CALEMAR. Foyei Calmar.
|CT Calemar. Poi/lbn. Foye^ Calmar.
CALEMENT. f. m. Calamima. Cette plante cft aro-
matique. Ses racines font vivaces , branchues , che-
velues, &i n'ont prefque point d'odeur ■■, elles don-
nent des tiges carrées , hautes de deux pieds ,
branchues, un peu velues & garnies de feuilles op-
pofccs, longues d'un pouce ou un pouce & demi
fur un peu moins de largeur , légèrement velires ,
dentelées fur leurs bords , d'une odeur forte &
aromatique , & foutenucs par des queues ailcz cour-
tes. De leurs ai/felles fortent des pédicules bran-
chus , terminés par des fleurs purpurines en gueules
divifées en deux lèvres , dont la fupérieure cil: ar-
rondie &; fendue en deux, & l'inférieure cfl: par-
tagée en trois. Chaque fleur a fon calice , qui eft
un tuyau long d'environ quatre à cinq lignes, vert
& dentelé à Ion extrémité. Il contient quatre (emen-
ccs dans fon fond. Ce genre renferme plufieurs ei-
pèces; celle-ci eft nommée par Gafpar Bauhin , Ca-
laminta vulgaris , vel Officinarum Germaniœ. On
peut à fon défaut employer celles des autres eipcces
qui ont une odeur aromatique. Le CaUmént entre
dans la Thériaque.
CALENCAS. f. m. Toile peinte qui vient des Indes
& de Perfe. C'eil la plus eftimcc de toutes les In-
diennes -, aulîî fon nom iîgnifie-t-il faite avec la
plume , pour la diftinguer de celles qui ne font
que amplement imprimées. Il s'en fait un grand
néeoce à Smyrne.
CALENDA. f m. C'eft le nom d'une danfe qui eft
en uiage parmi les Efpagnols de l'Amérique. Les
poftures &; les mouvemens de cette danfe font fi
lafcifs , qu'ils choquent toutes les perlbnncs qui ont
de la pudeui. Elle fe fait au fon du tambour. Une file
d'hommes d'un côré &r une file de femmes de l'autre
viennent à la rencontre les uns des autres, puis re-
culent &: fe rapprochent plufieurs fois , jufqu'à ce
qu'un certain fon de tambour les avertifTe de fe
joindre , ce qu'ils font en le trapant les cuifles les
uns contre les autres , c'eft-à-dire , les hommes con-
tre les femmes , avec une pofture indécente. Il fcm-
ble que ce foit des coups de ventre qu'ils le don-
nent : cependant il n'y a que les cuiifes qui fuppor-
tent ces coups , mais les mouvemens n'en font pas
moins luxurieux. Ce qu'il y a de plus extraordinaire
dans cette danfe, c'eft qu'elle entre jufque dans leurs
dévotions. Le P. Labat qui en fait la defcription ,
dit qu'ils la danfent dans leurs églifes &; à leurs
proceflîons , & que les Religieufes ne manquent
suère de la danlér la nuit de Nccl fur un théâtre
élevé dans leur chœur, vis -à -vis de leur grille,
qui eft ouverte , afin que le peuple ait fa part de la
joie qu'elles témoignent pout la naiflance du Sau-
veur. Il eft vrai qu'elles la danfent entre'elles , &
fans y admettre des hommes ; mais les poftures &: les
mouvemens font toujours les mêmes , & ne peuvent
manquer de réveiller l'idée du plaifir , &: de faire
imnreiric^ fur les Spcdiateurs.
CAT.FNDAIRE. f. m. Efpèce de ver qui ronge le fro-
menr.
Çalendaip.e. f. m. C'eft le nom d'im regiftre qye
CAL
l'on confcrvoit dans les Eglifes , où l'on infcrivo"'!
le nom des bienfaiteurs i^: le jour de leur mort. On
y cnregillroit aulli la mort des Abbés , Prieurs $■;
Religieux. C'eft la même chofe que le Nécrologe.
CALENDER. f. m. Nom d'une efpèce de Derviches, ou
Religieux de Perfe U- de Turquie. C'a/enierwj-. Les
Caknders tirent leur nom de Santon Calendri leur
fondateur. C'eft une feéte d'Epicuriens , plutôt
qu'une fociété de Pveligieux. Ils ne s'adonnent qu'aux
plailirs , ne croyant pas qu'un cabaret foit un lieu
moins faint qu'une mofquce. Comme ils ne Ibnc
pas moins voleurs que débauchés & charlatans, pour
ne les point recevoir dans les mailbns , on a bâti de
petites chapelles proche des mofquées , où on les
oblige de fe retirer. Malgré tous leurs vices , outre \z
nom de Calenàers-, on leur donne encore celui C'CAi-
dallas, c'eft-à-dire, ferviteurs de Dieu. Cartel dit que
ce n'eft qu'en Perfe qu'on leur donne ce beau nom.
f^oye^ d'Herbelot à ce mot, & Vigenère dans fès
Dej'cnpt. des Magifirats & Officier i Turcs ,/7.15,
ou il les reprclcnte comme très-auftcres , au moins
en apparence.
Ce nom "•.nih", Calender-, félon Meiinski, fîgni^e
un Iblitaire , un Moine Mahométan , ou bien un va-
gabond , qui le rafe la barbe & les cheveux. Caftel dit
qu'il lignifie un homme qui renonce au;nariage,à
fà famille , à tout \ Meninski admet encore cette
lignification. Ainli , félon Caftel , il vient de Vp , mis
apparemment pour Vd , tout , & nn:x , quatrième
conjugailbn arabe de m: , dans laquelle il figniiîe
ôter ^ retrancher. Calenier eft celui qui fe retranche
tout, & je ne vois pas où les Auteurs du Morériont
pris que les Caknders ont été appelés Kalande-
rans , parce qu'ils mangent tout ce que leurs Au-
diteurs leur donnent , &: piennent tout l'argent
qu'on leur préfente. Je ne trouve rien dans les lan-
gues orientales qui conduife à cette interprétatioa
ou à cette étymologie.
CALENDES, f f. C'eft ainfi que les Romains nom-
moient le premier jour de chaque mois. Calendx.
On le fert encore aujourd'hui dans la Chancellerie
Romaine de cette façon de compter , & on y date
toutes les provilions des Bénéfices , des Calendes de
Janvier , de Février, quand on les accorde les pre-
miers jours de ces mois-là. C'étoit aux Calendes de
Mars que les Romains avoient coutume de faire
leurs contrats , parce que l'année avoir commencé
par ce jour-là , lorfque les Romains ne donnoient
que dix mois à leur année.
Ce mot eft venu du latin calare , parce que le
jour des Calendes, qn'i étoitle premier jour du mois,
le Pontife publioit à haute voix quel jour feroient
les Nones , ou le cinq ou le fept du mois ; ou plu-
tôt, parce que dans lescommencemens le petit Pon-
tife avoit la charge d'obferver quand le croiifant
de la lune commençoit à paroître , pout l'annoncjt
au peuple , ce qu'ils appeloient calar. Macrob. L.
l,ch. 15 & 16. Ciî/iX/wenoit apparemment du grec
x-x^sa i vùco, qui vient de l'hébreu ''"ip, voix, d'où
s'cft fait en arabe V' , Cala , c'eft-à-dire , parler. Les
Calendes étoient dédiées à Junon , félon Varron.
C'éroit un jour fatal pour les débiteurs , parce que
le rerme des contrats expiroit ce jour-là ; c'eft pour-
quoi Horace les appelle trijies & incommodes. On
les comptoir en rétrogradant, en forte que le i^à^
Décembre croit marqué le 1 9 avant les Calendes de
Janvier, ^oye^ Mois. Pour trouver le quanricme
que nous avons des Calendes , il faut voir quel nom-
bre de jours il rcfte au mois dans lequel on eft , &:
ajourer deux à ce nombre. Par exemple , fi l'on eft
au xi' d'Avril , on eft au i' des Calendes de Mai ,
car Avril a 30 jours ; de 50 , otez x% , refte 8 ; ajou-
tez 1 , refte 10.
Quelques Grecs îgnorans ne voyant pas d'où ve-
noit ce mot , im.aginèrent que fous un des Antonins ,
ils ne difent pas lequel, il y eut une grande famine
à Rome -, que trois hommes , nommés Calendus ,
Nonus & Idus , nourrirent la ville , l'un pendant
dix-hui.t joujs , & l'autre pendant huit, & ie troilicms
CAL
pendant quinze ; qu'en mémoire de ce bienfait , ils
obtinrent qu'on donneroit leur nom à autant de
jours du mois, qu'il y en avoit pendant lefquels cha-
cun d'eux avoit nourri le peuple. Cette table ie
trouve dans Tzetzez , Chil. 11 , Hijt. VI , Kll &
y III, & dans Ballamon , fur le 61'^ canon du VP
Concile. Il eft étonnant que des Giccs ayent donné
dans cette opinion ridicule 5 car long-tems avant
tous les Antonins le taot Culendx ctoit en ufage ,
& ils auroient pu le voir dans Ciceron, dans Ho-
race , dans Ovide , dans Tite-Livc.
On dit proverbialement , renvoyer un homme aux
Calendes grecques^ pour dire, le remettre à un temps
qui ne viendra point , parce que les Calendes n'é-
toient point en ufagc chez les Grecs.
Cai-Endes fe dit quelquefois dans l'Hiftoire-Ecclé-
fiaftique pour les conférences que les Curés & les
Prêtres faifoient au commencement de chaque mois
ilir leurs devoirs. Collaùones Calendisfieri folitœ a
Clericis. Alton de Vcrceil fit un Capitulaire ou inf
trudtion générale à l'on Clergé & à fon peuple ,
diftribuée en cent articles, & tirée principalement
dit Capitulaire de Thcodulphe , Se des Conciles. Il
y recommande les Calendes , c'cft-à-dire , les con-
férences des Curés & des Clercs au commencement
de chaque mois , pour s'inftruire de leurs devoirs :
ce qui femble n'avoir commencé qu'au ficelé pré-
cédent , comme on voit par les Statuts Synodaux de
Riculphe de Solfions. Fl. C'eft-à-dire , au IX' fiècle.
(>CF II y a eu auilî autrefois , principalement en Al-
lemagne , des confréries , dont les membres s'appe-
loient frères des Calendes, parce qu'ils s'affembloient
le premier jour de chaque mois, pour régler les diffe-
rens aittes de piété dont ils dévoient s'occupet pen-
dant le mois.
CALENDRE, f. f. Foye^ Calandre. Petit oifeau du
genre des alouettes.
CALENDRIER, f. m. Diflributio-n du temps que les
hommes ont ajuftée à leurs ufages ; table ou alma-
nac qui contient l'ordre des jours , des femaines ,
des mois & des fêtes qui arrivent pendant l'année.
Fajli, Calendarium. Onfc fert dans le Bréviaire du
Calendrier Romain ou Grégorien. Le Pape Grégoire
XIII a réformé le Calendrier la nuit du 4 d'Oélo-
bre i & le lendemain , au lieu du 5 , on compta le
15 du même mois de l'année 1582 , en retranchant
13 jours qui s'éroient glifics de trop dans la llippu-
tation ordinaire , depuis le Concile de Nicée , tenu
en ^15. L'erreur venoir de ce que l'année folaire,
ou Julienne , n'eft pas de fix heures entières au-delà
des 5i5'5 jours. Il y a ii minutes ; & ce qu'il y a
de moms avoit produit un excès de 10 jours : en
forte que l'équinoxe de Mars , qui doit être au 11 ,
étoit remonté jufqu'au onzième. Le Calendrier Ro-
main doit fa première origine à Romulus. Il dif-
ttibua le temps en certaines portions , pour l'ufage
du peuple qui s'étoit raiîemblé fous fa conduite.
Comme il connoilîbit beaucoup mieux les affaires
de la guerre , que les mouvemens aftronomiques ,
il divifa l'année en dix mois , & la fit commencer
au printemps , Se au premier de Mars. Il s'imagina
que le foleil parcouroit toutes les différentes fai-
ifons de l'année en 504 jours. Son Calendrier fwt ré-
[formc fous le règne de Numa , lequel y ajouta deux
putres mois , celui de Janvier &; de Février , qu'il
slaça avant le mois de Mars,ainfi fon année étoit
fde 355 jours : &: illa fit commencer au ptemier de
' Janvier. Cependant , cà la manière des Grecs , il voif
lut encore faire une intercalation de 45 jours, qu'il
partagea en deux , intercalant au bout de deux an-
nées un mois de 21 jours , & après deux autres an-
nées , un autre mois de 2^ jours. On appela ce mois
interpofé , Mercedonius , ou Février intercalaire.
Mais ces intercalations mal obfcrvées par les Pon-
tifes, à qui Niraia en avoit commis le foin , caulerent
tant de défordre dans la conftitution de l'année ,
que Céfar, comme Souverain Pontife, travailla à
y remédier. 11 choiiir So'is^cnes , célèbre Aftronome
de fon temps , lequel trouva que la difpenfation des
CAL
Ï71
temps dans le Calendrier ne pouvoit jamais rece-
voir d'établiliêmcnt certain & immuable , fi l'on
n'avoit égard au cours annuel du foleil. Ainfi comme
la durée annuelle du cours du foleil efl: de 3(^5 jours
ik. 6 heures : il régla l'année à un pareil nombre de
Jours. Cette année de la correélion du Calendrier
fut une année de confufion, parce que pour abfor-
ber & confumer le grand nombre de jours {6j) que
l'on avoit ajoutés mal-à-ptopos , &: qui apportoient
de la contiifion dans la fupputation des temps , il
fallut ajouter deux mois , outre \(t Mercedonius , qui
i"e trouva par hazard dans la même année. Elle fut
donc de 15 mois ou de 445 jours : cette réfbrma-
tion fut faite l'an de Rome 708 &: 42 ou 45 ans
avant la naiifance de Jcfus-Chrift. Le Calendrier Ro-
main , ou Julien , parce qu'il fut réformé par Jules.
Céfar , eft difpofé par périodes quadriennales, dont
les trois premières années , qu'il appeloit commu-
nes , font de trois cens foixanre-cinq jours ■■, & la qua-
trième biifextile de ^66 , a. caule de 6 heures qui
font un jour en 4 ans , ou un peu moins : car en
134 ans, il faut retrancher un jour intercalaire.
C'ell: pourquoi le Pape Grégoire XIIP ordonna que
la looïî année de chaque fiécle , feroit fans bil-
fexte, excepte la 1 00^ du IV^ fiècle, c'eft-à-dire , qu'on
fait un retranchement de trois jours bifiextes dans
l'efpace de quatre fiécles , à caufe des onze minu-
tes qui manquent aux fix heures dont on compofe
la bifiexte. M. Cadlni démontre qu'au bout de 400
ans il y aura encore plus de deux jours de varia-
tion dans l'équinoxe. Les Grecs &; les Proteftans ,
excepté la Hollande , gardent encore l'ancien ufage.
Oiure le défaut du Calendrier Julien dont on a
parlé , il y en avoit un autre dans le cycle -lunaire ,
en ce qu'il fuppofoit qu'au bout de dix-neuf ans ,
les lunaifons revenoient au même lieu , ce qui eft
faux : elles précédent d'une heure 27' 5 1" 55'". Voye^
Clarius.
M. Blondcl a écrit l'Hiftolre du Calendrier Ro-
main , fon origine &: fes changemens , &; Clavius
lui-même en a fait aufll un traité. Gaflendi en a
frit audi un beau traité. On ne parle que de
Clavius pour la réformation du Calendrier Ro-
main. Cependant Ciaconius y travailla avec lui
par l'ordre de Grégoire XIII. On a ouï dire à M.
Huer que Scaliger ne fe fir Huguenot que par cha->
grin de ce qu'on ne l'avoir pas employé à la réfor-
mation du Calendrier ; car il fe trouva en ce temps-
là à Rome , à la fuite des jeunes Gentilshommes
François ,donr il avoit été Précepteur , & qui voya->
geoient pour lors. Tychobrahé a obfervé que Çi la
réformation Grégorienne n'a pas été portée jufqu'à
la dernière précifion, c'eft qu'il eft impoffible d'y
arriver. On a donné le nom de Calendrier aux ta-
blés drcffces pour marquer les jours de l'année -,
parce que le nom de Calendes fe voyoit écrit en
gros cataétères à la tête de chaque mois. Le Calen-
drier Gélaléen , c'eft la correélion du Calendrier
Perfien , faite par ordre du Sultan Gélaleddin-Ma-
lekfchah le Selgiucide , &: enfuite par le Sultan
Gélaleddin Mankbemi le Kovaiefmien. D'Heree-
LOT. Cette réforme fut faite l'an 467 de l'Egire 188
de Jefus - Chrift. Voye^^ le même Auteur au mot
MOCTADI.
Calendrier. Catalogue, faftes où les Eglifes ccri-
voient autrefois les noms des Saints qui étoicnt ho-
norés par-tout , & les Saints particuliers qu'elles
honoroient , c'eft-à-dire , leurs faints Evêques , leurs
faints Martyrs , ùc. On trouve encore aujourd'hui
un très-ancien Calendrier de l'Eglife de Rome. C'eft
le plus ancien de ces Calendriers que nous ayons.
II fut dreffé vers le milieu du IV^ fiècle fous le Pape
Libcre, félon Bailler, &: félon M. Chaftelain, fous
le Pape Jules en \ 3^. Le P. Gilles Boucher ,Jéruite
d'Arras , le publia l'an 1(^34 à Anvers , dans fes
Commentaires fur le cycle pafchal. Il venoit de
M. de Peirefc. Poléméus Sylvius en fit un à Rom;
en 448 , qu'iladrefla'à S.Euchcr, Evêque de Lyon.
Il comprenoit les fête^ des Gentils ^ des Chre
Yij
172 CAL
tiens , qui ctolent encore en ttcs-petit nombre. Bol-
hndus en a donne le commencement , & a promis
le rcfte en fa prcCace , adrellce à l'Abbé de Lielllcs.
Le Calendrier de l'Egliic de Carthage , dreifc vers
• l'an 483 ,actc découvert par le P. Mabillon , qui
en trouva à Cluni une copie rongée des vers , col-
lée autour de la couverture de bois d'un Commen-
taire de S. Jérôme ilir Haïe , écrite en caraélères
romains du VIP fiècle; elle a été depuis envoyée à
Paris, où elle fe conferve dans l'Abbaye de S. Ger-
main des Prés. Ce Calendrier commence au 1 9"^ d'A-
vril ,& finit au itfe de Février. Le P. Mabillon l'a
fait imprimer dans les Analedes avec des notes ,
& Dom Thierry fans notes dans fes Acla Martyrum
Jïncera.
Le Calendrier de l'Eglife d'Ethiopie , & celui des
Cophtes , a été drelfe après l'an 760. Il commence
au zç)" jour d'Août , Iclon notre manière de comp-
ter -, c'efl: le premier jour de leur mois Thoth , & de
leur année. Il marque à chaque jour ce qu'il y a de
commun à chacune de. ces églifes , &: ce qu'il y a
de particuliet à l'une & à l'autre. Job Ludolph l'a
publié. Le Calendrier des Syriens , imprimé par
Génébrard, efl: fi imparfait, qu'on n'en peut prefque
rien tirer de sûr. Le Calendrier des Mofcovites ,
donné par le Père Papebrock dans fon Propilœiim
du mois de Mai , eft prefque entièrement fem-
blable à celui des Grecs , donné par Génébrard ,
par plufieurs autres , &: par le P. Papebrock lui-
même dans le même Propylceurn en vers hexamè-
tres Grecs.
Le Calendrier qui fe tiouvc au X^ Tome du Spi-
cilége de Dom d'Achcry , Ibus le nom d'année ib-
laire, n'eft qu'un ancien Calendrier de l'Eglife d'Ar-
ras. Le Calendrier publié en 1687 à Auglbourgpar
Beckius , fous le nom de Martyrologe de l'Eglife
Germanique , n'eft apparemment que l'ancien Ca-
lendrier d'Auglbourg , ou plutôt de Stralbourg ,
qui n'a été drefle, ou pour le moins écrit, que tout à
la fin du X^ fiècle, ou plutôt, puifque S. Ulrich mort
en 975, & canonifé en 995 , y eft de la première
main. Le Calendrier Mozarabique , dont on fe fert
encore dans cinq Eglifes à Tolède , & dans une cha-
pelle de l'églife métropolitaine de la même ville -,
r Ambrolicn de xMilan, ceux des Eglifes d'Angleterre,
avant le fchifme , n'ont que ce qui fe voit dans ceux
des autres Eglifes d'Occident^ favoir, les Saints hono-
rés par-tout , &: ceux qui font particuliers aux lieux
pour lefquels ont été drefles ces Calendriers. Il y en
a auiïï de Cluny , de Sens & de Lifieux , 8c un du
Bréviaire d'Aquilée , dit le Patriarchin. Celui-ci a
été en ufagc à Côme jufqu'à S. Charles. Ce que Léo
Allarius & le P. Fronteau de Sainte Gen£viéve ont
donné fous le nom de Calendrier , n'eft qu'un an-
cien recueil d'Evangiles de la Mefle. M. Chaftelain
parle de ces Calendriers dans l'avertiflëment de fon
Martyrologe plus en détail , & beaucoup plus
exactement que M. Baillet dans le difcours prélimi-
naire de fes Vies des Saints.
Il ne faut pas confondre ces anciens Calendriers
avec les Marryrologes. Car chaque églife avoir fon
Calendrier particulier , aulieu que les Martyrologes
regardent toute l'Eglife en général , & qu'ils ren-
ferment les Martyrs 5c les Confeffeurs de toutes les
églifes ; en forte que de tous les Calendriers on en
a formé un Martyrologe, & ainfi les Martyrologes
font poftcrieurs aux Calendriers. C'eft pourquoi l'E-
glife deRome n'a pas eu, non plus que les autres égli-
fes, unMartyrologe particulier.AuffiUl'uard n'en a-t-il
fait aucune mention , quoiqu'il ait parlé de tous ceux
qui avoient compofé des Marryrologes avanr lui.
ConfultezlaDiflcrtationde Henri deValois touchant
le Martyrologe Romain \ elle a été imprimée à la fin
de fes notes fur l'Hiftoire Eccléfiaftique d'Eusèbe.
Voye:[ aufîî le P. Petau dans fon favant ouvrage
De Doclrina temporum , le Calendrier Romain pat
M. Blondel , &c.
On dit proverbialement , réformer le Calendrier,
CAL
pour fe moquer de ceux qui veulent trouver 4
redire à ce qui cft bien fait.
CALENDULE. f. f Terme de Botanique. Plante qu'on
appelle autrement foiicy , en latin calendida ou
caltha. Voyez Soucy.'
CALENGE. f. m. Vieux mot, & hors d'ufage , qui
eft pourtant fort fréquent dans les Coutumes ,
qui fignifie débat , conteftation , & plainte cri-
minelle en Juftice , même la prife de corps qui fe
fait par un Sergent. Ahercatio. Il s'eft dit premiè-
rement de la prVe 5c accufation des bêtes trouvées
en dommage. On a dit calenger ou calençier ,
chalenger ù- chalon2,er ; pour dire , faire dommage
en l'héritage d'autrui , d'où on l'a étendu à l'accu-
fation & dénonciation en Juftice -, on l'a auilî
dit pour blâmer ., débattre, contredire. On a même
dit calenger par un gage de bataille -, pour dire ,
faire un défi corps à corps entre deux champions.
On a auifi appelé Calengé , unprifonnier.il a fig-
nifie aulli quelquefois huer , &c en Normandie on
s'en fert encore pour dire barguigner.
CALENTER. f. m. Terme de relation. Olearius
dit , dans fon Voyage de Ferfe , que les Peries
appellent ainfi les Tréforiers & Receveurs des Fi-
nances d'une Province. Qucejlor. Le Calenter a la
direélion du Domaine du Sophi ou roi de Perfe ,
ôc fait la recette des deniers donr il rend compte
au Confeil , ou , fi le Sophi l'ordonne , au Gou-
verneur de la Province , qu'ils appellenr Cham.
CALENTURE. f f. Efpèce de fièvre accompagnée
d'un délire fubit , commune à ceux qui font des
voyages de long cours dans des climats chauds \
Se fur-tout à ceux qui palfent la ligne. Voye^ le
Dicl. de James.
CALEPIN. 1". m. Antoine Calepin , Religieux Au-
guftin , ainfi nommé de Galepio , Bourg du Berga-
mafque , où il étoit né , a fait un Diétionnaire
qu'il imprima en 1505, qu'on appelle de fon nom ,
Calepin , un Calepin ; ^ qui fair qu'on dit cjuel-
quefois en général Calepin pour Didf ionnaire. Lexi-
con , Dictionarium. Confultez votre Calepin. Il
ne compofe rien qu'il n'ait un Calepin devant les
yeux.
Pluiieurs Savans ont travaillé fur le Calepin >
qui dans fon origine croit très-défeélaeux. Les
plus confidérables font Jean Pallerat , & Jean-
Louis de la Ccrda, Jéfuite, qui l'ont mis en ré-
putation , & l'ont rendu d'ufage par leurs lumiè-
res. Danet , Préf. de fon Dicl. Latin & François.
Quand le Cardinal de Pellevé eut fini fa Haran-
gue , & qu'on eut crié Vivat par plufieurs fois ,
Il fort que toute la Sale en retentiflbit , le Prieur
des Carmes fe leva de fa place , & monta fur fon
banc , où il prononça tout haut de fort bonne
grâce ce petit Quatrain , comme s'il l'eût compofe
fur le champ.
Son Eloquence il n'a pu faire voir ,
Faute d'un Livre où eji tout fon favoir :
Seigneurs Etats , excufe^ ce bon homme ;
Il a laiffe fon Calepin à Rome.
Sat. Men. t. i , p, (Î4, Se 201.
CALER. V. a. Terme de Marine. Baifler les voiles.
Vêla dimittere , contrahere. On dit plus ordinai-
rement , amener les voiles , que caler les voiles.
* Ménage dérive ce mot de chalare , qui a été
fait du Grec j^a^à» , qui fignifie la même choie.
Ifidore le dérive auffi de calare ; Du Cange de
l'Italien calare.
Cale tout , eft un commandement de laiffcr
tomber tout d'un coup ce que l'on tient fufpen-
du. Dimittere.
Caler , en termes d'Architeélure , c'eft pour arrê-
ter la pofe d'une pierre , mettre une cale de bois
mince qui détermine la largeur du joint, pour la
ficher avec facilité. Hypomochlion fubjiccre ., fum-
mittere ajfulam. Les Menuifiers , & les autres arci-
v^ A 1_/
fans qui Ce Tervent de ca/e dans leurs ouvrages ,
difent aufîî caler. Voyez Cale.
On dit /îgurcment , il faut ca/er la voile y pour
dire, céder , fe Ibumettre. Cedere nlicui , Je
fubmiture. Il efl: familier. On le dit même abiu-
lument , il faut cdler^
Caler , lignifie aulîi , ôtef la première peau des
noix vertes. Deconicare, conicem avellere.
On ne fait où Furetiere a pris le mot de caler
en ce fens. On dit bien écaUr des noix -, mais
pour caler , on ne le trouve nulle part.
Caler ( fe ) , s'cft dit autrefois pour Je taire.
Moi cependant de me caler -,
Car que J'eri prêcher & parler
A ventre qui n'a point ioreilles„
^fj CALEP.E. Ville de Tlndouftan , à quarante mill?
pas de Manfura , lelon le Gcoç^raphe de Nubie.
CALESIAM. f. m. Grand arbre du Malabar. Son
bois eft d'une couleur purpurine , obfcurc , unie
^. '^^-'^/ble. Ses rieurs croilfcnt en grappes à l'ex-
trêmitc de fes branches, & elles font alfez fem-
blablcs aux fleurs de la vigne : à ces fleurs fuccc-^
dent des baies en grappes. Ces baies font d'une
figure oblongue, ronde, plate, vertes, couvertes
d'une écorce mince , pleines d'une pulpe fuccu-
lente , & infipide , contenant un noyau verd ,
oblong , plat , au-dedans duquel il y a une amande
blanche & prefque infipide. Les habitans font de
Ion bois des manches de couteau , & des poignées
de fabre. Son écorce pulvcrifée , & réduite en
onguent avec le beurre , guérit le fpafme cynique ,
84 les convuliîons caufées par les. grandes dou-
leurs. Le fuc de fon écorce dhîipe 'les aphthes ,
& pris intérieurement , il arrête la dyflenrerie.
Voyez-en les autres propriétés dans le JDiCT. de
JAMES.
CALFAS ou plutôt CALFÀT. f. m. Terme de Ma-
rine. Radoub d'un navire dont on bouche les
trous , & qu'on enduit de fuif & de poix , ou de
goudron, pour empêcher qu'il ne faile eau. Na-
valis fiipatio. On le dit aufli de l'étoupe faite de
vieux cordages , & enduite de brai , qui çft de la
poix mêlée avec de l'huile de poiflbn , qu'on en-
fonce dans les joinrs du vaiffeau.
Calfat. f. m. Calfiteur ; celui qui calfate le vaif-
feau. Navalis munitor , ftipaior. Ipf Le maître
Calfat eft l'Officier marinier qui veille au Calfa-
tage du vaiifcau. ]{ eft auili chargé du détail &
de l'entretien des pompes.
Calfat , c'eft auffi l'inftrument qui fert à calfater.
Injtrumcntnm Jiipanda: navi comparatiim. Le calfat
jimple eft un peu coupant, & tant foit peu lars;e ,
pour pouffer l'étoupe dans le fond de la couture.
Le calfat double eft rayé , & paroît double par
le bout -, il fert à rabatcte les coutures. Le calfat
a fret eft moins latine que le premier. Le bout eft
a^ demi rond. On s'en fert pour fonder autour des
têtes de doux & des chevilles , & chercher s'il y
a quelque ouverture , afin d'y pouffer de l'étoupe.
CALFATAGE, f. m. fe dit de l'étoupe qu'on a four-
rée dans la couture du vaiffeau. Navis Ilipatio.
Voyez Calfat. ■ '
CALFATER, v. a. Radouber un navire. Munire ,
communire, junciuras navigiijtipare. On radoube
& on calfate un vaiffeau , en rebouchant les voies
d'eau avec des plaques de plomb ou de bois , &: des
croupes que l'on force à coups de maillet & un
fer à calfat. Calfater les fabords , c'eft remplir d'é-
toupe le vide du tour des fabords , comme les
coutures du vaiffeau.
Du Cange dérive ce mot de calafatare , qu'on
a dit dans la badë Latinité en la même fignifica-
tion. Il eft dérivé de l'hébreu caphar , qui fiçni-
tiQ enduire de bitume ^, d'où on a fait cafater .^\?\x\%
calfater.
CALFATEUR. f. m. Celui qui donne le ca'fat à un
vaiffeau. Navalis munitor , Jiipator. Le Calfateur
CAL
17 ^
doit examiner foir & matin le vaiffeau , pour voir
s 11 ne s y tait point quelque voie d'eau , & l'ar-
rêter. 3 v^ iai.
CALFATIN. f. m. C'eft le vnlet du Calfateur. Sti-
patvrts nauiici adminilter.
CALFEUTRAGE, f. m. L'adion de calfeutrer, ou
1 ouvrage de celui qui calfeutre. Travailler au cal-
Jeutrage d'une fenêtre,
CALFEUTRER, v. a. Boucher bien les fentes , les
ouvertures d'une chambre, pour empêcher qu'il n'y
vienne^ du vent , & principalement par les portes
& les fenêtres ; ce qu'on fhit fouvcnr avec du feu-
tre ou du drap. Stupâ rimas Jarcire , opplere.
On le garantit de la bize & des froids de l'hi-
Ver en fe calfeutrant , & fe muniifant de châffis &
de rideaux. Huet.
Ce mot, aulîi bien que Calfater , vient de l'Alle-
mand calefaten , qui lîgnhie hiantia committeri ù
Jolidare.
CALFEUTRÉ, ÉE, part.
<fT CALFORDE. Voye^^ Calvorde.
^ S^Hv V*^" '^^ ^^ Palcftine. D. Calmer dit CALI
ou CHALI. Ville de la tribu d'Afer. On n'en fait
pas la lituation.
^ Cali. Ville de l'Amérique Méridionale, dans le
Royaume de Popayan , fur la rivière de Sainte-
Marthe.
CALIBITE* Voyei Calybite.
CALIBRE, f. m. Ouverture d'une pièce d'artillerie ,
& de toute autre arme à feu , par où entre & fort
la balle : c eft le diamètre de la bouche d'un canon,
& de toutes forres d'armes à feu. Oris cenei tor-
menti ^ amplitudo , modus. Ces pièces de canon font
de même calibre. La règle du calibre eft un inftru-
ment dont fe fervent tous les Ingénieurs à feu ,
qu'on appelle autrement verge fphéréomkrique ,
qui leur fert à ttouvcr & à prendre la mefure du
diamèrre, ou de l-'ouverture du canon ou mortier
proportionnée aux boulets dont ils les veulent
charger. Voyei Calimir Polonois , qui en enfeis;ne
pluheurs méthodes curieulés , tant géométriques
que méchaniqucs.
Calibre, fe dit auffi de la groffeur du boulet , ou
de la h2.\\c , Amplitudo , modus ; & on les ap-
pelle de calibre, quand ils font de même groffeur
que le calibre de la pièce à laquelle ils lont def-
tinés.
Ménage dérive ce mot de œquilibrium. On a
dit autrefois qualibre. D'Herbelot le fait venir de
l'Arabe calib , qui lignifie moule.
Calibre , fe dit figurément des chofes , qui étant
comparées les unes aux autres , fe trouvent de
même ou de différente valeur & proportion. Con-
xenientia. Ces deux perfonnes font de même pro-
fclîion , mais elles ne font pas de même calibre.
Catulle , Tibulle & Properce ,
Et gens de ce calibre là ,
Sont tous d'un affe^ bon commerce ;
^Comnie quelquefois je les prends ,
Quelquefois auffije m'en paffe ;
Mais en tous lieux , comme en tout temps ,
Je veux toujours avoir Horace. P. Du Cerc.
Calibre, en Architeéture , fignifie volume , groffeur.
Amplitudo , modus. Ces deux colonnes font de
même calibre ; pour dire , elles ont un même dia-
mètre.
Calibre , en Architeélure , eft aulîi un profil de
bois , ou de cuivre chantourné en dedans, pour traî-
ner les corniches , & les cadres de plâtre ou de
ftuc.
Calibre , chez les Artifans , eft un ais qui a une
entaille d'un angle renttant , Se qui eft droit. Il
fert aux Charpenriers , Menuifiers , Serruriers 3c
autres , pour prendre des melùres. Afferculus in
triiingulum incifus.
Les Serruriers ont aulfi un certain inftrument dt
174 CAL
fer qu'ils nomment calibre. Ils s'en fervent pour
voir li les forêts vont droit quand ils torent les
tiges des clefs , & pour les arrondir. Ils ont pareil-
lement des calibres pour prendre la groileur des
verroux & des targettes.
Calibre , en termes' de Marine , fe dit du modèle
qu'on fait pour la conftruélion d'un vaifleau , fur
lequel on prend fa longueur , fa largeur &: fes
proportions : c'eft la même chofe que gabarit.
Exemplar.
Calibre , en termes d'Horloger , c'eft l'efpace qu'on
ménage entre les deux platines d'une montre ,
qui en font la cage, afin d'y mettre les roues Se
les pièces en telle" difpofition , qu'elles ne le nui-
fent pomt, & qu'elles tiennent le moindre elpace
qu'il eft poflible.
Calibre. Ce mot dans la coupe des bois , fignifie
un modèle fait de planche contournée fuivant une
figne courbe , qui doit déterminer le contour d'une
furface qu'on fe propofe de faire. Frezier.
Calibre. C'eft encore une forte de groflé filière ,
dont on fe fert pour tirer à l'argue.
CALIBRER. V. a. Terme d'Artillerie. C'eft prendre
la mefure du calibre , marquer le calibre d'un
canon. Globorum aneorum modum , amplitudinem
dejignare.
Non- léulement on dit calibrer le canon , mais
encore c<î//^rer les balles, leur donner le calibre,
la groifeur ncceflàire. Avanr que de commencer à
battre la place , un Commandant , doit viiiter
toutes les munitions, de quelque forte que ce ibit,
faire calibrer toutes les balles , voir fi la poudre
eft bonne & fine. De La Font. On calibre un
boulet , ou l'on en détermine la groileur par le
moyen d'un compas recourbé ; on trouve auHl le
diamètre par le moyen du poids. Un boulet d'une
livre a lo lignes 8 points de diamètre , &: par
conféquent un boulet de 20 lignes 16 points ,
c'eft-à-dire , d'un diamètre double , fçavoir d'un
pouce neuf lignes &c un tiers, pèle huit livres ou huit
fois autant que le premier,étant double en tout lens.
Hanzelet enfeigne le moyen de calibrer les canons,
les balles , les cuillers , canades , & tampons pro-
pres pour chaque pièce.
Calibrer , terme d'Horlogerie , c'eft mefurer avec
un petit compas fait exprès les dents des roues &:
les ailes des pignons , pour voir H elles font égales
entr'elles.
ffT CALICA. Petite ville de Turquie , dans la Bul-
garie , avec un port , fur la côte de la mer Noire.
CALICE, f. m. Vailleau facré qui a une petite coupe
pofée fur un pied alfez haut, & allez large parle
bas. Sacer calix. Il fert au facrifice de la Melle i
c'eft dans ce vafe que fe fait la confécration du
vin. Les Calices doivent être d'or ou d'argent dans
toutes les Eglifes. On en trouve cependant quel-
ques-uns d'étain , mais dont la coupe eft dorée ,
au moins en dedans. Je doute qu'on le fouffrit
aujourd'hui. Les anciens calices avoient deux anfes.
Eedc afilire que le calice dont notre Seigneur le
fervit à la Cène avoit deux anfes -, qu'il étoit d'ar-
gent, & de la capacité d'une chopiijp. Lts calices
des Apôtres & de leurs premiers fuccelfeurs étoient
de bois. Le Pape Zéphyrin ordonna qu'on fe fer-
vit de calices d'or &: d'argent. D'autres difent
que c'eft Urbain I. au troifiéme fiècle. Léon IV.
a. défendu ceux d'étain & de verre. On demanda
à S. Boniface Martyr, s'il étoit permis de conla-
crer dans des calices de bois : il répondit qu'au-
trefois les Prêtres étoient d'or , & les calices de
bois-, mais que depuis, les Prêtres étoient de bois,
& confacroient dans des calices d'or. Walafri-
Dus Strabo. Il a été jugé qu'un Religieux peut
donner, engager, ou vendre fon calice, fans que
l'Abbé qui fuccède à fa dépouille le puilfe récla-
mer comme un bien facré. Papon. Si celui qui
brife le calice eft impie , celui-là l'eft bien davan-
tage qui profane le fang de Jesus-Christ , difent
ks Pères du Concile d'Alexandrie en 340, En 787 le
CAL
Concile de Calcuth en Angleterre défendit d'offirir
le faint Sacrifice dans des calices , ou des patènes de
corne. Du riche butin que l'armée Françoife fit
dans le Languedoc , le Roi Childebert fe rcfcrva
les dépouilles des Eglifes Ariennes , quiconfiftoient
en foixante calices -, quinze patènes de pur or , &
vingt Milfels ou livres d'Evangile couverts de
lames d'or , & ornés de pierres précieufes. P.
Dan.
Les anciens calices étoient beaucoup plus grands
que ceux d'aujourd'hui , parce que le peuple com-
munioit alors fous les deux cfpèces , au lieu quû
le calice ne fert préfentement qu'au Prêtre. Lin-
danus , qui en avoit vu quelques-uns dans des
Eglifes d'Allemagne , en fait la defcription au
Liv.If^'^ de fa Panoplie, ch, $(>. Ils avoient deux
anfes , que le Diacre tenoit lorfqu'il préfentoit le
calice au peuple pour le communier fous l'efpèce
du vin. De plus chaque calice ^vok un chalumeau ,
ou tuyau qui y -étoit attaché fort proprement ,
& ce tuyau étoit d'argenr , ou de quelqu'autre
métal , en foite qu'on fuçoit plutôt qu'on ne bu-
voit. C'eft ce que nous apprenons de Lindanus &
de Beatus Rhenanus fur TertuUien , qui avoient
vu de ces anciens calices en plufieurs villes d'Al-
lemagne.
Calice de Soupçon. Calix fufpicionis , poculum
fufpicionis. Vanlleb , dans fon hiftoire de l'Eglife
d'Alexandrie, rapporte qu'autrefois dans l'Egypte,
quand les maris ( il parle des Chrétiens ) ibup-
çonnoient leurs femmes d'infidélité , ils leur fai-
foient avaler de l'eau foufrée , dans laquelle ils
mettoient de la pouHlère i: de l'huile de la lampe
de l'Eglife , prétendant que fi elles étoient cdlipa-
blés, ce breuvage leur feroit fouflrir des douleurs
infupportables , c'eft ce qu'on appeloit le Calice de
foiipçon, Y oyez cet Auteur. Ces Chrétiens d'Egypte
avoient pris cette épreuve de l'Ecrirure , Nomb. V.
14, où Dieu prefcrit ce qu'un mari jaloux devoit
faire pour connoître li fa femme étoit coupable ou
non. Il l'amenoit au Prêtre , offroit pour elle la
dixième partie d'un boifléau de farine d'orge. Il ne
raettoit dedlis ni huile ni encens , comme dans les
autres facrifices. Cette offrande s'appeloit le facri-
fice de la zélotypie ou de la jaloulie. Enfuite il
prenoit de l'eau fainte dans un vafe de terre , &
jetoit dedans un peu de pouillère qu'il preijoit fur
le pavé du tabernacle -, & après quelques autres
cérémonies 6c des exécrations , il lui faifoit boire
des eaux très-amères , en lui difant que (\ elle
étoit innocente , ces eaux ne lui nuiroient point ;
mais que fi elle ne l'étoit pas , fon corps en-
fleroit Se pouiriroit , &: l'effet fuivoit infaillible-
ment. Telle étoit , dit Moyfe , la loi de la Zélotypie
ou de la jaloufie. Les Egyptiens crurent que ce
feroit la même chofe dans le Chriftianifme -, mais
cette loi, comme toutes les autres loix cérémoniales,
n'avoir été inftituée que pour tes Ifraelites.
Ce mot vient du Grec %iKi% , qui fignifie la
même chofe.
Calice , en termes de l'Ecriture & de fpiritualitc ,
(\s,x\{(iç triftejfe., affîciion , douleur accablante. Cette
fignification eft tirée de l'Ecriture , où Jesus-Christ
demande à fon Père de ne pas boire le calice de
fa paillon , & de plufieurs autres endroits. Le calice
des Saints le boit avec amertume , il afflige , il révolte
la nature. L. d'Abelard. On lui a fait boire le calice
jufqu'à la lie. C'eft-à-dire , on l'a mortifié Jufqu'i
l'excès. Et cela fe dit même en matièie profane.
On dit proverbialement , qu'il faudra boire ,
avaler le calice ; pour dire , qu'il faudra foufïirir
conftamment , ou faire quelque chofe pour la-
quelle on a grande répugnance.
On dit aufli des gens dont les habits font charges
de galons d'or , qu'ils font dorés comme des calices.
Calice fe prend en Botanique pour cette partie
extérieure qui enveloppe la fleur lorfqu'elle eft en
bouton , & qui eft différente du pédicule. Calix. On
emplois encore le mot de Calice pour exprimer la
CAL
partie qui foiiticnr & enveloppe tout à la fois
quelques autres fleurs , comme aans la roic : ainli
l'on dit qu'un calice devient fruit , alit infruCium ,
lorfque ce fruit naît de cette partie extérieure qui
couvre ou qui foutient fimplemcnt la fleur, ou la
couvre &i la foutient tout à la fois. La couleur
verte n'eli pas e/rcntielle au ca/ice , puisqu'il y a
certaines fleurs dont les calices l'ont colores , &
quelquefois plus vivement que les pétales mêmes
des fleurs qu'elles Ibutiennent , comme dans l'el-
lébore. On oblétve que le calice de plufîeurs fleurs
tombe prelque auiii-tôt qu'elles s'cpanouiflent ,
calix diciiuus , pendant que d'autres calices fubli-
llent long-temps après la chute des parties de leurs
fleurs , calix juljijtens. Dans d'autres fleurs le calice
eft uni li étroitement aux parties de la fleur , qu'elle
ne fauroit s'en léparer ; &c eniin il y a des fruits
auxquels la fleur lert de calice , comme dans le
blé noir, & auxquels la fleur eft étroitement
collée , comme dans la plante appelée cabaret.
Certaines efpèces de mauves ont double calice , les
plantes ombellifères n'ont que quelques denteiurcs
pour calice , ôc la partie poiîérieurc de ce calice cii
le jeune fruit. Dans la plûparr des plantes bulbeulcs,
le calice eft une membrane très-fine qui enveloppe
toute la fleur , & qui le déchire éc fe deiiêche
lorfque la fleur groifit , comme dans les Narciffes.
On dit un calice commun à plufîeurs fleurs : un
calice propre à chaque fleur , lorfqu'un calice ren-
ferme pluiieurs fleurs qui ont chacune leur calice
particulier ; tels font les calices de toutes les plantes
à fleurons , comme le chardon , l'ambrctte, &c. Les
enveloppes de fruits ne font pas appelées calices ,
il n'y en a que certaines qui aient pris ce nom en
François , à caufe de leur figure : tel eft le fruit du
chêne , qui eft compofe d'une calotte qu'on nomme
communément calice , en Latin cupula , & d'un
gland qui n'y eft renfermé qu'en partie dans fa
maturité, au lieu qu'il y eft entièrement contenu
dans le temps qu'il n'eft qu'embryon, L'ufage du
calice eft de garantir des injures de l'air les parties
les plus délicates de toute la plante , & la plus
néceflaire pour la multiplication de l'efpèce. La
nature eft induftricufe dans les divers moyens dont
elle lé fert pour n'expofer de jeunes embryons , que
lorfqu'ils font en partie en état de réfifter aux im-
preflions fàcheufes des faifons. Rien n'eft plus beau
que l'examen de toutes ces précautions, & rien ne
prouve davantage que tout cet appareil de pièces
d'écaillés & de feuillages dont font garnies les fleurs
& les fruits , n'eft pas inutile , &; que le nombre de
tant de parties n'eft pas multiplie fans nécelilté. Le
fafran n'a point de calice , & fa fleur fort même de
la terre avant les feuilles.
|p° La forme defcalices varie beaucoup : les uns font
orbiculaires , d'autres cylindriques , &: pour en
donner une expreflion abrégée , on les compare à
une calotte , à un godet , à une foucoupe , & il y en
a de liflés , de velus , de raboteux , d'écailleux ,
dont les échancrures font cannelées ou dentelées ,
ou Inciniées ; ce qu'on exprime par ces termes ,
crliculatus , glohofus , cylindricus , j'qiiammofus ,
jiriatus , jimbriatus , crenatus , dematus , laciniams
&c.
IP* Linnxus en diftingue fept efpèces.
^CT 1°. Perianthium , le calice proprement dit, ou
l'efpèce la plus commune de calice. Il eft fouvent
compofé de plufîeurs pièces ; ou s'il eft d'une
feule pièce , il fe divife en plufîeurs découpures,
& il n'enveloppe pas toujours la fleur toute entière.
1°. Involucrum , l'enveloppe qui eft un calice
commun à plufîeurs fleurs , lefquelles ont quel-
quefois de plus leur calice ou perianthium par-
ticulier. Cette enveloppe eft compofée de plufîeurs
pièces difpofées enrayons, & quelquefois colorées:
ceci convient aux fleurs à fleurons , demi-fleurons &
radiées.
^fT Linnxus en diftingue deux fortes -, involucrum
iiniverfale , c'eft-à-dire , le calice commun qui fe
CAL
trouve à la bafe des premiers rayons om'ucHiirres ;
& involucrum partiale, qui fe tïouvc au bas
des ombeis particuliers.
§rT 30. Spata. Le voile. Il enveloppe une ou ).>lu-
fîeurs fleurs qui font ordinairement dcpou'-vucs de
calice ou perianihium propre. Le voile qurs'ob-
fcrve principalement flir plufîeurs liliacées , conlifta,
en une ou deux membranes arrachées à la tige. Il y
en a de diflcrente figure & confiftance.
UCT 4^'. Gluma. La balle. Ce terme eft corlfacrc à 11
famille des graminées ,& cette efpèce de calice eft
compofée de deux ou trois écailles qui font crcufces
en cuilleron , &: membraneufes, de forte qu'elles ibnt
tranfparentes , fur-tout à leurs bords.
^3' '^'^. Amentum ou jiilus, le chaton qui eft ordi-
nairement formé d'écaillés attachées à un filet
commun ; & ces écailles fervent de calice à des
fleurs mâles & à des fleurs femelles.
■§3" 60. Calyptra , la coiffe. C'cft une enveloppe men «
braneufe , fouvent conique, qui couvre les parties
de fruéfification. Elle fe trouve ordinairement aux
fbmmités de plufîeurs moufles. Toutnefort em-
ploie ce terme dans une lignification plus étendue
que Linnxus.
IJC'" 70. Volva, la bourfe. C'eft une enveloppe cpaiffe ,
qui d'abord renferme certaines plantes de la famille
des champignons. Elle s'ouvre enfuite par le haut
pour laifîer fbrtir le corps de la plante.
03° Les Jardiniers appliquent quelquefois aux pétales
le nom de calice , comme quand ils difent qu'une
tulipe a un beau calice , c'eft-à-dire , que les
pétales form.ent comme la coupe d'un calice.
^3" Linnxus nomme calix auHus , celui que Vaillant
a nommé calicii lattis ; c'eft-à-dire » celui où la
partie extérieure du ca/zV»; eft entourée de feuilles,
comme au Bidens. Du Hamel.
Ip- CALICUT ou CALECUT. Ville & Pvoy.aume
fur la côte de Malabar , dans la prelqu'ile de
l'Inde, au deçà du Golfe de Bengale. Cette ville
^toit autrefois le féjour dli Zamorin , ou Roi de
Calicut ; mais il n'y demeure plus, & il y a mis
un Rajador ou Gouverneur, qui loge dans le palais,
Ifj' CALIDUCS. f m. pi. Canaux dont fe fervoient
les anciens pour porter de la chaleur aux parties
de leurs maifbns les plus éloignées. Ils étoicnc
difpofcs le long des murailles , & partoicnt d'un
foyer ou fourneau commun qui leur fourniflbit de
la chaleur. Calidus , chMià ; duco , je conduis.
CALIETTE. f. f Champignon jaune qui vient au pied
du genièvre. Calieta , Paracelse cité par Jomes.
CALIFAT, f m. Dignité de Calife chez les Sarralîns.
Il n'y avoir d'abord qu'un feul Calife fucceffeur de
Mahomet ; mais le Califat fit bientôt divKc. Il s'é-
leva des Califes en Perfe, en Egypte & en Afrique ,
qui s'emparèrent de l'autorité fbuverainc. D'Her-
BELOT.
CALIFE , CALIPHE &: KALIFE. f m. La première
dignité Eccléfiaftique chez les Sarralîns. C'cft le
nom d'une dignité fouveraine parmi les Maho-
métans , qui comprend un pouvoir abfoiu , & une
autorité indépendante fur tout ce qui regarde la
Religion ^& le gouvernement politique. D'Hep-
BELOT. Calipha , Caliphas , Cairi Princeps. Ce mot
eft Arabe , & (\e,n\ûe fucceffeur & héritier ; car , en
effet , Abubeker étoit fucceffeur de Maliomet , &:
cette dignité étoit héréditaire. Ainfi le nom de
Calife étoit afledté aux fuccefleurs de Mahc/mct
qui s'appdoient Califes de Syrie. Mais depuis il
s'éleva divers Califes qui ufurpcrent l'autorité fou-
veraine en Perfe , en Egypte & en Afrique,
Pifafîre,qui regnoit en 958, fut le dernier Ca///?
de Syrie. Les ' Turcs s'en rendirent les maîtres ,
enforte que le Calife n'étoit plus que fouverain
Pontife. La même chofe eft arrivée en Egypte,
où l'on n'a laiffé aux Califes que le titre de Grands
Prêtres de Mahomet. Vatier dit qu'ils s'appeloient
Ficaires de Dieu, & que les Soudans & les Rois
Mahométans le proftcrnoicnt àleurspieds pour les
baifer ;, d'où vieat que Vincent de Eeauvais ks
17'^'
CAL
appelle leurs Pap^s. Quoique le Cal:f<i <Ae Bagdet
TIC le Ibit plus que de nom , il retient néanmoins
le droit ancien d'adopter & de confirmer les Rois
d'Arabie , d'Aflyrie gc autres: Ce qui fut caulc que
Soima n même ^ en pallant par Babylone , voulut
pour la forme prendre les marques de l'Empire de l'a
main. Selon Nicot les Seigneurs Se les Dominateurs
du Grand Caire portoient autrefois le nom de Califes,
11 y a eu aulli des Califes à Carvan dans le Royau-
me de Tunis, &c à Fez. Le Cahfe d'Hfpagne
prit auill le titre de Roi. Les Caiifes de Syrie le
divifenten trois branches. La première ne contient
que les trois premiers Califes , fuccefleurs de Ma-
homet qui ont régné depuis l'an 651 de Jésus-
Christ julqu'en ^55. La féconde ibnt les Om-
miades, qui ont gouverne depuis 655 jufqu'en
749. Les troifièmes Vappellent les AbbaHides , dont
ie gouvernement a duré depuis 749 , jufqu'en 941.
Apres quoi l'Empire des >.Iufulmans fe divifa en
pluficurs Royaumes qui s'établirent en Perfe , en
Syrie , en Arabie , en Afrique , &c. & qui firent
tomber toute rautorité du Calife , qui n'eut plus
■ que l'honneur de porter ce titre.
Le mot Calife cft Arabe , il vient de ip'n ,
Hhalapha, c'eft-à-dire , fucceder , être à la place
d'un autre ; & il lignifie non-feulement fuccelfeur ,
héritier , comme on l'a dit ci-delfus , mais encore
Vicaire , qui tient la place d'un autre , & Ma-
homet s'en fert dans l'Alcoran en ce fens, pour
dire que Jesus-Christ eft Vicaire de Dieu. C'cft
dans ce fens , félon quelques-uns , comme Erpc-
nius , que ce nom a été donné aux Califes ; c'eft-
à-dire, aux Empereurs, ëc fouverains Pontifes
des Mahométans , comme étant les Vicaires & les
' Lieutenans de Dieu -, d'autres difent que c'eft
dans le fens d'héritiers , Se comme fuccefleurs de
Mahomet, qu'on les appelle Califes. Au refte , il
faut écrire Califes , & non point Calyphes. On ne
voit point ce que fait là cet y , lî ce n'eft pour
exprimer que le mot Arabe n'a pas un Kefra
fuTiple , mais un Kefra fous un je , choie peu
nécellaire à marquer dans le mot François. D'Her-
belot écrit Khalie , que quelques-uns écrivent
Caliphe , & d'autres Chaliphe. Aujourd'hui tout le
. monde écrit Calife.
L'origine de ce nom vient de ce qu'Abubcker ,
après la mort de Mahomet , ayant été élu par les
Mufulmans pour remplir fa place , il ne voulut pas
prendre d'autre titre que celui de Khalifah Refoul
allah; c'eft-à-dire , Vicaire du Prophète ou de
l'Envoyé de Dieu. Mais Omar ayant fuccédc à
Abubeker, il repréfenta aux principaux Chefs du
Mufulmanifme que s'il prenoit la qualité de fuccef-
• feur d' Abubeker fuccelfeur du Prophète, la chofe
pat la fuite des temps iroit à l'mfîni : il fut rélblu
qu'il prendroit le titre à'Elmir Almoumenin ,
c'eft-à-dire , Commandant des Fidèles. Les fuccef-
feurs de Mahomet n'ont pas lailfé de prendre aufll
. celui de Khalifes fans rien ajouter. D'Herbelot.
f^oyei cet Auteur au mor Kalifach.
CALIFORNIE. Nom de lieu. Califomia. Jufqu'en
1705 , on avoir cru que la Californie étoit une
île, ou pour le moins on avoir douté fi c'ctoitune
île ou une prefqu'île comme l'Italie : la chofe n'eft
plus douteufe. Le cinquième Recueil des Lettres
édifiantes & curieufes écrites par les Milfionnaires
Jéfuites , imprimé en 1705 , nous apprend que
c'eft une prefqu'île , qui tient à la terre ferme de
l'Amérique -, & que le P. Kino , Jéfuire Allemand ,
y pafla en 1701 , du Royaume du Sumatra fans
traverfer la mer , & n'ayant rencontré en fon
chemin que la rivière bleue , ou d'azur , appelée
par les Efpagnols Rio a^ul , & le Colorado , dans
lequel le Rio a^ul , fe jette. Il eft étonnant qu'après
la Relation de'ce voyage, imprimée dans le Recueil
que j'ai ciré , Mary & M. ^Corneille difent encore
que la Californie eft une Ile. La Californie fut dé-
couverte en l'îîî, par Ferdinand Cortez.
CALIFOURCHON ( à ) façon de parkr adverbiale
CAL
dont on fe ferr dans le difcours familier pour ex-
primer la façon dont on eft aliis fur quelque choie
jambe dcca', jambe delà, comme quand on eft à
cheval. Etre, aller, fe mcttït à. Califourchon. Lç.%
ciifansvont x califourchon lur un bâton , £V"'^'^"'
in arundine longa.
On met un foldat qui a fait quelque faute a
califourchon fur un cheval de bois , dont le dos
eft fort aigu , &: on lui attache des boulets aux
pieds pour lui en faire fentir davantage l'incom-
modité.
CALIGINEUX , EUSE. ad^. Ce mot fe trouve dans
Pomey & Danct , pour lignifier obfcur: mais il
eft vieux 5c hors d'ufage , à moins qu'on ne s'en
fervc en riant. Cali^inofus.
CALIGULA. f. m. Nom d'homme. Calipda. C'elt
le furnom de Caïas Ccfar , fils de Germanicus Si
d'Agrippine , & IV Empereur Romain. Ce nom
eft latin & féminin dans fa première lignification :
c'eft un diminutif de ca/%a , qui étoit le nom de
la chaulfure que portoient les foldats Romains ,
les laboureurs & le bas peuple. Elle différoit de la
chauffute ordinaire en ce que par-deflbus elle croit
garnie de doux tout autour. Caïus avoit été élevé
dans l'armée Romaine d'Allemagne que fon pcre
commandoit , & dès fon enfance il portoir l'habit
des foldats, & de petites chauffures lemblables
aux leurs. C'eft ce qui lui fir donner le nom de
Cali^ula , ainfi que Dion le dit dans fon LFJl'
Livre , &c Suétone , ch. 9. C'eft celui que nous
lui donnons communément en François.
CALIN. C'eft une efpèce de métal , alliage de plomb
&C d'etain, que les Chinois préparent, & dont
ils font plulieurs uftenfiles au Japon & à Siam. Ils
en couvrent même leurs maifons. On en apporte
aulTi des cafetières. . .
CALIN , INE. f. m. &: f. Mot bas & populaire, mais ,
'mào\tr\i, i^À'CiÇzm. Defes,deJidiofus.
CALINER, SE CALINER, v. récip. Prendre fes
ailes, demeurer dans l'inaétion , dans l'indolence.
Un petit maître qui fe câline dans un fauteuil.
Il eft familier.
CALINGUE ou CONTREQUILLE. f. f. La pièce
de bois qui s'étend fur toute la longueur de la
quille , fur laquelle font aflemblées toutes les
côtes du navire , & qui fert à les ferrer & prcl-
fer contre elle. Trabes ou trahs. Le pied du
mât s'enchâfle dans un trou carré de la cahngue^
qui lui fert comme de baie. On l'appelle aulU
carlingue ou efcarlinaue.
CALIORNE ou CAYORNE. f. f. Terme de
Marine. C'eft un gros cordage palTé dans deux
moufïles à trois poulies , qui ferr à guinder &
lever les fardeaux qu'on attache à différens en-
droits du vailTeau. Il eft ordinairement amarre
fous les hunes du grand mât de bourcet , où il
y a une grande poulie par où il palle. Tunis
nauticus traclilis.
gcr CALIPO ou GARYPO. Petite ville de Tur-
quie en Alie , dans la Natolie , à l'embouchure de
la rivière de Lali dans la mer Noire.
CALIPPIQUE. adj. fem. Terme de Chronologie,
qui fe dit d'une périoda de foixanre & feize ans ,
inventée par Calippe , célèbre Mathématicien de
Cyzique. Calippicus , a ., um. La période Calip-
pique eft compofée de quatre périodes de Méihon ,
qui étoient de dix-neuf ans chacune ; après lef-
quelles les nouvelles & pleines lunes moyennes
revenoient au même jour de l'année Solaire. La
période Calippique commence l'an 4^84, de la
période Julienne, ?50> avant Jesus-Christ. La
premiète période Calippique eft l'efpace de temps
qui s'eft écoulé depuis l'an 4584' <ie la périod»
Julienne , 550 avant J. C. jufqu'à l'an 4^09 de
la période Julienne, 155 avant J. C. inclulive-
ment. La féconde péiiode Calippique font les
Ibixante & fcize fuivantes , & ainfi des autres.
Ip" Cette période n'croit pas exade , parceque
Calippe donnant à l'année Solaire 3(^5 jours, 6
heures*
CAL
lieutes , qui contient ïi minutes de moins, les
nouvelles &: pleines lunes dévoient retardai fcn-
lîblement an bout d'un certain temps.
CALISBURANO. Lieu du Diocèfe de Crémone en
Lombardie. Califturrium. En 1458 , la Coni^rcs^a-
tion de Lombardie du tiers Ordre de faint" Fran-
çois , tint un Chapitre général à Callskurano. P.
Hélyot, t. Vil, p. 337,
CALISTE, CALIXTE, ou CALLISTE. f. m. Nom
d'homme. C.ilijius , Calixtus. CaUiJie , ou
Cixlixti , efl: le nom de trois Papes , l'un du
troifîème liécle , le l'autre du douzième. Celui-ci
croit François, Archevêque de Vienne en Dau-
phinc, & l'un des plus grands Papes que l'Egliic
air eus, Culixte III fut Pape au milieu du quin-
zième fiècle. Il y a auffi deux Crf/////ej , Patriarches
de Conftantinople.
Ciz/tjie ell auiii féminin , & on donne ce nom
à des tèmmes. Calixta.
' ' Ce mot cft Grec; il vient de K«;^A(î■'>^, fuperlatif
de KctMli, qui lignifie trh-hcau ou tris-bon.
Ainfi il Icmble qu'il ftudroit dire Callijie ; mais on
écrit indifféremment C(2///?^ ou CW/.r/i.'. Cependant
on voit bien que Cal'ijtn vaut mieux.
CALIXTIN. C'eft le nom qu'on donne à ceux d'entre
les Luthériens qui fuivent les fcntimens de George
Calixte, célèbre Profedéur en Théologie parmi
eux. Calixtini. Il a publié un grand nombre de
Livres , tant fur l'Ecriture , que' fur des matières
qui regardent la Théologie. Dans la plupart il fe
montre fort contraire aux opinions de S. Auguftin
fur la prédeftination , fur la grâce, &: fur lelibre-
arbitre ; enforte que les Calixtins pafîént pour
demi-Pélagiens : & c'eft ce qui a fait d re à A4.
Bofluet Evêque de Meaux , dans fon Hijioire d^s
Vartittions , que les Luthériens font devenus vé-
ritablement demi-Pélagiens. Il rapporte là-deiîlis
une Epitre de Calixte, où ce fameux Seélaire dit,
<]ii'il refte dans tous les hommes quelques forces
de l'entendement , de la volonté & des connoif-
fances naturelles ; &: que s'ils en font un bon
ufage en travaillant autant qu'ils peuvent à leur
falut, Dieu leur donnera rous les moyens nécef-
faires pour arriver à la perfedion où la révélation
nous conduit. Il ne faut pas néanm.oins confondre
tout le parti Luthérien avec les Ca/ixtins , qui ont
formé une Seéte particulière dans ce parti.
La doctrine des Ca/ixtins confiftoit d'abord en
quatre articles. Le premier concernoit la coupe. Les
trois autres regardoient la correélion des péchés ,
tant publics que particuliers , qu'ils portoicnt à
certains excès 5 la libre prédication de la parole de
Dieu , qu'ils ne vouloient pas qu'on pût défendre à
-perfonne ; & les biens de l'Eglilé. Bossuet. Il y
avoir là quelque mélange des erreurs des Vaudois.
Ces quatre articles furent réglés dans le Concile de
Bile , d'une manière que les Calixtins furent d'ac-
cord , & la coupe leur fur accordée à certaines
conditions , dont ils convinrent. Cet accord s'appela
Compaclatum , nom célèbre dans Ihiftoire de Bo-
hème. Id.
On appelle aufTi Calixtins les peuples de Bohême ,
qui vouloient communier fous les deux efpèces ,
&: qui croyoient que le calice étoit néceffaire à
tous les fidèles. Cette Seéle s'éleva au XV*fîècle.
Elle eut pour Aurcur un nommé Jacobel , auquel
fucccda Roqucfane ion difciple, homme ambitieux ,
qui n'ayant point obtenu l'Archevêché dePraguequ'il
demandoit , empêcha la réunion des Calixtins à
l'Eglife Catholique. Selon Raynald Hijl. Eccl. Pan
1 5 24 , ils n'étoient point hérétiques , mais feulement
ïchifmatiques.
On dit qu'il y a encore des Calixtins en Pologne.
Ce mot vient du latin calix , calice -, & je ne
fais pourquoi quelques Auteurs François écrivent Cal-
iifiins ; C.ilixtins paroîr mieux. En latin je ne trouve
point autrcincnr que Calixtini , dans Sponde à l'an
1411 , & dans Raynaldus que j'ai cité. Tout au plus
fi l'on adoucit la prononciation de l'x , il faut dire
Toms II,
CAL
171
CaliJIins , ^ non point Calliftins. Voyez M. Eolluet .
Hijt.des Fanât. L. XL
ICT CkLV.A. Royaume d'Afie dans la Tartarie, qui
fait partie du Mongul , qui eft l'ancienne patrie
des Tartares Mogols , qui ont fondé dans l'Indou-
ftan l'Empire qui porte leur nom.
CALLADARIS. f. m. Toile de coton rayée ou de rouge
ou de noir , qu'on apporte des Indes Orientales, par-
riculièrcmcnt de Bengale , dont la pièce ordinaire»
huit aunes de long, ïur fépt ou huit de large.
CALLAF. 1'. m. Elpèce d'arbriffeau tort bas, dont le
bois efl: uni , & les feuilles à peu près iémblables
à celles du cerilier , denrelées par les bords , & croif-
fant à l'extrémité des branches , qui font droites
fans jointure , flexibles & de couleur jaunâtre. LeS
fleurs font des efpèces de petites balles oblongues &
cotoneafes , d'un jaune blanchâtre ou d'un vrai'jaune ,
&: d'une odeur agréable. On prépare avec ces fleurs
une eau excellenre, fur-tout à Damas. Je ne connois
aucune eau qu'on puifîe lui comparer , pour la vertu
de fortifier. Les Maures s'en fervent tant intérieu-
rement qu'extérieurement, dans les fièvres ardentes
& pertilenticlles ; elle humecfe & rafraîchit. On
tire aufii des fleurs une huile qu'on emploie à beau-
coup d'ufages. DicT. de James,
CALLAIS. f. m. C'eft une pierre adhérente aux ro-
chers inaccefîibles & glacés, laquelle reffemble à
un œil. Elle imite le faphir , m.ais fa couleur eft
plus claire.
ÇcrCALLAO ou CATTAG DE LIMA. Callaum. Ville
de l'Amérique méridionale , fur la côte du Pérou ,
vis-à-vis la ville de Lima,
et:? CALLA-SUSUNG ou CALASUSUNG , ville
d'Afie , dans l'île de Bouton , dont elle eft capitale.
CALLEBRANCHE. i". f. Terme de Fleurifte. C'eft
une ^némone , donr la peluche eft incarnar.
CALLEE. ( Cuirs de Calla ) fbnt des cuirs de Barbarie ,
qui s'achètent à Bonne.
CALLEMANDRE. Voye-^ Calmande.
%F CALLEN. Ville d'Irlande dans le Leinftcr , au
Comté de Kilkenni. Elle envoie des Députés au Par-
lemenr.
CALLEVILLE ou CALEVILLE. f. m. Sorte de pomme
afîcz groffe. Malum calviriurn. Il y en a de rouges &:
de blancs. Les plus eftimés font ceux dont la chair
efl tachetée de rouge en dedans. De beau calleville.
CALLEUX, EUSE.\d:. Où ily ad;s cals, oir qui
eft dur comme un cal. Callojus. Tachard.
0CFCe mot s'apflique en général à toutes fortes de du-
retés de la peau , de la chair & des os -, mais on le dit
en particulier des bords durs d'une plaie & d'un
ulcère.
ifT En anatomie on appelle corps calleux la partie qui
couvre lc5 deux ventricules du cerveau.
0Cr CALLIANS. Petite ville de France , en Proven-
ce , à quarre lieues de Braguignan.
03^ CALLIAR. Petite ville clés Indes, au Royaume de
Vifapour^, à fépt lieues d'Iflelampour.
CALLIBLEPHARON. f. m. Remède pour les pau-
pières. Marcellus , l'interprète de Diofcoride , dit
que les Grecs comprenoient fous le nom commun de
calliblcpharon tous les remèdes préparés , rant pour
les maladies que pour la beauté des paupières. Les
callihlipharons de Pline font compofcs de feuilles
de rofes brCdées , de cendres de noyaux , de dattes
brûlés , mêlées avec le fpicnard , la moelle de l'os
de la jambe du bœuf broyée avec de la fuie &
de la terre ampélire. Ce mor vient de k«aa!>ç, beauté ,
5: de ^ii}.i4>xDeti , paupière. Dict. de James.
CALLIÉHORE. C'ctoit un lieu peu éloigné d'E-
leufine dans l'Attique , ainfî nommé à caufe des
danics facrées qu'y faifoient les femmes en l'hon-
neur de Cérès.
CALLIG. f. m. Terme de Relation. C'eft un ca'ial
artificiel qui porte l'eau du Nil depuis le vieux
Caire jufqu'à Damiette. Canalis arte faclùs , cana-
- liculus. Il a 90 milles ou 50 lieues de long , te
quatre cannes de "large. Les Baflas le font garder
par des Soldats , de peur que l'eau n'en ibit diver-
i7S
CAL
CAL
lie. Ils font bbligcs de l'entretenir & de le net-
toyer. 11 y a au Caire une grande colonne de marbre,
où l'on va obfcrver la croiHance des eaux du Nil ',
& quand elles montent à ij pieds , c'eft une grande
rcjouiflahce , car alors toute* les terres ibnt inon-
dées. Mais elles ne montent pour l'ordinaire qu'à
19 : c'eft cinq ou lîx toifes de France. L'ouverture
s'en fait tous les ans par le Bafla , avec grande cc-
tcmonie OC magnificence.
Ce mot eft arabe, iiSn, Ha/ig, qus Raphélangc
traduit amnis , une rivière , £c d'autres un bras de
mer , Si le bras d'un fleuve , & un canal, un ruiffeau.
Il vient de j^Vi , Hhalaga , qui fignifie , movit ,
agitavit , traxit , ahjlraxit , arriptiit.
CALLIGRAPHE. f. m. Ecrivain , Copifte , qui mettoft
autrefois au net ce qui avoit été écrit en notes
par les Notaires. Ce qui revient à peu près à ce
que n«us exprimerions maintenant ainli, celui qui
fait la grofle d'une minute. Calligraphus. Autrefois
©n écrivoit la minute d'un ade , le brouillon ou
le premier exemplaire d'un ouvrage , en notes -,
c'eft-i-dire , en abréviatious , qui croient une ef-
pèce de chiffre -, telles font les notes de Tiron ,
qui ibnr dans le fécond Tome de Grutcr. Cela fe
faifoit pour écrire plus vite , & pouvoir fuivre celui
qui dic^oit. Ceux qui écrivoient ainfi en notes
s'appcloient en latin Notaires, &: en grec 2.jfiji»yf«i?«'
& T»x>'yf»<P»' ; c'eft-à-dire , Ecrivains en notes , 5c
gens qui écrivent vue. Mais parce que peu de gens
connoifroicnt ces notes , ou ces abréviations , que
d'ailleurs ces premiers exemplaires ne pouvoicnt être
alFcz nets ni afTez propres -, d'autres Ecrivains qui
«voient la main bonne , &c qui écrivoient bien &c
proprement , les copioicnt pour ceux qui en avoient
befoin , ou pour les vendre-, & ceux-ci s'appc-
loient Calligraphes , nom qui eft ancien , puifqu'Eu-
fèbe , au à. 17 , du VP livre de VHiJlaiTe Ecclé-
Jîajliijue , &c S. Grégoire de Nazianze le leur donnent.
Il eft aufTi parlé dans quelques ConcMes de ces No-
taires &c de CCS Calligraphes , comme dans le IP.
de Nicée. Néophyte & Tlicopcmpte font d'anciens
Calligraphes du X^ & XP licçles. Le P. Montfaucon
a donné un catalogue alphabétique de tous les
Calligraphes connus. C'eft dans fa Palxographie ,
L. I , c. 8.
Ce mot Calligraphe , eft grec , compofé de ««a>«î ,
ieauté, & de ff^pu j'écris ; éc fignifie «T? ««aa»? yfîiOm ,
^ui écrit pour la beauté , pour Pornement , félon
que l'interprète Théophiladie Simocatta , Hifioriar.
L. VIII , c. 15 , ainfi que l'a remarqué Fabrot ,
& après lui le P. Montfaucon. ^oyf^ fur les Cal-
ligraphes les Gloflâires de Fabrot fur Téophilaclc
Simocatta, & fur Ccdrenus , & le P. Montfaucon ,
Palaogr. L. I , c. $ , 6 , j , S.
,CALLIMAQUE. f. m. Nom d'homme. CalUmachus.
Callimaque commandoît l'Armée des Athéniens à
la bataille de Marathon , après laquelle on dit qu'il
fut trouvé debout , quoique tout percé de flèches.
Callimaque , Poëtc Grec. Madame Dacier a fait une
édition des cpigrammes & des hymnes de Calli-
tnaque , auxquelles elle a joinr de favanres notes.
Ce mot vient du grec , qui fignifie heau Com-
hattant , ou l>07i Comlattant , x«aa« , beau , bon ,
te it.i.Kr.tiia.1 , je combats.
CALLINIQUE , f'. m. Nom propre d'homme. Calli-
nicus. C'eft aufli le furnom de Seleucus II , Roi
de Syrie.
Ce nom eft grec Se fignifie beau , ou bon vain-
queur , de x«/«ç , & iixâu.
CALLIONYME. f. m. Poiifon que l'on appelle en-
tore Uranofcopus , c'eft-à-dire Aftronomc. On le
trouve fréquemment dans la mer Mcditerrance. On
dit qu'on en peut tirer un fort bon remède pour
la cataracte. Hippocrate en fait mention , 8c il
le met au nombre des poiflbns les plus dcflîcati''"'; :
c'eft pourquoi il la recommande comme un ali-
ïTient convenable dans la IciKophlegmatic , darîs
les indifpofitions de la rate,' te dans une certaine
maladie cau£ée par un amas de phlegmes blancs dans
ie ventre, après une longue fièvre, Kxsxiutvii,-. Ce
mot vienr de K«Aff! , beau , & de ^of^a , noi9- Dicx.
DE James.
CALLIOPE. f. f. Nom d'une Mufe qui prcfide à l'é-
loquence , ou à la Rhétorique & à la Pocfie hé-
roïque. Calliop< , Calhopea. Calliope eft un nona
grec , qui fignifie belle voix , ou bonne voix , qui a
une belle ou une bonne voix , de '-«a»! , bon , ou
beau , & <5ô»<i , voix. Les Poètes difent que Calliope
éroit mère d'Orphée.
CALLIPLDIE. f. f-. CallipaJia. C'eft le titre que
Claude Quillct , natif de Chinon en Touraine , a
donné à fon pocme latin , des moyens d'avoir de
beauX'cnfans.Ct titre eft formé des deux mots grecs ,
KaA',5 , beau , Se nxî'- , enfant. Il eft bon de remarquer,
après M. de la Monnoye , dans fes nores fur les
jugemens des Savans de Bailler , T. y, p. 185 ,qua
Quilkt n'étoit ni bénéficier , ni engagé dans au-
cun ordre lacré , lorfqu'il fit fa Callipédie, Il s'y d^
guifa fous le nom de Calvidii Leti , qui eft l'ana-
gramme de Claudii Quileti , en fupprimant le Q.
Le Cardinal Mazarin , conrre quiil avoit lancé plu-
fieurs traits fatyriques , lui donna nne Abbaye , qui
luifit rcrranchcr tout ce qui étoit contre cette Erai-
nence , à qui la féconde édition fut dédiée. Cela
ne fervit qvi'à rendre la première plus rare.
CALLIRHOÉ. f. f. Terme de Mythologie. C'eft un
nom propre de femme & de fontaine. Callirhoe,
Callirhoé , fille de Scamandre , &: femme de Tros ,
troilième Roi de Dardanie , fut mère d'Ilus , d«
Ganymède Se d'Aflaraque. Callirhoé de Calydon ,
qui fe tua pour avoir caufé la mort à fon amant
Corefus , a fourni à nos Poètes un fujet de Tra-
gédie. La fontaine de l'Attique proche de laquelle
elle fe tua , pcrra fon nom. II y en avoit auiîi une
de ce nom , à l'Orient du Jourdain, où Hérodes
I , alla prendre les eaux peu de remps avant l'a
mort. Dans ce mot l'e eft femic , & ne peut ter-
miner qu'un vers mnfculin.
Callirhoé , fille d'Achéloiis, que l'on nomme quel-
quefois Arlinoé , tut époufée par Alcméon .à la
place d'Alphéfibée , qu'il venoir de répudier ; ce
qui fur caufe de la mort d'AIcméon. Les cnlans
de Callirhoé vengèrent cette mort dès leur plus
tendre enfance.
Callirhoé' , fille de l'Océan , félon Héfiode , époufâ
Chryfaor , & en eut Géryon , ce fameux Géant
à rrois têtes , & un autre monftre nommé Echidna.
CALLIST AGORAS , f. m. fut honoré comme un
Dieu à Teno. Clem. Alexand. Admon. ad Gent.
Voffius de Idolol. L. I , C. 13.
CALLISTE. Voye^ Caliste , ou Calixtî.
CALLISTES. f. f. pi. Fêtes en l'honneur de 'Vénus ,
qui étoient particulières à Tlfle de Lcsbos, & dans
lefquelles les femmes fe difputoient le prix de la
bcaurc.
CALLISTHÈNE , f. m. Nom d'homme. Callifihi-
nes y ««Ao« , Se Bêta/ , valeo , po£um ; 5t»«5 , vis , ro-
bur.
CALLLSTIN. Foye^ Calixtin,
CALLISTRATE.Y. m. Nom d'homme. Calliftratus.
Il fignifie proprement , bon homme de guerre , da
K/A-5, bon., & TTfurt^, armée.
CALLIXENÉ. f. m. Nom d'homme , Callixenus , qui
vient de r^-Ais , bon. Se |£'v««, étranger , hôte.
CALLOSITE, f. f. Callus , callum. Chair blanche ,
folide , f celle , Se fans douleur , qui eft' engendrée
par congeftion d'un excrément pituireux defféchc \
ou mélancolie adufte , qui couvre la circonférence
de l'ulcère , Se occupe le lieu fur lequel fe devroic
engendrer la bonne chair. Le Chirurgien doit tâ-
cher que les ulcères fe referment fans callojités.
^fT Callosité , en termes de Jardinage , fe dit d'une
matière calleufe qui fe forme à la jointure ou à la
reprife des pouffes d'une jeune branche chaque»
année , ou aux infertions des racines. Encyc.
CALLOT. f. m. On nomme ainfi une maffe de pierre
que l'on tire brute des ardoifières , pour la f^drc
& tailler en ardoifes.
CAL
03- CALMANDE. f. f. EtofFe de laine luftrée d'un
côté , coipme le Satin. Il y a des Calmandes uyca
ou unies , & des Calmandes. à Hcuis, On fait entrer
dans ces dernières , de la foie ou du poil de çhcvrc.
CALMANT, f. & adj. Terme de Médecine, Miugans,
J'ed.ins. §3" On appelle caïmans en Médecine les re-
mèdes narcotiques ou fopoTatift,tels que le laudanum.
ÇC? Onled't.en général de tous les renjcdcs qui adou-
çi/ieni; les douleurs caufées par des humeurs acres ,
ou par diftention trop viûicnce des parties, &c. Il
faut donner des caïmans à ce malade : il efl lubftantif
dans cette phralc. La jufquiame cft un remède cal-
mant ; le voici adieél;i% M. Hecquct a fait iin Livre
intitulé : Réflexions fur l'ufrge de l'çpiUfn , des çal-
iiians , &c. des narcotiques pour la giiérifon des
inaLidles, Les caïmans font les fyrops de pavot
blanc , de pavot rouge, le laudanum fec qm, liquide,
le philoniura magnum, l^c, Bouillet.
^ CALMAR. Ville de Suéde , dans la Province de
Smaland , avec un Port de mer , fur la- côte de la
mer Baltique. Elle fut brûlée en i&\-j. On l'a de-
puis conlîdérablement augmentée. Elle donne fon
nom, au dctroit de Calmarfund, "qui e{|: entre cette
Ville & rîlc de Gorland.
Calmar. ( Quelques - uns écrivent Calemar. ) f. m.
Étui, canon d'une écritoire portative , qui fert d'étui
pour y metfe des plumes 6c un canif. Calamoruni
tkeca. Ce mot n'eft guère en ufage qu'au Collège.
Il vient de calamus , plume i ou de calamar ium ,
qui fignifioit écritoire,
^pT Les Encyclopéd'ltes définiflent le Calmar , un vafe
de plomJû ou de verre plein d'encre qu'on a placé
au milieu d'une éponge mouillée, dans un plateau
de fayance ou de bois. On donne encore , difent-
jls , le nom de Calmar à un vailî'eau de criftal j à
peu près de la forme d'un alambic , excepté que le
tec de celui-ci tend en bas , & celui-là en haut. On
l'appelle communément cornet .à lampe. Il femble
pourtant que Calmar ç.'k un vieux niot qui a tou-
jours iîgnifié un étui où l'on met des plumes à
écrire , & non un vafe où l'on mer l'encre.
CALMARE ou CORNET, f. m, Zo//<ro, Poiflbn qui
rcifemble à la Séçhe , ou qui en eft une efpèce ,
tuais dont la chair eft plus molle. Il a dans le ventre
deux réfervQirs ou canaux remplis d'une liqueur
fort noire , dont on pourroit fe fervir au lieu
d'encre. Ce Poiflbn fe trouve ordinairement en
pleine mer. Il vit de petits poiflbns , d'écrcvifles ,
de langouftes de mer. Il eft bon .à manger. Il eft
ilomacal , & propre à çhafîcr les vents. Il répand
autour de lui une liqueur fi noire , qu'elle trouble
toute i'eau , & qu'il fe dérobe aux pêcheurs , ce qui
lui a fïit donner le nom Latin de LoH^o , du Grec
c>io', , noir. On nomme encore ce poiflbn Tante.
.^pt On diftinguedeux forres de Calmars , le grand 8c
le petit , qui eft appelé Cafleron. Il diffère de l'au-
tre , en ce qu'il eft plus petit, & que l'çxtrçmité
de fon corp;; eft plus pointue,
CALME, f. m, Ceflation entière du vent , bonace.
TranquiUitas maris. Ce que les Mariniers crai-
gnent le plus en pleine mer , c'eft d'être pris du
calme. Ils appellent calme , quand il n'y a ppint du
tout de vent \ quand on ne fent pas la moindre
haleine, de vent; en forte que le vaiffeau ne va plus
qu'au gré de la mer. Malacia. Le calme eft avan-
tageux aux galères , & dangereux aux vaifleaux voi-
liers, f tre pris du calme , c'eft demeurer fans aucun
vent, en forte qu'on ne va plus qu'au gré du:cou-
rant de la mer. Tomber dan* le calme , c'eft la même
chofe. Le calme fuccède à l'orage.
Ce mot , félon Covarruvias , vient du grec ,
.xi^z^cx calor , chaleur. Quand il ne fouftle point
de vent , la chahut eft beaucoup plus grande,
I/CTÇalme, pris dans un fens figuré & appliqué à l'ame,
à. l'Etat ou à quelque Société particulière , exprime
une fituation exempte de trouble &c d'agitation , qui
fuccède à une fituation agitée ^ ou qui la précède.
^C? Le iiaot tranquillité , dit M, l'Abbô Girab-p , ne
CAL
^79
regarde prccifément que la fituation en elle -mène,
& dans le temps préfent, indcpcndaraa-acnt de toute
relation : celui Ac paix regarde ceue fituation, par
rapport aux dehors & aux ennemis qui pourroicnt
y caulct de raltcration : celui de calme la regarde ,
par rapport à l'événement , foit palfé , foit futur,
IJCT On a la tranquillité en ibi-même , la paix iivec
les autres ; ^ le calme après l'agitation,
IfT Les gens inquiets n'ont point de tranquillité dans
leur Domeftiqiie, Les Querelleurs ne font guère
en paix avec leurs voifins. Plus la paillon a été
orageufe, plus on goûte le calme, Lq calme règne
dans un efpric qui a une fois dompté les paifions,
La modération des perfonnes heureufes vient du(
calme que la bonne fortune a donné à leur humeur,
RocHEF, Un Solitaire qui ne connoît d'autres viciA
fitudes que le changement des faifons , jouir d'un
calme profond que rien ne fauroit troubler. M,
ScuD, La vigueur de l'efprit fe relâche, §i la yertu
s'endort dans le calme, Flech,
feui-on s'accoutumer à ne fentir plus rien ?
Mt pour les çtsurs enfin le calme eji-ilini bien ?
Des Hout,
ta. difcorde à fafpecl dfun çalme qui l'offenfe ,
Fait Jifl^er les Jerpens. Bon.
Sous un caliiae trompeur k monde a mille écueils.
Théo p.
1^ Calme, eftaufTi adjedif, & a les mêmes fignifi-
cations au propre &: au figuré, La mer eft calme ,
quand il ne fouffle aucun vent. L'été eft une faifon
plus calme que l'autonne. L'efprit eft cahne ^ quand
il eft dans une fituation exeqipte de trouble & d'agi-
tation , qu'aucun événement n'altère. La fédition eft
appaifée , tout eft calme dans l'Erar. On dit dans le
même fens , qu'un malade eft calriie ; pour dire , qu'il
eft fans agitation, fans douleijr, ^près iine crife ,
un accès de fièvre,
CALMER, V. a. Rendre calme , appaifcr , fnodcrer,
Sedare , placare , tranquillare. Il fe dir tant au pro-
pvre qu'au figuré, Neptune calma les flots, Le
Prince a calmé fon Etat , il en a appaifc tous le?
rroubles , il a rrouvé le moyen de calmer les efprits.
Ce Prjnce étoit en colère , mais il s'eft calmé à la fin.
La haine entre les grands fe calme rarement, Corh,
On dit neutralement furlam.er, il calme ^ pour
exprimer que le vent s'ab'Daiife, Tranquillari , Je"
dari , placari,
CALME , EE. part-.
CALMI. f. m. Sorte de toile peinte , quj fe fabriquij
dans les Etars du Grand Mpgol ; le négoce en eft:
interdit en France,
CALMOUCKS eu CALMOUCS. Nom de peu,
pie, Les Calmoucs font des Tartares qui occupent
le pays qui eft entre le Mongul & le Volga juf-
qu'à Àftracan. Les Calmoucs n'ont point de villes
ni d'habitations fixes , ils ont des tentes de feu-
tre fort propres & fort commodes , ^ font tou^
jours en courfe. Ils font divifés en une infinité de
hordes , qui ont chacune leur Kam particulier. Le
P. Avril Jéfuire en parle au IIP Liy. de fon Voyage
de la Chine, On joint fouvent le mot Tartare 4
celui de Çalmouc , éc l'on dit les T2.xt3.res Calmoucs ,
au lieu de dire les Calmcucs tout court. Les Cal^
moues font des m.onftres de nature. Quand on les
regarde en face , on ne fait de quelle couleur eft
leur vifage , ni où font leurs yeux & leur nez. Mém,
DES Miss, du Lev. où Ton écrit une fois RaU
moues ^ &c pluficurs fois Kalmoj/cs. L'S Calmoucs
font robuftes 5 bons foldats , mais les liommes les
plus laids & les plus difformes qid fuient fous le
ciel : ils ont le vifage plat & large, les yeux forç
éloigné? l'un de l'autre ; le peu gu'ils ont de ue»
i8o
CAL
efl: Cl cctaCé , qu'on n'y voit que deux petits
trous au lieu de narines. Tavernier , Tome
premier.
ça* CALNIDE. Perite ville de France , fur la Dor-
dogne , en Périgord , à cinq ou lix lieues de Pé-
rigueux.
CALOBRE. f. f. Efpèce de vêtement long , Se qu'on
mettoit ordinairement par-deilus un habit pour le
conferver.
CALOCER. f. m. Nom d'homme. Calocerus. S. Calo-
cer cft un des onze premiers Evcques de Ravenne ,
que l'on y nomme de la Colombe. Il y a encore
un faint Calocer de Rome , dont Bède parle. Voye^
Chaftelain , Mar/yro/. ii'Fev. p. 6\6 , 6\j.^
Ce nom vient du Latin Calocerus , qui s'eft dit
pour Calocerus , qui fignifie Caloyer.
CALOCHIEUNI. f, m. Il paroîr que ce n'eft autre
chofe qu'une grande efpèce A'Jtraclylis commune
en Grèce & en Crête. On l'a appelée atraclilis ,
de arpccxTloi , fufeau , parce que les femmes s'en
lervoient jadis en fufeau. Nous lifons même dans
Lovell que les femmes Grecques l'emploient en-
core aujourd'hui au même ulage aux environs de
Conftantinople-, cardans cette contrée cette plante
«>'clève à la hauteur d'un homme ; 8c lorfqu'elle cft
parvenue à fa maturité , fes feuilles tombent , &
fa tige demeure sèche &c roide. Diction, de
CALOgÊR. Foyei CALOYEIÎ.
CALOMNIATEUR , lATRlCE , f.m, 5c f. Qui accufe
faulfement quelqu'un , qui lui impute des défauts
ou des vices qu'il n'a pas. Calumniaior , Calum-
niatrix. On peut avancer une calomnie fans être
calomniateur ; la bonne foi exténue le mal. Arn.
Anciennement les calomniateurs fubiflbient la peine
du talion ; c'cft-à-dire, la même peine que l'accufc
eût fouiferte , s'il eût été convaincu du crime qu'on
lui iropofoit. Dans la fuite , on leur imprima fur
le front la lettre K avec un fer chaud : ulage qui
f iblifta jufqu'àConftantin. Aujourd'hui cette exaôle
jaflice n'eft pas obfervée. On modère la peine par
rapport aux perfonnes , & à la nature de la ca-
lomnie. C. B. Le nom que les Grecs ont donné
au Diable , eft celui de Calomniateur.
CALOMNIE , f f. FaufTe accufation d'un crime,
imputation atroce & mal fondée , contre l'hon-
neur Se la réputation d'autrui. Calumnia , falj'a
• criminatio. Il n'y a rien de plus ordinaire & qu'on
■ punilîe moins que la calomnie. La calomnie eft un
crime d'autant plus déteftable , qu'on ne peut j.v
mais réparer le mal qu'elle fait. On ne doit point
hafardcr légèrement une calomnie capitale, Arn.
Il n'y a point d'excufe pour un calomniateur qui
produit la calomnie avec méditation &; avec ré-
flexion. Toute la puiflance de la calomnie qui
avoit triomphé de Socrate , ne fut que foiblertê
contre la pureté des mœurs de Caton. Le Mait.
Les plus gens de bien fe lailîênt quelquefois trom-
per par l'artifice de laca/o/Tz/n'e. Maimb. La calom-
nie fe gliffe où n'entreroir pas le calomniateur :
la louange marche en tortue , & la calomnie a
des aîlcs" : elle peut en un moment voler du gre-
nier d'un Ecrivain envieux , jufqu'aux palais des
Princes. Fusilier. Dans les Coutumes &c vieux
Titres on appeloit calomnie , l'aélion ou demande
par laquelle on mettoit quelqu'un en Juftice , foit
au civil , foit au criminel -, 6c il fe difoit même
d'une légitime accufation. On l'a dit aulTi de la
peine , ou amende impofée pour une adion mal
intentée & fans fondement.
Ce mot eft tiré du verbe calvo, qui fignifie trom-
pcr , fruftrer quelqu'un.
Les Athéniens avoient fait une Divinité de la
calomnie. Apelles en fit un tableau. Sur la droite
du tableau paroilToit la crédulité , qui avoir de
longues oreilles. Elle tendoit de loin la main à
la calomnie qui s'avançoit. Elle avoit près d'elle l'ig-
norance , fous la figure d'une femme aveugle , &
de l'autre côté le foup(jon rcprcfenté par un homme
CAL
agité d'une inquiétude fecrette. Vis-à-vis ctoit la
calomnie , repréfcntée fous la figure d'une belle
femme, &: ornce de beaux atours, mais dont le
vifage étoiî entlammc & fembloit refpirer la colère
& la rage. Elle renoit un flambeau allumé de la
main gauche , & de la droite elle traînoit par les
cheveux un jeune homme ,. qui Icvoit les mains au
ciel ,• & fembloit prendre le ciel à témoin. Elle
étoit précédée d'un homme pâle , maigre , d'utx
vilage hâve , d'un regard fixe , & femblable à un
homme qui fort d'une longue maladie. Il repré-
fentoit l'envie. Derrière croient deux femmes qui
conduilbient la calomnie^ & qui ajuftoient fes orne-r
mens. L'une étoit l'Embûche , & l'autre la Trom-
perie. Derrière fuivoit le repentir vêtu d'habits
noirs & déchirés , & qui tournant la tête en ar-
rière , avec des yeux tout baignés de larmes , 8ç
un vilage couvert de honte , fembloit recevoir la
Vérité qui s'avançoit. |3=" Apelles fit préfent de ce
tableau àPtolémée, Capitaine d'Alexandre , pour
fe venger de la calomnie d'un autre Peintre qui
l'avoitaccufé d'avoir eu part à la confpiration faite
contre ce prince.
CALOMNIER, v. a. Accufer fauficment, ^ impu-
ter à quelqu'un des vices ou des défauts qu'il
n'a pas. Attaquer , bleflér l'honneur & la réputa-
tion de quelqu'un par des imputations fàufles.
Calumniari aliquem. Les plus grands Saints ont
été fujets à être calomniés. Calomnier une alliance :
c'cft , félon Patru , la blâmer fauflèment , & mal-
à-propos., ,
CALOMNIE, EE. part.
CALOMNIEUSEMENT. adv. D'une manière calom-
nieufe. Per\ calumniam, calumniose. Il a obtenu
un Arrêt qui l'a déclaré faulfement & calomnieu-
fement accule.
CALOMNIEUX , EITSE. adj. Qui contient des ca-
lomnies. Calumniofus. Ces écritures font pleines de
faits injurieux &: calomnieux.
0Cr CALONE , rivière de France en Normandie,
qui a fa fource à Dures-en-fontaines , pafle à Bail-
leul, à Afnières & à Conneilles, & fe perd dans
la rivière de Touques à Pont-l'Evêque.
CALONNIERE. f. f. Terme populaire. On dit canon-
nière.
CALOT, f. m. nom d'un Graveur fameux , qui ne
gravoit que dans le grotefque : d'où l'on a dit,
figure à Calot ; pour" dire , figure extraordinaire
& riiible. Voyez Grotesque.
Calot, f. m. Morceau de bois pour caler une pièce
de charpente , &: la mettre droit fur fon chanriet.
Dicl. des Arts 1751. C'eft ce que Richelet & d'au-
tres appellent cale.
^ Calot, chez les faifeurs de dragées atfmoulc».
eft une calotte de chapeau dans laquelle ils met-
tent les dragées après qu'elles foat féparces des
branches.
Calot, f m. C'eft le nom d'une efpèce de poire
qui eft bonne à cuire , qui fe conferve jufqu'au
mois de Mai , & qui fe nomme encore Donville.
CALOTTE, f. f. Petite coiffe , efpèce de petit bon-
net de cuir, de fatin , ou d'autre étoffe, qui cou-
vre le haur de la tète. Pileolus , galericulus. La
calotte rouge eft une marque de dignité , car il
n'y a que les Cardinaux qui la portent,
On dit que le Pape a donné la calotte à quel-
qu'un , pour dire , qu'il l'a élevé à la dignité dç
Cardinal. Acad, Fr.
On appelle calotte à oreilles , une grande
calotte qui couvre les oreilles. Les vieillards en
portent.
La calotte , qui a été introduite d'abord par
nccefTité, eft devenue depuis un ornement pour
les Eccléfiaftiques -, & comme les nouveautés trou-
vent de l'oppofition , par un ftatut de la faculté
de Théologie de Paris du premier Juillet ijtîi,
il fut défendu aux Bacheliers de foutenir ou de
dilputer en calotte. M, le Cardinal de Richelieu
eft le premiei Eccicfiaftique qui ait porté la calotte
Cal
CAL
en France. M. Thiers , Hijî. des pefruquei.
Calotte. Terme d'Armurier. C'eft ainli que les
Armuriers ou Arquebuliers nomment une petite
plaque convexe- de fer poli , qu'ils mettent au
bout de la poignée du piftolet, GaUriis ftrreus.
ffr Calotte. Terme de boutonnier. C'eit ainli
qu'on appelle la pièce de Métdl qui forme la
couverture d'un bouton. Chez les fourbiîicurs ,
c'eft la partie de la garde d'une cpéc fur k'
quelle on applique le bouton au defllis du pom^
meau.
Calotte. Ce terme efl: employé par quelques Bo-
taniftes dans la defcription des parties de certains
fruits , &C dans celle des calices de Certaines fleurs ,
parce que la figure de Ces parties ou de Ces cali-
ces approche de celle d'une calotte. GaUriculus.
Calotte , en termes d'Architeiilure , efl: une pof-
tion de voûte fphérique ou fphcroïque , qu'on fait
au milieu des vouces &: platfonds pour les élever
en cet endroit. Frezier.
Calotte. Terme d'horlogerie. C'efl: une efpèce de
boîre qui renferme le mouvement d'une montre ,
pour le garantir de la pouiliôre.
Calotte Ciphalique. Efpèce de fachet rempli de
mcdicamens propres à guérir les maux de tête,
dont on faifoit autrefois ufage. Dans les maux de
t&te , on l'appliquoit fur cette partie.
Calotte. C'eft le nom de la Confrérie des Fous,
qu'on appelle le Régiment de la Calotte ; & Calotin
cft un Soldat ou un Officier de ce Régimenr. Un
tranfport Calotin , eft un tranfport de folie. M. de
Bûifly , Scène } de fa Comédie de la Critique ,
s'cft fervi de cette exprelfion. Le cinquième tome
du théâtre de la Foire commence par une pièce
d'un Ade , intitulée Le Rec;unent de la Calotte ,
à la tête de laquelle eft un Avertiflement , où
l'on dit que pour mettre au fait du Régiment de
h Calotte ceux qui n'y font pas , ils fauront que
ç'eft un Régiment métaphyfique , inventé par quel-
ques efprits badins , qui s'en font fait eufx-mêmes
les principaux Officiers. Ils y enrôlent tous les
particuliers , nobles & roturiers qui fe diftinguent
par quelque foHe marquée , ou quelque trait ridi-
cule. Cet enrôlement fe fait par des brevets en
profe ou en vers, qu'on a loin de diftribuer dans
le monde. De Calotin , eft venu Calotinijer , en-
rôler dans le Régiment de la Calotte. C'eft un verbe
employé dans la troificme fcène , où Momus dit à
un Avocat ; mais qu'avez -vous fait pour mériter
l'honneur d'être calotinifé ?
Il a paru en i7ij un livre in-^o intitulé M;'-
moires pour fervir à l'hifioire de la Calotte. On
y a inféré un grand nombre de fatyres calomnieufes
contre des perfonnes refpedables par leur nai/îance
$c par leur mérite. Les Chefs du Régiment n'ayant
jamais eu en vue qu'une critique badine des ri-
dicules , qui ne porte ni fur les conditions , ni fur
les mœurs , ont cru pour l'honneur du corps de-
voir s'élever contre un pareil attentat , & ont ren-
du un arrêt contre cette fauffe édition des bre-
vets & autres réglemens fuppofés. Cet arrêt , qui
çft en vers , a , de même que ce qui vient d'être
dit, été imprimé dans le mercure d'OAobre lyitj.
CALOTTIER, f. m. Marchand de calottes. Celui
qui a le droit de faire & de vendre dçs calotte$
Galericulorum opifex , propula.
Calottier, fe prend aulTi pour un homme qui porte
calotte. Tels ont été dépeints trois des principaux
ligueurs dans l'exemple fuivant : « Il fe trouva aux
•> Etats , de notables & fignalés Officiers , qui ne
»> cédoient rien en grandeur de barbe & de cor^
» fage aux anciens Pairs de France : 8c y en avoir
»' trois pour le moins de bonne connoiflance qui
" portoient calotte à la catholique, & un qui por-
P toit grand chapeau , &: rarement fç défubloit :
" ce que les politiques détorquoient en mauvais
*> fens , & difoient que les trois calottiers étoient
»> tigneux gc le grand chapeau avoir la îête copmç
i8x
i> le Poëre ^fcbylus -: tellement que leur commun
» dire étoit qu'auxdits Etats n'y avoit que trois
» tigneux & un ^z\c.»^Satyre Ménippée , in-go,
pages \ &c u
Calottier. f m. Noyer , arbre qui porte les noix.
Niix. Ce mot ne le dit que dans les campagnes.
CALOYER ou CALOGER , ERE, f. m. & f. Moine»
Religieux (ou Rcligicufc) Grec, qui fuit la règle
de Saint Balile. Les Caloyers habitent particulière*
ment le mont Athos ; mais ils delfervent prefque
routes les Eglifes d'Orient , dont ils font la gloire ôi
l'ornemenr. Ils fonr des vœux comme les Moines en
Occident. Il n'a jamais été fait de réforme chez
eux ; car ils gardenr exadtement leur premier infti-
tur, &: ont confervé leur ancien vêtement. Ils me-*
nent un genre de vie fort auftère &: fort retirée;
ils ne'mangenr jamais de viande, & outre cela ils ont
quatre Carêmes , &:obfervcnt pluiieurs autres jeunes
de l'Eglife Grecque , avec une extrême régularité. Ils
ne mangent du pain qu'après l'avoir gagné par le
travail de leurs mains. Dans la dernière nécelllré
ils n'obtiennent pas même difpenlé de manger du
beurre , du poiflbn , des œufs ^ de l'huile. Il y en a
qui ne mangenr qu'une fois en trois jours , èc d'autres
deux fois en fept , pendant leur fept femaines de
Carême. Ils palfent la plus grande partie de la
nuit à pleurer , & à gcmir pour leurs péchés , &t
pour ceux des autres : on ne peut pas porter plus
loin les obligations de la vie Monaftique. Taver-
NiER. Le nom fe donne particulièrement aux Re-
ligieux qui font vénérables par leur âge , par leut
retraite , & par l'auftérité de leur vie, Il y a à
Athènes trois Monaftères de Calogeres. La Guill.
Il eft bon de remarquer ici que quoiqu'en France
on comprenne tous les Moines Grecs fous le
nom de Caloyers , il n'en eft pas de même en
Grèce. Il n'y a que les fteres qui s'appellenr ainli j
car pour ceux qui font Prêtres ils fe nomment Jé-
tomonaches. Lettr. Edif. et Cur, Tom. X, p,
54"^ 5 547- Les Turcs donnent aulîi quelquefois le
nom de Caloyers à leurs Dervis , ou Religieux
Turcs. Ce mot Caloger ( car c'eft ainlî qu'il le faut
écrire , mais il faut prononcer Caloyer , les Grecs
eux - mêmes le prononcenr ainlî , ayanr adouci
le fon du y Grec, ou du G , non-feuleiTftnt dans
ce nom , mais généralement dans routes les dic-
tions où il fe trouve \ ) ce mor , dis-je , Caloger ,
ou Caloyer , vient du mor grec «;«AV/ffo« , & il tire
fon origine dex«^«ç , Scycput -, c'eft-à-dire , éon vieil-'
lard. Les Moines Grecs , dit le P. Goar , s'appel-
lent les Uns les autres Caloger , qui eft la même
chofe que ««abî yip-rai , bons vieillards , cornme viel-f
li/fans dans la vertu , in virtute confenefcentes.
Voyez fur les Caloyer f le P, Helyot, t, /, c,
19 , 10,
On appelle aulfi Calogefes chez les Grecs de cer-
taines Religieufes qui vivent en communauté. Elles
fuivent la règle de S. Balile , & font renfermées
dans des Monaftères , ayant à la tête de leur Com-
niunauré une des plus fages Religieufes qui leut
tienr lieu d'Abbelfe. Cependanr 'ces Monaftères
de femmes dépendent toujours de quelque Abbé,
Ces Religieufes porrent toutes un même habit ,
qui eft noir , & un manteau de même couleur -, cet
habit eft -de laine lîmple. Elles ont les bras &:
les mains couvertes julqu'au bout des doigts. Elles
ont de plus la tête rafée -, & chacune a une cel-
lule féparée , où il y a de quoi fe loger. Celles
qui fonr les plus riches ont des fervantes , & elles
nourrillcnt même quelquefois de jeunes filles pour-
les élever à la piété. Après qu'elles fe font acquit-»
tées de leur devoir' ordinaire, elles font des ou-
vrages à l'aiguille. Les Turcs qui ont quelque ref-
pedt pour ces Religieufes viennent jufquc dans
leurs Monaftères pour acheter des ceintures de
leur façon. Les Abbclfes ouvrent volontiers les
portes de leur Couvent aux Turcs qui viennent
acheter le travail de ces bonnes filles , & retournent;
à leur fipparîeinent auffi-tôt qu'elles ont vepdu Içui;
iSz
CAL
marchrindife. Le fîeur de Moni , qui a fait cette
delcription des dilogères ^ou. Religieules Grecques,
après AUatius , ajoute en même temps qu'il a lu
une relation manulcrite de Conil;antinople , où il
n'elT: ptis parlé li avantagculemcnt d'elles. Les Ca-
logcres de Conftantinople » dit l'Auteur de cette
relation manulcrite , l'ont des veuves , dont quel-
ques-unes ont eu plulicurs maris , ôc elles n'em-
braHent cette profeilion, que lorlqu'elles l'ont avan-
cées en âge. Elles ne font point de vœux : toute leur
faintcté conlîfte .à prendrç un voile noir fur leur
tête» & à dire qu'elles ne veulent plus l'e marier.
La plupart demeurent en leurs mail'ons , où elles
prennent le foin de leur ménage , &: même de leurs
parens. Cet Auteut avoue néanmoins qu'il y en a
quelques-unes qui vivent en comiTiunauté \ mais
<]ue celles-ci l'ont plus miférables que les premières -,
c[ue les unes 5< les autres vont par-tout où il leur
plaît, & qu'enfin elles ont plus de liberté fous cet
habit de Religieul'es , qu'elles n'en avoient aupara-
vant i on pourroit ajouter encore à cela , que les
Evêques défendent à leurs Prêtres , fous peine d'in-
terViit j d'entrer dans les Monaftères des Calo-
gsres.
CALPE. f. f. Une des montagnes appelées les colon-
nes (iHercule.
0Cr CALPURNIA. Nom de loix romaines. La pre-
mière avoir été faite contre le péculat. C-n'purnia
Tepetandarum ; la féconde de ambïtu ; une troilième
Calpiirnia militarii. Elles tifoieni; leur nom de leurs
Auteurs.
IJCT La famille C^lpurnia étoit plébéienne ; mais con-
fulaire. Elle a produit plulieurs grands perfonna-
ges.
CÂLQUABLE. adj. Vieux mot, qui lignifie difficile
à paffèr ; on l'a dit en parlanr des rivières.
CALQUAS, f. m. Pharetra. Vieux mot, qui veut dire
ca.r^jUois.
^fT CALQUE, f, m. Poids de la dixième partie d'une
obole.
CALQUER, v. a. Contre-tirer un deflein , le copier
trait pour trait. Terme de Peintres & de Graveurs ,
qui fe dit lorfqu'ils onr un delfein dont le revers
elt marqlié de couleur rouge ou noire , & qu'ils
en marqfient & tracent les traits fur une plaiiche
verniflce , fur une muraille oti autre matière ; ce
qui fe fait en partant légèrement avec une pointe
fL:r chaque trait du dell'ein qui laiii'e l'imprelhon
de la couleur qui efi: au dos fur la planche, ou le
mur,6v. Linéament a graphie defcrihere,
ifT CALQUÉ , ÉE , piart. Delfein calqué. Eftarape
calquée 5 c'eft-à-dire , contre-tirée , en palfant une
pointe fur les traits, afin qu'ils s'impriment fur un
papier ou fur autre chofe.
|fcr CALQUERON. f. m. Partie du métier des étof-
fes de foie. C'eft un linteau de quatre pieds de long ,
fur un pouce de large 6c autant d'épailfeur. Il fert
à attacher les cordes qui repondent aux aleyrons
pour taire jouer les lifles fuivant le befoin , pour
la fabrication de l'étoffe : on attache encore au t.z/-
queron les cordes ou eltrivières , qui le font aulïî
aux mafches , pour donner le mouvement aux lif-
fcs. Encyc.
CALQUIER. ad), maf. ou fubdantif. Les Atlas cal-
quiers font des l'atins des Lides. Il y a aùdî des taf-
fetas des Indes qui portent ce nom. Calquier des
Indes.
ip- CALSERY. Ville d'Afie,dans l'Indouftan , au
Royaume de Jamba , auprès de la fource de la ri-
vière de Gemené.
CATRY. f. m. Nom d'homme. Caletricus , Calacleri-
cus, S. Caltry naquit l'an 519 de famille noble ;
à 27 ans il fut choifi par les fuffirages communs du
clergé &: du peuple de Chartres , pour fucccder à
S. Lubin leur Evêque. Il aflîfta au IIP concile de
Paris , en ■; 5-, Se en $66 au IP de Tours , & mou-
rut l'année fuWante $6j.
CALVAGI. f. m. Terme de relation.Off.cier du Grand-
Seigneur , tels que font les Fruitiers dans la Mai'
CAL
fon du R.OÎ , qui font 1 s compotes , confitures SC
autres femblablcs mets de dellèrt, Vigenes.e. Il y
a dans le Serrail dix Calvagi-s,
CALVAIRE, f. m. Petite niontagne d. ia Terre-Sainte.
C'alvariis nions ou lociis, L c Calvaire étoit une pe-
tite montagne près des mur-, de Jerufalcm , au nord»
ou félon d'autres , au nord-eit de cette ville. C'étoic
le lieu où l'on exécutait l.'S criminels , &où Jel'us-
Chrift voulut Ibuffirir la mort pour nous fur une
croix, Conltantin le Gtand fit enfermer ce lieu , &C
le fépulcre de J. C. de murailles , & y fit bâtir une
églife magnifique , appelée le Saint Sépulcre , qui
fublifte encore. Et ils arrivèrent ainli au lieu qu'oa
appelle Golgotka ; c'eft-à-dire , Calvaire. Bouh. Il y
en a qui croient certaine tradition qui porte qu'A-.
dam fut enterré fur le Calvaire, S<. qu'Abraham y
conduifit l'on fils pour l'immoler.
Ce mot calvaire s'eft formé du latin catvaria ,
qui lignifie un crâne. Elle s'appeloit en hébreu nou-
veau , ou en Chaldéen & en Syriaque }Hrh:hi ,
Gulgulta , d'où l'e fit Golgotha , qui fignifie la même
chofe que Calvaire. Ce nom lui fut donné, félon
qualques Auteurs , parce qu'elle avoir la forme de
la rête ou du cr.îne de l'homme ■, &: félon d'autres ,
parce qu'on y voioit les crânes de ceux qui jvoienc
été mis à mort pour leurs crimes.
^3" Quelques-uns dérivent ce nom de calvus , chauve,
parce que , dit-on , cette éminence à Jerufalem
croit nue & fans verdure : ^ c'efl: en eiiet ce que
fignifie le mot hébreu Golgotha , que les Interprètes
Larins ont rendu par calvarix- locus.
En termes de fpiritualité, on dit , aller au caPlfhire^
monter au calvaire , pour dire , embralfer des pé-
nitencesjdes mortifications , des afflictions , les cher»
cher ; demeurer au calvaire , les fupporter pariera-.-
ment , les continuer ; être dans l'état d'aftliétipn, d^
mortification , de fouffirance.
L'Ordre de Notre-Dame du calvaire. Voyez Cal»
VAIRIENNE, " '
Calvaire, f. m. En rermes d'archiredure, c'eft u.is
chapelle élevée fur un tertre , en mémoire du liea
où Jefus-Chrilt fut crucifié proche de Jcrufalera,
Calvaria.
CALVAIRIENNE. f. f. Religieufe dé l'Ordre de No^
tre -Dame du Calvaire. Calvariana , Monizlis 4
monte Calvaria dicla. Les Religieufes de ^-lotre^
Dame du Calvaire fe vantent d'avoir eu pour fon«
datricc Antoinette d'Orléans , fille de Lconor d'Or-,
léans , Duc de Longueville & de Marie de Bour-
bon , Comrellê de Sainr Paul. Antoinette d'Or-
léans fut d'abord Religieufe Feuillantine , &C en-,
fuiie de Fontevtault , & coadjutrice de l'Abbellè
Eléonore de Bourbon fa tante •, mais au vrai leur
fondateur , fur le P. Jofeph le Clerc de Tremblay ,
Capucin , fi célèbre dans l'hiftoire du Cardinal de
Richelieu. Ce Père , dans le cours de l'es millions
& de l'es prédications , eut occafion de connoïtre
le mère Antoinette d'Orléans, à laquelle il fervit
beaucoup pour la réforme de l'Ordre de Fonre-
vrault -, mais voyant que toutes les Religieufes de
Fontevrault n'ctoient pas dans la difpofition d'em-
bralfer une rétorme aulîî auftère que celle que la mera
d'Orléans & lui vouloient introduire , il obtint du
Pape une Bulle, qui permit cà la mère Antoinette
d'Orléans & à toutes les Religieufes -zélées qui vou-
droient la fuivre , de forrir de l'Ordre de Fonte-
vtault , Si d'établir un nouveau Monaftère. Il le b.i-
tit à Poitiers eni6ij^. Le Pape leur permit d'y pra«
tiquer la règle de S. Benoit dans toute fa pureté.
La Reine-Mete fe déclara Protecïlrice du iiouveau
Monaftère ', ce qui leva toutes les difficultés qu'on y
faifoit, & la mère Antoinette d'Orléans y arrivais
Z) Avril 16 ï%. Le P. Jofeph drelfa des co'vftitu-
tions.Il obrint de Grégoire XIII une bulle qui cr;-
geoit lesMonaftères de Paris, de Poitiers , d'An?ers,
& tous les autres fondes &c à fonder par les Reli-r
gieules de" la mère Anroinette d'Orléans, en con-
grés^ation de l'Ordre de S. Benoit , fous le titre de
Noue - Dafue dij Calvaire, Ce qui fut confirmé
CAL
paf utie féconde Bulle du lo Juillet lyii. Foye^i
■ le P. Hélior , T. f^IJ , c. ^6. On appelle ces filles
Rcligieufes du Calvaire , ou Laivairiennes.
CALVANIER. f. m. Terme d'agriculture. Ceft un
homme de Journée qu'on prend, pendant la moif-
ibnpour entaircr les gerbes danj la grange. Miffonus
bajulus , mt^orii operis vecLirius , admimjier. Un
bourgeois qui donne fa terre à moitié fruits , efl
obligé de fournir des Calvanicrs à fon métayer.
CALVARDINE. f. f. Vieux mot , qui lignifie perru-
que. AJcititia cxfaries. Bord croit que ce mot vient
de calvus , chauve , parce qu'autrefois on ne prenoit
la perruque que lorlqu'on étoit chauve. •
CALVILLE. Foyei Calleville.
CALVINIEN , ENNE, adj. Qui appartient à Calvin ,
ou à fa feéte. Calvininnus. Un lentiment calvinlen.
Une doi5i:rine , une propolition Calvinienne. Les
principes de Janlcnius l'ont purement Calviniens.
Genève eft une ville toute Calvinienne.
CALVINISME, f m. Scéic , parti , doéirine, fentimcrrs
de Calvin & de fes fedlateurs en matière de religion.
Cdlvinifinus. Calvini fecla , hierejis. Le Jéfuite Main-
bourg a compofé une hiftoire du Calvinifme.
Le plus pur Calvinifme eft dans la ville de Ge-
nève , d'où il s'eft répandu en France , en Angle-
terre & dans les Pays-Bas. Le Calvinifme a été en-
tièrement détruit en France par la revocation de
l'Édit de Nantes l'an KÎ85. Il eft la religion domi-
nante dans les Provinces-Unies depuis l'année 1571.
Ce fut en cette année -la qu'il fut reçu dans ces
provinces tel qu'il s'enfeignoit à Genève , pour
être la feule religion publique. Des treize Cantons
SuifleSjil y en a lix qui font profeifion du CWvi-
Tiij'me ; de ces lix néanmoins , il y en a deux qui font
partagés en Catholiques & en Calviniftes. Le Cal-
vinijrrie eft aulîi répandu dans le Palatinat , maisl'E-
leéleur Palatin eft préfentemcnt Catholique. Il fc-
roit trop long de rappotter toutes les erreurs que
Calvin a enfeignées : on peut juger du mérite de fa
religion par celles que voici. 1°, La prédeftination
& la réprobation font antérieures à la préviiîon de
quelque œuvre que ce foit , bonne ou mauvaife. 1°.
La prédeftination & la réprobation ne dépendent
que de la feule volonté de Dieu, fans aucun rap-
port aux mérites ou aux péchés des hommes.
30. Dieu donne à ceux qu'il a prédeftinés la foi, qu'ils
ne peuvent perdre i il leur donne une grâce nécef-
/itante qui ôte la liberté , il ne leur impute point
leurs péchés , quelque énormes qu'ils foient , mars
il les couvre de la juftice de J. C. 4°. Les juftes
ne fauroient faire aucune bonne œuvre , à caufc du
péché originel qui eft en eux. 5°. Ils ne font pas
obligés de faire de bonnes œuvres , parce qu'ils font
cxemts de l'obligation d'oblérver la loi qui les
commande. 6^, Les œuvres de juftice ne méritent
que l'enfer , &c. Ces points de religion , & plulieurs
autres qu'on pourroit rapporter , ont paru lî horri-
bles 6i fi contraires à la raifon & au bon fens, que
les Seâiateurs de Calvin en ont rejeté plulieurs ;
mais ils ont toujours foutcnu des erreurs fondamen-
tales qui les réparent de l'Eglife Catholique.
.CALVINISTE, f m. & f. Hérétique qui fuit la doc-
toine de Calvin. Calvini feclator.^nVizncç , on iç-
pelle les gens de cette feéle Huguenots , & Parpail-
J.aux parmi le peuple. En Allemagne , on les con-
fond avec les Luthériens & autres fous le nom de
Protejlans. Le P. Gaultier leur attribue cent héré-
fies dans fa chronologie 5 & le P. François Feu-Ar-
dent, Doéleur de Patis , en parlant des erreurs des
Calvinijtes , leur en donne mille quatre cens , dans
un ouviage intitulé Theomachia Calvinijlicéi.
Les Calvinijies prennent le nom de Réformés ,
qualité qu'ils r'onr ofé s'attribuer en France fans
être repris , pendant qu'ils y ont été. Les déclara-
tionsduRoi leur ordonnèrent de prendre feulement
le nom de prétendus-Réformés. Les Luthétiens haïf
fe^t mortellement les Calvinijies ; ils ont été tou-
jours ttcs-éloigncs d'eux, quelques efforts que ceux-
ci aient faits pour s'approcher des Luthériens , qui
CAL 18^
IfèCfatdent les fentimens des Calvinifles fur la pré-
deftination & lur la réprobation , comme des opi-
nions Mahométanes, lelquelles rcnverfent la Reli-
gion Chrétienne. L'Eleéleur de Brandebourg efl:
Calvinijie ,'m3.ïs la plupart de lesfujets font Luthé-
riens: il y en a auUi quelques-uns qui font Catho-
liques. Les Calvinijtes font en très-petit nombre
dans fes Etats. En Angleterre la religion dominante
eft celle des Epilcopaux , & quoique ceux-ci diffè-
rent peu des Calvinijies pour ce qui eft de la doc-
trine , ih ne fauroient cependant les Ibuffrir -, le
nom de Calvinijie leur étant tout-A-fait odieux. Le
p#ti d.es Calvinijtes au contraire domine dans toute
rEcolfe,lbus le nom de /'«maz'w.j. LesEpifcopai'.x
en ont été bannis depuis peu , fous le Prince a'O
range , appelé le Roi Guillaume.
_ Calvinijte le fair aufîl quelquefois adjeétif , & fe
dit pour Calvinien. Vous avancez-là des propol;
dons calvinijies. A la calvmijte. Phrafe adverbiale :
à la manière des Calvinijies.
CALVITIE, f f Terme de Médecine. Chute de cl>e-
veux, furtout du devant de la tête , qui ne peu-
vent plus revenir. Calvitium. Lz calvitie arrive en
conlcquencc du delféchement de l'humidité qui
nourriflbit les cheveux , caufé par le grand âge , pat
la maladie , ou par l'ufage excelfif'de la poudre.
CALUMET, f m. Terme de relation. C'eft un ïnA
trument des Sauvages de l'Amérique. Tatacaria
Cunadenjium , Syrinx , jijîula. C'eft une efpcce de
grande pipe à fumer, faite de marbre rouge , noir
ou blanc. La tête en eft bien polie , & a la figure
d'un mattcau d'armes. Le calumet a un tuyau orné
de poils de porc-épic & de petits fils de peaux de
plulieurs couleurs. Le calumet a quelque chofe de
myftéricux parmi les Sauvages du nord. C'eft le fyn>
bole de la paix.
CALUNTER. f. m. Terme de relation, C'eft dans les
villes de Perfe un Magiftrat , qui eft à-peu -près
comme le Maire dans les nôtres.
CALUS ou CAL, f m. Le premier eft le p3us ulité.
Dureté qui fe forme en quelque partie du corps hu-
main, par un travail continuel qui durcit & cpail-
fit la peau, Callus , callum. Les artifans ont des ca-
lus au forvi des mains. Les Tailleurs ont du cal
aux doigts où ris mettent les cifeaux.
Calus fe dit aufîl d'une dureté qui fe forme fur l'en-
droit où il y a eu fraction d'un os ; La nature y en-
voie affez de matière pour le confolider , & empê-
cher qu'il ne fe rompe de rechef.
Calus fe dit figurément,en parlant de la dureté que
l'ame a contraélée contre toute forte de tendrelfe,
§C? C'eft un endurciflèment d'efptit Hc de cœur qui
fe forme par la longue habitude. Il fe prend en
bonne & en mauvaife part. Ce Juge eft incorrup-
tible, il s'eft fait un calus con^fn les follicitations.
L'impie fe fait un calus contre les remors de fa
confcience.
ffT Calus ,cn Jardinage, eft une reprife de la ma-
tière de la fève qui fc fait en forme de nœud à la
jointure d'une branche ou d'une racine.
Calus ou Acalus. f. m. Nom d'homme dans la My-
thologie. Calus. Acalus. Calus étoit neveu & ap-
prenti de Dédale , qui le précipita du haut d'une
maifon en bas par jaloufie , & parce qu'il éroit de-
venu trop habile fous lui , & qu'il avoir invente la
fcie , à l'imitation d'une mâchoire de ferpenr , la rè-
gle & la roue à potier. Minerve toucliée de fon mal-
heur , le métamorphofa en perdrix , ce qui lui fit
donner le nom de cet oifcau. Perdix.
Calus eft Grec , il vient de x'^^'"^ ■> 'V^^ fignifie teau ,
bon.
CALYBÉ. f f. Terme de Mythologie. Vieille Prê-
trelfe du Temple de Junon , dont la furie Aleélo
prit la figure pour parler à Turnus.
CALYBITÈ. f m. &: f Qui loge dans une cabane ,
dans une m:i(\.\xe.Calybita , 'jui fut tuguriolo habi-
tat. Ce mot n'eft en ufage dans notte langue que
comme furnom de quelques Saints. S. Jean Caly-
iite , que l'Eglife honoie le 15 Janvier, étoit d'un»
•3 84
G A M
es meilleures maifons de Conftantinople. Il fut |
loine Accmète Tous Thcociole le jeune, /'oyc?{ l.s
d
Moine Accmète Tous Thcodole le jeune, royci
notes de M. Chaftclain au i y de Janvier. Il y a en-
core eu d'autres Calybues , comme remarque Bol-
landus. Januar. t.l,p. 105 1 , qui vivcient ibas des
cabanes , des chaumines.
Ce mot vient de ««ai/itt»» , tego , operio. BoLLA^■-
r>vs. le. p. 10Z9. De-là s'eîl tait le nomGrec K«At.=>; ,
qui ha;nirie une petite loge ou hute. Voyez le Gloflaire
de Du Cancçe.
CALYCOPIS!^!". f. Terme de Mythiologic. Fille d'O-
trèiis , Roi de Phrygiie , eft la Venus mère d'Ence.
Elle cpoula Thoiis j'Roi de Lemnos , qui crigta à
fa femme des temples, à Paphos , à Amathonte,.dans
l'île de Cliypre 6c à Byblos en Syrie , inftitua en
fon honneur des Prêtres , un culte lacré & des tctcs.
CALYPHE, royei Calife.
CALYPSO. f f. Terme de Mythologie. C'elt le nom
d'une Nymphe célèbre par fes amours avecUlyfle,
qui paila le pt ans avec elle dans l'Ile d'Ogygie où
elle rc2;noit , & où elle reçut favorablement cet
étrani];eV qui y avoir été jeté par la tempête. Cette
Nymphe étoit fiUs de l'Océan 5c de Théris,fil'on
en cioit la fable. Elle avoir promis l'immortalité
à Ulyfle , s'il vouloit l'cpoufer ; mais celui-ci l'ayanr
quittée pour retourner dans fa patrie auprès de
fa femme Pénélope , elle s'en tua de défefpok.
Homère rapporre pourtant autrement la chofe ■■,
èc Lucien dit qu'Ulylfe lui écrivit qu'il étoit fâché
de l'avoir quittée , parce qu'il avoir trouvé fa femme
au milieu de plufieucs galans qui lui failbicnt la cour
&; mangeoient fon bien , qu'il lesavoit tués, &c s'é-
toit enfui , & qu'il ne déteipéroit pas de retourner
la voir quelque jour,
CALYPTER. f. m. Excroilîance charnue , qui couvre
la veine hémorrhoïdale. K«At-T7>;/>, de kxà6^]u, cacher.
Hippocrate , cité par James.
§Cr CALZA ( l'ordre de la ). Voyei Botte ( ordre
$:?^CALZADA ou SAN-DOMINGO DE LA CAL-
ZADA. CilciJa ou CaUiata. Ville d'Efpagne dans
la Vieille- Caftille , dans la contrée de Rioja. Son
Evêclïé a été uni à celui de la Calahotra.
C A M.
^ CAM^NA. f. f. Déefle du chant chez les Ro-
mains.
CAMAGNE. Terme de Marine. Lit de vaifTeau. Foye^
Caiutes. . ^ , ,
&3- CAMAGUELA. Province de l'Ile de Cuba , dans
l'Amérique feptentrionale. Elle croit très-peuplée
avant l'arrivée des Efpagnols.
£:? camaïeu, f, m. Pierre fine , ordinairement de
deux couleurs , iur laquelle on voit différentes fî-
îçures que la nature y a tracées. Lapis in quojigurœ
videntur , non imprejfœ , fed ingenitœ. On le dit au ifi
de ces pierres précieufes , comme onyx , fardoincs
6c agathes , iur lefquelles les Lapidaires emploienr
leur "art pour aider la nature à perfecTiionncr ces
repréfenrations.
Ce mot vient de camekuia , qui efc un nomque
les Orientaux donnent à l'onyx , lorfqu'en l'ufanr,
on trouve Une autre couleur, comme qui diroir une
féconde pierre. Les Latins ont dit MiW cam.ihutus
Se cdmahelus. Du Cange.
CAMAtEtJ fe dit auffi d'un deffein fait par un Pcm-
t:e , où il n'emploie qu'une feule couleur, & où
il obferve les jours 6c les ombres, fur un fond de
couleur différenre, d'or ou d'azur , qui reprcfente
d'ordinaire les bas-reliefs. Imago monochrornatos ,
monochroma. Le5 plus riches camaïeux fonr rehaul-
fés d'or ou de bronze , par hachures.
On dit peindre en camaïeu , un plafond orné de
camaïeux, de beaux camaïeux. Les Grecs les appe-
loicnt fis»»;pa^'-'«.
CAMAIL. f. m. Petit manteau que les Eveques por-
tent par-deflus leur rocher , tiui ne s'étend que de-
puis le cou jufqu'à la ceinture, Epornis , hurneraîs.
C AU
Il efi: noir ou violer. Il a un capuce , mats fi petit .^
qu'il ne peut couvrir la tête , & qu'on le lailfc abattu
par derrière , de forte que c'efl: plutôt un orne-
ment de cérémonie , qu'un habir propre à garantir
du froid. Les Cardinaux portent ordinairement le
Camail rouge. Pendant l'avent Sx. le carême , &
quand ils font en deuil , ils le portent violet. Les
Evèques dans leur Diocèle porrent le camail violet.
. Hors de leur Diocèfe , & quand ils font en deuil ,
ils le pottent noir. Les Cardinaux &: Eveques af-
fiftent aux aéles &. aux cérémonies en camail Si. tn.
rocher. Les Abbés féculiers onr tous le camail non ^
les réguliers de la couleur de leur ordre. Les Ab-
bés Prémontrés l'ont blanc.
Camail fe dit aulfi d'un habit d'Egliie , des Chanoi-
nes, Prcrres, & aurresEccléfraftiques féculiers Se des
Chanoines réguliers. Il a un capuce dont on cou-
vre la tête. C'efl: un habit d'hyvcr , pour fe garan-
tir du froid. On le prend à la Touffainr, & on le
quitre à Pàque. Le camail Aes Chanoines defcend
par-devanr jufqu'au delfous de l'eltomac Se par der-
rière jufqu'aux talons, 8c ie termine en pointe, Ce-
lui des Chanoines réguliers de la Congrcgarion de
France , efc à-peu-près de même forme. Quelques
autres Eccléfiaftiques le portent de la même ma-
nière , & c'efl: ce qu'on appelle le grand camail,
he petit camailqm cft ordinaircmenr celui des fim-
pîes Eccléliaftiques ne le termine point en pointe
par derrière , & defcend feulement jufqu'aux reins.
C'efl: ainfi qu'on le porte à Patis.
Quelques-uns dilent, commeThéophile Raynaud,
que ce mot vient de camelaucius , qui étoit une
couverture de tête faite de camelot. Ce qu'on lit
dans le favant Onomapcon du P. Rofweid, Jefuite ,
fur camelauchium , confirme ce fenriment, quoi-
qu'il n'y parle poinr du mot François, camail. On y
lit que dans des vies anciennes des Saints on trouve
que camelauchium étoit un vêtement dont on fe
couvroit la tète-, que dans un ancien Gloflaire ma-
nuicrit de Cambeton, il cfl: dir que c'efl un vête-
ment du Pape , un ornement de tète femblable à
la tiate ; que dans Bède , de Tabern. Liv. III,
chap. 8 ', il cfl: décrit comme un cafjue , qui s'éte/id
jufjue fur le haut de la tète , ce qui repréfenre
en effet la forme de camail ; que ce mor efl: Grec
KOLniXxv^.m , & 'icu.sxccvx.i'» j qu'il fc ttouve dans Sui-
das , dans Héfychius , dans le Scholiafle d'Arif-
tophane -, que TEtymologifle le dérive de 7r»pà »»
t'À.ivtii, To xuvna. ; ce qui montre que l'ufage de cet
habillement vient des pays chauds , où on le
porroit pour fe garantir du foleil & de la cha-
leur, au lieu qu'on l'a pris dans ce pays- ci pour
fe garantir du froid ; qu'au refte on trouve dans
Ifidorc , & d'aurres anciens , calemanchus & cale-
manctis , mais que c'efl une faute v que dans Bède
à l'endroir cité , il y a Calamacus , mais que ce
font des tranîpoiitions Se des changcmens très-or-
dinaires dans les Auteurs ou les Copifles de la baffe
Latinité , dans lefquels on trouve de même très-
fouvcnt corcodrillus pour crocodilus. D'aurres pré-
tendent qu'il y a plus d'apparence qu'il vicnr de
cap de maille : il efl certain qu'il y avoit autre-
fois des couvertures de tête faites de mailles. Ainlî on
voit dans l'HiJicire de Bertrand du Guefclin, des
Chevaliers bien armés de camails , qui répon-
doicnt à peu près aux hauffccols des derniers temps 5
6c la redemblance a fait ainlî nommer les camails
des Eveques. Du Cange.
En termes de Blafon on a auffi appelé camail ou
mantelet , une efpèce de lambrequin, dont les an-
ciens Chevaliers couvroient leurs calques 6c leur»
ccus,
CAMAIL, Ordre du Camail, C'efl l'Ordre militai-
re du Porc-cpic, inftirué en 1^94, par Louis de
France , Duc d'Orléans , au baptême de fon fils
Charles , cet Ordre fut appelé Ordre du Camail ,
parce que le Duc d'Orléans donnoit avec le collier
une bague d'or , garni d'un camaïeu , ou pierre
d'agathe ,
C A Ivî
C A M
traçnth?, Tur laquelle énoit gravée la figure d'Lin
porc-cpic. Koye^ ce mot.
Camail s'ell dit autrefois pour Camâicu. f'^oye^ l'ar-
ticle précédent de l'Ordre du Camail.
CAMALDOLÎ. VillaL'c du Florentin dar.s la Tofcanc ,
oui a donné l'on nom à l'Ordre Religieux dont
on va parler.
CAMALDOLI. f. m. Ordo Camalâulanus. Cet Or-
dre de Religieux tut fondé pat S. Romuald en
joiz , dans la plaine de Camalâoli , fituce dans l'E-
tat de Florence ilir L- mont Apennin , arroice de fcpv
fontaines. Quelques-uns ont prétendu que ce lieu
s'appeloit Aci]Ud lella , & qu'il ne prit le nom de
Camaldulï , ou Campo Maldoli , que parce qu'un
Maldoli , bourgeois d'A.rezzo , à qui il appartcnoit ,
le donna à S. Pvomuald. Il y a un privilège de
J'Empcreur Henri II , où ce lieu cft appelé Campus
amalnlls. Le P. Gui Grandis , Religieux de cet
Ordre , Mathématicien du Grand Duc , & Pio-
feifeur de Philofophié dans l'Univerfité de Pile ,
qui donna en Ï707, deux dilîertaricns fur les An-
tiquités de fon Ordre , imprimées à Lucques , en
fait remonter l'origine juiqu'à l'an 978 , que S.
Romuald prit (bus la conduite le Duc deVenie,
Pierre Urféole , &; qu'il alla en Catalogne avec
Jui & quelques autres compagnons. Il prétend aufîî
que il le nom de Camaldoli a été donné à cet Or-
tire , ce n'ell; point que la premicie inftitution de
Ce faint &: de ies compagnons ait été à Camaldoli ;
rjais parce que la régularité s'y ell toujours con-
fervée plus exatLement qu'ailleurs. On les appelle
les Ermites as Camaldoli , les Ermites Camalduks.
Fortunius &: Aéfius ont aulii écrit l'Hiiloire des
Camalduks. Luc d'Efpagne , l'a faite auiîî fous le
nom A'Kijtoire P^omaldinc. Dom Grandis en parle
avec éloge. S, Romuald donna ci fes Moines la règle
de S. Benoît. Ils portent un habit blanc. Par leurs
ftacuts , leurs maifons doivent être éloignées de cinq
lieues des grandes villes. Le B. Rodolphe , IV^ gé-
néral , dreiîa les premières Conftitutions de cet Or-
dre en iioi-, en 1105, il fit de nouvelles Con-
ftitutions plus faciles à obferver que les premières.
Il obtint de Pafchal II , la confirmation des biens
■6c des Monadères donnés à ies prédécelléurs. Les Gé-
néraux ont encore fiit depuis d'autres conflitutions,
J^'Ordre de Camaldoli , ou des Camalduks , ne fut
approuvé qu'en 1071, par une Bulle d'Alexandre
II , dans laquelle Camaldoli efl: appelée Campus
amarilis. Le Prieur de ce Monaftère étoit Général
de l'Ordre , Se cet office étoit perpétuel. Cet Ordre
efl: divifé en cinq Congrégations, La première efl:
celle de Camaldoli ou du Saint Ermitage : la féconde,
celle de S, Michel de Murano , qui n'efl: que de
Cénobites : la troifième des Ermites de S. Romuald ,
ou du mont de la Couronne : la quatiièm.e, celle
de Turin , &c la cinquième , celle de France , qui
ont chacune préfcntcment leur Général ou Majeur.
La Congrégation de Cnmalduli , depuis la féparation
d'avec celle du Mont de la Couronne , a des Con-
ftirjtions particulières , approuvées par Clément X ,
î'an KÎ71. Le Général ou Majeur de cette Congré-
gation efl: élu tous les deux ans , &: le fert d'habits
pontificaux, Voye7^ le P, Hélyot , Liv. V , ch. 21
& fuivans. Les Cam.alduks de France font une Con-
grégation particulière , fous le nom de Notre-Dame
de Confolation, Ils ne font entrés dans le Royaume
qu'en i6i6. Id. ckap. 14,
CAMALDULE, On appelle Camalduks les Religieux
de l'Ordre de Camaldoli. Camaldulanus , Camaldo-
lita , Camalduknfis. Il y en a qui appellent Ca-
maldolius ceux qu'on appelle communément Camal-
duks. La vie d'un Camalduk efl: bien folitaite &
bien auflere.
Camaldule le dit aulfi des Religieufes du même Or-
dre, Les Camalduks furent fondées pat le B. Rodul-
' phe, IV^ Général de l'Ordre, vers l'an io8<î. Leur
habillement confifte en une robe & un fcapulaire de
lerge blanciie , 5c une ceinture de laine de la mê-
me couleur , qui le lie fur le fcapulaire : au chœur
Tsmi II.
Î8T
elbs portent une grande coule. Les ConVcrlés C'a-*
malduUs n'ont pomt découle, mais un manteau»
& un voile blanc. Les Camalduks du chœur ont
auffi un voile bianc , mais elles en ajoutent un noit
par-deflus. Ces Religieufcs Camalduks ont les mê-
mes obiervances que les Moines Camalduks. P,
HfLYOT , tome V , chap. 11.
Camaiuule. 1". f, Maifon de l'Ordre des Camaldules»
Domus Camalduk/ijîs , monajicnum Camalduknfe,
Le plus ancien des monaflèrts de Camalduks en
France efl: celui du Val-Jefus en Forêt , où l'on
bacit en KÎ35 , une Camalduk qui a retenu le nom
de Val-Jefus, P. Helyot , tome V , ch. 25. Il y
a une Camalduk à Gtosbois, près de Paris. L'an 1 648,
Catherine le Voyer , dame d'Atour de la Reine
Régente , mère de Louis XIV , &: veuve de René
du Bellay , Baron de la Flotte , fonda une autre
Camalduk dans fii terre de la Flotte , dans le bas
Vendomois. En iiÎ74, Henri^de Guénégaud , Com-
te de Plancy , Sectétaire d'Etat , & "îa femme Eli-
fabeth de Choifeul du Pleffîs-Praflin , fondèrent
une autre Camalduk dans leur terre de Brieux en
Bretagne, Id,
Camaldule efl encore le nom d'un Refaire ou Cha-
pelet , qu'on appelle le Rojaire de la Couronne de
Notr£-Sci'j;neur , & plus communément le Camak
dule. Il fut inftitué pat le B. Michel de Florence,
Ermite de Camaldoli. Le (7a/«a/i/zi/e a été approuvé
par les Souverains Ponrifes , qui ont accordé beau-
coup d'indulgences à ceux qui le réciteroient. P,
Hf.lyot , tome V , ch. 13.
CAMANHAYA. f. f. Plante capillaire du Bréfilqui
croît furies arbres les plus hauts j & qui les couvre
entièrement. Elle eft d'une couleur grife , femblablc
à une efpèce de duvet , & elle produit à cettaine
diftance , jufqu'à (\\ feuilles •, quelquefois une feule ,
comme celle du romarin. Il femble que ce foi: une
efpèce d'Epithyme. Ray , cité par James.
CAMANIOC. f. m. C'efl: une efpèce de Manioc ^
plus grand que l'ordinaire , tant par le bois que
par les feuilles & les racines. C'eft pourquoi on
le nomme Camanioc , comme qui diroit le chef
& principal Manioc. Le Camanioc n'a aucune des
mauvaifcs qualités du Manioc ordinaire ; on peut le
manget fans aucune précaution ■■, mais comme il efl:
beaucoup plus long temps à croître &c à mûrir ; &c
que les racines, plus légères Se plus fpongieufes ,
rendent moins de farine , on en néglige la culture.
Le p. Labat.
CAM ARvV, f, f. C'efl: en Anatomie la calotte du crâne
ou la partie voûtée de l'oreille qui conduit à ion
orifice extérieur, K^Ka^ «. DrcT. de James,
i^ CAMARA. f. m. Plante du Bréfil , dont il y a
plufieurs efpèces.
|}a"CAMARA-CUBA. f. m. Plante qui a fes feuilles
âpres Se heriifées comme le chardon , Se fes fleurs
femblables à celles de I'cmI de bœuf, l'odeur comme
celle de la menthe , &: les femences comme celles
de la chicorée.
rjC? CAMARA - JAPO, Efpèce de mentafirum ou
de menthe , dont la tige ronde , velue , rougcttre ,
s'élève à la hauteur de deux pieds. Ses feuilles font
légèrement découpées , oppofées deux à deux. Ses
fleurs font difpofces en ombelle, & il leur fuccède
de petites femences noires
^AMARA-MIRA. Plante du Bréfil. C'efl:, dit Pifon ,
une plante qui s'élève à la hauteur d'une coudée ,
dont la tige eft foible Se ligneufe , qui porre une
petite fleur jaune , Se ce qu'il y a de merveilleux ,
cette fleur s'ouvre en tout temps de l'année à onze
heures du matin , demeure ouverte jufqu'à deux
heures après midi , 5-r paroït fermée péndanr le refte
du iour. Ray , cite par James.
03- CAMARA-TINGA. f m. Efpèce dé Chèvre -
feuil nain , qui croîr au Biéfil. Ses feuilles rouges
& jaunes font très-odoriférantes. Il leur fuccède des
baies vertes de la grofleur de celles du Sureau.
CAMAPvADE. f. m. Compagnon de profefllon , qui
fait le mêiïie métier , les mêmes exercices , qui «(t
A a
î8^
C A M
avec quelqu'un. Socius , conirnUito. Il Te dit des
cens de balle condition , ou de bas âge , panicu-
iièrement des Ibldats , des laquaii , des artilans ;
des écoliers qui vont enfemble à l'ccole. Rit;aud ,
(tans Ion Gloilaire , dérive le mot camaradi de
xafiàpci , qu'on trouve dans les Conliitutions des Em-
pereurs Maurice Se Léon : ce mot veut dire une
tente , &c l'on a appelé camarades, les ibldats d'une
môme tente. D'autres prétendent que ce mot vient du
Latin caméra , voûte , chambre voûtée. On appelle
camarades , ceux qui font d'une même chambrée ,
ou qui font compagnons.
On dit aulll fam^ilicrement camarades de for-
tune , d'aventure , de malheur , pour lignifier qu'on
a été dans la même fortune , dans la même aven-
ture , dans les mêmes malheurs. Si nous femmes
maltraités en cette occalion , nous avons bien des
camarades.
Camarade fe dit quelquefois des fupéricurs aux in-
férieurs , particulièrement à la guerre , pour exciter
lesfoldats à obéir, &: à fuivre. Camarades, fuivez-
moi. A moi camarades , à moi.
Camarade fe dit auffi figurément des chofes qui
s'accompagnent mutuellement. Que le bon foit tou-
jours camarade du beau. La Font. Cela n'eftpas
du ftyle élevé.
En termes de Guerre , on appelle une batterie
par camarades , lorfque plulieurs pièces de canon ,
foit de la même , foit de diverfes batteries , for.t
pointées en même temps contte un même corps ,
& tirent enfemble.
^ CAMARD , ARDE. f. m. bc f. Qui a le nez écra-
îc.Simus , rejimus. C'eft un camard, uue camarde.
fpT On dit adjeélivement nez camard. Rejimœ. nares.
§3" Un poète perlbnifiant la mott , l'appelle la ca-
marde, parce qu'on l'a repréfentée avec un crâne
décharné , au lieu de tête , &; qu'ainfi elle n'a point
de nez.
CAMARE. f. m. C'eft, en termes de manège, le nom
d'une efpèce de caveçon garni de petites dents ,
ou pointes de fer très-aigueS' On ne fe fert pas au-
jourd'hui du c^jw^zr^ dans les Académies, parce que
fes pointes dechiroieni le cheval , & le defel-
péroient.
CAMARGUE. La Camargue cft un petit pays de
France dans la Provence , entre deux bras du Rhô-
ne. Quelques-uns prétendent qu'il a été nommé de
Caius Marius , qui s'y campa contre les Cimbres ,
qu'il défit peu de temps après dans ces quartiers.
MoRERY, édition de 1711. Si ce fait étoit vrai ,
ce nom viendroit plutôt de Cajira Marti , Camp
de Marius , que de Caius Marius. Mais il vient de
l'Efpagno! comarca, qui fignifie une terre qui pro-
duit abondamment , que les Efpagnols donnèrent à
ce pays du temps que les Comtes de Barcclonne
en croient les maîtres. Tournefort. Caius Marius,
n'a jamais campé-là. Ce camp , félon Plutarque ,
étoit entre le Rhône & Marfeille. On en découvre
encore quelques reftes du côté de Fos , village
près de Martigucs , qui a retenu le nom de Fof-
fe de Marius.
fCr CAMARIGUE. f. f. Plante qui croît en Portu-
gal , qu'on fait tremper dans l'eau , pour en faire
un collyre , dont on lave les yeux , afin de fortifier
la vue affoiblie.
CAMARIN-BAS , ou UMARL Arbre du Brélil qui
s'élève à une hauteur moyenne , & qui porre de
petites fleurs jaunes , qui font fuivies d'an fruit
ovale , femblable à la prune , qui a le goût de la
pêche , & qui eft d'un vert tirant fur le jaune pâle.
La pulpe eft en petite quantité, douce, jaunâtre,
gc contenant un noyau large, ovale, blanchâtre,
& qui renferme une amande bonne à manger^'Le
fruit mangé crû , dérange l'eftomac , & eft capa-
ble d'exciter le vomiflement : c'eft pourqixoi on le
fait bouillir en entier , on le broie avec l'amende ,
5C on le mange avec la chair , ou le poillbn , au
lieu de pain.
^ CAMARINHA. Voyei Caceres.
C A M
CAMAROSIS. f. f. Efpèce de fraclure du crâne ,
dans laquelle les pièces de l'os iract:uré s'enfoncent
& forment en dedans une voûte qui prellè la dure-
mere &: le cerveau. Kafiûpanç , cameraiio , vouture ,
de xciuâice , voûte.
§Cr CAMBA. Petite ville de laTartarie Crimée , fur
la côte méridionale.
CAMAYEU. J^oyei Camaïeu.
CAMBAGE. f. m. Terme de Coutume. Droit qui fc
lève fur la bière, Vecligal ex cervijia. Foye^ Du
Cange au mor Camba.
Cambage cft aulfi le lieu où l'on fait la bière. Cer-
vifîx officina. , cambagium. On a dit aulIi cambe
6c cambier , braflar.
IfT CAMBALU. Ville d'Afie , Capitale du Catay ,
dans la grande Tartarie. On fait maintenant que
Camhalu eft la même Tille que Pékin, & que Ca-
tny eft la partie feptentrionale de la Chine.
|;t:T'CAMBAMBA. Capitainie d'Afrique, au Royau-
me d'Ampla, elle appartient aux Portugais.
CAMBAYE.'Nom d'une ville d'Afie dans l'Empire da
Mogol , Camhaia, Elle eft fituée au fond d'un Gol-
fe qui porte le même nom. Camhaye eft grande ,
fon port eft bon , & elle fait un '^\ grand com-
merce , qu'on l'appelle le Caire des Indes.
Le Royaume de Cambaye. Cambaix Regnum ,
eft un grand pays d'Afie , iîtuc dans l'Inde deçà 1^
Gange , entre les Royaiunes de Soret , de JelTel-
mjre , de Chitor , de Candis &c de Decan , &: la
micr des Indes. Le Royamne de Cambaye -acu. au-
trefois fes Rois patticuliers , il eft maintenant fou-
mis au Mogol. On l'appelle aulïï Royaume de
Guzarate. Gii^aratoi Regnum.
CAiMBAYES. f. f. pi. Toiles de coton qui fe font à
Bengale , à Madras & ailleurs.
0CJ" CAMBIO. Terme Italien, ufité en quelques en-
droits. Il fignifie change,
CAMBISTE, f. m. Terme de Banque & de Négoce ,
qui fe dit des gens qui fournificnt des lettres de chan-
ge , ou qui en acceptent. Argcntarius ,msnjarius.
Dans le change au pair il n'y a rien à gagner entre
les Cambiales.
Ce mot vient du Latin Cambium , ou de l'Italien
Cambio, Change.
CAMBOIA ou^CAMBODIA. Camboia. Ville de
l'Inde au-delà du Gange , fituée fur la rivière de
Mccon. Camboia eft la capitale d'un Royaume de
même nom.
Le Royaume de Camboia, ou Combodia , & Car:~
boge. Camboice. , Cambodice Regnum , eft un grand
pays de l'Inde de-là le Gange , entte les Royaumes
de Chiampa , de la Cochinchine &; de Siam , &
l'Océan Indien ou Golfe de Siam. Le Roi de Cam-
boia eft tributaire de celui de Siam. Ce Royaume
prend fon nom de fa capitale.
CAMBOUIS, f. m. Ip* Matière gluante qui fe forme
du vieux oing par le mouvement des roues qui en
ont été enduites. Le vieux oing ne s'appelle Cam-
bouis , que quand il eft changé par le froteraent
des parties de fer de l'eflleu &: de la garniture des
roues. Axungia curulis. Les taches du cambouis
font difficiles à ôter.
On appelle aufli cambouis , une compofition faite
avec les ccorccs des racines d'ormeau battues avec
de la graifle de bouc , & du vieux oing. On s'en
fert pour étancher les tonneaux quifuintent, pour
graiffcr les vis des prelToirs , & à d'autres ufages.
Ce mot vient de anubium , qui eft une efpèce de
col/e , ou de g/u.
CAMBRAI. Nom d'une ville des Pays-Bas, capital»,
d'un petit pays nommé Cambrefis. Cameracum,
La ville de Cam,brai , félon quelques Auteurs , a
été fondée par Camber , Roi des Sicambres ■■, & c'eft
de lui qu'elle a pris fon nom, Clodion la prit en
445. Elle a été ville Impériale. Le Roi Louis
XIV, la reprir en 1 6jy , 6c par la paix de Nimègue ,
elle eft demeurée à la France. L'Archevêque de
Cambrai fe dit Duc & Prince de l'Empire. Il a
pour fufîragans les Evêques d'Arras , de Tournay ,
C A
de S. Orner & d: IManiur. Cam^rui cÙ: une gtm-
de ville , belle & bien fdi-tihce , ccl>}bre par les
belles toiles qui s'y font. Cambrai eft au cinquan-
tième degré , dix min. de latitude 5 & au zo'= d. 15'
de long. Iclon MM. de l'Acadcinie des Sciences.
Cependant ielon M. Cadini j laloiigirude deCjw-
hrai eft diiîcrenre de c^Ue de Paris eii temps ,
o h. 3' 7,6" , en degr. O'^ 54' o",&cda;equémment il
a lo"^ 4î'io" de lorigi fa latitude eR 5 0'5id'o",CAssiNi,
L'Evêché de Cambrai fut foufltait à la Juridic-
tion de l'Arch-vêchc de Reims , & érigé en Ar-
chevêché par Paul IV en 1559, 1« i^'' Mai, fur
les inftanccs de Philippe II Roi d'Efpagriej 5c alors
Souverain de Cambrai , fans avoir écouté l'Am-
balladeur du Roi de France , ni le Cardinal de
Lorraine Archevêque de Reims. Paul IV étant mort
peu de temps après cette éreCf icn , fa Bulle fut
confirmée par ion fuccefl jur Pie IV , par un Bref
du 7' Août iKôi. Charles Maurice le Tellier ,
Archevêque de Reims , a fouvent protefté contre
tette creélion faite au préjudice de fon Egliie ,
qu'oii n'avoir point indemnifce. 1° En KÎ77, lorl-
t[ue la ville de Cambrai fut prifc par le Roi , ayant
eu foin qu'il n'y eût rien dans la capitulation qui
autorilat cette éredlion. 1°. Par une proteftation
particulière du 14 Février 1578 , lignifiée à M.
l'Archevêque de Cambrai , Jacques Théodore de
Brias. 50. Par une nouvelle Proteftation faite par
la Province de Reims, aifembléeà Senlis : elle eft
du io Juillet i(î3i i & fut lignifiée à l'Aifemblée
générale du Clergé de France , convoquée à Paris
au pr&mier Ofrobre i53i. 4". Par une procura-
tion du 12 Février 1(^95 , donnée à pour qu'il
s'oppofàt à ce que l'Eglife de Cambrai vacante par
la mort de M. de Brias , fût pourvue d'un Pafteur
fous le titre d'Archevêque Métropolitain. Nonob-
ftant toutes ces oppofitions , M. l'Abbé de Féne-
lon fut , à la nomination du Roi , poutvu par le
Pape de l'Archevêché de Cambrai. Cambrai étoit
Evcché depuis le temps de faint Geri ( Gangerictis )
fitcceflèur de faint Waft au (iégc d'Arras, qui trani-
féra fon fiége à Cambrai. Le Roi nomme à l'Ar-
chevêché de Cambrai , en vertu d'un concordat
fait par les CommifTiires de Sa A'îajefté, S: le Cha-
pitre de l'Eglife de Cimbrai en i(>8i, par lequel
le Chapitre céda au P>.oi le droit qu'il avoit d'élire
fon Archevêque , & le Ro: renonça en faveur du
Chapitre à fon droit de Régale. Foye^ le XV
tome des Conciles par le P. Labbe , les Mémoires
deM. l'Archevêque de Reims, M. l'Abbé de Danç^eau.
CAMBRASINE. i". f. Toile fine d'Egypte, dont il fe
fait un afîez grand commerce au Caire, à Alexandrie
& a Rofette. Elle eft nommée Cambrajine par fa ref-
femblance avec les'toiles de Cambrai.
CAMBRELAGE. f. m. Ce mot s'eft dit pour Cham-
bellage.
§Cr CAMBRE, f. m. En Architedure , fynonyme à
cambrure. Voye^ ce mot.
tfT Cambre , eft aufll un terme de Botanique em-
prunté des arts , pour donner Tidée de certains
contours que prennent quelques parties des plantes.
CAMBRER. V. a. fjCF Couiber en arc , quand il n'eft
quertion que d'urte courbure peu confidérable Cour-
ber a une lignification plus étendue, & fe dit de
toute coutbure grande ou petite, dirvare , incur-
vare. Il faut chauffer ce bois pour le cambrer , il
eft auffi réciproque. Ciirvari, incurvari. Cette rèçle
s'eft cambrée par la fcclieLelle. La menuiferie de
ces volers , de ces portes , ne joint pas bien, parce
que le bois s'eft cambré.
Cambrer, fe dit au (li de la taille qui fe fait par l'art
fur le bois , ou la pierre , quand l'ouvrage ne doit
pas être dreffé uniment & en droite ligne , mais avec
quelques inégalités. Camerare , fornicare.
Ç3" Cambrer un livre, terme de Relieur. Dernière
façon qu'on donne â un livre relié , en le prenant
a moitié avec les deux mains & courbant un peu
les cartons en dedans pour lui donner une meil-
leure forme.
i§7
G A M
.fia- CAMBRÉ , ÉE; part.
Cambré j chez les Artifans * fignifie aufîî , ce qui eft
creux ou concaves ce qu'on a creufé par art, qui
h'eft plus uni. Fornicatus , cameratiis;
Ménage dérive ce mot de cam.uratui , qui a été
fait de camurus , qui (ignifie curvus ^ comme a re-
marqué Servius. D'autres le dérivent de caméra i
qui fîgnifioir voiue , dont orî a Ç^:\x.:miVi chambre r
parce qu'elles étoient autrefois faites en voûte. Du
Cange dérive ce mot de camberta , qui eft une
eipcce d'atbriffeau * qui vient courbe , que les Alle-
mands appellent Cambrek.
GAMBRESIS. Agcr ou Pagus Cameracenfis, Petit
pays renfermé entre la Picardie, l'Anois & le Hai-
naur ; il n'a qu'environ fept lieues de long, fur
quatre ou cinq de large. Il prend fon nom de
Cambrai , qui en eft la capitale. Le Cambrefis à
été fief de l'Empire. Charles V l'incorpora au Hai-
naur. Il eft à la France depuis la prife de Cam-
brai , & la paix de Nimègue. Câteau Cambrefis i
eft une place^ forte du Cambrefis. Dans les Pays-
Bas on dit Câteau pour Château , comme cat pour
chat , Se qiiicn pour chien ; & nous les imitons
en France dans le nom de cette place , difant Cdteau-
Cambrefis , & non pas Chiteau-Cambr^fis.
CAMBRIDGE. Ville d'Angleterre, capitale d'un Com-
té qui pc)rte fon nom. Cant^brigia, Cambridge eft
fîtuée far le Cam. C'eft l'ancien Cambori[urn, fé-
lon quelques Auteurs 5 mais, félon d'autres, le vrai
Cdrnboritïim , cité des Icéniens , eft un petit bouro-
Voifin de Cambridge , nommé Granceafter. On dit
ville fut nommée Grantetide pat les
que cect_ .„. _^ ^^ ^,<.,...^.iu^ ..,„^
Saxons. Elle a une Univer!;té fumeufe. Cambridge
eft au lo'l , 50' de longitude, & au 51^ 20' de
latitude. Il y a près de Cambridge fur le fommet
des montagnes qu'on nomme en Anglois Gogma-
goghils , des reftes de remparts & de^fortifications
faites autrefois par les Romains , ou par les Danois,
Le Comté de Cambridge qu'on appelle en An-
glois, Cambridge-Shire , Camabrigienfis ComitatuSi
eft une Province d'Angletetre , bornée au Nord
par le Comté de Lincoln , & par celui de Nort-
fblck, qui le confine aulfi vers l'Orient, de même
que le Suffolck -, elle a ceux d'Eifex & de Hertford
au ^f idi ; &c ceux de Bedford , de Huntington ,
ëc de Northampton au Couchant. Le Comté de
Cambridge peut avoir treize lieues de long , & fix
de large. La rivière d'Oufé le fépare en deux par-
ties , l'une Méridionale , & l'autre Septentrionale*
La première eft afîez bien culrivé? , mas la der-
nière eft pleine de marais. L'air y eft mal-'"Mn.MATY.
CAMBPTQUE. f. m. & adj. C'eft le nom qu'on donné
à la langue qu'on parle dans le pays de Galles
en Angleterre , & qui eft ptefque conforme à celle
qu'on parle en Ba/fe Bretagne en France , Se que
nous appelons Bas-Brecon , en forte que ces deujt
peuples n'ont pas de peine à s'entendre. Le Cam-
brique eft , félon Scaliger , une des dix langues
matrices mineures de l'Eitrope. Ce mot de Cam-
brique vient de ce que le pays de Galjes s'appells
Cambrie , en Latin Cambria.
CAMBRURE, f f. L'état de la chofe cambrée. Oit
le dit en architeélure de la courbure du cintré
d'une voûte , ou d'une pièce de bois. Incurva rei
jlexus , concameratioi La cambrure des planches
eft néceifaire quand on en fait des bateaux:. Cette
cambrure fe fait en préfentant au feu ces plan-
ches , qu'on a ébauchées en dedans , & en les lail-
fant quelque temps entretenues par les outils que
les Menuifiers appellent yêrçf72j-.
Cambrure , eft auflî un terme de Formier & de
Cordonnier. Ils difent , r-zz/z/^r^redeforme de fou-
lier , cambrure d'un foulier : pour lignifier la ma-
nière dont une forme ou un foulier font courbes.
Flexura.
CAMBUI. Ç. m. C'eft le Myrrhe fauvage Américain
de Pifon & de Mareff. Foyei le Dict. de James.
CAME ou CHAME. f Y. Chama. Terme de Con-
chyliologie, C*cft la féconde famille des bivalves,
A a ij
I88
C A M
La coquille des Cames ell plus ckvcc dans fon
milieu , & elle eft convexe dans les deux parties
prelqu'éç^alcs. On diftingue les Cames des huîtres ,
en ce qu'elles font plus unies dans leur iuperhcie,
& fouvent peu éxadtes dans la fermeture des deux
écailles , ce que les Natutalirtes appellent orepa-
tulo & hicinti. .
CAMÉADE. i: f. Efpèce de Poivre fauvage , dont le
crain eft d'abord vert , puis rouge , 5c enfin noir ,
quand il eft kc. On l'appelle quelquefois Bois-
gentil, &c Poivre des montagnes.
?S CAMÉE, f. m. Pierre compolee de diftcrentes
rouches , & fculptce en relief. Un beau camée eft
plus rare qu'une belle pierre taillée en creux. A-
CAD. Fr. „ . » 1 -rr )•
CAMELÉE f. f. Terme de Botanique. ArbnfTeau li-
cneux , de la hauteur d'une ou deux coudées , qui
fette beaucoup de farmens , & qui le divile en plu-
sieurs branches. Chamelea. Ses feuilles font lon-
eues , femblables à celles de l'olivier , mais plus
petites Si plus brunes. Ses fleurs (ont petites , jau-
nes , d'une feule feuille coupée en trois parties. Son
fruit eft à trois noyaux , vert d'abord , enfuite rou-
ée , lorfqu'il eft mûr : il eft couvert d'une peau
qui eft d'un goût amer & fort brûlant -, de même
que toute la^plante. On en tire un llic qu'on mêle
avec quelques purgatifs , & qu'on donnoit autre-
fois dans les hydropifies. On ne s'en lerr plus in-
térieurement. , . /-ijAA^r
CAMÉLÉON, f. m- Quelques-uns écrivent L.HAMI1.-
LION C'eft un petit animal fait comme un lé-
zard , excepté qu'il a la tête plus groflb & plus
lar^^e. Chamceleon. Cet animal habite dans les ro-
chers Il a quatre pieds , trois doigts à chacun ,
la qu'eue longue , avec laquelle il s'attache aux
branches des arbres , aulfi bien qu'avec les pieds.
Il a le mouvement lent comme la tortue , mais
fort grave. Il y en a en Egypte qui ont jufqu'a
onze & douze pouces de long , y compris la
queue. Ceux d'Arabie & du Mexique ont lix pou-
Ces leulement. Sa queue eft plate , le muleau long.
Il a le dos aigu, la peau pliffée & hériilee com-
me une fcie depuis le cou juiqu'au dernier nœud
de la queue , 6c une forme de crête fur la tête.
Il a la tête fans cou comme les poiffons. Il tait
des œufs comme les lézards. Son mufeau eft fait
en pointeobtufe.il â deux petites ouvertures dans
la tête qui lui fervent de narines. Ses deux mâ-
choires Ibnt jointes par une ligne prefque imper-
ceptible. Ses yeux font gros, & ont plus de cinq
lianes de diamètre , dont l'iris eft ifabelle borde
d'un cercle d'or , quoique Jonfton dife qu'elle lui
manque. Il n'a point d'oreilles , & ne reçoit m
ne produit aucun fon. Sa langue eft longue de
dix lignes, 6c large de trois, faite de chair blan-
che , ronde 8c aplatie par le bout , où elle eft
creufe èc ouverte , femblable en quelque façon a
la trompe d'un éléphant : audl quelques-uns l'ap-
pellent-ils trompe. Il la darde promptement iur
les mouches , qui s'y trouvent attrapées comme-
fur la ^lu. Elle s'allonge S<. fe retire comme un
bas deVoie fur la jambe. L'expérience n'a pas con-
firmé ce que plufieurs Auteurs veulenr faire croire,
que le Caméléon vit d'air. On a fouvent vu celui
qui a été apporté à Paris avaler des mouches -, on
en a remarqué quantité dans fes excrémens -, 6c
fon ventre 6c fes inteftins ont été trouvés remplis
quand on l'a diflequé. Il a 18 côtes, 6c fon épine
a 74 vertèbres, y compris les 50 de fa queue.
On trouve dans fon ventre des pierres qu'il vide
avec les excrémens. Il devient quelquefois fi mai-
gre , qu'on lui compte les côtes , de forte que
TerruUien l'appelle une peau vivante.^ Elien , Gef-
ner ?<. Aldrovandus difent qu'il fe défend du fer-
pent par un fétu qu'il tient dans fa gueule.
Sa couleur ordinaire , quand il eft en repos 6c
à l'ombre , eft d'un gris bleuâtre. Ariftote dit que
fa couleur naturelle eft le noir. Il y en a aufTi de
jaunes, 6c d'autres verts , quifont plus petits. Quand
C A M
il eft expofé au foleil , ce gris fe change en un
gris plus brun rirant fur le minime ,& fes parties
moins éclairées prennent divcrfes 'Couleurs qui for-
ment des taches de la grandeur de la moitié du
doigt, dont il y en a quelques-unes de couleur
ilâbelle. Les grains de fa peau non-cc!airés relfem-
blent aux draps mêlés de plufieurs couleurs. Quel-
quefois quand on le manie , il paroît marqueté
de taches brunes qui rirent fur le vert. Si on l'en-
Veloppe dans du linge , après y avoir été deux
ou trois minutes , on l'en retire blanchâtre -, mais
cela ne lui arrive pas toujours : il ne prend point
la couleur des autres étoffes dans lefquelles on
l'enveloppe i 6c fa couleur ne change feulement
qu'en quelques parties de fon corps, Ainfi ce que
Thcophrafte &c Plurarque ont dit, qu'il prend toutes
les couleurs dont on l'approche, hormis le blanc,
ne s'accorde pas avec l'expérience. Monconys dit
avoir obfervé que le Caméléon étant au foleil ,
paroît vert , quoiqu'il foit en un lieu où il n'y a
point d'herbe ; qu'à la chandelle il paroît noir ,
quoiqu'on le mette fur du papier blanc ; Se qu'é-
tant enfermé dans une boîte , il devient jaune 6c
vert : S:i il foutient qu'il ne prend jamais que ces
quatre couleurs. Les uns difent que ce changement
de couleur fe fait par fufiiifion , comme Sénèque ,
d'autres par réflexion , comme Solin ; d'aurres par
la difpofirion des parricules qui compofent fa peau ,
comme les Cartéfiens. Ce que l'on vient de dire
eft tiré prelque entièrement des Mémoires de M.
Perrault , qui en a fait des difleélions.
Mll*^ Scudcry , dans une Relation qu'elle a pu-
bliée de deux Caméléons qui lui furent apportés
d'Afrique , aflure qu'elle les conferva dix mois ,
6c que pendant tout ce temps-là ils ne prirent rien
du tout. On les mettoit au foleil , S<. à l'air , qui
paroîr être leur unique aliment : ils changeoienc
fouvent de couleur , fans prendre celle des chofes
fur lefquelles on les mettoit. On remarquoit feu-
lement quand ils étoient variés , que la couleur
fur laquelle ils étoient fe mêloit avec les autres ,
qui par leurs fréquens changemens faifoient un
effet agréable. Elle ajoute que c'eft un petit ani-
mal pareiTëux , trifte &: muet , &C qui de fes yeux
en tient l'un immobile , ou vers le ciel , 5c l'autre
vers la terre.
Ce que la plupart des Auteurs ont dit du Ca-
méléon n'eft pas véritable. Pline le fait de la gran-
deur d'un Crocodile : Panarolus lui arme le dos
de poinres pour fe défendre de (ts ennemis ', &C
Solin, comme pour le rendre plus effroyable 6c
plus teirible , dit qu'il a toujours la gueule ouverte.
Cependant un Caméléon qu'on a diflequé à Paris
n'étoit pas en tout plus long d'un pied, quoiqu'il
fût des plus grands -,^11 n'avoir fur le dos aucune
apparence de pointes, les apophyfes épineufcs de
fes vertèbres étant même carrées ■■, Sc bien loin d'a-
voir incelfamment la gueule ouverte , il l'avoit tou-
jours fi bien fermée, pendant qu'il a été vivant , qu'on
avoit de la peine à remarquer la fépararion de fes lè-
vres. Marmol , qui dit qu'il en a vu plufieurs , afliire
que leur queue relfemble à celle d'une taupe ; mais
elle n'eft pas moins grande que celle d'un rat ou d'une
vipère , èc elle égale en grandeur prefque tout le
refte du corps.
Pour ce qui eft des parties intérieures de cet
animal , Gefner dit qu'il n'y a que les poumons
qui foient vifibles-, mais il faut qu'il les ait con-
fidérées avec bien peu de foin ; car dans le Ca-
méléon qui fut diflequé à Paris , on remarqua
diftindement le foie , le cœur , le ventricule ,
les iQteftins , qui avoicnt plus de fept pouces de
longueur. Ariftote , qui a pris plaifir à décrire le
Caméléon , afliire qu'il n'a de la chair qu'aux mâ-
choires 8c au commencement de la queue ; néan-
moins on en remarque encore fur l'épine du dos ,
fur les jambes de devant , 6c fur celles de derrière.
Il prérend auffi qu'il n'a de fang qu'autour du
cœur 6C des yeux , SC cependant on en trouva
C AM
hcaiîcoup dans la langue , & dans tout lé rePte cîu
corps, La delcription Anatoinique de celui qui
tut diflcqué à Paris à la Bibliothèque du Roi,
tlit que ce CaméUon ne charigeoit pas moins de
fii^ure , que de couleur ; que quelquefois il paroif-
Ibit fort gras , &: une heure après li décharné ,
qu'il lembloit n'avoir que la peau ; que fes pou-
mons n'étoicnt qu'un amas de membranes déliées ,
& qui ayant été cnHécs en fouftlant dans l'apre
artère , jetèrent de côté & d'autre plulieurs pro-
ductions d'inégales grandeurs, & preique de la
figure de branches de corail •, qu'une des pierres
• qui s'engendrent dans fes inteftins ayant été caflée ,
on trouva dedans la tète d'une mouche •, que l'es
yeux ont le mouvement lingulier , dont parle
Mademoifelle de Scudery.
On dit figurcmcnt qu'un homme eft un caméléon ,
quand il change d'avis ou de rélblution , ou de
parti -, à caule qu'on a cru fauflement jufqu'ici que
le caméléon changeoit de couleur à tout moment.
Un Miniftre d'Etat eft un caméléon , un Prothée ,
tjui feint toutes Ibrtes de caractères félon fes vues ,
éc fes intérêts. La Bruy. La Fontaine dit des
gens de Cour , Peuple caméléon , peuple fmge du
maître. On dit aulli de celui qui n'a pas de quoi
vivre, que c'eft un caméléon; qu'il vit de vent,
à caufe de la vieille erreur où l'on étoit que le
caméléon en vivoit.
Le caméléon eft la matière d'une fcrieufe mé-
ditation que fait Tcitullien llir la fauHè apparence ,
& il le propofe comme le fymbolc des trompeurs
&c des fanfarons.
Ce mot lignifie petit lion , ou chameau-lion ,
chez les Grecs , félon l'étymologie d'Ilidote.
Licetus croit que ce nom lui a été donné, à caufe
que comme le lion chafTe aux autres bêtes , de
même le caméléon chalfe aux mouches : par la
même raifon qu'un certain ver qui chafTe , &
prend les fourni'is , qu'Albert le grand a décrit ,
eft appelé ybrOT/ca-/eo ; & qu'une petite écreviiîé
de mer eft nommée lion, parce qu'elle eft de la
couleur du lion , à ce que difent Pline &
Athénée. A caufe de fon extrême maigreur les
Italiens appellent cet animal une peau vivante.
On voit fur quelques tapiffeties des Gobelins des
caméléons reprcfentés fort au naturel.
Matthiole rapporte plufieurs fuperftitions des
Anciens touchant le caméléon. Ils ont dit que fa
langue qu'on lui avoit arrachée étant en vie ,
fetvoit à faire gagner le procès de celui qui la
portoif, qu'on faifoit tonner & pleuvoir, fi on
briiloit fa tète & fon gofier avec du bois de chêne ,
ou fi on rotiffoit fon foie fur une tuile rouge ,
que fi on lui arrachoit l'œil droit étant en vie ,
cet oeil mis dans du lait de chèvie ôtoit les taies ;
que fa langue lice fur une femme enceinte , la
faiibit accoucher fans danger -, que fa mâchoire
droite otoit toute peur & frayeur , étant portée
fur foi , & que fa queue arrêtoit des rivières : ce
qui montre que les Naturaliftcs ont dit des chofes
aufïî fabuleufes que les Poètes. Pline dit que Dé-
mocrite avoit fait un livre entier de ces iuper-
ftitions. Et Solin dit , qu'il y a une telle anti-
pathie entre le corbeau & le caméléon , que celui-
là meurt incontinent après qu'il a mangé de fa
chair : ce qui eft faux (, quoique quelques Mo-
dernes aflurent que le caméléon , pour éviter les
ferpens , monte fur les arbres , & que de-là il les
épie pour les faire mourir par fa bave qu'il laiife
tomber fur eux. Pline s'eft auffi fort trompé ,
quand il a dit qu'il y avoit des caméléons qui
étoient aufll grands que des crocodiles.
CamélÉom , en Aftronomie , eft l'une des douze
conftellations Auftrales , qui ont été obfervées
par les modernes depuis les grandes navigations.
Elle n'eft pas viiible fur notte horifon.
CAMÉLÉOPARD. f m. Animal qui fe rrouve dans
l'Abiffinie. Cameleopardus. Il n'eft pas fi gros que
l'éléphant j mais beaucoup plus haut. On l'appelle
C AM
IH^
aînfî à caui'e qu'il a la tête &c le cou comme les
chameaux j &: qu'il eft tacheté comme les léo-
pards» mais il l'cft de taches blanches fur un
fond roulfitre. Il a la queue fort petite ■, ce qui
le fait appeler par les Ethiopiens firatakacim ;
c'eft-.i-dire , queue menue. Les Italiens le nom-
ment giraffa, de l'Arabe Zurafa. Quelques-uns
veulent que le Caméléopard foit le même animal
que la Girafe. Voye^ ce mot.
^ CAMELFORD. Petite ville d'Angletetre j dans
la province de Cornouailles.
CAMELINE. Terme de Botanique. Chamalina , ou
Myagrum Jativum. Plante annuelle qui donne une
tige droite, haute de tiois pieds au plus, ronde,
moclleufe, un peu velue, branchue à fon extré-
mité , 6c chargée de quelques feuilles alternes ,
fcmblables à celles de la garance , mais piïis douces
au toucher , dentelées fur leurs bords , & embraf-
fant une partie de la tige par leur bàfe -, elles ont
un goût un peu piquant. Ses fleurs naiflent aux
extiémités des branches & font jaunes -, à quatre
pétales , difpofées en croix ^ foutenues par un
calice à quatre pièces. Le Piftil devient un fruit
fait en forme de Poire renverfée , féparée en
deux cellules par une clbifon mitoyenne qui eft
parallèle aux deux balfins dont ce fruit eft com-
pofé. Les femences qui y font renfermées font
petites, triangulaires , jaunâttes & d'un goût d'ail.
On nomme cette plante , à caufe de la conformité
de fon fiuit avec celle de cette plznzc t A lyffbnjé-
getum , foliis auriculatis , acutis. Injlit. R. Herb.
L'huile qu'on tire de k% femences fert à brûler,
& les pauvres gens s'en fervent Comme de l'huile
de navette pour apprêter leurs alimens. On cul-
tive cette plante dans plufieurs endroits du Royau-
me , & en Flandre on en feme des champs
entiers. Ruel donne la manière de la femer, d'en
tirer l'huile , ôc rapporte fes ufages. Voye:^
Myagrum.
Camelinf. f. f. Robe de camelot. On difoit au/îl
camelin. Robert de Sorbori reprochant à Joinvillc
devant Saint Louis j qu'il étoit plus richement vêtu
que le Roi , il lui répondit : Maître Robert , je
ne fuis mie à blâmer , fauf l'onneur du Roi & de
vous ; car l'abit que je porte , tel que vous le
voiez , m'ont laifTé mes père &: mère , & ne l'ai
point fait faire de mon auélorité. Mais au con-
traire eft de vous , dont vous êtes bien fort à
blâmer & reprandre -, car vous qui êtes fils de
Vilain & de Villaine j avez laiflè l'abit de vos pcte
& mère , & vous êtes vêtu du plus fin camelin
que le Roi n'eft. Hifi. de S. Louis par Joinville.
Cameline , au vers 14186 du Roman de la Rofe,
eft pris pour une couleur brune. Sauce cameline ,
de la couleur du camelot. Sup. au Glojf. du Romt
de la Rofe.
ftT C AMELIONE. ( mont ) Cerna ou Cémenus mons z
Partie des Alpes maritimes entre le vicariat de
Barcelonctte & le marquifat de Saluées -, mais
elle communique fon nom à toutes celles qui
ferment la vallée de Barcelonette , & s'étendent
jufqu'aux fources du Var & du Verdon , &: aux
confins de la Provence.
CAMELOT, f. m. Etoffe faite ordinairement de poil
de chèvre , avec laine ou foie. Pannus è villo ca-
prino contextus. Camelot de Hollande , de Lille ,
Camelot onde , ou calandre , ou non onde , fans
onde. Pannus é villis hircinis undulatus. Camelot à
eau , ou avec apprêt , fans eau , ou fans apprêt.
Ménage tient que ce mot vient de Zambelot,
qui eft un mot Levantin, qui fe dit des étoffes
faites d'un poil fort délié , qui fe tire de certaines
chèvres qu'on trouve en quelques endroits de
Turquie, dont Scaliger fait mention, & Bufbec
en fes Voyages , d'où vient qu'on a dit du Camelot
de Turquie , Pannus cilicius Turcici operis.
D'autres le dérivent de l'Italien ciamhellotto. Bo-
chart dit que le mot de ^ambelot eft corrompit
de l'Arabe giamal , qui figniiie un chameau. Aufïî
icjo C A M
a-r-on appclc proprement camelot, l'étoffe qui fe I
fait de poil de Ciiamcau. Le carndot eft appelé par
quelques Auteurs modernes Capellocum de capellit ,
chèvre, parce qu'il le fait de poil de chèvre. De-la
s'cft hiit i^amdot , en changeant le/' en m , Carmlot ,
pour Capellot. Ce changement a fait croire que
ce mot vcnoit de camdus , chameau , parce qu'il
Te faiioit de poil de chameau , ce que Is Bol-
landiftes taxent d'ignorance. Jcl. SS. Maii , Torn.
ll,p.%Z.
On dit proverbialement d'un homme qui a pris
ds mauvailes habitudes qu'on ne lui peut faire
quitter, qu'il efl: comme le vieux ca.mdot ^ qu'il
a pris fon pli. ,
CAMELOTE , EE. adj. Travaillé à la manière du
cj-rmlot. Etoffe tiillie ou ondée en forme de ca-
rndot. P iinnus cilicïi operis more contixtus.
CAMELOTlER. i". m. C'cft ainli qu'on appelle une
forte de papier très-commun.
CAMELOTINE, f. f. Petite étoffe faite à la manière
du camelot. Pannus ienu'i fila cilicii operis more
contextus. On dit aulfi du camelin d'Amiens.
^ CAMELOTTE. f. f. On appelle reliures à la
Ciimelottc , celles qui font d'ufaiie pour les livres
de bas prix , dans lefquelles il y a moins de
façons èc d'apprêt.
CAMERERA. f. f. Mot Efpagnol , qui fignifie Dame
de la chambre de la Reine , & que nous rete-
nons dans notre langue , celui de Camerière néz^ant
point en ufage. Cameraria, Camerx Prœfecîa. La
Comtelfe d'Altamira eft Camerera Mayoràc laReine.
CAMERIER. f. m. Premier Officier de la Chambre
d'un Pape, ou d'unCardinal,d'un Prélat Italien,qu'on
appelle autrement Maître de Chambre. Camerarius.
On dit à Rome le Camirier du Pape , & parmi les
Moines & les Chanoines , le Chambrier. Ces mots
font bornés à cet ufage. Danet, Il'y ades Commu-
nautés Religieufes où l'on dit Camérier , & non
Chambrier , comme dans l'Abbaye de S. Claude
au Comté de Bourgogne. Le Pape a des Cameriers
extra muras. Des Cameriers fecrets de cape &
d'épée, &: d'autres Cameriers fecrets; des Cameriers
d'honneur. Cet Office de la Maifon du Pape, fe
donne à des petfonnes de diftinclion. Gaz. ijii ,
p. 44.
CAMERIERE. f. f. Il y a en Efpagne dans la Maifon
de la Reine une Camerera Major , que nous pour-
rions appeller Grande Cameriere : mais l'ulage
n'autorife poinr ce mot , Se l'on retient le mot
Efpasrnol. Camerera.
gcr CÀMERINO. Ville d'Italie , autrefois dans
l'ombrie , & aujourd'hui dans lu marche d'An-
cone , entre Maccrala & Spolète , avec un Evêché
fuffras^anr du Saint Siège. Camerinum , Camerina.
CAMÉRISTE. f. f. Cam^rlère , Dame de la Chambre
d'une Princelie. Cameraria. Dona Louife Guerra ,
Garnir ijle de la Reine de Portugal. Gaz. 1741 ,
p. 119. On trouve auffi ce mot dans le Dict. de
l'Acad. Fr.
CAMERLINGAT. f. m. Dignité ou charge de Camer-
lingue. Camerarii dignitas,
CAMERLINGUE, f. m. Cardinal qui régir l'Etat de
l'Eglife , & adminiflre la Juftice. Camerar'us
Ecclejiit. C'cft l'Officier le plus éminent de la
Cour Romaine , parce que tout le bien du Saint
Siège eft adminiftré par la Chambre dont il eft
le Prélident. Le Siège vacant , il fait battre mon-
noie , & marche en cavalcade accompagné de la
garde des SuiUés & auties Officiers , & il publie
des Edits. Il a fous lui un Tréforier , & un audi-
teur appelés Généraux , qui ont une juridiiïfion
féparée , 6c douze Prélats appelés Clercs de chambre.
Du Cange dit qu'on a aulfi appelé Camerlingues ,
les Tréforiers du Pape , & des Empereurs.
Ceftauffi un Officier de l'Ordre de la Chauffe.
Il y avoir dans cet Ordre deux Confeillers & un
Camerlingue , qui ne pouvoient refufer ces emplois ,
ious peine de vingt-cinq ducats d'amende. P.
Hélvot , Tom. FÎII, p. 159. L'Intendant des
C A M
Finances du Royaume de Bohême s'appelle Ca-
me fi inguc.
§3" CAMERONIENS. f. m. pi. Cameroniani. Les
Cameroniens ainli nommés d'Atchibale Cameron ,
croient un parti de Prefbytéiiens d'Ecoffe qui
ainfi que leur chef Cameron , fe féparerent des
autres Prcibytériens, qui avoient accepté la liberté
de confcicnce accordée par Charles II. Les Came-
roniens regardèrent même ce roi comme déchu
de la Couronne & fe révoltèrent. Mais on les ré-
duilit en peu de temps , & enfin en KÎpo, fous le
règne de Guillaume III , ils fe réunirent aux autres
Preibyrériens. Dict. Ang.
CAMESTRES. Terme de Logique. Nom que l'on
donne au fécond mode da la féconde figure du
fyllogifme. Un fyllogifme en camejtrss , eft un fyl-
logifme dont la première propofition eft univer-
felle aff.rmarive , la féconde univerfelle négative ,
& la conclulion univerfelle négative, félon cette
régie : Jjferit a , negat e i verùrn generaliter amba:.
Tout homme fage eft modéré dans fes plaifirs j
nul débauché n'eft modéré dans fes plailirs. Donc
nul débauché n'eft homm.e fage.
CAMILLE, f. m. Nom d'homme. Camillus. Le
Prince Camille , troifième fils de Louis de Lorraine ,
Comte d'Armagnac , & Grand Maréchal de Lor-
raine. Qu^nd on parle des anciens Romains, on
dir Camille , fi l'on met ce nom feul : Camille
s'exila lui-même pour prévenir fa condamnation.
Mais fi l'on y joint leurs noms , ou leurs prénoms ,
il faut retenir le nom Latin Camillus : Marcus
Camillus défit les Falifques 5c les Veies. C'eft
ce Camille , qui retournant d'exil dans le temps
qu'on psfoit aux Gaulois les deux cents livres d'or
qu'on leur avoir promifes p>Gur les obliger à lever
le fiége de Rome , les prit au dépourvu , les
chargea , 6c les obligea de fe retirer avec perte.
Ce même M. Furius Camillus triompha quaue
fois , 6c fut cinq fois Diétateiir.
Camille, i. f. eft auffi un nom propre de femme.
Camilla. La Camille de Virgile eft une femme
extraordinaire. Quand nous parlons des Italiennes
qui porrent ce nom , nous retenons le plus fou-
vent la terminaifon Latine ?< Italienne en a, La
Segnora Camilla étoit fœur de Sixte A^
Camille, f. m. Se f. eft auffi le nom des jeunes
garçons ou des jeunes filles qui fcrvoient dans les
choies lécrètes , comme les noces & les facrifices ,
6c en parriculier du jeune enfant qui fervoit le
Tlamen Dialis , ou Prêtte de Jupiter.
Ce mot venoit de l'ancienne langue des Etru-
riens, à ce qu'il paroir , 6c fe difoit pour Caf-
millus -, comme on le peut conjeél:urer par le 545*
vers du onzième Livre de l'Enéide de Virgile,
Matrifque vocavit
Nomine Cafmillœ , mutatâparte , Camillam,
Ce nom dans cette ancienne langue fignifioît
Miniftre. C'eft pour cela que les Etruricns appe-
loient Mercure en leur langue Camille; c'eft-à-
dire, Miniftre des Dieux, Bochard , dans Ion
Hiero^oicon , L.II, c. ^6 , croit que ce mot étoit
compolé de deux mots Hébreux, ou Phéniciens,
Vi* icop , KoJ'mé d , devins , ou Prêtres de
Dieu. Car oop fignifie deviner. De Kofmé el , on
fit Kofmel, Se Cafmil , &c en ajoutant la termi-
naifon Latine Cafmillus. Le même Bocharr ,
dans fon Chanaan , L. I. c. 11, tire Cafmillus
de onn hhadam, qui fignifie minijîrare , comme
il paroîr par l'Arabe hhadam a , &c de '-if , El ,
Dieu. VofTius croit qu'on pourroit dériver Camillus,
de Chemarim , qui fe ttouve au IV L. des Rois ,
ch. XXIll , V. s , 8c que l'on traduit Arufpices ,
Sacerdotes , Sacrificuli. Il doute cependant de la
bonté de cette étymologie , parce que le mot
Latin étoit originairement Cajmillus ; Se non pas
Camillus. Voyez Varron , Lib. IF. Ds Ling. Lat.
où il dit que les Samothraces uibient du même mot
C A M
dans la même figniMcanion. Denys d'Halycarnaffe
«lie auHi , L. ÏI, que les Ecniriens & les Pchgiens
appeloient Caàoles ceux que les Romains de fou
temps nommoient CamilUs. Macrob , Liv. Il) ,
5aturn. c. 8. Feftus, au mot Flaminms -, Scrvius
fur le 557'^ vers du L/rre A7, de rEnnii-, Voilius
Erymol. & De IdoIoL Lib , II, ch. 57, />. 311,
yi^enere iiic Titc-Live , p. 975, Dans une mé-
daille de Caligula en grand bronze , qui d'un côte
reprcll-nce la piété affile, qui tient de la main
droite une parère, dont elle iemble verfer quel-
que choie , avec l'inlcription C. caesar. aug.
Germanicus pm, tr. pot. & au revers un facri-
fice devant un Temple. Divo aug. la petite figure
qui ell: à gauche derrière le Prêtre femble être le
Camille du ^«acrificc.
tfT GAMIN ou CAMMIN. Ville du cercle de la
haute S'axe , en Allemagne , d.\ns la Pomcranie
ultérieure, fur l'embouchure orientale de l'Oder.
ifT CAMINHA. Ville de Portugal, dans la province
d'entre Duero & Minho , à l'embouchure de
cette dernière.
jCAMINI. f. m. En Efpagnol , Rerva-Camini. C'efl
une herbe qui Te recueille dans le Paraguay , Pro-
vince dé l'Amérique méridionale. Elle n'efl: di.*lc-
rente de l'herbe qu'on appelle Paraguay , que
parce qu'elle eft mieux choilie. ^^oyt^ Paragay.
CAMINIEK. J^oyei Kaminiek.
|;cr CAMION. ï. m. Terme d'Epinglier. C'eft ainfî
qu'on appelle une très -petite épingle, telle que
celles dont on fe fert pour arracher des roiles fines ,
des dentelles. Brevis ac tennis acicula.
Camion , fe dit aulfi d'une efpcce de petite ch arrerte
ou voiture qui eft traînée par un cheval , ou par
deux hommes , &: qui iert à traniporter des balots
& marchandiies. On s'en Iert aulfi pour traîner du
vin & de \z.ï\ç^.Acetarii propolm cijolium. Le mot
de camion n'eft guère connu à Paris , où on le fert
plutôt du mot de hnquet.
Camion, f. m. ou Rondelle. Nom que l'on donne
à la plus petite bofle ou tête de ces chardons dont
on fe fert dans les Manufaélures de lainerie.
CAMIRI. f m. Fruit des Indes qui pèle environ une
once , & diffère peu de la noilétte , lotlqu'cUs eft
dépouillée de la coque verte extérieure : il eft rude ,
plus large dans fa partie fupérieure , & fe terminant
par en bas en une pointe émouiîée. Sa coque eft
épaifie, & prelque aulfi dure qu'une pierre; elle
contient une amande blanche , qui a .à peu près le
goût d'une amande douce. Ray, cité par James.
§3°CAMIS. f. f. Idoles qu'adorent les Japonois & prin-
cipalement lesBonzcs ouMiniftresde la léétedeXen-
xus. Ces Idoles repréfentent les plus illuftres Sei-
gneurs du Japon, à qui les Bonzes font bâtir de
magnifiques Temples , comme à des Dieux qu'ils
invoquenr , pour obtenir la lantc du corps & la
viétoire fur leurs ennemis. Mor. qtd cite Kirker.
iCAMISA. f. m. C'eft le nom qu'on donne à un mor-
ceau de toile de huit à dix pouces de large , fur
quatre à cinq pouces de haut , dont les femmes
Caraïbes cachent leur nudité , & qui eft le feul vê-
tement qu'elles aient lut leur corps , fuppofé même
qu'on puiife donner ce nom au camifa. Les femmes
irodent ordinairement leur camifa avec de petits
grains de ralfade de toutes couleurs, & elles ajou-
tent 3U bas une frange aulfi de ralfade d'environ
trois pouces de hauteur : ce qui rend le camifa carré.
Les filles ne prennent le camifa qu'à l'âge de douze
ans ou environ. Elles quittent pour lors une cein-
ture de grofle raflade qu'elles avoient portée jufques-
là fur leurs reins, & y fubftituent le camifa : &c dans
ce temps-là on leur met au bas des jambes deux petits
brodequins de coton -, qui y reftent pendart toute
leur vie. Quand les filles ont le camifa & les brode-
c]uins , on les fépare d'avec les garçons. Voye^ le
Père Labat , Tom. II de fes Voyages.
CAMISADE. f f Terme de guerre. Attaque qu'on
fait la nuit, ou vers la pointe du jour, pour fur-
prcndre l'ennemi. NoHurna , antelucana oppugnu-
C A M
15) i
fio, irruptio. Ce mor de camifade n'eft prelque
plus uiirc. Le Marquis de Pefcaire, bien informé du
nombre des troupes que Bayard avoir avec lui , ré-
lolutde lui donner ane Camifade. Il fortit la nuit
de Milan avec l\x à fept mille hommes de pied , Se
cinq cens gens-darmes , à qui il fit mjttre une che-
milé pardeillis leurs armes , afin que dans les ténè-
bres ils fe reconnulfenr. C'eft de cette manière de
taire prendre aux foldats des chemifes par-defllis
leurs habits en de telles occafions , Se qui étoit en ce
temps aifez à la mode , qu'eft venu le nom de cami-
jade. P. Daniel , dans François I. T. III. p. 147, On
trouve dans des Auteurs anciens, dreffer une cami-
Jade, une az.7j//iî^t; heureule, oui réulfit bien.
CAMÎSARD, AllDE. f m. & f! Calvinifte rebelle
desCévcnnesi Huguenor fanatique des Cévennes.
Lahtinanus e Cekennis , fanaiicus ac rebelUs. Les
Calviniftes des Cévennes, qui trompés par les
prétendues prophéties , ou plutôr par les impoftures
de Jurieu, & à ce que l'on a dit, par les artifices &
les promelfes du Prince d'Orange, s'imaginèrent
fortement, ou feignirent d'être Prophètes, &fou-
leverent les Huguenots des Cévennes , formèrent
pendant la guerre de 1688 , & des années fuivantes
une efpècc de faction que l'on appela les Camifards,
M. de Brucys & d'autres ont écrit la ridicule
Hiuoire de ces Prophères fanatiques, & de ces
brigands , & les affreules cruautés que les Camifards
exercèrent fur quelques Catholiques, principale-
ment Pierres Si Religieux.
Un de nos Poètes ^nodernes comparé avec Pin-
dare, eft comme une fœur Camifarde comparée avec
la Sibylle de Virgile : les convulfions, les grimaces
& l'extérieur s'y trouvent 5 mais il n'y a 'rien de
cette impulfion divine, qui élève l'efprir au-deflus
de^ lui même , & lui fournit une éloquence plus
qu'humaine. Spect.
Ce mot vient, ou de Camifade :, attaque brufque
& imprévue, parce que ces rebelles n'en failbient que
de cette forte , en Ibrtant fubitement de leurs mon-
tagnes ; ou de camife , qui fe dit dans ces Pays-là
pour chemife ; & ils auroient été ainfi nommés,
parce qu'ils manquoienr de linge , Se que c'étoit la
chofe qu'ils voloient plus volontiers ; ou bien par-
ce qu'ils portoientdes veftes de toile allez femblables
à des chemifes. Mais il paroît plus probable que
ce nom vient de camis , qui fignifie grands chemins,
roures battues, que ces brigands infcftoient. Ainfi
Crw/y^zr^jf fignifie brigand, voleur de grand chemin.
CAMISOLE, f.f C'eft la même chofe^qu'une c/zt-w/-
fette. Petit vêtement qu'on met la nuit, ou pendant
le jour , entre la chemife & la vefte , pour être plus
chaudement. Il ne va d'ordinaire que jufqu'a la
ceintuire; Thorax interioï. Il s'en fait de toile,
de futaine , de coton , de ratine , de chamois , de
foie, d'ouate, &c.
tfT CAMMANAH. Petite province de Guinée , fur
la côte d'or.
^ CAMMART. Ancienne ville d'Afrique , au
Royaum; de Tunis ,à trois lieues de Tunis, & aflez
près des ruines de l'ancienne Carthage.
CAMM ARUM , Cammorum , ou Camarum. f. m. C'eft
une efpèce de chevrette du genre des crabes. Dans
VExegefis de Galien ^^«Mfto^o» fignifie un animal lém-
blable à la chevrette. Se un aconit qui a fa racine
fcmblable à cet animal, f^oye^ le Dict. ee
James.
Ç3=' CAMME. f. f. C'eft ainfi qu'on appelle dans les
grolfes forges & dans pluficurs autres ufines , des
cmincnccs prariquées à la furface d'un arbre, qui
tournant fur lui-même , par le moyen d'une grande
roue Se d'une chute d'eau , fait lever , ou des
pilons ou des fouflcts auxquels on a pratiqué d'au-
tres éminences que les Cammesrcncontrenr. Encyc.
CAMOIARD. f m. Efpèce d'étoffe faire de poil de
chèvre fauvage. Mén. Panmis è villa textus.
CAMOMILLE, f. £ Terme de Botanique. Ckamx-
meliun. Plante ainfi appelée à caufe que quelques-
unes de fes efpèces ont une odeur qui approche
ICJ2 C A M
de celle de la pomme. Chamawelum ciiafi^ humdc
jnalum. On diftin-uc la camomille en clUc qui a
une odeur aromanque agréable , & qu'on nomme
r.z/7w/;2///e Romaine ou véritable camomille , i^ zn
celle qui n'cft point d'une bonne odeur, gcqu on
appelle maroute ou camomilU puante. La camomille
Romaine, cham<zmelum Komanum , mbiu , odora
fum , & leucûrahemum cdoratius, a fes racines hbreu-
fes &: chevelues , d'où partent quelques ti-es , me-
nues , cannelées , velues , & pl^^ Ibuvcnt couchées
fur terre , longues environ d'un pied , & qui
donnent dans une partie de leurs longueurs i lufieurs
fibres ou racines qui fc plongent en terre & 1er-
vent à multiplier ou à étendre cette plante. Ses
feuilles font comme ailées & composées de plu-
lîeurs pinnules oufegmens fort coiuts , fort aecou-
péesac finement, & elles font vertes, que quetois
blanchâtres , a'une odeur de drogue qui n cil point
fi dclhsrréable , &fonr attachées allez près les unes
des autres , aux tiges , dont l'extrémité eft termi-
née par une fleur radiée , compofee de fleurs jaune-
pâle dans fon centre, & de demi-fleurons blancs
dans ia circonférence. Le calice qui foutient cet
amas de fleurons & de demi fleurons, elt ccailleux.
Ses femences font menues , oblongues , nues , &
fans ai2;rettes. Cette efpèce de camomille le tiouyc
quelquefois à fleurs doubles; c'eft-à-dire , que les
fleurons s'allongent & changent de couleur. On la
cultive dans les 'jardins. La camomille Romaine elt
• commune à la campagne, 6Ù elle change un peu
de fio-ure, fuivant que le terrain dans lequel elle
naît,'"eft plus ou moins humide, ou expole aux
rayons du foleil. Mais fon odeur & la découpure
de fes feuilles la font alfez reconnoitre. On fait
en Médecine un grand ufage de fes fleurs_ qui_ font
réfolutives , carminatives , apéritives &: fébrifuges.
On l'emploie en fomentation , en cataplalme , pour
diffiper les tumeurs aqueufes & venteufcs , en dé-
coétion dans les lavemens , pour la colique, &: la
poudre eR un fébrifuge ufité dans plulieurs endroits.
La camomille puante", ou lamaroutte, a des racines
fibreufes, blanchâtres, & chevelues: elle donne
une tige , quelquefois plufieurs , hautes d'un oied ,
menues, tant foit peu velues, garnies de feuilles
alternes, découpées en plufieurs fegmens, déchi-
quetés fort menu , lifles , épailfes , pleines de fuc
d'une odeur fétide, ^c d'un vert pâle. Des_ aiikl-
les fortentdes branches chargées de pareilles feuilles,
& terminées par une fleur radiée comme la précé-
dente , & qui n'en diffère que par les demi-fleurons
qui font plus amples , & par fon odeur délagrea-
ble. On le fert de la maroutte pour appaiier les
douleurs des hémorroïdes.
ifF CAMON. Il y avoir deux Villes de ce nom dans
la Faleftine, l'une en deçà du Jourdain, dans le
grand champ , l'autre au delà du Jourdain , dans
le pays de Galaad.
g3- CAMONiCA , ou val CAMONICA. Petit pays
■de l'État de Venife en Italie , dans le Breflan , aux
confins de la Valteline. C'eft un palfage fort fré-
quenté de Suiife eu Italie.
jZAMOUFLET, f. m. Fumée qu'on foufllc au nez
d'un homme qui fommeille, par le moyen d'un
cornet de papiei allumé par un bout. Fumi in os
infpiratio , infufîatio. Donner un camouflet. On
diioit autrefois chaumoujlet. ^
Borel dérive ce mor de mufle, parce que_ c elt
une fumée épailfe qu'on fouffle dans les narines ,
pour éveiller les gens endormis.
C-iMOUPLîT, terme de guerre; donner un 6.-
mouflet , c'eft chercher à étouffer le mineur ennemi
dans fa galerie.
Le Camouflet fe donne de difl^erentes façons en
voici une afléz ufitée.Le mineur ou contre-mineur
( car l'un & l'autre le pratique pour fe défaire de
fon ennemi ) perce la terre avec fa tarière , fait
couler dans le trou une farbacanc ou canon de
fulil ouvert par les deux bouts., dans lintcneiir
riucjucl il a eu foin de mettre une compoUtion de
C A M
foufFrc , de poudre , &c. y ayant mis le feu , il fouf-
flc la tiimée contre fon adverfaire , pour l'étouffer.
Camouflet fe dit fîgurément d'un affiront ,
d'une mortification que l'on reçoit. Il a reçu un
vilain camouflet. Acad. Fr. Donner un camouflet à
quelqu'un, ledit pour, lui faire quelques tours,
lui jouer une pièce, lui faire une repartie vive
& piquante. Il ne fc dit que dans le difcours fa-
milier. Richcfource a intitulé un de fes livres : le
Camouflet des auteurs.
CAMP, f m. Terrain où une armée s'arrêre , fe retran-
che, ou plante le piquet pour fe loger en ordre.
Caflra. Il eft quelquefois couvert d'un rerranche-
ment, quelquefois il fe défend par le feiil avan-
tage du pofte. On a fait auflî des fermetures de
camp avec des chevaux de frife aCcrochés enfemble,
comme failbit le vieux Prince d'Orange , ainîi que
témoigne Jean Errard. La tête du camp eft le ter-
rain qui fait face vers la campagne , où l'on monte
le bivouac. Rhoë , en décrivant le camp du Mo-
<rol, dit qu'il a bien vingt milles d'Angleterre de
circuit , & enferme plus d'efpace que la plus grande
ville de l'Europe ; qu'il eft compofé de huit cent*
mille hommes , & de quarante mille éléphans i
que toutes fes tentes font drelfées en quatre heu-
res.
IfT On dit fîgurément , l'alarme eft au camp ,
quand on craint quelque malheur ou quelque dif-^
grâce.
fçy- Aide de Camp. F'e^ytf^ Aide. Maréchal de Camp.
y'oyei Maréchal.
Camp volant, eft une petite armée compoféc de
Cavalerie ou de Dragons ; on y joint quelquefois
de l'Infanterie. Cette petite armée tient la campa-
ene , & fait de continuels mouvemens pour furpren-
dre quelques places de l'ennemi , ou le tenir en
haleine , 6i l'empêcher de s'attacher à quelquî
entreprife. Expedita manus.
Camp , le prend quelquefois pour l'armée campée.
Exercitus. Le ca;r.p eft tranquille : tout le camp fut
a! ariné.
?fT On dit alîeoir fon camp , fe pcfter. caflra conj-
titnere , facere , locare , imponere , metari , ponere,
Pofer fon cainp en fice d'un autre. Caflra cafltris
conferre , convertere. Faire des lignes autour de ion
camp. Caflra vallo cingere. Faire la ronde auront du
camp. Jde^uitare caflra. Demeurer ferme dans fon
car7:p. Inflflere caftris. Lever le camp , changer de
pofte. Movere caflra.
Camp, fe dit auilî d'un lieu fermé de barrières , où
combattoient les anciens Chevaliers dans les joutes
& tournois. Arena. Il fur mis hors du camp. Il entra
dans le camp. Juge du camp. Demander le camp.
Cam:p Prétorien, étoit chez les Romains une grande
enceinte de bâtimens pour loger des foldats de la
garde. Caflra Prœtoriana.
Les Siamois , & quelques autres peuples de$
Indes Orientales , appellent des carnps, las quartiers
qu'ils aliignent aux nations étiangcres qui viennent
faire commerce chez eux.
CAMPAGNARD , ARDE, adj. 5c f. Celui qui vit
ordinairement à la campagne. Ruri hahitans , ruris
cela.
fr? On le dit aulli avec une efpèce de mépris , d'un
homme qui n'a pas les manières Se la polireflè
qu'on acquiert dans le giand monde. C'eft un
campagnard. Rien de plus ennuyeux qu'un cam-
pagnard. On connoît bientôt à Paris les Gentils-
hommes campagnards. On y raille fort les Dames
campagnardes. Boileau donne une idée des cam-
pagnards, lorfqu'il dit:
Là je trouvai d'al^ord pour toute connoiflfance.
Deux nobles campagnards, grands lecleurs de Romans.,
Qui m'ont dit tout Cyrus dans leurs longs complirnms.
Dans cette acception , on dit qu'un homme a
i'air campagnard, qu'il a les manières campagnar-
des-
1
C A M
des ; & dans ces plirafes ce mot eft adjeftif. Acad.
Fran.
ftCr CAMPAGNE, f. £ Grande crendiie de pays plat &
découvert, où il n'y a ni villes, ni montas^nes ni
forêts qui bornent la vue. En ce fens, on dit une
campagne de deux & de trois lieues. Mais comme
le mot plaïKi; cfc moins cquivoque , je crois qu'il
vaudroit mieux s'en Icrvir dans cette fîgniiîcation.
On dit au/îi en raie campagne. Campus , "Camporum
patentium xquor,
IP" Campagne fe dit auili d'une terre qui eft
propre à être labourée & cultivée, quoique le
terrain ne foit pas toujours uni & découvert ^ dans
ce lens on dit les campagnes de Bcauce , du pays
de Caux, font fertiles en blé. Campus , a^er.
On dit que la campagne eft belle , pour dire ,
que la terre eft bien couverte, que l'on a elpérance
d'une grande récolte.
Campagne fe dit aufTi de tout ce qui eft hors des
villes. Rus. Ce bourgeois eft allé à fa maifon de
campagne. On lui a ordonné de prendre l'air de la
campagne. On ne peut placer ailleurs qu'à la cam-
pagne la fcêne d'une vie tranquille. Fonten. Si
l'idée qu'on fe fait de la vie paftorale eft agréable,
c'eft qu'elle ne tombe pas précifément fur le ménage
de la campagne ; mais fur le peu de foin dont on
y eft chargé , fur l'oifîveté dont on y jouit, & iur
le peu qu'il en coûte pour y être heureux. Id. Ce
grand homme n'a point forcé la nature & les
élémenspour embellir la folitude ; il n'a cherché
dans fa retraite que les pures délices de la campagne.
Flech. Un noble de campagne eft un Gentilhomme
qui demeure hors des villes. Un habit de campagne
eft un gros habit de fatigue qu'on porte aux
champs.
_ On appelle Comédiens de campagne, des Comé-
diens qui ne jouent , qui ne repréfentent que dans
les Provinces. Acad. Fr.
Campagne, fe dit aulfi de quelques lieux particuliers.
Campagne , Campania , eft un petit pays du Duché de
Milan. C'eft la partie orientale du territoire de Pavie.
Campagne , eft encore le nom d'une ville du Royau-
me de Naples, dans la Principauté citérieure, à
quatrelieues au Midi de Conza, dont fon Evëquc
eft fuifragant. La Campagne de Rome, Lanum, eft I
une Province de l'Etat Ecclé(îaftique , bornée au
Levant par le Royaume de Naples ; le Teveronne au
Nord, & le Tibre au Couchant la féparent, l'un
de la terre Sabine , & l'aurrc de la province appel-
lée le patrimoine de S. Pierre : Rome en eft la Capi-
tale. L'air y eft fort groiller , & le Territoire peu cul-
tivé, faute a habitans. Le Pape établit, il y a qu'el-
ques années , une Congré;;ation pour chercher les
moyens de rendre ce pays plus habitable & de le
cultiver-, mais ces foins n'ont point eu d'effet. Le
nom de la Province de Champagne en France
eft auflî la même chofe , & il a été donné à tous
ces lieux , parce que ce fonr des plaines & des
Campagnes. Campanie , Province du Royaume de
Naples , eft encore la même chofe -, & tous ces
mots font formés du Latin Campania qui a le mêjne
fens.
Campagne , en termes de Guerre , eft le temps de
chaque annce Ou l'on peut tenir les troupes en
corps d'armée. Cajira cejtiva. Les Allem.ands com-
mencent leur campa^^ne fort tard , & attendent la
récolte. Les François la commencent de bonne heure
& la finiffent tard. En ce fens , on le dit au(îi pour
délîgner une certaine année où l'on a fait quelque
notable exploit de guerre. La campagne de Lille.
La campagne de Cambrai. On a fait une heureufe
campagne. On le dit aulTi dans la Marine. Faire une
campagne fur mer.
Campagne, fignifie au/Ti les années qu'un Officier, ou
qu'un foldat a fervi. Stipendlum. Cet Officier a
tait quinze campagnes -, c'eft-à-dire , eft Jans le fer-
vice depuis quinze ans. Ce foldat eft à fa première
campap^ne , il commence à porter les armes.
Tome II.
C A M 1^5
On dit auflî , mettre en campagne; pour dire .
taire lortir es troupes des garnilons pour les mettre
en cotps datmée. Copias educere. Tenir la cam-
pagne , être maître de la campagne ; pour dire ,
çne maître du pays, faire retirer les ennemis dans
leurs garnilons. Kagari , vias obfidere.
Battre la campagne fe dit des chafleurs qui
tiennent un grand efpace d'une plaine pour en fane
lever le guier. On le dit au/ll des batteurs d'eftra-
fie , qui vont aux nouvelles pour découvrir les
ennemis.
On dit figurément qu'un Auteur bat la cam^
pagne , quand il dit beaucoup de chofes inutiles .
qui ne viennent point à fon fujct. Extra rem va<rari,
(i propojîto depaere. "
On appelle une pièce de campagne , un canon
de médiocre groileur , qui peut aifément fuivre
1 armée dans fa marche , qui fert dans les batailles ,
a la tête d'un camp. Tormemum campeflre.
On dit encore qu'on a mis tous fes amis en cam-
pagne pour iiire une telle affaire ; pour dire , qu'on
a employé tous fes amis , qu'on les a envoyés deçà
& delà pour la fliire réuflîr. Uti omnium amtco^
rum opéra atque diligennâairem aliquam : qu'on
a mis des Sergcns en campagne pour prendre un
criminel , &c. qu'on a mis bien des gens en cam-
pagne, des efpions en campagne, pour découvrir
des nouvelles de quelque chofe.
On dit aulTi d'un homme prompt & colère, que ,
quand on lui dit quelque chofe qui ne lui plaît
pas , au/fitôt il fe met en campagne ; pour dire
qu'il s'échappe , qu'il s'emporte.
On appelle à la Baflette &auTharaon , paroli
de campagne, un paroli que quelqu'un marque en
fraude , fins que fa carte foit venue en gain. Les
Joueufes de profeifion font fujettes à faire des pa-
rolis de campagne,
CAMPANAIRE ou CAMPANALLE. adj. Terme de
Fondeur de cloche , qui n'eft en ufage que lorl-
qu'on parle de l'échelle campanaire o\x campanalie ,
qui eft une règle pour les dimenlions des cloches,
pour régler leur hauteur, diamètre, épailTeur, &
afin qu'elles aient un certain fon.
CAMPANE. f. f. Crépine de iil d'or , ou d'argent,
ou de foie , qui fe termine en petites houppes
façonnées, & qui repréfentent une cloche. Cam"
panula ex auro vel argento textili. On en met aux:
pentes du lit, aux impériales decarrolle, & autres
endroits où l'on veut mettre de riches crépines.
On fe fert de ce terme en Botanique , pour dé-
crire certaines découpures des feuilles & des Heurs
qui approchent de la figure de ces ornemens.
Ce mot vient du Latin campana , qui veut dire
cloche.
Campane eft au/Iî un ornement de Sculpture , d'oii
pendent de; houppes en forme de petites cloches.
Campanuja operis fculptilis. On met ces fortes d'or-
nemens à un dais d'autel , de trône , ou de chaire
de Prédicateur-
Campane , en termes d'Architefture , fignifie auffi le
chapireau corinthien, ou compofire^ qui repré-
fcnte un panier ou une corbeille entourée de feuilles.
Capitulum corinckiacum , vel compojitum , abacus ,
Les ouvriers l'appellent tambour , ou vafe , au-
deffus duquel il y a un abaque , ou tailloir. On l'a
nommé campane , parce qu'il re/Temble à une clo-
che renverfée. 11 fe dir au/Ti de certains petits orne-
mens ronds, qui font comme de petits cônes, &
qu'on appelle autrement larmes ou gouttes. Cam^
pane de comble , eft encore un ornement de plomb
chantourné 8C évidé, qu'on met au bas du faîte &
du brifis de comble.
Campane ou Campanule jaune. Bulhocodium vul-
gatius. La campane jaune eft une efpèce de nar-
cifTe fauvage , ou une plante haute d'environ demi-
pied. Ses feuilles font longues , étroites : fa tige
porte en fon fommet une belle fleur à une feule
feuille évafée en campane , pâle, foutenue par un
calice jaune, doré, luifant , enveloppé d'une gaîne
Bb
î^4 C AM
membtartcufi! , ic entouré de iix feuilles pointues ,
pâles. Quand cette fleur eft paflce , le calice de-
vient un fiuit rond 6c relevé de trois coins, lequel
eft divilc intérieurement en trois loges contenant
des femcnces prefque rondes & noires. Sa racine eft
bulbeufe , vifqueule au toucher & au goût , avec
quelque douceur mêlée d'un peu d'acrimonie. Cette
plante croît aux bords des champs , dans les prés ,
aux lieux humides , dans les bois , dans les jar-
dins. Elle contient beaucoup d'huile & de l'eflen-
tiel. Fove{ le Dict. de James,
Campanelle, f. f. Petite cloche , clochette. Campa-
nuU. Ce mot n'eft pas ufité,
CAMPANETTE. Nom de fleur , airtfi appelée , par-
ce qu'elle a la figure d'une campanc. C'eft la fleur
du narcille. Voy^^i^ Narcisse.
CAMPANIE, Nom ancien d'une Province d'Iralie ,
qu'on appelle aujourd'hui terre de labour. C'eft le
pays d'Italie le plus beau j le plus fertile & le plus
délicieux -, Se , li l'on en croit Ciccron dans fa pre-
mière Oraifon, dt le^e agraria , /z, 75 , le plus
agréable pays du monde. Denis d'Haliearnaiîe ,
Pline, L.UIy C. 5 , Florus , L. I ■, C. 16 , Ta-
cite , Hifi. L. / , C. 1 , Mêla , L. II, C. 4 , So-
lin , C 8 , & généralement tous les Anciens qui
parlent de la Campanie , en louent la beauté &c la
fertilité. Sa capitale étoit Capoue. Quelques-uns
prétendent qu'elle ne prit point fon nom de la
beauté de fes campagnes , mais du nom des ha-
bitans de Capoue , qui s'appeloient Campani. Pour
la diftinguer de la Campagne de Rome , on la
nomma l'ancienne , ou l'heureufe Campanie. Lean-
der lui donne pour bornes au couchant le Gari-
^liano , Liris , à l'orient le Selo , Silarus , 6c une
partie du territoire des Samnites , au Septentrion
les montagnes des Samnites , qui font une partie
de l'Apennin -, au midi la mer de Tofcane, Foyei
cet Auteur dans fa Defcripùon de l'Italie , & Clu-
vier , L. IV. Vi.genere , fur Céfar & fur Tite-
Live au mot Campania , ou Campanie , lui donne
les mêmes limites i ou autrement il dit qu'elle
s'ctendoit le long de la mer depuis Gaïete jufqu'à
Salerne , 8c que du côté de la terre elle éroit bor-
née du Latium , des Samnites qui eft à l'Abruzze ,
5c d'un des coins de la Pouille, Le même Auteur
fut Tite-Live , t. I. p. 1755? > montre qu'on eft
obligé de fe fervir de ce mot en notre langue ,
quand on parle de l'anriquité , de peut d'équivoque ,
parce qn'aujourd'hui ce qu'on appelle en Italie
Campagne , eft fort différent de ce que les Ro-
mains appcloient Campania. On l'a aulïï appelée
l'ancienne Campanie , à la différence de la Cam-
pagne de Rome. Ce fiirent les délices de la Cam-
panie , qui amollirent Annibal 5i fon armée , & qui
lui firent perdre tout le fruir de fes vidloires.
CAMPANIEN , ENNE , ou CAMPANOIS , OISE-
{. m. & f. Campanus , a. Habitant de la Campa-
nie. On trouve ces deux noms dans nos Auteurs
un peu anciens : on trouve même Campanois ad-
jeélif. Le terroir Campanois , pour dire , le ter-
ritoire de la Campanie. Aujourd'hui on cviteroit
ces mots.
CAMPANIERs f. m. Vieux mot. Sonneur. Du Latin
Campanarius , comme de Campana , cloche , on a
fait Campane , qui fe trouve en ce fens-là dans
Monet , mais qui eft aujourd'hui hors d'ufage. Il y
en a dans Rabelais un bel exemple , rapporté fous
le mot Remotis. Pour Campanier , répété plalieurs
fois dans le XIV chap. de la troifième partie du
Roman comique , c'eft apparemment' un mot de
Province. A le prendre à la lettre , ce nom con-
vicndroit mieux à celui qui fait ou qui vend les
cloches , qu'à celui qui les fonne.
itj- CAMPANIFORME. adj. Terme de Botanique ,
qui fc dit des fleurs & des fruits qui approchent
de la figure d'une cloche. Campaniformis. Voye^
CiocHE en Botanique.
CAMPANILE, f m. Terme d'Architedture. Campani-
le. On appelle ainfi une cour d'Eglife. Jean de PiTe
C AM
bâtît le CrfOT/>a«//tf de l'Eglife Cathédrale de Piftoye.
FÉLiB. Taddeo Gaddi bkit à Florence une grande
partie du Campanile de Sainte Marie del Fiore fut
lé modèle que Giotto en avoit lailic. Id,
IJCF CAMPAfJiLE. f, f. Dans le Diélionnaife de l'A-
cadcmie Françoife , c'eft en termes d'Arcliitêdure ,
la partie fupérieute d'un dôme.
GAMPANINI, f, m. Sorte de marbre qui fe trouve
dans les montagnes de Carrare , où il y en a de
noirs , d'autres tirant fur le gris , d'autres mêlés
de rouge j & d'autres qui ont des veines grifes. Celui
que les Italiens appellent Campanini a reçu ce nom
à caufe qu'il raifonnc quand on le travaille , &
rend un fon fort aigu , en quoi il reflemble à une
cloche. Il eft naturellement dur , & s'éclate plus
aifément que les autres.
CAMPANULE, f, f. Terme de Botanique. Campa-
nula. Nom qu'on a donné à un genre de plante
qui a fes fleurs d'une feule pièce , taillée en cam-
pane ou en clochette découpée fiir les bords ,
tantôt purpurine , le plus fouvent bleuâtre , quel-
quefois toute blanche , d'autrefois cendrée. Le ca-
lice de ces fleurs devient un fruir membraneux ,
divifé en trois ou plufieurs cellules remplies d'une
femence le plus Ibuvent menue , & qui s'échappe
par des ouvertures qui font au haut du fruit , &
qui répondent a chaque cellule. Il y a plufieurs
cfpcces de Campanule , comme on le peut voir dans
les inftituts de M. de Tournefort , parmi lefquelles
il y en a certaines qui ont leurs feuilles femblables
à celles d'ortie , & on les nommoit autrefois les
gantelées ou gants de Notre-Dame , Campanula
foliis iirtica , & les autres s'appeloient des herbes
aux clochettes. L'efpéce qu'on nomme Campanula.
radice efculentâ, croit appelée Raiponce, Rapun-
culum. On mange les racines en falade. Elles ont
un goût agréable , & qui tient du Raifort, On
cultive dans les Jardins plufieurs efpèces de Cam-
panules , par rapport à la figure & à la couleur de
leurs fleurs , ou parce qu'elles font doubles. Toute
la plante a ordinairement un goût piquant , & don-
ne du lait lorfqu'on la coupe.
§Cr Campanule ']Mine. ■Fvye:^ Campane jaime.
CAMPATOIS f m. Secle d'Hérétiques , qui s'clevè-
rcnr contre l'Eglife dans le IV liècle. Leur doc-
trine étoit la même que celle des Donatiftes 6; des
Circoncellions. Ils font appelés Montais pat
Saint Jérôme , dans ce qu'il a écrit contre les
Lucife riens.
CAMPE i'. m. Héfiode dit que le Tartare étoit gar-
dé ^nr. Campé t que Jupiter rua de fa propre main ,
lorlqu'il en retira les oncles , les Titans. On ne faic
qu'elle efpcce d'être étoit ce Campé.
CAMPE, f. m. Sorte de droguer croifé & drape, qui fe
fabrique à la Chateigneraye , S, Pierre du Chemin ,
&: autres lieux de Poitou.
CAMPECHE. Petite ville de l'Amérique méridio-
nale , dans la Province d'Ucatan , & de l'Audien-
ce du Mexique. Campecum. On l'appelle auifi San
Francifco de Campiche , parce que fon Eglife eft
dédiée à S. François. Campiche étoit autrefois l'é-
chelle de toute l'Amérique , pour le trafic du bois
de teinture. Les Efpagnols le coupoient alors auprès
d'une rivière qu'on appelle Chapipeton , à dix ou
douze lieues de la ville de Campiche , au fud de
cette place dans un terrein liaut & pierreux. C'eft
de-là que le bois de teinture fut appelé bois de
Campiche.
Le bois de Campiche eft un arbre d'Amérique ,
qui ne croîr pas fort haut ; les feuilles en font
petites, & reffemblent affez à celles du trèfle. Lettres
édifiantes & curieufes , tome XI , p. iz8. D'autres
diicnt qu'il eft affez femblable à nos aubépins ,
mais plus gros -, que l'ccorce des jeunes branches
eft blanche &: polie ; qu'elle a quelques pointes qui
en forrent ; que le corps &: les vieilles branches font
noirâtres ; que l'écorce en eft plus raboteufe , 5C
qu'il y a peu de piquans. Le cœur de l'arbre eft
* tougç , 8c c'eft ce quj fer: pour la teinture. Quel-
I
C A M
que temps aptes qu'il a été coupé > il devient noir ,
& ii on le met dans l'eau , il la teint en noir , &:
on peut s'en fervir pour écrire. Ce bois ell: extrê-
mement pelant ; il brûle très-bien , &c lait un feu
clair &c de longue durée.
CAMPEMENT. C. m. L'aôtion de camper , & le camp
même. Cajlrorum metaùo. La grande icience d'un
Générai, c'efl de bien lavoir lés campemens. Les
* bons campemens doivent avoir la commodité des
eaux & des fourages , & les facilites de fe couvrir
& de Te retrancher,
|0° CAMPEN. Ville des Pays-Bas , dans la Province
d'Over-Iffil , près de l'embouchure de l'IUél , à
cinq lieues de Deventer. Campi & campena.
CAMPENSES. f. m. pi. Qui s'cfl: dit dans le IV
liccle des Catholiques d'Antioche de la communion
de S. Méléce. Campenfes. Ce nom eft Latin &%-
niHe qui eft dans la campagne, Campagnard; mais
il convient peu , &: l'on ne lait comment traduire
autrement en François Campcnj^ns ; de forte que
nos Auteurs conlcrvent le mot Latin. On les ap-
pelle aailiCampites. Les Catholiques de la commu-
nion de S. Méléce avoient été chaflcs de leurs
Egliles -, ils s'alftmbloient donc auprès de la mon-
tagne voilînc d'Antioche. Toutefois on envoya des
foldats pour les en chafler , & ils s'aflemblcrent au
bord de l'Oronte , d'où étant challés , ils allèrent
au champ des exercices & de-là leur vint le nom
de Campenfes , que leur donnèrent ceux de la com-
munion de Paulin. Fleuri.
Ce mot vient de Campus , ch:imp.
^ CAMPER. Ville des Indes, dans l'île de Suma-
tra près de la ligne , à Titrée du détroit de Ma-
laca , capitale d'un Royacraie qui porte fon nom.
Ip" CAMPER. V. a. Se dit d'un Général qui diftti-
bue fon armée en quelque endroit, pour y refter
un ou plufieurs jours. Ce Général a Campé fon
armée devant une telle ville ; s'eft Campé avanta-
geufement.
^fT Camper. Eft aulfi neutte , & fe dit de l'armée
qui s'arrête en quelque lieu pour y refter uu ou
plufieurs jours. Cajira ponere , collocare , meuiri.
Les Romains campaient toute l'année. Du temps
de Papirius , les Romains ne favoient encore ni fe
pofter , ni camper dans aucun ordre : ils apprirenr
à former leur camp fur celui de Pyrrhus ; aupara-
vant ils avoient toujours campé en confulîon. S.
EvR. Les deux armées campaient vis-à-vis l'une
de l'autre. Céfar alla camper un peu plus loin
de-là. P^oye^ Camp.
Camper fe dit encore de ceux qui n'ont point de logis
certain , &; qui vont coucher aujourd'hui dans une
maifon & demain dans une autre. Exprelîion fami-
lière. Cet homme ne fait que camper.
^fT Se camper , en ftyle de converfation , lignifie la
même choie que fe placer. Se camper dans un fau-
reuil.
§3" Se camper , fignific aulTi fe placer d'une certaine
manière fur fes pieds. Ce danfeur fe campe bien.
ffT On le dit aufli chez les maréchaux. Se camper
pour uriner , en parlant d'un cheval guéri d'une
çnaladie , où il n'avoir pas la force de fe mettre
dans la fituation ordinaire aux chevaux qui urinent,
Encyc,
Se camper bien , fe dit au figuré d'une perfonne
qui prend bien fes mefures , qui prévoit tout , qui
pourvoit à tout : & dans un fens contraire , on dit
qu'elle eft mal campée, "^ton pour le ftyle familier.
CAMPE , EE. parr. Il a les fignifications de fon verbe.
On dit qu'un homme eft bien campé fur fes Jam-
bes , quand il eft dans une pofture ferme & af-
fûrée , convenable aux exercices qu'il veut faire,
comme de fauter , lutter , de frire des armes. Exi-
mio habitu & Itatu re3o ej/e. Ce mot & fon verbe
camper , font fort en ufage chez les maîtres d'armes.
CAMPERCHE. f. f. LesBalfc-lilTiers , ou ouvriers en
tapifleries debafle-lilTes , appellent Campercfu , une
barre de bois qui traverfe leur métier Se qui fou- J
C A M
195-
tient les fautereaux , où font attachées les corde*
des lames.
CAMPESTRE. f. m. Habillement des foldats Romains.
Campêjire. C'étoit , dit Vigenere fur TLtc-Live ,
tom. p. ^SS , cerrain brayer, ou rablier ceint au-
près du nombril , &: pendant julqu'aux genoux ,
comme des marirefqucs amples & courtes , tel à
peu près que celui que porrent les Arméniens, ou
quelques artifans , & aujourd'hui les Bra(rcurs,au
moins à Paris. Les foldats s'en fervoient pour fe
couvrir les parties hontçufes dans leurs exercices.
A'oyf^ AcRON fur l'onzième Epitte du premier Liv.
d'Horace, Il dit auffi , qu'il étoit mince , délie ,
tenue.
Ce mot vient de campus , champ , parce que les
foldats prenoient le campeJlre pour faire leurs exer-
cices, &c que le lieu où ils le faifoient, s'appeloit
campus , champ. Quelques-uns difent campêjire ,
ou campejie \ &: proprement ni l'un ni l'autre n'eft
françois , quoiqu'on s'en ferve. Le mot firançois
cil: Tonnelet , & il femble qu'il feroit mieux de
s'en fervir , & de ne donner une forme tirançoifc
aux mots latins , que lorfqu'il n'y en a point de fran-
çois qui leur réponde. Voyes^ encore Tonnelet.
(ÇT CAMPHORATA. f f Planre. Foye^ Camphrée.
CAMPHRE, f. m. d'Herbelot fait camphre féminin.
Tous les Auteurs le font mafculin. Camphora. Les
Arabes appellent cafur le camphre , qui eft une
gomme blanche &'. odoriféranre , que l'on rire d'un
arbre afléz femblable au Saule , fi ce n'eft qu'il
eft plus noir. d'Herb. L'arbre qui produit \.t' cam-
phre fe trouve en grande quantité dans le pays
des Nègres. Idem. Le camphre eft la gomme d'un
arbre qui croît aux Indes dans les montagnes ma-
ririmes , & dans l'île de Bornéo , lequel eft de telle
hauteur & largeur , qu'un efcadron de cent hom-
mes pourroir demeurer dellbus à l'ombre , & on
en fair de grands coffres qui viennent du Japon.
Camphora, On dit qu'il foit en plus grande abon-
dance durant la tempête , & les tremblemens de
terre. Il découle de cet arbre comme une gomme,
11 y en a de plufieurs Ibrres : car on en trouve
un entre les veines du bois , & un autre qui fort
par l'ccorce rompue , en forme de réfine , & de-
meure attaché à l'arbre. Il eft rouge d'abord , dc
devient blanc , ou par la chaleur du Soleil , ou
à force de feu. Il y en a un de couleur brune &:
obfcure , qui eft moins eftimé. Il y a aulfi un cam-
phre en rofe , qui n'a point palle par le feu , ôc
un autre qui a été purifié & blanchi , & fait par
fublimation. Le camphre eft fi fubtil , que fouvent
de foi-même il le réfout en fumée. Il eft fi odo-
rant , que fur les lieiw on s'en fert au lieu d'en-
cens. Les Princes de l'Orient fe fervent de cette
précieufe gomme mêlée avec de la cire pour éclai-
rer leurs Palais pendant la nuit. Saadi , pour mar-
quer le cara(5tère d'un prodigue , dit que celui qui
allume des chandelles de caOT/J^re pendant le Jour,
fe met en danger de n'en avoir pas de fuif pour
s'éclairer pendant la nuit. D'Herb. Pour être bon,
il doit être blanc , pur, rcluifant , tranfparent , dc
forte odeur-, & il faut qu'il devienne mouillé , quand
on le met fur un pain chaud : il eft amer.
On a trouvé depuis peu en Ceylan , que la ra-
cine de l'arbre de cannelle produit d'auffi bon cam-
phre qu'aucun du Japon , ou de la Chin; , comme
témoigne VHifioire de la Soci.té d'Ancj;Uterre''y
Quelques-uns , comme Fuchfius , croient que c'eft
un bitume des Indes.
Ce mot vient de l'hébreu caphor.
On fait du camphre artificiel avec de la fanda-
raque & du vinaigre blanc diftillé , qu'on met
durant 20 Jours dans le fumier de cheval , & qu'on
lailfe après au Soleil pendant un mois pour fécher;
& on trouve le camphre fait comme une croûte
de pain blanc, qu'on appelle mntmcnz gomme de
genèvre , vernis blanc , ou mafllc bien pulvcrifé.
La Chimie ne travaille point (ivclc camphre, pui'-
qu'il furmonte en pureté , en fubtilité , en volati-
Bbij
1^6
C A M
litc & en pénétration , tout ce qu'on en pourroit
tirer par la dirtillation -, & on ne peut enciicrir lut
fa perieclion. Il eft très-diaphane , &: i"a blancheur
égale celle de la neige. Son goût- acre , & fon
odeur forte prouvent l'a volatiUtc. Son inflamma-
bilité dans l'eau , & la totale conlonipcion , ians
laiH'er aucune trace au vaiiîeau dans lequel on
l'allume , monttent fa pureté Se la lubtilité de fes
parties.
Le camphre eft une gomme blanche , tianlpa-
rcnte comme du lel , gralle &: huileule , inflam-
mable , acre 5 amcre & aromatique au goût , &c
d'une odeur forre & très-pcnctrante. On peut laite
quatre lottes de camphre , par rapport aux maniètcs
différentes dont on le tire , &c pat rapport aux
plantes particulières qui le donnent. La piemière
forte eft celle qui le tite dans le Japon d'un arbre
que nous pouvons appeler Camphrier , camphori-
fera arl-or. Cet arbre a les feuilles alternes ailez
femblables à celles du lautier , roides , vertes , &
d'une odeur de camphre. Ses fleurs qui naiHent
des aiflcUes des feuilles fur de petites btanchcs ,
font blanches , à cinq pétales , quelquefois à lix.
Ses fruits font des baies compofees comme le fruit
du cmncllier &; du chêne , d'une calote ou calice
& d'un petit gland qui renferme une femence hui-
leufe , gioflé comme un grain de poivre. Ce trait
dans fa paifaite maturité eft d'un pourpre toncc,
6c eft d'un goût de camphre cC de girofle. On
prend les racines , le bois , les branches & les
feuilles de cet arbre froides , & on les met dans
une cucurbite , que l'on bouche , afin qu'étant ex-
pofcs au feu , la matière du camphre puiflé fe
fublimer & fe ramafler en malle. La féconde forte
fe prépare avec l'écorce de la racine du cannellier ,
qu^on fait diftillcr avec fuffilante quantité d'eau.
Le camphre fumage par-deffus l'huile qui eft por-
tée avec l'eau dans la diftillation. La troiiième eft
celle qu'on retire du zedoaria , de deux efpèce.
de menthe de Ceylan , appelées ghonakola , &
kaparavveili , & de quelques autrss , en les diftil-
lant de même que l'écorce de la racine du can-
nellier. La quatrième enfin qui eft la plus pure ,
& qui n'eft point fàélice comme les précédentes ,
nous vient de l'Ile de Bornéo. Elle découle d'ur
grand arbre qui a la feuille , les fleurs & les fruits
femblables à ceux du camphrier qui vienr au Japon
dans fa partie auftrale appelée Sarruma. On trouve
aulH entre les veines du bois de fon tronc de pe-
tites veines de c^TO/^re. Kampferus, Boccone dans
fes recherches & obfervationî , Brecperus , Her-
nian , & tous les voyageurs regardent le camphre
de Bornéo , comme le plus pur. On appelle cam-
phre brut j ou camphre rofé , celui qui nous vient
en morceaux , grenés , fales , rougeâtres , moins
purs, & qu'on eft obligé de faire fondre & fubli-
mer pour le rendre tranfparent , blanc & tel que
nous le voyons ordinairement chez nos droguiftes ,
qui ont foin d'envoyer en Hollande tout le cam-
phre brut pour le purifier. On a toujours fait un
myftère de fa purification •, Pomet cependant allure,
que rien n'eft plus aile , & qu'il n'y a qu'à le faire
fondre dans un vaifTeau fublimatoire ou marras ,
ce qui paroît allez vtaifemblable. Il fe peut faite
cependant que ceux qui travaillent à fa purification
en Hollande , y réufTiffent mieux , parce qu'ils y
travaillent continuellement. Le camphre eft un bon
remède qui anime le fang, refont lesférofités épan-
chées ou arrêtées dans les parties & qui y caufent
des tumeuts &: des douleurs. L'eau de vie dans la-
quelle on a dilfous du camphre , fe nomme eau de
vie camphrée , &c eft employée pour baffiner des
tumeurs éréfipélateufes , pour diiliper des douleurs
rhumatifmales. Le camphre entre dans plufieurs
compofitions pharmaceuriques. Le proverbe Latin
camphora per nares caflrat odore mares , a fait
croire pendant long temps que l'odeur du camphre
privoit les mâles de la faculté d'engendrer , ce qui
eft conuaire aux obfervations de Scaliger , de Yul-
C A M
pius , & de plufieurs autres médecins. Le camphre
enttoit dans la compoution des feux grégeois des
Anciens, & nos Artificiers l'emploient aujourd'hui
dans la compolîtion des feux de joie deftinés à
brûler fur l'eau. On tire une huile du camphre ^^it
le moyen de l'efprit de nitre : cette huile eft du-
fage dans les caries des os. Au refte le camphre eft
très-volatil , & on n'empêche la diifiparion de fes
parties qu'en le tenant dans une bouteille bien %
bouchée , ou en le mettant dans du poivre.
La principale qualité du camphre eft de retenir
6c de conferver un feu inextinguible qui brûle
dans l'eau , fur la glace & dans la neige , à caufe
qu'il eft d'une nature fort tenue &; graife , Jufques-
là que li on en jette dans un balfm fur de l'eau-
de-vie , &: qu'on les falle bouillir jufqu'à leur en-
tière évaporation dans quelque lieu étroit &c bien
fermé , & que par après on y entre avec un flam-
beau allumé , tout cet air renfermé conçoit en un
moment le feu qui paroît comme un éclair , fans
incommodcr^le bâtiment , ni les fpedlateurs,
CAMPHRE , E.E. adj. Il n'a guère d'ufage que dans
ces phrafes. De l'efprit de vin camphré. De l'eau-
de-vie cojriphrée. Qui fe difent de l'efprit de vin ,
de l'eau-de-vie où l'on a mis du camphre.
CAMPHRÉE. 1". f. Terme de Botanique. Camphorata.
Nom d'une plante ainfi nommée à caulé de quel-
que petite odeur de camphre qu'elle a. Cette
plante vient le long des chemins dans le Langue-
doc , &; fur-tout aux environs de Montpellier.
C'eft un remède fpécifique pour l'hydropifie , &
fur-tout pour l'afthme , érant ptife en décoétion
ou en poudre. Il n'y a point de manière plus fûre
de donner la camphr^ , qu'en tilane. On en met
depuis une once jufqu'à deux fur une pinte d'eau ,
& quelquefois du vin blanc. Les brins les plus
tendres , les plus déliés & les plus garnis de feuilles
font les meilleuts. On les coupe menu comme on
fait le chiendent. Les grollés tiges &: les racines
doivent être reietées. On prend aufTi cette plante
en gùife de thé. Elle eft d'autant meilleure , qu'elle j
eft plus verte & plus nouvelle ; elle fe conlérve \
cependant c.'une année à l'autre. La camphrée
échauffée & alteie beaucoup.
Cette plante poulie pluiîeurs tiges à la hauteur d'un
pied ou d'un pied ^ demi , afléz groilés , dures , li-
gneufes,ramcufes , velues , blanchâtres , relevées al-
ternativement par des nœuds , de chacun defquels il
fort quantité de petites feuilles entaifées , longuet- ,
tes , menues , velues , médiocrement dures , fen- 1
tant le camphre quand on les écrafe , d'où la
plante a pris fon nom. Sa fleur, qui paroît aux
mois d'Août & de Septembre , eft un petit vafe
herbeux. Elle vient dans les pays chauds & fablon-
neux. Elle eft très-commune aux environs de Fron-
tignan. Elle eft un peu acre au goût ; mais elle eft cé-
phalique , apéritive , réfolutive , & déterfive -, elle
réfifte au venin -, elle excire les mois aux femmes i
elle abat les vapeurs , & eft propre pour les vers \
elle provoque la fueur.
fl3* CAMPHRIER. ( le ) Voyei Camphre.
?fT CAMPHUR. f. m. Efpèce d'Âne fauvage qui fc
trouve dans les délerts de l'Arabie , qui , fufvant
le rapport de quelques voyageurs , a une corne
au milieu du front , dont il fe fert pour fe défen-
dre des taureaux fauvages. Encyc.
gO" CAMPIANO. Petite\ille d'Italie, dans le val
de Taro , près la rivière de Tare.
Ip- CAMPIGNE ou KEMPEN-LAND. Contrée des
pays-bas , divilée en Campi^ne HoUandoife & Cam-
pi^ne Liégeoife. La première eft une partie de la
Mairie de Bois-lc-Duc , & l'autre une partie du
diocèfc de Liéçc.
CAMPINE. f. f. C'eft un nom qui fe donne à diffé-
rentes petites conttées. Campinia. Il y a la Cam-
pine dans l'Andaloufie , qui eft une pattie du ter-
ritoite de Séville. La Campine , contrée du Lié-
geois , qui s'étend depuis la Meufe jufqu'à la Mairie
de Bolduc. La Campine Brabançonne , petite con-
G A
trcc ciu Brabant Hollandois , dans lâ Mairie cîc
Bolduc.
Ce mot: vient d'Eipagne , où cdinpina. figrtifîe iule
campagne découverte , où il n'y a aucim ^rlne.
C'cft la mSme cliole que campagne en notre lan-
'• guc ; ainfi il Icroit mieux de dire en Latin Cam-
panici. Ce l'ont les Elpagnok qui ont porté ce mot
dans les Pays-Bas.
Campine fe dit aulfi d'une erpèce de petite poular-
de fine.
Ip" CAMPION. Ville d'Afîe , dans la Tartarie , fur
les ftontièrcs de la Chine.
CAMPITES. f. m. pi. Nom que l'on donna au V lîccle
aux Donatiftes. Campita, Ils furent ainfi appelés
du mot latin c.impus , champ , campagne , parce
qu'ils taifoient leurs aiTemblces dans les campagnes.
CAMPO. f. m. Laine d'Eipagne qui vient de Séville
& de Malaga.
ffT Campo di San-Pictro. Petite ville du Domaine
des Vénitiens en Italie , dans le Padouan , entre
Trévigny & Vicenze.
CAMPOIS. f. m. Hérétiques qui parurent dans le
même fiècle que les Campatois , & qui s'attachoient
aux erreurs des Arriens. Quoiqu'ils fiiîent prof^llion
de demeurer dans la Communion de l'Eglife , ils
ne lahlbicnt pas de croire trois fubiHnces dans la
Trinité félon la doctrine de certains Errans , qui
au lieu de croire une même fubllance ou elîence
en trois perfonncs divines , y fourenoient trois hy-
poftafes ou fubll;ances.
^ CAMPOLI. Petite ville épifcopak dans l'Abrulfc
ultérieure, aux confins de la marche d'Ancone.
CAMPOS. {'. m. Terme de Collège. Congé qu'on
donne aux écoliers pour fortir ," pour aller aux
champs fe divertir. Facatiq. On le dit auili fami-
lièrement de ceux qui font fujets & attachés à
quelque travail. Les Clercs n'ont carnpos que les
Dimanches & Fêtes. Cela vient du Latin habernus
catnpos.
CAMPOTE. f. m. Pumnn i go[fyp'io , Xylinus pan-
nus. On appelle , en termes de négoce & de re-
lations , Cumpotes , des draps de coton qui font fort
eftimcs aux Indes , & qui fe font dans les Phi-
lippines.
^ CAMPREDON. Petite ville d'Efpagne, dans la
Catalogne , aux coniins du Roufîilion , entre Gi-
rone ic Puicerda,
CAMPSEAUX. Le cap de Campfeaux efl: la pointe
de l'Acadie qui s'avance le plus à l'oueft, & touc.'ie
prcfque à l'Ile du Crp Breton. Promontorlum Camp-
j'eale. Le paflage de Campfeaux. Fretum Campfeale.
C'efl: un petit détroit entre le Cap de Campfeaux
&C l'Ile du Cap Breton , & formé par l'une & l'autre
de CCS terres. Denys l'appelle le petit paflage de
Campfeaux , parce que celui qui eft entre l'Ile du
Cap Breton & celle de Terre-Neuve , efl: beau-
coup plus grand. Le Cap de Campfeaux eft éloi-
gné du Cap de S. Louis de plus de 25 lieues.
Denys. Le Cap de Campfeaux efl: vis-à-vis de l'Ile
du Cap Breton , & forme avec cette Ile le paflage
de Campfeaux , qui eft un petit détroit entre ce
Cap & cette Ile. La Baie de Campfeaux eft au
midi de ce paflage. Dans le petit paflage de Camp-
feaux le; courant eft extrêmement fort. Dans l'en-
droit le plus étroit , il ne peut y avoir que la por-
tée d'un bon canon de la Terre-ferme à l'Ile. Den.
CAMPTER. f. m. Signifie en général toute forte de
courbure , mais particulièrement la pafle d'un jeu
de mail i £■: c'eft dans ce fens que Galien s'çn fert
par métaphore, Us. part. Lih. VU, cap. 14, où il
décrit les nerfs récurrens de la fixièmc paire , qui
après être parvenus t'i? x««.t7J»k , à la pa^e , qui eft
une partie dure & lifle de la clavicule ou de la
première côte, tournent autour , ,& forment une
cfpèce de Slaii>^ùi , diaulus. js.cc^^l>:f , de x««s3-7a ,
courber.
§cr CAMPUS PIORUM. Lieu célèbre en Sicile ,
piès de Catane où les deux frères Aphinomus &
Anapus fauvcrent ilir leuls épaules leur jpcre & leut
mère des fiâmes du mont E'tna.
0Cr CAMQUIT. f. m. Fruit du royaùrnc de Tonquinj
fcmbkible à une orange. Sa couleur eft d'un rouge
foncé, la peau mince, d'un très-bon goût, niais
mal fain.
^ CAMSIN, (le) eft le temps de pâquc , feloii
le langage des Cophtcs.
D^F" CAMUL. Capitale d'un royaume de même nom j
qui relève de celui de Cafgar , fur la frontière du
Tangut. Les femmes de ce pays là font fort bel-
les , & les maris font alfcz fous pour croire qu'il
y a de rhoni>eur à les proftituer aUx voyageuts»
Lorfqu'un voyageur veut s'arrêter dans quelque
mai/on , le maître du logis le reçoit avec de grandes
marques de joie , commande a la femme & à fa
famille de lui obéir en tout , & s'en va , pour ne
plus reparoître que qUand l'ctranger aura jugé à
propos de fe retirer : pendant tout ce témps\ la
femme en ufc avec fon hôte comme elle feroit
avec fon mari. Moguth ou Mongu , fouverain dé
tous les Tartaies , leut ordonna d'abolir cette hon-
teule coutume , & d'avoir plutôt des auberges
publiques où les étrangers feroient reçus , que d'a-
bandonner ainfi leurs femmes au premier venu*
Cet ordre les affligea ; ils rcp^ifentcrent au Kart
qu'ils avoient reçu cette coutume de leurs ancê-
tres , & qu'en l'obfervant ils s'attiroient la pro-
teéfion de leurs dieux. Enfin ils follicitèrent tant ,
que l'ordre fut révoqué.
Marco Paolo , place cette province dans le royau-
me de Taiagut ; cela a changé depuis. Les rela-
tions, les plus récentes placent la ville de Camul
a l'extrémité d'un royaume , nommé Cialis , qui
relève de celui de Cafgar , lur la frontière du Tangut^
CAMULE. f. m. Nom d'un Dieu du Paganifme. Cz-
mu/us. Ce font les inlcriptions de Gruter , qui
nous font connoître ce Dieu. La première, /^. AZ^
72° 9. eft AR.DOINE Camulo Iovi Mercurio Her-
cuLi. Sous chacun de ces noms eft le Dieu qui le
porte. Sous Camulo c'eft un Mars avec un bou-
clier & ilne pique. Une autre, p. LTI , n". ir,
Camulo. Sanc. Fortiss. Sac. &c. Cette féconde
ii-ifcription a été trouvée dans le pays des Sabins.
Une 5"= trouvée proche de Cleves , porte , Mar-
ti Camulo ob salutem Tiberi Claudi caes
CIVES REAII TEMPLUM CONSTITUERUNT*. GrUC. LFI i
72° iz. De tout cela on conclut 10, Que CamuU
eft le Dieu Mars. 1° Qu'il eft le même que San-
gus. ^û. Qiie Camule étoit le nom que les Sabins
donpoient à Mars. Struvius , dans fon Andqiata-'
tum Roman. Synta^ma , cap. I, p. ^6 , croit que
ce nom vient de camus , qui , félon Ifidor , Ori-r.
Liv. XX, c. 16 , fignifie un frein fort & rude'',
que l'on donne aux chevaux fougueux pour les
domter. Or de pareils chevaux font propres à la
guerre & à Mars , & lui étoient confacrés.
CAMUS, USE. adj. Quelques-uns difent Camard ^
arde. Qui a le nez court & plat. Simus. Les Tar-
tares aiment les beautés camufes , & les trouvent
d'autant plus belles , qu'elles ont moins de nez.
La femme du Grand Ginghis Kan n'avoir prefque
que deux trous au lieu de nez , comme témoigne
Rubruquis. On le dit aufli de quelques animaux ,
comme des chiens , dont la beauté eft d'être ca-
mus. On le dit encore de quelques poiflbns , fur-
tout des dauphins. Un cheval camus eft celui qui
a le chamfrain enfoncé. Quelques-uns ont dériVc
ce mot de Jîmus Latin, ou de camurus , qui effc
interprété de curvus , ou courbé , par Servius. Mé-
nage dit qu'il vient du Grec.
On dit proverbialement qu'un homme eftbierl
camus , qu'on l'a rendu bien camus ; pour dire ,
qu'il a été bien trompe , qu'il eft déchu de fes pré-
tentions , -qu'il eft bien honteux. On dit aufll par
un proverbe contraire , qu'il a eu un pied de nez.
CAMUSON. f. f. Petite camufe. Diminutif de ca-
mus. On ne le dit qu'en badinant.
I5)S
C AN
C A N.
CANA. r, f. Il y avoit deux villes de ce nom. Cana
de Galilée, ville de la Tribu de Zabulon , où J.
C. rit l'on premier miracle , en changeant l'eau en
vin , à des noces où il avoit été invite avec fa iainte
Mère & les Dilciples , ainli que S. Jean Tcorir au
IF chapitre de ion Evangile. Il y a encore une au-
tre Cana , qu'on nomme la grande , pour la diftin-
guer de la première. Celle-ci étoit dans la Tribu
d'Afcr. Il en eft parlé au ch. XlXddJofuê , -, v. 18,
QuelquesInterprêtes croient quec'eft dans cette ville
qu'etoit la Chananéenne dont parle S.Matthieu,
chajy. XV. Enfin , S. Jérôme , De locis Hebraic.
mer une troiùcme Cana. dans la Tribu d'Ephraïm;
mais l'Ecriture ne parle point de celle-ci.
Les uns interprètent ce nom Zelus, œmulatio ,
& par-conféquent le tirent de X3r , œmulatus efi ,
Zdotypus fuit ; les zwncs ,po[p:ffion , le dérivant de
njp , acquérir, pojftder ; d'auttes Umentatio , de y^p,
lamenter ; mais on diroit Kinafi , &c non pas Canah.
D'autres «/J , de i^p , Kin , nidus , qui vient de
]. p , Kinnen , faire fon nid -, mais on diroir Kin-
nah; puifque Jofué l'écrit en hébreu r^'^'^ , Kanak,
La léconde érymologie paroît la meilleure.
On appelle les noces de Cana, un tableau , ou une
efliampe qui repréfente le banquet où J. C. fit fon
premier miracle. Les noces de Cana de Paul Véro-
nèié efi: un des plus beaux tableaux de cet excel-
Ifent Peintre : l'on y voit plus de fix vingt figures
d'une beaiué admirable.
CANABASSETE. f. f. Etoffe dont il eft fait mention
dans le tarif de la douane de Lyon de 1(^51, Il y
en a de deux fortes : les unes fans foie , & les autres
rayées de Ibie.
CANABIL. f. m. Efpèce de terre médicinale. Koyeti
LE DicT. DE James.
CANACHE. f. f. Fille d'Eole , qui ayant été féduite
par Neptune, ou par quelque Dieu marin, en eut plu-
fieurs enfans,entr'autres Iphimédie,merc desAloïdes.
CANACOPOLE. f. m. Terme de relation. C'eft le
nom qu'on donne dans les Indes aux Catéchiftes qui
ttavaillent fous les Midionnaires au falut des âmes.
Catechijta, Il commettoit à ces Catéchifies , qui
s'appeloient en leur langue Canacopoles , le foin des
Eglifes qu'il faifoit bâar dans les lieux peuplés.
BouH. Vie de faint Xav. Vous ferez en Ibrte que
les Canacopoles Sc les maîtres du catéchifme faf-
fent leur devoir. Bouh. Xav. liv. 4 , p. z^o.
CANADA, f. m. Vafte région de l'Amérique fepten-
trionalc,qui a le nouveau Mexique & les Acani-
bas ou Aconibas au couchant , la Floride au midi,
au levant la mer du nord , qui jointe avec le dé-
troit de Hudfon & la mer Chrifliiane la fépare vers
le nord des terres Aréliques. Il s'étend , félon nos
cartes , depuis le 59^ de latitude feptentrionale juf-
qu'au 6<y^ ou environ ,& depuis le 184^ de longi-
tude Jufqu'au ^ 56 ^ Qy à-peu-près. Ce pays fut dé-
couvert par les François , il y a plus de zoo ans ;
c'eft pour cela qu'on' l'appelle aufTi la Nouvelle-
France. Jean Verafan fur le premier qui fe hazarda
d'y entrer en 1504. Les Sauvages le mangèrent. En
15Z5 &: en 1554 on y alla encore. Jean Quartier
y alla enfuite , 8c après avoir remonté le fleuve S.
Laurent plus haut que Québec , il s'en revint en
France fans avoir fait aucun ctabliilcment , & fort
dégouré d'en faire. Enfin, en 160^ , cent ans après
la découverte du pays , il partit de Rouen une co-
lonie qui s'y établit , avec de grandes difficultés,
à caufe de la férocité des Sauvages qui l'habitoient.
Les principaux font les Ilinois , les Hurons , les Al-
gonquins , les Iroquois , les Abnaquis , les Ere-
chemins , &c. Plufieurs de ces Sauvages font con-
vertis. Ils n'ont point de villes. Ils logent dans des
cabanes faites d'ccorces d'arbres. Malgré le froid
ils vont rius : ils ne fe couvrent que vers la cein-
ture par devant &c par derrière : l'hiver ils marchent
fur ks neiges avec des raquettes. Ils vivent de blé I
C A N
d'Iinde , que les femmes cultivent, & qu'elles broient
avec des pierres : elles le cuil'ent dans de l'eau , y
mêlant, quand elles en ont, de la chair , ou du poii-
fon. Cela s'appelle de lajagamitc. Les hommes ne
font occupés que de la guerre , de la chailé ou de
la pêche. Ils font avec des écorces d'arbres , qu'ils
coufént forr proprement , des canots , ou batteaux
affez grands pour porter toute leut famille, & afiéz
légers pour s'en charger quand il y a des fauts dans
les rivières , & les porter quelquefois allez loin.
Chaque village a un Chef ou Capitaine. Ils recon-
noiilènt un Dieu qu'ils appellent Manitou , le grand
efprit , maître du monde ; la vue feule de l'Uni-
vers le leur perluade. Ils reconnoifîênt aufli un mau-
vais efprit, qu'ils craignent beaucoup. Leurs armes
font des flèches ; mais à préfent ils ont des armes
à feu que les Européens leur porrenr , & ils s'en fer-
vent très-bien. Ils font grands , bienfaits , robuftes ,
adroits , braves ; mais barfearemenr cruels. Quand ils
ont pris un ennemi en guerre , à moins que quel-
qu'un du village ne l'adopte, ils le brûlent vifj à petit
feu & lentement , & lui coupent des morceaux de
chair à mefure qu'ils font rôtis pour les manger à
les yeux. Ils ont traité avec cette inhumanité btu-
tale quelques Miilîonnaites.
Le mot Canada eft apparemment un mot fati-
vage, mais dont on ne fait point la lignification.
On ignore aulTi la raifon qui le fait donner à ce
pays. Quelques-uns croient que ce fut, parce que
les Sauvages répétoient Ibuvent ce mot Canada
quand les François y aborderenr. D'autres , parce
que c'ctoit le nom du fleuve de S. Laurent qui fut
donné à tout le pays ■, & d'autres parce que le petit
pays de Canada fut le premier que l'on trouva. Il
y a une Hiftoire latine du Canada , par le P. Fran-
çois du Creux , Jéfuite , dans laquelle on trouve
une bonne carte du Canada.
Canada eft aulTi le nom d'un pays particulier com-
pris dans la grande contrée dont nous venons de
patler. C'eft celui qui eft à la droite du fleuve de S.
Laurenr,vers fon embouchure. Il a ce fleuve au nord,
au levant le golfe du fleuve S. Lauient , la baie de
Chaleurs au midi ; au couchant il touche au pays
des Etechemins. Cette prefqu'Ile eft IsCanada^zo-
pre , qui , à ce que l'on prétend , a donné l'on nom
à tout le pays qui eft derrière , & au fleuve de S.
Laurent.
Canada. On donne encore ce nom à la grande ri-
vière de Canada ; mais il eft peu en ufage aujour-
d'hui J 8c l'on dit toujours le fleuve de S. Laurenr.
Voye^ ce mot au mot Laurent.
CANADE. f. f. Nom que les Portugais donnent fur
la mer à la meli-ire du vin ou d'eau , qu'on donne
par jour à chacun de ceux qui compofent l'équipage.
Il y a trois cens canades à chaque pipe.
Canade. f. m. Quelques-uns le font féminin. C'eft un
oifeau gros comme un faifan , qui fe trouve dans l'A-
mérique , & principalement dans l'île d'Ant.ego. Le
Canade palfe pout le plus bel oifeau du monde.
Il a le ventre & les aîlcs de couleur d'aurore , le dos
& la moitié des aîles de bleu célefte , la queue &
les greffes plumes des aîles mêlées d'incarnat étin-
celant , diverfîfîée de bleu avec un noir luifant fur
le dos. Sa tête eft admitable -, elle eft couverte d'un
duvet brun marqueté de vett , de jaune & de bleu
pâle , avec des taches ondoyantes au bec. Ses yeux
font couverts de blanc , & la prunelle , qui eft jaune
& rouge, reffemble à un rubis enchaifé dans de For.
Cet oifeau eft couronné d'une houpe d'un vermil-
lon éclaraht , environné d'auttes petites plumes cou-
leur de perles.
g3"CANADELLE. f. f. La mêmechofe que Chaanne,
poifîbn. Voyei ce mot.
CANADIEN, ENNE. f. m 8-: f. & adj. François établi
ou né en Canada. Canadienjis , Francus homo in
Canadienji plaga Francis par entib us natus. Canadien
n'eft pas la même chofe que Canadois. Nos Fran-
çois qui font en Canada , ou qui y ont été , diftin-
guent fort ces deux mots. Un Cunadien eft un hom-
G A N
ïne né en Canada, mais de païens Frartçoïs étaWïj
en Canada , ou qui y ont demeure , Se qui pendant
leur réjour y eft venu au monde : au lieu que Cana-
dois eft Un Sauvage, un naturel de Canada. Dc5 cn-
fans de M. te! , qui a été intendant de Québec, ces
dcux-ci font Canadiens, c'etl-à-dire , nés en Canada.
CANADOIS , OISE. i\ m. &: f. Homme originaire de
Canada , Sauvage , Batbare de Canada. Canaienjis,
Ciinaiaijis Indigend. Les Canadois en général iont
langirins , de couleur olivâtre , de belle taille , & ont
le vilage allez beau. Ils ont les yeux gros & noirs,
de même que les cheveux , & les dents de la cou-
leur de l'ivoire. Les CanadoiJ'es l'ont auffi d'une
taille au-deillis de la médiocre.
Canadois eft auffi ùdjeCiil-^ Un peuple Canadois.
Une troupe de guerriers Canadois. Les lartgUes Ca-
nadoiJ'es font fort ditFcrcntcs les unes des autres.
CANADOR. f. m. Mcllire des liquides de Portugal,
qui revient au mingle , ou bouteille d'Amfterdam.
g3" CANAILLE, f. £ Terme injilrieux qui s'applique
à la plus vile populace. Populifœx injima , pkbe-
cula. Fréquenter la canaille. La canaille eft à crain-
dre. Ablanc. Il étoit appuyé de la canaille. La ca-
naille foutenoir fon parti. Il n'y a que la canaille
qui profite da«s les émotions publiques. Un bâte-
leur eft fuivi de la canaille,
^CFOnleditfigilrcmentdes gens pouflefclueis on veut
témoigner du mépiis. Ce ne font que des canailles.
On appelle quelquefois , canaille , par jeu , & par
badinerie, de petits enfans qui font du bruit; chaf-
fez-moi cette canaille;t\\zes taire cette petite canaille.
Ce mot vient , félon Ménage , de canalia , comme
qui diroif une hande de chiens. D'autres le dérivent
de canicola , ou canalis , qui étoit un lieu à Rome
où les gens de bafle condition s'aflembloient. D'au-
tres le dérivent de l'italien CiZ«(Zg//fl , qui fignifie la
même chofe. Lipfe dit qu'il vient du mot de chien ,
à caufe d'une vieille coutume qui vouloit que ceux
qui croient condamnes aU fupplice portaffent un
chien pout marque d'infamie.
Autrefois on difoit & on ccriVôit chiennaille, ce
qui confirme le fentiment de Ceux qiii dérivent le
mot de canaille , de chien.
^p* CANAL, f. m. C'eft en général un conduit par
où pafTe l'eau. Cift^/w. Les canaux d'une fontaine.
Canal d'un moulin. Les canaux fe font de bois j de
plomb , de pierre.
IJC? CanAl fe dit auffi du lit d'une rivière. Alveus.
Le canal de la Seine eft fort large. Creufer , vider ,
nettoyer le canal de la rivière.
Comme d'une cour Ce fidèle ,
Les fieuves par divers canaux j
Apporunt a Idjner le tribut de leurs eaux , &c,
L'AbB. TiÉTU.
Canal fe dit des conduits artificiels qu'oricreufe dans
les tetrcs,foit pour faire communiquer des riviè-
res les unes aux autres , foit pour les afFoiblir quand
elles font trop groflcs, foit pour recevoir les eaux-
fuperflucs , ou pour deiféchcr des marais. Canalis.
La Hollande , la Flandre , font toutes coupées par
des canaux. gC? I-l y a en France plufieurs canaux
confidérables pour la facilité du commerce. Le ca-
nal de Briare qui joint la Seine à la Loire par 41
éclufes. Il fut commencé fous Henri IV , &: achevé
fous Louis XIII -, le canal d'Orléans , achevé par
Philippe d'Orléans , Régent , pendant la mino-
rité de Louis XV -, & le canal de communication
des deux mers , en Languedoc.
ffT Ce canal un des plus beaux , des plus utiles &
des plus magnifiques ouvrages du Royaume , qui
fait l'admirarion de l'Europe , a été fait & conftruit
en i<î(î£3 , par Pierre-Paul Riquet, Baron de Bonre-
pos , homme d'un génie aufTi rare qu'étendu. Louis
XIV , par fon cdit du mois d'Odobre 1 666 , &: fes
lettres-patentes du 7 du même mois , & duelnent
erirégiftrces , créa & érigea avec fes rigoles de
dérivation un fief relevant immédiatement de la
couronne , avec droi; de haute , moyenne ^ tafle
juftice dans toute fon étendue, & plu/îeUrs aatre^
t>eaux droirs -, ^ païticulicremenr qiJe le proprié-
taire , les héritiers , & àyanS caufe , en jbuiroient eii
toute propriété inconteftablement & à perpétuité
il s'ccend depuis la Garonne à- Touloufe jufqU'à
Agde ; a l'Etang de Thau & au port de Cette • Sc
de cette façon comnauniqiie de l'Océan àlaMédi-
terrance,^en palFant par Touloufe, Cifteliiaudary.
1 rebcs , Carcaflbne, Béziers, & Asde : les rigoles de
dérivation de la montagne Nbire & de la plaine qui
conduiiént les eaux dans plufieurs réfetvoirs Sc
entr'autres dans le grand réfervoir de S. Fér'iol ,
contcnans douze cens mille toifes cubes d'eau qu'il
conduit à Naarouze , où eft le point de partage ,
& ou les eaux fe divifeht, patrie du c6té de l'Océan-
& en partie du côté de la Méditerranée , en p-af-
iant a travers la montagne du MalpaS , font le chef-
d œuvre du génie & de l'art , ainii que fes éclufes &c
aqueducs , comme de Foncevahne , près Béziers
& l'cclufe ronde près Agdé , les aqueducs de Ré'
pudre, de Certe, argent double, de l'Aiguille, Or-
bicl & Lets. Pierre-Paul Riquet , propriéraite in-
commutable de ce canal l'a laiffé à Tean-Mathias
& Pierre-Paul les bnfans. Il appartient préfente-
ment a \ iclor-Mauricc Riquet , Comte de Caraman ,
Maréchal des camps & armées du Roi, Infpeéteut
General de Cavalerie & des Dragons : Marie-Jean-
Louis Riquet , Brigadier des armées du Roi Mef^
tre-de-camp , commandant le Régiment Colonel-
Gcneral des Dragons , arrières-petits fils de Paul-
I letre I du nûm , & à Jean Gabriel-Alexandre- Am».
ble Riquet , Baron de' Bonrepos fon petit fils.
Le canal Eugénie, ou de fainte Marie, eft un é'ànai
qui joint le Rhin & la Meufe en s'éténdant depuis
Rhinberg jùfqu'à Venlo : cet ouvrage eft dia:ne des
anciensRomains,&; comparable au canal de Dtn-
lus. C'eft l'ArchiduchefTe îfabelle qui le fit fair^
On commença à y travailler l'an 1616 &c l'ahncé
fuivante il fut mis dans fa petfeaion , malgré les
vains efforts du Prince d'Orange. Spinola & Je
Comte de Berg qui en avoient^Ja conduite, pri-
rent fi bien leuts mefures que de Z4 redoutes qu'ils
avoient placées dediftance en diftancepour couvrit
les Travailleurs , le Prince d'Orange n'en put forcer
qu'une , dont il ne tira aucun avantage. Larrey ,
T.Jy , p. 85. royc'i le Grand-Atlas , tome des
Pays-Bas,/». 183.
Hérodote , Stràbdn , Pline & Diodore de Sicile,
parlent d'un ancien canal qui fàifoit en Egypte la
communication des deux mets , c'eft-à-diie de la
mer R.ouge & de la Méditerranée ; ce canal comr-
mencé & interrompu divcrfeS fois , fut fini par leS
Ptolomées. Il commençoit afTcz près du Delta -
vers la ville de Bubafte : il avoir 25 toifes de lar-
geur , en forte que deux bâtiiTtens pouvoient y
paifer à l'aife , & environ 50 lieues de longueur
Aujourd'hui ce canal eft prefqu'entiètement ^com-
ble. L'ancien canal de Babylone étoit aufll fort cé^
lebre. Dict. de Peint. & d'Arch.
Canal , fe dit auffi des pièces d'eau qu'dn fa^t pbur
l'embellifrement des jardins , qui font le plus fou-
vent revêtues de pierre, Canalis. Le <anal de Ver-
failles , de Fontainebleau. Ce Seigneur a bien du
poiflbn dans les canaux de fon jardin.
CAi^At fe dit auffi de quelques bras de mer , ou
des eaux qu'elle pouffe dans les terres , ou d'un ef-
pace de mer refîerré entre deux côtés de terre ferme,
ou entre une île & la terre ferme. Le canal de
Conftantinople commence aux Dardanelles. Le
grand canal de Venîfe. Le- canal de la mer Noire,
L'efpace de mer qui eft entte là France & l'Angle-
terre depuis le Pas de Calais à l'Orient jufqu'aux
caps de S. Mahé en France , & de Cornouaille en
Angleterre, à l'occident, s'appelle fîmplement ôc
abfolument le Cd/2ii/oU la Manche.
Canal, en parlant de l'antiquité , fe dit quelquefois
pour grand chemin. M. Fleury fait patler ainfi Gau-
dence , Evêque de Naïlfe en Mœfie, Il faut que cha-
cun de nous , ^uj fommes fur iç variai , quan4 U
aoo CAN
verra pafTer un Evoque s'enquierrc où il va , & des
caufes de ibn voyage : & il ajoute lur le mot canal;
ainli on nomnioit les grands chemins.
On dit, en termes de Marine, que les galères fonr
canal, lorlqu'clks s'éloignent de la terre , qu'elles
côtoient ordinairement , pour aller en pleme mer ,
comme de Marlcille droit à Malte.
Ces galères , après avoir fait canal a force de ra- i
" mes au s,-olfe de Londrin , fe retirèrent lous la for- j
tcreflc de la Vallonné. Du loir , p. iÇ)9-
On le dit auili de tous les bâtimens de bas-bord ,
quand ils paflent quelques nuits au large en mer
fans approcher de la terre. _
CANAL, fe dit auffi d'un aqueduc de pierre ou de
brique pour conduire des eaux , & les tenir dans
une pente iuftifante pour les taire couler. Aqucc-
duaus. Le c^/zrt/d'Arcueil amène les eaux de Ron-
çis à Paris. Les Romains faifoient venir des fon-
taines de 40 lieues par de femblr.bles canaux.
On fait auffi des canaux de plomb. Tuhus , fi-
fîula plumbea ; de poterie , Laterhia ; de bois
d'aune , Lipiea ; de fer fondu , area , pour con-
duire les eaux par deffous la terre.
Canal , en termes d'Horloger. On appelle de ce
nom tout ce qui cft creuie pour y loger quelque
chofe. _ , .^
Canal, dans la Chirurgie, fignifie une longue caifïe
de bois dans laquelle on enferme la jambe ou la
cuilfe luxée ou fracturée. Ce canal doit être garni
d'étoupes : il y a un trou vers l'extrémité pour
placer le talon , & tout au bout un morceau de
bois droit &: immobile pour appuyer la plante
du pied. , - , ,
Canal , fe dit quelquefois pour canule. L Auteur
de la verfion en françois de VArcenal de Chirur-
gie prend le mot de canal pour celui de canule ,
quoiqu'il fe ferve auHi fouvent du mot de ca-
nule. .
Canal , fe dit auiTi des petits conduits qui fe font
naturellement dans la terre , par où coulent les
eaux qui font les fources -, par ou s'élèvent les va-
peurs qui forment les minéraux Si les métaux.
Canal , fe dit auffi du creux que l'on fait dans les
terres labourées , pour en faire écouler les eaux.
Aquarius fulcus , elices. Pomey.
On appelle aufll canaux , en anatomie , les con-
duits qui font dans le corps des animaux par où
le fanc^ circule , ou par où paflént les autres hu-
meurs°, comme les veines , les artères. Canalkuli ,
On dit particulièrement, \c canal de la verge \
pour dire le conduit de l'urine.
©CrOn dit canaiLX dêfcreris, deux conduits membraneux
deftinés .à porter la liqueur féminale des tefticules
aux véficules. Chaque tellicule à fon canal déférent.
Le canal artéricux , efl; un trou qui eft dans le
fœtus à l'embouchure de la veine cave , dans le
ventricule drojtdu cœur, au-delTus de l'oreille droite.
C'eft pat fon moyen que cette veine s'entr'ouvre ,
èc s'abouche avec la veine des poumons , du coté
de laquelle il y a une valvule , qui permet l'écoule-
ment d'une bonne partie du fang de la veine cave dans
celle des poumons , & qui empêche qu'il ne^retourne
de la veine des poumons dans la cave. C'eft par le
moyen de ce c<i,7d/artérieux&: du troubotal que fe
; fait la circulation du fang dans les fœtus. Après la
naiflance l'un bc l'autre fe deflêchent , & fe bouchent
de forte qu'on n'en voit plus aucun veftige dans
les adultes.
I Le canal commun de la bile. Il eft formé par
i îa joniaion du cholidoque, ôidu pore biliaire ; il
I va fe terminer obliquement à la fin du duodénum ,
i ou quelquefois au commencement du jéjunum ,
' &: rarement au ventricule. Il fe coule entre les
deux tuniques de l'inteftin , & en perce l'extérieur
deux travers de doigt plus haut que l'intérieur.
Cette manière d'entrer dans l'inteitin , fait qu'il
n'a pas befoin de valvule , qui permette l'entrée
de la bile &: qui empêche fon retour., étant im-
polTible par cette difpofition que la bile & même
CAN
le chile puiffent monter par ce conduit. Idem.
Le canal pancréatique fut découvert l'année 1621
par Virfungus, célèbre Anatomifte de Padoue. Ce ca-
nal eft membraneux. Il a une cavité qui donne
entrée dans le duodénum , affez proche de l'ou-
verture du conduit de la bile , qui eft quelquefois
la même pour ces deux canaux. Son véritable che-
min eft d'aller à l'inteftin , où il porte une liqueur
jaune , autant qu'on le peut remarquer par la cou-
leur de la fonde , quand on l'en retire. Ce canal ne
vient pas de la ratte, à laquelle il ne touche point
mais des rameaux des petites glandes qui com-
pofcnt le pancréas , de manière qu'il groilit à me-
fure que ces rameaux s'unifient. Ce canal a fon en-
trée dans le duodénum, aune valvule qui permet la
fortie de la liqueur qu'il contient, & empêche que
le chile , &: les autres matières , ne paffent des in-
teftins dans la petite ouverture. Il eft unique &
rarement double -, fa grofleur eft comme celle d'une
petite plume , quand il eft dans fon état naturel ;
il groHit quelquefois par excès. Idem.
Le canal thorachique a été découvert de nos
Jours. On l'appelle thorachique , parce qu'il monre
tour le long du thorax. Il eft auiH nommé, canal
de Pecquet , ou canal Pecquet , du nom du Médecin
qui l'a découvert le premier. C'eft un périt con-
duit qui commence aux réfervoirs du chile , qui
font entre les deux racines du diaphragme. Il monre
le long des vertèbres du dos , enrrc les côtes & la plè-
vre , èi étant parvenu à la feptième ou huitième ver-
tèbre , il s'incline vers le côté gauche de la poitrine ,
& va aboutir par deux ou trois rameaux à la veine
fouclavière gauche. Ce canal n'cft compofé que
d'une membrane aflez mince , qui eft fortifiée par
la plèvre, qui le couvre pendant tout le chemin
qu'il fait par la poitrine ■■, il n'eft pas plus gros qu'une
petite plume d'oie -, il a des valvules d'efpace en
en efpace ; ils fervent d'échelons au chile pour
monter , & ils empêcheur qu'il ne puiffe retourner
fur (es pas. 11 reçoit de toutes parts des vaiffeaux
lymphatiques , qui lui apportent fans ceffe la lym-
phe , qu'il dégorge avec le chile dans la foucla-
vière. Au côte gauche de l'ouverture que le canal
thorachique fait dans la veine fouclavière pour y
entrer , il y a une valvule qui empêche que le
chile ne foit porté vers le bras, &: qui le déter-
mine à prendre le chemin de la veine cave ; peut-
être aulïi qu'elle empêche que le fang parlant dans
la fouclavière ne tombe dans ce canal, L'ufage du
canal thorachique eft de fervir de conduit au chile
& à la lymphe , & de les porter dans les réfervoirs
de la veine fouclavière , pour détremper le fang ,
le rendre plus liquide , & réparer ce qu'il a laifîe
dans toutes les parties du corps pour leur nour-
riture. Foyei Dionis , VP Demonftr.
Les canaux excrétoires du nez fonr des canaux
qui verfent dans les narines une liqueur blanche
éc glaireufe , qu'on nomme la morve. Il y en a cinq. Le
canal nazal , qui eft tait par la réunion desdeux points
lacrymaux qui pafent par le trou de l'os unguis. Le
fécond font les deux trous des finus frontaux -, le troi-
fième les deux iînus du fphénoïde ; le quatrième font
les deux ouvertures des finus maxillaires ; le cin-
quième eft l'aqueduc qui eft en partie revêtu de la
membrane glanduleufe des narines.
Canal de communication. Canalis communicans .
C'eft un canal qui fe remarque dans le fœtus , &
que l'artère pulmonaire , peu après qu'elle eft for-
tie du cœur , jette dans l'aorte defcendante. Quand
le fœtus eft né , le canal de communication fe def^
féche, & devient un fimple ligament. Tandis que
le fœtus eft enfermé dans le fein de fa mère , il ne
reçoit que le peu d'air qu'elle lui fournit par la
veine ombilicale. Ses poumons ne peuvent s'entler
& fe défenfler , comme ils feroient après fa naif-
fance', & après l'entrée libre de l'air. Ils demeu-
rent prefque affaiflés & fans mouvement. Leurs
vaifTeaux font comme repliés en eux-mêmes & né
permettent pas que leur fang y circule , ni en abon-
dance ;
i
C A N
dance , ni avec facilité. La nature a donc dû épar-
gner aux poumons le pailage de la plus grande
partie de la mafîc du lang. Pour cela elle a percé
le trou ovale , afin que du fang de la veine cave
reçu dans l'oreillette droite, une partie s'écoulât
par ce trou dans l'oreillette gauche à l'embouchure
des veines du poumon , & par-là le trouvcât , pour
ainli dire , aufll avancée que lî elle avoir traverlc
le poumon. Ce n'ell: pas tout : le fang de la veine
cave qui de l'oreillette droite tomt>e dans le ven-
tricule droit , étant encore en trop grande quan-
tité pour aller dans le poumon , où il efl: pouflc
par l'artère pulmonaire, le canal de communication ,
en intercepte une partie en chemin , & le verfe
immédiatement dans l'aorte dcfcendanre , où il fe
trouve encore comme s'il avoir traverfé le poumon.
AcAD. DES Se. i6()Ç) , p. 16', /lift. C'cfl-là le fcn-
timcnt de Harvce & de Lawes , que M.Taury 8c M.
Duverney ont aufli défendu contre M. Mery.
En termes de Marine , can.i/ de l'étrave efl
le bout creufé ou cannelé de l'étrave , fur quoi
repofe le beaupré quand on n'y met point de
couHin.
Canal , en termes de Manège , fe dit de la con-
cavité qui cfî: au milieu de la mâchoire inférieure
de la bouche du cheval , qui cil delliné à placer
la langue , & qui fe termine aux dcnrs miche-
lières. C'efl: dans ce canal que croiflént les bar-
' billons.
Canal, en termes d'ArchiteClure , fe dit d'une par-
tie du chapiteau Ionique , qui ell: un petit creux
en forme de canal, qui règne au-deflbus du tail-
loir tout le long des circonvolutions de la volute ,
renfermées par un liftel. Canaliculiis. Canal de lar-
mier , c'efc le plafond d'une corniche , qui fait la
niouchette pendante. Canal de volute-, c'cfl dans la
volute Ionique la face des circonvolutions renfer-
mées par un lilflel.
Canaux , font auffi des cannelures fur une face , ou
fous un larmier , qu'on nomme auflî portiques , &
qui font_ quelquefois remplies de rofeaux , ou de
fleurons. Striatura. On appelle auifi canaux , les
cavités droites , ou torfes , dont on orne les ti-
gettes des caulicoles d'un chapiteau.
Canal , Terme de Méchanique , ou creux autour
d'une poulie. C'eft la cannelure qui règne auront
du rouet d'une poulie.
Canaux de l'y ou li, àAmfterdam, font des canaux
forr profonds , qui ont été faits proche des quais.
C'efl: -là que font les gros vaifleaux march.ands :
ils y font à couvert des voleurs , des orages , des
glaces.
Les Maçons appellent aulTî canal , le tuyau
de plomb qui fert à conduire les eaux pluviales
depuis le toït julqu'en bas. Aqucz pluvix emijfa-
rium , vomitorium. Ils appellent canal de chemi-
née , le tuyau par où fort la fumée. Tutus camini.
PoMEY.
Canal, efl: auffi, en termes d'Arquebufier , le creux
qui efl: fous le fût d'un fufd , d'un pifl:olet , &c.
où fe met la baguette. Tuhus catapultœ.
Canaux , en termes de Conchyliologie , ce font
des cfpaces étroits & longs , que l'on voit fur les
coquilles.
^fT Canal de l'enfuple. C'efl: , dans les Manufac-
tures de foie , une cannelure où fe place la verge
attachée à la queue de la cliaine.
lJ3° C'efl: aulfi un morceau de bois , en forme de tuile
creufe , qui s'applique fur l'enfuple même , pour
garanrir l'ouvrier des points d'aiguille qui arrêtent
l'étofle dans le velours cifelé.
CANAMELLE ou CANAMELLA. f. £ C'eft le nom
que les François ont donné aux cannes à fucre.
Foye;^^ Canne à fucre. LaCanamellan'ed pas la feule
plante qui produit du fucre ; on en tire à Québec
une grande quantité des cotonniers. On en tire en
Canada de l'érable du pays. Plufieurs autres arbres
en rendent encore , comme le lîcomore, & l'oran-
ger fauvage. Le mery. La Canamdle efl: un nom
Tome II.
CAN 20Î
françois , qui efl: compofé du latin Canna , &; de
rnel , comme qui diroit canne miellée. Idem.
CANAN. f, m. Mefure des liquides , dont on fe ferc
dans le Royaume de Siam. Les Portugais l'appel-
lent choup. Le canan tient environ deux pintes de
Paris.
CANANÉEN , ENNE. f. m. & f. Qui cft de quel-
qu'une des villes appelées Cana. Cananœus , a.
Mattlî. X, 4. Simon le Cananéen, Bouch. Si c'eft
là un nom de lieu , il ne faut point le confondre
avec Chananéen , ni l'écrire par une h , comme a
fait le Port -Royal -, car quand il efl: ainli écrit, il
lignifie un defcendant de Chanaan ; au lieu que fans
Il , il veut dire un homme de la ville de Cana, Il
eft vrai que S. Luc en fait un nom appcllatif, &
le traduit i>:>,aTi](, zélé; mais en ce fens il vient de
KJp , & il n'y faut pas plus d'^ qu'au premier. Il
efl: vrai encore que quelques bibles latines écrivent
en S. Matthieu , X, 4. Ckananteus ; mais c'eft ma-
nifeftement une faute , puifqu'cn S. Marc où le
même nom, Simon le Chananéen , fe trouve, ces
bibles-là même écrivent Cananœus fans h , en
faint Marc ///, 28, & les exemplaires Grecs ont
tous ou Kavav.Tçç , OU Ka»««ai"o; j & dans l'édi-
tion Romaine de 1591 , qui eft de la corredion de
Clément VIII , on a mis Cananœus fans k , en S.
Matthieu , comme en faint Marc. Quelques In-
terprètes, lî l'on en croit Malvenda, ont prétendu
que la femme dont parle S. Matth. Xf^ , iz , étoit
Cananéenne , Sc non pas Chananéenne : ce fenti-
mcnc n'eft point fuivi , &; ne doit point l'être, L'E-
vangile écrit Chananœa , le grec ;Kay«v«ii» , & S".
Marc, VU 15 , l'appelle Gentile , & Syrophéni-
cienne d'origine ; la réponfe que lui fit Jesus-
Christ montre qu'elle n'éroir point Ifraélite , ni
d'une ville qui dépendît des Juifs.
CANANGE. f. £ Canangœ oleum, Hoffinan , Ohferv,
Phyjico-Chym. parle de cette huile qu'on nous ap-
porte des Indes , comme d'une liqueur forr rare.
Il nous apprend , Aledic. Rat. j'yfi, vol. i , fecl. 1 ,
cap. 6 , que les Indiens la tirent par la dilfilla-
tion des fleurs du tilleul. Je ne crois pas qu'il foit
parlé ailleurs de certe huile.
fCr CANANOR. Petit Royaume de la prefqu'île de
l'Inde d'en deçà le Gange , avec ville de même
nom fur la côte de Malabar , aux frontières du Ma-
labar Sf du Canara.
CANAPE, f. m. Efpèce de chaife , ou de lit de re-
pos à dolTier fort large , où plufieurs perfonnes
peuvent s'alfeoir enfemblc.
IJC? Canapé', terme de rafineur de fucre, eft une
efpèce de chaife de bois fur laquelle on met le
baifin , lorfqu'il eft queftion de tranfporter la cuite
du rafraîchilfoir dans les formes,
CANAPSA. f, m. Sac que portent les pauvres Sol-
dats ou voyageurs fur le dos , attaché avec des
bretelles , où toutes leurs hardes font contenues.
Mentula , capfula. On dit , il a porté le canapfa ;
pour dire , il a été goujat.
Ce mot , félon Ménage , vient de l'allemand
knahfak , qui eft compofé de fac &c de knab , qui
fignifie toutes fortes de chofes féches , bonnes pour
manger.
CANARA. Grand pays ou Royaume d'Afie , dans
l'Inde , en deçà du Gange , fur la côte de Mala-
bar. Ce Royaume en comprend quatre autres , la-
voir Onor , Batecala , Bandel & Cananor.
?fT CANARD. £m. Oifeau aquatique, dont la cane
eft la femelle. Anas. Les canards , félon Belon ,
font de deux efpèces , les gtands &: les petits. On
doit les diftinguer ainfi en grands & en petits , &
non pas en fauvages & en domeftiques , puifque
les canards domeftiques font venus originairement
des œufs de canards fauvages.
Les canards fauvages gardent toujours la même
couleur \ mais les privés font de plufieurs façons.
Les miles font plus gros que les femelles. Ils
ont toujours quelques plumes au-delfus du crou-
pion , qui eft retroulTé en rond. La femelle eft grife.
Ce
2oi CAN
n'a pas les couleurs fi vives , ni fi belles que le
mâle. Ils le nûurriir.nt de racines de plantes aqua-
tiques , de vers , &c autres inled1:es qu'ils rencon-
trent dans les eaux, ou auprès des eaux. Scaligcr
écrit qu'ils mangent des animaux venimeux , comme
les couleuvres , les crapauds , &c. Il y en a plu-
lieurs elpèccs dont nous parlerons en leur place.
/ oy<?^ au mot Cane.
Le canard domeftique qu'on nourrit près des
moulins cft peu eftimé , & on l'appelle bartùteur ;
parce qu'il trempe toujours fon bec dans la bourbe.
Les canards lauvages volent en troupe l'hiver lur
les étangs , & l'entent la poudre de fort loin. On
les appelle autrement oifeaux de rivùre. La chair
des uns &: des autres eft humide, vilqueule , phleg-
matique , cxcrcmenteufe , & on ne la digère pas
ailement. La graille de canard ne laiffe pas d'être
bonne dans la^ Médecine. Elle amollit , digère &
rélbut. On s'en fert particulièrement pour les dou-
leurs , tant internes qu'externes de côté , des join-
tures , &: dans une intem;^érie froide de nerfs.
WiUougby dit , dans fon Ornithologie , que le
fang des canards pris tout chaud , combat toute
forte de venin ; peut-être eft-ce pour cette railbn
que Mithridate en iàifoit fon ragoût , &: qu'il le
fâiibit mêler avec tous les alimens qu'il prenoit.
Archigenes , De Comp. Medic. Secnnd. /oc. Lih.
5 , cap. 4 compte les canards domeftiques entre
les viandes qui conviennent le mieux à l'eftomac.
Caton étoit de -même fentiment -, & , fi l'on en
croit Plutarque , il en faifoit manger à ceux de
fa famille qui étoient malades , & il fe vantoit que
par ce feul régime , il avoit toujours maintenu
fa famille , fes domeftiques & lui - même en
fanté.
Les canards fauvages font beaucoup meilleurs
au goiit, &: plus fains que les domeftiques. Il n'y
a cependant que l'eftomac qui', en eft bon. On le
coupe en petites tranches longues , que quelques-
uns appellent des aiguillettes. Les Anciens , par
un goût fort différent du nôtre , y ajoutoient aulii
la tète, comme il paroît dans Martial, Lib. XII J y
epigr. 52.
Gelher dit qu'en Allemagne on ne voit aucun
canard fauvage qu'en hiver , non plus qu'en France,
&i. qu'au contraire il s'en trouve en Italie pendant
toute l'année , principalement dans les Etats de
Ferrare, de Venife, de Ravenne & de Mantoue ,
où il y a beaucoup d'eau. G^4her s'eft trompe
pour ce qui eft de la France. Les rivières, les
étangs en font couverts dans cette faifon. Le fait eft
confiant pour plulîeurs provinces , comme le
Nivcrnois, le Gâtinois , le Berry , le Maine, &c.
On dit qu'il y en a une prodigieufe quantité à
la Chine , & que les habitans ne les tuent Se ne
les challent point , parce qu'ils mangent toutes les
mauvaifes herbes des blés & du riz , faas toucher
au bon grain. Koye^ fur cet oifeau Pline, Liv.
XXV. c\-i , Gefner , De Avibus , Lib. III. Aldrov.
Ornithol. Liv. XIX t c. ic, , & z^ , Nonius de
Te Cibaria, Lib. Il, c. 55. Voyez Cane.
Les plumes des canards fervent à remplir les
lits & les coulfms , & font plus fines & plus douces
que celles d'oie.
Il y a une efpèce de canard appelé Petit plon-
geon ou Coltée. Voyei^ Petit Plongeon.
Canard le dit aulfi d'un chien qui a le poil épais &
t'rifé , qui va à l'eau , & qu'on drelfe à aller après
les canes. Canis yilli fpijfwris ac cri/pi. On les ap-
pelle aulfi barbets.
On dit proverbialement , donner des canards à
quelqu'un, pour dire, lui en faire accroire, ne
lui pas tenir ce qu'on lui avoit promis , tromper
Ion attente. Decipere , illud^re aliquan.
On le fert des canards privés qu'on appelle en
Normandie traîtres, pour prendre des canards
fauvages : &: on appelle figurément , canard privé ,
un homme apofté pour en attirent , pour en attraper
d'autres. Acad. Fr,
CAN
Bois CANARD fe dit des pièces de bois floté qui ,
au lieu de floter comme les autres , tombent au
fond des ruilfeaux. Tignum aquis immerfum. Les
Marchands ont quaiante jours pour faire pécher
leurs bois canards.
CANARDER, v. a. Tirer fur quelqu'un un coup d'ar-
me à feu avec avantage d'un lieu où l'on cft à
couvert , comme par une guérite , derrière une
haie , &c. Fœtam glande fijtulam in aliquem dif-
plodere. Les ennemis nous canardaient à travers
ces paliffades.
IfT CANARDÉ ÉE. part.
CANARDIERE. f. f. Petit lieu couvert préparé dans
un étang , ou marais , où le Chalfeur fe cache pour
tuer beaucoup de canards, par le moyen d'un ca-
nard privé & des rets faillans. Tuguriolum ex ramis
arboris.
Canardiére fignifie aulTi une guérite ou une autre
pièce que l'on conftruifoit autrefois dans les châ-
teaux , &: d'où l'on pouvoit tirer en iureté.
CANARIE. Canaria. île d'Afrique dans la mer
Atlantique , vis-à-vis le Royaume de Matoc. C'eft
la principale des îles qu'on nomme Canaties i elle
eft entre celle qu'on nomme Forteventura, & celle
de Ténérifte. Elle eft ronde , ^ peut avoir 40
lieues de circuit. Maty.
Canarie. Cinaria. La Capitale de l'Ile Canarie,
s'appelle auflî Canari/ , & a donné appareramenc
fon nom à toute l'île. Elle s'appelle encore par
les Efpagnols Ciudad de las Palmas , c'eft-à-dire ,
la ville des Palmes. Canarie eft fituée fur la côte
orientale de l'île de Canarie. hWz a un Parlement ^
ou Audience de toutes les Canaries , & un Evêché
fondé en 1485, Sclùiïragant de Séville. Maty,
Canaries. Canariœ , Fortunatx injulx. Ce font
des îles fameufes dans l'Antiquité fous le nom
d'îles fortunées. Elles font dans l'Océan Atlan-
tique , vis-à-vis la côte du Bilédulgerid , entre les
26^ & 28' degrés 50 min. de latitude Nord •■,
&c entre les premier & 7' de longitude. Les
Anciens n'étoient point d'accord fur le nombre
de ces îles , comme l'a remarqué Voifius dans fa
5' note fur le ck. 10' du IIP Livre de Mêla.
Il y en a fept principales , dont cinq fe fuivent
en cet ordre du Levant au Couchant ; Forteventura ,
Canarie , Ténéritfe , l'île de Gomer , &: celle de
Fer , au nord de laquelle cft celle de Palme. L'île
Lancelotte eft au noid de la Forteventura. Les
Canaries furent découvertes environ l'an 1542,
L'air des Canaries , quoique très-chaud , eft fort fain,
& le terroir très-fertile , fur-tout en fucre & en
vins que nous nommons vins de Canarie,
Il lémble que nous falfions aulfi ce nom adje(5lif:
car nous difons les Canaries , & les îles Canaries;
nous dirions des Canaries s'il étoit fubftantif,
comme nous difons l'île de Sicile , de Malte , de
la^ Grande Bretagne , de Sardaigne , &c. non pas
l'île Sicile , l'île Malte , &c. Les îles Canaries font
tiès-peuplées , tant de naturels du pays que d'Efpa-
gnols qui en font les maîttes. Les richefles de l'île de
Ténériffe la rendent la plus confidérable de rou-
tes les îles Canaries, Lettr. Edif.' Rec. XI. p. 94,
On met encote au nombre des Canaries quel-
ques petites îles déferres qui font au nord de la
Lancelotte , & les Salvajes , qu'on peut appeler les
Petites Canaries.
M. Corneille écrit que l'on dit que ces îles ont
été nommées Canaries par les Efpagnols, à caufe
de l'île de Canarie, la plus confidérable de tou-
tes , dans laquelle ils trouvèrent quantité de chiens ,
lorfqu'ils en firent la première découverte , Can ,
en Efpagnol , voulant dire un chien. Mais ajoute-
t-il , cela n'eft pas vrai , puifque le nom de Cana-
rie étoit connu fort long tems auparavant. En effet,
Pline, Liv, ch. 3 2, d'après Juba, dit que l'une des îles
fortunées s'appelle Canarie , Canaria , à caufe de la
quantité de chiens d'une grandeur extraordinaire
que l'on y trouve , & dont deux avoient été
amenés à Juba ; ce qui ne laifle pas d'avoir fa dif-
C A N
fîcnké. Car fi ce que Pline dit eft vrai , dinaria cft|
un mot Latin dérivé àzCanïs ; mais comment cette ;
île , il peu connue des Romains , qu'ils n'en par-
lent que fur le témoignage de Juba , avoit-elle un
nom Latin ? Quoi qu'il en Ibit , le nom de Canaric
eft: très-ancien , &: par confcquent n'eft point
Eipagnol.
CANARIE. r. f. El'pèce d'ancienne danfe que quel-
ques-uns croient venir des Iles Canaries, &: qui ,
félon d'autres , vient d'un balet ou mafcarade ,
dont les Danfeurs étoient habilles en Rois de
Mauritanie ou Sauvages. Sahutio Canaricnjis. En
cette danfe on s'approche , & on s'éloigne les uns
des autfts , en f-aifant plulieurs pafîages gaillards,
& bizarres , à la manière des Sauvages.
Canarie. f. m. Sorte de petit ^ oilcau qui chante
bien , qui nous eft venu des Iles Canaries. Sircn
Canarienjis. On l'appelle autrement firin. Un
canarie maie , un canarie femelle. yoye7^_ Serin.
CANARIN. f. m. Paifereau de Canarie. Pajjer
Canarietijis.
^3" CANAS.' Sauvages de l'Amérique méridionale,
au Pérou , entre Guf:o & le Lac Titicaca.
CANASSE. 1". m. C'elT: une forte de tabac filé fort
menu & propre à fumer.
§Cr C'eft aufîi le nom qu'on donne à Amfterdam à
de grandes cai/fes dans lefquelles les vailfeaux de
la Compagnie apportent les diiférens Thés de la
Chine & des Indes Orientales.
CANASTRE. f. m. Sorte de coffre de cuir femblable
à nos mannequins , fait de peaux de bœuf qui font
féchcs', dont les Efpagnols fe fervent aux Indes.
Capja coriace a , ou è corio bubulo,
CANATHE. f. ï. Fontaine de Nauplia , Ktf»««<iç. On
difoit que Junon en Te baignant tous les ans dans
cette fontaine , recouvroit fa divinité : fable fondée
fur les myftères fecrets qu'on y célébroit en l'hon-
neur de cetre Décfîe.
ÇIANATIS. f. m. C'efl: un nom générique qu'on
donne dans les Iles à toutes fortes de pots de terre ,
de quelque grandeur qu'ils puilfent être : comme
nous leur donnons le nom de ppt en France. Il cfl;
des canatis qui contiennent depuis une pinte jufqu'à
ijo & 80 pintes.
%fF CANAVEZ ou CANAVOIS. Canapicium. Pays
de Piémont en Italie , entre la Ville d'Ivrée & la
rivière du Pô.
^fT CANCALE. Ville de France , dans la haute
Bretagne , au bord de la Mer , à l'orient de S,
Malo , fort connue par Çzs. huitres.
CANCAMUM. f m. Larme d'un arbre qui croît en
Arabie , félon Diofcoride , laquelle reffemble en
quelque forte à la mirrhe , dont le goût efi: fâcheux.
On s'en fervoit autrefois à parfumer les robes &
les vctcmens. Cette larme nous eft aujourd'hui
inconnue. Les uns croient que c'eft la lacque : les
autres , la gomme anime -, & d'autres le benjoin.
CANCAN. Cm.. Mot populai-'e , qui fignifie un grand
difcours , une grande plainte , faite avec ^eau-
coup de bruit, d'aigreur & de reproches. Lon<ra
otjurgatio , querimonia. Il m'a fait un grand
cancan.
Ce mot s'efl: formé de la prépofition Latine
Qiiatnquam ; parce que les longs dilcours ou une
longue période commencent fouvent par Quam-
quam ; on a appelé un long difcours un Quam-
quam , &c de-la on a fait un cancan. Voyez
QUAMQUAM.
CANCANIAS. f. m. Atlas, ou Satin que l'on tire
des Indes Orientales.
HfT CANCE ou CANSSOR. Rivière de^ France
dans le Vivarais, 'Qui fe perd dans le Rhône, au
deffus d'Andamc.
CANCEL ou CHANCEL. f. m. L'endroit du chœur
d'une Eglife qui eft. le plus proche du grand
Autel , 8c qui eft ordin^airement fermé d'une ba-
luftrade. Canallum. C'efl un droit honorifique
d'avoir droit de banc ôc cTè fépulture dans le Can-
cel d'ime églife.
CAN 20g
^3" Ce mot vient de cancellum qui fc trouve dans
Jcs capitulair^s de Charlemagne en cette fignifica-
tion. MÉNAGE, Ce mot a fignifie toutes "barres
croifées, foit de bois, foit de fer , & même des
traits de plumes,
On appelle auffi Cancel le lieu dans lequel on,
tient le fccau , & qui eft aulîi entouré d'une
balurtrade.
ce? CANCELLARIUS. f. m. Nom d'un Officiet
fubâLerne chez les Romains. Voye^^ Chancelier.
C'elt ainfi que quelques-uns ont rendu ce mot en
François.
CANCELLATION. f. f. Terme de Jurifprudence.
C'eft un aéle par lequel oft con:erît liU'un autre adte
foit caffé, anéanti, & demeure nul. Annullatio -,
rejcijjio. La c incellation. s'appelle autrenunt réfi-
liinent ou rejiliation.
^fF A Bourd.aux , dans les bureaux du courtage &:
de la Foraine, on appelle canceUation , la décharge
que le commis donne aux Marchands de la fou-
milTion par eux faite de produire dans un temps
limité le certificat de l'arrivée de leurs Marchan-
difes aux endroits fpécifics , ou de payer le qua-
druple de,s droits.
CANCELLE. f. m. Sorte de petit Cancre , dont la
couleur eft rouife , & qui fe prend, avec les pcrits
poilfons. Il reflémble à l'araignée. Cancri geniis
exile , exilis cancer.
CANCELLER. v. a. Barrer une obligation , un zâe ,
pour les rendre nuls , en palîant la plume de
haut en bas , ou de travers , fur les fignatures : ce
qui faït une efpèce de chalfis que les Latins nom-
ment cancelli. Annullare , refcindere. Scripturri
diictis canceLlatim lituris, ou dscujfatis Uturis delere.
Ce mot me le dit qu'en ftyle de Palais.
Ce mot vient du Grec xiyKA/|« -, qui fignifie pro-
prement environner une chofe de quelque treillis ,
afin qu'on n'en puifie pas approcher.
CANCELLE , ÉE. part.
^fT CANCELLI. f. m. pi. Petites Chapelles érigées
par les anciens Gaulois aux déefl^es mères qui pré-
iîdoient à la campagne & aux fruits de fe terre.
Ces peuples y portoient leurs offrandes avec de
petites bougies, & après avoir prononcé quelques
paroles myftcrieufes fur du pain ou fur quelques
herbes , ils les cachoient dans un chemin creux ou
dans le tronc d'un arbre, & croyoient par la ga-
rantir leurs troupeaux de la contagion , & de la
mort même. Cette pratique, ainfi que plufieurs
fuperftitions dont elle étoit accompagnée , fut
défendue par les Capitulaires de nos Rois & par
les Evêques. Encyc.
CANCER, f. m. Terme de Médecine. C'eft une tu-
meur dure, inégale,,raboteufe , ronde & immobile ,
de couleur cendrée , livide ou plombée , environnée
de plufieurs veines apparentes & torrues , pleines
d'un fang mélancolique & limoneux , qui refiem-
blent au poiiîbîi appelé cancer ou écreviiîe. Cancer.
Elle commence fans douleur, & paroît d'abord com-
me un pois chiche , ou une petite noifette -, mais
elle croît aflez vite , & dévient fort douloureufe.
Les Cancers viennent aux parties glanduleufes àc
lâches , comme aux mammelles & aux émonéloires.
En Grec KxpxUoi , qui fignifie auifi ecreviffe. On ap-
pelle ainfi cette tumeur , parcequ'elle eft à peu-près
de la figure d'une ecreviffe.
Ce mal vient principalement aux fenjmes , Se fur-
tout, dit Stolterfoth, à celles qui font ftcriles , ou
qui vivent- dans le célibat. Les hommes en font
aufîi attaqués, continue-t il , & il y en a bien des
exemples. La raifon pour laquelle il s'attache plutôt
aux mammelles, qu'aux autres parties du corps, vient
de ce qu'étant pleines de glandes entre lefquelles
il y a beaucoup de vaiffeaux lymphatiques ou
fanguineux, la moindre contufion, coraprellîon ou
piqûre , peut faire extravafer ces liqueurs, qui s'ai-
grifîcnr enfuite & forment le cancer. C'eft de-là
que les Maîtres de l'art difent que le cancer eft
aux glandes , ce que la carie eft aux os , & la gangrè-
C c ij
204 C A N
aux parties charnues. Le cancer vient cependant
auili tn d'autres parties du corps molles &c baveu-
ils , & l'on a vu des amcers aux dents , au ventre,
dans la partie intérieure du cou de la matrice, dans
Turètre, aux lèvres, aux narines , aux joues , à 1 ab-
domen , aux cuifles, & même à l'cpaulL- , comme
Stolrcrforh le prouve par différentes obiervations
tirées des médecins. Le cancer le divife en cancer
caché , occuhus , ôc cancer ulcéré , ulccratus. Le
premier vient, comme on Ta décrit ci-delîus. Voyei
ilir cela & fur toutes les circonftances, Etmulier,
Chirurg. Medic. art. 4. & CaroL Mufitanus Trutina
Chnurgic-Phyfica, L. XI, c. 13. Le cancer ukàïà
fe connoît en ce qu'il eft inégal , raboteux , plein
de trous ; qu'il en Ibrt une matière fordide , puante ,
gluante, & quelquefois jaune-, par la douleur in-
ïupportabk' qu'il caule au malade , en ce qu'il efl:
noirâtre, horrible à voir, dur au toucher, quel-
quefois cependant mou ; en ce que les lèvres de
l'ulcère font groffcs , enflées , rongées , rabattues
en dehors ; que les veines voiiines font gonflées ,
variquvufes , noirâtres , & reprèlcntant en quel-
que forte les pieds du cancer ; quelquefois les ex-
trémités des veines & des petites artères font ron-
gées , & il en fort beaucoup de fang. Au cancer
des mammelles les chairs voiiines Ce confument telle-
ment quelquefois , qu'on peut voir dans la cavité
du thorax. Il caufe une fièvre lente , un grand dé-
goût , & fouvent des foiblefles*^, quelquefois l'hy-
dropille fuit, & enfin la mort. La caufe prochaine
de ce mal eft un acide volatil trop corrofif , qui
approche de la nature de l'arfcnic , & qui fe for-
me par le croupilTement des humeurs , &c. Stol-
terfoth rapporte que lui & d'autres ont guéri ce
mal avec du mercure, &c par le moyen de la fa-
livation. On trouve comment il s'y faut prendre
dans Georg. Tromp, Difpiit. de Salivatione Mer-
curiali habita, lenœ. Georg. Cour. Albin. Difp. ha-
bita Franco f. 1(^89, Mich'. Pantclius , De Mercu-
rio & ejus ufu medico , &c. Regiom. 1^58. Etmul.
Oper.tom.Lfol. ^'^7 & Jeq<]- & fol. ^67. M. AUiot
Médecin du Roi , a fait un fort bon Traité du cancer ,
imprimé à Paris en 1698.
Le cancer , quand il vient aux jambes s'appelle
loup; & quand il vient au viiage , on l'appelle ,
72o/i me tangere. Le cancer ulcèié caufe de très-
grandes douleurs. Il y en a qui croient que le cancer
ulcéré n' eft autre chofe qu'une multitude prodi-
gieufe de petits vers qui dévorent, & qui confu-
ment peu à peu toute la chair de la partie. Dionis.
Le cancer eft d'un confentcment unanime le plus
horrible de tous les maux qui attaquent l'homme.
On guérit le cancer par extirpation , quand il n'eft
poiiU ouvert, 5; qu'il n'eft encore qu'une tumeur
de la groffeur d'une noix , ou tout au plus d'un
petit œuf. L'amputation fe fait quand le cancer
occupe toute la mamm'elle , ou qu'il eft ulcère.
Idem. Foye^ Degori , dans le Tréjor de la pratique
de Médecine , où il rapporte , d'après diflcrens
Auteurs , quantité de remèdes pour le cancer.
CANCER de Galien. Ceft un bandage à huit chefs ,
que Galien, Livre des Bandages , ch. 10. décrit
pour bander la tête -, mais ceux qui s'en fervent , |ne
le font qu'à fix chefs. Foyei le Dictionnaire de
M. Col d-e Villaks.
Cancer , eft aulH un des fignes du Zodiaque , où
quand le foleil eft parvenu vers le 11 Juin, il eft
au Solftice d'Eté. C'eft une conftellation qui a 1 5
étoiles, félon Ptolomée , félon Kepler 17, & félon
Bayer 35, qui font de la nature de Mars & de la
Lune : auffi le cancer eft-il la maifon de la Lune.
Il a cré ainfi nommé , à caufe qu'il repréfente un
cancre , ou écreviffe , ou que le foleil commence
à reculer ou à retourner vers l'Equateur quand il
y eft arrivé , à la manière des ecrcviflcs. On l'appelle
auffi ecrcvijje, figne de l'écrevijfe. Les Poètes ont
feint que c'eft Vecreviffe que Junon envoya contre
Hercule , lorfqu'il combattoit l'Hydre de Lerne.
Hercule ta^Vécrevij^e, & Junon la tranfporta au
C A N
ciel , 5c la mit au nombre des conftellations. Le
fymbole du cancer eft une figure compofée de
deux traits prefque femblables au chilfte foixante
neuf
fjcr TROPIQUE du Cancer. Voye^ Tropique.
IfT CANCEREUX , EUSE. adj. Qui tient de la na-
ture du cancer. Tumeur cancereufe.
CANCHE. Terme de Coutume. C'eft ainfi qu'en quel-
ques endroits on appelle un ban à vin, c'eft-à-
dire,le droit de vendre du vin en quelque lieu, à
l'exclufion de toute autre perfonne.
fCT Canche. Rivière de France, en Picardie. Elle a
fa fource en Artois , pafle au vieux Hédin à
Beaurainville &: à Montreuil, puis à Etaples où
elle forme un port.
1^ CANCHES. Sauvages de l'Amérique Méridio-
nale , dans une contrée voifine de Cufco dans le
Pérou.
Ck? CANCHEU. Voyei Cantcheou.
CANCIONAIRE. f. m. Vieux mot. Livre des canti-
ques ou des chanfons. Canticoriim , cantilenarum-
Liber. Ce mot eft formé du latin canticum , chan-
fon. Il a bien l'air d'être de l'invention de Marot ,
qui l'a forgé , à l'imitation d'Antiphonaire , Ledtio-
nairc , ùc.
CANÇON. f. f. Vieux mot , formé de deux mots la-
tins , camus , fonus. Chanfon. Glojf, de poëf. du
Roi de Nav.
CANCRE, f m. Ecrevifle de mer , d'étang ou de ri-
vière , couverte d'une coque dure , & qui va à re-
culons. Cancer. Le cancre a le corps rond. Il y en
a de terreftres & de marins. Ceux-ci s'appellent
■ grand à l'égard des mâles ; &C les femelles macinet-
"tes. Il y en "a que Rondelet appelle mages , qu'on
nomme en Italie grancevoles ; d'autres fquaranchon
ou granciporto , qui font divers animaux aquati-
ques de même efpèce , auHî-bien que les langouftes ,
les fquilles &; les ècrevilfes , qui ont pourtant quel-
que différence. La cendre des cancres de rivière,prife
en breuvaire avec de la racine de gentiane , & autres
femblables, eft un fingulier remède pour les morfures
des chiens enragés. Les cancres marins n'ont pas le
même efficace. Le cancre , quoiqu'il vive dans l'eau,
ne nage point , non plus que l'hippopotame.
Dans la guerre des rats &c des grenouilles , Ho-
mère feint"^ que Jupiter envoya des cancres au fe-
cours des grenouilles ,& voici la defcription qu'il
en fait , traduite en vieux François , par le Traduc-
teur de fa Batrachomyomachie.
Soudain vient un renfort d'épouvantables bêtes ;
D'animaux contrefaits , de monflres àdeux têtes;
Leur échine reluit , leur dur & large dos ,
Leur corps ejt revêtu de folides écailles ;
Leurs dents font des cifeaux ,& leurs pieds des te-.
nailles.
Ils ont deux bras nerveux , ils ont huit pieds four-
chus ,
Leurs bras , leurs mains , leurs doigts & leurs pieds
font crochus.
■ Ils marchent de travers ,& fouvent en arrière.
Leur œil voit & deffous , & devant & derrière.
Voyez fur les cancres. Voff. de Idolol. L. IV ,
Ch. 3 , II, 175 18 , 19, 35, 37.
Il y a une efpèce de petit cancre qu'on appelle
Bernard l'hermite , qui eft roux de couleur , qui fe
prend en menuifaille avec les autres poiffons , 6c
qui reflcmble aux araignées. Il a deux petites cor-
nes déliées ,&: deux gros yeux au-de'îbus,& plus
bas un os environné de petits poils qui lui fervent
de raouftaches. Il a par-devant deux pieds fourches
qui lui fervenr de mains , & deux derrière de cha-
que côté , & un tiers au m.ilieu. Ariftote & Elien di-
/ent qu'il naît tout nu ; m.ais qu'il fe loge dans l'é-
caille d'un autre poiflbn qu'il trouve vide , & quand
il groflîr , il en cherche une plus grande.
Quelques-uns difent le figne du cancre ^ le tropi-
J
C A N
que du cancre , au-lieu de dire , le figne du Cancer,
le tropique au Cancer. Acad. Fr.
Cancre i'e die proverbialement d'un homme pauvre ,
qui n'eft capable de faire ni bien ni mal. Cet homme
eft un s,u tvLX , un cancre , un pauvre cancre. Il fe
ditau/ïî d'un homme mcprifable par l'on avaricc.C'cll
un vilain cancre,
^ CANCRIFORMIS. El^^cce de pierre argillcufe ,
cendrée , de la forme d'un crabe. Elle a de plus les
parties brillantes du plomb.
^fT CANCR.ITES ou Lapides cancvi. Petites pierres
blanches , tendres , cvculcs , qu'on appelle yeux
d'écrei'ijps de rivière.
CANDAHAR. Ville d'Afie , capitale de la province
du même nom dans les Indes. OrtoJ^ana.
CANDÉ. r. m. C'cft: en plulieurs endroits la même chofe
que conjluent, Conjluens, On dit conde en d''autres
endfoits , & coignac en d'autres.
CANDE. Gros bourg de France , en Touraine , au
confluent de la Loire , & de la Vienne. S. Martin y
mourut le 1 1 Novembre 39^. Il y a une Collégiale.
Candate.
^ CANDEA ou CANDE. Baudrand nomme ainfi
en françois la ville & le Royaume de Candy. Fuye:^
ce mot.
CANDELABRE, f. m. Ç'eft un grand chandeliet de
falle ayant plulieurs branches , fait à l'antique. Can-
âelahram.
Candélabre, fe dit auffi d'un grand chandelier à plu-
fieurs branches, tel qu'onen voit en plUfîeurs cglilés.
Candélabre, terme d'archttecfture , eR une efpèce de
vafc fort élevé en forme de grand baluftre qu'on
met pour amortiiî" ment à l'entour d'un dôme. On
voit de ces fortes de caadclihres aux dômes de \î.
Sorbonne &; du Val-de-Grace à Paris.
CANDELETTE. f. f. Terme de marine. C'cfl: une corde
garnie d'un crampon de fer pour accroch'.-r 1 anneau
de l'ancre quand on la veut mettr-.,' fur kb boflcurs ,
lorfqu'elle cfl fortie de l'eau. Cancus harnatus,
XfT CANDELOR ou CANDALOR. Ville delà Tur-
quie en Afie , près de la côte méridionale de la Na-
tolie.
|Cr CANDEUR, f. f. Pur-té d'amc. Animi candor.
C'cft une des nuances de la vérité de caradère. La
funplicitCj.qui prend fa iburce dans cette pureté de
iTiœurs , qui n'a ri;'n à diiiîm.uler ni .à feindre , efl ce
qu'on appelle candeur. Voyez Franchise , Simpli-
cité , Ingénuité. Candeur de l'ame. La candeur de
fes mœurs. Procédés pleins de candeur. Il faut ôter
au cœur humain le mafque de vertu & de candeur -,
dont il fe fert pour les raffinemcns de fa di/Funu-
lation. Port -R. Les amcs pleine^ de candeur , font
d'ordinaire plus iîmples dans le bien , que précau-
tionnces contre le mal. Fenel. N'efpcrez plus
de ftanchifejni àz candeur d'un homme qui s'eft
livré à la Cour, &: qui fecrctcmcnt veut faire for-
tune. La Eruy.
]e veux dans la fatyre un efprit de candeur.
o:l.
JCANDI. f. m.. Sorte de grand bateau qu'on voit en
Normandie , fur la Seine, & qui a enviton 27 toi-
fes entre chef & quille. On ne voit pas fur les ri-
vières de France de plus grand bateau que le candi.
^fj^ Candi ( fucrc ) Foye^ Candir.
1^ CANDICrL Nom d'une ptoyince d'Afie , dans
l'Empire du Mogol , enrre la province d'Agra, cel-
les de Bérar & de Malva , & le Royaume de Gu-
zurate. Brampour en eft la capitale.
CANDIDAT, f. m. Celui quibtigue quelque charge ,
qui afpire à entrer dans quelque corps. Candida-
tus,
^fT Les Candidats ou afpirans aux charges de la Ré-
publique Romaine étoientainiî nommes de la Robe-
Blanche qu'ils étoient obliges de porter pendant
les deux années qu'ils poUuloient. Cette robe, dit
Plutarque , devoir être fimple , fans aucun autre
vêtement ,-\fin qu'on ne les foupçonnit pas d'avoir
de l'argent cs^hé pour acheter les fufftages -, & afin
qu'iU puflent plus aifcment faire voir au peuple les
C A N 2.of
cicatrices des plaies qu'ils avoicnt reçues pour Ix
défeniè de la République.
^" La première année , ils demandoient au Magiftrac
la pcrmiUion de haranguer le peuple ou de le taire
haranguer par quelqu'un de leurs amis. Ils dccla-
roient à la fin de ces harangues qu'ils dcfiroienc
obtenir telle charge , fous fon bon plaifir , le priant
d'avoir égard au mérite de leurs ancêtres & à leurs
fcrvices perfonnels. Cela s'appeloit projiteri nomen
J'uum apud populum , &: cette année annus profcjjio'
nis , qui étoit toute employée à fe faire des amis
parmi les grands & parmi les peuples.
^fT Au commencement de la féconde année les Can-
didats fe préfenroient au Magittrar , avec la rccom-
mendation du peuple , conçue en ces termes : Ra-
tionem illiushabe ,Sc le prioient d'écrire leurs noms
fur la lifte des prérendans : ce qui s'app> loir edere
nomen apud Fratorern aut Conjulem , ou projiterl
apud Magijlratum,
§C? Le Magiftrat , après avoir vu la requête du Can-
dide!: , avec la recommendation du peuple , a/fem-
bloit le Confeil ordinaire des Sénatf.'urs, qui exami-
noient les raifons qu'avoir le Candidat de demander
telle charge , & s'informoient de fa vie &c de fes
mœurs. Après cet examen, le Magiftrat lui permet-
toir Ci. pouriuite en ces termes : Rationem h.ibeho y
renumiabo , ou s'il le rejettoit , il répondoit ratio-
nem non habebo , non renuntiabo.
0CJ° Les Tribuns s'oppofoient quelquefois à cette
permiflion que donnoir le Magiftrar de pourfuivre
la brigue , lorfque celui-ci ne paroilfoir pas a/fex
infèrmt des défauts ou des raifons d'exclufion du
poftulant.
|Cr Le tems de l'éledion arrivé, le Magiftrat indi-
quoit l'aflemblée par trois jours de marché confé-
cutifs que ceux de la campagne , comme des villes
municipales & des colonies qui avoient droit de
fuifrage puflent defcendreàla ville. Le jour venu,
les Candidats vêtus de blanc , fe rendoient de grand
matin, afTiftcs de leurs amis, au mont Quirinalou
fur la colline des jardins , qui avoicnr vue llir le
champ de Mars , pour être plus facilement apperçus
par le peuple. Le Préfident del'affemblée, après avoir
dit haut le nom des prérendans, &:expofé lesmorifs
des uns 8c des autres,appeloit les Tribus aux fuifta-
gcs,&: celui qui en avoir le plus, étoit déclaré Ma-
giftrat.
^fT Le nouveau Magiftrat remercioit raffemblée fur
le champ, & montoit au Capitole, pour y faire fa
prière aux Dieux. Cet ordre changea un peu fous
les Empereurs. Céfar ne lailfa au peuple que le droit
de nommer les Magiftrats inférieurs , &: fe réferva
celui de nommer au Confulat. Encore gêna - t-il
beaucoup le peuple , dans l'éledion des charges
qu'il lui avoir accordées. Tibère , fuccelTeur d'Au-
gufte , ôta le dtoit d'élefbion au peuple pour le
donnei au Sénat. Néron le rendir au peuple -, le
Sénat s'en défifta pour toujours ,& fe contenta de
proclamer dans le champ de Mars ceux que le peu-
ple avoir élus pour conferver par-là quelque chofe
de l'antiquité des Eleétions. Foyer au mot Brigue
les autres parricularités.
On a appelé aulli du tems de l'Empereur Gordien ,
& longrems après, Candidati\, les foldarsde la Garde
de l'Empereur qui étoient choifis de toutes les Lé-
gions , & qui étoient fort confidérés à la Cour. S.
Auguftin, Aufone & Ciaudien, en parlent. Dans la
vie de S. Hilarion , ch 17 , il eft parlé d'un Candi-
dat de l'Empereur Conftance qui éroit po/lcdé du
démon, & que le S. délivra de la poife/Jion. Am-
mien, L,XXF., Se Vidor Tunnunenfis, dans r3.C/iro-
7z/c^ , font auffi mention des Candidats. Yoycz en-
core les faftes de Sicile , Cedrenus , Rofweid. Onom.
Cedrenus dit que ce fut Gordien le jeune qui les
inftirua , aufTi-bien que les Proredcurs & les Scho-
lares. Les Scholares éroient choifis dans les trou-
pes : c'croicnr ceux qui favoient le mieux le métier
de la guerre : les Candidats étoient tirés des Scho-
lares -, c'étoiem ceux qui étoient les plus vigoureux »
206
C A
&c qui avoient l'air le plus martial & le plus propre
à inipirer de la terreur ,ciit la Chronique d'Alexan-
drie. Les Protecleurs croient un ordre mitoyen ;
c'étoient proprement les Gardes-du Corps. Henfche-
nius , jicl. SS. Fehr, lom, II ,p, i8,
M. Fleury , Hiji. Eccl, L. II , n. 17, prétend que
les Gardes qui portoient ce nom, étoient ainli nom-
més , à cauie de l'habit blanc dont ils croient
vêtus. D'autres difent ieulcment , parce qu'ils por-
toienr quelque chofe de blanc fur eux, ou dans leur
habit. C'eft l'Empereur Gordien qui inititua les
Candidats , choifillant les plus giands & les mieux
faits de les Gardes , pour en faire une compaL::nie ,
qu'il appela les Candidats. Voyez Capirolin dans la
vie de cet Empereur , ch. I èc II , &;_^lesnores de
Saumaife iur cer Hiftorien.
Tertullien appelle ceux qui demandoient le bap'
tême , Candidati Dei. On appcloit aulii Candidats
de réternité , ceux dont les âmes n'ctoient point en-
core dans le ciel. ffT Dans le tems de la vacance
de la couronne de Pologne , on appelle Candidats ,
les prétendans à la couronne.
On appelle auili Candidats dans les Faculrés de
rUniverlitc , ceux qui l'ont fur les bancs pour par-
venir au Doélorat. Acad. Fr.
Ce nom fe donne en Sorbonne à ceux qui afpi-
rent au Baccalauréat ; même pendant le tems qu'ils
fouticnnent leur tentative, on ne les traite que de
Candidats.
Quelle honte , hon Dieu ! Qiiel fcandale au Parnajfe ,
De voir l'un de J'es Candidats
r... Employer la plume d'Horace
A liquider un compte lù dreffer des états ! Royaum.
CANDIDE, adj. m. & £ Qui a de la candeur. Candi-
dus. Un honnête homme doit être candide , avoir
l'ame candide. Il efl: bon d'y ajouter quelque aurre
mot , qui en explique & en détermine la ligniiîca-
'''■- 7**g^i. Il eft moins ulité que le fubftantif candeur.
Le-;?. d'Orléans a dit : les mœurs innocentes, dou-
ces, candides & pacifiques.
Candide, f. m. Nom d'homme. Candidus. Candide
étoit un Auteur Ecclclîaftique du IPliccle , qui avoir
écrit fur l'ouvrage dés fix jours.
CANDIE. Nom moderne d'une île de la mer Médi-
terranée , qui dans l'antiquité s'eft nommée Crète.
Creta , Candia, Cette île ne s'appelle Candie que
depuis la fondation de la ville de Candie fa capi-
tale , dont elle a pris le nom ; c'eft-à-dire , depuis
le IX' fiècle. Elle eft fituée à l'entrée de l'Archi-
pel, fous le 54^1 de lat. & peut avoir 75 lieues
d'orient en occident , & 20 dans fa plus grande lar-
. geur. Elle fut foumife aux Sarralîns au IX"^ lîccle ;
Nicéphore Phocas la reprir au X*^ en 3(îz. En 1204.
Bonifiée , Marquis de Montferrat , la vendit aux
Véniîieif^^ii n'y ont plus que les forrerefles deSuba,
& Spina-Longa. Les Turcs font maîtres de tout le
reite. L'Ile de Candie eft célèbre par le vin de Mal-
voilie qu'elle produir. L'air y eil: chaud , mais lain ,
& le terroir abondanr en pârurages , en grains & en
fruits. Pour ce qui concerne l'antiquité , voye^
Crète. Quand il s'agit de l'antiquité je ne voudrois
point dire Candie , mais Crète. Quelques - uns ce-
pendant le difent , comme Vigenère.
La mer de Candie , Creticum mare , eft une par-
tie de l'Archipel. Elle s'érend le long de la côte
feptentrionale de l'île de Candie. ,
Candie. Matium , Candia, "Ville bâtie au commence-
ment du IX^ lîccle par les Mufulmans, dans l'île
de Crère , dont ils s'emparèrent dans ce temps.
Cette ville a pris l'on nom de celui du lieu où ils
la bàrirent , qui fe nommoit Candax , & qui leur
fut montré par un Moine. Elle a depuis donné
fon nom à toute l'île. C'eft le liège d'un Archevê-
que , & la capirale de l'Ile de même nom. Après
une guerre de 24 ans &c un liège de trois ans , Can-
die fat vendue aux Infidèles en 166 ç) , n'érant plus
qu'un tas de ruines.
C A N
•La différence des méridiens donr la ville de Can-
die eft plus orienrale que Paris , eft de i h 3 1' 5", en
dég. 22° 46' 15". P. FeuillÉe. ^cad. 1702. Mem. p.
II. La haureur du pôle de la ville de Candie cd.
de 55'^ 18' 45", Idem.
La NouveUe-Candie , Candia-Nova,tù. unefor-
terelfe que les Turcs avoient bâtie à une lieue de
la ville de Candie , pour la rciferrer i mais depuis
qu'ils font maîtres de cette ville , cette forterelfe
leur eft inutile , & ils la laiifcnt tomber en ruine.
Le rcrriroire de Candie eft le plus conlidérable des
quatre parties de l'Ile de Candie ; il occupe le mi-
lieu de l'Ile , <Sc renferme la ville de Candie , ca-
pitale de l'ile.
CANDIIL ou CANDILE. f. m. Mefure dont on fe
ferr aux Indes , à Cambaye & à Bengale , pour ven-
dre le riz & les autres grains : elle" contient qua-
torze boilieaux.
Candiil. f. m. C'eft aulfi un poids dont on fe fert à
la Chine & à Galanga.
CANDIOT, OTE. f m. &f. Cres , Creticus , Cretenfis,
Habitant ou Habitante de l'île de Candie. Les Can-
diots font voluptueux & excelîivement parelfeux. Il
ne faur point fe fervir de ce mor quand on parle
des anciens habirans de cette île ; il faut dire Cretois.
Voyez ce mot. Les Candiots naturels font prefque
tous Chrétiens du rit grec ; il y en a quelques-uns
. qui font Mahométans,
CANDIOTE, f. f Terme de Fleurifte. Anémone à
peluche , qui a les grandes feuilles d'un gris blan-
châtre , furie fond incarnat , fa peluche Incarnat,
bordée de feuilles mortes , verdâtres. Morin'
■îfT CANDIR , le CANDIR , v. récip. fe dit du fu-
cre,qui après avoir été tendu liquide , prend une
conliftance de glace. On fait candir le fucre ■■, on le
rend dur & tranfparenr , en le clarifiant & le crif-
tallifant à plulieurs reprifes, jufqu'à iîx ou feptfois.
Se CANDIR. Terme de Confifeur , qui fe dit des
confitures dont le fucre s'épailfit & fe glace fur la
furface des vailfeaux. Alhicare. Les confitures qui
font trop cuires , fe candijfent,
iff Candir., chez les apothicaires, eft prefque fyno-
nyme à confire , & fe dit de certains médicamens
qu'ils font bouillir dans le fucre pour les confer-
ver par ce moyen en nature.
CANDI , lE , parr. & adj Albicans, Sucre candi , con-
fitures candies. On appelle fucre candi , une pré-
paration du fucre qui fe criftailife : ce qui fe fairen
le fondanr jufqu'à lix ou fept fois. On ordonne pour
le rhume du fucre candi.
Ce mor vient de canitum, qui a été fait de can-
didus , à caute.*que c'eft du fucre blanchi & épuré.
D'aurres difent que ce nom vient de l'île de Can-
die. D'autres tiennent qu'il vient de elkendit , mon
arabe^, qui lignifie du _/«c;v en général Ménage.
CANDIS, f m. Efpècc de confîrures féches, couver-
tes de fucre candi & brillant. Il en vient beaucoup
de Gènes & d'Ital'ie.
^^ CANDISCH. Foyei Candich.
CANDO, CANDI ou CONDL f m. Mefure ou aune ,
dont on ferr dans plulieurs Cantons des Indes ,
& particulièremenr à Goa.
CANDOU. f Arbre qui croît aux Maldives , qui a
cette propriéré , qu'en frorant deux morceaux l'un
contre l'autre, il en fort du feu, Quoiqu'il l'oit ex-
trêmement mou , léger , & plus que le liège. On
s'en fert comme d'un fuHl, Il eft gros comme un
noyer , approchant de la feuille du tremble , & aufîi
blanc. Il ne porte aucun fîruit , & n'eft pas bon à
brtiler. Pyrard.
§C? CANDY. Royaume d'Afie , dans l'île de Ceyian,
de laquelle il occupe le milieu & la plus grande
partie. La capitale porre le même nom. Quelques-
uns l'appellenr cande.
0CF CANE. f. f Efpèce d'oifeau aquatique , qui eft
la femelle du canard. Anas. La coutuine d'Eftam-
pes, arr. 185', 'défend de nourrir de^ canes dans la
ville. la'Mare. Traité de la Police , T. I , p. 5551.
Ce mor , félon Ménage , vient de ano ou anas ,
t: A N
dont les Italiens ont fait aulfi anitra , & ks Fran-
çois canard & canarder.
On dit proverbialement , il n'y a que le bec à
ourler , c'eft une cane, a ceux qui trouvent de la faci-
lite à faire toutes choies, quoiqu'elles foicnt difficiles
èc longues à taire. On dit i.\.\iV\ qu'un homme fait la
cane , pour dire , qu'il recule par lâcheté dans les
entreprifes où il doit montrer du courage. On dit
auifi, quand les canes vonz au champ , les premières
vont devant, à ceux qui demandent trop ibuvent,
quand fera-ce.
Cane d'Inde , Jnds Indica. Il y eti a de plufieurs ef-
pèces différentes. Elles font plus gioilès de moitié
ique nos canes communes , mais quant à la rîgure ,
elles font prelque femblables. Quelques-unes ont la
tête rouge comme du fang , & fans plumes , au/îi-
bien qu'une partie du cou ; excepté que fur lefom-
met de la tête il y a une crête compolée de plumes
blanches , qui s'étend tout le long de fa tête , & que
la cane élève lorfqu'elle s'iirite. Son œil eft jaune ,
& environné d'un cercle noir. Son bec eft tout bleu,
à l'exception d'une tache noire , qui eft à l'extrémité.
Elle a tout le devant du cou blanc ; mais l'endroit
où le cou fe joint au corps, eft couvert d'un cercle
noir , avec quelques plumes blanches. Ce cercle eft
étroit à la poitrine , & large du côté du dos. Tout
le dedbus du ventre eft couvert de plumes blan-
ches, & le deflùs du corps eft brun ; mais le cercle
■ dont nous avons parlé eft divifé par une plume
blanche par en haut. Les extrémités des aîles S>c de la
queue font d'un vert luifant , comme celui des mou-
ches cantharides. La peau des jambes eft brune , oc
Coupée de petites lignes noires. Ces canes marchent
très-lentement , & ont la voix enrouée. Le mâle eft
plus grand , & fes couleurs font plus vives & plus
diverfifîées que celles de la femelle.
D'autres ont la tête blanche & le bec, les cuiiîes ,
la queue , & les plus grandes pennes des aîles noi-
tes j tout le refte du corps eft roux. Il y a néanmoins
dans les ailes des parties blanchâtres , & dans cel-
les du mâle , un peu de rouge & de vert. Le haut
du cou eft environné d'une ligne noire fort étroite.
D'autres ont le corps couvert de toutes parts de
pKimes noires , excepté quelques plumes blanches
qui delcendcnt en long fur les plumes delà tête,
du cou, & de la poitrine, fans qu'il en paroiife
fur le refte du corps ; mais leurs Jambes , le haur
du bec , & le tubercule qui eft deflus , font d'un
touge très-cclatant.
Cane du Levant , appelée en Latin Anas Circia.
Cette efpèce de Cane eft ttès-petite , & appiochant
de la taille d'un plongeon. Tout Ion corps eft beau.
Son bec , comme aux canes ordinaires , eft brun ,
auiïl-bien que fes pieds. Son cou eft long d'une
paume. Le refte de fon corps n'cft que de la lon-
gueur de lix doigts. Aldrovand fait la dcfcription
d'une felnelle qui avoit des taches llir le ventre.
Le mâle a de très-belles couleurs , & beaucoup
plus éclatantes que celles de la femelle.
Cane de mer. Anas marina, Oifcau de couleur tan-
née , avec un collier blanc autour du cou. La cane
de mer eft de taille moyenne entre l'oie S<. la cane
commune. Son bec eft noir , longuet , approchant
de celui du pélicah , &: n'eft pas large comme ce-
lui de l'oie , de la cane & du morillon, mais pointu
comme celui de la piette. Sa tête &: fon cou , juC-
qu'au dedbus de l'eftomac , font beaucoup plus
noirs que ion dos &i fes ailes. Les deux côtés de
fes cuiifes Ibnt madrés \ fa queue eft blanche par-
delîbus , & fes jambes noires. Toutes fes façons de
faire font fort femblables à celles de l'oie -, mais
«lie ne fe plaît aucunement dans l'eau douce , &
c'eft pour cette raifbn qu'on la nomme cane de mer.
Cane a tIte rousse. Aiias rufa. C'eft une petite
cane lembiable à un morillon. Elle a la tête rou(fe-
mais fa poitrii.ç & le deffous de fa gorge font noirs ;
tout le refte de Coa corps eft de couleur plombée.
Son bec , fes jambes & fes pieds font noirs , &
bien re^cmblans à ^eu»-. d'une cane. Ses yeujc font •
G Â N
touges : fa taille eft de même que celle de la cane
commune;
tANE nommée Pénélope l le mâle eft de Ji grandeUf
du canard ou environ -, mais il n'eft pas fi gros.
Son bec eft gros & large -, le Seiîbus en eft noir \
& le deflus de couleur plombée obfcure* Il eft
courbé par l'extrémité , & à une tache noire. L'on
voit depuis le bec jufque fut le haut de fa têtei,
une couleur rouge , qui tire fur le jaune. Tout le
refte de la tête, 5c la plus gtande partie du coui
lont de couleur de dattes mêlé d'un peu de noir
<ous la gorge. Ce qui eft entre le cou & le dos
eft diveriîfié de lignes noires , & blanches. La poi-
tfine & le ventre font blanchâtres, les aîles font
diverf fiées de couleurs différentes , car les petites
plumes dont elles font revêtues font brunes. Il y
a une tache blanche qui occupe la moitié des aîles ,
& qiu s'étend bien loin. Les grandes plumes font
noirâtres , & très-longues. Proche de la tache l'on
voit une ligne verte affcz latge. Sa queue eft très-
courte , & compofée de plumes en pattie noires ^
& en partie biunes & verdâtres. Ses cuiffes font
blanchâtres èc traverfées de lignes cendrées fort
menues. Ses Jambes & fes pieds font de couleur
plombée , & les membranes qui joignent les doio-ts
lont brunes. "
La femelle eft entièrement femblable au mâle ,
finon que la tache blanche des aîles eft moins remarJ
qiiable en la femelle, & paroît comme d'un eris
brun. °
Il y a une rdi/ze fauvage brune i Anas fera fujca,.
qui n'eft pas fi grande que la précédente, mais
qui^ approche beaucoup de fon efpèce. Elle eft
moins colorée , particulièrement aux aîles & aux
pieds , dont la membrane eft noire. Ses aîles font
compofées de noif &.de blanc. Son bec eft d'un
noir cendré -, fes yeux jaunâtres \ fa tête & la plus
gtande partie de fon cou d'une couleur de châtain ,
qui tire fut le brun 5 le bas du cou par - devant
noir , par-derriere comme la tête ; les côtés en
font cendrés. La poitrine & le ventre font noirs
en partie, titant auffi fur le cendre; le refte brun,
Le^ dos & la queue noirâttes ; les jambes & \zi
doigts des pieds de couleur d'eau un peu blanchâ-
tre ; les membranes dont ils font joints , noires.
Cane mouche. Anas mufcarid, Efpèce de canes i
ainfi nommées , parce qu'elles prennent les mou-
ches qui voltigent fur les eaux. Elles font plus
petites que les communes , & ont le bec large &C
pointu ; le deffus eft prefque tout Jaune , & d? la
longueur de deux travers de doigt.' Il eft dentelé
de part & d'autre comme une fcie. Les dents de la
cane mouche fon flexibles &: membtaneufes : celles
d'cn-bas font plus petites que celles d'cnhaut. La
couleur du pennage approche de celle de la per-
drix. Ses pieds font Jaunâtres , & les doigts en font
joints par des membranes noires. Son cou eft diverffîé
deffus & deifous de la même manière que le pennage.
Le fommet de la tête eft plus noit que les auttes
pat ties : la même couleur règne fur les aîles. Sa queue
eft ttès-courte.
Cane de Guinée. ( Grosse) Cette £vi;ze eftcourt-Join-
tée. Le mâle a la tête plus grande que la femelle.
Leurs couleurs font très-différentes , & elles n'ont
point de pennage conftant : communément elles
font noites , & mêlées d'autres couleurs diverfes.
Leur bec eft crochu par le bout , court &: large.
Elles ont une ctête ou tubérofité rouge entre les
deux yeux fur la tête , qui eft groffe comme unei
cerife -, & autour de leurs yeux elles ont du même
rouge, qui paroît comme fi c'étoit du cuir.
Cane haute sur ses jambes. Anas altis ou louais
cruribus. Son bec eft aigu , partie noir , & partie
rouge : fon cou environné d'un cercle blanc. Le
derrière eft d'un cendré blanchâtre. Son venttc eft
blanc , fes aîles ttès-larges. Les quatre dernières
grandes pennes font noires de part & d'autre ,
celles du milieu blanches, les autres noires ,& ont
les extrémités blanches i hormis un peu de noie
8
C A N
2-0
qu'elle a par en-haut. Ses j.uiibes font menues ^ i
plus hautes que celles des autres ; les pieds ik leurs
membranes lont blancs. .
Cane du Caikw Jrias Cainna. L'on voit au Caire
des canes qui Ibnc beaucoup plus grolles que les
nôtres. Le mâle , plus gros encore que la femelle ,
a fon bec fort gros , proche de la tète , & un tu-
bercule i il finit en pointe infeni.blement , & elt
courbe par le bout , comme celui d'un coq. 11 clt
tout noir , excepte à l'extrémité où il a une tache
rou^^e aifez grande , &c une petite par en-haut qui eit
d'un rou-e^-lus pâle. Sa tête ell noire & huppée.
. Le commencement de fa gorge eft tache de petites
marques blanchâtres. Ses yeux lont jaunes de tra-
verfes de quantité de petites veines tres-rouges.
La plus grande partie- de Ion pennage elt noir.
Les plumes de fon dos font noires au commen-
cement ôc au milieu , &c vertes à la fin. L'on aper-
çoit auin dans fes aîles & dans la qucue quelques
plumes verdâtres & une ou deux blanches , qui
compofent une tache. Ses jambes & les pieds , qui
font robuftes , font châtains.
La femelle eft plus petite que le malc , & a le
bec moins élevé. 11 y a fur le haut une ligne blan-
che & rouse , qui eft allez large , & la tache qui
eft rouge au mâle , eft cendrée à la femelle, &
mêlée toutefois d'un peu de rouge. Le refte de ion
bec eft d'un noir cendré, hormis deux taches olan-
ches faites comme un C. Sa rête eft noire & lans
huppe. Sa poitrine l'eft pareillement ; elle eft auili
femée de taches blanches. Ses taches lont plus
verdâtres que cejlcs du mâle , & elle en a deux
blanches. Le refte eft entièrement femblable aux
mâles. • , , y-
II y a encore plufieurs efpeces de canes , lur-
tout en Allemagne , qui différent principalement
par la grandeur\ la groilcur & la figure de leur
bec , & la diverlité de leurs couleurs : qui n'onr
point de noms particuliers , au moins en notre
langue.
SO" CAm-Petiere. f. f. Ce n'eft point un oifeau aqua-
tique , comme le difent les Vocabuliftes ; & il n'a
aucune relfemblance avec la cane. C'eft un oifeau
de campagne , une efpèce particulière de poule ,
de la grandeur d'un faifan. On l'appelle auHi cane
terrefirc. Elle a encore d'autre's noms en diffcrens
pavs. On la nomme en Larin Anas campefiris , ou
pratenfis. Elle court avec tant de vitelfe qu'un hom-
me ne la peut fuivre. Elle eft délicieufe à manger ,
comme le faifan. Elle fe nourrit de toutes fortes
de «crains , de fourmis , de faurerelles , de mou-
ches'', & de froment , lorfqu'il eft en herbe. Sa tête
eft femblable à celle d'une caille, fon bec à celui
d'une volaille, le tout à proportion de fa grofleur.
Elle fe plaît dans les plaines , & n'a que trois
doiiîts aux pieds , non plus que l'outarde & le plu-
vier! La racine de fon pennage eft rouge comme du
fang, ce qui pourroit la faire prendre pour une
efpèce d'outarde.
On l'appelle cane-petiere , parce qu'elle le tapit
comme la cane. On dit proverbialement d'un hom-
me foupçonneux , qu'il fait la cane-petiere.
CANEE. ( La ) Ville de l'Ile de Cajidie fur la mer. La
différence des méridiens de Paris &: de la Canée
eft de i^' 17' 3o",c'eft-à-dire,que la Canée eft plus
orientale' que Paris de ii'^ 51' 30". P. FeuillÉe.
Acad. 1701-. p, 10. Mém. La hauteur du pôle eft
à la Canée de 5 1" 18' 45"- 1^.
CANEFICIER. f^oyei Cassier.
CANE, rofeau.
CANELADE.
CANELER.
CANELLE.
CANNE.
1 CANNELADE.
^''y'I s CANNELER.
CANNELLE.
CANELURE. FoyeT Cannelure.
CANENTE. f. f. C'eft le nom d'une Nymphe que la
Mythologie nous apprend avoir été l'époufe de
Picus , Roi de Laurentum en Italie , que l'enchan-
C A N
terCife Circc changea en Pivert. Elle ctok fille de
Janus & de Vénilie. Canente, qui l'aimoit tendre-
ment , en mourut de douleur , & laifla fon nom , dit
Ovide , au lieu où elle expira. Elle avoir tiré fon nom
de la douceur de fa voix.
CANtPHORE. f. f. Terme de Mythologie. Jeune
fille qui dans les facrifices portoit une corbeille ,
dans laquelle étoit tout ce qui étoit néceffaire aux
facrifices. Canephora. Ces corbeilles étoient ordi-
nairement couronnées de fleurs, ou de myrte, Ê-c.
Cela s'obfetvoit fur-tout dans les facrifices de Cérès.
Un des beaux ouvrages du Sculpteur Scopas étoit
une Cancphore. Pline , L. XXXV, c. 5. Dans ces
fortes de cérémonies la Ca/zc/'Aore marchoit la pre-
mière -, le Phallophore enfuite , & le chœur de
Mufiqi;i: les fuivoir. Dans l'incomparable Cornaline
du Cabiner du Roi , qu'on appelle le Cachet de
Michel-Ange , il y a trois Canéphores , qui por-
tent leur corbeille fur leur tête. Les Canéphores
étoient toujours des filles de condition , comme
a remarqué Bifet fur Ariftophane. Lyjiji. Après la
Cancphore , fuivoir une femme qui lui porroit un
parafol & un fiége. C'eft Ariftophane &; fon Scho-
liaftc qui nous l'apprennent, o fv.c. v. 1550.
CANÉPHORIES. f. f. pi. ou adj. pris fubftantivement
Offrande d'une corbeille. Ce n'eft point une fête ,
comme un de nos Auteurs l'a dit 5 c'étoit une cé-
rémonie qui faifoit partie de la fête que les'jeunes
filles célébroient la veille de leurs noces. Cette
fête s'appeloit Protélies , uporixiix. Les cérémonies
de cette fête étoient de plus d'une forte , comme
on le dira au mot Protélies. Celle dont nous
parlons ne fe pratiquoit qu'à Athènes , & confiftoit
en ce que la fille conduite par fon père & fa mère
alloit à la citadelle où étoit le temple de Miner-
ve , & lui portoit une corbeille pleine de préfens,
> pour l'engager à rendre fon mariage heureux ■■, ou
plutôt, comme difent le Scholiafte de Théocrite
fur l'Idylle II dc Lutatius fur le 11^ Livre de la
ThéBaïde de Stace , c'étoit une efpèce d'amende
honorable qu'elles alloient faire à la Déeffe pro-
tectrice de la virginiré de ce qu'elles abandon-
noient fon parti ,^& une cérémonie pour l'appai-
fer , & détourner fa colère , de crainte qu'elle ne
verfât des malédictions fur leur mariage. Meurfius
a ramafle une partie de ce qui regarde les Caj.é-
phories dans fon V' Liv. des Fériés des Grecs au
mot nPOTEAEiA. Foye? encore fur les Canéphores
& les Canéphories Ariftophane dans les Oifeaux ,
V. 1550. Dans les 'e.'x.y.x-wix'itimti -, v. 717, & dans
Lyjiflrate , v. 647 , fon Scholiafte , & les Notes de
Bifet fur ces endroits.
CANEPIN. f. m. Pellicule très-mince qu'on lève de
dellùs la peau de mouton après qu'elle a été quel-
que peu dans la chaux. Sitmma avis ciiticula. C'eft
ce qui répond à ce que l'Anatomie appelle dans
l'homme épiderme. '%fl Les Chirurgiens s'en fervent
pour efluyer leurs lancettes, fi la lancette par fon
propre poids perce le cannepin tendu fur les doigts,
fans faire aucun bruir, c'eft une preuve qu'elle eft allez
pointue & tranchante. Le Cannepin le plus mince ,
le plus blanc & le plus doux au toucher eft le
meilleur. C'eft de cette peau qu'on fait des éven-
tails , & des gants de femmes qu'on appelle autre-
ment s,ants de cuir de poule. On appelle aulTi ca-
nepin , une petite pelure bien déliée qu'on prend
au dedans de l'écorce du tilleul, ou du dehors de
l'écorce du bouleau , dont les Anciens le fervoient
pour écrire.
IfJ- CANES, port de France, en Provence , avec une
petite ville & un Château fur la côre de ia mer
méditerranée près de l'Ile de Sainte M;=rguerite.
CANESSE de More. f. f. Sorre de foie o^e les Hol-
landois apportent des Indes Orientale^;. ,
CANET. f. m. Le petit d'une cane. Quand le Cure ■
vit qu'on le voulcit bouter en la boîte aux cail-
loux, il fut plus elbahi que ung cojzet. Cent nou-
velles nouvelles. Le mot e/t caneton.
ê2" Canet , petite vUle de France, au Comte de
*^ '^ Rouflillon
4
C A N
Roiirnilon , près de la côte de h mer Méditerranée.
Il y a aii/Iî un bourj; de ce nom en Provence.
CANLTil.LH. r.f. yoyc^ Cannetille.
ifT CANETO, petite ville d'Jtalie, au diichc de
M.inroi.v , fur l'Oi^lio , entre Maïuoiie & Cre-
nK>nc.
CANtTON. f. m. Diminutif, fignifîe la même choie-
que canct , & ell plus en ui'ai,^e.
La harhotio'u nuiint petit caneton. P, du Cfrc,
CANETTE, i: i. Petite cane , ptcanette. Anaticula.
Voyez Orcanhtte.
Canette, (". K Terme de Rlalun , qui fc dit des petites
canes qui fe reprcfentent comme les meileitcs,
avec les aîles fuTccs , le bec & les jambes mutilées :
c'ell-à-dire (.[u'illes n'ont que la moitié de leur
bec <ik: la moitié de leurs jambes, Anaticula: pedibus
uc rojlro mutile».
Canette ou Cavette. T. f. Petit pot, qui fert à
mettre des liqueurs. Ceux qu'on fabrique en Hol-
lande font de terre s & ceux de Erancc, font d'étain.
Canette, i". i. Nom d'un jeu , &c d'un globule ou
d'une petite boule avec laquelle on joue ce jeu.
La Canette efl: un jeu fort en u/age en Jireta!.rnc
& en Anjou. Ce jeu conlifte .à prendre une c^/wlv/i?
ou petite boule entre le pouce & l'index, &: a la
pouill-r avec l'index ou contre la cunette d'un autre,
ou contre une pièce de monnoic h'eliéc en rerre.
Quand on attrape cette autre canette^ ou cette
pièce dcmonnoie, on gai^ne. Il y a plu/îeurs ter-
mes particuliers à ce jeu. Alpha, efl le lieu d'où
l'on commence à jouer. Pont , c'eO: la pièce de
monnoie fichée en terre. Tuer , c'efl toucher avec
ia canette celle de l'adverraire. Grogner , c'cft en
poullànt Ta canette avec le doigt , avancer le poi-
gnet : cela s'appelle au/îl poigneter. Kotrou , mot
que los joueurs difent avant que de jouer. Quand
celui qui joue le dit le premier, il a droit d'oter
tout ce .qui pourroit l'empêcher de jouer, comme
les pailles, les pierres, la terre, &c. mais quand
c'cftles autres, il ne peut plus Je faire. La canette
s'appelle .1 Paris Cobiile.
CANi: VAS. /: m. Grolic toile & ferrée dont on fe fert
pour doubler les pourpoints & les corps-dc-jupe ,
pour les tenir en état. Tela cannabina.
Ce mot vient de cannabaceus , qui a été fait
de cannabis. Ménage. A Lyon on appelle encore
Marchands Canabajfiers , les Marchands de groife
toile. t)n a dit autrefois C'a/z/v^/^. Il fe jrouve dans
les Adfes de Saint Eranc^ois de Paule , Acla SS. Apnl.
Tom. I , p. i-yi , E.
Canevas. Gro/fe toile qui fert à couvrir des ballots.
Cette toile s'appelle communément ferpillière , &
non canevas.
Canevas, efl: une toile groiîc- , mais fort claire, &
tiffuc fort régulièrement eu petits carraux , dont
on fj fert ordinairement pour faire des ouvrages
de tapifferie.
C A N 2 0 <;
CANEVA.S.S1ERL f. & adj. f. C'cll une des qualuvs .
. ou titres , que 1 on donne aux Marchandes Li,VM-r •s
N.phon au Japon , dont la Capitale efl Kanalav i
a(k/, près de \X mer de Corée '
CA NGETTE. f! f; Son. de petite <ergc qui (b fiibri.pe
ci.ns quelques endroits de la liaHl-Norinandle ,
"u ixtie erolFj a pris
dt
p.nueulierement à Caén, d
Ion nom.
Quoi qu'il en foit , fans autre apprenti [faire
L'aiguille en main , je me mets a l'oiiyra^'e ;
Du canevas que j'avais en partage
En quatre coups je couvris un quartier ;
Clerc de Notaire , ou même de Greffier ,
En moins de temps n'aurait rempli j'a page.
On appelle figurément canevas fj;3- les paroles
qu'on fait d'abord fur un air, fans avoir égard au fen,
& pour repréfenter feulement la mefure & le nom-
bre des syllabes que l'air demande, Se qui fert de
modèle pour faire d'autres paroles fuiv'ics. Faire un
canevas fur un air. On le dit auflî des paroles-
fuivics qui fe font fur un air, d'après un modèle ou
fans modèle.
f}Zt Canevas fe dit encore figurément du premier
projet de quelque ouvrage d'efi5rir,d'un poème, d'un
Roman, ô-c. Argumentum, mater ia fcribendi. J'ai (iu
Canevas pour dix Sonnets contre les Mufcs, difoit
du Lot. Mczeray a fait le Canevas du Dict. de
l'AcAD.
Jfvr/ie II,
de Naples , dans la l'nncipauré citcrieirc;.
CANGIEK. V. a. Vieux nuu , change,; Cun^.our
Oi.uigeur. "
CANGE:f m. Eau de tiz épaiffc. Le déjeuné d.-s ,,ri-
fonniers nous qui (but dans l'in(,ui/Ition de Goa . ( ft
ordinairement du cange. Voyages de Ddlon , t'orne
z. cliap. -7 1 , p,,„. 48.
CCT CANGIVOUKAN. Ville de El pr.iqu'île d»
1 Ind,, , d'en decA le Gang.:, au Royaume de Carnatc',
aux confins de celui de Gin'M
CANGOXIMA. Nom d'une Ville m.ririme du Japon
CANGOXIMAIN, AINE. f. m. & f oui c(è do
^^n\^<>MmA Cang,xun.inus , a. Q,.eK,ue bonne dif-
pol.tion qu 11 y eut dans Eefprit des Cm^oximains
au regard de 1 1.vangile , les nouveaux E.'lirs eino-
cherent les idolâtres d'avoir commerce avec les Mif-
lionnaires. lioniioimv.
CANGRJ-.NE. Koye^^ GANfiiiÈNE.
'K '^^'^^k','^'" '''■''^'-" ^'"^" ''^" 1^ 'rurquie en Al.e .
dans la Natolic.
CO' CANGRI ( le pays de ) contrée de la Natolie m
commencement de la cote Méridionale d- h Mr
Noire. Cangria en efl: la Capitale,
rr CANGRIA. Ville de la Turquie en Mv.- d.ms h
Nat,>lie, dans la Province de Bulii, avec un
Archevêché Grec.
CANGIJE. f. f. Infiniment de fupplice en ufage à la
ChiiK-, il efl compoféde deux planches larfes HC
cpaiifes, pe/ant julqu'a 100, livres, & échancrérs
au milieu. On les joint enfemble après qu'on y a
infcrc le cou du coupable. Cj iiipplice efl infamau'c
comme le carcan en France. Le P. DiniAEur,
CANI. r. m. Mcfure des Malabares aux Indes. I.'e Riji
de fiingy a accorde quatre canis de terre aux M'f-
/lonnaires François. Je ne fais ce que e'cfl préciré-
ment que cette mcfurc, mais il paroït (ju'ellj nvit
pas griinde,
CANIART. f. m. Autrement Colin, ou Gri,:ut. C'efl
un oifeau de mer, mais qui félon , lijion, né frc-
quenr,- pas la mer Méditerranée comme l'Océan.
Il n'cfl p is plus grand qu'une moyenne oie , qiioi-
qu il paroiffc plus gros , à caufc qu'il e/t chargé de
plumes. Le champ de fon pennage efl gris , sfc' fl
pour cette raifon qu'il a été appelé giifu't. Ses pieclî
font femblables à ceux d'une cane', mais il ne fiic
pas le plongeon. Sa tète efl groffe comme celle d'un
aigle royal •,• Se fon bec comme celui cVm plon-
geon de mer. Il a l'entrée du gofier fort large ■
auffi avale-t-il de gros poi/n)ns. Sa quei*-- cil
ronde , & ne padé pas les aîles. Il vole long-
temps, de fuit les Dauphins, pour recueillir lés
morceaux de poiffons qu'ils laifJl-nt fur mer en Us
dévorant. Lorfque le caniarl efl fur terre , il corn t
au/ri vite que s'il n'avoir jias les pieds plats. Sa chiir
n'efl p^^ délicate , ni de fort bon goiit. Il ne fbic
pfiiir l'ordinaire que deux petits.
CANfCA.f.f. Sorte d'épicerie qui croît dans l'île de
Cuba. C'efl une efpt'-ce de cannelle fauvae'c, mais
dont le goiit approch:- plus du clou de giro'^e que
. de la vraie cannelle. On s'en fert aufli dans la Mc-
df-cine, où on la fubflituc à la cafF,-.
CANICHE, f. f. On appelle ainfî la chienne femelle
du barbet , parce qu'elle va à l'eau après les
canards.
ffl' CANICIA. Province ou contrée d'Afrique en Bar-
barie, entre Alger & Tunis.
^ CANICIDE^f,m.fcdit d'uac»diiredfion anatomi-
Dd
/
2lo C A N
que des diiens vivans. Drclincoiirt s'ed fcrvi de ce
terme dans les Dix-J'ept Exycnences Anacomi.jn.is ,
dans leiquelles il décrit (es canicidcs avec tous Its
phénomènes qui les ont accompagnes. Encvc.
Scr CANICLU. Province de la grande Tartarie , à
l'Occident de la province de Tebetli. Son roi eil
tributaire du ç^rand Kan.
CANICULAIRE, adj. Qui fe dit des jours pendant
lelquels la Cinicule domine , parce qu'elle le levé
& le couche avec le Ibleil-, depuis le 14 Juillet
juiqu'au 15 Août, Canicularls, On dilbiC autre-
fois les jours caniculiers. Camcrarius a compoic
un bel Ouvrage qu'il a intitule les jours canicu-
La grande année caniculaire , ou la pcriocle
fothiacak, a pour commencement le premier jour du
mois.rAo/A,ou bienle prcmierjour de l'année au-
quel l'étoile du grand Chien parok à ("on lever
hcliaque. Le mot fothis , en langue égyptienne ,
ligniiie chien ; ce qui répond au mot grec Afro^t;».»
ou sr;»5, qui efl un mot éthiopien, c'eft-à-dire ;
Sinus , lélon les Aflronomes. La grande année
caniculaire , ou la période Jbthiacale , ell: l'inter-
valle de 14(^0 ans, au bout de laquelle période
l'année de Perfe recommence au même point de
l'innée Iblaire. Dans la Perfe on a retenu l'ancienne
forme de l'année Egyptienne, d'oii il arrive que
les Equinoxes ne fe trouvent bientôt plus dans le
même mois de l'année , mais fe répètent fucceillve-
ment dans les autres. Inliit. Aftronom.p. ^01.
CANICULAIRE ( porte) ou porte du Chien, c'étoit
( Selon Feftus) une das portes de Rome , où l'on im-
moloit des Chiens de poil roux à l'étoile cani-
culaire , pour faire mûrir les blés.
CANICULE, f. f. Condellation qui a deux étoiles.
Canicula , canicula fiius. L'une eft à la tête, de la
quatrième grandeur. L'autre eft à la ceinture , de la
première grandeur. D'autres appellent Canicule ,
l'étoile feule qui eft à la tête du chien. Elle fe levé
le \6 àt Juillet. Quand le Soleil ou Mars lé lèvent
avec la Canicule , il arrive une chaleur excelllve ,
&: les jours caniculaires commencent. On imprima
' en 1688, un Traité de la Canicule^ & des jours
caniculaires , où l'on dit , après Hipocrate ôc Piine ,
que le 17 de Juillet, que la Canicule le levé, la
-mer bouillonne , le vin tourne , les chiens entrent
enrage, la bile s'augmente &: s'irrite, & tous les
animaux' toml>ent dans la langueur 5c dans l'abatte-
ment -, que les maladies qu'elle caulc le plus ordi-
nairement font les fièvres ardentes ifc continues ,
les dylfenteries , le flux de ventre, la phrénéfie,
la rage -, que les fains doivent manger moins
pendaiat ce temps-là , Si ne rien manger que de bon \
que les malades doivent tempérer par des bouil-
lons rafraichi flans , par la faignee, & par la pur-
gation , la bile qui caufe leurs maladies. ^ZT Com-
bien de rêveries, de chimères qui ne font encore
aujourd'hui que trop accréditées. La canicule ?: les
autres étoiles font trop éloignées de nous pour
produire fur nos corps , ni fur notre fyftème pla-
nétaire aucun effet fenfible ^nousfommes allez fous
pour nous imaginer que la canicule eft chaude &
les méridionaux la trouvent très-froide. Si la ca-
nicule avoir la propriété d'apporter le chaud , ce
devroit être plutôt aux habitans de rHémiCpiière
méridional , qu'à nous puifque cette étoile eft dans
l'Hémifphère méridional , de l'autre côté de l'é-
quateur. Il eft pourrant certain que les peuples
de cet Hemifphère font alors en hyvcr. Les Ro-
mains étoient fi perfuadés de la malignité de les
influences , que pour l'appaifer ils lui facufîoicnt
tous les ans un chien roux. Ce ftcrifice s'appeloir
canarium. Ils ne préféroient un chien à toute autre
vidime, qu'à caufe de la conformité des noms,
ils s'imaginoient que cette étoile choiliflbit un chien
plutôt qu'un autre animal; fuperftition ridicule.
Id. Vo\ei Gaffendi.
Les Grecs l'appellent ■!Tf<,«.im , les Latins antecams ,
parce qu'elle eft proche du grand Chien , mais un
C A N
peu plus Septcnrrionale , ou plutSt , parce qu'elle fj
lève un jour plutôt que le chien, yoyei Chien.
Quelques-uns confondent mal-à-propos cet aftre
avec une étoile fort brillante du grand chien ,
qu'on appelle Sirius , &: que les Grecs appellent ,
comm.e celle-ci , ■xfon.àm. Elles font très-ditfcrentes.
Les Egyptiens commençoient leur année au lever
de la canicule , & la conrinuoient juiqu'au lever
fuivant de la même étoile , ce qui s'appelle annus
canarius^ l'année de la canicule. Ils dilbient
que les chèvres appelées Oryges jetoient un cri,
ou félon d'autres éternuoicnt au moment que la
canicule le Icvoit. Les Ethiopiens failbient le même
conte.
Hygin rapporte que la fable difoîr que la cani-
cule étoir le chien d'Icare , qui avoir été placé
dans le Ciel. On lui failbit des facrificcs dans l'Ile
de Cos où s'étoient retirés les payfans qui tuèrent
Icare \ & dans les Cyclades pour détourner la pefte.
Canicule lignifie audî le temps dans lequel on
fuppore communément que domine cette conftcl-
lation. Durant la canicule , être à la canicule. Acad.
Le mot canicule vient du Latin canicula , dimi-
nutif de canis, qui fignifie un petit chien. Pline
Va-ppelie minor canis, &c Yitnivc canis minufculus.
On peut voir fur la canicule le Czlum Afirono-
mico - poetàcum de Cazlius. Solin, ch. 52. Pline,
Liv, XXIII, ch. z8. Virruve, Liv , IX, cA.j.
Saumaife fur Solin , p. 144, 4195 T^-i-
C AN IDE ou CANIVET. f m. Sorte de perroquer
qui fe trouve dans les Antilles. Son plumage eft
très-beau. Il eft de la grofleur d'un faifan. Il a fur
la tête une toque de plumes d'un rouge vernicil
bordée de plumes de couleur de gris de perles.
CANIF, f. m. Petite lame d'acier fort tranchante,
garnie d'un petit manche, dont on fe fcrt pour
tailler des plumes. Culiellus ,fcalpellus ,fcalpel'um.
^ CANIF ou KNIF. Outil de Graveur en bois
fervant à creufer diffcrenrcs parties de leurs plan-
ches , par exemple , à étrécir des filers que les
burins ont laillcs trop gros. Encyc.
CANIFiCE. f. f. Quelques Droguiftcs de Province
appellent canifice , ce qu'on nomme plus ordinaire-
ment , calfe en bâton , c'eft-à-dire , qui n'cft pas
mondée.
CANIFICIER ou CASSIER. f m. Arbre qui porte
des filiques , d'où on tire une moelle purgative.
t^oyei Cassier , c'eft la même choie.
CANIGOU, (le) Monragne de France, dans les Py-
rénées. Le Canigou eft la montagne la plus mé-
ridionale des Pyrénées, où fe rerminenr les rrian-
gles de la méridienne de Paris. Elle eft plus
haute que les montagnes d'Auvergne , du Langue-
doc 6c des Pyrénées que nous avons obfervées -,
elle eft aulfi plus proche du bord de la m;r ,
d'où elle la voir,n'en étant éloignée que de dix 1 ieues:
la hauteur du Cani'xou au-deifus de la lurface de la
mer mcfuréc en deux manières différentes , a été
trouvée de 1440 toiles, qui font un peu moins
de trois quarts de lieues de hauteur perpendicu-
laire. M araldi, ^cai. .^«J 5c. 1705. Mim. p. 1:^6.
CANIN , INE. ad;. Qui tient du chien , qui a rapport
au Chien.CiîwiVîKi.On appelle un ris canin, celui
qui fait retirer beaucoup les lèvres. Une faim canine,
une faim extrême , qu'on ne peut raifalier.
Denr canine , c'eft une dent pointue , telle que
celle des chiens. Dens caninus. On appelle aulll
les dents canines , deux dents pointues qui font
entre les dents tranchantes &: les molaires , qu'on
appelle auifi dents œillères. Les dents canines font
ainlî appelées , parce qu'elles fervent à rompre 5C
à brifcr les corps durs , ce qui fait que l'on porte
ordinaircmenr fous ces dents les os qu'on veut ron-
ger , à peu près comme font les chiens. Il y en a
quatre , deux à chaque mâchoire -, elles fbnt fîruces
auprès des incilives, une de chaque côré. Elles
fonr épaiffcs, fortes, folidcs, & emboîtées dans
leurs alvéoles comme les incilives, mais plus pro-
C AN
fondement Se plus fortement *, car elles rurpaffent
les autres en longueur. Les dents canines d'enhaut
font nommées czilleres.
Le quatrième mufcle des lèvres s'appelle canin ,
parce qu'il prend fon origine de l'os de la mâ-
choire fupérieure au-deflus de la dent canine , &
va s'inférer à la lèvre inférieure proche l'angle de
la bouche, pour tirer cette lèvre en haut. Dionis.
Cet adjedif n'a d'ufage que dans ces phrafes.
CANINANA. f. m. Serpent de l'Amérique , long d'un
pied & demi , ou de deux pieds ■■, fon dos eft Vert ,
fon ventre ell jaune. Il fuit les hommes fans leur
faire de mal , & fe lai/fe prendre aifèment comme
les chiens ; & c'efl; de-là qu'on l'appelle Caninana ,
de canis , chien. Sa chair cfl en ufage danslepays,
comme celle de la vipère en Europe.
CANINGA. f.m. Arbre qui croît dans les montagnes
de l'Ile de Cuba. Son tronc eft gros & noirâtre
auprès des racines. Son écorce a le goiit de cannelle
, _ & de girofle ; on l'ôte comme celle de la cannelle,
I" & elle eft plus épaifle. Les habitans de l'île de
Cuba^ s'en fervent pour ailàifoiiner leurs viandes ,
& même ils l'emploient en remèdes.
CANIRAM. f. m. Grand arbre branchu , qui croît au
Malabar. Son tronc, que deuxjiomraes peuvent
à peine embra/fer , eft couvert , de même que les
plus grofîès branches, d'une écorce cendrée , blan-
châtre ou rougeâtre. Les petites branches font d'un
vert fale, pleines de nœuds, & couvertes d'une
écorce amere. Ses feuilles fortent de deux en deux
de chaque nœud : elles font d'une figure ronde,
oblongue , & extrêmement amercs. Des nœuds
des petites branches fortent des fleurs difpofées en
parafol, compofécs de quatre, cinq , ou fix pétales,
d'un vert d'eau, pointues , d'une odeur foible, mais
alfez agréable. Son fruit eft une pomme ronde,
\ii\c,dii couleur d'or, dont la chair, quand elle
eft mûre, eft blanclie, mucilagineufe , & couverte
d'une écorce épaiffe & ftiabîe : cette chair , aufTi-
bien que la femence qu'elle contient , ont un goût
très-amer , de même que coûtes les parties de
l'arbt".
fC? CANISCHA ou CANISE. Ville forte de la bafle
Hongrie , dans le comté de Salavar , fur la rivière
de Sala. Canifcha eft le vrai nom.
fer CANISTR.O. Petite ville de Turquie en Euro-
pe, dans la Macédoine, fur la côte de l'Archipel,
près du cap de ce nom. /
Sa racine prife en décoition , ou en infufion ,
eft^cathartique , bonne pour les fièvres pituiteufes ,
pour la colique, les tranchées, & les cours de
• ventre , &c. Son écorce pilée & paîtrie avec de
l'eau dans laquelle on a fait tremper du riz, ar-
rête les didenteries billieufes. Le fuc exprimé de
fes feuilles , pris dans une décoétion, appaife les
maux de tête : mais il produit l'effet du poifon &
caufe la mort , lorfqu'on en boit en trop grande
quantité. Dicx. de James.
CANIVEAUX, f. m. pi. Ce font les gros pavés , qui
étant afîis alternativement avec les contre-Jumelles,
traverfent le milieu d'un ruifîêau , d'une cour , ou
d'une rue.' Une pierre taillée en Caniveaux eft celle
qui eft creufée dans le milieu, pour faire écouler
l'eau.
CANIVET. f. m. Diminutif de Canif. Les Efpagnol s,
pour dire un canif , difentgi:««/i/^/re, du diminutif
cannivet, qu'on dit dans le Boulonnois & dans la
Touraine , au lieu de canif. Dicl. Étim. de Ménage,
au mot canif. Chapelain , quoique Parilîen , s'eft
fervi du mot de canivet , en écrivant à M. Huygens
fur, la cabale qui fe forma à l'Académie Françoife ,
pour empêcher l'cleÉlion de Gilles Boileau.' Il y
a apparence , dit-il, que cet orage fe diffipera bien-
tôt, & que les Mufes retourneront à leurs Mufet-
tes, & rangaîneront leurs ftilets & leurs CiZ/z/zivwi-.
Mélanges de Littérature, tirés des Lettres manufcrites
de M. Chapelain.
Ces mots viennent, félon quelques-uns, de canna ,
qui eft un bout de plume , parce que ks canifs '
C A N
2î I.
fervent â la tailler. Ménage dit qu*il vient de l'Al-
lemand , oa de l'Anglois knife , qui lignifie un petit
couteau. -^
CANNAGE, f. m. Mellirage des étoffes , toiles ,
rubans , &c. qui le fait avec la mefure des longueurs,
qu'on appelle canne.
CANNAIE. f f. Lieu planté de cannes & de rofeaux.
Arundinetum , cannetum.
^ CANNARES. Province & peuples de l'Améri-
que méridionale , dans l'audience de Quito , au
Pérou. Ces peuples adorent le fbleil. Quand' les
Efpagnols arrivèrent dans ce pays, ils trouvèrent
un palais magnifique appelé Thomebanba ouThumi
pampa. Rien ne pouroit égaler la magnificence du
Temple qu'on y voyoit. Il étoit dédié au foleil.
Les portes, ornées de peintures, croient enrichies
d'émeraudes enchafices dans l'or. Les murailles du
Temple, ainfi que celles du palais du Roi, étoient
revêtues de lames d'or. Il ne tefte de tout cela
qu'une fort grande mafure.
CANNE, f. f. Terme de Botanique , qui convient à
quelques genres de plantes bien différens les uns
des autres. Canna , arundo. Il y a la canne ou
le rofeau -, la canne d'Inde , & la canne odorante.
La canne, ou le rofeau, eft un genre de pianre fi
femblable au chien-dent , qu'il n'y, a que la feule
grandeur des tiges & des feuilles, qui en établi/Te
la différence. Il y en a plufieurs efiièces : celle qu'on
appelle canne commune , arundo vulgaris , ou val^
latoria-, a fa racine noueufe , qui s'étend ça & là*
La tige croît à la hauteur de douze ou quinze pieds:
elle eft de la grolfeur du doigt , creufe & pleine
de nœuds. De chacun de ces nœuds fortent les
feuilles 'qui enveloppent prefque la tige , & qui font
roides , un peu âpres , larges de deux doigts , &:
longues d'un, pied .«^ demi, & veineufcs. Au bout
des tiges naiffent les fleurs par paquets , compofées
de plufieurs filets, qui forment une chevelure molle,
de couleur de pourpre, qui devient cnfuite cen-
drée , & que le vent emporte. Elle proît dans
les eaux dormantes , & aux bords des rivières. On
s'en fert en divers endroits pour couvrir les maifons,
pour faire des cloifons , des échalas , & à plufieurs
autres ufages. Il y a une efpèce de canne, qu'on
appelle arundo fcriptoria, doni les Anciens fe«fer^
voient pour écrire , & dont fe fervent encore au-
jourd'hui les Arabes , les Perfans , les Arméniens ,
les Grecs & les Turcs. Il y en a une autre efpèce
qui eft appelée arundo fagittalis. Les Tartares &:
les Afiatiques s'en fervent pour faire des flèches &
des dards. On en porte des Indes d'une forte qui
eft fouple & flexible, dont on fait des corbeilles,
& d'autres beaux ouvrages. On en porte aufîi qui
font fermes & plus grofies , qui fervent à faire des
bâtons pour s'appuyer. Le bambou eft une efpèce de
canne. Voyez Bambou.
La canne qui porte le fucre croît ordinairement
de la hauteur de cinq , fix , ou fept pieds , & de la
grolfeur de deux pouces en circonférence : elle eft
divifce par plufieurs nœuds, qui font éloignés de
quatre ou cinq pouces les uns des autres. La tige
poufle de longues feuilles vertes , touffues, du mi-
lieu defquelles s'élève la canne , qui eft aufîî
chargée en fon fommet de plufieurs feuilles pointues,
& d'un pennache dans lequel fe forme la femence.
Elle eft remplie d'une moelle blanche , & fuccti-
lente, de laquelle on exprime cette douce liqueur,
dont fe forme le fucre. Arundo faccharifer a.
La Canne d'Inde ou CannAjcorus , eft une autre
forte déplante, dont il y a aulfi plufieurs efi^èces.
Celle que les Botaniftcs appellent arundo Indica
latifolia , ou cannacorus latifoUus vulgaris , a une
tige noueufe , de la hauteur de deux, de trois, &
quelquefois de quatre pieds. Ses feuilles fonr gran-
des , roulées comme des cornets de papier , lorf-
qu'elles commencent à fortir : elles fe développent
enfuite , paroiffent fort amples , membranenfes, un
peu pointues , ayant beaucoup de veines qui les tra-
verfent obliquement, Au fommet de la tige font
Ddij
a 1 2 C A N
les fleurs fembhbles à celles de gkyeul, d'une foit
■belle couleur rouge-brun , arrachées à un bouron
velu , lequel , après que les fleurs ibnr tombées ,
s'au£?mente , & devienr triangulaire , & comme
épineux. La Temertce eft contenue dans ce bouton :
elle eft ronde & de couleur brune , ou noire. Ses
racines font pleines de nœuds &c fort chevelues.
Canne (la) odorante, eft la même plante que le
calamus aromaticus. Voyez Calamus Aroma-
TICUS.
CA^^NE, fi^nifie aufll , un bâton qu'on porte a la
main, fait de ces fortes de bois. Il fert à fe foûtenir
en marchant, & quelquefois pour marquer le
commandcmenr. On les enrichit par des bouts d'ar-
gent , d'y voire , d'agathe , de criftal , ùc.Qt vieillard
eft réduit à porter la canne. Cet Officier a donné
cent coups de canne à un foldat iniblent.
Canne , fignifie encore une mefure Romaine qui revient
à fix pieds onze pouces de Roi. C'eft une mefure
de longueur dont on fe fert en plusieurs villes de
commerce , comme on fait ici de l'aune. Vigenere
dit fur Titc-Live pa^e 1515, qu'à Rome la canne
contient huit palmes , &: que les neuf palmes font
deux aunes de Paris ; & l'aune de Paris étant ,
félon lui , c'eft-à-dire, de fon temps , de 5 pieds huit
pouces , la canne étoit de 5 5 pouces \ de pouce i
c'eft-à-dire, de 4 pieds 5 pouces & ^ de pouces i
ou les deux tiers d'un pouce, qui font 8 lignes. Les
cannes de Provence &; du bas Languedoc font de
huit pans , ou empans qui font 6" pieds 1 lignes du
pied de France. Les c^/znei^ d'Avignon & de Nîmes
font d'un pouce environ plus courtes que celk'S de
Provence Se du bas Languedoc, ha. canne de Tou-
loufe conrient une aune S^ demie de Paris. Il en
eft à peu près de même des cannes des villes du
haut Languedoc & de la haute Guienne.Les cannes
de Gcncs pour les toiles font de dix palmes, ou dix
fois neuf pouces & deux lignes ; celles pour les
draperies font de neuf palmes. La canne de Sicile
eft de huit pans 8c demi. A Naples les mefures s'ap-
pellent ziilVi cannes. Les Hébreux l'appellent At^^A ,
& elle contient chez eux lix coudées. Le P. Mer-
fenne soutient que cette mefure comprend huit
Sieds & un doigt & demi. On l'appelle en plufieuis
eux le rofeau,
flf3- Canne fe dit aufTi de la chofe mcfurée avec la
canne. Une canne de draps , une canne de toile.
Ce mot eft de pluficurs langues, & vient de la
premicie. Nous l'avons pris du Latin canna ^ qui
vient du Grec xâwtt ou K«v»!)uqui avoit été fait de
l'Hébreu njp , kaneh \ & dans toutes ces langues
il fignifie la même choie , calamus , artindo , un
rofeau, une canne.
Canne , en termes de Verrerie , eft une verge de fer
percée d'un bout à l'autre comme un tuyau , dont
on fe fert pour fouffler les bouteilles & autres ou-
vrages. On appelle le mors de la canne, une épailfeur
de fer qui eft au bout d'une des extrémités de la canne
en forme de mors de cheval. Et bauquin de la canne,
le bout oppofé au mords , que l'on met fur le bord
des lèvres pour fouffler le verre.
En Poélie on appelle canne de fer , ou d'acier ,
le canon d'un fufil ou d'un moufquet.
Quel bridt ! la foré: embrafée
S'ocre à mes regards alarmés :
D'une canne d'acier creufée
Cent nouveaux Chaffeurs font armés.
Du fouffre bruyant qu'elle cn-che^
Au gré du doigt , le feu détache
Un plomb qui part avec l'éclair î
On dirait que l'art téméraire
A fait l'homme dépojitaire
De la foudre de Jupiter.
^ Canne à vent. Terme de Phyfique. Efpèce de
canne creuie intérieurement , par le moyen de la-
quelle on peut, fans le fecours de la poudre, chafTer
une balle avec violence. Elle n'a point de crolTe
C AN
ni de détente , comme l'Arquebufe a vent, yoyef
ce mor.
Canne. Terme de Monnoyage & de fondeur. C'eft
une longue tringle de fer, en manière de canne,
dont on braffe les métaux , quand ils font en fuiion,
à la réferve de 1 or.
CANNE-PETOIRE, f, f. Foye^ Clifoire ou Cano-
niere.
CANNEBERGE, f, f. Oxycoceus, ou Vacerniapaluf
tris. Plante qui croît dans des endroits marécageux.
Ses racines font vivaces , menues , fîbreufes , rou-
geâtres, ligneufes & rampantes, d'où partent plu-
lieurs tiges menues comme des fils, inclinées contre
terre , chargées de feuilles alternes , aiTez femblables
par leur figure à celles du ferpolet , vertes en deifus,
blanchâtres ou cendrées en deffous , & foutenues
par des queues très-courtes. Ses fleurs naiifent au
nombre de deux ou de trois à l'extrémité des bran-
ches. Elles font purpurines, compofées de quatre
pétales , longues de trois lignes, fur deux dé lar-
geur , réfléchies fur leurs parties poftérieures. Les
étamines & le piftil qui occupent le centre de cha-
que fleur , forment une efpèce de petite pyramide
jaune. La bafe du piftil joint au calice devient une
baie fucculente , grofle comme un pois , blanche 6c
teinte de rouge , pointillce te divifée en quatre
loges qui renferment plulieurs femcnces arrondies
& menues. Ce fruit eft aigrelet & bon à manger.
Il eft mûr en Août Oxycoceus coccus acidus y
comme qui diroit une baie acide.
CANNELADE ou CANELADE , f. f. Terme de Fau-
connerie. C'eft une forte de Cuiée que préparent les
Fauconniers pour le vol du héron, avec du fucre
de la cannelle & de la moelle de héron, qu'ils
donnent à leurs oileaux pour les rendre héronniers,
& les échauffer à ce vol.
CANNELAS ou CANNELAT , f. f. Morceau de can-
nelle entouré de fucre , qui forme une efpèce de
dragée. Cajia faccharo condita.ht inz'ûitnt cannelas
eft celui de Milan.
,CANNELER ou CANELER. Terme d'Archite^îture.
Creufer, tailler de petits canaux, au fût des colon-
nes , des pilaftres , des confoles , des gaines , des
termes, &c. Striare. Il faut canneler les colonnes
pour les faire paroître grofles.
On le dit aulfi des petites cavités en rond qu'on
fait dans des triglyphes , & dans tous les autres
ornemens d'Archireélure. Stria , canalicutus.
CANNELE , ÉE. Part. Qui a des cannelures , Cana-
liculatus ., jiriatus. Une colonne cannelée ècacnh^-
tonnée eft bien plus belle que toute unie.
ffJ' Cannelé, dans les arts méchaniques, fe dit de
tout corps auquel on remarque des cavités longitu-
dinales & femicirculaires , ou à peu près, foit que
ces cavités aient été pratiquées par la narure , foie
qu'elles aient été faites par arr. Un fufil cannelé ;
une tige de plante cannelée.
En teinture, on nomme cannelé, ce qui eft de
couleur de cannelle, Color cajlam rcferens.
0Cr Cannelé , en anatomie , corps cannelés. Voye:^
Stries & Cerveau.-
tfT Cannelé , f. m. étoffe de foie. C'eft un tiffu de
foie comme le gros-de-tours & le taffetas , à l'ex-
ception qu'on lahfe oifîve une des deux chaînes
néceffaires pour former le corps de l'éroffe , du
côté de l'endroit, pendant deux, trois, ou quatre
coups. Encyc.
§3* Il fe fait des cannelés unis Sc des cannelés bro-
dés foie & dorure.
Cannelé , en termes de Blafon , fe dit des pièces
honorables de l'Ecu , quand les bords n'en font pas
unis , &: quand quelque partie avance en dehors ,
& puis fe tire en dedans. Le cannelé diffère de \'en-
grélé , en ce que l'engrélé a fes pointes en dehors,
& le canmlé en dedans.
CANNELIER ou CANELLIER , f. m. Canellifera
arbor. Arbre dont l'écorce nous eft connue fous le
nom de Cannelle. Sa racine eft branchue , alfez con-
lidérable ; ôc d'une odeur de Camphre. Son tronc
C À N
ëftpius ou mbins gros liiivant Ton agè,&re divire
en plalîeurs branchjs, qui donnent pluiieurs rameaux
longs , droits , lans nœuds , & qui font cliargces
de t'.uilles alternes le plus louvent , oppofées quel-
quefois ; fcmbiablcs à celles du laurier , mais plus
grandes , plus arrondies à leur baie <, terminées en
pointe à leut extrémité , relevées de trois nervures
parallèles $ qui parcourent toute leur longeur : leur
goût eft piquant , & approche un peu de celui de
fon écorce. Ses branches font terminées par des bou-
quets de petites fleurs à cinq ou fix pétales chacune ,
blanchâtres i & d'une odeur agréable. Leurs fruits
qui font renfermés en partie dans une calote à cinq
ou fix pointes obtufes, charnue , verdâtte & picotée
de point blanchâtre: , leurs fruits , dis-je ^ font
ovales , de là figure d'un gland de chêne j verdâtres
d'abord , puis noirâtres dans leur parfaite maturité,
& le bois de cette arbre n'a pas beaucoup de goût ;
il n'y a que l'écorce du inilieu , ou la féconde écor-
ce , que l'on détache des troncs des arbres , qui
n'ont que fix ans i & que l'on fépare de la première
écorce extérieure , qui eft grisâtre. Cette écorce dg;
milieu , qui eft proprement la cannelle , n'eft pas
haute en couleur , ni Ci piquante au goût , ni même
roulée lorfqu'elle eft fraîche ; elle eft au contraire
blanchâtre, d'un goût piquant &: eft platte. Ce h'eft
qu'en fe defîechant qu'elle fe roule , & qu'elle de-
vient plus rouge. Tavernier décrit fort au long la
manière dont les HoUandois tirent la cannelle dans
l'Ile de Céylan, d'où vient la meilleure. Il parle
encore du camphre , que donne la racine dû can-
nelier, par le, moyen de la diftillatiôn, & d'une
huile qu'on tire de ces fruits i qui fc fige , & devient
ferme comme de la cire. Pifon en fait auffi mention
dans ion Mantijfa. Aroiiiatica. Outre le cannelier
de Céylan, on en trouve dans le Malabar deux
autres efpèces qui différent de celui-ci par leurs
écorces bien moins piquantes. On croit qu'une
de ces deux efpèces eft l'arbre du Folium Indicum,
ou Malabatriun des Anciens : feuille qui entre
dans la, Thériaquej Hort. Mdlab. Tome /, &
Tome Vi
CANNELLE ou CANELE^, t i. feéonde Ecorce d'un
arbre qui croît dans les îles de Céylan & de Java,
& en yiilifùii. Cajia, cinnanium , cinnamomum. Il
vient naturellement & fans culture dans les bois ,
comme les autres arbres. Les Indiens ii'en font
pas plus de cas : ih l'appellent corunda. gauha/i.
Cette écorce eft la même chofe que le cinnamome
des Anciens, Le bois de cet arbre n'a ni odeur
ni goût. Sa principale vertu eft dans fort écorce,
laquelle étant récente femble être double : elle eft a
fafuperfîcie grisâtre, & le dedans de couleur ordi-
naire de la cannelle. On la pouroit alors divifer
en deux écorces de différente couleur , mais étant
féchées enfemble , elles font inféparables, & paf- (
fent pour la même écorce , la couleur grifâtre de
la fuperficie , fe changeant en la couleur ordinaire,
à mefure qu'elle Icclie. La cannelle féparée ffaî-
thcmcnt de l'arbre eft plate , peu colorée , prefque
fans goût &: fans odeur; mais elle fe roule en léchant
& prend la figure d'une canne , dont elle porte
en partie le nom , & par l'exaltation de fon humi-
dité fuperflue, elle acquiert uns odeur douce &
pénétrante , un goiit aigu. & piquant. Plufieurs rap-
portent que cet arbre .dépouillé de fon écorce
demeure trois ans à en reformer une nouvelle , qui
fe trouve aufli bonne que la précédente ; inais cela
paroît fort fufpeiil. La cannelle , pour être bonne ,
doit être d'un goût fort piquant & fort agréable ,
& avoir une couleur rouffe &: alfez vive. Ses quali-
tés font d'échauffer , de deffccher , de hâter les menf^
trues & les accouchemens ; de fortifier les efprits , &
d'aider à la di^eftion. Ce mot peut venir dû Latin
canna , parce qu'on nous apporte la cannelle en
forme de canne. Mais le plus sûr eft de tirer ce mot
de l'Hébreu , cane , qui fîgnifie la même cliofe que
calamus aromaticus parmi les Latins. Foye^ Ceil an.
Voici une defcription plus décaillée de'la Cannelle.
GâN
Là cannelle eft l'écorce d'uti arbre qu'on jpeiit appe-
ler Cannelier, Elle eft longue -, mince , foulée ,
d'une couleur rouge brun , d'un goût piquant aro-
matique & fort agréable; La cn.nyiUu fine nou-. vient
de l'Ile de CcyJan 5 & elle eft mince ^ peu haute
en couleur , & comme brûlante au goût. Le gra-
bor de cannelle^ qui â peu de gOÛt j fe nomme
efcavjlîon chez les Epicicrsj Lst cannelle eft dUi
iiombte des drogues qu'on appelle cpices. Les cui- '
finiers la fonr entrer dans plufieurs de leurs ragoûts,
& dans quelques-unes de leurs faUces. Les^^Con-
fifeurs en lardent les fruits qu'ils mettent eri com-
potte. Les Parfumeurs l'emploient- dans leurs pâtes ;
dans leurs paftilles,& dahs leurs poudres de feft-
teurs. Les Médecins l'ordonnenr dans les dévoimcns;
dans les foiblefîés d'eftomac. L'eau de cannelle fe
tire par ladiftillatioh que l'on fait de cette écorce Infu-
fée dans l'eau d'orge 3 dans l'eau-de-vie où dans!
le vin blanc.On appelle eau de cannelle ôrgée^ celle
qui eft tirée avec l'eau d'orge. L'huile de' cannelle
nous eft apportée de Céylan 5 & c'eft une efpèce
tres-précieûf"e > quand elle h'eft point faîfîfice. Quel-
ques gouttes de cette effence peuvent aromatifer des
liqueurs & des cpmpoiitions, auxquelles là cannelle
en iubftance, ou en teihture, ne donneroitpas une
odeur , un goût aufTi agréables*
Outre la canelle de Céylan j noUs avons deux
écorces qu'on tire de deux autres efpèces de Can-
heliers. La première de ces écorces a conférée fon
hom latin de €a£la ligned , & n'eft guère em-
ployée que dans certaine compofîtion de Pharmacie.
Elle eft fort femblable à la tannelU fine , & on né
la diftihguê fûr-^tout , que parce qu'elle eft fort
Vifqueufe dans la bouche , & qu'elle n'a point ce
fec Si ce piquant de la cannelle ; d'ailleurs elle
eft ordinairement un peu phu groflièle , & d'une cou-
leur un peu pliis brui-^^^; A juger du Cinnamomum , &
du Cajjia lignea , cjùe Galieft & Diofcoridé ont
décrit , on n'y Voit point un rapport entier avec
notre cannelle , ni avec notre eajjîa lignea. La
plupart des nouveaux Naturaliftes nient que la Caf-
Jia lignea , foit la féconde écorce du vrai Canne-
lier. La féconde écorce qui approche de la can-
nelle par fa couleur & par fcn goût,- mais qui eft
cependant plus foible, eft zppçléeCantzella Je Matte,
en latin Cannelta minus aromatîcà. Elle nous vient
en morceaux plats , beaucoup plus épais que la
cannelle ordinaire. L'arbre d'où elle eft tirée, fe
nomme Kacoukarva par les Malabarois. Cette der-
nière écorce n'eft guère d'uf;?.ge en Europe , où l'ori
nfe fait cas que de la cannelle fine.
Il y a encore quelques autres écorces auxquelles
nous donnons improprement le nom de cannelle ;
telles font la cannelle giroflée, & la cannelle blanche j
écorces de deux arbres qui n'ont point le carac-
tère de Cannelier. La prerhière , qu'on nomme com-
iiîunémerit cannelle giroflée, où cajfid caryophillata^
( non pas qu'elle vienne de l'arbre du girofle ,:
mais plutôt parce qu'elle a le goût du clou ) eft
fbrt mince , fort caTante , d'un' rouge tirant fur le
violet , roulée l'une fur l'autre , & d'iin goût pi-
quant & Ifotfiatique. Flacourt dit que l'arbre quî
donne fcette écorce fe nomme Raveridfara dans
l'Ile de Madagafcar^ où il eft commun, & qu'il
reflémble au laurier franc. Ses fruits font gros
édmine de petites no'ix vertes '■, ils font arrondis ^
rerminés par un petit nom.bril , divifés en plufieurs
cellules , & ont un goût Zi une odeur agréaible j
aromarique , & qui participe du clou. Cet arbre
croît auffi dans le Brcfîl , & les Portugais nomment
fOn écorce , Cravo de Marenhan , d'où vient le
nom françois , bois de Crabe ou Capèht. Cette
ecorce s'emploie au défaut du girofle , elle en a
la force , lorfqu'elle eft nouvelle , & qu'elle n'eft
point moifie. A Tégard de la cannelb: blanche ,
c'eft l'écorce d'un arbre qui croît en Amérique ,
à la Jamaïque & à S. Domingue. Du Tertre fait
mention de cet arbre fous le nom de bois d'Inde,
ou de laurier aromatique. Il reffemble en quelque
% H
C AN
manière au laurier franc, par fes feuilles qui font.plus
Ibuples , plus lonLçues , moins pointues par leur
extrémité , toujours oppolces deux à deux , &: d'un
goût piquant , aromatique , tenant de la cannelle &
du giroHe , accompagné d'une aftnàion & d'une
amertume qui n'efl: pas défagréablc. Ses fleurs nail-
fent par bouquets à l'extiémitc des biancliçs -, elles
font blanches , petites , compolces de cinq pétales
arrondies. Ses étaraines font blanches , & entourent
un piftil. A ces fleurs fuccèdent des baies groUes
comme des pois , divifées en deux cellules qui
renferment chacune une ou deux l'emences tail-
lées en forme de rein. Cette baie a un goût pi-
quant comme le girofle , & on la nomme par cette
raifon tête de clou , ou poire de la Jamaïque ,
en latin Pimenta , Piper Janiaicenfe. L'ufage que
l'on fait a préfent de ce fruit elt allez confiderable ,
parce qu'il eft d'un goût agréable dans les fauces ,
ôc les Epiciers en compofent leur poivre aflbrti,
La première écorce de cet arbre eO: mince , fort
liHé & jaunâtre ; la féconde eft plus épailîé , blan-
châtre , & d'un goût de cannelle , de mufcade &
de "girofle mêlés cnfemble, Ceft cette féconde écorce
qu'on nous envoie en bâtons plus courts que ceux
de la cannelle fine , roulés cependant tout de même ,
ce qui arrive à cette écorce lorlqu'elle féche. Elle
eft allez lille , 6c les taches qui paroilfent iiir fa
furface extérieure font des veftiges des queues des
feuilles. Elle eft épailfe ordinairement d'une demi-
ligne , ou d'une ligne au plus , jaunâtre en dedans ,
S^d'un goût aromatique. On la nomme cannelle
blanche , cofius en écorce , Canella alba , cojliis
conicojus , & on l'a toujours fait pailer pour le
Corte tFicelteranus. L'aubier du tronc de cet arbre
eft couleur de chair , & le cœur , ou la partie
ligneufe , eft violet , & devient noir d'ébène en
vfeilliflant ; il eft très-dur ,^ &: prend un beau poli.
Cet arbre vient quelquefois aulli gros que nos
noyers. Foyei Piumier , Du Tertre , Pison ,
POMET , DaLE , HeRMAN.
Il y a une autre forte de cannelle dans les Indes Oc-
cidentales , qui vient dans une province qu'on ap-
pelle Sumaca, fituée fous l'Equateur. Ceft un arbre
de moyenne grandeur , toujours chargé de feuilles ,
comme les autres arbres des Indes. Ces feuilles
font femblables « celles du laurier. Son fruit eft
de la forme & de la figure d'un chapeau , & de
la largeur d'une pièce de huit réaies d'Efpagne. Il
eft au-dedans & au-dehors d'une couleur de pour-
pre tirant fur le noir , uni &c poli par-dedans ,
rude par-dehors , d'un goût & d'une odeur auffi
agréables que la cannelle de Céylan, Son écorce
eft fort épaiffe : elle n'a aucune faveur ni odeur
de cannelle. Sa principale force eft dans le fruir ,
ce qui eft le contraire de la cannelle d'Orient. Ce
fruit eft fort utile à plufieurs chofes -, étant mis
en poudre il fortifie l'eftomac , diffipe les vents ,
corrige la puanteur de la bouche : il eft aufll
cardiaque, & donne bonne couleur. On en met
dans les fauces & dans les ragoûts comme la can-
nelle.
IP" Cannelle , fe dit aufTi d'un robinet qu'on met
à un tonneau pour en tirer le vin , en tournant la
clef qui y tient , & qui feit à ouvrir ou à boucher
le partage. Fijiula.
If^" Ceft "encore un morceau de bois creufé qu'on
met à une cuve de vendange , pour en faire fortir
le vin j après qu'on a foulé les raifins, Emijfa-
rium.
ffT Cannelle ouCanellé, fe dit encore de cette pe-
tite cavité , ou cannelure , qui fe voit de chaque
côté du plat de la tête des aiguilles à coudre ou
à travailler en tapifferie. On l'appelle auffi la rai-
lette de raiguille.
^fy Cannelle , fe dit auffi d'un petit couteau dont
la lame eft dentelée comme une fcie , fervant à
faire une petite rainure fur un morceau de bois ,
' dans laquelle on tient l'aiguille avec des tenailles
pour l'y ébaucher, • . •
C A N
CANNELURE ou CANELURE. f. f. Cavité ronde
qu'on tait dans une colonne, le long d'un pilaftrc
ou d'une autre pièce d'architedlure , pour lui fervir
d'ornement. Stnatura. On les appelle autrement
Jiriures du latin Jiriges , les plis d'une robe. Il
y a des cannelures à côtes ; ce font celles qui
font féparées par des liftels de certaine largeur ,
qui ont quelquefois des aftragales , ou baguettes
aux côtés , ou deflbus. Des cannelures avec ruden-
tures : ce font celles qui font remplies de bâtons ,
de rofeaux , ou de cables , ' jufqu'au tiers du fût.
Des cannelures ornées : ce font celles qui ont dans
la longueur du fur , ou par intervalles , ou depuis
le tiers d'enbas , de perites branches ou bouquets
de laurier , de lierre , de chêne , ou de fleurons ,
& autres ornemens qui fortent le plus fouvent des
rofeaux. Des cannelures à vive arrête : ce font celles
qui ne font point féparées par des côtes : elles
font propres au Dorique. Des cannelures plates :
ce font celles qui font en manière de pans coupés
au nombre de feize , comme l'ébauche d'une co-
lonne Dorique. On peut aulfi appeler cannelures
plates , celles qui font crcufées carrément en ma-
nière de petites fàfces , ou demi-bâtons dans les
tiers du bas d'un fût. Des cannelures torfes : ce
font celles qui tournent en vis , ou en ligne fpirale
autour du fût d'une colonne. Cannelures de gaine ,
de terme , de conlble , font des cannelures plus
étroites par le bas que par le haut.
Cannelure & Cannelures , Ibnt auffi des termes
qui s'emploient communément en Botanique dans
les dcfcriptions des tiges &: des fruits de quelques
plantes. Cannelures à "côtes , font celles qui font
féparées entr'elles par des côtes ou plates en defîus ,
ou arrondies en côte de melon. Cannelures à vive
arête , font celles dont les féparations font en
feuillet vif & tranchant.
Cannelure, f. f. Terme de Conchyliologie. Ceft un
canal régulier gravé en creux fur la fuperfîcie d'une
coquille.
Ce mot vient de canal , canalis , parce que
la cannelure eft en effet un petit canal. De-là vient
qu'on trouve dans la bafle latinité canalatus »
pour dire canclé. Il s'enfuir de-là , fi l'étymologie
n'eft point faufle , qu'il ne faudroit point l'écrire
par deux «72, comme fait l'Académie. Du refte ,
on n'en prononce qu'une en parlant.
CANNEQITIN. f. m. Toile de coton blanche. On
l'apporte des Indes.
CANNER. V, a. Dans les lieux où la canne eft en ufage
pour une mefure des longueurs , on dit canner dans
toutes les mêmes fignifications qu'flK«er dans les
lieux où l'on fe fert de l'aune.
CANNES, Cannce , arum. Petit bourg ou village de
la Pouille , célèbre par la grande vidoire qu'An-
nibal y remporta fur les Romains la troifième an-
née de la féconde guerre Punique , l'an de Rome
558. Il ne refte plus que les ruines de ce bourg , que
quelques-uns appellent vi//e. Peut-être qu'il le de-
vint dans la fuite. Tite-Live n'en fait qu'un bourg.
Vicus. ifT Florus dit qu'il n'étoit pas connu avant
la défaite des Romains. Cannœ & pallie i^nohilis
vicus , fed magnitudine cladis emerfit. Après la ba-
taille de Cannes , Annibal envoya trois boiflêaux
d'anneaux de Chevaliers Romains à Carthage. On
appelle aujourd'hui ce lieu Cana defirucla. Voyez
Vigencre fur Tite-Live , page 1755 , au mot
ICr CANNETILLE. f. m. Terme de Broderie. Ceft
ainfi qu'on appelle de petites lames d'or ou d'argent
tortillées. Il y a beaucoup de cannetille dans cette
broderie.' Il s'en fait de ronde & de plate. Quand
la cannetille eft plate & luifante , pour avoir été
Ifeirce entre deux roues d'aciec , on l'appelle
bouillon. ^ , , r, ■
CANNETTE. f. f. On appelle ainfî , chez les fabri-
cans Gaziers, & dans les Manufadures en foie,
un petit morceau de rofeau , fur lequel eft dévi-
dée la foie de la trame dont on fait la gaze.
I
I
C AN
CANNETTES. f. f. pi. Terme de Blafoii. ^eyc^
Canette,
|lCr Canette. Petite ville de l'Amérique méridionale ,
au Péroii , dans la vallée de Guarco , à vingt-cinq
lieues de Lima.
CANNEVETTE. f. f. C'eft une efpèce de mefure dont
on le iert en Hollande pour mettre de la liqueur.
La cannevutte efl: de toutes Ibrtes de continences ,
comme le font nos barils en France ; mais les plus
grandes font ordinairement de ii ou 15 flacons,
CANNL r. m. El'pèce de poiiîbn que l'on tait frire
ordinairement. Oribafo , Med. Cuil. Lib. Il, cap.
^3, en condamne l'uftge, parce qu'il cft ennemi
de l'eftomac & l'ujct à le corrompre.
CANNIBALES. C'eft le nom des peuples qui liabi-
toient les îles Antilles , mais qui n'en poilcdcnt
plus que quelques-unes. On les appelle encore au-
trement Caraïbes. On leur donne encore ce nom ,
parce que ces peuples étoient li carnadîers, qu'ils dc-
voroient les ennemis morts fur le champ de bataille.
Ils mangeoient aulli les prifonniers qu'ils faifoicnt à
la guerre, après les avoir fait jeûner quelque temps.
Ces peuples font aujourd'hui plus doux & plus
civiliics par la fréquentation des François , des
Anglois &: des Hollandois , qui poflcdcnt la plus
grande partie des îles Antilles. On donne encore
le nom de Cannibale fiççurément à ces grands man-
geurs de viande qui avaleroient leuls ce qui liit-
firoit à vingt autres.
fer CANNULE. Inftrument' de Chirurgie. Voyei^
Canule.
go- CANO , CANUM ou ALKANUM. Royaume
d'Afrique , dans la Nigritie , à la fource d'une rivière
qui vient tomber dans le Niger. La capitale qui
ell au milieu des terres porte le même nom. Ce
pays elt peu connu.
CANOBIN. f, m. Nom du principal monaftère des
Moines Maronites. Canobiniim. Canobïn eft fituc
dans un aifrcux défcrt. Il y a environ 15 ou 50
Religieux. Le Monaftère de Canobin eft la demeure
du Patriarche des Maronites , qui eft religieux lui-
même.
Canobin eft un mot arabe , qui lignifie Monaf-
tère. Les Maronites l'ont donné à celui-ci par excel-
lence, parce que c'eft le principal 6c le plus conlî-
dérable des monaftères du Mont-Liban. Tous les
Voyageurs le nomment ainfi.
%fT CÀNOBIO. Bourg avec château ( dont les Vo-
cabuliftes fcnt une petite ville ) au Duché de Mi-
lan , fur le lac Majeur , aux frontières de la Suilfc.
CANOBUS. Terme d'Aftronomie. C'eft le nom d'une
étoile qui eft dans le navire Argo.
GANOE. Vqyei Canot.
CANOI. f ni. Panier que portent les Pêcheurs de
l'Amérique, lorfqu'ils vont à cinq ou lix lieues du ri-
vage pêcher des huitres & des coquillages.
CANOLE , fe dit à Limoges d'un petit pain qui
fe fait avec la plus pure farine , & des jaunes d'œuf.
Panis ex Jimil.i & ovorum viteUis. Les canoles fe
iTiangent au déjeuné.
CANÔLES. Voyei Marcottes. C'eft la même chofe,
félon La Quintinie.
^ CANON, f. m. Ce mot fe dit en françois de plu-
fîcurs choies qui n'ont prefque aucun rapport les
unes avec les autres. Il lignifie non-feulement une
loi, une règle , mais encore un catalogue , une table ,
&c. comme on le verra par les articles fuivans.
fer Canon , fe dit par excellence des paroles fe-
crètes de la Mefle depuis la préface jufqu'au Pa-
ter -, ( ou jufqu'à la prière qu'accompagne la der-
nière ablution , félon quelques-uns) au milieu def-
quelles le prêtre fait la confécration. Arcana di-
'vinifacrificii , Canon Mijfa. Le fentiment commun
eft que le Canon commence à ces paroles , Te
igitiir , dcc. Le peuple doit fe mettre à genoux
pendant le Canon de la MelTe. Du Cange dit qu'il a
été ainfi nommé , quia in eo eft légitima facra-
menti confeclio. C'eft la raifon qu'en apporte Stra-
bus , parce qu'il contient les règles qu'il faut ob-
C A N
^ï^-'
ferver pour offirir le facrifice. Le Canon de la ?,lcr.è
eft trcs-ancien. Saint Ambroile en parle , & l'ap-
pelle Canon comme nous -. il eft preique tout en-
tier , comme on le dit aujourd'hui , dans la litur-
gie de faint Ambroile \ & du temps de faint Gré-
goire le Grand , il étoit tel que nous l'avons : le
vénérable Bède en parle \ Alcuin l'a expliqué. Quel-
ques-uns difcnt, que faint Jérôme, par l'ordre dtl
Pape S. Damalé , l'a mis dans la forme où nous
l'avons : d'autres l'attribuent au Pape Sirice , qui
vivoit fur la fin du IV fiècle : il cft fur qu'il cil
très-ancien , ce qui le prouve parce que de tous
les Saints qui y font nommés , il n'y en a aucun
qui ne foit martyr , & qui n'ait Ibufiert avant que
l'Eglife ait été en paix fous le règne de Conftan-
tin. Le Concile de Trente dit que le Canon de la
Melle a été drcifé par l'Eglife, & qu'il cft com-
pofé des paroles de Jésus- Christ , de celles des
Apôtres & des premiers Pontifes qui ont gouverné
l'Eglife. Tous ceux qui ont traité de la Liturgie ont
parlé du Canon. On appelle quelquefois le Ccinon ,
aciion , quclquefoi-i on l'appelle Secrète, parce qu'on
doit le réciter à voix balte , fans fe faire entendre
des alTiftans.
Quelques-uns croient que le Canon ne finit qu'à
ces paroles : Ccrpiis tiiuni , Domine , &:c. Il ne 1;-
niroit donc qu'à la féconde ablution. Cependant
Gavantus , /Jrtrr. /, tU.XÎU,à'\t:ExpletoCanonc-,
ex aliis omnibus uf]ue ad communionem , eâ veraUA
dicitur Communia. Ce qui montre qu'entre la priera
appelée communia , qui fe dit immédiatement après
la féconde ablution, pendant laquelle fe dit Cor/'Ki-
tuum , Domine , entre la communion , dis je , &C
le Canon , il y a plufieurs choies , Se par conlc-
quent il finit long- temps avant la féconde ablution
&c au Pater , comme on l'a dit. Une remirqus
bien meilleure eft , qu'il eft exprelfément défendu ,
même par le Concile de Trente , de réciter le
Canon à voix haute. Voye^ fur cela les Ouvrages
de M. Languet , Atchevêque de Sens , contre le
nouveau Milfel de Troyes.
Canon. Se dit aulfi d'un tableau , ou carton qui fe
met au milieu de l'autel devant le Prêtre , & qui
contient le Gloria in exceljis , le Credo , les Obla-
tions du pain & du vin , les paroles de la confé-
cration & autres prières que le Prêtre récite en
célébrant. Un Canon en broderie , ou enluminé ,
un Canon de cuivre , d'argent.
Canon. Se dit généralement des Loix & des régies
de la difcipline Ecclélîaftique , & des Décrets des
Conciles. Sacri Conciliorum Canones , fa:rorum
Conciliorum Décréta. C'eft une décifion fur lc> ma-
tières de la Religion, ou un règlement d:'Poiicî
& de Difcipline Eccléfiaftique , fait par un Concile
général , ou national , ou provincial. Canon. Les
Canons des Conciles de Nicée , de Latran , de
Trente, &c. Quelques-uns doutent de la vérité des
Canons des Apôtres , que l'on attribue d'ordinaire
.1 faint Clément. Baronius , Beilarmin , Turrien ,
&. quelques Auteurs , croient véritablement qu'ils
font des Apôtres. Hincmar & M. de Marca, croient
qu'ils font du IP & IIP fiècle, drellés par des Eve-
qaes Difciples des Apôtres, Beveregius eft aulfi de
ce fentiment. Daillé a Ibutenu qu'ils avoient été
frbriqués par quelque Hérétique dans le V^ fiècle.
Il 'eft certain qu'il y en a eu des Recueils fiits en
dii^Icrens fiècles. Denys le Petit , au V fiècle en
fit une plus ample Colledion , & après lui Fer-
randus , Crefconius , Ifidorus Mcrcator. L'Eglife
Grecque compte 85 Canons Apoftoliques , & l'E-
glife Latine en reçoit 50 feulement. Selon UjTcrius,
la première colleélion des Gj/zo/jj de l'Egli le Grec-
que , contenoit feulement ceux du I Concile de
Conftantinople , qui ne s'y trouve point. Il n'y avoic
en tout que 1 6\ Canons. C'eft Denys le Petit , qui y
a'outa les Canons des autres Conciles Généraux,
Il mit à la tête to Canons des Apôtres, qu'il tra-
duifit en Latin. Il finit les Canons Gtccs par le
Concile de Chalcédoine. Il y joignit encote ceux
1 lïj
C A N
du Concile Je Sardiqiie ', & ce\^ des Cortcîles d'A^
frique qui n'avoienc point encore ctc inlcLxs dans
le corps des Canons. Les Proteftans loupcjonncnt
que ces Canons du Concile de Sardique onr été
Jai^riqucs po.;i: augmenter l'autontc du Pape. D'au-
tros tiennent que ceite première CoilccUon des
Canons a été laite en s 85 , & que le Concile de
Conftahtinople , afiemblé fous le Grand Théûdoie
en 581 , en fait partie, 6c n'y a point été a.'oiicé
depuis. On compte quatre principales compilations
des Canons de i'Eglilé d'Clrient , la dernière ctanr
toniours plus ample que celle qui la précède. La
•quatrième contient quelques Canons du il Con-
cile iîéncral de Nicée , 6c c'eft fur celle-là que Balla-
mon'& Zonoras ont £iit des Commentaires.
Caxon. ( Droit. ) Jus Canonicum. Jus Poruificium.
Dans les Gaules, ôc fous la première rare des Rois,
on lliivoit le Code des Canons de l'Egliié Univer-
felle , qui étoient ceux de l'Etoile Grecque. On y
ajouta ceux des Conciles d'Ephclé , 6c de Chalcé-
-doine , &c. mais ce Code ne lé trouve plus. De-
puis , l'EiTlire Romaine lé fervit d'un Code des Ca-
rions, compoic en 510, 6c traduit par Denys_ le
Petit. Les Décrétales des Papes depuis Since )u!-
qu'a Anaflafe , groHifloienr ce recueil. C'eft en quoi
coni'.lloit l'ancien Droit Canonique julqu'au on-
zième fiècle. On l'obfervoit par-tout l'Occident ,
avec les Capitulaires de Charlemagne ; &c l'on n'avoit
aucLuv én;ard à ce qui n'y croit pas compris. C'eft
fur ce fondement qu'on ibutient en France , que
les libertés de l'Eglife Gallicane confiftent .1 ne
pas recevoir tout ce qui s'eft introduit dans la Ju-
rifprudence Canonique depuis cette ancienne com-
pifation , Se à rejeter les Décrétales des Papes ,
avant le Pape Sirice , comme faulfes & fuppofées.
Mais -le Droit Canonique fut beaucoup altéré de-
puis la fin du VIÏI= fiècle jufqu'à la fin du XI^ fiècle.
On y confondit les Décrétales , depuis S. Clément
juiqu'à Sirice , qui jufques-là avoienc été inconnues.
Enrin , la confuiion qu'apportoient les diifcrcnres
colleélions fit penfer à rédiger & à ramaifer un
nouveau corps de Droit Canon. C'eft donc aujour-
d'hui un recueil intitulé : La Concordance des Ca-
nons diÇcordans , qui a été fait en 1 1 5 1 , par Gra-
titn, Moine Bénédidin , des textes tic la Bible,
des Conciles 8-: des fentimens des SS. Pcrcs , liir
chaque matière -, &c non point par l'ordre des temps
& des Conciles, comme la plupart avoient fait avant
lui. Cette compilation fit que les anciennes de-
meurèrent tout d'un coup abolies. Elle cft divifée
en iioi% parties. La première en io3 diftinCl:ions :
k féconde en 5<î caufes , &c la ttoilîème en cinq
diftinilions. La féconde patrie du Droit Canonique
eft compoiée des Décrétales des Papes depuis 1 1 50 ,
jufqu'à Grégoire IX en 1129. En 1297, le Pape
Boniface VIII continua les Décrétales des Papes
julc]iu'à l'on temps. Mais cette dernière partie n'a
pas beaucoup d'autorité en France , à caufe des
différens de Boniface VIÎI , avec le Roi Philippe
le Bel. Le Pape Jean XXII y joignit les Clémentines
en cinq Livres : ce font les Conftitutions de Clément
V, fon prédtceliéur : on y a joint zo Conftitutions
faites par le même Jean XXII , qui Ibnt appelées
Extravagantes , 6c quelques autres Conftitutions
de Tes liiccelléurs. Toutes ces ch-ofes compofent
le Corps , ou le Cours du Droit Canon , que
nous avons en trois Volumes , en y comprenant
les Commentaires. C'eft aujourd'hui la Juriipru-
dence autorifée par le S. Siège , 6c de laquelle
feule on fe fert dans le for extérieur U. contentieux.
La compilation des Décrétales faite par Boni-
face VIII , s'appelle le Sexte. Anciennement les
Conftitutions Eccléfiaftiques ne portoient pas le nom
de Droit, parce qu'il fembloit aux SS. PP. que
ce nom avoit quelque chofe qui relient ttop la
contrainte , qui ne convient point à l'Eglife. Jus ,
félon Feftus , vient de jiifum , commandement : 6:
comme c'eft le propre de l'Eglilc de periliadcr
plutôt par la douceur que de contraindre , ces
C A N
Loix ont été appelées plutôt des Canons , c'eftà-
dire des rt^g/es , que des Commandemens. Cepen-
dant comme elle a fon autorité , kquelle pour
être pleine de douceur n'en cil pas moins puilîante ;
dans la fuite on n'a pas fait difliculté d'employer
le mot de Droit, pour caradférilér lés Loix. Deilys
le Petit a commencé , ôc il a été fuivi.
MM. de Port-Royal fe font avifés de dire Droit
Canoniijue , à caufe du Latin Jus Canonicum : &c
en cela ils ont été fuivis par leurs Sectateurs, &:
même par leiu-s adverfaires ; mais je foutiens qu'il
faut dire Droit Canon, Si leur raifon étoit reçue,
il fj adroit auili dire un Canonique , &c non pas
un Chanoine. Si l'on vouloir reformer notre langue
fur le Latin du fiècle d'Augufte , il faudroit la re-
faire toute entière , 6c dire par exemple , «vec l'é-
colier Limoulin , l'a/me , inclyte , & ctUhre Aca-
dcmie , que l'on vocite Lutéce. Ménage. Mais contre
l'autorité de M. Ménage , on trouve fouvent Droie
Canonique dans les meilleurs Auteurs. M. Du Bois
a fait deux Volumes qu'il a intitulés : Maximes du
Droit Canonique.
Canon de la paix &; de la trêve. C'eft dans
l'Fiiftoire Eccléfiaftiquc un Canon fait 6c renouvelle
par pluHeurs Conciles , depuis le X= fiècle, pour
abolir les défordrcs que caufoient les guerres, que '
les Seigneurs avoient coutume de fe faire entr'eux
pour leurs querelles particulières.
Canons Arabiques. Terme d'hiftoire Eccléfiafti-
quc. Canons que l'on a attribués au premier Con-
cile de Nicée. Canones Aralici. Le refpecf qu'on
a eu pour ce grand Concile a fait paffer fous fon
nom , plufieurs règles qu'il n'avoit pas faites , &
les Chrétiens des derniers fiècles lui ont attribué
toute l'ancienne difcipline de l'Eglilc. C'eft ce
qu'on appelle les Canons Arabiques du Concile
de Nicée. Fleury. Les Canons Arabiques [t trou-
vent dans les Collcéfions des Conciles.
§3" Canons des Apôtres. Colleâion des Canons ,
ou Loix Eccléfiaftiques, qui paroît avoir été taite
en Orient dans le troilième .fiècle. Les Grecs,
comme nous l'avons déjà dit , ont quatre- vingt
cinq Canons fous ce titre : les Latins n'en ont que
cinquante -, les trente-cinq derniers des Grecs ne
font pas conformes à la Difcipline de l'Eglife La-
tine. Comme tout le monde ne convient pas de
l'authenticité de ces Canons, quoiqu'en général ils
foienr fort anciens , nous joindrons ici les remarques
6c les obfervations rapportées par Morcry , d'après
lefquellcs on verra quelle autorité doivent avoir
ces Canons. L'antiquité de ces Canons les rend
rcfpedables. Ils font cités dans les Conciles de
Nicée , d'Antioche &c de Conftantinaaje. Jean d'An-
tJoche , qui vivoit du temps de Jiminicn , les a
inférés dans fa CoUeclion des Canons : Juftinien
lui-même les a cités dans fa fixicme Novelle , 6c
ils furent approuvés dans le Concile in Trullo.
On n'eut pas moins de refpeef en Occident pour
les -cinquante premiers Canons. Denys le Petit,
les mit à la tête de fa CoUeéfion , vers l'an-
née 500. Le Pape Jean II, les mit au nombre de
ceux qu'il envoya en 551 ou 555, aux Evêques
de la province d'Arles , pour Terminer l'affaire de
Contumeliofus , Evêque de Riez. En 5775 les Evê-
ques de France s'en fervirent dans l'affaire de Pré-
textât , 6c à la fin du VIP fiècle. Crefconius les
mit dans fa CoUeélion.
Il y a eu quelque difficulté, tant fur le nombre,
que fur l'autorité de ces Canons. Les Grecs en
comptent communément 85: les Latins n'en ont
icçu que 50, dont même plufieurs ne font p^as
oblérvés. Les Grecs comptent lesço premiers^à
peu près comme nous : mais ils en ajoutent d'autres
dans la pluparr defquels il y a des articles qui ne
font pas conformes à la difcipline, ni même à la
croyance de l'Eglife Latine : Ss. c'eft pour cette
raifon qu'elle rejette les 55 derniers Cd/zoraj , com-
me ayant été la plupart inférés ou falfifiés par les
Héiétitiues , ou Schifmatiques. A l'égard de l'au-
torité ,
C A M
C A N^
âi7
toritc , le Pape Gelife , dans un Concile tenu à
Rome l'an 4945 met le livre de ces Canons des
Apôtres entre les apocryphes , & cela après le Pape
Damalc. Par cette railbn , liîdorc les condamne auiii
dans le partage que Gratien rapporte de lui dans
la XVI' diftindlion. Le Pape Léon IX , au contraire ,
excepte 50 Canons du nombre des apocryphes.
Avant lui , Denys le Petit avoit commencé fon
Code des Canons Eccléiîaftiques , par ces ^o Canons.
Gratien dans la même diftinélion XVI , tapporte
qu'Ilîdore ayant changé de fentiment , en fe con-
trcdifant foi-même , met au - defîlis des Conciles
ces Canons des Apôtres , comme approuvés par la
plupart des Pères , & reçus entre les conltiturions
Canoniques ; & ajoute que le pape Adrien I , a
approuvé les Canons , et recevant le VP Concile
où ils font inférés : mais on peut dire que Gratien
fe trompe , & qu'il prend le 11^ Concile in Trullo ,
que les Grecs appellent fouvent le Vr Concile ,
pour le !<= Concile în Trullo , qui eft véritablement
le VI<: Concile (Ecuménique ou général
Quant à Ifîdore , le premier partage eft d'Ifidore
de Seville , & le fécond eft d'Ifidore Mercator ou
Peccator , félon la remarque d'Antoine Auguftin ,
Archevêque de Tarragone , qui dit que pour con-
cilier ces différentes opinions , il faut fuivre le
fentiment de Léon IX, qui eft qu'il y a 50 Ca-
nons de ces Apôtres , qui ont été reçus , & que
les autres n'ont aucune autorité dans l'E^life Oc-
cideniale. Il eft certain que ces Canons ne font
point des Apôtres; mais ils paroiflent fort anciens,
& ont été cités par les anciens , fous le nom de
Canons anciens , Canons des Pères , Canons Ec-
clé/îaftiques. S'ils font quelquefois appelés & inti-
tulés Canons Apojloliqiies , ce n'eft pas à dire pour
cela qu'ils' foienc des Apôtres : mais il fuffit qu'il
y en ait quelques-uns qui aient été faits par des
Evêques qui vivoient peu de temps après les Apô-
tres , & que l'on appeloit hommes apoftoliques.
L'Auteur des Conftitutioris Apoftoliques , eft le
premier qui attribue ces Canons aux Apôtres. Ils
contiennent des réglemens qui conviennent à la
difcipline du fécond & du troifième fiècle de l'E-
glife. On ne fait pas en quel temps cette collec-
tion a été faite. Il fe peut faire que ce foit en
différens temps : non-lêulement les jo premiers ,
mais les 55; derniers font forr anciens. On a vu le
fort qu'ils ont éprouvé dans les difFérens temps.
Depuis Ifidore , qui mit les jo premiers dans fa
Colleélion , ils ont toujours fait partie du Droir
Canon.
CANONS PÉNITENCIAUX. En terme d'Hiftoire
& d'antiquité eccléiiaftique , ce font d'anciens ré-
glemens , faits dans le Concile de Carthage , où
Féliciflime fut condamné. Canones pcznitenùales.
Ces Canons règlent la conduite des Evêques , à
l'égard des pécheurs pénitens , fuivant les diiférens
dégrés des péchés. Le Décrer du premier Concile
de S. Cyprien fut rédigé en plurteurs articles ou
C<ï;2o;zj , qiie l'on 1 appelés depuis les Canons péni-
tenciaux. Fleury.
Canon eft aurti un Catalogue des Livres Sacrés.
Sacrorum Lihrorum Index. Un tel livre eft apo-
cryphe , il n'eft pas dans le Canon. Le Canon , ou
le Catalogue des Livres du vieux Teftament a été
fait pat les Juifs. On l'attribue à Efdras; l'ancienne
Eglife a fuivi le Canon des Juifs , qui , félon S. Jé-
rôme , ne contenoit que zz livres. Du Pin. Le
dernier Canon des Livres faints , eft celui qu'a fait
le Concile de Trente ; il comprend tous les livres
qui fe trouvent dans les Bibles imprimées dans les
Royaumes Catholiques depuis ce Concile. On doit ,
fous peine d'anathême , recevoir comme livres fa-
crés , comme écriture divine , tous les livres que
contient ce Canon ; & c'eft être hérérique que de
rejeter quelque chofe de ce que contiertt ce Canon.
Ce Canon du Concile de Trente eft tout fembla-
ble à celui du Concile d'Hyppone , tenu en 59^,
& à celui du Concile IIP de Carthage , qui étoit
Tome IL
de quarante-fept Evêques , du iîombté defqiiels éfoit
Saint Auguftin , & qui difcnt qu'ils ont reçu ce
C:tnon de leurs Pères. Il eft aurti fembiableà celuii
d'Innocent I , dans fa Lettre à Exupere.
Les Canons des Evangiles ibnt une efpèce de
concordance faite par Éiuebe de Céfarée , dont
parle S. Jérôme , & que l'on voit fouvent à la tête
des maiiufcrits du Nouveau Teftament & en quel-
ques éditions.
Quelques Religieux appellent Canon le livre qui
contient leurs règles , leurs conftitutions, 6'c.
On appelle encore Canon , le catalogue des Saints
reconnus, 6: canonifés dans l'Eglife. Album SS. quos
agnofcLt Ecclejïa.
Canon Pafckal. Table des Fêtes mobiles , table où
l'on marquoit pour une ou plulieuis années le jour
auquel tomboit la fête de Pique , & les autixs
fêtes qui dépendent du jour de PàqUe. Canon Paf-
chalis. Le Concile de Nicée ayant fixé la Pâqué
au Dimanche qui fuivfoit immédiatement la pleine
lune la plus proche de l'Equinoxe du printemps ^
pour trouver plus aifément le premier jour de la
lune, & enfuite le 14c, le Concile ordonna que
l'on fe ferviroit de l'ennéadécaétéride ou cycle
de 19 ans , parce qu'au bout de ce terme les nou-
velles lunes reviennent à peu près aux mêmes points
de l'année folaire. On croit que le Concile chargea
de ce calcul Eufèbe de Céfarée , & il eft certain
qu'il â compofé un canon paf chai de dix-neuf ans.
En termes de Palais , on appelle Canon emphy-^
téotique , le revenu annuel que doit celui qui a
pris un héritage à bail emphytéotique , c'eft-à-dire ,
pour cent ans. Vecligal anniium ex fun.io emphy-
teutico. Les emphytéotes , qui doivent le Canon
emphytéotique, ont feulement la propriété emphy-
téotique du fief, &'de la chofe donnée à cens ou à
emphytéofe . . . Inftitution au Droit Fr. La rente ou
redevance que l'emphytéote paye au bailleur en
reconnoirtance de la Seigneurie direéle qu'il s'eft ré-
fervée , s'appelle penlîon ou Canon emphytéotique,'
Uid.
Canon , en termes de Guerre , eft une pièce d'Ar-
tillerie , ou arme à feu, faite de fer, ou de fonte,
Torrnentum bcUicum «neiim, Elle eft de figure cy-
lindrique, & creufe pat le milieu. On la charge
de poudre & de boulets , ou de cartouches. Un
gros Canon ordinaire , eft long d'environ dix pieds.
Son noyau eft de neuf pieds. Son aifùt eft long
de quatorze , & fon eflieu de fept. Le diamètre de
fa bouche eft de fix pouces & deux lignes ; l'évent
de la balle de deux lignes. Le diamètre de la balle
eft de fix pouces , & fon poids de trente-trois livres
Un tiers. Le métal eft épais au collet de deus- pou-
ces , & à la culafle de fix. Son métal pefe environ
5(îoo livres. La charge eft de 18 à 20 livres. Il tire
de point en blanc <îoo pas , & tire dix coups par
heure , & quelquefois quinze , & par jour izo.
Son lit doit avoir quinze pieds de large , & vingt
de long pour fon recul. Il faut vingt chevaux pour
le menet. Et pour fervir un canon qui bat en tuine,
dont le boulet eft de 5 (î livres, il faut deux Ca-
nonriiers, trois Chargeurs, & 50 Pionniers. Mais
comme il eft pefant^^Sc difficile à traîner , on l'em-
ploie le plus fouvent pour un afiaut , en le char-
geant à cartouche , afin de battre & de découvrir
de loin , foit pour attaquer quand on fait les pre-
mières approches , foit pour fe défendre en le pla-
çant fur un Cavalier. On ne fait guère à préfent
de canon que de 14 livres, qui ont cinq pouces
& demi de calibre , & dix pieds de long. Les ca-
nons des vaifleaux portent depuis quatre juiqu'à
i,G livres de balle. L'Amiral & le Vice-Amiral ^
font tous montés fut quarre pérîtes roues comme
les affûts des mortiers. On dit que le canon eft aux
fabords , quand il eft mis aux fabords , & qu'il eft
prêt à tirer. On dit qu'il eft démarré , quand il
a rompu les cordages donr il étoit amnriré. On dit
que le canon eft détapé, quand il eft débouché, &
que la tape eft hors du canon. On appelle canon ds
£ e
2l8
C AN
courJîiT, un canon de 35 à 5 4 livres de balle, qui
cft logé fur l'avant de la galère-, pour tirer par-
deillis" l'cpcron. La charge de poudre d'nn canon ,
efl environ la moitié du poids de Ion boulet. Il
faut rafraîchir le canon après une trentaine de dé-
charges , avec deux pintes de vinaigre qu'on mêle
avec quatre pintes d'eau , & qu'on met dans l'ame
du canon , après avoir bien bouché la lumière.
Sans cette précaution , le canon fcroit en danger
de fe crever , ou de s'éventer. Les pièces qu'on
appelle de la nouvelle invenrion , ou à l'Efpagnole ,
ont une concavité, ou chambre au fond de l'amc,
qui fait qu'elles pou/lent plus loin le boulet , &
avec moins de poudre que les autres -, elles font
auHi plus courtes. Il y a des pièces de canons qu'on
appelle folles , parce qu'elles n'ont pas l'ame bien
droite , ce qui efl; caufe que le boulet ne va jamais
droit où l'on vife. C'eft la faute du Fondeur. Il y
a des pièces abfolumenr tortues. Tous les Politi-
ques de l'une & de l'autre Religion , confeilloient
à Henri le Grand de ne plus différer à fe faire
Catholique. Ils lui difoient que de tous les canons ,
le canon de la Mefle croit le meilleur pour réduire
les villes de fon Royaume : ils le fupplioient de
s'en vouloir fervir ; &c à leurs prières ils ajoutoient
des menaces de l'abandonner , & de fe retirer chez
eux , parce qu'ils étoient ennuyés de fe confumer
à fon fervice. Péréfix. Un brave homme qui a de
l'expérience , dit que le canon eft la plus épou-
vantable machine que la rage des hommes ait pu
inventer pour s'entre-détruire , &z n'en va pas moins
droit où il doit aller. Bussy.
Les canons des vaiflcaux font montes fur des
affûts femblables aux affûts des mortiers -, ils font
auffi plus pefans de métal que les canons dont on
fe fert fur terre parce qu'on les charge quelquefois
de boulets à deux têtes. Il y a fept dilférens cali-
bres pour les canons des vaifleaux de France , favoir ,
36 livres de balle, ou 14 , ou 18 , ou iz , ou 8 ,
ou 6 , ou 4 , quand les canons font de fonte •, mais
■ quand ils font de fer , le calibre n'eft que depuis
18 livres de boulet jufqu'à quatre. Suivant l'Ordon-
nance de i(î89, il n'y a que le vaifîcau Amiral, &;
le Vice- Amiral , ceux du premier rang , &: ceux du
fécond & du troilicme , quand ils font commandés
par l'Amiral , Se le Vice-Amiral , ou un Lieute-
nant Général , qui aient tous les canons de fonte
fans aucun mélange de canons de fer. Toutes les
pièces de canons dont on fé ferr en France fur
mer , font ou renforcées , ou légitimes , ou moin-
dres: les renforcées font celles qui ont à la culalfe
plus d'un calibre d'cpailfeur ; les légitimes font
celles qui ont trois parties égales de diamètre-, les
moindres font celles qui n'ont pas le diamètre de
l'ame , ou bien le calibre proportionné à i'épaifîeur
du métal.
Il y a dans l'Artillerie trois genres de canons ^
■ favoir , le canon enrier , que l'on nomme canon
royal & canon de batterie. Il eft fort bon de looo
à 1100 pieds de diftance. Les canons du fécond
genre fe peuvent mêler avec les batteries ; mais
leur vraie fin eft pour ruiner de loin les défenfes,
battant de 11 à 1500 pieds les Cavaliers & para-
pets ; & avec le i & le { de canon , on défend la
fortification , battant de loin les approches , les
batteries, plates-formes Si redoutes de^ l'ennemi.
Le troifième genre eft le plus propre pour les ba-
tailles rangées, c'eft pourquoi on les appelle pièces
de campagne. Elles fonr très-propres pour défendre
la fortification , & particulièrement contre les ap-
proches des ennemis. A ce troiiième genre l'on
peut aufTi rapporter les pièces de Cavalot. Foye^
Cavalot.
Le premier genre Ae canon tiré de 800 à 1100
pieds , perce en terre nouvcllemenr remuée ou fa-
ble repofc, entre 18 &: \i pieds; en terre ferme ,
grafle & raffife, de 10 .à 14 pieds -, en argile battue &
.ferrée , entre 9 & i z pieds -, en terre à potier ou cou-
toy afi^tmie ôc féche , entre 7 &■ lo pieds -, dans les
C A N
rAurailles crcteufes ou de brique nouvellement cuite ,
murailles de tuffe , de tirafîe de plârre , de pierre de
ponce , la balle y entre de 4 à (> pieds , & le plus fou-
vent elle rellbrr toute entière 80 ou 100 pieds en
arrière. Dans les murailles de pierre de marbre bâ-
tard ou de chaux , comme pierres de Namur & au-
tres plus dures , comme carreaux de grais ou pierres
fermes tenant du caillou, ou bien jafpe, la balle perce
entre 5^4 pieds feulement , mais elle poudroie Sc
concade la muraille environ la longueur de trois de
fcs diamètres tout à l'entour au coup ; & en telles
pierres dures la balle s'éclate , fi ce n'eft que le fer
tut extrêmement bon , alors la balle s'aplatit d'ua
côté comme un pain. De la Fontaine.
De toutes les différentes efpèces de canons , le
canon royal eft celui qui tient le premier lieu. Il
porte un boulet de 48 livres péfant , avec 14 livres
de poudre commune. Le canon de batterie porte 5 3
livres déballe, au plus. Le àtvai-canon ou coule-
vrine porte 14 livres de balle -, la bâtarde porte 16
livres , la moyenne 24 5 le faucon 10 livres-, le fau-
conneau 5 liv. Il y a encore d'autres pièces qui ne
font pas en ufage , comme le dragon , le bafilic , la
firène, frc. Idem. Le même Auteur varie enfuite fur
ces noms , &:dit: le gros canon entier , 48 livres de
balle -, le canon de batterie, dit canon royal, 3 3 livres
de balle -, le à.cm\-canon 24 liv. de balle, la coulevrine
de France 1 8 à 20 livres de balle -, un quart de canon
de II liv. déballe-, I de <raK072 6 livies de balle -, i^
de canen ou fouconneau de France 3 liv. ,7 de canon
ou robin de France i livre ^. Un C(z;7o/2' ordinaire
revient à deux mille ccus , fans afîiit,& à 6660 liv.
avec l'affût. M. Pellisson , Lett, Hijior.
L'Abbé de Choify dit avoir vu à Siam un canon
long de 52 pieds & de 180 de baie, qui porte de
but en blanc jufqu'à fept lieues.
Les premiers canons étoient une tôle de fer, pilée,
cerclée &: reliée de fer, dont la forme conique s'é-
vafoit depuis laculafie jufqu'à la bouche. A la Chine
les canons étoient autrefois de bois , &: même de
deux pièces , qu'on unifToit avec des liens de fer.
Ce mot vient de Canone , Italien , augmentatif
de canna , à caufe que le canon eft long , droit &
creux comme une canne. Ménage.
Canon , fe dit aulfi de l'artillerie en général. On a
pris le canon &c le bagage des cnncmis.On dit qu'une
place ne s'eft rendue qu'à la vue du canon , qu'elle
a attendu le canon , qu'elle a fouffert le canon , fé-
lon la réfîftance qu'elle a faite : Ce on dit iîgurément,
quand une chofe eft difficile à obtenir , q-a'on ne
l'aura qu'avec le canon. On dit une lumière de ca-
non. For amen per quod ignis à tergo immittitur. Ca-
non. L'ame du canon. Tormenti cavum , canalls.X) 11
canon renforcé fur la culaffe, Pojlica & extrema.
tormenti pars. L'embrafure du canon. Apertcc tor-
mentis difplodendis fenejlrœ. Un affur de canon.
Lignea compages tormentum fuJUnens. Pointer le ca-
non. Tormentum ali^uà dirigere. Pionget le canon,
le tirer en bas. Tormentum èfuperiori parte in in-
feriorem difplodere. Enclouer , démonter le canon.
Tormentum œneun: clavo ohflruere. Une volée de
Ciinon. Tormenti emiffîo. Le canon de cette batterie
étoit bien fervi.
Ifaac VofTius dit que la langueur d'un canon ne
doir pas être de plus de 1 5 pieds , & qu'une plus
grande longueur empêche l'effet du canon , noa
pas à caufe que le boulet eft pouffé hors du ca-
non , avant que toute la poudre foit enflammée ,
comme quelques-uns croient, mais parce que le bou-
let eft repouffé en dedans du canon par l'air qui y
rentre avec impctuofîté,lorfque la flamme eft éteinte.
Pendant les fiéges de Rofe & de Gironne en 1^94,
on entendoit très-diftiniflement de Rieux le canon
qui fe tiroir contre ces places ■■, en forte que le Jour
& l'heure qu'on ceffa de l'entendre , fut , comme on
l'apprit enfuite , celui qu'elles fe rendirent l'une 8C
l'autre. D'où il s'enfuit qu'on entend le canon de 40
lieues loin , au travers même des montagnes : car
il y a 40 lieues de Rieux à Gironne, & les Pyré-
C A N
hces (ont entre deux. Les ouvertures de ces mori •
ragnes p.ir où les rivières coulent , conicrvent la
force de l'air. La plus grande portée du canon eit ,
lorfqu'ileft clcvc de vingt-cinq degrés. Ko^i?{;HAN-
ZELET , qui en a décrit toutes les portées de degré
en dégrc , ^ la manière d'en calculer l'augmenta-
tion ou la diminution, à proportion de l'on éléva-
tion. Le canon doit être pôle llir Ion affût , & ar-
rêté avec des furbandes qui le ferrent fur les tou-
rillons. Cet alfût a la culaife dentelée dé trois . ou
quatre dégrès nommés ^roc^^j , fur lefquelles le ca-
nonier pofe le point de mire pour tirer. Darcousdit
avoir inventé une maniète de iiifpendre le canon
dans un vaiifeau , qui le fait demeurer dans fon
point de mire , rlonobftant l'agitation de la mer,
CANON ( la ) poyDRE A , cft Une compolîtion faite de
ialpctrc , de ibufrc t5c de charbon , qui s'ertflâmmc
& fe raréfie ailcment , 6c qui eft caule de tout l'ef-
fet du canon. Fulvis pyriiis. Polydote Virgile dit
qu'elle fut inventée par hazard ; qu'un Chimifte
ayant de cette compolîtion dans un mortier qu'il
avoir couvert d'une pierre , le feu s'y prit , & fit
fauter en l'air la pierre avec une grande violence.
Thevcr dit que c'étoit un Moiiie de Fribourg,nommé
Conftantin Anclitzén. Mais Belleforeft & d'autres
meilleurs Auteurs , difent que ce fut un nommé
Bertolde Sc/ixi'arty ou le Noir , qui l'inventa. Il en
fenfeigna premièrement l'ulage aux Vénitiens l'an
1580 , en la guerre qu'ils avoicnt contie les Génois
en un lieu nommé ■j.imefo'is Fojfc-Ciaudienne , S<. à.
prefent Chlogs;ia ; & néanmoins Pierre Melfie dit en
drverlcs leçons , que les Mores qui étoient alllégés
en l'an 1543, par Alghonle XI, Roi de Caftille,
tiroicnt certains mortiers de fer qui faifoient un
bruit lémblable au tonnetre. Et Dom Pèdre , Evc-
que de Léon , en la Chronique du Roi Alphonle ,
qui conquit Tolède , dit qu'en une bataille navale
qui fut donnée entre le Roi de Thunis , & le
Roi More de Séville , il y a plus de 400 ans,
ceux de Thunis avoient certains ton-neaux de fer
avec quoi ils tiroicnt forces tonnerres de feu. Du
Cange dit qu'on voit dans les Regiftres de la Cham-
bre des Comptes , que l'ulage en étoit en France dès
l'année 1538.
Larrey , dans fon Hijl. d'Angl. , Henri VIII , p.
345 , prétend que c'cft en Angleterre qu'on vit en
1535: les premiers canons de cuivre, & dit qu'on
en attribue l'invention à Jean Owen. Il avoue néan-
moins qu'il en avoit paru quelques-uns auparavant
de même métal , mais bien au-delfous de la perfec-
tion de ceux - ci. Le même Auteur , dans fa fé-
conde partie ,p. 6^6 , dit qu'en 1 34;^ j à la bataille
de Crécy , il y avoit cinq pièces de canon dans l'ar-
mée angloilé ; que ce fut la première fois qu'on s'en
"^fervit dans les batailles. Mezeray rapporte que le
Roi Edouard jeta l'épouvante dans l'armée françoife
par cinq ou lix pièces de canon , parce que c'étoit la
premiière fois que l'on eût vu de ces foudroyantes
machines. Larrey ajoute que quelques-uns cependant
en font l'ulage de quelques années plus ancien , &
difent que l'année 1338 les François s'en étoierit
fervis au liège de Puy-Guil!aume en Auvergne.
Les premiers canons on été appelés bombardes ,
du mot latin bomhus , à caule de leur bruit éclatant.
Les canons ont eu divers noms , diverle% longueurs
& divers calibres. Les premiers canons ont été
appelés cardinales , mulets , bajiliques , riba-
doqiiins , éinerilloiis , ferpentines , pajfevolans ,
verteuils ou fautereaux , J'acres , coulevrines ,
barces , fauconneaux , bajîardes , &c. qui feront
expliqués à leur ordre. Les plus ordinaires & ré-
guliers de fonre verre font les canons ou cour-
lîers de 9 à 10 pieds de long , calibre de Roi de
iîx pouces de diamètre ,& portent une balle de 53
livres un tiers. Le canon de fer coulé ou de fer
battu n'a point de régie , & ne porte que douze
livres de balle pour le plus.
Canon , fe dit auifi de la partie des moufquets , fu-
iils , carabines , piftolets , & autres armes à feu où
fe
iC
le
CA
; met la charge de poudre & de pîomb. Tubus
reus , fjhila œrea. il eft pofé fur un petit fût pour
; tirer a la main. Suivant l'or^rïnmr.,-» a^ ,/î-o_
main. Suivant l'ordonnance de kîBô
pour la marine , le canon des moufquets doit être
de trois pieds neuf pouces de Igng, d^un fer dou^
bien he , & bien fondé , point pailkux , ni caf-
fant , m braic, ni éventé, bien foré au dedans , &
limé au dehors : le derrière du canon doit être à
pans , renforcé jufqu'au tiers ; & le de vant doit
être rond & déchargé de fer.
Ih? On appelle canon brilc , un canon coupé en deux
parties qui le joignent enlèmble. Foye^ Brisé.
|i^ Canon rAyé ou carabiné , eft celui en dedans
duquel on a tracé des lignes creufes, des moulures
longitudinales ou circulaires. Ils en tirent plus juftc
& portent plus \o\n. Intus jiriatum.
Canon. Tcime de Serrurier. C'cft la partie d'une clef
qui eft forée , & qui joilat l'anneau, fubulus cla-
VIS. C'eft auHi la partie de la ferrure , dans la-
quelle^ entte le bout de la tige de la clef, quand
ehe n'eftpas forée.
Canon.^ On appelle canon de foufte , celui qui eft
en bâton & rouleau tel qu'on le vend.
On appelle c^/zo/zj de gouttière, en termes d'Archi-
tecf ure , des bouts de tuyau de cuivre ou de plomb ,
qui fervenr à jeter les eaux de pluie au-de-là d'un
cheneau& d'une cimaife par les gargouilles, pour les
empêcher de tomber au pied du mur dont elles pour-
roient endommager les fondemens. Stillicidii tubus.
Canon , fe dit, en termes d'Horloger , de tout ce qui
eft creuic intérieurement. ^ On adapte des canons
ou petits^ cylindres , percés de part en part à diffé-
rentes pièces ou roues , pour qu'elles tournent fur
des arbres ou tiges fans aucun bercement.
Canon , eft auifi le tuyau d'une plume , & Ja partie
qui feft à écrire, Pennœ caulis.
Canon , le dit aulfi par les chaudronniers, pour fi^
gnirier une forte de tuyau qui entre dans le cotps
de l'arrolbir , & au bout duquel eft la pomme de
l'atrolbir, qui eft pleine de petits trous par où fort
l'eau qui arrole. Tubulus. ^ C'eft encore chez les
chaudronniers un morceau de fer à tête laro-e &
forée , que l*on appuie fur la pièce , à l'endroit où
on la perce.
Canon, Les toutneurs appellent aullî les canons d'un
atbre à tourner en ovale, ou en d'autres figures irrégu-
lières , deux cylindres creux , qui font traverfés par
la verge de fer quarrce qui joint la buelte au mandrin.
Canon a dévider , eft une manière de petit bâtoil
tourné avec des rebords , qui prefque à fon extré-
mité a un troii pour mettre là broche du rocher.
Canon , fe dit auffi d'tm pot de faïance un peu lon<^
& rond , où les Apothicaires de Paris mettent les
éleéluaires & les confeélions. *
Canon , fignifie aulfi un petit tuyau qu'on met au bout
des feringues pour donner des clyftères.
Canon , fignifie , en termes d'Imprimerie , les plus
gros caractères avec lefquels on imprime, Craffiores
characleres. Il y a le gros double canon , le gros
canon, le trifmegifîe ou canon approché S>c petit ca-^
non , le tout avant le gros parangon, & le gros ro-
main.
Canon. Chez les anciens, \ts canons font comme des
feélions ou des titres dans un ouvrage. C'eft ainfî
que S. Hilaire a divifé fon Commentaire fur S,
Matthieu en 53 canons. Ce mot, pour marquer les
titres ou IbmrnaireS des livres de la Bible , fe trouve
dans les plus anciens exemplaires latins, C'eft ce que
les Grecs appellent x^'P''^'"^ ■> chapitres,
fC? Canon , en Géométrie & en Algèbre , fignifie
une régie générale pour la folution de plufieurs
queftions d'un même genre. On dit plus commu-
nément aujourd'hui Méthode & formule.
Canon , en termes de manège , eft la partie de la Jambe
du tfain de devant du cheval , comprife entre le
genou & le boulet. Tibia. Il y a une fufée au canon
de ce cheval.
Canon , eft aulfi une partie d'un mors, ou d'une em- /
bouchure de cheval. Tubulus, C'eft une pièce de
E e a
C AN
fer arrondi qui entre dans la bouche du cheval ,
6c qui la tient l'u]cttc. On les tait de plulîeurs fi-
gures. Elle eft ordinairement de deux pièces , iic
quelquefois d'une leule , comme le canon à trompe.
Cclî: un terme d'cperonier.
Canon , en termes du Muliquc , efl: un nom qu'on
donne à une efpèce de fugue , qu'on appelle fugue
perpétuelle , dans laquelle les parties commençant
l'une après l'autre, répètent fans celle le même chant.
Foyei Fugue. On appelle aulli ca/wn mujical , le
fommier foutenant les conduits qui portent le vent
d'un tuyau à l'autre, en un jeu d'orgues. C^«o/2 muji-
cns. Ce mot vieillit en ce fens , & il a été employé
par Vitruve & fes Tradudtcurs.
0Cr Dans l'ancienne mufique , ce mot défignoit la
méthode de déterminer les intervalles des not.s.
Canon, dans l'hiftoire des Modes, fignirie un demi-bas,
qui s'étend depuis la moitié des cuiilès jufqu'à la
1 moitié des jambes. Tibialia iongiora qua. femoribus
afiringuntur. On en portoit autrefois avec des bot-
tes. Canons de foie. Canons de laine. Les tailleurs
appellent aufîi canon , les deux tuyaux des chauUcs ,
où l'on met les cuiflès , &: le haut des bas de laine ,
ou de foie, qui s'élargit en forte qu'on y peut met-
tre les cuiilès. Ainlî on dit , des bas à canon , des ca-
nons qu'on attache au bas du haut-de-chaulfe.
Canon , eft aulfi un ornement de toile , rond , fort
large , 5: fouvenr orné de dentelle , qu'on attachoit
au-delfous du genou , qui pendoit juiqu'à la moitié
de la jambe pour la couvrir , ce qui ètoit , il y a
quelque temps, fort à la mode. Linea tihiatapar-
marum in morem aptata. C'eft dont Molière fe
raille.
De ces larges canons , où comme en des entraves ,
On met tous les matins fes deux jambes efclayes.
GANONADE ou CANONNADE, f. f. Un coup de
canon. Tormenti emijjio. Cet Officier a bien eilliyé
des canonades en fa vie.
Canonade , fe dit auffi de la batterie continuelle
d'une place. Ce pan de baftion a fouffert une cano-
nade de trois jours avant que d'être ruiné. ^fT II
paroît que le mot de canonade ne peut lé dire que
de plulîeurs coups de canon tirés à la fois , ou de
fuite, &: non d'un coup de canon feul. Elluyer une
canonade , c'eft efîliyer plulîeurs coups de canon.
CANONAGE, f. m. Science du canon. Le canonage a
fes difficultés , comme les autres fcicnces. Hanzelet
a fait un traité de toutes les proportions des canons ,
pour les longueurs , les embouchures , les char-
ges , les métaux Se alliages , les élévations , &c.
Toute la fcience du canonage efl: expliquée fort au
long dans les Mémoires d'Artillerie de Surirey de
S. Remy. Voxe^ Canonier.
CANONARQUE. f. m. Officier de l'Eglife de Con-
ftantinople. Canonarcha. Codin en parle De Offic.
Co72Ji. L.I,6,n.i,Scc.7,n. 14, 15. Il paroît, par
ce qu'il en dit , que c'éroit un bas Officier , qui étoit
au-deflbus des Ledleurs.
Canonarque , étoit auffi un Officier dans les an-
ciens Monafières. Canonarchus, C'éroit celui qui
fonnoit aux heures de la collecte ou des allémblces ,
pour faire lever les Moines & les aflembler. C'efl
de Jean Mofchus. Vitœ Patrum , L. X-, c. 1 1 6* 50 ,
que nous l'apprenons. Fo\e^ Rosweid Onomajl.
CANONER ou CANONNER. v. a. Battre à coups
de canon. Glandes ferreas tormentis emittere ,ja-
culari. Ces deux Amiraux fe font feulement canonés
& n'ont rien fait. On a canoné cette place trois
jours durant.
Canoné , ée , part.
CANONERIE, f f. canonade. Rabelais.
CANONIAL, ALE , adj.Qui appartient au Chanoine,
qui resarde le Chanoine. Canonicus. C'eft une mai-
fon canoniale qui eft vacante.' ^CT Maifon canoniale,
qui cftaffedée à une place de Chanoine. Office c^/zo-
77/<r/, office que les Chanoines chantent dans l'Eglife.
On appelle Heures CanoniaUs les petites heures
C A N
du Bréviaire , qui font Prime , Tierce, SexteScNone.
Preces Canonicx , preces Jiatis horis pro officia Sa-
cerdotibiis recitandx. Ce qui vient de ce qu'on a
appelé autrefois canon l'Office Eccléiiaftique. Un
Chanoine de S. Quentin a tait un traité des Heu-
res Canoniales,
CANONICAT. f. m. Prébende, titre d'un bénéfice
de Chanoine. Canonici munus. Il a obtenu de l'E-
vcque un tel canonicat en vertu des lettres du Roi
pour fon joyeux avènement 'à la couronne. C'eft
un droit qui appartient au Roi , de nommer aux
premiers canonicats vacans par la mort dans les
Egliiés Cathédrales &c Collégiales.
?G""Quoique les Canoniftcs confondent fouvent les
noms de cafionicat &c de prébende , il faut pourtant
remarquer qu'ils'ne font pas ablblument linonymes.
Le mot canonicat ne ligniliant que le titre ou la qua-
lité fpirituelle , indépendante du revenu tem^^orel :
au lieu que le mot de prébende e{\:le revenu temporel
même. Avanr le Concile de Trente, il y avoit des
canonicats fans prébende , avec l'cxpedlative de la
première qui viendroit à vaquer. Encore aujour-
d'hui le Pape crée quelquefois un Chanoine fans
prébende. Quand il veut conférer une dignité dans
une églife , pour l'obtention de laquelle il faut être
Chanoine. Ces canonicats s'appellent canonicats ad
effeclum , titre ftérile , jus vcntojum. Voyez Ciia-
NoiNiE , Chanoine , Prébende.
CANONICITÉ. i. f. La qualité de la doèbrine d'une
peribnnc dont les fentimens font conformes à i'elprit
de l'Eglife , ou la qualité d'un Livre qui eft authen-
tique, ôc compris dans le Canon de l'Eglife, au
nombre de ceux qui compofent ce qu'on appelle
l'Ecriture Sainte. To Kavôx/.on, ou bien Canoiiicité ■,
eft la qualité de ce qui eft Canonique , ou , fclon les
Canons , conformité aux Canons , Canonicitas ,
Canonicum. Ils n'examineront point la cajionicilé
de ces motifs d'union. Gueau. Les Proteftans font
partagés ùir la Canoniciti de l'Epirre aux Hébreux ,
de celle de S. Jacques, de la féconde de Saint
Pierre , de la llconde ^ troifième de S, Jcafl , de celle
de faint Jude & de l'Apocalypfe. CAtUET, Dicl.
au mot Apocalypfe. Bèze a fortement foutenu
contre Lurhcr l'authenticité & la canonicité de
r Apocalypfe.
CANONIER , plus ordinairement Canonnier. f. m.
Officier d'Artillerie qui a foin de pointer , de char-
ger, de tirer le canon, qui doit favoir le calibre, Si
les charges de chaque pièce , avec la perfedf ion des
gabions , & des plates-formes de batteries. Tor-
mentorum librator. Sainte Barbe eft la patrone des
Canonicrs. La chambre des Canoniers eft fut la poupe
du vailfeau , & s'appelle Sainte Barbe.
03° Il y a eu autrefois des compagnies particulières
de Canonicrs. Elles ont été incorporées dans Royal-
Artillerie.
IJC? Le Canonier doit connoître la force & l'e.fet
de la poudre , les dimenfions des pièces d'Artillerie ,
les proportions de la poudre &: du boulet dont on
les charge, la loi des projediles , la manière de
manier , charger , pointer , nettoyer & rafraîchir
le Canon.
CANONIERE ou plurôt Canonnière, f. f. Se dit d'une
forte de tente de toile pour repofer les Canoniers.
Tentorium libratoribus tormentorum affignatum,
C'eft encore une petite tente qui eft faite en forme
dctoît, & qui n'a point de murailles, comme les
autres tentes ordinaires. Elles fervent pour les fol-
dats &: pour tous les Officiers de la maifon du Roi.
11 y a deux Officiers dans chaque canoniere , ou
fept foldats.
Ç3° Canoniere Sc mieux Canonnière, Vente embrafure,
ouverture dans une muraille par laquelle on tire a
couvert des coups de moufquet , d'arquebufc.
Voye^ Embrasure.
03" Les enfans appellent auffi canoniere un bâton
de fureau dont on a ôté la moelle, où ils mettent
des tampons de filaflè ou de papier mâché , qu'ils
chaffsnt avec bi;uit par ie moyeii d'un bâton ou
C A N
jpifton qu'ils font entrer dans là Canonière.îh t'ap" i
pellenc auifi quelquefois canon. Tnhuius j'ambuceus
mittenâis globulis innoxiis , ou tubulus j'atnbiiceus.
CANONIERES. En termes de Maçonnerie, l'on: les
ouvertures qu'on laiife dans les gros murs & terraf-
fes, pour évacuer les eaiix. FaicjtelLz aqtus emit-
teniis comparatce,
CANONIQUE, adj. m. & f. Livre facré & authen-
tique , qui a autorité dans l'Eglilè , comme taiiant
une partie de la Bible. Légitimas , canonicns. On les
appelle ainii , parce qu'ils l'ont dans le Canon , ou
dans le Catalogue des Livres l'acrés. Quelques Pcrcs
dilliinguent les Livres de la Bible en trois dalles :
les Protociinonujues , les Deutdrocanonùjues , & les
Apocryphes. Du Pin. Le Livre de Judith eft un
Livre canonique dans l'Eglife Catholique ; les Cil-
vinifles le rejettent mal-à-propos. Les Epîtres de
l'aint Pierre l'ont reçues par rEgîil'e pour canoniques ,
quoique faint Jérôme dil'e que pkilîeurs de fon
temps tenoient la féconde pour apocryphe , à caul'c
de la différence du ftyle. Il n'appartient qu'à l'Eglil'e
de déclarer un Auteur , ou un Livre Canonique.
^fT Le Canon des Livres du nouveau Teftament n'a
point été dreflc par aucune afîcmblée de Chrétiens ,
hi par aucun particuliet. Il s'efl: formé l'ur un con-
fentement unanime de toutes les Eglii'es , qui avoicnt
reçu par tradition , & reconnu de tout temps cer-
tains livres comme écrits par certains auteurs inl'-
pirésdu Saint El'prit, Prophètes, Apôtres, «S-c. Quoi-
que quclqUesLivres du nouvcauTcftament n'aient pas
été reçus au commencement dans toutes les Eglifes ,
ils fe trouvent tous dans les catalogues anciens des
Livres facrés , fi on en excepte l'Apocalypfe , qui
n'eft point dans le Canon du Concile de Laodicéc ,
mais que le conreritement urianime des Eglii'es a
depuis autorifc.
Canonique , fe dir anifi de ce qui efl: fait félon les
Canons & IesPv.cgles de l'Eglife. Miriage canonujiu.
Doélrine canonique. Ce Prélat a roujouts mené une
vie canonique \ k% écrits ne contiennent rien que
de canonique, La Commende d'une Abbaye cft un
titre canonique en France. On appelle Peines
canoniques , les peines que l'Eglife peut impofer :
telle^ eft la dépofition j l'excommunication , des
aumônes , des jeûnes , pu quelque autre pénitence
corporelle. Le Juge d'Églife peut même condamner
à l'amende honorable , pourvu qu'elle fe falfe dans
fon Prétoire feulement.
On appelle aulfi la Jurifprudencc Canonique, \c
corps &; la fcience du Droit Canon. Un cours
canonique . Voyez Droit Canon.
Canonique, f. m. Droit des prémices qui fe payoir
autrefois à l'Evêquc daris l'Eglife Grecque , elti-
matioa des prémices que les Laïques dévoient à
rEvcqtt.e chaque année. Primitict , ]us primitiarum
Epifcopo folvendum. L'empereur Iflac Comnene fit
une Conftitution pour régler le Canonique des
Evêques. Alexis Comnene fon neveu la confirma par
une autre Conftitution du mois de Septembre
1086, indiélion 9^ Un village de trente feux payoit
pour \c: Canonique une pièce d'or, deux d'argent,
un mouton , lix boiffcaux d'orge , fix de farine , fix
mefures de vin , & trente poules. Les autres payoient
de même à proportion du nombre de leUrs habitans.
CANONIQUEMENT. adv. D'une manière canoni-
que, félon les Canons. Légitima , canonicè. Ce ma-
riage a été célébré canoniquement. Il a été pourvu
canoniquement de ce Bénéfice.
CANONISATION, f. f. Déclaration du Pape , par
laquelle après plulieurs enquêtes & folennités , il
met au Catalogue des Saints un homme qui a
mené une vie l'ainte & exemplaire, & qui a fait
quelques miracles. Alicujus in numerum Sanciorum
Telatio , abfcriptio , canonifatio. Du Cange dit que
d'abord la canonifation n'étoit aufe chofe qu'un
ordre du Pape par lequel il commandoit que le
nom de ceux qui s'étoient fait remarquer par leur
fainteté fuflent inférés dans le Canon de la Méfié.
Pour honorer quelqu'un d'un culte public comme
G À-N
iit
Saint , les miracles iqu'il fait ne fuffifent pas > il
faut un décret de cànonifatiom
Pour être pleinement infiruit de là manière
dont on procède à Rome à la béatification & à la
canonijauon des Saints, de la fagefi'e avec laquelle
on s'y conduit , S<. des précautions infinies, que l'on
y piend, il faut lire fur cette matière l'excellent
ouvrage du Cardinal Lambertini , mort fouverain
Pontife, fous le nom de Benoît XIV. I! efl: eii
quatre volumes in-fol. intitulé De Beatificatiom
Servorum Dei , & Canoni:^atione Beatorum,
Le P. Mabillon, dans la Préface du V lîccle dc^
y^cia SS. Bened. n. 88 , remarque très-bien que le
terme de canonifation ft'eft pas fi ancien que la
chofe même, puifque ce mot ne fe trouve point
avant le XIP fiècle. Le premier qiii s'en foit fcrvi
efi: Udalric, ou Oudry, Evoque de Conltance,
dans fa Lettre à Cahxte II, pour la canonifation
de TEvêque Conrad. Enlliite Alexandre III, dans
la Bulle de canonifation de S. Edouard, Roi d'An-
gleterre en ii(îi,&: 11 ans après , dans c-lle de la
canonifation de S. Thomas de Cantorberi-, puis
Pierre de Celles & plulieurs autres s'en font auifi
fer vis.
^ Le P. Mabillon diftirigue une carionifatipn gé-
nérale , &c Une particulière. La première eft celle
qui fe faifoit par un Concile général , oii par le
Pape -, la fécondé celle qui fe faifoit par un Evêque *
par une Eglife particulière, ou par un Concile
particulier. Il y a quelques exemples de cdnonifa-
tions , ou d'une efpèce de canonifation , qui l'em-
blent faites par mi Abbé. Ainfi Ste Viborade tuée
par les Barbares le 2^ jour de Mai 915 , ayant fait
beaucoup de miracles à fon tombeau , le jour de
raiiriiverfaire étant venu, l'Abbé Engilbert , après
en avo'r délibéré avec l'es Moines, ordonna d'en
faire l'Office, & d'en dire la Melfe comme d'une
Vierge. Voye?^ le P. Mabillon j/r^/C 5 y^rc. i ,72.91,
M. l'Abbé Fleury ajoute que c'étoit avec l'autorité
de l'Evèque.
Les premiers Saints que l'Eglife à canonifés font
Ic^ Martyrs: elle a coitim;:ncé plus tarda canonifer
les Confeifeurs.
Le prem.ier exemple d'un A été de canonifation
fait? par le Pape , & qui foit l'ur , eft , non pas celui
dc\2. canonifation de S.Hugues ftite par Innocent
II, dans le XIP fiècle -, mais celui de la canoràfa-
tion de S. Uldric , ou Udalrij Evêque d'Aulbourg,
faite par le Pape Jearw XV le 11 Juin, Tan 985
de J. C. & le il' de fon pontificat. Cette canoni-
jatLon fut faite vingt ans après la mort du faint :
elle eft fignée du Pape , de cinq Evêques des en-
virons de Rome , & de neuf Prêtres & trois E)iacres
Cardinaux. Le terme de canonifation n'étoit pas
cependant encore en ufage. Cet Acte eft dans Ba-
ronius, dans la CoUeélion des Conciles du P.
"Labbc, Tome IX, p. 741 , & dans le Propylœum
ad Jcla SS. Mali. Voyez auifi Acîa SS. Ben. fiec.
y, Prœf n. XCIX, & p. ^71.
La canonifation coafiftojt autrefois à mettre le
nom du Saint dans .les facrés Diptyques , ou dans
le Canon , c'eft-à-dire , le Catalogue des Saints ; à
ériger fous leur invocation des Eglifes , ou des Ora-
toires, avec des Autels pour y oiFtir le faint lacri-
fice ■■, à tirer leur corps de leur premier fépulcre i
& aurres chofes femblables : & ces manières de cano-
nifer l'ont très-anciennes. Le Pape n'étoit pas le l'eul
qui eût le droit de faire des conortifations ; les Or-
dinaires , fur-rout les Métropolitains , &; les Pri-
mats l'avoient auifi en faifant leurs vifites , ou bien
dans un Concile de leur Province. On ne fait point
quand le droit de canonifer a commencé à être
réfervé au Pape. Quelques-uns croient qu'Alexan-
dre III cft l'Auteur de cette réfcrve. Ils fe fondent
fur ce que dans le IIP Liv. des Décrétales, ramalîs
par Boniface VJIL Tie.^s- ^^ Reliquiis & Veneraii
Sancl. Cap. Audivimus , on lit ces paroles , Ne liceat
aliquem pro SanHo abjque aucloritate Romams
EccleJiiB venerari. Mais ces paroles ne font pas
232
CV^N
exadbement citées , & Alexandre ne fait point
mention de ce règlement ; il le luppole fait , car
il y condamne un abus énorme de quelques gens
qui honoroient comme un Saint, un homme qui
avoit été tue dans rivreile, 6i il leur défend de lui
rendre aucun culte-, vii que quand même, ajoute-
t-il , il feroit des miracles , il ne feroit pas permis ,
de l'honorer comme Saint fans l'autorité de l'Eglife
Romaine. Cùm etiarnjî per eum miracula fièrent ,
7W/1 licet ipj'um pro Sanclo , abfque aucioritiite Ro-
inancc EccUjiiz, veneran. Paroles qui montrent
évidemment que la réfcrve dont nous parlons étoit
déjà en ufage , & qu'Alexandre la fuppofe & ne la
fait point. Les Jéfuites d'Anvers , dans leur favant
Propylœum ad Aclu Sanclurum Maii p. 173. B , C ,
conjecturent qu'elle s'étoit établie depuis deux ou
trois lièeles , par une coutume qui avoit paflé en
loi , mais qui dans les X'' & XP Tiècres n'étoit point
encore généralement reçue. Le P. Mabillon , y43a
Sanclorum Ben.fœc. V. Pi\xf. § VI , la rapporte aufli
au X'^ fiècle. Il eft confiant qu'elle étoit reçue ab-
folumcnt & généralement avant Alexandre III -,
car l'Archevêque de Vienne en France , &: fes fuf-
fragans , le reconnolifent authentiquement l'an
.1151 dans la lettre qu'ils écrivent à Grégoire IX ,
pour lui demander la canonifation d'Etienne Evê-
que de Di^,mort en izo8, Qiiia nemo , difent-ils
quantalihet merïtorum pnzro^ativâ polle-.u , ab
Ecclcjiâ Del pro Sanclo lnhsndus aiit veneranius
ejl , /lijî prias per Sedem ApojioHcam ejus fancluas
juerit approbata.
Les cérémonies de la canonifation n'ont point
été inftituées toutes enfemble , 6c en même temps :
elles ont été ajoutées peu-à-peu , & les unes après les
autres à l'aéfe juridique que faifoit l'Eglife. La pre-
mière ic la plus ancienne eft la fentcnce par la-
quelle le Pape dcclaroit qu'il vouloit qu'on mît un
tel au nombre des Saints , & qu'on célébrât fa fête
le jour de fa mort. Cette fentence fe prononçoit
ordinairement dans un Concile. Quelquefois ce-
pendant le Pape la prononçoit feul, comme celle de
la canonifation de S. Edouard , Roi d'Angleterre ,
faite en 1161 , par Alexandre III. Quelquefois dans
une grande allêmblée de peuple , comme celle de
S. François d'AfTife. D'abord cette fentence fe lifoit
dans la falle du Concile •, enfuite on établit qu'elle
feroit lue dans une Eglife , ou dans la place
qui feroit devant l'Eglife. Pour rendre en-
core la cérémonie plus célèbre , Honorius III , y
ajouta quelques jours d'indulgences en 1125 , Gré-
goire IX , & d'autres enfuite en augmentèrent le
nombre , Se enfin Adrien VI , accorda une indul-
gence plénière l'an 152-3 > à la canonifation de S.
Bennon. Un ancien cérémonial, qui avoit fuccédé
à l'Ordre Romain , & qui a été en ulage jufqu'à
Léon X , fous le Pontificat duquel Marcel , élu à
l'Archevêché de Corcyre , imprima le Nouveïiu
Cérémonial , eft le premier livre où l'on trouve les
cérémonies de la canonifation. Ce Cérémonial eft
du Pontificat de Clément VI . vers l'an 1548. Elles
n'avoient point été iViifes dans l'Ordre Romain ,
parce qu'elles ne fe faifoient pas alors dans l'Eglife
pendant la célébration des faints myftères , mais
dans la falle du Concile. C'eft, à ce que l'on croit,
Alexandre III , qui fit le premier la canonifation de
S. Thomas de Cantorberi en célébrant la Mefîe.
Baronius dans fes Notes fur le Martyrologe , &c
après lui Phœbxus , remarque qu'à la canonifation
de S. Roch, faite au Concile deConftancecn 1414,
on porta pour la première fois l'image du Saint en
proceflTion par toute la ville •, & Phœbius croir que
c'eft là l'origine des Bannières du Saint canonifc ,
Se de la procéffion qui fe fait à la canonifation.
Voyez les Bollandiftes , Propyl. ad AB. SS. Maii
Differt. XX , p. 171 & feq. Se la Préface des
AÙa Sancf. Bened.fac, V , § VI.
Une manière de canonifer les Saints en ufage
dans les X' &: XI' fiècles étoit d'élever , avec la pcr-
milfion du S. Siège, un autel fur leurs corps. Ainfi
C AN
s. Romuald , mort en 1017 le 19 Juin, faifant beau-
coup de miracf.-s à fon tombeau , cinq ans après les
Camaldules obtinrent du S. Siège la permilfion d'é-
lever un autel fur fon corps , comme il eft remarqué
dans la Préface des Acia Sli. Ben. Scec. V, n. XCVllJ.
Canonisation , ledit aulîl de la Fête qui fe fiit en
plufieurs Eglilês , ou le nouveau Saint eft honoré ,
en témoignage de réjouiifance de cette déclaration,
Fejiivitas obrelatiiin recens aliqucni Sanclorum in
nnmerum , canonifationis fejiivitas.
CANONISER , V. aél. Mettre au nombre des Saints
un homme qui a vécu exemplairement , & qui a fait
des miracles -, affigncr certain jour pour en taire la
fêre , & ordonner un Office convenable pour l'in-
voquer. AUquem Sanclorum in album. , in numerum
referre , adfcriberc. Ce mot vient de ce qu'autrefois
on inlcroit le nom des Saints dans le Canon de la
Mefle , avant qu'on eût fait des Martyrologes ^ &:
l'on en faifoit commémoration , afin qu'ils priaffent
pour le peuple.
Canoniser, fignifie infcrire une loi dans les Regiftres
publics , lui donner force de loi , la mettre au nom-
bre des loix. Dans l'ancien Code Romain on a ca-
nonifé plufieurs Loix Impériales, ^//foirf du Droit
Canon.
Canoniser. Marot s'eft fervi de ce mot pour, faire
Chanoine , ou Chanoinefle. Canonicum , ou Ca-
nonicam facere. Inter Canonicos , ou Canonicas
adlegere.
Avant la mort les fix cahonîfées ,
Ou pour le moins les fix chanoinifèes.
Canoniser fe dit figurément, pour louer comme
une chofe fainte & digne d'un Saint- Laudare , ce-
leirare. Ne feroit-ce pas une contradiêlion infoute-
nable de louer , par exemple , &: de canonifer dans
Thérefe ce renoncement parfait où elle a vécu à
tout ce qui peut flater les fens , tandis qu'on cherche
à lesfatisfairc? BouRDAL. Entr. T. I,p. 314.
Canonisé, eé. part. •
CANONISTE. {. m. Doéteur en Droit Canon , ou Au-
teur qui a beaucoup écrit fur le Droit Canon , ou qui
eft verfé dans le droit Canon. Juris Canonici ,
Pontificii peritus , CiZwomy/a.Panorme , Hoftienfis ,
Durand, &c. ont été de grands Canonijtes. Les opi-
nions des Canonijles Ultramontains font bien dif-
férentes de celles des Canonifies François.
gC? CANOPE Ville, ^oyei plus bas Canopus.
CANOPIEN. adj. mafc. Surnom d'Hercule l'Egyptien ,
près de la ville de Canope, dans la baffe Egypte,
où il étoit honoré.
CANOPITE. f m. C'eft le nom d'un collyre , dont
on trouve la defcription dans Celfe, Lib. V^ cap. 6.
CANOPUS. {'. m. Faux Dieu des Egyptiens, ^pu/zo/aj.
Canopus étoit le pilote d'Ofiris , fi l'on en croie
Plutatque : félon d'autres , le pilote de Ménélas ,
qui ayant feit naufrage fur la côte d'Egypte , y fut
honoré comme Dieu. On lui bâtit un temple : il
paffa pour être un Dieu des eaux , ii fut même ap-
pelé Neptune Canope. Ariftide néanmoins dit avoit
appris d'un Prêtre confidérable de la ville de Ca-
nope, que long-tems avant Ménélas, ce lieu porroit
ce nom , ou du moins un mot fort approchant en
égyptien, & quifignifioit T^rre ^'or. Voyez fur ce
Dieu Volfius De Idolol ,L.J, cap. 5 1 , &: I. // , cap.
74. Cet auteur prétend qu'on n'entendoit par -là
autre chofe que l'eau. Ruffin rapporte , Hifl. Eccl. ,
liv. II, ch. ifî , comment un Prêtre Egyptien lui fit
remporter la viéloire fur le Feu, qui étoit le Dieu
des Chaldéens. Les Egyptiens le mirent au nom-
bre des Dieux. Suidas rapporte la même chofe. Les
Chaldéens fc vantoient que le Dieu qu'ils adoroient ,
c'eft-à-dire, le Feu, étoit le plus puilfant & le vain-
queur de tous les Dieux. Un Prêtre de Canopus ,
pour leur montrer que fon Dieu l'emportoit fur le
Feu , prit une grofle cruche telle qu'on en faifoit en
Esypte pour purifier l'eau , c'eft-à-dire , toute per-
cée de petits trous comme u» crible -, il la peignit
1
C A N
de différentes couleurs ; mit fur le coït la tête d'une
ftatue qu'on difoit erre de Ménélas , boucha tous les
petits trous avec de la cire , & dit aux Chaldcens
tjue c'ctoient là le Dieu Canopus , &; qu'il auroit la
vidloire fur le Feu. Ils acceptèrent le déh. II mit ce
prétendu Dieu fur le Feu , qui venant à tondre la
cire qui bouchoit les trous , toute l'eau tomba &:
éteignit le feu. Ainfi Canopus remporta la vidfoire ,
& de-là vint la mode de le rcprcfenter avec de forts
petits pieds , H le corps tout iemblable au ventre
d'une cruche avec une tête d'homme. Voilà ce que
dit Suidas , & qui fe confirme par les figures de Ca-
nopus , qui fe voient dans les cabinets des curieux.
Le P. Kirker en a fait graver une dans fon Oedip.
uEgypt. , Tom. I , p. 209. Le même auteur remarque
qu'on le reprcfentoit audi quelquefois fous la forme
d'un enfant avec une robe de rcieau , & quelque-
fois fous celle d'Hermès ou de Mercure ; mais tou-
jours le corps arrondi comme le ventre d'une cru-
che. On le repréfentoit auill quelquefois par un vafe
comme une urne , fur laquelle croit empreinte fa fi-
gure. Voye[ Kirker , cité/'. 110 -, quelquefois avec
plufieurs mammelles au-Iieu de trous , comme une
Ifîs.Io. />. XII. Canopus croit chez les Egyptiens,
ce qu'ctoit Neptune chez les Grecs & les Romains ,
c'eft-à-dire , qu'il prcfidoit aux fleuves 6c à toiit l'é-
lément humide. Voye^^ le même auteur ,/?. 211. On
croit que la figure qui fe voit au revers d'une médaille
de Néron, & qui n'eft autre chofe qu'une bouteille
^ui à la place du cou à une tête humaine voilée ,
&: fur cette tête une fîeur de lotus ■■, on croir , dis-je ,
que c'eft la f gure de Canopus.
Canopus ou Canope. Ville d'Egypte à 110 ftades
d'Alexandrie; Canopus. Il y avoit dans Canope un
fameux temple de Sérapis. Canope ^d.Kavi dans l'an-
tiquité pour une ville très-débauchée. C'eft le lén-
timent qu'en avoient Strabon, livre dernier , Juvé-
nal, Sat.Nit v. 82 & xv, v. 44. Srace, Lib.lU, Sylv,
i , V. 1 1 1 , &C. On dit que le Poète Claudien étoit
de Canope. On prétend que cette ville fut bâtie
par les Lacédémoni-ens ou par Ménélas , qui reve-
nant de Troye avec Hélène , fut accueilli d'une
futieufe tempête, & jeté fur les côtes d'Egypte. Ta-
cite , Annal. L.ï iC (?'3 , dit que fon pilote , nommé
CiZ«o/'f y mourut. Il bâtit une ville en fa mémoire, 6c
à laquelle il donna fon nom , y laiffant tout ce qu'il
avoit de gens inutiles pour la navigation. Les Grecs
l'appUent k.«ï<s,i3oç , Canohis, Canohe, On peut voir ce
qu'en difent Mêla , L. H, c. 7, Solin, c. ^j^. Ammien
Marc.Z,. XXII, & Strabon, Liv. AT//. Théophile
d'Alexandrie s'oppofa fortement aux débordemens
des habitanS de cette ville , & détruifit les lieux
qu'ils regardoient comme les plus factés. Zozime
s'en plaint dans le Liv. III de fon Hijl. Il y avoit
à Canopus une école célèbre , où éroir la fourcc de
toute la Théologie Egyptienne , 5c où l'on enfei-
gnoit les lettres facrées , ou les hiéroglyphes, f^oye:^
Kirker , Ocd. JEg. tom. I , p. 208 &cp.i<^ ,on il dir,
après Abulfeda , que Canopus eft Roiétte. /''bytfç
aufTi Strabon. Canope avoit donné fon nom au bras
du Nil le plus occidental. Souvent aufîî Canope en
Poëlie lignifie YEgypte, On croir que Canope éroit
la ville qui fut depuis appelée Bochir , Bouquir ou
Bicchieri , entre Rofette & Alexandrie. M. Tille-
monr prétend , dans fa note 42*^ de fon premier tome
de VHijl. des Empereurs , que Canope ou Canobe
étoit fous l'Evêchc de Squedie. Voye^ Vigenere
dans fon Céfar.
Canopus , eft aufll le nom d'une étoile de l'hémif-
phère méridional. Canopus.'^ xxxwvz, Liv. IX ,c,j.
dit que le Canopus eft l'étoile qui eft au bout du
gouvernail dans la conftellation du navire Argo. Le
Canopus ne fe voit ni en Grèce ni en Italie. Ceux
qui d« Grèce font route au fud , commencent à
l'appercevoir à l'île de Rhodes , dit encore Virruve
au même endroit ; c'eft-à-dire , qu'on ne le voit que
vers le 36' degré de latitude nord. Pline , Liv. VI ,
ch. 21 , l'appelle un aftre grand & brillant. Sidus
ingens 6* clarum ; & Ptoclus , Aa^ia-»? «s^f . C'eft en
C A W
effet une étoile de la
première grandeur, qui dans
les tables de Boycr,ert à l'endroit où le gouver-
nail entre dansTcau. Hygin l'appelle rt;, ?f^«t,« t«
7r^7«,«à, la dernière étoile du fleuve. On l'appelle
au/fi Ptokmxus , Ftolcmmoh , Terrejiris , Ponde-
roja , Suhel & SUiel. Boyer. Uranomet. Tab.
tia- CANOSA ou CANOSE. Ville du Royaume de
Naples , dans la province de Bari. Elle fut renver-
fée par un tremblement de terre en 155)4.
CANOT, f. m. Petit bateau dont fe fei;vent les In-
diens , fait tout d'une pièce d'un tronc d'arbre creuféo
Cymbula En l'île de Cuba ils les font de cèdre , &:
il y en a de li longs j qu'ils tiennent 50 ou (îo per-
fonnes. Ils font faits comme des navettes de tiflè-
rand. Il y en avoit plus de cent mille fur le lac de
Mexique , à ce que dit Hetrera. Il y a auffi des ca-
nots de Sauvages & des canots d'écorce. Ce font de
petits bateaux faits feulement d'écorce d'arbre , dont
fe fervent les Sauvages de l'Amérique feptentrio-
nale. Ceux de Canada les font d'écorce de bouleau^
& affez grands quelquefois pour conrenir quatre eu
cinq perfonnes. On dir canot jaloux ;>^Q\xtàXit\xn.
canot qui a le côté foible.
Canot , eft auffi un petit bateau pour le fervice d'un
grand bâtimeni ; on s'en fert pour aller d'un vaif-
feau à l'autre , ou d'un vaifléau à terre. Il va a rames
& à voiles.
On fe fert de canots dans les fucreries & rafînie-
ries , pour achever de faire refroidir le fucre avant
que de le mettre dans les bariques. Ils font de
bois & tout d'une pièce : on les appelle auffi des
auges.
^Zt Canot. OifeaUé Voye^ Chat-huant.
|Cr CANOVIA. Petit pays de la Haute - Albanie ,
entre le çrolfe de Drin & la ville de Scutari.
IpP" CANOURGUE. Petite ville de France , dans le
Gevaudan , aux confins du Rouergue.
CANQUE. f. f. Eipèce de toile de coton , qui fe fa-
briqué à la Chine. C'eft de cette toile dont les Chi-
nois font leur premier habillement , qui eft pro-
premenr la chemife chinoilc.
CANQUETER. v. n. C'eft le terme dont on fe fert
pour exprimer la manière de crier des canes qui
font les femelles des canards. Rien n'eft plus défa-
grcable que d'enrendre canqueter les canes , prin-
cipalemenr quand elles font en troupes. Leur ton
nazard eft alfommanr. Les Latins exprimoient no-
tre canqueter p.jr letrinirci
§3" CANSCHY. f. m. Nom d'un arbre fort gros ,
donr l'écorce fert au Japon à faire une eipèce de
papier. Acàd. Fr.
fer CANSTAT, Petite ville d'Allemagne , dans le
Cercle de Suabe , fur le Necker , au Duché de Vur~
remberg.
CANSTRISE ou CANSTRINSE. f. m. Canpifius ,
ou Canfirenjius. Nom d'office dans i'Eglilé de Con-
ftanrinople. C'étoit le Canjirife , qui avoit foin des
habits pontificaux du Pattiarchc , qui l'aidoit quand
il s'habilloit, & qui pendant la melfe tenpit la boîte
à l'encens. Il tenoit aulfi le voile du calice , & af-
pergeoit le peuple d'eaii bénite pendant qu'on chan-
toit l'hymne de la Sainte Trinité. Il avoit auffi place
dans les jugemens.
Ce nom vient de Canijirum , nom que l'on don-
noit ou à la boîte à l'encens j que nous nommons
aujourd'hui navette -, où à la corbeille où étoient
les habits du Patriarche. Voye^ CoDin, pag. i ,6 ,
p. e, ,6 ,p. I 3 & 1 64 , /tfi Ilotes de Grejler 6 , Sc d\X
P. Goar 6. Les Macri en parlent auffi.
CANTABRE. Ancien peuple d'Efpagne. Cantaber. Les
Cantabres oceupoient la plus grande partie de ce
que nous appelons aujourd'hui Bifcaye ,&c une par-
tie des Afturies. Ils avoient au levant les Autri-
gons , & au couchant les Aftures. Leur capitale étoit
Cantabria ou Cantabriti^a , dont les ruines qui por-
tent encore le nom de Cantabria , fe voient furune
montagne de même nom , fîh: l'Ebre , vers les fron-
tières de la Navarre. M. de Marca dit que l'efpac
de pays qu'occupolent les Cantatres doit être pri
az4 C A N
depuis Fiientibi-o qui eft la foarcc de l'Ebre , ti-
rant une ligne vers l'océan, jui'qii'au port de Larcdo ;
Se enfuite^vers celui de la vidoire des Juliobri-
giens , qui eft Sautander , & de-Là continuant le
long de la mer jufqu'à la rivière de Sella fur les con-
■ fins des Afturies d'Ovicdo , en montant jufqu'à l'o-
rigine du mont Idubeda. De forte que les Afturies
de Santillane font comprifcs dans l'ancienne Can-
tabrie. Les Camabres croient fort belliqueux. Quel-
ques-uns, comme M. de Marca , difent auffi Can-
t.ihrien. Cantabre eft mieux. Voye^ M. de Marca ,
Liv. I, de /'Niji.de Bcarn,oà. il traite fort au long
des Cantcibres ou Cuntabricns.
Selon ce favant Auteur , Cantabre croit audi le
nom d'une ligue de confcdétation des peuples voi-
fins, fortifiés^dans l'àpreté des rochers , dont les
Cantabrcs croient les chefs, fuivis des Aftariens&
des peuples Callaïqucs ou de Galice -, comme ils
l'avoient été autrefois des Varduliens & des Gaf-
cons. C'eft en ce fens que Céfar dit que les Aqui-
tains furent alfiftés pat les Camabres contre Cral-
fus , c'cft-à-dire , par les Varduliens &: les Gafcons ,
■furnonimés Camabres , à caufe de la ligue avec
les Camabres, qui donnoient leur nom à tous les
alliés.
CANTABRIE, Pays des Cantabres , habité , occupe
par les Cantabres. Camabria. La Camabrie étoit
une partie de- l'Efpagne Tarragonoife , qui compre-
noit la partie occidentale de la Bifcaye , & l'Aftu-
rie Santillane. M. de Marca fe fert fouvcnt de ce
mot. Voye^ i'Hist. de Béarn , L. î,ch. 19.
Le Royaume de Navarre croir compofé de la
Camabrie , de la Rioja & de la Bureva , que le Roi
D. Sanche avoir détaché de la Caftille , pour amé-
liorer le partage de fon fils , & de quelques places
dans l'Arragon. P. d'Orléans. Le régimenr de
Camabrie. On appelle encore la côte des quatre
villes de Byfcaye , côte de Camabrie.
CANTABRiE,eft auflî le nom d'une ville épifcopale
d'Efpagne,fituée fur l'Ebre, mais dont il ne relie plus
que des ruines fur une montagne, entre la ville de
Logrone Se celle de Viana. Le nom de cette ville
fait juger à quelques Auteurs que les Cantabres ,
tefiérrés d'abord dans des limites affcz étroites ,
avoient pouflé dans la fuite leurs conquêtes juf-
ques-là. Cette ville étoit la capitale des Canta-
bres.
CANT AERIEN, rpyei Cantabre.
CANTAL. Montagne d'Auvergne. Le Camaled élevé
de 984 toiles fur la furface de la Méditetranée,
Maraldi. ^ca^. des Se. 1705. Aff'w./J. 137.
Cantal. C'clt une efpèce de gros fromage qui prend
fon nom d'une montagne de la haute Auvergne , où
il s'en fait beaucoup. On l'appelle quelquefois tête
de Moine.
CANTALARRE. f. m. Les Ouvriers appellent ainfi
le chambranle ou bordure fimple d'une porte ou
d'une croifée. Antepagmentum. Ce mot peut être
être formé de «07« , autour , 8c labrum , lèvre ou
bord.
CANTANETTES. f. f. pi. Terme de Marine. Petites
ouvertures rondes , entre lefquelles eft le gouver-
nail , Se qui donnent la lumière au gavon. Fenef-
tellœ.
CANTAR. Efpèce de mefure. Voyei Alq,uier.
CANTABELLL f. m. Efpèce de vers qu'on appelle
aufTi vers de Mai , qui étant macérés dans l'huile,
paflent pour avoir les mêmes propriétés que l'huile
de fcorpion. Foye^ le Dict. de James.
CANTARO. f. m. Poids dont on fe fert en Italie ,
particulièrement à Livourne. Il y a trois fortes de
Cantaros : l'un pèfe 150 livres , l'autre 1 5 1 , & l'au-
tre 'i6o.
Cantaro , eft auffi une mefure de continence , dont
on fe fert à Cochin.
ffT CANTATE, f. f. Terme de Mufique. Petit poëme
fait pour ctte mis en mufique , contenant le récit
d'une adion galante ou héroïque. Il eft compofé
d'an récit quiexpofele fujet, d'iin air en rondeau ,
C A N
d'un fécond récit & d'un dernier air , contenant le
point moral de l'ouvrage. Voye^ les Cantates de
Rousseau.
?fT On appelle auffi Cantate , la pièce de mufique
vocale accompagnée d'inftrumens , compofée iiir
le petit poëme de même nom, & varice de deux
ou trois rccitarifs, & d'autant d'ariettes. Il y a des
cantates fpirituelles ou de piété -, il y en a de ga-
lantes i il y a des cantates françoifes , des cantates
italiennes. Les cantates françoifes de M. Bernier ,
fonr gravées. La cantate a paffé depuis peu d'Italie
en France. C'eft une étrangère fantafque & capri-
cieufe qui aura de la psine""! fe faire nataralifer , à
obtenir un long fcjou): parmi nous , &: qui n'y
plaira qu'autantde temps qu'une nouveauté bizarre
peur y plaire.
Le nom de cantate vient de l'Italien cantata.
CANTATE. Terme de Bréviaire. Il eft larin. Le qua-
trième Dimanche d'après Pâques , eft marqué dU
mot cantate dans les almanachs &; cphémcrides , à"
caufe que l'introït de la Mefle de ce jour', commence
par ce mor. M. Bayle dir qu'il eft certain que Lu-
ther fiit ordonné Prêtre le Dimanche Camàté de
l'année 1507.
CANTATILLE. f. f. Petite cantate , dont la mufique
eft ordinairement dans le goi!it Italien.
^ CANTAZARO. Ville épifcopale d'Italie , au
Royaume de Naples , dans la Calabre ultérieure.
IJCF CANTCHEOU , CANCHEU & CHANG-
CHEU. Ville de la Chine , dans la Province de
Kianfi , fur la rivière de Can.
^ CANTECROIX. Petite Contrée des Pays-Bas ,
au Brabanr , ou quartier d'Anvers , avec titre de
Principauté. La petite ville de Lire en eft le prin-
cipal lieu.
CANTÉRME. f. m. Sorte de maléfice ancien. Ma-
ximien 1, Evêque de Syracufe , ayanr rrouvé chez
lui des gens infedcs d'un maléfice , nommé Can-
terme , les fit emprifonner. Fleury.
CANTHARE. f. m. Sorte de taffe dont on dit qiie
Bacchus fe fervit dans fon triomphe de l'Afie. Can-
thariis.
CANTHARIDE. f. f. Sorte d'infede venimeux qui a
des pieds & des aîles comme les mouches , & dont
il y a diverfes efpèces. Cantharis. On l'appelle auffi
mouche d'Efpagne. Les cantharides fe forment d'une
efpèce de vermifTeaux qui naiffent fur les blés 6c
fur les feuilles du frêne & du peuplier. Les meil-
leures font celles qui font de différenres couleurs ,
qui ont fur les aîles des lignes jaunes tranfverfales ,
& qui fonr épaifles & récentes. On les fait mourir
en les mettant au-deffus d'un vinaigre très-fort que
l'on fait bouillir exprès , après quoi on les fait fé-
cher. Elles peuvent fe garder environ deux ans.
Les cantharides font très-âcres , & très-corrofives ,
de forte qu'on ne s'en doit jamais fervir intétieure-
ment : elles font ennemies de la veffie , qui en eft
même ulcérée, (\ on les applique par dehors, Si.
qu'on les laifTe un peu trop long-temps. On s'en
ferr fort fouvent dans les véficatoires, pour exciter des
veffies fur la peau , & pour détourner par ce moyen
quelque fluxion. Les cantharides ont pris le nom
de cantharus , qui fignifie cet animal qu'on appelle
en françois fouille-merde , & en latin fcarabceus
venenofus. On applique des cantharides à la tem-
ple de ceux qui ont mal aux dents. Voffius a ramafle
tout ce que l'on a dit des cantharides dans les cha'-
pitres 8 ) , 8(?, 87 , 88 , 89 , 5?6 & 98 de fon IF^ liv.
de Idololatria.
CANTHEROU. f. m, Foye^ Scarabée. C'eft la
même chofe.
CANTHUS. f. m. Terme d'Anatomie. Le coin de l'ϔl,
ou l'angle de l'œil. Celui d'auprès du nez s'appelle
le grand canthus , l'interne Sc le domefiiquc , &
par quelques-uns, arrofoir ou fontaine. L'autre qui
eft vers les temples , s'appelle lu petit canthus , ï'ex'
terne, ou le J au v âge. Ce mot eft grec, & eft dé-
rivé par du Laurens du verbe xiis.tâcti, qui fignifie
démanger f
CÀN
C AN
démanger , parce qu'on icnt d'ordinaire de ia de-
manjieaiibn en ces endroits-là.
Canthus , en termes de Chimie , eft cette partie de
l'otiverture d'une cruche , d'une aiguière , ou d'un
autre vaiifeau , qui a un peu de creux ou de pente ,
par où Te verle doucement Ja liqueur : d'eu vient
qu'on dir , verler par liécamation , quand on verle
doucement par cet endroit-là.
CANTIBAY. i'. m.Nom que les Charpentiers & Menui-
liers donnent aux pièces de bois qui font pleines de
fentes & de peu de valeur. Alaiaries rimofa.
CANTIEN. r. m. Nom & furnom d'homme. 5. Cant ,
S. Cantien , l'on frère , Sainte Cantienne ou Can-
tianille leur fœur , & S. Prot leut Gouverneur, Saints
que l'on nomme vulgairement d'un nom commun
les Martyrs Cantiens , furent roartyrifcs à Aquilce,
félon l'opinion de quelques Auteurs , vers l'an Z90 ;
mais il eft plus vraifemblable qu'ils ne moururent
qu'en 504, auquel on fait que la grande perfécurion
commença à Aquiiée. Baii/et, 30 Mai. M. Tillemont
écrit Cantien) parce que l'on prononce ainfi.
CANTIMARONS ou CATIMARONS, f. m. Terme
de relation. Ce font deux ou ttoi| canots lies en-
femble avec des cordes de coco. Ils ont des voiles
de natte en forme de triangle. Les Nègres de la
côte de Coromandel fe fervent de cantimarons pout
aller pêcher. Les cantimarons vont fort vite , pour
peu qu'il y ait du vent.
CANTINE, f. f. Petit coffre divifc en plufîeurs
compartimens > pour y mettre des bouteilles qu'on
a dclfein de tranfporter. Arcula divifa in cellulas
capiendis lagenis comparata , arcula vinaria. On
l'appelle autrement cave. Les cantines font d'un
grand fecours à l'armée.
On appelle aulTi cantine , dans les places de
guerre , le lieu où l'on vend du vin & de la bière
aux Soldats , fans payer aucun droit. La cantine
vaut tant au Gouverneur de cette place tous
les ans.
Cantine du Taéac. Par une Ordonnance du 50 Juillet
1710, le Roi a fait établir un nombre fuffilant de
cantines , pour y fournir à fes troupes le tabac nc-
ceilàire pour leur confommation.
Ce mot eft dérivé de cantina , qui en italien &
en efpagnoï veut dire la même chofe.
ÇCr CANTINIER. f. m. Celui qui tient une cantine.
AcAD. Fr.
CANTIQUE, f. m. Chant fpirituel qui témoigne
quelque joie, ou allcgrelfe , & qui ell: à l'honneur
de Dieu , parriculièrement pour lui rendre grâces
de quelque bienfait, de quelque victoire iblennelle.
Canticum. Il y a dans l'Ancien Tejiament pluficurs
cantiques , celui de Moife , celui d'Ezéchias , ce-
lui des rrois Enfans dans la fournaife, le cantique
d'Anne , d'Habacuc , &c. Dans le Nouveau Tejta-
ment) il y a celui de la Vierge , celui de Si-
méon & celui de Zacharie , qui font le Magnifi-
cat , le Nunc dimittis & le Benediclus. On chante
ou on récite aux Matines de l'Office divin , les
fept cantiques qui font tirés du Vieux Tejiament
un chaque jour : ainli on ne les récite qu'une fois
par fcmaine \ mais on récite tous les jours les trois
cantiques qui font pris du Nouveau Tejiament ;
favoir , à Laudes le cantique de Zacliarie , Bene-
diclus ; à Vêpres, le cantique de la fainte Viercre
Magnificat ; à Compiles le cantique de Siméon ,
Nunc dimittis. On a appelé aufli cantiques , les
quinze pfeaumes Graduels , depuis le i icje jufqu'au
155 , parce qu'on les chantoit en montant les 15
degrés par où l'on montoit au Temple.
Les Auteurs Eccléfiafliques , S. Hilaire , S. Balîle ,
S. Jean Chryfoftôme, Euthymius , diftingucnt les
cantiques des pfeaumes par rapport au chant ; ils
difent que pour les cantiques on n'emploie que
les voix , & qu'on emploie les voix & les inftru-
mens ( orc^ana ) pour les pfeaumes : ils ajoutent
que quand les voix & les inftrumens fe rénondent
alternativement , fi les inflirumens commencent ,
cela s'appelle cantique de pjeaume , canticum pjalmi , '
Tome, II.
11^
& fi les voix commencent, cela s'appelle //^a/^/zze
de cantique. Voyez , outre les Auteurs cités j Ga-
vantus , le Cardinal Bona ^ Amalarius , Fortuna-
tus j Richard de S. Vidtor, Ruperr,
IfT Les anciens appeloient auffi cantiques , certains
monologues pa/lionnés & touchans de leurs Tra-
gédies , qu'on chantoit,
Le Cantique des C.intiques eft un des livres cano-
niques de Salomon. Cantica Canticorum. C'eft un
épithalame en forme d'idylle ou de bucolique i
dans lequel on fait parler un époux Se une cpoufe j
les amis de l'époux Se les compagnes de Tépoufeo
Grotius foupçonne que ce liyre étoit un tranf-
port amoureux de Salomon pour la fiUa du Roi
'^'^ypte. C'eft pourquoi les Juifs ne permettoient
la leéiure du Cantique des Cantiques qu'à l'âge de
50 ans , de peur que les léns d'une jeuncdé bouil-
lante ne fuffent trop émus par les images & les
allégories fi toucharltes dont il eft templi. Les
Théologiens conviennent qiie fi le fens littétai
peut être appliqué aux amours de Salomon , le fcns
myltique & fpirituel doit être appliqué à l'union
de Jésus - Christ avec fon Eglife : il eft ainfi
nommé j parce que c'eft un cantique par ex-
cellence.
Cantique, fe dit aufTi de -tout chant qui traite de
matière picufe. La France affligée & triomphante
tout enfemble, mêla aux chants de douleur & de
funérailles , des cantiques de louanges & d'ac-
tions de grâces. FLEctiiER. Dans les Couvens on
chante des cantiques fpirituels.
^•f^ On appelle cantiques fpirituels , des chanfons
faites fur des matières de dévotion.
CfCT CANTON, f. m. Quartier , certaine partie d'un
pays ou d'une ville, confidérée comme féparée &
détachée des autres. Pars , regio. Dans certaines
villes, il y a à.t^ cantons dcftinés pour les Juifs,
On recueille d'excellent vin dans tel canton de la
Bourgogne.
On connaît moins dans leur canton
Le latin que le bas-breton. Boisrob.
Peut - être canton vient-il de l'italien cantcne «
qui, comme l'ont remarque les Bollandiftes, Acl,
SS. April. T. I, p. l'èZ.D, fignifie un grand quar-
tier de pierre angulaire , &: toute forte de grolfe
pierre carrée.
Cakton , fe dit aufTi d'un petit pays qili a un gou-
vernement particulier. Il y a treize Cantons des
Suiifes qui forment chacun une République , Se
qui font ligués enfemble. Pagi Helvetiorum. Ces
Cantons font Zurich , Berne j Lucerne , Uri ,
Schwitz , Underwald , Zug , Glaris , Bile, Fri-
bourg, Soleure , Schafoufe & Appenzel. Il y a les^
Cantons Carholiques & les Cantons Proreftans, &'
les Cantons partie Catholiques & partie Proteftans.
Il y a fept Cantons Catholiques : Lucerne , Uri ,
Schwitz, Underwald, Zug, Fribourg & Soleure,
Les Proteftans font Zurich , Berne , Bâle & Scha-
foufe. Les mipartis font Glaris & Appenzel. Tous
ces Cantons font confédérés , & compofent ce qu'on
appelle le Corps Helvétique , ou la République
des Suiflés.
Canton , fe dit auffi des lieux éloignés les uns des
autres. Regio. Ce voyageur a voyagé en plufieurs
Cantons de la terre , il n'y a aucun Canton des Indes
qu'il n'ait vu.
Canton , en termes de Blâfon , fe dit d'une por-
tion carrée de l'écu fans aucune proportion fixée,
Quadratum in jcuto quand parte minus. Régu-
licremenr elle doit être moindre que le quartier ;
fouvenr ce n'en eft que la neuvième partie qui fert
de brifure : il a été fouvexit pris pour marque de
bâtardife. Il fe met tantôt à l'angle droit , & tan-
tôt à l'angle gauche, fp" On le dit aurtî des par-
ties dans iefquelles un écu eft parragépar les pièces
dont il eft chargé. Ainfi les efpaces que laifienr le<
«roix 6c les faùtoirs entre leurs branches , font
Ff
z%G
C A N
aufli appelés Cantons. Spat'ia a crudbus feu decuf-
jibiLS rclicta.
Martinius dérive le mot de canton du grec
, qui lignifie le coin de Vxil.
CANTON ou QUANTON. Province de la Chine.
Le P. Cjouye iiu' les oblervations des Jeiliites , mct-
toic canton à 13^ 7 4^) " de latitude nord , & à 1 5 5"
15' 15" de longitude, en luppolant Paris à xo°
3' de longitude. On ne lui donne plus que 10°
Voye[ QuANTON.
CANTONADE, i.i. Terme de Théâtre. Ceftlenom
que l'on donne à l'aîle, au coin du Théâtre. Un
Adeur s'adrefle quelquefois à la cantonade. Parler
ià la cantonade , c'cll: parier à un peribnnage qui
n'eft pas va des Ipeclateurs. Ce terme le trouve
très-lbuvent dans les pièces de Théâtre , princi-
palement les Italiennes.
CANTONNEMENT, f. m. Terme de l'Art Militaire.
C'ert: un repos qu'on procure aux troupes en dit-
férens villages conrigus , & autant qu'on peut fur
une même ligne , tailant face à l'ennemi , où elles
l'ont logées & bartaquées. Il y a cette différence
entre cantonnement &C quartier , que le premier
ne fe fait que pour procurer un rafrakhiirement
palFagcr à une armée fatiguée , Si que le lervice con-
tinue de s'y faire comme en campagne -, & que dans
le fécond , le lervice s'y fait comme dans les places.
CANTONNER, v. n. Terme de Guerre , qui fe dit
des troupes diftribuces dans plulieurs villages pour
la commodité de leur fubfiftance , avant l'ouver-
ture de la campagne , ou l'entrée en quartier d'hi-
ver. Les troupes commencent à cantonner. Faire
cantonner des troupes. Les troupes ont cantonné
en tel endroit.
CANTONNER (fe). v, récip. Se retrancher, fe for-
tifier dans quelque canton , dans un lieu ferre &c
de défcnfe. Aliquern in locum fe conjicere , tutari,
miinire. Pendant les guerres civiles tous les Sei-
gneurs fe cantonnoient dans leurs Provinces , dans
leurs Gouvcrnemens.
Cantonner un écu de fon véritable blàfon. En
ce fens il clt attif. Singulos fcuti angulos fuis par-
tibus adornare.
Cantonné, éh , part. Conjeclus aliquem in locurn ,
munitus aliquo in loco.
Cantonne, adj. En termes de Blâfon , fe dit îorfque dans
les quatre cantons ou vides qui font autour d'une
croix ou d'un fautoir , il y a quelques pièces qui
remplilîent ces efpaces. Angulatus , habens quatuor
fcuti angulos yel uniim aliquem aliquà figura af-
fccliim. On le dit aulTi , lorfqu'auprès d'une pièce
ou figure principale de l'écu , il y a d'autres figures
dans les quatre cantons qui l'accompagnent. Le
Jay porte d'azur à un aigle d'or , cantonnée au
premier canton d'un foîeil aulTi d'or , & aux trois
autres , de trois aiglettes de même.
Cantonné , efl: auHl un terme d'Architedlure. Lotf-
que l'encoignure d'un bâtiment efl ornée d'un
pilaftre ou d'une colonne angulaire , ou de chaîne
en liaifon de pierre de refend , ou de boflages , ou
enfin de quelqu'autre corps qui excède le nud du
mur \ on dit que le bâtiment ejl cantonné, An-
gulatus.
CANTONNIÈRE. f. f. Pièce de la tenture d'un lit
qui couvre les colonnes du pied du lit & qui pafle
par dellus les rideaux. Conopœum brevius. Elle
îert pour défendre l'entrée du vent qui pourroit
venir par^ l'ouverture que laiffent les grands ri-
deaux.
CANTOR. f. m. Poids dont on fe feit en Sardaigne.
Un cantOT tait 145 liv. de Venife.
CANTORBERY ou CANTORBIE. Ville d'An-
gleterre , capitale du Comté de Kent. Cantuaria ,
autrefois Duvernum , ou Dorobernum , ou Dano-
rernum, Cantorbery eft fur la rivière de Stour ,
à deux lieues de la mer , ville agréablement fituéc ,
mais qui n'efl: pas grande. Sous les Rois Saxons ,
Cantorbery fut le féjour des Rois jufqu'à Ethel-
beit qui la donna à S, Auguftin , qui l'avoit con-
CAO
verti , & qui en fut le premier Archevêque. L'Arche-
vêque de Lantorbery ell Primat d'Angleterre &
premier Pair du Royaume. C'eft à lui à couronner
les Rois : il a zi fuffragans , auxquels il a droit
de donner des Coadjuteurs , quand ils font hors
d'état d'agir : & quand leurs ficges vaquent , il jouit
des droits épifcopaux. Maty. Depuis le fchifme
même on l'a privé du droit de fe marier qu'ont
tous les autics Evêques , ou Prêtres de l'Eglife
Anglicane.
Ip- CANTRE. f. f. Dans les Manufadures de foie ,
c'ert une partie de l'ourdifibir dans laquelle ort
paife les rochers pour ourdir. Encyc.
CANTU AIRE. f. m. Mot ufité dans l'Eglife de Meaux,
pour lignifier le titre de celui qui baptifoit autre-
fois dans l'Eglife Cathédrale. Ce titre fut artnexé
à l'Abbaye de Chage dès fa fondation. Hifl, de l'E-
glife de Meaux, T. 1 , page 630.
0- CANT YR. Province d'Ecolfe , qui n'efl: attachée
au continent que par un Iflhme long de mille pas
qui la joint au Comté d'Argill , dont elle faifoit
partie.
ÇrrC ANULE ay CANULLE. f f. Terme de Chirurgie.
Petit tuyau qu'on introduit dans les plaies , pour les
empêcher de le fermer, pendant la fuppuration, &
pour donner illlie aux matières qui y croupillênt.
Fiflula , Canalictilus. Elle eft faite d'or & d^argent,
ou de plomb , & eft trouée , afin que la fanie
puiffe entrer & tomber fur une éponge trempés
en vin & eau-de-vie qu'on met à l'orifice pour te-
nir chaudement l'ulcère &: empêcher que l'air ex-
térieur n'entre au- dedans. Il y a des canules à an-
neaux qui fervent à les attachct , & les tenir fu-
jettes dans la plaie, hts canules .1 platine font celles
qui ont à la tête une petite plaque ronde percée
de deux trous , où l'on paife un ruban pour les ar-
rêter. Il y a des canules rondes ; il y en a d'o-
vales , de courbes. Il y en a pour appliquer des
cautères aéfuels ■■, elles font pour l'ordinaire fort
courtes & fort larges : ce ne font prefque que
des anneaux qui ont quelque hauteur , &: un manche.
On applique le cautère qui ell plus menu que l'ou-
verture de la canule, en le faifant entrer dans la
canule , laquelle empêche que les parties voillnes
ne Ibient offenfées par le cautère. Il y a de ces
canules à platine qui font longues : elles fervent
lorfqu'il faut introduire un cautère dans le corps
pour confumer quelque callofité ; on les appelle
feneftrées , ou .à fenêtre , à caufe d'une ouverture
qu'elles ont , non pas au fond , mais à côté fut
leur longueur pour appliquer le cautère. On fe fert
de ces canules feneftrées & fermées par un bout ,
pour les hémorrhoïdes internes, pour les fiftules",
&c. Quelques-uns appellent les canules à. platine,
canules ailées , parce que la platine eft étendue en
quelque façon comme les aîles d'un oifeau qui vole.
En plufieurs endroits on appelle canule le pe-
tit tuyau que l'on met au bout des feringues pour
donner des lavcmens. Tubulus.
Canule , fe dit aulîî de ce qui fert à boucher urt
muid , & à en tirer le vin en l'ouvrant. Fiflula,
On l'appelle plus ordinairement canelle.
ÇCr CANZULA. Ville maritime de Niphon au Ja-
pon , au nord du Royaume d'Ava & au midi de
celui de Ximola. Quelques - uns la font capitale
d'une province ou Royaume de même nom.
CAO.
CAOPOIBA. On dit auiFi Coapoiba. f. m. Arbre des
Indes , de la hauteur du hêtre , dont il a la figure.
Son ccorce eft cendrée avec des ondes brunes. Ses
feuilles font fermes , de figure oblongue , & il
fort de leurs queues, lorfqu'on les rompt, une li^
queur laiteufe. Ses fleurs fon,t chacune portées fut
un pédicule. Elles font de la grolTeur d'une rofe,
compofées comme elle de feuilles blanches avec
de petits onglets rouges , & ont au lieu d'un nom-
bril, un petit globule rouge, rcfineux , delagrçA
CAP
féur d'un pois , qui donne une rcflnc auffi claire
que la tcrcbenthinc ,• trluante & jaunâtre , mais d'une
odeur defagréablc. Le truie eft place dans une caplliie,
de même que le gland , & renferme plufieurs ram;s
de iemences de la i^^rofleur & figure des pépins
de pommes. La pulpe du fruit e(t jaune 6: donne
un ilic jaune. L'ccorce du bois , qui eft épaiife ,
fe répare aifémcnt du bois , qui eft fragile , &
qui contient une moelle que l'on en tire facilement.
Il y en a une autre efpcce a écorce grife & à
feuilles oblongues.
CAORCIN ou CAORSIN 6.- CORSIN. f. m. Caor-
cinus , corfinus. Les Caorfins ou Corfins furent des
Marchands d'Italie fameux au XIII' (iècle par leurs
ufures , en France & en Angleterre , dans les Pays-
Bas, & en Sicile. S. Louis fit uh édit contre les
Caorfins en 1 16%. Henri III les cliafla d'Angleterre en
1 140. Le Pape ayant intercédé pour eux, dix ans après
ils revinrent , & furent chaiics une féconde fois en
1 15 1 , l'année d'après leflr rctablirtément. En" i iCo j
Henri III, Duc de Brabant , ordonna par fon" tefta-
ment qu'on les chafsât auffi de fes Etats. Quelques-
uns croient qu'ils prirent leur nom de Cahots , ca-
pitale du Quetcy, où ils faifoient un gros com-
merce. D'autres croient qu'ils viennent d'une famille
de gros Ncgocians de Florence nommes les Cor-
Jins. Quoi qu'il en foit , comme on enlevoit fou-
vent ces Marchands comme des ufuriers pour les
mettre en prifon, quelques-uns croient que c'eft
de-là qu'eft venue cette minière de parler prover-
biale : Enlever comme un Corjin , &C qu'il faut dire
ainh , Se non pas comme un corps Saint , qu'ils
croient être une corruption que la refîemblance
d.es mots a produite. Matthieu de W'ejiminjler , à
l'aniti,!-. Du Cange. D'autres difent que ce pro-
verbe vient de ce que les Caorjins eux-mêmes
ctoient fi cruels , qu'ils enlevoient leurs débiteurs
& les faifoient mettre en prifon. La première raifon
paroît convenir à l'ufage dU proverbe & au fens
qu'on lui donne. Foyei encore au mot Banquier.
^ CAOTANG. Petite ville de guerre de la Chine ,
dans la province de Chanton,Vous le même mé-
ridien que Pékin, à ^yd 15' de lat.
CAOUANNE. f. f. C'eft une des tiois efpèces de
tortues, & la plus grande des trois. Son écaille
n'efl bonne à rien -, car outre qu'elle efl: très-mince
& de vilaine couleur , elle eft toujours chargée de
galle & d'autres marques qui la gâtent abfolument.
Sa chair n'eft pas meilleure ; elle eft toujours maigre,
filaileufe , coriace & de mauvaife odeur. On^nc
laiffe pas de la faler pour les Nègres, à qui tout
eft bon. Le P. Labat.
CAOUP. f. m. Arbre qui croît dans l'île de Ma-
ragnan dans l'Amérique, Ses feuilles rcfiemblent
à celles du pommier , mais elles font plus larges.
Ses fleurs font rouges & jaunes. Son fruit eft fem-
blable à l'orange par fa figure & par l'on goût ,
& plein d'amandes. Ray, cité par James.
C A P,
CAP , f, m. La tête de l'homme. Cdput. II n'eft en
ufage qu'en ces phrâfes. De pied en cap. A capite
ad cakem. An-nè de pied en cap. Cataphraaus.Cc
Capitaine à habillé & armé tous fes cavaliers de
pied en cap , à fes dépens. Parler cap à cap. Les
Gafcons difent auffi cap de Dious , quand ils veu-
lent jurer.
Le P. Pezrori dit que le mot cap vient de capp,
mot celtique, 'qui fignifie la même chofe.
Cap, en termes de Marine, eft la tête de l'éperon,
la pointe, ou l'avant du navire, la proue d'un
.vaiffeau. Nous avons le cap au nord. Il a fallu virer
le cap à l'oueft. Nous avions le cap au vent. Ils
portèrent le cap fur une telle ville, c'eft-à- dire, ils
y dreflérent leur route. Où as-tu le cap-i C'eft une
qucftion qu'on fait auTimonnier; pour favoir quel
rumb de vent on tient. Avoir le cap à marée, c'eft
prefenter l'avant au courant de Isf mer. Mettre le
cap lut une tour, c'eft diriger la proue du vaiffeau
â, 2, 'T^
du côté de ia tour, afin qu'il aille Vers la tour^
P. HosTE Jeiuite.
^ Virer cap pour cap , c'efl-à-dire , changer les amu-
res en virant vent arrière & courir fur la route di-
rectement oppofee a celle que l'on tenoit avant de
virer. On dit que deux vahfcaux font cap k cap, lorf-
r ^" !''5?"'^^"^ ^"f des routes diredf ement oppofées
CAPj.Mor., en termes de Marine, ou Tète de More,
eft un gros billot qui embrafib le tenon des mâts
m'ê-me cîTofe ^'^' '^^°"' ^^^"^ Chouquet , c'eft la
Cap de Mouton , eft tin autre billot de bois taillé
en façon de poulie, qui eft percé en tfois endroits
pour y pafîer des cordes ou rides , fervant à differens
ufages. On met d'ordinaire treize douzaines de cats
de mouton pour l'équipement d'un vaifieau. Il fert
particulièrement à rider l'étai du mât. Le cap de
mouton qu on appelle martinet, eft une efpèce de
cap de mouton, ou paifent les lignes des trelin-
^,, „.,, À ■ t;"'";"" "S"t:, qui vont s'claraiftànE
e patte d oie fur le bord de la hune , pour empê-
cher les l^unu^rs de fe couper contre la hune. On
I appelle auHi Motte de trelinga<re.
Ce qu'on appelle caps de mouton à croc, font de
petits caps de mouton . où il y a un ctoc de fer p<i,ur
accrocher au cote d'une chaloupe. C'eft-là qu'on a
coutume de les faire fetvir pour retenir les haubans.
Cap de More, en terme de Manège, eft un cheval
de poil rouan , qui a k tête & les extrémités des
pieds noires. Equus cdpite atrifque pedibus.
On dit chez les Marchands, qu'une étoffe a oî;.
& queue, quand elle n'eft point entamée, quand
II y a deux chefs aux deux bouts.
^^r, P"'^^ ' '^^^"'^ de Coutumes , qui veut dire
1 hotel noble , le château , la maithn principale:
qui appartient à l'aîné par préciput.
Cap d'Homi. Terme de Coutumes. C'eft l'état & la
condition des petfonnes. Cujufque ftatus & con^
ditio. Voyez le For général de Bearn.
Cap, fignifie encore un promontoire, line pointe dd
terre qui avance dans la mer. Promontorium. Li
Sicile fut appelléé Trinacrie dans l'antiquité, à
caule de ies trois caps , ou ptomontoires , qui font
marqués fur les médailles par trois jambes d'homme
jointes enfemble par k haut de la cuiffe , & re-
pliées au genou,- ce qui fait à peu près la fio-ure
«langulaire de^ cette île. Le cap de Finifterre" en
Elpagne. Les Iles du cap Vert , qui font vis-à-vis
le cap Vert. L'Académie des Sciences met le cap
Vert au 14*^ deg. 45 min. de latitude ndrd , &un
dcg. 50 mm. de longitude. Le cap Vert fut ainfi
nomme pat les Portugais , parce qu'ils y trouvè-
rent de la verdure. Le cap Blanc flit découvett par
les Portugais en 1454, & flit ainfi nommé à caufe
que le territoire eft ftérile , & fans verdure. Le
cap de Bonne-Efpérance eft la pointe la plus méri-
dionale de l'Afrique. Elle fut découverte pat Vafco
de Gama Portugais, en 1509, fdus Jean II, Roi de
I ortugal. Les Capitaines des vaifl'eaux l'avoient d'a-
bort nommé Capo Tormentofo, à caufe d'une grande
tourmente qu'ils y effuyèrent ; mais le Roi voulut
qu'on changeât ce hom en celui de Bonne-Efpé-
rance, à caufe de l'efpoir qu'il conçut dès-lors de
découvrir les Indes, dont en effet il a ouvert le
chemin. Le cap de Bonne-Efpérance eft au 34«
degré ij min. de latitude métidionale , & au 58«
degré 30 min. de longitude, félon la table de l'Aca-
démie des Sciences. Doubler le cap , c'eft pafTer aii
de-là du cap , de l'autre côté du cap. Promontoriurri
prxtercr/edi. Pater le cdp , c'eft la même chofe.
Cap des deux Bayes. Il eft en Acadîe.
Cap Blanc. Il eft fur la côte de Phénicic , au midi
de Tyr ^ fur le chemin de Tyr à S. Jean d'Acre.
II tire fon nom de la blancheur du rocher qui
forme ce promontoire. Promontorium album y ou
candidum. On y voit ce célèbre chemin qu'on
appelle le chemin d'Alexandre. Il eft taillé fut
F Uy -
228
CAP
une montactnc toute de pierre , 5c creufé comme
un canal dont les bords ibrment un par.inct du
côté de la mer, dont les vagues battent conti-
nuellement le pied de la montagne. Ce chemin a
plus d'une lieue de longueur , & lix à fept pieds
de largeur. Alexandre le fit taire pour donner pal-
iage à fon armée qui alloit adiégcr Tyr, Alem,
dt:s Mijjwn. du Levant, T.V.p. \-j , i8.
Cap Dori. Cap à l'entrée du havre de la Haivc à
droite, fur la côte de l'Acadie. Auraiiim Pro-
numtoriiim. C'efI: un gros cap de roche, ainii nom-
me , parce que quand le Soleil donne delllis , il
paroit tout doré. Denys , Defcript. de l'Am, Sept.
I c.
Cap de Bonne-Efpérance ( le ) diffère du méridien
de Paris de i h. lo' 58" orient, ou 17''. 44' 30',
c'eft-à-dire qu'il eft au 5-7 d, ^j' ço" de lon<ïi-
tude : il a 54 **. 15;' de latitude méridionale. Le
tout lelon M. Cassini.
Cap Fourchu. ( le ) C'efl: un cap de la côte de l'A-
cadie. Le Cap Fourchu fe nomme ainii , parce qu'il
eil: fait comme une fourche. Les vaiffeaux s'y peu-
vent mettre à couvert. La pèche de la morue y
eO: abondante , n'eft pas loin de terre , & s'y fai'r
plutôt qu'en aucun lieu de l'Acadie. Le pays eft
bon & fort beau. Denys.
Cap de fable. Cap fur la côte de l'Acadie.
Cap^ Fert (le) eft plus occidental que Paris de i h.
18' o" ou de 19 d. jo' o", fa longit. eft o d. zi'
30", fa latitude 14 d. 45' o" nord". Cassini.
IP" CAPABLE, ad], m. & f. Capax. Ce mot dans
un Jcns général marque une aptitude , une dilpofi-
tion, & les qualités requifes pour une chofe.
On le dit des choies & des lieux étendus en toutes
dimenfions. Dans cette acception on le joint avec
Jcs verbes tenir Se contenir. Ainlî on dit que le
cirque étoit capable de contenir tout le peuple,
pour dire qu'il avoir affez d'étendue, l'étendue
néceflaire pour contenir tout le peuple. On dit
de même qu'un vaifîëau eft capable de tenir tant
' de pintes de vin. Ce port eft capable de contenir
tant de galères.
Dans Rabelais , ce mot lignifie , qui peut con-
tenir beaucoup. Une ccuelle capable & profonde.
Capable fc dit figurément des fonclions de l'amc ,
en tant qu'elle peut contenir ou embraifer pkifieurs
connoidances. Idoneus , aptus , capax. L'ciprit de
l'homme n'cft pas capable de concevoir l'infini ,
ni même la vafte étendue de l'Univers. La raifon
humaine n'eft pas capable de comprendre les myf-
tères de la foi. La mémoire n'eft pas capable de
conferver l'idée de tant de chofes différentes. Il
n'y a que les grandes âmes qui foient capables
de grands defleins. P. Rap.
On le dit auifi des difpolitions qui fe trouvent
dans l'efprit, ou dans les chofes, pour être pro-
pres à recevoir, ou à produire au dehors divers
effets, foit par leur nature, foit par une impref-
fion étrangère. Un ami en mourant légua à ion
ami le foin de nourrir fa mère. Il falloir être capa-
ble de le faire pour l'ordonner. Mont. L'antiquité
a eu des vertus dont notre fiécle n'eft pas capable.
Baiz. Une ame ambitieufe n'eft pas d'ordinaire ca-
pable de modération. S. Evr. Capable d'amitié ,
de reconnoiffance -, c'eft-à-dire , fufceprible des
fentimens d'amitié , reconnoiffance. Le prédica-
teur ne doit rien laiffei échaper qui ne foit capa-
ble d'imprimer "du refpeét pour les vérités de la
Religion. Tout l'or de Philippe ne fut pas capable
d'éblouir Démofthène. P. Rap. Thucydide eft ad-
mirable pour raconter les chofes avec dignité , &
pour donner à la raifon tout le poids dont elle eft
capable. Idem.
f^ Capable , -en Jurifprudence , fe dit de celui qui a
ràgc compétent & les autres qualités requifes par
la loi pour pofféder une charge , un bénéfice , pour
exercer certaines fondions.
Par le Droit Romain, uu eunuque, un impu-
CAP
bcre , ne font pas capables de faire tcftamcnt. Le>
étrangers non naturalifés ne font pas capables de
poHcdcr des Bénéfices , ni de tcftcr. Il faut avoir
14 ans, pour être capable de poiféder un Cano-
nicat dans une Eglife Carhédrale. Un Patron Ec-
clciiaftique qui confère un Bénéfice à celui qui n'en
eft pas capable , perd ion droit pour cette fois-là :
il ne peut point varier.
(fT Capable, dans la fignification d'habile •, entendu
dans ce fens on l'emploie abfolument ians régime. Il
a confié fon atfaire à un homme capable , fort capa-
ble. Il a mis^cetce charge entre les mains d'un hom-
me capable.
On dit auffi qu'un homme eft capable d'affaires ,
pour dire qu'il les entend bien.
On dit en bonne part, qu'il eft capable àc toux.,
pour dire qu'il peut s'acquitter très-bien de tous
les emplois qu'on lui confie , de rout ce qu'il en-
treprend. Horace avoit»un génie capable de tout ,
mais la pente de fon enjouement le tourna du côté
de la fatyre. P. Rap.
En mauvaife part, on dit d'un téméraire, d'un
fcélcrat, qu'il eft capable de tout, pour dire qu'il
peut ie porter à tous les excès, aux adlions les plus
noires.
On dir d'un ton un peu ironique que quelqu'un
a l'air capable, pour dire qu'il a l'air d'un homms
qui préfume trop de fon habileté , de fes talens.
Conjidens. Il eft bon que les jeunes gens qui en-
trent dans le monde foient honteux ; un air capa^
ble le tourne d'ordinaire en impertinence. La.
ROCHEF.
On dit fubftantivement qu'un honmme fait le
capable , pour dire qu'il fait l'habile homme. Il y
a beaucoup plus de honte à faire le capable mal-
à-propos , qu'à fe taire Judicieufement , & à avouer
qu'on ne lait rien des chofes dont on parle. M.Scud.
Capable fe dit auffi en Phyfique, des chofes qui
ont de la force pour réfifter au poids , aux efrbrts
& aux violences des corps étrangers. On fe ferc
en ce fens des verbes Pojfum & Valeo. Cette co-
lonne n'eft pas capable de foutcnir de lî grands far-
deaux. Columna ijla non poteji , non valet fujii-
nere tam grave pondus. Cet habit eft capable de
vous défendre du firoid.
En approchant de ce fens, il fignific auiH, fuf-
fiilint, qui peut faire, qui eft en état de faire, qui
eft allez puiffant poui faire, &fe dit des perfonnes
6c des chofes. Cet homme n'eft point à négliger ,
il eft capable de vous rendre de bons offices. Ce
précepte eft capable de ruiner l'amitié. Il n'eft pas
capable d'une i\ haute réfolution. Cette médecine
écoit capable de vous empoiibnner. Une parole
dire mal-à-propes eft capable de ruiner la forrans
d'un Courcifan.
CAPABLEMENT , adv. D'une manière capable.
Docte , crudité. Cet Officier a parlé fort capable'
ment à fa réception & à fon examen. H parle de tout
cavablemetn. Voit. Cet adverbe n'eft plus enufas^e.
Ip- CAPACCIO ou CAPACCIO-NUEVO. Cap ut a-
quetiin. Ville d'Italie dans la Principauté citérieure ,
au Royaume de Naples , avec un Evêché fuffra-
gant de Salerne. Il y en avoit une autre fur une
montagne, dont les ruines portent encore le nom
de Capaçcio-Vecchio.
CAPACITE, f. f. Ce mot fe prend dans le même
fens que capable.
En parlant des chofes, Ciî/?<ic«£ fignifie leur éten-
due en toutes dimenfions i la profondeur & la lar-
geur d'une choie , confiderée comme contenant
ou pouvant contenir. Capacitas , amplltudo. Ce
vaiffeaun'apas affcz ae capacité pouT conrenir toute
votre liqueur. C'eft dans ce fens qu'on dit la ca-
pacité du cerveau , de l'eftomac , de la veffie , des
ventricules.
En Géométrie on dit méfurer l'aire ou la ca-
pacité intéxicute d'un cercle, d'un triangle, d'un
carré , d'une figure.
Capacité, en Jurilpradence , fe dit des difpoJîtioas
CAP
d'une penonn; , qui font réglées par îa coutume ,
ouparlesLoix Civiles &i Eccicihlliques, Facuàus.
Une donacion eft nulle, fxm^ de capacué dans
la perfonne du donataire ou du donateur. Le vice
de la nai(lânce ôte la capacité de tefter , à un au-
bain, par exemple : Les diipofitions qui forment
la capacité , ne Jbnt pas les mêmes partout : ainii
la majorité qui donne la capacité d'agir , com-
mence en Normandie à lo ans , & à ijVculemcnt
«ians les autres Provinces. Un entant dans le lein
de fa mère a la capacité de fuccéder à fon père ,
quand fa fucceifion cft ouverte.
On appelle titres & capacités d'un Eccléfiafti-
que, l'extrait baptilbire, les lettres de tonfiire ,
la provifîon du bénéfice , la prife de poircffion ,
&-'c. & quelquefois les grades , induits , ou autres
privilèges: ces chofcs étant ce qui donne la capa-
cité pour les bénéfices.
Capacité, fe dit figurément de l'étendue , de la por-
tée de l'efprit. Captiis.,facultas. L'elpritdecet Auteur
eft d'une vafte étendue , il eft d^ne grande capacité.
La. capacité de l'efprit s'étend Se fe referre par
l'accourumance , & c'eft à quoi fervent les Mathé-
matiques, & les autres fciences difKciles, qui don-
nent une certaine étendue à l'efprit, Si l'exercent
à s'appliquer davantage. Port-R. Il n'y a pas de
plus notable folie au monde que de vouloir rame-
ner les antres à la méfure de notre capacité &
fuffifance. Mont.
Il fignifie aulli , habileté. Intelligentia. C'eft un
Avocat qui a route la capacité qu'on peut avoir.
Démofthène n'avoit pas un génie fi heureux , ni
une fî vafte capacité que Ciceron. P, Rap, Les cn-
treprifes d'Alexandre ont quelque chofe de plus
étonnant que celles de Céfar \ mais la conduite &
la capacité ne paroiffent y pas avoir eu la même
part. S. EvR, Tant qu'on ne Voit pas le fond &
les bornes de la capacité d'un Minifti-e , fa pro-
fondeur inconnue le fait refpedter. Amel. Il y a
bien des gens à qui une mine froide a tenu lieu
de prudence & de capacité. Mont.
ÇCr Le mot de capacité , dit M. l'Abbé Girard , a
plus de rapport à la connoillance des précepres ;
Vhabilcté en a davantage à leur application ; l'une
s'acquiert par l'étude , tV l'autre par la pratique.
Qui a de la capacité eft propre à entreprendre. Qui
a de Ytiiihikti eft propre à réuifir. Il faut de la
capacité pour commander en chef, & àtV habileté
pour commander à propos.
CAPADE, f f. Terme de Chapelier. Eft une cer-
taine quantité de laine ou de poil qu'on a formé
par le moyen de l'arçon. Faire une capadé,
Capade , f. m. Nom qu'on donne chez les Maures
& ailleurs aux Eunuques noits , auxquels l'on con-
fie la garde des femmes.
CAP AGE , f, m. Terme de Coutume. C'eft la même
chofe que capitatinn ; c'eft-à-dire, rribut impofé
fur les perfonnes & par têtes. Tributum viritim
exigendum. Capage en Provence eft un tribut im-
pofé fur chaque maifon , ou fur chaque famille.
Foyei les Statuts de Provence. Ce mot eft en ufage
au même fens que Capitation en plufîeurs endroirs
du Dauphiné. Chorier , Hiji. du Dauph. L, IV,
p. lO'î.
CAPALANIER , f. m. Voyei Caplanier.
^fT CAPALITA. Ville de l'Amérique féptentrionale ,
dans la Province de Guaxaca.
CAPANEE , f. m. C'étoit un des lept Chefs de l'ar-
mée des Argiens dans la guerre de Thébes. Lorf-
que Théfce fit faire de magnifiques funérailles à
ceux qui étoient morts au fîége de cette ville, on
ne voulut pas brûler le corps de Capanée avec
les autres , parce qu'il avoir été frapé de la fou-
dre, 8c qu'il éroit regardé comme un impie, qui
par fes blafphcmes s'étoit attiré le courroux du ciel ;
& on lui fit un bûcher féparé.
CAPARAÇON, f. m. Couverture qu'on met fur les
chevaux. Circumfufum equo ac pendens [iragulum
ou /Iragulum feui , firatum. Les caparaçons ordi-
CAP £,9
haïtes font d'une fimple toile, ou treillis Ceux
des chevaux de main font de drap , ornes iz ch i ^
g-cs des armes ou des chifftes du Maître. Les )u-
paraçons des anciens Gendarmes étoient'de ri-hcs
bouffes brodées , dont ils taifoient parade da-is" l-s
montres, les tournois, &: dans les pompes & cé-
rémonies. Les caparaçons étoient autrefois une ar^
mure de fer , dont on co ivroit le cheval de hi-
r.^\[\e.ïfTLzs caparaçons de l'armée font quelquefois
d une grande peau d'ours ou de quelqu'autre ani-
mal, de même que ceux des chevaux de caro/fe
en hiver.
Ce mor eft un mot efpngnol aui^mentatif dt
cape, comme qui à'no'xX. grande cjp\
Quelques-uns ont écrit Caparaflon.
CAPARAÇONNER, v. a. Couvrir un cheval d'un
caparaçon. Eqnurn amplo ac demi[Jh undique lira^
gnlo cooperire, e^^uumjierncre , Jtragalo coopenre,
injtruere.
Caparaçonné , ée. part.
CAPAX. f. m. Mot latin qui /îgnifie capable On le
donne dans l'Ordre de Malre^ aux Chevaliers qui
fonr capables d'avoir une Commanderie , c'eft-à-
dire, qui onr fut cinq années de réiidence â
Malte , & quatre caravannes.
CAPDALAT, f m. Terme de Coutumes. Titre fous
lequel on poflede une terre , un bien. Ceux à qui
le Bourg de Buchs apparrenoit à titre de capda^
lat , ou deSirauté, font appelés dans les anciens
titres C'tpitales deBogio, d'où l'on a fait captais ,
ou captaux de Buchs. De Laur. fur Rameau.
rr LAPDENAC. Petite ville de France , dans la
Querci , fur un grand rocher efcarpé de tous côtés.
Quelques-uns la prennent pour l'Uxellodunum de
Ccfar
CAPE. i. f. Vieux mot , qui fignifioit autrefois un
gros manreau de campagne , dont la partie flipé-
rieure croit taillée en forte qu'on y pouvoir four-
rer la tête, Bardocucullus ,penula cucullum habens.
C'eft ce qu'on appelle encore cape de Béarn , dont
ufent les matelots. La cape fe portoit autrefois
tant par les Moines, que par les Laïques, tanc
hommes que femmes indifféremment. On l'appeloit
en latin carnealla , vefiis cilicina , &: elle étoit faite
de poil de chèvre. C'étoit auffi une ei'pèce de fur-
tout , ou de manteau long , qu'on portoit fur les
autres habits -, & Ifidore dit qu'on l'a appelée capa ,
quod tottim capiat hominem.
Cape , fe dit auffi d'une couverture de tête que les
famines portent pour fe garantir de la pluie ou du
mauvais temps. Muliebre capitis tegumentum adyer-
fus pliiviam ; capitium , capidulum. Cape de taffe-
tas , à dentelles.. Cette femme va toujours à k
Meffe en cape , & ne s'habille que le foir. |p" Fn
Bretagne on appelle cape , non une couverture de
tête fimplcment , mais une mante , un habille-
ment qui couvre les femmes depuis la tête juf-
qu'aux pieds : c'eft ce qu'on appelle ailleurs Capote.
Ménage après Voflîus dérive ce mot de f^/'t-, Al-
lemand , qu'il fait venir enfuite de caput. Il cits
auffi le Père Sirmond , qui le dérive de capis â
capiendo , qui étoit une efpèce de vafe , d'où on
a fait enfuite chapeau & capeline. D'autres plus
fimplementle dérivent du Latin cappa , auifi-bien
que chappe. Adrien Schiek le dérive de Capa ,
na- , qui veut dire en hébreu couvrir , & qui fe
dit des habits, auffi-bien que les autres chofeî.
Cape , en termes de Marine, eft la grande voile qu'on
met au grand mât , qu'on appelle autrement Pacfi,
Velumj'ummi rnali maximum , ou vélum maximum.
On dit, mettre à la cape , pour dire, mettre li
voile au lit du vent, en orientant les voiles , &C
en plaçant le gouvernail de façon que le vaifllau
ne fafle que des élans & aille peu de l'avant.
Etre à la cape , c'eft ne porter que la grande voile
bordée , & amarrée tout arrière. On fe tient à la cape
par un gros vent contraire. On met aufîî la cape
avec la mifaine & l'artimon.
Cape, fe dit proverbialement en ces phrafesi rira
ajo CAP
feus cape ; pour dire , rire fourdemcnt , & fans que
pcnbanc s'en apperçoivc ; vendre une cliole ibus
cape ; pour dire , ibus le manteau , en caclictte.
On dit auifi , qu'un homme n'a que l'épce &: la
, cape ; pour dire , qu'il n'a point de bien , qu'il
n'a aucune fortune établie. On le dit ^:gurcment
de toutes les chofes qui n'ont ni- valeur , ni mé-
rite , mais feulement un peu d'apparence. C'eft une
Noblclfe qui n'a que l'épéc & la cape. Ce traité
n'a que la cape & l'épée.
Cape. Terme en ufage dans les fucrerics. Il fignifie
plufieurs morceaux" de bois légers , minces , arrêtes
enfemble par le bout d'cnhaut , dont on couvre
les formes calfces pour les mettre en état de pou-
voir encore iervir.
Cape & queue , ou cap & queue. Terme de Ma-
nufactures de lainage. Ce font les extrémités des
étoffés.
^3" Cape, (la) Terme de Fortification. C'eft la par-
tie fupéricure du bâtardeau.
Cape. f. f Quelques-uns appellent ainiî le fruit
du câprier. Il faut dire câpre.
CAPEER , CAPIER ou CAPEYER. v. n. Terme de
Marine. C'eft faire fervir la grande voile feule
après avoir ferlé toutes les autres. Uno uti vélo
fummi mali , contraclis reliquis. Ainfi on dit 5 allei
à cape., mettre le vailleau à cape, pour Mler plus
lentement , &' demeurer plus longtemps dans un
parage , ibit de gros temps , foit de nuit , quand
on n'eft pas éloigné des. côtes.
i^ CAPELAGE. terme de Marine. C'eft la partie
des cordages qui fe voit à la tête des mâts. Un
capelage eîl bien fait quand il eft bien ferré , bien
dégagé , & qu'il paroît peu.
CAPiELAN. f. m. Pauvre Prêtre qui cherche l'occa-
lion de deffervir quelque Chapelle, d'aller dire
la Mefle pour quelqu'une pour qui l'on n'a pas le
refpecl qui eft dû à fon caraélère. Sacerdoi ex quo-
tiàiano altaris minijlerio viclitans. Cet homme fe
dit Abbé , & ce n'eft qu'un pauvre Capelan. On
le dit aulTi d'un Prêtre cagot , l'un & l'autre par
mépris. Les Efpagnols fe fervent aufTi du mot de
Capelan , de c'eft' le nom général des Prêtres & des
Eccléfiaftiqucs. Les Languedociens & Provençaux
appellent auffi généralement de ce nom tous les
Ecclciiaftiques féculiers.
13" Capelan , eft auffi le nom d'un petit poilfon
de iTier , dont la chair eft tendre , douce & de
bon goût. Le Capelan eft connu dans la Méditer-
ranée. Afellus mollis minor.
CAPELER. V. a. Terme de Marine. 0Ç? C'eft mettre
quelque chofe que ce foit par-deflus la tête des
mâts. Ainfi quand on met les haubans , cale-hau-
bans , étais , &c. fur les mâts , on dit capeler tel
mât ; capeler les hunes , &c.
CAPELET. f. m. Terme de Manège. Enflure qui vient
au train de derrière du cheval à l'extrémité du Jarret,
qui eft grofle comme une balle de paume. Cette
maladie eft caufée par une matière flegmatique 5c
froide qui s'endurcit par fa vifcoiité , & qui ne
fait pas grande douleur. Tumor extremo equi in
poplice excrefcens. Soleisel.
Capeï^et. f. m. Nom que l'on donne aux Soldats
Albanois. Miles Alhanus. Les Capelets font endurcis
à la peine & au travail.
CAPELINE, f. f, Efpèce de chapeau que les femmes
portent pour fe garantir du Ibleil. Elle eft faire
d'ordinaire de paille , à grands bords , doublés de
taffetats ou de fatin, & couverte de plumes , quel-
quefois ce n'eft qu'un bonnet de velours bien garni
de plumes. Caiijîa muUebris,
ÇCT CAPELINES, chez les PlumafTiers, font des pana-
ches ou bouquets de plumes dont fe fervent quel-
quefois les Adtrices fur le théâtre.
Le mot capeline cii un diminutif de capal , d'où
il a été formé , Sc qui eft la même choie que clia-
psl , &C chapeau , feul en ufage depuis long-temps.
On appelle auflî proprement capeline , le petit
CAP
chapeau qu'on peint fur la tête de Mercure. Pcta-
funculns , gaUriculum. Cétoit aulli autrefois un
chapeau de forme balfe & à petit bord , que por-
toient les bergers , les meflâgers & laquais. Les
Soldats en portoient de fer , & c'ctoit une arme
défenlîve. Les armes pour ceux qui lavoient tirer
de l'arc croient une troufle , une capeline , une
couftillc , une hache , ou un mail de plomb , de
bons jouques garnis de bandes de fer , & des mailles
de fer pour couvrir les bras -, & pour ceux qui ne
favoient pas tirer de l'arc , des jouques avec la ca-
peline , la couftille &c la hache , & de grands pa-
niers de tremble, ou autre bois convenable, en
forme de pavois , pour couvrir le corps tout en-
tier. L0BINEAU, T. I , p. 565. Il parle du com-
mencement du XV' liècle.
Capeljne, en termes de Chirurgie, fignifie un ban-
dage , dont on ule très-fouvent pour contenir l'ap-
paieil qu'on applique fur le moignon d'un membre
amputé. Il eft fait d'une bande roulée à deux chefs
égaux.
En terme de Blâfon , on a appelé capeline , une
efpèce de lambrequin que les anciens Chevaliers
portoient fur leurs têtes. Alata cajjis. Ce mot a
donné lieu à cette façon de parler militaire. Homme
de capeline ; pour dire homme rcfolu Se détermina
au combat. Animi prœfcntis & manu promptus
homo , alacer , audax.
CAPELLE. f f. Nom d'une forterefle de France, en
Picardie. Capella. La Capelle fut bâtie dans le
XVI^ liècle , pout arrêter les eourfes de ceux des
Pays-Bas , en Picardie. Capelle eft la même chofe
que Chapelle en françois ■■, mais dans le nom de
cette ville , & en quelques autres , nous avons
confervé la prononciation picarde.
{a- CAPELLETTI. f m. pi. Nom qu'on donne à
Venife à des Soldats que la République tire d'Ef-
clavonie , de Dalmatie , & d'Albanie. Cette milice
eft regardée comme l'élite de les troupes.
CAPELLEN. f. m. Vieux mot. Pauvre Prêtre i ou
Prcticlfe. Gloss. si;r Marot.
CAPELUCHE. f f. Chaperon. Le Redeur Roze quit-
tant la capeluche redlorale , prit fa robe de Maître-
ès-Ars , avec le camail & le roquet , & un haufle-
col deifus , la barbe & la tête rafée tout de frais ,
l'épée au côté', & une pertuifane fur l'épaule. Sat*
Mém. irz-2°. p. ix.
03° Capeluche , Boilreau de Paris , fc mit en
1418 à la tête d'une foule de fcditieux , & prit
parti pour le Duc de Bourgogne , pendant les fac-
tions des Armagnacs & des Bourguignons. Ccrtâ
émotion ayant été appaifce , quelques Jours après
Capeluche eut la tête tranchée, par ordre du Duc
de Bourgogne, parce qu'il s'étoittrop familiarifé
avec lui , Jufques-là que le Duc ne le connoilfant
pas , avoit fouffert qu'il lui eût touché dans la main.
CAPENDU ou COURT-PENDU, f. m. La Quin-
tinie dit court-pendu. Efpèce de pomme dont la
pelure eft rouge. Elle eft à peu près de la même
figure que les pommes de rainette ; mais elle efl
plus douceâtre , & n'a pas le goût li aigrelet. Quel-
ques-uns croient que fon nom vient de ce qu'on
le pend par le cap ou la tête pour le conferver,
D'aurres , parce qu'il a la queue forr courte , pré-
tendent qu'il faut dire court-pendu. En latin ma-
htm curtipentulum , Ou celtianum malum>
§3* CAPENE , [^ont) porta Capena. Les anciens
ont ainfi nommé une des porres de la ville de Rome ,
du nom d'une ville voilîne , félon Feftus. On la
nommoir aullî la porte Appienne , parce qu'elle!
conduilbir au chemin d'Appius i & Triomphale ,
parce que c'étoit par certe porte que les Triom-
phateurs faifoient leur entrée da^s la ville. On l'ap-
pelle aujourd'hui la porte de S. Sébaftien.
CAPER une forme. C'eft y mettre une cape. Voye^^
Cape , dans les fucreries.
CAPEROLAN. f. m. Nom d'un Religieux Francifcain
d'une Congrégation particulière. Caperolanus. La
guerre qui s'éleva entre les Vénitiens & les Mi* ''
C A P
knois dans le XV^ iiècle , donna occafiôn à l'éta-
bliiîement de cette Congrégation. Les Supérieurs
de la province de Milan , qui s'étcndoit fur les
terres de la Republique de Vcnilé , traitoiem avec
beaucoup de hauteur & de dureté les Vénitiens ,
qui étoicnt dans leur province ; de lotte que ceux-
ci penl'èrent à fecouer un joug qui leur devenoit
inlùpportable. Les Supérieurs en eurent avis; ils
firent fortir de la province les principaux Auteurs
de ce complot. Pierre Caperole, Matthieu de Tar-
ville , Gabriel Maluezzi & Bonavcnture de Brefcia.
On les rapela , mais on n'en ufa pas mieux à leur
égard. Caperole trouva moyen de faire iéparerles
Couvens de Breicia, de Bergame i de Crémone,
& d'autres de la province de Milan , pour les
mettre fous l'obéiifanre des Conventuels. On en
ht une Vicairie , & Caperole obtint du Pape qu'elle
tCiz érigée en Congrégation , qui fut appelée des
Caperolans , & foumife aux Conventuels. P. Hc-
liot-, T. VU , c. 14.
"fer CAPES. Ville d'Afrique , au Royaume de Tri-
poli, fur la Méditerranée.
'lyT CAPEs^Peupies d'Afrique , fur la côte de l'Océan ,
près de la montagne de Sierra-Lione.
gCT CAPESTÀN. Petite ville de France , au bas
Languedoc , diocèfc de Narbonne , à deux lieues
de cette ville , fur le canal royal.
CAPET. f. m. Surnom de Hugues , Comte de Paris , &
Duc de France , iils de Hugues le Grand. Capeius.
Hugues Ca.yet fut le XXXVe Roi de France , & le
premier de la rrqiiième race , dont l'augufte podériré
règne encore aujourd'hui en France ,' en Elpaïne ,
à Naples & à Parme.
Oï\ le ttouve appelé en latin C.ipetus j & ca-
pucins , & l'on prétend que ce nom vient dé ca-
pucihtn, un capuee, ou capuchon ; & qu'il Un fut
donné parce qu'étant Jeune ion plaifir étoit d'ôter
aux autres le capuchon que l'on portoit alors ,
& que l'on appeloit cappe & cap^t. On ajoute qu'en-
core aujourd'hui on appelle eri Auvergne chapets
ceuîc qui tourmentent les autres par jeu & en ba-
dinant. Pasquier , Rech. L. FUI, c. 45. Du Cange.
Quelques-iins prétendent que ce nom fut donné
à Hugues Capet , iimplement parce qu'il portoit un
capuchon , ou une cape , capam ; que c'ell pour
cela que dans une ancienne charte de l'Eglife de
S. Médard de Soi/Tons , il elt appelé capattis : &:
ils traitent la raifon de Palquier & de Du Cange
de puérile. Mais ne leur en déplaife , quelle raifon
y auroit-il eu de donner ce nom en particulier à
Hugues , puifque tout le monde alors portoit des
capes? c'efl: ce que ces critiques ignorent. D'autres ,
ajoutent-ils , difent que ce nom vient de caput ,
tête , & qu'il fut donné à Hugues , parce qu'il
avoir la tête greffe , ou parce qu'il l'avoit bonne ,
c'eft-à-dite , le fens & le jugement bon.
CAPETES, f. m. pi. C'eft le nom des Bourfiers du
Collège de Montaigu : ils furent fondés en 1480
par Jean Standonck , de la ville de Malines , Doc-
teur de Sorbonne , & Seigneur de la Villette. On les
nomma ainfi , parce qu'outre une efpèee de froc , ils
pprtoient de petits manteaux , que l'on nommoit an-
ciennement des capes ou des capètes. Remar^.fur
la Satv. Menipée.
CAPETIEN, f. m. Qui eft defcendant de Hugues
Capet , Piince de la poftéritc de Hugues Capet ,
qui fait la troifième race de nos Rois.*" Capetingus.
Ce mot ne fe dit que des Rois & non des bran-
ches des familles royales qui n'ont point monté
fur le trône , quoiqu'ils Ibient auflî Capétiens , c'efl-
à-dire, defccndans de Hugues; Caper. Il y a plus
de fepr fiècles que les Capétiens régnent en France ,
car aujourd'hui (en i7(> 9) il y a 781 ans. Les Ca-
vétiens font inconten-ablcment la famille la plus an-
cienne & la plus noble qui foit au monde. Nulle
généalogie ne remonte lî haut que celle dejESus-
Christ , dit un Auteur Allemand , pas même celle
des Capétiens , la plus longue & la mieux prou-
vée que l'on connoilfe au monde.
C À i^
Ce nom vient de Hugiies Capet , premier Roî
de cette race , dont Louis XV'-' du nom , qui rèime
à préiéht eft le XXX^ Roi. Hugues Ca^er étoit
fils de Hugues furnommc l'Abbé , le Graiid Se le
Blanc, &: petit-fils de Robert le Fort, fait Comte
d'Aniou-, Marquis de France & Duc des François.
Du Tillet , dans fa Chronique des Rdis de France
dit que Hugues Capet eft le premier Gaulois Roi
des Gaulois. Les deux autres races étoient des Francs.
Quelques Aureurs font defcendre Hugues Capet de
Pépin par le Comte Cbildebrand , & même de Clo-
vis par les femmes. Robert , félon quelques-uns ,
defcendoit de Charlemagné , &, félon l'oiiiinioa
la plus probable , étoit Saxon , fils d'un Vitikind
Saxon. II époufa une fille de Hugues , Duc de Bour-
gogne , fils dé Charlemagné, Ainli les Capétiens
viennent de Charlemagné' par les femmes, Voyer
Mezi^ay, t. I, p. 350 & fuiv.
CAPETIEN, lENNE. adj. M, Gilbert, Charles le Gen-
dre i M. de Saint- Aubin , ci-devant Maître des Re-
quêtes, dans un excellent ouvrage des Antiquités de
la Maijon'de France, ouvrage 'plein de fagacité &:
de critique , s'efforce de pi-ouver que la race Ca-
pétienne , aétuellement régnante en France , tire fori
origine des Rois de Lombardie , &: remonte Juf-
qu'à l'an 711, & même 705 , par les ancêtres dé
Robert le Fort , que voici :
AN S PR AND,
Tuteur de Luirprand en
705 , & Roi de Lom-
bardie en 71Z, eut de fa
femme Theuderade;
S I G I B R a N D,
Childebrand,
Affocié au trône de Lom-
bardie , 8c couronné en
-ji)6 , a régné feul après
la morr de fon oncle , en
744 , pendant fept mois
Feulement. Il a eu de là
fœur de Charles Martel :
NébeloK ,
Comte de Madrie :
LuiTPRANDi
Roi de Lombardie j à
régné 51 ans & 7 mois)
de Guntrude il n'a
laiifé qu'une filiei
Th
eodebert.
Comte de Madrie ;
Robert,
Frère de la Reine Ingci-
trude , a eu d'Agane i
fille de Wicfrid, Comté
de Berry >
Robert le Fort,
a eu d'Adélaïde , veuve dé
Conrad , Comte d'Al-
to rf. «.
Eudes,
Roi de France
Robert I.
Roi de France.
Enforte que la Maifon aujourd'hui régnante éii
France, coniptoit eri l'année 1^59 mille trente-fix,
ou , à ne prendre que du commencement du règne
d'Anfprand , mille 27 ans de la plus haute & la
plus illuftre nobleffe ; & huit cents cinquante-deux
ans depuis qu'elle a commencé de régir la première
& la plus puiiTante Monarchie de l'univers , & pat
232 GAP
conicqiient dans la poirefllon inconteftable d'une
noblcilè , qui n'a point eu d'égale dans aucune na-
tion , ni dans aucun liècle. Le même Auteur montre
que la couronne des Lombards étoit héréditaire &
fucceflive dès le temps de Jullinien.
(fj- CAPEYER. Terme de Marine. Ceft mettre un
vaifleau à la cape , en attendant que le vent contraire
devienne' favorable.
CAPAHAR. f. m. Droit que les Turcs font payer aux
Marchands Chrétiens , qui conduilént on envoient
des marchandiles d'Alep .à Jérulalem, tic autres lieux
de la Syrie.
CAPHARNAUM. Nom d'une ville de la Terre-Sainte.
Capharna.um. Capharnaiim étoit une ville de la tribu
de Nephtali , dans la Décapole , dont elle ctoit capi-
tale. EUe étoit lituée lut la mer de Tibériade, ou de
Galilée , à l'endroit où elle reçoit le Jourdain. Jesus-
Christ après l'on baptême fît fon léjour or(,linaire à
Capharnaum. Et quittant le Icjour de la ville de Na-
zareth , il vint demeurer à Capharnaum , qui elt
proche de la mer fur les coniins de Zabulon & de
. Nephtali. Port-R. en faint Matth, /^, 15. Il dei-
cendit enfuite à Capharnaum , ville de Galilée , &:
il y enléignoit le peuple les jours de Sabbat.
BouH.
gO" CAPHENG, Ville de l'Inde au de-là du Gange,
au Royaume de Siana , avec une province de
même nom.
CAPHTORIM. f. m. & plur. Caphtorim , Caphtorœi.
Peuples anciens dont il eft parlé dans l'Ecriture,
Gen. X, 14. Mitl'raïm fut père des Ludim , des
Ananim , des Laabim , des Nephtim , des Phétru-
iim, & des ChaAuim, defquels fortirent les Phi-
liftins , & les Capliiorim. Quelques Auteurs difent
que les Caphtorim Si les PhiliUins font les mêmes
peuples -, mais on voit par les paroles que je viens de
rapporter que Moïfc les diftingue. Zieglerus , dans
■ fon Arabie, au mot Hauvim , réflite ceux qui prc-
* -'tendent que ce font les peuples de Cappadoce ; &
il les place dans l'Arabie heureufe , entre le dé-
troit arabique & le détroit perfique. Bochard les
met dans la partie de la Cappadoce qui confinoit
la Colchide, h. leur donne les Cafluim pour voifîns.
Sa raifon efl que rous les anciens ont dit que les
Caphtorim font les peuples de Cappadoce. Pour le
confirmer, il ajoute que caphtor en hébreu lignifie
maltini piaiicum , une grenade , & que 5-/^>) Jide ,
fîgnif e la mêmechofe en grec i&r qu'il y avoir en ces
quartiers-là une ville de ce nom d'où toute la con-
trée étoit appelée Sidene. C'cft au -c. 5 z du IV^
Livre de fon Phaleg que Bochard traite de ces
peuples.
D'autres Savans ne jugent pas que ce fentiment
foit Ibutenable , parce que la Cappadoce , comme
Ibs autres Provinces feptentrionales de l'Afie, fut
d'abord occupée par les enfans de Japhet , & nulle-
ment pat ceux de Cham , qui habitoient les pays
méridionaux -, & que d'ailleurs l'Ecritu.re appelle
leur pays une \\q. Amos IX, 6, Jer.XLf^IJ, ^7 :,
ce qui a fiiit dire à quelques Interprètes qu'ils ha-
bitoient l'île de Chypre , ôc à d'autres , celle de
Crète. Mais quelle apparence que du temps d'A-
braham , Dent II, Z3 , que les Provinces voifincs
de la Méfopotamie commençoient à peine à fe peu-
pler , il y eût déjà dans l'Ile de Crète , ou même
dans celle de Chypre , des Colonies nombreufes
d'Egyptiens. Quelques autres donc difent que les
Caphtorim, peuple originairemeat Egyptien , def-
cendant de Mitfraïm, comme il paroît par laGe-
nèfe X , 14, habitoient. premièrement la côte oc-
cidentale de la mer Rouge -, qu'ils quittèrent en-
fuite ce lieu pour aller fe loger ailleurs; que , lelon
les plus doftes Commentateurs , le mot hébreu 1 ; ,
qu'on a traduit||n grec par Nïiroç ,' &: en latin par
Jnfula , fignifie non feulement une Ile , mais toute
ibrte de pays iîtué le long de la mer , foit qu'il
futtout environné d'eau , foit qu'il ne fût arrolc de
la mer que d'un côté •, qu'ainfi la côte de la mer
Méditerranée , qu'habitoient les Philill;inî , eft ap-
GAP
pelée ^iî, lie , Ifaï-e XX, 6 , & qu'il a encore le
même fens. Gen. X , $ If. XLI, i i/ XLIX, 1.
CAPI-AGA ou CAPI-AGASSI, 1". m. Nom d'un Of-
ficier Turc. Prcefeclus palatii apud Turcas.Qyi2.UQ
principaux Eunuques , qui portent tous la qualité
à'Jga , lont toujours auprès du Grand Seigneur.
Le premier d'entr'eux eft nommé Capi-A»a , qui
a l'intendance générale du Serrail , & il faut qu'il
ait vieilli dedans , pour avoir toute la confiance
&: la prarique nécefiaire à fa charge. Le Grand
Seigneur n'a point d'affaires importantes , qu'il ne
lui communique, & nous dirions en France pro-
prement qu'il a le fecret du cabinet. Il commande
les cinq chambres des Pages qui font dans le Ser-
rail. Il a foin de leur faire apprendre l'exercice
des Lettres & des armes. Tous les Eunuques du
Serrail , foit les Blancs , foit les Nègres , font fous
fa charge. Ceux même de la Sultane favorite , qu'ils
appellent Hha Seki Sultan, c'eft-à-dire , Sultane
privée, ne font rien fans fon ordre •,& quand cette
femme Reine & Efclave tout enfemble dcfirc quel-
que chofe d'eux , ils en donent avis au Capi-Ag.i,
& elle ne le peut avoir que par fon%ioyen. Du
Loir, /». 89 , &: ç,o. Le Capi-Aga efl: le Gouver-
neur des portes du Serrail , ou le Grand Maître
du Serrail. Ceft la première dignité des Eunuques
blancs. Le Capi-Aga eft toujours auprès du Grand
Seigneur. Il inttoduit les AmbaHadeurs à l'audience,
Perfonne n'entre ou ne fort de l'appartement du
Grand Seigneur fans fon miniftcre. Le Grand Vihr
lui-même , doit être préfcnté par le Capi-Aga,
quand il veut parler au Prince. Sa charge lui donne
le privilège de porter le Turban dans le Serrail ,
& d'aller par-:out à cheval. Il accompagne le
Grand Seigneur jufqu'au quartier des Sultanes,
mais il demeure à la porte , &: n'y entre point :
fes appointemens font fort modiques -, le Grand
Seigneur fait les frais de d table , Se lui donne
dix fultanins par jour. Chaque fultanin vaut lix
firancs de notre monnoie , ce qui ne fait qie Co
livres par jour, &c 11900 livres par an ^ mais fa
charge lui attire un très-grand nombre de préfens,
parce que tout le monde a befoln de lui, & qu'au-
cune affaire de conféquence ne vient à la connoiA
fance de l'Empereur , qu'elle n'ait paffé par fes mains.
Le Capi-Agaffî ne peut être Bâcha quand il quitte
fa charge. On peut voir fir cet OfRcicï h Relation
du Serrail de M. Tavernier , & l'Etat de l'Empire
Ottoman par M. de la Croix. V'oye?^ aulîi ci-delfus
Aga.
CAPIBARA. f. m. Poiffon qui fe trouve dans le Pa-
rana , rivière de l'Amérique méridionale. Capibara.
Le Capibara reffemble affl'z à un porc. Hijl. Pa-
raz. V. V
|p= CAPI-CAG-TINGA. Efpèce d'Acorus qui croît
aux Indes orientales , affez ferablable au nôtre ,
mais plus petit.
CAPIER. f m. Plante qui s'étend en rond, qui a des
épines crochues , & des feuilles rondes : fon fruit
s'appelle cape. Capparis , cappar folio minore ro-
tundo. On l'appelle autrement câprier , &c c'en eft
le véritable nom.
03" CAPIER. V. a. Dans les manufadlures en foie,
fil , laine , 6'c. c'ell: arrêter le bout par lequel un
écheveau a commencé , & celui par lequel il a
fini , de façon qu'au dévidage on puiffe toujours
trouver & prendre le dernier. Ce qui facilite le
dévidage Se empêche l'écheveau de fe mêler.
Encyc.
CAPIGI. f. m. Du Loir écrit Capidgi. Terme de te-
lation , Portier du Seirail. Janitor palatii Turcici.
Il y a dans le Serrail , ou Maifon du Grand Sei-
gneur , quatre à cinq cens Capigis , ou Portiers
partaa;és en deux troupes ; l'une de trois cens fous
un Chef appelé Capigibnffi , qui a de provifion
deux à trois ducats par jour ; 8c l'autre de deux
cens appelés Cucciapi^i , & leur Chef Cucciapi^i-
bafji , qui en a deux. Les Capigis ont depuis fcpt
juiqu'à quinze afpres , l'un plus , l'autie moins.
ViGENIRE ,
CAP
ViGENERE , IHuft.fur l' Hift. di Chalconiyk , p. ^tcj.
Les Capigis aiiiftent avec les janiliàires à la garde
de Ja première & de la féconde poice du Scrrail ;
quelqucibis tous cnfemble , comme quand le Turc
tien:, conleil t^éncral , qu'il reçoit un Ambaifadcur ,
ou qu'il va à la Mofquée -, & quelquefois une par-
tie feulement. Ils fe rangent des deux côtés pour
empêcher que perfonne n'entre avec des armes ,
ou ne fafle du tumulte, Ie.
La grande porte du Serrail eft du côté du fep-
tentrion ; elle n'efl: gardée que par des Capigis ,
c'elt-à-dirc , Portiers, qui n'ont point d'autres ar-
mes qu'une petite canne à la*main. Du Loir , /j.
44. Ce mot turc vient de t'.s.-î , for^'s , porte.
CAPIGI-BASSI , ou CAPIDGI-BACHL f. m. Terme
de relation. Capitaine , Chef, Commandant des Por-
tiers_du Grand Seigneur. Foye^ CAPIGL Le Capigi-
baffi eft un des trois Eunuques de plus grande au-
torité à la Cour du Grand- Seigneur. if veille la
nuit avec fes Eunuques en l'une des falles ou an-
tichambres, VlGENERE.
Quand on eft au Divan, les deux Capitaines de
la porte appelés Capigl-Bachi , & le Tchiaoufch-
Bachi en gardent l'entrée. Du Loir , p. 79. C'eft
le Capigi-Bachi & le TcJiiaoulch-Bachi qui , avec
un bâton doré de la hauteur d'une canne , & vêtus
d'un brocard d'or , conduifcnt les Officiers du Di-
v^î au Serrail toutes les fois qu'il fe tient. lo.
p. 79 & 90. Foye:;^ Capi-Aga.
Le Capigi-Bachi eft pris de l'urt des trois pre-
miers Pages du Kha Oda , ou de la Chambre pri-
vée, lu. Il y a quatre Capitaines de la porte du
Grand-Seigneur, -qu'on appelle Capid^s-Bachis ,
qui ibnt de garde les uns après les autres chaque
jour de Divan , à la porre de l'appartement du Grand
Seigneur avec un Tchiaoufch-Bachi , qui fait la
fonction d'un Maître de cérémonies. Les Capidgis-
Bachis ont 403 Capidgis fous leur charge. Id, p.
95. Cinquante de ces Portiers commandés par un
de leurs Capit.iines font tous les jours de garde à
la première & à la féconde porte du Serrail ,
ayant une petite canne à la main , & l'habit pa-
reil à celui des Janiflaires , excepté que leur bonnet
n'a point A'Uf.juf, qui eft une cotne droite mife
par-devant. Du Loir , />. 95. Les Capidgis ont ij
aipres de paye par jour, qui valent environ dix
fols de notre monnoie. Id.
CAPILLAIRE, f. m. Capillus veneris , ou Adian-
tum. Plante qui a pris fon nom , ou par rapport
à la couleur noire & lifle de ies tiges, ou parce
qu'on fe fervcit^autrefois du Capillaire pour em-
pêcher la chute des cheveux. Le Capillaire qu'on
nomme Capillaire de Montpellier , à caufe qu'on
en trouve beaucoup dans les environs de cette
ville, a Çq% racines. rampantes comme celles du
polypode , chargées de quelques fibres noirâtres ,
couvertes de plufieurs membranes fines & roufîa-
tres. Ses tiges font droites , menues , arrondies ,
hautes de fix à fept pouces , brunes , noirâtres ,
luifantes , & hranchues à leurs extrémités. Chaque
branche eft chargée de petites feuilles ou pinnules
alternes , comme triangulaires , fêches , vertes ,
foutenues par une petite queue du côté de la pointe
de fon angle , & garnies fous les replis de leurs
marges d'un fdlon , qui dans fa maturité donne
une poufîière fort fine. Le Capillaire de Canada
fe diftingue de celui de Montpellier par la gran-
deur de toutes fes parties. Ses tiges font brunes ,
1^ longues de plus d'un pied. On apporte de Ca-
nada une grande quantité d'un Capillaire commun.
On fe fert du Capillaire de Canada au défaut de
celui de Montpellier -, & dans les Provinces qui
ont des ports fur l'Océan , on n'emploie pas d'autre
Capillaire que celui de Canada. "Le Ciz/'iV/iz/re s'ap-
peloit anciennement les cheveux de Vénus, On en
fait un fytop pedoral , &: Montpellier auttefois
fournilfoit prefque toute l'Europe de fyrop de Ca-
pillaire. On prend le Capillaire en guife de thé,
pour plufieurs maladies du foie & du poumon. On
Tomt II,
CAP
1
met le Capillaire dans les bouillons & les tifa-
ncs rafraîclii liantes , apéritivcs & pedforales.
Capillaire fe prend encore pour toutes les plantes
qui ont quelque affinité avec l'adiantum. On efi
a fait un ordre particulier. PUruce captllares. On
appelle plantes capilLures la fougère , le polypo-
xie, la langue de cerf, l'ofmonde", le politric, &c.
Le politric , le cétérac , le fauvevie, ou rutamu-
raria , le Capillaire ordinaire, ou adiantufn nigrum ,
6: le Capillaire de Montpellier , font les cinq plan-
tes capillaires ufitées dans les boutiques. Il y a
deux elpèces de filicula qu'on nomme l'une adian-
tum album , l'autre adiamum nigrum , ou Ca-
pillaire ordinaire. Foyei Fougère. L'Amérique
eft féconde en plantes capillaires. Le P, Plumier
Minime , en a fait une Hiftoite , qu'il a intitulée
Traite des Fougères. On appelle auffi Capillaris pap-
P"i ,^\s,icx.iz capillaire , celles qui font longues &
déliées. Foyei Chevelu. Racine,
CAPILLAIRE, adj. Qui eft fait de capillaire. Syrop
cipillaire.
Capillaire, adj, |t7" VailTeaux c^/;///^/r^j ; en Anato-
mie, ce font les dernières & les plus petites ra-
mifications des veines & des artères , qu'on appelle
quelquefois pour cette raifon vaiffeaux évanouif
Jdns , Se qui tendent peu de fang , quand on les
coupe ou qu'on les ronipt, Capillaris. On les doit
concevoir d'une finefle plus grande vingt fois que
les ch;:veux.
IP" On appelle aufli en Chirurgie, fradlure capillaire^
une fracture qui eft (i petite qu'on n'a pas moins
de peine à l'appcrcevoir , qu'on en a à voir un
cheveu.
Capillaire. Terme de Phyfiquc. On appelle tubes
ou tuyaux capillaires , ceux dont le cou ou le ca-
nal eft le plus étroit qu'il eft poifible , & non pas
ceux dont le canal n'a de diamètre que la grolfeur
d'un cheveu , car on n'en peut pas faire de fi pe-
tits. Le diamètre des tubes capillaires eft de la
moitié, du tiers, du quart d'une ligne, ou envi-
ron. Si un tube capillaire communique avec uri.
autre , dont le diamètre eft beaucoup plus grand ,
& qu'on verfe de l'eau ou du vif-argent dans le
grand tube ; ni l'eau , ni le vif-argent ne feront
au niveau dans ces deux tubes ; mais l'eau mon-
tera plus haut dans le tube capillaire que dans
l'autre , & le vif-argent fera moins élfflté dans le
tuyau capillaire que dans l'autre, La raiion de cette
expérience eft que les parties de l'air qui font em-
barraffices &: entrelacées les unes dans les autres
s'arrêtent à l'ouverture du tuyau capillaire , & ne
prelîent pas la furface de l'eau qui y eft contenue ,
au(fi librement qu'elles preffent la futface de l'eau
du grand tuyau ; ainfî pat la pefanteur de l'air ,
l'eau doit s'élever plus haut dans le tuyau capillaire
que dans l'autre : à quoi contribue aulfi la difpo-
fition des parties de l'eau , & la facilité qu'elle a
à s'inlinuer. Au conttaire , les parties du vif-argent
ayant une difpoiition , & une figure différente de
celles de l'eau , ne s'iniinuent pas aifément , & ne
s'élèvent que peu dans le tuyau capillaire. Au refte ,
on ne doit point être furpris que le vif-argent , qui
paroît plus iluide que l'eau , coule moins librement
que l'eau dans un fi petit tuyau , puifque l'expérience
fait voir tous les jours que l'huile , qui paroît plus
grofîîère en fes parties , &: moins fluide que l'eau >
s'infinue cependant plus aifément que l'eau , car
une goutte d'huile s'étend plus qu'une goutte d'eau
fur un linge , ou fur une étoffe , & l'huile enfer-
mée dans des tonneaux pénètre même l'enduit de
plâtre dont' on couvre les fonds-, & le vin & l'eau
fe conlervent dans les tonneaux fans couler, quoi-
qu'il n'y ait point d'enduit de plâtre.
La branche capillaire d'un tuyau recourbe. Un
fîphon qui a une branche capillaire.
ItT CAPILLAMENT. f. m. Foyei Capillature.
CAPILLATURE , f. f. Terme dont les Anatomiftes
& les Botaniftes fe fervent en parlant des plantes
qui ont des feuilles , ou des racines déliées , &•
254- CAP
qui l'ont comme des efpèces de cheveux. CdpUla-
inmtum. Ils ie fervent auHl du moxXapillameTit ,
qui cfk même le plus ulicc.
CAPILLUS VENERIS. l'. m. Ceft l'Adiantum nigrum.
Ses feuilles reiremblent à celles de la coriandre.
* Il ne jette ni tige , ni Heur , ni graine.
CAPILOTADE ,' f. f. Ragoût .qu'on fait des reftes
de volailles , &c de pièces de rôt dépecées. Minu-
tum mifcellaneum. 11 faut faire une capilotade de
ces têtes, cullfes & carcalîes de chapons, perdrix,
levrauts, &c.
On dit figurément &: proverbialement , qu'on a
mis quelqu'un en capilotade , quand on l'a déchiré
&: mis en pièces fans aucun ménagement.
Capilotade fignirie aullî un recueil de chanfons qu'on
appelle autrement Alphabet de chanjons. Ce recueil
contient autant de différentes chanlbns qu'il y a
de lettres dans l'Alphabet : ces chanibns font courtes
& galantes , ou bachiques -, la première commence
par" un mot dont la première lettre efl: un ^, la
féconde commence par un mot dont la première
lettre eft un 5 , & ainfi des autres.
CAPIOGLAN. f. f. Terme de relation. Efpèce de
valet qui a foin dans le Serrail des jeunes Azamo-
çlans , ou cnfans de tribut que le Grand Seigneur
y appelle pour fervir auprès de la perfonne. Vi-
GENEB.E.
CAPION. f m. Terme de Marine. On appelle fur
la Méditerranée l'ctrave , le capion de proue ; &
l'ctambord , le capion de poupe. On dit capion à
capion , pour fignifier la diftance de l'extrémité
de la poupe à celle de la proue.
CAPISCOL. f. m. Dignité de Chef, ou de Doyen ,
en plulieurs Chapitres &: Eglifes Cathédrales ou
Collégiales , particulièrement en Provence 5c en
Languedoc. La dignité de Capifcol eft comme celle
de Chantre dans d'autres Eglifes. Il n'eft le pre-
mier que dans le chœur.
Le P. Hélyot dans fon HiHoire d^s Ordres Reli-
gieux , T. VIIL C. 1 5 , dit que dans l'Abbaye de
S. Viclor de Marfeille c'eft la même chofe que
Préchantre , Prcccentor : car parlant de M. d'Au-
thier de Sifgau , Evêque de Bethléem , & Fonda-
teur de la Congrégation des Miffionnaires du
Clergé , & qui étoit" Capifcol de cette Abbaye , il
dit r il fe démit de l'Office de Capifcol ou Pré-
chantre i^n'il permuta contre un bénéfice à fimple
tonfure. xe Capifcol de l'Abbaye de S. ViClor à
Paris , avoir quatre Prieurés. P. Héliot , T. r, p.
i6^.Cc mor , lélon Ménage , vient de caputSckolœ.
D'autres , mais fans vraifemblance , veulent que
de caput Chori , on ait fait C^z/^/'/co/, &: difent que
ce nom marque ce que nous difons ci-dellus , qu'il
eft le premier dans le chœur.
Le Capifcol a été aulH une charge militaire , félon
Du Cange.
CAPITAINAGE. f. m. Dans le pays de Forêts eft
un droit qu'on appelle taille baptifée ; c'eft un droit
porté par les terriers du Roi, au par-delllis du cens.
Pour la perception de cg droit , on fait des rôles.
CAPITAINE, f. m. Chef, Général d'armée. Diix ,
Imper ator. Homme de guerre, qui entend la guerre ,
& qui fait bien la guerre , grand guerrier. Pompée
croit un iage Se vaillant Capitaine, Philippe fut
déclaré le Capitaine des Macédoniens & des Grecs,
Ferdinand Gonzalve de Cordoue , a été furnommé
le Grand Capitaine. M. de Rohan a écrit un livre
intitule , Le parfait Capitaine. Il y a de grands
Capitaines , qui hors de-là ibnt de fort petits gé-
nies. P. BOURD.
Capitaine fe dit encote par rapport aux qualités né-
celTaires pour le commandement. Ce Roi étoit un
crrand Capitaine. Ce Général étoit plus foldat que
Capitaine. Acad. Fr.
Gapitaine fe dit aulFi d'un moindre Officier d'ar-
mée , qui commande une Compagnie de foldats ,
foit à pied , foit à cheval. Ordinis duclor , Cen-
turio. Un Capitaine de Dragons. Un Capitaine dans
lin vieux corps , ^c. Ce mot & tous les fuivans
CAP
viennent de caput. On a dit autrefois Chevetdins ^
comme il paroît dans l'Hiftoire de Joinville j qui
parle d'un Sccedum Chevetaine des Soudans. On
a dit auiii Capet pour Chef ; ce qui a donne lieu
au furnom de Hugues Capet, fuivant l'opinion de
Cénalis.
Cavit Aim*Lieutenant , eft celui qui commande une
Compagnie d'ordonnance de Gendarm.es, de Che-
vaux-légers, de Moufquetaires , rant du Roi que de
Monfeigneur le Dauphin, de la Reine , de Monfieur,
lefqucls par honneur portent eux-nx-mes le nom de
Capitain.s de ces Compagnies. Expedita /éviter ar"
matorum tqiiitum turmœ Prcefeclus.
^CT On donne aulîi le nom de Capitaine-Lieutenant
à tous les Lieutcnans de la Compagnie colonelle
d'un Régiment d'Infanterie.
Capitaine des Gardes eft l'Officier qui commande
une des quatre Compagnies des Gaides à cheval ,
qui fervent auprès de la perfonne du Roi. Cufiodum
corporis cohortis Prcefeclus , ou Prœtorii Pnefectus.
CAviTAitii aux Gardes eft un Officier qui commande
une des trente Compagnies d'Inhnterie qui com-
pofent le Régiment des Gardes Françoifes. Prato-
ri anus Centurio.
Capitaine en fécond eft l'Officier qui commande
une partie d'une Compagnie, quand elle eft trop
forte d'hommes. Centurionis vel Pr<zfcti in eadem
turma vel cohorte adjutor. C'eft une place qu*on a
donnée à pluiîeurs Capitaines réformés , pour avoir
quelque efpèce de commandement.
Capitaine en Pied eft un Officier dont la charge
ou la Compagnie ont été confervées , lorfqu'on a
réformées troupes, Duclor ordinis fervati , cœteris
exaucloratis ac dimifjis.
Cavitaihi. Reformé eft l'Officier dont la place 5c la
charge ont été fupprimées , & qui eft quelquefois
confervé dans le même corps fous le nom de Capi-
taine en fécond ou de Lieutenant. Duclor ordinis
exauctorati , Duclor exaucloratus.
Capitaine Réformé en pied. C'eft un Mt^iç de Camp
dont le Régiment a été caffé & réduit en une
compagnie franche , qu'il commande encore en
qualité de Capitaine réformé en pied. Tribunus ex-
aucloratâ legione fuâ cohortis Pmfeclus.
Capitaine d'Armes, eft un Officier établi dans les
compagnies de Suilfes fie dans les vai/Teaux, pouf
veiller fur les armes de la compagnie , fie avoir foin
qu'elles foient toujours en bon ordre. Armorum
cufios ac prxfecius On le dit aufli des Capitaines
du charroi; Comme atuum Prcefeclus ; des Capitaines
des guides. Dux viarum. ^
Capitaine , eft aulfi un Officier de mer qui com-
mande dans un valffeau , dans une galère , un brûlot,
ou autre bâtiment, ^^v/.î/'r<ï/«'?«J'. Le Pilote com-
mande aux matelots , fie le Capitaine aux foldats. Les
vaifléaux-pavillons ont deux Capitaines qui ont foin
de faire le détail du feivicc. Il y a auffi des Capi-
taines en fécond ., auHl-bien que des Lieutenans , qui
fervent àfoulager \t% Capitaines en pied.
Capitaine de P'ort , eft un Officier de Marine établi
dans les ports où il y a un arfenal , qui a foin de
garder le port ?:<. les vailTeaux qui y font ancrés ,
comme font ceux de Breft, Toulon, Rochefort,
&c. Prœfeclus , cufios portuum. Il y a auffi des Ca-
pitaines Gar décotes, dont il eft fait mention dans
l'Ordonnance de la Marine, qui commandent la
Milice établie pour garder les côtes, fie empêcher
les defcentes. Orarum maritimarum Prcefeclus.
Capitaine , fe dit auffi de celui qui commande d^s
quelques Maifons Royales. Regiarum Mdium Pra-
feclus. Le Capitaine de S. Germain , de Verfailles ,
du Château du Louvre.
Capitaine fe dit encore de ceux qui comiTumdent
les Gardes des Chafles , dans une certaine étendue
de pays qu'on appelle Capitainerie. Fenationis
Prœfeclus.
(fr Les Capitaines des ChafTes font des Juges qui ne
connoiiTent point des Eaux. fie Forêts, mais feule-
ment des faits ds Chafle. Quand il y a appel des
CAP
Jngcmcns des Capitaines , les appellations Ce re-
lèvent aux fièges des tables de marbte , & de là au
Parlement.
Capitaine , le dit auffi de geiix qui commandent
les Milices des bourgeois dans les villes , qui font
dillribuées par compagnies. Duclor copiarum urba-
narum. \^çs Capitaines. Aq la ville ont eu ordre de
mener leurs compagnies au-devant du Roi à fon
entrée.
Capitaine fe dit aufi en mauvaile part , de ceux qui
fe mettent à la tête d'une troupe de vagabonds
pour piller &: pour voler. Latronum Diix. Un Ca-
pitaine de bandits, de voleurs, de Bohémiens, de
fîlous , de coupeurs de bourle,
^3° Dans les Fermes du Roi , on appelle Capitaine
Général, celui qui commande un certain nombre
de gardes pour veiller aux intérêts des Fermiers ,
empêcher la fraude , laiiir les marchandiles prohi-
bées , ùc,
^3" Dans l'Artillerie , le Capitaine coniucleur Gé-
néral efl: un Officier qui a fous lui des Capitaines
conduélieurs pour faire exécuter les ordres du géné-
ral relativement aux cquip.iges de l'Arrillerie.
§CF Le Capitaine Général des charrois , eft un homme
prépofé pour le tranfport de l'Artillerie.
IJCT Dans les vivres, le Capitaine Général eft celui qui
efl placé à la tcte des Equipages pour les entretenir
en bon état &c veiller au bon ordre dans une partie.
Il a fous fes ordres les Capitaines particuliers ,
chargés chacun de 50 chevaux •, & qui ont fous eux
un Lieutenant & un Condudeur.
§CF Capitaine des Guides. Celui qui eft chargé du dé-
tail des chemins de l'armée.
tfJ' Dans les Villes de Guerre , le Capitaine des portes
efl: celui qui eil chargé d'aller prendre le matin les j
clefs chez le Gouverneur pour les ouvrir , & de les
lui porter le foir quand elles font fermées.
Capitaine. Sorte de poiffon qui fe pêche le long
des côtes de l'Amérique. On l'appelle ain(î , parce
cu'il a autour du cou cinq rangs d'écailles dorées ,
difpofées à peu-près comme un hauflé-col. Il efl:
armé de grandes pointes piquantes comme des
aiguilles , & il a deux ailerons , ou nageoires de
même forme dont il fe fert pour fe battre contre
les autres poiflbns. Il a du raport avec la carpe i
mais il efl: plus grand ,& plus gros. Sa chair eft de
bon goût.
CAPITAINERIE, f. f. Gouvernement d'une Maifon
Royale, & des terres qui en dépendent. Pr^/I'c?//;;?.
On le dit auflî des charges des Capitaines de
ChafTeSjSc de l'étendue de leur reflbrt. La Capitainerie
de Fontainebleau, du Bois de Boulogne. La. Capitai-
nerie de Livri s'étend jufqu'à la Varenne du Louvre,
On a au/Ti retenu le même nom pour la Juridiction
des Chafles Royales, qui ont leurs Capitaineries 3.Hez
fouvent jointes aux Maifons Royales voiiines. Ce qui
fait voir queccs anciennes Capitaineries ctoient des
Gardes Royales, auxquelles ce n'eft qu'improprement
qu'on donne le nom de gouvernement. Menés trier,
ffiji. de Lyon , p. 515;.
Capitainerie fe dit aufîi en particulier de la Juri-
diélion pour les enrôlés de la Comté de Roulfillon.
Patru.
Capitainerie, en quelques Maifons Royales , fe dit
du lieu affèélé au logement des Capitaines du Châ-
teau & des Chafîes. Loger à la capitainerie.
Capitainerie. Garde côte marine. On donne ce nom
à une étendue de pays le long des côtes de la mer,
qui renferme un certain nombre de paroiflés fujettes
à la garde des côtes. Chaque capitainerie eft com-
mandée par un Capitaine général, un Majot général
&: un Lieutenant général , qui en forment l'Etat
Major.
CAPIT AINESSE, adj. f. On appelle Galère capitai-
nejje , celle que monte le Commandant, f^oyei Ca-
pitanate.
^ CAPIT AINIES ou CAPITAINERIES. Nom des
quatorze petits gouverncmens dans le Brelll, félon
la divifion que les Portugais ont faite de ce pays].
CAP z3f
dont ils font les maîtres. La Cupitainie ou Capitai-
nerie de Para , de Maragnau, &c.
CAPITAL, f m. Le fonds d'une rente , indépendam-
ment des intérêts ; le fort principal , qui engendre &
qui produit désintérêts. Caput, fors. En matière d'ar-
rérages , il les faut payer avant que de rien imputer
fur le capital. On en ufe au contraire pour les in-
tctêts d'une obligation.
Capital fe dit auiH du fonds d'un Marchand qu'il
apporte en fociété ; & en ce cas il eft oppofé à ^am ,
&: au profit qui y furvient.
On appelle auffi capit.il , le fonds du chepteil -, 6c
en ce cas il eft oppofé à croît ; qui eft le profit du bé-
tail qu'on a donné à nourrir.
Capital , dans le fens figuré , fignifie Ce qu'il y a de
principal dans une chofe , dans une affaire ; ce qu'il
y a de plus important, d'eifentiel. On dit en ce fens ,
faire Jbn capital d'une chofe ; pour dire , en faire fa
prhicipale affaire, fa principale occupation, fon
principal objet. In rem ali^juam potijjimùm incîim^
bere. Prxcipiiam alicui rei opérant dare. C'eft le ca-
pital, ouïe point principal du procès. La plupart
des femmes font leur capital de plaire , d'aimer ,
& d'être aimées. Comuer. On laiflè là le capital du
Chriftianifme pour les apparences , dont les homi-
mes fe laiifent trop aifément éblouir. De Vill.
Comme S. Athanafe s'oppofa feul à l'héréfie d'Arius]
les Ariens fe firent un capital de fa ruine. Hirman!
Socrate faifoit Ion capital àe la Morale.
CAPITAL, ALE. adj. C'eft un épithète par laquelle
on défigne ce qui a quelque prééminence , qui
eft comme le chef & la fource de quelque chofe ,
& il iignifie grand, confidôrable, principal, effen-
tiel. L'abondance des preuves n'eft fuppottable
que quand il s'agit d'un dogme capital ^ qui peut
trouver de la rcfiftance dans les efprits. Le point
capital de l'affaire , c'eft , &c. Le Mait. Deffein
capital. Pasc, Défaut capital, Id. Les vérités capita<
les de la foi. Arn.
îfT Crime capital eft un crime qui mérite la mort. -
Crimen capitale. L'ailàfîlnat eft un crime capital.
Peine capitale, \q. dernier fupplice. Ennemi capital,
capitalis adyerfarius , ennemi juré , mortel , irrécon-
ciliable.
|J3° Les 'fept péchés capitaux , les fepr péchés
mortels.
Capitale du Bajlion , en termes de Fortification ,
eft la ligne tirée depuis le centre du baftion , jufqu'à
la pointe, ou depuis l'angle du polygone, qui eft
l'angle de la figure, jufqu'à l'angle flanqué, qui
eft la pointe du baftion. Les capitales ont 3 j à 40
toifes , c'eft-à-dire , depuis la pointe du baftion juf-
qu'à l'endroit où fe rencontrent les deux demi-
gorges. Ici ce mot eft pris fubftantivement.
CAPiTAL.Terme de Peinture, eft aulfi un terme qui fe
dit en parlant d'un delfein, ou d'un tableau , ou de
quelque autre ouvrage d'un grand maître. Un deiîein
capital e^ur\àeffe\r\ qui renferme une compofition
de quelque importance, & qui mérite une attention
particulière ,& pat l'excellence de l'exécution, &
pat la beauté de la penfée. C'eft aufîî ce qu'un
A.rtifte a fait de plus parfait dans le genre de travail
auquel il s'etoit conlacré ; mais il eft vrai que ce
terme eft en quelque façon confacré aux De/feins,
L'étude d'un pied , d'un bras , d'une tête , d'une
figure même , ne peut être appelé un deflein capital.
Les curieux font gtand cas des deffeins capitaux.
I^CT On appelle aulfi couleurs crz/^^/fj, en peinture,
les couleurs natutelles dont on forme les autres en
les rompant,
1^ Médecines capitales, en Pharmacie, font certaines
préparations remarquables par leurs propriétés, telles
que le Mitridate , la Thériaque &c.
gCT Ville capitale, en Géographie, ou fimplement
Capitale, (. f. On appelle ainfi la principale ville
d'une Province, d'un Royaume,d'un Etat. UrbsPro-
vinciœ , Re^ni caput ; urbs princeps Provincite ,
Regni , Or bis. Paris eft la capitale ou la Ville capitale
de la France. Londres eft la capitale à' A ngletcrre
Ggij.
25« CAP
■ Rouen la capitale de la Normandie. Mofcou la ca-
piuik de Morcovic. Conftantinople la capitak^z
l'Empire Ottoman. Rome eft la capitale du Chnltia-
nimie. Maimb. Genùvc eft la capitale du Calvi-
fer' Les Grecs Te fervoient du mot Métropole pour
exprimer la même choie. Quelquefois la Capitale eit
la rclidence du Prince-, quelquefois auih le Inncc
icilde ailleurs. En France la capitale eft 1 ans, la rc-
f.dencedu Souverain eft Verlaillcs. Cologne eft a
capitale de l'Eleôlorai de même nom ; bonne cit la
rclidence de l'Elcdeur. Vienne eft capitale & rc-
lidence en même temps. _ ./-«.1c
fe? Lettres capitales , en terme d'Impnmene , font les
V^erandes lettres qu'on met ordinairement au com-
mencement des livres, des chapitres , au commence-
ment de chaque période , ou de chaque vers. Lit-
tem majores, majiifcula. Tous les nonis d hommes ,
d'arts , de laences , de dignités , de Provinces , de
Royaume, Ê'c. doivent commencer par une lertre
c^m<r/<?. Elles ne font pas feulement différentes par
la groHèur ornais la plupart le font aulh par leur
figure. On les appelle aulfi majujcules. ^
CAPITAN. f. m. Fanfaron qui le vante d'attions de
bravoure incroyables , d'une bravoure qu'il n'a pas.
Thrafo , miles gloriofus. Les Capitans font des pcr-
fonnagcs ridicules , qu'on introduir fouvenr dans la
Comédie , particulièrement dans l'Italienne,
Ce mot eft purement efpagnol , un Capitan , L.a-
pitaine. „ . , n
CAPITAN ATE, une des douze Provmces du Royaume
de Naples. C'eft VApiilia Daunia des Anciens. Les
Italiens l'appellent aujourd'hui Pugha piana , c elt-
à-dire , la Fouille plaine , parce qu'en effet cette
Province n'a prelque que des plaines. Elle eft bornée
au nord par le golfe de Venife , au levant par la
terre de Barri , au midi par laBaiilicate , & la Prm-
cipauté citérieure , au couchant enfin par le Comte
de Molice , Se une partie de l'Abruzzé citcrieute.
Elle a environ ii lieues de longueur , & autant dans
fa plus grande largeur. _
Elle aie nom àçCapitanate,àe^ms 1 Empereur
Balile qui y envoya un Gouverneur , auquel il donna
le titre de Capitan , ou Capitaine. Ceux qui en
parlent font Léandre, Defcript. Ital.p. 149. Sopion
Mazella, Reg. Neap. Merula dans la Cvjmog. ficc.
CAPITAN - BÂCHA, f. m. Amiral Turc , Bâcha de la
mer. Thalajfiarchus Turcarum. Quelques Diétion-
naires mettent aulfi Capoutan-Bacha : on dit tou-
jours Capitan-Bacha , de l'Italien Capitano , qui a
beaucoup de cours depuis long-temps dans la Grèce
& les Etats qu'occupe le Grand-Seigneur, & qui en
avoir avant même qu'il en fût maître. Foye^ d'Her-
belot au mot Capudan. Pour les Empereurs Grecs
de Conftaminople , ce nom fe donnoit aux Gouver-
neurs de Provinces qu'ils envoyoïent en Italie, del I-
talien Capitano, Capitaine. Les Turcs dilcnt CV
pucian Bâcha. Ce mot ne vient point de capi ou
capu , qui en turc lignifie porte -, mais de l'Italien ,
comme on l'a dit. , n •
Les Turcs appellent auiTî Capudan Keis, ou Keis
Bachi, celui que nous appelons Pilote Royal.
CAPITANE. f. f. Terme de Marine. La s,3.\ètsCapitane
eft la salère principale que monte le Commandant.
Navis prœtoria , navis princeps. En France, depuis
la fupprelTion de la charge de Capitaine Général
des galères , faite en i66ç,, il n'y a plus de galère
Capnane. La première s'appelle Rêale , & la féconde
Patrone. On difoit autrefois Capitainefe.
iCT CAPITANES. Nom des Gouverneurs de Province
fous les Empereurs Grecs, en Italie. C'eft delà qu'à
pris fon nom la Province du Royaume de Naples ap-
pelée Capitanate. ^ . . . ç
CAPIT ANIE. f. f. C'eft la même chofe que Capitainie fv:
Capitainerie.
CAPIT ATION. f. f. Impofition , droit qui fe levé fur
' chaque perfonne à raifon de fon travail , de Ion in-
duftrie,de fa charge, de fon rang, &c. Tributum
uniufcujufque capiti impofuum , cénfus capitum ,
CAP
eenfus in capita , capitatio. Cette efpcce de tribut eft
ancienne, Théophylade , fur l'Epure de S. Paul aux
Romains , c. 1 3 , & (Ecuménius fur la même Epitre ,
c. 18, en parlent, & l'appellent en grec ke^i^ai]/*. ,
capiuuion. Les tailles s'impofent par capitatioiv fut
chaque perfonne. Elles répondent au tnbuium des
Latins ; au lieu que l'impolition fur les marchandifes,
s'appeloit veciigal, quia vehcbantur. Les premières
capitations en'"France s'appelèrent fouages , & ne
duroicnr qu'un an. Depuis, on les appels, tailles ,
lorfque fous Charles VII, elles furent rendues per-
pétuelles. En Dauphiné , la capitation s'appelle capa-
ge. On appelle encore capitation , une certaine taxe
qu'on impole par tête dans les befoins de l'Etat. La
capitation a été établie en France par une Déclara-
tion du Roi du 18 Janvier 1^95. gO" On lève fur
les habitans de la campagne, un droit à peu-près fem-
blable qu'on appelle taille. Perfonne en France n'eft
exempt de la capitation , pas même les Princes. Les
Eccléliaftiques ne payent point de capitation ; mais
ils donnent l'équivalent fous d'autres noms. La con-
noiHance des affaires qui regardent la capitation, eft
attribuée aux Intcndans des Provinces-, & à l'égard de
la ville de Paris , aux Prévôt des Marchands ÔiEche-
vins, à la charge de l'appel auConfcil du Roi.
CAPITAUX, f. m. pl.Terme de Coutume. On appelle
capitaux en quelques Provinces , ceux qui relèvent
immédiatement du Chef ou du Roi. Q^ui à rege
tenent in capite.
CAPITE. Terme de Marine. Lit de vaifleaux. Foye^
Cajutes.
CAPIT EL. f. m. On appelle ainfi l'extrait
d'une lellîve compofée de cendre , d'eau Se
de chaux vive. Lixiviœ pars liquidior. Le Capitel
entre dans la compofition du favon, tant blanc que
noir.
CAPITEUX , EUSE. adj. Qui fait mal à la tête , oa
qui porte à la tète. Il ne fe dit que du vin &c autres
liqueurs. Les grands défauts des vins fecs, font d'être
verrs, ou liquoreux, ou terreftres ou cipiteux. Specl,
de la Nat. C'eft la fleur du houblon qui rend la
bière capiteufe , &C capable d'enivrer.
CAPITOLE. f. m. Fortereffe fameufe de Rome fur le
mont Tarpéien, où il y avoir un temple de Jupiter ,
qui , à caufe de cela , s'appeloit Capitolin. Capi-
tolium. C'étoit là que s'aflembloitle Sénat -, c'étoit là
que l'on contraignoit les Chrcriens de facrifier aux
faux Dieux. Les premiers fondemens du Capitale ,
furent jetés l'an 1 59 de Rome par Tarquin l'Ancien.
Servius fon fucceifeur éleva l'édifice , & ce fut Tar-
quin le Superbe qui le fit achever l'an izi -, mais il ne
fut confacré que trois ans après que les Rois eurent
été chalfés , &: le Confulat établi. Ce fut le Conful
Horace qui fit la cérémonie de la dédicace l'an de
Rome x\6. On appela cette fortereffe Capitole du
mot latin caput , à caufe d'une tête qu'on y trouva
en creufant les fondemens de ce bâtiment. Le plus
fiimeux temple du Capitale étoit celui de Jupiter
Capitolin. On dit qu'il avoit 800 pieds de tour. Ce
temple conlîftoit en trois parties : en une nef dédié»
à Jupiter ; & en deux ailes , dont l'une étoit con-
facréc à Junon , & l'autre à Minerve. On y monroir
par dégrés. Lipfe en compte jufqu'à cent , parce qu»
Tacireen donne aurant au rocher fur lequel le Car-
pitole croit bâti ; mais il y en avoit , ou il pouvoit
du moins y en avoir un plus grand nombre au ro-
cher qu'au remple. Le portail & les côtés étoient en-
tourés de galeries , dans lefquelles ceux qui avoient
eu l'honneur du triomphe , donnoient un magnifique
repas au Sénat , après avoir offert des lacrifices aui
Dieux. Les dedans & les deliors brilloient d'une in-
finité d'ornemcns. La ftatue de Jupiter , fon foudre
d'or , fon fceptre & fa couronne étoient les princi-
paux. Il y avoit encore dans le Capitale un temple de
Jupiter Gardien , un de Junon , l'Hôtel de la Mon-
noie , & fur la pente le temple de la Concorde,
Foyei la Rama Fétus du P. Alexandre Donar Jé-
fuire , de l'édir. d'Amfterdam de 169^. Il y décrit le
Capitale très-exadement. Le Capitale fut brillé fou*
t
CAP
Vitellius , ^ Vefpaficn le fit rebâtir dans le tfmps ds
la deftruâion du Temple de Jériifalcm, Le tcii du
Ciel l'ayant encore brûlé Tous TEnipire de Tire ,
Domitien le iît rebâtir avec plus de pompe, &: or-
donna des jeux que l'on cclcbroit tous les cinq ans.
Les Chrétiens ont bâti dans le même endroit une
E^^lile appelée Jra Cczli en l'honneur de la fainte
Vierge. Vigenere traite du Capitok dans fes Annot.
fur Tue-Live, T.I.p. 674 &J'uiy.
On appelle de même Capitales , les principaux
temples des Colonies des Romains. Il yen avoit à
Conftantinople , à Jéruialem , à Carthage, à Ra-
yenne , cà Milan , à Capoue , à Vérone , à'Cologne ,
à Trêves, à Narbonne, à Aurun , 3. Pamiers ,à Nîmes ,
à Befançon , à Saintes , à Clcrmont , à Reims , à
Rhodes &c à Touloufe , où on le voit encore , &
dont Grégoire de Tours a parlé , Hi/i. Franc. L. I
C. 18 & De G/or. Mari. L. I. c. 48.
^CF C'eft du Capitok qui étoit à Touloufe que les
Echevins de cette Ville ont pris le nom de Capitouls.
On a aulfi donné ce nom à des forterefiés , à des
lieux où l'on rendoit la Juftice , & à quelques Cha-
pitres de Religieux.
CAPITOLIN. adj. Qui n'eO: en ufage qu'au mafculin ,
en latin Capitolinus , d'où le mot de Canito/in a été
formé. Il lignifie , qui a rapport au Capitole , qui ap-
partient au Capitole -, c'eft une cpithète & un fur-
nom qui a été donné à diverfes chofes.
Le Mont Capito/in , Mons Capitolinus , étoit une
des fept montagnes de Rome, à laquelle on donna
ce nom , parce qu'en y fouillant pour Jeter les fon-
demens d'un temple de Jupiter , on y trouva un
crâne , ou une rête d'homme , caput , d'où fe fit Capi-
tolinus -, ou , félon d'autres , à Capite Toli , de la tête
clc Tolus, qui y fut trouvée. Cette montagne avoit
été nommée jufques-là montagne de Saturne , Mons
Saturnins , parce que c'étoit le lieu du Latium où
Saturne avoit demeuré. Elle porta auflî le nom de
montagne de Tarpeïa , parce que Tarpcïa Vcftale y
fut afîbmmée fous les boucliers des Sablas , auxquels
elle avoit livré la citadelle de Rome , &; à qui elle
demandoit pour récompenfe les bracelets d'or ornés
de pierreries qu'ils portoient au bras gauche. Il y
avoit jufqu'à trente temples fur le mont Capitolin. Le
plus magnifique & le plus célèbre étoit celui de Ju-
piter. Foyei Rofin , Antiq. L.I. c. 5. & Dempfterus
dans fes Antiq. Rom,
Jupiter Capitolin , futnom qui fut donné à Jupiter,
à caufe du temple qu'il avoit fur le mont Capitolin.
Tarquin, fils de Démaratus , & furnommc le Vieux,
iit vœu de bâtir ce temple , & le commença ; Tar-
quin le Superbe le bâtit, & Horatius Pulvillus le
dédia. Ce temple fut brûlé dans la guerre civile de
Marius & de Sylla , & réparé enfuite par Q. Catulus,
& dédié une féconde fois. Pline , L. III, c. < , L
Fil , c. 18 , L. X, c. 22 , L. XXXIII, c. 1, 3 6- 1 1 ,'
L. XXXIV , c. 7. Suétone, in Jul. Ccef. c. 1 5. H fut
encore brûlé fous Vitellius , gc réparé fous Vefpaiien,
Dion. L. LXV. Suet. in Vejp.ch. 8. C'étoit dans ce
temple de Jupiter Capitolin qu'on prêtoit le ferment
de fidélité aux Empereurs. Pline , L. II. c. j , de
qu'on faifoit les vœux publics. C'étoit là que ceux à
qui l'honneur du triomphe étoir décerné, étoient por-
tés dans un char , & avec tout l'appareil du triomphe
&de leurs vidtoires-, après quoi ils faifoient un feftin
dans le temple de Jupiter Capitolin , ou, félon d'au-
tres , fous les portiques du Capitole.
Les Jeux Capito/ins étoient des combats inftitués
par Camille à l'honneur de Jupiter Capitolin , en
mémoire de ce que le Capitole n'avoir point été
pris par les Gaulois, Tite-Live , L. V, c. 30. Plutar-
que, dans fes Queftions Romaines , quell. 55 , dit
qu'une partie de la cérémonie étoit que le Crieur
public mît les Sardois , c'eft-à-dire, les Etruriens à
l'enchère. On prenoit aufîl un vieillard -, à qui l'on
pendoit au cou une bulle, telle qu'en portoient les
enfans, & on l'expofoit à la rifée publique. Feftus
dit qu'on l'habilloit d'une robe prétexte , & qu'on
lui pendoit au cou une bulle d'or , non pas comme à
CAP 2 J7
I un enfant, mais parce que c'étoît l'ornement des
Rois d'Etrurie.
L'Empereur Domitien inftitua aufli des Jeux Ca-
pitohns qui fe célébroicnt à Rome , non pas tous les
ans comme ceux de Camille , mais tous les cinq ans ,
dans lefquels on diftribuoit aux Poètes des prix &
des couronnes que l'Empereur lui-même leur mcttoit
fur la rête. Ces jeux Capitolins de Domitien furent <î
célèbres , que l'on changea dans l'Empire la coutume
de compter par luftres -, & l'on compta par les jeux Ca.-
/'//•oAVzj , comme en Grèce par les Olympiades. Cet
ufigeduroit encore au temps qu'écrivoitCenforinus,
c'eft-à-dire , vers 230 , fous Gordien. La fête n'étoit
pas pour les feuls Poètes -, il y avoit aufTi des combats,
& des récompenfcs pour les Orateurs , les Comé-
diens , les Hiftrions , & les Joueurs de toutes fortes
d'inftrumens. On peut voir fur ces jeux & les précé-
dens , Rolinu s, Antiq. Rom. L. V. c. 1 8, & Godwin,
Antholog. Rom. L. II. fcâ:. 3. f. 7.
Capitolin. f. m. cft auffi un furnom d'homme. Capito-
linus. M. Manlius fut furnommé Capitolin , parce
que pour avoir voulu fe rendre maître de Rome , il
fut précipité du haut du Capitole. Julius Capitolin
ou Capitolinus , eft un Hiftorien qui vivoit fous Dio-
clcticn, &quia écrit les vies d'Antonin Pie, de
Luce Vere, d'Albin, de Macrin , des deux Maxi-
mins , des trois Gordiens , de Maxime & de Balbin.
CAPITON, f. m. Ce qui rcfte quand on a dévidé toute
la foie de la coque d'un ver , ce qu'on en peut encora
tirer avec le peigne pour le filer. Bombycinum in-
fccîum , vellus bombycinum tortilis fuji expers. C'eft
la bourre, la partie la plus grofllère, qu'on fcpare
avec des cardafles. On s'en fert à faire des lacis , les
étoiles les plus comunes & de bas prix.
CAPITOUL. f. m. eft le nom des premiers Magiftrats
de Police de Touloufe , qui ont la même foxidliion
qu'ailleurs les Confuls ou Echevins. Conful, On
dit à Touloufe.
aide noblejfe à grand titou/.
Qui de Touloufe ejl Capitoul.
Ce nom a été donné à ces Officiers à caufe du lieu
où ils s'a/îembioient , qui s'appeloit le Capitole , &
qui avoit le même nom & le même ufage que celui
de Rome.
Autrefois les Capitouls croient pris en nombre égal
du Bourg & delà Ciré de Touloufe, fîx de l'un &:
fix de l'autre. En 1556', la ville fe trouvant plus
peuplée que le Bourg , des douze Capitouls on en
choilit huit de la ville , & quatre feulejnent du
Bourg. En 1 589 ou 1 590 , Charles VI les réduifit à
quatre. En 1592 , il augmenta le nombre de deux,
&: ils furent fix •, & la même année^il les augmenta en-
core de deux, de forte qu'ils étoient huit. En 1400 ou
1401,11 ordonna qu'ils feroient douze. Enfin en I458,
(la Faille dit en 1401) ils furent réduits à huit,
comme ils font encore à préfenr. Cette Charge ne
dure qu'un an , & elle anoblir ; & dans plufienrs an-
ciens Ades ils Ibnt appelés Capitulum Nobiliunt
Tolofce. Ceux qui l'ont été , fe qualifient aufîî de
Bourgeois , font appelés à tous les confeils généraux,
& ont droir d'image , c'eft-à-dire , que l'année de
leur adminiftration étant faite, ils font peints dans
la Maifon de Ville-, coutume qu'ils ont retenue des
anciens Romains , comme on le peut voir dans Si-
gonius , de Antiquo Jure Civium Romanorum, L. II.
Les Capitouls font fi jaloux de ce nom , que les
Confuls de Muret l'ayant pris , ils leur firent faire
défenfe de le porter, par Sentence du Sénéchal de
Touloufe, du ly' Juin 1518. Ils font appelés dans
les anciens Aéles Con fuies Capitularii , ou Capito-
Uni , &: leur compagnie Capitulum. C'eft de-là que
vient le nom de Capitularii , & de Capitoul. Celui
de Capitolini vient de ce qu'ils ont la garde de la
Maifon de Ville , qui s'appelle Capirole , Capitolium.
Voyez Catel dans fon /P L. de VHiJl. de Lans^uedoc ,
5c la Faille dans fes Annales de la. ville de Touloufe
258 CAP
où il donne des liftes des CapUouls , dont les plus
anciens ne font que de 1171. . ,■ ■ r> i„c
Menace dérive auHi ce mot de Capitohnt. Un les
appelle a/^««/V", ^ en quelques autres lieux de
Tnnce Capiio/icrs. _
CAT'ITOULAT. r. m. On appelle ainh les diftcrens
quartiers ou restions de k vUlc dcTouloule, dont
chacun eft rc^i^>ar un Capitoul. Touloule eft au-
iourd'hui divile on huit Cupnoulats ; &c ces Co/u-
w«A«.- ou ré-ions, font divifees en Moulans, qui
ont chacun un Dixainier , lequel a charge d avertir
le Capitoul de ce qui fe palfe en la dizaine, & de
faire lavoir aux habitans de fa dixaine ce que le
Capitoul du quartier lui commande de taire lavoir.
LtCapimdat de la Daurade eft le premier Uipi-
toutafdc Touloule. Catel , Hijl. de Lang.L. H, p.
14c. Les autres font le Capitoulat de Saint Etienne ,
nui prend fon nom de l'Eglife Cathédrale qui y eft
renfermée s le Capitoulat du Pont vieil ; \cCapitoulut
de la Pierre -, le Capitoulat de la Dalbade ; le Capi-
toulat de Saint Pierre de Cuifmes -, le Capitoulat de
Saint Barthèlemi i le Capitoulat de Saint Sernin en
Touloufe.lD./'. 144- Catel écrit Capitoulat Se Ca-
pitol at. ... 1 j
ftj- CAPITOULAT. fe dit aufîi de la charge des
Capitouls, & du temps qu'ils l'exercent, LeC^/^ww-
/a/ eft une charge honorable; il eft détendu aux
Capitouls de Touloule de quitter pendant l'année de
leur Capitoulat , & il leur eft enjoint d'y taire une
réfidence continuelle.
iCT CAPITULAIRE , ad), de t. g. Qui s'applique a ce
qui concerne une aflerablée de Chanoines ou de Re-
ligieux. Ade qui fe parte dans nn Chapitre, foit de
Chevaliers , foit de Chanoines, foit de Religieux.
Eruitum , Canonicorum , MonachoTumfimul congn-
satorum decretum. Il a été fait plufieurs délibct ations
& ades capitulaires pour régler la difciplme de
cette Maifon , de cet Ordre.
Capittilaire. f.m. Ordonnance, Règlement, Con-
fticution de nos Rois des deux ptemieres races. On
a appelé les Capitulaires de Charlemagne , Capitu-
lanaCaroli Magni, de Louis le Débonnaire, & de
Charles le Chauve , les Ordonnances &c les Loix ,
tant Eccléfiaftiques que Civiles, qui ont ete faites
par ces Empereurs. Caroli Magni aliorumque iran-
ciœ Resumle^es adres tum Eeckfiafiicas,tum Civiles
pertinerms.m<^^ étoient faites dans lesEtatsGeneraux
ôcdansFallemblée de la Nation, ou dans des Con-
ciles , par l'autotité des Princes, &: du confentement
des peuolcs. C'étoit dans cette airemblée que nos
Rois failoient pour l'ordinaire leurs Conftitutions.
On en faifoitenfuite la leéture tout haut, & aptes
que toute l'alîemblée y avoit donné fon confente-
ment , chacun y foufctivoit en particulier. On obli-
creoit chaque Evcque Se chaque Comte d'en prendre
copie des mains du Chancelier , pour les envoyer
enfuite aux OMiciers qui dépendoient d'eux, afin
que par ce moyen elles puflent venir àlaconnoil-
fance des peuples. Quelques-uns les diftinguent des
Loix , &: difent que ce n'étoit que leuts fupplemens.
On leur a donné ce nom, parce qu'ils étoient dif-
tin>j;ucs par Sections, ou par Chapitres. L'ancien
Droit François confiftoit en ces Capitulaires-, Se
c'étoit un nom général qui s'étendoit à toutes lottes
de Conftitutions, foit Civiles, foit Eccléfiaftiques-,
& on a appelé ainli celles qui ont été faites par nos
Rois pendant 500 ans. La principale charge des In-
tendans des Provinces , qu'on appeloit Mijft Domi-
nici, étoit de faite exécuter ces Capitulaires , qui ont
été en vio-ueur en France Se en Allemagne julqu'au
rècrne de Philippe Le Bel. L'Abbé Anfegife en ra-
malfa quatre livres l'an 817. Benoît , Diacre de
Maïence , en compila trois auttes livres ■■, puis on en
rettouva quatte autres de l'Empereur Louis, qui y
ont été joints par addition. M. Baluze en a ramade
plufieurs autres des Rois précédens , Se les a donnes
au Public avec une curieufe Préface : il tant voir
l'édition de 1611. Il y a ajouté les Formules de
Marculf3,celleduP.Sirmond,.&: de M. Bignon,
CAP
& plufieurs autres tirées d'anciens Manufcrits. Jean
L ydius , dans fes Glofes du Latin baibare, dit que Ca-
pitulare,Capituluirc , eft la même chofe que ce que
les Anciens appeloient Décret. Senatujconjulte, Loi,
& qu'on appelle aujourd'hui Ordonnance ; & Rcus ,
Rect(fus:cnQii'cv le Droit François, qui confiftoit
fous les Rois de la première race dans les Loix Sali-
ques , outre ces Loix , comprenoit lous les Rois de
la féconde race , les Ordonnances des Rois de cette
race i auxquelles on donna le nom de Capitu aires.
Sous les Rois de la troifième race on a appelé Or-
donnance, ce que l'on appeloit autreiois Capitulatre.
Les Capitulait es ont été faits avec la même autorité,
mais non pas de la même manière que les Loixfe
font aujourd'hui. , ^ ■ ; •
On peut diftinguer trois fortes de Capitulaires
fuivant les matières. Ceux qui traitent des matières
Eccléfiaftiques font de vétitables Canons titcs, leloa
la remarque d'Antoine Auguftin , Archevêque de
Tarra<-one, des Conciles légitimement aflemblés.
Ceux qui traitent des matières féculières , mais géné-
rales , font de véritables loix -, ceux qui ne regardent
que de certaines perfonnes , ou de certaines occa-
fions, ne doivent êtte conhdérés que comme des
réslemens particuliers. .
M l'Abbé Fleurv appelle Capitulaires d interroga-
tions , deux Mémoires qui contiennent des queftions
que Charlemagne propofa aux Evêques , aux Abbés
Si aux Comtes"" de fon Royaume , en 8 1 1 .
CAPITULAIREMENT. adv. En Chapitre , Canoni-
corum , &c. in conjefu. Ils ont été alfemblés capitu-
lait emermn (on Àz\-i.c\oc\\c. _
^rr CAPITULANT, adj. Qui a voix dcboerative
dans un Chapitre, ^i jus ejî /ufragii. Chanoine,
Kche;iem Capitulant. _
IP" ifeft auifi employé fubftantivcment. Prefque tous
tous les Capitulans arrêtèrent que , &c.
|t? CAPITULATION, f. f • Traite fait pour la red-
dition d'une place , d'une Ville. Lompofitio -dedenda
urhis, arcis conditior.es, leges. Les articles de la Ca-
pitulation , portés pat la Capitulation. Envoyer les
articl-s de la Capitulation. Deditionem mittere. Re-
cevoir à Capitulation. In deduioncm accipere. Signet
la Capitulation. Tenir , violer la Capitulatior:. _
rCT On appelle parriculièrement t-pttulation , Capi-
wtezo/2 Germanique, une loi fondamentale impofea
à l'Empereur par le Corps Germanique ; des pa^a:
conventa,nnc cfpèce de contrat ou de concordat
que lesEledteurs font avant l'Eledion de 1 Empereur.
à que celui qui eft élu ratifie, figne &c promet d ob-
ferver avant que d'être teconnu. Les points principaux
auxquels le nouvel Empereur s'oblige par cette Ca-
pitulation font la détènfe de l'Eglife &c de 1 Empire ,
le maintien des loix fondamentales ,1a conlervation
des droits, prérosatives Si piivileges des Eledleurs,
des Princes , des Villes & de tous les Etats qui com-
pofent le Corps Germanique. Les Capitulations de
l'Empire ne font en ufage que depuis Charles V. La
crainte que les Princes &c les villes d'Allemagne
eurent de la trop grande puilfance de cet Empe-
reur, les introduifit. Avant cet Empereur , il n'y a
aucun exemple de Capitulation. Si l'on en produit
quelqu'une , elle eft fuppofée. Quand l'Empereur eft
élu, s'il eft préfent, les Eledeurs le conduifenta
l'Eo-life , Se l'ayant fait alTeoir lur le grand Autel ,
l'Atchevêque de Mayence, comme Archichanccliec
de l'Empire en Allemagne, lui préfente la Capitu-
lation pour la figner. ifle fait , Se promet^ en même-
temps de confirmer immédiatement après fon cou-
ronnement les privilèges dont jouilTent les Eledeurs,
Princes Se Etats de TEmpire. A cet cfftt l'Empereur
fait expédier à chaque Eledeur des lettres patentes.
Ce font les Eledeuis qui dreflent Se préfentent les
Capitulations , les autres Membres de l'Empire n'y
ont point part , malgté les plaintes qu'ils en font
quelquefois. Lors de la paix de Veftphalie on pro-
pofa de délibérer dans la prochaine Diète fur la ma-
nière de dr:fler une Capitulation perpétuelle , c'eft-
à-dire , fuivant la Coutume d'Allemagne , de déli-
CAP
bdïer fur une chofe que l'oh né conclura jarrtais. t)è«
le commencement de la Capuulaùon l'Empereur
reconnoît qu'il a reçu l'Empire à ce: conditions , &
quSl en eft convenu avec les Eiccleurs , tant [îour
eux que pour les autres Etats de l'Empire. Mon-
SAMB. Plulieuts Auteurs Allemands en parlant de
la Co-pitulation , tombent darts une honteule Hateric,
&c font voir une exrrême ignorance dans la Politique.
Il y en a qui ont ofc Ibutenir que la CapituUiion ne
donnoit point de bornes à la puiflance de l'Empe-
reur , mais qu'elle empcchoit feulement les aliéna-
tions & les engagemens, qui auroient pu affbiblir
les forces de l'Hmpire. Idem. La Capitulation Léo-
poldine contient quarante-fept articles, f^oye^^ Sé-
verin de Monfambano , Etat préj'ent de F Empire , c.
5. Heiff. Hiji. de l'Empire,
Frédéric Dui; de Saxe , furnommé le Sage , pafTe
pour être l'Auteur des Capitulations Impériales ,
parce qu'après la morr de Maximilien I l'Empire
lui ayant été oifert, il le refufa, & confeilla aux
Electeurs de choilîr CharlesV; mais à certaines con-
ditions, pour mettre la liberté de l'Allemagne en
fureté, y'oyei Schutfleifch , Differt.de El. Fnd. IIJ,
§ 10 ; & Imhorffi Not. Imp. Lilu ly cap. z , 1 , § 5,
Capitule, l*. m. Terme de Bréviaire. Capitulum. M*
Nivets s'efl fervi de ce mot. Voye:^ Chapitre. Les
Capitules fe doivent plutôt lire , ou prononcer, que
chanter. Nivers. C'eft une cfpèce de petite leçon
qui fe dit à la rin de cerrains Offices.
CAPITULER. V. n. Compofer , traiter de la red-
dition d'une place fous certaines conditions. De
arce , urhe dcdenda tranjigcre , pacifci.
Capituler fe dit auifi des propofitions d'accom-
modement qu'on lait pour Ibrtir de quelque af-
faire, ou de quelque embarras. Facifci , coiivenire
de re aliqua. Il y a apparence que le procès de
cet homme-là ne vaut rien , puifqu'il veut capi-
tuler. On peut bien capituler avec la vertu -, &
pourvu qu'on foit exaét dans lefôlide, il n'eft pas
néceflaire de fe gêner ii fort à l'égard des bien-
féances. S. EVr. Il ne faut « ni capituler avec Ion
Roi , ni s'approcher de lui , quand il eft en colère.
Oh dit proverbialement , Ville qui capitule eft
à demi rendue-, pour dire , que quand on écoute
des propofitions on eft prêt de les accepter.
CAPITZI KIHEIA.f m. Grand Chambellan du Grand
Seigneur. Magnus Imperatoris Turcici Camerdrius,
Artus Thomas , Contin. de l'HiJi. des Turcs ,
Liv. VL Le Capital Kikeia arriva , comme rtous
dirions le Grand Cîianibellan , avec quinze Capit-
fchilar j" &c, Id.
CAPIVARD. f. m. Cochon d'eaU. C'eft un animal
quadrupède amphibie , qui a le corps d'un cdchon
& la têre d'urt lièvre , ians queue. Il fe tient pref
que toujours fur fôn derrière , comme un fingc.
Il naît dans le Bréfil : il fe tient tout le jour dans
la mer , mais il vient à terre la nuit , où il ra-
vage les jardins &; déracine les arbres. Il eft bon
à manger. Di^. de James.
CAPLAN. f. m. Sorte de petit pdifTon qui fe trouve
en grande quantité vers les endroits où fe pêche
la morue : il y en a fur-tout un grand nombre fur
les côtes de Plaifance. Il fert à amorcer les hame-
çons des lignes à prendre la morue.
CAPLANIER. f. m. On nomme ainfi fur les vai/Teaux
bretons ceux qui vont .à la pêche de la morue fé-
che , &: les matelots qui aident a cette pêche. Ils
ont rang entre Xc^ décoleurs & les faleurs, & ont
le même pot de vin. On dit au(îi Capalanier,
CAPNOMANCIE. f f. Terme de divination. Ce mot
fignifîe divination par la fumée. Les Anciens ti-
roienr un bon augure quand la fumée qui s'élevoit
de l'autel où l'on faifoit un facrifice , étoit lé-
gère, peu épailfe , quand elle s'élevoit droit en
haut fans le répandre tout au tour de l'autel ; li
le contraire arrivoit, ils le prenoient pour un mau-
vais préfage. Capnomantia.
Ce mot vient du Grec. Il eft formé de x«t»^5,
^ de f4«»7e<« j divination. Il y a un autre forte de
^kP
tàpnorriàncle , qui confifte à obferver la fumée tjui
s'cl'jve lorfqu'on a jeté la graine de pavot ou de
fcfame fur des charbons allumés. Voye^ Peueer dans
fon Traité d.-s Divinations.
GAPO. f m. Mor purement italien, qui lignifie cjp,
de capo , tête. Nos Géographes s'en fervent quel-
quefois , &: le retiennent dans les noms de litu ,
qui font fur les côtes d'Italie -, en un mot , dans
les nom? que les Italiens ont donnés à différens
lieux où la langue iralicnne a cours. Capo cocoj
caj'- de Sicile le plus occidental de cette île. Capo
délia Greca dans l'île de Chypre. Capo délie Co-
lonne dans la Calabre. Capo d'Jjiria , ville d'Iftrie
fur un rocher. Le Capo Greco, eit à la pointe de
la prefijuTle de Romanie. Capo Ferrato , en françois
Cap de Fer , fur la côte d'Alger , &c.
CAPOC, ou CAPUK. f. m. Elpèee d'ouate qu'on
tire d'un arbre qu'on appelle cdpo.juier. Elle eft
fort fine, & ii courte qu'on ne fauroir là filer. Les
Siamois s'en fervent au lieu de duvet.
CAPOLIN. f, m. Arbre de moyenne grandeur qui
croît dans le Mexique. Ses feuilles font fembla-
bles à celles de nos amandiers , ou de nos ceri-
liers. Ses fleurs pendent par grappes -, Si il en naît
des fruits qui relfemblent à''nos cerifes , tant pat!
la figure , la groifeur , la couleur , que pat les
noyaux. Ces fruits avant leur maturité foiit aigres &
aftringens -, mais quand ils font mûrs, ils devien-
nent doux &c fort agréables. Cet arbre fleurit au
printemps , & donne du fruir pendant tout l'été*
§CF CAPON. f. m. Terme populaire, uiitè parmi les
écoliers pour défîgner un joueur rufé , attentif à
prendre toutes fortes d'avatltage aU jeta.
Capon eft auilî un terme de Marine, & fîgnlfie
une machine corapofce d'une corde & d'une gro/fé
poulie , a quoi l'on joint un gros croc de fer qui
fert à lever l'ancre , quand on a coupé le cable y
parce qu'il faifîr l'ùrin , ou le cable qui eft arraché
à une bouée ou tonneau vuide , qui iliarqile le
lieu où l'ancre a été laiffée,
CAPONNE. Terme de Marine. Commandement qu'on
fait à l'équipage pour le faire hâler fur le capom
CAPONNER. Terme de Collège * qui fe dir d'un
écolier rufé qui attrape les autres , & qui les ef-
croque. fubripere , fraudâre , decipere.
IJCF Caponmer l'ancre. Terme de Marine. C'eft
accrocher l'arganneau de l'ancre avec le croc du
capon , pour le hiifcr ou tirer au bofToir. Dans cette
acception , ce verbe eft aétif.
CAPONIERE i ou CAPONNIERE. f. f. Tetme de
Fortification. Logement , petit corps-de-garde avan-
cé & cfeufé quatre ou cinq pieds en terre , pour
y mertre quinze ou vingt moufquetaires. înjldicz^
II elT: cbuvert de planches à demi enfoncées dans
le rez-de-chauilce , & couvertes de terre. Il ne s'é-
leVe qu'environ deux pieds fur le rcz-de-chaufî5e«
On les fait dans les fofics fecs , ou fur le glacis de
la contrefcarpe. On fait de petites embrafures dans
le parapet de la caponniere qu'on appelle meur-
trières , par où l'on tire jufqu'à tez-de-chauffée ,
fans être vu.
|cr CAPOQUIER. Voye^ Cavvx. , c'eft la mciîic
chofe.
CAPORAL, f. m. Terme de guerre. C'eft un bas Of^
ficier dans une Compagnie d'Infanterie , qui corn;
mande une efcouade. Optio , onis. Il y a trois Ca-^
poraux en chaque Compagnie. Le Caporal pofe
& levé les fentinelles , reçoit le mot du guet , &
fait obferver la difcipline dans le Corps-de-gard«
Ces OfSciers font qualifiés Hautes-payes.
Caporal de consigne. C'eft le Caporal qui reçoit
la confîgne de la garde qui defcend , & là donne
à celle qui monte, ht Caporal Ae configne eft fou-»
jours celui du plus ancien Régiment , ou de là
plus ancienne Compagnie. Il doit s'informer de
1 celui de la garde defcendanre de ce qu'il y aura
à faire dans le pofte. Bo^fBELLES. Les Caporaux
doivent partaget entre eux le temps de leur garde,
en forte <]u'iis foient en fàotion autant d'heures
zA,o- CAP
de jour 5c- de nuit les uns que les autres. Pendant
le temps que chaque Caporal elt en t'adion , on
le nomme Caporal de pofe. Celui de conligne a
droit de choilir , &c prend ordinairement la pre-
mière poic. Quoiqu'il en l'oit, celui qui en icra
chartçé , doit prendre la conli-ne de celui qui aura
fait la dernière pôle. Bombelles. Le Caporal de
conlîgne doit avoir loin d'envoyer chercher le bois ,
ou la tourbe, la chandelle &c les aittres choies
que l'pn donne pour le Corps-de-garde. Idem, cha-
que Caporal de conligne des Toftes en dedans du
corps de la Place, doit aller à l'ordre au grand
cercle avec le Sergent du plus ancien Régiment
de ion polie. Le 'Caporal de pofe ne lauroit être
trop attentif à écouter les appels des lentinellcs ,
pour y repondre. Id, Caporal d'ordonnance. Koy.
Sergent d'ordonnance.
Ce mor vient de l'italien CaporaL-, qui lignifie
la même choie. Caporal \izni àc capnc, tête, chel.
Le Caporal eft le chef, celui qui ell à la tête d'une
bande , qui eft le premier. On dit audl en italien
caporak. On trouve Caporalis dans la balîê la-
tinité, pour un berger. Opilio, AFta SS. Mail, T.
VIL p. 375- ^- ' , . , ,.
CAPORIONS. 1". m. pi. Mot corrompu qui le dit
pour quatorze Rions , c'eft- à-dire , quatorze quar-
tiers de la ville de Rome. Car Rione en italien le
dit pour Regio. Qiiaïuordccun urhis regiones. Le
Pri'.ur des Caponons , ou pour mieux dire , Chet
ou Colonel des quatorze rions ou quartiers de la
ville de Rome , charge conlidcrable qui cil exer-
cée bien Ibuvent par la principale noblellê de Rome ,
qui tire tous les ans de la Chambre Apollolique
cinq cens-cinquante écus pour les appointemens
ordinaires, & qui tient le quatrième lieu d'hon-
neur dans les cérémenies principales. Celui qui
l'exerce , marche immédiatement après le Sénateur ,
les Confervatcurs & le Gonlalonnier ou Enlcigne
du Peuple Romain , comme il ell exprellcmcnt re-
mattjué dans l'état qui fut imprimé à Rome l'an
1604, de la recette & dépenle que fait annuelle-
ment le Peuple Romain. Mascur,/. 134, i3 5-
CAPOSER. Terme de Marine, peu uiité , qui iigni-
iîe , mettre le navire .à la cape -, c'eft-à-dire , amar-
rer le gouvernail bien ferme pour fuivre l'aban-
don du vent. Gubernaculum fune nautico alligare.
fp= CAPOSWAR. Voye^ Kaposwar.
CAFOT. f. m. Habillement que mettent les Cheva-
liers, lorfqu'ils font reçus dans l'Ordre du Saint-
Efprit. C'ell une efpèce de cape ancienne , & qui
aboutit par-devant en forme d'uji fcapulaire arrondi.
Chlamys Irevior cucullata. On l'appelle commu-
nément -Capote.
Capot ell auil: une efpèce de capuchon que les gens
de mer mettent par-deflus leur habit ordinaire. Bre-
vior cucullus. Quand les foldats font en fentinelle
ils ont ordinaitement des Capots pour fe garantir
du froid.
Capot. Selon Du Chefne , An-n^ki Anti^. & Recher-
ches des villes de France , L. IL c. 14. Les Capots
ou Gahets, fonten Bigorre , en Béarn , & en plu-
fieurs endroits de Galcogne , une forte d'hommes
que chacun fuit 6c dételle comme ladres , qui ont
l'haleine fort puante , que quelques-uns tiennent
ctre une race des Hérétiques Albigeois, tous Char-
pentiers ou Tonneliers , fcparés du commun &:
de domicile pendant leur vie , & de cimetière après
leur mort. M. de Marca en traite fort exaélement
dans fon Hifloire de Béarn, Liv. L c, 16. Il dit
qu'on les appelle Capots ou Cagots ; que l'opinon
vulgaire , qui a prévalu dans les efprits de pluiieurs
& q^ui même a été publiée par Belleforell , ell qu'ils
font defcendus des Viligoths ; qu'ils font cenfés
perfonncs ladres &c infectées, auxquelles, pararti-
oles exprès de la Coutume de Béarn , & par l'u-
fage des Provinces voifines, la converfation fami-
-lière avec le relie du peuple ell féverement inter-
dite , de manière que dans les Eglifes ils ont une
porte réparée pour y entrer , Se leur fiége pour
CAP
toute la famille ■■, qu'ils font logés à l'écart des
villes & villages -, qu'ils font d'ordinaire le métier
de Charpentiers, oC ne peuvent porter d'autres ar-
mes, ni ferremens que ceux qui font propres à
leur travail. Aujourd'hui ils font ouis en témoi-
gnage ; mais fuivant le For ancien de Bearn le nom-
bre de icpt Capots étoit nécellàire pour valoir la
dépoiition d'ua autre homme ordinaire.
On croit que le nom de Cagots leur a été don-
né de cajs Goths ■, c'efl-à-dire , • Chiens. Goths en
haine de l'Arianifme , 6i des cruautés qu'ils avoient
exercées dans le Pays, où l'on fe pcrfuade qu'en-
fuitc , pour une peine de leur fervitude , on leur
impola la néccdlté de couper les bois , comme
l'on fit aux Gabaonites. M. de Marca ne fauroit
goûter cette peniëe, qu'il ne croit fondée que fur
la reflêmblance du nom Cagot avec l'origine qu'on
lui donne j & parce que ce nom n'ell pas û pro-
pre à ces pauvres gens que quelques autres qu'on
leur donne , &: ne fe trouve écrit que dans la nou-
velle Coutume de Bearn, reformée l'an 15 51. Au
lieu que les anciens Fors écrits à la main , d'où
cet article a été tranfcrit , portent fotmellement
le nom Chrejiiaas , ou de Chrétiens -, & le quar-
tier des Paroilfes où ils habitent fe nomme par le
vulgaire le quartier des Chrétiens. On leur donne
plus ordinairement dans le difcours familier le nom
de Chrétiens , que celui de Cagots. Dans le Cahier
des Etats tenus à Pau l'an 15(^0, ils font nommés
Chrétiens &: Gezitains. En Balîé-Navarre, Bigorre,
Armagnac , Marfan & Chalofle , ils font appelés
Capots , Gahets , Gezitains &: Chrétiens. Ces Etats
cntr'autres choies demandèrent à Gallon de Béain ,
Prince de Navarre, que ces Capots porrafTent fur
leurs habits l'ancienne marque de pied d'oie, ou
de canard, qu'ils avoient quittée depuis quelque
temps.
Tout cela ne pouvant s'accorder à l'origine des
Goths, qui étoient illulltes d'extraélion, éloignés
d'infeclion, Se Chrétiens, quoiqu' Ariens . M. de
Marca croit que les Capots font defcendus des Sar-
razins qui reft èrent en Galcogne après que Charles
Martel eut défait Abdirama, On leur donna la
vie en confidération de leur converfion à la Re-
ligion Chrérienne , d'où ils tirèrent le nom de
Chrétiens -, mais on conferva pour eux toute la
haine de la nation Sarrafine , d'où vient, ii l'on en
croit cet Auteur, le nom de Gezitains, la per-
fuafion qu'ils (ont ladres , de la marque du pied
d'oie. Voye^ Gezitain. Quant au mot de Capot ,
M. de Marca conjeélure qu'il s'eft dit pour Cagot ,
& que Cagot vient à la vérité de Caas goth , comme
on a dit ci-delfus ; qu'il leur fut donné parce qu'ils
fe vantoient d'avoir chaffé les Goths , que Cahots
lignifie chiens de Goths , c'ell- à-dire , Chafléurs
Goths; ou bien que ce nom vient de Coucagatus ^
terme de mépris & d'injure , dont il efl fait men-
tion dans la Loi Salique. En la haute Navarre au
lieu de Capots ou Cagots , on dit Agotes ou Ca-
gotes.
De Bofquet dans fes Notes fur les Epîtres d'In-
nocent III foupçonne que ces Capots font de race
Juive , & qu'ils ont pris leur nom du mor Latin
Capus , qui fignifie dans les Auteurs du moyen âge,
comme dansThéodulphe d'Orléans, un épervier,
à capiendo ; d'où il eflime que les Capitulaires de
Charles le Chauve ont donné le nom de Capi^\xx
Juifs , à caufe de leurs ufures & rapines -, que le
nom de Gahets que l'on donne en Gafcogne aux
Capots , fe rapporte à cette fignification. Cette pen-
fée efl ingénieufe ; mais M. Marca dit que bien
loin que les Capi puiffent être pris dans les Ca-
pitulaires pour les Juifs , il croit au contraire que
toutes les paroles du textemontrent que c'étoit, non
pas des perfonnes d'une feéle particulière , mais
plutôt un efpèce de Marchands de certaines den-
rées , quels qu'ils fuffent , Chrétiens ou Juif;. Il y
a une forte de gens en Bretagne tous femblables
aux
C A P
■ aux Cagots , mais qac l'on nomme Caqueux. Voye^
ce mot.
Capot. Terme du jeu de Piquet. ^fT Faire capot quel-
qu'un 5 c'cft faire toutes les levées. Alors on ga-
gne quarante points. Etre capot , c'eft ne faire au-
cune main.
En Termes de Marine. On appelle faire capot ^
Jorfque les navires, barques, pyrogues &: canots
fe renverfent lens defllis deflbus. Tous ceux qui
font dans les petites nacelles , périment ordinaire-
ment quand elles font capot. Je voulus gouvetner ,
on m'en empêcha , & nous fîmes capot dans le mo-
ment. Chev. de Beauch. Il donnoit un repas à plu-
sieurs Medieurs £: Dames llir fa frégate ; le bâti-
ment fit capot cà la vue de toute la ville , 5c tous
les convives périrent. Idem. On voit par ces deux
exemples qu'on dit faire capot , tant du navire que
de ceux qui font dedans.
lier On dit familièrement & fîgurément, faire fiZjOor ,
rendre coniiis £c interdit , déconcerter quelqu'un.
Etre capot , Etre fait pic & capot.
Dame ignorance a fait enfin capot
Le tel ejprit. Des H. '
Phi/is , contre la mort vainement on chicane ,
Tôt ou tard qui s'y joue , efi fait pic & capot.BENS,
IJCT On le dit de même d'une perfonne qui fe voit
fruftrce de Ion ef^-crance. Cette Dame a été bien
capot , quand elle a vu que perlbnne ne la faifoit
danlcr.
^ CAPOT AGE. f. m. Terme de Marine. On don-
ne ce nom à cette partie de la fcience du Pilote
qui coniifte à connoître le chemin que le vaifîéau
fait fur la furface de la mer : connoiffance nécef-
fairc pour conduire fiirement un VaifTeau.
CAPOTE, f. f. C'efi: une mante que les femmes met-
tent par defllis leurs habits , quand elles fortent ,
& qui les couvre depuis la tète jufqu'aux pieds. Il
y a des capotes de camelot , il y en a de taffetas.
^fT On donne aufîî ce nom à la petite cape qui fait
pattie de l'habit de cérémonie des Chevaliers du
Sx. Eiprir. Voyei Capot.
CAPOUAN , ÂNE. f. m. & f Qui eil de Capoue ,
Citoyen de Capoue. Capuanus , a. L'an de Rome
451 , fous le Confulat de C. Junius Bubulcus , &;
de Q. Emilius Baibula , les Capouans prirent les
loix Romaines. Nos Auteurs du XVI= ficelé & du
commencem.ent du XVII^fe fervent de ce mot. Au-
jourd'hui habitant de Capoue, natif de Capoue,
feroit mieux.
CAPOUDAN BACHA, f. m. Terme de Relation. Bâ-
cha de mer. Officier Turc , qui efl: pris de l'un
des trois premiers Pages du Kgas Oda ou de la
Chambre privée. Mari Friefeclus, Archithala[jius.
CAPOUE. Ville archicpifcopale du Royaume de Na-
ples. Capua. Capoue efl ancienne. Diodore dit qu'elle
fut bâtie fous le Confulat de M. Genucius , & de
Curtius Chilo , que les fartes de Pighius mettent
à l'an de Rome 508 -, ceux d'Onuphrius à l'an 509 ,
èc la Chronologie imprimée à la fin de Diodore ,
l'an 310. On ne convient pas de fon fondateur,
Sempronius , en la diviiion d'Italie, l'attribue aux
Hétrufques , par qui elle fut appelée d'abord Olque ,
& puis Capoue. Caton dit la même choie. Diodore
dit que ce furent les Olques qui la bâtirent. Vir-
gile, Enéide, L. X, v. 145. Suétone, in Jul.Cizf.
c. 81. Pline , L. in , c. $ , Se Silius Italicus , Lit.
X7 , difent qu'elle fut bâtie par Capys , compa-
gnon d'Enéc. Feflus nous apprend que quelques-
uns rapportoient ce nom à l'augure d'un faucon,
dit en Grec Capys , parce qu^il a les pieds recour-
bés ; i'c d'autres aux plaines dont ce pays efl rem-
pli. Tite-Live écrit, Liv, If^, c. 57, qu'elle s'ap-
peloit d'abord Vulturnc , Vulturnus , du nom du
fleuve fur lequel elle efl lituée -, qu'ayant été prifc
par les Samnitcs fous le Confulat de C. Sempro-
jaius Attatinus , Sc de Q. Fabius Vibulanus , Capys ,
Tome JI.
CAP 241
1' chef des Vainqueurs, la nomma Capoue de fon nom -,
ou , c;; qui paroît plus probable à Tite-Live , parce
qu'elle croit dans une plaine. Strabon croit que
ce nom lui fut donné parce qu'elle étoit Capitale"
des douze Villes de la Campanie , Caput Campa-
ni<z. Capoue fut toujours une ville très-débauchée -,
Tite-Live, L. XXlîl , c. 4. Ciccron l'appelle le
domicile de l'orgueil , & le iiége de la débauche ,
Orat. 15 , n. ()6. Ce furent les délices de Capoue
qui corrompirent Annibal & fon armée , & qui
fauvèrent les Romains. Jules Céfar envoya une
Colonie à Capoue quelque temps avant fa mort.
Suctone le dit, C. 81. Vigenere traite exaélement
de cette Ville , dans fon Céfar &: dans fon Tite-
Live. Capoue étoit une ville très-coniîdérable , di-
gne d'être comparée à Rome & à Carthage. Cico-
ron dit qu'autrefois elle paffoit pour une féconde
R.ome. Aujourd'hui cette ancienne Capoue n'cfl
plus qu'un village que les Italiens nomment S,
itlaria Magiore , ou dellc Gratie , Sainte Marie
Majeure , ou Sainte Marie des Grâces. On y voie
de très-beaux reftes de fon ancienne fplendeur.
La Nouvelle Capoue efl encore la capitale de la
Campanie, ou, comme on l'appelle maintenant,
de la terre de Labour. Elle a un Archevêché qui
fut érigé par Jean XIII en piîg. Capoue a eu.titre
de Principauté , & l'on trouve des Princes de Ca^
poue parmi les fils des Rois de SicWc.Capoue n'cH
pas aujourd'hui au lieu où étoit l'ancienne CiX/?oi/c',
mais à deux milles plus au Nord , à l'endroit dxi
étoit autrefois CafiUum, C'efl le Comte Laudon,
6c l'Evêque Dandulphe qui l'y tranfportèrcnt. On
peut confulter fur cette ville Cluvier , Ital. Ant. Lib.
IV ,p. 1 174 , & Leand. Defcript. Ital. p. i(54.Vige-
nere fur Céfar & fur Tite-Live.
1^3" CAPPA. Peuple de l'Amérique Septentrionale >
dans la Louifiane , fut le bord occidental du fleuve
Millifripi. On écrit auflI Kappa.
CAPPADOCE. Ancienne Province de l'Afie Mineu-
re , qui a eu autrefois titre de Royaume. Cappadocia,
La Cappadoce étoit bornée au nord par le Pont-
Euxin , au levant par l'Arménie Mineure , &c à
l'Occident par la Galatie 5 au midi le Mont Tau-
rus la féparoit de la Cilicle. Pline , Z. FI , c. 8.
Strabon , L. XIL La Cappadoce avoit pris la Reli-
gion des Perfes , auxquels elle avoit été foumifa
comme tout le refle de l'Afie Mineure. Tout y étoic
plein de Mages , qu'on nommoit Pyrethes , c'ell-à-
dire , adorateurs du feu, des Pyrathécs , qui étoienc
de grands efpaces enfermés , au milieu defquels il
y avoit un Autel , fur lequel les Mages confervoient
le feu perpétuel , &: le temple des Dieux de Perfe,
Strabon Liv. XF , & VofTius , De Idol. L. II , c.
ç). Ils reçurent auffi des Perfes le culte d'Anaitisou
Zaretis , qui étoit , félon quelques-uns , la Lune, &C
félon d'auties , Minerve ou Bellone. La Cappadoce
nourriffoit beaucoup de chevaux, félon Solin, ch. 47,
& de mulets , félon Homère i 8c au rapport de Pline,
Théophrafle difoit que les mules étoient fécondes
en Cappadçce, Stïihon dit Livre ^/ , que les Cap-
padociens payoient tous les ans un tribut de quinze
cens chevaux , &: de deux mille mulets. Après la
mort d'Alexandre , l'Afie Mineure & le Pont , obéi-
rent à Antigonus. Ce Royaume périt avec Démé-
rrius , fils d'Anrigonus : quelques Provinces furent
jointes aux États des Séleucides, les autres fe firent
des Rois. La Cappadoce fut de ces dernières , & ce
Royaume fubfifla jufqu'au temps d'Augufte , que la
Cappadoce fut réduite en Province Romaine. En
i204,Ifaac Comnène, chaffé de Gonftantinople
par les François , établit là l'Empire dç Trebizonde,
qui a duré jufqu'en i4(îi , que David Calo-Jean, fut
pris par Mahomet II.
Quelques Auteurs comprennent la pçtite Arménie
dans la Cappadoce , & divifent tout ce pays en deux
parties générales, l'Arménie Mineure & IdiCappadoca
propre."Celle-ci étoit encore divifée en deux grandes
Provinces , la grande Cappadoce , qui étoit dans Ie«
Hh
2,4z CAP
terrés-, Si le Pont , qui coniprenoit tou: ce qui etoit
ie long du Pont Euxin.
Aujourd'hui tout. ce pays cl"t compris feus les
noms d'Amalie, d'Anadole t^' île Bo^och. Lc^ X"'^'"'*
y ont quatre Beglierheglics , qui l'ont ceux de ^'ivas ,
de Trébizonde", de Marafch &: de Congi , ou de
Caranianie. Cependant une partie de celui de Trc-
bizonde , du côte de l'orient , ôc de Cogni , du côté
■du couchant, l'ont hors des bornes de l'ancienne
Cappadocc. Maty.
CAPPADOCIEN , ENNE, f. m. & f.Cappadox. Qui
eft de Cappadocc. Les Cappadocuns ne pouvoicnt
i'e gouverner eux-mêmes. 11 leur talloit des maîtres ,
&'les Romains leur ayant permis de l'e gouverner
felop leurs Loix , ils les prièrent de ne leur point
laiffer cette liberté , dilant qu'ils ne la pouvoicnt
l'ouffrir. C'eft ce que Strabon , qui étoit Cappado-
cien , rapporte lui-même de fcs compatriotes ,
L. Xl^L S. Seleuque Cappadocicn. Chastelain.
'CAPRAIS. l'.m. CapraJïus.Nom d'homme. S.Giprais,
que quelques-uns veulent appeler Capraifc , pour
le diftinguer d'un autre Saint de même nom qui tut
martyr à Agen , étoit Abbé de Lérins au V liècle.
^r CAPRANICA. Perite ville de l'Etat EcclélialTii-
que en Italie , dans le patrimoine de S. Pierre,
CAPRAP-^OLA. 1'. m. Célèbre château d'Italie appar-
tenant au Duc de Parme. Ce magnifique château
fut bâti par le célèbre Vignole pour le Cardinal
Alexandre Farnèze , & paiie pour le chef-d'œuvre
de ce grand Architeiae. Il eft bâti en pentagone
avec cinq faces très-clevées&; femblables, qui ren-
ferment une cour parfaitement ronde, ainli que
les corridors 5c les galeries-, & cependant les lilles
font carrées &c bien proportionnées. La principale
eft peinte de la main de Pietro Orbifta , qui etoit
en réputation ibus Paul III. Il y a une des cham-
bres où quatre perl'onnes placées chacune dans un
coin , s'entendent parler fort diftinélement , quoi-
qu'elles parlent bas , &c que ceux qui font au mi-
lieu de la chambte n'en entendent rien. Tous les
autres appartemens ont chacun leur beauté parti-
culière. Les jardins , les fontaines , & tous les
auttes accompagncmens l'ont dignes de ce fupeibe
Palais , que tous les voyageurs ne manquent pas
d'aller voir , & d'admirer. Il eft à vingt-cinq milles
de Rome, dans le Patrimoine de Saint Pierre , au
Comté de Boncigliani , près de Viterbe.
CÂPRE, f. f. Ceftla baie ou le bouton à fleurs d'un
arbrilfeau appelé câprier , qu'on cueille avant qu'il
foit épanoui. Cap-paris , cappari , cappar. Ces bou-
tons l'ont petits & verts. Après les avoir cueillis,
on les fait lécher dans un lieu l'ombre jufqu'à ce
qu'ils fe flétriflent : on les confit enl'uite au vinai-
gre ,-&: on les garde dans des barrils. Les câpres
fe mangent ordinairement en falade : on en met
aufli dans plulieurs ragoûts. On emploie ordinai-
rement ce mot 'au pluriel. On dit , les câpres fe-
ront chères cette année. La récolte des câpres n'a
pas été bonne. Ces câpres font grolTes , elles font
vieilles &c. F/os non expanfus Capparis.
gCF On appelle câpres capucines , celles qui font
moins grolTes que les autres.
Câpre , f. m. en termes de Marine , eft le nom qu'on
donne aux Armateurs ôi aux vaifTeaux armés en
guerre, qui vont en courfe. Pirata. §Cr On le dit
ordinairement des vaifl'eaux que des Particuliers ar-
ment en courfe. Nous fiimes pris par un Câpre Hol-
landois.
CAPREES. CapretE. île de la Méditerranée fur les côtes
du Royaume deNaples, à l'entrée duGolfe deNaples,
vis-à-vis de Pouzzolc, fameufc par la retraite & les dé-
bauches deTibere. Caprées eft une île éloignée feule-
ment d'une lieue du cap Sorrento dans la Campanie
qu'Augufte avoit achetée des Napolitans. L'air y eft
doux, en hiver, &C frais en été. On y a la vue d'un
golfe 5c d'une côte qui étoit alors parfaitement belle.
L'abord en étoit difficile , &: on croit que c'eft ce que
Tibère en aimoitle plus. Il y pafla les dj.x dernières
années de fa vie, Tillem.
CAP
CAPRICE, f. m. Qualité oppofée à la bonne fociétc ,
qui hut qu'on s'écarte du goût des autres par in-
conftance ou changement fubit de goût. Levitas^
anirni repentinus iinpetus. On le dit , quand au lieu
de fc conduire par la raifon , on fclailfe emporter
à fa famailie , &; à l'humeur dominante où l'on fe
trouve. Il taut lailfcr paii'cr l'on caprice , là fantai-
fie , fa mauvaife humeur. Je n'ai que faire d'effuyer
tous lés caprices, lés fougues, fes boutades. Poar
avoit toujours de l'efpérance , il ne faut qu'avoir
obfervé i'inftabiliré de la fortune, & le caprice.
des événemens , qui changei.t lorfqu'on y penlé le
moins. M. Scud. On me taifoit redouter les caprices
de la multitude & de la légèreté du public. La
Bruy. Le caprice de notre humeur eft encore plus
bizarre que celui de la Fortune, Rochef. La pru-
dence ne doit rien abandonner au caprice de la
Fortune. Flech.
Je fuis rendre aux Su/tans de fidèles fervices ;
Mais je laijfe au vulgaire adorer leurs caprices.
Racine.
Je veux bien que le fort-, par un heureux caprice ,
Faffe de vos écrits proj'perer la malice. Boil.
Q^ue le peuple àfongré nous craigne, ou nous cJiérifTe;
Lejâng nous met au trône , & non pas Ion caprice.
Corn",
Le mot de caprice étoit nouveau du temps d'Henri
Eftienne , î?c lui fembloit fort étrange.
■fT Corneille a abufe de ce mot dans la Suite de fon
Menteur quand il a dit , je mis dans mon caprice.
Cela ne p^eut figriner, dit Voltaire, Je mis dans
ma tête , dans ma fantaifie , dans mon imagination ,
dans mon efprit. On n'a point le caprice, comme
on a une faculté de l'ame. On peut bien avoir un
caprice dans fon idée , mais on n'a point une idée
dans fon caprice.
Caprice fe tranl'porte élégamment par rnétaphore
aux chofes inanimées , & ■lignifie irrégularité , va-
riété , diverlité dans les acf ions & les effets. Fa-
rietas , diverjîtas , abnormis ratio. En fait d'expé-
riences , il ne faut pas fe décourager ailément.
Elles ont , pour ainfi dire , leurs caprices , que l'on
furmonte avec le temps. Acad. des Se. 1700. Hifi,
p. i^G.
Caprice, fàntailie , fe dit aulTi par Métaphore, des
pièces de Poëlîe , de Mufique , d'Architeélure & de
Peinture , qui réulliflcnt plutôt par la force du gé-
nie , que par l'obiérvation des règles de l'art ; c'eft
pourquoi elles n'ont aucun nom certain. Subitus ,
fortuitus anirni impetus. Ces fortes de compofitions;
qui fortent des règles ordinaires , doivent être d'un
goût lingulier & nouveau. On les appelle fantaijies ,
caprices, parce que ceux qui les compofent, l'e laiifent
aller à leur imagination. Saint Amant a intitulé quel-
ques pièces Caprice. Les Caprices, ou poftures de' Ca-
lot Graveur. Caprices de Mufique.
§3" Caprice fignifie quelquefois faillie d'efprit &:
d'imagination , &: alors il fe peut prendre en bonne
part. Ce peintie , ce muficien a d'heureux caprices.
II y a des caprices fi heureux , qu'ils valent mieux
que le bon fens. S. Evr,
§3" Mais en général on entend par caprice , unecom-
pofition bizarre , quoiqu'ingénieufe , qui eft éloi-
gnée des préceptes de l'art.
CAPRICIEUSEMENT, adv. D'une manière capri-
cicufe , par caprice. Se gouverner , fe conduire ca-
pricieufement. Morose , leviter.
CAPRICIEUX, EUSE. adj. Sujet à des caprices. II
fe dit des hommes &: des animaux. Morofus , in~
conjlans , levis. Cet homme eft capricieux. Cette
mule eftfantafque & capricieufe. Lesperfonnes d'une
humeur inégale , &: un peu capricieufe , ont pour
l'ordinaire beaucoup d'efprit. M. Scud. La Fortune
eft une aveugle , ôc perfonnc ne doit être honteux
de céder à tant de têtes communes , que cette ca^
CAP
pricieufe Divinité choilit pour les objets de fes fa-
vcuis. Charp.
ffT Ce mot que l'on fait fouvcnt fynonyme à ètij^anc ,
fmtafqiie , quijiteux Ik bouru , a pourtant Ibn idce
particulière qui le diftingue , 5c lignifie celui qui
s'écarte du goût des autres , par inconftance ou
changement l'ubit de goût. Le capricieux dit pro-
prement quelque clîofe d'arbitraire. Voye^^ aux autres
mots leurs diiicrences propres,
CAPRICORNE, f. m. C'eft un des lignes du Zodiaque,
oii quand le l'oleil eil: arrivé , il cftau Solftice d'hi-
ver. Capricornus. Cette conftellation eft compofce
de 28 étoiles. Macrobe a cru que ce ligne avoir
été nommé Capricorne, parce qu'il imite en quel-
que forte la nature des chèvres , qui en paiffant
grimpent toujours de bas en haut. De même le
Soleil en entrant dans ce ligne , commence à mon-
ter de bas en haut. C'étoit chez les Anciens le
10« ligne du Zodiaque j & quand le foleil y arri-
voit , il faifoit le Iblllice d'hiver j par rapport à
nôtre hémifphère , î?<: commençoit à retourner au
tropique Méridional vers la ligne. Quelques-uns
en parlent encore de même ■, mais les Aftres ayanr
avancé vers l'Orient d'un ligne entier , le Capri-
corne n'cft plus que l'onzicmc , & c'eft à l'entrée
du foleil dans le Sagittaire , &: non plus dans le
, Capricorne > que fe fait le folllice. Cependant on
parle toujours de la même manière que les Anciens ,
quoique les choies aient changé ; & l'on appelle
le Tropique du Capricorne , comme fi ce ligne
touchoit encore au point dit follHce. Ce ligne ell;
xepréfenté ayant la partie fupérieure d'un bouc ,
& la partie inférieure d'un poiffon \ c'eft-à-dirc ,
en queue de poidbn le plus fouvent entortillée ,
& quelquefois droite : ces figures fe trouvenr f jr
p>lulieurs monUmens antiques , fur des cachets ,
comme on le peut Voir dans Coûxns , n. LXXXF
& LXXXVII , fur plufîeurs médailles , entr'aurres
fur quelques-unes d'Auguflic. M. Patin en a fait
graver quelques-unes dans ibn Suétone , pages 80
& 155. C'eft la forme d*un .-Cgipan. f^oy^'i ce
mot ci-dcflus. On peint aulTi le Capricorne lim-
plcment fous la forme d'un bouc.
Suétone dit in Ocîavio , ch. 574, qu'Augufte fit
graver la figure du Capricorne fur les médailles ,
parce qu'il étoit né fous ce figne , &: en confcquencc
d'un horofcope avantageux que Théogene lui en
uvoit tiré, lorfqu'il croit à Apoilonic, quelque temps
avant la mott de Jules. On n'accorde pas trop cela
avec ce que dit le même Suétone , itid. cap. 5 , que
ce Prince naquit le 9= jour avant les Kalendes d'Oc-
tobre , c'eft-à-dire , comme Dion le témoigne auili
dans fon ?<?>; Livre, le 13"= de Septembre, un peu
avant le lever du foleil , dit encore Suétone. De
plus, Augufte mourut le 14« des Kalendes de Sep-
tembre , ouïe 19 d'Août. Suétone, ihid. Cap. 100.
Dion, Liv. LVl ; ayant, félon Suétone, -/6 ans
rnoins 55 jours, ou félon Dion, 75 ans, dix mois,
z6 jours. Il faut donc qu'il fut né le 23= de Sep-
tembre. Cependant le 15^ de Septembre, un peu
avant le lever du foleil , le Capricorne étoit au mé-
ridien des Antipodes , comment donc Augufte écoit-
jl né fous ce ligne î Scaliger , De emend. Temp,
Lib. Il, cap. 2 , & le P. Petau, De Docl. Temp.
Lib. X, cap, 64, 5: Lib. XI, cap. 6 , difcnt que
Suétone s'eft trompé. M. Babelon , Auteur du Com-
mentaire à la Dauphine fur Suétone , a trouvé un
moyen très-naturel de concilier Suétone avec lui-
même. Il dit que Théogene ne ptit point le thème
de la naiffance , mais celui de la conception d' Au-
gufte. Or ce Prince étant né le 23e Septembre,
jour auquel le Soleil cntroit dans le Capricorne ,
moment , dit Julius Firmicus , FUI Matket. très-
heureux dans un horofcope & qui ne promet pas
moins que des Sceptres & des Empires.
La Fable dit que ce Capricorne eft Pan , qui , .à
. l'arrivée du Géant Typhon dans l'Egypte , é»it iaili
d'une telle crainte , qu'il fe changea le haut en
^ bouc , & le bas en poiffon , & que Jupiter , furpris
CAP 24]
. d'une pareille m.étamorphofe , le tranfporca dans
le Ciel. On peut voir lut cet Aftre IzCieL A'jiro-
Tiomique de Calius , pag. 85? , & Sauniaife fur Sblin*
page 1237. ^
CÂPRIER, f. m. Capparis. Arbriffeau dont les racines
ttacent & s'étendent beaucoup , d'où partent plu-
fieurs jets ligneux , inclinés contre terre , armes d'é-
pines crochues , & garnis de feuilles alternes , ar- '
rondies , d'un pouce de diamètre , vertes , charnues >
d'un goût amer, & Ibutenues par des queues longues
de demi-pouce. De leurs aiifclles naiflênt des Heurs
compoiées de quatre pétales , d'un pouce de dia-
mètre environ , purpurines ou blanclûtres , Ibuteilues
par un calice à quatre feuilles vertes. Le m.ilieu de
ces fleurs eft garni d'un nombre confidérablc d'éta-
mines. Le piftil qui occupe leur centre , eft terminé
par un embryon qui dévient un fruir long d'un pouce
& demi , un peu ovale , rougeâtre , charnu , Se qui
renferme plufieurs petites femences taillées en forme
de rein, brunes & dures. Chaque fleur eft portée
par un pédicule long d'un pouce. Le bouton de
cette fleur eft ce qu'on nomme câpre. On confit
les câpres en Provence, où les câpriers Ibnt fort
communs; On laiife ordinairementilétrir les câpres
auparavant que de les jeter dans du vinaigre , &t
même on les change deux fois de vinaigre , afin
qu'elles en foient plus pénétrées -, à la troificme
fois qu'on les met dans de nouveau vinaigre , on
ajoute du fel pour les mieux conferver , &: amortir
l'atreté du vinaigre. On afiailbnne le poi/îbn , lès
légumes' avec les câpres , pour en relever le goût.
L'ccorce des racines du câprier eft très-apéritive ;
on s'en fert pour cet ufage en Médecine , &: elle
entre dans plulieurs compofitions de Pharmacie,
L'on provigne le câprier comme la vigne. Il y a
quelques autres elpèces de câpriers qui différent
de celui-ci , ou par leurs feuilles , ou par leurs fruits,
CÀPRIFICATION. f f. Manière de rendre les figues
fauvages bonnes à manger. Caprificatio. Les an-
ciens avoient une manière d'apprêter les figues fau-
vages &; de les rendre bonnes à manger , qu'on n'a
pu attraper en Provence ni en Languedoc. ^fT Dans
le levant on y réuffit , mais ce n'eft qu'après qu'elles
onr été piquées d'une certaine mouche qu'on ne voit
voltigei qu'autoui des figuiers. Ceux qui cultivent
ces arbres ne manquent pas de pofter ces infeéles
fur leurs figuiers dans la fâifori convenable. Voye^
les Mémoires de l'Académie fur la caprification
des anciens, & \t mot figuier . Ce mot vient de ca^
prificus , qui fignifie un figuier fauvage 5 &C celui
de caprificus vient lui-même de ce que les chèvres
broutent les feuilles &; les fruits de ces fbrtes de
figuiers.
CA-PRIFICIEL, adj. m. Nom que l'on donnoit chez
les anciens au jour auquel les peuples de l'Attique
commençoient la récolte du miel. Ce jour étoit
confacré à Vulcain , félon ce que dit Pline^, Liv..
XI, ch. 15.
Ip- CAPRI-MONS ou CAPROMONS. Nom d'une
ancienne maifon royale de Lothairé , fur la Meufe ,
vers les confins du diocèfe de Liège. Adrien Va-
lois dit que le nom vulgaire eft Chievremont ou
Kevermont.
CAPRIOLE. Voyei Cabriole.
CAPRIOLER. V. n. Faire des caprioles. ^gHi , levi
fallu fe in fub/ime tollere. Voyez Cabrioler.
CAPRIPÈDE. f m. Du latin capnpes , capripedis. Qui
a des pieds de chèvre , Ùièvrepied , Saryrc. Je fi"s
figne au Comte de Fiefque de s'éloigner bruf-
quement avec fes capripèdes Vénus fut fcan-
dalifée de la grofTièreté de ces capripèdes. Ab. dh
Chaifl.
CAPRISANT ou CAPRIZANT. adj. in. Un pouls
caprifant eft un pouls toujours ému comme celui
d'une chèvre , ou dont les pulfationS en imitent
le faut, fier C'eft un pouls irrégulier & fautillant ,
dans lequel l'artère interrompt fon mouvement }
en forte que le battement qui vient après cette
interruption , eft plus prompt & plus fort que le
H hij
2,44
CAP
prcinicv : dc même cju'il arrive aux chèvres qui
bondiiicnt & femblent faire un double mouvement
en marchant. Il n'y a point d'ctat plus terrible
que lorique le pouls eft formieant ou capnfant. M.
Le Brethon. Thomas Diaibirus trouve le pouls du
malade imaginaire , duriufcule , pour ne pas dire
dur , repouHant &; même un peu caprijaiu. Mol.
CAPRON. f. m. Les Jardiniers appellent les grofles
frailcs , des caproru. Fraga craj/wra. Si elles font
plus belles que les autres , elles ibnt inférieures
en bonté.
Capron , eft aulTt un terme de Capucin , qui fignific
un morceau de drap fait en ovale que les Novices
Capucins portent , &: qui pend par derrière leur
dos 5 ■& par devant leur eftomac , environ un pied
de long. Pitnnus antè retrbijue vejli adjcaits.
CAPROilNE. adj. f. 6: cpithète que les anciens Ro-
mains donnoient à Junon & aux Nones du mois
de Juillet. Caprotina. Après l'invaiion des Gaulois,
les peuples voiiins de Rome croyant que la Ré-
publique étant cpuifée , ils pourroient aifément le
rendre maîtres de la ville , vinrent l'attaquer fous
ia conduite de Lucius Dictateur des Fidénates. Il
fit demander aux Romains leurs femmes & leurs
filles. Les efolaves par le confeil d'une d'entr'cUes ,
nommée Fki/otis , prirent les habits Se les ot-
nemens de leurs maîtreflcs , '&; allèrent fo préfen-
ter à l'ennemi , le Général les prenant pour les Ro-
maines qu'il avoir demandées , les diftribua aux
Capitaines &c aux Soldats. Elles feignirent dc
célébrer ce jour-là une fête , & les excitèrent à y
prendre part , à Te réjouir & à bien boire. Puis
quand ils furent enfevelis dans le fommeil , elles
donnèrent le lignai à la ville de defllis un figuier
fauvage , nommé en latin caprificiis. Les Romains
auill-tôt fondirent fur leurs ennemis , remplircnr
le camp de carnage , récompcnlerent le iervice
de leurs efclaves en leur accordanr la liberté , &
une femme d'argent pour fe marier , inftituèrent
une tête à Junon, qui, en mémoire du iîguier fau-
vage du haut duquel le lignai avoit été donne, fut
furnommée Caprotine , &; le jour que Rome fut
ainfî délivrée , qui étoit les Nones de Juillet, flit ap-
pelé Nones caprotines , ou du figuier,
|3- CAPSCHAC. Pays de la Tartarie. Foye^ Kaps-
CHAC.
CAPSAIRE. r. m. Capfarius. On appeloit ainfi chez
les Romains & chez les Grecs ceux qui gardoient
dans les bains publics les habits dc ceux qui prc-
noient le bain. On appeloit au/fi capjhires cerrains
domeftiques qui accompagnoient les enfans lorf-
qu'ils alloient aux écoles publiques , ôc qui por-
toient leurs livres dans une boîte appelée capfa.
Rémi , Evêque d'Auxerre , appelle les Juifs les
capfaires des Chrétiens , parce qu'ils nous ont con-
fervc les Livres Saints.
CAPSE. f. f. Terme ufitc en Sorbone. C'efl une petite
boîte de cuivre ou de fer blanc , où les Docteurs
mettent leurs fuffrages , afin de recevoir ou dc re-
fufer celui qui eft examiné pour l'aâie de îenta-
tive , ou pour la licence. Capfa , capfula. On fe
fort auffi de cette boîte dans la Faculté de Droit.
§3° On donne aulfi le nom de capfe à une efpèce
de chauflé de velours dans laquelle on met les
billets le jour de l'éledtion des Prévôt des Mar-
chands &; Echevins.
CAPSULAIRE. ad). Terme d'Anatomie, qu'on donne
à l'artère qui porte la fang aux capfules atrabi-
laires. Capfarius. On le donne aulTi à la veine qui
rapporte le fang des mêmes capfules. ^fT C'cft en
général l'épithète des ligamens & des membranes
qui forment avec les os auxquelles elles font atta-
- chées , des efpèces de capfules.
CAPSULE, f. f. Etui , fourreau , petite caifle. Cap-
fula.
Capsule atrabilaire, f. f. Terme d'Anaromie , qui fe
dit de deux glandes qui font fituées proche les reins ,
ainfi appelées, parce que l'on trouve dans leur sa-
CAP
vite une liqueur noire. On les appelle ftuiïl rtins
fucccntoridux , ou glandes rénales : elles font dc
la grofleur d'une noik aplarie , ayant une cavité
allez ample pour leur grolleur. On ne fait pas bien
quel eft leur ufage. Il y a apparence qu'elles fervent
à féparer cette humeur noire qu'on trouve dans
leut cavité , &: qui eft enfuite verfée par leur veine
dans l'émulgente , où elle eft mêlée avec le fano-, à
qui elle fort de ferment.
La capfule de la veine-porte , eft une membrane
qui enveloppe le ttonc de la veine-porte , lorf-
qu'cUe enrre dans le foie , & qui lui ferr de gaine ,
fe divilant en autant de ramaux qu'elle , & l'accom-
pagnant jufque dans fes moindres ramifications.
Cette capfule enfetme aulfi le conduit biliaire d'où
vient qu'on l'appelle la capfule commune.
Capsule, fe dir auHî chez les Botaniftes, du lieu où
la graine eft enfermée , comme on voit dans les
poires & les pommes, qui ont une petite enve-
loppe qui relTemble à une petite bourfe où font
enfermés les pépins. On le dit aulfi de l'enveloppe
de certains fruits. Voye:^ Fruit.
Capsule. Terme de Chimie. C'eft un vaifleau de terre
fait erl l"orme de terrine échancrée j où l'on met des
matières fur lefquelles on fait des opérations violen-
tes pat le feu,
CAPTAL. f. m. Mot gafcon qui lignifie Chef & Sei-
gneur , qui n'eft en ufage qu'en cette phrafe , Captât
de Buch , qui eft un tirre de M. le Duc d'Epernon ,
qui poflcdoit cette Seigneurie. Caput. Borel dit que
Captai de Buch , ou de Buts , s'eft dit pour caput
tugii ; c'eft à-dire , Chef des habitans. On trouve
quelquefois captait dans le fens de captai. Captait
de Buch. Voyez Alain Chartier , Chronique dc
Charles VU.
CAPTATEUR. (. m. Terme de Jurifpmdence Ro-
maine , le dit de celui qui par flaterie , & par artifi-
ce, cherche à furprendre des teftamens , des dona-
rions. Ciptator. Il n'eft en ufa^e qu'au Palais.
CAPTATION. f. f. Il fo dit au' Palais des rufes &
des artifices dont quelqu^m s'eft fervi pour fe faire
menre dans un Teftament. Captdtio Teflarnenti.
Ip- CAPTATOIRE. Tetme de Jurifprudence qui
s'applique à toutes fortes de difpofitious de dernière
volonté ptovoquéeSjfoit inftitutioii d'héritiers, foie
legs.
^fT Ces fortes de difpofitions font réprouvées , parce-
qu'elles ne fe font pas, tant pout exercer la libé-
ralité envers celui que l'on inftitue fon héritier ,
ou à qui on laille quelque chofe à titre de legs ,
que pour captiver & gagner fes bonnes grâces , à
l'elfet de l'exciter & le provoquer à faire en notre
faveur , ou en faveur de quelqu'autre perfonne ^
les mêmes difpofitions que nous déclarons avoir
été faites par nous en fa faveur.
CAPTEIN. f. m. Terme de Coutumes. Capteinium ;
cciptennium. C'eft la proteétion , la défenfe que le
Seigneur accorde à fes vaflaux. Captein eft au/Iî le
droit que les valHiux payent au Seigneur pour la pro-
teetion qu'ils en reçoivent.
|]3" CAPTER. V. a. C'eft, en général, employer adroi-
temenr tous les moyens de patvenir à quelque
chofe v chercher à obtenir , par voie d'infinua-
xxow.Captare. Capter les fuffrages, la bienveillance
de quelqu'un. Ce mot , qui eft tout latin , n'eft
que du difcours familier. Les Vocabuliftes l'ont pour-
tant pris fous leur protcétion : « fa vérité eft , difent-
» ils , que ce verbe eft un mot auHî françois que rout
» autre. » Je défire fort qu'il falfe fortune avec dc
tels proteéleurs.
CAPTIEUSEMENT. adv. D'une manière capfieufe.
Captwse. Cet argument conclut captieufement. Cet
homme agit toujours captieufement,
CAPTIEUX , EUSE. adj. Qui tend à induire
en erreur , & à furprendre par une belle appa-
rence. Captiofus , fallax , II fe dit particulière-
rneii^ des raifonnemens , qui en apparence font véri-
tables , & qui fe trouvent faux , étant bien exa'
mines. Les Hérétiques fe fervent de raiibnnemcnï
CAP
captieux , 5: lophilliques* Claufe captieure dans un
conirat. Tour cxptieux.
On qualifie ibuvent une propolition de captiaife ,
on la condamne comme capcieuje. Or une propo-
iition captieufe efl une propofition qui (bus un bon
fens qu'elle pourroit avoir , en cache un mauvais ,
qu'elle a eftdlivement , & auquel elle conduit. On
Je dit quelquefois des perlbnnes. Il faut fe défier
de ce chicaneur , c'cft un homme lupiieux, & lujet
à furprendre les gens.
|p= CAPTIF, IVE, ad), fouvcnt employé fubftan-
tivement. Efclave fait à la guerre. Captivus. On ne le
dit guère qu'en parlant des guerres anciennes. Les
Grecs ayant pris la ville, pafsèrent les hommes au
fil de l'épée , &: emmenèrent les femmes captives.
Echanger les captifs. Les captifs étoient amenés en
triomphe à Rome , &: fui voient le char du vain-
queur.
IJC? On le dit en particulier des efclaves faits par un
Pirate ou Corfliire j & plus particulièrement des
efclaves Chrétiens que les Corfaires de Barbarie font
dans leurs courfes. Les Religieux Mathurins & ceux
de la Merci font -rétablis pour la rédemption des
captifs.
IJC? Dans le ftyle foutenu , on le dit de toutes fortes de
prifonniers, tant des héros captifs , que figurément
de ceux qui fe font laifle aflervir fous le joug de
quelque dangereufepaffion. Ame captive. Cœm cap-
tif. La longue vie efl: le fupplice d'une femine qui a
mis tout fon bonheur à traîner après elle une foule
de cuptifs.YoïT. Cette beauté a fait bien des captifs.
Xln captif mal gardé eft pour nous une honte.
» Mol.
^ Tenit quelqu'un captif, c'eft le tenir dans une
extrême fujétion. Ce mari tient fa femme captive.
gCT CAPTIVER. V. a. Rendre captif, ne fe dit point
au propre, mais il eft employé dans le fens figuré,
pour marquer le pouvoir qu'a fur le coeur la beauté
& tout ce qui plaît. Ses apas , fes chatmes cap-
tivent tous les cœurs , poui: dite , qu'il nY a pet-
fonne qui puiffe s'en défendre , y rélifter,
-Loin ce hi:;^'^.rre amour , dont l'ardeur violente ,
D'un pLiijir criminel infpirant le poifon ,
En captivant le Cœur , aveugle la raifon. Vill.
On dit , captiver la bienveillance de quelqu'un ,
pour dire, la gagner, s'en rendre maître , en être
afluré. Il eft du ftyle familier. AcàD: Fr. I740.
^3' Captiver, dans la fignification d'aifujettir. Cap-
tiver Tefprit , l'humeur d'un jeune hommci II y a
des hommes qu'on ne fautoit captiver.
|fc? Dans le ftyle de l'écrirure, captiver fort efprit,
fon entendement fous le joug de la foi. Jnimum
fuhmittere adea quœ divtnitùs credenda proponun-
tur ; captivare intelleclum in obfequiumfidei. Style
de bible.
^ Captiver (Se), v. récip. 5e contraindre, s'af-
fujettir. Adpingere fe. Ce Marchand ne fera ja-
mais fortune \ il ne fauroit fe captiver. Il faut fe
captiver auprès des grands.
Captivé , eé. part.
CAPTIVERÎE. f. f. On nomme âinfi dans le Com-
merce des Nègres, qui fe fait par les François au
Sénégal , de grands lieux deftinés à renfermet les
captifs que l'on traite , & danâ lefquels on les
tient jufqu'à ce qu'ils Ibient en aflez grand nombre
pour être tranfportés aux vaifleaux , &; envoyés aux
îles.
CAPTIVITE, f f. Efclavagc, privation de la liberté.
Captivitas. Il y a bien des pauvres Chrétiens qui lan-
guiffent en captivité chez les Infidèles. Il a été plu-
fieurs pnnées prilbnnier, & fa captivité ne lui a
point abattu le courage. Les Ifraëlites furent long-
temps en captivité. La captivité de BabylpnCi
CAP
4 y
Toh Dieu n'ejî plus irYité :
Réjouis-toi , Sion, & fors de la poujfiirei
Quitte les vètemens de ta captivité.
Et reprens ta Jplendeur premiere.KAciUEi
On appelle captivité des'Juifs, le temps que les Juifs
pa(sèrent à Bahvlone, où Nabuchodonofor, après
avoir pris la ville de Jérufalem , les fit conduire avec
Joachim ou Joakin leur Roi , le fouverain Pontife *
les Prophètes Ezéchicl 5c Daniel , &c. "Ils y ref-
tèrent juiqu'à ce qu'ils furent délivres par Cyrus*
La^ durée de cette captivité rt'eft pas douteuic ,
puifque l'écriture la fixe à foixante-dix ans -, mais
les Auteurs ne conviennent pas du tem.ps qu'elle
commença. Le P. Pétau prétend que ce fut la pre-
mière année du règne de Nabuchodonofor ^
& la quatrième de Joakm. Uiférius la fait com-
mencer une année plus tard. Tirin & quelques autres
la font commencer vers l'an 1 3 de Jofias. Cajetan ,
Génébrard & autres , mettent fon commencement
en la neuvième année du règne de Nabuchodono-
for j & le P. Labbe prctcnd'prouver qu'elle com-
mença la dernière année du règne de Sédécias ,
lorfque le Temple fut brûlé \ niais fon fenri-
ment n'a pas prévali^fur ceux de Pétau & d'il!-
férius , qu'on regarde comme les plus vraifcmbhi-
bles. Quoi qu'il en foit , ce fut le grand Cyrus qui
mit fin à cette captivité prédite par Jéréraie , en
permettant aux Juifs difperfés de retourner à Jé-
rufalem , & d'y rétablir le Temple de Dieu fous là
conduite de Zorôbabel.
Captivité, fignifie figurément grande fujétion, em-
pire tyrannique , ou rude. Servitus. Les Princes
d'Orient tiennent leurs fujets en captivité» Ce maître
tient fes valets en captivité.
Captivité , fe dit aulll figurément des attachemens
volontaires qu'on fe fait pour contenter fes paf-
fions , & particulièrement fon ambition & fon amour.
Un bon courtifan eft dans une perpétuelle captivité
auprès de fon Prince. Un Àmanr languit dans une
agréable âaptivité auprès de fa Maîtrelfe, On le dit
àuffi dans les matières de piété , pour marquer un
dévouement entier au fervice de Dieu.
Un cœur qui vous pofsède -, a tout ce qu'il dejlre ,
Il règne ^ il efl heureux dans fd captivité,
L'Ab. Têtu.
^ CAPTUNACUM ou CAPTONACUM , &
OPATINACUM. Nom d'une ancienne Maifori
Royale de France , dans la Neuftrie. C'eft prcfque
tout ce qu'oh en fait.
CAPTURE, f f. Prife au corps de quelque débiteur ,
ou criminel ^ par des Archers ou Sergens , pour lé
melier en prifon. Comprehenfîo. Ce Prévôt a pris un
chef de bandit^ , c'eft une belle capture. On a en-
voyé des Exemts ic des Officiers pout faire la cap-
ture At ce rebelle, de ce banqueroutier. Par l'Or-
donnance de 1670 , les Prévôts des Maréchaux font
tenus , lors de la capture , de laifler copie def
l'inventaire dés meubles, hardes & aiitreS chofe»
dofit les accufcs font faifis.
Capture, fe dit auiîî du butin que l'on prend fur
l'ennemi, Prœda. Ils ont fait là une bonne capture
Dans cette acception , il eft familier.
On appelle encore capture , la faifie des marchan-
difes prohibées , faites pat les Gardes des Fermes
du Roi.
CÂPUANUS. f. ni. C'eft le nom d'une des taches dai
la lune. C'eft la treizième du catalogue du P. Ric-
cioli , qu'il a plu aux Aftronoines de hommer Ca-
puaniis.
CAPUCE. f. m. Morceau d'étoffe qui couvre la tête
des Auguftins déchauifés, & de la plupart des Rc
ligieiix de S. François , &: qui d'ordinaire eft fait
en pointe. Cucullus. C'eft la menue ehofe que ca-
puchons
Z/^6
CAP
CAPUCE. ( Frcres du ) Nom d'une Reforme de l'Or-
dre de S. François , établie en Elpagnc par le B.
Jean de Guadaloupe , Ibus le Poncihcat d'Alexan-
dre VI. Outre beaucoup d'auftcrirés qu'il ordonna,
il fit quelque changement dans l'habit , car ourre
qu'il en prit un fort étroit Si rapiécé , il accom-
moda le capuci à la ftçon de celui que S. Fran-
çois avoir porté , lui donnant une forme carrée ,
& le rendant pointu ; ce qui fit donner aux Reli-
gieux de la Réforme , le nom de Frcres du Cajutcc ,
ou du S. Evangile. On les nomma ehiuite Déchauf-
ics 5 parce qu'ils quittèrent les toques oh fandales ,
pour marcher pieds nus. Alexandre VI , fous lequel
cerre Réforme s'érablit , l'approuva. Voye^ le P.
Hclyot, T. Fil, c. 17. Léon X, ayant convoqué
à Rome un Chapitre généraliUîme , ordonna la
réunion de toutes les Réformes , qu'elles quittc-
roient toutes leurs noms particuliers , pour prendre
celui de Frères Mineurs de l'Obfcrvance réguliè-
re •. les Frères du Capuce furent par ce moyen in-
corporés dans rObfervance , & prirent le nom de
Réformes. Id.
CAPUCHON. (. m. Pièce d'otofte taillée pour couvrir
la tête , dont lé fervent les Moines. Les ims le por-
tent en pointe , les autres arrondi. Quelques-uns
l'appellent capuce. Cuculliis. ^fF II y eut autrefois
une fameufe difpute entre les Cordeliers , au fujet
du capuchon. Il étoit queftion de favoir li on le
• porreroit étroit ou large. Il fallut près d'un liècle ,
& l'autorité de quatre Papes , pour terminer une
difpute de cette importance. En général capuchon
efl: la partie de l'habit d'un Moine ou d'un Re-
ligieux qui lui couvre la tête ', mais cet habillement
n'eft pas tellement propre aux Moines , qu'il ne
foit aulfi celui de tous les Eccléfiaftiques en géné-
ral : le camail des Evcques , & celui que portent en
hiver les Eccléfiaftiques féculiers & les Chanoines ,
font de véritables capuchons. Par le fécond Chapi-
tre d'un Concile de Paris tenu en 1 34^ , il eft réglé
que les aumuifes des -Clercs ne feront point dou-
blées d'étoffes de foie ou de velours j qu'ils n'af-
ftéleront point de porter ni des capuchons courts
& terminés en pointe fur le front , ni des manches
longues , &c. L'alfemblée d'Aix-la-Chapelle de l'an
817, 10 de Juillet, ordonna que le capuchon ow
la cucuUe de chaque Moine , feroit de la longueur
du moins de deux coudées. CnoK. Hiji. de Dauph.
l. X, p. 661.
Capuchon. Terme d'Anatomie. C'cfl: un mufcle qui
fcrt au mouvement de l'épaule. On lui donne
ce nom à caufe qu'il reflémble à. cette partie de
l'habillement d'un Moine. On le nomme autrement
trapèze. ,
CAPUCHONNE. adj.Qui porte un capuchon. M. Des
Forges Maillart , fous le nom de Mlle de Malcrais
de la Vigne , dans Ion Epitaphe du Frère Hilarion ,
Capucin , dit de ce fameux Quêteur :
Sans impudence , i/ fui badin ;
Sans être cafard , // //// fage :
Mérite ajfur émeut divin
Che^ le capuchonné lignage.
CAPUCIAT , ATE. f m. & f. Nom de Sede. Capu-
ciatus. Ce nom fignifie , enveloppé dans un capu-
chon , enftoqué , encapuchonné. On le donna dans
le XIV« liècle en Angletrere à des dilciples de
Wiclef, qui en 1387, commencèrent <à paroître ,
6i furent ainfi nommés , parce qu'ils ne le décou-
vroient point devant le S. Sacrement , 6c en ap-
prochoient fans quitter , comme les Catholiques ,
le chaperon , ou capuce , que l'on portoit alors.
Sponde parle de ces Capuciates à l'an 1487,
CAPUCIN, f. m. Religieux de l'ordre de S. François
de la plus étroite obfervance. Capucinus.W^^oxiQnx.
des capuchons pointus , & font vêtus de brun ou
de gris. Ils vont toujours nus pieds , & ne rafent
jamais leur barbe. C'eft une reforme de l'Ordre
cjes Mineurs , dit communément Cordeliers. Elle
CAP
fut faite au XVI<= liècle, par Matthi:u Bafchi, Re-
ligieux Oblérvantin du Couvent de Montctalconi ,
qui , averti plufieurs fois d'une manière miraculcufe
de pratiquer la Règle de S. François à la lertre ,
&: une pauvreté plus étroite , alla en 1515a Rome v
c'ctoit l'année du Jubilé. Clément VII l'y reçut
bien , lui donna la permillîon de fe retirer dans
des folitudes , & nqn-léulcment à lui , mais à tous
ceux qui voudroient embralfer l'étroite Obfervan-
ce. Quelques-uns l'embralfèrent en effet. En 1518,
ils obtinrent du Pape une Bulle : ils s'établirent
d'abord à Camerino , où le Duc , & fur-tout la
Duchcfle Catherine Cibo les favorilbient ; & c'eft
cette année 1518, qu'ils regardent comme la pre-
mière de leur Ordre. Louis de Foifombrone , qui
s'étoit joint à Matthieu , fut celui qui contribua
le plus à la réforme : il fallut le chalfer enfuite à
caufe de fon ambition. En 1 5 2.9 , l'Ordre prit une
forme parfaite \ Matthieu fut élu Général , & le
Chapitre fit des Conftitutions. En i5 5<j, Paul III
confirma cette Congrégation nouvelle , & tous les
privilèges des Capucins par une Bulle du 15 d'Août.
Les Capucins furent reçus en France fous Charles
IX , qui écrivit s. Grégoire XIII , pour avoir des
Capucins. C'eft pourquoi ce Pape par une Bulle
du 5^ de Juin 1575 , leva la défenfe que Paul III
leur avoir faite de s'étendre hors d'Italie , & leur
permir de s'établir par-tout. Ainfi c'eft à la France
qu'ils doivent en quelque forte toutes les maifons
qu'ils ont hors d'Italie. Le Cardinal de Lorraine
les plaça à Mcudon , où il leur bârit un Couvent ;
Henri III , leur fit conftruire celui de la rue S.
Honoré à Paris. Ils ont dans le Royaume neuf
Provinces , fans compter celles de Lorraine. Le
P. Zacharie de Boverio , a écrit en Latin les An-
nales des Capucins en trois volumes in-fol. depuis
1524, jufqu'en i<?34.
Ce nom leur a été donne à caufe de leur grand
capuchon ou capuce. Matthieu Bafchi , Religieux
de l'Ordre de S. François , d'une vertu fort auftère ,
établit dans cet Ordre une réforme , &c alfembla
des compagnons qui l'embralfèrent : on les appela
Capucins , à caufe du grand capuce ou capuchon
qu'ils porrenr. Cette réforme fut approuvée par
Clément VII en 1518. Matthieu Bafchi , qui étoit
auteur de la réforme des Capucins , mourut dans
un Couvent des Obfcrvantins. Le premier Couvent
que les Capucins aient eu , fut établi dans une
petite Chapelle dédiée à S. Chriftophe, Le Pape
ôta la prédication aux Capucins en 1543 \ mais
elle leur fur rendue avec éloge en 1545. En 1578,
il y avoir déjà eti dix-fept Chapitres généraux
dans l'Ordre des Capucins. Voyez les Annales des
Capucins. La vie de Henri , Comte du Bouchage ,
Duc de Joyeufc , Capucin , eft renfermée en abré-
gé dans ces deux vers du quatrième chant de la
Henriade.
Vicieux , Pénitent , Courtifan , Solitaire^
Il prit , quitta , reprit la cuiraffc ù la haire.
On ne peut pas exprimer plus de chofes en moins
de paroles.
Capucin. Terme d'Anatomie. Mufcle des yeux ap-
pelé autrement Humble , ou Abaifleur. Voye^ ces
mots.
CAPUCINADE. f f. Sermon de Capucin. Pièce peu
éloquente. L'Homélie de l'Archevêque de Grenade
croit un difcours diffus , une rhétorique de Ré-
cent ufé , une capucinade. Hifi. de Gil-Blas. La
règle n'eft pas fi générale , qu'elle n'ait lés excep-
tions. Témoin ce Capucin , dont parle Balzac ,
qui avant prêché un jour \ Rome , de l'obligation
de la Réfidcnce , fit tant de peur à trente ou qua-
rante Evêqucs qui l'ccoutoient , qu'ils s'enfuirent
tous dès le lendemain en leurs Diocèfes : une aurre
fois la converfion de toute une ville fut le fuccès
d'un de fcs Caiêmes -, on crioit miséricorde par
les rues à la fortie de l'Eglife ; 6i il fut compté
L>
A
P
la Semaine Sainte , qu'il s'ctoit vendu poUr deux
mille cens de cordes à faire des diiciplines.
CAPUCINE, r. f. Nom de R-eligieulè. 6'fl;;;/^à'/îrf Mo-
nialis. Les Capucines s'appelienc Filles de la Paf-
lion. Les Capucifi.cs ibnt des Religieules dn fécond
Oaire de S. François,, qui ûiivent encoi-e aujour-
d'hui à la lettre la Règle de Ste Claire , bien
plus auftère que celle des 'Capucins. Ce fut à Na-
ples que fe fit le premier établifFement des Capu-
cines, Vzn. 1538, par la vcnciable mère Marie
Laurence Longa , d'une famille noble de Catalo-
gne , & veuve d'un Seigneur Napolitain , Con-
îeiller du Confeil collatéral. Ceti;e,Dame embra/fa
d'abord la troifièrae règle de S. F'rançois , avec
dix-neuf filles qu'elle ailembla. Les Théatins eurent
d'abord la direction de ces Religieufes ; mais en
1558, le Pape la donna aux Capucins par un Bref.
Ce fut alors que ces Religieufes, à la perfuafion
de leur Fondatrice , quittèrent la troifième Règle
de S. François, pour embràifer la première & la
plus rigoureufe Règle de Ste Claire , dont l'auftc-
tité leur fit donner le nom de Filles de la Paflion ,
èc celui de Capucines , par rapport à l'habit qu'elles
portent , qui étoit celui des Capucins. En France
on ne les connoît que fous le nom de Capucines,
Elles y furent établies en \6o6 , par la Duchefle
de Mercœur , qui en cela ne fit qu'exécuter la vo-
lonté du Prince Philippe Emmanuel de Lorraine ,
Duc de Mercœur , que la mort empêcha de l'exé-
cuter lui-même, ou plutôt la volonté de la Reine
Louife de Lorraine , veuve d'Henri III , qui en
avoir eu le dcffein , qui en avoir écrit à Clément
VIII, & qui mourant en 1601 , ordonna au Duc
de Mercœur fon frère , d'achever cet établiiTement.
Il fut confommé en 1606 , par le Provincial des
Capucins , fe le P. Ange de Joyeùfe alors Gardien.
, P. HÉLYOT, T. VU, r. 17. .
Capucine : '( A la ) piirafe adv. à la manière des Ca-
pucins. Cctîc expreHion entre fouvent dans le dif-
cours familier. On dit , il prêche à la Capucine ,
il chante à la Capucine, On dir auffi d'une cham-
bre mal meublée, qui n'a qu'un mauvais lit, une
table & deux chaifes de paille , qu'elle eft meiiblée
à la Capucine.
Capucine, f. f. Cardamindum, Naflurtium Indicum.
Plante qui nous a été apportée des Indes, & qu'on
a nommée en François capucine , à caule que le
calice de fa fleur efl: terminé à fa partie poftcrieure
par un éperon creux , qui a la figure d'un capu-
chon. Sa racine eft fibreufc , chevelue, rampance ,
oblique, épaifle de quelques lignes; d'où partent
flufieurs tiges minces qui grimpent & s'entortillent
aux arbres & aux plantes qui les environnent. On
leur met pour cela des échalâs pour les fourenir.
Elles font garnies de feuilles alternes , arrondies
d'un vert clair en dciUis , & lifîes , plus pâles en
deflbus , un peu velues , & chargées de quelques
nervures qui naiflent de la queue , placées prefqus
au centre de cette feuille , & forment autant de
jcayons , qui vont fe terminer j'ufqu'à leur marge i
les queues font longues de plufieurs pouces , en-
tortillées de même que les tiges. Des mêmes nœuds
que partent les feuilles , fortent auilî des pédicules
qui foutiennent des fleurs compoices de cinq pétales
arrondies , jaunes & rouges à leur naiflance en
dedans , érroites d'abord , & barbues en cet en-
droit , & diipofées dans les échancrures d'un calice
d'un jaune verdâtre, découpé en cinq parties oblon-
gues , étroites , & terminées à leur partie pofté-
rieure d'un éperon creux , long de deux tiers d'un
pouce , jaune & rayé de quelques lignes de pour-
pre. Quelques étamines rougeâtres , & chargées
de fommets de même couleur, naiflent du centre
de la fleur , & environnent un pillii dont la bafe
devient un fruit à trois femences , couvertes d'une
écorce verte & ridée -, on confit les boutons des
fleurs de la capucine dans du vinaigre , & on les
mange en falade. La capucine eft piquante au goût
'comme le creffon ■■> aulTi fes feuilles &C fes fleurs
t: À a ,
'à 47
font recommandées pour le fcor&iïî. Ort cultive
encore dans les jardins u'rie efpèce idè<:«pic'i/2e qui
. eft plus grande que celle-ci', dans tou'rcs 'fes par
ties , & on la nomme grande Capucme , Carda
mindum ma] us, . .
Capucine fe prend quelquefois pour le bouton
de la tleur. On dit , confire des capucines.
CAPUDANREISv f. m. Terme de Relation. Pilote
Royal chez les Txxïcs. Ret^ius navis gubernator.
la- CAPUK ou CAPAS-PUSSAR. Arbre des Indes
Orientales , efpèce de Cocotier. Le fruit eft une
gouiîe fort épaifle , de la longueur de la main ,
de laquelle les Indiens tirent le Capuk ou capoc ,
ce qui clî une efpèce de coton , dont on garnit
les oreillers &: les marclats des lits , au lieu de
plumes.
IfT CAPULE. f. m Capulus. C'étoit chez les Ro-
mains une bière à porter en terre les corps des
dctunrs : c'eft delà qu'on appelle les vieillards qui
font lur le bord de leur foflè , capulares fenes , &:
capulares rei , des criminels condamnés k mort,
Antiq. Rom.
:p- CAPUT MORTUUM. Terme de Chimie. Voyei
Tête morte. Résidu.
CAPUUPEBA. f. m. C'eft une forte de gazon qui
vient dans le Bréfil , à la hauteur de deux ou trois
pieds, qui confifte en une tige ronde &c polie,
qui a des nœuds de place en place , à chacun def-
quels s'élève une feuille de plus dun demi pied
de long, La tige à fa fpmmité fe partage en vingt
ou vingt-quatte , & quelquefois trente branches
plus petites , dont chacune à fa Ibmmiré eft ter-
mince en ombelle couleur d'argenr, large de trois
ou quatre doigts , contenant la femence. Les tiges
ibnt d'une belle couleur rougeâtre. Les naturels dû
pays en boivent la racine dans quelque liqueur con-
venable , comme un ptéfervatif ou remède contre le
poifon. RAy , cité par James,
C A Q,
CAQUAGE , mieux que CACAGE. f. m. Façon que
l'on donne au hareng en vracq , lorfqu'on veut le
faler. Le caquage fe fait ordinairement la nuit.
CAQLTE. f. £ Petit baril qui tient le quart d'un muid „
où particulièrement Ton enferme du hareng lorf-
qu'ii a été aprèté &: falé. Doliolum , cadus. On
dit auffi à la guerre des caques de poudre -, pour
dire de perits barils où l'on enferme la poudre à
canon. Quelques-uns dilent que caque eft mafculin ,
&; que ceu,\ qui parlent bien le fonr roujours de
ce genre : ainli félon eux on doit dire un caque
qui n'eft pas bien lié. Dans l'ufage il eft féminin.
Les Anglois difent cade pour caque , du Latin
cadus. Et c'eft chez eux une mefure de certaines
efpèces de poiifon fec ou falé , qui en comprend
une certaine quantité déterminée. Le cade , ou la
caque de hareng , en contient 500 , & le cade ou la
caque defardines, en contient 1000. Harris.
On dit proverbialemenr , la caque fent toujours
le hareng -, pour dire , qu'on fe fenr toujours de
la baflbfle de fa naiflance , quelque fortune qu'on
ait faire. On le dir àufïî pour exprimer , qu'on ne
fauroit fe défaire des mauvaifes imprellions qu'on
nous a données dans la jeunelfe par une mauvaife
éducation. On dit des gens qui fonr places en
quelque lieu fort étroit , ou qui font incommodés
par la foule , qu'ils font prefles comme des harengs
dans une caque.
On nomme aufTi caque , en termes de Cirier ,
le fourneau fur lequel on place la balfine ou poêle
lorfqu'on veut travailler à la cuiller. Ce fourneau
eft de tôle fortifié de bandes de fer.
CAQUER. v. ad. Terme de Commerce de falineo
Mettre le hareng en caque. Haleces evifceratas do-
liolo incerere,
CAQUEROLE , ou CAQUEROLLIER. f. f. Petit
pot de cuivre à trois pieds , qui a une longue
queue pour l'approcher du Feu , ÔC pour fecouer
248
CAO.
C A R
les irici'.irces , ou autres mets qu'on y fait cuire
ordinairement. Cacahtis ex are Cyprio dcprejjior
& maniibriolo injiruclus. On dit auHi cajjetolU.
IP" CAQUHROLLE. Écaille. Càquerolle de limaçon,
Rabelais.
CAQUESANGUE. f. f. Terme bas, Voyei Gagues-
SANGUE , qui lîïï;nific la même chofe.
CAQUET, r. m.V.bondance de paroles inutiles, qui
n'ont point de Iblidicc, Loquacïtas , garru/uas.
Les femmes n'ont que du caquet ; elles ne parlent
que de bagatelles. Cet Avocat n'a que du caquet.
Cela n'eft bon que dans le comique &c le familier.
ji tous les focs caquets n'ayons jamais d^ égard. Mol.
ffy Le grand caquet vient nécefiairement , ou de la
prétention à l'efprit , ou du prix qu'on donne à
des bagatelles, dont on croit fortement que les
autres font autant de cas que nous. Celui qui
connoît alfez de choies , pour donner à toutes leur
véritable pris , ne parle jamais trop ■-, car il i'ait
apprécier aulli l'attention qu'on lui donne , &rin-
térèr qu'on peut prendre à les difcours. Générale-
menr les gens qui favent peu , parlent beaucoup ;
& les gens qui favent beaucoup , parlent peu. Il cil:
lîmple qu'un ignorant ttouve important tout ce-
qu'il fait , &: le dife à tout le monde. Mais un
homme inlhuit n'ouvre pas aifcment fon réper-
toir ; il auroit trop à dire , & il voit encore plus
à dire après lui , il fe tait. R,
Caquet , fe dit aulfi des ôifeaux qui parlent. Ce
perroquet , cette pie , nous étourdilîent avec leur
caquet.
J'éveillerai la pie en fon caquet. Marot.
On dit proverbialement & figiirément , rabattre
le caquet de quelqu'un ; pour dire , rabattre fon
orgueil , lui fermer la bouche , ^fT le confondre par
fes raifons , ou faire taire par autorite celui qui
parle mal-à-propos , ou infolemmenr. On appelle le
caquet de l'accouchée , cet entretien de bagatelles
qu'ont plufieurs femmes affemblées , comme il "s'en
rencontre chez les femmes en couche. On dit auifi ,
qu'une femme eft dans le caquet , quand par fa
mauvaife conduite elle donne occalîon aux autres
de médire d'elle,
CAQUETER, v. n. Babiller , parler beaucoup fans
dire rien de folide. Garrire , nugari. On le dit
aulfi des petits enfans quand ils commencent à
parler , Se des pies 3c des perroquers. A quelque
prix que ce fCir , il falloir que du matin au foir elle
écoutât , ou caquetât. Mlle l'Herit.
J?u mcuncnt qu'elle crut pouvoir être entendue
Elle je mit à caqueter
Pour lui donner lieu d'écouter. Mlle l'Héritier.
On dit aufTi à la chaffe , qu'un chien caquette ,
quand il crie & abboie mal-à-propos 6c hors des
voies , ou fans fujet,
^fT Ce verbe fe conjugue comme le verbe cacheter ,
en ajoutant un / à toutes les perfonnes du prcfent
au fmgulier , 5c à la troifième perfonne du pluriel de
l'indicatif, impératif, optatifs fubjondlif. Caqueter,
je caquette , tu caquettes , il caquette : nous caque-
tons , vous caquetez , ils caquettent , de même
dans les autres modes ou mœufs. f^oye^ le Dict.
DES Rimes, tirées de Dubartas,
CAQUETEUR, EUSE.ad). Qui caquette, qui babille
beaucoup. C'eft un grand Çaqueteur. Une Caque-
teufe. Loquax , garrulus.
CAQUETOIRE, f. f. Chaife baffe qui a le dos fort
haut & qui n'a point de bras , où l'on babille à l'aife
auprès du feu. Cathedra ad confabulandum apta ,
commoda.
CAQ.UET01RE. Terme de Laboureur. Bâton qui eft au
milieu des mancherons de la charrue , fur lequel
le Laboureur s'adled lorfqu'il caufe avec quelqu'un.
Cetre caqueioire s'appelle au/li habilloire.
CAQUETTE, f f. Manière de petit baquet où l'on
met du poilfon , fur-tout des carpes. Petite Caque,
C'cll un diminutif de ce nom,
CAQUETTERIE ou CAQUETERIE. f, f. Aélion de
caqueter, babil. Ah ! tiniifons cette caquetterie ,in-
terrompit-elle , ou ne me parlez plus fur ce ton , ou
foyez du moins d'accord avec vous-même. Crebil-
LON , hls.
CAQUEUR. f. m. Terme de pèche. On appelle Ca-
queurs les Matelots qui caquent le hareng. Quelques-
uns difent £ccd^HeKr au lieu de caqueur.
CAQUEUX. f. m. plut. H y a en Breragne une certaine
efpèce de gens que le telle du peuple a toujours re-
gardés avec une extrême averlion , prétendant que
c'eft un refte des Juifs , 6c qu'ils font tous infeclés
de lèpre de père en fils. On les nomme Caqueux ,
Cacojus , 6c ils exercent ordinairemenr le métier
de Cordier, Hevin , favant Jurifconfulte , a fait
voir de nos jours , que cette averlîon étoit mal
fondée , 3c a obtenu un Arrêt du Parlement en leur
faveur; mais il eft difficile d'ôter cette ptévention
de l'efprit de la pliipart des Bretons, Il y a mêm.e
plus de Z50 ans que les Evêques , dans la même pré-
vention , ont ordonné que les Caqueux fe tien-
droient au bas des Eglifes; qu'ils ne baiferoient la
paix qu'après tous les autres -, &c leur ont défendu ,
fous peine de cent fols d'amende , de toucher aux
vafes de l'aurel. Lobineau. Koye^CAPOx, 6c Cagot,
6c comparez ce que nous y avons dit avec ce que
nous venons de rapporter des Caqueux. Voyez;
^'Hijl. de Bret. tome I , p». 847. S>C tome II , p. i(îio.
Dans les Regillres de la Chancellerie de Bretagne
de 1475 , il y a un mandement contre hommes 3c
femme s nommés Caqueux , auxquels il efl: fait défenfe
de voyager dans le Duché fans avoir une pièce de
drap rouge far leur robe , pour éviter le danger que
pourroicnt encourir ceux qui auroient communica-
tion avec eux , pout ne fes pas connoître. De plus ,
il leur eft fait defenfe de fe mêler d'aucun commerce
que de fil 6c de chanvre , 3c d'exercer aucun métiec
que celui de cordier , 3c aucun labourage que de
leurs jardins feulement, à peine de confifcation;
défenfe à tous fujets de leur vendre autte marchan-
dife que fil 3c chanvre, 3c de leur affermer aucun de
leurs hérirages , à peine de confifcation 3c auties
rigueurs. L0BINEAU. Tome II, p. 1550. Cette dernière
défenfe eft modcrce pour les Caqueux de l'Evêché
de Saint Malo , par une Ordonnance de 1477,
CAR.
CAR, Conjoniflion caufative qui rend raifon de ce quî
a été avancé dans la piopofition précédente, Nam ,
enim , etenim. Ne faites pas cela, car Dieu le défend.
Ses fynonymes îov.i parce que , pour ce que , d'autant
que,vù.que ,&c. Toutes les Lettres de Chancelle-
rie fe terminent ainii -, Car tel eft notre plaifir. Le
mot de car ne fe doit employer que de loin à loin.
Voit. Quelle perfécution le car n'a-t-il pas eifuyée !
3c, s'il n'eût trouvé de la proteélion parmi les gens
polis , il étoit banni honteufcment d'une langue à
qui il a rendu de fi longs fervices , fans qu'on fût
quel mor lui fubftituer. La Bruy.
Car fe prend fubftanrivement en ces phrafes fami-
lières. Ce Prcdicareur fait retentir les voûtes des car
3c des miùs. Ne me parlez jamais d'anjî, d'un car,
ni d'un mais. Cer homme barguigne trop-, il met
trop de y? 6c de car , trop de conditions en ce
contrat.
Ce mot vient du Grec y«« fignifiant la même chofe,
comme difent Nicot 6c Henri Eftienne. Mais Ménage
le dérive avec plus d'apparence de quare , parce
qu'on a écrit aurrefois quar , 3c on dit encore cancan,
au lieu de quamquam.^
CARABE ou KARABE, Voye?^ Ambre jaune, Ceft
la même chofe. Ce mot vient de Caraban, nom que
les Arabe* donnent à l'ambre, Caraban vient du
perlien
C A
^eifien Cah Rtibak , qui fignifie ce qui dérobe ou
enlevé la paille, D'Herb.
CARABIN, ù m. Cavalier armé d'une carabine. E^'ïies
JclopetiiTius. Ces cavaliers , qui tailbierit autrefois
des compagnies fcparées , & quelquefois des régi-
mens , fervoicnr à la garde des Officiers Généraux ,
à fe failir des palTages , à charger les preitiières
troupes que l'enriemi faifoit avancer , & à les harce-
ler dans leurs portes : fouvent auffi ils ne failbient
que lâcher leur coup , & ils fe retiroienr. Lorfque
l'on donnoit quelque bataille , ils combattoierit fur
les aîles de la première ligne , fur le front des Dra-
gons 6c des Cravates. Il n'y a plus aujourd'hui de
Carabin , fi ce n'clt dans les compagnies de Che-
vaux-Légers , où il y en a feulement deux , qui
font des cavaliers armés chacun d'une carabine , &
qui fuivent les Brigadiers de la compagniei Gaja ,
dans fon Traité des Armes , croit que le mot Ca-
rabins vient du mot efpagnol car a , & du mot latin
bimts , qui fignifie double , comme qui diroit gens à
deux vifages , à caufe de leur manière de combattre
tantôt en fuyant, & tantôt en faifant volte face. Ces
Carabins fervoient du temps de Henri IV , &: de
Louis XIII. Ils portoient une cuirafie échancrée à
l'épaule, afin de mieux cçucher en joue, un gan-
telet à coude pour la main de la bride , un cabaffct
en tête , une Idngue épéc , & une carabine à l'arçon
de la felle.
On appelle fîgurément un Carabin , celui qui fe
contente de hafarder quelque chofe au jeu , fans s'y
arrêter long-temps , qui ne fait que rifquer un coup ,
& s'en va. C'efl: un vrai Carabin au jeu. On le dit de
même d'un homme qui dans une converfarion , dans
une difpute , ne fait que jeter quelques mots vifs ,
fe tait &c s'en va.
Carabin de S. Côme. Terme populaire, qui fignifie
un fî'ater , un ferviteur Chirurgien.
Carabin. On donne en quelques endroits cenom au
blé noir, ou blé Sarazin. Les carabins n'onr pas
réuffi cette année. Le carabin eft fort bon pour
nourrir les volailles.
CAR ABINADE. f. f. Acflion, tour de Carabin , qu'un
homme fait en quelque compagnie d'où il fe retire
aulfi-tôt. Il a fait une carabinade , &: s'en eft allé. Il
eft familier.
CARABINE, f. f. Arme à feu , petire arquebufe à rouet
que porroient les Carabins. Sclopeti geniis quod Ca-
jabinam vacant. Cette arme n'eft plus en ufage à
l'armée , à caufe du temps qu'on perd à bander le
refîbrt. On fe fert pourtant encore de carabines
rayées par le dedans de l'ame , qui portent la balle
très-loin , parce que la balle étant arrêtée par les
rayures du canon , la poudre a le temps de s'enflâmer
entièrement avant que de pouvoir la faire lbrtir,&:
la chafle ainfi avec bien plus de force.
CARABINER. v. n. Se battre à la manière des Ca-
rabins , décharger Ion coup , 6c fe retirer. Sclopeta-
riorum equitiim more pugnare.CjQS cavaliers Ibrtirent
de leurs rangs pour carabiner.
Carabiner ledit fîgurément, en parlant de ceux qui
entrent en quelque compagnie, 8c qui s*en retirent
auffi tôt : ce qui fe dit fiit-tout des joueurs de dez ,
de labafîétte, de lanfquenet, qui viennent jouer
deux ou trois coups , 6c qui s'en vont aufTi-tôt fans
vouloir tenir jeu aux aurres -, ou bien , c'eft mertre à
la réjouiffance , &C prendre des cartes entre les joueurs
fans être coupeur, ni tenir la carte. Sijlere Je prtz-
j'entem ad brève tempiis & fiatim aufugere.
Ip" CARABINER. v, a. C'eft tracer en dedans d'un
Canon des rayures circulairement ou en fpirale ,
depuis la culaffe jufqu'à l'autre bour, telles qu'il y en
a dans les Carabines. Striare. Carabiner un fufil.
^CF Carabiné , ee. Part.
CARABINIER, f. m. Cavalier armé de carabine.
|J3° Efpèce de Chevau-Légers qui portent des ca-
rabines plus longues que les autres &c qui fervent
quelquefois à pied. Une Compagnie de Carabiniers ,
Capitaine de Carabiniers.
CARABOURON. f, m. Qui veut dire pointe noire.
Tome Uf
CAR
^49
C'cfè urt cap de l'Archipel. Le cap Carabourun , que
les Anciens appeloient Argenon, Du Loir , p, ^,
Argennum promontorium ; quelques-uns difent ^r-
cennum.h étoit entre Clazomène & Erythrée. Je ne
fais ii du Loir ne fe trompe poinr ; mais Berthclot i
Michelot 6c Thérin l'appellent Calaberno dans leuts
Cartes Marines de la Méditerranée.
tfT CARACA. Ville de l'Amérique méridionale , au
pays des Caracas, vers la côre du Nord.
CARACALLE, plus ordinaircmenr CARACALLA;
f". m.Surnom de Marc-Aurèle AntOnin Baffien, Empe-
reur Romain, Caracalla, Caraxalle naquit à Lyon j
6c y tut proclamé Empereur près de Vimi l'an ii j ,
félon Baronius , mais plutôt ii i , félon le P. Petau:
Ibn Empire dura fix ans, 8c en 117, il fut tué par
ordre de Macrin , qui lui fuccéda. Caracalle fut un
monftre couverr de toutes fortes, de crimes. Voyc^
Spartien, Auréiius Viétor, Dion, Hérodien , qui
onr écrit fa vie. Le P, Pagi ne fait pas Gominenccr
l'Empire de Caracalle , comme les autres , à la mort
de Sévère, l'an iti, mais l'an 198, après l'entière
délraite de la faélion d'Albin, Antonin Caracalla.
aima Appollone de Tyanes , l'honora , Ô£ lui bâtit
même un temple. Tillem.
Caracalle, f. f, Caracalla. Efpèce de vêtement que
portoient également 6c les hommes ^ les femmes
Romaines , ii autres. Les hommes , comme il paroît
par Bédé , De Gejl. Angl L.l, c. 7, Les femmes ,
Palladius, c. 11 j. Lu caracalle a.voh un capuchon,
Eucherius de Fejl. &c elle alloit jufqu'aux talons i
Sparrion , dans Caracalle , c. c). Spartien &c Xiphilin
difent que l'Empereur Caracalle en fut l'inventeur *
la donna au peuple, ordonna que les fbldats en poi-
tallent , & que ce fut pour cela qu'oti lui donna le
nom de Caracalle. D'autres entendent feulement
qu'il l'apporra des Gaules. Voye^ RofWeid, Onomaji.
Saumaife llir Sparrien, Scâliger , Bivadin , /{ijl. de
Lyon , Z,. /, c. 54 , ôc après eux Du Cange , croient
que c'eft de-là qu'eft venu le mor cafaque , qui s'eft
dir pour Caraque. Quoi qu'il en ibit , cet habit de-
vint un vêtement des Ecclcfiaftiques eti retranchant
le capuchon,^ comme il paroît par S. Jérôme de
Vefi. Sacerdot. par Eucherius cité ci-defîùs , &c par
les A^a Sancl. Jun, tome IV , p'. I48, Le peuple
appeloit cet habit une antonienne , à caufe que
le Prince qui l'avoit donné , avoit pris le nom
d'Antonin, On marque qu'il étoit fait de plufieurs
pièces coupées , 6c couiiies enfemble, 6c alloit juf^
qu'aux talons j de forte qu'il avoit quelque rapport
à nos foutanes. On prétend néanmoins qu'il y en
avoit auffi de plus courts , 6c fut-tout hors de Rome;
S>i je ne fai« comment des foldats, en auroient porte
de longs, Tillem, Chorier prétend que hous con-
fervons encore dans nos cafaques le nom ?^ l'ufage
des caracalles \ mais que la politeffe des derniers
liècles leur a ôré ce qui les pouvoit rendre autrefois
moins propres ôc moins commodes,
03" CARACAS. Pays de l'Amérique méridionale i
qui comprend les trois Provinces de Paria, delà
nouvelle AndaloufieSc de Venezuela, Il porte le nom
de la principale nation qui l'habite. Les François
l'appellent les Caraques.
^ CARACATAY , grand pays de l'Afie fepten-
rrionale qui s'étend du midi au feptentrion depuis
la muraille de la Chine jufqu'à l'ancien Mogoliftan;
CARACHE, ou CARAG. f, m. Tribut que les Chré-
tiens 6c les Juifs payent au Grand Seigneur. Tribu-
tum Cl Chrifiianis Turcarum Imperatori pendi
folitum.
CARACOL. f, m. En termes d'ArchitecT:ure , eft uii
efcalier fait en hélice , ou en rond , dont toutes les
marches fbnt gironnées, //e/ix. Efcalier en caracola
pour dire en limaçon.
|Cr CARACOLE, "f. f. Terme de Manège. Mouve-
ment que fait le Cavalier en demi-rond ou demi-
tour , à gauche ou à droite , en changeant quelques
fois de main. Eqiii in gyrum circumaclio , circum
aclus. Il fit plulieurs caracoles, Equum in gyros
circum agers,
l l
a^'O
C AK
^t^- On le dit aufîl , en termes de guette , du mouve-
ment (le tous les Cavaliers d'un elcadron qui tour-
nent en même temps fur la droite ou lut la gauche.
Equejiris in s^yrum procurjio,
ffT Ce mouvement diffère de la converjion , en ce que
celle-ci fe fait par rang, & que Iz caracole fe fait
par file.
^ÇT C'efl: auffi le demi-tour que fait le Cavalier quand
il a fait fa décharge pour paflèr de la tête de l'efca-
dron à la queue.
Quelques-uns difent aufTi Caracol au mafculin ,
comme Vaugelas dans l'exemple fuivant : Les Thélfa-
liens faifant promptement le caracol , revinrent à la
charge. Vaug. Il n'a pas été fuivi en cela ; tout le
monde fait Caracole féminin.
On le dit aufîi des mouvemens qu'on fait dans
les montres , quand on fait le demi-tour pour dé-
filer ^u pour fe faire voir plufieurs fois aux Princes ,
pu aux Officiers.
Ce mot efl; pris de l'arabe, &: l'arabe de l'hébreu
carac , qui fignifîe involvere. Mén. Mais il nous
vient immédiatement de l'efpagnol , où il lignifie
au propre un limaçon ; & au figuré , les mouvemens
militaires qui viennent d'être expliqués.
CARACOLER , v. n. Faire des caracoles , ou des
dcmi-touB ^ marchanr. Eques in gyrum , in orbem
agere. Dans un combat fingulier à cheval, on a un
grand avantage de fç battre en caracolant. Les Ca-
valiers caracolaient autour, des carrodes des Dames.
CARACOLL f. m. Métal qui vient.de la^ terre-
ferme , & dont les Indiens fe font de certains or-
nemens qui portent le même nom. On prétend que
ce métal eft un compofé d'or , d'argent &: de cuivre ,
& que les Indiens ayant ces métaux très-purs , le
mélange qui en réfulte , eft fi parfait, que quelque
long temps qu'il demeure dans la mer ou dans la
terre , la couleur ne s'en ternit jamais. Le P. Labat
n'eft pas de ce fentiment : il croit que c'eft un
métal fimple. II dit qu'il eft aigre , gréneux & caf-
fant , & que ceux qui veulent l'employer , font
obligés de le mélanger avec un peu d'or , pour le
rendre plus doux & plus traitable. Les Orfèvres
François & Anglois qui font aux îles , ont fait un
grand nombre d'expériences pour imiter ce métal -,
mais ils n'ont jamais pu atteindre à ce degré de
beauté & de perfeiftion. C'eft prefque la "même
chofe que le tombac. Voye:^ Tombac.
Cakacoli. f. m. Ornement que portent les Infulaires ,
principalement les Caraïbes. Il eft fait comme un
croiifant quia les pointes en haut, & porte le nom
du métal dont il eft compofé. Les caracolis font
de différentes grandeurs , félon le lieu où ils doi-
vent fervir ; car ils en portent aux oreilles, au nez &
à la lèvre inférieure •, mais le plus grand de tous , qui
a fix à fept pouces d'ouverture , leur pend fur l'ef-
tomac. Foyei le fécond tome des Foyages du P.
Lahat.
CARACOLLE. f. f. Plante légumineufe , étrangère ,
qui a pris fon nom des entortillemens de fa tige &
de fes branches , ou de fa fleur , qui eft tournée en
fpirale comme un limaçon. On la met au nombre
des phaféoles : elle éft vivace, &:■> on la nomme
Phajeoliis Indiens , Cochleato jlore. Sa racine eft
charnue , affez groffe , en navet , & qui donne plu-
^ j^^eurs tubercules charnus. Elle eft blanchâtre au-
. «iiidçdans , d'un goût d'herbe, 6c pouffe plufieurs tiç^es
ou farmens fouples , verdâtres , de la groffeurdu
doigt lorfqu'elle eft vieille, & qui grimpent & s'at-
tachent aux corps voifins. Ces riges donnent plufieurs
branches qui s'entortillent pareillement , &: pouf-
fent d'efpace en efpace des feuilles qui font au
./_ nombre de trois, portées à l'extrémité d'une queue
verdâtre. Elles font d'un vert foncé , plus petites que
celles de nos haricots , mais à peu-près de la même
figure & dans le même ordre. Ses fleurs^lTont léi^u-
mineufes , en grappe , &c beaucoup plus grandes que
celles de nos phalcoles ; elles font blanches d'abord,
purpurines dans leur centre, & d'une odeur douce &
fort agréable. Leur piftil devient, après que les
CAR
fleius font pafTées , une gouffe longue de deux
pouces , arrondie , & qui renferme des femences
taillées en rein. Cette plante craint l'hiver , & ne
fieurit en France que fur la fin de l'été. Elle eft
vivace , & fe peut multiplier par fes farmens.
|tT CAR ACOR AM. Ville d'Afie , bâtie dans le Catay
par Octay-Kan , fils de Gengis Kan , après qu'il
s'en fût rendu maître. Quelques-uns la prennent
pour la Combala de Marco paolo, qui eft Peking.
CARACORE. f. f. Galère qui eft en ufage dans les
Iles des Moluques : elle eft fort étroite par rapport
à fa longueur -, & vogue avec beaucoup de vitefîe.
Triremis angnjiior. Les caracores baiffent à l'avant
& à l'arrière: lorfqu'il y a du vent, on y met des
voiles de cuir : il y a autour du bâtiment un pont
de rofeaux , par le moyen duquel il Hotte & vogue
fut l'eau. C'eft fur l'élancement de ce pont que les
rameurs font placés , -comme fur une galerie-, fans ce
pont , un vaiifeau qui eft fort étroit &: aigu ne man-
queroit pas de fe renverfcr. Le navire qui portoit le
Pcre Xavier, étoit un de ces vailléaux qu'on appelle
dans le pays Caracores , longs & étroits comme
des galères , & qui fe conduifent à voiles & à rames*
BoUH. Jiav, L. m. La Caracore de Xavier, après
avoir été fur le point d'être fubmergée plufieurs Ibis,
fe f auva enfin , & gagna le port de Ternate par une
efpèce de miracle. Id.
CARACOULER. v. n. Terme d'oiielcrie , dont on fe
fert pour exprimer la manière de crier du pigeon»
La colombe roucoule , & le • mâle caracoulet
Fauitrier.
CARACTERE, f. m. Certaine figure qu'on trace fur
le papier, fur l'airain , fur le marbre, ou fur d'au-
tres matières avec la plume , le burin, le cifeau,
ou autres inftrumens , pour fignifier ou marquer
quelque chofe. C ar acier , nQta,Jignurn.
Caractère. Lettre de l'alphabet. Liitera. Les lettres
font des caraclères qui fervent à marquer nos pen-
fees. Les Egyptiens avoient des caraclères hiérogly-
phiques. Les Chinois ont quatre-vingt mille carac-
tères difterens. Le curaclère hébreu n'a fublifté <h.ns
l'ufage ordinaire, que jufqu'à la captivité de Ba-
bylone. Après le retour delà captivité, le peuple
n'écrivit plus que le caractère afiyrien , dont l'ufâ^e
s'étoit introduit pendant la captivité. C'eft l'hébreu
carré, dont on fe fert encore aujourd'hui. L'an-
cien caractère hébreu eft celui qui fc voit fur les
médailles hébraïques, appelées communément mé-
dailles famaritaines. Plufieurs Proreftans ne faufoient
fouffirir ce changement de CizriZcTir^ dans l'écriture,
malgré le témoignage de toute l'antiquité ; mais ils
ne difent rien de fçlide pour le réfliter. Foye? la.
Biffer cation du P. Ë. Soucier, '^.fur les médailles
■hébraïques , &c. Le caractère dont on fe feri aujour-
d'hui communément en Europe, eft le caractère
latin des Anciens. Le caractère latin venoit du
grec i le grec s'étoit formé du phénicien , que Cad-
mus apporta en Grèce. Le phénicien étoit le même
que l'ancien & le vrai caractère hébreu. Le carac-
tère chaldéen , le fyriaque & l'arabe , ont aufTi été
formés de l'hébreu, comme plufieurs Savarxs l'ont
démontré , & cntr'autres Poftel dans fon Alphabet
de douie langues , & Bibliander , De Ratione Corn-
muni Ling. &c. mais on peut le prouver encore
mieux qu'ils n'ont fait. Grégoire de Tours , Hifl.
Franc. L. V. c. 44. écrit que Chilperic Roi de
Soifîbns ajouta quatre caractères à l'alphabet fran-
çois, 0,+ , z & n. Les François furent les pre-
miers qui , avec le chant Romain & l'Office Latin
de S. Grégoire, reçurent la forme des caractèrei
latins. Favyn. L'an 1091 dans un Concile pro-
vincial tenu en la ville de Léon, où préfida Ré-
gnier , Moine de Cluni , Prêtre Cardinal , & Léçat
du Pape Urbain II en Efpagne , l'ufage des carac
tères gorhiques inventés par Ulfilas fut aboli , avec
défenfes aux Notaires d'en ufer à l'avenir darks' leurs
écrirures & adtes publics; & il fut ordonné qu'on
ccriroh en caracllreskviiç^Qi^. /%«{ Rodrigue Xi-
CAR
menés , L. FI. c ^o , 6c après lui Mafiana. Favyn ,
M/Jl. de Nav. p. 159.
Ce mot vient du t;rec p/ap.-s-eri)» , qui vient du
Verbe j^asarre/» , injculpere , imprimer , graver.
Les Mcdailliltesont oblcrvc queie caractère grrc
compofé de lettres majulcules , s'cft conlervé uni-
forme fur toutes les Mcciaiiles , fans aucune alté-
ration , &: fans aucun cliangcmcnt dans la contor-
niation des cardcïeres , quoiqu'il y en ait eu dans l'u-
i'age & dans la prononciation. Ce caractère s'efl: con-
fcrvé jufqu'à Galien , depuis lequel temps il paroît
moins rond & plus aifamc. Depuis le règne du
Grand Conftantin jufqu'à Michel ■-, c'cft-à-dire, pen-
dant 500 ans , on ne trouve que àç.'iciraclhes la-
tins. Après Michel on retrouve des caractères grecs ,
qui commencèrent à s'altérer aulfi-bien que la lan-
gue , qui n'étoit plus qu'un mélange de grec &
de latin. Les Médailles latines ont mieux confer-
vc leur langue & leur caractère jufqu'à la barba-
rie de Conftantinople. Vers le temps de Décius , le
caractère commença à s'altérer , & à perdre de fa
rondeur & de fa netteté ■■, mais quelque temps après
il fe rétablit, 6c demeura aifcz beau jufqu'à Juftin j
& alors il tomba dans la dernière barbarie , où on
le voit fous Michel dont on vient de parler. Ce fut
encore pis dans la fuite. Le caractère latin dégénéra
en gothique. Ainfi , quand le caractère eft rond &
bien formé, c'eft une marque d'antiquité. P. Joe.
Les Imprimeurs appellent caractères , les lettres
qui leur fervent à imprimer. Litterarum typi. En
voici les dégtés. Gros double Canon , gros Canon >
TriJ}neg/fie ou Canon approclié , petit Canon , gros
Parangon , petit Parangon , gros Romain , S. Au-
guflin , Cicero , Ptiilofoptiie , petit Romain , petit
Texte , Mignone , Nompareille , Sedanoife art Pa-
rifieniie. Prefque toutes ces lettres ont leurs itali-
ques , & leurs grandes 6c perites capitales.
^C? On fait un ufage particulier de plud'eurs cara-
ctères diffcrens dans les mathématiques , en algè-
bre , en géométrie •, en trigonométrie , en aftro-
nomie , de mcme qu'en médecine, en chimie,
en mulique , &:c.
^3°Caractère en Chimie,fontles lignes dont lesChi-
milLCS fe fervent pour déligner en abrégé les fubftan-
ces fur Icfquellcs ils opèrent , ùc. On connoît affez
les caractères dont on fe fert dans les Sciences dont
on vient de parler.
(Caractère fe dit aulTi de la manière d'écrire. Ca-
racter. Ce Scribe a un fort bon caractère , fort li-
iîble. Je connois fon caractère, ion écriture. J'ai
. été content en voyant Iculemeut votre caractère.
Voit.
pARACTÈRE fe dit au(Î! de certaines marques & em-
preintes que les anciens mettoicnt fur le front de
leurs efclaves ou des criminels pour les reconnoî-
. tre , ou pour les noter. Signitm , nota. Peut-être
qu'on doit ainli expliquer le ligne que Dieu mit fur
le front de Caïn , pour empêcher qu'il ne fût tué
dans fon exil volontaire ; & les marques de ceux
des Tribus d'Ifraël dont il eft fait mention dans
VApocalypfe,
^fF Ce mot , dans un fens figuré & métaphorique , a
plufeurs (îgnifications , qui ont toutes un rapport
plus ou moins éloigné , un fens propre , qui déligne
une empreinte , ime marque,
HK? Caractère , en morale , eft la difpofirion habi-
tuelle de l'ame , par laquelle on eft plus porté à faire
&ron fait en effet plus fouvent des aélions d'un cer-
certain genre , que des aifions du genre oppofé. Un
homme d'un caractère vindicatif ne pardonne ja-
mais , ou pardonne rarement. Un homme fans ca-
ractère eft alternativement honnête homme ou fri-
pon, fans qu'on puilfc jamais le deviner.
^CT Caractère général des nations. Il confifte dans
une certaine difpof rion^ de l'ame plus commune
chez un peuple que chez un autre. Les peuples qui
f-ibfiftent depuis long-temps conlervent un certain
. fonds de caractère qui ne change point. La forme du
gouvernement , &: plus encore le climat , peuvent
CAR tV I
influer f.ir le caraci.re général des nations.
Ucr Mais à mcfure que les races fe mêlent & que les
peuples fe confondent , on voit peu-à-peu difpa-
roïtre ces différences nationales qui frapoicnt jadis
au premier coup d'œil. Autrefois chaque nation ref-
toit plus renfermée en elle-même-, il y avoir moin$
de communication , moins de voyages, moins d'in-
térêts communs ou contraires , moins de liaifons
politiques & civiles de peuple à peuple , point tant
de tracafferies royales appelées négociations , point
d'Ambalfadeurs ordinaires ou réfîdens continuellc-
menr , moins de grandes navigations , peu de com-
merce éloigné ; encore étoit-il fait par des gens qui
ne donnoient le ton à peribnne.
IJ3" Le mot caractère , pris dans cette acception peut
un afiëmblage des qualités qui réfiilte de plufieurs
marques particulières, & qui diftingue tellement
une chofe d'une autre , qu'on la puiffe reconnoître
aifcment , forma alicujus & naturalis nota , indoies ,
fe dit de l'efprit, des mœurs , du difcours, du ftyle ,
bc des aélions. Il n'y a point d'ame qui ne fe fente
élevée par rimpreific-n que fait fur elle le carac^
ière d'Achille. S. Evr. La grandeur d'ame eft le
caractère des Romains. P. Rap. Le Prince avoir un
air noble , & toutes fes avions avoient un carac-
tère touchant. Vill. Ciceron avoir un caractère Aa
politeffe qui manquoit à Démofthène. P. Rap, Ce-
lui,qui s'accoutume a dire des plaifanteries a un,
mauvais caractère d'efprit. Pasc. Il n'y a point de
pafîlon qui n'ait fon caractère particulier. Les ca-
ractères violens donnent plus d'éclat aux aétions
qu'ils animent : au contraire, les caractères doux font
fouvent fans gloire , quoiqu'ils aient le folide de la*
vertu. La Bb.uy. Quand on fort de fon caractère y
on eft toujours ridicule. Bell. Pour bien écrire l'hif
toire , il faut non-feulement former le caractère
général du héros, mais encore former le caractère ^
particidier de fes vertus & de fes vices. S. Evr. La
fîmplicité & l'unité de caractère dans les perfon-
nages eft l'effence du Pocme Epique. P. Le Boss.
L'égalité de caractère confifte à ne point donner au
héros des fenrimens incompatibles , & à le repré-
fenter tellement animé du même efprit , qu'on le
reconnoiffe toujours par fon caractère principal &
dominant. Le caractère du héros doit être unifor-
me &: fupérieur ; enforre que le caractère des au-
tres perfonnages foit toujours fournis à celui du pre-
mier perfonnage. Id. C'eft le défaut de Claudien î
vous y voyez tant de caractères dominans , qu'on
ne reconnoît plus le principal.
ffT Caractère d'un ouvrage, c'eft la différence fpéci-
fîque qui le diftingue d'un autre ouvrage de même
genre. Les différcnsToemes ont leurs principes , leurs
régies ,leur ton ; «Se c'eft ce qu'on appelle caractère.
§Cr Caractère d'un Auteur, eft la manière de rrai*
ter un fujet qui lui eft propre, &c qui le diftingue
de ceux qui l'ont traité avant lui.
Caractère fe dit aufll fîgurément d'une certaine
qualité qui imprime du refped à ceux qui la con-
noiffcnt. Species , nota , caracter. Dieu a empreint
fur le front de l'homme un caractère , une image
de la Divinité. La majefté des Rois leur donne un
caractère qui leur attire le relpeél; des peuples.
Faut-il que fur le front d'un profane adultère ,
Brille de la vertu le facré caraétère 3 Rac.
Caractère fe dit encore des qualités vifîbles qu'on
rel'peéle en ceux qui font revêrus de charges & de
dignités. Dignitas muneris vel per fonce cui reddi-
tur honor debitus j ou feulement Dignitas. Il faut
qu'un Evêque foutienne fon caractère par fon fa-
voir & par fa vertu, plutôt que par l'éclat & par
la vanité mondaine. Les Prêtres , en perdant eux-
mêmes le refpe(fl qu'ils doivenr à la fainreté de leur
caractère , font les premiers coupables du mépris que
l'on a pour eux. Flech. Le droit des gens met le
caractère des Ambaffadeurs à couvert de toute in-
fulte , WicQ. Ce qui rend les Savans moins propres
I i ij
^^z CAR
en convcrfation , c'cfl qu'ils croiroient mal routenir
le catacûre de Savans , s'ils s'abailibicnr à parler
de bagatelles. Bell. On ne conçoit que de l'hoi-
rcur pour un Ecclcliaftique qui abulc de la di!.';nicc
de l'on caraclère. Yitu En le moquant des Prêtres,
on cherche aux dépens de leur caracicre le ridi-
cule de leur pcrlbnne. Flech. On dit , cet homme
ibutient bien Ion caractère ; c'elt-à-dire , il eft conf-
iant à faire la même chofc ; il ne fe dément point.
On dit d'un homme qui n'a point de million ,
d'autotirc , ni de pouvoir pour faire quelque choie ,
que c'eft un homme qui n'a point de caractère ,
qui parle fans caractère. Acad. Fr.
Caractère en Théologie , fe dit d'ime marque qui
ne s'eiface point , & que quelques Sacremcns laif-
fent dans l'ame de ceux qui les reçoivent. Caracler.
Il n'y a prefque point de Théologiens qui ne di-
fcnt que le caractère des Sacremens eft quelque choie
dephylique. Les Sacremens qui imprim.ent un carac-
tère iont le Baptême , la Coniirmation &: l'Ordre.
Les Sacremens qui impriment im caractère , ne fe
réitèrent po nt. Le caractère eft un eftet que les Sa-
cremens produifent toujours dès qu'ils font valides ,
lors même qu'ils ne produifent pas la grâce à caufe
des mauvaifes difpoftions du fujet. Ai nlî par exem-
ple , lorfqu'un adulte reçoit en péché mortel la
Confirmation ou l'Ordre, il ne reçoit pas la grâce ,
mais il reçoit le caractère.
Caractère fe dit auffi de certains billets que don-
nent des Charlatans ou Sorciers , qui font marqués
de quelques figures talifmaniques , ou de fimples
cachets. Caracter magicus. Ils font accroire au fot
peuple qu'ils ont la vertu de faire des chofes mer-
veillcufes &: incroyables , comme de taire cent lieues
en trois heures , d'être invulnérables à l'armée ,
6'c. Quand on raconte quelqu'un de ces prétendus
effets, on dit qu'il faut que cet homme ait un carac-
tère , qu'il ait fait un pacfe avec le Diable.
Caractère fe dit aulîî des plantes. C'eft ce qui les
diftingue fi bien les unes d'avec les autres , qu'on
ne fauroit les confondre , quand on fait attention
à leurs marques efîentielles.
^fr On appelle caractère générique , celai qui con-
vient à tout un genre , & fpécihque , celui qui ne
convient qu'à une efpcce, Linnxus diltingue quatre
efpèces de caractère. Caracler ejfentialis , faciitius-,
liahitualis & natiiralis.
Cae.Actère, en Peinture, fe dit des|)C? qualités qui
conftituent l'elîence d'une chofe &: qui la diftin-
gucnt des autres. Caractère des objets , caractère
■ des paffions. La pierre , les eaux , les arbres , le
poil , la plume Se enfin tous les animaux, deman-
dent des touches différentes pour confervcr l'efprit
de leut caractère. De Piles.
§Cr Caractère fe dit auffi des talens & du génie
que le Peintre fait paroître , dans fes ouvrages ,
& de la manière dont il les traite. Le caractère de
l'efptit s'annonce par la nobleffe &: l'élévation dans
les idées , par la beauté &: la magnificence dans
l'invention , par le bon fens & l'intelligence dans la
difpofition. Le caractère de la main s'annonce par
l'exécution & le coloris. Ce dernier cdr<2f?<;re eft ce
qu'on appelle manière.
CARACTERISER, v. a. Décrire fi bien le caraiflère
de quelque chofe , qu'on la reconnoiife , i?c qu'on
la diftingue de tout autre. Aàumbrare-, exliihere -,
defcrihere , ad vivum exprimere. Ce Peintre , ce
Poète , caractèrifent bien les paillons qu'ils veu-
lent repréfenter. Le Prédicateut en cenlurant , ne
doit point fe donner la liberté de défignei ni de
caractérifer les perfonnes. De Vill.
Caracter^isé , ÉE. part.
CARACTERISME. f. m. Terme de Botanique , ^ont
on fe fert pour expliquer certaines rcffemblanccs &
conformités que les plantes ont avec quelque partie
du corps humain. C'eft ce cara&érifme qui fait
croire à quelques-uns que ces fortes de plantes font
fpécifiques pour çuérir les parties du corps qui leur
relfemblent lorfqu'elles font affligées. Emmanuel Ko-
CAR
nig , dans fon Rayamme Jjs Vè<yta:ix , a adopta
le fylleme des caraclcrijmes : ce qui a lait dire à
M. Bernard que cet Auteur n'étoit nullement Car-
téfien à l'égard des caraclèrijmes des plantes.
Ip- CARACTÉRISTIQUE, adj. de t. g. Qui fe dit de
ce qui fert à caraélérifcr quelque chofe , ce qui mar-
que f©n caraélère , ce qui la diftingue de toutes les
autres chofes. Foye^ Caractère. Signe caracteri-
jtique.
^T On le dit en Littérature de ce qui fert à cara-
éliérifer les Auteurs. L'élévation & la véhémence
font les traits caractèrijiiques de Corneille.
IJCr En Grammaire on appelle lettre caractirijtique ,
celle qui dénote la formation d'un temps , & qui
fe trouve la même dans les mêmes temps. Littera
dejî^nans, C'eft ainfi que la Lettre R eft la carac-
terijnque de tous nos futurs françois. Les carac-
tèrijiiques font de grand ufage dans la Grammaire
grecque pour la formation des temps •, elles font
les mêmes dans les mêmes temps de tous les ver-
bes d'une même conjugaifon : il n'y a que le pré-
fent qui a différentes caractèrijiiques , & le futur,
l'aorifte premier , les prétérits parfaits & plus que
parfaits de la quatrième conjugaifon, qui ont deux
caractèrijiiques.
fCr On le dit encore en Grammaire, des lettres qui
fe confervent dans les dérivés d'un mot ; Comme
le P dans nos mots dérivés de corps, de temps,
corporel, temporel; le G dans /ong,J'ang , rang, à
c?-ufe de longueur , fanguin , ranger , &c.
CARADH. f. m. Feuilles d'un arbre que les Arabes
appellent Selem , lefquelles fervent à préparer ces
beaux cuirs que nous appelons maroquins du Le-
vant. L'Iemen , ou l'Arabie heureufe , eft fertile en
cette cfpéce d'arbres. Quelques-uns veulent que
l'écorce de cet arbre , qui relfemble au tamarik , ferve
à tanner les maroquins , &: que les feuilles s'em-
ploient feulement à leur donner la dernière per-
feélion. D'Herr.
CARAFE, f. f. Perire bouteille de verre de forme
ronde , plus large par le bas que par le haut , pro-
pre pour verfet à boire , & qu'on icrt fur une fou-
coupe. Ampulla, On s'en fert aufli pour faire ra-
fraîchir du vin.
§CF On dit une carafe de vin , d'orgeat , de limo-
nade , pour dire pleine de vin , d'orgeat , &c.
^ CARAFON, f. m. Vaifieau dans fequel on met
un flacon , plein de quelque liqueur avec de la glace ,
pour le faire raftaîcliir.
|CF On donne auiîî ce nom au flacon qui contient
la liqueur qu'on met rafraîchir dans le vaiflêau où
eft la glace.
CARAGACH. f. iti. Sorte de coton qui vient de
Smyrne par la voie de Marfeille.
ce? CARAG. Voyei Carache.
CARAGI. f. m. fe dit.des Commis Turcs des bureaux
où fe perçoivent certains droits du Grand-Seigneur.
Le Douanier général ou DirecT:eur de la Douane
fe nomme Caragi-Bachi. Ce mot caragi fignifie aufli
dans les mêmes Etats du Gtand Seigneur , les droits
d'entrée & de fortie qui fe payent pour les mar-
chandifes,
CARAGNE. f. f. Efpèce de réfine qui nous eft ap*
portée de Cartagène dans l'Amérique méridionale.
Elle eft un peu dure, tenace, fans beaucoup de
vifcofité & fans fe fondre, feiTiblable à l^tacama-
haca , mais plus brillante , plus liquide , plus com-
paéle , plus épailfe , & d'une odeur plus forte.
Elle eft très-bonne pour les tumeurs & pour toutes
fortes de douleurs. En latin caragna , ou caranna.
§Cr On apporte du même endroit une efpèce de ca-
ragne plus pure , & claire comme le cryftal , beau-
coup plus excellente , & de meilleure odeur que
la précédente.
CARAGROUCH. f. m. Monnoie d'argent de l'Empi-
re , qui ne revient pas tout-à-fàit à l'écu de France
de 3 livres.
CARAGUATA. f. m. Sorre d'aloes qui vient du Bré-
fil. Ses feuilles font femblables a celles de raloës
CAR
commun. Sa Heur cft jaune & fans odeur. Il y a une
cfpùce de carahiiMa guacu:. qi-.i croît en peu de temps
à une très-grafîde hauteur. Ses feuilles étant bro-
yées & bien frottées FourniiTent un lin très-fort
& très-délié. Ses fleurs font renfermées dans de pe-
tits corps coniques, dont on tire, avanr qu'elles
foient épanouies , des filets blancs qui reflemblent
à du coton. Son bois fcchc brûle comme de la
corde fouffrce.
CARAGUE. f. m. Animal du Bréfil fcmblable à un re-
nard. Les caragues font bruns, & font la guerre
aux poules auiTi-bien que les renards
CARAli5E. f. m. Nom de peuple. Les Caraïbes font
des fauvages de l'Amérique méridionale , qui ont
polîedé autrefois toutes les Antilles , & qui oc-
cupent encore les îles de S. Vincent , de Bckia &
la Dominique. C'efl: ce qui fait qu'on appelle audl
du nom de Caraïbes les îles des Antilles , qu'on
appelle encore Cannibales d'un autre nom que por-
tent audl ces peuplas. Au refte nous difons Caraïbes
en quatre fyllables , & rarement Caribes. De la Borde
a écrir une relation des mœurs , des courûmes & de
la religion des Caraïbes. Le P. du Tertre en parle
aurii dans fon Hifioire naturelle des J nulles. Tom. Il,
Traité VII^ & Lonvillers de Poincy dans fon Hijioire
jiaturelle & morale des lies des Antilles. Liv. II,
chap. 9 & fuiv. Le P. Du Tertre & Lonvillers ,
difent que les mots de Galibi & Caraïbe font des
noms que les Européens leur ont donnés , & que
leur véritable nom étoit Callinago pour les hommes ,
6c Callipona pour les femmes ; que les Infulaires Ca-
raïbes étoient des Galibisde terre ferme, qui étoient
venus conquérir ces îles ; qu'ils avoient eu des Rois,
& qu'il y avoir encote des Caraïbes defcendus de
ces Rois. Eux-mêmes ne s'appellent Caraïbes que
quand ils font ivres , pu quand ils font parmi les
Européens ■■, ceux des Iles fe nomment encore Ou-
baobonon , c'eft - à - dire , habitans des îles ', &
ceux de terre ferme Baloue-bonon , c'eft-à-dire , ha-
bitans du continenr. Lonvillers croit néanmoins
qu'il efl plus probable que ce nom ne leur a point
été donné par les Efpagnols , parce que t°. Avant
que les Efpagnols & les Européens eufient mis le
pied au Bréfil , les Brafiliens nommoient Caraïbes
les gens plus fubtils & plus ingénieux que les autres ,
ainli que Jean de Lery l'a remarqué dans l'on Hii-
toire. v^. Il eft conftanr qu'il y à des Sauvages
qui portent le nom de Caraïbes dans des quartiers
du continent où les Efpagnols n'ont jamais été •,
car ceux qui demeurent dans ce continent méri-
dional au-defllis du faur des plus célèbres rivières ,
s'appellent Caraïbes. Outre cela , il y a au conti-
nent feptentrional une nation puiflante , dit cet
Auteur , compofée de certaines familles qui lé glo-
rifîenr encore à préfent d'être Caraïbes , & d'en avoir
reçu le nom long-temps avant que l'Amérique fut
découverte. Les Caraïbes des îles s'en glorifient aulîî.
Les Caraïbes font d'une grande ignorance &c
d'une grande fimplîcité. Quoiqu'ils n'aient point
de temples , ni d'autels , ni prefque de culte
extérieur de religion , ils ont cependant un fen-
timent naturel de quelque Divinité , ou de quel-
que puilfance fupérieure & bienfaifante , qui réfide
aux cieu:: ; mais ils difent qu'elle le contente de jouir
en repos des douceurs de fa propre félicité , fans
s'offenfer des mauvaifes allions des hommes , &
qu'elle eft douée d'une' fi grande bonté , qu'elle
ne tire aucune vengeance de fes ennemis : d'où
vient qu'ils ne lui rendent ni honneur ni adora-
tion. Ils reconnoiflcnt aulfi de bons & de mauvais
êfprits. Les bons efprits , dont ils font auflfi des
Dieux , font en grand nombre -, & ils croient que
chacun a le fien. Quoiqu'ils femblcnt n'avoir point
de culte extérieur, comme on l'a dir, ils offrent ce-
pendant à leurs Dieux de la caflàve & du ouïcou.
Ils évoquent leurs faux Dieux, lorsqu'ils fouhaitent
leur préfence -, mais cela fe doit faire par le mi-
niflcre de leurs Boyés , c'eft-à-dire , de leurs Prêtres ,
ou plutôt de leurs Magiciens -, & chaque Boyé a
CAR 2,s J
fon Dieu particulier qu'il évoque. Ils appellent l'-l-
pr:r malin Maboya. Ils croient l'immortalité de
l'ame , £c qu'après la mort elle s'en va au ciel avce
Ion uheiri , ou fon chemiin , c'eft-à-dire , aveé fort
Dieu , qui l'y conduit pour y vivre en la compa<rnie
des aurres Dieux : & quand un d'cntrleux meUrt ,
Qn tue fes elclaves, pour qu'ils aillent le fervir din«
l'aurre vie. Voye^ les Auteurs que l'on a cités 'ci-
deiîus.
CARAJSME. f m. Sede des Caraïtes , dodlrifie dcS
Caraites. Caraïj'mus , Secta Caraitarum.
CARAITE. f. m. & £ Nom de Sectaires parmi les
Juifs. Il y en a encore aujourd'hui dans le Levant
& dans la Pologne. Quelques-uns , comme le P
Nau , les appellent Carains ,m^\% ce n'eft pas l'u»
fage en françois. Poftel les appelle en latin Caraïri,
d autres Carrei & Caraite. Léon de Modène , Rabbin
de \ enife , dans fon petit livre des cérémonies &:
coutumes de ceux de fa nation Liv. F, ch i dit
que de toutes les hércfies qui croient chez eux avant
la deftrudiion du Temple, il n'eft rcfté que celle
de Caraim, nom dérive de Micra, qui iWmfi" !<«
pur texte de la Bible , parce qu'ils veuleiu qu'on
s en tienne au Pentateuque , & qu'on le c^arde à la
lettre , rejetant toute intcrprération , pataphrafe
^ conftitution des Rabbins. Ce Juif fe tromne
quand il veut que les Caraïtes ne reçoivent
24 livres de la Bible. point les
Aben Efra & quelques autres Rabbins les rraitcnc
de Sadduciens ; mais Léon de Modène parle plus
exaélement , quand il dit au même endroit que ce
font des Sadducéens réformés , parce qu'ils croient
l'immortalité de l'ame , le paradis , l'enfer , le pur-
gatoire , la rélurreélion , & plufieurs autres chofes
que les anciens Sadducéens ne reconnoiflbient point.
Il prétend cependant qu'on ne doute point que dans
leur origine ils n'aient été de véritables Saddu-
céens , & qu'ils ne viennent d'eux : mais il eft bien
plus vraifemblable , comme le remarque M. Simon ,
dans fon Supplément touchant les Caraïtes, que certe
fei5le n'eft venue que de ce que les plus habiles s'op-
pofent aux rêveries des Talmudiftes -, & que fe fer-
vaut du texte de l'Ecrirure pour réfuter les traditions
qui n'avoienr aucun fondement , on leur donna le
nom de Carraïm , qui eft la même chofe qu'en latin
barbare , Scriptuarii , c'eft-à-dire , gens attachés au
texte de l'Ecrirure. Les aurres Juifs ks traitèrent de
Sadducéens, non qu'ils le fuffent en effet, mais
parce qu'ils les imitoient dans ce qui regardoit les
tradirions. Le P. Nau , qui dir avoir fouVenr traité
avec , eux affure qu'ils ont quelque chofe des erreurs
des Sadducéens.
Scaliger , Voinus & M. Spanheim, Bibliothécaire
de^ l'Univerlîté de Leyde , mettent les Carâhes au
même rang que les Sabéens , les Mages , les Mani-
chéens & les Mufulmans -, c'eft une erreur. Quel-
ques autres les confidèrent comme une branche ou
comme la poftérité des Sadducéens ; c=eft le fen-
timent des Juifs Rabbaniftes qui les regardent
comme des Hérétiques. VoIfganguSj Fabricius ,
Capito Henaem,;;^^. 9 , croient que les Sadducéens
&_lcs Efféniens fureur ^.^^tKifi Caraïtes par oppo*
fition aux Pharifiens. D'autres croient que ce font
les Dodeurs de la loi dont il eft parlé fi fouvenr
dans l'Evangile ;»mais toutes ces conjeclures font
peu folides. Jofepbe ni Philon ne parSent point
des Caraïtes ; ainli cette feéte eft plus récenre que
ces deux Auteurs. Il y â affez d'apparence qu'elle
ne s'eft formée que depuis la collcdlion de la fé-
conde parrie du Talmud , c'eft-à-dire , de la Gémare.
Peut-être commença-r-elle des le temps que R. Juda
Hakkadofch compila la Mifchne , vers le milieu du
troificme fiècle.
Le Caraïte Mardochée prcrend que les Caraïtes
font plus anciens que les Sadducéens ; car s'ils
étoient une branche de ces Hérétiques, ils n'auroienc
poinr en horreur Sadoc & Baïtos. Les Caraïtes pré-
tendent être les reftes des dix Tribus emmenées en
captivité par Salmanazar. Schupart croit qu'on ne
^54 CAR
peut favoii- prccifcmtrt le temps où cette Ceàc com-
mença ; qu'elle if torma lecrètement lorlque la vc-
nciation pour le£ traditions des Rabbins s'intro-
duilit -, qu'elle leiomcnta & s'accrût inlenliblcment ;
de qu'elle n'éclata" ec ne tut publique qu'après la
coUedion du Talmud.
Volfius décrit ainli l'origine , les progrès &C la dé-
cadence des Caranes , lur les Mémoires du Caraue
Mardochée. Alexandre Jannée , Roi des Juifs, qui
rcgnoit cent ans avant Jesus-Christ , lit rnada-
cret tous les Dodeurs de la loi , &c preique tous
les Savans de la nation. Ce maflacre , lelon les La-
raites , fut la caufe du fchilme qui divifa les Juits.
Simcon fils de Schétach , & frère de la Rcme ,
homme favant , mais ambitieux & fans religion ,
ayant été ibuftrait par fa fœur à la colère du Roi,
s'enfuit en Etjypce, où il imagina le fyftême des pré-
tendues trad^itions. Etant de retour à Jcrul'aiem,
il dcbira l'es vilions , & interpréta la loi comme il lui
plut ; & appuyant les nouvctiutés fur des connoilfan-
ces que Dieu , dilbit-il , avoir communiquées de
bouche à Moïfe, &, dont il fe vantoit d'être le dé-
pofitaire , il s'attira un grand nombre de dil'ciples,
Plufieurs aulVi lui réliftèrent , & foutinrent que tout
ce que Dieu avoir révélé à Moïfe étoit écrit. De-
l.à les deux feiSes. Parmi les Caraïtes-, Juda fils
de Tabbaï, fe diftingua. Hillel brilla parmi les
Traditionnaires ■■, Schamaï parmi les Textuaiies.
Volfius met au nombre de ceux-ci , non feulement
les Sadducéens , mais aufll les Scribes , dont il eft
parlé dans l'Evangile. L'adrefTe & le crédit des Pha-
rilîens prévalurent j le nombre des Caraïtes diminua
de jour en jour : & ils feroient tombés dans le der-
nier mépris dès le VHP lîècle , fi Anan n'avoir alors
relevé leur parti. Au IX' fiécle,le Rabbin Schalo-
mon, fîls de Jérucham , imita le zèle d'Anan, &:
attaqua le fameux Chadias Haggaon. Les fiècles fui-
vans ne furent pas moins heureux pour les Caraïtes ,
&: fournirent plulieurs Ecrivains fimeux , entr'autres
AbuAlphoragau XIP liècle -, mais depuis le XIV=
fiècle , leur feiftc a paru tomber dans le décourage-
CAR
ment.
Les Caraïtes font demeutés ptefque inconnus , parce
que leurs livres l'ont été même aux plus habiles & aux
plus curieux Hébraïfans. Buxtorf n'en a vu aucun ,
Selden en a vu deux, & le P. Morin un. M. Tri-
gland , qui a fait un traité fur les Caraïtes , im-
primé en 1705 à Delft avec les Oppufcules deSer-
rarius , de Drufus , fc de Scaliger , Trium Uhtjlriuin
Scriptoriim de Tribus Judœorum Jecîis Syntagma ;
M. Trigland, dis-je, allure qu'il en a recouvré un
nombre" fuffifant pour pouvoir parler avec certitude
de "cette fei::l:e judaïque. Voici ce qa'il en dit de
particulier. Peu après que les Prophètes eurent celle ,
les Juifs fe partagèrent touchant les œuvres de fu-
rérogation , les uns foutenant qu'elles étoient nc-
nelfakes félon la rradition , & les autres s'en tenant
n. ce qui eft prefcrit par la loi. Ceux-ci donnèrent
nailfance à la feéte des Caraïtes ; & c'eft ce qu'il
entreprend de prouver par le témoignage des Ca-
raïtes , qui fe vantent de venir des Prophètes Ag-
gée , Zacharie , Malachie , Efdras. Un de leurs prin-
cipaux Auteurs, Moïfe Refchirzi , allure qu'après
bien des recherches il a trouvé que du temps de
Jean Hircan & d'Alexandre *n fils , R. Jehuda ,
fils de Thaddaï , s'oppofa à R. Siméon fils de Sé-
rach , qui s'elforçoit d'introduire une loi nouvelle ■■,
Se que de-là viennent les Caraïtes. Les plus renom-
més de leurs adverfaires Maïemonides , Abraham
fils de Dior, l'Auteur de SéphcrCozri, ôc celui du
Taanith Abraham Zachut , conviennent qu'en ce
temps s'éleva la feéle des Sadducéens Se des Caraïtes.
La Mifchne fait mention des Caraïtes en parlanr de
Thephillim. M. Trigland dit que R. Eliézer le grand
étoit Caraïte. Une V^"'^^ encore de l'ancienneté
des Caraïtes eft , félon lui , que les mêmes points
de doètrine ou de difcipline , qui font controver-
fés entr'eux Se les Juifs Rabbaniftes , l'ont éré avant
le Talmud. Par exemple , les Néoménies , la cé-
lébration de Pâques , celle de la Pentecôte , le jour
de la fête de l'Expiation , & d'autres que l'on peur
voir au ch. IV= du Traité dont nolis parlons. Dans
le Y' il montre qu'ils ne font point Sadducéens -,
qu'ils leur difent anathême Se à Sadoc leur Chef ;
que l'Auteur du Cozri , Maïemonides 8c d'autres,
le diftinguent des Sadducéens -, que Sadoc, dilciple
d'Antigone , vivoit environ l'an du monde 54(50
Se qu'Alexandre Jannée , fous lequel fe forma la
fede des Caraïtes , ne commença à régner qu'en
5<J70 que Jean Hircan fur Caraite , Se non pa^s
Sadducéen , Se qu'il y a une erreur dans Jofephc -,
que les Juifs Rabbaniftes pour rendre les Caraïtes
odieux , le plaifent à les confondre avec les Sad-
ducéens. Enfin, il croit que les Scribes & Dodleurs
de la loi du Nouveau-Teftament , font les Caraïtes ,
Se que ces noms font fynonymes de Caraïte , ou
Scripturaire.
Ainfi , félon M. Trigland , après le retour de Ba-
bylone, on rétablit l'obfervation de la loi. On crut
différentes pratiques utiles à cet effet : elles furent
introduites , Se regardées comme nécellaires Se
ordonnées par Moïfe. Ce fut là l'origine du Pha-
rifaïfme. Un parti oppofé continua néanmoins à n'é-
couter que ce qui étoit prefcrit par la loi félon la
lettre ■> c'étoient les Caraïtes. La diffenlion éclata
fur Jean Hircan , à l'occalion que raconte Jofephe ,
Liv. XIII de les j4nt. Jiid. ch. ii, R. Anan, qui
vivoit vers le milieu du VIP liècle , n'eft donc point
l'Auteur , mais tout tout au plus le reftaurateur de
la ledte des Caraïtes.
Il y a des Caraïtes , dit Léon de Modène, à Conf-
tantinople , au Caire , Se en d'aurres endroits du Le-
vant i il y en a aulll en Rulfie. Ils vivent à leur ma-
nière , ayant leurs Synagogues , leurs cérémonies
Se coutumes , fe difant Juifs , Se prétendant être les
feuls vrais obfcrvateurs de la loi de Moïfe : ils nom-
ment les Juifs qui ne font point de leur opinion
Rabbanim , ou Sectateurs des Rabbins. Nous les
nommons en françois Rabbaniftes. Ceux-ci haïfîènt
mortellement les Caraïm , Se ne veulent point s'al-
lier , ni même converfer avec eux. Ils les traitent
de rnam^erim , ou bâtards parce qu'ils n'obfervenc
point les conftitutions des Rabbins dans les ma-
riages , dans leurs répudiations Se dans leurs puri-
fications des femmes. Cette averfion eft fi grande,
que fi un Caraïte vouloir fe faire Rabbanifte , les
autres Juifs ne le recevroienr point.
Il n'eft pas vrai que les Caraïtes rejettent abfolu-
ment toutes fortes de tradirions. Ils reçoivent celles
qui leur paroiffent bien fondées. Selden , qui s'é-
tend alTez au long fur leurs fentimens dans fon livre
intitulé Uxor Hebraica , demeure d'accord qu'outre
le texte de l'Ecriture , ils reçoivent de certaines inter-
prétations qu'ils appellent héréditaires : or ces inter-
prétations héréditaires font de véritables traditions.
Ils ne rejettent donc que celles qui n'ont aucun
fondement. Se qui font de pures rêveries des Rab-
bins. C'eft ce que M. Simbn prouve par un cé-
lèbre Auteur Caraïte , nommé Aaron , dont le com-
mentaire fe trouve en manufcrit dans la Biblio-
thèque des Pères de l'Oratoire de Paris.
Il montre par ce même Auteur , que toutes les
erreurs dont les Juifs Rabbaniftes accufent les Ca-
raïtes font des calomnies : loin d'être Sadducéens ,
ils croienr l'ame immortelle Se fpirituelle ;
ils difent que le monde futur a été fait pour Pâme
de l'homme. En un mot , leur Théologie ne dif-
fère poinr de celle des a^wres Juifs , fi ce n'eft
qu'elle 'eft _plus pure Se plus éloignée de la fu-
perftition : car ils n'ajoutent aucune foi aux expli-
cations des Cabaliftes , ni aux allégories qui n'ont
aucun fondement. Ils rejettent toutes les conftitu-
tions du Talmud , \\ elles ne font conformes à
l'Ecriture, ou (i on ne les en peur tirer par des con-
féquences manifeftes & nécellaires. En voici trois
exemples qui méritent qu'on y fafle réflexion.
Le premier regarde les Me:^ou^ot , ou parche-
mins que les Juifs attachent à toutes les portes où
Car
ÎIs ont accoilL'jmé de p^fTer. Le fécond iegâtde ïcï
Thephillim , ou Philacl^res , dont il eft mcme parlé
dans le Nouveau-Tejiament. Le troidème regarde
ia dcfenfe de ne point manger de lait avec de k
viande. Les deux premiers iemblent être marque;
formellement dans le Dcutcronome , où i! efl; dit
de l'un & de l'autre : Tu les lieras pour Jigne fur
tes mains, & ils ferviront de frontcaux entre tes
yeux ; tu les écriras fur les poteaux de ta rnai-
J'on. Aaron Caraite , dans fon commentaire fur ces
paroles , prétend qu'on ne doit point les prendre
à la lettre , mais que c'eft une façon de parler fi-
gurée ; & que , quand Dieu a dit : Fous les écrire^
Jur vos portes, il a feulement voulu faire connoïtre
aux Ifraëlites , que foit en entrant , foit en fortant ,
ils dévoient les avoir toujours préfentes à l'efprit.
Les Caraues , par ce moyen , s'exemptent d'un
grand nombre de cérémonies , pour ne pas dire de
fuperftitions , que les Juifs Rabbaniftes ont inven-
tées touchant ces Me^^ouiot & ces Thephillim :
quand ils voient les Rabbaniftes faire leurs prières
avec ces Thephillim attachées à leur tête avec des
courroies de cuir, ils ne peuvent s'empêcher de
les railler & de les comparer à des ânes bridés.
S. Jérôme eft du même fehtiment que les Caraues
fur ces Thephillim, ou Phylacl':res. Voici ce qu'il en
dit fur ces mots : Dilatant enim Phylacleria fua ,
ch. 13 de S. Matthieu, y, 5. Les Pharifans , ex-
pliquant mal ce pajfage , écrivaient le Decalomie
de Moïfe fur du parchemin qu'ils roulaient &" at-
tachaient fur leur front avec des courroies dont ils
fe ceignaient la tiic , afin de l'avoir toujours de-
vant les yeux. Si Jofeph Scaliger avoir fu que les
Caraïtes conviennent là-deflus avec S.Jérôme, il
n'auroir pas rejeté l'interprét.itlon de ce S. Doéleur ,
comme (i Jésus Christ avoir lui-même approuvé
l'ufage des Phylacîères. Il eft vrai que Jésus-Christ
s'eft conforme aux ufages reçus de fon temps j
inais il iie les a pas pour cela approuvés d'une
manière qu'en ne pût donner un autie fens aux
paroles de Moïfe dans ce qui regarde les Meiou^ot £c
les Thephillim.
Au refte , Scupart , dans la IV= Differtation de
fon livre De fecla Karrœorum , dans laquelle il
traire de leurs dogmes , montre qu'ils ont tous les
mêmes fcrupules , fuperftitions ou vétilles fur Tob-
fervation du Sabbat, dePâque, de la fête de lExpia-
tion ; qu'ils croient que tout péché eft effacé par
la pénitence , au lieu que les Rabbaniftes difent
qu'il y en a qui ne s'effacent que par la mort. La
prière Se le jeûne font en ufage parmi eux. Ils célè-
brent avec foin la fête des Tabernacles. Ils portent
les zitzit , ou morceaux de franges , au coin de leur
hibit. Dans la Circoncifion , ils ne croient pas
cjmme les Jraditionnaires , qu'il foit néceffaire
qu'il y ait du fang répandu. Quand un enfant eft
mort avant le 8^ jour, les Rabbaniftes le circoncifent
après fa mort avant le 8'= jour , afin qu'il ne foit point
incirconcis à ia réfurreélion. Quand les Caraïtes
voient un enfant en danger , ils le circoncifent même
avant le huitième jour.'L'adle de divorce ne diffère
qu'en ce que celui des Caraïtes eft un peu plus long,
& compofé de paroles de l'Ecritute. Ils obfervent
dans la manière de tuer & de préparer les animaux à
, manger, les mêmes chofcs que les Traditionnaires.
Les Caraïtes ne fe croient pollués que par le corps
morrde quelque oifeau immonde. Ils différent auffi
fouventdes Rabbaniftes dans les autres efpèces d'im-
puretés légales. Ils ajoutent aux marques de la lèpre,
fa profondeur. L'attouchement d'un corps mort ,
foit Juif, ou d'une autre nation , les rend imiTtondcs.
Ils n'approuvent les purifications que fur le foir ,
&c. Schupart cite fouvent un Traité manufcrit d'un
Caraïte nommé R. Aaron Ben Eliahu , où tous leurs
dogmes font très-bien expliqués. Aaron Caraïte,
dans (onKelib Japhi , fait mention de la Majfare ,
& de la plupart des minuties qu'elle contient , des
correftions des Scribes , des lettres grandes , petites ,
fufpendues , des variantes de Ben Afcher & de Ben
.... C A I\. 2^5"
Ncphtali , de celles des Orientaux & des Occiden
taux, des Keri Ketib, & de tout ce qu'on attribue
ordinairement aux Juifs Mafforètes. Ainfi les Ca
ranes écrivent toilt ie Texte hébreu tel que les
Kabbanules,
Les Caraïtes expliquent aiiff, d'une autre manière
que les Juifs Rabbaniftes ce paflige de l'Exode • Tic
7ie cuiras point le chevreau dans le lait de fa mère
ils ne croient pas qu'il foit défendu en ce lieu là
de manger en un même repas de la viande & aucune
chofe faite de lait. Ils difent que ce paffaç^c doit
s expliquer par cet autre : Tu ne prendras }aint la
mère avec Jes petits. Cette interprétation eft na-
turelle -, & en effet , lorfqu'on demande aux Juifs
la raifon de leur explication , qui paroît fi éloi-née ■
lis tcpondent, qu'ils n'ont point d'autre raiVon à
donner que l'explication de leurs Docteurs. Les
Caraues , au conrraire, ne reçoivent aucune interpré-
tation qui ne s'accorde parfaitement avec les pa-
roles du texte de l'Ecriture & avec la raifon. En urt
mot. Ils rejettent toUt ce que l'Ecriture, la raifort
& Une tradition conftante ne leur cnlèignent pas
Sur ce pic- la, ils ont un grand mépris pour les
traditions des Juifs Rabbaniftes, qu'ils re-ardent
comme des rêveries qui n'ont d'autre fondement
que 1 imagination des Rabbins,
T ^"u"!"'/^'"' ""^ ^""^ ^'^"'^^"f compte à
Ludolf des Caraues de Lithuanie , lui dit , qu'il y
enaaBirze, à Pozcole , à Newftad , à Korom , à
1 roco , & en d'aurres lieux ; qu'ils font très-diffé-
rens de moeurs de langue , de religion , & même de
vilage des Juifs Rabbaniftes, dont ce pays eft p'ein-
que leur langue maternelle eft le tartate ou plutôt
le turc ; que c'eft en cetre langue qu'ils expliquent
les Livres faints dans leurs Ecoles & dans leurs
Synagogues -, qu'ils font fort femblables de vifa^c
aux Tarrares Mahométans qui habitent à Vilna dc
aux environs , & qu'il crdit qu'ils font fortis des
mêmes lieux; que leurs Synagogues font tournées
du feptcntrion au midi ; que la 'raifon qu'ils en ap-
portent, eft que Salmanazar les trànfporta du côté
du notd; & qu'ainfi quand ils prioient, pour être
tournés du côté de Jérufalem , ils regardoient le
midi.Per.ingerle dit auffi dans fa lettrée à Ludolf -
& il ajoute , qu'il n'eft pas vrai qu'ils ne reçoivent
que le Pentateuque, comme quelques Savans l'ont
cru, qu'ils ont tous les Livres de VJncien-Tef~
tament, &c les tiennent pour canoniques. Poftel
affûre la même chofe dans fon Livre de Lit. Phœnic,
Pcringer ajoute qu'ils font fort peu curieux des an-
ciens exemplaires -, qu'ils achètent des Rabbaniftes
des exemplaires déchirés & en mauvais ordre pour
s'en fervir dans leurs fynagogues ; qu'ils fe mettent
peu en peine des diftions pleines ou défedlives , SC
qu'ils croient que les points voyelles viennent 'de
Moïfe.
R. Caleb , Caraïte , réduit à trois les points sn
quoi les Caraïtes diffèrent des Rabbaniftes. 1°. Ils
nient que la Loi orale vienne de Moïfe , & rejettent
la cabale. x°-. Ils abhorrent le Talmud. 30. Ils ob-
fervent les Fêtes comme le Sabbat-, & le Sabbac
beaucoup plus ligoureufement en plufieurs chofes
que ies Rabbaniftes. 40. Outre cela ; ils étendent
prefque à l'infini les degrés défendus pour les ma-
riages. Quant à leurs exemplaires de la Bible, ils font
conformes à ceux des Rabbaniftes. Ils fuivent les Va-
riantes de R. Nepthali plutôt que celles de R. Af-
cher i & rejettent, les Keri Ketib. Voye^ le Sup^
plement touchant les Caraïtes , qui a été ajouté au
c. I de la 5 '^ Partie des Cérémonies des juifs. Con-
fultez auffl Selden dans fon Livre De Uxore He-'
braica, & le P. Morin dans (es Exercitations de la
Bible. M. Simon , dans fon Suppl. aux Cérémonies
des Juifs. M. Bafnage dans fon Hifloire des Juifs,
Jovet, Hifl. des Relig. &c les Auteurs que nous
avons indiqués ; le SeHa Karrceorum de Schupart
en quatre diffcrtations ; & le Notitia Karrœorum
de Volfius à Hambourg & à Lcipfik , 1714, Selden
is6 CAR
./.• AnnùCiv. 6* Calend. Joan Mcyei , DeFejl. Heir.
De Uxore Chrijt. Annot. ai Scder. olum.
CARA.MAN , ANE. 1", m. & t. Caramanus , a. Qui cft
de Caramanic. Les Car amans ibnr groHicrs , riides,
fore addonnés au vol &; aux afrallinats. Les Cara-
mans Ibnt robuftes, & ont pour armes le cimcrerre ,
l'arc &; la mafle. Corn.
CARAMANGUE. f. f. Drogue qui vient de la Chine ,
qui eft propre pour la Médecine. Les Tunquinois
en font grand cas.
fCr CARAMANICO. Ville d'Italie , au Royaume
de Naples , dans l'Abruzze citcrieure.
CARAMANIE. 1'. f. Grande contrée , & l'une^ des
quatre parties générales de l'Alie mineure. Cara-
mania. Selon Cluvier , elle comprend la Pamphilie
avec une partie de la Cilicie. Selon d'autres , elle cil
bornée au midi par la mer Méditerranée , au le-
vant par l'Aladulie , au nord par l'Amaiie , & au
couchant , par l'Anatolie propre. On la divife en
deux grandes parties , qui ibnt léparées par le mont
Taurus. Celle qui eft au feptentrion porte le nom
de grande Caranianie , & celle qui eft au midi celui
de "petite Caramanie ou Caramanie propre.
Leunclavius croit que le nom de cette Province
lui ell venu d'un Général Turc , nommé Caraman ,
qui en chafTa les Arméniens.
La mer de Caramanie eft la partie de la mer
Méditerranée, qui baigne les côtes de l'Afie mi-
neure , Si renferme ce que les Anciens appeloient
la mer Carpathienne , la mer de Lycie , la mer de
Pamphilie , & celle de Cilicie.
ffr CARAMANTA, contrée de l'Amérique méridio-
nale dans l'audience de Santar , aux deux côtés
de la rivière de Canca.
^ CARAMANTA , chef-lieu de cette contrée , fur
la rive occidentale de la Canca,
CARAMBOLAS. C'eft un fruit des Indes , gros
comme un œuf de poule un peu long , jaunâtre ,
rayé, &: divifé en quatre parties: il contient des
femences tendres , d'un goût aigre & agréable. L'ar-
bre eft grand comme un coignaffier , ayant les
feuilles un peu plus longues que le pommier ; les
fleurs font petites, de cinq feuilles, de couleur
blanche , rougeâtre , fans odeur , d'un goût aigrelet.
Les habitans de Goa fe fervent de ce fruit en Méde-
cine & en alimens.
CARAMEIS , UAmbela. Acojlcs. C'eft un arbre des
Indes dont il y a deux elpèces. L'un eft grand
comme le néflier , & les feuilles ibnt fcmblables à
celles du poirier , d'un vert clair : fon fruit eft en
grappes. Il reifemble aux avelines , fe terminant en
plufieurs angles , de couleur fort jaune, d'un goût
aigret &: aftringent \ on le mange mûr , & on le
co'iifit au fel , &"au vinaigre. Il donne de l'appétit ,
ic on le met dans les fauces. L'autre efpèce eft de
la même grandeur; mais fpn fruit eft plus gros. Ses
feuilles font plus petites que celles du pommier. Sa
racine jette du lait. Son fruit eft bon à manger. Ces
arbres croiifent dans les forêts éloignées de la mer ,
en Canara & en Dccan. On fe fért de la décodiion
pour la fièvre , & quatre doigts d'écorce de la ra-
cine de la première elpcce , broyée avec une
dragme de moutarde , pour purger les afthmatiques
par haut & par bas.
CARAMEL, f. m. Drogue que les Apothicaires pré-
parent pour le rhume , quiconfifte particulièrement
en du iucre fort cuit. Coclum faccharum.
On appelle du fucre au caramel , celui qui eft
cuit au fixième & dernier degré. On l'appelle ainfi
de la pâte de caramel où il entre , ou- bien cette
pâte ou tablette emprunte fon nom de cette forre
de fucre. Le lucre au caramel fe nomme encore
brûlé, parce qu'il eft à fon dernier période de cuif-
fon. On le reconnoît tel , lorlqu'en le mettant fous
la dent , il ne s'y attache point comme une gomme ,
mais fe caiTe net. Lorfqu'on fait du fucre au cara-
mel, \\{-3,\iz être bien exad à le prendre jufte au
degré de cuillbn néceflaire , parce que , pour le peu
CAR
qu'on tarde , il brûle tout-à-fait , devient acre , 6^' ne
peut plus iervir à tien.
CARAMOUSSAL. f m. C'eft un vaiffeau de Turquie ,
qui a une poupe fort élcvce. Il porte feulement un
beaupré , un périt artimon , & un grand mât avec
Ion hunier , qui eft extrêmement haut : il n'a ni
mifaine , ni perroquet , linon un petit tourmentin.
On trouve aulli Caramoujj'at pour Caramoujfal.
CARANDAS Garcite , eft un arbrifleau des Indes ,
dont les feuilles rcflemblent à l'arboufier. Il porte
un grand nombre de Heurs d'odeur de chèvrefeuille ;
fon truit reifemble à une petite pomme verte au
commencement: il eft plein d'un fuc vifqueux &
laiteux. En mûrilfant, il devient noirâtre, &c d'un
goût de railin fort agréable : on le coniit avec le
fel & le vinaigre. Il excite l'appétit. Cet arbre croît
au Rovaume de Bengale.
CARANGUE. f f. Poillbn blanc & plat. Il eft long de
2 ou 5 pieds , & large de i8 à zo pouces. Sa queue
eft fourchue , & il a deux nageoires pointues ,
allez prociic de la tête. On trouve une prodigieufe
quantité de carangues vers les Antilles. Elles
valent mieux que le turbot,
CARANGUER. v. n. Terme de rivière dontles Ma-
telots du pays d'Aunis fe fervent , pour dire , Agir.
^ft CARANGUES , peuple de l'Amérique méri-
dionale au Pérou.
CARANGUEUR. f. m. Terme de rivière -, il veut
dire Agijfant. Les Matelots du pays d'Aunis s'en
fervent. Ce mot n'eft point d'ufagc ailleurs.
^fT CARAUNA. Arbre qui rend la réiine ou gomme,
qui porte fon nom. Voye:^ Carague.
CARAPACE, f. f C'eft le nom que l'on donne à
l'ccaille qui couvre le dos de la tortue, principa-
lement du carrer , qui eft la feule efpèce de tortue
dont l'écaillé foit utile. La Carapace eft en ovale &:
convexe , en forme de bouclier. Elle eft compofée
de treize feuilles d'écaillé que l'on appelle commu-
nément écaille de tortue , &c dont on fait plulieurs
ouvrages. La convexité de la carapace du carret
lui donne la facilité qu'il a à fe retourner quand
on l'a mis fur le dos : ce que ne peuvent faire' les
autres elpèces de tortues , parce qu'elles ont la
carapace trop plate. Le P. La^at.
CARAPAT. Voye^ PALMA CHRISTI. gCF Nom
qu'on a donné aux vailfeaux que les Portugais en-
voyoient au Brélîl & aux Indes orientales.
CARAQUE. f f. lO" Nom que les Portugais donnent
aux vailfeaux qu'ils envoient au Bréiil & aux Indes
orientales. Navis amplijjîma quam caracam vocant.
Les Portugais les appellent «doj, navire par excel-
lence. Ce font de grands vailfeaux ronds de
combat, plus étroits par en haut que par en bas,
qui avoient quelquefois fept ou huit planchers , &C
fur lefquels on pouvoit loger quelquefois deux
mille hommes. Les Portugais avoient une ordon-
nance ou coutume , que les naos ou caraques
qui venoient des Indes Orientales ne pouvoient
mener de chaloupe, ni autre barque de fervice , en
deçà de l'Ile de Sainre- Hélène, auquel lieu ils les
coul oient à fond , afin d'ôter toute elpér^nce à l'é-
quipage de fe fauver. Ils s'en fervoient autrefois ,
tant en guerre qu'en marchandife. La caraqiie étoit
du port de deux mille tonneaux , c'eft-à-dire , de
quatre millions de livres. Les Chevaliers de Rhodes
s'en font auffi fervis.
Les caraques font aulTi de grands vai/feaux de
charge.
Caraque. adj. f. Les Hollandais appellent porcelaine
caraque leur plus fine porcelaine ; parce que les pre-
mières porcelaines orientales qui font veniies en
Europe , y furent apportées par les caraques por-
tugailés.
Caraque. Nom d'une côte de l'Amérique méri-
dionale , d'où il vient un Cacao que l'on prétend
plus onctueux & moins amer que celui des Iles.
Caraque. f. m. Cacao qui vient de la côte de Caraque.
Caracanum Cacao. Nos Epiciers diftinguent le gros
& le petit_ Caraque , comme le gros 5c le petit '
Cacao
CAR
Cacao des îles
, mais ces diIlin6lions font abrqiu-
meuc inconnues fur les lieux, & ne doivent point
établit différentes elpcces de Cacao , n'étant fondées
que fur le triage que lont les Marchands , en fc-
parant les plus groifes amandes d'avec les plus pe-
tites.
CARAQUET. Paifage de Caraquet fur la côte occi-
dentale de l'Acadie.
CARAQUON. f. m. Petite caraque ou vaiifeau ren-
foncé. Quelques-uns écrivent caracon,
CARARA. f. m. Poids dont on fe fert en quelques
endroits d'Italie particulièrement à Livournj , pour
la vente des laines & des morues. Il revient à i^tJ
livres de Marjéille.
|Cr Carara, petite Ville d'Italie en Tofcane ,
dans la Lunegiane , avec titre de Principauté.
CARA-SCHULLI. i: m. Arbrilièau des Indes fembla-
ble au Câprier. On s'en fert en Médecine pour dif-
foudre les tumeurs, en bailinant la partie après
l'avoir pulvériié au feu & môle avec du vinaigre.
Mis en poudre par le broiement , & mêlé avec la
liqueur qu'on appelle furie faite avec la noix de
•cacao, il eft bon pour mûrir & faire percer les abcès.
La déco(5tion de fa racine tft bonne dans la fup-
preUlon d'urine. Pris avec un peu de riz j il eft très-
bon pour les tumeurs du ventre. La dccodtion de
fes feuilles prile intérieurement avec une petite
quantité de riz , cft bonne pour les tumeurs œdc-
mateufes de l'habitude du corps. Dict. de James.
Carat, f m. C'cft proprement le nom du poids qui
exprime la bonté ou le titre de la perfediion ou im-
perfeétion de l'or. Nativa auri cocîio. Il ne fe dit
point des autres métaux. Les Monnoyeurs ont fixé
à 14 carats le plus haut titre , ou la plus grande
perfeélion de l'or. Cependant quelque loin qu'on
prenne pour l'épurer & pour en oter l'alliage , ils ne
peuvent jamais l'y faire arriver \ il manque' toujours
un quart de carat. Ces dégrés l";-rvent à marquer
l'alliage. Les Monnoyeurs appellent un quart de
carat un feizième ■■, ils fabdivifent ce fcizième en
deux huitièmes, & chacun de ces deux huitièmes en
deuxfeizièmes. Surcecalc-.il-là, ils difent qu'on peut
purifier l'or julqu'au premier feizième du lécond
huitième, mais point au-delà: on ne peut l'affiner
à un plus haut degré de pureté. Le plus fin or efl;
d'ordinaire celui des monnoies. L'or à 21 carats
eft celui où il y a deux parts d'argent ou d'autre
métal fur zi parts de fin or. Les" Orfèvres em-
ploient d'ordinaire l'or à iz carats.
Les Orfèvres par l'Ordonnance ne peuvent tra-
vailler d'or fin qu'à 15 carats & trois quarts, fans
remède &: ians foudure -, &: en cas de foudure , à un
quart de car^it de remède , & en ouvrage creux
chargé de filets & de rapports, à demi carat de
remède: mais fi on leuf délivre Vot , ils pourront
travailler à tous titres , pourvu qu'ils en tiennent
xegiftte.
Le carat de fin , eft un vingt- quatrième degré
de bonté de quelque portion d'or que ce foit ; &
un carat de prix , eft une vingt-quatrième partie
de la valeur d'un marc fin : comme , fi le marc d'or
vaut 584 livres, le carat tfe /rrx vaudra i^ livres.
On a aUdl appelé le carat de poids , un poids de
la vingt-quatrième partie du marc, qui eft de 191
grains. Il a fervi autrefois dans la fabrication des
monnoies. Le mot de carat , félon Ménage , après
Alciat, vient du Grec KipxTiot, qui croit une efpèce
- de petit poids. Mais Savot le dérive avec plus
d'apparence de ««««?■«•; , qui fignifioit un denier de
tribut , ou une efpèce de monnoie qu'on battoir
à cette fin, difant qu'il eft vrailémblable que com-
me la divifion du fin de l'argent a été faite par
une efpèce de monnoie qu'on appeloit ^^/zzVr ; auiîi
le titre de l'or a été marqué par une monnoie d'or
qu'on appeloit en ce temps-là carat. Meurfius &
Bulenger le prennent auHi pour une efpèce de
monnoie. D'autres le dérivent Amplement du La-
. tin caracier.
Carat , eft aufTi le poids dont on ufe pour pefer
Tome IL
C A K. 2< 5 7
ies diamans , qui eft de quatre grains. Le diamant
du Grand Mogol pèfe 179 carah. Ces grains font
un peu moins pefans que ceux du marc. Ce mot
en ce fens eft venu du Grec >-.£-«/„, , qui fio-nifie
un 1-ruit que les Latins nomment y?/^y«^^ , & l'es
François carouge ou caroube. Il eft contend en
des gouffes courbes , de la longueur d'un doigt.
Chaque grain de ce légume peut p'eicr quatre grains ,*
loir de blé ou d'orge ; d'où il eft arrivé que lé
nom Azjiluina a toujours été pris pour un poids
de quatre grains , comme prouvent Poulain en fon
Clojfaire , &; Depois Médecin , en fon Traité des
Médailles. Galien appelle l'arbre qui porte ce fruit
Keratonia. Saladin , dans fon Livre De Ponderihus ,
au rapport de Du Cange, dit que ce poids a été
appelé chira ou chiraji.
Carat fe dit auffi des petits diamans qui fe ven-
dent au poids. Sa girandole paroît beaucoup de
loin , cependant elle n'eft que de carat.
Carat fe dit aufll au figuré en parlant des chofes tno-
rales, comme amitié, eftime, 6'c. ilne fe dit que dans
le ftyle familier, & fignifie degré ,at/gmentation.y ci-
père que pour mon droit d'avis vous augmenterez de
quelques carats la précicufe amitié dont vous m'ho-
norez. Costar.
On dit proverbialement , qu'un homme eft fot à 24
carats ; pour dire , qu'il eft parvenu au plus haut
point de Ictife.
go- CARATURE. f. f C'eft ainfi qu'on appelle le
mélange des parties d'or avec des parties ou d'ar-
gent feul , ou d'argent &c de cuivre j félon une
certaine proportion. Ce mélange eft deftiné à faire
les aiguilles d'eOai pour l'or. Encyc.
gO" S'il n'entre dans le mélange deftiné à faire les
aiguilles d'cffai , que de l'or & de l'argent , il s'ap-
pelera carature blanche. S'il y entre de l'or , de
l'argent & du cuivre , carature mixte.
|p° Le mélange deftiné à faire les aiguilles d'efTai pour
l'argent , s'appelle ligature.
CARÀVACCA. Village ou petite ville d'Efpagne ,
dans le Royaume de Murcie , fur les confins de
la nouvelle Caftille près du Rio Sigura. On l'ap-
pelle aulfi en l^pagnol Crux de Caravacca , c'eft-à-
dire , Croix de Caravacca , parce qu'on y conferve
une Croix miraculcufe que l'on dit avoir été ap-
portée par un Ange , à un Prêtre qui devoir dire
la Meflc en prélence d'un Roi Maure.
On appelle, auffi Croix de Caravacca ^ de petites
croix que l'on fair toucher à. celle dont nous
venons de parler , & que l'on porte fur foi , ou
que l'on pend à fon chapelet par dévotion , comme
le; médailles.
^ CARAVALLE. Foye^ CARAVELLE.
CARAVANE, f. £ Troupe , affemblée que font dans
l'Orient les Marchands , Pèlerins ou Voyageurs ,
pour marcher de compagnie , & traveriér les dé-
fcrts & les mers avec guide & efcorte , plus fûre-
ment &: plus commodément.. Mercatorum aliorumve
peregrè eiintium fecuritatis caufà congregata manus-,
ou feulement mercatorum aut peregrinantium ma-
nus. Il va tous les ans plus de 50 mille Pèlerins
à la Mecque, pour vifiter le tombeau de Maho-
met; le Grand Seigneur donne laquitrièmc partie
des revenus de l'Egypte pour les frais de la Ca-
ravane. Cette prodigieufe troupe de dévots eft
accompagnée de foldats , poui les mettre à couvert
du pillage des Arabes , & fuivie de 8 oU 9 mille
chameaux chargés de toutes les provifions néceflàires
pour faire un fi long trajet à travers les déferts.
Un chameau porte l'étendard d'or , que l'on offre
en cérémonie à Mahomet. La Croix. On diftin-
gue les journées , en journées de Caravanes de
chevaux , & de Caravanes de chameaux. Il parc
plufieurs Caravanes d'Alep , du Caire , & d'autre»
lieux , tous les ans pour aller en Perfe , à la Mecque,
au Thibet , &c. ^ On appelle auili Caravane ,
plufieurs Vaiifcaux marchands qui vont de conferve.
Caravane d'Alep , d'Alexandrie , &c.
Ce mot vient de Cairaran ou Cairoan , qui fi-
-yB CAR
^mitie la mcme chofe en arabes & en ce Tens le
mot atabe tire (on origine du perlien Kerran.
D'Hlrb. Les Turcs le prononcent auiJi comme les
Perles.
On appelle auffi Caravane , les campagnes de
mer que les Chevaliers de Malte font obliges de
taire conctc les Pirates &c les enr\emis de la Reli-
gion , a(in de parvenir aux Commanderies 6c aux
dignités de TOrdrc. Navdlls Mclitenfmm cqmtum
expediiio.
Les Chevaliers de Malte Ibnt obliges de faire
en perfonne quatre caravanes fur les Galères de
la Reliii;ion , pour pouvoir obtenir des Comman-
deries. Un ancien ftatut des Commanderies portoit
arr. VIII , qu'ils les teroient par eux ou par autrui -,
mais depuis il a été ordonné qu'on ôteroit de cet
article les mots par autrui , & que chacun les
feroit en perlbnne ; que les caravanes fe reparti-
ront dans toutes les Langues , par ordre d'ancien-
neté ; enforte que l'on ne puillè fe remettre l'un
fur l'autre , & que celui dont le rang viendra,
la fliflc lui-même , à peine de nullité , fi quel-
qu'aurre la fait pour lui, & qu'elle ne lerve ni
à l'un ni à l'autre -, mais le Grand Maître peut
en difpenler en cas de maladie •, que le Frère Che-
valier ou Servant qui n'aura pas tait fes quatre
caravanes avant d'avoir atteint l'âge de 50 ans , de-
meurera incapable de plus obtenir aucune Comman-
derie , bénéfice ou Office de la Religion , quand il les
feroit après cet âge.
Aller en CizriZi'iîWf, c'eftcroifer fur les Turcs. Ce
mot caravane a ce fens en parlant des courfes des
Chevaliers de Malte fur les Turcs, &: fur les Corfai-
res de Barbarie , parce que les Chevaliers ont fouvent
enlevé la caravane qui va tous les ans d'Alexandrie à
Conftantinople.
Caravane ie prend quelquefois abufivement pour
toutes fortes de voyages.
Caravane fe prend aulfi dans Scarron pour une trou-
pe de sens qui courent la campagne.
Caravane fe dit aulfi en parlant des voleurs novices.
C'eft fa première caravane. Après l'avoir bien inf-
truit dans l'att de la volcrie , ils l'an voyerent faire fes
caravanes: par allufion aux caravanes des Chevaliers
de Malte.
CARAVANIER, f. m. Voiturier qui conduit les cha-
meaux &: autres bêtes de fomme dont on fe fert
dans les caravanes du Levant.
CARAVANISTES. f. m. Qui ell; d'une caravane. Tcryc^
au mot SOBRFVESTE.
CARAVANSERA. f. m. Terme de relation. C'eft un
pand bâtiment dcftine à loger les Caravanes. Hoj'-
pitluni excipiendis peregrinis dejlinatuni. Il y en
a un grand nombre en plufîcurs endroits d'Orient,
qui ont été bâtis par la charité & la magnificence
des Seigneurs du pays , qui eft ïi grande , qu'il s'en
trouve "quelques-uns , comme ceux de Schiras , &
& de Calbin en Perfe , qui ont coûté plus de
(Toooo écus. Les Turcs les appellent imarets , &
les Indiens ferais. Le mot de Jerai fignifie paUis
ou kâul. Ces logemens font faits en forme de halles
avec des galeries divifées en plufieur^ arcades; où
tant les hommes que les bêtes de voiture , palfent
commodément les grandes chaleurs , 8c fe repofent.
Ils font ouverts à tous venans , de quelque Religion
qu'on foit , fans que l'on s'informe ni de leur pays ,
ni de leurs affeires -, &c chacun y eft reçu , fans qu'il
lui en coûte aucune chofe. Au refte , le Chevalier
Chardin les appelle Caravanferai , ce qui en efîet
fcmble plus conforme à l'ctymologie alléguée ici.
Tavernier les appelle Caravaiiferas. Il remarque
qu'on ne trouve des Caravanferas fondés que de-
puis Bude jufqu'à Conftantinople -, mais qu'en Alie ,
il faut acheter des vivres fi on n'en a pas avec foi.
En Turquie il n'eft permis qu'à la mcre & aux
foeurs du Grand Seigneur , ou aux Vifirs & Bâchas
qui fe font trouvés trois fois en bataille contre les
Cluétiens , de fonder des caravanferas. Les Cara-
-i'anferas de Perfe font plus commodes Se mieux
CAR
irbâfls que ceux de Turquie -, ils font au/fi bâtis dans
une diftance raifonnable les uns des autres , de forte
qu'on en trouve ptefque par tout où il eft néceffaire.
Tavernier.
Meninski écrit Karwan ou Kerwanferai , &
quelques-uns en François Carven-feras. Mais l'ufa- '
ge eft pour caravanferas dans notre langue.
Ce mot vient du mot turc f»;n&?p , karwan, ou
kerwan , qui fignifie caravane, Sc^clity, f.irai ,
c'eft-à-dire , mailbn , palais , hôtel. Caravanferas ^
niailbn , holpice de caravane -, auberge , hôtellerie ,
mailbn publique pour loger les caravanes , & pour
y décharger les marchandifes. Meninski.
CARAVANSERAKIER. f m. L'Intendant ou Gardien
d'un caravanfera,
CARAUDER. v. n. Vieux mot. Se réjouir. On a dit auf-
fi caraiide , pour dire , joie.
CARAVELLE ou CARAVALLE. f. f. VaifTeau rond,
équipé en forme de galère , ayant pouppe carrée.
Olbrius , dans VHiJioire de Portugal , le décrit ainfi.
C'eft un vaifîéau qui n'a point de hune , mais le
bois traverfant le mât eft feulement attaché près
de fbn fbmmet. Les voiles font faites en triangle
ou à oreille de lièvre , ce qu'on appelle voiles la-
tines ; 8c leur bout d'en bas n'eft guère plus élevé
que les autres fournitures du vailfeau. Au plus bas ,
il y a de grolfes pièces de bois comme un mât,
lefquclles font vis-à-vis l'une de l'autre aux côtés
de la caravelle , &c s'amenuifent peu-à-peu en haut,
La caravelle porte jufqu'à quatre voiles latines ,
outre les bourlets & les honnêtes en étai : & ce
font les meilleurs voiliers qui foient fur la mer:
ils font ordinairement du port de fix à fept vingts
tonneaux. Les Portugais fe fervent de ces vailfcaux
en guerre , pour aller 8c venir en plus grande di-
ligence : car ils les font tourner facilement , lèvent
& ferrent les voiles , 8c reçoivent le vent comme
il leur plaît. Le premier qui s'en fervit pour les
Indes & l'Ethiopie fut Vafco de Gama.
Ce mot vient des termes de la bafîe latinité ,
& du Grec ««««Ci»» , navigium , vaiffeau , efpèce de
vailfeau.
CARBASES. f. f. pi. Vieux mot. Voiles , du latin
cartafus , lin.
CARBATINE. f. f.Peaux de bêtes nouvellement écor-
chces. Pelles recens avulfa. Ils eurent les jambes écor-
chées , parce qu'ils portoient des carbatines faute de
fbuliers.
CARBEQUI ou afpre de cuivre, f. m. Monnoie qui a
cours dans la Géorgie , particulièrement à Teflis qui
en crt la capitale. 40 carbequis font i'abagi , & 10
carbequis le chaouti.
CARBET, 1". m. Grande café commune que font les Sau-
vages des Antilles au milieu de toutes leurs cafés.
Cafa amplior. Le carbet eft compofé de fourches fi-
chées en terre , 8c de chevrons pofcs en talut , & cou-
verts de feuilles de latanier. Il eft d'ordinaire de 60
8c 80 pieds de longueur.
^fT CARBON. Petite ville d'Afrique , fur la côte
du Royaume d'Alger , entre la ville de ce nom&:
celle de Bugie.
CARBONADÈ. f f. |C? ou plutôt CARBONNADE.
Viande grillée fur les charbons , 8c fervie foit avec
une fauce , foit fans fauce. Pigeon à la carbonnade.
Tranche de bœuf à la carbonnade, Caro inprunâ
tofia.
CARBONCLE. f. m. Terme de Lithologie. C<?r/^?^«-
culus. C'eft la même chofe que le Rubis^. Lémery dit
que le Motion eft une efpèce d'Onyx mêlé de la cou-
leur du carboncle. Voyez Rubis.
Carboncle. f. m. Terme de Médecine. C'eft une ef-
pèce de gros phlegmon ou bubon qui eft fort en-
flammé ," 8c d'ordinaire peftilentiel. Le peuple
l'appelle charbon , & les Médecins carbiinculus
8c anthrax.
§cr CARBONILLA. f. f. Terme ufîtc au Potofî ,
pour défîgner un mélange de deux parties de cbar-
. bon & d'une partie de terre grafTe , dont on fair
C À Ë.
ïes vaifleaùx , noiTimés Catins , qui iervent" dani
les effais des mines.
CARBOUILLON. f. m. Terme de Finance, eft un droit
de Salines en Normandie, qui e(l le quatrième du
prix du Tel blanc fabriqué darts les ialines. Q^uaru
fars ex falmarum pretio. Il en cft fait mention dans
l'Ordonnance des Gabelles.
L'Aïueur du Didionnaire de Commerce prétend
qu'il faut dire Qiia.rt-bouillon : il elT: fondé en raifon,
û on s'en rapporte à rétymôlogie.
CCF CARBRE ou CARBURY. Ville d'Irlande j dans
la province de Leinfter, ou comté de Kildare. 6W-
frena.
CARCAILLER. v. n. Terme de fauconnerie > qui
exprime le cri des cailles. On dit des cailles , car-
cailUr. Fait.
CARCAJOU ou CARCAJOUX. f. m. Prononcez
Carcajoii. C'efl un animal carnaflîer de l'Amérique
feptentrionnle , qui pèfe ordinairement 25 , 30 &:
35 livres. L'un de ceux que M. Sarafin , Chirur-
gien à Québec , a difféqués , pcfoit 51 livres. Il avoir
2 pieds , depuis le bout dû mufeau , jufqù'à la queue
qui avoit 8 pouces de long. La tête , qui ell; fort
courte & fort groflé, eu égard à la grandeur de
tout ràiiimal, avoit 6 pouces depuis ^le bout du
mufeau, jufqu'à la première vertèbre du cou , ou
5 pouces de diamètre à l'endroit des oreilles , qui
font droites , courtes , & arrondies par le bour.
Sa poitrine &: Ion ventre , qui font d'un égal vo-
lume j avoient un pied deux pouces de diamètre.
Il avoit les Jambes fort courtes , elles n'avoient
qu'environ 9 pouces de long , y compris les pâtes ,
.qui en avoient quatre , & qui font compoices de
cinq doigts, qui avoient plus d'un pouce de Ion?,
qui font armés d'ongles crochus, très forts & trcs-
pointus , & qui avoient environ trois lignes de
large dans leur bafe.
La couleur du Carcajoû efl: plus ou moins iwîre
feloii les endroits qu'il habite. Ordinairement elle
efl: noire depuis le bout du mufeau jufqu'environ
un travers de doigt au deffus des yeux. Le poil
en efl: fort court De-là jufqu'au derrière de la tête
elle efl: d'un roux tirant fur le gris; depuis la elle efl:
noire fur le dos jufqu'à url travers de doigt de la
queue ; enfuitc elle efl: roufîé jufqu'à 5 pouces
avant dans b queue , dont le refle ell noir , &
toufù comme celle d'un renard. Il a deux bandes
ronfles qui preiinerit aux épaules , & qui régnent le
long des côtes jufqu'à la queue; & depuisles deux
oreilles, dont le poil efl: court & qui font noires,
il y a deux autres bandes de poil blanc & roux,
qui defcendent jufqu'entre les deux jambes en for-
me de cravate , & qui forment un angle en fe
léuniflant. Tout ce qui couvre le ventre e(t noir,
depuis le cou jufquM l'anus , excepté quelques en-
droits dans le milieu, qui foirment quelquefois une
ligne blanche. Le pbil du mufeau , des oreilles ,
des cuifl"es ^ des jambes & dés pâtes, efl: fort court ;
celui du refle du corps a 14 ou 15 lignes de long.
Il a les yeux très-perits à proportion de fa gran-
deur. Ils n'ont qu'environ quatre lignes d'un an-
gle à l'autre , & trois lignes entre" les paupières
lorfqu'elles font écartées, 'il n'a rien de particulier
dans le cerveau : fes mâchoires font très -fortes,
6 garnies de trente-deux dents , dont treize font
molaires, quatre canines qui font très-longues , &
douze incifives , qui font courtes , étroites, épaiflés
& fort tranchantes. Quand ils font vieux, leurs dents
font fort ufces.
Les intefl:ins ont ij pieds de long. Le foie eft
compofé de huit lobes , quatre grands & quatre
petits. Le conduit cholidoque répond au duodé-
num -, la rare a très-peu d'épaiflx;ur , & un pouce
de large fur fix de long. Le pancréas en a douze
ou treize, & s'ouvre comme le cholidoque dans le
duodénum. Les reins ont un pouce & demi de
long fur un de large, & un peu moins d'épaifleur;
les vertèbres fonr à l'ordinaire. La veffie efl: mince
& délicate. Les parties naturelles des Carcajoux
, G Â R ^Y^
mates è« femelles font femblables à celles des chiens
Wes chiennes. Les balons ou bourfes qui font
communes aux anmiaux carnaffiers , & cA ibnt ï^-
tues proche de l'anus , s'y ouvrent, & répandent
une hquçur extrêmement puante. Tous fes mufcks
font exttemement forts.
Cet animal habite les endroits les pluS froids de
i Amérique Septentrionale. Il eft fort rare, & l'on
;r5"%F^^- Q"^"d il ell: pris ou blefle , il rugit i
^ iouifle comme un chat. On dit que la femelle
he ait qu'un petit ; cela n'eft pas fur. Comme fes
pieds (ont fort courts, il rampe plutôt fur la neiire
qu II ne marche. D'ailleurs comme il cft le ph.s
pelant & le plus lent de tous les animau^J carnaf-
i-ers, li elt ctonhant comment il peut attraper fa
proie, h ce n'eft le caftor , aufTi lent que lui. En
eiîet, pendant l'été il le furprend hors de fa ca-
bane, &1 égorge; en hiver, il l'attaque dans fa
cabane, la brife & la démolit; mais il en prend
peu de certe manière. Le caftdr fe gliffe fous ia
glace , & 1 évite ailcment ; mais quand il retourne
aux provifions qu'il a faites pour fon hiver, le C^r.
cajou qui 1 attend comme un chafléur, le prend &
s en nourrit. Dans les pays chauds le caftor n'a rien
a craindre, parce qu'il ne cabane point, mais fe
loge fort avant en terre fur le bord des lacs &
des tivières.
Il chaAe autrement à l'orignac. Cet animal choi-
fït un canton de bois puant, qui eft Vana^yris
Jœuda, dont il fe nourrit pendant l'hiver, de forte
que quand il y a cinq ou iix pieds de neige , il
le lait dans ces cantons des toutes que les chaf-
feurs appellent ravages , qui il'ont fouvent pour
pluùeurs orignacs , qu'une demi - lieue d'étendue
& qu'ils ne quittent point , s'ils ne font pourfui-
vis par quelques chafleurs. Quand le Carcajoû a
découvert urie de ces places, il fe met à l'afFut fur
un des arbres contre lefquels l'originac a cou-
tume de fe froter , & quand il y vient , il fe jette
fur lui , le faifit à h gorge , & la lui coupe en
un moment, quelques efforts , quelques bonds que
fafle l'orignac , & quoiqu'en fe frotant contre les
arbres il déchire quelquefois la peau de fon enne-
i-ni qui ne quitte jamais prife. Il charte à peu près
de même le caribou dans les Savannes , ou forêrs
épaifles , l'attendant fut la route qu'il s'y fait ; cac
dans les Savannes claires, comme il ne s'y fait
point de route, il l'atrendroir envain.
Le Carcajoû eft l'animal le plus acharne fur fa
proie, le plus furieux à l'égorger. Il traîne aifément
&: aflcz vite fur la neige un quartier d'orignac. Il
a beaucoup de rufes. Û rompt les attaches" qu'on
lui tend , il détend les pièges , il coupe la corde
des Iddls qu'on prépare pour le tuer , après quoi
il mange fans péril l'appas dont on vouloit fe fer-
vir pour l'attirer.
CARCAISE. f. f. Terme de manufadure de verre-
ries. Efpèce de four de verreries , qui eft le pre-
mier où fe fait la fritte des matières qui fervent
à faire le verre & le criftaJ.
CARCAN, f. m. Vieux mot , qui lîgnîfioit autrefois
un collier , ou une chaîne de pierreries que les fem-
mes portoient au cou , qu'on appeloit aiuTijaceran.
Tordues , [orquis. Ce mot vient de carchefius la-
(]ueus. Ce mot rentre dans l'ufage depuis quelques
années ; les femmes portent un carcan comme elleS
faifoient autrefois.
^3" Carcan eft auflî un cercle oïl collier de fer
avec lequel on arrache par le cou à line porcnce ,
dans une place publique , des , malfaiteurs qu'on
ne juge pas dignes de mort , p>our les punir , pat
la confufîon d'un délit qui marque la baffc/re de
Famé. Cette peine emporte infamie. Collare fer-
reiim. Condamner au carcan, mertre au carcan:.
On appelle cela en Efpagnol./c«fr ^ i^tvergucnça^
On l'a aurti appelé carcanum dans la bafle Latinité ,1
ou coUïjlriaium.
Ip-^ CARCANOSSI ou ANDROBEIZACHA. Nom
K k ij
^6o
CAR
d'une Province de l'île de Madagascar , fous le
Tropique du Capricorne.
ÊARCAPULI. C m. Fruit de l'île de Java , qui eft
gros comme une cerile. Il en a le goùr,& l'arbre
qui le produit reiremble à nos cerifiers. Il y en a de
plufîeurs elpcces , les uns blancs , les autres rouges
bruns , & d'autres qui font d'un fort bel incarnat.
Il y a un autre Curcapidi , dont parle Lémery
après Acofta. C'ell; un très-grand arbre de l'Amc-
riquc qui porte un truit lemblable à une orange ,
dont la peau eft fort mince , unie Si luilante , de
couleur dorée quand il eft mûr. Ce fruit eft tout
rempli de petits grumeaux joints enfemble , & qu'on
a beaucoup de peine à icparer. Il eft d'un goiu
acre j mais agréable j & les Indiens l'emploient
dans leurs flnices. On le pulvériie après l'avoir fait
fcchcr , & l'on en fouftle la poudre dans les yeux
pour éclaircir la vue. Ce fruit arrête le cours de
ventre, excite l'appétit , hâte l'accouchement, &
augmente le lait des nourrices.
GARCAS. f. m. Pharetra. Ce mot en vieux langage
veut dire carquois.
Qjiant amours ot ouy mon cas ,
Et vy qu'à bonne fin tendy ,
llnmitfafiécke au carcas. Alain Chartiîr.
CARCASSE, f £ Corps d'un animal mort , dont les
chairs ont été la plupart retranchées , confumécs
ou defféchées , ou qu'il n'en refte plus s,\\ztt. Larva
Tiudis ojfibus cohœrens , crûtes offea.
On voit encore les carcaffes des foldats & des
chevaux demeurés fur le champ de bataille. Car-
caffe de chapon, de perdrix, de levraut , c'cft ce
qui refte après en avoir ôté les quatre membres ,
les cuiflès, les aîles ou les épaules.
^T On dit figurément 8c par mépris d'une perfonne
extrêmement maigre , que c'eft une carcajfe , qu'elle
n'a plus que la carcaffe-.
Tu n'es qu'une ombre , une carcafTe ,
Je ne vois rien, quand je te vois. Gombaut,
Carcasse, f. f. Terme de Guerre. C'eft une efpèce
de bombe de figure oblongue , qu'on tire avec un
mortier. 0//a igniaria ferramencis omnis generis
referta. Elle eft compofée de p'iufieurs grenades ,
&c bouts de canons de piftolets chargés ; on en-
veloppe le tout d'une made d'étoupes trempées
dans des matières huileufes, & on le couvre d'une
toile goudromiée , garnie par les deux bouts de
deux plaques de fer , qui font attachées enfemble
par des cercles de fer qui repréfenrenr les côtes d'une
2arca[fe , & qui partent en croix l'un fur l'autre.
Il y a un petit trou à l'une des plaques pour com-
muniquer le feu à la carcaffe.
Carcasse eft aulTi l'ouvrage de charpenterie d'un ba-
teau, ou ponton de cuivre, qui n'a point encore fa
couverture. Prima navis fabrica. On appelle en-
core la carcaffe d'un vaifleau , le corps d'un vaif-
feau qui n'eft point bordé.
ffj" La carcaffe d'un bâtiment comprend les folives ,
les poutres, les cloifons , les planchers, &c. C'eft
proprement l'aflemblage confidéré indépendam-
ment des murs qui l'environnent & de la couverture.
lie? On appelle aufli carcaffe chez les marchandes de
modes, des branches de fil de fer couvertes d'un cor-
donnet , foutenues toutes par une rraverfe com-
mune à laquelle elles aboutilîent. Ces carcajfes fer-
vent à monter les bonnets , à en tenir les papillons
étendus , &: à empêcher qu'ils ne fe chiflbnnent.
CARCASSOIS ou CARCASSEZ. Carcafflanus a^er ,
ou jHiç^us ; Carcaffï Comitatus. Maty appelle ainfi
le Comté de Carcaifonne. Valois , Not. Gall. dit
que Carcaffle^ eft en ufage dans le Pays Carcafîbn-
nois & ailleurs.
CARCASSONNE. Ville Epifcopale de France. Car-
cafum , Carcafo , Carcaffîo. Carcajfonne eft dans
le Languedoc , entre Narbonne & Touloufe , fur
la rivière d'Ande qui la traverfe, La ville de Car-
CAR
cajfonne , félon l'Hiftoire fabuleufe , a été bâtie
5 59 ans avant Rome par Carcas , l'un des fept Eu-
nuques du Roi Afluérus , dont il eft parié dans le
Livre d'Efther , ck.\. L'opinion de ceux qui tirent
fon nom d'une certaine Dame appelée Carcas qui
fit lever le fiége à Charlemagne , qui aifiégeoit
cette Place , n'eft pas plus recevable , puifque long-
temps avant , Pline , Liv, III, ck. 4 , l'appeloit Car-
caff'nm, Pzolomée Carcajfo, Se Procope CarcaJJio.
On ne fait au vrai d'où vient ce nom.
La plupart des Hiftoriens difenr que le nom de
Carcaffonne vient de carcan ; mais il y a plus d'ap-
parence qu'il vient du mot carquois , parce que la
ville de Carcaffonne étoit le magalin de la Gaule
Narbonnoife , où fes peuples fe fervoient de flè-
ches avec une adrefîe toute particulière. P. Benoit.
Carcajfonne & fon territoire a eu titre de Comté.
Il fut vendu à Louis VIII, en iiiz, 6c depuis ce
temps-là , il a toujours été uni à la Couronne. Cette
ville eft renommée par les beaux draps qu'on y
fair. Belfe a publié l'hiftoire des Antiquités de Car-
caffonne. Voye^ Valois ," Notit. Gall. p. ii6.
Ce font les Goths , qui ayant perdu Touloufe , éri-
gèrent Carcaffonne en Cité, afin que le nombre
de leurs Cités ne diminuât point ', & peu de temps
après Carcaffonne eut auffi des Evêques. Andoque.
Hiff. de Lang. L. VI , p. 150. f^oytr^auHî fur cette
ville Catcl , Hiji. de Languedoc , Liv. II ,c. 9 , Liv.
408 , 409 , &CC. Carcaffonne , a , félon la table de
M. Caffini , 19°, 51', 45" de long. & 45°, 11',
io" de latitude.
CARCASSONNOIS. Carcaffhnenfis , ou Carcafen-'
fis pagus. Quelques-uns difent Carcaff'efium, Comté
de Carcaflbnne , autrement Carcajfois. Valois , Not.
Gall. dit que les gens du pays l'appellent Carcaff
fei, de les autfes François Carcaffonnois.
CARCHESIEN. adj On donne ce nom à une ef-
pèce de lacs dont on fe fert pour faire les exten-'
tions dans les'juxations Se les fractures. Laqueus Car-
chefius. Il fe fait comme le nœud qui attache la
voile au-delfus de la hune d'un vaiffeau , d'où il
a pris fon nom , c'eft-à-dire , du mot Latin Car-
chefium. Qui fignifie le haut du mât d'un navire ,
ou la hune. Col de Villars.
CARCINOMATEUX , EUSE. adj. Terme de ^è-
decine. Qui tient du cancer , qui a rapport au can-
cer. Cancro infeclus , fimilis. La partie de la vedîe
fquirreufe , au travers de laquelle s'écouloit l'urine ,
étoit carcinomateufe. Demours ,Acad. d'Ed. I, 371.
CARCINOME, f. m. Terme de Médecine. C'cft une
tumeur qu'on appelle autrement cancer, Foye^
Cancer.
CARCISTE. f. m. & f. Nom de fadion. Carcifta. Le
Comte de Carces ayant été fait Grand Sénéchal
de Provence , & Lieutenant de Roi de la même
Province fous Henri III, fit de fi grandes impofirions
de deniers .lu pays , & donna tant de liberté aux
gens de guerre qu'il employoit tant pour l'exac-
tion des deniers , que pour la garde de la Pro-
vince contre les Reiigionnaires , qu'ils faifoient de
grandes concuffions : ils furent z^'^elés Carciffes du
nom du Comte. Voye:^ Bouche, Hiff. de Prov.
L. X, c. 8% §. I. Les Carcifies , parri fcditieux dans
le XVP fiécle , s'étant joints avec les Razats , au-
tres mutins, & foutcnus les uns par laNoblefle,
& les autres par le Peuple &: par le Parlemenr ,
entretenoient le trouble & la rcvolre en Provence
vers l'an içyS.
|Cr CARCUB. Petite ville d'Afie , dans la province
d'Ahuaz en Chaldce , à vingt lieues de Sus , capi-
tale du Cufiftan.
Ip- CARCUNAH. Ville d'Afrique dans la Province
que les Arabes nomment Barbera , qui eft la Bar-
barie Ethiopienne.
CARCUON. f. m. C'cft une petite caraque , ou vaif-
feau renforcé.
CARDA , ou peut-être CARDIA, f. m. Cardea , Ma-
crobe , Saturnal. L.l, c. 12, fait mention d'une
Divinité qu'il appelle Carna , laquelle , dit cet Au-
CAP.
Veiir , prcfrdoit aux parties nobles & aux parties vi-
tales de l'homme , au cœur , au foie , & à tous
les intcftins , dont elle procurcit la fantc ; & par-
ce que Brunis , ajoute-t-iJ , par le moyen du cœur ,
par le fccret du cœur , ëc la dlilimulation , paflbit
pour un homme utile au changement , & à la ic-
tbrmation de l'Etat, il bâtit un temple cà cette Dceife,
Il avoit dit auparavant que le même Brutus , le pre-
mier jour de Juin , revenant victorieux , après
avoir charte Tarquin , fit un facrifice à la Dceife
Carna fur le mont Cœlius, Vives fur S. Aug. De
Civit. Dei , L. IF, c. 8. Vigenere fur Tite-Livc ,
T. I , p. 660 & I KÎiS. Rofmus dans fes Antiq. Rom.
Liv. Il, çh. 19 , & tous les autres que j'ai pu voir ,
la confondent avec la Carna dont parie Ovide , ou
la Cardca, comme l'appelle S, Auguftin , De Civit.
Dci, L. IF, c. 8 , c'eft-à-dire , avec la Déeffe des
gonds. Cependant Macrobe , qui marque avec foin
toutes les fonctions de la Déeffe , dont il parle ,
ne dit pas un mot de celle de prcfider aux gonds.
D'ailleurs 1 e friin de conferver les entrailles de
l'homme, S^ celui de veillçr aux gonds des portes,
font fi diffcrens , qu'ils ne conviennent nullement
à la même Divinité. On avoit tant de foin de ne
point trop accabler les Dieux de travaux 6c de
foins , & de les multiplier , à chaque occupation
différente que l'on concevoitdahs le détaSl du gou-
vernement du monde , que Je ne puis croire qu'on
ait charge la même Déeife de ces deux emplois.
J'aime donc mieux en faire deux Divinités , dire
qu'il y a une faute dans Macrobe , qu'il faut lire
Carda , ou Cardis , au lieu de Car/ia ; que ce nom
Venoit du grec xâp^ix , le cœur , & qu'il lui fut
donné parce qu'elle avoit le foin du cœur, & des
■entrailles , dont il cft la plus noble partie; & qu'en-
fin , outre la fonétion de cette Déefîe, l'allufion
que fait Macrobe, ou qu'il raporte qu'on fit au
cœur de Brutus , exige cette corredion. Foye^ les
Auteurs cités.
|ÎC? CARDAILLAC. Foye^ Cardillac.
fjCF CARDAIRE.f f. Poiifon de mer , efpèce de raie.
Raia fpiiioja. Il eft hériffé d'aiguillons , à peu près
comme les cardes dont on fe fert pour carder la
laine. C'cft pourquoi on lui a donné le nom de
Carddire.
CARDAMINE. f f. Cardamine. Plante qui vient or-
dinairement dans les prés humides , & dont les
fleurs font en croix. Sa racine eft vivace, é-
paiflé de quelques lignes à fon corps , blanche ,
fîbreufe, chevelue, & qui donne des feuilles ai-
lées, couchées par terre ; c'eft-à-dire , découpées,
en plufieurs globes, arrondies ordinairemenr , dif-
pofées par paires : elles font vertes , & un peu
velues en defllis , plus glabres en deflbus , d'un
goût piquant & acre. Les tiges qui partent de leur
centre font droites, menues , minces, rondes, hau-
tes d'un pied environ, quelquefois plus, d'autres
fois moins ; chargées alternativement & par inter-
valles de quelques feuilles ailées comme celles du
bas , mais plus étroites , plus découpées fur leurs
bords & plus inégales. Ces tiges Ibnt rarement
branchucs -, elles portent à leurs Vommets plnlîeurs
fleurs compofées de quatre pétales blanchâtres ou
purpurines , à peu près pareilles à celles de la ju-
liane. A ces fleurs iuccèdent des filiques formées
par le piftil , & qui font longues de deux pouces
environ , fort étroites , un peu aplaties, d'un pour
pre foncé en dehors , divifees en deux loges par
une cloifon mitoyenne , & renfermant deux rano-s
de petites iémences longuettes , &: d'un vert jau-
nâtre. Les deux panneaux qui forment la filique
fe roulent en volute par une efpèce de reffort , ce
qui fait répandre & écarter la fcmence avec im-
pétuofité. Il y a plufieurs efpèces de Cardamine ;
celle-ci eft la plus commune , & fe nomme Car-
praterfis , mag7:o flore , Inft. R. herb. Son goût ,
qui approche de celui du creflbn , lui a fait don-
ner le nom de Cardamine , qui fignifie la même
chofe que Naflurtium. Comme cette'plante cft acre
CAR.
t6i
I éc piquante au goût , de même que le creffon , elle
peut lui être fubftituéc.
Ce mot vient du grec ««f^«,t„>, , qui fignifie la
même chofe,
CARDAMOME, f m. Graine médecinale &fort aro-
matique, contenue dans des goufîes qui nous vien-
nent des Indes orientales & de l'Arabie. Carda-
momum. On en fair ordinairement de trois fortes
le grand , le moyen & le petit. Le grand carda-
mome a une goulfe faite en fontie de figue , &
qui eft plus grande que celle des auttes efpètes j
mais il eft femblable tant pour le goût , l'odeur *
la couleur, la forme de fes grains\ que pour la
couleur &_ la fubftance de fa goulfe. Le c^T-rfawowe
moyen a fa goufie moindre que celle du précé-
dent. Elle eft triangulaire, allez longue , & pleine
de femence de couleur de pourpre , acre & mor-
dante. La gouflé du petit cardamome eft encore
beaucoup plus petite que celle du moyen : elle a
aulli la forme triangulaire, & fes grains fantauili
de couleur de pourpije , anguleux , "d'un goût acre
&: mordicant, & d'une odeur forte & pénétrante.
On appelle la première forte de cardamome , ma-
/egitete ou malegeu , parce qu'il relfemble au mil-
let d'Inde , qu'on appelle en Italie malegua. On la
nomme aufifi graine de Paradis , parce qu'elle eft
fort odorante, & d'un goût acre & amer. Le petit
cardamome furpalfe les autres en goût , en odeur,
& en propriétés. C'eft celui qui entre dans le thé-
riaque. Les cardamomes échauffent & defsèchent :
ils fortifient les parties nobles, dilTipent les vents,
& aident à la cocliion. On s'en fert dans les ma-
ladies du cerveau, de l'eftomac & de la matrice.
CARDAMOURI. f m. Drogue dont il eft parlé dans
le Tarif de Lyon de 16^95,.
CARDASSE, f. i. Opuntia ,ficusindica. Figuier d'Inde»
ou Raquette , plante gralle , qui a pris fon nom
d'une ville de la Grè-ce -, fi l'on en croit Théo-
phrafte & Pline, qui avercillent que fes Icuilles pren-
nent racines étant miles en terre ; fes racines font
fibreufes , blanchâtres & nailîcnt du corps même
de la tige , qui a la figure d'une feuille aplatie j
longue d'un pied plus ou moins , fuivant fon âge *
& large de quarre à cinq pouces , garnie de quel-
ques toupets d'épines également di'ftans les uns des
autres. Elle eft verte , charnue, pleine de fuc 6c
ligneufe dans fon centre : lorfqu'elle eft vieille *
elle fe ramifie , donne des branches pareilles qui
riailfent toutes ordinairement de leur marge, en forte
que c'eft une tige branchue , articulée 6c aplatie.
La cochenille fe nourrit fur cette plante. La gran-
deur , la hauteur Se la multitude de fes branches t
appelées improprement feuilles , varie fuivant l'âge
de la plante > la bonté du terrain & la nature du
pays ; car cette plante craint fort le froid. Les ex-
trémités de fes branches dans les pays chauds pouf-
fent plufieurs fleurs à plufieurs pétales purpurines
ou jaunâtres , difpofécs en rôle , garnies dans leur
centre de beaucoup d'étamines ; ces fleurs font por-
tées fur des embryons qui ont en quelque manière
la figure d'une figue , & qui en mûriflânt deviennent
des fruits alongés, d'un pouce environ de diamètre,
fur deux pouces & demi de longueur , routes en
dehors , fucculens , mucilagineux , rougeâtres erl
dedans , 6c renferment des femencee noires , en-
veloppées d'une coiHé charnue , rougeâtte. Les EC-
pagnols lui ont donné le nom de figuiet d'enfer,parce
qu'ayant mangé de fes fruits , & voyant leurs urines
rouges , ils crurent d'abord qu'ils pilfoicnt le fang.
Cette plante fe trouve en Sicile & en Italie : fes
feuilles fervent à défaltérer les animaux qui ne
trouvent pas de l'eau dans les déferts d'Amérique^
où ces fortes de plantes grafles naiffcnt. On ap^
pelle cette plante Opuntia vul<ro herhariorum ; parce
c'eft l'efpèce la plus connue iiC la plus commune en
Europe. Aujourd'hui on en culrive plufieurs autres
efpèces , qui diffèrent de celle-ci par leur petitelTe ,
ou par la longueur & la force de leurs épines.
Opuntia major , validis aculeis munita , Opuntia.
%^% CAR
folio eblongo média. Cette troilîème crpècc eft affcz •
commune dans les jardins des curieux : fes branches
font arrondies , & n'ont pas plus de deux pouces
de diamètre , inclinées , & ptcl'que toujours cou-
chées fur terre, à moins qu'on ne les relève, &c
qu'on ne les oblige à fe tenir droites : fes fleurs
jaunes , conftruites de même que celles de la grande
cardajfe , cependant plus petites , aulii-bien que
fes fruits.
CARDASSE, f. f. Efpècc de peigne propre à fiire
du capiton, à tirer la bourre, de la foie. Pccien.
CARDE, f. f. Côte qui cil au milieu des feuilles de
quelques plantes , &c qui eft bonne à manger. Te-
ner cinariz caulis. Des cardes d'artichauts. Cardes
poirces , de la poitéc. Les plus épailfes & les plus
blanches font les meilleures.
^CT Les cardes d'artichauts l'ont les côtes ou feuilles
de l'artichaut que l'on fait blanchir en les enve-
loppant de paille ou de vieux fumier dans toute
leur longueur , excepté le bout d'en haut , ou en
les buttant comme le céleri. Quand elles font blan-
chies , elles perdent leur amertume,
^fT Les cardes poirées font les pieds de poirées replan-
tés en planche qui poulfent de grandes fanes , ayant
dans le milieu un coton blanc & épais. Cette côte eft
la véritable carde qui fert aux potages, aux ragoûts
& aux entre-mets.
Carde. Inftrument fait d'un morceau de bois plat ,
long environ d'un pied , & large d'un demi , garni
d'un côté de plulieurs petits crocs , qui font de pe-
tits fils d'archal courbés , ranges de fuite. 0\\ s'en
fert pour carder la laine , pour démêler la foie ,
la bourre. Ferreus pcclen que lana canninalur.
^fT Carde de Perruquier ou carte. Indrumcnt dont
fe fervent les Perruquiers , efpèce de peigne Com-
pofé de dix rangées de petites pointes de fer en-
foncées dans une planche , pour palier les paquets
de cheveux , pour les mélanger.
CARDEA, f. f. Cardea. S, Auguftin , au Liv. IF. de
la Cité de Dieu , c. 8 , appelle Cardea la Déeflé
qui préfide aux gonds , & qu Ovide & d'autres ap-
pellent Carna ou Cardinea. Vives voudroit qu'on
corrigeât dans S. Auguftin Carna ; mais les ma-
nufcrits & l'allufion qu'il fait , demandent que l'on
conferve Cardea. Très Deos ijii pofuerunt , For-
culum foribus , Cardeam cardini , Limentinum li-
rnhù. Vives & Vigenère remarquent qu'elle s'ap-
peloit autrefois Crana ; qu'ayant été forcée par
Janus , il lui donna la fur -intendance , ou, pour
me fervir de fon terme , le droit des gonds, Rolin
dit mal-à-propos Carnea au lieu de Cardea, Ant.
Rom.^L. XI, c. 19.
CARDÉE, f. f. La quantité de laine cardée qu'on
levé de defllis les deux cardes ; ce que l'on carde
de laine à la fois avec les deux cardes. Lana
carminata. Combien y a-t-il là de cardées.
CARDER, v. a. Démêler les poils de la laine, de
la bourre , de la ouate , §3" peigner avec des char-
dons à Bonnetier ou avec des inftrumens qui font
couverts d'un côté de petites pointes de fer, qu'on
liommc cardes. Lanam carminare , pecler e ow car-
duo pecîere. Quelques Auteurs ont forgé cardare.
Cardé , ée. part.
CARDEUR , EUSE. f m. & f. Ouvrier qui carde la
laine, le coton, ou autres chofes femblables. Qui
lanam carminat.
Card'eur , fe dit au/Ti du Fabriquant qui fait tra-
vailler les Cardeurs. Marchand Cardeur.
Tous ces mots viennent du latin carduus , char-
don , dont on fe fert pour carder.
CARDEUSES. adj. f. pi. Sorte d'Abeilles. Elles tien-
nent un milieu aflez fingulier entre les Abeilles
folitaires, & celles qui vivent en fociété. Elles
partent fucceffivcment par ces deux états , & font
lcurs_ nids dans les prairies Se dans les champs de
fainfoin & de luzerne. Il y a trois efpèces d'A-
beilles cardeufes , dont deux font diftinguées par
la différence des fexes , & la troilicme par un re-
fus ablolu de tout fexe. Leur cire n'clt point pro-
CAR
prc à nos ufâges. Elle a bien l'odeur de la véri-
table cire , mais elle n'a point les autres conditions
que les mouches à miel lavent donner à la leur.
La cire des bourdons cardeurs eft plus tenace •<,
elle le laille à la vérité paîtrir comme une pâte , '
mais la chaleur ne la rend point liquide , & ne
l'amollit point. Abrégé de l'HiJloire dés Injécîes.
ïfT CARDIAGRAPHIÈ. f. f. Terme d'Anatomie ,
qui lignifie defcription du cœur.
GARDIAIRE. adj. m, & f. Terme de Aiédccine, qui
fe dit des vers qui nailfent dans le cœur de l'hom-
me. Cardiarius , a , um. Voyez fur ces vers le Traité
de M. Andry fur la génération des vers dans le
corps de l'homme. Ce mot eft formé du mot grec
y.n^^îa , Cœur.
CARDIALGIE. f. f. Terme de Médecine. Douleur
violente , qu'on fent vers l'orifice fupcrieur de l'ef-
tomac , accompagnée de palpitation de cœur , de
défaillance , d'envie de vomir , &c. Cardialgia. Elle
eft caulce par des humeurs acres qui picorent cet
orifice & les parties voifines. Ce mot vient de deux
mots giecs , Kupèi», cœur, & «Ay»;, douleur.
IJCrLes anciens ont appelé Si le peuple appelle encore,
cœur ce que l'on doit appeler ejiomac. De-là l'ex-
prelfion aulli impropre que commune , avoir mal au
cœur , lorfqu'on a envie de vomir. Ce mouvement
contre nature eft abfolument indépendant du cœur.
(fT CARDIALOGIE. f f. Terme d'Anatomie. Traité
fur le cœur , fur les ulages des différentes parties qui
le compofent,
CARDLAQUE. adj. Quelquefois employé fubftahti-
vement. Terme de Médecine, qui lignifie la même
chofe que cordial. Remède qui îerr à conforter le
cœur , à réveiller & ranim.er les forces languif-
fautes & abattues. Cordi utilis. Le vin eft un grand
cardiaque. Voyez Cordial»
Ce mot vient du grec x«^3i'« , cœur.
Cardiaque , fe dit aulTi , en termes d'Anatomie, de
deux arrères qu'on appelle communément coronai-
res , & qu'on peut auffi , dit M. Winflow , appe-
ler cardiaques. Voyez Coronaire. On le dit aufïï
des veines & autres vailfeaux.
IJCF PaUion cardiaque. Maladie plus connue aujour-
d'hui fous le nom de fyncope , parmi le peuple *
défaillance,
CARDIAQ.UE. Terme de Botanique. Plante qui eft ainlî
appelée , parce qu'on la croir bonne dans les Caj-
dialgies des enfans, C'eft la même que ïagripaume.
Cardiaca.
Ip- CARDIATOMIE, f. f. Terme d'Anatomie, formé
du grec. Dilîcélion du cœur , manière d'en dilfe-
quer les différenres parties.
CARDIER. f m. Ouvrier qui fait & qui vend des car-
des pour carder. Peclinum ferreorum artifex. Voyez
dans l'arrêt du }o Décembre 1717 les règles aux-
quelles les car^î'er^ font alfujettis dans la fabrique des
cardes deftinées à mclansrcr & à carder les laines.
|p=- CARDIFF. Ville de la Grande-Bretagne , dans la
Principauré de Galles, capitale du Glamorganshire.
§3=- CARDIGAN , Ceretica. Ville d'Angleterre
dans la Principauré de Galles, capirale du Comté
de Gardiganshire auquel elle donne fon nom.
Cccr CARDILLAC ou CARDAILLAC. Petite ville
de France , dans le Querci j éleéfion de Figeac , avec
rirre de Marquifat.
CARDINAL, ALE, adj. Ce qui eft le principal, le
premier , le plus confidérablc , le fondement de
quelque chofe. On dit ainfi , les quatte vertus car-
dinales 1, la prudence, la juftice , la force, la tem-
pérance j qui fervent de fondement à toutes les
autres. Quatuor pr^cipuœ vir tûtes morales , vir tûtes
cardinales. On dit aulTi les quatre poinrs cardi-
naux de l'horifon -, pour dire , l'orienr , l'occident ,
le midi , le feptentrion. Les quatre points cardi-
naux du ciel , ou d'une nativité ; pour dire , le
lever & le coucher du foleil , & le milieu du ciel ,
foit dans le zénith , foit dans le nadir. On dir au/fi,
les venrs cardinaux qui foutîent des quatre points
cardinaux. Venti quatuor prxcipia.
CAR
Ce mot vient de cardo , latin , qui fignifîc un
gond ; parce qu'en effet il l'emble que llir ces points
principaux roulent toutes les autres choies de même
nature.
On appelle en grammaire les nombres cardi-
naux, un, deux , trois, quatre, &c. qui ibnt in-
déclinables , qui déiignent une quantité fans mai-
qtier Tordre par oppofitions aux nombres ordi-
naux , deuxième , troilième , &c. Numeri cardi-
nales,
CARDINAL, f, m. Prince de l'Eglife , qui a voix
aélive èc palîive dans le Conclave , lors de l'ékc-
tion des Papes. Cardiiialis , purpuratus Ecckjiiz
Princeps. Les Cardinaux compolent le Confcii &
le Sénat du Pape. Un chapeau de Cardinal eft
un chapeau rouge \ Se on dit abrolument , qu'un
homme prétend au chapeau , ou qu'il a eu un cha-
peau -, pour dire , qu'il afpire au Cardinalat , qu'il
eft devenu Cardinal. Cardinal Ntveu , eft celui qui
eft neveu du Pape vivant. Dans le livre premier
du cérémonial Romain eft écrite la cérémonie d'ou-
Vrir &c. de ferme^la bouche aux Cardinaux. Quand
le Pape veut créer des Cardinaux , après avoir écrit
les noms de ceux qu'il veut élever à cette dignité,
^ il aflemble le Confiftoire , & dit aux Cardinaux ,
habetis fratres , puis il fait lire les noms qu'il a
écrits. S. Bernard dit que les Cardinaux doivent
être pris de tout le monde , puifqu'ils doivent le
Juger \ Se les plus parfaits qu'il eft poifiblc , parce
qu'il eft plus aifé devenir bon à la Cour, que d'y de-
venir bon. Fleury. Il fe trouve dans la Bibliothèque
Vaticane une conftiturion émanée d'un Pape Jean,
qui règle le droit ^' les titres des Cardinaux , & qui
dit que comme le Pape repréfente Moïfe , ainfi les
Cardinaux rcpréfentent les Ibixante-dix anciens ,
qui fous l'autorité Pontificale jugent & terminent
les diiférens particuliers. Godeau.
Les Cardinaux font divilcs en trois ordres , 6
Evoques , 50 Prêtres & 14 Diacres, faifant en tout
70 , qu'on app-'lle le Sacre Collège. Sacrum pur-
puratorutn patrum Colle^ium. Collegium Cardina-
liurn. Sacrum Collegium. Le nombre des Cardinaux
Prêtres , Se des Cardinaux Diacres n'a pas toujours
été égal. Le Cardinal Evêque d'Oftie précède tous
les Cardinaux ; il confacre le Pape. Les fix Car-
dinaux Evêqucs qui font comme les Vicaires du
Pape , portent le titre des Evèchcs qui leur font
attribues. Pour les Cardinaux Prêtres Se Diacres ,
ils ont tous des titres tels qu'ils leur font alligncs.
Jufqu'âu temps du Pape Honorius II, en 11 15 le
Collège des Cardinaux étoitde5i ou 53. Depuis,
& Ibus le Pape Nicolas III , ils fe trouvèrent ré-
duits à trois Cardinaux Prêtres. Le Concile de Con-
ftance fixa le nombre des Cardinaux à vingt-quatre.
Sixte IV, fans avoir égard au Concile, grodit le
nombre, & le porta jufqu'à cinquante-trois, Léon
alla jufqu'à foixante-cinq. Ainfi comme le nombre
des Cardinaux Prêtres étoit anciennement réglé à
z8 , il fallut établir de nouveaux titres à mefure que
l'on créa de nouveaux Cardinaux. Les Papes ont
ajouté 17 titres nouveaux aux anciens , qui tous
enfenible font 40. Le plus ancien des Cardinaux
Prêtres s'appelle Cardinal Archiprétre du Saint
Siège. A l'égard des Diacres ils n'éroient originai-
rement que fept , pour les 14 quartiers de la ville
de Rome. Le premier étoit qualifié Diacre Car-
dinal. Depuis on adigna un Diacre pour chaque
quartier -, Se l'on ajouta encore 4 Diacres. Ce nombre
de 18 n'a été augmenté que par Paul III. En 154';
il en créa un, enforte qu'on en comptoit 19 de
fon temps. Voye^ Bouchel. Le Pape doit être
pris du facré Collège , & choifi d'entre les Car-
dinaux. Un Cardinal Abbé Commendataire , à
caufe de l'cminence de fa dignité , exerce la dif-
cipline fur les Religieux. Il peut même deftituer
un Prieur Clauftral. Fevret. fKT Certe maxime
eft contraire à nos ufages. Aucun Abbé Commen-
dataire n'a juridiélion fur les Religieux en France ;
• ^ ce droit ne pourroit appartenir à un Cardinal
CAR 2^J
Abbé Commendataire qu'en vertu de bulles revê-
tues de lettres patentes duemcnt vérifiées. Les Car-
dinaux en France ne font point fujcts au droit
d'induit, ils en ont été décharges par la bulle de
Clément IX , du mois de Mars \66j , par arrêr du
Conleil d'Etat du 11 Janvier i6jx & par lettres
patentes du Pvoi du vingt-neuvième du même mois.
Lange. Un Auteur de droit dit que les Cardinaux
ont été ainfi nommés du latin incardinatio , qui
fignifie l'adoption que faifoit une Èglife d'un Prêtre
d'une Eglife étrangère, d'où il avoir été chaflc par
quelque malheur ; que l'ufage de ce mot a commencé
à Rome & à Ravenne , parce que les Eglifes de
ces deux villes étant les plus riches, les Prêties
malheureux s'y retiroicnt ordinairement. Selon
Onuphrius en 1562 , le Pape Pie IV, établit
que le Pape feroit feulement élu par le Sénat des
Cardinaux , au lieu qu'il l'étoit auparavant par le
Clergé de Rome. On prétend cependanr que dès
le temps d'Alexandre III , en 1 1 60 , les Cardinaux
étoient déjà en poifellion d'élire le Pape à i'ex-
cluhon du Clergé. On remonte encore même plus
haur , Se l'on croit que Nicolas II ayant été élu
à Sienne en 1058,, par les (euls Cardinaux, c'eft
à cette oGcahon qu'on ôta le droit d'élire le Pape
au Clergé & au Peuple Romain, qui n'eurent plus
que celui de le confirmer en donnant leur confen-
tement ; ce qui leur fut encore ôté dans la fuite.
Alexandre III ne fit donc que confirmer ce que la
coutume avoit établi , comme firent auffi depuis
Grégoire X Se Clément V. Voyei le P. Papebroch
dans le Fropilaum ad Acl. SS. Mail , Conatus Chro-
îiico'Hijt. p. 1^6. D. E. dans le Propylxum Acl.
SS. Maii , où il conjecture que c'eft Honorius IV
qui a mis le premier des Evêqucs dans le Sacré Col-
lège , en y failant entrer les Evêques Suftragans du
Pape, à qui de droit il appartient de le nommer j
Se en faifant la première clafiê des Cardinaux. Ils
ont commencé à porter le chapeau rouge au Con-
cile de Lyon en 1445 , fous Innocent IV. Le décret
du Pape Urbain VIII , par lequel il eft ordonné
que les Cardinaux feroient trairés d'Eminence , eft
de l'année 1(^50. Avant cela on les traitoit d'//-
lujtrijjlmes.
Les Cardinaux dans leur première inftitutioli
n'étoient autre chofe que les Prêttes principaux
ou les Curés des Paroilîês de Rome. Dans la pri-
mitive Eglife le Prêtie principal d'une Paroilîê, qui
fuivoit immédiatement l'Evêque , fut appelé Près-
hyter Caidinalis. Ce mot leur a été applique en-
viron Tan 150. D'autres tiennent que ce fut fous
le Pape Silveftre l'an 380. Ces Prêtres Cardinaux
étoient les fculs qui pouvoient bapcifer Se admi-
niftrer les Sacremens. Autrefois les Prêtres Cardi-
naux étant faits Evêques , leur Card'nalat vaquoit ,
parce qu'ils croyoienr être élevés à une plus grande
dignité. Saint Grégoire fe fert fouvent de ce mot
pour exprimer une première dignité. Il appelle l'Ar-
chevêque de Naples , Evé.jue Cardinal, parce qu'à
caufe de fa dignité , il étoit un des premiers entre
les Evêques de la Pouille. Sons ce Pape les Car-
dinaux Prêtres Se les Cardinaux Diacres , n'étoient
autre chofe que les Prêtres , ou les Diacres qui
avoient Une Eglife , ou une Chapelle <i deflcrviti
C'eft-là ce que le mot fignifioit félon l'ancienne
Se véritable interprétation. Léon iV les nomme
dans le Concile de Rome tenu en 853. Preshy-^
teros fui cardinis ; & leurs Eglifes étoient appe-
lées Paroiffes Cardinales , ou titres Cardinaux , Pa-
rochiœ Cardinales , Tituli Cardinales.
Le titre de Cardinal demeura fur le même pied
jufqu'âu XI' fiècle ; par conféqucnr les Car-
dinaux ne tenoienr pas un rang forr diftinguc au-
près des Papes : mais la grandeur du Pape s'ctanc
depuis extrêmement accrue ; il voulut avoiirun Con-
feil de Cardinaux , bien diftérensde ceux qui avoient
compofé autrefois la plus noble partie du Clergé
de Rome. L'ancien nom eft demeuré -, mais ce qu'il
exprimoit n'eft plus. Le titre de Cardinal n'appar-
a^4 CAR
tient plus qu'aux feuls Cardinaux de l'Eglife Ro-
maine ; cependant ils ne prirent pas d'abord le pas
aii-deiUis des Eveques , & ne furent pas les maîtres
de l'cledion du Pape. Mais depuis ils s'emparèrent
de ces privilèges. Innocent IV leur donna 'le cha-
peau rouge , & Bonitace VIII la pourpre , enforte
que croiiîant toujours en grandeur, ils le lont enfin
clcvcs au-deffus des Eveques par la ieule dignité
de Cardinal, quoiqu'elle ne lojt que d'inftitution
EcclciiafHque. Maimb, M. Fclibien dit que ce lut
Paul II, qui leur donna la robe rouge , avec cette
efpèce de cape qu'ils mettent par dellous leurs cha-
peaux dans les cavalcades. D'autres diient que le
premier qui ait porte la pourpre eil Prélage , qu'In-
nocent III envoya à Conitantinople en 1115 , qu'elle
ne tut cependant commune à tous que fous Inno-
cent IV , & que Paul II, en 1464 régla que dans
les cérémonies où ils paroillént à cheval , ils en au-
roient un blanc , dont la bride leroit dorée. Platina
dit que l'clévation & la grandeur des Cardinaux a
commencé ibus Bonitace IX,
Le titre de Cardinal s'introduiiir par la corruption
de la langue latine. On ufa de ce mot pour ligni-
iier , premier , ou grand. On l'appliqua enluite en
particulier à ceux qui étoient prépolcs pour le gou-
vernement d'une Paroille , ou d'une Eglife : &_cela
pour les diftinguer des autres Prêtres volans, qui n'a-
voient ni titre , ni Eglile. En France , où le nom de 1
Cardinal n'étoit pas ii commun , on appeloit les Prè- ]
très titulaires , desCwrJj, Preshyteros Parochiaks.
Les Eveques étoient toujours au-dcfîus d'eux. PascT.
A Rome les Prêtres qui régiflbient les Eglifes Pa-
roiinales conlervèrent plus Ipécialement le nom de
Cardinaux , & il palfa aulli aux fept Diacres de l'E-
glile de Rome, qui le l'attribuèrent par diftnièl:ion.
bu Cange dit qu'originairement il y avoit trois ibrtes
d'Eglifes ; que les vraies Eglilês s'appeloient pro-
prement Paroijfes , les fécondes Diaconies , qui
étoient des Chapelles jointes à des Hôpitaux def-
fervjs par des Diacres. Les troilièmes étoient de
fimples Oratoires , où l'on difoit des Meffes par-
ticulières , qui étoient deflervies par des Chape-
lajns locaux & rélidens j & que pour diftinguer
les Eglifes principales ou les Paroiiîés , des Cha-
pelles ou des Oratoires , on leur donna le nom
de Cardinales. Les Eglifes Paroilllales iérvoient de
titres aux Diacres , qui s'appelèrent aufli Cardi-
naux , ou principaux. Il y a eu en plulicurs lieux
des Curés à qui on a donné le titre de Prêtres
Cardinaux , ou principaux. Voyei Du Gange , qui
a fait un dénombrement des titres des Cardinaux
& des Eglifes Patriarchales qui en dépendoicnt.
On a donné audî ce titre à quelques Eveques , comme
à celui de Maïence & de Milan. L'Abbé de Ven-
dôme s'appelle aUiîî Cardinal né , &: porte le cha-
peau rouge dans fes armes. Ceux qui en ont écrit
font Onuphrius , Duaren , Ciaconius , Durandus
&: François Friibn dans Ion livre de Galliàpurpu-
r«<f. Beïlarmin , Contr. T. Il, de Memor. Eccl. L,
I, de Cleric, c.\6, de Cardinal. Le Traité de l'ori-
gine des Cardinaux ; Du Cange , Glof. Aubery
a fait l'Hiftoire générale des Cardinaux en 5 vol.
in-4.0.
On appcloir Cardinaux non feulement les Prêtres,
mais les Eveques , les Prêtres & les Diacres titulaires
& attachés à une certaine Eglife ; à la ditférence de
ceux qui ne les fervoient qu'en paflant &: par commif
fion. Les Egliles titulaires , ou les titres , étoient des
efpèces de paroiifes, c'eft-à-dire, des Eglifes attribués
chacune à un Prêtre Cardinal , avec un quartier fixe
&: déterminé qui en dépendoir , Se des fonts pour
adminiftrer le Baptême dans le cas où il ne pouvoit
pas être adminiftré par l'Evcque. Ces Prêtres &c ces
Diactes Cardinaux n'avoient le pas dans ces temps-
là qu'après les Eveques. C'eft pour cela que dans les
Conciles , par exemple , dans celui de Rome tenu
l'an 868 , ils ne foufcrivent qu'après les Eveques.
Ce n'étoit pas feulement à Rome qu'ils portoient
ce nom, On trouve des Prêtres Cardinaux en France.
CAR
Le titre par lequel Thibaud , Evêque de SoilTons ,
confirme la fondation de l'Abbaye de S. Jean des
Vignes , appelle le Curé de la Paroiife , le Prêtre
Cardinal du lieu , & le Roi Philippe I , confirmant
la même fondation , lui donne le même titre Prej-
byier Cardinalis ipjius loci. Adrien II appelle l'Ar-
clievéque de Bourges, Cardinal, & Jean .VIII
appelle l'Eglife de Bourges, Eglife Cardinale, comme
l'a remarqué M. Cathcrinot dans Ibn Patriarchat de
Bourges. Enfin dans quelques Epitres de S. Grégoire,
& d'Adrien II. Cardinulis Sacerdos le prend pour
Epijcopus , Evêque.
Cardinal, s'eft dit aulIl des dignités & offices fccu-
liers. Les principaux Officiers de la Cour de
Théodofe font auifi appelés Cardinaux. Et Caffio-
dore,L, f^II. Form. 51, fait mention du Prince
Cardinal de la ville de Rome. On trouve parmi les
Officiers du Duc de Bretagne en 1447, un Raoul
àcT\-\or.c\ Cardinal àcQuiWixi Chancelier, & fer--
viteur du Vicomte de Rolian , ce qui montre que
c'étoit un office afiéz bas. Foye^ Lobineau, T. 11,
p. 1115.
On a aufTi appelé _Mefle Cardinale, & Autel
Caidinal, la Méfié folemnclle , & l'Autel principal ,
ou le grand Autel d'une Eglile.
UCï" Cardinal, f. m. Oifeau d'Amérique , ainlî
nommé à câufe de la couleur de fon plumage , &
d'un petit capuchon qu'il a derrière la tête. Il eft
de la grollcur d'un petit Perroquet. Il a le bec fort
de noir.
On a appelé autrefois Cardinales, de groflês
pièces d'artillerie qui ne Ibnt plus en ufage ■, & des
pommes à la. Cardinale , des pommes d'api, parce
qu'elles font rouges.
Cardinal, f. m. Les Tondeurs de draps appellent
ainfi une carde à carder la laine , garnie ou remplie
de bourre tontiife jufqu'à l'extrémité des p^ointes ,
dont ils lé fervent pour coucher le poil ou la laine,
fur la fuperficie des étoffes, après qu'ils les ont
tondues à la fin, c'eft-à-dire , en dernier, ou pour la
dernière fois.
CARDINALAT, f. m. La dignité de Cardinal. Cardi-
nalitia dignitas , Cardinalatus. Promotion au Car-
dinalat.
Vous favez ce que fignifioit autrefois Preshyter
Cardinalis , ou Preshyter Principalis ; & comment
le Cardinalat s'eft enflé peu à peu. Misson , lettre zz.
CARDINALE, f. f, Rapuncium coccineum . Flos Car-
dinalis Barberini. Plante qui a pris fon nom de la
couleur de fes fleurs, qui eft d'un rouge couleur
de feu approchant de la pourpre , dont font couverts
les Cardinaux. Sa racine eft vivacc, longue , ram-
pante par fes côtés & vers fon collet, blanche, fi-
breufe , &: douceâtre au goût avec un peu d'àcretc.
De fon collet nailfent plufieurs feuilles couchées fur
terre , longues comme le doigt , de demi-pouce de
largeur au plus , dentelées fur leurs bords , lifl"es ,
d'un vert brun en-deflus. Du milieu de ces feuilles
partent une ou plufieurs tiges fuivant l'âge & la for-
ce de la plante; elles viennent hautes d'un pied &
demi environ en France , groffes comme une plume
à écrire , quelquefois branchues , anguleufes , d'un
vert pâle, & chargées de feuilles un peu plus pe-
tites & plus étroites que celles du bas, & courbées
en bas. Depuis le milieu , celles qui approchent le
plus l'extrémité des tiges font plus courtes & moins
fréquentes. Ses fleurs occupent le haut des tiges S>c
des branches ", elles y font difpofées en forme d'épî.
Chaque fleur eft un tuyau alongé , rouge , évafé , &
découpé fur le haut en cinq parties oblongues ,
d'une couleur de feu très-vive, & difpofées en main
ouverte. Le milieu de ce tuyau eft occupé par une
graine rouge , crroite , courbée , terminée par de
petits fommets bleuâtres ou violets , & enfilée par
le piftil qui s'élève du milieu d'un calice vert dé-
coupé en cinq parties longues , étroites •, ce calice
devient enluite un fruit verdâtre , relevé de trois
côtés , & divifé en trois loges , qui renferment des
femcnces fort menues 2c jaunâtres. Toute la plante
donne
Car
^onne du lait. Elle fleurit en Juillet Si Août, k
elle croit dans les marécages en Canada. La cardinale
couleur de teu a quelquelbis les Heurs panachées
de quelques lignes blanches. La cardinale bleue eft
décrite dans les Mémoires de M. Dodart ,& celle-
ci devient quelquelbis blanche. Il y a une clpcce de
cardinale auprès deBIois,& qui eft fort commune
en Normandie. Elle eft extrêmement acre. On la
trouve auUî près de Fontainebleau. C'eft le Ra-
punùum Soloiiienfe urens.
CARDJNALISER. v. a. Faire quelqu'un Cardinal ,
le créer Cardinal , lui donner le titre de Cardinal.
Cardinaleni facere , creare. Godeau s'eft fervi de ce
mot dans Ion Hijhire Ecclef. L. IV. Cardinalijer
quelqu'un, veut dire lui donner un titre, foit d'E-
Vêque ou de Curé; cc de-là vient, continue-t-il ,
qu'encore aujourd'liui les Cardinaux ont des titres ,
c'eft-à-dire, des Eglifes dans Rome, & qu'il y a
même des Evêchés dans la Métropole de Rome , qui
leur font aife6lcs. Aujourd'hui ce mot ne pourroit
paroîtr-e que dans le ilyle burlelque. Il eft entière-
ment hors d'ufage.
^3" Rabelais s'eft lervi de ce mot pour dire , faire de-
venir rouge.
CARDINALISME. f. m. Cardinalifmus. Dignité de
Cardinal. C'cft la même choie que Cardinalat.
Ce mot vient de l'italien Cardinalifmo, Il n'eft
point en ufage chez nous.
^ CARDINAUX, f. m. pi. Chez les Drapiers Scies
Tondeurs , efpèce de petites cardes de ter , remplies
par le pied , & dont il n'y a que l'extrémité des
pointes qui paroiflént. On s'en l'ert pour ranger le
poil &: le coucher dans la ronte, Encyc.
CARDINEE. r. f. Terme de Mythologie. Cardinea.
La Déclic Car dinée àtoit fille de Janus. Elle prélidoit
chez les Romains aux gonds des portes , cardinibus ;
6c c'eft de-là que Ion nom avoit été pris. Elle s'ap-
peloir aufîi Carne. Voye7 ce mot.
CARDIOGME. f. m. Picotement ou fenfation mor-
dicante à l'orifice de l'eftomac, occafionnée par une
humeur accrimonieufe qui incommode cette partie ,
xaii^iayi/.u(; \ du vctbe rctoSiûçT-ôi , l'entir une douleur
rongeante à l'orifice de l'eftomac. Dict. de James.
CARDON , r, m. Efpèce d'artichaut , qui ne porte
point de pomme, & dont la tige eft bonne à manger.
Tener cynàrœ caulis. Des cardons d'Efpagne. Les
tiges des cardons font bonnes à manger.
f3" On fème les cardons à la fin d'Avril , ou en Mai ,
fur couche , ou en plaine terre. On les tranfplante
dans des trous rerrorés à trois pieds l'un de l'autre.
On les arrofe fôuvent , & on leur donne deux ou
.trois labours par an. Quand ils font hauts , on les
lie avec de la paille , & on les butte .à un pied de
terre, pour les foutenir. On les fait enfuite blanchir.
On peut les rranfporter en motte dans la ferre, en
les replantant dans uiie terre rapportée. Il y a des
cardons de Tours & des cardons d'Efpagne.
Cardon eft aufli une efpèce de crevette où chrevette
qui ne rougit point à la cuilfon comme la crevette
franche.
1^ CARDOUE. Ville d'Efpagne dans la principauté
de Cataloçcne, avec titre de Duché.
CAJIDONETTE. f f. eft le nom qu'on donne en
Languedoc à la fleiir d'une efpèce d'artichaut qui
croît à la campagne , & cjui fert de prefure pour
Cailler le lair. Voye;^ Artichaut.
CARDOUZILLE. f. f. Petite étoffe de laine fans
foie.
CARDUEL. Pays de l'Afie. C'eft une partie de la
Géorgie propre : il confine avec les Tartares du
Dagheftan. Ce pays a eu titre de Royaume. Maty.
ÇARE ou carre, f f. Vieux mot , qui fignifioit
autrefois vifage , car on difoit , il a la câre vieill :
il venoitdu vieux mot efpagnol card,c^\x\ fignifioit
la même chofe. Vultus. On dit même encore
acarer & acaration , pour dire , confronter , & con-
frontation , en pluficurs Provinces , & fur-tout en
celles au-delà de la Loire.
Care s'eft dit aufli de la taille ou de lamefure <juieft
Tome II,
e A R
èhtre lès deux épaules. Humeri. Cette femme a la.
cdre belle.
Care le dit en ce fens -, en parlant des habits qui cou-
vrent cette partie du corps , d'un corps-de-jupe ,
d'un pour-poinr -, & lignifie la coupe & k taille
derrière le dos. Il faut retailler la câre de ce corps-
de-jupe. Tout cela eft vieux.
CARE ou CARUS. f m. Terme de Médecine. C'eft
une efpèce d'afteélion foporeufe , qui n'eft pas ir
forte que l'apoplexie, mais qui Tcft plus que la lé-
thargie. Le care dégénère Ibuvent en apoplexie.
CARELIE, Province de Suède dans la Fmlande. Care--
lia. La Carélie eft entre le golfe de Finlande , & les
Provinces deNynlande, de Tavafthic,de Savolanie,
& de Kexholmie. La capitale de Carélie eft Wibora;
Maty. °''
(fT CARELL , CAREILL , CRAOL ou CRAIL,
Petire ville d'Eco/fe , dans la province de File , fuc
la côte, fameufe par la bataille qui s'y donna cm
874 entre les Ecoifois & les Danois.
ffT CARELSCROON ou CARLSCROON. Ville
de Suède , dans la Elekingie, fur la côte de la mec
Baltique,
OCr^CAREMBOULE. Contrée de l'Afrique, dans
l'Ile de Madagafcar , dont elle eft la Province là
plus méridionale,
CAREME, f m. Quadragéfime -, temps de t>énitcnce
pendant lequel on jeûne quarante jours pour fe pré-
parer à célébrer la Fêre de Pâque. Quadragefima »
ijuadragima dierum jejunium. Anciennement dans
l'Eghle Latine le Carime n'étoit que de^trente-fix
jours , &c ne commençoit qu'au Dimanche de Ix
fixicme femd:ine avant Pâque , qu'on appelle Qiia-
dra^cfime. Dans le IX'= fiècle , pour imiter plus pré-
cifément le jeûne de quarante Jours que Jesus-
CnRisT fouffrit au défert, quelques-uns ajoutèrent
quarre jours avant la Quadragéfime, & cet ufage a
été fuivi dans l'Occident ; car en ôtant les fixToi-
manches où l'on ne jeûne point , il refte précifé-
ment quarante jours de jeûne, à l'imitation de
Jesus-Christ. Il en faut excepter l'Eglife de Milan ,
qui ne commence le Carime que le Dimanche de la
Quadragéfime.
^ Le Carime a été^inftirué par les Apôtres, S, Jé-"^
rôme , dans fon Epître à Marcella , &: S. Léon ,
au Sermon fixième de Qiiadra<refima , le difcnt ex-
preflcment \ 8c la Règle de S. Auguftin ,Ep.iiS, ad
Januarium, & Lii>, 4 de Bapt. cap. 3.4, a lieu eh cette
matière. Tout ce que l'on trouve établi générale-
ment dans toute l'Eglife, fans en avoir l'iiiftirurJort
ddns aucun Concile , doit palîéi: pour un établiffe-
mcnt fait par les Apôtres. Or tel eft le jeûne du
Carime. On n'en trouve l'ihftitution dans aucun
Concile, Au contraire * le I Concile de Nicée , can.
5 ; celui de Laodicée , can. 49 , & fuivant -, le VI*
Concile, <:a72. zp , & en Occident le I d'Orléans, can^
1 1 -, le IV^ de la même ville , can. 1 ; celui d'Agdc,
can. 8 -, celui d'Auxerre, can. 3 , le VlIPde Tolède 3*
caii. 9 \\t IP de Braguc, can, 9 , parlent du Carime
tomme d'une chofc générale & très-ancienne , aulîi-
bien que tous les Pères Grecs & Latins. Tertullien ,
qui vivoit fur la fin du IP fiècle & au commencement
du IIP, dans fon Livre Z>e /s/'z^m/j , cap. 2 & i;,
fcmble indiquer non-feulement qu'il y avoit une
loi pour le jeûne d'avant Pâque, mais encore qu'elle
croit regardée par ceux même qu'il fait palier pour
ennemis du jeûne, comme une inftirution Apofto-
lique •, &: qui plus eft, comme une jnft''-r'ort
Apoftolique fondée fur l'Evangile t*^ fur la nnrol'- de
Jesus-Christ en S< MatthieuIX , iç; éri S, Marc
II , 19 ; &: en S. Luc V, 34. Calvin , Ch^mnit'n Sc
les Proteftans prétendent que le jeûne d \ Ct'êmé
s'eft inftitué d'abord par une efpèce de fupc rft'rîon ,
pnr des gens fimples qui voulurent imiter le jeûné
de J'^sus-Christ. Ils prouvent ce fait par un mor de
S. Irerce , cité par Eufebe Liv. F, ch. 14 -, mais Bel-
Inrmin a rrès-bicn montre qn'il ne s'agit point l:i du
jeûne même, mais de quelques eirco-ftances d*
C6
CAR
jeûne.D'autres dirent que ce fut le Pape Tclefphorc |
qui l'inftitua vers le milieu du 11= liècle -, mais Bcl-
larmin répond que S. Ignace, qui vivoit avant ce
Pape parle clairement du Carême, dans l'on Epître ad
Philippenfes ; que ce qui a donné occaiion à certe
opinion , c'eft que Télefphore ordonna l'abftinence
de chair pendant lept i'emaincs entières, au lieu
que les Laïques ne la gardoient pas pendant fcpt
femaincs toutes entières/ D'autres conviennent que
l'on obfervoitàla vérité Ve. Carême dans l'Eglile ,
c'eft-à-dire , un jeûne de quarante jours avant Pâque
dès le temps des Apôtres ; mais que c'étoit volontai-
rement , & qu'il n'y eut de loi que vers le milieu du
Iir fiècle. Ce que nous avons dit de Tenullienparoît
détruire ce fentiment. Enfin , il paroît par les Con-
ftitutions Apoftoliques F, c, i8 , que les Chrétiens
dès le commencement de l'Eglile ont jeûné par obli-
gation pendant le temps qui précédoit la Pâque. Ce
jeûne duroit jufqu'à l'heure de vêpres, c'cfli-à-dirg ,
jufqu'au loir. TertuUien en parle auifi dans fon
Traité du jeûne, &C S. Irenée dans Eulebe Liv , /^,
c. 14, Saint Baille, Orat. i, de Jejun. Saint Ambroilé
Serm. 54. Socrate, L.F,c, ii.Caiîîen, Collât, zr, c,
Z7. Saint Léon , 5(;r/;z. 4 , de Quadr agejimâ , Sec.
Voyez BcUarm, de bonis Operib. in partie. L. Il, c.
41, 15, iS.
Socrate & Sozomene difent , le premier, L. V,
c. 11 ; l'autre, L. Fil, c. 1 9 , que le jeûne du Carême
ctoit de fix iemaines avant Pâque, en Illyrie, en
Grèce , à Alexandrie , dans toute l'Egypte ,
dans l'Afrique Se la Palefline ; mais qu'à Con-
ftantinople & dans toutes les Provmces d'a-
lentour , jufqu'en Phénicie , on commençoit le Ca-
rême fept femaines avant Pâque. que de ces lîx
ou lept femaines quelques-uns n'en jeûnoient que
trois par intervalles , 5c cinq jours feulement chaque
femaine. Quelques-uns , ajoutent ils , jeûnoient trois
femaines de fuite comme à Rome , excepté le Sa-
medi &. le Dimanche. Socrare fe trompe en ceci -,
car on jeùnoit à Rome le Samedi toute l'année :
mais un Grec a pu l'ignorer , Se prendre l'ulage de
quelque autre Eglife pour celui de Rome. Par-tout
on nommoit également ce temps Carême , ou Qua-
rantaine.
Les Grecs commencent l'abftinence après le Di-
manche que nous nommons de la Sexagéfime, &
qu'ils appellent AVo>£çe4>{ , c'eft- à - dire, félon M.
l'Abbé Fleury , Dimanche gras, ou plutôt , C^re/Tzf
prenant; car i AvoKfixi lignifie proprement, févre-
ment de chair , privation de chair , carniprivium ,
comme quelques-uns traduifent. Du refte, les Grecs
commencent le Lundi qui fuit ce Dimanche à ne
point manger de chair, & toute cette fcmaine-là ils
ne mangent que du laitage Se des œufs , mais fans
jeûne encore-, de-là vient qu'ils appellent le Di-
manche fuivant, qui eft celui de la Quinquagéfîme,
Tï« Ti/5»<5«y». Le Lundi lûivant ils entrent en Carême ,
& commencent le jeûne Se l'entière abftinence ,
non-feulement d'œufs Se de laitage , mais de poiflbn
Se d'huile. Néanmoins s'ils commencent plutôt que
nous , ils ne jeûnent point les Samedis comme nous.
L'Abbé Théonas étant venu voir Caifien Se Germain,
celui-ci demanda pourquoi le Carême n'étoit que de
lîx femaines , ou de fept, en quelque pays , puifque
ni l'un ni l'autre nombre ne font quarante Jours , en
étant le Samedi Se le Dimanche , où l'on ne jeûnoit
point , mais feulement trente-fîx jours ? Théonas
répondit: ces trente-fix jours font la dixme de toute
l'année, qui ell de 5^5 jours ; & ce qui fait la di-
Verfité, c'eft que ceux qui ne jeûnent que fix femaines,
jeûnent le Samedi. On n'a pas laifle de nommer tout
ce temps Carême , ou quarantaine , peut-être à caufe
des quarante jours de jeûne de Moyfe , d'Elie & de
Tesus-Christ. Les parfaits ne s'aftreignent pasà des
bornes fi étroites, & cette loi du Carême n'a été in-
troduite qu'en faveur desfoibles-, afin qu'ils don-
naffentà Dieu au moins la dixme de l'année. On voit
ici combien Caffien , 5c ceux dont il rapporte les dif-
CAR
cours , croient perfuadés de l'antiquité Se de l'utilité
du Carême. Fleury.
Les anciens Moines Latins faifoient trois Carêmes;
le grand avant Pâque , l'autre , avant Noël , qu'on
appeloit de la Saint Martin ; Se l'autre de Saint
Jean-Baptijle , après la Pentecôte , tous trois de
quarante jours. Les Grecs en obfervoient quatre au-
tres outre celui de Parties; favoir ceux des Apôtres ,
de l' AJJ'omption , de Noël, & de la Transfiguration ;
mais ils les réduifoient à fept jours chacun. Les Ja-
cobites en font un cinquième, qu'ils appellent de la
pénitence de Ninive. Les Chaldécns Se les Neftoriens
de même. Les Maronites en font fix ,y ajoutant celui
de l'Exaltation de la Sainte Croix. Une Relation
imprimée en i(î88 , dit cependant que les Chrétiens
du mont Liban , qui font les Maronites , n'en font
que quatre -, que durant le grand , qui eft celui qui
précède la Fête de Pâques, ils ne mangent qu'une
fois le jour ; que la plupart font fcrupule d'y manger
dupoiiîbn,ni autre chofe qui ait eu vie; que les
femmes groffes , ni les enfans qui ont l'ufage de la
railbn , n'en font que rarement difpenlés. Les Ja-
cobites anticipoient le Carême de deux femaines , Se
en jeûnoient huit avant la Semaine-Sainte. Foye^ le
P. le Quien dans une Préface fur une Lettre de
faint Jean Damafcène. Les Arméniens en font huit
de dirtérente durée.
Le Carême eft bas, quand il commence les pre-
miers jours dé Février •, & il eft haut , quand il
commence en Mars. La Mi-Carême eft le Jeudi
qui eft au milieu du Carême. Faire le Carême , c'eft
obferver les régies du jeûne -, ne faire ufage que des
alimens que l'Eglife permet pendant le Carême.
Rompre le Carême , c'eft y contrevenir . mangeC
gras. On appelle fruits de Carême , les fruits fecs
Se réfervés pour le Carême , comme raifins , figues,
pruneaux , brugnoles , &c. Viandes de Carême , le
poifTon Se tous les autres mets , à la réferve de la
chair.
Le VIIIs Concile de Tolède , canon 9 , dit : Ceux
qui fans une évidente néceffité auront mangé de
la chair pendant le Carême , n'en mangeront point
pendant toute l'année , & ne communieront point
à Pâque. Ceux que le grand âge ou une maladie
oblige d'en manger ne le feront que par permif-
fîon de l'Evêque. Aujourd'hui on s'adrefie plus
communément en France au Curé, qui ne la donne
que fur une attcftation d'un Médecin.
Le Pape Nicolas, dans fa Réponfe aux Confid-
tations des Bulgares , ch. 4, dit qu'on doit s'abf-
tenir de chair tous les jours de jeûne , qui font le
Carême avant Pâque , le jeûne d'après la Pente-
côte, celui d'avant l'Aflomption de la fainte Vierge >
Se celui d'avant Noël. Tous ces jeûnes étoient de
quarante jours, au moins les trois d'avant Pâques,
d'après la Pentecôte Se d'avant Noël , comme portent
expreffément les Capitulaires Liv. FI, ch. 1 87 ; mais
les autres n'étoient pas de la même obligation que
notre Carême. Fleury. Foye:^^ au mot Avent ce
que nous avons dit du Carême , ou jeûne d'avant
Noël. L'article 187 du Livre FI de& Capitulaires
ne prouve rien ; il dit feulement que les Prêtres
doivent annoncer le jour de Pâque , celui de la
Pentecôte , le jeûne , la Méfie , le Baptême. Eft-
ce là porter , je ne dis pas expreiTément , mais en
aucune manière, que tous ces jeûnes étoient de qua-
rante jours.
S. Rathier, Evêque de Vérone auX«fiéele, dans
un Sermon fur le Carême , blâme ceux qui paf-
fent alternativement un jour fans manger, & un
fans jeûner -, & ceux qui jeûnant tous les jours juf-
qu'au foir , fe donnoient ia liberté de manger la
nuit avec excès ; aufli-bien que ceux qui mangeant
avant None , qui étoit l'heure prefcrite , croyoient
jeûner , pourvu qu'ils ne fiflent qu'un repas. Fleury.
Ce mot vient de quadragejima. NicoT. Et il eft
très-ancien. On le trouve dans le Concile de Nicée ;
car X tiTTa^aMTyi en grec eft la même chofé que Ca^
rime , ou quadragéfime.
CAR
On appelle auiîi Ccirème , le Recueil des Ser-
mons qu'a fait un Prcdicatcuf pendant le Carinie,
Colleclaneœ Conciones Jacrx per Q^uadragejlmarn lia-
bitce vel habenia. Parmi les Sermonaires ,11 yen
a quantité qui ont fait des Carêmes & des Avents.
Le (artmc du P. Bourdaloue eft admirable.
On dit proverbialement , qu'un homme nous a
prêché fcpr ans pour un Carême ; pour dire , qu il
nous a Ibuvent enleigné , rebattu la même choie.
On dit , que pour trouver le Carême court , il faut
faire une dette payable à Pâquc. On dit auflî ,
qu'on nous donne le Carême bien haut , quand
on nous promet quelque choie qui ne viendra de
long-temps.
On dit auiîî figiirément qu'on met le Carême bien
haut , pour dire qu'on exige des chofes trop diffi-
ciles. AcAD. Fr. On dit aufli , que cela vient comme
Mars en Carême; fort à propos, ou bien qu'une
choie revient au même temps tous les ans. On dit
aufii , qu'un homme a jeûné le Carême , quand on
lui veut reprocher qu'il efl: bien maigre, ou bien
pâle,
Plus défait & plus hlême ,
Que Ti'ejl un pénitent à la fin du Carême, Boité
Les Turcs ont auiTi leur Carême^ qu'ils appellent
Ramazan ou Ramadan. Voye^ ce mot.
CAREME -PRENANT, f. i^.' On appelle ainii le
jour du Mardi qui précède le Carême , & quel-
quefois tous les trois jours gras qui précèdent le
Mercredi des Cendres. Géniales ante cjuadragena-
rium jejunium dies. On difoit autrefois carême-en-
trant. Les Gafcons diient Carmentran ; & dans la
balfe latinité on a dit Carmentranus. Du Cange.
On a auffi appelé carniprivium , le Carême ; & car-
rdvora le Mardi gras , à caufe que ce jour - là on
confume tout ce qui refte de dhair j & carnica-
pium , en eipagnol Carnes tollendas. Carême-pre-
nant efl: du ftyle familier.
On appelle aulfi des Carêmes-prenans , des gens
du peuple qui fe mafquent de cent façons ridi-
cules , & qui courent les rues. Plebecula larvata.
On dit aufîi des petlbnnes mal mifes qui met-
tent des habits extraordinaires , qu'ils Ibnt habil-
lés en vrais Carêmes-prenans. On dit que vous vou-
lez" donner Votre fille à Un Carême-prenant. Mol,
Vous voilà fait comme un Carême-prenant.
On dit proverbialement , qu'il faut faire Ton Ca-
tême-prenant avec la femme , & Pàque aVec Ion
Curé. On dit aulfi populaircmeht, tout eft de Ca-
rême-prenant : pour excufer certaines libertés que
l'on croit plus permifes ce jour-là.
CARENAGE, f. m. & par colruption , CRAN , &
CRANAGE. C'eft un endroit fur le bord de la
mer, commode pour donner carène aux vailfeaux.
■ Locus carinandis navilus, reficiendiS navi , idoneus.
^fT Carénage fe dit aulll de l'adlion de carérter un
vailîeau , ou de l'effet de cette aélion.
CARENCE, f. £ Défaut, terme de pratique , qui fe
trouve dans l'Ordonnance des Eaux & Forêrs , qui
veut que les exploits de carence de biens ou d'in-
folvabilité , ne foient valables , s'ils ne font forti-
fiés de bonnes preuves. Faire un procès-verbal de
carence de biens. Un procès-verbal de carence de
biens équipolle à un inventaire , lequel on ne peut
pas faire quand il n'y a rien à inventorier. On fait
Un procès-verbal de carence de biens , pour n'être
point foupçonné de recelé. 0CF Exploit, procès-
Verbal de c^zrewire, par lefquels on coniTiate qu'on n'a
trouvé aucun effet à inventorier.
Ce mot vient du latin carentia,
CARENE, f. f. Terme de Marine. C'eft la quille d'un
vaiffeau, qui eft une longue &: groffe pièce de
bois , ou plulîeures miles bout à bout l'une de
l'autre , de proue en poupe , pour fervir de fon-
dement au navire , &: fur laquelle fe fait l'aflem-
blage. Trabs,
Ce mot vient du latîn carinui
CAR %Gj
Caréné j fe prend encore, en ternies de Marine»
pour la partie du vailfeau qui eft depuis la quille
jufqu'à la ligne de l'eau. Canna , imus alveus. C'cft
le creuxdu vaiflêau ,ou lefondde cale, (fT toute;
la partie du vailfeau qUi eft foUs l'eaU qiiand il eft
en état de faire voile -, on Ja nomme auifi œ//;
1res vives,
Carene lignifie au (fi le radoub d'un vaiffeau ou deî
parties b.tffes d'un vailfeau. On dit en ce fens ,
donner la carène à un vailfeau , mettre un vaiiTeaii
en carène. On dit donner carène , quahd ort nid
le navire fur le côté pour le calfarer , pour fermer
les voies d'eau , pour lui donner le fuif . pour le
radouber dans lés œuvres vives. Les vaiffeaux dé
guerre reçoivent la carène , ou les œuvres dij ma-
rée ,de trois arts en trois ans.
Carène (Demi-) le dit, loriqu'en Voulant caréner utl
vaiUéau , on île travaille que fur la moitié de fort
fond par dehors , fans aller jufqu'à la quille. Ca-
rène entière , fe dit lorfqu'on travaille fur tout 1^
fond jufqu'à la quille,
Cari-nï , rn fait de coquillage , eft le fond d'une co-
quille, tel que celui de l'Arche de Noé , ou du
Nautille.
CARÉNER, v. a. Donner carène au vailfeau , le mct-^
ne fur le côté -, l'appuyer fur le ponton , afin qu'il
préfente aux Calfateurs la partie qui a befoin d'être
carénée , en lui donnant le radoub , ou le fuif. Cari-
nare , navem Yeficere. On dit autremerit , le met-
tre z cran , ^^i corruption de carène.
Caréné , ée. part. Vieux vailfeau caréné)
CARENTAN. Carcntonium. Ville de France dails îa
balle Normandie, au confluent de laDouvre& du
Carentey , ou Carentan , qui lui a donné fon nom*
CARESSANT , ANTE. adj. Qui a coutume de ca-
rclfcr , qui aime à Carelfer. Blandus. Vous n'êres ni
trop carejfante , ni trop flateufe. Le Ch. de M. Re-
matquez dans Térence lin vieillard avare & rébar-
batif, qui s'avife tout d'un coup de devenir ca-
rejfant & libéral. P. le Boss. Les petits chiens font
des animaux forr careffans.
CARESSE, f. f. Démonftration d'amitié , ou de bien-
veillance , qu'on fait à quelqu'un par un accueil
gracieux , par quelque parole obligeanre , par les
aéf ions ou par les difcours. Blanditiœ , amorisjï-
gnificatio. Il fe dit des hommes , &' de quelques
animaux. Ce Prince a fait bien des carejfès à cet
Envoyé. Les careffes des femmes font trompeufes* '
Les chiens font des careffes à leurs maîtres. Remar-
quez le tire forcé , & les carejfes contrefaites d'uri
Courtifan. La BrUy.
Je vous vois accabler un hornrrie de careffes. Mol.
On dit fîgurément qu'il ne faiit pas fë Rznxdt
careffes de la fortune.
CARESSER. V. a. Faire des careffes. Blanditiis lenire ^
permulcere. La foiblelfe de l'homme, c'eft d'aimer
qu'on le carejfe. On dit auffi careffer un cheval ,
un chien.
Quel avantage d-t-on qu'un homnie Ports careffe ,
Lorfqu'au premier faquin il court en faire autant ?
MotlERE.
Le P. Bouhours tcxnMc^yx^ ,c;aç. faire des careffes i '
ne fe dit s;uère que férieufêment , & ne lîgnilie
que traiter les gens d'un air qui marque qu'on les
aime , ou qu'on les eftime , & que careffer fe dit
plus en badinant &: en parlant des cnfans à qui
on fait de petites amitiés. Il faut nous flater & nous
careffer comme des enfans , pour nous tenir^ en
bonne humeur. Essais de Mor. Le Roi lui fit
beaucoup de careffes,( Artabaze ) à caufe de l'amirié
qu'il avoir eue avec le Roi Philippe fon frète. Vaug,
Voye? le II Tome des Remarques du P. Bouhours
fur la Langue françoife, p^ 415. /«-ii.
lia* Caresser le nu, chez les Peintres, c'cft tra-
" vailler, jeter les draperies de manière à faij:(? aj>-
Ll i]
6%
CAR
percevoir le nu , de manière qu'elles indiquent le nu
aux principaux atcaclienicns. Foye(\>\\} &c Draperie.
Caressé, ée. parc. Blanditiis kmtus , divlnctus.
Tous ces mots viennent du latin carus.
CAREFOUR. roy^i CARREFOUR.
CARET, yoyc^ CARRET.
CARFOU. 1". m. Keceptus. Vieux mot qui fignifie ,
félon Palquier , la retraite qu'on (onnoit le (bir :
il croit qu'on dilbit carfou pour couvre-jeu.^ Borcl
cftiiiie que carfou a été formé de garde-jou , &:
que le carfou croit le lignai qui avertiilbit les vo-
leurs & les bandits de fe retirer , de crainte d'être
pris par le Guet , qui commençoit à matcher lorf-
qu'on fonnoit le carfou. En Languedoc on appelle
ce iignal le Chap-lubaud , ce qui veut dire à peu-
près la même chofe.
CARGADOR. f. m. On nomme ainfi à Amfterdam
des efpèces de Courtiers , qui ne fe mêlent que de
chercher du fret pour les navires qui font en charge-
ment , ou d'avertir les Marchands qui ont des mar-
chandifcs à voiturer par mer , des vaifleaux qui font
prêts à partir , & pour quels lieux ils font dcftinés.
CARGAISON, f. f. Terme de Marine. C'eft la charge
d'un vailfeau , qu'on appelle auffi chargement ; S<
le temps propre pour charger les navires. Navis
omis. C'cfl: aulli la facture des marchandilés char-
gées dans le vaiffeau, La cargaison de ce vaifîéau clt
de telle & telle marchandife. Ce mois-ci eft le temps
de la cargaifon des vins, des morue?. Cargaijcn le
prend encore pour l'aétion de charger. Pendant
toute cette cargaifon,\\ a toujours été fur notre bord.
CARGAMON. f. m. Sorte d'épicerie très-rare , &
très-précieufe , qui ne croît que dans les terres de
Vifapour, Royaume des Indes orientales.
CAR.GIÉ. Vieux mot. Chargé. Poéf. du Roi de Nav.
CARGUE. f. f. Terme de Marine. C'eft route forte
de manœuvre qui fert à approcher les voiles près
des vergues pour les trouffcr , les relever. fCT Fu-
nes col'u%endis velis apti. Comme on appelle ainfî en
général toutes les manœuvres courantes , elles pren-
nent un nom patticulier de la partie des voiles à
laquelle elles font appliquées pour les relever con-
tre les vergues ou pour les cargucr. Ainli on die
cargues-point , cargues-bouiines , &c.
Les c argues-point., ou tailles-point , font des cordes
amarées aux points, ou aux angLs d'enbas de la
voile pour la retrouifer. Les cargues-fond -, ou tailles
de fond -i font des cordes qui font amarées au milieu
du bas de la voile , pour la retrouifer par le milieu.
Il y a aulïï les cargues d'' artimon ; & quand on
parle de ces fortes de cargues , on dit les cargues du
vent , 8c les cargues diffbiis le vent. Les unes font du
côté que le vent vient , & les autres du côté oppofé.
Cargues a vue font une petite manœuvre palfée
dans une poulie fous la grande hune , 5c qui eft
frappée à la relingue de fa voile , pour la lever
lorfqu'on veut voir par-dcllbus. Cette manœuvre
n'cll: d'ufage que dans de certains vailfeaux.
Cargues-boulines font les cordes amarrées au mi-
lieu des côtés de la voile, pour troulfer ou car-
guer la voile par les côtés. On les appelle autre-
ment contre-fanons, Lorfqu'on troufle , ou qu'on
racourcit les voiles par en haut , cela s'appelle rider.
CARGUE-BAS. f m. Foye^ Cale-bas.
CARGUER. V. a. Terme' de Marine. C'eft troulTer
la voile, & l'accourcir par, le moyen des cordes
appelées cargues, qui la lèvent en haut jufqu'à la
moitié & au tiers du mât. Colligere vélum. On dit
autrement, bourcer la voile.
Ca's.guer fignitie aufll pencher d'un côté en navi-
gant. Carsiuer à ftiibord , carguer de l'arrière , car-
guer de l'avant.
CÀRGUERAS, ou CALE-BAS, eft un cordage qui
fert à él' ver les pacfs , ou grandes voiles.
CARGUEUR. Terme de Marine. C'eft une poulie qui
fert à amener & à guinder le perroquet. On le
met tantôt au tenon du perroquet. Si tantôt à (on
choquer , ou à lés pâtes.
^ CAPv.HAIX. Ville de France en Bretagne , far
CAR'
une petite rivière , à dix lieues de Quimper.
CARIA. Bourg de Portugal. Caria. Il eft clans le
Diocèfe de Lamego.
CARIAGE. f m. Terme populaire , qui ne fe dit qu'en
cette phrafe proverbiale , tout le cariage \ pour
dire, toute une famille, tout un ménage de pau-
vres gens , comme fi tout pouvoit tenir dans une
charrerte , ou cariole. Impedimenta , Jdrcinœ.
Ce mot vienr de carragium, qu'on a dit pour
carrago, & qui fe ttouve dans Trébellius Pollio ,
pour lignifier le charroi d'une armée. Ménage. Du
Cange témoigne qu'on a dit caragium dans le
même fens en la balle latinité.
CAPJATE. Voyei Caryate.
CARIATHAIM. Ville de la Terre-Sainte, fituce à
l'orient du Jourdain dans la Tribu de Ruben. Ce
nom hébreu vient de mp , Kariath , qui lignifie
Fille. Il eft au nombre duel , peut-être parce que
la ville croit double , ou divifée en deux.
Il y a encore une autre Cariathaim dans la Tri-
bu de Ncphtali , vers l'occident, qui étoit une
ville Lévitique & de refuge. Il en eft parlé /. Pa-
rai. FI, 7(^. Jolué l'appelle Carthan , C. XXI, 31.
CARIATHARBÉ. Nom de ville qui fignifie la Fil/i:
des Quatre , félon quelques-uns , qui veulent qu'elle
ait été ainfi nommée , parce que quatre grands Pa-
triarches , Adam , Abraham , Ifaac & Jacob , y
avoient été enterrés ; c'eft une erreur. Adam ne
vécHt point dans Ja Paleftinc , quoi qu'en difent
les Rabbins , & ceux qui y placent le Paradis ter-
reftre. Il eft bien plus probable que y3n!<? , ^rée,
ou Arbrca , eft le nom du fondareur de la ville,
nnp , vmx , c'eft la ville d'Arbé. Du refte ,
voye:^ Hébron , c'eft la même ville, qui avoir auffi
ce nom.
CARIATH-BAAL , c'eft-à-dire , ville de Baal , plus
connue fous le nom de Cariathiarim , qui. va fuivre.
CARIATHIARIM. an^i jJip, qui fe prononce en
hébreu Kariatk Jearim , & qui fignifie Fille des
Bois , ou des Forêts , eft le nom d'une ville de
la Terre-Sainte , nommée autrement Baala , ou Ca-
riaih - Baal. Elle avoit été polfédée d'abord par
les Gabaonites : elle fut donnée cnfuite à la Tri-
bu de Juda ; & je ne fais pourquoi le P. Lubin
dit qu'elle tomba en partage à celle de Dan. Elle
étoit fur les confins des Tribus de Benjamin , de Dan
& de Juda.
CARIATHSENNA. Foyei DABÎR.
CARIATHSEPHER. Ville des lettres , ou des livres
de "^ p , Kariath, "-SD, ^^//rer. Voyez Dabir.
ifT CARIATL Ville d'Italie au Royaume de Naplcs ,
dans la Calabre citérieure , avec un Évêché fufira-
gant de Sainte-Séverine.
rfj- A deux milles de cette ville il y en a une autre
fur le bord de la mer, peu conlidcrable , qu'on
appelle Cariati-Fechia , pour la diftinguer de la
première , qu'on appelle Cariati-Nuova.
CARIATIDE. Foyei CARYATIDE.
CARIBE. Foye7^ CARAÏBE. Il eft plus ufité.
CARIBOU, f m. Animal fauvage de Canada. Cervus
Canadenfis. C'eft une efpèce de cerf qui habite le
nord de l'Amérique. Le Caribou eft extrêmement
léger. Il a des ongles plats, forr larges, & garnis
d'un poil rude entre-deux , qui l'empêchent d'en-
foncer dans la neige , fur laquelle il court pref-
qu'aulfi vite que fur la terre. Il habite les favan-
nes ou forêts -, & quand elles font épaiffes , il s'y
fait des roures comme la plupart des animaux ,
qui habitent le fort des bois , &: il les fuit ordi-
nairement. Le Carilou des favannes cpaifles a les
cornes fort petites \ celui des favannes claires les
a fort grandes. ^
Il y a des Cariboux à l'Ile S. Jean. C'eft une
efpèce d'orignacs ; ils n'ont pas le bois fi fort , le
poil en eft plus fourni & plus long , & prefque
ront blanc. Ils font exccllens à manger , la chair
en eft plus blanche que celle d'orignac. Cette bête
a la cervelle partagée en deux par une toile, qui
fait comme deux cervelles. Denys. P. /, c, 8.
CAR
|VT CARICATURE, r. f". Ttnne de Peinture, ernpmn^
té de l'italien caricamra.. Il eft fynonyme au mot
charge en Peinture, l^oye^ ce mot. Le burlcrque
en Peinture , comme en Poëiîe , eft une ef'pccc de
libertinas-e d'imagination, qu'il ne faut le permettre
tour au plus que par dclaHlment.
CARICUÂl. f. m. Remède cathérétique qui dcterge
les ulcères Ibrdides , & conlumc les chairs l'uper-
flues. Kâ^(z<j». Il ert préparé avec l'hellébore noir ,
Ja landaraque , la batiture de cuivre , le plomb
lavé, le fou ire , l'orpin & les cantharidcs , que
l'on mêle eniémble, & qu'on réduit en forme li-
quide avec de l'huile de cèdre. On y ajoute quel-
quefois du pied de veau en décoction , en fuc
ou en poudre , avec du miel. Ce même remède
en poudre , eft compofé des mêmes ingrédiens :
mais on en retranche l'huile de cèdre & le miel.
On n'y emploie fouvent que rhellcbore noir &
la fandaraque. Hippocrate eft l'inventeur de cette
compofition médicinale, & il en donne la prépa-
ration dans fon livre. Des Ulcères.
CARIE, f. f. Maladie des os & des denrs , qui les
corrompt &c qui les corrode. C'eft une folution
de continuité dans les os , provenant d'érolion.
Caries. fCF La carie produit dans les parties dures
& oilcufes du corps le même effet que la gangrené ,
ou la mortification fur les parties molles ou char-
nues. Cette pourriture, caufée par une marière acre
& corrofive qui attaque l'os , eft très-difficile k
srucrir. Il faut fouvent en détruire la caufe , avant
que d'employer les remèdes locaux pour procurer
l'exfoliation des os cariés, quand elle eft produite ,
par exemple , par un virus vénérien , fcorbutique ,
ccrouelleux , &c.
Ce mot vient du latin caries.
Carie. Ancien pays de l'Aiie mineure. Caria. La Ca-
rie étoit entre la Lycie &; l'Ionie. Eiîc étoit bornée
au nord par le Méandre , .à l'occident par la mer
Icarienne & la mer appelée anciennement Afy;7o«//'z
/Tzare, aujourd'hui mer de Mandria : ce font deux
parties de l'Archipel : elle avoit au midi la mer
de Rhodes , & au levant la Licic & quelques
autres nations. Ce font les bornes que Strabon
lui donne. Elle comprenoit la Dorie , &: félon le
même Auteur , une grande partie du mont Tau-
rus. La métropole ou la capitale de Carie étoit
Halicarnaflc.
Quelques-uns difent que ce nom vient de Carcs ,
Roi de ce pays , qui fut l'inventeur des augures.
Mais Bochard , L. I. Chanaan , c. 7 , prétend qu'il
vient de l'hébreu T) , car, qui fignific un bélier ,
un a"neau-, 8c qu'il fat donné à ce pays, parce
qu'il étoit fertile en moutons & en pâtura,e-cs pour
les brebis. D , f gnifîe auifi pâturage dans Ifaie XXX
Z5 , XXXIV , 6. Ce payS' s'appelle aif)ourd'hui
Aidinelli.
Carie , Ville. Voye^ Carye.
CARIEN , ENNE , qui eft de la Carie , natif de
Carie, habitant de Carie. Les Cariens , en latin.
Car es , étoient des gens de guerre ; de forte que les
armes des Cariens, arma Carie a , une cuirafle de
Carien , lorica Carica , avoient pa!îe en proverbe.
Cependant parce qu'ils fe loaoient pour faire la
guerre, on n'en faifoit pas cas, on les cxpofoit au
premier choc , comme gens qu'on ne fe mettoit pas
en peine de ménager. Et de-là , beaucoup de pro-
verbes , qui marquoient le mépris qu'on faifoit
d'eux. Faire épreuve fir un Carien , \m carier: ,
touc de Carie , facriiice carien , Sec. qui fe trouvent
dans les anciens, & qu'Erafme & d'autres ont ex-
pliqués au mot Kiyîrff. Toutefois les Cariens ne
manquèrent pas de gens d'efprit &: de mérite :
Hérodote & Thaïes ," l'un perc de l'Hiftoire , &
l'autre de l'Aftronomie , étoient Cariens. La frmeufc
Artcmife étoit fcmm.e de Maufole, Roi des Cariens.
Ces peuples font aufS. appelles Carbes , Carbce ,
CARIER. V. a. Corrompre, pourrir. On le dit parti-
GuUètement des os Se des blés. Cariein inducere ,
C A 11 2^9
tariofum efficere. Cet ulcère lui a carié l'os de la
jambe. Les pluies ont carié les blés. On appelle
aufli du bois carié , du bois qui eft piqué devers,
& qui fe pourrit. On dit aulfi fe carier , en parlant
des os , d.es dents , des blés , du bois , qui fe pour-
ri Ifent. Cariem conirahere.
Carié , ée. part. & adj. Cariofits.
Ces mots fe tirent du latin caries, qui (îgnifîe ver-
moulure , pourriture.
CARIGNAN. Petite ville de Piémont , avec titre de
Principauté. Elle eft fur le Pô , à trois lieues de Turin.
Cariniacnm.
ia^ CARIGOURIQUAS. ( La Martiniere retranche
les deux premières fyllabes, & lit : COUR1QUA5..)
Peuple d'Afrique, dans la Cafrerie, aux environs
du cap de Bonne-Efpérancc.
CARILLON ou CARRILLON. f. m. Son de cloche
avec une efpèce de cadence & de mefure qui le fait
en témoignage de réjouiflance aux jours des fctes
de l'Egliie , ou de quelque joie publique. Nume"
rofus & modulatus œris campant j'onitus.
Le jour que naquit Chajtillon ,
On j'onna double carillon
Par tous les clochers de Cythïre, Voit.
On appelle aufîi carillon , un bon nombre de
petits timbres de différentes grolicurs, ou de pctitJô
cloches qu'on fait fonner avec un bouton de fer,
ou avec un clavier, foit qu'on le touche à la main ,
foit qu'il fe meuve par machine avec un tambour.
Le carillon de la Samaritaine. Les carillons de
Flandres font compofcs de trente ou quaranre tim-
bres qui font les mêmes toTis, degrés &c intervalles
de mufique , que les tuyaux des orgues ; auffi les
fait-on fonner en frapant fur les touches d'un gros
clavier , & on en fait d'agréables concerts. Autre-
fois le carillon étoit la même chofe que le tocjîn ;
car on foniioit dans les réjouiffances , de même que
dans les alarmes : d'où vienr que quelques Auteurs
appellent le carillon , pulfatio terroris.
Carillon , fe dit auffi de l'horloge qui fonne difFc-
rens airs.
Carillon, fe dit auffi figurément & familièrement,
pour crierie , grand bruit , tapage. Clamor immo-
dicus , vociferatio. Quand ce mari va au cabarcr ,
fa femme fait un beau carillon.
Carillon des verres, fe dit par métaphore dans la
débauche, en ftyle familier, bachique, en parlant
du bruit que font les verres , lorfqu'on les choque.
On dit proverbialement , qu'un homme a cré
battu , fouetté , étrillé à double carillon ; pour
dire, fortement &: outrageulement
On appelle fer de carillon , un petit fer qui n'a
que 8 à 9 lignes en carré.
CARILLONNEMENT, f m. L'aélion de carillonner.
Il ne fe die point.
{ter CARILLONNER ou CARRILLONNER. v. n,
&; non pas aétif, comme le difent les Vocabuliftcs.
Campanam ars,uté & numerofè pulfare. Il y a des
Eglifes où l'on carillonneïouwcnt ■■, on ^ carillonné
toute la journée à la paroiffc.
Ce mot vient de quadrillonnar , qui a été fait de
quadrilla , mot efpagnol , qui fignifie un petit ef-
cadron, diminutif de quadra, à caufe que les ca-
rillons le font d'ordinaire avec quatre cloches. Mén.
CARTLLONNEUR ou CARRÏLLONNEUR. f. m.
Celui qui carillonne. Qid as campanum argutè ac
nutnerose pulfat.
Carillonneur, qui fait tapage, qui fait carillon.
De routes les Univerlités Proreftantes , je n'en con-
nois point où les Etudians foient moins débauchés
6: moins carillonneurs qu'à Leyde. Le B. de Poll-
^ CÀRIN , KARIN , ou CORI. Petite ville de la
Dalmatie , fur le canal de Novogrod.
^Carin ou Quars. Petite ville d'Afîe , en Syrie, fur
la rivière qui coule à A!ep , entre Alcp & Samoiate.
CARIN-CURINI. f m. C'eft un arbriffeau des Indes
qui porte des fleurs en calque, d'un bleu verdâtre.
a7o CAR
en cpics, $c dont le fruit eft partage en aeiiX cel-
lules dans chacune deCquelles cft une Icmencc plate ,
arrondie , èc terminée en pointe comme un ccL-iir.
LorH]ue cette femence eft miire , elle eft jaunâtre
ou d'un rouge pâle , raboteufe , fur-tout quand elle
elt sèche , èc tout-à-tait infipide. La décodtion de
fcs feuilles & de fa racine brife le calcul ; leur
dccodlion guérit la dyfurie , de leur infafion dans
j'eau chaude , appaife la toux &c les douleurs du
calcul. DicT. DE James.
CAR.INE. f. f. Terme d'Hifloire ancienne. Carina.
Pleureufe , femme qu'on louoit autrefois chez les
Romains pour pleurer dans les funérailles. On les
nommoit ainfi du nom de la Carie leur pays , d'où
on les faifoit venir la plupart. Cœl, Rhodig. L.
XVI, c. 5.
Carine. f. f. Terme de l'ancienne ArchitecShufe romai-
ne. Carina. Les Romains appcloicnt carines les
édifices bâtis en forme de navire , comme nous
appelons nef, de navis , navire, le milieu des
Eglifes Gothiques , ou leur grande voûte , parce
qu'elle en a la figure. Nous pourrions encore ap-
peler carine , ou nef, toutes celles qui n'ont point
dé croifée. Et ce nom relie en effet encore à prc-
fent à quelques-unes , comme à celle de S, Sulpice
de Bourges.
Carine. Terme de Botanique. Les anciens Botaniftcs
donnoient ce nom aux écorces dures & oHeufes
qui recouvrent les fruits , comme celles des noix.
Carince putaminum hijidœ. Les deux moitiés d'une
coquille de noix. Les modernes donnent mainte-
nant ce nom à une cavité terminée à fes deux ex-
trémités par des angles aigus , repréfeniant à peu
près celle d'un navire. Ain(i le pétale inférieur des
• Heurs légumineufes porte le nom de carine. On
dcfîgne par ce nom dans quelques plantes de l'ef-
pèce des gramen , ce fiUon creufé en angle aigu
qui lé trouve dans la longueur de leurs feuilles ,
& ces feuilles airtii creufées , s'appellent en Botani-
que carinées , curinatcv. Dict. de James.
1^3^ CARINO LA. Ville du Royaume de Naples, dans la
terredc Labour, avec un Evêché fuflTagantdeCapouc.
CARINTHIE. En allemand Karnten. Province du
cercle d'Autriche en Allemagne , qui tait partie de
ce qu'on appeloit autrefois la Pannonie , ou félon
d'autres de l'ancien Norique. Carinthia ou Carjii-
thia. Elle efl bornée au midi par la Carniole &
par le Frioul , au couchant par le Tirol , &: par
l'Archevêché de Saltzbourg ; elle a au nord & au
levant la Stirie avec le comté de Cilley. La Ca-
rinihie eft un pays montagneux , marécageux , &
couvert de bois , il ne lailîc pas d'être affez fer-
tile , particulièrement en pâturages. On la divife
en haute & bafîe Carinthie , qui prennent leur
nom de leur fituation le long de la Drave. La
capitale de Carinthie cft Clagenfiirt. La Carinthie
a titre de duché; elle eft fous la domination de
la maifon d'Autriche depuis 1 5 5 1. La manière dont
on injlalloit autiefois le Duc de Carinthie eft fin-
gulière. C'étoit les payfans qui faifoient cette cé-
rémonie, & qui s'étoient acquis cet honneur en
mémoire de ce qu'ils avoient été les premiers du
pays à recevoir l'Evangile. Voye? le mot fuivant
G ARINTHIEN, ENNE: adj. Qui eft de Carinthie. 'Ca-
rinthius. Les Carinthiens , difent les Voya'^es Hif-
toriques de l'Europe , T. VI, rendoient autrefois
hommage .1 l'Archiduc d'Autriche en cette manière :
le peuple s'alfemble dans une vallée proche de la
ville de Saint Veit -, un payfan monte fur un
marbre couché dans une prairie. Il a une vache
noire au côté droit, & une cavalle à gauche. L'Ar-
chiduc , habillé en payfan , &: tenant^une houlette
à la main , mais précédé de Gentilshommes riche-
ment vêtus , s'avance à pied vers cette pierre. Quand
il eft proche , le payfan demande qui il eft ■>. Le
peuple répond, que c'eft fon nouveau Prince. Le
payian demande , s'il eft Juge équitable , s'il cher-
che le bien du pays , s'il aim» la Religion , t'il pro-
C AR
tège la foi ">. Après quoi il dit aux Officiers du Prin-
ce"^: qui pourra me chalTer de-là ? Le Maître d'hô-
tel lui ayant promis foixanre deniers, les deux bêtes
qui font à fes côtés , les habits que porte le Prin-
ce , & exem.ption de toutes fortes d'impôts pour
toute fa vie , il defcend de defllis la pierre , touche
doucement la joue du Prince Se lui recommande
la juftice. Cela fait , le Prince monte fur la pierre,
change fa houlette en une épée nue , promet bonne
juftice au peuple, va à la grande Egliléj où ayant
pris fes plus riches habits, il retourne au même en-
droit de la prairie , 6i y reçoit le ferment de fidélité
des Carinthiens.
CARIOLE , ou plutôt , CARRIOLE, f. f. Petite voi-
ture à deux roues , &: néanmoins fufpendue fur des
moutons , & couverte ordinairement de cuir. Mi-
nor rheda. La cariole de Poifîî. Cet homme a fait ■
faire une cariole pour aller feul à la campagne.
Cariole fe dit encore d'une grande charrette de
voiture , où il y a plulieurs bancs , pour afleoir
ceux qui veulent venir par cette voiture. Telle eft
la cariole de Châteauroux. Je fuis venu dans la
cariole ou par la cariole de Châteauroux. Ailleurs on
l'appelle limplement charrette. Ainii l'on dit la char-
rette de Cofne.
Ce m.ot vient du latin carrus,Aonx. il eft diminutif*
CARIPI. f. m. Efpèce de cavalerie chez les Turcs.
Les Caripi, au nombre de mille,n'ont pas été nourris
dans les ferrails , & ne font point efclaves comme
les autres -, mais la plupart font Maures ou Chré-
tiens renégats , qui ont fait le métier d'aventuriers ,
qui font pauvres , qui cherchent fortune , & qui
par leur adreffc & leur courage font parvenus au"
rang des gens de cheval de la garde du Prince.
Ils marchent avec les Ulufagi à main gauche dct-
r'ère lui , & ont dix à douze âpres par jour , fans
être obligés d'entretenir plus d'un cheval , s'il ne
leur plaîr. Vigenere.
Caripi fignifie pauvre de étranger , & ils font
ainfi appelés, dit Chalcondyle , L. ^, parce qu'on
les prend de l'Alie , de l'Egypte 5c de l'Afrique.
ffT CARIPOUS.Peuples de l'Amérique méridionale,
au nord du Bréfil & de la rivière des Amazones.
IP" CARIQUEUSE. ( tumeur ) Epithète qu'on donne
en Chirurgie à une tumeur qui par fa figure re/fem-
ble .1 une figue fauvage , nommée cnlmincarica,
parce qu'elle croiffoit en Carie.
CARIS, f. m. Ragoût que font les Indiens avec du riz ,
du beurre , des herbes , & quelquefois du poiifon
ou de la viande, Bc force poivre.
CARISELou CRESEAU.f. m. Groflé toile claire qui fert
pour travailler en tapiflerie , de même que le canevas.
Tela cannabina. On en vend de blancs & de teinf^.
CARISET. f. m. ou RARESE. Etoffe de laine croifée ,
qui fe fabrique en Angleterre.
CARISIE. f. f. Nom de poire. La carijîe cftmifeau
rang des mauvaifes poires par la Quintinie.
CARISTADE. f. f. Caritas , cleemofina. Ce mot vient
de l'efpagnol caridad, qui fignifie aumône; mais
il ne fe dit qu'en riant. Demander la carifiade. Don-
ner la carijiade. Il paroît que ce nom vient des
provinces méridionales de France.
CARISTIES. f. pi. Carijiia. C'étoit une efpèce de
fête chez les Romains qu'on célébroit au mois de
Février à l'honneur de la DéefTe Concorde. On infti-
tua les Carifiies pour rétablir la paix entre les fami-
Ics qui étoient brouillées. On faifoit un grand repas
où l'on n'invitoit point les étrangers , mais feulement
les parens & les alliés ; la joie qu'infpire le repas
étoit regardée comme un moyen propre à réunir des
efprits divifcs. On appeloit au(îî cette fête dies charte
cos:nationis. Le jour de la chère parenté. Ovide parle
des Carijiies dans fes Faftcs. Voye^ aufîî Valère
Maxime, L. II, c. i , Rofinus, &c.
Le nom de Carifiies vient du grec x^pU'a ,
qui eft le nom de cette efpèce de fête , de
xj/iif , grâce, union , paix. M. Blondel écrit Ca-
ri/lies fans h, fuivant rufag;e, qui a retranché I7t
de quelques mots qui s'écrivent en grec par un
CAR
X » comme caraBkre. Mais d'autre^ retîeJAnent tcttt
lettre, & écrivent Charisties.
'ip- CARISTO. Nom d'une ville de Grèce , dafts la
partie orientale de l'Ile de Ncc^repont. Les Fran
çois l'appellent Château-Roux^ C'eft le ficc^e d'un
Evêché Grec ,' fous l'Archevêque de Négrepont dont
il elt lumragant.
CARJTATIF. Voyei Charitatif.
CARIVE. i; m. C'eft un des treize ftoms que l'on
donne au poivre de Guinée, ou corail des Tar-
dins , vulgairement connu en France Tous ielui de
Piment.
CARIUS. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un
Dieu de l'antiquité , fils de Jupiter & de Thor-
^f' ^'[^"''^f^^rius le promenant fur les bords
du lac Thorrcbie entendit le chant des Nymphes ,
& apprit d'elles la mufique , qu'il enfeigna enfuite
aux Lydiens. En rccompenfe de ce bienfait ils lui
décernèrent les honneurs divins , & lui bàtireiit
un 1 emple magnifique ilir une montagne , qui prit ,
dit-on , le nom de ce noilveau Dieu.
Canus étolt auffî une cpithcte de Jupiter chez les
Myla/liens. Hérodote.
CARLA f. m. Toile des Indes orientales , ainfi nom-
mée du village où elle fe fabrique
|Cr CARLADEZ. (le) Petit pays de France, dans la
haute Auvergne , fur les confins du Rouergue. Il
prend fon nom de la petite ville de Cariât. C'eft ce
que dit Longue Rue. Mais Piganïol de la Force ne
connoit point cette ville de Caflat, & met Vie fur la
Ccre, pour chef-lieu du Carlade?.
rr CARLAT ou CARLAT. Petite ville de France, au
Comte de Foix Baudrand à:itCarlac, entre Pammiers
& Rieux. C'eft la partie de Bayle qui y naquit en
r- lif^-^ mourut a Roterdam le i8 Décembre ino6.
CARLET. Voye^ Carrelet.
CARLETTE. î. ï, C'eft une des fortes d'ardoifes qui
le taillent fur les ardoifières d'Anjou & du pays du
Maine. ^ ^
^^SâF^^^^' ÈNNEj pour CARLOVINGIEN ,
ENNE adj. & f. Mahon Carlienne. Les Carllcns.
1 raite des Maifons Mérovingienne & Carlienne. M.
DE S. Aubin. Pluiieurs Auteurs célèbres ont foutenu
que les Maifons Carlienne & Capétienne avoient
une tige commune dans S. Arnoul , Evêque de Mets.
1D./.1Î3. La femme de Childebrand étoit fortie du
{zr^^Larhen , puifqu'elle étoit fille de Pépin de Hér-
itai. Id.;^. 408. Il eft certainement établi que le fano-
t^nliai a été tranfmis à la Maifon régnante ( la
Capétienne ) par des alliances continuelles , & de
génération eti génération pendant neuf celis ans.
la. p. 405).
Le P, Le Cointe eft d'avis que les récits fabu-
leux de la naiifance de Mérovée ont été inférés
dans les Exemplaires de Frédécaire , fous les pre-
miers règnes des C^r/zVwji & qu'ils firent partie des
artifices dont on fe fervit alors pour décrier la Mai-
Ion Mérovingienne. Mais on conferve à la Biblio-
thèque du Collège de Louis le Grand un exem-
plaire de Fredégaire, écrit avant la fin de la pre-
mière race, ou ces mêmes pallàges fe lifent en en-
tier. De s. Aubin , Antiq. de la Nat. & de la Mon.
tranç. p. 502.^
CAR LIEE. Carleolum^ autrefois Lupivdllutn, Ville
des Bridantes. C'eft une petite ville d^Anc^leterre
capitale du Comté de Cumberland , fituce fur la
iiviere d'Eden , vers les frontières d'Ecofle L'È
l^^T^i '^^^C^'-Zf/^^eft fuffiragant de l'Archevêque
dYork. On voit a CarlUe les reftes de la fameufe
muraille d'Adrien.
^ CARLINGFORD , petite ville maritime d'Ir-
lande dans la province d'Ulfter, au Comté de
Louth.
CARLIN ou CAROLIN. C m. Carlinus , Carolinus
r^,'Tve%>^^^°""°'^ ^^ ^^^P'^^ ^-^' y =1^°'^ cours
au AV (lecle, comme il psroit par les adlcs de
i. François de Paule , AB. SS. Apnl. T.I,p.i%,,
ri r^î.'i/P.P^'^^™"^"^ ^^ monnoie qu'y fit batttre
Charles d'Anjou Roi de Naples , frère de S, Louis.
CAR â^j
HJ}l ^ ^f'^^'^^li'^ de Sicile, qui vaut quatre
fols deux deniers ; & celui de Malte, qui^ vaut
CARLINE ou CAROLINE, f. f. Carlinà Plante
quon dit avoir été indiquée par un Ange à Cha!
lemagne , pour guérir' fon armée de ia°pefte on
croît auffi que par certe railbn elle port? le nom
de ce, Biipereur. C.rlinà , quafiCarolL, Elle eft vS
Lrre' Îr.V '^^""^\l°"S"es , très-profondes er.
Surr'.T '°™''' ^' P^"*^^' quelquefois plus .
en d danT' v°i"' ^°f ^^^" «^" dehors , blaLhe
1 A r ' ^ ^ ""^ odeur aromatique. Son collet
Z, I 'i'ipofees en rond, couchées par terre , Ion-
TcJ^etr^''!' ordinairement , fu'r deux pouces
cie largeur, & découpées juiques vers la côte aui
parcourt toute leur longueur ,'ondées fur leurs bord
n" fSd'aboTr '' P^'^"?^ '^'^ ^^^^"^ ' ^ ^°^o-
De leur m^ ,V """''''' Pl^^jerdâtres dans la fuite,
- fur milieu naît une tête pareille à peu près
a celle d'un artichaut , prefqu'aîift groire,Tais^un
IcfZ^fZl','' --P-^-^'écaifles plus m/nces
haut ce éc! n ? r'"^'' '^"^ ^^"^ ^' '^'é d'en-
naut,ces écailles font pointues, piquantes & un
peu onguettes. Cette tête renferme un amas' confi
d?; de^birncr ^'-P-^P-Pâ'e,& en'rSnSs
1 len •' fur dTu HgnesTuJ^^^.^^-J^.f ^" '^'^'^
lien Ap a^,..; a ^ "^^ "^ margeur, & qui tiennent
brvons ?ui ;?'"?"' °" ^^ '^°'^^°""^- Les em-
bryons, fui lefquels portent les fleurons, devien-
nent autant de femences oblongues, velue & cha-
Fe'4 r "/■ 'V°^' ^^ P°^^ en^manière d'aTgret e.
CecteC^r/m.fe nomme la grande Carline.ifarlinl
acaulos magno flore. C. B. Il y en a une autre efpèce
difFcrente de celle-ci , non feulement parce q Jdle a
des iges branchues , mais encore par les féunies
qui font plus étroites & beaucoup%lus vertes, &
par fes têtes qui font prefque d^ine moitié plS
petites. Carhna polycephalos ,&cc. La racine de k
tarlme eft recommandée dans les maladies peftilen-
rAPTrl^^ït"^^"'*""'^'^"^^ diurétique. ^ '
CARLINGUE ou ESCARLINGUE. ù f Terme de
Marine. C'eft une pièce de bois qui règne prefqué
le long du vai/feau, directement au-defilis de la
quille, pour faire liaifon enfemble; c'eft pourquoi
plufieurs l'appe lent contrequille. Ces deux pièces
fervent de fondement à tout le corps du vaifieau ,
parce que les varangues & les autres membres dé
charpentene y font a/femblés. C'eft au(ïi fur la car^
hngue , que l'on pofe le grand mat. C'eft pourquoi
on^ appelle encore carlingue , nn^ pièce de mâc
quon nietaupied de chaque mat. La grande c^r-
hngue eft la carlingue du grand mât. On dit car-
hngue de cabeftan, carlingue de bittes.
Carlingue, f. m. Quelques anciens Auteurs difenc
C^r^«p. pour Carlovingien , poftérité de Charles
Martel , IP race des Rois de France. C^r/ovrW^.
Les Carlingues, ainfi nomme-t-on la poftérité de
Charles Martel, n'ctoient pas François naturels, ni
de la Germanie de-là le Rhin; ainfi étoient Barban-^
ÇOnS. CoQUItLE.
CARLOEK f. m Efpèce de colle de poîfibn qu'on
tire d Archange!. Elle eft faite avec la ve/Tie de l'e-
Iturgeon. Son principal ufage eft pour éclaircir le
vin. On s'en fert auffi pour la reinture : la meilleure
vient d Aftracan , ville Mofcovite à l'embouchurd
r-AnrX'ii^' °" ^^ ^^ P^^'i^ quanrité d'efturgeons.
CARLOSTAD ou CARLSXAD. Nom de plufiçurs
villes différentes. Caroloftadium. Carloftad, ville de
Suéde , eft dans la Weftrogothie , c'eft-à-dire , dans
la Gorhie occidentale. Carlofladon Carlo wîtz, ville
du Royaume de Hongrie Se Capitale de la Croatie *
Carlftad, ville du Cercle de Franconie, eft fituée
fur le Mein dans l'Evêché de Wirtftjourg. Le non!
de Carloftad ou Carlftat , eft aufli la même Chofe que!
Carelftar, & ils viennent tous du nom Carolus t
Charles, & du mot Allemand y?^/, qui fio-nifie
Etat, ville. Status , civicas. Toutes ces villes ont
teçu ee nom de quelque Prjnee nommé Charles.
ay^r CAR
€ARLOVINGIEN. ENNE,f. m.&f. &adj. Oeft le
■nom qu'on donne aux Rois de France de la fé-
conde race. Carlovingus , ou , félon quelques-uns,
Caroliiigus, Les Carlovinglens ont pris le nom de
■Charles Martel , père de Pépin le Bref, premier Roi
de la race ou tamille Carlovingienne , qui monta
fur le trône en 751 , & finit en 988. Il n'y a que
quatorze Rois de France Carlovinglens. Le dernier
Roi Carlovingien fur Louis V. Le Baron de Leib-
nitz a écrit les Annales des Empereurs Carlovin-
glens, depuis Charicmagne jufqu'a Henri l'Oifeicur.
D'aurres diient que ce nom lui a été donné de
Charicmagne fils de Pépin, & fécond Roi de cette
race, ^ qu'elle a pris fon nom plutôt que celui du
premier Roi Pépin, à caufe de la gloire & des actions
éclatantes de Charlemagne , le plus grand Prince de
tous les Rois de cette race. Dans la décadence de la
race Carlovingienne , les fiefs devinrent hérédi-
taires. Le Gendre.
Rochefort dit Car lien pour Carlovingien , la race
Carlienne , la niaifon Carlienne. Mezeray &c Corde-
moy difent Carlien ou Carlovingien , &c d'autres
Carlingue, Quelques-autres, comme Bardin , difent
Carlien. Carlovingien eft plus en ufage. Heineccius
remarque dans fon ouvrage De Sigillis , P. I , c.
f^III , n. VI , que les Sceaux des Carlovinglens font
bien travaillés ; ce qui vient de ce que Charlemagne
fit revivre les Arts. Il décrit quelques-uns de leurs
Sceaux au même endroit.
CARMAGNOLE. Carmaniola. Ville des Etats du
Duc de Savoie en Italie. Elle ell des dépendances
du Marquifat de Saluées, quoiqu'elle foit dans le
Piémont propre.
gC? CARMAIN. Petite ville de France , de la haute
Galcogne, mais enclavée dans le haut Languedoc,
à quatre lieues de Touloufe.
fer CARMANCHA. Ville de Perfe , & la dernière
de ce Royaum-e , fur la route d'Amadar à Bai^dat.
^ CARAIARDEN &: CARMARTHE. Voyei Caer-
MARTHEN.
CARMATHE. f. Nom d'une faction Mahométane.
Les Carmathes font des rebelles de l'Arabie Heu-
reufe , qui vers l'an de l'Hégire 500, ou dans le
X' fiècle , fe révoltèrent contre les Califes. L'an
319 de l'Hégire, 930 de J. C, le pèlerinage de la
Mecque cefla, par la crainte des Carmathes , qui, en
une feule foisj tuèrent plus de 20000 pèlerins.
D'Herbelot.
CARMATIEN , ENNE. f. £ C'eft la même chofe que
Carmathe , dont on vient de parler. Carrnatianus ,
a. Les Carinatlens étoientune Seèle mufulmane en
Arabie , qui s'éleva au X^ iîècle , fous le Calife Al-
monetadir-Billa. Aboutaher , Carmaden , défit en
3 IX de l'Hégjre , 924 de J. C. la caravane de la
Mecque ; enforte que le pèlerinage ce/la pendant
douze ans. Fleury.
CARME. Ordte religieux , l'un des quatre Mendians,
qui tire fon nom & fon origine du Carmel, mon-
tagne de Syrie, autrefois habitée par les Prophètes
Elie & Elizèe , & par les enfans des Prophètes ,
dont cet Ordre prétend defcendre par une fuccel-
fion non interrompue. Voye^;^ au mot Carmel. Ce
que l'on peut dire de plus lur de fon origine^, c'eft
ce qu'en écrit Jean Phocas , Moine Grec de l'Ile de
Pathmos , qui vilitoit les faints lieux en 1185. Il
rapporte que fur le Mont Carmel, eft la caverne
d'Èlie , qu'il paroît par des ruines des b.uimens
qu'on y voyoit,qu'il y avoir eu là autrefois un grand
Monaftère ; que , depuis quelques années un Moine,
Prêtre, & âgé, comme le rémoignoient les cheveux
blancs, étoit venu de Calabre, & s'èroit établi en
ce lieu pat révélation du Prophète Elie ; qu'il y
avoit aflèmblé dix frères , avec lefquels il y vivoit ,
dans le temps que lui , Phocas , ccrivoit ceci.
Cunthcr, Moine Latin, qui a fait la relation du
voyage de Martin, Abbé de Paris, près de Bâle ,
dit la même chofe. Voye?^ Leo Allatius , Opufc,
c. 3. Le B. Albert, natif du Pannéfan, Chanoine
régulier d'abord , puis Evêque de Verceil , & en-
CAR
fuite Patriarche de Jéiufalem , donna à ces Solitaires
vers l'an 1229, une règle contenant \6 aiticles ,
que le P. Papebroch a fait imprimer dans la vie de
ce Saint, cli. 5. Aéla SS, April, T. J , ad VIII,
jîpril, p. 778, en 1217 , ou, félon d'autres, en
i22(j, le 3 Janvier. Honorius III approuva cette
règle , & ordonna aux Hermites du Mont-Carmcl
de la garder , vu qu'ils l'avoient reçue avant le
Concile de Latran , qui dèfendoit les nouvelles
religions.
Après la paix défavantas^eufe que Frédéric II fit
avec les Sarrazinsen 1229, le Roi S. Louis en re-
venant de la Terre-Sainte amena des Carmes eft
France en 1254 & les établit à Paris, ainfi qu'en
fait foi une lettre de Charles-le-Bel fon arrière-pe-
tit-lils , de l'an 1522. Ils demeurèrent d'abord où
font à piéfent les Céleftins. Leur règle avoit été
confirmée par Honorius III dès 12 17, & Innocent
IV en mitigea la ievérité en i\^^. Plufieurs Papes
leur ont donné le titre de Frères de la bienheu-
reule Vierge Marie. Cet ordre eft célèbre par la dé-
votion du Scapulaire , & par le grand nombre de
Docleurs, de Prélats Se de Saints qu'il a donné à
l'Eglife. Il y eut dans le dernier fiècle quatre Saints
canonifès ; favoir , fainte Thérèfe , S. André Cor-
fin , fainte Magdelene de Pazzi , Se le B. Jean de
la Croix. Il a des Milfions en Grèce , en Syrie ,
en Perfe , au Mexique , au Pérou , au Bréfil , aux
îles Antilles , en Angleterre &: aurrcs lieux. Ces
Millions font partagées entre les Carmes de l'an-
cienne obfervance , que l'on appelle Mitigés , &
les Carmes de la plus étroite obfervance , dits Dé^
chauffes. L'ancienne obfervance n'a qu'un Général ,
auquel obéiifent quarante Provinces , & la Con-
grégation de Mantoue qui a un Vicaire- Géné-
ral. L'étroite obfervance a deux Généraux -, l'un en
Efpagne , qui a huit Provinces de fon obéiflance i
l'autre en Italie , qui a douze Provinces en diverfes
parties de l'Europe.
Il faut donc remarquer qu'il y a plufieurs réfor-
mes de l'ordre des Carmis , qui font la Congré-
gation de Mantoue , établie dans un Monaftèrede
l'ordre , litué dans les Alpes , en un lieu nommé
Girone , dans le Diocèle de Sion, vers l'an 1452,
par le P. Thomas Concète de Rennes en Bretagne,
P. Helyot, t. I, c. 45.
Les Carmes de la Congrégation d'Alby , établie
fous le Généralat du P. Baprifte, Mantouan, fous
Léon X , & qui ne dura pas.
Les Carmes de l'étroite obfervance. Cette Con-"
grègation fut établie à Rennes par le P. Pierre
Bouhourt. Elle a environ 25 Couvens d'hommes ,
deux hofpices & quatre Monaftères de filles , qui
forment une Province , qu'on appelle la Province
de Tour.aine. On les nomme fouvent Carmes de
Bretagne. Les Carmes Billettes de Paris font de cette
Congtégation. Les Réformés de Flandre & d'Al-
lemagne, s'appellent auifi de /'(f/ro//e Obfervance y
& ceux qui ne font pas réformés , s'appellent l'an-
cienne Obfervance. P. Heliot , Ibii. ch. 4^ £• 4(î.
Le P. Hardouin dans fes Opéra varia , foutienc
que les Religieux Carmes s'appeloient primordia-
lement en France Barrés , Barrati , & qu'ils fu-
rent appelés Carmes vers l'an 1290 à caufe de l'E-
glife ou Chapelle de Sre Marie de Carpino , du
Carme ou charme , dont ils furent mis en pollel-
fion au mont Ste Geneviève. Ainfi , félon ce
favant homme , ils furent alors appelés Frères du
Carme du mont Ste Geneviève : &: par le laps de ■
temps, il fe fit une légère tranfpofition dans leur
nom \ en forre qu'au lieu de dire comme aupara-
vanr, les Religieux du Carm.e , ou du Carmel du
Mont , de Carpineto-Montls , on vint infenfible-
ment à dire les Religieux du Mont-Carmel, de
Monte-Carmelo.
Le Tiers Ordre des Carmes eft diffèrent de la
Confrérie du Scapulaire. Selon Dinade Martinez
Coria, dans un Traité qu'il a fait fur ces Tierciaires,
imprimé à Séville en 1592. Ces Tierciaires C<zrOT«
defcendent
CAR
clcfc:nclent immédiatement d'Elie , aiifll bien que les '
Carmfs mêmes ; & le prophète Abdi.is parini les
hommes ,& Ste Emcrentienne bilaicule de Jésus-
Christ , parmi les femmes croient de ce tiers-
Ordre. Il s'appuie lur les Bulles de Léon IV d'E-
tienne V , d'Adrien 11 , &: d'autres Papes , que le P.
Hélyot a rctlitécs dans ion T. 1 , f. 41, D'ailleurs,
Coria fe contredit, & écrit que ce ne fut qu'après
avoir reçu le baptême de la main des Apôtres que Es
Carmes le divilcrent en Reliiîieux , en RcligieuEs 6^
en Ticrciaircs. De plus , il convient que c'clt le Pape
Sixte IV, qui a donné pcrmiHîon aux Carmes l'an
i-\-y6 , d'établir ce Ti.rs-Ordre. Silvera, fameux
Ecrivain des C'tzr/72î.'j,&; Lezane en convienent. Ce
n'ell donc qu'en 1477, que le Ticrs-Crdre des
Car/TZfj a commencé en vertu delà Bulle de Sixte
IV, de l'an 14715. Leur règle fut tl'abord la même
que celle que le B. Albert donna aux Carmes. Vers
l'an i<j}5 , Théodore Stratius, Général des Carmes
leur en donna une autre , qui fur réformée l'an
i6jc. , par le P. Emile Jacomelli , Vicaire général de-
cet Ordre. Ces Ticrciaires Carmes font un an de
Noviciat , après lequel ils font profcHion & promet-
tent obédience & chaftcté. L'habit des Frères cft une
robe ou tunique, qui dcfcend jufqu'aux talons, de
couleur tirant fur le noir ou rouiîè fans teinture ;
par-deiîus une ceinture de cuir noir, large de deux
doigts, fous la tunique un Scapulaire de lîx pouces
de large, defctndant plus basque les genoux, enfn
une chappe blanche , longue jufqu'à mi-jambe. Les
Sœurs ont un voile blanc , fans guimpe ni linge au
front & à la gorge. Dans les pays où ces habits ne
font pas en ufage , ils peuvent être habillés comme
féculiers en gardant feulcmement la couleur tannée.
P. HÉlyot, Tome I , c. jz.
Si quelques Carmes ont dit qu'ils étoient les
oncles de JÉsus-Christ, &c. fi l'on a avancé dans
des thèfes de Bczicrs qu'il eft probable qu; Pytha-
gore cioh Carme , &: que les Druides des Gaulois
avoient auili les obfervances régulières des Carmes,
ce font des rêveries de particuliers , qu'il ne faut
point attribuer à tout l'Ordre', non plus qu'il ne
faut point blâmer ceux qui révoquent en doute cette
grande antiquité que quelques-uns attribuent .à cet
Ordre , fur-tout s'ils propofcnt leur doute avec la
même modération & la même modeftie' que le P.
Papebroch dans les ylci. SS. fur le huitième d'Avril ,
p. 777 , &û. ^^oye^ auili Barres.
Carmes déchaux ou déchaussés. Religieux Carmes
de la réforme de Ste Thérèlé.Les Carmes Decka.'.J/es,
ou comme on dit plus communément, les Carmes
Déckaux, font ainli appelés , parce qu'ils vont nus
pieds. Sainte Thcrèfe entreprit de remertre les
Carmes dans leur première auftétité , & commença
l'an 1540, par les couvens de hlles.
Enfuite aidée du P, Antoine de Jéfus , &: du P.
Jean de la Croix , elle établit la même ré orme dans
ceux des hommes. La réforme des filL s commença
par le couvent d'Avila , dont elle étoit Religieufe,
8c celle des hommes dans un Couvent que 1,;S deux
Pères que nous venons de nommer établirent près
d'.\ji|lB. Pie V approuva le delfein de Ste Thérèfe ,
& Grégoire XIII corifirma fa réforme en 1580. Il y
a deux Congrégations de Carmes Dechaujjes qui ont
chacun leur Général particulieS , & leurs conftitu-
tions. L'une eft la Congrégation d'Efpagne divif :e
en (ix provinces \ l'autre s'appelle la Congrégation
d'Italie, & comprend tout ce qui ne dépend point
d'Efpagne, Elle comprend 44 ou 4^ Couvens en
France. Les Carmélites réformées furent appelées en
France en i.(îo5 , &: les Carmes Dechauffes en 160^.
Le P, Ifîdore de S. Jofeph a fait l'hiftoire des
Carmes DcchaufT^s , 5i le P. Jérôme de S. Jofeph
l'hiftoire de la Réforme des Carmes , qui fe trouve
aufll en partie dans la vie Se les lettres de Sainte
Thérèfe.
Le différent qu'ont eu les Carmes avec les Bol-
landiftes, c'eft-à-dire, les Jéfuites d'Anvers qui
travailloient au grand ouvrage des ASa Sanclorum ,
Tom» II,
CAR 27 j
â trop f"iit de bruit datis le monde favafit,pour n'en
pas dire un mot.
On fait que les Carmes prétendent defcendre du
Prophêre Elic , &; que depuis Ion temps jufqu'.à nos
jours il y a toujours eu des Religieux du Mont-Car-
mel d icendans de ce Prophète, & faifant les tr.ois
vcL-ux clfenticls de religion. Les Bollandiftcs dans
leurs Aétes des Saints donnèrcnr en \66Z au fixièmc
de Mars la vie de S. Cyrille , &: au 19 celle du B.
Bcrthold. Ils donnèrent à celui-ci le titre de prcmief
Général de l'Ordre des Carmes Se appelèrent S. Cy
nile troiiîème Général du même Ordre. Ils ne di-
foient en cela rien de nouveau, rien qui n'eût été
dit pat Jean le Gras , l'un des Gércraux de l'Ordre
des (.a/7/igj , ô: par Jean Paléonydor, Religieux du
même Ordre. Ils avoient même cité un Traité de l'o-
rigine &: du progrès de cet Otdre ,que l'on attribue
à ce S. Cyrille leur Général , dont nous venons de
parler, & dont il y a un exemplaire de l'an 144(5 >
dans la Bibliothèque du collège de Navarre à Paris ,
Traire que le Père Daniel de la Vierge Marie a
inféré dans fa Vigne du Carmel. Malgré tout cela ,
& quoique l:s BoUandiftes fe fuifent autorifés du
fentiment des favans Cardinaux Baronius Se Bellarn^n
qai ne mettent l'origine des Carmes que fous le
Pontificat d'Alexandre III, en l'an ii3o, ou 1181 ,
les Carmes furent fort fcandalifés qu'on diminuât
ainfi leur antiquité.
Le P. François de Bonne-Efpérance , Exprovincial
de Flandre -, répondit aux BoUandiftes par un livre
qui a pour titre , HLjhrico-Theologicum Armamen-
tarium , proferens omnis generis j'cuta , Jive Sacra
Script uriZ , fummorum Pontifuim , SaJicïorum Pa-
trum, Geograplwriim & Dùclorum tam anti>juoruiTi
quàm receniiorum aucioricates , traduiories
& rationes quïbus amicorum dijfîdentium teld
Jîve argumenta in Ordlnis Carmelitariim anti-
qidtatem , origincm-, & aé Eluifub tribus effciitiali-
hus votis in monte Carmelo hizreditariam fiiccef-
Jionem & hue ujljue légitime non interruptem, vibrata
enervantur. Mais comme les Carmes virent bien
qu'on leur rcpondroit. Se que dans les tomes fui-
vans des Actes des Saints on continueroit à établir
le même fentiment, le P. Matthieu Orlandi, pour
lots Général des Carmes., écrivit aux BoUandiftes
pour les prier que lorfqu'ils parleroient du bien-
heureux Albert, Patriarche de Jérufalem, & de la
règle qu'il avoir donnée aux Carmes , ils confultaf-
fentle P. Daniel de la Vierge-Marie, hiftoriographe
de leur Ordre -, Se que quand ils citeroient l'auto-
rité du Cardinal Baronius , ils ne le fiflênt pas 11
nument qu'ils l'avoient fait dans le mois de Mats ,
mais qu'ils modifiailent un peu les paroles de cet
Annalifte par quelque commentaire. Les BoUandiftes
avoient confulté ce P. Daniel fut ce qu'ils avoient
dit de S. Berthold , & il l'avoir approuvé.
En i(j75> parurent trois tomes du mois d'Avtil. Le
P. Papebroch y foutient que le fentiment fut l'otigine
des Carmes Venant du Prophète Elie , étoit plein de
contraliufions-, que leur Ordre n'étoit que du JvIP
fiècle ; Se l'Aurrar rapporte à cette occafion ce que
nous avons dit de Jean Phocas au commencement
de cet article. Les Car •? 'i oppofèrent un autre
voyage fait en Terrc-Sai ue par un S, Antonin ,
mattyr -, mais les Pollandil s prétendent que es
voyage remp!' de Fables n'a été donné que par un
écrivain à\ XII= liècle. Les BoUai-'diftes ,onr fait
imptimer ces deux voyages au commencement du
II tome de Mai. Outre cela le P. Papebroch au II
tnme d'Avril , difputoit aux Carmes d'anciens
Monaftères qu'Us, prétendpient leur avoir appar-
tenu avant le XTI' fiècle, Si. regardoit comme fup-
pofcs les titres fur lefquels on appuyoit cette pré-
tention.
Cela engagea le P. François de Bonne-Efpérancc
de donnet un tome II de fon Arfena! Hijîoriji.e-
Chronologigite ; Se le P. Daniel de la Vierge-Marie ,
un Propv'nririilam Carme'itanœ hiftoriie. Après quoi
ces deux Dcfenfcurs deS Cdrtnes étant motts , ceux-
M m
-2 74
CAR
ci tiemeurtrent dans le iilencc iufqu'en i6Zo, i
Cette anncc-lA parurent les trois premiers tomes
du mois de Mai. Durant le courant de i'impreilion ,
les Carmes Tachant qu'on y devoit mettre la vie de
S. Ange , Martyr de leur Ordre , en demandèrent
communication. Le P. Papebroch fit d'abord quel-
que difficulté , mais enfin il l'envoya à Rome a Ion
General , pour erre montrée au Général des Carmes.
Ceux-ci firent traîner l'examen (i lont;-temps , que le
Libraire le laflant de ne point débiter ics Livres , 8c
de ne point voir rentrer les fonds dont il avoit
befbin, obtint enfin la permiliion du P. Papebrocli de
les mettre en vente. L'ordre vint eniliite de ne point
imprimer cette vie, mais il y avoit déjà plusieurs exem-
plaires de dcbircs , &: ceux qui en vouloient, même
les Carmes , déciaroient qu'ils n'en prcndroient
point , fi la vie du B. Aniçe étoit retranchée. Outre
cela, au commencement de la vie du bienheureux
Rabata, il avoit donné une efpcce d'Apologie de la
conduite à l'égard des Carmes , ôc il rcfutoit l'Ar-
lenal Hiftorico -chronologique. Et au commence-
ment du III<; -tome dans'rhiftoire des Patriarches
àc Jcrulalem , il rélutoit encore les ptétcntions des
Carmes. Ils y oppoicrcntun Ouvrage du P. Daniel
de la Vierge-Marie , qui étoit Ibus fa prclié depuis 9
ans, & qui étoit intitulé, Speat/u m Carmclitamun,
five Hilioria Eliani ordinis, &c. en 4 vol. in-folio.
Les Editeurs de cet ouvrage pofthume y avoient
iijouté beaucoup de choies pleines d'aigreur contre
le P. Papebroch. On vit encore alors beaucoup de
libelles contre ce Père , letttes anonymes , paiqui-
nades , vers fatyriques. MeflleuTS d'Herouval , & du
Cange furent auifi attaqués, parce qu'ils avoient ap-
prouvé le fentiment & la conduite du P. Papebroch.
M. de Launoy qui avoit écrit contre la Bulle Sabba-
rhine de Jean XXII, le Scapulairc & la vilion du
Bienheureux Simon Stock, ne fut pas plus épargné.
Le P. Papebroch & fes collègues mépriièrent ces
écrits , & n'y répondirent point. Ils continuèrent
leur grand ouvrage, & donnèrent en 1(^85, deux
nouveaux tomes de Mai, & en i(î88 , les trois der-
niers-, mais le Père SébalHen de S.Paul, qui avoit
écrit en faveur de fon Ordre , ayant mis à la tête de
l'on Ouvrage une fupplique au Pape Innocent XI par
laquelle il le fupplioit de terminer leur difl-'érenr
avec les Jciliites: le P. Papebroch & fes aflbcics
crurent êtte obliges de détruire les préventions
qu'on auroit pu inlpirer aux Prélats de la Cour de
Romei& le P. Janning, l'un des afiociés du P.
Papebroch , répondit aux faits alicîîués dans la
fupplique, &)uftifia la conduite des 'Bollandiftes.
La fupplique imprimée d'abord à Francforr ne fut
point préfentée au Pape -, elle fut quelque temps
après réimprimée à Venife , & fupprimée par la Ré-
publique.
Les Carmes ne perdirent point courage pour cela \
au contraire de défendeurs qu'ils croient, ils devin-
rent agg-reffeurs , & déférèrent à Innocent XII, les
14 volumes des Acla Sanclorum , comme pleins
d'erreurs. Le Pape renvoya l'affaire à la Congréga-
tion de l'index. Les Car^tes n'efpérant pas bien^du
fuccès de leur afîiire à Rome & croyanr qu'ils au-
roient plus de crédit en Efpagne , dénoncèrent le
même ouvrage à l'Inquifition de ce Royaume , qui
le 4 Novembre 1(^89, donna un décret portant
condamnation des ^Cla Sanclorum. Ce décret ré-
volta tous les Savans de l'Europe; qui s'intércf-
fèrent à la défénfe de l'ouvrage fupprim.é. L'em-
pereur Léopold écrivit en faveur des Jéfuites à
Innocent XII, & au Roi d'Efpagne. Les Jéfuites
préfentèrent une Requête au grand^ Inquifiteur d'Ef-
pagne , &: demandèrent à êfre ouïs dans leurs dé-
fenfes. L'Inquifition par un décret du 5 Ko\\t\6<)6 ,
leur permit de répondre. Ils le firent par trois vo-
lumes //2-40. imprimés en \6c)6 , i(Jc>8 , 6c 1^99, Les
Carmes^ écrivirent de leur côté , & dénoncèrent
niême à l'Inquifition la lettre de l'Empereur au Roi
d'Efpagne , comme hérétique 6c fchifmatique. Le
•il Juin I (îp7 l'Inquifition d'Efp.agne défendit tous
CAR
ks Livres concernant ce différent. Dès l'année pré-
cédente Innocent XII, avoit défendu aux deux
partis d'ccnre l'un courre l'autre. Le Général des
Carmes prelénta une fupplique à ce Souverain Pon-
tife, pour le prier d'ordonner qu'on ne parlât plus de
ces queftions , & qu'on laillat les Carmes dans leurs
prétentions. L'affaire fut renvoyée à la Congréga-
tion du Concile, qui jugea que le Pape devoit im-
pofer (ilence fur la queftion de la primitive origine
de l'Ordre AtsCarntes ,izz qui fut fait par un dccrec'
du 8 Mars KJ98, & un Bref du 20 Novembre de la
même année. Dans la fuite, c'cft-.Wlire , au com-
mencement de ce fiècle, l'Inquifition d'Efpagne a
permis l'entrée 6c ladiftribution des Acla Sanclorum
en Efpagne, où iis font reçus maintenant, comme
pat-tout ailleurs. Voye^ le P. Helyot. HilL des
Ord. Relig. Tome 1 , c. 40.
Il y a un livre de l'inftitution des Moines, que
les C^îrwfj attribuent à Jean II, quarante-quatrième
Patriarche de Jerufalem , & félon d'autres quarante-
deuxième Evcque de cette ville, &c premiei Patriar-
che, qui vivoit à la fin du IVe lit^-^-jg. Hs préten-
dent que ce livre contient la rèçle qu'ils ont fuivi
jufqu'à ce que le Patriarche Albert leur en etit donné
une autre au commencement XIIP fiècle. Mais
outre qu'ils ne font point d'accord entr'eux fut cela.
Je livre de l'inftitution des Moines parle du Scapu-
lairc , qui ne fur donné au B. Simon Stock, qu'en
1185. Il y cft encore parlé du manteau blanc
&c du capuce, qu'ils n'ont portés qu'en 1187 ou
I i88 , fans parler des fables dont ce livre eft rempli ,
6c qui l'ont fait regarder par rous les Savans ,
comme un ouvrage faux èc fuppofé. Ils n'ont point
fuivi non plus la règle de faint Bafile , ni aucune
autte que celle du Patriarclie Albert. Foye? fur
tout cela, le P. Helyot, T. I, c. 41.
Carme, eft aufîi une efpèce d'acier, /'ojf^; Acier.
Carme , eft auffi un vieux mot, qui fignitioit un vers
Carmen; mais en ce fens , il eft hors d'uia-^e.
Carmes circulaires; Carmes & formules d'expia-
tion. ViGEN. fur Tite-Live. Les difciples des Druides
apprennent à leur école grand nombre de carmes
par corur ; 6c pourtant quelques-uns demeurent bien
vingt ans entiers en cette étude -, car ils ne penfenc
pas être licite de les mettre par écrit. Vigenere ,
Trad. de Ce/. Le même Auteur prétend que ce nom
vient de carmenta, parce que cette Prophéteffe
dcbitoit fes prédidlions en vers.
Tous les vents fetaifoient pour entendre fes charmes.
Les vagues après lui difoient tout bas fes carmes.
Parran.
_ Carmen , carme ou vers. Ce mot eft proprement
tn-é de carm ou Garm , qui , chez les Celtes , étoîenc
les cris de joie, 6c les vers que les Bardes chantoienc
avant le combat, pour encourager les foldats. Cela
eft fi vrai, que même en grec, x»py-r< ficnifie tout-
a-la iois pugna , confiicîus , combat 6c joie , lœtiùa ,
gaudium. Pezron. Oui , mais il vient de y,c„. ,
gaudeo , 8c non pas du celtique carm, que 1^ Grecs
ignoroient très-certainement. ^
Carmes, terme du jeu de triétrac, qui fîgnifie deux
4 , que les deux dés amènent à la fois. JaBus tef
firum rcferens Ms quatuor. On appelle aufîi qua-
dernes.
CARMÉ, f. f. Nom d'une fkufTe Divinité. Carme.
Crr/w^cft une Nymphe, qui eut Britomaris de Ju-
piter. Elle ctoit amie intime de Diane , parce qu'elle
avoit des inclinations conformes aux fîennes , ai-
mant pafîionncmenr la courfe 6c la chaffe. Minos,
cpris d'amour pour elle, 8^ la pourfuivant un jour,
elle donna dans des filets de pêcheurs , 81 fe pré-
cipita. HoFFMAN, d'après Rhodigin , L. Xyill,
ch. 16.
CARMEL. f. m. Nom de montagne. Carmelus. Il j
en a eu deux qui ont porté ce nom dans la Terre-
Sainte. La plus fameufe étoit dans la tribu d'Iffa-
char, fur la côte, avançant dans la mer, en forme
CAR
de p^f^rooiitoire ou de cap, que nos cartes markîmés
appellent encore Cap Carmd. C'cft-là que demeura
long-remps le Prophète Elle , 8c qu'il affembla
le peuple d'Ifracl la troifiàne année de icchercHe,
& qu'il fît mettre à mort les prophètes de Baal.
Cette montagne s'ctcndoit de la tribu d'Ifîachar ,
le long de Cille de Zabulon, jufqu'aux confins de
celle d'Alèr. Foye^ JosuÉ XII , ii. Pour diftingucr
ce mot Carmd de l'autre , dont nous allons parler,
î'ccriture appelle celle-ci le Carmd de la mer. C'eft
de celui-ci que les Carmes ont pris leur nom.
On prétend que l'autel miraculeux d'Elie fut
changé dans la fuite en un autel profane, fur le-
quel on offioit des victimes à Jupiter. Cependant
Tacite ne dit point que Jupiter y fut adoré. Au
contraire, il alfure que le Dieu qu'on y honoroit,
s'appeloit Carmd, Carmelus , comme la montagne ,
ou que c'étoit la montagne même -, qu'il n'y avoit
point de llatuc , mais leulement un autel , &c que
ce lieu étoit en grande vénération. C'eft-là ce pré-
tendu dieu Carmd, dont, au rapport de Suétone ,
c. j. Vefpalien alla confulter l'oracle, &: qui prédit
à ce Prince qu'il feroit Empereur.
Ip* Il y avoir donc un oracle fur le mont Carmd-,
& l'on y adoroit un Dieu de même nom qUe la
montagne , félon Tacite , qui s'efl: trompé en ce
qu'il a cru que le mot entier de Carmel étoit le
nom de ce Dieu , au lieu qu'il n'y a que la fyllabe
el , qui iigniiîe Dieu. Le mot entier fignirie vigne de
Dieu , c'eft-à-dire , vigne excellente ,Velon la façon
de parler des Hébreux , qui ajoutent le nom de
Dieu à ce qu'ils regardent comme excellent dans fon
genre. Quoi qu'il en ibit , Vefpaiîen , qui étoit ido-
lâtre, confulta l'oracle du Carmd, lui fit immoler
une viétime ; & ce fur par l'infpeCfion des eritraiJlcs
de la vidtime immolée que le Prêtre Bafilide lui
prédit un heureux iiiccès. N'eft-ce pas là le paga-
hifme tout pur ? cependant ce lieu avoit été habité
pat le Prophète Elie , & d'après une tradition afîez
ridiculemenr imaginée, & entretenue par un grand
fond de crédulité, il. y avoit laiffé des héritiers
de fes vertus , en fondant l'ordre des Carmes qui
a fubfifté fans interruption depuis ce faint Prophète
jufqu'à préfent.
Ç3" On ne s'arrêtera point à combattre de pareilles
chimères.
%fT Jamblique dit que Pythagore alloit foilvcnt fur
le mont Carmel , & fe tenoit feul dans le temple
qui y étoit. Si l'ordre des Carmes fubfiftoit alors ,
quelle dévotion pouvoit attirer ce Philolbphe chez
eux? Il étoit certainement païen , &: le [temple où
il alloit , étoit confacré au culte des faux Dieux.
Depuis Elie jufqu'à J. C. nul facrifice qu'à Jéruia-
lem : fi des Rois impies en ont établi ailleurs , ce
furent des attentats facrilèges , dont les Difciples
d'Elie étoient incapables : cependant on y fâcrifioit ,
&: on y prédifoit l'avenir par l'examen des entrailles
des viébimes. Dire que c'étoit l'ordre fondé par
Elie qui rendoit ces oracles , c'efl: le comble de la
■ folie. Le temple que fréquentoit Pythagore , l'o-
raclf que confulta Vefpafien , étoient des ouvrages
du paganifme. Ce fut plus de deux mille ans apurés
Elie que S. Louis trouva fur cette montagne des
■ Religieux de cet Ordre , & qu'il en amena en
France. Mais depuis quand y étoient -ils? Voilà la
queftion. Ce fut iàns doute dans ces temps de ferveur
■ que les perfécutions d'une part , & de l'autre les
' charmes d'une vie folitaite confacrée à Dieu, peu-
■ plèrent les défetts d'Anachorètes. Le Carmd eue
aulfi les liens ; & voilà l'origine des Carmes.
L'autre montagne nommée Carmd , étoit au
midi de la Tribu de Juda fur les confins de l'Idumée,
dans les terres. C'efl: à celle-ci , félon quelques Au-
teurs, qu'il faut rapporter tout ce que l'Ecriture dit
des pâturages du Carmd. Jerem. L. 19. Amos , 1 , 1.
Mich. FUI , 14. Il peut néanmoins aurfi convenir à
- _ l'autre lAom-Carmd.
-' Ce mot eft hébreu compofé de ^n, Car, qui
" fignifie agneau, & pâturage; & de V^O , md , qui
CAR,
'^?f
veut aire, couper ,drco7idre. Delà - vient que
quelques-uns le traduirent Agntau drconds , &
d autres diamp ou pré que Con coupe, qnï fe moil'-
lonne, ou quiie fauche. Cette dernière explication
paroit convemr mieux à cette montagne i qui croit
en eri-et trcs-ferrile , ou qui avoit au pied une vallée
trcs-abondante.
Mont -Carmel. Ordre militaire de Chevaliers
Hoipitahers , iondé par le Roi Henri IV , fous le
titre, l'habit & la règle de Notre-Dame du Mont^
Carmel; & en conféquence des Bulles de Paul V du
itf Février icîoy. Il a été uni à l'Ordre des Chevaliers
iL^\ '^'^ ^'^ Jérufalem, par ade du dernier
Oétobrc i^cS, avec toutes lés Commandcries ,
1 Heures & autres biens , pour fa dotation. Car-
meais. Henri le Grand voulut que l'Ordre du
Mont Carmd ne fût compofé que de François , &.
qu'il le fût de cent Gentilshommes, qui IcroienÈ
obligés de marcher en temps de guerre auprès de
la perfonne de nos Rois , & pour leur garde. Le Col-
lier qu'il leur donna fut un ruban tanné auquel pcni
doit une Croix d'or , fur laquelle étoit gravée une
image de la Sainte Vierge environiiée de rayons d'or.
Le manteau de l'ordre étoit charsré de la même
croix. C'efl Paul V qui approuva cet Ordte , dont le
premier Grand Maître que le Roi choifit , fut Phi-
hbert de Néreflang. /^oyq Sponde à l'an ifToS,
72z^/7z.^3 & al'an 15(^5. w. 16. Cet Auteur prétend
que c eft moins une inftitution nouvelle, qu'un re-
nouvellement de l'Ordre de S, Lazare. Matt.
Favyn. L'Abbé Jufliniani , qui en traite, tome III
c. 81, prétend qu'en 1607 cet Ordre n'étoit point
encore Uni à celui de Saint Lazare, & que cela
paroît par l'Edit du Roi de 1^71. Ainfi cet Ordre
a été établi comme un Ordre diftingué de celui de
Saint Lazare, & n'y a été uni qu'après quelque
temps. Par un Décret de la Congrégation touchant
les Conciles, les Chevaliers du Mont-Carmd foni
déclarés capables de poflcder des penfions fur les
Bénéfices , & mêlne des Bénéfices. Foye? au mot
Lazare. Le P. Touffaint de S. Luc, Carme, im-
prima en 1681 à Paris, des Mémoires ou Extraies
des titres de l'Ordre de Notre-Dame du Mont-Car^
rnel & de S. La:^are de Jérufalem.
CARMELINE. adj. f Laine , carmeline de vigogne ,
qu'on nomme aulfi laine bâtarde.
CARMELITE, f £ Quelques-uns ont ccni Carmeline ^
mais mal. C'efl une Religieufe qui vit Ibus la rè"-le
des Carmes. Carmeiitana monialis. Le Cardinal^de
BéruUe les avoit attirées en France, deux ans avant
que les Carmes déchauffés; s'y fuifent venus établir.
Lezana & plufieurs Ecrivains de l'Ordre des Car-
mes prétendent qu'il^ a eu des Carmélites auiîi bien
que ..4es Carmes depuis le temps d'Elie ; mais le P.
Louis de Sainte Thérèfe , dans fon livre de la fuc-
ceffioh d'Elie , convienr que ce fiit le bienheureux
Jean Soreth XXVP Général , & premier réforma-
reurde l'Ordre des Carmes, qui fous Nicolas V aii
XV' iihdc les inftitua. Il étOit Normand, & naquit
l'an 1410. Après avoir paffé par toutes leS autres
charges de l'-Ordre, il fut élu Général au Chapitre
tenu à Avignon l'an 14«; i. Ce fut dans cette charge
qu'il inftitua les Carmélites, & qu'il obtint pour
elles de Nicolas Vies mêmes privilèges que ceux des
Dominicaines & des Auguftines. LçsCarrndites font
habillées comme les Carmes. Elles ont une robe &
un Scapulaire de drap couleur de Minime ou tanné i
& au chœur elles mettent un manteau blanc avec urt
voile noir. Foye^Xs P. Helyot , tome I ^ c. 44.
Carmélite déchaussée. C'eft le nom de celles qui
furent établies par Sainte Thérèfe au XVP iiècle , &
dont les Conftitutions faites par cctre Sainte furent
approuvées par Pie IV le 11 Juillet 15(^1. P. Hel«
tome 1 i c, ^6 & 47.
Les Carmélites déckau (fées pafl'èrent en France en
i6'o4, par les foins & le zèle de Mlle Acarie , fille
de Nicolas AvrilJor, Seigneur de Champlâtreux, &
Maître des Comptes , & femme de M. Acarie, au/IÎ
Maître das Comptes, La princefle Catherine d'Or-
M m ij
2.7^ CAR
Icans de Longueville obtint l'agicmentcluRoi pour
cet ctabliHcmcnt &. une Bulle de Cicment VlU, de
rani(Î0 5.CePape enconlirmaiu cet ctabhlk-mcnt
fit des^lè^'lemens pour les filles qui cmbraikroicnt
cet inftitut en France. Six Rcligieulbs d'Elpagnc
vinrent en 1604, pour le commencer, ÔC on leur
donna le Prieuré de Notre-Dame des Champs au
Fauxbourg Saint Jacques , qui dcpendoit de Mar-
moutier,&: que l'on llipprima.
Carméliti. f. t. Nom d'une efpèce de poire. C eitune
afîez grolle poire, plate , gril"e d'un cote , un peu
t-inte de l'autre, & chargée en certanis endroits de
quelques taches aifez grandes, qui patoUknt comme
des pièces qu'on y a appliquées après coup. La
QuiMT. Il la nomme autrement Mazuer, ou Gilogile,
^' la met au rang des mauvaifes poires. Ellemntit en
Novembre. Elle'eft bonne à cuire.
CARMELUS. f. m. Divmité des Syriens , q"i l^^^i-
toicnt aux environs du Mont-Carmel. Foyei CAK-
CARMENTALES. f. m. & pi. Carmentaha. C elt le
nom que les Romains donnoicnr à la Fcte qu'ils ce-
Icbroient tous les ans le 15 de Janvier à l'honneur
de Carmente , dont on va parler. Cette Fête fut
établie au fujet d'une grande téconditc des Dames
Romaines après leur réconciliation avec leurs maris ,
avec qui elles s'étoicnt brouillées , parce qu'ils leur
avoient défendu l'ufaee des chars par un Edit du
Sénat. C'ctoient les Dames qui cclébroient cette
fête. Celui qui offiroit les facrifices s'appeloit
Prêtre Car mentale , ou de la Déelle Carmente.
FLimcn carmentalis. La Porte cartneiuak à Rome
ctoit proche du temple de Janus , on l'appeloit
auifi la porte fcélérate. Elle ne fublircc plus. Plu-
larque, QjKZJl Rom. q. 5 6. Alex, ab Alex. Gemal.
dur. Lit. XVI, cap. 8. Vigenerc , lur Tue-Liye ,
tome I , p. 918,6" II I lî.
CARMENTE ou CARMENTIS. (. f. Carmenxa,
Carmemis. C'efl: le nom d'une Prophételîe d' Arcadie ,
mère d'Evahdre , avec lequel elle vint en Italie , où
ils furent favorablement reçus du Roi Faunus 60 ans
avant la guerre de Troye.EUe fut ainli nommée en
Italie à ^carmmihus : c'eft-à-dire , des vers ou pro-
phéties qu'elle fhilbit, car ion nom propre croit Ni-
coftrate. Il y avoir à Rome une porte de ion nom
^ une fcte \ (on honneur. Son Hiftoire eft décrite
parDcnys d'HalicarnaUe , par Aurélius Vidor, &
par Plutarque dans Romulus , par Vigenere ilir
Tue-Live , T. 7, /. 709 6" 9 1 8 , & par VoiTuis , De
Jdcl, L. I, c. IX. On la repréfentoit jeune &vigou-
reufe, & les cheveux épars & en délbrdrc. Id. L.
IX, c. 58. Carmente , autrement Nicollrate &
fhémis, ou la latalité & Thémis, que les Grecs
appellent E'««p^£'»« , fut fîfle d'Ionius , Roi des
Arcadiens. Elle eut Evandre de Mercure , 'comme
dit Virgile, environ 60 ans avant la guerre de Troyc :
elle s'en vint en Italie avec ion iils.
Carmente fut ainli appelée , dit Vigenere, de
car eus mente , c'eft-à-dirc , hors de fcns , hors de
foi-mime, .à cauie de renthouiîaiirie où elle cntroit
ibuvent. D'autres prétendent que ion nom vient de
carrnen , parce qu'elle failbit iés prophéties en vers :
■ mais Vigenere foutient au contraire que carmen ,
vient de Carmenta.
CARMIN, f. m. Eft une couleur rouge , fort vive , qui
eft employée par les Enlumineurs Se les Peintres en
miniature. Minium. Il eft compofé de bois de
Bréiil , de Fcrnambouc , de couleur d'or , bartu
dans un mortier , S^ trempé dans du vinaigre blanc :
l'écume qui en ibrt après avoir bouilli , eft le carmin ,
qu'on fait iccher. On en fait aulîi avec de la giaine
de chouan dont Te fervent les panachcrs , avec de la
cochenille , du roucou , & de l'alun de Rome , qui
cil rouiîeâtrc. Il y a de beau carmin, &c du carmin
commun ; la couleur du carmin eft un beau rouge
tirant fur le pourpre.
IfT CARMINACH. Ville d'Aile dans la grande Tar-
tarie, dans la contrée de Bochara. La même Ville eft
appelée Carminiyah,
CAR
CARMIN ATIF , IVE. adj. Terme de Médecine , qUi fe
dit des remèdes dont on ie iért pour expulllr les
vens retenus dans l'eftomac & dans les intcftins.
Curmuiendi vim habens.
Les remèdes carmin.itifs ont la propriété de
racler , de grater les endroits par où ils paiicnt. On
met de l'anis daijs les lavemens pour les rendre
carminatifs. On appelle les quatre Reurs carmi-
natives , celles de camomille, de mélilot , de ma-
tricaire &: d'anet.Les plantes carminatives ibnt celles
quidiliipent les vens. Leur nature chaude les rend
très-propres à raréfier l'air & à faire llxr la mem-
brane des inteftins une petite irritation capable
de broyer les humeurs viiqueuiés.
Ce inoT vient du Latin carminare , qui lignifie
carder , tirer ce qu'il y a de s^rojjier, purger.
rfT CARMONS ou CÔRMÔNS. Petite ville d'Italie
au Frioul , dans le comté de Goritz.
fCF" CARNA. Foyei Carne.
CARNACIER, 1ÈRE. ad), royt;^ Carnassier.
CARNACIÈRE. Foye^ Carnassière.
CARNAGE, i'. m. Tuerie de plulieurs perfonncs. Char-
les Martel fit un horrible carnage des Sarrazins dans
les plaines de Tours. Cades , Jiniges , internecio.
Les paillons de l'homme ont tait de la terre un
théâtre de carnage Se d'horreur. S. EvR. La colère
n'a point de plus doux objets que la vengeance Se le
carnage. Félib. Faire un grand carnage , un horrible
carnage. Remplir tout de iang & de carnage.
On le dit aulîi en termes de chalîe. A la fête de
Saint Hubert , il ie fait un grand car/z^i^e de gibier ,
pour dire qu'on en tue beaucoup.
'^fT On dit encore que certains animaux , comme les
loups , les tigres, & tous les animaux qu'on appelle
carnajjîers , vivent de carnage , pour dire qu'ils ie
nourriilent de la chair des animaux qu'ils tuent.
Et mon efprit enfin n'efî pas puis offenjé
De voir un homme fourbe , injujie, intereffe ,
Que de voir des vautours affames de carnage. Mot.
On dit au/Ti , qu'on fait carnage aux chiens de
chair de mulet , ou d'autres animaux, quand on leur
en donne â manger.
CARNAL. i'. m. Caro. Ce mot s'eft dit autrefois pour
chair. Si qu'il lui trencha pleine paume du carnal
de lacuilie. Merun.
CARNALAGE, f. m. Terme de coutumes. Droit ou
tribur qui eft du en chaiT à un Seigneur par les Bou-
cher de ia Seigneurie.
CARNALER. v."a. Terme de coutumes. Celle d'Acqs
définit ainfi ce mot au tit. XI, arr. 42. 43. Carnaler ,
eft tuer le beftial, Se le convertir en fes ufages.
|p° Ainfi c'eft tuer du bétail pout ia confommation,
ians en vendre. Mais tuer eft l'occire ians en faire
ibn profit. En quelques lieux il eft permis de car-
nalcT le bérail du moins julqu'à un certain nombre
de bêtes , loriqu'on les ttouve en dommage en fou
domaine.
CCF CARNARVAUSHIRE. Voye^ CAERNARVAN-
SHIRE. :
gC? CARNASSIER, ÈRE. adj. Epithète qui s'applique
aux animaux qui ibnt avides de chair crue , & qui
s'en nourriffent naturellement. Carnivorus. Les cor-
beaux , les loups , les vautours font des animaux
carnajjlers.
(fT On le dit aulfi des hommes qui mantrent beau-
coup de chair. Ainfi l'on dit que les peuples mé-
ridionaux font moins carnafjiers que les Septen-
trionaux,
fîCF Ce mot vient du latin caro , garnis. Ghair,
CARNASSIÈRE, f. f Poche , petir fac fait d'un gros
rézeau , dans lequel un chaiTeur mer le gibier qu'il
tue. Il ne revient point de la chailc , qu'il n'ait fa
carnafflère bien garnie. Quelques-uns écrivent car-
nacière.
CARNATION, f. f. Terme de Peinture , ^ qui fe dit
au fimple de la couleur des chairs , Se au figitté de
l'art de les rendre. C'eft la repréleniationde lâchait
CAR
ti'une figure humaine d'un tableau par le éoloris.
12 s'ctcnd à toutes les parties d'un tableau en général
qui reprcfentent de la chair , qui font nues & ians
draperie, tiuia corporis cutis naùvis colorihus ex-
freja. Le Tnicn & le Correge en Italie, & Ru-
bens & Van Dyk en Flandres , ont excellé dans les
carnations. Jl faut remarquer fur ce mot de carna-
tion , qu'il ne fe dit point de chaque partie d'une
figure conficicrée en particulier. Ce feroit mal
parler , par exemple , que de dire , ce bras , cate
cuiffe cji d'une telle carnation ; mais l'on diroit
Cette figure eft d'une belle carnation ; ce pcinne
excelle dans les carnations : & quand il s'agit
d'une partie feulement, quelques-uns difcnt : ce
iras, cette cuiffc eji tien de chair ; mais comme
cette façon de parier , lien de chair , exprime le
tendre & In mollefTe des chairs en général , &fe dit
également des molleifes de chair exprimées dans un
deirein,c'eft-à-dire , de toutes les parties nues d'une
figure iimplement derfinée , quoi qu'il n'y foit pas
quellion de la beauté des carnations, on lui a fub-
llitue celle de te/le chair. A'ml'i l'on dit aujourd'hui ,
ce bras ell de telle chair, d'une belle chair, & non
pas , tien de chair.
Mais en parlant des parties plus délicates & plus
colorées , comme les joues & la bouche , il taut dire :
ces joues , cette bouche , font d'une belle carnation ,
èinon pas dételle chair. Dict. de Peint, et d'Arch.
On le dit anifi en termes de Blalbn , des parties
nues du corps peintes au naturel : & particulièrement
du vifage, des mains & des pieds. D'argent, à la tête
de carnation.
CARNAU. f. m. Nom que donnent les Matelots à
l'angle de la voile latine qui efl; vers la proue.
CARNAVAL, f. m. Temps de réjoui/lance qui fe
compte depuis les Rois jufqu'au Carême. Baccha-
nalia , géniales ante quadragenarium jejunium dies.
Les bals, les fêftins , les mariages, fe font princi-
palement dans le Carnaval. On va de tous côtés à
Veniiê pour y paflêr le Carnaval.
Ce mot vient de l'italien carnavale. Ménage.
Mais Du Cange dit qu'il vient de car-à-val , parce
que lâchait s'en va; ou plutôt à^Carn-aval , parce
qu'on mange alors beaucoup de viande, pour fe
dédommager de l'abftinence où l'on doit vivre en-
fuite. Il dit en conféqucnce que dans la baliè lati-
nité on l'a appelle carnelevamen , carnifprivium ; &
les Efpagnols , carnes tollendas.
CARNE, f. f. Angle ou pointe folide , compofée de
plufieurs fuperficics inclinées l'une vers l'autre.
Angulus. Il s'ell bleifé contre lucarne de cette table,
de cette cheminée, de cette pierre.
CARNE ou CARNA ou CARDINEA. f f. Terme de
Mythologie. Nom d'une Déeflê révérée chez les
Romains. Carna. Elle préiîdoit aux gonds des
portes , cardinibiis , comme il paroîr par le VP
Livre des Fa^es d'Ovide ,V. ici , &; c'étoit la même
qui fe nommoit auffi Cardinea , Voyez ce mot. Elle
efl: aufli nommée Cardea par S. Atigufliin ; mais il ne
faut pas la confondre , comme on fait communé-
ment, avec Carda , ou Cardea , autre Déeffe. Foye^
ces mots. Plufieurs néanmoins les confondent, &
appellent aufîî Carna, ou Carne , la Déeflê qui pré-
fidoit à h chair Se aux parties nobles de l'homme.
C'eft ainii que l'appelle EfoîTiuSyde Idol. Lit, IT, cap.
p. 47. On ne lui facrifioit point de poiflbn ; on ne lui
ofrroit que de la bouillie fait;e de farine de fèves, &
du lard. Voye^^ Cardan, &: Vigénere fur Tite-
Live , Tome I, p. iï66 , où il dit qu'elle fut d'abord
' appelée crâne , ce que je ne trouve point ailleurs;
que ce fut une Nymphe qui hantoit les forêts & les
chaflês ; corrompant tous les jeunes gens qui s'adref-
foicntà elle-, que Janus pour récompenfe lui don-
na le privilège d'ouvrir & fermer, aufll-bien que lui ,
la commettant fur les gonds des portes, qui s'appel-
lent en Latin cardines , dont elle avoir pris fa fé-
conde dénomination.
CARNE, f. f. Fille d'Ebulus , fut une des maîtrcfies
de Jupiter, dont elle eut Britomattis.
Car 277
CAilNÈ , ÉE. adj. Terme de Fleurifte. Qui eft de
couleur de chair vive. Color ad nativam corporis
iutein accedens. Anémone carnée. Fleur nuée de
carné. La plupart de mes œillets font carnés. Liger*
CARNEA GROSSA. f. f. Terme de Fleurifte. Ané-
mone à peluche , toute de couleur de chair en in-
carnat ; fa peluche eft aflez large, Elle a été élevée
en Italie. Morin,
CARNEALf. Koyei Crenfaô.
CARNLEN ou CARNIEN. f. m. Carniks , Car^
neus , K.âpii:a<; , en grec. Epithcte que les Grecs
donnoient à Apollon , fans qu'on (ache trop pOur^
quoi ; Héiichius dit que c'eft peut-être à caufe de
Carnus, fils de Jupiter & d'Europe, ( voj^^ plus
bas Carniennes & Carnus ) ou félon le Scho-
liatte de I indare , ««0 t«» Kà^»«», ïva» o-j ô/SaT-a.» , du
mot grec Kà;;»»;, qui lignifie brebis , peut-être par-
ce qu'Apollon , pendant fon exil du Ciel , eut
foin des troupeaux d'Admète. Mais après tout ce
n'eft qu'une fable, 6v peut - être k«/>«,oç , Camien^
ne fignifie-t-il dans fon origine aurre chofe quç
rayonnant, de l'hébreu ou du phénicien p,7 , Ke-
ren , corne , qui fe dit auifi des rayons , comme il
eft clair par ceux qui fortoient du front de Moïfe.
Cependant le fentiment commun ^ le plus pto-
bable eft que ce fut à caufe de Carnus , ou des
fêtes jCarniennes. Voye:^ ces mots.
CARNEES, f. f. pi. Voyc7^ Carniennes.
CARNEL. f m. Vieux mot, qui veut dire créneau.
De carnel , on a fait carneau , puis créneau.
CARNELE. f. f. Bordure d'efpèce de monnoie paroif^
fant autour du cordon qui ferme la légende. Coiifpi-
Clins numnii limbus , eminsns niimmi margo.
CARNELER, v. a. Faire la carnèlc. Nummum fuo
limbo circumcinnere.
CARNELE, Terme de Blafon. Linnatus.
CARNER. V. n. Terme de Fleurifte. Prendre une
couleur de chair. Tirer fiu: la couleur de chair.
Siibrubrum colorem indiiere. Voilà un blanc qui
carne trop. Ligeb.. C'eft un défaut dans l'oeillet.
Ce terme vient de caro , carnis , chair.
CARNES. Terme de jeu de Tri élrac. C'eft la même
chofe que Carmes, qui eft plus ufité. /^oye^cemot.
On écrit au/H Quarnes.
CARNET, f. m. Terme de Négoce. C'eft un petit
livre que tient un marchand de toutes fes dettes
pailîves , & du jour qu'elles doivent être payées ,
qui eft un exrrait de fon livre d'achat , afin de ne
pxs manquer d'argent dans les payemens, &c au
temps de la morte-vente. Commentariolurn exigendi
fuis temporitus detiti , ou codex.
CARNIEN. Voye^ Carneen.
CARNIENNES. adj. f. Terme de Mythologie Les
Fêtes Carniennes. Carnia , carnea , en gicc k«p.«;«.
Sous le règne de Codrus les Héraclides marchant
dans r^tolie contre les Athéniens d'Acarnanie ,
un devin nommé Carnus leur apparut , & leur pré-
dit ce qui leur arriveroit. Ils le prirent pour un
Magicien -, & Hippotès l'un d'eux, fils d'Aiès, Je
perça d'une flèche & le tua. La pefte fe mit auiTi-
tôt dans leur armée -, on attribua ce malheur à la
mort du devin Acarnanien. Hippotès s'exila : on
téfolut d'appaifcr Carnus , & à ce deflêin on inlli-
tua les fêtes carniennes à l'honneur d' Apollon ,
lefquelles fe célébroient chez les Lacédémoniens
avec quelques cérémonies militaires , parCe qu'elles
furent inftituées dans un camp. Enfuite pendant la
XXVP Olympiade , on y ajouta un prix de Mufique.
Paufanias, Z,. ///. Apollodore , I. //. Eufebê , delà.
Prépar. Liv. V , ch. io.
CARNIES. f. pi. Carnia. Jeux inftirucs en l'hon-
neur d'Apollon. Athénée en parle. C'eft la même
chofe que carniennes dont on vient de parler.
CARNIFICATION. f f. Terme de Médecine. Chan-
gement des os en chair. La carnification , eft plus
rare que l'ofTification : c'cft-à-dire , qu'on voit bien
plus fouvent la chair fe convertir en os , que ks oî
27B . CAR
fc changer en cluir. M. Petit a pourtant fait pli;-
licurs oblcrvations lut cette dernière converlion , A
laquelle il a donné le nom de carnijicanon , qui
a été adopte par tous les Médecins fc Chirurgiens,
On voit dans lliiiloire de l'Académie des Sciences
de 1700 un c:;cinple d'une carnifiduion (i géné-
rale , qu'il n'y manquoit que les dents. Le ra-
moIii.Teinent des os &: leur reHemblance à de la
chair a été judicieulcmcnt appelé la carnificauon
des os. Mcrn. de Trcv. Juin iji6. p. iij^6,
CARNIFIER. ( fe ) v. récip. Se changer & Ce con-
vertir en chair. On voit quelquefois les os fe con-
vertir en chair : c'ell; ce que les Médecins appel-
lent y^ carnifier. Que la chair le change en os,
c:la n'ell pas extraordinaire , mais qu'au contraire
des os deviennent chair &: le carnifient , le cas doit
être plus rare. Observ.Physiq. tom.III ,p. 338, M.
Petit a remarqué que fouvcnt les cartilages qui
touchent les os carnifics , ne le font pas eux-mêmes ,
quoiqu'ils lérablent plus propres à cette altéra-
tion.
gCF CARNIOIDES. Efpèce de pierre graveleufe &
argiUeule , de couleur jaunâtre , avec une future
dans le milieu. Elle rcprélénte le crâne humain.
On la trouve aux environs de Balle.
CARNIOLE. Province du Cercle d'Autriche , & la
partie de l'Allemagne la plus méridionale. Car-
niola. C'eft la part'ie de l'ancienne Norique. Elle
eft bornée au midi par la Morlaquie, ril1:rie , le
Comté de Gorice & le Frioul:au couchant par la
Carinthie , qui avec le Comté de Cilley la con-
fine aulfi du côté du Nord. Elle a au levant la
Croatie. La Save traverfe cette Province prelque
dans toute fa longueur. La Carniole eft dans les
Alp;s Carniques ou Carniennes. Elle ne laiilé pas
d'être alTez fertile en grains , en vin £c en huile.
La Carniole a dépendu des Ducs de Bavière , elle
palfa cnfuite aux Marquis de Craimbourg -, leur fa-
mille s'étant éteinte , les états du pays le donnè-
rent dans le XV^ liccle à Frédéric le belliqueux ,
Duc d'Autriche, & elle fut érigée en Duché par
Frédéric IL La Capitale de la Carniole eft Lau-
bach,
La Carniole fe divife en haute , balle & moyenne.
La haute Carniole eft la partie occidentale -, la
balle. eft la partie méridionale vers les confins de
l'Italie & de la Dalmatie', la moyenne, qui s'ap-
pelle autrement Windif-Marc -, c'eil-à-dirc, la Mar-
che ou Marquifat deVindes i Carniola média, on
Vindoriim Marchia , eft la partie orientale de la
Carniole. On appelle aulfi Carniole sèche , ou l'If
trienne , Carniola Jicca , ou Ijlriana , la partie de
riftrie qui eft proche des montagnes de la Vena
& du Golphe de Carnero. On la joint à la Car-
niole , parce qu'elle appartient à la Mailbn d'Au-
triche , & on lui donne le furnom de sèche , r.
caufe de fa fertilité. Maty Hoffman, Nous avons
une hiftoire de la Carniole , depuis le commen-
cement du monde, par Jean-Louis ,Shoenleben.
Carniolia antiqua & nova , &c.
fft CARNIVORE, adj. Carnivorus. Epithète que
l'on donne aux animaux qui vivent de chair. Alot
compofé de caro, carnis , chair, Se vo/'(zr<?, man-
ger , dévorer.
CARNOK ou COMB, f, m. Mefure qui fert en An-
gleterre à melurer les grains , graines , légumes,
CARNON. C'eft le nom d'une forte d'arme ancienne
des François.
CARNOSITE. f. f. Terme de Chirurgie. Petite ex-
croifcence de chair, tubercule, ou verrue qui le
forme dans l'urerère au col 'de la veffie , dans la
vexge , &: qui bouche le conduit de l'urine, ExcreJ-
iens in veretro tumor. Les carnofitcs font difficiles
à guérir. On ne les connoît guère que par la fonde
qui eft introduite dans ce paifage , & qui trouve
de la réiîftancc, elle vient ordinairement de quel-
que maladie vénérienne négligée ou mal guérie,
^O" Lesfuccès étonnans des bougies inventées par M,
; : Dar^n , & perfedionnées par M. Goulan , Chirur-
CAR
gien de Montpellier qui a écrit fur les maladies d&
l'urethre doivent encourager les Chirurgiens .\ ne
fc point rebuter par les difficultés qui fe préfen-
tent dans le traitement d'une maladie aulfi dan-
gcreufe,
CÀRNUS, f, m. Fameux Poète &: Mulicien > fils de
Jupiter & d'Europe, favori ^3" &; prêtre d'Apol-
lon , fut tué par les Héraclides pour leur avoi^
prédit que la guerre qu'ils faifoient aux Athéniens
leur feroit funefte. Pour venger la mort de fon fa-
vori , Apollon les affligea de la pefte qui emporta
une partie de leur armée. Pour appaifcr ce Dieu
on inftitua les fêtes carniennes en fon honneur ,
& il acquit par là le furnom de Carnien.
CARNUTES. f. m. &: pi. Camutes. Anciens peuples
de la Gaule qui habitoient le pays Chartrain. Célâr
parle des Camutes dans le Livre VI de lés Com-
mentaires de la guerre des Gaules , cA, 4 , & il dit
qu'ils étoient fous la proted^ion de ceux de Reims.
Les Camutes palfoient pour occuper le milieu des
Gaules, Ils s'étendoient jufqu'au pays des Ande-
gaves , & à celui des Turonois. C'étoit une na-
tion fort étendue entre la Seine & la Loire. On
fit plufieurs adémblées fecrètes , où les Carnutes
proteftèrent de s'expofer à tout pour remertre leur
patrie en liberté.
CAROBE, f, £ Poids qui pcfe 24 minutes, Carobus.
On l'appelle autrement prime.
Carobe. C'eft un arbre qui s'appelle autrement ca-
Touche. Siliqua edulis. Voyez Carouge,
CAROBERT, f, m. Nom d'homme , compofé par
abréviation de Charles , ou Carolus , & de Robert.
Carohertus , Carolus Rotertus. Carohert , Roi de
Hongrie , que les Hongrois appellent fimplement
Charles II , eft celui en faveur de qui les plus cé-
lèbres Jurifconfultes de fon temps décidèrent que
le fils repréfentoit fon père dans la fuccelfion de
fon ayeul à la couronne , & devoir être préféré à
l'oncle.
CAROBES, f. f, pi. Sorte de fèves qui viennent en
abondance dans l'île de Chypre -, la plupart des
habitans s'en nourrilTent.
CAROCHE ou CAROCHA, f. f. C'eft le rrom que
les Efpagnols & les Portugais donnent à un cer-
tain bonnet fait en forme de mitre , qui n'eft que
de carton & de papier , où l'on voit dépeints des
démons au milieu des flammes. Ils font porter ce
bonnet .à ceux que le Tribunal de l'Inquifition a
condamnes à la morr. On voit une figure de caro-
che dans l'hiftoire de l'Inquifition de Philippe de
Limborch.
f)3" CAROGNE. f f. Terme populaire , profcritparmi
les honnêtes gens, qu'on applique parinjureà une
femme méchante ou débauchée, C'eft une carogne ,
une méchante carogne, C'eft la prononciation pi-
carde de charogne.
CAROLE. Chorea , faltaiio. Autrefois ce mot étoit en
ufa<:e , il fignifie danfe.
CAROLER, V, n, Danlcr, Poif. de Froifan.
CAROLIN , INE. adj, C'eft l'épithète que l'on donne
aux quatre livres qui furent compofés par l'ordre
de Charlemagne , pour réfiirer le II Concile de
Nicée, Libri Carolini, Ces livres Carolïns contien-
nent 1 zo chefs d'accufation contre le Concile de
Nicée •■, & ces accufations y font propolces en ter-
mes très-atroces, &; très-injurieux,
IJCF L'Eglife Gallicane craignant que le culte qu'on
rendoit aux images , ne dégénérât en fuperftition ,
dans un temps où le paganifme fubfiftoit encore
en quelques endroits , tenoit le milieu entre les Ico-
noclaftes , qui brifoient les Images , & les Catho-
_ liqucs d'Orient, adverfaires des Iconoclaftes , qui
leur rcndoient un culte folennel.
|t3" Le II Concile de Nicée avoit fait plufieurs décrets
contre les Iconoclaftes , qui fiircnt envoyés mal
traduirs aux Evêques alTemblés à Francfort pour
le même fujet , 'par ordre de Charlemagne : ces dé-
crets mal entendus parurent contenir une dodrine
qui tendgit à faire rçndre aux images un culte
C AR
approchant de celui qu'on rend à Dieu môme -, delà
les livres Carolins.
Quelques Auteurs ont douté de la vérité & de
l'antiquiic de ces livres ; il y en a qïii les attri-
buent à Angilr.in, Evcque de Mets ; d'autres à Al-
cuin -, & d'autres difent que ce lurent les Evoques
de France qui les compoiercnr , & qui y mirent
la longue préface que nous y voyons vers l'an 790.
Crr le Pape Adrien ayant envoyé à Charlernagnc
les Acics du lî Concile de Nicée,, il les fit exa-
miner par les Evêqucs, & ce l'ut la réponfe qu'ils
y firent. Les Livres Carolins furent envoyés au Pape
Adrien environ le temps du Concile de Francfort,
par Angilbcrt Abbé de Centule , &: le Pape y ré-
pondit par une grande lettre adrelfee à Cliarlema-
gne , dans laquelle on ne peut alfez admirer la dou-
ceur avec laquelle il répond à un écrit (i plein d'em-
portement & de mauvais raifonnemens.?t3° Milgré
cela on perlifta en France à rejeter les décrets qu'on
n'entendoit pas ; & cette oppofition ne celfa que
quand on eut démêlé la véritable penfée des Grecs ,
es. réduit à leurjufte fens des expreffions qui avoient
paru outrées. Les Livres C.irolins out été imprimes
premièrement par M. du Tillct, Evêque de Meaux ,
îbus le nom d'Eriphile en 1549 avec un Concile
de Paris , iiir un ancien manufcrit. Hincmar les
cite.
La Bulle d'or s'appelle aufTi la Bulle CiroUne ,
parce qu'elle fut faite par TEmpereur Charles V en
1^56'. Georges Bejer a imprimé la ConIHtution Ca-
roline avec des fcholies , & un abrégé du droit
criminel félon la Conllitution Caroline. Jour, des
Sav. C'eft une Ordonnance qui renouvelle les an-
ciennes loix pour rinftruélion & la décifion des
matières criminelles , & qui eft fuivie dans tous
les Tribunaux de l'Empire. Elle a été imprimée à
Paris en i7;4. On dit fubftantivemenr IzCaroline.
CAROLIN. Foyei Carlin.
Carolin. f. m. Monnoie de Suède. Cirolinus. Les
Sénateurs ont tenu une aflemblée dans laquelle
on propofa la diminution des efpèces de cuivre &
des Carolins. Gaz. i-7i\. p. ^5.
CAROLINE. Plante. Voye^ Carline.
■Caroline. Contrée de l'Amérique Septentrionale.
Carolina. C'eft une partie de la Floride , qui fe
trouve le long dc^^la mer du Nord entre la Vir-
ginie & la prefqu'Ile de 'Tegafla. Elle eil comprhe
entre le 19^ & le 5^= degré de latitude. Les Fran-
çois s'y établirent en i5(>i , & y bâtirent le fort de
la Caroline. C'efl pour cela qu'on l'appelle au/Ii
Floride françoife. Les Anglois en font les maîtres
depuis 1660.
Caroline. 1". f. Monnoie d'argent de Suède, qui vaut
7 marcs 5c demi , chaque marc valant huit rouf-
tiques ou fx doubles au folcil , ce qui fait vingt
fols de Suède , & revient environ à 19 de France,
ou à I ij d'Hollande.
CAROLUS. f. m. Monnoie hors d'ufage qui valoir il
y a quelques temps dix deniers. Coroleus. Elle étoit
marquée d'un K , parce qu'elle fut fabriquée du
temps de Charles VIII Roi de France , & que le
K étoit la première lettre de Ion nom. Cette mon-
noie ne paiTi pas le règne de Charles VIII. Louis
Xîl la décria. Cependant elle fe convertit , pour
ainfî dire, en monnoie de compte •, car quoique
nous n'ayons point d'e'pèce qui vaille 10 deniers,
on fe lért encore parmi le peuple du terme de Ka-
Tolus , pour marquer cette fomme. Le Blanc. Hen-
ri III refufa de donner bataille à Charles Duc de
. Maïenne pendant la Ligue, parce qu'il ne falloir
pas hafarder un double Henri contre un C^rro/wi'ji
car il avoir alors avec lui le Roi de Navarre
qui depuis a été le Roi Henri IV. Il y a eu auffi
des pièces d'or d'Angleterre valant 1 3 livres 15 fols,
qu'on appeloir Carolns.
On dit proverbialement , quand on veut bien
méprifer une chofe , qu'elle ne vaut pas un ca-
rolns. On dit d'un homme riche , qu'il a bien des
carolus.
C A Iv 27a
CARON. f. m. Terme de Charcutier. Lardijegmeiu
Ban'dc de lard d'où le maigre eft ôté.
CARONCULE, f. f. Terme d'Anatomic , qui propre--
ment lignifie petite portion de chair, Carumula ,
diminutif de caro. Il eft fait du larm , qui eft un
diminutif de caro , chair. On donne ce nom à dit-
férentes parties du corps humain. La caroncule du
coin de l'œil eft une petite cmincnce qui eft au
grand coin de l'^Kil. Bartholin & quelques Ana-
tomiftes la prennent pour une glande lacrymale ,
& dilent qu'elle eft placée ilir le point lacrymal
pour empêcher que nous ne pleurions continuel-
lement. Dionis prétend qu'ils fe tcompent ; que c*
n'eft point une glande Licrymale, ma'is feulemenc
la réunion de la membrane intérieure des pau-
pières. ^fT C'eft une petite malfe rougcâtre, gre-
nue & oblongue, fituée entre l'angle internedes
paupières & le globe de l'œil.
Les caroncules mammillaircs ou papillaires , cU'
runculx papillares ou m.immillares , font de petits
corps ou parties des reins , ainfi appelées parce
qu'elles rcircmblent au mammelon. Rondelet pré-
tend les avoir trouvées le premier ; mais c'eft Car<-
pi. Elles ont la forme des glandes &; font plus
dures, & moins rouges que fa chair. Elles ont la
gtodéur d'un pois , mais elles font un peu plus
larges par enhaut , & plus étroites par enbas , avan-
çant un peu en pointe à l'endroit où elles font
percées , pour laiiier tomber l'urine dans lebalïinet.
Quelques-uns appellent caroncules cuticulaires ,
carunculx. cuticulaires , ce qu'on appelle commu-
nément nymphe. J^oye:^ ce mot.
Les caroncules myrtiformcs , cdruncula myrti-
formes , font quatre petites éminences charnues ,
qui font dans la foflè naviculaire , limées de ma-
nière que chacune occupe un angle , & qu'elles for-
ment toutes enfembles un carré. On les appelle myr-
tiformcs, parce qu'elles reflemblent à des baies de
myrte. Carunculx myrtea on myrtiformcs. Elles l'ont
fituées dans les parties naturelles des femmes , alFez
près de l'entrée •■, elles font rougeâtres , fermes &:
relevées dans les vierges ,& elles font jointes l'une
à l'autre par leurs parties latérales , par le moyen
de quelques petites membranes. Dans les femmes
& fur-tout dans celles qui ont eu des enfans , elles
font feparées les unes des antres. Ces caroncules ne
font que des rides ôc des inégalités du vairon ; ce
qui en rend l'entrée plus étroite.
(^ Quelques-uns prétendent avec plus de vraifcm-
blance que c'eft le coït qui leur donne naiifince ,
Se qu'elles ne font autre chofe que des portions
de la membrane même de l'hymen déchitée , qui
lé font retirées. Ces caroncules feroient donc une
preuve de la déHorarion. Mais l'exiftence de l'hy-
men eft-elle bien conftatéeî Voye:^ Hymen.
CAROPHYLOIDE. f f. Pierre figurée qui repréfente
le clou de giroftle. Elle eft de la nature du Talc iSc a
la foriTie d'une cloche s on y voit au-defllis une
étoile à plulîeurs rayons.
CAROS. y-oye:^ Carus.
CAROSSIER. f. m. Arbre qui croît en Afrique, en
Guinée , au royaume ti'IUiny. C'eft une cfpèce de
Palmier. Il porte un fruit qu'on nomme carolfe ,
qui eft gros comme une prune , & qui n'cft
prefque qu'une peau collée fur un noyau. Ces peuples
le concaiTent , le bralîént , & en font leur roro.
Voye:^ ToRO.
CAROTER. Voyex Carotter.
CAROTIDAL , ALE. adj. Terme d'Anatomic. Qui
a rapport aux carotides. Carotidalls ,e. Le conduit
carotidal. Winslow. Le canal carotidal de l'os
pierreux. Idem.
CAROTIDE f, f. Terme d'Anatomic. C'eft le nom
qu'on donne à deux artères du cou , qui portent
le fang au cerveau , ic qui montent le long des
côtés Ac la trachée artère, avec la veine jugulaire
interne. Il y en a une de chaque côté. Carotides
vena:. La droite vient du rameau droit fouclavier ;
&: la gauche de l'artère aorte immédiatement. Les
28o
CAR
Anciens mettoicnt le (icfre de l'aflbupilTl'inent dans
ces artères , d'où vient qu'ils leur ont donne ce
• nom-, r.xpc , étant un mot grec qui (ignihe alibu-
piiicment. Par la même railbn on les a appelées
à:/i:zrs;iijt/es &: apoplcclljues.
gCr CAROTIQUE. 1". m. Terme d'Anatomie. Trou
de l'ûs temporal qui donne pallage à l'artère caro-
tide. AcAD. Fr.
Cap-otique. (.&c^à].Carotictis , caro afl-ciii s. Terme
de Chirurgie. Dcgori s'eft iérvi de ce mot pour
liçrnifier ceux qui ont le carus , quand il dit , on a
beau piquer les caroùques , ils ne s'éveillent point ,
& ils ne répondent point. De la maniète que ce
mot efl: formé , il paraît qu'on pouroit le dire de
tout ce qui a rapport au carus-, par exemple, af-
fcdion CJ.rotiquc , l'ymptôme cirotique , &c. Mais
ce m.ot n'eft point ulité.
CAROTTE, f. f. Daucus fativus. PajUnaca fativa,
tcnui folio. Carota. Plante ombcUitére, cont la
racine eft un pivot long d'un pied, rarement bran-
cha , qui donne peu de'' fibres; caliant , charnu,
fucculent, doux & aromatique au goût -, tantôt
rouge , tantôt d'une couleur de pourpre foncé ,
tantôt jaune , &: tantôt blanc -, épais à Ton collet
d'environ un pouce & demi , d'où Ibrtent phi-
ficurs feuilles dilpofécs en rond , longues de huit
à neuf pouces , découpées en plufieurs fegmens qui
font encore fubdivifés en une infinité d'autres
étroits & longs. Elles font vertes , velues , & d'une
odeur aromatique. La tige , qui s'élève du milieu
de fes feuilles, eft haute de quatre à cinq pieds,
branchue , & garnie de feuilles alternes , pareilles
à celles du bas , mais plus petites. Elle eft creufc ,
cannelée , velue , & terminée , audi-bien que f:s
branches , par des ombelles , garnies à leurs^ naif-
fanccs de plufieurs brins de feuilles découpées en
lanières longues & étroites. Ces ombelles font
compofées de fleurs à cinq pétales, blanches, iné-
gales, cchancrées , & difpofces en tleur-de-lis de
France, Le calice qui ibutienr la fleur, devient un
ftuit gros comme le grain d'anis , fermé par deux
femences aplaties par l'endroit qu'elles le touchent ,
prefque ovales , arrondies fur leurs dos , cannelées ,
& garnies de poils courts & blanchâtres , rangés
en manière de fils. On mange les racines de carotte.
On les fait cuire dans l'eau , & enfuite on les
apprête avec le beurre , le poivre , le fel & un
peu de vinaigre. On les met auili dans la fbupe.
Ses femencesVont diurériques. On appelle dans
quelques provinces du Royaume carotte la beté-
rave ; & pour la carotte on la nomme Paftenade.
Carotte fe prend fouvent pour la racine de la plante
de carotte.
fK? On feme les giaines de carottes au mois d'A-
vril ou de Mai fur planches. On les cclaircir s'il
eft néceflaire. Pour les avancer , on coupe les mon-
tans a la mi-aout , à un demi-pied de terre.
On dit proverbialement de ceux qui font mau-
vaife chère , qu'ils ne mangent que des carottes.
On appelle une carotte de tabac ou du tabac en
carotte , celui qui eft configuré comme la racine
de la plante qui porte ce nom. Pour faire du ta-
bac en carotte ., on a'iemble 50, 60, 80 , ou cent
feuilles de tabac , félon que l'on veut les carottes
grolfes ou menues , dont on fait une botte que
l'on prefle avec une corde, depuis un bout jufqu'à
l'autre, mais en commençant par le milieu. Comme
les feuilles font beaucoup plus larges par le mi-
lieu que par les deux bouts , le milieu de cette
botte fe tient toujours plus gros , &: va toujours
en diminuant du côté des bouts. Quand cela a
fcjourné quelque temps , on en ôte la corde , &
l'on couvre cette figure de navette de papier or-
dinairement marbré', que l'on colle deifus , de
peur que le tabac ne s'éfeuille à la poche -, & en
coupant ce tabac par le milieu , chaque bout pro-
duit une carotte de tabac , parce qu'il eft fair comme
la racine de la carotte.
CAROTTER, v. n. Terine de jeu. Jouer mefquine-
C A Pv
ment , ne hazr.rder que peu. C'cft à-peu-prcs la
m.cme choie que Carabiner.
CAROTTIER , 1ERE. f. m. & f. C'eft ainfi qu'on
appelle au jeu un homme ou une femme qui joue
timidement , &: qui rifque peu à la fois.
§a° CAROU. Province d'Airique dans la Nigritie ,
au royaume de Folgia. Les Carous fe font cniuite
empares du royaume de Quoja.
|p= CAROUBE, f. m. Fruit du Caroubier. Foye^
l'article fuivant.
CAROUBIER. 1". m. Siliqua , Ceratia, Ceratonia.
Arbre d'une moyenne grandeur, branchu, & garni
de feuilles arrondies , d'un pouce ou deux de dia-
mètre , épailfes , fermes , liflés , glabres , d'un vert
foncé en-deifus, plus pâle en-delfous ; portées fur
des queues rrès-courtes , & rangées liir une côte.
Ses fleurs font de petites grappes rouges, chargées
d'ctamines jaunâtres. Ses fruits lont des goulfes
plates , longues depuis demi-pied jufqu'à quatorze
pouces fur un pouce & demi de largeur. Elles font
brunes en-de(fous , courbées quelquefois , compo-
Çcd^ de deux colles , qui Ibnt fcpatées par des
membranes en plufieurs loges , où font contenues
des femences plates, approchantes de celles delà
cafié. Ces colles font remplies dans leur fubftance
d'un fac mielleux, douçâtre, qui ne s'éloigne pas beau-
coup de celui de la moelle de caife. Cette moelle lâ-
che le ventre de même que la cafle. On les mange en
Provence , où on les apporte des environs de Nice.
Le Caroubier eft commun en Italie , fur-tout près de
Naplcs.
CAROUGE. f.m. Siliqua. Il fe prend ordinairement
pour le firuit du caroubier. On difoit autrefois car-
relé ; on dit encore caroube en Languedoc.
fÇj- CARPA. Ville de l'Inde de de-là le Gange , au
royaume de Brama, fur la rivière de Pegu.
CARPÂSE.Le mont Carpdje. Montagne des Alpes, à
quatre lieues environ de Suze. Carpafius mons. Il
eft voifin du mont Epicare.
CARPASUM. f. m. Plante dont le jus endort , &
ctouiie incontinent celui qui en boit. Curpajus.
Les remèdes contre certe Ibrte de poilbn ibnt iêm-
blables à ceux dont on fe fert contre la ciguë.
Diofcoride n'en dit pas autre chofe , de force
qu'on ne fait aujourd'hui de quelle plante il a voulu
parler.
CARPE, f. £ Poiffon d'eau douce fort commun , qui
a des écailles aiîéz larges & jaunes, le ventre blan-
châtre , & le dos brun ; qui vit d'herbe ou de
limon. La carpe aime les eaux bourbeufes , & en
trois ans devienr grande d'un pied entre œil Se
fourche , ou entre œil & bat. WiUougbi dans fon
Hijtoire des Poi(fons , fait mention d'une carpe
qui a vécu cent ans. La carpe laitce eft le maie,
& l'œuvée la femelle. ^C? Les œufs de carpe for-
ment deux paquets, un de chaque côté de l'abdo-
men. Ils font adhérens les uns aux autres , revêrus
d'une membrane très-fine &c tranfparente. M. Petit
a trouvé qiVune carpe de 18 pouces de longueur,
compris la tête & la queue, avoir 541144 œufs.
0CF La laite, qu'on nomme aufEi laitance, eft une
partie , dans les carpes mâles , compofce de deux
corps blancs très-irréguliers. Ce font les tefticules
dans lefquels fe filtre la femence.
(fr M. Morand fit voir à l'académie des fciences en
1757 les parties intérieures d'une grofTe carpe où
l'on voyoit diftindement d'un côté les œufs, &
de l'autre la laite. Elis étoit donc hermaphrodire.
On obferve quelquefois la même chofe dans le
brochet , & fouvent dans le merlan.
|t? La vclicule que l'on trouve dans la trar/^e & dans
la plupart des auues poilTons, vejicula pneitm.itica
ou inricalus natatorius , lélon qu'elle eft plus ou
tacilcment vers la fupi
cer plus ou moins dans l'eau. La Idins^ne àe carpe
eft la chair qui forme fon palais, qu'on nomme
ainâ
CAR
V
tnnCi improptcinént , car en effet elle n'a point
de langue.
Ménage dérive ce met de carpa , latin , qui (e
trouve en cette (igniiication dans Ca/Iiodore. Ou
croiroit peut-être à caufe de la reffemblance des
noms, que ce mot vient du latin carpio -, qui eft
im poifiba qu'on pêche dans un lac d'Italie-, mais il eft
tout différent. Les Grecs appellentla carpe, Kv^rpiva;
les Latins cyprinus.
On appelle le faut de la carpe , le faut que font
les Baladins j après avoir plié tout le corps , &c joint
la tête à leurs pieds. La carpe en fait un pareil
pour fe Tauver des filets quand on la tire de l'eaui
Cyprini fakus.
On dit d'une perlbnne qu'elle fait la carpe
pâmée , pour dire qu'elle feint de (e trouver mal,
II eft familier.
On dit en termes de Jardinage , mettre de la
Terre en dos de carpe , ce qu'on obCerve ordinai-
rement dans les plate-bandes des parterres , ou dans
les découpés , à defîein d'y planter des fleurs. Li-
GER. C'eft rélever en forte qu'elle reffemble à un
dos de carpe. In dorfurn acutiim critère , in dorfi
crepldinem j'iiirrigere.
Garpf. f. m. Terme d'Anatomie , qui fignifîe le poi-
gnet ou la partie qui eft entre le bras & la paume
rie la main. Carpfimus. Il eft compoie de huit os ,
dfftribués en deux rangs , dont celui de derrière
ieft joint aux deux fociles par des cartilages & li-
gamens , & celui de devant aux quatre os du mé-
tacarpe. Les Médecins Arabes l'appellent rafette. Les
Grecs KcpTràr.
CARPEAU. f. m. Petite carpe. Cyprinus minor.
Un carpeau , qui n'étoit encore que fretin ,
Fut pris par un pécheur au bord d'une rivière.
La Font.
CARPÈE. f. fi Carpcsa ^ du grec Knçvarsc. C'étoit une
efpèce de darife , ou d'exercice militaire , en ufagc
chez les yEnianes & les Magnéliens. J'ai dit , &
d'exercice militaire , car la carpée confîftoit en ce
que deux hommes armés contrefaifoient l'un un
laboulreur , &; l'autre un voleur. Le laboureur met-
tant bas fes armes femoit , ou faiibit femblant de
femer , puis ptenoit les baffins de fa charrue , &
labouroit fon champ , regardant fans ceffc de tous
côtés en homme inquiet , & qui craint d'être fur-
pris. Le voleur en effet paroiflbit ■■, le laboureur
alors quittoit fa charrue , prenoit tes armes , &
combattoit pour défendre fes bœufs, Tour cela
ie faifoit au fbn de la flûte & en cadence. Tantôt
lelaboureur, & rantôt le voleur étoit vaincu. Quand
le voleur vainquoit , il emmcnoit les boeufs du la-
boureur. Xénophon parle de la carpée dans le Fe/iin
de Seutas le Thrace. Voyez aufll Scaliger le père ,
Poet. L. I, c. 1 8. C'étoit apparemment un exercice
inftituc pour apprendre & pour accoutumer les
payfans à fe défendre contre les incurfions des bri-
gands , ou de l'ennemi , comme on tire l'oifeau en
France , pour accoutumer le peuple aux exercices
de guerre.
|cr CAPvPENTERIE ou CARPENTER - LAND.
Grand pays d'Afie , au midi de la nouvelle Gui-
née & dans la nouvelle Hollande , découvert par
Carpenter, HoUandois , qui lui a donné fon nom.
Les relations hoUandoifes ne difent rien de par-
ticulier de ce pays.
CARP ENTRAS. Carpentoracle Meminorum ou Mi-
mennrum. Ville de Provence , capitale du comté
Vénaiffin , fituée fur la rivière de Ruffe. Elle ap-
partient au Saint Siège. L'Evêque de Carpentras
eft filffragant d'Avignon. Quelques-uns croient que
c'eft l'ancien Forum Neronis. Pline l'appelle Car-
pentoracle , L . /// , C. 4. Deux anciennes Notices
l'appellent Civitas Carpentotaclenjium. Voyez Va-
lois , Not. Gall.
|3" CARPENTUM. Efpèce de char à deux roues ,
rarement à quatre , trainé par des mules , fervant
à plufieurs ufages chez les Romains, l'oyer^ Char,
Tome II,
CAR à8i
éARPESIUM, f. m. Platite dont Gallien fait men-
tion, mais d'une telle manière qu'on ne fait .1 pré-
fent ce qu'elle eft. Quelques Botaniftes croient que
le carpejium de Gallien eft le poivre d'Eriiiopie , &c
d'autres les cubèbcs \ mais ni les uns ni les autres
ne font fiiivis.
CARPETTE, f. f. Carpita. C'eft le nom que les Car-
mes donnoient auttefois à leur chappe , comme il
paroît par une Ordonnance d'un Chapitre tenu à
Londres l'an izSi. Frater profepis haheat unam-
carpitam ,. non d-e petiis conjinam , jed contextam ;
& habeat feptem radios tantùm. , ut jimus unifor-
mes. Il s'en fuit de-là que ces carpettes étoient
barrées en pal , dit le P. Hélyot, Qu'elles fuffent
barrées en pal ou autrement , cela ne fe voit point
par ces paroles -, mais feulement qu'elles étoienc
barrées ou rayées , ainfi que tous les habits des
premiers Carmes, qui pour, cela furent appelés erl
France les Frères Barrés.
Carpettes, f. f. Ce font de gtos draps rayés , qu'on ap-
pelle autrement tapis à emballer. Panntis crafjiur &
virgatiis.
IP" CARPL Ville d'Italie en Lombardie , à qua-
tre milles de Corrégio. Elle appartient au Duc de
Modène.
IP" II y a une autre ville de même nom en Italie ,
fur l'Àdige , au-deffous de Porto, Celle-ci appar-
tient aux Vénitiens.
gCF CARPIÈRE. f. f. Vieux mot. Réfervoir où l'on
met des carpes.
CARPILLON. f; m. Diminutif, très-petite carpe. C'ell
encore moins que carpeaur
Le pauvre carpillon lui dit en fa manière :
Que fere^-vous de moi ? La FonTainh^
CARPIN. f. m. Plante que Matthiole dit être fort
connue en Italie , & qui a des feuilles preicjue
femblables à l'orme , mais plus minces. Elle croît
dans les forêts entre les chênes, &: d'autres arbres
fauvages. Son tronc eft haut, couvert d'une écorce
blanchâtre , & un peu tude & âpre. Elle jette
quantité de branches. Ses fleurs font de forme
triangulaire j & du milieu fortent de petites têtes
comme de pois chiches , où la graine eft contenue.
Les racines de cette plante font fermes & grofîês , &:
fbn bois eft blanc, fblide & vifqueux.
?fT CARPIO. Petite ville d'Efpagne , dans l'Anda-
loufie , fur le Guadalquivir , entre Gordoue Sc
Anduxar.
Ip" CARPOBALSAMUM. f. m. ïvfot emprunté diî
latin , pour exprimer le fruit de l'atbre qui pro-»
duit le baume de Judée. Ce fruit eft fort fembla-
blc en groffenr, en figure & en couleur, à celui
du térébinthe. Il eft attaché à la plante par un
petit calice , &C couvert d'une petite membrane de
couleur rougeâtre , ayant au-dedans d'autres tuni-
ques plus épaiifes , fous lefquelles eft contenue fa
femence pleine d'un fuc jaune & mielleux , donc
le goiit eft un peii àiner & âpre , & l'odeur agréa-
ble , approchant de celle du baume. Il eft fore
rare i &: comme on doute fî ce qu'on vend dans
les boutiques fous le nom de carpobalfamum,c{t
le même que celui des Anciens , n'ayant pas les
mêmes marques , on a accoutumé de lui fubftituec
les cubèbes , qui ont les mêmes qualités.
Ce mot vient de deux mots gtecs , xxfvoi , fruit i
& p,é>.Ta.u.ùv , baume.
CARPOCRATIENS. Anciens hérétiques qui tirent
leur nom de Carpocrate , Auteur d'une branche
de Gnoftiques , fous l'Empereur Adrien, c'eft-à-
dire , au fécond fiècle de l'Eglife. Carpocrate , die
S.Epiphane, Hœr. z^. Chef d'une nouvelle feéle,
& dont les mœurs étoient fort corrompues , a fait
comme revivre les erreurs de Simon le Magicien >
de Ménandrc, de Saturnin & des autres Gnofti-
ques. Il reconnoirtbit avec eux un feul principe ^
père de toutes chofes, dont le nom étoit inconnu
auffi-bien aue la nature. Le monde , félon lui 3
avoir été fait par les Anges , fort inférieius en di-
N n
2,82
CAR
gnité à ce premier principe. Il étoit entièrement
oppolc à la Divinité de J. C. voulant qu'il tut
né à la manière des autres hommes , &c qu'il n'eut
aucun avantage far eux par lanaillance, liccn'elt
qu'il avoir eu une ame plus parfaite , qui avoit
reçu du premier principe de très-grands dons , qui
l'avoicnt élevé au-dellus des autres créatures. Euiebe ,
Liy. IF de fon Hifi. ch. 7 , le fait contemporam
de Bafilide, après S. Irénce. Il enfeignoit la corn-
munauté des femmes, ic prétendoit que les âmes
ne pouvoient être purifiées, qu'elles n'euflent au-
paravant commis toutes fortes d'abominations. Ce-
toit , félon lui , une condition nécellaire pour la
perfedion. AuHl la vie des Carpocratiens croit li
infâme , que les Païens , qui ne diftinguoient pas
allez les anciens Hérétiques d'avec les véritables
Chrétiens , prirenr de-là occafion de parler des Chré-
tiens comme de gens abandonnés à toutes fortes d'im-
puretés. Carpocrate eut un fils nommé Epiphanc ,
héritier de fcs extravagances-, &c Cérinthe pour
difciplc. Voyei S. Irénéc , Liv.I, ch. Z4.Terrull.
De Prtzfcnpt. c. 48. Clem. d'Alex. 5rroOT. L/v. ///.
Eufebe , Liv, IF , ch. 8 -, & principalement S.Epi-
phane , Hcsr. 27 , où il parle fort au long des Car-
pocratiens. Voyez encore Danxus , & Clirift. Lu-
pus , llir Tertullien.
CARPOT. f. m. Vieux terme de Coutume. Juscar-
peniï partent. Nom d'un impôt qui fe levoit au-
trefois fur le vin. Carpot eft auffi la part de ven-
dange du propriétaire d'une vigne , qui en parta-
ge les fruits avec fon vigneron. Portio ou pars
capienda.
ffT CARQUEBAS. Foyei Cale-Bas.
CARQUÈSE. f. m. Terme de Verrerie. Four de frite.
C'efl: un four féparé du four de la Verrerie , dans le-
quel on fait cuire les pors avanr que de les mettre
dans le four de la Verrerie.
CARQUOIS, i'. m. Etui à flèches , qu'on porte fur l'e-
paule. Pharetra. On peint Cupidon avec un arc &
un carquois, 5c Diane pareillement.
Tout ejl myjîère dans l'amour ,
Ses flèches ,fon cyrc\uo\s, fon flambeau ,Jon enfance ;
Ce n'efi pas l'ouvrage d'un jour ,
Qiie d'épuifer cette fcience. La Font.
Ménage , après Lipfe , tient que ce mot vient de
l'allemand kcecher , fignifiant la même chofe. Du
Cange le dérive de carcaiff'um ,^ mot de la bafle
latinité , qu'on a dit dans le même fens.
CARRAQUON.
CARRAQUE.
C CARAQUON.
^"y^l l CARAQUE.
CARRARA. Lieu près de Gènes où fe tire le plus
beau marbre. Vie de S. Fiacre , Liv, III ,
p. iii.
^ CARRARE, f. m. Ceft le nom qu'on donne au
beau marbre qu'on tire du lieu dont on vient de
parler.
CARRAS, f. m. pi. On nomme ainfi en Languedoc
les bois de fapin qui font débités comme nos bois
carrés.
|tj- CARRAVERIA ou BOOR CASTORO , an-
ciennement BERRHOCA. Ville archiépifcopale de
Turquie en Europe , dans la Macédoine. Ceft le
Beroée des ades des Apôtres.
CARRE. Foyei Care.
CARRE, f. f. Ce mot n'efl: guère en ufage que dans
ces façons de parler. La carre d'un chapeau ; pour
dire , le haut de la foime d'un chapeau. La carre
d'un habit -, pour xlire le ha.ut de la taille d'un
habit -, la carre d'un foulier -, pour dire , le bout
d'un foulier.
On dit populairement , qu'une perfonne a une
bonne carre , pour dire , qu'elle a les épaules bien
larges & bien fournies , Sc que cela lui donne de la
preftance. Acad. Fr.
CAR
Carre. Terme de Chaudronnier. Les Chaudronniers
appellent la carre d'un chaudron , d'un poêlon , ou
d'une marmite , l'endroit où le fond de ces ouvra-
ges fe joint au bord.
Carre, qu'on nomme aufTi Carse. Terme de com-
merce. Mcfurc de continence dont on fe fert à
Briarc , pour mefurer les grains.
Carre. (B) Terme de Mufiquc. C'cfl une marque qui
fait chanter demi-ton plus haut que quand il y 1
un B mol, ,
CARRE, f. m. Plufieurs écrivent QUARRÉ. En termes
de Géométrie , c'eft une figure quadrangulaire qui
a les quatre angles droits , &c les quatre côtés égaux.
Quadratum , vel figura quadrangularis. La diago-
nale du carré eft incommenfurable avec un de fes
côtés. Euclide , Liv. X.
Carré long-, eft une figure quadrangulaire qui a qua-
tre^ angles droirs, mais qui a pUis de longueur
que de largeur. On l'appelle autrement tar-long.
Quadratum longius.
Carré parfait. C'eft une figure régulière , donr les
quarrc côtés & les quatre angles font égaux. Da-
VILER.
|p° Carré long , ouvrage de Fortification. Il a à
chacun de fes angles un baftion. Au milieu de fes
deux grands côtés"^ on place , ou de fimples baftiops,
ou des baftions plats, ou des demi- redoutes for-
mées d'un angle faillant.
Carré géométrique , c'eft un inftrmnent qui eft de
grand ufage pour obferver tant fur terre que fur
mer. Quadratum geometricum. Il a un centre à
l'un de fes angles. Les deux côtés éloignés du cen-
tre fonr diviïes en plufieurs parties égales. L'ua
de ceux qui eft vers le centre eft chargé de deux
pinnules , & il y a une alhidade mobile qui part
du centre , qui fert aux Géomètres &c aux Aftro-
nomes à obferver. Toutes les obfcrvations de la
Géométiie & de la Trigonométrie fe peuvent faire
avec le carré. Il y a auffi un quart de cercle tracé
du même centre , divifé eu 90 degrés.
Carré de carré. Terme d'Algèbre , eft la troifième
puillance ou multiplication d'un nombre , quand
on multiplie encore un cube par fa racine. Qua-
dratum quadrati.
IJCT Ce mot s'applique dans les arts méchaniques à
plufieurs chofss qui ont la forme du carré , ou ap-
prochant du carré.
Carré de parterre ou Carreau , eft une divifion
qu'on fait dans les compartimens d'un parterre , avec
du buis nain , ou autres petites herbes , pour y
mettre des fleurs, Area. On le dit encore en jar-
dinage d'une efpèce de terrein carré dans lequel on
plante des légumes, des racines , des falades. Comme
les parries d'un jardin , renfermées par des allées ,
forment fouvent des furfaces carrées , les Jardi-
niers difenr , j'ai planré un carré de choux , d'ar-
tichauds , de fémidoubles , &c. lors même que les
lieux qu'ils plantent ont d'autres figures. On dit
aufli les carrés d'un échiquier.
Carré de Mars ou de Saturne. Quadratum. Voyez
QuADRAT. C'eft la même chofe.
Carré de mouton , eft la partie du mouton qui eft fous
l'épaule , & qui contient toutes fes côtes. Quadrans
vervecis.
Carré , fe dit aufTi chez les Monnoyeurs , du mor-
ceau d'acier fait en forme de dé qu'on met fous
le balancier , où eft gravée en creux la figure qu'on
veur faire venir en relief fur le métal qu'on prefle
deflus. Pixis monetaria quadrata.
Les Orfèvres appellent carré le pied d'un flam-
beau , d'une aiguière , & de rous autres ouvrages ,
ce qui leur fert de pied , de quelque figure qu'ils
foient ; carrés ronds , ou a plufieurs pans ou angles.
Bafis quadrata.
On appelle aufîî carré de bâtiment , une maifon
bâtie de quatre côtés , qui environne la cour qui
eft au milieu. Domus quadrata.
On dit en termes de Manège , travailler en carré,
quand , au lieu de conduire le cheval en rond au-
CAR
tour du pilier , en le mène par quatre lj>ne droites,
qui forment un carre , tournant la main a cliacun
des angles. Equiun fer quadrum aqjre.
Carré au piquet, le dit quand on marque fbixante-
iîx avec quatre jetons , enlbrte que cela tàUe un carre.
Cakuliis y numerus \in quadrum dijpojàus. Le père
de Voiture avoit été tort grand joueur de piquet :
il avoit accoutumé de dire qu'il tenoit la partie ga-
gnée , quand il pouvoit attraper le carre , c'eft-à-
dire , foixiaute-lix , qu'on marque avec quatre jetons
en carré , d'où vient qu'on appelle encore aujour-
d'hui ce v'oint-là parmi les Joueurs , ie carre de
Fouiire. Peliffon , Hijt. de l'Acad. Fr. ui-i^.p. 4(^9
& p. z8o de l'edit. in-iz 1750.
Carré de toiietie , ell un petit coffiret carré, où les
Daines mettent leurs ellences , fards ic pomma-
des , qui fervent à leur toilette. Capjidx mundi
muiuhris.
Carré magique. Quadrans rnagicurri , eftunedifpo-
lition de certains nombres en carré , de manière que
ceux d'une même file, S>C ceux d'un même rang,
&: ceux qui compofent les deux diagonales étant
ajoutés enfemble , fafiént toujours une même
fomme , comme h on met au premier rang
deux - cens foixanre- feize , au fécond neuf - cens
cinquante-un , au troifième quatre-cens trente-huit ,
de quelque côté qu'on a.'fcmble ces nombres , ils
feront quinze. On l'appelle mairique , parce que
c'ellun ptoblême très-difficile. Bertinus en rapporte
quantité d'exemples en de plus grands nombres.
Dans les divers Ouvrages de Me/fieurs de l'Acadé-
mie des Sciences , il y a un traité des Carres Ma^i-
ques , par M. Frénicle \ une table des Carres Ma-
giques par le même.
jCarré , en termes d'Anatomie , fc dit de trois muf-
■ clés. Le lécond des quatre mufcles du rayon s'ap-
pelle le carré , à caufe de fa iigure quadrangulaire ;
il prend fon origine de la partie inférieure, '& quali
externe du cubitus, & s'insèie à la partie inférieure
& quafi externe du radius. Ce mufcle cft placé proche
le poignet fous les autres : il finit par un tendon auilî
large que fon principe. Se conjointement avec le
rond , il fait faire un mouvement demi-circulaire au
radius. Dionis. Le fécond mufcle des abdudlcurs
de la cuhfe s'appelle aulfi le carré , parce qu'il a
quatre angles : il prend fon origine de la partie
latérale Se externe de l'éminencede l'ifchion , &
va s'inférer à la partie poftérieure Se externe du
grand trocanter. Id. Le mufcle des lèvres appelé mon-
taniis , eft aulîi nommé carré. Voyez Montanus.
Carré, traîne ou. traîneau. Terme d« Cordier. Bâris
de charpente en forme de traînea,u, fur le devant
duquel s'élèvent deux forrs montans pour fuppor-
ter une traverfe dans laquelle palfent les manivelles
qui fervent à tordre les torrons ou à commettre la
corde -, on charge le carré dé poids , pour que les
torrons foient bien tendus quand on les commet.
ffT Carré de cuir , chez les Tanneurs Se les Cor-
donniers ■■, morceaux de cuir coupés par carrés. Un
carré contient julfe ce qu'il faut de cuir pour faire
une paire de fouliers. On l'appelle au(fi tableau ,
Se l'on dit des Cordonniers qui fe pourvoient de
cette manière , parce qu'ils ne font pas en état d'a-
cheter des cuirs entiers , qu'ils vont au tableau.
Carré, Ée adj. Qui eft d'une figure à quatre côtés
perpendiculaires l'un à l'autre' Se égaux entr'eux.
Cette coût n'eft pas hkn carrée. Ce' jardin eft par-
faitement carré.
Carré , (bonnet ) eft un bonnet de Prêtre , d'Avocat ,
ou d'autre homme de robe , qui a quatre petites
érainences fur la tête qu'on appelle cornes , par
où on le piend. Biretum quadratum. Voyez Bon-
net.
ï}CF Carré {nombre). Terme de Gcométtie. C'eft le
produit d'un nombre multiplié par lui-même. Quatre
eft un nombre carré ; il eft formé de deux multi-
plie par deux : neuf eft un nombre carré , formé
du nombre ttois multiplié par lui-même : feize eft
. un nombre carré formé de la multiplication de
Car
o 9
quatre par quatre, &c. Aiml le nombre carré eilnn
nombre qui rciulte d'un autre nombre multiplié
par lui-même. ^
Rzcifs carrée , un nombre, qui étant multiplié
par lui-mcme, fait un nombre carré, ou il y a au-
tant d'umtcs en kM-g-ur, qu'en hauteur. Rad,x
quadrata. Dix eft la racine carrée de cent, parce que
dix multiplié par dix ,' fait cent.
Homme carre, (é dit de celui qui eft gros &r trapu
qui eft large des épaules. Hom . corpo}e crafo , rc'
pleto. On dit aulfi unviftge carre, quand fa lar-
geur égale prefque fa hauteur.
Jeu de paume carré', eft un jeu ordinaire , dont
les murailles lont parallèles, & font un carré-lo.v".
On 1-appeIle un jeu carré , par oppolition au Jeu
de dedans, où il y a un tambour. Ludus quadia-
tus Sphœrijleni.
La monnoie carrée , dont il eft parlé dans les
Novellesde Juftinicn, croit une des quatre plus
petites efpèces qui euifent cours alors. Elle étoic
ainh nommée, parce qu'elle étoh carrée. Voyez la
dUfertation de M. Du Cange , De inferioris ccvi
îsumijmatihus.
On appelle en termes de rhétorique une période
carrée, une période de quatre membres , quadrata.
pcriùdus : Se par extenfion, on le dit de toute pé-
riode nombreufe & bien foutenue , quoiqu'elle ne
foit pas de quatre membres.
.^ On appelle profe carrée , un ftyle qui rienr îe
milieu entre la profe ordinaire Se les vers, & qiii
n'eft ni l'un ni l'autre. On fe ferr ordinairement ^e
la profe carrée dans les infcriptions Se les épita-
phcs -, c'eft pourquoi on lui a auffi donné le ndmi
de fiyle lapidaire , parce que ces fortes d'ouvrages
font fouvent gravés f.ir la pierre : mais comme ces
monumens font encore plus fouvent gravés fur le
cuivre , qui rélifte davantage aux infultes du temps ,
le terme de profe carrée eft aujourd'ui le plus com-
mun.
Bataillon carré, eft celui qui a autant de files
que de rangs. Jgmen quadratum. On l'appelle auili
carré de terrein , quand il occupe autant de terre
en longueur qu'en hauteur. Fuyei Bataillon.
On appeloit à Rome une légion carrée , le^io
quadrata, celle qui étoit de quatre-cens liommes.
Bois carré, eftîe bois de charpente Se de fciage ,
dont on fait des poutres & des folives. Lignura
quadratum.
i^ On appelle ironiquement un vendeur d'allu-
mettes , un marchand de bois carré. Sulfuratorum
propola.
On dit proverbialement, jufte Se carré comme
une flûte. On appelle aulfi partie carrée , une partie
de plailîr où il n'y a que deux hommes Se deux
femmes. Societas quadrata. On le dit de toute
compagnie où l'on n'eft que quatre hommes oti
femmes , fans qu'il foit bcfoin qu'il y ait deux hom-
mes Se deux femmes.
CARREAU, f. m. Diminutif de carré , qui fe dit
d'une figure qui a quatre côtés, quoiqu'ils ne foient
pas égaux , ni à angles droits , comme un carreau
de vities qui eft quelquefois en lofange. Quadra-
tum. On dit une étoffe à petits carreaux , où il y a
plufieurs petits carrés. Plier du linge par petits car-
reaux. Les Jardiniers divifent leurs partertes , ou
jardins en carreaux. Area. Il y a un beau carreau
de tulippes , c'eft-à-dire une planche. Carreau de
parterre , eft une efpace carré ou figuré avec une
bordure de buis nain , rempli de fleurs ou de gazon ,
dans le compartiment d'un parterre de pièces cou-
pées. Ce mot a été fait de quadrellum. Ménage.
Carreau , iignifie aufîi le pavé des chambres , des
falles , des Eglifes , de quelque matière Se figure qu'il
puiffe être. Quadratus later , laterculus. Il y a des
carreaux de marbre , de porcrie , de fayence ou
d'ais ; il y en a de carres, d'hexagones, &c.
En ce fens on dir au jeu de paume , une chafTe
à trois carreaux , à dix carreaux , lorfqu'une ballq
N n ij
2.84
CAR
efl: tombée fur le troiùcme o.i le dixième carreau , ■
&: qu'elle fait chaiie.
Cark-eau , le dit plus particulièrement du carreau de
plancher , qui ell de terre moulée & cuite , de di;r;-
reiite grandeur &; épailîeur fuivant les lieux. 11 y
a de grand , de moyen & de petit carreau ; le
grand a huit ou dix pouces de largeur ; le moyen
en à fîx à fept, & le petit environ quatre. Il y a
du carreau de iigure carrée : il y en a à pans ;
5c celui-ci quelquefois efl à fix pans , quelqueiois
à huit.
^3" ]ouer au franc-carreau , efpèce de jeu où cha-
que joueur jette en l'air une pièce de monnoie ,
&: où celui dont la pièce tombe le plus loin djs
bords du carreau , gagne le coup.
On dit , coucher fur le carreau , pour dire hors
du lit, iùr le plancher.
.g3" Mettre , jeter les meubles de quelqu'un fur le car-
reau , c'.efl-à-dire , dans la rue.
^3" Jeter , coucher quelqu'un fur le carreau , l'é-
tendre fur la place , mort ou blcflc.
§CF Tant de Soldats font rcftés fur le carreau , ont
été tués fur la place.
Cap.b-éau verniffe , efl: im grand carreau plombé ,
qu'on met dans les écuries , au-de(fus des mangeoires
des chevaux , ce qui les empêche de lécher le mur.
Qjiaâratum Juniperi gumrrn illitum. On fait aulfi
du petit carreau verniffe pour les compartimens.
Carp.eau de parquet t efl: un petit ais carré. Il en faut
plufieurs pour remplir la carcalfe d'une feuille de
parquet. Quadratum tcffellatum.
On appelle carreau de verre , une pièce de verre
carré , ffT ou d'une autre figure , mife en plomb ,
ou retenue avec des pointes ou du papier, ou du
maftic , dans les chalîis d'une fenêtre. Fitrcum. qua-
dratum.
Carreau de faiance , ou de Hollande, Il fert à faire
des foyers , & à revêtir les jambages de cheminée ,
& a ordinairement quatre pouces en carré. On l'em-
ploie auHi à paver & à revêtir des grottes , des
falles 3 des bains , ùc.
Carreau , lignifie aulfi un grand oreiller ou coulTm
carré que les perfonnes d'un certain rang font por-
ter à l'Eglifc pour (é mettre à genoux; plus commo-
dément. Pulvinus. C'efl; une Dame à carreau , on lui
porte le carreau. Un Auteur qui a fait les Otferva-
tiones Eugenialogiae , c'efl:-à-dire , des oblérva-
tions fur la noblelfe , imprimées à Cologne en
KîyS , trouve chez les Romains l'origine des car-
reaux , dont les Dames fe fervent dans les Eglifes.
Les Romains mettoient dans les temples des car-
reaux en forme de pcrits lits , ou plutôt de petits
chars fur lefquels on plaçoit les ftatues des faux
Dieux ; &c il prétend que l'ambition & la commo-
dité ont fait ufurpet ce droit ou cette coutume
au fcxe.
On a aulfi des carreaux dans les chambres pour
s'afleoir ou s'accouder. Les Cavaliers étoient à ce
bal aux pieds des Dames fur des carreaux.
Un porte-carreau , eft un petit meuble de bois
qui n'a d'autres pies que des pomm.es tournées ,
fut lequel on met des piles de carreaux.
Carreaux , en termes de Marine , font des rebords
ou bandes de bois qui régnent par dehors fur le
bordage du vailléau en guife d'un cordon , qui lie
& diftingue, les tillacs , & particulièrement ceux
qui font au-dellus de l'eau. On les appelle autre-
ment lices cintes , ou précintes , ou chaintes. On
donne le même nom de carreaux à certaines pièces
de bois qui font le haut des côtés d'une cha-
loupe.
Carreau , en termes de Maçon , efl: une pierre de
taille de médiocre grolfeur , & qui a plus de lar-
geur au parement, que de queue dans le mur. Lapis
fola fuperficie extimâ quadratus. Il en faut deux
ou trois pour faire une voie. Quand il n'y en a
qu'un , on l'appelle quartier. Quand il y en a plus
. de deux ou trois , on dit libes ou libage.
CAR
Carreau, efl: aulîi un arme de trait, ou flèche car-
rée , qu'on tiroir autrefois avec une arbalète. De-
la font venues , les expieilions figutées, carreaux
vengeurs de Jupiter carreau de la foudre, le trait
ou la pierre qu'on croit être dans la foudre , qui
blelfe iic qui tue. fulmen. Voyez Tonnerre.
Deja ces Tirans infcnfês
Du haut de leurs monts entajfe-s ,
Voyaient le Ciel comme leur proie ;
Q^uand d'un effort impétueux ,
Le carreau s'élance , ,.& foudroie
Ces colojfes prejomptueux, Anony.
Carreau , chez les Tailleurs , fe dit d'un fer plat
& poinru par un bout , qu'on fait chauifér , & qu'on
paife fur les coutures pour aplatir les rentrai-
turcs.
\fT II y a aufll des carreaux de Blanchifleufes , dif-
térens des carreaux des Tailleurs , en ce qu'ils font
arrondis par la partie antérieure , & que la pla-
tine efl: fort unie.
Carreau , chez les Marchands de poillbn , fe dit des
brochets c]ui font les plus gros , qu'ils appellent un
brochet carreau, Lucius cra^ior & amplior.
Carreaux fe dit aullî chez les ouvriers qui emploient
le fer, des grolfes limes fC? carrées, triangulaires , ou
méplates, dont on fe fert pour enlever au ferles
inégalirés de la forge ; ce qui s'appelle dégrofîîr.
Lima craffior & quadrata. Les gros carreaux 8c
gros demi-carreaux fervent à ebatfcher le fer. Les
carreaux doux & demi-carreaux font des limes
dont la taille eft moins rude , 8^ qui fervent pour
les ouvrages dont le dégrolïilfage eft moins conli-
dcrable.
Carreau fû dit aulfi au jeu de carres , des figures
rouges , marquées en lolange. Folium luforium rhom-
ho coloris rubri piclum. Le Roi , la Dame de carreau.
Il a une quinte majore en carreau.
On dit proverbialement & balTement d'un homme
qui a vomi , qu'il a jette du cœur ilir du carreau.
On dit au(îi pour méprifer quelqu'un , que c'eft
un valet de carreau.
Carreau, terme d'ancien monnoyage , lorfqu'on fa-
briquoit les efpèces au marteau. Il le dit des piè-
ces d'or ou d'argent qu'on taille pour fabriquer
les efpèces. Nummaria majjltla , monetaria teJJ'ella.
La première fiçon qu'on donne en la fabrique des
monnoies au marteau , eft de tailler les carreaux y
c'cft-à-dire , couper les lingots , ou lames d'or oii
d'argent , en petits morceaux carrés avec de gran-
des cifoires. La féconde façon , eft de battre ou
frapper les car'-eaux ; ce qui lé fait par un habila
ouvrier fur une enclume oblongue qui eft fur ion
banc dans fa fournaife.- Sa troiiième façon eft de
recuire les carreaux : &" la quatrième de les ajuf-
ter, approcher ou rcbai/f;r, pour les rendre de leur
jufte poids, & enfiite les rechaulf:r & flatir , cf-
laizer &boicer, qui font les cinq , (ix, fept &: hui-
tième façon qu'on leur donne, après lefquelles les
carreaux s'appellent flins ou efpèces.
Carreau. Terme de Commerce. Mefure com.ne
une aune. C'cft peut-être auifi un drap plié en carré,
BoREL , Pathelin.
Or ça , montre:^ ces carreaux.
Carreau. On donnoit encore autrefois ce nom aux:
grolfes pierres qu'on jetoit dans les villes avec les
mangoneaux ■, decarrus, parce que chacune char-
geoit un char ; ou de leur forme carrée. Cairou,
en Languedoc, eft la même chofe que carreau 6C
pierre i qui vient de quaire, c'eft-à-dire angle,
ou de quadratum. Borel. Ovide MS.
Carreau. Terme de Médecine. Sorte d'opilation qui
preffe Teftomac , la poitrine , & qui rend le ven-
tre dur & rendu. Les enfans font plus fujets au
carreau que les grandes peribnnes.
CARRÉE FINE, CARREE FORTE, Ce font deus
•
.CAR,
diverfes efpèccs d'ardoifcs qui le taillent d?.ns les
ardoilières d'Anjou.
OARREFOUR. l. m. Lieu où aboutiiîent & fecroi-
iénc plulieurs rues & ctiemins. Cornpuurn-, trivium.
On fiifcige les criminels dans les places publiques ,
& dans les carrefours. Les publications à ion de
trompe le font dans les carrefours.
Ce mot vient de quatre fourc , parce qnt fourc
lîgnirîoic autrefois un angle aigu , comme celui que
font les doigts l'un à l'égard de l'autre ; d'où a
été fait aufii le mot de fourche. Les Latins l'ont
appelé quadrivium, uhi quatuor via conveniunt ; &
fCF trivium, l'endroit où aboutiiîent trois rues ,
trois chemins. Compila frequentia. Carrefours rem-
plis de peuple. Perfe appelle compila ramofa dej
carrefours d'où fortent plulieurs rues ; &c compila
pertufa , l'endroit dans un bois d'où l'on voit plu-
lieurs avenues.
IJCr On appelle aulTi carrefour , en jardinage , la ren-
contre de quatre allées dans un bois ; ce qui imi-
te l'ilîue de quatre rues dans une ville. On peut
les faire circulaires ou carrées , en retranchant les
encoignures , pour les agrandir . Se leur donner plus
de grâce.
CARRÉGER. V. n. Terme de Marine. C'eft fur la
Méditerranée ce que ioi'vier ou louvoyer figni-
iie fur l'Océan j c'ell-à-dire , prendre & courir plu-
sieurs bordées , en voguant tantôt à droite &: tan-
tôt à gauche. On eft obligé de carréger , quand
on a le vent contraire , afin d'avancer un peu •, ou
du moins de le conferver dans le même parage.
jCARRELAGE. f. m. Aétion d'appliquer des carreauxj
|!C? de terre cuite , de marbre , ou d'autre ma-
tière ; ouvrage de celui qui les pofe. Stratura, La
toile de carrelage coûte tant,
€fT On le dit auflî du carreau , & de ce qu'il en
coûte pour le faire pofer. Pavimentum. Il m'en a
tant coûté pour le carrelage de ma chambre,
CARRELER. V. a. Paver une chambre, ou autre lieu
de carreaux de terre , de faiance , de marbre. Cu-
hiculum ficrnere è lateribus , faventiâ , marmore ;
pavimemare. Carreler une chambre de grands , de
petits carreaux, de pierre de liais, &c.
^fT On diioit autrefois carreler des foulicrs , les
remonter.
CARRELE, ÉE, part, & adj. 5rM/i^J. Un plancher ,
une chambre carrelée.
§C? Carrelé, adj. Pris lùbftantjvemcnt, efpèce d'étoffe
ccmpofée comme le cannelé, de quarante portées
de chaînes un peu plus ou un peu moins , 6d d'un
pareil nombre de portées de poil.
CARRELET, f. m. Grofle aiguille à quatre carnes
ou côtés , dont fe fervent les Savetiets, Selliers,
& auttes qui travaillent en cuir. Âcus quadrata.
Carrelît. Poilîbn de mer fort plat, taillé en lo-
fange , comme le turbot. Il eft blanc d'un côté ,
& grifirre de l'autre , avec de petites taches rou-
ges. Ce poiffon eft appelé par quelques-uns /»//£; ,
ouand il eft grand , & carrelet , quand il eft petit.
En latin quairatulus.
1^ Rondelet prétend avec railbn que le carrelet & la
plie font deux elpèces du même genre , qui le relîém-
blent beaucoup , mais qui dilfcrcnt cependant en
ce que la figure du carrelet approche plus du carré
que la plie , d'où lui vient Ion nom , & que fa
face lupérieure eft parfemée de taches rouffes.
Carrelet. Terme de Pharmacie. C'eft un inftrument
de bois fait en carré , ayant aux quatre coins des
pointes de clous pour y attacher un blanchet , par
lequel on pafîe quelque liqueur.
Carrelet. Terme de Chapelier. Efpèce de petite carde
fans manche, dont l?s pointes font de fil très-fin ,
qui fert aux Chapeliers à tirer \i poil des cha-
peaux : ce qu'ils appellent , tirer le chapeau à poil.
Carrelet. Outil d'acier , raillé en triangle , dont
les Tabletiers-Peigniers f^ fervent pout amorcer les
denrs de leurs peignes , c'eft-à-dire , pour les ouvrir.
Carrelet. Terme de Chirurgie. Acus quadrata. C'eft
une aiguille droite , longue de deux ou trois pou-
C A Pv
2o
T
ces , ronde dans fon cotps , carrée du côté de la
pointe , dont les angles iont adoucis & ne coupept
point. On s'en fert pour percer l'épiploon , & taire
la ligature du cordon des vailJèaux ijpermatiques.
§C? Les Selliers , Cordonniers , &c. fe iervent aulfi
d'une grande aiguille à quatre angles , nommée
carrelet, pour coudre les cuirs foibles & minces,
§Cr Les Cordonniers fe fervent encore d'un carrelet
à renvcrfer , qui eft une aiguille un peu coudée ,
pour faire la trépointe du derrière du fouliar.
Carrelet. Terme de pèche. Sorre de filet dont on
fe létt pour prendre le poilfon. Prendre du poiffon
au carrelet , avec un carrelet.
CARRELETTE. f. m. Lime qui fert à limer &: polir le
ter. Groifes carrelettes. Les petites carrelettes font
des liincs douces.
CARRELEUR, f m. Ouvrier qui pave avec des car-'
reaux , ainlique le maître qui entreprend les ouvra-
ges de carrelage. Artifex Jternendi pavimenti & la*
teribus.
CARRELURE. f. f. Application des carreaux fur le
plancher d'une chambre. Stratura. Il a tant coûté
pour la carrelure de cette maifon. On dit carre-
lage.
IJCr Carrel'Jre ne fe dit plus que des femelles neuves
qu'on met à de vieux fouliers , à de vieilles botceî.
Veterum calceamentorum injlauraiio ,calceorum far^
tura. Il faut une carrelure à ces bottes.
On dit figurément & balfement , une carrelure
de ventre, pour dire un bon repas. Le temps qui
fe palfa jufqu'au louper me parut un liécle , tant
j'avoisbefoin d'une bonne carrelure de ventre. Abl.
De? CARRÉMENT, adv. En carré , à angle droit.
On ne le dit guère que dans ces phrafcs. Coupée
quelque choie carrément. Tracer un plan carrément.
Planter carrément,
^fT CARRER, v. a. Réduire en carré , donner une
figure carrée à quelque chofe que ce foit. Qiiadrare,
Carrer un bloc de marbre.
gCF En Charpenterie , carrer une poutre , c'eft l'é-
quarrir.
|Cr En Arirhmétique & en Algèbre, c^zrr^r un nom-
bre , c'eft le multiplier par lui-même. Carrer le
nombre quatre , c'eft multiplier quatre par quarre,
pour avoir le produir lo , carré de quatre.
\fr En Géométrie , carrer une figure , c'eft trouver
un carré dont la furface foit égale à l'aire du plan
propofé , réduire en carré une aurre figure. Qua--
drare. On peut aifément carrer un triangle , &C
toute autre figure rectiligne. Le grand problême
de la Géométrie, eft de carrer un cercle, une el-
lipfe, une parabole, & route autte figure curvili-
gne , c'cft-à-dire , faire un carré qui leur foit pac^
faitement égal. Voye^ Quadrature.
On dit avec le pronom perlbnnel , fe carrer ;
pour dire , marcher avec affedation, UCT d'une ma-
nière qui marque l'arrogance. Voyez comme il fe
carre. Sûtnixis alisfè inferre , anfatum amhulare ,
efferre fe magnificè. On ne le dit que dans le ftyle
familier,
|CF CARRET. f. m. Chez les Cordiers , fil de carret>
gros fil qui ferr à faire les cordages.
Carret. Terme de Marine , qui fe dit d'un fil tiré d'un
des cordons de quelque vieux cable coupé par piè-
ces , qui eft de grand ufage pour racommoder les
manœ-uvres. Funiculus.
Carret , eft aulfi un nom que donnent les Marchands
i l'ccaille de tortue. Tejiudinis putamina.
On donne encore ce nom à une des trois efpèces
de tortues , qui eft la feule dont l'écaillé foit utile.
Sa chair eft un purgarif très-violent. Les deux au-
tres elpèces de torcues , font la tortue franche ou
verte , dont la chair eft délicieufe à manger , &:
la coanne , qui eft la plus grande de toutes , mais
dont la chair ni l'écaillé ne valent rien. Le carret efl
la plus petite des efpèces de tortue-, & c'eft de
fon nom que les Marchands ont appelé i'écaille de
tortue carret.
x%6
CAR
CARRHES.Nomarcifn de plulieurs villes en Orient.
Carrhœ, Carrkes , Ville de FAïabie proche de h
met , eft , à ce que l'on croit , ccile qui le nom-
me aujourd'hui Hcren. Larrhes , ville de Mclb-
poramie , aujourd'hui du Diarbeck , ell: l'ancienne
pi , Hharan ou Chiran , i'cjour de Tharc ik d' Abra-
ham , dont il eft parlé , (jen. XU , ^ i , & Aci
Vlll , 1. Ptolomée la place à quarante milles d'E
derte : d'autres fur !e fleuve Chaboras -, &: d'autre
Air le Charra. C'cft à Carrhts que Ciailus tue de-
fait par les Parthes, & que Caracalie tut tue. C'ir/-
rhes eut depuis un Eveche lulfraganr d'Edeilè. Voy.
Bochart Phaleg Liv.l , c. 14. p. 107.
^fT CAR RICK. Province de l'Ecoile méridionale ,
entre celle de Kyle au nord & celle de Galloway
au midi,
CARRIER, r. m. Ouvrier qui tire &: qui coupe la
pierre des carrières, Latomns , lapiclda. On le dit
auili des Marchands de pierre, ffj ou de l'Entrepre-
neur qui fait ouvrir une carrière pour en tirer de
la pierre,
CARRIERE, i". f. Lieu crcufé en terre pour en tirer
la pieïte.Lapiduind. On ne peut pas bâtir fur ce Ter-
rain , il eft creux , on y a rouillé des carrures. Une
curriire de marbre , de jaipe , de pierre de Saint
Leu,deTonnerre, 6'c, Onles dUtinguc par la matière
que l'on en rire, htscarricres d'où on tire le marbre ,
s'appellent marbrières : Scelles d'où on tire la pierre,
pierrières, &C celles d'où l'on tire l'ardoilc , ardoi-
Jicres , quelquefois piernères , comme en Anjou. Il
y a des carrières où on trouve deux cieux, ou bancs
de ciel , à i z ou 15 pieds au deilcus l'un de l'au-
tre , comme a remarqué Blondel,
Ce mot vient de carreaux , ou grofles pierres
qu'on tire des carrières , qu'on a appelé en latin
Qriadrariœ , ou carreriis.
On dit figurement &; proverbialement, qu'un
homme a une carrière dans la veiiie , quand après
en avoir tiré quelques pierres , il s'y en engendre
^le nouvelles.
Les Botaniftes appellent auili dans une poire, la
carrière , cette partie où s'amaiîent plulieurs petits
noeuds pierreux , qui vers le centre du fruit l'em-
blept ne former qu'une pierre. Cette carrière, ces
nœuds le forment ,non-iéulcrnent dans le centre,
mais encore dans la chair de la poire, principalemenr
de celles qu'on appelle poires d'ellranguillon, M.
Grew, dans Ion Anatomie des Plantes , dit que ces
nœuds ne ibnt autre choie que plulieurs patries du iuc
endurcies &: coagulées de la même manière que cel-
les qu'on voit ibuvent dans lesurines , dans les ton-
neaux de vin & dans plulieurs autres liqueurs , par
la précipitation que cauiè quelquefois le mélange
&C la force des fucs qui fe trouvent dans les corps
ligneux &c dans le parenchyme , qui agillént les
uns liar les autres.
Carrière, Terme de Coutumes. Chemin large de
huit pieds , où l'on peut mener charrette l'une après
l'autre, &c bétail en cordel & non autrement.
Carrière , en ternes de Manège , lignifie un lieu
fermé de barrières où l'on entre pour courir la
bague &c la courfe même du cheval. On le dit gé-
néralement d'un parc deftiné aux exercices d'un
homme de cheval. Stadium curvatum , Hippodro-
miis. Il a fourni la carrière. Il a bronché au mi-
lieu de la carrière , iitôt qu'il eft entré dans la
carrière. Ce cheval a une certaine carrière tride ,
c'eft'à-dire, il galope fort vite.
^fT On dit qu'un cheval a bien fourni fa carrière ,
pour dite , qu'il a bien fait la couriè qu'on vou-
loir qu'il fît.
En Fauconnerie on appelle carrière, la montée
de l'oifeau d'environ 60 toiiés. S'il monte plus ou
moins , on dit double carrière ou demi-carrière.
Dans les cirques anciens on appeloit carrière ,
le chemin que dévoient faire les bigcs , ou quadri-
ges, c"eft-à-dire , les chariots à deux ou à quatre
chevaux, qu'on failbit courir à toute bride jul- '
CAR
qu'aux bornes du ftadc, pour remporter les prix.
'fT On dit lig ircment ouvrir à quelqu'un une car-
rière, une htWt carrure , lui donner occalion de
taire briller fes talens. Cet événement lui a ou-
vctt une belle carrure.
'XT Donner carrière à fon cfprit , le laiflér empor-
ter à Ion génie , fe laiflér aller à l'envie qu'on
a de dire certaines choies. Ciceron pouvoir don-
ner une libre carrière à ion efprir , & employer
l'arr de periuader dans toute fbn étendue. P. Rap_
.};? Courir la carrière , s'exercer à quelque chofe.
Ils courent tous deux la même carrière.
O \c'js donc , qui brûlant d'une ardeur périlleufe ,
Cuurei du bel efprit la carrière épineujè. Bon.
■^T Se donn'!r carrière , fïgnifîe auiîi fe livrer à la
joie , fe laiilér emporter à l'envie , au plaifir que
l'on a de faire ou de dire quelque choie. On dit
dans le même fens fe, donner. ctirr/ère aux dépens
de quelqu'un, s'en divertit par des railleries.
Carrière, lé dit encor^ figurement du cours delà vie ,
& du temps qu'on paiîe dans quelque fonélion , dans
l'exercice de quelque charge, Curruulum , curjus ,
,fladium.Ce faint homme a fourni fa carrière, a pali'é
l'a vie dans les exercices de piétc. Le prix nous
artend au bout de la carrière. Cet Ambafîadeur a
fourni fa carrière, a achevé fa négociation avec
fuccès. Sa carrière, (\m pouvoit être plus longue , ne
pouvoit étte ni plus belle , ni plus glorieufe. Patru.
On dit proverbialement , qu'on a fait pafler
carrière à quelqu'un i pour dire, qu'on lui a fait
faire quelque chofe haut la main & malgré lui.
:)C? On le dit poétiquement, du mouvement pério-
dique des aftres. Les aftres commencent leur carrière
quand ils fe lèvent. Ils finilîènt leur carrière quand
ils fe couchent.
Avant que lefoleil commence fa carrière ,
Et que l'aurore au monde annonce fon retour.
ICT Ce mot vient de c^rr^rti, de la balle latinité, qui
eft aulfi efpagnol , & qui a été lait de carra , comme
qui diioit chemin de charrette. Men. Ou bien il
\icnz de quadraria on. quadratariœ , à quadris vel
quadratis lapidibus. Borel le dérive de charrière ,
vieux niotfrançois, rue par où peut palier une char-
rette.
CARRILLON.
CARRILLONNER.
CARRILLONEUR.
T \ CARILLON,
< Voyei < CARILLONNER.
S C CARILLONNEUR.
CARRIOTTE. f. f. Fruit du Palmier qu'on appelle
communément datte. Palma , palmula , pal/nie
pomiim,
CARROSSE, f. m. Voiture commode pour aller par la
ville &: à la campagne, Rheda , currus ,petoritum,
carpentum , effeàum. C'eft un vailfeau propre à
tenir plulieurs perlbnnes , fufpendu avec de groflès
courroies fur quatre moutons , pofe fur un rrain à
quatre roues. Ses parries font le train , le bateau ,
l'impériale , les quenouilles , les fonds , les portières,
les mantelets , les gouttières. Teiffier , dans les
Eloges des Hommes illujlres , remarque que du temps
de François I , il n'y avoit à Paris que deux carroffes,
celui de la Reine , & celui de Diane , fille naturelle
d'Henri II, &: que le premier des Seigneurs de la
Cour qui en eut un , fut Jean de Laval de Bois-
Dauphin, qui , ne pouvant fe tenir à cheval à caufe
de Ibn excellive grolleur , fut conttaint de fe fetvir
de cette voiture. Les Ducs & Pairs onr le privilège
d'entrer en fizmjyi) dans le Louvre-, & les Ducheflès,
de merrre des houlîés fur leurs carrojfes.
Ménage dérive ce nlot de carruca, owcarruchdy
qui fe trouve ainli écrit dans les PandeClics de Flo-
rence. On trouve carroccium , pour un char de guer-
re, ^c7rf SS, Mali }■ Tome Fil, p, 5^;. D, Le mos
CAR
earroffi: vient de carrus, carriun. Schricck fait venir
le nom trançois carroff'e , &c le mot latin carriim ,
de l'hébreu i^r\ , carots , plaufirum, chariot.
\in carroffc coupé , eft un corroffe qaï n'a qu'un
fond fur le derrière, 6c qui n'a tout au plus fur le
devant qu'un ftrapontin. Ciirrus accifus. Un carrojje
à glaces, c'eft celui qui eft garni de glaces. Laminis
crijlallirns ijijirucius, ornatus. Un carrojfe drapé,
eft un carrojfe de deuil , garni de drap dehors &
dedans. PuUatis intra extraqxic pannis opertus.
L'attelage d'un c^roj/è^ s'entend de fix chevaux avec
un volontaire , pour lefvir à la place de quelqu'un
des autres à qui il arriveroit quelque accident. Ce
Prince a trois attelages de caro^e. L'attelage ordi-
naire n'eft que de deux chevaux.
D'où vient cet embarcis ^ ces c^\.iC)(Çcs de file ?
Qiiel fipeclacle nouveau fait accourir la ville} ^iiA.,
On appelle un homme à carrojfe, une Dame à car-
rojfe, ceux qui Ce diftinguent du peuple par l'équipa-
ge d'un carroffe qu'ils entretiennent , qui font rouler
carroff'e. La fbttife de l'efprit humain eft telle, qu'il
n'y a rien qui ne lui ferve à aggrandir l'idée qu'il a de
lui-même ; & fi l'on y prend garde , il s'eftime davan-
tage à cheval , ou en carroff'e, qu'.à pied. P. Royal.
Les carroffes de louage font de deux fortes. Les
carroffes de remife & les carrojjes de places , ap-
pelés communément Fiacres. Ces derniers à Paris ne
font pas fi ptopres que les carroffes de remife. On
les appelle carroffes de places , parce qu'on les
trouve fur les places publiques à Paris , où ils atten-
dent qu'on les loue ; & les autres , carroffes de re-
mife, parce qu'ils ne font point fut les places.
Pour le nom de Fiacre , il vient du nom de celui
qui a établi ces carroffes, &c les a le premier fournis
au public à Paris , & qui fe nommoit Fiacre.
§Cr II y a aufîl des carroffes publics pour aller d'une
ville à une autre. /^oye{ Voiture publique.
Les Hiftoriens , & fur-tout ceux d'Italie, ont ap-
pelé carroffe, \e principal étendard d'une armée,
qui étoit attaché à un arbre gros comme un grand
mât , avec des cables , fur un chariot couvert d'écar-
late , & tiré par quatre paires de bœufs caparaçon-
nés &c couverts de fatin blanc avec une croix rouge
fur le milieu. Il avoir au haut une croix d'or fort
brillante, & l'étendard ctoit blanc chargé d'une croix
rouge. Perfonne n'ofoit prendre la fuite , tant qu'ils
fabfiftoit debout.' Il étoit à la garde d'un Capitaine ,
avec huit Trompettes & huit foldats d'éhte, & il y
avoit un Aumônier qui difoit tous les jours la Me/fe
auprès. Les Auteurs en attribuent l'invention à Hé-
ribert , Archevêque de Milan vers l'an 1 1 24, L'Em-
pereur Othon IV , avoit un femblable carrojfe, Plu-
fieurs autres Princes en ont eu aufTi , comme les
Rois de Hongrie, & même les Sarrazins.
On appelle proverbialement un cheval de car-
roffe , un homme fans efprit , grolfier & brutal.
CARROSSIER. (. m. Ouvrier qui fait & qui vend des
carroffes. Rhedarum opifex. Ceux de ce métier font
plus connus fous le nom de Selliers. Dans leurs
ftatuts ils ont la qualité de Selliers, Larmiers, CarroJ-
fiers; & ils font à Paris un corps féparé d'avec les
Bourreliers.
On appelle encore carroffer , un cheval propre
pour le carroife , principalement quand il n'eft bon
qu'à cet ufage. Ce cheval eft trop haut & trop maté-
riel pour faire un cheval de maître , il n'eft bon
qu'à faire un carroffier. Il étoit monté fur un grand
carroffer qui le fecouoit d'une étrange manière,
CARROUBEou CARROBE. Toy^^ CAROUGE.
CARROUBLE. f m. Baudelot dans fon hiftoire de
Ptolémée Aulétès,/). 101, donne ce nom pour un
nom de poilfon. Je ne l'ai point trouvé ailleurs, &
je ne fais quel poifibn ce peut-être.
CARROUS. Voyei^ Carrousse. C'eft la même chofe ,
fi ce n'eft que carrons n'eft plus en ufage,
CARROUSEL, f, m,Courfe de chariots & de chevaux,
CAR
287
fête magnifique que font des Princes , ou des grands
Seigneurs pour quelque réjouiiîànce pubhque ;
comme aux mariages, aux entrées des Rois, &c.
Ludus equeflris. Elle contiftc en une cavalcade àz
pluficurs Seigneurs fuperbcmcnt vêtus, & équipes à
la manière des anciens Chevaliers , qui font divifés
en quadrilles. Ils fe rendent à quelque place publi-
que , où ils font des courfes de bagues , des joutes ,
tournois & autres exercices convenables à la Nobleffe.
On y ajoute quelquefois des charriots de triomphe,
des machines, des danfes, des courfes de chevaux ,
(^c. & c'eft de-là que ces fêtes ont pris leur nom.
Les Maures y introduifircnt les chifres & les livrées,
dont il ornèrent leurs armes &: les houlfes de leurs
chevaux , avec plufieurs applications myftérieufes.
Les Goths & les Allemands y ajoutèrent l'ufage des
cimiers, des mafies de héron & des aigrettes. La
plupart des machines font des inventions des Italiens.
IP" Ces combats , qui tonoient de l'ancienne Cheva-
lerie , prirent la place des Joutes & des Tournois
fous le règne de Henri IV. Depuis Louis XIV , ils
ont celfc d'être de mode.
On appelle auffi carroufel , le lieu, la place où
l'on a fait un carroufel.
Cemotvicntde l'italien r^rro/è//o, diminutif de
carro. Men. Le P. François Meneftrier Jéfuitc , a
écrit des carroufels , des joutes & des tournois. Il y
décrir la pompe ou la marche des carroufels , le
lieu ou la carrière des carroufels , les fujets des
carroufels, les machines des carroufels, les ré-
cits & l'harmonie' des carroufels , les perfonnes
qui entrent dans la pompe des carroufels , les com-
parfes , & toutes les adions ordinaires ^des carroufels.
TertuUien en fon livre des Spectacles , arttibue à
Circé l'invention des carroufels , & veut qu'elle ait
été la première à dreffer le cirque & des courfes
en l'honneur du Soleil fon père. De forte que quel-
ques-uns croient que ce mot vient de carrus folis ,
ou de caro del foie. Mais il y a plus d'apparence
qu'il vient des chats & carolTes qu'on y menoit.
CARROUSSE. f. f. Bonne chère qu'on fair en buvant ;
& en fe réjouiflant. Larga & hilaris compotatio. Ils
ont été trois jours chez un tel à faire carrouffe. Ce
mot eft populaire & vient de l'allemand garhaus ,
qui veux dire , tout vuidé ; on fous-entend le verre ;
d'où on a fair depuis carrons , &c puis carrouffe.
Men. Borel le dérivent de x«^« , gaudium,
CARROY. f. m. Vieux mot, qui fe trouve dans
Marot. Place publique , grande & fpacieufe où peu-
vent aller & venir les cars ou les carres, c'eft-à-dire ,
les chars ou chariots. Forum.
Qiiandfut en plein carroy
Sur un haut lieu Je mit en bel arroy. Marot,
CARRUCHEN. f. m, Efpèce de petite catpe qu'on a
apportée depuis peu de Hambourg en Angletetre.
Hifl. de UAcad. des Se. 1 741 , 31.
CARRURE, f f, §3* La largeur du dos par les épaules
Si un peu au-deffus. Voila un homme d'une belle
carrure Les Tailleurs fe fervent de ce mot en par-
lant de la taille d'un pourpoint , ou d'un corps de
jupe, qui fe dit particulièrement de l'efpace qui eft
entre les deux épaules, Spatium inter humeros inter-
jeclum. On dit carrure de Aevanucarrure de derrière.
gCT CARS, Ville d'Alie dans l'Arménie , vers les
fources de l'Euphrate & les frontières de la Géorgie.
CARSAYE, f, f. ou CRESEAU. f. m. Etofte qui fe fa-
brique en Angleterre,
CARSE,f f. Mefure. Toy^^ Carre.
§cr CARSISTE. Toye^ Carciste.
CARTAGE. Foyei. Cartiiage.
^ CARTAGER, v. n. Mot qui n'eft en uf.ige que
dans rOrléannois , pour fignifier, donner à la vigne
un quatrième labour. Cette qua«:ièmc fiçon devient
néceflaire, quand la vigne a été fumée depuis la
dernière récolte, principalement fi l'année a été
pluvieufe , à caufc des herbes que le fumier 6c les
pluies fréquentes font pouffer.
CARTAHU. f m. Terme de Marine. C'eft une Ma-«
2^8
C A R
nauvre paUc;: dans une poulie au haut des mâts ,
pouï hillei- les autres mana-uvres , ou aurre choie,
§3" CARTAMA, Ville d'iilpagne , au Royaume de
Grenade , environ à trois lieues de Malaga , lur la
rivière de Guadaljole.
CARTAME ou CARTHAME. (. m. Canhamum of-
ficinarnm , Jive tenicus jativus. Plante annuelle à
fleurons i ainli nommée à caufe de fa qualité pur-
gative. Sa racine eft menue , ^ quelquefois le di-
vile en pkUieurs menus bras. Elle ne pouife qu'une
feule tige , haute de deux pieds environ , arrondie ,
branchue à fon extrémité , &: chargée de tcuilles
alternes , iJHes , nervculcs , longues de deux pou-
ces fur demi pouce de largeur , pointue à leur
extrémité , plus larges à leur bafc , & un peu épi-
neules fur leurs bords. Ses branches font terminées
par des têtes grofles comme des noix , compofées
de pluficurs écailles allez larges , pointues , & de
couleur pareille à celle des feuilles. Les fleurons
qu'enferment ces têtes font d'un beau jaune qui
rougit en fe deflechant. Chaque fleuron ell: porté
pat un embryon qui devient une femence blanche,
faite en forme de coin , plus grofle qu'un grain
d'orge, & qui n'efl: point chargée d'aigrettes. Cette
femence dépouillée de fa peau extérieure ell pur-
gative , & fert de baie aux tablettes diacarthami.
Cette même femence le donne aux perroquets -,
d'où lui vient le nomàç Jemence de perroquet. Sa
fleur efl: employée com.me le vrai falfran , d'où
vient le titre de faffranum ^ ou fafFran bâtard. On
l'emploie dans les teihtUres de laine & de foie.
Voye^ Saffran bâtard.
Ce mot vient de caten , qui , chez les Mores ,
fignifie la même plante , ou du grec xuBx't^uv , purger ;
car cette plante efl: purgative,
CARTAMY. f m. Drogue ou femence employée dans
les tarifs.
CARTAUT. Voyei Quartaut,
CARTAUX. i. m. pi. Sur mer on appelle canaux
les cartes marines. Tabulai nautica , ou mari-
tiinx.
CARTAYER. v. n. Terme de Codier &: de Char-
retier. Conduire uneVoiture de manière que les roues
fuient entre les ornières Se les ruiffeaux , & non
dedans , ce qui foulage les chevaux. Il y a de
l'adrefle & quelquefois du danger à cartayer. On
prononce carteyer. On dit auifi quarter &; quar-
toycr.
CARTE, f. £ Papier. Charta. Il n'efl: plus en ufage
que dans cette phrafe , donner la carte blanche à
quelqu'un , ou donner carte blanche -, pour dire ,
lui donner un papier blanc ligné pour le remplir de
ce qu'il lui plaira.
On le dit auHl au figuré , pour dire -, fe fou-
mettre à toutes les conditions qu'un autre nous vou-
dra impofer -, lui lailfer la liberré entière de taire ce
qu'il lui plaira, dans une affaire qu'on lui propofe ,
ou dont on le charge. On dit , avoir carte blanche ,
de celui à qui on la donne. ^fT Dans l'art mili-
taire , dite qu'un Général a carte blanche , c'eft
dire qu'il peut attaquer l'ennemi fans avoir belbin
d'ordres particuliers , fans en avertir la Cour au-
paravant.
Carte , fe dit aufTi du mémoire de la dépenfe d'un
repas , chez un Traiteur, Apportez la carte.
Carte , fignifie en général le carton dont fe fervent
les Artiliciers. Ils en défigncnt l'épaiflèur par le
nombre des feuilles de gros papier gris dont il eft
compofc : ainti l'on dit de la carte en deux , trois ,
quatre ou cinq , fans y ajouter le mot de feuilles, qui
efl: fous-entendu chez eux &: chez les Marchands qui
les vendent. On déligne les petites cartes , en les
appelant cartes à jouer , & le gros carton plus roide
& moins propre au moulage , qui doit être flexible ,
s'appelle carte-liffe.
Carte , eft aulTi une grande feuille de papier ou
plulieurs feuilles collées enfcmble , fur lefquelles
^ on a tracé , dépeint ou gravé la repréfentation
'* du monde, ou de fes parties. Tabula, Les cartes
CAR
géopt:aphîques|contiennent la dcfcription dcsterresj
les hydrographiques , celle de la mer -, les choro-
graphiqucs , cehe d'une région -, les topographi-
quts , celle de quelques lieux particuliers.
Elévélius a fait le premier des cartes fclénogta-
phiques , qui contiennent la defcription des ligures
qui apparoillént^dans la lune. La carre univerlellc,
qui rcprélénte toute la furface de la terre ou les deux
hémilphères > s'appelle mappemonde. Totlus orbis
in tat-ida dej'criptto. On dit auHl des cartes cof-
mographiques ■■, pour dire , la defcription du monde.
1.2. cane particulière eft celle qui repréfentc quel-
ques pays particuliers , ou quelques portions de pays.
On a trouvé l'invention de faire des cartes topo-
graphiques fort exaéles , en fiifant des obferva-
tions avec des inftrumens garnis d'alhidades en deux
ftations. Le premier qui en a écrit, a été Philippe
d'Amfrie , Tailleur général des monnoies de France
en 1597 &: les PP. "jean -François Schot & Par-
dies, Jéfuites , comme a rapporté le fleur Co-
miers en fon Traité des Lunettes. On prétend que
Sefoftris , premier Roi d'Egypte , qui fe rendit re-
doutable par .les armes , fut aulli le premier des
hommes qui inventa les cartes géographiques , pour
faire connoître l'étendue de fes conquêtes.
Carte Marine qw Hydrographique , eft la projeâion
de quelques parties de la mer fur un plan , pour
l'ufage des Navigateurs : c'eft une carte où l'on
prend peu de foin de marquer les villes qui font
en rerre ferme ; mais on y décrit exaélement la
mer , les côtes , les poits , les rochers , les îles i
les bancs de fable, les lèches & les golfes. Ma
rina , nautica tabula. On y décrit aulfi , outre les
longitudes 6c latitudes , les lignes des rhumbs des
vents, On y marque les méridiens en lignes pa-
rallèles -, ce qui eft fujet à beaucoup d'eireurs. On
fe fert fur la méditerranée de cartes par routes &
diftances. Elles n'ont point d'autres lignes que celles
des rhumbs des vents -, &: une feule échelle , qui fe
mefure par milles. Les marelots ont des cartes au
point plat , au point commun , qui font les ordi-
naires \ d'autres au point réduit , quand les degtés ■
de latitude , c'eft-à-dire , les degrés qui courent
nord& lùd, font tous inégaux entr'eux , plus petits
auprès de l'équateur , & plus grands à mefure qu'ils
s'approchent des pôles -, ce qui arrive , lorfque la
projedion de la carte eft telle, que le pôle y fert
de centre , & que les rayons en marquent les mé-
ridiens.
Carte plate , eft une carte qui repréfente une
moyenne étendue, comme font les côtes-, qui ont
une échelle de lieues , & de plus les degrés de la-
titude marqués fur leurs côtés parallèles au mé-
ridien. Plus les cartes font à grands points , c'eft^
à-dire , plus elles font grandes .à porportion du
terrain qu'elles repréfentent , plus elles font par-
faites.
On appelle cartes réduites , celles où les degtés
de latitude vont en augmentant de l'équateur vers
les pôles, en raifon des fécantes. Ainfi , prenant pour
un degré de l'équateur , ^ pour le premier degré
de latitude , ou le rayon entier , ou une panie
aliquote quelconque de ce rayon , on prehd pouf
le fécond degré de latitude la fccante d'un degré,
ou la partie aliquote femblable de cette fécante.
Pour le 5': degré , on prend la fécante de deux
de2:rcs , ou la" paitie aliquote femblable , Si ainli
de lùite.
Lorfque l'on veut avoir une carte à plus grand
point , on prend pour 30 minutes de latitude , ou
pour 30 minutes de l'équateur, un rayon de cercle,
ou une partie aliquote quelconque de ce rayon :
pour un degré de latitude , on ajoute de fuite la
Iccante de 50 minutes. Pour le fécond degré de la-
titude, on ajoute la fécante de 30' ou les parties
aliquotes femblables de ces fécantes , &: ainfi de
fuite. C'eft abfolument la même conftruction pour
les échelles de latitude. Dans les cartes au plus
grand point , comme celles du Neptune François ,
aa
C A R
au lieu de prendre les iccantcs de degré en degré »
ou de dcitii-degrc en demi- degré , on les prend de
lo minures en lo minutes , & même plus près à
près -, 5c tous les Auteurs conviennent que les cartes
réduites & les échelles de latitude, font d'aittant
meilleures , que l'on prend de iilite de plus petits
arcs. DeLagny, Acad. des Sciences , 170^ »/'•95',
«j-f. On dit que les cartes font réduites eh grand
ou en petit point, fuivant que la diviiion des de-
grés eft faite en un plus grand ou en Un plus petit
nombre de parties. Sncllius eft le premier Auteur
des canes réduites.
^fT Carte de Mcrcator , ainli nommée de Mercaror ,
qui l'a propofce le premier , eu celle dans laquelle
* les méridiens & les parallèles l'ont reprélcntés par
des droites parallèles , mais où les degrés des mé-
ridiens Ibnt inégaux , & croidcnt toujours à meûire
qu'ils s'approchent au pôle , dans la même railon
que ceux des parallèles décroilîént fur le globe j
au moyen dequoi, ils coniérv^nt entr'eux la même
proportion que fur le globe.
Pointer la carte , c'ell marquer le lieu fur la carte
où on croît être en pleine mer-, lliivant l'oblcr-
vation & l'ellime d'un Pilote. Altuin mare in ta-
bula nautica dejignare.
On fait aulîi lut terre des cartes de routes pour
les logemens de gens de guerre , &c pour les cam-
pemens : & on dit , ôter quelqu'un de deillis la
carte , pour dire l'exemter du logement des gens
de guerre, faire détourner un peu la route.
Savoir la carte , fe dit au p^ropre de ceux qui
favent la Géographie. Peritum eff'e Geo>^raphiœ , in
Ceograpkia ejfe vcrfatiim. Il fe dit mieux encore ,
au figuré, de ceux qui connoiilént les intrigues
d'une Cour, le train des affaires d'un Etar, les de-
tours d'une maifon , les connoiiiances , les habi-
tudes, les fecrets d'une famille , d'un quartier. Oc-
cultas aulicorum artes , initas rerum rationes , J'e-
creta domits , arcdna famUiarunl nofje , callere.
Balzac a dit qu'il cfl: aifé de trafiquer llir la carte ,
c'eft-à-dire, qu'il eft facile de donner des conicils ,
loin des évcnemens &: du danger.
Carte Agronomique , eft une carte qui rcpréfente
les Conltellatious , dans la fituation qu'elles ont les
unes à l'égard des autres. Tabula ajironornica.
Carte Généalogique , eft une carte qui contient
toute la Êcénéalogie d'une Mailbn. Tabula <!cnea-
logica.
Carte iîgnifîe au/îl , un corps fait de plufeurs feuilles
■ de papier collées enfemblc, ou de papier haché,
mouillé , réduit en bouillie , railcmblé 8c fèché dans
une preffc. ChartaJ'pijJior, On mer de la carte dans
les coU-ets de pourpoint, & dans plufieui's autres
chofes qu'on veut rendre dures 8c fermes. Oii fait
des images de carte dans des moules , des plaques -,
des ornemens de plafond avec de la carte dorée.
Carte , en termes de Cartier , eft une feuille de carton ,
où il y a plulieurs ^Tflr/fi- fans être couplées. Tabula
piclis foliis lujoriis dijiincia.
Cartes , fe dit plus ordinairement au pluriel, quoi-
qu'on dife auHî fort bien au iingulier , une carre.
1)3" Petits feuiirets de carton fin coupé en carré
long , blancs d'un côté , marqués de l'autre de quel-
que figure & de quelque couleur , dont on fé fert
à plufîeurs jeux , qu'on appelle pour cette raifon
jeux de cartes. Folia lujoria. Il y a plulieursjeux
de cartes, le piquet, le brelan, l'ombre, le qua-
drille, la balfette, le lanfquenet, la triomphe, le
hère, l'impériale , le hoc , le reverlis, la grande 8c
petite prime , la menille , &c.
On appelle fauffes cartef pu cartes prcpa.rées ,
des cartes qui ont dès marques auxquelles on, les
connoîr, 8c par le moyen defquelles on voit fi elles
font dans le jeu de l'adverfaire-, ou qui iervenr à
les faite tomber à qui l'on veut. Adulterinum fo-
■ lium. Les filoux fe fervent de cartes préparées , pour
tromper ceux contre lefquels ils jouent. Cléon étoit
d'un quart à la balfette avec une jeune dupe , pour
Tome II.
CAR 289
laquelle il tailloir avec des cartes préparées. Ghev,
de RiORk
On dit - aufÎ! qu'il eft entré une fàufTe carte
dins un jeu , quand c'eft une carte toute (cu.le d'un
point. Foliuin luforium jiotiX inferioris. Elle eft de-
làvantageufe , parce qu'on eft obligé d'obéir à, une
haute de même point qu'on jette , & qui fait perdre
la main. Les Lydiens, pour charmer la faim pen-
dant une extrême difette , inventèrent les cartes &
la paumé ; ils jouoient un jour , lïc mangeoient l'autre.
Le Gendre. ^
Ori dit. adfîi , battre j mêler, brouiller, couper
les cartes ; lorfqu'on les manie long-temps pour
en changer l'ordre 8c la dilpofition , 8c qu'enfui le
on en lépate le jeu en deux , 8c qu'on met deiias
celles qui étoient deifous , après quoi on les dil-
tribue. Aîijccre , periurbare.
On dit figuremeht en ce iens , que les cartes
font bien brouillées , quand dans un Etat, ou dans
une Cour , il y a des troubles , des guerres , des
diUênlions, des intérêts & afîàires fort difî:ciles i
accommoder*
On dit fîgurément, le deffous des cartes , pout
dire , une ehofe fecrète. Je trahis l'on lêcret pour
vous , par le plaifir que j'ai de vous faire voir le
de/fous des cartes , qu'il a dellein de vous cacher à
vous-même. Madame de Sevig.
On dit proverbialement à un homme qui fe
plaint , &c qui eft difficile à latisfaire. Si vous n'êtes
pas content , prenez des cartes.
• On appelle jouer bien les cartes , faire des cartes ,
gagner les cartes , quand on fait un plus grand
nombre de levées des cartes qu'on joue fur la rable,
que celui contre qui l'on joue. Scienter foliis piclis
ludere , folia verfare , dirnittere.
On appelle cartes , ce que les joueurs laiflênt
pour la dcpenfe des cartes. Les domeftiques ont
les cartes.
On dit figurément d'une maifon bien enjolivée,
mais bâtie peu folidement , que c'eft un château de
cartes.
Carte. Dans l'Ordre des Chartreux on donne le nom
de carte aux décifions du chapitre général de l'Or '
dre.
Carte de Charité. Nom en ufage dans l'Ordre de Cî-
teaux. Charta charitatis. S. Etienne , Abbé de Cî-
teaux, ayant fondé plufîeurs monaftères en France
&; en Allemagne , & voulant les unir par les liens
de charlré &c d'uniformité d'obfervances , dreffa
avec les Abbés &: quelques Religieux de ces mo-
naftères le premier ftatut de l'Ordrcqu'il appella la
Carte de charité , qui contient en cinq chapitres tous
les réglemens néc'elfaires pour l'établiffement & la
condiute de cet Ordre , & pour maintenir l'union ,
la régularité, la dépendance 8c la chariré. P. Hel.
T. V^ t p. 551. La carte de chariré fut modifiée en
1 165 , par la Clémentine ou Bulle de Clément V.
ffT Carte de Perruquier. Voyez Carde.
CARTEL, f. m. Lettre de défi , écrit qu'on envoie a
quelqu'un p5ur le défier à un combat fingulier , foit
pour des tournois , foit pour un duel formé. Scrip-
tum quo quis provocat ad certarnen. Cet écrit con-
tient ordinairement le lieu , la manière , le fujet ,
le jour 8c l'heure du combar. Les cartels ne font
plus en ufage depuis que le Roi a li févérement dé-
fendu les duels , fi ce n'eft figurément & en raillerie ,
quand on veut défier quelqu'un à la diiputc , 8c
faire un afîaiit de répuration &d'efprit. L'ufage des
cartels 8c des défis eft fort ancien , & on en voit
divers exemples dans Homère , Virgile & autres
Poètes Grecs, '& Latins,
Vam'i'poir fon ami , pré (entant /e cartel.
Se fit d'être ajfadtn un devoir criminel. Vi,l.t.j
. ■■'' '■'
Cartel , fîgnifîe auHî un accord qui fe fait entre les
Erars , pour la rançon des prn'onniers pendant la
guerre. Paclio de capiivis initabelU tempçre.
Cartel. Mcfùrc de continëiVce pour les grains , qui
O0
25JO
CAR
eft en ufage à Rocroy, à Mczictes & antres lîenx , ^
Cette mefure eft ditfcrence ielon les différens lieux,
Voye:^ le Dict. de Commerce.
CARTELADE. f. f. Mefiire en longueur dont on le
fert pour l'arpentage des terres dans quelques en-
droits de la Guienne , particulièrement à Aiguillon
& à CoUeigne. Il fttut t,6 picotins pour faire la
cartelade ; chaque picotin de iz ercairs,&: chaque
efcair de douze pieds , meliue d'Agen , qui eft en-
viron de trois lignes plus grande que le pied du
Roi.
CARTELET f. m-ifetite ctoffe ordinairement toute de
laine.
CARTELETTE. adj. f. Terme de couvreur. On ap-
pelle la plus petite ardoilc , ardoife carteUtte.
CARTELLE. f. f. Terme de Charpenterie , qui le dit
des grofFes planches ou doilcsqui fervent auxmou-
Jins à porter les meules , ou à taire des plan-
chers qui font à côté , & à d'autres ufages. Mate-
riez.
Cartelle , eft au/fi une façon de débiter les bois
qui font recherchés -, comme les frênes &: érables
loupcux & nouaillcux , lorfqu'on les met par peti-
tes planches de trois , quatre &: cinq pouces d'c-
paiffeur pour fervir aux Ebéniftes. Teyella.
CARTENIER. Voyei Quab-tenier.
CARTARO. f. m. De l'italien Carteno. Porte-lettre.
Sorte d'étui ou de porte-feuille , dans lequel on
met des lettres & des papiers , &: que l'on porte
dans fa poche. Le Comte de Tournon fortit , Ma-
dame ( Marguerite de Valois ) lui ayant donné ^un
cartero de "peau d'Efpagne en broderie de perles
pour Moniteur ( le Duc d'Anjou , ) à deflcin de re-
doubler l'inquiétude du Duc de Guife .... Madame
de Ville-Dieu, Journal amoureux , Tom. io,p. t,o6.
Le Comte, en portant le cartero à Monfieur d'An-
jou , l'ouvrit , Î5C trouva dedans un billet cacheté ,
fur lequel il y avoir écrit : Pour fous , Tournon ,
..,p. 308.
CARTERON. Voye^ Quarteron.
CARTÉSIANISME, f. m. Prononcez la féconde / La
philofophie de Defcar.tes. Sentimens , opinions du
philofophe Defcartes. Cartejianij'mus. Sede de Phi-
lofophes modernes dont Defcartes eft le chef, &
qui prend fon nom du mot latin de l'on chef. Car-
tejîus.
Le Cartéjîanifme a fes principes de Méthaphyfi-
que & de Phyfique. 03° Le principe de Méthaphy-
fique eft , qu'il faut douter de tout d'un doute mé-
thodique , c'eft-à-dire, qu'il faut d'abord fe com-
porter comme fi tout ctoit douteux, Defcartes dé-
bute enfuirc par ce principe \ je penfe , donc je fuis :
& conclut qu'il n'y a de vérités philofophiques que
••celles qu'on apperçoit par l'idée claire ou par le
• ' fentiment intérieur. Ce principe a été attaqué &i
foutenu avec bcaacoup de vivacité , & avec trop
de partialité de part éc d'autre : car , quoiqu'il foit
vrai que nous fommes afliirés en même temps par
le fentiment intérieur de la confcience , que nous
exiftons , con-u-ne nous le Tommes que nous pen-
fons , il eft vrai de dire que la conclulion de ce rai-
fonnemenr , je fuis , fc tire bien de l'antécédent ,je
penfe , puifque penfer , luppofe néceflairement être
' -ou exijier , & que l'efprit voit clairement la liai-
fon nécellaire qu il y a entre penfer & être. Cepen-
dant Defcartes n'a pas dû propofer fon principe
comme une nouvelle découverte. Avant lui on favoit
que, poi^r penfer , il faut être , Se que celui qui penfe
aârucllement , exifte adueUement. Pour la Phyfique
le principe dii Cartéjîanifme eft qu'il n'y a que des
fubflrances ; ce principe a paru dangereux , & on
le combat tous les jours dans les écoles Catho-
lique? , en prouvant , ou en voulanr prouver , qu'il
y a' des accidens abfolus. Ces fubftances font de
deux fortes. L'une eft la fubftancc qui penfe ,
.& l'autre .la fubftapce étendue i la penfée aducUe ;
retendue aéluelle , font de l'eflènce de la fubftance ,
tellement que la lubftance penfante ne peut être
. fans quelque penfée actuelle , & qu'on ne peut rien
CAR
retrancher de l'étendue d'une chofe , fans retrancher
de la fubftance. A l'égard de la fubftance penfante ,
on ne conçoit pas comment Dieu ne pourroit pas
l'cmpêchct de penfer, en lui refufant fon concours
pour quelque aélion que ce foit , tandis qu'il lui
confervera l'exiftence.A l'égard de la lubftance éten-
due , la foi nous apprend que le corps de Jefus-
Chrift ne perd rien de fa fubftance dans le Sacre-
ment de l'Euchariftie , quoiqu'il y perde beaucoup
de fon érenduei ainli l'on ne peut pas dire que
l'étendue eft l'elfence de la matière. Un autte ptin-
cipe du Cartéjîanifme , eft qu'il n'y a point de vide ,
& qu'il n'y en peut avoir dans la nature , parce que \
ce vide pourroit être mefuré , il fcroit étendu. Ce fe-
roit donc de la matière , car tout ce qui eft étendu»
eft matière.
Ces principes de Phyfique une fois fuppofés ,
Defcartes explique par les principes de la Mécha-
nique,&: par les règles du mouvement , comment .
le monde a été formé tel qu'il eft. ?f
MONDE DE DESCARTES.
î^C? Defcartes luppofe une multitude de parcelles de
matière, dures , cubiques ou feulement anguleufes ,
étroitement appliquées l'une contre l'autre, face con-
tre face , & li bien entalTées , qu'il ne fc trouve pas
le moindre vide entr'elles, Enfuite Dieu met toutes
ces parcelles en mouvement-, il les fait tourner la
plupart îurour de leur propre centre , & de plus , il
les poulfe en ligne droite : enfin , il en fait tourner
un certain nombre autour d'un centre commun.
Cela luppofe , vous allez voir fortir de ce chaos un
monde femblable au nôtre , par l'impreifion léule du
mouvement. D'abord de ces parcelles primordiales,
inégalement mues , l'on voit fortir trois élémcns ,
&c de ces trois élérhens toutes les pièces qui fc
perpétuent dans le monde,
§C? Premièrement les angles , les extrémités des par-
celles font inégalement rompues, La plus fine pouf-
fière qui vient de la raclure des ongles , eft la ma-
tière fubtile , qu'il nomme le premier élémenr ; les
corps ufés & arrondis par le frottement , font le
fécond élément , les globules ou la lumière ; la
poulfière la plus grolTière , les éclats les plus maf-
fifs & les plus anguleux font le troifième élément,,
ou la matière tetreftre & planétaire,
^C? Tous CCS élémens mis , &c fe faifant- obftacle les
uns aux autres , fe contraignent réciproquement à
avancer , non en ligne droite , mais en ligne cir-
culaire , Se à marcher par tourbillons , les uns au-
tour d'un centre commun , les autres autour d'un
autre. Voilà la formarion des tourbillons. Tous ces
élémens , en tourbillonnant ainfi , font effort pour
s'éloigner du centre de leur mouvement i ce que
Defcartes appelle force centrifuge.
fj^ Tous ces élémens tâchant de s'éloigner du cei>
trc , les plus malllfs d'entr'eux font ceux qui s'en
éloignèrent le plus. Pulvérifez un morceau de cire
à cacheter ; fecouez le papier fur lequel eft la poul^
fière , les morceaux qui ont plus de folidité s'ap-
prochent plus des extrémités des papiers, La pouf-
fière la plus fine refte au milieu, Ainfi l'élément glo-
buleux fera plus éloigné du centre que la matière
fubtile -, & comme tout eft plein , cette matière fub-
tile fe rangera en partie dans les interftices des glo-
bules , & en partie vers le centre du tourbillon. Cet
amas de la plus fine poulTière , qui s'eft rangée au
centre , eft ce que Defcartes appelle unfoleil. Il y
a de pareils amas dans d'autres tourbillons , comme
dans celui-ci. Ce font des étoiles qui brillent moins
à notre égard à caufe de leur éloignement prodi-
gieux.
IfCT Les globules qui ont plus de fotcc centriflige
que la matière fubtile à caufe de leur folidité, s'é-
cartent le plus vers les extrémités du tourbillon. La
poulTière qui compofe le Soleil , qui eft dans una
agitation étonnante , communique fgn mpuvcrpsnï
CAR
aux globules voifines , ces globules le Communî-
quent à d'autres julqu'à nous. C'eft en cela que
conlillc la lumière, f'^oyc^ Lumièrp.
IJCF Eniin cette pouilière , que nous avons nommée
troifihme élément, ctint irrégulière , anguleulé , peur
former des pelotons épais. Plulieurs parties s'atta-
chent par leurs angles , s'emboîtent les unes dans
les autres , encroûtent peu à-peu le tourbillon -, &
de ces croûtes cpaiHics , liiitout le dehors, il le forme
un corps opaque , une planète, une terre habitable.
IJCT Cette grodc poufllcre , ces parties maffives du troi-
licme clément , dont la terre , les planètes &: les co-
mètes font formées , s'arrangent en d'autres formes ,
en vertu du mouvement , & nous donne l'eau , l'air ,
les métaux, les pierres, les animaux , les plantes, en
un mot , tout ce que nous voyons dans notre monde.
1^ Cet édifice de Defcartes ne paroît à M. Pluche ,
ainii qu'à bien d'autres , qu'un aHbrtiment de piè-
ces qui croulent. Il attaque le fabricateur du monde
dans fes principes & dans les confcqiiences qu'il en
tire. Il lui paroît fingulier d'entendre dire que Dieu
ne puiife pas créer & rapprocher quelques corps
anguleux , à moins qu'il n'ait de quoi remplit exac-
tement tous les interftices des angles. De quel
droit , dit-il , ofe-t-on borner ainii la fouveraine
puiflance î Le vide même , ajoute - t - il , eft né-
ceifaire dans la fLippofition de Defcartes. Car les
pouHières de toutes tailles qui viennent fe gli/Ier
entre les globules pour remplir les petirs vides qu'ils
lairtent eutr'cux , ne fe forment qu'à la longue. Les
globules ne s'arrondiffent pas en un inftant. Cette
pulvérilation clT: f-icceilîve. Voilà les angles prêts à
lé brilér : mais avant que la chofe foit faite , voilà
entre ces angles des vides fans fi-n , & nulle pro-
vifion pour les remplir.
^CFDe plus, ditM. Pluche, tout ce que nous découvrons
dans la lumière & dans la flruclure de la terre, eil:
entièrement incompatible avec l'architedliure cartc-
fienne.
^fT Selon Defcartes , la lumière eft une maffe de pe-
tits globules qui fe touchent immédiatement , en
forte qu'une file de ces globules ne fauroit être
poullce par un bout , que l'impulfion ne fé faffeen
même temps feritir à l'autre , comme il arrive dans
un bâton. Cependant la lumière du Soleil met 7 à
8 minutes à franchir les 3 5 , 000 , 000 de lieues qu'il
y a du Soleil à la terre-, &il ell certain par quantité
d'obfervations que la communication ne s'en fait
pas en un inftant , mais qu'elle parvient plus vite fin-
ies corps plus voilins , & plus tard fur les corps
plus éloignés. La lumière de Delcartes n'eft donc
pas la lumière du monde.
§Cr M. Pluche fait cnlliite la vifîte de la terre car-
téfienne , après s'êrre bien afluré qu'on y peut mar-
cher en fureté , & la compare avec la nôtre. Dans la
croûte de la première, il ne voit qu'une écume grof
fière, unamas de parricules inutiles, fans deftination,
fans diftinélion, qu'aucune prudence n'aptis foin de
rendre bonnes à quelque chofe", au lieu que dans la
nôrre, il voit par-tout des matières excellentes, des na-
res d'une (implicite inaltérable & d'un fervice mer-
veilleux. Dans fon tour de promenade fur le globe de
Defcartes , il ne trouve pas que fa ilarface ait affez
de beauté pour fe dédommager delà craffe&dela
pauvreté des dedans. Voye^^ dans l'Auteur même
toutes les raifons qu'il apporte , quelquefois avec
trop de vivacité , &c même un peu d'humeur con-
tre le fyftême de Delcartes.
|Cr Quant au reproche que fait M. Pluche , que l'a-
théifme paroît ctayé par le Ca.rtcjianijme , il eft plus
mal fondé que les autres. Il faut être bien prévenu
contre ce fyftême pour y voir jufqu'aux principes
de l'athéifme. Les Athées admettent une matière
incréée , éternelle. Defcartes la fuppofe créée &
mife en mouvement par Dieu. On peut voit dans
Defcartes même avec quelle force il réfute une auifi
ridicule calomnie. Jamais Philofophe n'a paru plus
refpeftueux pour la divinité , dont il s'eft occupé à
prouver l'exiftencet Se propofer les argumens des
CAR agi
Athées pour les téfuter , ce n'eft pas être Athée.
Le. drzcjiamjmi a charmé les efprits , comme
tous les fyftemes nouveaux \ mais on en eft bien re-
venu , & l'on ne trouve aujourd'hui guère plus de
fohditc dans les élémcns du Cartcfiamjme , que
dans les qualités occultes de la vieille philofophie,
Malgré tout cela , il faut avouer que l'Auteur Se le
père du CartéJianiJ'me étoit un génie fublime & un
Philofophe conlcquent ; la connoiffance qu'il avoit
des Mathématiques lui a fervi à purger la Philo-
fophie de beaucoup de choies inutiles , & à expli-
quer d'une manière phyfique les effets de la nature.
Le Carte fianifme a été prêt d'être interdit par ar-
rêr du Parlement , & il l'auroit été fans la requête
burlefque qui fut préfentée au Premicr-Préfîdent.
§Cr Le pur CartéJianiJ'me eft le fyftême de Phyfique ,
tel qu'il a été propolc par Defcartes , aujourd'hui
abandonné par tous les Phyficicns. Foye^ Tour-
billons SIMPLES.
Ip" Le cartejianifme mitigé & redifîé , eft encore feu-
tenu par plulieurs Phyficiens de réputation Foyer
Tourbillons simples.
CARTESIEN, f m. Philofophe qui eft dans les fenti-
mens de Defcartes. Cartefianus , Cartefii feclator.
M. de Ville a fait un Traité fiir le fentimcnt des
Cartefiens , touchant l'effence &: les ptopriétés du
corps , dans lequel , pour faire mieux rentrer les
Cartefiens en eux-mêmes par la vue du péril où ils
s'engagent , il fait voir que Calvin & les Calviniftcs
foutiennent les mêmes principes que Defcartes &;
les Cartefiens touchant l'eflènce & les propriétés du
corps. JouRN. DES Sav.
Cartésien , enne. adj. Qui appartient, qui a rapport
à Defcartes , ou à fa feéle. Cartefianus. La dodtrine
Cartcfiienne eft ilifpeéte à bien des genl Un Pro-
teftant de GtiplValdt , qui fit , il y a quelque temps ,
une difiértation fut la religion de Defcartes , De Re-
li^ione Cartefiii , dit que bien des Savans l'ont ac-
cuféd'athéifine : il tâche cependant de l'en purger ;
mais il dit qu'il faut bien mettre de la différence
entre Defcartes & fes fedateurs. Que l'efiénce des
chofcs dépende du libre arbitre de Dieu , c'eft une
chimère cartcfienne , dont les pères font fort éloi-
gnés. MÉM-. de TrÉv.
Cartésienne à la Boulonnoifé. Sorte de foie qui
vient de Milan.
CARTEYER. Foyei Cartayer.
CARTHAGE ou CARTAGE. Cartha^o. Ville d'A-
frique très-fameufe dans l'antiquité, & qui difputa
l'Empire du monde à Rome. Les fentimens clés An-
ciens font partagés fur le fondateur de Carthage, &c fuc
le temps qu'elle fut bâtie. A^pien , Ziv. /, de Bello
Punico , dit qu'ellefut bâtie 50 ans avant la prife de
Troye. Phililîe, Auteur de Syracus, que Cicéron
appelle un petit Thucydide , & dont il eft fouvcnt
parlé chez lesAnciens , difoit , au rapporr d'Eufebe ,
qu'elle fut bâtie l'an 5 2« avant la prife de Troye , da
temps du Juge^aïr. Juftin , L. XFIII, c; & 6 ,à\t
qu'elle fut bâtie 72 ans avant Rome. Orofîus a fuivi
Juftin. Parerculus , L.l , c.6 , dit que ce ne fut que
65 avant Rome. Denys d'Halycarnaffe, Z,. 7, rap-
porte de Timée Sicilien que ce fur 58 ans avant la.
première Olympiade ; ce qui revient à peu-près au
iéntiment de Paterculus. Jofephe , dans fon ouvrage
contre Appion , cite Ephefius , qui avoit appris des
Archives des Tyriens , qu'elle fur bâtie 143 ans 8
mois après le Temple de Salomon. Ourre ce qu'Eu-
febe rapporte de Philifte , il en parle encore à l'an-
née 31e de David,/?. 121, de l'édition de Scaliger, &
dit que le fentiment de quelques Auteuts eft qu'elle
fut bâtie 1 5 3 ans après la guerre de Troye. Virgile
fuppofe qu'elle fut bâtie peu après la prife de cette
ville , car 7 ans après , lorfqu'Enée y arriva , elle
croit fort avancée, & la guerre de Troye fe voyoic
peinte dans le Palais de la Reine.
Quant au Fondateur de Carthage , Philifte difoit
que ce furent Exore ou Xore , ?c Carchedon , tous
deux Tyriens-, d'autres que ce fut Carchedon Tyrien,
pcrc de Didon : d'autres que ce fut Didon fa fille.
Ooij
292. CAR
Jiiftin 5v Pâterculus difcntque ce hit Elifle, fille ciil
Roi de Tyr, &; Iceur de Pygmalion. Pâterculus
ajoute que quelques-uns croient qu'EliUè ell la même
que Didon. Virgile a l'uivi ce l'entiment. Appien dit
que l'opinion des Romains étoit que Didon avoit
bâti Carthage,
Carthagi a eu diffcrens noms. Le Géographe
Etienne de Byzance en rapporte quatre , lans parler
. de celui de Canhage , Ccrnepolis , K«i(« îtôaiç , Cad-
niée, Cad/ne a \ KccàfiU , Oenuflè, Oe/mjfa, o'i»»j-o-a-,
& k«)ck«/3ji , Caecale. Le premier &c le troilième font
Grecs : Celui-là lignifie ^7//e neuve , & celui-ci
y i neu fe ,commQ a elle avoit produit beaucoup de
vin, Les autres font phéniciens. Cadmée vient de
C^^^ , Kedem , qui en phénicien , comme en hébreu ,
iîgnifie Orient &C veut dire Orienta/e ,p2xce qu'elle
tilt bâtie par des Orientaux. KczKitâ/BîjCaccabe, (ignifie
en phénicien léce de cheval. La railbn pour laquelle
on l'appela CacciZ^e , ou fe/^ de cheval^ c'eft qu'on
trouva à l'endroit où on l'a bâti , une tête de cheval,
qui parut d'un bon augure , &: que l'on prit pour le
pronoftique d'un peuple guerrier & victorieux.
Bochart , Chanaan , Llv. I, c. 14 , pag. 514 & 515,
croit que KaKx«/3« , a été dit en grec par corruption
pour k.«?x«;3d , Carcabe ; qu'il vient de iD , car , & de
n.l^T» recaba \ que "O , qui lignifie en hébreu Chef,
Commandant, aura été dit en phénicien par analogie
pour la tête \ que n^DT , aura lignifié un cheval , parce
que nj"' > racab , fignifie en hébreu un cavalier.
La Citadelle de Car [liage, s'appela Byrfa par les
Grecs, qi-ii 5 félon le même Auteur , au même endroit,
/7. 5 1 5 , pour éviter la cacophonie , l'avoient fait de
botfra, mï3 , qui en hébreu, &: par conféqucnr en
phénicien, fignifie une fortification, munlmentum.
Pour ce quieftdu nom de Canhage , il eft évident
qu'il vient de , ^&'^'^^p ■> Kiriath, on Karl ut li en \\é-
breu , & far/Aiî en phénicien. Rochart, à l'endroit
que j'ai déjà cité , ^ 5 1 1 » croit très-probablement
que ce nom ell en phénicien le même que celui
qu'Etienne de Byzance lui donna en grec, KainJ
OTîAi; , ville neuve-, que les phéniciens la nommè-
rent Nmn tiriT'p 3 Kartha hadtha ; car les Chal-
déens ont dit m, pour l'hébreu tt)nn ,renouveller ,
que de Kartha , ou Canada , comme l'on pronon-
çoit , les Grecs firent KccpxuSù,, , & de-la les Latins ont
dit Carthago. Tous ces noms , & les reftes de la
langue carthaginoife , que S. Auguftin & d'autres
nous ont confervés , prouvent ce que toute l'Anti-
quité a reconnu, c'eft-à-dire , que Carthage ctoit
une colonie des Phéniciens.
Carthage devint fi puilfante, qu'elle fiit la maîtrefle
non feulement delaLybie, mais encore de toutes
les îles de la méditerranée qui étoient à fa bienféance,
&; d'une bonne partie de l'Efpagne. Devenue rivale de
Rome, elle foutint trois guerres contre cette fa-
meufe République. Dans la féconde, qui dura 18
ans , la haine , le courage , l'habileté , l'expérience
d'Annibal, l'en fit prefque triompher-, mais la for-
tune changea:, elle fut obligée de faire la paix à des
conditions peu avantageufes -, &: ayant voulu re-
commencer la guerre une tioifième fois , Caton
opina .à la ruine entière de cette ennemie ; le
Sénat fuivit fon avis : Scipion l'Emilien prit Carthage,
de la rafa l'an de Rome iJoS. Dans la fuite Augufte y
envoya une Colonie de 5000 hommes. Adrien la ré-
tablit , & la nomma Adrlanopolls. Après l'établif-
femcnt du Chriftianifme Carthage devint le ficçe
d'un Archevêque. En 451, Genferic l'enleva aux Ro-
mains , Se pendant cent ans elle fut le fiégc de l'Em-
pire des Vandales en Afrique. Il nous relie beaucoup
de médailles de C^r/A^q'c-. Toutes celles fur lefquellcs
on voit ces lettres, CAR. KAR, KART. Ka. KE.
KPTc. K. R. T. S. PK. SMK. SMKA. SMKE.
SMNKAB , au jugement des Antiquaires , ont été
frappées à Carthage.
Les Arabes ont entièrement ruiné Carthage. A
trois lieues de Tunis , on en voir les ruines que les
Africains nomment encore Berfack , de fon ancien
nom Byrfa.
CAR
S. Cyprien étoit Evêque de Carthage. Juflinîen
établit à Carthage le fiége d'un Préteur pour l'A-
frique. Les guerres de Carthage contre Rome s'ap-
pellent communément les guerres Puniques. On dit
la première , la féconde, la troifième guerre Punique.
Voye:^ Punique. Le gouvernement de Carthage
étoit oligarchique-, mais durant la guerre , le Con-
feil donnoit aux Chefs une autoiité abfolue -, on
croyoit cela nécelfaire pour le fuccès des grandes
entreprifes. C^rr^^î^^ avoit ^60 ftades de tour.
Tant d'Auteurs ont parlé de Carthage , qu'il elt
difficile d'en faire le choix. Voici les principaux :
Jofephe , Antlq. Jud. Llv. FUI, c 1 3 , contre
Applon , Llv. /. Solin, c. 27 ou 30. Juftin. Llv.
Xmi,c. 5 & fulv. Strabon, Im XFU. Pline,
Llv. V , c. 4. Pontac , p. 305, 325, Oc. de les
notes fur Eufèbe , Salicn & Torniel à l'an du monde
2842 ; le P. Pctau , De doclr. Temp. Llb. IX, cap.
<î3 ; & Rat. Temp. P. Il, L. II, c. 15. Bochait ,
Chanaan, Llv. I ,c. 23. Marmol , L. FI, c. ij,
Volfius , De Idolol. Llb. I , c. 32,
Il y avoit aulli en Efpagne deux villes de ce nom ,
fondées par les Carthaginois , qui y dominoient.
L'une s'appeloit Carthage la vieille , Carti.ago vêtus.
Elle fut fondée par Hamilcar dans l'Efpagne Tar-
raconoifc , 6c dans les pays des Ilerciens. Quel-
ques Auteurs veulent que ce foit Villefranche , &c
d'autres Cantaveja dans l'Arragon , fur les confins
de la Catalogne &c du Royaume de Valence. D'au-
tres la placent au confluent de la Sègre & de l'Ebre.
L'autre étoit Carthage la nouvelle, Carthago nova,
qui porte encore le nom de Carthagène , formé de
ce mot latin. Foye^ Carthagène. On dit encore
qu'Annibal en bâtit une en Arménie à laquelle il
donna le même nom ; Etienne de Byzance en parle.
Le Scholiafte d'Arillophane en place encore unô
en Thrace.
Carthage , efl: aulTi un terme de Mythologie.
Carthago. Cicéron , dans fon ^^ Livre de /a Nature
des Dieux , rz. 42 , dit que Carthage paffoit pout
être fille d'Hercule Tyrien , qui étoit fils de Ju-
piter & d'Allérie fœur de Latone , & qu'il eft le
quatrième de fix Hercules qu'il diflingiie : Juftin,
L. XFIII, ch. 6, dit que la ville même de Car-
thage fut honorée comme une Déelfe , tant qu'elle
n'a pas été vaincue.
CARTHAGÈNE. Ville d'Efpagne dans le Royaume
de Murcie. Carthago nova. Cette ville fiit bâtie par
Afdrubal dans la Bétique fur la cote de la Médi-
terranée. Appien l'a confondue avec Sagunte. Po-
lybe , Llv. X ,p. 583 , de l'édition de Cafaubon , en
fait une defcription fort détaillée. Tite-Live la dé-
crit au/Ti Llv. XXFl ,ch. 43 , & Silius Italicus , Z/v.
XF , V. 220, Carthagène a un Evêché fuffragant de
Tolède.
Carthagène eft aulTi une ville de rAmcrique mé-
ridionale , dans le Royaume de Grenade , & capi-
tale d'un Gouvernement qui porte fon nom. Elle
a un Evêché fuffragant de Saint Pc de Bogota. Elle eft
fituée fur une prefqu'Ile qui ne tient à la terre que pat
une chauffée de deux cens pas de long. Carthagène
fut bâtie en i<;52, par Pedro Heredia. Il s'y fait
un fort gros commerce. C'eft là qu'on perce , & que
l'on travaille les perles de la Marguerite. Quelques-
uns l'appellent Carthagène nouvelle. Maty , Hoffinan,
Linfchot , c. 8. Amer. Herrera, ch. 16.
Cartha£;ène diffère du méùdien de 5 h. n' ^"occid.
ou 770 4(î' 15", c'eft-à-dire , que fa latitude eft de 5 02<>'
5' 1.=;", fi latitude eft de 10° 2^' 35' Cassint.
CARTHAGINOIS , OISE. f. m. & f. Carthagl-
nenjis. Qui eft de la ville ou de l'Etat de Car-
thage. TertuUien & Térence étoient Carthaginois,
Dans la troifième guerre Punique , les femmes
& les filles Carthaginoife s donnèrent leurs cheveux
pour faire des cordages aux navires. Cicéron dit
dans fa 16' Oraifon , qui eft la 2^ , pro Le^e A^ra-
rla , /z. 94 , que les Carthaginois croient trompeurs
& menteurs. Fldes punlca. Mauvaife foi , perfidie ,
parble de fourbe. On leur attribue l'invention de
CAR
CÀ H
ïa machine de guerre appelée Béliir , Sc cellà des
galères à quatre rangs»
Ils avoicnt appris des Phéniciens , leurs pères ,
le culte de Saturne , auquel ils lacritioient leurs pro-
pres enfans. Pour empêcher d'entendre les cris de
l'enfant immole , on failbit un grand bruit de flûtes
& de tambours. Les mères y ailiftoicnt fans gémir :
s'il leur cchappoit quelques plaintes, elles étoient
condamnées à l'amende , & l'entant ne laillbit pas
d'être immolé.
CARTHAGO. Ce nom qui eft latin , & qui lignifie
Carthagc , lé donne à deux villes de l'Amérique
méridionale , dont l'une eft dans le Gouvernement
du Popayan , & l'autre dans l'audience de Guati-
mala , &: dans la Province de Goftarica , iur les
confins de celle deVéragua. C'efl: unEïpché.MATV.
Ip- CARTHAME. Voye^ Cartame.
CARTIER, f, m. Ouvrier qui fait des caftes à jouer,
ou qui en lait trafic. Lujoriorum foliorum. opifex.
CARTitR. C'efl: auffi le nom d'une Ibrte de papier ,
defliiné à couvrir les jeux , ou les fixains de cartes
à jouer.
CARTILAGE, f. m. Terme d'Anatômie. C'eft la partie
lapins dure de l'animal après Iz^ùs.Cartilago.W tient
le'^milieu entre les os &: la chair. Il efl: plus dur que
la chair j & moins dur que les os. Les oreilles &
le nez fonr de vrais cartilages, Cdrùlago. Il y en a
t[m font durs & qui deviennent oHéux avec le
temps comme ceux qui fonr le fternum. Les autres
font plus mous , & compofent même des parties ,
comme ceux du nez & des oreilles , &c. Il y en a
d'autres qui font très-mous , ^ qiii tiennent de la
tiature du ligamenr, ce qui les fait appeler carti-
lages ligamenteux. Il y a dés cartilages de plufiieilrs
figures, a qui on a donné le nom des chofes aux-
quelles ils reffemblent : l'un eft appelé annulaire ,
parce qu'il reffemble à un anneau ; un autre xyphoïd:,
à càufe qu'il a la figure de la pointe d'un poignard;
im autre fcutiforme , qui efl: fait comme un bou-
clier , & ainfi de pliifieurs autres. Les carti/a^es n'ont
ni membranes ni nerfs , fie par conféqucnt point
de fcntiment. Les ufages du cartilage font d'em-
pêcher que les os ne foient blcflés par un froide-
ment continuel ; de les joindre en plufienrs en-
droits par fyncondrofe, & de contribuer beaucoup?
à bien former plufieurs parties , comme le nez , les
oreilles , la trachée-artère , les paupières &c quelques
autres.
Les cartilages d'une coquille , font des ligamens
qui attachent enfémible les deux pièces.
CARTILAGINEUX , EUSE. adj. Qui eft formé de
cartilage , qui eft de la nature du cartilage. Cartila-
gineuse Les animaux ont plufiewrs parties cartilagi-
neufes.
CARTISANE. Terme de Broderie. C'eft de la foie
ou du fil délié j ou de l'or ou de l'argent dont on
couvre uh petit morceau de carte ou de parchemin
qu'on met dans les dentelles & guipures.
ffT CARTO. Petire ville de Bai-barie , fur la côte
du Royaume de Barca , entre Salona &: Alberton.
CARTON, f. m. Groffe carte. On en peut faire de pa-
pier collé 8c de papier haché & féché dans la preffe.
Charta fpijjîor. Les livres en veaii fe relient avec
de gros cartons. On fait des images & plufieurs
fortes d'ouvrages avec dii carton dans des mou-
les.
Carton , en termes de Peinture , fe dit des deiïeins
qu'on fait fur de fort papier , pour les calquer en-
fuite fur l'enduit frais d'une muraille où on veut
peindre à frefque. Charta crajjiorfiguris piclis aium-
hrata. C'eft auflî le deffein coloré pour travailler
à la moi'aïque , pour faire des tapifleries , ùc.
Carton, en Archite6ture,eft un contour chantourné
fur une feuille de carton , ou de fer blanc , pour
•tracer les profils des corniches , &: pour lever les
panneaux de deffus l'épure. Operis Architeclonici
exemplar incisa charta yel lamina ferreâ adum-
hratum.
O n '>
Carton. C'eft fî-ir la mer , le volume des cartes ma-
rines. Tabularuin nauticarum volumen,
gCI* Carton , en termes d'Imprimerie , fe dit d'un
feuillet d'imprcilion qu'on refait j à caufe de quel-
ques fautes qui s'y font glidces , ou de quelques
changcmens qu'on y veut laire. Dans ce cas on dé-
chire la partie de la feuille fur laquelle fe trouve
ce qu'on veur fupprimer -, &: l'on y fubftitue d'autres
feuillets purgés de ces fautes , &: ces feuillets fe
nomment cartons. Folium impreffum denuo , vitivji
folii loco fubjtituendum. On a refait plufieurs car-
tons de ce livre , pour en empêcher la cenfure. On
a mis plufieurs cartons à ce livre.
Les Marchandes Lingères du Palais, appellent
auffi des cartons , ces efpèces de boîtes de cartes ,
avec un couvercle de même , dans lefquelles elles
mettent les garnitures de tcte , les engageantes ,
& autre linge fin & dentelles des Dames. 03° On
fe fert auffi de ces mêmes cartons pour mettre des
papiers & autres chofes.
$3- CARTONNER , chez les Tondeurs , c'eft cou-
vrir chaque pli d'une pièce d'éroife , d'un carton ou.
d'un velin , avant que de la prefiTer & de la catir,
CARTONNIER, f. m. Ouvrier qiti tait ou qui vend
du carton. Spijjîorum chartarurn opifex.
CARTONNIÉRES. f. f. Efpèce de guêpes. Nous de^
vons la connoillance de ces induftrieux animaux à
des Voyageurs intelligens , qui nous ont apporté
de l'île de Cayenne des guêpiers avec les guêpes
qui les avoient faits , bien confervées dansdel'eau-
de-vie fucrée. Ces guêpes font de l'efpèce de celles
que l'on appelle aériennes , parce qu'elles établif-
fent leurs demeures en plein air. Leur guêpier efl;
.à la lettre une boîte de carton , faite en forme de
cloche allongée , dont l'ouverture feroit fermée *
& qui n'auroit pour toute entrée qu'un trou d'en-
viron cinq lignes de diamêu'e à fon fond. Cette
boîte pend à la branche d'un arbre par une efpèce
d'anneau , qui n'eft qu'une prolongation de la ma-
tière dont elle eft compofée. Abr, du l'HiJî. des
Jnfecles.
CARTOPHYLAX. Foyei CrtARTorHYiAx,
CARTOUCHE, f. m. En Sculpture, c'eft un rouléailde
carte OU fa reptéfentation , dont la fculpture & la
gravure font divers orncmens , au milieu duquel
on met quelque inlcrjption ou dévife , ou quelque
ornement, des armoiries, des chiffres , Ê-c. Voluta.
hclix. Lesûites des cartes géographiques font écrits
dans des cartouches fort hiftoriés.
On appelle aufll cartouche en architediure , ces
mêmes repréicntations qui fe font de pierre , de
plâtre ou de bois, & qui laiifent au milieu un vide
capable de recevoir quelque infcription. Clypeus ,
fcutum.
Ip" Cartouche , fe dit aufli , en jardinage, d'un or-
nemenr en forme dé tableau avec des enroulemens,
qui fe répètent aUx deux côtés ou aux quatre coins
d'un parterre.
Cartouche, en termes d'Artilletie , gargouccs , gar-
gouges ou gargouifes, eft une charge d'arme à feu ,
enveloppée de gros papier ou de carton , pour
charger plus promptement. Oar/e/ «a; arùe gloluU f
fcloporurn glandibus , catenis , aliifque ferramentis
inferti. Celles du canon font ordinairement dans
des cartouches de carton ou de fer blanc , qui font
des boîtes hautes d'un demi pied , & qui occupent
la place du boulet dans la pièce , au calibre de la-
quelle fon diamètre eft proportionné. On remplie
ces cartouches de petites balles , de clous , de mi-
traille de fer , afin que le coup écarte davantage. Le
canon qu'o^n cache dans les flancs retirés fe charge
d'ordinaire à cartouches , pour faire plus de tracas
fur les ailiéiîeans. Celles des moufquets &: des pif-
tolets contiennent feulement de la poudre & du
plomb enveloppé dans de gros papier : alors ce
mot eft féminin.
Cartouche eft au/Ti une efpèce de grenade ou bou-
let creux , qui eft une boîte ronde renifilie de bat
z^4 CAR
les de moufquet, qui s'ouvre à propos quand il
ell: belbin. Granati hcUici g<;;2us.
Cartouche. Terme d'Artificier. On appelle ainfi
routes forrcs de boîtes de carton , cubiques , l'phc-
riqucs, cylindriques, ou mixtes , dans lelquelles
on renferme les matières combuftibles des artifi-
ces pour en dcrerminer avarier les effets -, en gé-
néral les cylindriques Ibnt les plus ordinaires. Ce
mot eft malculin chez les Arriticiers , & féminin
pour les charges des armes à feu : on dit dans l'exer-
cice , déchirez la cartouche avec les dents.
Ce mot vient de l'italien cartocclo.
Cartourche. i'. m. C'eft le nom d'un fameux voleur
qui fut exécuté à Paris en 1711. De-là eft venu que
pour dire qu'un homme eft unfcclérat, on dit par
un proverbe populaire, que c'eft un vrai Cartouche.
CARTOUCHIEN. f. m. Voleur de la bande de Car-
touche.
CARTOUCHIER. f. m. Terme de guerre. Efpecc
de petit coffre de bois couvert de cuir , que le
foldat porte du côté droit , & où il met fes car-
touches , ou charges de fufil , préparées au nom-
bre de dix-huir ou vingt.
CARTULAIRE. f. m. Les canulaires font des pa-
piers terriers des Eglifes ou des Monaftères ,desRc-
giftres où font écrits les contrats d'achat , de vente,
d'échange , les privilèges , immunités , exemptions &
autres chartes.Ces recueils lont ordinairement poftè-
rieurs à la plupart desaéles qui y font contenus, & ils
n'ont été faits que pour conlérver ces aétes dans
leur entier. Les Compilareurs des cartulaires n'ont
pas toujours été fidèles ; on y trouve quelques piè-
ces manifeftement fauffes , ou corrompues , comme
on le prouve en comparant les originaux avec les
copies qui ont été enregiftrées dans les cartulaires ,
ou en comparant d'anciens cartulaires avec d'au-
tres plus nouveaux, où les mêmes ades fe trou-
vent , & où quelques-uns de ces adles ont plus
d'étendue que dans les anciens. Les ennemis des
Moines ont remarqué de plus que les Monaftères
ont fait quelquefois confirmer leurs titres par les
Princes & par les autres Puiflances , en leur repré-
fentant que leurs anciens titres étoient fi vieux qu'on
avoit de la peine .à les lire -, &: alors , difent-ils ,
il eft arrivé ibuvent que fous ce prétexte on en fubf-
tituoit d'autres en la place des anciens. Il ne faut
donc pas recevoir facilement 6c fans examen les
aâ.es qui ne fe trouvent enregiftrés que dans les
cartulaires. Confultez là-deffus Acofta , Hijioire des
revenus Eccléfia^Uques ; le P. Germon , dans fon
ouvrage fur la Diplomatique du Père Mabillon ,
Se ceux qui onr répondu à ces Ecrivains , tels que
Dom Mabillon même dans fon fupplément , Dom
Couftant , Dom Ruimart , Fontanini , 5cc. Foye^
Chartulaire.
CARTULAILE. f. m. Officier de l'Eglife Romaine.
Gardien des chartes ou papiers de l'Eglife. Saint
Grégoire le Grand envoya Hilaire , fon Cartulaire
en Afrique, pour tenii un Concile, & remédier
aux délbrdres que caufoient les reftes des Mani-
chéens &: des Donatiftes. Sur quoi M. l'Abbé Fleury ,
Hijioire Eccl. Liv. XXXV , /'.53, remarque que
le Cartulaire n'éroit originairement qu'un Secré-
taire Gardien des chartes ", mais qu'alors , c'eft- à-
dire au temps de faint Grégoire , il avoit juridic-
tion dans les Provinces où il étoit envoyé \ Se il
cite le Gloffaire de Du Cangc.
CARVANSERAS. f. m. J^aifon publique ou hôtel-
lerie que l'on trouve fur les chemins en Orient.
Voyei Caravansera.
CARVELE. f. f. En termes de Marine on dit qu'un
navire eft mâtc en carvele , lorfqu'il a quatre mâts
fans mât de hune.
CARVL f. m. C'eft une plante qui a tiré fon nom
de la Carie , pays de l'Afic mineure , où les 7\n-
ciens l'avoicnt remarquée. Sa racine eft greffe , lon-
gue , blanche , d'un goûr aromatique &: un peu
acte. Ses feuilles naiffent comme par paires , décou-
pées menu le long d'une côte •, elles font fembla-
CAR
bles aux feuilles de carotte fauvage. Ses fleurs font
en parafol, compolecs de cinq petites feuilles,
rondes , blanches on rouges , difpofces en fleur-de-
lis de France. Sa graine eft étroite , un peu lon-
gue , canelée fur le dos , d'un goiit âCre & aro-
matique. C'eft la partie de cette plante qui eft le
plus en ufage : elle eft ftomachique & diurétique :
elle diflipe les vents , aide la digeftion , &: forti-
fie le cerveau. Les Allemands & les Anglois s'en
fervent beaucoup ; ils en mettent dans les bifcuits ,
dans les fromages , &: dans d'autres fortes d'alimens.
En latin carvi officinarum , ou cuminum pratenfe,
CARUS ou CAROS. f. m. Carus. Terme de Mé-
decine. Affcclion foporeufe , profond affoupiffement.
Il y a différence entre le coma & le carus , en
ce que dMis la première de ces affections , les ma-
lades répondent quand on les interroge, ce qu'ils
ne font pas dans la dernière. Il diffère de la lé-
thargie , en ce que la fièvre accompagne la léthar-
gie , & que le fentiment revient aux léthargiques
quand on les pique , quand on les agite ; il eft
diftingué de l'apoplexie par la liberté de la refpi-
ration , qui eft toujours bleffée dans l'apoplexie -,
de l'épilepfie, en ce qu'il n'y a aucun mouvement,
& qu'il n'y a point d'écume à la bouche dans ,1e
carus ; de la fyncope , par le pouls qui eft grand ,
par le teint du vifagcquieft vermeil, au lieu que
le pouls eft lent , & la face cadavéreufe dans la fyn-
cope ; de la fuffocation hyftcrique , en ce que les
femmes en cet état entendent & fe rcffouviennent
de tout -, ce qui n'arrive point dans le carus. DÉgori.
Le carus eft un long èc profond affoupiffement in-
furmontable , joint à la perte du fentiment , du
mouvement & de l'imagination, mais avec liberté
de refpirer. La caufe du carus eft l'interruption
des efprits animaux , caufee par l'aftaiffement quand
ils font épuifés , ou par l'obftruiftion qui provient
d'une humeur pituiteufe , froide & groffière , oa
par compulfion à caufe de quelque coup.
Le Caros , la cataphore , ou fubcta d'Avicenne ,
le coma ou typhomania de Galien ; la paralyfie ;
la paraplégie , hémiplégie , &c. ne font que àes
efpéces différentes d'apoplexie dans un degré moins
fort.^DEMOuis , Acaâ, d'Ed. T. I , p. 5 17.
Le nom de carus vient du Grec x«j«ç , qui veut
dire, affoupiffement avec pefanteur de tète.
CARYATE, ATIDE. f.m. & f. Caryates, ^m. Ha-
bitant de la ville de Caryc dans la Laconie. Les
Caryates s'ctant alliés aux Perfes ennemis de la
Grèce, les Grecs affiégèrenr leur ville, la prirent
& la détruifirent, pafsèrcnr tous les Caryates au
fil de l'épée , exnYnenè.tcr\i\ç%Cariatydes captives,
& après les avoir traînées en ttiomphe , ils ne per-
mirent point aux femmes de qualité de quitter leurs
habits longs , & leurs autres ornemens dans leur
fervitude. Et pour perpcruer leur honte & leur pu-
nition, les Architeéles firent de leurs ftatues des
pilaftres , qu'ils nommèrent Cariatydes , & dont
nous allons pailer. ^fT Cet ornement , qui n'eft
rien moins que naturel, & par conféquent dérai-
fonnable , fut goûté , par la douceur que les âmes
foiblcs trouvent toujours dans la vengeance ; & l'i-
mitation l'a perpétué en dépit du bon fens , &: à
la faveur de quelques grands maîtres qui ont tra-
vaillé dans ce goîit là. Dans la ialle des Gardes-
Suiffesau Louvre, il y a quatre C^ryi^nV^j qui fou-
tiennent une Tribune. On en voyoit il y a quelques
années à Bourdeaux dans le célèbre édifice qu'on ap-
pcloit/« Piliers de tutelle. Voyez Vitruve , Liv. /,
ch. I.
CARYATIDES, f. f. pi. Terme d'Architedturc. C'eft
une efpèce de pilaftre , ou de colonne , repré-
fentant des figures de femmes , vêtues de longues
robes , dont les anciens fe font fervis pour faire le
fût de la colonne Ionique. Caryatides. L'origine
de cet ornement eft connue & rapportée par Vi-
truve , comme nous venons de le dire. Autrefois
les Caryatides étoient repréfentées foutcnant d'une
main le fardeau dont elles croient chargées, &
CAR
.'aiTant aller l'autre main en bas. Celles qui por
toient des paniers ou corbeilles Te nommoient Ca-
nijlrx, Cijiif<:m, Il y a des Caryatides qui iinii-
fent en gaines.
CARYATIS. f. £ Surnom de Diane , en l'honneur de
laquelle les jeunes filles de la Laconic s'ailembloicnr
dans le temps de la récolte des noix , & cclcbroient
une tête appelée Caryes,
CA.RYBDES & CARYBDIS , ou CHARYBDE &
CHARYBDIS. Nom d'un gouffre du détroit de
Mcinnc , vis-à-vis du rocher appelé Scylla. Cla-
vier le décrit , Sicil. Am. p, 6^ & fuiv. Ce lieu
s'appelle aujourd'hui Cupi di furo , ou Capo faro ,
à caufc d'un phare qu'on a placé là. Les Poètes
feignqit que Carytde étoit une femme, grartdela-
ronnefle , qui déroba les bœufs d'Hercule , & que
Jupiter en punition de ce larcin frapa de la fou-
dre,, & cliangea en ce gouffre, qui attire encore &
qui engloutit tout. Les eaux de ce gouffre tantôt
bouillent comme les eaux fur le feu -, tantôt elles
font agitées violemment en tourbillon ,& alors elles
•ibforbent infailliblement les vaiifeaux qui y paffenr.
On s'en tire plus aifemcnt quand elles ne font que
bouillonner. Une longue expérience a appris que
jamais les bouillonnemens ne ("ont plus Violcns que
lorfque le nord-ell fouille. Alors 1^ gouffre pouffe
les eaux avec violence en l'air , & en forme de
colonne. Frédéric , Roi de Sicile , fit defcendre dans
ce gouffre un fameux plongeur, que l'on nom-
moit Nicolas Peic-îcola ou poiffon à caufe de fon
habileté à nager & à plonger. Il rapporta 1° Qu'il
avoir fenti Teau fortir du fond avec tant d'impé-
tuolitc , qu'il n'étoit pas poffible à un homme d'y
réfifter •, qu'ainfi il avoit été obligé de prendre des
détours pour y arriver. i°. Qu'il y avoit trouvé
un grand nombre de rochers. 3". Des Euripes ou
des courans trcs-^violens contraires les uns aux au-
tres , &c très-dangereux. 4P. De très-grands trou-
peaux de poifîbns appelés Polipcs , pkis grands que
des honrHTics , & qui avoient de longs cheveux ou
iilamens dont ils aufoient infailliblement tué un
homme qu'ils en euffent entouré. 5^'. Une infinité
de grands chiens marins , carchariai , qui avoient
trois rangs de dents très-^afilées qui les rendoicnt
terribles. Ce Plongeur étant retourné uue léconde
fois dans ce gouffre , par l'eipérance de la rccojTi-
penlc que le Roi lui promit , il y périt, & ne re-
parut plus. Foye[ le P. Kirker, Mundus futt. L.
Il -, C. l'y & 16.
Les Poètes ont beaucoup parlé de Scylla &ç de
Caryhdis ; & on dit en latin qu'un homme cft
rombc de Carytde en Scylla -, pour dire , qu'en
-Voulant éviter un danger, il efl tombé dans un
plu» grand.
hicidit in Scyllam cupietis vitare Caryhdim.
C'eji airiji que le plus fouvein ,
Quand an penje Jbrtir d'une mauvaife araire ,
On s'enfonce plus avant :
Temom ce couple.-^ & fon falaire.
La Vielle au lieu du coq les fit tomber par là ,
de Catybde en Scylla.
La Font. Fah. 6 , Uv. j,
Bocha« j dans fon Chanaan , ou Liv. Il de la
Géographie fr.crée , tire fon origine de l'hébreu ,
ou phénicien, TalK-iin, hhor ohdan;c'ti\.-ï-àh2,
. for amen perditionis , Trou ou gouffre de perdi-
. tien , & veu-t par confequeot que ce foient les Phé-
,-Biciens qui aient donné ce nom à cet endroit du
déttoit de Mcffme.
ÇARYE. f. f. Carid. Ville de la Laconie dans le Pé-
loponèfc , qui tut détruite pat les Grecs , pour
avoir pris le p^rti des Perfes contre la Grèce.
Etienne le Gcog. Vitruve, Liv. I , ci.
ÇARYES. f. m. pi. Fêtes en l'honneur de Diane Ca-
tyati?.
i ÇARYOCQSTÎNUM. f. m. Terme de Pharmacie.
CAR 2,95"
Ceft un cleÂuiire purgatif qui prend fon nom
des girofles , appelés en latin caryophilli , &c du co-
ftus , lefquels entrent dans fa compofition. Il eft
bon pour les gouttes bilicufes.
CARYOPHYLLATA. f. f. Plante. Voyé^ Benoîte*
CAS.
CAS. f. m. Accident , événement fortuit. Cafus. Pcr*
lonne n'efl; refponfable des cas fortuits. Les ora-»
ges , les tremblemens de terre , font des cas ioi-
tuits que la prudcUce humaine île peut prévoir j
Se auxquels on ne peut rciîller.
Ce mot vient du latin cafus , de cadok
%fT Le Did:. de l'Acad. Fr. dit cas , acciderit ^
avanrure , conjonélure , occaiioii. Ces mors ne doi-
vent point être confondus , ni pris indifféremment
l'un pour l'aurte.
Occajion » felort M. I'Abee GiRARd , fe dit pour
l'arrivée de quelque chofe de nouveau , foit que
cela le préfente , ou qu'oii le dherche , & dans un
lens indéterminé , pour le temps comme pour l'ob-
jet. Occurrence fe dit uniquement poui ce qui ar-
rive fans qu'on le cherche , & avec un rapport fixé
au temps préfent. Conjonclure fert à marquer la (i-
tuatiori qui provienr d'uri concours d'événemens ,
d'affiires ou d'inrérêts. Cas s'emploie pour indiquer
le fond de l'aHàire , avec! un tapport fmgulier à
l'efpèce & à la particularité de la chofe. Circon-
fiance ne porte que l'idée d'un accompagnement *
ou d'une chofe acceffoire à Une autre qui eft la
principale.
On connoît les geiis dans Voccafion. Il faut fe
comporter félon l'occurrence des temps. Ce font
ordinairement les conjonctures qUi déterminent au
paiti qu'on prend. Eft-il des cas où la raifon dé-
fend de confoiter la vertu ? La diverfité des c/r-
Conllances fait qile le même homiTle penfe diffe-»
rcmment fur la même chofe.
Quoique tous ces mots s'uniffent affez indiffé-"
remmcnt avec les mêmes cpithètes , il femble pour-
tant qu'ils en affedent quelques-unes en propre. On
dit quelquefois avec choix , une belle occajion ,
une occurrence favorable , une conjoncture avanta-
geufe , un cas prcffan: , une circonflance délicate -, Se
l'on ne diroit pas une occajion heureufe ^ une oc-^
currenCe délicate , une belle conjonclure , un cas
avantageux » une cirConflance préffante.
Cas fignific auffi matière , fait , condition ftipulce
qui s'exécute, lorfqu'il arrive une chofe qu'on pré^
voit qui peut arriver. Dans les contrats on fe pré-
cautionne félon les divers cas , comme en cas
de guerre, de perte, de ftérilité : en cas de mort,
en cas de récidive, le cas avenant qu'on foit dé^
poffédé. Le dépôt volontaire ne fe prouve par té-
moins qu'en trois cas , incendie , ruine , naufrage.
On met indifféremment en cas , ou au cas , lorf-
qu'il eft fuivi d'un que : en cas , ou au cas qu'il
meure. Mais quand il eft fuivi d'un fubftantif , l'on
fe fert toujours d'en cas , en cas de mort, Bourt.
Je fais des vers affe^ paffablement :
Mais après tout je fuis un pauvre Prêtre ,
En cas d'amour.
Cas , fignifie encore une chofe qui convient à quel-
qu'un. N'allez pas chercher plus loin, c'eft là vo;:re
cas , votre fait. Il eft populaire.
Cas , en rermes de Jurifprudence , c'eft l'efpèce d'une
loi. Les loixfont bonnes en um cas , de ne le font
pas en l'autre. Ce n'eft pas là le cas ; l'efpèce de
la loi que vous citez.
Cas fe dit encore en ftyle du Palais en plufieurs for-
mules. On a obfervé les formes en tel cas requifes
& accoutumées. Il a été condamné pour les coi
réfultans du procès -, c'eft-à-dirc , pour plufieurs
chofes dont il y avoit preuve au ptocès. On met
dans les lettres de Chancellerie, fi le cd*y échett
25»^
C A S
c'eft-à-dire , s'il y a lieu. Selon l'exigence des cas -,
lelon le mérite des atïaircs.
Cas fe dit aulli au Palais d'une certaine nature d'at-
faires de délits, de crimes. Les ... Royaux &Pre-
votaux, font de certains crimes dont connoiHen
ks Tu^ês Royau. & Prévotaux, à l'excluhon des
Tu.4s^-ubalternes, ou Juges non loyaux, comme
aulèmonnoie, ra.t , i^ort d'armes, ^^^^'^^^^^^
fauve-garde , &c. En matière civdc , comme le pol-
fe b re des bénéfices , le délit tait dans les torets
du Roi, les caules de ibn Domau.e les Eghles
de fa fondation, &c. font des cas Royaux. Les
cas Prévotaux doivent ctre juges prevotalcment ,
c'ea-à-dire, en dernier reflbrt, &■ lans ap^cl ; mais
les cas Royaux qui ne forit qup Ptcvotaax , doi-
vent ctrcju^'és r^" les BaiUih ëc Sencchaux , a la
clrir-e de l'appcl. Les cas Royaux ont beaucoup
pU,s"d'etendue que les cas Prévotaux : car tous es
cas Prévotaux font des cas Royaux ^ mais tous les
cas Poyaux ne ibnt pas des ca. Prévotaux. ^^oye^
l'explication des cas Royaux & des c^5 Prévotaux,
dans les Jn. u cV" n , T. I de 1 Ordonnance
^Oi/ditauflfi à l'égard des Eccléfiaftiqucs , le <:..
privile^né , pour oppofer au dclic commun. Cajusju-
ris pr^cipuus , fingulans. L'Official )uge le Pre-
rre pour le délit commun -, mais le Juge Roya
connoît des .^.privilégiés, c'eft-a-dire , lorlqu .1
y a quelque crime qui mérite peine corporelle (atten-
du que l'E^^life ne condamne point a peine aftlic-
rivc. ) Quelques-uns prétendent que l'adultère elt
un cas privilé-ié , & donc la connoifTance eft audi
attribuée au juge fcculier , privativement au Juge
cccléfialtique. Si un Eccléliaftiqtie eft lutpris por-
tant les atmcs , il ne peut point non ^Mus deman-
der fon renvoi devant le Juge d'EgliIe. On dit auHi
des affaires qui fe font cxtraordinairemcnt en con-
fidération du mérite de quelque perfonne , ou de
qu.^que circonftance importante , que c'elt un cas
privilégié, qu'il -ne tite point à conléquence.
Cas, ou CAS de confcience , en termes de Théolo-
gie , fe dit des aélions des hommes conliderces par
■ rapport à la confcience. ^ Le cas de confcience
eft une ditEculté fur ce que la Religion permsrou
défend en certains cas. C'eft une queftion relative
aux devoirs de l'homme Si du chrétien, dont il
apparrient auThéologicn,nomrac Cafuijle , de pciet
la nature & les circonflanccs , Se de décider félon
la lumière delà raifon, les loix de la fociété, les
canons de l'Eglife &: les maximes de l'Evangile.
Cafu^ cojifcianiœ , ou fimplement caftis. Res ad
confrientiam , ad mores peninens. Ce DoCleur eu:
■ favonr dans les cas de confcience. Il enfeignc les
cas.
Cas réfei vis ,(onx. ccnvim^ péchés conlîdérablcs dont
les Supérieurs Eccléliaftiques fe réfervent l'abfolu-
tion, a eux-mêmes ou à leurs Vicaires. Dans les
Communautés Religieufes il y a des cas réfirvés
par les Chapittcs, ou par les Supérieurs. Barmi
les cas réfervés , il y a des cas réfervis au Pape ,
des cas ref-rvés à l'Evcque , ou à les Vicaires Gé-
néraux i c'eft-à-dire , qu'il n'y a que le Pape., ou
ceux qu'il commet , ou bien qu'il n'y a que l'Evê-
que 6c fes Vicaires qui puiflent en abfoudre , ex-
cepté à l'article de la morr. Voye:{^ fur les cas ré-
fervés le Concile de Trente , Seff. XIV., c. j de
Réf. & Can. ii.
^Zr Les réfervations font différentes fuivant l'ufage
des Diocèles. Le Pénitencier eft établi principale-
ment pour abfoudre des cas réfervés. Vlais à l'ar-
ticle de la mort , tout Piètre peut abfoudre celui
qui fe trouve en cet état, de tous les cas, pour-
• vvi qu'il ait donné quelque ligne de pénitence.
Cas fignifie auffi , eftime. Prxtium eJUmatio. Faire
■ cas de quelqu'un, c'eftl'eftimer , en penfer favo-
rablement. En faifant trop de cas de foi-même ,
on pêche contre la vraie modeftie. On fait cas
' de cet Avocat , il a de beaux talens. On tait cas
C A S
des gens heureux qui peuvent fervir, 5c on mc-
prile les miférables. Le Ch. de M.
TfT Cas fe dit populairement, pour excrémens. Faire
fon cas en quelque endroit.
Cas fe prend aullî quelquefois pour chofe. Res. Cas ■
étrange , mais vrai pourtant. Voit.
Lame efl d'enhaut , & le corps inutile
N'e/i autre cas quune hafjé prifon.
En qui languit l'ame noble 6* gentille. Marot.
Cas , en termes de Grammaire , fe dit ^^ des dif-
férentes indexions ou tetminaifons des noms. L'on
a regardé ces rerminaifons comme autant déchû-
tes 'd'un même mot : Ainli le mot cas fe Çrend ici
dans un fens figuré & métaphotique. Cafus. Il y
a '^\-i. cas, le nominatif, le génitif, le datif , l'ac-
cufatif , le vocatif Se l'ablatif. En françois , ils ne
diffèrent que par l'appolition des articles -, en latin ,
par la terminaifon. §3° Le nominatif, c'eft-à-dire ,
la première dénomination tombant , pour ainfi dire,
en d'autres terminaifons, fait les autres fiij, qu'on
appelle obliques. Ces terminaifons font auffi ap-
pellées délinances : mais cas eft l'efpèce qui ne fe
dit que des noms -, car les verbes ont auflî des ter-
minaifons différentes. On dit communément que
les Grecs n'ont que cinq cas. Ceux qui ont écrit
fur les langues dans ces derniers fiécles , ont pref-
que toujours donné lix cas aux noms de toutes les
langues, parce qu'ils ont fuivi les idées auxquelles
ils étoicnt accoutumés. Le P. Galanus dit que la
langue arménienne a 'dix cas., Se qu'outre les lix
cas ordinaires, elle en a un pour marquer l'in-
ftrument dont on fe fert pour quelque chofe ; un
qui fert aux narrations , & qui défigne le fujet
dont on parle -, un qui marque qu'une chofe eft
dans l'autre ; un enfin qui marque la relation qu'une
chofe a avec quelque autre. Il y a quelques Au-
teurs qui n'en donnent que trois à la langue arabe,
parce qu'il n'y a que trois terminaifons différen-
tes , qui font on , in & an. Pour accorder les fen-
timens diftcrens des Auteurs , il faut diftinguet -, cac
fi par le mot cas on entend feulement un chan-
gement qui arrive à un nom , il y aura autant de
cas qu'il arrive de changemens aux noms dans le
même nombre ; & il femble que c'eft-là propre-
ment ce qu'on entend par le mot cas , puifque
ce mot dans fon otigine grecque ou latine , figni-
fie chute, ou terminaifon, ^l-'^i, cafus : ce fera
la même chofe fi le changement fe fait au com-
mencement du mot. Suivant ce principe , on voit
qu'il n'y aura pas le même nombre de cas dans
toutes les langues. Mais fi pat le mot cas on entend
toutes les modifications différentes , Sc tous les
rapports de la chofe exprimée par un nom, il y
aura autant de cas qu'on pourra imaginer de mo-
difications & de rapports dans une chofe : ce qui
va à l'infini.
Il ne paroît pas que ce foit-là la notion que les
Grammairiens ont donnée du mot cas ; mais ih n'en
ont pas donne une notion claite qui en formât
une idée jufte ; ou ils le font écattés de la notion
qu'ils en avoient donnée : car ils ne laiffent pas
de compter cinq cas dans tous les nombres des
noms de la langue grecque , & fix dans tous les
nombres de la langue latine , quoique plufieurs de
ces cas foicnt femblables , comme le génitif & le
datif finçuliet de la première déclinaifon des la-
tins, k'^datifôc l'ablatif de la féconde, frc. le gé-
nitif &; le datif du duel des noms grecs , &c. Il eft
plus conforme aux principes de ja Grammaire,
qui ne confidère les mots que matériellement, de
marquer aurant de cas diffctens qu'il a^rrive âef
chans^emens à la fin d'un non^ dans le même nom-
bre. En effer, c'eft s'exprimer mal que de dire,
par exemple , que du père eft le génitif du nom_
père , Se qu'au père en eft le datif; cat du & au ne'
font point partie du nom père : ce ne font point
des chiites , dès terminaifons -, ce font des articles-
o»
CAS
ou de? modihcatits qui marquent les difFcrcnres
relations ciu mot père. Il faut dire la même choie
des cas des noms dans les langues italienne, el-
pau^nole , portugaile , angloife , &c. Il n'en eli: pas
de même du mot grec ^arpôç , ou du mot latin Pii-
trls , qui font de véritables cas des mots Trxrr.p , &
pacer, delquels ils font diftcrcns: il en ell: de mê-
me des noms des langues hébraïque, arabe, ar-
ménienne , polonoife , allemande , &c. lefquels dans
le même nombre reçoivent des changemens à la
fin d'un mot. Tous les changemens qui fe font au
commencement font des prcpofitions, ou quelques
particules équivalentes ajoutées au mot , pour mar-
quer quelque rapport.
Cas cfl: audl un^ efpèce d'interjedlion ou d'adverbe
admiratif. Mirum ejl. C'ert: grand c^j que les hom-
mes ne fe corrigent point par les fautes d'autrui.
ExpreiTion qui n'ell pas d'ufage.
Cas fe dit encore advsrbial?ment en ces phrafes ,
Au cas, pour A'm , Jl. Au cas que cela arrive, y?
ii contigerit. Au cas que vous eudîez cette idée ,
quand même vois n'adhéreriez pas intérieurem?nt
à cette do6trine , vous êtes trop éclairé, pour croire
que vous puiifiez , fans un très-grand fcandale, vous
faire un honneur de la foutenir. En tout cas ; poir
dire quelque chofe qui arrive, de quelque ma-
nière que les chofes tournent , au moins fi la chofe
ne réulTît pas , on fera relie &: telle chofe. Saltem ,
ai minimum. Pofe^ U cas que , on met un fub-
joniftif après -, pour dire , fuppofc que telle chofe
arrive. Fac. En ce cas -, pour dire, alors ; les cho-
■ fes étant ainfi , en cette occafion , à cette condi-
tion, en cette fuppofition. Tum.
On dit auffi , en cas , pour défigner quelque chofe
particulière. En cas de fruits ; pour dire , quant
aux fruits, je n'en mange poinr de crus, &c. En
cas de chevaux, en fait, en matière, on trompe
fans fcrupule. Il crt: du ftyle familier.
Cas fe dit proverbialement en ces phrafes. Au cas
que Lucas n'eut qu'un œil , fa femme auroit épou-
fc un borgne , pour fe moquer de ceux qui pré-
voient trop d'accidens , qui demandent trop de
conditions. On dit au/îi , vous mettez trop de Ji
K. de cas en cette affaire •, pour dire , vous deman-
dez trop de précautions, vous entrez en trop de
particularités. On dit aufTi d'un homme que fon
cas efl: fale , vilain ou véreux -, pour dire , qu'il eft
en danger pour quelque crime ou quelque m.au-
vaife affaire. On dit auflî , tous vilains cas font
leniables. Cas fur cas n'a point de lieu ; pour dire,
que quand une chofe eft faifie pour une caufc ,
on ne peut la faifir pour une autre caufe , Juf-
quesà ce qu'il ait été jugé S>C décidé de la première
faifie.
Cas. f. m. C'eft ainfi qu'en langue malaye , on ap-
pelle une petite monnoie des Indes , partie de
plomb & partie d'écume de cuivre, qui fe fabrique
dans là Chine. Son nom chinois , qui eft le véri-
table , eft Caxa.
CAS, CASSE, adj. CafTé, mal articulé, enroué. Une
voix cajfe. Vax fufca,
A s -tu pris garde , il parlait d'un ton cas ,'
Comme je crois que parle
La famille de Lucifer La Font.
C'eft ainfi qu'il faut lire, & non pas, il parlait
d'un ton bas.
L'un vous trainoitfa voix de Pédagogue ,
L'autre brailloit d'un ton cas , d'un air rogue.
CoM. DE l'Enf. Prod.
Malgré ces exemples, il eft vieux au mafculin.
CASAL."Ca/à , domus. Villehardouin fe fert de ce
mot , pour dire une maifon. En quelques Provinces,
cafal fignifie le lieu où il y a une maifon.
Casal. f. m. Vieux mot , qui fignifioit village , ha-
meau. Certus cafarum numerus , yicus.
Tome H,
CAS
297
A quinze lieues entaur aus
Ne rem ejl villes ne cafaux. Phil. Moijskes.
Ce mot eft encore en ufage dans l'Ordre de
Malte. Il y a à Malte fept Capitaines des cafaids
ou villages de la campagne , qui font à la nomi-
nation du grand Maîrre. De Vertot. L'ufage que
l'on fait à Malte de la langue italienne y a con-
fervé ce mot.
CASAL. Ville épifcopale d'Italie , capitale de la
partie du Montfcrrat , qui appartcnoit au Duc de
Mantoue-, & qu'on appelle en Italie, Cafale di
S.Fafo^ Cafal de Saint-Vas. Cafale. Cafile Sancli-
Evajii, Cafal, qui a été une des plus fortes places
d'Italie , eft lituée fur le Pô. Le Duc de Mantoue
vendit au Roi le Château & la Citadelle de Cafal
l'an i(î8i, nos troupes s'emparèrent enfuite de la
ville. L'an 1(^75 , les Alliés l'atïiégèrent ; mais avant
que la place fut dans aucun péril, le Roi , par l'en-
tremife des Princes voillns , confentit .à la remettre
démantelée au Duc de Mantoue. Cafal n'a titre ÔC
droit de ville que depuis 1474, que Sixte IV le
lui donna , .\ la prière de Guillaume Palcologue ,
Marquis de Montferrat. Hoitinan , Corneille, Maty,
Léand. Defcript. de l'Italie.
Il y a encore plufieurs lieux moins importans
qui portent le même nom , qui eft italien, Cafale y
8c (Ignific village, hameau, amas de plufieurs mai-
fons , de l'italien cafa , qui veut dite maifon , aulli-
bien qu'en latin , d'où les italiens l'ont confervc.
CASALASQUE. Territoire de Cafal. CafaUnfis agcr.
C'eft la partie feptentrionale du Montferrat, près
du Pô.
^ CASAL-MAGGIORE. Petite ville d'Italie , au
Duché de Milan , dans le Crémonois , proche du
Pô , fur les confins du Duché de Parme & du Man-
touan.
gCT Les François difent Cafal-Major.
tfr CASAL-PUSTARLENGO. Petite ville ou bour^
d'Italie , au Duché de Milan , dans le Lodcfan ,
entre Lodi & Plaifance.
03- CASAN ou CAZAN , royaume d'Afie , dans
l'Empire RufTien , aux environs du Wolga. Il a
pour capitale une ville de même nom , fituée fur
la rivière de Cafank;a,au 6^à de longit. & au 55^
58' de latitude
gO" CASANGAS. Nation d'Afrique , dans la Nigritie,
auprès de la rivière de Cafamanfa,
ffr CASANIER, ÈRE. adj. Qui aime à demeurer
chez lui , à garder la maifon , par efprit de fai-
néantife, &: non pas par efprit d'indolence , comme
le difent les Vocabuiiftcs. On ne s'étoit pas en-
core avifé de dire que l'indolence confiftoit à refter
dans fa maifon. Iners , otiofus. Ce mot vient du
latin cafa , maifon. C'eft l'homme du monde le
plus cafanier. On dit dans le même fcns , mener
une vie cafaniere , être d'humeur cafaniere. Il eft
auffi fubftantif. C'eft un cafanier , un vrai cafanier.
^fT Ce mot peut fe prendre en bonne part , & fe
dire d'une homme qui n'aime point à courir , qui
garde volontiers la maifon.
Non , non , fuis plutôt PexempU
De tes amis cafaniers ,
Et reviens chercher au Temple
L'ombre de tes maroniers. R.
M. de Voltaire appelle Cafaniers de café , des
gens qui fréquentent les cafcs, & qui y pa/îènt
leur temps à conter des nouvelles , a réciter des
vers.
D'un vil café fuperbes Cafaniers.
CASAQUE, f f. Sorte d'habillement dont on fe fert
comme d'un manteau qu'on met par deflùs fon
habit , & qui a dct manches fort larges. Sa^um ,
Pp
2c)8 CAS
chlamys. Les cafa^^ues l'ont commodes pour les
gens de cheval.
Ce mot vient de Caracalla Empereur , lequel
étant à Lyon fit habiller tous les gens de cette
manière de vêtement. On dilbit autrefois ciraquin
aulicu de cafaqmn , &: on le dit encore à prcl'ent
en Ballis^ni. D'autres croient que ce mot vient d'un
habillenient de Colaques , &; qu'on a dit uijj.qud
par corruption, comme honordine de Hongrois.
Covarruvias le fait venir de l'hébreu caj'ak , qui
lignifie couvrir , d'où a été tiré le latin cafa , ca-
hdne , commz on âiïituguriiim, à tegendo : Xàùcn
Scheick cft aulli de ce fenriment. Chorier, Hijt.
de Daiipk, L. Il , p- 8^, prétend que nous con-
fervons encore dans nos aifaques le nom & l'u-
fa£;e des anciennes caracales. Foyeict mot.
'On appelle cafaqiies de Moufquetaires , de Gar-
des du Corps , de Gendarmes , les manteaux de
cette Ibrte portés par les Cavaliers de ces compa-
■gnics, qui ont des marques & des broderies par-
ticulières pour les diftinguer les uns des autres. Il
a pris la cafaqiie , ou il a rendu la cafaque de Mouf-
quctairei c'eft-à-dire , il c'I entré au fervice, ou ,
il a quitté le fervice de Moulqueraire. ■
On dit fîgurément & familièrement qu'un homme
a tourné cafaque ; pour dire, qu'il a changé de
parti. Jif altéra ad aller um dejcifcere. Ce Prince
étranger s'étoit mis du côté du Roi , mais depuis
il a tourne cafaque. Les troupes auxiliaires font
fujettes à tourner cafaque. Cette expreflion vient
de ce que les foldats qui- déferrent & fe vont ren-
dre aux ennemis, tournent fouvent leurs cafaques,
&c la mettent à l'envers , pour n'être point Recon-
nus dans Icui pailage.
I^ASAQUIN. f. m. Petite cafaque. Sagulum, chla-
mydula. §3" Efpcce d'habillement court qu'on por-
te ponr fa commodiré. On dir proverbialement &C
populairement, donner fur le cafaquin. On lui a
donné fur le cafaquin ; pour dire , on l'a battu.
Casaquin. C'eft une patrie élevée & diftindte du dos,
laquelle fe remarque dans quelques animaux. Traité
de Lithologie & de Conchyliologie.
1er CASARCABIR, ou ALCASAR-QUIVIR. Ville
du Royaume de Dcz , à trois lieues d'Argile.
CASAU. f. m. En quelques Provinces de France voi-
fmes de l'Efpagne, on appelle un jardin Cafau:
Hortus.
%fT CASAUBON, Petite ville de France dans la Pro
' vince d'Armagnac , fur la rivière de Douze
§Cr CASBA. Ville d'Afrique , au Royaume de Tunis,
à cinq milles de la capirale.
CASBEQUE , qu'on nomme plus ordinairmente KA-
BESQUI. f m. Petite monnoie de cuivre qui le fa-
brique en Perfe.
|CF CASBIN ou CASWIN. Casbinum. Ville de Perfe
dans riraquc, au nord d'Ifpahan.
CASCADE, f. f. Chiite natutelle ou arrifîcielle d'eau ,
qui tombe d'un lieu plus élevé dans un lieu bas.
Prœceps aquce lapfus. Dans les montagnes on voit
mille petits ruiffeaux qui font des cafcades natu-
relles.
^CF Les cafcades naturelles s'appellent cataractes. Les
cafcades arrifîcielles , qui fonr l'ouvrage de la main
des hommes , tombent par nappes comme la ri-
vière de Marly •■, en goulettes , comme les bofquets
de Saint Cloud ■, en rampe douce , comme celle de
Sceaux ■■, en buffets , comme à Trianon & Ver-
failles -, ou par chute de perrons , comme la grande
cafcade de Saint Cloud.
Ce mot eft venu de l'italien cafcata , qui a été
fait de cafcare , & de cado. Ménage.
'ip' Cascades. Terme d'Algèbre. Méthode des caf-
cades qui réfour les équations déterminées de rous
les degrés. On approche roujours de la valeur d'une
inconnue par des équations différentes & fuccef-
fives , ou en baiffant d'un degré : &C de là eft venu
le nom de cafcade. Fontekelle.
.Cascade ds feu. Terme d'Artificier. C'eft une
CAS
chute de feu qui imite la chute d'eau appelée caf-
cade.
On dit fîgurément d'un homme qui eft tombé
d'une grande fortune dans une grande difgrace ,
qu'il a fait une grande , une rude , une étrange
cafcade.
Cascade fe dit aufïî fîgurcmenr des fautes de juge-
ment , des inégalités qui ie trouvenr dans un 0\x-
wiage. Lapfus , errores , /«e«i/iZ. Jugement de l'Au-
teur , où ériez-vous , quand vous fîrcs cette magni-
fique cafcade ? dit Balîac. On dit encore d'une nou-
velle qu'on ne fait point de h première main, &
qui a paifé auparavanr par plufieurs bouches, qu'on
ne la fait que par cafcade , qu'elle n'eft venue à
celui qui la dit que par cafcades.
fjcr CASCAES ou CASCAIS. Pcrite ville de Por-
tugal , dans l'Eftramadure , à cinq lieues de Lil-
bonne.
CASCANE. f. f. Terme de Forrification. Ce font
certains enfoncemens en forme de puits qu'on faic
dans le tcrre-plain proche du rempart , & d'où
fort une galerie qui eft aufTi conduite fous terre ,
pour évenref les mines de l'ennemi. Suhterraneus
receffus ad vallum.
gCT C^ mot eft vieux. On dit aujourd'hui /«/w 5c
écoutes, f^oye^ ces mots.
CASCARILLE ou CHACRIL. f. f. Cafcarilla, di-
minutif de cafcara , qui en elpagnol lignifie écor-
ce ou coquille. On nous apporte cette écorce des
Indes orientales , d'une des Iles de Bahama dans
l'Amérique, appelée Elatheria, Elle eft roulée en
petits tuyaux 6c en petits morceaux, de l'cpail-
feur de la canelle , de couleur de rouille de fer en
dedans , d'un goût acre , aromarique & amer , Se
d'une odeur fort agréable. Lorfqu'on la brùle, elle
eft ordinairement dépouillée de fa première écorce ,
qui eft rud.e 6c de couleur cendrée. On l'emploie
dans les fumigarions à caufe de fon odeur agréa-
ble, & pour remédier aux conrradtions fpalinodi-
ques de l'utérus.
§Cr Sa reflemblance avec le quinquina, dont on dif-
tingue fix eijsèces , l'a fait compter pour la feptième :
cependant la cafcarille eft plus amère Se plus brûlan-
re ; mais l'amerrume du quinquina eft plus défa-
gréable &c plus ftyptique.
IJCJ" M. Boulduc avec plufieurs autres font indifférem-
ment ce mot mafculin ou féminin. Il eft plus or-
dinairement féminin.
CASCATE. M. Félibien dit Cascade ou Cascate.
Voye^ Cascade.
CASCAVEL. Voyei Boicininga.
Ip- CASCHGAR. (le Royaume de) Pays dans la
Tartarie , du côré du Royaume de Thibet. Il tire
fon nom de la ville de Cafchgar qui en étoit au-
trefois la capitale •, mais depuis que les Tartares en
fonr en pofleflîon , elle eft bien déchiie de fa
première grandeur.
^ CASCL\. Cafcia. Périra ville d'Italie , dans l'E-
tat de l'Eglife , en Ombrie , entre Rieti 8c Nurfie.
CASE. f. f. Maifon. Cafa. Eh ce fens ce mot eft em-
prunré de l'iralien cafa , &c n'eft en ufage qu'en
peu de phrafes. Dans le ftyle familier , c'eft le pa-
tron de la cafc. Il renrre dans ma café. Il ne fort
poinr de fa café. Ilidore 8^ Papias difenr que c'eft
une perire maîfon de payfan fermée feulement de
haies , ou de palis.
Case. Terme d'Imprimeur. C<î/ù Typorum,loculi,cap'
fa , locumenta. C'eft la rable , ou boîre plare divifée
en plufieurs compartimens , ou petites loges caiiées ,
qu'on nomme cafetins , dans chacun defquels fe
mettent les caradères de même efpèce ; ÔC d'où
le Compofiteur les rire à mefure qu'il en a befoin
pour compofer 6c faire une forme. Une café de grec ,
une café d'Hébreu , une café de S. Auguftin , une
café de petit Romain , une café d'Italique , &c. Mes
cafés font pleines. Je n'ai plus rien dans mes cafés.
Des cafés bien ou mal fournies. Quelques-uns
ccnwcni caffe. Cependant on prononce c<z/è, c'eft-
à-dire , caie.
CAS
CAS
Case , fe dit orcîirtairemenr de chacurt deS cartes qui
font dans un échiquier , ou damier , au jeu des écliecs
Se des dames. Le roi nY plus que deux cafés pour
le lauver. Le pion avance de deux cajes le pre-
mier coup.
Ménage après Saumaifi tient que ce mot vient
de caffa , ou cafj'a , qui vient du grec xa^x , qui li-
gnifie la même cliolc.
Case , le dit au jeu du triélrac , de deux dames qui
font pofées fur une même ligne , flèche ou languette ,
matquée fur le tablier où on joue le triétrac , &
qui empêchent les dames du parti contraire de paiïl-r
outre. Quand on fait le pctit-jan, il fert à abattre
du bois pour faire des cafés.
IJC? Case , fe dit aufli de chacune des places dcfignées
par cette flèche ou languette.
La café du diable , c'eft celle qui eft immédia-
tement avant le coin , ou bien c'eft la onzième
café de cliaque jeu. On l'appelle café du diable , par-
ce que par plulieurs expériences on a reconnu que
quand le plein s'achève par cetre café , il eft très-
difficile. Café de l'écolier. C'eft la même que la café
du diable , félon ce qu'en dit l'Auteur du traité de
ce jeu -, & on l'appelle café de l'écolier , parce que
les habiles joueurs diffèrent ordinairement de la
prendre tant qu'ils peuvent , & la gardent pour finir
le plein ; ils font par-là moins cxpofés à pafîer les da-
mes qui deviennent inutiles dès qu'elles font paiîces.
^fT On appelle aufîi café du diable , celle de la fé-
conde flèche du grand-jan , quand c'eft la feule qui
foit à faire , parce que , comme il ne refte plus que
cinq dames dans le petit -jan , & que toiis les coups
qu'on joue fans remplir, avancent ces dames, on
ïifque de ne point faire fon plein , ou de ne pas
tenir long-temps.
FaufTe café, c'eft une café à laquelle les nom-'
■bres de vos dés ne vous conduifent point. Celui
qui fait une fauffe café par mégarde ou de pro-
pos délibéré , eft obligé de remettre les deux dames à
leur première place , & l'adverfalre eft maître de les
lui faire jouer à fa volonté. Il peut aufTi , s'il veut ,
laiffer la faiifTe café en l'état où elle eft , en cas
qu'elle convienne mieux à fon jeu , quand même
celui qui l'a faite , voudroit en revenir. Poufîer plu-
fieurs cafés. Quand deux ou plufieurs cafés fe tou-
chent mutuellement , & qu'on fait un coup qui
tranfpOfte la dernière de ces cafés immédiatement
après là première , enforte qu'elles fe touchent en-
core après avoir joué , comme elles fe touchoient
auparavanr, au lieu d'enlever avec la main les deux
dames de cette dernière café pour la porter après
les autres , il eft permis de pouffer toutes les caj'es à
la fois de l'efpace d'une flèclie j &: quoiqu'elles chan-
gent toutes de place , elles produifent le même effet
c[ue fi l'on eût tranfporté les deux feules dames de
la dernière café. On ne poufle ordinairement que
pour jouer un doubler. On peut poulfer les demi-
cafes comme les cafés. Les cafés baffes font celles
qui font le plus près de votre adverfaire. On ap-
pelle café toute flèche couverte de deux dames.
On appelle dcmï-cafe toute flèche qui n'eft couverte
que d'une dame feulement. L. S,
Case. Petite monnoie de cuivre du Japon , qu'on
nomme aufTi cache, cafie & ca/Tie.
1^ Case d'Orfèvre. Foye:^ Casse.
ffT CASELOUTRE. Nom françois de la ville de
Keyfers-Lautern. Voye7^ ce mot.
CASEMATE ou CAZEMATË. f. f. Terme de Forri-
fication : ce qu'on appelle autrement place baffe ,
ou flanc bas. C'eft une place pratiquée dans le flanc
proche de la courtine , où l'on mer une batterie
de canon , pour défendre le fofîé. Ima crypta ad
latera propugnaculoricm. Ce norh vient d'une voûte
qu'on faifoit autrefois pour féparer les plate-formes
où fe faifoient les batteries hautes & baffes , dont
chacune fe nommoit en italien cafi armata , ou en
cfpagnol cafamata. Quelques-uns le font venir de
cafa à matti , maifon aux fous. Covarruvias dit
qu'il a été fait de cafa , maifon , £c maia , baffe
^9^
Maintenant on '{: contente de retirer là place haute
en dedans du bàftion. Quelquefois on fait trois
plate-formes , dont la plus haute eft fur le rem-
part. La cafemate eft aulll appelée flanc retiré 3,
parce que c'eft la partie du flanc qui eft la plus
proche de la courtine &: du centre du baftion. On la
couvroit d'un orilion ou épaulement, qui étoit un
corps mafîlf de pierre, rend ou carré, qui empcchoit
qu'on ne vît de dehors dans les batteries. L'ufage
en eft affez rare préfentement j &: on a cefle de s'en
fervir , à caufe que les batteries des affaillans en-
terroient l'artillerie de ces cafcmates dans la ruine
des voûtes.
Casemate, fe prend aufll pour lïs puits & les ra-
meaox que l'on fait dans le rempart d'un baftion ,
jgf.]u'à ce que l'on entende travailler le mineur , SC
qu'on évente les mines. Difflandx, avertendx cuni-
cularicz machinationis crypta.
Casemate, fe dit encore en termes de guerre de cer-
rainsfouteirains Bien voûtés, à l'épreuve du canon j,
pratiqués ordinairement dans les baftions , fur-tout
dans les citadelles , où le Soldat qui n'eft pas en
faiStion , &; de jour , va fe fepofer à l'abri des coupsi
On y place aufli les bleffcs.
Casemate , fe dit en ftyle badin pour prifon. Il a
été mis dans la cafemate , en cafemate.
CASEMATE, adj. "Voûté, où il y a des cafematesi
Un baftion cafemate.
{CT CASEMÈNT. f. m. Vieux mot. Foye^ Caser;
CASENTIN. Cifentinus , ager. Petit pays de Tofcane
en Italie , renfermé dans le Florentin. Le Cafenùrt
eft à l'orient de f iorence , entre cette ville & lé
boufg du Saint Sépulcre , aux environs des fources
de l'Arno. Camaldoli eft dans le Cafentin.
CASER. V. n. Qui ne fe dit qu'au jeu de triclrac j
pour fignifîcr , taire des cafés , accoupler des dames ,
en mettre deux fur la même flèche. Scrupos aiios aliis
fipponere , ou uni laminiz duas imponere rotidas,
La plus grande fcience du triélrac eft de biea
cafer.
Ce verbe , fuivant le premier fens qui fe préfente,
fignifie , faire des cafés ; mais il fe prend aufli poui:
cafer à propos , & l'on dir ordinairement d'un
joueur qui place bien l'es dames : cet homme-là cafe^
bien. C'eft un grand avantage au triftrac que de
favoir bien cafer ; c'eft-à-dire, que les habiles joueurs»
par la parfaite connoiffance qu'ils ont des hazards *
que l'on court plutôt à une place qu'à une autre ,
favent choiiir en jouant celles qui vraifemblable-
ment leur feront plus avantageufes. L. S. Regardez
toujours le jeu de votre homme , plutôt que le vô-
tre ; examinez quand il fait des cafés , s'il café jufte ,
Celui-là ne jouera jamais bien , qui ne confîdère
point l'cffence du jeu avant que de cafer. Il faut
donc , pour cafer, examiner les coups qui font pour
ou contre vous. Pour biert cafer à propos , & ne
vous pas donner des obftacles , il faut , quand votre
homme eft fermé par en haut , ne pas vous prefTeC
de faire les cafés baffes. Id.
Dans les vieilles coutumes , on difoit cafer &C
acafer ; pour dire , donner quelque terre en fief ;
d'où on a dit cafement , chafement & chas ; poun
dire , maifon : & en latin on appelle cafatus , un
domejlicjue , un vaffaL
CASERETE. f. f. C'eft un moule de bois , une fotme
dans laquelle on fait des fromages. On appelle dans
quelques endroits ces fortes de formes ou de mou-
les , des cagerotes •■, mais dans tout le pays d'Auge
d'où viennent ces excellensftomages, que l'on appe-
lé de Livarot , on ne les nomme point autrement
que Caferetes.
CASERIÈS. f. f. pi. Les Arabes de la Terre-Sainte nom-
ment de la forte ce qu'on appelle ailleurs des Kans
& des Caravanferas.
go- CASERNE, f. f. Logemens qu'on fait dans une
ville , ou fur le remparr même pour loger les Sol-
dats de la garnifon , & pour foulager les Bourgeois.
CafiiLi. On loge ordinaircmenr dans chaque cham-
bre douze foldats , qui montent la garde alternative^^
Ppij
^co CAS
m/nt. Le Roi a fait barir dans ics villes de guette
des cajernes magnifiques , qui font de gtands
ôtels pour loger les garnilbns.
gCF" On a aufli donné le nom de cafernes à des bâti-
mens magnifiques , de grands hôtels que le Roi
vient de faire bâtir dans plufieurs endroits aux en-
virons de Paris , pour loger les Gardes Suiffcs.
CASERNER. v. n. Loger dans des cafernes. On fit
cdferneT la garnifon.
^fT On dit adivement , caferner des Troupes , les
renfermer dans des cafcr/ies.
Caserne , part. Sa Majeilé ordonne que dans les routes
fes troupes Cei:om cajernées , comme il fe pratique
dans les lieux où'elles tiennent garnifon. Ordonn.
de 1718.
|Cr CASERTE. Cafirta. Petite ville d'Italie , au
Royaume de Naples , dans la terre de Labour , avec
un Evèché fuffragant de Capoue.
^CF Cette ville donne fon nom à une montagne
voifine.
CASETIN. f. m. Terme d'Imprimeur, diminutif de
café. Ty forum cafula , locuLus , lociimentum , cap-
fiila. Les cafetins font les différens compartimens ,
ou petites loges carrées de la café , chacun defquels
eft deftiné à un caradère. Le cafetin de VA , du
B, &CC. On dit aufli Cassetin.
CASEUX , EUSE. adj. Qui eft de la nature du fro-
mage. Epithète qu'on donne aux parties les plus grof-
fîères du lait , dont on fait des fromages. Cafearius.
On les appelle zufTi fromage ufes. Le lait d'âneife ne
contient que peu de parties cafeufes ; mais celui
de vache en contient beaucoup.
Ce mot vient du latin cafeus , qui fîgnifie fro-
mage. Voyez Lait.
|3= CASHEL ou CASSEL. Ville d'Irlande, dans la
Province de Munfter , au Comré de Tipperary.
• C'étoit autrefois la capitale de la Province. C'eft
encore le ficge d'un des quatre Atchevêchés d'Ir-
lande.
l CASI. f. m. Terme de relation. Juge des caufes ci-
viles en Pcrfe. Jiidex rerum ou caufariim civi-
lium cognitor. C'eit un homme de loi , car en Perfc
les caufes civiles font rcfervées au Clergé.
CASIER, f m. Vieux mot, qui eft encore en ufage
en Picardie , & dont une des cent Nouvelles Nou-
velles donne l'explication en ces termes : Pour vous
donner entendre quelle chofe eft ung cajier , c'eft
unç garde mangier en la façon d'une huche, long
8c étroit pour raifon Se aflez profont , où l'on mufîe
• les œufs &c le beure , le fromaige & autres telles
" vitailles. Cafîer vient de cafearius , fous en-cntendant
/ocus , le lieu où l'on ferre le fromage , &: que les
* Latins nomment d'un feul mot , cafeale. Monet l'ap-
pelle Chajier qui eft aulfi dans Nicot,
^C? CASIGLIANG. Autrefois ville épifcopale , pré-
fentement Bourg de 'l'Etat de l'Eglife , dans le
Duché de Spolete.
CASILLEUX. adj. Nom que les Vitriers donnent au
verre, lorfqu'il fe cafle en plufieurs morceaux , quand
" ils y appliquent le diamant pour le couper. Fra-
• gilis. Cela arrive à celui qu'on a retiré trop
- tôt du fourneau , où il n'a pas eu affez de recuite.
- Celui qui eft bien cuit fe coupe facilement.
§Cr CASIMAMBOUS. (les) Nation particulière d'A-
' frique , dans l'île de Madagafcar dans la Province
• de Mantane. Ils font tous Ombra/Tes ou Ecrivains ,
■ & enfeigncnt à lire &: à écrire l'arabe dans les vil-
' lages où ils tiennent leurs écoles.
gCF^CASIUS. Terme de Mythologie. Surnom don-
né à Jupiter à caufe d'une montagne d'Arabie , à
l'entrée de l'Ei^ypte, où il étoit particulièrement ho-
■ noté fous la forme d'un rocher efcarpé , ayant un
aigle à côté de lui.
CASLEU ou CISLEU. f. m. C'eft le nom du neu-
■ vième mois des Hébreux. Hofman. Les Auteurs du
■ Moréii difent du dixième mois : Zackarie VII. i ,
" l'appelle le neuvième. n5;l1«n, iVoziaiy&'nn tznnhi
" c'eft- à-dire ; le quatriime jour du neuvième mois ,
*- \jni ejî Cafleu, Les Hébreux ne donnèrent point d'à-
CAS
bord de noms à leurs mois. Ils difoient feulement
le premier , le fécond , le ttoificme mois , comm.e
on le voit dans le Pcntateuque. Ils ne leur impo-
sèrent des noms particuliers , qu'après qu'ils eurent
eu du commetce avec les Chaldécns , & fur-tout
au retour de la captivité , pendant laquelle ils pri-
rent une partie de la langue Se des ufages de leurs
Maîtres. Le nom de Cafleu ne fe trouve aufli que
dans les livres écrits depuis la captivité , Zacharie j
El'dras & les Machabécs. Il commcnçoit à la nou-
velle lune de Novembre.
Quelques Auteuts conjedurent que le nom Cafleu
vient de Vd^ , Chejïl, qui dans Job , IX , 9 , Amos ,
K , 8 , eft pris par S. Jérôme pour la conftellation
d'Otion -, qu'il fut donné à ce mois , parce que
cette conftellation fe couchant avec le foleil pen-
dant ce mois-là , elle excite des tempêtes.
gC? CASMINAR. Voyei Cassummuninar,
Ip" CASOAR. Voye'i Casuel.
CASPIE. Nom que quelques Auteuts &: ^L Corneille
lui-même , de l'Académie Françoife , donnent à la
mer d'Hircanie. Je ne fais pourquoi ils difent Cajpie ,
communément on dit Caj'pienne , Se c'eft l'ufage,
Cafpie eft latin plutôt que françois. Voye^ Cas-
riEN , adj.
CASPIENS. Nom de peuple. Cafpius , a. Les Caf-
piens étoient des Scythes , qui habitoient la cote
méridionale de la mer qu'on appelle de leur nom ,
mer Cafpienne , & qui étoient voifîns des Hircaniens.
Les Cafpiens avoient la coutume barbare d'enfermer
leurs parens quand ils avoient atteint l'âge de 70
ans , Se de les laifler mourir de faim. Strab. Liv.
XL Valerius Flaccus , Liv. VI, v. 106, dit en-
core une chofe fingulière de ces peuples. C'eft qu'ils
avoient des chiens aguerris , Se qui combattoient
* avec leurs maîtres. Aufîl leur rendoit-on après leur
mort les mêmes honneurs qu'à leurs maîtres , les
enterrant avec eux. Alex, ab Alexandr. L. III , c.
38. Jufte Lipfe , Centur.l , ad Belgas f/». 44. Elie
Reufner, Art. Stratag. L. /, c. ij. Gafp. Fafcius ,
Axiom. Bell. c. 94, parlent des Cr^/tf/zj.
Caspien , ENNE. adj. Nom que Ton donne à différentes
chofes , ou lieux , qui appartenoient aux Cafpuns ,
qui en étoient voifins.
Les montagnes Cafpiennes , en latin montes Caf-
pii , font une longue chaîne de montagnes , qui
s'étend fort loin du feptentrion au midi , entre
l'Arménie majeure Se la mineure depuis la mer Cap
pienne jufqu'au mont Taurus. C'eft des monts Caf-
piens , ou des montagnes Cafpiennes , que les Turcs
fortirent au milieu du VHP fiècle , & qu'ils inon-
dèrent l'Arménie en 755.
Les portes Cafpiennes, Portez Cafpicc. Le mont
Taurus s'ouvre en trois endroits , où il laiffe des
chemins qui donnent entrée , l'un dans l'Arménie >
l'autte dans la Cilicie, & le troifième dans la Médie.
Outre cela il y avoit un paflage de la Médie dans
l'Albanie , à l'occident de la mer Cafpienne , entre
les hautes montagnes Se cette mer. Quelques-uns ont
pris ce col de montagnes pour les portes Cafpien-
nes ; Maty eft de ce nombre , Se M. Corneille Ta
copié. On s'y étoit trompé dès le temps de Pline.
Il en avertit au C. Il , de fon VI^ Livre, Se dit que
ce font là les porrcs Caucafiennes , & non pas Caf'
piennes. Il eft étonnant qu'après cela on s'y trompe
encore aujourd'hui. Les portes Cafpiennes ne font
point dans le mont Caucafe , ni le partage qui con-
duit du pays des Cafpiens dans l'Albanie -, c'eft-
à-dite , de la côte méridionale de la mer Cafpienne
à la feptenttionale , en pafîant le long de la côte
occidentale de la même mer. Les portes Cafpiennes
ne font pas même dans les monts Cafpiens ; elles
font dans le mont Taurus , Se font la communica-
tion de l'Aflyrie avec la Médie : c'étoit un partage
fort éttoit, long de huit mille pas -, il avoit été
taillé dans le roc , Se il n'y pouvoir paifer qu'un cha-
riot à la fois.
Ces portes Cafpiennes étoient , félon Pline , fous
le même parallèle que la Cappadoce , le mont Tau-
CAS
rus , le mont Amanus, Tlffas , les portes de Cllicie ,
Tarie , l'Ile de Chypre , l'île de Rhodes , &c. &
par conlequenr ce poLirroit être le paHage qui donne
entrée dans l'Albanie. Ptolcmce les place auflî beau-
coup plus au midi que ce paliage. Fof/èi fa cin-
quième planche ou table de l'Aile -, & Plmc , Liv.
VJ , c. 1 1 , 14 & 34. On les appelle qiîelquefbis
les portes is Te fis.
La mer Caspienne j qdè quelques-uns appellent
mer Caj'pie ; mais Cafpienne eft plus en ulat^e, ou
jiplutôt leul en ufage. On la nomme auffi dans l'an-
tiquité, la mer d'Hircanie ou Hircanienne. Pline
dit , L. VI , c, 1 5 , qu'elle s'appeloit Cafpienne de-
puis Cyrus. On l'appelle aujourd'hui communément
de ce nom , & on lui donne encore ceux de mer
de Sala , de Bâcha , de Kilan , de Tabariltan , &c.
Mare Caj'pium ou Hircanum. Il femble cependant
que c'ctoit la partie orientale que l'on appeloit pro-
prement mer d'Hircanie , & la partie occidentale
CaJ'pienne ; mais on ne garde point exaélement
cette difHnftion , Se l'on a donné ijidifFéremment
ces deux noms à toute cette mer , à cauie que les
Hircaniens & les Cafpiens habitoienf les côtes mé-
ridionales & les pays voifms de cette mer ; les pre-
miers du côté de l'orient, & les féconds à l'occident.
D'autres difent qu'elle prit ces noms des montagnes
Cafpiennes , qui la reflerroient du côté du couchant ,
& des montagnes Hircaniennes qui la bornoient au
levant.
Quoi qu'il eh foit, c'efl un grand lac qui n'a
de communication fenlible avec aucune mer, quoi-
que Pline Se les Anciens ne l'aient regardé que
Comme un golfe de l'Océan Scytique , ou qu'ils
aient cru que cette mer avoir communication aVec le
Palus-Mxotide. Cependant toute l'Antiquité n'a pas
penfé ainfi. Hérodote &: Diodore de Sicile con-
viennent que la mer Cafpienne n'eft jointe à au-
cune mer. C'efl: fa vafte étendue qui lui a fait don-
ner le nom de mer. Clitarque dit dans Pline qu'elle
eft aulli grande que le Pont-Euxin. Eratollhène lui
donnoit cinq inille quatre cens ftades du nord
au midi-, c'eft-à-direi environ iij lieues ; quatre
mille huit cens ftades , c'eft-à-dire , ii6 lieues
dans un autre • fens , & encore 1400 ftades qui
font environ 6à lieues. Noils rie lavons pas au
jufte l'étendue de cette iner. On croit qiie l'opi-
nion la plus probable eft celle qui lui donne 2(îo
lieues du levant au couchant , & environ 200
du nord au midi. Cela revient à ce que dit Era-
tofthène. Oléarius écrit que fa longueur depuis
l'embouchure du Volga Jufqu'à Fcrabath dans la
Province du Mefanderari j eft de huit dégrés , qui
font fix vingts lieues d'Allemagne -, & fa largeur
du levant au couchant , de fix dégrés , qui font po
iieues. Tout cela paroît copié d'après Pline.
Quinte-Curce a écrit, Liv. IF, c. 4, que les eaux
de la mer Cafpienne ibnt plus douces que celles
des autres mers. Cela n'eft pas vrai , excepté du
côté de l'Hircanie , qu'elles lie font en effet ni
douces , ni lalées. Hotfinan a donc eu tort d'ailli-
rer ablblument & généralement que les eaux de
la mer Cafpienne font douces. Cette mer eft ex-
trêmement poilfonneufe , 6c Quinte-Curce dit qu'elle
nourrit des ferpens d'une longueur prodigieufe. Il
ne fort aucune rivière de cette mer i & il y en en-
tre un grand nombre & de très-grandes, comme
le Volga , le Jaik, le Chefel, le Jehun & l'Araxe. On
ne iait ce que deviennent toutes ces eaux. On con-
jedure qu'elles s'écoulent par des conduits fou-
terrains , ou dans la- mer Noire , ou dans le golfe
Perfique , ou au travers de la terre dans l'Océan
de l'hémifphcre oppolc ; ou qu'elles vont fourdre
■ en diflcrens endroits de la terre pour faire des fleuves
comme par exemple l'Euphrate , le Tigre , &c.
CASQUE , f. m. Arme défenfive pour couvrir la tête Se
le cou d'un Cavalier , qu'on appelle autrement
heaume. Galea , caffis. Boileau , en parlant de l'in-
conftance de l'homme , conclut ,
CAS
^01
Il tourne au moindre vent, illoHibe au moindre choc.
Aujourd'hui dans un calque, & demain dans un froc.
Autrefois en France les Gendairme'^ avoient
tous le cafque. Le Roi le pôrtoit doré ; les Ducs
■& Comtes argenté ; les Gentilshommes d'ancien-
ne race le portoicnt d'un acier poli, Se les autres
amplement de fer. Le Gendre.
Ce mot vient de ca(ficum ou cafjîcus j diminutif
de cafjîs. Ménage. Sa racine a fignilié une chofi
vide Se creufe. On dit en eipagnof cafco , pour li-
gnifier la tête , ou un morceau d'un pot de terre
calfc. On dit aulfi cafquer , comme le montre Nicoti
en rapportant ces mots d'une Ordonnance de Fran-
çois I, touchant les fervices que font obligés de
rendre ceux qui tiennent des iiefs du Roi. Et celui
qui tiendra Jiefs ou trois cens livres de revenu par
an ,fera un homme de pied avec le corps de halle-
cret , le cafquet & la pique.
On trouve aiilli des cafques fur les médailles ; &
l'on y reconnoit les diiférentes façons de ca/ques i
la grecque , à la romaine. C'eft la plus ancienne ar-
mure de tête qui paroiffe fur les médailles , Se la
plus univerlelle. Les Rois , les Empereurs & les
Dieux-mêmes s'en font fer vis. Celui qui couvre la
tcte de la figure de Rome a d'ordinaire deux aîles i
comme le Pctafe de Mercure -, celui de quelqueà
Rois eft paré de cornes de Jupiter Ammon , ou
funplcment de taureau , ou de bélier , pout mar-
quer une force extraordinaire. P. Jo.
Casque , fîgnifie aulli figurément la tête. Caput. Il en
a dans le cafque ; pour dire , il a un peu la cervelle
brouillée, foit de vin , foit de folie. En ce fens , il
eft bas. Il manque un clou à. fon cafque ; pour dire i
il eft un peu fou.
Casque de Pluton. Les Cyclopes , félon la fable, en
fabriquant la foudre de Jupiter , firent aulli un cz/-
^wf pour Pluton. Ce cafque avoit la propriété de
lailfcr voir tous les objets , fans que celui qui le
portoit put être vu lui-même, Perfée emprunta ce
cafque admirable , dit Hygin , pour aller combaure
Ricdufe.
Casque , qu'en termes de Blâfon on appelle aulîî
timbre , fc met fur l'écu pour fon principal orne-
ment. C'eft la vraie marque de Chevalerie & de No-
blelfe. Les Allemans mettent plulîeurs cafques fur
leurs armes , quand ils ont plufieurs fiefs ou titres
qui leur donnent des voix dillcrentes dans les Cer-
cles de l'Empire. Les Eccléfiaftiques mettent aulîî
le cafque fur leurs armoiries , quand ils font Sei-
gneurs temporels: & quelques Evèquesle pratiquent
en France ,i:omme les Evêques de Cahors & de Gap,
En Allemagne , les Electeurs Eccléfiaftiques mettent
Autant de cafques qu'ils ont de fiefs qui leur don-
nent féance dans les Cercles. Il y a eu un Arche-
vêque de Cologne qui en a porté jufqu'à fix. Les
auteurs donnent divers noms à ces timbres ou caf-
ques. Uhnpérial eft celui fur lequel s'éleva une
aigle-, le Roy al ■> ct\\x\ qui eft couronné ; le fzWr^
d' exclamation , celui qu'on portoit dans les tour-
nois , lorfque les Hétauts crioient pour faire con-
noître ceux qui enuoient dans la lice \ le timbre
éloigné , celui qu'on portoit quand on alloit cher-
cher les aventures -, le timbre de hurte , celui qui
étoit affilé en pointe par le devant pour faire glif-
fer le coup-, le timbre de vol, celui qui avoir un
vol au-deflus -, le timbre de défenfe , qui étoit en~.
tièrement fermé ■■, le timbre de tourbe , celui qui étoit
tout uni pour les courfes , qu'on appeloit la tourbe
ou la foule , lorfqu'on couroit plufieurs enfemble i
& que l'on combattoit comme dans une mêlée , ^c.-
En Blâfon , on diftingue les cafques ou timbres
par la forme Se la fituation. Ceux des Rois font d'or j
ceux des Princes Se des grands Seigneufs , d'argent ;
Se ceux des fimplcs Gentilshommes , d'aciet poli,
A l'égard de la forme , ceux des Souverains font
] ouverts , Se tarés de front , & ont la vifière levée ;
les autres font à demi-fermés & à divers nombres
^oi CAS
d- c-ïUles , qu'on compte pouï marquer les di^^ers |
àc^ncs de qualité. Les moindres Ibnt tout - à -
fait fermés. Et à l'égard de la iiruation , elle eft ou
de front ou entière , de en profil. Le caf^uc ferme
ÔC en profil, eft la marque d'un fimple Gentilhomme ,
ou d'un loldat qui s'eft (ignalc. Le cajljue terme
^ placé de front , marque une noblelle nouvelle,
mais acquife par quelque adion héroïque. Le grille
èc en profil ell la marque d'un Gentilhomnie qui
n'a vue que (ur tés lujets. Le grillé & de front ,
eft celle d'un Capitaine qui a commandement lur
les troupes. Le rafyia ouvert 5c de profil eft la
marque d'un grand Seigneur qui a un grand fief
dépendant dirRoi. Et enfin le cajijue ouverr & de
front ell: celle d'un pouvoir ablblu &: iouveram.
Mais toutes ces diftinif ions font da dernier fiècle ,
Se on ne les oblcrve plus -, car autrefois tous les
cafques étoicnt fermes. Voyei Heaume.
fCT Ce terme eft quelquefois employé en Botanique.
Tournciort appelle fleurs en cafjue , celles qui par
leur form • rellemblentà cette armure de tête. Telle
eft la fleui de l'aconit. Flos gaUatus.
Casque , en termes de Conchyliologie , fe dit d'une
groife coquille que fournit la mer des Indes ,
& que les Rocailleuts emploient à faire des grot-
tes parmi les autres coquilles. Galea concha. On les
apoelle caf.jues , à caule de leur figure. Ce coquil-
lage paroît doublé par dedans , &: fur les bords ,
qui font épais , plats &: dentelés. Par le dehors il
eft dentelé d'une agréable ruftique , relevé de plu-
lîeurs petites to.ies qui font entrelacées de petits
compartimens , fur leiquels on voit ondoyer un
panache de diverfes couleurs.
-J'en ai vu un fi gros , &: fi reflemblant , qu'on l'eût
pris pour un vénz3.h\Q.cafque. difques pavés. Ger-
SAINT.
CASQUE , EE. adj. Terme de Médaillifte. Qui a un
cafque en tête. Galeatus , GaUà teclus , a , um. Une
Pallas cafquce , ayant fon bouclier au bras gauche,
&: lançant un javelot de la main droite. Conftanti-
nople eft repréfentée fur les médailles par une tête
cafquée. Dioclétien, Conftantin, Probus & quelques
autres Empereurs font répréfentés quelquefois caj-
qués fur leurs médailles -, les premiers Empereurs
ne fe font point cafqués , &c même parmj ceux du
troificme Se quarricme ficelés cela eft plus'ïare que
la tcre nue , ou couronnée de laurier. Tère cafquée.
Avant la décadence de la République - Romaine ,
les médailles confulaires font marquées fimpleinent
de la tête de Rome cafquée , ou de quelque Déité ;
Se le revers , d'une Vidoire rraînéc .1 deux pu à
quatre chevaux. Science des MédailUs. La fplen-
deur des villes fe reconnoît fur les médailles par
des aîles. Ainfi voit-on fréquemment Rome cafquée
6-: allée. Mém. de Trév.Nov. 1754.
^ CARS. Palais ou Château, dans lequel un Roi
ou un Prince fait fon léjour ordinaire dans les pays
orientaux , fur-tout en Perfe & dans les pays voi-
fins. u'Herb. Bibliot. Orient.
tfT CARS- AHMED. Petite ville de la Province d'A-
frique, proprement dite , qui eft comme le magafin
des bleds de tout ce pays.
^ CASSADE. f. f. Menfonge pour plaifanter , ou
pour fervir d'excufe ou de défaite. On appelle don-
neurs de caffudes , des gens qui promettent beau-
coup , & tiennent peu.
A certains jeux de renvi , comme le bréland , on
dit faire une caffade ; pour dire , faire un renvi avec
un vilain jeu , afin d'obliger les autres Joueurs à.
quitter. C'cft un grand faifeur de ca(fades.
Ce mot vient' de ce qu'un Manceau , pour
s'exempter de prêrcr fon cheval à fes amis , leur difoit
toujours qu'il avoir une caffade , qui eft lin vieux
mot qui iignifioit alors une blepire de cheval. Il
eft familier.
^ CASSAIGNE. Petite ville de France dans la Gaf-
cogne , au Diocèfe de Condom , à trois lieues de
Condom.
éCASSAILLE. f. f. Terme de labourage , qui fe die de
CAS
la levée des guérets , quand il faut cafler Si ouvtk
la terre pour lui donner fon premier labour , fa
première façon. Obtritus. La caffaille fe fait entre
Paquc Se la S. Jean.
CASSA -LIGNEA ou CASSI A - LIGNE A. f. f. Quel^
ques Auteurs l'entendent de la calfe en bâton ; mais
la véritable cafa- /ignea cQ: un bois aromatique ,
qui eft une efpèce de cinnamone. Diolcoride l'ap-
pelle de la caffe dure.
CASSANDRE. l. f. Fille de Priam & d'Hécube. Caf
Jandra. Elle obtint d'Apollon le don de prophéti^
mais ayant refufe à ce Dieu ce qu elle lui _ avoit
promis , il fit que lés prédirions ne furent jamais
crues. Elle devint captive d'Agamemnon , qui
l'emmena à Argos. Elle mourut à Amyclée , ville de
Laconie,& y Vur reconnue pour une divinité. Les
Amycléens lui bâtirent même un remple.
Cassandre. f. f. Sorte de danfe du temps de Ronfard.
C'étoit le nom de famaïtrefie.
Cassandre. Golfe de Mégaris & de Cafandre. C'eft
un f^olfe qui eft entre la Troade & l'Ile de Téné-
dos'.jufqu'à celle de Mételin , & qui a cent mille
de long, Cafandrœfînus , Megaridisfinus, Ce golfe
eft dans;ereux. Du Loir,/'. 185;.
^ CASSANO. Ville du Royaume de Naples dans
la Calabre citérieure , avec un Evcché fufftagant de
Cofenza.
«C II y aauiîi un gros bourg de ce nom dans le Du-
ché de Milan , entre Crème &: Bergame.
CASSANT , ANTE. adj. Qui fe caflé aifément , corps
dont la dureté eft accompagnée de fragilité. Fra-
gilis. L'albâtre eft une pierre fort caffante. Les mé-
taux aigres font fort caffins. On dit auffi qu'une
mine eft caffante , quand le métal qu'on en tire eft;
caffant.
0Cr Cassant , eft oppofé à dudile , malléable.
ftT On le dit aulTi de la chair & de la fubftance
de certains fruits. On appelle poires caffantes , &c
poires qui ont la chait caffante , celles qui fe caf-
fent , qui font légère réfiftance fous la dent ; par op-
pofition à poires fondantes , qui fondent dans la
bouche. Le mellîte-jean , le martin - kc , &c. font
des poires caffantes ; le bon - chrétien , les amado-
tes ont la chair caiïante.
CASSATION, f. f. Terme de Palais. Jugement pat
lequel on caffe un ade ou une procédure pour caufe
de nullité. Abrogatio. Il pourluit la cnffation de foa
mariage , du teftament de fon père. On fc pourvoit
contre les arrêts au Confeil par caffation. Un de-
mandeur en caffation. Aux Requêtes du Palais , de
l'Hôtel &: au Confeil , on prononce pat caffluion de
tout ce qui a été fait au préjudice du renvoi fait
devant eux. Les défenfes portées par les arrêts
prononcent Toujours , à-peine de nullité , de caffa-
tion de procédures, &c. Une requête en caffation
n'empêche pas l'exécution du jugement. Ceux qui
fe pourvoient au Confeil en caffation d'arrêts & de
jugemens contradiéloires , tant du Grand-Confeil
que des Cours & Juges en dernier reflbrt , font obli-
gés , en préfcntant leur requête , de configner l'a-
mende de 450 livres -, favoir 500 livres pour le Roi,
6c 150 livres pour la parrie , qu'il ne retire point,
s'il iuccombe en fa demande. Si les jugemens font
par défaut ou congé , l'amende envers le Roi n'eft
que de 150 livres, & de 75 livres envers la par-
tie.
Les moyens de caffation font 1°. Quand un ar-
rêt fe trouve diredement contraire à un autre ar-
rêt , 5c que tous les deux ont été rendus contre la
même partie. 1° Quand les formalités font contre
la difpofitionexpreflé des ordonnances ou des cou-
tumes. 3". Quand les fonnalirés prefcrites par les
Ordonnances n'ont pas été fuivies.
Larrey dir auffi caffation du Parlement , en par-
lant de celui d'Angleterre.
Ces mots viennent du latin quajfare. Secouet
avec force.
CAS SAVE. 1". f. Cdffavi. C'eft proprement une farine
grofllère de la racine du manyoque. On fait diins
CAS
leç îles de l'Amcnque des gâteaux avec cette fa-
rine, & on les appelle des pains de caffave. Le jus
de la caffave eft un poifon fort dangereux ; mais
fon marc Icrt-à faire le pain. Les Indiens occiden-
taux ne mangent que du pain de caffave , à caulè
que notre blc ne vient point en Amérique : il levé
trop tôt, &: ne jette 'que de la paille. Foye^ Ma-
NYOQUE.
CASSE, {'. £ Foye:^ Cas , adj.
Casse, f. f Terme de Droguifte. Cajîa ,Caffîa; SUi-
qua Caffîce. C'eft la moelle du fruit ou des filiques
clu cadier. Elle eft fort employée en médecine. Au-
trefois on tiroir du Levant toute la caffe qu'on em-
' ployoit en France : à prcfent elle vient des îles d'A-
mérique, où elle eft devenue ii abondante , qu'elle
en fourniroit une partie de TEurope. La caffe du Le-
vant eft ordinairement plus pleine de mocfle que
celle d'Amérique. La moelle de caffe eft un purga-
tif plus doux & des moins malfailans. Elle fert de
bafe à la plupart des éleduaires purgatifs. La tein-
ture de caffe eft une infufion légère de fa moelle*
réparée des gouffes & des femences , à laquelle on
ajoure une certaine quantité de fucre en poudre
pour la conierver & empêcher qu'elle ne s'aigrllfc.
On confit en Amérique les jeunes goufles ou iili-
ques de caffe ; on ftit auifi une confiture de lés
fleurs , & on fe fert de toutes les deux pour purger
ies enfans & les perfonnes qui craignent l'odeur de
la caffe.
Il y a une autre efpèce de caffe qui vient au Bré-
fil , elle n'eft pas d'ufage. Foye^ Cassier.
Casse odorante ou aromatique. Foyei Cassia-
LiGNEA. C'eft la même chofe.
Casse lignifie encore la partie d'une écritoirc por-
tative oii l'on met les plumes.
Casse ou QuAissE,en termes d'Architeélure , fe dit
de l'efpace qui eft entre les modillons des corni-
ches , dans lequel il y a d'ordinaire des rofes tail-
lées. Modio/i. Ces caffes doivent être carrées dans
tous les ordres.
Casse. Terme d'Imprimerie. Longue caiffe , partagée
en plufieurs petits carres , dans chacun defquels
font tous les caraélères d'une même lettre. On dit
auHi café , mais caffe vaut mieux.
Casse, en termes de Charpenterie , eft la partie du
gouvernail d'un bateau foncet, qui fort en dehors
du vaifleau , & qui en foutient toutes les planches
jufqu'au faffran.
Casse d'affnage , en terme de Monnoie , eft une cou-
pelle où l'on affine les matières d'argent. Catintis
excoquendo argento. La caffe eft faite de recoupes
de pierres de taille les plus dures , de charbon &
- de grès bien piles , & de cendres lefTivées. Il y a
xm couvercle de grès fur cette caffe, zfm d'entre-
tenir la chaleur des matières fondues , & ce cou-
vercle a une couverture par où l'on jette du char-
ton fur les matières fondues
Casse , chez les Orfèvres , eft une jatte ou vaifTeau de
terre qui fert à affiner , & féparer l'or & l'argent.
Catinus excoquendo aura & argento. Ce vaifTeau
eft ordinairement fait de cendres de leffive d'os
piles.
Casse, en termes de Verrerie, eft une cuiller de
fer fort grande , avec un long manche , dont on
fe fert poui tirer le mafTicot. Cochlear ferreum lon-
giori inftruclum manubrlo.
Casse eft auffi un terme dont on fe fert en parlant
des métaux qui font caffants. Du fer clair à la
caffe , eft du fer qui paroît clair , blanc & bril-
lant , dans les endroits où il eft rompu.
fO" Les gens de guerre fe fervent auffi de ce mot ,
mais dans très-peu d'occafîons. Il craint la caff'e ;
pour dire, d'être caffé. Cela mérite la caffe. Com-
pagnie vacante par la caffe. Acad. Fr
fer On appelle lettres de caffe, l'ordre du Roi pour
caffer un Officier. On dit aufTi proverbialement &
baffement dans le même fens , donner la caffe à
quelqu'un, le deftituer, cafler aux gages ; eA-rtw^o-
rare aliquem, . ,
CAS 50 j
Casse. Jcrme de Commerce. C'eft une efpèce de
moufîelme, ou toile de coton , blanche , très-fine ,
qui vient des Indes orientales, particulièrement
de Bengale.
On appelle caffe en quelques Provinces , une
chaudière de for ou de potin •,& ce nomdiftingue
ces fortes de vaiffeaux de ceux qui font de même
ft'gure, & qui font de cuivre, qu'on appelle c/za«-
dures dans le même lieu. En ce fens Va de ce nom
eft bref-.
Ce mot vient de caffs , cafque de métal , poc
de ter dont les foldats armoient leur tète.
Il y a encore des Provinces , comme l'Anjou , la
Normandie, fo Maine & le Beauvoifis , où le mot
caffe , avec ['a bref, fignifie la même chofe que
A^cAe/m^ ; d'autres , comme la Champagne, où il
fignifie un baifm de cuivre à longue queue récour-
bée par le bout, afin dé le fufpendre. Il fert à
puiler dans le fceau & à boire , & dans ce fens on
dit une caffeiée ; pour dire , plein la caffe.
On apptlle encore caffe, le trou ou le pertuis
dune aiguille. Il eft des aiijuilles à caffi ronde,
â caff longue Se à deux caffes. Les aiguilles àta-
piilenc font à caffe longue. La première fyllabe de
ce mot eft longue.
CASSE. Les Confifeurs appellent du fucre à caffé ,
celui qu'on a poulie jufqu'au cinquième degré de
cuKfon. On reconnoît qu'il eft à ce degré , lorf-
qu'on trempe le doigt ou un petit bâton dans l'eau
fraîche, & qu'on le retire pour le plonger dans le
fucre bouillant , de qu'après l'avoir reporté une fé-
conde fois dans l'eau fraîche, le fucre attaché au
doigt ou au bâton , devient Cec dans cette eau ,
& eft facile à caffer ; car s'il eft encore un peu mou,
& qu'on le puiflé manier & paîtrir , il n'eft pas
encore affez cuit. Les pâtes d'abricots , de prunes ,
de poires , de cerifes , &e. fe font avec du fucre
à caffé , les conferves de piftaches , & quelques
autres demandenr auffi du fuc à caffé^
CASSEAU. f. m. Terme d'Imprimerie. C'eft la moi-
tié de la caffe où les Imprimeurs placent les let-
tres ou caradères , en fuppoCant la caflè partagée
horifontalement dans fa longueur.
CASSE-COU. f m. On appelle ainfi un endroit oiV
on court grand rifque de tomber. Cet efcalier eft
un vrai caffe-cou.
CASSE-CLTL. f. m. Terme populaire , pour fignifier
une chute qu'on tait en tombant fur le derrière. H
s'eft donné un caffe-cul fur la glace.
CASSEE, ou MONT-CASSEL, Ville de Flandre.
Cajtellum, Cajlellum Morinorum. Caff'el eft fitué
fur une montagne. Philippe de Valois la prit par
affaut en 1518, après avoir vaincu les Flamans ré-
voltés contre leur Comte , & y mit tout à feu 3c
à fang. La bataille de Caffel, eft une bataille don-
née en xC-j-j proche de Caffel, où feu Monfieur ,
frère unique du Roi , fortant de fes retranchemens
devant Saint Omer qu'il afllégeoit, défit entière-
ment l'armée d'Efpagne & de Hollande, com-
mandée par le Prince d'Orange qui venoit au fc-
cours de la place.
Caff'el diffère du méridien de l'Obfcrvatoire ds
Paris de o^. z8'. o". orient , ou 7^. o', o"; & a par
conféquent "i^Td, ji'. 50". de longitude, & 51^.19*
20". de latitude leptentrionale. Cassini.
Caffel eft encore une ville d'Allemagne , capitale
du Landgraviat de Hefle-Caffel , Cajélia, ou Caf-
Jilia , Cajlellum Cattorum. Quelques-uns préten-
dent que c'eft le Stereontium des Anciens,
^ CASSE-MOTTE. Maffue de bois , cerclée de
fer , avec un manche d'environ quarre pieds ,
dont on fe fert dans les terres fortes , pour caffer
les mottes.
CASSE-MUSEAU, f m. Terme populaire. Coup qui
offenfe le vifage. On appelle aufTi par antiphrafe ,
caffe-mufeaux , de petits choux , ou une efpèce de
pâtiflcrie molle , tendre , creufe &C fort délicate,
Pifiorius globulus.
304 CAS
CASSENEUL. Ville de France en Cuicnne , clans
l'A^enois, lur la rivièfe de Lot.
•CASSE-NOIX ou CASSE-NOISLTTE. Petite inRru-
ment de bois en forme de tenaille , qui Icrt a cailcr
■des noix, ou des noilcttes , qu'on lervoit autrjioii.
fur table. Il y a un autre inftrunient diticrent de
celui ci , & qui l'ert au même ulàgc.
Il pft lait en forme de vis dcl'cenuante qui entre
dans une boîte ouverte par le côte , pour faire en-
trer la noiiette.
CASSE-NOIX. i'. m. C'eft un oileau que l'on appelle
auttement Mer/e de pierre , & en latin , Ahru/a
Jaxacilis. Il eft plus grand que le merle , taclijtc
comme l'ctourneau , & noirâtre pat dcllus. 11 .il
pourtant moins couvert de taches lur la tcte & lur
le dos , que fur les aîles. Il eft divernfié de taches
blanches en forme de croiiiant par tout le corps ,
qui font plus «grandes llir les ailes ik au le derrière
que fur la tête. Tout le devant, depuis le bec jul-
qu'à rextrêmitc du ventre , eft jaunâtre , &c tacheté
de marques de couleur de rouille & blanches. Elles
font de diffcientes grandeurs. Les grandes plumes
des aîles font noires" &c blanches à l'extrémité des
bords. Le delfus de fa queue efl: noir , & le deîfous
de couleur de rouille-, les pieds bruns. Enfin, cet
oifeau eft très-beau, & très-agrcable a voir, à caule
de la diverfitc de les taches.
On appelle auHl cajp-noix , une cfpece de geai.
En latin , graculus alpinus.
CASSENOLLE. f f. Drogue fervantaux Teintutiers.
GalLi. Ceft la même chofe que la noix de galle qui
vient fur quelques chênes.
CASSER. V. a. Rompre , brifer. Frangere , confrin-
eere. Un peu de plomb peut cafer la plus impor-
tante tête du monde. Voit. On cap la tête aux
déferteurs en les pailant par les armes. Capr des
noix , citffer un verre.
Ce mot vient de cafare,dc la baffe latinité ,
qui a été fait de l'ancien quajfcire , fignifiant la
même chofe. Ménage.
&3- Casser , eft aulfi réciproque. En élevant cette
machine , la corde cafa. Une poire cap fous la
dent. Certains corps dont la dureté , eft accompa-
gnée de fragilité, efpèce de dureté, qu'on fuppofe
produite par l'engrencment mutuel des parties, fa-
cile à détruire , cajfent ou lé cajjent facilement.
Casser , fignifie aulfi , égruger , réduire en menues
parties , comme , cajfer du grès , du fucre. Oburere ,
conjiringere.
On dit aulTi en termes d'Agriculture , cajjer la
terre , en parlant de la première façon , du premier
laboii'r qu'on lui donne, quand on levé les guérets
d'une terre qui s'eft repol'ce quelque temps. Il fait
très-bon caffer les terres , lorfqu'ellesnefont ni trop
dures , ni trop molles. Liger.
Casser , en terme de Palais , lignifie , annuler un
écrit , une convention , un contrat ■■, le rendre nul
fie comme non fait. Abrogare , reJcinJae. Ce ma-
riage , ce teftament ont été ca[fes par arrêt. Le Con-
feil du Roi cajfe les arrêts des Parlemens. Les Re-
quêtes du Palais , & de l'Hôtel , cafent tout ce qui
a été fait au prcjucice du renvoi fait en leur juri-
diéfion , comme un attentat.
Casser une charge, c'eft la fupprimer. Un Officier
qui en eft pourvu , c'eft le dd^ituer , l'en dépoffe-
fler. E.xaucîorare. On a cajfe ce Capitaine à la tête
des troupes, pour avoir commis une lâcheté. Il ca£'u
quelques Enfeignes pour n'avoir pas bien fait leur
devoir. C'eft à peu-près en ce fens qu'on le dit du
Parlement d'Angleterre. Le Roi d'Angleterre peut
caffer le Parlement quand il lui plaît , c'eft-à-dire ,
deftituer tous les Membres qui le compofent du pou-
voir qu'ils ont en vertu de leur éiedlion. Dilfoudre
le Parlement.
En général on dit , capr des troupes ; pour dire
amplement , les licencier , les réformer. Miffum
exercitum faiiTe , copias militiiz folvere. Voyez
ilCSNCIEP.,
CAS
gCT Casser fignifie quelquefois fimplement , affoi-
blir , débiliter. Dans ce fens, il ne fe dit que des
choies qui ruinent la fanté. Les fatigues de la guer-
re , les débauches l'ont fort cajfe. Dans cette ac-
ception il ell: auifi réciproque.
On dit d'un homme vieux & miférable , que les an-
nées , que les chagrins l'ont bien caffe ; qu'il fe cajje
beaucoup ■-, pour dire , qu'il s'aifoiblit beaucoup ,
qu'il dev ent caduc. jEtate , jeuectute confecius.
On dit tamilièrement & hgurcment, fe cajfer li
tête i pour ilire, s'appliquer à quelque chofe avec
une grande contention d'elprit. Se cajfer le cou ,
& cal/er le cou à quelqu'un -, pour dire , g'âter lés
ailaireb &c ruiner fa fortune , ou la fortune de quel-
qu'un i 5c le cajfer le nez , pour dire , ne point
réuHlr dans lés projets , ne point venir à bout de
ce que l'on a entrepris. Acad. Fr. 1740.
On dit proverbialement &c ironiquement, cajfer
du grès à quelqu'un -, pour dire , qu'on ne veut
rien laire de ce qu'il fouhaite : & qu'un homme ell:
caJfe aux gages ; pour dire qu'on ne veut plus avoir
de commerce avec lui , ou qu'il n'eft plus dans la
même faveur , ni dans le même crédit qu'aupara-
vant. On dit aulfi au cabaret , qui caJfe les verres
les paye : ce qui veut dire , qu'il faut que chaain
porte la peine de la faute qu'il a commife. On die
auili , qu'une femme a cap les œuft , quand elle
a accouché avant terme par quelque chute ou ac-
cident. Tout cela eft fanîîliei ou bas.
Cassé , ée. part. palf. & adj. Fraclus , riiptus , ahro-
gatus , &c. Outre les lignifications de fon verbe ,
il fe dit aulfi quelquefois de la voix , Se lignifie
foible, &c qui n'eft plus en état déchanter. Chan-
ter d'un ton trifte & cape. Voit. On le dit en-
core des perfonnes. Un homme cape , eft un homme
vieux , infirme , valétudinaire. Senio , aiate con-
fecius. Un homme capé des fatigues de la guerre ,
c'cft-à-dire , à caufe des fatigues de la guerre.
CASSEROLE, f f. Manière de plat de cuivre étamé,
de fort petit bord , &c bien plus creux que les plats
ordinaires. Catinus ex are cyprio altior , orifquc
angujiwribus ù plumho albo iliitus. On s'en iért
à faire des fricalfées , & des ragoûts.
Casserole. _Terme de Verrerie. C'eft une cuiller de
fer , dont on fe fert pour ôter la crafle , & l'or-
dure de defllis le verre. Voye:^ Casse.
§cr CASSERON. f. m. Petite cafferole. Cuire ea
caffcron. Rabelais.
CA^ERON. f, m. Sorte de poiffon. Voye^^ Calmar,
CASSETEE. f. f. Terme ulité dans quelques Pro-
vinces. Ce que peut contenir une cafTc , ou une
calfe pleine. Il étoit lî altère, qu'il a bu une grande
cajfetee d'eau, f^oye^ Casse,
CASSE-TETE. f. m. Terme du difcours familier. C'eft
le nom qu'on donne à des vins fumeux &c malfai-
fanî , qui font grolfiers, qui enivrent, & donnent
des maux de tête. Les auvergnats, & gros vins'
d'Orléans , font des cajfe-ùtes. On le dit auffi des
fciences, des connoiifances difficiles à acquérir i
de tout ce qui demande une grande ap>plication ,
une grande contention d'elprit & de ce qui donne
de l'embarras , qui tourmente l'efprit. L'Algèbre
eft un vrai cajje-tèce. Une clalTe nombreufe eft un
grand cape-téte.
{fT C'eft encore le nom d'une arme dont fe fer-
vent les Sauvages de l'Amérique. C'eft une efpèce
de malfue faite d'un bois fort dur.
CASSETIN. f. m. Terme d'Imprimerie. Foyei CA-
SETIN.
CASSETTE, f. f. Périt coffre portatif où l'on enfer-
me ce qu'on a de plus précieux , & les chofes qur
ont peu de volume. Capjula , arcula. Une caPette
de nuit. Une caPette de la Chine , d'écaillé de
tortue. On lui a volé fes pierreries dans fa caf-
J'ette.
^fT Cassette du Roi. C'eft ainfi qu'on appelle là
fomme que le Garde du Tréfor royal porte au Roi
;le premier Jour de chaque mois. Le Roi accorde
quelquefois çics penlions fui fa caPette,
On
CAS
ça* On appelle cafaie chez les Tailleurs, une petite
boue divifce eh quatre cafés", où ils mettent leur
fil Se leur poil de chèvre dévidés fur des pelotes.
Ce mot vient de capjaa. Ménage & Saumaise',
C'cft un diminutif de capja , où le p devant 17
s'eft changé en f. On trouve de même dans la vie
de fainte Françoife caffa pour ca/'Ja , Acia SS
Mart. Tom. II, p. m. C. & T. III, p. i6i. &
indifféremment cap/a & cafa. On trouve aufli le
diminutif C,?yt/^. Voyez ^Mz SS. Jun. Tom. V,
p. i6 & 6:^. isCa/fe & cajff'eue iom zités du celti-
que Kaff. Pezr.
CASSEUR, f. m. Qui eft en ufacre dans cette phrafe
proverbiale , C'eft un grand caf^ur de raquettes ,
pyur dire, un homme vert & vigoureux; ou dans
uii fens ironiqu , cc'ell: un hibleur ,'^ un fanfaron , qui
le vante faufîémcnt d'avoir fait pluiieurs choies dont
il n'ell pas capable. T/iraJb.
Ce mot vient de ijuajjator.
CASSI. f. m. Nom propre d'homme. Cajjius. S. Caf-
iiusj que nous appelons vulgairement S. Cah'i ,
croit, félon la tradition, un Prêtre de l'ordination
de S. Auftremoinc, l'Apôtre d'Auvergne. Il fur cou-
ronné du martyre vers l'année ^66.\l ne faut dire
Caffi qu'en parlax".t de ce Saint-, hors de là il faut
retenir le mot latin dans fon entier. Brutus & Caj-
Jius après avoir tué Céfar, fe retirèrent en Grèce
où ils levèrent une armce , & où ils furent vain-
cus dans les champs de Philippe en Macédoine.
CASSI-ASCHER. f. m. Ofîkiei' de l'armée du Turc
Grand Prévôt. Capitalis Turcarum Tribunus. Après
la bataille que Sciim remporta fur les Perfes,il fit
appeler le CaJjî-AJcher , ou Grand Prévôt , pour lui
demander ce qu'on devoir faire des femmes des
Perfls qu'ils tenoient captives. Art. Thomas , Coii-
tin.de i'Hifi. des Ferjes , Liv. III.
CASSJA-LICNEA. f. t C'eft l'éccrce d'un arbre fort
femblable « celui qui porte la^ cannelle : ils croif-
fent l'un parmi l'autre dans l'île de Ceylan. Ces
deux écorces font cueillies & féchces de même
manière : leur odeur Se leur goût font prefque fem-
blabes -, elles font également' douces , Cliquantes &
agréables : leur couleur , leur figure leur épaifTeur
ne djffcrcnt prefque en rien. Mais la cajjîa-lignea
cft d'une fubilance grafîé , mucilagineufé , & telle ,
qu'en la mâchant elle fé dillbut toute dans la bou-
che, fans y laiffcr aucune partie ligneufe ; au lieu
que la partie ligneufe de la cannelle rcfte toujours
dans la bouche, quoiqu'on l'ait bien mâchée. Il
y a des Auteurs qui croient que l'arbre qui porte
la cannelle cft le même que celui qui porte la caf-
fia /ignea,.Sc qu'ils n^e différent qu'en ce que le
preniier vient dans l'île de Ceylan , & l'autre fur
la côte de Coromandcl.
r? CASSIDAIRE. f. m. Caffîdarius. Celui qui avoir
le foin &: l'intendance des cafques & des armures
de tête dans les arfenaux à Rome. Antia. Grecj.
& Rom. ^ ^
'CASSIDOINE. f. f. Pierre prccieufe qui a des veines
de plufieurs couleurs, dont on fait des vafes qui
ont été fort eftimés dans l'antiquité , & qu'on a
appelés Murrha. Cette pierre a un jour fort trou-
ble, & femble polie & lifTée plutôt que luifante.
On fait cas de celles qui font comme purpurines ,
tirant fur le blanc. On eftime forr aufli celles qui
ont une nuée approchant de l'arc-en-ciel, avec
des\eines gtaffes. Les blafardes font les moindres
de toutes , & celles qui ont quelque glace ou
des porreaux & grains de mailles plates."
CASSIE, f. f. Accacia Indlca Arbre qui a éré apporté
des_ Indes, &: qui reficmble par fes feuilles à l'Ac-
cacia du Levant, csvCow nomme Accacia ver a ,jLve
Lsyptiaca. On c\.\lù\e\icajfie en Italie , & en Pro-
vence , à caufe de l'odeur de fes fleurs , avec lef-
quelles on fait une pommade qui fe tiroir autre-
fois de Grâce en Provence. On en faifoit aufli une
eilénce ; mais aujourd'hui on prépare bien moins
d.'efîences &: de pommades de Cafie. L'arbre de
C:iji:e vient en Europe d'une moyenne grandeur
Terne II.
CAS ^ô k
& gro/Tcur-, fon tronc eft tout au plus de quatrft
a cmq pouces de diamètre, haut comme nos oran^
gcrs , branchu & garni de feuilles rangées flir une
côte branchue , & dont les branches font comme
par paires , auffi-bien que fes feuilles , dont deux
terminenr chaque côté. Elles font plus petites que
celles de la lentille , mais un peu plus fermes , gla-
j bres ôilifTes, d'un vert gai qui brunit quelquefois;
Llles s'approchent les unes des autres fur le foir*,
c'eft ce qu'on appelle fe fermer. A la naiffance de
chacune de ces feuilles fbrtent à côté un ou deux
piquans forr aigus , purpurins d'abord , mais en-
iuite blancs , longs d'un pouce environ. Ces piquans
relient long-remps fur ces branches , & ne tom-
bent guère. Il fleurit environ le mois de Juin en
Italie , en Août en France & dans les Provinces
un peu froides. Sa fleur eft une petite boule ronde i
velue, jaune, fbutenue par un pédicule long d'un
pouce, vert, & qui part des endroits où les'vieil-
Ics feuilles des précédentes années avoicnt été pla-
cées. Elles naifîcnt aufli des jeunes pouffes de l'an-
née ; mais ce n'eft qu'au mois de Septembre qu'elles
fleurifîent. Elles ont une odeur fort douce. A l'aide
de la coupe on découvre que cette fleur eft un
amas de petits cornets qui n'ont pas une ligne de
longueur , évafés , remplis d'une quantité pro-
digieufe de petites étamines fort déliées, qui en-
vironnent un piftil. Elles font ramaffées en une
boule qui eft compofée quelquefois de plus de
cent de ces corners qui font autant de fleurs , dont
, la ^plns grande partie avorte , & il n'y en aura
qu'une , deux ou trois qui noueronr ce truir. Il eft
formé par le piftil qui devient une goufîe brunk? ,
longue & grolfe comme le doigt , courbée , com-
pofée de deux écorces , entre lefquelles il fe ren-
contre une marière mucilagineufé & gluanre. Cette
goufie eft divifée intérieurement par des cloifbns
fpongieufes en plufieurs cellules qui renferment
chacune une femence arrondie , dure , pâle , & qui
érant mâchée, iaiffe un goût d'ail à la bouche. Cet
arbre donne dans les îles d'Amérique une goinme
femblable à celle qu'on nomme arabique. Elle en a
les mêmes ufages , &: fe fond pareillemenr dans l'eau.
L'écorce de fes gouffes fert en place de noix de
galle , pour faire de l'encre.
U Accacia du Levant , comme efpèce du même
genre de la cajjîe , n'en diffère auffi que par fes
gouffes principalemenr , qui font d'une ftruélure
différente. Chaque filique eft longue de quatre à
cinq pouces environ , & compofée de plufieurs
phalanges , rondes, lenticulaires , de demi-pouce au
plus de diamèrre , qui ne renfermenr dans leur ca-
viré qu'une femence arrondie , & qui font féparées
les unes des autres par un étranglement fort con-
lîdérable.
Ces gouffes encore vertes font exprimées pour
en préparer un extrait qu'on nomme accacia vera ,
qui éft fort aftringent. La décoélion des feuilles &
des fleurs eft cftimée aufîî aftringenre. La gomme
arabique découle de l'accacia du Levanr. La plus
belle cft blanche & vermiculée ; elle eft forr adou-
ciflànre , & entre dans pluiieurs compofîtions ga-
léniques : on l'emploie encore pour former des tro-
chifques. On cmployoit beaucoup de cette gomme
autrefois , mais depuis que la gomme du Sénégal
eft devenue commune & à meilleur marché, il n'en-
rre que très - peu de gomme arabique dans le
Royaume. Il eft vrai que la gomme du Sénégal
n'eft différente de l'arabique que parce qu'elle eft
moins blanche. Il y a lieu de croire que la gomme
du Sénégal coule d'une efpèce à'accacia; on adonné
ce nom à cette gomme , parce que la compagnie
du Sénégal a éré la première qui en ait apporté.
Il y a plufieurs autres efpèccs d'accacia , qui font
communes dans les îles d'Amérique. Le P. Plumier
en a trouvé plufieurs cipèces qui font rapportées
dans les Injlituts Botaniques de M. de Tourne-
forr.
CASSIEN. f. m. Cajjianus. Nom d'une feéle de Jurif-
jo^ CAS
coniultes Romains qui dcfendoieiit les fentimeiis
de Capiton , &: dont le ciief fut C. Cadîus-Lon-
ginus , Jurilconlulte fous Tibère , & qui fat Con-
îul l'an 50= de Jelus-Chrift , avec Vinucius , l'ami
de l'Hiftorien Paterculus. t^oyes^ Proculien , &
Hijioria Juris Civi/is Romani de Forfter , L. IL
CASbIER ou CANÉFICIER. Uffia purgatnx. Arbre
qui porte la caffe. Il croît de" la hauteur de nos
noyers : fon écorce eft plus fine &c plus lifl'e.Le bois
de fon tronc eft d'un rouge brun , ferme \ couvert
d'un aubier pâle : fes feuilles font arrondies à leur
bafe , pointites à leur extrémité , larges de deux
pouces fur quatre environ de longueur , d'un vert
brun , rangées par paire fur une côre terminée par
deux feuilles. Du même endroit que naît la côte
qui fouticnt les feuilks , part auifi une branche
chargée de fleurs jaunes portées fur des pédicules
affez" longs. Elles font à cinq pétales , d'un beau
jaune , aii;ondies 3 cteufées en manière de cuilleron,
inégales j deux font plus amples que les autres , &:
ont près d'un pouce de diamètre. Elles font toutes
fbutenues par un calice à cinq découpures ovales ,
longues de trois lignes fur deux 6c demi environ
de largeur , creulces en cuilleron , d'un vert jaunâ-
tre. De leur milieu s'élèvent dix étamincs d'un jaune
pâle , inégales : c'e(l-à-dire , dont les unes font plus
longues que les autres , & dont trois font crochues ,
pendant que les fept autres font droites. Elles font
chargées de fommets jaunes, & entourent un piftil
qui eft mince d'abord , crochu &: verdâtre , &: qui
devient enfuite une goudé d'un pied &c demi de
long 5 d'un pouce environ d'cpaifleur , compofée
de deux coiles minces , ligneufes , fort voûtées , ^
fi fort unies cnfemble qu'elles ne peuvent fe fcpa-
rer : il n'y refte pour trace de leur union qu'une raie
6c un rebord qui fubfiftcnt des deux côtés de la
gouffe.Elle efl: ligneufe > couverte d'une écorce fine ,
qui devient bafanée ou couleur châtain , 5c ell di-
vifée en dedans en plulieurs cellules pat des cloi-
fons tranfvetfâles Se parallèles. Chaque cellule con-
tient une femence arrondie , aplatie , dure &c d'un
châtain clair -, les parois de ces cellules font revê-
tues d'une moelle ou pulpe noire , douceâtre &
fucrée. Le canejicier fleurit dans nos Iles Antilles
aux mois d'Avril & de Mai -, pour lors ileft dépouillé
de fes feuilles. La goufle du caffîer fe nomme com-
munément la caffe , Siliqua eafjia. Voyez ce mot.
Il y a un cajjîer ou canejicier du Bréfil , qui eft
beaucoup plus gros que le précédent ; fon écorce
bien plus épaifle , fe gerfe , 6c efl: relevée de plufieurs
veines qui parcourent toute fa furface-, les rebords
qui marquent la jonélion des deux coiîés , forment
un cordon confidérable des deux côtés de la goulfe.
Elle eH partagée de même en plufieurs cellules
dans fon intérieur. On croit cette cajfe moins pur-
gative. Marcgrave la nomme T apyr acoaynana ; Se
Bauhin , caffia fijliila Brajîliana.
Il y a des cahiers dans les îles de l'Amérique. Ce
font de beaux 6c grands arbres , qui ont les feuil-
les prefque fcmblables à celles de l'accacia , que nous
avons en France •, mais deux fois plus grandes ,
plus pointues , plus fbites ?<. plus écartées. Cet
arbre fleurit gris-de-lin , ou couleur de fleur de
pêcher , te non pas jaune comme celui du Levant.
Ses tuyaux font longs de deux pieds , 6c deux ou
trois fois aulîi gros que les autres. Quand il efl
dépouillé de fes feuilles ( ce qui lui arrive tous les
ans une fois,) il fe couvre entièrement de grands
bouquets de fleurs , longs d'un bon pied , en forme
de"^ panache , de couleur de fleurs de pêcher.
Sur chaque bouquet il croît tout au plus un ou deux
bâtons de ca^e. Ces bâtons ont la forme de ceux
du Levant , mais ils font longs de deux pieds , ic
prefque gros comme le bras : Técorce en efl: bafanée ,
rude , & fort difficile à rompre. Les petites iépa-
rations qui font dedans , font auffi extiêmement
dures-, de forte qu'on a bien de la peine à les mon-
der , 6c à en tirer la moelle. Quand elle efl: récente ,
elle reiferable fort à celle du Levant , foit pat fa
CAS
Couleur , qui efl: pourtant moins noire , foit par le
goût, qui eft: un peu gras Se douceâtre , à peu près
comme les pruneaux -, foit par l'effet purgatif; fi ce
n'efl: que caufant des tranchées, elle ne purge pas fi
aifément. P. Du Tert.
On a auifi planté des grains de caffîers du Levant
dans les îles , qui y font fort bien venus. Ils ne font
pas fi hauts que les autres ; mais ils ont les feuil-
les plus longues 6c plus polies : ils fleuriflent 6c fe
dépouillent comme eux -, ils portent un grand pa-
nache revêtu de plufieurs fleurs jaunes , aflêz ref-
femblantes à celle du pied d'alouette •, mais un peu
plus grandes , d'une couleur qui a quelque rapport
à celle de la giroflée jaune. Le bois de cafficr eilR
cafiânt , qu'une branche gvolfe comme la jambe ne
pourroit portct un homme fans rifque de rom-
pre. Id.
Cajjier ou canejicier bâtard , c'cft le terme par le-
quel on diflingue dans les îles d'Amérique certaine
efpèce de canejicier, dont les gouffcs ne font point
remplies de'cette moelle purgative. Cajjia /ilvejiris.
Voyez Du Tertre, Rochefort , Plumier , Tour-
NEFORT.
CASSIN. Le mont Ca(jîn. Montagne d'Italie dans la
terre de Labour , province du Royaume de Naples ,
Cajjiniis rnons. Le mont Cajjin efl: proche d'Aquin ,
qu'il a au nord. Cette montagne a pris fon nom d'une
ville ancienne 6c conlidérable des Volfques , nom-
mée Ciijfin , Cafiniim , ou Cajjinum. Voyez Vigénere
fur Tite-Live, /. 7, z'. 176^0 6c i7(îi. On appelle en-
core Mont-Cajjîn une célèbre Abbaye de Bénédic-
tins, qui eft dans le bourg de Saint Germain , bâti
des tuincs de la ville dont nous venons de parler.
Cette Abbaye eft le Chef-d'Ordre des Bénédiélinsv
6c l'on dit , un Moine du Moni-Caffin , la Con-
grégation du Monz-Cajpn. S. Benoît fe retira en 5 19
au Mom-Caffin , &c y bâtit enfuite un Monaftère.
Cette Gongtégation a porté le nom de Sainte
Juftine de Padoue , jufqu'en l'an 1504. , que le Mo-
' naftère du Mont-CaJ/in y ayant été uni , Jules II
voulut qu'elle quittât le nom de Sainte Juftine ,
pour prendre celui du Mont-Cajjïn , qui étoit chef
de tout l'Ordre. Elle a environ 55 Monaftères cé-
lèbres, &C une centaine environ de plus petits , qui
dépendent des premiers. Tous les Abbés de cette
Gongtégation fe fervent d'ornemens pontificaux ,
èc donnent les quatre mineurs à leurs Religieux. Les
Frères Convers s'appellent Frères commis. Le Su-
périeur général de la Congrégation s'appelle Pré-
Jcdent , Se eft élu tous les ans dans le Chapitre-gé-
néral. La Congrégation du Moni-Caffin fut formée
en 1 409 Se les années fuivanres par Louis Barbo ,
noble Vénitien , Prieur des Chanoines féculiers de
faint Georges in Alga à Venilé. Le Page Grégoire
XII lui donna cette Abbaye , Se lui otdonna de
l'accepter. Il obéit -, il y mit la réforme , qui s'éten-
dit en peu de temps dans plufieurs autres Monaf-
tères d'Italie dont il forma une Congrégation ,
qui fe nomma Sainte Jultine , 6^ que Batbo fit ap-
prouver par Martin V , l'an 1417. P. Hel. /. FI ,
p. 19.
Ip* CASSIN. f. m. Partie du métier à étoffes de foie,
à gaze , &c. C'eft un cadre de deux pieds Si demi
de long fur vingt pouces de large , porté par les
deux eftafes du métier , Se qui foutient un autre
cadre en talus, appelle cage, garni de petites lames ,
entre lefquelles fonr enfilées fur des verges de fer ,
qui leur fervent d'axe , les rangées de poulies fur
lefquelles les cordes de rame font pafTées. Encyc.
Çd? On appelle caj/in-vohm un caffïn ordinaire ,'
garni de rous fes cordages , rame , femple , dont on
fe fert pour la leiflure des defieins , tandis que les
autres métiers travaillent. Une aiguille de plomb
du poids de quatre onces détend la corde de rame»
Se par conféquent celle de femple.
CASSINE. f. f. Nom en ufage en quelques endtoits ,
pour défigner une petite maifon à la campagne :
ce qui s'eft dit ptemièrement de l'habitation d'un
Herraite ou d'un Moine qui s'eft retiré en quelque
CAS
îîen défert pour vivre en folitaire : Cafu'la , vi'Ûa.
Les caffines font des maifons ou l'on retire les
grains & les autres fruits. P. Benoit. Les ennemis
s'étoient retranchés dans une cajjlne : on attaqua
la cajjine , de on l'emporta l'épée à la main. Ce mot
eft formé du latin cafa. C'eil ce que nous appe-
lons en France une ferme ou une métairie j & dans
quelqtics provinces, une petite maifon de plaiiir
hors de la ville , qu'on nomme ailleurs bajtide.
Ce mot vient de cijjiiia , qu'on a dit auflî dans
la baflè latinité dans le même fcns.
CASSIOPÉE. f. f. Conftellation célefte qui eft dans
le partie boréale du ciel , compofée de 1 5 étoiles
fort apparentes -, mais Tycho , Bayerus & Galilée,
en ont obftrvé pludeurs autres. Il y a cinq étoiles
principales dans cette conftellation , dont celle qui
eft la plus éloignée du pôle , s'appelle ïz poitrine de
Ciijjiopée. La grande ourle , & Cajjiopée , font au
même méridien -, mais elles font oppolces l'une à
l'autre , de Ibrte que quand la grande ourle eft au-
deffus du pôle , Cajjiopée eft au même méridien au-
deiïbus du pôle. CaJJwpeia, Les Arabes l'appellent
chaife royale.
En l'année 1571, il parut en cette conftellation
une nouvelle étoile , qui lurpaflbit en grandeur & en
éclat Jupiter même. On la prit même pour un aftre,
parce qu'elle en avoir le brillant & la clarré : elle
avoir un lieu fixe comme les étoiles , & en avoit le
mouvement. Elle diminua peu-à-peu , & difparur
après dix-huir mois. Tous les Aftronomes de ce tems-
là firent là-delfus plulîeurs dilfertations , entr'autres
Tycho-Brahé & Kepler , l'Abbé Maurolycus , For-
tunius Licetus, Thcodorus Gramineus i&c. Théo-
dore de Beze crut qu'elle étoit du genre des co-
mètes -, que c'étoit la même étoile qui apparur aux
Mages pour les conduire en Bethléem , & qu'elle
vcnoit annoncer le fécond avènement de Jésus -
Christ. Le Landgrave de Hefle& Andréas Rofa,
ont été de même avis : il a été réfuté par Tycho ,
& plus forrement par l'expérience du temps écoulé
depuis , qui a fait voir combien cette prédiùlion
étoit Vainc.
Au refte, les Poètes difent que Cajjiopee étoit
femme de Céphée , Roi d'Ethiopie , 5i qu'elle eut la
rémcrité de fe comparer en beauté aux Néréides.
Ces Nymphes marines , pour s'en venger , firent en-
voyer par Neptune un monftre qui ravageoir rout
le pays. L'Oracle conlulté répondit que pour ap-
paifer la colère des Dieux , il falloir expolèr An-
dromède, fille de Céphée & de Cafjîopée , pour être
dévorée par un monftre marin : Perice la délivra ,
& obtint même de Jupiter que Cajjiopée (t'cohmïie
au nombre des aftres.
IJC? CASSIS. Efpèce de grofeillier. Foye^ Cacis.
^3' Cassis, Petite ville de France , fur la côte de
Provence , entre Marfeille & la Ciutat , avec un pe-
tit port.
CASSOLETTE, f f. Petit vaiffeau ou réchaut de cui-
vre ou d'argent , où l'on fait brûler des paftilles &
des odeurs agréables. Anthepj'a odoraria. Il fe dir
auflî de l'odeur même qui fort de la caffblette. VoiLà
une agréable caffolette. On dit ironiquement & par
antiphrafe , voilà une étrange cajfolette , quand on
fent quelque chofe de fort puant.
On donne encore le nom de cajfolette à une ef-
pèce de boîte ou étui , où l'on renferme des odeurs
qu'on porte dans fa poche. Les cajfoletles font de
diverfes figures , & ont plufieurs loges ou cellules
c]ui s'ouvrent féparément. Chaque odeur a fa cellule^
en forre que dans l'une on met du mufc , dans l'au-
tre de l'ambre gris , dans une autre de la civette ,
&c. Ceux qui aiment les odeurs ont toujours la
caffolette à la main \ les autres n'en font guère ufage
que pour fervir de correélif , lorfqu'on fent quel-
ques mauvaifes odeurs.
Ce mot vient de caffoletta, italien, diminutif de
caffola & de cajfa. Men.
Cassolette , eft aulfi un vafc de fculpture , avec des
■ flararaes ou de la ilimée , <iui ferc d'araortiflemcnc ,
CAS
ce
50
é|ui fe Élit le plus fouvent ifolé. On en fait auilj
en bas reliet. Authepfa odoraria opère Architeào-
nico adumbr ata.
Cassolette, f. f. Efpèce de poire. J'aime aflez les
poires qui ont la chair caifante avec une eau do.ice
& lucrce , &: quelquefois un peu parfumée , commfe
la cajjolette , &c. La Quint.
La cajjolette eft une poire longuette & grisâtre ^
qui ne le cède prefque en rien à la robinc , ni par
la chair ni par fon eau , ni par tout ion mcrit j , fi
ce n'eft qu'elle eft fujctte à mollir. Sa maturité vient
aux environs de la mi-Août In.
CASSONADE ouCASTONADE. f. i. L'un & l'autre
fe dit , mais caffonade eft le plus ufùé. Ménage pré-
tend que c'ert cajionade -, mais on croit qu'il fe
trompe , au-moins eft-il fur qu'on devroir dire ca\^
j'onadc. Sucre qu'on apporte & qu'on vend en pou-
dre ou en gros morceaux , qui n'a pas eu fa der-
nière préparation , par laquelle on le durcit , on lé
blanchit & on le met en pain. Sacchariun impurum ,
minus dejœcatiim vel expurgatum. On tient que la
cajjonade lucre mieux que le fucre raffiné & mis eil
pam , mais elle fait bien plus d'écume. flCT On s'en
fert quelquefois pour faire des confitures ; mais il y
a plus de perte, & les confitures ne font pas fi bel-
les,
Ip" Les Portugais du Bréfil apportèrent les premiers
en France cette efpèce de lucre dans des' cailles qu'ils
appellent cajfes , d'où eft venu le nom de ca£'o-
Tiade.
CASSOORW AN. f m. Petit poifTon rare qui fe trouve
aux Indes occidentales. Il eft un peu plus gros qu'un
anchois , mais beaucoup meilleur , & a "deux pru-
nelles dans chaque œil , de forte que lorfqu'il nage *
il voit en même temps en dellus & en de/fous.
^fj II a le dos plat avec l'épine & les côtes rondes j
prefque à la façon de celles de l'homme.
^fT On l'appelle autrement Cassororari.
CASSOVIE. Ville de Hongrie, qu'on appelle en lan-
gage du pays Cafchaw , capitale du Comté d'A-'
banvivar. Caff'ovia.
CASSUBIE. Le Duché de Cafuhie. Cafihia, Caj}'alHc&
Ducatus. C'eft une conrrée du Cercle de Haute-Saxe
en Allemagne. La Cajfuhie eft une province de la
Poméranie ultérieure ou Ducale. La Poméranie
propre avec la Nouvelle-Marche & Brandebourg
la bornent au couchant , la petite Pologne au midi,
la Prulfe & la Vandalie au levanr , & la mer Bal-
tique au nord. Sa capitale eft Colberg.
CASSUMMUNIAR ou CASMINAR. f m. C'eft une
racine qu'on nous apporte des Indes orientales.
Elle eft de la grolfeur environ du petit doigt , Se
coupée par de petits morceaux , de couleur brune ,
d'un goût aromatique, piquant, mêlé de quelque
amertume , & entourée par dehors de cercles, comme
le galanga. On ignore quelle eft la plante dont on
tire cette racine •, mais on l'eftime un remède ex-
cellent peur les maladies des nerfs , pour la para-
lyfie , les convulfions , la colique , les tranchées èc
les afîc6lions hyftériques. Miller , cité par James»
CASSURE, f f. Ce mot fe dit en parlant d'une lame
d'épce , de couteau, &c. &c fignifie rupture. Fraclura ,
fraclio. Si vous caflez une lame d'épée , & que dans
la caffure vous découvriez la lame de couleur grife,
la lame eft bonne. Liancourt , Maître d'Armes.
CASTAGNETTE. f f. Inftrument dont fe fervenr les
Mores , les Elpagnols & les Bohémiens , pour ac-
compagner leurs danfes , leurs farabandcs & leurs
guitares. Crumata. Il eft compofc de deux petits
ronds de bois de prunier ou de hêtre, fec 8c creufé
en forme de cuiller , dont les concavités fe met-
tent l'une fur l'autre, qu'on attache au pouce, &:
qu'on bat de temps en temps avec le doigt du mi-
lieu ou l'annulaire , pour marquer les mouvemens
& les cadences. On peut battre huir ou neuf fois
les cafiagnettes dans le temps d'une mefure , ou
d'une féconde de minute. On les appelle caj^caveaus
en Provence , & cajcavelles ea Lansuedoe,
jo8 CAS
Il danfoit la farabande , de n'étoit jamais fans ca-
flagncstes. Scarron.
Ce mot vient de refpagnol caflannetas , 6i a été
formé de la reilemblance qu'ont ces jnflrumens avec
les châtaignes.
ÇS' Les anciens avoient plufieurs fortes de cajta-
g mites, la crotale, crotaltim. Voyez ce mot. Cru-
mata, dont nous venons de parler-, U crupeiia ,
dont on jouoit avec les pieds : ainli nommées du
grec sri^« , frapper , èc ^?hb>v , la plante du pied.
On les appeloit z\iiV\fcobella , fcamilla &ifcameUa ,
parce que c'étoit comme une petite efcabelle ou un
marche-pied , qu'on frapoit diverlement avec un
foulier de bois ou de fer. Mais il y en avoir appa-
remment de différentes façons. On en reprélcnte
comme une fandale faite de deux lemelles , entre
lefquelles il y a une ca/lagnette a.iia.chée. Foye^ Bar-
TOLiN. De tlbiis veteriim.
Castagnette. Etoffe de ibie , de laine & de fil ,
qui fe fait par les Hautelifleurs de la Sayctcerie d'A-
miens.
CASTAGNEUX. f. m. Sorte d'oifeau de rivière. Ceft
la même chofe que le petit plongeon. gCT Mergu-
lus ovL mergus minimus fluviatilis. Il eft de couleur
de châtaigne, d'où il paroît qu'eft venu ion nom. 11
vit dans Veau falée & dans l'eau douce. Sa chair a
un goût fauvage dans toutes les laiibns.
tfT CASTALIDES. furnom donné aux Mufes , à
caufe de la fontaine de Caflalie qui leur étoit con-
facrée.
CASTALIE. Nom d'une fontaine confactée à Apollon
& aux Mufes. Callallia,Cafialius fons. La fontaine
Cajlalie étoit dans la Phocide au pied du mont Par-
nalfe. Les Poètes feignent qu'Apollon métamorphola
une Nymphe qu'il aimoit , en cette fontaine , &; qu'il
donna à fes eaux la propriété de rendre Poètes tous
ceux qui en boiroient. Le murmure de la fontaine
Cajia/ie palfoit pour infpirer l'efprit prophétique.
C'efl: pour cela que Bochart , Chanann , L. I , c, 16 ,
tire fonnom denScop , Kafiala, mot arabe, qui
fignifie le murmure , le bruit que font les eaux
d'une rivière ou d'une fontaine. Foye^ le voyage
de Grèce de M. Spon , P. II, p. <îj.
CASTANITE. f. f Pierre argilleufe , de la couleur
& de la forme d'une châtaigne.
CASTE, f. f. Terme de relation. Ceft le nom que
l'on donne aux Tribus, dans lelquelles font divifés
les Idolâtres des Indes orientales. La Cafie des Bra.
mines. La Cajh des Banians.
CASTEL. Ceft un nom qui fe donne à une infinité de
petites villes &: à d'autres lieux en Italie , en Efpagne ,
& dans les Provinces de France qui en font voilines ,
comme en Languedoc. Il (ignifîe château , & vient
du latin caflellum. Cajlel Gundoli'e , Cajiellum Gan-
dulphi. Bourg de la Campagne de Rome , où les Pa-
pes ont un château , & dont l'air eft excellent. Ca-
Jiel Mendo , ville de Portugal dans la Province de
Tra /os Montes. Cafiel-Moion , petite ville de
France en Gafcogne. 11 y a aufll Cajie/, petit pays
du cercle de Franconie. Cajlelnnu , ville de Lan-
guedoc , Caflellum novum ; c'eft-à-dire , Château-
neuf. On dit aulîl Cajtelnou , lî l'on en croit Valois ,
Not. Gai. /'.155 , mais Caflelnau eft mieux. Le Ma-
réchal de Caflelnau mourut des blefTures qu'il re-
çut au fiége de Dunkerque , 5c eft enterré à Bourges
dans l'Eglile des Dominicains. Caftelnau-d'Ari ,
autre ville de Languedoc , Caflelliim novum Arii.
Voyez Valois, Not. G ail. p. 155. Andoque pré-
tend dans fon Hifl. de Languedoc ; L. XI , p. 314,
qu'il fut ainfi appelée des Gots Ariens qui le bâ-
tirent. Catel , dans fon Hifl. du Languedoc , L. II , dit
qu'il y a de l'apparence que Caput arietis , dont
fait mention Grégoire de Tours , L. XXX de fon
Hfl. ch. 8 eft Caflelnaudry.
^ CASTEL-GELOUX ou CASTEL - JALOUX.
Petite ville de France dans la Guienne , avec Bail-
liage du Duché d'Albert.
^ CASTEL-SARRASIN , ou plutôt CASTEL-
CAS
SUR-AZIN. Petite ville de France j dans le haut
Languedoc , fur le ruifleau d'Azin.
CASTELANE. f. f. Efpèce de prune. La cafielane eft
une prune verte. La Quintinie. Les cajtelanes font
bonnes en compote.
CÂSTELLAN. f. m. Terme d'hiftoire & de relationsi
Nom d'une dignité , d'une charge en Pologne»
Les Ca/iellans ibnt Sénateurs du Royaume. Les
Caflellans font en Pologne ce que font en France les
Lietttcnans-Généraux des Provinces , &c les Lieu-
tenans de Roi ; ils commandent dans une partie
d'un Palatinat fous l'autorité du Palatin. Cajiella-
nus , CaflelU Prafeclus , Provinciœ Legatus.
?fT On divife les Caflellans en grands & petits. Les
petits n'ont* ni feance , ni voix délibérative dans
les affaires d'Etat. Les grands ont , comme les autres
Sénateurs du Royaume , féance dans les Confeils
& aux Diètes, qu'ils ont droit de convoquer. Ils ad-
miniftrent la juftice dans leurs Diftricls, &c.
CASTELLANE. f. f ou CASTILLAN, f. m. Ceft une
monnoie d'or particulière , qui a cours en Efpagne ,
valant quatorze réaies, & environ dix deniers. Gaz.
i7Zi,/7.465. D'autres difent 14 réaies & i(î deniers,
ou 3 livres dix fous de notre monnoie. Caflellanus
nummus,
Castellane. Ville de France en Provence, auDiocèfe
de Senès, lùr la rivière de Verdon. Elle a dioit
de députer aux Etats. Caflellana.
^Cr II y a aufîî une ville de ce nom en Italie , dans
les terres du patrimoine de St Pierre, que les Italiehs
appellent Citta Caflellana.
§3" CASTELNAU. Ce mot fîgnifie Château- neuf ,
& eft le nom de plufieurs villes & bourgs de France,
qu'on diftingue par un fur-nom.
§C? Castelnau de Barbarens. Petite ville de France ,
dans l'Armagnac , fur le Rat , au Comté d'Afterac*,
ÇCT Castelnau de Brajfac, Petite ville de France,
dans l'Albigeois, Diocèfe de Caftres , à cinq lieues
de cette ville , & à une de Bralfac.
gCT Casteenau de Bretenous. Petite ville de France,
avec titre de Baronie , dans le Querci , frontières
du Limofin 5c de l'Auvergne, à douze lieues au
deffous d'Aurillac.
^T Castelnau d'Efirefon ou de Trigefon. Caflellum
novum de tribus fontihu s. Petite ville de Languedoc ,
félon Biudrand. Mais ce n'eft qu'un village affez
près de Grenade , au nord de Touloufe.
1^ Castelnau de Levi, Petite ville de France, aU
haut Languedoc , dans l'Albigeois.
§3" Castelnau de Af^g/zoacr. Petite ville de France ,
dans l'Armagnac , à une lieue au deffous de Mau-
leon , &: à huit au-deffus d'Auch.
§Cr Castelnau de Montartier. Petite ville de France ,
en Querci , au midi de Cahors.
IJCT Castelnau de Montmirail. Petite villede France,
dans l'Albigeois, au couchant de la ville d'Albi.
^fF Castelnau de Riherac. Château de France dans
l'Armagnac , près de l'Adour.
CASTELNAUDARY. f. m. Ville de France , en Lan-
guedoc, a de longitude i^d 19' 58"-, fa différence
du méridien de Paris étant de oh i'5 3", ou d^ 23' 2.2".
Pour fa latitude , c'eft 45^18' 35", nord. Cassini,
tfJ' Ceft la capitale du Lauragais , Diocèfe de Sainr
Papoul. Caflellum Arianorum , ou Caflellanium Au"
racium^Caflellum novum Arrii, fuivant Longue-Rue.
CASTELOGNE. f. f. Couverture de lit faite de laine
très-fine. Lodix lanea. Ce mot vient de caflalana,
parce qu'on les fait d'ordinaire de la toifbn des
agneaux : on les appelle quelquefois mantes. A
Lyon on les nomme catalognes , parce qu'elles font
venues de Catalogne. Ménage.
CASTERAUX. f. i^. Ceft la même chofe que CO-
TERAUX.
CASTIGLIONE. Mot purement italien. Ceft un di-
minutif, qui (ignifie la même chofe que Châtillon ea
françois , c'eft-à-dire , petit Château. Caflilio. Nous
Icconfervons dans les mots italiens en notre langue.
Cafliglione délie Stivere , ville du Duché de Man-
i ■ toue, Cafliglione di Lago , Cafliglione di Pefiraria, &6
CAS
Mouillez le gl dans la prononciation. Quelques-uns
de nos Auteurs plus exads , ou plus Icrupuleux , di-
fent Cajhllon & non pas Caflighone. Ainii le P d'Or
leans, dans Li Fie du P. Louis de Goniame , a
toujours dit le Marquis de Ca.jlUlon.
CASIILLAN, ANE. i; & adj. Qui eft de Caftille ,
natit, ou native de Caftille. Mouillez les deux //
dans la prononciation. Cajhllanus , a. Les CattULins
iont graves , fcrieux , fermes , conftans , fidèles. La
nation CaftilUne a donné à fon Roi pendant la
guerre, qui finit Tan 1714 , l-u.lus bel exemple de
fidélité dont l'hiacire ait pa.^ La langue Caltil-
lane a beaUcoap de majcHc,
CASTurAN f. m. Langue CaftiUane. Cafiellana lin-
gua. Un Cavalier Efpagnol fourinr un jour haute-
ment dans une bonne compagnie que le caltiUan
_etoit la langue naturelle de Dieu. Comme dit un
}our un favant Cavalier de ce pays-là, qui foutint
hautement dans une bonne compagnie , qu'au Pa-
radis terreftre le Ibrpent parloir anglois , que la
iemme parloir italien , que l'homme parloir fran-
çois , mais que Dieu parloir efpagnol. Bouhours.
11 n y a rien de plus pompeux que le CalUlLui , il
na prefque pas un mot qui n'enfle la bouche, oU
qui ne remplifle les oreilles. Idem.
Castillan, T. m. Voye^ Castellank , monnoie
dor.
Castillan, f. m. Nom d'un poids d'Efpagne. Le
cajiillan eft la centième partie d'une livre d'Ef-
pagne , qui eft environ d'un (Je & 3 quarrs pour
cent moins pefante que notre poids de marc ; en
forte que 117 marcs d'Elpagne n'en font que cent
dix de France. Le cafiilUn fe divife en huit to-
mmes. Six caftilUns & deux tomines font une
r^f?^^rT^rt^l?°^^- <^''"'fi'^^ P^^rs librcc Hifpanicc.
I^AiilLLb Nom de la plus grande contrée de l'E'-
pagne. Cafiella. La Caltille\{i au milieu de l'Ef-
pagne , & elle a au nord l'Aflurie Santillane & la
Bilcaye ; au levant, les Royaumes de Navarre, d'Ar-
ragon & de Valence ; au midi , celui de Murcie
avecl'Aiidaloulie, & au couchant , le Royaume de
Portugal & celui de Léon. Ce pays le divife en
deux Provinces féparées l'une de l'autre par une
grande chaîne de montagnes qui le traverfent du
couchant au levant. La partie quj eft au fepten-
trion de ces montagnes s'appelle la Caliilk vieille ,
f ^^î!f ^""-l^'^^' ^''°^^^ ' ^ ^^^^^ q"* ^l^ au midi ,
Ja Lajhne nouvelle. La première s'appelle Caftille
vieille, parce que les Chrétiens la conquirent fur
les Maures long-temps avant la nouvelle Caftille
La vieille Cafiilk n'a porté que le titre'de Comté iuf-
qu'au milieu du XIP fiècle , que Don Sanche III
ayant epoufé Nunna , héritière de Caftille par
îa mort de Garcias fon frère unique , & dernier
Comte de Cafiille , la donna à Ferdinand fon
fils fous le titre de Royaume. C'eft ce Ferdinand
11= du nom , qui la réunir au Royaume de Léon
quil avoir déjà. La Cafiille nouvelle s'appeloit fous
les Maures, Royaume de Tolède. Elle n'a pris le
nom de Caftille que depuis la fin du Xle fiècle
que les Chrétiens l'enlevèrent aux Maures. I a capi-
tale de la vieille Caftille eft Burgos ; celle de la nou-
velle a ete long-temps Tolède : aujourd'hui c'cft Ma-
drid, capitale de toute l'Efpagnc,
„ 9" '^^'.^°"'^°î'"^ ^^ C^M^^Caftellanum Re^num.
LafteLlam Regni ditwnes. La couronne de Caftille ne
Comprend pas feulement les deux Caftilks la
vieille & la nouvelle : c'eft l'une des deux parties
générales qui compofent le Royaume d'Efpagne ;
& qui comprend dans les quatre parties du monde
un grand nombre de pays fort vaftes , & fort
ecarrés. EnEfpagne, les deux Cafiilles , l'Eftrama-
madoure callillane , l'Andaloufie , les Royaumes
de Grenade, de Murcie, de Léon, de Navarre
la Galice les Afturies , la Bifcaye ; en Afrique
les villes de Marfalquivir, de Melila, dcPennon,
de Vêlez, de Ceuta , de l'Arrache, & les îles
Canaries; en Afie, les îles Philippines, les îles
Mananes, ou des Larrons; en Amérique, le vieux
LAS QoQ
mil' Ï^TT ^'''''^''' ' ^^ 'Î'erre-Férme ou la Ca-
domtrion. ' ""^'^ ^""^'^ '"^ ^"---^ ^^ ^-^^
Le nom de Caftille a été donné à cette contrée
du mot elpagnol .././, château , c^.//,"', TcaS
des châteaux dont elle eft pleine^ d'où df venu
te uv ^"^'^^"-""^ ' .le. proverbe de bâtir des châ-
TEAu. ^'^''SnC' ainfi qu'on l'a dit au motCiiÂ-^
Castillle J'or. Vafte région de l'Amérique méri-
aZf^C'T'^^^^ autrement Terre-Ferme. Caftellx
ou HM , ' P'"^'^'^^ l'Amérique méridionale,
qui elt la plus avancée vers le nord , & que l'on
&Tnn^ ^l^ /o^-^eme de latitude feptentrionale,
Ci entie le deux cens quatre-vingt-treizième & le
Colomb" -"^^-^------^elong^ude. Chriftopl
Colomb, qui dans fcs^deux premiers voyages n'a-
voit découvert que les lies de l'Amérique, parcourut
con"rt"T "" "' '^"""'"^ ^" ^°-^ ^^ c'et'te grand
con ee , & jugeant que c'étoit un grand continent ,
Il lui donna .e nom de Terre-Ferme ,\m lui eft
refle Cependant les Efpagnols l'appelèrent quet
quefois dans la fuite Caftille d'or , à caufe de la
St.T'"i''' d'or qu'ils y trouvèrent. Nos Géo-
graphes lui donnent au/H ce nom. Foye? Terres
Ferme. -^ ^ -^ i^i^i^c
Castille. f £ Terme populaire, qui fignifie , pe-
nte querelle ou différent. Rtxa,jurgiu,n\ diftîduœu
Ces gens maries font mauvais ménage , il y a tou-
démcler^'^''" ^^'^^-^ entr'eux , qudque ehofe à
Ce mot vient par corruption de caftine ou caïïine,
qui fignifioit autrefois querelle , riotte
Castille, f. f. On le dit en Anjou, en Bretagne , &
peut-être en quelqu'autres lieux , pour le fmit qu'on
appelle a Pans & dans la plupart de nos Pro-
vinces , grofeiUe. Foye^ ce mot.
CASTILLON. Caftellio ou Caftilio, ville fur la Dor-
dogne en Périgord , où les Anglois qui vouloienc
fecourir la ville afl.egce par les François , furent fi
bien battus par Charles VII, qu'ils prirent le parti
d abandonner la Guienne qu'ils poflcdoient depuis
long-temps. La bataille de Cajîillon ne fe donna
pas en 145 1, comme difent Hoffinann, Maty, &:
M. Corneille, ni eni45 2 , comme l'écrit Duchefne ,
Amiq. des villes de France, U lU , c, 1 3 ; mais
en I4J5 , le 15 Juiller, comme le marque du Tillet
dans fon Chronicon de Regib Franc. & le P Da '
ullon de Medoc, Caftilio Medulci, petite ville de
Guienne dans le petit pays de Médoc , & fur le
bord méridional de la Garonne.
Caftillon eft un diminutif de Cartel , qui fianifi^
château. Ces villes apparemment n'étoient d'aljorci
que de petits châteaux. C'eft de-là qu'eft venil
leur nom.
tfJ- CASTINE, f. f, Pierre blanchâtre qu'on mêle
avec la mine de fer pour en faciliter la fufion en
abforbant les acides du foufre, qui font la matière
la plus ennemie du fer.
CASTOIGNAEU ou CASLOIGNEAU, f. Y. Petit
panier dans lequel on met quelques efpèces de
marchandifes.
CASTON. f. m. Vieux irlor qui fignifioit chaton d'une»
bague.
CAStONADE. Voyei Cassonade.
CASTOR ou BIEVRE. f. m. Animal amphibie , qui
vit tantôt fur terre & tantôt dans l'eau , & qui ne
s'apprivoife jamais. Caftor tiber. Il vit de feuilles
& d'écorces d'arbres. Les anciens , comme Solin i
Pline, Andromachus , ^lian , Apulée, Cicéron ,
6'c. ont cru qu'il s'arrachoit lui-même les parties
naturelles, quand il étoit poutfuivi des Chafieurs j
fur quoi les Poètes ont dit des merveilles :
lo
CAS
Imitaïus Cuflora , ^ui fa
Eunuchum ipjc facu , cupims cvadere damno
Tefilculorum. Juv.
Ceft pourtant une erreur. C'en eft une auffi d'af-
ilirer avec pluikurs Naturalilles , que les tefticules
du cullor font attachées à l'cpine du dos. Diolco-
coride a fort bien remarqué qu'ils font caches dans
les aines. Il y a encore dans les aines , tout auprès des
■tefticules , des bourfes de la groillur d'un œut d'oie,
dans lefquelles eft contenue une liqueur très -unie
dans la médecine , qu'on appelle cajlorum. On
confond ordinairement ces bourles avec les tefti-
cules ; mais ce font des chofes entièrement diitc-
rcnfcs. On trouve de ces bourfes dans les femelles
auilî-bien que dans les malcs , ce qui détruit le
ientiment de ceux qui prétendent que le caftoreum
eft renfermé dans les tefticules du ca/lor. Cet ani-
mal fe icrt de cette liqueur , lorfqu'il eft dégoûte,
pour fe donner de l'appétit : il la fait fortir , en
preflant avec fa patte les véliculcs qui la contien-
nent. Les Sauvages en frottent les pièges qu'ils
tendent à ces animaux , afin de les y attirer. Cet
animal reffemble à la loutre , mais il eft plus gros.
Sa tête ta en arrondiflanr , & fon muffle eft aplati
& camus , garni de poil. Il a la langue de pourceau,
des joues de lièvre, &: des yeux de rat. Son toie
eft gros & noirâtre , & divifé en cinq lobes.
Son 'fiel eft petit aulfi-bien que fa ratte. Sa veifie
eft femblablc à celle de pourceau. Ses rognons
font. gros. Les Sauvages eftiment fort la chair de
cajlor. , , . .
Il a été dilîéqué un capr a l'Académie des
Sciences, qui étoit long de trois pieds Si demi
depuis le mufeau jufqu'à l'extrémité de fa qUeuc. Sa
plus grande largeur étoit de douze pouces , & il
pefoit plus de treme livres. Sa couleur étoit brune
& fort luifante , tirant fur minime. Son plus long
poil étoit d'un pouce &: demi , délié comme des
cheveux i fie le plus court d'un pouce , & doux
comme le duvet le plus fin. Ses oreilles étoient
rondes fie fort courres , fans poil par dedans , &c
velues par dehors. Il avoir quatre dents incifives ,
comme les écureuils , les rats fie autres animaux qui
aiment à ronger. La longueur de celles d'enbas
étoit de plus^d'un pouce-, fie celles d'enhaut qui
fe ^liifcnt au-devant des autres , ne leur étoient pas
diredemenr oppofccs, mais étoient difpofces à agir
à la manière des cifcaux en partant l'une contre
l'autre , étant fort tranchantes par le bout , fie tail-
lées en bifcau. Leur couleur étoit blanche par de-
dans , ic d'un rouge clair par dehors , tirant (ur
un jaune de fafitan bâtard. Il avoit feize dents mo-
laires , huir de chaque côté. Les finus de fon cer-
veau étoient difpofés d'une manière exrraordinaire.
Les doigts de derrière croient joints par une mem-
branne ,^comme ceux d'une oie. Ceux de devant
étoient fans membrane , femblables à ceux des rats
de montagne, ou, comme dit la relation d'une
autre diffcdion, comme les mains d'un iînge , Se
ils s'en fervent comme d'une main, de même que
les écureuils. Ses ongles étoient taillés de biais. Se
creux par dedans , comme des plumes à écrire. La
queue de cet animal tient plus de la nature du
poiifon , que de celle des animaux terreftres , aulfi-
bien que fes pieds , qui. en ont le goût. Elle étoit
couverte d'écaillés de l'épailleur d'un parchemin ,
longues d'une ligne ^ demie , fie d'une figure hexa-
gone irrégulièrc , qui formoient une épidémie
ou pellicule qui les joignoit enfemble. Elle avoit
onze pouces de long, 'fie étoit de figure ovale,
lara;e en fa racine de quatre pouces , fie de cinq au
miHeu. Cer animal s'en fcrr avec fes pieds de der-
rière pour nager , elle lui fert auHl de battoir ,
pour battre le'mortier dont il a befoin , quand il
bâtit une maifon , qui a quelquefois deux ou trois
ctaîîes. Ses tefticules n'étoient pas attachés à l'épine
du dos , comme difent Matthiolc , AiTUtus Lufitanus
CAS
8c Rondelet', mais ils étoient cachés aux parties
latérales de l'os pubis à l'endroit des aines, fie ne
paroilfoicnt point au dehors non plus que la verge ,
ôe on ne peut les retrancher fans le faire mourir.
Il avoir quatre grandes poches fituées au bas de l'os
pubis. Les deux premières plus élevées que les deux
autres, avoient la figure d'une poire ou d'un V,
fort ouvert, fie fe communiquoient enfemble. Elles
avoient une tunique intérieure charnue , d'une cou-
leur cendrée , rayée de plufieurs lignes blanches
qui avoient plufiéjks replis lemblables à ceux de la
caillette d'un m?aton , fie de l'étendue de deux
pouces. On y trouva les reftes d'une matière gri-
fatre , qui avoit une odeur fétide Se fort attachée :
Se c'ell; - là le cafioreum dont On parle tant.
Les plus grands cajtors onr trois ou quatre pieds
de long , ilir douze ou quinze pouces de large au
milieu de la poitrine , fie d'une hanche à l'autre.
Ils pèfent ordinairement depuis quarante jufqu'à
foixante livres. A l'égard de leur vie , on ne croit
pas qu'elle foit de plus de quinze_ ou vingt ans.
Ces animaux font ordinairement fort noirs dans
le nord le plus reculé. On y en trouve aufTi de
blancs. Ceux de Canada font la plupart bruns ; mais
certe couleur s'éclaircir à meilire que les pays ibnt
plus rempcrés -, car ils font fauves , Se même ils ap-
prochent de la couleur de paille chez les Illinois Si
les Chaouanous.
Cet animal eft par-rout couvert de deux fortes de
poili excepté aux pâtes, où le poil eft très-court.
Le poil de la première efpèce eft long de huit ou
dix lignes, jufquà deux pouces , Se diminue en ap-
prochant de la tête fie de la queue. C'eft le plus
gros , le plus rude fie le plus luifant , Si il donne
la principale couleur au cajtor.
Il fe trouve une plus grande abondance de caf-
tors en Canada qu'en aucun autre lieu du monde.
Matthiole dit pourtant qu'il y en a beaucoup en
Allemagne , Aurriche fie Hongrie.
Quelques-uns tirent ce mot du grec ya^i^ , ven-
tre , parce que cet animal eft fort ventru. D'aurres
aiment mieux le faire venir de c^z/^rare , à caufe qu'il
fe coupe les refticules quand il eft pourfuivi , fui-
vaut l'erreur commune,
Jean Marius , Médecin d'Ulme , qui imprima en
1^35 un Traité larin fur le culior, fous le titre
de Cajlorologia , dit que cet animal eft environ
de la groficur d'un chat , qui fe nourrit de fruit
&c d'écorces d'arbres ■■, qu'il a les pattes de devant
femblables à celles d'un chien , &c les pieds de der-
rière de la forme de ceux d'une oie ; que fa queue
qu'il garde toujours mouillée , fouffrant beaucoup
quand elle eft sèche , relfemble entièrement à un
pohfon , ce qui fair dire à quelques Aureurs que cet
animal eft moitié chair fie moitié poiifon , Se que
p.xr conlcquent on pouvoit manger la moitié de fon
CDtps les jours gras, fie l'autre moitié les jours mai-
gres. Il rraiteforten détail de tout ce qui regarde
c;t animal , fur-rout par rapport à la Médecine. Foy.
encore Voffius , le IdoloL L. III , cap. 6i.
^ On appelle cafîors neufs , les peaux de caf-
tors tués à la chalfe pendant l'hiver , avanr la mue i
caflors fecs ou maigres , les peaux de cajlors qui
ont été tués pendant la mue, quand ils ont perdu
une partie de leur poil.
Castor fis^nifie aulfi un chapeau fait entièrement de
poil de c^//for. Petafus ex fibrinis pilis confeclus.
Derni-caftor eft un chapeau fait en partie de poil
de cafior , &c en partie d'autre poil. On fait auili
des draps de cafior.
Castor , ( demi ) dans le langage des libertins , eft
une femme ou une fille donr la conduite eft dé-
réglée , quoiqu'elle ne fe proftitue pas à tout le
monde. <>«^ copiamfui corporis alijuoties facit.
CASTOR ET POLLUX. Météore \ vulgairement, le
feu Sainr Elme. Les Phyficiens donnent le nom de
Cafior fie PoUux à ces doubles feux que les matelots
apperçoivent au haut de leurs mâts fie de leurs cor-
dages , après une grande tempête ; il y en a qusl-
CAS
quefois quatre ou cinq. |1C? Lorfqu'on n'en Voit
qu'un , on le nomme proprement htlme : quand on
en voit deux , Cajlor Se Pollux, Voye:^ Feu S.
Elme.
En Aflronorhie on appelle le fîgne des Gémeaux
Cajlor &c Pollux. C'étoient deux trercs jumeaux ,
fils de Jupiter transforme en cigne , & de Leda
femme de Tyndare , & fiere de la fameufe Hé-
lène 5c de Clytemneftre. Ils naquirent de deux œufs,
Pollux & Hélène entans de Jupiter , dans un , Caj-
tor &c Ciytemneftre dans l'autre. ïh croient de
l'expédition de la Toifon d'Or avec les autres Ar-
gonautes, On les appeloit auiH Tyndarides , c'eft-
à-dire, fils de Tyndare -, &: Dioj'cures, qui lignifie
fils de Jupiter. C'efl: le nom qu'avoir le vaiiîeau qui
porta faint Paul de Malte à Syracufe , puifqu'il en
avoir l'enlcigne. Acl. XXFIII, H. On les nom-
moir auffi les Cafiors au pluriel. Les Poètes difent
que Jupiter avoir donné l'immorralité & la divi-
nité à Pollux fon fils i mais qu'il la partagea avec
fon frère Cafïor , enforte qu'ils montoient "au ciel.
Se defcendoient aux enfers alternariveracnt l'un
après l'autre. Cela eft fondé fur ce que les étoiles
des Gémeaux ne fe voient Jamais toutes deux en-
femble , & que, fi l'on en croit Servius, fur Vir-
gile, Enéide, Liv. FI, v. m , l'une fe couche tou-
jours lorlque l'autre fe lève. Tacite , De moribus
Germ. cap. 45 , dit que les Naharvales , peuples de
Germanie , adoroient Cajlor & Pollux. Voyez llar
ces Dieux , VofTius , de Idolol. Lib, III , c.\o& i^.
Les _ étoiles de Cajlor & de Pollux , avec
ce mot , Cum luce falutem -, eft une dévife du Lu-
carini pour un Sénateur de Milan. A l'entrée du
Cardinal Ferdinand d'Efpagne à Milan , leP. Velli
fit pour ce Cardinal & pour le Roi Philippe fon
frère cette dévife -, les mêmes étoiles , avec ce mot
de Claudien , Ipjîs domantibus- auras.
CASTOREUM. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft
une matière enfermée dans les poches que le call:or
a vers lés aines, & qu'on a pris fauffement pour
fes tefticules , comme on l'a dit ci-delllis au mot
Castor. Elle s'épailfit & & fe defsèche , de forte
qu'on peut la réduire en poudre : elle efthuileulé,
d'une odeur forte défagréable , d'un goûr pi-
quant Se amer. Le cafloreum eft propre pour for-
tifier la tête , Si toutes les parties nerveufes : il
excire les efprirs languilfans , réfifte aux venins , &
provoque les mois des femmes. On s'en fert dans la
léthargie , apoplexie, verrige, tremblemens, fuffo-
cations des femmes , Se dans plufieurs autres occa-
fions. On dit que le cajloreum a la propriéré fin-
giilière Se chimérique de poulfer à fond quand il
eft répandu dans l'eau. Les pêcheurs de Dane-
mark s'en fervent pour écarter de leurs barques
cerraines baleines qui les incommodent -, ils le jet-
tent dans la mer , donr il trouble l'eau en s'y mê-
lanr. Bartholin rapporte qu'un fameux Plongeur qui
croit lut un vaillcau qui fit naufrage , fut le feul
du vaifleau qui périr , quoiqu'il fût forr bien na-
ger , Se qu'il y a lieu de croire que le cajloreum
qu'il avoir fur lui , fut caufe de fa mort. Le fait
peut-être vrai , fans que le cajloreum y foir pour
quelque chofe.
Le mot cajloreum vient du mot caflor , qui eft
le nom de l'animal qui ie donne.
CASTOS. On nomme ainfi au Japon les droirs d'en-
trée Se de fortie , que l'on paye pour les marchan-
difcs qu'on y porre , ou qu'on en tire.
CASTR AMET ATION. f. f. Arr de bien placer un camp,
l'art de marquer le camp Se d'en dérerminer roures
les différenres pvopon'ions.Caflrameuicio , Caflrorum
metatio. \Jn Maréchal de Camp doir bien favoir la
cajlramétation. On ne fe ferr s;uere de ce mor pour
les campemens modernes. Il eft plutôt latin que fran-
çois. Caftramétation des Grecs, des Romains,
CASTRATION, f, f. Terme de Chirurgie. Cajlratio.
Aélion , opération par laquelle on chârre un nomme
ou un animal , Se on le mer hors d'état d'engendrer.
La cajlration eft fort en ufage en Afie , Se fur-tout
C A
S
I î î
chez les Turcs , qui la iprariquent polir empêcher
leurs femmes d'avoir commerce avec les efclaves qiti
les gardenr. Les Turcs , dans la cajlration. Font une
amputation générale des tefticules Se de la verge.
Chez les Italiens , la cajlration eft fort fréquente.
DioNis. C'eft l'amour de la Mulique qui a introduit
en Italie l'ufage de la cajlration , afin de confervcr
par ce moyen la voix aux enfans qui ont de la difpo-
linon à bien chanter.
Nous appelons poulardes , des poulettes châtrées „
qu'on cngrailfe avec dii grain dans un lieu obfcur.
Il eft à croire que les Anciens n'ont point connu
cette cajlration : il eft conftant qu'ils n'ont point
connu celle des poules d'Inde , que j'ai vu pratiquer
dans l'Anjou par une Dindoiinicre du Maréchal de
Brezé. Les Anciens onr pôurrant connu la callratiom
des femmes. Athénée, /,. 1 1. c. 5. attribue cette inven-
tion à un Roi de Lydie, nomme Andramyre , ou*
ïelon Cafaubon , Adramycc. Ces femmes lui fervoient
d'Eunuques , Se c'étoitafin qu'elles parulfent toujours
jeunes Se fraîches à fes yeux , qu'il s'éroir avifé de
certe cajlration , laquelle , fi l'on en croit Dalc-
champ, ne confiftoitqu'à boucler ces femmes, Ména-
GiANA ,T.i,, p. 174, 175, i-js. L'Amanr de la Rofô
nousdir,v, 2i3i6-,& nous devons l'eh croire, que
Pour cinq cens fois cent mille livres ,
il n'auroit pas voulu fouffrir une opération fembla-
ble à celle que le Chanoine Fulbert fit éprouver au
mari d'Eloïfe, On trouvé peu de perfbnnes qui
enrendent raillerie fur cer arriclé. Sup. au Glof. dit
Rom.de laRoJe, au mot Grant péchié , &c.
53° CASTRATS. Cajlrati. f. m. Nom purement ita-
lien qu'on donne à ceux qu'on a faits Eunuques
dans leur enfance pour leur procurer une voix plus
nertc & plus aiguë. Comment la caftrarion pro-
duir-ellc cer effet là 3 Comment y trouve-r-on des
hommes aifez barbares pour faire l'ubir cette cruelle
opérarion à d'autres hommes uniquemenr pour la
perfeéliôn d'un vain talent 3
CASTRENSE, adj. m. Se f. Ternie d'Antiquité. Ca^
Jlrenjis-, e. Qui a rapporr à un camp d'armée. Ce
terme ne fe dit guère qu'en parlant de la couronne
cajlrenfc. C'éroit celle que les anciens Romains
donnoient à un foldat qui avoit le premier péné-
tré dans le camp de l'ennenli que l'on attaquoir.Cb-
fona cajlrenjîs. Elle étoit dans les cômmencemens ,
d'une branche d'arbre, Voyei Pline , Hifl. Nat. L.
XFI , c. 4. Enfuire elle fur d'or -, &; pour la di-
ftinguet des aurres couronnes, par exemple , delà
murale, de l'obfidionale , &c. elle éroit bordée de
figures de pieux , de palilFades , qui faifoienr comme
aurant de rayons. Lifez Aulu-Gelle, L. V , c. 6.
Pafchalius , dans fon Traité des Couronnes , L.
VU, c. 3.
|}C? On appeloit auflî cafirenfis triurnphus, le triom-
phe accordé à celui qui enlevoit un cainp ennemi ,
ou qui s'en rendoit le maître
CASTRES, Ville du haur Lartguedoc en France , dans
le périt pays nommé Albigeois -, d'où vient que , fé-
lon Du Chefne , dans l'es' Jntiq. des Villes de Fr,
Cajlres eft furnommé d'Albigeois, Cajlrum, Caj-
triim Alhigentium. Cajlres eft fitué fur la rivière
d'Agoùr, Acutum. Cajlres fut érigé en Comté par
le Roi Jean, &; en Evêché en 1317 , par Jean
XXII, qui le fit fuffragant de Bourges. Il l'eftmain-
renant d'Alby. Foje/Vur cette viÛe Catel, Hijl.
de Languedoc, Liv.ll , ck. ij.
Sa différence du méridien de Paris eft o h. o'.
13", OLioJ. ;'. 40", occid. Sa longitude eft 19'', 45'.
40", Sa latitude 45^. 3^?', ^o", Cassini.
Ce mot vient du latin Cajlra ou Cajlrum. Les
Romains avoient coutume de forrifier des camps
dans les Provinces donr il deverioicnr les maîtres ,
Se d'y avoir des corps d'armées pour renir les peu-
ples dans la foumilfion. Nous voyons plufieurs de
ces camps fur les médailles , avec ces infcriptions ,
PrOVIDENTIA Atig. ou AUGG. VIRTÙS AuGG. VIR-
Tijs MiLiTUM, &c. Ces caiTips dans la fuite font
devenus des villes, qui en ont gardé le nom, Ca-
^i^ CAS
/ira , ou Cafîrum. C'cfl: de là qu'cft venu Capes.
Plulieurs de nos villes de France ont commence
par-là-, & quoiqu'en François elles ne portent plus
ce nom depuis plulieurs iiécles, elles l'ont néan-
moins porté , Selon trouve, par exemple, dans les
anciens titres , Cajlrum Cabilloiiinfe , Cajirum Ma-
tifcoiunfe, Chalons, Mâcon, Cajtruru Jn/unfe,Vm\U,
Cajlrum Melodunenfe , Cajirum Miroliaccnfe , Ca,-
mcracenfe , &cc.
CASTREZ. Nom d'une petite contrée du Langue-
doc, qui ne fe dit point lans l'article. Cajireiijis
azcr. Le Capei eft la partie méridionale de l'Al-
bigeois, qui s'étend d'orient en occident entre
l'Albigeois propre , le Rouergue , le Lauraguais &
le bas" Languedoc. Il prend ion nom de Callrcs la
capitale , il\t feul lieu conlidérable qu'il rentcrme.
CASTRO. Nom de lieu purement italien & efpagnol ,
qui iis;nifie la même chofe que Caflres en fian-
çois , c'eil-à-dire , ce que les Romains appcloient
Ca/lra , Camp. Nous nous en fcrvons en françois
poLirlcs lieux d'Italie Se d'Elpagne qui le portent.
Cajho petit pays d'Italie , qi.i a titre de Duché.
Cdjlre'nfis Ducatus. Il eft litué entre la mer de Tof-
cane , le Siennois , l'Orviétan Se le Patrimoine ne
S. Pierre. Callro , ville du Royaume de Naples fur
la bouche du Golfe de Venilé, Cajlrum , ou Tem-
p/um Minerves. Cajiro de Urdi.iies , petite ville
d'Efpaane , fur la côte de Bilcaye.
CASTRo.Ville Efpagnole de l'Ile de Chiloc. Cajirum ,
url-s Caftrenfis. La ville de Caftro eft petite. Elle
eft dans la pointe feptentrionale de l'Ile. Drack
la détruifîtvers l'an 1600. A peine yrefta-t-il trente
habitans. Elle eft à deux cens cinquante lieues de
S. Jacques , ou San lago , capitale du Chili. Del
TÉcHO , Hijl. Farag. L. III, c. 18 6- 19. ,
Cafiro , vient de Cajirum , comme Caftres.
fp- CASTPvOM, CASTROMAR ville de Ruflie ,
dans le Duché de Sufdal , lur le Wolga.
i^ CASTROMAIM. Petite ville de Portugal, à
l'embouchure de la Guadiana.
tfj- CASTROMENA. Ville de la Turquie d'Afîe,
dans la Narolie, environ à dix lieues de Pendc-
rachi. ^
CASUALITE. f. m. Ce qui eft fondé fur lecas for-
tuit, qui n'a rien de certain, ni d'affuré -, ou la
qualité d'une telle chofe. Cajus , fortuna. Toutle
revenu de cette charge conlifte en caJua/ité.CaJua-
lité eft im terme didaéliqiie.
ifF CASUEL, ELLE. adj. Epithcte qui $'applique
aux choies qui arrivent par cas fortuit , qui dépen-
dent d'événemens incertains , qui peuvent arri-
ver ou n'arriver pas. Fortuitus. Varron a dit cafua-
lis. Le gain qu'on tait dans des entreprifcs qui llip-
pofent des rifques & du hafard , eft cajuel. Le pro-
fit qui vient d'un rapport habituel, foit du fonds,
Ibit d'induftrie, eft plus fur & plus fixe. Tons les
cmolumens aftéélés aux charges & aux emplois,
en tant que ce mot marque les revenans-bons , Se
non la finance réglée des appointemens , font des
cmolumens cajuels.
§3" On le dit en ce fcns des revenus qui ne fonr
fondés que fur des cas fortuits, cpi ne font ni fi-
xes ni réglés. Ce qu'on rerire d'une terre , outre les
revenus fixés par les baux , eft cafuel. Fortuitus ,
proventus , frucius. Les droits cajuels font certains
profirs de fief qui arrivent fortuitement, comme lods
& ventes , quint & requinr , déshérence , amendes ,
confîfcations , &c.
Le Tiéforier des parties cafuelles reçoit la p.au-
lette , les prêts & les taxations au quatrième ou
au huitième denier des Offices qui changent de ti-
tulaire. On appelle iîmplemcnt Parties cajuelles ,
les droits qui reviennent au F^oi pour les charges
<le Judicature ou de Finance , quand elles chan-
gent de titulaire. On appelle encore Parties ca-
fuelles., le bureau établi pour le recouvrement de
ces fortes de droits. Lever une charge aux Parties
cafuelles.
On dit qu'ujie charge vaque aux parties cafuelles.
C A T
pour dire qu'elle vaque au pvcft du Roi. Acad. Fr.
CAsutL eft aufli f. m. &: en cette acccpticn, il le
dit du revenu des Curés , qui ne conlifte ni en
fordsj ni en dîmes. Fortuitus. C<z Curé, outre fa
portion congrue, a tout le cafuel, \t baife-main,
le creux de l'Eglilé.
(iC? On le dit de même du revenu cafuel d'une
terre ,desrcvenans-bon d'une charge, d'un emploi.
Le cafuel de cette terre vaut mieux que le revenu
fixe. Ce n'eft pas toujours dans les places où il le
trouve plus de cafuel , que fe trouve le plus d'hon-
neur.
CASUEL, GASUEL, ou CASOAR. f. m. C'cft le
plus grand 6e le plus mallif des oiléaux que l'on
connoillé après l'autruche , qui n'eft connu en Eu-
rope que depuis l'an 1597, où il fut apporté de
Java par les Hcllandois. On a fait à rAcadcmie
des Sciences la dilléélion d'un Cajuel, qui a étt
quatre ans à Verfailles. En voici la defcription ti-
rée des Mémoires de M. Perrault. Il avoir cinq
pieds & demi de long depuis le bec jufqu'aux on-
ijlcs \ la tête & le cou d'un pied & demi -, le plus
îirand des doigts de cinq pouces -, l'ongle feul du
petit doigt de trois pouces & demi. Les plumes qui
le couvroient relfembloient mieux au poil de l'ours
• ou du fanglier, qu'à des plumes ou à du duvet,
tant les fibies en étoient grollVs.^
Ces plumes étoient toutes de même cfpèce. Il y
en avoit de doubles, de longueur inégale , qui al-
loicnt jufqu'à quatorze pouces. Son cou étoit fans
plumes comme celui d'un coq d'Inde. Ses aîlcs
étoient fi petites qu'elles ne paroilîbient point ,
étant cachées fous les plumes du dos. Elles n'a-
voicnt pas trois pouces de long. Ses plumes je-
toient chacune cinq gros tuyaux fans aucune barbe
de croient de longueur différente comme des doigts.
Le plus long avoit onze pouces , ayant trois li-
gnes de diamètre vers la racine. L'autre extrémité»
au lieu d'être pointue , paroilîbit rompue ou ron-
gée. Leur couleur éroit d'un tioir forr luifanr. Il
n'avoir point de queue , mais un croupion extraordi-
dinaireraent gros, couvert de plumes comme le
refte. Sa tête petite avoit une crête haute de ttois
pouces comme un cafque, dont la circonférence
croit formée en tranchant, luifante & polie comme
de la corne. L'extrémité de fbn bec étoit fendue
en trois comme le coq indien , marquerée de deux
taches vertes, le refte étant gris brun. Il avoir une
rroificme paupière inrerne, Sedeux appendices char-
nues nu bas du cou , femblables à ceux des poules.
Ses jambes grolles, fortes & droires , avoient
des écailles hexagones, pentagones & carrées. Ses
ongles étoient noks en dehors Si blancs en dedans.
Cet oifcau fe nourrir de légumes Se de pain, SC
il avale conime'l'aurruche tout ce qu'on lui préfente,
quoiqu'il n'ait point de géfier. Sa langue eft den-
telée , quoiqu'Aldrovandus dife qu'il n'a ni aîles
ni langue. Ses aîles lui aident plutôt à fraper qu'à
marcher, Se Clulîus dit qu'avec les pieds il brife
des troncs d'arbres gros comme la cuifîé. On l'ap-
pelle Eme dans les Indes.
CASUELLEMENT , adv. D'une manière cafuelle ,
Ibrruire. Fortuitb. Il n'eft guèresd'ulàge.
^ CASUISTE. f. m. Théologien, qui enfeigne la
Théologie morale Se qui réfout les cas de confciencc.
Moralis Tkcologus. Rien de plus important, rien
de plus épineux que les fondrions d'un Cajuijte.
Le plus fur de tous les Cafuijies eft la confcience
d'un homme de "bien. Un CaJ'uiJie a plus befoin
de droiture Se de bon fens , que de pénétration
se de fubtilité. S. EvR. M. le Févre appeloit Ci-
céron fon Cafuifie , par rapport aux Offices de
Cicéron. Un Cafuifie févère , un Cajuijle relâ-
ché, un CaJ'uiJie de morale févère, de morale re-
lâchée.
C A T.
^fj- CAT ou CATH. Ville principale de la pro-
vince
C AT
Viftce de Khiiarezm , dont elle étoît autrefois Ca-
pitale , fur le fleuve Oxus ou Gihon.
? CATABAPTISTE. Oppole au Baptême. Oh dcli-
gne généralement par ce mot ceux qui nient la nc-
ce/Hté du baptême. K«« , contre ; ^«^t.,v , baigner .
laver. ^
t:r CATABIBAZON. Terme d'Aftronomic. Voyez
queue du dracron. ''-
13= CATACAUSTIQUE. Terme de Géométrie. C'eft
la cauftique formée par des rayons réfléchis. Voyez
Caustique. •' ^
^ CATACHRÈSE. T. f. Terme de Grammaire. Fi-
gure de mot, cfpcce de Métaphore, qui confifte
dans l'abus d'un mot, dans l'emploi d'un mot im-
propre à la place d'un mot propre. Catachrifis ,
abujus vocis. Toutes les fois que , faute d'un mot
propre pour exprimer une idée particulière , on
elt oblige de fe fetvir d'un mot qui eft le figne
d une autre idée, mais qui a du rapport avec celle
qu'on veut exprimer, c'eft une caiachrèfe. On dit
par exemple ferrer un cheval d'argent , quoique
ferrer ne iigmfie proprement que clouer un fer
fous le pied d'un cheval ; mais comme nous n'a-
vons point de mot propre pouir rendre cette idée
quand l'armure delà foie eft d'argent, nous difons
jer d argent, /^rw d'argent , plutôt que d'inven-
ter un mot nouveau. Ceft la même chofe fi on
^^^l^çWt j^arncide celui qui a tué fa mère, fon ft^re
fon maître , fon Prince ; parcequ'au propre il ne
lignifie que le meurtrier d'un perc. Aller à cheval
fur un bâton , cette expreffion contient une cata-
chrcje. 11 y a des catachrèjes dans tous les ftyles &
dans tous les genres d'écrire ; c'eft un mal fans
doute , mais c'eft un mal néceffaire,
Ce mot vient du grec «^7*xf«t.A.«( , qui fîgnifie
abutor.
CATACOMBES, f. m. pi. Grottes, lieux fouterrains
pour la fépulture des morts. CatcLciimbx. On ap-
pelle ainfi en Italie les fépultures des Martyrs qu'on
va vi/iter par dévotion , & dont on tire les reli-
ques qu'on envoie maintenant dans tous les pays
Catholiques , après que le Pape les a reconnues fous
le nom de quelque Saint. Ils font à trois lieues
de Rome. C'étoient des glottes où fe cachoient &
s'afîembloicnt les premiers Chrétiens , où ils'en-
terroient ceux d'entre eux qui étoicnt martyrifés.
Ces Catacombes font de la largeur de deux à trois
pieds , & de la hauteur de huit ou dix pour l'or-
dinaire , en forme de rues qui fe communiquent ,
& qui fouvent s'étendent jufqu'à une lieue de Ro-
me. Il n'y a ni maçonnerie , ni voûte , la terre fe
foutenant d'elle-même. De temps en temps on ren-
contre depetites chambres pratiquées & faites comme
le refte des Catacombes, fans jour & fans ouver-
ture par en haut. Les deux côtés de ces rues , que l'on
peut regarder comme les murailles , fervoient de
haut en bas pour mettre les corps des morts. On
faifoit un trou de la longueur , de la largeur , &
à peu-près de l'épaifTeur du corps mort -, l'on y mettoit
le corps fans cercueil , & en ligne parallèle à la
rue. Ainfi toutes ces ouvertures étoient différen-
tes félon la longueur & l'épaiffeur des corps qu'on y
enterroit. Comme les Catacombes n'ont guère que
huit ou dix pieds de hauteur tout au plus , il n'y
a ptefque par-toUt que trois ou quatre rangs l'un
fur l'autre de ces fortes de tombeaux. On Tes fer-
moir par des tuiles fort larges & fort épaiffes , &
quelquefois par des morceaux de marbre , cimen-
tés d'une manière qu'on auroit peine à imiter de
nos jours. Le nom du mort fe trouve rarement
fur ces tuiles. P. E. Chamillart. Les Catacom-
bes font dans le cimetière de Callifte fur la voie
Apple.
Dans l'ancien uûge , les catacombes nétoient
autre chofe que le tombeau de faint Pierre &
fjiint Paul. M. Chaftelain , à la fin du premier tome
de {onMartyrolov;e, dans l'explication des mots,
ifc. au mot Catacombes, dit qu'il n'y a que les
étrangers qui donnent abufivemenï ce nom aux ci-
Tome II,
CA
T
metieres fouterrains de Rome ; que les Rom-ii„s
habiles ne le donnent qu'à une chapelle fou^" r
ne du ,ond de l'aile à gauche de S. Sébaftt ,!'"„;
des (cpt Eghfes ftationales, où le plus ancien de?
Calendriers Romams marque qu'a c^té mis le corDS
de laint Pierre fous le Confuir de Tuf us & le
Baflus, c'eft-a-dire, l'an 158.
Quelques-uns dérivent celiiot de l'abord & de
la retraite des navires, que les Grecs & les Latin
modernes ont appelés combes. D'autres difent qu 'on
difoit autrefois cata pour ad; & que CatacZbas
.gnifioit ad tumhas. Et Dadin de Hautefcr'e dans
es notes fur les vies des Papes . par Anaftafe, g !
bhothecaire,;,. ,i & 13 , montre que l'on a dit a^
trefois catatumbas , & non pas catacumbas , & cuS
faut corriger le texne d'Anaftafe dans la vie du Ci
«corneille , ou on lit catac^^nbas. Et en ei^et , on ^
donne ce nom à plufieurs cimetières. Du Cange
En vieux Irançois on appelloit combes, une vallée
environnée de tous côtes de montagnes q J'on appeUe
encore comè en anglois. D'autres dérivent cataaZ
^..dugrec..7i &C..^S,, , cavus , receJTus ; ceft à,
dire, un heu fouterrain : & on l'a auDli
• tombeaux , ou au lieu où étoient les tombeaux"!
comme en françois cave & caveau , où étoient les
corps de S. Pierre & de S. Paul. C.r.,.;.^,. Voye^
nirca/.T ' ^"'''"' ''""'' Z'^^^-'--- 't
1^ Le nom de catacombes CgmÇxe en général toutes
fortes de lieux fouterrains. On l'appliquoit aut e-
fois particulicremem à la cave où avoient été mi<^
les corps de S Pierre & de S. Paul , comme il pa!
roit par la joeLettre de S. Grég. L. III. En ce temps,
la , on appeloit encore criptes ou cimetières , criut<z
6- cœmeteria, les lieux où l'on enterroit les mofts i
mais depuis on donna le nom de catacombes au^
lieux fouterrains qui fervoient de tombeaux &:
que l'on ptctend avoir été particuliers aux Ci'iré
tiens. Il n'eft pas néanmoins certain qu'on n'v air
pas auflî enterré des Païens i & il eft évident que
tous ceux qm y font enterrés ne font pas des faintS
& des mattyrs , quand même c'eût été le cimetière
commun des Chrétiens feulement , puifque tous les
Chietiens ne lont pas des faints ou des martyrs
Les (ignes dont on fe fert pour diftinguer les corps
de ceux-ci , font allez équivoques -.la croix, la palme
le monogramme de J. C , les figures d'un bon paA
teur ou d un agneau , que l'on trouve gravées fur les
pierres du tombeau , prouvent bien' qu'elles ont
feivi à des Chrétiens, mais non pas que ces Chré
tiens foient faints ou martyrs. Les palmes rie^fonc
pas toujours un (igné certain de la couronne dut
martyre & les phioles teintes de rouge ne prouvent
pas qu'elles aient été teintes du fang plutôt que
d'une autre liqueur. On trouve quelquefois fur une
même pierre des infcriptions payennes , comme
M. D. Dus Mambus , d'un côté , & d'un autre des
lignes du chnftianifme : ce qui fait voir qu'elles ont
fervi a des Païens ou à des Chrétiens. On ne doute
point que dans le commencement du Chtiftianifme
il n'y ait eu quantité de martyrs enterrés dans les
cimetières des Chrétiens , comme ra/Turent S Te^
rôrne & Prudence. Cependant du temps du Pape
Grégoire III j il y en avoir ttès-peu de connus , puif-
que ce Pape écrivant à Otgar , Archevêque dô
Mayence , qui lui demandoit un corps faint , lui fin
reponfe qu'il n'en avoit point à lui envoyer , parc©
que fes prédécefTeurs & lui avoient placé \e% corps
des faints dans les Eglifes nouvellement dédiées ; &:
qu'il en avoit cherché , fans en pouvoir trouver , &:
qu'il prioit Otgar de lui donner du temps pour en
faire une plus grande perquifition. D. MabilJon ,
Itinerar. Ital. Eufebi; Rom. Epiftola ad Théoph. Gall
r? CATACOUSTIQUE. f. f. ou CALAPHANI-
NIQUE. Science qui confidère les propriétés des
fons lefléchis , c'eft-à-dire , qui ne viennent pas di-
tellement du corps fonore à l'oreille , mais qui la
frappent après avoir été renvoyés par quelqu'autra
corps, Voye^ Echo ôc Catoptriq.ue.
Rs
514 CAT
gCTCATADIPTHIOQUE. adj. de t. g. Terme d'opti-
que, qui le dit de ce qui appartient tout-à-la fois a la
catoptrique & à la dioptrique. CataMoprncas. Tc^
leicope catadioptrique, lunette qui réfléchit &: rompt
en même temps les rayons.
CATADOUPE ou CATADUPE. f. f. Qui fignifie la
même choie que catarafte -, c'eft-à-dire , la chute d'un
fleuve , qui d'un liey haut tombe dans un plus bas.
Catadupa, On parle des catadoupes du Boriftene.
Ily a les catadupes du Danube Se du Rhin , qui lont
les endroits où ces fleuves lé précipitent des ro-
chers. Les plus fameulcs catadoupes Ibnt celles du
Nil. , ^
Puis roulant leurs eaux entre des rochers,tormoient
un gafouillement à-peu-prcs femblable à celui des
Catadupes du Nil. La Fontaine. Le fleuve de S.
Laurenr en Canada a aulll des catadoupes qui ne
cèdent guère à celles du Nil , li l'on en croit des
François qui les ont vues, Foyei Cataracte.
Ce mot vient du grec x«t«^»ct« , nom pluriel ,
qui vient dey-xia^a^lc^, compole de y.«T«, prépoiltion,
qui dans la compofition lignifie tendance , inclina-
tion vers le bas , iituation balle -, Se de ^a^iu , qui
fi2;nifîe faire du bruit : de forte que x«T«^»jr£« , eft la
même chofe que faire du bruit en tombant ; dc-là
le forme KariSnTra , le bruit que fait un fleuve en
tombant , &c r» x«T«.?«5r« , les chiites d'un fleuve , ainli
appelées , parce que les eaux font un bruit en tom-
bant. Windelin , de admirand, Ni/i, c. 5, &Paul
Lucas , dans fon premier voyage , décrivent les ca-
tadupes du Nil.
CATADUPE. f. m. Catadupus. Les anciens donnoient
ce nom aux peuples qui habitoient proche des cata-
dupes ou cararaéles du Nil. Les anciens croyoient
que les Catadupes croient lourds , à caufe du fracas
que font continuellement les eaux en tombant. Ci-
céron , dans le Songe de Scipion , c. 5. AmmienMar-
ccnm,Liv.XXII,c. 546' 3 (î. Pline , Liv^ F, c. 9.
Vitruve, L. FUI ,c. 1 parlent aulfi des Catadupes.
Les catadupes font cenfés dans l'antiquité des peu-
' pies de l'Ethiopie. Sîîneq. Nat. quœjt. L, IF, c. 1.
CATAFALQUE, f. m. Echafaud , ou élévation : c'efl:
une décoration d'architeiîture , de Peinrure & de
Sculpture , établie fur un bâti de charpente pour
l'appareil &: pour la tepréfentation d'un tombeau ,
qu'on élevé pour les pompes funèbres des Princes
ou des Rois. Tabulatum ad reprafentandum tumuli
pompam extrucbim.
Quelques-uns écrivent cadafalque , mais très-mal.
Daviler & les Maîrres de l'art écrivent catafalque ,
& les Italiens de qui nous avons pris ce mot , di-
fent catafalco , un echafaud , & non pas Cadafalco.
CATAGLÔTTISME. f. m. H. Etienne appelle ainlî le
baifer que pratiquent les Italiens , en mettant la lan-
gue dans la bouche. rAâro-a , yA»??» 5 langue.
CATAGMATIQUES. adj. fouvent employé fub-
ftantivement. Terme de Médecine , qui fc dit des
médicamens propres à fonder les os calîes , & à faire
plus promptement le calus. Medicamentum fracluris
cjjiiim apparatum. Ces médicamens font le bol d'Ar-
ménie , la gomme tragacanthe , l'ofteocolle , les
noix de cyprès , l'encens , la farine folle , l'aloës &
l'accacia.
Ce mot vient du grec xaray^na , fraiflure.
CATAIRE, f. f. Foyei Heb.be aux Chats.
CATALAN , ANE. ad] & f. qui a rapport .à la Catalo-
gne , qui eft de Catalogne. Catalonius Gothalanius.
Les Catalans aiment mieux la guerre que le travail, &
font faire prefque tous les ouvrages de la campagne
par des François qui y vont des provinces voifmes.
Maty.
CATALECTE , ou plutôt CATALECTIQUE , adj.
Terme de Poëfie. Cataleclicum carmen. Les anciens
appeloient vers catalecles ou catalecliques , ceux
auxquels il ne manquoit qu'une fyllabe : car lorf-
qu'il y manquoit un pied tout entier , on les nom-
moit Brachycatalecles ; &C Acatalecîiques , les vers
parfaits , auxquels il ne manque rien.
Ce mot vient du grecx«T«A£x7(ic»s, k«t«, contra j
CAT
& A/y«, dejino, je finis. Ceft-à-dire, ce qui n'efl
pas fini dans les règles.
Catalecte. f. m. & adj. Les Savans fe fervent de cô
mot pour exprimer certains ouvrages des anciens »
qui ne font que des fragmcns , ou de petites pièces
qui leur font échapées. Scaliger eft , je crois , le
premier qui fe foit fervi de ce terme en ce fcns.
Il a tiré ce nom des vers catalecles des anciens ,
qui étoient des vers auxquels il manquoit quelque
pied ou quelque fyllabe , & le donna au recueil
qu'il publia de toutes les pièces , fous le titre de
Catalecles des anciens Poëres. Les quarorze petites
pièces attribuées à. Virgile ont été traduites par
l'Abbé de Marolles, fous le nom général de Ca-
talecles. Depuis il traduilit toutes les petites piè-
ces des anciens Auteurs , que Scaliger avoir raflém-
blées.fous le nom de Catalecles : enforre qu'au-
jourd'hui on donne le nom de Catalecles à toutes
ces anciennes petites pièces , foit qu'elles foient
feintes, ou qu'elles ne ibicnt que des ftagmens.
CATALEPSIE, f. f. Terme de Médecine. Ceft une
efpèce d'apoplexie ou d'alîbupifTement > qui laifl'e la
rcfpirationlibre. CatalepJïs.Le cataleptique demeure
les yeux ouvcrrs Hc dans la même pofture où la ma-
ladie l'a furpris , 5c fans fentir , fans voir , fans en-
tendre. Il demeure comme pétrifié , & comme s'il
avoir vu la tête de Médufe. ^CF Si on levé un bras
du malade , il demeure immobile à l'endroir où on
l'a mis. Si on élève une paupière , elle ne s'abailîe
point d'elle-même •, fi on lui fait fléchir un doigt
ou plufieurs , ils reftent fléchis jufqu'à ce qu'on les
étende. Cette maladie eft fort rare. Il eft même dif-
ficile d'en affigner la caufe. Il y a de l'apparence
que c'eft le plus fouvent une extrême mélancolie ,
par le moyen de laquelle les malades font fi forte-
ment attachés à quelque objet qui les occupe , qu'ils
ne penlént en aucune manière à ce qui fe paffe hors
d'eux-mêmes. §CJ" Les afîeélions vives & fubires de
l'ame, des méditations profondes & faifies , un tra-
vail forcé dans le cabinet peuvent être autant de
caufes de cette maladie.
Ce mot vient du grec x«7«Af4'« qui fîgnifîe déten-
tion , dérivé du verbe x«T«A:«^fâ.« , detineo , j'arrête ,
je retiens. Cette maladie s'appelle autrement catoé
che ou congélation. Kulox,i vient de ««t/;»;», j'arrête,
je retiens.
Dégori dit catalepjîs au lieu de catalepfie , & il
fait catalepjis du genre mafculin. Foye^ cet Au*
teur fur la catalepfie.
CATALEPTIQUE, adj. quelquefois employé fubftan-
tivement. Qui eft attaqué de catalepfie. Ca/^/f/'Wcwj.
CATALOGNE. Province d'Efpagne , qui a titre de
Principauré. Catalaunia. ou plutôt Catalonia. La
Catalogne eft bornée au nord par les Pyrénées qui
la feparent de la France. La Méditerranée la bai-
gne au levant , & au midi -, elle a l'Arragon & une
partie du Royaume de Valence au couchant. La ca-
pitale de la Catalogne eft Barcelone. Sur la fin du
VIP fiècle Bernard fut fait Comte de Barcelone , Sc
gouverna la Catalogne çoni les François. En 854,
le Comté fut donné en propriéré par Charles le
Gros à Geofroy le Velu , pour lui & pour les deA-
cendans. En 11 57, Raymond Bérenger , Comte de
Barcelone , ayant époufé Pétronille, héritière d'Ar-
ragon , unit pour toujours la Catalogne à l'Arra-
gon.
Ce mot , Catalogne , s'eft formé dé Gothalaniaj
Gothalanie , terre ou pays des Goths , parce que les
Gorhs s'établirent autrefois dans cette partie d'Ef-
pagne.
CATALOGUE, f. m. Lifte , dénombrement de per-
fonnes ou d'autres chofes , difpofées félon un cer-
tain nombre. Index , catalogus , album. Le bienheu-
reux François de Sales a été mis au catalogue des
Saints. Un Régent a le catalogue de fes écoliers.
Le catalogue d'une bibliothèque fe difpofe par l'or-
dre des matières. Les Jéfuites d'Anvers ont donné
un catalogue des Papes, avec de favantes diffcrta-
lions. C'eft ce qu'ils appellent Propyltgum ai a3a.
C A T
. SanSorum Mali. Il y a en particiilier un proîof^ue
Ibr les anciens catalogues des fbuverains Ponti-
fes.
Du Cange dérive ce mot dé catalogo , qu'on a
dit dans la balle latinité pour lignifier colleRio , du
grec xcili.>,oyi>i , de x.aTa>.iyu , recenjeo,
CATALOTIQUE. adj. fouvent employé Ibbftantîve-
ment. Terrtie de Médecine , qui fe dit des remèdes
propres à difîiper les marques des cicatrices qui
paroifîentfur lapeau, C'^ZM/onc/zj. Le précipité rouge,
l'alun brûlé font des remèdes catalotiques , de bons
catalotiqiies.
Ce mot vietit du verbe x<iT«A»«ii; ^ comminuo , je
broie, j'écrafe, je diminue.
CATAMARCA. Vallée de là tucumanie , dans l'A-
mérique feptemrionale. Cauimartana va//is.LcsYa.-
marines & les Sanagaftariés habitoicnt la Vallée de
Catamcirca. De. Techo , Hijl , Parag. L, I ,C. 20.
G ATANANCE. f. f. Plante commune en Languedoc ,
en Provence & en Dauphiné. Sa racine eft branclnie,
fibreufe , rougcâtre en dehors , & clic pouiîè plu-
fieurs feuilles velues, blanchâtres, femblables à celles
de là corne de cerf. Du milieu de lés feuilles s'élèvent
une ou quelques tiges j atrondies , menues , bran-
chues , hautes de deux piés environ , & garnies de
quelques feuilles plus petites &c plus étroites que
celles du buis. Les fleurs qui terminent les bran-
ches font compofées de demi-fiéiirons bleus portés
chacun fur un eitibryon, qui devient unefcmence
garnie d'un chapiteau à cinq feuilles. Les demi
fleurons & ces femences font Ibutenues par un
calice compofé de plufieurs écailles tranfparentes ,
blanchâtres , & comme divifées en deux par une
raie roufsâtre j qui parcourt toute la longueur.
Toute la plante donne un peu de lait lorfqu'oil la
coupe. Cacananta Dalechampii , flore Cyani , folio
CoTonopi. J. B. Il y en a une autre efpcce plus rare
qui vient en Sicile , & qui a lés demi fleurons jau-
nâtres. ,
Ip- C AT ANE' ou CATANÉE. Catana ou Catlna.
Ville de l'Ile de Sicile, fur un gollé auquel elle
donne Ion nom , avec un Evédié lufFragant de
Montréal.
ifj- CATANZARO, Ville d'Italie, au Royaume de
Naples , dans la Calabre ultérieure , avec un Evêché
fuffraçrant de ReçcEçio.
^ CATAPACTAYNE. Fête des habitans du Pérou,
qu'ils célèbrent avec folemnité au moisdeDécem-
bte, qu'ils appellent bayme , & qui efl: le commen-
cement de leur année. Cette fête eft conûcrée aux
trois ftatucs du Soleil , nonimées Apointi , Chur-
tiind , & Inùaquacqui ; c'eft-à-dire , au Soleil père ,
au Soleil fils j au Soleil frère. Jean-Hugues Linf-
chônac. Hifl. Ind. occid. cité par Mor;
CATAPAN. f. m. Nom de charge. Gubernator , Rec-
tor y Prœfecîus. C'eft le nom que les Grecs ont
donné dans les derniers temps, c'eft-à-dire, au X^
&XIefiècles, au Gouverneur de ce qu'ils polfcdoient
encore en Italie. L'Empereur Balile avoir ordonné
au Catapan d'exiger le rribut qu'il prétendoit lui
être dû -, & en exécution de cet ordre le Catapan
avoir fubjugué une partie de la Province de Béne-
vent. Fleury. Guillaume de la Pouille , dans l'on
Poëme , De Geftis Normannorum , Lih. I. dit :
Qiii Czt^pznfuerat Grcecorum miffus ab urée i
Cui Conftàntinus noinen dédite
*
Quelques-uns difent aufll Catipan , Catipanus ;
& dans Léo Oftienfis , L. Il, c. 6?, -, Lupus Pro-
tofpathaire , l'Auteur anonyme de Barri, qui a écrit
là vie de S. Vital de Sicile , & Ughellus ^ hal.
facr. T. IF, c'eft la même choie que Capitaneus ,
comme fi ce n'étoit qu'une niétathèfe ou tranfpo-
fition. Guillaume de la Pouille , dans fon 11= Livre ,
le tire de x«t«, juxtà. Se ^à», omne ; de forte que
Catapan figiiifie un Gouverneur général , un Officier , .
CÀ
T
f if
i un Magiftrat prcpofé généralement fur tout, mi
a la aueélion de tout, ^
Quod Catapan Grœci , nos juxtà dicimus omne j
(^'"JquisapudDanaosvLcefungitur hujus honoris^
Vijpojitor popiili , parât omne , quod expedit illi :
Lt juxta quod Claque dan decct , omne mmifirau
Et quoi qu'en dife M. Du Gange dans fes Note*
iLir 1 Alexiade , certe étymologie n'eft peut-être
pas h mauvaife. D'autres prétendent que ce mot vient
de n«vro«^«r.^«, c'eft-à-dire , apr'es l'Empereur. C'eft
e lenciment de la vie de Saint Lietbert da Cam-
bray ch. y , qui dans ce fens appelle le Catapan^
un fécond maure, ou fécond Seigneur , /■.c^/.^w^-
Uominus, Voyez d'Acheri , Spicikg. T: IX. M
Du Lange , à l'endroit cité/;, zyy , veut qu'il vienne
de «««^«^« 3 que les Grecs ont dit de tout Capitan ,
ou Gouverneur, & même de tout homme de con-
dition Le même Auteur a donné dans fbn Glolîiire
une hf te chronologique de tous les Catapans , de
puis le IX fiecle jufqu'à la fin duXP. Il y en a foixante-
un. Lupus Protofpathaire parle fouvent dans fa Chro-
nique dc^ Catapans & du Proto-Catapan. Bollandi
lies i Acla SS. Mart. T. II , p. * ^ç, E.
Catapan , fignifie le Magiftrat de Police à Na-
ples.
^ Aujourd'hui on donne encore le nom de C^ra^
^(^''.nl^^P^'^' ^^ ^^ P^li'^e à Naples.
C.A i APASME. f.m. Terme de Pharmacie. Mélange de
poudres, ou odorantes , dont on parfume les habus ou
les cheveux, ou fortifiantes qu'on applique furl'efto-
mac, furie cœur, fur la tête ; ou efcarotiques &
propres pour confumer les chairs mortes. Cata^
pajme vient du mot grec ^«.i^Tirru, , arrofer.
CATAPELTE. f. f. Nom d'un inftrument de fup^
plice dont on fe fervoit autrefois. Catapelta. Le
Gouverneur avoir fait mettre à terre d'un côté l'image
de Jésus-Christ en Croix , & de l'autre linftru-
ment de fupplice que l'on nomme Catapelte, Alors
il lui dit : Tu as à choiftr des deux , ou de marcher
lilr l'image , ou d'aller au fupplice. Fleury. Le Gou-
verneur en colère le fit dépouiller & étendre fut
la catapelte , où les bourreaux l'ayant ferré entre
deux ais , depuis le cou jufqu'aux râlons , & at-
taché par tous les membres avec des doux de fer ,
le pendirent la tête en bas , & allumèrenr autour
un grand teu, dont il fut confumé. Idem. On voit
par cet exemple que la catapelte étoit une ef-
pèce de prelToir , ou de ptefTe compofée de plan-
ches , entre lefquelles on mettoit & on preffoit le
patient.
^ Le P. Montfaucon conjecture que la Catapelte
éroit une efpèce de chevalet. Equuleus.
CATAPHORE. Maladie foporeufe. Foyei Coma. Ce
mor vient du grec K*io.^ifi, , gravis Jhmnolentia *
fommeil profond.
IfT CATAPHRACTE. f. m. Cataphraclus, Cavalier
dans les armées Romaines , armé de toutes pièces.
Ils étoient couverts de fer , eux & leurs che-
vaux. Voye:^ Clibanaire.
gC? Les Grecs & les Romains donnoient aulTi le nom
de Cataphracles à des vailTeaux de guerre longs
& qui avoient des ponts. Conpatx naves. Ils ap-
pcloienr aphracles les vaiifeaux fans ponts,
Cataphracte. f. m. Terme de Chirurgie. Efpèce de
bandage dont on fe fert pour les luxarions ou les
fracT:ures des côtes , des vertèbres , des clavicule; ,
du fternum. Galienle décrit dans fon Livre des Ban-
dages , ch. 851. Ce bandage repréfente une cui-
rafîé, appelée en grec *u.lci$gctKl<,r, , d'où lui vient
fon nom. On le nomme auffi Quadriga , char ou
carroffe à quatre chevaux , parce que les tours de
bande fe croifenr comme les brides de ces chevaux»
Foye:^ le Dictionnaire de M. Col de Villars.
CÀTAPHB.ACTE. f. m. PoifTon de mer , dont parle Lé-
mery après Jonfton &: Schwenkfeldius, Cataphrac-
lus. Il eft long d'environ demi pied. Sa tête eft
large de deux doigts , anguleufe, Se prefque trjan<^u-
R t i|
^ i6
C A T
laite. Son mufeau eft camus & barbu par-dcfToiis. I
11 n'a point de dents , mais à leur défaut , il a les
lèvres rudes & le palais parfemc de petits os pi-
quans. Son corps, du côté de la tête, ell de ri-
gure odlogonc , &: du côté de la queue , il ne pa-
rok qu'hexagone. II eft couvert par-tout d'écaillés
offeufes , au milieu defquelles eft une éminence
ou bofTette dure. Sa queue eil petite , ronde ,
noire. On le trouve vers l'Ile de Nortflande , où
il Te nourrit de petits poidbns. Il eft excellent
à manger , pedoral èc apéritif. Il n'a point
d'autre nom que celui de Cataphracle , qui vient
de KUTcitppaKTOfj qui iîgnifie clos & couvert de toutes
parts.
CATAPHRYGIENS. Nom d'anciens Hérétiques qui
ont été ainfi appelés , parce qu'ils étoient Phrygiens.
Cataphryges. Ils avoient , dit S. Epiphane , les mê-
mes fentimens que les Catholiques fur le myftcre de
la Trinité. Ils parloient du Père , du Fils &: du S.
Efprit , de la même manière que l'Eglife i mais ils
l'avoicnt abandonnée en reconnoiffant Montan pour
Prophète , & Prifcilla & Maximilla pour de véri-
tables Prophéteffes , qu'il falloit confulter fur
tout ce qui regardoit la Religion , comme fi le
S. Efprit avoit abandonné l'Eglife , &: qu'elle
n'eût plus aucuns dons céleftes. Saint Epiphane
a parlé fort au long des Cataphrygiens , liczr.
48 , où il rapporte en même temps quelques ex-
traits des livres de Montan & de Maximilla. Il
explique aufÏÏ en quoi confifte la véritable pro-
phétie , & en quoi elle diiîere de l'enthoufiafme
des vifionnaires ou fanatiques. Eufèbe , L. IV de
fon H'iji. Eccl. c. 27, fait auffi mention des Cata-
phrygiens , & des Livres qu'Apollinaire Evêque de
Hiérapolis écrivoit contre eux. Godeau dit &: écrit
Cataphry^es.
CATAPLASME, f. m. Terme de Pharmacie. Les uns
prononcent Y s , les autres ne la prononcent pas , &
quelques-uns ne l'écrivent pas ; mais il faut l'écrire
& la prononcer. Cataplafma. C'eft un médicament
externe en forme de bouillie , de conliftance molle , à
peu-près femblableà celle des onguents,ou descérats,
recevant dans fa compofition diverfes liqueurs & dif-
férentes parties de plantes , d'animaux 6c de miné-
raux , les unes molles & les autres sèches , & même
bien Ibuvent des huiles , des onguents & d'autres
compofitions externes & internes , le tout fuivantla
diverfité des maux, & les intentions particulières
pour lefquelles on prépare cette forte de remède. Les
principaux effets des catapUfmes font d'appaiier les
douleurs , de ramollir , de réfoudre , didlper , ou
mènera fuppuration les matières amalfées aux par-
ties extérieures du corps. Le cataplafme le plus com-
mun Se le plus employé pour appailcr les douleurs ,
& pour réfoudre & diiFipef les tumeurs nouvelles ,
fe fait avec la mie de pain blanc , le lait ,
quelques jaunes d'œufs , le fafran & l'huile rofat.
On dit cataplafme émollient , digérant , forti-
fiant, fuppuratif, &'c.
On appelle populairement, fJW/j/^y^z^ de Venife ,
un foufflet , un coup appliqué du plat ou du re-
vers de la main iur le vifage de quelqu'un , Alapa,
Retire-toi d'ici , je te donnerai un cataplafme.
Ce mot vient du grec Kara^Aas-o-» , c'eft-à-dire ,
illino , ollino, j'enduis, j'applique par-deflus.
CATAPLEXIE. f. f. Terme de Médecine, qui fignifie
un engourdiflcment fubit, ou une privation de fen-
timent dans quelqu'un des membres ou organes du
corps KaTaffAi;|i5 , de Tirxi.Tm , je râpe. Dict. de
James.
CATAPUCE. f. m. Nom qu'on donne à deux plantes
bien diifcrentes l'une de l'autre. Il y a la grande
& la petite catapuce. La grande catapuce eft ap-
pelée autrement ricin commun , ou palma Chrijli ,
ricin-us vul^aris. Voyez Ricin, h-xcaxapnce eft une
elpèce de Tithymale , qui a une tige haute d'une
coudée' & demie , ronde , folide , & de la gro/Teur
du pouce, ga.rnie de quantité de feuilles. Ces feuil-
les font longues de trois doigts , femblabics à celles
C A T '
du faule , d'une couleur bleue tirant fur le vert , &
difpofces en forme de croix. Sa fleur eft com-
pofée de quatre petites feuilles. Son ftuit eft rele-
vé de trois coins , & divilc en trois cellules rem-
plies chacune d'une femence oblongue. On fe fert
de la femence qui purge violemment par haut &
par bas. Tithy malus latifolius catapucia duius. On
l'appelle auffi en françois epurge , ab expurgancTi
facnltate.
CATAPULTE, f. f. Machine de guerre dont fe fer-
voient les anciens pour lancer de groffes pierres
& quelque fois des traits ou javelots longs de douze
&C quinze pieds fur les ennemis. Catapulta. On en
voit la defcription dans Vegece , Jufte Lipfe , &
autres. On croit que l'invention de la catapulte
vient des Syriens. Foye^ M. Perrault fur le pre-
mier livre de Vitruve. Quand les Romains prirent
la nouvelle Carthage, aujourd'hui Carthagène , ils y
trouvèrent un merveilleux attirail de guerre , en-
viron fix- vingts des plus 2,ïoi\\s catap)dtes , deux
cens quatre-vingt des moyennes , &c. Vigenere ,
Trad. de Tite-Live,L. XX FI. Marcellus fit porter à
fon Ovation les catapultes , les baliftes , & tous
les autres inftrumens de guerre. Ibid.
Ce mot vient du grec .«T«T!';i7jf.
CATARACTAIRE. f. m. Cataraclarius. Terme d'hi-
ftioire ancienne. Dans le martyre de fainte Féli-
cité , c. <; , il eft dit que les douleurs de l'enfan-
tement lui ayant pris dans la prifon , comme elle
fe plaignoit , un valet des cataraclaires lui dit : Si tu
foulfres maintenant, que feras-tu quand tu feras ex-
polce aux bêtes J Sur quoi les Bollandiftes remar-
quent que les cataraclaires étoient les Geôliers ,
les Gardes des portes. En eftet, Tite-Live prend
cataracte pour ce que nous appelons une herfe
aux portes des villes de guerre , & dans les fiècles
poftérieurs , on le trouve pour des barreaux de
ter qui ferment une entrée , comme on le peut voir
dans Du Cange & dans Hoffman.
CATARACTE, f. £ Terme de Médecine & de Chi-
rurgie. Une taie ou petite peau, qui nage dans
l'humeur aqueufe , & qui fe mettant au-devant de
la prunelle de l'œil , empêche que la lumière y puifTe
entrer. Oculi fuffujlo. Elle fe forme par la conden-
fation des parties les plus vifqueules de l'humeur
aqueufe , entre la ^tunique uvée & le criftallin.
Quelques-uns croient que cette pellicule fe dé-
tache du criftallin qui n'eft qu'un compofé de plu-
Ijeurs petites pellicules appliquées les unes fur les
autres.
Il y a deux forres de cataractes , la véritable , &:
la fâuffe : la véritable vient d'une humeur amaflee
dans l'œil , coagulée & fixée dans cette pattie dont
elle ôte l'ufage ; la faulîe vient des vapeurs qui font
portées aux yeux par quelque accident , comme par
une fièvre. La véritable cataracte a différens noms.
Dans le commencement les malades voient comme
des nuages , des poils d'étoffe , de petits points
répandus flir les objets qu'ils regardent : la catU'
racle en cet état s'appelle imaginaire , parce qu'on
ne l'apperçoir point encore dans les yeux de ceux
à qui elle vient. Quand la fufïiifion augmente , la
prunelle paroît de couleur de vert de mer , ou
de vert fale , ou comme l'air rempli de nuages :
alors la cataracte s'appelle eau , ou dejcente d'eau.
Quand le mal eft arrivé à fon plus haut période , &
que la matière eft fuffifamment coagulée, le malade
ne voit plus , la prunelle n'eft plus tranfparente ,
mais blanche , ou de quelqu'aujre couleur -, & c'eft
ce qu'on appelle proprement cataracte. Voyez De-
gori , Tréfor de la Pratique de Médecine.
Pour la cure de la cataracte , on a recours à l'o-
pération , qui fe fait en perçant avec une aiguille
emmanchée, la conjoniilive Se la cornée : on poufle
enfuite cette aiguille au-defllis de la cataracte , SC
on tâche del'abailfer doucement , la tenant un peu
de temps fujetre. Willougby obferve dans Ton Or-
nithologie que le fiel de perdrix eft bon pour les
cataractes.
C A T
§3* Contre cette théorie commune , M. Heifter &
pliilieurs autres Savans Médecins & Chirurgiens
prétendent que la cataracte n'cll: autre choie que
le criftallin épaiffi , & qui ayant perdu la tranl-
parence, refulé le paUàge aux rayons , & les empê-
che de palier jufqu'à la rétine ; qu'ainlî quand on
croit abaillér une petite membrane, c'eft le cri-
ftallin même que l'on abailié. La plus forte railbn
fur laquelle ils appuient cette hypothcié , c'eft qu'a-
près l'opération de la cataracU , on ne voit point
fans loupe. Or, dilént-ils, li l'on n'avoit abattu qu'une
membrane étendue devant le criftallin , la loupe
ne feroit pas plus néceUairc qu'auparavant ; au con-
traire , fi l'on a abattu le criftallin \ il eft évident
qu'il faut une loupe à fa place pour donner aux
rayons la diredion qu'ils doivent avoir avant que
d'arriver à la rétine.
gCF Mais M. Geifler fît voir dans un œil où l'on
avoir fait l'opération de la cataracte , le criftallin
fans aucune altération U. dans fa place naturelle ,
&: l'on trouva une membrane épailfe dans l'endroit
où l'aiguille l'avoit poulfce. On a vu plufieurs fois
la même chofe. La cataracte eft dans une mem-
brane diftinguée du criftallin.
^fF D'ailleurs , il s'eft rrouvé des perfonnes qui , après
l'opération de la cataracte , ont vu fans loupe j
& , (i pour l'ordinaire , on en a befoin j c'eft que ,
quoique la cataracte ibit abattue , le vice qui l'a
produite eft encore dans l'humeur aqueufe : elle
eft toujours trop épailfe & trop trouble , & par
conféquent elle ne lailfe pas palfer de rayons en
allez grande quantité.
IJCr II arrive quelquefois qu'une perfonne qui a vu
immédiatement après l'opération , eft entièrement
privée de la vue au bout de quelque tcmp,; , parce
que la pointe de l'aiguille aura entamé la lùrface anté-
rieure du criftallin, & aura ouvert la membrane dont
il eft enveloppé. Cette membrane ouverte , le
criftallin fe plilfe & fe ride , quoique cela n'ar-
rive pas dans l'inftant de la blclfure où le criftallin ,
humeélé par l'humeur aqueufe dans fa partie bief-
fée , doit être quelque temps fans perdre fa confi-
guration, du moins fenliblement.
§5" D'après toutes cesobfervations, il paroît vraifcm-
blable de dire que ce qu'on appelle cataracte , eft
quelquefois une véritable membrane formée par
les parties hétérogènes introduites dans l'humeur
aqueufe , & quelquefois le glaucome , ou le criftal-
lin obfcurci \ qu'on abat quelquefois l'un & quel-
quefois l'autre. Car après l'opération on voit quel-
quefois fans loupe , comme auparavant. Verroit-on
de la forte , fi le criftallin , qui rapproche les rayons,
étoit déplacé t Souvent après l'opération , on ne voit
que 'de gros" caraiSlèrcs , & avec une forte loupe. Si
l'on n'avoit tiré qu'un rideau de devant le criftallin ,
& s'il étoit demeuré à fa place , fans être obfcurci ,
^ ne verroit - on pas mieux î
La cataracte s'appeloit au^ autrefois coulijfe ; &:
quand ellevenoit à s'endurcir, maille ou bourgeon;
fi elle n'arrivoit qu'à un des yeux , vairon ou bigarré :
niais tous ces termes ne font plus en ufage. En
grec ùs-i^vnx.
Cataractes, au pluriel, fe dit d'une chute d'eau,
. qui tombe naturellement, d'une pluie extrêmement
abondante. Catara&a, cataractes. Dieu ouvrit les
•■cataractes descieux, quand il envoya le déluge.
Ce mot de cataractes , vient du grec y.a.Tccpûa-Fù> ,
cum impetu décida. Le mot cataracte fe trouve, en
ce fens , dans le procès de la vie de faint Thomas
d'Muin» fait en 1519, cti. 2; ^ Act. SS. Mart.
^ Tom. II, <)-j , A, ù 244, F. &c.
On appelle auflî cataractes du Nil , deux lieux
où le Nil fait des chûtes , & tombe fur des rocl-iers
efcarpés. Ptolémée , Strabon & Pline en font men-
tion. Voye-^ Nil. Les cataractes du Nil fe nom-
moient autrefois catadupes dans la balle latinité.
IJCT On appelle généralement cataracte , la chiite ,
le faut d'une rivière qui fe précipite de haut en bas.
Strabon appelle cataracte , ce qu'on appelle au jour-
C A T
317
d'hui la cafcade de Tivoli. Cataiitpe , fio-nilîe la
même chofe que cataracte. °
La cataracte du Parana , eft la plus belle & la
plus lùrprenante qui ibit au monde. Nous en par-
lerons au mot Parana.
Jean Herbinius a fait des Diflertations fur les
cataractes du monde. Differtationes de admirandis
mundi cataractis fupra & fubterraneis , Amjlel.
i6'S4 ou 85 , & il entend par cataractes , les mouve-
mens violens des démens. C'eft donner à ce nom
une lignification bien étendue &; bien nouvelle.
On appelle cataractes , les portes grillées & treil-
lillées , Se même les herfes ou farrafines qu'on fait
tomber par des coulilfcs , en cas de befoin. Porta.
catarncta. On l'a dit aulfi des guichets & portes
treilliifées des priions , qui ont fait appeler utt
Geôlier Cataractarius. Voyez CatAractaire.
Cataracte, f f. Oifeau marin , fi femblable au
moucher, qu'cà peine l'en peut-on diftinguer. Ca^
tarages, Oppien l'a décrit d'une manière fort dé-
taillée. Ses ailes &: fon dos font diverlifiés de tanné,
de blanc & de jaune, mêlés enfemble. Ldi cataracte
eft toute blanche par-dclfous, avec des taches bru-
nes -, elle donne fur fa proie comme l'épervier ■■, Sc
pour la prendre, elle fe fert de fon bec, qui eft
long & gros à proportion de fon corps, robufte,
pointu & un peu courbé. La couleur en eft noire »
fon cou eft longuer \ fa tête médiocrement grolfe.
Ses aîles finilfent à l'extrémité de fa queue, qui efl:
noire & longue d'environ ttois pouces. Ses cuilfes
font couverres de plumes jufques fur les jambes,
qui font , ainfi que lés pieds & leurs membranes, de
couleur cendrée. Ses ongles font noirs , Crochus S>C
petits. Cet oifeau ne fe plaît que dans les lieux ma-
ritimes. Oppien rapporte des chofes fort fingulières
de fa manière de faire fon nid , & de faire éclorre
fes petits, &c. mais apparemment fabuleufes. La
chair de la cataracte eft d'un très - mauvais goût ,
parce qu'elle fent fort la fauvagine.
CATARACTER. ( Sc) Terme d'Oculifte , qui fe dit
des yeux auxquels il le forme une catarade, Suf-
fiindi. On remarque un nuage au criftallin , quand
il commence à fe^ cataracter. Demours.
CATARACTE, EE. part. Terme d'Oculifte, qui fe
dir de l'œil , aftédté d'une catarade. CataraÛa ou
fuffujione vitiatus , a , um. Faire l'ouverture d'un
œil cataracte. Journ. des Sav. i-j\6 , p. 585. Cet
homme a les deux yeux cataractes. C'étoit le cril^
tallin déjà cataracte. Demours.
(fT CATARRE ou CATARRHE , & non pas CA-
TERRE. f. m. Catarrfius. Fluxion qui tombe fur
la tête , fur la bouche, fur la gorge ou fur la poi-
trine j rhume de cerveau , efquinancie catarreufe,
toux catarreufe. Foye^ ces mots.
Les catarres proviennent ordinairement de cha-
leur ou de froideur excelllves , ou de la réplétion
du cerveau & de la débilité de la partie recevante.
Les catarres ne pioviennent pas de la tête feule-
ment , comme on le fuppofe d'ordinaire. Ils vien-
nent aulîi de toutes les autres parties ; parce que
les vailfeaux lymphatiques qui portent les férofités,
fe diftribuent par tout le corps , & que les glandes
qui les préparent font répandues prefque par tout.
Ainfi les rhumes arrivent , lorfque les vaifleaux lym-
phatiques dégorgent leurs férofirés & leur lymphe
fur la gorge 8c fur Ja poitrine. Le froid empêchant
la transpiration & l'évaporation de la lymphe , eft
la caulé la plus fréquente des catarres. La férofité
étant extravafée , s'aigrit , & c'eft ce qui caufe des
douleurs en diverfes parties. C'eft par cette raifon,
que pour guérir les catarres, il faut adoucir, ôC
faire tranfpirer les férofités , par le moyen des dia-
phorétiques , & par des remèdes fomnifères & diu-
rériques. Van-Hel. K«T«ff05 vient du grec, Kalctfâo-Tti ^
qui fignifie dejluo. Nicol.
^CT II y a une efpèce de catarrtie , qu'on appell»
fuff'oquant , parce que la maladie fe jette fur le la-
rynx & l'épiglotte, &que ces parties font dans un
fi grand relferrement , que l'air ne peut entrer ôc
^i8 C A T
ibrtir que très - difficilement ; d'où il arnvs que le
malade eft en danger de liitFoqucr , ii par la faignce
on ne piocurûit quelqu; relâclicment , <:C h l'on ne
dctournoit l'humeur par les lavcmens , les vclica-
toires & les autres remèdes indiqués en pareil cas.
CATARREUX, EUSE,adi. Qui eft lujetaux catarres
Catarrhis , Epiphoris obnoxius , ou qui a rapport
# aux catarres. Vieillard catarraix , tempérament
catarreux , humeur catarreufe,
gcr CATARTHIQUE. royei Cathartique.
CATASTASE. (. i. Cataftafis. Terme de Poede -, c'eft
la troificme partie des tragédies anciennes , dans
laquelle les intrigues qui lé ibnt nouées dans l'cpitafe
fe lbi;tiennent/continucnt& augmentent julqu'au
dénouement, qui letait dans lacataftrophe. Voye^
la Poétique de Scaliger.
Catastase.Eu général, conftitution, habitude , état ,
condition. Hippocrate emploie Ibuventce mot pour
marquer la conftitution de l'air ou des failbns , ou
la nature d'une maladie. Galien rend ««ris-ao-iç , par
KdSi^-wii •■, d'où il paroît qu'il le prend aufli pour la
rédudion, le remplacement d'une choie dans fon
lieu propre. Ce mot vient de xafliVnuii, conjlituer.
CATASTROPHE. T. f. Terme de Poefie. C'eft le chan-
gement , 5i la révolution qui lé fait dans un Poème
dramatique , Ss. qui le termine -, catajlrophe , trijtn
fabules, exims. La plupart des pièces tragiques d'Eu-
ripide ont une catajlrophe malheureufe & tunefte.
Dac. Ariftote préfère mie fin trifte,une cataftro-
pke malheureufe, pour la Tragédie, parce qu'elle
eft plus propre à exciter la terreur &: la pitié , qui
font les deux fins de la Tragédie. P. Le Boss. La
catajirophe eft la quatrième &c la dernière partie des
tragédies anciennes.
ÇCF il feroit fort à délirer pour les bonnes mœurs
que la catajlrophe tournât toujours à l'avantage de
la vertu , qu'à la fin de la pièce le crime tïit puni
& la verru récompenfée.
Ce mot vient du grec «.xln^potr, , fuhverfo , ren-
\er Cernent , houlverfement , rijfue d'une araire.
Catastrophe fe dit fîgurément d'une fin funefte &
malheureufe , parce que d'ordinaire les adions qu'on
repréfente dans les Poèmes dramatiques férieux, font
fançîlantes. Il n'y a guère de catajlrophe plus cton-
naiite que celle de Charles le Gros ou le Gras, qui
d'un prodigieux accroilfement de grandeur , fut
tout d'un coup précipiré dans un abyme de mifère.
Maim. La vie de ce grand homme fe termina par
une étrange catajlrophe. Dans les Etats populaires
delà Grèce, où la Monarchie croit odieufe , l'on
écoutoit avec avidité la funefte catajlrophe des Rois.
Le P. Boss. C'étoit une catajlrophe des plus furpré-
nantes , que celle du Duc de Joyeufe , qui de Ma-
réchal de France , fe fit Capucin & Prédicateur ,
fous le nom de P. Ange. De Vill.
CATAUT. Diminutif de" Catherine.
CATAY , qu'on écrit auffi CATHAY , Jr quelques-
uns KATHAY ou KITHAY. Cathaia. Sanlbn , dans
fes petites cartes , met le Catay dans la grande Tar-
tarie,au nord de la Chine; mais le P. d'Avril al-
fure dans fes voyages , que le Kathay ou Klthay ,
fe prend en deux fens. Dans un fens général , il
(ignifie toute la grande Tartarie ; &: dans un fens
particulier c'eft la partie fcptentrionale de la Chine ,
Maty. Quelques Auteurs ont cru que le Cathay eft
Ja Cathce ., Cathœa de Strabon, L. Xt^ , qu'Etienne
de Byzance appelle C^Z/^tc^d , dont ils font une ré-
gion d,e l'Inde. D'aurres croient que les peuples du
Cathay font ceux que les anciens appeloient Seres,
CATE. f. f. Efpèce de trochifquc ou tablette que les
Indiens compofent avec l'extrait des rameaux d'un
arbre épineux , qu'ils nomment Tracchie , dont le
bois eft dur & pefant , portant des feuilles fem-
blables à celles de la bruyère. Ils mêlent cet extrait
avec de la farine de Nachani , qui aie goûtdefei-
gle,&: la raclure d'un autre bois noir. Ils en font
des tablettes qu'ils fontféchei. à l'ombre. Elles font
amèrcs ôc aftringcntcs. Ils s'en fervent pour alîèr-
C A T
mir ks gencives , pour le flux de ventre , & pour la
douleur des yeux.
CATEAU. Château. CcJJlrum. C'eft le mot château
prononcé à la manière picarde & artéfienne que
nous avons adoptée en un feul mot , qui eft celui
de Cat^au Cambrelis , Cajtrum Cameracenje , petite
ville du Cambrélis , firuée fur la Selle , renommée
par le traité de paix qui y fut conclu au mois de
Février de l'année 1559, entre le Roi Henri II &:
Philippe II, Roi d'Efpagne. M. Corneille veut qu'on
puilfe également dire Càtcau ou Château Cambrélis ,
& Maty préfère même Château à Câteau, dans cette
phrafe. Cependant il femble que l'ufage Ibit ordi-
naire de dire Cj/c-^K-Cambrélis , comme Catelet. La
paix du Câteau-Qivnhx.tds.
CATÉCHÈSE. Terme d'Hiftoire - Eccléfiaftique. Ex-
plicr.tion de la Doétrine-Chréricnne , laquelle fe
fait de vive voix. Inftruélion pour ceux qui veu-
lent le faire Chrétiens. C'eft la même choie que
catichifme. FiJei Chrijliance injlitutio , Chrijliance
leais capitum explicatio, S. Cyrille a compofé de
favantes Catéchejes. Ce mot vient du grec Ki^y-io-içy
inftrudion de vive voix.
Les Catechefei ne fe faifoient pas publiquement
dans les Egliïcs -, m.ais dans les lieux particu-
liers , comme on le prouve par l'exemple d'Origène ,
qui a été Catéchifte d'Alexandrie. Démétrius,Evê-
que lie cette grande ville, le plaignit écrivant à Ale-
xandre, Evcque de Jéruf.dem, & à Théorifte, Evêquc
de Céfarée , de ce qu'ils avoicrtt permis à Origène
de prêcher publiquement dans l'Eglife. Les Catéche-
jes ne le faifoient donc point dans l'Eglife , mais
hors de l'Eglife dans le Baptiftère, ou dans quelqu'au-
tre Hcudeftiné à cela , & qui étoit hors de l'Eglife.
CATÉCHISER, v. a. Enfeigncr les principaux points
de la Religion Chrétienne & les myftères de la foi.
Pueras aut ignares Chrijliame Religionis myjleriis
erudire. Les AliUionnaires vonr catéchifer les pay-
fans dans les villages.
IfT On le dit figurcment & familièremenr pour", tâ-
cher de perfuader quelqu'un en lui difant toutes les
raifons qui peuvent le déterminer à faire quelque
chofe. Je l'ai bien catéchijé fans pouvoir rien obte-
nir , rien gagner fur fon efprit.
Catéchisé , Éh. parr,
CATÉCHISME, f. m. Inftruiflion fur les principes &
les myftères de la foi. Catechijmus. Catechijme , fe
dit également & du livre & de l'inftrudiion. Le
Concile de Trente ordonne aux Curés de faire tous
les Dimanches des catéchijmes dans leurs Paroilfes.
Le catechijme de Bellarmin , de Canilius. S. Au-
guftin a fair un traité du catechijme à la prière de
Deogratias , Diacre de Carthage , qui étoit chargé
de cette fonttion. Il lui marque comment il s'en
doit acquitter , Si la fubftance des choies qu'il faut
dire aux Catéchumènes.
Catéchisme du Concile de Trente. Ce Catechijme.,
qui eft le plus eftimc de tous , n'a pas été compofé
par les Evêqucs du Concile donr il porte le nom*,
mais feulement par leur ordre. Ce font des Théo-
logiens particuliers qui l'ont compofé , & comitie
la plupart éroient Dominicains ,ils y ont répandu
la doctrine de S. Thomas. Le P. Alby Jéfuite i
allure dans la vie du Cardinal Sirlet, que ce Cardi-
nal eft l'Auteur du Catechijme du Concile de Trente.
Anroine Fabrice de Liège , dans une préface qu'il
a mile à la tête de ce Catechijme , prétend que lé
Cardinal Sirlet n'eft pas le feul qui y ait mis là
main , mais qu'il a été aidé par plulieurs autres
Théologiens. L'Auteur d'un écrit imprimé en i(j07
& en \6^-7 , &c qui a pour titre , Qucejlio Theolo- <
cica , &c. De mente Concilii Tridentini , circa gra^
tiam efpcacem & fcientiam mediam , dit que les
principaux de ces Théologiens font Léonard Ma-
rin Archevêque de Lanciano , Dominicain ;
Gilles Fufcarario , Evêque de Modène , & François
ForerJus du même Ordre -, ce qui confirme ce
que l'on a dit d'abord. Quand ces Théologiens
& les autres nommés pat le Pape eurem compofé
C AT
tout îe corps du Catéchifme , on choifît trois ex-
cellens hommes pour l'écrire en latin d'un ftyle
pur , élégant & intelligible. Ce tut Paul Manucc ,
Julius Poggianus , & Cornélius Amalthce , Méde-
cin de profeiîion ■, de forte que ce Catcchijme n'cll:
pas feulement inftrudtif par rapport à la Religion,
mais il eft encore un livre agréable à lire pour
le ftyle.
L'ouvrage fut enfuite revu & perfectionné , re-
Cenjîtum & perfecîurn ab illulîrijjimo Sirleto , qui
Tridentino ConcUio interfuerat unà cum Cardinale
SancliZ Cnicis , cujiis tune erat domejlicus , 6' Silvio
Antonio Cardinale,
Le feul défaut eft , qu'il y ait , comme on l'a dit ,
quelques fentimens d'une école particulière > dans
un livre , qui ne devoir précifement contenit que le
dogme & la doétrine de l'Eglife. Voye:^ les Auteui^
cités j & Vigneuil-Marville, T. 1 ,p, 549.
Ce Catéchifme a été imprimé par ordre de S. Pic ,
Pape , & approuvé par un bref de Grégoire XIII
en 1585 -, par S. Charles Borromée , dans cinq Sy-
nodes diiférens qu'il a tenus à Milan en 1565 , 1 5<îi> »
i57<î, 1577 & 1579; par le Clergé de France af-
femblé à Melun en 1 579 ; par les Conciles de Rouen
en 1 5 8 1 ; de Bordeaux ,en 1 5 8 1 , de Tours en 1 5 8 5 ;
de Touloufe ,cn 1590 ;& par fept autres Conciles
Provinciaux, tenus chez les nations étrangères.
L'édition la plus recherchée de ce catéchifme eft
celle de Paul Manuce , z/2-/b/. l'y 66.
Ce mot vient du grec x«7?;;ki»-'« 3 injiitutio , inflruc-
tio. Au refte , il faut dans fa prononCiarion faire
fonner 1'^ , & dire catéchifme , comme fait le peu-
ple.
Catéchisme. Ce mot fe prend quelquefois abufive-
ment pour routes fortes d'inftruélions & de pré-
ceptes , même profanes.
Ahbé , c'ejl-là le catécliifmô
Q^iu les Mufes m'ont enfeigné i
Et voilà le vrai quietifme
Qiie Rome n'a point condamné. R.
%1- CATÉCHISTE, f. m. Officier Eccléfiaftique dont
la fonélion étoit d'cnfeigner aux Catéchumènes
les premiers élémens de la Religion. Voyc^^ Caté-
chèse. C'étoit une fonction très - importante. Eu-
fêbe , L. FI , C. 5 ,' rapporte que Démetrius , Evêque
d'Alexandrie avoir nommé Origène pour cette
fonélion , de laquelle Pantanus 6c Clément s'étoient
acquittés avant lui.
1)3" On appelle encore aujourd'hui Catéchifie Celui
qui enfeigne le catéchifme aux enfans dans une
Paroiflc. Jean-Jerfon, Chancelier de l'Univetlité de
Paris , fe faifoir gloire , au milieu de fes grandes oc-
cupations , d'inftruire les enfans & de les catéchilér ,
& répondoit à ceux qui lui confeilloient de s'ap-
pliquer à des emplois confidérables , qu'il ne croyoir
pas qu'il y en eiit de plus néceflaire oc de plus glo-
rieux que celui-là.
CATÉCHISTIQUE. adj. m. & f. Qui eft par deman-
des & par réponfes,en forme de catéchifme. Cette
forme catéchifiicjue ne laille pas d'avoir fon mérite
& fon urilirç. Desfontaines
CATÉCHUMENAT. f. m. Erat de Catéchumène ,
c'eft-à-dire , d'un homme qui fe fair inftruire pour
embrafler la Religion Chrétienne , & fe difpofet au
baptême. Catechiimenorum ordo , Catechumenatus ,
ûs. Viélorin reçut les cérémonies du Catéchuménat,
Se donna fon nom peu après pour être baptifé , au
grand éronnement de Rome , & au grand dépit des
Païens. Fleury. Le temps du catéchuménat n'étoit
pas réglé \ il croit plus ou moins long , félon les dif-
pofitions du Catéchumène. Quelquefois même on
piolongeoit le Catéchuménat , aptes l'avoir fixé. Le
Catéchuménat éto't comme le noviciat du Baptême ,
& de la pTofedlon qu'on faifoit en entrant dans
■ la Religion Chrétienne. M. du Gué. Maxim, pour
la Pénit. art. 16, pat;. i6.
CATECHUMENE, f. m. Vk ne fe prononce pas. Ce-
AT 519
lui qui fouhaite lé baptême , & qui fe ptcpare .à le
recevoir, en fe faifant inftruire des myftères de la
foi, Se des principaux préceptes de la Religion. Q ui
Chrijïiancz fdei myflenis imbuitur ■, eruditur. Cate-
chumenus. Dans le Concile d'Elvire l'an 305.6^«-.
39 & 45 ,les Catéchumènes font appelés Chrétiens.
Plulîeurs diftinguent trois fortes de Catéchumènes i
fçavoir ,ceux qui étoient iéuiement auditeurs, qu'on
nommoit Audientes ; ceux qui fléehillbient les çe^
noux, Genuflecientes ; &C ceux qui étoient aflezin-
ftruits pour recevoir le Baptême, Compétentes ; mais
ceux qui étoient appelés Genuflecientes , né fai-»-
foient point une clalfe diftinguce de celle des Com-
pétentes , qui étoient auiïi nommés Genuflecientes ,
parce qu'ils fléchllfo^ent les genoux , loriqu'on pro-
nonçoir les prières fur eux. Le Scholiafte Grec fur
Harménopule ne reconnoît que deux ordres de Ca-
téchumenes ; le premier qui eft le plus parfait , eft
celui de ceux qui fléchiflbient les genoux. Le fécond,
qui eft celui des Auditeurs , eft le degré des impar-
faits qui étoient feulement dans le rang des écou-
tans. Ariftenus 8i Blaftarès ne diftinguent aufli que
ces deux cfpèces de Catéchumènes. On appeloit im-
parfaits & ecoutans , ceux d'entre les Gentils qui fe
préfentoient pour embradér le Chriftianifme. Oïl
donnoit le nom àe parfaits à ceux qui avoient été
fuffifamment inftruits. Quelques-uns ajoutent une
autre forte de Catéchumènes , qu'on nommoit les
Elus , parce qu'ils avoient été choifis & nommes
pour recevoir le baptême. D'autres appellent ces
trois Ordres les ecoutans ou les auditeurs , qui n'é-
toicnt encore admis qu'à entendre les catéchèfes ,
ou inftruéfions &; explications de la dodlrine chré-
tienne -, les élus ou choifis , qui avoient été fuffifam-
ment inftruits , & qui étoient choifis & admis pour
recevoir le Baptême , & les Compétens , qui étoient
en état , & entièrement difpofés à recevoir le bap-
tême.
Les Catéchumènes n'étoient pas feulement diftin-
gUés par le nom , ils l'éroient au/H par le lieu. Ils
fe plaçoient avec les pénitens dans le portique ,
qui étoit l'extrémité oppofée au chœur ou au Sanc-
tuaire. On ne leur permettoit pas non plus d'afTiA
ter à la célébration de l'Euchatiftie , après les priè-
res & le fermon , un Diacre les faifoit retirer , en leur
difant , ite , Catechumeni , Mifja efl. Allez Catéchu-
mènes, c'efl:fait. On leur cachoit les facrés myftè-
res , parce qu'ils n'étoient pas capables de les com-
prendre , & qu'on les y vouloir conduira par degrés.
On faifoit feulement part du pain confacré aux
Catéchumènes , afin qu'ils euflent une efpèce de com-
munion avec les fidèles. Foye^ fur les Catéchumè^
nés le Thefaur. Eccl. de Suicer.
Ce mot Catéchumène eft grec , k«t?;k»V»'»«? , de
K!t]„xéouai , Je fuis infiruit , de KaJux^" 3 j'inftruis de
vive voix , de xarà & |;^;»ç , VOIX , Ainfi Catéchumène
eft proprement celui qui eft inftruir de vive voix.
Quelques-uns, comme M. Fleury, écrivent Caté-*
CUMÈNE fans h , contre l'origine de ce nom.
Catéchumène, f. f. Sorte de galerie. Foye^ Caté-
CHITMÉNIE.
CATECHUMÉNIE. f. f. Catechumenum ou Catechu-
memenium, Superior Templi ou Eccleftx porticus ,
Domus Catechumenis docendis defUnata. Il y a deux
fentimens fur les catéchuménies Les uns, comme
Baronius , Volfius & Meurfius , difent que l'on ap-
peloit catéchuménies , les galeries haures des Egli-
fes , parce que c'étoit le lieu ou les Catéchumènes fe
tenoient , ou parce que c'éroit là qu'on les inftrui-
foit. Du Cange au contraire croir qu'elles s'appe-
loienr ainfi,uarceque c'éroit dans ces galeries que les
femmes affiftoient aux divins offices. Domin. Macrî
dit qu'on appeloit auflî catéchuménie , la maifon qui
étoit deftinée à affembler les Catéchumènes , pouC
entendre les catéchèfes , ou recevoir les inftruc-
tions des Ciréchiftes.
Ce mot a la même origine que catéchèfe & ca»
téchumène. On rrouve en grec ï^artix^naoi , Ka7«xs-'
(««,*, & K<«T«;Ktff»i'»«t j ÔC dans Codin X.ar^}ititii,ii»t,
520 C A T
CATtGORÉMATIQUE. ad). & f. Terme de Dialec-
tique ou de Lo2;ique. Categoremaùcus , a , lun. Il
ie dit de l'infini , qui eli: actuellement infini.
Un catégorématijue contient aduelleraent une in-
finité de parties. En général , on peut appelkr ca-
té^arèmatl.]ue , toute chofe qui eft aduellement
telle que Ibii nom l'énonce,
CATÉGORIE, f. t; Terme de Logique. C'efl: une
divifion de tous les êtres Si de tous les objets de
nos penfées , que l'on a réduits 5c rangés par
ordre en diverfes clailés, afin d'en avoir une con-
noiflance moins confulé. Caugoria. Les anciens
Philofophes ont la plupart établi dix catégories après
Archytas de Tarente. Jafury , Race. d'op.XH,
page ^6-j & Juivantes. Toiles les fubftances l'ont
comprifes fous la première -, & tous les accidens
fous' les neuf autres ; la quantité , la qualité ,
la relation , l'aétion , la paillon , le temps , le
lieu , la fituation , l'habitude ou la difpolîtion.
D'autres n'en ont admis que deux , la fubftance
Se l'accident. A dire le vrai , ces dix catégories
d'Ariftote , dont on fait tant de myftère , font très-
peu utiles , d'autant plus que c'eft une chofe abfo-
lument arbitraire, & qui n'a d'autre fondement
que l'imagination d'un homme , qui n'a eu aucune
autorité de prefcrire la loi aux autres, qui ont au-
tanr de droit que lui d'arranger d'une autre manière
les objets de leur penfée. feu effet, d'autres Phi-
lofophes ont cru qu'on pouvoir rendre raifon de
toute la nature , en y confidérant ces fept chofes :
l'efprit , la matière , la quantité , la fituation , la
figure , le mouvement & le repos. Port-R.
Il 'n'efl: pas vrai que l'arrangement des idées foit
une chofe purement arbitraire-, on doir les ranger
dans un ordre naturel , &c l'ordre le plus narurel
eft celui qui ell i». le plus conforme à la nature
des chofes-, & 2°. le plus propre à nous faire .ac-
quérir aifément une connoiflance claire & certaine
des chofes. Il eft audi néceffaire de ranger nos idées
dans un certain otdre , que les proportions d'un
traité de géométrie -, & puifque la connoiflance des
Sciences & des Arts n'eft autre chofe qu'un amas
de propofitions fur un cerrain fujet , il eft vifible
qu'on les apprend bien mieux quand les idées font
rangées dans un certain ordre , que li elles ne
l'étoient pas.
Ce mot vient du gtec K«Ti,v«f ''« > qui fîgnifie /r^-
dica-nentum , chofe , objer dont on peut parler.
Catégorie , fe dit figurément des chofes de même
nature , de même rang Se de même qualicé. Or de,
natura , fpecies yindoles. Ces deux hommes ne font
pas de même catégorie. Ces deux choies ne s'accor-
dent pas enfemble , ne font pas de même catégorie.
^fF Quand ce mot s'applique aux perfonnes qui onr
le même caraétère , les mêmes mœurs , il fe prend
ordinairemenr en mauvaife part. Ces gens-là font
de même catégorie,
CATÉGORIQUE, adj. m, & f. Qui eft rangé fous une
catégorie. Categoricus. L'ordre catégorique veut que
la fubftance aille avant l'accident.
En Logique , un terme catégorique eft celui qui
fignifie feul Se fans adjoinr , comme homme , pierre
cheval , &c. Quelques uns écrivent cathégorie, ca-
thégorique : c'eft une ignorance. Ce mot vient du
Grec ■xa.znyef'iin , & non pas x.a,eriy»^ia , puifque «'/of« ,
fa racine , a un efprit doux.
Catégorique fe dit figurément de ce qui eft dans
l'ordre à propos, félon la raifon. Confentaneus. Certe
réponfe n'eft pas catégorique , cela n'eft pas catégo-
rique.
On appelle des réponfes catégoriques, lesrcponfes
pertinentes & précifes , qu'on fait fur les fairs ou
objeélions qu'on nous propofe. Toutes les réponfes
de cet accufé font ambiguës : il n'en fait point de
(atégoriques.
Je crus pieufement fa petite fille , quoique fa ré-
ponfe ne fïit pas catégorique. Le Sage.
Audition catégorique. Term.c de Palais. C'eft
guand on dit à fa Partie ; n'eft-il pas vrai que vous
C AT
avez fait ceci Se cela ; &c. Foyei Audition Ga^
TÉGORIQUE.
CATuGORIQUEMENTi adv. D'une manière caté-
gorique Se^ïQCiicCategoricè.Onz. ordonné que le
défendeur rcpondroit catégoriquement, par oui , ou
par non , fur les fairs qui lui ont été lignifiés. Tous
ces termes figurés ne font bons que dans le ftyle
lîmple &: familier.
§C? CATEIA. Efpèce de trait ou javelot fort pefant ,
dont les anciens Gaulois Se Germains fe fervoient
à la guerre. Quelques-uns le regardent comm.e une
efpèce de coin millii, Cateia. C'étoit auffi une ma-
chine à lancer des pierres,
CATEL ou GATEUX, adj. C'eft un terme de plu-
lieurs C outumes , qu'on devroit mettre en ufage dans
le difcours ordinaire, parce qu'on n'a point le mot
propre pour exprimer ce qu'il fignifie. C'eft une
chofe qui tient le milieu entre les immeubles Se
les meubles, qui de fa nature eft immeuble ,& qui
néanmoins , réputée meuble , lé parrage de même :
comme en Picardie, au rapport de Bouteillier , des
moulins , des navires, des fruits pendans par les
racines après la mi-Mai , Se avant le pied-coupé ,
parce qu'après la cueillette ils font répurés meubles,
Mar2cipium, res moyens ^moventia , cajiel/um. ^iens
catels ou cateux.
Droit de meilleur catel , eft un droit que pln-
fieurs Seigneurs ont dans différentes Provinces des
Pays-Bas 3 qui eft de prendre , après le décès de
leurs hoirs ou vaflaux , le meilleur meuble qui fe
trouve en la fucceffion , lit , tapiflerie , bague , che-
val , vaiffelle d'argent , &c.
CATELAN , ANE. f. m. Se f. Qui eft de Catalogne.
Catalanus , a. Quelques-uns ditént Catalan au lieu
de Catelan , qui eft plus ordinaire. Les Catelans
croient en défiance qu'on ne les voulût ou laiflet
perdre ou abandonner, pour conclure plus facile-
ment notre paix avec l'Efpagnol. Mascur.
CATELET. Le Câtelet. Petite ville de France j dans
le Vermandois en Picardie, aux confins du Cam-
brefis Se du Hainaut , fur l'Efcaut. Les Efpagnols
prirent le Câtelet en 1557. Ils le rendirent en 1559,
par la paix de Château-Cambrcfis , L'ayant encore
pris dans le dernier fiècle , ils le rendirent en 1(^59,
par la paix des Pyrénées ; les fortifications du Ca-
telet furent rafces en 1^74.
Ce mor vient du latin Cafielletum petit châ-
teau, Se c'eft le nom françois Châtelet, prononcé
à la manière du pays , qu'il faut retenir dans ce
nom , parce que c'eft l'ufage. Jamais on n'appelle
cette ville Châtelet pour Câtelet.
CATENE. f. f. C'eft ce qu'on appelle communément
chaine ou enchaînure de remarques abrégées fur
les livres de l'Ecriture. iVI. Huet , dans fon Traité
de la fituation du Paradis terrejlre , p. 25, dit:
On cite encore une catene grecque , pour la dé-
fenfe de cette explication. Catena. Voyez Chaîne.
CATERGI. f. m. C'eft le nom que l'on donne aux
Voituriets dans les Etats du Grand Seigneur.
Cp- CATERLAGH, CATHERLAGH ou GATER-
LOGH. Petite ville d'Irlande , dans la Province de
Leinfter , capitale d'un Comté auquel elle donne
fon nom. Ce Comté eft borné par les Contrées de
Wicklow, Wexford, Kilkenni& Kildare.
CATERNISTE. f. m. C'eft le nom que l'on donnoit
autrefois .à Mrs de la congrégation de S. Jofeph.
Ce nom vcnoit de celui de leur fondateur, qui
fe nommoit Caternai, Les Caternifies ont un Sémi-
naire à Lyon.
CATERRE. Foyei Catarre.
CATERREUX. Voyei Catarreux,
CATHAIEN ou GATA YEN, ENNE. f. m.SelQai
eft du Gatay ou Cathay. Cathaienfis. Ca eft la pre-
mière partie d'un Tchag ou cycle de dix années ,
que les Cataïens font rouler avec un autre cycle
de douze, pour compofer une période de <Jo ans,
qui fert à marquer les caraélères de leurs années
Se de leurs époques, D'Her.
CATHARES, Nom d'anciens hérétiques , qui ont été
ainjS
T
aîfifi appelés du mot grec x-clafa] , qui ûgniRc purs,
parce qu'ils le croy oient plus purs que les autres
Chrétiens. Euiebe , Liv, 6 de l'on H'Lji. Ecclef, c. 45,
& S. Epiph. Hœr. 59, font Novat le Père de Li
ieiite des Cachares. Voyez Novatiens. On a donné
dans lalliitele nom de Cathares 3. quelques autres
hérétiques , qui ont voulu le diftingucr par la pu-
reté de leurs mœurs.
Les principales feéles qui ont pris ce nom fâi-
tueux , font les Apotacliques , parce qu'ils fùilbient
profcdion de renoncer à tout ', plulîeurs Montani-
fles , parce qu'ils ne reçevoient jamais parmi eux
ceux qui avoient une tels renoncé la foi dans les
tourmens. On a donné le même nom par antiphrafe ,
ou par ironie, aux Parétans, ou Patarins, ou Pa-
trins , aux Albigeois , & aux Cotercaux •, mais ceux
que l'on appelle plus communément Cathares , Se
dans l'antiquité 5c en notre langue , ce font les No-
vatiens. Les Calviniftes de la grande Bretagne ,
fur-tout ceux d'Ecofle, s'appellent Pwnw//?^ , qui
eft le même nom en françois que celui de Cathares ,
en grec Cathari.
CATHARINA. 1". i. C'eft le nom de la treizième ta-
che de la Lune , félon le catalogue qu'en a fait
le P. Riccioli. Les Allronomes donnent encore le
nom de Cyrillus & de Théophilus à la même tache.
CATHARISTE, f m. & £ Nom que l'on donnoit
parmi les Manichéens à quelques-uns de leur feéle
qui commettoient d'horribles infamies. Catharijlœ,
Les Manichéens enorgueillis de l'abftinence de
la viande , qu'ils croyoient immonde , fe regar-
doient non-feulement comme Cathares , c'eft-à-dire,
purs , mais encore, dit S. Augultin, comme Ca-
iharijies ; c'eft-à-dire , Purificateurs , à caufe de la
partie de la fubftance divine , mêlée dans les.her-
bes avec la fubftance contraire, dont ils féparoient
& purilioient cette fubftance divine en la mangeant,
BossuET. S. Auguftin ne dit pas que les Mani-
chéens en général s'appelaffent Catharijles , mais
qu'ils étoicnt divifés en trois fedes: Les Catharijles ,
Miinddtores vel Purgatores , les Macariens &: les
Manichéens -, &C que les Catharijles étoient ceux
qui commettoient certaines abominations exécra-
bles , que ce Saint rapporte fur le témoignage de
quelques-uns d'eux qui s'étoicnt convertis.
Ce nom , Catharijie vientde x«fi«fo? , pur , &c li-
gnifie Purificateur : S. Auguftin parle des Catha-
riftes , hœr. 46^ , & S. Léon, ép.^>
ÇATHARTIQUE. adj. Terme de Médecine, quife
dit tant des remèdes purgatifs, q'.ie des vomitifs;
mais plus proprement des purgatifs. Catharticus.
Les Cathartiques pris en ce dernier fens font de
plufieurs fortes -, il y en a de bénins , de médio-
cres & de violens. Les bénins font ceux qui purgent
doucement; tels font la calfe , la manne, les ta-
marins, la rhubarbe, le féné , &c. Les médiocres
purgent plus fortement , comme le jalap & la fca-
monée. Les derniers vident avec beaucoup de vio-
lence & d'émotion , tels font la coloquinte , l'el-
lébore, la laureole , &c. On les divife audi en cho-
/agogues , phlegmagogues , mélanagogues & hydra-
gogues. Les cholagogues , à ce qu'on prétend , pur-
gent la bile", les phlegmagogues la pituite ; les //;t'-
lanagogues , la mélancolie -, &c les hydragogues , les
férofités.
Ce mot vient du grec xttSdipa ,purgo,
CATHAUT. Foye^ Catos.
.CATHEDRA. ( ^'^t- ) Nous mettons ce mot , quoiqu'il
■ foit purement latin, parce qu'on s'en ferten notre
langue, & qu'en termes dogmatiques on dit fou-
vent ex cathedra , quand on parle du Pape , ou
de fes décrets. On dit que le Pape parle ex ca-
thedra , ou ne parle pas ex cathedra.
Le Pape n'eft cenfc parler ex cathedra, que
lorfqu'il fait un décret public , comme chef de
TEglife Univerfelle , & qu'il l'adrefle à tous les
Fidèles, pour être la régie de leur foi ou de leurs
moeurs.
CATHÉDRALE, adj. f. Qui n'eft d'ufage que dans
Tome II.
C AT
J2Î
I cette piirafe. Ëglife cathédrale, Es,{[te qui eft lé
licgc d'un Evêque ou d'un Archevêque , Ecckjia.
cathedralis ; Templum in quo fedes ejl Epifcopi.
C'elt toujours la principale de la ville où elle eft
bâtie.
Il femble que le nom d'Eglife Cathédrale tire fort
origine de la manière de s'aifeoir dans les pre-
mières Eglifes ou aifcmblces des Chrétiens. Le Con-
feil de ces premières affemblées étoit appelé Pref-
kyterium ; c'eft-a-dirc , conl'eil des Prêtres , ou An-
ciens. L'Evêque prelidoit ; les Prêtres qui étoient
à fes cotés, avoient chacun leur chaire, & c'eft
pour cela qu'ils font nommés AjfejJ'ores Epifcopo-
TUTU par les anciens Pères. L'Evêque étoit fur uri
fiége plus élevé. La Juridiction Epifcopale ne dé-
pendoit point de l'Evêque feiil j mais de tous les
Prêtres , dont l'Evêque étoit le préfident. On ob-
ferve encore préfcnrement dans l'Eglife , les fêtes
de la chaire de S. Pierre à Romeôc àAntioche,
qui font les deux villes où ce faint Apôtre a pré-
fidé à un Confiftoire fixe des Prêtres. Par le mot
d'Eglife Cathédrale , on n'cntendoit pas dans ces
premiers temps des Cathédrales , comme elles font
aujourd'hui. Car les Chrétiens avant Conftantin
n'ont gucres eu la liberté de bâtir des temples^
Le mot d'Eglife ne fignifioit autte chofe dans fon
origine qu'une aflemblée. C'eft pourquoi il n'y 2.
rien de û ridicule , que ce que nous difent quel-
ques Ecrivains , fur-tout les Efpagnols, de leurs
Cathédrales , qu'ils prétendent avoir été bâties dès
le temps des Apôtres , comme fi une Eglife eût
été autre chofe en ce temps-là , que le fiége d'un
Evêque accompagné d'un certain nombre de Prê-
tres. On doit aulH mettre au nombre des fables,
ce qu'on lit dans un nouveau Bréviaire des Car-
mes , qui n'a point été approuvé à Rome ; lavoir ,
qu'il y avoir autrefois fur le Mont-Carmel une Eglife
bâtie en l'honneur de la fainte Vierge par les Pro-
phètes fucceflêurs d'Elie, qui rendoient vifite à la
fainte Vierge.
§3" Le nom d'Eglife Cathédrale n'eft pas fort ancien.
On appeloit l'Eglife principale , celle où l'Evê-
que célébroit ordinairement , la grands Eslife ,
l'Eglife Epifcopale , l'Eglife de la ville. Le nom de
Cathédrale n'a été en ufage dans l'Eglife latine que
depuis le X^ fiécle.
Ce mot vient du gtec xxliS^f» , chaire, qui vient
de xctêi^of^.a' j jedeo.
Cathédrale , eft auffi un f. f. On dit l'Eglife de
Notre-Dame eft la Cathédrale de Paris. Les Cathé-
drales de Bourges , d'Amiens &; de Beauvais , font ,
dit-on , les trois plus belles Eglifes gothiques du
moncje.
CATHEDRANT. f. m. Celui qui enfeigne en chaire j
en parlant d'un Théologien , ou d'un Philofophe*
Cathedrarius,
Cathédrant fignifie auflî celui qui préfide à un
aéte de Théologie , ou de Plùlofophie , qu'on fou-
tient publiquement, Pnefes.
CATHÉDRATIQÛE. adj. Droit Catkédratique. C'eil
un droit que prenoient les Evêques en Efpagne &C
en France , quand ils faifoient leur vifite. Somme
d'argent qu'ils exigeoient propter Cathedram epif-'
copalem. Il en eft patlé dans le Concile de Brague,
tenu en 5:71 , & qui dans la colledion du P. Labbe
eft le troilîème de Brague , mais le fécond feule-
ment dans la colledion des Conciles d'Efpaîne,
faite par le Cardinal d'Aguire. Aucun Evêque , die
ce Concile , dans fon I^anon , quand ils font la vi-
fite dans leurs Diocèfes ne prendra rien, outre l'hon-
neur de fon fiége , prceter honorent cathedrce Juœ ;
c'eft-à-dire , deïix fols d'or. C'eft ce que je trouve
. appelé en françois , droit cathédratique.^
%fF Ce droit fe nommoit encore fynodafiique , par-
ce qu'on le payoit au fynode.
'ijcr Depuis on a appelé droits cathédratiques , les
droits afteélés aux Archidiacres dans leurs vifites.
CathÉdratique. adj. m. Certain droit que les Evê-
ques nouvellement mis en pollefllon donnoient aux
S s
322 CAT
Evêques qui les avoient ordonnés , aux Notaites ,
à Icui-s Clercs , &: autres OiHciers. Ce droit ell: dif-
férent de celui que prenoient les Evèqucs d'Elpa-
gnc dans leur viiite.
Cathédratique. DoCleur Cathéâratique, Cathédranr,
Docteur pourvu d'une chaire de Théologie dans
une Univerlité. Doôteur enleignant. Docleur Ré-
gent. DocioT Theologuvn doccns , traders. Doclor
Cathedraticus. Ce mot eft en ulage en ECpagne , Se
nous ne nous en fervons dans norre langue qu'en
parlant des Dodeurs &: des Univeriités d'Eipagne.
Doéieur Cathédranque de Salamanque, d'Alcala,
&c.
Ces mots viennent de KaSi^pa , cathedra , une
chaire.
CATHÉDRER. v. n. Tenir la chaire , prcfider. Prceejfe.
Il y a quantité de Juridictions où il fe trouve plu-
fîeurs Juges du mcmc titre & de la même auto-
rité , qui cathidrent tour à tour. Il y a trois Lieu-
tenans-Gcnéraux dans ce Bailliage, qui cathèdrent
chacun leur mois alrernativemsnt. C'eft Monfieur
J^ . . . q\ii cuikèdre ce mois-ci. Un Juge en chef
peut avoir fes Provilions , & ne pas encore cathc-
drer , parce qu'il n'a pas encore l'âge requis par
les Ordonnances. ^fT Jenefcaisli, ni où ce mot
eft eh ufafîe.
CATHÉRÉf IQUE, ad]. Terme de Médecine & de
Chirurgie. Ce mot veut dire, quiôte , qui emporte.
On appelle remèdes cathiréùques , ceux qui con-
fument , qui rongent &•' emportent des carnotités ,les
chairs baveufes & fongucuiés, qui viL-nnent dans
les plaies; tels font le précipiré rouge , l'alun brûlé.
Le Chirurgien préparera l'on remède cathcntiqui
plus ou moins fort. Dionis.
Ce mot vient de cathereticus , qui eft forme de
xaêi , Se d'y.'péii , j'âte, j'emporte. Quelques-uns ap-
pellent ces remèdes Sarcophages , c'elt-à-dire , qui
mangent les chairs.
CATHERINE, f. f. Nom de femme , prononcez Ca-
trine. Catharina. Sainte Catherine, Vierge d'Ale-
xandrie , martyre fous Maximin , étoit très-favante,
fi l'on en croit les adtes de fa mort, qui font fort
fufpeéts. Elle difputa contre cinquante Philofophes,
&c les vainquit par la force de fes raifonnemens.
C'eit pour cela que dans les Collèges les Erudians
de Philofophie , prennent fainte Catherine pour
leur Patrone. On n'a rien de certain touchant fainte
Catherine. Les faits que l'on a de fi vie & de fon
marryre fonr fuppofés. On n'a point parlé de cette
Sainte avant la tin du VIP iîcclc , ou au commen-
cement du fuivant. SdÀmt Catherine de Sienne, du
tiers Ordre de S. Dominique vivoit au XIV' (iè-
cle. Catherine de Médicis , Reine de France , fille
de Laurent de Médicis , femme de Henri II ,
mère de François II , Charles IX & Henri III, eut ,
pour le malheur de la France , trop d'ambition &
trop peu de piéré, ou peut-être de religion.
On prétend que ce nom a été fait en Occident
par àbréviarion de celui que lui donnoient les Grecs
Aicatharine.
On appelle Xz. fainte Catherine , le jour de la fête
de cette Sainte, le temps auquel elle vient.
Qatherine ( Ordre de fainte ) du mont Sinaï. Equef-
tris Ordo fancliz Catkarinœ. Après que le corps de
fainte Catherine eut été trouvé fur le monr Sinaï,
il s'y fît un fort grand concours de Pèlerins , que
la dévotion y artiroit. Pour faciliter ce pèlerinage
peu sûr parmi les Arabes, on établit en loS; îin
ordre de Chevalerie à Tmiitation de celui du S.
Sépulcre ; il fut mis fous la règle de S. Bafîle , Se
fous la protection de fainte Catherine , qu'il prit
pour Patrone. Les Chevaliers s'engageoient par vœu
à fuivre la règle de S. Bafîle , à garder le corps
■ de feinte Catherine , à pourvoir i la fûreré âks
chemins en faveur des Pèlerins, à défendre l'E-
glifé Catholique , Sc à obéir^ au Grand-Maître de
l'Ordre, Leurs eoftflitutions furent tirées de celles
de l'Ordre du fainr Sépulchre. Ils porroienr fur
un habit blanc les initrumens du martyre de leur
CAT
fainte Patrone ; c'eft-à-dire , une demi-roue armée
de poinres tranchantes Se traverfce par une épce
teinte de iang. f^'jye^ la defcription des Ordres Mi-
litaires , imprimée à Paris en icîyi , & l'Abbé Jufri-
niani , Hijioria di tutti gfOrd. Mi.tit. Tom. I ,e, i<).
Cet Ordre eft éteint, aufli bien que celui du faint
Sépulchre. Comme les Cordeliers de Jèrufalem fe
Ibnr arrogé le droir de conférer celui-ci , les Moi-
nes Grecs Bafiliens du mont Sinaï donnent celui-
là. La bannière de l'Ordre reprcféntoit d'un côté
les armes dont nous avons parlé , & de l'autre le
martyre de fainre Catherine , où cette fainte elt
entre deux roues , armées de pointes & de couteaux-
tranchans.
Les Auteurs ont donné dans deux erreurs au
fujct de cet Ordre , qui ne fut inflitué que l'an
1067, félon quelques Auteurs, & en 10^3, félon
d'autres ou même dans le douzième lîècle, com-
me le croit le P. Hèlyot. La première erreur eft
de Forvyn, qui dit que les Chevaliers de fainre
Catherine porroienr par dcffus la croix de Jèrufa-
lem les marques du martyre de cette Sainte ;favoir,
une roue percée , à fix raies de gueules clouées
d'argent , comm^ il l'a fait graver dans fon Théâ-
tre d'honneur & de Chevalerie \ mais il n'a pas
fait réflexion que M. Daubray , de qui il avoir
emprunté la croix, éroit non-lèulement Chevalier
de fainte Catherine, mais encore du faint Sépul-
cre. La féconde erreur e!l de Schoombeck , qui
prèrcnd que les Religieux de S. François ont le
pouvoir de faire des Chevaliers de fainte Cathe-
rine, ce qui eft faux. Voye^ le P. Hclyot, T. J,
C. 5^
La Congrégation de fainre Catherine de Sienne
eft une Réforme de fOrdre de S. Dominique ,
faite vers la fin du leizième fîècle , par le P. Pau-
lin , Bernardin de Luques , qui la commença dans
le Royaume de Naples , fous le nom de Congré-
gation de l'Abruzze de fainte Catherine de Sienne.
P. HÉLYOT., Tom. III, C. 16.
Catherine.. ( 5iZ/«/f) Nom d'une efpcce de bonnes
prunes. Les Sainte Catherine font du nombre de
celles qui ont -la chair fine , rendre & bien fon-
dante , l'eau fort douce & fort fucrée , & le goût
relevé. La Quint. Les Sainte Catherine font lon-
guettes, blanches , jaunâtres, affez grofTes, & bon-
nes en pruneaux. Id. On voit que ce nom ne change
poinr au pluriel. La prune de Sainte Catherine en
efpalier, bien expofé en bon fond, eft un excel-
lent fruit , pourvu qu'on lui donne le temps de
mûrir , tellcmenr qu'elle en devienne ridée autour
de la queue.
CATHERINETTE. f. f. On donne ce nom dans quel-
ques Collèges de Paris à des rhèfes que l'on fait
fourenir vers la fête de fainte Catherine , Patrone
des Ecoliers , Sc fur-tout des Philofophes.
0CrCATHETE.f.f. Terme d'Architedture. Cathetus.
C'eft une ligne perpendiculaire qu'on luppofe traver-
fer à plomb le milieu d'un corps cylindrique , comme
une colonne, un baluftre. On l'appelle auffi axe
ou effieu.
|3" C'eft encore la ligne perpendiculaire qui pafTe
par lœil de la volure du chapireau ionique.
§3" Cathete fe dit généralement en Gèomèrrie d'une
ligne qui tombe perpendiculairemenr llir une llar-
face ou fur une autre ligne.
gCr On le dit particulièrement en Catoptrique de la
ligne que décrit un rayon qui rombe perpendiculaire-'
menr fur un aurre corps. Cathetus. La cathete d'in-
cidence , eft une ligne droite tirée d'un point de
l'objer perpendiculairement .à la ligne réfléchifîante.
Il elt évident que dans un miroir fphérique cetre
ligne paffe par fon centre fClT en continuant men-
talemenr la cathete d'incidence Sc le rayon réflé-
chi jufqu'à ce que ces deux lignes concourent au àe-lï
du miroir , il fe formera derrière le miroir un rriangle '
idéal , égal au triangle qui fe forme devant le même
miroir , puifque ces deux triangles ont leurs angles
égaux & un côté coi-oJXiun.
C A T
îfT L'Im-Age d'an cb^.-t vu par le moyen d'un mi-
loir, paroît toujours dans quelqu'un des points de
la cathiu d'incidence.
^^ L'Image d'un objet vu par le moyen d'un mi-
roir ) paroît toujours au point de concours de la
cathcte d'incidence & du rayon réHéchi.
IJCr C'cll pour cela que l'image d'un ob'et paroît
toujours aulli enfoncée en dc-là du miroir plan ,
que l'objet eft lui-même éloigné du miroir. Ain(î
lorique nous avançons vers an miroir plan , iiotre •
image s'avance vers nous , & lorique nous nous
en écartons , notre image s'enfonce.
^fT C'efl pour cela auffi qu'un homme qui fe trouve de-
bout, & qui fe regarde dans un miroir placé ho-
rifontalcmcnt à fcs pitds , ie voit dans une lîmation
renverféei parceque fa tête étant plus éloignée du
miroir que fes pieds , l'image de fa tête doit être
plus enfoncée en de-là du miroir , que celle de
fes pieds. AuiJl voyons-nous rcnverfce i'ii'nage des
arbres plantés au bord des rivières.
^CJ" Ce qui diftingue les miroirs convexes des mi-
roirs plans , c'eft que deux rayons de lumière ,
après avoir été réfléchis par une furface convexe ,
font plus divergens , c'eft-à-dire , plus écartés l'un
de l'autre , qu'après avoir été rciicchis par une
furface plane. .
^f3" Cette propriété des miroirs convexes bien con-
ftatée , on comprend qu'ils doivent nous repréfen-
ter l'image plus petite que fon objet -, parceque les
rayons partis des extrémités de l'objet , & devenus ,
après la réflexion , plus divergens qu'ils ne l'au-
roient été , s'ils avoient été réfléchis par un miroir
plan,fe réunifient plus tard, & nous repréfentent
l'objet fous un angle plus petit.
Dans les miroirs concaves , non feulement les ima-
ges des objets paroilfent hors du miroir, mais encore
elles paroiflent renverfées, parce que les rayons ré-
fléchis ne concourent avec les caihetes d'incidence ,
qu'ap^ s'être croifés au foyer. Si cependant Ton
plaçoit l'objet plus bas que le foyer , l'image ne ie-
roit pas renverfée , Si elle paroîtroit en dehors du
miroir, parce que les rayons réfléchis n'ayant pu fe
croifer au foyer , concourroient avec les cachetés d'in-
cidence cn-deià du miroir. Voyei^ au mot Miroir,
les autres propriétés de ces trois fortes de miroirs.
CATHÉTER, f. m. Terme de Chirurgie. Ceft une
fonde creufe Se courbe , dont on fe fert , tant pour
tirer l'urine de la velfie , que pour reconnoître fcs
maladies , &: celle de fon canal. Cathéter.
Voyez-en la defcription dans le Dictionrtaire de
M. Col de Villars. Ce mot eft grec , '.xt^rv^ , immif
tor , inftrument avec lequel on introduit quelque
chofe , du verbe k^^s/îs-k/ , immitto , infunio -, j'intro-
duis, j'injedte. L'accent grave fur la dernière eft né-
ceflaire , pour faire fentir la prononciation de la der-
nière fyllabe qui n'a pas le même fon que la termi-
naifon des infinitifs. C'eft pourquoi on doit écrire
cathitïr.
tATHÉTÉRISME , f. m. Opération de Chirurgie,
parle moyen de laquelle on tire l'urine qui eft rete-
nue %fT dans la veifie , ou par laquelle on y fait des
injections eh y introduiiânt le cathéter , Cathete-
rifmiis. Elle eft ainli appelée à'caufe de rinftrument
dont on fe fcrt , qu'on nomme cathéter , algalie ou
fonde creufe. Cette opération n'a lieu que lorfqile
la fuppreilion eft à la velTie,
CATHIMÎE f. f. Cathimia. Ce mot fignifîe en langage
fpagirique <, i^. une veine minérale fourerraine, d'où
l'on tire de l'or & de l'argent-, 1°. des concrétions qui
fe forment dans les fourneaux où l'on fond l'or &:
l'argent; ;c. l'or -,4°. les fcories d'argent; 5°. la fuie
qui s'attache aux murs des endroits où l'on prépare le
cuivre. Ruland cité par James. Cathimie eft auHi
fynonyme à Cadmie.
CATHIN. rove^CATIN.
CATHOLICISME, f. m. CatkoHcifmus. Mot nouvel-
lement employé pour diftinguer la Religion Catho-
lique. On entend par le mot ca;Ao/z<:///72^, la'Reli-
gion Catholique-Romaine, fes articles de toi, fes
"Q A T
^f?
dogmes , fes maximes. Le Quho/icifme eftla plus rai-
fonnable de toutes les Religions, la plus favorable
aux Puiiiànccs /ouveraines & aux peuples. Toutes les
Seules d'Angktcrfe font toujours réunies contre le
Cittholicijme leur ennemi commun. Voltaire.
CATHOLlCISSlME. adj. Très -Catholique. Nicolas
Rapin, Auteur de la Harangue du Reftcur Rofe, le
fait ainli argumenter contre le Duc de Mayenne;
« Quiconque tait pendre les Catholiques zélés, efL
" tyran & fauteur d'Héfétiques : atqui Monfieur le
" Lieutenant a fait pendre Louchard Ô<: confors ca-
» thulicijjimes^ zélatiilimes ; eri^o Monfieiir le Lieu-
» tenant eft tyran & fauteur d'Hérétiques, pire que
» Henri de Valois qui avoir pardonné HLouchard ,
» d'Hafte , & la Morlicre , dignes du gibet pluS de
» trois ans devant les barricades.... »\SV:^ Mcmp^
in 80. pag. 85. Ce mot ne doit être employé que dans
le ftyle badin.
CATHOLICITÉ, f. f. La véritable Eglifc.L'Eglife Ca-
tholique ■.Les pays,ra(fcinblée des Fidèles Catho-
liques. Ecclefia Ljtkolica. Dans la Catholicité on ne
voit point celibcrtinngc étonnant de fentimens, ces ■
opinions extravapnte's , ii fréquentes dans les pays
hérétiques , ces chang'emcns perpétuels , ceis doutes ,
cesirréfolutions.qui aboutiifent fi fouvent à l'irré-
ligion & à l'athéilme /ou pour le moins au Déifmc
On y eft au contraire confiant & tranquille , parce
qu'on a une règle sûre de fa croyance.
ffT Catholicité de l'Eglile , c'eft-à-dire , fon univer-
falité à tous les temps , à tous les lieux , & à toutes
fortes de perlbnnes. Ce caradère de la vraie Eglifc
ne convient qu'à l'Eglife Romaine.
:fT_ Catholicité fe prend aulfi quelquefois ponc
tous les Pays Catholiques. C'eft un ufage reçu dans
toute la Catholicité.
\fT Catholicité fe dit encore de la dodlrine Ca-'
tholiiiiieSiC de l'attachement d'une perfo-^ne à cette
dodtrine. Catholicité d'une propofition. Donner des
preuves de Catholicité.
CATHOLICON. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft un
éleéluaire mou , ainlî appelé comme qui diroit um-
verJ'el,où purgeant toutes les hunuurj. Cathoiicum
medicamentum. On en trouve chez les Auteurs diffé-
rentes defcriptions. Le catholicon qu'on appelle or-
dinairemenr de Nicolas eft le plus en ufage : il eft
compofé de leize ingrédiens dont les principaux font
les ramarins , la caile , le fené & la rhubarbe. Ce ca-
tholicon eft appelé ^ow/^/^ , lorfqu'on y met double
poids de fené & de rhubarbe. On lui donne aulfj
le nom de catholicon fin , parce qu'on y met du fucre
blanc &c de la meilleure rhubarbe. Le catholicon pour
les clyftères ne diffère du précédent qu'en ce qu'il
n'y entre point de thubarbe , &: qu'au lieu de fucre
on y met du miel.
qatholicon : eft aulîî le nom d'une Satyre ingénieufe
faite du teiilps de la Ligue ; intitulée Satyre Mcnip-
pée de la vertu du Catholicon d'EJpagne, &• de la te-
nue des Etats de Paris. On y montre que les intérêts
des Chefs de la Ligue étoient tout autres que ceux
de la Religion. Le Catholicon d'Efpagne n'eft pas
l'ouvrage d'un feul homme. M. Le Roi , Aumônier
du jeune Cardinal de Bourbon, & depuis Chanoine
de l'Eglife de Rouen , compofa & mit au jour
en 1595 la vertu du Catholicon d'Efpagne. Cet écrit
étoit fortcourr, & fut diftribué cette année-là en
feuilles brochées. Dès qu'il parut chacun en fut
chnrmé, & les beaux-efprits de ce temps-là fe pi-
quèrent d'y mettre la main & de l'augmenter, ou
plutôt d'y joindre une féconde pièce, fous le titre
à.' Abrégé des Etats de la Ligue convocjuée au dixième
ftVr/er. Pafiérat & Rapin, deux Poètes fameux en
compofèrent les vers. M. Gillot Confcillcr-Clerc au
Parlement de Paris , & Chanoine de la Sainte Cha-
pelle , fît la haiangue du Cardinal Légat. Floreqt
Chrétien compofa ^celle du Cardinal Pellevé. On eft
redevable au favant Pierre Pithou , de la harangue de
M. d'Aubray, qui eft la meilleure de toutes. L'on doit
encore àRapin la harangue de l'Archevêque de Lyon ,
& celle du Doiiteur Rofe. C'eft ce même Nicolai
S s ij
g 24 C A T
Rapin qui prit le foin de recueillit toutes ces haran-
gues, Se d'en compolcr un corps qu'il joiL^nit mCu-
\holicon d'Elpagne; fur ce fondement plmicurs lui ont
attribué \eCiHholuon tout entier. Cette féconde par-
tie du Catholicon ne fut imprimée qu'en 1 5 94, après
le retour du Parlement, qui avoit été translcré de
ParisàTours.La première édition à\i Catholicon d'El-
pagne par M. Le R.oi en 1593, ayant été bientôt
di!tribuce,on ne l'imprima plus qu'avec la tenue des
Etats en i(Î94 ■-, maislel^ibraire mit la date AiiCatlic-
licon feul \6<)iy , au lieu de 11194 , qui cft la véritable '
date de la Satyre Ménippée. La meilleure édition eft
celle deRarilbonnechezMatthiasKerreri(Î94,/«-i£5'.
Les Notes qui s'y trouvent Ibnt tirées d'un Manufcrit
de M. ÎDupui, Garde de la Bibliothèque du Roi.
ViGNEtti. Makv. tom. II, p. io8 &juiy.
J'ai encore ouï appeler Catliohcon d'Elpagne une
cftampe qui fut faite dans le même temps, & qui rc-
préfentc l'armée ou les troupes de la Lieue , compo-
fée non-feulement de Soldats ik de Bourgeois , mais
encore de toutes fortes de Prêtres , d'Eccléiiaftiques,
de Religieux & de Moines , la cuiraife fur le dos , le
cafque en tête avec le froc , &c armés d'cpécs , de
pertuifanes , de moufqucts , &c.
Catholicon. f. m. C'cft en termes de Layetier,en gé-
néral, une Boîte de 15 pouces de long ,10 de large ,
& 8 à 9 de haut. Encyc.
CATHOLICOS. f. m. Terme de Relation. C'efl: le
nom du Chef du Clergé de Mini;relie , des Abcas du
Guriel , du mont Caucafe &: d Imirette.
gcr CATHOLIQUE, adj.detout genre. Selon la force
du terme , c'elî la miême chofe qu'Univerfel. Catho-
Uciis. C'eft un titre que l'on donne a la vraie Eglife,
& qui efl: un de les caraélères effentiels & diflinclifs.
Ce nom de catholique marque la diffulion de l'Eglife
par toutes les nations de la Terre. Les Doéleurs de
l'Eglife qui au IV<: fiècle attaquèrent l'erreur des Do-
natiftes, S. Auguftin, S. Optât, ùc. s'attachoicnt
principalement à ce principe comme incontedable
& univetfellement reconnu , que leur S<:Ù.z ne pou-
voir pas être la véritable Eglife , par la feule raifon
qu'étant confinée dans un coin de l'Afrique , elle ne
pouvoir pas être catholique. Aujourd'hui la dénomi-
nation d'Eglife catholique defigne l'Eglife Romaine ,
toute la communion Romaine, la colleélion'des
Eglifes qui reconnoiiîcnt le Pape pour Chef. Un
Concile général repréfente l'Eglife catholique. Il n'y
a point de Salut hors de l'Eglife catholique.
De-là on a dit la Religion catholique, la Foi ca-
tholique, Ai. Doélrine eathoUque ., pour dire la foi
de l'Eglife catholique , les vérités de l'Eglife catho-
lique , dogme catholique , vérité catholique , pro-
portion catholique, pour dire conforme à la foi
que profe/Fe l'Eglife catholi-^ue,
|g°CATHOLiQUE.Y. m. & f. Celui ou celle qui eft mem-
bre de l'Eglife catholique , qui profefle la foi catholi-
que. Cette dénomination défigne ceux qui reconnoif-
fenr le Pape pour Chef de l'Eglife , &: qui lui font
unis de communion. On dit quelquefois Catholiques
Romains.
On a donné au Roi d'Efpagne le titre de Roi Ca-
tholique, qui eft devenu héréditaire depuis Ferdi-
nand & Ifabelle. La Colombiere dit que c'cft pour
avoir chaHc les Mores d'Efpagne. Les Bollandiftes
prétendent que les Viiigoths d'Efpagne portèrent au-
trefois communément le titre de Catholique , &
qu'Alexandre VI ne fit que le renouveller pour Fer-
dinand 8c Ifabelle. Philippe de Valois , après la morr,
fut par les Eccléiîaftiques furnommé Catholique ,
parce qu'il avoit favorifé leurs droits. Dans plu-
fieurs Epîtres des Papes , ce nom eft donnx: aux Rois
de France &c aux Rois de Jérufilem. On l'a donné
aulîi à plufieurs Patriarches , comme à ceux des Jaco-
bitcs , des Egyptiens, des Arméniens , & à des Pri-
mats qui avoient ime fort ample jurididion , Se qui
pouvoient confacrer des Archevêques. Du Cange.
En Allemagne , il y a des Princes Proteftans & des
Princes Catholiques,
On appelle Cantons Catholiques , les Cantons
C A T
SuifTcs qui font profeffion de la Religion catholique;
Et Pays-Bas catholiques, les provinces des Pays-Bas
où la Religion catholique eit demeurée la Religion
dominante.
Ce mot vient du grec ><a«£A« , qui lignifie univer-
felhment , d'où vient ««fo>i>:ôî , univerjel.
En termes de Chimie , on appelle un fourneau cc-
tholique , ou univerlel , un petit fourneau tellement
difpofé, qu'on y peut faire toutes les opérations de
Chimie, même celles qui le font avec le feu le ph;s
violent.
On le dit aulli en Gnomonique des cadrans uni-
verfels qui Ibnt tellement conltruirs , qu'ils peuvent
faire connoître l'heure en divers pays , & fous qucl-
qu'élévation du pôle que ce foit.
On appelle proverbialement un Catholique à cras
grains , un homme peu fcrupuleux à l'cgard des
choies défendues par la Religion.
ifT Catholique, f. m. Nom de dignité dans
l'Eglife Grecque. Ce titre répond a celui de Prim.at
en ulage dans l'Eglife Latine, & à celui de Patriar-
che dans l'Eglife Grecque. En Orient Norfetis ctoic
Catholique des Arméniens, c'eft-à-dire, leur Pc-
triarche ou Primat. Fleury. Catholicus. Grégoire
Abuîfarage croit Catholique d'Orient. On trouve
dans l'Antiquité le CiZ.'W^/z^e des Perfes , le Ca//^-
, lique des Arméniens, le Catholique de Séleucie. Les
Catholiques furent d'abord des Prélats du Patriarchat
d'Antioche, Se ils furent appelés Ca;;^o//'^«^j, parce
qu'ils avoient une province plus grande fous leur
juridiélion. Il n'y eut d'abord qu'un Catholique fous
le Patriarche d'Antioche : enfuite on en créa deux :
celui qu'on appeloit Anienfis ou Annenfis , & celui
de Bagdat , qu'on nommoit auili le Catholique à'itz-
nopolis. Le P. Combefis, dans l'Hiftoire des Mono-
thélites,a donné une lifte àcs Catholiques d'Aïmi-
nie. Cette dignité s'eft étendue dans la fuite à bien
d'autres Diocèfes , & l'on rrouve le Catholique
d'Ethiopie dans le Patriarchat d'Alexandii(j|5 ^" Ca-
tholique d'Alb3.mc , &c.
Catholique étoit aulfi autrefois dans l'Empire Grec
le nom d'un Oihce féculier &C de finances. Les Catho-
liques étoient en Afrique ceux qui levoient les de-
niers du filCjôc comme on difoit autrefois en France
les Généraux des finances. Catholicus fij'ci Procuror-
tor. Voyez Cujas , fur la loi 5^ du Code , De Jure
fifci. Lts Officiers des Catholiques s'appeloient Ca-
tholicicns. Catholiciarà.
Catholique, f m. Terme d'Antiquité. Ce nom fe
donnoit autrefois dans l'Empire Romain auTréforier
général, ou, comme nous difons aujourd'hui en
France , au Contrôleur général des Finances. Catho-
licus. Celui qui fe diftingua le plus , fut un certain
Adaucus, d'une nobleife conlidérable, qui avoit pa/lè
par routes les charges , même par celle de Catholi-
que, ou Treforler général. Fleup.y.
Catholiques. (^Nouveaux) Maifon établie en quel-
ques endroits de France, pour y recevoir, & y in-
ftruire les Hérétiques qui veulent fe convertir, & re-
tourner à l'Eglife Catholique. Il y a un Direéteur
Prêtre pour les inftruire , qui a quelcjuefois un ou
deux Eccléfiaftiques avec lui. On les appelle auifi
{Nouveaux Convertis.
Catholiques. [Nouvelles) Ce font des Communautés
de Filles établies en France, pour inftruire des véri-
tés de la Religion les perfonnes de leur fexe , qui ont
été élevées dans l'héréfie. On les y enrretient jus-
qu'à ce qu'elles aient fait leur abjurarion , & qu'elles
foient bien affermies dans la foi. Elles y peuvent
être reçues au nombre des Sœurs de ces Communau-
tés; dans quelques-unes defquelles on fait les vœux
fimples de pauvreté, de chaftcté, d'obéiflance, &:
de s'employer à l'inftruélion des Nouvelles Conver-
ries. Dans d'autres , on ne fair vœu que de ftabilité,
&: dans quelques autres une aflbciation par conrrat.
Chacune de ces Communautés a des Règlemens par-
riculiers , qui leur ont été donnés par les Ordinaires
des lieux où elles font établies. La Communauté
de Paris eft fous le nom de Nouvelles Converties .
C A T
Celles de Sedan , & quelques autres fous celui de la
Frop.igaiiun de la Foi. P. Helyot, Tom.FIIl, c. 12.
Catholique. {Pauvre) Nom de Religieux. Pauper
Catholicus. Une partie des Pauvres de Lyon ou
V.iadois ayant renoncé anx erreurs de ces Héré-
tiques , formèrent Tous deux chefs difterens une Con-
grégation qui fut approuvée , & que l'on nomma
les Pauvres Catholiques , par oppofition aux Vau-
dois Hérétiques , qu'on appeloit Pauvres de Lyon.
Leur chef fut Durand de Hiielca en Arragon d'un
côté, & de l'autre Bernard Prime & Guillaume Ar-
naud. Cela arriva aux années M07 , izoS & fui-
vantes. En 115(5*, ils fe réunirent à l'ordre des Er-
mites de faint AuiîulHn. P. Hélyot. T. III, c. 4.
CATHOLIQUEMENT. adv. D'une manière catho-
lique , conformém^t à la foi de l'Eglife Catho-
lique. CathoUcï. On vie dans cette famille fort ca-
tholiquement.
ft? CATHUR. f. m. {marine) Voye?^ Catur.
CATI. f. m. C'eO; une monnoie de compte , dont on
fe fert à Java , &: dans quelques autres îles voifmes.
Il revient environ à dix-neuf florins , monnoie de
Hollande... Les Maures ont emporté au Roi de Siam
plus de vingt mille catis, chaque CiZ// valant 50 écus.
y^oyage de Siam.
Cati ou Catti. f. m. Poids de la Chine. Il revient à
une livre quatre onces , poids de marc.
^fT Cati , chez les Lapidaires d'Orienr. Petit poids
de trois grains , dont ils lé fervent pour pefer les
émeraudes.
Cati. C'efl une forte d'apprêt qui fe donne aux étof-
fes de laine par le moyen de la prefle , pour les ren-
dre plus fermes, plus luftrées, & d'un plus bel œil.
Cati. part, du v. Catir. Poli , uni , Si luifant, Foye:;^
Catir.
CATIANG. f. m. Efpècc de légume , ou petit pois
qui croît en quelques lieux des Indes Orienrales ,
particulièrement fur les côtes de Malabar.
1^ CATIBA. f. m. Nom de dignité parmi les Prêtres
de l'île de Madagafcar. C'eft à peu près la même
chofe qu'Evêque parmi nous.
CATICHE. f. f. Terme de chalfe , qui fe dit des trous
où fe cachent les loutres & les autres arîmaux am-
phibies dans les eaux ou aux bords des rivières
&c des étangs , quand ils font chaiTés. Cuniculus ,
laticuliun. Voyez Crones.
CATILINAIRE.f.f. Oraifon contre Catilina. Cicérona
fait quatre Catilinaires , qui ont été élégamment tra-
duites par M. d'Oliver, avec de favantes remarques de
M. le Prélident Bouhier iur le texte. Cette Traduc-
tion efl: précédée de celle de la première & de la fé-
conde Philippique de Démofthène par le même Abbé.
ffj- CATILINETTE. f. f. Foyei Marguerite d'Es-
pagne. •
CATILLAC. Pêche de Catillac , Pavie de Catillac.
Grollés pavies rouges de Catillac. Efpèce de pê-
cîies qui viennent au mois d'Oétobre.
Il y a aulîi une poire de Catillac qui fe mange
en Odobre & en Novembre , & que la Quintinie
range parmi les mauvaifes poires. Elle n'eft bonne
qu'à cuire,
CATILLER. v. a.
CATILLEMENT. f. m.
CATILLEUX. ad). Vieux mots qui viennent de Catul-
LAiRE , qu'on a dit par métaplafme pour Catullire.
Les Normands &: les Picards difent encore catouil-
ler. Nous dilions anciennement catilUr , &c,catil-
kment. L'ancien Diétionnaire Latin-François du P.
Labbe : Titilxatio. Catillement. Titillare. Ca-
tiller. Ce palfage ne permet pas de douter de cette
étymologic. Julien Taboet dans fon Livre de Re-
publica & Lingua Francica , l'a auffi dérivé de Ca-
'•tullire. Ménage.
Les Chamgenoïs ont confcrvé les mots catiller ,
catillement , catilleux pour chatouiller , chatonil-
' lement, chatouilleux.
CATIMARON. Foyei Cantimaron. _
CATIMINI, adv. Secrètement. Secreto , clam. Il cft
allé en catimini faire une telle vifite 5 pour dire ,
C A T ^ 2 y
en cachette & tout doucement , comme vont I-s
chats pour attraper les fouris. Il eft familier & n-
fe peut dire qu'en riant. Je la viens de llirprendrë
qui hloit un livre d'amour en catimint Mlle l'Hé-
ritier.
CATIN. f. f. Nom de femme. Diminutif de Cathe-
rine. Catharina. Il fe donne aux filles qui f- nom-
ment Catherine , mais ce n'eft que parmi le
peuple.
Catin. Mot enfantin que les petites filles en pluficurs
endroits donnent à leurs poupées , & qui fe dirpour
poupée. Achetez-moi une catin , c'cft-à-dirc, une
poupée.^ J'ai une belle catin. Je vais habiller ma ca-
tin , c'eft-à-dire , ma poupée.
On le fert encore du mot de catin , pour ligni-
fier une femme , ou une fille de mauvaife vie. C'cft
une franche catin. Il eft familier.
Catin. f. m. Vieux mot. Plat, du latin catinus , qui
veiir dire la même chofe.
^ Catin. C m. Badin dans lequel un métal fondu
eft reçu. Acad. Fr. Il y a le grand catin & le petit
catin.
CATIR. V. a. Terme de Bonnetier &: de Dégrai/feur.
Preflér le drap , pour lui donner du luftre , pour
le rendre poli , uni & luifant. Premere. On le dit
aufli de toute forte de laine ainfi préparée. On ne
laurbit bien voir la fineife d'un bas d'eftame quand
il eft cati. On catit à froid & à chaud.
IP" Catir , chez les Doreurs , c'eft appliquer l'or
fur les filets comme ailleurs , au moyen du catif-
foir qu'on appuie fur du coton ou du linge très-fin.
Ency'c.
CATISSEUR. f. m. C'eft cet ouvrier qui dans les
Manufactures de lainage , travaille à prefTer les étofcs
pour leur donner le cati. Cet ouvrier fe nomme auifi
Prejfeur , quoique ce foit fouvent des Fouleurs qui
faffent cet ouvrage.
fp- CATISSOIR. f. f. Chez les Doreurs , petit cou-
teau fans tranchant , qui fert à enfoncer l'or dans
les filets avec du coton ou du linge très-fîn.
CATISSOIRE.f f Petite poëleà mettre du feu àl'ufag;
des Bonnetiers & autres Ouvriers en laine. Encycl,
CATIUS ou CAUTUS. f. m. Terme de Mythologie.
Nom d'un Dieu, adoré chez les Romains. Catixs. C'c-
toit le Dieudelarufe&delafinefTe, qui rendoit les
gens fins &: adroits. Si la vertu ne pouvoir venir qu'à
ceux qui ont de l'efprit , dit S. Auguftin , De la Cas
de Dieu , Liv. IF, cli, 21 , qu'avoit-on befoin d'un
Dieu Catiiis pour rendre les gens fins & adroits,
CATOCHE. Terme de Médecine. C'cft la même chofe
que catalepfie. Voyez ce mot. Le nom de catochî
vient du grec y-^To^c^,
CATOCHITE. f f. l'ierre qu'on trouve dans l'île de
Corfe , & qu'on dit attirer &: rerenir la main quand
on l'applique deflus , par une efpèce de colle vil-
queufe qui lui eft naturelle. Catochites , de xxt/;^" }je
retiens , Pline, Lilro XXXFII , cap. 10.
CATODON. f^. m. Nom que l'on donne à une efpèce
de baleine , parce qu'elle n'a des dents qu'à la mâ-
choire inférieure. De x«t« , en-bas , & ^'J^ç , dent.
DicT. DE James.
|p^_ CATOLICA. ( la) Nom d'une ville & d'une Prin-
cipauté d'Italie, en Sicile, dans la vallée deMazara,
près de Siciliano.
CATON. f. m. Cato. nom propre. Caton d'Utique,
Caton , le Cenfeur. TertuUien adrelfant la parole
aux Païens à la fin du XI« chapitre de ion Apologé-
tique , leur dit : Qui d'entre vos Dieux a été plus
grave & plus fage que Caton ? Quis ex il/is Diis
vejlris gravior & fapientior Calorie ? C'eft la vingt-
feptiéme façon de patler proverbiale, au-devant des
Œuvres de TertuUien. On y cite un paffage du Livre
de Cicéron , âe l'amitié , 72. 9 , dans lequel Lxlius
parle ainii à Fannius. Ou il n'y a Jamais eu d'homme
fage , ou , s'il y en a eu quelqu'un , c'a été Caton.
Aut nemo , aut fi quifquam , ille fapiens fuit. M3.is
dans l'uliige, c'eft un nom qu'on donne à un' homme
fage, fevère , modefte, retenu. Faire le Caton , af-
feder d'être fage. Il ctoit furpris de le voir fi faga
Si6 CAT
& lî modcftc à la Cour -, parce que l'ayant vu , il y
avoit'quelque temps en Province, il ne lui avoit
pas paru li Caton. Mlle l'Héritier.
Caton le Cehieur & Catoh d'Utique ctoient fort
renommes dans l'Hiftoire pour leur intégrité. Ce
qui
a fait dite à Juvcnal, Sat. t, v. 39.
Habeat jam Roma pudorem :
Tertius è Cœlo cecldit Cato.
» Les Romains vonjc être fajjes : voici un troifième
>■> Caton qui leur cft tombé du Ciel. Martignac.
J'enrage quand je vois des jeunes gens comme cela
faire les Catons devant des barbons comme nous.
On appelle cela juftement : Apprendre à ion père
à faire des enfans , &: gros Jean qui remontre à
fon Curé. PoiJJon fous le nom de Cri/pin, 5'c. 8 ,
p- iS , du Prologue du Coquet trompe , Comédie
de Baron,
CATOPLEBE ou CATOPLÉBAS. f. m. Ccft un
animal , qui , au rapport de Pline , c. 11 , //v. 8 ,
tue tous ceux qui le regardent entre deux
yeux.
CATOPTRIQUE. f. f. Seconde partie de la fcience
qui explique la vifion : fcience qui enfeigne com-
ment les objets peuvent être vus par la reflexion
qui fe fait fur les miroirs. Catoptrlca. Voyez au mot
Cathète les principes généraux de la catoptri-
que,
Catoptrique , eft auffi quelquefois adjeéT;if &: ligni-
fie ce qui a rapport à la catoptrique , ou ce qui
s'exécute par des rayons réfléchis. *On appelle un
cadran catoptrique , celui qui marque les heures
par un rayon réfléchi , foit dans une chambre , ibit
ailleuts. Catoptricus.
^fT On appelle aufTi caiffe ou boîte catoptrique , une
machine dans laquelle on voit pluiîeurs phénomènes
amufans , par le moyen de plulieurs miroirs .dif
pofçs dans une el'pèce de caiife j fuivant les règles
de la catoptrique.
Ce mot vient du verbe grec KilaTrl fonte,.
CATOPTROMANCIE. f, £ Efpèce de divination.
Catoptromantia. On emploie un miroir pour cette
efpèce de divination : & c'eft ce qui lui a fait donner
le nom de catoptromancie -, du grec «â;a3j-7(ioi. , mi-
roir , & uanhx , divination. On dit audî crijiallo-
mantie. Paufanias rapporte que cette elpèce de di-
vination étoit en ufage à Patras en Achaïe, où ceux
qui étoient malades & en danger de mort faifoient
delcendre un miroir attaché à un filet dans une
fontaine qui étoit devant le temple de Cérès ; puis
ils fe rcgardoient dans ce miroir, &: s'ils voyoient
un vifage hâve & défiguré , ils prenoienr cela pour
un figne de mort -, A leur vifage paroiflbit vif &c
fain , c'étoit un figne de vie. ^fT Juger de l'état d'un
malade par les couleurs de Ion vifage , je ne vois
rien de ii naturel : mais deicendre un miroir dans
une fontaine devant un Temple , le tenir fufpendu
à un fil , en forte qu'il ne touche que par fa bafe
la furface de l'eau , & croire que l'idole qu'on adore
dans ce temple donne les connoiflances que l'on
cherishe , c'eft le comble de la folie &c de l'extra-
vagance. Il y avoit plulîeurs elpèces de catoptro-
mancie. Voyez encore Gastromancie.
CATORCHITE. f. m. Efpèce de vin , dont on trouve
la préparation dans Diofcoride , Lié. F, cap. 41.
Il fe faiibit en Chypre à peu près de la même manière
que le vin du Palmier. Yix-iaex'li- On fe fert de
cette liqueur comme du vinaigre -, fes parties Ibnt
très-fubtiles ; elle donne des venrs , elle eft malfai
faute à l'eftomac , &: elle fait perdre l'appétit ; mais
elle eft bonne pour le vcnrre , elle provoque les uri-
nes &: les règles , & elle fait venir le lait. Dict. de
James.
CATOS , ou CATOT , ou CATAUt , ou CA-
THAtJT. f. f. dans lequel la dernière fyllabe eft
longue^ &: où la lettre finale ne fe fait jamais fen-
tir. C'eft un diminutif de Catherine, qui fe donne
C A T
chez les Bourgeois aux jeunes filles qui s'appellent
Catherine. Cutharina.
^ CATTARO. Cathara. Ville de Dalmatie , près
des frontières de l'Albanie , fur un golfe ou canal
auquel elle donne len nom.
CATTEQUI. f. m. Toile de coton bleue qu'on
tire des Indes orientales , particulièrement de Su-
rate.
Ct3° CATTEROLE. 1". f. Terme de chaflTe. Trous ,
efpèces de terriers que les femelles des lapins creu-
fent , & où elles Ibnt leurs petits. Cuniculus.
CATTU-SCHIRAGAM. 1'. m. Atbrilfeau de hauteur
d'homme , qui croit au Malabar dans les lieux brû-
lés du folcil. Foye:^-en la dejcription dans le Diction-
naire de James. Cette plante broyée &: bouillie dans
l'huile eft fort bonne en fomentation pour les pu-
ftiiles. Si on en exprime Is fifp ^ & qu'on en trotte la
tête d'une p^-rlbnne attaquée d'une fièvre caufée par
la bile , elle en fera Ibulagée. La graine réduite en
poudre * & prife dans de l'eau chaude , guérit h,
toux , chaffe les vents , & tue les vers dans les en-
fans. Elle calme aulli les douleurs de ventre , pro-
voque les urines -, &; li on la mêle avec de l'eau chau-
de , on en frétera avec lliccès les membres affec-
tés de goutte ou de douleurs caufées par le froid.
Ray. Hijt. Plant.
CATULLE, f. m. Nom d'homme. Catullus. C. ou Q.
Valerius Catullus , que nous nommons en françois
Catulle , étoit de Vérone : il naquit ibus le fep-
tième confulat de Marins , & le fécond de Corné-
lius Cinna , l'an 66^ , de Rome. Catulle eft enjoué
& délicat i mais il eft: tiop libre & plein d'or-
dureSi
CATULOTIQUES, adj. f. m. pLK^7sA*7'>'«, de *,'/;,
cicatrice. Galien , de Dynamidiis. Voyez Cata-
lOTIQUE.
CATULUS. f. m. Surnom latin de la famille des Lu-
tatiens. On le retient toujours dans fa forme latine ,
& l'on ne dit ptîint Catulle , apparemment pour
éviter l'équivoque qu'il feroit avec le nom du Poète
dont on vient de parler , & que nous nommons
toujours Catulle.
Ce nom vient de cattis , fin , tufé , avilé -, ou de
catulus, qui félon Vatron, eft la même chofe que cU'
tellus , petit chien. Rien n'étoit plus oïdinaiie chez
les Romains que des noms de bêtes pour furnom
ou fobriquet ; témoins Afma, Portius , Beftia, Afel-
lus , Coivus , Mus , Nodua , Canina , Vitulus ,
Buteo , Gallus , Graccus , Lupus , &c.
CATUR ou CATURE. f. m. Terme de Relation. Les
caturs Ibnt des vaiifeaux de guerre de Bantam qui
font courbes &: aigus par les bouts, & qui portent une
voile tilfue d'herbes & de feuilles d'arbres. Mélo
donna le catur à André Tofcan. Une barque aifei
bonne de celles qu'on nomme catur. Bouhour.s »
Vie de S. Xav. L. III.
CATUS. f. m. Cas , hiftoire , aventure qui ne fait «i
pas d'honneur. Quand on dit : Il y a là du câtus 1
cela lignifie , Il y a là quelque vilain cas. II eft
populaire.
Ayant fur foi ce nouveau couvre-chef.
Et s' étant fait raconter de rechef
Tout le câtus , elle dit irritée :
Foye^ un peu la petite effrontée. La Font.
Ip- CATZENELLEBOGEN , ^atti Meliboci , oii
Cattlmelihocenfis Comitatus. Comté d'Allemagne
dans la Hcile , ainfi appelé d'un Château qui eft fur
les frontières du Comté de Naffau. C'étoit une partie
de la contrée occupée par les anciens Cartes.
C A V.
• •
CAVA. Petite ville du Royaume de*NapIes, dans
la Principauté citéiieure , avec un Evêché fuffta-*
gant de Salerne. ♦^
ÇCT CAVACHL Province du Japon , dans l'Ile de
Niphon , au pays de Jerfengen , qui a puur capi-
C A V
talc une ville de même nom, au mîdî de ceiîc
de Méaco , près la côte.
CAVADAS , qu'on nomme aufTi CAvADO. f, m.
Mefure dont on fe lire en Portugal , pour les
huiles.
CAVAGE. f. m. Terme en ufage à Amfterdam, qui
/îgnifie tantôt i'aCtion de mettre des marchan-
diles en cave , tantôt le falaire qui cft dû aux tra-
vailleurs qui les defcendenr de les placent dans une
cave 5 & tantôt encore le loyer d'une cave.
CAVAGNOLE. f. m. Jeu de hafard , forte de biribi ,
où tous les joueurs ont des tableaux , &; tirent les
boules à leur tour.
CAV MLLON. Ca^a//io , CaM/io , Cabellio, Cava-
Titm , CahillUiiin , Urhs Cabellicorum. Ville Epif-
copale de France , dans le Comtat Venaiilin en Pro-
vence, lut la Durance. Cavaillon eft ancien. Strab.
L. IF. Ptolomce , L. Jll , c. 4 , en parlent ; mais
on prétend que la ville d'abord fut placée par les
Cavarcs fur le haut de la montagne qui la domine
aujourd'hui , & fur laquelle on dit que l'on voit
encore quelques refies des bâtimens. Ptolémée &
des anciens marbres la nomment Colonie. L'Evê-
ché de Layaillon éfl: ancien , & S. Vcran , Patron
de la ville, en étoit Evêque au VI^ (iècle. Du
Chefne dit, dans k'i Antiquités des Villes de France,
L. V, c. 10, que les habitans de Cavaillon jetè-
rent les premiers fondemens de Grenoble. Voyei
audi Bouche, dans fon Hijloire de Provence.
CAVALAGE. f. m. C'eft le nom qu'on donne à deux
tortues accouplées par la génération. Les Pêcheurs
apperçoivcnt facilement les cavalages pendant la
nuit, parce que l'écaillé qui eft hors de l'eau, re-
çoit toujoufs quelque lumière , foit d'un refte de
jour , foit de la lune ou des étoiles , ce qui la fait
reluire.
CAVALCADE, f. f. Marche de gens à cheval , qui fe
fait avec pompe bc cérémonie. Solemnis & ad pom-
pam inftituta equitatio. Il fe fît une belle cavalcade
à la majorité du Roi depuis le Palais Royal juf-
qu'au Parlement. Ayant été conduit par tout le
facré Collège en cavalcade à la porte du peuple,
fuivant la coutume. L'Abbé Rignier Desm. Ce mot
eft italien.
Cavalcade, fe dit au/Ti d'une promenade ou d'un
petit voyage que font des gens à cheval , pour fe
divertir. Injlitnta ad obleclationem equitatio. Nous
avons fait une petite cavalcade dans la foret de
Fontainebleau.
CAVALCADEUR , ou CAVALCADOUR. f. m.
Ecuyer qui cnfeigne à montet à cheval. Equitandi
magificr. 11 n'eft plus en ufsge en ce fens -,
mais il y a encore des charges chez les Rois £c les
Princes d'Ecuyers cavalcadeurs. Ce font ceux qui
commandent l'écurie des chevaux de la perfonne
du Roi , de la Reine , de M. ùc. Ménage , & l'Au-
teur de VEtat de la France écrivenr cavalcadour ,
de l'efpagnol Cavalgador ; & c'eft le meilleur , &
le feul en ufage.
CAVALCATE. f. f. C'eft la même chofe que caval-
cade ■■, mais il n'eft pas ufité. L'Abbé Régnier Desm.
s'en eft fervi,
CAVALE, f. f. Jument , la femelle du cheval. Equa.
Les anciens ont feint que les cavales de Portugal
concevoient par le moyen du vent , à caufe que les
chevaux de cette contrée étoient fort vîtes. On fait
faillir les cavales aux étalons dans les haras. Voye^
JlîMENT.
CAVALERIE. C f. Corps de gens de guerre qui com-
battent à cheval. Equitatus. La Cavalerie françoife
eft diftinguée en compagnies d'OrdonnancesjComme
Gardes-du-Corps , Gendarmes , Chevaux - Légers ,
&c. & en régimens qui font commandés par des
Meftres-de- Camp i & ce font ces régimens feuls
• qu'on appeloit autrefois cavalerie - légère. Aujour-
d'hui on dit fîmplement cavalerie. Meftre-de-Camp
d'un régiment de cavalerie. Les corps de cavalerie
.. rangés en bataille s'appellent efcadrons.
ffj Le Colonel -Général delà cavalerie eft le pre-
C A V
5^7
mier OfKcier de la cavalerie qui la commande par-
tout. ^
|C? Le Meftrc-de-Camp Général a la même autorité
pendant l'ablence du Colonel-Général. Un Meftre-
de-Camp de cavalerie, c'eft celui qui commande
un régiment de cavalerie.
Les Romains , dans leurs premières guêtres , igho-
roient l'ufage de la cavalerie : ils faifoient confif-
ter toutes leurs forces dans l'infanterie : en forte
même que dans le combat ils ordonnoieni à la ca-
valerie de mettre pied à terre, &c ils ne reprenoient
leurs chevaux que pour mieux fuivre les ennemis
quand ils croient en déroute. La cavalerie de Pyr-
rhus les fit changer de fenriment , & furtout celle
d Anmbal leur donna depuis de fi grandes frayeurs ,
que ces mvmcibles légions romaines n'ofoient def-
cen^ire dans la plaine.
Cétoit la coutume de la cavalerie françoife ( fous
la L" race,fîtôt que l'armée étoit campée, d'aban-
donner les chevaux , & de les laiifer aller paître
dans les prairies , dans les campagnes & dans les
bois d'alentour du camp, en leur 'attachant à cha-
cun une fonnette au cou pour les retrouver
plus ailcment en cas qu'ils s'écartartent. P. Da-
niel , T. I , pag. 272. Depuis que dans la déca-
dence de la mailon Carlovingienne les fiefs flirent
devenus héréditaires dans les'familles, les armées
de la nation , quelque nombrcufes qu'elles fuifent ,
n'ctoient prefque que de cavalerie. Un jour de ba-
taille on ne comptoit que fur les Cavaliers. Leurs
armes off^ndves étoient la lance & le fabre : pour
armes défenfives, au-lieu de jaques de mailles , dont
on s'étoit fervi long-temps , ils prirent vers l'art
1500 une cuiraffe , des braifars, des cuiffars , des
jambières & des gantelets. Non-feulement les Ca-
valiers étoient armés de routes pièces , mais leurs
chevaux étoient bardés, c'eft-à-dire, couverts d'une
armure , de forte que ces elcadrons paroiflbientêtre
tout de iti. Le Gendre. On difoit autrefois , paf
manière de proverbe , cavalerie françoiie , infanre-
rie efpagnole : aujourd'hui la cavalerie &c l'infante-
rie françoife ont une égale réputation de bravoure.
On appelle art de cavalerie, l'art du Manège,
ou l'art de dreilér les chevaux , & d'inftruire'^les
Académiftes à les monter. Avant Antoine Pluvinel ,
on ne connoi/Toit point l'art de la cavalerie en
France. Ce fut ce fameux élève de Jean - Bapri'fte
Pignatelli qui en ouvrit le premier pleine Académie
fous le règne de Henri IV , après avoir été Ecuyer
de Henri III. La Brue , fon contemporain Se élève
du même Maîrre , eft le premier qui ait écrit en
françois de l'art de la cavalerie. M. de la Gucri-
nière a fait un bel ouvrage fur cette matière , qu'il
a intitulé Ecole de cavalerie. Avant lui , M. de So^
leifel. Auteur du Parfait Maréchal , avoir fait un
Diél:ionnaire de tous les termes de la cavalerie. L'art
de la cavalerie n'eft pas ancien. Il doit fon origine
à la ville de Naplcs , d'où étoit Frédéric Grifon »
le premier qui ait écrit fut cette matière au com-"
mencement du feizième fîècle.
CAVALERISSE. f m. Vieux mot tiré de l'italien ,
qui fignifioit autrefois un Ecuyer , un maître de ma-
nège , celui qui étoir favant dans l'art de dreffer &
de gouverner les chevaux. Equitandi magijîer.
Cavalerisse. f. m. C'eft dans l'Ordre de Malte le
grand Ecuyer. Magniis jiahuli Magijîer Meliten-
Jîs.
Cavalerisse. Scuderi s'eft fetvî de ce mot pour /igni-
fier une cavalière , une femme à cheval. Femina equi^
tans. Perfonne ne l'a dit aptes lui.
CA VALET, f. m. Terme de Verrerie. C'eft de qui cou-
vre la lunelle , & qui fait bailler la flamme pour
échauffer l'arche du four.
CAVALIER, f. m. Soldat qui fert &: qui combat à che-
val. Eques. Il eft encore diftingué du farttatrin , en
ce qu'on l'appelle maître. Une telle compagnie
étoit de 40 Maîtres ou Cavaliers.
On trouve Cahallarius 8c Cavatlarius dans là
bafle latinité ,& K<»Ç«A«/mî en grec, Voyet^AîlaSS,
3z8
C A V
Jamiar. T. /J , p. 4^,. J^- ^prl!- T- ^Up- i^^^- '
B.,&cc. Ces mots viennent de Cahallus , cheval. Le
P. PouHine , Jélliite , dans l'on GloU". l'ut Pachymetc
au mot K«S«AA«f 10; , temaïquc que des le temps de
cet Hiltoiien, c'ell: - à - dire , au XIIP /lècle , ce
mot lignihoit dans l'Empire Giec non pas fuiiplement
un homme de cheval , mais un Gentilhomme qui a
Ibus foi d'autres Cavaliers ii {a Iblde £càles ordres.
Cavalier fe dit en s^énéral de tout homme qui cft
à cheval. Il avoit autour de fon cairolle une demi-
douzaine de Cavat'urs.
Je vois d'illuflres Cavaliers ,
Avic Laquais , caroffé & pfiges :
Mais ils doivejit leurs équipages ,
Et je ne dois pas mes jhuliers. De LigniereS.
%fT Cavalier fe dit d'un gentilhomme qui £iit
profeifion des armes. C'eft\m Cavalier accompli.
0- On le dit auffi d'un jeune Gentilhomme deftiné à
porter les armes. Voilà un jeune Cavalier qui pro-
met beaucoup.
Les Cavaliers font communs en Italie , à caufe
qu'il y a plufieurs Ordres de Chevalerie. Il lemble
qu'en parlant des Chevaliers d'Italie , l'on ne de-
vroit point leur donner la qualité de Cavalier , qui
à la rigueur ne (ignifie en trançois , qu'un homme
d'épce', & ne fuppofe point un ordre de Chevale-
rie. Cependant l'ulage eft pour Cavalier > à. l'égard
même des Chevaliers Italiens. M. Taleman , qui a
traduit VHiJloire de Fenije de Nani , Chevalier &
Procurateur de S. Marc, l'appelle le Cavalier Nani.
On dit 5 le Cavalier Bernin a été un grand Archi-
tedie & Sculpteur : le Cavalier Marin un grand
Poète.
Cavalier , en termes de manège , fe dit auffi d'un
homme qui ell bien à cheval , qui manie bien un
cheval. Equitandi peritus. C'cft un fort bon Ca-
valier , il manie bien un cheval. En ce fens on le
dit au/fi au féminin. Cette Dame eft une fort bonne
Cavalière,
On dit qu'un homme eft un beau Cavalier , pour
dire qu'il a bonne grâce à cheval. Acad. Fr.
Cavalier fe dit auili de celui qui accompagne une
Dame , qui lui donne la main à la promenade ■, à
ce bal , chaque Dame avoit ion Cavalier.
Cavalier , iére s'emploie auiîi adjectivement &;
adverbialement , & il (îgnifie , libre , aifé , dégagé.
Liherior , folutior. Cet homme a la mine cava-
lière. On dit auffi une éloquence cavalière ,i\\\(iy\c
cavalier , pour dire libre , qui n'a rien de pédant ,
ni de trop adlijetti aux règles. Il avoit pris à mer-
veille les airs cavaliers , mais non pas les extrava-
<T;ans. Mlle l'Héritier.
Cavalier, iere , fe dit auffi pour ce qui eft trop'
libr^, & qui approche de la mal - honnêteté. Illi-
Meralis , inurbanus. Il l'a traité d'une manière ca-
valière , c'eft-à-dire , peu civile. Les braves de votre
voiiinage m'ont offert de me venger -, mais j'ai penie
que ce procédé éroit un peu trop cavalier p>our un
homme de bréviaire. Cost, Cela eft bien cavalier.
§Cr Cavalière. (A la) Façon de parler adverbiale, qui
fîgnifîe en cavalier. Il eft vêtu à la cavalière. Danfer
à la cavalière.
§Cr Cavalier. C'eft ainfi qu'on appelle une pièce du
-v'.jeu des échecs qui faute par-deiUis les aurres dans
fa marche, &: va toujouts de blanc en noir ou de noir
en blanc. L'échec du cavalier ne le peut couvrir. Si on •
ne peut le prendre , il faut que le roi remue. Le mot
de chevalier , pour déligner cette pièce , ne fe dit que
..'j-dans quelques provinces. On trouve pourtant che-
.valier dans le Dicx. de l'Acad. Fr.
Cavalier, Monnoie d'argent de Flandres , où il s'en
fabrique quelques-uns , mais peu. ^j;3' Le cavalier
vaut argent de Fpnce , une livre fept fols deux
deniers, ir.^J
Cavalier , en termes de fortification , eft une terralfe
:' ou plate forme qui commande autour d'elle ,& qui
eâ élevée de 18 ou io pieds fur le rempart pour y
C A V
mettre du canon , Si battre dans la campagne. Ag-
c^er editior. On l'appelle ainfi , à caufe qu'il cft au-
tant élevé fur les autres ouvrages , qu'un homme
à cheval l'eft fur un hoiv.me de pied. On en fait
quelquefois dans la campagne pour battre dans la
ville. Ils font tantôt ronds, tantôt carrés -, &: ils ont
leur parapher pour couvrir le canon. Leur largeur
dépend du nombre des pièces qu'on y veut loger.
On obfcrve pour cela de donner 10 ou 11 pieds
de diftance entre chaque , afin que ceux qui fervent
le canon aient plus de commodité à le charger &
à le tirer.
Le cavaliei chez les anciens , étoit une terrafle
qu'on clevoit avec du bois &: de la terre contre
les murailles , pour lancer des traits dans la place.
?fT Cavalier. Terme de Conchyliologie. Nom d'un
coquillage de mer. Foye:^ Coquillage.
CAVALIEREMENT, adv. D'une manière cavalière.
Il lignifie quelquefois , agréablement,de bonne grâce,
& fe pitcnd en bonne part , comme , il écrit cava-
lièrement . Comiler , liber aliter. Il fe prend plus fou-
vent en mauvaife patt , &; fignifie incivilement, d'une
manière brufque, comme : il a traité cette Dame un
peu cavalièrement , fans refpcd:. On dit auffi, il a
parlé de la Religion un peu cavalièrement, pour dirç
d'une manière un peu trop libre , un peu libertj;ne.
llliberaliter , petulanter.
tfj- CAVALLE. Voyei Cavale.
Ip- CAVALLE C la) ou CAVALLA. Ville de la Tur-
quie en Europe , dans la Macédoine , aux confins de
la Romanie. Elle a porté autrefois le nom de Bu-
cephala,&ron croit que c'eft une de celles qu'A-
lexandre le Grand fit bâtir en l'honneur de fon
cheval Bucéphale.
CAVALOT. f. m. Monnoie fabriquée fous Louis XII ,
valant 6 deniers de loi. On l'appelle cavalot , parce
que S. Second y ell rcpréfentc à cheval,
Cavalot. f. m. Terme d'Artillerie. Pièce à cavalot.
Efpèce de canon du troifîème genre , faite de fer
battu , pelant depuis quatante-lix jufqu'à Ibixante
livres, laquelle tire une livre, une demi-livre, &
un quart cle balles de plomb , avec égale pcfanteur
de poudre de moufquers , ou une demi-pefantcur de
poudre fine, & porrant de 1000 à iioopieds de point
en blanc , & entre 11 & 1400 pieds en la plus
longue atcure & diftance. Ces canons font longs de
7 a 10 pieds : on en fait auffi qui fe chargent par la
culafle avec cartouches , pour plus grande facilité.
Avec une de ces pièces on peut tirer 12 & 13 coups
par heure continuellement , qui font en 14 heures
188 coups. Ces fortes de pièces font meilleures
que nulle autre , tant pour la forterelîe que pour
la campagne. De la Fontaine,
Cavalot ou Cavarlot. f. m. Terme bas & po-
pulaire. Petit cheval , bidet. Mannus. Les Gafcons
"vantent fort leuis cavarlots.
CAVALQUET. Terme de guette , eft une manière
de fonner de la trompette , dont on fe fert lorfque
l'armée approche des villes , ou lorfqu'elle palJé pa| 1
dedans. Buccincz fonus. Il y a auffi un double ca- I
valquet.
CAVAN. f. m. Mefure dont on fe fert dans quel^ ■
ques-unes des Iles Philippines , pour mefurer les |
grains & les légumes.
^ft Cavan ou Cavon. Contrée d'Irlande , avec titre
de Comté , dans la Province d'Ulfter. La capitale
porte le même nom.
CAUCALIS. f, m. Plante agrefte dont plufieurs Ro-
mains font la defcription. Ses feuilles relfemblent
à celles du panais lauvage, mais elles font décou-
pées plus menu. Sa tige croît à la hauteur d'enyi-
ron un pied : elle eft rameufe &: velue ainfi que la
feuille , & porte des ombelles au fommet qui fou-
tiennent de petites fleurs blanches , odorantes ,
compofées de cinq feuilles inégales , difpofées en
flcurs-de-lis. Les vertus de cette plante font con-
fidérables. Elle eft, dit-on , apéritive, propre pour
provoquer les règles des femmes , pour aiguifer U
vue , &: raréfier les humeurs cralfes,
ÇAVCASE,
C AU
CAUCASE. Nom de montagne. Caucafus, On dît,
le Caucafe , 5c le mont Caucafe. Ce font des mon-
tagnes de l'Aiie fcptentrionale , qui , félon la Géo-
graphie ancienne , divifoient l'Inde de la Scythie.
Le Caucafe ert: une branche du mont Taurus , qui
s'étend dans toute la Géorgie , &: dans la Circalfie ; &
fouventil a été confondu avec le mont Taurus. Ces
montagnes font extrêmement hautes , efcarpécs , &
toujours couvertes de neiges : ce qui n'empêche
pas que les vallées ne foient très-cultivées & ferti-
les même en bons vins. Les Poètes difent que c'eft
fur 1q mont Caucafe que Prométhée fut lié pour
avoir le foie déchiré par un aigle ou par un vau-
tour.
Le mont Caucafe a différens noms. On le nomme
mont d'E/lours ou de Circafjie ; Thevet , Ada:^ar :
d'autres AUfor. L'Arménien Hayton dit qu'il s'ap-
pelle Cocas ou Cocheas ; d'où apparemment s'eft
formé Caucafus , Caucafe. Bochart le tire de la pre-
mière langue , c'efi:-à-dire , de l'hébreu , Phaleg. L.
ni, c. 1 3. Selon lui , la terre deGog&Magog étoit
une partie de la Scythie le long du mont Caucaj'e ,
que les h:ihitans delà Colchide & les Arméniens ,
dont j le Dialcéte étoit un demi-Chaldéen , appe-
Joient fon jIj , Gog hafan , c'eil-à-dire , Gogi muni-
mcntum , fort ou fortification de Gog -, de - la les
Grecs , adoucilfant la prononciation , firent K«àK«-<iç.
Pline ,L. FI , C. 17 , prétend que Caucafus , s'efl:
dit pour Crocafus ou Crocajis ,qui eft le nom que
les Scythes donnoient à cette montagne toujours
couverte de neige , parce que ce nom dans leur
langue lignifie hlauc de neige •, & pour confirmer
cette étymologie , Hoffinan remarque qu'encore
aujourd'hui les Allemands , qui font Scythes d'ori-
gine , difent o^riïw pour fignifier blanc.
Ariftote, Meteor, L. H. C, 61, dit que l'on voit le
Caucafe du lieu appelé Pro^ww^/^war/j, qui, félon
Ptoléméc , eft fous le même parallèle que le Caucafe,
& en eft éloigné en longitude de 1 1 degrés. La la-
titude de l'un & de l'autre eft à peu près Sy'J. Le
lieu appelé Profunda pond ou maris eft la partie
du Pont-Euxin qui touche au Bofphore Cimmé-
rien. De-là, M. Scarfo , Serm. Géogr. I, conclut
que le mont Caucafe eft plus haut que le Pont-
Euxin de tfjooo pas.
Saumaife fut Solin , p. 788 & fuiv. traite fort au
long de cette montagne , & diftingue deux Cau-
cafes ; l'un dans la Colchide , & l'autre dans l'Inde ;
mais je ne vois pas que ce fentiment ait été luivi.
Le Chevalier Chardin , dans fon Voyage de Perfe ,
parle au/Il du mont Caucafe & de fes habitans, qui
font Chrétiens du rit géorgien. Il dit que le mont
Caucafe eft la cime la plus élevée du mont Taurus ,
& le décrit , p. 1 8 6* fuiv.
fer CAUCAUBARDITES. Foyei Contobardites.
CAUCHEMAR, f. m. Il y en a qui écrivent canche-
mare , d'autres chaufjemare , d'autres cochemar , &:
d'autres cochemare. Tout cela eft , je crois , fort
indifférent , fi ce n'eft que chauffemare eft le moins
bon , cochemar ou cauchemar le meilleur. gC? Nom
qu'on donne à une certaine maladie qui attaque
ordinairement les perfonnes qui font couchées flir
le dos, qui ont l'eftomac chargé d'alimens lourds
& difficiles à digérer. C'eft une efpèce d'oppreffion
qui furvient pendant le fommeil -, enforte qu'on
croit avoir l'eftomac chargé d'un poids confidéra-
ble dont on eft délivré , quand on eft éveillé.
Ephialtes , incubus. Cette maladie ne vient pas ,
comme on le prétendoit autrefois , de vapeurs grof-
fières" qui rempliffent les ventricules du cerveau : il
y a plus d'apparence qu'elle eft caui'ée par une trop
grande réplétion de l'eftomac , qui empêche le mou-
vement du diaphragme , & par conféquent , la di-
latation de la poitrine -, & c'eft pour cette raifon
aufîl qu'on y eft plus fujet , après qu'on a trop
mangé, & qu'on eft couché fur le dos. Plufieurs
croient avec fondement qu'elle eft encore produite
par la convulfion des mufcles de la refpiration. On
Tome II.
C A IT 529
I rappelle en grec , £>«a7«5 » chez les Latins , /«-
eubus .
On dit d'un homme ehnuyeujc & incommode j
que c'eft un homme qui donne le cauchemar. Acad.
Fr.
CAUCHOIS, OISE. r. m. & f. Qui eft du pâyS de
Caux. Caletenjis , Caletus. On difoit anciennement
Caucheis , ou Chauceis ; & il n'y a pas encore long-
temps qu'on difoitauffi Caillot &C Caillette. Voyez
la Defcrip. Geogr.& Hifi. de la Haute Norm. T. I ,
p. 1. On appelle à Rouen la porte Cauchoife , celle
par où l'on fort pour aller au pays de Caux \ Se
à Paris des moutons Cauchois , ceux qui viennent
de Normandie , du pays de Caux. Le breuvage des
Cauchois eft le cidre , & en quelques lieux la bière ;
leur trafic eft le lin , le fil , la toile , les blés &
les cidres. Du Moulin , Hifl. de Norm.
0Cr Cauchois, [pigeons) ce font de gros pigeons»
ainfi nommés des pigeons de Caux en Normandie ,
qui font plus gros que ceux des autres lieux. Voye:^
Pigeon.
CAUCIAGE. f. m. Vieux rerme de Coutumes. C'eft
un droit feigneurial , qui eft dû pour les chauf-
fées.
CAUCOBARTITE. Voyei Contobartite.
CAUDATAIRE. f. m. Celui qui porte la queue de
la robe du Pape , d'un Cardinal , d'un Prélats
Syrmatis^ gerulus , minijicr ab traheœ. caudâ.
CAUDE , EE. adj. Terme de Blâfon ,qui fe dit des co-
mètes & des étoiles qui ont une queue. Caudatus.,
Il porte d'azur à une étoile caildée d'or.
CAUDEBEC. Ville de France en Normandie fur la
Seine à fept lieues au-deflbus de Rouen. Calido-
beccum. Caudebec eft capitale du pays de Caux.
Caudebic a été célèbre par fes manutaétures de cha-
peaux ; aujourd'hui elles font tombées.
Du Chefne & M. Corneille difent que cette ville
prend le nom du pays de Caux ; cependant comme
les noms latins font fort difîércns -, que le pays
de Caux s'appelle Caletenjis ager , & Caudebec , Ca-^
lidobeccum ; que Caux peut très-bien s'être formé
de Calidus ; que dans le nord de la France on.
dit caud pour chaud, Calidus , il femble qu'il ne
faut point recourir au nom du pays ; que Cau-
debec eft la même j^chofe que Calidobeccum ou ca'
lidum beccum , qui eft la même chofe que calidus
rivus ; car bec en gaulois , comme bach en alle-
mand , lignifie rivière ; &c qu'ainfi Cau dans Cau-
debec ne vient point de Caletenjis , & n'eft point le
nom du pays de Caux. Sur cette ville , & fut l'o-
rigine de fon nom , Voye7 la Defcription Géogr.
& Hifi. de la Haute Norm. T. I , p. 8.
Caudebec f. m. fîgnifioir autrefois un chapeau fa-
briqué à Caudebec , '& en ce fens il a un plu-
riel. Petafus Calidobecci fipatus. Pileus Calldo-'
beccenjis. Les Caudebecs font fort eftimés , parce.
qu'ils réfiftent à la pluie. Corn. Aujouid'ui Cau-
debec ne fe dit plus que d'un chapeau de feutre.
gcr CAUDESCOTES. Petite ville de France , dans
l'Armagnac , deux lieues au deffus d'Agen.
CAUDICAIRE. f. m. Caudicarius, On appeloit à
Rome Caudicaires , les Batteliers , les Nautonniers ,
du nom de certains bâtimens qu'on appeloit cau-
dicariœ naves. Quelques-uns écrivent codicarix ;
fuivant cette oitographe, il faudra écrire codicarius
& codicaire. Voyez Feftus Pomp. Non. Marcell.
Varron , de la vie du peuple Rom. L. III ; Séneque ,
de la brièveté de la vie.
^ CAUDIEZ. Petite ville de France , dans le haut
Languedoc, au pié des Pyrénées, à fept lieues
d'Alet.
CAUDIOT. f. m. Le peuple de bafTe-Normandie ,
appelle ainfi un feu de joie. Il vient d'ignis de
gaudio, feu de joie. M. Huft.
0- CAUDROT ou COUDROT. Petite ville de
France , en Guienne , dans le Bazadois , entre la
Réole & Saint-Macaire.
CAVE, f f. Lieu voûté , ou partie d'un bâtiment qui
eft au-delTous du rez-de-chauflée. Cavus , cavum ,
T t
5^o C A V
juhierraneus cccviis. Il y a pliifîeurs Ëglifes où il y I
a des chapelles hziXts, comme à Notre-Dame de
Chartres , à Sainte Geneviève , à Saint Viciior : on
les appelle la cave.
On appelle auiîî cave dans les Eglifes , certains
lieux voûtés , oii l'on enterre les morts. Crypta
exc'ipiendis mortuorum corporlbus. Une telle tamillc
a fa cave dans une telle Paroifle.
Cave fe dit dans les maiibns particulières du lieu
foutertain & voûté , où l'on m.et le bois , le vin 8:
les autres proviiions. Cella vinaria. Ce Cabaretier
a zoo pièces de vin dans la cave. On met rafraî-
chir l'eau dans la cave. f3" Les Ordonnances de
police enjoignent de faire la vidang.ô de l'eau
des caves , où il en eft entré par les inondations.
De la Marre, Traité de la Pol. t. i , /». 538.
Ce mot vient du latin cavea. Dans la règle du
Monaftcre de Sainte Céfàire , Vierge , écrite au
Vr liècle par Saint Céfaire , Evêque , fon frère ,
& imprimée par BoUandus, Januar. T.I, /7.730
& fuiv. on trouve cavena , § 5 , pour lignifier la
cave ou le cellier , & la Cellérière eft appelée ca-
venaria.
§CF On dir figurément en ftyle familier-, qu'un homme
va du grenier à la cave , & de la cave au grenier ;
quand il y a du haut Si du bas dans Ton ftyle ■■, quand
il va haut & bas , fans garder ni mefure ni règle :
qu'il eft chû du grenier à la cave ; quand il a eu
un grand revers de fortune.
On appelle Rats de cave , les Commis qui vont
dans les caves marquer le viîi que les Cabaretiers
débitent.
Dn appelle du faille de cave , le fable fofTile
qu'on tire de la terre , par les puits ou ouvertures
qu'on y fait.
Cave fe dit auill d'un coffre féparé en plufieurs
petits carrés , qu'on prépare ainlî pour mettre des
bouteilles. Capfu/a dirnenjionihus o\x loculis , locu-
lamentis dijiincla. Une cave d'armée , dans laquelle
on tranfporte des liqueurs. Une cave de toilette ,
où l'on met des eflences , des pommades.
|iCF On le dit chez les Confifeurs, d'une caifle de
fet blanc , avec un certain nombre de petits pots
de même métal qui y font emboîtés , dont on fe
fert pour glacer des crèmes , &c.
Cave, chez les Joueurs, fignifie un fonds d'argent
qu'ils mettent devant eux pour tenir bon aux au-
tres , comme au breland , à la grand'prime. La
première , la féconde cave.
Cave. adj. m. 8i f. Ce qui eft creufé , qui a été cave.
Caviis , cavatus t excavatusi II eft moins en ufage
au fimple , qu'à fon compofé con-cave.
Cave , en termes de Médecine , fe dit delà plus groffe
de toutes les veines , qui va fe terminer au ventri-
cule droit du cœur , où elle s'ouvre par une large
embouchure, pour y verfer le fang qui lui eft ap-
porté de toutes les parties du corps par les rameaux
des veines, ^''ena cava. A fon entrée dans le ventri-
cule droit , il y a trois valvules membraneufes ,
qu'on appelle triglochines ou tricujpides , à caufe
de leur figure triangulaire : elles font difpofces de
manière qu'elles permettent l'entrée du fang de la
veine cave dans le cœur , & en empêchent le retour
dans la veine cave. Cette veine fe divife en afcen-
dante & defcendante. La veine cave afcendante eft
celle qui vient des parrifs inférieures : elle eft ainfi
nommée , parce que le fang , qui revient au cœur par
cette veine , monte. La veine cave dçfcendante
vient des parties fupérieures : elle eft ainfi appelée,
parce que le fang , qu'elle rapporte du cerveau &
des autres parties fupérieures au cœur , defcend.
Cave , adj. eftaulfi un terme d'Aftronomie & de Chro-
nologie , qui eft oppofé à plein. Le mois lunaire-
fynodique eft de Z9 jours , 11 heures , 44 minutes.
Pour ôter cette fratiliion , on fait ce mois-là alter-
nativement de zp jours & de trente , moyennant
quoi les iz heures qu'on ôte à l'un, on les donne
à l'autre , & il y a égalité , fuppofé que l'on ne
compte pour rien les 44 minutes. Ce mois de zp
C A V
jouts eft appelé cave , c'eft-à-dire , creux, diminué '■>
ëc celui de trente s'appelle plein. Il en eft de même
des années, dont quelques-unes par des railbnsfem-
blables font plus longues que d'autres , ce qui fait
que les unes font pleines , les autres caves. L'année
lunaire commune eft quelquefois de 553 Jours, &
ordinairement de 354.
Cave. f. f. Nom d'un lieu du territoire de Salerne , au
Royaume de Naples , entre Nocera Se Salerne. Cava.
Il a été ainii appelé à caufe d'une carrière ou cavée
qui eP: en ce lieu ; Si il eft célèbre pour avoir donné
fon nom à une Abbaye &z Congrégation de Bcné-
diétins.
L'Abbaye de Cave , la Congrégation de Cave , en
latin Cavenjis Abbatia , Cavénfe Monajlerium , Con-'
gregatio Cavenjis, Saint Altère ou Adelfcre de Sa-
lerne Se de la maifon des PappaCarbons, qui , à ce
que l'on prétend , defcendoit des Rois de Lombar-
die , ayant reçu à Cluni l'habit monaftique des
mains de S. Odilon , revint à Salerne , & bâtit une
Eglile Se un Monaftcre au lieu appelé Cava , vers
le commencement du XI<^ fiècle. Ce Monaftère prit
le nom du lieu où il étoit bâti , auprès de la car-
rière , dont nous avons parlé. Après la mort de S.
Alfréde , il fe rendit à Cave une Ç\ grande multi-
tude de gens qui demandèrent l'habit , que l'on fut
obligé de bâtir plufieurs autres Monaftères aux en-
virons de celui de Cave, En iô(î(J , Alexandre II ,
permit à l'Abbé de Cave de fe fervir d'habits pon-
tificaux. Grégoire VII , n'étant encore qu'Aichidia-
cre de Rome , accorda beaucoup de privilèges à
ce Monaftère. Urbain II les confirma en 109Z. Ale-
xandre III , en 1 11Î8 , le mit fous la proteélionduS.
Siège , accorda aux Religieux le droit d'élire un
Abbé , Se confirma tous les privilèges qui avoient
été accordés par fes prédécelfeurs , Alexandre II-,
Grégoire VII , Urbain II, Pafehal II , Calixte II ,
Innocent II Se Eugène III.
Ce Monaftère avoir 530 Eglifes de fa dépen-
dance , qui fe difoient toutes de la Congrégation
de Cave: fix-vingts étoient des Monaftères ; fa voir,
vingt-neuf Abbayes Se 9 1 Prieurés -, les autres étoient
des ParoifTes deflervies par des Religieux de cette
Congiégation. Elle pafla en Sicile , Se y pofTéda
furtout le Monaftère de Montréal. Celui de Saine
Liiizenz in panis perna , étoit aufll de cette Congré-
gation. Voye^ le P. Mabillon , Acla SS. Benei.
^SiEc. ri Se Annales Bened, T. IF , Se le P. Hé-
lyot , T. n , c. x6,
CAVEAU, f. m. Petite cave où l'on enterre les morts
dans l'Eglife , Se où l'on met du vin dans des mai-
fons. Crypta , du mot grec xf-S^la, ahfcondo , je ca-
che.
=rr ÇAVEÇON. Foye^ Caves son.
CAVÉE. f. f. Chemin creux. Via cava. Longue cavée.
Grande cavée.
CAVEHANE. f. f. Mot qui vient des Turcs , Se qui
fignifie un lieu où l'on vend Se prend du café. Le maî-
tre de la cavéhane gage des violons pour jouer SC
chanter pendant qu'on prend du café. Thévenot.
CAVELIN. f m. Terme de Commerce. Le c^veA/z eft
un poids ou une mefure dont on fe fert à Amfter-
dam pour vendre Se acheter le vin. Le cavelln con-
tient deuxbariques, ou huit tonneaux , ou huit poin-
çons , ou quatre piques ou bottes ; car routes ces
mefures différentes font la même quantité.
CAVER. V. a. Creufer petit-à-petit. Cavare , excavare.
L'eau de la gouttière a cave les fondemens de cette
maifon. La petite vérole cave Se marque le vilage.
ffT On dit proverbialement que l'eau qui tombe
goutte à goutte , cave la pierre , pour dire , que pat
un travail , quelque petit qu'il foit , pourvu qu'il
foit fuivi , on vient à bout de ce qui paroît fort
long Se difficile à faire.
Gutta cavat lapidem , non vi , fed fœpè cadendo.
OVÎD.
L'eau qui tombe goutte- à-goutte
Perce le plus dur rocher.
G A V
^^J' On dit ab-roliuncnc, l'eau a cave ious ce rocher.
Caver iîgni/îe aiirù en pluficurs jeux de renvi. Faire
un fonds de certaine romme , pour avoir devant
foi de quoi jouer.
Caver au plus fort , c'cfl: faire bon à chaque coup
du jeu , d'autant d'argent qu'en joue dans ce mo-
ment-là celui des joueurs qui en joue lejolus.
On dit auffi familièrement & figurém(^ , caver
au plus fort ; pour dire , porter tout à l'cxtrémc.
Caver, en termes de Vitrier, c'clT: évidcr dans un mor-
ceau de verre de couleur , pour y cnchaffer d'autres
de diverfes couleurs , qu'on retient avec du plomb
de chef-d'œuvre. On cave avec un diamant , & un
grefoir qu'on doit conduire avec adrefle pour ne
pas caiTer la pièce. Cela ne fe pratique guère que pour
les expériences , & les chefs - d'œuvre de vitrerie.
tfT Caver , en termes d'Efcrime , c'eft s'expofer à re-
cevoir un coup d'cpce dans le même temps qu'on
le porte. C'efl: le contraire d'oppofer. /^oye^ ce
' mot. Encyc.
CavÉjÉe , part.
CAVER. f. m. Vieux mot , qui fe trouve dans les fors
ou coutumes , i"^ dans les adles de Navarre & de
Gafcogne , & qui fignifie Cavalier , Chevalier , un
vaflal qui fert avec fes chevaux un Seigneur. Les
Cavers.
Ce nom vient de caballarius , Chevalier. De
Marca.
CAVERIE- f. f Terre d'un caver , terre fujette au fer-
vice d'un caver, ou dont le maître efl: un vaflal qui
doit fervir avec fes chevaux le Seigneur dont il re-
lève. Cahallaria.
CAVERNE, f f. Grand creux qui fe trouve fait natu-
" rellcmcnt , & fans art , fous quelque montagne ou
rocher. Specus , fpelunca , caverna. Les bctes fa-
rouches feretitent dans les cavernes.^fThcs cavernes
fe forment comme les précipices , par l'àffaiflement
des rochers , ou comme les abymes , par l'adfion du
feu, les explofions des volcans &c les tremblemens
de terre ,&c.
ffF Les anciens diftinguoient entre àntrum & fpe-
lunca , que l'on traduit ordinairement par le mot
caverne , & donnoient le premier nom à celles qui
font l'ouvrage de la nature , & le fécond à celles
qXie l'art avoir creufces. Nous appelons ordinai-
rement caverne , celle qui a une profondeur confî-
dérable,&qui efl acceffible : fi elle croit profonde
& creufée en précipice , ce feroit un abyme. Celles
qui n'ont que la profondeur néceflaire pour fervir
de logement à un homme ou à une famille , font
proprement des grottes. Les grottes., font la plu-
part l'ouvrage de la main des hommes.
CAVERNEUX , EUSE , adj. Plein de cavernes. Ca-
vernofus. On dit un pays caverneux , des terres ,
des montagnes caverneufes.
ffT Ce terme fe dit en Anatomie de plufieurs par-
ties du corps. Il fignifie la même choie que corps
nerveux & corps fpongieux. Cavernofus. Les nerfs
caverneux font deux corps plus ou moins longs &
gros , dont la partie la plus confidérablc de la
verge efl: compofc. Leur fubftance interne efl: rare
& fpongieufe -, lorfqu'clle vient à s'emplir de fang
& d'efprits , les nerfs caverneux s'enflent : ce qui
fait la tention de la verge.
'^C? Il y a encore le corps caverneux de l'urcthre.
f^oye^ ce mot. Le finus caverneux de la dure-
mere. Foye^ ce mot.
CAVERNOSITE. C. f. Efpace vide d'un corps Ca-
verneux. Petites cavernes qui , le trouvant en grand
nombre dans un corps , le rendent caverneux. Ca-
verna, cellula. Les plumes renferment dans leur
cavité un gros 5c long corps , charnu , caverneux ,
fur lequeTrampent une infinité de petits vailleaux
fanguins, qui entrent par le trou inférieur de la
plume , pour verfer leur lymphe dans les caverno-
Jités de ce corps , pour être de-là portée dans, toutes
les parties de la plume , afin de les nourrir. Acad.
DES SciENC. KÎ99 , Hifi. p. 44.
CAVESSE DE MORE. Terme de. Manège. C'çfl: la
1^
C A V 5^î
même c^iofe que Cap de More expliqué ci - deflus;
Ce mot vient de l'efpagnol , cabeça , qui fignifie tête.
CAVESSON ou CAVEÇON. (. m. Terme de Ma-
nège. Capijlrum. C'eft une clpèce de muferollc ,
demi-cercle de fer , qu'on met fur le nez du cheval ,
qui le contraint, & fert .à le domter & .î le drellér.
Equi retinaculurn afperius , capijlrum. Les cavef-
J'ons de cuir ou de corde ferv<:nt à mettre les che-
vaux entre deux piliers. Il y a auOi des cavcffons
de fer, faits en demi cercle de deux ou trois pièces ,
aflêmblccs par des charnières , qui fervent à drefler
les jeunes chevaux. Il y en a de Btirs & de plats -,
d'autres creux par le milieu &: denrelés comme des
Icies, qu'on appelle mordms , on ^figuette on ca-
vcffons camarcs. On ne fe fert plus de ces derniers i
&; ils font abfolument bannis des Académies. Ils
étoient garnis de petites pointes très-aigues qui
tourmentoient exceifivemcnt le cheval, To'us cavef-
Jons font montes de têtière , de fougorge , & de
deux lonares.
Ce mot peut venir de l'efpagnol cah-ça, qui
fignifie tête.
On dit d'un homme fbugeux & emporté, qu'il
a beibin de caveffon ; pour di'^te, qu'il a befoin qu'on
le retienne.
CAVET. f m. Terme d'architedure, du latin àavus.
C'eft un membre creux ou moulure rentrante , qui
eft faite de la quatrième pairie d'un cercle j & qui
fait pattie des ornemens des corniches. Sim.i. On
s'en fert auflî dans les ornemens deS bordures de
mcnuiferie.
CAVIAL, f, m. D'autres difent cavidt , & d*autrcs
caviar. Sorte de mets Ou de ragoût qu'on prépare
comme les boutargues. Il fe fair d'œufs d'éau-;^eon
qu'on laupoudre de fel , & qu'on expofe après au
foleil, en les remuant plufieurs fois le jour. Le
cavial ei[ fort commun dans tous les pays du nord
On l'aHaifonne ordinairement avec du vinaigre
quand on en veut manger. Les uns le mangent fur
le pain , &: les autres en font une efpcce de falade *
comme on en fait aveé des anchois.
(fT Les anciens faifoient un ragoût à-peu-près fem-
blable des inreftins du Thon , qu'ils nommoient
Scornirus , & ils l'appeloient garum ou muria.
CAVIDOS ou CABIDOS. f. m. terme de commerce
&c de relations. C'eft le nom d'une mefure de Por-
tugal , qui eft environ égale à l'aune d'Amfterdara,
ou de Hollande , qui eft de deujf pieds un pouce
Se deux lignes. Les cavidos dont on fe fert dans
les Indes Orientales , Çonx. environ d'un tiers plus
courts que ceux de Lifbonne.
CAVIER. Termes de Coutumes. On appelle Sei-
gneurs caviers, cent auxquels les cehs , rentes, &
devoits fonciers font dûs par les renanciers.
Cavier ou Caver , vient de Caballarius : ce mot
dans la balfe latinité , fignifioit Chevalier : ainfi
Cavier, dans fon origine, fignifioit un vaflal qui
doit à fon Seigneur fervice de cheval. Voye:^ CaVer^
CAVILLATION. f. f. Terme d'Ecole. Ceft un argu-
ment faux & fophiftique , un raifonnemenr qui n'efl?
fondé que fur une vaine fubtilité, Cavillatio. La
plupart des objeélions qu'on fait au Collège font
de pures cavillations. Il n'eft pas d'ufage dans le
difcours ordinaire.
Ce mot vient de cavillari , que l'on fait venic
de calvo.
CAVIN. f. m. Terme de guerre. C'eft un lieu creux *
Ibit un chemin , foit un fofle , dans lequel on peut
s'avancer à couvert vêts les ennemis , comme dans
une tranchée. Fo(fd.
|tcr CAVINAS. Peuple de l'Amérique méridionale ^
au Pérou , dans la Province de Charcas , dans Us
montasnes. .
^ CAVITE ou CAVITA. Ville de l'Ile Manille,
une des Philippines , dans la Province de Bahi.
CAVITE, f. f. Creux ou vide dans uti corps folide -,
ce qui eft cave ou cztnyi. Caverna, cavus finus. Les
Médecins nomment cavités , plufieurs endroits creuK
35Z CAU
<iui font dam le corps, comme les tavhés à\xttt-
veau , du cœur , des veines.
CAULACAU ou CAVLACAV. f. m. Nom que les
Nicolaïtes, hérétiques du premier liecle, donnoient
à une des puiilances qui gouvernou le Ciel , abu-
fant d'un pailas^^c d'Haïe , où le lirent ces mots hé-
breux , Cau-la^cau. Fleuky. Ces mots le trouvent
dans Haïe XXVIII, lo & 15. On lu dans le texte
de S. Epiphane , héréfiedes Nicolaïtes , c>^./J^, 5.
ch. V. ^..x»v.^H & li''-^*-''*-' i"^!^ ^^): y^^-
breu eft : 11'? ip, Kav-Li-cav. ^ ou le k eft iuper-
flu , & ne peut être dans l'hébreu. Le Caulacau des
Nicolaïtes ctoit un Prince , a'>j:«.. C'eft tout ce
ciu'en dit ce Saint, qui en rapportant la lignifica-
tion des mots hébreux félon l'interprétation des
Septante , montre le ridicule de cette fiébon des
Nicolaïtes , qui ne peut avoir aucun fondement dans
Ifaïe VoyeT cet Auteur à l'endroit cite , le P. Petau
dans* fcs notes, & S. Jérôme dans Ion commen-
taire fur Ifaïe. , ^, • • • .t
CAULEDON. f. m. Terme de Chirurgie qui defigne
une ftadure tranfverfale avec inégalité, qui fc-
pare les parties de l'os rompu, de manière qu'elles
ne font plus vis-à-vis l'une de l'autre. Ce mot eft
ffrec, y.uv^-,U , Ciiulatim, in moium cauhs , en
■ ficre -, parce que cette fradlure lailTe des efquilles
ou inégalités aux bouts fradurés , comme uine tige
ou un tronc de chou, quand on le caik. Col de
ViLLARS. . , . r. /-
CAULICOLES. f. f. pi. Terme d'Archite<aure. Ce
font de petites tiges qui fortent d'entre les feuilles
d'Acante, qui femblent foutenir les huit volutes
du chapiteau Corinthien. Caidiculu On les appelle
aulTi Tigetes.
CAUMONT. Nom de lieu. Calviis mons , Calvomon-
tium. C'eft de ces mots latins que s'eft formé le nom
françois , qui fe prononce quelquefois Caumont ,
& quelquefois CImumont , quoiqu'il ne faille pas
confondre ces deux noms , &: les donner indiffé-
remment aux mêmes lieux. Car l'ufage & la diffé-
rente prononciation des différentes Provinces ou
des fiècles différens , les a appliqués à différens
lieux. Il faut dire Caumont , ville du Bazadois fur
la Garonne. Caumont, ville de l'Armagnac fur la
petite rivière de Corre. Caumont, Baronie dans
le Rouergue. En d'autres il faut dire Chaumont.
Nous en parlerons en fon lieu.
Suivant ce que nous avons dit , ce mot lignifie
une montagne chauve, c'eft-à-dire , ftérile, fur la-
quelle il ne vient rien.
|Cr CAUNAR. Bourg de France en Gafcogne , Evc-
ché d'Aire , à une lieue de S. Sever.
ifT CAUNE. (la) Ville de France au haut Lan-
guedoc , Diocèfe de Caftres , fur les confins du
Rouergue.
|Cr CAÙNES. Ville de France , dans le haut Lan-
guedoc , Diocèfe de Carcaifonne.
0 CAOURS , ou CAVOURS. Petite ville d'Ita-
lie dans le Piémont, fur les frontières de France.
CAUQUEMARE. f. f. Vieux mot , qui fignifie Sor-
cière. Saga,
Griffons hideux qui mangent gens ,
Barbares & fiers lougaronx , \
Vieilles & laides Càuquemares. Pesab-t.
CAURAULDE. f. f. Vieux mot. Sorcière qui a le vi-
fage défigure , de cara , vifage.
Comme elle a été en preffe
De Sorcière & de Caurauldcs.
CAURIOLE. f. f. Terme d'Architeéiure. Ce mot fe
trouve dans la traduélion de Palladio , par M. de
Chambray. Les caurioles {ont ce qu'on appelle com-
munément poftes.
CAURIS ou CORIS. f, m. Coquilles blanches dont
les Nègres fe fervent pour monnoie. Les habitans
de Siam & d'autres endroits des Indes , font char-
CAU
mes quand on leur porte du caurls , parce que
non-feulement ils en font leur monnoie -, mais les
femiTics s'en font encore des colliers & des braile-
lets pour rehauffer la noirceur de leur teint , comme
nos Dames mettent des mouches pour relever leur
blancheur. Remarquez cette mère qui livre tran-
quillement la fille à un Etranger pour une Ibmme
de càWris, qui font des coquillages blancs qui fer-
vent de monnoie dans ce pays. Plug.
Ip" CAURZIM. Petite ville de Bohême, capitale
du Cercle de même nom , à fix lieues de Prague.
CAUSAL , ALE. adj. C'efl: le nom que quelques Gram-
mairiens donnent à certaines particules , comme :
parce que, vit que , car. On les appelle caufales ,
parce qu'elles fervent à rendre compte de la rai-
fon & de la caufe pourquoi on a dit ou fait quel-
que chofe. On les appelle plus communément caufa-
//vei.-mais quelques-uns les appellent caufales. Cette
particule caufale , quia ,t9i décilive pour notre fujet.
caufalis. L'Ab. Faidit.
CAUSALITE, f. f. Terme dogmatique. ^Manière
dont une caufe agit. Ratio quâ agit caufa. En ter-
mes barbares de l'école on dir caufalitas. Il y a
une caufalité morale , & une caufalité phyfique ,
comme il y a des caufes morales & des caufes phy-
fiques. L'Auteur, outre les queftions ordinaires,
traite au long la caufalité des Sacremens, Mém.
de Trcv
CAUSANT, ANTE. AIDANT, ANTE. Toutes chofes
étant caufées Z< caufantes, aidées &c aidantes,&c toutes
s'entrerenant par un lien naturel , il eft impolTi-
ble de connoître les parties fans connoître le tout,
non plus que de connoître le tout, lans connoîtte
les parties. Pascal,
CAUSATIVE. adj. f. Qui fe dir en cette phrafe gram-
maticale , une particule caufative. Voye^ Causal.
CAUSE, f. f. Ce qui produit un effet. Caufa. On dit
en Théologie , que Dieu eft la première caufe. La
caufe des laufes. On appelle catife première , celle
qui agit par elle-même , & par fa propre vertu. Dieu
feul peut être caufe première. On l'appelle aufli
caufe univerfelle, Caufa univerfalis.
Quand tu vois du Soleil l'éclatante lumière.
Et tous les feux du Tirmam-mt ,
La raifon &'la foi doivent en ce moment
Elever ton efprit vers la Caufe première,
L'Ab. Têtu.
On nomme caufes fécondes , celles qui ayant
reçu de la rto/^ première leur vertu, leur pouvoir
d'agir , leur faculté , n'agiffent point par elles-mê-
mes, comme la caufe première, &: qui fonr mues
par la caufe première. Caufa inferiores , cauf(Z
fecundiz. Selon les notions & les principes de la
raifon commune à tous les hommes, l'on peut
décider, qu'il y a une caufe fupérieure & intel-
ligente , à qui toutes les créatures doivent leur
être. S. EvR. Dieu fufpend quelquefois l'adion des
caufes fécondes , & les conduit à une autre fin
que celles où elles rendoient par lear deftination
naturelle , quand il le trouve à propos pour les
deffeins de la fagelfe. Sherlock. Si Dieu remue
immédiatement les caufes fécondes pour chaque évé-
nement, elles ne font que de pures machines im-»
mobiles par elles-mêmes , &:qui n'ont en elles aucun
principe d'aélion. Id. La Providence fe fert des cau-
fes fécondes , des caufes fublunaires , & en déter-'
mine le mouvemenr comme il Uii plaît. Les caufes fé-
condes font fubordonnées à une caufe générale,
qui les met en adion. Bay. Par un enchaînement
de caufes inconnues, mais déterminées de tout
temps , chaque chofe marche en fon rang , & achevé
le cours de fa deftinée. Vaug. Socrate ne regarde
la beauté que comme un effet de la nature, qui
s'eleve à la connnoiffance de fa caufe. Vill.
Les caufes, en termes de philofophie , onrété
diftinguées par les Anciens en caufe efficiente , c'eft
l'agent qui produit quelque choie j Caufa efficiens
1
C A U
tonjîcuns , ef'ecîrix. Caufe matérielle , c'eft le lujet
•fur lequel il travaille , ou ce dont la choie cft
formée. Materia. , mater ies. Caufe formelle , c'eft
le changement qui rclulte de Ton adlion dans le
/lijet, ou ce qui rend une choie telle, &; la dil-
tingue des autres. Forma. La caufe finale , c'eft le
motif qui le fait agir , ou la fin pour laquelle une
chofe elt. Finis , propojîtum , caufa finalis. Quel-
ques-uns ont ajouté la caufe exemplaire. Caufa
exemplaris , exemplum, exemplar. C'eft le modèle
que fuit un agent , &: qui le conduit dans fon aârion \
mais ce n'efl: pas proprement une caufe,
La caufe phyjî.que eft celle qui produit un effet
fenlible , & corporel : comme l'approche du Soleil
cft caufe de la chaleur. Caufa phyjica. La caufe
morale eft celle qui produit un erfet réel , mais
dans des choies fpirituelles •, comme le péché eft
la caufe de la perte de la grâce. Caufa moralis.
D'autres appellent caufe phyjîque -, celle qui pro-
duit l'effet par une qualité phyfique ■-, & caufe mo-
rale ■> celle qui détermine, quoique non néceffai-
rement , la caufe phyjlque à produire l'effet : ainli
■ le Soleil çù. caufe phyjique de la lumière ; une pierre
qui écrafe un homme en tombant , eft caufe phy-
fique de fa mort ; mais les prières , les confcils ,
les menaces , les ordres , les exhortations , ùc. qui
nous portent & nous déterminent , quoique non nc-
cedairem.ent , à faire ou ne pas faire quelque choie ,
font des caufes morales. Dans ce fens , caufe mo-
rale ne fe dit qu'à l'égard des êtres intelligens &
libres. Cette dernière notion de cauÇe phyfique , &.
caufe morale , eft la plus jufte : elle diftingue mieux
& fait mieux connoître les deux efpèces de caufes
dont il s'agit.
Caufe occafionnelle ^ eft l'occafion feulement, S:
non pas la caufe directe de ce qui arrive. Occafio ,
caufa occafionem , anfam prcebens : par exemple ,
l'ame ne pouvant pas agir fur le corps , ni le corps
réciproquement fur l'ame , Dieu , à l'occafion d'un
mouvement du corps , imprime à l'ame une penfce ■■,
& de même à l'occafion d'une penfée de l'ame , il im-
prime un mouvement au corps •, d'oïl il s'enfuit que
les mouvemens de l'aiTie, ou du corps, ne font que les
caufes occafionnelles de ce qui fe paffe dans l'un &; dans
l'autre. Fo.nt. Selon les Philofophes modernes , le
choc , ou la perculfion , n'cft que la caufe occafion-
nelle du mouvement produit dans le corps choqué :
c'eft Dieu qui en eft la caufe immédiate & efficiente.
Bay. De même ils difent que l'aélion des corps fur
nos organes n'eft point la caufe efficiente de nos
idées, & de nos perceptions /elle en eft feulement
une ca«yi occafionnelle •, qui détermine Dieu à agir
fur notre efprit , fuivant les loix de l'union de
l'ame & du corps. Id. C'eft le fentiment des Carté-
fîens de nos joufs.
Ceux qui méditeront un peu la matière , ver-
ront aifément les fâcheufes & les ridicules conclu-
ions qu'on en peut tirer : par exemple , ce n'eft
point un boulet de canon qui tue un homme, ou
qui abat une muraille, c'eft Dieu qui fait tout. Le
mouvement d'un Canonnier , dont le bras remué
par la puilTance de Dieu a porté du feu fur la
poudre d'un canon , a déterminé Dieu à enflam-
mer la poudre -, la poudre enflammée a déterminé
Dieu à poufler le boulet ■, le boulet pouffé avec
une rapidité inconcevable jufqu'à la fuperficie ex-
térieure du corps d'un homme ou d'une muraille ,
a déterminé Dieu à brifer le corps de cet hom-
me , & à lui fracaffer les os , ou à faire voler
des éclats des pierres de cette muraille. Un fan-
taffm qui s'enfuit , ne s'enfuit pas -, mais le mou-
vement de fa glande pinéale agitée par l'im-
preffion d'un bataillon ennemi qui vient à lui , hé-
riffé de bayonnettcs au bout du fufîl , détermine
Dieu à remuer les jambes de ce FantalTîn, & à le
porter du côté oppofé d'où vient ce bataillon. Les
conclufions dangereufes de cette nouvelle Doctrine
regardent les dogmes catholiques de la liberté du
péché, du mérite, &c. On a toujours dit dansun
C A U
S??
fens moral , que le monde eft uîi théâtre où l'on
joue la comédie ; chacun y fait fon rôle : mais on
pourroit dire aujourd'hui dans un fens naturel , il
la choie n'étoit pas fi féricuie , & qu elle ne re-
gardât pas Dieu & la Religion, que le monde eft
un théâtre de marionnettes, "& que chaque homme
eft un Polichinelle, qui fait beaucoup de bruit
fans parler , & qui s'agite beaucoup fans fc remuer.
La caufe univcrfcUc eft celle qui par l'étendue
de fon pouvoir peut produire tous les effets : il n'y
a que Dieu qui foit caufe uniyerfelle. Caufa uni-
verjalis. La caufe particulière* cft^ celle qui ne
peut produire qu'un feul effet , ou que certaines
efpèces d'effets. Caufa fingularis , cw panicularis.
La caufe principale , eft celle qui donne le mou-
vement à l'inftrument \ qui s'en fert. Caufa princl-
palis. Dans l'ufage ordinaire , bailleurs que dans
les ouvrages dogmatiques , on appelle caufe prin»
cipale , celui qui a plus de part à une choie que
les autres, Caufe totale cft Celle qui produit tout
l'effet. Caufa totalis. La caufe partielle , Caufa -par-
tialts , eft celle qui concourt avec un autre pour
la production du même effet. Caufe univoque cft
celle qui eft de même efpèce que fon effet, qui
eft lémblable à fon effet. Caufa univoca. Caufe équi-
voque eft celle qui n'eft pas de la même efpèce
que l'effet qu'elle produit. Caufa xquivoca.
On dit qu'un homme eft caufe d'un fcandale ,
d'une querelle , d'une guerre , de la fortune de
quelqu'un-, pour dire, qu'il en a fourni les occa-
fions. Je ne fuis pas caufe de ce qui lui eft ar-
rive. Les hommes par leurs artifices &: par leurs fein-
tes pallions , font caufe du malheur de celles qui
fe laillent tromper. M. Scud. L'ignorance invincible
eft une excufe légitime des crimes dont elle eft
caufe. S. EvR.
Cause fignifie auffi raifon, prétexte, fujet, moyen
qui fert à défendre , louer ou blâmer quelque chofe,
C'eft pour cette caufe qu'en l'a fait mourir. Un
Juge fe doit déporter, quand il fait qu'il y a des
caufes de récufation contre lui. L'Arrêt déclare qu'à
bonne & jufte caufe il a formé fon oppofition. Il
a été accufé à tort & fans caufe. Sans alléguer au-
cune caufe elle rompit tout commerce avec moi.
Voit.
As-tu de ton efpoir des caufes légitimes ?
Quand tu crois te fauver fur quoi te fondes-tu ?
Toi , pécheur , de qui la vertu
Confife à s'aljtenir des plus énormes crimes.
L'Abbé Teti;»
Cause , en termes de Palais , fignifie un droit acquis
à quelque perlbnne par quelque titre que ce foit ,
vente, ceffion , donation , fucceffion, confifcation,
&c. Jus. Ainfi on dit , fes héiiticrs ou ayant caufe.
On dit auffi, qu'un homme a une bonne caufe y
quand il a un droit apparent. Les Juges doivenc"
être toujours pour la bonne caufe. JEquitas.
Cause, fe prend aulfi pour intérêt. Caufa, partes,
La caufe des pauvres eft la caufe de Dieu. En ma-
tière de Religion, la caufe de Dieu devient d'or-
dinaire la nôtre, patce que nos paffions fe mêlent
avec elle. S. EvR. Darius fit prier Alexandre de
venger fa mort , & lui fit dire qu'il devoir cet exem-
ple au monde, & que c'étoit la caufe commune
de tous les Rois. Vaitg. C'eft la caufe publique
qui réfide en la bouche des gens du Roi.
Cause fe prend auffi pour ce qu'on appelle parti.
Etre pour la bonne caufe. Vauc. La faveur de Dieu
n'eft pas moins attachée aux bonnes mœurs qu'i
la bonne Caufe. Sherlock.
Cause, fignifie aulfi différent, conteftation qui doic
être plaidée à l'audience, fj^ On dit procès quand
il s'agit d'une affaire qui s'inftruit par écritures.
Caufe fe dit quelquefois du plaidoyer même. Cau-
fa ," lis , controverfia. Cette caufe a été appelée à
tour de t6\e. Citata prœconio apparitoris caufa apud
judices ad inftituendam ejus difceptationem, Cet
354 CAU
Avocat a bien plaidé la caufe. C'eft: imc belle caufe ,
une belle quelbion à juger. Le renvoi le doit de-
mander avant que la cauje l'oit contcltce. La con-
teftation en caufe le tait par l'appointement en ma-
tière civile , 6c par la confrontation en matière
criminelle. Prendre fait &: caufe d'un autre, c'eft,
prendre en main fa dcfenle , prendre fur foi l'cvc-
nement du procès. Tueri partes ahcujus. Cet
homme eft fort habile , il défend bien la caufe.
Ceux qui perdent leur caufe doivent être condam-
nés aux dépens. On dit encore , mettre un homme
en caufe ; pour '(Sire , le rendre partie au procès.
Tous les iîarans , tous les cohéritiers ont été mis
en caufe. Il n'eft pas en caufe. On l'a mis hors
de caufe ; c'eft-à-dire , on l'a débouté de Ion in-
tervention. Tite-Live rapporte , qu'Horace fut ab-
fous , plutôt par l'admiration de fa vertu , que par
la juftice de fa caufe. S. Evr. Les preuves dont un
Avocat appuie fa c^K/è , font que les Juges la trou-
vent bonne -, mais les atïediions dont il l'anime ,
font qu'ils Ibuhaitcnt qu'elle Ibit bonne. Bouh.
Huifjler , faite faire Jilence :
Avec tous ces caufeurs ctes-vous de complot ?
Qiulle pitié ! voilà quatre caufes , je penfe ,
Que 7WUS jugeons , fans en entendre un mot.
S. USSAN.
On appelle auffi la caufe grajfe , une caufe plai-
fante , &: fur un fait inventé , que les Clercs de la
Bafoche plaidoient autrefois pout le diverrir le jour
du Mardi gras , 5c qu'on a abolie depuis peu , à
caufe des ordures, dont elle étoit fouvent remplie.
Caufijocularis.Qu^nd on plaide au Palais quelque
cauJe plaifante , on dit encore une caufe graffe.
On appelle Curateur aux caufes , un homme pré-
pofé pour avoir foin des affaires des mineurs éman-
cipés , qui ont des procès. Pupilli curator. On dit ,
qu'un homme a fes caufes commifes , quand il a
droit de plaider en certaine Jurididion , comme
les Officiers qui ont un Committimus aux Requêtes
du Palais 5c de l'Hôtel -, rUnivcrIîtc au Châtelet de
Paris -, l'Ordre de Cluni au Grand Confeil.
Vnc cauJe d'appel, eft un différent lut la con-
firmation ou caflation d'un Jugement donné à l'Au-
dience par un premier Juge. Provocationis eau fa ,
lis ex provocationc.
Il y a plufieurs écrituies qu'on nomme abfoUiment
caufe ; comme caufe d'appel, font les écritures qu'on
donne en conféquence d'un appoinrement rendu a
l'Audience fur une appellation verbale, à la diffé-
rence des griefs qu'on donne fur les procès par écrit ,
qui ont été appointés devant les premiers Juges.
On appelle auffi des caufes d'oppofition, les écritures
qui fe fourniffent dans les décrets "& inftances d'ordre
pour foutenir les oppolitions qu'on y a formées.
Lis conteflata.
Cause Incidente , eft une demande formée incidem-
ment pat l'une des Paities , qui a quelque connexité
à la demande piincipale.
Cause d'Intervention. Voyez Intervention,
Cause 5oOTOT^/re eft celle qui eft pure, perfonnelle ,
&c n'excède pas la valeur de 400 livres aux Cours
fouveraines , aux Requêtes de l'Hôtel & du Palais ,
& par-tout ailleurs zoo livres , luivant l'arr. I , tit des
Matières 'Sommaires de l'Ordonnance de ifîfJy.
Cause Bénéficiale, eft celle dans laquelle il s'agit
de bénéfice Eccléliaftique, de dixme, de portion
congrue , ?<. autres chofes femblables.
Cause PIE eft celle qui provient de la libéralité des
Fidèles, exercée envers une Eglifc, un Hôpital, ou
les pauvres.
Cause eft aulTi le motif, le fondement d'un ade.
Une obligation fans caufe eft nulle. Une proraelfe
^owi caufe de prêt.
On appelle Donations à caufe de mort , les dona-
tions qui font faites pat un malade qui meurt de la
maladie dont il eft alité, &: qui font fujettes aux
wèmes formalités que les teftamens.
CAU
On fe fert auffi dans les Requêtes, Arrêts, Edits
5c Déclarations , de cette formule : à ces cauj'es ,
pour commencer la conclufion ,le difpofitif de l'acte.
Propterea , idcircb , ob eam caufam. La féconde
partie du décret de Gratien fe divife en trente-lix
létf ions , qu'on appelle caufes.
Ce nom de caufe , vient de ce que Gratien exa-
mine de paît 6c d'autre dans la féconde partie les
queftions qu'on peut agiter , tant au fot intérieur
qu'exterieut de l'Eglife , en une telle caufe , en une
telle diftinélion.
On appelle auffi en Droit Canon les caufes ma>-
jeures , les caufes des Evêques , ou plutôt les gran-
des affaires de l'Eglife. Ces caufes majeures font de
trois efpèces fuivant l'ancien Droit. Les unes re-
gardent la foi ; les autres ont pour objet les points
douteux 6c impoitans de la difcipline ; &:. les der-
nières regardent direétement la perlbnne des Evê-
ques , lorfqu'ils le trouvent coupables de quelque
crime qui mérite la dépofition. Le Droit nouveau en
a introduit encore quelques autres efpèces. Le plus
ancien Canon où il Ibit fait mention des caufes ma-
jeures, eft tiré de l'Epitre Décrétale du Pape Inno-
cent I, à Viélrice, Archevêque de Rouen, Ce Canon
qui eft de l'an 404 , porte que lorfqu'il fe préfentera
des caufes majeures , elles feront terminées par le
jugement des Evêques , & enfuite rapportées au
Siège Apnjiolique , ainfi qu'il ejl ordonne par le Sy- .
node , c'eil-à-dire , par le Concile de Sardique , 6c
non pas par celui de Nicée, comme quelques-uns
ont cru mal-à-propos. M. Gerbais , Doéleur de Sor-
bonne, imprima en 1(^79, à Paris, Differtatio de
Caujis Majorihus ad caput Concordatorum de Caujis.
ffT Le Concile de Trente ordonne que les caufes cri-
minelles contre les Evêques , fi elles font affez graves
pour mériter dépofition ou ptivation , ne feront
examinées Se terminées que par le Pape. Mais l'E-
glife de France a confervé l'ancien droit.
Ce mot de caufe , en y ajoutant la particule à ,
fert à former quelquefois une prépofition , de quel-
quefois un advetbe. Quand il eft prépofition , il gou-
verne le génitif. Rei alicujus caufâ , gratiâ. Il a fait
cela à caufe de moi. On l'eftime à caufe de fa doc-
trine. Les animaux ont été crées à caufe des hom-
mes , c'eft-cà-dirc , en leur conlidération. Et quand il
eft adverbe , il eft fuivi d'un que , 6c lignifie parce
que. Propterea quàd. Cet Ecolier, a été châtié à
caufe qu'il ne vouloit point étudier. On écrivit une
lettre en gros caraélères à Antigonus à- caufe qu'il
croit borgne , Se un aveugle , dit-il , y mordoit. Abl.
Mais en de pareilles occalions il vaut mieux fe fer-
v'n: de parce que.
Cause fe dit proverbialement en ces phrafes. C'eft un
Avocat à tort Se fans caufe ; un Avocat de caufes
perdues. La guerre eft caufe des troubles ; ce qui fe
dit à ceux qui fe plaignent d'un malheur public,
-qu'on ne fauroit empêcher.
CAUSER. V. a. Etre caufe, produire ou occafionner
quelque effet. Creare. Les grands peuvent caufer
beaucoup de bien Si de mal. les fchifmes caufent un
giand fcandale dans l'Eglife, Son imprudence a caufé
tout ce délbrdre.
N'aye^^ point ces délicates craintes ,
Qui d'un jujie héritier peuvent cMkt les plaintes.
Moi,
En ftyle de Notaire , caufer s'emploie palTivement.
Cette donation eft caufée pour récompenfe de fes
vices.
Causer , v, n. fignifie encore , s'entretenir de chofe*
fàmiUères &c peu importantes. Garrire. Il eft mal
fcant de caufer dans l'Eglife. Caufer de chofes in-
différenres.
Ménage tient que ce mot vient de caufare , dont
on s'eftfervi dans la baffe latinité, pour dire,
plaider une caufe ; d'où il aéré étendu aux entretiens
tamiliers Se aux railleries.
Causer, lignifie encore parler trop, ou jndifcrètementi
C A Ij
lâcher quelque parole qui fait découvrir un fecret.
Gairire , loqui temerc , inconjulù. Ne dites rien de-
vant cet homme-là , c'efl; un homme qui cauj'e , qui
efi: llijet à caufer. Les femmes n'ont pas la force de
fe taire : elles ont une furieule dcmangeaiibn de
caiifar, Bouh.
Causer , (ignifie auffi, médire, parJcr avec malignité.
Aîalcdicerc , conviciari. Cette femme à une répu-
tation doutcuie •, on en cauj'e.
Causer, en termes de Fauconnerie, exprime le fon
des perroquets & des pies. Loqui. On dit caujer
des perroquets &c des pies. Fault.
On dit proverbialement qu'une perfonne caufe
comme une pie borgne ; qu'elle cauje quand elle a
les pieds chauds ; pour dire qu'elle parle trop.
Causé , ée. Part.
CAUSERIE, f. f. L'aâiion de caufer. Ceci entre nous
deux &: Madame de Coulanges ", car vous jugez bien
que cette cauj'erie fcroit entièrement ridicule avec
d'autres. Mme Sevigné. Il n'efl: que familier.
Brantôme , qui a dédié fes Dames Galantes au
Duc d'Alençon , frère d'Henri III , Roi de France ,
parle dans fon Epître , des cauferies dont ce Sei-
gneur l'avoir honoré. Ce mot le trouve auffi dans
le Didlionnaite de Bayle , remarq. C, de l'arti-
cle de Catherine de Bore , femme de Martin
Luther. Voici le pafî'age : Il y a toutes les apparen-
ces du monde que l'on parloir mal de lui & d'elle ,
à caufe, fans-doute qu'il la voyoit familièrement.
Il l'aimoit , & il l'appeloit fa Catherine. M. Seckcn-
dorf conjeéture que ces cauferies furent une des
raifons qui la portèrenr à déclarer qu'elle ne vou-
loir pas époufet le Docteur Giacius , mais que vo-
lontiers elle le marieroit ou avec Luther ou avec
Amfdorf
tfT CAUSEUR , EUSE. Loquax. Il eft aulH cauf€ur
qu'une femme. Femme caufeufe-. Humeur <aujeuje.
Il y a des pallions caujeuj'cs.
IJCT On le dit auHi fubftantivement. C'cft un caufenr ,
une caiifeuje. Saumaifc étant à Paris , n'aimoit pas
à Ce rencontrer en compagnie avec Blondel , parce
que celui-ci étoit un grand caufeur. Colombie^..
tfT Causeur fe dit audi dans le difcours funilier
pour , indilcret dans fes ptopos , qui ne fait pas gar-
der un fecret. Ne vous fiez pas à luijc'eftun cau-
feur. Ce n'efl: qu'un caufeur,
Efforçons-nous de vivre avec toute innoccn ce ,
Et laiffons aux caufeurs une pleine licence. Moi.,
CAUSSADE. Pcrite ville de France en Guienne ,
dans le Bas-Quercy, près del'Avéiron.
^ CAUSTICITÉ, f. f. Terme didaélique & de
Çhymie. Qualité d'une fubllance cauftique , qui a
la propriété de brûler , de corroder. Fis cauftica.
Caustique. l^oyeiLo. caujiicité de cerrains fels,
de certaines préparations métalliques qui entament
la peau , qui brûlent & condiment les chairSk
§3° Causticité , dans le fens moral , fe dit, dans la
fignifîcation de malignité , pour inclination à dire
ou à faire des chofes mordanres i<«: iatyriques. Mor-
dacitds. Sa caujiicité l'a rendu odieux. M. le Franc
dit que la fameufe Eglogue du pauvre Ménage , in-
titulée Ckrilïine , fe trouve réduire aux points & aux
virgules, par la caujiicité d'un mauvais plailanr qui
avoir de la mémoire. Otferv.fur les Ecrits mod. T.
CAUSTIQUE, adj. de r. g. Qui a la propriéré de brû-
ler , qui efl: corrofif. Le fuc de rithymale eft forr
cauftique, Cauflicus , adurens. L'arfenic n'eft poi-
fon , que parce qu'il eft caujlique , qu'il corrode &
perce les parties où il* s'attache. Il y a des remèdes
caujliques & corrolîfs , qu'on appelle au(H pyroti-
ques , qui par leur fubftance acre , mordante & ter-
reftrc , corrodenr , brûlent &: détruifent la peau &
la chair pour pénétrer au-dedans des corps durs Se
calleux, & fondent Se liquéfient les humeurs ; comme
alun brûlé , éponges, cantharidcs , & aurres véiica-
^ toircs , Les. caujliques qui font eicarre , font appe-
_ C À U ^iY
les ruptoires ou cautères Les crîftaux de lune &
I pierre infernale , qu'on fair avec l'argent & l'efpri'i:
de nitre , font caujtiques , par cette union. On met
. auffi au rang des caujliques l'orpiment , la chaux
vive, le vitriol , la cendre de figuier & de frêne, la
cendre de lie de vin , le fcl de lerlive dont on fait
le i'avon , le mercure fublimé , ùc. Ce mot vient du
grec y.cLv?iM% , urfns , qui vient de ««1« , uro,
(Kr On appelle fel cauftique , un fel alcali. Foyei
Alcali.
(ry Ce nvot eft auffi emploie fubftanrivemcnt ; comme
dans l'article précédent. Faire ufage des caufiiques^
La pierre infernale eft un puiflanr caïf tique.
ÇC? Caustique perpétuel. Caufticum perpetuum. Oix
donne ce nom à la pierre infernale.
^fT CAUSTiQUEfe dit dans le fens fîguré,d'un homme
mordant t<i fatytique,qui parle avec maligniré. Mor-
dax , qui iniquo rrr.ordet dente, C'eft un homme très-
caujtique ; il a l'humeur cauftique.
§Cr On le dit auifi fubftantivement pour caufticitc.
Les fatyrcs de Juvénal n'approchent pas de lamor-
dacité &: du cauftique de la plume de Pogge dans
fes ouvrages appelés invectives, Journ. dès Say,
ijio.
§0" Caustique eft auflî fubftantif féminin , comme
terme de dioptrique & de caroprrique. On appelle
caujlique , la courbe fur laquelle fe rafTemblenr les
rayons réfléchis ou rompus par une furface, Cauj-
tica.Un rayon foir réflechi,lbit rompu parunecourbû
quelconque , doit être coupé en quelqu'un de fes
points par un autre rayon femblable , & infiniment
proche de lui -, de même ce fécond rayon doit êtte
coupé par un troifième , &c ainfi à l'infini, La fuite de
tous ces points d'interfection forme une ligne courbes
que M. Tfchirnhaus a appelée cauftique ou brû-
lante , parce qu'il eft vifible que les rayons ne fonc
en aucun autre endroit fi ferrés & fi capables de
brûler , que fut la circonférence de cette courbe ,
où ils fe coupent. Si les rayons fonr réfléchis, la.
courbe s'appelle cauftiqwe , par réflexion-, & s'ils
font rompus , caujlique par réfraélion. Une caujlique:
peut fe réduire toute en un point. Ainfi , fi des rayon?
fiarallèles à l'axe d'une parabole tombent fut fa.
concavité ,& s'y réfléchiflênt , ils vont tous fe réunie
au foyer de cette courbe , & ce point feul eft toute
la cauftique. Dans un demi-cercle dont la concavité
réfléchit des rayons perpendiculaires à fon dia-
mètre , &• parallèles entr'eux, ou venus du foleiî
que Ion fuppofe infinimenr éloigné, la cauftique t^
une courbe aflez étendue , qui coupe précifémenc
par le milieu un rayon perpendiculaire au diamèrre-
C'eft dans ce point , qui eft par conféquent un
quart du diamètre d'une fphère , ou d'un miroir
concave , que l'on établit communément fon foyer ;
mais il ne faut pas croire que ce foyer , ou la cauf- .
tique , foit alors ce feul poinr.
Toutes les courbes qui font couvertes du côté
du point lumineux, au lieu de raffembler les rayons
réfléchis , les écartent & les rendent divergens , ôc
alors on voir que leur caujlique eft du côté op-
pofé à celui où fe fait la réflexion , que celle d'une
demi-fphère convexe , par exemple , eft du côté de
fa concavité , que par conféquent , les rayons fe
réfléchiflent fur la convexité , comme s'ils étoient
partis de cette cauftique , fituée du côte convexe ,
c'cft-à-dire, en un mot, qu'ils s'écartent après la
réflexion. Il y a des cas où les courbes ont auffi les
rayons réfléchis fur leur concaviré , mais cela dé-
pend de la firuation du point lumineux à leur égard ,
& alors la cauftique ne manque pas de pafTer du
côté de la convexité. Un des plus grands avantages
de la méthode des caufliques , c'eft qu'elle donne la
reétification ou la longueur des courbes , roures les
fois que celles qui les produifent font scométriques,
Ainfi l'on voit que la caujlique par réflexion formée
dans un demi-cercle , qui a reçu , comme on vient
de le dire , des rayons perpendiculaires aux rayons
du diamètre qui la termine , eft au diamètre de ce
demi-cercle comme trois à deux. De même la eau
35^
C AU
liique par réflexion d'une demi-circonférence cir-
culaire , qui a reçu des rayons parallèles à Ion axe ,
eft au diamètre de cette demi-circonfctencc , à peu
près comme cinq à trois.
Comme toutes les caufliques font produites par
' des rayons foit rcflcchis , foit rompus , & que leur
réflexion ou leur rcfraôtion dépend de leur inci-
dence , les caujliques cliangent néceflàircment , fé-
lon que les rayons incidens ont une direélion dif-
férente. Dans la caujiique-pzr réflexion formée au-
dedans du demi-cercle , les rayons incidens font
fuppofés perpendiculaires au diamètre qui termine
ce demi-cercle. Mais fi ces rayons partoient tous
d'une extrémité de ce diamètre pour aller frapper
diffcrens points de la circonférence concave , Se
qu'ils en fulîcnt tous autant de cordes , il naîtroit
une autre caujUque. Elle feroit au diamètre de fon
demi-cercle générateur , comme quatre à trois , au
lieu que la première étoit comme trois à deux.
M. Carré a donné dans les Mémoires de l'A-
cadém.ie 1705 , jP </£,'. 185 , la rectification des caii-
Jtiqiu-s circulaires , des caufliques cycloïdales & pa-
raboliques , & de leurs développées avec la mefure
des efpaccs qu'elles renferment. On dit ordinaire-
ment, les caufliques de M. Tfchirnhaus , comme on
dit la Spirale d'Archimède , la Conclioïde de Ni-
comède , la Ci/foide de Dioclis , & les Dévelop-
pées de M. Huys^ens. Fontenelle.
CAUSUS. f. m. C'eft-à-dire , Fièvre ardente. Efpèce
de fièvre continue , aiguë,, accompagnée d'une cha-
leur brûlante & d'une foif qui ne peut s'éteindre.
Ce mot eft grec xalc-oç , il vient de x«i«, je
hriile.
CAUT , AUTE. ad). Vieux mot, qui fignifioit fin &:
rufé. Cautus , callidus , aflunus. Le Roi d'Efpagne
(Philippe II ,') eft un grand Prince, fage , cauc &c
avifé -, le plus puillant , & plus grand terrein de
tous les Princes Chrétiens , &: le feroit encore da-
vantage, fi toutes fes terres & Royaumes fe te-
noient, & étoient joints à l'approche l'un de l'autre.
Sac. Menii^ée. T. i ■, p. 121.
ÇX CAUTÈLE. f. f. Vieux mot, qui, dans quel-
ques anciens Jurifconfultes , fignifie la même choie
que riife & finejje.
Ce mot n'eft en ufage qu'en Droit Canonique ,
où il eft fynonyme à précaution , quand on parle
des abfolutions qu'on prenoit à cauùle pour fe
mettre en fureté de confcience. Cautio. Ainfi quand
un Prêtre étoit excommunié, ou feulement interdit
par une fentence , on difoit que , s'il vouloit dé-
duire fes caufes d'appel , afin d'être capable de dire
la méfie , il étoit obligé d'obtenir des Lettres d'ab-
folution à cauùle. ^fT On confcrve ordinairement
rexpreffion latine ai cautelam , lans la francifer.
Aujourd'hui l'abfolution à caut'ele n'a d'autre effet
que de donner droit d'efter en jugement, c'eft-à-
dire de vous donner permiffion de pourfuivre votre
droit en juftice , & elle ne fufpend point autrement
la fentence : de forte qu'un Prêtre excommunié qui
a été abfous ai cautelam , ne peut pas pour cela dire
la méfie.
CAUTELEUSEMENT. adv. D'une manière fine &
cauteleufe. Vafrè, verfuù , veteratoriè. Un chica-
neur agit toujours CiZK/e/fK/t-wf/zr quand il contracte.
Ce mot n'eft pas du bel ufage , & ne fe peut dire
qu'en riant,
CAUTELEUX , EUSE. adj. Qui emploie la finefie &
la rufe pour tromper. Vafer , verfucus , verJipelUs ,
veterator. Il n'y a point de plaifir de traiter avec des
£;ens cauteleux. Ce mot n'eft en ufage que dans le
ftyiefimple, familier, ou comique, où il fe prend
toujours en mauvaife part. La Chapelle, en par-
lant de la fainte Baume , dit :
Le Démon cauteleux & fin ,
En a fait l'abord e Croyable ,
Sachant bien que le Pèlerin
Se donnerait cent fois au Diable ,
Et fe damnerait en chemin. La Chap,
C A U
^fT CAUTÈRE, f m. Terme de Chirurgie. Ouver-
ture qu'on fait à la chair , dans quelque partie du
corps , en la brûlant avec un bouton de feu ou avec
une cauftiquc , pour faire écouler les mauvaifes hu-
meurs. Voye:^ ces mots. Inujla lapide cauflico plaga ,
ou cauterium , qui fignifie également le remède cau-
ftique Si la plaie faite par ce remède. On fait un cau-
tère, c'eft-à-dire, une petite plaie ronde, avec un
bouton de feu , un fer brûlant , ou avec un cau-
ftique quelconque , qu'on entretient en mettant de-
dans un petit pois , ou une boule de lierre , afin
que les mauvaifes humeurs du corps fortent par
là. On a foin de panfer tous les jours un cautère.
On fait des cautères au bras , à la jambe , à la cuifle,
& à la nuque.
^fj Cautè-.re fignifie aufll le remède cauftique avec
lequel on fait cette plaie. Cauterium. Le cautère
eft aduel ou potentiel. Le cautère actuel eft un
bouton de feu , ou fer rougi , qu'on applique fur
la partie , comme aux fiftules lacrymales ; & aux
chevaux fur les boutons de farcin. Les cautères
actuels font auili ces fers recourbés , dont l'extrémi-
té eft faite en plufieurs fortes de figures, dont on
i't fert félon le befoin •, il y en a de cultelaires ,
d'olivaires , c'eft-à-dire , de figure d'olive , &c. Le
cautère potentiel , eft un fel artificiel qui fait une
brûlure fur la chair. C'eft une fubftance dont le feu
ne fe développe que quand elle eft appliquée fur
le corps. Il fe compofe de chaux, d'eau forte, de
cendre gravelée de figuier , de vigne , de tithy-
male , de troncs de choux , ou autres cauftiques.
Il s'appelle pierre à cautère. Lapis caufiicus. Am-
broife Paré enfcigne la manière de faire des cautères
de velours , qu'il a ainfi nommés , à caufe qu'ils ne
font point de douleur , fur-tout quand ils font ap-
pliqués fur des parties exemtcs d'inflammation.
On dit appliquer un cautère à quelqu'un , au bras >
à la jambe , à la nuque.
Ce mot vient de ««i^' , uro.
CAUTERES. C'eft un village fitué dans cette partie
des monts Pyrénées , qui eft dans la Province de
Bigorre. Il y a trois fources d'eau minérale , &
quatre bains, f^oye^ le Dict. de James
CAUTÉRETIQUE. adj. m. & f. & C m. Terme de
Médecine , qui fe dit des remèdes qui brûlent , qui
confument les chairs. Pyrotique. Caufiicus , pyroti-
cus , a, um. Si un hydrophobe a été mordu à un
endroit qui ne peut foufi^rir le fer , ni le feu , ni
la ventoufe , comme font les extrémités des mem-
bres , & plufieurs endroits du vifage , il faut alors
avoir recours aux cautériques , ou pyrotiques , qui
puiffent confumer les chairs infcétées. Journ. des
Sav. lyzo, p. 172..
CAUTÉRISATION, f. f. Effet de la pierre cauftique,
opération par laquelle on applique un cautère, ou
l'effet^ qui en réfulte. Aduflium , cauterium. •
CAUTÉRISER, v. a. Appliquer un cautère. Cauterî-
:(^are. Lapide cauflico alicuiplagam inurere. Cet hom-
me .s'eft fait cautérijer le bras.
On le dit aufTi des cauftiques qui corrodent les
parties du corps humain. On a ouvert ce corps mort,
on a trouvé fes boyaux , fon eftomac cautérifés par
le poifon,,ou l'arfcnic.
CAUTERISE , EE. part. Qui a des cautères , ou qui
a été gâté par des cauftiques ou corrofifs. Lapide
cauflico aduflus.
Cautérisé , le dit auflî des firuit's 'qui ont été battuî
de la grêle , ou bèquetés par des oifeaux •, qui ont
des endroits creux &: endurcis. Percuffus grandine ,
aut avium roflro. Les poires de meifire-jean fonc
fujettes à être cautérifées.
On dit figurément de la«confcience d'un méchant
homme , qu'elle eft cautérifée. Vitiata , corrupta.
fceleribus confcientia ; pour dire , que les crimes
y ont fait plufieurs taches , qu'elle eft corrompue ,
endurcie.
|Cr CAUTION, f. f. Terme équivoque. Il eft quel-
quefois fynonyme de cautionnement , aéle par le-
quel on s'oblige à l'exécution de quelque engage-
ment.
1
• C A U
■ went. Sponflo , caut'm , cautela, C'efl dans ce fcns
qu'on dit, élargir quelqu'un à la caution d'un autre ,
élargir quelqu'un à fa caution juratoire , c'eft-à-dire ,
fur la prome/re qu'il fait avec ferment de fe rcprc-
ienter quand la juftice l'ordonnera. Vadari decan
vadièus > obliger quelqu'un de donner dix cautions
de fe préfenter en juftice.
#3° Caution , fe dit plus ordinairement de celui qui
répond pour un autre, qui s'oblige pour alfurcr
l'exécution des engagemens qu'un autre a contrac-
tés. Prczs , fponfor , Jidejuffor , vas. On eft caution ,
on fe rend caution de quelqu'un, on lui lert de
caution. On reçoit une caution, on certifie i on
décharge une caution. Une femme peut être pré-
fentée pour caution , pourvu qu'elle foit autorifée
par Ion mari , mais un Prêtre ne le peut pas être ,
parce quil ne peut être contraint par corps. On
eft obligé de difcutcr le débiteur principal avant
les cautions pures & (impies, qui n'ont point re-
noncé au bénéfice de difcufîîon & de divifîon.
Caution foUdaire , eft celui qui s'oblige à payer en
fon propre nom , lui tout feul , & toute la ibmme ,
comme s'il étoit principal débiteur , fans qu'on ibir
obligé à difcuter les biens de celui pour qui il s'o-
blige , ou de divifer la dette entre les cofidéjuf-
feurs : en ce cas celui qui intervient caution eft
cenfé coobligé folidairement. Sponfor in folidurn.
^fT Caution hourgeoife. C'eft un homme qui a un
domicile connu &; des biens apparens.
Caution banale , eft un miférable qui s'oblige pour
la forme , & pour telle fomme qu'on veut , comme
le Guichetier des Confuls , qui s'oblige moyen-
nant deux fous pour l'exécution de toutes les fenten-
ces qui fe rendent aux Confuls, Sponfor a/ienum ad
artitrium obligatus.
Chvxïon juratoire ^ eft un ferment que fait une per-
fonne , ou qu'on picfuppofe qu'elle doit faire en
Juftice , d'accomplir ce qui lui a été ordonné , de
le repréfenter à toute alfignation , de rapporter des
meubles &: papiers , de payer le Juge , &c. On
élargit fouvent des prifbnnjers , on donne des main-
levées à des débiteurs à leur caution juratoire,
Cautio jurejurando confirmata.
Caution de Tuteur. En pays de Droit écrit, les Tu-
teurs font tenus de donner caution , conformément
au Droit Romain, Mais les pères &c les mères Ibnt
admis à la tutelle de leurs enfanS fur leur caution
juratoire , & ne font point tenus de donner aucun
Fidéjufleur qui réponde de leur adminiftration.
Caution judiciaire , font les fîdéjuflêurs qui s'obli-
gent en juftice en conféquence d'un jugement qui
l'ordonne ; comme quand il eft ordonné qu'une
fomme, ou quelque chofe foit délivrée à une des
parties , en baillant caution.
Caution certifiée eft celle que fournit une autre
perfonne qui fe rend certilîcateur de folvabilité , &
qui eft caution de la caution. Confponjor. Les cau-
tions & certiiîcateurs qu'on donne en Juftice font
tous obligés folidairement , & ne font point reçus à
demander lé bénéfice de difcuflîon.
Caution , ( Réception de ) eft une procédure qui fe
fait en juftice par un procès verbal , de la préfen-
tation de la caution, de fa foumiifion, delà com-
munication de fes effets & facultés , & des con-
teftations de ceux qui l'impugnent , &: qui la
combattent -, fur quoi fe fait un référé à la Cham-
bre , où elle eft rejetée , ou reçue. Cautionis datez
Jignificatio
Ca.ution , en matière civile , eft celui qui répond
pour un autre dans une affaire purement civile.
Sponfor , prxs.
Caution , en matière criminelle , eft celui qui ré-
pond de repréienter le criminel quand il le faudra
ou de payer le Jugé. Vas , vadis.
Caution réféante. Il faut ajouter un nom de lieu,
comme Paris, Orléans, &c. Caution téféante à. Pa-
lis , eft une caution qui a non-feulement Ibn do-
micile à Paris , mais qui y fait fa demeure ac-
tuelle.
Tome II,
C A U
??/
_ ^7
05" Cautio judicatum folvi , eft Une caution qui fe
donne en jugement par un étranger , quand il eft
demandeur ou appelant, de payer les dépens &
ce qui fera porté par le Jugement , en cas qu'il
Ibit prononcé contre lui. Cette prévention devient
néceffaire , parce qu'un étranger n'ayant point de
biens en France , pourroit, en s'en retournant dans
fbn pays, lefouftraire à la condamnation pronon-
cée contre lui.
%fT On dit figurément , être caution , fe rendre cati-
tion d'une chofe , pour dire, garantir qu'elle eft
arrivée ou qu'elle arrivera. J'eii fais caution ; je vous
en fais caution. Cette nouvelle eft vraie , j'en fuis
caution.
§CF On dit de même qu'un homme eft fujet à caU"
tion , pour dire , qu'il ne faut pas fe fier à lui -,
Du biœ fidei : &: qu'une nouvelle eft fujette à cau~
tion , pour dire , douteufe,
CAUTIONNAGE, f m. Ce mot fe trouve dans quel-
ques coutumes pour caution , ou aétion de eau-*
tionner. Fid^juffio.
CAUTIONNEMENT, f m, A6lion de celui qui cau-^
tionne ; ou l'ade qui en eft dreffé chez \m No-
taire, ou au Greffe. Cautionis Jignificatio. Il a fait
au Greffe fbn cautionnement , ou fa f oumifTion de
caution. Je tiens en main l'ade de fbn caution-
nement.
CAUTIONNER, v. a. Se rendre caution , foit par
écrit en fait de contrats , foit vetbalemènt par ma-
nière de converfation. Sponforem effe , vadem effe ,
vadari aliquem , jpondere pro aliquo.
Cautionné , ée. part.
CAUX. Pronom pluriel. Vieux mot , qui f gnifie ,
ceux, llti,
Caux. Pays de France en Normandie. Caletenjis ager ,
ou pagus. Le pays de Caux eft borné au levan ;
par le territoire d'Abbeville , au midi par le Beau-
Vaifis , au feptentrion par l'Océan , & au couchant
par la rivière de Seine avec une partie du Rou-
mois. Ce font les Caletes de Céfar j Valois , Notit,
G ail. p. 115, au mot Caleti. La capitale du pays
de Caux étoit anciennement l'Illebonne, On dit
rarement ce nom feul , & on y joint prefque tou-
jours le mot de pays. Pays de Caux, On dit cepen-
dant Gelinote de Caux , ou Poule de Caux. Ce font
les poules de ce pays que l'on engraiffe , & qui font
excellentes. Cap ou Chef de Caux , c'eft la pointe de
terre qui s'avance dans la mer à l'embouchure de la
Seine' du côré du Havre de Grâce, Le pays de Caux eft
environné des rivières d'Eu, de la Seine . & de la met
Occane , & arrofée des eaux de Sie , de Dieppe & de
Saint Valéry, Il eft fertile dans fa plus grande partie ,
& abonde en rout ce qui eft néceflaire à la vie hu-
maine. Ses principales villes font Caudebec , Har*
fleur , le Havre de Grâce , Fécan , Montivilliet ,
Dieppe , Saint Valéry , Eu , Neuchatel & Aumale.
Le ptemier Tome de la Defcript. Géog. & Hifl. de la.
Haute Normandie , eft uniquement employé a la def-
cription du pays de Caux.
^3" Caux. Petite ville de France en Languedoc à
quatre ou cinq lieues de Beziers,
C A X.
CAXA. Monnoie, Voye^ Cas,
Ç3= CAXEN, Ville maritime d'Afie , dans l'Arabia
heureufe , à vingt lieues de Fartach,
C A Y.
CAYAPIA. f. f. Herbe du Bréfd , dont les feuilles
rendent une odeur femblable à celle des feuilles
de figuier. Sa racine eft diftinguée au milieu par un
certain nœud qui étant broyé ^' bû avec de l'^au ,
a la propriété de réfîfter au venin des ferpens , & de
garantir ceux qui font bleffés de flèches empoifon-
nées.
Dcr CAYAS. f m. Petite monnoie de cuivre qui s
cours dans les Indes,
y y
35B C A Y
CAYELAC. f. m. Bois de fenteur qui croît dans le
■ Royaume de Siam. Les Siamois , auffi bien que les
Chinois , en brûlent dans les temples en l'honneur
de leurs Pagodes. , n •
CAYENNE. ( la ) Ile. Elle diffère du mendieii de Pans
de î h 41' o"occid. ou 55^ 30' o". Elle a de lon-
gitude 314'! ^l' 8" de hauteur du pôle ou latitude
4^ 50' o" nord. Cassini. Par les obietvations de
M. Des Hayes , la Cayenne eft à 4^1 5 (î' li" de lati-
tude. AcAD. DES Se. 1701. Hijt. p. III. Voyei
Caienne.
CAYER. Voyei Cahier.
CAYES. f. f. pi. Terme de Marine. Ce font des roches
molles , ou des bancs de fable couverts d'une vafe
fi épaifle ou d'une fi grande quantité d'herbages , que
les petits bâtimens qui échouent s'en relèvent dif-
ficilement. Arenar'm moles.
Cayes. Cefl: ainfi qu'on appelle toutes les petites
îles des Indes occidentales , lelquelles ne font pas
aflez confidérabks pour porter des noms particu-
liers , & qui ne diffèrent guère des bancs de fable
que par les herbages dont elles font revêtues.
CAYEU. Voyei Caieu.
§3" CAYEU. f. m. Efpèce de fardine qu'on trouve
dans les mers de l'Amérique.
CAYLAR. (le) Ville de France en Languedoc, à
cinq lieues de Lodève.
CAYLUS. Petite ville de France dans le Quercy , fur
les frontières du Rouergue , à huit lieues de Mon-
auban.
CAYMACAN. Du Loir écrit ainfi. Voyei Caïma-
can.
CAYMAN. f. m. Cefl: le nom qu'on donne aux cro-
codiles dans les îles occidentales. Voyei Croco-
dile.
CAYON. f. m. Ce mot s'eft dit autrefois pour aïeul.
Avus.
gcr CAYOR. Petit Royaume d'Afrique danslaNigri-
tie , entre le Sénégal & le Cap-Vert.
CAYRAC. Ville de France dans le Quercy.
CAYSTRE. Petite rivière de l'Afie mineure , fameufe
chez les Poètes, parce qu'elle étoit autrefois pleine
de cignes. Cayfler , ou Cayjlrus. Elle a fa fource
dans la Phrygié , ou, félon d'autres, dans les mon-
tagnes de Lydie •■, elle arrofe cette Province & la
plaine d'Ephèfe , partant à un mille de cette ville
du côté du couchant , &: fe jette dans la mer Io-
nienne. Cette rivière fait beaucoup de tours , & de
détours , qui ont trompé quelques gens , qui l'ont
prife pour le Méandre , éc qui font que les Turcs
l'appellent Coutchouk-Mindre , c'eft-à-dire , petit
Méandre -, & Minderfcare , Méandre noir. Ils la
nomment auflîî Carafou , qui veut dire eau noire -,
Se d'autres Chiay. Mais dans notre Poëfie , où l'on
en parle encore fouvent , elle retient toujours fon
ancien nom de Cayjire.
Sur le Cayftre autrefois
Faifoit admirer fa voix
Un Cygne , dont le plumage
Egalait le doux ramage.
Nous dêfcendîmes une montagne que les anciens
appeloient Mimas ; fon pied efl: arrofé du fleuve
Cayfîre , où nous ne vîmes aucun cygne , & nous
le paffàmes aifément , parce que fes eaux font baffes.
Du Loir, /'.2-5. De-là à Ephèfe il n'y a qu'un ma-
récage d'une demi-lieue. Idem,
Au refte, il faut écrire Cayfire , car c'efl: un «
en grec , ou pour le moins Caïjlre , & non point
Caïjle , comme a fait M. de la Mothe dans fon
Iliade, L. II , p. 1,7.
Des Cygnes du Caïfte on voit les bataillons ,
A jlots tumultueux inonder les vallons ;
Il y a dans Homère Kauç^i'a àft^t çiSpu. Et par tout
KitiZi-ftf , Cayjîer ou Cayjirus.
C A Z
CAYSTRIUS. f. m. Terme de Mithoiogie. Dieu ou-.
Héros qui fut adoré , ;& qui eut un temple proche
de Cayitre dans la Lydie , fi l'on en croit Sttabon ,
Liv. xir.
C A Z.
fer CAZ. Monnoie des Indes. Foyei Cas.
Ip^- CAZAN. royei Casan.
fCT CAZAN. FoyelHAZA.^.
|ïCr CAZELLES. 1". f. Efpèces de bobines chez les
fileurs d'or , fur lelquelles l'ouvrage fe dévide après
avoir été filé.
q^ CAZEMATE. Foye^ Casemate.
CAZERES, Bourg de France en Gafcogne > fur la Gz-i
ronne , au Diocèfe de Rieux.
CAZERNE. Foyei Caserne.
Ip- CAZEROM. Ville d'Afie , au Royaume de Perfe j
capitale de la Province de Sapour.
CAZETTE ou CASSETANE. Terme de Fleuriftc.
Anémone à peluche, qui a les grandes feuilles rouges,
bordées de couleur de foufre, fa peluche d'un rouge
de feu. MoRiNi
CAZIASQUER. f. m. Terme de relation. Intendant
de Juftice dans les armées des Turcs. Prœtor in
exercitibus Turcicis. Dans le Divan les Caiiafjuers
font à la gauche du ptemier Vifit. Du Loir , p. 78.
Les Caiiafjuers venoient enfuite avec leurs tur-
bans , gros , pour le moins , d'un pied & demi de
diamètre. Id. /. 119.
ffT CAZIMIR. Ville de la grande Pologne , dans le
Palatinat de Lublin , fur la Vifl:ule.
CAZORLA. Ville de l'ancienne BétiqUe en Efpagne.
Cai^orla , anciennement Carcefa. Elle eft fituée aux
confins de la Bétique, de la Murcie & de la Cal-
tille , à deux lieues de la fource du Guadalquivir ,
autrefois Bœtis. Voyez Ambrof. Morales , defcript.
Hifpan. c. XXII. Ce n'eft point , comme cet Au-
teur l'a cru , la Caijlaon de Strabon , ni la Cajlalon
de Polybe & d'Etienne de Byzance. Celle-ci efl: la
Cafiulo de Tite - Live , grande ville de l'Orétanie.
Tit. Liv. Decad. III, L. IV. Le Vega partage Ca-
lorla en deux parties. Cefl: l'ancienne Carcefa où
S. Héfychius ou Ifchius prêcha la foi fous l'Empire
de Néron , & fut martyrifé. Acla Sanclorum Mar-
tyrum, T,I,p. 4,5,7.
CAZOU. f. m. Nom d'homme. Caidocus. L'Abbé
Chaftelain dit, p. 3579 , qu'un ancien manufcrit de
la vie de S. Ca^ou le fait mourir à Benavenne en
Angleterre. Cette ville efl: dans l'Itinéraire d'An-
tonin. Elle croit au pays de Northampton au centre
de l'Angleterre , à l'endroit à peu près où depuis a
été bâti Védon. Ceux qui de S. Ca:;ou font un Evê-
que de Bénevent en Italie fe trompent à la reflem-
blance de ce nom avec celui de Benavenne. Il iem-
blc , ajoute-t-il , que ce faint foit celui dont l'Eglife
de Rennes fait mémoire le zi Septembre , & dont
Albert de Morlaix a donné la vie le premier de
Novembre fous le nom de S. Cado ou Cadouad ,
où il dit qu'il demeura quelque ternps en une Ile
dé la côte de Vannes , que cette île eft dans la
Paroifle de Bela,Sc qu'elle fe nomme Enes-Caduad,
c'eft-à-dire, IJle de S. Caduad ; car \3>^, en hébreu,
fignifie île.
C E.
CE. Pronom démonftratif , c'efl:-à-dire , qui fert à in-
diquer les perfonncs &: les chofes dont on parle,
ou dont on vient de parler , & qui répond au latin
hic. Cette eft le féminin de ce pronom , & répond
• à hœc. Ces en eft le pluriel pour le mafculin & le
féminin , & répond à hi & hœ. Mais il faut remar-
quer que ce pronom ce fe change en cet , devant un
nom mafculin qui commence par une voyelle , ou
par un h qui n'eft pas afpiré. Cet homme eft habile,
& non pas ce homme. Mais il faut dire ce Héros ,
& non pas cet Héros : parce que Vh dans le mot
de Héros étant afpiré , empêche l'effet de la voyelle
* qui fuit.
C E
^^ Quelquefois on ajoure , pour plus cl'(?nergie , les
parriculesci &là, aux fubftanrif's précédés de Ci- ou
C£[. Cetre Dame-ci cfl plus honnête que cet homnic-
U. Ci indique un objet plus proche , là un objet
cloitçné.
Ce pronom a beaucoup de grâce & d'énergie
lorfqu'il cft lliivi du pronom relatif, qui.
Cette particule , en quelques manières de parler ,
fe trouve retranchre devant jue ; mais ces manières
de parler font vieilles , & ne s'emploient plus.
Voye^ que c'ePc du monde ^&de l'orgueil humain.
P. Le Moine,
CE efl: aufTi un fubfl:antif, & figniSe la choie dont on
parle. Voila ce dont il s'agit. En vertu de ce que
defllis. Ce qui rcfulte de ce difcours. Remarquez
qu'il cfl: plus élégant de répéter c; au fécond mem-
bre de la période quand elle a commencé par-là ,
que de le fupprimer. Par exemple , ce qui eft le
plus déplorable , c'ejt ici j c'eji cil mieux que , ejL
CV qu'on fouffre avec le plus d'impatience, ce font
les perfidies. Dans ces exemples, la particule ct? figni-
fie la chofe qui eft déplorable , ou qu'on foufee.
Toutes ces expreffions fe rendent en latin par le
pronom neutre /ifuivi du relatif ./«oi. Mais quand
on dit ,ce Rirent les Romains qui domptèrent : alors
la particule ce eft fans nombre , &: ne régit point
le verbe qui fuir. Au contraire le verbe fub-
fbnrif qui marche après , cft déterminé au finçu-
lier, ou au pluriel par le llibftantif qui vient enfuite.
Vaug. Corn. Le pronom ce , joint à cmelques par-
ticules , (ert à former d'autres pronom» , ceci , cela,
dont nous parlerons en leur place.
Outre ce. Manière de parler qui n'eft plus en ufage ;
on dit aujourd'hui , owr^ ce/^. Ad hcec , praterea,
prczter hœc.
On dit au Palais quand on infirme une fen-
tence , qu'on a mis l'appellation &: ce dont il a
été appelé , au néjnt \ on fous-entend la fentence
C'cft une formule de prononcer que les Cours fupé-
rieures fe font réfervécs. Les autres Juges pronon-
cent par. un mil juge. Q.ielquefois on dit abfolu-
ment , on a mis l'appellation & ce ; c'eft-à-dire , que
l'appelant a gagné fa caufe. On dit , à ce qu'il foit
dit -, pour dire , ahn qu'il foit dit. A ce que j'en-
tends , pour dire , comme on me fait croire.
Ce dit-il , ce dit-on. Ces phrafes ne font pas du
bel ufage, en écrivant ; &: dans un difcours foutenu,
grave, férieux ,11 faut dire , dit-il , dit-on, Inquit ,
aiunt.
Ce , pour il , dans ces phrafes & autres femblables.
Quelle heure eft- ce ? Ce lui fut force de bazarder
bataille j il n'eft plus en ufage ; il faut dire , quelle
heure eft-il t il lui fut force. Vaug. Et m*me cette
dernière phrafe a aujourd'hui quelque chofe d'em-
barrade ; on ne peut s"en fervir que dans le difcoiirs
familier.
Ce peu veut dire le peu de chofes faites. Paires part
aux pauvres de bon cesur , & avec joie , de ce peu que
vous avez. Port-R. On ne dit jamais ce beaucoup ,
quoiqu'cui dife fort bien ce peu.
Ce peu Je lignes, pour dire la courte lettre ,\z billet ,
exprelîion bourgeoife qui a vieilli.
On dit aalfi adverbialement, c'en eft fut. ^i7«OT
efi. C'eft moi. Egofn/n. C'eft pourquoi. Qjiapropter.
C'eft à lavoir. Scilicet , videlicet. C'eft mon devoir.
Ita 'placet.
On dit encore , quoique c'en foit. Ut ut eft.
Ce , dit-il. Ait. Ce dit-on. Aiunt. Ce néanmoins. Ce
fut un tel. Ce font les gens de bicn,<S'c.
On dit auffi c'ejimon , par une balfe ironie jon
foufentend nvis. Ita cenfeo. Vraiment , c'ejimon.
C E A.
■
1 CEADDE. f. m. Nom d'homme qui fe prononce Ceddc,
! Cealdas. S, Ceadde , Evêque de Lindish , puis de
C JE A j I ^
Lichfîeld en Angleterre, étoit deNorthumberland'
& vivoit au VII^ ijècle. Il mourur en 671.
CEANS, adv. Terme demonftratif du lieu où Tort
eft quand on parle. Hic , m hac domo , in his œdi^
bus, hic intùs. Le maître àz céans. N'y a-t-il per-
fonne céans ;■ Nq^zt. dans ,C'cft ici. Dieu foit céans,
Monheur . , , revint hier céaiis. De Fenelon. Ce
mot n'eft que du ftyle familier.
Quniljefouffrirai moi , qu'un ca^ot de critique
Vienne iijurper céans un pouvoir tyranniquc >
Mol,
CEAU, f m. Autrefois on difoit Cedu pour ciel.
De rofes y ot grand morceau
Si belles n'avait fous le ceau. Rom. de la Rose.
C E B.
CEBLPIRA. f.m. Arbre du Bré/il , dont l'écorce , qu!
eft amère & aftfingente, entre dans des bains &; des
fomentations qui paifent pour exccllens dans les ma-
ladies qui ont pour caufe le froid , dans les tumeurs
des pieds & du ventre , & dans les douleurs de
rems, que les Portugais appellent Curimentos. Elle
eft aftringente & tant foit peu acrimonieuié. On
s'en lert pour la galle , les dartres & les autres ma-
ladies cutanées de la même efpèce.
CE 5,
CECHIN. f m. C'eft la même c\\q(ç qaz fequin. Voyez
ce m or.
CECL Protiom demonftratif qui fe dit pour , cette
chofe -ci , en parlant d'une chofe prcfentc ou
peu éloignée. Hoc. Que veut dire ceci î Ceci eft
crrangc. Ceci n'a point d'exemple. Ce pronom ne
fe met devant, & avec le verbe efè , que lor/que le
mot qui fuit eft adjeaif , & jamais quand c'eft un
fubftantif. Par exemple , ceci eft bsau , ceci eft admi-
rable. Cec/ n'eft pas affez bien traité ; il faut le retou-
cher. Maison ne dit pas ceci eft mon chapeau ;<:e«
eft mon gant ■■, ceci cft mon livre , mon ouvrage ; ceci
cft ma maifon ; cea" n'eft pas mon cheval, iftaut fe
fervir de ce là ; en féparant ce de la ; & dire, c'eft
là mon chapeau , mon gant , mon livre ; c'eft - là ma
maifon ; ce n'eft pas là mon cheval. Voilà l'ulàge.
Cependant il en faut excepter cette phrafe de l'inl-
titution & de la confécration de l'Euchariftie , ceci
eft mon corps , ceci eft mon fang , que l'ufatre a
confacrée. Le P. Bouhours a eu la penfée detra-
duire , c'eji-là mon corps ; c' efl- là. mon fang, difant
que la manière ordinaire n'étoit point françoife ; que
c'ejl-là marquoit en françois la fubftance'mcme de
la chofe , comme il paroît par les exemples que nous
venons de rapporter \ qu'ainfi c'ejt-la mon corps ,
lignifie proprement en françois , & félon l'ufage ,
cette chofe , cette fubflance eft mon corps , & n'eft
plus du pain ; que pour iignifîer le lieu d'une chofe ,
par exemple , du corps de J. C. il ne faur pas dire ]
c'ef-là mon corps , mais mon corps efl là , ou là efl
mon corps. Cependant , comme cette phraiè eft cen-
facrée , quoiqu'elle fût contre l'uiàgc ordinaire , il
n'y voulut rien changer.
On dit familièrement : ce n'eft ni ceci ni ceba;
c'eft-à-dire , il ne s'agit point de tout cela.
CECILE, f. f. Nom de femme. Cœcilia. Les aifles du
martyre de fainte Cécile ne font point fûts. For-
tunat de Poitiers , le plus ancien des Auteurs qui
ont parlé de cette Sainte , fait entendre qu'elle mou-^
rut en Sicile.
Quelques-uns donnent aufîi dans notre langue ce
nom à ceux qu'on appelle en latin Cacilius , & qu'ils
appellent encore CéciUens.W eft mieux pour éviter
l'équivoque de retenir le mor latin Cecilius , & de
dire les Cecilius., la famille Cécilia, que de dire les
Ceciles ou les Céciliens , Se la famille des Céciliens.
Il paroît que nos Antiqu.^.ires en ufent ainlî , & qu'ils
retiennent le mot latin. D'ailleurs fi l'on traduit Ces,-
y V ij
540 CED
cilius t pai Cccilien, quelle différence mcttra-t on
dans notre langue entre Cizciliamis &i Cizcitius.
CÉCILIEN. f. m. Nom d'homme , qui répond dans
notre langue au nom Imtï Ciecilianus , Se non pas
à celui de Cxcilius. Voyez Cécile.
,CeC1TÉ. f. i. Privation de la vue. CtBcitas. L'ufage n'a
point établi le mot de cécité , quoiqu'il y ait des
perfonnes qui s'en fervent. Il eft formé du larin
cttcita. ^fF Le Dicl. de l'Acad, Fr. prétend qu'on
dit cécité au propre , ôc aveuglement au figuré. Il
eft certain que fi ce mot n'eft pas d'ufage, il eft au
moins néceffaire , puifque nous n'en avons point
d'autre pour exprimer l'état d'une perfonne aveu-
gle , ôc que nous fonimes accoutumés à prendre
dans un fens figuré , le mot aveuglement qui ex-
prime la même idée. Foye^ Aveuglement.
ÇCF CECRYPHALE, f. f. Sorte de vêtement à l'ufage
des femmes grecques , dont on n'a confcrvé que le
nom.
fty CECULUS , Fils de Vulcain , fut conçu , difent
les Poëres , d'une étincelle de feu qui vola dans
le fein de fa merc Prenefte , pendant qu'elle fe chauf-
fe it , &: eut toujours une inflammation aux yeux
pour marque du feu qui lui avoir donné la naiffance;
il bârit la ville de Prenefte en Iralie ,& prit le parti
de Turnus contre Enée. Les Poètes , pour ajouter du
merveilleux à cette fable, prétendent que quelques-
uns voulant contefter à Ceculus l'honneur d'être
né de Vulcain , ce Dieu, pour les punir excita le ton-
nerre & fît tomber ki foudre fur eux. D'autres di-
fent que Ceculus venant de naître fut trouvé par
des bergers dans le feu , fans être endommagé de
la flamme ; ce qui fit croire qu'il croit fils de Vul-
cain.
CED.
CÉDANT , ANTE, Adjeftif employé comme fubftan-
tif II n'a guère d'ufage qu'en ftyle de pratique. Ce-
lui qui cède , qui tranfportc quelque fommc , quel-
que droir. Ç«i vel qucE cedit. On fair appeler en
garantie un cédant , quand il a cédé une dette fauffe ,
ou lorfqu'il l'a foutenue bonne & exigible. Le ce-
dant eft oppofé dans le droit au ceffionnaire.
Le cédant eft celui qui fair cefîlon de quelque
chofe à un aurre , comma le ccfllonnaire eft celui
à qui on fair la cefîîon 5c qui l'accepte. Cedens. On
lui a repréfenté une quittance de fon cédant.
Brousse.
CEDAR. Nom de lieu dont il eft parlé dans l'écri-
ture, Cédar. Les Interprètes Grecs le traduifent par
«A««ffl, Galaad , par où il paroît que c*étoit le pays
qui porte ce nom , & qui eft à l'orient du Jour-
dain , en tirant vers les montagnes de l'Arabie dé-
ferre , nommées Montagnes de Galaad , &c une par-
tie de l'Arabie déferre , comme il paroît par le Can-
tique des Cantiques /, 4, où l'époufe dit qu'elle eft
noire comme les tentes de Cédar. S. Jérôme , & après
lui Ziéglerus , difent que ce pays fut ainfi nommé
de Cédar , fécond fils d'Ilrnael , Genef. XXV, 1 5 .
Adrichomius prétend , avec quelques autres , qu'il
cite, que Cédar e{k une ville de la demi-Tribu de
Mana(ré,quiéioit à l'orient du Jourdain. Quelques
. Modernes difent qu'elle étoit fur une monragnc ,
ce qui ne convient guère au nom de Cédar qui fî-
gnific ohfcur , noir. D'ailleurs , où ont-ils trouvé
cette fituation marquée.
Cédât où la fourbe & l'envie
Contre ma vertu pourfuivie
Se déchaînèrent Jî long-temps ,
A quels maux ont livré ma vie
Tes facrilèges hahitans ? R.
ÇT CEDAT AIRE. f. m. Synonyme à cédam, Voye^
ce mot.
§Cr CEDER. V. a. Tranfporter une chofe à une autre
perfonne , l'en rendre maître , lui en donner la pro-
priété. Cedere , concedere. Il m'a cédé Se tranfporté
une telle rente, une obligation. Dans tous les con-
CED
trats de vente , échange ou donation , les Notai-
res mettent , il lui a cédé , quitte &: délaiflc , &c.
CÉDtR fignifie aulFi , laiffer ou abondonner quelque
chofe pour un temps , ou par civiliré. Il m'a cède l'x
maifon , fa chambre , fon lit. Cedere alicui domo ,
cuUculo , leclo. Il m'a cédé fa place. Il m'a cédé le
haut du pave.
Un grand cœur cède un trône , & le cède avec gloire.
Cet effort de vertu couronne fa mémoire. Corn.
^fT CÉDER fe prend quelquefois abfolumcnt , pour fe
rendre , fe relâcher , fe foumettre. Il faur céder ; &
dans un fens neutre , pour déférer à une puiffance
fupérieure ,acquiefcer, ne pas rciifter. Cedere, oh-
fequi. Il faut céder au temps , à la force. Il faut cé-
der à l'orage , & caler les voiles. Il faut céder à fe$
fupcrieurs. Tout cède à ce Conquérant.
Vaine erreur des Amans , qui, pleins de leursdefîrst
Foudroient que tout ccàit au foin de leurs plaijirs.
Rac.
m
CÉDER , dans cette acception fîgnifîe encore fe recon-
noîrrc ou erre reconnu inférieur à un autre en quel-
que chofe. Cedere , concedere , inferiorem fe projiteri^
Propofcz vos raifons avec beaucoup de retenue ,
afin que ceux qui vous cèdent vous puiifent céder
fans chagrin. Bell. Cet homme eft cent fois plus
habile que moi , je lui cède en tout^ Ne faites pas
comme ceux qui en cédant , tâchent de donner à
connoître qu'ils ne cèdent que par complaifance ,
& que Irt -autres ont tort. Ab. Rec. On veur bien
céder en bonne fortune ; mais non pas en efprit.
Amelot. Il y a des génies dominans à qui tout le
monde «W«, par je ne fais quelle force de fupério-
rirc qui les fair régner par-rout. Id. Rien n'eft plus
fade que d'avoir à faire à des gens qui admirent
toujours, & qui ce'^e/zf. Mont.
Céder fignifie audi , rabattre , retrancher. II faut
céder quelque chofe de ks droits pour avoir la
paix.
CÉDER fignifie auflî , fuccombcr. Pour moi je cède
aux ans. Main.
Cédé , ÉE. part.
CEDES. Ville de la Terre-Sainte. Cèdes. II y a troîé
Cèdes dans l'Ecriture. L'une , dont il eft parlé ,
Jof. XII , 21 , & que les Septante appellent k«,?)k,
Cadès , étoit dans la Tribu d'Afer, & avoir eu un
Roi fous les Chananéens. Jofephe l'appelle Cedefa ,
Se d'aurres Cedeffa. Une aurre , dont il eft parlé I.
Parai. FI, 71, eft la même chofe que Céfion.
Foye^ ce mot. La troifième éroir une ville Lévi-
tique de la Tribu de Nephthali , fur une montagne.
Jofephe la nomme Caedefa , Cedejis , Cydela ;
d'autres Se^echte , Cades , & Tharfa. Au temps dé
S. Jérôme , fon nom éroit CidifTus , aujourd'hui î
c'eft Sizis. C'étoit audi une ville de refuge. j
CÉDILLE, f. f. L'/ fe mouille. Terme emprunté de ;
l'efpagnol cedilla , pour fignifier un petite, ou une f
petite virgule , qu'on met au-defTous du c quand
on lui veut donner le fon de \'s devant les voyelles
a , o & u , comme à glaçon , maçon , deçà. Firgula
littcrœ c fuhfcripta. Le c dans le mot de leçon eft
accompagné d'une cédille,
(fT Le c avec fa cédille, s'appelle en fonderie de
caraiSèrcs & en imprimerie c à queue.
CÉDIMOTH. Foyei Cademoth.
CEDMONÉEN , ENNE. f, m. & f. Oriental , qui
habite à l'Orient, Cedmonceus , a. C'eft le nom
que l'on donne dans l'écriture aux peuples qui
liabitoient dans l'Arabie déferre, à l'orient de la
Tcrre-Sainrc. Ce nom vient de mp, kedem , qui
fignifie l'orienr. Les Hébreux le donnoient à ces
peuples , comme nous donnons celui d'orientaux
à ceux qui habitent à l'orient de l'Europe. Pagnin
dit Cadmonéen , qui eft bon -ySeS. Jérôme Celhmo-
nêen \ c'eft une faute.
CED
CEDON. C. m. Petite plante qui fleurit blanc, l'en
pyramide. Il faut écûis J'edum,
CEDRAT, r. m. Efpèce de citronnier , dont le fruit
efl: ttès-doux & odoriférant. Malum cUreum duL-
cijfimà medullâ. Quelques-uns écrivent Cédrac ,
aulieu de Cédrat ; mais mal. La Quintinie dit que
c'cft un oranger , & non pas un citronnier. Les
fcuiJlcs de l'oranger , nommé Cédrai , ont le même
goût que l'orange même, & pouroient contribuer
a taire de la limonade. La Quint. Le fruit de
^cet arbre s'appelle auiliOWrrtf ou Cédra.
CEDRE, f. m. Cedrus. Se prend fouvent en François
pour le bois du c'^dre du Liban. On dit , un ca-
dre, une bordure de chdre. On imite la couleur
de cèdre par la teinture rougeâtre qu'on donne
aux ouvrages qu'on veut faire paHcr pour bois de
cèdre -, mais l'odeur ,fert à en faire la différence ,
le véritable cèdre ayant une odeur fort aromatique.
On appelle à Paris cèdre , le bois de l'Acajou rou-
ge , parce qu'il efl: rougeâtre & d'une odeur aro-
matique, qui tient un peu du fantal. Ce dernier
eft très-amer au goût. On ne connoît point le
caractère de l'Acajou rouge. Du Tertre en parle
en Ion fécond volume de ion Hilloire des Antilles ,
Cèdre, f. m. Cedrus. Efl: le nom de deux ou trois
arbres bien diifcrens les uns des autres. Il eft très-
difficile de concilier les Anciens avec les nouveaux
fur ce qu'on doit appeler proprement cèdre. Par
les defcriptions de Diofcoride & de Thcophrafle ,
ce n'eft point un arbre conifere : peut-être ne con-
noiffent-ils pas notre cèdre du Liban. Mais fans
entrer dans ces difcuifions , dans lefquelles on ne
peut avancer que des Conjectures, nous conferve-
rons ce nom de cèdre aux arbres &: arbriifeaux aux-
quels nos prcdccelfeurs l'ont voulu attacher ; mais
pour les diflingucr, nous leur ajouterons le nom
du pays, où apparemment on ks a trouvés plus
communément. L'arbre que nous nommons à pré-
fent cèdre , vient du Mont-Liban , & c'eft une ef-
pèce de Mélefe. Foye^ Mélïse , où l'on en parle
amplement. Les Anciens failbient mention de deux
cèdres , l'un de Phénicie & en Cilicie , qu'on ap-
pelle Oxycèdre , 6c ils le comparoient au Genévrier
ordinaire, dont cependant il étoit différent par fes
fruits , qui étoient beaucoup plus gros , &: qui
croient rougeâtres. Voyei Genévrier. Etilsnom-
j-noient enfin cèdre de Lycie , cedrus Lycia , ce-
drus folio Cupreffï, un arbriiîèau dont les feuilles
approchent de celles du Cyprès. Ses fleurs font
de petits chatons fort courts. Ses fruits font des
baies rougeâtres, rondes, beaucoup plus groflès
que celles du Genévrier, & qui contiennent pJu-
fieurs fcmences. Ce cidre croît en Languedoc , &
il y en a deux efpèces qui fe dift:inguent toutes les
deux par leur haureur , & la groffeur de leurs
fruits. M. De Tournefort a trouve deux efpèces
de ce dernier cèdre dans fon voyage du Levant.
Elles s'élèvent en arbre : elles font tiès-puantes ;
au lieu que celui qu'on vient de décrire n'efl point
fi défagréable , fon odeur approchant du Cyprès &
de la Sabine.
Le bois de cèdre efl: prefque immortel & incor-
ruptible , parce qu'il eft forr amer , & que les
vers n'aimenr que ce qui eft doux. C'eft pourquoi
le» Anciens fe fervoient de planches de cèdre pour
écrire les chofes d'imporrance , comme on peut
recueillir de ce paf]'age de Perfe ; Et cedro dis^na
loqiiutus. On en bâtit des palais & des navires.
Cet arbre eft toujours vert , & aime les lieux froids
& les montagnes ^ & fi on lui taille fa cime , il
meurt. Le cèdre du Liban eft femblable au fapin ,
que les Grecs appellent a^r,, , les Latins , cedrus
major, cedrus Pkœnicia , Syriaca, ou en un mot
cedrelate. Son écorce eft polie , lilTée & fans mouffe ,
excepté la partie qui eft depuis la terre jufqu'aux
premières branches , lefquelles environnent l'arbre
prefque depuis la terre jufqu'.! la cime en guife
de roue. Elles pouflcnt par certains intervalles
CED
Hf
toujours en diminuant jufqu'en haut, de forte
funbiables a celles du pin ou mélcle, mais plus
courtes, & ne font point piquantes. Bruyn, dVns
de . r^'/%^^ Terre-Satr^u , dit que l/s feuilles
des cèdres an Uh^n qu'il alla voir, font fembla-
blés a celles du romarin 5 que les petites feuMles
qui font aux branches montent en haut , & 'aue
le ^ruit pend en bas. Ce fruit eft fait en pommes
femblables a ce les des peflés , mais plus longues
plus dures & plus nourries , & font diiiiciles^à dé-
nicher de leurs queues. Elles contiennent une graine
fembhble à celle des cyprès . & jettent une^réflne
grallc , cpaifîc , tranfparente , d'une odeur forte,
qui n eft point coulante , mais qui tombe goûte
a goûte. Les Arabes l'appellent kitran ou alkitran.
Salomon donna pluficurs villes au Roi Hiram ,
pour les c-.ir.^ qu'il lui avoir envoyés pour bâtir
e temple de Jcrufalem. Fernand Cortel fit bâtir
un Palais a Mexique , où il y avoit fept mille
poutres de^.^r., ^ plupart de douze cens pieds
rie long, & douze de tour, â ce que dit Hcrrér.i.
11 y avoir un cèdre abattu en Cypte qui avoit tteizc
cens pieds de long, & « gros , que trois hommes
ayo.ent de la peine à l'embraflér. Il fervit à la ga.
Icrc de Dcmctruis Bruyn dit que des deux plus
remarquables qu'il vit fur le Mont Liban , l'un
avoir cinquante-fept paumes de tour, & l'autre
quarante-lept.
Ce mot vient du grec ..^p., , qui a la même
i.gnification qu, vient de y.ui,. , uro , de ,..'J^,„ ,
Juave o WLe cèdre brûlé rend une odeur fort bonne.
On dit proverbialement i depuis le cèdre jufqu'à
1 hyfîope , pour dire , depuis le plus grand iul"-.
qu au plus petit. Cette phrafe eft prife de l'Ecri-
ture, troiiième Livre des Rois IV, 33 , où il eft
dit que Salomon avoit écrit fur les arbres depuis
le cèdre , qui eft fur le Monr Liban , jufqu'à l'hyffo-
pe d'une malure. On dit auin dansée même ftyle
de 1 Ecriture , les cèdres du Liban , pour f.gnifier
les Grands, les Puiifans du fièclc , les orgueilleux.
On a donné pour devife à un Collège célèbre,
un cèdre chargé de fleurs & de fruirs , avec ce vers
du Taffe, Mentre che fpunta l'un, l'altro maturci.
tt pour marquer la purerc du Cardinal Horace
Spinola , un cèdre , avec ce moz, A putredine tuta.
Le même arbre , & ce mot Italien , ^d fiore il
frutto , eft la devife qu'un Italien fît pour marquer
la tecondiré virginale de la Sainre Vierac
Cèdre de Gaza ou Gaze. Ceft un fruir dSnt Bruyn
parle dans fon Voyage du Levant , p. 305. Il en décrir
deux , dont l'un avoit deux caïeux , qui au bout fe
rerminoient en pointe. Le fruir étoir d'une c^roifeur
extraordinaire -, fa longueur jufqu'à la point'e ayant
14 pouces, & fon diamètre érant de y pouces trois
quarts : l'autre avoir rreize pouces de Long & fix de
diamètre. Ce fruit a peu de fuc. On le peut mano-ec
comme des limons doux. °
CÈDRE DOUX. Efpèce de Citronnier qu'on appelle aufîi
Cédrat. Voyez CÉDRATi >^
On appelle auffi cèdre , une efpèce de citrons , dont
fe fait une certaine boiflbn , que l'on nomme Aigre de
cèdre. AcAD. Fr.
CÉDRIE. f. f. Réline qui fort du cèdre. Cedria. C'eft
une liqueur , qui pour erre bonne , doit être gra/fe ,
épahfe, tranfparenre , d'une odeur forte, & telle
qu'en la verfant elle ne coule point trop vite,
mais qu'elle tombe également goûte à goûte. Elle
a deux qualités bien oppofées ': elle conferve fort
long-temps les corps morts, parce qu'elle en dcf-
feche & confume les humeurs fuperflues , fans en-
dommager les_ parties folides. fCT C'eft pour cela
que les Egyptiens s'en fervoien^t dans leurs embau-
memens ; & au conrraire elle putréfie les chairs
molles & délicates des corps vivans , fans qu'on
en fouffte aucune douleur ; ce qui vient fans doute
de la chaleur des corps vivans , qui donne de
l'agitation aux parties de cette réiine , & en augman-
te la force.
344 CED
CÉi)RON. Torrent ou ruiffcau dont il efl parle dans
l'Ecriture. Cedron. Ce torrent avoir la lourcep'vcs
de la ville de jcrulalem, & couloir au pied des
montagnes lur Iciquelles cette viUe ctoit bâtie , à
l'orient Se au midi. Il faloit le padcr pour aller
de Jérulalem au mont des Olives, commei^it J. C.
la veille de là padion. Jean XylU. i. De - la
ce torrent pallànt aux confins delà Tribu de Juda ,
& de celle de Benjamin , alioit le jeter dans la
mer Morte. Le Roi pallà aulli le torrent de Cedron.
Saci. II des Rois XF, 15. Jelus ibrtit avec fes
Dilciples pour aller au-delà du torrent de tl'Jrow ,
où ctoit un jardin , dans lequel il entra & Tes Dil-
ciples aulli. BouH. Jean XFIII. i. Ce torrent eft
prcfque toujours à fec quand il ne pleut pas.
Ce mot eft purement hébreu. De 11.. , itre noir ,
ou ohjcur ■> le fait V'.~, , kidron, qui lignifie «o/r-
cei:T , ol'Jcurite, nom qui fut donné à ce torrent,
ou parce que les vallées dans Iciquelles il couloir
autour de Jérufàlcm étant forr profondes & fort
reUcrrces entre les montagnes, elles étoient aulli
fort oblcures, ou parce que les eaux étoient trou-
bles & boueulés. En S. Jean, XVIII , i , le
texte grec l'apipelle /e torrent des Cèdres , t<3» yA^i,ù„ ,
au lieu de t« xs^plv. Grotius foutient cette leçon ,
& la préfère à celle du latin -, mais il fe trompe , |
c'ed une erreur de copifte. Elle s'eft auflTi gliffée
dans les Seprante , 11«= des Rois , XIII , 4 ,des Rois
XXIII,^, 6, &c. Mais dans le IP Livre des Rois
XV, 25 , & ailleurs, la vraie leçon s'efl; conlervée
dans les bons exemplaires. Foye^ fur ce torrent
de Cèdron le Voyage de la Terre-Sainte du P. Nau,
Jéf. L.n, C. I, &CL.IF, C. 17.
CEDULE. f. f. Petit morceau de papier où l'on écrir
quelque chofe pour fervir de mémoire. SckeduUi,
On donne aux Régens des cédules où font écrits
les noms des caufeurs , &: de ceux qui n'ont pas
fait leur thème. Ailleurs le mot de cedule eft moins
en ufage que ceux de promejfe Se de billet.
*» Ce mot vient du grec Tyjh , qui lignifie Vécorce
des tilleuls fur laquelle les Ahciens écrivoienr.
Cédule , en termes de Banque , eft un- motceau de
papier où les banquiets Se les marchands écrivent
leurs promellès , lettres de change Se refcriprions.
Chirographi caiitio , fyngrapha , fyngraphis. Cedule
banqniere, eft l'obligation d'un Banquier de Rome
qui promet acquitter la Ibmme du rachat d'une
■ penfion créée fur un bénéfice. On le dit aulli des
autres billets , promeHés Se reconnoifîànces qui le
font fous feing privé. Même on le dit des minutes
d'obligation quand on les garde par devers foi :
& c'eft en ce fens qu'on dit , plaider contre fa cé-
dille -, pour dire , conrre fon écrir , fon obligation.
On l'appelle auffi chez plulieurs Marchands, police,
à caufe du mot efpagnol polira , qui lignilie la
même chofe.
^CT II y a cette différence enrre cédule , Sillet ou
promejfe , & obligation , que la cédule eft fous feing
privé ■■, d^ l'obligation , pardevani Noraire : ainfi elles
ont des effets différeaa
^3" Le créancier d'un limple billet n'eft que créancier
chirographaire. Et le créancier en vertu d'une
obligation , eft créancier hypothécaire.
§3* Déplus on n'ajoute point foi aux billets fous
feing ptivé, qu'ils ne foient reconnus Se on n'a
aucun égard à leur date.
On appelle en termes de Pratique , une cédule
évocatoire , la lignification qu'on fait à une partie ■-,
pour avertir qu'on veut faire évoquer , Se renvoyer
le procès qu'on a contre elle en un autre Parle-
menr , à caufe des parens , Se alliances qu'elle a
au lieu où l'inftance eft pendante. Tranjlatitia iitis
diploma , injlrumentum.
CEE.
CEHR. f. m. Poids tout enfemble Se mefure , dont
on fe fcrt fur la côte de Corpmandel,
C El
CEP.
tfF CEFALONIE Voyei Cephalonis.
Ip- CEFALU ou CEFALEDI. Ville de Sicile, daas
la province de Dcmonc, fur la côte de l'Ile, avec
n Evêthé fuffragant de Mellme.
C E G.
IP" CEGINUS. Terme d'Aftronomie. Etoile fixe de
la troifième grandeur , dans l'épaule gauche du
Bouvier.
CEI.
CEIGNANT, ANTE. adj. ôe part, du verbe cfi;:^^^.
Prononcez ing comme une feule n mouillée , ou
comme Vn con tilde des efpagnols ; Se comme dans
le mot françois Seisneur ; Se ainfi des autres temps
ou perfonncs du même verbe qui s'écrivent pat
eing i Se que l'on indiquera au verbe Ceindre.
Ceignante, f. f. Terme d'Anatomie. Cingens. C'eft le
nom que l'on donne à la douzième vertèbre du dos ,
à caulc qu'elle eft placée à l'endroit où l'on porte or-
dinairement lac'einture.
îfT CEILA, Ville de la Paleftine , dans la rribu de
Juda, à dix-fept milles d'Eleutlieropolis du côté
d'Hébron , félon Eufcbe, à huir milles d'Hébron,
félon S. Jérôme.
CEILAN ou CEYLAN. Le P. Bouhours écrir roujours
ainfi. Ceilanus , Ceilania , Taprohana, Ile de l'Océan
oriental , fituée au levant méridional de la pref-
qu'île de l'Inde, deçà le Gange, entre le me &
i:.Y degré de longitude. Se entre le 6^ Se le 10*
,dc latitude au nord , dit Maty. Mais félon les Ob-
fervarions du P. Noël , Jéfuire , cette longitude
eft faufle de plus de 20 degrés. Car , félon lui ,
Trinquemale , ville à l'orient de l'Ile de Ceilan,
diffère du méridien de Paris, qui eft au ic-' degré,
de 8id 8' 15", Se par conféquenr cette ville de
Ceilan , Se la côte orientale de l'Ile eft au loi*
degré 15 fécondes. Elle n'eft féparée du Continent
de la côte de Coromandel , Se de celle de la pê-
cherie , que par le détroit de Chilao , ou de Ma-
nai , qui eft fort étroit , Se fi peu profond , que
quelques Aureurs écrivent que les éléphans le palTenr
à gué. Elle eft pleine de montagnes fort hautes,
principalemenr vers le milieu. On y voit en plu-
fieurs cndroirs plulieurs forêts fi cpaiflès , qu'elles
font impraticables. Le refte du pays , qui eft bien
cultivé, eft fort ferrile en toutes fortes de fruirs,
figues, raifins, grenades , oranges , limons, cirrons ,
lucre , tabac , Se principalemenr en riz Se en caneile,
dont il y a des bois entiers. On y trouve au/îi du
gingembre &i du cardamome. L'Huillier, dans fon
Voyage des Indes , dir qu'on y cueille aulfi le
girofle , la noix mufcade Se du poivre, que l'odeur
du giroHe eft fi forte , qu'elle le fait fentir dans
toute l'Ile , Se même à quelque diftance en mer.
Mandell©, plus croyable, dit que c'eft la canellc
qui porte fon odeur bien avant dans la mer. Il y
a aulfi beaucoup d'aréca , dont les habitans font
un grand commerce. On y trouve des pierres prc-
cieufes , Se l'on y pêche des perles. La pêche s'en
fait depuis l'onzième Mars jufqu'au vingrième d'A-
vril. L'Ile de Ceilan nourrir des bœufs , des brebis^
Se fur-rour une grande quanriré d'éléphans fauva-
ges Se domeftiques, qui ne font pas fi grands que
ceux que l'on rire de la terre ferme, mais qui ont,
dit-on , plus de courage Se de docilité. Les Hol-
landois les vendent aux Maures Se aux Perfans,
Se en tirent un grand profir. Schoten dit qu'il y
a des fatyres , dont nous patlerons au mot Saty- ■?
RE. Il y a aulfi un nombre prodigieux de finges,
Se de guenons très-incommodes , & qui défolent
tout le pays.
En 1505, les Portugais , fous la ^conduite de
Laurent Almcida , abordèrent en cette île. En i y 17 ,
ils curent permilfion de faire des retranchemens
C Eî
CEI
autour de l'endroit où ils s'étoient portes. Ces
retranclrcmens ie cliangèrent bientôt en forterefles.
C'eft ainii que Colombo fut bâtie. En 1597 , le
Roi de nie étant mort fans cnfans, déclara le Roi
de Portug-al fon héritier. En iiîz3, leRoideGan-
dy ou Candy , leur fit la guerre ; mais ayanr été
défait & vaincu, il fut obligé en i(>5i , d'accepter
ia paix, à condition de payer tous les ans un tribut
de deux éléphans. En 1659 , fon fils recommença
la guerre. Les Hollandois allèrent à fon fecours.
La guerre dura jufqu'cn i(î44 , que l'on fît ime
trêve de huit ans. La guerre ayant recommencé
en i<^$S, les Hollandois chaffcrent les Portugais,
Si. ils font maintenant les feuls qui y commercent.^
Avaiit que les Hollandois fuflent dans cette Ile ,
on la divifoit en cinq Royaumes principaux; ceux de
Trinquemalc , de Baticalo & de Jala , ou Yale , vers
le Levant ; &c ceux de Ceitavaca & de Candex , vers
le couchant. Aujourd'hui on ne la divife qu'en trois
parties principales. Prefque roures les côtes ap-
partiennent aux Hollandois, On y joint les Iles de
Jaffanapatan , de Manar & de Calpentin. C'efl la
première partie, dont la principale contrée efl: le
Canneland , ou pays de la canelle,& la ville capi-
tale Colombo. La féconde partie eft le Royaume de
Candea vers le midi -, & la troilîème le pays de
Wanny au nord.
On croit que l'Ile de Céïlan efl: la Taprobane
des Grecs & des Romains. Les Romains la nom-
ment Tiranifm, c'eft-à-dire, T er m de délices 1 & ils
croient que c'a été le lieu du Paradis Terreftre. I!
y a une fort haute montagne , à laquelle quelques-
uns donnent fept lieues de haut , & d'autres feule-
ment deux, que l'on nomme le Pic d'Adam, parce
que tous les Habitans difent qu'Adam y a été enterre.
Quelques Auteurs prétendent que Céi/an efl; l'Ophir
de Salomon. Les Hiiloriens de l'Ile de Céi/an font
Mandeflo, Voyage des Indes, Liv. H; Jean Ri-
beyro , Hi(loire de Vile de Céilan ; Robert Knok ,
Relation du Voyage de l'île Céïlan ; Gauthier Schou-
ten , dans fon Voyage aux Indes Orientales. Voye?
au/Ti le VP Recueil des Lettres édifiantes & curieu-
/es, pag. 79- ,
Wicqfort , dans fa Traduélion de Mandeflo , dir
Ceylon ou Zeylon , mais mal •, l'ufage efl; de dire
en notre langue Céïlan. Mary le fait tantôt mafcu-
lin , & tantôt féminin , difant le Céïlan Hollandois ,
& la Céïlan Hollandoile. Ni l'un ni l'autre n'eft auto-
rifé par l'ufage^. On ne dit guère Céïlan feul , on y
joint le nom île. L'île de Céïlan efl grande , eft
fertile , eft abondante en canelle , & non pas ,
Céïlan eft grand , ou grande , fertile , &c Les Ara-
bes l'appellent Serandib \ & d'Herbelot a remar-
qué que ^les Géographes Orientaux , en parlant
de cette île , ne font aucune mention de l'arbre
de canelle , qui ne croît que dans cette Ile ,
foit , dit -il, qu'il ne s'y" trouvât pas encore de
leur temps , &: qu'il y ait été tranfporté d'ailleurs ,
comme de la Chine ; ce qui a fait donner à cet ar-
bre le nom de Dar Tchin en orient , mot qui iigni-
fie Bois de la Chine \ ou qu'il faille entendre cet
arbre, fous le nom de Nargil , dont ils parlent.
CEILANOJS , OISE. f. m. & £ Qui eft de l'Ile de Céï-
lan, Les Mémoires de Trévoux, ijiï ^ pag. 106^,
difent : Les Céïlanois ont la peau noire , & font de
petite taille j ils font adroirs & fpirituels ,& fi on en
croir notre Auteur , (Schouten) il n'y a point de peu-
ples aux Indes plus civilifés qu'eux \ mais cela n'em-
pêche pas qu'en comparaifon des Européens , ils ne
paroiffent barbares & féroces. Mais d'autres difent
qu'on ne parle point ainfi , & qu'il faut dire Chin-
gulais, '_ Voye^ ce mor.
ffj" CEINDRE. V. aét. Cingere. Je ceins, nous cei-
gnons , je ccignois , j'ai ceint , je ceindrai , que je cei-
gne. Entourer, environner. On ceint une ville de mu-
railles , de fofles. Cingere nrbem mccnibus ,fofifâ. On
ceint un parc de murs , de haies vives.
^CT Ceindre l'épée à quelqu'un, C'eft lui mettre l'é-
pée au côté.
54
^fT Ceindre fon corps, fes reins -, fe ceindre le corps ,
les reins, c'eft les ferrer avec une ceinture ou quel-
qu'autre chofe. Les Juifs étoient obligés de ceindre
leurs reins, & d'être debout, quand ils mangeoient
l'Agneau Pafchal. Le Roi ceint l'épée aux Gentils-
hommes , quand il les fait Chevaliers. Le grand
Muçhù ceint l'épée au Grand-Seigneur, ce qui eft
comme la cérémonie du Sacre des Rois parmi les
Chrétiens. Du Loir , page 6^.
On le dit aufïî des couronnes , ou autres marques
d'honneur , dont on environne le front. Il eft ceint
d'un bandeau royal , d'un diadème. Sa tiare ctoic
ceinte d'un bandeau de pourpre. Vaugel,
0CT Ceindre ( fe ) le fronr d'un diadème, c'eft fe mettre
une couronne fur la rcte,
ffT Dans le ftyle noble & foutenu , en parlant d*un
Conquéranr , on dit que la Viâ:oire lui a ceint le
front de lauriers.
Et ton front cette fois
Sera ceint de lauriers qu'on ne vit jamais luire
Sur la tète des Rois Malh.
IJCF Le Poète auroit pu trouver un mot plus propre
que luire.
03° On dit poétiquement ceindre la couronne , la
thiare , pour parvenir à la Royauté -i à la Papauté.
Ceint , einte , part.
CEINTES, f fi Terme de Maririe. On dit aufTi chain-
tes , carreaux ,préceindes , ou per ceintes ^ ou liff'cs.
Ce font des rebords ou efpèces de cordons qui
régnent au pourtour du navire , , dont les trois pre-
mières d'enbas fe nomment particulièrement /riicw-
tes , &: les autres au-defl'us carreaux de liffe. Navis
toronœ. Ces pièces fervent à donner la grâce & la
rondeur au pourtour du navire , auffi bien qu'à le
fortifier, & à marquer la divifibn des tillacs ,"&: font
le même effet au vaiflèau, que les plinthes aux fàcadeS
des bâtimens fur terre. La première fe place à cinq
pieds ou environ au-deifous du premier fabord à
l'endroit du maître bau. La deuxième eft parallèle
& diftante de la première de 18 à zi pouces, & les
aurres de même.
CEINTRAGE. f. f. Terme de Marine , fe dit généra-
lement de tous les cotdages qui ceignent, qui lient
ou qui environnent les vaiffeaux. Fuues quibus cin."
gitur ac religatur navis.
gcr CEINTRE. Voyei Cintrer.
gcr CEINTRER Voyei Cintrer.
CEINTURE, f. f. Efpèce de lifière , de différentes ma-
tières , qu'on met autour des reins pour les ferrer,
Cingulum , cingulus , ^ona. IJCF L'ufage des ceintures
eft fort ancien. Celle que Dieu commanda au Grand-
Prêtre des Juifs de porter , ctoit un tiffu de fil d'or ,
de pourpre , d'écarlate , de cramoifi & de fin lin
retors. Lorfque les Juifs célébroient la Pâque, ils
avoient àt% ceintures autour de leurs reins, fuivanc
l'ordre qu'ils en avoient reçu de Dieu. J. C. envoyant
les Apôtres prêcher l'Evangile , leur défend de por-i
ter aucun argent à leurs ceintures : neque pecuniam
in lonis veftris : la bourfe tenoit à cette ceinture.
^ Les Pvomains portoient toujours une ceinture qui
leur fervoit à retrouffer leur robe quand ils vou-
loientagir. Cette coutume étoit fi générale, que ceux
qui n'avoient point de ceinture, Sc qui laiffoicnt
traîner leur robe , palToient pour des gens oififs &C
voluptueux. Dac. De-là les exptefTions latines , dif-
cinclus , &: altè cinclus , un homme indolent , SC uri
homme alerte, aélif.
§3" L'ufage des ceintures a été aufïî fort commun chez
nous ; mais les hommes ayant cefTé de porter des
habits longs, & la mode des paniers & des robes
lâches s'érànr introduire pour les femmes, la cein-
ture eft demeurée aux premiers Magiftrars , aux gens
d'Eglife , aux Religieux, & à quelques femmes
feulemenr. . .
?CT L'aube du Prêtre fe ferre avec une ceinture de fil
ou de foie. Cette ceinture eft le fymbole de la chaf«,
544 CEI
te-c • celle qu'il porte patdeirus fafoutane & celle
dc^ Ma^iftrats , cil un large ruban de io.e noue
r^ La défenfe de porter la ceinture étoit autretois
%ne tache d'ignominie. Les Ce.iionnaues ctmen
obli^-cs de quitter leurs ceintures en Julhce. L.ette
coutume venoit de ce que nos ancêtres ^voient ac-
coutumé de porter à leurs ceintures tous les uiltru-
„cns néceflaires pour l'uftge ou pour la conferva-
t.on-des biens , comme la bourfe , les clefs , &c en-
forte que la ceinture étoit le iymbole des biens.
L'Hiftoire remarque que la veuve de Philippe I,Duc
de Bourgogne, renonça à la fuccenion, & depola
fa ceinture fur le tombeau du Duc. i asq.
Ceinture de Vierge ou de Virginité. Cétoit une cou-
tume chez les Grecs & chez les Romains, que le
limier foir des noces le mari dénouoit la ceinture
de la fille qu'il avoir époufee. Homère , Av. XI de
vndviïee , appelle cette ceinture Trapienv» ^<>'.m,Uin-
turei >■//.. Feftus dit que la nouvelle mariée por-
toït une ceinture qnc le niari lui denouoit dans
le lit , & qu'elle étoit faite de lame de brebis.
Cette ceinture, ajoute - t - Û , etoit nouée du
nœud d'Hercule, & le mari defaifoit ce nœud pour
un bon prcfage, afin qu'il fût heureux en enfans ,
comme Hercule l'avoir été , qui laifla, lorfqu il mou-
rut, foixante-dix enfans. Confultez Mczinac dans
fon Commentaire fur la Lettre de Philis aDcmophon.
«"Kr On appelle aujourd'hui ceinture de virginité
Sum;2«r/virginale,uninftrument injurieux au fexc,
imaginé parle démon de la jaloulie, dont les maris
fe fervent pour s'aflurer de la fagefle de leurs fem-
mes. Cette ceinture eft fermée par un cadenas dont
le mari feul a le fecret. Les Poètes attnbuoient a
Vénus une efpèce de ceniture qu'ils appeloient cejtc.
Cekus Ils y attachoient le pouvoir d'inlpircr de
l'amour , & de charmer les cœurs. Foyei Ceste.
C'eft dans ce iens que Boileau a dit :
On dirait que pour plaire , injlruit par /a nature,
Homère ait à Vénus dérobé fa ceinture.
Ceinture de Venus eft auHfi un terme de Chiro-
■ mancie. Il fi^^nifie la lii^ne de la main qui commence
entre le fécond ^ le troificme doigt, qui traverfe
le mont de ces doigts , & va en forme de demi-
cercle , finir vers le petit doigt. , . - .
Ce mot vient du Latin cinclura , ou de cinctorium.
On trouve dans la baflb Latinité cinta , pour dire en
srcnéral un cercle, un tour , amhtus , circiatus,dç
cimo, cinclum ; & il eft fur -tout très - fréquent ,
poiu fi-nifier le tour des murailles ou des foflcs
d'une ville, félon la Remarque des Jcluites d An-
vers , Acla. SS. Mart. Tom. II, pag. 16$, C.
Ceinture A e'Angloise, eft """^P^^,^ ,^1^, f /'^•f';"
jufte, dont on fe fert pour porter 1 cpee, ii///«.r, .
cingulum , balteus , balteum.
Ceinture de Mercure. Terme de Médecine. G eft
■ une ceinture faite de drap empreint de mercure , ou
dans laquelle on enferme du mercure quon pré-
pare de différentes façons -, quelquefois la ceinture
eft de cuir ou de toile de coton , frc. Ce remède
a quelquefois de bons effets-, mais û eft^ dangereux
pour ceux qui font foibles , ou iujets a avoir des
convulfions. On emploie ce remède pour guérir la
o-ale , chafler la vermine , tuer les poux, bntre les
remèdes monftrueux dont les Empiriques ont gâte
la Chirur'^ie, pour le malheur des Malades , la cein-
ture de mercure n'c^ pas la moins en vogue parmi
levulaaire. FABRicius,citc & traduit par Dcgory.
-f^ On appelle quelquefois cette ceinture, cein-
ture de fageffe , Cingulum fapienticz.
Ceinture fe dit auff. de l'endroit du corps où l'on
met la ceinture. Renés. Quand on fe baigne en cet
endtoit4à, on n'a de l'eati que jiifqu a \^ ceinture.
Scarron a dit des Héros à l'égard des Geans :
Et ne vont pas à /^ceinture
De ceux dont je fais la peinture.
CEI
fCT Ceinture fe dit aufli du bord d'en-liaut d'un
haut-de-chaulîe, d'une jupe. Faire élargir, faire
rétrécir la ceinture d'une culotte, d'une jupe.
Chez les Maîtres de danfe , en parlant de la
difpofition du corps, de l'air, de la manière de
porter le corps en marchant , en danfant : on dit,
la ceinture d'en haut , la ceinture d'en bas , pour
dire la partie du corps qui eft depuis la ceinture juf-
qu'en bas. . . r
Ceinture de la Reine eft un droit fort ancien qui
fe lève à Paris de trois ans en trois ans , qui etoit
d'aboid de trois deniers pour chaque muid de vin ,
& de fix deniers pour chaque queue. Fe&igal tertio
quoque anno pendi folitum , ex yino domefiicum
Re^nnce fubfidium. Il étoit deftiné à l'entretien de la
mahbnde la Reine. On l'a depuis augmenté, & on
l'a étendu fur d'autres denrées , comme lur le char-
bon, &c. On l'appeloit autrefois la taille du pain ù
du vin , comme il fe voit par les Regiftres de la
Chambre des Comptes de l'an 1339.
Vio-enere croit que le nom de ce tribut pourroit
avoir^été pris de ce qu'autrefois les ceintures fer-
voient de bourfes , de forte que ceinture de la Reine
fio-nifiât la même chofe que Bourfe de la Reine ,
comme fi ce tribut s'étoit levé pour la bourfe de la
P.cine. Mais,ajoute-t-il,il y a plus de deux mille
ans qu'on levoit en Perfe un pareil tribut , & qui le
nommoit du même nom, comme témoigne Platon
dans l'Alcnjiade , Ciccron après lui , & Arhenee au
Liv I. desDeipnofophiftcs,ce:quin'empehe point
que cette étymologic ne puiffe avoir heu. Aiinot.
furTite-Live, Liv. I, Tom. I , pag. 9^6. ^
Ip- On lève en Angleterre un impôt a peu près fera-
blable qu'on appelle aurum Regin<z , or de la Régine.
Les Chrétiens de la ceinture. Motovakkelc , X Ca-
life de la Maifon des Abaflides, obligea les Chrétiens
& les Juifs l'an z 5 5 de l'égire 8 5 (î de J. C de porter
une Ux^rQ ceinture de cuir, qu'ils portent encore en
effet dans l'Orient. Depuis ce temps les Chrétiens
d'Afie , & principalement ceux de Syrie 6c de Melo-
potamie , qui font prefque tous Neftoriens ou Jaco-
bites , s'appellent les Chrétiens de la ceinture,
L'Ordre de la Ceinture. Voye^ au mot Corde-
lière. L'Ordre de la Cordelière.
Ceinture fis^nifie quelquefois , enceinte. Ambitus,
circuitus.ijnz ceinture de murailles, de tofles. Un
le dit aulli du cordon de la muraille.
Ceinture s'eft dit enPocfie, des bandes & des cer-
cles qu'on imagine dans le Ciel, comme font les
zones , le zodiaque. Zona.
Etde-là traverfant cette ardente ceinture.
Qui d'un feu tiède & clair couronne la nature.
^ P. LE M.
Ceinture. Terme de Boulanger. Les Boulangers K
P.itilliers appellent la ceinture de leur tour, ce tour
intérieur de fa cavité , où la chapelle & 1 atre
s'uniffent. , ^i • • /-■•
Ceinture d'Hildanus. f. f. terme de Chirurgie. Cm-
sulum Hildani. C'eft une ceinture de cuir dont on
% fert nuelquefois dans la réduaion des luxations
& des fraaures des extrémités fupéneures & infé-
rieures, pour tirer la partie en droite ligne. I?;f7.
de Col. de Villars. ^
Ceinture , en termes d'Architedure , eft un anneau,
un orle, ou un lireau qui eft au haut , & au bas du
fût de la colonne, qu'on appelle autrement £/i:^p..
Baheus. On appelle auffi ceinture de la volute
Ionique , ce qu'on appelle autrement Echarpe
I^CFCeinture fe dit encore de certains rangs de feuilles
de refend de métal pofées fur une aftragale en ma-
nière de couronne , qui fervent autant pour Icpa-
rer fur une colonne torfe , la partie cannelée d avec
celle qui eft ornée, que pour cacher les joints des
jets d'une colonne de bronze , ou les tronçons
d'une colonne de marbre. Baheus.
On appelle auffi ceinture funèbre , autrement ,//-
tre, use bande noire, que les Patrons des Eghles^
C P t
V> JU/ XîJ
ou les Seigneurs Hauts- Jufticiers ont Hroît de fiire
peindre dedans & dehors les Eglifes , & de la chai-
ifer du blalbn de leurs Armes pour honorer la mé-
moire des Fondateurs dont ils font delcendus , ou
dont ils ont les droits. Tania funebris, C'eft un
droit honorifique.
On dit proverbialement, qu'une perfonne efi:
toujours pendue , toujours attachée à la ceinture
d'une autre; pour dire , qu'elle efi: toujours avec elle.
On dit auflî, que bonne renommée vaut mipux que
ceinture dorée; pour dire que l'eftime qu'un homme
s'efl: acquifc dans le monde vaut mieux que les mar-
ques extérieures qu'il aifcfteroit pour faire paroître
ion mérite. Cela vient de ce qu'autrefois il n'étoit
permis _qu'aux honnêtes femmes de porter des cein-
tures dorées. Par Arrêt du Parlement de Paris rendu
en 1446', il fur défendu à toute femme de mau-
vaife vie de porter la ceinture dorée. D'autres difent
que ce proverbe iîgnifie, qu'il vaut mieux acquérir
de la réputation dans les aélions militaires, que de
vivre dans la paix & dans la robe , à caufe que les
gens de robe portoient des habits longs, & étoient
obligés d'avoir des ceintures ; au lieu que les gens
de guerre portoient des cottes d'armes qui n'étolent
pas ceintes , parce qu'elles croient légères 6c vo-
lantes.
CEINTURE , EE , adj. Qui porte une ceinture ou une
ccharpe. Le Comte de Guiche étoit ceinturé. Ma-
dame DF SÉviGNÉ. Ce mot eft nouveau, & n'a pas
fait fortune.
CEINTURETTE. f. f Terme deChafle.Ge mot n'efl
en tiiage que pour fignifier une petite bande de cuir
qui entoure le cor de chalîe. La ceinturetie cfl: large
d'un doigt , & ordinairement rouge.
CEINTURIER , 1ÈRE , f. m. & f. Celui qui fait & qui
vend des ceintuies & des baudriers. On appelle à
Paris ce corps A'kïû(z.x\s,Ceinturiers-Baudroyers.
IJCT On les appeloit ànuefols Maîtres -Courroyenr s ,
du m.ot Courroie , parce qu'ordinairement les teintu-
res étoient de cuir.
CEINTURON, f. m. Ceînrure de cuir, de foie, ou
d'autre matière, à laquelle on attache! des pendans
pour pader une cpée. Cingu/um militare , halteus.
Ceinturon de foie , de maroquin.
C E L.
CËL. pronom mafculin. On le difoit autrefois pour
ce. Hic.
Cel Chevalier de [fus cel charme. Pi.Kciy,
CELA. Pronom démoni1;rarif & indéclinable , qui fc
dit d'une choie qu'on montre , ou qu'on prélenre , &
qui n'a point de pluriel. Hœc res , ea res.
|CF Cela cfl; bien -, cela me fait plailîr -, ne me parlez
point de cela.
^fF On remarquera que quand ce pronom va feul , &
fans oppofition à ceci , il a la même lignification ,
c'efl:-à-dire , qu'il défigne iine chofe qu'on rient ou
qu'on montre. Que penfetîez-vous de cela ^ Cela eft
fort beaUi
§Cr C'eft tout le contraire quand on l'emploie par
oppofition à ceci , & il déligne alors une choie plus
éloignée. Cela eft plus Iblide , ceci eft plus élégant -,
je ne veux point de ceci , donnez-moi de cela.
fc? On dit ironiquemenr , en parlant d'une action que
l'on condamne; cela eft bon; & familièrement en
parlant de quelqu'un qu'on a vu enfant; je vous ai
vu que vous n'étiez pas plus grand que cela , parce
qu'alors la main de 'celui qui parle, montre la pe-
tite taille qu'il veut déligner.
Cela ledit quelquefois pour lîgniner, cet homme,
mais dans le ftyle lîmple & familier. Is , ifle. Cela
ne fait que jouer. Cela ne fait que jurer. Vaug.
BouH.
CELADON, f. m. Couleur verte , mêlée de blanc ,
ou qui tire fur le blanc. Color thalajjinus ex viridi
albicans. La peluche de, cette anémone eft ce/a^w.
Le céladoji eft un bleu vcrdâtre , on vert bleuâtre.
Ce mot eft un véritable adjedif pris fubftantivement,
Toms //,
EL
HT
CÉLADON-, eft au/Ti un nom propre de Bero-er. Oti
rrouve fouvent ce mot dans les Eclogues ,° & les
Idylles des Poètes,
%fy On dit d'un homme à beauJc fentimcns , en ma-
tière de galanterie , que c'eft un Céladon.
^ CELAMA.Ville des Indes dans l'Ile de Banda ji
l'une des Moluques.
^fT CELANO. Celanum. Petite ville avec titte de
Comté dans l'Abruzze ultérieure , au Royaume de
Naples, fur le lac du même nom, ou pour parier
plus exaétement, près de la fource d'une petite
rivière qui rombe dans ce laC, à deux milles &
demi du lac.
CELANTES. Mot technique ou artificiel , que Tori
donne en Logique au fécond mode indireét de la
première figure des fyllogifmes. Celantes. 'Lts fyllo-
gifinesen celantes.v^z diffèrent des fyllogifmes en
celarent qu'en ce que dans ceux-là la conclufioa
eft renverfée, & que l'attribut en eft le véritable fujet.
Tous les maux pafTagers ne font point à craindre.
Tous les maux de la vie préiente font pafTagers ;
Donc nul des maux qui font à craindre , n'eft\m mal
de cette vie.
CELARENT. Terme artificiel que l'on donne en Lo-
gique au fécond mode direét de la première figure,
CeLirent. Un argumenr en celarent a la majeure uni-
verfelle négarive , la mineure univerfelle affirma-
tive , & la conclufion comme la majeure , & dont
le moyen terme eft le Itijet dans la majeure j & l'at-
tribut dans la mineure.
Nul pêcheur impénitent ne doit s'attendre d'être
faùvé.
Tous ceux qui meurent après s'êtie enrichis des
biens de l'Eglilc , fans les avoir reftitués, font
des Voleurs impénitens.
Donc nul d'eux ne doit s'attendre d'être fauve.
CELATE. Vieux mot , qui veut àltcfalade , heaume ,
Cafque. Galca. Borel croit que les cafques ont été
appelés celâtes à cœlatura , à caufe des figures d'a-
nimaux &: d'autres chofes qu'on mettoit fur les
cafques.
|Cr CELEBES. ( Ile de ) île de la mer des Indes ,
fous l'équateur , qui la coupe en deux parties in-
égales , entre les Philippines au nord , les Molu»
ques au Icvanr & au midi & l'Ile de Bornéo au
couchant. On lui donne 100 lieues de longueur
&c 6% de largeur. Il y avoir auttefois fix Royau-
mes dans cette Ile : elle n'en contient plus que deux,
celui de Celebes vers le feptentrion, & celui de
Macadar vers le midi.
i)Cr Les habitans étoient autrefois anrropophages Si
idolâtres. Quand quelque habitant des Moluques
étoit condamné à mort , le Roi de Ternate l'en-
voyoit dans l'Ile des Celebes , afin que ces Sauvages
le tuaffent & le mangeaffent. Ils ont embrafïe le
jVlufulmanilme.
CÉLÉBRANT, f. m. Prêtre, ou Prélat, qui dit k
Méfie, qui officie. Reifacrœ mini/ler.
CELEBRATION, f. f. Aélion de célébrer. Célébra*
tio. Il faut fe tenir dans le refpeét pendant la cé-
lébration de la Mede, On délivre des certificats
des célébrations des mariages. On dit auffi , la cé-
lébration d'un Concile. La célébration d'une fête»
de l'Office divin.
CÉLÉBRATION fe dit aufïl des jeux S/, des combats
athlétiques des Anciens. Les chaleurs qu'il faloit
elfuyer dans la célébration des jeux mettoient la
patience des athlètes à une rude épreuve. Acad».
^DES B. L.T.I, Mém. p. 21^.
CELEBRE, adj. m. f Qui eft en réputation. Ce/f^«r ,
celebris. Un Avocat , un Prédicateur célèbre. Une
hiftoire cc/t/^re. Une Foire ce7<;/^re , bien fréquentée.
|tCr Rien n'eft plus ordinaire que d'employer indif.
fércmment les mots célèbre , illuftre, fameux , re-
nommé-, bc tous nos Diiftionnaites nous les don-»
nent comme fynonymes. Cependant , quoique tous
ees termes i1:iar^uent l'opinion (^ue les hommes onî
Xx
J46
CEL
conçu de nous , ou la réputation , ils ont tous leur
idée propre qui les caraiîlctiie.
^CT Celchre ne ic dit que de celui qui a acquis de
la réputation, fondée fur un mérite de talent ou
de Icience , qui fans le placer dans le grand , &
lans emporter l'idée de dignité , tait néanmoins
honneur au fujct. Il y a des Auteurs ccidrcs , qu'il
n'cft pas permis de blâmer , même dans ce qu'ils
cnt de blâmable, fans faire courir- beaucoup de
rifquc à fa propre réputation.
^fT lllujîre marque une répuration fondée fur un
mérite accompagné de dignité &: d'éclat , qui fait
non-feulement connoîtte, mais encore èftimcr le
liijet , & le place dans le grand. Les Princes bril-
lent pendant leur vie , mais ils ne l'ont illiijires
dans la poftérité que par les monumens de gran-
. deur, de fagcife &: de bonté qu'ils laifîent après
eux. Les hommes illulhes : on comprend fous cette
dénomination les Miniftres , les Capitaines , les
Magiftrats diiHngués, même les Gens de lettres
qui joignent des dignités au mérite littctairc.
^fT Fumeux ne défigne que l'étendue de la réputation ,
fondée fur une fimple diftinélion du commun qui
fait parler du fujet dans une vafte étendue de con-
tréesSc de fiècles, foit que cette diftinétion fe prenne
en bonne ou en mauvaife part. Eroftrate brûla le
temple d'Ephèfe pour fe rendre fameux. Il y réul-
lit , par la defenfe que les Juges firent de pronon-
cer fon nom.
I^CF Renommé offre l'idée d'une réputation , fondée
fur la vogue que donne le fuccèt ou le goût public,
qui fans procurer beaucoup d'honneur au fujet ,
rend fon nom connu dans le monde. Il feroit prcf-
qvie fynonyme à fameux , s'il fe prenoit en bonne
& en mauvaife part. Il paroît outre cela marquer
une réputation moins étendue. Les Gobelins ont
été des teinturiers fi renommés que leur nom eft de-
meuré au lieu où ils travailloicnt & aux ouvrages
que d'autres ont continue après eux. Les vins de
Champagne , Bourgogne , font renommés. Il fufEî
d'être renommé dans un art, pour faire fortune.
03" Fameux , célèbre & renommé fe difent des per-
fonnes & des chofes. lllujîre ne s'applique qu'aux
perfonnes , du moins quand on veut être fcrupu-
leux fur le choix des termes,
' ^fT Illufire , célèbre , renommé fc prennent toujours
en bonne part. Fameux en bonne ou mauvaife part.
\Jn fameux Capitaine , un fameux Voleur, fi l'on
dit un homme célèbre par fes crimes , comme on
le trouve dans le Dièlionnaire de l'Acad. Fr. &c
même ailleurs , c'efl: un abus de terme. Fameux eft
le vrai mot. yoyei les Synonymes de M. l'Abbé
Girard.
Célèbre fe dit aufïî de ce qui fe fait avec cérémonie
&: folennité. On fît une célèbre fête au facre , au
mariage du Roi.
CÉLÉBRER, v. a. Honorer quelqu'un par des louan-
ges , par des monumens , fêtes , infcriptions , ou
trophées qu'on fait en fon honneur. Celehrare. Les
Anciens ont cébébré la gloire de leurs Héros par
tous les moyens qu'ils ont pu imaginer. Alexan-
dre envioit le bonheur d'Achille, qui avoit trouvé
un excellent Poète pour célébrer fes louanges.
Vaug.
CÉLÉBRTR. , fignifie auflî , folennifer. Fefia colère ,
diem feflum agere. Il faut célébrer les grandes fêtes
avec plus d'éclat que les ordinaires. Les Payens
célébraient les jeux Olympiques tous les cinq ans.
Ludos celebrare.
CÉLÉBRER fe dit plus ordinairement des cérémonies
Eccléfiaftiques-, & on dit fur-tout, célébrer la Mefle,
ou abfolument célébrer , pour fignifier , dire la
Méfie. Facere , rem divinam facere. Célébrer la Meflè
dans le VHP fiècle , fignifioit fouvent y afllfter ,
& fe difoit des Laïques. Ainfi Sigebalde , Roi
d'Weftfex en Angleterre , dit dans une lettre à S.
Boniface, qu'en célébrant la Méfie il fait réciter
fon nom comme celui des Evcques d'Angleterre.
jC'eft qu'en latin, d'où cette exprefilon eft prife.
CE L
CeUhrare -, fignifie. hanter, fréquenter, fe trouver
en quelque lieu. Ainfi dans les bons Auteurs cele-
brare Jîlvas , celebrare templa , celebrare alïcujus âo-
mum , potentum limina , fignifie , aller dans les fo-
rêts ", être allidu au temple •, hanter la maifon de
quelqu'un , fréquenter les Palais des Grands. Mais
ce fens n'a point paflé dans notre langue , ou n'eft
point venu jufqu'à nous. On dit pareillement , cé-
lébrer un Concile -, pour dire , tenir un Concile.
CÉLÉBRER fe dit encore du mariage qu'on tait avec
toutes les folennités du Droit Civil & Eccléfiafti^
(]ne.' Célébrer des noces, les faire avec beaucoup
de magnificence & d'éclat. Agere folennem nuptia-
Tum diem.
C/iÉBRÉ , ÉE. part.
CÉLÉBRITÉ, f. ■ f. Solennité , cérémonie qui rend
une adtion célèbre. Celebritas. La célébrité des jeux,
La célébrité des noces. La célébrité des funérailles.
Ludorum , nuptiarum , funerum folennia. L'entrée
des Légats fc fait avec beaucoup de célébrité. Il
fe dit auiîi des perfonnes , & alors il fignifie , grande
réputation. Il a toujours eu beaucoup de célébrité,
La célébrité que donnne l'Hiftoire à ceux qui ont
cultivé la vertu , & l'infamie dont elle hôte les
fcélérats , font de pullfaùs moyens pour infpirer
l'amour de la vertu, & l'horreur du vice. Boss.
y^oy^e:^ Celf:bre.
CELEEMENT. adv. Vieux mot , qui veut dire, en
fccret. Clàm , fecreto , celanter. Il vient de celare ,
celer, cacher, Cvétion eft un accroiflement de ce
qui vient céleement. Traduct. des Instit. de
Justin. C'eft-à-dire, fans qu'on s'en apperçoive ,
infenfiblement.
CELENO. f. £ C'eft le nom d'une des Pleyades , filles
d'Atlas,
gCF C'eft aufiî le nom d'une des Harpies, fille de
Jupiter & de la terre , dont Virgile a donné la def-
criprion dans le troifième livre de VEneïde, Voyez
Harpies.
CELEP. f m. Liqueur, breuvage des Orientaux. Ils
le trouvent délicieux. Il eft fucré & ambré. Les Turcs
appellent cette liqueur ou plutôt cette boifibn
faleb. On la boit chaude , Scla racine de fatyrion en
fait la bafe.
CELER.. V. a. Tenir une chofe cachée, &fecrète,
§Cr n'en pas donner connoiflance , la taire, &
non pas la déguiler , comsne le difent les Voca-
buli'tcs. Celare, occultât e , tegere. Un bon Capi-
taine doit celer fes defléins à tout le monde. La na-
ture a bien des fecrets qu'elle a celés aux hommes.
La plus grande difcretion d'un Amant eft de celer
fon bonheur.
Soupirs d'autant plus doux qu'il les fallait celer.'
Racine.
La coutume des Perfes eft de celer le fecret avec
une fidélité merveilleufe. Vaug.
On dit aulli qu'un homme fe fait celer , quand
il fait dire qu'il n'eft pas chez lui , quoiqu'il y foit
efïèdlivement.
Celé^, éf. part.
CELÈRES. fi m. pi Celeres. Les Célères étoient un
Corps ou Régiment de la garde des Rois Romains
établi par Romulus , & compofé de trois cens jeu-
nes gens , choifis parmi les plus illuftres familles
de Rome , approuvés par les fuffrages des Curies
du peupiedonr chacune en fourniflbit dix. Ils étoient
toujours auprès de la Perfonne du Roi, pour le
garder & pour recevoir fes ordres &; les exécuter. A
la guerre ils étoient à l'avantgarde quand il faloit
donner le combat qu'ils commençoient toujours les
premiers , & dans la retiaite^ils fàifoient l'airière*
garde. Quoique ce fût un corps de cavalerie, ils
mettoient pied à terre, & combattoicnt à pied,
par-rour où la cavalerie ne pouvoir agir. Leur Corn-,
mandant s'appeloit Tribun des Célères. Tribunus
Celerum. Il fàifoient trois compagnies de cent maî-
tres chacuoe, qui avoit un Capitaine nommé Cqn'
/
C E L
turion. Leur Tribun étoit la féconde perfonne du
Royaume. Plutarque dit , dans la vie de Numa , que
ce Prince cafîà le Régiment des Ce/ères -.ii cela eft
vrai , il fut rétabli bientôt après , & l'on en trouve
encore fous les Rois fuivans, témoin le fameux Bru-
tus qui chaffa les Tarquins , & qui fut Tribun des
Ce/ères. Ro.'în. Aniii]. Rom, L. FUI , c. 4. Vigenere
iur Tite-Live, Tom.I, p. 1017, 1028, 1373.
Ce nom vient àe Celer , prompt, vite ;& il leur
fut donné , ou à raifon de leur promptitude à obéir
au Roi , ou à caufe que leur premier chef s'ap-
pela Celer , ou d'un autre Celer compagnon de Ro-
mulus, qui lui fut d'im grand fecours dans le com-
bat contre Remus , & qui tua ce Prince. On pré-
tend que c'cft eux que l'on nomma dans la fuite Tro/^
fuies, cro(fuli, parce qu'ils prirent feuls la ville de
Troffulumtn Etrurie, fans le fecours d'aucune in-
fanterie , ou pout quclqu' autre raifon qu'on ne fait
pas.
CÉLÉRET , ou COLORET. f m. Filet dont on fe
fcrt lut les côtes de Normandie.
CELERI, f, m. C'eft une efpèce de perfîl qu'on cul-
tive avec loin dans les jardins. Quelques-uns l'ap"
' pellent perfil de Macédoine. Apium Macedonicum.
Il eft le même que celui qu'on appelle perjil de
marais , en latin-, apium pali/Jire , Jiye ojjicinarum -,
mais par la culture il devient plus doux , &: de meil-
leur goût. '^fT On feme la graine de cilirl fur
-couche au mois d'Avril : on le replante au mois de
Juin , on l'arrofe fouvent.
^T On le blanchit en butant fes tiges de terre &
de fumier , juiqu'au haut des feuilles.
|tCF Le cclèr'i fe mange en ialade & entre dans plu-
iîeurs ragoûts. Ce mot nous eft venu des Italiens ,
qui nomment cette plante céleri ou fceleri.
tfT CELERIER. Foye^ Cellerier.
CÉLERIN. f. m. Nom d'homme. Celeriniis. Saint Cè-
lirin , Ledcur de l'Egliié de Carthàge du temps
de S. Cyprien, & ConfcHeur de J. C. fous Dcce ,
croit d'une race très-illuftre parmi les Chrétiens ,
6i ne doit pas être confondu avec un autre Con-
feflcur Celérin qui étoit à Rome dans le temps de
l'Eleftion du Pape Corneille , &: fe trouva engagé
dans le parti Novatien , qu'il quitta bientôt en fe
léunidant aux Catholiques.
Le peuple dit proverbialement d'un grand par-
leur, qui dit tout ce qu'il fait, & ce qu'il devroit
taire, que c'eft un faint Celerin. C'eft une froide
équivoque, pour exprimer un homme qui ne celé
rien. Le peuple prononce rin ou ren pour rien,
CÉLERIN. f m. Petit poilTon de mer , qui eft une
efpcce de fardinc. Il a le corps blanc & la tête
dorée.
ffT On trouve dans les lacs de Savoie un petit poif-
fon qu'on appelle auffi célérin à caufe de fa ref-
fcmblance avec le célérin de mer. On l'appelle en
ItiWe far dan elle.
CÉLÉRINE. f. f. Nom de femme, Celerina, grand'-
mere de S. Célérin , Diacre,
CELERITE, f f. Promptitude , diligence. Celeritas,
C'eft une affaire qui requiert aUrité, Il ne fe dit
guère qu'au Palais.
Cependant le P. Catrou a dit dans fon Hift, Rom.
Les Romains bâtiilênt des navires avec une célérité
capable de faire croire que leurs forêts font tout-
à-coup métamorpholées en galères,
|tC? CÉLÉRITÉ, Terme de Phyiîque. Voye:^ Vitesse
qui eft le mot propre.
Ce mot vient du latin celer , qui vient du grec
y.lxKa , curro,
CELESTE, adj. m. & f Qui a rapport au ciel , qui
appartient au ciel, qui vient du cie\.Cœ/eJiis.Lcs
coips célejles Ibnt incorruptibles. Les influences
ce/ejie's agifiént lut les corps fublunaires. Ariftote a
admis des intelligences celejies qui faifoient mouvoir
■ les aftres. Les Poètes appellent les aftres , les
celejies flambeaux. Notre ame a une origine celejle.
CEL
547
Que le plus coupable de nous
Sefacrifie aux traits du cclefte courroux. La Fon,
Céleste , ( Harmonie ) eft une harmonie que quelques
Philofophes fe l'ont imaginés être produite par les
aftres, & par leurs mouvemens , & que noire cloi-
gnement nous empêchoit d'entendre , comme Pla-
ton, Philon Juif, S. Auguftin, S. Ambroife, S.
Ilidore, Boéce & plufieurs autres. Ils difenr que
le mouvement & l'impullion des globes célefes ,
qui lé poulfent par des intervalles" dilTemblables ,
forment des tons dont la variété eft tout-à- fait mu-
licale. Il eft impolfiblc , lelon eux , que des corps
Il vaftes ne forment pas une efpèce d'harmonie , en
fourniffant leur carrière avec tant de rapidité. L'ait
Irapé par la force de leur impuUion , rend nécef-
faiiement un bruit proportioné à la violence qu'if
a foufferte. Ain(i comme la fphère céLjle eft mue
avec une grande jufteilc par la main toute-puilfante
qui y préîide, & que tous les globes ne font pas
tous le même circuit , & ne' roulent pas avec la
mcmeviteiîe, les tons diffjrcns que produit la dif-
férence de leurs mouvemens , forment un concert
admirable. Mais cette opinion a été réfurée d'a-
vance par S. Irenée , & enfuite par S. Bafile & S.
Epiphane,
En Aftrologie on appelle thime o\.\ figure célefte
la difpolition du ciel à certain moment défigné ,
comme la nailfance d'un enfant , quelque accident
lignalé -de fa vie , de fes aélions : & c'eft et qu'on
appelle autrement horofcope.
On appillc gloire célcjie , la béatitude éternelle:
les Efprits ceLft^s , les Anges &: les Saints qui en
jouillent : les inspirations céleJies , les grâces qui
nous viennent du ciel. 03" Corneille a employé
ce mot dans les Horaces,
• Tattefle
Le fouverain pouvoir de la troupe célefte.
Sur quoi Voltaire remarque que cette expr^llion eft
hors d'ufage , & bannie du ftyle noble , fur-tout
depuis que Scarron l'a employée dans le ftyle bur-
lefque.
Céleste fe dit aulTi par extenfion pour extraordinaire.
C'eft une beauté celejle , un efprit célejie.
Et dès qu'on vient à voir vos céleftes appas ,
Un cœurfe laiffe prendre & ne raifonne pas. Mol.
Céleste, ( Bleu ) eft un bleu qui eft de la couleur du
ciel ferein. Or ce bleu du ciel vient du grand éloi-
gnement où il eft de nos yeux, à caufe que la lu-
mière fe perd dans cette vafte étendue,
_On appelle à Paris les Sœurs Celefies^ les Reli-
gieufes de l'Annonciade , à caufe qu'elles font en
partie habillées de bleu. Moniales annunciatx Vir-
gtnis ah habita cœlejiis coloris , Cœlejîes appellattzi
Cœlejles for or es, Virgines,
Il y a en Italie desAnnonciades que l'on nomme
Annonciades célejles , parce que fur une robe blan
che & un fcapulaire elles portent un manteau bleu.
Elles furent fondées en iGoj^ Se 1^05 fous Clément
VIII & Paul V , qui approuvèrent leurs conftitu-
tions. Leur Fondatrice fut la Mère Viéloire Fornari
/■')V£-,7 Annonciade,
CELESTE, f f Cœlejlis. Terme de Mythologie. C'étoit
une Dée/fe honorée à Carthàge. Tertullien dans fon
Apologétique , & Philaftrius , difent que c'étoit une
Déelfe d'Afrique ; Philaftrius , que c'eft celle qu'on
appeloit ailleurs Reine 8c Fortune du ciel. Baro-
nius, qui parle fort au long de cette Décile fur
l'an 5 99 de J. C. , croit que c'étoit l'Aftarte des Si-
doniens, qu'on appeloit la Reine du ciel. En jc»)^
les Chrétiens de Carthàge changèrent le Temple de
Celejle en Eglife. On la répréfentoit portée fur un
lion -, & fi l'on en croit Capitolin , dans la vie de
Pertinax , elle rendoit des Oracles dans ce Temple.
Lucien, Apulée, Hérodien fie pluiieurs autres te-
X X ij
548
CEL
moignent que l'idole de Cckjle portoit le nom de
toutes les piincipales Divinités du monde , c'eil-
à-dire , comme parle S. Ambroile adv. Symrnach.
que cette Décffe ctoit honorée par diftcrens peu-
ples , & en différons endroits , Ibus diticrcns noms.
Vers l'an 341 , l'Empereur Conftantius fit ruiner
à Cartilage le temple de Cetejie. Hcliogabale fit
apporter de Carthage l'idole àcCcleJie, que toute
l'Aririque révéroit extrêmement. On précendoit que
c'étoit la Lune : c'eft pourquoi Hcliogabale diibit
qu'il la vouloit marier avec fon Dieu , qu'on pré-
tendoit être le Soleil. Il en fit célébrer les noces à
Rome, Si dans toute l'Italie, & obligea tous les
fujcts de l'Empire à lui faire des préfens de noces :
il ' avoir fait apporter de Carthage toutes les
richeifes du temple de Célefie pour avoir de quoi la
parer. De Tillem.
CELESTE, f. f Terme de Fleurifte. C'eft une tulipe
gris lavande avec un peu de rouge &: de blanc de
lair, MoRiN.
CÉLESTIEL , ELLE. adj. Vieux mot. CélePte. Cœlef-
tis , e. Le corps de.M. S. Louis fut canonilc à Rome
par le Pape Boniface VIII de ce nom l'an 1197 à
la requête , pourfuite & diligence du Roi Philippe
le Bel , fon neveu , &; mis au catalogue des Saints
de la Cour céleJUelle de Paraciis. Anon. t^ie de S.
Louis,
Mais par difaut d'efprit ccleflièl ,
En [''aimant trop , tu me hais & déprimes. Marot.
CÉLESTIN , INE. Vieux ad). Célelte. Cœlefiis, e.
Et quand il eut fa face célcftine ,
Q^ui des humains la mémoire illumine ,
Tournée à moi. Marot.
CELESTIN. f. m. Nom d'homme. Cœlefiinus. Célejlin ,
Hiftorien du temps de Valéricn &; de Galien. Cinq
Papes ont porté le nom de Célejlin. Les Célejlins
dans Pline , Z/v, ///, c. 14, font des peuples de
l'Ombrie.
CÉLESTIN. f. m. Religieux d'un Ordre inftitué par Saint
Pierre Ccleftin, Pape, & qu'il réforma de l'Ordre
de Saint Bernard en 1 144. Cœlejlinus. Ce Saint né
en 1125 , dans la petite ville d'ifernia, ou Scrgna,
au Royaume de Naplcs , dans le Comté de Molifle ,
fe retira (lit le mont de Mourrhon ou Mouron , &
y mena pendant cinq ans une vie très-pénitente ôc
très-mortifiée. Les bois qui environnoient fa demeure
ayant été abattus , il paffa fur le monr Majella. Quel-
ques compagnons fe joignirent .1 lui : il y établit
vers l'an 1154, une Communauté, qui fut appellée
le Monaftère de Ste Marie de Majella , comme il
paroît par une Bulle de Grégoire X , & enf uite le
Mouaftcre du Saint Efprit. Cet Ordre fut premic-
remcnr approuve l'an 1 1^4 , par Urbain IV , qui
l'incorpora à celui de Saint Benoît. Il fut confirmé
eniuite par Grégoire X , l'an 1174, dans le fécond
Concile général de Lyon. Son fondateur qui fe nom-
moit Pierre , Ss. à qui le féjour qu'il fit fur le mont
[ de Mouron, avoir fait donner le furnom de Mou-
' ton , fut élu fouverain Pontife fous le nom de Cé-
lejiin V , & les Religieux de cet Ordre prirent le
nom de Celejiins. Jufques-la ils avoient été appelés
les Religieux de Saint Damien. Pierre de Tivoli ,
Général de cet Ordre, en obtint encore une nouvelle
confirmation de Boniface VIII. yoye:( BoUandus ,
T. ///, de Mats, & le P. Hélyot, T. FI. c. 23.
Philippe le Bel fit demander douze Celejiins a.u Gé-
néral de l'Ordre par Pierre de Sorte, ion Ambaffa-
clcur à Naples , Si les introduiiit en France en 1 300 ,
leur donnant d'abord deux Monaftères, celui d'Am-
bcrt dans la forêt d'Orléans , & celui du Mont de
Châtres dans la forêt de Compiegne.
Frères Mineurs Céle'stins, ou Ermites Célestins,
font des Relisîieux de l'Ordre de Saii.t François,
qui fur la fin du XIIP "fiècle s'oppoferent aux relà-
chemens qiii s'introduilbient dans l'Ordre fous le
CEL
gouvernement de Matthieu d'Aquas Spattas , Géné-
ral , élu dans le Chapitre de Monrpellier en 1187»
&c voulurenr vivre félon la pureté de la Règle de
Saint François. Le Pape Céleitin V , le leur permit,
les fbutint de leur ordonna de quitter le nom de
Frères Mineurs , & de prendre celui de pauvres
Ermites Celejiins. Mais après l'abdication de ce
Saint Pontife , ils furenr perlccutés , & obligés de fe
retirer dans une Ifle d'Achaïe. Ils en furent chalfes
dans la fuite , & après bien des foufftances , ceux
qui échapèrent fe rerirèrenr en France , où ils fe
joignirent?, d'autres Religieux zélés, ce qui donna
occalion à deux partis qui divikrent l'Ordre : l'un
fe nomma les Spirituels , èc l'autre les Frères Mi-
neurs de la Communauté, l^oye^ Vading, Annal.
■ Min. T. Il & III,!k le P. Hélyot , T. VU, c. 4.
On dit dans le (tyle bas &; familier par une ma-
nière de proverbe : ydlà un plaifant Celefiin ; pour
dire, voilà un impertinent , un ridicule , un fbt. Ce-
pendant fi l'on avoit égard à l'origine de cette façon
de parler, elle devroit fîgnifier un honnme gai,
plaifant , divertilfant : voici fbn origine. Autrefois
à Rouen , capitale de Normandie , les Célejlins
n'étoient excmts de payer l'entrée de leur boiifon ,
qu'à condition qu'un de leurs Frères .marcheroir à la
rète de la première des charrettes , fur lefquelles on
conduifbit cette boiflbn , &: fauteroit d'un air gai,
en paifant auprès de la mailbn du Gouverneur de la
ville. Un jour un de leurs Frères ayant paru devant
les charrettes plus gaillard que ceux qu'on avoit vus
jufqu'alors , le Gouverneur ne put s'empêcher de
dire : voila un plaijant Célejlin.
On dir â la Celejtine ; pour dire , à la manière des
Célejlins; dcces façons de parler fontaffez communes.
Une omelette à la celejiine. Elles fbnt forr épailfes.
CÉLESTINE, f f Terme de Fleurifte. Anémone à
peluche , qui a les grandes feuilles blanches , fa
peluche blanche , mêlée de citron, qui blanchit fut
la fin. MoRiN.
|tT CÉLESYRIE. Voyei Cœiesirie.
CELIAQUE. adj. de t. g. Terme de Médecine quî
fe dir d'une efpèce de flux de ventre , dans lequel ïcs
alimens ne fbrtent pas tout crus comme dans la
licnrerie , mais à demi digérés, de forte que ces
deux maladies ne diffèrent entre elles que du plus
au moins. Il arrive fouvent auffi que les alimens
font digérés ; mais le chyle demeure confondu
avec les excrémens. Les caufes de la céliaque font
ou la foiblefle du levain de l'eftomae, ou le peu
de fcjour que les alimens y font , ou l'obftrudrion
des veines laéfées , ou bien le défaut d'âcreré de la
h'ûs.Cœliacus.IfT C'efl: ce qu'on appelle ordinai-
rcmenr pallîon , affeélion céliaque. On le dit aufïi
en anatomic d'une artère du bas ventre, qui vient de.
l'aortj -, l'artère céliaque fe divife en deux , la droite
va au foie , & la gauche à la rate.
Ce mor vient du grec y.o:>i» , venter , >o/A(«ïo« ,
un homme fujet à ces fortes d'incommodités.
CÉLIBAT, f. m. Etat d'un homme qui vit hors du ma-
riasre. Fita cœlebs , vulgo cœlihatus. La dure loi du
celihat a trouvé de grandes rcfîuances pour- s éta-
blir: le cœur ne s'y oppofoit pas moins que l'efprit.
Saint Evr. Les éloges que TertuUicn a donnés à la
chafteté firent trouver une plus grande perfeétion,
& une plus grande pureté dans le célibat. Id. Dans
le premier Concile de Nicée, Paphnuce s'oppofa
haurement à la loi que l'on y vouloit faire , pour
obliger les Evéques &: les Prêrres à garder le
Cd/z/a/. Du Pin. Cependanr les grands applaudiffe-
mens qu'on donna au célibat , &; les fortes raifbns
de fes partifans ne laifTerent pas de faire impreifion.
Id. Et il fut ordonné à tous les Minifttes lactés ,
fans exceprion , de garder le célibat Dans l'Occident
les Conciles d'Elvire , d'Arles , d'Agde , de Tours ,
&c. ont reçu ce Decrcr , ou l'ont confiimé. Tant
d'autorités font voir que la loi qui ordonne le
célibat eft fage. Les Prêttes qui fe piquoient d'une
fainteté plus exaéte gardèrent le célibat n en forte
qu'à la fin du IV lîècle, & depuis le Décret du Pape
CE L
Sirice en 385 , il y en avoir peu qui fufîenr man'cs
Le Concile d'Orani.'-cen 441 , ordonna la dcpolirion
de ceux qui ne s'abftenoienr pas de leurs femmes.
Grégoire VII , acheva prelque de réduire les lïcclc-
liafliqucs à la loi du cdib^it. Dans le XIP liccle k
Pape Céleftin envoya les Légats en Bohême pour
foumetrre les Ecclcliailiqucs au cdibat. Ils refufcrcnt
d'yconientir,& répondirent qu'ils ne fouffiroi'-nt
pomt un joug que m eux , m leurs pères, n'avoua:
pu porter: on lesconrraignir. Au Concile d- Trente
on propola de rendre aux Eccléliaftiques la liberté
du manage, & de les délivrer de la contrainte du
cdibac , c'ctoit même un article de Vlmen./i dt
Charles -Qumt. Mais le Pape rehila d'y confentir ■ &
tous les Eccléfiaftiques font obligés de c^ardcr in-
vjolablement le ceàbat , comme un état plus pur,
& plus convenable à la fainteté de leur proieiïîon.
iAiNTtvR.Les Hérétiques ont parlé contre le cé-
libat d une manière , (i groiîièrc , qu'elle eft capable
de faire rougir même les libertins.
M. Ferrand, dans fa Reporife à l'Apolode pour
ta reformation, moniK que les Prêtres , les Diacres,
& les Soudiacres, ont toujours été en obligation d ■
garder le ce//^^r; que dans l'Eglife Gallicane, aux
temps de Sainr Loup & du I Concile de Mâcon ,
on obligcoit les Acolythes & les Exorciftes à la con-
tinence comme les Ordres ihperieurs.l'Hiftorien So-
crare , Liv. 1^,c. 2.1 , dit qu'en The/ialie on excom-
munioit un Clerc s'il habiroit avec i'^ femme, quoi-
qu U 1 eut epoulce avant fon ordination , & que h
même coutume s'obfetvoit en Macédoine & en
Grèce; qu'en Orient tous obfcrvoient volontaire-
ment cette règle Saint Jérôme, plus ancien que
Socrate , dit que les Eglifcs d'Orient , d'Etrypte , &
du Saint Siège Apoftolique, c'eft-à-dire T les trois
grands Patriarchats, & prefque toutes les Eglifes
du monde qui leur étoient foumifes, prenoient pour
Clercs des vierges ou des continents ; ou que , s'ils
avoient des femmes , ils ceiîbient d'être leurs maris
S. Epiphane avant Saint Jérôme , quoique du même
liecie , dit qu'un homme qui a été marié , ne l'eiit-
Jl ete qu'iine fois , n'eft point reçu pour être Diacre ,
Irerre , Evêque , ou Soudiacre du vivant de fa
iemme , s'il ne s'en abftient ; que s'il ie pratique quel-
que choie de contraire en quelques endroirs , cela eft
contraire à la règle de l'Eglife , quoique toléré par
condelcendance pour la foibleife humaine. Ce qui
montre qu'il y avoir une ancienne règle ou Canon
qui ordonnoit le célibat aux Clercs. Le Prélidcnt
Savaron, dans fes Origines de la ville de Clermont
en Auvergne, p. 4,6, remarque que \s célibat croit
garde pat les Evêques dans le IIP fîècle. Foye? le
Traiié deRatramne contre les Grecs , Liv. IV, c.
<î , où il répond aux accufations des Grecs 'par rap-
port au célibat des Clercs. ,
|3" Quoique la loi du Célibat pour les Evêques , les
Prêrres & les Diacres foit fott ancienne, il eft po^r-
tantvrai que le Célibat n'ell pas attaché de dtoit
divin aux ordres facrés , c'eft-à-dire, qu'il n'y à
point de loi divine qui défende d'ordonner Prêtres
des pcrfonnes mariées, ni aux Prêtres de fe marier.
Dans l'ancien Teflament il étoit permis aux Prêtres
de fe marier, même après avoir été élevés à cette
dignité. Dans le nouveau Teffament Jéfus-Chrift
n'a fait aucune défenfe lur cette matière-, & (î l'A-
pôtre Saint Paul dans fes Epitres à Timorhée & à
Tite , veut que les Evêques foient chartes & con-
tinens.cc n'eft pas un commandement divin- f-
puis ces paffages de Saint Paul ne s'entendent point
du CeA^ar^puifque l'Apôtre défend feulement aux
ïvcques d'avoir plufieurs femmes en même temps
ou fucceflivement. Oporiet Epifcopum effe uniul
uxorts virum. Yoyez M. Morin & M. l'Abbé v^
Saint Pierre fur le Célibat.
Scaliger tire ce mot du grec r.»,?;, qui f srnife /it ,
« >ï- >• , qui figni/îe linquo , celui qui abandonne le
lit nuptial, ou qui n'en a jamais voulu. D'a'itv^s
r? CELIBATAIRE, f m. Qui vitdansk Célibat, qui
^ -t. 1^ 54.9
rlf /^ o" f""' '- ^1''°^^^"'^^ ^°" ^'-^^e à iTtre
t<zcb. On doit ie lervir de ce mot, piutôtq ,e S
t^l^'^'' ' ri' ^^"'^*^"" ^^^^-'^^ iu,nif.ca'tLt
& qui d adleurs n'eft pas noble. Lycurg ,e porta de.
loix res-ngoureules contre les ceLtuireJ^^ £-
quelles Ils etoicnt exclus de tous les emplois c vil &
militaires. Tous les ans les femmes dcLacédJmon"
alloicni prendre chez eux tons les celibataire^Zs
condudoient au Temple de Junon, en 1 s acci a J
d:s;aïïr'^^^"^^'^"-^=-^^^°---p.cd:
^^"vn^'d'^Ir'?'^" Royat>me de Naples , proche de
rl\TnTv >^^^^'"^ ' 'î"! y "-'q^'t l'.n 1 1 1 1.
Les (?^ / "';f '• ^°^" "^' ^'''^'- ^'^^''^o^-'
uneh/r^r '° ^*""''""^" C*^l' profeifoienc
unehercii qui tenoit, à ce que l'on croit, du Tu-
daiime, & du Paganifme. Ils pervertiifoient-' le
Baptême , comme les Donatiftes ; & il s'en trouvo t
principalement en Afrique. Honorius £t ou con-
hrma be-^.icoup de loix contre eux l'an 408, que
ui" " c'eft" '' ^"f- ^^-^-'-" ^ous le^titrê Ts
juifs, ceft ceqm tait croire qu'ils judaifoicnt au
moins en quelque chofe. Quelques Ariteurs en con-
'ion rhréî-""'"' '" ^'^°^="' ^^'i d^ '^Reli-
gion Chictienne ctoient pafics dans le Juda.ïme.
Ils appeloient leurs Supérieurs Majeurs. ^
r? Les Juifs avoient été au/îî appelés Celicoles ,
parccque quelques-uns d'entr'eux étant tombes dans
Idolâtrie du temps des Prophètes, ils adoroient
les aftr.sduCiel,&les Anges. Ceft pour cela que
Samt Jérôme coîilulte par Algalie fur le pafliiîe de
Sainr Paul aux CololHens , que perjonne ne vous Je-
duiJeenafccTant de paraître humble par un culte
Juperjiitieux des Anges, repond que l'Apôtre veut
parler de cette erreur des Juifs, & prouve qu'elle
ccoit ancienne parmi eux , & que les Prophètes l'a-
voienc condamnée. Clément d'Alexandrie reproche
les mêmes erreurs aux Juifs, & Saint Epiphane dit
que les Pharifiens croyoient que les cicux étoient
animes, & les conlidéroient comme les corps des
Anges,. MoR, "^
CELipÉE. f f. Terme de Fleurifte. Anémone à pe-
luche , qui porte de grandes fbuilles blanches
raclées d incarnat , fa peluche céladon , mêlé de
couleur de rofe. Morin.
CELIGNE.f f.Nom de femme. Cœlini.t ou Celinia.
C^W, que le peuple nomme Sainre a-//a„,., étoit
de la ville de Meaux. Baillet. Elle croit contempo-
raine de Sainte Geneviève, fous la conduite de
laquelle elle coniacra à Dieu fa virginité. Il y a une
autre Sainte Cehgne veuve , hon Jtce à Laon &; à
^Reims.
CÉLIQUE, adj. m. & f Qui fe trouve dans nos vieux:
Auteurs pour celefte. CœleJUs , . ; cœlicus , a , um.
•'^L- '-tLLA.l. t. ferme d antiquité. Dans les o-rands
Temples des païens , c'étoit le Temple proprement
dit, ou étoient les Dieux, les Autels, les Candé-
labres. La cella avoit trois parties principales , la
Badhque qui répond à ce que nous apoelons la
nef dans nos Eglifes, Vadytum qui répond à notre
fandtuairc, & la tribune ou rond -point de nos
Eglifes , où étoit la Statue du Dieu dont le Tem^
pie portoit le nom. Lettre dans Les MÉm. de Trév.
Février, 17^9.
CELLE , pronom fcm. Foye^ Celui.
CELLE en Provence, eft un bourg près de Brignolcs.
L'Abbnyede Celle eft une Abbaye de Bcnédicfines
de la Reforme au Val-dc-Grace : elle a éré tranf-
^ fcrce daus la ville d'Aix. P.Hllyot , T. IF, /^.552.
> ;,LLE. f f. Vieux mot qui iigni/ioir autrefois une
petite maifon , chambre ou 'retraire d'un Moine ,
d'inHermite. Cella ,cellula.lï n'eft plus en uli^e
qu'en fes compoles. °
On l'a dit originairement de la maifon où demeu-
roient des petfonnes de fervile condition ou francs ,
ou bien des enfans qu'on y laiifoit pour aller com-
modément cà l'école.
Celle. En ufage dans l'Ordre de Grandraont. Mona-^
5^0
CEL
ftère de cet Ordre roumis à celui de Grandmont. '
Cella. L'ordre fonde par Saint Etienne de Muret
prit le llirnom de Grandmont , à caulc qu'on Ibu-
mettoit à ce Monaftcre qui avoir titre de Prieuré ,
tous ceux que l'on bâtiflbit , auxquels on donnoit le
nom de Celles. P. Helvot , T. VU-, c. 54. De ccnr
quaranre Celles ou environ , qui dcpendoient de
Grandmont, Jean XXII, en érigea XXXIX en
Prieurés Conventuels à chacune delquclles il unit
quelqu'une des autres Celles. Idem./;, 418.
Quelques Auteurs dérivent ce mot de l'hébreu
tlVi 5 qui veut dire un lieu où l'on enferme quelque
chofe , une prifon.
Les Sœurs de la Celle. Nom quia été donné à
une partie des Religieulés Hofpitallères du Tiers-
Ordre de Saint François. Sororcs à Cclla dicla. Les
Religieufcs Hofpitalières du Tiers-Ordre de Sainr
François , qui n'avoienr point de rentes , & vivoienr
des aumônes qu'elles alloient chercher , furent ap-
' pelées les Sœurs de ia. Celle, 8<. elles alloient fervir
les malades hors de leurs Monaftcres..P. Hélyot.
T. FIL c. 40.
Celle-neuve. Cella nova. Nom de lieu 5c d'une Ab-
baye de Bénédi6tins, appelée Saint Sauveur de Celle-
jieuve , fur les confins du Royaume de Galice en
Efpagne , au pied du mont Léborite,ou Léporate,
proche de la rivière de Sorgne , au Diocèfe d'O-
renie. Cette Abbaye , aujourd'hui très-conlîdcrable ,
flit fondée en 955 , par un JEvêque de Compoftelle.
Elle futjunie à la Congrégation de Valladolid en
150(1 , par Jules II.
Celle-volane. Nom d'un lieu d'Italie & d'une Con-
■ grégation de Chanoines Réguliers. Cella volana. La
Congrégation de Saint Jacques de Celle-volane.
Congregatiofancli Jacobi , in Cclla volana , ou iim-
plementla Congrégation de Cella-valane. On ne lait
ni l'année de l'inftitution de cette Congrégation, ni
quel fut fon Inftituteur. On lait feulement qu'elle
prit fon nom de Celle volane , lieu où étoit fon pre-
mier Monaftère-, que Celle volane étant au milieu d'un
bois, dans une fituation fort mal-faine , les Religieux
furent obligés de l'abandonner. Le Prieur leul y refta,
& en 1414, il le donna aux Chanoines Réguliers de
Sainte Marie de Frifonnaire. Ceux-ci n'ayant pu
non plus en foutenir le mauvais air , tranfporrerenr
Je Monartère dans un des fauxbourgs de Ferrare ,
& en 1 595 , dans la Ville où on leur bâtit une Eglife,
qui en i^^S, fut érigée en Abbaye par Pie V. Ils
eurent encore un autre Monafttre à Ravenne , qui
eut le même Ibrt que celui de Celle volane; & la
Congrégation de Ste Marie de Frilbnnaire ayanr
été unie à celle de Saint Jean de Latran , celle de
Celle volane s'y rrouve aulfi maintenant incorporée,
roy^î le P. HÉL. T. U.c. 5.
• CELLERAGE. f m. Terme de courume. Droit fei-
gneurial qui fe prend fur le vin quand il efl: dans le
cellier. Cellarium veclioal. En quelques endroits on
l'appelle Droit de Chantelage; quand on le met fur le
chanrier.
CELLERERIE. (. £ Titre ou bénéfice de l'Officier
clauftral qui efl: CcUérier. Cellarii Precfeclura.
CELLÉRIER , 1ERE. f m. & f. On prononce celcrié ,
èc quelques-uns écrivent célérier avec une feule /,
(Econome d'un Manaftcre : Office clauftral chez les
Moines , qu'exerce celui qui a foin des provifions de
la nourriture du Couvent. Cellarius , cellario prœ-
■ feclus, Cellerarius , Cellararius.
On dit auffi cellerùre dans les maifcns des Re-
ligieulés. Cellaria , cujios ohfonio & penori prcefcSa.
Dans la Règle de Sainte Céfaire , écrite au VP fièclc
par fon frère l'Evcque S. Céfaire, la cellériere cft
appelée Cavenaria , & Celleraria.
Ce mot efl: tiré du Droit Romain. Cellerarius
dans le Digeft:e efl: celui qui étoit prcpofé à l'examen
des comptes. Ulpien le définit , Cellerarius , id e/i ,
ideb prccpojîtus ut rationes falvaijint. Voyez fur l'of-
fice de Cellerier la règle de Sainr Benoît, & les
conftitutions des différentes Cofigrégations qui fui-
vent cette règle.
CEL
J,es Anciens donnoient ce nom à ceux à qui ils
commettoicnt le foin de leurs aflaires domeftiques.
C'eft ce qu'on appelle aujourd'hui dans les grandes
maifons. Intendant. Les Prélars 6c les Monaftcres
rartécferenr pour le donner à leurs Procureurs &
à leurs Agens. L'Auteur de la vie de Saint Céfaire,
dit que ce grand perfonnage fut Cellerier , c'efl:-à-
dire , Procureur de Luxtul , Cellerarius , id eji,
Procuratur fuit Lexovienjis Alonajierii, Philippe de
Savoye , quoiqu'il tût d'une nailfance li illuftre ,
étoit Cellerier de l'Archevêque de Vienne l'an 1243.
Chorier. 'Hijé. du Daiiph. Liv , IX , p. x6^. Le Cel-
lerier , Cellerarius , Cellarius , étoit proprement
l'Officier qui a foin de la provifion de bouche.
Q^ui cella: vinarix 6' efcarice prceeft. Les anciennes
fonctions du Cellerier ont rapport à cette origine.
Il ne fe méloit d'abord que de faire recueillir les
grains du Seigneur, & de les ferrer dans les greniers -,
Ôcl'cs droits con?iil:oient en une certaine quantité de
grains prife fur ceux qui fe recueilloient pour le
Seigneur ; de plus en un habit avec fa fourrure. Le
foin de taire porter la récolte du Seigneur dans le
grenier croit commun à cet Officier , & à celui
qu'on nommoit Baile. Aufli la part qu'il devoir
prendre fur la recerte étoit réglée furie même pied.
L'un 5c l'autre , lliivant les titres qui nous reftent ,
avoient un treizième du total. Ainfi les offices de
Cellerier, de Miftral & de Baile, n'étoient diftin-
gués que par le nom, &: nullement par les fondions.
On peut remarquer rourefois une différence con-
fidérable entre cet Office , & celui de Miftral , c'efl:
que le Cellerier faifoit la recette des revenus du Sei-
gneur dans route l'étendue de la terre par préfé-
rence même au Ch.âtelain. Valbonnais. On peut
voir dans cet Auteur plus de détail fur cet Office.
Mém. pour l'Hijtoire de Dauphin, Difc. Y ,c. ^,
L'Office de Cellerier étoit plus ordinaire dans le
Viennois, dans la Baronnie de la Tour, & dans
les rertes que les Dauphins avoient au-delà du
Rhône , que dans les autres parties du Dauphiné.
On n'en trouve prefque point dans l'Ambrunois ,
ni dans le Briançonnois. Dans tout le Gapençois il
n'en paroît qu'un à Ulpaix. Dans le Graifivaudan
ourre les Celleriers d'Avalon , de Cornillon , & de
Moirans , il y en avoir un à Grenoble. Dans le
Viennois, outre ceux de S. Donar, de Crémieu,
de Bourgouin , de Quirieux , de la Tour du Pin,
il s'en rroave un pour toute la Baronnie de la
Tour , qui avoir Ibus fa charge les Châtelains &
les auttes Celleriers de Ja terre. Enfin , dans les
terres iiruées en Breiîe & en Bugey dépendantes
des Dauphins , il y avoir prefque en toutes des
Celleriers. Valb.
On ttouve forr peu d'inféodations de ces of-
fices : il n'en paroît qu'à Avalon & à S. Donat. Id.
Le Cellerier , dit Pierre de S, Julien dans fon
origine des Bourguignons , a auffi ctc un office dans
les chapitres. C'étoit celui qui avoit foin des affaires
temporelles , &: de faire difl:ribuer aux Chanoines
le pain, le vin & l'argenr, à raifon de leur ailî-
rtance au cœur. On l'a nommé en différens lieux
Cellerier , Bourficr ou Courier , dit le même Au-
teur. Voye^ Courier.
CELLERIERE. f. £ Nom de digniré dans les Com-
munautés de filles. Celleraria. Dans l'Abbaye de Re-
mircmont , après la fecrere , qui efl: la féconde di-
gnité , fuit la Souiière ou Cellériere, qui Jouir de
plufieurs droirs & juridiclions temporelles, qu'elle
polîede , auffi bien que de quelques Seigneuries par
indivis avec l'Abbeffe. Elle efl pour cer effet tenue ,
par forme de reconnoiffance au Chapitre-, de dift:ri-
buer à toutes les Dames Chanoinelfes , à certains
jours de l'année, de l'huile, du vin & autres chofes
femblables. P. HÉLYOT. T. VI ,p.\\^. Elle nomme
auili les deux petits Miniftreux. Id. /?. 414.
CELLES. Ville de Berry fur la rivière de Cher à
nois lieues de Romorantin, Cellx. Il y a à Celles
une Abbaye célèbre , fondée par S, Eufpicc Moine
^ Ji ï^'
•Aé Micy près d'Orléans , qui moiitLitert 5:41. Les ha-
bitans de Ci-//es ont été affranchis par Rob.rt de
Courtenay (ieur de Mehun & de Ce/les. Il y a à Ce/L's
un Grenier à Tel , un Couvent d'Urllilines , un Hôpi-
tal des Frères de la Charité , & à une extrémité de
la ville un très-beau Château iîirleChcr, bâti par
Philippe de Béthune , qui fut Ambalfadcur à Rome,
au commencement du dernier iiècle. f^oyc^la. Thau-
malficre , Hijloire de Berry , L. IX, c. 40.
CELLIER, f. m. Lieu où l'on ferre les provilions d'une
niaifon, le vin, le bois , &c. Il diffère delar.nv,
en ce qu''jl efl moins profond ■, il ell quelquefois
fouterrain , ou fort peu au-dcflbus du rez de chauf-
fée. On prononce célU.
C'eft de ce mot qu'eft venu celle , ou cellule , qui
fe dit d'une habitation de Moine près d'une
Abbaye , ou qui étoit de fa dépendance.
CELLITE. f. m. Nom de Religieux autrement dit
Alexicn. CdiuUrius , Alexianus & en Flandre CelU-
broeders. Ils ont pris le nom d'Alcxien, parce qu'ils
ont choifi S. Alexis, pour leur Patron, &: celui de
iSellites , à caufe des petites chambres ou cellules
où ils panfent les malades , ii l'on en croit Modius,
ou, félon le P. Hélyot, de cella, pris 'dans la li-
gnification de fépulcie , parce que la prin-
cipale obligation de ces Religieux étoit d'enterrer
les morts. Ils font appelés Alexiens en Italie , &c
Cellues en Allemagne. On ne fait qui fut leur
Inftituteuf. Afcagne Tambourin met leur établiffe-
Incnt en 1509. Ils furent d'abord féculiets , mais
dans la fuite ils embraflerent la règle de S.
Auguftin , & firent des vœux folennels , ce que
Sixte IV approuva en 1 471. Ils font tous laïques, &
ne reçoivent point de Prêtres parmi eux. Ils ont foin
des malades , affilient les peftiférés , enterrent les
morts , ont aulfi foin des fous , &: leurs Couvens
fervent de lieu de correélion pour les enfans de
famille qui s'écartent de leur devoir, t^oye^ le P.
Héliot. t. m, c. 54. On les appelle Nollards
à Liège. Il ne faut pas les confondre avec l'Ordre
appelé Ordo Vefpilonuin. Ordre des Enterreurs.
Voye:^ Alexien.
Cellite. f f. Cellidaria. Il y a auifi des Rcligieufes
Cellues , appelées eti quelques endroits Colleétines ,
& plus communément Sœurs Noires. Elles ne fa-
vent point le temps de leur origine. Elles n'ont
point de clôture -, elles fuivent la Règle de S. Augu-
ftin. Elles tont un quatrième vœu d'affifter les ma-
lades , même en temps de pelle. En quelques lieux
elles ont foin des filles repenties. Il y en a qui y font
foumilcs aux ^vcques , mais la plîipart font fous-
l'obéiffance des Alexiens ou Cellites. Elles font
ha'iillées de noir , avec un fcapulaire.
CELLULAIRE, adj. m. & f. Terme d'Anatomie , qui
fe dit des parties du corps animal , qui contien-
n. at pluficurs petites cellules. Cellularius , a, iim.
Cilluhs ahundans. Un tiffu cellulaire , la tunique
celluLtire. Quand , pout préparer des injedions ,
on pouffe de l'eau dans les vaiiîeaux que l'on veut
injeiitcr , il y a ordinairement un inconvénient iné-
vitable , qui efl: que dans toutes les parties où il fe
trouve un tiffu cellulaire tant foit peu confidéra-
ble , la tunique cellulaire ne manque Jamais d'être
engorgée d'eau , ce qui gâte les parties que l'on a
defléin de conferver dans les liqueurs , ou de faire
delsèchcr. Demours , Acad. d'Edimb. T. I , p.i ij.
La fubftance de l'os ell une partie corapaéle ou foli-
de, en partie «//wA-z/r^ ou ipongieufe , & en partie
réticulaire. Win slow. La partie que j'ai nommée cel-
lulaire ou fpongieufe fait prefque tout le tiffu inté-
rieur-des os , qui n'ontpoinr de grandes cavités , &
généralement celui de toutes les épiphyfes , & n'oc-
cupe que les extrémités des os creux. Id. Les cellules
de ce tiffu font plus ou moins confidérables , dans
certains os que dans d'autres. Id. Les globules du
poumon font des paquets véficulaires ou cellulai-
res. Id. Les deux lames de la pie-mère ne tiennent
enfemble que par un tiflli cellulaire. Id.
|Cr C'eft auffi un terme de Phyfique , & d'Hiftoire
CÊL
Naturelle , que l'on applique à quelques parties des
arbres. Ainfi , l'< ,-i dit en parlant des différentes fub-
Itances que l'on diftingue dans i'écorce, enveloppe
cellulaire , tiflu cellulaire,
Ip" Quand on a enlevé l'épiderme ( Voye^ ce mot )
on trouve immédiatement au delfous une lubftance
qui cft fouventd'un vert foncé , & qui ell prefque
toujours fucculente & herbacée. Cette fubltanee exa-
minée avec une loupe , a paru à M. Duhamel fcm-
lîable à un morceau de frutrc ou de chamois : car
elle cft formée d'un nombre prodigieux de fila-
mens très-fins qui s'entrelacent en toutes fortes de di-
reélions. Un petit morceau qu'il avoit tenu long-
temps en macération , examiné avec un mictofcope
affez foible, lui parut femblable à la fubftance médul-
laire. Une plus forte lentille lui fit appercevoir çà
& là de petits corpufcules de figure affez régu-
lière j qui croient fcparés de la maflc. Il examina un
de ces petits corps avec une lentille qui forcoit beau-
coup : il lui parut encore lémblable à de petits frag-
mens de moelle , traverfée par quantité de cloifons
ou de fibres très - déliées. Voila tout ce que là
mictofcope a fait appercevoir fur l'organifation dé
cette fubftance, Qualid on tait bouillir une branche
dans l'eau, cette fubftance le cuit , & alors, elle
reffemble à une pâte ; elle s'endurcit en fe refroi-
diffant , & elle devient friable quand elle sèche.
ijcr Dans les arbres où , comme dans le fureau , il eft
aifé de l'obferver , on peur remarquer qu'elle eft
plus fucculente dans le temps de la fève, qu'en hiver.
Ainfi , quand elle eft bien remplie de sève , elle eft
moins adhérente à l'épiderme , que quand elle eft
moins humeélée.
03" Elle paroît formée d'un amas du tiffu cellulaire f
( Voyez ce mot plus b.as) & M. Duhamel croit qu'on
peut la regarder comme une enveloppe générale, SC
qu'il lui eft permis de l'appeler l'erivcloppe cellulaire,
QCF II eft vrai que cette fubftance eft fouvent d'une
Couleur très-verte & fort différente de celle du tiffu
cellulaire , qui affez fouvent tire fur le blanc : mais
comme on n'ignore pas que la couleur verte des
feuilles vient du contaél de la lumière , & que celles
qui croiffent à l'ombre font blanches , ne peut-on
pas conjecturer que cette portion du tiffu cellulaire ,
étant la plus extérieure , a pu contraéler une cou-
leur dont le refte eft privé.
03* M Duhamel foupçonne qu'elle eft produite par
une extenfion du tiifu cellulaire qui fe comprime
fous l'épideime. On peur conjeiSlurer que cette enve-
loppe fucculente fert à prévenir le defféchement des
parties qu'elle recouvre. On peut la regarder auffi
comme l'organe qui fépare la matière de la ttanfpi-
ration. ( Voye:^ Transpiration) & elle peut encore
fervir à la répararion de l'épiderme.
^fT Cellulaire {tiffu ) , fous cette enveloppe on ap-
perçoit un plexus réticulaire , ou réfeau de fibres
longirudinales , que l'on regarde comme des vaif-
feaux lymphatiques. ( Voye^^ Plexus réticulaire. )
Enfuite un tiffu cellulaire , véficulaite ou parenchi-
miteux ; (tetmes que M. Duhamel regarde comme
fynonymes.) & enfin des fibres , qu'il nomme vaif-
féaux propres. Voye^ Egorge.
§3° Suivant l'idée qu'on doit fe former des plexus réti-
culaires qui forment, pour ainfi dire, la charpente de
I'écorce , il refte bien de petits efpaces vides qu'il faut
remplir, puifque les alvéoles qui forment les plexus
par la difpofition réciproque de leur réfeau , font en
grand nombre, La fubftance qui les remplit eft 3:te-
nue. Grew l'a nommée le Parenchyme ; Malpighi ,
/e tiffii vêjiculaire ou utriculaire ; AI, Duhamel , tiffu
cellulaire,
^C? Malpighy & Grew reptéfentent ce tiflli comme
étant formé de petites veffies , bourfes ou utricules
qui , fe touchant immédiatement , font des files ou
des fuites de veffies dont la direcftion eft horiibn-
tale -, de forte que ces files de veilles coupent à an-
gles droits les fibres longitudinales , ce qui fait un
entrelacement affez femblable à celui des brins de
bois dont eft compofce une claie : ôc pour fe for-
^^z C E L ^
mer une idée aiTez juftc du lentimcnt de Malf ighi Se '
de Grcw , il faut , dit M. DaluMicl , imaginer que
les fibres longitudinales , ou les failceaux qui for-
ment le plexus reticulaire , font difpofés comme les
brins de bois qui forment la claie -, fie les files , ienes
ou fuites de véficules font repréfcntces par les tra-
verfes de la claie qui croifent& unifient par leur en- |
lacement les brins qui fonr placés fuivant la lon-
^eur de la claie . ^.
ftr Suivant ces mêmes Auteurs toutes les utnc^p|s
ne font pas de même grofleur , &c elles ne lont pas
toutes de la même figure : ce qui fait que Grsw les
compare à l'écume qui fe forme fur le vin doux dans
le temps de la fermentation.
gCr II femble que la chair des fruits eit, pour la plus
o-rande partie, une mafle de tiflli cellulaire ttès-dilatce
& remplie de fucs. Si cela eft , les véficules paroifient
bien fenfiblcment dans certains fruits, comme dans les
oran£;es. Elles font moins fenfibles dans d autres
fruits^. Si l'on convenoit que la chair des huits eft
un tilfu cellulaire très-dilatc & abreuvé de fucs , ce
tiifu feroit difiFéremment organifc dans les arbres de
différente efpèce. ^
fp- Dans le tilfu cellulaire des racines potagères , exa-
miné au microfcope par M. Duhamel , il n'a ap-
perçu qiie de petits flocons femblables a de petits
morceaux de moelle d'arbres ou à la moulfe de lavon.
gCT Le même Phyficien n'a pu parvenir à découvrir
d'une façon bien diftinéte lesbourfesou les utricules
de MalpIgW 5c de Grew. Il n'en nie cependant pas
l'exiftence : mais il fe contente d'avertir que fes ob-
fervations au microfcope lui préfentent l'idée d'un
tillli cellulaire, qu'il compare, ajnfi que Grew l'a tait,
à l'écume du vin qui fermente , ou à de la falive
dans laquelle on découvre fouvent des grains d'une
fubftance plus compadle qui ne diffère peut-être pas
eflêntiellement du refte du tiflu cellulaire.
fjO" Quoi qu'il en foit , cette fubftance véficulaire
ou cellvlaire remplit les mailles du refeau ou les
alvéoles qu'elles forment ■■, de forte qu'elle traverfe
toutes les couches de l'écorce, & qu'elle s'étend
depuis le corps ligneux jufqu'à l'épiderme. Elle
paroît dans les alvéoles comme grenue -, & les
flocons ou grains du tiifu cellulaire font plus gros
&: plus durs dans les couches corticales 6c exté-
rieures que dans celles qui approchent du bois,
1^ La couleur de cette fubftance n'efl: pas abfolu-
ment la même dans tous les arbres , fie l'on obferve
bien plus aifément fa fituation , refpeélivemcnt aux
fibres longitudinales , quand fa couleur eft différente
de celle de ces fibres.
03" Pour fe former une idée de la pofition du tiflu
cellulaire fur ces fibres , il faut fe repréfenter un
fétu de paille qui feroit enduit d'une matière vif-
qucufe , fie qu'on auroit trempé dans du gruau.
Alors les flocons de gruau qui y reftcroient atta-
chés , repréfenteroient affez exaélement la difpo-
fition du tilfu cellulaire fur les fibres longitudi-
nales.
CELLULE, f. f. Petite chambre ou maifon , où loge
un Religieux. Cella , cellula. Ce dartoir eft divifé
en tant de cellules , ou chambres. Les Char.reux
ont chacun une maifon féparée qui leur fert de cellule.
La fale- où l'on tient le Conclave eft divifée par des
cloifons en plufieurs cellules pour loger les Car-
dinaux.
Cellule , fe dit de plufieurs petites féparations ou
carrés qui fe font dans les boîtes , dans des caflés
d'Imprimerie , pour y garder plufieurs chofes fans
confufion. L'art de Raymond Lulle confifte en la
diftribution des fujets en plufieurs cellules , en l'éva-
cuation des cellules.
Cellules , fe dit auflî des petites divifions qui fe trou-
vent dans les ruches des mouches à miel , où elles
fe retirent , qui font toutes admirablement com-
pairées & égales , Se de figure hexagone. Les abeilles
diftribuent le miel dans leurs cellules. Ablanc.
C-EL
Cellule. Terme d'Anatomie. Petit intcrftice , petite
divifion , petit réfervoir qui fe trouve en différentes
parties du corps animal , fie reçoit ou contient quel-
que liqueur , ou quelqu'autre matière. Cellula.
Ces cellules font diftcndues par l'air. Demoub-s ,
Académie d'Edirnb. T. I , p. 2.57.
Cellules adipeufes , font les petites loges ou clp-
fules qui contiennent la grailfe. Elles reifemblent à
une membrane flafque quand elles ne font pas rem-
plies de graifie.
On dit que le cerveau a plufieurs cellules , ou plu-
fieurs petites cavités féparées. On le dit aufli de plu-
fieurs autres parties du corps. É
Cellule. Foyei Cloison. 9
gC? Cellule , cellula , loculamevtum , eft pris en Bo-
tanique pour des loges ou cavités des fruits , fépa-
rées entr'elles par des cloifons. Koyei Fruit ,
fie Capsule.
CELLULEUX , EUSE. adj. Terme d'Anatomie. Cel-
lulaire. Qui a des cellules. Cellulcfus , a-, um. La
tunique celluleufe interne du canal inteftinal. De-
MOURS. Acad. d'Edimb. T. 1 , 133. Cellulaire eft
plus ufi#.
CELME ou CELMIS. f. m. Terme de Mythologie.
Ce fut , dit-on , le père nourricier de Jupiter.
Pour avoir révélé que le père des Dieux étoit mor-
tel , il fut enfermé dans une tour impénétrable ,
d'où vint la fable qui dit qu'il fut change en dia-
mant.
CELMIS , un des Curetés ou Corybantes , qui ayant
couché , dit-on , avec la mère des Dieux , fut chafle
par fes autres frères. Il avoir le fecret de donner
au fer dans la forge une fi grande dureté, que le
fer de Celmis pafla depuis en proverbe,
CELORS. f. m. Nom d'une ancienne mefure en
ufage dans la Bourgogne. Bien eft vrai que les an-
ciens ufoient de Celors , qui étoient une mefure
de laquelle les vingt-fix faifoient un bouillon , comme
dit un titre de l'an 1138 , fait par Gérard de Tir-
reguerre , qui donne à Eftienne , de Vauxgrigneux,
aujourd'hui Vaugrenans. Gollut. Mern. des Bour-
guignons, L. Il, ch, 35.
CELOTOMIE. f. f. Voyei Castration.
CELSITUDE. f. f. C'eft un titre de dignité qui fe
donnoit autrefois , comme on donne aujourd'hui
ceux de Majefté , Altefie , Grandeur , Hautelîè ,
&c.
CELTE, f. m. Celta, Les Celtes étoient un peuple de
' l'ancienne Gaule, que Céfar pai^àge en trois na-
tions -, les Celtes, les Aquitains fie les Belges. Les
Celtes occupoient tout ce qui s'étend entre la Ga-
ronne, la Seine, ^ la Marne , féparés des Aqui-
tains par la Garonne, ôe des Belges par les deux
autres fleuves. Céfar dit que Celts étoit un nom
de la langue de ces peuples , fie que les Romains
les nommoient Gaulois. Appien dit qu'une opi-
nion fort commune croit qu'Us fe nommoiertt ainfi
de Celte, fils de Polyphême fie de Galâtée -, d'au-
tres tiennent que ce fut d'un Roi des Gaulois qui
portoh ce nom. Bochart, dans fon Pkaleg. L. Ill ,
c. 6 , p. i%6 & fuiv. prétend qu'ils furenr ainfi nom-
més, parce qu'ils avoienr communément les cheveux
blonds. Il montre par plufieurs témoignages de
l'antiquité qu'ils avoient en efl^^et les cheveux blonds,
fie qu'ils ont été appelés ^xvlUpiyji , &c ^uv^^Ur^t
&c. c'eft-à-dire , gens à cheveux blonds , nations
blondes. Cela étant certain , il croit que ce mot
vient de «nbn , chalta , ou chelta, qui, dans le
Thalmud au Traire Nidda, fignifie du fafran, S^
qu'ainli Celte eft la même chofe que |«»7o; , fldvus,
blond. Bodin, dans fa Mérhode, c. 9 , croit que
Celtes eft la même chofe que nh.nliç , de «ea?;?,
equus defultorius , parce qu'ils monroient des che-
vaux fans felle fie fans les atteler à un char. La-
zius dit que Celtes eft fait de Galate par contrac-
tion. Strabon dit que les Celtes furent ainfi ap-
pelés
C Ë L
G E M
■pelés à caufe de leur noblellV , foit paTce qu'ils
avoient la principale autorité dans les Gaules, foit
parce qu'il? étoient plus torts & plus vaillans. Quel-
ques Modernes pour ibuîenir ce fentiment , dilent
qu'encore aujourd'liui Gelun a cette lignification
en allemand •> qu'en riamand Gehe-baors lignifie un
poiflbn excellent, Se Gi/dos ^ un bœuf fort & vi-
goureux ; que ce l'ont autant de vertiges de l'an-
cienne lignification de ce nom.
Dadin de Hauteferre , Rer. Aquitan. L, I , cli.
I , montre que tous les Gaulois ont été appelés
Celtes; oi le P. Pezron a tait unTraitéde l'Antiquité,
& de la langue des Celtes , où il prouve qu'ils étoient
de la poftérité de Gonier , fils aîné de Japhet. De-
puis le P. Pezron , deux Auteurs nous ont appris
bien des chofes curieufes & intétellantes fur les
Celtes. M. de Saint-Aubin dans les Antiquités de
la Nation & de la Monarchie Françoife ; &C M. Pel-
loutier dans Ion .fjfiJL des Celtes.
CELTIBERE. f. m. Se f. Ancien peuple d'Efpagne , qui
poHcdoit une partie de l'Arragon & de la Caftille.
Celcilerus , a. Les Celtiberes éroient des Celtes , qui
étant partes de Gaule cii Efpagne , & s'étant
arrêtés & fixés lé long de l'Ebre, Iberus en latin,
furent appelés Celtiberes , comme qui diroit des
Celtes de l'Ebre , c'ert-à-dire , habitans fur les bords
de l'Ebre. Les Celtiberes étoient les plus vaillans
hommes d'Efpagne. Florus les appelle Robur Hifpa-
ni<E , la force de l'Elpagne ; & Diodore de Sicile ,
L. FI. Strabon , L. IV. Pline , L. III, c. i. Flo-
rus, L. II , c. 17 j difent qu'ils réfiftèrent long-
temps avec un courage incroyable aux Carthaginois
&: aux Romains. On dit aUffi Celtibérien , Celtibé-
rienne. Voyez Vigcnère fur Céfar , & Cordemoy ,
Hiftoire de France, T. I , p. 11.
CELTIBÉRIE. Pays des Celtiberes. Celtibetia. C'eft
l'Arrason, Vigenère.
CELTIBÉRIEN , ENNE. Foyei Celtibère. Ceft la
tnôme choie.
CELTIQUE, f m. & f. Peuple d'Efpagne. Celticlis.
Les Celtiques étoient une Colohie de Celtes , ou
de Celtiberes, qui pénétrèrent jufqucs fur la côte
occidentale d'Efpagne , où ils s'établirent depuis
le Dourou jufques au promontoire ou cap appelé pro-
montoire Celtique , qui ctoit apparemment le cap de
Finifterre. Foye^Meh ,,L. III. c. i. Strabon , L. III.
CELTIQUE, adj. m. & f. Qui appartient aux Celtes.
Celticus. La Gaule Celtique , c'efl: la partie de la
Gaule qu'occupoicnt les Celtes. BcUovèfe & Se-
govèfe , neveux d'Ambigat , Prince Biturige ,
Roi des Celtes , conduifirent des Colonies Celti-
ques en AUemaglie & en Italie fous le règne du
vieux Tarquin.
CELUI , CELLE. Au pluriel , ceux Se celles, celui-ci,
celle-là , font des pronoms démonftratits , qui figni-
iîent la même chofe que ce. Ille , illa ; is , ea. Ce
pronom eft de toutes les perlbnnes , comme on
parle en Grammaire -, & l'on dit fort bien : je fuis
celui qui , &c. Vous êtes celui j il eft celui ; ou
avec un nom propre, Cefar eft celui qui , &c. Ceux
qui difenr qu'on ne met pas bien celui après un
adjeélif-, lé trompent; on trouve cette conftruélion
dans les ouvrages les mieux écrits en notre langue.
Heureux ceux dont les iniquités font pardonnées.
P. Lall. Jéfuite-. Heureux celui que fa compalTion
rend attentif aux befoins du pauvre. Id.
■CELUI-LA , CELLE-LA. Autre pronom démonftratif.
Ille , illa. Is , ea. C'eft celui-là qui l'a tué. C'eft
celle-là qui me captive. Mais il ne faut jamais
joindre la particule là avec le pronom démonftratif
celui ou celle , quand il eft immédiatement fuivi
du pronom relatif i/r^/ , ou lequel, comme ceux-là
qui aiment Dieu. Voiture n'eft point à imiter dans
cette conftruélion.
Car h (eu qui brûla Gomorrhe ,
Ne fut jamais jl véhément ,
Q«e celui-là qui me dcyore,
Tome II,
,?tt
Celui - la , Celui - ci. Pronoms diftributifs. Ils ré*
pondent aux pronoms latins diftributifs ilh Sc
■hic , dont l'ufage eft de déligner , de lignifier l'une
des deux chofes ou des deux perlbnnes dont on
vient de parler, 6c donr on ne veut pas répeter le
nom. Celui-là, ille, lért à défigner la première donc
il a été parlé -, & celui - ci , "htc , défignc la der'-
riière. Les femmes ne s'accommodent point de cette
exprelîion; elles fe brouillent dans l'ufage de ces
deux mots : celui-ci , celui-là ; mais les gens de let-
tres les trouvent tort commodes , ôc Ven fervent
pour éviter la répétition du nom propre , ou de
longues phrafes qui font languir le difcours.
GELVL/LF. f m. Nom d'homme. Ceolvulfus. S. Cel-
vulfquina. le Royaume de Northumberland pour
le faire Moine. Ce fut à lui que Bède dédia fon
Hijioire d'Angleterre. Voyez M. Chastelain 4
au 15 de Janvier.
C E M.'
CEMBEL. f. m. Ce mot fe trouve ciahs nos vieux
Auteurs, & fignifie deux chofes. 1°. Une danfe de
campagne fous les arbres , Ibns l'ormeau, ou comme
on diJoit , fous Vormel. 20. Un tournois , une affem-
blée de Chevaliers. Ce mot, dit Borel, pourroic
venir de xymbalum , puifqu'on appelle encore en
Languedoc une fonette , un cimboul.
Ip- CEMENT , mieux que CIMENT, f. m. Terme
de Chymie. On appelle généralement de ce nom
toutes les compolitions , tous les mélanges de fou-
fre ^ de fels , de charbon , de biique pilée, (S-c. que
Ton arrange dans des creufers ou autres Vailfeaux
avec des métaux ou autres fubftances , & que l'on
expolé enfuite à l'adion du feu , pour caufer par
ee moyen quelque altération dans ces fubftances.
Camentufn. f
%fT Les CémenS font difFéfetis & différemment corn-
pofcs, félon les diffcrenres vues qu'on fe propofe ,
& les diiîerens changemens qu'on veut produire
dans les fubftances qu'on foumet à cette opération.
Il y a deux principaux cémens , le commun & le
royal. Le commun fe fait zvCc la poudre de bri~
ques 5 le fel commun , le nitre & le verdêt. Le royal
eft compofé des fels gemme & ammoniac, de cha-
cun une partie , de deux parties de fel commun j
&■ de quatre patries de bol , ou de briques en pou-
dre , le rour malaxé avec une qualité fuffifante d'u-
irine & rédilit en une pâte dure.
IJC? On fe fert du cément royal pour fépaler l'argent
d'avec l'or dans l'opét'ation du départ. Voye^ Dé-
part. Cément pour convertir le fer en acier -, cément
pour convertir le cuivre touge en cuivre jaune; cernent
pour donner à certains verres les qualités dé la por-
celaine. On ftrarifie dans un creufet des lames d'or
avec du cément royal ; on cguvre ce creufer , puis
l'ayant entouré de feU , on fait calciner la matière
pendant dix ou douze heures avec beaucoup de
violence , afin que les fels mangent & coilfument les
impuretés de l'or.
|p=- CEMENTATOIRE. adj. de t. g. Terme de Chy-
mie. Poudre cémentatoire . c'eft la même chofe que
ce qu'on appelle ciment.
if^ Cémentatoire. Terme de Minéralogie. On ap-
pelle, quoiqu'improprement, cuivre cem.entatoire ,
le cuivre qui a été précipité de certaines eaux vitrio-
liques , par le moyen du fer que l'on trempe dans
cette eau.
'ifT II y a des fources d'eau cémentatoires en Hon-
grie, qui dilfolvent & détruifent le fêr, &: mettent
en fa place le cuivre dont elles font chargées.
CEMENTER, v. a. Terme de Chymie. Faire la dé-
meptation. Purifier l'or par le moyen du cément.
CÉMETERIAL , ALE , adj. Qui concerne le cimetière,
qui eft fitué dans un cimetière. Ilyavoit dans l'en-
ceinte du Monaftèrc une chapelle céméieriale , fous
le nom de S. Etienne. Hifi, de l'Eglife de Meaux ,
T. I, p, 70.
CÉMON, f. m. Nom d'homme, Ceadmanas. S, Cémon
CEN
3T4
ccoit Chanue du Monaftère de (ainte Hilde. Bcde
a écrit ia vie au !¥>; livre de ionUiji. d'Anglaerre.
C E N.
CÉNACLE, f. m. Terme confacré , pour dire, le lieu
où l'on mange. Cœnaculum. Les Anciens avoient une
l'allé deftinee à cela -, & c'ccoi: ordinairement le lieu
le plus élève de la mail'on. Conftancin avoir fait
bâtir un cénacle à Rome pour y nourrir des pau-
vres , 6c on en voit encore aujourd'hui les relies qui
font ornés de quelques mofaiques. Ce mot n'eft plus
guère en ufage , fi ce n'eft pour dcfigner le lieu où
notre Seigneur fit la Cène avec les dilciplcs.
Ils étoient entrés dans le cénacU pleins d'igno-
rance , de ténèbres , d'aveuglement , de foiblellè , de
mauvaifes inclinations &: de péché , & ils en forti-
rcnt plus éclairés &: plus brûlans d'amour de Dieu ,
que des Séraphins. Faid.
Ce mot de Cœnaculum fe trouve fouvent dans
notre Bible latine , & il lignifie ordinairement le
dernier étage d'une mailbn. Il eft dit au chap. I des
Ades des Àpôtrcs , qu'après que Jelus-Chrifl; fut
monté au ciel , fes difciples retournèrent à Jérula-
lem dans une maifon , & qu'ils montèrent in ciETia-
culum , c'eft-à-dire , au lieu le plus élevé de la
nicùlbnjqui étoit un lieu retiré & propre à taire
la prière : c'ctoit une elpèce de terrafle , parce que
les Orientaux failbient les toits de leurs maiibns
plats, en forme de terraife. Us s'y retiroient non-
léulement pour y manger •, mais aulîi pour s'y re-
polér & pour y prendre l'air.
Autrefois on a dit cenailU pour Cénacle.
CENAGE. f. m. Terme de Coutumes. C'eft un droit
qui fe paye à caufe de ia pêche accordée à quel-
qu'un fur une rivière
CENAILLE. f. m. Vieux mot , lieu où l'on foupe ,
du larin ^cœnaculum.
CENCHREE. (. m. Nom du port de Corinthe du côté
- de l'orient. Cmchraa ,Cenchreum , Cenchreis. Voyez
Corinthe.
tfr CENCHRIS, femme de Cinyras, &mere de Myr-
rha, ayant ofé fe vanter d'avoir une fille plus belle
que Vénus -, cette Déelfe , pour le venger de l'or-
gueil de la mère , permit que la fille brûlât pour fon
père d'une flamme inceftueufe , qu'elle trouva le
moyen de fatistaire fans qu'il le fçur. Myrrha , pour
cacher fon crime & fa groffelfe , fe retira dans les
forêts , où Vénus , qui en eut pitié , la changea en
un arbre , d'où naquit Adonis , ic d'où découle la
m yrrhe.
tfT CENCHRITE. f. f. Les anciens Naturaliftes ont
donné ce nom à une pierre précieufe , qui femble
parfemée de grains de millet. Cenchrites ou Cen-
chritis.
CENCHRUS. f. m. Efpèce de ferpent, qu'on nomme
ainfî à caufe qu'il a plufieurs petites taches blan-
ches , femblables au millet. Cenchris. Diofcoride dit
que fes morfures font auffi dangereufes que celles
des vipères. La chair s'enfle comme aux hydropi-
ques , & tombe enfuite par pièces. Le même Diof-
coride dit qu'entr'autres remèdes contre ces fortes
de moifures , on peut mettre de la graine de laitue
& de celle de lin enduite , fur la plaie,
CENDAL. f. m. Etoff: qui étoit fort eftimée chez les
Anciens , dont on faifoit entr'autrcs chofcs les ban-
nières. Cilicii panni genus. C'étoit une efpèce de
camelot, Borel eftime que ce nom lui vient àcfan-
dal , dont il y a de trois fortes , du rouge , du blanc
& du citrin. Il dit aulfi qu'il vient de Simion, &
celui - ci de Sidon , de Syrie. Du Cange dit que
c'étoit une étoffe de foie , &c que ce mot vient de
fetal , à caufe qu'elle étoit tramée de foie. D'aurrcs
le dérivent de \'zi3.be Jïndali , uns feuille on une
!ame mince & déliée.
CENDRE, f. f. Matière terreftre , poudre qui refte du
bois , ou autres matières combuftibles , quand elles
ont été confumées par le feu. Cinis. La ville de
Londres a été prcfque toute réduite en cendres ,
CEN
par un incendie. Les verres fe font avec des cen-
dres de fougère &; autres cendres. Il n'eft permis
de faire des cendres dans les forêts que des hou-
piers , troncs , racines & autres bois qu'on ne peut
exploiter , ni en ouvrages ni en bois de corde. Un
pain cuit fous la cf/z^rc chaude. Les cendres, (\\xci-
les qu'elles foient , feroient d'un grand ufage pour
améliorer les terres , li on en avoir beaucoup , &
comme on n'en a que très-peu , on les met au pied
de quelque figuier , ou de quelqu'autre arbre , &:
elles n'y font pas inutiles. La Quint. 03" C'eft
aux fels dont les cendres font chargées , qu'elles
doivent la propriété de blanchir le linge , de dégraif-
ferles étofres. Les cendres de bois flotté , qui a perdu
la plus grande partie de lés lels dans l'eau , font
prefque inutiles aux blanchillcufes.
Ce mot vient àc cintre , ablatif de cinis , comme
gendre de gêner , tendre , as tener. Mén. Le mot
cinis en latin vient du grec «<>.(« , ^qui lignifie pouf-
Jïere , ou de candeo en latin , d'où viennent les ver-
bes , incendo , Juccendo , &cc.
KT On dit figurémeni réduire une ville , une Pro-
vince en cendres , la délbler , la ravager , y mettre
tout à feu Si à fang, Omnia ferro & flammd vaj-
tare.
UC? En parlant d'une palTion mal éteinte , on dit que
c'eft un feu caché fous la cendre. îgnis fuppojitns
clneri dolofo. .La rancune lait fe couvrir de l'ex-
térieur de l'amitié, jufqu'au moment qu'elle trouve
à fe fatisfaire. C'eft un feu qui couve fous la
cendre.
■^fT C'croit autrefois la coutume chez les Hébreux ,
dans les dciblations publiques , de prendre le lac
& de le couvrir de cendre , pour marquer une grande
douleur Se une grande pénitence. Telle fiit la pé-
nitence des Ninivites. De là les expreffions , pren-
dre la -cendre & le cUice , faire pénitence avec le
lac & la cendre , témoigner une grande douleur d'a-
voir offenfé Dieu , faire pénitence pour obtenir le
pardon de fes pèches. C'eft encore une pratique
dans quelques maiibns religieufes d'expirer fur la
cendre.
0Cr Le Mercredi des Cendres eft le premier jour de
Carême , ainfi nommé , parce qu'on va prendre des
cendres bénites à l'Eglilé. Sacrorum Cinerum dies ,
dies Cinerum. Le Prêtre marque en forme de croix
le front des Fidèles de la cendre qui eft faire des
lins;es qui ont feivi à l'autel , ou des branches de
buis qui ont été bénites , en prononçant ces mots ,
Mémento homo ^qiiia puh'is es , & in pulverem re-
verteris. Pratique ordonnée par le Concile de
Bénevent en 1091 , qui enjoint à tous les fidèles
Clercs & Laïques , hommes & femmes , de recevoir
des cendres fur leur tête ce jour-là , pour fe difpo.
1er à l'cfprit de pénitence & d'humiliation pendant
le Carême. Cette pratique, quoique générale , n'eft
pas d'obligation.
Cendre gravelée. C'eft la cendre de la lie de vin brii»
lée dont on fe fert pour faire la lelEive; mais on s'en
fert principalement pour faire des pierres à cautère.
Cineres clavellati.
Cendre d'azur , eft de l'azur broyé , lavé &: réduit en
poudre. Cinis aeruleus. Voyez Azur..
Cendre verte , eft une couleur bleue qui fe fait en
Flandre , & dont les Peintres fe fervent dans les
payfaa:es feulement , à caufe qu'elle verdir rrop ai-
fément -, ce qui lui a fait tlrit donner le nom de
cendre verte. Voyez Bleu.
Cendre de fougère ,e^i^loL cendre dont on fait le verre
de fougère. Cinis filicis. Généralement la cendre
de toutes fortes de bois eft propre à faire le verre
de vitre.
C^^D-R-ï de plomb , eft du plomb en fort menus grains,
dont on charge les fulils pour rircr au menu gibier,
Pumhlx pilulce miniiti(Jimx.
Cendre de bronze. C'eft ce qu'on appelle autrement
Pompholix , ou calamine blanche.
CendrF d'Auvergne, Cendre tirée de plufîeurs plan-
tes nées dans les montagnes fort expofées au fo- j
CE N ^
leil,& toute remplie de iels alcalis. Cinis Arvcr-
nicus. La cendre d'Auvergne a été employée poiu-
réparer les acides volatils du fel ammoniac de ia
partie volatile , d'avec là partie fixe. Acad. d. S.
°Elle' s'appelle ainfi , parce que les plantes dont
on la tire fe prennent , ou ont été pril'es d'abord
des montagnes d'Auvergne.
irr Les Grecs & les Romains étoient dans l'afage
de brûler les corps morts -, & ils avoient grand
loin d'en recueillir les cendres dans des urnes. Ar-
temife but les cendres de l'on mari Maufole. Le
corps étant brûlé , la mère , la femme , les entans ou
les paient du défunt , en habits de deuil , ramal-
foient les cendres & les os qui n'avoient pas été
coniumcs par le feu. Ils commençoitnt par implo-
rer les Dieux Mânes &: l'ame du défunt^, le priant
d'avoir pour agréable ce pieux devoir qu'ils alloient
lui rendre -, puis fe lavant les mains 5c verlant lut le
bralîer du vin i^c du lait, ils ramallbient les cendres
&: les os qu'ils arrolbient de vin & de lait. Le
premier os qu'ils recueilloient s'appeloit os rejec-
tmri , félon Varron , ou exceptum ■■, parce qu'il fer-
voii à achever le refte des funérailles. Les relies ainii
arrofés,ils les renfermoient dans une urne faite de
différentes matières , & venoient pleurer delfus. Ils
renfermoient ces larmes dans de petits vafes appe-
lés Aîcryw^ron^jdeslacrimatoires , qu'ils mettoient
au fond de l'urne fur laquelle le Prêtre faifoit une
afperfion, ainli que fur les adlftans pour les puri-
fier , avec une branche de romarin, de laurier ou
d'olivier -, & congédioit l'aflemblée par ces mots
i , Ucet. Allez-voiis-cn , vous pouvez vous retirer.
Foyei le relie au mot Bûcher, On ne brûle plus que
les'corps des fcélérats, dont les cendres font jetées
au vent.
|C? De cet ufage de brûler les morts & d'en recueillir
les cendres dans des vafes, eft venue l'exprelfion poé-
tique &: fii^urée, la cendre, les cendres des morts. Trou-
bler les cendres de qvidqu'un. Mânes iœdere, blelfcr
la mémoire d'un more. Cicerona dit, cineriaàcujus
dolorem ïnurere , perfécuter quelqu'un jufque dans
le tombeau-, &:, cïneri alicujus dure panas, être puni
pour avoir remué les cendres , violé le tombeau de
quelqu'un : & Virgile , cinerifidem fervare , être fi-
dèle même après la morr : & Phèdre , cinis durn-
mod'o ahfolvar \ pourvu qu'après ma morr je fois
juftifié.
Cendre fe prend auflî pour la mort même de la per-
fonne dont on réduifoit le corps en cendres.
Traître l [ans lui donner le loifir de répandre
Les pleurs que fon amour aurait dûs à ma cendre.
^ Racine.
Cendre fe dit encore pour marquer une chofe vile ,
abjcéle , méprifable. Cinis.
Seigneur , t'oferai-je parler
Moi qui ne fuis que cendre & que poujfùre ? Corn.
On dit proverbialement d'un mauvais ragoût ,
rôti , bouilli , traîné par les cendres. On dit en par-
lant d'un bon maii ou d'une bonne femme , qu'il
faudroit les brûler pour en avoir les cendres , pour
fienifier que l'un & l'autre font fort rares.
On dit aulfi que les c^^re^ ne peuvent pas couvrir
le feu , quand une perlbnne doit plus d'intérêts
qu'elle n'a de revenu,ou quand une fomme n'efl pas
allez forte pout fatisfaire tous ceux qui demandent.
CENDRÉ , ÉE , adj. Qui eft de couleur de cendre.
Il y a un certain gris qu'on appelle gris cendré.
Cinereus , cinericius. Cheveux cendrés , étoffe d'un
sris cendré
CENDRÉE, f f. eft la dragée ou la plus menue pou-
dre de plom.b , qui fert a tirer fur le menu gibier.
Cinis plumbeus , piliilœ plumbex.
Cendrée. Terme de Plombier: c'eft l'écume du plomb.
Cendrée, f. f. Terme de Monnoie. Les coupelles d'af-
C E N is")
finage font aulîî appelées caffes ou cendrées. Boi-
ZARD. Foye^ Coupelle.
CENDREUX , EUSE. adj. Qui eft fali , couvert de
cendres. Cinere afperfus , confperjûs. Ce petit chat
ell tout cendreux , il s'eft couché dans les cendres.
Habit cendreux.
On appelle du fer cendreux , celui qui demeure
noir, quand même il eft poli , qu'on ne peut rciv
drc bien clair. Ce ter n'eft pas fi fujet à fe rouiller ,
à caufe qu^'il tient un peu de la nature du plomb.
CENDRIER, f, m. Celui qui fait des cendres dans les
forets , le Marchand qui en fait trafic. Cinerarius.
Dans ce dernier fens , le mot de cendrier n'ell en
ufage que parmi le peuple.
Cendrier eft aulfi la partie la plus balle des four-
neaux (Si des rechauts qui eft au deiîbus de la grille
ou dufoyer , deftinée à en recevoir les cendres. Ci-
né rariu m.
CENDPvIOT , OTE. f. m. & f. Cineriota. L'héréfiar-
que Vigilantius donnoit le nom de cendriois aux
Catholiques , parce qu'ils honoroient les reliques &C
les cendres des Martyrs.
Ce mot vient fie cinis , cendre.
■p- CENDPvURES. f. f. pi. Mauvaife qualité de l'a-
cier. Elle confifte dans de petites veines , qui ,
quand elles fe trouvent au tranchant d'un inftru-
ment , le mettent en giollé fcie.
CÈNE, f. f. Cérémonie qu'on fait tous les ans le Jeudi-
Saint 5 en mémoire de la Cène ou du dernier repas
que fit Jefus-Chrift avec fes Apôtres , où il leur lava
les pieds , & leur recommanda de faire de môme.
Uliima Chrijîi Domini cxna. Les Princes , les Pré-
lats , &c. font la Cène le jour de la Cène , c'eft-à-
dire , qu'ils fervent à manger aux pauvres , après
leur avoir lavé les pieds , en mémoire de la Cène que
T. C. fit avec fes Apôtres. La Cène de Paul Vero-
nèfe eft un fameux tableau de ce Peintre , qui re-
préfente la Cène de notte Seigneur,
Ce mot vient du grec »«'»05 , qui lignifie commun.
Ceux de la Religion prétendue réformée appc-
lent Cène, la Communion qu'ils font entr'eux fous
les deux efpcces. Les Catholiques ne lé fervent pas
du mot Cène , pour dire VEucharifiie. En effet , il
ne le tiouve point en ce fens-là dans le Nouveau
Teftament. Dans le procès que le's Dodleurs de
Sorbonne firent à leur confrère René Benoît , on
lui oppolà principalement le mot de Cène , dont il
s'étoit fervi félon l'idée des Calvinlftes j &: il ne
put fe purger de ce reproche , qu'en rejetant toute
la faute fur'les Imprimeurs , qui l'avoient trompé.
>K? CENEDA. Ceneta ou Cenedj. Jgathiœ. Ville d'I^
talie dans la Marche Trévifane , du domaine de
Venife, avec un Evêché fulftagant d'Aquilée.
CÉNÉE. f, m. Terme de Mythologie. C'eft le nom
d'un des Lapithes. Les Poètes difent que Cénée avoir
d'.ibord été fille & s'appeloit Cenis , qu'elle fut aimée
de Neptune , & qu'elle le pria de la transformer
en homme , mais en homme invulnérable -, qu'il lui
accorda fa demande -, qu'elle parut en homme fous
le nom de Cénée , & qu'il combattit contre les Cen-
tauiesdans la querelle que les Lapithes curent avec
eux aux noces de Pirithous -, qu'étant invulnérable ,
il n'avoit rien à craindre des traits des Cenraures ,
mais qu'ils l'étoufïerent par la quantité d'arbres qu'ils
jetèient fur fon corps ; qu'enfin Neptune ne vou-
lant pas qu'une perfonnc qu'il avoir aimée pérît
entièrement , il la métamorphofa en oiléau. Ovide
parle beaucoup de Cénée , au livre XII de fes Mé-
ramorphofes,
CENELLE. f. m. Fruit du houx , qui eft petit &c rouge.
CENERETH, CENEROTH ou CENNERETH. Ville
de la Tribu de Nephthali. Jof. XIX 3 5- La terre
ou la région de Cénéreth étoit la contrée voiline
de cette "ville, qui en prenoit fon nom. C'eft celle
que les Evangéliftes appellent Terre de Génefar ,
ou Gêné far eth, Matth. XIV, 54- M^ir^ , ^/ , ^ 5. La
mer de Cénéreth , dans l'Ancien Teftament , eft auflî
la même chofe que l'étang ou le lac de Gencfar ou
Y y 11
35^
C E N
de Généfareth , la mer de Tibériade ou de Galilée
dans le nouveau. C'eft le grand lac que forme le
Jourdain enrre la partie de la Tribu de Manailc ,
qui étoic à l'orient du Jourdain , &c la Tribu de
Zabulon à l'occident , ayant au midi une partie de la
Tribu d'Iiîachar , & au leptcntrion une partie de
celle de Nephthali.
ŒNEVE. Foy^:^ Sénevé.
CENGLE. i: f. Du Cancre, le P. Monet , ei/n'0/2
CENGLE,EE,adj.> .1- Roiun , 1(^57, le P. Binet, Du-
CENGLER. /■ puisTur Etienne, & Baudouin liir
j Nicod , écrivent de la ibrte.
Furetière &. Ménage conviennent qu'autrclois on
écrivoit clian^U , cli.inglcr , cependant ils écrivent
fangle ,fangler , comme l'Académie , Richclet , Jou-
bert , Boudot & plulieurs autres Modernes. Daner
ccnifengkdc cengle , ce qui prouve qu'il balançoit
iur le choix qu'il devoir faire. Foye^ Sangle.
CENIS. Montagne qui efl dans la partie des Alpes,
que les Anciens appcloient les Alpes Cotticnnes.
Ceiiijïus mons , ou Cinereits mons. Le mont Ccnis
cft le pailage ordinaire de ceux qui vont de France en
Italie. Il eft aux confins du Piéifiont & de la Savoie ,
entre le Marquifat de Suze ^c la vallée de Morienne,
§3" CENIS. (les) Peuple de l'Amérique feptentrio-
nale dans la Louisiane , vers la Iburce d'une ri-
vière de même nom , qui a fon embouchure à l'oc-
cident de celle du Miinnipi.
CENOBIARQUE ou CCENOBIARQUE. f m. Supé-
rieur de Communauté, Supérieur d'un Monaftcre,
Supctieur d'une maifon de Moines vivans en com-
mun. Cœnob'uircha , Cœnobuirchus, MonajK'rii Pra-
fes , MonajLrio Prafecius. Quelques-uns écrivent
Ccnotiar^ue , comme l'on piononce. S. Theodofele
Ccnohuirque , après avoir beaucoup Ibuftert pour la
foi catholique, mourut en paix. Chastelain.
Ce mot eft compofé de trois noms grecs y.ono;,
commun , ?:}; , vie , &: :i;^i , commandement ; 6c ^'gni-
iie proprement celui qui a le commandement fur
des Cénobites, c'eft-à-dire, fur des perfonnes qui
vivent en commun. Cette étymologie montre qu'il
faudroit écrire Canobiarque.
CÊNOBÎTE. f. m. Religieux qui vit dans un Cou-
vent , ou en commun , Ibus une certaine Règle ,
par oppofition a Ermite ou Anachorète. Cœnobita.
Cafîien remarque que le Couvent eft dilfétent du
Monaftère , en ce que le Monaftère le peut dire
de l'habitation d'un feul Religi-.ux -, au lieu que
le Couvent ne fe dit que de "plulieurs Religieux
habitant enfemble , & vivant en communauté ;
comme le porte la lignification du mot grec r.o/wT^s ,
de zoïKiç , commiinis , & f/oç , vita. Voyez la Règle
de Saint Benoit, ^ les Commentaires Çwc ce.iiz'R.c.-
gle , de Dom Armand Jean de Rancé , Abbé de la
Trappe -, de D. Mége , Moine Bénéditftin de la
Congrégation de Saint Maur. Dans les Monaftères
d'Egypte , les uns étoient Anachorètes , gardant
une entière Iblitude , &: ne parlant qu'à Dieu 2c à
eux-mêmes : les autres Cénobites , pratiquant la loi
de la charité dans une Communauté , morts pour
tout le refte des hommes , le tenant lieu de monde
les uns aux autres , & s'excitant mutuellement à
la vertu. Fleury. Les Difciples de Saint Bafile étoient
Cénobites, vivant en communauté; auHi le pays
( la Cappadoce ) étoit trop froid , pour fe pouvoir
écarrer dans les déferts comme en Egypte , &: vivre
en Anachorères. Id. Dans la dix-huuihne Confé-
rence de CaOîen , l'Abbé Piammon parle de trois
différentes fortes de Moines qui fe trouvoient en
Egypte. Les Cénobites qui vivoient en communau-
té i les Anachorètes , qui après s'être formés dans
les communautés, paflbient dans la iblitude •■, &c
les Sarabaïtes , qui n'étoient que de faux Moines ,
& des coureurs. Il rapporte au temps des Apô-
tres l'inftitution des Cénobites , comme un refte ,
ou une imitation de la vie commune des premiers
Fidèles de Jcrufalcm. Les Cénobites & les Ana-
chorètes étoient à peu près en nombre égal dans
l'Egypte.
C E N
Ce n'eft point Saint Pacôme qui a été le père
des Cénobites y & qui a fondé les premiers Mo-i
naftèrcs parfaits, comme l'a cru M. de Tillcmonfi
c'eft Saint Antoine. Saint Ammon fonda mêmej
des Monallcrcs dans la partie de l'Egypte qu'on
appeloit Nitrie, avant que Saint Pacôme en éta-
blît aucun, yoyei le P. Hélyot , Dijc. Prelun
cil. 6 & 7.
CÉNOBITIQUE. adj. Qui appartient à la vie rc-
ligieufe & monaftiquc. Cœnobiticus. Saint Paccrne
ell: rinftirutcur de la vie cenobiti^ue , parce eue
c'eft le premier qui forma des Communautés ré-
glées. Du Pin. Saint Pacôme eft le premier dont
nous ayons une règle , & qui air donné la forme
entière à la vie cénobitique. Il vivoit au commen-
cement du rV"^ liècle , & fa converlion ne peut gtfète
être arrivée plus tard que l'an 515. Fleury.
Mais le P. Hélyot penfc autrement que MM. Du
T'in & Fleury. Kojt-^ la fin de l'article Cénobit'^.
CENOMAN , ANE. f.m. &f. Nom d'un ancien peuple
de la Gaule Celtique. Cenomanus. Ce font les
anciens Manfeaux , ou les peuples qui habitoicnt
le Maine.
Il y avoit au/Ii des Cénomans dans la Gaule Cifa!-
pine. Leur capitale étoit Brefle , Brixia.. Les Romains
eurcBt quelquefois affaire à eux.
CÉNON. f. m. Nom de dignité parmi les hérétiques
Montaniftes. Les Monraniftes avoient des Patriar-
ches, às.'iCénons, &c les Evêques ne tcnoient que
je rroif ème rang parmi eux. Du Pin.
CENOTAPHE. C. m. Tombeau vide ■■, monument dreflc
à la mémoire de quelque mort illuftte enterré ail-
leurs , ou dont on n'a pu trouver le corps après
une bataille , ou un naufrage. Tumubiis inanis ,
fepulchrum honorarium, cœnotaphium. Le Cardi-
nal Noris a fait des diifertations fur les Cénotaphes
des Céfars Caïus & Lucius , qui fonr à Pile. Voyez
Tombeau.
Ce nom vient de .ceA?, vide, & de ™?<.5, fé-
pulcre.
tf? CENS. f. f. Terme d'Hiftoire Romaine. Le cens,
cenjhs , chez les Romains , n'étoit autre choie que
la déclaration authentique que fàifoicnt les fujcts
de l'Empire de tous leurs biens meubles & im-
meubles , devant les Magiftrats commis pour cela.
Ils étoient appelés Cenfeiirs dans la ville de Rome,
^ Cenfteurs dans les Provinces. Ces déclarations
étoient accompagnées d'un dénombremenr par écrie
des fonds qu'ils polfcdoient , de leur qualiré 5c de
leur quantité , avec les tenans & les aboutiilans.
Chorier , Z. Il"^, p. 195.
IP" Tullus Hcftilius inftitua le cens, & fit le pr:-
mier le dénombrement du peuple Romain, pjar
lavoir quel nombre il pouvoir avoir de combart#s j
& quel fecours d'argent il en pouroit tirer. Cet
ulage le pcrpérua ibus le gouvernement républi-
cain. Les Cenfeurs étoient obligés d'avoir un re-
giftre exaél de toutes les déclarations , & de veiller
à ce qii'aucun étranger ne fe fît infcrire par furprifc;
ne quis in cenforias tabulas irreperet.
§3° Le Cens embraffoit les trois ordres de la répu-
blique -, les Sénateurs , les Chevaliers & le peuple:
leclio & Yecitatio fen&tks , cenjlo , recenfio & recog-
nitio. Se cenfus ou Itiflrum. Le Cenfeur alîls fur
la chaire curule faifolr appeler les fénateurs pat
l'Huidier chacun par fon nom ; legebant ou reci-
tabant fenatum. Ils rayoient de la lifte ceux qu'ils
vouloient dépofer , & en fubftiruoient d'autres à
leur place tires du nombre des Chevaliers. In
fenatum leyre.
tfT On appeloit de même les Chevaliets les uns après
les auttes, &; lorfqu'il n'y avoir rien à redire à leur
conduite , le Cenfeur leur difoit , Prœteri & traiuc
equum. Si on avoit des leprochcs graves à lui
faire , on lui ôroit la penlion &: le cheval , equus
adimebatur.
|tT Enfuire on paffoit à la revue du peuple, non-
feulemenr de Rome , mais de toutes les villes mu-
nicipales qui avoient* le droit de bourgeoilie doat
C E N
oa enyoyoitles noms aux Cenfeurs; & Jodqu'ily
avoit à redire à leurs mœurs , on les dcgradoit ,
en les privant du droit de futfrage , & en les met-
tant à la raille. JErarios fierl & in cer'uum tabu-
las ref^rri , parce que les habitans de cette petite
ville avoient la qualité de citoyens Romains, mais
ne jouiiîbi;nt pas du droit de iliifrage.
^ Le cens achevé , on indiquoit une afTemblée
générale au champ de Mars, pour aililter au la-
criiice d'expiation. Le peuple s'y trouvoit en armes ,
divifc par Centuries , & l'on prioit les Dieux d'a-
voir pour agréable le cens qu'on- venoit de faire ,
& qu'il leur plût conferver la République dans fa
fplcndeur & dans fa gloire.
|3" Ce lacrifice fe cclcbroit tous les cinq ans , & fe
nommoitZ«//rz///z^ de-mcme que le cens du peuple.
De-là on nomma aulfi luftre, la révolution de cinq ans
lO" L'illaftre_ Auteur de VEJpric des Loix , prouve
qu'il n'y a jamais eu de cens général dans l'ancienne
Monarchie Françoife , Se que ce que l'on appcloit
cens , étoit un droit particulier levé fur les fcrfs
par les maîtres.
Cens. Signifie parmi nous , rente feigneuriale & fon-
cière , dont un héritage eu. chargé envers le Sei-
gneur de Fief d'où il dépend. Cenfus. Le cens cil
la marque de la feigneurie que le Seigneur s'efl
retenue , quand il a baillé à cens & rgnte une terre
dépendante de fon fief. |p" Il eft la véritable
marque de la diredie feigneurie fur les rotures ,
comme la foi & hommage , eft le caraélcre de la
direde far les fiefs. Le cens eit imprefcriptible &
non rachetable. Le cens emporte droits de lods &
vente, &i faifine d'amende en cas de vente. Il y a cens
mort on cens truant , qui ne porte aucun droit , dont
il eft parlé en la Coutume de Soêmes & d'Auvergne.
Le cens eft une marque de eigneurie , parce
que les Francs donnèrent les terres qu'ils conqui-
rent, ou à charge que ceux à qui ils les donnoient
les llrviroient à la guette, ou à charge de ce/zj &
de rente. On dit au Palais que les cens &c auties
devoirs féodaux font rendables &c non requérables.
Les cens Si autres devoirs fcodaux font éteints par
i'acquiiition que font les Seigneurs de nef 4es hé-
ritages qui font fujets à ces devoirs. Koye^ Bodin ,
Iz Coutume de Paris , Bruneau , Chopin ', Lhomeau \
Chaline , &c. Le cens eft imprefcriptible ; le te-
nancier ne peut le prefcrire contre forK Seigneur ,
en ce qui regarde le fonds du Droit du Seigneur ,
& non en ce qui concerne les arrérages qui fepeu-
venr prefcrire par un décret faute d'oppofition.La
quotité de cens fe peut ptelcrire par trente ans ,
entre maieurs non privilégiés , & par quarante ans
contre TEglile. Voye^ Lange.
Chef-cens , eft le çïemieï: cens. Primîgenius cenfus ,
primitivurn vecii^al; Sur-cens , celui qui a été ajouté.
Secundarue indictionis cenfus , fecundanum vecliaal.
Le menu cens ne conlifte d'ordinaire qu'en tour-
nois , mailles & autres petites monoies , mmuti
œris cenfus annuus , levior cenfus dominii tantum
indexW eft le chef-cens Se capital , Se plus fcismcu-
rial que le gros cens , qui eft une efpèce détente
dont l'héritage eft chargé , & qui fe \iaye en gros
& en bloc pour toutes les terres qui ont été données.
Miilti œris cenfus , gravior cenfus ,gravius vecli^a/.
Le premier n'eft qu'un figne Se reconnoiifance de la
feigneurie de celui qui le premier a donné l'héri-
tage à cens.
Le fur-cens , eft le cens qui a été impofé depuis
la première conceifion. Il y a a-uifian cens a.jue/îe ,
qu'en la Coutume de Melun on appelle ropo, que
le Seigneur eft tenu de demander ; Se on l'appelle
autrement cewj requérable: au lieu qu'on eft obligé
déporter les autres cens er\ lamailbndu Seigneur t à
cauf^-de ccla,on Vz^^cWc cens ponalle. Cenfus col-
leclitius , vecligal colleclaneum.
Cher-cens , on appelle le cens-cher , lorfque l'hc-
ntage cenfuel eft chargé de cens annuel à peu-près
de ce qu'il peut valoir par an. Cens fimple , cens
double., qui eft double du fimple. Cens truanr,ei\.
CEN 5^7
celui qui ne porte ni lods , ni ventes , ni aucun
profit au Seigneur. Croix de cens , eft la monnole
dont on paye le cens , parce qu'autrefois toute la
monnoie etoit marquée d'une croix.
Ce mot vient de cenfus; Nicor.' &c cenfus vient
de cenjere, quiiignifie, prifer, eftimer , à caufe que
les Cenleurs à Rome , appelés d'abord Cenfores ,
Se eniuite Cen/itores y eftimoicnt de temps en temps
les biens des particuliers , pour impofer les tributs
a proportion.
On dit proverbialement , quittet la terre pour
le cens ;^ pour dire , fe défaire d'une cliofc qu'on
poHéde à des conditions trop onéreufes.
On dit, des Seigneurs & des héritages ce/z/i^/o- ,
cenfifs, cenflers. Se cenfue/s , félon lès divers pays
Se Courûmes , en parlant d'un Seigneur qui a droit
de lever un cens, ou d'un héritage'qui en eft chargé
^"^'frs lui. Cui debitus eji cenfus annuus.
Cenfable fe dit du Seigneur quia droit de cens;
Se cerOable , de l'héritage qui eft chargé de cens :
Cerf er fe dit de l'un Se de l'autre.
CEN.'/L, f. m. Eft un terme de Commerce du Le-
vant, qii lignifie Courtier. Ce mot eft en ufaire
principalement en Provence Se dans les Echelks
du Levant. Pour la commodité des Matchands, &
pour^ faire fleurir le négoce , il y a aujourd'hui dans
Marleille a,6^ Cenfaux ou Courtiers , dont l'ctablif-
lement eft fi ancien, que je n'ai pu trouvet fon ori-
gine-, cardans l'un des ftatuts qui furent faits l'an
li^yj il eft parlé du ferment que font les Cour-
tiers tous les ans le jour de la Purificarion dans
l'Hôtel-de-Ville , entre les mains du Viguier Se des
Confuls. Vers le milieu du XV^ (iècle il y en avoir
julqu'à 70. En 1579, les Confuls les rcduifirent à
30. En 1599, le nombre fut augmenté de huit ,
avec défenles faites à toutes perlunnes d'exercer la
charge de Cenfal , à peine de faux, de 150 livres
d'amende , & de punition corporelle. Aux années
i(Jo4 Se i6z<), on accrut ce nombre de fîx , & à
melure qu'on failbit quelque augmentation , les
Confuls drcflbient de nouveaux Règlemens , dont
les principaux articles font inférés 'dans un Livre
intitulé : Le PUglement du fort. Louis le Grand a
érigé la charge de Cenfal en Office-, Se depuis, les
Cenfaux prennent des provifions du Roi. De'Ruffi ,
Hip. de MarfeiUe , T. II , p. 12,0. Quelques-uns
écrivent Senfal.
IJC? CENSE, f f. Ce terme eft ufité dans quelques
provinces , en Flandre , dans le Hainaut , en Bour-
gogne , pour dire une petite ferme, une métairie.
Pnzdiuni y prcedioliun rujiicum. Cette terre confifte
en deux ou trois cenfes.
^fT CENSÉ, LE, adj. du latin ce^/tr^, croire, pen-
fer , fignifie la même chofe que réputé. Habitus ,
exijhmatus. Les Eccléliaftiques abféns pour le fer-
vice du Roi font cenfes prélens , Se ont part aux
difttibutions. Il eft cenfé complice de cetaiTaiTmat
par les preuves & indices du procès. Une loi eft
cenjée abolie par le non ufage.
CENSER.IE, {'. f. exprime tout ce que fignifie cour-
rage, c'eft-à-dire, la profellion duCenial; & quel-
quefois le droit qui lui eft dû.
CENSEUR, f m. Terme d'Hiftoire Romaine. C'étoit
autrefois un des premiers Se des plus importans
Magiftrats de Rome -, il avoit le foin de l'intérêt
public Se de la correftion des mœurs. Cenfor. C'é-
toit comme le Réformateur des mœurs Se de la
Police. Les Cenfurs furent créés l'an 511 de Ro-
me , lorlque le Sénat eut remarqué que les Con-
fuls , trop appliques aux aiîàires dé la guerre &
aux expéditions militaires, ne pouvoicntvciJlerafTez
exadlieincnt aux affaires privées. Les deux premiers
furent Papirius & Sempronius ■■> ils furent créés
l'an de Rome 511. Chacun leur étoit fournis,
puifqu'ils avoicnt droit de reprendre tout le monde.
Les Cenfeurs ctoient au nombre des grands Magil-
tra'ts. Au commencement ils furent tirés du Sénar ;
mais depuis que les Plébéiens purent afpirer au
Confulat , ils parvinrent auifi à la dignité de Cen-
qs8 CEN
/«.r. La coutume étoit d'en élire deux;,' Van de
iamille patricienne , l'autre de tamiUe plcociennc ,
& quand l'un des deux mourou aans le tempsde
fon emploi , l'autre lortoit de charge , & on en
elilbit deux nouveaux. M. Rutihus tut le premier
du peuple qui ayant été tait Dictateur an 4°^ de
Rome, après avoir été deux tois ConUil, demanda
aair. là charge de C/r/i^r.PubUus Philo DiClatcur,
ennemi des Patticiens , en 4H , Porta une loi par
laquelle il tut ordonne que l'un des Cerijenrs ferait
pris d'entre les Plébéiens. Elle tut en vigueur ,ul-
qu'en 6it , que les deux Cenjcurs injnt élus d entre
le peuple. Depuis on en a repris du peuple & du
Sénat. Cette Chari^^e étoit li conhderable , quon ne
l'obtenoit qu'après^ avoir pallc par les autres -, cV
on trouva étrange que Craillis en eut ete pourvu
avant que d'avoir été ni Conlul m Prêteur. Cette
Mao-iftrature tut d'abord établie pour cinq ans-,
mais cet ulage ne dura pas neuf ans leulement après
l'inftitution des Cenfeurs. Mamercus Emilius , Dic-
tateur , fît porter une loi qui régla que la Cen-
fure ne dureroit qu'un an ôc demi , & qui tut ob-
fervée depuis à la rigueur. Le Cenjeur avoir le
dtoit d'exclure les Sénateurs qu'il jugeoit indignes
de cette dignité , & de cadet les Chevaliers qui
ne rempliifoient pas bien leurs devoirs, en les pri-
vant du cheval public. Dac. Les a;2>//ritailoient
auiri la taxe> & l'eftimation des biens & des fa-
cultés de tous les Citoyens de Rome , pour impo-
fer le tribut à proportion de ce que chacun pol-
fédoit. Cicéron a décrit très-préciiement les fonc-
tions de cette charge. Elles le réduiient au dénom-
brement du peuple\ à la correélion des mœuts ,
à l'eftimation des biens de chaque Citoyen , a l'im-
pofition des taxes 'félon les facultés d'un chacun ,
■ à la furintendance des tributs , à la detenie des
Temples & au foin des lieux publics. Les gens du
Roi , les Magiftrats de police , ont des tomilions
qui répondent en quelque forte à cette charge , &
ils peuvent être appelés les Cenfeurs diS mœurs.
Il y a même un Magiftrat dans la République de
Venife , qui eil charg'^é de ce foin , &: qui eft iix
mois en charge,
la* Censeur fe dit chez nous dans le diicours ordi-
naire d'un homme qui critique , qui contrôle les
, adions d'autrui. Cenfor. Quand ce mot eft feul ,
il fe prend prefque toujours enmauvaile part.Dire de
quelqu'un que c'eft un cenfeur , c'eft dire qu'il
trouve à redire à tout. Quand il eft joint à quelque
cpithète , c'eft cette épithète qui le détermine à
un fens favorable ou défavorable. Cenjeur équita-
ble , cenfeur injufte. Pour s'ériger en Cenfeur , il
faut joindre à la fupériorité du pouvoir , l'autorité
des bonnes mœurs , & des bons exemples. De
ViLL. Un cenfeur indifcret èc imprudent , aigrit
le mal au lieu de le guérir. In. On foupçonne
d'ordinaire que les airs chagrins d'un ce/z/ear inexo-
rable , proviennent d'une fecrète envie , qui ne peut
fouffrir le mérite des autres. Bell.
Cenfeur un peu fâcheux , mais fouvent néceffaire ;
Plus enclin à blâmer que f avant à bien faire. BoiL.
Censeur fe dit aulTi d'un Critique favant qui doit
faire l'examen d'un livre fans paillon , pour y re-
marquer ce qu'il y a de mauvais & de condamna-
ble. Il faut être le premier Cenfeur de fes Ouvra-
ges'. J'ai prié mon ami d'examiner cette pièce en
févère Cenfeur. Le Cenfeur fe met dans la néceflité
d'avoir évidemment raifon , afin de juftifier par
là ce qu'il y a d'odieux dans la cenfure. Abbé de
Saint Real.
Faites choix d'un Cenfeur folide & falutaire ,
Que la raifon conduife , & lefavoir éclaire. Boil.
Censeur des Livres , tO" Cenfeur royal , ou tout
limplement Cenfeur. On nomme ainfi des gens de
lettres commis par M. le Chancelier , pour exami-
CEN
ner les livres qu'on doit imprimer. "Ils ne donnent
leur approbation qu'à des livres qui ne contien-
nent rien de contraire à la Religion & aux bonnes
moeurs. Les Docteurs de la Faculté de Théologie,
prétendent que c'eft un privilège qui leur appar-
tient , & que les Papes l'ont attribué à leur Corps.
En effet , ils ont été long-temps en pofleillon de
ce droit. Mais en 1614, par Lettres Patentes du
Roi , l'on établit quatre Doéteurs de la Faculté ,
pour être Cenfeurs & Appiobateurs de tous les
livres concernant la Religion , & en être refpon-
fables en leur nom. Quant aux livtes qui ne traitent
point des matières de la Religion , il paroît que
les Maîtres des Requêtes ont eu le pouvoir de
les examiner, & qu'ils l'ont confervé jufqu'au rè-
gne d'Henri IV. Il n'eft pas cependant bien iïir li
ce droit étoit annexé à leur charge , ou fi c'étoit
une commiUion perfonnelle dont l'on chargeoit quel-
ques Maîtres des Requêtes. Il femble même qu'ils
n'examinoicnt que les Livres de Droit & d'Hiftoi-
re , dans lefquels on peut agiter des queftions qui
intéreflêroicnt l'Etat. ifT Aujourd'hui , comme nous
l'avons dit , les Cenfeurs font des gens de lettres ,
diftingués par leurs lumières &: par leurs connoif-
fances'', commis par M. îe Chancelier pour l'exa-
men des livres.
M. Bayle , compare les Auteurs foUicirans l'ap-
probation des Examinateurs , à ces âmes errantes
fur les bords du Styx , &: attendant avec impatience
d'être tranlportés fur l'autre rive. Il leur applique
ces vers de Virgile ;
Tendsntefque manus , ripes ulterioris amore :
Navitafedtrifiis nunc hos , nuncaccipit illos.
Ail alios lûiigh fummotos arcet arenâ.
On appelle Cenfeurs dans les Univerfités , &
fur-tout en Sorbonne , certains Doéteurs, qui affif-
tent aux thèfes , afin de prendre garde à ce que
tout s'y paflê dans l'ordre. Ce font principalement
ces Cenfeurs , qui jugent du mérite du répondant.
Il y en a deux qu'on appelle Cenfeurs de difcipli-
ne ofi. de mœurs. En Sorbonne, les Cenfeurs donnent
leur fuffraçes par billet. Cenfeur fe dit encore dans
les Univerfitcs de celui qui eft chargé d'examiner
les cahiers , foit de Philofophie , foit de Théolo-
gie , de ceux qui veulent être Maîtres es Arts , ou
Bacheliers.
Censeur. Terme de Collège. Les Cenfeurs font parmi
les écoliers, ceux que le Régent choiht pour l'ai-
der à maintenir le bon ordre &C la difcipline fcho-
laftique. Un Régent doit le défier de la probité &:
de la fidélité des Cenfeurs , qui agiffent fouvent
parpaflion. LesCew/èwri des leçons , font ceux qui
doivent reprendre ceux qui récitent leurs leçons_',
lorfqu'ils font des huxes.Cenfores leclionum , ou Ceiu
fores exigendû jnemoriœ penfo prapojîti. Cenfeurs Ae
"la chaire", font ceux qui font auprès de la chaire
du Régent , pour apprendre plus facilement de lui
ce qu'ils doivent faire en chaque occafion. Jffi-
dentes Ma^ifro Cenfores , &c.
'53" CENSIER. adj. Epithète qui s'applique au Sei-
gneur auquel le cens eft dû. Seigneur Cen/er. Pnc-
^diatorii ve&isalis , cenfus dominus.
IfF On dit aui'H papier ceiifier , plus communément
terrier , cenfualis liber, où font écrits les cens &:
les rentes diies à un Seigneur , ou les rcconnoif-
fances qui en ont été paffées par les tenanciers.
Codex vecligdlium , cenfuum index.
Censier , ÈRE. f. Signifie encore celui ou celle qui
rient une cenfe à ferme , & on dit le Cenfur d'un
tel Sei2;neur.
?CT CENSIF. f. m. Vieux mot , fynonyme de cen-
five.
CENSITAIRE, f. m. & f. Celui ou celle qui a une terre
ou un fonds à charge de cens , à charge de payer
à un Seigneur de fief un droit de cens, une rente
annuelle."" Cenfitus , <z. Il a trouvé bon que les nou-
veaux anfitaires , comme rcpréfentant les anciens
C È
riiâhfîonnaîi'es , ou fermiers, éuflent les mêmes im-
munîtes accordées à ceux-ci. Normand. Pouvoit-il
dirpcnfer les nouveaux cenjitaires des droits de Vi-
comte qui ne lui appartenoient pas î Id.
CENSITE. adj. m. & f. Sujet au cens. Cenfui ohno-
xius. Il y a un Traite des perfonnes de main-morte ,
cmjites & taillables , par Antoine Colombet , qui
l'a intitulé , Colonia celtlca lucrofa. Il eft vieux.
On dit plus ordinairement cen/itaire.
CENSITEUR. f. m. Caijitor. Chez les Romains c'c-
toit dans les Provinces ce que le Cenfeur étoit dans
Rome. Chorier. Z,. IV ^ p. 193.
CENSIVE. f. £ Quelques-uns difent CENSIF. f. m.
mais ce dernier eft vieux. Etendue d'un fief llir le-
quel il efl dû des cens. Fumiiis ve&igalis. Il y a une
petite cenjive en un tel endroit qui dépend de mon
fief. Les héritages qui font en la cenjive d'un Sei-
gneur , lui doivent lods & ventes. Rochefôrt dit que
les cenjives ont été établies fur le modèle de ce que
fit Pharaon par le conleil de Jofeph , & que les Sei-
gneurs cenfiers l'onr imité.
Censive fignifie aulfi la nature , la qualité des héri-
tages : ainfi on dit héritage tenu en ce/z/^ve, ou a
titre de cens , pour dire , qu'il eft roturier & chargé
de redevance.
Censive , fe prend encore pour la redevance en argent,
ou en denrées , que certains biens doivent annuel-
lement au Seigneur du fief dont ils relèvent. Cette
terre doit tant de cenjive. Cenfiis, prœjîatio cen-
f lia lis,
CENSIVEMENT. adj. Terme de Coutumes, qui ex-
prime la manière , dont on tienr une terre , c'eft-
à-dire , à droit de cens d'im Seigneur. Tenir des
terres cerjivefnent. Cutn onere cenjks pendendi.
CENSUEL , ELLE. adj. m. &c f. Terme de Droit. Qui
appartient , qui a rapport au cens. Ad cenfum pcr-
tinens, cenjualis. Le dioit cenfuel eft noble, & il
fe partage noblement. Voye^ les Auteurs qui ont
traité des cens.
^fT Les Romains appeloient livres cenfuels , cenfua-
les , les livres où les pères écrivoient la nailiànce
de leurs enfans.
CENSURABLE. adj. Qui mérite cenfure, qui peut
être ccnfuré. Cenjiirâ dignus. Leur cenfure , toute
cenjurable qu'elle eft , aura fon effet. Pasc. Con-
duite , adtion cenjurable. Propofition cenjurable.
CENSURE, f. m. Charge, oiîice de Cenléur. Cenjura.
Il n'y avoir point à Rome de dignité dont le pou-
voir & l'autorité s'étendiflcnt plus loin. L. Papinius
& L. Semprcniiis ont les premiers exercé la cen-
fure à Rome. L'âge & la gravité des mœurs étoient
une efpèce de Cenjhre & de Magiftrature, qui don-
noit droit de correétion. A^oj'e{ Censeur. S. Evr.
Censure. Jugement par lequel on condamne quclqu-c
adrion. Cenjura , reprehenjio.
On le dit particulièrement du jugement par lequel
on condamne des ouvrages qui regardent la Reli-
gion , la doétrine, ou les mœurs. Il y a eu une
cenj'ure de la Sorbonne contre un tel livre. La Let-
tre du Pape Gélafe aux Evoques de Lucanie con-
tient une cenfure des Livres authentiques & apo-
cryphes , c'eft-à-dire un décret qui diftfngue les
Livres authentiques , &: reçus pour tels dans l'Eglife ,
de ceux qui ne le font pas, & marque les uns &:
les autres. Le Pape Hormifdas , dans fa lettre à Pof-
feflbr , marque que l'on ne peut fuivre ce que la
cenfure de Gélafe , qu'il indique , n'a pas reçu.
On le dit auflî d'un jugement par lequel on
blâme quelque chofe foit en critiquant un livre où
il fe trouve quelques fautes, foit en reprenant les
aftions d'autrui. Rien n'eft plus utile pour la cor-
redion des mœurs , qu'une cenfure fine &: ingé-
nieufc. De ViLL. Un efprit chagrin interprète tout
mal -, 6c s'érigeant en pédagogue impitoyable du
genre humain , il y a peu d'aétions a(fez innocentes
pour échaper à fa cenfure. Bell. La cenfure que
l'on exerce fur les ouvrages d'autrui , n'engage
point à en faire de meilleurs, à moins qu'elle ne
foit amère , chagrine & orgueilleufe j mais ii elle
C E N ^y^
a plutôt un air gai &: libre , que décifif, elle laifle
la liberté d'en faire encore pis ii l'on veut, Fonten,
La cenfure doit être accompagnée de quelques louan-
ges, qui en corrigent l'amertunc. Abu, de S. Real-
Censure fignifie aulfi la correttion ou réprimande
que fait un fupérieur , ou le public. licprchenjio;
11 faut déférer à la cenfure de nos fupérieurs , de
ceux qui Ibnt plus fagcs que nous. Tous les Au-
teurs font expolés a la cenfure du public.
^fT On appelle cenfures Lcclejiajdques ., ou fimple-
ment cenfure une peine publique dont l'Eglife ou
le Supérieur Ecclefiaftiquc punit quelquefois les
Chrétiens qui font fous fa Jurididion. Ces cen-
fures l'ont l'excommunication , la fufpenfe & l'in-
terdit. Voye^ ces mots.
Ceux qui ont le droit de porter des cerfures Ec-
cléfiaftiques , font le Pape , dans toute l'Eglife \ les
Evcqucs , dans leurs Dioccfesi les Vicaires généraux*
en leur nom -, les Chapitres, yè^e vacâT^^?.
Les Rois de France le ibnt toujours maintenus
exemts & affranchis des cenfures & des excom-
munications de la Cour de Rome. En eifct, on re^
marque que Ibus la première race , les Papes iié
cenllirèrent aucun Roi de France. Lothaire eft le
premier qui fut excommunié par le Pape Nicolas I ,
pour avoir répudié Teutberge ia femme légirime.
C'eft la première brèche qui fut faite aux libertés
de l'Eglife Gallicane : cependant le Pape n'ofa ha-
farder l'excommunication liir fa propre auroritéj
ic il l'a fit confirmer par l'Affemblée des Evêques
de France. Le Pape Urbain III ufa de la même pré-
caution lorfqu'il excommunia Philippe I. Philippe
Augufl:e fut auilî excommunié avec les mêmes for-
malités. Mais depuis les Rois ont mieux foutenu
leurs privilèges : car le Pape Benoît XIII ayant cen-
fure le Roi Charles VI , & mis le Royaume en in-"
terdit , le Parlement de Paris par Arrêt de 1408 or^
donna que la Bulle fût lacérée. Jules II ayanr auiïî
lancé l'excommunication contre Louis XII , l'Aflem-'
blce générale tenue à Tours cenfura les cenfures de
Jules II. LorfqUe le Pape cenfura & excommunia
Henri IVen ijpi , le Parlemenr s'oppofa à la Bulle
du Pape.
Les cenfures fonr portées ou par le Droit , à jure j
ou par le Juge Eccléfiaftique ab liomine. on appelle
cenlûres ày'wrtf celles qui font ordonnées ou par le
Droit commun , contenu dans ce que nous nommons
Droit canonique , ou par le droit particulier de cha-"
que Diocèfe, Les cenfures ab liomine , font celles qui
fbnt portées par le Supérieur Eccléfiaftique contre
certaines perfonnes particiilières. Les premières font
générales & perpétuelles. Il n'en eft pas de même
des fécondes", mais aufli elles font toujours réfer-
vécs. On divife les cenfures par rapport à l'effet
qu'elles produifent , en celles qu'on appelle latcs
fententicz , & en celles qu'on nomme ferendœ jen->
tentiœ , c'eft-à-dire , en cenjures de fenrence pro-
noncée, qui s'encourent par le feul fait, fans qu'il
foit befoin d'une nouvelle fentence du Juge ; & en
cenfures de fentence comminatoire , qui ne s'encou-»
rent pas fans une nouvelle fentence du Juge, Ipfo
faclo eft la marque la plus ordinaire de la cenj'ure
lat(Z fententi(z. Sub pœna excommuntiationis , ne
dénote qu'une cenfure fer endx f entendez. fÇT Dans
nos tribunaux on ne regarde comme vérirables ceji-
fures (\\xt celles qui font prononcées par fentence j
après une procédure régulière. Si l'on confidèreles
cenfures par rapport aux fujets pour lefquels on
les inflige , 5c à la conduite des Supérieurs , elles
fe divifent en juftes & injuftes , en valides & in-
valides. Les cenjures juftes font celles qu'un Supé-
rieur prononce ielon les loix , obfervant les forma-
lités prefcrites par le Droit. Les injuftes qu'on rom-
me illicites , font celles où ces conditions ne fe ren-
contrent pas. On nomme valide, \a cenfure qiù ed
portée par le Supérieur qui a l'aurorité rpquiff= pour
la prononcer, ^ où l'on a gardé les formalités ef
fcntielles qui font néceflaires pour la faire fubfi-
fter ; Se invalide , la ce/Jure qui eft portée par une
■360
CEN
perfonne qui n'a pas l'autorité requiic, ou qui l'ayant,
n'a pas gardé les formalités eflentielles. Il ne tant
pas confondre la cenfure invalide 5: \d.cenfurein-
jufte : la cenfure peut-être injufte fans être invalide.
La dépofition , la dégradation , ni même rirrégula-
hté ne font point àt% cenfures. Un Eccléfiaîtique
qui exerce les fondions des Ordres majeurs étant
lié par quelques cenfiires , tombe dans l'irrégularité.
On excepte l'excommunication mineure. Le pou-
voir de porter des cenfures a été donné à l'Eglife
en la perfonne des premiers Pafteurs, Il n'y a que
ceux qui jouiflént de la Jurididion extérieure , qui
puiflent porter des cenfures ; aiiifi les Curés n'ont
pas ce droit. L'Hiftoire Eccléfialtique fournit un
. grand nombre d'exemples de cenfures. Foye^ les
Conférences d'Angers.
CENSURER. V. a. Condamner un livre comme préju-
diciable à la Religion ou à l'Etat. Cenfnrer une pro-
portion , c'efl: déclarer qu'elle contient quelque er-
reur. Diimmare.
Censurer fignihe aulfi , critiquer, reprendre, iîe/^r^-
kendere: Cenforis virgulâ notare. Cet Auteur ne
s'occupe qu'à cenfurer les ouvrages d'autrui. Cette
femme eft médifante & cenfure les aétions de tout
le monde. Ce n'efl: pas toujours par un véritable
zèle qu'on cenfure ; c'eft par chagrin , ou parla ma-
lignité de l'efprit humain. Bell.
Aimei qu'on vous cenfure. Boil,
Faites-vous des amis prêts à vous cenfurer, Id,
Tous les dévots de cœur font aifés à coimoitre ;
Ils ne cenlinenx: point toutes nos acïions ;
Ils trouvent trop d'orgueil dans ces corrections.
Mol.
Censuré, iï, Ç3.n. Cenfurâ riotatus , damnatus.'Luie
cenfure , propoiition , doéirine , opinion cenfurée ,
condamnée.
IJCT CENT. adj. numéral de t. g. & quelquefois fub-
flantif mafculin. C'eft le carre de dix , le produit de
dix par dix ^ un nombre qui contient dix fois dix,
cinq fois vingt. Centum. C'eft ce nombre qui com-
mence la troifième colonne des chitres arabes, dil-
pofés en ordre d'Arithmétique. Il faut cent ans
pour faire un ficelé. Une compagnie de cent maî-
tres. Une Hydre à cent têtes. Cent hommes & cent
femmes. Cent un, cerit deux , cent trois. Cent un an ,
centwxi chevaux. Cf«r mille. Cent millions. Au plu-
riel on dit Se on écrit cents ou cens. Deux cens
ans , deux cens hommes. Richelet écrit avec un t
au pluriel , quand il fuit une confonne , deux cens
piftoles. Mais cette ortographe eft mauvaife. Il faut
une s au pluriel , parce qu'on la prononce né-
cefîairement dans deux cens ans, deux cens hom-
mes. Ainfi on ne doit pas moins écrire deux cens
piftoles, quoique Vs ne s'y prononce pas , par la rè-
gle générale des pluriels. Quand on marque l'année
courante depuis une époque , comme quand on dit
l'an mil fept cent trente-deux depuis la naiflance
de J. C. Cent ne prend pas d'j en cette occalîon ,
quoique précédé de fcpt , parce que c'eft un nom-
bre abfolu pour un nombre ordinal , & que l'on
n'y parle que d'une année , comme s'il y avoir ,
l'an millième fept centième trente-deuxième, Res-
TAUT.
|iCr Cent eftaufTi f. m. Un cent de pommes. Un cent
de fagots. Un cent de matons. C'eft en ce fens qu'on
difoit dans la dernière édition de ce Ditlionnairc ,
que cent étoit un terme numéral mafculin. Mais
on ne difoit pas un adjectif numéral feulement maf-
culin. Ainfi la critique des Vocabulaires porte évi-
demment à faux , &: fait dire à l'Editeur ce qu'il
ne difoit point.
$3" On dit jouer un ct-nr de piquet, jouer une partie
de cent points au piquet.
Ce mot vient du latin centum , qui vient du
grec r.inùi y pungere. A chaque ' cf/j; on faiibic un
C EN
point. Ce mot à été pris du celtique Cant. Pezron;
Cant eft-il celtique , & n'c{i:-il point Roman î
Cent, fignihc un nombre grand, incertain, indéter-
miné. Je lui ai dit cent &c cent fois. Sapius. Cet
homme a cent défauts, cent perfetlions. Multus^
plurimus. Je temarquois en elle cent ittraits. Voit.
On fit encore cent réflexions dans lefquelles on s'em-
prerta de rendre juftice au mérite de ce favant hom-
me. ( M. Perrault ) Mlle l'Héritier,
Cent en terme de commerce , fert à régler la pro-
portioii du profit de l'intérêt qu'on fait dans le né-
goce. On demande deux & demi pour cent pour
remettre de l'argenr en une telle ville. L'intétêt or-
dinaire de la place eft de huit pour cent , ou le de-
nier douze. Les HoUandois qui trafiquent aux Indes
gagnent cent pour cent, c'eft-à-dire , le double.
centejimum fruïium afferre. Rapporter cent pour
cent.
Cent eft encore un terme de commerce, qui fert à
exprimer certaine quantité des choies dont on trafi-
que. Un cent de lel à Amfterdam , c'eft-à-dire qua-
torze tonneaux.
Un cent de fel de Marenne, de brouage , de l'Ile
de Re , &c. c'eft-à-dire , vingt-huit muits ras , à vingt
quatie boilîeailx par muid.
Cent de l'ois. C'eft la méfure des bois de charpente
en œuvre de diftcrentcs longueurs & groiîeurs. Cent
fois la quantité de douze pieds de longs fur fix
pouces de gros , qui font cent pièces de bois , à
quoi on les réduit pour les eftimer.
IfT CENTAINE, f. f. Nombre colJedrif , qui renfermé
cent unités. Centum , centenarius , centenus numc-
rus. Une centaine d'années. Une centaine d'écus.
JJnc centaine d'hommes. Nombre, dixaine ^centaine,
mille , &c, C'eft l'ordre des nombres en Arithmé-»
tique.
0S? On dit adverbialement à centaines , par centaines ,
pour dire en grande quantité. Je reçois des lettres
par centaines , à centaines.
Centaine , fe dit auffi du brin de fil ou de foie par où
tous les fils d'un écheveau font liés enfemble , Se
par où on doit commencer à le dévider. Fili in fpi^
ram convoluti initium. Vous mêlerez cette foie , ii
vous ne trouvez la centaine.
tft CENTAL. Petite ville des Etats de Savoie, dans
le Marquifat de Saluées , fur li rivière de Malia.
Ip" CENTAURE, i". m. Terme de Mythologie, Ani-»
mal fabuleux, moitié homme, moitié cheval. C^n-
taurus. Le Centaure Chiton eut foin de l'éducation
d'Achille. Le combat des Centaures contre les La-
pithcs. Les Centaures y périrent prefque tous, par
la valeur de Thefée & de PirithoLis ; le refte fe fauva
dans les montagnes d'Arcadie, de manière qu'on'
n'en entendit prelque plus parler.
Les Poètes ont feint que les Centaures étoienf
fils d'Ixion & d'une Nuée. Le château 011 ils fe re-
tiroienr, s'appeloit neip/ai , qui fignifie Nuée ; c'eft-
ce qui a donné occafion à ce que l'on a dit de leur
mère. Il eft fouvent parlé des Centaures dans les
Lettres d^Ovide. M, de Méziriac en traite fort au
long dans Ion Commentaire fur la lettre de Pliilis
à Démophon , où il dit : les Centaures ctoient
demi-hommes & demi-chevaux : ils avoient la tête
d'un homme &: les bras; &: peu-à-peu , defcendant
vers la poitrine, ils commençoient d'être chevaux,
ayant quatre pieds comme un cheval , & tout le
refte du corps &même le cri de cheval , comme les
décrivenr Lucien , au Dialogue intitulé Antiochusi
& Philoftrate au Tableau des Centaurelles. Quant
à leur origine, Diodore de Sicile, Liv. IV, en a
le mieux parlé de rous ; les principaux Au.teurs qui
en ont traité , font Euftatliius fur le premier de
V Iliade, Tzetzès Chiliade 7 , Hifi. 99 , Si Palï-
phate en fes Hifioires Incrovahles. Confultez Vige-
nère fur les Centaurelles de Philoftrate; il rapporte
tout ce qu'en ont dit Tzetzès Si Palxphate. Les
Centaures dont parle les Poètes , font Chiron ,
Eurytus, AmycuSj Grynxus^ Rhpetus , Ameus,
Lycidas ,
C Ë N
Lycidas , Médon 5 Pifehor , CaUmaS-, Mermetos
Se Pholiis.
Pline , Liv. Fil , c, 5 ^ dit en avoir vu un q^i
avoir éré envoyé d'Egypcc à l'Empereur Claude ,
dans du miel. Se que* le même Empereur avoir
ccrir qu'il en éroir ne un en Theflàlie , qui mourut
le même jour. C'croit un monftre. S. Jérôme rap-
porte dans la vie de S. Paul , que S. Alitoine eu
avoit vu un ; mais ce Père doute li ce n'croit point
un Ipedre . ou un preftige du Démon, f^oyei Vof-
fius , De Jdololat. Lib. I , cap. 15.
Ce mot vient du grec xiviceûpaç , compcfé de
y.'vTia ■■, pungo 5 & de T«uf05 , taiirus. IL (îgnifie littéra-
lement piqut-biznfs. Les centaures étoient vrailém-
biablement de certains bergers riches en beftiaux ,
& qui habirbient dans les montagnes d'Arcadie.
De-là vient qu'on attribue aux bergers de ce pays- là
rnivcntion des vers bucoliques , parce qu'ils chan-
toient en gardant les bœufs. Pala-phate , daiis l'on
Livre des Chofes incroyables j raconte que fous le
tegnc d'Ixion Roi de Theiîalie , un troupeau de
taureaux , qui devinrcnr furieux fur le mont Pélion ,
ravageoit roilt le pays , & rendoit la montagne
inacceilible. Quelques jeunes gens qui s'étoient
aviics de drcfler des chevaux pour les monter , en-
treprirent de nettoyer la monragne de ces animaux.
Pour en venir à bour , ils les pourfuivoient à cheval ,
& les perçoient à coups de trair. C'eft pourquoi on
les nomma Centaures; deH-à-dke , perce-taureaux,
Cer heureux fucccs les rendit infolens, en forre
qu'ils infulroient les peuples de la Theflàlie , qu'on
appeloit alors les Lapithes : &c comme ils prenoient
la faite lorfqu'ils étoient attaqués , la rapidité avec
laquelle ils fe retiroienr, fît jugei: qu'ils étcfient
demi-hommes , &; demi-chevaux.
1^ D'Ablancourt s'eftfervi de ce mor au féminin ,
en parlant de la femme d'un Centaure. D'autres
dilent Centaurelle. Mors peu ufirés.
Centau RE , eft auffi le nom d'une conftellarion méri-
dionale, qui comprend 57 étoiles, (ï de la 2' gran-
deur ,7 de la 3e , 16 de la 4% & 8 de la^. Ce qui
irend le pied le plus orienral du centaure plus bril-
lant que l'autre , c'eft qu'il y a dans cette partie de
cette conftellation deux étoiles fort proches l'une
de l'autre.
Centaure dans l'Hiftoire, eft le nom d'un peuple
de Theflàlie. Les Centaures habitoient le pays qui
eft au pied du mont Pélius : c'étoir une narion
^oiîière & féroce. On les repréfentoit demi-hom-
mes & demi-chevaux , parce qu'ils furent les pre-
miers parmi les Grecs qui domprèrent des chevaux ,
& qui apprirent aux Grecs à combarrre .à cheval.
CENTAURÉE, f. f. Centaurium , ou plurôt centau-
reum ou centaurea: Plante qui a piis fon nom dil
Centaure Chiron , qui fut guéri , à ce que l'on pré-
tend , d'une bleffure qu'il avoir au pied , par l'u-
fage de cette herbe. On diftingue la grande & la
petite Centaurée , non par rapporr à leur grandeur
feulement, mais encore par rapport à leur caraélère,
qui eft bien différent dans l'une & dans l'autre.
La grande Centaurée , Centaureum majus , eft de
la famille des plantes dont les fleurs font des fleurons
réguliers , l^vurenus chacun par une fcmence aigre-
tée , & ramàflés plufieurs enfemble en une tête ou
bouquet arrondi ou écailleux. On ne diftingue la
jacée d'avec certe plants , qiie par les têtes , qui font
plus groflés dans celle-ci , &: plus perires dans celle-
là. Les efpèces de grande Centaurée font pour la
plupart de grandes plantes : les plus connues fonr
celles qui porrent des fleurs purpurines , des feuilles
découpées en fegmens fort larges , dentelées , &
qu'on compare aux feuilles du noyer. Centaureum
majus , folio in plures lacinias divifo. C. B. Pin. ou
Centaureum maj us ,ju^landis folio ^.^. Ses racines
font aflez grofles , & marbrées comme celles du
ïhapontic. Aufîi l'a-t-on fait pafler , de même que
les elpèccs fuivanres , pour le rhaponric. La ieconde
efpèce a fes feuilles découpées en fegmens plus
i-nenus Se plus étroits : Se fes fleuts font jaunâtres,
Tome Jli
G EN ^61
Veniaiireum Àlpinum , hiteum. C. B. Pin. Ces dcuX
elpcces viennent en Italie fur le mont Baldo, &
dans les Alpes. On cultive dans les jardins des cu-
rieux une troilîème elpèce femblablc , à la féconde
par la couleur des fleurs, & p.!: les découpures pro-
fondes des feuilles ; mais celle-ci qui vient d'A-
frique a une odeur douce , & fes feuilles font plus
amples, découpées en fegmens plus menus & plus
arrondis. Centaureum majus , laciniatum , AÇrica-
num. 5,/?. har. App, La quatrième efpèce vient d:lns
les Pyrénées: fes feuilles rclfemblent à celles de l'ar-
tichaut , mais elles font plus vertes en deil'us ; fes
têtes font fort grofles , Se fes fleurs fonr purpurines ,
Centaureum Joliis Cinarce, Corn. La cinquième a fes
feuilles enrières, longues, blanches en deifous , Se
verdâtres en deifus , & pareilles à celles de l'année.
Ses liges ne font point branchues i ni fi haures qua
dans les précédentes : elles font cependant garnies
d'un plus grand nombre de feuilles à proportion *
& leurs têtes font auffi beaucoup plus, groflés, écail-
kufes. Se leurs fleurs font purpurines. Ses racines
font plus charnues, & marbrées comme dans les
premières efpèces ; ce qui les fait prendre pour du
rhapontic. On trouve cette dernière efpèce à feuil-
les larges Se à feuilles étroites, dans les AlpeSi
Centaureum majus, folio helenii ijicano , Centau-
riurii majus , folio helenii angiifiiore. Infi. R. Herb,
La petite Centaurée, Centaureum minus , C. Bi
Pin. Elle a des fleurs en forme de tuya.u évafé etî
devant , Se découpe profondément en plufieuvs
parties. Son fruir eft ovale , ou cylindrique , divife
en deux cellules remplies de fcmences menues.
L'efpècc la plus commune Se la plus ufitée , a fa
racine petite, blanchâtre, ligneufe & infipide. Elle
donne d'abord quelques feuilles couchées iur terre,
qui Ibnr verres , arrondies, & longues d'un f>ouce
environ. Du milieu de fes feuilles s'élève une tiga
branchue,anguleufe , haure d'un pied ou environ,
garnie de feuilles lifles, verres, oppofées, plus
petites que celles du bas, chargées de trois nervures
qui parcourent toute leur longueur -, les extrémirés
des branches font terminées par des bouquers de
fleurs purpurines , dont les pédicules font courrs, &
les calices verts , étroits , à cinq découpures fort
aiguës. Chaque fleur eft un tuyau crroir , évafé &:
découpé en cinq quartiers ordinairement. Ses éta-
mines font au nombre de cinq , Se leurs fommets
font jaunes. Les fruirs qui fuccèdent à fes fleurs font
cylindriques , grêles , divifés en deux cellules , qui
renferment des graines menues comme du fable.
Toute la plante eft extrêmement amère ; d'où vient
auflî que Pline Se d'aurres Anciens l'on nommée
Felterrœ , Fiel de terre. Sa qualité fébrifuge lui a fait
encore attribuer le nom de Fébrifuge par excellence.
Les Médecins emploienr la petite Centaurée dans
prelque toutes les occafions où ils reconnoiflcnr que
les amers feront utiles, & lorfqu'ils véulenr chafléc
la fièvre. Ils ordonnenr par pincées les femences bien
fleuries de cette plante, dans les infuiions purgatives,
apéritives , fébrifuges Se alrérantes. Le fel de petite
Centaurée eft pareiliemenr fébrifuge. La petite Cen-
taurée entre dans la thériaque. Galien faifoit tant
de cas de cette plante , qu'il a compofc un livre
enrier , où il a ramaflé toutes les propriétés que les
Anciens lui avoient attribuées, Se tout ce qu'il en
avoit obfervé lui-même.
Il y a quelques autres efpèces de petite Centaurée
qui pourroient être employées comme celles-ci :
telles fonr la perire Centaurée à fleurs difpofées en
épi , Centaureum minus , fpicatum , C. B. Pin , qu'on
rrouve en Languedoc -, Se la petite Centaurée à fleurs
jaunes, planre" différenre des précédentes par fes
feuilles qui fonr glauques , arrondies , Se jointes
enfemble de telle manière , qu'il femble que les riges
Se les branches les enfilenr, Centaureum luteum ,
perfoliatum. C. B. Pin. On rrouve cette plante afléz
fréquemment à la campagne dans des endroirs hu-
mides. Ses fleurs ne fonr point fi alongées en tuyau ,
Se font découpées en huit quartiers : leurs fruits font
Z ï
;^^2
C EN
ovales en (,len:; loges, qui renfcmient une fcmence
noirs &: menue.
On fc lert dans le Pérou , à Lima (ur-tout , d'une
cfpcce de pctire Centaurée , qu'on apporte des mon-
tai?ncs du Chili , & qu'on nomme Cacheu : elle eft
bonne contre les fièvres comme notre petite Centau-
rée ; on lui donne encore pluficurs autres qualités
qui conviennent avec celles que nous reconnoiffons
dans la nôtre. Cette plante diffère de notre Centaurée,
par la dil'polîtion de fes branches, qui font plus
écartées les unes des autres , plus longues , oppo-
fées cependant par fes feuilles , qui font beaucoup
plus étroites , &; par fes fleurs , qui ne font point ra-
maflces en bouquet , & qui ont chacune leur pédi-
cule formé par l'extrémité de la branche. Centau-
reum minus ^ purpureum , patulum. Hiftoire des
Plantes du Journal hiftorique du Père Feuillée.
CENTAURELLE. f. f. Femme de Centaure. Voye^
Centaure.
CENTENAIRE, adj. m. & f. Qui a cent ans ^ qui
contient cent ans. Centenarius. Il n'eft guère en
ufasre qu'en parlant du nombre cent , de la poifef-
lion &: de la prefcription centenaire. Centenarius. Il
n'y a que la prefcription centenaire qui coure contre
l'Eglife. Lapofléfîîon centenaire n'efl: pas valable,
quand on prouve la mauvaife foi d'un poUeilcur,
On d r aulîi un nombre centenaire j pour dire , qui
en comprend cent. Numerus centenarius.
Centenaire, f. m. Cent livres pefant. Le Calife Alma-
mon voyant qu'il ne pouvoit tirer Lcon de Ion
pays , lui propofa par lettres plufeurs queftions
de Géométrie &; d'Aftronomie , ^' fut fi fuisfait de
fes rcponfes , qu'il écrivit à l'Empereur Théophile ,
le priant de le lui envoyer pour un peu de temps ,
& offtapt pour cet effet cent centenaires , c'eft-à-
dire , dix mille livres d'or, & une paix perpé-
tuelle.. . Fleur Y.
CENTENE. f. f. Centena. Charge , dignité de Cente-
naire.
CENTENIER. f. in. Chef qui commandoit à cent
hommes chez les Romains. Centurio. Jéfus-Chrift
guérit le fcrvitcur du Centenier. Je n'ai pas, Seigneur,
une foi auffi vive que celle de l'humble Centenier ,
qui lui fit tout d'un coup obtenir l'effet de fes
prières; je m'unirai à vos Apôtres, afin de vous
demander avec eux l'augmentation de la mienne.
Mad. de la Vall. m. d'e Harlay de Chanvallon ,
dans faTraduéliûP de Tacite , Vigenère, dans fon
Tite-Live & fon Céfar \ M. de la Mare , dans fon
Traité de la Police; & d'autres, l'ont dit fouvent.
Dans cette fédition fut tué un Centenier nommé
Lucilius. Harlay. Tous les autres Centeniers fe ca-
chèrent. Id. La folde de l'Jiomme de pied légionaire,
félon Polybe, ne fut premièrement que de deux
oboles par jour. Le Centenier avoir le double.
ViGEN. Céfar trouva à dire neuf cent foixante de
fes foldats , èc quelques trente Centeniers. Id. fCFM.
de Cordemoi s'eft auffi fervi de ce mot. Malgré
toutes ces autorités , le mot de Centenier eft parti-
culièrement confacré au ftyle de l'Ecriture & aux
matières de dévotion -, ic dans l'ufage ordinaire ,
on dit plutôt Centurion , que Centenier.
Centenier a auffi été un Officier de nos Rois fous la
première race. Les Comtes n'avoient eu d'abord que
l'adminiftration de la Juftice , mais depuis on leur
accorda celle des armes. Ils n'avoient l'une & l'au-
tre que dans une feule ville ; & cette ville étoit
toujours confidérable: car on mettoit des Vicaires
ou Visuiers dans les autres villes -, & ces Vicaires
étoient fournis aux Comtes , comme les Centeniers ,
qu'on mettoit dans les bourgs, pour tout un petit
pays. CoRDEM. Il paroit que c'étoient les Francs
qui avoienr apporté cet ufage dans les Gaules ;
car les Goths , leS Germains & les Lombards l'a-
voienr. Il en ell parlé dans les Loix des Vifigors ,
Liv. H, Tit.n,L.i6,icLiv. IX, Tit. II, Liv.
i.Les CapitulairesdeCharlemagne, & de Louis le
Débonnaire , la Loi de Charlemagne qui fe trouve
dans les Loix des Lombards. Z,/V. Il, Tit, LU; Liv.
CE N
5 •,& dans fes Capitulaircs Liv. /i/,f. 79, décrivent,
la Juridiction du Centenier. Grégoire de Tours en
parle auUi,Z,/v. IX ,HiJt. Fr.c. $. Voyez Hoffman
Spelm.an, ic les notes d'Otton fur B. Rhénan. lierum
Germ. Lib. 11 , p. 161. Voyez auffi le Traite de la
Police de M. de la Marc, Liv. I , Tit. Kc. i. Les
Centeniers étoientdes Juges diftribués dans les vil-
lages. Chorier , Liv. X , p. 66^. Le Centenier ne
pouvoit condamner à mort. Le Gendre. On les
appcloit aulli Centénarions, Centenariones. Ils ne
jugeoicntque des affaires de peu de conicquence,
& Walafridus Strabo dit qu'on peut les comparer
aux Prêtres qui gouvernent les Eglifes où il y a deis
fonts baptifmaux -, c'eft-à-dire , aux Curés, & aux
moindres Prêtres. Outre les Auteurs cités, on peut
voir le Glcjjaire Salique de Chifflet , 6i les Glofes
de M. Pithou.
§C? Les Comtes affenabloient les hommes libres , &
les menoient à la guerre. Ils avoient fous eux des
Officiers qu'ils appeloient Ficaires ; Se comme tous
les hommes libres étoient diviies en centaines, qui
formoicnt ce qu'on appelle un Bourg -, les Comtes
avoient fous eux des Officiers qu'on appeloir
Centeniers , qui menoient les hommes libres du
Bourg ou leurs centaines à la guerre. Montesq.
|t3^ Encore aujourd'hui , en parlant de la Milice des
bourgs Se villes du Royaume ; on appelle Cente-
nier , un Off.cier qui commande cent hommes.
fCr CENTIÈME, adj. de t. g. Nombre d'ordre de
cent. Ccntefimus. La centième année , la centième
perfonne. 'Malherbe a dit , pour exprimer cent
ans :
Le centième Décemhe , a nos plaines ternies i
Et le centième Avril les a peintes defieurs.
IJCT On le dit fubftantivement -, Vous n'êtes pas lé
centième à qui cela foit arrive. Impôt du centième
fur les denrées 6c marchandifes. Centejima reruni
venalium. Avoir un centième dans une affaire , dans
une ferme.
^ÇT Centième denier, eft la ce/z/zè/7ze partie du prix
ou de l'eftimation des immeubles qui fe paye au
Roi par tous les nouveaux Acquéreurs , à quelque
titre que ce foit, lucratif ou onéreux. Il n'y a que
ce qui vient par fucceflion en ligne direéte , & les
autres cas énoncés dans l'Edit de création qui foit
exempt de ce droit.
CENTINODE. f. f. Petite plante qui eft ain/î appelée,
à caule que fes tiges font pleines de nœuds. En
latin , polygojium latifolium , ou centinodia. C'eft
une efpéce de renouée. /^oyf{ Renoltée.
IJCT CENTO, Petite ville , autrefois fortifiée , dans
le Fcrrarois, fur les confins du Boulonnois &: du
Modénois.
CENTON. f. m. Ouvrage compofé de plufîeurs vers
ou pafîages empruntés d'un ou de plulieurs Au-
teurs. Cento. Proba Falconia a écrit la vie de J. C.
en centons tirés de Virgile. Etienne de Pleutre ,
Chanoine régulier de Saint Vidor de Paris , a fait
la même chofe. Son ouvrage eft approuve par deux
Doéteurs de la Faculté de Théologi^de Paris, qui
difent que cet Auteur a fait des entonnes à J. C.
& aux faints Martyrs , de l'or de ntdole de Mo-
loch. Voici un exemple de ces centons fur l'ado-
ration des Rois.
Adoratio Magorum. Matth. 2.
6 X. ifsEcce autem primi fub lumine folis &
ortus ,
Z X. 6 ^^ Stella facem ducens milita, cum luce
cucurrit.
S X. ^iCSignavitque viam * cœli in regione
fercna 8 s. fzS
8 X. 330 Tum{i) Regcs * ( credo quia fit divini- ( i ) Magi.
tùs illis I g. 41)
I g. /^i6 Jngenium , 6" rerum fato prudentia
major )
C E N
^,J X. 98 Exurnlvcniii.it , * quin aùqiu cj2 copùi
Iteri y x. 100
^tl X. 5 } j Mu.icra portantes ; * molles fua thura
Siibxi,^ _ I S"- f7
j !•• 4tf+Z?u/iJ dclùnc atiro gravia, * mvrr.Lj/ii:
maderac! li .i". 100
9 X. 6^y Agnovcrc Dcum * Rcgcrn reguinquc
pannti:m. 6 x. ^48
s g. ^li Mutavcie vins ,* perfi^is ordinc vous 3 x. f + S
iS x. I û liijnctum pcr ïtcni , * fpatia in Jua.
qu'ij^uc iccijjit. Il X. 116
Aufone a prcfcrit des règles pour compolcr des
cernons : il tàut prendre, dit-il, des morceaux dé-
tachés du même Pocte , ou de pludeurs : on peut
partager un vers , & en lier la moitié à une autre
moitié prile ailleurs, ou employer le vers tout en-
tier i mais il n'ell pas permis d'inlcrer deux vers
iuivis, & pris dans le même endroit. Il a fait un
infâme ccnton , tiré de Virgile, Lélio Capiluppi n
fait plulieurs Poèmes latins en cernons.
ffF On dit un centon d'Homère, de Virgile, pour
dire-, compoic des vers de ces Poètes :& le ccnton
d'Aulbne; pour dire, dont Aufone eft l'auteur.
On appelle auflî, par exrenfion , centon , un ou-
vrage rempli de morceaux dérobés. Les politiques
de Lipfc ne font que des centons ., où il n'a ajouté
que les conjonélions & les particules.
Ce mot vient du latin cento , qui (ignifie un man-
teau rapetajj}-, fait de pièces rapportées , & celui-ci
vicnr du çrec xekîtko , Les (bldats Romains fc icr-
voient de ces centons ou vieilles étoffes ramaiices ,
pour fc çrarantir des rraits des ennemis.
CF.NTONÀIRE. f, m. Il y a dans le Code Théo-
dolien un titre des Centonaircs &c des Dendropho-
rcs -, 6c dans les anciennes inicriptions on les joint
toujours aux Charpentiers , Tignarii, aux Serruriers,
Ferrarii , &: aux Dendrophores , Dendrophoii. Ils
ne faifoient qu'un corps de métier avec ces fortes
d'Artifiins, que l'on appeloit Collcgium Fahrorum &
Ceiitonarionim. Voyez Gruïer,/', XLF , «, 8 &
le Code Thcodojien. Tout ceci , qui a paru à quel-
ques habiles gens rendre douteufe la lignification
de ce mot , ou l'état bc la profeflion des Centonai-
rcs , cfl: au contraire une preuve de ce qu'ils croient ;
car il efi: certain que l'on appeloir chez les Romains
Centons , les pièces de cuir & d'étoffe dont on cou-
vroit les galeries couvertes appelées Vinecc -, fous
leltjuelles les ailiégeans faifoient leurs approches
dans un iiégc,8i les tours 5c autres machines dont
on fe fcrvoit pour faire les attaques & pour battre
une place. Il efl: naturel qu'on ait appelé Centonai-
rcs ceux qui travailloient aux centons ,c'eft-à-clire ,
à ces pièces de cuir & d'étoffe , &: qui les prépa-
roient. De plus , trois Ibrres de gens & d'ouvriers
étoient nécelîaires pour les galeries & autres ou-
vrages dont nous parlons, i». Des Charpentiers ,
Tignarii, pour préparer les bois , //ir/z<:z , dont ils
étoient compofcs : z°. des'Serruriers , ferrarii , pour
lier ces bois avec des liens, des barres , des che-
villes de fer ; 5°. des Ccnt-enaires , Centonarii , pour
les couvrir de centons ou de pièces de cuir cru &:
d'étoffes mouillées , 'pour empêcher que les enne-
mis ne vilfent ce qui fe paffoit deflbus , & qu'ils
n'y miffent le feu. Il n'eft donc point étonnant que
l'on joigne tous ces gens enfemble , &; qu'ils ne
faflént qu'un même corps , puifqu'ils travailloient
de concert .à différentes parties des mêmes ouvrages,
CENT PIEDS, f. m. C'efl: le nom d'une efpèce de
ferpcnt que l'on voit à Siam, M, Gervaife , clans fon
H'ijloire Naturelle & Politique du Royaume de Siam ,
parle àw Cent pieds comme d'un animal très-véni-
mciix. Centipes.
ifT CENTRAL , ALE. adj. Terme du fliyle didadi-
que , d'ufage dans un petit nombre de phrafes. Il
fignifie qui efl: placé au centre , au milieu •, qui a
rapport au centre. Centralis. On appelle en Géomé-
trie point centra/ , le point du centre , du milieu
d'une figure. Ligne centrale , celle qui abourit au
centre. En Phyllque , feu central , efl; un feu q^ue
CEN î^j
qiielqucs Philofbphcs ont cru être au centre de li
terre. Vcjj't'^Fr.u. Eclipie centrale, \oyci Eclipse,
Force tv«:rû/(.' , c'efl: celle par laquelle un corps mii
tend vers un centre de mouvement , ou s'en éloigne.
Fis centralis. Les forces centrales Ibnt centripc-tes
ou centrifuges. Koye^ ces mots. Communion cen-
trale , en matière de religion , c'efl: la communion
qu'on a avec le Pape, ou plutôt avec le St Siège,
qui cfl: le centre de l'unité de TEgliié.
|p° CENTRE, f, m. Terme de Géométrie. C'efl: dans
un fens général , un point également éloigné des
extrémités d'une ligne , d'une figure , d'un corps ; ou
le milieu d'une ligne , ou un plan par lequel un
corps efl- divifé en deux parties égales. Centrum.
ftlF" Le centre d'un cercle cft le point du milieu du cer-
cle (ituc de façon que toutes les lignes tirées de
la .à la circonférence Ibnt égales.
On appelle centre apparent , le point qui rcpré- •
lente le centre d'un cercle ; & centre véritable , celui
qui a iervi de centre pour décrire la repréfentation
d'un grand ou d'un petit cercle de la fphère. L'an-
gle du centre efl: double de celui de la circonfé-
rence ; c'eft-à-dire , que l'angle qui efl fait de deux
lignes qui font tirées du centre fur un arc de cercle ,
cfl: double de l'angle qiic font deux lignes tirées
des extrémités d'un même arc , qui aboiatiifent ï la
circonférence, Euclide , Liv. 111.
On appelle auHi centre dans les autres figures cur-
vilignes, les points où fe ramalTcnt les rayons ré-
fléchis. Le centre de la parabole eft le point oùfe
réfléchillènt les rayons ou le point brûlant. On l'ap-
pelle autrement le foyer. Focus. L'ellipfe a deux:
centres , d'où les rayons 6c les Ibns fe rcfléchillcnc
de l'un à l'autre.
Centre fe dit aulTi dans les figures polygones, du
point où fe coupent leurs diagonales , quoiqu'il ne
(bit pas également éloigné des extrémités , comma
dans les carrés longs , les trapèzes , hexagones , &c.
En Gnomonique , on appelle centre divij'eur , un
point dans le plan du cadran qui reprciénte le cen-
tre du monde , & qui fert pour divifer en degrés
la repréfentation d'un grand cercle de la fphère.
|i3° Centre de figure on de grandeur. C'efl im point
par lequel un corps quelconque eft divifé en deux
panics égales, c'eft-à-dire , en deux parties qui oc-
cupent chacune un efpace égal.
^fT Centre de gravité. C'eft un point par lequel un
corps quelconque eft divifé en deux parties aulH
pelantes l'une que l'autre. Un corps fufpendu par
fon centre de graviré demeure dans un parfait équi-
libre, La gravité totale d'un corps peut être con-i
eue, réunie à fon centre de graviré, Aulfi les Phy-
licicns accoutumés à prendre le centre de gravité
pour le corps grave , fuppofent les vérités fuivan-
tes, comme autant de principes certains.
ffT 1°. La ligne de direélion des corps graves fub-
lunaires, eft une ligne droite tirée de leur centre de
gravité au centre de la terre.
IJCT 2°. Lorfqu'un corps grave defcend , fon centre de
gravité defcend avec lui, n
^fT ;o. Un corps grave qui defcend libremenr , ne
quirte jamais fa ligne de direétion,
;)Cr 4°, Le centre de gravité des corps fublunaires
tend toujours à s'approcher du centre de la terre i
8c par conféquent , toutes les fois que le centre de
gravité s'écarte du centre de la terre , le corps eft
regardé comme érant dans un mouvement violent,
'^jfT 50, Un corps grave ne peut pas tomber lorfque
la ligne de direélion paffe par fa bafe ; mais il tomba
nécelfairement , lorfque la ligne de dirc(5fion paife
hors de fa bafe,
^fT 6", Les hommes & les animaux ont leur centre
de gravité vers le milieu de leur corps. Ces prin-
cipes fourni Ifent l'explication de problêmes amufans.
IJCT Si les porte -fiix & tons ceux dont le dos eft
charge d'un poids confidérablc , ne fe courboient
pas en avant ; fi les perfonnes qui ont beaucoup
d'embonpoint , ou qui portent pardevant ur^ pcfani
fardeau , ne fe courboient pas en arrière ; li ceu\
Z z ij
5 H
CEN
qui en faifant la révérence inclinent la partie fu-
péricure du corps &; panchcnr la tctc , n'avançoicnt
pas un pié •, lî quelqu'un vouloir tenir lés pies
appuyés contre une m.iraille , &c ramailér quel-
que chofe à terre ; tous ces gens - là téroicnt des
chûtes auiîl ridicules que dangereuCes , parce eu;
leur ligne cte direélion ne padéroit pas par leur baie,
ftCT Parles mêmes principes , on explique facilement
pourquoi , lans une adrtiîè très-grande , on ne fau-
roit marcher , ou Air une corde ou fur une plan-
che très-étroite , parce qu'il efl alors très - aile que
la ligne de dircôtion pallé hors de la bafe.
^3" On voit encore qu'un cheval qui galope doit
lever en même temps un pié de devant &c un de der-
rière ; qu'un vieillard courbé fous le poids des an-
nées doit fe lérvir d'un baron -, qu'un enfant cui
fautille fur un pié , doit être extrémemenr lur fcs
(Tardes ; fans quoi leur ligne de direélion padéroit
hors de leur bafe ; le cheval s'abatcroit , le vieil-
lard, donneroit du nez en terre , &: l'enfant payeroit
fa fottife par une chCite inévitable.
Outre le centre de gravité , il y a en Mcchani-
que plufieurs autres efpèces de centres , comme celui
d'agitation , de percuiîlon , ùc. félon les différentes
circonftances que l'on confîdère j & c'cft le point
où les différentes puilfances ont toute leur action
commune réunie. AcAD. DES Se. 1701, /^'//./7. 109.
Une verge chargée de deux poids , &: mue paral-
lèlcmenr à elle-même , doit fraper un corps par
le point d'équilibre , ou par l'on centre de gra-
vité , pour le fraper avec le plus de force qu'il fe
pui (fe •, ce centre peur s'appeler aufFi centre de percuf
ifion. Mais fi la verge ne fe meur pas parallclemenr
à elle-même , alors le centre de gravité n'eft plus le
centre de percuffion Ib. , /?. iio.
^fT Centre d'ojcillation. C'efl: un point dans la ligue
de fufpenfion d'un pendule compofé, tel que lî toute
la gravité du pendule s'y trouvoitramaifée, les ofcil-
lations s'y feroient dans le même temps qu'aupa-
ravant. Ce centre eft plus haut que celui de la len-
tille en raifon de la péfanteur de la verge. Tout le
jeu du pendule s'explique par les principes qu'on
vient d'expolér. Le pendule tranfporté a. droite eft-
il abandonné à lui-même , la péfanteur fait def-
cendre fon centre de graviré dans la ligne de di-
reélion , c'efl-à-dire , dans la ligne perpendiculaire
à la furface de la terre. Arrivé à cette ligne , les
degrés d'accélération qu'il a acquis en deicendant
lui font décrire à gauche Un a.rc femblable à celui
qu'il vient de parcourir à droùe. Cet arc décrit la
péfanteur , fair defcendre le pendule dans la ligne
perpendiculaire , Se les degrés d'accélération le font
remonter à droite par un arc femblable à celui par
lequel il vient de defcendre -, en forte que ce mou-
vement feroit perpétuel , s'il fe faifoit dans un ef-
pace parfaitement vide.
gCJ" Centre de gravitation ou d'attralUon, C'efl: le
point vers lequel un corps , une comète , une pla-
nète , &c. efl continuellement poulfée ou attirée
dans fa révolution par la force de la gravité. Il ne
faut pas confondre le centre de gravité d'un corps
particulier avec le centre de gravitation ; c'efl- à-
dire , avec le centre commun de gravité de plulîeurs
corps qui s'attirenr muruellement les uns les au-
tres. Celui-là eft roujours en dedans du corps grave :
celui-ci fe trouve communément hors des corps
qui gravitent les uns fur les autres. Appliquez , par
exemple, deux corps a un levier de la première ef
pèce: mettez ces corps en équilibre: le point d'ap-
pui du levier fera le centre commun de gravité. En
un mot , dans le fyftême de Newton , le centre
commun de gravite de pluiîeurs corps qui s'atti-
rent mutuellement n'eft autre chofe que le point
où tous ces corps iroient fe réunir , s'ils étoient
abandonnés à leur force centripète. Le centre com-
mun de gravité du fyftême folaire efl donc le point
du monde où les comètes & les planètes iroient fe
réunir avec le foleil , fi tous- ces corps étoient
C EN
abandonnés à leur force artraélive. Ce point ne
iauroit lé trouver ni hors du foleil , ni .au centre
même de cet aftre. Il ne peut pas être hors du fo-
leil , parce qu'alors les planètes & les comètes ,
au-lieu de tourner autour de cet aftre, tourneroient
autour de leur centre commun de gravité. Il ne fau-
roit non plus fe trouver au centre même du foleil •,
parce qu'alors il faudroit dire que le foleil attire
tous les corps qui tournent autour de lui, & qu'il
n'en efl aucunement attiré. Ce centre de gravita-
tion fe trouve donc dans un point fitué entre le
centre & la circonférence du foleil. De combien
de lieues ce point eft-il enfoncé dans le foleil ; C'eft
à la plus fubtile Géométrie à multiplier fes calculs
pour le marquer avec précifion. Les Phylîciens moins
Icrupuleux dans leur marche , fe contentent d'un à
peu près. Par leurs fuppurations le centre de gra-i
viré du fyftême folaire doit fe trouver dans Ic^fo^
leil même. Donc , quand mênie tous les corps qui
tournent autour du foleil , fe trouveroieat lur la
même ligne , & du même côté , ils ne devroient pas
opérer fur le foleil un dérangement fcnfible.
Centre des corps péfans. C'efl dans notre globe le
même que le centre de la terre vers lequel \ous les
corps graves ont une efpèce de tendance. Mais comme
la terre n'eft pas parj-aitement fphérique , il rCy à
point à la rigueur décentre des corps péfans. Ce-
pendanr comme elle eft à peu près de figure fphé-
rique , il s'en faur peu que les corps péfans ne ten-
dent tous vers un même point ; &; dans le lano-ao-g
ordinaire , ce point eft le centre de la terre.
Centre de converJîon.Tctmc de Mcchanique. C'efl le
point immobile fur lequel une chofe tourne. Cen-
trum converJwnisNoj. VAc. des Se. 1-700. p. 14^ £> T
Centre de mouvement. Le poïnz autout duquel fe fait
un mouvement circulaire. Centre de mouvement ré-
ciproque eft la même chofe.
Centre d'équilibre forcé, eft le point où un corps
eftplacé enrre deux refforts bandés , lefquels font un
effort égal pour fe dilater en diredions oppoféesj
& eft par cela même retenu en équilibre , étant
foUicité ou preffé de part & d'autre par deux for-
ces égales & oppofées. Le centre d'équilibre oifif
eft le point où un corps fe trouve entre deux ref-
forrs lâches ou débandés , en forre qu'il de-
meure en équilibre , ou plutôt en repos par cela
fetil qu'il n'eft point preHc ni d'un côté ni de r»utre.
0C?* Centre phonique. C'efl le lieu où celui qui parle
doit fe placer dans les échos articulés qui répètent
plufieurs fyllabes.
ffT Centre phonocamptique. C'eft le lieii ou l'objet
qui renvoie la voix dans un écho.
On appelle en termes de guerre , le centre du
baftion , le poinr qui eft au milieu de la gor^^e dii
baftion , où commence la ligne capitale , & qui eft
d'ordinaire àl'angledupolygoncintérieur delafigure*
On appelle aulîl le centre du bataillon , le^mi-
lieu du bataillon , où on lailfe quelquefois un orand
carré vide , pour y conferver des drapeaux & du ba-
gage. Ainfi on dit , vider ou carrer le centre du
baraillon \ pour dire , félon l'ancienne méthode de
former des bataillons , pratiquer un terrain de fi-
gure carrée dans le milieu des piquiers , afin que les
Moufquetaires , les drapeaux & les bagage> y puifl
fent être à couvert , quand les troupes plus nom-
breufes attaquent le bataillon.
IJC? Centre oviz/. Terme d'Anatomie, ^oy^r Voute
MÉDULLAIRE.
§C? Centre tendineux. Terme d'Anatomie. C'eft: la
partie dans laquelle les queues des mufcles du
diaphragme fe rencontrent. Ce c^;z;rs efl rrouc veis
fa 'droire pour donner palfage à la veine - cave •
& vers fa gauche en arrière , fa partie charnue
donne partage à l'œfophage , au tronc defcendanr
de l'aorre au canal thorachique, & à la veine azv-
gos entre ces deux piliers. Encyc.
et? Centre fedir dans le difcours ordinaire, comme
fynonyme de milieu. C'eft ainfi qu'on dit qu'un
lieu eft le centre d'une ville i qu'une ville eft \ecea-
C Ë N
tre d'une Province, qu'une Province cH le centre
ti'un Royaume.
%T Centre fc dit par extenfion du lieu où cli.iqne
cJiolè rend naturcllementjcomme au lieu de l'on repos.
On dit en ce iens que chaque chiite rend à ion centre.
IJcr On dit %urémcnt qu'un homme eft clans Ion
centre , pour dire qu'il efl dans un endroit où il
ie trouve bien , où il a l'es aifes ôc fes commodités.
On dir dans un fens conrraire qu'il eft hors de l'on
^ centre. Un ivrogne au cabaret eft dans Ion centre.
§Cr On dit encore figurcment qu'une ville eft le
ce7!tre du commerce , ie centre des adaires 5 pour
dire que c'cft l'endroit où le commerce eft plusflo-
rjfîant, où ie traitent la pluparr des airaires. Paris
eft le centre des fciences , des beaux arts. Le centre
du bon goiàtjde la poiiteflè , &c.
ffr En Théologie , on dit que l'Eglife Romaine eft
le centre de l'unité , le centre de la communion des
l'ideles iiir la terre.
^ On dit proverbialement , je voudrois être au cen-
^ tre de la terre ; c'eft-à-dire , bien loin, ou bien cache.
iCr Centre vienr du latin centrnm , formé de y.i,-,fc, ,
pomr, de x- ivrrûv , j^ungere,
Ip^ CENTRER un verre. Terme de Lunerîer. C'eft
travailler un verre de manière , que la plus grande
cpaiiîeur de ce verre fe trouve au centre de la li-
gure quand il eft achevé.
CENTR.1FUGE. adj. Qui tend à éloigner du centre.
C'cft un terme de Phyfîque. Un corps qui ie n-ueut ,
rend toujours à décrire la ligne qu'il décriroit s'il
étoit libre D'où il faut conclure que les corps
qui le meuvent circulairement, tendent continuel-
• lement à s'éloigner du centre de leur mouvemenr ;
ce qu'ils doivent faire avec uhe force d'auranr plus
grande , qu'ils fe meuvenr plus vite. Rohault. Un
corps qui décrit un cercle , décrir à chaque inftanr
une petite li?:ne droire qui fait patrie de la cir-
conférence. Ce corps à chaque inftanr fair donc ef-
fort pour continuer à fe mouvoir dans la diredion
de cette petite ligne. C'cft la force cejitnfuge. M.
DE Maupertuis. i^oyei Mouvement circulaire
& les articles relatifs.
L'effcrdela toicz centrifuge eft rel , qu'un corps
obligé à décrire un cercle,le décrir le plus grand qu'il
lui eft podible, parce qu'un plus grand cercle eft,pour
amii dire , moins cercle & diffère moins d'une lii^ne
droite qu'un plus petit. Un corps fouifre donc plus
de violence, ^- exerceplus l\(or<ccccj7trifiige, quand
il décrit un petit cercle , que quand il en décrir un
grand. /r//?. de l'Acad. R. des Sciences , année 1700 ,
p. 79. de l'Edit.de 1705.
CENTRINE. f.f iPoillbn de mer que les Iraliens ap-
]^c\\cnt pefce perco. Il eft gros, épais ,'courr , de fi-
gure triangulaire , couvert d'une peau fort rude ,
paribmée de poinres fortes , principalement à la
rete & au dos , de couleur oblcurc. Sa tête eft pe-
tite & comprimée : lés yeux font vifs : fa gueule eft
prcfque toujours ouverte. Ses dents fonr' larges &
tranchanres : ia chair eft nerveule , vifqueufe ,'&-ne
fe^ mange point. Etant fechée , elle excite l'urine.
C'cft le chien de mer.
CENTRIPÈTE, ad], in. & f. Terme de Phyfîque. Qui
tend à approcher d'un centre. Centripeta. Un mou-
vement centripète, La force centripète , fi célèbre
dans la Phyiique moderne , eft une propriéré des
corps , qui les fait tendre au cenrre du cercle qu'ils
décrivent dans leur Tourbillon -, c'eft-à-dire, que ce
n'eft aurre chofe que la gravité ou péfanteur , ou
i'attraétion. La force centripète eft oppofée à la force
centrifuge. Il eft parlé dans le Journal desSavans,
de Mai 1754» du conflir des forces centrifuges Se
• «n/r7/>èrM,nécel]àire pour retenir dans fonorbire,
& autour de fa planète principale tout fatellite placé
au-delà , (S-c.
_ Ce mot eft compofé de •centrnm , centte , ?^peto ,
)e tends,ie vais.
CPTCF.NTRIPETENCE.f. f. Terme de Phyfique. Ten-
dance au centre. Aux appétits ariftotéliciens , le plus
brillant des Modernes ne fubfticue aujourd'hui que
CE N
, ûzs centripetences , des attradlions. Mém. de Trév
Lmcc prccile de Newton eft de faire tourner les
planètes ; la lune , par exemple , autour de la terre
dans une elhple régulière en vertu de fa centripé-
r/«« ; mais certe ccntripetence eft altérée par la
force heliocentrique : de lortc que c'eft delà com-
binailondeces deux forces que doit réfuker la mo-
dihcation & la figure de l'orbe lunaire. Castei
JiCr CENTROBARlQUE,adj, Méthode cemroi^ari^
^ne. En Méchanique , c'cft une méthode pour me-^
lurer ou déterminer la quantité d'une llirface ou
d'un iulide , en les conlidérant coiyme formes par
le mouvcm_ent d'une ligne ou d'une furface , & mul-
tipliant la ligne ou la furface eénératrice par le ch"-
^ ™!" P^'''^-"^'^ par Ion centte^de gravité. Encyc ^
CF^NTROSCOPIE. f. f. Terme d^ Mathématique;
1 raite du centre : partie de la Géométrie qui traire
du centre. Centrojcopia. Il y a deux fortes de
centres le centre d'une figure & le centre de
gravite. La cemrofcopie traite de l'un & de l'autre.
Ce mor ne le trouve point dans nos Auteurs ,
parce quils ne réiiniHenr pointées dsuxchofesen
un tiaite parriculier. Ils examinent le centre des
figures dans la Géométrie , & le cenrre de çravité
dans la Méchanique. Ce font les vtais lieux de par-
ier de ces deux fortes de centres. .11 a plu à Cara-
rauel de les en leparer, tfc d'en fkire un traité par^
nculier , qu'il appelle Centrojcopia.
Ce mot vient de ..,/.=, , centrum, & ^..^i^ , coV
Jidero.
CENT-SUISSES. {. m. Ceftune Compagnie de cent
Sui/res , établie en 148 1 par Louis XI pour la garde
du Roi. Centumviri Régis cujiodes ex Helvetia. Ce
nom eft fingulier auHÎ bien que pluriel. Les Cent-
Suifes de la garde du Roi onr un Capitaine-Co-
lonel , deux Lieutenansjl'un Fiançois & l'autre
Suiflc. Aux jours de cérémonie le Capiraine & les
Lieutenansdes Ccnt-Suifes (ont vêtus de latin blanc
avec de la toile d'argenr dans les entaillures ^ &
les SuiHés onr des habirs de velouis. Un CentSuiffi
jouit des mêmes privilèges qu'un François narurel ;
il n'eft point fujet au droit d'aubaine ;'il a exemp-
, tion de taille pour lui , la veuve , les cnfans
CENTUMVIR. f.^ m. Magiftrat & Oiticicr de l'an-
cienne Rome, établi pour juger de cerraines aifai-
res civiles , comme des rcftamens , des tutelles , des
prefcriptions. Centumvir. Comme le peuple éroit
diviié en trente-cinq Tribus , on élilbit trois per-
lonnes de chaque Tribu pour remplir cette charge :
cela compolbit un nombre de 105 Juges ; 5i qu^oi-
que^ dans la fuite on en augmentât le nombre juf-
qu'â cenr_ quatre-vingr , on ne lailfa pas de les ap-
peler toujours Centumvir ,&c leurs jugemens ce«/tt/7z
viraha judicia. Voyez Festus. Lcs'Centumvirs fu-
rent créés à l'exemple de la première inftiturion du
Sénat établi par Romulus , ainfi que le rapporre
E)enys d'Halicarnafîe en fon fécond livre, Pompo-
nius le Jurifconfulte , en fon Enchiridion du Droit,
dit que les Centumvirs furenr établis quand les Pré-
teurs ne purent plus fuffire à vider tous les procès
du peuple , d'aurant plus qu'ils étoient ordinaire-
menr diftraits & occupés hors de Rome , tant aux
guerres , qu'à l'adminiftrarion des Provinces. Vige-
NÈRE fur Tite-Live, T.I,p. -766.
Les Centumvirs connoiflbient des ufucapions , des '
tutelle^ , des teftamens , & généralemenr de toutes
les affaires qui fe porrent parmi nous devant le
Juge ordinaire , dont la plupâtt étoient auparavant
du refibrtdes Préreurs , fur la juridiiffion defquels
ils avoienr beaucoup empiéré : car ils éroient alors
( fous Velpalîen ) compétens pout les matières cri-
minelle<; , comme pour les civiles. Morabin ,p. 1,82,
Vovez Ffstus & Quintilien, L. IF ,c. i.
CENTUMVIRAL , ALE. adj. Qui appartient aux
Centumvirs , & qui eft de leur re/îbrt & de leur
dépendance. Centumviralis. Jugement centumviral
^ CENTUMVIRAT.f.m. Centumvir atus. Tribunal*
clifz les Romains , compofé des Centumvirs, Voyez
ce mot.
o,(,6 CEN
iCT CENTUPLE. 1". m. Cent t'ois autant. C^«/?//-///7;;. Il
a dcpen!è beaucoup dans cette attaire-, mais on lui
adonne le centupU.Cs^i^ terre rend , rapporte au
centuple. Ccnujlmum (ruanm ajjcn. Doubler au cai-
mple. Cenuipldrc , cauupUcure En i'tyle d'Ecriture ,
Dieu rendra au cc;nr«/'/<; tout ce qu'on lui aura lait.
?p= Centuple eftauHi adj. de t. g. Une loinme eft ccn-
pipk d'une autre. UnmpUx , centuplus.
CENTURl ATEUR. r. m. Ifl qui dirrribue,qui compile.
par centuries, par centaines. Ce mot n'elt ulité qu'en
parlant de certains Auteurs Proteftans , qui ont conv
polc une hilk>ire ecclchaftique, & l'ont rédigée par
centaines d'années , Se qu'on appelle Centuriauius
de Ma2;dcbourg,C>«r«/7t2;oro-, parce que l'ouvra 2;e
fut commencé "dans cette ville. Ce lurent quatre
Miniftres de cette ville-là, qui en furent les pre-
miers Auteurs , dont le chef étoit Matthias Flaccius
Illyricus. Elle a été revue par Lucius , Profciîcur à
Baie, &c réimprimée en 16x4, en trois volumes.
, On dit que Baronius n'avoir entrepris lés Annales ,
que pour combattre les Centunateurs de Magde-
bourcr, dont le but étoit d'attaquer l'Eglilé Romaine,
&: d'établir la réforme.
CENTURIE, f. f. Partie d'une chofc divifée ou rangée
par centaines. Centiiria. Dans le temps que le peu-
ple Romain s'alîémbloit pour créer des Magillrats,
■ ou pour ■ établir des loix , ou pour délibérer des
affaires qui concernoient la République , il étoit
divifc' par centuries ; &: afin que l'on pût recueillir
plus facilement les fuffrages , on opinoit par cen-
turies. Cela le faifoit dans le Champ de Mars , 6c
ces aiTemblées s'appeloienr Comitia. cerauriata. Ce-
toit rallémblée de tout le peuple. Les cohortes
romaines étoientdiftribuces par décuries & par cd«^?/-
ries. Le Décurion commandoir la décurie ; le Centu-
rion , la centurie : chaque cohorte étoit compofce de
lîx .centuries ; &C une légion , de foixante centuries.
Plufîcurs Auteurs divilént leurs ouvragespar centu-
ries. Gombaut a fait trois centuries d'Epigrair.mes.
Cen-turie , fe dit particulièrement des vers de Nof-
tradamus , rangés par centaines de quatrains ou de
fixains : chaque couplet s'appelle quelquefois une
centurie , centiiria ; même ceux qui font des qua-
trains pour imiter ces prcrendues prophéties, les
appellent des centuries,
Cen'tt'rie de Magdebours;. Hiftoire Ecclélîallique di-
vifée en treize Centuries ; elle contient treize i:è-
cles , & va jufqu'à l'année 1 198. Res Ecdejiajiicce
per centurias annorum à Doclorihis ATagJe/>uri;en-
jihus divifce ac rejcriptx , centuriœ. Quelques Sa-
vans en formèrent le projet , Se y travaillèrent
fous la direétion de Flaccius Illyricus. Foye:^ Cen-
TURIATEURS.
Centurion, f. m. Terme de Milice Romaine.
Oiiicier Romain d'infanterie , qui commandoir à
cent Soldats ; c'eft la même chofe que Centenier. Cen-
turio. Le Centurion de la première cohorte de chaque
légion s'appeloit Primipilus. Il n'obéiflbit qu'au
Tribun , Se commandoir quatre Centuries. Il gar-
doit l'étendard , Se l'aigle de la légion. Il y avoir
à Céfarée un homme nommé Corneille , Centurion
dans la cohorte appelée Italienne. Simon , ^cl. des
Ap. X , I. Le Port-Royal a dit Centenier. Corneille
le Centurion eft le premier Chrcrien d'entre les
Gentils. Chastelain. Si S. Longin efl: le Centu-
rion qui fe convertit à la vue des miracles qui fe
firent à la mort de JesusChrist , Corneille n'eft
pas le premier Chrétien d'entre les Gentils , ou du
moins cela n'eft pas lut.
^fT On dit Centurion en parlant de l'Hiftoire Ro-
maine. Centenier, eft ufité dans le ftyle de l'Ecriture.
CENTUSSE. f. f. en latin centujfis : cent fols de
monnoie romaine. A la béatification Se canonifation
de S. François de Sales, il coûta en purs dons 5 cîiz
centujfes de monnoie romaine. Le Card. Lamber-
TiNt. On donne à l'Avocat conliftorial cent cen-
tuffes , qui fe partagent entre le corps des Avocats
confiftoriaux. Idem.
CEP
C E O.
CEOLS. f. m. Nom d'homme. Ce/fus. S. Celfe , vul-
gairement appelé S. Ceo/s , ou S. Ceouls , Se par
corruption S. Sous , dans le Diocèfe de Paris, Sc
en Btrry , nom que les Géographes ont encore
plus défiguré en l'écrivant fur leurs cartes, Cinq-
. foies , Se que les anciens titres d'une Paroilfc du Dio-
cèfe de Paris , vers les limites de l'Evêchc de Chartres,
nomment faint Cheours , étoit un jeune enfant qui
fut martyrifé à Milan dans le premier fiècle avec
S. Nazaire. Voye^ Bailler , 18 de Juillet.
CEP.
CEP. f m. Souche , pié de vigne. Fitis , vinea ,
Jiirps , truncus. Arracher un cep. Il n'y a que ttois
ceps à cette treille. Ménage dérive ce n^îot de cippus^
qui veut dire /ronc, quoique d'autres'le dérivent de
capo., ou caput. Quelques-uns écrivent fep par abus.
CEP , ou CED. f. m. Efpèce de Satyre , ou plutôt
de linge , dont parie Solin , c. 50. Cepus , ou Ce-
bus. On en vit a Rome au temps de Jules Céfar ,
fi l'on en croit Solin. Pline cependant dit que ce
fut à des jeux que donna le grand Pompée \ mais
tous deux conviennent que c'eft la feule fois qu'on
en ait va à Rome. Il avoient les pieds de derrière
femblables à ceux de l'homme , Se ceux de de-
vant à peu près femblables .à nos mains. Diodore
de Sicile leur donne une tête de lion , le corps
de panthère. Se la grandeur d'une chèvre. C'eft
une fable , quoique Strabon dile la même chofe ,
Liv. XVI ■> après Artémidore. Quelques Auteurs ont
prétendu que ce mot étoit grec, x =r»ç , qui lignifie
jardin , Se qu'on l'avoir donné à cet animal , à caufe
que la variété imitoit celle d'un jardin. Mais Sau-
maife , fur l'endroit de Solin que j'ai cité , a très-
bien remarqué que ce mot étoit éthiopien , Se que
les Grecs l'avoient pris , comme beaucoup d'autres
des langues étrangères ; Se Bochart a très biea
montré , Hiero^oicon , p. J , L. IJI , c. 3 1 , que c'é-
toit la même chofe que î\^, koph, animal que
la Botte de Salomon apportoit de Tharlis , Se que
les Traducl:eurs ont rendu par Siinia. ; un Jînge.
C'eft' apparemment la même chofe que les Bavia-
nes de l'île de Ceïlan , dont nous parlons au mot
Satyre. Au refte , je ne fais où certain Auteur a pris
que le Ceb , ou comme il dit, Ceéus , a le vif'age
d'un Satyre , Se le refte du corps de chien Se d'ours.
Ceps , fe dit au pluriel des fers qu'on mer aux pieds
& aux mains des pril'onnicrs. Compedes. En ce fens
il eft vieux. On le dit auifi de deux pièces de bois
échancrées où l'on engage les pieds du criminel
pour le tenir plus furement prif'onnier. On s'ea
fert aulfi pour lui donner la queftion.
Ce mot vient de cippus , dont les Latins fe font
fervis en la même lignification. Ménage. Joannes de
Janua en tire l'origine ex eo quod capiat pedes. Dans
les vieux titres on trouve cheps pour fignifier/)/-//ô^;
Se ainfi on a dit un chep à mettre un malfaiteur y
pour dire , un cachot ; Se on a appelle chepier ,
ou cheper , un Geôlier. D'autres prétendent que
c'eft le prilbnnicr que l'on appeloit chepier ; 8C)
pour le Geôlier , Nicot dit qu'on l'appeloit ceppier^
Mais comme il n'y a pas beaucoup de différence
entre cheppier Se ceppier , on pourroit bien les avoir
confondus.
CEP^A. i". f. Petite plante qui fait beaucoup de pe-
tites tiges rondes de la haurcur d'un pied Se demi,
qui traînent par terre. Cepœa. Ses feuilles font
épaiflés , femblables à celles du pourpier , mais
plus petites , plus étroites Se plus longues. Sa ra-
cine eft fort petite. Ses fleurs font petites , blanches,
à cinq feuilles. Sa femence eft fort menue. C'eft
une efpèce de joubarbe.
fCf CEPEAU. f m. Voyei Ceppeau.
CÉPEE on SÉPEE. l". f Terme d'exploitarion Se de
commerce de bois. Ce terme fignifie quelquefois
des buiffons : mais le plus fouvent on le dit d'une
toufiFe de pluiieurs tiges de bois qui repouifçnt d'unQ
CEP
même Touche , comme les taillis , qui dcfa Tonc ap-
pelés bois de cépces. Voilà de belles cépées.
CEPENDANT, adv. de tciTjps. En attendant , po^jr-
tant , pendant ce temps-là. Interna , intérim. ]e
vais dîner , allez cependant brider mon cheval.
1^ Nous nous amufons , & cependant la nuit vient.
On le prend aufii quelquefois pour nianmoins , tou-
tefois , pourtant. Tamen , nikilominus , attamen.
On a beau crier contre les vices , cependant on ne
s'amende point. Vous ne parlez point de cette
claule , cependant c'cft la principale. On commence
une période par cependant ; auquel cas il lert de
transition &. de conjondion. Autrefois on difoit ce-
pendant que ,Interea diim , dàin , donec pour tandis
que , mais aujourd'hui on dit tandis que.
i>3' M. TAbbé Girard obferve que pourtant a plus
d'énergie & affirme avec fermeté , malgré tour ce
qui pourroit être oppofé. Cependan?ç.\i moins abfolu
& moins ferme -, il affirme feulement contre les ap-
parences contraires. Néanmoins diftingue deux cho-
fes qui paroifiènt oppofées , & il en foutient une fans
detiaire l'autre. Toutefois dit proprement une chofe
par exception. Il fait entendre qu'elle n'efl: arrivée
que dans l'occafion dont on parle,
ICF Que toute la terre s'arme contre la vérité , on
n'empêchera/o«r^^«r pas qu'elle ne triomphe. Quel-
ques Doéleurs fe piquent d'une morale févcre ; ils
recherchent cependant tout ce qui peut flatcr la fen-
fualité. Corneille n'efl: pas toujours égal à lui-même ,
néanmoins Corneille efl: un Aureur" excellent. Qui
ne haillbit pas Néron î Toutefois il aimoit Popéa.
^fT Ce mot vient du latin , Hoc pendente ne"otio.
ip= CEPHALAGRAPHIE, f. f. Terme d'Ànatomie.
Defcription de la tête , ou du cerveau. Ke^^a,; ,
tlte. VoKeiiy. , defcription.
CEPHALALGIE, f. f. Terme de Médecine , qui fe dit
en général de toutes fortes de douleurs de tète -,
mais en fa propre fignifîcation , il lignifie une douleur
de tête violente & récente. Cep/ia/a/gia. Quand
elle eft invétérée on l'appelle céphalée, & quand
elle ne tient que la moitié de la tête , on l'appeile
migraine.
Ce mot vient du grec x£^«/^ , caput ; & d'âAfo? ,
dolor , douleur.
'^ CÉPHALALOGIE. f. f. Partie de l'Anatomie qui
traite du cerveau. lo^aa^C, caput, tête, & a^/o« ,
£ermo , traité.
CÉPHALE. f m. Fils de Déjonée , Roi de Phocide ,
époufa Procris , fœur d'Orithie , Roi d'Athènes.
Cephale étoit bifaieul d'Uliife. Euripide dit que
l'Aurore enleva au cieux Cèpbale après la mort de
Procris. Céphale & Procris font le fujet d'un Opéra
de Duché , & d'une Comédie de Dancourt
CEPHALEE, f f. Cephaltza. Terme de Médecine. Dou-
leur de tête invétérée. Ce mot eft formé du grec
-E(j)K,\«i«. Il vient de r.ti^ci>,r, , the,
CEPHALIQUE. adj. m. & £ Terme de Médecine , qui
fe dit de tout ce qui appartient à la tête , ou à
l'es parties. Cephalicus, Ainii on appelle remèdes
cépkaliques , ceux qui font propres pour les ma-
ladies de la tête. Il y a une veine qui monte le
long de la partie externe du bras , & qui va fe ter-
miner à la veine axillaire , qu'on nomme cépha-
lique , parce que les Anciens avoient coutume de
la faire ouvrir dans les affeftions du cerveau ; ce
que font encore aujourd'hui les ignorans &: les fuper-
ftitieux : ou , comme dit Dionis , parce qu'étant
placée dans la partie' la plus fupérieure du bras ,
elle eft plus plus proche delà tête. Vena cephalica.
^fT II y a plufieurs poudres cépkaliques que l'on
croit propres à foulager les maux de tête. II. y a
auffi un baume céphalique excellent dans les mi-
ç graines , les étourdlifemens &c. On en frotte la tête ,
rt.jes tempes , les narines.
Ç^'^VUhLOmE, fephalonia. Nom d'une île, & de
. fa capirale.. L'île AçÇephalonie , appelée autrefois
Sarnos , n'eft pas la fameufc Saiijos de l'Archipel ,
£ mais laSamos Meione des Anciens. Elle eft iituée
, - Jans la mer Ionienne , vis-à-vis des golfes de Pa-
CEP
?^7
«as 5: de Lépante, entre l'Ile de Sainte Maure
au Icptentrion , & celle de Zanthe au midi. Cepha-
rn""' a -^"'*' ''^ ""'^ de la ville capitale de l'île.
Elle eft iituée fur une montage qui aboutit au ^^olfe
qu'on appelle Porto d'Jrgajioli. C'eft un Ev'êxhé
que le Marquis de Tocchis , qui dans le Xlle liècle
etoit Prmce d'Achaïc , & maître de l'île de t'e-
phalonie , fît ériger.
A Céphalonie fe voit la Fortereffe Naffau , quî
eft fur un rocher inexpugnable. L'enceinte de cette
Forterefîé eft fi cxtraordinairemcnt grande , qu'elle
peut renfermer tous les habitans de l'île, quand
ils ont belbiii de s'y réfugier pour fe fauver des Pi-
rates. Du Loir, L. X , p. 556.
CEPHALOPHARINGIEN. adj. Terme d'Anatomie ,
qui fe dir de deux mufcles de l'orifice de i'œfo-
phage , qu'on appelle pharinx. Ils prennent leur
ongnie de l'articulation de la tête avec la pre-
mière vertèbre , & vont s'inférer à la partie fupé-
rieure du pharinx , pour le tirer eh haut , & en
1 i-i-t *'t-^
arrière.
CEPHAS. f. m. C'eft le nom que Jesus-Chrîst don-
na a iaint Pierre , après qu'il eut confeifé fa divi-
nité , & qu'il éroit Fils de Dieu. Matth, XVI, 18.
Ce nom eft fyriaque & chaldéen t)0 , & N21d *
ou tîûs<-3 : il iîgnifie ;;wre , & Jesus-Christ le
donna a Simon fils de Jonas , pour lui déclarer qu'il
feroit après lui la pierre fur laquelle il batiroit fon
Eghfe i qu'il en feroit le Chefvifible, & fon Vi-
caire en terre. Car pour fignifier cela , il n'eft point
ncceffaire , comme quelques-uns le croient, que
Fin, Cepha, vienne de kî/hu^y. , tcte , ou chef
ainfi que l'onr cru Optât de Mileve , & Bafoniiis \
de même qu'il n'eft point néceflàire qu'il le lignifie,
quand il eft dit de Jesus-Christ , pour Inarquer
qu'il eft le Chef de l'Eglii'e , dans laquelle tout
fera appuyé lur lui , rour dépendra de lui , comme
/, Ep. de S. Pierre JI,6 , où la verlion Syriaque
fe fert du mot t?3i?-. Foyei Beliaraon , £ccL
L. II, c. 15-, Baron, ad. an. c, 3 2(S' 54;& Valen-
tia, De fide Difput. I, Qucefl. I , Puncl. Fil, q.
5. L'allulion que J. C. fait de ces deux mots , Vous
êtes Pierre , & fur cette pierre je bâtirai mon Eglife ,
n'eft pas rare dans l'Ecriture , dans les prédiâions
ou les promeflês. Lamech en fait une fur le nom
de fon fils Noé , Gen. V, 29, Jacob fur celui de
Juda , Gen. XLIX, 8. L'Auteur Grec du Nouveau-
Tejlament ne l'a pas gardée ii exadlement ; il a
mis nélçH, & 3r£Tf«. Il pouvoir répéter ji-é?^»;, qui
fe dit très-bien engrecpour/^^rr^, une pierre. Notre
langue rend heiireufement ce jeu de mots.
CEPHEE. f. m. Conftellation feptentrionale , com-
polée de dix-neuf étoiles, félon Hygin , mais dont
aucune n'eft de conféquence , la plus grande qui
eft dans le bras droit étant de la troifieme gran-
deur. Céphée étoit un Roi d'Ethiopie , qui fut le
père de la belle Andromède, que Perfée délivra
d'un monftre, & qu'il époufa. Le père, la mère
la fille & le gendre , c'eft-à-dire , Céphée , Caffiope \
Andromède & Perfée , furent métamorphofés en
aftres , qui compofent aujourd'hui quatre de- nos
Conftellations.
CEPPEAU. f. m. Teri-ne d'ancien monnoyage. Ceft:
le billor fur lequel étoit arrêtée la pille ^ ou ma-
trice d'écuffon, fur laquelle fe frapoient les mon-
noies dans le temps qu'on les frapoir au rriar-
teau. ,„"'
ffT^ CEPITE. f. f. Terme d'tfilîoire Naturelle. Efpèce
d'agate, ainfi nommée, parcequ'on y remarque quan-
tiré de raies concentriques qui la font reffembler à
un oignon {cèpe) qu'on auroit coupé en deux,
Cepites.
CEPUZE. Cepuiienfis Comitatus. Le Comté de Cé-
puie eft une petite Province de la haute Hongrie ,
frontière de Pologne. ' » '
C E Q,
\ C£QUIN. Voyei Sfquin,
1-
CE R
C E R.
fer ŒRACHATE. f, £ Cerachates. Efpècc d'agate
jaune , ou de couleur de cire , d'où lui vicnr ion
nom.
CÉRAMBE. f. m. Terme de Mythologie. Vieux habi-
tant du mont OthrysenTheiralic, qui, s'c:ant retire
fur le Parnafle poiir cvitet l'inondation du déluge
de Deucaiion , y fut changé en oiieau par les Nym-
phes-de cette montagne, ou , fclon d'autres en cette
efpèce d'efcarbot qui a des cornes. Il s'agit la de
quelqu'un qui ie fauva heureufemcnt d'une inonda-
tion. Quant à l'elcarbor, c'eft l'étymologie de ion
nom qui a donné lieu à la mctamorphoie. Les Grecs
appcloient refcarbot •ci^uf^'^o,, à cauie de les cornes,
du mot x£^«5 , cornu,
CÉRAMIQUE, f. m. C'eft un nom grec , qui vient
de x.f<.f.oç, ceramos, qui lignifie une tiuk , d'où ie
fait >tï/)«,«xoç, lieu où l'on fuit de la tuile , Tuilerie;
ou bien , lieu bâti de tuile , c'eft-à-dire , comme nous
parlons en françois , bâti de brique. Plulieurs lieux
ont porté ce nom. Hélychius & Suicjas dilent qu'il y
avoit deux Céramiques à Athènes -, l'un dans la ville
& l'autre hors de la ville. Le Céramique de la ville
croit un lieu où l'on faifoit aux frais du public les
funérailles 6: les oraifons funèbres de ceux qui
avoient été tués dans la guerre. Il y avoir fur leur
tombeau des colonnes fur lefquelles on failbit gra-
ver l'endroir où ceux qu'on y enterroit avoient été
tués , & leur épitaphe. Le Céramique du fauxbourg
éroit un lieu où les femmes débauchées s'alîëm-
bloient. Le Céramique de la ville étoit un des plus
beaux quartiers d'Athènes. M. Spon en parle dans
(on Voyage de Grèce. P. n,p. i8i & ii;5. Koye.jauili
Meuriius Athen. Att. Le Scholiafte d'Ariftophane
dit qu'on y célébroit des jeux , qui s'appeloient
O" 71!« ;\«A<x«,?o« afav, le combut du flambeau , parce que
ceux qui couroienr , portoient un flambeau. Les en-
lûns donnoient des coups du plat de la main à ceux
des coureurs qui reftoient derrière , & cela s'ap-
peloit des coups céramiques. Voyez ce Scholiall:e
fur la fin du I V^ aétc de la Comédie des Grenouil-
les ■■, fur l'adc I de celle des Oifeaux ; Se fur celle
des Chevaliers , acte II, fcène , 3e. Paufan. Liv. I.
On faifoit des jeux trois fois par an dans le Cérami-
que , pour Minerve , pour Vulcain o-: pour Promc-
îhée. C'etoit peut-être dans ceux de Prométhée que
l'on couroit avec des flambeaux , à caufe du flam-
beau que la fable difoit qu'il avoit allumé au char du
foleil , pour animer le corps de l'homme qu'il avoit
formé. Au refl:e , jamais perfonne n'a mis que deux
Céramiques dans Athènes , & l'on ne fait poutquoi
dans Moréri on en diftingue ttois.
Pline , Liv. XXXV , ck. i z , dit que ce lieu fut
".nommé Céramique , parce que Chalcoftènes, ouvrier
fameux en ouvrages &: ftatues de terre , avoit fa bou-
tique ou fon areliet en cet endroit. Paufanias, Liv. I ,
' dit que c'eft du Hétos Céiamus, que l'on dilbit êtie
/.'fils de Bacchus & d'Ariadne.
La porte d'Athènes, qui étoit voifine de l'un de
fl-Ces /Céramiques , s'appeloit la porte Céramique.
_£,-. Ceramic^ue étoit encore, félon Pline, Liv. V,
..^,-ch, io , un petit golfe de Carie , proche d'Halicar-
.--Balfe.
CERAN. f. m. Nom d'homme. Ceraunus , Ceraunius.
i~ S. Céran , qui vivoit au commencement du VIP lîè-
•r cle, fous le Roi Clotaire II, entreprit de recueillir
s les Aâ:es des Martyrs. Baillet. Il fut Evêquer de
Paris, & aflifta au Concile de Paris de 615 , renu
dans l'Egliie des Apôtres , c'eft-à-dire , de fainte Ge-
-:• "(neviève", & qui fut appelé Concile Général par ce-
; ; lui de Reims de 6z^ , parce qu'il étoit cpmpofé de
79 Evcqucs , & que jamais la France n'en avoit eu
de fi nombreux. ,.,
GERANT, f m. Vieux mot. Petite monnoie , ou autre
chofe de fort peu de confequcnce.
C Ê R
Poures devins & pain querant j
Je n'eus vailleant un Ccranr.
CÉRASINE. f. f. Sorte de breuvage. Guillaume de ;
Aubruquis , Cordelier , ayanr été envoyé en Tar-
taric par S. Louis , fut mené au Palais le 4 de Jan-
viei 115 à l'audience de Mangou-can. Il me fit de-
mander , dit-il , lequel nous voulions de quatre breu-
vages qu'on nous prélèntoit. Je goûtai un peu de ce-
lui qu'ils nomment cerajïne, tait de riz
Fleury.
CÉRASTES. Peuples de l'île de Chypre qui avoient
chez eux un autel dédié à Jupiter Hofpitalier , qui
étoit toujours teint du fang des étrangers. Vénus _
olFenlée de cette inhumanité, les changea en Tau-'
reaux ; c'eft pour nous marquer les mœurs féroces
de ces peuples. D'ailleurs comme le mot y.îpa.', ligni-
fie corne, on dit qu'il portoient des cornes. L'Ile
même de Chypre a porté le faux nom de Cérajie
ou Cotnue , parce qu'elle eft environnée de Pro-
montoires qui s'élèvent dans la mer , Se font voir
de loin des pointes de rochers comme des
cornes.
CÉRASTE, f. m. Efpèce de ferpent qu'on appelle corniii
Cérajtes. Les Auteurs aflùrent qu'en Afrique , les
Cerajies ont deux cornes comme les limaçons. So-
lin leur en donne quatre. Ils font longs de deux
pieds , quelquefois plus. Ils ont le corps de cou-
leur de lablon , écaillé vers la queue. Ils rampent
de biais ; &c quand ils marchent , il fenible qu'ils
lifflcnt , à caufe du bruit que font leurs écailles;
La morllire de ce ferpent eft rrès-dangereufe.
gCT Ces prétendues cornes que l'on donne au Cérajie ,
ne font autre chofe que deux denrs courbes , un
peu en devanf, qui font mobiles , ôc qui font feà
armes offenfives.
§3" Ce mot vient du giec kÉ/jv,;, corne.
ifT CÉRAT. Que les 'Grecs &; les Romains appe-
loient CeroOT.'Z , étoit une mixtion d'huile & de cire,
dont le frotoient les Athlètes. Elle ne fervoit pas
feulement à rendre les membres plus glillans de mcrins
capables de donner prife , mais elle les rendoit plus
foùples & plus propres aux exercices. Antiq. Grecq,
& Romaine,
CÉRAT. Terme de Médecine. C'eft une efpèce d'on-
guent, ou de Uniment fait d'huile & de cire, qui
ïcrr de remède à pluiîeurs maladies. Ceratum. Lé
cérat eft d'une confiftance plus épaifle que le lini-
mcnt. On met à l'un quatre onces de cire , &: à
l'autre. deux, fur douze onces d'huile. II eft plus
folide que l'onguenr, & moins que l'emplârre. On
fait des cérats de foufre , de fantal , &c. li y en a
un particulier qu'on appelle cérat de Galien réfri'
oératif -, qui fe fait avec de la cite blanche , & de
l'huile rofat cmphacin. Cérat citrin , cérat de bri-
que reftrinCtif ou aftringenr , cérat diafinapi , cérai
rélblutif , cérat oxeleum & cérat divin.
Ce mot vient du latin cera.
fCr CÉRATIAS. f. m. Terme dont quelques Auteurs ,
comme Pline , fe font fervis pour déligner une
comète cornue, ou plutôt qui a deux queues.
CÉRATION. f. f. Terme de Chimie. C'eft la dilpo-
fition d'une matière pour la rendre propre à être
fondue & liquéfiée , quand de foi-même elle ne
l'étoit pas : ce qu'on fait pour lui donner plus
facilemenr le moyen de pénétier dans les métaux ,
ou autres corps folides. Prœparatio materia cujuf-
piani ad liquamen. Les Chimiftes difent cer^no.
gCT On le dit particulièrement de l'adion de rendre
les méraux fulibles , comme de la cire.
^ Les Vocabuliftes prétendent que «Va//ow , fe dit
encore de l'adion de pénérrer de cire une toile,
une étoffe ou quelqu'autre corps. Malgré cette
décilion, on continuera de dire" incération , pour
exprimer l'action d'incorporer de la cire avec quel-
qu'autre matière.
CÉRATOGLOSSE. f. m. ou plutôt adjedif pris
fubftantivement. C'eft un des mufcles de la lan^e ,
G E R
qiii la tire à côté & en arrière. Il prend fon orî-
ï^ine de la partie fupcrieure de la corne de l'os
hyoïde , & va s'inférer aux côtés de la langue. Il
y en^a deux , un de chaque côté.
IP" CERATOIDES. f. £ Pierre de nature marneufe ,
durcie par le temps , parfemée de petits points
noirs , en forme de cônes , traverfés de ftries qui
. n'occupent que la moitié de fa fuperfîcie. Le refte
eft uni , & fouvent orné de ramifications. On dit
cju'elle vient de Néocaftro cap de Romanie.
CERATOPHYLLON. f. m. Plante aquatique. Voyez-
en les efpèces dans le Dicl. de James. On ne leur
attribue aucune propriété médecinale.
fJCT CERAUNE. Ceraunus, foudre. SUrnom qui fut
donné à Ptolomée , Roi de Macédoine , & à Scié-
nus , Roi de Syrie , à caufe de leur bravoure. C'efl:
ainlî qu'on parle d'un grand Capitaine , devant
qui tout plie -, nous difons que c'efl; un foudre de
guerre.
"CËRAUNIEN. Voyci AcrocérAunien.
CCT CERAUNOSCOPION. f. m. Partie du théâtre
des Anciens. Efpèce de machine verfatile , de la
forme d'une guérite, d'où Jupiter lançoit la foudre ,
dans les pièces ou ce fpeitacle étmt nécelTairc.
Encyclopédie.
CERBÈRE, f. m. C'efl: un chien à trois têtes -, que
les Poètes ont feint être commis à la garde des
enfers , qu'on dit avoir été enchaîné par' Hercule :
fur quoi les Mythologiftes ont fait différentes in-
terprétations. Cerberus. Hcliod. Theog. v. 511 > lui
donne cinquante têtes, &: Horace, cent, Liv. U ,
Od. 15, V. 34. Les Platoniciens , entendoicnt par
cerbère un mauvais démon. Foye^ Voilius à la fin
du ch. 19 , du Liv. U. De Idolol.
, Ce mot vient du grec x^toQ^», , qui lignifie car-
najfier , qui dévore avidement la chair.
On appelle fîgurément & par exagération , un
Suilîé , ou un Portier rude & rebutant , un Cerbère.
Marot appelle Cerbère le Geôlier d'une prifon.
Si rencontrai Cerberus à la porte ,
Lequel drejfafes trois tctes en hault ,
A tout le moins une qui trois en vault.
Cerbère. Terme de Chimie. Les Chimiftes donnent
ce nom myilcrieux à ce minéral qu'on nomme vul-
gairement falpêtre.
CERBONEY. i". m. Nom d'homme. Cerbonius. Cer-
bonius j que nous appelons Cerboney , fut l'un des
plus faints Evêques qu'eut l'Eglife au Vlefiècle. Bail
LET. Il tut Evêque de Populone en Tolcanc.
CERCACOLA. f. f Drogue employée dans le Tarif
de la Douane de Lyon de i6:^z,
1^ CERCE en Architeéture. /^oye{ Cherche.
CERCEAU, f. m. Lien dont on fc fert pour relier les
tonneaux , les cuves. Circulus. Les cerceaux font
faits de branches de châtaignier fendues par le mi-
lieu. ^fF Ce font les meilleurs ; quelquefois de
coudre , de bouleau , de frêne , &c. Il faut remettre
des cerceaux à cette cuve. Le premier cerceau d'un
tonneau fe nomme le talus \ le fécond , qui ell: dou-
ble , fommier ■■, le troifième & le quatrième , collet
& fous-collet , ou premier & fécond collet. Les au-
tres n'ont point de nom particulier , excepté celui
qui eft: plus proche du bondon , qu'on appelle le
premier en bou^e.
fCT Ce mot vient du latin circulus , du gtec kôkMc,.
IJCT Cerceau fc dit chez les Ciriers , d'un petit cer-
cle garni de petits crochets où ils fufpendent la
bougie de diftance en diftance.
§3" Chez les Boutonniers , c'efl un fil d'or, plié en
cercle qu'on aplatit, & auquel on fait prendre à
la main la forme du bouton fur lequel il fe jette.
Cerceaux , en termes de Fauconnerie , fonr des pennes
du bout de l'aile des oifcaux de proie. Les faucons,
facres & laniers n'en ont qu'un -, les autours &: les
éperviers rrois. Il y a jufqu'à fept pennes, les pre-
mières defquelles font appelées cerceaux ; les fui-
Vantes font appelées Vanneaux.
^ Tome II,
C E R ^^g
■ Cerceau eft aulTi un terme d'Oifeleur , qui fio-nifie
une forte de filets pour prendre des oifeaux .1
l'abreuvoir.
Les porteurs d'eau à Paris appellent cerceau , un
ovale fort aiongé , au milieu duquel ils font places
quand ils portent leurs féaux, &: qui les tient dans
une égale diftance à leurs côtés.
Cerceau eft aulli un vieux mot qui fignine les aa-jta-
tions de l'air , par le battement des aïles des oi-
feaux, qui fendent l'air. On ledit auHl des ronds
de ces cercles concentriques , qui fc ront dans les
eaux calmes quand on y jette quelque pierre.
CERCELLE ou CERCERELLE. f. f. Quelques-uns
dilcnt SARCELLE. Oifeau aquatique. Querquedu-
la , cerceris. La Cercelle eft: une elpèce de canard
plus petit que les autres , & dont la chair eft plus
délicate.' L'on n'en voit qu'en Automne &: en Hi-
ver. Athénée, Liv. /, c/z. 8. Liv. 111, ch. i.Plinei
Liv.X, ch. 11. Belon, Liv. 111 , ch. zi , parlent
de la Cercelle. Il y en a de plufieurs fortes , & de
diiïcrens plumages.
La première efpèce a une couleur qui ne change
que très-rarement : le plus fouvent les femelles font
grifes aurour du cou, & jaunâtres fous le ventre.
Elles ont le deifus du dos & des aîles , & le crou-
pion brun , avec une tache luifante fur les ailes j
ainfi que les canards , &:une ligne blanche au-deilbus
venant de l'extrémité des plumes , &: qui traverfe
par le^ Imilieu de l'aile. Les douze premières pennée
de l'aîle font d'une même couleur -, mais les autres
qui fuivent, font blanches à leurs extrémités, ce
qui compote une féconde ligne blanche , la première
étant de l'extrémité des grofles pennes \ &c comme
les plumes des aîles font noires par delîlis , eUes
font patoître une tache noire de chaque côté.
La féconde efpèce de cercelle a le bec noir &C
large. Sa rêre eft: d'un rouge éclatant , avec une
longue tache verdâtre , qui commence vers les yeux ,
& va finir derrière la tête. Son cou , fon dos , &
prefque rout fon ventre font couverts de plumes
noires & blanchâtres , en façon d'écaillés. Sa gorge
eft cendrée, & marquée de points noirs ; fa poitri-
ne d'un cendré brun ; fes aîles & fa queue d'une
couleur entre le brun & le noir , diverlîfiées en
plufieurs endroits de blanc , de noir & de vert.
Ses jambes ne ibnt ni groiîes , ni robuftes. Ses
pieds font étroits & bruns , & ont des membranes
noires.
, La cercelle de la troifième efpèce eft appelée par
Aldrovand , cercelle d'inde. Elle eft beaucoup plus
petite que les canes. Le deflùs de fon bec eft: plus
long que le delfous. Son bec, fes doigts & fes
pieds , font d'un beau rouge. Le defllis de fa tcte ,
le haut de fon c^\x , &c prefque tout fon dos font
de couleur jaune, auffi-bien que fon croupion, qui
eft couvert de taches en forme de croifiant , qui
font noires & aflèz grandes. Le deflbus de fort
cou , fa poitrine , & tout fon ventre font blancs.
Il y a dans fes aîles une grande diverfité de cou-
leurs , qui les rendent très-belles -, car les premières
plumes j qui font à l'épaule , font d'une couleur
de rofe paflce , & marquées de taches noires faites
en croiflànt , ainfi que fon croupion. Les plumes
qui fuivent celles-ci , font en partie blanches &c
en partie vertes. Les plus longues de toutes , font
ornées d'une couleur bleue très-éclatante. Sa queue
eft en partie verdâtre ,& en partie bleuâtre, com-
me celle des autres cercelles. Ses doigts font fans
membrane.
CERCHE. f. f. Foyei Cherche.
ftrr CERCIFI. f. m. Voyei Salsifis.
CERCIO. f. m. Oifeau des Indes , dont parle Jonfton
& Lémery. Il eft gros comme un érourneau, mar-
qué de diverfes couleurs , &c remue prefque rou-
jours la queue. C'eft le plus difciplinable de tous
les oifeaux pour apprendre à parler. Il l'eft encore
plus que le Perroquet.
CERCLE, f. m. Terme de Géomérrie. C'eft une figure
comprife fous une feule ligne , qui a un point au
Aa a
31^
CER
milieu , duquel , fi on tire des lignes droites a la
circonférence , elles font toutes égales. Circu/us.
fC? Les lignes tirées du centre à la circonférence
le nomment rayons. Et une ligne qui paffe par le
centre de la figure , & la parfage en deux parries
cs;ales le nomme diamètre. A proprement parler
k cdic/e eft tout Tefpace renfetiné dans cette ligne ,
ou circonférence , quoique dans l'ufage vulgaire
on entende par ce mot la circonférence fi:ule.
Un corps qui décrit un cerc/e , reçoit par-tout
une égale impreilion de la force centrale. Acad.
DES Se. 1700 , HiJL p. 75 , ~u-
Le cercle eft la plus partaite des figures, 5i qivi
a le plus de capacité. Tout cercle fe divife en 3^0
parties qu'on appelle degrés. Tracer un c^rc/*; , dé-
crire un cercle. Les Grecs écrivirent les noms des
iept Sages fur un cerc/e , ne voulant pas détermi-
ner quel étoit le plus fage des fept. On rapporte
qu'un Pape ayant commandé aux Cordelicrs de
lui nommer trois de leurs Religieux, dans le def-
fein de donner la pourpre à l'un d'eux , les Cor-
delicrs écrivirent fur un cercle , les noms des trois
plus habiles de leur Couvent, afin que fa Sainteté
ne jugeant pas qu'ils euifent plus de penchant pour
l'un que pour l'autre, elle choisît qui luiplairoit.
ViGN. Mary.
Un grand cerc/e , en parlant de la fphère , c'eft
celui qui divife égalemcnr un globe , &c qui a le
même centre que lui. Les grands cerc/es de la fphère
lont l'Horifon, l'Equateur, le Mcridicn , l'EcHp-
tique , &: les deux Colures. Les Azimuts & les cercles
de pofition font audl de grands cercles.. Le 1 1 de
j\îars , &: le 15 de Septembre , le Soleil décrit fon
cercle précifément au milieu du globe. Ce cercle
eil l'Equateur.
Les petits cercles font ceux qui ne divifant pas
la fphère également , n'ont leur centre que dans
l'axe du ç^lobe , & non pas dans le centre même
de la fphère. Ils vont toujours en diminuanr ,
comme les Tropiques , les cercles Polaires , & au-
tres parallèles. Les Almucantaraths , qui font des
cercles parallèles .à l'Horifon , ont le Zénith pour
leur pôle commun. Ils diminuent à mefure qu'ils
approchent du Zénith ; on les appelle cercles de
hauteur , parce qu'ils fervent à marquer la hauteur
d'un aftre fur l'horifon. Comme l'on conçoit que
tous les cieux fe meuvent tous les Jours d'orient
en occident, & qu'ils achèvent leur tour en vingt-
quatre heures , l'on imagine en même temps que
tous les points de leur fuperficie , hors deux, dé-
crivent des cercles qui font parallèles les uns aux
autres , &: à qui l'on a donné le nom de cercles
diurnes. Ces cercles font tous inégaux , & le plus
î^rand de tous eft le cercle équinoclial. Les cercles
parallèles en général , font ceux qui font également
éloignés les uns des autres, dans toutes leurs par-
ties. En Aftronomie on entend plus particulièrement
par cercles parallèles , ceux qui font tirés de l'oc-
cident à l'orient , par tous les dégrès du Méridien ,
en commençant depuis l'Equateur , auquel ils font
parallèles , jufqu'aux pôles du monde. Les cercles
de longitude à l'égard des étoiles fixes, font plu-
fieurs petits cercles parallèles à l'Ecliptique , leÇ-
quels diminuent à proportion qu'ils approchent du
Zodiaque. C'eft fur les dégrès de ces cercles que
l'on compre la longitude des aftres. Les cercles de
latitude à l'égard des étoiles , font plufieurs grands
cercles perpendiculaires au plan de Técliptique ,
&: qui paiTent par les pôles. C'eft fur les arcs de
ces cercles que l'on mefure la latitude des aftres ,
ou leur diftance de l'Ecliptique. Les cercles de
longitude terreflre , font plufieurs cercles que l'on
conçoit fur la furperficie de la tetre , parallèles à
la ligne équinodiale. Les cercles de latitude terrejlre,
font plufieurs cercles qui patTent par les pôles de
la terre, & par tous les points de la ligne équi-
nodialc.
Pour les lieux qui font fous rEquatcur , il eft clair
que c'eft fur les dégrés ôc minutes de l'Equateur
CER
que Ce mefure leur longitude : 5c de même pir
conféquent des parallèles de l'Equateur. Par exem-
ple , iuppofanr Paris, comme on le fuppofe com-
munément aujourd'hui , au lo*^ degré de longitude,,
un lieu plus oriental que Paris d'un degré , fous le
même parallèle , fera au 11= degré de ce même
parallèle i &: un autre lieu qui fera plus occidental
que Paris de iz" fera au 19'' 48' de ce même pa-
rallèle , &: non pas au ii'^ ou au i9<l 48' d'un cercle
qui paile |)at les pôles de la terre: Sc'ainfi de tou&
les parallèles que l'on peur concevoir entre l'équa-
teur & le pôle. Il en eft de même des cercles de la-
titude : ce font des cercles qui pa/lênt par les pôles
de la terre , &: par tous les points de l'équateur ;
& c'eft en- montant fur ces cercles de l'équateur Juf-
qu'au pôle , que fe comptent les degrés de latitude.
Oeft fur un de ces cercles que Paris eft au 48'i 50*"
10" de latitude nord.
Les cercles verticaux, que les Atabes appellent
a^i-:!Utks, font de grands cercles qui s'entrecou-
pent au zénith Se au nadir , Se dont les plans font
par conféquent perpendiculaires à l'horifon. On
compre ordinairement i8o cercles verticaux. C'eft
fur ces cercles verticaux que l'on compte la hauteur
des aftres , Si leur diftance du zénith. Les cercles
de diclinaifon , font plufieurs grands cercles qirî
s'entrecoupent aux p'ôtes du monde. Ce font les
mêmes que les méridiens , & les cercles horaires.
Les colures font auHi des cercles de declinaijon. Le
cercle de dijlance entte deux étoiles , eft un grand
cercle paflant par ces deux étoiles , dont la diftance '
eft mefurée par l'arc de ce cercle, compris entre
les deux étoiles. Les cercles de pofition , font fix
grands cercles , lefquels palîent par les interfedlions
du méridien avec l'horifon, & coupent l'équateur
en douze parries égales , que les Aftrologues ap-
pellent maifon cêlejle. C'eft pour cela que ces cer-
cles de pofition font auflî appelés cercles des mai-
Jbns célefles. On appelle cercles mobiles , ceux qui
fe meuvent , ^fT ou font fenfés tourner par le mou-
vement dire61 , de manière que leur plan change
de fituation à chaque inftant, comme les méri-
diens.
|)C? Les cercles immobiles font ceux qui ne tournent
pas , ou toutnent en reftant toujours dans le même
plan comme l'écliptique , l'équateur & fes parallèles.
Cercles horaires , font ceux qui varient à mefure
qu'on change de lieu fur- la rerre \ comme l'horizon
& les cercles invariihles , font ceux qui ne varient
poinr , comme l'équateur.
On appelle aufîî cercle horaire, les lignes qui
marquent les heures fur les cadrans fciatériques,
quoiqu'ils ne foient point tracés circutairemenr , &
que les lignes foient prefque droites ,ou peu courbées.
Il faut ajouter que par analogie on tranfporte fur
la fuperficie de la terre tous ces cercles que l'on
conçoit dans le ciel ; enforte que fi tous les points
de chacun de ces cercles tomboient perpendiculai-
rement fur la furface du globe terrcftre, ils y marque-
roient des cercles placés également; ainfi l'Equateur
terreftre eft une ligne que l'on conçoit précifément
fous la ligne équinoxiale que l'on fuppofe dans Ic'
ciel. ^fT t^oyei les définitions de, tous ces cerclet
fous leurs noms particuliers.
La quadrature du cercle eft un problême , par
lequel on cherche la manière de faire un carré >
dont la furftce ibit égale parfiiirement & géomctri-
quemenrà celle d'un cercle, quadratura circuli. De
fa vans Mathématiciens ont nié la poiTibilité de la
quadrature du cercle. Defcartes foutenoit que la
ligne droite Se la circulaire , étant de différente
nature , il ne peut y avoir nulle proportion entre
elles. On ne conçoit pas trop la proportion qui peut
être entre une circonférence , Se fon diamètre. Ar-
chimede eft celui qui a approché le plus près de
la quadrature du cercle. Tous ceux qui font venus
après lui ont fait des paralogifmes. Charles-Quint
promit autrefois cent mille écus à celui qui réfou-
droit ce fameux problème. Les Etats de Hollande
C E R
ont aurtî promis une rédompenfe à quiconque en
pourroit venir à bouc, ^oy^^ Quadrature.
On dit figurémenr, quand on veut parler d'une
choie dirKcik, ou impoiiibie , qu'on auroit auHi-côt
trouvé la quadrature du cercle.
On appelle cercle d'or , une efpcce de petite cou-
ronne chez les Romains, qui ctoit la marque de la
dignité du Patriciat.
Cercle lignifie auili un grand cerceau, ou pièce de
bois flexible , ou de fer , ou de quelqu'autre matière
qui lért de lien pour ferrer & lier quelque chofe.
Il faut tant de cercles à cette cuve. Ip" Les cercles
ne diffèrent des cerceaux , que par leur grandeur. Ils
fervent pour les cuves , cuviers ; &c les cerceaux pour
les tonneaux ordinaires. Il faut mettte des cercles
de fer pour tenir cette flèche , cette poutre , cette
colonne. On appelle aufli dans la ("phère armillaire ,
cercle , les cerceaux de carton qui fe coupent les uns
les autres , & qui compofent cette machine qui repré-
fente les cercles de la fphère céleftc.
On dit proverbialement : on ne connoît pas le
vin au cercle , pour dire, qu'on ne connoît pas à la
mine le caraiftère d'une perlbnne.
En termes de Marine, on appelle c^rc/t; de pompe ,
un cercle double de fer , dont l'un efl: rond , qui
embrafTe le haut de la pompe pour l'empêcher de
fe fendre, &: l'autre carré, qui fert à joindre fa
potence à la pompe. Les cercles de hune font de
grands cercles de bois qui font le tour des hunes
par le haut. Les cercles d'e houtehors font des cercles
doubles de fer , qui font au bout des vergues où l'on
pafîe les houtehors , qui fervent à mettre les voiles
. d'étui.
Cercles Goudronnés , en termes de Guerre , font
de vieilles mèches, ou de vieux cordages poiffcs,
te trempés dans le goudron , plies ,& tournés en
cercles. Ils fervent à mettre dans des réchauts pour
éclairer dans une ville affiégée.
Cercles à feu. Machines de guerre. Gc font deux ou
trois grands cercles de bois , liés enfcmble avec du
fil d'archal , & autour defquels on met plufîeurs gre-
nades , canons de piftolet chargés , & autres choies
de cette nature , le tout entouré de feux d'artifice.
On y mec le feu , & on fait rouler cette machine
.fur les travaux des aHicgcans. On fait auffi de ces cer-
cles à feu d'une autre manière -, mais elle revient à
peu près à la même chofe , & au même ufage.
Grand Cercle. Petit Cercle. Terme de guerre qui
fe dit de l'affemblée que font tous les foirs en cercle
tous les Sergens d'une garnifbn , pour donner l'or-
dre. On l'appelle ainii pour le difiinguer de ceux de
chaque régimem.Cœtus , conventus/iruclarum tur-
marum. Chaque caporal de femaine doit fe trouver
armé tous les foirs à l'heure marquée pour l'ordre
au grand cercle que les Sergens forment pour cet
effet. BoMBELLES. Chaque Caporal de confîgne des
portes du dedans de la Place doit aller à l'ordre au
^rand cercle avec le Sergent du plus ancien Réiji-
ment de fon potle, duquel il doit recevoir le mot,
&: après le grand cercle rompu , fans s'arrêter à celui
de fon Régiment , ni ailleurs , il doit s'en retourner
vite à fon polte , pour le diftribuer aux autres Ca-
poraux. Id. Celui du Corps-de-garde de la Place
aura foin de porccr le fallot allumé pour éclairer
le grand cercle. Id. Dès que l'heupe fera venue, &: que
l'on appeleraà l'ordre, tous lesSergens doivenr for-
mer le grand cercle fuivant l'ancienneté de leurRégi-
ment, Bataillon & Compagnie, ayant chacun le\ir
Caporal derrière eux, qui préfenteia les armes du
côté de dehors. Id. Le «^r^î^ic^rc/.? rompu , les Ser-
gens de chaque Régiment doivent former un petic
cercle particulier, où leurs O.fificiers-Majors leur ré-
péteront , & leur expliqueront par détail tout ce
qui regardera le fervice & la difcipline. Ce petit
, cercle rompu , chaque Sergent dira à fon Caporal ce
qu'il aura à faire. Id. Rompre le cercle., c'eft ren-
voyer ceux qui le compofent.
Cercle fe dit aufTi de ce qui paroît en rond. On voir
quelquefois un cercle lumineux autoui du foleil ,
C EU
?7I
qu'on appelle /;^rf&. II y en a de même aurour de
la Lune. Voyc:^ Paraselene.
^C^KCL^ magujue. Le peuple donne ce nom à un
1 hcnomene affez commun dans les campagnes. C'eil
une efpèce de rond qu'il fùppofe avoir été tracé par
des Sorciers ou par quelque efprit.
Cercle à la corne, en termes de Marcchallerie , fe
dir des bourrelets de corne qui entourent le fabot ,
qui font connoître que le cheval a le pied trop Ççic ,
&que lacorne fe defléchant ferre le petit pied.
Cercle , en termes de Blafon, fe dit de ce qui cft rcjnd,
uui & percé. Quand il y a un chatDn, on rappelle
anneau. Annulus. Quand il y a un ardillon, on
l'appelle ^o«c/<?. F/*kAz. Quand il eft lié en cerceau,
il faut que le lien ibit d'un autre émail. On appelle
cercle perlé , une couronne de Vicomte. Circulus
margarms dijUnclus, perjperjus.
Cercle, d'équation.Ttïme d'horlogerie. C'eft un cercle
nouvellement imaginé , & ajou'té aux cadrans des
pendules, pour marquer l'heure vraie du Soleil.
l^oyei fin- ce cercle le Mémoire de M. Dufay , parmi
ceux de l'Académie des Sciences de l'année lyzy
Circle. Terme de Chimie. Les Chimiftes appellent
ainfi un inftrumcnt de fer rond, avec lequel ils
coupent le ccu d'un vaifîcau de verre de la manière
fuivante.lls font rougir le cercle , & l'appliquent fur
le cou du vailfeau jufqu'à ce qu'il foit bien échauffe ,
aptes quoi ils le féparent au movcn de quelques
gouttes d'eau froide , ou en ibuftlanc deffus. Dict.
DE James,
Cercle Membraneux. Terme d'Anatom.ie, qui fe dit
d'une partie de l'oreillette gauche du cœur, qui en-
toure inrérieurement fbn embouchure. Circulus
memhranofus. Le cercle membraneux placé à l'em-
bouchure de l'oreillecte gauche du cœut , eft une
efpèce de petit entonnoir dont l'ouverture la plus
étroite eft tournée vers le haut , ou vers la bafe du
cœur. Le fang pouffé par la contradtion de l'oreil-
lette gauche eft obligé d'augmenter fa viteffcpour
pafîer d'abord par la partie la plus étroite de cet
entonnoir -, après quoi il coule fans difficulté par la
partie la plus large dans le ventricule gauche.
AcAD. DES Se. 1701. Hijl.p. 16..
Cercle fe dit auffi figurémenr & par extention d'une
aflémblée qui fe fait chez la Reine , où les Dames
fe tiennent en rond autour d'elle , où les Ducheifes
ont le privilège d'êrre alTifes flir un tabouret. Cir-
culus , corona , conjéffus. Cette chambre eft le lieu
où la Reine tient fon cercle. Il y a cercle chez la
Reine.
|p=- On appelle aufTi cercles, des afîcmblécs qui fe
tiennent dans des maifbns particulières , principa-
lement chez les Dames, Un pecic cercle d'amis.
Briller dans les cercles & dans les compagnies'.
Qu'il fait beau voir un ignorant mondain "^s'ériger
dans les cercles des femmes en Juge de la Religion!
Cercle fe dit aufîî en Logique , du vice d'un railbn-
nement|î3"lorfqu'on allègue pour preuve , la pro-
polition qu'on avoit avancée , & qu'il s'agit de
prouver. C'eft ce qu'on appelle circulus vitiofus ou
petitio principii , pétition de principe.
Cercle fe dit auiTi au figuré de tout ce'qui revient de
temps en temps. L'état de ceux qui vivent dans le
monde , eft un cercle perpétuel d'adions & d'occu-
pations extérieures. Flech.
0Cr On le die auffi de l'étendue & des bornej de nos
connoiffances. L'étude des belles Lettres étend le
cercle de nos idées. Le cercle de la plus heureufe
& plus riche mémoire eft Toujours fort étroit.
On appelle en Géographie Cercles de l'Empire, les
diverfes Provinces , & Principautés de l'Empire
qui ont dtoit de fe trouver aux Diètes , &C qui font
enfemble le corps politique d'Allemagne. Circuli.
Le' Cercle de Bavière. Le Cercle de la baffe Saxe ,
&c. La divifon de l'Empire en fix Cercles a été éta-
blie par Maximilien I en 1500, à Aulbourg: douze
ans après il parragea l'Allemagne en dix" Cercles •
ce parrage fut confirmé par Charles-Quinr dans la
Diète de Nuremberg' l'an ijiz. Quoique le rano- de
Aa aij
572.
C ER
ces Cercles n'ait jamais été bien réglé , le voici tel \
qu'il efl: dans la Matricule Impériale : Le Cercle
d'Autriche, celui de Bourgogne, du Bas-Rliin , de
Bavière ,dc la Haute-Saxe ,"de Ftanconie , de Suabe ,
du Haut-Rhin , de Weftphalie, 6c de la baffe-Saxe.
Htiss. Plathner a donné une defcription des Cercles
de l'Empire , qui comprend plulieurs tables. Scia-
graphia decan Circulorum facri Imperii Komano-
Germanici , &:c.
CERCLER. V, a. Vieux mot. Environner, entourer.
Circumdare.
Cercler un tonneau ou une cuve. Terme de Tonnelier.
C'eft Y mettre des cerceaux , qu des cercles.
Cerclé, adj. Terme de Blalbn ,qui le dit des tonneaux
liés avec des cercles ou cerceaux. Ligaïus , conjlric-
tns circulis.
CERCLIER. r. m. Ouvrier qui travaille .î faire des
cercles ou cerceaux dans les forces. Circulorum
opifex. L'Ordonnance veut que les Cercliers , Tour-
• neurs , Saboticis , ùc. ne puiHcnt tenir ateliers
qu'à demi-lieue des forêts.
CERCOPES. Peuples qui habitoient une Ile voifïne de
' la Sicile nommée Puhécufe. On dit que Jupiter les
changea en finges, pour les punir de leurs debau-
c\-\tsXercopes eft le nom que les Grecs donnent aux
finges.
CERCOPITHEQUE, f. m. Terme de Mythologie.
Efpcce de fmgc , auquel les Egyptiens rendoient les
honneurs divins. On le repréfentoit avec un croiffant
fur la tète, &: un gobelet à fa main.
ffT C'eft aufli un nom générique par lequel on dcfigne
les Singes à longue queue.
CERCOSIS. f. f. Terme de Médecine. Ceft une _ex-
croiffance de chair , qui fort de l'orifice de la matrice,
le remplit 6c le bouche. Cercofis. On emporte cette
excrcfcence par extirpation.
Ce mot vient du grec >c«V«5 » q-ueue , parce que
cette excrcfcence efl quelquefois aufîi longue que la
queue d'un renard, on lui a donné le nom de xf^r-ar»;.
M. Dionis le dérive de ^sV^uv , qu'il explique par
tromper-, il dit que cette excrcfcence s'appelle
cercofis y parce qu'elle reffcmble quelquefois par fa
longueur à la' queue d\in renard , qui lui fert a
tromper les autres animaux.
CERCUEIL, f m. ^ Dans l'ufage ordinaire ce mot
eft fynonyme de bière. Quelquefois on entend par ce
mot un vaiffeau de plomb propre pour tranfporter
& enterrer les morrs. Feretrum. Quand il eft de
bois , on l'appelle /^ièr^. Ménage dérive ce mot de
farcolium, qui a été fait du grec .r^/.? , & prétend
qu'on difoit autrefois Jarcueil. Saumaife le dérive
de facrophaculus difant que facrophage éroit une
pierre dont on faifoit anciennement les tombeaux ,
&: qu'on a étendu ce mot aux tombeaux faits de
toute autre matière.
Les cercueils de la Chine , dit le P. Fontanaye ,
font grands 8c d'un bois épais de trois ou quarre
pouces, verniffes & dorés par dehors, mais fermés
avec un foin extraordinaire , pour empêcher l'air d'y
pénéttrer. E^'ais , /. Hièroglyp. p. 507.
fer On dit iigurément , en parlant de quelqu'un a
qui un accident a caufé la mort , que c'eft ce qui fa
mis au cercueil.
CERDAGNE. Petite Province d'Efpagne , qui a titre
de Comté. Cerretania. La Cerdagne eft dans les
Pyrénées, entre le Comté de Poix, le Rouifillon
& la Catalogne. Sa capitale eft Puicerda. La partie
qui touche au territoire de Confiant 6c aux fources
de la Sègre , jufqu'à Livia exclulîvement , eft à la
France depuis la paix des Pyrénées.
CERDEAU. yoyei Serdeau. .
Iç3- CERDEMPORUS, teime de Mythologie , fur-
nom de Mercure , Dieu des Commerçans , tV^^^.ç,
Commerçant. „, , .
CERDONIENS. Nom d'anciens Hcrcnques, qui ont
été dans la plupart des eireurs de Simon le Magi-
cien , de Saturnin il des autres Gnoftiques. Ccrdon ,
qui a été leur Chef, vinr de Syrie à Rome fous le
Pape Hy§in. Il y abjura fes erreur» , mais en ap-
CE R
parence feulement \ enlbrte qu'ayant été convaincu
qu'il y periilloit , 5c que même il dogmatifoit en
cachette , il fut chaffé de la communion des fidèles.
Il reconnoiffoit deux principes , l'un bon, &: l'autte
mauvais. Ce dernier croit, félon lui , le Créateur
du monde, & le Dieu qui avoit apparu dans l'an-
cienne loi. Le premier , qu'il appeloit inconnu ,
ctoit le père de J. C. qui n'étoit venu au monde
que félon la feule apparence de la chair , ôc qui
pat conféquent n'étoit point né d'une Vierge , 6c;
n'avoir point fouffert véritablement ', mais avoit
feulement femblc fouffirir. Il nioit la réfurrélion des
corps ■, il rcjeroit toutes les écritures de l'ancien
Tcftament , comme ne venant point du bon prin-
cipe. Marcion , qui fut fon Difciple à Rome , fut
le fuccedeur de fes impiétés. Saint Irénée , Tertul-
lien Sk faint Epiphane ont parlé au long de l'hcréfie
des, Cerdoniens.
CÉRÉALES, adj. f. pi. pris fubftantivement. Terme
de Mythologie. Cerealiu. Fêtes de Cérès , en l'hon-
neur de Cérès. Elles furent inftituées par Tripto-
lème d'Eleufîs dans l'Attique , & fils de Celéus ,
Roi d'Eleufîs &c de Mehaline, en reconnoiifance
de ce que Cérès , qui paffa pour avoir cré fa nour-
rice , lui avoit appris l'art de cultiver le blé, Sc
d'en faire du pain. Ainfi ces fêtes prirent naiflance
dans la Grèce. Il y en avoit deux à Athènes ; les unes
fc nommoient Elculinies, 6c les auttes Thefmopho-
rics. f^oyei à ces mots ce qu'il y a de particulier à
chacune. Ce qui convenoit à toutes les deux, 6c en
généial aux céréales , c'eft qu'on les célébroit avec
beaucoup de religion 6c de pureté, jufques-là qu'on
s'abftenoit de vin 6c de tout commerce avec les
femmes pendant ce temps-là. On y honoroir non-
feulement Cérès, mais encore lacchus 6c Liber,
c'eft-à-dire, Bacchus: les vidlimes qu'on immoloit
étoient des porcs , à caufe du dégâr qu'ils font
aux biens de la terre -, 6c enfin il n'y paroiffoiï
point de vin. Plante , du moins , femble le dite ,
^u/ul. Acl. IL Scen. 7. 8c Macrobe , Smirn. L. III,
ch. 1 1 , dit expreffcment qu'il étoit défendu d'offirir
du vin à Cérès en quelque facrifice que ce fiit.
Cependant Caton dans les derniers mots du c. 154,
De re rujîica , dit le conttaire , &c Macrobe , à l'en-
droit que j'ai cité , excufe Virgile d'avoir fait offrir
du vin à Cérès. Lambin dit qu'il ne faut entendre
Plante que des Céréales des Grecs , ^ non pas des
Romains. Un Auteur récent, réfute Lambin, en
difant que Plante étoit Grec-, 6c il ne fair_ pas atten-
tion que Plante ne parle pas de fon chef, qu'il fait
parler un de fes perfonnages , 6c que fa Comédie
eft Grecque , ou que la fcené étoit en Grèce, comme
il paroîr par les feuls noms des perfonnages qui font
tous Gtecs. Pour Macrobe , il dit qu'à la vérité on
ne lui offroit point de vin, vinum ; mais du vin doux,
mulfiim ; ^ que le facrifice que l'on faifoir à cett&
Déefie 6c à Hercule le vingr-unième de Décembre
croit d'une truie pleine de pains , èc de vin doux ,
& c'eft ce que Virgile entend par miti Baccho.
Voyez Saumaife fur Solin ,/7. 750, & les Auteurs
cités ci-deffus.
Les Céréales paflerent des Grecs aux Romains qui
les célébroienr pendanr huit jours, depuis le dou-
zième d'Avril jufqu'au dix-neuvième inclufivement.
C'croientles Dames feules qui les célébroienr en
habit blanc -, les hommes vêtus aufli de blanc n'en
croient que les fpedateurs ; ils s'abftenoient aufli de
vin &C de tout commerce avec les femmes. Les Ro-
mains crurent devoir honorer par-là une Divinité
qui s'éroit diftinguée par fa chafteré. On ne man-
geoir que le foir' après le foleil couché , parce que
Cérès , malgré la farigue du voyage , n'avoir pris
de nourritiire que le foir , lorfqu'elle cherchoit fa
fille. Il y avoit aufll durant le jour des combats à
cheval, qui furenr changes dans la fuite en corn-*
bats de Gladiateurs ; ce qui fur regardé comme une
chofe de mauvaife augure pour la République; le
peuple avoit parr à la fête par les largeffes qu'on
lui faifoit de pois, de noix , 6c d'autres chofes fera-
C E R
blables. Les Ediles préiîdoicnt zux Céréa/dS , comme
on le voie par cette médaille de Mcmmius. C. MEM-
MIUS, C. F. QUIRINUS MEMMIUS ^D. CE-
REALIA PRIMUS FECIT. Il falloit au moins être
nommé Edile pour préfider à cette cérémonie, com-
me il patoît par l.'s témoignages de Cicéron tirés
d'im dt les Dilcours contre Verres. Cependant il eft
arrivé une fois que le Diclateur ou le Général de
la Cavalerie , pat un Senatuiconlulte , prcfida aux
Céréa/es. Cette f'cte duroit huit jours, & le célc-
broit au Cirque , à commencer le lendemain du
jour qu'avoient fini les jeux du Cirque, Après la
bataille de Cannes , la délblation fut fi grande à
Rome , qu'il ne fe trouva point de femmes qui puf-
fent célcbier cette fête , parce qu'il n'y en avoir
point qui ne fût en deuil -, la fête fut omilc cette
année-là ", mais le Sénat ordonna qu'on quitteroir le
deuil pour quelque temps, pour célébrer les au-
tres fêtes. On y célébroit la douleur de Cérès
après la perte de la fille Proferpine. On y poitoit
en proceilion les ftatues des Dieu>:. On dit auifi
qu'on y portoit un œuf, apparemment comme la
figure dû Monde, qui renferme, comme l'œuf, une
force vitale qu'il communique aux fcmcnces •, ou ,
félon quelques-uns, mais avec moins d'apparence,
pour reprélenter l'œuf dont Caftor & PoUux croient
nés. Ces jeux fe failbient dans le Cirque, comme
Ovide le marque, FaJI. L. IF , v. 591 ; &: l'on y
fàifoit des courfes & des combats à cheval. Les
vidfimes ctoient deux truies, l'une dorée, & l'au-
tre argentée, ditFeftus; c'eft-à-dire , l'une couverte
d'ornemcns dorés , & l'autre d'.ornemens argentés.
Tout ceci eft recueilli d'Alexand. ab Alex. Génial,
dier. L. FI. c. 19. Rhodig. L. XXFlI,c. 57. Rolîn.
Antiq. roin. L. F, c. iz. Scalig. Poetic. L. I,
ch. 5 2. Feftus , Tire - Live , Arnobe , Ovide ,
Cicéron , &c.
CÉRÉMISSES ou CZÉRÉMISE.S. f. m. pi. Ceft le
nom qu'on donne à de certains peuples de la Mof-
covie orientale , qui font au rivage du Volga ou
Rha , entre Ni!i-Novogrood & Cazan. Ce font les
Tartares que le Czar Jean Bazilowitz fournit au
milieu du feizième liècle. Quelques-uns font Mabo-
métans , &: les autres Païens. Olearius parle au
long de ces peuples.
CÉRÉMONIAL, f. m. Livre où eft contenu l'ordre
des cérémonies Eccléliaftiques. Ritualis liber , Ccsre-
moniarum codex. Cérémonial Koniain. Dire , comme
Larrey , que Goodaker , Archevêque d'Armach , &
Bâle Evèque d'Ollêri , furent les premiers facrés
en Irlande fous Edouard VI , félon le nouveau ccré-
moniel, c'cOi mal parler i il faut dire , félon le nou-
veau cérémonial. Cet Auteur répète ce mauvais met
cent fois dans l'on Hijioire d'Angleterre. Bayle s'en
eft aulTi lérvi.
CÉRÉMONIAL fe prend pour l'aflcmblage des céré-
monies que l'on obfcrve les uns envers les autres
par civilité j par honnêteté, ou par devoir. Mutua
vitce communis urhanitas II y a un certain céré-
monial entre les femmes , qui les occupe li fort ,
qu'il n'y a rien qu'elles ne ("oient capables de facri-
ficr pour le maintenir. Cail.
|kJ" Dans ce fens , on dit d'un homme qui n'aime pas
ces fortes de cérémonies, qu'il n'aime point le céré-
monial; &: pour dire qu'un homme entend bien les
ufages & les règles du cérémonial ., on dit qu'il
entend bien le cérémonial , qu'il eft fort fur le céré-
monial.
ttT Dans un fens plus étroit , on appelle cérémonial
certains ufages établis par une longue coutume,
tant pour les affaires civiles que pour les autres ,
par exemple , les Mariages , les Enterremens , &c.
que l'on doit regarder comme autant de loix aux-
quelles on eft obligé de fe conformer. •
ÇCF On appelle encore cérémonial certaines conven-
tions entre les Souverains concernant la manière
dont eux ou ceux qui les repréfentent, doivent en
ufer les uns envers les auttes dans les cérémonies
politiques. Le cérémonial eft différent illon les
Pays.
Cérémonial , ale , adj. Ceremonialis Qui coti^
cerne les cérémonies. Les Juifs avoient beaucoup
de loix qui n'étoient que céremoniaUs, Les pré-
ceptes cerévioniaux de la loi de Moyle ont été
abolis par la prédication de l'Evangile.
CÉRÉMONIE , f. f. Alîêmblage de plulieurs forma-
lités qui fervent à rendre une choie plus magni-
fique & plus folennelle. Solemnes ritux , cœremo-
nia. Les Entrées des Rois le ibnt avec ^ïd.nA%céré-^
monie ; le Bourgeois va 'au-devant d'eux en armes ,
les Magiftrats avec leurs robes : on leur prélênrs
le dais ; on leur érige des trônes , des arcs de
triomphe.
Ce mot vient du Latin acremonia , qu'on a fait de
quajî Cereris munia, lignifiant des ablations à Ce--
ris, d'autant qu'on faifoit plus de cérémonies aux
gerbes qu'on lui offroir , qu'en toute autre of-
frande, ou , avec Valère Maxime , à Cere & ma-
nia, Céré croit une petite ville proche de Rome ,
où les Romains firent- des offrandes avec
un culte extraordinaire , à caufe de la crainre
qu'ils avoient alors des Gaulois qui artaquoifmt
Rome. D'autres dérivent ce mot de cents-, vieux
mot latin, qui lignifie faine , (acre , confacré ; quel-
ques-uns le font venir du grec x»'?^'" ^ fi réjouir ,
être en bon état , parce que les cérémonies ont été
d'abord employées dans les chofes de religion qui
tournent à notre avantage. Enfin il y en a qui difent
que le mot de cérémonie vient de l'hébreu mn , tuer,
confacrer. Les premières érymologies ne font guères
plus naturelles ni plus vraifemblables.
Céré?^onie fe dit aulîî en matière ecclcliaftique ,
des choies qui peuvent rendre le culte divin plus
augufte & plus vénérable. Cérémonie , dans les cho-
fes ecclélialtiques, eft proprement une aêlion exté-
rieure établie par l'Eglife , pour rendre le lêrvice
divin plus augufte &: plus refpeiilable, Sacer ritus ,
facri ritîis cœremonia. L'ancien Tcftament étoit tout
plein de myftèrcs èc Az cérémonies ,com.rat on voit
aux livres des Nombres & du Lévitique. La Loi
nouvelle a abrogé les cérémonies de l'ancienne ,
comme la Circoncifion , &c. On doit parler avec
relpcêl des cérémonies de l'Eglife. La bénédiftion
des cloches n'eft pas un baptême, ce n'eft qu'une
cérémonie. Ceft être fuperftirieux que de mettre
fon efpérance dans les cérémonies , & c'eft être fu-
pcrbe que de ne vouloir pas s'y Ibumettre. Pasc.
Les cérémonies de l'Eglife font édifiantes & véné-
rables , quand on les fait avec décence & avec gra-
vité. Flech. L'ufage des cérémonies eft trèî-propre
à édifier le Peuple , à faire rcfpeéler les Ecclé-
liaftiques. Les cérémonies font néceffaires pour at-
tacher le Peuple, fur lequel la pompe, l'appareil
myftérieux des cérémonies fiit fouvent plus d'imprel-
fion que le fonds de la Religion. Bouchel. Il pi-
roît par les Réponfes de Saint Auguftin aux Qucftions
de Janvier, qu'il y a eu dès les commencemens ,
dans les cérémonies , différens ufages en différentes
églifes.
Cérémonie fe dit aulîî des déférences qu'on a les
uns pour les autres , par civiliré & par honnêteté.
Scita. vitce communis iirbanitas. C'eft une céré-
monie de donner le pas , le haut du pavé , le haut
de la table à quelqu'un \ de ne vouloir laver , ou
fe coucher qu'après lui. Quand on a l'efprit libre ,
tout ce qui contrainr , tout ce qui eft cérémonie ,
eft ennuyeux. M. Scûd. L'ufage des cérémonies eft
prefqu' aboli , & on a eu raifon de fe défaire de ces
manières gênantes. Bell. Quelques cérémonies ttom-
peufes tiennent lieu d'amitié dans le monde. Bouh.
CÉRÉMONIE fignifie encore les façons , les compli-
mens , & les grimaces qu'on fait , ou pour refulêt
quelque chofe , ou pour y conlentir. Comitas plus
nimio afjecîata. C'eft un homme timide , & cir-
confpe , qui ne s'eft rendu qu'après bien des fa-
çons, & bien des cérémonies. Saint -Evremond.
Théudofe eut la modeftie de refufer l'Empire i ^
^74 C E R
l'on remarque que ce n'ctoit point par une vainc
cérémonie , mais par une véritable l'agelîc. FlÉch.
Ce mot le prend quelquefois , en mauvailc part ,
pour une civilité importune & outrée. C'clt un
grand faileur de cérémonies. Il faut bannir la cé-
rémonie.
Habit de cérémonie efl un habit décent , conve-
nable à fa proteilion. FejUtus ad pompam compa-
rais. On le dit aufîi des ornemens & des mar-
ques de la charge &c de la dignité dont on ell:
reyêtu. Mener en cérémonie, c'eft conduire folen-
ncllcment & avec éclat. Traiter en cérémonie, de^
faire un repas magnifique , & dans toutes les
fotmes.
On appelle Officiers des cérémonies , ceux qui
ont foin de faire garder l'ordre & les cérémonies
accoutumées dans les adions d'éclat & de folen-
nité. Kituum j'olemnium Magifiri , moderatores. Il
y a le Grand-Maître , le Maître , l'Aide des céré-
monies. Dans les Eglifes il y a auflî un Maître
des céremo7iies , qui fait obfcrver l'ordre , de tout
ce qui efl: porté dans le Rituel.
On dit ordinairement , fans cérémonie. Familia-
riter , fine ulla comitatis affeclatione ; pour dire ,
franchement & fans façon.
CÉRÉMONIEUX, EUSE. adj. & f. Formalifle, qui
fait beaucoup de cérémonies , qui fait des compli-
mens outrés & incommodes, Nimiiis comitatis af-
feclator. La plaifante civilité , de prendre le pas
devant tout le monde , de peur de palfer pour céré-
monieux ! CosT. Comme les pleurs des femmes Ibnt
d'ordinaire artificielles & cérémonieufes ,\\ ne faut
pas s'y oppofer , c'efl: les engager à faire pis. Mont, ^
On dit ironiquement d'un homme qui en ufe
plus librement , plus familièrement , qu'il ne fau-
droit , qu'il n'eft -point cérémonieux. Ac. Fr.
fCF CÉRENZA, (la) ou CIRENZA. Cerentia ou
Geruntia. Ville du royaume de Naples , dans la
Calabre citcrieurc. C'ctoit autrefois une ville cpif-
copale, dont l'Evcché a été uni à celui de Cariati ,
& la Cérenza n'eft plus qu'un village.
CÉRÈS. f. £ terme de Mythologie. Ceres. Déefle du
Paganifme, fille de Saturne û de Rhea. Hesiod.
TÏieogr. 454. Cérès avoit trouvé l'art de cultiver la
tere , & on l'honoroit comme la Décile des Blés.
Elle eut Proferpine de Jupiter , &; Plutus de Jafius,
Id. Theog. 911 & 969. Pluton ayant ravi Proler-
pine pendant qu'elle cueilloit des fleurs dans une
prairie , Cérès courut toute la terre pour chercher
fa fille. Voyei Claudien , De Raptu Proferp. & Ovid.
Metam. L. V. Quand elle fut arrivée dans l'At-
tique à Elcufis, elle prit en affeélion Triptoicme ,
fils de Celeus Roi d'Eleufis , & fe fit fa nourrice -,
quand il fut grand , elle lui découvrit le fecret de
cultiver la terre, de recueillir le blé & d'en faire du
pain , & l'ayant monté fur un char tiré par des
ferpens aîlés , ou par des dragons , elle l'envoya
par toute la terre apprendre fon fecret aux hommes.
Selon quelques Auteurs , la vérité de cette fable eft ,
qiie Pioferpine , fille d'ime Reine de Sicile, fut enle-
vée par Orcus Roi des Molofles. Quand on eut le
fecret de femer & de cultiver les blés , on partagea
les terres & les campagnes ■, on mit des bornes aux
héritages, & on fit des loix pout leur confervation ;
c'eft pour cela que Cérés paflbit pour avoir inventé
les loix , &: qu'on l'appeloit Themofphore. Au refte ,
ce n'étoit pas feulement l'invention du blé, mais
de tout ce qui regarde les richelfcs & le ménage
de la campagne qu'on lui artribuoit, De-là quel-
ques autres noms qu'on lui donnoit, comme Mal-
lophore, Por/e-ZizZ/ze; Melophore, Q^ui porte ou qui
produit des brebis, & fur -tout r\a.u.wtt>o, mère de
tou;;,dans les hymnes attribuées à Orphée. Cérés
étoit repréfentée de différentes manières -, quelque-
fois elle portoit une couronne d'épis , d'autrefois
on la repréfentoit trifte , & tenant un flambeau à la
main, ou bien portant en main un bouquet d'épis &
de pavots. C'eft ainfi qu'elle eft gravée fur les mc-
<Jailles. Cérsi était la même que la Terre , qu'Iiîs ,
C E R
que la Lune &: Vénus. On la nommoit Elcufive ,
d'Eleufis; Frutis à fruendo ,]o\in; Infcrna , parce
que les fcmences s'enferment dans le fein de la terre;
Mammofa , qui a beaucoup de gorge , à railbn de la
produiîlion des fruits ,6'c. Selon Diodore de Sicile ,
Cerès eft Ifis. L'arrivée de Cérès en Grèce eft le tranf-
port des blés d'Egypte en Grèce dans un temps de
famine. Erecfhce, qui fit ce tranfport, fut déclaré
Roi en reconnoilfance de ce bienfair, & il établit en
Grèce les myftères de Cérès, ou Céréales, à la ma-
nière d'Egypte , qu'Ifocrate prétend néanmoins ,
dans fon Panégyrique , avoir été donnés aux Grecs
par Cerès elle-même.
Le premier lieu où l'on ait bâti un temple à Cérès,
c'eft Palantium enArcadie,au rapport de Diodore
de Sicile , Liv. I. C'eft Evandre qui fit paflcr le
culte de Cérès de Grèce en Italie. Elle n'eut de
temple à Rome que l'an de Rome 257, après la
vidtoire remportée fur les Vollques. La première
ftatue de bronze qui a éré faite à Rome , fiât une
ftatue de Cérès. V\me , XXXIV, 4. Vofllus croit,
que félon l'Hiftoire, Cérès &c Ifis font deuxDéeifes
ibrt différentes -, mais que , félon les raifbns phyfi-
ques fur lefquellcs la fable eft fondée, ce n'eft
qu'une même divinité. Le même Auteur montre
qu'il y a deux Cérès , l'une celefte , qui étoit la Lune,
& l'autre terieftrc, qui étoit la Terre. ^oyf{ de Ido-
lol. L.I, c. 17, L. II, c. ij , & c. 59. On repré-
fentoit Cérès aflife fur une pierre Se avec une tête de
cheval. Vofîlus , de Idol. L. IX, c. 23. Les animaux
confacrés à Cérès fbnr la grue , la toutterelle , le
furmulet ou mulet, poillbn de mer; & le ferpent
aîlé ; & pour les plantes, le blé &: le fafran.
Comme Cérès pafibit pour la Dce/Te des fruits &
des grains , & comme ayant appris aux hommes
l'arr de cultiver la terre , les fruits & les grains s'ap-
pellent en Pocfie, les dons, les préfens, les tréfors
de Cérès,
La fourmi tous les ans , traverfant nos guérets ,
GroJJitfes magafins des tréfors de Cérès. Boil,
C'eft pourquoi on la prend pour le pain même ,
comme Bacchus pour le vin. Sans Ci^V^j & Bacchus ,
Vénus eft languiilante. Sine Cerere & Baccho, friget
Venus.
Ce nom Cérès eft la même chofe,firon en croit
Varron, que Gérés , & il s'eft lait de-là par le chan-
gement du G en C. Et cette Deeffe, dit-il , fut ap-
pelée Gérés, quodgeratfruclus. D'aurres prétendent
que , fuppofé que Cérès ait été appelée d'abord Gérés ,
ce nom vient du grec r?ç«ç , Gerys ; en effet Hef y-
chius dit qu'Achero, Ops , Helle, Gerys, la Terre
& Cerès , font la même. Or ry.pvq, fuivant le fenti-
ment de ces Auteurs , eft un nom hébreu qui vient
de ty^Ji , gerefch qui fignifie félon eux du blé
moulu , broyé, deï?i:, garafch, qu'ils expliquent,
frangere , contundere. Il vaudroit mieux dire
que fsi , gerefch , fignifie les fruirs qui font pro-
duits & poufics dehors ; car en effet il a ce fens.
Deut. XXXIII 14 , & n'a jamais l'autre en hé-
breu , t£)")3 , garafch , ne veut dire que expellere ,
protrudere, 8c non point frangere , contundere. On
ajoute que Cérès portoit à Cnide un nom appro-
chant de rïf f? , qui eft Kvp-^ ; mais ce nom lui fut
donné, dit-on, parce qu'elle croit "">'« •?« y^ç , la
maîtreile de la terre, ce qui n'a point de rapport
à l'étymologie grecque de ra^vi. D'autres rirent
Cérès de l'hchteii oin, Hhres, qui fignifie le yo/^i/,
auteur de rous les fruits de la terre ; & ils difent
que Qin a bien plus d'analogie avec r^^wç, que
fT. Ils confirment encore ceci par Plutarque, qui
dit que Cyrus en Perfien fignifie le foleil. Voye^
VoHlus, Deldolol. L.II, c. S9-
CÉRET. Petite ville de France dans le Rouffîllon»
avec un pont magnifique d'une feule arche. C'eft le
lieu où s'afiêmblèrcnt les Commiffaires d'Efpagne Se
de France, pour régler les limites des deux Royau-
C E R
mes, en i^^îo. Elle e(l: prcs du Tcc , à cinq Iie:ics '
de Perpignan. Cer^ijidum ou Ctretnui.
CtRÈTHÈ ou CERÉTHIEN, ou CÉRÉTHEN ,
ENNE, f. m. ô^ f. Ce'-ethxiis. II elT: parle de deux
Jbrtes de Céréthicns dans l'Ecriture; ou bien il elt
parlé des Céréthiens en deux manières : i^^. Au l.
Livre des Rois -, KXX-, 14, il eft parlé des Céré-
ihiens qui demeuroienr vers le midi de la Terre
Sainte du côté de l'Egypte. ^^ En d'autres endroits
on trouve des Ccrcthiens que l'Ecriture joint avec
les Phélcthiens , &: qui font des foldats, des gardes
de David, ou des gens de fa lui te &: de fa mailbn.
Quant aux premiers, on convient allez quec'ctoient
des peuples qui failbient partie des Philiftins. L'Ecri-
ture iémble le marquer allez clairement , /. L. des
Rois , XXX, 14 ; Ezech XXV, 16. Sophon ,11,';;
Se 11. Liv. des Rois , VIU, I i &: il lenible qu'ils
ctoient de la Satrapie de Gaze qui croit la plus mé-
ridionale. C'eft le fcntiment de Junius , de Pilca-
tor , de Malvenda, de Toltat, de Kimhhi , de Va-
table S>i de Ménochius
Pour l;s autres Céréthiens , on ne ûit pas trop ce
qu'ils ctoient. Les uns veulent que ce Ibit un nom
appellatif , &; d'autres un nom propre. Des pre-
miers efl; le Paraphrafle Chaldaïque Jonathan , qui
traduit Ccretlii par Archers , & PhiUthi par Froii-
dzurs; l'Arabe traduit Cerethi par des gens nobles ,
libres-, d'autres , Conlcillers du Sanhédrin. 11 Icm-
ble que c'ait été l'opinion des Septante. Jofephe les
appelle Gardes du corps, 'Zuv-xloD-Jxx'-xc. Ceux qui
le fuivent, conjeélurent qu'ils étoient ainiî appelles
de rm , exj'cindere , parce qu'ils ctoient toujours
prêts à punir les coupables. Munfter , yatal)le ,
Pierre Martyr , Ménochius rapportent cette opi-
nion , ou la fuivent.
Ceux qui croient que c'eft un nom propre di-
fent , que ce font des compagnies , des trou-
pes de ces Cérèthes Philiftins , dont nous avons
parlé, que David avoir à fon fervice, comme le
Roi a des Etrangers pour fa garde. Eorfterus , Cor-
nélius .1 Lapide gcTirin , fuivent ce fentiment. Pierre
Martyr ne croit pas cjue David eût choifi des Païens
pour Gardes. Junius croit que c'ctoient des Iliraé-
lites , qui demeuroienr parmi les Pliiliftins. Scrra-
rius dit que ce font les mêmes qui font appelés
Géthéens , // L. des Rois , XF, 18 , & il conjeclure
que ces noms leur ont pu être donnes des lieux où
ils avoient demeuré avec David. Du refte, Grotius
croit que , ii l'on accorde que c'étoient des Philiftins ,
on peut dire que les Cretois en font defcendus.
Mais il n'en a d'autres preuves que la reflemblance
du mor, & l'Iiabileté des Cretois à tirer de l'arc,
que les Septante femblent audi attribuer aux Céré-
thiens. Il paroît plus probable que c'étoient des
troupes de ce peuple qu'on nommoit OTiiQ , Céré-
thim , Céréthiens , de dont parle le premier Livre des
Rois,X-YX, 14. Ilhabiroir vers le midi de la tribu
de Juda , comme nous l'avons dit. Ainfi il ne faut
point diftinguer des Cérèthes ou Céréthiens de deux
fortes.
Nos Interprètes difent Céréthiens. Car nous avons
fair une irruption vers la partie méridionale des Céré-
thiens , / des Liv. des Rois XXX, 14. Tous ces
Officiers marchoient auprès de lui , les légions
des Céréthiens dc des Phélétiens, &: les lîx cens
hommes de pied de la ville de Geth , // Liv.
des Rois , XV 18. Banaïas, fils de Joada, com-
mandoit les Céréthiens & les Phélétiens, U Res:,.
VIU. Sacy. c. 18. Les Traduclieurs de Genève &
les Defmarets écrivent Kérétliiens ; mais en hé-
breu , c'eft un r) , de non pas un p. On trouve
Cérèthes & Céréthéens dans les Mcm. de Trévoux.
CERF, fuhft. mafc. L'/ ne fe prononce pas. Ani-
mal fauvage , qui eft fort léger à la courfe , & qui
forte un grand bois, Ceryus. Le cerf z le devant de
la tête plat, fur laquelle il porte un grand bois
qu'il met bas tous les ans vers le mois d'Avril. Il a
le pied fourchu , le cou long , de petites oreilles , dc
la queue courte. Il eft de la taille d'un bidet ■■, de poil
C E R
brun, fauve ou rougcâcre. Il aime le francolin , &
h rit l'aigle , le vautour, le bélier , les chiens & ks
tigres. La femelle du cerf s'appelle biche. Cerva. Le
petit cr/ s'appelle /20«. Hinnuliis. Jean- André
de Grabe, Médecin d'Erford , a fait un Traité de la
dofcription du c^r/", tant phyliquement que médi-
calement, qu'il appelle Elapho<^raphie,
ipT Le petit du cerf ne s'appelle /ao« que jufqu'à fix
mois. Alors les bo/f.s commencent à paroître , Se il
prend le nom de hère. A la féconde année, quand fes
dagues font alongées en dagues, il prend le nom de
Da'^iiet.Cervus bimulus. En la troi(îcme,quatrième &
cinquième année, c'eft un cerf à fa première , fecojide
ou troijiane tête. Cornua prxfert feriis & oclonis pal-
mitibus hracchiata. La iixième année , on l'appelle
cerf de dix cors jeiinement. Sexennis çervus decem
palmitibus hracchiata prœfert corniia recentia. La
leptiènic , cerf de dix cors. Septennis deam ramo-
riun cornua exhibet. La huitième , on l'appelle
grand cerf; Se la neuvième , grand vieux cerf; après
lequel temps fa tête n'augmente plus. On connoit
leur âge à la grolTeur du merrain, à la profondeur
des raies qu'il a aux meules , aux andouilleis qui en
font le plus près , à la quantité des chevilles , fur-
tout au haut de leurs têtes , qui font , les unes cou-
ronnées , les autres à ramures. On dit qu'un cerf
n'a point de refus , quand il eft chairable , SC en
faifon.
Ce mot vient du latin cervus , qui vient du grec
xipxio;, de yJpx( , cornu , corne. Corne. Cervus ■,
un cjif, prend fon origine du celtique caru , &
caro. Pezron.
Un bois de cerfeÇi le terme dont les Chaffeurs
appellent ce que les Tablettiers appellent les cornes.
Cervi cornua. Et l'on appelle Raclure de corne de
cerf, ce qui en fort quand on râpe ce bois. On ap-
pelle aulîî une /àe de cerf, le bois d'un cerf: Se
on dit qu'un cerf poi'e fon bois ou fa tête, ou met
bas , quand ce bois lui tombe ', Se on dit alors
qu'il fraie & décroûte fa tête. Cadsntis cervini
cornu tcmpeflas. On apgelle une tète bien née y
bien femèe , quand elle eft également marquée
en les deux perches. La perte du bois des cerfs
vient de ce que tous les cerfs ont des vers qui s'en-
gendrent fous la langue auprès de la nuque du cou ,
gros comme ceux des chairs corrompues. Il y en a
environ une vingtaine qui fe tiennent l'un à l'autre
rout en un tas. Ils rongent la racine du merrain. Lorf-
que ce bois eft rombé , de ces mêmes vers s'engen-
dre une groffe maffe de chair, qu'on nomme le re-
venu , reditus ; puis peu-à-peu la tête s'alonge , les
meules fe forment , & la tête fe couvre d'une peau
qu'il frotte contre les arbres. Cela s'appelle /rayt/- ,
affricare \ Se l'on connoît la hauteur d'un cerf à
celle des lieux où il a frayé. Quand toute cette
peau eft tombée , il brunit fon bois dans les char-
bonnières , dans les ■ terres noires ou roufsâtres.
Grabe, dans fon EAa^or^at;)//,, rapporte la caufe de
la chute , Se le renouvellement du bois des cerfs ,
à un fuc plein de fel dont cet animal abonde , ainfi
qu'il paroîr par la quanrité de fel volatil qu'on tire
de fes cornes , de fon fang Se de fon urine , lequel
ceffant de fournir chaque année en certain temps l'ali-
ment néceffaire aux cornes , les détache de leur lieu ,
les pouffe enfuite dehors , & en fait naître de nouvel-
les à leur place -, de même à-peu-prè<; que les fucs qui
montent au printemps dans les arbres , produifcnt
de nouvelles feuilles, & de nouveaux fruits à la
place de ceux qui font tombés. Les cerfs choiliifent
les lieux les plus bas & les plus ombrageux , afin
d'éviter les mouches , Se ils ne vont que de nuit aux
viandes , comme n'ofant fe montrer jufqu'à ce qu'ils
aient recouvré leurs cornes.
On appelle la meule du cerf, la bofTe qui eft fur
fa tête , d'où fort le merrain, la perche , ou le fruit
de fon bois qui produit la ramure. Matrix cervini
cornu , imus torus & fumma radix cervini cornu.
AntouillcTS ou andouilUrs, font ks premières bran-'
j7^> C E R
chcs du bois du ccrr/, près de la meule. Primarius i
polkx cervini cornu. SurandoitilUrs , les lecondcs
branches. Sccundarius pollex cervini cornu. Celles
qui ibnt au-delllis , s'appellent Clicvillure. Cervini
cornu digitus. Eniourchurc. Bijidus apex cervini
cornu. Trochure. Cervini cornu trijidurn uut quairi-
fidum cacumen. Paumure. Apex cervini cornu pcù-
maïus. La couronnure fe dit des cpois ou branches
qui font à la cime en guife de couronne. Cervini
cornu apex coronatus. Epais de tête de cerf, font
les cors ou cornichons de la couronnure , pau-
mure, troc/iure , &C enfourchure de tête. Cervini
cornu fuji coronarii. On appelle tète ajffburchie ,
celle qui repréfente une fourche. Cervinum cornu
l'ijidum. Les têtes contrefaites s'appellent Imnplcmcnt
tues, h^ pince ducerf,c'eil l'extrémité de l'ongle
d'en-basfur le devant. Antica & inui pars cervintz
iingulx. Le talon , le côté du pied ou les os. Un-
guis cervi pojticus , cervinum calcar.
Cerf. {Fumées de) Torches ou Plateaux , font la fiente
du cerf, Cervinum fîercus. Mue de cerf, c'efl: la
chute de fa tête, pendant laquelle il fe recèle &
demeure caché dans fon buiflbn. Cervini cornu inte-
ritus. Les marques de la pifte du cerf font les por-
tées , les fumées , les allures , les foulées , les fuites
ik fa manière de marcher. Il drefle plus volontiers
fcs fuites & fa manière de marcher. Il drcife plus
volontiers fes fuites par les grands chemins : car il
va toujours à côté , & jamais dans les piftes des
autres. On appelle auffi pieds de cerfs , les voies 6c
les marques qu^il a empreintes lur terre en mar-
chant. Vejîigia cervini pedis. Le cerf n'a point de
veffie de riel -, muis au bout de fa queue on trouve
un ver tirant à la couleur de fiel qui eft un poifon
aulfi dangereux que le napellus.
Cerf. (Rue de) C'eft la faifon où le cerf e(ï en cha-
leur & cherche la femelle. Cervini venerem patien-
tis ù (sjiuantis tempejtas. On appelle daimtiers ,
les tefticules du cerf, Cervini tejiicu/i. Les cerfs
privés de leurs dnimtiers ne muent plus leur tête ;
ou ils font alors fans tête , il ne leur en revient
plus de noiïvelle.
Cerfs. ( Hordes de ) Ce font des cerfs qui vont en
troupe, particulièrement, quand il neige. Cervo-
rum agmen. On appelle lancer le cerf , quand on
le fait partir. Le cer/qu'on a lancé s'appelle ^m/.
Celui qu'on rencontre en chemin s'-.^ppelle ic
change. On dit aulli qu'un cerf eft au leiFui , quand
il eft au foleil après la rofée , ou après fa courfe.
Cervi ab Jilvejlri madore apricantis jïatio. On ap-
pelle mufe de cerf , la trifte contenance où il fe
trouve tandis qu'il eft en amour. On dit aufli que
le cerf fait le rouge , pour dire , qu'il rumine. On
appelle le lit, la chambre,, ou la repcfée du cerf.,
fon fort , fa demeure , un lieu ou les arbres £c les
herbes font toufus.
On appelle auflî écuyer de cerf, un jeune cerf
en compagnie d'un vieux. Quelques-uns l'appellent
broquart. Il a un petit bois fort pointu.
On dit que le cerf eH de bon temps, ou de hautes
erres , quand il va vite & loin , ou quand les piftes
font fraîches : qu'il va de vieux temps , quand il va
deçà & de-là , eft incertain dans fa courfe. On dit ,
démêler & redreffer le cerf, pour dire , quitter le
change , & fraper à route.
On lève le pied droit du cerf pour préfenter au
Seigneutou Maître de la chafle. Le maflacre , qui eft
la tête féparée du corps , eft le droit du Véncur
qui a détourné le cerf. Il en fait le premier droit
à fon limier. Les menus droits fonr la langue , le
mufle &: les oreilles. Le cimier eft le delfus du dos
approchant des cuilîes. La nappe du cerf, c'eft fa
peau. PelUs cervina. On ôte le paremenr du cerf ,
c'eft-à-dire ,une chair rouge qui eft attachée à fa
peau , quand on fait la curée.
On dit qu'un c^rf prêt à fe rendre, va feignant fon
corps, lorfqu'en chancelant il fait de grands bonds,
de grandes gliflces,&. donne des os en terre : qu'il
■ eft aux abois, quand il eft las 5c qu'il n'a plus la
C E R
force de courir. Viribus defccii cervi ex tréma necef-
Jitas : & qu'il pleure quana il eft en cet état , comme
s'il deniandoit grâce par f_s larmes. Ariftote dit que
la branchure gauche àwcerf vlz pu encore étie tiou-
vée, &: qu'il l'enterre ôc la cache , comme étant pro-
pre à la Médecine: de-là vient qu'on dit en pto-
vcrbe , qu'une choie eft au lieu où le cerf a. pôle fa
tête ■■, pour dire , qu'elle eft mal-aifce à trouver. Les
cerfs ont la moirié de leur tète à la mi-Mai , plutôt
ou plutaid , félon que le climat eft plus ou moins
chaud , ou qu'ils font plus jeunes ou plus vieux. Il
faut remarquer que tous les cerfs d'un pareil âge fe
mettent enièmble, les daguets avec les daguets,les
cerfs de dix cors jeunement avec leurs l'emblables »
&c ainli des autres. Ils ne fe féparent qu'au prin-
temps pour prendre buiiîbns £c faire leurs têtes. Le
cerf eft d'un tempérament chaud & fec , & d'un
naturel tiès-violent i?c colère ■, fur-tout dans le temps
de fa chaleui , où l'on a trouvé quelquefois des cerfs
qui fe battoient avec tant de furie , que leurs têtes
demeuroicnt croifées & embarralîccs l'une dans
l'autre fans qu'on pût les féparer. Ce temps com-
mence à la fin du mois d'Août , & continue les autres
fuivans. Matthiole dit que les cerfs traverfent la mer
en troupe, & fe foulagent les uns &c les autres, en
mettant leurs têtes fur le derrière de ceux qui vont
devant: ^ qu'ils vont ainfi de Sicile en Chypre. Ils
vivent plufieurs iiècles , puifque Pline dit qu'on eri
a trouvé qui avoient des colliers d'or qu'Alexandre;
leur avoir fait mettre, qu'on a pris plus de cent ans
après fa mort', & que ces colliers étoicnt recou-
verts de leur peau. On en a trouvé de fcmblables
en Allemagne & en France. Charles VI chaifant dans
la forêt de Senlis, prit un cerf qui avoit un collier
de cuivre doré avec cette infcription latine , CœJ'ar
hoc me donavit , c'eft-à-dire , Cefar m'a donne ce
collier. Il n'y a pas d'apparence , dit Mezetay , que
ce lut Jules Céfar, ou Charlcmagne, comme quel-
ques-uns l'ont cru-, c'étoit plutôt quclqu'Empe-
reur d'Allemagne beaucoup plus moderne, dont lé
cerf avoit paifé en France. Selon Grabe , dans fa
Defcriprion du «r/, la caufe de cette longue vie eft
l'abondance d'un fel balfamique ou préfervatif dont
la nature les a pourvus au-delà de tous les autres
animaux. (fT Cet Auteur , comme bien d'autres , a
trouvé la raifon de ce qui n'eft pas , tout ce qu'on
a débité lùr la longue vie des cerfs , eft aujour-
d'hui regardé comme une fable. Pline dit audi
que ce font les cerfs qui ont montré la propriété
du diélame pour ^uérit les plaies des flèches. Il y
a un ii grand nombre de cerfs au royaume de
Siam , qu'on y en rue tous les ans plus de cent cin-
quante mille, dont on envoie les peaux au Japon.
Il y a aux Indes Occidentales des cerfs privés qu'on
élève dans les maifons Se qui vont paître à la cam-
pagne ibus la conduite des Bergers , & qu'on ra-
mène le foir; & du lait des biches on en fait du
fromage. Herrera. Virgile fuppofe des troupeaux
entiers de cerfs en Afrique , quoique l'Hiftoire na-
turelle nous apprenne qu'il n'y en eut jamais. Ort
prétend que Caftor eft le premier qui ait monté à
cheval pour courre le cerf.
Il y a un cerf de Canada , qui a quatre pieds de
haut, de fon bois trois pieds ,& fes andouillers un
pied. Il y en a fîx à chaque perche. Pline & Ariftote
difent que c'eft le plus grand nombre que les cerfs
en peuvent porter. Cependant il y en a ici qui en
porrcnt jufqu'à vingt-deux. Ce bois eft couvert d'une
peau fort dure, & garnie d'un poil épais &c court.
On en a di/féqué un à l'Académie des Sciences , où
on n'a trouvé que deux ventricuJes fort diftindls ,
quoique ce foit un animal ruminant. Ses inteftins
pris tous enfemble , avoient quatre-vingt-feize pieds
de long. On y a trouvé plufieurs pièces de cuir, de
la grandeur d'un écu blanc -, des morceaux de plomb
grands comme l'ongle, qui parcuffoient ufés & ton-,
gés , & quelques fragmens d'ardoifes : ce qui fait
croire qu'ils amafTent à la hâte leui nourriture, &
qu'ils l'épluchent à loifîr.
C ER .
ïî y a une cfpècc particalicre de cerfs cli tout
Semblables aux autres, /înon qu'ils Ibnc bai-bus,&:
ont tout le poii de reftoinac long , de mcrae que
les boucs. Les Anciens les appeloicnt TraqilaDhus ,
c'cfUUdire, Boiu-ccrf. Il ne s'en trouvôic / Ibloii
Pline, liv. FIJI, ch. 34, que le long du Phafc ,
ileuve de la Colcliide , aujourd'hui de Miniçre'lie :
mais on en voit auifi dans les montagnes de Bo-
hème & dans la Milhie.
La raclure de corne de cerftii un remède aftrin-
genc. On en hïx. auili de la gelée qu'on appelle de
foijjhn^ qui eft bonne au goiit, mais qu'on rend
de même qu'on l'a priie. On eftime fort en Méde-
cine la moelle de cerf i ôc on tient que l'os du cœur
d'un cc;/tavoriie l'accouchement. Un Médecin du
Nord prétend que la corne de cerf eft une vraie
panacée , &; qu'on a railbn de la nommer ainii.
Foyei Grabe , ET^aÇcypapia , jivc Cervi Defcriptio
fhyJico-Medico-Chymica, où il explique la nature, la
qualité fie les divers ulages que l'une & l'autre Phar-
macie peuvent tirer des diverres parties du corps
du cerf, de les larmes , de ion fang, de Ton urine ,
& même de iés excrcmens. On trouve au/ii beau-
coup d'antiquités fur les cerfs & les biches dans
Vollius, De Idol.Lih. III, cap. 49, 56, 57,58,
59, 6^1 , (îi, 65, (Î5, 67» 68,(Î9, 75 , Lib. IV ,
cap. 59 , 61.
La chair des petits cerfs qui font encore fous la
mère, c'eft-à-dire , des faons , laciantes, eft la meil-
leure. Ceux 4'un an font encore bons -, on les nomme
encore )eunes à trois ans \ mais alors leur chair com-
mence à durcir. Celle des vieux cerfs eft dure , difti-,
cilc à digérer, fait un mauvais fuc, mélancholique
& atrabilaire. Les chairs de cerf ne valent rien pen-
dant les mois d'Août, de Septembre & d'Oétobre
qu'ils font en rut; parce qu'alors non - feulement
elles font plus sèches, & plus dures qu'en une autre
failbn,mais encore parce qu'elles font d'une odeur
plus lorce S>c plus puante que celle du bouc. En
quelque faifon que ce foit,ron n'eftime des viei;x
cerfs que la langue , le mufle & les oreilles: ce que
l'on nomme, en termes de Vénerie, les menus droits ;
& l'on y ajoute tout au plus le cimier , qui eft le
delfus du dos approchant des cuiifes. A l'égard des
faons, le meilleur manger font les filets, ou la
longe. Et fi on les châtre, & qu'on les apprivoilé
à l'âge de trois ans , ils s'engraiflént, fie leur chair
eft bien meilleure. 'De la Mare , Traue de la
Police, Liv. XXIII, ch. i.
Sur les médailles, le cerf marque Ephèfe , fie les
autres villes où Diane étoit fingulièrement hono-
rée. P. JoBERT. Les revers qui ont pour inlcrip-
tion , DiANyE CoNS. AuG. ont pour type un cerf;
telles qu'on eu voit un très -grand nombre de
Gallien.
Un cerfqm de fon fouffle cliafle un ferpeht, félon
l'opinion des Naturaliftes, avec ce mot efpagnol ,
Con eljoflo l'ahuyfema , c'eft-à-dire , De fon fouffle
il le met en fuite , eft dans Picinelli la devilc d'un
guerrier, devant qui les ennemis ne fauroient tenir,
ûaint Charles Borromée , dans l'Académie des Affi-
dati de Pavie , prit un cerf, qui mordu d'un 1er-
pent , court à une fontaine , avec ce mot : Una
falus.
On appelle dans le Manège, mal de cerf, un rhu-
matifme, qui tombe fur les mâchoires fie lur le train
de devant d'un cheval.
En termes de Blafon on dit , un cerffommé , c'eft-à-
dire, ramé de 9, 10, II ,ou 15 cors; quelquefois
fans nombre. Cervus corniia novem , decem , undicirn ,
aut tredecim palmitibus braclnata praferens. Quand
on n'y met que la tête feule -, elle doit montrer les
yeux fie les deux oreilles, ^ alors plufieurs l'ap-
pellent Maffacre. Obverfum ccrri caput.
On dit proverbialement, au Cct/" la bière, fie au
fanglier le mière , ou le barbier -, pour dire que les
plaie": que fait le cerf font mortelles : car le Mière
ou Mire fignifioit autrefois Médecin. On dit auifi
qu'un cerf bien donjié aux chiens , eft à demi-pris.
Tome II, '
CEE
.s.
^■77
Cerï-volantv f. m. Prononcez cet volait: I^etit anima! ,
lorte d efcarbot, ouinléde volant, ainfi appelé, prrce
qu'il porte des cornes dentelées ibmblables à celles
d'un çc-r/. Scnrabceus Lucamis ou cornutus^ oïl cwni.
^ger. 11 ne s'en lert pas pour fraper, mais pourpinccrj
parce qu'elles font mobiles , fie peuvent s'approcher
Um de l'autre. Scaliger l'appelle pi, i.x.c^.:,-, , &
Cardan taurus. Le mâle a des cornes , mais la fe-
melle n'en a point. Leurs aîles font pliées fie i>en-
tcrmées dans une écaille comme dans une efpèce
d'étui , qui s'ouvre quand ces iiHcdcs veulent vole^,
il a une efpèce de trompe ou langue qui lui ibrt
pour prendre fa nourriture , qui eft une humidité
qui découle des chênes^ Swammerdam lait voit
vmgt-une fortes de boucs ou de chèvres volantes
qui ont des cornes fort longues, branchues , femées
de petites pointes ou boutons.
11 y a une efpèce de cerf- volant dans la Vir-
ginie 5 dont le chant eft fi aigu fie fi fort, que tout
le bois en retentit.
Cerf-volant eft auflî un jouet d'enfans , qu'ils font
avec de l'ofiér & du papier qu'ils attachent à une
corde s fie qu'ils font voler en l'air; cet inftrument
eft plat en ovale , un peu plus alongé par un bout
que par l'autre : l'ofier ne fert que de Cadre pouc
loutenirle papier qu'on colle deifus s au bout
alongé on arrache une longue queue de papier j
qui eft quelquefois de différentes couleurs. Ludicra
fcarabtei Lucani in auras volantis effigies.
Cerf-volant. Terme de Tanneurs. C'eft ainfi que
les Tanneurs ^ les autres artifans qui font com-
merce de gros cuirs , appellent les cuirs tannés à fort
fait , ?<. dont ils ont ôté le, ventre.
Taure AU -Cerf, PouRCEAt;-cERf. Foyei Taureau
& Pourceau.
CERFEUIL, f m. ChœrophyÛum fativum , Cerefolium.
Plante potagère, dont la racine eft blanche, groiîe
comme le petit doigt à fon collet , longue, fibreufe ,
acre au goût, fie qui donne des feuilles tendres , plus
finement découpées que le perfil , un peu velues ,
d'un vert plus gai , d'une odeur èc d'un goût aro-
matique. De leur centre partent une ou plufieuts
tiges , hautes de deux pieds au plus , minces ;, can-
nelées , creufes, lifles , noueufes d'elpace en efpace ,
divitces en quelques branches, qui d'abord nairtent
alternativement des ai/felles des feuilles , mais qui
font oppofées auifi-bien que les feuilles en appro-
chant du haut. Elles portent de petites ombelles
blanches , compofées de cinq pétales inégaux fendus
en deux , fie diipofés en manière de fleur de lis de
France. A ces fleurs lucccdent des fruits longs de
demi-pouce , fur demi-ligne environ de largeur ,
faits en manière de bec d'oifeau , liifes Se glabres,
compofés de deux femences aplaties par f'endroic
quelles fe joignent, convexes fur leur dos. Leur
odeur fi: leur goût eft douçâtre &c aromatique. On
mêle le cerfeuil parmi les herbes potagères, pour
relever le goût de celles qui font un peu fades ; fes
feuilles Ibnr employées dans les bouillons a^pétitifs
fie rafraichifians. L'eau de cerfeuil purifie le fang en
provoquant les Urines fie les fueurs ; fes racines font
auffi apéritives fie diurétiques, de même que fes
femences.
La Quintinie diftingue deux efpèces de cerfeuil ,
le c«r/è«j7 ordinaire , fie le cerfeuil mufqué , Tom^
II, p. 274.
L'un fie l'autre cerfeuil ne fe multiplie que par
graine. Celle du cerfeuil ordinaire eft noire, fort
menue fie aifez longuette , rayée dans fa longueur -,
elle vient fut ies pieds en automne , Se fe forme
èc mûrit dans le mois de Juin. Celle du cerfeuil
mufqué eft longuefte , noire &c aflcz groffe. Sa raci-
ne eft d'une iâveur agréable.
§C? Il y a auffi un Cerfeuil ÙLiiva.s;e qui croît dans les
haies fie lesvctgers. Il a à peu près les mêmes caraélères
extérieurs que le cerfeuil ordinaire. Il eft amer Se
acre au goût. Quelques Auteurs le regardent comme
venénçux,
Bbb
V
v^ 7 8 C E R
CERFOUETTE. ry>-^ Serfquette.
CERFOUIR. Voyei SfREOuiR.
CERFROI. Ctlcbrc Mon^ftcre du Dioccfe de Meaux
ch-t de tout l'Ordre des Matluinns , ou de la bain-
te-Trinité. On l'a mal appelé en latin Cavus jn^i-
dus,cz doit êtte Cerfredum. Voyez Dom Duplelhs
//,//. de l'Eu/, de Meaux , Tom. i , jP. 1 7 ^ '-•' M i • .
CEIUACA. l m. Arbre qui fleurit blanc, &c qui
porte des fleurs qui ont de l'air de la ieuiUe ap-
pelée étoile. , r 1 -^ j 1^
CERIGO. île de la Méditerranée fur la cote de a
Morce , 6c dans le canal qui cil entre cette prclqu île
& l'île de Candie, au midi du cap Malio. Lyih<^ra
Nous cin^4amcs avec un vent allez favorable julques
à la première Ile de l'Archipclague, appelée autrefois
i^o;Wzyri^,dcpuisCythcre,6i maintenant Urigo,
ou l"elon les Poètes , Vénus aborda dans une co-
qui'lle. Du Loir,/.. 5. Cett-- ile eftlituéc à la plage
Laconique entre le promontoire Tœnarlum, main-
tenant appelé cap de Matapan , & celui àcUûc^^
à préfent Malio, dont elle eft plus proche. Elle n elt
pas fort grande -, mais elle étoit autrefois d'une li
grande importance pour les Lacédémonicns , qu'elle
îérvoit de rempart à leur ville capitale. Se de havre a
tous les vailîéaux qui revenoient d'Egypte & de
Libye. Ils y envoyoient tous les ans un Magiitrar,
pour rendre la julHce 6c pour commander la garniion
qu'ils y cntretenoient. Les Athéniens s'en rendirent
maîtres, ÔC la firent tributaire l'an 8^ de la guerre Pclc-
ponnéfiaque. Idem./'. 5 fi- 4.Elle étoitaux Ycnitiens
quand Du Loir ecrivoif, elle eft maintenant aux
Turcs. Il n'y a rien de rare en tout ce qu'elle con-
tient, qu'une grotte prife dans la montagne, qui
regarde le port" de l'autre côté du Château', elle a
plus d'une derni-lieue de profondeur , & eft percée
d'un bout à l'autre. Les habitans y ont bâti un Cou-
vent de Caloyers, parce qu'ils croient que Saint
Jean l'Evangelifte l'ayant choifi pour fa retraite , y
commença fon Apocalypfe , & que Dieu, pour fur-
venir à la nécefllté de ce grand Apôtre, rit rairacu-
Icufemcnt dégoutter du haut du rocher , de l'eau ,
qui tombe encore tous les jours en quantité fuiïifante
à la Ibif de l'homme. Du Loir ,/7. 4 fi* 5.
ter CERILLL Petite ville de France, Diocèfe de
Bourges, à deux lieues de Bourbon l'Archam.bault.
CERIR/^oy^î Serin. .
CERIN. f. m. Nom d'homme. Qiurinus. S. Qiurin, que
nous nommons S. Cerin , fut compagnon du martyre
des Saints Nicaife & Pientie. Ceft dans le Vexin
François qu'ils fouffiirent au IIP ou IV= iiècle.
CÉRINTHIENS. Anciens Hérétiques qui ont pris leur
nom de Cérinthe , contemporain de S. Jean. Cé-
rinthc fut un zélé défenfeur de la Circoncihon ,
■ audi-bien que les Nazaréens Se les Ebionitcs. Saint
Epiphane rapporte de lui qu'il fut le chef d'une
faéfion qui s'éleva à Jérufalem contre Saint Pierre,
à l'occafion de quelques Incirconcis avec lefqucls
cet Apôtre avoir mangé. Il eft marqué dans l'Hiftoire
■ des Aéles , que les fidèles circonsis difputoient fur
cefuiet contre lui-, à quoi Saint Epiphane a ajouté
que Cérinthe fut l'Auteur de cette difpute , lorfqu'il
ctoit encore du nombre des fidèles. Il croyoit que
■ Jéfus étoit un pur homme, fils de Jofeph & de
Marie -, mais que dans fon Baptême une vertu célefte
defcendit fur lui fous la forme d'une colombe ,
en forte qu'il fut alors comme facré par le Saint
Efprit Se fait Chrift. Ce fut par le moyen de cette
veitu célefte qu'il fit tant de miracles -, & comme
elle étoit venue du Ciel , elle le quitta après fa paf-
fion Se s'en retourna au lieu d'eu elle étoit venue.
Il croyoit donc que Jéfus , qui étoit un pur homme,
étoit véritablement mort, Se qu'il étoit auHi ref-
fufcité-, mais que Chrift, qui éroit diftingué de
Tcfns, n'avoit point fouffert.
Quelques anciens Auteurs ont attribue a Ccrinthe
le livre de l'Apocalvpfe , croyant que, pour aurorifer
■ les rêveries touchant le règne charnel de Jefus-
■ Chrift fur la terre , il avoit publié des ouvrages fous
k titre à'Jpocalypfes , où il débitoit fes virions
C E R
louchant Ce règne charnel, & il prétendoit être un
i^rand Apôcre , qui avoit reçu de Dieu Ci^s révéla-
tions. yoyeiEiûcbc , Liv. lU de fon Hift EccleJia.Ji,
c. i8. S. Epiphane traite Cérinthe d'hornme fans
entendement , & qui lé contredit -, parce qu'il dit
que Jéfus -Chrift a véritablement fouffert, & qu'il a
été crucifié, mais qu'il ne rcllufcitera qu'au temps
de la réfuireétion générale, lorfque tous les hommes
reflufcitcronr. Le même S. Epiphane obferve que
quand un Cerinthien mouroit fans avoir été bap-
tifé, on baptifoiî quelqu'un en fon nom -, ils croyoient
fatistaire par-là au précepte du baptême. Ceft le
léns qu'ils donnoient à ces paroles de Saint Paul
dans fa première Epitre aux Corinthiens , C..15 , v.
19. Si les morts ne rejfiij'cicenc point , pourquoi
donne-t-on le baptime pour eux.
Les Ceruithiens recevoient l'Evangile de Saint
Matthieu , mais ils en avoient ôté la généalogie de
Jcfus-Chrift : ils s'appuyoient fur cet Evangile
pour prouver que les Chrétiens dévoient être cir-
concis , puifque Jcfus-Chrift , qui étoit leur maître ,
avoit été circoncis -, ils ne recevoient point les Epi-
tres de Saint Paul, parce que cet Apôtre avoit aboli
la circoncirion. Confultez Saint Epiphane, A«r. 18.
CERISAIE, f. f. Lieu planté de ccrifiers. Locus ce-
rajîs conjitiu. J'ai une belle cerijaie. Voilà une
cerifaie bi.n étendue. Liger.
CERISE, f. f. Petit fruit rouge qui mûrit des premiers
au printemps. Cerafum. Sous ce nom général on com-
prend les guignes , les bigarreaux , les cerifes , les
griottes les guindous , les cœurets Se les merifes. Les
griottes du Dauphiné Se de l'Italie font la même
choie que ce qu'on appelle en France cerije. La
guigne eft une grolfe cerife noire, douce, dont le
noyau eft rouge. Son arbre a le bois plus gros , & fa
feuille plus large Se plus brune que les autres. Il y a
des guignes blanches , rouges Se noires , qu'on grèfe
fur les meriiiers qu'on trouve dans les bois. On les
appelle en Tofcane machines Se duraffines , que l'on
comprend fous le nom de cerije. Il y a auflî des merifes
qu'on apppelle en italien corbines , qui font plu^
menues , douces Se fermes , Se qui noircilfent les
lèvres. Il y a une cerife à bouquet qu'on appelle
jemelle , dont quelques-unes font hâtives & pré-
coces. Il y a Une cerife blanche , qui étant très-mûre,
devient ambrée Se jaunâtre. La cerife de Portugal
eft la plus belle Se la plus groffe , Se la meilleure de
toutes-, & fa couleur eft d'uri incarnat admirable \
mais elle charge peu. La cerife de Montmorency eft
gi-oflé& tardive,à courte queue. Se la phis eftimée*
On la nomme en quelques endroits co?^/^rj. Les
puindous font des c^rij^ du Languedoc , qui font
fort douces Se grolîés , Se d'un rouge-brun , fort
eftimées. Le bigarreau eft une efpèce de cerife plus
longue & plus dure, qui noircit & durcit en mûrif-
fant. Il y a un bigarreau tardif, ou de fer , c^ui
mûrit plus tard , & qui n'eft pas fi fujet aux vers que
l'ordinaire. Il eft d'un goût excellent , & fait un bel
arbre. Le cœz/re/ , eft une efpèce de bigarreau plui
rendre , Se fait en cœur , dont le goût eft relevé.Spi
bois eft plus gros , &fa feuille plus large. Il y a enfirt
une cerife bleue, qui eft plus rare qu'aucune autfe,
qui eft venue depuis peu de Flandre, &eft d'un goût
délicieux. Cependant dans l'ufage on n'appelle ceti'
fe, Cerafum, que le fruit du cerifier. Voye^^ Cerisier.
Les premières cerifes fi.irenr apportées par Lii-
c\\\\n% àcCerafunte, ville de Pont, après qu'il eût
vaincu Mithridate, à ce que dit Pline: d'où vient
qu'elles en portent encore le nom en Latin , cerafum.
Cerife hhïve, cerife précoce , cerife ta.ïdive. En An-
goumois on appelle g'K/o'/îej ce que nous appelons
cerifes. Bartholin dit que pour avoir du vin de
cerije fort délicat , il faut l'entonner dans des
mnids faits dubois de cerifier, qui lui communique
fa qnaliré. On en fait encore en mettant 12 à ij
livres de cerifes mondées de leurs queues & de leurs
noyaux, dans un demi-muid de bon vin blanc,
avec ces mêmes noyaux calTés. Un mois après ce
fruit a communiqué au viofa gualité rai'raichiiiante
CER
& apcritive ; & outre lîi couleur agréable. Se Ton
goût délicieux , il a des eftets furprenans , flir-tout
pour tempérer les reins , iSc pour en vider les fablons ,
les glaires, &c les petites pierres qui s'y forment
quelquefois.
Le mot allemand kerfe &c kirfe, & le françois
ccrife , Ibnt pris du celtique kiris. Pezron,
La Quintinie dit quelquefois cerije , pour ce-
riji^r , & alors il le fait tantôt mafculin & fé-
minin. Six cerifes , tardifs , deux cerifes hâtifs ,
quatre ccTz/èj hâtives, dit-il dans la même page&
le même article ; mais maL II faut dire Cerilier , ou
li l'on fe fert du nom du fruit en parlant de l'arbre ,
il faut le dire au pluriel , & le faire toujours féminin.
Par exemple : Quel arbre plantez^vous-là ? Ce font
des cerifes hâtives ■■, &c non pas , c'eft un cdrife hâtifl
Quels arbres mettez-vous en cet endroit î Je le. def-
tine pour des cerifes hâtives , & non pas hâtifs,
PÊCHE- Cerise, f. f Koye:^ Pêche.
CERISÉE. f. f. Lieu planté de Ccrilîcrs. Locus cerajis
conjitus. Cerifaie eft mieux.
CERISETTE. f. f Efpèce de prune, dont la coulent
eft rouge. La Quint. C'ell: de là qu'elle a pris fon
nom.
CERISIER, f. m. Cerafus. Arbre étranger qu'on a
communément dans les jardins & à la campagne , &c
. qu'on dit avoir pris fon nom de Cerafunte.LeCtr//zcT
ordinairement croît d'une médiocre hauteur, fur-
tout celui qui porte les fruits aigres ; au lieu que
celui qui en porte de doux s'élève beaucoup plus
haut : leurs troncs à tous les deux font lilfes , 6c cou-
verts d'une écorce polie , & qui fe gerfe dans ia
vieilleHe. De ces gerfures découle une gomme tranf-
, parente , un peu jaunâtre , elle fe diiîbut dans l'eau
comme la gomme arabique. On la nomme ordinai-
rement gomme de pays Gumrni nojlras. Ces troncs le
divifent enfuite en de groiîcs branches qui ibnt fub-
. divifécs en phifîeurs rameaux, & dont l'écorce eft
. d'un brun clair & poli , &; d'un goiit amer. Ces
branches font chargées de feuilles alternes, oblon-
gués , entières , dentelées lur leur bord , lifics , d'un
vert luifant en de.'fus , plus pâle en deiîbus , portées
par des queues aflez courtes. Ses fleurs font à cinq
. pétales blancs, ou lavés d'un peu de pourpre , arron-
dies , de trois lignes environ de diamètre, foatenues
par un calice verdâtrc, à cinq pointes; du milieu
duquel s'élèvent pluiîeurs étamines qui environnent
un piftil , dont la bafe renfermée dans le fond du
. calice eft l'embryon , qui devient , après que la fleur
eft padcc, un fruitcharnu & fucculent, qui renferme
un petit noyau , dans lequel eft contenu une femence
ou amande. Ce fruit eft proprement appelé la. cerife.
Nous donnons diifcrens noms françois aux ef-
. 'pèces de cerifes &: de Cerijiers; car on appelle or-
dinairement cerife la cerife aigre , Cerajiuin acidum ;
& l'arbre qui la porte Cerijlcr , Cerafus fativ a ,fruclu
Totundo , rulro 6" acido. On nomme griotte, la
ceiife douce -, Si l'arbre , le Griotticr , Cerafus fativ a ,
fruclu majore ; les guignes Cerafa carne tenerâ &
, iîj;/oja. La chair en eft tendre & pleine de lue. Son
arbre fe nomme le Guignier, Cerafus fruclu aquofo.
. Les meriies , ou cerifes noires , Cerajia niç^ra , &
. l'arbre fe dit le Mérilicr , Cerafus major ac filvejiris
fruHu fnhdulci nigro colore iiificiente. Les bigarreaux
ont la chair dure & ferme: on les appelle duraines
dans quelques Provinces du Royaume, Cerafa craffa,
carne dura : l'arbre qui les donne , eft appelé Bigar-
reautier , Cerafus fruclu magno cordato. On confit
, les cerifes aigres; on les conferve dans l'eau de vie ;
& l'eau de vie empreinte de leurs fucs eft la bafe du
ratafia, forte de liqueur qu'on boit après le repas.
Les merifes donnent une belle couleur au ratafia. Il
y a d'autres efpèces de cerifes qui ne font point
. bonnes à manger , telles font les Cerifes à trochets.
Cerafa racemofa , ruira. Les feuilles de ce Cerijîer
font plus larges que celles des autres efpèces dont
nous venons de parler. Ce qu'on nomme communé-
ment Rois de Sainte Lucie , eft un arbre aflez <em-
biable au CeriJier à trochets. Ses fleurs &: fes fruits
CER
379
font pareillement difpofés en grappe. II vient dans
les bois auptcs de Genève , & dans le Lionnois. On
fait plufieurs ouvrages avec Ibn bois , qui a une odeur
allez agréable, Cerafus racemofa filvejtris , quibuf-
dam alus Padus. Les Parfumeurs emploient le fruit
d'une efpèce de Cerifier , différent encore de tous
ceux-ci par les feuilles & fes fruits. Cette dernière
efpèce devient un gros arbre : fon bois eft rougeâtre,
un peu veiné, tendre, & d'une odeur par^eille à
cehii du bois de Sainte-Lucie ; & peut-êtte les ou-
vriers confondent-ils ces deux bois. Ses branches
font garnies de feuilles allez femblables à celles du
bouleau, un peu plus larges, plus arrondies, plus
fermes, & d'un vert plus foncé & plus luifant en
de/fus , & d'une amertume très-grande. Ses fleurs
font blanches , petites , & d'une odeur agréable ; lés
fruits font fort petits en comparailbn des autres ef-
pèces , vert-brun d'abord, & d'un pourpre très-
foncé & noirâtre dans leur parfaite maturité. La
chair eft très-amcre , aulîl-bien que le noyau , qui eft
la leule partie dont les Parfumeurs fe fervent pour
relever l'odeur de leurs parfums. Ils appellent ce
noyau le magalet, par corruption de mahaleb,
Cerafus ^filvejiris amara , Mahaleb putata. J. B.
Cerifier a fleur double , ou Merifier à fleur double,
lont des variétés qui ne dépendent que du nombre
de pétales des fleurs de ces Cerijiers.
Les Cerijiers jettent auflî une gomme ou glu , &:
ne peuvent fouffrir le fumier. Matthiole. Il y a un
CeriJier à grappes , dont la fleur eft belle , & vient
en grappes comme le raifin \ mais fon fruit eft petit
comme une merife. Il y a desMeriliers , audî biea
que des Cerijiers à fleurs doubles & fort belles.
. On appelle Cerijiers de pié , ceux qui nailîent de
la racine d'autres C>r//?c;rj.gcr Les grofles griottes
rculliflént bien fur ces rejettons. Le vrai CeriJier fe
greffe plus ordinairement furie Mérilier rouge qui
cft-très abondanr en fève.
CÉRISOLES. Village des Etats dé Savoie , fitué fur
une colline entre Carmagnole & Albe. Cerifola. La
bataille de Cerifoles gagnée en 1 544 , le 14 d'Avril
par les François fur les troupes de Charles V, a
rendu ce bourg fameux.
§CF CERISY. Abbaye de France en baffe Normandie,
au Diocèfe de Bayeux, entre Bayeux &: Saint Lo,
Elle eft de grands Bernardins.
CERITES. f. m. pi. Ccerites. Peuples d'Etrurie , qui
durant la guerre des Gaulois, reçurent chez eux les
Prêtres Se les Veftales de Rome avec les ftatues des
Dieux , & les inftrumens de la Religion, enforre
que le culte des Dieux ne fut aucunement inter-»
rompu. Les Romains pour les récompenfer, leur
donnèrent le droit de Bourgeoifie dans Rome , fans
cependant leur accorder celui de fuffrage dans les
aflèmblces du peuple, ni celui de pouvoir afpirer
aux charges de la République. Strabon blâme les
Romains d'avoir montré fi peu de reconnoiffance
envers IcsCerites., eo quoi je rrouve qu'il a raifon.
Car il me femble que c'étoit un deshonneur que
d'être mis au rang des Cérites ; in Cœritnm tabulas
referri , puifque les Cenfeurs écrivoienr fur le roUe
des Cérites les plébéiens qu'ils effaçoient de leur
Tribu, & les privoient par-là du droit de fuffrage,
de même qu'ils eflâçoienr de la lifte des Chevaliers
&; de celle des Sénareurs , ceux de ces deux corps
de la conduite defquels ils n'étoient pas fatisfaits.
Aulu-Gelle , A^of?. ^f?/c. 16, 15. De-là vient l'ex-
preflion Cœrite cerâ dignum , qui le dir de ce qui eft
méprifable. Horat. L. /, Ep. 6 , v. 6z.
CERMOISE. f. f. Terme de Fleiirifte. Tulipe dont la
couleur eft incarnat , tirant au colombin avec du
blanc de lait. Morin.
CERNAY. Ville de France dans la Champagne, à huic
lieues de Rheims.
dERNAY. Voye^^ Perdrigon deCernay.
CERNE, f. m. Rond qui le trace avec quelque bâton
fur la terre , fur le fable. Circulas , orbis. Il fe dit pro-
prement de ces figures que les Ma2;iciens font avee
B b b ij
58o
CER
leur verge enchanrce pour y faire leurs charmes 8c
leurs conjurarions.
^ minuit à la Lune
Va, faire en terre un grand ceïnc tout rond, Marot.
On appelle aufTi cerne les enceintes qu'on fait à la
chaffe. Circuitus.
Cerne. Terme de Faucounerie. On appelle vol à grand
cerne , celui des moineaux & des autres oiieaux qui
vont haut & bas.
Ce mot, auifi-bien que celui de cerneau & cerner,
vient dç circinare y ôc de circinus , qui iignifie co/n-
pas qui coupe en rond , comme dit Ménage , après
Scaliger &Nicor,
Cerne , fe dir aufli du trait livide en forme de cercle
qui le fait quelquefois autour d'une plaie , qui n'efl:
pas en bon état , autour des yeux quand ils font
battus.
CERNEAU, f. m. La moitié d'une noix verre , qu'on
tire de fa coque , &c qu'on mange avec du fel , quand
on l'a épluche Jii^/andium nue/eus è viridi putami-
ne cultroeduilus.On a fervi un cent de cerneaux.
On appelle Vin de cerneaux -, un vin fort & haut
en couleur, qui efl; bon à boire fur l'arrière faifon,
au temps des cerneaux , comme ayant perdu fa vi-
gueur , ou fes fumées. Vinumvehemens ac viridi co-
loris extremâ tempejiate hibenàum. Le vin d'Orléans
eft un vin de cerneaux.
CERNER. V. a. Faire un cerne avec quelque ferre-
ment coupant par la pointe , pour en retirer ce qui
cft enferme dedans. Enucleare , educere , eximere.
On cerne les noix pour en rirer le cerneau. On cerne
une pomme, une poire , pour en rirer ce qui eu
verreux ou pourri. Les Artifans appellent auiïi cer-
ner , couper en rond. Circumcidere.
On dit cerner un arbre par le pied i pour dire,
y faire un cerne rout autour, foit pour l'arracher
tout-à-fait avec fes racines , foit feulement pour le
mieux cultiver, y mettre de bonne terre, du fu-
mier , &c.
CERNE , ÉE. part. On dit qu'une perfonnea les yeux
cernés , quand elle a les yeux battus.
^ CERNU. Petite ville d'Afirique , au Royaume
de Maroc, dans la Province de Duquela.
IJC? CERNY, Nom d'une petite ville de France , dans
le Gâtinois Orlcanois , à onze lieues de Chartres.
1^ CERO. f. m. Nom qu'on donne en Provence ,
principalement à Antibe , à un certain poiiîbn de
mer , du genre des tourds.
CEROENE. Voyei Ciroene.
ÇEROFERAIRE. f. m. Ceroferarius. Terme de Li-
turgie. Le Céroferaire efl: la même chofe que l'Aco-
lythe. /^ojy'eç ce mot.S. Ifidore de Séville dit que
ceux que les Grecs appellent Acolythes , font ap-
pelés Cérofér aires par les Latins \ parce qu'ils por-
tent les cierges, lorfqu'on doit lire l'Evangile, ou
offrir le facrifice. Céroferaire veut dire Porte-cierge ,
&c ce mot vient de cereus, cierge ; Scfero , je porte.
ffT CEROMA. Voye^ Cerat.
CÉROMANTIE où CÉROMANCE. f. f. Efpèce de
Divination ; art de deviner par le moyen des ligures
de ciie.Ceromantia. Cardan dit qu'elle fut appor-
tée de Turquie en ce pays-ci de fon temps. Ce mot
vient de xé^oj , cire , Se nàvlna , divination.
§5" On verfoit goutte à goutte de la cire fondue dans
un vafe plein d'eau , & l'on riroit de bons ou de
mauvais préfages des figures que ces gouttes for-
moient en fe figeant.
§3" CEROMANTIEN. f. m. Celui qui fe vante de
deviner par le moyen des ligures de cire.
CERON. f. m. Voyei Suron.
CÉROPISSE. f. f. Emplâtre faite avec de la poix &
de la cire. Kifcvli^-T-i,',. C'eft avec cette forte d'em-
plâtre que les Anciens faifoient leurs Dropaces.lh
en mettoient ordinairement une certaine quantité
fur du linge ou de la peau , l'appliquoicnt fur quel-
que partie du corps & l'ôtoient enfuite , ce qu'ils
iéitéroient plufieurs fois , à delfein d'attirer au-de-
CER •
hors les humeurs ou les lues qui fervent à nourrir
lïs parties, ou d'ouvrir les pores. Pour rendre cette
emplâtre plus efficace , ils y employoient quelque-
fois des drogues acrimonieufcs : par exemple , la
pariétaire d'Efpagne , du poivre , du fel ou foufre
en poudre. Ils s'en lérvoient aulll pour faire tom-
ber le poil , ou l'arracher.
CERQUEMANAGE. f. m. Terme de Coutumes.OVc^-
manaria. Droit , ou exercice de la charge , ou of-
fice de Cerqucmaneur. On trouve en quelques cou-
tumes Cerquemage , cerquemenage , cherquemenage
Se cherquinmange ; poni cherquemanage.
CERQUEMANEMENT. f. m. Terme de Coutumes.
Aéfion de cerquemaner.
CERQUEMANER.v.n.Terme de coutumes. C'efl: foira
defcentefur les lieux avec jures experts Cerquema-
neurs pour régler les différents qui naillent au fu-
jet des limites d'un héritage, d'une maifon, d'un
chemin.
M. Des Jaunaux fait venir Cerquemaner de cher-
cher & de manoir.
CERQUEMANEUR. f m. Terme de Coutumes en
Flandre & en Picardie. Circam.innus. C'eft un juge
ou Expert & Maître-Juré , qu'on appelle pour plan-
ter les bornes d'héritages , ou pour les ralleoir &
les replanter , & qui a quelque juridiction doue
juger les difFérens qui peuvent naître à ce fujet. Il
a à fa fuite des Scrgens & un Greffier. Il y en a en-
core en Picardie & en Flandre , & il en efl: fait
mention dans les Coutumes de Mons, de Cambrai,
de Valenciennes & autres.
Ce mot vienr de circare agrum; pour dire , mefu-
rer un champ \ tS: de mxn , qui lignifie homme en
Allemand & en Flamand.
CERRE. f. f. Terme de Botanique. C'eft une efpèce de
chêne , dont les feuilles relfemblent à celles du
chêne commun ; mais elles font plus longues , &
ont des découpures plus fines & plus profondes.
Son gland eft fort amer , &: fort delâgréable , pref'
que rout engagé dans une calotte , qui eft garnie
éc entourée d'aiguillons larges, de couleur cendrée.
Quelques-uns appellent ces calottes vallons , ou gal-
lons. On s'en fert au lieu de galles pour teindre les
draps en noir -, mais la teinture n'en eft pas bonne
& fe perd bientôt. On s'en fert aulfi comme de l'é-
corce du chêne pour corroyer les cuirs. En latin cer-
rus mas majore glande. Il y a une autre efpèce de
cerre qu'on nomme cerrus femina minore glande,
CERS. f. m. Vieux mot qui lignifie vent de bife, Bo-
reas fAquilo. On a dit ciersScfers dans le même
fens. Eorel dérive le mor de cers de Circius ventus.
ffT CERTAIN , AINE. adj. Certus , minime duhius ,
induhitatus. Véritable , dont on ne doit point dou-
ter. Ce mot coniîdérc dans cette fignification qui a
rapporr à la réalité de la chofe , eftfynonyme aux
mots affîiré Se fur ; mais certain femble mieux con-
venir à l'égard des chofes de fpeculation & partout
où la force de l'cvidence a lieu. Les premiers prin-
cipes fonr certains ; ce que la raifon démontre l'cft
audi. L'homme doéle doute de tout ce qui n'eft pas
certain. La juftelTe du raifonnement confifte à ne
pofer que des principes certains , pour n'en tiret
enfuite que des conclufions nécelfaires. M. l'Abbé
Girard Syn. Deux & deux fonr quatre ; 9 multi-
plié par 9 eft égal à 81 ; l'effet ne fauroit être
avant fa caufe , &c. ; font des principes certains^
Voyei Certitude , Sur Se Assure'.
(iCT Certain le prend quelquefois comme fubftantif.
Il ne faut jamais quitter le certain pour l'incertain. ^
c'eft-à-dire , un peu de réalité vaut mieux que beau»
coup d'efpérance.
Certain le dit auflî dans un fens vague d'une per-
Ibnne , ou d'une chofe en général ; de ce qu'on ne
fair pas avec une entière certitude; ou d'une chofe
qu'on tient aflurée'au fond, mais dont on ne con-
noît pas bien toutes les circonftances. Quidam. Pre-?
nez garde que de certaines gens qui ont tant de
plis &: de replis dans le cœur, n'ont jamais l'efprit
jufte. Le Ch. de M. Il y. a une il grande diverfité
CER
d'erprits & de goius , que les uns font touchés par
de certùnes railbns , qui choquent les autres. Nicol.
L'envie de plaire répand fur toutes les aélions un
certain feu qui les rend plus vives & plus agréa-
bles. M. Se. Certain Renard Gafcon , d'autres diienc
Normand. La Fo.-jt. Alors le mot certain (ignihc
proprement quelque , ou le quidam des Latines ; ce
qui arrive toutes les fois qu'il ett employé devant
un fubftantif. Il y a de certains principes qui ne s'ac-
cordent pas trop avec les vérités de la Foi. En met-
tant certain après le fubftantif, & en difant un
principe certain , cela fcroit un fens fort différent.
Ainii il chant,^e de lignification felori le rang qu'on
lui donne dans la conftrudion.
Certain , eft aulfi un terme de mépris, foît par rap-
port aux perfonncs d'une condition baflc & oblcure,
ou peu eftimables par elles-mêmes ; foit par rap-
port aux choies qu'on méprife. Nefcio quis. Super-
venit nefcio quis. Nous fiimes troublés par un cer-
tain homme , qui eft le fléau de toutes les conver-
fations. M. Scud.
// ejl bien difficile enfin d'être fidèle
A de certains maris faits d'un certain modèle.
Mol.
fp" Dans cette acception , on dit en Jurifprudence ,
un certain quidam , de certains quidams , une cer-
taine quidanc , en parlant de gens dont on ne fait
pas , ou dont on ne veut pas dire les noms.
Certain , fe dit au/Ii pour , fixe & précis. Certus ,
conjîitutus. Donnez-moi un jour certain pour vous
voir. On l'a a/Figné à certain & compétent jour pour
venir plaider. Il ixm un certain temps d'étude pour
obtenir des Bénéfices comme gradué.
|CF Certain fe prend auHi dans un fens relatif à la
perfuafion d'efprit & signifie alors , qui a des râl-
ions indubitables pour être perfuadé d'une chofe ■■,
dans cette lignification le mot certain eft encore
analogique à y/vr &c aj/uré , mais il femble toujours
être mieux à fa place dans les choies de fpéculation,
& partout où la force de l'évidence a lieu. On eft
certain d'un point de fcience. M. l'Abbé Girard
Si'N.
gC? On dit , qu'un homme eft bien certain de fon
fait, quand il eft bien affuré de ce qu'il avance.
Certain ,en termes de Palais , fignifîe , inftruit & fon-
dé de pouvoir fufKfant. Inlirucîus , edoclus. Ce Pro-
cureur demandoit un délai , difant qu'il n'avoit ni
mémoires , ni pouvoir de la partie : il a été ordon-
né qu'à la quinzaine il viendra certain ; pour dire ,
avec pouvoir & inftruélion.
CERTAINEMENT, adv. Véritablement , aflutément ,
indubitablement. Certè , certb. La mort doit arriver
certainement. Les Sceptiques , n'affirmoient rien cer-
tainement. Bayl. Certainement il n'eft pas raifon-
nable qu'un Religieux foit fi abforbé dans l'étude ,
' que l'elprit en Ibit accablé. L'abb.Reg. Et certaine-
ment qu'on cherche dans tous les lieux que la piété
a pu confacrer pour le foulagement des affligés ,
on n'y verra rien de fi déplorable que les captifs.
Pat. Certainement la profulion , & les autres dé-
fauts fuivent de près les rkheflcs excefTives. Bon.
ffr CERTAINETE. f. m. Vieux mot qu'on dilbit
pour certitude.
CERTEAU. f. m. Le Certeau d'Eté eft une efpèce de
poire qui vient* à la fin de Septembre. La Quinti-
nie la met parmi les mauvaifes poires. Le Certeau
mufqué eft une poire d'Automne qui ne vaut pas
mieux , au jugement du même Auteur.
CERTES, adv. qui fert quelquefois de liaifon pour
les périodes. Certainement. Certe. Certes, c'eft avec
juftice qu'on l'a condamné, Celaeft-il vrai ">. Oui cer-
tes. LeRoi fe faifoit remarquera la bonne mine,&
à la grandeur de fon courage , en quoi certes per-
fonne ne le furpafîa jamais. Vau. Certeslc Barreau
n'a vu que trop de ces malheureufes entretenir l'Au-
dience des indifcretions de leur vie. Pat. |^ Le
P. Bouhours trouvoit que certainement vaut mieux
que certes : & d'après l'ufage le P. Bouhours a rai-
CER
581
Ton. La Bruyère trouvoit pourtant que ce mot étoit
beau dans fa vieilleife, &avoit encore de la force
fur fon déclin. La Poëfie lurtout le réclame. Quoi
qu il en foit , dans l'Hiftoire , dans un difcours d'é-
loquence , il a quelque chof-e d'énergique qui fou-
tient & qui anime les endroits pafnonncs ou raifon-
nes. Ainf. , en le banniffant de la conteftation , on
peut 1 employer dans le ftyle foutenu.
0Cr LesVocabuliftes décident prccifémenr le contraire-
mais, en matière de langage, leur autorité n'eft pas
irréfragable, ^
CERTIFICAT, f. m. Témoignage qu'on donne par
cent , pour faire connoître la vérité de quelque
chofe^ Scripta certificatio , ficriptum tefiimonium.
Les Cures délivrent des certficats de mariages qui
lont faits en leur Eglife.
Certificat de defcente. Ceft un billet par lequel
les Commis du Bureau des traites déclarent & cer-
tifient qu'ils ont vu & vifîté certaines marchandi-
les , conduites ou dcfcendues i leurs bureaux. Ce
certificat fe met ordinairement au dos de l'acquit
à caution , & c'eft ce qu'on appelle décharo-er cet
acquit. °
00- Il y a au/îl des certificats qu'on appdle dans le
commerce certificats de franchife, par lefquels ou
déclare que certaines marchandif.s font exemtes
des dtoits de foriie du Royaume , parce qu'elles
ont été achetées pendant la franchife des foires.
CERTIFICATEUR. f. m. Celui qui fe rend caution
dune caution judiciaite, qui la certifie folvable.
Confponjor. Les caurions & certificateurs reçus en
Juftice font folidairement obligés avec le principal
débiteur, &; fonr également condnmnés au paye-
ment de la chofe due, parce que l'acceffoire luit le •
principal. Mais il y a cette différence entre la eau-
tion, & le certificateur : c'eft que \q certifie ateur
n'eft obligé que fublîdiairement , & en cas d'in-
folvabilité de la caution -, enforte qu'il fàutdiicu-
ter le principal obligé , & la caution , avant que
de s'adrefietau certificateur. On les appelle dans
l'ancienne pratique , contrepleiges.
Certificateur de criées. Avocat ou Procureur Pra-
ticien qui certifie en juftice que les criées ont été
faites dans les formes judiciaires. Teftis fa&ie Ma-
gifiratûs nomine promul^ationis. Au Châtelet de
Paiis il y a deux Cerficateurs de criées en titre d'of-
fice , dont le témoignage fufïir au lieu de celui
des dix Praticiens requis par l'Ordonnance.
CERTIFICATION, f. f. |^ Terme de Pratique. ,
C'eft en général une atteftation donnée par écrit. ,
Dans ce fens c'eft la même chofe que certificat.
IJCT En termesdcFinance. C'eft une atteftation qu'un
Comptable & un Financier mettent au bas d'un mé-
moire, d'un regiftre, d'un compte; par lequel ils
affirment véritable ce qui y eft contenu. Conjîgna-
tum fcripto tefiimonium.
Certification , en termes de Palais , eft une for-
malité qui eft requife après avoir fait faire des criées
pour faire un décret valable. Confiiç^natum façl»
Magi^ratks aiicloritate promuliationis tefiimonium.
C'eft un ade par lequel dix Anciens Avocats, ou
Procureurs d'un Siège Royal, certifient que les fai-
lles & criées ont été faites avec toutes les formes
& folennités requifes pat le Droit , par la Coutu-
me & par l'Ordonnance •, enfuite de quoi le Juge
interpole fon autorité, & donne fa fentence pour
la certification des criées. Par l'art. 5TI. de la Cou-
tume de Normandie , il ne faut que fept Avocats,
outre le Juge , pour la certification.
CERTiFicATiONifeditaulTideratteftation qu'on donne
en Juftice de la folvabilité d'une caution'préfentée ,
dont on répond en fon propre nom. Data profpon-
fore cautio.
CERTIFIER. V. a. Rendre témoignage de la vérité de
quelque chofe , foit de bouche , foit par écrit. Tef~
tari verho-, fcripto , rem aliquam. Cette nouvelle
m'a été certifiée par bien des gens d'honneur. Il
382 C ER
faut qu'un adte Cohccriifa par quelque perfonne pu-
blique, pour taire foi en 3 uftice.
Certifier, ^fj crues, c'eA donner une attcftation ,
que les criées font faites fuivant les toimes requi-
fes , fur laquelle on donne une fentenccqui les ctr-
tifie , & les déclare valabes. Factam auciornau Ma-
gijiratùs promu Igationem jcnpto wjiari.
Certifier , fignifie aiilfi. Répondre d'une caution ,
après avoir attcfté fa foivabilitc. Spondcrcpro aliquo.
Certifié , ée. part.
CERTITUDE, f. f. La certitude eft proprement ur.e
qualité des jugemens de notre efprit : c'eft l'adhé-
fion de notre efprit à la propoiition que nous affir-
mons-, c'eft la force avec laquelle nous y adhérons.
Quand je dis , l'ame cft immortelle i l'ame n'ell que
la caufe occafionnelle des mouvcmens du corps \ je
fliis deux jugemens , mais la certitude du premier
cft bien au-dclfus de la certitude du fécond. La cer-
titudent convient qu'aux jugemens \ elle ne fe ttouve
point dans les idées, qui ne font iimplement que
rcpréfenter les cIiofes.La certitude eft «te même na-
ture que l'évidence qui la produit. La certitude eft
plus ou moins rrande, Iclon que l'évidence cft
plus ou moins grande. L'évidence eft dans les cho-
fcs que l'efprit voit, qu'il confidère , 5c dans les
idées : la certitude eft dans les jugemens de l'efprit
fur ces chofes. Explorata rei notitia , cogriitio , rcr-
titudo. Il faut croire avec certitude tout ce que Dieu
a révélé. Nous ne devons prêter notre confente-
ment qu'aux vérités que nous connoiffons avec cer-
titude. Maieb. La certitude téméraire de l'ignorance
eft plus tranquille qu'une feience raifonnée & ré-
fléchie. S. EvR. A l'égard des vérités chrétiennes
& des promedés générales de Dieu , il faut avoir
une certitude enûèïc , parfaite, être au moins in-
_ failliblement affuré qu'on eft dans la voie du falut.
Autrement cène feroit plus religion 6c foi divine,
mais opinion &i connoilfance humaine.
1^ Le mot certitude fe prend en différens fens , s'ap-
- plique quelquefois à la vérité oii à la propoiition
.• même à laquelle l'efprit adhère : comme quand on
dit, la certitude de telle propofition. Quelquefois il
fe prend comme nous venons de le faire, pour l'ad-
héfion même de l'efprit à la propofition qu'il regarde
comme certaine
ifT On peut encore diftinguer avec M. d'Alcmbert ,
l'évidence de la certitude , en difant que l'évidence
appartient proprement aux idées dont l'efprit ap-
perçoit tout d'un coup la liaifon \ &c la certitude
à celles dont il n'apperçoit la liaifon que par le fe-
cours d'un certain nombte d'idées intermédiaires.
Ainfî cette propofition , le tout eft plus grand que
fa partie, ainfi que celles qu'on appelle ordinaire-
ment premiers principes, axiomes, eft une propo-
fition évidente par elle-même, parce que l'efprit ap-
perçoit tout d'un coup la liaifon qui eft entre les
idées de tout & de plus grand, de partie ou de plus
petit : mais cette propofition , le ciirre de l'hypcthe-
nuj'e d'un reclangle eji égal à la j'omrne des carrés
des deux côtés,c^ une prepofition certaine &: non évi-
dente par elle-mcme,parce que l'ef'prit n'enapperçoit
la vérité que par le moyen de plulieurs propolitions
intermédiaires, qu'il ne peut envifager toutes à la tois.
Les Scholaftiques diftinguent deux fortes de
certitude : l'une de fpéculation , laquelle naît de l'é-
vidence de la chofe -, & l'autre d'adhcfion , qui naît
de l'importance de la chofe, qui n'exclut point la
certitude de fpéculation, qui même la fuppofe tou-
jours. Ils appliquent aux chofes de la foi la certitude
' d'adhéfion , qui n'eft point purement arbitraire ,
mais très-raifonnable, rationahile oh\equiuni ; car la
raifon démontre que nous devons croire avec cer-
titude les chofes de la foi , &: que pour quoi que ce
foit nous ne devons jamais quitter cette adhéfion.
Ceci eft incontcftable dans les ptincipes de toutes
les feéles qui partagent la Religion Chrétienne. 11
eft vtai que les chofes de la foi n'ont pas toujours
une évidence intrinsèque , <\m ^^•^aànXit ncceffaire-
ment une artitude de même eipèce que celle avec
CER
laquelle on adhère aux propolitions de Géométrie*
elles tn ont toujours une qui lui eft équivalente.
1^ Quoique les chofes de foi foient très-certaines ,
quoiqu'elles aient une certitude équivalente à celle
avec laquelle on adhère aux propolitions de Géomé-
rrie-, cette diftindion des Scholaftiques n'en eft pas
moins frivole. L'adhélion de notre efprit ne naît
point de l'importance de la chofe , mais de l'évi-
dence ; Se 1?. certitude de fpéculation 6c l'adhcfion
font un (éul &: même aôf e de l'elprit. Voir la liai-
fon de deux idées , c'eft juger.
On diftingue encore dans l'école trois fortes de
certitude , par rapport aux trois degrés d'évidence
qui la fonr naître ; la certitude métaphyfique , qui
vient de l'évidence méthaphyfique , telle qu'cft celle
qu'un Géomètre a de cette propofition , que les
trois anales d'un triangle font és^aux à deux anç^les
droits i la certitude phyfique, qui vitnt de l'évidence
phyfique , telle qu'eft celle qu'a un homme qu'il y a
du leu fur fa main , quand il le voit Se qu'il fe fenc
brûler ; une certitude morale , fondée fur l'évidence
morale , telle qu'eft celle qu'une perfonne a , qu'il
a gagné ou perdu fon procès , quand fon Procureur
& fes amis le lui mandent , quand on envoie co-
pie de l'arrêt , &c. Sur quoi il faut remarquer que
la certitude morale eft fouvent équivalente à Incer-
titude métaphyfique , non-feulement dans les chofes
que l'on ibuhaite , comme le gain d'un procès ji'c.
mais dans celles pour lefqucUes on a le plus d'aver-
fion. Ainfi un criminel à qui on a lu la lèntencc qui
le condamne à la mort, ne doute nullement qu'il
ne foit en etfet condamné à la mort , Se qu'il ne doive
être exécuté au temps & au lieu marque ; cependanc
il n'en a qu'une certitude morale , car il eft vilible que
ce n'eft point une certitude métaphyfique ; ce n'eft
pas non plus une certitude phyfique ■-, la certitude
phyfique qu'il a ne regarde que la led:ure de la
iêntence 6c les adlions qui fe font autour de lui , lorf-
que l'exécuteur prend polfeilion de fa perfonne: or
toutes ces chofes n'ont point une liailbn phyfique-
ment nécelfaire avec la vérité de fa condamnation.
Cet exemple , quoique défagréable , a été choilî
comme le plus propre à faire connoître la tbrce de
la certitude morale. Enfin , il faut ajouter que dans
les chofes de pratique , la certitude morale doit nous
fuffire. Si trois ou quatre perfonnes difent à quel-
qu'un que le feu eft à fa maifon , la certitude qu'il
en a n'eft que morale; mais fans attendre une certi-'
tude d'une autre efpèce, il doit accourir pour étein-
dre le feu , S<. mettre ordre à fes affaires.
Certitude , fe dit aulfi pour ftabilité , de ce qui eft
afluré , qui n'eft poinr fujet au changement. Il n'y a
point de certitude dans les chofes qui dépendeMfade
la fortune. M/;/7 certum.
CERVAISON. f. f. Terme de chaffe. C'eft la faifon
où le cerf eft gras 6c bon.ichaflèr. Tempe fias fi-
gendis , a^itandis cervis idonea.
fCT CERVARA. Petite ville de Portugal , dans la
Province de Tra-los-Montes.
^ CERVARO. ( le ) Cerbalus. Rivière d'Italie j^
au Royaume de Naples , dans la Capitanate. Elle
prend ia fource dans l'Apennin , 6c ie perd dans,
le Candclaro , vers Manfredonia.
CERVEAU, f. m. C'eft cette grofiê mafle molle enfer-
mée dans le crâne, où abouthfent tous les organes
des fcns,& où on croit que l'ame réfide principa-
lement. Cerehrum. Il eft enveloppé de deux mem-
branes qui Ibnt la dure-mere 6c la pie-mere. Il eft
fituc au lieu le plus élevé du corps , pour la com-
modité des fondions animales , dont il eft le prin-
cipal organe. Il a la même figure que les os qui le
contiennent, étant rond 6' oblong, aplati par les
cctés. Il eft plus grand dans l'homme à proportion
de fon corps que dans rous les autres animaux. lia
un mouvement de fyftole Zc de diaftole de même
que le cœur , c'eft-î-dire , qu'il fe dilate , ^ qu'il fe
refferre. Il eft divifc en trois parties*, favoir , le grand
cerveau , le cervelet èi la moelle allongée. Le grand
cerveau fe divife en deux parties , la droite & la
I
gauche , par le moyen d'an repli delà duré-irieté,
qu'on appelle la [aulx , parce qu'il en a la figure. Il
eft aufli fcparé du cervelcr par uh autre repli de
îa dure-mcre. Sa liirf-acc extcrieuic a pluiîeurs cir-
convolutions femblablcs à celles des iutellins gnj-
les. Il eft compofc de deux fubftances, qui foni la
corticale ou cendrée , & la médullaire. La lubftance
corticale n'eft autre ehofe qu'un amas de glandes
rangées les imcs auprès des autres , deftinces à la
(cpaiarion des efprits animaux , laquelle ic fait du
fàng qui a été porté par les artères carotides. Ces
glandes ont chacune un conduit particulier , dans
lequel font reçus les eipiits qu'elles ont filtrés. La
lubftance médullaire clt formée de tous ces con-
duits qui Ibrtent des glandes , & qui fe font réunis :
elle eft iituce fous la cendrée , mais elle n'eft pas li
molle. On trouve dans le cerveau quatre cavités
qu'on appelle des ventricules. Il y en a deux dans
fa partie moyenne , qu'on nomme les ventricules
antérieurs ou ilipérieurs. Ils ont la figure d'un croif-
fant,&font féparés par une cloifon mince & tranf-
parente , qui eft une portion du cerveau. On l'ap-
pelle feptum lucidum. On remarque dans ces ven-
tricules le plexus ou lacis choroïde , qui eft un ti/ÏÏi
d'artères 5c de veines , & quatre éminences -, les pre-
mières font les corps cannelés : & les deux aurres
les couches des nerfs optiques. On y voit au/îi le
fornix ou la voûte , qui fépare le troilième ventricule
des deuxfupérieurs. Au-deilbus du fornix il y a deux
trous,par lefquels le 3*^ ventricule communique avec
les deux autres. Celui de devant s'appelle vulva ;
& celui de derrière anus. Le troilième ventiicuie
eft une cavité longue en forme de fente , qui eft
dans la moelle alongée:il a deux ouvertures , l'une
eft l'orifice de l'entonnoir , qui eft un canal qui va à
la glande pituitaire : l'autre eft un conduit par le-
quel le troiiième ventricule communique avec le
quatrième , qui eft auffi dans la moelle alongéc au-
defibus du cervelet. Ce quatrième venrricule eft fait
en forme déplume à écrire, d'où vient qu'on l'ap-
pelle, calamus. A l'entrée du canal qui va du troi-
fièrne ventricule au quatrième , eft pofée la glande
pinéale , ainfi appeilce parce qu'elle a la figure d'une
pomme de pin, C'eftdans cette glande que Defcar-
tes amis le fiègede l'ame. Derrière la glande pinéale
il y a quarre éminences ; deux fupérieures & plus
grandes , qu'on appelle nates , feffes ; & deux autres
inférieures & plus petites , qu'on nomme reVfj. Ces
quatre éminences , de même que les corps canne-
lés , & les couches des nerfs optiques , appartien-
nent à la moelle alongée. Si on renverfc le cerveau,
on voir à fa bafe les dix paires de tierfs qui en for-
tent , les artères carotides &: les cervicales, la glande
pituitaire , la moelle alongée , les corps pyrami-
daux , les olivaires , &c. Les animaux farouches &: la
plupart des poifîbns , ont le cerveau fort petit. On
fi'en trouva pas plus d'un poiice dans la rête d'un
crocodile , qui en avoir dix-huit de longueur , qu'on
anatomiia dans l'Académie des Sciences. Les An-
ciens ne mangeôient jamais de cerveau , comme le
croyant une chofe facrée. On fait cas de ÏAnatomie
du Cerveau , par Willis. .-' •:,'"^'.-
Boneti croit qu'on peut vivre fans cerveau. Il paxle
de quelques fœtus venus au monde fans cerveau , &
de deux enfans , dont l'un vécut quelques heures j
& l'aurre trois mois entiers , fans cerveau. Il parle
encore de plufieurs chofes trouvées daiîs le cerveau ;
entr'autrcs d'une pointe de dard de la longueur du
doigt, qui y rcfta l'eipace de quatorze ans , &'' c^ui
fut enfin rejeté par la bouche. Willis , qui a dife-
qué les tètes de plufieurs efpèces d'animàùx , a trouvé
que le cerveau de l'homme & des bêtes à quatre
pieds ont une grande affinité , & que le cerveau
des poiffons ne diffère guère de celui^ des oifeaux ,
qui ont été tous créés en un même jour; ViGi4. Mar.
On a trouvé des bœufs qui avoienr 1'^ cervtau
pétrifié. Bartholin fair mention d'an ,& M. Duvèr-
ney le jeune d'un nutre,fur lequel il a fait des obfer-
vations dans hsMem. de l'Ac. des 5. 170 5 ,p, iGi &/.
Ce mot de cerveau vient du latih ctrehrum -, fait
du grec ^î^a.x:,, tète., comme fi on diloit cercilri.m.
On dit figurémenr qu'un homme s'alemhique le
cerveau , quand il s'applique trop fortement à quel-
que méditation ■■> &c qu'il a^ le cerveau creux ou le
cerveau vide , quand il eft un peu fou.
Cerveau , en termes de fonderie , eft la partie rupc-
rieure de la cloche , qui fe courbe en forme de
timbre ou de calotte. Superior camparut pars oa-
leœ in morem arcuata.
CERVELAS, f, m. Boudin ou fauciiTon gros & court 3,
rempli de chair de pourceau , aflaifonnée avec beau-
coup de fel & d'épices , pour le rendre de haut
goût. Botulus fuillâ carne fartusï
Cervelas, eft aufîi un inftrumetit de Mufiqiie , qui
eft une eljjèce de baffon , de courtaut ou de tagoC
racourci, & fi petit, qu'on le peut cacher dans la
main , car il n'a que cinq pouces de long. Sa par-
tie iupérieure a huir trous qui le perceur tout du
long jufqu'auprès de fa bafe , qui fe communiquent j.
& ne font qu'un feul canal continu -. de forte que
le cervelas harmonique va auHi bas qu'un ihftru-
ment qui feroit huit fois aufli long , ou qui auroit
trois pieds & demi. Il a l'étendue d'une 15' j lorf^
qu'on embouche tous les trous l'un après l'autre.
CERVELET, f. m. Terme d'Anatomie. Ceretellurm
C'eft la partie de derrière du cerveau, auquel il eft
joint par enbas ; mais par enhaut il en eft féparé
par le repli de la dure-mere. Sa figure eft plus large
que longue. Il eft fait comme une boule plates
Sa fubftance eft plus dure & plus fblide que celle
du cerveau : elle eft pourrant de même nature , étant
compofée d'une partie corticale ou glanduleufe , ôc
d'une médullaire. Sa furface eft fiUonée comme le
cerveau , mais ces filions font réguliers : ils font
difpofés dans un cerrain ordre, comme autant de
demi-cercleSi Sa partie antérieure &: fa poftérieure
fonr terminées par des apophyfes qu'on appelle ver-
mi forrnes , parce qu'elles ont la figure d'un ver. Le
cervelet a quelques autres apophyfes. On ne peut
le bleffcr , ni la moelle de l'épine , qu'aulfi-tôt l'a-
nimal ne meiire : ce qui n'arrive' pas au cerveau, donj
on a fouvent retranché une partie fans danger*
Willis diftingue les fonélions du cerveau Se du cer-
yelet , & donne l'un pour principe des aélions vo-
lontaires , & l'aurre des involontaires , comme font
la refpiration , le battement du cœur , &c,
CERVELIERE, f, f. Vieux mot qui fe trouve fouvent
dans les anciens romans , où on dit que des Che-
valiers étoient armés de haubergeons & de cerve-
Hères. Cajfis , Galea. C'étoii une eipèce de cafque
ou, armure de rête. Elle fut inventée par un Michel
Scbtus , Aftrologue , fort aimé de l'Empereur Fré-
déric II, donr il étoit domeftique. C'eft celui qui
a écrit un livre de la Phyjionomie , dédié à cet Em-*
. pereur. ^., - ,
CERVELLE^. CfrSubftance itiollè' enfermée dans la,
tête de l'animal. C'eft la partie molle, blanche &C
fpongieiife du cerveau, Cerebrum. Un Bouéher d'un
.coup de mafTue fait fauter la cervelle d'un bœuf^
La cervelle d'un veau, d'un agneau, d'un lapin, d'une
volaille eft bonne à ittanger.
On appelle aufiTi le cerveau de l'homme > là cer'
velle. L'homme , à proportion de fon corps , a plus
de cerve//?. qu'aucun autte animal i & on dit même
: qu'il en : a, plus -que deux, bœufs, §3° Les animaux
- ruminans en ipnt plus que les aurres brutes. Les
animaux qui fe battent en ont fort peu. Les muf-
cles temporaux , qui font fort épais , étrécifTent leur
■crâne, L^s' poiffons en ont beaucoup moins que les
quadrupèdps., Lçs infeéles n>n ont prefque poijit.
, L'iwmnie , le plus prudent des animaux, en a le plus ,
i>&: ensuite les animaux difciplinables,
GfeR'^\*-Ett'E '>, -fe dij figurément de l'efprit ou du juge-
W&nt de 'l'homme, Ingenium,-, rfiens. Ce Confeiller
•d'Eràt «ftlamftlleure cervelle du Confeil, Ce jeune-
homme eft fort étourdi, c'.eftuiie têce fans«rve//i?j
il a la <:«rve//« d'unoJfOn. .,;, J,
I T
584
CE 11
CES
Jf ne puis arracher du creux de ma cervelle
Que des vers p/us forcés queceuxde LtPuceUe.V>oiu
Cervelle de Palmier. Ceft ainli qu'on appelle une
cfpèce de moelle douce qu'on trouve au haut du
P-dmier , qui eft bonne à manger. Manger de la
cervelle du palmier. Ablanc.
On dit proverbialement qu'on a misquelqu un en
cervelle , qu'on le tient en cervelle , pour dire qu'on
l'a mis en peine , en inquiétude , quand on lui lait
efpéier quelque choie dont il attend le fucces. On
appelle auifi un homme qui a une mauvaile mémoire,
cervelle de lièvre , qui le perd en courant.
ffr CERVERA. Petite ville d'Efpagne , capitale de
Ja Viguerie de Cetvera en Catalogne , lur une ri-
vière ^qui porte le même nom , qui le perd dans
la Scsrre au-defloùs de Lerida. _
CERVICAL , ALE. adj Terme d'Anatomie , qui fe
dit de ce qui appartient au cou. La première paire
des nerfs cervicaux , ou la première paire cervicale
paire entre la première & la féconde vertèbre du
cou. Elle eft plus poftérieiire ou en arrière que les
autres nerfs cervicaux , & fes ganglions font plus
^ros que ks leurs. 'WinsloW. La féconde paire
des nerfs cemr^îz^A- , ou la féconde pzite cervicale ,
palfe entre la féconde 6c la troifième vertèbre du
• ;cou. Id. La 5« paire des nerfs cervicaux ou 3= paire
cervicale ou vertébrale palfe entre la 3' &: la 4' ver-
tèbre du cou. Id. Les quatre dernières paires des
nerfs cervicaux ou les quatre dernières paires cer-
vicales partent entre les portions du mofcle fcalène.
.-i.Elles font en général plus grortes que les premiè-
:>' res, Id. La veine cervicale. Id. Les nerfs cervicaux ,
J\ les p^nets cervicaux. Id. Les 3;\^udes cervicales. Id.
Les Médecins appellent cervicales deuxartères qui
montent par le cou au cerveau , &c qui font des ra-
meaux des artères fouclavières. Cervicalis. Il y a aulli
deux veines cervicales qui reportent le fan g du rer-
veau,& qui vont s'inférer dans les veines fouclavières.
Ce mot vient de cervix, mot latin qui lignifie le
■ :. derrière du cou.
CERVIER , loup-cervier. f. m. Animal fauvage qui
.. -tient du chat & du léopard , qui a de la vitelfe , Se
-■x qui eft ennemi du cerf. 7^oye{ Loup.
§CT CERVIX. f. m.' Terme d'Anatomie , purement
^atin , qui lignifie la partie poftérieure du cou. Il n'y
a point de mot françois qui lui réponde parfaitement.
^3= CÉRUMEN, f.m. Terme de Chirurgie emprunte
du latin. Matière jaunâtre & épallfe qui fe trouve
..., dans l'oreille qu'on appelle ordinairement cire des
'"oreilles. Voyez ce mot. .
Srr CÉRUMINEUX , EUSE. adj. Qui appartient a
Xla cire des oreilles. Les glandes cérumineufes. L'hu-
-^ 'meur ccrumineufe des oreilles. , , , ,
IfeT CERVOISE. f. f. Boilfon taite avec du bled ou
de l'of-e Si du houblon. Ceft une efpèce de bière.
Vosez'^ce mot qui eft plus ufité. Cervoije ne fe dit
*^' cu'en parlant de la boiflbn des ^ncKm.Cervifiaoxx
^tiucu t' .r[- . j7sq SA .:.L^ .l£fnL<îe'[ ■'.
ccrcviliu* . ^ .■.-*" . .
CERVOISIE. f. f. fe trouve dans une fabte '&é La Fon-
taine pour cervoife, bière. C^rva//ze cngraiifante.
CERVOISIÈR ou CERVISIER. f. m. Celui qui fut
& qui vend de la cervoife, Ceft ce qu'on nomme
"■^VuiBralfeur. Cervifiarius ou Cerevifiarms. •
ér Œ-KHS. Cœrùs, a été appelé par les Grecs le
Oiêu du temps favotable , o/'/orw/n temporis ^Nu-
men 'Sc par les Latins Occalion. Occafio, Les Eléens
*%i avoient confacré un autel. Calliftrate avoir re-
préfèntc ce Dieu fous la figure d'un beau jeune
"i'-V- . -..^„v ^oc rlTPWPiiY éDarS'&: floftâns au sré
luréd^un homme qui a des avles,qul n'a d« cheveux
que par devant, & eft chauve par dern^V^-v qu-on
••-pe p^ut rattrapper , lorfqu'une fois on la:laiflc;
^^khapper . P«ce qu'il va il vite ,_ qu il poutroit mar-
"-cheir lur le ttanchant <i'un raloir , fans, le :biei?çr.
é}-y1ntia.-Grecq. ^'Rom. ■ _'■'„,'«!'"- r
CÉRUSE. f. f. Blanc de plon4). ^rw/i, - C eft ;Jiisifi
q"e la nomment les Chimiftes. Elle fe fait de
lames de plomb fort déliées , auxquelles on fait
recevoir la vapeur du vinaigre , qu'on a mis dans
qu.lc,ue vaiifeau fur un feu modéré. Ces lames le
convcrtilfent par ce moyen en une rouillure blanche,
qu'on ramalfe , & dont on forme de petits pains.
Cardan enfeigne le moyen de faire de l'etain & de
la cérufe. Ceft de celle-ci principalement que les teni-
mes fe fervent pour fc farder -, mais elle gâte l'ha-
leine 6c les dents , fait des rides , 6C apporte plulicurs
autres incommodités , étant une efpece de poifon ,
quand elle eft prife intérieurement -, mais c'eft un
médicament quand on l'applique extérieutement dans
pluficurs onguens, emplâtre Se autres préparations.
ItT La <:i;rK//broyée &c préparée eft ce qu'on appelle
en peinture blanc de plomb. Ceft le leul blanc
qu'on puirte employer à l'huile ; mais ceux qui pré-
parent cette matière doivent être fur leurs gardes
pour fe garantir de la colique des Peintres , fouvent
occaiionnée par le plomb & par toutes les prépara-
tions du plomb. - t ' r r
Ce mot vient du grec «fe«?5 i^ire. Lz ceruje rel-
femble beaucoup à la^cire. En latin cerufa,en grec
Il y a une cérufe minérale , dont parie hal-
loppe -, mais tous les autres la tiennent fadice.
CÉRUSE , fe dit figurément pour faux-brillant, à caule
du mauvais ufas^e qae les femmes en font quelque--
fois. Tu n'éblouis pas tes lecteurs avec la ceruje'
6c le plâtre. Main. Mauvais jargon,
CES.
CÈSAIRE. f. m. Nom d'homme. Qvfarius. Il y a pla-'
fleurs faints Céfaircs. S. Cefaire Diacre 6c Martyr à
Terracine dans le premier liècle de l'Eglife' ; S. Ce-
faire frère de S. Grégoire de Nazianze dans le IV,
Il y a une lettre de S. Jean Chryfoftome au Moine
Céjaire, où la comparaifon qu'il fait du myftère
de l'Incarnation avec celui de l'Euchariftie , n'a
rien que de très-conforme à la foi de l'Eglife, comme
on l'a montré.
CÉsAiRE. f. f. Nom. de femme, dtfaria. Sainte Céfaire
étoit fœur de faint Cèfaire , Archevêque d'Arles.
La règle de S. Cefaire eft une règle que faint
Cèfaire ^ Archevêque d'Arles , fit pour^ des Reli-
gieufes auxquelles il bâtit un Monaftère à Arles vers
l'an 50(î. Certc règle fut aulTi obfervée dans le Mo-
naftère de fainte Croix de Poitiers , lorfque fainte
Radéçonde eut fait bâtit ce Monaftère en 544. Il
y a e\i auin une rèiîle de faint Céfaire pour los
hommes , que l'Abbé' Tedvale reçut de lui , Se qu'il
donna par fon ordre à plufieurs Monaftères. Ceft ,
. à peu de choies près, la même que celle des Re-
ligieufes. P. Héeiot. T. F -, c. 4.
CÉSAR, f. m. Ceft un nom propre de £imille Ro-
maine , qui a établi l'Empire Romain. Cxfar. Jules
Céfar. Augufte Cefar. Les douze Cefars , ou les douzs
premiers ^Empereurs. Il eft venu en ufige dans 'la
lingue en ces phrafcs proverbiales : Il eft brave
comme un Céfar. Il faut rendre à Céfar ce qui appar- ■
tient à Céfar ; pour dire , il faut rendre à chacuQ 1«!,
fien.,Le P. Bouhours dit que cette phrafe eft un bar ^'
barifme autorifé par la tytannie de l'ufagc. -^
03" Céfar , dit Ménage , au fingulier ne fignifie point
Empereur :6c il eft bien probable que celui qui a tra-
duit le premier ce partage , reddite quce funt C«-
i , faris , C^fari, n'entendoit pas trop le fïançois. Il
; '.eft:. du moins évident que ce premier traducleur a
"fait deux fautes dans un feul mot : l'une diiant
Cefar pour Empereur ; l'autre difant à Céfar. C3.t
..fuppofant que Cefir fignifie là Empereur, c'eft un
/nomappellatif, qui demande un article -, 6c dfau-
' droit dire rendez au Cefar , ce qui eft au Cejar ,
. ' comme nous dirions rendez au roi ce qui eft_ au
' ^Roi, k Céfar eft aulli irrégulier, que le feroit a
Roi, à Empereur. S'il s'agillbit de Jules Céjar ,
• ~ 'comme Céfar eft un non? propre , qui fe met fa^is
i article, à Céfar feroit régulier : mais il s'a^tî^t^ de
CES
Tibère , qui régnoit alors. Cependant , ajouta-t-il ,
quelque irrcgularicc qu'il y ait dans cette phraic ,
il faut s'en fervit fans Iccupule ; i'ufage qui a établi
des Iblécili-nes, peut autoriicr des barbarilincs quand
il lui plaît. C.tte phraic a lieu dans le propre &:
dans le figuré.
1^ Il eft vrai , dit M. Ménage , que par ces pa-
roles notre Seigneur a voulu dire qu'il faut payer
aux Souverains les tributs qui leur appartiennent :
mais quoique ce Ibit là le iens des paroles de Notre-
Seigneur , cela n'empêche point qu'il ne faille les
traduire à la lettre , &c Ccj'ar , en cet endroit , c'cfl:
Tibère , lequel s'appeloit Céfar ; non pas , parce
qu'il étoit Empereur ; mais parce que c'étoit ion
nom d'adoption. Tibère ayant été adopté par Cé-
far Augufte , qui l'avoir ctc par Jules CéJ'ar , s'ap-
pela Cefar dès le jour de fon adoption. Il efl vrai
que tous les Empereurs Romains ont été eniliite
appelés Céfars : mais ce nom de famille qu'ils ont
pris efl: toujouis demeuré un nom de famille , comme
celui de Ptolomce parmi les Rois d'Egypte. Ren-
dez au Céf^ir , ce qui efl: au Céfar , dit Ménage ,
fetoit donc une tradudfion ridicule ; ëc rendez à
Cejkr , ce qui efl: à Ccjar efl: très-bien traduit. Il
veut être Céfar , ou rien ; c'eft-à-dire , bazarder
tout , pour être tout ou rien : c'étoit la devile de
Cefar Borgia , Duc de Valentihois.
Quelques anciens Grammairiens prétendent que
le nom de Céfar vient du mot latin cœfaries , che-
velure : ainfi Cefar voudtoit dire la même chofe
que chevelu , & le premier qui ait potté ce nom
ne l'auroit eu que parce qu'il avoit de beaux che-
veux i mais la plus commune opinion eft que le
nom de Céfar vient à cxfo matris utero-, de ce qu'il
fallut ouvrir le ventre de fa mère pour l'en faire
fortir. Janus Bircherodius , dans ion ouvrage fur
l'Ordre de l'Eléphant , prétend que le nom de Céfar
vient de ce que celui qui le porta le premier , tua
un Eléphant, en guerre , à cxfo elephanto. Il appuie
ce fentiment fur une médaille critique , fur laquelle
on voit un Eléphant , avec ce mot , C^sar.
CÉSAR a long-temps f gnifié l'héritier défigné à l'Em-
pire , comme aujoiird'^'hui le Roi des Romains. De-
puis Marc-Aurèle jufqu'à l'Empereur Valens , nul
n'a été fait Augufl:e , qu'il n'eût auparavant été créé
Céfar. Spartien dit que Luce-Vère efl: le premier
qui a été appelé Céfar avant que d'être Empereur.
Les Céfars étoient adjoints à l'Empire ; Erant prin-
cipes Imperïu Arbogafte tua Vidor que Maxime
fon père avoit laiffé dans les Gaules, après l'avoir
créé Cefar. Voyez Auguste.
Le Cefar a été la féconde dignité , la féconde
petfonne de l'Empire , jufqu'à Alexis Comnène. Cet
Empereur érigea une nouvelle dignité en fwcur
de fon frère Ifaac Comnène , qu'il appela Sebajlo-
crator , auquel il donna le pas fur le Céfar , ainli
que nous l'apprennent Anne Comnène , fa fille ,
Alexiad. Lib. ///, & CoàmDe Off. Confiant, cap.
1. Voyez fur cet endroit les notes du P. Goar.
Codin décrit la création du Céfar , fes habits , fa
couronne , fes droits , fes privilèges , &c. Pour dé-
truire la penfée de celui qui a dit qi^'on ne don-
noit la couronne de laurier qu'aux Augufles , &
jamais aux Céfars, il n'y a qu'à voir le médaillon
de Maxime r. ioï. masimoc kaicap, où il a la
couronne de laurier , avec la qualité de Céfar ; fans
parler du bas Empire , où Crilpus Céfar efl: cou-
ronné de laurier. P. Jobert.
Le Cardinal Noris, De Lie. c. p. 45, prétend
qu'on marquoit les années des Céfars fut les mé-
dailles , & que celles de Confiance Chlore & de
plulicurs aurres enfuite , font marquées fur les mé-
dailles , quoiqu'ils ne fyfTent encore que Céfars.
César , fignifie auffi Empereur. Imperator. D'où vous
vient cette audace, de parler publiquement pour
, foulever le peuple contre la religion des Céfars >
ij PORT-R. o J
Et les Rois à genoux venaient Je toutes parts ,
Adorer la grandeur du Trône des Céfars. God,
Tome II,
CES
3ST
CESARE. Terme artificiel de Logique , ftit pour cx-
prnncr le premier mode de la féconde figure du
fyllogifmc. Dans un fyllogifme en Cejare la ma-
jeure & la conféquence doivent être univerfelles
négatives ; la mineure univcriellc a/lirmativc- , &
le moyen terme doit être l'attribut dans la ma-
jeure & la mineure. Nulle vertu n'efl: blâmable :
Tout ce qui a la paiîîon pour principe eft blâ-
mable ; Donc nulle vertu n'a la paflîon pour prin-
cipe -.^c'eft un fyllogifme en Céfare.
CjESAREE. f. f. On adonné ce norri dans l'antiquité à
des Eglifes Chrétiennes. Ccefarea. Il y avoit une. CV-
farée célèbre à Alexandrie. Eutychius , Patriarche
d'Alexandrie en parle -beaucoup. Elle étoit dédiée
à faint Michel , Archange , & quoi qu'on en dife ,
je ne crois pas qu'on ait donné ce nom à aucune
autre Eglilé. Il paroït que celle-ci avoit été un temple
d'Idole bâti par Cléopatre , èc ainfi nommé appa-
remment en l'honneur de Céfar. Il fut enfuite changé
en une Eglife , & dédié à faint Michel par
Alexandie , Pattiarche d'Alexandrie , fucceffeur
de l'aint Athanafe -, & elle garda fon anciea
nom. ^
CÉSAREE. Nom de plufieurs villes qui ont ce nom
du mot Céfar , parce qu'elles ont été bâties , ré
tablies , ou confacrées à l'honneur de quelqu'un
des Céfars. Ccefarea. Céfarée , ville maritùne de Pa-
lefline , appelée autrefois la Tour dé Straton , fut
bâtie par le grand Hérode , la 17' année de fon
règne en l'honneur d'Augufte , qui vint cette année-
là en Syrie. On mit douze ans à la bâtir , & le
Roi Hérode la dédia par de grandes fêtes &c des
combats magnifiques la 18*^ année de fon règ-ne , dix
ans avant la nailfance de J. C. Foye^ ^Jofèphe
Jntiq. Jud. Liv. XVI, ch.c,, ^ De Bello Lib. I,
chap. 16. Pour ladiftinguer des autres, on la nomme
Céfarée de Paleftine. Elle étoit entre Ptolémaïde au
nord , & Joppé au midi. Quelques-uns difent que
c'cft la même qu'Apollonie.
On y voir de belles & grandes colonnes enfc-
yelies dans le fable , des reftes de fes magnifiques
édifices, de grands foUcs à fond de cuve, creu-
fés pour défendre les murs de la ville , & qui fubfi-
ftent encore auiourd'hui avec leur contrefcarpe.
Mém. des Mif du Lev. T. V , p. il.
Céfarée de Philippe efl: une autre ville de laTerre-
Sainre , nommée auparavant Panéas , & rétablie par
Philippe fils d'Hérode en l'honneur de Caligula.
Elle croit vers les fources du Jourdain aux confins
de la Céléiyrie. M. Corneille l'appelle Céfarée Phi-
lippe , mais le Port-Royal , le P. Bouhours & tous
nos Traducteurs difent Céfarée de Philippe ; c'eft
I'ufage. Céfarée de Cappadoce, ville Archiépifcopale
de Cappadoce , ainfi nommée à l'honneur de Ti-
bère ; elle s'appeloit auparavant Mazaca ; elle fiit
fiirnommée la Grande. Il y avoit encore Céfarée en
Mauritanie qui fut la demeure du Roi Juba. CV-
farée en Italie proche de Ravenne. Céfarée en Pan-
^nonie.
CÉSARIEN , ENNE. adj. Qui appartient à Céfar ,
qui a quelque rapport à un Céfar. Cœfarianus ,
a. Les troupes Cefariennes ; c'eft-à-dire , de Céfar.
Ce titre a été donné à quelques Provinces , comme
la Mauritanie Céfarienne.
CÉSARIEN. f. m. Nom d'Ofifice , Cœfarianus ; Cafa^
rienfis. Les Cefariens étoient les Officiers ou Mi-
niftres des Procureurs des Céfars. C'étoit eux
qui tcnoicnt les comptes du fifc , ou des revenus
de l'Empereur , & qui prenoicnt po/TefTion en fon
nom des biens qui lui croient dévolus , ou con-
fifqués. Il y a un titre du Code Thcodofien, i7«î
Cœfarianis. Voyez Godcfroy fur ce tirre, Se les
Didionnaires de Calvin 5c de Du Cange. Cujas
croit que c'efl: de ce mot que s'eft formé le nom
Sers.ent.
%T Césarienne ( Opération ) adj. f. Terme de Chi-
rurgie. Opération par le moyen de laquelle on tire
un enfant du corps de fa mère , en faifant une in-
ciiion au deffous du nombril , à côté de la ligne
Ce c
jS^ CES
blanche ou du imifcle droic , incilîon par laquelle
on ouvre le péritoine. Se cnCuite la matrice.
L'expérience a fait voir que les plaies des nuil-^
clcs de l'cpitîaftre , du péritoine , ^: celles de la
matrice ne lont pa^ mortelles , de ibrre qu'on peut
ouvrit quelquefois le ventre de la mère pour en
faire ibrtit l'entant. Mais ce n'efl: pas fans un trcs-
tnand danger. Aulli ces fortes d'opérations le pra-
tiquent très-rarement. Ceux qui font venus au monde
de cette manière , ont été appelés Ccjarcs & Cœju-
7ies, à cœjo matris utero, comme Célar, Scipion
l'Africain & Manlius. François Rouflct , Méde-
cin du Roi , a fait un bon traité de l'Opcratwn
Ccfarienne.
CÉSARïMO di S. Maria. Cétoit autrefois une ville
nommée Appii Forum , le Marché d'Appius. Elle
ctoit entre Terracine &c les trois Hôtelleries , dans
le Latium, ou Pays Latin , près de la Palus
Poutine. . ^ n
CÉSARIN. f. m. Nom d'un parti qui fe forma dans
l'Ordre de S. François , contre les rclàchcmens
• qu'y intrbduiiit le P. Hélie , Général de l'Ordre ,
après la mot de S. François Ce parti prit ce nom
du P. Célairc de Spire , qui en étoit le Chef. Cc-
farirms. Les Ccjarins , aprcs l'apoftafie du P. Hclie,
curent quelque relâche , Se jouirent de la tranquil-
lité dans leur folitude jufqu'au Généralat de Crel-
cence de Jéfi , dont les relâchemens les obligè-
rent à fortir de leurs retraites pour s'y oppofer.
Leurs efforts ayant été inutiles , ils retournèrent
dans leurs pauvres maifons , fans vouloir faire de
Con2;ré2;ation féparée , & S. Bonavenrure ayant
été éhrCénétal, 8c ayant retranché tous Ics.rela-
chcmens , il ne fut plus parlé de Ciifarius. P. Hé-
T.YOT. T. f^ , C, ]. ^ r ■ r-' 1 I
C/.SARION. f. m. Nom d'homme. Cœfarion. C'eii; le
nom que Céiar fouffrit que l'on donnât au fils qu'il
eut de Clcopatre , SC qu'Augufte fit mourir après
la prife d'Alexandrie. Le P. Soucier, Jéfuite , a
publié une médaille très-lingulière de Jules Célar ,
qui repréfente d'un côté la tcte d'une Victoire ai-
lée de même qu'on la voit fur d'autres médailles
de Jules , à cela près qu'elle efl; un peu différemment
cocffee. L'infcription eft C^sas. dict. ter. Au
revers il v a une couronne de laurier , dans Li-
qiielle eft'la tête nue d'un jeune homme, tournée
à «gauche : devant la tête & dans le champ de la
médaille fc voit une feuille de laurier , qui n'cil
point de la couronne. A droite cft un A , 5c à gauche
aii-deflhs de la feuille de laurier un autre A. Quel-
ques Mcdailliftes prétendoient que ce jeune homme
ctoit afarion , 8i que l'époque de la troifième Dic-
tature de Ccfar, marquée iur la médaille, etoit
l'année que' cet enfant naquit ; mais le P. Soucier
a montré qu'elle avoir été frapée pour Augufte ,
g: qu'elle marquoit la diftinélion que Céfar lui fît
cette année-là , à fon triomphe de l'Afrique , en lui
donnant part aux diftributions qu'il fît à ceux qui
avoient fervi dans la guerre d'Afrique. Céjarion rel-
fembloit fort à Céfar , à ce que difoienr quelques
Hiftoriens Grecs. Suétone en parle dans Ju/es ,
ch. ";z, &dans Aui^ujie , ch. 17.
CESÈNE. Ville d'Italie , en l'Etat de l'Eglife , dans
la Romaç^ne , fur la rivière de Savio , avec un Evê-
ché fuiftagant de l'Archevêché de Ravenne, C'efl:
une aflez grande ville , peu peuplée,
SCT CESIL^ Ville de la Paleftine , dans la Tribu de
Juda. Eufebe l'appelle Xil , Se la .place dans la
partie méridionale de cette Tribu.
llCF CESION. Ville de la Paleftine, dans la Tribu
d'Iflachar. Elle fut cédée aux Lévites de la famille
de Gerfon.
CESSANT , ANTE. part. & adj. qui fc dit en cette
phrafe ou autres iemblables. Il faut exécuter cet
ordre , roures affaires ceffanus , tous empêchemens
ce (fans. Ce(fa7is.
CESSATION, f. f.Difcontinuation de quelque travail
ou de quelque adion. Ce[fatio,intermi(Jlo. La trêve
emporte une cejfation d'armes, d'hoitilitcs. Il y a
CES
cefj'atlon àc plaidoiries à la Grand'Chambre le 14
d'Août. Cc(fancn de travail , ce fanon de commerce ,
cej/ation de toutes pourfuites.
CESSE, f. f. Qui fe dit toujours avec la négarive ex-
primée par la prcpolition J'a/is ; Se fignific .^lors ,
continmlhmcnt , jans relâche. Sine ulla imermij-
jlonc , ajjiduè , continenter. Pour devenir lavant , il
faut ctuai.r iâns cejje. L'Evangile nous avertit qu'il
faut prier Dieu fans cc(]e. Son advcrlâirc le rcpan-
doit fans ccjje en bravades -, &: étaloit ton éloquence
avec beaucoup de fafte. P. d'Okl.
Et le defiin d'Orep
Efi de venir fans cctié adorer vos attraits,
ht de jurer toujours qu'il n'y viendra jamais.
Racinï.
Seigneur , afflige-moi fans cëfle ,
Mais ne m'abandonne jamais. L'Abbé Têtu.
On dit fmiilièrement , n'avoir point de cejfe ,
n'avoir aucune celfc ; pour dire , ne ce£er point. Il
n'aura point de ce(Je, que vous ne lui ayez accorde
ce qu'il demande , qu'il ne ibit parvenu à fes fins.
ffT CESSE. Pente rivière de France , dans le Lan-
guedoc , qui a fa iburce dans le Diocèlé de Saint-
Pons, traverfe le canal Royal, dans le Dioccfe de
Narbonne , où elle fe perd dans l'Aude.
:,5Cr M. Corneille met une rivière de ce nom , dans
le Luxembourg. Voye^ Lèche.
tfJ- CESSER. Cen'are , definefe. Selon Vaugelas , le
mot de cfj/tT eit naturellement neutre, & plus ra-
rement aélif. En effet , il efl: d'un ufage moins fré-
quent à l'adif , qu'au neutre -, & il lignifîe mettre"
fin à une chofe , en arrcrer le cours en l'abandon-,
n'anr.
On dit aélivement , ceffer fes pjaintes , fes mur-
mures i cc[fei vos tendres reproches , mettez fin.
MoUiumdeJine qiierelarum. Cefe^, '^'#{5 PO^E
moi tous vos chants d'allégrefTe. Moi..
On dit neucralement la "pluie ■■x\c4P o^^ ^^ cèpe.
L'orage n'a -point ce(j'e. Sa fièvre ne ceffa que fur
le foir. On le joint à l'infinitif d'un autre, par
le moyen de la particule de. Ceffer de médire de
quelqu'un. Cefjarc de aliquo detrahere, Ceffer de
parler , d'agir , de pleurer , de fe plaindre. Il a
ceffe de pleuvoir.
Pour être Souverain, faut-il cc&ï d'être homme?
Corn.
^ Souvent aufTi , il efl: employé avec le verbe faire.
Faire ceffer les tiavaux.
Ip- Cesser, finir, difcontinuer , confidérés dans une
fignification fynonyme. On ceffe , en abandonnant
l'cntreprife ", on dilcontinue en l'interrompant ; on
finit en l'achevant. Pour finir fon difcours .1 propos,
il faut le faire un moment avant que d'ennuyer. On
doit ceffer fes pourfuites , dès qu'on s'appcrçoit
qu'elles fbnt inutiles. Il ne faut difcontinuer le tra-
vail que pour fe délaffer. Se pour le reprendre en-
fuire avec plus de goiit Se plus d'ardeur. Les per-
Ibnnes qui ne nnifFcnt point leurs narrations , Se ne
ceffent de parler fans difconrinuer , font auHl peu
propres à la converfation que celles qui ne difent
mot. Syn. Fr.
0rr Cessé, Ée. patt.
CESSIBLE, adj. m. 5c f. Terme de Droit François. Qui ,
peut être cédé , tranfporté d'une pcrfonne à une |
autre. Quod potef ccdi , quodpotefl tradi altcri. Le
retrait féodal efl: a'//:^/e , à moins que le conrraire
ne foir porré par la Courume ; Se comme la nôtre
(celle deCharrres) n'en parle point, il faut dire,
que le retrait féodal eft cefjihle ; Se la maxime en
efl: aujourd'hui confl:anre , contre l'opinion de M'
Charles Du Moulin fur l'arricle 20 de la Coutume
de Paris. On n'a point fuivi en cela Du Moulin ,SC
par tous les Arrcrs , il a éré jugé que le retrait féodal "
c'kceffibk. De Merville. Mais M. De MerviUe ne
■CES
'à'it pas qiiô tous ces Arrêts aient été tendus dians ïà
Coutume de Chartres, qui patoît» comme l'a re-
marqué Du Moulin, n'avoir permis de retrait tco-
dal , que pour réunir au fief dominant , le bien que
le Seigneur raiteroit en cas de vente. La moindre
circonllancc peut changer refpèce des affaires , &
rend inutiles les induttiohs qu'on tre des Arrêts.
Ain(i Ton ne peut point encore regarder cette quel-
tien comme ablblument décidée pour la Coutume
de Chartres. Jour, des Sav.
L'ulufruitier peut exercer le rettait féodal , fans
être tenu de rendre après l'ulufruit les héritages
recirés & quoique Brodeau & quelques aut'res
foient du léntiment contraire , j'eftimc que l'ufu-
fruitier peut céder fon droit à un autre, vu que le
retrait féodal eft ceJ/i/'L\ Perrière , in-ïi, Jur la
Coutume de Paris , Tom. i , p. 62, , de l'ediuon de
1707. Quoique le droit d'habitation ne foit pas
cejfihle , 6c qu'il foit purement perfonnel & inhérent
à la perlbnne du propriétaire, néanmoins il a été
jugé qu'un propriétaire , d'une feizièmc partie par
indivis d'une mailbri , ayant le confentement des
autres copropriétaires , étoit bien fondé de fùre
vider le locataire , pour aller habiter en peribnne la-
dite nvifon. L'Arrêt eft du 17 Mai 1(^29, rapporté
par du Frefne , dans ion Journal des Audiences , Liv,
II, c. 45. Guéret fur le chap. ^1 , de la i , cent, des
Arrêts de M. le Prejire.
CESSION. Il f. Adie par lequel un homme tranfmet à
un autre le droit qui lui appartenoit. Cejfw juris fui,
velfuojure.il dih'n ceffion & tranfport d'une telle
dette. On ne le dit guère que des obligations , rentes
ou dettes mobiliaires , qui confiftcnt en la tradition
d'un écrit. A l'égard des meubles, offices, ou des
héritages & immeubles, le traniport qu'on fait de la
propriété s'appelle vert/^, échange, donation. Cejjîon
eft un terme générique, dont les efpèces Ibnt le
tranfporr , l'abandonnement de biens , la fubro-
gation , de la ce(Jîon en Juftice.
Cession eft auffi un abandonnement qu'on fait de
tous fes biens en Juftice , ou volontairement à fes
créanciers , pour éviter la contrainte par corps. Bo-
norurn cejfio. On ne peht faire cejjlon qu'en vertu
des Lettres du Prince , qu'on appelle bénéfice de
ceffion. La ceffion eft une mort civile. On n'y eft poinr
reçu pour dettes de deniers royaux , de mineurs , de
dépôts , ou cautionnement en Juftice , ni quand il y
a ftellionat ou ctime -, ni pour moiflbn de grains , ni
pour vente du poiifon ialc , &c. Le bénéfice de ce(fion
n'eft accordé qu'à ceux qui étant tombés en pau-
vreté, remettent de bonne foi leurs biens à leurs
créanciers. Les étrangers non naturaliiés ne font
point re.cu.s d. ceffion , ni le fermier contre le pro-
priétaire, ni le ptirtcipal obligé contre la caution ,
ni ceux qui ont obtenu des remilés , 6c fait des con-
trats d'atermoiement. La ceffion emporte note d'in-
famie , èc oblige à portet un bonnet vert -, autrement
on eft déchu de la grâce : ce qui a eu lieu d'abord
dans la Coutume de Laval , pour fignifier que celui
qui avoir tair ceffion de biens croit devenu pauvre
par fa folie. A Lucques le ceffionnaire porte un
chapeau ou un bonnet orangé. Les Doéteurs d'I-
talie difenr que Celui qui faifoK abandonnement de
biens , étoit tenu de fraper trois fois du cul fur une
pierre en préfence du Juge. Aurrefois on failbit la
cérémonie de faire quirrer la ceinture S<. les clefs en
Juftice à ceux qui faifoienr ce(fion j parce que les
. Anciens portoient à leur ceinture les principaux in-
ftrumens qui leur fervoient à gagner du bien , comme
un homme de robe fon écritoire, le Marchand ia
gibecière ou efcarcelle., 8c le Gendarme fon épée ,
ùc. Elle doit être faite en peribnne , tête nue 6c fans
ceinture. La forme des cejfions chez les Romains Ssi
les vieux Gaulois étoit telle ; celui qui la failbit
ayant amafle dans fa main gauche de la poufllère des
quatre coins de fa maifon , le plantôit fur le feuil de
la porre,dont il rcnnir le poteau avec la main droite.
6c jetoit la poulïlère qu'il avoir amafice par defliis fes
épaules: puis fe dépouillant tout nu en chemife ,
CES iSj
àyàiYt quitté fa ceinture &c fes houlfaux j il ihutoi't
avec un bâton par-delfus une haie , donnant à en-
tendre par-là à les parens 6c à fes créanciers , qu'il
n'avoir plus rien au monde , Si que quand il frutoit i
tout fon bien étoit en l'air. La ceffion fc tàiloit ainJi
en matière criminelle: mais en matière civile j il
mettoit feulement une houlline d'aune, ou bien un
fcai , ou une paille rompue fur le feuil de la porte ,
pour marquer qu'il abandonnoit lés biens : ce que
Ion appeloit Chrenecradaper durpillum& fefiucam j
Ceffion par le feuil & par le fétu. 1 1 en eft parlé dans
la Loi Salique au titre Chrenecruda. Voyez une aurre
ancienne formule de ccjjion au mot de Scandale-
Le P. Ruinarr, dans \' Appendix de Grégoire de
Tours/7. 1 3 3 1 , a dohné trois anciennes formules de
Ceffion. Voyez Banqueroute &z Abandonnement,
CESSIONNAIRE. f. m. Celui qui accepte , 6c à qui
on fait une ccllion ou tranfport de quelque chofe.
Is cui ali^jua poffeffione ceditur. Le ceffionaire n'a
pas plus de droir que fon cédant. Ceffionnaire des
droits de quelqu'un.
Cessionnaire , lignifie aulîi, celui quia fait celTion
de biens en Juftice. Is qui cedit alteri poffeffione fuL
On peut remettre en prilbn le ceffionnaire qui ne
porte point de bonnet vert. Le ceijionnoirc foit vo-
lontaire ou judiciaire, ne peur erre élu dans les
charges , non plus que ceux qui ont obtenu des
Lettres de répit \ &c il ne peut être réhabilité qu'après
avoir entièrement latisfairfes créanciers.
C'EST FAIT, cm EST FAIT. Ces deux manières de
parler n'ont pas la même conftruélion. C'eji fait a un
régime , on dit, c'cfifait de vous , de lui , &c. C'en
eft fait n'a point de régime : on dit par exemple ,
c'en ejifau , il n'y faut plus penfer , il n'en faut plus
parler.
J'étais dam les filets , c'étoit fait de ma vie. Malh,
CESTE. f. m. Tetme Poétique. C'eft une ceinture my-
ftciieulê quelesPoëres Se les Peintres attribuent à
Vénus Se à Junon. Zona , cingulum , cefius. Quel-
"qucs-uns dilent que c'étoit un corfet. Cupidon dé-
roba le cefie à Vénus. Ablanc. Comme ce mot eft
Latin, 6c peu commun en François, bien des gens
n'ont pas approuvé l'ufage qu'en tait M. Ménage
dans ces deux vers.
Elle avait en fes yeux , en fa voix , en fon 'gefle ,
Plus de charmes divers que Vénus dans fon cefte.
Chez les Anciens , cefle étoit ptoprement la cein-
ture que le mari donnoitàfa femme le premier Jout
de fes noces. Voye^ Ceinture.
Ce mot vient du grec 5--;,-;,^ , qui fîgnifioit une
ceinture ,oi\ -i-MVic ouvrage brodé à l'aiguille, qui
croit un ornement ordinaire des femmes. Voye^
Ceinture. Il faut dire en Latin ce/Z^j- fans diph-
thongue , à la différence de ccefius , qui fuit \ car on
ne dit point cœflus en ce fens , non plus que ceflum,
neutre, au moins dans ■ la bonne Latinité, quoi
qu'en dife le Moréri; Keroç , cefius, deinture du ventre,
vient du Celrhique Ceft , qui lignifie ventre. Pezron.
Ceste eft aulli un gros gantelet de cuir garni de
plomb , donr fe fervoient les anciens Athlètes dans
les combats du pugilat. Czflus. Calepin a cru que
c'étoit urie malTlie de laquelle pendoient des balles
de plomb arrachées par des morceaux de cuir. Il le
trompe , car c'étoir feulement une longe de cuir gar-
nie de doux , de plomb , ou de fer , donr on entou-
roit la main en forme de liens croifés, 6c même le
poigner Se une partie du bras, pour empêcher qu'ils
ne fudênt rompus ou démis. On l'anpcloit ainlî, i
cxdendo , tuer S>C fraper. Voyez fur le cefle Vigénere
dans les Annotations fur Tite-Live, Tom. I ,p. ^-jx,
CESTIPFIORES. f. m. pi. C'croient des gens qui com-
battoienr à coups de poing , ou avec le gantelet , ap-^
pclc Cefte.
C'EST POURQUOL Voyei Pourquoi.
^ CESURE, f, f. Terme de Poelie. Cczfura. C'eft dans
Ceci;
^88
CET
les vers François un repos qui coupe le vers en deux
hcmiftiches , di qui dans les vers alexandrins le
trouve après la iixicmc ("yllabe , èc après la quatrième
dans les vers de dix (yllabes.
Que toujours dans vos vers lefens coupant les mots,
Sufpendc rhémijiuhe ,en marque le repos. Boil.
II n'y a que les vers de douze & de dix Syllabes
qui aient une céfure. Cependant les vers de huit
fyllabes fc ceux de (ept paroiUcnt plus harmonieux
quand ils ont un repos , ceux de huit après la qua-
trième lyllabe , ceux de Icpt après la troihème.
Il feroit aflèz mal aile de bien Ibutenir la voix fur
dix ou fur douze fyllabes de fuite fans refpirer , fur-
tout dans une prononciation grave & majellueule ,
comme lovfqu'on récite ou que l'on déclame des vers.
C'eft pour cette raifon qu'on a voulu marquer dans
les deux efpèces de nos plus grands vers un certain
repos qui les partage en ^deux hémiftichcs, & c'eft
à quoi on a donné Te nom Açcefure. Dans les vers de
dix fyllabes, la cefure porte toujours fur la quatrième,
&; fur la lixième dans ceux de douze. La fyllabe qui
porte la céfure ne fauroit fouffrir Ve muer. La céjnre
doit toujours tomber fur la dernière fyllabe du mot ,
à moins que cette fyllabe n'ait un e muet , car alors
on rejette la céfure fur la pénultième, & on clide
Ve muet avant l'hémiftiche fuivant, qui doit com-
mencer par une voyelle. La céfure cil faulfe toutes
les fois qu'en s'y arrêtant on fera ofcligé de s'éloigner
de la manière naturelle de parler ou de lire , qui ne
permet pas de fe rcpofer pour reprendre fa refpira-
tion, en défunillant certains mots qui font liés en-
femble , &: qui doivent être dits tous d'une haleine ,
comme radjedif & le fubftantif, le nom & l'on
régime, le verbe auxiliaire &: le participe qui y eft
attaché, lorfqu'ils fefuivent immédiatement -, à moins
que ce qu'on réferve pour le fécond hémiftiche, ne le
lempliflè tout entier, & ainli des autres. P.Mourgues.
En latin, la céfure eft une fyllabe qui refte après
unpié, dont elle fcmble être détajchée pour com-
mencer le pié fuivant. Dans ce vers ,
Armavirumquecano Tro]xqui primus ah oris.
les fyllabes «o&;^font (kcs céfures. Les vers fans
céfure en François font tout-à-Fait vicieux. L'endroit
où le vers doit être coupé, &:où il doit y avoir un
repos , ne peut-être lié avec ce qui fuit. Dès qu'on ne
fait où s'arrêter , on n'en lent plus la cadence.
CET.
CET , CETTE. Pronom dcmonftratif qui répond au
Latin hic, htzc , hoc. C'eft la même choie que Ce.
Voyez Ce. Cet le met devant une voyelle , cet autre ,
cet homme ; ^ce, devant une confonne. Ce livre eft
beau , ce caFé eft bon.
CETACEE. adj. de t. g. qui fe dit des grands poilTbns ,
qui approchenr de la baleine , cete , cetaceus. Les ti-
burons font des poifîbns cétacées qui engloutirent
les hammes. Les orkes , phyfetères ou fouftleurs ,
priftères, lamies, fonr des poiffons cétacées. Les urnes,
qu'on a cru jufqu'ici de licorne , font des dents ou
défenfes d'un poiflbn cctcicée qu'on trouve dans
la mer glaciale, nommé Narwal.
§CF On dit fubftantivement , \çi cétacées, le genre des
cétacées. Le narwal eft du genre des cétacées.
CETERAC. f. m. Terme de Botanique. Cetherach , ou
AfpleTuum. Plante qui porte fes Fruits levés au dos
de fes feuilles comme la plupart des fougères. On
croit qu'elle a la propriété de confumer la rate , &
que ce nom (X Afpleninm lui a été donné à caufe de
cette qualité. Ses racines font vivaces , & compofées
de filamens noirs, du collet defquellcs partent des
feuilles longues comme le doigt, obtufes, comme
ondées fur leurs bords, charnues, verdâtres en def-
fus , écailleufes à leurs revers ; & d'entre ces écail-
les rouillcufes fortent de très-petites capfules fphc-
CE V
ïiques , garnies d'un anneau élaftique ^ar lequel
elles s'ouvrent en deux pour lailfer cchapcr fa
fcmznce , aullî menue que la poulilère la plus iine.
Le Cétérac eft apéritif, &: on s'en fert comme des
autres capillaires aansl.s embarras des vifcères,5c
pour emporter les obftruclions du Foie & de la rare ,
pour dilhper la jauniiTe , & pour arrêter des flux de
lang. Pline &: Diofcoride ont écrit que la dccodion
des" feuilles de Citer ac Faite dans le vinaigre , & prifs
en breuvage l'efpace de quarante jours , confume la
rate. ^
CETER.ee. f F. Mefurc qui fert à l'arpentage dans
quelques endroits de la Guienne ; c'eft proprement
l'arpent du pays. Voye?^ Seterée.
CETES.f. m. Roi d'Egypte, dont les Grecs ont Fait
leur Protce. Il étoit Fort habile dans les arts , 6c fe
transformoit en diifcrentes Formes. Les différons or-
nem;ns que les Rois d'Egypte avoient coutume de
prendre & de changer Ibuvent , donnèrent occaf on
à la Fable , comme l'a remarque Diodore de Sicile.
Voy£:[_ auffi le P. Kirk. .£gypt. Tom. I , p. ^6.
CETRA. Nom d'une arme des anciens Gaulois.
C'étoit une fCT efpèce de petit bouclier rond , de
cu^r , donr le fervoient les Ibldats Efpagnols &
Africains à la guerre.
CETTE. Cap. Az Cette. Port de Cette. "Voyez Sete. C'eft
ainii qu'il Faut écrire. Le Port de Cette a de longi-
tude iid II' i;8",&:de latitude 45'! 14' 4o".Cassini.
CETUI , CETUI-CI , CETTE-CI. Pronoms qui s'em-
ploient en Poëfie en ftyle burlefque , ou quand on
imite l'ancien langage. Hic, hœc ; ijle,ijla. En fa
place on dit celui-ci , celle-ci.
C':tmpays n'eflpays de cocagne. Voltaire.
Heureux font ceux que la vanité lafje
De cetui fiecle. M. De Théniseul.
CETUS. f. m. C'eft ainfi que les Latins appellent ane
conftellation méridionale que l'on nomme plus or-
dinairemenr baleine.
?fr CETZURA. Petite ville de Moldavie , fur la riv©
gauche de Pruth , prefque vis-à-vis d'Yalfi.
C E U.
0Cr CEU. Ville de la Chine dans la province de
Chanton ou Kantung. Elle eft de 15 m. plus orien-
tale que Peking . à }(î d. de lar.
C E V.
CEVA ou CEVE. Petite ville d'Italie en Piémont , au
Comté d' Afti , fur le Tanaro , capitale du Marquifac
de Ceva.
CE VAL, & CEVEL. f. m. Vieux mot quis'eft dit pour
cheveu , & d'où le mot de cheveu a été Formé dans
la fuite.
Les ongles grands & longs , les ceveles méelés.
R, DE LA CONCiUÊTE d'oUTR.'
CEVENNES , que Maty & quelques autres en petit
nombre écrivent Sevennes , contre l'ufage ordinaire.
Cemmenius Tra&us. Les Cevennes font un quartier
du Languedoc -, elles ont au midi le bas Languedoc ,
le Rouergue au couchant , l'Auvergne &c le Forez au
nord; &"au levant le Rhône les fépare du Dau-
phiné. Les Cevennes renfermenr le Gévaudan , le
Vélay &le Vivarès, dont les villes principales font
Mende , le Puy , & Viviers , trois Evêchés. Les mon-
tagnes des Cevennes, Cemenmis, ou Cemmenius monSy
Mans Cebenna , ou Gebennicus , font des mon-
tagnes de trenre lieues d'étendue , ou environ ,
depuis les fources de la Loire jufques vers Lodève;
Les Fanariques des Cevennes, dans la guerre de KîSt;,
croient des payfans des Cevennes , fortement abufcs
par de prétendues prophéties duMiniftre Jurieu. M.
de Bruys a écrir Fort cxaélement & Fort agréable-
ment l'hiftoire de ce Fanatifme des Cevennes.
CEUFREY. f. m. Nom d'homme. Ceolfridus. Saint
Ceolfrid , que le vulgaire de France appelle Souf»
C H A
£roy,ou Saint Ceufrey y cto'it A\i pays des Bcrnî-
■ ciens , & Difciple de laine Benoît Bifcop, Il eut le
gouvernement du Monaiïèrc de Wermouth , & après
s'en erre demis, il mourut à Langres l'anyKî, en
allant à Rome pour finir les jours au tombeau des
Apôtres.
f^ CEURAWATH. Nom d'une Sedle de Éenjans ,
dans les indes qui croient la mctcmpCycoil; , avec
tant de ilipentinon , qu'ils craignent même de faire
mourir les moindres infeiiles \ & les Piètres ont
toujours la bouche couverte d'un voile , de peur
d'en avaler quelques-uns •, ils mènent une vie très-
audcre ; ils font tous admis à la prctriie , même les
femmes , pourvu qu'elles aient plus de vingt ans.
II ne faut pour cela , que prendre l'habit de Prêtre ,
faire vœu' de chafteté , & pratiquet l'aultérité de
vie , qui cil extraordinaire. Les veuves ne l'ont point
obligées de le briller avec leurs maris -, mais elles
promettent une viduité perpétuelle. Toutes les au-
ttes Seéles des Benjans ont beaucoup de mépris &
d'averlïon pour celle-ci.
CEUTA. M. Corneille dit Ceute & Ceuta. Le dernier
eft pkis ordinaire , &: je ne lais (i l'on dit jamais au-
trement. Septa , Exiliffd , Li(fa. C'efl: une ville du
Royaume de Fez , dans la Province de Habata ,
près du détroit de Gibraltar, au pied d'une monra-
gnc qui a lept fommets li femblables qu'on les nom-
me les fept frères; & cette ville, quelquefois en latin
Adjc^tein fratres , eft un Evêché fufftagant de Lil-
bonne. Elle étoit aux Portugais ; mais toutes les pla-
ces des Etats de Portugal ayant lecoué le joug des
Efpagnols en i'?40, la feule Ceuta , qui avoit un
Gouverneur Efpagnol, demeura fous la domination
Caftillanne , & les Portugais la cédèrent par la paix
de i66^.ifT Les Maures l'alfiégèrent en \6ç)j. Ce
ficge dura plus long-temps que celui de Troie •, elle
fe défendit vigoureufement pendant plus de cin-
quante ans , & elle s'eft maintenue fous la domina-
tion d'Efpagne.
C E Y.
^ CEYLAN. Voyei Ceïlan,
|CF CEYTAVACCA. Ville d'Afie. Les Géographes
la placent dans l'île de Ceïlan entre la ville de Co-
lombo & la montagne qu'on appelle Adam-pic.
Elle appartient aux HoUandois.
CEYX. {'. m. Terme de Mythologie. Il étoit fils de
Jupiter & fils de Lucifer; il fît naufrage en allant
confultcr l'Oracle d'Apollon. Après fa mort, Al-
cyone Sc lui furent changés en oifeaux.
C E Z.
CEZE. Rivière de France. La Ce^e prend fa fource
auprès de Villefort dans les Ce venues. La Ce^e roule
des pailletés d'or. VoyeiY Hijl.de l'Acad. d^s Se.
di 171 8. L'or de la Ce^e eft à 18 karats 8 çrrains.lB.
fCr CEZIMBRA. Ville de Portugal dans la'Province
d'Eftramadure , à quatre lieues de Setuval,
C H A.
•
CHA. f.m. C'eft une étoffe de foie très-fîmple , & très-
Icgere , dont les Chinois , chez qui elle fe fabri-
que, s'habillent le plus ordinairement en été.
CHAA, ou TCHA. C'eft, à ce que difent quelques
Auteurs , une efpèce de thé du Japon , ou une
feuille faite comme le thé ordinaire, mais plus pe-
tite & plus agréable au goiit & à l'odorat , de cou-
leur verte plus claire, tirant fur le jaune. Elle croît
à un petit arbrilfeau de la grandeur du grofelier,
qu'on cultive avec foin dans le Japon pour le dif-
. /tribuer. On l'appelle improprement fleur de thé. On
met infufer pendant demi-heure au plus , une pin-
cée de cette petite feuille dans une livre d'eau
chaude , dans un vailfeau couvert. Elle devient d'un
vert jaune , d'une odeur de violette. On ajoute un
peu de fucre , & on la boit la plus chaude qu'on
peut. La prife eft de quatre ou cinq onces. Elle purifie
le fang , abat les vapeurs , éveille les efprits , em-
CHA 189
I pêche rafîoiipliîêment. Mais le chaa. n'cft autre ehofo
j que le thè, & c'eft le nom chinois. La difienr-co
des noms entre cluid. & thé a fait croire à quelques
uns que l'un étoit dirfcrent de l'autte.
CHABAN, CHAHBAN, CHAVAN, ou CHUAN.
f m. félon Laurcntius Kar.Sacr. p.4^6j , Golius/*
4; ad Affragen, & Fabricius , Mcno/o^io , p. j^[
C'eft le nom d'un mois des anciens Arabes , & le
troilième de leur année , qui répondoit au mois
de Mai ; mais il paroît par la Relation Turque de
la conquête de Babylone , dont Du Loir nous a
donné le texte & la traduction dans la VIIL- Lettre
de l'on voyage du Levant , que ce n'eft pas telle-
ment un terme des anciens Arabes , qu'on ne s'en
ferve encore. Le 15?= de la lune de Chahban on
enrôla ceux des troupes qui voulurent être enfims
perdus, & on les diftribua fous des enfcignes. Du
Loir ,/".151. La lune de Chahban eft une" des trois
pendant lefquelles les Mofquées font ouvertes pour
leTemgid, ou la prière de minuit. Id. p. 14^.
CHABANEIX , ou plutôt CHABANOIS. Petite ville
de l'Angoumois, Diocèfe de Limoges, Ij^uée fur
la Vienne où elle a un pont de pierre , à trois lieues
au-deffous de Saint Junien ; entre cette ville &: celle
de Confolenr.
CHABAR. f f. Terme de Mythologie. Nom dune
fauife Divinité , dont les livres des Arabes font
fouvent mention. Chabar. EuthymiusZyiîabenusdiç
que les Arabes furent idolâtres jufqu'au temps d'Hé-
radius , c'eft-à-dire, jufqu'à Mahomet, & qu'ils ado-
roient enrr'autres divinités Lucifer & Venus , qu'ils
appellent, dit-il, dans leur langue Chamar : il a voulu
dire 677a.^(ir. Le P. Kirker veut que ce foitialimej
qu'on l'ait prife pour Venus, à caufe qu'elles pro-
duifent à peu piès les mêmes effets. Les Mahomé-
tans renoncent à Chabar. Ils ont un acle ou formule
de cette renonciation , que le P. Kirker a rapporté.
Voyei fon (Edip. Egypt. T. l, Sy?u. IT, ch. i^, § 5.
Le P. Kjrkcr écrit Cabar, il eft mieux d'écrire
Chabar. CtÇz un Ae/ en Arabe, &: non pas un kaf.
Ce nom fignifîe proprement grand , pui/îant de
l'hébreu n:i-3 , Chabar , qui lignifie multiplicare ,
d'où T^l , Chabir, interprété validas ,■ fort.
CHABLAGE. f m. Peine & travail du Chableur. La-
hor , opéra prtzfecli fluininum.
CHABLAIS. Caballiacenjis , ou Caballicits , ou Ca-
balLiacus, Le Chablais eft une Province de Savoie
qui a titre de Duché , & qui eft lîtué entre le lac
& le territoire de Genève au nord , le Genevois
au couchant , le Faucigny au fud , & le Valais au
levant. Tonnon en eft le principal Bourg. Quelques-
uns croient que c'eft le.pays des anciens Nantuates.
CHABLE. Voye?^ CA'S,i.)i. Punis nauticus , ruiens.
CHABLEA'U. f m. Voyei Cableau & Cimcenelle,
CHABLER. V. a. Terme de rivière &c de Marine. Atta-
cher un fardeau à un cable, le hâler,' l'enlever,
comme on fait dans les ateliers. Funem pondari
al/igxre. '
Chabler les noyers. C'eft en quelques Provinces ,
faire tomber les noix de deflus les noyers à coups
de perches. Nuces decutere.
CHABLEUR. f. m. Terme de Rivière. Officier de ville
commis fur les rivières , qui fert à faire partir les
coches & les bateaux , &: à les faire palfer par les
permis , fous les ponts 8i autres palîages difficiles.
Fluminiim ac naviciilarum prxfeclus. Les voituriers
font obliges de fe fervir de Chableurs pour paffcr
les ponts & pertuis , dans les endroits où ils feront
établis. Les Chableurs doivent travailler en perfonne,
& ne peuvent faire commerce fur la rivière , ni
renir cabaret ou hôtellerie.
CHABLIS, ou CHABLES, ou CAABLES. f. m. ou
adj. pris fubftantivement. Terme de Forets. Ce font
des arbres de haute futaie , abattus , renverfés, bri-
lés ou arrachés par les vents. Conf. de l'Ordonnance
des Eaux & forêts. Strages arborum ab tempeflate.
Les Maîtres des Eaux & Forêts font obliges après
les grands orages de fe tranfportcr dans les forêts,
flc de faire un procès-verbal du nombre des chablis
J90
C HA
& en faire la vente enlliite. Les bois de délit font
vendus avec les chablis. Dans les titi'es Latins on les
appelle ckabHùa.
CHABLIS. Bourg de Champagne aux confins du Duché
de Bourgogne , fur la rivière de Scrain enrrc Ton-
nerre (Se Auxerre. Le vin de Chablis eft cftimc.
Paradin, dans fes Annales de Bourgogne, LA-, p.
ICI, dit que Chablis k dit pour cha'plis , &c qu'il
a été corrompu par le vulgaire.
CHABLOTS. 1". m,pl. Petits cordages qui fervent aux
Maçons pour attacher les pièces de bois qu'ils nom-
ment ichaffes. Funiculi.
CHABNAM. J'. m. ou Rofée. Terme de Commerce,
Efpcce de Mouffeline, ou toile de coton très-claire
& très-fine, qu'on apporte des Indes Orienrales.
CHABOT, f m. Petit poiflbn qu'on trouve dans les
ruiifeaux 6c dans les rivières , qui a la tête grande ,
large Se plate , la bouche fort ouverte &: fans dents,
&c dont le corps va toujours en diminuant depuis
la tête Julqu'à la queue. Gobius , gobio capitatus.
Rondelet. La maiibn de Chabot a des chabots dans
fes Armes. Régnier , en parlant d'un troc de choies
égales , a dit : Si ce n'eft un chabot pour avoir un
gardon.
Ce mot vient du latin capito , qui lui a été donné
à caule de la grofleur de la tête pour lamêmeraifon
on l'appelle encore a'«^, ou tète d'âne. On l'appelle
aulfi cabo &c rhombiis.
CHABOUC. f m. Terme de P^elation. Grand fouet
dont les Indiens fe fervent pour punir les criminels.
Flagrum. Il n'a pas tenu à eux que je ne fulfe battu
cruellement de plufieurscoups dechabouc, & chaifé
d'une Eglife que j'avois auprès d'une grande ville
nommée Tarkolan : Let. cur. et ed, t. X. Un de
mes Catéchiftes, qui parla alors avec une fermeré
vraiement chrétienne, fut rudemenr maltraité par
des foldats , qui lui déchargèrent fur le corps de
grands coups de chabouc. Ib.T. XI.
De? CHABRATE. f. f. Efpèce de pierre rranfparente
à laquelle les Anciens ont attribué des propriétés
mervcilleufes.
CHABYE. Lieu de l'île du Cap Breton , à 15 ou i<î
lieues du Cap de Norc^ Dznys, F.I, c.6. LeCha-
hye eft une anfe qui a environ deux lieues de
profondeur. Dans le fond elf une grave de lable
mêlée de cailloux , que la mer y a faite , derrière
laquelle eft un étang d'eau falée , & cette anie eft
bordée de rochers des deux côtés. La morue donne
beaucoup dans cette baie. Il y a peu d'abri pour
les navires.
CHACABOUT, ou XACABOUT.f. m. Nom d'une
feôlie établie dans le Royaume de Siam , dans une
partie du Jaj>on&: dans le Tonquin , parunfoli-
taire nommé Chacahout , dont les leétateurs ont
pris le nom. Tavernier , qui en parle dans fon
f^oyage des Indes , dit que ce Chacabout donna dix
préceptes à fes difciples 5 que ces précepres défen-
dent le meurtre , le larcin , les ibuillures du corps ,
le menfonge, les outrages, la perfidie; les defirs
déréglés , la médilance , fa colère ; qu'il recommande
l'étude des Sciences nécelfaires à chacun félon fon
état \ qu'il établit des Religieux qui renoncent aux
délices de la vie , qui s'adonnent à la méditation &
au foulagementdes malades ;qu*ilenfeigna lamétem-
plycole -, qu'il promettoit aux fidèles obfervareurs de
faloi une joie éternelle, dans laquelle ils entreroicnt
immédiatement après leur mort; qu'il menaçoit les
tranfgreflcurs d'un fupplice éternel , & ceux qui
n'y auroient pas entièrement obéi,de paffer en divers
corps pendant 5000 ans avant que d'entrer dans la
}oie éternelle des juftes.Tout cela a tant de rapport au
Chriftianifme , qu'il eft fort probable que ce Chaca-
bout n'a été qu'un Millionnaire Chrétien , qui a
prêché la foi dans les Indes , & que cette dodirinc
eft un Cliriftianifme défiguré.
CHACAL. 1". m. C'eft un animal à peu près fait comme
un Renard, excepté qu'il eft plus gros, & qu'il a
le poil plus épais & plus rude. C'eft , dit-on ,
l'Hiènc des Anciens, &: le Dj.buh des Africains,
CH A
^3" Mais on a torr de confondre ces deux animaux
qui n'ont rien de commun que le goût pour la chair
pourrie &; les cadavres. Le Chacal c^ très-commun
dans les pays Orientaux ■, la Mingrelie princi- '
paiement en eft toute couverte. Les Chacals déter-
rent les morts, & dévorent les animaux & les
charognes, & jufqu'aux enfans qui ne peuvenr leur
rclifter. Quand ils hurlent cnfcmble , ils s'entre-
répondent avec une ei'pèce d'accord , l'un failant la
balfe , & l'autre le delfus; &; comme leur cri eft per-
çant &: traînant comme celui d'un chat qui miaule ,
il effraie lorfqu'on l'entend pour la première fois.
Chardin qui rapporte toutes ces particularités , dit
qu'on l'appelle en latin C>oc;/w , & en s,iec CyciJJ'a,
Voyez Hyenne & Da.buh.
^ CHACAMA. Vallée de l'Amérique au Pérou dans
la Province de Lima, fertile en cannes à fucre.
|Kr CHACAPOYAS , ou SAINT JUAN DE LA
FRONTERA. Petite ville de l'Amérique au Pérou j
dans l'Audience de Lima.
^fT CHACARAS. Nom des Prêtres idolâtres qui fa-
crifioient au Soleil dans le Pérou.
CHACART. i'. m. Terme de commerce. Efpèce de toile
de coton à carreaux de différentes couleurs. Elle
vient des Indes Orientales , particulièrement de
Surate.
CHACELAS. Voye^ Chasselas.
CH ACEOR , & CH ACEOUR. f. m. Cheval de ChafTe.
Vieux mot hors d'ufage.
CHACO. Grand pays de l'Amérique qui s'étend envi-
ron 300 lieues du Nord au Sud entre le Tucumanj
les Provinces de Los Charcas, les Chiquires , le Pa-
raguay &: le Parana;maisfa longueur del'eftà l'oueft
eft fort inégale. Les trois principales rivières de
ce pays l'ont la rivière Salée , la rivière Rouge 6c
le Pileo Mayo. Dans la langue Quichoane qui a
cours dans tout le Pérou , on appelle Chacu Ce*
grands troupeaux de bêres tauves , que les Indiens
raflcmblcnt dans leurs chalîes par le moyen des
battues. Avec le temps ces mêmes Indiens ont donné
le même nom à tous les pays extrêmement peuplés
& en particulier à celui dont je parle. Les Efpagnols
l'ont pris d'eux , en changeant la dernière lettre. Il
parut en .1753 une Defcriprion Chorographiquede
ce pays, compofée parle Père Lozano , Jéfuite,
qu'on pourra confulter,
CHACONNE. f f. Terme de Mufique. Air de Mufi-
que , ou danfe qui eft venue des Mores , dont la
bafe eft de quatre notes , qui procèdent par dégrés '
conjoints , fur laquelle on fiir pluiieurs accords 6J
plulieurs couplets qui ont un même refrain. Can*
tici vel faltationis z^niis , cujus partes varice eàdem
terminantur claiijulâ. On palfe fouvent dans les cha^
cannes du mode majeur au mode mineur. De Bros^
SARD. On tolère dans les chaconnes bien des chofes
à cauiê de la contrainte , qui ne feroient pas ré-
gulièrement permifes dans une compofition plus
libre. Id. ^f3' On dit compofer une chaconne , Si
danfer une chaconne, en parlant de la danfe , faite
fur l'air de la chaconne.
On appelle chaconne chantante , des paroles faite?
fur l'air de la chaconne. On appelle auHî chaconne
chantante, un air compofé fur des paroles, où le Mu-
ficicn s'eft aflujetti à une bafle contrainre. Acad. Fr.
Cemor vient de l'italien ciacona, formé de ce"
eone , qui fignifie gros aveugle, à caufe que le mou-
vement en fut inventé par un aveugle.
Chaconne, dans l'hiftoire des modes, a lignifié aulTi
un ruban pendant du cou de la chemifc fur la poi-
trine des jeunes gens qui font à demi-deboutonnés.
Tccniola de collo pendens. Cail.
CHACOS. f m. Sorte d'arbre qui ne fe trouve que
dans le Pérou. Il naît comme un arbriffeau d'un
fort beau vert, ayant les feuilles rondes & déliées
& porte un fruit plat d'un côté , rond & long de
l'aurre , de couleur cendrée , d'un goût agréa-
ble & fans aigreur , &: contenant une femence fort
menue, que les habitans eftiment fort. Elle provo-
que l'uritic , & fait fprtir la ^tavelle &: la pierre des
C H A •
reins. Ce qu'elle a de plus particulier, c*efi: qu'on
prétend que lî onule de cette icmcncc , la pierre di-
minue dans la veilie, loriqu'cUeell encore moile ; is:
qu'elle peut être diminuci- par quelque médicament.
CHACRIL. 1". m. Arbre de l'Amérique, que quelques
Auteurs ont donné pour une Icptième efpcce de
Quinquina , &: dont l'écorce a en effet plulîeurs pro-
priétés icmblables à celles de ce fébrifuge. Hiji. Jj
/'.'Jcad. iL's Se. ïyjfi,p. iC8. ^oyf^ Cascarii-le.
CHACUN, CHACUNE. Pronom diftnbutif. gCF lans
pluriel, qui fert à déterminer les perfonnes ou les
chofes. Chaque perfonne , chaque chofe. Quisçins,
^i/œ'j!it.Chacii;:]\.ige comme il lui plaît. La jullice
cft une volonté ferme îk confia nte de rendre à chacun
ce qui lui appartient. Par la loi de la nature , chacun
eft indépendant , Se maître abfolu de foi-même. On
ne fc pouffe , & on ne s'agrandit danslemondc que
pour augiiienter l'idée que c/?rtr«/2 fe forme de foi-
même dans Ion propre ciprit. Nie. Il y avoir plu-
iîeurs Dames, & chacune 3.V oit Ç?i parure.
IJCr On le dit quelquefois coUeélivement. Chacun en
raifonne , en caufe. Chacun Vous blâme , pour dire
tout le monde.
gC? Chacun cfl: fuivi de fon , fa , fes , quand il n'y
a point de pluriel dont il doive faire la diftriburi^-n.
Dieu récompenfera chacun iélon fes œuvres. Main-
tenir chacun dans fes droits.
ffT Quand il y a un pluriel , dont chacun doit fiire la
diftribution , on met leur , eu fon , fa , fes , fuivan:
la place qu'occupe chacun avant ou après le régime
du verbe. Dans le premier cas où chacun précède
le régime du verbe , on dit , ils payèrent chacun leur
ccDt. Dans le fécond , où il efl: placé après le régime
on dit , les hommes ont des paiîîons différentes , &
ils voient les objets chacun félon fa pa/îîon.
ffT Qu.and le verbe n'a point de régime on emploie
indiffcrcmmeut leur ou fon , fa , fes. Ils vinrent cha-
cun avec leurs gens, ou avec fes gens.
gCF Les Vocabuliftes avcrtilfcnt qu'on ne dit point
;//; chacun , &: ils ont rai fon : mais ils ajoutent que
cette locution eft autorifée par le D ici. de Trévoux,
& cela n'ell pas vrai.Ii y avoir dans la dernière édition
un chacun , tout chacun , cette exprefflon ejt hafje.
On apporroit ces deux vers de Maror.
Sous ce tombeau gît Françoife de Foix ,
Deçui toii.tbieji tout chacun jou /oit dire,
fjG^ De bonne foi,dire qu'une locution eft baffe , efl-
ce l'aurorifer ; il faudroir être cenfcur plus équitable.
Ménage dérive ce mot de^juif^ue unus , 5c écrit
chafqu'un.
On dit proverbialement , à chacun le fien n'eft
pas trop ; pour dire, qu'il cft jufte qu'on rende à
chacun ce qui lui appartient.
(Zu\cv^.[un)Vx:onom.Unufquir^iue. f^oye^ Chacun.
CHACUNIÈRE. f. f. Vieux mot"qui fiçrnifie , maifon ,
logis, lieu particulier de chacun. Mon père faifoit
inférer dans le regiftre des négoces de fon ménage ,
toutes les furvénances de quelque remarque , &:
jour par jour les mémoires de l'hiftoire defamailbn
très-plaifanre à voir, quand le temps commence à
en effacer la fouvcnance , & très-à-propos pour nous
ôter fouvent de peine .... Ulage ancien que je
trouve bon à rafraîchir chacun en Çi chacunière , &
me trouve un fot d'y avoir failly. Montaigne. Hn
fa chacunière , c'eft-à-dire , chez foi. Ainfi chacun
s'en va en fa chacuniere , dit Rabelais.
CHADFC. f. m. C'eft une des qu?tre fortes d'oran-
ges qui fe trouvent dans les Iles Françoifes de
l'Amérique. C'eft une cfpèee de gros limon , donr
la fleur eft bien nourrie 8c fort odorante. On met
des fleurs de chadec dans la citronelle ou eau des
Barbades , pour la rendre plus agréable. Hijî. nac.
du cacao & du fucre.
ffr CHADET. Terme de Conchyliolofrie. Coquillage
d'un brun violet, du p-'^nre des buccins. Il fe rrouve
à la Jamaïque , dans l'île des Barbades , & en Afri-
que vers le Séneçral. .
CHADOUIN. f. m. Nom d'homme. Haduïnus , Cha-
39^
^ c H A
domus^haJniudus , Harduïnus , Hadwimus^ CL--
doaius. S.^Chadoiny queplufieurs appellent S. Har-
douin & d'autres S. Audouin , vint , félon quelques
Auteurs, d'Irlande en France au Wh fièck,6cfut
ciù Evcque du Mans en 613.
CHAER, v. n. Vieux mot. Tomber. On a dit auiii
chaoir & chair.
CHAFAUDIER. f. m. On nomme ainfi fur les vaiffeau.c
bretons qui vont à la pêche de la morue & qui la
font lécher , ceux de l'équipage qui drcifcnt les
cchafauds fur lefquels on met fécher le poif.on.
CHAFE ou CHAFFE. Li. Terme d'Amidonnier. Ccyx
qui font l'amidon avec du froment en grainjappellent
la cha^e , l'ccorce ou ion du grain qui refte dans leurs
facs , loriqtî'avec de l'eau ils en ont exprimé toute la
fleur du homenr.
CHAFERCONNLES. f. f. pi. Toiles peintes qui fe
fabriquent dans les Etats du Grand Mogol. On
les tire fiar Surate. Elles font défendues en France.
CHAFFOURER. v. a. Vieux mot. Défigurer , bar-
bouiller , grifonncr. Cotgrave &c M. le Duchat , note
9->jiir le iroijume chap. du premier livre de Rate-
LiLs. Le Roi Henri III étant peint à genoux pri.int
Dieu auprès de la Reine fa femme, au cloître dts
Jacobins , ils lui barbouillèrent & chajjourèrtnt
tout le wii'zge... Journal du règne de Henri III fur
le mois de Juin 1589. C'eft , difoit Roger, ce mé-
chant diable aux enfers qui nous avoir ainfi chaf-
fourés. Qu'au diable foit donné le vilain. Nouvel-
les des régions de la Lune , p. zji du pr. tome de la
Sat. Men. in-^o.
(fj- CHAFFOUREUR. f. m. Dans Rabelais , griffon-
ncur. Chajjourcur de parchemin , qui remplit le
parchemin. «
CHAFFRE. f. m. Nom d'homme. Thofredus , Thiet-
fridus. S. Chajffre, (ils de Leufroy , Gouverneur d'O-
range , Se neveu d'Eude , premier Abbé de Cormery
en Vélay , fe fir Moine dans ce Monaftère , dont il
fut Abbé après Eude fon oncle , & dans lequel il
mourut en 718 des bleffures qu'il reçut des Sarrafins,
qui y firent une courfe.
Le Monftier S. Chaffre , c'eft ce Monaftère de
Cormery en Vêlai ,qui fut fondé depuis par Louis
le Débonnaire , & qui prit le nom de S. Chaffre
fon fécond Abbé.
Ce nom s'eft formé du latin Theofredus par cor-
ruption. Quelques-uns difent Thifroy & Theofroy,
Baillet,
CHAFOUIN, adj. injurieux. Qui eft maigre , ou de
mauvaifc mine. Quifpecie, forma efl mâciUntd aut
parut?! liber ali , macer , macilentus. Il ne fe dit guère
que du vifage &: de la taille. On dit auilî mine
chafouine ,a\x. chafouin. Il eft du ftyle familier.
Chafouin , fe prend auffi quelquefois fubftantive-
ment. C'eft un petit chafouin, Ceft imc petite chu-
fouine.
tfT CHAGNY. Petite ville de France en Bouraro-
gne , fur une perite rivière à trois lieues de Ch.i-
lons , &: à deux de Bcaune.
CHAGRES. Port de l'Ifthme de l'Amérique , far la
côte de la mer du nord , & .i une journée de Porto-
Bello , du côté de Panama. C'eft dans cet endroit
que la fameufe rivière de Chagres fe communique à
la mer du nord. Le fort eft baigné par la mer , la
gnrnifon eft conlidérable. Il y a beaucoup de
Caïmans dans la rivière de Chabres auiîl-bicn qu'à
Il côtede S. Domingue, Elleades courans rapiclcs.
C'eft par cette rivière que l'on tranfporte à Porto-
Bello tous les millions qui viennent de Terre-ferme.
Le Pilore nous dir que depuis Chagres où eft' fon
embouchure jufqu'à Creufe il y a 18 lieues, mais
par la mefure que nous en avons faite , nous n'en
trouvons que 14. Il fe tiompe de beaucoup , parce
que nous prenons la lieue marine de xo au liegrc ,
& lui une lieue commune de 25 au degré, La ri-
-vière de Chagres eft bordée d'arbres fort hauts &:
toufus , qui donnent de l'ombre, de forte que l'on
fait les trois quarts du chemin à couvert du Soleil.
Il y a une infinité d'cfpèccs d'animaux , de tigres ,
391 CH A
de finges,de léopards : on y voit ip très -grand
nombre de perroquets &: d'autres oileaux en quan-
tité , blancs , rouges , bleus , verts , bruns 5; noirs ,
iz quelques-uns ont toutes ces couleurs enlemble ,
qui forment un magnifique plumage. Rien n'eft
plus charm.int que cette rivière.
ffj' CHAGRIN.!", m. Inquiétude de l'efprit qui vient
du mécontentement Se des tracalîeries de la vie ,
&: dont l'humeur ic relient. Syn. Fr Lz trijleffe cOi
crdmairement caufée par les grandes aftlidlions. Le
goût des plaifirs en cft émoullc. La mélancolie eft
l'effet du tempérament. Les idées lombres y domi-
nent , &: en éloignent celles qui font réjouiflantes.
L'clprit devient inquiet dans le chagrin , lorfqu'ii
n'a pas aflez de force pour le Ilirmonter. Le cœur
efl: accablé dans la crijtejp , lorlque par un excès
de fenfibilité il s'en laide entièrement laiiir. Le lang
s'altère dans la mélancolie , lorlqu'on n'a pas foin
de fe procurer des divertiUemens &; des diflîpa-
tions.
Ce chagrin philofophe eji un peu trop fauvage.
Mol.
Mais peut-être qu'aujfi trop prompte à. m^ affliger ,
J'obferve de trop près un chagrin paffager. Rac.
03" Chagrin fîgnifie aufTi quelquefois aigreur , dépit
ou mauvaile humeur. Difputer fans chagrin. Acad.
Fr. Pourquoi témoigner un chagrin bilarre contre
les fautes d'autrui qui ne nous regardent point;
Dans la vieillcfle nous imputons aux objets les dé-
fours qui viennent parement cie notre chagrin. S.
Ev. N'atîeélez point un air auftère pour paroître
lage ; cela relfemble rrop au chagrin. Boll. Il eft
fo\ivenr arrivé que l'envie Se Torgueil ont été les
principaux rciforts qui ont fait remuer les Auteurs ,
èc enfuite ils ont voulu faire pailer leur chagrin
pour un zèle néceflàire à la défenfe de la vérité.
§0" Il eft auifi adjedif dans ces deux acceptions. Il
eft û chagrin depuis la mort de fon ami , qu'on ne
le teconnoît plus. Un efprit chagrin èc mélancoli-
que fe forme d'ordinaire des idées triftes Se affreu-
fes de fes devoirs , & le prefcrit un genre de vie auf-
tère & farouche. Fiech. Il y a des efprits chagrins
contre toutes les vettus. S. Ev. Un efprit né cha-
grin plaît par fon chagrin même. Bon. Les faux
dévots fe figuient que le zèle de la religion les auto-
rife à agit avec une humeur chagrine , contre tout
ce qui n'eft pas conforme à leurs idées. De Vill.
On foupçonne d'ordinaire que les airs chagrins
d'un Cenïéur proviennent d'une fecrcte envie qui
ne peut fouffrir le mérire des autres. Bell.
Quelques-uns dérivent ce mot de aigrir , parce
qu'il caufe quelque aigreur ou amertume dans l'ef-
prit ; Se en quelques lieux on dit encore aigrîn ,
pour dire chagrin.
Chagrin , eft aufli un certain cuir graine , fait de
peau de cheval, d'àne ou de mulet , dont le meil-
leur fc préparc en la ville dcTduns. Pellis e<juina ,
a/înaria, mulina granis Jinapi prœparata. Il fe fait
leulcment du derrière de la bête, & celui de l'âne
eft le plus beau grain. C'cft avec des grains de mou-
tarde qu'on prefîc defliis, qu'on y fait paroître ce
beau grain qui le fait eftimcr. Il y a aulfi un poif-
fon nommé chagrin, qwi a le cuir fort dur, dont
on fait le premier Se le vrai chagrin , parce qu'en
effet cet animal a la peau toute couverte de petits
grains fi rudes & fi durs , qu'on en peut limer & po-
lir le bois. Borcl dit que c'eft un chat matin :
• de forte qu'il femble que ce (o'ix. \s gr ain de chat.
Pellis fijuawa. D'autres difent que chagrin eft le
nom que les Turcs donnent au poiflbn , dont la peau
ptéparée eft ce que nous appelons en France cha-
grin. |CT Quelques-uns font venir ce mot du mot
arabe fagri, qui fignifie âne.
Chagrin ," eft auffi ime forte d'étoffe légère de foie ,
dont on fe fnit des h.i'iits.
CHAGRINANT , ANTE, adj. Qui donne du cha-
• C H A
gtin. Qui , qua , quoi mœrorem , mokfiiam , cEgntti-
dinem paru. Ce coup de malheur elt fort ckagri-
nant. Ua. fot qui parle toujours , eft un homme
fort chagrinant.
CHAGRINÉ , EE. adj. Qui reffemble à du cliagiin,
qui eft inégal & laboteux comme du chagrin. Aj'per,
Jcaber,j'cat>rojiis, a , um. VAkyonium durum ne pa-
roît autre chofe qu'une éponge lenfermce naturcUe-
ment dans une coque afléz dure , dont le dehors eft
blanchâtre, &paroît comme c/iaçr/Vit-. Cette plante
fe ttouve attachée aux rochers dans le fond de k
mer autour des îles d'Yeres & de celles de Mar-
feille. TouRNEFORT , Acad. des Se. 1700. Mem.p.
35. La peau de cet animal eft chagrinee.YiiUovKS.
^ On le dit en Botanique des fruits Se des feuilles.
Fruit chagriné, kmWt chagrinée ,\ot((\\ic leurs fur-
faces font couvertes de petites éminencesou petits
points faillans , comme les éminences qu'on appelle
chagrin.
CH AGRINEMENT. adv. Avec chagrin. Ce mot n'eft
guère en ufage , Se ceux qui s'en font fcrvis n'ont pu
lui donner cours. M. le Févre , en parlant de la ca-
dence des vers,& dutourvif&btillantde lapoë-
fie , répond chagrinement que cette ftrudure artifi-
cielle de paroles ne mérite pas tant d'applaudiflê-
mcns , & qu'aptes tout elle coûte trop de médita-
tion à l'efprit , Se ne vaut pas la peine de l'acheter
fi cher. Hift. des Ouv. des Se. Ocl. \6ç)-j. Je paifc
la vie à Paris chagrinement quelquefois , & quel-
quefois en efpérance & en amufemens ; car pour
de plaifirs je n'en ai plus : j'ai le cœur empoifonné
d'une impreffion mélancolique que ma mauvaifc
fortune y a faite , Se mes plus doux momens ne vont
qu'à n'être pas fott trifte. Mad. de Sevigné.
Le Comte d'Englefac , dit la Sylvie de Molière,
m'cvitoit avec foin , & cette cruauté me défefpé-
roit. J'y revois un jour chagrinement dans le jardia
du Luxembourg. M^ de Villedieu , T. VU ,p. xo%.
CHAGRINER, v. a. Donner du chagrin , de l'inquié-
tude , de l'humeur. Molejiiam , a'^ritudineui parère,
afferre ; molejhâ afficere. Les afflictions fecrètes cha-
grinent plus que les auttes. Les déferts Se la folitude
chagrinent ceux qui font vains , parce qu'ils ne leur
parlent point d'eux-mêmes. Nicole.
?fF II eft audi técip. Cet homme fe chagrine de tout,
II ne faut pas fe chagriner.
CHAHBAN. Voyei CHABAN.
CHAHUANT. Voye^ CHAT - HUANT-
§rr CH AI APA. Petite ville de la Turquie en Europe ,
dans la Morée , au Belvédère , fur le golfe de Zon-
chio. Baudrand croit que c'étoit anciennement Le-
prium.
CHAIAR f. m. Efpêce de melon d'Egypte qui ne
fent que l'eau , dont le goût eft dcfagréable. Ses
feuilles & fes tiges font peu diffcrenres des nôtres -,
mais la femence eft bien plus rafraichiiîante : le
fiuit eft plus ovale Se plus épais au milieu.
ffT CHAIDEUR, f, m. Nom que l'on donne danç
les mines aux ouvriers qui pilent lamine à bras.
Encyc.
CHAIE. f. f. Belandre dont on fe fert dans les canaux
de Flandre.
rçj' CHAIER. f. m. Petite monnoic d'argent qui a
courî en Perle , valant enviton quatre fous fept de-
niers de France.
xfT CHAILLOT. Auttefois village de France, aux
environs de Paris -, mais érigé depuis qnclque temps
en tauxbourg de cette ville. On l'appelle aUiTi le faux-
bourg de Xz" Conférence. Il "eft fitué au couchant du
Louvre Se des Thuileries , fur un coteau , à la vue
de Paris,
'CHAINE, f. f. Suite de plufieurs anneaux engagés les
uns dans les autres. Il y a de groflès chaînes : il
y en a de petites , de courtes , de longues : il y en
en a d'or , d'argent , de cuivre , de lairon : elles font
ordinairement de fer. Catena. Les ports , les rivières ,
tes rues fe ferment avec des chaînes de fer. On tend
les chaînes dans les féditions. Les armes de Navarre
ibnt des (haines d'or en champ de gueules. On dit
que
CHA
que l'oci^^ine de ces armes vient de ce que les Rois
,d'Eipayne ligues contre les Maures , ayant remporté
en 121 2 une célèbre vicioire fur ces Infidèles ,
dans la diftribution du butin , le magnifique pavil-
lon de Mir.ilmumin ccliut au Roi de Navarre, qui
en avoir rompu les chaines. Lé principal orne-
ment des hommes autorilcs & puiHans prfrnii les
Gaulois, croient des chaînes d'or qu'ils portoient
en toutes occafions , & même dans les combats ,
pour être plus facilement difcernés A'avec la (impie
foldatefquc. Chorier, Hijl. de Daupk. L. III, p. 1 50.
Ce mot vient de catena, Nicox. Tripault le dé-
rive du grec ;k»'>'o«j qui lignifie ya/zcaj, parce qu'on
faifoit , dit-il , les chaînes de Jonc avant l'ufagc du
fer : ce qui n'a aucune apparence , à caufe que le fer
efl: très-ancien,
Caiena , une chaîne , vient du celtique chaden.
Pezron.
Chaîne , lignifie auiri les liens de fer avec lefquels on
attache les crin Jnels , les captifs , les galériens. Ca-
tena,compedeSivincula.Ow a pris ce fcélérat , &c
on l'a chargé de r/i^f/zo. Les Romains ont fait por-
ter leurs chaines à plulîeurs Princes. Ce criminel
devoir être pendu , on s'ell contenté de le mettre à
la chaîne , c'eft-à-dire , aux galères.
On appelle auifi abfoliunenr chaîne, une troupe de
galériens attaches enllmble. Damnati ad trirèmes.
La chaîne va partir pour Marfcille.
Chaîne , fe dit aulîî des ornemens faits en forme de
petites chaines , foit d'or ou d'argent , ou de pier-
reries. Catena aurea preiiofis lapillis dijlincîa. Cetre
Princeffe a une belle chame de diamans &: le cro-
chet d'une montre.
gCF On appelle Huidler à \% chaîne , un Huifller du
Confcil du Roi > parce qu'il porte au cou une chaîne
d'or où ell la médaille du Roi. Apparitor tor-
quatus.
Chaîne , s'eft dit aufH du préfcnt , de la paraguantc ,
que ftipulent les femmes , quand elles vendent
quelque office de leur mari , ou quelque terre au-
delà du prix convenu \ ou quand on oblige la femme
de confentir à la vente faite par le mari. C'eft ce
qu'on appelle en d'autres rencontres /oz-^/f- vm.
Pretii accejjio , ad pretium acceùîo , [iimmcs. corol-
larium.
Chaîne , fe dit figurcment des engagemens , des liai-
fons ou des attachemcns de l'elprit ; de la fervitude ,
& de l'eiclavage où l'on eft réduit , foit par les
pallions , foit par une puifTance fupérieure. VincuU,
nexus , compedes. Les amans fe plaignent qu'ils lan-
giiiflent dans les chaînes : ils difent qu'ils veulent
brifer leurs chaînes. Un bienfait ell une chaîne dé-
licate , qui lie notre cœur. Abad. Les Anglois n'ont
jamais porté de chaînes plus pefantes que celles
dont Cromwcl les chargea. Abad. On dit qu'un
pécheur eft dans les chaînes de la mort & du péché ,
en parlant des engagemens qu'il a dans le vice.
L'opinion où étoient les Stoïciens que toutes cho-
fes font gouvernées par une fatalité immuable , fai-
foit qu'ils fe foumettoient comme des efclaves at-
tachés àleur chaîne. Les EccléiiaftiqueSjaufli-bien que
le refte des hommes , tiennent au monde par mille
chaines. Les chaines du. mariage , quelque honora-
bles'qu'elles foient , portent avec elles un attache-
ment néceflaire , dont les nœuds femblent ravir la
gloire d'aimer. La peuple fe forge d'ordinaire à foi-
même fes propres chaînes ; une partie prête les
mains à fubjuguer l'autre. Ben. Les applaudifle-
-mens qu'il reçoit font autant d'engagemcns qui le
lient d'une chaîne honorable. Rac. Les hom-
mes font tous liés entt'eux par une chaîne , qui cil
le bcfoin qu'ils ont les uns des autres. Nie. Il faut
faire de grands efforts pour rompre cette chaîne de
fer qui nous lie au monde & à nos dciirs. Port-R,
L'homme, ne s'eft pas plutôt affianchi d'un vice
qui le tyrannifoit, que l'autre le reprend , Se le re-
met à la chaîne. Flech, Il y a plus de confiance. à
ufer (à chaim, qu'à la rompre. Mont.
Tome II,
GH A
^93
L'Amhîtion , /'amour, "avarice ou la haine ,
Tiennent comme un forçat fon ejprit à la. chaîne.
BOJL.
|)3"ChaÎne fe dit auffi des chofcs qui viennent à la fuite
les unes des autres, qui en attirent d'autres après elles.
Une chaîne d'affaires , une chaîne continuelle de
malheuis. Catena , labores. L'cxprelîîon latine eft
heureufe : mais il vaut mieux dire, encliaînement de
travaux , foins continuels , malheurs qui fe fuccè-
dcnt les uns aux autres , que chaîne de travaux , de
malheurs.
On appelle auffi chaîne , à peu près dans le même
fens, une coUeClion de tous les Auteurs qui ont
travaillé fur quelques-uns des livres de l'Ecriture.
Paul Comîtolus a fait la chaîne des Auteurs qui ont
travaillé fur Job. Balthazar Corder a fait la chaîne
des (îj Pères Grecs fur fainr Luc. Il a fait aulîi la
chaîne des Pères Grecs fur laint Jean. Auguftin Mar-'î*'
lorar a compofé une chaîne de vingt Auteurs Pro-
teftans , qui ont éctit fur les Evangiles. Il y a une
chaîne dz Pères fur la Genefe dans la'bibliothèque de
l'Empereur. Il y en a une en arabe & en caraélères
fyriaques fur tout le Pentateuque , dans la biblio-
thèque Bodléïenne. On a appelé ainfi ces ouviages ,
parce que les divers Auteurs s'y trouvent comme
enchaînés les uns aux autres fur un même fujet.
Chaîne de charrue , terme de Laboureur &C de Char-
ron. C'eft ce qui tient le timon de la charrue , avec
le paumillon , par le moyen d'un gros anneau de
fer dans lequel on palfe ce timon , & qu'on arrête
avec un inftrument de fer qu'on appelle une chappe,
LiGER : ou en quelques endroits une cheville, parce '
qu'en effet c'eft une cheville de fer. J'ai rompu
ma chaîne, en caffant ma terre. On avance ou on
recule la chaîne , on l'arrête avec la cheville ou la
huppe , à un trou plus haut ou plus bas, félon qu«
l'on veut que le foc enfonce plus ou moins dans la
terre.
Chaîne de charrette , eft une chaîne longue de dix-
huit à vingt pics , dont les anneaux Ibnt beaucoup
plus petits , & plus forts que ceux de la précédente.
Les Charretiers s'en fervent , au moins dans plufieurs
vignobles , pour attacher & tenir ferme les ton-
neaux de vin , ou les tines de vendanges qu'ils
charrient , en la bridant ou la ferrant avec un le-
vier. LiGER.
Chaîne , en termes d'Architedlure , eft une jambe , ou
une grande rangée de pierres de taille mifes l'une
fur l'autre, pour fortifier un mur de moilon, de
brique ou de pLârre , pour foutenir des poutres ,
&c. Secti lapidis pila tignaria , ou moles erecla , or'
thofiates. On a fait marché avec ce Maçon , qu'il
mettroit des chaînes (bus poutre. Ce mur de clô-
ture a des chaines de pierres de trois toifes en trois
toifes. On appelle chaîne d'encoignure , celle qui
eft au coin d'un pavillon. On appelle encore chaîne
de lîaifon , certains boflages ou refends , pofés
en manière de carreaux d'elpace en efpace , dans
les murs , aux encoignures d'un bâtiment, pour le
cantonner : ils font en façon de carreaux & de bou-
tiffes. Les chaines ne font quelquefois que de moilon,
de cailloux maçonnés à chaux & à fable , lorfque
les murs font de matière moins forte & moins
folide.
On appelle aulïî chaîne de hron^^e , ou de fer «
une efpèce de barrière faite de plufieurs chaines at-
tachées à des bornes , efpacécs égalemenr , qui lert
au-devant des places, des Palais, pour en empê-
cher l'entrée. Catena izrea , ferrea.
Chaîne de fer , eft une afrembiage de plufieurs barres
de fer , liées bout-à-bout par clavettes de crochets ,
qui , étant mifes dans l'épaiffeur des murs des b.àti-
mens neufs , fervent à les entrerenir. On en met
aulTi autour des vieux , pour les retenir quand ils |
menacent ruine.
Chaîne. Terme d'Horlogerie. Celle qui fert à la fu-
féc eft faite de petits maillons à peu près ovalus,
D dd
594 <^^ ^^ ^
L'outil qui les fliit , coupe &c perce chaque maillon I
d'un coup de marreau. _ l
Chaîne ^/c v,;r^iie. On appelle ainii ilir mer certaines
chaînes de ^ fer qu'on tienr dans la hune du
vaiiléau , &: dont on le lert dans le combat à tenir
les vergues , lorfqu'il arrive que le canon coupe
les manœuvres qui les tiennent.
Chaîne de port , ' cft une chaîne qu'on tend devant
les poits pour en fermer l'entrée. Quand la bou-
che en eft grande, la chaîne porte lut des piles
d'efpace.
Il y a auflî des chaînes dans les villes pour fermer
les rues , Ôc en empêcher le pailagc , pour le bar-
ricader dans des émeute-^ populaires. C'eft en 1 55(^5
fous le Roi Jean, dans la révolte des Parificns contre
le Dauphin , que les Bourgeois, pour fe mettre
en fureté , commencèrent à mettre Se à tendre des
chaînes dans les rues de Paris. P> Dan, T. I , f.
En termes de Géographie , on appelle chaîne de
monuignes , une grande fuite de montagnes atta-
chées l'une à l'autre. Continui montes.^ L'Appcnnm
eft une chaîne de montagnes qui divife toute l'Ita-
lie. La chaîne des Alpes tient depuis la mer Mé-
diterranée julqu'au Pont-Euxin.
Chaîne , en termes d'Arpentage , fe dit aufli d'une
certaine mefure compofée de pluOeurs morceaux de
fil de laiton , ou de fer , qui icrt à arpenter , &:
qui a de gros anneaux au bout , où l'Arpenrer.r
fiche fes flèches. Un Arpenteur a toujours un compa-
gnon qui porte fa chaîne. Chez les Auteurs , la
dtainc eft la même chofe que la perche , la verije
&c la corde , que les Latins ont appelée fiinîs , cor-
da , caiena , & decempeda ; mais elle eft fort diffé-
rente lelon les lieux.
gCr Chaîne, dans le commerce, fe dit auflTi d'une
certaine mefure taite <i'une chaîne de fer divifée
en parties égales, & qui fsrt pour différentes lbrt--s
de marchandifes; Elle eft différente fuivant les dif-!
fércns pays. Le bois de compte à Paris, fe mc;ui-c
à la chaîne. Voyez Bois,
Chaîne, fe dit auiii des fils étendus en long fur le
métier d'un Tifferant on d'an Tilfutier, à ttavfi's
defquels on paife la tiame portée par la navctic
pour faire de la toile , du ruban , & toute forte
d'étoffe. Catella. La ch.dne fait la longueur de l'é-
toffe , &; la trame fa largeur.
Chaîne d'avaloîre. Terme de Charretier. C'eft aipfi
qu'on appelle la chaîne qui eft accrochée au li-
mon.
Chaîxe. (la) Contredanfe.
CHAÎNE AU. Voyei Chêne Air.
ChaÎneau, [l'Inconnue) t^ une efpèce de poire.
CHAÎNETIER. f. m. Ouvrier qui fait &: qui vend
des agraffcs, & toutes fortes de petites chaînes , pour
pend're les clefs, pour attacher des chiens & plu-
fieurs autres inftrumens-, fouricières , hameçons , &c.
CateHariim opîfe.x.
CHAÎNETTE, f. f. Petite chaîne. CateHa. On fait
des montres avec une chaînette , au lieu de
corde.
On appelle aufîî chaînette , la partie d'un har-
nois de chevaux de carroffe qui fert à les faire recu-
ler, & qui confifte eh des bandes de cuir coullics
les unes fur les autres, qui font paffces dans un
rond de cuir au bout du timon. C'eft- un terme
de Bourrelier.
§Cr Chaînette , fe dit auiTt chez les Eperonniers
de deux petites chaînes placées dans le bas d'urt
mors pour empêcher les branches de s'écarter l'une
de l'autre.
|Cr Chaînette , fe dit auffi , en termes de Broderie ,
d'un ornement qui fe fait au iT!éci<?r ou à l'aiguille
ûiT l'étoffe ou fur la toile. C'eft une forte de lacs
continue.
Chaînette, eft auffi un terme de Rubanier qui R-
gnifîe un petit tiffu de ibie , qui court fur toute
la rcte de la frange. Carella .homhycina.
CHAÎNON, f. m. L'an des anneaux ou des boucles
CH A
qui compofent une chaîne. Catentz annulus. I! fa.it
raccommoder un chaînon rompu à cette chaîne.
|t? Les "Vitriers appellent chaînons , des vitres dunt
preique toutes les pièces paroiflent liées comme les
anneaux d'une chaîne.
?Kr CHAINOUQUAS. Peuple d'Afrique dans la
Cafreric , féparc des Coronas à l'occident par des
montaçfnes. Ils ont d'autres Cafres à l'orient & au
midi, "les terres du Roi de Bixi au nord.
CHAÏNS. adv. Ce mot veut dire céans, il eft hors
, d'ufage.
! CHAINSE. f. f. Vieux mot. Jupe de femme. Clo^.
des Fuéf. du Roi de Nay.
CHAIR, f. f. Partie de l'animal , molle & fanguine ,
qui fait la liaifon 2c la compofition de la plupart
des parties du corps. Caro. Chaîr dure , tendre ,
molle , gralle , maigre , favoureufe , fucculcnte , inli-
pide, éc. Les Médecins diftinguoicnt quatre forces
de chairs : la chair proprement dite , qui eft une
partie fanguine &: chaude , telle que celle des miif-
clcs & des gencives : la chair des entrailles , que
quelques-uns à^^eWcm parenchyme , amas, ou. af-
f il [ion de fang : la chaîr propre à chaque partie ,
qui en fait la liaifon & la compofition ; & la chair
clandukufe , comme le pancréas. Les modernes
ne donnent le nom de chair qu'aux mufcles , qu'ils
appellent liraplcment des chairs après Hippocrate.
Ils le donnent audi quelquefois aux glandes, qu'ils
nomment chairs glanduletifes , pour les diftinguer
àç% cluiirs proprement dites, qui font les mulcles.
Pour les parenchymes, & les chairs propres à chaque
partie , ils ont découvert que c'étoit tout autre chofe
que ce que les Anciens penfoicnt. Les poumons ne
ibnt qu'un amas de véiicules membraneufes, dans
leiqucUes l'air eft reçu. Le cœur eft un véritable
mulcle compolc des mêmes parties que les aucies.
Le foie eft un affcmblage de glandes , où la bile
fe féparc , & de petits conduits où elle eft reçue.
La rate eft un amas de vcficules remplies de iar.g,
& les reins font, comme le foie , un affemblag de
glandes qui féparcnt l'urine , & de petits tuyaux
par où elle eft portée dans l'entonnoir, & de là
dans la veffie par le moyen des uretères. La lan-
irue eft un autre mufcle compoic de fibres char-
nues. L'hydropifie qu'on appelle anarfacha fe fait
des eaux qui font enfermées entre cuir &: chair. Ni-
cot croit que ce mot vient de Vhchïcn fcheer , qui fi-
gninc la même chofe.
On dit qu'une perfonne eft en chair , qu'elle eft
bien en chair , quand elle eft graHc & en bon point,
Caro fana, opLm.i , pinguîs. On le ditauHî des ciie-^
vaux.
En termes de Fauconnerie, on dit , remettr.- en
chair un oifeau maigre. Cet oifeau eft bien à li
chair , pour dire qu'il chalfe bien.
Ow appelle chair morte, la chair cangrence ,
mortifiée , pourrie , ou qui fort des elc.-'.rres des
plaies , laquelle n'a point de fentimcnt. Caro pu- ,
trida, vitiata , corrupta. Chair vive , la chair faine
& qui a fentiment.
On dit qu'un homme a bonne chair , quand
étant blelfé en quelque endroit , la chair fe reprend c
facilement : mauvaife chair , quand il furvient ton- I
jouts quelque humeur maligne qui empêche qu'elle
ne le refeime.
On dit qu'un homme eft encore en chair &. en
os, pour dire, qu'il eft encore plein de vie. je-
s^is-Christ apparut à fcs Difciples en chair & en
os , c'eft-à-dire , réellement , & corporellciricotj
& non point en fpeclre ni en efprit. On dit a:i:;i
des corps des Saints , qui par miracle ont été con-
fervés entiers , qu'on les voit encore tous entiers
en chaîr U en os.
Chapx, ( Souillon de) en termes dé Manège, eft une
fuperfluité ou cxcrefcence de chaîr qui vient àia
fourchette des chevaux, ou à côté , qui les fait
boiter. Garnis tumor.
CrtAiR-, fignifie auffi l;i peau & le teint. Cutis. Cette
femme a la chair douce, unie., blanche coram; Ju
CHA
làtîn. Cette autie a la chair d'oiroh ; jpoui- dîrè ,
rude 5 épaiife & grenue. |G" Ainfi quand on dit :
voilà une belle chair, & voilà de belle viande :
on dit deux chofes bien différentes. La première
de ces expreflions peut être l'éloge d'une jolie fem-
me ; & l'autre efl: cçlle d'un bon morceau de betuf
ou de veau non cuit. Encyc.
Chair carrée (la) de la plante du pied» Foye::
l'Accessoire du long extenfeur des orteilles,
DCr Chair , fe dit généralement des animaux qui fer-
vent d'aliment à l'homme. Chair de bœuf, de mou-
ton. Chair bouillie , rôtie. Chair fraîche , qui eft
nouvellement tuée. Caro recens. Chair falée. Chair
■qu'on file pour la conferver long-temps , telle que
celle donr on charge les vaiiîeaux dans leis voyages
de long cours. Caro [alfa. Chair de boucherie ,\^
la grofle Viande , bœuf, mouton & veau. Caro bu-
buLi , vervecina , vitnlina. Les Antropophages fe
repaiflènt de chair humaine.
Le Roi Jean, par fon édit du 30 Janvier 135:0
ordonna aux Bouchers de ne vendre que des chairs
bonnes^ & loyales , leur défendit de les garder après
être tuées plus de deux jours en hiver , & un jour &
demi en été, & d'en vendre aucune furfemée.Une
ordonnance du Prévôt de Paris du 14e Septembre
15 17 défend que la même perfonne foit Boucher &
Tavernier, & aux Taverniers de tuer des beftiaux
chez eux , pour en vendre les chairs ; parce que ne
les débitant que cuites , il y a beaucoup de défauts
que l'on ne pourroit reconnoître. Un arrêt du Par-
lement de Touloufe du ^6 Mars 15:15 défend aux
Bouchers de vendre des chairs morveufes & infec-
tées. Le Parlement de Paris par un arrêt du 29 Mars
1 5 5 1 , porte que les Bouchers feront tenus de four-
nir les Boucheries chacun jour de chairs faines ,
nettes , & non coirompues , dnement vilitées , fé-
lon les arrêts. Par fentence du Châtelet du 20 Juil-
let 1559 après avoir oui les Jurés Bouchers, qui
dirent qu'il n'étoit pas bon de vendte la chair le
même jour qu'elle eft tuée, mais le lendemain -, il
efl: fait défcnfe aux Bouchers d'expofer en vente
les chairs chaudes, à peine de confifcation & d'a-
mende. Voyei M. de la Marre , Traité de la Police ,
Li\. IF, Titre V , ch. I, où rî y a encore d'au-
tres Sentences Se Arrêts.
U^F Chair conjtderée comme aliment , fe dit parti-
culièrement des animaux terreftres & des oifeaux.
C'eft pour cela qu'on dit qu'on ne mange point
de chair en Carême.
^fT ChAir blanche ; c'efl: celle des chapons , des pou
lardes , des dindons &c autres , dont la chair efl: vé-
ritablement blanche. Chair noire, celle des lièvres ,
des bécajîès 5c autres , dont la chair efl: toujours
brune.
Chair , fe dit au/Ti des poifTons. Caro pifciiim. Le
brochet à la c/zrti> plus ferme que le barbeau i les trui-
tes faumonées ont la chair rouge.
Chair , fe dit aulFi de la fubfl:ance des fruits. Ce me-
lon a la chair rouge , a une belle chair. Caro pepo-
7ium. La c/z^nV d'une prune , d'une ccrife. On dit ,
une chair beurrée & fondante , quand la chair fe
fond au/lltôt dans la bouche. Chair cailante , fe dit
des poires qui font fermes fans être dures : chair
pâteufe , &c. Une chair fine j une chair grofllère ,
farineufe , une chair tendie. Liger. Une chair co-
riace & dure, fe dit de cettaines poires qui n'ont
aucune fineflê , ni délicateiTè , & qu'on a de la peine
à avaler ; relies Ibnt le catillac , les double fleur ,
les fontarabie , les parmein , &c. La Q'jint. Une
chair farineufe , fe dit de certaines poires qui
font mauvaifes & défagréables au goût. Id. Une
chair aigre. Id. Théophrafte donne aufli aux plantes
leui propre chair alentour de leurs filamens.
|CF Le mot de chair a un rapport à la compofition
phyfique de l'animal que n'a pas celui de viande :
mais le mot de viande porte avec lui une
idée de nourrirure que n'a pas celui de chair. Ainfi
l'on dit que le poiffon &: les légumes font viande
CHA
de Carême , & que la perdrix a la chair Coulte &
tendre.
fO" Il faut encote remarquer que le Inot de viande
fe prend dans un fens plus général & plus abfl:rait
que le mot de chair. La chair de poulet , de per-
drix , de bécalfe , &c. font des viandes ; mais on
ne dit pas la viande de poules , &c. toute viande
fe mange , toute chair ne fe mange pas. Tout cela
fe trouve renfermé dans l'idée que M. l'Abbé Gi-
rard donne de ces deux mots.
Mortifier la c-liair , c'efl: à l'égard des opérations
de Chirurgie , l'endormir , l'engourdir pour dimi-
nuer le fentiment de douleur quand on coupe quel-
que membre. Carnem jhpire. A l'égard des alimens 4
c'eft garder la chair quelque temps avant que de la
manger , pour la faire trouver plus tendre. Carnem
teneram facere , reddere. Et à l'égard de la morale i
c'efl: aflliger fon corps par plufieurs aufl:érités ^
comme jeûnes , haires, difciplines, &c. In corpus',
in carnem Jievire , infiiais ultrb doloribus , carnem j,
corpus affiigere.
IJCr Chair, dans l'Ecriture-Sainte , fe dit de i'uriioili
qui efl: entre le mari & la femme. Le mari & la
femme font deux dans une même chair. Erunt
duo in carne una.
|Cr On le dit encore de l'homme & de tou*s les ani-
maux vivans. Toute chair efl: arrivée en ma prc-
fence.
UC? Chair , fe dit en Théologie , en parlant des
myflères de l'Incarnation & de' l'Euchaiifl:ie, & de
la Rélûrreétion.
ifT Le verbe s'eft fait chair. Verbum caro faclunt
efl , c'efl:-à-dire. J. C. a pris un corps humain dans
le fein de la Vierge.
^fT L'Eglife Catholique croit que le pain efl: réel-
lement changé en la chair de J. C. dans le Sacre-
m.cnt de l'Euchariflie. On mange réellement la
chair de J. C. dans la fliinte communion, La Ré-
furreiSfion de la chair eft un article de foi que
nous devons croire.
§3" Chair , en ftyle d'Ecriture -Sainte & en morale ,
fignifie aufîi concupifcence.
C'eft un commandement dé la Loi , (Euvre de
chair ne defireras qu'en mariage feulement. S. Fran-
çois fe plongeoir dans la heige pour dompter les
rébellions de la chair. Bail. La virginité eft un
martyre perpétuel qui combat contre les aiguillons
de la chair. La chair eft un cheval fougueux 3
qu'il faut dompter par la tempérance & par le tta-
vail. S. EvR.
Cette chair que nous avons à combattre , eft une
chair fouillée de mille défordres , une chair de pé-
ché, ... La chair du Fils de Dieu n'avoir rien de
tout cela -, c'etoit une chair fainte & fandlifiante ,
une chair fans tache toute pure, une' chair plei-
nement foumife à l'cfprit , c'étoit la chair d'un Dieu,
BouRDAL. Exh. II, p. 9'2 , 93. Ce que S. Paul ap- /
pelle les œuvres de la chair , ( Galat. V ) font les
débauches , les impudicités , les c]uerelles , les diP
fenfions, les envies. Id. p. 92. Le même Apôtre
appelle prudence de la chair , les rufes de la con-
cupifcence de de l'amour-propre. Les defirs de la
chair. Oii dit aulli au même fens crucifier fa chair ,
c'eft une exprefllon de S. Paul, Gai. V , ly. Les
cngagemens de la chair font un obftacle invin-
cible à la grâce du baptême. Bouh. Xav. Livi
III.
Vous êtes donc bien tendre à la tentation ;
Et la chdiïïfur vos fens fait grande im.prejjion. Moi,
^fT Chair , fe dit encore figurément , en ftyle d'é-
criture ^ pour défigner l'humanité & les foiblefles
qui l'accompagnent , l'homme terreftre & animal ,
attaché aux fens , fujet aux pafFions & aux foi-
bleifes de la nature, par oppofition à l'homme fpi-
rituel éclairé par la foi. La terreur d'un ttaitement
inhumain ébranle la chair. Patru. Nous portons
par-tout avec nous un cœur de chair. Id. La coa-
D d d ij
^9^ CHA
fiance des Evèqucs les élevoit au-dc/Tus des infir-
mités de la chair, & les failbit triompher de fa
tbiblellc. Herman. Jesus-Christ dit à S.Pierre,
refprit efl: prompt &: la chair efl: foible. Les gens
du monde ne raifonnent que fuivant la prudence
de la chair. L'cfprit nous élève ; mais le poids de
la chair nous abbaifle. Nicol. Il n'y eut point dans
fon efprit de foiblefl'e à ménager ; la chair & le
fang n'amollirent point fon courage. Fl. Il fe mêle
d'ordinaire quelque chaleur aveugle de la chair
Se du lang , à l'ardeur du zèle. Id. Pour les ef-
prits de chair & de lang il faut des preuves grol-
fières , parce que rien ne les frappe que ce qui fait
imprelilon fur leurs fens. Maleb. Une religion qui
a foulé aux pieds la chair & le fang qui lui rcii-
ftoient , ne peut s'être établie que par une fuite de
miracles.
^" On appelle couleur de chair , un blanc mêlé d'un
peu de rouge , une certaine couleur rouge pâle ,
qui approche de la couleur de la chair de l'homme.
Co/or cxprejjam ad vivum carnem referens.
0Cr En peinture on dit , bien de chair , en parlant des
piarties nues d'une figure fmiplement deflinée -, pour
en exprimer le tendre & la moUelfe : &: en parlant du
coloris d'un bras, d'une cuifle ou de quelqu'autre
partie , conliderée en particulier , on dit que cette
partie eft d'une belle chair-, ou de belle chair , pour
dite que la couleur en imite très-bien la couleur na-
turelle de la chair. Voye^ au mot Carnation la dif-
férence qui fe trouve entre ces deux mots.
^fT Chair, en termes de Tanneurs, Corroyeurs, &c.
lignifie le côté de la peau qui touchoit à h. chair de
l'animal quand il étoit vivant. L'autre côté s'appelle
■feur. Donner une façon de chair , c'eft la préparer,
la travailler du côté de la chair.
Chair, fe dit proverbialement en ces phrafes, rire
entre cuir & chair ■■, pour dire , intérieurement , &
fans qu'il en paroifle rien au-dehors. On dit aulîi ,
que la chair nourrit la chair ; pour dire , que les
meilleurs alimens font les viandes. On dit aufli ,
jeune chair bc vieux poiflbn -, pour dire , qu'il faut
manger certains animaux quand ils font Jeunes, &:
les poiflbns quand ils font vieux.
Le vin nouveau fait animer
Plus l'efprit que vieille hoiffon ,
Et puis fon n'oit lien ejlimer
Q^ue jeune ch^iiù vieux poijfon. Marot,
On dit que la chair la plus près des os eft la plus
tendre. On dit au contraire , qu'il n'y a point de
belle c/za/r près des os-, pour dire qu'une perfonne
maigre n'eft jamais belle. On dit aulli d'un homme
caché , dont on ne connoît point ni les mœurs , ni
le génie , ni la profefîlon , ou qui n'efl: bon à rien ,
qu'^^onne fait s'il eft chair ou poidbn. On dit auflî
à ceux qui veulent maltraiter quelqu'un , ou le faite
trop travailler , prenez garde , il eft de chair & d'os
comme vous. On dit d'une petfonne fort grolfe ,
& fans efprit , que c'eft une pièce de chair , que
ce n'eft qu'une grofle maffe de chair. On appelle ,
chère de Commiflaire , chair & poiflbn , un repas
où il y a des fervices gras & maigres. On appelle
vendeurs de chair humaine , ce qu'on appelle aufîi
Racoleurs. Voyez ce mot. On le dit aufli de ceux
qui font commerce de proftituer des femmes. On
dit d'un homme aflalTmé & blelfé de plufieurs plaies
qu'on l'a haché menu comme chair à pâté.
Ce mot vient du latin caro , du grec. «0/«?.
On a dit Car , puis Char, Les Chars falées dans
Joinville. Il fe conferve encore dans Charogne. En-
fuire adouciflant la prononciation, on aditCAer,
que l'on a écrit Chair pout éviter de le confondre
avec Cher , carus,
CnAiR-A-DAME.f. f.La Chair-à-Dame eft une e(p_èce
de poire que la Quintinie dit être des madvaifes ,
& fe inani^cr au mois d'Août.
CHAIR CUITIER. Foyei Charcuitier,
■^ CHAIRE, f. £ Ce^not eft fynonime de fiège , Ca-
CHA
tfiedra. Mais on ne le dit au propre que dans les
phraics fuivantes.
ffr Chaire, fe dit en pailant du fiège qu'un Evêque
a dans fon Eglife Cathédrale au haut du Chœur. Se-
des Pontijicia. L'Evêque étant dans fa chaire donna
la bénédiiition ai. peuple.
Ce mot vient de «.««t/pa, qui vient du gtec x*«;-
|oftai , Jedeo.
SfT C'elt du mot cathedra , chaire , fiège émincnt que
tous les Evcques font en droit d'avoir dans l'Eglife
principale au haut du Chœur, que ces Eglifes font
appelées Cathédrales.
Chaire, lignifie aulTi , le lieu émincnt d'où un Prédi-
cateur annonce la parole de Dieu au peuple. 5«^^-
g,efius , fuggejtum. C'eft encore le lieu d'où les Ré-i
gens, & les Proteilêurs enl'eignent les Sciences à
leurs écoliers. C'eft ordinairement un fiège élevé de
menuilerie. Cathedra , pulpitum , Juggejius , fugge-
lium. Dans cet article & le fuivant on dit chaire
plutôt que chaife. Vaug.
Avoir la chaire d'une Cathédrale, d'une Paroifle
c'eft être nommé pour y prêcher. On m'a donné la
chaire de Notre-Dame. Ce Prédicateur a eu toutes
les bonnes chaires de Paris. Le P. Rapin &: M. l'Abbé
de Brettcville ont fait des Traités &: Réflexions fut
l'éloquence de la c/ziî/re-, c'eft-à-dire iùr l'éloquence
qui convient à un Prédicateur. Nous avons de M. dé
Fénclon des Dialogues fur l'éloquence en général j
& fur celle de \-xChaire enparticulicr.il y a aufli
les maximes fur le miniftère de la chaire par le P»
Guèchiès. Eloquentia J'acra. Tel monte en chaire
lans autre talent, ni vocation, que le befoin d'un
bénéfice. La Bruy. La chaire ne demande pas la
dernière exactitude , & les Prédicateurs ont leurs
licences auffi-bien que les Poètes. Bouh. Le mot de
Fortune doit être banni de la c/i^z/r^, parce que cela
fent trop la fable Scie Paganifme. Id*
Je ne t' arrite plus , vapricher ^ monte fTzéhaire i
Sans relâche au péché va déclarer la guerre. Vill.
Chaire au figuré, fe dit du fiège Apoftolique. 5'faf.'/
ApoJioHca. On dit en ce fens la chaire Apoftoliquei
Le Pape eft aflisdansla chaire àc S.Pierre.
La chaire as S. Pierreà Rome. La chaire de Si
Pierre à Antioche. On appelle ainfi les Fêtes qui fe
font en l'honneur des trnnflations des fiéges de l'E-
glife par S. V\cv:s.Cathedra Sancti Pétri. Noyczles
Notes de M. Châtelain fur la chaire de S. Pierre à
Rome , Martyr. 18 Janv. Il y remarque que dans
l'ancien Rit Gallican, qui dura jufqu'au IX' ficelé
cette fête fe cclébroit en France , & étoit même
une fête particulière de France , ce qui peut paflêt
pour une preuve de l'attachement parriculict de l'an-
cienne Eglife de France pour le S. Siège. Fuyc:^
auffi les Notes dû même Auteutfur \^. chaire Ac S.
Pierre à Antioche, où il remarque que les plus an-
ciens Martyrologes ont ces deux tètes; celle de Rome
le 18 de Janvier , qui eft le premier jour que puiilè
arriver la Septuagéfime •, & celle d'Antioche le zi
de Février , qui eft le plus tard que la Septuagé-
fime puiflc fe rencontrer. C'eft pourquoi quelques
Ritualiftes ont nommé ces fêtes les Clefs de la Septud-
séJïme.Ldi dernière a été auffi nommée S.Pierre du
Fcjlin , dit Beleth , parce qu'elle fut établie pour
abolit la coutume qu'avoient les Payens d'apporter
à manger fur les rombeaux de leurs parens vers h
fin de Février , & q.u'elle avoir été établie pour ho-
norer le Pontificat de S. Pierre , foit d'Antioche ,
foit de Rome.
Chaire, fe dit encore figurcment de la prédication,
du droit qu'on a d'enfeigner dans une chaire, &
du talent qu'on a pour y réuffir. Eloquentia Chrif-
iiana. La profonde érudition a trop de féchercflé
pour la chair , où il faut de la pompe Se des fi-
gures. Bayl. La facilité de parler eft un des princi-
paux talens pout la chaire. Le P. d'Orl. Cet liomme
a de grandes qualités pour la chaire; pout la pré-
dication -, pofleder le talent de la chaire.
G-ttA
\Avec moins de talens vinp Abbés onï priclié.
Que la chaire aportéjujques à L'Eviché, Vill.
1^ Chaire, fe dit encore fîgurcment de la fonrdlion
d'un ProfclTeur public. Le Grand-Aumônier nommoit
autrefois aux chaires Aç.% Profefleuts Royaux. C'clt
aujourd'hui le Roi qui les donne.
IJCF Quelques chaires font mifes au concours , à la
difpute, pour dire qu'on les donne à celui qui en
I cfl: juffc le plus di<^ne.
(CHAIRE CURULEt Foje^ Chaise.
%fT CHAISE, f f. Siège qui a un dos contre lequel
on peut s'appuyer , & quelquefois des bras. Sella ,
cathedra. Chaife de paille. Chaife à bras. Alors on
dit ordinairement fauteuil. Les femmes qui préten-
dent à la Principauté , croient avoit remporté une
grande vidoire quand elles n'ont prefenté qu'une
chaife à dos à une femme de qualité qui les aura
yifitées, tandis qu'elles ont été afilfes dans une chaife
à bras. Cail.
Une chaife de commodité^ c'eft nnc chaife Aont
le doHier fe haufîe & s'abaiflè par le moyen d'une
crémaillère , & fur laquelle on peut dormir com-
modément. Sella percommoda, fupina in delicias
cathedra.
|C? Chaises, dans les chœurs de certaines Eglifes,
ce fonr des lièges de menuifcrie, qu'on appelle
audi formes, plus communément //^z/A-j, où les Ec-
cléfiaftiques fe placent pendant l'office. Suhfellium.
Les hautes chaifes Ibnt les ficges du rang d'en-haut
où font placés les Chanoines qui font dans les Or-
dres. Les baffes, fonr les fièges du rang d'en-bas ,
où font placés les autres Chanoines & les Officiers
du chœur. Majora &c minora , Summa &c ima fub-
fellia. ^ .
^3" Chaise percée , mieux que chaife tout court.
C'eft ainli qu'on appelle une chaife dans laquelle
on fait des nécelfités naturelles. Sella familiarica.
Aller à la chaije percée. Chez le Roi on l'appelle
chaife d'ajjaires.
|t3° Chaise percée à Rome , fur laquelle on élève le
Pape nouvellement élu. Les Protcftans ont lait fur
cette cérémonie plufieurs plaifanteries auifi froides
que dénuées de vraifemblance. Ils en ont attribue
l'origine à l'aventure de la prétendue PapeOe Jeanne
ecàlanéceinrédeprendredes précautions à l'avenir
pour s'alfurer du fexe. Boile& Blondel , tous deux
Proteftans , ont fuffifamm.ent démontré l'abfurditc
de ce conte à leurs confrères. Quant à cet ufage ,
il y en a une raifon myftéricufe rapporrée par le
P. Mabillon. C'eft dit-il, pour appliquer au nou-
veau Pape , pofé fur cette chaife , ces paroles de
l'Ecriture , que Dieu tire le pauvre de la pouiTîère
& de l'ordure , fufcitans à terra inopem & de
fiercore erigens pauperem , &cc. afin de lui faire fentir
le néant des grandeurs.
Chaise de Régenr ou de Prédicateur. Foy^^ Chaire.
On ne dit plus aujourd'hui chaife en ce fens.
Chaise curule , étoit un liège d'ivoire qu'on plaçoit
fur un char , & fur lequel étoient afîis les premiers
Magiftratsde Rome , &c ceux à. qui on décernoit les
honneurs du rriomphe , comme les Confuls,les Cen-
feurs , les Préteurs, les Ediles qu'on appeloir Curuks.
Sella curulis. Sur les médailles , la chaife cu-
rule mar-que la Magiftrature à laquelle étoit attaché
le privilège de s'y aiîèoir.
Chaise, lignifie aulfi une voirure pour aller aiTîs & à
couvert tant dans la ville qu'à la campagne. Sella
gejlztoria.
^ On appelle chaife, chaife \ porteurs, un fiège
fermé & couvert dans lequel on fe fait porter par
deux hommmes avec des bricoles fur leurs épaules.
A Verfailles il y a des chaifes de places , des chaifes
à porteurs. Plulieurs parriculiers onr auffi leurs
chaijes. Chaife à porteurs , porteurs de chaifes. Où
font mes porteurs?
IJC? On appelle aufli c;^d//i une voirure légère, rraî-
neepar un cheval , quelquefois deux. On le dit auiTi
Gh A
S y
d'une voiture pour une ou pour deuic fierfonrc
Monrer dans fa chaije. Defcendre de' chaife, Uiaiu
de polie. Chaife roulante. "^
Chaise , en termes de Charpenterie, fe dir de quatre
pièces de bois fur lefqucUes eft allife la ca^c d'un
mouhna vent, & ilir lelquelks elle tourne^par le
moyen de la queue. On appelle auffi chaife d'un
clocher , l'aflemblage de charpenterie llir lequel cfl
alîile ou poféela cage d'un clocher.
Ondirauffi chaife de roue. C'eft fur quoi k roue
des Couteliers cft pofée.
Chaise , en termes de Fiefs , fe dit en partage de
Fiet noble, de quatre arpens de rerre qui fonr au-
tour d'un château hors les folfés , qui appartiennent
al'amépar préciput:ce qu'on appelle à Paris, le
vol du chapon. Natalium prœrogativusfundus , pnv~
rogativum prœdium. Voyez la Coutume de Tours.
On dit proverbialcmenr , quand on voir un itrnô^
rant afîis dans une chaife , que ce font les Armoi-
ries de Bourges , une âne dans une chaife. Les Di-
ver fîtes curieufes ont voulu deviner l'origine de ce
proverbe. On y lit que Céfar s'étant rendu maître
de Bourges , il y érablit Gouverneur un Officier Ro-
mam appelé AliniusPollio : la ville fut enfuite af-
liégée par les Gaulois ; tandis que le Gouverneur
étoit malade: comme la ville alloit être emportée
dans un aifaut que les Gaulois donnèrenr, Alînius
le fir porter en chaife poin animer fcs troupes par
la préfcnce , ce qui lui réuffit ; le bruit s'étant ré-
pandu qu'Afinius s'étoit fait porter en chaife. Jfnius
in cathedra. Les Romains reprirent de nouvelles
forces, & chaflerent les Gaulois : dans la fuite d'^-
finius in cathedra on a fait ajinus in cathedra
CHAISE-DIEU. Cafa Dei. La Chaife-Dicu eft liné
pente ville de France dans la balle Auvergne , &
du Diocèfe de Clermont , fur la Senoire. L^Abbaye
de la Chaife-Dieu de l'Ordre de S, Benoît fut fon-
dée au milieu du onzième fiécle,
CHAISNE. Voyei Chaîne.
CHAISNEAU, ouCHESNEAU. /^(?y^{ ChaÎneau.
CHAISNETTE.
CHAISNETIER„
CHAISNON.
Koye:^
l
CHAÎNETTE.
CHAÎNETIER.
CHAÎNON,
CHA-JUS. Vieux mot. Ici-bas Foyei Jus.
CHAL. f m. Vieux mot , qui veut dire , Chevalier ,
Eques.De Chai on a formé Sénéchal, comme qui
diroit fenior Eques ; c'eft le fentiment de Borel.
§cr CHALABRE. Petite ville de France, au pays de
Foix, Diocèfe de Mirepoix , fur la rivière de Lers.
§C? CHALADE. Abbaye de France , Ordre de Ci-
teaux , Diocèfe de Verdun , frontières de Lorraine
& de Champaççne.
IfT CHALAMONT. Petite ville de France dans la
Principauté de Dombes, fur les confins.
CCr CHALANÇON. Petite ville de France , au bas
Languedoc, Diocèfe de Viviers,
CHALAND, f m. Bateau plat, de moyenne grandeur ,
dont on le fert pour amener à Paris les marchandifes
qui defcendenr par la rivière. Cymba. On appelle
bateaux Marnois , ceux qui font conftruirs vers la
fource de la Marne -, la forme des Marnois eft plus
courre, mais plus large. Chaland (c ait plus parti-
culièrement des bateaux de la Loire qui font fore
légers , & qui vont à la voile , qui ne font bâtis
que de planches ericoututées l'une fur l'aurre ,
jointes à des pièces de liûres qui n'ont ni plats-
bords, ni matières, pour les tenir fermes. Ce font
ceux qui viennenr par le canal de Briare. Il y en
a de douze toiles de long ,de dix pieds de large ^
quarre pieds de hauteur de bord.
Ce mor , félon Borel , vienr du grec xS^«f , qui
fignifie lignum. Mais félon Du Cange , il vient du
grec yrxà^^^o': , qui croit une efpèce de petite Galcte
qui alloit à rames. Ugurio dir qu'on l'a appelée ce
landria , quia currit velociter in 'i^^if, c'eft-à-dire ,
aqua. On l'a appelée danslabafle latinité , chelaU"
dium , chelandrium , chelindrus & falanira.
3^8
C H A
CPI-A
CHALAND. AN DE. f. f. Celui ou celle quîa
coummc d'acheter à une bouiique chez un même
Marchand. Apud eunuLm emtor ajjiduus. Aivaitor.
Le plus grand lecret du commerce, c'eftde lavoir
bien entrcrenir les chalands. Le marchand a les
c/rrtAwi/^ , l'Ouvrier a les pratiques.
^fT On le prend quelquefois limplcment pour ache-
teur. Un nouveau chaland. Attirer les chalands,
Nicot croit que ce mot vient du grec «:«Aa , voco ,
parce que les Marchands ont coutume d'appeler
leurs chalands,
Ghaland , fe dit au figuré & par raillerie , pour li-
gnifier celui ou celle qui va Ibuvent en de certains
Fieux , pour fe divertir d'une manièrp qui tient un
peu du libertinage. Ses fœurs n'ctoient pas alors en
âge de lui donner des c/zizAz/2t/j-; toutes maintenant
font o-randes , &c en la fleur de leur jeunelfe. Patru.
On appelle pain chaland, le gros pain que les
Boulangers de la ville fournilfent aux bourgeois
leurs chalands , à la différence de celui qu'appor-
tent les Boulangers de dehors pour vendre au pre-
mier venu. Ce pain eft fait d'une pâte forte, qu'on
pétrir avec les pieds. Il efl blanc , haut de mie &:
gros de croiite. Il n'y a guère que les pauvres gens
de Paris & des fauxbourgs qui mangent du pain
ch.iLind. Panis fcciindarius. D'autres croient qu'on
appelle ce pain chaland, à caufe qu'il venoit par
des bateaux nommés chalands , comme il en vient
encore de Corbeil , de Ville-neuve-faint-Georges ,
&c. En ce fens chaland eft adjeélif.
CHALANDISE. f. f. Concours de perfonnes qui vont
acheter dans une même boutique, & ont habitude
d'acheter chez le même ïnzxcXiznA.Affïdiwrum empto-
riimconciliatio, concurfus. Depuis que ce Marchand
m'a trompé , je lui ai ôté ma chalandife. Ce qui lui
a attiré tant de chalandife , c'eft qu'il vend de bonnes
étoffes. Ce mot eft vieux -, 8c n'eft plus guère d'ufaae.
|C? CHALAOUR. Ville de l'Indouftan", fur la route
de Surate àAçra, entre Amandabad & Agra.
f:? CHALARÔNNE. Rivière de France. ^Calarona.
Quelques-uns l'appellent Chalarine. Elle a fa fource
au grand étang de Joyeu , paffe à Villars , à Cha-
relar ,' à Châtillon , 6c fe perd dans la Saône auprès
de Toiffcy.
CHALASIE. f. f. Terme d'Oculifte. Maladie de l'œil ,
relâchement des fibres de la cornée. Chalajis. Les
bords externes de la cornée & de l'iris s'enrretou-
chent dans leurs extrémités ; mais dans la maladie
appelée Chalajîc, ces deux membranes ne s'entretou-
chenr point , le cercle de la cornée étant plus re-
hauflé, en forre qu'on peut entrevoir le jour aux
bords mêmes où la cornée fe joint à l'iris. La vue
eft prefque détruite , & cet accident eft accompagné
de la maladie oculaire que les Grecs nomment
Hippos, qui eft une palpitation ou un trémoulfement
de l'iris. Woolhouse.
CHALASTIQUE. adj. ( Remède ) Epithète que l'on
donne à des remèdes, qui ont la propriété de ra-
mollir & de relâcher les parties, lorfqu'ellcs font
tendues jufqu'à caufer de la douleur : tels font la
graiffe, le beurre , l'œfipe, &c. ft^" On prononce
Calafiiqnes. Cet adj. peut fe prendre fubftantivcment,
faire ufage des chalafliques.
Ce mot vient du grec xixa.ù' ,f amollis.
CHALAZOPHYLACÈS. Voye^ Calazzophylaces.
CHALCEDOINE. (Prononcez Calcédoine') plufieurs
même l'écrivent ainfi. Chalcidon, Tire - Live dit
Chalcedonia. Ancienne ville de Bythinie, vis-à-vis
de Byzance , aujourd'hui Conftantinople , fur la
côte orientale du Bofphore. Chalcédoine fut bâtie ,
félon quelques-uns, par les Mégariens, dix-huit
ans , dit M. de Fleury , après la fondation de By-
zance ; mais il fe trompe , c'eft dix-fept ans avant
Byzance, c'eft-à-dire , l'an de Rome 8o , & , comme
il ajoute , la z^ année de la i6<: Olympiade. D'au-
tes difent que ce ne fut que 148 ans après Rome ,
ôc par conféquent ^i ans après Byzance ; mais
cela n° s'accorde point avec ce que l'on rapporte ,
Q)ie l'Oracle l'appelle la vUla des Aveugles , parce
•qiie les Fondateurs n'avoient pas choifi la belle
lituation qui étoit vis-à-vis a'cux , &: eu depâs
fut bâti Byzance. Car fi Byzance eût déjà étd bâti,
comment pouvoicnt-ils choiiir cette lituation î Chai"
cédoine fut dans la fuite une ville Archiépifco-
palc. Le IVc Concile général s'appelle le Concile
de Chalcédoine ,^iiïcs qu'il y fut tenu en 451, Ce
Concile, compofé de 61,0 Evêques , auquel préfi-
doicnt les Légats du Pape Saint Léon , Palcha-»
finus , Lucentius & Boniface, condamna Eutychès
& Diofcore. Le P. Lucchcfini , Jéfuite Italien, a
écrit l'hiftoire de ce Concile.
Chalcédoine s'appela d'abord Procérafte , Proce-'
rajtis , enfuite Compulé , Computa , ou , comme
lit Pintianus, Colpoélfe , ColpoaJJe. Quelques mo-
dernes l'appellent Caceline , Cacelina; & d'autres
difent que c'eft Scutari \ mais ils fe trompent. Les
Turcs la nomment Caliirieu, Voyez Ortelius ,
Petr. Gillius De Bofph. Thr. L. III, c. 10, le
yoyage de Con(tantinople de Grelor , èc VItiné->
raire de Bulbeq.
Chalcédoine, félon Denys le Géographe, étoit
fituce fur une rivière de même nom ;& félon Arriea
& Ménippe , c'eft de ce fleuve qu'elle prit Ion
nom. Le même Arrien dit que le fleuve fut ainli
nommé de Chalcédon fils de Saturne , & que ce
font les Doriehs , qui y ayant conduit une colo-
nie , donnèrent à la ville le nom du fleuve. D'au-
tres difent qu'elle tira fon nom d'un fils du Devin
Chalcas ; & d'autres de Chalcide , ville d'Eubée,
qui y envoya une colonie.
CHALCEDOINE. f f. (Quelques-uns difent Charù-
daine) eft une efpèce d'agathe-onix , d'une couleuf
tirant fur le jaune , ou fur le bleu , qui eft propre à
être gravée. Chalcedonius lapis. C'eft aufîî l'agathe
blanche des Anciens. On en trouve aulîi des noirâ^
très , mais l'azurée eft orientale , & la meilleure de
toutes.
ffT Cefalpin veut que la Chalcédoine foit l'onix blan-
che : mais ce n'eft ni l'une ni l'autre. La Chalcédoine
fe diftingue par une eau bleue , & l'orientale eft
de couleur de chair. Cette pierre eft de peu de va-
leur, étant extrêmement neigcufe.
ffF Belon dit qu'elle eft fi commune parmi les Turcs j
qu'elle leur fert à battre le blé. C'eft une e^tagé-
ration.
CHALCEDOINEUX , EUSE. adj. Terme de Jouallier,
qui fe dit d'un défaut qui fe trouve en plufieurs
pierres précicufes, quand en les tournant on apperçoit
quelques marques ou taches blanches , comme celles
de la chalcédoine , Chalcedonius. C'eft une épithère
qu'on donne particulièrement aux rubis & grenats,
quand il s'y trouve quelque couleur de lair mêlée qui
diminue beaucoup leur prix. On chève les grenats
& rubis pour leur ôter la chalcédoine.
CHALCEDONIEN , ENNE. adj. Chalcedonius, a. Qui
eft de Chalcédoine, qui appartient à la Chalcé-
doine. Prononcez .Calcedonien, L'Océan Chalcêdo-
nien. On appeloit ainfi autrefois la partie de la
mer qui étoit vis-à-vis ôc à la hauteur de Chalcé-
doine.
CHALCÉES. Voye^^ Chalcies.
CHALCIDE. (Prononcez Calcide.) Chalcis,v\\\e de
Syrie , fituée près du Liban. Elle donnoit fon nom
à une région ou Province dont elle étoit capi-
tale , & que l'on nomme aulTi Chalcidicc.
CHALCIDICE. Pays de Syrie , qui prenoir fon nom
de Chalcide, qui en étoit la capitale. Chalaodice,
Ce pays étoit au pied du Liban du côté du midi.
C'étoit un petit Etat dont nous connoiifons au
moins quelques-uns des Souverains, qui font Pto-
léméc , fils de Mennée ; Philippion fon fils & fon
fucceffeur -, Lyfanias , frère de celui-ci, & autre fils
de Ptolémée. Agrippa I la demanda à l'Empereur
Claude, à titre de Royaume, pour Hérode fon frère.
Il fut refufé. Après la morr d'Hérode, fils d'Arifto-
bule , l'an 48 de Jefus-Chrift , le même Empereur
la donna, avec titre de Royaume , à Agrippa II.
Quatre ans après Claude la lui ôta. Je trouve néan-
C H A
moins dans Jo/cphe, DeBelh Jud. !ib. Fil, c. VIII,
§ I, qu'Hérode, (ils d'Aïiftobiile, fut Roi de Chal-
cidc ou de la Clialcidice , & que ion iils Aiifto-
bule lui fucccda.
CHALCIDIQUE. i". m. ( Prononcez Calcidique.) Salle
grande &: lltperbe. Chalcidicum. Fellius l'appelle
i^halcedoiduin , mais peut-être cil - ce une rautc.
■Vitruve, /iv. F, ch. i -, Aufbne , Hygin,à la i^^;-
bU 184 -, Arnobe , liv. 111 &c liv. IF, diient Chalcidi-
cian Les Chalcidiques ctoienc de grandes & magni-
fiques ialles qu'on ajoutoit aux palais, comme on
l'a tait encore en des iiccles poftcrieurs , ainli qu'il
paroît par les grandes l'allés des palais de Paris ,
de Vannes &: de Bourges. Si le terrain que vous
avez pour bâtir cft trop long , dit Vitruve , vous
bâtirez au bout un chalcidiqiie. Je voudrois bien ,
dit Arnobe , voir vos Dieux &: vos Déciles pêle-
mêle dans vos grands chalcidi.pus, 6c dans ces pa-
lais du Ciel. On écrit , dit-il ailleurs, que vos Dieux
tbnt leurs fedins dans de grandes lalies à manger
qui Ibnt aux Cieux, & dans des chalcidi.jues tous
d'or.
Feftus dit que cette cfpcce de bâtiment avoit pris
fon nom de la ville de Chalcis , mais il ne die point
pourquoi Philandre dit que c'étoit un édifice dans
lequel la Cour des Monnoies avoit fon tribunal -, &
qu'il avoir pris fon nom de ;t«-'"">«5 airain, ma-
tière de la monnoie, & cte 4/>-.);, jiilUce ; mais cela
eft faux , il auroit l'accent fur l'antcpénultièmc ,
& non pas fur la dernière. D'autres le dérivent de
deux mots grecs , ;is«A«i , hron:^e , airain , & axa ,
maifon ; & ils diienr qu'on frapoit la monnoie dans
cesmailbns-là , qui étoicnt ce que nous appellerions
Hôtels de la Monnoie. Mais que deviendroit l'o
de elxoç ? Comment l'accent feroit-il fur la der-
nière î Comment la pénultième feroir-clle brève ?
Pour former un nom de x.'^à'-h ^ '^^ ''"'■"i ■> ii ^^it
dire ^''■^''■"'•y-o^ , Calciczcus , & comme on l'a dit
effeôtivement pour Minerve , dont c'eft-là une des
CpithctCS, A<-)HNH XAy^KIOlKaz.
Il y a eu une contrée de Macédoine, une de Syrie , &
une de Perlé , tiui portoient le nom de Chakidiqiu.
En ce fens, il eft féminin.
CHALCIES,o« CHALCÉES. f. f. pi. terme de My-
thologie. Fêtes célébrées par les Athéniens , en
mémoire de ce que l'art de mettre le cuivre en œu-
vre avoit été tiouvé à Athènes. Ce mot vient du
grec > «Aiiàç , C uivre , airain.
CHALCIGECÎES. f. f. pi. Fêtes de Lacédémone , où
les jeunes gens venoienc tout armés pour facrifîer
à Minerve Chalciœcos.
CHALCIS. Chalcis. Nom qu'a porté l'Eubée , &
qu'elle avoit pris de fa capitale, qui le portoit auiTi ,
de même qu'une ville de Syrie. On dit que la Chalcis
d'Eubce fut ainli appelée , parce que c'eft le premier
endroit où l'on ait trouvé de l'airain , y^ù.iM; , en
grec.
Les Anciens nommoient cette ville Chalcis , comme
Combé, fille d'Alopus, à qui l'on donne ce furnom,
parce qu'en cette ville d'Eubée elle avoit inventé
la première fabrique des armes d'airain. En ce temps-
là elle éioiv fi confidérable , que la querelle qu'eu-
rent fes Habitans avec les Erythréens leurs voilîns ,
partagea tous les peuples de la Grèce : ils prirent
les armes pour les uns ou pour les autres-, & une
de leurs colonies fous la conduite de Teuciès fut
fuffifmte pour peupler l'île de Naxos. Du Loir,
pag. 199.
CHALCITIS. f. m. Efpèce de minéral qui efl: rouge
comme le cuivre , friable & non dur , ayant des
veines jaunes &c luifantes au-dedans. Chalcitis. Il a
le goût du vitriol : il fe fond au feu 3 lorfqu'on
le met feul dans un crcufet,&: le diflbut aifément
dans les liqueurs aqiieufcs. Il y a deux autres mi-
ncr.iux appelés Mify &c Sory , qui font fort lémbla-
blcs au chalcitis. Toute letir différence ne coniifte
que dans la ténuité ou groifièreré de leur fubftance.
Ils fe trouvent tous trois dans les mines de cuivre,
&: même ils fe changent avec le temps l'un en l'au
'au- I
C H A ^99
tre. Lefory a les parties les plus gtolTièrcs; lec/iu/-
citis vient après, & enfuire le mijy, dont les par-
ties ibnt les plus tenues. Le miJy fe forme fur le
chalcitis, comme le verdet fur le cuivre ; c'en eft pro-
prement la rouillure. Le chalcitis le forme de la
même manière ilir lefory. On trouve ces trois iortes
de minéraux en Allemagne. Le chalcitis eft un des
ingrédicns de la thériaque : on a courume de lui
iubitituer le vitriol calciné. Ces trois minéraux ibnt
cauftiques & eicarrotiques i c'eft pourquoi on ne les
donne point intérieuremenr. Par la même raifon
bien des gens voudroient qu'on retranchât le chal-
citis de la thériaque.
CHALCOGRAPHE. f. m. Cœlator ,fcalptor , f^ Pro-
noncez Calcograpke , fuivant l'éthymologie , Gra-
veur en airain ; mais on le dit généralement de
tous Graveurs fur métaux. Melan, Edelinck, Nan-
teuil , &c. étoient de fameux Chalcographes. Le P.
Lelong dit que Rémi Capitain avoit fait graver
pluiieurs portraits par Jacques Debic , célèbre Chai-
cographc. On lit dans le Diélionnaire de Moreri que
Cailot fut un des plus habiles Calcographes de fon
temps , & Jacques Debie lui-même prend le titte
de Clidlcographe à la tête de ics vrais portraits des
Rois de France tirés de leurs monumens , & de fes
familles illuftrcs de la France par les monumens des
Médailles, Ce mo> vient de xa-^Ms , airain, cuivre ^
& î-««.?>4. , je grave.
ffT CHALCOPYRITE. Elpèce de Pyrite où il fe
trouve des parties cuivreufes.
CHALDAÎQUE. adj. m. & f. La langue -chaldaljue.
Chaldaïca lingua. On dit auflî fubftantivement' le
chuldaïque , en ibus-entendant le langage. La Para-
phrale chaldaique, qu'on appelle en langage de P.ab-
bin , le Targum , Paraphrajis chaldaica. Para-
phrafte chaldaique , c'eft l'Auteur d'une paraphrafe
chaldaique. Il y a dans la Polyglotte d'Angleterre
trois paraphrafes chaldaïques ; celles d'Onkelos ,
une de Jonathan fils d'Uziel, & celle de Jérufa-
lem. On attribue auîfi à Jonathan celle qui eft fur
les Livresque les Juifs nommeni Prophètes. Foyej^
fur les Paraphrafes chaldaïques Walton , dans fon Xlle
Prolégomene , Se VHiJloire critique de l'Âne. Tejla-
ment , Liv. Il , ch. 18.
Ximénès entreprit de faire travailler à une nou-
velle édition de la Bible, qtti contînt pour l'Ancien
Teftament , le Texte hébreu , la Vulgate , la Verfion
grecque des Septante traduite en latin, & la Para-
phrafe ckalda'que , avec une Verfîon latine. Fi.éch.
Chaldaique. (Période) Foye^ Période.
CHALDLE. Chaldiza. Ancienne province de l'Afie »
qui occupoii la partie de la Méibpotamie la plus
bailé &■ la plus proche du confluent du Tigre & de
l'Eaphrate, 6c qui s'étendoit encore au midi juf-
qu'au détroit Perfquc, entre les défcrts de l'Arabie
au couchant , 6c le Tigre à l'ovient. La capitale de
la Chaldce ctoit Babylone ; de-là vient que la partie
méridionale de cette province , au-dcfibus de la Mé-
ibpotamie, ou même la Chaldée toute entière, eft fou-
vent appelée Babylone. On l'appelle aujourd'hui
Yorak Arabi. Foye:^ les étymologies du mot Qial-
dcen. Dans le rcxte original de l'Ecriture, le pays
n'a point d'autre nom que celui du peuple , comme
beaucoup d'autres.
Quelques-uns voudroient retrancher Mh des mots
Chaldée , 6c Chaldéen , en faveur de la pronon-
ciation.^
CHALDÉEN. f. m. Se dit des perfonnes 6c du lan-
gage. Chahhius. Le chaldcen , les Chaldéens.
Chaldéen. ( Miifel) Titre du Miffel des Maronites ,
qui eft en langue chaldaique ou fyriaque , 6: qui
a été imprimée in-folio à Rome , en cette langue ,
l'an îî 91. Ce Miffel contient douze Méfiés ou Li-
turgies, fous les noms de faint Jacques, de faint
Pierre, de faint Jean, des faints Apôtres , &c. Foye^
le: Remarques fur le chapirre vingt-quatre du Foyage
du P. Jérôme Dandini au mont Liban.
Chaldéen , enne. f. m. §c ï. Peuple liabitant la Chal-
dée, Chaldizus, En hébreu ou en chaldéen , les Chai-
4
oo C H A
^«/2^ font appeUcs ChafcUns -, DiTt-o pint:'3 , Phi-
Ion , dans l'es Gloles ou Interprétations des noms
hébreux , interprète ce mot fipsvTEi? , î ftiifoi > ^ <^''
Jlaifiiu^ , c'eft-à-dirc , félon l'interprétation de Saint
Jérôme, Vi dizmoues vel f^roas , ou plutôt Devins ,
ou Mages, ou comme Démons. Ce Pcre fuit encore
ailleurs le fentiment de Philon, & dit que perfonne
ne doute que ChaUeen lignihe Dimon, Cela fup-
pofé , il eft clair que Philon & Saint Jérôme ont
cru que ce nom hébreu étoit compofc d'un 3,
marque de limilitudc , ou de rcdcmblancc', & de
fchedim , qui lignihe Dcmons , S<: vient de ll'CJ ,
fckalad , ravager i & le v ou s , s'ell changé en /,
comme le d dans Ulyfîe. Mais il eft bien plus
probable que ces Peuples ont été ainlî appelés de
"lun, Cajed , ou Chejcd , dont -il eft parle, Gen.
XXII. Dans ces premiers temps , toutes les Nations
portoient le nom de leur Fondateur. Saintjérome eft
de ce fentiment dans fes Qucftions hébraïques , &
Bochart. Dans ce fentiment, il faut dire que , quand
l'Ecriture fe fert du mot Chaldisn avant le temps
de Chefed, fils de Nachor , c'eft une anticipation,
ou prolepfe. On pourroit dire auifi que ce nom
leur venoit peut-être de quelqu'autre Chcfcd , plus
ancien que le fils de Nachor. D'autres croient que
ce nom vient de celui d'Arphaxad, père des Chdl-
^'enj , comme le dit Jofeph^', Amiq. Jud, Liv. I,
ch. -j, que ce nom , dis-je , en vient par apocope ,
c'eft-à-dire , en retranchant le commencement al-
pha-^ refte en hébreu "(Zij^ d'où confondant le 3,
ou c, & ■<t- , ouj, en uni, ou x -, les Grecs ont
fait Ap-^ialàS, Jrpha.xad. Ce fentiment eft de tous
le plus vraifemblable.
Les Chaldccns pailbient dans l'i^ntiquité pour les
inventeurs de l'Aftronomie, & ils croient fort adon-
nés non-feulement à cette fcience , mais encore à
l'Aftrologie , à la Devination , &c. C'eft pour cela que
que Clu-ldeen , dans l'Ecriture &; dans les Auteurs
prorancs , eft la même chofe que Mathématicien,
Aftrologue , difeur de bonne aventure , faifeur d'ho-
rofcope, magicien, comme on le peut voir, dans
Daniel,//, 2,4,5,10, IF, j-yV,-', n -, dans Cicé-
ro« , De Diiui , lib. 1 ,n. 1, ■'■^i, & ht. Il , n. 41, 87,
£c Lit. II , /2. 41 , 87, &: Lié. I. Tujcul. ijuœJL n. 95.
Strabon, Liv. FI; Aulu - Celle , Liv. / , ch.^, &
Liv. XIF,ch. I-, Suétone, dans Vitellius , c/^. 14-,
Saint Jérôme , fur Daniel , ch. \i ; Javen. Sut. X,
verj: 94.
Ch ALDÉEN ,avec l'article défini , lignifie la langue chai -
daïque, que parloient les Chaldéens. Chuldaica lin-
Sua. Le chaldcen eft un dialcdte de l'hébreu. Un
Auteur qui écrivoit , il y a quelques années en Hol-
lande, une Dilfertation fur ces Médailles (5^OTan-
tainss) , s'eft imaginé y trouver du cha/d^eri. P. Souc.
Diffère, fur les Médailles Hcbr. Il lignifie aulîî quel-
quefois le Paraphrafte Chaldaïque ; c'eft -à- dire,
Onkelos , quand on parle du Pentateuque ; & Jona-
than, s'il s'agit des autres Livres de l'Ecriture: car
pour Jonarhan fur le Pentateuque & le Pataphrafte
de Jérufalcm , il ne faut point les appeler fimple-
ment ^ abfolument le chaldeen. Le chaldeen paroït
à plulieuts Chrétiens 8: Juifs convertis fournir des
preuves de la diftindHon des perfonnes en Dieu,&
marquer la féconde par le mot XiOQ , verbe.
Chaldeen, ENNi, eft aulTi adj. Chaldaïque, qui ap-
partient aux Chaldéens , ou à la Chaldée. Chaldtcus ,
Chaldaicus. Strabon rapporte qu'il y avoit deux
Sedcs parmi les Philolbphes Chaldéens ; les Or-
chènes , &: les Borfippènes. La langue chaldéenne.
fer CHALDRON. Mefure d'Angleterre. Foye^
Ci^ATIDRON.
CHALEMÊE. Vieux f f. Flûte, chalumeau. Tibia,
calamiis.
CHALEMEL. f. m. Calamus, Ce mot s'eft dit autre-
fois pour chalumeau , comme ormel &c mantel pour
ormeau Sc manteau. De chalemel on en fait chale-
meler , pour dire , jouer de la fiiits, du chalumeau ;
ce v-crbs n'eft plus en ufage.
C H A
CHALEMELER. v. a. Vieux mot. Faire danfer au Ipn
de la flûte.
Et tint un JTeflel de rojiaux ,
Si chalemoit les dan:^aux.
CHALEMELLE. f. f. Vieux mot. Flûte, chalumeau.
Tibia, calamus.
CHALEMIE. f. i. Flûte champêtre , chalumeau , ef-
pèce de mufettc. C'eft plus proprement ce qu'on ap-
pelle cornemuj'e. Fajioritius calamus. La chalemie eft
ditrerente de la cornemuj'e , en ce qu'elle n'a point
de bourdon. Ce mot n'eft en ufage que dans le
burlefquc.
Ains ejl couru voir la folennité.
Et a foune fa flîue & chalemie
Tout à ion loi-, honneur & disnité.
Marot.
UCr CHALENTON. Ville de France, en Auvergne,
félon quelques Arias. Ville imaginaire.
CHALET, f. m. C'eft ainfi que les SuiUes nomment
certains bâtimens bas , qui fe trouvent répandus
dans les montagnes de Griers , uniquement deftinés
à faire des fromages.
CHALEUR, f. f. Ip- On peut confidérer la chaleur
comme l'eftet que produit en nous un corps chaud ,
&; fous ce point de vue c'eft une perception , une
modification de notte ame occafionnée par l'adion
du corps qu'on appelle chaud , qui ne peut avoir
rien en lui de lémblable à cette fenfation de l'ame.
Ou bien comme une qualité qui conftitue le corps
chaud , & qui le rend propre à exciter dans nos or-
ganes la fenfation de chaleur. Caler.
gC? On peut définir la chaleur, un fentiment qui
rélulte de l'aclion & du mouvement des petits
atomes de feu qui agilfent fur les corps, & qui en-
trent dans leurs pores. Quand nous fentons la cha-
leur du feu , c'eft que nous fentons de petits atomes
de feu qui fe détachent , & qui viennent fraper nos
fens : fie elle eft d'autant plus violente , que ces cor-
pufcules font en plus erand nombre , & plus agités.
Si l'on expofe au feu , un vafe rempli d'eau ,
vous verrez cette eau s'échaufler & bouillir, aullî-
tôt qu'un grand nombre de particules ignées aura
communiqué .à fes globules fenfibles*& infenfiblcs
le mouvement dont elles font animées. On fait
fondre les métaux les plus durs , en les plongeant
dans quelqu'une de ces liqueurs où le feu fe trouve
en grande abondance, telles que font l'eau forte,
l'eau régale. Quand on veut communiquer de la
chaleur aux corps Iblides les plus froids , on n'a
qu'à les jetter dans le feu. Bientôt leurs pores feront
remplis de particules ignées. Une infinité dexpé-
riences de cette nature donne lieu aux Phyficiens
de conclure que l'on doit regarder le feu comme la
vraie caufe de \^ chaleur.
%fT Ce feu eft répandu également partout , & il exifte
en égale quantité, dans toutes lespatties de l'efpace ;
mais il eft caché & imperceptible , & ne fe découvre
que par les eifcts qu'il produit; effets qui dépendent
de certaines circonftances qui concourent enfemble,
dont la première, & la plus eiîentielle, eft que ce
feu également répandu partout , foit amalïé & réduit
dans un plus petit efpace. On a cru que les grandes
chaleurs de la zone roriide la rendoient inhabitable.
jEjlus. Les pointes & les imaginations de Séneque
fcntenf.in peu \ï chaleur d'Afrique. S. Evr. La cha-
leur du Soleil aux jours les plas froids de l'hiver eft
égale à celle des jours les plu". chauds de l'été: Ce
qu'on a prouvé avec le miroir de la Bibliothèque
Royale; parce qu'il fait audi-bien en hiver qu'en
été cet Ci'fet fucprenant , de vitrifier les pierres &les
briques en peu de temps.
La chaleur du Soleil en été eft afîez fotte pour
échaufer une barre de fer de fix pieds de longueur ,
& la rendre plus longue qu'elle n'étoit en hiver,
ayant été expofcc â la gelée , de deux tiers de
ligne.
/
C HÀ
ligne, comme Je l'ai reconmi par une expérience
trcs-cxaCte que j'en ai faite autrefois. De la Hire,
Acad des Se. 1705. Mim, p. io8.
Vers les tropiques , les chakurs font plus grandes
que vers la ligne. De la Hirej Acad, des Se. 1703 ^
p. Z93.
1^ Selon plufieurs Phyficiens , la chaleur n'efl: point
une propriété originairement attachée à une elpèce
de corps particuliers, mais une propriété méchanique
que l'on peut produire dans un corps par un cer-
tain mouvement d'extenfion, violent, rapide & erl
tout fens , communiqué aux parties infcnlibles de ce
corps. Qu'un ouvrier lime un morceau de 1er, la li-
me & le morceau de fer deviennent excefîivement
chauds. Cependant on ne voit rien là qui puilîe pro-
duire cet effet, que le mouvement violent & en tout
fens imprimé aux parties infenlibles par lesfrottemens
réciproques. Quand l'eau devient chaude fur le feu,
ce mouvement devient feniible à proportion du
degré de chaleur , & quand elle devient bouillante ,
cette agitation devient encore plus fenfible , par les
ondulations, par le bruit, par les vapeurs qui en
forcent, &€.
En Médecine on diftingue deux fortes de chaleur ',
Il naturelle, qui efl: le principe de la vie des ani-
maux -, &: l'étrangère , qui leur arrive par accident ,
bu de dehors, comme par les remèdes, par les ali-
mens : & c'efl: celle qui caufe les maladies , & fur-
tout la fièvre. Dansl'émotion de la crainte, lefang &
la chaleur fc retirent , & accourent au fecours du
Cœur. Flech. Chaleur vitale , efl; la même chofe que
chaleur naturelle. La chaleur vitale fe trouve dans
les animaux tandis qu'ils font en vie.
Chaleur fe dit figurément ^fT pour paffion vive,
ardeur, zèle empreffé, grande aftél:ion, &c. Ardens
jiudium. Cet homme fert fes amis avec beaucoup de
chaleur. Il va à l'aflaut , parle , difpute avec beaucoup
de chaleur. La peifualîon qui frappe l'efprit dure
davantage , parce que la raifon dure toujours, &
ce qui touche le cœur fe perd à mefure que la cha-
leur de la paillon s'éteint. P. Rap. Les Pères ont
pouffé avec beaucoup de chaleur & de feu les ma-
tières qu'ils avoient à manier , quelquefois ils ou-
trent un peu les chofes. Le zèle ne doit pas être une
chaleur aveugle. Vill. Il y a des gens que la contef-
tation échauffe & qui tirent de leur efprit plus qu'ils
n'y trouveroient fans cette chaleur. Pasc. Quand on
propofe fes fentimens avec trop de chaleur , on les
rend fufpeéts de paillon. NicoL. Une heurcufe cAa-
/e2^r anime fes difcours. Boil. Toute la chaleur que
la Religion femble nous infpirer quelquefois, cette
chaleur dont nous ofons nous faire un mérite aux
yeux de Dieu , c'eft à nos pallions que nous la devons ;
& ce mérite dont nous fommesfi fiers eft peut-être
un crime. Il avoir tant de chaleur à la guerre, qu'elle
l'empêchoit de faire des réflexions. S. EvR.
]^ On dit figurément dans la chaleur de la difpute ,
dans la chaleur du combat, dans la chaleur de la
compofition , pour dire dans le fort du combat,
6-c. Qui eft cçluiqui , dans la chaleur de la Viétoire ,
confîdère le nombre ? Vaug.
§Cr Chaleur fe dit encore au figuré pour un mouve-
ment de colère qui dure peu-, & en général , pour un
mouvement prompt Ô£ pafTager d'une paillon qui eft
attribuée à Tâge & au tempérament. MJîus, impetus,
ardor. On dit en ce fens chaleur de foie. Il a eu que-
relle avec fon ami -, mais ce n'étoit qu'une chaleur de
foie. ExprelHon du difcours familier. Pour excufcr
un Jeune homme , on dit que c'eft la chaleur de l'âge
qui lui a fair commettre une faute : & en parlant
d'un homme fait , on dit que fes grandes chaleurs
font palfées, pour dire que l'âge a ralenti fes.palfions.
Deferhuit adolefcentia.
Chaleur fe dit aulll de l'ardeur qu'ont les femelles
des animaux en certains temps pour rechercher le
m.âle -, comme des chiennes, des chates , des cavales ,
des élcphans, &c; Chienne en chaleur. JEjius
veneris.
' On dît proverbialement, Couvrez-Vous, îacA«/êar
Tome II.
e
H
40
vous eft bonne j à ceux qu'on taxe d'incivilité i
quand ils mettent leur chapeau àcontre-t.mps.
La Baie des Chaleurs. Elle eft ^3" dans la Nou-
Velle-France , & fair partie du Golfe de Saint Lau-
rent. Elle eft lîtuée au fud-oucft du Gafpé, & à l'oueft
& oueft-nord-oueft du banc des Orphelins.
Ip- CHALEUREUSEMENT, adv. vieux mot. Par uif
prompt mouvemenr de colère. Subito animi impetu,
CHALEUREUX , EUSE. adj. Qui a de la chaleur na-
turelle. Fervidus, prœfervidus. Il ne fe dit guère
qu'en cette phtafe. Les vieillards ne font guère cha-
leureux. On a dit autrefois chaloureux. On ne dit
plus ni l'un ni l'autre.
#C? CHALIACRA. Ville de la Turquie en Europe i
dans la Bulgarie , avec un port fur la côte de la mer
Noire.
§3° CHALIBE. Voye^ Chalybé, Je préférerois là
première orthographe.
CHALINGUE f. Y. Petit vailTeau des Indes, qui n'a
de membres plats que dans le fond , & qui n'eft
guère plus long que large. Navicula Indica. On ne
fe fert point de dloux dans fa conftruélion , & les
bordages de les hauts ne font coufus qu'avec du fil
de caret, fait de cocos, ou détoupe de noix de
palme.
CHALIT, f. m. Bois de lit. Leclus. Nicot croit que ce
mot vient de chajfis de lu. Il eft vieux : en fa place
on dit bois de lit.
CHALLER. V. a. Vieux mot qui fignifie écaler,ôtec
l'écale ou la coque dure des noix. Cependant les mé-
tayers qui là auprès challoient les noix , accouru-
rent avec leurs grandes gaules , & firapèrent fur
ces fouaciers comme fur feigle vert. Rabelais.
CHALLIVOY. Mouillez les deux //. Abbaye de l'Ordre
de Cîteaux , de la filiation de Pontigny , fondée en
1 1 3 3 , par Guifroy de Magny & d'autres Seigneurs
de Berry , dans lequel elle eft fituée proche de San-
cerre , faifant une partie de fon vignoble. Callovium ,
collivetum. M. Furetiere , premier Auteur de ce
Diélionnaire , étoit Abbé de Challivoy. Voyez fur
cette Abbaye , la Thaumafllcre , Hijhire de Berry^
Liv. X, ch. i5, & le nouveau G alita ChrilUana.
CHALLUA. f. m. Sorre de poi/lbn fans écaille, qui
fe trouve dans les rivières du Pérou. Il a la tête longue
& plate, comme celle d'un crapaud, & la gueule
fort grande ^ il eft d'un fort bon goût , & de bonne
qualité,
CHALOIR v. n. Vieux mot qui fignifioit autrefois im-
porter, avoir foin. Curare , folllcitum effe. Il n'eft
guère en ufage qu'à l'imperfonnel en cette phrafe
populaire, il ne m'en chaut , pour dire, iJ ne m'im-
porre. Il ne m'en peut c/^^/o/r , cela ne me peut être
important. Marot s'en eft fervi au fubjonélif en difant
â fon créancier :
Beau Sire, ne vous chaille ,
Q^uand je ferai plus garni de cUquaille j
Vous en aurei : mais il vous faut attendre
Un bien petit.
Un Poète de ce temps a dit .aiilfi dans une Èpitra
badine,
Peut-ctre fort peu vous en chaut -, ,
Mais , ma Chailly , qu'il vous en chaille
K)u qu'il ne vous en chaille /j^j ,
Je vais tacher , vaille que vaille ,
Defortir de cet embarras.
?fT CHALON. f. m. Terme de pêche. Filet que les
Pêcheurs traînent dans les rivières, par le moyen
de deux bateaux au bout defquels les côtés du filet
font attachés. Amplum rete.
CHALONGE. f. m. Vieux mot. Tromperie , liargui-
cnement. On a dit aulll chalande dans le même fens.
CHALONNOIS. f. m. Nom de deux di fcrentes con-
trées de France, dont l'une eft en Champagne, &:
l'autre en Bourgogne. Le Châlonnois en Clumpagne,
Catalaunenjîs ager 5 ainfi nommé de Ch.ïlons-fur-
Marne fa capitale, eft entre le Rémois; le pays
Eee
402 C H A
d' ^rgonne , le BafTigny &c la Champagne propre. Le
Châlonnois de Bourgogne , Cabillonenfis ager , trac-
tus y a le Dijonnois au nord , le Maconnois &C la
Brefle au midi, la Franche-Comte à l'orient. Se à
l'occident l'Autunois-, Châlons-liir-Saone, en efl; la
capitale , de laquelle il prend l'on nom. Ce Châlon-
nois a eu autrefois fes Comtes particuliers. C'cft
Louis le Çcbonnaire qui lui donna le titre de Comté.
Châlonnois , dise. adj. qui eftde l'un des deux Cha-
lons, ou des deux Châlonnois. On appelle la Breiîe
ChâlonnoiJ'c, lajiartie de laBrede qui touche au Châ-
lonnois. Cabillonenfis , ou ditalaunen/is , félon
qu'on parle de l'un ou de l'autre Châlonnois.
CHÀLONS. Ciicj-launum. Noviomagus Vadicajfîum.
Ville de Champagne en France, qu'on appelle fou-
vent Cnilons-jur-M.irne , parce qu'elle eft fur cette
rivière , & pour la diiHnguer de Châlons-fur-Saone. j
L'Evêque de Châlons efl un des (ix Pairs Ecclcliaftiques
du Royaume-, &: l'un des trojs Comtes éc Pairs. Châ-
lons fur la Carte de M. de l'île eft prefque fous le 49^
degré de latitude, &: aa ii^ quelques minutes de
longitude. •
Selon M. Caffinî , cette ville eft plus orientale que
Paris de o^' , 5' , 16" , ou i^ , z', 10". Sa longitude eft
de<2id,53'j 40". Sa latitude de 48'! , 57', 10",
Ua eft long, SiC quelques-uns même écrivent ce
mot par deux aa , Ch:ialons. On ne le fait plus. Voye^
Valois, NotitGall. au mot Catalauni.
^ CHÂLONS. Ville Epifcopale de France, capitale
du Châlonnois , en Bourgogne , fur la Saône. Quel-
ques-uns pour la diftingue'r de Châlons en Cham-
pagne écrivent Ch^lon. Cibillo jEduorum , Cabil-
lonum , Cabillonia. C'eft une ancienne ville dont
Céfar, Corn/n. de Bello Gall. Lib.VlI, c. 41. Strabon,
Liv. IV. Ammien Marcel. Liv. XF , & l'Itinéraire
d'Antonin font mention ■, &c qui dans la fuite fut le
fcjour des Rois de Bourgogne , & en particulier de
Sigifmond. Saint Donatien , Evcque de Châlons, le
trouva en 54(5' au Concile de Cologne, Julien Bal-
leure a écrit l'Hiftoire des Evêques & de l'antiquité
de cette ville, qu'F^offinam , au mot Cutalaunum ,
appelle mal Catalaunum comme la précédente. Il y
a en françois une Hiftoire Civile &: Ecclélîaftique
ancienne & moderne de la ville & cité de Châlons-
fur-Saone ^ par le P. Claude Perry de la Compagnie
de jéfus. Long, ii'l, 51', 25"-, lat. 41?-^ , ^6' , 56".
CHALOSSE. Pays de France en Gafcogne. Calofia.
La Chaloffe eft renfermée dans la Gafcogne propre ,
près de l'Adour , &: Saint Sever en eft le principal
lieu.
CEIALOUPE. f f. petit bâtiment de mer deftinc au
fervice des grands vaiiTeaux , fur lequel on Iraitau/îi
de petites traverfes. Lembus. On le lauve dans des
chaloupes. On a mis la chaloupe en mer. On porte
des chaloupes en fagot. Chaque chaloupe eft armée ,
c'eft-à-dire , équipée de trois matelots , pour la nager;
lavoir du A'Iaître qui la gouverne , du Tctier qui
tire la rame devant , & de l'Arrimier qui tire au
milieu. Il y a des chaloupes doubles dont les unes
font pontées , & les autres n'ont que des courcives.
Chaloupe bonne de na^e , eft celle qui eft facile à
manier , &: qui palfe & marche bien avec les avirons.
Chaloupe armce , eft celle dans laquelle , outre les
matelots ^ont elle a befoin pour la nager , il y a
encore des foldats pour quelques expéditions. On
dit, avoit la chaloupe à toue ; pour dire, l'avoir
amarrée à bord , & la faire tirer par le vailTeau lorf-
qu'il eft fous voiles. Les gens de mer fe fervent de
chaloupes pour porter des provifions au vaiffeau. P.
HosTE, Jéfuite.
Ce mot vient de chalan, qui eft une efpèce de bateau
de rivière , à l'imitation duquel on fait la chaloupe.
Borel croit que l'un & l'autte viennent du grec xSao» ;
qui fignitîc li^nurn.
%fT CHALUC. f m. Poiflbn de m.er femblable au
chabot , mais ayant la tête moins groflè. Labeo ou
labrus , ainlî nommé à caufe de fes grolles lèvres.
Voyei^ Chabot.
gcr CHALUMEAU, f. m. C'eft proprement la tige
C H A
creufe du froment , des rofeaux , ùc. Calamus. Ce mot
convient aux plantes graminées. Voyes^ Tige, On le
dit aullî d'un ''tuyau d'or , d'argent ou d'autre ma-
tière. Les cnfans font de petites bouteilles de favon
en foufilant dans un chalumeau. Quand le Pape
communie folennellement , il prend le fang dans le
calice avec un chalumeau d'or.
Ce mot vient du latin culmus , ou calamus ;
Nicot : ou , félon Du Cange , de calamellus , d'où il
dérive audi le mot de chalemie.
Chalumeau fe dit auiîi d'un inftrument de mufique
champêtre , compofé Ibit d'un , l'oit de pluficurs
tuyaux de blé, foit de quelqu'autre matière déliée,
Calamus ,fijiulapalioritia ; Avena. Jouer du chalu-
meau. Les chalumeaux ont fervi de flûtes à nos an-
ciens , &: on en a tait de l'écorce d'un faule levée
quand il eft en fève. Il étoit ouvert tant en haut qu'en
bas. Il s'en fait audi avec un tuyau de blé bouché par
en bas par le nœud du tuyau, avec deux trous &: une
petite fente au milieu en forme d'une petite lan-
guette qui fert à battre l'air. Les Bergers dans les
Eglogues chantent les louanges de leur Berstère fur
leurs chalumeaux, Sylvejirem tenui mufam avenâ
meditari.
Viendrai-je en une Eglogue , entouré de troupeaux ,
Au milieu de Paris enjler mes chalumaux 3 Boil.
Mufes , quittons nos prairies j
Et pendons à ces ormeaux
Les rujiiques chalumeaux
Quijîattoient nos rêveries. SarAS,
On appelle chalumeau , la flûte qui eft attachée
fur la peau de la mufette, Fijiula. Chalumeau de mu-
fette , de cornemufej
1^ Chalumeau. Terme d'Emailleurs , de Metteurs
en œuvre, &c, C'eft un petit tuyau creux , de cuivre t
dont ces ouvriers & autres fe fervent poui diriger la
flamme de leur lampe furies pièces qu'ils veulent
fonder,
|kT II y a des occafions où l'on fe fert de chalumeau
pour communier. A Saint Denis en France , le
Diacre & le Sous-Diacre communienr avec un cha-
lumcauA'oi , fous l'efpèee du vin, les Dimanches
à la grande MelTe. La diftribution du fang de notre
Seigneur fe faifoit avec un petit tuyau , ou c/itz/«-
meau d'or. Foye^ Pipe. Bouteroue.
CHALUMER. Vieux mot. |p^ Jouer du chalumeau ;
au figuré , boire avec un chalumeau. Dans l'un 6»
l'autre fens il eft hors d'ufagc.
Efope quelquefois la nuit ,
■ I)e complot avec lafervante ,
ChaXumoh fans faire de bruit
Les tonneaux de fan maître Xante.
FURETIERIANAJ
CHALUMET. f m. Prononcez Calumet. Petit bout d'i-
voire , long de quatre ou cinq pouces, &dela grof-
feur d'un gros tuyau. Le chalumet eft percé dans fa
longueur , & l'on y emboite les pipes à fumer , pour
éviter l'incommodité de la terre ou plâtre de la pipe,
qui s'attache aux lèvres , & pour ne pas mettre dans
fa bouche le bout d'une pipe qui a été éprouvée par
plufieurs autres. L'ufage des chalumets n'a pas duré
long-temps, parce qu'ils deviennent puants par une
^ forte odeur de tabac qu'ils contrarient prompte-
ment.
CHALYBÉ , ÉE. adj. Calybé. Ghalybatus ( le Didion-
naire de l'Académie écrit chalibc. ) On donne cette
épithète à plulieurs compolîtions , dont l'acier, en
latin Chalybs, fait la bafe. Tels font le tartre chalvbê,
l'eau chalybée , &:c. Aqua chalybata. L'eau chalibée
eft aftringente : c'eft pourquoi l'on en fait boire à
ceux qui font incommodés diî cours de ventre. ■
CHAM. f. m. Cham, Charnus. Prononcez Cam. Chameft
l'un des rrois fils de Noé qui repeuplèrent la terre
après le déluge , Se qui fut maudit de fon père pour
C H A
l'avoir infulté d'une manière peu fcafite , pendant le
ibmmeil que lui caufa TivreH j donc il cit parlé dans
la Genefe,IX. Il étoit l'aînc des deux aucres : Sem
cfl appelé l'aîné de Japhct feuljnon pas de Japhec &:
de Cham , Gen, X, 2 1 . Et parce que Noé eut l'un de
ies trois fils à 500 ans, ce ne fut pointSem , car il ne
naquit que l'an 501 de ion père Noé, puifqu'il n'avoir
que 100 ans, deux ans après le déluge , qui arriva la
60/ année de Noé, Gen. XI ^ 10. Ce fut encore
moins Japh;r, puifqu'il étoit cadet de Sem. Il faut
donc que Cham ait été l'aîné des trois. Sa poftérité
occupa l'Afrique, l'Egypte, l'Arabie heureufc & la
Paleftme , ou terre de Chanaan , & régna même à
Babylone, comme on le voit par les noms des
peuples qui lesjubiterent,&: qui font les enfans de
Cluim , Gen. X, 6, 7, 8. L'Egypte même eft appelée
dans l'Ecriture , les Tentes de Ckam , Pf. LXXVII ,
5 1 -, & Terre de Cha^n , Pf. CIV , 25 , 27 , C^, ii -,
& dans Plutarque Chemie. De-la encore , fclon Bo-
chart , Phaleg , L. IF, c. i , les noms de Ckemmis ,
Pfochemmis . Pfntache/nmis , donnés à des cantons
on contrées d'Egypte. De-là les noms d'Hammon ;
& celui à^E'^iAc^of^ioi , dans Etienne de Byzance. Le P.
Lubins'eft trompé, quand il a cru que la terre de
Cham dans les Pfeaumcs n'étoit que la terre de
Geflén , petite partie de l'Egypte où habitèrent les
Ifraëlites. Ceft toute l'Egypte. Foye^ de Muîs , Pif-
cator,Gejerus& Bochart , à l'endroit cité; & en
effet David, Pf.CIF, 23, prend ces deux mots
DI-iVO, Egypte, & DH \"\-^ , Terre de C/iam, comms
fynonymes. Le prétendu Bérofc dit que Cham efl: le
même que Zoroaltre , l'inventeur de la Mas^ie.
L'Arabe Abenephius dit que c'eft audi l'Ofiris des
Egyptiens , &le feu que les Perfes adoroient. Foyer
le P. Kirker, (Edlp.^gypt. Tom.I,p. 84.
CHAM, f m. efl: le titre qu'on donne aux Princes fou-
verains de Tartarie. Prononcez A:(Z/7z. Pludeurs même
récrivent ainfî , comme les Auteurs des Relations de
Crimée qui fe voient dans les nouveaux Mémoires
des Mijfions du Lev&nt , imprimes en 17 1 5. Charnus
Scytharum ad Orieniem , Scythiiz ad ortum hnpe-
rator. Le grand Cham des Tartares, Le Cham des
petits Tartares. Cingis a été le plus fameux des Tar-
tares, Il vivoit du temps de Saint Louis > & efl:
l'auteut de la race des Rois de Perle S>c des Mogols
d'aujourd'hui.
Quand le Cham de Tartarie a dîné, un héraut
crie que tous les Princes de la terre peuvent aller
dînet , fi bon leur femble ; &: ce Prince , qui ne
mange que du lait , qui n'a pas demaifon,qui ne
vit que de brigandage, tegarde tous les Rois du
monde comme fes efclaves,& les infulte régulière-
rement deux fois par jour, Montesq.
Ce mot , en langue fclavonne, fignifie Empereur,
comme le dit Vincent de Beauvais M. Spcrlingius ,
dans fa Diflertation fut la majcfté du nom DanoïsXo-
Tzmo', qui lignifie Roi , croit qu'on pourroit tirer de-
là le nom de Cham des Tartares, & qu'on a dit dans
le Septentrion Kan , Konnen , Konge , Konning.
Cham eft amn le nom que l'on donne en Perfe aux
grands Seigneurs de la Cour , & aux Gouverneurs
des Provinces,
CHAMADE, f, £ Terme de Guerre. C'eft un certain
ion de tambour, ou de la trompette , que donne un
ennemi pour fignal qu'il a quelque propolition à
faire au Commandant , foit pour capituler , foit pour
avoir permilEion de retirer des morts, faire une trêve,
&c. Signum huccinœ , tympanl ad colloquium.
Ménage dérive ce mot de V\x.^Y\zKv-chiamada , qui
a été fait de clamare.
ffT Ce mot ne s'emploie guère que pour exprimer le
lignai que les affiégés donnent , foit avec la trom-
pette ou le tambour, foit en arborant le drapeau
blanc pour demander à capituler.
CHAMifiCERASUS.f.m.Petit arbriffeau qui croîr à
la hauteur d'un pied & demi , ou de deux pieds. Ses
rameaux font ligneux, fragiles , revêrus d'une écorce
blanchâtre, remplis d'une'moëlle blanche. Ses feuil-
les font faites comme celles du pcrycliraenum ou du
C II A ^^-j
xyloftcum, mais plas grandes, plus large-j ! niuS
dures, moms vertes, pointues, velues, principale-
ment en délions , rangées vis-à-vis l'une de l'autre.
Ses fleurs naiilent deux à deux fur une pédicule qui
fort des ailiellcs des feuilles. Elles font petites »
blanches, formées en tuyaux évafés & découpes ca
deux lèvres, ioutenues chacune par un calice fen-
blablca une petite grenade, lequel devient dans la
luite un fruit ou une baie rouge ^ femblableàunc pe-
tite cenle , marquée de deux points, remplie d'un
lue amer de mauvais gôûr,& de quelques femences
aplaties-, prcfqu'ovalcs & blanches. Cet arbrhléau
croit aux heux montagneux , comme les Alpes & les
Pyrénées. Ses fruits naiffcnt deux à deux , attachés
a la même cjueue. Ils excitertt au vomiiièment, SC
purgent au/îi par bas , lil'on en avale quatre ou cinq.
Son nom vient de x-^«} , humi , a bas, & cerafusy
cerHier : comme qui dirait certfier bas. Lémiry ,
après quantité d'autres Botaniftes,
CHAM^CISSUS, f, m. Plante. Fvye? Lierre ter-
restre. C'eft la même choie.
CHAM^DRIS. Plante. Il faut écrire chamœdrys ,
puilquc ce mot vient de -^.u^, , humi , à terre , 8C
^f.ç, arbre, petit chêne. On prend des feuilles de
cette herbe j comme celles du thé, pour les obC
tr^udions des vifcères. On l'appelle aulli germandrk
l^oye:^ GermAndrÉe.
CHAM^LEON blanc, f. m. Plante mèdecinale,
qu on appelle auili Car Une. Voyez Carline.
Cham.£Leon noir. Plante dont la racine eft brune
par dehors, de la couleur de l'ariftoloche, lon-
gue en dedans , groiiè , charnue , & fort rarement
rongée. Chamxleon niger. Sa tige eft de couleur
de pourpre, de la hauteur d'environ neuf pouces j
les feuilles ibnt iemblables à celles de l'artichaut ,
marquetées de taches de diveriés couleurs 5 iés fleurs
ionr en ombelle, environnées de quantité de pi-
quans : elles ibnt de couleur de pourpre , oblon-
gues, blanches par dedans, minces, rclfemblant à
celles de la Jacinre.
CHAM.£LEUCÉ. f f. Plante , dont les feuilles font
rondes , iemblables à celles des violettes de Mars j
mais plus grandes , un peu dentelées à Pentour ,
& d'un vert obicur, La tige eft rouge &c
branchue. Ses fleurs nalifcnt à l'extrémité des tin-es
Se des branches : elles ibnt à cinq feuilles , de cou-
leur Jaune ; fa graine , qui eft menue & oblongue ,
eft renfermée dans de petites filiques. On l'apocile
autrement ca/iha paliijiris flore limpUci.
!»■ CHAMyEMELUM: Elpice de plante femblabla
à l'anthémis, A^oye^ ce mot.
CHAM^NERION. f. m. Plante dont la tige eft
hanta de cinq ou fix pieds, rougeâtre , raïueufe ,
remplie de beaucoup de moelle, blanche, fcn-
gueufe. Ses feuilles Ibnt oblongucs , pointues, unies
& approchantes de celles du faille , d'un goCit aftrîn^
gent, glutineux, avec quelque légère acrimonie -,
fes fleurs font grandes , belles , ordinaircmeat à
quatre feuilles diipofées en rofe , de couleur bleue >
rarement blanche. Il leur luccede des iiliques lon-
gues , taillées chacune à quatre pans , arrondies , di-
vifées en quatre loges, remplies de femenèes lon-
guetres, menues, cendrées, furmonrées d'une ai-
grette : fa racine qui s'étend en long & en larse ,
eft blanche & d'un goût vifqueux & infipide. Elle
croît dans les lieux montagneux & dans les jardins :
fes feuilles fonr vulnéraires & déteriives. On nomme
encore cette plante , epilobion. Chamœncrion vient
du grec x«.!A.ai , 'à bas , & .««m» , laurier-rofe : comme
qui diroit pea: laurier-rofe.
CHAM^PITIS, f m. Plante. Il faut écrire chamœ^
pitys , parce que ce mot vient de ■.f.u.a.i,humi, à
terre, 6; ■^^^\i, pin. Cette petite herbe a les feuil-
les de pin , ic elle eft bonne pour ia goutte. Foye^
Ivette. C'eft la même chofe.
CHAM^RHODODENDROS, f m. Nom d'une
plante. Chamccrhododendros pontica folio laurocc^
rafi, flore cxruleo purpnrafcsnte. Cet arbriileau s'é-
lève ordinairement à la hauteur d'un homme, Qxi
Ee eij
4-04
C H A
en trouve
princ
ouve quelquefois de plus grands , dont b l
^....^ipal tronc eil prefque auHl gros que la jambe,
.^a racine trace julqu'à cinq ou lix pieds de loni? ,
parcaffée d'abord en quelques autres racines grol-
fes comme le bras , diftribuées en quelques iubdi-
viilons qui ne l'ont pas plus épailles que le pouce.
Celles - ci diminuent inleniibkment , &t lont ac-
compagnées de beaucoup de chevelu. Elles lont du-
res , ligncufes , couvertes d-nnc écorce brune , &
produifent plufieurs tiffcs de différences grandeurs,
qui environnent le tronc. Le bois en cft blanc,caflanr,
revêtu d'une écorce grisâtre, qui tire en quelques en-
droits fur le brun. Les branches fontaflez touffues, &:
luiiiént fouvent dès le bas-,mais elles font mal tormc-rs,
inégales & carnies de feuilles , feulement vers les
extrémités. Ces feuilles , quoique rangées fans ordre,
font d'une i^rande beauté , & reffem.blent tout-à-tait
à celles diï lauricr-cerife. Les plus grandes ont fept
ou huit pouces de long, fur environ deux ou trois
pouces de large vers le\i:rilicu -, car elles fe termi-
nent en pointe par les deux bouts. Leur couleur
ell; vert-gai , leur furface liffe & prefque luifante ,
leur conliftance ferme & folide. Le dosen^eft re-
levé d'une greffe côte arrondie ; ce n'cft qu'un al-
longement de la queue , laquelle a prefque deux
pouces de long , fur une ligne de large. Cette côte
qui cft fiUonnce en devant , diftribue des vailfejux
de part & d'autre , qui fe répandent & fe fubdivi-
•iént fur ces côtes dans un ordre comme alrcrne.
Les feuilles deviennent moindres , à mefure qu'elles
approchent des fommités; cependant on y rn ppper-
çoit affez fouvent , qui font plus grandes^ que leurs
inférieures. Depuis la fin d'Avril jufqu'à celle de
Juin, ces fommités font chargées de bouquets dequa-
tres ou cinq pouces dediamèrre , compofés chacun
de vingt ou trente fleurs ,quinaiffent chacune des
aiffelles d'une feuille longue d'un pouce S>c demi ,
membraneufe , blanchâtre , large de quatre ou cinq
lignes , pointue , creufée en gouttière , & pofée en
éc.iille avec fes voilins. Le pédicule des fleurs a
depuis un pouce jufqu'.i quinze lignes de long -,
mais il n'eft épais que d'environ demi-ligne. Cha-
que fleur eft d'une feule pièce , longue d'un pouce
& demi ou deux , rétrécie dans le fond , évafée Se
découpée en cinq ou fix quartiers. Celui d'en haut,
qui cft quelquefois le plus grand , cft large d'en-
' viron feprou huit lignes, arrondi par le bour, ainfi
que les autres , légèrement frifé , orné vers le mi-
lieu de quelques points jaunes , ramaflés en manière
d'une grofle rache. Les quartiers d'en bas font un
peu plus petits, & découpés plus profondémenr que
les autres, A l'égard de leur couleur , le plus fou-
vent elle eft violette , tirant fur le gris de lin. On
trouve des pies de cette plante à fleurs bhnches.
Toutes ces fleurs font marquées de points ).aunes ,
dont on vient de parler. Se leurs étamines , qui
naiffent en touffe , font plus ou moins colorées de
purpurin 5 mais blanches & cotonneufes à leur naif-
fancc. Ces étamines font inégales, crochues , & en-
tourent le piftil. Leurs fommets font pofés en tra-
vers , longs de deux lignes , fur une ligne de large ,
divilcs en deux bourfes pleines d'une pouffière jau-
nâtre. Le calice des fleurs n'a qu'environ une ligne
& demie de largeur , légèrement cannelé en fix ou
fept pointes purpurines. Le piftil eft une efpèce de
cône de deux lignes de long , relevé à fa bafe d'un
ourlet verdâtre 6c comme frifé. Un filet purpurin ,
& long de quinze ou dix-huit lignes , termine ce
piftil ,"& finit pat un bouton vert pâle. Les bou-
quets des fleurs fonr trcs-gluans , avant qu'elles s'c-
panouiffent. Lorfqu'elles font paffées , le piftil
devient un fruit cylindrique , long d'un pouce à
quinze lignes , épais d'environ quatre lignes, can-
nelé , arixindi par les deux bouts. Il s'ouvre par le
haut en cinq ou fix parties- , Se laiffe- voir autant
de loges qui le paitagent en fa longueur , Se font
îcparees les unes des autres par les aîles d'un petit
pivot qui en occupe le milieu. C'eft ce pivot qui
eft terminé par le filet du piftil ., & bien loin de fe
C.H A
deffécher , il devient plus long , tandis que le fruit
cft vert , & ne tombe point. Les graines font tres-
mcnucs , d'un brun clair , longues de près d'une
liiTiie. Les feuilles de certe plante font ftiptiques ,
fans autre faveur. Les fleurs ont une odeur agréa-
ble , mais quife paffe facikment. Cette plante aime
la terre graife Se humide. Elle vient fur les côtes
de la m«r Noire , le long des ruiffeaux. Tournef,
Il y a une anixe eipccc d'j: thamicr/iododendros^
qui s'élève quelquefois plus que la précédente.
Chamccrhododendros Fontica maxïma , mejpdifolio ,
jlore luuo. Elle produit un tronc de même grof=-
leur , accompagné de plufieurs tiges plus menues ,
divilccs en braV.ches inégales , foibles , caffantcs ,
blanches en dedans , couvcrres d'une écorce jrisà'
tre & liffe , fi ce n'cft aux extrénnités , où elles font
velues Se garnies de bouquets de feuilles allez fera-
blables à celles du néflier des bois. Ces feuilles font
longues de quatre pouces , fur un pouce & "demi de
larg'eur vers le milieu , pointues par les deux bouts.
Se ilir-tout pat celui d'enbas , vert-gai , légèrement
velues , excepte fut Ls bords , où les poils forment
comme une efpccc de fourcil. LeuE côte eft a(Ic£
forte , &: le diftribue en nervure fur route la furface.
La queue des feuilles n'a fouvent que trois ou qua-
tre lignes de longueur, fur une ligne d'épaiffeur.Les
rieurs" naiffenr dix-huit ou vingt enfemble , ramaf-
fces en bouquets .à l'extrémité des branches , fou-
tenues par des pédicules d'un pouce de long, ve-
lues , & qui naiffent des aiffelles des petites feuil-
les, membraneufes , blanchârres , longues de fept
ou huit lignes , fur trois lignes de large. Chaque
feuille eft un tuyau de deux lignes Se demie de dia-
mètre , légèrement cannelé , velu, jaune , tirant lut
le verdârre. Il s'évafe au-delà d'un pouce d'étendue ,
Se fe divife en cinq quartiers , dont celui du milieu
a plus d'un pouce de long , fur prefque autant de
largeur , réfléchi en arrière auffi-bien que les au-
tres , Se terminé en arcade gothique , jaune - pâle ,
quoique doré vers le milieu. Les autres quartiers
font un peu plus étroits Se plus courrs, d'un jaune-
p.ile auffi. Cette fleur eft percée par la partie pos-
térieure, Se s'articule avec le piftil qui eft pyrami-
dal , cannelé , long de deux lignes , verr blanchâ-
châtrc, légèrement velu, terminé par un filet courbe,
long de deux pouces , lequel finir par un bouton
vert-pâle. Des environs du trou de la fleur fortent
cinq étamines plus courres que le piftil , inégales ,
courbes , chargées de Ibmmers longs d'une ligne 5C
demie , remplie de pouffière jaunâtre. Les éramines
font delà mêmecouleur, velues dès leur naiffance,
jufque vers le milieu : toutes les fleurs , ainfi que
celles de l'efpèce précédente , font penchées fur
les côtés , de même que celles de la fraxinelle. Le
piftil devient dans la fuite un fruit d'environ qua-
tre lignes de long, du diamètre de fix ou fept li-
gnes," relevé de cinq côtes, dur , brun Se pointu.
11 s'ouvre de la pointe à la bafe en iept ou huit par-
ties , creufées en gouttière , lefquelles affemblées
avec le pivot cannelé, qui en occupe le milieu ,
forment autant de loges. Je n'en ai pas vu la graine
niûre.
Les feuilles de cette plante font ftiptiques. L'o-
deur des fleurs approche de celle du chèvrefeuille v
mais elle eft plus forte , fie porre .à la tête. Le miel
que les abeilles tirent de ces fleurs rend infenfé.
Voyei DioscoRiDE, Z,.//, c. 103. Pline , Hijt. Nat.
L. XXI, c. 15. Xénophon, à la fin du quatrième
ficelé , livre de V Expédition des Grecs , ou de la Re-
traite des dix mille; Se Tournefort, ih. p. 548 £f
jaivantes.
CHAMy£SYCE. f. m. Efpèce de tithymale. Chamxfyf-
fus. Sa racine eft fort petite , longue d'environ qua'
rre doigts. Elle a plufieurs branches de la même
lonsîueur , rouges, un peu velues , couchées parterre,
plefncs d'un lue femblable à du lait. Ses feuilles
font un peu rondes , rouges par deffous , verres
par deffus. Il y en a quelques-unes au bout des
C H A
brnr.chcs , qui font rouges des deux côtes. Ses fleurs
viennent entre les ieuilles , & font de couleur de
pourpre.
Le nom de chamœfyce eft grec , & vient de ;j«^,; ,
huini , à terre, èi. o-iy.r. , peplus qui cfl: une forte de
titliymale.
CHAMAiLLER, v. n. Se batrre contre un ennemi
armé de toutes pièces , frapper réciproquement lur
les armes les ims des auttes. Interje conjiigere. Ces
deux Chevaliers ont long-temps ckamaU/A'nn con-
tre l'autre.
Nicot croit que ce mot vient de mai/Ze , k cauCt.
que les anciens Chevaliers en le battant irapoient
fur des hauberts faits de mailles de fer. Il dit auili
qu'il pourroit venir de maliens , ou de malUarc.
Chamailler , fe dit auili des autres batteries , des
querelles & difputes qui durent long-temps , foit à
coups de mains, foit de paroles, huer je conjiigere
vérins, piignis. Ces écoliers ont long-temps r^zw^^V/t
enlemble a coups de poing. Ces Doâieurs ont long-
temps c/^iZOTiZzV/* en difputant fur cette qucftion.
tfT Ce mot ne peut s'cmploy.r que dans le (tylc fa-
milier , tout au plus , & fe dit de plulieuts pcrfon-
nes qui lé battent avec grand bruit ; & figurémcnc,
de ceux qui difputent ou conteftent de*^ même. Il
s'emploie auffi avecle pronom perfonnel. Ces iem-
mes chamaillèrent ou Je ckamaillererit pendant une
heure.
CHAMAILLIS. f. m. Alêlcc , difpute oii l'on chamaille.
Confiicîus. Ce mot n'eft plus guère en ufage , pas
m.ême dans le ftyle familier.
CHAMANT. f. m. Nom d'homme. Amantius. Si
Amant , que nous appelons plus communément
.S". Cham.iru , étoit citoyen de la ville de Rodez ,
dont il fut le premier Evêque. II mourut vers la fin
du V liècle. Baillet. Ce nom montre que nous
avons ajouté quelquefois fA au commencement des
mots , dont la première lettre ell une voyelle , 6c
peut fervir à vérifier quelques étymologies.
CHAMARAZ. f.m. Nom dé plante. Quelques-uns
écrivent Chamarcix. On l'appelle aulîi la German-
drée d'eau. Ces mots fe font formes de Chamcsdris .
parce qu'on a appelé cette plante Cltamcedris paluj-
tris, à caufe de la reffemblance de la feuille avec
celle de la véritable chamxdris. C'efl: \t Jcorduun.
Voyez ce mot, qui en grec fignifie az/. Ses feuilles
fechées& cuites dans le vin , fourniflcnt un antidote
contre la morfure des ferpens. On prend les feuilles
du fcordium intûfées dans de l'eau chaude , à la
manière du thé , pour fortifier l'eilomac. Ces mê-
mes feuilles dans le vinaigre ou dans l'eau , & ap-
pliquées extérieurement , foulagent les douleurs de
la goutte. Cette plante cft un remède excellent con-
tre les vers, fille rélîfte à la gangrène & à la pour-
riture.
CHAMARIER. f. m. Dignité de l'Eglife de Lyon;
c'eft ce qu'on nomme ailleurs plus communément
Ckamhrier.
CHAMARRE, f. m. Vieux mot qui fignifioit autrefois
un hoijueton , ou habit de berger,Vait de peau de
mouton ou de chèvre , fur les coutures duquel il y
avoit plufîeiirs bandes en guife de pallément. i?/if«o
pajioritius vir^Mus.
^ CHAMARRER, v. a. Orner un habit , un meuble
de pademens de dentelles , de galons , de bandes
de velours, «S-c. f^eftem tranfverjis fegmentis defcri-
here , dijlinguere. Habit chamarré de galons, de ban-
des de velours, &c. Ce Seigneur tan chamarrer fon
habit de pafTcmensd'or, de broderie. Chamarrer en
quille, chamarrer à bâtons lompus.
Ce mot vient de l'ancien gaulois chamarré , qm
croit un habit décrit ci-delfus.
Chamarré , ÉE. part. & adj. Virgatus ,fegmentatus.
Habit chamarré.
Chamarré , fe dit de même au figuré.
Et d'un pédant chamarré de latin
Elle fabrique un nouvel Augujlin. R,
CHAMARRURE, f. f, Ornement d'habits avec des
C H A
4^T
pafîemens , broderies , galon , &c. t^irg.ud vcjtis
jegmentata. La chamarrure de cet habit'a coûte plus
que l'étoffe. Il fe dit auifi de la manière de chamar-
rer. Chamarrure à ondes , en bracelets , à bâtons
rompus.
03- CHAMB. Ville du Cercle de Bavière , capital
du Comté de Chamb , à l'embouchure de la n/ièrs
de même nom , dans le Regeu. Le Comté , qui a "eu
fes Comtes particuliers , a été uni au haut Pala-
tinat.
CHAMBAY ou XAMBAY. Ville de la Chine. Ella
efl: du troilième ordre, fur la côte orientale de U
Chine , & fur une rivière nommée Hoampou , à 4
petites lieues de la mer. Latitude feptentrionale 31'!
i(î'. Les obfervations fur lefquelles on a tiré cctta
latitude , ne font pas entièrement si^ires : il peut y
avoir deux minutes de différence. La longitude ell
I4I'' 41' 45"- GOUYE.
CHAMBELLAGEou CHAMBRELLAGE. f.m. Terme
de Coutumes. C'eft un dioit que le vaHal doit au
Seigneur féodal en certaines mutations , qui cit di:-
forent fuivant les lieux. Il y a auUi un droit de
chambelLige qui eO: dû au premier Huiffier de la
Chambre des Comptes par ceux qui y font la foi
& hommage : ce qui vient de ce que le Chambel-
lan du Roi avoit un droit fur les vaflaux qui rele-
voient nuement de la couronne , en con/idérarion
de ce qu'il les introduifoit dans' la chambre du Roi,
pour faire la foi & hommage : il le tenoit à côté du
Roi , & difoit à ceux qui fe ptéfcntoicnt ; Fousde^
venei homme du Roi , de teljief, que vous conrwif-
Jei tenir de fa couronne. Pour cela on lui fàifoit
Un petitpréfent,quiaété depuis converti en droit
& en obligation. Les Rois , pour fe délivrer de
l'importunité de recevoir les hommag-s de leurs
va/faux , ayant renvoyé cette cérémonie' à la Cham-
bre des Comptes , lorfqu'ellc fut établie à Paris ,
le droit de Chambellan palfa en même temps au
premier Hui/Iler de la Chambre , lequel introduit
\ss valfaux du Roi. Il eft taxé à un écu par la Cou-
tume de Mante , &: à vingt fous par celle de
Senlis. C'eft ce que devoir donner le moindre vaf-
fal par l'Ordonnance du Roi Philippe le Hardi ,
de l'an izyi. Jus cuhicularis magijlerii in rems
beneficiarios. ^
^CF On a encore appelle autrefois chambslla<re , le
droit que les Bénéficiers , Evêques & Archevêques
payoient au Roi , en lui prêtant le ferment de
fidélité.
?tT CHAMBELLAN, f. m. C'eft ainfi qu'on appelle
les Officiers de la Chimbte de quelques Princes
les Gentilshommes qui les fervent dans la Cham-
bre, en l'abléncc du premier Gentilhomme de la
Chambre.
ifT Grand Chambellan ,chiiz le Roi. Grand Officier
de la Couronne , premier Oificicr de la chambre
du Roi. Cubiculo regio Prœpofitus , Cambellanus ,
Cambalarius , Camerarius , Cubicularius. On l'a ap-
pelé aullî amKi'ohGrandChambrier ; & fa chart^c,
grande chambrerie. C'étoit la féconde dignité "du
Royaume. Il eft d'ordinaire nomméaprèsk Chan-
celier. On n'expédioit guère de lettres - patentes
qu'en la préfence du Grand Ch'imhellan : cela fe
fiifoit encore du temps de Philippe Augufte. II
avoit alors juridiélion fur la friperie &: fur^lcs mar-
chandifes , comme le Grand Pannetier l'avoir fur les
Boulangers. II inrroduifoitdans la Chambre du Roi
les vaffaux qui venoient faite hommage , qui lui
faifoient un préfent qu'on appcloit le droit de Cham-
bella'^e. Il gardoit le tréfor d'i Roi, fa i foit l'office
de Maître d'hôtel , d'Ecuyer tranchant , &c de Gen-
tilhomme fervant. Géliot, en (on Indice Armoriai y
dit que le Grand Chambellan , pour marque de fa
charge , met derrière l'écu de fes armes deu-i clefs
d'or pafîceS en fautoir , dont les anneaux font ter-
minés par une couronne royale , & qu'il reçoit le
ferment de tous les O.îiciers de la Chambie du
Roi. Il dit auffi qu'autrefois la dépouille & les ha-
bits du Roi lui appaitenoient , lequel eh devoir
4o^ C H A
avoir neuf par jour. Mais comme il étoit incom-
mode de le déshabiller li ibuvent , on en failbit une
eftimation qui le convertilîbit en argenr. Le jour
du l'acre il tire la botte , &; dcchaullë le Roi ; & il
eft alfis cà Tes pieds, loriqu'il tient les Etats ou Ton
Lic-de-Juftice. Foye:^ aulfi Du Tillet.
P. Bardin imprima en 1615 un livre intitulé, le
Grand ChambdUn de France , où il cil amplement
traité des honneurs , droits ôc pouvoirs de cet office.
Il prétend au c. ^ , p. 6 , que l'office de Grand
Chambellan eil: prelque auifi ancien en Frapce que
la Monarchie -, car , dit-il , li nous ne voulons pas
Ajouter foi à un Hiftorien( Nicolas Gilles , en la vie
de Clovis, qui dit qu'Aurclien député par Clovis vers
Gombaut , Koi de I5ourgogne , pour aller rechercher
ia nièce Clotilde en mariage , étoit Chambellan de ce
premier Roi Chrétien \ au moins lommes-nous obli-
gés de croire à Guaguinus , Liv. II ; à Nicolas Gilles,
en la vie de Clotaire i & à Faucher , Liv. III , c. 8 ,
qui ont aifuré que Gautier de Calez ou de Caux ,
Seigneur d'Ivetot , l'étoit de Ion fils Clotaire.
Il y en a qui croient que le Grand Chambrier &
le Grand Chambellan , font deux offices Icparés de
pouvoir & de dignité, & que le Chambrier étoit
proprement celui que l'on appelle DomejUque du
Roi ; mais ce font deux noms que le même office a
eu en differens temps. L'on trouve néanmoins en
la Chambre des Comptes deux titres de ces Officiers i
& nous voyons que fous un m.ême Roi , Se en un
même temps , deux font pourvus des Etats de Chani-
kellan & de Chambrier. Toutefois cela ne s'cft fait
que dans la dernière race , dit Bardin , quand nos
Rois ne voulant point mécontenter les grands Sei-
gneurs qui demandoient cette charge , la divifèrent
ainû , donnant à l'un le nom de Grand Chambellan ,
& à l'autre celui de Grand Chambrier ; de peut-être
fervoienr - ils alternativement par femeftre ou par
quartier. Plufieurs railbns , continue-t-il , m'auto-
rifenr en cela , & entr'autres que nous , voyons
les noms de Grands Chambellans &c Chambriers
foufcrits indifféremment aux chartes qui n'ctoicnt
fignces que par les cinq grands Officiers de la Cou-
ronne ; mais l'on ne trouve point que ces deux
Officiers aient foullîgné les mêmes Lettres. Au
ch. VI , il fait une lifte des Grands Chambellans ,
jufqu'à Charles IX ; &c au ch. Fil , des Officiers &
Domeftiques établis fous le Grand Chambellan.
Le Grand-Chambellan, lejour du facre du Roi,
a foin de faire tenir la porte fermée , attendant
^ue les Pairs & Seigneurs frappent. Alors il leur
demande ce qu'ils cherchenr , 6c eux répondant j
notre Roi , il leur ouvre , afin qu'ils l'aillent qué-
rir pour le conduire à l'Eglife. Là le Grand-Cham-
bellan reçoit les bottines royales que l'Abbé de S.
Denys lui met en main, pour les chauffer au Roi,
& à lui feul appartient de lui vêtir la Dalmatique
de bleu azuré , & pai-deiTus le manteau royal , les
orailbns étant achevées.
Par les Etats des Hôtels des Rois Philippe le
Bel , & Philippe le Long , en toutes autres céré-
monies royales il a toujours la préféance. S'il porte
ia bannière de France , il eft entre le Grand-Maître ,
qui rient fon bâton , & le Grand-Ecuyer , qui porte
l'épée. Aux entrées de ville , il eft à fa main droite ,
& la tête de fon cheval vis-à-vis la jambe droite
du Roi. Aux cérémonies à pied il marche un peu
derrière , à fa main droite. Quand le Roi tient fon
Lit-de- Juftice en fes Cours de Parlement, par Arrêt de
l'an 145 1 , 11, Avril, il a féance à lés pieds fur
un carreau de velours violet couvert de fleurs-de-
îis d'or. Il couchoit anciennement dans la chambre
du Roi , quand la Reine n'y étoit point -, & lorf-
<5u'il couche chez le Roi , tous les matins un Valet
de Chambre le doit aller avertir , quand le Roi
,eft éveillé , afin qu'il lui préfcnrelachemife & fa robe
de nuit ;. honneur qu'il ne défère qu'aux enfans de
Trance , & au premier Prince du Sang. Aux grands
hommages que l'on rendoir au Roi , le Grand Cham-
àellan pa^oit pour lui, ôc faifoit faire aux Sei-
C H A
gneurs les protcftations de leur fidélité &: du de-
voir de l'hommage. Il avoir l'œil à ce que ceux
qui étoient fous fa charge fiffcnt nettoyer & ra-
piiier magnifiquement le Palais Royal , prilfenc
garde aux habillemens du Roi , donnaflént ordre
que fon lit fût honnêtement & richement paré ,
fon linge bien blanc, & fes meubles bien propres:
loin qui lui croit commun avec la Reine. 11 difpo-
Ibit des préfens qu'il falloir donner aux Ambaffa-
deurs Etrangers. Il a pouvoir de commettre un
Lecteur pour le Roi, ce qui vient apparemment
de ce qu'anciennement , lorfque nos Rois & nos
Reines prenoienr leurs vêtemens, & pendant leur
repas , on avoir coutume de leur lire quelques hil-
toires & faits héroïques des Princes.
Il avoir anciennement la garde du rrcfor du Roj.
Il a encore celle de fes ornemens royaux , couronne ,
fceptre , main de juftice , anneau , manreau royal ,
(ctl de fecret j celle des étalons des poids &:'me-
furcs. Depuis Philippe I, qui l'ordonna, il a tou-
jours fouifigné avec les quatre grands Officiers dp
la Couronne aux chartes & lettres de conféquence.
11 affiftc au jugement des Pairs , & y a voix dclibé-
rative. Cela fut jugé l'an 1114 fous Louis Wll,
Foyei Pafquier , Liv, IF, des Rech. ch. 9. Philippe
le Bel défendit qu'aucun ne prît vivres à Paris aux
taux du Roi , excepté la Reine , les enfans , le
Grand-Chambellan , &:c. Il avoit autrefois fa table
entretenue chez le Roi. Il étoit exemt de payer
aucun fceau. Lorl'que le Roi eft en campagne,' les
Maréchaux des Logis doivenr marquer pour le
Grand-Chambellan la première chambre après celle
du Roi. Cela fut jugé au voyage de Louis XIII ,
en Languedoc, en faVeur de M. le Duc de Che-
vreufe -, &: la railbn eft qu'ancienTiemenr il couchoit
dans la chambre du Roi. Enfin la marque & en-
feigne de la Charge de Grand-Chambellan eft la
bannière de France. Tour ceci eft tiré de Bardin.
On peut voir encore Du Tiiler, P.I, p. 415 6r
J lavantes.
Le Prevôr de Paris prend le titre de Chambellan
ordinaire du Roi. Cela vient de ce que nos Rois
voulant être informés exattement par ce Magiftrat
de rour ce qui concernoit leur fervice , ou le bien
public, arrachèrent à fon office celui de leur Cham-
bellan ordinaire , pour avoir accès à roure heure
auprès de leur perfbnne. De La Mare, Traité de
la Police, Liv, I, Tu. Fil, ch. 3.
Le Gtd.nà-Chambellan eft , à Rome , celui qui a foin
du gouvernemenr de la ville , qui prélide au Pa-
trimoine de l'Eglife & au Fifc , & qui fait les au-
mônes du revenu de l'Eglife : c'eft comme le Préfet
du Trélbr Romain , ou le Surinrendant des Fi-
nances. jErario Romane prcefeclits , prapojitus. Il
a auffi le foin des édifices publics , comme les
Ediles. Le fîége vacant, il loge à l'appartement du
Pape , marche avec fa Garde-Suiffe , &: ordonne de
l'aifcmblée du Conclave. Il y a auffi à Rome une
charge de Chambellan du Sacré Collège, qui s'exerce
tour-à-tour pendant un an par les plus anciens Car-
dinaux. Il a foin du revenu du Sacré Collège , &
en fortant de charge , il diftribue à chacun des Car-
dinaux ce qui lui appartient. Il eft différent du Ca-
merlinajie ou Chambellan du Pape, ^rario Jacri
Cardinalium Collegii prœfeclus.
Chambellan , le dit auifi d'une des deux grandes
râbles que le Roi rient pour les Courtifans , qui
étoit autrefois renue par le Grand-Chambellan , SC
que le premier Maître d'FIôtel tient aujourd'hui.
Aller dîner au Chambellan.
Dans l'Abbaye de S. Claude en Franche-Comré ,
le Chambellan éroir un des offices clauftraux. Le
Chambellan de S. Claude devoir faire les afl&ires
de l'Abbé , fournir des efluie-mains ou lerviettes ,
pour le lavement des pieds du Jeudi-Saint, &fervir
les foixantc pauvres à qui on devoir les laver. Il
ctoir encore obligé de fournir de la paille pouc
les lits des Novices & des autres Religieux, P. Hs-
iYOT, T. F, p. lyi.
CH A
CHAMBELLANÎE. f. £ Charge, dignité, office de
Chambellan. Camerarii , ou Cubicidarii dignitas,
DuTillec le (cet de ce mot , Parc. p^rg^ p. 415. Au-
jourd'hui il faut dire charge de Chambelian.
fjà- CHAMBELLENAGE. C'eft airifi qu'on appelle
en Bretagne le droit de chambellage.
(fT CHAMBERLAIN, f. m. C'eft en^ Angleterre ce
que nous appelons en France Chambellan.
CHAMBERLAN , le diibit autrefois proprement d'un
Gentilhomme dormant dans la chambre du Roi au
pied de fon lit en l'abfence de la Reine, comme
dit Ragueau. Magijier c-hulami regii Régis ad pedes
cubans abÇente Regltiâ, Chamberïanus, Il y avoit
aufiî de petits Chamberlans qui mettoient la nappe ,
comme témoigne Borel, Le même rapporte que
Chamberlan , Ckamhrelan , & Chambellan eft la même
chof.:. Voye^^ Chambrelan.
Ces mots viennent du latin camerd , chambte , &c
l'on devroit dire Chambrelan pour ChambelLm , dit
de Saint-Julien , A'ndq. de Chilons , p. 584. L'ufage
r.i adouci en retranchant Vr. Caméra , Chambre ,
eft formé fur le celtique Cambr. Pezron, Ce pré-
tendu celtique n'eft-il point un mot roman, ou
romanefque , que les Gaulois ont fait du latin ou
du grec ?
CHAMBÉRY. Ville capitale de Savoie. Cameriacum,
Chambéry eft lîtué au confluent des deux petites
rivières de Laife 8r d'Albans , ou Albane. Il y a
un Parlement que l'on appelle Sénat compofé de
quinze Sénateurs, ic quatre Préfidens ; &: une Cham-
bre des Comptes. Paradin , dans fa Savoie , dit que
cette ville eft dans le territoire des anciens An-
tuates , Arituates, Cenalis & quelques auttes pré-
tendent que c'eft l'ancienne Civaro , ville des Al-
lobroges , que d'autres mettent à Civron , village
litué fur rifère à trois lieues de Chambéry long.
13'!, ;o'-, lat. 4^-'l, 3^'.
|cr CHAMBLY. Petite ville de France, dans le
Beauvaifis , à quatre ou cinq lieues de Senlis.
f3* CHAMBON. Petite ville de France en Auver-
gne , fut la Voife, à quatre lieues de Mont-Luçon.
CHAMBORD. Mailbn Royale , dans le Blaifois , à
trois ou quatre lieues de Blois , de l'autre côté de
la Loire. Camboritum. Chambord-i. été bâti par Fran-
çois 1 , 6c Henri II. C'eft dans cette retraite que .
le Héros de notre fiècle mourut en 1750.
CHAMBOURIN. f, m. Efpèce de pierre qui fett à .
faire des verres , qu'on appelle verres de criftal.
CHAMBRANLE, f. m. Terme d'Architedure ^ de
Menuifcrie. Bordure , ornement de menuiferie, ou
de pierre, qui borde les côtés des portes des chambres,
des fenêtres , des cheminées. Antepagmentum. Il eft
différent fclon les ordres \ 8c quand il eft iimple &
fans moulure , on le nomme bandeau. Le cham-
branle a trois parties : les deux côtés qu'on appelle
montans , Scapi cardinales ; Si le haut qu'on ap-
pelle traverfe. Supercilium. Le chambranle à crîi ,
eft celui qui porte fur Taire du pavé , ou fur un ap-
pui de croifée fans plinthe. Le chambranle à crof-
fettes eft celui , qui a des crolTettes ou oreillons à fes
encoignures. On fe contente maintenant d'un feul
chambranle pour faire un manteau de cheminée, aVec
un tableau au-de(îus.
|Cr CHAMBRE, f. f. Membre , partie d'une maifon ,
d'un appartement. Ce mot fe dit de la plupart des
pièces d'une maifon , mais particulièrement de celle
où l'on couche. La chambre à coucher , ou chambre
du lit , eft celle où l'on couche ordinairement. Elle
eft dans l'appartement d'ufage. Cubicuhim. Chambre
lambriflce, parquetée, boifée, planchetéc,catrelée.
Chambre à feu , fans cheminée. Chambre à alcôve ,
chambre en niche.
|cr On appelle chambre de parade , la plus belle
chambre d'un appartement , où font les meubles
les plus riches, deftinée à recevoir les vilîtes de
cérémonie.
J3" Il y avoit autrefois des chambres en eftrade , où
le lit ctoit élevé fur des giadins féparés de la pièce
CHÀ
I [at une baîuftrade. Chambre en galetas. On appelle
ainli celle qui eft prife dans une partie du toit d'un»,
bâtn-nent. Ces chambres fervent aux principaux dû-
meftiques de la maifon.
^C? Ce mot s'emploie auffi en parlant des chofes qui
fervent à \z chambre. Valet de chambre.Cubiculanus,
Premier Valet de chambre. Cubiculariorum decurio.
Fille de chambre. Famiila cubiculâris. Robe de
chambre , robe qu'on porte quand on garde la cham-
bre. Toga domsjiica. Pot de chambre.
Ce mot vient, félon Nicot , du latin caméra j,
qui a été dérivé du gxec jcafta^y, , fignifiapt voi'ue ^
ou courbe ; parce qu'originairement l'on ne don-
noit le nom de chambre qu'aux places qui étoienc
voûtées en arc de cloître. Les Efpagnols difent autfi
camara , d'où on a fait camarade. Du Cange. Dans
caméra \'e devenant muet , ou fe retraftchant , T/ra
n'a pu fe prononcer immédiatement devant Vr ; il a
fallu ajouter un b entre deux , félon les remarques &
les principes de M. l'Abbé Dangeau , dans fes ex-
cellens Ejfais de Grammaire.
Chambre garnie. C'eft une chambre qu'on loue four-i^
nie de toutes les chofes néceflaires. Quand on n'a
point de meubles , on fe met en chambre garnie.
Par un règlement de Police du zo Mars Kîjj , il
eft défendu aux loueurs de chambres garnies de
loger , ni recevoir, ni jour ni nuit, que perfohnes
de bonne vie , & bien famés , ni leur adminiftrec
vivres ni alimens à peine de punition exemplaire.
Et leur eft enjoint de s'enquétir de ceux qui lo-
geront chez eux , de leurs noms , furnoms j qua-
lités , conditions , demeurances , du nombre de
leurs ferviteurs', chevaux , le fujet de leut arrivée *
& le temps de leur féjour \ en faire regiftre , &
le porter le même jour au Commiffaire de leur quar-
tier , lui en laiffer autant par écrit , & s'il y a au-
cuns de leurs hôtes foupçonnés de mauvaife vie ,
en donner avis audit Commiffaire -, & de bailler
caution de leur fidélité au QcciFe de la Police. De
LA Mare. Traité de la Police, Liv. /, T, Vlll ^
ch. ^^.
^fT Dans les Couvens on appelle chambre noire , une
chambre qui n'eft point éclairée , où l'on enferme
ceux qu'on met en pénitence. Conclave piaculari-
bus pœnis dejiinaium. On peut aulfi s'y retirer pour
faire des retraites volontaires.
ft? Garder la chambre-, c'eft être indifpofé à ne pou-
voir fortir de fa chambre. Tenir une fille en chambre *
c'eft l'y entretenir. Au figuré tenir quelqu'un en
chambre , c'eft l'obféder pour le faire jouer , &: lé
tromper.
^3" Travailler en cA^/w^r^f, en parlant des Ouvriers,
c'eft ne pas tenir boutique. Privatos intra parietes
artem exercer e. Cet Ouvrier ne peur tenir boutique i
il travaille en chambre.
^3' On dit proverbialement & figurément d'un hom-
me un peu fou , qu'il y a bien des chambres à louei!
dans fa tête.
Chambre obfcure , en terme d'Optique, eft une chambré
ou un vaiifeau bien fermé de toutes parts , à la ré-
ferve d'une petite ouverture par où on lailfe en-
trer les rayons du Soleil , qui vont p^eindre fur le
mur oppofé, fur un papier, les images de tout ce
qui eft au-dehors. §Cr Par le moyen du verre len-
ticulaiie , que l'on met au petit trou prariqué h la
fenêtre , les objets de dehors , fuivant les principes
de la dioprrique , fe peindront renverfés fur le carton
blanc que l'on place au foyer du verre lenticu-
laire.
fiCF On redrefle les images , en plaçant au deffus du
verre lenticulaire un miroir plan extérieur inchnc
de 45 degrés lur la boîte. L'expérience nous ap-
prend qu'un miroir plan incliné de 45 degrés repré-'
fenre un objet horifontal dans une fituation per-
pendiculaire.
ftcr Par ce moyen on fe procute un fpeélacle fort
amufant , 5c l'on peut delTin-r les objets avec là
plus grande exaiilitude. Daniel Barbaro , Patriarche
d'Aquilcc, a été le premier qui a écrit de cexid
4o8 C H A
invention, enfuite A. Porta, Se Catdan dans fa
Subtilité. '^
Chambrb , fe dit par excellence de la chambre du
Roi , des Officiers qui y fervent , & des meubles
qui y font deftincs. CubiaUum remum. Les quatre
premiers Gentilshommes de la Chambn ont chez
eux les Pages de la Chambre , &C fervent par an-
née ; les Valets de Chambre , les Huilîiers de
Chambre , par quartiers. La Mufique de la Chambre
ou autrement du petit coucher. On appelle auffi
la Chambre, le lit iic la Chambre du Roi , qui marche
toujours quand le Roi va en campasçne. On ap-
pelle aufTi la Chambre du Roi , les plus belles cham-
bres des châteaux ou des hôtelleries où le Roi a
une fois couché allant par pays. On appelle enfin
chambre du Roi , certains Officiers de la Chambre
ou qui y ont rapport , & quand le Roi Louis XIV ,
le matin après être levé, pendant qu'on l'habil-
loit , demandoit fa Chambre , alois les Huiifiers de
la Chambre prenoient la porte de la Chambre , &
avec eux entroient les Valets de Chambre , les Porte-
manteaux , les Porte-arquebufes &: autres Officiers
de la Chambre. gCT Avoir les entrées de la Chambre ,
c'eft avoir le privilège d'entrer avec les Officiers de
la Chambre.
Chez le Roi il y a aufll la Charrtbre aux deniers.
Infiituta moderandis regix domûs fumtibus prœfec-
tuta : & trois Maîtres de cette Chambre fervent
chacun leur année , & règlent la dépenfe de la Mai-
fon du Roi dans un bureau établi pour cela , où
ils ptéfident. Regio'patrimonio tuendo tribunal.
Autrefois on appeloit Chambre , le lieu où l'on
gatdoit le Tréfor-Royal , comme on voit dans les
Capitulaires de Charles le Chauve. On dit encore
à Rome des ducats de la Chambre ; pour dire du
Tréfor des Papes.
ChambS-e , fe dit àuflTi de plufieurs Juridictions où
l'on rend la juftice. En chaque Parlement il y a
une Gia.nd.e-Chami>fe , qu'on appelle autrement la
Chambre des Audiences. Et il faut prononcer Gran-
Chambre & non pas Grande-Chambre , qui ne fe
dit,que lorfque l'on veut exprimer la grandeur ,
l'étendue de la pièce d'un appartement que l'on ap-
pelle chambre. C'eft ainfi que l'on dit gran , ou
grand'mère , & non pas grande-mèrcx Voyez le mot
Grand. §3" Grand' Chambre, fe dit par extenllon
des Magiftrats qui ont féance à la Grand' Chambre.
Dans la pemière inftitution du Parlement il n'y
avoit que deux Chambres , & deux fortes de Con-
feiUers : l'une étoit la Grand-Chambre pour les
audiences , dont les Confeillers s'appeloient Jugeurs ,
qui ne faifoient que juger , Primarium cemtumvi-
ralis Primat as tribunal ; l'autre des Enquêtes , dont
les Confeillers, s'appeloient Rapporteurs, qui ne fai-
foient que rapporter les procès par écrit. Inquiji-
torum curia. Des Chambres des Enquêtes , qui ju-
gent des procès par écrit : il y en a cinq à Paris , ail-
leurs moins. Une Chambre de la Tournelle , ou
Chambre Criminelle , ou fe jugent lés procès cii-
minels , qui eft ainfi appelée , parce que les Con-
feillers des autres Chambres^y vonttour à tour. Capi-
talium judicum tribunal,
J3" Chambre de la Tournelle Civile. On appeloit
ainfi une Chambre qui a été créée pluûeurs fois pour
juger certaines affaires quand la Grand'Chambre étoit
furchargce : elle jugeoit à l'Audience les affaires
au deffous de mille écus, ou de cent livres de rente
&: au deffous. Elle étoit compofée comme la Tour-
nelle Criminelle , des Confeillers de la Grand'Cham-
hre , 6- des Enquêtes, qui y alloient alternative-
ment.
Il y a auffi des Chambres de Requêtes du Palais.
Inflitutum Ubellis fupplicibus judicandis tribunal,
où l'on juge en première inftance les affaires des
Officiers du Roi, qui font privilégiés ,^&: qui ont
droit de Committimus. Il" y en a deux à Paris , &
une dans les autres Parlemens.
On appelle Chambre du Confeil, la Chambre où
CHA
les Confeillers jugent les Procès par écrit. Interius
conjilii conclave.
La Chambre des Vacations , eft celle qu'on éta-
blit pour juger des matières provifoires & crimi-
nelles , pendant que le Parlement vaque. Tribunal
dicendi juris per Jiatos vacationum forenjium
dies.
La Chambre de la queflion , eft celle où on donne
la queftion. Tribunal tormentormm.
Chambre i^ CEdit ou Chambre mi-partie, eft une
Chambre établie en vertu des édits de pacification
en faveur de ceux de la Religion Prétendue-Ré-
formée , dans laquelle il y a autant de Juges d'une
Religion que de l'autre. Tribunal mixtorum ex Ca~
tholicis & Cdlvinianls ]udicum. hs. Chambre de TE-
dit du Parlement de Touloufe étoit à Caftres, celle
de Bourdeaux à Agen. Elles ont été fupprimées. LeS
Chambres de l'Edit jugeoient toutes les affaires aux-
quelles ceux de la Religion Prétendue- Réformée
étoient intéreffés , ou comme parties principales , ou
comme garans , foit en demandant , foit en défen-
dant, tant en matière civile qu'en matière criminelle.
On en avoit excepté les caufes où il s'agiroit du
poffefïbire des bénéfices , des dîmes non inféodées j
du patronage Ecclclîaftique , des droits & des de-
voirs du domaiile de l'Eglife^ A l'égard des appel>'
lations comme d'abus interjettées des Jugemens ec-
cléfiaftiques par ceux delà Religion Prctendue-Ré-i
formée , fi elles étoient fondées fur entreprifes faites
par desEccléllaftiques contre la Juridiction Royale,
contraventions aux Droits & Ordonnances du Roi j
& Arrêrï des Cours Souveraines , elles étoient traij
tées & jugées par les Chambres de l'Edit : mais fi
elles étoient fondées fur une contravention aui
faints Décrets , Sanglions & Conftitutions cano-^
niques , les Chambres de l'Edit n'en pouvoient con-j
noître; cependant le Clergé avoit obtenu plufieurs
Déclarations &: Edits, poui que les appellations
comme d'abus des Jugemens ecclcfiaftiques , fuffent
toutes tiaités dans les Parlemens. Voye:^ Fevret j
de l'Abus , Liv. I , ch. i.
IJC? Chambres aJfembUes , fe dit de l'affemblée de
toutes les Chambres du Parlement. CoaSum ex uni^
verfo Senatu confiliurn.
§C? En matière criminelle , on entend pat Chambrei
ajfemblées , la Gïiinà'Chambre feulement , Jointe à
la Tournelle. Les Prêtres, les Gentils-hommes, leS
Officiers Royaux ont le droit de faire juger les pro-
cès criminels par les Chambres a(femblêes , c'ell-à-
dire , par la Gtand'Chambre & la Tournelle réu-
nies , fans y comprendre les autres Chambres.
Chambre des Comptes , eft une Cour fouveraineou
fe rendent tous les comptes de tous les deniers royaux
où l'on enregiftre les aveus &dénombremens qu'oa
donne au Roi , les fermens de fidélité , & les autres
chofes qui regardent les Finances du Roi, ou foii
domaine , Rationum regiarum curia. Cette Chambre
fut rendue fédentaire à Paris fous le règne de Phi-
lippe le Bel , & fut nommée Chambre , comme le
Parlement. Les Avocats &c Procureurs-Généraux du
Parlement & de la Chambres des Comptes , furent
communs jufqu'.! l'an 14J4. Elle avoit une plus
grande autorité qu'elle n'a aujourd'hui. C'éto.it tou-
jours un Archevêque ou un Evêque qui y préfidoit.
La charge de fécond Prcfident fut pendant quel-
que temps affedlce au grand Bouteillier de France.
Ce fut Louis XI qui nomma un Laïque poui pre-
mier Préfident : Louis XII donna cette charge à
Jean Nicolaï, dont les defcendans en ligne dite(5le
ont rempli la même place jufqu'à préfent. Elle eft
compofée de Préfidens , de Maîtres, Corrc(;l:curs&
Auditeurs ; d'un Avocat 6c d'un Procureur Général*
Foye^ Pasquier.
Il y a quinze Chambres des Comptes en France,
Paris, Rouen, Nantes , Montpellier, Pau, Gre-
noble, Aix en Provence, Dole, Dijon, Aire en
Arrois, Lille, Blois, Metz, Nancy & Bar.
Chambre des Monnaies, érigée en Cour Souveraine
fous Henri II. Monetalium judicum curia, ^CT Elle
étoit
C H A
ctoît excrtée pàt les Généraux des Monnoies , qui
jugeoient en dernier reflbrt de tout ce qui avoit rap-
port au monnoies.
Chambre du Trcjor , eft une Jurididion ou Ion
juge en première inftance les affaires qui regardent
le Domaine du Roi , & dont l'appel reilbrtit au Par-
lement. jErarii regii tribunal.
Chambre EccUfiaJùque , eft une Chambre où l'on
juge par appel les difFcrens qui arrivent lur la levée
des décimes, don-gratuit, & autres impôts fur le
Clergé. Tribunal tccUjiajiicum. Il y en a de fubal-
ternes en chaque Diocele. On les appelle Bureaux
Ecclcfiaftiques. Foyci Bureau , bureau des décimes.
Il y a en France neat' Chambres Ecclejialtiques ,
favoir , Paris , Rouen , Lyon , Tours , Touloule ,
Bourdcaux , Aix , Bourges & Pau. Elles font ordi-
nairement compoiees de l'Archevêque du lieu où eft
établie la Chambre, qui en eft le Préfident, des au-
tres Evêques du reilbrt , d'un Député de chacun
des Dioccles du reffort, de trois Conleillers du Par-
lement, ou du Prclidial où le tient l'aHémblée. La
Chambre les choilit , & prend , autant qu'il fe peut ,
des Confeillcrs Clercs :elle choilit auili un Promo-
teur. On s'aiîémble tous les huit joues : quand il ne
s'y trouve point d'Evéques pour y pré/ider , c'eft
un des Conleillers qui prélîde. Pour rendre un arrêt ,
il faut qu'il y ait au moins lept perfonnes, &c qu'il
fe trouve un Evêque ou un Conîciller pour Prési-
dent. Le Receveur général du Clergé a fes caufes
commifes à la Chambre Ecclejiaftique de Paris , qui
retient dans le Palais. Quoique les villes d'Avignon,
de Carpentras , de Cavaillon & de Vaifon , appar-
tiennent au Pape , leurs rciforts font compris dans
le refîbrtde Xi Chambre Eccléfuifiique âCkW, parce
qu'il y a quelques ParoifTes de ces Diocèfcsqui ,étant
dans les terres du Roi , font fujettes aux impofi-
tiops comme les autres lieux du Royaume. L'Ai-
• femblée du Clergé tenue à Mclun en 1579 ayant
révoqué les Syndics généraux du Clergé, qui ju-
^eoient en dernier reflbrt avec deux ou trois Con-
feillcrs du Parlement de Paris les difputes qui ar-
rivoient à l'égard des impofitions fut le Clergé ,
elle demanda "au Roi l'érabliirement de quelques
Chambres, où l'on jugeât fans appel ces matières,
& le Roi l'accorda par te contrat du 20 Février
1580: ce qui fut fuivid'un Edit qui étigeoit les
Chambres de Paris , Rouen , Lyon , Tours , Tou-
loufe, Bourdeaux, Aix, & qui marquoit l'étendue
du relfort de chacune de ces Chambres. Cet établif-
fement a été confirmé de temps en temps par les
Rois , ordinairement pour dix ans chaque fois , mais
avec quelque changement ; car en 1 5 91? le Roi Henri
le Grand ajouta la C/^^/i^/^r^ de Bourges à celles qui
étoient déjà établies : &eni<Î5; , le Roi Louis le
Jufte, après avoir rétabli les Ecclcliaftiques de Bcarn
dans leurs biens, créa \xnt Chambre Eccléjiafiique'^
Pau pour les DiocèfeS de Leftar & d'Oleron , qui
jufques-là avoient dépendu de la Chanibre Ecclé-
y?^yZi.;Ke de Bourdeaux. Par l'Edit de I5^<î, Gap fut
ôté du rcffort de Lyon , pour être mis en celui d' Aix ;
pour être mis en celui de Pans, t^oyei
de Dangeau,les Mémoires du Clergé , les Procès-
verbaux" des Afiêmblées du Clergé , &c.
Chambre, fe dit anlli des Juridiétions extraordinaires,
établies patdesCommifTions du Roi pour un certain
temps , comme la Chambre de Jiiflice , ou la Chambre
ardente , pour la recherche des criminels d'Etat ,
ou de ceux qui ont malverfé dans les Finances. Cî-
pitales judices ex traor dinar ii. On appela d'abord
Chambre ardente , une Chambre que François II éri-
gea dans chaque Parlement pour faire le procès aux
Luthériens &: aux Calviniftes, parce qu'on les faifbit
brûler fans miféricorde dès qu'ils étoient convaincus
de n'être pas bons Catholiques. Mez. En 1679 , on
appela aufT: Chambre ardente ,\^ Chambre qui fut
établie pour la pcurfuite des enipoifonrteurs. Lr.
Chai-'hre Royale, pôut la réformation des Mala-
Tome ÎL
C H A
<ïtcrïes. ^fT II y a eu plufieurs Tribunaux êxtraordi*
naires établis en différens temps, fous ie iritrc àt
Chambre Royale , qui ont tous été lUprimés. La
Chambre du Domaine , pour les aftaires extraordi»
naires du Domaine.
CHAMBE.E, fe dit aufli en parlant des juridi(à:ions étrâtïi
gères. La Chambre Apojtoiique , eft celle où l'ori
traite les aftaires qui regardent le Tréibr ou le Do^,
maine de l'EgUfe&du Pape, fes parties cafuellest,
Caméra apojioLica. Les expéditions qui doivent paffer
^^.x:\3.' Chambre y font taxées à tant de ducats de
la Chambre. La Chambre haute & la Chambre ba£è g
font les deux Chambres qui compofent le Parlement
d'Angleterre. Tribunal Juperius , Tribun'al inferius»,
La Chambre haute, eft la Chambre des Seigneurs : le
nombre eft afbitraire, &; dépendant du Roi. L'Etac
d'Angleterre imprimé en \6^x , en compte 188. La
Chambre bajj'e, eft celle des Communes, compofée
des Députés des Provinces , des Villes & des Bourgs*
qui montent 3510 lorfqu'ils fbnt tous préfens. Danè
la réunion qui s'eft taire de l'Angleterre & del'EcofTé
en un feul Royaume , & en un feul Parlement , lé
nombre des Députés de la Chambre haute a aug-
menté de \6 Pairs d'Eco ffe , & celui Aqïz Chambré
baffe de 45 membres Ecoflbis.
La Chambre Impériale , eft une Juf ididtion qui Ct
tenoit à Spire : elle a été depuis transférée à Vctzlar»
On y juge les dilFérens des Princes & Villes de l'Em-
pire d'Allemagne. Tribunal Impériale. Ctnc Cham-
bre étoit au commencement ambulatoire. Elle fut
formée l'an 1473 à Augibourg, par Frideric IV. Ella
y fut continuée l'an 1495 par une nouvelle confti-
tution de Maximilienl, du confentcment de tous
les Ordres de l'Empire. Nonobftant cette inftitution
cette Chambre fut envoyée à Francfort , &: de là à
Wormcs l'an 1497. Enfuite après avoir été tranf-
portée en divers lieux , comme à Nuremberg ^ à Ra-
tifbonne , puis encore à Wormes & à Nuremberg »
& de cette dernière ville à Eflingen , on la transfera
enfin l'an 1527 à Spire, où Charles V la rendit
fédentaire l'an 1 5 50 par une Déclaration qui fut ex-*
pliquée en 1548 par une autre plus ample, avec la
claufe que cette Chambre ne pourroit plus être
transférée ailleurs fans le confenrement des Etats
de l'Empire, à moins que ce ne fût en cas de guerre
ou de pefte. Heiss. Il n'y avoit que 16 AfîeffeurS
dans ion inftitution ; mais à caufe du changement
de Religion dans une pattie de l'Allemagne, le traité
de paix" fait à Ofnabrug en 1648 en augmenta le
nombre. Outte cinq Prélidens , on y crablit ^o A/fef^
feurs , dont font z6 Catholiques & 24 Protcftans,
Entre les Prélidens il y en a auffi deux Proteftans ,
afin de tenir la balance plus égale entre les deux
Religions. Cette Chambre a le pouvoir de jugeC
par appel ert dernier reflbrt de toutes les affaires
civiles de tous les fujets de l'Empire; de même que
le Conleil Aulique , qui réfide à h Cour de l'Em-
pereur. Les Procès n'y font prefquc jamais jugés , pac
le nombre prefqu'infîni de formalités dont on les
embaralfe. D'ailleurs , la Chambre Impériale n'ofe pas
bien fouvent prononcer, de peurd'expofer Tes arrêts à
quelque difgrace -, parce qu'il arrive quelquefois quô
les Princes "ne permettent pas qu'on exécute les af*
rets de la Chambre qui ne leur plaifent pas. Comme
les Princes, ouïes Cercles de l'Empire, ne rem-
pliflTent pas toujours exadcment les places vacantes ,
le nombre des AfTeffeurs eft prcfentement réduit
à 15.
Chambre des affurances, c'eft une Cour de Juftice
& le lieu où l'on juge en Hollande les affiiires quâ
les afTurances font naître.
Chambre d'« Tiers, eft une Chambre qmk tient au
Palais, &qui eft compofée de dix Procureurs , qui
font nommés de remps en temps d'entre ceux qui
ont dix ans de poftulation , pour régler les difFc-
rens qui naiflent dans les taxes de dépens, quand
les parties ne s'en tiennent pas à ce que le Procureur
tiers a arrêté. *, ^ „ •
Fff
4IO CHA
Chambre ày^/, font des cA^œ/^r^j établies dans les
lieux dont les Greniers à lel font éloignés.
Ch AMBKH Jii I^/diJoycr , qui n'elt aujourd'hui connue
que fous le nom de Cïund' CAamire , connoit des
appellations verbales , interjetées des autres Juges
ordinaires ou extraordinaires , dont l'appel reiibrtit
au Parlement.
ÇCT Chambre dorée du Palais. On appeloit ainli la
C\:a.nd" Lkamlre , à caufe de fon plafond qui ell doré.
Elle a été aulfi nommée h grande roùft, parce qu'elle
elt voûtée delfus &: deiJôus &c que la voutc fupérieure
a beaucoup de portée.
Chambre Royak de Médecine, C'étoit une eipcce
de féconde Faculté de Médecine que Theophralte
Renaudot J&: quelques Médecins des Facultés étran-
gères avoient voulu établira Paris vers l'an 1670.
S. Germain , qui avoir été Carme Déchaulfé , iSc
qui étoit à la tête de cette affaire , obtint de M.
le Chancelier d'Aligre des Lettres-Patentes \ mais le
même Chancelier , par un Arrêr du 17 Juin 1675
ordonna le rapport de ces Lettres-Patentes , &: dé-
fendit à ceux qui les avoient furprifes de s'en fervir.
Enfin, une Déclaration du 5 Mai iû'<>4 calià cette
Chambre.
Chambre , ou Commanderie Magistrale. Terme
en ul'age dans l'Ordre de Malte. On le dit des Cotn-
manderies qui font affignées au grand Maître : car
les Statuts de l'Ordre portent que , pour foutenii
le poids de la dignité de Maître de l'Ordre avec
plus de magnificence &: de commodité , on lui af-
îigne une Commanderie dans chaque Prieuré. On les
nomme Magiftrales , & elles ne peuvent plus en
être féparées : le Maître a cependant coutume de les
donner à bail ou à penlîon à des Frères qu'il aime.
Les Commanderies , ou Chambres magijirales en
France , font celles de Pézénas , de Puibran , de
Salins , d'Itennut , du Temple, de la Rochelle , &
celle de Metz. Il y a auHi des Chambres Prieurales.
Chambre Royale , ou Chambre Syndicale des Mar-
chands Libraires de Paris. C'eft une Chambre éta-
blie pour y tenir des aifemblées , & y délibérer des
affaires du Corps de la Librairie.
Chambre, [Maure de) ou Camérier, c'eft le pre-
mier Oiïicier de la Chambre du Pape , ou d'un Car-
dinal. Camerarius.
En termes de Fonderie , on appelle chambre y un
vide ou concavité qui demeure dans un canon ou
une cloche qu'on a fondue , où le métal n'a pas
coulé, hiterior cavus. Il faut refondre un canon
lorlqu'il y a une chambre ; il pourroit crever ,
parce que cet endroit efl: plus foible. On appelle
aufTi chambre , un endroit au fond de l'ame de cer-
taines pièces de canon & certains mortiers de nou-
velle invention , qui efl: concave, fc que l'on tait
exprès, en les fondant pour y mettre la poudre , &
où fe va terminer la liur.ière.
Chambre , terme de Selier , qui fe dit du vide qu'on
pratique dans une felle de cheval , un bât , un collier,
en retirant un peu de la bourre , lorfque le che-
nal eft foulé ou bleifé en quelque endroit , pour
empêcher que la felle ne porte delfus. Fars Ephip-
pii camerata.
Chambre de mine. C'eft l'endroit où l'on met la pou-
dre quand on fait une mine. Cavus pulverarius. La
chambre d'une mine eft un vide de cinq à fix pies
cubes , & fe charge d'un millier de poudre ou
environ. On l'appelle autrement fourneau. C'eft là
qu'aboutit la faucille à laquelle le Àlineur met le feu
pour faire fai:ter la mine.
En termes de Marine ,' chambres des vaiffeaux ,
font les lieux où couchenr les Officiers Majors. C«-
pribicula. On ^.-ç^tWz gr and' chambr e .^ celle qui eft
prife fur l'arrière du fécond pont du vaiifeau -, 5:
Chambre de Conjéil, celle qui eft au-deifus de la
grand' chambre ^ dans laquelle fe tient leconfeil. La
c/;aOT^r«desCanoniers, eft l'étage ou retranchement
de l'arrière vaiifeau au-deflus de la foute , & au-
defibus de la chambre du Capitaine : les vaiffeaux de
guerre y ont ordinairement deux fabotds. Chambres
CHA
1 aux voiles ; c'eft le lieu où l'on tient les voiles de
rechange , pour en changer quand il en eft bcfoin.
Chambre , dans les Relations , lé dit des logemcns
de la Milice Turque. Hoj'puium militare. IJn peu
au-delà de Sainte Sophie ( à Conftantinople) font
leslogemens des Dgcbedgis,, c'eft-à dire , desCui-
ralliers , qu'ils appellent Chambres , comme tous
les autres quartiers de la mihcc. Duloir, ». rj>
De l'autre côté de la Mofquée de Chahzade , Ibnt
les vieilles chambres des Janilfaires , qui font les
logemens de ceux qui demeurent dans Conftantino-
pic, &, qui ne font pas mariés. Id./. cîo.
On appelle aulii chambre , la partie intérieure
la plus protonde d'un port, qu'on nomme autre-
ment paradis , & darcine ou bajjin , où l'on retire
les vaiifcaux délàrmés, pour les calfater. iV^ny.
Chambre d'ecluje. C'eft l'cfpace du canal compris en-
tre les deux portes d'une eclufe.
%fT Chambre, en termes de Tilferand , eft l'efpace
qui fe trouve entre deux lames du peigne, & dans
lequel paife une partie des fils qui forment la chaîne.
Les Vitriers appellent auHi chambre , le creux
qui eft dans la verge de plomb, où ils placent le
verre lorlqu'ils font des panneaux de vitres.
33° Chambre de l'œil, en Anatomic , c'eft l'efpace
compris entre le criftallin i^ h cornée, lequel con-
tient l'humeur aqueufe qui remplit l'œil.
^CF Chambres dans les Verreries. Ce font des ou-
vertures parriculières prariquées dans les murailles
du four , &: au niveau des lièges , afin de pouvoir
manœuvrer plus facilement fur les pots , quand il
leur arrive de caifer.
§3" Chambre du cerf, en Vénerie , eft l'endroit où
le cerf repofe pendant le jour.
§3* On donne auHl le nom de chambre à une efpcce
de piège préparé, pour prendre des loups & des
renards. ^
CHAMBREE, f. f. Nom collcdif , qui fe dit de ceu«
qui occupent une chambre, qui logent enferable
dans une même chambre. fJCT On le dit particu-
lièrement d'un certain nombre de Soldats qui louent
enfemble , foit dans le camp , foit en garnilbrt. Con-
tubernium. Ces trois Soldats font d'une même
chambrée. Contubernales.
Chambrée fe dit à la Comédie & à l'Opéra, poue
déligner le nombre des fpeétateurs &: le produit de
la recette. Ainli l'on dit bonne ou mauvailé chambrée.
La chambrée a été forte , médiocre , foible.
Dans les ardoiliêres , on appelle chambrée , les
différentes profondeurs auxquelles la carrière a été
percée. La bonne chambrée eft celle où le trouve
l'ardoife de bonne qualirc.
CHAMBRELAN. f. m. Ouvrier qui travaille en chamr
bve , qui n'cft pas Maître, qui ne peut ouvrir bou?
tique. Qîii privatos inter parietes opus exercet.
Il fe dit aulfi d'un Locataire qui n'occupe qu'une
chambre dans une maitbn. Il eft populaire en ce
fens.
CHAMBRER., v. n. Terme de guerre. Loger enfembte
fous une même tente , ou dans une même chambre,
Eodem uti contubernio. Les Fantafîîns chambrentût
àlîx, les Cavaliers trois à trois ordinairement.
03° On dit aulli à i'adif , chambrer quelqu'un , le
tenir enfermé par une forte de violence ou de fer
duélion -, le tirer en particulier dans une afiérablée.
ACAD. Fr. - !
On dit aufTi en termes de Sellier, chambrer WBR
felle : pour dire , y taire une chambre , y faire de
petits trous & tirer la bourre , quand le cheval ell
bleifé , de peur que la felle , en pofant delfus , ne
le bleffe encore davantage : alors le mot de cham-
brer eft encore aiftif Camerare.
^fT Chambrer , eft aulli un terme de Verrerie.
Voye:^ Chambres.
chambré , EÈ.adj. Il n'eft guerre en ufage qu'en par-
lant des armes à feu , où il y a des chambres. Ca-
mcratus. On rebute les canons chambrés , parce
qu'ils fonr fujets à crever. Un fulil dont le canon efl;
ch.vnbré , fe falit Si repoullê ,& crève ilicilemen:.
»
CH A
Chambré j ée. Terme de Conchyliologie. II s'entend
d'une coquille qui efl: cloilbnnéejou réparée dans
fon intérieur, comme le nautille, la corne d'Am-
mon & quelques Icpas.
CHAMBRERIE. f. f. §3" Juftice qui ctoit attachée
autrefois à la charge de grand Chambrier de la Cou-
ronne , qui tut lupprimée avec l'office de Chambrier
en 1545.
'ÇC? Chambrerie, dans les Chapitres, efl un office ;
& dans quelques-uns, une dignité, qui conlifte à
avoir foin des revenus communs & à en taire des
rapports au Chapitre.
^fj" On appelle aufTi Chambrerie , office de Cham-
brier, certain bénéfice qui eft un des principaux
offices clauftraux dans les grandes Abbayes. Prœfec-
titra cubicularis apud monachos.
CHAMRRET. f. f. Diminutit". Petite chambre. Anguf-
tum cuhiculum. Il eft du ftyle familier.
CHAMBRETTE. f. f. Sorte de poire §3* ainfî nommée
de la paroifle de Chambrer en Limoufin. Elle mûrit
en Odlobre : elle cft de couleur jaune , d'une groHèur
raifonnable. En mûrirtanr elle devient pâteufe. Elle
dure peu de temps. C'eft une aflez mauvaife poire.
CHAMBRIER. f, m. Grand Officier qui avoir loin de
la chambre ou du Trélbr chez les Rois & les Empe-
reurs. Regio cubiculo , ve/terario prxpojitus , fiipre-
mus Regii cuhicull vel ararii adminijier. En France
le Chambrier donnoit les ordres dans la Chambre du
Roi. Le Gendre. Il fignoir autrefois les Lcttres-Pa-
tcnres en qualité de Grand Officier de la Chambre
du Roi. Le Grand Chambrier avoir juridiélion par
lui-même &: par fes Lieurenans fur tous les Mar-
chands & Artifans du Royaume , mais il ne jugeoit
pas en dernier rcffort. On appeloit de lui au Grand
Confeil. Charles V , dans des Lettres-Patentes don-
nées en I }68 , dit que le Chambellan avoit dix fous
fur chaque Maîtrife , ôc le Chambrier fix. Quelques-
uns prétendent que le premier Chambrier que l'on
connoiflè efl: Renaud , qui l'étoit fous Henri I , en
10^0. M. Du Chefne remonte jufqu'à Dagobert,
fous lequel l'étoit Taltus ; & il en trouve encore
fept autres dans la première & la féconde race.
L'office de Chambrier fut fupprimé en 1 545; , pat
François I, après la mort de fon fils Charles de
France , Duc d'Orléans , qu'il en avoit poutvu après
la mort de Charles III , Duc de Bourbon. A la place
du Chambrier il créa un premier Gentilhomme de fa
Chambre. Quelques-uns prétendent qu'autrefois le
CAflOT^wr étoit la même chofe que le Grand Cham-
bellan. Voyei Chambellan , & du Tillet , F. 1 , 4^,
79' 515 > 595) 410 5 & Juivantes.
On trouve Cambrerius dans labafle larinité, auffi-
bien que cambra. , pour caméra y chambre. Voyez
Chambre.
Chambrier dans les couvens. Officier claufliralqui efl
pourvu d'une chambrerie ; qui a foin des revenus
de lamaifon,des greniers , du labourage &c des pro-
vifions , tant pour la bouche que pour le vefliaire.
Monajlerii Provifor. On l'appelle en quelques en-
droits Provifeur.
Chambrier. Nom d'un Officier Eccléfiaflique. Came-
rarius. L'Evêque de Coireou ChurenSuiflc, publia
un Mandemeut l'an 1^44, adreflc à rous les Doyens ,
Chambrier s ■, Curés, Coopérateurs &: Chapelains de
fon Diocèfe. P. Hllyot , Tom. VllI -, p. 110.
On appelle auffi Chambrier, d:ins les Eglifes, celui
qui a foin des revenus communs. A Lyon on le
nomme Chamarier , dans quelques endroirs Proyi-
y^zir. Chez quelques Religieux c'eft celui qui préfide
à une Chambre particulière , ou petit Chapitre , où
on règle la dépenfe & les nr>enues affiiires de la
mai fon.
On appelle dans la converfation , Grand Cham-
brier , un Confeiller de Grand'Chambre. La vie d'un
grand Chambrier efl fort laborieufe.
CHAMBRIERE, f. f. Servante des perfonnes de petite
condition. Ancilla. Ce mot n'cfl plus en ufage qu'en
parlant des fervantes de ceux qui n'ont qu'un petit
CH A
411
ménage , ou qui n'ont pour tour domeflique qu'une
fervante. Cependant en Provence, en Languedoc,
on ufe du mot Chambrière pour toutes fortes de
fervantes. En quelques autres Provinces , le p<_uple
conl'ervc auifi le même ufage , qui néanmoins com-
mence à s'abolir.
Chambrière en terme de manège , efl un long fouec
fait d'une grande courroie de cuir attachée au bout
d'un bâton , quifert à fouetter les chevaux pour les
faire obéir au cavalier. Flagellum è corrigid.
Chambrière. Terme de Fileufe. Petit ruban , ou autre
choie pliée & attachée au haut, du fein , qui tient la
quenouille en état lorfqu'on file. TanioU ad fujii-
jiendum columen comparata.
On donne encore ce nom à un demi-cercle de
fer, fufpendu par une anfe auffi de fer, que l'on
accroche à la crémaillère d'une cheminée. On fe
fert de la chambrière pour fricaiîer plus commodé-
ment , parce que l'on pofe la poêle delfus , pour
foulager fes bras , & lailfer bouillir ce que l'on fri-
cafle. On ne lève la poêle de deflùs la chambrière,
que lorfqu'on veut tourner ce que l'on fricafle ; ce
qui fatigue beaucoup moins que s'il falloir toujours
fupporter la poêle à frire avec fes bras. IK? On
appelle auffi chambrière une efpèce de chandelier à
l'ul'age des charrons & autres ouvriers , fervant à
porter leur chandelle quand ils rravaillent le foir.
CHAMBRILLON. f. f. Perite fervante qui gagne peu
de gages. Ancillula. Il eft bas.
ÇCT CHAME ou CAME. Nom générique de coquil-
lages qui comprend plufieurs elpèces, telles que les
flammectes , les iavignons, les palourdes. Foye^
Came.
CHAMEAU. 1". m. §3" Animal quadrupède , haut de
jambes , qui a le cou fort lon^, & qui rumine , pro-
pre pour la charge , & non point pour ÙTer. Came/us.
Il eft fort commun en Orienr. Le chameau arabef-
que a une grolfe boifc fur le dos : le médois en a
deux. Sa charge ordinaire eft de mille livres pcfant.
Le chameau a cela de particulier, qu'on l'accoutume,
dès qu'il eft né, à fe baifTer pour recevoir fa charge :
on lui plie les quatre pieds fous le ventre, on lui
met fur le dos un tapis , dont les bords font chargés
de pierres , afin qu'il ne fe puifle relever pendant
vingt jours. Il a le pié large & folide , &c non pas
dur: car il eft couvert d'une llhiple peau. Le poil
de chameau fert à plulieurs ouvrages & étofïês. Le
chameau eft dix à douzejours fans boire ni manger.
Quand il eft en chaleur , il fe retire à part avec ia
femelle , & la couvre tout le jour. fJ^T Pendant
qu'il eft en rur , il eft furieux : cela dure quarante
jours. La femelle s'accroupit pour recevoir le mâle.
Elle porte onze mois & ne fait qu'un petit à la fois.
les mâles coupés font plus forts. On n'en lai/Te qu'un
enricr pour dix femelles. On ne h fert point d'etriile
pour le panfer. On le frappe feulement avec une
petite baguette comme fur Un tapis pour en ôter la
poufficrç. Le maître le fuit en chantant & en fiflant.
Plus il chante fort , & mieux il marche. Il eft fujet à
s'écarter : c'eft pourquoi lorfque les caravannes paf-
fcnt dans des terres gliflanres , on étend des tapis
fous les chameaux, quelquefois jufqu'au nombre de
cent. Tavernier. l^oye^ Dromadaire.
Les chameaux gardent de l'eau dans leur eftomac
fort long-temps pour fe rafraîchir , par le moyen
d'un grand ventricule qu'ils ont , autour duquel on
trouve un nombre confidérable de facs enfermés
entre fes tuniques , dans lefquels il y a apparence
que ces animaux mettent leur eau en réferve. On
prétend même que c'eft la dernière rcffource des
Caravannes , d'ouvrir le ventre de ces animaux
pour fp fervir de cette eau. Mais par les Obfervations
Phyjiijues, Scc. que les Jéfuites ont faites à la Chine ,
il paroît que ces réfervoirs prétendus ne fe trouvent
point dans les chameaux ; ils ont vérifié le fait pat
ladifiedlion de divers chameaux. P. Gouye. Mais
on ne doit pas regarder ces obfervations comme
bien exaéles : il eft cerrain que les ch-ameaux , outre
les quatre parties du ventricule qu'on trouve dans
Fffij
412 CHA
tous les animaux ruminans, onc une clncluième poche
d'une capacité allez conhdcrablc , qui ne le trouve
point dans les autres : c'cll dans cette elpecc de rc-
iervoir qu'ils mettent une grande quantité d eau qui
s'y conferve lans le corrompre , parce que les autres
liqueurs du corps ne peuvent s'y mêler. C elt de ce
refetvoirquele chameau , ç^t la feule contradion
des mulUes tait remonter dans fapanfc, te )ulqu a
l'œfophaçîe , une partie de cette eau , quand il en a
befoin. Ceft à cette conformation particulière qu on
doit attribuer la facilité qu'a le chameau de s abitenir
de boire pendant pluiieurs jours.
Le chameau qui porte l'étendard d or , que a
Caravanne de Pèlerins va offrir tous les ans lur le
tombeau de Mahomet à la Mecque , eft exeu)C de por-
ter aucun fardeau pendant le relte ctc la vie. La
Croix. Ils prétendent même que cet heureux cA«-
/Tz.a/. reflufcitcra , & )ouirades télicites du Paradis.
Chevr. Ils ont de l'averhon pour le cheval , le lion ,
&: le thon. Ils vivent, félon quclques-un. , ^julqua
cinquante ans -, & félon quelques autres )ulqu a cent.
Le lait de la femelle du chameau eft un louvetain
remède pour guérir l'hydropiHe. Il faut en bo;re
tous les jours une pinte pendant trois lemaines. Au
printemps, tout le poil tombe au chameau en moins
de trois jours -, la peau lui demeure toute nue , 6c les
mouches l'importunent fort ^ il n'y a point d autre
remède que de lui gaudronner le corps. Tavernier.
On dit chameau mâle , chameau kmelle.
Sur les médailles, le ch.imeau eft le lymbole de
l'Arabie. P. Jobert. Et s'il fe trouve lur ks médailles
de quelqu'autre peuple, comme far celljs de la fa-
mille Plautia , fur laquelle on voit une tête de femme
avec une couronne murale , A Plautius aed. cvr.
S. G. Et au revers dans le champ Ivd/EUS Hc dans 1 e-
xer<-uc Bacchius , & pour type un homme a genoux
qui' tient de la main fauche un chameau par la bride ,
te qui tient de la droite une palme i c'eft une marque
de Ibcictc avec l'Arabie. Beger. ^
Ce mot vient de Vhchitw gamaly lelon Nicot ;, d ou
l'on a formé K«,«„x.« en grec, camelus en latin, &
enfuite chameau en fiançois. Mais félon Ilo Magiller,
il vient du srec xa„»jAov , qui lignifie curvum , a
caufe des bofles qu'il a fur le dos. Charleton dit
qu'il peut venir de x«^,.. , je travaille , parce que cet
animal porte de grands fardeaux -, mais cette éty-
mologie eft forcée. _
Chameau moucheté. Autre efpece d'animal reflemblant
au vrai chameau par la tête -, mais par le refte du
corps , au cheval & au bœuf. Camelopardalu. Pomey.
On appelle aulfi chameau , le poil de chameau
filé en forme de laine fort déliée , du quel fe fervent
les Ferrandiniers dans leurs ouvrages. Filus ca-
melinus. ,
En termes de Blafon , on appelle un chameau em-
mufelé , qui eft repréfenté avec une mufelière. Ca-
melus os ohfinUum hahens , ou capiftratus. ^
Il y a une herbe qu'on appelle/J^mr* de chameau ,
à caufe que les chameaux en font fort friands. On
l'appelle autrement Jk/zcwj odoratus , ou fcœnantum.
Chameau fe dit d'un gros & grand bâtiment qu'on
voit en Hollande , &c qui n'a été inventé que vers la
fin du fiècle paffé. Le chameau fert à enlever un
vailfeau d'un lieu où il y a peu d'eau , & à le tranf-
porter dans un autre où il y en a davantage , par le
moyen des machines dont eft rempli le vaiflcau qu'on
zpptWe chameau."
fCT On a donné à cette machine le nom de chameau
a caufe de fa grandeur & de fa force.
CHAMEL^A TRICOCCOS. Arbrifleaubranchu, qui
s'élève à la hauteut d'environ un pié & demi, ou
de deux -, Se qui eft toujours garni de feuille; allez
femblablesà celles de l'olivier ,obtufes, charnues,
fermes , d'un vert foncé en delfus , & rcintes d'une
couleur un peu plus claire endeilbus. Ses fleurs naii-
fentdes ailTclies des feuilles , Se fontcompofees d'une
feule pièce découpée en trois parties , d'un jaune
'vcrdâtrc. Ses fleurs font foutenues par un pédicule
fort menu, long à peu près d'une ligne. Le piftile 1
CHA
qui occupe leur centie devient un fruit verdàtrois
coques arrondies , dures , grolîes comme des petits
pois , qui renferment chacune une petite femcnce
blanche. Celte plante eft commune en Languedoc
& en Efpagne. Le fuc de fes feuilles eft hydragogue ,
ôc purge violemment. Ces mêmes feuilles app_liquc-s
fur le^ventie des hydropiques , procurent' Ibuvent
un flux d'urine conlidérable.
CHAMELIER, f. m. Celui qui panfe & qui conduit
des chameaux. Qui camelos curât , Came/anus. On
appelle aulfi chameliers , les Marchands qui font
trafic de chameaux. Le premier métier de Mahomet
fut d'être chamelier. Chamelier eft appelé came-
Urius , dans la vie de Saint Macaire d'Egypte , &
dans celle de Saint Alexandre l'Acœmete.
CHAMES. f. f. Voyei Chame & Came.
CHAMFRAIN. Voyei CHANFREIN.
CHAMFRAINER. Toy^^CHANFREiNER.
Ip- CHEMFRER, /^oye^CHAMERER.
CHAMICO. f. m. Sotte de femence du Pctou , fem-
blableàcelle des oignons, mais dont la propriété
eft telle,, dit-on , queli l'on boit l'eau dans laquelle
elle aura bouilli feule, ou avec du vin, elle pto-
yoque un fommeil de vingr-quatre heures ; & fi quel-
qu'un l'a bue en riant ou en pleurant , il demeure
fort long-temps dans ce même état. ^Ces pro-
priétés paroiflént trop fingulières pour être crues
lé"-èrement. Attendons des obfervations plus exades
fur la nature du Chamico.
frr CH AMLEMY, Petite ville de France en Nivernois
à huit lieues de Nevers.
CHAMOIS, f. m. Animal quadrupède ruminant,
elpcce de ehèvre fauvage qui habite fur le haut des
rochers & des montagnes.^/^/icrt/ra. Lq chamois îÏï
queue longue de trois pouces , les oreilles de cinq. Il
a de s;rands yeux , avec une paupière interne & rouge.
Sa Icv-re fupéricure eft fendue comme au lièvre. Ses
cornes fortent au devant du front fort peu au dellus
des yeux. Elles font longues de neuf ou dix doigts,
& font noires, rondes", & rayées circulairement.
Ce qui l'a fait appeler par Oppian 5•p£^;.l«,.(.« , c'eft-
à-dire, qui a les cornes tournées en arrière. lia le
pic fourché & creufé par deflbus , & non rempli de
chair comme la gazelle. Il marche fur fes ongles,
& court fort vite. Il a trois ventricules pareils à
ceux des bœufs. Ses inteftins ont quarante pies de
Ions. Il eft plus grand , &: a les jambes plus longues
que^ la chèvre , mais le poil plus court , qui eft
pourtant de deux fottes. Le petit eft fin, frife &
onde , 5c caché fous le gtand. Il y en a une pattie
de couleur de minime brun. Le refte «ft un blanc
fale & roufsâtre. Scaliger veut que le caprea des An-
ciens foit notre chamois , quoique Jonfton veuille
que ce foit le chevreuil. Pline dit que les chamois
vivent de poifons comme les caillesj ou qu'ils
mangent le doronicam, qui eft une efpèce d'aconit.
On twuve quelquefois dans le ventricule des ch::^
mois des pierres , qu'omp'^zWzhéioard d'Allemagne.
La peau en eft fort eftimée, parce qu'étant préparée,
elle eft chaude Se douce fur la chair , & (c peut
favonner. Elle fert aulfi à purifier le mercure qu'on
fait pafler par fes pores , qui font fort étroits.
Le Chamois eft un animal timide. Il y en a beau-
coup dans les montagnes du Dauphiné. Leur prin-
cipale retraite eft la montagne de Donoluy , auprès
de Rochecourbe , jufques à celle de Montziou , dans
le Gapençois. Il enparoît fouvent dans ces lieux des
troupes de cinquante oc plus. Ils marchent fous la
conduite de l'un d'entre eux , qui eft à leur tête. Les
chafleurs lui font toujours elfuyerles premiers coups.
Quand ils le tuent les autres paroiflént dans un fi
grand étonnement , qu'il eft aifé aux moins adroits
d'en abattre pluiieurs. Ils aiment le fel, & l'on en
répand aux lieux où l'on veut les attirer. Comme ils
font très-peureux , ils ne s'amufent pas à paître beau-
coup. Ils ne choifilfent jamais de pâturage abondant
ni fertile , 8c fe contentent de l'heibe qui cro't dans
le Ejravier , Se parmi les cailloux. Pendant qu'ils pai(^
fçnt , l'un d'eux fait le guet à cent pas de-là , fur I»
CH A
pointe d'un rocher , & d'abord qu'il apperçoit un
homme , il avertit par un iîflement aigu les autres de
prendre garde à eux. Ainli il efl: difficile d'en prendre
de vivans , & plus encore de prendre des petits. Ces
petits meurent d'abord qu'ils font portes ailleurs.
Un air plus doux efl mortel pour eux. Ils diffèrent
beaucoup des bouquetins : car ils Icmblent rouges
en été, & gris en hiver. De plus ils n'ont que de petites
cornes ailez larges, & dont le bout elt fort crochu.
Leur vitefiè &c la rapidité avec laquelle ils s'élancent
de rocher en rocher , ne cède point à celle des bou-
quetins : mais ils ont cet avantage , que Ibuvent ils
s'y attachent par le bout de leurs cornes , & demeu-
rent ainli long - temps flilpendus en l'air iufqu'à ce
qu'enfin ils s'en arrachent d'une force incroyable,
éc fe jettent au lied où ils vtulent aller. Chorier.
Jliji, de Dauph. Liv. /, p. (»4.
Ménage dérive ce mot de l'italien, camuccia ou
camoccia ; mais Belon dit que ce nom vient du
grec x£,i4«5.
Chamois veut dire dans les Troupes, un homme qui
ne quitte point fon Régiment pour venir taire fa
cour , & qui ell uniquement appliqué à fon mé-
tier.... Ce nom vient de ce que les vieux Officiers de
Cavalerie qui ne quittent point les Troupes, ont
d'ordinaire une vefle & des chauflés de chamois
Mots à la mode.
Chamois fe prend auiîî pour la peau de chamois.
Pellis rupicapra. Ainlî on dit, gants de chamois ^,
caleçons de chamois.
Chamois efl: auffi une couleur tirant fur l'ifabclle,
dont les curieux de tulipes font grand cas. McLi-
nus & futalhidus color.
CHAMOISERIE. f. f. Lieu où l'on prépare les peaux
de chamois , ou d'autres peaux , qu'on veut faite paf-
fer pour telles , en les apprêtant & les paflant en
huile.
^Zt II fe dit auffi de la marchandife même préparée
par le Chamoifeur. Commerce de Chamoiferie.
CHAMOISEUR. f m. Celui dont la profelfion efl: de
préparer & pafler en huile des peaux de chamois ,
ou de travailler à les imiter avec d'autres peaux.
CHAMOS. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'une
Idole des Ammonites & des Moabites , dont il eft
parlé au Ilh Liv. des Rois, XI, 7, 53 j IV^ Liv.
des Rois, XXIII, 13 ; Jérém. XLFIII, 7, 13-
Chamos. Saint Jérôme fur Ifaie , Liv. V, dit qu'il
ctoit adoré fur le mont Nabo ou Ncbo ; & il
ajoute que Chamos efl le même Dieu que Bcelphé-
gor , parce que l'un & l'autre font un Dieu des
Moabites; mais, dit le Père Kirker, il faudroit
montrer que les Moabites n'avoient qu'une idole.
Selden fuit néanmoins ce fentiment , de Diis Syris
Synt.I,c. 5, fur la fin. Vatable &: Sandius difent
que c'étoit Priape , ce qui revient au même-, car,
félon Selden , Béelphégor & Priape font la même
chofe. Cornélius à Lapide , Tirin & Sanélius ,
fur la reflemblance de Chamos & Cornus , pren-
nent Chamos pour Cornus , le Dieu de la Bonne-
Chère & de rivreife. Pierre Martyr" prétend que ,
parce que cûj , Camos , en hébreu fignifie occiil-
tare , c'eft-à-dire , cacher , il fe pourroit bien faire
que Chamos fût Pluton le Dieu des Enfers. Le Père
Kirker croit que Chamos efl: le même qu'Ofiris,
ou le Bacchus Egyptien , & qu'il a été appelé Cha-
mos , du mot hébreu DD^ , recondere , abfcondere ,
cacher ; ou bien d'une Iblennité que les Egyp-
tiens faifoient tous les ans en l'honneur de Bac-
chus, en courant par réjouiffance & en folâtrant
de village en village : d'où cette fête avoit été nom-
mée Comajia, de r-Z^oi, village. Enfin, le P. Kir-
ker ne veut point qu'on mcprife le fentiment qui
dérive ce mot de D03 , & qui confond Chamos
avec Pluton , parce qu'en effet on confond très-fou-
vent Pluton , Dis , Ofiris , Dionyfius , Sérapis. Il con-
fent même qu'on dife que c'efl: Béelphégor, pourvu
qu'on tienne que Béelphégor efl: Priape adoré par
les Egyptiens.
Les Moabites font appelés Peuples de Chamos ,
CHA 41 j
Nomh. XXI, tç, , Jérém. XLniI , 4«?. Vous êtes
perdus , peuples de Chamos. Voyez Vojiius, De id<jL
L. Il , c. 8.
Ce nom efl: hébreu, u?-OD , Chemos. Plulijurs
Modernes l'écrivent & le prononcent ainfi félon i'hc-
brcu. Les Septante & la Vulgate difent Chamos,
Prononcez Camos,
CHAMP, f. m. du latin Campus. ^ Efpace plus ou
moins grand de terre propre à être labourée : c'eft
proprement une certaine étendue de terre bornée
par des limites naturelles ou artificielles , pour la
diflfinguer des champs voifins. Agcr. Champ cultivé.
Cultus aocr. Champ en friche. A^er inciUius,
Héjiode à fon tour, par d'utiles leçons.
Des chzm^s trop parejfeux vint hâter les moijfons.
BoiL.
^(CF Champ. Terme d'Hifl:oire incizxmz. Campus. Nom
donné par les Latins à certaines plaines de Rome,
dans lelquelles il n'y avoit point de maifons, deft»
nées pour les fpedacles , les aifemblées du Peuple ,
& plufieurs autres ulages, comme le Champ de Mars,
Campus Martius. Le champ de Flore. Campus Flo-
ra , &c.
Le champ de Mars étoit une place ainfi nommée
à caufe d'un temple du Dieu Mars qui f étoit: on y
tcnoit les ailemblécs appelées comices. Dans la fuite,
Tarquin le fuperbe prit cette place pour fon ufage
particulier : mais après qu'il eut été challc de Rome,
les Confuls Br^itus & Collatinus firent du champ
de Mars le lieu des aiïêmblées 5c des éleiftions. Le
champ de Mars n'étoit au commencement qu'un
pré au bord du Tibre où l'on faifoit paître les che-
vaux , &; où la jeunefle s'exerçoit à la guerre : on en
fit depuis une place magnifique , qu'on orna d'une
grande quantité de ft:atucs & d'une belle hotlooc
enrichie d'or. Voye^ Aulu-GcUe, Denys d'Haly-
carnafTe , Strabon , Pline , Barthélemi Marlianus
dans fa Topographie de l'ancienne Rome, (fc. Le
champ de Flore cil une place à Rome où l'on fait
la publication des Bulles, des Conflitutions, €fc.
§C? C'étoit autrefois un lieu confacrc à cette Déeflè,
où fe repréfentoient les jeux appelés Fluralia , infti-
tués en fon honneur.
(fT Champ criminel. {\.ç)Campus fceleratus.^hcç dans
Rome , près de la porte Colline, où l'on enterroit
toutes vives les Veflales qui n'avoient pas fu con-
ferver leur virginité.
IKr Champ du Rire, {\e) Campus Ridicuii.Vhce où.
Annibal avoit campé pendant le liège de Rome ,
qu'il eût pu prendre aifément, s'il n'eût point levé
le fiège , épouvanté par de vaines terreurs & de cer-
tains fantômes qui le troublèrent. Ce qui fiit caufe
que les Romains , voyant Rome délivrée p.ar la
retraite d' Annibal , fe mirent à faire de grands éclats
de rire, & élevèrent là un temple au Dieu du Rire.
Antii]. Grecq, & Rom.
On.appeloit anciennement en France Champ de
Mars , les aflémblces de toute la nation, que le Roi
convoquoit tous les ans , ou pour drelfer de nou-
velles loix , ou pour décider des grandes affaires du
Royaume. On les nomma ainfi, foit parce qu'elles fe
tenoient d'ordinaire au mois de Mars, foit à l'imi-
tation du champ de Mars qui étoit deftiné .à Pvome
pour de pareilles aflemblées. On le nomma depuis
le champ de Mai , parce qu'on iranfporta ic qu'on
tint ces affemblccs au mois de Mai. Dans Grégoire
de Tours il efl- appelé Campus Martius , dans Frédé-
gaire , Part. IJ^, c. i iv & 1 3°- Campus MaJius, &
dans les Annales de Merz , Campus Muf^ius. C'eft
Pépin qui le fit nommer Campus Mains , d'où l'on a
fait par erreur ou par corruption , Madius & Ma-
gins.
Le P. Daniel prend le 0<:2/72;' de Mars, non pas
pour l'aflemblée , mais pour le lieu où fe fnifoit la
revue générale des Troupes-, & on le nommoit ainfi ,
dit cet Hiftorien , non pas que ce fût le nom particu-
lier de quelque champ ; ces revues fe fàifoien: tantôt
414 C H A
en un endroit , &: tantôt à un aune -, mais , ou à caufe
que Mars chez les Païens ctoit le Dieu de la guerre ,
ou plutôt, à cauie que la revue ie hiiloit orduiai-
rement à la fin du mois de Mars : d'où vient que
dans la fuite on l'appela le Champ de Mai , parce
que la coutume étant venue de le mettre plus tard
en campagne , on ne faifoit la revue qu'au mois de
Mai. P. DIn. Tome Up. 7. ^'oye:^ auili M. de Marca,
HilL de Béarn, Liv.l, c. i8 , Se M. Le Gendre,
MceuTS des François , page 12. Ailleurs, Tome 1 ,
paee 409 , il dit comme les autres , que ce font ces
diltcs ou aflemblées générales des François qu'on
avoii appelées d'abord le Champ de Mars , & qui
■ s'appellèrcnt depuis le Champ de Mai , parce que
Pépin en changea le mois. Pcpin tenoit acluelle
ment rafTemblce ordinaire , ou le champ de Mai.
P. Dan. Sous la rroilième race, ces alfemblces, ont
pris le ' nom d'Eiats Géncraux. Regni comina.
Foyez les Articles relarifs. ' .^ ,
Champ ^/« bataille, en termes de Guerre, figmfie le
lieu où fe donne quelque bataille ou combar. Fugna,
pralii locus. Ce Général ell: demeuré maître du
champ de bataille. Coucher fur le champ de bauiilU.
On dit figurément qu'un homme a bien pris fon
champ de bataille , pour dire , qu'il a pris (es avan-
ta^^es pour réulfir en quelque chofe. Et que le champ
de bataille lui eft demeuré, pour dire, qu'il a été
fupérieur dans une difpute , ôc qu'il a réduit Ion
adverfaire à céder , ou à ne rien dire.
On dit , prendre mal fon champ de bataille , d'une
perfonne qui ne prend pas bien le temps ii le lieu
propre à cela : ce qui fe dit encore d'un homme qui ,
dans une difpute , auroit propofe un objet qu'il lui
feroit difficile de foutenir , une diftcuké à rclou-
dre qu'il auroit de la peine à éclaircir. Vous pre-
nez mal votre champ de bataille ; ce n'cft guères
ici le temps ou le lieu propre à cela. M= ou Noyer.
On appeloit autrefois champ clos , on camp clos,
l'cfpace fermé de barrières, où les Chevaliers fai-
foient des joutes & tournois , ou des combats à ou-
trance. 5f/'r«J (Zi^ certamen locus-, arena. Le champ
e(l demeuré à un tel Chevalier. On difoit : prendre
du champ , pour dire , faire un tour , une caracole ,
pour mieux fournir fa carrière.
Ip- On dit pourtant le Juge du camp , H non le Juge
du champ.
fp= Dans les Arts, ce terme eft employé, dans un
fens fit^uré , pour dcfigner un fond fur lequel on
peint ,°on çrave , on repréfcnte quelque chofe.
Champ , en termes de Blafon , fe dit du fond de l'écu ,
qui eft chargé des diverfes pièces dont fe compo-
fent les armo'iries. Areafcuti. La bannière de France
eft un champ d'azur fleurdelilc. On dit plus ordi-
nairement Ecu & Ecufon.
Le champ d'un tableau , d'une tapilTerie , c elt le
fond , lequel eft d'ordinaire obfcur , & où il n'y a
rien de peinr. Area. Il faut rembrunir le champ de
cette tapiffericjpour en relever davanrage les cou-
leurs -, le champ de ce rableau , pour en dérachcr les
figures. Le champ , le fond &c le derrière d'un ta-
bleau , fignifient la même chofe. On appelle auiïl le
champ d'une médaille , le fond où il n'y a rien de
gravé. On dit encore qu'une draperie , ou un mor-
ceau de bâtiment fert de champ à une figure, quand
la figuie eft peinte fur la draperie ou fur le bâ-
timent. ^ „ , r . ^ 1
(çj- Champ , chez les Orfèvres. C'eft le fond fur le-
quel font diftribués les orncmens.
On dit, mettre des /olives de champ , pom dire,
les pofer fur la partie la moins large -, Tignum quà
parte angitjlius efi collocare; cnforte qu'une folive
qui a fix" pouces d'un fens , Se quatre de l'autre , eft
mife de champ , fi elle eft fur la partie de quatre. Il
en eft de même de toutes les autres pièces de bois
équarries, que l'on doit mettre de champ, po\iv leur
donner plus de force, & pour empêcher qu'elles
ne plient. ^ n t
Champ eft aufTi un terme de Peignier. C'eft le milieu
du peigne d'où fortent les dents de chaque côré.
C H A
Champ, en termes de Méchanique , fe dit de ce qui
eft pofc horilbntalem.ent, /z>« horijbnti ad libelUun.
rejpoTi dente coliocatui. Les fablières fe couchenc
de champ.
aO" On appelle roue de champ , celle qui eft hoti-
fontale , & dont les dents font perpendiculaires.
Celle qui fait l'échappement , s'appelle roue de
remonte.
Champ , chez les Opticiens, fe dit de l'étendue qu'em-
bralfe une lunette d'approche. Cette lunette n'a pas
afléz de champ.
§3- Champ fe dit, dans un fens figuré , pour yî^V/ ,
matière. Campus , materies , argumentum.Les Poètes
Païens avoient un beau champ à s'exercer , à caufe
de la liberté de leurs fixions. Les louanges du Roi
font un beau champ pour exercer les Hiftoriens, Voilà
un beau champ pour étaler votre cloqucnce. Amplif-
Jima materia ad dicendum,
Jl faut, pour démafquer ce fuperbe hypocrite,
Flater de fon amour les dejirs effrontés ,
Et donner un champ libre afes témérités. Mol.
On dit de ceux à qui on donne permiflîon de
dire ou d'écrire quelque chofe i vous le pouvez,
le champ vous eft libre.
Champs , au pluriel, fe dit par oppofition à ce qui eft
enfermé dans les villes, ii«5. Aller aux champs, i&
maifon des champs.
Pour réparer les maux preffans
Que le tonnerre a fait à ma maijon des champs ,
Nepourrois-je obtenir , Sire, avant que je meure.
Un quart d'heure de votre temps ?
Sanguin, dans le Recueil de Vers fait par U Pire
Bouhours ,1, édit. pag. lis-
^ Maifon des champs n'eft pas une façon de parler
noble -, il faut dire Maifon de campagne. Les Voca-
buliftes auronr foin de ftire entrer cette remarque
dans la féconde édition de leur Dictionnaire,
quoiqu'elle ne fe trouve point dans celle de l'Aca-
démie. Il faut diftingùer les termes bourgeois, des
autres.
Champs, au pluriel, fignifient aullî toutes fortes de
terres , tant labourables que piés, bois , bruyères , &c.
pris tout-enfemble. Mener les vaches, les brebis
aux champs. Acad. Franç.
Ip- En Poëfie , le champs de Mars , c'eft la Guerre ; les
champs de Neptune , la Mer.
Quand par-tout dans les champs de Mars ou de
Neptune ,
Sous tes heureux drapeaux combattait la Fortune,
On dit, en termes de Guerre , battre aux champs ,
fignum profeclwnis indicerc , pour dire , battre la
marche pour décamper, pour partir. On dit auflî
qu'on bat aux champs , pour dire que l'armée fe
mer en marche.
Les Païens ont appelé les Champs Elyfées, le lieu des
Enfers où ils croyoient que les âmes des gens de
bien & des Héros alloient après leur mort , pour
y être heureux. Campi Elyfii. Quelques - uns ont
cru qu'ils ctoienr dans les îles Canaries. Virgile
fait la defcrinion des Champs Elyfées , dans Ic
fixicme de l'Enéïdc. On dit aufTi Champs Ely
fans.
guand Segrais , affranchi des terreftres liens,
efcendit plein ie gloire aux Champs Elyfîens ,
Firgile en beau français lui fit une harangue ;
Et comme à ce difcours Segrais parut fur pris y
Si je fais, lui dit -il, le fin de votre langue ,
Cefl vous qui me Tave^ appris.
On appelle à Paris Champs Elyfées, nn lieu agréa-
ble hors de Paris , planté d'arbres qui forment des
C H A
allées en tout fens. Ce nom a été donné à ce lieu-là
par allulîon aux champs Elyfées des Anciens.
LesXhamps Elysées croient auffi des cimetières où
les Païens enterroient leurs morts icparément &
dans d£S tombeaux de pierre. On en peut voir quel-
ques relies dans la ville d'Arles. Les Turcs imitent
ces fortes de cimetières : & ce grand nombre de
tombeaux cÏQ^ti fait un ^Ççctï qui reilèmble à
une ville.
Champ fe dit advcibialement en ces phrafes. A tra-
vers champ, pour dire, hors des chemins. Pajjim ,
extra vuirn. A chaque bout de champ , qiiocumque
tempoTe., quàhbet data occajione , pour dire, à toute
heuie, à tout propos. Sur \& champ , pour dire, pré-
fentement, à l'inftant. Extemp/o, illico y continub ^
jldtim , ipj'o temporis articulo.
On dit auffi, parler fur le champ , diCcourir fur le
champ, pour dire, parler, difcourir fans prépara-
tion, ex tempore dicere. Un difcours fait fur le
champ , extemporalis pratio. Facilité à parler fur
le^ champ , ex tempor alitas. M. de Harlay , Arche-
vêque de Paris , avoir ^ne facilité merveilleufe à
parler fur le champ.
Champ , fe dit en pes phrafes proverbiales. Il y a affez
de diamp pour faire glane ; pour dire qu'il y a affez
de bcfogne pour tout le monde , ou de quoi fe con-
tenter. On dit qu'un homme a un œil aux champs
& l'autre à la ville , pour dire qu'il eft fort vigilant ,
& qu'il^ fait ce qui fc fait auprès & au loin. On dit
aulli qu'un homme court les champs, court les tues,
pour dire qu'il eft fou -, qu'il fe met aux champs ,
quandil s'emporte de colère ; & qu'on lui donne
la clef- des champs, quand on lui donne la liberté
de s'en aller de s'enfuir,de faire tout ce qu'il voudra.
CCT A champ, à plein champ. Termes de Jardinage.
Semer à champ , d. plein charnp ou à volée , fe dit
proprement des graines, qui, au lieu d'être mifes dans
des trous préparcs , font famées indifféremment ,
Ihns rayons ni allignement , foit fur une couche ,foit
en pleine terre, comme les grains en ^Xzxw champ.
Indifcriminatim ferere , terra mandare. On feme à
plein champ les choux , les laitues , les raves , les
navets , &c.
CHAMPACAM. f. m. C'eft un grand arbre qui croît
dans les Indes orientales , & qui porte deux fois
l'année des /leuts extrêmement odorantes ■■, mais il
ne donne du fruit que long-temps après qu'on l'a
planté. Sa racine étant de(réchée,& fon ccorce pilée
& mêlée avec du lait épais, appelée dayr, fert à mûrir
les abcès: dans de l'eau chaude , elle excite les rè-
gles &: hâte l'accouchement. Ses fleurs étant pilées
& cuites dans l'huile , compofent un onguent pour
les maux de tête, les maladies des yeux Se la <routte.
L'eau diftillée des fleurs a une odeur très-agréable ,
&: ranime les efprits. Ray , cité par James.
CHAMPADA. f, m. Arbre qui croît à Malaca. Le
champada eft un arbre fort grand &: touffu -, fes
branches font de couleur cendrée , noueufes , &
jcrtcnt une liqueur gluante & .acre comme le tithy-
male , lorfqu'on y fait une incifion -, le fruit naît du
tronc Se des groffes branches. Il fort d'abord un
bouton qui s'ouvre en plufieurs feuilles, entre Icf-
quclles naît le fiuit : il devient d'une groifeur fore
conlidérable , ayant iz à 14 pouces de long , & au-
tant de circonférence , de la figure de nos- melons ;
fon écorce eft verte , toute divifce en petits penta-
gones , au milieu defquels il y a un petit point noir :
le pédicule , qui eft gros & ligneux , entrant dans la
llibftance du fruit , fe divife en plufieurs gros fîla-
mcns , qui , traverfant tout le corps du fruit , vont
fe rejoindre vers la pointe. Il y a plulicurs groifes
châtaignes couvertes d'une pulpe blanchâtre qui
, tiennent toutes à ces filamens : de forte que fen-
dant l'écorce & une fubftance fpongieufe qui en-
vironne toutes ces châtaignes , elles fe dégagent
toutes de leurs compartimens , & demeurent at-
tachées à la queue comme les grains du raifin à la
grappp : on fuce cette pulpe qui eft autour de la
châtaigne : elle eft fucrée & d'un affez bon goût ,
C H A 41 T^
inais d'une odeur un peu forte & indigefte, Les
gens du pays aiment fort ce fruit , parce qu'il
ccnauH-e & entête , mais moins que le durion. Les '
Châtaignes fe mangent cuites dans l'eau ; mais elles
ne valent pas les nôtres. Obferv. Fhyf. &c. '
CHAMPAGNE. Province de France . ^(li eft bomca
au leptenmon par la Flandre, à l'orient par la Lor-
Vii^L'^vr^": ^' Bourgogne, au couchant par
auf W î ^^t'^P^'S^'^ ^e divife en neuf contrées , >
qui ont la Champagne ^zxùcnUèK ,\z Rémois, le
Chalonnois , le Pertois ,1e Baifigni , le pays d'At-
gone,le Rételois , la Brie &c le^Séi^onoll^On la
divile encore en haure & baffe Champagne ; la haute
eft fa partie ieptentrionale , & la baffe eft celle qui
elt au midi. La Champagne a titrée e Comté. Elle
a même eu des Ducs fous la première race. Les
pS^tins t^f ^7^^"^^^ ««"^ P"s le titre de Comtes
1 a anns &. les Comtes de Joigny , de Rctel , de
Brienne , de Roucy , de Grand-Pré , & de Bar-fur-
ieme , portoienc la qualité de Pairs de Champagne,
& y teno.ent les grands jours. La capitale du Comté
de Champagne eft Troyes.
LU:immpagne particulière renferme les territoires
al'°'" ^> '^ ?'"'°"^- Le gouvernement de
de Pfanœ! " " '^°'''' g^'ands gouvernemeias
r..^l^l'°'^ "" ^^^ "^^""^ ^ ""<^ Province à caufe de
vTns campagnes fertiles , fur-tout en grains ^ en
^.r?;^ ?^'"^ ^i-"^P^^?"^ pouilleufe , une certaine
partie de cette Province , fituce à Toueft de Vicri-
le-François , qui eft d'un moindre rapport que les
autres contrées de la Province. ■
Les vins de Champagne font renommés dans toute
1 Europe. Deux Poètes ( M. Coffin &M.Grenan,)
ont fait plufieurs pièces, l'un en faveur du vin de
Champagne, & l'autre pour le vin de Bourc.o-ne
Champagne fe prend fouvent pour le vin même de
cette Province. L'Ephore Biberius , qui noie Went
fon jugement dans les flots du Coulange & du
Champagne , ne laiffe pas d'être un homme de pro-'
bitc. Ecole du Monde. . uc pro
Champagne, f. m. C'eft un nom que l'on donne à un
valet ou laquais , qui eft de Cliamnaç;ne. Où eft
Champagne ? Qu'on me faffe venir Champa^rre
Champagne. Terme de Blâfon. C'èft l'eipace "en bis
On 1 appe le autrement plaine. Cette pièce eft rata
en armoiries, félon le P. Méneftricr. ■'" - '^'^
^^in^r i''^^''^^'^"^- .T?rnie de Coutume & de
1 inance. On appdoit ainfi un droir qui apparte-
noit aux Auditeurs des Comptes , fur les bu'x i
ferme du Domaine de Champa^... h éroit de vin.'
fous pour les fermes de mille livres & au-deffous'
i^ de quarante fous pout les fermes qui excèdent
mille livres. Ce droit ne fub/îfte plus. —'■'''''^
r? Champagne, f. £ Chez les Teinturiers , efpècs
dercfeau formé fur un cercle de fer, de ^luSs
ordes nouées & entrelacées les unes dans'lcs au-
00,;^ "7"'""T'' rufpendent dans la cuve,
pour empêcher que l'étoffé qu'on met àlateiuture
ne touche au marc & à la pâtée.
narrr/'"''''? ^J'I^"'*' ^'^^ d= ^'^•'^"^e dans la
parne orientale du Berri. On l'appelle affez fouvent
ia Champagne du Bcrri.
Ip- Champagne - Moutqn. Petite ville de France
de PoîS ^'^' '^^^'^"gowiois ,à quatorze lieues
CHAMPAGNOL. f.m. Fungus. Ce mot , qui n^eft plus
en ufage veut dire potiron, «^/«/^^«u/ approche
tort de cham-fjwn. '
ÇHAMPAN. Terme de Coutume. Dtoit qu'a un Sei
gneur de prendre un certain nombre de gerbes fur
les champs qui dépendent de fa Seisrneurie
CHAMPANE. f. £ Bâtiment des Indes de 60 à 8q
tonneaux , qui n'a que des courcives ■ il eft conf-
truit lans doux, les membres étant feulement ar-?
41^
C H A
C H A
rêtcs avec des chevilles de bois, & les bordagcs
emboîtes. Navi^ii/m Indicum.
^ CHAMPANÈLLES. f. m. Grands finges , qui
reiîeinblcnt h fort à l'homme , qu'ils n'en dirtètcnt,
dit-on , que parce qu'ils l'ont prives de l'uiage de
la voix. Encyc.
CHAMPART. f. m. Terme de Coutumes. Droit qu a
un Seigneur de prendre ûu le champ une certaine
partie 'des blés ou d'autres fruits d'une terre la-
bourable , avant que celui qui tient la terre en
champart , enlève ce qui en doit rcfter pour lui.
Jus agranifo/arii legendi. Ce droit eft appelle cluim-
part%uajipars vel panus agri quemjibi Dominus
Tefervdvu. On l'appelle auHi agries ou terrage , &
il oblige celui qui tient une terre en champ ar t _,
non-feulcmcn^ a laiiîet la part du Seigneur -, mais
auffi à le faire appeler avant que d'enlever ce qui
doit relier pour lui , Ibus peine d'amende : la part
du Seis;neur cft plus ou moins forte , fuivant les
diifcrens endroits. Dans quelques -• uns , c'eft la
dixième partie des fruits , dans d'autres la douzième
ou la quinzième, fuivant l'uIàge des lieux.
fp- Ladixmc, qui eft la part que la terre doit à Dieu,
doit être levée avant le champart qui équipole au
cens. Ainli le champart ne peut être pris que lur le
leftant des gerbes , après la dixme payée. Il y a
des terres qui payent la dixme , d'autres le cham-
part. Favin femblè les confondre dans fon Hiltoire
de Navarre, Liv. VU, p. 401 » où il dit que ces
terres payoient le dixième , &: que pour cela elles
étoient appelées agri decumates.Lt Aïo'it àc cham-
part emporte lods & ventes s'il eft feigneurial, &
tient lieu de chef-cens j autrement. Se iî ce n'eft
qu'un droit foncier conftitué après le cens , il n'em-
porte point lods & ventes. Lange. On levé aulfi le
champart ilir les légumes.
^ CHAMP ARTAGE. f. m. Dans la bafle latinité ,
Campartaghim. Second droit de champart que quel-
ques Seigneurs dans la coutume de Mantes font
fondés à percevoir , outre le premier qui leur eft dii.
Héritages , tenus à champart & champartage. Ce
fccond"^ champart peut être léigneurial comme le
premier.
%fj CHAMPARTEL , ELLE. adj. Terme de Cou-
tumes. Terre Champartelle, lujette au droit de cham-
part.
CHAMPARTER ou CHAMPARTIR , félon quel-
ques-uns , V. a. Lever le droit de champait. yignfo-
larium cogère. Un Laboureur ne peut enlever au-
cunes de fes gerbes , que le champ ne Ibit cham-
■partc. Il vient du latin partiri Campum.
CHAMPARTERESSE. adj. , qui ié dit de la grange
feigneuriale où le mettent les champatts. Horreum
manipulorum decumanorum. Les Tenanciers des ter-
res font obligés de conduire à leurs frais les gerbes
, prifes par le Champartcur dans la grange champar-
terefe , avant que d'enlever aucune de celles qui leur
appartiennent.
CHAMPARTEUR. f. m. Fermier ou homme com-
mis par le Seigneur pour lever fon droit de cham-
part. Coaclor agrarii folarii.
gC? On peut auHl appeler Champartcur , le Sei-
gneur qui jouit du droit de champart.
0- CHAMPARTIR , dans quelques Coutumes, fy-
nonyme à Champarter.
1^ CHAMPAY. f. m. Terme employé dans la Cou-
tume d'Orléans, formé des mots ch^mp Ss. paître,
pacage des beftiaux dans les champs.
§Cr CHAMPAYER. Faire paître dans les champs.
C'eft encore un terme de coutume.
ffT CHAMPDENIERS. Petite ville de France , en
Poitou , à quatre lieues de Niort.
CHAMPE. adj. Terme de Blâfon , fe dit lorfqu'on
ne veut expliquer que la qualité du champ. Mid-
delbourg porte un château champé de gueules.
Campus minio affeclus
fp- CHAMPEUGË. f. m. Terme de coutume qui
paroit fynonyme à Champay. C'eft un terme du Ma-
çon nois.
CHAMPELURE. f. f. Ceft ainfi qu'on appelle en Not-
mandie la fontaine ou le robinet d'un muid , ou
autre vaiffeau qu'on a mis en perce. Guerin. i;;ffr-
> cices des aides de Normandie. On dit auifi chante-
pelure lorfque le dernier quarr de la pièce eft entamé.
Se qu'elle cft à peu près au huitième reftant, &i fur
le point d'être levée : le commis doit la faire lever
en la prélénce , 8c après avoir rompu Si biffé la
rouanne qu'il y a polce , faire un X de deux demi-
tours de rouanne près de la champelure l'un dans
l'autre , à droit & à gauche , pour marquer que la
pièce eft levée , afin qu'on ne la remette pas en Ion
premier état fur le chantier.... Id. ibid. Voyez Chan-
CHAMPENOIS , OISE. f. m. S: f. Qui eft de Cham-
pagne. Campanus , Cainpanenfis. Nicolas Perrot
d'Ablancourt de l'Académie-Françoife , dont nous
avons des ttadudions d'Auteurs Grecs & Latins,
fouvent citées dans cet ouvrage , étoit Champenois.
Eudes II, Comte de Blois , fut furnommé le Cham-
penois , parce qu'après la mort d'Etienne de Ver-
mandois l'on coufm il s'empara de la Champagne ,
quoique le Roi Robert s'y opposât. Les Champe-
noises Demoilélles ont anobli leurs maris. Ce hit
une fuite de la bataille de Fontenay en Champa-
£;ne entre les enfans de Louis le Débonnaire. Car ,
dit GoUut, Mem, des Bourauignons , Liv. IF,ch.
6 , la ncblelVe de Champagne y demeura pref-
que toute ; de forte qu'il fut permis aux Demoilélles
d'anoblir leurs maris.
^ On dit proverbialement , un Champenois 8c
quatre-vingt-dix-neuf moutons font cent bêtes ,
gOLir faire entendre qu'un Champenois eft rarement
un homme d'efprit. Si on a pu le dire autrefois,
l'expérience prouve aujourd'hui le contraire.
0Cr CHAMPÊTRE, adj. de t. g. Epithète qu'on appli-
que à ce qui tient quelque chofe de la campagne,
à ce qui appartient aux champs. Rufiicus. Ce ber-
ger jouoir des airs champêtres fur fon chalumeau.
Rien ne charme davantage les elprits délicats,
que le ruftique ôc l'innocence des plailîrs champàres.
S. EvR.
Et dans mon cabinet ajfis au pied des hêtres ,
Faire dire aux échos des Jotifes champêtres.
BoiL.
Tous les foins font bannis des demeures cham-
pêtres.
On y vit fansfujets , mais on y vit fans maures,
ViLL,
Les Païens appeloient Dieux champitres Se Di-
vinités champêtres , les faux Dieux qui prélîdoient
aux biens de la terre , Se qui étoient particulière-
ment adorés aux champs.
Champêtre. Il fe prend quelquefois fubftantive-
ment. Ce champêtre eft fort agréable. Acad. Fr.
On appelle un cham.pètre , un champ en friche , ou
fort éloigné des habitations.
nfT CHAMPIGNI. Campiniacum. Ville de France en
Touraine , fur la rivière de Vende.
CHAMPIGNON, f. m. Fungus. Plante dont la fubi:
tance eft d'une tillure différente de celle de toutes
les autres plantes, fans fleurs Se fans femences appa-
rentes : aufli l'on caradère ne fe tire point de ces
parties-là , comme dans les autres plantes , mais feu-
lement du port extérieur de fes efpèces. Le vulgaire
appelle indifféremment champignon tontes plantes
fon2;ueufes , qu'on diftingue cependant en celles
qui croiffent fur les arbres , Se en celles qui croiffent
fur terre , Se font compofées d'un pédicule Se d'une
tête ou chapiteau, convexe pour l'ordinaire en de-
hors , concave par-deflbus , S: garni de plu/ieurs la-
mes ou feuillets ou de petits tuvaux ranges les uns
auprès des aurres , ce qui rend la Çu'[hc<t interne toute
poreufe. On remarque en général que le champi-
gnon eft toujours fulped dans fon ufage ; l'expé-
rience l'a fait quelquefois éprouver aux plus friands.
CH A
II efl: vrai^ependant qu'il y en a de plus ou
moins nuilibies ; ceux qu'on mange plus volontiers
font le raouilcron. Fungus parvus , moujfcron die-
■ tus; on en trouve en plusieurs endroits du Royaume.
On mange prefque toute l'année à Paris le jungus
pejiris alhus J'upernè , inftrne rubtus. On fait une
couche avec du terreau prépare , & il ne manque
guère d'en lever lorique la couche eft bien faite.
La plupart des autres cfpcces font nuilibies , fur-
tout les efpèces qui ont des feuillets noirs , &- qui
fentent mauvais.
On appelle agaric un ckampignon qui croît fur
le mélèze : on le diftingue en mâle & en femelle.
Le mâle fert aux Teinturiers en noir ; la femelle
au contraire eft un purgatif hydragogue. Agancus ,
Jive fungiis lancis \ le mâle croît l'ur les noyers , &:
le jiomme Agaricus pedis equini forma. Le fongoidc
ne diffère du champignon que par fa figure exté-
rieure. En effet , ce champignon eft ordinairement
forme en coupe. La morille , hulatus , eft même
une forte de champignon ; elle eft à préfent en
ufage comme le mouflêron& les champignons bons
à manger. Ce <lernicr , fungiis, eft criblé comme les
Xayons d'une ruche. La v<:£'<i-de-loup eft une autre
forte de champignon , qui en lé fcchant le réduit
tout en poudre : cette poudre eft bonne pour ar-
rêter les hcmorrhagies des hémorrhoïdes ; fungus
Jfve crépitas lupi , lycoperdon vulgare. Les corra-
/oides ont été ainli appelés à caufe que cette plante ,
"quoique fongueufe , eft branchue comme le corail ;
on mange quelques-unes de leurs efpèces. Le cham-
pignon de fureau eft eftimc pour la iquinancic , fiai-
gus fambuccinus yjlve auricula judx. On met enfin
la truffe , tuber , parmi les plantes fongueufes. Il y a
quelques efpèces de champignons dont on a vu tom-
ber une femence noire en forme de pouflîcre. L'Em-
pereur Claude fut empoifonné en mangeant des
champignons ; Se parce qu'il fut mis après fa mort au
nombre des Dieux, on les appela /e ra<ioàt des Dieux.
Il y a des champignons qu'on appelle /'orrz«/, ou
champignons de pourceaux , qu'on fricaife à l'huile
& au beurre , parmi lefquels il y en a de venimeux.
Rhafîs fait mention d'un champignon , dont la pou-
dre mife fur un bouquet, empoilbnne quand on le
flaire. Matthiole dit q l'il a vu des champignons
quipefoicnt trente livres, qui croient jaunes comme
de l'or ; & qu'il y en a à Rome & à Naples qui
viennent fur des pierres qu'on arrofe. Ilobierve auffi
que les meilleurs champignons ne vslIçiiz tien quand
on en mange trop ; qu'ils llirmontent Se éteignent la
chaleur naturelle : Sc il nomme ]e champignon la vraie
enleignc du logis de la mort. Ferrantes Impcratus
dit avoir va des champignons qui pefoient plus de
cent livres. Clufius parle d'un qui étoit aflez gros
pour nourrir plus d'un 'our touf* une famille ; &
& on dit que dans les confins de la Hongrie & de
la Croatie il en croît de lî gros , qu'un fcul peut
remplir & faire la charge d'un chariot. XV' Journ.
DES Sc. i6jS. Creda: Judtzus apella. On a vu un
homme en Allemagne , dont les reins , à ce que
l'on jugeoit , étoient d'une fubftance de champignon,
parce qu'après d'épouvantables douleurs qu'on avoir
cru être caufées parla pierre , il jetta de temps en
temps de petits champignons , comme les autres
font des pierres. Ib. KÎ79 , p.
^CT On ne fauroit prendre trop de précaution dan'S
le choix des champignons. On doit les choilir d'une
grofTeur médiocre, avant qu'ils foient développés ,
bien charnus , blancs en defTus , rougeàtrcs en def-
fous , fermes , & ferrés , & d'une odeur agréable.
ffT Les champignons viennent de graines comme les
autres plantes. La nature eft uniforme dans fes opé-
rations. On apperçoit même de ces femcnces avec
la loupe fur quelques champignons ; & la man'ère
dont on fait venir les champignons fur nos couches ,
prouve que ces graines impercepribles font renfer-
mées dans le crotin de cheval , où elles germent
quand il eft fuffifamment échauffe , fe développent
Se pr.roiflent comme de petits filets blancs, dont
Tome H.
CHÂ 417
une des extrémités s'arrondit & devient un chaju-
pignon , la partie intérieure un pcd'cule.
03* S'il arrive qu'on ioit incommodé pour avoir man-
gé de mauvais champignons , il faut fur le cnamp
avoir recours aux vomitifs -, Sc fi on n'en a point »
on boira coup fur coup beaucoup d'eau tiède d^ns
laquelle on aura fait diflbudre du fcl marin. Cette
eau irrite l'eftomac & provoque au vomiiîcmeni.
Après quoi l'on fait ufage des la voneux & adouciiTans.
Ménage tient que ce mot vient du latin campinto ,
à caufe qu'il îiaît dans les champs fans être ftmc.
On dit proverbialement d'un homme qui s'cft
élevé , qui a fait fortune en peu de temps , (]u'jl
eft venu en une nuit comme un champignon.
IJCJ" On appelle auiH champignon , un boucon qui fe
forme à l'extrémité du lumignon d'une bougie, d'une
chandelle ou d'une lampe qui n'a pas été mouchée.
LucerniS fungus. On lui a donné ce nom à cau'c
de fa rcllêmblance.
Champignon, en Médecine, eft aulTi une tumeur»
ou une excrefcence de chairs ipongicules qui naiffcnt
en plulicurs parties du corps, comme ai^x paupières
aux parties honteules , ou à la tête , quand le cr.ine a
été trépané ou rompu , Sc que les membranes du cer-
veau ont été bleffées. Fungofte carnis tumor. Il y en X
qui fortent hors des fratflures des os Se qui font faites
eifedf ivement comme des champignons ; ce qui leur
en a fait donner le nom.
Champignon, en Architeéiure. Elpèce de coupe rcn-
verfée , taillée en écailles par delîlis , qui il-rt aux
fontain:s jailliffantes à faire bouillonner l'eau d'un
jet ou d'une -erbe , en tombant. Fun<^us.
ff3' Champignon ie Mer. Erpccedc peiitpoiifûn afîêz
commun fur les côtes de Normandie. Ces poiflbns
ne quittent point le lieu où ils fc font utie fois acta-
c:hés ■, quand ils fe tiennent renfermes. Us font Icm-
blables à des champis^nons , ce qui leur rn a fait donner
le nom", Se à une anémone , quand ils oavrcnt ou dé-
plient leuts trompes. Voye^^ k'Spicx. de la Nat.
CHAMPIGNONNIÈRE. f. f. Couche de fumier, pré-
parée pour y faire venir des champignons bons à
manger. Il faut faire là un champignonnière. On ac-
commode des chamri"nonnïeres dans des caves,
\ T On ne dit plus champignonniae. Il faut dire cou-
che. Voyez ce mot.
0Cr CHAMPION. 1". m. Ce mot figniae en général
celui qui combat en champ clos pour fa propre
caufe , ou pour la caufe d'un autre -, Se plus parti-
culièrement celui qui fe bat pour un autre, ^ugnator.
Les injures faites à l'honneur des Dames le'ven-
geoient autrefois par le combar de deux cham-
pions. Ce Prince avoit piufieuts braves champions
dans fon atmée.
Ménage dérive ce mot de campio , fuivant les
Gloiés d'Ifidore , qui campa deccrcant. En ce ca»
le mot de camp étoit pris pour le duel qui fc failoit
dans un champ clos. Campion fignifie aulii en alle-
mand un homme qui fe bat en duelj campnn duel,
& campen , fê battre en duel. Ces mots viennent
de camp , qui lignifie champ -, le lieu où l'on le bat,
du \2X\ncampus\ C'eftla remarqu: des BoUandiftcs ,
Mart. T. II , p. 494. D. Ce mot campio eft tth-
ancien, quoiqu'il ne foit pas de la bonne latinité.
Il lé trouve dans Grégoire de Tours. Du Cangc déiive
champion de l'allemand kampff', qui fignifie combat :
Se il remarque qu'on appeloit proprement^ ch.^m-
pions ceux qui fe battoient pour d'autres , qui, étant
obliges fclon la coutume d'accepter le duel , avoicnt
pourtant une jufte excufe pour s'en difpenlcr ; s'ils
étoient par exemple trop vieux, trop jeunes, ou
infirmes, ou Ecclcfiaftiqucs. Dans tous ces cas ,^ ils
étoient obliiîés de donner des champions , qu'on
appeloit aulIi avoués. Il ajoute que p'cioit le plus
fouvent des mercenaires qu'on louoit pour de l'ar-
gent , & qui paflbient pour infâmes. Il y avoit aiifTi
des valïliux , qui par leur foi Se hommage étoient
ohlin-cs en ver'; leurs Sai;.'neurs de fe battre pour eux
en cas de befoin. C'éroient feulement des combat-
i tans à pied armés d'un bânon SC d'un bouclier. Il
4i8 C H A
vapif^ortc fort au loni; les ccrcmonies de ces com-
bars , & les peines des vaincus.
Cette coutume de décider les difFérens qu'on
.avoif, par le combat,, vint autrefois du Nord en
Allemagne , en France , en Bouriro^nç , ^j^alia in-
' ' ienliblement dans tout le relie de l'Eiirope. On choi-
iiiîbit deux champions pour Joutenir le pour & le
contre. Avant que d'en venir aux mains , il ialloit
qu'il y eût Icntence qui autorisât le combat. Quand
le Juire avoit prononcé , l'accuic jetpit un^[aL:e ( a'or-
dinaire c'ctoit un gant.) Ce gage de bataille ctoit
relevé par le Juge i ^ quelquefois par l'accule avec
la perniillion du Juge ■■, cnmitc les deux combat-
tans croient envo)'cs en prilbn , ou mis à la garde
de 2;ens qui en répondoient. Celui des deux qui s'cn-
fuvoit ctoit déclaré infâme , &c convaincu d'avoir
commis le crime qu'on lui imputoir. Les gages reçus ,
Taccuic 5c l'acculatcur ne pouvoicnt plus s'accom-
moder que du confentemcnt du juge. Ils ne l'obtc-
noicnt qu'avec peine, & jamais iàns payer l'amende
que le Seigneur avoit droit de prendre iur la iuc-
ceiïlon du vaincu. C'ctoit le Juge ou le Seigneur
qui hxo!r le jour du con":bat. C'étoient eux qui
croient tenus de préparer le champ, &de fournir
^ aux combattans des armes fortables. Si le consbat
, fe faiibit à pied, les c/ï^rw/j/o/ri ne pouvoient avoir
qu'une épcc &: un bouclier ; s'il lé tailbit à cheval
on les armoit de toutes pièces. Ces arnies éroient
portées au Ion des fifres & des rrompettes, par le
Ju ge, au milieu du chr.mp ■■, & là, bénites par un Prêtre
avec de grandes cérémonies. Avanr que de s'appro-
cher , les combattans juroient qu'ils n'avoicnt flir
-_ ,eux aucun charme , & qu'ils fe comportoient en
j -loyaux & preux Chevaliers. Enfuite les parrcinslcur
ceignoient l'epce, ^ d'autres gens leur prélêntoicnt,
l'un le cheval, l'autre la lance. Eni:n par un cri pu-
_ ■^^\ïc les Hérauts défendoient au peuple de faire ni
ligne, ni bruit, ni de tavorifer en quelque manière
que ce fut l'un ou l'autre des combarrans.
L'action commençoir par force dcmenris que fe
; donnoient les champions ; puis les trompettes ayant
._ Ibnnc, ils en venoient aux mains. Après qu'ils s'é-
toient donné le nombre de coups de lance , d'é-
pce ou de dague qui étoient marques dans le carrel ,
les Juges du combar jetoient en l'air une baguette
pour avertir les champions que le combat étoit fini.
S'il duroit jufqu'à la nuit avec un fuccès égal , l'ac-
cule ctoit réputé vainqueur : la peine du vaincu étoit
celle qu'eût mérité le crime dont on l'accufoit. Si le
crime méritoit la mort , le vaincu étoit défarmé ,
traîné hors du champ, & exécuré auiri-tôt. Il n'y
avoit que les Eccléfiaftiques , les malades , les eftro-
piés, les jeunes gens au-delfous de lo ans, & les
hommes au-deflûs de 60 qui fuflént difpenlcs du
combat. Tous étoient obligés de combattre en per-
fonne , ou de mettie un homme en leur place. On
. nommoit proprement cha?Tipions ces braves de pro-
fe/fion , qui moyennant bien de l'argent entroient
en lice pour un autre. Si le crime dont il s'agif-
Ibitméiitoit une peine capitale, le champion qui fuc-
comboit étoit, fans forme de procès, mis à mort le
moment d'après , avec l'accufateur ou l'accufé qui
l'employoit. Le Gendre.
Champion du Roi , en Angleterre , efl: un Héraut
qui, après Le couronnement du Roi , entre à cheval
éc armé de routes pièces dans la lalle du fefèin , jerte
le gant par terre , 5c préfente un cartel à quiconque
oferoit nier que le nouveau Prince foit létritiaie
Roi d'Angleterre.
On dit figurémcnt , que les Marryrs ont cré de
braves champions de la foi , parce qu'ils l'ont dé-
fendue au péril de leur vie. Et en général , il fe
dit de toutes fortes d'affaillans braves , généreux ,
illuftres. Martin , Secrérair? du Pape Félix V , a fiir
un Poëme en faveur des Dames , qu'il a intitulé ,
le Champion des Dames.
Une palme ji vulgaire ,
N'e/i pas pour un tel cha.mpïon. Voit.
C H A
CHAivrpioN ne fe dit guère aujourd'hui que dans le
if) le familier ou le ftyle burlefque , & en riant.
Tandis que les coups de poing alloient & que nos
champions Ibngeoient à le défendre. La Fontaine.
On dit par raillerie , d'un homme qu'on cftime
'.peu vaillant , que.c'eft un vaillant champion. Ac. Fr.
Champions. (Eau de deux) Voyez Eau.
CHAMPISTLAUX. adj. On l'a dit autrefois pour dé-
piteux. Murojns , fajudiojus.
§Cr CHAMPLEMY, Ville de France dans le Nivcr-
nois , à lept lieues de Nevers.
g:T CHAMPLEYER. v. a. Chez les Bijoutiers , c'eft
lûrbailfer avec une chape le champ d'une pièce , &
le rcdui-re à la hauteur précilé où il doir reftcr ,
pour y incrufter des pierreries ou y placer des
émaux. Encyc.
§Cr Chez les Fourbiffcurs fie les Citcleurs , c'cù. creuser
& découvrit au burin , fur un morceau d'acier ,
les figures qu'on y a deifmées , èc qu'on doit mettre
en bas-relief
(pr CHAMPLITTE. Petite ville de France en Fran-
che-Comté, fur la rivière de Salon, à trois lieues
£c demie de Gray,
^ CHAMPLURE. C. f. C'eft ainfi qu'on appelle
dans quelques campagnes une pcrite gelée qui en-
dommage les vignes.
iCr CHAMPTOCEAUX. Ville de France en Anjou,
avec titie de Baronnie , à neuf ou dix lieues d'An-
gers fur la Loire.
CHAMSIE. (. m. &: £ Nom d'une fede de gens qui
lé trouvent en Syrie. Cham/ius , a. Les Ui.im.Jies
adoroient le iblcil Le zèle des Millionnaires a iait
qu'on ne voit prefque plus aujourd'hui les fuper-
ftitions de ces hommes , que l'on appelle Chamjies,
Mémoires des Mijjions du Levant T. IV ^ 58.
CHAN. Voye^^ Cham , & prononcez Kan.
Chan. f. m. C'eft une Hôtellerie chez les Turcs, &
la même choie que Caravenferas.. Voyez ce mot.
Les Chans fervent de rerraite aux Voyageurs , foit
dans les campagnes où il n'y a poinr d'habitations,
foit dans les villes mêmes -, fie l'on y loge gratis.
CHANAAN. f m. C'eft le nom propre d'un fis de
Cham, qui donna Ion nom à la terre que fa pof^
tcrité eut en partage , ^ dont nous allons parler.
Les enfans ou la poftéritc de Ch.inaan fut mau-
dite par Noc. Chanaan eft quelquefois la même
chofe que les Chananéens , la poftcrité de Cha^
naan ; de même qu'Ilraël lignifie fouvent les If-
raclites. Les Sidoniens , Amalec fie Chanaan vous
ont opprimé. Jud. JC , 11. Chanaan (ignifîe aulli
quelquefois le pays qu'on appelle plus communé-
ment la terre de Chanaan. Ainfi l'on rrouve dans
l'Ecriture les bornes , les confinf; de Chanaan , les
Rois de Chanaan. La langue de Ch.inaan , c'eft-i
dire , chananéenne ou des Chananéens , eft celle
que nous nommons plus ordinairement la langue
phénicienne. C'éroit la même langue que Fhébreu ;
ou du moins elle en différoir très-peu , comme
nous le voyons par tous les noms de cette langue
qui font dans l'Ecriture, fie par les mots puniques
que faint Auguftin 6c les autres anciens nous ont
conferves.
Chanaan. La terre de Chanaan. Terra Chanaan ,
Chanaanitis. C'eft la rerre qu'occupèrent les Cha-
nanéens „ promife enfuira à Abraham , Se donnée
à fa poftérité, &i appelée la Terre promife , la Terre
de promilîion , la Terre-Sainte. Elle comprcnoit en
général ce qui eft enfermé entre l'Arabie déferre
au midi, la mer Morte fie le Jourdain au levanr ,
la Phénicie fie l'Anti-Liban au nord, la Médirerra-
née ^ les Philiftins au couchant , ic outre cela les
Royaumes d'Og ?<. de Bafan à l'orient du Jour-
dain. Cependanr , quoique les Rois fie les peuples
de ces deux Royaumes fulfenr des Chananéens , on
ne les comprend poinr communément dans ce qu'on
appelle la Terre de Chanaan. Elle étoit divifée en
pioûeurs Royatimes, dont il eft parlé dans les Li-
vres de Moïfe , fie fur-tout dans celui de Jofi'c.
De la Rue a fait une carte de la Terre de Chtt-
C H A
naan. Depuis que les Ifraélires en furent les maî-
rres , elle hit autrement divilce , comme nous le
dirons au mot Terre-Sainte.
CHANANÉEN , ENNE. i". m. & f. Beaucoup d'Auteurs
écrivent aujourd'hui Cananéen pour Chananéen ;
mais mal. Jamais cette Chananeenne de l'Evangile
ne fe vit expofce à de tels rebuts. Bourd. Exk.
I, p. 3 ip. En parlant de cette femme de l'Evangile ,
communément on dit Chananée , èc non pas C7ia-
nanéenne. La Cananée ou Chananée , l'Evangile de
la Chananée. Ainfi la Dame pénitente qui a fait les
réflexions fur la miféricorde de Dieu , a dit : Sei-
gneur , infpirez moi par votre fainte grâce les mêmes
difpolîtions avec lefquelles la Chananée fe vint pro-
fterner à vos pieds.
CHANCE, f m. Premier coup de dez qu'on jette poùi
en faire jouer un autre. Primi te^erarum jaclus ,
fortuita puncla. Ainfi on dit , livrer chance à quel-
qu'un , pour lui donner lieu de jouer un coup
enfuitc.
ffj" Chance , fe dit non feulement pour le point
qu'on livre à celui contre lequel on joue aux dez ,
mais encore de celui qu'on amène pour foi-même.
On livre chance à quelqu'un -, & l'on amène fa
chance.
On dit figurément , livrer chance à quelqu'un ;
pour dire , défier , provoquer quelqu'un à la dii'putc.
Ce mot vient du latin cadentia , félon quelques-
uns ■■, mais il y a plus d'apparence qu'il vient de
chance , vieux mot celtique , ou bas-breton , qui li-
gnifie cas fortuit.
Chance , eft aufll un jeu patticulier de dez qui fe joue
avec certaines règles , & qui ne tombe que iùr cer-
tains points. Certus tejjerarum jaclus.
Chance, fignifie figurément coup heureux, ^fT un
événement heureux , qui dépend du pur hafard. En
quoi le mot chance eft diftingué du bonheur qui s'é-
tend à tous les évcnemens. On peut, par une fage
conduite , contribuer à fon bonheur. On ae peut
augmenter fa chance.
Votre arrivée m'a porté chance. On dit que la
chance a toutné , lorfquc d'heureux au jeu qu'on
étoit , on devient mal heureux. Formna vertu. J'ai
gagné au commencement ; mais la chance a tourné.
L'an pajfé , qu'un dejfein queh^ue peu hasardeux
Vous avait fait Jortir de France ,
A tel jour qu'aujourd'hui je fis pour vous des vceux ,
Et mes vaux vous ont porté chance, R.
On dit proverbialement, chance vaut mieux que
bien jouer. Fi du jeu qui n'a chance -, pour dire que
quelque précaution que l'on prenne , rien ne réuHit
quand on eft malheureux.
On dit proverbialement , qu'un homme a conté
:fa chance ; pour dire , fon hiftoire , fa bonne ou
mauvaife fortune.
CHANCEL ou CHANCEAU , ou plutôt CANCEL.
Voye? ce mot. - .
CHANCELADE. Voye^ Chancellade.
^ CHANCELAGUA. f f Plante de la Nouvelle Ef-
pagne, fort commune dans les environs de Panama.
Elle eft auffi amère au goiit que la centaurée. Elle fa-
cilite , dit-on , la tranfpiration ; & on s'en fert dans
les catharres , dans les rhumatifmes ôc dans les fiè-
vres malignes
CHANCELANT , ANTE. adj. verbal. Qui chancelle ,
qui panche de côté & d'autre , comme s'il alloit
tomber -, qui n'eft pas ferme , ftable , aflfuré. 7"//«-
tans , vaciilans. Aller d'un ^2.% chancelant , dcmar- '
che chancelante.
On le dit auffi au figuré. La fortune eft fort chan-
celante , n'eft jamais alfurée. Les efprits foiblcs font
chancelans dans leurs opinions , font irréfolus. Etre
chancelant dans fon devoir. Ablanc. La multitude
étoit déjà toute ébranlée &: chancelante. Vaug.
Combien de familles chancelantes ont été foutenues
par fon fecours. Fléch.
CHANCELER, v, n. N'être pas ferme & aflliré fur fes
CH A
19
pieds , pancher de côté & d'autre , comme fi on
alloit tomber. Titubare , vacillare. La marque d'un
homme qui a trop bû , c'cft qu'il chancelé , qu'il
marche en penchant le corps, tantôt d'un côté, i>C
tantôt de l'autre. Vacillare ex vino. Il s'apperçut que
le Roi chancelait , & laiffoit allet fes atmes de foi-
bleffe. Vaug. On ne voit point ines pas fous l'âge
chanceler. Boil.
Il fe dit auffi au figuré des chofes qui font fujettes
à varier , à manquer , à changer. Alexandre vit ce
jour-là chanceier fa fortune. Vaug. Sa mémoire
chancela dès le commencement de fa harangue. Ces
gens ne feront pas long-temps amis , leur amitié
chancelé déjà.
Sous le coupable effort de fa noire infolence ,
Themis a vu cent jois chanceleryiz balance. Boil,
Chanceler, fe dit auffi figurément de ceux qui font
incertains dans leurs opinions , dans leurs décifions.
Anima titukare , vacillare. Il ne faur pas qu'un
Auteur grave chancelle dans fes opinions , il faut
qu'il décide nettement. Il eft encore irréfolu , il
chancelle.
QuJques-uns dérivent ce mot de cancellare.
CHANCELIER, f. m. Premier Officier de la Cou-
ronne en ce qui regarde la Juftice , & qui eft le
Chef de tous les Coniéils du Roi. Franciœ Caa-
cellarius. La principale fonélion du Chancelier ,
c'eft de garder le Sceau Royal. On ne dépoilêde
point un Chancelier. Le Chancelier de France eft
Prélidenr né du Grand Conléil. Les Cours Souve-
raines lui rendent les premiers honneurs après le
Roi ; il a feul le droit d'y préfider. Il ne prête le
ferment qu'entre les mains du Roi. Il ne porte ja-
mais le deuil pout quelque raifon que ce foir. La
raifon de ce privilège eft qu'il fe détache de lui-
même, pour ne plus repréfen ter que la Juftice, dont
il eft le Chef Le Maît. Les Rois ont raflémblé
dans le Chancelier l'autorité de toutes les Magif
tratures : c'eft pourquoi fes Lettres font préfenrées
dans toutes les Cours fouvcraines. Il a chez lui les
marques de la Majefté P.oyale ; fa maifon eft ornée
de fleurs de lys. Id. Le Chancelier a féance , &
opine le premier après les Princes du Sang ■■, & au
Parlement il précède le Connétable. Le P. An-
selme. Le Chancelier eft la bouche du Prince SZ
l'interprète de fes volontés. Le Mait. Le Chan-
celier fut du temps du Roi Dagobert appelé Grand
Référendaire , comme on recueille d'un paflage
d'Aimoin. Sous Hugues Capet, il appofoit feule-
ment fon feing aux Lettres-Patentes , après la fîgna-
ture du Grand Maître , du Grand Chambellan , du
Grand Echanfon, & du Connétable.
M. Boyer , de l'Académie Françoife , faifant au
nom de fa Compagnie, compliment à un C/z^nce-
AVr , lui dit : Souffrez qu'elle ( l'Académie ) vous
contemple fur le plus augufte &; le plus glorieux
tribunal de l'univers , où vous êtes devenu la pre-
mière inrelligence de l'Etat , fous le plus grand Roi
de la terre -, l'organe de fa juftice fouveraine , l'o-
racle de fes loix , le difpenfateur de fes grâces , &
le dépofitaire de fon autorité.
On ne peut pas douter que Pharamond, & Clodion
& Mérouée fes fuccefléurs, n'ayent eu des Chan-
celiers & des Sécrétaites , quoique l'hiftoire ne rap-
porte point leurs noms. Quelques Auteurs moder-
nes font Widiomare Chancelier , ou Référendaire
du Roi Childeric , mais fans aucun fondement. Gré-
goire de Tours ne lui donne point cette qualité.
Le premier Référendaire , (car c'eft le nom donr les
Chanceliers àe France ont été appelés fous la pre-
mière race de nos Rois ) (é nommoit Aurélicn. Il
exerça cette charge fous Clovis, cinquième Roi des
François. Hincmar dit qu'il porroit l'anneau ou le
fc?au de ce Prince. Tesserfau. D'autres font Au-
rélien Grand Chambelbn , & non pas Référendaire.
Voyei Bardin , 6c ci-delfus au mot Chambellan'.
Valentinien eft le premier qu'on trouve qui ait ligné
Gggij
\
42.0 C H A
les Chartres de nos Rois en qualité de Notaire, ou
Secrétaire. Amamunjù. Il iit cette fonction Tous
Childebert Roi de Paiis, 5c fils de Clovis. Telfe-
rcau, qui donne une fuite Chronologique des Ré-
férendaires &c Chanceliers de France , au commen-
cement de l'on Hiji. ChronoL de laChancel. Grégoire
de Tours , ch. i3 des miracles de S. Martin, donnent
à entendre que le Référendaire avoir fous lui plu-
sieurs Chanceliers. Ainfi ce mot en ce temps-là C^
prenoit poui Notaire , ou Secrétaire. Ces Chance-
liers , comme dit M. de Cordemoy , ne fervoient
qu'à écrire ou à ligner les actes que les Rétéren- i
daires dévoient fceller -, & par fuccelfion de temps , '
le nom de ces petits Officiers a été donné à celui
non-feulement qui garde le fceau du Prince , comme
faifûicnt les Référendaires, mais qui préfide encore à
tous les Confeils , comme le chef de la Juftice & le
premier des Magiftrars. Sous la féconde race de
nos Rois , les Chanceliers ne font plus appelés
Référendaires, mais Aprocrifiaires , Aichichance-
liers , Archinotaires, Archichapelains, & fouverains
ou fuprêmes Chiinceliers. Cette dignité augmenta
beaucoup fous la troificme race , fous laquelle le
feul nom de Chancelier eft refté à celui qui en efl:
pourvu. C'efl: Louis le Jeune qui donna aux Chan-
celiers le droit d'affifter avec les Pairs aux jugemens
des Pairs. Philippe le Bel leur donna , dans le Par-
lement qu'il établit à Paris l'an i^oi, rang immé-
diatement après un Evêque, un Prince du Sang , &:
avant tous les autres Juges. Voye^^ fur tout cela ,
6c tout ce qui regarde le Chancelier , Tessereau ,
déjà cité.
, La charge de Chancelier ne fe vend point. Elle
n'étoit autrefois que la cinquième charge de la Cou-
ronne. Il y avoir au-deffus de lui le Sénéchal , le
Chambiier, le Grand Maître 6c le Connétable. Le
Chancelier ne fe mcloit que de l'expédition des Let-
tres. On l'a appelé Référendaire, comme on l'a
dit, puis C'/i^ncc-Z/Vr •, Référendaire, parce que c'é-
toitluiquiiapportoit toutes les lettres devantleRoij
C/z^;zci;A'er , parce qu'il les barroit quand elles n'é-
toienr pas bien dreflces , ou plutôt parce qu'il les
fcelloit dans un endroit fermé de grilles , autrefois
appelées chanceaux , en latin cancelli. Son pouvoir
s'accrut fort fous la troiiième race, par la fuppreflion
de quelques-unes de ces grandes charges qui avoient
rang avec la lîenne. Le Gendre, Il y a dans le pro-
cès de M. Fouquet de grandes DifTertations , favoir ,
lî le Chancelier peut être récufé.
Il y a apparence que ce mor vient du latin can-
tellum , qui iignifie chajjjs , à caufe de fa reffem-
blance avec le paraphe du Roi , qui eft fait en grille ,
auprès duquel le Chancelier appofe le fceau. D'autres
croienr que ce mot vient de canceller , à caufe qu'il
failbit plufieuis traits de plume , fur les lettres qu'il
refufoir , comme prétend Nicot , & quand il les
trouvoit inciviles •, & audi parce qu'il cafTe les arrêts
des Cours fupérieures , lorfqu'il prciîde au Confeil.
Cancellare en latin , (ignifie biffer , rayer , pailér une
ligne fur quelque choie. Sarifber. In Euihetico ,
parlant d'un Chancelier , dir ,
, ffic ejl qui regni leges cancellat iniquas ,
Et mandata pii Principis aquafacit.
C'eft aufTi le fentiment de Turnèbe , qui favorifc
le vers fynonyme de Briton ,
Cancellofcriho , Cancello grammatafindo.
Comme Naudé le remarque dans fon Mafcurat.
Mais Ménage dit qu'il vient \cancelHs , c'eft-à-dire,
du chancel ou treillis où éroit l'Empereur quand
ilrendoitla iuftice', parce que le Chancelier étoit à la
porte de la clôture qui féparoit le Prince , du peuple.
Naudé préfère cette opinion, qui eft , comme il dit
dans fon Mafcurat, de Pithou , deCafaubon, 6c de
tous les bons Auteurs , 6c qui fe prouve par Caifio-
C H A
dore , 8c par le Moine Erricus en la vie de Saint
Germain , où il appelle un Chancelier.
Atque à cancellis prifco de more minijler.
Du Cange , après Joannes de Janua , dit que es
mot vient de la Paleftine , où les toits étoient plats
&c faits en terralfe , avec des parapets ou garde-fous
grillés qui s'appeloient cancelli , 6c que ceux qui
montoient fut ces toits pour reciter quelque haran-
gue , s'appeloient Cancellarii ; &c qu'on a étendu ce
nom à ceux qui plaidoient dans les barreaux , qu'il
appelle cancelli fnrenfes. Et depuis on a appelé
Chanceliers , ceux qui étoient les premiers allis en
ces barreaux : 6i enfin ce nom s'eft donné à ceux qui
éroicnt les Secrétaires des Rois , qui gardoien rieurs
cachets &c leur fceau.
IJ3" Celui qui portoit ce nom dans l'Empire Romain
n'etoit qu'un Ofiicier peu confidérablc, qui fc tenoit
dans un lieu fermé de grilles ou barreaux , pour
copier les fenrcnces des Juges S^ les aurres aclcs ju-
diciaires , comme à peu près nos Greffiers ou Com-
mis du Greffé. Ils éroient payés par rôles de leurs
écrirures.
On trouve aullî des Chanceliers dans l'Empira
Grec, Kxyxe^./âf (cç -, mais ce nefonrquedesTréforiers,
Qua/fores, ou des Logothètes , c'eft-à-dire des Of-
ficiers qui faifoienr rendre des comprcs. ^oye^ Cu-
jas , ad l. 1 , Cod. de pétition, bonor. juhUit. & ad l,
ult. de difcujf.l. lo , c.& Paratit. L. 1 , Cod. tit, 30..
On trouve encore dcsChanceliers des Eglifes. Tel
eft dans le VP Concile, Ati. Vlli- , Etienne , Diacre
&c Chancelier ; &c dans Sigcbcrr, Jean Chancelier de
l'Eglife Romaine , qui l'ucccda au Pape Pafchal.
On croit que ces Chanceliers écoienr les Chets dés
Notaiics ou Scribes, f^oye:^ le GJoffaire de Fabrot
fur Nicéras Choniates , au mot KArKEA-\APios.
Chancelier , fignifie aullî , celui qui garde 1 :s Sceaux
des Princes de la Maifon Royale , où de quelques
Communaurés. Le Chancelier de la Reine , de Mon-
fieur. Cancellarius Reginx , unici Régis fratris Can-
cellarius , (fc.
Le Chancelier de l'Univcrfité , eft celui qui fcelle
les Lettres des grades 6c des proviiions qu'on donne
dans rUniverfité. Académies. Cancellarius. Toutes
les Commi/fions de la Cour de Rome pour l'Unie
vcrfité , font adreifées au Chancelier. Il y a deux
Chanceliers dans l'Univeriîté de Patis : l'un qui eft
établi dans la Cathédrale , d'où vienr que les bon—
ners S)C les degrés de Doéleurs en Théologie l'ont
pris au Palais épifcopal ; ^ ce Chancelier eft du
Corps du Chapitre. Il y en a un autre pour les aélcs,
qui eft un Religieux de fainte Geneviève , parce
que certe Maifon a été tirée de S. Vidlor , où l'e Tin-
rent autrefois les premières écoles, après celles de
la Cathédrale. Ils ont tous deux un pouvoir égal ,
&i font établis il y a plus de huit cens ans. Du Chêne,
Belleforêt , ^ autres Hiftoiiens François , donnent
le droit d'ancienneté au Chancelier de Sainte Gene-
viève.
Il y a des Chanceliers dans les Ordres de Che-
valerie , du Sainr Efprit , de S. Lazare. II y aauffi
un Chancelier du Grand Prieuré de France. C'eft lui
qui fcelle les Commilfions 3^ les Mandemens du
Chapitre de l'Aiîemblée des Chevaliers ■■, qui tient
le Rejiftre des Délibérations, 6c qui en délivre les
a(ftes fous le fceau de l'Ordre.
La dignité de Chancelier de tout l'Ordre eft at-
tachée au Pilier de Caftille, Léon ic Portugal, Il
préfente le v\cz-Chancelier au Confeil ; il doit être
préfent aux Bulles que l'on fcelle avec le fceau o;:-
dinaiie, ic doit figner les originaux. L'Abbé ds
Vertot.
L'Académie Françoife aaulTî fon CA.-x/zre/zVr , qui
préfide en l'abfence du Directeur.
§0" Il y a auifi des Chanceliers dans les Académies
de Peinture ic de Sculpture. Il y en a de même
dans quelques Académies des villes de Province, ÔC
dans quelques Sociétés littéraires.
CH A
Dans les Académies de l'Empire , le Chanfitlicr
occupe la première place après le Recleur. Sa charge
cft perpétuelle. Il eft l'Inipeiiteur & le Cenfeur com-
mis pour empêcher qu'on ne viole les loix 5c les
ftatuts de l'Académie ; qu'on ne rempliife les em-
plois de perlbnnes incapables , &: qu'on ne confère
les degrés de Bachelier ou de Dodteur à ceux qui
en lont indignes , ou par leur ignorance > ou par
leurs mauvailés mœurs.
On appelle auiH Chancelier , le Greffier qui a le
fceau duConfulat, dans les Echelles du Levant.
Chanceiier, dans les Univcriités d'Angleterre. Dans
celle d'Oxford , le Chancelier eft le premier Magif-
trar. Il eft élu par les écoliers mêmes : fa charge c'on-
fifte à gouverner l'Univcrfîté , à en conicrver les
privilèges & les libertés, à convoquer les artemblées,
&: à rendre juftice entre les membres de l'Univerlîté,
qui font tous fournis à fa Jurididion. Le Chance-
lier de rUnivetfité de Cambridge a aurti une Cour
de Juftice, & jouit des mêmes prérogatives que
celui d'Oxford \, excepté qu'il n'eft pas élu à vie
comme celui d'Oxford. On le peut changer ou le
continuer tous les trois ans.
Chancelier en Angleterre , & chez nous , en parlant
de l'Angleterre , fe dit du principal Officier d'un
Evêque. Koy«£ Officiai.
Chancelifr , dans quelques Congrégations de l'Ordre
de S. Benoît, eft un Religieux qui rcgiftre &; con-
ferve les aéles & papiers qui concernent le gouver-
nement du Monaftcrc.
0Cr Chancelier J^Az Bafocht. Préfîdent d'une Juri-
diction en dernier reffort , appelée la Bajoche, que
les Clercs des Procureurs au Parlement de Paris ont
pour juger les conteftations qui peuvent furvenir
entr'cux.
|p° Le Roi de la Bafoche étoit autrefois le Chef de
cette Juridiction. Henri III ayant défendu qu'aucun
de fesfujets prît le titre de Roi, le Chancelier Ae la
Bafoche en devint le premier Officier.
CHANCELÎÈRE.f f. Femme du Chancelier. La Chan-
ceiiere n'a point en France les honneurs du Louvre.
Chancelikre. Terme de Fleurifte. Tulipe violet &
blanc. MoRiN.
§C? Chancelière , fe dit encore d'une petite caiffe
de bois ou d'ofier , garnie de peau d'ours ou de
mouton , qui fert à mettre les pies pendant l'hiver
pour avoir chaud. J'ai fait faire nnt chancelier e pour
mon cabinet.
CHANCELLADE. Chanoines Réguliers de la reforme
àeWChancelLide. Ctik une Congrégation de Cha-
noines Réguliers de S. Auguftin, en France. Canonici
Reptlares de fonte cancelLuo. Au commencement
du XII<; liccle , quelques faints Eccléfiaftiques s'étant
retirés dans une folitude à une lieue de Périgueux,
auprès d'une fontaine appelée Chancellaie , fons
Cancellants , y menèrent la vie érémitique Ibus la
conduite de Foucault , Abbé de Cellofrouin , Or-
dre de S. Auguftin. Ils y bâtirent un Oratoire , puis
une Eglife en IIi8^ qui fut appelée N. Dame de
la Chancellade \ &c l'an ii 5 3 ils firent protciTion de
la Règle de faint Auguftin , &c prirent l'habit de
Chanoines Réguliers. Dans le XV^ fîccle , cette
Abbaye fut ruinée par les Calviniftes. Alain de Sol-
miniac , Abbé de la Chancellade , $: dans la fuite
Evêque de Cahots , y commença la réforme en Kîij
qui s'étendit les années fuivantes , plufieuis Abbés
ayant demandé des Chanoines Réguliers de la Chan-
cellade , pour réformer d'autres maiibns. En confi-
dération de cette réforme , Louis XÏII en 1610 leur
accorda le droit de nommer en cas de vacance trois
Religieux Réformés , dont il choiliroit un pour
Abbé , & cela pour tout le temps que dureroit la
réforme.
'CHANCELLEMENT. f. m. Démarche qui n'eft pas
ferme , qui n'eft pas alfurée , aétion de ce qui pen-
che de coté ou d'autre , & qui menace de tomber.
Titubatio , vacillaùo.D A-N'ET. Tachard. Son chan-
cellement vient d'avoir trop bu de vin.
•CHANCELLERIE, f. m. Quelques-uns écrivent avec
CH A
421
une feule / la Chancelerie, Efpèce de Tribunal où
l'on icciie les Lettres avecle fceau du Prince, pour
les rendre authentiques. Cajzcellariijuduialtpr^io-
rium. La grande thanceUne eft celle où on fcelle
avec le grand fceau du Roi , gardé par M. le Chan-
celier , & qui a autorité par toute la France , & en
tous les Parlcmens. Superius majoris jigilli prato-
rium. Il y a auffi des Chancelleries établies près les
Cours de Parlemens & autres Cours. Ainli il y a les
Chancelleries de Paris, deTouloufe, de Bourdeaux,
de Dijon, de Bretagne, dcDauphiné, de Rouen,
Oc. On dit auffi Echiquier de Normandie. Fùye?
l'Edit de Charles VlII , donné à Amboife le onzième
Décembre 145,5, "pporté par Teffereau , Hift. de
la Chanc. T.I, p.6s.l^ La Chancellerie du Pabis
qu'on appelle auill petite Chancellerie , pour la dif-
tingucr de la gr^dc Chancellerie de France, eft la
Chancellerie particulière établie près le Parlement
de Paris , pour expédier aux parties toutes les lettres
de juftice & de grâce qui font fcellées du petit
fceau , tant pour les affaires pendantes au Parlement
que pour routes les autres Cours fouveraines ,& au-
tres Juridi^ions Royales & Seigneuriales , dans
l'étendue de fon refîbrt , à Paris ou dans les Pro-
vinces. Le commencement de la Chancellerie de
France a cela de commun avec toutes les chofes
qui (ont tort éloignées de nous, c ue le temps em-
pêche qu'on en puilicaifément découvrir la vérité.
Tessereau. Il y a de gr.inds& de petits OfEciers
de la Chancellerie. Les grands Ibnt le Chancelier , le
GardeciesSceaux, les Secrétaires du Roi, &c. Les
petits font l'Aumônier, les Huiffiers, Fourriers, Ci-
riers , Valet-Chauffecire , & Porte-coffres. Le Scien-
dum de la Chancellerie eft une de fes plus authen-
tiques pièces, Tessereau , T.I.p.T, 9. Nous en par-
lerons au mot SciENDUM. On dit greffe Chancellerie
de cire verte. Id. T. 1 , p. 14. Cet Auteur appelle
pentes Chancelleries celles qui ibnt établies près les
Cours du Royaume , tant des Parlemens , que Prc-
fidiales.Il y a auifi des Chancelleries }pzh les Cham-
bres des Comptes , g-: les Cours des Aides. Charcel-
leries Préfidiales , font celles qui font près les Pré-
fidianx. Inferius minorisjiqilli prcstorium. Uii Maître
clés Requêtes , ou autre Officier commis pour cette
fonétion, fcelle les Lettres avec le petit fceau ,
dans les petites Chancelleries. Voyez YHifioire Chro-
nol. de la Chancellerie par Teffereau.
Le lieu où l'on fcelle les Lettres avec le petit fceau,
près les Parlemens , Chambres des Comptes , Cour»
des Aides & Préfidiaiix'j fe nomme auffi Chancel-
lerie.
On appelle auffi la Chancellerie les Maifons où
loge le Chancelier , qui lui fontaffeaées auprès des
Maifons Royales, comme à Paris, à S. Germain,
à Fontainebleau , à Verfailles , &c. AQi^natum in
regdlibus domibus Cancellario Francia hoÇpitium.
On fe fert encore de ce terme en parlant des ex-
péditions qui fe font tn Chancellerie , quand même
elles ne feroient pas fcellées. Comme les fignatures
de Cour de Rome pour les provifîons des Bénéfices
viennent en papier de la Chancellerie Romaine , on
y fait différence entre la Pcnitencerie & la Chan-
cellerie. Les règles de la Chancellerie Romaine ne
font reçues en France qu'en peu de rencontres. On
les trouve à la fin de la pratique de Rebuffe.
Le ftyle de la Chancellerie , le Tréfor de la Chan-
cellerie, font des livres qui contiennent des formu-
les de toutes les Lettres de Chancellerie , foit de
grâce , foit de juftice.
On appelle encore Chancellerie , le corps des
Officiers qui font néccfîaires pour le fceau , les
Grands Audienciers , les Secrétaires du Roi, les
Tréforicrs, Contrôleurs, Référendaires & Chauffe-
cires. La Chancelleries été au-devant du Roi à fon
entrée. Collegimn Magijlratuum ad Cancellar'A mu-
nus pertinemium.
On appelle auffi C^^nc^Z/er/e de rUniverfité , le
lieu où l'on fcelle des Lettres de Maîtrc-ès-Arts , de
Doéteur, ùc.
422 C H A
On appelle auffi Chancellerie, le Greffe d'an Con-
fulat de Marine où l'on délivre des expéditions au-
thentiques , comme celles des Notaires & des Gref-
fiers.
Chancellerie , en Angleterre, c'efl: la Cour Souve-
raine du Royaume pour les affaires civiles. Supremus
totius An^lia. civiLibus in rébus magijiratus. Le
Grand Chancelier , ou le Garde du grand Sceau ,
ell le Icul Juge de cette Cour : feulement dans les
cas difficiles , il prend conleil, &; cependant il n'eft pas
obligé de s'y conformer. Il doit juger félon les loix
&c les ftatuts du Royaume ; mais il peut auffi juger
félon l'équité , & modérer la rigueur de la loi ,
félon laquelle les autres Juges font obligés de pro-
noncer. La Cour de la Lhancellerie eft au-deffus de
toutes les autres , dont elle peut corriger & réfor-
mer les jugemens. On la divife en deux Cours : l'une
où l'on juge à la rigueur ; & là, les procédures &
tous les aétes fe font en latin. Il y a vingt-quatre
Clercs établis pour cela. L'autre eft celle de l'équité.
Se là , les procédures ie font en Anglois , lix Clercs
font ordonnés pour ces ibrtes d'adies. Comme la
dernière eft une Cour de confcience & de mifé-
ricorde , il y a moins de chicane, &: on y abrège
fort les procédures. Le Chancelier a douze Ailiftans ,
qu'on appeloit autrefois Coadjuteurs. Ils ont des
appointemens du Roi , & doivent être Dofteurs en
Droit civil. Le Chancelier les confulte dans les cas
importans & douteux , fans être obligé ablblument
de déférer à leur avis. Le premier de ces Aififtans
eft le Maure des Rôles ; il juge en l'abfence du
Chancelier. Il a féance dans la Chambre haute , à
coté du Chancelier. C'eft auffi la Cour de la Chan-
fellerie qui dreffe les Lettres circulaires du Roi ,
pour convoquer le Parlement, lesEdits, les Pro-
clamations, les Pardons, &c, Chamberlain.
CHANCEUX , EUSE, adj. qui a des hafards heureux.
Félix, foniinatus. Cet homme eftli chanceux, qu'il
a eu deux lots à la loterie.
Il eft des gens fi chanceux , que tout leur réuffit ,
jufqu'aux fautes qu"'ils peuvent faire. Ce terme n'eft
que de converfation,6i de peu d'ufage dans les livres,
où l'on fe fert plutôt d'heureux ( Voye^ au mot
Chance la différence de ces mots.) Mais il fubfifte
abfolument dans ce proverbe : Mieux vaut jouer
centre un /'z/'e/z.r , que contre un chanceux; parce
qu'il faut laiffer les proverbes tels qu'ils font : c'eft
pourquoi on dit dans celui-ci fipeux au lieu de
f if eur ,qm eft le véritable çiot.
On dit proverbialement & iironiqucment, c'eft un
homme bien chanceux ; pour dire , c'eft un homme
entre les mains duquel rien ne réuflir.
CHANCIL. On appeloit ainlî autrefois une forte de
roile.
CHANCIR. V. n. Commencer à fe corrompre, à mol-
lir. Mucidumfieri. Il le dit particulièrement des con-
fitures fur lefqu'elles il vient une certaine .pellicule
blanchâtre , quand elles n'ont pas été allez cuites.
On le dit aufli quelquefois du pain , du fromage ,
quoiqu'on dife plus proprement moiji. On le dit
aulfi des fruits. '.',.•
Chancir fe dit en^tètiiiësjâé Jardinage, du fumier
qui étant dans un tas ,^;OU fur une couche fort
fèche, commence à biaiVchir, & à faire une efpèce
de fîlamens que l'on regarde comme des commen-
cemens de champignons. La Quint. & Lie. Le fu-
mier ne produit des champignons que lorfqu'il eft
chanci. Liger. ''. /'',
On le joint aufll' au "pronom perfonnel. Le pain le
chancit. Pour employer les fumiers nous n'avons
que les cinq mois de l'année qui font les plus hu-
mides ; favoir , depuis le commencement de Novem-
bre jufques vers la fin de Mars, Les fumiers qu'on
emploie dans les autres temps nV font que fècher ,
fe choficir ; & ainlî bien loin d'être favorables aux
végétaux, ils leur font pernicieux & funeftes. La
Quint.
Chanci , it. part. & adj. Mucidus , rancidus. Cotignac
"' âJtancî, famiet chanci.
C H A
Ce mot vient apparemment de canus , blanc ,
canejcere , blanchir -, de canejcere on a fait cancir ,
chancir. Ce qui chancit devient blanc , la chancii-
flire eft blanche.
IJCT Quoiqu'on confonde affez fouvent ces deux mots ,
chancir & moijir , &: que les Vocabaliftes , après
l'Académie, les définiffent l'un par l'autre , je crois
pourtant qu'ils ont chacun leur idée propre & p.Ti-
ticulière. Moijir paroît dire quelque choie de plus
que chancir. Il annonce une corruption , une alté-
ration plus confidérable. Chancir , c'eft commencer
2i moijir , fe couvrir d'une pellicule blanchâtre, relie
qu'on en voit fur les confitures & fur les fruirs qui fe
chanci£en[ ; & moijir ,c'eii non feulement le couvrir
de cette pellicule, mais encore d'une mouHe oa
efpèce de barbe qui s'élève de cette pellicule blan-
châtre. Le Diéiionnaire de l'Académie Françoifc
prétend que chanjir ne fe dit guère que des choies
qui fe mangent. Les Auteurs qui ont traité de l'Agri-
culture le difent du fumier.
CHANCISSURE. 1". f. Commencement de moiliffurc
qui vient fur la furface des choies humides qui fc
corrompent, & qui s'annonce par une pellicule
blanchâtre. iV/z/j, mucor. Quand on regarde un mor-
ceau de chancijfure avec un microfcope , elle paroît
comme un jardin où il y a plulîeurs fleurs , les unes
en bouton , les autres épanouies. On en voit la
figure dans la Micrographie de M. Hook.
CHANCRE, f. m. Ulcère malin qui ronge les chairs.
Cancer , cancinona , carcinodes.
On diftingue les chancres cn^mples , tnfcorlu-
tiques , & en veroUques ou vénériens. Les Jimples
viennent dans la bouche ; ils ne font point differeas
des aphtes. Les Jcorbutiques attaquent aulTî la
bouche , particulièrement les gencives. Les vénériens
naiffent aux parties naturelles de l'un & l'autre fexe.
Col de Vil.
Quelques-uns donnent aulfi ce nom à la maladie
qui eft plus connue fous le nom de cancer. Voyez
Cancer.
Chancre , fe dit aulfi ^fj" de certaines puftules ou
élevures que la chaleur de la fièvre, ou autre caufe»
fait venir fur la langue , au palais , ou aux lèvres.
03" On le dit aufli de la cralle ou efpèce de tartre qui
s'amalfe autour des dens , quand on n'a pas foin de
les nettoyer.
Le chancre vient auffi aux oifeaux -, &: erv Fau-
connerie on dit otêr le chancre à l'oifeau. Il faut
. prendre du miel & du vin blanc , faire bouillir le
tout enfemble, lui en laver la bouche, après l'élfuyer,
&: mettre defîus de la poudre' de cerfeuil.
Chancre, enrermes de Jardinage , eft une maladie qui
furvient à l'arbre , qui fait mourir fa peau ; elle eft
femblable à la dartre , ou la galle , qui vient fur le
corps humain. On fait des incifions tout à l'entour
avec la pointe d'un couteau jufqu'aubois pour arrêtei
cette maladie, ^fj On remplit la plaie de boule de
vache couverte d'un linge lié à la partie chancreuiê.
On a donné à cette maladie le nom de chancre ^
parce que c'eft une certaine pourriture qui leur
furvient & qui les pénètre jufqu'au vif, ainlî que le
chancre ronge les : chairs. Liger.
On dit proverbialement d'un goulu, d'un grand
mangeur , qu'il man^e comme un chancre.
CHANCREUX , EUSE, adj. Qui tient de la nature du
, chancre. Cancer aùcus , carcinomate affeclus. Ulcère
chancreux. Bolfe chancreufe.
Ilfe dit aulfi entérines de Jardinage du bois de
quelque arbre fruitier fujet au chancre. Le bois de
cet arbre eft tout chancreux. Liger.
Ip" CHANDEGRL Ville de l'Inde au deçà du Gange,
capitale du Royaume de Norlinque. Quelques-uns g
appellent Bifnaçar le Royaume & la ville.
CHANDELEUR.V. f. C'eft une fête qu'on célèbre dans
l'Eglife le z de Février , en l'honneur de la Prcfenia-
tion de N. S. au Temple & de la Purification de la
Sainte Vierge , où l'on fait des Proceflions avec des
chandelles de cire , ou des cierges- Lujlrantis Je
J^irginis Deiparte fejlivitas, Bedc dit que l'Eglife-»
C H A
change l'-eureufemcnt les kiftrations des Païens qui
Ce faiibient au mois de Février autour des champs j
en la fête de Ja Purification , où l'on tait des procel"-
/ionsavcc des chandelles allumées pour marquer que
Jéllis-Chrift eft 'la limiicre du monde: ce c]iii tut
établi par le Pape Gclalc , qui abrogea les Lupcr-
Calcs. Ce tbnt ces chandelles ou cierges qui ont
•ti --donné le nom à la Chandeleur , quVh quelques
"""■'^ lieux on appelle Chandt/cuje. Fejtum purijicatx
f^irginiis-; Chriiti in Tttnfio obldù Ju/ennitas,
On dit -proS-erbialement , à la Chandeleur la
srande douleur, pour dire qu'en ce temps-là il tait
quelquefois un froid exceliif. La rime a plutôt .l'ait ce
proverbe que la raifon.
'■ CHANDELIER.' f. m. Ouvrier , du Marchand , qui
fait , ou qui vend des chandelles. Candelurum con-
driha:or,opifex. On dit auHi, une Chundeliere au
féminin, La Police défend aux Chandeliers de
vendre des grains. De la Mare ,Tr. de la Police ,
Liv. y , Tit.XÎV, cA. 14 , /7. 1015,
Ce mot vient du latin Cundela.
' Chandelifu f. m. Uftcnfile, inftrument qui fert à
mettre des chandelles , des éiçrges, ou des. bougies
piour éclairer. Candelabrum. Il y a des chandeliers
d'Eglife où l'on met des cierges qui brûlent pen-
dant le fervice divin. Les Orfèvres 1-es nomment à
•fié trian<r'c , ou à pie ovale. Des chandeliers de
cuivre, de criftal. Des chandeliers à plaqués. Des
Iras de chandeliers. Le grand chandelier que fit
MoiTe dans le Tabernacle ctoit d'or , &: pefoit cent
mines. Il avoir fept branches, & foixante & dix
lampes. Josepke.
On donne aufTi le nom de thandelier de criftal
à ce qu'on appelle autrement un luftrc.
On dir, en termes de Jardinage , faire le chan-
delier, lorfqu'on coupe avec la ferpette ou couteau
de Jardinier rourcs les petites branches nouvelles qui
font lur les plus groifes, pour les laiflér dégarnies.
§Cr Méthode peu fuivie pat les Jardiniers intel-
Jigcns , & qui n'efl: uniquement fondée que fur le
préjugé que ces nouvelles branches appauvriifent
l'arbre, & empêchent les fruits de devenir gros.
Arèorern ad candelahri Jitnilitudinem iondere , rej-
cindere, amputare.
Chandeliers, en termes de Fortification, font des
pieux fichés à plomb dans de longues pièces de
bois, entre lefquelles on met des fafcincs pour cou-
vrir les travailleurs. Pâli. Onymctau/ïî des planches
pour empêcher de voir ce qui fe fait derrière. Ces
pièces de bois font éloignées de fix à fept pies. Les
chandeliers font propres pour faire une blinde à
l'épreuve du canon.
Chandelier fe peut dire en parlant de cerfs , mais
non pas en véritables termes de Chalfe. C'eft quand
le haut de la tête d'un vieux cetf eft large &: creux.
Salnove V. R.
Chandelier d'eau , c'eft une fontaine dont le Jet eft
élevé fut un pié en manière de gros baluftre, qui
porte un petit balfin comme un plateau de guéridon,
dont l'eau retoiribe dans un autre baflln plus grand
au niveau des allées , ou avec un bord de marbre ,
ou de pierre audeflus du fable.
Chandeliers de Perriers , ou de Piériers, fe dit fur
mer , de certaines pièces de bois reliées de fer , qiii
font petcées en long , fur lefquelles on pOfe le pivot
de fer fur quoi tourne le perfier. Chandelier de
fer de perrier , eft une fourche de fer avec deux
anneaux qui fouticnnent les deux tourillons des
perriers , & qui tourne fur un pivot dans un chan-
delier de bois. Le pivot fut lequel tourne le perrier
s'appelle auffi chandelier de- fer de perrier. Chan-
deliers de chalouye., font deux fourches de fer qui
foutiennent le mât, là voile, & ce qui eft de la
chaloupe lorfqu'on la nage avec les avirons. Chan-
delierf de fanal, eft un fer où il y a un pivot, fur
lequel eft pofé le fanal de poupe. Chandeliers de
////è , font ceux que l'on met dans les lilîes, furie
haur des vaifleaux ,& autour de l'ouverture qui eft
faite pour pafler la manivelle du gouvernail. Chan-
C HA
deliers d'échelle , font des ch^tn délier s tic fci: à rcte
ronde, que l'on met des deux côtés, de. chaque
échelle, où l'on amare des cordes qui uaincncjuf»
qu'à l'eiu pour la conuiioditc de ceux qui nioment
au vaiiieau , ou qui en defcendenr.
Tput-s ces diircrentes fignihcations du mot de
chandelier , ie peuvent rendre par le mot latin
candelui'rnm ,cn expliquant l'ulage qu'on en fait.
On dit proveibiakmcnt,, qu'il ne faut pas mettre
\t chandelier fous le boilfeau ; pour' dire y qiiMl ne
faut point cadier fes bonnes qualités , & que les
vertus éclatantes doivent fervir d'cdj/ication au
peuple. C'elt un proverbe facré tiré de l'Eva/ijile.
On dit. Etre placé fut le chandelier ,'^oui .dire ,
occuper une place éminentC , ptihcipalement .dans
l'Eglife. Académie pRÀNCoisE. ...1 .
CHANDELIERE. f. f. Fei-nme. de ChaA<^:^t^er ,"; ou
d'ouvrier qui fait des chandelles, ou du M^archand
qui ert vend. , , - j. ,'
CHANDELLE. (<. f. Qitelques-uns écnventcnan^e/s^
Compolition de fuif fondu , ou de cire qu'on fait
prendfè autour d'une mèche, & qui fert a écLii'rcr.
Candéla. Celles dont onufe dans les maifons boiir-
geoifes s'appellent fimplcmcnt chandelles. Elles fe
font de fuif de boeuf en dedans , & de mouton en
dehors. Candela e j'eho , on Jévj , càndela jebace^t.
On en tait aulli de lùif de bœuf , & dii-foirdc mo;!-
ton mêlés enfcmble, ou de tiiif de niouton ieul,
parte qu'il eft plus blanc, & a plus de" conl'ftajici
que celui de bueuf. De la Mare. Traite de la. PoUcîy
Liv. y, To:n. U,ch.t).l\ eft défendu parla Police
l'.'en faire de fuif de porc. Ces chandelles font plon-
gées, ou mouillées. Celles qu'on btûle dans les
Eglifes font de pure cite ,& s'appellent cierges. Les
chandelles de cire qu'on brûle chez les Grands
Seigneurs s'appellent bougies. Canâela cere.t. Les
chandelles de veille , font de grolles chandelles
qu'on lailie brûler toute la nuit.
Ce mot vient de candur , ou du verbe candeà.
K«i<?^/«, candela , chandelle , vient du celtique
CantoL Pezron. k«»ï.'>*, eft un mot grec pris du
Latin depuis la tranflation de l'Empire à Conftan-
tinople.
Mouchet la chandelle, c'eft coupet le haut de la
mèche qui eft brûlée. Candela'u emungere. C'eft une
charge fort confidérable en Efpagne que celle de
grand Moùchcur de chandelles. On le nomme £/-
pavildlado major.
C'eft une formulé dans les adjudications des
Fermes du Roi, de les donner à chandelle éteinte.
On allume une chandelle,^ tandis qu'elle brûle >
tout le monde eft leçu à enchérir-, & apii's qu'elle
eftéteinte,on n'y eft plus "[çqa. Licitari ad extremam
lucentis candela tnicani. On fait auifi des cxcom-
nlLinica'tions à chandelle éteinte, c'ell-à-dire, qu'on ,
donne encore le temps de la dutée d'une chandelle
aiix pécheurs pour venir à téfipifcence ', après quoi ,
ils demeurent tout-à-tait excommuniés. Ces chan"
delles font de petits bouts de bougie.
ChandIîlle fe dit proverbialement en ces phrafjs*
Cette femme eft belle à la chandelle, mais le jour
gâté touf, pour dire, que fa beauté ne Icutient pas
le grand jour. On dit auiïî des matières fort pen ini-
poitantes-, que le jeu ne vaut pas la chandvlle. On
ditauffs de celui qui eft échappé d*Lin grand péril ,
qu'il doit une belle chandelle \ Dieu; pour dirçj
qu'il lui doit un grand remcrcîment. On dit flui'fi
d'un ménage oii le mari dépenfe d\in côté, &: la
femme de l'autte , qu'on y brûle la chandelle par les
deux bouts. Et d'un homme qui fait en même temps
pluiieurs dépenfes mai-.\-propos , qu'il brûle fa
chandelle par les deux bouts. On dit encore de celui
qui a de la peiné à s'expliquer , apportez-lui un
bout de chandelle pour trouver ce qu'il veut dire.
On dit qu'un homme s'eft venu brûler à la chandelle ,
quand il a quitte un afyle où il étoit en fùrctc , pour
venir en un aurrc lieu le faire prendre. On dir aurH,
a chaque Saint fa chandelle; pour dire, qu'il faut
faire des préfens à tous ceux dont on a befoin, pour
^tJ^ C ri A
faite rculTir une affeire. Ou die encore , qu'on
donne une chandelle à Dieu , &c une autre au Diable ,
quand on eft d'intelli^'ence avec les deux partis pour
fubliflier , quelque clio!è qui arrive. On ait auiii d^-s
chofes fort bigarrées , qu'elles l'ont bariolées comme
la ckandells des Rois , parce que c'ctoit autretois
une cérémonie de briîler une chiViiclh peinte de
divcrfcs couleurs le jour des Rois. On dit aulii des
yeux fort vils & briilans > qu'ils brillent comme des
chanddUs ; & de ceux qui ont reçu quelque grand
coup proche des yeux , qu'on leur a fait voir mille
chandelles. On ditencore, que la c/^.wi^;//*; fe brûle,
quand on perd le temps inurilemcnti &: fur-tout
dans les voyages, quand on veut dire que le foir
approche , & qu'on n'aura pas aifez de temps pour
arriver au gîte. On dit auili d'un homme qui meurt
inicnlibhment Si de vieilleire, qu'il s'en va comme
une chandelle , que c'eft une chandelle qui s'éteint:
&dc celui qui cil à l'agonie, qu'il ell: réduit à la
chandelU bénite. On dit auilî , pour ie moquer de
ceux qui attendent à faire des libéralités pieufes dans
leurs teftamens, que la chandelle qui va devant
éclaire mieux que celle qui va derrière.'
On dit qu'un homme eft ménager de bouts de
chandelles , pour dite , qu'il eft économe en de
petites chofes , ne l'étant pas dans les plus impor-
tantes. AcA0. Franc,
On appelle figurément 5c populairement chan-
delles de glace , ces e^ux glacées qu'on voit pendre
des toits des maifo ns , des gouttières , des arbres ,
■& qui (ont des neiges fondues qui fe convertiilcnt
en glace avant que de tomber. Gelata uclorum
Jtillayvoncretum gelu jlilUcidium^ C'eft ainli que le
forment dans les grottes les criftaux de roche. On
le dit auifi des toupies glacées qui pendent ou di-
ftillent en hiver du nez des gens enrhumés. Turpis
Jliria è nafe penjilis ; mrji mucnji liuLu.
fp" CHANDELLE. Terme de Charpentier. Ceft ainfi
qu'on appelle un poteau qu'on place de bout à
plomb fous une autre pièce, pour la foutenir ho-
rifonrale.
CHANDERNAGOR. Ville des Indes , près d'Ougly.
La Compagnie Françoife y a un comptoir. II" s'y
fait un gtand commerce. M. De la Hire & M. Des
Places marquent fa différence du méridien de Paris
i îh 43'; mais le P. Boudier , Jéfuite, qui y a de-
meuré long-temps, par phifieurs obiérvations du
premier fatcllit; de Jupircr, ne trouve la différence
moyenne entre les plusfures de ces obfer varions que
de 5*1, 41', 16', ce qui fait pour la longitude de
cette ville lojJ, 15', 50', & non pas io5<i,'^3<î', 50",
comme il réfulre des Tables de M- De la Hire & de
M. Des Places. Je fuppofe toujours la longitude de
Parisde iqJ, 51' jo", comme M. CaffiniVa déter-
- minée fur les obfervations du R. P. Feuillée , Mi-
nime, & non pas 19^ , 51', 35", comme la marqué
M. Des Places.
|Cr CHANÉE. f. f. Dans les Manufadures en foie ,
cannelure pratiquée à rcnTuple, qui fert au métier
de l'étoffe en foie. Elle fert à recevoir dans fa ca-
vité le comportent, & à fixer & rarêter le com-
mencement de l'étoffe ou de la chaîne , quand on
plie fur l'enfuple. Encycl.
CHANEL, f m. Vieux mot qui s'eft dit pour canal,
d'une rivière. Alveus.
CHANFREIN, f. m. C'eft la partie du devant de la
tête du cheval depuis le dellbus des oreilles jufqu'à
la bouche, en defcendant par l'intervalle des deux
fourcils Frons equina.
Ce mot vient àt camus S<. àc frenum. Mlnage,
Chanfrein-blanc , autrement Belle -face , eft une
marque blanche qui règne le long du chanfrein du
cheval, c'eft à-dire , depuis fon front julqu'à fon
nez, Frons equina a' là macula fî^nata.
Chanfrein eft auffi l'armure du cheval qui couvre
cène partie, quand il eft fous un Cavalier armé de
toutes 'ç'\è.ct%. Equina frontis tei:umentum,'Lç%V\\x-
mafliers le difent pareillement du bouquet de plu-
îîies qu'on met fur la tête des chevaux -, & les Sel-
C H A
lisrs , des pièces de cuir ou d'étoffe qui couvrent
cette partie.
Chanfrein. Terme d'Horlogerie. C'eft une piè;e , une
petite crénure faite en cône , dont on abat les '
quarts.
Chanfrein , en termes d'Architedure , eft un orne-
ment ou dcuii-creux , qui eft moUic moindre que la
fcoric. Suia^iulcus columniz. On l'appelL autre-
ment ejcape. C'eft auliî le pan qui fe fait par l'arrête
rabartue d'une pierre , ou d'une pièce de bois :on le
nomme autrement bijcau. Obli^ui angul.ua. lapidis
extremitas,
gO" Ce terme , pris pour fignifier une furface qui fe
termine par un tranchant, eft quelquefois employé
en Botanique dans la defcription de certains truits.
CHANFREINDRE , ou Ebifeler un trou avec une
fraife , c'eft le faire en cône. Thiout , Traiié de
{'Horlogerie. Chanfreiner eft plus ufité.
CHANFliEINER. v. a. Terme deMe.nuili.r Vautres
Ouvriers. Couper le bout d'une planche de biais.
Rabattre une des arrêtes , & généralement faite un
chanfrein. A^trem obliqu'î angulare.
Chanfreiné, ee. p3.ft..0éliquc anguUtus. On trouve
ce mot dans l'Art de tourner y&c, par le P. Plumier.
tfr CFIANFRER. Ce terme eft auiIi ufité parmi les
Ouvriers qui travailLnt les métaux, pour dire, for-
mer fur l'extrémité d'un rrou une efpèce de bifeau,
qui fe remplit par la tête du rivet qu'on y refoule
à coups de marteau.
iO- CHANGANAR. Royaume de la prefqu'île de
Malabar , dans les montagnes de Jate , avec une
Capitale de même nom.
^ CHANGANOR. Ville & pays des Indes dans la
prefqu'île de Malabar, au midi des Etats du Sa-
morin.
§C? CHANGCÉ. Ville de la Chine, dans la pro-
vince de Chanfî. Lat. 57J 8'.
§C? CHANGCHEU. Ville de la Chine i dans la pro-
vince de Kianli. ^oyei^ Cantcheou.
IKJ" Changcheu. Ville de la Chine, dans la pro-
vince de Kiagnan ou Nanquin , dont elle eft la
cinquième métropole. Elle eft de z^ 50' plus orien-
tale que FÉkiN. Lat. 51^ 45'.
tfT Changcheu. Ville de la troifîème métropole de
* la province de Fokien. Elle eft d'un degré 10' plus
mentale que de Pékin. Lat. 14^ 41'.
^ CHANGCING. Ville de la Chine, dans la pro-
vince de Xantong ou Chanton. Elle eft par les
3 5'' ^6' de lar.
tfJ- CHANGCO, Ville de la Chine , dans la pro-
vince de Honan. Lat. ^^'^ 19'.
CHANGE, f. m. Action. de changer une cliofe contte
une zmic. Permutdtio. ^fj Le mot de change marque
fimplement l'aétion de changer dans un fens abftrait,
qui cxclud tour rapport & toute idée acccflbire.
C'eft peut-être pour cela qu'on ne l'emploie pas à
dénommer direéfement aucune efpèce; car on ne
dit pas le change d'une chofe , & qu'on l'emploie
néanmoins dans toutes les efpèces , en régime indi-
red, avec une prépolition , pour indiquer l'effentiel
de l'acre, enforte que , dans toutes les occafions,
on dit également bien , perdre ou gagner au change.
Troc , échange & permutation fervent à dénommer
les efpèces ou façons de changer les chofes les unes
pour les autres. Troc fe dit pour les choies de fer-
vice 5c pour tout ce qui eft meuble. Ainii l'on fait
des trocs de chevaux , de bijoux , d'uftenfîles.
Echange fe dit pour les terres, les perfonnes, tout
ce qui eft fonds. Ainfi l'on dir des échanges d'états,
de charges, de prifonniers, &c. Permutation n'eft
d'ufage que pour les biens & titres ccclèlîaftiques.
On /)<rr/;z«/£f une Cure , un Canonicat , un Prieuré »
avec un aurte Bénéfice.
Ce mot vient du latin cambitio , camhium & cam-
/zVwj, qu'on a dit dans la baffe latinité dans le mê-
me fens , auill-bien que concambio Se contracam~
bium , pour dire, contre-change. Du Cange.
Change ié dit auffi en Morale, & fignifie Change
ment. Mutatio. Ua inconftant aime k change. Ce
mot
C H A
tnot efl plus u/icé en Poëlie qu'en profe : & même
en Poefie on ne s'en doit Icrvir que rarement , à
moins qu'il ne foit employé dans quelque jolie
façon de parler.
// n'ejl permis d'aimer le change
Que des femmes & des habits. Malh. & Rac.
Change lignifie quelquefois la menue monnoie qu'on
donne pour de la groilè, Pecunia permutatio , com-
mutatw. Il m'eft venu demander le change d'une
quadruple. On ne le dit plus en cj icns.
Change iignifie audi le commerce d'argent qu'on fait
en donnant de l'atgent dans un lieu , pour le re-
mettre ou le faire tenir en un lieu éloigné. Fu/>/ica
pecunix commutatio. Ce Banquier exerce le change
avec honneur, il entend bien le change.
Change efl: aufii un proht qu'un Banquier ou un Nc-
gociant a droit de prendre d'une fomme de deniers
par lui reçue, pour laquelle il tire une lettre de
change payable en quelque lieu, &: par une autre
perfonnc , tant pour le falaire de fa négociation ,
que pour l'intérêt de fon ■x'i'^^zxiX., permutâtes pecu-
ni(Z iij'ura. Ce profit n'ert; jamais cgal, &: efl; quel-
quefois de deux, trois, quatre, ou de dix ou quinze
pour cent , fuivant que l'argent efl: rare, ou que l'aloi
des efpèces eit différent. Le change fe règle fui-
vant l'ufage de la place , du lieu où les lettres font
payables.
Ce mot vient dî ce que ce profit ou intérêt change
toujours, & n'elf jamais égal -, ou de ce qu'il efl: tan-
tôt haut &: tantôt bas -, ou bien de c; qu'on change
fon argent contre une lettre , ou qu'on change de
débiteur.
Le change mrnu , qu'on appelle quelquefois pur
ou naturel, ou commun , ou manuel, efl: le chante
qui fe fait tous les joins &: à tous momens, cr- laveur
des Marchands &; des Voyageurs, qui, voulant avoir
de la monnoie pour de gro(fes pièces d'or i?,: d'argent ,
ou certaines efpèces pour d'autres , donnent quelque
petit profit ci ceux qui leur font ce change.
Le c/zii/zge réel , que quelques-uns appellent mer-
cantile ou mixte, efl: celui qui fe fait par lettres de
change £' négociation d'argent de place en place.
Le change léc , Cambium (iccum , qu'on nomme
feint, ou impur, eft celui qui n'a que le njm &
l'apparence du change : &c c'efl: pour cela qu'il eft
appelé fec, c'eft-à-dire , qu'il ne donne aucim titre
& fondement légitime pour prendre quelque profit,
& n'eft qu'un pur prêt Se ufure palliée. Ainfi ,
quand fous le nom de char:ge on prête de l'argent ,
& qu'on prend quelque choie au-delà du capital ,
à caufe du feul délai du payement, c'eft un change
fec. CONFÉR. ECCL. DU DiOC. DE CoNDOM.
Le change du pair fe dit quand il n'y a tien à per-
dre ou à gagner entre les Cambiftes , &c quand pour
un louis d'or qu'on donne en un lieu, on en reçoit
un autre en la même efpèce dans une autre place.
• Gratnita pecunia commutatio Les Auteurs qui ont
traité du change , font Boycr , dans fon Arithmétique
des Marchands ; Le Gendre , dans Ton Arithmétique
en perfcclion ; Barrême , dans fon Livre du Grand
Commerce ; Savari , dans fon Parfait Négociant ; Sa-
muel Ricard , dans fon Traite du Commerce , Sec. Le
■ change eft gros d'ici à Rome, à caufe de la diver-
(îté des monnoies.
Lettre de Change , eft une refcription que donne un
Banquier ou un Marchand pour faire payer à celui
qui en fera le porteur , en un lieu éloigné , l'argent
qu'on lui compte au lieu de fa demeure. Publica
pecuniœ permutatio , Aîenfarii chirographum ad pe-
cuniam ab alio menf^rio alio in loco accipiendam ;
Cambium nationale. Quelques-uns appellent change
Jec , les lettres de chaiife qui fe donnent fans faire
aucun tranfport de deriers. Il y a quatre fortes de
lettres de change : la première , pour valeur reçue -,
la féconde, pour valeur en marchandifcs -, la troi-
fième ,pour valeur de moi-même; de la quatrième ,
ti pour valeur entendue. Les lettres de change font
Tome II.
C H A
4^7
payables, ou à lettre vue, ou à tant de Jours de vue,
ou à certain jour nommé & précis , ou à uiancc , qui
eft un mois, ou àaouble uiance , qui eft de deux
mois. Elles i.ont auili payables au porteur ou à ion
ordre. L'origine des lettres de change eft v^^^nue des
Juifs i lorlqu'ils furent chalfcs de France fous Phi-
lippe Auguftc en ii 8 1 , & Philippe le Long en 1 3 Kf,
Elles furent miles d'abord en crédit à Ly'on. D'au-
tres en font remonrer l'origine jufques fous Daso-
bert, l'an ^40 qu'il chalia 1 s Juifs de France. Les
billets de change font differens des lettres de chan-
ge , en ce que les lettres de change Je font pour ar-
gent fourni & reçu eiféétivernent \ au lieu que le
billet de change eft caufé pour valeur reçue en une
autre lettre de change qui eft fournie en même
temps & en certain lieu fur certains Marchands.
Ces bi kts font lujcts aux mêmes diligenc^cs que
les lettres de change, & doivent être demandés
dans les dix jours de l'échéance & de l'accepta-
tion , après lequel temps il n'y a plus de recours
fur le tireur; à la rcferve qu'il fuftit de faire pour
ceux-ci de fimples Ibmmations , au lieu d'un protêt
en forme. Tous les tireurs de lettres ou billets de
change , donneurs d'ordres ou d'aval , accepteurs ,
ou fouicripteurs, peuvent être contraints par corps.
Les Bonzes du Japon donnoient des lettres de
change pour l'autre vie. Ils donnoi.nt des lettres
de change en faveur des morts. Idim.
Place du change eft un lieu public dans les villes
de commerce, où les Marchands & Banquiers s'af-
feinblcnt pour exercer leur commerce d'arj^ent.
Forum argentarium. A Lyon on l'appelle abfolu-
meni le Change , la loge du Change ; à Amfterdam
& autres lieux, la Bourfe. AParis^on l'appelle lîm-
plcment la Place. On ne fouifre pas qu'un Mar-
chand qui a tait faillite entre dans la loge du
Change. On appelle auHi le Pont au Chinge \ Pa-
ris, le pont où demeuroient autrefois les Chan-
geurs. Pons argaitarius.
Change fignifie encore la banque , ou le lieu où fe
fait précifcment le Change. Menfa. Aller au Change.
Le Change eft ouvert , eft fermé , eft plein de monde.
Change, en terme de Vénerie, fe dit quand des chiens
qui pourfuivoient un cerf ou quelque gibier, le quit-
tent pour courre après un autre qui lé préfente
devant eux. Erratio feu canum , feu venatorum in
perfequendo cervo adventitio pro eo quem jam ali-
quamdià perfecuti fuerant; aberratio. Cette meute
ne prend point le change. Il eft oppofé à droit , qui
eft le premier gibier qu'on a poarfuivi. Garder le
change , c'eft luivre toujours le même gibier. Pren-
dre le change, c'eft en fuwie un nouveau. Un vieux
cerf donne le change, & laiffe fon écuyer à fa place.
On le dit auffi d'un lièvre, lorfqu'il fe dérobe des
chiens , &c leur donne à courre quelqu'autre lièvre
à fa place.
Change , fe dit auflî en termes de Fauconnerie , lorf-
que l'oifeau quitte fon entreprife pour une nou-
velle, ou lorfqu'il prend des pigeons, ou d'autre
gibier qu'il ne doit pas voler. Erratio accipitris.
En ce fens, on dit figirément qu'un homme a pris
le chaw^e^a^u' on up a donné le change ,c,\i3.nà on lui
a fait quitter quelque bonne affiire po'ir en pour-
fuivre une autre qui lui eft moins avantageufe.
Aberrare , falli , hallucinari , alio adduci. Il eft aifé
de faire prendre le chin<^e à fon adverfaire, quand
il p'.ft pas ferme fur fcs principes.
Un hom.me prend le change , lorfque dans une
difpute, dans un raifonnement , dans la négocia-
tion d'une aff-Jre , il fort de fon fujer pour s'atta-
cher à des chofcs dont il n'eft point queftion,
Acad. Franc.
On a donné le change aux ennemis , on a fait lèm-
blanr de marcher à droit , 6v' on a pris à gauche.
On dit proverbinlemcnr, rendre le c^a/zp-c' à quel-
qu'un , lui donner fon change ; pour cijre ^ [yj répli-
quer fortement , lui rendre la pareille. Par pari
referre.
CHANGEANT, ANTE, adj. Qui chance fouvent.
H h h
CH A
lit proprement de ce qui eft inconftant.
wlnlis , inconjtans. Les tcmmes l'ont d'hu-
On le d
Levis , nw . _,
meur changeante. Voiià un temps bien changeant
fort inconlbnt. On ne fauroit nier que la langue
françoilc ne (bit tort changeante ; nons changeons
de langage prcfqu'auin Ibuvent que de mode. La
langue^clpagnole le lent en quelque manière de la
confiance &c du flegme de la nation : elle ne fait
ce que c'eft que de changer, Bouh. Ce qui nous
rend li changeans dans nos amitiés , c'eft qu'il eft
trop mal-aile de connoître ceux que nous aimons.
RocHiF. La Fortune eft changeante; & je n-e fuis
moi-même ( Darius ) qu'un trop illuftre exemple de
fon inconftance. Vaug.
Itr Une /ei;ère , dit M. l'Abbé Girard , ne s'attache
pas fortement. Une inconjiante ne s'attache pas
pour long-temps. Une volage ne s'attache pas à un
feul.' Une changeante ne s'attache pas au même.
; La légère fe donne à un autre , parce que le pjc-
- ) mier ne là retient pas \ Vinconjiiinte , parce que Ion
( amour eft fini -, la volage , parcre qu'elle veut goù-^
' ter de pluficurs -, &c la changeante , parce qu'elle
en veut goûter de diffcrens.
Les hommes font ordinairement plus légers &:
plus inconjtans que les femmes i mais celles-ci font
plus volages & plus changeantes que les hommes :
ainli les premiers pèchent par un fonds d'indiffé-
rence qui fait cefler leur attachement ^ & • les fé-
condes par un fonds d'amour qui leur lait fodhai-
ter de nouveaux artachemcns.
Couleur changeante , eft une couleur qui change
fuivant la difterente lumière qui lui eft eft oppofce.
Color variiis. Les couleurs de l'iris , de la gorge
de pigeon ,' font changeantes. Taffetas changeant
eft celui qui paroit de^différentcs couleurs , parce
que la trame eft d'une couleut , &: la chaîne d'une
autre.
CHANGEMENT, f. m. Transformation, converfion
d'un corps en un autre. Mntatio , immutatïo , per-
mutatio. Le changement de la femme de Loth en
ftatue de fel , fut une punition divine. Toutes les
chofes de la natute fe corrompent, il s'y tait de
perpétuels changemens.
Changement fe dit auffi des chofes accidentelles,
des révolutions, de la vicilîltude , IfT àt tout ce
qui altère l'identitc des êtres ou des états : c'eft
le partage d'un état à un autre. Les changemens
de temps font ordinaires en ces climats. Les chan-
gemens de mode font communs en France. Le chan-
gement de vie. Le changenent d'opinions. Envi-
fagez cette fuite continuelle de changemens qui
arrivent , Se dans nos corps , par la défaillance de
la nature , & dans nos âmes , par l'inftabilité de
nos defirs. Flech. L'homme eft avide de chofes
nouvelles : il aime le remuement & le change-
ment . Mont. Le changement d'un Amant ne doit
pas s'attribuer au deffein d'une infidélité méditée :
e'eft qu'on fe dégoûte avec le temps. S. Evrfm.
Te regarderai votre changement avec autant de
mépris que de tranquillité. Vill.
Ainji de vos defirs toujours reine ahfolue ,
Les plus grands changemens vous trouvent réjblue.
Corneille.
|13° Changement & Variation , conlîdérés dans une
fignifîcation fynonyme.
IJCr" La Variation , dit M. l'Abbé Girard , confîfte
à être tantôt d'une façon &; tantôt d'une autre.
Le changement confîfte feulement à cçffer d'être
le même.
Les variations font ordinaires aux perfones qui
n'ont point de volonté déterminée. Le change-
ment eft le propre des inconftans.
On dit proverbialement : changement de propos
téjouit l'homme , pour dire , qu'il ne faut pas
tou'ours parler de la même chofe. Changement de
corbillon fait ai-ipctit de pain bénit -, pour dire ,
«.ue la nouvLautc eft une cfpècè de ragoût. On dit
CHA
aufTl , changement de temps , entretien de for ,
qui eft un proverbe efpagnol : Mudança di tiem-
pos , hordon de necios.
^fT CHANGER. Ce verbe , quelquefois aétif , quel-
quefois neutre, dans une fignifîcation générale, fait
naître l'idée d'une choie qui ceiîê d'être ce qu'elle
étoit , qui pa/ic d'un état .à un autre ; mais cette idée
générale eft différemment modifiée dans les diffé-
rentes acceptions du verbe. Foye^ Changement.
ifT Changer, v. a. Convertir une chofe en une autre
tranfmuer, faire changer de nature. Mu tare, conver-
tere , tranfmutare. Aux noces de Cana , Jefus-Chrift
changea l'eau en vin. La femme de Loth fut changée
en ftatue de fel. Dans le facrement de l'Eucharift'ïe ,
le pain & le vin fe, changent au corps & au faftcr
de Jefus-Chrift. Les Alchimiftes prétendent chan^ef
les métaux en or. "
ifT Changer fe dit aufTi adl:ivement dans la fignifî-
cation de quitter une chofe pour une autre, le dé-
faire d'une chofe pour en prendre une autre à la
place. Changer une chofe pour une autre, contre
une autre. Aliquid mutare aliquâ re. Il a chan<yi
Ion chapeau vieux pour un neuf II a chancre tes
tableaux contre des meubles. Ici il a quelque^'cliofc
de la lignification de troquer.
f^ Changer fe dit dans un fens à peu près le mê-
me , pour , fubftituer une chofe à une autre. Cette
femme a changé Ion Amant pour un autre. Sufficert
aliquem alteri , in locum alterius. On nous a changé
notte vin.
IJCF Changer fîgnifie encore donner une nouvelle
forme , un nouvel arrangement aux chofes. Faire
prendre de nouveaux fcntimens, de nouvelles incli-
nations aux perfonnes , en Ibrtc que ces chofes &
ces perfonnes ccffent d'être ce qu'elles étoient aupa-
ravanr. Cet homme 2. changé toute fa maifon. Cet
Auteur a changé le plan de fbn Ouvrage. Cet évé-
nement a changé la face de l'Etat. On'dit en pro-
verbe , que les honneurs changent les mœurs. Ho'
nores mutant mores.
Le temps , qui change tout , change au£i les humeurs.
BoiL.
^ Changer, v. n. terme relatif au pnffage d'un état
à un autre , ic dit des chofes dont l'identité eft al-
térée , ou qui ceficnt d'être les mêmes. Ch.anfer
d'humeur , de caractère, de conduite: c/^^wo'er d'ctar,
de pioteliion. Changer de vie •, changer de bien en
mal , de mal en bien. Mutari in pejus , in melius.
Changer de pays , d'air. Changer de place. Mutare
locum , ou mutare Je loco. Changer de deffcin. Mutare
animum. Platon ne trouvoit rien plus domma^jea-
ble à la ibcictc , que d'accoutumer les jeunes gens
.à changer , même dans leurs amulcmens -, parce qu'ils
viennent enfuite à méprifcr les anciennes confti-
tutions. Mont.
Jamais un Affranchi n'ejl qu'un Efclave infâme ;
Quoiqu'il chànve d'état , il ne change /jo/w; d'ame.
Corn.
0^ Changer s'emploie quelquefois abfolument.
Le temps changera , fi le vent vient à changer. Les
modes changent; tout change dans ce monde.
On le dit de même pour changer de conduite»
de fentimens. Vous changerez un jour.
Sa flamme à tous momens peut prendre un autre cours;
Et qui cha.nr;e une fois , peut changer tous les jours.
QCJ" Changer &: varier, confidércs dans une fignifî-
cation fynonyme. Varier , c'eft être tantôt d'une
façon, & tantôt d'une autre. Changer , c'eft cefler
d'être le même. C'eft varier dans fes fcntimens , que
de les abandonner 5c de les reprendre fuccefTivemcnt.
Cc(ï changer d'opinion, que de rejeter celle qu'on
avoir embraflce pour en fuivre une nouvelle. Ceux
qui n'ont point de volonté déterminée , font liijers à
varier ; changer eil le propre des inconftans. On
CH A
n'a point de peine à changer de dodrine, quand
on eft plus attaché à la fortune qu'à la vciité.
ffT Les Vocabulifks en font aufli un pronominal
réfléchi, au propre & ou figuré. Au propre : fon teint
ne s'eft pas changi. Au figuré : fcs idées ne fe chan-
giTont plus. Nous obf rverons, en paflantjque ces
façons de parler font très- mauvaifes, & plus que
furannées.
Changer j en t:rmcs de Marine , a pluiîeurs fignifî-
cations. Changer les voi4es , c'eft mettre un côté
de la voile au vent , au lieu que l'autre côté y étoit
avant ce changement. Changer \:$ voiles de l'avant
& les mettre fur le mât , c'cit brader tout- à- fait les
voiles du mât de milaine du côté du vent -, ce qui
fe fait afin qu'il donne defius , &: que le vaifTeau
étant abattu par-là , on puilfe le mettre en route.
Changer de bord , ou virer de bord , c'eft mettre un
côté du vaiiléau au vent pour l'aiitrc, afin de changer
de route. Changer l'artimon, c'eft faire paflcr la voile
d'artimon avec fa vergue d'un côté du mât à l'autre.
Changer le quart , c'eft fiire entrer une parrie de l'é-
quipage en fervice , en la place de celle qui étoit de
garde , & qu'on relève. Changer la barre , c'eft met-
tre la barre du gouvernail du côté oppofé à celui
où elle eft.
ÇCT Changer de main , changer un cheval , termes
de maïKge. C'eft porter la tête d'un cheval d'une
main à l'autre ,1a tourner de gauche à droite ,ou
de droite à gauche.
On dit proverbialement , il a changé fon cheval
borgne contre un aveugle , pour dire , changer une
chofe mauvaife cont^rc une plus rnauvaife encore.
On dit auifi , il change comme un caméléon , à
caufe d'une vieille §;pinion , qui faifoit croire que
le caméléon changeait fouvenr de couleur. On dit
auifi d'un enfant qui ne rcffemble point à fes pa-
rens , qu'il a été change en nourrice. On dit auffi
que le temps changera , quand on voit quelqu'un
ftire une chofe fort contraire à fon genre de vie
ordinaire.
On dit auffi proverbialement & figurémcnt, chan-
ger de note , pour dire, changer de façon de faire
ou de parler. Ac. Fr,
Changé , Ée. part. Mutatus , immutatus , commutatus ,
permiitatus, Scion les diverfes lignifications du verbe
changer.
On dit qu'un homme eft bien changé ,qn''ûn'e{\:
pas reconnoinàble -, pour d're , qu'il a été fort ma-
lade, qu'il eft fort défiguré. On le dit auflî en mo-
rale de celui qui a changeas genre devie,foiten
bien , foit en mal.
CHANGEOTTER. Fréquentatif de changer. Changer
fouvent > à tous momens. Fre.^ venter mutare , per~
miitare , &c. Il eft bas & hors d'ufage.
tfS" CHANGEUR, f. m. Celui qui eft prépofé en titre
d'oftice pour changer les efpèccs d'or & d'argent,
recevoir les monnoies anciennes , étrangères , dé-
fedtueufes ou altérées , & en donner le prix à ceux
qui les portent.
^fT Les Changeurs font obligés d'envoyer aux hô-
tels des monnoies toutes les efpèces défeducufes
qu'ils ont reçues. M(.iijarius , nommularius. Comme
le change de l'argent eft une chofe qui regarde le
public, & d'une grande conlcoucnce pour le bien
de l'Etat , nos Rois fe font appliqués dans tous les
temps à régler le nombre des Chanc^eurs , & l'exer-
cice de leur charge. Voye^ VEdit d'Henri III , en
1580; les Lettres-patentes du lo jioàt 1581 \la Di-
claration du 17 Ociolre de la même année; l'Edit
du 19 Décembre nrSi ; F F dit d'Henri IV de 1601 &
de ï6o7. Chez les Romains c'étoit par le miniftère
des Chancrevrs que fe fail'oienr les charges, les dé-
pôts , les achats , les ventes , les prêts : les Chan<ieun
faifoient prefque toutes les fonéVions de vo% Chan-
geurs,àt nos Banquiers & de nos Notaî-'f-s.
On a appelle autrefois le Tréforicr du Domaine
Changeur du tréfor , jufqu'à ce que Franço's I , en
fa place, créa en 1545 ^^i^e recettes générales de
toutes Ibrtes de deniers.
C H A
427
On dit proverbialement d'un homme qui paye
bien, qu'il paye comme un Changeur , parce que
les Changeurs payent comptant, & qu'un homme
eft riche comme un Qiangeur , quand on lui voit
beaucoup d arizent comptant.
C^ CHANGGAN. Petite ville de la Chine dans
la Province de Peking , par les 40^ \6' de lati-
tude.
^ CHANGHING. Ville de la Chine dans la Pro-
vince de Chekiang , au département de Hucheu.
Lat. ^l'I iz'.
^- CHANGHOA. Ville de la Chine dans la Pro-
vince de Chekiang , au dcpartemenl de Hangcheu.
Lat. 5 ci 6 ,
0a* Il y a une autre ville de ce nom dans la Pro-
vince de Quangtung ou Quanton, au département
de Kianchcu. Lat. 19'* zi.
Ip» CHANGKIEU. Ville de la Chine , dans la Pro-,
vince de Chanton. Lat. 57'! 10'.
03" CHANGLO. Il y a trois villes de ce nom : l'une
dans la Province de Chanton , département de
Cincheu ; l'autre dans la Province de Fokien , dé-
partement de Focheu-, & la troilième dans la Pro-
vince de Quanton, au département de Hoeicheu.
Ip- CHANGLY. Ville de la Chine dans la Province
de Peking , au département de Jungping. Lat. 3p>i
58'.
îfT CHANGNING. Il y a quatre villes de ce nom :
la première dans la Province de Suchuen ou Sou -
choiicn , au département de Sioucheu ; la féconde
dans la Province de Huquang , au département de
Heugcheu ; la troilième dans la Province de Kianf >
au département de Canchcu -, & la quatrième dans
la Province de Quanton , au département de Hoei-
cheu.
ifr CHANGTÉ. Ville de la Chine dans la Province
de Honan , dont elle eft trohicme Métropole , à
^■j^ de latitude.
\fT Changté. Ville de la Chine dans la Province
de Houquan , à 29J 58' de lat.
^ CHANGUN. Ville de la Chine dans la Province
de Chenfi , département de Sigan. Lat. ^^6^ 54'.
0C? CHANGXA. Ville delà Chine dans la Province
de Houquan , dont elle eft MétroDole. Lat. zS'' jo'.
0a- CHANGXAN. Ville de la Chine dans la Pro-
vince de Channton,départementde Cinan. Latitude
37^8'.
=p" CHANGXO. Ville de la Chine dans la Province
de Nankin , département de Sucheu, Lat. 31^ 16'.
0Cr CHANGYANG, Ville de la Chine dans la Pro-
vince de Houquan , département de Kingcheu. Lat.
^.^ CHANGYE. Ville maritime de la Chine dans la
Province de Channton , département de Laicheu.
Lat. t,G^ 56'.
rr CHANGYVEN. Ville de la Chine dans la Pro-
vince de Peking , département de Taming.
CHANL ATE. f. f. Tetme de Couvreur. Pièce de bois ,
comme une forte latte, qu'on attache vers le bout
des chevrons, & qui faillit hors du mur pour fou^-
tenir deux ou trois rangs de tuiles qu'on met ainfî
en dehors , pour empêcher que la pluie ne tombe
le long du mur , ^ ne le gâte ; en relevant les tui-
les par le bout , en forte qu'elles jettent l'eau plus
loin.
CHANNE , yjyyn , Jonjlon , eft un poiffon de mer qui
relfemble beaucoup à la perche -, la tête eft grèLe,
fon mufeau pointu, toujours entr'ouvert. On trouve
A-. petites pierres dans fa tête. Son corps eft couvert
d'écaillés minces. On l'appelle hiatula , parce qu'il
a toi''ours le mufeau ouvert.
IfT CHANNITE ou CHAMPLITE. Petite ville de
France en Franche - Comté , aux frontières de la
Champagne.
ffr CHANNSI. ( les Portugais difcnt XANSI. ) Pro-
vince qui tient le fécond rang cntte celles de la
partie feptentrionale de la Chine. Cette Province
a cinq villes du prenller rang , qui font autant de
Métropoles.
H h h i;
42.8 C H A
g:? CHANNYoN. ( chezlesPottiigaisXANTUNG ).
Province maritime de U Chine dans la partie Icp-
tentrionalc. Elle contient cinq villes mctiopoli-
taines. Cette Province abonde en Ibie , qu'on trouve
ilir les arbres &: dans les campasu^cs , 6c que don-
nent , non des vers à Ibie qu'on nourrit^ dans les
mail'ons , mais des vers qui reiicmblent à des che-
nilles. On la trouve étendue en lon-s filets blancs
liir les builîbns 6c iur les arbrificaux. Elle n'a pas
la finelfede l'autre eipèce de foie -, mais elle eft d'un
meilleur uier.
^ CHANOINE, f. m. C; mot , dans fa fignification
là plus étendue , lignihc celui qui vit ielon la règle
particuiicre du chapitre dont il. cft membre -, mais
dans l'ulàge ordinaire on entend par Chanoine ^ce-
lui qui poilede une Prébende dans une Egli.c Ca-
thédrale ou Collégiale , c'eft-à-dire , un certain re-
venu aife-lé à ceux qui y doivent faire le Service
Divin. Cinonlciis. Les Cliaizcincs de Notre-Dame ,
de la Sainte-Chapelle , de fainte Opportune. Les
Chanoims des Eglilcs Cathédrales ont quelque
prééminence Iur les autres. Ils font obliges ( en quel-
ques lieux ) à fe f-aire Prêtres lorsqu'ils ont atteint
l'âge requis -, autrement ils peuvent être privés des
di^ributions quotidiennes. Selon Falquier , on ne
connoiffoit point le nom de Chanoine av»ant Char-
lemagne : du moins 11 plus ancienne origine des
Chanoines , fe trouve dans Grégoire de Tours , qui
dit que Baudin , feizième Archevêque de cette ville ,
en inftitua le premier un Collège dans fon Eglhc
du temps du Roi Clotaire I. Car les Chanoines
H'étoiem autrefois que des Prêtres ou autres Ecclc-
fiaftiques inférieurs , qui vivoicnt en commun , &
qui réiîdoient auprès de l'Eglilc Cathédrale , pour
aider à l'Evcque à la deifcrvir. Ils dépcndoicnt de
fa volonté en toutes chofes. Ils étoient nourris^ du
revenu de l'Evêché, &: demcuroient fous Ic^même
toi't, comme étant la vraie famille , ou même le
Confeil &c le Sénat de l'Evêque. Ils furent nu me
héritiers de fes meubles jufqu'en l'an 8i(î ,que cela
leur fut défendu par un Concile tenu à Aix-la-Cha-
pelle , fous Louis le Débonnaire. Ce Concile fit
beaucoup de Rcgleraens à leur égard. Infenlible-
mcn: ces Communautés de Clercs formèrent uri
corps à part , dont l'Evcque étoit pourtant le chef
Il arriva même au X« f.ècie que dans les villes où
il n'y avoit point d'Evèquc , l'on établit de pareilles
Communautés ou Congrégations. On les appela
Colleu,iales , parce qu'on fe Icrvoit^ indifféremment
du mot d-e CongrJgaîion ou de Col/ége -, celui de
Chapitre qu'on donne à leur corps , eft le plus
nouveau. La vie commune. fur établie -dans toutes
les Cathédrales fous la II' Race , & chaque Cathé-
drale avoit un Chapitre dillingué du refte du Clergé,
avec des Supérieurs particuliers. Mais ils n'étoienr
pas dcftinés à une vie aufll peu aélive que celle qu'ils
mènent a-ujourd'hui. On les appela Chanoines , n'on-
feulemenr à caufe de la penlicn qui leur étoir alors
aiïignée , qu'on appeloit Canon , ce qu'en vieux
françois on appeloit auflî Provende , & en latin
Prϕenda, d'oii vient que quelques-uns les ont ap-
pelés Sponutames Fratres -, mais auflî parce qu'on
leur donna des règles ^ inflirutions canoniques ,
félon lefquelles ils étoient obliges de vivre. Ainii
Yves de Chartres dit qu'on les appela Oianoines ,
eb quod canonicas régulas arcîiùs oi'fervare tene-
bantur. M.- de Marca , en fon Hijhirc de Bearn ,
dit qu'ils ont été ainfi nommés , aubd in eanonem ,
/tftt masriculam Eeclefix relati ejjent. Dans la fuite
les Chanoines s'affranchirent de leur règle \ l'obfer-
• vance fe relâcha , & la vie commune ayant ceffé ,
les Chanoines ne laiiTèrent pas de faire corps. Ils
prétendirent n'avoir d'autres fondions que la cclé-
■ bration de rOiïce,.&: cependant ils s'attribuèrent
les droits de tout le Clergé -, d'être le Conléil né-
ccifaire de l'Evêque -, de çrouverner pendanr la va-
cance du iièi^e , & de faire feuls l'cledion. Il y a
îïicme des Chapirres quife font foullraits de la Ju-
ridjftion de l'Evcque , 3: qui ne icconnoiffenr que
CH A
le Pape au-defTus de leur Doyen. A l'exemple dtj
Cathédrales , les Chapirres des Collégial s ont con-
tinué à faire corps , après avoir abandonne la vie
commune. Autrefois le Pape faifoit de« Chanoines
fans prébende , fub expectatione prœiendx , pour
s'affurer de la première prébende vacante.
Du latin Canonicus , nous avons tak première-
ment Canoine , comme l'on prononce encore en Pi-
cardie 5 & enfuite Chanoine. Ménage. Et Canonicus
vient du grec KavaJ» ; car tous généralement tirent ce
nom de là; thais ce mot lignifie trois chofes. 1°. Régie.
z'\ Une certaine penfion, une affignation de quel-
que revenu fixe pour vivre. 3°. Catalogue , matri-
cule. Les uns donc prétendent que les Chanoines
ont été nommés Canonici, à caufe de la règle qu'ils
doivent i'uivre , de la vie régulière qu'ils dévoient
mener ; d'autres dilcnt que c'eft à caufe de la penlion
qui leur étoit afîlgnéeid'autres prérendent que le nom
de Chanoineson Canoniques , le donnoit au commen-
cement à tous les Clercs -, ibir parce qu'ils étoient
ccrirs dans le Canon ou Catalogue A(t l'Eglife, ibit
parce qu'ils vivoient félon les Canons ; mais depuis
on le prit particulièrement pour ceux qui vivoient
en commun, a l'exemple du Clergé de S. Auguftin,
&: avant lui de faint Eusèbe de Verceil. l'oye^^
VHijl. des Ord. Ecclejîajliques,part. U , ch. 1 ,/;. 1 5.
Il y a encore différentes efpèces de Chanoines. Les
CAj//o/72Ci- Cardinaux font àQsChanoines attachés, &,
comme on dit en latin , incardinati-, à une Eglife , de
même que les Prêtres l'étoient à une Paroiflé. Léon IX
en créa l'an 1051 à S.Etienne de Befançon , Se
Alexandre III dans l'Eglife 'de Cologne. Il y en a
eu encore à Magdebourg , à Compoftelle , à Bé-
nevent , à Aquilée , à Ravenne , à Milan , à Pile , à
Naples &: ailleurs. Les Chanoines damoifeaux , Cd-
nonici domicillares croient autrefois les jeunes Cha-
noines ,<\\.\\ n'étant point encore dans les Ordres,
n'avoient point droit de Chapitre. Les Chanoines
cxpeéfans étoient ceux qui, en attendant une pré-
bende , avoicnt le titre Se la dignité de Chanoines ^
voix en Chapitre , & une forme ou place au Chœur.
Chanoines forains ■iforenfes .tCori^ctMx c^\ ne def-
fervcnt pas la Chanoinie dont ils font pourvus ,
mais la font deifervir par un Vicaire. Chanoines
honoraires , ibnt les mêmes que les Laïques. Cha-
noines Manfionnaires , font oppofés aux forains.
Voyei^ Mansionnaire. Il eft parlé dans un Ordi-
naire manufcrit de l'Eglife de Rouen , de Chanoines
de treize marcs. Peut-être étoit-ce le revenu annuel
de leurs canonicats.il y avoit dans l'Eglife de Lon-
dres des Chanoines mineurs ou petits Chanoines t
qui failbienr les fondions des grands Chanoines,
11 y a à Luques des Chanoines mîtrés , qui par un
privilège qui leur a été donné par plufieurs Papes,
&: c6nfi««é par Grégoire IX , portent une mitre.
Les Chanoines àz la pauvreté , Canonici paupertatis.
11 en eft fait mention dans VHifioire d'Aiineci, d'O-
don Gelleius, LzV. /, c. 24. f^^rwo/Tz^ j Réfîdens ,
Rejidentes ,(o-ni\ç% mêmes que les Manfionnaires.
Il y a eu auffi des Chanoines qu'on appeloit Can(y-
nifi adfuccurrendiim. C'étoient des gens qui fe fai-
fbient Chanoines à l'article de la mort., pour parti-
ciper aux prières du Chapitre. Les Chanoines Tei-
t\z\TC'i,Tertiarii , étoient ceux qui ne touchoient
que la troilième partie des fruits d'un canonicàu
IP" Chanoines ad effeclum. Voyez Canonicat.
Chanoine (S'Honneur, Canonicus Honorarius. On
donne ce titre à ceux qui ont été Chanoines-, Si qui
fé font démis de leur canonicat. On le donne en-
core à. des perfonnes notables , lefquelles , fans être
réellcmenr Chanoines, jouiflênt de tous les droiti
des Chanoines , &C ont place parmi eux.
Qiarlemagne ordonne dans les Capirulaires , que
ceux qui fe feroient Clercs , feroient obligés de vivre
canoniquement,& félon la règle qui leur avoit été
prefcrite, obéiflânt à leur Evêque , comme les Moi-
nes obéilTcnt à leur Abbé. Qui adClericatum acct- 1
diint , quod nos vocarni's Cani'nicam vitam , volu-
mus ut illi canonice fecundùm regulam fuam omni-
CH A
mode vivant , & Epifcopus eoriiin regat vitam ,Jlcut
. Abbas Monachouim. Ce hic par cette voie que Wi-
prit du Monachilme s'intvoduifît dans des Eglifcs
Cathédrales. Les Clercs s'ctant ibumis à certaines
règles, devinrent demi-Moines; & au lieu de s'ap-
pliquer cl des iondions purement eccléiiartiqucs ,
la plupart étoient enfermes dans des cloîtres comme
des Moines : on appela même le nom de leurs de-
meures Monalhriutn ; & il ctoit fermé , comme il
paroît par les Statuts jynoduux d'Huicmar , faits
en 874 : en forte qu'il y avoit deux Ibrtes de Mo-
naftcres ; les uns croient pour les Chanouus , & les
autres pour les Moines. Le ciiant devint peu à peu
leur principal emploi. Ils ne confcrvcnt encore au-
jourd'hui prefque que le chant , & les Evoques ne
les regardent que comme des Chapelains.
Saint Chroi:-gand fit au VHP liècle une règle
pour les Chanoines. Nous l'avons encore en 54 ar-
ticles, fans la préface. Elle elt tirée de celle de S.
Benoît, qu'il accommode, autant qu'il p. ut, à la
vie des Clercs , qui fervent l'Eglife. Elle Un reçue
par tous les Chanoines. Il y règle la clôture , les
vêtemens , les pénitences , les domcltiques ou lérvi-
teurs des Chanoines. En 8i(î , au mois de Septem-
bre , la dixième indidlion étant commencée, l'Em-
pereur Charlemagne cxhorra les Evêques aflcmblés
à Aix-la-Chapelle , à drelll-r une règle pour les Cha-
noines , compofée d'extraits des Percs & des Canons.
Cette règle des Chanoines contient 1 45 chapitres ,
donr les 1 1 5 premiers ne Ibnt que des extiaits des
Pères & des Conciles touchant les devoirs des
Evêques Se des Clercs •, après quoi les réglemens du
Concile même , par rapport aux Ch.tnoines , com-
mencent. On trouve certe règle dans les Conciles de
l'Edition du P. Libbe, T. Vil , p. 1514. Ceft le
premier livre du Concile d'Aiu.
Chanoine Régulier. Canonicus Regularis. L-S Cha-
noines Réguliers font des Chanoines qui vivent en
communauté , 5c qui , comm,- des Religieux , ont
ajouté dans la l'uite à la pratique de plufieurs ob-
fervances régulières , la profeilion folcnnrlle des
vœux. On les appelle Réguliers , pour les dillin-
guer des Chanoines qui abandonnèrent avec la v!e
commune la pratique des faints Canons laits pour
fervir de règle au Clergé , & en maintenir l'an-
cienne dilcipline. Les Clercs Ch.inotnes fubfiftèrent
jufqu'au onzième fiécle. En ce temps , quclquesHins
s'en étant icparcs , on les appela iimplement Cha-
noines ; ic ceux qii la retinrent Chanoines Ra^ulicrs ,
comme on a lait depuis ce temps-là , c'efl-à-dire ,
depuis cinq ou fix cens ans. Quelques-uns en rap-
portent l'origine au quatrième Canon du Concile
de Rome , tenu fous Nicolas II , en 1059 , qui or-
donne que les Prêtres, Diacres ou Soudiacros, qui
auront gardé la continence , fuivant la conftitution
du Pape Léon IX , mangeront &: logeront enfemble
près desEglifes pour lefquell s ils font otdonnés,
mettront en commun tout ce qui leur vient de l'Eglile,
& s'étudieront à pratiquer la vie commune & apof-
rolique. Selon d'autres , dès le fixième iiècle , plu-
fieurs Clercs ayant quitté cette manière de vivre en
commun & régulièrement , ceux qui la retinrent
furent nommés Clercs Chanoines , c'eft-à-dire. Clercs
Réguliers , vivans félon les Canons & les règles de
■ l'Eglife i & les autres furenr nommés Clercs Acé-
phales, c'eft-à-dire , fans chef, parce qu'ils ne vi-
voient plus en communa'ité avec l'Evêque.
Les Chanoines Rj'yid'ers font prefque tous
profelTîon de fuivre la règle dite de faint Au-
guftin , adoptée par beaucoup de focictés de
l'un & de l'autre fcxe. Quoiau'ils rcunhrcnt en eux
les différentes fins de l'état clérical &: de l'érat ré-
gulier, on doit les regarder comme faiûnt partie
du corps du Clergé. D'autres croient que ces Cha-
noines Réguliers font infcrieuts aux Chanoines fé-
culiets , à caufe des vœux auxquels ils fe font aifu-
jettis : enforte qu'ils doivent plutôt être comme des
Religieux , que comme faifant partie du corps du
Clergé. On met pourtant quelque différence entre /
CHA 425,
les Chanoines Réguliers ,àc les Moines. La princi-
pale clique les premiers, par leur_état, font appelés
au ibin des âmes : & les autres "feulement a leur
propre fanctification. Ils ont cela de commun qu'ils
ne peuvent plus ni hétiter , ni teiler ■■, mais que
leur Communauté cfl: leur héritière naturelle. Les
Chapitres d'Ufcz & de Pamiers étoient encore , il
n'y a pas long-temps , compofés de Chanoines Ré-
guliers, comme l'ont cté autrefois ceux de quclq'jts
autres Cathédrales.
Saint Bernard fut très -favorable aux Chanoines
Réguliers y donr il fait fouvent l'éloge. Il les pré-
féra aux aurres Chanoines , pour ce qui éroit des
fondions ecclcfialliques. Audi, nonobftant dirfc-
rentcs obfervanccs régulières auxquelles ils fe lont
affujcrtis , & quoiqu'en verru de leurs vœux ils
fuient véritablement Religieux , que plulieurs d'en-
tr'cux vivent en Congrégation , ils fe font pourtant
maintenus dans la polfedion des bénéfices à charge
d'ames. Tout le Droit Canonique leur eit favo-
rable en cela , parce qu'étant Clercs par leur ori-
gine & par leur ctat , ils jouilfent des droirs eifenticls
attachés à la cléricature : lorfque les Conciles ont
exclu les Moines Bénédictins de certaines Cures ,
quoiqu'ils ne les crailênt point incapables parleur
proreiiion du gouvernement des âmes , ils y ont
confervc les Chanoines Réguliers , qui depuis en-
viron zoo ans, font devenus prefque par-tour titu-
laires de leurs bénéfices, comme les féculiers.
Il parut en 1(^99 à Paris une Hiftoire des Chanoi-
nes, ou Recherches Hiporiijues fur l'Ordre Cano-
nique, par le P. Chaponel, Chanoine Régulier. Il
y a un Livre inritulé , De Canonicorutn Ordine
Dijquijîtiones , dont le but principal efl: de mon-
trer la différence que l'on a toujours mife dans l'E-
glile enrre les Moines &: les Clercs , ou les Cha-
noines Réguliers , dont il établit d'abord l'anti-
quité -, fur quoi il diftingue quatre fentimens. Le
premier , qui eft nouveau , félon cer Auteur , &: qu^
notre liècle a , dit-il , produit , veut que l'Ordre des
Chanoines Réguliers n'ait commencé que dans le
onzième fiècle. Le fécond le fait remontet jufqu'au
temps de Louis le Débonnaire & au Concile d'Aix-
la-Chapelle tenu fous cet Empereur. Le troilicme
en attribue l'inllitution à S. A.uguftin. Le quatrième
fuppofe qu'ils font , quant à leur manière de vie ,
les fuccefleurs des Apôtres & des premiers Clercs
de l'Eglife. Ceft ce dernier fentimcnt que l'Auteur
de cet ouvrage embralfe , après avoir tâché de ré-
futer les autres , & de montrer en particulier , que
S. Auguftin n'eft pas le premier qui ait inftitué des
Chanoines Réguliers , pas môme en Afrique ; & il
prétend qvi'à conlidérer les trois états différens dans
lefquels vivent les Chanoines Réguliers en com-
munjiuté , en particuliet, dans des Paroiffes , ou
bien attaches à des Eglifes fcculiètes dans Icfqucllcs
ils ont des prébendes , leur vie ne peut paifer que
pour un: inftitution apoftolique , & une fuite, une
imitation de la manière de vie des premiers Clercs
établis par les Apôties. L'Auteur de l'Hiftoire des
Chanoines eft dans la même opinion, & tache de
montrer cette defcendance.
Les Chanoines Réguliers ont eu de tout temps
des conteftations au fujet de la prcféance au-deifus
des Moines , qu'ils prétendent , comme fondés par
les Apôtres , éc faifant partie du Clergé. Pie V ,
par une bulle de l'an I5;<?4, ordonna que les Cha-
noines Réguliers de Larran , qui elf la première
Eglife de Rome , prccéderoient les Moines du
Mont-Caffin ; mais les autres Chanoines Réguliers
font précédés à Rome dans les cérémonies par les
Bénédidins, les Camaldules, les Religieux de Ci-
teaux , ceux de Vallombreufe , les Feuilians ,
&c.
L'habit des Chanoines Réguliers doins le XlP/îèclc
étoit une aube , qui a depuis été changée en ro-
chet , ou en ilirplis , Se en tout temps une chape
fermée , à laquelle a fuccédé l'aumuife pour l'été ,
& la chape ouverte en hiver. L'ufage des bonnets-
4^0 CHA
elt moderne -, 5c ce n'ccoit d'abord qu'une cfpèce
de calotte, ^, . n ,■
Ceux qui ont traité des Chanoines Keguùers ,
outre les Auteurs déjà cités , l'ont Gabriel Pcnno-
tus , Chanoine Régulier , Hijioria Canonicornm Re-
çrularium, à Rome i6i^.in-foL Jean-Bapt. Male-
garus , Chanoine Régulier aulfi , Inltitiua & pros^rej-
Jus CUricalis Lanonic. Ordinis , contre le P. Cel-
lot, à Veni/e en 1^43- Jean-Bapt. Sijjnius autre
• Chaiwine Rcgulur ; De Oniine& (Inu C.inomco ,
à Bouloç^ne en i<îoi. Le P. Du Moulinet a donae
les fi<rures de differens habits des Chanoines Ri-
eidiers , à Paris' en i666. Tout le fécond tome de
la nouvelle Hijbire des Ordres MonaJIi^ucs eft em-
ployé a celle des Chanoines R:guUers, de leurs dif-
férentes Com^régations , tant d'hommes que de
filles , & des Ordres militaires qui y ont rap-
Chanoine- Moine, f. m. Canonicus Monachiis. On
croit , & il eH: bien vrai-lcmblable , que les Cha-
nomes-Moines n'ctoient point dinferens des Cha-
noims-Re^idiers , Se que les Chanoines ont ctc ap-
pelés Moines. Anaftife le Bibliothécaire, dans la
vie de Grés^oire IV , dit que ce Pontife ayant hit
rétablir la 'Bafilique de Sainte Marie au-delà du
Tibre , y mit des Chanoines-Moines ; & on lit dans
un vieux Pontifical de S. Prudence, Evêque de
Troyes , que dans le premier Mémento de la Meflc
on y faifoit mention des Chanoines-Moines de cette
Ei^liie. Hijloire des Ordres Mjnajïiques & Rel.f.
^^. ch. i8.
Ilya auffides Chanoines Laïques ■> ov\ Séculiers ^
qui ont été reçus par honneur &c par privilèges
dans quelques Chapitres de Chanoines. Canonici
Seciilares , ou Laici. Et ainfi dans le cérémonial
Romain l'Empereur eft reçu Chanoine de S. Pierre ;
les Comtes d'Anjou dans TEglife de S. Martin de
Tours , auiTi-bien que ceux de Nevers. Les Rois
de France , par le feul titre de leur Couronne , font
Chanoines de l'Eglife de S. Hilaite de Poitiers , de
S. Julien du Mans , de Tours , d'Angers & de Chà-
lons -, les Ducs de Berry Chanoines de Lyon. Hum-
bcrt, Dauphin de Vienne], étoit Chanoine de la
grande Eglile. Du Cange.
^ Chaî^o"ines jubilaires ou jubilés, font ceux qu'
jouiflent de leurs prébendes depuis 50 ans. Ils foni
tenus préfens cC reçoivent les diftributions ma-
nuelles,
^ Chanoines majeurs, dans quelques Eglifes , font
• ceux qui pofscdent les grandes prébendes , par op-
poiition à ceux qui ont de moindtes prébendes ,
qu'on appelle Chanoines mineurs.
Se? Chanoines in minoribiis , ceux qui ne font pas
encore dans les Ordres facrés. Ils n'ont point de
voix au Chapitre, &: font, dans plufieurs Eglifes ,
dans les balfes ftalles , & de bout pendant l'of-
fice, .
On dit proverbialement , vivre comme un Lha-
noine, c'eft-à-dire , paifiblement, dans l'abondance
Se dans l'oifiveté.
Et comme un gros Chanoine, <è mon aifr & content,
Paffer tranquillement, fans fou ci , fans affaire,
La nuit à bien dormir, & le jour à rieu faire.
Boiieau.
Les Chanoines, vermeils & hrillans de fonte,
S'ewraiffent d'une longue & fainte oifiveti. Id.
CHANOINESSE. f £ Filie qui pofsède une prébende
affeûée à des filles par la fondation , fans qu'elles
fuient obligées de renoncer à leur bien , ni de faire
aucun vœu. Canonica yirgo , Canonica. On n'en
voit guère qu'en Flandre, '^en Allemagne & en Lor-
raine! Les Chanoinefes de Remiremont. C'eft au-
îourd'ui plutôt un Séminaire, & une retraite honnête
de filles à marier , qu'un engagement pour le Ser-
vice de Dieu, Le Concile d'Aix-la-Chapelle en 8i(î,
fit une règle pour les Chanoineps , comprifa en zS
CHA
articles Elle eft dans l'édition des Conciles du P.
Labbe, T. Fil , p. i + ^î. C'eft le Ii= Liv. di Con-
cile d'Aix, Le premier eft la règle des Ciianoi-
nes.
Chanoinesse d: S. Au^ièflin, e(l une forts de Reli-
gieufes qui fuit la règle de S, Aaguftin', & q li eft
habillée de ferge blanche , avec un lurplis de toile
fine fur Çx robe , un voile noir fur fa tète , & q lel-
ques-unes une aumu.le fut le bras, Canonicf. fancli
Au^ujiini régula: ad.iicli, mtncipata. Les Chuioi-
neffes de faint Augujlm font fondées , & plufieurs
d'enrt'elles onr des Abbeir:s,
Quant à l'origine des Chanoineffes Régulières ,
on ne peut dire que S, A ig iftin fo't leut inliitu-
teut, A la vérité il établit des Religieufes à H/p-
pone -, & elles purent s'appelet Chanoi/ieffes , Ca-
nonicx ; patce que c'étoit alors la coutum: tant e*n
Orient qu'en Occident , d'appeler Chanoines & Cka-
noineffes tous les Eccléfiaftiques , Moines , Reli-
gieufes, Vierges, bas Oiiiciers de l'Eglife , dom>-
ftiques des Monaftères , & généralement tous ceux
qui étoient compris dans la matricule ou catalogue
appelé canon. Le P, Le Latge , Chanoine Régulier
de France, avoue cet ufage ; mais il foutient que
depuis le Vl= fiècle , il y a eu en Occident des Cha-
noineffes différentes des Moniales , fondées fur l'é-
tablillement d'un Monaftcre fait par faint Fridolia
à Seking, où il mit des Chanoineffes. Mais Baker,
Moine de Seking, du X' fiècle , qui feul rapporte
ce fait , ne femble pas à d'auties devoir être cru.
Les Chanoineffes , difent-ils , étoient inconnues au
commencement du VHP (îècle. Le Concile tenu
en Allemagne l'an 741, ordonna que tous les Re-
ligieux &"les Religieufes luivroient la règle de
s!" Benoît, Le Cipitulaire de Charlemagne de l'an
779 fit la même choie, fans fiire aucune mention
de Chanoineffes. Ce n'eft qu'à la fin du même ficcle
qu'on en trouve quelques vertiges, Foye^ le Con-
cile de Francfort de l'an 794, canon 47, & l'Aîrein-
blée d'Aix-la-Chapelle en 8oz, Le Concile de Cha-
lon-fdt-Saône l'an 815 fit des règles pour les Clia-
noines & pour les Chanoineffes , auHl bien que ce-
lui d'Aix-la-Chapelle en ii6. Par ces règles, i-I
ne paroît point que ni les uns ni les autres paf-
faffent pout enfans de S. Auguftin. Au contraire,
celle des Chanoineffes cft rirée de S. Jérôme, de
S. Cyprien , de S. Athanafe & de S. Cefaire, Il n'y
eft point parlé de la règle de S, Auguftin, Le Con-
cile de Rome tenu en 1060 , par Nicolas II , nous
apprend que jufqu'à cette année l'Inftitut de ces
fortes de Chanoineffes n'avoir été reçu dans aucun
endroit d'Afie , d'Afrique, ni même d'Europe, ex-
cepté dans un petit coin de lAUemagne -, & qu'a-
vant Louis le Débonnaite toutes les Religieufes ,
quelque part qu'elles fulfent , fuivoienr la règle de
S. Benoît, Ainfi l'on voit & le temps &c le lieu de leut
inftitution.
Dès le temps de S, Bafile le Grand , le nom de
Chanoine ffe étoit en ufage. Il y avoit à Céfatée de
Cappadoce un Monaftcre de Vierges que ce Père
appelle Chanoineff'es ou Canoniques. Voyez rHif-
toire Ecclefiafiique de M. Fleury , Liv. XFll ,
n. 9.
On ne peut tien dire de certain touchant l'ori-
gine des Chanoineffes féculières. Il y a-plufieurs Ab-
ïîayes , où pour le moins l'Abbelfe , avant que de
recevoir la bénédiéiion Abbatiale, doit s'engager
& s'engage en effet à la Règle de S, Benoît. Cette
obligation des AbbelTes , &: de toutes celles qui oc-
cupent les ptemières dignités , porta le P. Hélyot
à croire que les Chinoineffes ont été dans la même
obligation , Si qu'elles ne"" font venu es à cet état de
libet'té qu'elles ont préfentement , que par le re-
lâchement qui s'y eft introduit peu à peu. Et en ef-
fet, 11 eft sûr que les (7/za/20î«tr^i' de Remiremont,
de Nivelles &c d'Andennes étoienr autrefois régu-
lières ; préjugé feien fort pour les autres, C'eft aufïï
le fentiment du P, Mabillon, On ne commença à
reconnoître ces filles en France fous le nom de Chd'
C HÀ
noineffes^ qu'au neuvième fiècle. Le Concile d'Ai.v-
1.1-ChapelIc iic en Si(7^ies réglemens pour des fiilcs
qui n'étoient pas (bumiles à la dcfappropriation ,
& que le P. TlionLiilia croit avoir été ces Cbanoi-
nejfes que le Cardinal de Vitry dit être tombées en
décadence. Sut quoi le P. Tlioma/Iin dit que iî ces
Chanoinejj^s euficnt été de quelque inflitut rct^u-
lier, ce Cardinal n'eût pas manqué cette circon-
llance. Mais ce n'ert: pas-là une preuve qu'elles lul-
fenr Icculièrcs , comme elles le font aujourd'hui ;
& les réglcmens du Concile l'ont tels , qu'ils ne
conviennent point à des léculiers, En 1549 le fé-
cond Concile de Cologne fit aulli des réglemens
pour elles, Bonitace VIII en avôit auflfi /ait, mais
en déclarant qu'il n'approuvoit point par-là leur
inllitut. Clément V déclara la même choie, en les
foumetcarit à la-viiîte des Evcques , (i elles ne font
pas exemtcs. Honorius IV ayant appris que ces Cha-
noineffès Icculières avoient été autrefois établies à
Andennes par Guy , Comte de Flandre , à condi-
tion qu'on y féroit des preuves de noblefle , & que
lépr perfonnes nobles l'adlireroient avec ferment ,
il ca(îà ce Statut, comme donnant occalion à une
infinité de parjures. Il paroît néanmoins par un titre
qu'Aubcrt le Mire a donné, que ce fut Philippe,
Marquis de Namur, qui, l'an 1107, ordonna qu'à
l'avenir on ne rcccvroit à Andennes que des Chanoi-
neffis nobles , & qui auront fait preuve de leur
noblefle. P. Hélyot , Tom. Kl, c. ^ô.
Les Chapitres des Chanoine ff'i s ionr ceux de Re-
mireront, d'Epinal, de Pouday , de Bouxieres en
Lorraine, de Saint-Pierre & de Sainte-Marie à Met/.,
deCoIoanc, de Lindaw ,' de Buoha-y en Allema-
gne , d'Ôdermunfter , de Nidermunfter à Ratii-
bonne , d'Elfen , d'Andlaw , de Hombourg , de
Saint- Etienne à Stralbourg , de Nivelle , de
Mons , de Maubeuge , de Denain , d'Andennes ,
de Munfler-Bcllife aux Pays-Bas , de Gendersheim ,
de QuedI imbourg , de Hcrford & de Gerenrodc en
Allemagne. Ces quatre derniers Chapitres de Cha-
noinejjes font Proteftans. Voyei le iixicme tome du
^ P. HÉLYOT, cA. 51 , 5J.
CHANOÎNIE. f. f. Titre du Bénéfice de celui qui cil
Chanoine. Canonici rniinus , dis;nitas. On l'appelle
ordinairement Canonicat. On diftingue la Chanoinie
d'avec la Prébende : la Prébende peut fubfifter fans
le Canonicat ; au lieu que la Ch.inoinii eft infépa-
rablc de la Prébende , excepté les CLipoinics ou
Canonicats honotaires. C'efl à Xti Chanoinie ^ non
pas à la Prébende, que le droit de fuffrage & les autres
droits font annexés. Permuter une Chanoinie. Cette
Chanoinie eft vacante en Régale. Le terme de Ca-
nonicat eft plus en ufage.
. Ce mot vient de canonia , qui Ce trouve en quel-
. ques Auteurs Latins , pour fignifier la même chofe.
§3- CHANONRY. Ville de l'Ecoile méridionale ,
au Comté de Rofs , près du Golfe de Murray.
CHANSIR. Foye^ Chancir.
CHANSISSURÈ. roye^ Chancissure.
CHANSON, f. f. Petite pièce de vers aifés , fimples
& naturels , qu'on mer en air pour les chanrer ,
& dont chaque ftance s'appelle un couplet. Can-
tilena , canticum , cantio. C'eft proprement une
compofition de mufique où il n'y a que le delfus
qui parle , qu'on appelle Icfujet ; ou tout ce qu'on
met en chant. Le refrain d'une Chanfon , c'eft la
partie qui le répète à la fin de chaque couplet. Pars
cantilence intercalaria. Nous avons une prodigieufe
quantité de chanfons toutes pleines de feu & d'ef-
prit -, & fi Anacréon les avoit fues , il les auroit
plutôt chantées que les fiennes. Fonten. Il faut
même en chanfons , de l'efprit &de l'art. Boil.
La chanfon reflémble allez au madrigal ; elle a
ordinairement pour objet l'amour ou le vin j fi
^ l'on en croit M. le Brun , qui prétend que Iz chan-
fon n'eft aujourd'hui qu'une penfce tendre ou bachi-
que exprimée en peu de mots. C'eft la renfermer en
des bornes trop étroites -, on en fait de dévotes ,
qui font très-belles ; il y en a qui contiennent des
C H A 4 ? ^-
cloges ; il y en a fur-tout un grand nombre de faty-
riques. Quelle que foit la chanjon , fes vers doi-
vent être aifés , coulans , naturels , &: avoir urie
certaine harmonie qui ne choque ni les oreilles , ni
laraifon, & qui marie agréablement la Poefie avec
la Muiique. On ne confervoit autrefois la mémoire
des belles chofes & de l'antiquité, que dans des
chanfons. Il y a encore dans le Nord & en Améri-
que des peuplés qui confervent dans des chanfons
leur ancienne hiftoire.
Le mot chanfon vient de l'italien canione , qui
veut dire la même choie , ou. At cian^one , qui ap-
proche encore plus , par la manière dont on le pro-
nonce, du mot de chanfon.
On appelle chanfons fpirituelles , celles qui fe
font fur des matières pieufés. Pia cantica. Chanfons
à boire , ou chanfons bacchiques , celles qui fe font
pour fe réjouir à table , & fe provoquer à boire.
Bacchica cantikna. Chanfons à danfer,ce\\z% qu'on
chanre quand pkifieurs perfonnes danfent en rond.
Cancilena faltatoria. Vaudevilles , ou chanfons du
Pont-neuf, les chanfons communes qui fe chantent
parmi le peuple avec une grande facilité , & fans
'^!"^". .^' "''^^-^-f cantikna. Les vieux Muficiens ont
divifé les chanfons en trois genres. L'un eft \eyau-
deville , bu la limple chanfon ; l'autre eft le motet
bu \3. fantaijïe ; & le troifième comprend tous les
airs propres aux danfes. Les faifeurs de chanfons
injurieuiés font punis comme les Auteurs des libel-
les diffamatoires.
On appelle poétiquement c^iï/z/o/zj; toutes for-
tes depoêfie:&; en parlant des Mufes , on dit les
dodies chanfons de vos nourriffons -, pour dire , les
ouvrages des Poètes. Carmina, cantica.
Chanson, fe dit 'figutément de toutes fortes de vains
propos, des raifons frivoles , des propofitions qui
n'ont point d'effet. C(7;z///ena. Je ne me paye point
en chanfons. Tout ce que vous me dites n'a rien
de folide -, ce font des chanfons.
Un Amant de fon père écoute les leçons ,
Et court che^J'a ffiaitre£e oublier ces chanfons,
Boil,
On le dit au fit de ce qu'on répète plufieuts fois.
Eczndem cantilenam canere , eandem oh^annire.
Cet /vuteur ne dit rien de nouveau, c'eft toujours
la même chanfon. Il n'a qu'une chanfon , il ne fait
qu'une chanfon.
On dit proverbialement qu'un homme qui re-
commence toujours à dire , ou à faire la même
chofe , que c'eft la chanfon an ricochet, dont on
ne voit point la fin. On dit auffi , il n'aura qu'un
double, il ne fait c^n'xxne chanfon. Expreifiôns po-
pulaires.
On dit, voilà bien une autre cAiZ/z/ort , pour dire
voilà une nouvelle chofe, toute différente de la
première , & à quoi on ne s'attendoit pas. Les mots
font les chanfons; pour dire, qu'il faut s'en tenir
à ce qu'on a dit ou écrit , ou pour exciter quelqu'un
à s'expliquer.
CHANSONNER. v. a. Faire des chanfons contre
quelqu'un. Ce Poète femit entête de ckanjffnner
tous ceux qu'il criit n'avoit pas pris fon parti avec
ailcz de chaleur,.. Anti-Rousseau.
Le lendemain , fans trop favoir comment ,
Dans tout Paris on lui donne un amant.
/loy /rt chanfonne, & fon nom par la ville
Court ajujU fur F air d'un Vaudeville. Voltaire.
Pauvre innocent ! tu ne les voyois pas
Te chanfonnei" au fortir d'un repas ....
L'enfant Prodigue., Com,
Et fe difoient : Oh ! qu'il chanfonne bien !
Seroit-ce point Apollon Delphien ? R.
Chansonné , EE. part. Il a été biçïi.chaTifohné>Ctx.tt
femme a été chanfonnei.
45^ C H A
CHANSONNETTE. 1". t. Petite chanlbn , chanfon
jolie , tendre , araoureuie , paftorale. Cantifincula.
Chansonnette , le dit pat oppolition aux airs graves
& leticux.
Pour quelques chanfonnettes
N'alU^^pas prendre droit- de vous croire Poètes. Boil.
CHANSONNIER, f. m. Faifeur de chanlbns. Cantile-
naruin jcriptor , ou camus modulator. Il y a de
deux fortes de Cli-infonniers. Les uns compolent
les vers & les airs de leurs chanfonsi &; les autres
fe contentent de compcler des vers l'ur les airs que
les Muficiens leur donnent. Ce terme n'eft que du
ftyle familier.
Chansonnier , ère. adj. Propre à faire des chanfons.
Cantilenis pangendis idoneus. Le génie chanjonnier
efl: le partage de la Nation françouc : les Etrangers
ne peuvent pas atteindre à cette légèreté &i à cette
délicatefTe qui anime nos chanlbns. C. De Rior.
Un Poète chanjonnier. Id. Le Baron de C. célèbre
par fon génie chanjonnier. Id. Comme adjeéïif,
ce terme n'eft pas en ufage. ,
CHANT, f. m. Le chant en général , eft l'élévation
&: l'inflexion de la voix fur diifércns tons , avec mo-
dulation. Cantus. Chant , harmonieux , mélodieux.
Chant trifte , lugubre. Chant d'alégreilé. Chant
de triomphe. Chant nuptial. Chant paftoral.
En muiique le chant eft proprement un air , qui
cft compofc de tons , de demi-tons & de temps ,
ou de mefures, C'eft une modulation de voix qui
élève ou qui baiilc les tons de la prononciation des
paroles, en forte qu'elles rendent un fon agréable à
l'oreille. Arétin &; les anciens divifoient le chant
en trois fortes, le cha/zt dura!, c'eft-à-dire, dur
&c rude , durus , afper ; le chant nature/ qui eft
entre les deux autres , & qui n'en a point les cz-
làHètcs , natura/is , /nedius ; & le chant mol , qui
eft doux , mollis.
Cantus Amhrojianus , eft un chant compofé de
quatre tons authentiques des Anciens , le Dorien ,
le Phrygien , le Lydien & le Miiiblydien , que S.
Miroclct ,EvêquedeMrlan, ou ll'lon d'autres, S.
Ambroife j choilît pour en compofcr&en former
le chant de l'Eglife de Milan. On croit que ces
quatre tons furent appelés authentiques, paice qu'ils
furent approuvés , autoiifés , & choilis pour le
chant. Y oyez M. deBrolIart.
'^Cr QuA-f^T. [Plain) Planus acjlmplex canendimo-
dus. Dans VHijloire EccUJiajlique il eft fait mention
de plufieurs fortes de chants. Le premier eft le
chant Ainbrojien , le fécond le chant Grégorien
qu'on appelle aulH Plain-chant
Le chant Ambrojîen , eft une forte de plain-cAaw/
dont l'invention eft attribuée .à S. Ambroife.
IJC? Le chant Grégorien, eft une efpcce de plain-
chant dont l'invention eft attribuée à S. Grégoire
Pape, & qui a été fubftitué dans la plupart des Eglilés
au chant Ambrofien.
La différence qu'il y a du plain-chant avec les
autres chants , c'eft d'être divifé en parties égales.
Dans les vieux livres d'Eglife , on ne faifoit point
de notes plus longues les unes que les autres. De-
puis quelques temps on y a mis des notes longues
Si brèves, mais c'eft feulement pour marquer les
accens. S. Grégoire le Grand a établi dans l'Eçlife
Latine cette forte àt plain-chant , qu'on appelle de
fon nom chant Grégorien. Franchin a marqué tous
les caraélères différens du chant Grégorien. Dans
les répons, dit-il, le t/^<z;zi eft véhément , & femble
réveiller par des fons rompus ceux qui font affon-
pis. Dans les Antiennes, le chant eft uni Se doux;
dans les Introït, il eft élevé, pour exciter à chanter
les louanges de Dieu, Dans les Alléluia Se IcsVerfcts,
il eft doux &■ infpire de la joie ; dans les Traits &:
dans les Graduels, il eft allongé , traînant , modefte,
humble-, dans les Offertoires &: les Communions,
il tient un certain milieu. ]ean Diacre fe plaint
dans la vie de S. Grégoire , de ce que les Germains
CH A
& les peuples de Gaule avoient changé quelque
choie au chaut Grégorien , &; qu'ils en avoient
altéré la douceur : lataifon qu'il en apporte , c'eft
que les voix de tonnerre de ces grands corps for-
tant de leurs goliers toujours arrofés de vin avec
grand bruit , & par des tons élevés , au lieu de
former des fons doux & agréables, reptcfentent
l'horrible ftacas que font des charettcs qui roulent
confufément enfemble dans des lieux raboteux
comme des dégrcs. M. Nivcrs , dans fa DiUérta-
tion fur le chant Grégorien , fait voir qu'il a été
fouvent altéré &; corrompu , & qu'on a fouvent
tâché de lui rendre fa première beauté ■■, mais qu'on'
ne pouvoit empêcher qu'il n'y arrivât des chan-
gemens avant l'invention des notes , lefquellcs avant
Arétin ,»ne confiftoient que dans des points, des
virgules , des accens , en quoi il -eft aifé de fe trom-
per, 11 ajoute qu'ayant examiné & comparé les An-
tiphonaires & les Graduels manulcrits de la Biblio-
thèque du Roi , de celle de Saint Germain-des-
Prez, & de plufieurs autres, & fait confultcr les
manufcrirs de celle du Vatican , il y a trouvé de
grandes différences, & même des contradiéfions.
On imprima à Paris en 171 5 ou 17 14 un livre in-
titulé , Aloyens certains de perjeclionner toutes les
méthodes de plain-chant , &c.
JeanBona, Abbé de l'Ordre de S. Bernard, &
connu fous le nom de Cardinal Bona , a fait un
traité de la divine Pfalmoiie , où il comprend tout
ce qui regarde le chant de l'Eglife. Il eft certaia
par les exemples de l'Ancien Tejiament, qu'on a dès
les premiers temps employé le chant pour célébrer
les louanges de Dieu -, & l'on a toujours confervé
cette coutume jufqu'â nos jours, quoique le client
n'ait pas toujours été réglé comme il l'eft aujour-
d'hui , & que les perfécutions n'aient pas toujours
permis de l'employer.
L'ufage du chant ï deux chœurs, le peuple mê-
lant fa voix à celle du Clergé, eft ancien : Gré-
goire de Tours en parle, Lib de Glor.Conf. c. 47,
quoiqifà parler exadlement , et tut bien moins un
chant les trois ou quatre premiers iîècles , qu'une
prononciation plus pathétique & plus ferme. S,
Grégoire Pape , qui favoit la Mufique , corrigea le
chant ancien -, le chant réformé s'établir audi-tôt
dans les Eglifes d'Italie. Le Gendre. Pépin , pour
mettre de l'uniformité dans les Eglifes de France,
&: en Ij^çne deTunion^ de la concorde qu'il vou-
loir que ces Eglifes euffcnt avec l'Eglife de Roms,
avoit ordonné qu'on établît dans tous les Mbnaf-
tèrcs & dans toutes les Eglifes le chant Grégorien,
c'eft-à-dire , le chant Romain, réformé félon la mé-
thode du Pape S. Grégoire le Grand. Le Clergé
avoit eu peine à obéir à cet ordre , & on ne l'obfer-
vojt pas dans quantité d'Eglifes -, on y étoit jaloux
des anciennes coutumes , & on s'y piquoit de ch.an-
ter auffi-bien qu'à Rome. Dans le voyage que Char-
lemagnefit à Rome en 787, il fut témoin de cette
jaloulie -, car pendant les fêtes de Pâque , les Chan-
tres de fa Chapelle ayant alTifté au fervice de l'E-
glife de Rome, fe moquèrenr des Chantres Ro-
mains ; & ceux-ci ayanr entendu chanter ceux du
Roi , en raillèrent à leur tour. Charlemagne prit
cette occalion pour les engager à un défi, &s'é-'
tant fait le Juge du combat , il prononça en faveur
des Romains. Il obtint du Pape des Antiphonaires
norés à la manière Grégorienne, & deux Maîtres
de chant : il en établit un à Mets , & l'autre à SoiA
fons, pour y tenir des Ecoles, où l'on apprît à
chanter , &: où Ton corrigeât tous les livres d'E-
glife. P. Dan. Tom. I , p. ■^■^1. Quelques Eglifes ne
prirent qu'une patrie de ce chant Grégorien, & !e
mêlèrent avec le leur. Ce chant mi-parti de Gré-
gorien & de François demeura en beaucoup d'E-
glifes , &on continua de s'en fervir pour les Pfeau-
mes &c pour les Antiennes , depuis même qu'il y
eut muiîque. Le Gendre.
0CF Chant éc^al , ou chant en ifon. Chant qui ne
roule que fur deux fons , Si ne forme par confc-
queni
CHA
quent qu'un fcul intervalle. Quelques Ordres Re-
ligieux fe fervent de ce ckaru dans leurs Egliies.
1)3" Chant fur h livre. Contre-point à quatre par-
tics , que ks Mufîcicns compoient &: chantent llir
le champ lur le livre qui cft au lutrin : en forte ,
qil'exceptc la partie notée qu'on met ordinairement
à la raille , les Muiîciens affedics aux trois autres
parties , n'ont que celle-là pour guide , & com-
polent chrcun la leur en chantant. Ainh le chant
iur le livre dLmande_bcaucoup de icience, d'habi-
tude , &: d'oreille.
Chant jin^A/v en Mufîque, eft ce qu'on appelle fiip-
pojition. Voye[ Suptosition.
Chant , cftaufli l'air, le récit , le deffus de la Mu-
que, le (ujet lur lequel on compole les autres par-
ties. CantiUna , modus , moduUtio. Les beaux chants
fe fonrn-oins par art que par génie. Cela cfl fait
fur le cha;,tà"\xn tel endroit de l'Opéra. Vous ne
mettez pas cela en chant.
On dit , qu'une pièce n'a point de chant , pour
dircj qu'elle n'a rien d'egréable ni de gracieux,
quoiqu'elle foit félon !cs règles de la Mufique.
Quelques vieux Muiiciens ont divifé tous les
chants en àouzc\ favoir, Izs motets, les chanfons ,
ou les airs , les pûjfcmeies , les pavanes , les
a//cmcndes , lesvo/tes , les courantes , les faraban-
des , les Canaries , les branches &c les ballets. Il
y a autant d'cfpéces de chants q^e de modes difFe-
réns. Maintenant on en a invente une infinité d'au-
tres.
On appelle aufHc/i.î/j/' des oifeaux, les difFérens
fons & inflexions de voix que font les oifeaux dans
leur ramage. Avium cantiis , concentus. Le chant
du rolllgnol , du ferein de Canarie, de la fauvette,
flatc l'oreille. On dit auffi , le chant de la cigale.
C'efl: le feul infeéle auquel on applique le nom de
chant.
Le chant du coq , fe dit pour (îgnifier le grand
matin, à caufe que le coq chante dès le point du
jour. Ga'Ii cantus. Horace dit que l'Avocat, doit
être éveillé des le premier chant du coq , pour
dire , que le Client vient frapper à fa porte de grand
matin.
Chant, lignifie aufTi la même chofe que cantique^
chanfon , ou une pièce de Poefie qui fe peut chan-
ter. Cantilena , canticum. ^
Cejfei , ce^c^pour moi tous vos chants d'allcç^rejfe.
Molière.
Piiife-je demeurer fans voix ,
Si dans mes chants ta douleur retracée
JuJ.ju'au dernier foupirn' occupe mapenfèe, Rac.
|Cr Chant, cantus , vient des Celtes , qui difent caîi.
De même cancre , chanter , eft pris de cana , Sccan-
tare , de chanta, qui cft la même chofe. Pezron.
Chant vient de cantus , en changeant le c en ch.
Tout le relie efl incertain.
Chant fe prend quelquefois pour air -, mais en ce fens
il efl: moins ufité & moins bon qu'a/r. Modus, modu-
latio.
Chant nuptial, efl: une pièce de vers compofée à l'oc-
cafion du mariage de quelques perfonnes illufl:res.
Carmen nuptiale, epithalamïum ; du grec l-aiânxà^iM.
Chant de victoire , Chant triomphal. Vers compofes
ou chanrés fur la victoire ou le fuccès des armes de
quelque Prince. Epinicium. eViuV.mv.
CnAtiT funèbre. Chant compofé fur le trépas de quel-
que perfonne illuftre. Epicedium , du grec eVi«ÎJ^,«,,
Chant pafioral, efl: un ouvrage de Poefîe où l'on in-
troduit des Bergers qui chantent. Cantus pafloralis.
ffT Chant de Mai. Elpèce de ballade qui roule fur le
retour du mois de Mai , des beaux jours.
Chant Royal ., cft en général une efpèce de Poefie
Françoife qui a la mêmeconftrucftion que la ballade.
Carmen resium de arç'umento pio aut ferio fcriptum
Le Chant P.oyal efl:, 'à Térard de la ballade , ce que
le rondeau eft à l'égard du triolet. Le Chant Royal
Tome II. •'
a ctc amfi nomme , à caufe que le fujet ctoit donné
par le Roi de l'année courante. Or on appeloit Roi
on Prince, celui qui avoit emporté le prix l'année
précédente. C'ctoit à lui que s'adreflbit l'envoi de la
ballade. Le Chant Royal fe faifoit à l'honneur de
Dieu , ou de la Vierge , ou fur quelque autre grand
iujet. Il ne fe fait qu'en matière grave & férkufe.
Foye^ Pafquicr.Quand on difpute des ptixà Rouen,
il faut faire un Chant Royal.
Le Chant Royal ed un fort beau rcfle d'ancienne
Poëlie, qui a été retenu en quelques endroits feu-
lement, comme à Touloufe dans l'Académie des
Jeux Floraux. Il efl: compofé de cinq couplets d'onze
vers chacun , & efl terminé par l'envoi , ou expli-
cation de l'allégorie , qui eft de cinq vers ou tout
au plus , de fept. Dans le Chant Royal les rimes du
premier couplet règlent celles des couplets fuivans,
lefquelles y doivent être les mêmes & dans le même
■ ordre-, de forte que toute la pièce, compofée de
foixante-deux vers , roule fur cinq rimes ou termi-
naifons différentes , dont les deux premières re-
viennent dix fois , la troifième & la dernière douze
fois, & la quatrième jufqu'à dix-huit fois. Un
Chant-Roy al id.ns défaut devroit être regardé encore
aujourd'hui comme un chef-d'œuvre d'application
& d'efprir. Mais ce qui rebute de travailler en Chant
i^oj^/,c'eft que l'Auteur n'eft pas fur que Ces lecteurs
lui tiennent compte de toute la gêne qu'il s'efl:
donnée. En effet, rien n'eft plus gênant que la règle
ànfhant Roy.il. 1°, Il faut quele dernier vers du
premier couplet ferve de refrain ou d'intercalaire
pour l^s fuivans , qui doivent finir de la même forte,
zo. Les vers de l'envoi doivent être unifones , c'eft-
.à-dire, femblables en rimes à autant de vers pris
far la fin des couplets précédens. 5". On garde
dans toute la rigueur les règles de la rime françoife ;
enlbrte qu'il n'eft pas permis de mettre le fi'mple
dans une rime, & le compofé ou le dérivé dans une
autre , quelque éloignées qu'elles foient. 4°. Enfin ,
toutce qui lent la licence en eft abfolument banni.
On faifoit autrefois les Chants-Royaux en vers de
dix fyllabes : on les fait maintenant en vers ale-
xandrins, ou de douzefylhbes.il feroit bon auflî
de couper exaélement les couplets du Chant-Royal
après le quatrième vers &: le feptième , comme on
fait dans les dizains. P. Mourgtjes.
Chant. 't3° feditauffi d'une des parties danslefquelles
les Italiens, & les François à leur exemple, divifenc
leurs Poèmes épiques. Dans ce fens, il eft fynonyme
.à livre, Cantus. Le Tafle , l'Ariofte, ont divifé leurs
Poéfies en plufieurs Chants. Les Auteuts du Lutrin ,
de l'Art de prêcher , & du Poème de l'Amitié , de
la Henriade , ont auilî divifé ces Poèmes en plufieurs
Chants.
On appelle un langage trompeur , un chant de
Sirènes , Sirenum cantus. Et cela fe dit fur-tout des
femmes , qui emploient divers art'ifices pour mieux
ençrager leurs Amans.
tfT CHANTABOUN, CHANTEBON ou CHAN-
TEBOUNNE, Ville maritime d'Afie , fur la côte
orientale de la baie de Caffomet , fur une rivière
qui porte le même nom que la ville.
CHANTANT , ANTE. adj. verbal. Ce mot , qui a 1.x
terminaifon aélive, ffT fe prend dans une fignifica-
tion paffive , comme quand on dit , cela n'eft pas
chantant , c'eft-à-dire , cela n'eft pas bon pour être
chanté. Des vers chantans , font des vers propres à
être chantés. Les vers des Opéra doivent être des vers
chantans. Ferfus ad cantiim idonei , accommodati*
L'Aureur des principes pour la led-ure des
Poètes, appelle Quinaut & Lulli les héros de la
Scène Chantante ; pour dire qu'ils ont le_ mieux
réulTi dans les Opéra.
CHANTEAU. f. m. fJCF Morceau coupé d'un grand
pain. Fruflum , panis. Il mange un gros chanteau
de pain à fon déjeuné.
Ce mot vient de cantelhim, diminutif de cantum.
MÉNAGE. On difoit autrefois c/zrtwre/.
On appelle auffi chanteau du pain bénir , ou
lii
4H
C H A
zbiolnmeni chanuau , c.tte partie qu'on coupe en
entamant [c pain beiiit , pour envoyer à celui qui
le doit rcndrj au premier jour, An'^ulaturn lujtrdUs
parus frujiuni , jcpneiitiun.
On appelle au;j1 chanti^au , une grofle pièce de
pâtillcrie formée en long , & de même que la
bordare de pain bénit , qu'on fait faire pour en-
voyer à fcs parcns &; à lés amis -, c'ell pourquoi on
l'appelle autrement coulin. Il eft plus honnête
d'envoyer des brioches.
IP" On appelle encore chanteau un morceau d'étoffe
coupe d'une grande pièce. Ce manteau a été coupé
en plein drapV il ne fera pas ncceHaire d'y mettre
de ch.muj.lL. il tant un chxnuaii à cette robe.
Chan'teau eit aulîl un terme de Tonnelier , qui ligni-
iîe la dernière pièce du fond d'un muid, qui cft
faite en portion de cercle. Ajfis doliariijsgmmtum
an^ulatum.
On dit proverbialement , qu'on a donné le
chanteau à quelqu'un \ pour dire , que c'eft à lui à
taire au premier jour &: a fon tour ce que les
autres ont fait avant lui. On dit dans le même
fens qu'on lui a donné le bouquet.
^ CHANTEL le CHASTEL ou le CHASTEAU ,
oullmplem.-nt CHASTEL. Petite ville de France
dans le Bourbonnois , Eledion de Gannat,
CHANTELAGE. i'. m. Terme de coutumes. Droit
qu'on paye au Seigneur pour le vin vendu en gros
ou à broche fur le chantier de la cave & du fellicr ,
dans l'étendue de fa Seigneurie. Cantiriariuji^uU-
^ul, tributum, cantcnarii vini veciig.il. 'iians les
vieux titres , chantelagium.
^ CHANTELLE. f. m. Terme de coutumes. Dans
quelques Provinces , c'eft une taille per/onncUe
due au Seigneur par fes morcaillables, à caufe de
leur fervitùde, pour la permiiHon de demeurer
dans fa Seigneurie, & d'y polfeder certains héri-
tages. Charnel, chantdlus , paroît avoir fignific
kdlUJtiûn.
CHANTEPLEURE. i: f. Arrofoir de Jardinier , ou
entonnoir à longue S<: étroite queue percée au fond
de plulîeurs petits trous, pour faire couler quelque
chofc dans un muid de vin fans le troubler G:.v-
Jdturn infundihulum , clcpj'ydra doliaria.
En Normandie 5i ailleurs, on appelle chante-
pUure, le robinet d'un tonneau de vin, ou de
cidre. Une ChantepUurc, avec ce mot, Rien ne
m'cjtflus, croit la devife de Valcntine, veuve de
Louis Duc d'Orléans. Elle fe voit par-tout dans le
château qu'elle fit bâtir à Châtcauneuf , à cinq
lieues d'Orlénns. Vove^ Champifure.
CHANTEPLEU'IE ou PATENOTRE,eft au/Ti une
efpèce de fontaine de bois, compofce d'un petit
ruyau, & d'une cheville pour le boucher. On s'en
fcrt pour les cuves à fouler la vendange. Se pour
les cuviers à lefllve.
Chantepleure cft aulTiune fente ou vcntoufe qu'on
laiiîe dans des murailles qui font proches des ri-
vières, ou qui foutiennent des terrallês, pour y
laiifer entrer &: écouler les eaux. Rim.i , apertura.
Les ch intérieures , ventoufes , & autres ouvertures
, pour l'écoulement des eaux , font permifes par
rOr.'oi-'nance.
CHANTER. V. aCl. Faire diverfes inflexions de voix
as^réables à l'oreille , fiivanr les règles de la modula-
tion. Ca/rcr^ , c mtiire.Cez homme chante bien. N'as-
tu point de honte de chanter (i bienî difoit Philippe
à Alexa"drc 1° Grand, comme étant une des chofes
-qu'un Pr'nce do't isrnorer. Ablanc. Les payfans
chantent au lutrin. Le Diacre chance l'Evangile. Le
Sondiacre chante l'Epitre. Cette Antienne fe chante
à deux chœurs. Chanter un Te Deurn. Soîenuem
hymnum connnere ; on peut aiouter^ r^ro viaoria ,
ou quelque a"tre mot qui marque le ùijet de la joie.
Chanter enpiam z^-^^-^t. Plane ac fi.nplicibus m:i-
diilis canere.V.'^ Mufique , ai hannoniam canere ;
mil fias modis concinere. En faux-bourdon. PLinns
JiinrUxque rantus mnduhs muCicis mi.xtus. Chanter
fa partie. Chanter Vêpres. Chanter Matines. Muiu-
C H A
tinas , Vefpertinas horas canere. Chanter un Salvi,
Salutailoium f^irgini deipara decantare. Chanter
des Noé\s. Najcenti Chnjto £;enethliacon canere. Le
Peuple chante dans les Églifes avec le Cierge.
L'Auteur de la vie de S.Céfaite d'Arles, L.I,ji. 1 1,
dit que ce fut ce Saint qui commença à faire chanter
les Laïques dans l'Eglife , &c que même il les y
obligea , pour les empêcher de caufer dans l'Eglife.
Mes filles , chantez - nous quelqu''un de ces
cantiqiLes
Où vos voixjifouvent , fe mêlant à mes pleurs ,
De la trijle ^lun célèbrent les malheurs. Rac.
On dit qu'un homme chance Méfie-, pour dire,
qu'il cft Prêtre. 5ircr il facere , rem divin.i/n facer^^,
M. Lancelot a fait un Traité de l'Art de chanter.
Chanter, fur le livre , fe dit lorfque les Chantres
chantent le plain chant , &c qu'il y a plulicurs
dellus ou autres parties, qui font des accords fur le
champ , ik forment une eipèce de concert ou .de
mulîque. Flannm fimplicemqiie cantum frequema-
inentis quibujdam ac modulis variare, ornare.Oa
dit aulTi, il chante ti partie à livre ouvert^ pour
dire, qu'il fait il bien la Mulîque, qu'il n'a pas
bcibin d'étudier la note. Canendi peritus.
Chanter fe dit a^ilî de ce qui eft (împlement con-
tenu en quelque cciit. Voyons ce que chante ce
livre-Là, quid ctnat , quidferat; pour dire, voyons
ce qu'il contient. Voyons ce que chante cet exploit.
Cela eft du ftyie familier.
Maître à chanter, cft un Mufîcien qui enfeigne à
chanter , qui montre la Mulîque. Mujicus.
^fT Chanter s'emploie aulfi comme fynonyme de
publier , célébrer. Canere, prxdicare, celcbrare.
Toutes 1 .s créatures chantent les louanges du Sei-
gneur. On ch.mte par-tout la gloire de ce héros.
Quand je chîntc vos hauts faits , grand Roi , on
croit que c'eft une fable , 5c c'eft une hiftoire. S.
EvR. Dans l'oilîveté où fe riouvèrenr les premiers
Bergers , ils s'avifèrent de chanter leurs amours.
FoNTTN.
03" C'eft dans ce fens que les Poètes , principalement
les Poètes épiqaes, difent qu'ils chantent; &: ils
commencent ordinairement leurs Poèmes par ces
mots : Je chante. C'eft ainfi que Virgile a dit , qifil
chantait Ence & fes armes. Chapelain a dit :
Je chante la Pucelle & lafainte vaillance., &:c.
Scuderi a dit en vers bourfoufflc*:
Je chante le Vainqueur des Vainqueurs de la terre.
tfT Bien mieux que tout cela, l'incomparable Auteur
de la Henriade débute par ces vers.
Je chante ce Héros qui régna fur la France,
Et par droit de conquête, ùpar droit de naijfojice.
LeTalfe, Canto l'arme pietofe ,Scc. Le Roman
Bourgeois , Je ch.znte les aventures de pluiîeurs
Bourgeois de l'un &c de l'autre fexe. Alexandre n"a
point\i'Hiftorien ni de Poète, qui puifie allez di-
gnement chanter fes vidoires. Ablanc.
Pour chanter un Au^ufie, il faut être un 'Virgile.
Boileau^
Chanter fe dit pareillement d'un Orateur , d'un
Dcclamatcuf , d'un Comédien , lorfqu'ils ne va-
rient pas allez leurs voix , ou qu'ils retombent
toujours dans une même cadence- Quand ils pro-
noncent d'une manière qui n'eft pas naturelle &
qui approche du chant. Une quodam fpiricu ac
fono vocem intcnderc. Quelqu'un difoit à un mau
vais lecteur: Si tu veux lire, tu chantes, & fi ru
veux chanter , tu chantes mal. Ablanc,
CH A
On dit en termes de Blalbn, des armes parlantes ,
qu'elles chantent.
Chanter le ditaiiHl Ac% o'iCzzwyi.Cantare. Jcfus Chrill:
dit à Saint Pierre, avant que le coq chante , tu me
renieras trois fois. Le roffignol ne chante qu'au
printemps. Il fe dit auHt de quelques iniedtes ,
comme de la cigale.
La cif^ale ayant chanté
Tout l'été. La Font.
On dit figurément d'un homme à qui on vent faire
fiiire quelque chofe par force , qu'on le fera bien
chanter , qu'on l'obligera à payer , à faire ce qu'il
doit. Adigere aliquem ad folvendum. On dit qu'un
criminel a chanté à la queftion -, pour dire , qu'il a
trop parlé , qu'il a découvert la vérité. Adigere
vi tormentorum ad operiendam veritatem. On dit
de ceux qui ont découvert quelque fecrct , il faut
que quelqu'un ait chanté, puifqu'on a découvert
cctre entreprife. Aperire , detegere. On dit aufFi
d'un homme qu'on a mis prifonnier pour avoir été
trop libre en paroles, qu'on l'a mis en cage pour
lui apprendre cà chanter. Ut pnidenter ioqiii difcat.
Lorfqu'on eft une fois marié , il faut chanter , pour
dire , il faut changer de train de vie. Mutanda
vitce ratio. Tout cela eft du ftyle très-familier.
Chanter fc dit proverbialement en ces phraies.
Quand un importun fait plulieurs redites , on dit
qu'il chante toujours la même chanibn. On dit
d'une pcrlbnnc qui dit quelque méchante railbn,
qui ne iatisFait pas , vuila bien chanté. On dit ,
cy^iz/zftT la palinodie i pour dire, fe rétrader, dire
le contraire de ce qu'on avoir dit. Chanter la
gamme, reprendre, corriger quelqu'un, le que-
reller fur quelque aélion qu'il aura faite. On dit
auifi , il faut bien chanter plus haut ; pour dire ,
il faut enchérir , il en faut offrir davantage. On dit
encore , chanter pouillc , chanter goguetrcs ,
chanter des injures à quelqu'un, pour dire, le
quereller en face , lui faire des reproches , l'injurier.
ffT On appelle pain à chanter, un petit pain rond
fans levain, dont on fe fcrt pour célébrer la meife.
panis (thymus , panis facro celehrando idoneus.
IJCT On appelle auili pain à chanter , celui dont on fe
fcrt pour cacheter les lettres. Obfignandis epijiolis
idoneus.
Chanté , ée. part.
CHANTERELLE, f. f. La corde la plus déliée d'un
luth, d'un théorbe, d'un violon &: aurres fembla-
bles inftrumens, & qui a le fon le plus aigu. Chorda
omnium acutijjima, tenuijjîmus idemjue acuti[]imi
foni nerviis. Hauffer, bailler la chanterelle. La c/z^/î-
/ere//<? s'efi: rompue , il en fiut mettre une nouvelle.
Chanterelle feditauffi des oileaux que le Chaffeur
ou rOifelcur ont dans une cage pour fervir d'ap-
.jpeau. Si attirer par leur chant les oifeaux dans les
pièges qui leur font préparés. Avis illex. On ap-
pelle fur-tout chanterelle une femelle de perdrix ;
que l'on pofe au bout des filions où l'on a tendu
des paflées & des filets , dans lel'quels elle fait
donner le mâle qu'elle appelle.
On donne encore le nom de chanterelle à une
certaine bouteille de verre qui eft fi mince , qu'elle
fléchit vifîblement a la voix. Le fond en eft plat &
percé , & c'eft fur ce fond que l'on chante avec une
certaine méthode qui fait paroîrre qu'il y a un
inftrument qui accompagne la voix.
Chanterelle. CanterclLi. C'eft un champignon d'un
pouce de haut, & d'une ligne ou deux d'épaifleur,
qui croît pour l'ordinaire en grappes. Ses tiges
font un peu aplaties & fil'onnccs d'un côté , &:
leur fuperficie en façon de chagrin. Sa tête eft or-
dinairement angulaire, avec un enfoncement dans
) le milieu qui a la figure d'un nombril , & fes bords ,
qui font renverics, font découpés en trois bu quatre
fegmens arrondis. La lurfacc fupérieure de la tête
eft jaune , mais plus livide &: plus fale que les tiges.
CHA 4^5-
Lorfqu'il fe pourrit , il fe change en une o-dce
verdaifre. Dict. de James.
Chanterelle. Terme de Chapelier. Cheville de fer
ou de bois , qui lert dans l'arçon des Chapeliers, à
bander la corde , en la mettant entr'elle & ce qu'on
nomme le panneau. ^fT Elle lért à taire refbnner
la corde , afin d'indiquer à l'ouvrier fi elle eft fuf-
fifamment bandée pour battre & voguer.
(Kr Chanterelle, chez les Tireurs d'or, eft une
petite bobine, fous laquelle paffe le battu, en for-
tant des roues du moulin. On la nomme ainli à
caufe du bruit qu'elle tait.
CHANT ERES. Vieux mot , qui s'cft dit des an-
ciens Ménétriers ou Chantres qui alloient dans les
mailbns des Grands , chanter avec la viole ou la
harpe des compofitions des Trouvères , qui étoient
les Poètes Provençaux de ce temps-là Aulœdus.
Quelques-uns croient qu'Homère alloit ainfi chan-
tant, &; récitant de ville en ville fon Iliade.
CHANTEUR,EUSE. f. m. Muficien, celui ou celle
qui fait métier de chanter des airs, des chanfbns.
Cantator , cant.itrix. Les Chanteurs de l'Opéra. Les
chanteurs du Pont-Neuf, de la Samaritaine. C'eft
une excellente chanteuje.
(.hauteur , ne fe dir que des chanteurs profanes,
Qnand on parle de ceux qui chantent dans l'E-
glife , dans l'Office divin , principalemenr s'ils font
Ecclcfiaftiques , il faut dire Chantre, Les Chantres
de Notre-Dame de Paris , de la Sainte Chapelle ,
6'c. & non point les chanteurs. Et au contraire,
les Chanteurs de l'Opéra chantoient dans une
Eglile à quelque Office ; alors on pourroit fe fer-
vir du mot de chanteur ,&c dire , il y aura quatre
Chanteurs de l'Opéra à ce f'alut : mais le mieux &
le plus,lelon l'ufage, eft d'éviter ce mot, même
en ce cas , & de dire, il y aura quatre voix de
l'Opéra à ce falut.
Chanteur, f m. AJilus. C'eft un oifeau qui a le plu-
mage diverfîfié de belles couleurs , &: qui chante à
peu près comme le pinçon. Il eft bon pour les
volières, mais il n'eft pas bon en cage. Excepté le
roitelet & le poul , il n'y a pas d'oifeau qui ibit
plus petit. Il chante prefque toujours : c'eft ce qui
lui a fait donner le nom de chanteur. Les Lorrains
le nomment chofti , qui fignifîe la même chofe.
Les Italiens l'appellent itolo , & les Giecs »1«-^»?. Il
a le pli & les extrémités des ailes jaunâtres , ainfi
que la queue & le derrière. Ses jambes , fes pieds ,
fes ongles & fbn bec , font noirâtres ; les bords
de fon bec onr aulfi quelque chofe de jaune.
Il eft foible & longuet , très - propre à prendre
des vermilTeaux. Il fe retire dans les hautes fu-
taies & dans les lieux les plus couverts & les plus
ombragés.
CHANTIER, f. m. Grofle pièce de bois <iui fert de
chevalet à un Charpentier pour en élever une autre
qu'il coupe ou qu'il façonne. Cnnterius. On tra-
vaille à faire votre charpenre , elle eft fur le chan^
lier.
Chantier , fe dit auffi des pièces de bois de pa-
reille nature , fur lefquellcs on pofe les tonneaux
de vin , afin qu'ils ne fe pourrifîent point à terre.
Tignum. Ce Marchand a cenr mul^s de vin fur
l'étape qui font fur le chantier. Ce Tavernier eft
riche , il a toujours dans fa cave cent pièces devin
fur le chantier. On le dit aulTi des pièces de bois
fur lefquelles pofent les facs de blé qui font dans
les ports de Paris.
Chantier , en Marine, fe dit de l'endroit où l'on
conftruit un vaifTeau. On dit un chantier de conf-
truftion. On dit qu'un vaiffeau eft fur le chantier ,
pour dire qu'on le conftruir.
Chantier , fe dit aiiiTi parmi les Loueurs de carroffe ,
d'une ei'pèce de grande remifeoù ils rangent leurs
carrofTes. Rhedarum receptaculun?. Vous pouvez
choifir de tous les carrofTcs^de mon chantier celui
qui vous accommodera le mieux.
Ch ANTiFR , fiçnifi^eaufTi , l'attclier d'un Charron , d'an
Charpentier , le lieu où ils coupent, façonnerai 64
I i i i]
43^
C H A
gardent leur bois. Fahri curruum , pLiufiorum ,
fiirrorum ojficina. On dit aulli que les .pierres
ibnt en chaniur , q-uaiid elles lont dans le lieu où
on les a taillées.
Chantier, le dit auiîî d'un magafm, ou des lieux
où Igs Marchands de bois empilent ou Ibrrentleur
bois pour le vendre aux particuliers. Strucs lig-
norum , apotkecu lignunu , nLitcniiria. Il y a des
chantiers de bois de chauffage , d'autres de bois
de menuilerie 6c de charpenterie.
^fT On dit Ibuvent parmi les ouvriers , qu'une choie
efl: lut le charnier , pour dire qu'elle le travaille
actuellement. Cette expreiHon a palîc des acte-
licrs dans la fociété , où elle s'applique à d'au-
«tes ouvrages qui n'ont rien de mechaniquc.
CHANTIGNOLE. t'. f. Elpcce de brique, qui doit
avoir huit pouces de long lut quatre de large ,
. qu'on appelle autrement demi-cri^jue , parce qu'elle
n'a que la moitié de l'cpaillèur des nuiïcs. Laterca/us,
CîîANTjGNOLES , en tetmes de Charpenterie , fe dit
des petites pièces de bois qui Ibnt au-deflous des
tallaux , qui Ibutiennent les pannes de charpente-
lie &c autres pièces lèmblables. Elles ont autant en
hauteur que les pannes, en grofleur , &c font de la
groflcur des jambes de force. Les chantignoUs Ibnt
encadrées d'un pouce dans le corps de la force ,
& viennent à mourir à rien , c'eft- à-dire , Ibnt cou-
pées &: cchancrées. On appelle aulfi , chamignoUs ,
les pièces de bois qui fervent à porter les poaliers
fur lefquels roulent les tourillons des cloches.
CHANTILLY. Bourg de l'île de France, à fept lieues
de Paris , & à une lieue de Senlis. Cantiliacuin,
Il y a une maifon magnifique qui appartient à M.
le Prince de Condé , & qu'on appelle aufîi du
nom du bourg de Chantilly. Le Prince de Condc ,
Louis de Bourbon, parut auiîi grand, retiré à Chan-
tilly les dernières années de fa vie , qu'il avoir paru
à la tête de nos armées & dans les batailles.
ffT CHANTOCÉ. Petite ville , chàte.au & Baronie
de France en Anjou , près de la Loire , un peu au-
dclîus d'Inerande.
^ CHANTOCEAUX. Bourg, ou petite ville de
France en Bretagne , liir la Loire , à rrois lieues
au-deffus de Nantes.
CHANTOURNÉ, f. m. Pièce d'un lit qui efl: de bois
bien travaillé , ou couvert d'étotïè , oc qui fe met
entre le dodier & le chevet. Chantourné bien fait ,
mal fait.
CHANTOURNER, v. a. Terme d'Architeéiure &
de Menuilerie. Couper en dehors ou évider en de-
dans une pièce de bois , de fer , ou de plomb , fui-
vant un profil , ou deflein donné. Extrorfum yel
retrorfum incidere.
^fT Chantourner , fc dir aufTi en Peinture des
objets repréfentés liât la toile , &: des bordures aux-
quelles on a pratiqué des éminences ou contours
qui font rentrer & faillir quelques-unes de leurs
parties. Encyc,
CHANTRE, f. m. Celui dont la fonélion efl de chan-
ter dans une Egliïe au fervice divin. On ne dir
chanteur que quand il s'agit d'un chant profane.
■Cantor. Tous les grands Chapitres ont des Chan-
tres Se des Chapelains , pour fbulager les Chanoi-
nes ëc faire rÔfïice en leur abfence. C'eft S. Gré-
goire , qui a inftirué les Chantres , & qui en fît un
corps qu'on appela l'Ecole des Chantres. Sciiola
C^/zior«/n. Anaftaié le Bibliothécaire femble cepen-
dant l'attribuer au Pape Hilaire ,qui vivoit plus de
Cent ans avant S. Grégoire. -Dans le Concile de
Rome tenu en 595, ce Saint le plaiiK, comme d'une
mauvaife coutume , de ce qu'on choiliifoit des
Chantres parmi les Miniftres du faint Autel , &
de ce qu'étant Diacres, ils continuoient de chan-
ter; au lieu de vaquer à la prédication Se à la dii-
tribution des aumônes. Il le défend , &: ortlonne
qu'il n'y ait point d'autres Chantres que des Sou-
diacres , ou s'il eft belbin , des moindres Clercs ,
■& que lés Diacres ne feront que lire l'Evangile à
ii ia Mcile. Quelquefois les Chantres font des Sccu-
C H A
liers gagés qui portent l'habit ccclcfiaftique quand
ils font à l'Eglile.
CHANTRE , fe dit par excellence du Maître du chœur ,
qui eft une des premières dignirés d'un Chapitre.
Chori Cantorum Prafecluf, Cantor , Pmcentor. Il
porte la chape &; le bâton dans les fêtes folcnnelles ,
& donne le ton aux autres en commençant les
Pléaumes & les Antiennes. Le Chantre porte dans
iés armoiries un bâton de chœur derrière l'ccu , '
pour marque de fa dignité. On l'appeloit Primi-
ceritis \ c'étoit lui anciennement qui dirigeoit les
Diacres fc les autres Miniftres inférieurs , pour le
chiinr iS: les aurrcs fonctions de leurs emplois.
gCr Dans quelques Eglifes le Chantre eft la première
dignité ; dans d'autres , la féconde , la troilième ou
la quatrième. Dans l'Eglife de Paris, le Chantre, qui
eft la féconde digniré, a une juridiction contentieufe
fur les Maîtres. & Maitreffes d'école de certe ville.
Chantre , en Poëfie, fe dit de ceux qui ont excellé
dans la Mulique 8c dans la Poéiic. On le dit d'Or-
phée , d'Amphion , d'Homère , de Pindare , &c.
Chantre de la Thrace , c'eft Orphée ••, le Chantre
Thcbain , c'eft Pindare , &c.
On appelle les Poètes Chantres , Chantres d'A-
pollon , Chantres du Parnaffe , divins Chantres des
Mules.
On appelle auflî fîgurément & poétiquement les
roffignols 5 &; les autres oifeaux , les chantres des
bois.
Chantre, eft aufîl un méchant Muficicn. Gî/z/or. Les
Chantres du Pont-Neuf, de la Samaritaine. Chan-
teur eft mieux. On doit dire chanteur , quand il
s'agit d'un chant profane •, & on ne dit Chantre-
que quand il s'agit d'un chant d'Eglife.
Chantre , efl: aullî un flibftant'f féminin. Il fe dit
d'une Religieulc qui a bonne voix , qui lait le chant
& les rubriques de l'Ofîice , afin de redrelfer les
manquemens qui fe font au chœur. Cantatrix. La
Chantre dira tout haut ce qui regarde l'Oiiice du
lendemain. Conji. de Port-Royal.
Chantre , eft un nom de dignité dans quelques
Chapirres de filles. Les principales dignités du
Chapitre d'Andennes , font celles de Prévôté , de
Doyennne , d'Ecolârre £c de Chantre. P. Hélyot ,
Tonu yi :,p. 458.
CHANTRERIE. f. f. Eft la dignité , l'office ou le bé-
néfice du Chantre dans une Eglife Cathédrale ou
Collégiale. Chori , Cantorum Pmfeciura. L3. chan-
trerie d'une telle Eglife vaut tant.
CHANVRE, f. m. Cannabis fativa. Plante qui porte
le chénevis , & dont l'écorce fert à faire la fi! allé.
Elle eft annuelle , & on en fème des champs entiers
dans plufieurs endroirs du Royaume. La récolte
du chanvre eft d'un grand profit pour certaines
Provinces , 6c la culture eft beaucoup plus utile que
celle du lin. Sa racine eft longue d'un demi-pic,
blanchârre , ligneufe, fîbreufe , épaifle de demi-
pouce au plus .1 Ibn collet, ci'où part une tige car-
iée , velue , rude au toucher , creufe , ligneufe &
tendre, couverte d'une écorce verdâtre 6c filamcn-
teufe. Cette tige eft rarement branchue , fi ce n'ell
à fbn extrémité. Elle efl: haute ordinairement de 5
à 4 pies : dans les bonnes terres elle devient plus
grande : elle eft chargée de feuilles coupées en qua-
tre ou cinq fegmens longs de deux à trois pouces,
fur un demi-pouce de largeur , difpofées en main
ouverte ', rudes, d'un vert brun , relevé de quelques
veines fur la furface , dentelées à leurs bords , Sc
d'une odeur forte S>: qui entête. Ses fleurs naif-
ferrt fiar des pics féparés de ceux qui porrcnt les
femences. Elles font difpofées en manière de grappe,
& oppofées en manière de croix de S. André. Cha-
que fleur eft penchée en bas , Se compofée de cinq
éramines jaunâtres , enrourées de cinq feuilles
longues de deux à trois lignes fur moins d'une
ligne de largeur , purpurines en dehors 6c blan-
ches en .dedans. Ces fleurs ne font fuivies d'au-
cun fruit. Ce n'eft que fur les individus femelles ,
appelés mâles improprement , qu'on trouve les
CHA
fruits qui naiflent par paquets le long des tiges.
Ce fruit eft terminé d'un ftyle fourchu ioriqu'il
n'elt qtl'embryon, & il cil enveloppé d'une mem-
brane qui le garantit jufqu'à ce qu'il ait acquis fa
maturité. Pour lors il eft arrondi , un peu com-
primé, liifc & glabre , &c compofc d'une coque gri-
sâtre qui renferme une lémence tendre , douce iSc
d'un goût d'amande, La même Icmence donne les
deux individus mâles & femelles. ■■
On fe fert en Médecine principalement de la
fcmencc , dont la décoCiiion faite dans du lait ell;
. .très- bonne contre la toux &c contre la jauniiîe.
Les feuilles font bonnes aulii contre la brCdure :
on en tire un fuc qui eft propre pour la furdité.
Chanvre bâtard. Galeopjis. Sa Heur eft une ef-
pèce de tuyau découpe par le haut en deux lè-
vres , dont la fupérieure eft expofée en cueilleron \
& l'inlcrieure, divifce en trois parties, dont celle
du milieu eft la plus grande : fon calice eft comme
i un entonnoir fendu en cinq pointes. Boerhaave
fait mention de quatorze efpèces diîférentes de
galeopjis , entre lefquelles il n'y en a que quatre
qui aient des propriétés médicinales connues,
Voye:;^ le Dicx. de James , au mot GaUopJis.
L'huile de chanvre eft recommandée pour les
pommades dans les petites véroles. Sa graine, qu'on
nomme chinevis , fert à nourrir les oifeaux. Les
ieuilles de chanvre fcches , ou i"a farine mêlée dans
la boiifon , rendoient ceux qui en ufoient ivres ,
ftupidcs & hébétés. Les Arabes néanmoins s'en fer-
vent ■, ils en font une efpèce de vin qui enivre. De
lA Mare, Traite de la Police -, L. V -, T. II ,c.j ,
où il cite Siméon Sethi , ^t; aliment, facult. Cœ-
lius Apitiusj^d re cw/z/z^r, L'Auteur du Traite de
la Police appelle chenevis ,\ï plante d'où l'on tire
le chanvre : mais cela eft contre l'ufage conftant &:
univcr/el. Il n'y a que la femeace de cette plante
qui s'appelle chéncvis , la plante fe nomme chan-
vre. Chanvre mâle , canjiabis fativa mas frnclifera ,
fœcinida. Chanvre femelle , cannabis fativ a femina,
flori'^era ,, Jierilis.
Teiller outiller, broyer le chanvre. Y o^ct^ ces
mots. Rouir le chanvre ,c'<zft le faire tremper quel-
que temps dans l'eau pour le faire fccher ic tiller
plus facilement. Cannabim riva macerare , aqiiâ
J'uligere. Il eft défendu de faire rouir le chanvre
dans des eaux vives où il y a du poilfon. L'eau où
a croupi le chanvre pour le rouir , eft ttès-perni-
cieufe pour la fanté ; Si l'on remarque que les fiè-
vres en automne font fort fréquentes dans les pays
où le chanvre eft commun, Aulfi l'on y défend de
mettre tremper les chanvres dans les rivières &:
les eaux courantes qui font bonnes à boire, Oii
fait avec le chanvre de la toile &: des cordes. Le
plus gros shanvre, dont l'écorce eft plus rude ,eft
employé aux cordes -, &: celui qui eft plus fin fait
du linge fin.
On nomme chénevotte les fragmens des tiges
du c^^wvrt; dépouillées de leur écorce. On dit, j'en
fais autant de cas que de chenevottes , pour dire ,
j'en fais peu de cas : il n'eft bon qu'A brûler.
Chanvre , f. m. fe prend fouvent en françois pour la
fîlafle qu'on tire des tiges de la plante du chanvre
après qu'elles ont été rouies. On dit , voilà du cha?i-
" vre , du chanvre peigné , du chanvre fin prêt à filer,
Cannabini corticis jilamenta. Des cordes de chan-
vre. Tunes cannabini. Il a vendu tant de chanvre.
De la toile de chanvre. Tela cannabina.
Chez les P.omains , le chanvre néceffaire aux
■ '-emplois de la guerre , s'amaflbit par les ordres des
Empereurs , feulement en deux villes de l'Empire
d'Occident , à P^avenne en Italie , ic à Vienne dans
les Gaules, Celui qui en avoit l'Intendance au deçà
des Alpes , étoit appelé le Procureur du Linificc
des Gaules, & avoit fon établiflément à Vienne.
¥.i.iix-.it , cannabis t chanvre , vient du celtique
Canab. Pezron,
CHANVRiER, f. m. Ouvrier qiii habille , prépare &c
vend du chanvre.
CHA 457
^ CHANVRIÈRE, Ç. f. Lieu femé de chanvre, L*
Fontaine s'eft fervi de ce mot.
Quand la. chanvrière fut verte, •
îfT On dit plus communément c heneyière, Y oy et
ce mot. ,> ,
CiS^ CHAO, Ville de la, Chine dans le Pekeli , du
dépattement. de Chinting, Lat. 58^ 10'. '
0Cr Chao. Autre ville de la Chine dans la Province
de Junnan , département de Tali. Lat. 2<îJ 46'.
^ CHAOCHEU, Grande ville de la Chine dansk
Province de Quanton , fur jes frontières de celle
deFokien, Par les 13'! 5-0' de lat. Son département
comprend dix villes,
ifT CHAOCHING. Ville de la Chine au déncrte-
ment de Pingyang , par les 57J 2.7' de. latirude.
ffCT II y a une autre ville de ce nom dans la Pro-
vince de Channton , département de Tungchang.
Lat. ;7J 44'.
IJCr CHAOGAN. Ville de la Chine dans la Province
de Fokien , département de Changchar, Lat. Z4.d.
ity_ CHAOHOA. Ville de la Chine dans la Pro-^
■ vince de Soutchouen , département de Paoning.
Lat, 5 3^ 10'.
tfT CHAOKING. Grande ville de la Province de
Qiianron dans la Chine , capitale d'un territoire
de même nom. Elle a dix cités dans fon reflbrr.
Le Viceroi fait fa réfidence dans cetre ville, Lat.
M'^ 50'.
CH AOMANTÎE, f, f. Parmi les Alchimiftes , c'cft l'arc
de prédire l'avenir par le moyen des obfer varions
que l'on fait fur l'air. Chaos , dans le ftyle de Pa-
racelfe, (îgnifie Vair. Dict, de James,
CHAOS, On prononce Caos. f. m. Maife informe »
grofîière \ mélange confus de tous les élémcnsi
Chaos. Les Poètes ont feint qu'il a fervi de ma-
tière première à la produdlion du monde , & qu'il
fubfiftoit avant que toutes les chofes fuilênt ran-
irécs dans l'ordre où elles font. Comment la ma-
tiere s'eft-elle trouvée dans le degré 4e mouvement
ncceflâire pour former un monde , plutôt qu'un
chaos ? Vail, La terre eft fortie d'un chaos noir,
ténébreux & indigefte -, &; le monde s'eft déve-
loppé de cette maffe informe &c confufe. S, Evr.
Chaos , dans l'Ecriture , eft appelé un efpace im-
menfe & impénétrable , tel que celui qui eft entre
le lieu des bienheureux & l'enfer, Luc, Jt/1,
16, Le Port-Royal a traduit un grand ahyme. Le
P. Bouhours un gouffre tres-vafle. Il y a un goufife
très-vafte entre vous &: nous. Le P. Simon l'a lliivi. Il
y a de plus un grand gouffre entre vous&: nous.
Les Grecs anciens entendoient l'air par le chuos^
Vossius , De IdoM. L. II , c. 25.
Ce mot eft purement grec , x«»5 > qui vient de
;y«/ï« , dehiff:o.
Le chaos des Poètes n'cft autre chofe que l'état
où toutes chof;s étoient dans l'inftant de la créa-
tion , avant que Dieu les eût arrangées dans l'or-
dre où elles font. Foye^ les notes de Grotius liit
fon premier livre de la Firité de la Religion Chré-
tienne. Héfîode , dans la Théogonie ,v. i\6 & jiiiv.
&C Ovide au commencement de les Métamorphofes ,
ont décrit le chaos. Jean André d'Anguillara a
. traduit la Defcription d'Ovide en vers italiens
Gafparo Murrola le décrit dans le premier chant
de fon Poème délia Creatione del Mondo ,n. 25
& fniv. De Barras l'a auffi décrit dans Le premier
Jour de lapremière Semaine , 6c il commence ainiî :
Ce premier monde étoit une forme fans forme.
Une pile confufe-, un mélange difforme,
D'abymes un abyme , un corps mal compaffe ,
Un chaos de chaos , un tas mal entafff, &c.
D'Aflbuci décrit ainfî le chaos en vers bur-
lefques :
Jlors il n'était point de monde ^
Point de miroir ni de rotonde , ^
4J8
C H A
D'heures , de jour , dd mois , ni d'an ,'
Point d'horloge , m de cadran.
Là , le ch.nid puijfant Margajat
Cha(j'oit le froid fauve Goujat ,
El le froid l'aggrippant aux quilles.
Lui faijoit anjji jaire giltes.
Ici le mol choquant le dur
Se ca[joit le «f{ contre un mur ;
Là , lejec , comme un autre Alcide ,
Coml'nttant la puij/ànce humide ,
Ne s'épargnait m prou-, ni peu,
La. terre & l'air crioient au feu ;
Et le feu deffous Amj hitrite ,
Comme au cul de notre rnarmiie ,
Surmonte par jon propre ejjorl ,
Crioit à Jon tour , je Juis mort.
Les Poètes firent un Lieu du Chaos, qui fut le pre-
mier , le plus ancien , & le père des tous les autres.
Voye^ Héi'ode, cité.
Chaos , fe dit fisu»cment de ce qui eft contus 5:
brouillé. Rerum ccnfijio. Les alîaires de cette mai-
fon font fi brouillées , & il y a tant de procès ,
quec'eftun c^rtoj; on n'y voit goûte. Qui peut
débrouiller cette confufion &: ce chaos ? Arn. Son
dilcours efl: pour moi un chaos impénétrable. S,
EvR.LaComédie demeura dans fon prem.ier chaos ,
pendant que la Tragédie fit de grands progrès.
Dac.
^ CHAOURŒ ou CHAOURS. Petite ville de
Champagne , Diocèfe de Langres , Eledion de
Bai-fur-Aube,.
CHAOURL f m. qu'on nomme auifi SAIN. Monnoie
d'aro^ent qui a cours à Teflis , capitale de Géorgie.
f^oye^ Sain.
fCT CHAOYANG. Ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Quanton , département de Chaochcu.
Latir. i;<' io'.
^ CHAOYVEN. Ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Channton , dépaitement de Tengchcu.
Latit. ;<î^l 6'.
CKAPE. f.f. |p=- Ornement d'Eglife qui va jufqu'aux
talons, & s'agratfe par devant, &: que portent
l'Evêque , le Prêtre officiant , les Chantres , &c.
Sacra trabea , vejtis pluvialis. Les Anciens l'appc-
loient pluvial, k la Proceilîon du Saint Sacrement
tout le chœur efl: en chape. Les Officiers avoient
des chapes en btoderies d'or &: de perles. La. chape
rouie n'appartenoit autrefois qu'aux Papes. La chape
de S. Martin étoit autrefois une précieufe relique
que nos Rois portoient à la guerre. ^ C'étoit
un voile de taffetas , fur lequel ce faint étoit peint
& qui avoit été un jour ou deux fut fon tombeau.
Ce voile étoit gardé avec rcfpccl fous une tente.
Avant que que d'en venir aux mains , on le por-
toit comme en triomphe autour du camp. LeGîkd.
A \2.chapeàz S. Martin , qui fut en vogue pendant
fix cens ans , fucceda au XII« fiècie une autre bannière
non moins fâmeufe , que l'on appela Oriflamme.
Quelques-uns onr cru que la chape de famt Mar-
tin étoit l'oriflamme -, mais Borci prétend que c'étoit
l'étendard de France , dont les Ducs d'Anjou étoient
Gardiens, comme Grards Sénéchaux de France:
c'étoit une efpcce de rocher aflez court , fans man-
ches. Or\ préroit autrefois le iermenr fur la chape
de S. Martin Voyez Etendard&: Oriflamme.
Ce mot vient du latin capa.
Chape , fe ditaufTi de l'habit que portent les Cardi-
naux , oui a un capuce doublé d'hermine. Chape
touçre, chape violette.
Chape, eflrauflî le vêtement de deiîlis que portent
les Chanoines & quelques Religieux, & particulière-
ment les Chanoines Réguliers. C'étoit le vrai ufage
du p''vi.il , parce qu'ils s'en fervoient en hiver pour
fe défendre conrrela pluie, 6c conferver leur linge
ou rochet.
Chape, fé dilbit autrefois de toutes foites de robes
C H A
ou capes , ou de manteaux dont on fe couvrok
la tête pour le défendre aes injures du temps. Tra-
bea ; &: on appcloit forte-chape chez le Roi , celui
qu'on appelle maintenant forte-manteau. Quel-
ques-uns font venir ce mot de capclla. ou capra,
parce qu'anciennement les étoffes ctoicnt de poil
de chèvre. De chape, pris en ce fens, on a forme
chapeau ôc chaperon.
Chape , fe dit auflî de plufieurs-chofes qui ferventà
couvrir ou à mettre fur une autre. Uperculum. Ainfi
on appelle la chape d'un alembic , fa couverture,
& autrement , chapelle ; & on appelle chape avei.-
gle , celle qui n'a point d'autre ouverture que le
trou j)ar où elle reçoit la vapeur. ^C Dans ce fers
r»ide chape eÙ. bref, au lieu que la prononciation
en cA longue en parlant de la chape d'un Evêque.
Le mouflle d'une poulie s'appelle auHi chape. Le
chapiteau cteuxfait en forme de cône concave, &
qui couvre le pivot fur lequel roule l'aiguille ai-
mantée , fe nomme de même chape. Les Maîtres
Cuifiniers prennenr la qualité de Forte-chapes de
la ville, fauxbourgs fie banlieue de Paris, parce
qu'ils appellent fArf/f|jCT le couvercle d'argent ou
àc fer blanc dont ils couvrent les plats pour les
trani porter chaudement & proprement.
On nomme aulli chapes , les planches dans lef
qu'elles fe fichent les tuyaux d'orgues , qui fervent
en eflét de couverture au fbmmier, où fe fait la diA
tribution du vent. Operculum.
Chape. Terme d'Horlogerie. C'eft la monture d'une
ou de plufîeurj poulies.
Chape, on appelle encore chape-, le bout des mitai-
nes des femmes, ce qui couvre le dos des doigts
de la main. La chape eil arondie & doublée ordi-
nairement de taffetas.
Chape, en termes de Monnoyage , fignifie le defîûs
des fourneaux où fe fondent les métaux , & où
l'on fait les affinages.
Chape, le dit pareiîU ment dans le commerce delà
poudre à canon, & dans les mioulins où on la 6-
brique , d'un doible baril que l'on met ordinai-
rement aux poudres qui font deftinécs pour l'artil-
lerie de terre , afin de les garantir de l'humiefitc
des fouterrains où l'on a coutume de les confer-
ver.
I^T On met autîi des chapes aux vins qu'on tranf-
porte , non-feulement pour que le vin ne s'évente
point , mais encore pour empêcher les Voinuiets
de le voler.
Chape. Terme de Marine. On appelle fur mer faire
chape, ou l'on dit qu'un navire tait chape, lorf-
qu'il tourne toujours & revient dans la même fi-
tuation,A' qu'au lieu de \irer, il vient arrière.
Chape, en Architedure, eft l'enduit fur l'extrados
d'une voûte, ou lunette gothique, fait de bon
mortier , &: quelquefois de ciment. Inducia arenatù
e.xtima camerœ Juperfcies.
Chape , en tctmes de Fondeurs fe d't aulîl des creux
de plître qui enferment les plus petites pièces d'un
moule dont on forme quelque figure.
Chape , en tetmes d'Otfévre , eft la partie de la bou-
cle où cil: le bouton, Se qui eft un peu plate &; large.
On fait aujourd'hui plufieurs fortes de boucles, dont
les chapes n'ont point de bouton. Extrema pars
quâjihulainferitur&aihœrefcit. Ce font les chapti
mêmes qui étant par le bout en forme de deux cro»
chers , enrrent dans la fente de i'oreille du foulier
où la boucle eft attachée. C/ï^r/^e à l'Angloife.
ChaTE. Terme de Ccinturier. Morceau de cuir qui
fouticnt les boucles de devant &: celles du remoiv-
tant d'un baudrier.
On dit proverbialement , f? débattre de la chape
à l'Evêque ; pour dire, conteftcr fur une chofeoù
on n'a ni on ne peut avoit d'intéict. Ce proverbe
eft fort ancien , & on dit en latin de capa Epif-
copi.Du Cange. Il fignifie , fe débatte de queloue
chofe, conteftet pour en tirer chacun ce que l'on
pourra. Ce proverbe eft très-ordinaire en Berry ,
où fubfifte encore l'ancienne coutume , gui ap^^a-
CH A
refnmeRt lui a donne le commencement •, car lorf-
quc l'Archevêque de Bourges met pour la première
fois le pied dans la Cathédrale , pour en prendre
poHeinon , le peuple qui eilà la porte ie jette fur
la chape dont le l'rcLu eft revêtu , & qui ne tient
qu'à un fil de l'oie ; & on la met en pièces , ciiacun
le battant à qui en auia un morceau , &; à qui en
emportera davantage. On dit aulfij qu'un homme
cherche chape-chute ■■, pour dire , qu'il cherche , ou
qu'il trouve quelque occalion , quelque hazard ,
quelque rencontre avantageule , parce qu'autrefois
chape (igniiioit un manteau. fjCJ" Mais aujourd'hui
on dit plus communément , chercher & trouver
chape-chute , pour dire, quelque chofe de del'agréa-
ble , à la place de ce qu'on cherchoit d'avanta-
geux.
Je lui dis que ce n'eft point là la vie d'un hon-
nête hom.me , qu'il trouvera quelque chape-chute ,
Se qu'à force de s'expofer , il aura l'on fait. M^^
DE SeV.
CHAPE, ad]. En termes de Blafon , (e dit d'une pièce
£iite en figure de chevron , mais qui eft pleine au-
dedans & mailive, en forte que le champ de de-
hors qui eft dans l'ccu f mble lui fervir de chape,
ou de manteau : & en ce cas on l'appelle ccu chap^ ,
parce qu'il s'ouvre en chape ou en pavillon, depuis
le milieu du chef jufqu'au milieu des flancs. Tra-
teatus Telles font les armoiries des Dominicains
& des Carmes \ & c'eft l'image de leurs robes &;
de leurs chapes. Il s'en trouve de plulieurs fortes ,
un ccu chape lojangé , un écu chape enté , un écu
chape crénelé , un ccu c'htipe écartellé , fuiv.int les
figures ouïes ornemens qu'on met en ces chape:>.
Son oppofc eft chauffe.
Chape, adj. m. Revêtu d'une chape. L'Evêque va le
revêtir des ornemens pontificaux dans la Chapelle
paroifîiale qui eft au bas de la nef, où le chœur tour
chape le va quérir, f^'oyages Liturgiques de France.
■ Ce mot n'eft pas d'ufage dans cette acception.
CHAPEAU, f. m. Habillement ou couverture de tête,
^fT qui eft ordinairement d'etotie foulée , de
laine ou de poil , &: qui a une forme avec des
bords. Petajus , caujia. On met des bords au cha-
peau pour garantir le haut du corps de la pluie.
Un chapeau de laine. Petajus laneus. Un chapeau
de caftor , de vigogne. Fibrinus. Un chapeau des
fept fortes. Un chapeau de paille. Stramineus. La
forme, les bords d'un chapeau. Tcjtudo , cavum
pilei , pilei mari^ines. On a dit autrefois, un cha-
pe! orfroifié de l-i jettes d'or & de greffes perles , c'eft-
à-dire , bordé de palTemens & de perles. On a ap-
pelé aufn un heaume , chapel de fer a vijlere. Naudé
appelle, dans fon Mafcurat, \{i%z.x\c\tn^ chapeaux
des Efpagnols, des chapeaux ^'^ot à beurre.
On ne voit point de chapeau avant le règne de
Charles VI. On commença de fon temps à en por-
ter à la campagne : on en porta fous Charles VII
dans les villes en temps de pluie , & fous Louis XI
en tous temps. Louis XII reprit le mortier. Fran-
çois I s'en dégoûta , &: porta toujours un ch.ijeau.
Le Gendre. Quand Charles VII fit fon entrée dans
Rouen le I G Novembre 1449, il avoir un chapeau
de caftor doublé de velours rouge furmonté d'une
houpe de fil d'or. C'eft dans cette entrée , ou du
moins fous ce règne , qu'on commença à voir en
France l'ufage des chapeaux & des bonnets , qui
?'introduifit depuis peu-à-peu , à la place des chape- .
rons , dcfquels on s'étoit fervi de tout temps P.
Daniel , Tom. Il , p.\ 104.
On regardoit comme un très-grand défordre en
149«; , que les Ecclcliaftiques commençafîent, à la
manière des féculiers , de porter des chapeaux fans
cornettes. Il fut ordonne qu'ils auroient de<. cha-
perons de drap noir avec des cornrrre'-- honnêtes ;
t'^' que s'ils étoient pauvres , ils auroient du mo'ns
des cornettes attachées àl^nts chapeaux, ?< cela fous
peine de fufpcnlicn , d'excommunication , & de
paver cent fois d'amende. L'ufage des chapeaux
ctoit plus ancien en Bretagne de plus de deux
CHA 459
cents ans parmi les Ecclcliaftiques , principalement
parmi les Chanoines : mais ces chapeaux croient
comme des bonnets , & c'eft d'où lont venus les
bonnets carrés des Ecclcliaftiques. Un Evêque de
Dol , du XlPfiècle , zélé pour le bon ordre, per-
mit aux Chanoines feulement de porter de ces
fortes de chapeaux^ & voulut que li d'autres en
portoient dans l'Eglife , l'Office divin celsât auifi-
tôt. LoBiNEAU , Tome 1 , p. 845.
Ce mot vient de cape & de capellum , félon Mé-
nage, ou de capelliu , que l'on trouve dans la bafîè
latinité , fynonyme de caputium , capuce , habille-
ment de tête. Kaye^ Aci. SS. April. T. 11., p.^i.
On a dit autrefois capel, que l'on dit même quel-
quefois encore en badinant , & dans le ftyle bur-
lefque :
Mais je jugeai portant fous mon capel ,
Tout tien compte , qu'il etoit bon d'attendre.
D'autres le dérivent de l'allemand , fchapel ,
lignifiant un chapeau de fleurs. Joannes de Janua,
dit que c'eft parva capa , eà quod capillos tegat ,
& ejt quafi capitis pellis.
On dit , mettre la main au chapeau. Pafquier
remarque en fes/ftfc/ztrc/^ej, qu'en beaucoup d'U-
niveditcs d'Allemagne , lorfque les Profeifeurs
nomment Turnèbe ou Cujas , tous les Auditeurs
ne manqr.ent jamais de mettre la main au chapeau ;
t.int eft grand l'honneur & le refpeél qu'ils por-
tent à leur mémoire. J'ai oui dire que dans l'Uni-
verfitc de Bourges on fait la même chofe pour
Cujas. Donner un coup de chapeau , ôtet le cha-
peau à quelqu'un , être devant lui chapeau bas.
Caput aperire , petafum ponere ; pour dire , fe
découvrir , être tête nue devant lui , pour le faluer,
ou lui rémoigner du refpeél. EJfe aperto capite.
On dit, mettre chapeau bas, pour dire, ôter
fon chapeau , & abfolument , chapeau bas , pour
dire , découvrez-vous , ôtez votre chapeau. Oter
fon chapeau à quelqu'un, pour dire, le faluer,
en fe découvrant la tête. Acad. Fr.
On dit d'une querelle qui s'eft pafîce fans beau-
coup de '.'éfordre : tant de tués que de blelfés, il
n'y a qu'un chapeau de perdu.
On dir familièrement 6c populairement que le
père d'un enfant nouveau né va toutner fon cha-
peau^ pour prier un parrcin & une marreine.
Les Chapeliers appellent chapeau en blanc , un
chapeau qui n'eft pas encore teint. Petafus nullo
culoro imlutiis , tinclus.
Chapeau , lignifie quelquefois un homme. Il y avoir
pluficurs femmes à cette affemblée , mais il n'y
avoit pas un chapeau. Cela eft du ftyle familier.
On appelle chapeau de fleurs , une couronne de
fleurs qu'on met fur la rctc des filles, loifqu'on
les époufe. Florea corolla.
Chapeau de rofes, ou chape/ de rofes , lignifie
anlll un léger don que les pères & mères font à leut
fille , quand ils la matient ; de manière qu'ils ne lui
donnent pas tout fon advenant 8é légitime por-
t;on.
(CT II y a quelques coutumes où la fille mariée par
ft s père &: mère avec un chapeau de rofes , re peut
plus venir à leur fuccelfion. Fove:^ la Coutume de
Tours & celle d'Auvergne. C'eft une difpofitîon
introduite en faveur drs mâles , pour leur confervcr
les biens des familles. La Cortumede Normandie a
une difpofition femblable. Si rien n'a été promis
à la fille, rien n'aura.
Cette difpofition a aulîî lieu entre nobles dans
la Coutume de Touraine. Suivant toutes ces Cou-
tumes , les filles doivent fe contenter de ce qui leur
a été donné en mariage par leurs pères ^ mères ,
fuirenr-elles mariées avec des chapeaux de rofes -,
en forte qu'étant une fois mariées , elles ne peuvent
plus précendre à leurs fucc^ffions.
Chapeau de fleurs , fe dit aulfi pour la couronne
de fleurs que le Clergé porte fur la tête aux pto-
44^ C H A
cefTions du faine Sacrement , ou dans d'autres
cérémonies.
ft^- On appelle chapeau de Cardinal , une iorte de
chapeau rou^e , qui a la forme très-plate & les
bords très-grands, & d'où pendent de grands cor-
' dons de foie rouge.
Chapeau de Cardinal , & abfolument cimpeau ,
' fe dit aufll de la dignité de Cardinal & de la pro-
motion à cette dignité. Prétendre au chapeau , at-
tendre; recevoir le chapeau. Les Catdmaux por-
tent le chapeau rouge à Rome dans les cercmonies.
Ceft Innocent IV qui établit cet ulage l'an' ■r245,
pout leur apprendre qu'ils doivent êvK prctsa ré-
pandre leur fang pour Jesus-Christ.^
Lé Roi ne put jamais fe-réloudre a permettre
que l'Evêque reçut le chapeau. BouH.Kiê deSAsn.
L IV Le Cardinal Bellarmin fut le fécond de la
Compagnie de Jéfus , que le Pape Clément VIII
obligeaVfous peine de péché , à recevoir le cha-
peau.^ Id. L. VI.
Chapeau , en termes de Blafon , fe dit d'une marque
de'dienité eccléhaftique., /^ew>-y > & principale-
ment de celui des Cardinaux, qu'on appelle -ab-
folument chapeau rouge. Fecajus purpureiis. Voyez
Chapeau de Cardinal. H eft garni de longs cor-
dons de foie entrelacés , qui pendent-du dedans &;
aux côtés avec cinq rangs de houpes , que les
Italiens appellent fiocchi , qui croilfenf en nombre
à mefure qu'elles defcendcnt. Se font jufqu'à quinze
houppes dans cet ordre , 1,1, 3 ? 4 ^^ 5. Ce c/i^z-
peau leur fut donné par Innocent IV, l'an 1150,
comme difent Volaterran &: Polydore Virgilt,
D'autres difenr que ce fut l'an 114^, au Concile de
Lyon j mais on ne les a mis fur le timbre des Ar-
moiries que depuis l'an 1300. Auparavant les Car-
' dinaux étoient repréfentés avec des mitres. Les
Patriarches & les Archevêques ont le chapeau vert,
avec quinze houpes comme les Cardinaux. Les Eve-
■. ques Tout de même couleur, avec dix houpes.
Les Abbés S; les Protonôtaires le portent ncr
avec deux rangs dé houpes : i, 1. Ces chapeaux
fe mettent par ornement au - deflus de l'ccu ,
comme les m'itrcs & les couronnes. Le P. Mcne-
ftrier , dans Ï0rï<(ine des Ornemens des Armoi-
ries , dit que l'ufagc du chapeau pour tous ic.s
Prélats vient d'Efpa^nc , où on le voit dès l'an 1400 ,
& que Triftan de^Salazar , Efpagnol de nation ,
Archevêque de Sens, femble être le premier qui
l'a introduit en France pour les Archevêques.
Il y a des Ecus qui portent aufll des chapeaux de
divers émaux. Dans un des bas-reliefs de larour
iituée au côté méridional de l'Eglife Cathédrale
de Nantes , il y a un écuifon d'hermines , ou de
Bretagne moderne, couché 6c timbre d'un cafque
fermé, couvert d'un lambrequin d'hermines, &
d'un chapeau fourré &: rebrafle de même. On croit
qu'il eft de Jean V, Duc de Bretagne, qui rit
conftruirc la façade de cette Es^life , où il pofa
la première pierre au mois d'Avril 1454.
Les Anciens ont pris le chapeau pour un fym-
bole de liberté, comme on voit dans plufieurs
médailles , avec cette légende , Libertas puHica.
La raifon efl que les Romains, en affranchilîanc
leurs Efclaves , leur donnoient le chapeau.
|Cf Les Armuriers appellent chapeau à l'épreuve di
monfijuet, une efpèce de coëffe de fer que les Sol-
dars mettent dans la coéffe de leur chapeau. Cajjis
ferrea plumbo mijfili impervia.
Chapeau, en termes de Charpenterie, fe dit d'une
efoèce de petit fironton qui fait la couvertute
d'une lucarne fur un pan de bois. On le dit auffi
de la plus haute pièce de charpente qui aifembL-
des poteaux corniers dans un clocher, ou un pan
de bois , &c.
Chapeau fe dit aulîî de la pièce de bois qu'on
met au-defll'-s des étales pour foutenir des pou-
tres ^ des folives. On l'appelle chapeau d'étaie.^
" ' On appelle encore chapeau , la pièce de. bois
C H A
"qui fert d'appui tout au haut d'un efcaiicr de cher-
pente.
En Mâconneiie , l'on appelle chapeau , le cou-
ronnement , le chaperon , ou le haut d'une mu-
raille en talut , pour donner l'égoùt aux eaux.
Chapeau , terme d'Horlogerie. Ceft une pièce
faite en cône , dont la baie couvre , par exemple ,
une roue que l'on veut ferrer fur un des arbres d'une
machine à fendre : le fommet du chapeau entre
dans un petit trou fait au bout d'une vis qui le
fetre fortement contre la roue.
Chapeau. On nomme ainfi en Hollande une cer-
taine mefure de compte , lur laquelle s'évaluent
les droits d'entrée & de Ibrtie qui fe payent pour
le thon.
Chapeau. C'eft encote une ir.efure pour les grairis ,
dont on fe fert à Delft. Le chapeau contient treize
viertels de Breda , ou quatoize d'Anvers.
Chapeau de Maure , en tetmes de Commerce de
mer, lignifie un certain droit, ou préfent, que
les Maîttes des vaillêaux marchands fe font don-,
net pour chaque tonneau de marchandile qui fé
charge dans leurs bords. Ainfi un Maître de navire
ditTll me faut tant pout le fret, & tant pour
mon chapeau.
Chapeau de fil de pieux. C'eft une pièce de bois
que des chevilles de fer tiennent attachée fut les
coutonnes d'un fil de pieux, foit dans un batar-
d'eau, foit dans une chauflce.
Chapeau de rofes. Teime de Phaimacie, qui fe dit
des rofes am'aliccs en forme de gâteau au fond d'un
alembic, aptes en avoir-fait diftiller lleau. On s'en
fert en fomentation , en le taifant bouillit dans du
vin- pout fortifier.
fC? On donne en général le nom de chapeau , aa
marc qui refte au fond des alembics , après cer-
taines diftillations de végétaux.
£)Cr Chapeau, chez les Titeurs d'or, efpèce" de bo-
bine, lùr laquelle ils roulenr l'or avant "qu'il foit
dcgrolîi , ainfi nommée à caufe de fa relfemblance
avec un chapeau dont les bords feroient abattus. _
On dit proverbialement d'une peifonne.à qui
il eft arrive quelque fu;et de honte, ou de qui
' on a fait quelque médifance : voilà un beau cha-
peau que vous lui mettez fur la têtcl On dit aulli,
qu'elle a perdu la plus belle rofe de fon chapeau,
pour dire , qu'elle a fait quelque perte conlidé-
rable, fur -tout en ce qui regarde l'appui &C la
protcd;ion.
^ Chapeaw-Cornu. Petite ville de France , dans
le Dauphiné , aux frontières du Bugei.-
CHAPEL. f. m. On a dit autrefois ce mot pour chai
peau. Un chapel de rofes , c'eft un chapeau ou une
couronne de xoi^Capellus , capelhun , capaellum ,
pileus. Froifrardnoinville, de Viilehardouin, fi-c,
appellent chapel de fer,\inc efpèce de cafque fait
en forme de chapeau à petits bords , duquel les
Chevaliers le fervoient hots le combat pour pren-
dre haleine , à caufe de la trop grande pefanteut
des heaumes, qui leur accabloient la tête, de que
Nicctas dit avoir été à s;uife de tours. Du Cange.
CHAPELAIN, f. m. C'eft proprement celui qui eft
pourvu d'une Chapelle ou Chapellenie, formant
un titie de Bénéfice. Sacrario prcefecius , Capel-
lanus. ...
On appelle aulTi Chapelain, m Prêtre qui Vien?
dire ordinairement la Melfe dans les maifons parti-
culières, ou qui delîêrt une Chapelle dans Une
■pi*/'
Chapelain , dans l'Ordre de Malte , autrement Dia-
co , & Cleic Conventuel. C'eft le nom qu'oit
donne au fécond ordre de l'Ordre de Malte. LeSi
Chevaliers font le premier, & les Scrvans-d'Ar-;
mes le troifième. y- ' 1 - '
On appelle aufTÎ Chapelains les Officiers Eccle-
fiaftioues de la Maifon du Roi & des Princes , qui
fervent à leurs Chapelles. Il y a huit Chapelains
de l'Oratoire du Roi fervans par quartier. Les pre-
miers Chapelains ont été ceux qui gardoicnt la
chape
CHA
chape de S. Martin , & les aiities reliques que
les Rois avoicnt dans leurs Palais , & qu'ils por-
roienc à l'armée , comme témoigne Walafridus
Strabo. Les Aumôniers du Roi s'appeloient autre-
fois Chapelaihs. Guillafine de Melmes écoit pre-
mier Chapelain de S. Louis. Ce Prince lui donna
fon Livre de prières : c'cfl: un in-folio écrit à la
main en caraûères gothiques , & orné de migna-
uires , qui étoiènr fort belles en ce temps-là , ^'
qu'on cftimc encore aujourd'hui^, à caulc de la
beauté des couleurs , & fur-tour de l'or , qui ne
s'écaille poinr. Guillaume de Mclines laiflà en
mourant ce Livre aux Cordeliers de Paris , d'où
il paifa entre les Inains du Chambellan du Duc
de Bourgogne, de qui ce Prince l'eut : enfuite les
Rois d'Efpagne l'ont eu par Marie, fille unique &
héritière de Charles, dernier Duc de Bourgogne,
Philippe II, Roi d'Elpagnclc porta en Angleterre,
& le bifla à A4arie , fille d'Henri VIII & de Cathe-
rine d'Arragon. Ce Livre , après avoir appartenu
aux plus grands Princes de l'Europe , fut rap-
porté d'Angleterre en France par M. de Bellièvre ,
qui le rendit à MM. de Mcfmes , fes premiers
maîtres : il efl dans la Bibliothèque de M. de
Mefmes , ci-devant premier Président du Parlement
de Paris,
Chapelains du Pape, lont les Audireurs ou Juges
des caufts du facré Palais, Controverfiarum facrl
Palatii Judices. Ils ont été ainli nommés , patce
.que le Pape donnoit autrefois audience dans la
*" Chapelle, pour Juger les queftions fiir lefquelles
il étoit coiifulté de tous les endroits de la Chré-
tienté. Il Y appeloit pout Afléircurs les plus favans
Légiftcs du temps, qui pour cela étoient appelés
{es C/iapd/ains; de c'cil des décrets qu'ils ont don-
nés auttefois qu'eft compofé le corps des Décré-
tales. Ils ont été réduits au nombre de douze
par Sixte IV;
S'il étoit vrai que ce mot Chapelains > comirie
on l'a remarqué ci-delllis , eût été dit d'abord de
ceux qui gardoient la chape de S. Martin , il fe
leroit fôïmé de capa , & non pas de capella , fait
de capji/la oii capja , & lignifiant uiie châlle , com-
me d'iutres le pcnlcnt : mais les noms de Capella
& CapcUanus ne font connus , ni du temps de
S. Martin, ni dans le liccle luivant. Quelques Au-
teurs difent que les châllés des Reliques étoient
couvertes d'une efpècc de tente, ou cape ou ca-
pelle, c'eft-à-dire, petite cape , & que c'efl: dc-là
que les Prêtres qui en avoienr foin furent nom-
mes Chapelains. Dans la fuite ces icliques furent
mifes dans une petite Eglife , ou attenante à une
grande, ou féparée , à laquelle on donna le nom
de cliapelle-, que l'on donnoit à ce qui couvroit la
châflc -, de les Prêtres qui avoient foin de ces cha-
pelles, s'appelèrent de même Chapelains : & de-Là
tout Clerc deflérvanr une Eglife fut appelé de
ce nom. Voye^ M. Du Cange dans fon Glojfaire.
On trouve dans quelques anciens titres Cahella-
narius , pour dire Chapelain.
CHAPELAINE. f. f Qui fe dit d'une Officière de
l'y^bbellé d'Ellrun proche d'Arras. Capellana, L'Ab-
belfe d'Eftrun tient table dans fon appartement,
où elle reçoit les externes , félon l'obligation qui
lui en efl impofée par fi Règle. Elle y a pour
compagne fa Chapelaine , & elle y peut appeler
quelquefois des Religieufes de la Communauté,
P. }-\i.i.Ycn , tom. VI, c. 40.
CHAPELAINIE, Foyei Chapellenie.
CHAPELER. V. a. Retrancher, enlever avec un cou-
teau le defTus de la croûte du pain , pour la ren-
dre plus mince & plus aifée à mâcher. Summas
paras cruiias clavulâ decutere ; cruflas panis
dijlrin^ere. Ce vieillard fait chapeler fon pain à
caulé de fes mauvaifes dents.
Ménage prouve que ce mot vient du latin capel-
, lare, d'autres de capnlare. Borel dit qu'il vient
de f •?"(?, c^iî/?or, parce que c'eft un animal à qui
Tome II,
CHA 44Î
oh a ôtc une partie en le châtrant : origiries foré
incertaines,
CHAPELE , EE, part. Du pain chapdL Panis
jiunmis crujiis exutiis.
i:fr CHAPELERIE. f. f. Arr de fabriquer les cha-
peiincrt Apprendre la Chapelerie.
On le dit aulH du négoce de chapeaux. Se
mêler de la Chapelerie..
CHAPELET, f. m, Plulieurs grains qui fervent à
compter le nombre des Pater nojhr & des Ave
Maria qu'on veut dire en l'honneur de Dieu &:
de la fainte Vierge, Glohiilorum facrorum feries ;
Beatœ Virginis corona. On les appelle autrement
patenôtres. Un refaire ell un chapelet de quinze
dixaines à' Ave Alaria. Beatœ Firginis rofariiim.
Il y a des chapelets de corail , de diamans , de
calembouc,de bois de fainte Lucie, &c.
Ménage tient que ce mot vient de la rclTem-
blance qu'il a avec un chapeau de rofes, dont on
a fait rojaire. Les Italiens difent corona. On l'a
appelé auin en italien & dans la balle latinité
capcllina. On trouve dans un procès de la vie
d'Urbain V, fait au quatorzième iiècle, & rapporré
par le Père Janning , v^f7a! SS. Jim. t. V, p. 443.
E. Capellatum reginale cum. gertimis & Lapidibus
pretiojis , pour lignifier une "couronne ornée de
perles &: de pierres précieufes.
M. Fleury, dans le Difcours préliminaire de fon
XXc tome de VHiJloire Ecclejialiique , xapporte
Porigine du chapelet aux Moines du onzième Iiècle.
Il dit que quand on inftitua des Frères lais ou
laïques dans ces Ordres Religieux , on leur pref-
crivit un certain nombre de Pater à chacune des
heures canoniales : & afin qu'ils s'en puHent ac-
quitter , ils portoient des grains enfilés , d'où ,
dit-il , font venus les chapelets^
^fT Larrey, dans Edouard VI, p. 5^0, & Pierre
. Viret 3 difent que l'ufage en fut établi par Pierre
l'hermite, perfonnage fameux dans l'Hilloire des
Croifades. Saint Dominique inftitua le refaire da
quinze dizaines de grains, dont on a diminué le
nombre dans les chapelets ordinaires.
Il y a aulîl un chapelet ou couronne de Notre
Seigneur, de trente-trois grains , en l'honneur des
trenre trois années de fa vie f.ir la terre. Le Perd
Michel de Camaldule en fut l'Inftiruteur.
Enfiler des chapelets , c'eft palfer des grains dans
un fil ou un cordon pour en faire des chapelets.
Défiler un chapelet , c'efl: en tirer les grains du
fil ou du cordon où ils croient enfilés.
On dit figuremcnt , enfiler & défiler des cha-
pelets , pour , faire & défaite des afïiuves , les gâ-
ter , les troubler. Le Cardinal de Richelieu ne
difoir-il pas, qiic fix pies de terre, voulant par-
ler des intrigues du cabinet, lui donnoient plus
de peine , qiie tout le refle de l'Europe. Pourquoi
cela î finon à caufe des chapelets que l'on y enfile
& défile continuellement. Masc. En cet endroit,)
il lignifie les affaires que l'on fait & défait , les
rcfolutions que l'on prend & que l'on change
continuellement : c'eft du ftyle familier.
Les Orientaux Otit aufîl des efpèces de chape-
lets qu'ils appellent chaînes , pout faire leurs priè-
res, en difant le nom de quelqu'une des perfeélions
de Dieu fur chaque grain. Le Grafid-Mogol porte
jufqu'à huit de ces chaînes; les unes de perles^
les autres de rubis, de diamans , de corail, &c.
Les Turcs ont audi des chapelets fur lefquels ils
récitent des prières. Le P. Jérôme Dandini , Jélùite,
en parle de cette manière dans fon Voyage dit MonÉ
Liban, c. XI. Les Tufcs ont des chapelets qu'ils
portent à leur main, ou pendus à leurs ceintures ^
mais ils différent beaucoup des nôtres 5 car les
grains y font tous d'une iricme groffeur, &ils n'ont
point cette diftinélion qnè nous avons de dix en
dix grains, quoiqu'ils les cdmpofcnt de fix dixaines.
Ils ont anlJi une autre forme de chapelet qu'ils di-
vifcnr en trois parties avec de petits fils , parce
qu'il efl plus grand que l'autre , contenant cent
K k k
442.
CH A
crains : ils n'emploient pas néanmoins plus de
Temps que nous à le réciter ; au contraire ils ont
plutôt fait , parce qu'ils ne dilent à chaque grain
pour toute prière, que ces paroles , Louange à
Dieu , ou celles-ci , Gloire à Dieu.
Comme ce Jciuite n'eft pas tout-à-fai# exaft
<ians la delcription des chapelets des Turcs ,_ M.
Simon, qui a traduit ce Voyage d'italien en fran-
cois , a ajouté cette remarque. Il eft vrai que les
crains de leurs chapeUts ne l'ont pas inégaux à la
fecondes nôtres-, aulli ne récitent-ils pas delTus
deux différences prières. Ils ont néanmoins quelque
diftindion dans leurs chapelets de cent grains- ils
les divifcnt en trois parties , &: ils difent fur une
de ces parties trente-trois fois foubhan lallah , c'eft-
à-dire , que Dieu eft louable î fur la féconde EUamd
lallah, gloire à Dieu j ô: fur la troifième. Alla
echer , Dieu eft grand. Ces trois fois trente-trois
fois ne fiifant que quatre-vingt-dix-neuf, ils ont
ajouté une autre prière fur la tcte du chapelet , pour
faire le nombre de cent-, Se c'elt en quoi leurs cha-
pelets font fcmblables aux nôtres , parce qu'outre
la couronne 6c le rond de leur chapelet , il y a
encore au bout quelque choie qui tient la place de
ce que nous appelons la croix du chapelet.
M. Simon croit que ce chapelet des Mahomécans
tire fon origine de Mea heracoth , ou cent béné-
diilions , que les Juifs font obligés de réciter
tous les Jours , &c qu'on trouve dans leurs Livres
de prières. Les Juifs &: les Mahométans , dit-il
dans cette même note , ont cela de commun , qu'ils
ne font prefque rien fans prononcer quelque louange
ou bénédidion -, mais comme les Mahométans ont
réduit CCS cent bénédidions à trois fortes d'aélions
de grâces , cela les a obligés d'inventer ce chapelet ,
divifé en trois, comme nous avons divifé les nôtres
en dizaines, pour marquer le nombre des Pater 5c
des^v^; outre qu'ils récitent le chapelet en parti-
culier , ils ont des chantres qui le récitent tout
haut dans leurs mofquées.
Chapelet de chevalerie, étoit autrefois une guir-
lande de rofcs qui arrêtoit les cheveux, & qui
ctoit fort ufitce , & connue dans les vieux Romans
fous le nom de chapelet.
Chapelet , en termes d'Hydraulique, |p* fe dit d'une
pompe qui va par le moyen d'une chaîne fans fin , à
laquelle font attachés de fuite plufieurs godets ou
féaux , fervant à élever les eaux , defTéchcr des
maraiis , &c.
Chapelet en termes de Fonderie, morceau de fer
rond Se plat , avec trois tenons, qui fe met à l'extrc-
iiiité del'ame d'une pièce de canon, lorfqu'on en
fait le moule, pour affemblerla pièce avec la culafTe.
En terme de Chirurgie , chapelet eft un rang de
certaines puftules malignes qui viennent au front ,
Se que l'on ne manque jamais de prendre pour un
mauvais ligne. Pujhdarum in fronte feries.
Chapelet en termes de Manège , eft une paire d'étri-
vieres garnies de leurs étriers , & ajuftées au point
du cavalier, qu'il attache au pommeau delà lelle
par une efpèce de boucle de cuir qui les joint en
haut. Cela lui épargne la peine de les alonger ou
de les accourcir , quand il veut monter à cheval ,
ou en changer. Lorafuhicibus peianeis infirucla ad
cornmodum equitantis.
Chapelet en termes d'Architedure , eft un petit
ornement |P" en forme de petits grains fphériques
ou elliptiques que l'on taille ordinairement fur les
ba2;uettes des architraves. Tceniola globuUs incifa.
Il y en a de plufieurs fortes , de Hcuions , de gre-
lots , d'olives , de patenôtres.
Ip* Chapelet , terme de Pêcheur. On appelle ainli
les balles de plomb que l'on met au bas de cettains
filets pour les faire aller au fond. Le haut de la
fcine demeure fur la furface de l'eau , fur les pate-
nôtres de liège. Le bas, appefanti par un long
chapelet de plomb , gagne le fond de l'eau. Pluche.
^ Chapelet fe dit plus particulièrement des balles
de plomb qu'on met au bas de la circonfétcnc; du
CH A
filet appelé épervier. Il repréfentc en effet la cou-
ronne d'un chapelet.
Chapelet le dit aulft de cette verroterie ou rafîade,
dont il fe, fait un fi grand commerce avec les Nè-
gres de la Guinée , & \at Sauvages de l'Amérique -,
parce que ces grains de verre l'ont enfilés comme
des chapelets ,^^^oni la facilité du négoce.
Chapelet. C'eft encore un ouvrage de Serrurerie,
qui eft du nombre de ces ibrtes de pencures , que
l'on appelle des fiches.
Les Marchands d'eau-de-vie appellent auffi le
chapelet , une petite mouffe blanche qui fe forme
en rond fur la furface de l'eau-de-vie , lorfqu'on
la verfc dans un verre. Ce cercle marque la bonté de
cette liqueur,
rfj- Chapelet , machine d'Opéra. On appelle ainli
plufieurs petits chaflis de formes différences , peints
en nuages , î5c enfilés à des cordes les uns après
les autres , qu'on defcend & qu'on remonte par le
moyen d'un contre-poids.
Chapelet, en termes de Fauconnerie, fe dit pour
chaperon.
Chapelet, en Jurifprudence coutumière, eft une
marque d'honneur Se de diftinclion que les Sei-
gneurs des Comtés & Baronnies ont droit de faire
mettre aux fourches patibulaires de leurs Seigneu-
ries. 'Vigier fur Angoumois , art. i.
On dit'en proverbe , lorlqu'il meurt coup fur coup
plufieurs perlbnnes d'une même famille , ou qu'elles
fe détachent d'une cabale , que le chapelet le défile.
On dit quand quelqu'un eft puni de quelque faute,
qu'il n'a pas gagné cela en difant fon chapelet.
CHAPELEJJKE^ de pain. Voyez Chapelure.
CHAPELIER, f. m.Marchand qui vend deschapeaux,
ou l'Artilan qui les fabrique. Petaforum Mercator ,
yel Opifex.
CHAPELliRE. f. f. Celle qui vend des chapeaux, ou
la femme du Chapelier.
CHAPELLE, f f. Ce terme a plufieurs acceptions,
même en matière eccléfiaftique. Il fignifîc quelque-
fois une petite Eglité particulière , qui n'eft ni Pa-
roilfe , ni Cathédrale , ni Prieuré , qui fubfifte d'elle-
même , Si. que les Canoniftes appellent fuh dio.
C'eft-à-dire détachée & féparée d'une autre Eglife.
Sacrarium , facellum.
Il y a plufieurs Eglifes Collégiales qu'on appelle
faintes Chapelles , comme celles de Paris , de Dijon,
de Bourges , de Bourbon , de "Vinccnnes , à caufe
qu'on y gardoit les reliques , &c. Celle de Bourges
eft appelée fainte Chapelle dans la Pragmatique-
fandion -, mais celle de Dijon fut d'abord nommée
Chapelle Palatine , ou du Palais , par Hugues III ,
Duc de Bourgogne, qui la fonda en 1172, L'an
1175 Philippe fe Hardi ayant fait couronner la
Reine Marie , fœur de Jean Duc de Brabant, qu'il
avoit cpoufce en fécondes noces l'année précédente ,
Se la cérémonie s'étant faite par l'Archevêque de
Reims dans la Sainte Chapelle de Paris , l'Archevêque
de Sens , en qualicé de Mécropolicain de Paris , en
fit grand bruit , îs: en porta fes plaintes au Légat ;
maïs le Roi fit ccfîèr les murmures , en lui décla-
rant que {a. Chapelle étoit un lieu exemt, fur le-
quel il ne pouvoit prétendre de Juridiel:ion,
Ce mot vient , félon quelques-uns , du grec
xaa-fAsT», qui lîgnifîoit de;7en/f5 tentes, que dref-
foient les Marchands dans les Foires pour fe mettre
à couvert. Papias le fait venir du mot grec a«ç
Se du latin capio quafi capiens a«>» , ou populum
vel lauiem ; ce qui eft une étymologie de Jurif-
conflilte impertinente. D'autres le dérivent de cape
Se chape , qui fervoit .à fe couvrir le corps , comme
li la chapelle n'étoit autre chofe qu'un lieu cou-
vert : &: c'eft ainfi qu'on difbit la chape de fainc
Martin , qui éroit une efpèce de manteau , ou d'é-
tendard , dont les Ducs d'Aniou étoient gardiens ,
comme Grands-Scnechaux de France, Se qu'on por-
toit à l'armée comme un étendard. D'autres le tirent
à pellihus caprarum , parce que ces lieux fe cou-
vroisnc de peaux de chèvres. On a auffi appelé au-
CH A
trefbis chapelles ^ les châ/îcs où Pon gardoit les
reliques des Saints. Peut-être vient-il de ce que les
Rois , dans les voyages & expéditions militaires ,
ne pouvant pas entendre la Meifc dans les Egliles ,
qu'ils trouvoient Ibuvent brûlées , la failbient dire
ilir une pierre conlacrcc & portative -, & le lieu
couvert où on la diibit s'appeloit chapelle.
Rebuflè , dans Ton Traite de Pacificis poffejfori-
lus , dit que le mot capella vient de cappa j'ancli
Martini, qui étoit une chape ou manteau que
nos Rois de France avoient coutume de faite por-
ter avec eux , loriqu'ils alloient à la guerre. Comme
ils failbient garder très-foigneuiem'ent cette chape
dans des tentes particulières, on appela ces tentes
chapelles. On donna le nom de Chapelains à ceux
qui en avoient le foin.
Chapelle. {Chevaliers de la) Ce font des Cheva-
liers fondes par Henri VIJI, Roi d'Angleterre,
dans Ibn rellament , au nombre de tieize. Ce nom-
bre a été augmenté depuis de la moitié , & ils font
2.<î. Ce ne font point des Chevaliers de la Jarre-
tière -, mais ils doivent en remplir tous les devoirs
dans les fervices funèbres des Rois d'Angleterre. Ils
font affuicttis à TOifice des Chanoines de Vind-
for , & vivent des penfions que l'Ordre leur
aifigne ; ils en portent auffi le manteau bleu
ou rouge, avec les armes de S, Geor<?e fur l'é-
paule gauche ; mais ce manteau n'eft que de drap ,
& lis ne portent pas la Jarretière comme les Che-
valiers de cet Ordre.
On appelle aulfi chapelle une partie d'une grande
Eglile Cathédrale , Collégiale , ou autre dans la-
quelle il y a un Autel où l'on dit la Melfe, & que
les Canonises appellent/w/' tedo, c'eft-à-dire, ren-
fermée fous le toit d'une plus grande Etrille. Les
chapelles font d'ordinaire aux arcades quf font aux
côtés des Eglifes , ou au-devant des piliers La
chapelle Notre-Dame , de S. Roch , &c. mais celle-
ci s'appelle proprement une chapellenie. Les An-
ciens les ont appelés cuUcula. Du Cange,
^ Il y a auHl des chapelles domeftiques dans les
palais , dans les châteaux & dans les maifons des
particuliers. Ce ne font proprement que des ora-
toires privés. Le canon ii du Concile d'Aa:de ,
tenu en 505, permet aux particuliers d'avoir des'
chapelles dans leurs maifons , avec "défenfc aux
Clercs d'y célébrer fans la permlifion de l'E-
veque.
|CF On appelle auffi chapelle , le bénéfice fondé ou
attaché à la chapelle. Annuiis ex facello reditus.
Cette chapelle eft un bénéfice fimple. On lui a
donne une chapelle qui vaut cent écus. Une cha-
pelle prelbytérale ne peut-être poflédée que par un
Prêtre. On dit plus communément chapellenie.
Chapelle ardente , eft l'appareil funèbre qui envi-
ronne le corps ou la repréfentation d'un défunt ,
dans une Eglife , dans une chapelle particulière '
ou dans un appartement , avec un grand nombre
de cierges allumés. Pyra ardentihus cereis. Cliifflet
prétend que les chapelles ardentes ont été intro-
duites fur la re/lcmblance des bûchers , fur lefquels
les Gentils brùloient les corps morts.
On dit de quelques Princes, comme le Pape, ou
, leRoid'Efpagne, qu'ils tiennent cy^<z;;e//t, quand
ils adiftcnt à l'Office avec de grandes cérémonies
aux jours lolennels. Sacrce fupplkationes à Princi-
pibus viris obiri folitcc in templis ex folenni for-
mula. ■'
la- On appelle la chapelle du P.oi , le lieu où le
Roi entend ordinairement la Meife ; &lamuiique
de la chapelle , les Muficiens qui chantent pendant
la Melfe. On appelle aufîi la chapelle du Roi , le
corps de tous les Officiers qui fervent à fa chapelle ,
& particulièrement ceux de la Mufique. Sympho-
niacoriim muficorum chorus. Cette manière de par-
ler vient des Italiens , qui appellent chapelle , ca-
pella , une artemblée , un corps de Mufîciens , &
Maure de chapelle , Maeftro di capella, celui que
nous appelons Maître deAlulîque. Les Maîtres de
V-' ira A A A ^
la Chapelle du Roi ont été autrefois appelés Ahhe^ .
Arcln-chapela;ns, Secretaues & CV/i.c./ .f/, ca
Ils gardoient le cachet du Roi. Du Cange
On appelle encore c^.;,.//. , l'argenterie que les
Rois , les Prélats &: les Grands-Seigneurs on pout
i^^^^^Y^, chapelle, la croix , les chandeliers^ \t
tnnu ^'V "r''"' ^' ^''""' ^^- ^^crafacdll
Chapelle , fe dit auffi des petits temples des Eiufl'eS
Religions. F^«//,« oranum. Le Chérif alloitquel»
quefo.s a une efpèce de chapelle qui eft dans le de^
hors de Moka , ou l'on prétend qu'il y a des Pro-
phètes enterrés. Voyage de l'Arabie Heureufe p.
Chapelle, en Chimie, cftle couvercle d'un alembîtf»
pour diftiller. Aquce jtillatum apex clihanaris. II
le prend auffi pour une efpèce d'akmbic dont la
çucurbite eft baffe, cylindrique, le fond plat, &
le chapiteau conique & très-élevé.
Chapelle, en terme de Marine, eft un revirert-nt
de navire inopiné , & qu'on fait malgré foi. Cir-
cumaawnavis i^opina. Faire chapelle, c'eft virer
maigre loi , lorfque le Timonier gouverne mal, &
que par ion imprudence le vaiflcau eft venu trop
au vent. On fait auffi chapelle , ou pat la force
des courans , ou lorfque pendant un calme on n'a
pu reconnoitre le peu de vent qui rè<ïne: quand cela
eft arrive , ,1 faut prendre le vent ; 6; remettre le
vanfeau.
Chapelle, eft auffi un petit "chapiteau de cuivre qui
couvre le pivot de l'aiguille aimantée dans la bouf-
lole. Operculum œreiitn.
Chapelle de viole. C'eft en termes de Luthier, la
partie de la viole qui couvre la roue. Opercu-
lum. ^
Chapelle , fe dit parmi les Boulanç^ers & les Pâtif-
fiers de la voûte du four. Fornix ,\amera. La cha-
pelle de ce four eft trop ardente.
§Cr Chapelle, {droit de) eft une rétribution en ar-
gent que les Magiftrats , Avocats , Procureurs &:
autres Officiers payant lors de leur réception , pour
1 entretien de la chapelle commune qui eft dans l'en-
ceinte du Tribunal. Encyc.
CCr Chapelle de la Reine, (la) Petite ville de France
au Gâtinois , à trois lieues de Fontainebleau
IJcr Chapelle du Viller, (h) Ville de France dans
le Charolois, à une lieue de Sainte-Hélène.
ÇC? Il y a en France un grand nombre de lieux &
de villages qui portent le nom de la Chapelle, dont
la lilte leroit trop longue.
CHAPELLENIE. f. £ C'eft , félon RebufFe , la même
chofe que la chapelle au fécond fens ci-deffus ex-
plique ; c'eft-î-dire , un Autel renfermé fous le toit
d une autre Eglife. Sacellum reditibus annuis in-
jtruclum. Panorme eft d'un avis tout contraire &C
prétend que c'eft une chapelle fub d'o. D'autres
avec plus de railbn , appellent chapellenie , le titre
du bénéfice -, & chapelle , l'Autel où il eft deifervi.
Loifcau appelle chapellenie tout bénéfice à fimple
tonlure. La différence la plus jufte entre chapelle &
chapellenie , eft que la chapelle eft corpus per Ce
exijiens , & jnb dio ; & la chapellenie &{k Jub teSo ,
& ie qualifie fub invocatione , ou ad altare talis
Sancli ou Sayzace , &:c. C'eft-.à-dire , que la chapelle
clt proprement une petite Eglife féparée de toute
autre Eglile-, & la chapelknie , une partie d'une
grande Eglife , dans laquelle il y a un Autel. M.
Chaftclain , dans l'explication des noms anciens ou
peu connus, définit la chapellenie , un bénéfice qui
doit être^ deflervi à l'Aurel d'une chapelle.
M. Fléchier écrir chapellainie. Quand il fut en
liberté & paifible poflcffieur de fon bénéfice , il le
permuta avec la grande chapellainie de l'Eglife de
Siguença. FlÉch. Viede Ximénes , L, I , p. \o, L'u-
fage eft pour chapellenie.
CHAPELURE, f £ Particule qu'on retranche des
croûtes du pain quand on le chapèle. Cruftcc panis
clavâ decujfa ; crufia decifx. Les Boulangers ven-
Kkkij
C H A
444
lient aux pauvres cens les chapelures de paui pour
faire du pota!j;e. On s'en Icit aulîi tort louvent a
cpailllr de ce^rtaines lauces , à nourrir des vo-
lailles.
CHAPERON, f. m. Ancien habillement ou couver-
ture de tête , tant pour les hommes que pour les
femmes. Tegmen capiiis qiio vcteres Franci ute-
bantuT , vuls,o capero. Le chaperon des hommes étoit
une coërturc de drap bordée de fourrures par de-
vant, quiavoit une longue queue pendante par der-
rière. Les Ma^iftrats en avoient de rouges lourrcs
de peaux blanches , & les Avocats de noirs tourres
de mêmes peaux. L'aumulfe des Chanoines croit
auIll une eipèce de chaperon qu'ils portoient en tête ,
qu'on appeloit capulare. Depuis les gens de robe
l'ont mis fur l'épaule , & les Chanoines fur le bras.
Amicidum quod aliero gejlant humera Magijira-
tus , brachio Canonici , epomis. Borel remarque que
ce fut un nommé Patrouillet qui changea l'ufage
des chaperons, 5c qui amena la mode des bonnets
carrés. Ménage dir que les gens d'Eglifc portoient
un chaperon de diveries couleurs. Borel dit de deux
couleurs leulement, t
Li chaperons partis , longue robe vergie ,
Sont li aornement dont bokande Lbergie.
En général les chaperons éroienr portés tant par
les grands Seigneurs que par le peuple -, iJ: on laluoit
en le rcculant\m peu , comme font mainrcnanr les
Moines. Cette mode a duré en Franc; pendain la
première , deuxième & troifième race julcu'à Char-
les V , VI Se VII , fous le règne deiquels on por-
toit encore ces chaperons à longue queue , que les'
Docteurs &: Licenciés ont retenu pour marque de
leurs dégrés, & qu'ils ont fait defcendre de leur
tête fur répaule ; ce qui fe prouve par plufieurs
anciennes médailles , monnoies & figures. Alain
" Charrier dit cfi'en 1447 , Char/es Fil fit comman-
dement à tous hommes de porter une croix fur leur
robe , ou chaperon; ce qui prouve que tout le
monde en portoit alors. Et MonRreler dit dans fou
premier Tome , que la Reine Ijabelle haijjcit Jean
Tord, de ce que lui parlant il ne kvoït jvn cha-
peron , ce qui fair connoître qu'on le levoit en par-
iant. Mais cela ne fe failbit que par les hommes , &
non par les femmes. Pasq. Pendant plus de mille
ans on ne s'eft couvert la tête en France que d'au-
muffes & de chaperons. Le chaperon croit à la mode
dès le temps des Mérovingiens : on le fourra, fous
Charlemagne , d'hermine ou de menu vair. Le lîècle
d'après on en fit toùt-à-fait de peaux. Ces derniers
s'appeloient aumuflês -, ceux qui ctoient d'étoffes
rerinrenr le nom de chaperons. Tout le monde
porroit le chaperon : les aumuflês étoient moins
communes. On commença fous Charles V à abattre
fur les épaules l'aumuife &: le chaperon , &: à fe cou-
vrir d'un bonnet. Le Gendre.
'Le chaperon Ac% femmes ctoir une bande de ve-
lours qu'elles portoient fur leurs bonnets -, &: c'c-
toit une marque de bourgeoifie. Tegmen capitis
mulielre.
IP" On appelle figurémenr grand chaperon , ou cha-
peron rout court , une femme déjà âgée , fous la
conduite de laquelle on met une jeune fille, &:
qui l'accompagne dans les compagnies , ou par
bienféance , ou pour répondre de ia conduite.
Fcmina œtate prove&ior.
IP' Chaperon , fe dit aulfi de l'ornement en brode-
rie qui eft au dos d'une chape. Aureum textile
poflicam trabce fiacra. partent adornans. Pluvialis
humerale.
Chaperon, ell une innrque de Doitlcur ou de Li-
cencié-ès-Arts , en Théologie, Jiirilprudence &
Médecine, laquelle fe porte fur l'épaule gauche,
&: qui efl: de même forme que ce que les Anciens
mettoient fur leur tête pour la couvrir. Amicu-
bim quod flnifiro humero gefiare Jblent Docîores ,
humerale.' Ceux qai portent "le demi, mettent une
CH A
grande pièce d'étoffe carrée au haut de leur robe ,
qui traverl'e d'une épaule à l'autre , qui s'appelle
aulîi chaperon , parce qu'elle f^rvoit autre-
fois à mettre autour de la tête. Les Dodleurs &
Bacheliers portent le chaperon pour marque de
leurs dégrés. Il eft différent félon leur Ordre , &
de différente couleur félon les différentes Facultés,
Les Dodeurs en Théologie le portent noir ou vio-
let , &: les Docteurs en Droit & en Médecine le
portent rouge.
Chaperon, eîl auffi le devant d'une robe de deuil ,
dont on ne fe Icrt plus que dans les grandes céré-
monies , lequel pend prefque fur ks genoux , &C
qui cache entièrement le vifage. Pars togœ pullatie
arterwr totum hominem à capite ad genua ope-
riens,
fff On donne encore ce nom à certains petits écuf-
fons &: autres ornemens qu'on met fur la tête des
chevaux qui tirent le cercueil dans les pompes
funèbres.
Chaperon , eft encore une cfpèce de camail qui cou-
vre la tête , les épaules &: l'eftomac de ccrrains Re-
ligieux, comme Marurins , Bernardins-, Auguftins ,
&c. Il fe termine en pointe, & delcend fort bas
par derrière. Humerale. Voyez Thiers. Hifioire des
perruques.
Chaperon, f m. Nom de faélion. Il y a eu deux
fanions en France , dont les Parrilans ont été appelés
cha'-erons , à cauié des chaperons qu'ils portoient.
|r/ Nos Hiftcriens au moins le dilent ainfi. Mais
s'il eft vrai , comme on n'en fauroit douter , que
l'ufage des chaperons étoit alors général , & qu'il
le fut m.ême long-temps après, comment auroit-
on donné une dénomination particulière a un parri,
prife d'un habillement commun à tout le monde ?
A moins qu'on ne fuppofe que ceux de ce parti por-
toient des chaperons d'une forme particulière.
Les praniers chaperons s'élevèrent fous le Roi
Jean en 1358. Leur Chef étoit Marcel , Prevcr de
Paris ; ?< les féconds en 141? , fous Charles VI:
ils avoient à leur tête Jean de Troyes , Chirurgien,
Ceux-ci portoient un chaperon mi-parti de rouge
& de bleu.
tfF En I5<j5, il parut en Flandre, fous le Comte
Louis , des factieux , nommes chaperons blancs ,
dont l'objet étoit de faire diminuer les impôts
dont le peuple étoit lurchargé, & de rétablir l'ordre
dans les Finances.
Chaperon, en termes de Fauconnerie, eft le mor-
ceau de cuir , donr on couvre la tête des oifeaux
de leurre , pour les affairer. Accipitris cucullus.
Les chaperons iom marqués par points depuis un
jufqu'à quatre. Le premier d'un point , eft propre
au rierceler du faucon. Chaperon eft auffi le def-
fus de la tête de certains oifeaux.
On appelle aufîi chaperon , cette patrie du four-
reau des piftolets qui fcrt à les couvrir , quand il
pleut.
Chaperon , en termes de Maçonnerie, eft la couver-
ture d'un mur qui a deux cgouts, ou un petit re-
bord de deux ou trois doigrs , qu'on fait aux faîtes
des murs de clôture, & qui fair connoîrre à qui
appartient le mur. Mûri fajiigium utrinque inclk^ I
natum. Ainlî quand le chaperon n'a d'cgout ou de- ■
larmier que d'un côté , le mur apparrient à celui
dont il ferme l'héritage. Quand il eft des deux
côtés , c'eft une marqiie que le mur eft mitoyen.
On appelle chaperon en bahu, celui dont le con-
tour eft bombé.
Chaperon. Terme d'Horlogerie. C'eft une plaque
ronde, placée, par exemple fur le pivot d'une
roue de cheville de fonnerie des quarts , pour faire
lever le dérentillon de la fonnerie des heures par
le moyen d'une cheville. Chaperon fe dit de plufieurs
cercles qui Icrvenr à diffcrens ufages.
Chaperon , en rermes d'Eperonnier , eft ce qui rer-
minciine embouchure à ccache,& par où on l'af-
fcmble avec la branche.
Le deffus d'une potence s'appelle chaperon àt
C H A
potence-, & celui d'une preiîe à imprimer des
eftampes , s'appelle thaperoii de pielfe.
T Dans les Imprimerie-son appelle auffi f,4a/)c'ro«,
un certain nombre de feuilles de papier qu'on veut
faire imprimer: pour lervir aux épreuves &; à
remplacer celles qui font dcfedueufes.
-On difoit autrefois proverbialement , qui n'a
point de tête , n'a que taire de chaperon. Deux têtes
en un chaperon, dans le même fens qu'on dit au-
jourd'hui, deux têtes dans un bonnet -, pour lignifier
deux personnes dans les mêmes intérêts, ou dans
les mêmes fcntimcns. Pasquier.
CHAPERONNER, v. a, Bonncter quelqu'un , lui faire
bien des révérences, & des follicitations. Nudato
capitejijiere Je a/icui fupplicem. Les Juges veulent
être bonnctcs Se chaperonnes. Ce terme eft populaire
6c nulîtc aujourd'hui.
Chaperonner , en termes de Fauconnerie , c'eft cou-
vrir la tcte d'un oifeau de proie de ion chaperon.
Accipitns caput cucullo injtruere.
Chaperonnfr , terme d'Architcéfe , lignifie pofer
un chaperon au haut d'un mur de clôture. Murum
fiijiigio fuo coronare. Je veux qu'on ne chaperonne
cette muraille que de mon côré , car elle eft bâtie
fur mon fond & à mes dépens.
CHAPERONNÉ , ÉE. particip. en termes de Bla-
fon, fc dit d'un épervier , ou d'un autre oileau de
proie qui eft armé de fon chaperon. Cucullo in-
Jlruclus , tecius.
CHAPERONNIER. Terme de Fauconnerie , qui fe
dit d'un oifeau de proie. Ce faucon eft bon cha-
peronmer , il porte patiemment le chaperon. Jc-
cipiter cuculu p.iticns,
CHAPIER. f. m. Chantre , ou celui qui porte la chape
dans une Eglile , pendant qu'on y fait l'Office
divin, ou dans quelque cérémonie ecclélîaftiquc.
Sacerdos jdcrà trabcd injtructus. A la campagne
on fe fert quelquefois djs paylans pour être Cha-
piers.
On appelle encore Chapier , une grande armoire
où l'on garde dans les Sacrifties les chapes ten-
dues ou plices.
CHAPITEAU, l. m. Ornement d'Architeélure: partie
fupérieure d'une colonne , & qui porte immédia-
tement i'ur fon lïir. Capitiilum , capiullitm. Cha-
piteau Toj can , Etrujcum. C'eft le plus lîmple.
Son railloir eft carré & fans moulure. Chapiteau
Dorique , Doricum ; ion tailloir eft couronné d'un
talon , il a trois annelets fou5 l'ove. Chapiteau
Compofite , a deux rangs de feuilles du Corinthien ,
& les volutes de l'Ionique ; Cornpojitum. Chapi-
teau Attique , a des feuilles de refend dans le
gorgerin ; Atticum. Chapiteau Symbolique ; il eft
orné d'attributs de Divinirés, comme les chapi-
teaux antiques, qui ont des foudres 6c des aigles
pour Jupiter , des trophées pour ,Mars ; Syrnho-
licum. Les modernes portent la devilc , ou les
armes d'une narion. Le chapiteau Corinthien eft le
plus riche de tous 5 Corinthiacum. Il eft orné de
petites volutes K d'oves ; lonicum
Chapiteau pilalire , eft un chapiteau carré par fon
plan , ou fur ligne droite. Capitellum quadratum ,
feu recîd lined defcriptum. Chapiteau angulaire ,
eft un chapiteau qui porte un retour d'entable-
ment à l'encoignure d'un avant-corps ou d'une fa-
çade. Angulare , aniuilo extrorfum faliente. Cha-
piteau plié eft le chapiteau d'un .pilaftre , qui eft
dans un angle rentrant droit , ou obtus. Plicatum
angulo introrjiim recedente , ou retrorjum promi-
nente , ou protenfo , ou eminente. Chapiteau ^albé ,
eft un chapiteau dont les feuilles ne font qu'ébau-
chées. Capitellum foliis rudibus & imper feclis , ou
rude. Chapiteau refendu, eft nv\ chapiteau dont la
fculpture des feuilles eft terminée. Capitellum fo-
liis elaboratis ac perpolitis abfolutum. Chapiteau
écrafé , eft un chapiteau trop bas , parce qu'il eft
hors de la proportion antique. Capitellum depre(fius.
Chapiteau mutilé, eft un chapiteau qui a moins de
C H A
44T
faillie d'un côté que de l'autre. Capitellum altcrâ
parte mutilum. Chapiteau de balujire , eft un cha-
piteau qm couronne un baluftre. Capitellum col-
lumellis impojitum. Chapiteau de moulin, eft la
couverture en forme de cône , qui tourne vertica-
lement lur la tour ronde d'un moulin, pour expoiér
les volans nu vent. Moktrina fajlis^ium coni inmo-
rem & verjatile. Chapiteau de triglyphe , eft une
plate bande fur le triglyphe , Tœnia ; c'eft aufli
quelquefois un triglyphe qui fait l'office de cha-
piteau à un pilaftre Dorique. Chapiteau de niche ^
eft une efpcce de petit dais à une niche peu pro-
fonde , qui couvre une ftatue portée fur un cul-
de -lampe en mzoïhtWzn-^zni. Capitellum jlatux
loculamento in umbellce morem impojitum.
On appelle auffi chapiteaux de moulure , le Tof-
can & le Dorique , qui n'ont point d'ornemenr.
Capitellum fimplicibus toris ornatum. Et chapiteaux
de Sculpture, tous ceux où il y a des feuilles, &:
des ornemens taillés. Capitellum variis incijiim
ornatumque foins. Chapiteau colonne , eft celui qui
eft rond par fon plan. Capitellum cylindraceum. Cha-
piteau de lanterne , eft la couverture qui termine
une lanterne de dôme. Concamerati fajiigii orna-
mentum , tecîum.
Chapiteau, en termes de Menuiferie, fe dit de la cor-
niche d'un buffet , ou du petit fronton ou orne-
ment qu'on met delllis , & même de ce qui fert
cl couvrir quelque choie. Abaci corona , fajiigium.
On a brifé en déménageant le chapiteau de^cette
armoire.
Chapiteau. En termes d'Arrillerie , ce font deux:
ais joints enlémble que l'on met fur la lumière
d'un canon , pour empêcher le vent d'emporter
l'amorce , ou la pluie de la mouiller.
Chapiteau. Terme de Ciricr, eft aulH un morceau
de carte qu'on met au milieu des torches pour
recevoir la cire qui en dégoutte dans les procef-
fions. Cucullus cartaceus. il eft raillé en forme de
cône renverfé.
Chapiteau d'Artifice, eft une efpèce de cornet ou
couvercle conique , qu'on met fur le pot au fom-
met d'une fufée volante , non-feulement pour le
couvrir , mais auffi pour percer plus facilement
l'air en s'élevant en pointe.
|CF Chapiteau , en Botanique. Ce terme eft très-
commode pour exprimer certaines parties des fleurs
§i des fruits. Du Hamel.
tfT En Chimie on appelle chapiteau, un vaiiTeau
qu'on place au-delîiis d'une autre appelé cucurbite.,
& dans lequel s'élèvent les vapeurs ou liqueurs
que le feu fait monter dans la diftillation. Le
chapiteau eft garni d'un tuyau que l'on nomme
bec , par où vont tomber les liqueurs dans le ré-
cipient. Les chapiteaux qui n'ont point de bec
ou d'illùe pour le palîàge des vapeurs, fe nom-
menr chapiteaux aveugles.
CHAPITRE, f m. Ce mot défignek corps des Chanoi-
nes. La Communauté des Ecclélîaftiques d'une Eglifc
Cathédrale , ou Collégiale. Canonicorum Collegium.
Le Chapitre n'a plus de part dans l'adminiftration
du Dioccfe, pendanr la vie de l'Evêque ; mais il
fuccède à route la Juridiction Epifcopale pendanr la
vacance du Siège. Chaque Chapitre a fes droits
& les privilèges particuliers : cela dépend de la
poilèffion. Le Chapitre peut conférer , pendanr la
vacance du Siège , les Bénéfices auquels l'Evêque
& le Chapitre avoient droit de pourvoir conjoin-
tement -, mais il ne peut pourvoir à ceux qui font à la
nomination de l'Evêque feul -, il fuit les réfcrver à
l'Evêque futur. Pour les collations forcées , comme
celles qui fe font à la nomination des Patrons
laïques , ou en vertu des induits , elle* apparrien-
nent au Chapitre, fede vacante. F^VKn.LesDoyen,
Chanoines & Chapitre d'un rel lieu , font les qua-
lités qu'on donne dans les procès à ces Commu-
nautés. L'Archevêque a reçu le Roi à la tête de
fon Chapitre. Ce Bénéfice ell à la collation d'un
^4^
CH A
tel Chapitre. La plupart des Chapitres cV Allemagne
fe font rendus fameux , parce qu'on n'y reçoit que
des Nobles de quatre races. Il n'y en a en France
que trois de cette elpcce , celui de S. J an de
Lyon , de S. Pierre de Mâcon & de S. Julien de
Brioudc. Dans celui de Lyon , il s'eft trouvé en
même temps un fils d'Empereur , neuf fils de Rois ,
& quatorze fils de Ducs, comme témoigne le Pcre
Jean de S. Aubin dans VHijtoirc de la ville de
Lyoji, Les noms de Chapitre & de Chanoines n'ont
commencé à être en uiage que vers le temps de
Charlemagne , comme le prouve Marcellus An-
cyranus dans le Traité qu'il a fait fur la Dccré-
ale d'Honoré Wl , Jitper Jpeculd de iMa^iJiris.
ta
Chapitre , eft auHî l'aii; mblce que tiennent les Cha-
noines , les Religieux & les Ordres Militaires pour
délibérer de leurs affaires, & régler leur difcipline.
Canonicnrum , Religinjoriim , Ordinum Milita-
rium conventus. Les'^Ôrf/ùrtJ généraux de Cluni ,
de Citeaux. Le Chapitre s'afl'emble au fon de la
cloche. Le Chapitre général de l'Ordre. Generalis
trtins Ordinis conventus. Ce Religieux a été blâmé ,
châtié en plein Chapitre. Les Chevaliers du S. Ef-
prit ont tenu leur Chapitreun tel jour. Papias dit
qu'on les a appelés Chapitres, qu'od capitula ihi
les,antur. Le nom de Chapitre autrefois ne con-
venoit proprement qu'aux Eglifes Cathédrales.
J\ii maints Chapitres vtïs ,
Qui pour néant je font ainjl tenus ;
Chapitres non de rats , mais Chapitr:s de Moines,
Voire Chapitres de Chanoines. La Font.
C'efl: l'Ordre de Citeaux qui a le premier établi
des Chapitres généraux , que les autres cniliite cnt
imités. La fameufe Conilitution qu'on nomme dans
cet Ordre la carte de charité, qui fut faite en 1115,
ordonne que tous les Abbés viendront au Chapitre
général qui fe tiendra tous les ans. Ce n'cfi: p^s ce-
pendant par certe carte de charité qu'ils ont été
établis, car elle ne fut publiée qu'en 11 14 dans le
Chapitre général , & le premier s'étoit tenu en
1116, ainli que nous l'apprend l'Hijloire Latine de
Citeaux par D. Manrique, à l'an 1116 , ch. i.
On appelle pain de Chapitre , le pain qu'on
diftribue chaque jour aux Chanoines dans quelques
endroits. Panis triticeus Canonicis dijirihui Jîn-
gulis diehus jolitus. Il y a auflî une efpècc de pain
qu'on appelle pain de Chapitre,
Chapitre, fe dit audi de la falle ou du lieu où fe
tient cette affemblée des Chanoines , Religieux ,
ou Chevaliers. Locus conventibus habendis dejiina-
tus , capitulurn , conciliahulum. Chez les iVloines
le Chapitre efl: ordinairement au milieu du cloître.
Le Chapitre fait partie des lieux réguliers. Le
Chapitre de Saint Lazare fe tient préfentement à
S. Jacques de l'Hôpital.
Chapitre, efl; au/Ti une divifîon d'un ouvrage, ou
d'un livre, afin que les matières foient plus diftin-
guées & moins confufes. Caput. Les anciens ne di-
ftinguoient point leurs livres par chapitres & par
articles. C'efl: une grande commodité pour les Lec-
teurs de faire une table des chapitres. Cette au-
torité efl: tirée d'un tel chapitre de la Genèfe. Pa-
pias dit que ce nom lui a été donné ex eo quod
fit alterius fententicz caput, vel quod capiat totam
fummam. S. Auguftin a dit que les chapitres ,
qui font le )ufl:e partage d'un livre, foulagent les
Lefteurs , comme les hôtelleries foulagent les
Voyageurs.
Chapitres. ( Les trois ) Cette exprefTion efl: fi fa-
meufe dans routes nos Hijloires EcckJîaJliLjues , ôc
Ton en parle fi fouventdans les difputesdc ce temps ,
qu'il efl: .i propos de l'expliquer. En 43(î, Théo-
dorer, ami de Nefl:orius , condamné en 431 ar
Concile d'Ephèfe, crut qu'un moyen fCir de fou-
tenir la doétrine & le parti de fon ami , & d'acca-
bler faint Cyrille , étoit de lui oppofcr Diodorc de
Tarfe & Théodore de Mopfuefle, qui étoicnt dan'
une grande réputation parmi les peuples. Dans ce
CH A
dcilcin, il fir des extraits des ouvrages de ces deux
Auteurs , dans lefquels ils difoicnt la même chofe
que Nefl:orius , & prefque dans les mêmes termes.
On fit un volume de ces extraits , dans lequel à
chaque propofiticn des douze anathèmes de faint
Cyrille , on oppoloit un ou plufieurs chapitres des
&S. Pères ; c'efl ainfi qu'on appeloit Diodore &
Théodore. En niênie temps Ibas , Prêtre d'Edefîê ,
grand Ncftoricn & ami de Théodorer, écrivit à
Alaris , Evcque en Perfc , dont il étoit ami, ôi avec
lequel il entrctenoit un commerce de kttres -, il
lui écrivit, dis-je , une lettre par laquelle, après
lui avoir ait que l'affaire de Neftorius étoit finie,
6c la paix rendue à l'Eglife , il lui laifoit entendre
que c'étoit une intrigue de la Cour , qu'il avoir
fallu céder au teir.ps , ëc iacrificr Ncflorius à la
haine des grands, eue la févérité de fa morale avoir
irrites contre lui ^que d'ailleurs, il avoir eu tort de
ne pas éviter dans fcs Sermons quelques termes
nouveaux, oont il avoit ufé. On mit cette lettre
à la tète des extraits dont j'ai parlé, pour y fervir
comm.e de préface ■, & après ces mêmes extraits ,
Théodorer ajouta deux écrits qu'il avoit compofés,
l'un devant le Concile d'Ephclé , & l'autre après,
contre les anathèmes de faint Cyrille. Ce font ces
trois choies, la lettre d'Ibas, les ouvrages ou plutôt
les extraits de Diodore & de Théodore, & lc5
écrits de Théodorer courre les anathèmes de faint
Cyrille , qu'on appela Se qu'on appelle encore au-
jourd'hui les trois chapitres. Le P. Doucin pré-
tend , dans fon Hijtoire du Nejiorianijme , L. JUi,
p. z8i, que pour parler plus exaéfcment, il faut
dire , les trois articles , au lieu des trois chapitres.
Mais outre qu'on ne voit pas rrop la différence ,
ni à quel égard il importe de dire articles , plutôt
que chapitres , Tufage efl de dire , les trois cha-
pitres ; Se en fait de langue , c'efl: à l'ufage qu'il
s'en faut tenir.
En 553, le Vf Concile général, qui efl: IF de
Ccnft^antinoplc , condamna dans ia YUI<^ Confé-
rence les trois Chapitres. Le Pape Vigile les con-
damna aufli. La difpute que le Pape Vigile eut
avec l'Empereur Juflinien pour les trois Chapitres,
c'cll-à-dire pour les trois perfonncs, de Théodore,
d'îbas & de Théodorer , &c non pas pour la doc-
trine de la foi , dont il ne s'agiffoit point , fut plus
importante & plus aigre. Godeau. Il parle plus
exaclcment encore un peu après, où il dir que
dans cette queftion , il ne s'agifibit pas de la doiflrine
de l'Eglife , mais feulemenr des perfonncs de Théo-
dore de Mopluefte , d'Ibas d'Edeffe , & de Théo-
dorer de Cyr, & du fair de leurs écrits. Ce qui
montre que la queftion étoit de favoir fi ces rrois
cents étoient héririques ou non, &: qu'on croyoit
alors l'Eglife Juge infaillible de ces forres de fairs.
Chapitre , en termes de Palais , fe dit feulement des
différenres parties dans lefquellcs un compte eft
divifé. Le chapitre de recerte , de dépenfc , de
reptile. Le premier article du chapitre de recette a
été rayé.
Chapitre ou Capitule, entérines de Bréviaire, eft
un trair de l'Ecriture, oui fé dit par l'Officiant en .
toutes les heures avant l'hymne , ou avant les ré-
pons des pérîtes heures. 6rf/i/i.'/wOT, leclio Breviarii.
Saint Benoît appelle le chapitre de l'oiîice , leçon,
leclio ; quelques autres anciens Auteurs cccléfiafti-
qucs l'appellent colleRion, colLclio, on petite leçon,
Itcliuncula ou verfet, petit verjet , verjiculus. Le
vénérable Bède prétend que la coutume de ré-
citer plufieurs fois le jour , c'eft-à-dire , à toures les
parrics de l'ofSce divin, de perits chapitres delà
fainte Ecriture, a été établie pour imiter les Ifraë-
lites, qui du remps d'Efdras lifoienr quatre fois le
jour quelque chofe des livres de la Loi. Voye^
le Cardinal Bona. Les capitules ou chapitres,
fe doivent chanter rout droit , avec une feule
inflexion de la tierce mineure à la fin , conformé-
ment &: félon l'ulnge univerlél de toures les Eglifes
cathédrales , collégiales 6c confidérables, Nivbrs.
C H A
, Chapitre, Te prend aufïl, pour fuje(, matière. u4rgU'
jncnium. Cette manière de parler & d'uler du mot
de chapitre eit figurée i mais elle eft fort en ufage.
Chapitre en ce l'eus, s'exprime quelquefois par la
propofîtion de avec l'ablatif, comme dans les deux
premiers exemples fuivans. Quand cet homme eft
fur le chapitre des cagots , il ne fe peut taire, N 'at-
taquez pas cet homme fur le Droit , il eft plus fort
que vous fur ce chapitre-W. Quelquefois on le fup-
prime dans le latin , comme dans les exemples
fuivans. Ce goinfre entend bien le chapitre des
fauces i c'ell-à-dire , il entend bien les fauces. Après
qu'on eut parlé de plufieurs chofes , enfin on en
vint fur fon chapitre -y c'eft-à-dire, à parler de lui,
à l'examiner.
On dit proverbialement, qu'un homme n'a point
de voix en chapitre ; pour dire , qu'il n'eft d'aucune
confidération dans fa compagnie , dans fa famille.
, Quand la femme gouverne la maifon , on dit , le
mari n'a point de voix en chapitre , eft fans cïédit,
fans autorité.
CHAPITRER, v, a. Corriger, châtier un Moine, un
■ Chanoine en plein Chapitre. Aliquemreprehendere.
Il n'a guère d'ufage au propre.
Ce mot vient de capitulare , qu'on a dit dans
la baife latinité dans le même fens.
jChapitrer , au figuré , fe dit pour réprimander quel-
qu'un , lui remontrer fa faute en paroles un peu
fortes. Vous faites cela fans en parler à votre femme,
vous ferez tantôt chapitré. Ce mot figuré eft venu
. du propre ; mais il eft du ftyle familier. Je l'ai cha-
pitre fur le peu de refpei5l qu'il portoic à fon père.
Molière.
Chap! tré , ÉE. part.
CHAPLIS. Vieux mot ftançoisqui fignifie, bruit des
coups d'épées donnés fans cefle & fort redoublés,
particulièrement fur les armes. Armorum ex fre-
qiienti coliifu jirepitus. Il étoit fort en ufage dans
\ts romans , aufîi-bien que chaple ,qui fignifie com-
bat , & venoit de chapla , mot de Languedoc , qui
fignifie frapper.
CHAPON, f. m. Poulet mâle qu'on châtre pour l'en-
graiffer. Capo , capus.
Ce mot vient de capus ou capo , qui en latin
fignifie la même chofe , & qui vient du grec xatrlu)! ,
qui fignifie la même chofequ'«■o■^^£<^, manger , ainfi
il paroit par fes dérives, y.<i3!7s,prtzfepe , une auge ,
j-a-vpîAi, ,caupo, unhomiiie qui donne à manger , un
hôtelier , un cabarctier. On a donc ainfi nommé ces
animaux parce qu'on les engraifle. Vossius , De
Idolol. , Lib. m , c. 91. Le P. Pezron dit que le
grec y.àzsoî , d'où font dérives le latin capo , & le
françois chapon , vient du celtique cabon , qui a le
mêmoi fens. ^3" La chair du chapon , foit bouillie,
foit rôtie , eft nourriflîante & de facile digeftion.
C'cft pourquoi elle convient aux convalefcens.
Chapon , fe dit figurément d'un morceau de pain
qu'on met bouillir dans le pot. Immerfum ollce
punis frujiulum.
On appelle en termes de Palais le vol du chapon,
une pièce de terre qui eft autour d'une maifon
noble , d'auiîî grande étendue que pourroit avoir
le vol d'un chapon. Frœrogativi juris prxdium.
L'aîné , dans le partage d'une maifon noble , a le
principal manoir , ou le vol du chapon. Suivant la
coutume de Paris , ce vol de chapon eft eftimé à un
arpent de 71 verges , ou 1580 pieds, ou ^16 pas.
Chapon , fe dit proverbialement en ces phrafes. Qui
chapon mange , chapon lui vient , pour dire , que
le bien vient plutôt dans la maifon de ceux qui en
ont déjà , que chez ceux qui n'en ont point. On
appelle aulTi deux chapons de rente , deux cho-
ies , ou deux pcrfonnes d'inégale valeur , de
taille différente, parce que de ces chapons il y en
a d'ordinaire un gras , & l'autre maigre. On dit
auili d'une terre ufurpée par quelqu'un , que ce
n'eft- pas celui à qui elle appartient qui en man^e
i les chapons. On dit aufli d'un homme qui eft fujet
à dérober , qu'il a les mains faites en chapon rôti.
C H A 447
I On appelle auflî quelquefois ironiquement mx
1 châtré , un chapon , & on dit qu'il a été chaponné.
^3" Chapon , terme de Vigneron , fe dit en quel-
ques endroits , comme iynonyme de crojjette..
Ce n'eft pas précifément comme le difent les Vo-
cabuliiles , un farment que le Vigneron détache
pour en faite du plant ; ( & non pas an plan ) mais
une branche de vigne ou un larment de l'an-
née, où on laiife un peu de bois de l'année pré-
cédente, que l'on détache pour en faire une bou-
ture. Ces branches ont le nom de chapon , à caufe
qu'en leur extrémité d'enbas il y a ordinairement de
vieux bois, qui fait comme un cul de chapon. On
fe fert de ce moten Bourgogne, &c fur-tout aux
environs d'Auxerre , au lieu qu'ailleurs on appelle
ce plant des ctoffettes. Ainfi on dit , voilà de beaux
chapons. Ces chapons font tous altérés. Liger.
Chapon. On appelle ainfi les plus grandes peaux des
élans. Pellis alces maxitna. On employé les cha-
pons à faire des bufles.
CHAPONNEAU. L^ m. Diminutif du chapon. Cocj
nouvellement châtré. Junior capo.
CHAPONNER. v. a. Châtrer un poulet mâle pour
le faire engraiffer. Pulluni gallinaceum carrare.
Les Coquetiers de Délos font les premiers qui
ai ent chaponné les coqs , comme l'a remarquéVojp
fins fur un pallage de Pétrone. Vo'^ei De FoJJius^
Idol. Lib. 111, c. 91.
Chaponné , ée. part. Cajlratus.
CHAPONNIÈRE. f. f. Vaifleau d'argent ou de cui-
vre étamé , pour mettre un chapon en ragoût. Fus
coquinarium coquendis caponibus idoneum.
CHAPPAR. f m. Terme de relation. Courier du Roi
de Perfe , portant les dépêches de la Cour dans les
Provinces -, ôi les lettres des Gouverneurs à la Cour..
Curfor. Les poftes ne font point établies ni réglées
en Perfe comme nous le voyons en France \ mais
fi l'on en croit M. Tavernicr , quand la Cour y tait
partir un Chappar f on ne lui fournit qu'un cheval,
quelque long que foit fon voyage. C'eft l'Ecuyer
du Sophi qui le lui donne. Il y Joint un homme
qui court après lui. Quand fon cheval eft las , il
prend celui du premier Cavalier qu'il rencontre,
& qui n'oferoit le lui refufer; & il renvoie le fien
à l'Ecuyer qui le li'i a fourni , par l'homme qui le
fuivoit. Pour le maître du cheval nouveau qu'il a
pris , il faut qu'il courte après le Chappar , ou qu'il
envoie quelqu'un courir après lui pour ravoir fon
cheval , quand le Chappar démontera quelqu'autte
Cavalier pour en changer.
CHAPPE. f. f. Foye:^ Chape.
CHAPPIN. f. m. Ëfpece de chaufTure dont an fe fcrr
en Elpagne , & qui fert de furtout ai> fbulicr. Les
chappins font à peu près comme nos galoches ,
excepté qu'on ne fe fert de galoches cK France que
pour tenir les fouliers plus propres & ptus^-rtets,
& pour éviter le froid en hiver ^en forte qu'on les
ôte en entrant dans l'Eglife ,dans les maifbns dif-
tinguées -, & qu'au contraire en Efpagne les chap-
pins des Dames font des chaufTures de cérémonie
& de refpeél. Si les Dames avoient paru devant
la Reine fans chappins , elle le trouveroit fort
mauvais. Mad. Daunoy. Cotgravc eft le feul Lexi-
cographe qui parle des chappins. On peur dire
que le déguifement d'Aurore ( en Cavah'er ) la
changeoit à un point , qu'Aurore & Don Félix pa-
roilîbient deux perfonnes différentes. Il fembloit
même qu'elle fût beaucoup plus grande en femme
qu'en homme. Il eft vrai que fes chappins , car elle
enavoit d'une hauteur exceffive , n'y contribuoienc
pas pcv^.Gil. Blas ,tom. 11 ,p. I03.
CHAPTEL. Foye^ Chepteil.
CHAPUCIER. f. m. Nom ufitc dans quclaucs Cha-
pitres, comme dans celui de Reims. C'cft un Offi-
cier qui a loin des chappes. Capparum cujios.
CHAPUIS. f. m. Charpentier. Carpentarius.' Ce mot
fe difoir autrefois, il eft aujourd'hui hors d'ufage.
De c/ijpuis , on avoir fiit chapuifer ,po\.n dire ,
travailler du métier de Charpentier, Ce verbe ctoi:
44^
C H A
actif, on difoîr clmpuifur' dis engins , pour dire ,;
faire J^s machines.
§CF CHAPUT. f. m. Efpècedc billot pour travailler
l'ardoile &: lui donner telle fîs;iire qu'on Veut.
CHAQUE. Pronom m. & f . qui fert à lîngularifer les
choies &: les perfonnes. Qttifque ,qU(X:cjue , quoi-
que , quidijue.' h" chaque- Saint fa chandelle. Il
rhandie à chaque porte. Il étudie dix htnit$ chaque
jour. C'elT: la même choTcque cA-^r?m ; mais il ne
s'emploie pas indifféremment. Par exemple , on' dit {
chaque langue. Vat'g. N.' Rem. On drt auéon-j
- contraire chacun en parle , chacun en caufe. En gé- !
n(,'néral, chaque fe mctavectinfubftantif,ç'eft-à-dire, j
■avec le nom de la-chofe dont on ^z'l]z ,^v chacun ,
- fe met abfolumcnt & fans fubftantif. Chaque fc ,
place toujours avàBÉ'ié-fubftantif'^iiq'aclil Te r'ap-
po-rte; .-■ 'r'.:; <.'-'■■• •■ >' ■ ,■':-' ""- j
Depuis cinq dns'/enner S c\\2.c\nejour je.^ous vqis ■ '
" Ei crois t&ufdur's vous voir pour la première fois.
, D.fK^cnr, . -■ • " :/;,■' ■;î!cyv^NE.
'fp- CHÀQUI , CHUQtriSACA ou la PMTAXa- ,
- .,pitalède la Province de Los-Chatcas aii Pcrdir', '
,.,-, le ,fiçg:e d'une audiencfe royale 6C d'un riche A.r-
i; ; chevêche. ■. - ■
.IP" CHAR.- f. m. Efpèce de voiture à deux foû'es ,
^,_.dont l£S anciens Je fcr-voient- dans, les triomphes ,
dans les cérémonies publiques , da'ns ies jeux , dans
les combats, fi'c. Currusl^W étoit monté fur un char,
brillant. Pùutarque a oblérvé que Camille étant en-
tré triomphant dans Rome , monté fur un char
traîné par quatre chevaux blancs , cela fiit regardé
comme une innovation trop fuperbe. Pontanus ;
L. III , De Stellis, dit qu'Erichthonius fut le pre-
mier qui attela les chet-aux & les joignit à nnchar.
Dufage àQSchars h. la guerre étoit très -commun
, dès le temps de Moïfe\les Egyptiens & les Clia-
nanécns en avoient grand nombre, Cyrus eft le pre-
ginier qui les;a;armcs'de faux, • "
, .... Et tel ijue fur fon char
Victorieux dans Rome entre notre Céfar. CoRn.
' Voilà donc le triomphe où j'étais amenée !
Moi-même à votre char je me fuis enchaînée.
Rac.
On dit poétiquement le char du Soleil , de la
Lune. On le dit de même d'un cairoffe magnifique.
^to" Ce mot eft ancien gaulois , & vient de carr ,
vieux mot celtique , dont il eft fait mention dans
les Commentaires de Céfar, Carrus.
Sur les m.édailles un char traîne , foir par des che-
vatix , foit par des lions , foit par des cléphans , li-
gnifîe , ou bien le triomphe , ou l'apothcofe des
Princes. Pour le char couvert traîné par des mules ,
. il ne marque que leur confécrarion , &: l'honneur
qu'on leur faifoit de porter leur image aux jeux du
Cirque. P. Jobert. Ce char des femmes fe noni-
• nioit pilentum , carpentum ou ba\lerna. Voyez
Bas TERNE. Le char attelé de deux ,"de quatre , ou
de fx chevaux , ne marque pas toujours la viéfoirc ,
ou le triomphe. Il y a d'autres cérémonies où l'on
fe fervoit de char s \\: on y portoit les images des
Dieux dans les fupplications -, l'on y mettoit les
images des familles illuftres aux funérailles , &: de
ceux dont on faifoit l'apothéofc. Enfin , l'on y cûn-
duifoit les Confuls qui_entroient en charge, comme
nous l'apprenons par les médailles de Maxence Se
de Conftantin. L'une & l'autre portent , Félix prc-
cejjiis Corifulis Augufti nojiri. P, Joeert.
Char de Junon. Cette Dccife avoir deux chars, l'un
pour traverfcr les airs , qui étoit tiré par des paons y
& l'autre pour combatrre fur la terre , attelé de
deux chevaux. Celui-ci étoit à Carthage , ville fa-
vorite de la Dceffe.
Char , fe dit de femblables voitures dont on orne
les catroufcU, clont en fc fer: au.'i courfes de prix,
&i autres femblables fêtes. .;. ;. . .
CH A
Ip* On appelle char à l'Opéra , une efpèce de trôrfe
■dan5 lequel defcendent les divinités, les magiciens
-_ ,le§' génies & autres perlbnnages , par le moyen des
' cordes auxquelles cette machine eft fufpendue.
Char, fe dit aulfr d'une grande charrette à quatre
' •■ roues qui porte quantité de marchandifes tout à. la
• -foisi Carrus ,p/aujlrum. Ce char porre tout d*un
coup; 400 deïbin. Il eft de peu d'ufage en ce fens.
.Ort'appelle en Flandre Gzr/o;z , celui qui conduit
: - Uh- iliar , ou chariot. Âuriga, Ce mot Vient de char ,
< qui'fe prononce car en ce pays-là,
©î-Xr pour Chair j étoit* il y a 250 ans , le mot
-1-' d'ufage. Glojfaire Bourguignon. Ce mot , ainfi que
-ibea«c<)ùp d'autres , s'ell: confervé parmi le menu
peuple de Bourgogne & de Champagne , qui font
■ 'deux Provinces contigues. L'Auteur V« Gloffaire
- : d'à Rom an de la Rofe , dit qu'il fe prononce encore
■ aïnli' en quelques Provinces.
|fc?CKAR ('le ) Petite rivière de France enSaîntonge,
qui a fa fource à Paillé , & fe jette dans la Bou-
lonne à Saint Jean d'Angcli.
GHARA. f. f. C'eft le nom 'd'une des conftelIationS
.-■.informes. C'eft.Un chien de cbalfe qui eft fous la
aueue de la grande Ourfe.
CW^ARÀDE. f m. Terme de relation. C'eft le nom
d'une des fept principales Seéles îdolârrcs de l'Inde,
■'■"La principale occupation des Charades eft le mctieî?
de la guerre , à laquelle ils s'appliquent , comme les
- Rafpoutes -, mais IcS Charades , qu'on appelle au-
xitmcni Soudras , tïz fervent que darts l'Infanterie,
CHARADRIOS.'f;-'m. Nom d'oifeau , que je trouve
employé paf quelques habiles Fauconniers. On
l'appelle aulli hiaticula , èc oifeau de roche. Voyez
ce dernier mot , qui eft françois, dans l'article de
Roche. -, . .,
CHARAG. C'W-Térme de relation, C'eft le tribut
que les Chrétiens Se les Juifs payent au Grand-
Seigneur. Vecligal à Clirijlianis Judœifve Turca-
rum Imperatori pendi folitum. Les femmes en font
exemtes. Les Prêtres , les Religieux Chrétiens , SC
les Rabbins des Juifs font dilpenfés de le payer.
Les hommes commencent aie payer .à 9 ou .à i.é
ans. Il eft de 10 , de 1 2 , de 1 5 francs , félon la ri-
chelfe & l'ordonnance des lieux.
CHARAMEIS. f m. Arbre des Indes , dont il y a
deux efpèccs. L'un eft grand comme un néRier,&:
fes feuilles font femblables ,à celles du poirier , 5c
d'un vert clair. Son fruit naît en grappes , il ref-
femble à une aveline : il fe termine en plufieurs:
angles de couleur fort jaune , -d'un goût ftiptique»
accompagné d'une acidité ttès-agréable. Les In-
diens le mangent mûr & non mûr, confit avec du
fel, pour exciter l'appctit. Ils en mêlent auiïidans
leurs fauces. L'autre efpèce eft de la même gran-
deur , mais Ion fruit eft plus gros. Ses feuilles font
plus perites que celles du pommier. Sa racine efl:
lairculê. Ces arbres croiffent dans les forcrs & fui^
les montagnes éloignées de la mer , en Canada &
en Decan. Les habitans s'en fervent en décoêtion '
contre les fièvres. Ils broieflit l'écorce de la racine
de la première efpèce avec de la moutarde , & en
donnent aux afthmatiques, que cela purge vigou-
reufement par haut &: par bas. Lémery.
CHARANSONou CHARANÇON, f. m. Efpèce de
petit vet qui ronge le blé dans les greniers. Cur-
ciilio. Le charanjon qui fe met dans les pois , eft un
peu plus gros que ceux qui fe mettent dans le blé.
Il ne tant point écrire charenfon. Ce iriot vient de
X«ùàTTfiii, fculpere, excavare.
CHARANTÈ. 1. f. Quelques-uns écrivent Charente.
Rivière de France. Carantoniis , Caranthonus. La
pénultième t\t. brève dans ce mot latin. La Cha-
rante prend fa iource aux confins de la Marche S£
du Limofin, travcrfe une petite partie du Poitou,
l'Angoumois Z<. la Saintonge , ^ fc jette dans la
mer de Gafcosne , vis-à-vis de l'Ile d'Oleron.
CîO" CHARAPïiTI. Voye?^ CnirpiRi.
^fT CHARBON, f m. Bois à demi-brulé, corps noir,
léger , ptovcnu de la combuftion du bois , qui ne
va
CH A
va point jufqu'à la deftriidlion. Carbo. Ce bois ne
fait point de charbon , il ne fait que de la cendre.
On fe fende charbon dans les cuifines, & par-tout
où l'on ne veut point de feu qui talîe de la fumée.
Les Phyfîciens difentquele charbon eft noir, parce
qu'il ne renvoie prefque poinr de lumière , ce qui
vient de la quantité prodigieufe de pores qu'il a ,
& qu'on y remarque avec le microlcope. Le char-
bon ne fait prcique point de fumée , parce qiie la
plus grande partie de l'humidité du bois a été
diilipée par le feu quand on a fait le charbon.
C'efl: une chofe furprenante de voir la quantité
de petits pores que le microfcope découvre dans
le charbon. Ils font difpofés par ordre , &: traver-
fent toute fa longueur , de manière qu'il n'y a point
de charbon, quelque long qu'il ibit, au travers
duquel on ne puiile aifém'cnt ibufler -, & li l'on en
rompt un morceau un peu court , on voit le jour
au travers avec le microfcope. Dans un rang long
de la dix-huitième partie d'un pouce, M. Hooka
compté jufqu'à ijo pores, d'où il conclut que
dans un charbon d'un pouce de diamètre , il n'y
en doit pas avoir moins de cinq millions fept cens
vingt-quatre mille. C'efl: à cette grande quantité de
pores qu'il attribue la noirceur du charbon ; car
il dit que quand un corps a beaucoup de pores ,
dans lefquels la lumière n'eft point reliéchie , il pa-
roît nécedairement noir -, la noirceur n'étant autre
chofe qu'une privation de lumière , ou un défaut
de réflexion. Voyei la Micrographie de cet Auteur.
Les charbons fervoient autrefois de bornes pour les
jurididions & héritages , à caufe qu'ils font incor-
ruptibles : on les mettoit bien avant dans la terre.
De Rochef. Ils fe conlervent en eiîér li long-temps ,
qu'on en trouve de tout entiers dans les anciens
tombeaux des peuples du Septentrion.
Il y a aulîi un charbon arriiiciel , qu'on fait ex-
près dans les forêts de pluiieurs moyennes branches
d'arbres qu'on arrange en pyramide dans une grande
foHë faite exprès, où on ne lailfe qu'une petite ou-
verture par où on met le feu, & qu'on bouche
quand le bois efl: afiez confumé. Les forges ne fe
fervent que de ce charbon. Le feu de charbon efl:
très-violent. ffT La vapeur infenlible qui s'en ex-
hale efl: très pernicicufe , & capable d'affeder
dans un moment le cerveau &: le genre nerveux.
C'efl: pour cela qu'il eft dangereux de fe trouver
dans un endroit fermé où l'on brûle beaucoup de
charbon ou de braife. Ces vapeurs invifiblcs répan-
dues dans l'endroit , caufent des étourdiffemens ,
des défaillances , des maux de tête accompagnes
d'une privation de fentiment & de mouvement ,
& dans peu la mort , fi on n'efl: pas promptement
fecouru. Le moyen le plus fur eft d'expofer fur le
champ le malade au grand air, & de lui faire ref-
pirer&: avaler du vinaigre, dont l'acide eft appa-
remment capable d'arrc'^ter & de brider l'adion de
ces matières inflammables très-volatiles. M. Dodard
dit qu'il y a du charbon Ae blé, qui eft probable-
ment du temps de Céfar , qui s'eft fi bien confervé ,
qu'on diftingue le froment d'avec le feigle , ce qui
fait qu'il le croit incorruprible.
Charbon, eft aufli une efpèce de terre minérale,
foffile & fort noire , qui fert aux forges des ouvriers
qui travaillent en fer -, & on l'appelle charbon de
terre. Carbo foffîlis. Il y a des mines de charbon de
terre à S.Etienne en Forêt , en Nivernois , en Bour-
gogne. Prefque toute l'Angleterre eft pleine de cette
forte de charbon. Voyez \'Hi[loire de Nonhampton.
par M. Morthon. Il y a des mines de charbon de
terre dans les côtes de l'Acadie.
ÇO" Ce charbon nommé aulîi Lithautrax ne s'en-
flamme pas aifémenr , mais il brûle long-temps &
rend une chaleur plus vive que toute autre matière
inflammable -.il eft engendré par un lue birumineux,
amii que le Jayer. Sa couleur noire le fait nommer
charbon -, ce n'eft cependant qu'un limon noir , dont
les parties fedurciffent en pierres. Il ne laiife point
de cendres après qu'il eft brûlé , mais uue matière
Terne II,
C H A 44^
noîfe, nommée mache-fer. On en fait un grand
ufage en Angleterre , à caufe de la difetre du^bois.
Quand on l'emploie cà cuire les viandes, il leur
communique une mauvaife odeur. On peut même
croire que ia fumée eft très-pernicieufe à la fanté.
Ne cauléroit-elle pomt la confomption, maladie
i\ commune en Angleterre. Il y en a qui eft mêlé
d'ai'phalte & de Jayet , d'autre mêlé d'un bois
plein de bitume , d'autre rempli de fouffte èc de
pyrites , d'autre alumineux , &c.
Charbon de pierre.de charbon ,que quelques-uns con-
fondent mal-à-propos avec le charbon de terre ,
quoiqu'ils n'ayent rien de commun que leur qua-
lité imflammable , eft une pierre minérale , fêche
&: fulfureufe , dont il fe trouve diverfes carrières
dans plulieurs Provinces de France, particulière-
ment dans le Nivernois & le Boutbonnois.
Charbon défaille , eft celui dont les Peintres ti les
Graveurs fe fervent pour faire des elquiflés de leurs
defleins. Picloris carbo linearis. On le fait dans
un canon de piftolet qu'on met au feu, pour faire
brûler du bois de faule, & le convertir encharbon.
Le charbon dont on fe fert pour faire la poudre à
canon , eft de bois de bourdaine , autrement pe-»
vine , ou noir-prun.
Les Chimiftes appellent charbon , Ce qui refte
des plantes dans le vahfeau diftillatoite , lorfque
le feu ne peut plus rien pouffer dans le récipient.
Charbon , eftaulfi une tumeur maligne qui furvienc
dans différentes parties du corps. Carbuntulus. Elle
eft accompagnée d'une chaleur très douloureufe ,
de mortification , de lividité , & enfin de noirceur j
elle commence par une ou plulîeurs puftules , fous
lefquelles on trouve un ulcère putride couvert d'une
croûte noire : elle commence auffi quelquefois par
une croûte fans aucune puftule , & l'ulcère fe forme
fous cette croûte. Autour de cette tumeur il y a
un cerne fort douloureux , quelquefois rouge , S>C
quelquefois livide on noirâtre. Le charbon eft caufé
par un fel extrêmement acre , cauftique & malin ,
qui ronge & corrompt en peu de temps la partie
fur laquelle il fe décharge. Il eft ainfi appelle de
certe croûte noire qui reflemble àun c/^ar^o/z; les
Grecs l'appellent «»-7f«::. Le charbon eft quelque^
fois peftilentiel , & quelquefois il ne l'eft pas. Lorf-
qu'il vient fans puftules , on le nomme prima ou
charbon ; lorfqu'il a des puftules , on le nomme
feu pirfan , ianis perjiciis.
Charbon, en termes de Haras & de Maréchallerie,
lignifie une petite marque noire qui refte à la fève
qui n'eft pas encore toute effacée. Ce cheval prend
huit ans, il n'a plus qu'un petit charbon : ce terme
n'eft en ulage que dans quelques Provinces. Dict.
DE Manège.
On dit proverbialement , il y a bien du charbon
jHe rabais', pour dire, que quelque chofe a bien
diminué de prix. On dit d'un homme qui a une
fièvre ardente, qu'il brûle comme un charbon.
On dit figurément dans le ftyle de l'Ecriture ,
amaflér des charbons lur la tête de fon ennemi \
pour dire, le rendre plus inexcufable , & attirer
fur lui la vengeance de Dieu , en lui rendant le
bien pour le mal. Acad. Fr,
CHARRONNÉE.f f Petit morceau de chair de porc
ou de bœuf , fans graille, qu'on fait ordinairement
griller. Tojlx carnis offella , fru(iulum. Il lignifie
encore un petit aloyau, ou une côte de bœuf
CHARBONNER.v. a.Gâter, falir avec du charbon.
Carbone denif/are. On le dit auffi de ceux qui def-
finent avec du charbon. Carbone defcribere , de/i'
neare.
Charbonner une figure , une efquifle , une muraille:
c'eft y tracer des figures avec du charbon. Les Pein-
tres emploient aujourd'hui le charbon de fiiule pour
leurs efquifl[es. ffT Quand un deifein eft trop char-
gé de crayon, quand les traits ne font pas nets , quel-
que foir le crayon , on dit qu'il edckarbonné. Alors
il eft fynonyme à barbouillé, & fe prend toujours
en mauvaife part.
LU
4TO
C H A
Charbonner, fe dicauiîl au figuré , pour noiicir la
rcouration J'unc pcrlonne , la déchirer par quel-
que i'aiiHlanre raillerie i mais ce nelt que du llyle
b^s &c comique. Jlicui infamiam inferre , alupiem
infamsmficere.W. me ibllicire de la charbonner dans
mes vers. Main.
Charbonné, ée. part.
^ Blé charhonni. Celui qui eft artaquc par une ma-
ladie qui rend la larine noire & de mauvaile odeur.
Voyei Charbouillkr.
gCr "Charbonné, en Peinture. Foji'^ Carbonner.
CHARBONNEUX , EUSE. adj. Terme de Médechie.
Qui tient du charbon pcfiiilcnticl , qui y reflem-
ble en quelque manière. Jnthracodes. Des pullules
charbonneufes l'ont des lignes de la pePcc. Astruc.
CHARBONNIER, f. m. Celui qui fait ou qui vend
le charbon. Carbonarius. On le dit aulli de ceux
qui portent le charbon , dont les uns font Maures
créés en titre d'Office , & ainiî Officiers de Ville •.
les autres font valets, & fervent ibus eux -, & us
les appellent Plumets & G arçons de la f elle.
Charbonnier , eft aufll un petit lieu où on ferre le
charbon dans les maifons. Conclave Carbonarium.
On dit proverbialement , la foi du charbonnier^
quand on parle de la foi d'un homme fimple qui
croit bonnement & fans examen tout ce que l'E-
glife croit. Ce qui tire fon origine de ce qu'on dit
que le Diable tenant -an Charbonnier , lui demanda
quelle étoit fa croyance. Il répondit : je crois tout ce
que l'Eglife croir. Et étant preifé par le même Ef-
prit de lui dire ce que croyoit l'Eglife , il répli-
qua , elle croit ce que je crois. Er ayant toujours
perfévéré dans les même réponfes , il rendit le Dia-
ble confus. M. Drelincourt a ditlà-dciliis que c'é-
toit quelque pauvre jeune Diable qui n'étoit pas
des plus fins -, parce qu'autrement il auroit demandé
z\.KCharbonnicr , qu'eft-ceque toi & l'Eglife croyez î
ik' alors le Charbonnier^ n'auroit fu que répondre.
La raillerie de ce Miniftre Calvinifte eft fade ■-, car
en fuppofant que l'hiftoire qui a donné lieu au pro-
verbe eft véritable , le Charbonnier étoit très- lage
de ne répondre qu'en général au Diable qui vou-
loir rcmbarrailér , & lui faire perdre la foi : &
M. Drelincourt qui blâme la réponlé du Charbon-
nier:, & qui ritde la prétendue fimplicitédu Diable,
ne blâmeroit pas apparemment la conduite d'une
Dame de qualité, qui étoit Huguenote, & qui
rcpondoit à Rouen à peu-près la même chofe à un
Catholique , il auroit appréhendé qu'en venant au
détail elle n'eût reconnu la vériré. De plus , le
Charbonnier eur répondu à la queftion du Diable
de Drelincourr , s'il l'avoir faite , je ne fuis pas
obligé de lavoir en dérail tout ce que l'Eglife croit.
J'en fais ce que j'en dois lavoir , & pour le refte
je le crois dans la foi de l'Eglife, difpofc à fafce
un adle de foi fur chaque article en parriculier ,
quand il me fera propofé à croire^-, & le Diable de
Drelincourt, quelque fin qu'il eût été , n'eût pas
eu un mot à répliquer.
On dir auffi proverbialcmenr que le Charbonnier
eft maître en fa maifon. C'; proverbe vient de ce
que le Roi François I, s'étant égaré à la chafle,
fut contraint de pafîcr la nuit dans la loge d'un
Charbonnier , comme un Chafléur inconnu. Le
Charbonnier s'alTit le premier à la table , en difant
que chacun étoit le maîrre en fa maifon. Cepen-
dant il fervir le Roi d'un morceau de venaifon ,
en le orianr de n'en rien dire au grand nez : c'eft
ainfi aue le peuple nommoir le Roi. Le lendemain
pour recompenfer fon hôte, le Roi o^roya à fa
confidcrarionqnelerrafic du charbon feroit excmt
pour lui de tous impôts , tant par eau que par
tcvi-e.
CHARBONNIER, f. m. C'eft une efpèce de mé/aiige
qui eft plus noire que les mézanges ordinaires : ce
oui lui a fait donner ce nom.
CHARBONNIÈRE, f. f. Eft une place qu'on marque
dans le bois pour faire le charbon. Carhonarli for-
C H A
nax. L'Ordonnance ne permet en coupant les bois ,
qu'un certain nombre de charbonnières
Charbonnière eft aufli , celle qui fait ou vend du
charbon, ou la femme d'un Charbonnier.
(tir Charboî.nierf. f.f. Prilbnà l'hôtel de ville où
l'on cnlerme ceux qui onr commis quelque délit
fur la rivière , quais , ports & autres lieux dont la
Juridiction apparrient aux Prévôt des Marchands
iJc Echevins.
iCT II y a de même dans quelques maifons royales ,
au Luxembourg &: ailleurs , des priions ainli nom-
mées à caufe de l'oblcuriré de ces endroits.
Le mot de charbon &c les dérivés viennent du
latin carbo , qui vient du grec xcc^^ni , Jiccare, are-
faccre.
Ip- Charbonniiîres , en Vénerie, Terres rouges ou
les cerfs vonr fraper leurs têtes , après avoir rou-
ché aux bois -, ce qu'on appelle brunir. Elles en
prennent la couleur.
CHARBOUILLER. v. a. Terme d'Agriculture , pour
exprimer les clîéts de la nielle. La nielle chur-
bonille les blés , clic les rouille , 8i remplir quel-
ques t^rains de chaque épi de froment , d'une cer-
taine poullière noire , au lieu de farine , qui noircit
tout l'aurre blé. Pour préfcrver les blés de la rouille,
laquelle char bouille , comme on dit, plufieurs
srains de chaque épi de fromenr,onfccoue laro-
fce du ir.arin avanr le lever du foleil , par le moyen
d'une corde qu'on rend des deux côtés du^ blé ,
qu'on touche par-delfus avec violcnce.7c;//rn. des Sç.
du 4 Janvier 1677. On eft obligé de laver dans
des cuves le blé qui a été charboinUe par la nielle,
& de l'étendre fur des draps au foleil , pour le taire
fcohcr. . /
CHARBUCLE. f. f. Voyei dans le Dictionnaire Eco-
nomique la manière d'empêcher les charhucles au
CHARCANAS. f. m. Eroffe de loie 5c de coron , qui
fe fabrique aux Indes Orientales.
'^K? CEIARCAS. Province du Pérou avec une Au-
"* dietîce Royale , dent la capitale eft ChuquJiàca ou
la Plata, Archevêché rrcs-riche.
CHARCUTER. V. a. Hacher, ou railler de la viande,
comme font les Charcutiers -, parce qu'on difoit
autrefois r^izr pour chair. Concidererninutim, mi-
nuiatim concidere. ^fT II n'eft plus d'ufage au pro-
pre-, mais figurémcnt on le dit de ceux qui cou-
pent mal-adroitcmenr les viandes à table. Alalé, im-
veriû concidere. Il a charcuté cette longe de veau.
jK? On le dit dans le même fens d'un Chirurgien
' mal-adroir , qui dans une opérarion , taillade les
chairs d'un malade ou d'un bleil'é. Au refte tout
cela eft du difcours familier.
ftr Si on le dir des autres chofes taillées mal-pro-
premcnr , ou défigurées -, d'un Tailleur, qu'il a char-
cuté une étoffe -, \i'un Menuifier , qu'il a charcuté y
iïâté une pièce de bois : cela; eft du ftyle bas.
Charcuté, éf. part. palf. & adj.
CHARCUTERIE, f. f. Ce mot fe trouve dans Pomey
pour fianifier le peu d'adrefle avec laquelle on raille,
on fair quelque chofe. Faciendi traclandique ope-
ris infcitia.
CHARCUTIER, f. m. On écrivoit & on diloit autre-
fois Chaîrcutier , ou plùrôt Chaircuitier , comme
fait M. de la Mare dans fon Traité de la Police.
Dans les Sraruts qui leur furenr donnés en 14^^,
on écrit Charcutier. On devroit dire & écrire chair-
cuitier; car ce mor eft compoié de chair & de cuire,
& fisînifie un Cuitier de chair , c'elt-à-dire , un
homme qui cuit de la chair , qui vend de la chair
cuite ,'& non pas crue , comme les Bouchers. Mais
l'ufrtîe y eft contraire. Carnium coaarum propolu.
C'eft^ un Marchand de chair de pourceau. C'eft
aufTi celui qui la fale , qui la hache , qui l'aflai-
fonne, & qui en fiit divers ragours, comme feu-
cifîes, iaucillons, cervelas, boudins ,_andouiIles,
&c. Il eft ainfi nomm.é , parce qu'il fair cuire les
chairs , & qu'il vend non-feulemenr delà chair de
pourceau cuite , mais aulEi des langues de bœuf.
CH A
ic autres. Les Bouchers faifoient autrefoiis îedcbit
de la chair de porc. Les Charcutiers ont depuis
ctc dirpenlcs d'acheter des porcs chez les Bouchers.
Ils ont eu la permiUion d'en débiter eux-mêmes
la chair crue •, mais fous les mêmes conditions que
les Bouchers , c'cft-à-dire , de paflcr l'examen des
Languayeurs , des Tueurs & des Courtieis ou Vi-
lîteurs de chair. De la Mare , Traité di La Police,
Liv. IK , T. V y cap. 1, Il ell; défendu aux Char-
cutiers de vendre les chairs d'aucun porc ladre. 1d.
Ce qu'on appelle aujourd'hui Charcutier > ne tai-
foit autrefois qu'un même métier & un même corps
avec ceux que l'on nomme Rotijfeurs , & les mômes
gens apprêtoiem & vcndoicnt la chair de porc avec
toutes fortes d'autres viandes cuites , Se on les nom-
moit Oyers. Il y a beaucoup d'apparence que ces
Oycrs retranchèrent de leur profeilion le dcbir des
chairs de porc , & de toutes les chairs bouillies
ou alfailonnées , & celui du poilîbn &: des légumes.
D'autres particuliers prirent ce qui avoir été re-
tranché de la profefîion des Oyers , ou ce qu'ils
en avoient eux-mêmes abandonné , &: l'on en forma
enfuite une autre Communauté, fous le nom de
Charcutiers , par Lettres Patentes du 17 Janvier
1475. Ces Lettres, qui font du Prévôt de Paris ,
contiennent les premiers ftatuts qui aient été don-
nés aux Charcutiers en dix-iépt articles. On en
ajouta 8 ou 51 en 1477 , en donnant entrée dans ce
mctiet à un plus grand nombre de gens qu'on n'a-
voir fajt deux ans auparavant : & ainli fe forma
la Communauté des Charcutiers à Paris, Ces Pvc-
gleméns & ces ftatuts ie trouvent dans le Traité
delà Police , àt M., àe la Mare, Liv. V, T.
XXI, c.$ , où il traite des Charcutiers , Se ils y
Ibnt appelés Chaircuitiers & SauciJJiers. Ces fta-
tuts reçoivent fans apprcntllfage & fans chef d'œu-
vre ceux qui exerçoient aâuellement ce métier
dans Paris -, mais ils demandent pour la fuite quatre
ans d'apprentiflage & chef d'œuvre. D'autres régle-
mens leur permettent d'ouvrir les Dimanches , &
les obligent à remplir chacun à leuT tour les qua-
rante places de la Halle le Mercredi & le famedi.
Voye:;^ tous ces réglcmens de Police dans l'endroit
cité , &: ch. 6.
CHARCUTIÈRE, f. f. Femme de Charcutier , ou
femme qui fait le métier de charcuter. Propola coc-
tiv(z carnis , coquelet carnaria.
CHARCUTIS. Vieux mot qui s'employoit autrefois
en parlant d'un grand maifacre , d'une grande dé-
faite. En cette journée il fe fît un horrible char cutis,
Cœdes.
CHARDON, f, m. Ce mot s'applique par le vulgaire
à toute Ibrte d'herbe épincufe &: piquante. Quel-
ques ouvriers en laine appellent chardon une plante
dont les têtes fervent à chardonner les étoffes ,
d'où vient le mot de chardonner , peclere. On dit
aulfi d'une plante qu'elle a les feuilles de chardon ,
lorlqu'elles font découpées liar leurs bords en quel-
ques fegmens qui font armés •de piquans , de la
même manière que les c/zarJc/zj ordinaires en font
fournis.
Chardon, f. m. Carduus, eft parmi les Botaniftes
le nom propre d'un genre de plantes, dont les
fleurs font à fleurons pofés fur des embryons qui
deviennent des graines chargées d'une aigrette. Ces
fleurons font renfermés dans un calice qui eft d'a-
bord arrondi , & qui s'évafe enfuite dans fa matu-
. rite. Il eft formé par plufieurs écailles appliquées
les unes fur les autres , & terminées toujours par
un piquant. Cette pointe des écailles du calice fert
à diftinguer le chardon d'avec les cirfium &les ja-
cécs. Il y a plufieurs efpèces de chardons. Les unes
font épineuies de tous côtés , & par leurs feuilles
& par leurs tiges , & par leur tête -, d'auttes ne le
font que par leurs feuilles &c leur tête -, d'autres
enfin n'ont que la tête armée de piquans. Les feuil-
les de chardon ne font pas pareilles dans toutes les
efpècc";: les unes les portent entières comme le char-
donétoili: à feuilles de giroflée jaune. Dansd'au-
C H A ^^ i
très , elles font larges , plilfées Se coupées en feg-
mens larges ou étroits , femblables aux feuilîes
d'acanthe, ou de coquelicot , de chicorée, ou de
corne de cerf. Le chardon Notre-Dame, <:<zr^««^ ma-
rianus , jive lacleis macuUs notatus -, les a larges,
& marquées de veines ou de taches blanches, Foye:r
les Injtituts de Botanique de M.de TourncfortpouiT
le dénombrement des elpèces.
Chardon à Bonnetier ou a Foulon , ou Chardon à
carder, Carduus Fullonum , Diffacus, Plante dont
les Bonnetiers &: les Foulons de lame fe fervent
pour carder la laine , &c pour tirer les poils des
draps. Sa racine eft fimple , blanchâtre, chargée
de quelques groffes fibres , & qui donnent des feuil-
les longues d'un pied , & d'un pied & demi liir qua-
tre pouces de large, vert clair, ridées, un peu ve-
lues, dentelées fur leurs bords , relevées en-defllis
d'une groife côte épineufc &: plus tendre que dans
les feuilles des tiges : fa tige l'orr feule de la mêms
racine , & s'élève à la hauteur de quatre à cinq , &:
même de fîx pieds quelquefois , grollc comme le
doigt , droite , cannelée & cpineufe , garnie de
feuilles oppofées , & tellement jointes à leur baie
qu'elles embraifent la tige qui les enfile. Ces feuil-
les fe terminent en pointe , & font plus petites &
plus cpineufes. De leurs aiffelles ibrtcnt des bran-
ches oppofées & divil'ces en deux autres branches ,
qui portent à leurs extrémités une tête longue de
deux à ttois pouces , quelquefois plus , compolce
de plulieurs écailles fermes &: terminées en pointe ,
lefquelles forment comme des alvéoles aux fleurs
qui fortent d'entr'elles , & qui font des fleurons
pâles légèrement lavés de pourpre i découpées à
leurs bords en quatre fegmens obtus. Elles portent
fur des embryons qui deviennent autant de femen-
ces oblongues , cannelées , & à quatre pans. On
diftingue le chardon à Bonnetier tn cultivé, qui a
les écailles de fa tête terminées par une pointe
crochue •, & en fauvage, qui les a toutes droites. Les
Cardeurs ne fe fervent que du cultivé. Il fe ren-
contre quelquefois des vers dans les têtes de cette
plante ', &. on prétend que li on les porte fur foi ,
elles éloignent les maux de dents & la fièvre. L'eau
qui fe ramaffe à la baie de les feuilles eft recom-
mandée pour les maladies des yeux.
Chardon bénit. Cnicus Jilveliris hirfutior ijîve car-
duus benediclus C. B. Plante fudorifique tort em-
ployée en médecine -, mais comme elle n'eft pas
bien commune, on la cultive dans les jardins. Sa
racine eft blanchâtre , charnue , & divifée en quel-
ques branches. Elle donne des feuilles découpées
comme celles du laitron , gluantes & cpineufes au
toucher , velues , & d'entre lefquelles s'élève une
lige branchue prefque dès fa naiffance , droire en
partie , &; en partie couchée fur rerre , garnie de
feuilles alternes , des aifîelles dcfquelles fortent de
petites branches , terminées par une tête écailleufe
& épineufe remplie de fleurons jaunes découpés
en cinq. Ces têtes ibnt groflies par quatre à cinq
feuilles vertes , dentelées , & armées de piquans
fur leurs bords , Si à leurs extrémités. Ces feuilles
forment une efpèce de chapiteau qui. diftingue ce
genre de fes femblables. Lorfque la fleur eft paflce,
chaque embryon de graine , qui ibutenoit un fleu-
ron , devient une femence oblongue , étroite , gri-
sâtre , & garnie d'une aigrerte blanche. L'eau du
chardon bénit entre dans les potions cordiales &
dans les potions fudotifiques. Son fel a à peu près
les mêmes ufages. La décoélion de toute la plante
eft quelquefois purgative , & fait vomir , furtouc
lorfqu'elle eft trop chargée. Le chardon bénit mêlé
avec des diurétiques, pouffe par les urines au lieu
de faire fuer. Au défaur de chardon bénit on peut
fe fervir de l'efpèce nommée Cnicus attraclilis^ lu-
tea diclus. On a remarqué qu'elle avoir les mêmes
propriétés.
Chardon étoile, ou Chauffe-trappe. Carduus ftellatiis^
Jive Calcitrapa. Efpèce de chardon dont la racine
eft arofle & longue comme celle des perits raiforts
Lilij
45'2r C H A
qu'on appelle mvcs à Paris , longue d'un pié au
plus , de lagrofl'j'UL- du doitç: vers ion collet , blan-
châtre, changée de quelques fibres branchucs , &
qui donne plulicurs feuilles velues , couchées lur
terre , longues de trois à quatre pouces , découpées
comme celle du bluct ou du coquelicot , mais d'un
vert gai. De leur milieu part une tige branchue ,
arrondie , blanchâtre , haute d'un pic ou deux ,
chargée de f-'euilles pareilles à celles du bas , mais
plus découpées ■■, les extrémités de ces tiges & bran-
ches portent des tètes écailleufcs , épineulés , grof-
ies comme des noilettes , Se dont les épines l'ont
longues de plus de demi-pouce , blondes, & dif-
pofées en manière d'étoile , lorique la tète ne s'eft
point évarée,& que les Heurons qui ibnt pourpres
ne paroiifent point. Sa Temence eft oblongue , liile ,
polie, plus petite que la graine de perroquet, au-
trement canhama..
Cette plante croît communément à la campagne
fur le bord des chemins , & dans des lieux & terres
incultes. Sa racine eft très-apéritive &C diurétique.
On l'emploie avec luccès pour les coliques né-
phrétiques. M. de Balville , Intendant du Langue-
doc , fe trouvant bien de l'ulagc de cette racine,
iit imprimer la manière dont il s'en étoit fervi. De-
puis ce temps-là on iùit prendre la poudre de ion
écorce délayée dans du vin \ &; pluiieurs peribnncs
fc font apperçues qu'elle charrioic le fable & le
gravier , &: qu'en en prenam de temps en temps
avec précaution , leurs accès de colique néphréti-
que n'étoient plus ii fréquens. Dans le mémoire
de M. de Balville , on ne prend l'infulion de l'é-
corce de cette racine que le 28' jour de la lune de
chaque mois , &: il faut que la racine ait été cueillie
vers la fin du mois de Septembre : deux circonftan-
ces alTez inutiles , puifque ce remède agit tout auiîl-
bien les autres jours de la lune que le 18 , & qu'on
peut pr^fque en tout temps cueillir ces racines ,
parce que cette plante ne porte point de tige la
première année , & qu'elle paroit dès qu'elle a
donné fes femences , de même que les autres char-
dons. On a foin de prendre les racines de celles
qui ne font pas montées -, leurs racines n'étant pas
fl ligneufes , comme il arrive à toutes les autres
plantes, dont la racine n'a prcfque point d'écorce ,
lorfqu'elles font ptêtes adonner leurs fi:uits. Leurs
racines font cordées , comme on dip communé-
ment.
Chardon hémorroïdal. Cïrjlum arvenfe ■, fonchi folio
radiée repente , caule tuberojb , Inji. R. Herb. On
mettoit autrefois cette plante parmi les chardons
à caufe qu'elle eft remplie de piquans. On l'a
appelé chardon hiinorroidal , parce qu'il fe forme
quelquefois des nœuds à fa lige à l'occafion des
piquures d'infedes ', Se on prétend que ces nœuds
portés dans la poche garantiffent des douleurs des
hémorroïdes. Cette plante a fa racine blanchâtre
te rampante. Elle donne dans fa longueur des ti-
ges hautes d'un pié & demi ou de deux pies ,
plus menues que le petit doigt , cannelées , mocl-
leufes , 8c longues de quatre à cinq pouces far
moins d'un pouce de largeur j découpées & plif-
fées fur leurs bords , armées de piquans ttès-fins ;
vertes en^deifus , &c pâles ou blanchâtres en-deflbus.
Lorfque cette tige n'eft point piquée , Se qu'elle
ne forme pas un nœud vers fon extrémité , elle fe
divife en quelques branches qui portent des têtes
allongées , à écailles, dont les piquans fontfoibles,
& à fleuron d'un pourpre pâle , portés fur des em-
bryons qui deviennent des femences couleur d'a-
lun & chargées d'aigrettes. Cette plante vient com-
munément dans les champs &: dans les vignes ;
mais on ne trouve ces fortes de nœuds , que lorf-
■qu'elle naît dans des lieux humides à Tabri de quel-
ques arbres.
Chardon Noire-Dame, ou Chardon laité.'Carduus
alhis maculis notatus , vulgaris. C. B. Pin. Il
cft ainli appelle à caufe des taches blanches qui
: ^ont répandues fur fçs feuilles. Les racines de ceae
CH A
plante font grofles , longues , & poulfent plulîeurs
teuillcs longues d'un pic &c demi , larges de demi-
pié environ , découpées fur leurs bords , comme
ondées , armées de piquans affilés , vert gai en-def-
fus , & comme veinées par des taches d'un blanc
de lait dans les endroits de leurs principales ner-
vures Ses tiges font droites , chargées de quelques
feuilles pareilles à celles du bas , mais moins am-
ples i elles font terminées par quelques branches
qui portent des têtes écailleufes , fort épineufes. Ses
fleurs font purpurines,&: fes femences grolîës comme
celles du carchame , noirâtres &: fort adoucilfantes.
On les emploie en émulfion dans les ardeurs d'u-
rine. On mange les jeunes pouffes de cette plante
de même que celles de quelques autres chardons.
Chardon Roland. Eryngium vulgare ou le panicaut,
le chardon à cent têtes. Plante qui n'eft point du
genre des chardons. Sa racine eft longue de plus
d'un pié , grofle comme le doigt , brune en de-
hors , blanche en dedans , douçâtre , compofée
d'une écorce épaifîé , tendre , & d'un nerf ou cœur
ligneux. Elle donne quelques feuilles fermes , lè-
ches , piquantes , découpées en trois ou quatre
fegmens longs d'un pouce & demi ou de deux pou-
ces , fur moins d'un pouce de largeur , dentelées
fur leurs bords & d'un vert pâle. La tige qui fort
d'entre ces feuilles , eft haute d'un ou deux pics ,
plus mince que le petit doigt, cannelée, & chargée
de feuilles pareilles à celles du bas , mais plus ar-
rondies Se plus découpées. Cette tige le divife
enfuite en plulicurs branches qui portent chacune
une tête groife comme le pouce; longue d'un demi
pouce, garnie à fa bafe de quelques petites feuilles
qui forment une efpèce de fraife. Chaque fleur eft
compofée de cinq petites pétales blanchâtres , &
foutenues par un calice qui devient eniuitc un fruit
à deux femences jointes enfemble. Le panicaut
marin fe diftingue du vulgaire par fes feuilles plus
arrondies , moins découpées & plus plilfées , Sc
par leur couleur. La racine du panicaut eft apé-
ritive, diurétique-, on l'emploie dans les bouillons,
les tifanes Se les aposèmes. On recommande les
racines confites du panicaut matin, pour la phthilie.
Voye^ LE DicT. DE James.
CH.VRDON. Terme de Fleurifte. C'eftune anémone
dont les béquillons font fort étroits. Morin". Quel-
que grolleur Se quelque coloris qu'elle ait, clic eft
déteftablc. Id.
Chardon, chez les Serruriers, fe dit des pointes SC
crochets de fer qui fe mettent fur des barreaux ,
fur une grille de fer ou fur le chaperon d'un mur,
pour empêcher qu'on ne palTe par-dellus. Carduss
ferreus.
On dit proverbialement qu'un homme cft amou-
reux, gracieux comme un chardon; poux dire, qu'il
eft mal gracieux , rébarbatif.
Chardon. [Notre-Dame du) Ordre militaire
projeté en 13^9 & inftitué en 1570, le jour de
la Purification de la fainte Vierge, à Moulins ,
par Louis II , Duc de Bourbon. Cet Ordre éroit
compofé de z(î Chevaliers. Le Prince Se fes fuc-
ceffeurs dévoient être les Chefs de l'Ordre. Les
Chevaliers portoient toujours la ceinture d-e cou-
lent bleu célefte, doublée de fatin rouge, brodée
d'or, Se fur laquelle on lilbï: ce mot Efpérance,
en broderie d'or auffi. Aux grandes fêtes , Se prin-
cipalement à celle de la Purification, que le Prince
tenoit table ouverte aux Chevaliers , ils étoient
vêtus de foutanes de damas incarnat , à manches
larges. Se ceintes de leurs ceintures bleues. Le
grand manteau de cet Ordre étoit d'un bleu célefte,
doublé de fatin rouge : Se le grand collier de fin
or , du poids de <iix marcs , fermant à boucle &
ardillons d'or par derrière. Il étoit compofé delo-
zanges Se de demi - lozanges à double orlc , email-»
lées de vert , percées à jour , remplies de fleurs-
de-lis d'or , Se du mot Efpérance , écrit dans les
lozanges en lettres capitales à l'antique. De ce col-
lier, pendoit fur i'eftomac une Qvaie, dans laquelle
CH A
étoit l'image de la fainte Vierge , entourée d'un
foleil d'or , couronnée de douze étoiles d'argent ,
avec un croiffant de même Tous les pies, &c au
bout une tête de chardon émaillé de vert. Leurs
chapeaux étoient de velours vert rebrallcs de pal-
mes de foie cramoilie , llir lequel étoit l'écu d'or à
la devife j4àn , Akn , qui veut dire , allons en-
femble , pour marquer l'union qui devoir être en-
tr'eux.
Le nom de Notre-Dame du Chardon vient du
chardon qui étoit au bout de l'ovale qui pendoit
du collier , & de ce que la ceinture de l'Ordre fer-
moir à boucle &; ardillons de fin or, ébarbillonncs
&: déchiquetés avec l'émail vert, comme la tcte
d'un chardon. L'Abbé Juftmiani traite de cet Or-
dre dans Ion Tom, II, ch, 60, p. 16,
Il y a auJli en Ecoire un Ordre du Chardon , au-
trement du bouquer de Rue, ou de fainr André,
Se de faint André du Chardon. Nous en avons
parlé au mot André. L'Abbé Juftiniani en traite
tort au long dans Hijioria di tutti gl' Ordini mi-
litari & Cav aller ej'chi. Tom. I , chap. 16.
CHARDONAL ou CHARDOUNAL. f. m. Vieux
mor. Cardinal. Cardinalis. Le Reclus de Moines
manufcrit dit :
Quand je me fuis el retour ,
De la grant court je fis un tour ,
La ou mainent li Chardounal
Mais tous les trouvai d'un atour
Cha & la tous font mercatour. Du Cange.
CHARDONNER. v. a. Terme de Manufactures de
de lainage. C'eft tirer le poil d'une étoffé avec
des chardons. Pilos carduis erigere. On ne char-
donne que les ouvrages en laine.
CHARDONNERET, f. m. Petit oifeau recomman-
dable pour la beauté de fon plumage , & celle de
l'on chant. Le chardonneret eft plus petit que le
pinfon : il a fur le devant de la tête & à la gorge
des marques rouges ; le haut de fa tête eft noir ;
les rempes blanches ; les aîles noires & diverfifiécs
de blanc : dans les grandes pennes on voit une bande
jaune de part & d'autre. Le jeune chardonneret
n'a point de rouge fur la tête ; mais il eft d'une
coulent cendrée qui tire fur le roux. Les Oifeleurs
les appellent grifets ; ils les vont prendre dans les
prés pendanr le mois de Juillet. Le chardonneret
mâle a la tête , la gorge &: le dos plus noirs. Sa tête
eft aufli plus longue & plus plate que celle de la
femelle : celle-ci a les aîles cendrées , la gorge blan-
che & la tête rouge. Il y a d'autres chardonnerets
qui onr le tour du bec noir , & le tour des yeux ,
qui a coutume d'être rouge aux autres , eft blanc.
L'on en trouve auifi en Iralie qui ont tout diver-
lîfié de couleurs diflcrcnres des aurres , fi l'on en
croit quelques Auteurs. Enfin il y en a qui fonr
blanchâtres, & d'autres qui font blancs, & ont la
tête rouge.
Le chardonneret fait fon nid dans les épines ,
& dans les arbriifeaux. Il fair ttois fois l'an des
petits -, favoir , aux mois de Mai , de Juin & d'Août.
Ceux du mois d'Août font les meilleurs. Ils font
fcpt ou huit œufs pour l'ordinaire. Ceux qui/onr
leur nid dans les épines , ont quelques plumes oran-
gées , & fonr plus eftimcs que les aurres , parce
qu'ils font plus forts & plus robuftes , & qu'ils
chantent mieux. Ils font différens des autres en
ce que leur pennage eft plus gris &: plus obfcur.
Les noirs font coirmuncmcnt bons. Les chardon-
nerets vivent jufqu'à vinpt ans &: plus.
Le chardonneret niais eft beaucoup meilleur que
les auttes à tenir en cage. Il faut le mettre auprès
d'une linotte , d'un ferin de Canarie , ou d'une
fauvette , &c fon chant fera compofé de quelque
partie des leurs i& la diveriîté en fera plus agréa-
ble. II faut prendre garde qu'il n'entende point
d'autre chardonneret , afin qu'il ne s'arrère point
à fon chant. Willoughby parle dans fon Ornitho-
CHA 4^j
iogîe d'un chardonneret qu'on nourri/lbit dans une
cage depuis 25 ans , & auquel on étoit oblige da
couper tous les huit jours le bec &c les ongles ,
afin qu'il pût manger &; le foutenir.
On appelle cet oiicau char donnent , parce qu'on
le voit ordinairemcnr lur les chardons , dont il
mange les femences. Il vit environ 1 5 ans , & clt
fujet à des verrigcs. Olina. Les Grecs l'appellent
ÙKcctt^r.i , d'«KO(ïi'« ,Jpina ; les Latins carduelis , de car-
duus. Les Italiens le nomment cardello , ou car-'
dellino--, les 'Ei'\;i3.s,no\% firguento.
CHARDONNERETTE. ^oye:;^ Chardomnitte.
CHARDONNET. f. m. Ce mot eft un diminutif de
chardon, &: lîgnirie/'tY/f chardon , mais il ne fedic
qu'en parlant d'une Eglife de Paris , qu'on appelle
Saint Nicolas du Char donne t.
CHARDONNETTE. f. f. Quelques - uns difent car-
donnette. Plante qui eft une efpèce d'artichaut
fiuvage. Elle eft femblable à l'artichaut des jar-
dins. Sa tige eft forrhaure. Ses feuilles ibnt grandes,
garnies de piquans rout .à l'entour , de m.êmc que
fes têtes. Ses fleuts font de coulent de pourpre. CV-
nara filvejtris latifolia o\i j'colymus Diojcoridis,
f^oy, Carline : c'eft la même chofe.
Chardonnette , fe dit aulfi des fleurs de la pl.inrc
qu'on appelle chardonnette. Les Payfans s'en fer-
veur au lieu de prédire pour cailler le lait.
Chardonnette , ou Chardonnfrette. Aflaifoniic-
mentfait avec le chardon d'Efpagne, N'ayez point
de Religion , moquez-vous à gogo des Prêtres &c
des Sacremens de l'Eglife , &: de tout droit divin
& humain : mangez de la chair en Carême en dépit
de l'Eglife ,il ne vous faudra d'autre abfolurion , ni
d'autre char donner ette , qu'une demi-dragme de ca-
rhclicon Sat. Mcnip. t.L, p.j , art. 1 5. M. Le Du-
chat , tom. i,p.^i& 33 de la Sat. Menip, a fait une
favante remarque fur ces mors , qui aétémal copiée
oar le dernier Editeur du Richelet.
CHARDONNItRE. f. f. Terre pleine de chardons. ,
Carduetum.
CHARDOUSSE. f. f. Nom qu'on donne en quelques
endroits à la carline. A^oyt;^ Carline.
CHARÉE. P'oyei Charrf.e.
CHARANÇON. Foyei Charanson.
CHARENTE, f. i. Eft le nom que nos Hiftoriens don-
nent à un fam^eux vaillcau de la flotte que Louis
XI fit partir de Provence en 1 500 pour la conquête
de Naples fous les ordres du Seigneur de Ravef-
tein , Gouverneur de Gènes. Ce vaiifeau , dit un
Auteur conrempotain , porroit douze cens foldats
fans les matelots , & deux cens pièces d'artillerie,
dont il n'yenavoit que quatorze groffes , les au-
tres n'étoient que des fauconneaux & d'autres fem-
blables petites pièces. P. Daniel , T.II , p. i6Sj
1788.
Charente. Rivière, f^oye^ Cmar1;nte.
CHARENTON. Bourg de France fur la Marne, un,
peu au-deifus de l'endroit où elle fe décharge dans la
Seine. Carentonium. Un Temple que les Huguenots
y avoient avant la révocation de l'Edit de Nantes ,
& où ceux de Paris faifoient leurs affcmblées , a
fait fouvent parler de ce lieu. Daillc , Alix , Claude,
ont été Miniftrcs àcCharenton. On a dit par une
efpèce de proverbe , aller à Charenton. Aller à la
Mcife à Charenton , pour fe faire Huguenor.
Il y a Charenton en Bourbonnois , célèbre par
une Abbaye de Bcnédiélines , qui vers le conimen-
cement du dernier fiécle reçur la réforme du Val-
de-Gracc. P. Hélyot, T. FI . p. ;;2.
1ÇT CHARETTE. Foyei Charrette.
ffT CHARGE, f f. Ce'mot fe prend dans je ne fais
combien d'acceptions diflfercntcs. Quelquefois il
eft employé dans la fignificarion de fardeau , faix ;
& pour l'ordinaire on fait ces trois motsfynony-
mcs , qui ne le font pourtant que par l'idée géné-
rale qu'ils renfermcnr. La charge eft ce qu'on doit
ou ce qu'on peut pottcr ; de là l'expreflion pro-
verbiale qui dir qut la charge d'un baudet n'eft pas
celle d'un éléphajat. Omis. On dit de la charge
4T4
C H A
qu'elle eft forte. Cette charge efl: trop forte pour •
moi. je ne laispas pourquoi les Vocabululcs , qu. \
avoient pourtant Ibus ks yeux les remarques de
M. l'Abbé Girard, s'avilent d.- dire charge lourde
C'cfl du fardeau qu'on dit qu'il eft lourd ; parce
que le fardeau eft ce qu'on porte -, de même qu'on
dit à^MJaix qu'il accable , parce qu'il joint a l'idée
de ce qu'on porte celle d'une certaine imprellion
fur ce qui porte.
IJCr Ce mot vient , dit-on , de c^rgrqui en vieux lan-
gage bas-breton iignihoit la même chofe.
Charge, en terme de Maçonnerie , le dit de ce qui
pel'e fur un mur , poutre , ou autre corps. On donne
de la charge à une voûte .à proportion que les
arcboutansfont forts. Il faut ctr.yer cette poutre ,
parce qu'elle porte une charge rrop tortc. Les Ma-
çons appellent auffi charge de plancher , une certaine
cpailfeur que l'on met fur les foiivcs & aisd'entre-
voux , ou fur le hourdi d'un plancher , pour recevoir
le carreau , ou aire de plâtre , qu'on y doit mettre.
On dit particulièrcmenr , qu'il faut payer les
changes d'un mur , quand un voilin élevé un mur
mitoyen pour bâtir defius : c'cft indemnilerle voiiîn
de la nouvelle charge qu'on met fur le mur mi-
toyen , ce qui s'eftime à railbn de iix toiles l'une.
Foyci l'art. 197 delà Coutume de Paris.
Charge , eft aulfi une certaine mefure d'un poids pro-
portionné à la force de celui qui le porte. Ainii
on dit , une charge de cotrets , de fagots ; pour
dire, 18 ou lo cotrets ou tagots , que peut porter
un Crocheteur. Une charge de charbon contient
deux mines. Une charge' de blé. La charge d'un
mulet c'eft 400 livres ; d'un chameau, c'eft mille
livres. Ce vaifleau a fa charge ; pour dire , il en
a autant qu'il en peut porter. La f/^^rn't; des carra-
ques de Portugal eft de deux mille tonneaux , c'eft-
à-dire , qu'elles portent quatre millions de livres
pelant. Ce vaiffeau n'a pas trouvé en ce port des
marchandiles pour fa charge , il en eft forti avec
dtmi-charge. On appelle FaiJJeaux de charge ,
ceux qui fuivent une armée navale pour porter les
munitions Se les provihons.
Charge , le prend encore pour une certaine mefure
eu quantité de chofes qui font dans le commerce.
La charge de Marfeille eft compofée du poids de
trois cents livres. Celle d'Arles eft du même poids.
La charge de S. Gilles eft de dix-huit à vingt pour
cent plus grande que celle d'Arles. La charge de
Tarafcon eft de deux pour cent plus foible que celle
d'Arles. La charge de Toulon eft compofée de trois
fetiers du pays -, chaque fetier contient une hé-
mine &: demie , & eft égal à celui de Paris.
Charge , fignifie anifi l'aélion de charger. Impojitio
oneris. Pour la navigation des rivières il y a trois
jours de char<^e , ou de planche, & autant pour
la décharge ; c'eft-à-dire , pour donner le lôifir aux
Marchands de charger & de décharger.
Charge , en termes de l'art militaire , fignifie le choc
de deux armées qui en viennent aux mains. Pugna.
On dit en ce fens la première , la féconde charge.
La charge a été rude , vigoureufe. Sonner la charge.
Bellicum canere , donner le fignal du combar. Sou-
tenir la charge. Retourner à la charge.
En ce fens oh dit figurement, qu'on retourne à
X'}. charge, §C? quand on fait une nouvelle tenta-
tive , quand on fait de nouveau la même demande
quia été dcja refufée. ii^OT eamdem pojt repulj'am
dciiuo peter e.
Charge eft auffi une certaine mefure de poudre qu'on
met dans les armes à feu pour leur taire faire leur
effet. Pulveris ac globitormento difplodendo modus.
La charge de canon eft environ la troifième partie
du poids defon boulet. La chr.rge d'une mine eft
ordinairement un millier de poudre-, mais on la
proportionne à la nature & au poids du rerrain qu'il
faut qu'elle enlève. On donne double charge aux
canons pour les eflayer.
Charge, fe dit auffî des fournimens qui font atta-
flics aux bandoulières des Moufc^uccairçs jciui fer-
C H A
vent à donner la charge à un rnoufquct. Pulveris
ac plumbi arex fijtuli^ difplodendà modus , pulve-
ris py ni theca. Cus tournimens ne lont autre chofe
que plufiturs petits étuis couverts de veau , dans
chacun defquels les Ibldats renterment ce qu'il faut
de poudre pour charger leurs armes à feu. Ouvrir
la charge avec fes dents.
Charge , lé dit figurement de tout ce qui gCT donne
lieu à l'exercice des facultés de l'ame, Se dansée
fens , ainli que dans le propre , il emporte avec lui
une idée de contrainte. On le dit de tout ce qui
eft onéreux. Omis. L'adion de l'efprit s'étouiTe pat
trop d'étude ^ c'eft une charge qui l'accable. Mont.
11 eft mal-aifé de bien aimer ceux qui nous font à
charge. Vaug. Une vieille fille eft à charge aux au-
tres , Se à elle-même. Le Grand Thcodofe rchifa
l'Empire , & l'on remarqua que ce n'étoit point par
une vaine cérémonie , mais par une véritable fa-
gcfle , qui lui faifoit regarder cet honneur comme
une charge difficile, Fléch.
Cefi une charge bien pesante ,
Qu'un fardeau dcj^uatre-vingts ans. Quinaut,
Une tutelle eft une charge , & non pas un avan-
tage. Cette veuve a cinq cnfans à fa charge ; c'eft-
à-o.ire, qu'elle eft obligée de les nourrir , entrete-
nir & avancer. Cer importun eft à la charge de les
amis, c'eft-à-dire, qu'il leur emprunre, & qu'il vit
à leurs dépens. Une Abbaye régulière eft un béné-
fice à charge d'amcs. Les iecrets , Ibit les nôtres,
ibit ceux que l'on nous confie , peuvent encore por-
ter le nom de charge , à caufe de la peine que le»
indifcrets ont à les garder.
L homme indifcret , dont la bouche imprudente,
Depofe d'unfecret la charge trop pejante-,
Von bientôt fonfecret follement corifié ;
Par d'indifcrets amis à d'autres publié. Vill.
Charge , fe dit en ce fens des claufes & condi-
tions qui font ftipulées par un ade ou contrat,
ou qui font naturellement arrachées à la chofe
dont on traite. Lex , conditio. Il a vendu cette terre
à la charge d'une telle iervitude , à la charge de
payer rels" & tels créanciers, à la charge du réméré^
eâ Icge , ci conditione. On donne tous les baux a
la charge de cultiver & entretenir les lieux en bon
père de'^ famille. Il lui a fait ce plailîr à charge d'au-
tant.
Charges d'un teftament, font des engagemens que
le Teftateur impofe à l'héritier ou aurre , à qui
il fait quelque libéralité par fbn t:ftament, coirimc
s'il charge fon héritier ou un légataire d'un ufufruit,
d'une fetvitude, ou d'une rente viagère en faveur
d'une tierce perfonne.
Charges de la Ccmi}:unauté.,(oriX. des dettes mobiliai-
res qui doivent être acquittées par la communauté
des conjoints.
Charge, fignifie aulfi , penfion , rente, redevance
dont une chofe eft tenue envers une autre. Onus ,
impenfa.W a quitté leBénéfîce à caufe de ks charges.
Il doit une rente de cent fetiers de blé,c'eft une grojfe
charge. Il ne vaut pas cent écus , toutes charges fai-
tes. Cette redevance eft une charge foncière. Les
charges foncières font les redevances qu'on a impo-
iees après le cens , fur Icshéritages lorfqu'ils onrété
aliénés. Cenfiis fecundarius , cerifus. Les charges^
foncières ào'wcni être payées Scfupporrées par celui
qui polfède l'héritage qui a été aliéné -, finon il 1%
doit abandonner. Loiseau.
CnKKGïs réelles , & redevances annuelles , font des
droits dus par les héritages, comme le cens, le
furcens ou rente foncière, le champart ou autres,
félon la difpofition des coutumes , ou l'ufâge des
lieux.
Charge , cil encore un impur , une levée de deniers
pour fournir aux dépenfés & aux nécefTités de l'E-
tat , d'uoe Coraipunautc. Tri,butum , yscligal. C'eft
C H A
au peuple .1 fupport r les charges de l'Etat. Dutant
la guerre on eft obligé de mettre de nouvelles char-
ités , de nouvelles impolîtions. Les propriétaires des
maiibns Sont obliges aux charges de ville , qui Ibnt
boues, lanternes, pauvres , logemens de ibldats ,
ibrtiiîcations , &c.
Change , lignifie encore §3° figurcment en matière
criminelle, les preuves, les indices qui reluirent
des inlbii-.iations &i autres pièces du procès contre
un accule. Dans ce Tens il efl: employé au pluriel.
Examiner les charges. On a porté les ch.argcs Se in-
formations au Grcri'e , c'cft-à-dire , les actes qurcon-
ticnnentla plainte de la partie , &c les Jépoiitions
des témoins. On dit qu'un accule prend droit par
les charges , lorfqu'il eft lut de Ton innocence -, qu'il
n'y a point de preuve contre lui -, & qu'il s'en rap-
porte au dire des témoins , qu'il n'eft point bclbin
de lui confronter. L'Ordonnance veut qu'on en-
tende les témoins à charge &. décharge , pour êtie
contre l'accuic.
Charge, lignifie fouvent une dignité, un office qui
donne pouvoir & autorité à quelqu'un fur un au-
tre. Alunus , Jignitas, magijiratus.il y 3- des char-
ges feulement utiles pat les revenus , les émo'u-
mens qui y iont attachés ; & d'autres qui fonr ho-
norables par les fondions & par le rang qu'elles
donnent. Les charges de Chancelier, de Premier Pré-
sident, font les premières charges du Royaume.
Il y a quatre principales fortes de charges : celles
de la Maifon du Roi ou des Prinqes, comme Grand
Chambellan , Grand-Maître de la Gardcrobe , des
Cérémonies : celles de l'armée, comme de Maré-
chal de Camp , Mcftre de Camp , de Capitaine ,
d'Enfeigne : celles de Robe, ou de judicaturc,
comme de Conleiller , de Greffier : & celles de
Finances, comme Intendant, Contrôleur , Trélb-
rier , Receveur , & Payeur. On dit qu'un homme
c(i en charge , pour lignifier qu'il exerce une charge
qu'il en fait actuellement les fonctions. Magijlra-
tum , miiuiis exercerc : qu'il eft hors de charge ,
quand le temps de fbn exercice eft expiré ; & cela
fe dit particulièrement des magiftratures & des di-
gnités éledtives , & non perpétuelles. Defuncius
magijiratu. On dit, exercer une charge en titre,
quand on en a les provilions ; Exercere magijlratun
ciim jure ohtentijque ai earn rem tabuUs , &: par
commiffîon , lorlque la charge n'a point Az titulaire ,
ou qu'il eft interdit ou ablént. Cum delegatâ po-
tejlate alujno miinerc defungi , ou atjentis nia mor-
tui partes implere. On dit, être pourvu d'une charge
enfurvivance, quand on a droit de l'exercer après
la mort ou en l'abfence du titulaire. Z>c-/%«(zr/y/^t-
cejforem alteris muneris. Il y a aulll des charges
municipaîes , ou des charges de ville qu'on obtient
par élection ; & des charges de Communautés.
La vénalité des charges, qui fe pratique en France
n'a été en ufage dans aucune République, & ne
trouve point d'exemple ailleurs. Il fémblc que les
charges doivent être la récompcnfe du mérite , &
qu'on les doit ptopoiér comme un prix qui ferve
d'aiguillon à la vertu, & qui anime au travail. On
hafarde à remplir les charges de perfonnes inca-
pables, en n'y admettant que ceux qui ont de quoi
les acheter. C'eft , difoit un Ancien , comme li dans
un vaifîeau on faiibit quelqu'un Pilote pour fon
CHA 4Tr
I les Sénéchaux étoient auffi pourvus diredtemcnr
par le Roi. Mais les Officiers inférieurs étoient
choifis par les Comtes ou par les Ducs , i?c par les
Officiers llipérieurs. Julqu'i François I , le Chan-
celier avoir droit de pourvoir à to\ites les charges
fans gages , ou dont les gages n'excédoicnt ponit
vingt-cinq livres. Par une Ordonnance de Char-
les VI de l'an 1440, il y fut réglé que les Offi-
ciers du Parlement & autres de Juftice, feroient
nommes par le Parlement même, en préfénce du
Chancelier ; & ceux des Finances par la Chambre des
Comptes. Pendant que les Anglois occupoient la
France ,ilsintroduiIirent la collation, la nommina-
tion arbitraire du Roi. Après qu'ils fiirenr expuilés,
l'on inventa fous Charles VIII un expédient entre
la nomminarion abfolue du Roi & l'éleétion; c'eft
que le Parlement & la Chambre des Comptes nom-
meroient trois perfonnes , & que le Roi choifiroic
celui qu'il lui plairoit de préférei. Ce partage équi-
table entre le Roi & ks Sujets , a fubfifté jufqu'à la
vénalité des charges. Elle commença du temps de
Louis XI, par le beibin d'aquitter les dettes de
Charles VI II , fon prédéceffèur.
Au XIV' fîècle , toutes les Charges de Judi-
cature croient cenfées vacantes par la mort du Roi.
Louis XI, pour fe concilier l'amitié des Officiers
du Royaume , fir en leur faveur une Ordonnance ,
par laquelle il leur affuroir leurs Charges pour toute
leur vie , déclarant qu'elles ne feroienr jamais va-
cantes que par leur mort, ou en cas de forfaiture , ou
par leur démiifion volontaite. P. Daniel, T. II,
p- 14^ 5. Louis XII rendit vénales les Charges qu'on
appeloit Offices Royaux , qui n'étoient point de
judicature. Id. T, II, p. 16 ji é> 1671. Ce fut en
1515 , à l'occafion de la guette d'Italie, que Fran-
çois I entreprenoit , que les Chargea de judicature
commencèrent à devenir vénales en France. A la vé-
rité Louis XII, preflé par la néceffité de l'Etat, avoit
déjà vendu quelques Offices ; mais c'étoit dans le
deffein de remettre les chofes fur l'ancien pié ,
dès qu'il auroit la paix -, & il avoit excepté de ce
nombre les Magiftraturcs de Juftice : le Chance-
lier Duprar fut auteur de cette innovation. Foyer
le P. Daniel dans François I , Tom. III , p. >.
Uargentfeid an Palais peut faire un Magifirat.
BoiL.
Dans le temps de la République Romaine les char-
ges étoient conférées par l'éleétion du peuple. Les
Empereurs s'étant emparés du droit du peuple ,
nommoient feulement les Grands Officiers ; & ces
Grands Officiers nommoient les Officiers inférieurs,
qui dépendoicnt de leurs charges. Le même ordre
fut obférvé en France. Le Roi par l'avis de fon Con-
feil nommoit les premiers Oiîîciers de la Cham-
bre des Comptes & des Finances. Les Bailliis &
Je pourrois vous faire voir S. Auguftin dans une
fainte horreur des Charges , Sc regardant comme
un fardeau redoutable ces dignités qu'on recherche
avec une ambition feculière. Flech, Une téméraire
jeuneffe fe jette d'otdinaire lans étude & fans con-
noiffances dans les Charges de la Robe. Id. La prin-
cipale choie qui foutient les hommes dans les
grandes Charges, d'ailleurs fi pénibles , c'eft qu'ils
fonr fans ceffe détournés de penfer à eux. Pa'jc.
Combien d'ames oifives qui n'apportent d'autres
préparations à leurs Charges , que celle de les avoir
de/îrées , pour fatisfaire leur orgueil & honorer
leur parelîè ? Flec.
§3* Quoiqu'on donne indiftinétement le nom de
Ch-irges À toutes fortes ;/' (9^c-ej , paice qu'en elfec
tout O^^ce eft une Charge , il ne faut pourtant
pas confondre ces mots.
ïfF Charge eft un nom général qui comprend d'au-
tres emplois diftingués des Ofices , en ce qu'on
les exerce fans provilions , & feulement pour un
temps : au lieu que pour les Offices, il faut des
lettres du Prince qui en affûtent le titre aux Offi-
ciers pendant leur vie.
^fT Ainfi les Ckarc^cs des Parlemens & des autres
Compagnies flipéiieures , celles des Préfidiaux ,
Bailliages & Sénéchauflces , font des Offices ; au
lieu que les Charges Municipales , comme d'E-
chevins , de Conllils , &c. ne font pas des Offices ,
piarce que ceux qui y font appelés ne les exercent
que pour un temps , & fans autre ritre que celui
de leur éle<5tion.
^3" Les Commi[jions que le Roi donne font une autre
efpèce de charges : quoiqu'on ne leur en donne
pas le nom , elles en ont en effet le cata6tère ,
qui eft de revêtir d'un emploi public. Les Air.-
45^ C H A
bafladeiivs , léslntcndans des Provinces , les Cham-
bres de Jullice , &c. l'ont des Comrnijjlons , ôi l'ont à
ceux que le Roi y appelle, une Charge pour exercer
une fontlion publique , ians titre d'office.
^fT Mais il y a certe dittcrence entre ces Commij-
fions & les Charges Municipales & autres l'enibla-
bles , que les Commi[/ions ibnt pour un temps
indélini , & cellènt quand il plaît au Roi de les
révoquer ; au lieu que les Charges Municipales
ont leur durée pour un temps rct;lé,
|CF Ainlî les Oj/ices font pour la vie , de ceux qui
en Ibnr pourvus ne peuvent être révoques fans
caufe.
fp'Les Charges Municipales & autres font pour
un certain temps, après lequel leur emploi finit,
&: palîe à une autre perlbnne ; mais ceux qui en
font revêtus ne peuvent être révoqués ni deftitués
ians caulê, pendant le temps que doit durer leur
exercice.
Ip* Enfin les Commiffions font pour un temps in-
défini , tel qu'il plaît au Roi , de Ibrte que ceux
qui en font charges , peuvent être révoqués en tout
temps & ians aucune caufe.
Charge , fe dit quelquefois d'une commilTion ver-
bale, ou ians titre ou paflagère, quand on donne
à quelqu'un le foin ou la garde de quelque choie.
Provincia , negotium. On lui a donné la charge
d'un tel recouvrement. Il a la charge de fournir
des vivres , des logemens à l'es troupes. 11 n'eft pas
relponlable du vol qui a été fait en cette mailbn ,
les meubles n'étoient point en ia charge. En ce
fcns -, on appelle une femme de charge, celle qui
a le foin de la vailîêlle d'argent , du linge , ùc ,
dans une grande maifon -, &c dans les Commu-
nautés , un tel a la charge de la Sacriflie , du Cel-
lier , de l'Infirmerie, &c, C'eft aulli en ce lens
que l'on dit, un bénéfice à charge d'ames , tel
qu'une Cure , parce que les âmes des fidèles font
confiées au foin du Curé.
Charge, fignifie encore mandement, procuration.
Frcp.fcripta ne^otii gerendi aiicloritas. Il a donne
ck.irse à ion Commis de faire votre expédition.
Un Procureur eft iu;et à défaveu , quand il a oc-
cupé , quand il a fait des offres fans change , fans
mandement fpécial. Ce Banquier a donné charge
à fon correfpondant d'acquitter une telle lettte
de change.
Chap.ge, fe dit aulTi du foin qu'on prend des af-
faires d'un Etat , d'une maifon , en vertu d'une
con million particulière. Ce Miniflre prend fur
lui toute la charge, tout le faix des affaires du
Royaume. Cet Intendant , ce Solliciteur , a la
charge des affaires Se procès de cette famille.
Charges du mariage , font l'entretien du ménage ,
la nourriture & l'éducation des enians qui en pro-
viennent •, pour railbn de quoi la dot efl: donnée au
mari , afin qu'il puiife fubvcnir aux nécelfités de fa lii-
millc , dont il efl: le chef.
.Charge, en termes de Maréchallerie, efl: un cata-
plafme , un appareil ou onguent fait de miel , de
graiflé , de térebcntine , &: quelquefois de lie de
vin , 6i autres drogues , qui fert à guérir les fou-
lures , les enflures , ou autres maladies des che-
vaux , procédentes de quelque travail ou effort vio-
lent , lorfqu'on l'applique fur les parties ofFenfées ,
ou qu'on les en frotte. Cataplafma.
Charge , en termes de Peinture , efl: une repréfen-
tation exagérée de quelque perfonne , que le Peintre
fair pour fe réiouir , &' à laquelle il conferve de la
reffemblance en ridicule. Il n'efl: pas nécelîaite que
le Peintre ait toujours inrention de fe divertir
pour qu'on pu'ife dire qu'une choie eft chargée. Res
aligna per piUuram exazgerata. Ceux qui ont une
véritable idée de la correûion , de la fimplicité
réçulièrp, & de l'élégance de la nature, traite-
ront de fuper'lu ces charges qui altèrent toujours
la vérirc. De Pïles. Peu de Peintres ont le génie
' de bien faire des charges. Ces fortes de charges
C H A
fe font en outrant ce qu'il y a de vrai dans la per-
fonne que l'on peint , Ibit dans l'excès , Ibit dans le
défaut. Ainlï , quand d'un nez un peu plus long
que la nature ne le donne au commun des liommes ,
on en tait un nez excellivement long •, ou que d'un
nez un peu plus court qu'il ne devroit être , en en
fait un nez tout-à-fait camus, cela s'appelle la chargé
de celui qu'on a voulu repréfenrer. Il en cil de mê-
me de toutes les autres parties du corps , dont les
excès &: les défauts font outrés par le Peintre.
tfJ' La proie (?<: la poêfie ont leurs charges comme
la peinture. Ces charges dans lefquelïcs la vérité
& la reffemblance exaCles ne font altérées que pat
l'excès du ridicule, ne doivent jamais rendre l'objet
méconnoiffable. C'ef^-me règle qui ne paroït pas
alTez fcrupulcufement obfervéc dans la pli^ipart deS'
pièces de Théâtre , où les caraélères , dans le co-
mique , font prefque toujours trop charges.
Charge, en termes de Jardinage, efl une bourfe
ou œil de fleur , oculus , d'où vient qu'on dit que
les arbres chargent beaucoup , quand ils ont beau-
coup de ces charges , & qu'ils apportent beaucoup
de fruit.
Charge à cueillette ou au tonneau. C'efl: un terme
ufité fur l'Océan. On dit qu'un vaiffèau efl: chargé
à cueillette , lorfque fa charge a été faite de l'i-
mas de diverfes marchandifes que le maître a reçues
de divers particuliers , pour faire le chargement de
fon vaiflcau.
Charge à quintal , c'ed un terme de Méditerra-
née , qui fignifie la même choie que charge à cueil-
lette.
Charge à la cote. Vaifleau chargé à la côte. C'eft
quand il a été forcé par le gros vent à il; tenir près
de la terre , dont il ne peut s'éloigner quelqu'ef-
fort qu'il talfe.
Charges, en termes de Magie noire & de Sorti-
lège , lignifie le charme & le fort que les Sorciers
merrcnt en quelque lieu peur y faire leurs prétendus
maléfices, hicaraamentum , faj'cinaùo, C'eil: un pot
de terre neuf, vernifie , non acheté , ni marchandé ,
dans lequel ils mettent du fang de mouton , de fa
laine , tk du poil de pluficurs bétcs , avec quan-
tité d'herbes de de poilbns qu'ils brouillent avec
pluUeurs grimaces & cérémonies fupcin:itieufes &
facrilèges , en proférant plufieurs paroles & invo-
cations des Démons. Ils mettent ce pot dans un
1 e 1 fecret de la bergerie , ou aurre endroit où ils
veulent faire quelques maléfices -, 8c alors ils l'ar-
rofent avec un 'peu de vinaigre , félon l'effet qu'ils
veulent qu'il produifc. Ce fort dure certain temps ,
& ne faiiroit être levé que par celui qui l'a mis , ou
par quelque fupcrieur qui caufera la mort du pre-
mier. L'hiftoire de cette efpèce de fortilége eft am-
plement décrite dans les procès d'un nommé Bras
de fer , fameux Sorcier, qui étoit au mois de Mars
lô^SS , dans les priions du Parlement appelant d'une
lentence , par laquelle lui & fes complices furent
condamnés à être pendus & brûlés. Dans ce pro-
cès il y a des choies fi cxrraordinaircs , qu'elles
feroient prefque croire aux fortiléges.
Charge, (à la) adv. A condition Ed lege , eâ con-
ditione. A la charge de reprife. A la charge d'au-
tant , c'eft-à-dire , à la charge de faire le réciproque,
ou de rendre la pareille.
Charge , fe dit proverbialement en ces phrafes , il
faut prendre le bénéfice avec fes charges ; onera;
pour dire , qu'il faur fouffrir les incommoditési
d'une chofc , dont on tire d'ailleurs des avantages,
Quem feijitentur commoda , debent fequi & incomrjio-
da. Onditauffl, qu'une c/Mr^i? eft le chauffe-pied
du mariage -, pour dire, qu'un homme en France
trouve plutôt à fe marier quand il eft revêtu d'un*
ch.trge.
CHARGEAGE. f. m. L'adion de charger. Sciences
des Jnp-cnieurs , L. I!I , p. 41.
CHARGEANT , ANTE. adj. Ce qui pèfe , ce qui
charge, ce qui incommode. Gr^v/'j , onerofus. On
ne s'en fert point au propre. On l'a dit au figuré
en
CHA
en parlant des emplois , des charges ou dignités ,
desafiâires. Il difoit que cette dignité étoit trop
chargeante pendant les troubles de ce liècle, Flech.
Malgré cette autorité , ce mot n'a pas été reçu.
CHARGEMENT, f. m. Terme de Marine & de
Commerce. C'ert: la charge d'un vaifFeau : on le
dit aulfi de toutes les marchandiles chargées fur un
vaifleau. Navis onus, C'eft la même chofe que
cargaifon.
Chargement , (îgnifîe auflî l'adla par lequel il pa-
roît qu'un Marchand a chargé telle quantité de
marchandircs fur un vaiireau. Acad. Fr. Il a pro-
duit le chiir'^zmsm & les connoiflances de telles
marchandiies.
§Cr CHARGE\fENT, dans Rabelais, fignifie l'aétion
par laquelle on frappe. Et de cettui coup ne lentit
que le chaTgcmcni.
ÇHARGEOIR. f. m. Terme de Canonier. Inflru-
ment avec lequel on charge le canon. Inflrumzn-
tum quo piilvis fiilfuratus & globus tovmento in-
duntur. Cet inftrument eft garni de fa lanterne , de
fa lampe , & de deux boîtes pour charger la
poudre à canon
0C? C'efl: auifi dans les Minufaélurcs de falpètre une
efpèce de felle à trois pies fur laquelle on place
la hotte , qu'oa appelle bachou , quand il s'agit de
la charger.
fpr CHARGER. V. a. Ce mot a toutes les acceptions
du mot charge , tant au propre qu'au figuré. C'ell
en général mettre une charge fur quelque chofe.
Orumre. On charge un malet , un cheval , un
bateau. Charger un âne de pommes. Onerare
pomis cjfi-is afelli. Il faut un homm? pour char-
ger ces Croc'aeteurs. Les Ciam:aux font drelfcs
à fe baiiTer quand on les charge.
On le dit dans un fens approchant , pour, pefer fur.
Cette poutre charge trop cette muraille. Gravure,
Tout cet attirail chargerait trop le carolTe.
On dit en termes de Marine , charger un vaif-
feau , pour dire , lui donner fa charge , le remplir
d'autant de marchandifes qu'il peut en porter ; le
charger en grenier , c'cft-à-dire , le charger de mar-
chandifes fans être embalées ni enronnées. Charger
un vailfcau à cueillerte , c'eH: le charger de mar-
chandifes reçues de différens particuliers : ce terme
cft ulité en ce fens fut l'Océan ; mais fur la Mé-
diterranée, pour exprimer la même chofe, on dit
charger au quintal. Charger la pompe d'un vaifleau ,
c'eft y jeter de l'eau par en haut ; charger à la côte ,
fe dit fur mer d'un gros vent qui force un vaif-
feau à fe tenir près de terre, fans pouvoir gagner la
pleine mer.
Charger , fe dit auffi des alimens qui font difficiles
à digérer. Les écrevifles chargent l'eftomac , on a
de la peine à les digérer. Vous me charge^ trop ,
en me voulant faire boire des rafades. L'ufage de
ce mot en ces phrafes eft fondé fut ce qu'on font
un poids dans l'eftomac après avoir beaucoup man-
gé Sk. beaucoup bu , ou après avoir mangé de cer-
taines chofes.
Charger, fe dit encore en termes d'Hoûogev, Charger
un balancier , c'eft le rendjre plus lourd pour re-
tarder la monrre ou l'iiorloge. Tardare Horolo-
' . p.um addlto ad lïbr amentum pondère Les balan-
ciers des monnoies font fort chargés de plomb.
^C? Charger la glace , chez les Miroitiers , c'eft
mettre le mercure derrière la glace , & mettre des
poids fur la furfece pour en faire écouler le vif-
argent fupeiflu. Diffundere , oblinire mercurio.
^Cr Charger , chez les Doreurs, c'eft appliquer l'or
fur une pièce où il n'y en a point encore , ou en
mettre de nouveau dans les endroits oii il n'y en
a pas aflcz.
IfCT Dans plufieuts arts & métiers', le mot charger
conferve cette fignification , ou une a peu près fem-
blable. Voye:^ Charge.
^ ^fJ Charger , fe dit auffi chez les Brodeurs , les Ci-
• • feleurs , ùc. Un habit chargé de broderie , de palfe-
Tomc II,
CHA 4^7-
mens. Cet ccu eft chargé de trois fleurs de lis. Em
parlant des grandes qualités du Roi.
Déjà four les chanter tel accorde fa lyre ,
Et tel pour en charger le marbre 6' le porphyre >
D'un ardeur incroyable aiguife fon ci/eau.
Charger. En termes de Monnoie on dit, charger l^
coupelle d'affinage ; c'eft aptes que le plomb y a
bouilli quelque temps , y jeter ks matières , c'eft-
à-dire , l'or ou l'argent qu'on veut affinet. Charger
les crcufets , charger le creufet de matières ■, c'eft
y jeter les matières , c'eft-à-dire , l'or ou l'argent
pour les fondre. Charger le fourneau de charbon,
c'eft y jeter du charbon.
Charger. Les Corroyeurs fe fervent de ce terme
en parlant de divers apprêts qu'ils donnent à leuts
cuirs. Ils difent , charger un cuir de bière , le
charger d'alun , le charger de couleur -, pour ligni-
fier , l'imbiber d'un dofe fuffifante de toutes ces
drogues & ingtédiens.
Charger la chaudière-, c'eft y mettre les ingrédiens
néceflaires.
Charger le peigne. Terme de Manufadure de lai-
nage. C'eft mettre & inférer dans les dents du
peigne la quantité convenable.
Charger, eft auffi un terme de Vinaigrier, qui (i-
gnifie, emplir. ImpUre. Charger les vaiileaux. PoC
à charger. Entonnoir à charger.
Charger, eft auffi un terme de Fileufe. Il fignifie>
mettre du chanvre, du lin autour de la quenouille
pout filer. Circumdare. Je vais charger ma que-
nouille. Ma quenouille eft bien chargée.
Charger, en termes de Guerre , fignitie , attaquer
vigoureufement l'ennemi. In aciem hojlium irruer e.
Les ennemis nous chargèrent d'abotd en telle oc-
calion i mais nous les chargeâmes à notre tour. Ils
avoient ordre de ne fe point découvrir , que l'en-
nemi ne fût paffé , pour le charger en queue,
Ablanc.
§3" Charger fe dit auffi , pour exprimer l'adion
de celui qui en frappe un autre. Si vous le mettez
en colère , il vous chargera. Charger quelqu'un de
coups, le battre exceflîvement ; le charger d'in-
jures, d'opptohtcs , Contumeliis profcindere ; c'eft
l'en accabler.
gC? On dit burlefquemcnt , charger de bois , le dos
de quelqu'un fujle dolare luinbos ; lui donner des
coups de bâton.
Il pourrait bien , mettant affront dejfus affront ,
Charger de bois mon dos comme il a fait mon front.
Mou
Charger, fe dit auffi des armes à feu. Tormento ou
jijtuliz ferreœ , fulfuratum pulverem ac globum
indere. C'eft mettre dans une arme à feu , ou dans
une pièce d'artillerie la quantité de poudte fuffi-
fante & les balles ,le boulet ou autres chofes nécef-
faires pour l'effer qu'on fe propofe. Un canon fe
charge avec des boulets , des cartouches , des balles
ramées. Les ennemis ont éventé la mine depuis
qu'elle a été chargée, ils en ont tiré la poudre.
Il a chargé fes piftolets.
jCJ" Charger , fe dit au figuté, de ce qui peut donner
lieu à l'exercice des facultés de l'ame. Charger (a.
mémoire d'une chofe , mettre une choie dans fa
mémoire , & s'appliquer férieufement à la retenir.
Memorià aliquid cujladire. Il ne faut charger fz
mémoire que de bonnes chofes. Charger fa mémoire
de bagatelles.
^ On dit auffi qu'il ne faut pas trop charger la
mémoire des enfans , pour dire , qu'il ne faut pas
les obliger à retenir trop de chofes.
1^ Charger fa confcience de quelque chofe, pren-
dre quelque chofe fur fa confcience , s'en rendre
refponfable devant Dieu.
Charger, fignifie auffi, impofer quelque condition
onéteufe. ^Onus imponere. Un héritier cft chcirgi
M mm
4t8 CHA
d'acquitter les dettes de les legs d'un tcftateur. Un
ulufruitiei: eft charge d'acquitter les rentes annuel-
les dont le bien qu'il poi'scdc eft tenu.
Charger , fignifie aulli , mettre des impoiîtions trop
fortes. Tributum, veciigal imponere. On a trop
chargé de tailles ce pauvre homme fur le rôle.
Cette marchandile eH trop chargée de douanes.
On dit dans le même fens , charger une Election ,
une Province, 6'c.
Charger iigniiie encore , donner ordre , commif-
fionàquelqu'imdefaire quelque chofe. Dure rei
alicujus provinciam , negoùum. Cet homme a
été chargé d'une négociation où il a bien rcuifi.
Il ne de^voit pas fe ''charger de faire une telle ha-
rano-ue , puifqu'il n'ctoit pas en état de parler. Cer
. Ambafladeur étoit expreflcment chargé par fcs inf
trudions, de faire inftancc fur la reftitution d'une
- telle place. C'efl: un tel Avocat qui eft chargé de
ma caufe , de mon fac , de mes mémoires.
Charger, d'ordinaire avec le pronom perfonnel,
iignifie , prendre fur foi , fe rendre relponfable.
ALiquii in je recipere. Jcfus-Chrift s'eft c/i^zr^e de
tous 'nos péchés & de toutes nos miieres. Con-
... fiez-moi votre affaire, je me charge au {nccès. Cet
rj;,Entr,cpreneur s'efl: chargé de venir à bout d'un tel
deHéin. Le Courier ie^charge de rendre ma lettre
en main propre. Je ne me fuis charge que de^ma
propre conduite , & je ne répons qu'à moi-même
de mes études & de mon loilîr. Flech. Les Rois
chargés du gouvernement , n'auront-ils que les in-
• quiétudes & les fatigues > & veut-on qu'ils trem-
- blent devant la loi , qui eft leur propre ouvrage î
TouRR.
De r intérêt du ciel pourquoi vous chargez-vo//^ .-*
Pour punir le coupable a-t-il hejoin de nous? Mo l.
Se charger , fe dit auffi dans un fens propre ,
pour , mettre quelque fardeau fur fa tête , fur fes
épaules , fur foi , fur fon corps , de quelque ma-
nière que ce foit. Il n'^ que faire d'aide , il fe charge
bien lui-même.
§Cr On le dit aulfi dans le commerce des marchandifes
de mauvais débit, & dans la vie civile, de ce qui nous
eft à charge. Onerare , gravare. Un Marchand in-
telligent nefs charge point de mauvaifes marchan-
; difes , n'en prend point dans fcs magalins,
.^3° C'eft quelquefois un malheur d'avoir des parens
pauvres , dont on eft obligé de fe charger.
Charger , fe dit auflidans le commerce , pour, mar-
quer fur fon regiftre. Aliquam pecuniœ fummam in
rationem inducere , rationihus inferre. Il tant qu'un
Marchand charge fon regiftre des payemcns qu'on
lui fait. Le regiftre de ce Banquier eft chargé de
l'envoi d'une telle commiffion en Cour de Rome.
On dit dans le même lens, charger un compte
d'une depenfe, d'une recette, pour dire qu'on a
porté dans ce compte la recette 6t la dépenfe dont
il s'agit. \ ; .
'Charger fignifie , accufer quelqU^un en Juftice , ou
dépofex contre celui qui eft déjà zccufé. Accufare ,
criminari. Ce prifonnier eft chargé ,eR prévenu de
plufieurs crimes, il y a divers témoins qui le char-
gent. Il a été chargé par le teftaraent de moit d'un
tel. - - ;
gCF. On le dit dans le même fens dans les chofes où il
n'eft pas queftion du criminel. Ils ne ccflbient de
le charger , tantôt d'avarice Si tantô; de trahifon.
Vaxtg. Les vieillards louent le paffé Sc blâment
le préfent , charaeant ainfi le mqnd.e du chagrin de
leur âge. Il fignifie ici rejeter, faire tomber fur.
■' Trans ferre in , &c,
Ainji r antiquité , de cent crimes divers ,
Ofa charger les Dieux qu'adoroit l'Univers.
Charger , en termes de Peinture, fignifie , outrer une
cho'é , ajouter à la vérité , faire une exagération
burlefcjue des principaux traits qui contribuent à la
CHA
rcflcmblance -, repréfentet avec exagération.ies tçaitî
qui rendent le vifage d'un homme difforme & ri-
dicule, fans le rendre méconnoiffable. Rem aliquam
vinsendo exasserare. Ce Peintre a chargé ce por-
trait , pour dire , il a bien fait un portrait qui ref-
fembk en quelque choie ; mais dans lequel la vérité
6c la rcfiémblance exaéfe fonr altérées par l'excès du
ridicule. gCF On le dir dans le même fens au figuré.
Ce médifant a chargé l'hiftoire qu'il nous raconte , il
y a ajouté beaucoup de chofes de fon crû , il a exa-
géré avec malignité. Charger un portrait , un carac-
tère ; exagérer avec malignité les défauts d'une per-
fonne.
|KF On le dit de même en Littérature , de l'a Profe
& de la Poëfie , voye^ Charge ; ainfi que des or^
nemens fuperflus du ftyle. On reprochoit à Cice-
rcn que fon éloquence étoit chargée de paroles &C
de penfces fuperllues. Nicol. Les Commentateurs
font d'ordinaire chargés d'une vaine & faftueufe
érudition. La Bru y. Charger unt pièce d'incidens,
mettre trop d'incidens dans une pièce de théâtre.
Charger un mot. Cette expreflîon fe dit des écri-
tures fur Icfquelles on met d'autres écritures , pour
les corriger : ainfi un mot chargé , eft un mot qu'il
faut corriger -, & au lieu de l'effacer , on écrit fut.
ce même mot un autre mot: ce qui fait bien fou- '
vent qu'on ne peut lire ni l'un ni l'autre. Cela eft
défendu ; & dans des procédures criminelles , il
ne faut point charger les mots , mais raturer & te-^
mettre le véritable mot à la marge avec renvoi.
|3" Charger eft aulfi un terme de Jardinage. On
dit qu'un arbre charge peu ou beaucoup , pout
dire qu'il donne peu ou beaucoup de fruit. L'épar-<
gne charge beaucoup tous les ans ; Ferax efi, mul"
tis pomis fe fe induit. Le petit touffelet charge
peu , prend peu de boutons à fruit. Dans cette ac-
ception ce verbe eft neutre. Les Vocabuliftes au*-
roicnt dû le dire.
Charger , fe dit proverbialement en ces phrafes. Il
a été bien chargé d'appointement , pour dire , il
a été bien battu à coups de poing. Il eft revenu
chargé comme un mulet, pour dire , il en avoir au--
tant qu'il en pouvoit porter. On dit d'un homme
qui n'a point d'atgent , qu'il eft chargé d'argçnt
comme un crapaut de plumes. Tout cela eft bien
bas. , ,
CHARGE,EE. part. Il a Icsfignifications de fon verbe<
On dit au figuré , un homme chargé de famille «
d'enfans , de dettes , de crimes. Un Héros chargé
de gloire. Ces deux premiers Miniftres chargés deS
intérêts & du deftin des deux nations , faifoient
valoir leur habileté à difputer les droits des cou-
ronnes. Flech.
On appelle une couleur c/:.ïrçeV , lorfqu'elle eft
foire , & tire vers le plus obfcurdelamême nuance.
Color adjlriclus , nulilus & preffus , aufterus ,fatur.
On dit aulTl , une écriture trop chargée , quand il
y a rrop d'encre. Une feuille d'imprefllon trop
chargée , lorfqu'elle eft trop pleine & tiop grande.
^fJ" On dit populairement d'un homme forr gras,
qu'il eft chargeât cuifine -, de celui qui a de groffes
mâchoires , qu'il eft chargé de ganache : ce qui fe
dit figutément d'un homme épais de corps avec
un efprit matériel. Chargé d'années , quand il eft
fort. vieux. Gravis (ztate, annis. En termes de Ma-
rechallerie & de Manège. Un cheval chargé d'en-
colure , chargé de tête , c'eft-à-dite , qu'il y a quel-
que chofe de rrop dans les parties du cheval que l'on
nomme la tête , l'encolure , qu'elles font trop
grofies , trop épaiffes.
;Chargé , en termes de Blafon , fê dit quand fur le
chef, îa croix, le pal , & fur toutes les autres pièces y
honorables de l'écu , il y a quelqu'autre figure , 8c
quand fur cette dernière on y en a mis quelqu'au-
tre, on dity/^rcA^rg^e. Onujius.îl potze d'or à la
croix de gueule chargée de cinq coquilles d'ai-
genr.
Chargé , ée , fe dit aufTi en Peinture de ce qui eft
trop marqué , exagéré. Exaggeratus, Annibal Ca-
CH A
rache Ce plaiibit à faire des portraits charités , 8c
y rcuiiiibit fort bien. Four qu'une choie ioitc/uir-
gce il n'eft pas necciiaire que le Peintre ait eu in-
tention de la rendre ridicule , il fuiiit qu'elle foit
outrée. Tout ce qui eft charge e(t hors du vrai. .. .
cependant il y a des contours charges qui pl.iifcnt ,
parce qu'ils lont éloignes de la balic/fe du naturel
ordinaire. De Piles. On ne peut s'empêcher de
louer dans quelques grands ouvrages les chofes
chargées , quand une railbnnable dilbnce d'où on
les voit les adoucit à nos yeux. Idem. Les Peintre;
appellent un portrait charge , lorlqu'on reprcfente
un viiage avec des traits matqués avec excès , &:
de telle manière qu'avec trois ou quatre coups de
crayon ou autrement on connoît une perlonne ,
quoique c: nc_ foit pas un véritable portrait, mais
plutôt des défaits marques. Félibien.
On dit cfiic le temps e(l chargé , quand il eft
couvert de nuages & difpoic à la pluie.
_ On dit qu'un homme a les yeux chargés , pour
dire qu'ils lont enflés , remplis d'humeurs.
On appelle des de:^ charges , de faux dez , des
dez pipés , dont le fervent ceux qui veulent trom-
per aux jeu.
Ce font des dez , dans les trous dcfquels ils met-
tent du plomb d'un côté, afin de les faire tomber
de ce côté.
On appelle une pièce chargée , celle qu'on a af-
faibli de fon propre métal , & a laquelle on a ajouté
lin morceau de mctal étranger pour la rendre de
poids. Nummus aureus au pars metalli ahcujus
adjecid eji , ad compenfandam ejitjdem levitatem ;
ou addito pondère facius leguimus.
CHARGEUR, f m. Officier de ville qui eft établi
pour charger &: arranger les bois dans les mem-
brures fur les ports , afin que le bourgeois ne foit
point trompé. On les appelle ^wiXC Gagne - de-
niers.
CiiARGFiiR, eft aulli un manœuvre qui fert dans les
attelicrs à charger les autres. Il y avoir tant de hot-
teurs 8c tant de chargeurs à. faire cette tcrrafîe. Dans
les groflcs forges c'eft celui qui eft chargé d'en-
tretenir le fourneau toujours en fonte.
Chargeur , eft aulIi un Officier d'Artillerie commis
pour charger le cd.non.Pmfe3us injtruejidis pulvere
ac gloho tormentis.
Pour un canon, il faut deux Canonicrs , trois
Chargeurs 8c trente Pionniers. De la Font,
Chargeur. Celui qui charge. On appelle Marchand
Chargeur ,cslui à qui appartiennent les marchan»
difes dont un vaiffeaii eft chargé.
CHARGEURE. i". f le dit en terme de Blafon , des
pièces qui en chargent d'autres. Partes jciai onnjiœ.
La chargeur e ne diminue pas lanobleile des armes :
comme tait la brifure.
CHARIAGE. f, m. Charroi , l'adlion de tranfporter
dans une charerte ou chariot, Veclura. Il ligniHe
aiUli la peine ^ le falaire du Voiturier, Veciurœ
fretium ac mer ces ..ow labor. Le char i âge zCk fort
difficile en cette faifon. Il conte tant pour le cha-
riageàz^m'i là iufqu'ici. Il hiudroit charriage ,cQi\-
formément à l'étyraologie ■■, mais l'ufage y eft con-
traire,
CHARIEN, f, m, C'eft le nom d'une plante dont la
racine étant appliquée pendant quelque temps fur
le nombril , fiit fortir le fœtus qui eft mort dans
la matrice. Je ne laurois ânz précifément quelle
eft cette plante. Quelques Auteurs prétendent que
c'eft le lithy malus char aci as. x«pirv, Dict, de Jam.
§Cr CHARIER. v. a. Voiturer dans une charrette ou
chariot, Carro , plaujiro vehere. Charier du vin ,
du blé , du bois. J'ai tais charier tous mes foins.
^3" Charier , fe dit aulU des chofes liquides , qui
dans leurs cours en emportent , en entraînent d'au -
très avec elles. Vehere ^fecum déferre. Cette rivière
charie du lable,du gravier. Il y a des rivières qui
charient de l'or. Jurifiuus. Le fang charie des
mauvaifes humeurs. On le dit aulTi^de l'urine ,
quand elle enttaînc quelqu'autre matière avec elle.
C H A 4^9
Urine qui charie une grande quantité de matiè-
res cpaiifes ^ grollières, Degori,
Charier , en termes de Fauconnerie , fe dit quand
l'oiicau emporte fa proie, 8c ne revient point lorl-
qu'on le réclame, Avolare cum prœda. On dit aulli
qu'un oifeau de proie charie un perdreau , quand
il le pourlliit 8c le pourchalfe, Perfe^ui , uje^ui.
ijCT Ce verbe eft quelquefois neutre , comme quand
on dir charier droit, fe conduire comme l'on doit,
s'acquitter de fon devoir. Officio fungi , parère y
ojjuunn impiété. Je vous apprendrai à charier droit.
Ïf3' On dit par ellipfe qu'une rivière c/z^ri'e , quand
on voit plulieiirs glaçons fuivre le courant de la ri-
vière,
%(3' Ce mot vient de carrucare , qu'on a dit dans
la balle latinité. Carruca , coche , catrofle.
§3" Charie , ée. part,
IfT Charie , ée. adj. Vieux mot : catié , vermoulu.
i^ CHARIOT, f. m. Voiture ordinairement à qua-
tre roues , propre à tranfporter différentes chofes.
Carrus , currus. Il a amené deux chariots de ba-
gage. On envoie chercher des proviiions avec un
chariot. Les enfans ont de petits chariots pour fe
divertir : ils font faits d'olier : on s'en fert pour di-
vertir 8c pour promener les enfans qu'on fait af-
feoir dedans.
Chariot , a lignifié autrefois la même chofe que
char : 8c ainli on a dit , le chariot du Soleil. Il y
avoit des chariots de triomphe à ce carroufel. On
couroit aux jeux olympiques avec des chariots.
On combartoit fur des chariots armés de taulx ,
chez les anciens.
On appcloir autrefois dans les armées le chariot ,
&c en italien , il caroccio , un grand chariot, cou-
vert d'ais, &c tapiflc de fins draps mi-partis de blanc
&: de rouge , ou bien d'auttes livrées , fuivant le
caprice du peuple qui s'en fervoit. Au milieu de
ce chariot il y avoit comme un mât de navire
élevé , du haut duquel la bannière de la ville ou
du peuple voltigeoit çà &c là avec plulîeurs cor-
dons de foie , qui étoicnt gouvernés 8c tenus en
état par autant de jeunes hommes forts 8c robul-
tes , qui avoient auiii le foin de Ibnner les alar-
mes 8c les diverfes faéfions de guerre , avec une
cloche 5 qui étoit attachée au fommct ou à côté de
l'arbre. Toute cette machine étoit ordinairement
traînée par trois paires de bœufs houflcs 8c capa-
raçonnés des mêmes couleurs que le chariot : huit
trampettes la fuivoient , comme aulli tous les Prê-
tres 8c Religieux de l'année ; ik celui qui avoit
charge de la conduire , étoit accompagne de grand
nombre de foldats pour la défendre. Antonio "Cam-
po 6z Collenucio décrivent à peu près de cette
façon il carrocio , dont les habitans de Milan &
de Crémone fe fervoient pendant les guettes de
l'Empereur Frédéric II. Chaque ville y ajoutoit
ou diminuoit quelque chofe. Celui des Florentins,
au rapport de Giovan Villani , avoit deux arbres ,
étoit couvert de rouge, n'ctoit tiré que par deux
bœufs , cv pour la cloche nommée par eux marti-r
lulla , elle croit portée fur un autte chariot. Les
villes de Parme 8c de Boulogne avoient aullî cha-
cune le leur , aux environs duquel on tenoit le
Confcil de guerre, on rallioit les troupes , on re-
tiroir les blefIcs,on gardoit les prifonnicrs , &c
l'on s'obftinoir furicufement au combat. Perdre
certe machine c'étoit une infamie -, 8c la lauvcr en
cas d'une déroute, c'étoit chofe impollible , à caufe
de fa péfanteur , ^ de l'embarras qu'il y avoit
tout à l'entour : aufll n'étoit-il non plus permis
aux Lombards d'abandonner cette machine , qus
l'Aigle aux Romains , l'Oriflamme aux François ,
8c le grand étendard à ceux de Gand, Mascur.
Nous avions aulfi dans nos armées un chariot
femblable , fur lequel étoit portée la bannière de
France. Voye:^ Bannière, Cette machine a duré
jufqu'à l'invention de l'artillerie, Mascur,
Les Cordiers appellent chariot ou carrojjc , une
M m m ij
^6^0
C H A
planche montée fuï deux petites roiies qui îeuï
lert à aliembler du cordage.
Chariot cil aulfi une conftcUation cclefl:e , ainii
nommée par le peuple , à caufc qu'elle rencii>ble
en quelque façon à im chariot. Plaujimm. C'cfl:
celle qu'en Aftronomie on appelle la /••t'.t//^ Oiirjc,
qui a Tept étoiles, dont quatre font la rcilemblance
■des quatre roues , &les trois autres en droite ligne
paroillent en être l'attelage ou le timon. C'cfl; la
dernière & la plus voifuie -de notre pôle. 11 y a
le grand &; le petit chariot. La grande Ourfe efl
le grand chariot , ou le chariot de David. On ?p-
pe île au/fi chariot de mer , l'une des confteliations
méridionales , autrement nommées Navire d'Ar^o.
Chariot. C'eft une mefure ou eftimation , à laquelle
on vend à Patis la pierre de taille ordinaire. Le
cAarr'o/ contient deux voies, & chaque voie cinq car-
reaux , c'efl-à-dire , environ 15 pies cubes de pierre.
^3" Il y a aulfi des chariots deftinés uniquement à
porter le corps d'une pièce de canon.
CHARISlES. f. £ Fêtes en l'honneur des Grâces , que
les Grecs appellent Charités. ^fT On y doîinoit
pour prix au plus vigoureux danfcur , des efpèces
de g<âteaux, nommés charifia.
CHARISTICAIRE. f. m. Commendataire ., Dona-
taire. Celui à qui l'on a donné la jouiflance des
revenus d'un Monaficre , Hôpital ou Bénéfice. Ch.i-
rijiicariiis-, Commendatarius ; honoritm jacromm ,
ou Ecckjiajlicorum nfufrucluarius. Les Ckarijti-
caires étoient parmi les Grecs des efpèces de do-
nataires ou commcndataires , qui jouifioicnt de tous
les revenus des Monallcics , ou des Hôpitaux , fans
en rendre compte à perfonne. On rapporte le com-
mencement de cet abus aux Iconoclartes , & par-
ticulièrement à Conftantin Copronyme , le mortel
ennemi des Moines , dont il donnoit les Monaf-
tères à des étrangers. Après l'extinéfion de cette
hérelîe , leurs biens leur furent rendus -, mais dans
la lliire les Empereurs & les Patriarches confièrent
des Monaftères & des Hôpitaux à des gens de
qualité, non par manière de don,& pour en ce-
tirer aucun profit temporel, mais pour les réparer ,
ou les orner , & en être les protedeurs. Enfuixe
on alla plus loin ; l'avarice s'y nicla : on donna les
Tvïonaftères & les Hôpitaux à ceux même qui ctoient
en bon état, & les plus riches-, Sifinnius, Patriar-
che de Conllantinople , s'y oppofa , mais en vain.
Après lui le mal devint encore plus grand ; on donna
toutes ces maifons grandes êc petites , riches &
pauvres-, celles des femmes comme celles des hom-
iTies -, Se on les donna même à des Laïques &: à
des gens mariés -, que dis-je ; à des Gentils, & quel-
quefois deux à une feule petfonne. Jean d'Antioche,
qui rapporte tout ceci dans une traité qu'il a fait
contre cet abus, & que M. Coutelier a publié dans
fes Ecclefm Grxcœ Monumenta , T. / ,/'. 159-. rap-
porte la' formule de ces donations , par laquelle il
paroît qu'on donnoit ces maifons .à vie , &:
quelquefois pour deux perfonnes , c'eft- asiire ,
qu'on donnoit aufli quelquefois la furvivance à
l'héritier , è-a\ «' la'ijs »•« ï f'^' ^I"*"; wj97»îc«j5. Voye:^
ce difcours de Jean , ch. FUI, IX , X.
CHARISTIES. C.'f. pl.~Fètes que les Romains célé-
broient le n' des kalendes de Mars, c'cft-à-dire ,
le 19^ Février. Foye{ Caristies.
Ip- CHARITABLE, ad), m. & f C'eft en général
celai qui a de la charité pour fon prochain. Foyci
Charité -, & plus particulièrement celui qui efl:
prompt à l'aflTifter , foit par fes aumônes , foit au-
trement ;& en parlant des chofes , il fignifie ce qui
part d'un principe de chariré. Erga inopes liber alis ,
henignus , beneficus. On ne peur être bon Chrc-
aienfi on n'eft fort charitable. Les hommes ap-
pellent charitable ceux qui flattent leurs défauts ,
parce qu ils ne fauroient convenir qu'on les puiHê
découvrir avec juftice. Port-R. On fe fait un de-
voir extérieur de l'aumône , on la donne comme
riche , &: non pas comme charitable. FxtcH. Il ne
faut pas s'autorifei dans l'indifcrétion d'un faux
C H A
zèle, ou dans le plaifir malicieux de cenfuretfoii
prochain , fous prétexte de donner un avis charita-
ble & fraternel. De Vill, Jefuppofe qu'un Moine
eft toujours charitable. La Font. Il y a un livre
du Médecin &C de l'Apothicaire charitable , qui
enleigne à faire les remèdes a la maifon , en faveur
des pauvres: il eft du fieur Guibert.
CHARITABLEMENT, adv. D'une manière chari-
table. Amice , bénévole , amanter , Jiudiosè. Dans
cette Abbaye, en cet Hôpital, on reçoit charita-
blement tous les paflans. Il faut corriger charita-
blement fon prochain. Arn.
CHARITATIF. ad), m. Terme du Droit Canonique,
qu'on joint toujours avec don on Jhbjide. On ap-
pdhfiibjùle charitatif , un iécours modéré que le
Concile accorde à l'Evcque lorfqu'il le trouve dans
quelque urgente nécefllté. Impenjum Epifcopo
egenti fubjidmm. Par exemple , quand fes revenus
ne fufhfent pas pour fe trouver à un Concile , ùc.
CHARITÉ, {.i. L'une des trois vertus théologales,
& celle qui eft principalement recommandée aux
Chrétiens. Chantas. §3" Les Théologiens la dé-
finiffent , une vertu Théologale par laquelle nous
aimons Dieu de tout notre cœur, 6c notre prochain
comme nous-mêmes. Ainfi la charité a deux objets
matériels, comme on parle dans l'école, fur lef^
quels elle s'exerce , Dieu & le prochain. On doit ai-
mer Dieu par delllis toutes chofes-, on doit to-tit
faire, tout facrifier ,tout entreprendre, tout foulfrir
pour Dieu , &: être prêt à cela. La charité, nous met
habituellement dans cette dilpofition. La chariti
nous fiit aim.er Dieu pour lui-même, K le prochain
pour Dieu. La' c/z(W«e nous fait aimer le prochain
comme nous-mêmes, c'eft-à-dire, qu'elle nous le
fair aimer véritablement 8c fincèrement comme
nous nous aimons nous-mêmes , mais ce n'eft pas à
dire qu'on foit toujours obligé à faire pour k pro-
chain tout ce qu'on fait pour foi-même -, ainfi dans
un naufrage on n'eft point obligé de donner une
planche fur laquelle on fe fauve , à un autre qui
pcrira infailliblement fi on ne la lui donne. Mais
elle nous oblige à faire pour le prochain tout ce
que nous voudrions raiibnnablement qu'on fit pour
nous -, cc à ne lui point faite ce que nous ne vou-
drions pas qu'on nous fît. La charité eft la plus
excellente de toutes les vertus-, elle n'eft pas la pre-
mière , c'eft la foi qui eft le principe ôc le fonde-
ment de notre juftification : mais la charité eft plus
parfaite, elle fubfiftera toujours. Dans le ciel la foi
cédera par la claire vifion de Dieu, l'efpcrance pat
la poifedion des biens que Dieu nous promet,
mais la charité fera encore plus parfaite qu'elle
n'étoit fur la terre.
Il y a beaucoup d'endroits dans S. Auguftin qui
femb'lent demander la chanté aduelle dans toutes
nos œuvres. Voici ce que le P. Amelot a remarqué
fur cette queftion dans fon Abrège de Théologie, p.
547. Les plus éclairés d'entre les Doétcurs Scies
plus ardens pour la doéfrine de Saint Auguftin ,
comme Eftius , Sylvius, Sinnichius , Bannes & tous
les Difciplcs de Saint Thomas , ne croient pas
que l'amour aftuel de Dieu foit toujours com-
mandé-, & quelque zélés qu'ils foicnt pour la
charité , ils fe règlent par Saint Thomas , qui n'a
pas craint de dire dans fa Somme , que nous ne
péchions point contre le précepte qui nous oblige
de rapporter toutes nos œuvres à la gloire de Dieu ,
en ne les y rapportant pas aduellement, fe qu'il luftit
derapportet habituellement à Dieu notre perlbnne,
& ce qui en dépend. iVo;2 facit contra hocprœceptum
quicumque non aclu refert in gloriam Dei omne
quod facit , Çnfficit m habitualiter referai fe &
ornniafua in Detim. Tom. II, quœfl. 88 , j i , adi.
Le même Saint Douleur s'étoit contenté de dire
que le rapport de tout ce qui eft en nous à la
sloire de Dieu ,redevoit entendre, ou du rapport
acluel , ou de l'aptitude à y être rapporté , vel_ in
aclu , in aptitadine referendi. Ce qu'Eftius dit fans
le reprendre , que le Cardinal Cajetan a étendu aux
C H A
tEùvtes des Infidèles , que l'on appelle moralement
bonnes , parce qu'en ce qu'elles Ibnt bonnes , elles
font capables d'être rapportées à la gloire de Dieu ,
& qu'elles ne l'ont donc pas des pèches. Le fenti-
ment de Saint Thomas & des Théologiens Catho-
liques n'cft p.is que ces fortes d'aélions méritent le
Ciel , ce Icroit une héréiie de le penfer ; mais ils
Veulent dire que ces aétions non-feulement ne font
pas des péchés , mais même qu'elles font bonnes
moralement-, c'efl- à-dire, qu'elles ont une bonté
morale d'un ordre naturel , & qui pourroit par h
grâce & un motif furnaturel , être élevée à l'ordre
furnaturel. Tel efl:, par exemple, le fecours qu'un
Païen donne à un pauvre dans fa nécciiîté.
Le mot de chariti n'a point de pluriel en ce fens.
Les hommes fe font une idée de là charité > en
prenant pour contraire à cette vertu , tout ce qui
incommode l'amour propre. Port-Royal. Les
gens du monde conçoivent la charité comme une
vertu toujours flateufe & agréable , & qui ne choque
jamais pcrfonne. Ibid,
La route àe la vie humaine
De mauvais pas cjl toute pleine J
Pour m'en tirer facilement ^
Voici ce que je fais : J'attelle
A cette voiture mortelle ,
; Qiie je conduis au monument ,
■La Juflice premièrement ,
Q^ui marche toujours rondement ^
Et la charité, y«z/2j laquelle
Elle iroit moins légèrement.
L'Abbé Regn. des Mah,
Charité efl: au/îî l'eifet d'une vertu morale, qui
confifte à fecourir fon prochain defonbien, de fes
confeils, 6»c. En ce fens ce mot de charité a un
pluriel. Inopice , egeflatis fuljidium , levamen. Cet
homme , qui s'efï engraiflc de la fubflance du
peuple , tire du fonds même de fes concuiîions ,
une bizarre charité, &c des aumônes irrégulières.
Fi.ECH. Une charité aulli vive , & auffi agidante que
la vôtre , n'a pas befoin d'être excirée par l'artifice
& par le menlbnge. La charité bienfaifante &r li-
bérale, a toujours les mains ouvertes pour foulager
lamilère d'autrui. Le Mait. La Provideiicc a voulu
entretenir la charité parmi les hommes, par le com-
merce des fecours &; des alliflances mutuelles qu'ils
fe rendent. Flech. Dans ce fiècle la chanté efl non-
- feulement refroidie, mais prefqite éteinte , & l'on
croit perdre le bien qu'on diflribue en aumônes.
Flech. La charité prife en ce fens ne doit point être
pratiquée au préjudice de la juftice. Il faut payer fes
dettes, le falaire des artifans , les gages des domefli-
ques , avant de faire des charités. Voyez Aumône ,
Amour, Amour de Dieu, Amour du prochain.
Quand on veut corriger certain Moine en
Chapitre , le Supérieur dk à un des Religieux ,
mon Frère faitesdui la charité; pour dire," aver-
tiffez-le de fes fautes , déclarez celles que vous avez
remarquées , donnez-lui la dilcipline, la correélion
fraternelle. Reprehenjio ,correclio.
Charité. Quelques-uns dérivent ce mot du grec
xk'^i grâce; mais rien, dit Vodius, n'eft iî" in-
certain que cette étymologie. Ce qui eflfL!r,c'efl
<]ue dans les anciennes infcriptions , comme l'a
montre Manuce dans fon Orthographie , carus ,
caritas , font écrits ians h. Il efl donc bien probable
que ces mots viennent de carus , précieux , & que
carus en ce fens ne vient point de careo, comme
Pérrot l'a cru, mais de l'hébreu "ipi * pretiofus,
par le retranchement de la première lettre i. •
Charité chrétienne. Ordre Militaire établi par
Henri III , en faveur des foldats eftropiés au fervice
de l'Etat. Ordo Militaris à chrijtianâ charitate nun-
cupatus. Il alTigna quelques revenus ppuï cette
charitable fondation. Ceux qui étoicht reçus dans
1 Ordre portoienr une croix fur le majitcau au côté
gauche , & autour de la croix ces mots en broderie
CH A
d'or , pour avoir fidèlement fervi. Un établiflcment
h louable n'eut point de fucct^s. Le Père Anselme
Frères de la Charité. Nom de Religieux. Cet
Ordre porte dilFérens noms en diiftrens pays En
Efpagne on appelle ces Religieux , les Frères de
1 Holpitaiitc. En Italie ils ne font connus que fous
celui do Fate-Ben , Fratelli, on Ben Fratelli , parce
qu'ils ont coutume de demander ainfi l'aumône En
France on hs appelle Frères de la Charité ; Frèrel ,
parce qu'ils (ont laïques, & qu'ils iVont qu'un Prcciâ-
cn chaque ir.aifon , lequel ne peut avoir aucune
charge de l'Ordre ; de la Charité, parce qu'Henri
IV , donna a leur Hôpital de Paris le nonl de Charité'
deSainr Jeande Dieu.
Saint Jean de Dieu, leur Fondateur ^ croit Urt
Portugais, né à Mont.;-ma)or el novo , petite ville
du Diocèfe d'Evora, en 1495-, H commença cet
Ordre a Grenade en 1540, par une maiibn qu'il
loua pour y retirer les malades , £z leS y aOlIleiV
Cet établiifement fut approuvé par l'Archevêque
de Grenade, D. Pierre Gucrrcro. Son intentioii
n'etoit d'abord que <{e former une Congrégation
de perfonrtes féculières pour avoir foin de^'l'liôpital
de Grenade. Il ne fit point de règle. L'Evêque de
Tuy lui prefcrivit à lui & à fes difciples une form-i
d'habit. Ce ne fut qu'après fa mort arrivée en 1550,
que ion inflitut fut approuvé par Léon X. Cefl: Fié
V , qui l'approuva par uue Bulle du premier Janvier
H71 , par laquelle il leur prefcrivit une forme
d'habit, & leur donna la règle de Saint Aumjflifi.
Grégoire XIII, fucceffeuif de" Pie V , le conHtma »
& lui accorda plufieurs privilèges. Clément Vlli ,
(ous prétexte qu'ils s'étoient "relâchés -, & qu'ils
cti'dioient au lieu d'avoir foin des malades , leà
ibumit aux Evêques, leur défendir l'étude & de
prendre les ordres ; ordonna qu'ils ne fiîlênî qu'un
fcul vœu de pauvreté Se d'hofpitalité : mais pii: un
Btetde i57<j, il les remit dans leur premier ccat,
Paul V , en 1(509 , leur permit de promouvoir aux
ordres quelques-uns de leurs Frères ^afin qu'il y en
eût un dans chaque hôpital pour adminiflrer leS
facremens aux malades. Le même Pape approuva
leurs Conftitutions en itîiy. Marie de Médicis les
amena en France en 1601 Se en kToi. H^-nri IV,
leurdonna des Lettres Parentes. P. Hélyot, Tom.
ir, ch. xriu.
Il y a un autre Ordre de la Charité, dont les
Religieux s'appellent les Frères de la Charité de
Saint Hippolyte. Il fut infticué environ l'an 1585 ,
fo;i5 le Pontificat de Grégoire XIII , par un Bour-
geois de la ville de Mexique aux Indes occiden-
tales. Il fonda un hôpital hors des murs de la ville ,
?<. le dédia en l'honneur de Saint Hippolyte ,
patron du Mexique. Il drefla des réglcmens que
Grégoire XIII, confirma après qu'ils eurent été
examinés par l'Archevêque-, mais ce fouverain
Pontife étant mort avant que ces lettres fuifent
expédiées , Sixte V fon fucceflêur les figna , ^
approuva rouî ce qui aVoir été fait en faveur de cet
hôpiral.Les hôpitaux fe multiplièrent, ils s'unirenî
enfemble , Si formèrent une Congrégation foiis le
ti:re de la Ch.irité de Saint Hippolyte, du nom
du premier hôpital. Clément VIÎI , par un Bref du
1 Avril 15; 54, leur accorda toUs les privilèges don:
jouiifent les Frères de la Charité de Saint" Jean di
Dieu. Ils ne faifoient que des vœux fimples , l'uil
de charité , Se l'autre de pauvreté , Se fortoient
de la Congrégation quand bon leur fembloit. Celi
obligea le Frère Majeur Ou Général de cette Con-
gtcga'tion de s'adrellêr à Clément VIII , pour re^
médier à cet inconvénient. Le Pape ordonna qu'ils
feroitnr à l'avenir des vœux de perpétuelle hof-
pitalité & d'obéiilance, au lieu de ceux de charité
& de pauvreté , qu'ils avoieht fait jufqu'alors.
Cela n'ayant point encore fufïï , Innocent XII ,
par une Bulle du lô Mai 1700, les obligea à des
vœux folemnels de pauvreté , chafleté , obéirtance
& d'hofpitalité , ibiis la règle de Saint Auçuflin,
i>c déclara leur Congrégation Ordre Relideux.
4^-2'
C H A
Clément XI , en 1701 , accorda la communication
des privilcsscs des Ordres Mendians , & de la
Coniîrcgation des Clercs Miniftres des Infirmes , à
ces Holpitalicrs de la Charité de Saint Hippolyce.
Leur habit efl; le même que celui des Frères de la
Chante de Saint Jean de Dieu , i?c n'en diftcic que
par la coideur , qui eft tannée. P. Hèlyot , Tom.
IP\ c. 19. BoNANNi, Càtal. Ord. Relig.p. 1.
Filles de la Charité , lervantes des pauvres ma-
lades. C'eftle nom d'une Congréiration de filles,
qui le deftinent au lérvice des malades. Sorores a
Charitate , pauperum cegrotonim MiriifîriE. Cette
Congrégation commença d'abord à Cliatillon-lès-
Dombes en Breiîe l'an 1517, comme une elpèce
de Confrérie , par le zelc & les Ibins de Saint
Vincent de Paul. Quoique le premier deiîcin ne
fut que pour la campagne , il s'en établit à Paris
en liîif?, dans laParoille de Saint Sauveur, & en
beaucoup d'autres villes. Madcmoilclle Le Gros ,
fille de Louis de Marillac , Sieur de Ferriercs , tk
de Marguerite Le Camus , tut leur Fondatrice Tous
ladiredtion de Saint Vincent de Paul. Elle fit Ion
premier érablillcment à Paris dans la Paroifîé de
Saint Nicolas du Chardonnet la Paroilic. En iiS^i ,
elle obtint de M. de Gondi Archevêque de Paris ,
l'approbation de l'éredion de fa Compagnie , dont
il lai fit expédier des lettres par le Cardinal de Rets
l'on Coadjureur, qui en donna encore de nouvelles
en i'î5 5 , par lefquelles il l'érigca en Congrégation
fous le titre de Servantes des Pauvres, is: lous la
direéîzion du Supérieur général de la Million. Cette
Congrégation fut cnfuite autorilce par Lettres
Patentes du Roi en kîjt, &c confirmée en 1660,
par le Cardinal de Vendôme , Légat en France fous
Clément IX. Saint Vincent de Paul fit leurs Statuts
^ réglemens-, il nomma leurs Ofïcières , qui font
luie Supérieure générale , une , Aliiftante , une
Économe , & une Dépcnlière. Louis d'Abely ,
Vie de Saint Vincent de Paul; Hcrmant , Hiji.
des Ordres Rel. P. Hélyct , Tom. VIII, c. 14.
Ch ARiTL de Notre-Dame', Hofpitalièrcs de la Charité
de Notre-Dame. Nom d'un Ordre Religieux fondé
au treizième liècle. Guy , Seigneur de Joinville &
de Dongiers , Domno Georgio , aujourd'hui Don-
gens , fonda un hôpital à Boucheraumont , dans le
Diocèfe de Châions, dont il donna la direélion à
des féculierSj ou, félon d'autres, à des pcrlbnnes
du Ti ers- Ordre de Saint François , qui , .1 la prière
du Fondateur, firent de leur propre autorité les
vœux de pauvreté , chafteté &c obéilîance. Dans la
fliite Clément VI , en 1541?, leur en ayant donné
la permillion , les foumit à la règle de Saint Au-
-gullin. Comme c'étoit la charité qui les portoit à
fe confacrer au lérvice des pauvres, Se qu'ils prirent
la Sainte Vierge pour proteélrice , on donna à leur
premier hôpital le nom de charité de Notre-Dame ,
qui pafia cnfuite à tout l'Ordre. Le dérèglement
s'étant glifle dans cet Ordre , il s'abolit peu-.à-peu.
En 16 ji , ils tranf gèrent avec les Carmes des
Biltertes , &: leur cédèrent ce couvent que joinville
leur avoir donné. En 1^52 , il ne rcftoit puis qu'un
feul Religieux de cet Ordre. En icÎ7z,cet Ordre
fut un de ceux , qui comme éteints , furent réunis à
l'Ordre militaire du Mont-Carmel & de Saint
Lazare, par Edit de Louis XIV, qui leur donna
le nom de Saint Louis de Roacheraumont i ce qui
fait coniedurer que les Religieux du Tiers-Ordre
de Saint François qui formèrent d'abord cet Ordre ,
prirent ce nom, lorfque Saint Louis fiitcanonifé par
• BonifaceVIIL Voyelle ?. Hèlyot , T. III ,c. s h
L'Ordre de Notre - Dame de Charité. Nom
-d'un Ordre de Religieufes fous la règle de Sainr
Auguflin. M Eudes , frère de l'Hiftoricn Mézeray ,
peut être reg.irdé comme le fondateur de cet Ordre.
Dans les miflîons qu'il fit en 1(758 , 16^9 & itf40 ,
plulîeurs filles & femmes d'une conduite peu réglée,
furenr fi touchées de fes prédications , qu'elles
vinrent le trouver, & le prièrent de leur indiquer
un lieu de refuge pour faire, pénitence. Le xs^
C H A
Novembre 1641 , elles furent renfermées dans une
maifon , fous la conduite de quelques filles dévotes,
dans la ville de Caen, capitale de la Baire-Ncr-
mandie. L'Evêque de Bayeux permit qu'on y érigeât
une chapelle. Louis XIII, leur donna des Lertres
Patentes au mois de Novembre ï6j^i. Elles font
vêtues d'une robe, d'un fcapulaire 6c d'un manteau,
le rout blanc. Elles ont un voile noir , ^^c portent
fur le fcapulaire un cœur d'argent , ou ell: gravé en
relief l'image delà Sa)nte Vierge , tenant l'Enfant
Jéius entrefcs bras, le cœur environné de deux
branches, l'une de rofe ,&; l'autre de lis.
La Charité de Notre-Dame. Religieufes Hofpi-
talières de hCharité de Notre-Dame, Mo72m/w hof-
pitahiria , à charitate Domince nojtrœ. Ordre de
Religieufes établi «à Paris par Simone Gauguin de
Paré, au Diocèfe d'Orléans, qui fut appelée en
Religion , la Mère Françoife de la Croix. Cet Or-
dre commença l'an 16^24. Elles avoient d'abord la
règle du Tiers-Ordre de faint François -, elles la
quittèrent enfuite pour prendre celle de laint Au-
guftin. M. de Gondy , premier Archevêque de
Paris , leur permit de s'y établir. Il approuva leurs
ConRitutions le 10 Juillet 1628 & k 12 Novembre
1(^34 , après qu'elles eurenr été approuvées par
Urbain VIII, dès le 10 Décembre KÎ33.
Société de la Charité de Pajolo. C'eft le nom
d'une des trois Sociétés eu Confréries , dont les
Confrères fe qualifient Frères &: Sœurs du Tiers-
Ordre de S. François. En 1493, le Pape Alexan-
dre VI confirma un accord qui avoir été fait en-
tre l'Evêque & les Sénateurs de la même ville,
touchant le droit de nommer des Confervateurs,
des Mafliers, un Notaire, & autres Ofiiciers dç
cette Société , quoique cette afiaire eûr été déjà
terminée par le Cardinal Belfarion , Evéque deFref-
cati , & Légat de Boulogne. C'eft tout ce que
nous lavons de cette Société. P. Hélyct, tom, VU y
pag. 350.
Charité de la Sainte Vierge. Ordre Religieux
établi dans le Diocèfe de Châlons-fur-Marne par
Guy, Seigneur de Joinville & du bour^ S. George,
fur la uri du treizième lîccle. Cet Inltitut fut ap-
prouvé fous la règle de S. Auguftin par les Papes
Boniface VIII & Clément VI. Sponde a parlé de
cette Inftitution à l'an 1290.
Il y a Paris, dans chaque Parofffe , une focicté
de Dames vertuculés, qui s'appliquent à connoître
& à ibulager les bclbins des pauvres de la Paroiflé,
& qu'on appelle pour cela , \ts Dames de la Cha-
rité. Il faut que lEvêque autorife ces fortes de
Ibciétes pieufes. Chaque fociété a la Tréforière
qui ramalfc les aumônes , & des Sœurs qu'on ap-
pelle Sœurs de la Charité. Ce font des filles vcr--
tueufes, habillées d'une grolîe étoffe grife , qui ont
foin de préparer les alimens & les remèdes, Sc
de les porter aux malades.
Le mot de Charité lignifie aufli tout feul ces
fortes de fociétés. Il a été enterré aux dépens de
la Charité de la Paroilfe. Chaque Charité n'entre-
tient un malade qu'environ trois lémaines ; s'il
n'y a poinr d'efpérance de le guérir, on le fait
porter à l'Hôtel - Dieu. Charité f gnifîe aulfi le
fonds des aumônes de ces fociétés. La charité de
telle Paroilfe eft bonne , riche , bien réglée , &c.
Il eft à la charité de la Paroifîé ; c'eft-à-dire , il
eft enrretenu des fonds de la Charité.
Il y a auffi à Paris des Charités des Pauvres
honteux : ce fonr des fociétés compofces du Cure
& des Marguilliers de la Paroiflé. Ces Meilleurs
font fublîfter les pauvres honteux , du fonds des
aumônes qu'on ramaffe pour cela, & des legs
qu'on fait à cette intention, en leur envoyant de
temps en temps quelque fom.me d'argent.
Charité fe prend quelquefois pour l'Hôpiral , ou
le lieu où l'on entretient les malades. Il y a à Paris-
trois Charités de femmes , 6: une d'hommes , c'eft-à-
dire, trois Hôpitaux pour les femmes malades, &
un pour les hommes. On ne donne le plus corn-
C H A
munément ce nom qu'aux Maifons ou Hôpitaux
des Frères de la Charités II a été trois mois ma-
lade à la Charité.
^fT Ecoles de Charité. Ce font des Écoles établies
dans les paroilfes , où l'on montre aux enfans des
pauvres à lire, à écrire, & les premiers principes
de la religion.
On dit, proverbialement, c/z^trife, bien ordon-
née commence par Toi-même , lorfqu'on ne s'ou-
blie pas , & qu'on fe partage le premier. On diti
figurément & proverbialement , par contre vérité ,
prêter une charité , des charités à^quelqu'un , pour
dire, vouloir faire croire qu'il a dit ou fait quel-
que chofe qu'il n'a ni dite ni faite. La Cour eft
un pays où Ton prête fouvent des charités.
Charité. Carte de Charité, Voyez Carte.
CHARITÉ. Ville de France fur la Loire , dans le
Nivcrnois. Il ne fe dit point fans l'article. ( La )
. Charité , de la Charité , à la Charité. Caritas. JLs
Prieuré de la Charité eft un bénéfice fimple de
plus de 2.0000 liv. de rente , à la nomination de
l'Abbé de Clugny. Le Prieur de la Charité eft
Seigneur temporel Se fpirituel de la ville. C'eft,
entre tous les Bénéfices de France , un de ceux
qui a de plus belles nominations.
CHARITÉS ( pronocez Carites. ) Les trois Charités ,
les trois Grâces. Divinités fabuleufes de l'Antiquité.
Charis , Charités , Gratice. Le mot grec •/,«■' p'^^ figni-
fie joie, pour marquer que nous devons nous faire
un plaifir de rendre de bons offices , & de recon-
noître ceux qu'on nous rend. Kaye^ Grâces , en
Mythologie.
CHARITÔN. f. m. Nom d'homme. Charito. Il y a
deux Saints Charitons\ l'un Martyr, qui étoit d'I-
cone en Lycaonie , & qui fouffrit fous l'empire
d'Aurélien-, l'autre Moine & Fondateur des Laures.
F'uyei ce mor. De-là vient qu'on appelle Moines
de S. Chariton , les Religieux qui habitoient ces
Laures , & dont ce Saint fut l'Inftituteur,
CHARIVARI, f. m. Bruit confus que font des gens
du peuple avec des poêles, des badins & des chau-
drons , pour faire injure à quelqu'un. Noclurna: voci-
feraiiones & vaforum ccneorum pjiljationes.Ow fait
les charivaris, en détiiion des gens d'un âge fort
inégal qui fe marient. On les taifoit auflî à ceux
quipaflbient à de fécondes & à de ttoifièmes noces.
Ces tumultes furent deffendus par le Concile de
Tours, fous peine d'excommunication. Ils ont été
prohibés depuis par différens réglemens.
Nicot dérive ce mot du grec -.ca^uSte^U , qui figni-
Jîe pefanteur de tête, provenartt de trop boire,
ou d'entendre trop de bruit, ou d'autre caufc;
Borel , du Verbe grec Kaf«Ç«f£V, c'eft-à-dire, y>
romps la ttte. Du Cange le dérive de cari , can ,
qui eft un cri que font les Picatds de Boulogne
ou de Calais , pour foulever le peuple contre les
injudes exadions qu'on veut faite iur eux -, & ,
comme le bruit eft gtand & tumultueux, & que
les Picards prononcent ca , ce qu'ailleurs on pro-
nonce chao, on a appelé c/z<znv(ir/ le grand bruit
que faifoicnr des mafques ou des pcrfonnes dégui-
fécs , pour faire infulte à quelqu'un. Sc.-\iiger le
dérive de chalyharium , à caufe que ce brijit fe tait
en frappant des vaifleaux d'airain. l^oye^Evcillon,
Traité des Excommimications. Voyez encore les
Arrêts rapportés par Guy Baflet, Titre. des Inju-
res FI, l. lo. Le P. Lobineau dit charivari ou
chevalet ; apparemment qu'on dit indifféremment
l'un &: l'autre en Bretagne. Hifi. de Brit.'Tom. I,
L. XXll, p, 84%
Charivari fe dit figurément, d'un bruit confus,
des querelles, des cricries entre petites gens Tur-
bo: , tiimidtvs. Le jnari & la femme fe battent
fouvent, c'eft un étrange charivari.
Charivari fe dit aufTi ironiquemenr , d'une mau-
vaife mulîque. Infitlfa imifica. Ce Muiîcien a fait
un concert, qui étoit plutôt un charivari.
ifT Charivari, Terme dejeu,fe dit , à l'ombre à
CH A
■3
trois , d'un hafard qui confifte à porter les quatre
dames. On reçoit pour ce jeu de chacun une
fiche , fi l'on gagne : on la paye à chaque Joueur »
fi l'on perd.
lier CHARLATAN, f m. Empyrique, vendeur de
drogues, qui, monté fur des tréraux dans une place
publique, diftribue au petit peuple, qu'il amufe
par des bouffonneries , fon orviétan & autres re-
mèdes, auxquels il attribue des propriétés mer-
veilleufes. Circulator , circumforaneits pharmaco-
pola. Comme il y a des charlatans dans tous les
états , on appelle généralement charlatans ceux
qui cherchent à ie faire valoir eux-mêmes , ou à
donner du prix aux chofes qui leur appartiennent,
par des qualités fimulées.
^CT C'eft ainfi qu'on appelle Charlatan un Méde-
cin qui fe vante de guérir toutes fortes de ma-
ladies.
Ce mot vient de l'italien Ceretano , qui a été
fait de Cczretum , qui eft un bourg proche de Spo-
lète en Italie , d'où font venus premièrement ces
fourbes qui courent de ville en ville , comme dit
Calepin. Ménage le détive de circulatanus , qu'il
croit qu'on, a dit pour circulator.
Charlatan fignifie aufîi trompeur , engeôleur , ce-
lui qui veut tromper quelqu'un par des flateties &C
des fanfaronnades , pour en tirer avantage. Prcejli-
giator , callidus affenfator. Il fe dit aufli d'un
hypocrire , d'un faux dévot , Probitratls ac pieta-
tis fimiilator Mais en tous ces fens figurés il eft
du ftyle fimple, familier & comique. Il en eft de
même de charlutaner , & de charlatanerie qui
fuivent.
Le monde 71' d jamais manqué de charlatans. La Font
Qjie l'Eglife ejl fertile en dévots Empyriques l
Que de faints ChzûdkUnsl S. Evrem.
Enfin je ne vois rien qui fait plus odieux ,
(^u£ ces francs Charlatans, que ces dévots déplace^,
De qui lafacrilége & trompetî/'e grimace , ôcc. Mol,
CHARLATANER. v. a. Cajoler quelqu'un poilr le
tromper. Ce jeune homme a tant charlatané ce
vieillard, qu'il a trouvé. le moyen de lui attrape^
fa bourfe.
|p=- CHARLATANERIE. f, f. Titré que l'ôri donne
aux Charlatans. Foye:^ ce mot,
§CF Charlatanerie fe dit auffi des prômefles fpé-
cieuics,des infinuations aitificleufes d'une cliofe qui
eft préjudiciable à celui qui l'écoute. Callida afifen-
tatio , artijiciofa oratio ,pr<ejiigia. Tout ce que dit
cet homme eft pure charlatanerie.
CHARLATANESQUE, adj. de Charlatan. Amufec
les malades par l'ulage des eaux inutiles', & d'autres
remèdes charlatanefques. Merc. Septembre 17 18,
CHARLATANISME, f. m. Manière d'agir , menées
d'un Charlatan , d'un trompeur , caraélèré d'un
Charlatan, Fallacia , fraus , artes , circulatoria,
jaclatio.
Mais le Public rebelle j
Examinant votre petit héros
Sur fon mérite, & non fur vos grands mots $
Dévoile enfin tout fon charlatanifme.
Rouss. Ep, FIL
Le manège des hommes , dans ptefque toutes
leurs opérations , n'eft qu'un pur charlatanifme.
CHARLEMAGNE. f. m. Carolus Magnus. Premier
Empereur d'Occidenr, depuis le rérabliiîement de
l'Empire , & un des plus grands Rois que la France
ait eu. Charlemagne éroit maître de toutes les
Gaules, d'une partie de TEfpagne ,de la plus grande
partie de l'Italie ; il étendit fa domination jufqu'en
Saxe,& au3{ frontières de Hongrie. Charlemagne
étoit grand & bien fait , pieux & zélé pour là
Religion , fage & vaillanr. Il étoit fils de Pépin ,
il s'appeloit Charles , qui s'écrit Cari ou Karl , dans
4^4
CH A
la langue uidefque. Ses ddions héroïques lui firent
donner le nom de Grand, Magnus , d'où l'on a
formé le nom de Ckarhmagne , qui dl compoic
d'un mot tudefque Si d'un mot latin , auxquels on a
donné la tetminailbn françoife. Le Père Mabillon
a oblcrvc que Ckar/mia^ne éctivoit toujours Ion
nom de CharUs ,txT: anC, Sc que quelque temps
après, les Princes qui le iuivircnt écrivirent leur
nom de Ckàrks par un K . Kuro/us , au heu de
Carolus. . _, , ...
CH \RLEï»lONT. Carolomontium. Il y a deux villes
de ce nom-, l'une en Irlande dans l'Ultonie, fur la
rivière de Blackwatcr dans le comté d'Armach , 5c
l'autre aux Pays-Bas dans le comté de Namur , iur
une montagne dont la Meufe baigne le pié. Chark-
mont eft aujourd'hui à la France. Il tut bati par
les Impériaux vers l'an 15 55 .^' nomme ainli de
Charles - Quint. Larrey.
CH\RLEROY.C'^ro/orc^5r/.vOT. Ville & forterefle des
Pivs-Bas dans le comté de Namur, fur la Sambre.
(îuirUroy n'étoit qu'un villaEje nommé Charnoy.
En i666 les Elpai!,nols le fortifièrent, & lui don-
nèrent le nom de leur Roi Charles II.
CHARLES, f. m. Nom d'homme. Carolus. Ce mot
■ efl: de la langue des Francs ou François, & il paroît
que c'efl: eux qui l'ont apporté dans les Gaules ,
riais on ne lait ce qu'il lignilioit en leur langue.
Depuis Charles Martel Se Charlemagne Ion pecit-
fjs, ce nom eft devenu commun, non-léulement
en Frapce , mais dans les autres pays de l'Europe,
Il ne p'^roît pas qu'il le fût tant avant ce temps-là,
il ne faut jamais prononcer Vs que l'on met à la
fin . même quand il fuit une voyelle. Ainfi l'on dit :
Char le animoit fes troupes, & non pas Charlt-s-aui-
moit fes troupes. Charles s'efi: formé de Carolus ,
que l'on écrivoit par un K fous la féconde race
après Charlemaspc , Karolus.
<^3- CHARLES-TOWN, Ville de l'Amérique An-
*" gloile dans la Caroline, près du cap Fear. Le Gou-
verneur y fait fa réfidence.
^CT Charl£s-To\vn. Ville de l'Amérique dans l'île
des Barbades , fur la côte feptentrionale. On l'ap-
pelle aulli Ollines. _
CHARLEVAL. Bourg & Prieure du Vexin. Foye:^
Novo:;-sur-Andéi-e.
CHARLE-VILLE, Petite ville de France dans le
Rctélois , fituce fur la Meufe. Carolopolis. C'étoit
un village qui povtoit le nom d'Arches ; Charles
dcGonzaguc, Duc deNevers & de Mantoue, y
fit bâtir une ville en i5op , & lui donna Ion
nom. Les Ducs de Mantoue en étoient Souverains.
CHARLIEN, pour Carlovingien. Du Tillet, P.I,
vac. ^8, 5C Bardin, dans fon Grand-Chamhellan
de^'France , difcnt Charliens pour Carloyingiens.
La li^mce des Charliens , la race des Charliens.
Aujourd'hui il tant dire Carlôvingiens Foye^ ce
Srr CHARLIEU , ou Cherlieu. Carilocus ou Caroli-
locus. Petite ville de France au diocèfe de Mâcon ,
près la Loire , fur les frontières de Bourgogne
^ du Beaujolois. .
CHAPvLOT. f m. Ce mot eft bas & populaire:
c'tft un diminutif de Charles. On appelle Ch.irlot
un petit garçon qui s'appelle Charles, On pro-
vionce Charlo. Carolus , Caroletus.
CHARLOTTE, f. f Nom de femme. Carola. Ce nem
fe donne aux femmes, qui ont eu au baptême le
nom de S. Charles. Car il n'y a rien, que l'on
fâche, de fainte Charlotte. Ce terme n'cft pas bas
gc populaire comme celui de Chariot : On le donne
non-feulement parmi le Peuple & aux jeunes filles ,
mais toujours, & à toutes les femmes qui ont faint
Charles pour patron , de quelqu'.îge &: de quelque
condition qu'elles foient. Charlotte de Bourbon ,
Reine de Chypre , fille de Jean de Bourbon ,
cpoudi Jean ÏI , Roi de Chypre , dont elle eut
Jean ITI, père d'une autre a^r/o«e,^qui , chaflce
de fes États de Chypre par fon frère b.nrard , en f-t
donation à Chark-s , Duc de Savoie, fon nc\eu
CH A
II y a aufTÎ des Charlottes de Savoie, de Bourbon
de Montpcnlier , &c.
Ip" CHARMANT, ANTE,adj. Ce terme eft em-
ployé, non -feulement pour marquer l'impreflion
que font fur le coeur les agrémens du fcxe ; mais il
fe dit encore de tout ce qui plaît par fon propre
mérite. Femme charmante , i'è]oin charmant , fiiion.
charmante. Eximius , admirahilis : c'cd en géné-
ral ce qui fait une force imprellîon fur nous, à
laquelle il eft diiîicile de réliftcr.
§^3* Une chofe eft charmante , quand, par fon pro-
pre mérite, par les chofcs qui l'accompagnent, elle
plaît extraordinairemcnr. Cette femme a toutes les
manières charmantes. Cette maifon de plaifance eft
un fejour charmant. 11 y a une éloquence mâle &C
viu-ourcufe , comme il y en a une agréable ik' char-
mante. P. Rap.
Bérénice eft charmante ,&■ de fi belles maiaî
Sembloient vous demander l'empire des humains.
RAcrNï.
Mais Ji vous condamnes^^faveu ^ueje vous fais ,
yous deve:^vous en prendre à vos charmans attraits.
Mol,
Il eft des /«^Ai^yT charmans ,
Qu'ils peuvent être époux ifans ceffer d'être amans.
ViLL.
ifT CHARME, f. m. Cantio, carmen, incantamen~
tiini. C'eft ce qu'on fuppofe lliperftitieulcment fait
par arr magique , pour arrêter les effets ordinairesSc
naturels des caufes. Les vieux contes difent qu'il y
a un charme pour empêcher l'effet des armes, 6C
rendre invulnérable. Faire un charme, des char-
mes. Porter un charme fur foi. Rompre, ôtcr , levée
un charme. Les Poètes, tant anciens que moder-
nes , ont fondé la pliîpart de leurs fixions fur les
charmes &: les enchantemens. Ariofte , Amadis ,
nos Coures des Fées, font pleins de charmes.
§3=- Charme fe dit des chofes infcnfibles ; e/zc/za/z-
temcnt des êtres intelligens. Des armes font char-
mies. Une perfonne eft enchantée. Voye^ Enchan-!
TEMENT, Enchanté. Voye^^ aulfi Sort.
Ce mot vient de Carmina. Ménage, Voye:^ En-t
CHANTEMENT , SoRT.
^;Cr Charmes, f. m. pi. Ce mot , dans le fens figuré ,
lignifie un je ne fais quoi , qui , dans une femme ou
dans un autie objet , nous plaît , Se fait impref-
lion fur notre cœur. Les charmes & les attraits
ont quelque chofe de plus naturel que les appas.
Il y a quelque chofe de plus fort & de plus ex-
traordinaire dans les charmes que dans les attraits
Z< les appas. Il eft prelqu'impodible de rcfifter aux
clutrmes d'une beauté. Les charmes viennent de
ces grâces fingulières que la nature donne comme
r.npréient rata & précieux, &: qui font des biens
particuliers & perfonnels. Les charmes n'ont plus
d'effjt , lorfque le temps ëc l'habitude les ont ren-
dus trop familiers , ou en ont ufé le goût.
^fF C'eft ordinairement par les brillans attraits de
la beauté que le cœur fe laiffe attaquer; enfuite
les appas étalés à ptopos , achèvent de le fou-
mettre à l'empire de l'amour -, mais s'il ne trouve
des charmes fecrets , h chaîne n'eft pas de longue
durée. Voye:{^ Attraits & Appas.
^fT Le mot de charmes eft non-feulement employé
pour marquer le pouvoir de la beauté & des agré-
mens du fexe ; mais il l'eft encore à l'égard de
tout ce qui plaît. La Mufique & la Poefie ont des
charmes pour certaines perfonnes. Les charmes du
pi.iifir -, mais il faut remarquer que dans ce cas
le mot de charmes ne s'applique qu'aux chofes
qui font , ou qu'on fuppofe être aimables en elles-
mêmes , 8i par leur mérite. Il n'en eft pas ainfî
du mot appas. Le plaifir a des charmes qui le
font rechercher par - tout , dans la vie retirée,
comme dans le grand moude , dans l'école mêms
de la mortification.
?fr On
c i-iÀ
^jT On dit d'invincibles charmes. La gloire a des
charmes invincibles pour les cœurs ambitieux. Les
charir.is ne deviennent véritablement invincibles ,
qucpar lalbliditc du mérite & la force du goût.
^5; Ce mot s'emploie au/fi au iingulier dans cette
dernière lii^nification , quoiqu'aiièz rarement. La
nouverutc a un chiirme dont on fe détend mal-
aiicment. S. Évr»
ÇC? CHARME. î. mJCarpinus. Arbre de haute tige,
qui poulie des branches dès la racine & qui lert
ordinairement à faire des paliliades. Son tronc cfl:
médiocrement gros. Son ccorcc efi: bifc , l'on bois
dur , compacte & blanchâtre. Ses feuilles font af-
fcz femblables à celles de l'orme ordinaire :' mais
elles font un peu plus étroites , lilles des deux cô-
tés, de couleur vert-gai en delfus, dentelées fur
les bords , èc comme épineufcs. Au Printemps les
branches font chargées de chatons , longs de deux
pouces environ, compofces de plulieurs écorces
couvertes en de/fous d'ctamincs jaunes. Ses fleurs
font ftériles •- les fruits viennent dans des épis fc-
parés, qui naiifent cependant fur la même bran-
the. Ces épis font des teftons longs comme le doigt,
formés de feuilles roufsâtres , entre lefquelles font
contenues des fruits pyramidaux , de quatre à cinq
lignes de largeur à ieur bafe , cannelés dans leur
longueur, aplatis, ligneux, garnis d'une petite cou-
ronne. Ils renferment chacun une graine oblongue.
Le charme fert à faire des ailîieux ^ des formes.
Le charme qu'on met en paliflade s'appelle char-
mille.
'Hjrr CHARMER. V. a. Produire un effet extraordi-
naircfur quelque chofe,ou fur quelque perfonne par
charme, par urt prétendu art magique. On dit que
les forcicrs charment les armes > les empêchent de
tirer. On dit mille autres choies ridicules de cette
efpècc. L'Ordonnance des Eaux & Forêts défend
de charmer les arbres , c'eft-à-dirc , de les faire
mourir malicieufemenr.
0CJ" Ce inot vient du {■azmcatminareyOWcartninihus
incarâare.
Ckarmfr , fe dit dans un fens figuré pour , plaire
extrêmement. Ce n'eft pas ravir en admiration ,
comme difcnt les Vocabuliftes , d'après l'Académie;
c'cft faire une imprellion très-forte fur le cœur ,
fe faire rechercher par un mérire réel ou prétendu.
Allicere ad fe , illicere. Cette femme charme tous
ceux qui la regardenr. Cette mufique hi'a. charme.
L'éloquence de Ciccron charme &c le fait aimer :
celle de Demoftène frappe , étonne &c fe fait obéir.
P. Rap. Charmé de lés vertus éminentes , je m'af-
V fcdtionnai fans y penfer à fa réputation & à fa gloire.
Fr.EcH. La vraie éloquence n'éclate jamais par des
Couleurs em.pruntces ; c'eft par les traits de fa beauté
naturelle qu'elle charme Se qu'elle perfuade.
On dit encore au figuré, charmer la douleur,
charmer VcxwwXi , en fufpendte le fentiment, le di-
minuer. Delinire, mollir e,jeiare dolorem, trijiitiam.
Charmer les ennuis d'une longue nuit. Spatiofam
falUre noclem. Il faut fe faire des plailîrs par lef-
qucls on puifie charmer les ennuis de lafolitude.
La'Poëlie, endélalTant l'efprit , charme les chagrins
de r.imc par Ion harmonie, & par toutes les grâ-
ces de l'exprelîion. P. Rap.
^T CHARMÉ , ÉE. parr. Il a les fignifications dil
verbe. Fufil charmé , dont on arrête l'effet naturel
par une opcrarion prétendue magique , par cer-
taines compolitions accompagnées de paroles. Ce
qu'on appelle proprement charme.
fJCJ* Arbres charmés , en termes d'Eaiix & Forêts ,
font des arbres qu'on a cernes ou creufés , ou aux-
quels on a fait quelqu'autte chofc pour les faire
périr.
CHARMEUR, f. m. Sorcier qui a la vertu oularc-
p'.tation de charmer. Magus , vcneficus. Il n'eft pas
d'iifare.
CH ■'.'^.MEUSE , fe dit en burlefque d'une femme qui
fe fait aimer. Mrdler illecchrnfa. Corneille s'en eft
fervi ùaiTs riUnfion comique^ uge alors quel dcfordre
Tome Ih
t'VLk
■¥S
^-
aux yei!xdemac/zjr/;;tv//è, &c. Corneille ne l'a pas
mis a la mode.
CHARMiE. f. f. Ce mot,qui n'eft plus en ufage , veut
dire chcmije, Indufium , tiinïca intcrior.
CHARMILLE, f. f. C'èlt du plant de charme qu'ont
clcve, pour faire des palilfades. On donne aulïï
ce nom aux pallifladcs mêmes qui font plantés de
charme. Carpinea virgu/iu. Il a acheté un niilier dé
charmille. No^iic' char mille borde agréablement ces
allées.
CHARMOYE, ou CHARMOIE. f. f. Mot dorit bn fe
fert pour lignifiet un lieu planté de charmes, Car^
pineium.
CHARNAGE. f. m. Temps où il efl: pcrriiis de manger
delà chair, temps oppofc aux jours d'abftinencc.
Tempus quo vej'ci carnibus liciliim ejl. Terme po-
pulaire.
Charnage, fe dit aulîi en fait de dîmes. Decïmcè
carnariœ. Cet Abbé a les dîmes des lainages & char-
nages , c'elt-à-dirc , des toifons , des moutons ,
des agneaux , des cochons , &c. On a appelé en
latin carnaturtide porcis , la dîme des cochons.
CHARNAIGRES , en termes de Chalfe , eft une ef-
pèce de chiens métifs , ou chiens courans , qui chaf-
fent de gueule , qui ridenr , qui forcent les lapins
dans les broulfailles. Voye^ Lévrier,
|Cr CHARNEL , ELLE. adj. Qui appartient à la
chair , qui a rapport à la chair. Carnalis. On ne le
dit guère que dans ces phraiès. Appétit charnel. Pla'i-
lir charnel. En ftyle de Pratique , copulation char-^
nelle. S. François fe roUloit dans la neige pendant
les accès de fa convoitife , pour réfifter aux tenta-
tions de la volupté charnelle.
03" CHARNEL , s'eft dit autrefois pour parent ,
qui tient à_guelqu'un par les liens du fang , de là
chair.
gCF Charnel, fe dit aulTî par oppôfîtion àfpifituel.
Homme charnel, fenfuel , qiii efl; plus attaché aux
chofes mondaines Se terreftres , ou aux plaifirs dit
corps, qu'à ceux de l'efprit, J^oliiptàrius , rébus
quœ jenfibus percipiuntur ; qucefub fenfus cadunt ,
l'erviens , deditus , voluptaiihus dedicus. Les hom-
mes charnels & fenfuels ne goûtent point les chofes
de la Religion, Les Juifs charnels n'avoient qu'un
ainour fervile & mercenaire -, ils n'aimoient Dieu
que poui: la fertilité de la terre deChanaan.pENEU
Parmi cette multitude d'hommes charnels qui rem-
plilfent l'Eglife vifible , il eft impoflîble qu'on n'y
voie des exemples de .tous les dércglemens des
hommes. Port-R. Le joug des cérémonies de la
Loi Mofaïque contribuoit à détacher les IfraëliteS
du culte cA^rwe/ de la Loi. Cl.
CHARNELLEMENT, adv. D'une manière charnelle.
Impure , libidinofè. Il a eu affaire charnellement
avec cett;e fille. Style àw'^z.ntiM. Remhabere cum
aliquâ. On dit figurément , vous ne conlîdérez les
chofes que charnellement , c'eft-à-d ire, félon que
les fens les repréfentent , ou par rapport à des vues
mondaines & temporelles. Quantum fub fenfus res
cadunt ,fenjil'us percipiuntur ; pro fenfuum judicio.
Ip- CH ARNEUX , EUSE. adj. Terme de Médecine,
qui défi gne des parties compoféeS principalement
de chair , comme les joues , les felTes, & en géné-
ral tous les mufcle^. carneus. Le cœur eft une par-
tic charneufe. On le dit par oppofitioû aux parties
olfeufes.
Cp" Charneux , carneus, &: Charnu, carnofiis , car-
nulentus , ne font point fynonymes. Charneux ,
qui eft compofé principalement de chair. Charnu ,
qui eft bien en chair , bien fourni de chair.
gcr CHARNIER, f.m. Endroit couvert auprès ou au-
tour des Eglifes paroiHiales , où l'on met les os des
morts. Oiïium conditorium. Les charniers des Inno-
cens , des Saints Innoccns , populairement de Saint
Innocent. Il y avoir autrefois de ces fortes de chat'
«/■^ri auprès des Eglifes paroiffiales. '
Çu? Aujourd'hui on appelle charnier, une gallerie qui
rè^ne ordinairement autour dès Eglifes paroilîialess
^ N nn
^u
C H A
Se atu^'ice à l'Egliie , où l'on donne la Commu-
nion aux Paroiiikns les jours de fri'^ndes têtes.
Charnier, %nific encore le lieu dans une maifon
deftinc à garder les chairs Talées. Carnarium,
C'ell de ce moc , qui eft dans Plante en la même
figni/îcation , que vient celui ô! acharner.
Charnier , fignifie auill des bottes d'cchalas pour
mettre dans les vignes. Fcdaminum faj'ciculus. Le
bon charnier doit être tait de cœur de chêne.
Ce. mot vient de carnarium , comme chair, de
caro,
^fT Charniers, fe dit en termes de Marine, des
barriques dans lelquelles on met l'eau que l'équi-
page doit boire chaque jour.
%F CHARNIÈRE, f. f. Terme de Faifeurs d'inftru-
mens. Endroit par lequel les parties d'un inftrument
font ademblces. C'efl une fente iim.ple , ou double ,
qu'on fait aux extrémités fupérieures des jambes
d'un compas , d'une faufle équerre& autres inftru-
mens , pour les enclaver & les âlTembler l'une avec
l'autre par le moyen d'un clou rivé , fur lequel elles
font mobiles. Commiffitra , vernculus. La jufteife
des inltrumens de Mathématique dépend d'avoir
des charnières bien faites. En général on appelle
charnière , deux pièces de fer , de laiton ou d'autre
métal , qui s'enclavent &: entrent l'une dans l'au-
tre , Se qui étant percées , fe joignent enlémble avec
une rivure qui les traverlc-, enforre qu'elles peuvent
fe mouvoir en rond , fans fe leparer , tournant l'ur
un même centre. En ce fens on le dit en parlant de
tabatières 8c d'étuis , &c.
CharniJlre , eft aulH un outil fcrvant à ceux qui
gravent fur des pierres dures. Cizlum. Il eft fait en
manière de virole , & fert à enlever les pièces.
Charnière, far^o. Terme de Conchyliologie. C'ell:
la jonélion d'un coquillage bivalve , ou pl.itôt l'en-
droit où les deux parties de ce coquillage tiennent
l'un à l'autre. Les univalves n'ont point de char-
nière.
On a appelle autrefois charnière , une faucon-
nière où le Fauconnier porte fon leurre , &; la chair
dont il l'acharné. L'Empereur Frédéric II, en fon
livre de Vénerie, l'appelle Carnarial
Il fe dit aufîl d'une poche de gros rézeàuoù les
Challeurs mettent leuf gibier. Il cft revenu de la
chalfe avec quatre bonnes pièces de gibier dans la
■ charnière.
En ce fens ce mot vient de chair ; Se Cette po-
che s'appelle auHî carnajjïere.
Ip- CHARNON. f. m. terme de Bijoutier. Efpèce
d'anneau foudé , ou au defllis , ou au-deflbus d'un bi-
jou , en forme de boîte. C'eft l'enlemble des char-
nons qui forme la charnière. Il y aaulfi des char-
nons en ferrurerie.
ifr CHARNU , UE. adj. Plein de chair , bien en
chair, carnofus , carnulentus. Corps charnu. Per-
drix charnue. Cette poularde a l'eftomac bien
charnu,
fC? On le dit non-feulement des hommes Se des ani-
maux , mais encore des fruits, à la pulpe dcfquels
■ on donne le nom de chair. Fruit charnu, Pulpofus.
Ces pruneaux font bien charnus.
Charnu. Terme de Botanique. Une plante c/z^zr/ZK^ ,
eft une plante dont la racine eft groife & d'une
fubftance moëlleufe, d'où il fort peu de fibres qui
l'attachent à la terre ; comme les raves , les bettes ,
&c, Carnofus. Ce mot fe dit encore des feuilles de
quelques plantes , comme de celles de plufieurs for-
tes de joubarbe , qui four formées d'une pulpe fuc-
culente, & qu'on appelle ordinairement gralle. Car-
noj'um folium,
ffT CHAR.NURE. f. f. Terme relatif aux parties
charnues , confiderées félon les différentes qualités
qu'elles peuvent avoir. Caro, On ne le dit que des
perfonnes. Cette femme a la charnure ferme ,
molle.
tft On le dit ordinairement pour défigner la peau.
Il » une belle, une vilaine ckarnurt. Il avoit le
C H A
corps robuftc , ramalfc , Se d'une belle charnnre,
Vai.ig.
CHAROGNE, f, f. Corps d'un animal mort infed &
corrompu, t'^^.zj'ér. Les chefs des Stoïciens ont cru
qu'il n'y avoit point de mal à fe fcrvir de notre
charogne , & de s'en nourrir. Mont, on dit d'une
choie bien infectée , qu'elle eft puante comme une
charogne.
Ce mot vient du grec x"?'^'"-'" , qui fe dit des
lieux qui exhalent de mauvailcs odeurs , comme font
les bctes mortes. AIénage.
On dit figurément du cotps humain , pour le ra-
valer audclfous de l'efprit , qu'il ne faut pas le
traiter délicatement, que ce n'eft qu'une charo^m^
On dit aufll que l'ame noircie de péchés , & qui
croupit dans l'ordure , n'eft qu'une puante cha-
rogne. On dit communément d'une perfonne dont
il s'exhale une mauvaife odeur , que c'eft une ch.i-,
rogne; ou proverbialement , qu'il put comme cha-
rogne. Tout cela eft du ftyle populaire. Ce mot
réveille une idée dégoûrante.
CHAROLLES. Ville de France, capitale du Comté
de Charoloisen Bourgogne, à dix lieues d'Autun,
Caro/ia.
CHAKOLOlS.CaroIefum; Se dans Vigenère,^//?-
i>arri. Pays du Duché de Bourgogne , qui a pour
bornes le M.îconnois au levant "& au midi ; au
couchant le Bourbonnois, dont il cft féparé par
la Loire -, Se le Chalonnois au feptentrion. Cha-
roUes qui en eft la capitale , lui a donné fon nom.
Le Charolois étoit poifédé pat les Rois d'Efpaçcne,
. fous la fouverainerc des Rois de France. A la paix
des Pyrénées, ils le cédèrent au Prince deCondé,
en payement des fommes qu'ils lui dévoient.
Quelques-uns on dit Charolois -, oife , pour ha-
bitant du Charolois. Carolejlus.
CHARON. f. m. Prononcez Car on. C'eft dans la Fable
le nom du Nautonnier des Enfers. Charon. Quel--
ques-uns en font un Dieu fils de l'Erèbe Se de la
Nuit : Hcfiode n'en parle point dans fa Théogonie ^
dans laquelle , v, 1 24 , il ne donne que deux entans
à l'Erèbe &à la Nuit, qui font l'^thcr Se le Jour,
Les Pcëtes tcignoient que les âmes des morts fe
rendoient fur les bords du Styx ; que là Charon
paflbit celles qui le payoient ; & qui avoient eu
les honneurs de la fépulture , Se laiffoit les autres
errer cent ans fur les bords du lac , après quoi il les
paifoit audi. ^fT Ce droit de péage qu'on payoit
à Charon étoit taxé .1 une obole. On m.ettoit cette
pièce dans la bouche des morts. Elle s'appeloic
nauli , Se ce tribut iinaque. Naulum. Cette coutume
étoit générale chez les Grecs &: chez les Romains.
On y ajoutoir quelquefois un certificat de vie & de
mœurs, qui étoit délivré par le Prêtre du lieu.Pow-
tifex. On le dépeint comme un vieillard mal pro-
pre , fort grpdîer Se fort rude. Voye^^ les élégantes
defcriptions qu'en ont fait Virgile, Enéide ^tiv. VI,
V. if)8 ; Senèque, dans fon Hercule furieux , JS.
Jll , II, V. -jCi,. Euripide en parle aulîî dans foa
Alcejle , mais il ne le décrit point. Diodore de Si-
cile, Liv. I , ch.cfz, dit qu'Orphée ayanr remar-
qué qu'en Egypte il y avoit une ville où l'on paf
foit les corps morts dans une barque ilir un grand
lac pour les aller enterrer de l'autre côté du lac,
il fit de cela la fable de Charon-, qu'il débita en
Grèce. Peut-être que cette fable ne vient que de
Memphis , où l'on paflbit les corps morts lùr le
Nil , pour aller les enterrer du côté où font les py-
ramides. Diodore ajoure que Charon fignifioit en
égyptien , iNautonnier ou Batelier. D'autres dilent
qu'il fut appelé Charon par antiphrafe de x'^k" »
gaudeo , je me réjouis, pour uv^.pm , fâcheux , déf-
azréable , trifle. Vigenère traite de cette fable fur
Tite-Live, Tom. I, pag.%^o & 851. Dans le 4% le
10' , le 2.5'^ dialogue des Morts de Lucien , Se dans
celui qui eft intitulé Charon, Jive Contemplantes ■,
Charon joue de plaifans rôles. La Scène de Charon
dans le quatrième aifle de l'Alcefte de Quinault,
eft for: belle.
CH A
Lapidé n'ejl point ici bas-.
Et Charon ne fait point de grâce, Quinault.
// m'importe peu que l'on 'crie ,
Helas ! Charon , kelas ! hélas I
Il faut encore payer au-delà du trépas Id,
Voflîus, De Idolol. Lib. II, cap, jy , à la fin
croit que Charon eft le même Dieu que le Mercure
infernal ; & que ce nom Charon , vient de l'hébreu
:nn , colère ; qu'il lui fut donné , parce qu'il
étoit le Miniftre de la colère divine. De forte que
Charon lignifie proprement un mauvais Ange, dont
l'office efl: de conduire les âmes criminelles au lieu
du liipplice,
Charon , eft aulfi un nom d'homme que deux an-
ciens Hiftoriens ont porté , l'un de Lampfaque , &
l'autre de Carthage.
CHARONIENNE/adj. f. Epithète que l'on donne à
quelques grottes que l'on trouve en Italie & dans
quelques autres parties du monde , dans Icfquellcs
l'air eft tellement chargé de vapeurs venimcufes ,
que les animaux ne fauroient y vivre un leul inf-
tant. XttpTt'vùx. DicT. de James.
CHAROSTIER. adj. Vieux mot , carnaffier.
CHAROTE. C'cft un panier iàit en façon de hotte
ou de buffet , dans lequel les preneurs de pluviers
mettent leurs entes Se les oifeaux qu'ils ont pris ,
pour les tran'porter.
CHAROUX. Ville de France dans le Poitou , près
d<" la Charente. Carrcjium.
CHARPENTE, f, f. Gros bois propre aux grandes
conftruélions de maifons , de bateaux , de navires ,
taillé &: cquarri. Materiaria /Iruciura , materatio.
materiatura. Ce Marchand ne fait trafic que de
bois de charpente. On le dit auifi du gros bois
taillé & aifemblé. La charpente de cette mailbn
a tant coûte.
Charpente , le dit aufTi de tout le bois aflembic
qui foutient la couverture d'un édifice. La char-
pente de plufieurs Egliies de France eft de bois de
châtaignier. On le dit auifi de l'art d'aflembler
le bois pour en faire un ouvrage de charpente.
Maifons dont la charpente ne vaut rien. JEdes
malé materiattz.
Charpente, fe dit figurcmcnt & élégamment de la
ti/lure de quelques corps naturels. Textura , con-
textura, compago. La charpente des ouies qui fer-
vent de poumons aux poillbns , eft compoice de
quatre côtes de chaque côté , qui fe meuvent tant
fur elles-mêmes en s'ouvrant &: fe reilêrrant, qu'à
l'égard de leurs deux appuis fupérieur & in-
férieur , en s'écartant l'un de l'autre , &: en fe rap-
prochant. Du Verney , Acad. des Se, 1701. Mcm.
p. 114.
§Cr La charpente offeufe du corps humain. Winslow.
C'eft l'a/remblage & la difpolition des os du
corps de l'homme , & du corps des ani-
maux.
CHARPENTER. v. a. Tailler , équarrir du bois de
charpente pour le mettre en état d'être afiemblé.
Materiarium opus facere. Il n'eft guère d'ufage au
propre.
On le dit auiîî au figuré pour, couper, tailler
■ mal-adroitement. Imper ite fecare, incidere. Ce Chi-
rurgien eft ignorant , il a charpenté le bras de cet
homme. Vous avez charpenté cette volaille. Il eft
du ftyle familier.
Charpenté , ée. part.
CHARPENTERIE. f. f. Art qui enfeigne à tailler
& à alfembler de groffes pièces de bois pour bâtir
des maifons , & les couvrir -, pour conftruire des
bateaux , des navires , faire des machines , &c. Ars
Tuateriaria , materiaria fabrica. Comme les mai-
Ions ne furent d'abord conftruites que de bois ,
l'art de Charpenterie eft plus ancien que celui de
Maçonnerie. |]3" Il entend bien La charpenterie.
■ On le dit aulïi comme un fynonyme d« charpente.
CH A
4^7
La charpenterie ie cette maifon eft belle , eft bien
faite. François Pyrard dit qu'aux Maldives la chdf
pente eft fi ingénieufement travaillée , qu'elle tient
ians clous & fans chevilles ; &: qu'elle eft fi ferme ,
qu'on ne la peut délallcmbler fans en favoir l'ar-
tifice.
CHARPENTIER, f. m. Ouvrier qui taille & qui af-
femble la charpente. Materiarius , tignarius faber.
Charpentier de maifons , Charpentier de vaifTeâUx!
On^ Ta nommé autrefois Chapuis. On appelle
audi Charpentier le Maître qui entreprend & con-
duit un ouvrage de charpente.
Charpentier , en terme de Marine , s'appelle Maître
de hache. Les métiers de Charpentier , Calfateur
& Perceur de navire, peuvent être exercés par une
même perlbnne , fuivant le titre 9 du liv. i de l'Or-
donnance de la Marine. Le Charpentier du Roi
portoit autrefois pour armoiries , deux haches adof-
lécs dans un ccu.
Ce mot vient de carpentarius , qui a été fait
de carpemum , qui fignifie un char ; bien que ceux
que nous nommons aujourd'hui Charpentiers fafient
tout autre chofe que les voitures appelées carpenta,
BoLLANDisTEs. A^, SS, Mart, T. I , p. 589 £,
& Ménage.
Charpentiers de la grande coignée. On diftinguoît
ainfi autrefois les Charpentiers d'avec les Menui-
fiers , qui fe nommoicnt Charpentiers de la petite
coign-ée. .
CHARPENTIER. Herbe aux Charpentiers. Barbarea.
C'eft une eipèce éejifymbrium , ou une plante qui
poulie plufieurs tiges à la hauteur d'un pié &
demi , branchues , ^ creufes , portant des feuilles
plus petites que celle de la rave , & ayant quel-
que relîcmblance avec celles du crelîbn , de cou-
leur verte , noirâtres, luifantes. Ses fleuts font pe-
tites , jaunes , .ayant chacune quatre feuilles difpo-
fées en croix. Il leur fuccède de petites goufileS
longues , rondes , tendres , qui contiennent des
femenccs rougeâtres. Sa racine eft oblongue , mé-
diocrement grolfe , &: d'un goût acre. Elle contient
beaucoup de fel eilentiel &\i'huile. Elle eft déter-
five &: vulnéraire : Ibn fuc employé feul guérie
promptcment les blelllires. Elle excite l'urine ; elle
eft fort bonne pour le fcorbut , pour les maladies
de la rate , & pour la colique néphrériqne. On
s'en fert intérieureinent & extérieurement. Dict.
de James.
Charpentier. Oifeau qui n'eft oasplusgtos qu'une
alouette , qui fe trouve dans l'île de S.'Domingue.
On l'ippelle ainfi à caufe de la force qu'il a" de
percer un palmifte jufqu'au cœur, pour en tirer
la moelle , dont il eft plein. Quoique le bois de
cet arbre foit fi dur que les meilleurs inftrumens
rebroulfent dellus , il ne Jui faut qu'un jour pour
cela. Son bec eft pointu , & long d'un bon pouce.
Il eft du genre des piverts.
§0" CHARPIE, f. f. Il n'y a que le peuple qui difc
charpi & charpis. Tente qu'on met dans une plaie ;
amas de petits filets ou filamens , tirés d'une
toile ufce qu'on dépèce. Linamentum, La charpis
fert pour le panfcment des plaies. On en met dans
les plaies , dans les ulcères. On fait provifion de
charpie pour les hôpitaux à l'armée.
Ce mot vient de carpia , ou carpita , qui fe
trouve dans les G lofes , qui a été dit à carpendo.
Mén.
On dit figurémcnt d'une viande trop cuite, &:
qui à force de bouillir , eft comme réduite en filets ,
qu'elle eft toute en charpie.
CHARPIR. Vieux mot, fignifioit autrefois, faire
de la charpie , effiler la vieille toile. Telam filatim
difjolvere. D'où on a fait fon compofc decharpir,
qui fe dit quelquefois en parlant des gens qui fe
battent , qu'on a de la peine à fepar t.
Nous trouvon-s encore aujourd'hui oharpir , &c
même employé figurément pour déchirer , mettre
en pérîtes pièces. Lacerare , difcerperc. Un Tel acre
venant à fe développei S>:. à être mis dans un gran J
N n a ij
4^8
C II A
mouvement, déchire par fa ûipcrficie henflTec les
E;lobules lultureux du lang , & en dcgaij;c des lels ,
qui , venant à le diiîbudre dans la IcioUtc du lang ,
achèvent de les déchirer, & , pour ainii dire, de
char VIT ces mêmes loutres. Jour, des Sç.i-ji'è,p.
373, Un Médecin a du depuis peu charpir , pour ,
inciler, divilér. Incidirs -, dividera , dij/ulvcrc. Ces
parties lliltureulcs &c métalliques ( des mialmes
pcftilentiels ) qui formoicnt de petits corps unis ,
ne forment plus que des corps hcriUcs , a l'occa-
lion de l'écartement de leurs parties oblongues , ra-
meulcs &c crochues, capables de trancher, divilcr
£c déchirer , iuivant les diilcrens mouvemens donc
ils Icront agités -, &: par conlcqucnt très-propres à
ckarpir on^dWïîer: les parties ballamiqucs du lang
des animaux. Lorin. On peut abandonner ce terme
aux Médecins.
"CHARRÉE. f. f. Cendre qui rcfte fur le cuvier quand
on a coule laleilive. Lexivics cinis., & non pas kxi-
viiis , qui le trouvoit dans la dernière édition -, faute
qui vient d'être copiée par les Vocabuliftes. Pronon-
cez charée. La charrée eft bonne au pié des arbres.
Elle fortifie les terres fortes.
^ Charrée, eft aulfi le nom d'un infeéle aqua-
tique , efpèce de petite chenille , de couleur
de charrée ou cendre leinvée, quia iîx pattes de
chaque côté , avec lelquelles il marche fur l'eau.
Cet animal le fait une enveloppe autour du corps
avec de petits brins d'herbe ou fétus collés eplem-
ble , par le moyen d'une humeur vifqueule qui
fort de fa bouche. Les truites aiment beaucoup
les charries , & elles fervent d'appas pour prendre
plufieurs poilîbns.
CHARRETÉE, f. f. Ce que peut contenir , ou ce
que peut poiter une charrette. Feh^s , vehis , plau-
Jiri onus. La corde de bois contient deux charre-
tées ou voies de Paris. ^
ftT CHARRETIER, f. m. CHARRETIERE, f. f.
& non pas CHARTIER , CHARTIERE. Celui
ou celle qui conduit une charrette , un cha-
riot. Carrï , plaufiri ducior , auriga. On trouve
aulfi carrucarius. La Police défend aux Charre-
tiers d'êtie montés fur leurs chevaux ; ils doivent
conduire à pié leurs harnois , & ne point faire
courir leurs chevaux dans les rues.
On dit proverbialement , il n'cft H bon Char-
retier .yC^m ne veife -, pour dite , il n'y a point d'hom-
me fi habile qui ne faife quelque faute. On dit
aufîi d'un grand jureur, il )ure comme un Charretier
embourbé. Charretier vient de carretiero, comme
charrette de carretta.
CHARRETitR , le dit aulîî de celui qui mène une
charrue. Acad. Fr.
Ch ARRETiER.Terme d'Aftronomie. C'cft le nom d'une
des conftellarions feprentrionales , qu'on appelle
autrement le Cocher. Auriga. Entte les étoiles dont .
cette conftellation eft compofée , il y en aune de la
première grandeur à fon épaule gauche , qu'on
appelle \c houe, ou la chèvre ; & une aurre de la
féconde grandeur dans l'épaule droite. Elles font
toutes deux de la nature de Mars & de Mercure.
C'eft la même chofe qu'Erichton.
CHARRETIN ou CHARRETEIN , comme écrit
Liger. Efpèce de charrette fans ridelles , &; dont
les Bourguignons le fervent, fur-tout pour charier
du vin. Liger. Il paroît que ce mot n'eft en ufage
qu'en Bourgogne -, ailleurs , on dit fimplement char-
rette.
CHARRETTE, f. f. Sorte de voiture montée fur
deux roues, & à- deux timons, qui fert à ttani-
porter difFétentes chofes. Carrus , plaujirum. Une
charrette à mener du bois , du vin , de la pierre ,
&c. On mène les criminels au fupplice dans une
charrette. Les limons , les ridelles d'une charrette.
Une charrette à gerbes eft une grande charrette.
Charrette à ridelles. Liger.
Ce mot vient de carrecla diminutif de c<zrr?/i- ,
comme charrue de carruca. Mén. On l'a appelée
^ulïï cârr^Sd; 8c caneBarius ^ charretier ; èc car-
C H A
recfa , charretée. Du Gange. On trouve dans la
baife latinité carrata, au même fens.
On appelle proveibialeraent un avaleur de
charettes jerrees , un taux brave , un Capitan.
C'eft une phrale grecque qui te trouve dans Athé-
née &; Xcnophon.
CHARRIER, f^'vyei Charier.
Charrier, f. m. (La première fyllabe eft longue.)
Pièce de grohe toile dans laquelle on met la
cendte au-delUis du cuviei , quand on tait la Icl-
five. Ce drap fervira de charrier. Ac. Fr.
CHARRIOT. Foyei Chariot.
CHARROI, f. m. Conduite de voitures fur des roues ,
Ibit charctte , charriot , coche , fourgon , &c. Fec-
tio qux carris , plaujlris fit ; veclatio. Les partages
des montagnes font difficiles , on n'y fauroit aller
par charroi ; on n'y peut mener le charroi ; on
travaille à y faire un chemin de charroi. Payez-
moi mes charrois , c'eft-à-dire , ce que je vous ai
charié. Liger , ou plutôt ce que vous me devez
pour l'avoir charié. Il y a à la Cour des charges
de Capitaine de charroi. On dit auill charriage
dans le même fens.
Il y a dans l'Artillerie un Capitaine général du
charroi, &c des Capitaines fubalternes qui font pré-
pofés à la conduite du charroi de l'Artillerie. Ils
doivtnt vilîter les chemins , & les faire mettre en
tel état que l'équipage de l'Artilleiie puille palfec
par-rout commodément.
Charroi , fe dit fur mer , d'une grande chaloupe
relevée de deux targues de toile , pour porter
la morue en Terre-Neuve. Exportatio in navigio.
Charroi , s'eft dit autiefois pour char. Char de
triomphe. Currus.
A donc il vit autour de fes charrois
D'unjéul regard maints victorieux Rois. MaroT.
CHARRON, f. m. Artifan qui fait les trains d'ar-
tillerie , de charettes , de chariots , de carolTes.
PLiujirorum , carrorum , curruum faber. On tait
marcher force Charrons avec l'équipage de l'ar-
mée.
CHARRONAGE. f. m. Travail & ouvrage de Char-
ron. PLiujirorum , carrorum fabrile opus. Il y a
un tel fonds pour le charronage de tant de cha-
liots.
Charronnage. {Bols de) eft celui qu'emploient les
Charrons, & particulièrement l'orme, qui fert à
faite les moyeux des roues i le chêne dont on tait
les rais, &c. Lignum fabricandis curris ac plaujiris
idoneum. La plupart du bois de charronnage fe vend
en gtume.
CHARROTS. Ville de France, dans le Rerry, fur la
rivière d'Arnon , entre Bourges & Ilfoudun. Char-
rottium , Carophium. Charrois eft un Duché qui
appartient à la Branche de Béthune-C^ar/o/^ , K
que le Roi érigea en Pairie l'an \6^o. Voye^ fur la
Ville, Comrék Duché àz Charrots , & fur l'an-
cienne Maifon de Charrois , i'Hifi. de Berry par la
Thaumalfiere , Liv. IX, ch. 58 & 39. Aimon de
Charrois eft nommé en une Charte de Chezal Be- ^
noît , de l'an 1093 : c'eft le piemier de cette maifon
qui foit connu. Elle finit vers la fin du XlV'fiècle,
en Ilabelle de Charrois , mariée à Eudes , Baron de
Culanr , qui n'eurent qu'un fils , qui mouiut jeune.
go- CHARROUX. Nom de deux Villes de France j
l'une eft en Poitou , à neuf lieues de Poitiers y
l'autre en Auvergne, à rrois lieues de Gannat.
CHARRUAGE. f. m. Terme de Coutumes. On ap»
pelle en quelques endroits les terres labourables,
ch.irruages. Arva.
|tT On donnoit ce nom au dtoit que les Seigneurs
levoient en Champagne fut leurs fajets , à raifon
des charrues.
CHARRUE, f. m. Inftrument de Laboureur, com-
pote d'un train monté fur deux roues, qui a un
gros fer pointu & un autre tranchant , pour ouvrir
Se couper la terre , Se y faire des filions. Aratrum,
C H A
Dans la ba/Te latinité , on a dit , carruca , & carru-
cata. On y attèle tles bosufs , des chevaux pour
la tirer. Il étoit défendu par la Loi de Moiïe >
d'atteler un bœuf & un âne à la charrue. Les Dic-
tateurs de Rome ie tiroient quelquefois de la
charrue , & la reprenoient quand l'expédition
ctoit achevée , moins par choix d'une condition
tranquille & innocente , que pour être accoutumés
à une Ibrte de vie ii inculte. S. EvR.
Et la pojlérité d' Alfane , ou de Baïar ,
Sans rejpea des aïeux dont elle cji dejcendue ,
5V«, vaporter la malle , ou tirer la charrue. Bon.
Être à la charrue , c'cfl: être aduellement ou ha-
bituellement occupé à labourer avec une charrue.
Ainfi l'on dit en deux fens , il eft à la charrue. Que
fait ce valet chez vous 5 II eft à la charrue , c'eft-
à-dire , c'eft lui qui conduit la charrue dans la fai-
fon-, & Maturin eft à la charrue, c'eft-à-dire, cft
aéluellement dans un champ , qu'il laboure.
Ce mot vient de carruca , latin. Nicot. Quel-
ques-uns le dérivent de aratellum , comme qui di-
xo'ix., char propre pour arer. Ce mot artr le dit en-
core en termes de Marine , lorfque l'ancre ne tient
pas ferme dans le fable , &; qu'elle y fait des
îillons.
On appelle une terre à une , deux ou trois
charrues, quand elle a allez d'étendue pour oc-
cuper le labour de tant de charrues. Solum quo in
arando, vel duo, vel tria aratra occupantur. Il
eft défendu aux Nobles de faire valoir par leurs
mains des terres à plus de deux charrues. On
l'appeloir autrefois carruée ou charruee. ^fj" Dans
ce fens , charrue eft proprement l'étendue de
terre que peut labourer par an une charrue.
Charrue de Jardin , eft une machine compofée
de trois morceaux de bois enchâdcs l'un dans l'au-
tre 5 & d'un fer tranchant pofé un peu de biais ,
pour mordre un pouce fur la iupercifie des allées.
Cette machine eft ordinairement traînée par un
cheval , & fert à nettoyer les allées , à couper
& à déraciner les herbes qui y naiflênt.
On dit proverbialement , mettre la charrue
devant les bœufs -, pour dire , changer l'ordre na-
turel deschofes,& mettre au commencement ce
qui devoit être à la fin. On appelle un cheval de
charrue , un homme groffier & ftupide. On dit
aufli, j'aimerois autant être à la charrue, tirer la
charrue , en parlant d'un emploi fort pénible , fort
labotieux. On appelle aulfi une charrue mal attelée ,
ou une charrue à chiens, des gens qui font liés
par quelque fociété , & qui s'accordent mal en-
femble.
CARRUYER. Vieux mot. f. m. Qui charroie. Char-
retiet, Carri ou plaujlri ducîor , ou plutôt , qui
conduit la charrue , Laboureur. Arator , Agricola.
Ne les Princes ne font pas dignes
K^ue les coeurs du ciel donnent ji%ne s
De leur mort , plus que d'un autre homme ;
Car leur corps ne vaut pas deux pommes
Envers le corps d'un Charruyer ,
Ou d'un Clerc ou d'un Ecuyer.
RoM. DE LA Rose.
CHARS. Petit canton du Vexin-François. Voyei la
Defcript. Geogr. & Hijl. de la Haute Norm. tome
1 , r. 140.
CHARTE. Vovei CHARTRE.
CHARTE, f. f. Se trouve dans nos anciens Poètes,
poi)'- , lettre , épitre. Charta , epiftola.
CHARTF-PARTIE. f. f. Terme de Marine. C'eft
l'afte d'aflfrcrement fur l'Océan, ou de noliflement
fur la Méditerrannée. C'eft un écrit contenant la
convention pour le louage d'un vai fléau , ou la let-
tre de faelure , ^' le contrat de cargaifon du vaif-
{ediU. Nauticce rationis dividuum folium. Elle doit
être rédigée par écrit , & paffée entre les Marchands
C
H
& le Maître ouïes Projjriétaires. du lAv'-
Elle doit contenir le nom ôc le port àv.
celui du Maître & de l'Affréteur , le t'i.x
fret , &C les autres conditions dont les parties i.
convenues , comme il cft porte par le Livre il..
de l'Ordonnance de la Marine. Danscet acte, !..
Capitaines & les Officiers confclicnt avoir reçu u: .
tel navire bien & dûement calfaté ; étanché , vie
tuaillé , munitioné tk agrcc pour un tel voyag>..
La. charte-partie eft diftinguée d'avec le connoi^é-
ment , parce que celle-là fc fait pour l'entier af-
frètement du navire , & pour l'aller & pour le re-
tour ; au lieu que le connoijjemeiit ri'eft Fait que pour
une partie de la charge , &c le tait par une promefle
particulière pour l'aller ou pour le retour feule-
ment. Le Prélident Boyer dit que ce mot vient de
ce c\v\eper médium carta incïdebatur , d' fie jicbat
carta partira \ parce qu'au temps que les Notaires
étoient moins communs, on n'expédioit qu'un aèle
de la convention qui fervoit aux deux parties. On
le coupoit en deux , pour en donner à chacune fa
portion. Elles les rallêmbloicnt au retour pour con-
noître li elles avoienr fatisfait <à leurs obligations.
Ce qu'il attefte avoir vu pratiquer de Ion temps
encore de même qu'en ufoient les Romains dans
leurs ftipulations, au rapport d'Ifidore , qui rom-
poient un bâton , dont chacun gardoit un morceau
pour en conferver la marque.
CHARTIER. Toye^ 'Charretier.
CHARTIL. f. m. Grande & longue charrette , dont
les payfans le fervent pour tranfporter leurs gerbes
en la grange. Carrus longior. Il vaut mieux dire
avec Richelet , charti ; èc ce mot lignifie propri?»
ment le corps de la charrette.
Ceiartil eft auili un lieu couvert dans une bafle-
cour, où l'on met à couvert les charrettes, charrues,
herfes , & autres choies fervanr au labour, Car-
rorum , plaullrorum receptaculum.
CHARTON, f". m. Vieux mot, qui fignifîoit autrefois
wn cocher, ou celui qui menoit un char, ou une
charrette. PLiuJiri , vel currus ductor.
irCHARTOPHYLAX. f. m. Nom d'Office dans l'E-
glife de Conftantinople. Chartophylax, Codin ap-
pelle le grand Chartophylax , le Juge de toutes les
caufes , & le bras droit du Patriarche •, & Ballamon,
la bouche & les lèvres du Patriarche. Codin dit aulîi
qu'il étoit le dépofitaire & le garde de tontes les
Chartes qui tegardoient les droits eccléliaftiques ;
qu'il préfidoir à la dccilion des caufes matrimo-
niales , & qu'il étoit Juge des Clercs. Théodore
Balfamon dédia l'on Commentaire fur les Canons
à George Xiphilon . . . Théodore étoit né à Conf-
tantinople , & dès-lors Nomophylax & Charto-
phylax , c'eft-à-dire , garde des Loix & des Chartes
de Sainte-Sophie, &: premier Prêtre des Blaquernes ,
mais il n'étoir pas encore Patriarche d'Anrioche.
Fleury. Lcunclavius & d'autres le font trompés,
quand il le confondent avec le Chartulaire. C'é-
toient deux Offices fort diltcrens , & le Chartu-
laire étoit bien au-delfous du Chartophylax. C'étoic
le Chartophylax qui rédigeoit les fentenccs & les
décilîons du Patriarche , qui les lignoit , & y ap-
polbitlefceau.il préfidoir au grand Confeil du
Patriarche , & connoiflbit de toutes les caufes &:
matières eccléfiaftiques , tant du peuple que du
Clergé & des Moines. Il avoir féance avant les
Evêques. Dans certaines cérémonies il monroit le
cheval du Patriarche ; il avoir fous lui douze No-
taires à Ibn fervice. Enfin , nulle autre dignité
n'avoit tant de prérogarives & de fi beaux droits.
Le Garde-Charte , ou Chartophylax , étoit à Conf-
tantinople ce que le Bibliothécaire étoit à Rome,
Il porroit les mêmes ornemens que les Miniftres
Eccléfiaftiques, &: en faifoit 1rs fondions.^ C'étoit
lui qui préfenroit au Patriarche tous les Evêques Sc
les Clercs étrangers , toutes les lettres , tous ceux
qui dévoient être pourvus d'Evêchés , d'Abbayes ,
I ou promus aux Ordres : tous dévoient avoir fon
470 C H A
approbation. Flï.ury, qui a pris cela de Du Cange, i
qui l'a rapporte d'après AnAlniç, ad FUI Sy/wd.
ja. i.
Quelques-uns écrivent CartophyLix. Ce mot ,
moitié latin &c moitié- grec , s'cll tormc à Conltan-
tinople depuis que lEmpircy eut été tranfportc, de
y:,«fc,. , fait du latin cliarui, U de P-^'«7l»> ciijtodio ;
&: lignihe Gardt-Churus. Cétoit un Oiiicier pré-
pol'e à la garde des chartes & des adles. Il y en
avoit un pour le Palais de l'Empereur , & un pour
le Patriarche îk pour l'Eglill- , qui avoient encore
chacun un nom particulier , comnic il paroït dans
Codin. Le Cartophylax du Palais s'appdoit /it;g^/-
jiratoT -, celui qui tient les Rcgiftrcs \ & celui de
l'Egliie , Scriniarius , celui qui a ibin des papiers ,
des adles. Cependant on les confond Ibuvcnt , à
caulé de la reflémblance de leurs fondions.
CH ARTRAIN , AINE. f. m. &f. & adj. Qui eft de
Chartres, ou du pays qui en dépend. Carnutenjù ^
Carnotenjis. Céfar ayant envoyé C. Fabius avec ibs
troupes vers Chartres, les C'/2a7'rr.z//zi lui donnèrent
des otages , & le rendirent. Aujourd'hui on ne le
Tert guère de ce mot que dans cette phrale. Le pays
Chartrain. Carnuteus , Carno^cjijïs uger. C'eit le
territoire de Chartres. Quelques-uns le prennent
pour toute la Beauce propre.
CHARTRE , ou CHARTE, f. f. Titre expédié fous le
fcel d'un Prince , d'un Seigneur , d'une Eglile ,
d'un Chapitre , d'une communauté. Vieux titre ou
enleignement qu'on garde foigneulcment pour la
confervation & la défonle des droits d'un Etat,
d'une Communauté , d'une Seigneurie, Veures
« chart(Z ^membranœ.. Le Tréfor des Chartres du Roi
cfl: à la garde de Ton Procureur Général. Tahula-
riiim. On a fait l'inventaire du Tiéibr des Chartres
en huit volumes. M. le Maître dit Qar/e, |.C?" les
uns difent Chartre , les autres Charte , & l'ufage
paroït aflcz partagé fur cet article. On dit l'un &
l'autre dans les édits & ordonnances du Roi.
Nonobftant C>^izr/e-Normande , ou Ckartre-i^oi-
mandc. Il eft parlé de ce Saint dans une Chartre,
dit M. Patru. Vous pourrez vous détromper li vous
prenez la peine de confulter les anciennes Chartres,
dit M, Froimond. Plulieurs , comme Bardin, dans
fon Grand-Chambellan de France , 3c Teifereau
dans fon Hijloire Chronologiijue de la Chancellerie ,
écrivent Charte,
Le mot de Chartre, dit Ménage dans les Obser-
vations jur la langue françoife , vient de charta;
&C ainfi, félon l'étymologie, il faudroit dire Charte.
Cependant on dit Chartre, & le Barreau ne parle
point autrement. Nicot croit qu'il vient du grec
X''?^^i> qui fignidc gros papier , ou plulieurs feuilles
collées enfemble , fur quoi on éctivoit autrefois
tous les aéles d'importance. x«p7r; , vient du latin
charta , qui fe trouve dans la balfe latinité pour un
aéte public Se authentique , une donation , un
conrv3.z Foye:^Bo\\a.nàus , Janv. Tom.I,p. 75 &
151.
^fT CommifTaires aux Chartres. Nom qu'on
donne à ceux qui font commis par le Roi , pour
travailler à l'arrangement des Chartres ou anciens
titres de la Couronne, fousl'infpedlion du Garde du
Tréfor des Chartres. Encyclopédie.
^3° Il y a eu autrefois des Intendans des Chartres 5c
des Greffiers des Chartres , dont les Offices ont été
fupprimcs.
CiiAKT Kt-Normande , ou la Charte aux Normands , eft
un titre fort ancien contenant plulieurs privilèges
& conceffions accordées aux habitans de Nor-
mandie, & confirmées par les Rois Jean, Philippe
VI , Charles VI Se VII. Louis XI les confirma en
l'année 1461 ; mais le titre originaire &; primitif
eft du 1 0 Mars 1 5 1 ^ , qui a été accordé par le Roi
Louis X , dit Hutin. Veteres charta cjuibiis concejfa
Normannis privilégia continentur . Il y en a une
autre confirmation par le Roi Henri III, au mois
d'Avril 1 579. Les vidimus en (ont contenus à la
fin du Coutumier de Normandie. On met d^ns la
C H A
plupart des Lettres de la grande Chancellerie ,
nonobftant clameur de haro, Char tre-N or mande ,
&:c. ^^fs quand il s'agit de faire quelques rcglemens
qui intérellént la Province de Normandie, ou que
l'on veut déroger à cette Chartre.
IJCr Chartre de communç. Charta communis , com-
munitatis. Lctzïcs par Iclquelles le Roi, ou quelr
qu'autre Seigneur , avec la permiHion du Roi ,
érigeoit les habitans d'une ville ou bourg en corps
&; communauté, après l'affranchiUcment. Les fcrfs
ne tormoicnt point cntr'eux de communauté. Ces
Chartres contcnoicnt les droits rcfpedlifs des
Seigneurs & des fujets,
0C? La grande Chartre, magna charta , en Angleterre,
eft une ancienne Patente contenant les privilèges
de la nation , accordée par le Roi Henri III ,"&
confirmée par Edouard I.
Chartre en termes de Palais, eft un vieux mot qui
lignifioit autrefois une ptifon. Carcer. Il faut tou-
jours écrire Chartre en ce fens. Il eft encore en
ufagc en cette phrafe , il eft défendu de tenir une
petfonne en prifon , en chartre privée , c'eft-à-dire,
hors d'une prifon publique. C'eft de-Ià auHi qii'cft
nommé le Prieuré de Saint Denis de la Chartre à
Patis, parce qu'on prétend que Saint Denis y fut
emprifonné.
Ce mot s'étoit formé du latin carcer , carceris ,
dont on avoit fait çarcere , carcre , chàrcre , chartre.
Chartre fe dit auffi d'une maladie qui fait tomber
en langueur. Se maigrir infenliblement , qu'on
appelle communément m2.ii(mç ,pthijh. Tabès,
talijicusmorbus. On voue à Saint Glandé les enfans
qui tombent en char tri. On a été obligé de donner
une nourrice à ce malade , parce qu'il tomboit en
chartre.
On appelle encore, cA^rrr? , une autre maladie
à laquelle les enfans , principialemenr ceux du nord,
font fujets. M. Courtial , Médecin de Montpel-
lier , dans l'obfervation qu'il a faite fur les os ,
fait coniifter cette malad'e dans une courbure des
os en arc , caufée par l'accroillement des os qui re-
çoivent de la nourriture , pendant que les muf-~
clés qui y font attachés ne fe nouiillént point , l'ef-
prit animal ne leur étant pas porté , à caufe que les
nerfs qui s'y diftribuent îbnt bouchés. Enforte que
ces mulcles fontle même effet qu'une corde qu'on
attacheroit au haut &: au bas d'un jeune arbre; il
ne pourroit croître, fi l'on n'en détachoit cette
corde. Kachitis : on le dit même quelquefois en
françois.
Ce mot apparemment vient du précédent , par-
ce que la priibn caufe de la ttifteffc &: de la mai-
greur. Du Cange dit qu'on appeloit anciennement
les mdl3.Açs chartriers ,en latin ,carceTarii.
Le; Auteurs du Journal de Leipfick ifîSz , p.
^11?, parlent d'une efpèce de c/^-^rr/re , ou maladie
inconi-.ue aux Anciens, Si dont les Médecins par-
lent beaucoup depuis deux fiècles. Elle fait maigrir
les enfans, leur caufe dès infomnics , les rend in-
quiets , 2c femble leur cauler une extrême deman-
geailbn. Le bain donné à propos leur fait forrir par
les pores des corpufcules femblables a de gros poils
épais & denfcs , ce qui fait qu'on les appelle cri-
nones , comme qui ditoit de gros cheveux : & la
maladie pilaris morbus. Quelques Médecins qui
font perfuadés que ces efpèces de poils font de pe-
tits animaux, les appellent Comedones , Az corne ~
dere , manger. On a tort difpucé li c'étoient des ex-
crémens épaidîs de la troilicmc coc^ion , ou fî c'é-
toient des infedtes. Quoi qu'il en foit , quand on les
a fait fortir une ou deux fois , les enfans (e portent
mieux. Les microicopes démontrent que ce font en
effet des animaux vivans. Ils font grisâtres , titans'
tantôt plus , tantôt moins , fur le noir : ils ont deux
efpèces de cornes fort longues, deux yeux ronds
Se fort gros , Se une queue longue Se velue au bout.
Ils viennent plus ordinairement aux enfans , 5: fur-
tout aux cuifibs, aux bras Se aux épaules. Georg.
Jérôme Vehchiui- a faitune Exercitatioa -. Z>« Fer'
CH A
mîcuiis Capi'laril'us Jnfvnum y dans laquelle on
trouve tout ce que différcns Auteurs ont écrit fur
ce lajet , &i tour ce qu'on en peut favoir , tant pour
la théorie que pour la pratique.
Chartre. Cri d'armes de Thibaut Comte de Cham-
pagne.
Flamans crie Aras ; Se Ahgèvin rallie ,
Et li cuens Thicbaut , Chartre 6* Paffavant crie ,
dit , dans /on Roman de Normandie , Maître Vace ,
natif ne l'Ile de Gericy , Chanoine deBayeux, iur-
nommc le Clerc de Caca, JVIlnage. Hiji.de Sable,
L. I , ch. z , page 4.
CHARTRES. Carnutiim , Autricum carmitum. Ville
très-ancienne , Capitafc de la Beauce , Province de
France. Quelques Auteurs prétendent qu'elle l'ut
bâtie par les Gomérites j ou enfans de Gomer , peu
de temps après Noé. D'autres diiént que ce furent
les Saronides & les Druides , qui y jcttcrent les fon-
demens d'une ville -, qu'ils y érigèrent un autel à la
Vierge qui devoit enfanter , Virgini Pariturœ,
D'autres foutiennent feulement qu'un certain Pril-
cus , ayant appris de la docîtrine des Druides , qu'il
y auroitune Vierge qui enfanteroit , ce Seigneur
ou Gouverneur , lui fit ériger un autel & bânr un
temple. Chartres efl: lituc fur la rivière d'Eure. Jul-
qu'à François I cette ville n'a eu que le titre de
Comté. Ce Prince l'crigea en Duché en faveur de
Renée , Duchefle de Ferrare. La Cathédrale de Char-
tres e9i une des plus belles Eglifes du Royaume.
Il y a un Vidame de Chartres, Les fils des Ducs
d'Orléans portent le titre de Ducs de Chartres. La
latitude de C/2^r/r« efl: 48J 30' &: fa longitude irjJ
15', filon l'Académie des Sciences.
Chartres a fon méiidien de oh j' 14" ou od 51'
»b" plus occidental que celui de l'obrervatoire de
Paris. Ainfi il a 19J d zi" de longitude. Sa lati-
tude efl 48^ i-?' io". Cassini.
Les habitans de Chartres Se de fon territoire s'ap-
loient autrefois Carnutes , aujourd'hui Chartrains.
Quelques Auteurs j au rapport de Du Chcfhe
dans fcs Antiquités des Villes de France , croient
que le nom de cette ville vient du mot grec x'^?^»', ,
ou plutôt %««io» , ou xa^-jt , nux jiiglans , une noix ;
de même que celui de Druide vient de clpZ; , un
chcne , parce que ces arbres vertoient en abondance
dans les f'orêrs de ce pays-là.
Chartres. Congrégation de S. Jean de Chartres^
Voyez Jean.
CHARTREUSE, f. f. Lieu de Dauphiné dans les
montagnes, à quatre ou cinq lieues de Grenoble,
. du côté du nord. Carthufia. S. Bruno , quand il
quitta le monde pour vivre dans la folitude , choifit
pour fa demeure ce lieu des montagnes de Dauphiné
nommé Chartreiife , ;& c'efl: de-là que les Monaftè-
res & les Religieux de fon Ordre ont pris leur nom.
Chartreuse, f. f. Maifon de Chartreux. Monajïerium
Carthiifianorum , Charthufia. M. Ménage , qui étoit
d'Anjou , & qui devoit connoître le caraiftère de
ceux de fon pays , dit qu'il n'y a point de Char-
treuse en Anjou, parce que les habitans y aiment
trop à parler : on dit la même chofe de Beauvais.
■ La grande Chartreufe efl: bâtie fur un rocher dans
une folitude afîreufe , à cinq lieues de Grenoble.
On y arrive par des chemins pratiqués dans le
roc , d'où l'on voit d'un côté des précipices af-
freux ", ce qui oblige quelquefois les voyageurs de
defcendre de cheval. Ce fut en io8(î, que S. Bruno
fe retira à la Chartreufe , qui depuis a été appelée
la grande Chartreufe , parce que c'efl: la première
mailbn de l'Ordre: les autres Monaftères s'appel-
lent du nom de Chartreufe , en y ajoutant le nom
du lieu où ils font (itués ; la Chartreufe de Paris ,
de Rouen , de Gaillon , du Val-Dieu , &c.
Chartrîuse. f. f. Nom de P.elisrieulcs qui fuivent
rinftitut des Chartreux. Carthufienfis Monialis.
L'origine de ces Religieufés efl: inconnue. Il paroit
néanmoins que le premier Monafl:ère de ces filles
a été fondé du vivant du B. Guigues , cinquième
C H A
47 i
Général de l'Ordre, & que c'cft le MonaRcre de
Bertaud , fondé l'an 1 1 itî. La première fois qu'jl eft
parlé des Chartreufes , c'efl: dans les Statuts de l'Or-
dre, rédiges par le Général Dom Rilfer , l'an 1150,
Le P. Innocent Mailbn croit qu'elles avoient les
les mêmes obfervances que les Chattreux. Gcpen-
danr , s'il en faut croire Camille Turin , dans fbn
Hijioire des Chartreux , les Religieufés de cet Or-
dre du Monaltère de Pré-Baïon ayant été fondées
l'an 1250 , le B. Jean d'Efpagne leur donna des
Conrtitutions particulières. Ce\]ui efl: certain , c'elt
que préfentement toutes les Religieufés Chartreu-
Jes le conforment en toutes chofés aux Religieux
du même Ordre , excepté qu'elles mangent ^tou-
jours en commun.
Les Chartreufcs furent inllituces vers l'an i n j
par unc^fainte fille, nommée Agnès, dans la Char-
treufe d'Efl:oges , ou plutôt des^Ecouges , fous le
Dauphin Humbert II. Il n'y a préfentement que
cinq Monafl:ères de Chartreufes 5 qui font Prémol ,
à deux lieues de Grenoble , fondé l'an 1154 pac
Béatrixde Montferrat , époufe du Dauphin André;
Mclun dans le Fofllgny en Savoie , & du Diocèfb
de Genève, fondé par le Dauphin Humbert I , Anne
fon époufe, & Jean leur fils, l'an 1199. Grofné
au Diocèie d'Arras , fondé par l'Evêque Thierry
Hériffon en i;o8 ;& Bruges, fondé en 1344. Leur
habit efl: fcmblable à celui des Charrreux , excepté
qu'elles porrent un manteau blanc. D, Innocenta
Maffon, le P. Helyot, T. Vil, c. 33.
Chartreuse. Terme de Fleurifte. Tulipe gris dé lin-,
qui a peu de pourpre & de blanc de lait d'entrée.
MORIN.
CHARTREUX, f. m. Religieux de l'Ordre de S.
Bruno, qui vit fort auftèrement , & dans une clô-
ture & une folitude fort étroite. Carthujianus ,
Carthufienjîs. Ce nom vient du village de la Char-
treufe en Dauphiné, que Hugues, Evêque de Greno-
ble,donna à S. Bruno, & où ce faintfe tetira lorfqu'il
commença à fonder cet Ordre en \6%G ; & l'on a
donné ce nom aux autres mailbns de Chartreux.
On fair dire à M. Valois dans le Valefiana , que
les Chartreux ne devroient pas s'appeler en latin
Carthujienfes , mais Caturciences , du nom du vil-
lage qui epE proche du lieu où ils s'établirent la
première fois , qui s'appelle en latin Catorifjlum ,
on Caturiffium , & en françois Cliatroufe. Mais
dans la lettre de fondation du Monafl:ère de Char-
treufe, fignée du Curé & des habitans du village
dont il s'agit , les Religieux de ce Monafhère font
appelés Cartujienfes, Se non pas Caturcienfes. Pierre
de Cluni , Sajnt Bernard & les autres Ecrivains
qui les ont vu naîtie , ne les ont point appelés
autrement que Cartufienfes ; & il ne faut point al^
léguer la chronique de faint Médard de Soiffons ,
où M. Valois a lu Ordo Caturcienjîs ,^pm['q\iQcctzQ
dironique , qui finit en 1 16 1 , efl: pon:érieure de près
de deux cens ans à la fondation des Chartreux ,
qui efl: de l'année io8tf, Vign. Marv. Cet Auteur
étoit Chartreux.
Les Confl:itutions des Chartreux fe trouvent dans
un livre imprimé à Bafle en içio. Il contient tous
les Statuts de leur Ordre, &: il n'y a point d'im-
piefîlon de ces Confl:itutions plus ancienne ni plus
authentique ; car elle a été teçue , approuvée &
autotifée de tout l'Ordre , comme on le voir paC
le témoignage de François Dupuis,leur Général,
qui fe lit à la fin de cette compilation. Les Sta-
tuts de Guigues y font les premiers , fous le titfe
de Statuta & confuetudines D. Guigonis prioris
Carthujice. M. l'Abbé de la Trappe , dans fon ou-
vrage de la Vie Monaflique , s'efl: fervi de ce livre
pour prouver que les Chartreux ne vivoient plus
dans cette grande aufl:érité à laquelle ils étoient
obligés par les Confl^irutions de Guigues leur cin-
quième Général. D. Innocent MafTon , leur Géné-
ral , a fait une réponfe à l'Abbé de la Trappe , fous
le titre d'Explication de quelques endroits des an-
ciens Statuts de l'Ordre des Chartreux, Dans ce
472- CHA
petit ouvrage , qui n'a été communiqué qu'à trc---
peu de peiVonncs, il prétend quj ce que le P. Gui-
gnes a écrit , n'étoit que des Coutumes dans le
temps qu'il l'a écrit , comme il s'en explique lui-
même dans ion Prologue , &: qu'il eft demeuré fous
le titre ik les qualités de Coutumes , Juiqu'à ce que
l'Ordre les a converties en Statuts quelque temps
après , en leur donnant la force de loi par l'ulage ,
& en les rédigeant enfin en forme de Conftitu-
tions.
Dans l'année iîjo, c'cft-à-dire , environ deux
ficelés après la fondation de l'Ordre des Chartreux,
un de leurs Généraux , nommé Riiiier , fit une com-
pilation des Coutumes de Guignes, qui ctoient de-
venues Statuts par l'ufage & par l'approbation des
chapittes généraux de l'Ordre. Dom Mailbn pré-
tend que T'Abbé de la Trappe a donné mal à pro-
pos le nom de Conjiiuuions aux Statuts de Gui-
«îues , qui n'ont été dans les commencemens que
des ulat^es , &: non pas des loix. Un Chartreux ,
nommé' Raynaud, fit en i^6ç) une nouvelle com-
pilation des Statuts de Ion Ordre: comme ilfe trou-
voit une multiplicité d'Ordonnances faites depuis
k-s anciens Statuts , il ôta cette multiplicité , en
en les réduifant à un plus petit nombre , fans rien
diminuer cependant de l'ancienne auilérité. La
pieté clauftrale eft encore aujourd'iiui plus en vi-
gueur chez les Chartreux que dans aucune autre
Maifon Religieufe.
Borel dit qu'autrefois on appeloit les Chartreux ,
ChartruQins, Se que ces mots viennent de chartre ,
qui veut dire priJoK , comme li les Chartreux
ctoient amfi nommes , c'ci\.-3.-dke ,jprijbnniers , à
caufe de la grande retiaite dont ils font profeilîon.
Il eft vifible que le nom de Chartreux vient de
Chartreufe , où leur premier Monaftère fut bâfi.
L'hiftoire du Docteur de Paris , qui pendant
qu'on faifoit fes oblcques, refilifcita , déclara qu'il
ctoit damné , & que l'on prétend avoir été l'occa-
lîon de la converfion de S. Bruno, eft une fable,
dont on n'a parlé que long-temps après la mort
de S. Bruno , comme lé Chartreux déguifé fous
le nom de Figneul de Marville l'a démontré. Le
B. Guignes, cinquième Général de l'Ordre, écrivit
les Coutumes de la grande Chartreufe , & ces Cou-
tumes ont fervi de règle & de loi à toutes les mai-
fons de l'Ordre. Le "Chapitre tenu en 1571, or-
donna que les Coutumes de Guigues & les Sta-
tuts qui ie trouvoient dilperfés ,feroient rafîemblés
avec toute l'cxaélitude & la brièveté poflîble. Quel-
ques-uns voulurent à cette occafion faire diminuer
les auftéritésde l'Ordre; mais le Chapitre général
n'y voulut point confentir , & les nouveaux Sta-
tuts furent imprimés en 1 581., fous le titre de AW-
yelle collection des Statuts , après avoir été confir-
més par trois Chapitres généraux, fui vant la cou-
tume de cet Ordre , où aucune Ordonnance faite
dans les Chapitres généraux ne peut être reçue ,
& ne peut prtlfer pour loi , qu'après cette forma-
lité. Par ces nouveaux Statuts il eft ordonné que
toutes les perfonnes de l'Ordre feront , Moines ,
Cortvers , Donnés &: Religieux. Il y avoir aupa-
ravant des Rendus ; par ces nouveaux Statuts , il
eft défendu d'en recevoir. Nous expliquerons en
fon lieu ce que c'étoit que Rendu.
L'habillement des Moines confifte en une robe
de drap blanc , ferrée d'une ceinture de cuir blanc ,
ou de corde de chanvre , ou de l'un Se l'autre mê-
lés enfcmble, avec une petite cuculc, à laquelle eft
artaché un capuce auifi de drap blanc. Au chœur
^lic quand ils paroiflént en public, ils ont une cu-
cule plus grande , qui dcfcend juiqu'à terre , & à
laquelle eft aufîî attaché un capuce ; aux côtés de
cette cuculc il y a des bandes de drap aflcz lar-
ges. Ces cucules l'ont ce qu'on appelle ailleurs des
fcapulair?s.
On peut regarder le Bref que le Pape Urbain
II écrivit à Seguin , Abbé de la Chaifc-Dieu , pour
f émettre les premiers difciplés de S. Bruno en pof-
CHA
fcifion de la grande Chartreulé , comme la prcrsièrs
confirmation de cet Ordre. Guigues II , neuvième
Général , en obtint une plus authentique d'Alexan-
dre III , donc la Bulle eli: du 17 Septembie 11 70,
Se les mit fous la proredion du Saint Siège. Voye^^
les Annales Ordinis Carthiijienjis , par le R. P.
Innocent Malibn , Général , Ss. le P. Hélyot , Turn.
ru, c. 51.
Chartreux, le dit auflTi d'un Monaftère de Chartre^,
Saint Louis a fait bâtir les Chartreux de Pari*
Chartreux. On appelle Pille des Chartreux, une
clpèce de laine que Ton tire d'Elpagne , pour l'em-
ployer dans les meilleures manutaclurcs de lai-
nerie.
Chartreux. Le vulgaire nomme ainfi une forte de
chat , qui a le poil gris cendré tirant fur le bleu.
C'eft une efpèce de fourrure dont les Pelletiers font
négoce.
CHARTRIER. f. m. Tréfor , lieu où l'on garde les
Chartres a'une Abbaye , d'une Communauté, d'uno
Seigneurie. Tabularium, Richard , Roi d'Angle-
terre, ayant défait l'arrière-garde dePhilippe-Au-
gufte entre Châteaadun& Vendôme, l'an 1 194, lui
enleva tout fon bagage , l'argent deftiné au paye-
ment de l'armée , & lur-tout le Chartrier de France.
Ainh il ne faut pas s'étonner fi les tréfors des Char-
tres & des regiftres publics ne montent plus au-
delà de Philippe-Augufte; car jamais le Roi d'An-
gleterre ne voulut fe delfaifir de ces papiers. Cette
perte fut caufe qu'on établit à Paris le tréfor des
Chartres.
Chartrier ,fedit aufîî du garde de ce ttcCot.Cufios
tabularii. Dans les Couvens il y a un Religieux
Chartrier , Cartularius. Voyez Chartulaire.
03" Chartrier, s'eft dit auill en quelques endroits
pour prifonnier. Chartre fignifioit priibn.
CHARTRONS. On nomme ainfi à Bourdeaux uri
faubourg qui s'étend tout le long du port , &C
qui eft féparé de la ville par la citadelle.
CH ARTULAIRE. f. m. On prononce Cartulaire. Vo-
lume où l'on a recueilli ou tranfcrit les principa-
les Chartres d'un Abbaye , d'une Seigneurie. Fête-
rum chartarum volumen , codex,
Chartulaire , eft auifi le nom de difFérens Offi-
ciers qui ctoient chargés de Chartres , de papiers
qui concernoient le public. Cliartularius. Le Char~
tulalre préfidoit aux jugemens eccléfiaftiques au lieu
du Pape, & gardoit les Chartres de l'Eglife. Dans
l'Eglife Grecque on appeloit C'/^arro/jAj'/^^e, celui que
les Latins appeloient Chartularius , Chartulaire ;
mais fa charge étoit bien plus confidérable : & plu-
fieursdiftinguent même dans l'EglifeGrecqueleC/iar-
tulaire du Chartophylax. Voyez ce dernier mot. Le
Chartulaire de Conftantinople préfidoir aux juge-
mens civils ou criminels , au nom du Parriarche :
on l'appeloità caufe de cela, la boucheic la maindu
Patriarche : il portoit un anneau d'or & une tiare or-
née d'or , 6c fur fa poitrine une efpèce de bulle, corn»
me IcsEvcques portent en France une croix. Il avoiti
coinmc le Patriarche, le droit de catéchifer le peuple
dans rÈglife. Quand le Patriarche établifibit un
Chartulaire , il lui donnoic des clefs , pour marquer
l'érendue de fon autorité. Quoique le Chartulaire de
Conftantinople ne fut que Diacre , il précédoit les
Evêques , malgré leurs fréquentes proteftations ;
mais il n'avoit point féance aux Conciles œcu-
méniques , quand dn en tenoit. Il avoir foin de ti-
rer des archives dont il avoit les clefs , les papiers
que les Pères du Concile demandoient , & de les
retirer enfuite. FoYe:^^ Balsamon , Liv. FJI du
Droit des Grecs , l'aélion 1 5 & 14 j du fixicme Con-
cile.
Chartulaire , dans l'Empire , croit un Officier de
l'Empereur à Conftantinople. Il y avoit plufieurs
Chartulaires , & l'un d'eux étoit le chef des autres,
auquel ils éroienr fubordonnés : on l'appeloit c^rand
Chartulaire. Quand l'Empereur monroic à cheval
c'éroir le Chartulaire qui rcnoitfon cheval & qui
le menoit. Chartularius. Le P. Goar l'appelle aufli
Scriniarius.
C K A ""
Scriniarius. C'ctoit un commis , cehiîqui tcnoît îe
regiftre public , qui y écrivoic les adles &: les comp-
tes. S. Pierre de Maiuma , Martyr, ctoi: Chartulaire
des impôts publics , ChartuLarius vecligalium pu-
élicorum. Voyez Bollandus , Acla SS. Fehr. T.
m ,p. i66 , i6j. Au refte , il paroit par le Diacre
Jean, dans la Fie de S. Grégoire ,c. 6 , que l'office
de Lhartuldire ctoit conlidérable \ car il lui donne
les litres de Magnifique & de Seigneur. Veniente
autem viro Magnifico domino Maurencio Chartu-
lario.
Chartulaire , ctoit aulFi un Copifte , un Clerc , un
Scribe d'un ordre inlcrieiix, P, Goak, fur Codin ,
p. I o , noie 7.
Chartulaire, dans le Clergé , ctoit encore celui
qui, avoir ibin des'charrrcs , des codiciles , des li-
vres de compte. II avoir audî loin de tous les li-
vres qui concernoientles Letleurs & les Cliantres.
Goar ,noie $6 fur Codin , p. 16 de i'éd, dii Louvre.
CHARYBDE. {'. m. Gouffre horrible vers le rivage
de la Sicile. Charyhdis. Il n'efr pas éloigné d'un
autre gouike appelle ScylLi : èc de-là cft venu le
proverbe , qu'il taur prendre garde de tomber en
5cylla,en voulant éviter Charyéde , c'eft-à-dire ,
qu'en fuyant un péril on ne le précipite dans un
autre oppofé.
Incidit in Scyllam cupiens vitare Charyhiim.
^fT Horace donne ce nom aux courtifancs qui , abu-
jant de l'amour qu'on a pour elles , épuifent les
i'orces & la baurle de leurs aman;.
Ah mi fer !
Quanta laboras in Charyhdi ,
Digne puer , mehore fixmniâ.
ffT Charybde , félon la fable , étoir une femme de
mauvaife vie qui voloit fur les côtes de Sicile.
Ayant détourné les bœufs d'Hercule, elle fut frappée
de la foudre par Jupiter, & métamorphofée en ce
gouifre,dont les Anciens ont fait des defcriptions
iî eil'r.Tyantes. Ce pallage , aurrefois li rerrible pour
les Navigateurs , ne mérite pas aujourd'hui l'atten-
tion de nos matelots. Le nom moderne eft capo
di faro.
CHAS ou CHAAS. f. m. Vieux mot qui (îgnifîoit
autrefois l'intervalle qui eft entre deux pourres d'un
bâtiment : ce qu'on appelle maintenant travée. In-
tertignium : inter proxima duo ligna tahulati in-
(ervallum.
On dit dans quelques campagnes, qu'une vaclie efl:
en chas , pour dire , qu'elle eft en chaleur. Appeterus
maris vacca.
Chas , eft auflï un terme de Maçon , qui lignifie une
• pièce de cuivre carrée, du m.ilieu de laquelle pend
une pièce de méral ronde qu'on appelle plomb,
Koye^ Plomb.
Chas. Vieux nom d'une ancienne fortification qui fe
faifoit pour garder quelque pofte , ou les travail-
leurs de quelque ouvrage. Munitio. S. Loys fit faire
■deux befl'raiz que l'on appelle chas chateils ; car
51 y avoir deux chateils devant les chas & deux mai-
ions d'arrière. Le frère du Roi guettoit de jour , &
nous autres Chevaliers guettions la nuit. Join-
VILLF.
Chas. Quelques Marchands Merciers & Aiguilliers
appellent ainfi l'endroit troué de l'aiguille.
Chas , fignifie une certaine colle , dont les Tllferands
frottent la chaîne du fil tendue fur leur métier.
PoMEY- Textorium glutinum. Cette colle des Tif-
ferandsn'eftaurre chofe qu'une exprcdlon de grain
amolli dans l'eau , à laquelle les Amidonniers don-
nent auHi le nom de chas. Les Tilferands la ré-
duifent en colle pour frotter les fils de la chaîne
& les rendre moins flexibles.
CHASERET. f. m. On prononce Chaieret. C'eft
un petit chaffis de bois large de trois bons doigts ,
qui a un fond d'ofier , & dont on fe fert pour faire
Tome II.
C H A 47 ^
des fromages. Un chaferet fort propre. Ce fonde»
Boifléliers qui font les chaferets,
. CHASNAEMIN. f. m. Officier de lamaifon du Grand-
Seigneur, Chefde dix Commis, oupetits Tréforiers
qui font fous le CafnatarbaHl , lequel a outre cz\z.-
fous lui foixante ou quatre-vingft jeunes garçons ,
de ceux qui font nourris au Serrail. Vigen. dans^
fis Ulujir. fur l'HiJl. de Chalcondylci p, 551.
Ce mot eft turc , compofé de n ;o ch.ifna.,
bourfe , & nat?, cniin , proorcmenr^^ii/d , comma'
en hébreu Se en arabe j & de -là Commis , Garde
prépofé à auelijue office.
CHASNATARBASSI ou CHASNADARBACHL;
f. m. Nom d'un Officier du Serrail du Grand-Sei-
gneur , Grand-Trcfotier du Serrrail. C'eft lui qui
donne aux Pages l'argent qu'il faut pour les menus-,
plailîrs du Grand-Seigneur-, lavoir, quarante ducatS;
par jour, rantenafpres qu'en Hilranins , qu'on lui
mît dans les poches de fon doliman. Vigen.
Ce mot vient de chafna , qui en turc lignifie
trifor , harfi , dit Meninski au mot n;D3 ; & de
tefc<i , chef.
(fT CHAS-ODAH. Appartement intérieur du Ser-
rail du Grand Seigneur,
^fT Le Châs-odah Bachi , dans la C3ur du Grand-,
Seigneur eft auilî le grand Chambellan qui com-
mande à tous les Officiers de la chambre où couche
le Sultan. Chas-oiaJi , fignifie chambre particuliire 3
5-: Bachi , chef.
CHASSAKI. f. m. Se f. Terme de Relation. Nom
qu'on donne à un principal Officier de l'Empe-
reur Turc. Et quand on fe fert de ce terme pour une
femme , il lignifie celle que le Grand-Sei^jneur a
honoré de la tendrelfe , une fille du Serrail qui a
eu le mouchoir.
Ce nom, qui eft en ufage chez les Turcs, eft
compofé du mot arabe Ckaffah , & du nom perfan
Ki , Roi.
CHÂSSE, f. f. Ce mot a la pénultième longue. Vail-
fcau où eft enfermé le corps ou les reliques d'un
Saint ou d'une Sainte. Sacrarum reliquiarum theca ,
capfa. On defcend la chà(fe de fainte Geneviève avec
de grandes eérémonies , &: dans les grandes né-
celfités publiques. Les ch.ijfès anciennes font faites
en forme d'Eglifes gothiques.
Ce mot vient de cacia , ou capfa , que Papias
dit avoir été ainfi nommé , qubd in fe ali.juid
capiat ; 6c eft dérivé du grec ytù-^a.
On dit proverbiatemenr d'une pcrfonneforr pa-
rée , qu'elle eft décorée comme une châffe.
Châsse , fe dit aulfi chez plufieurs Artifans , de la
partie qui fert à tenir quelque chofe enchâlTée ^
comme la corne des lunettes ordinaires. Margo
interiore finu creimtus. Châfje ou manche de ra-
foir , &'c. Manubrium. La chàfje d'une bouclé eft la
partie où eft le bouton,-
Ce mot vienr de capfa , félon Nicor»
Châsse, fignifie auffi cette partie delà balance qui
fert à la tenir lufpendue par le moyen des pivots da
fléau. Anfa. La languette marque l'équilibre, quand
elle eft toute droite 6c de niveau avec les deux
côtés de la chàfje.
Châsse, eft auili un tetmt d'Orfèvre, &de Faifeurs
de boucles , & fignifie la même chofe que chape.
Voyez Chape.
CHÂSSE, f. f. Ce mor a la pénultième brève. Aclioii
de challer, de pourfuivre-, courfe pour attraper quel?
qu'un. Cet efcadron étoit plus fort que celui des
ennemis, il lui a donné la chaffe. Hoftes fugare ^
hnjies in fugam conjicere , vertere , dejicere. Ce
Prcvôt donne bien la chàffe aux voleurs.
Châsse", en terme de Marine, fe dir en général
de la fuite. Donner la chafe , c'eft obliger les
vaifleaux ennemis à s'enfuir. Prendre chaffe , c'eft
s'enfuir foi-même. Fugere , fugam capere. Soute-
nir chaffe , c'eft fe bartte en retraite. Cedendo pug-%
nare. On appelle pièce de chafjé ou chafe de
proue, les canons qui font logés fur l'avant du
O 0 o
474 ^ ^'^ ^
vaiHeau, pour tirer fur les vjiUcauj: qui prennent
chajji , &c a qui on donne la c/uip.
Chasse , le dit particulièrement de li pourluue eu on
hïi du gibier gros Se menu , à poil ou a plume. / c-
natus ; vamtio. La chaf^ eft le plus ancien moyen
d'acqucrir, Se le premier art que la nature ait en-
rci2;ne aux hommes pour le nourrir. Delaunav. Les
chahs iLir terre font de plulicurs ibrtes. L:ic/u!j,e
royale eft, aux chiens coarans avec meute & équi-
pages , où l'on force le gibier , tant les ccrts , daims ,
chevreuils Se fangliers , que des lièvres Se renards :
Se on appelle cela chaQ'tr à bruit. Fenatio cUmoja.
Il n'y a que les François, Anglois Se Polonois qui
ufent de cette chajfe. La chap des Gentilshommes
le fait avec des lévriers , avec des chiens courans ,
pour prendre Se forcer des lièvres. La cha[le aux fi-
lets eft défendue par l'Ordornance d'Henri IV ,
du mois de Juin i(îoi , Se de Louis le Grand , du
mois d'Aoïit 1699.
Un Poète dit dans une Ode dégante lur la
chajj'i.
Ces jeux , amis de lajeuncjfe.
Du vice écartent les ajj'auts ;
Ils nourrijjent la hardiejfe ,
Us ont fan les premiers Héros. _
Sous les yeux d'un Centaure habile.
De fa valeur le jeune Achille
Fit éclater les premiers traits.
Il prenait les cerfs- à la courfe ,
// domptait la lionne & l'ourjé ,
Avant qu'il fecouriit les Grecs. De S. Gilles.
ItT D'un autre côte, la chaffe endurcit le cœur aulli
bien que le corps. Elle accoutume au fang Se à la
cruauté. On a fait Diane ennemie de l'amour , Se
l'allégorie eft jufte. Les langueurs de l'amour ne
naifient que dans un doux repos. Un violent exer-
cice étouffe les fentimens tendres.
Il y a un Traité du droit de la chap par F.
De Launay , Profeiîeur du Droit françois. Sur les
paroles de Dieu .à Adam, Gen, /, i(î Se 18, Se a
Noé , G en. A7, z , ^ , on a conlîdcré la chaffe comme
nn droit acquis à l'homme. On a eu la même pcn-
lee dans les fiècles iuivans -, aulîi les peuples les
plus civilifés , comme les Perles , les Grecs Se les
Romains , ont fait de la cha[l'e un de leurs plus hon-
nêtes divertilîemens -, Se elle a fourni aux plus fau-
vages ce qui croit ncceflaire à leur entretien Se à
leur nourriture. La Jurilprudence Romaine , for-
mée fur les mœurs des premiers peuples, en a
fait une loi , Se établit pour maxime , que de droit
naturel les choies qui n'ont point de maîtres , ap-
partenant au premier occupant , les bêtes fauvages ,
les.oifeaux S: les poillbns , font à celui qui les prend
le premier. Dans le Droit François , lac/zii/c eft un
droit royal, Seperfonne n'en peut jouir que par la pcr-
milfion du Roi. De Launay prétend même, dans l'on
Traité du droit de la chap, que c'eftun droit divin,
fondé fur ce que Daniel dit à Nabuchodonolbr ,
c. Il , V. 58 , que Dieu a mis entre les mains les ani-
maux de la terre , lesoifeauxduciel , Se les poilîbns
de la mer , Se l'a établi Seigneur de toutes choies. Il
eft allez difficile de décider'dc l'antiquité de ce droit.
On rapporte fur cela des Ordonnances du Roi
Jean, de Charles Duc de Normandie Se Dau-
phin de Viennois , de Charles le Bel , un décret
du Concile de Tours de l'an 815, la Conftitu-
tion de Frédéric I, appelé à l'Empire l'an ii^i.
Mais tout cela, félon De Launay , ne prouve rien
moins que ce que l'on prétend. Il n'cft pas non
plus de l'opinion de ceux qui regardent Charles
VI, comme le premier Légiflateur de cette dé-
fenfe. Il prétend que dès nos premiers Rois, le
fair de la chaffe croit au nombre des crimes ca-
pitaux, Se le prouve par Grégoire de Tours , qui
rapporte que Contran fir lapider Chondp ou Chan-
dou , pour avoir tué un buflc dans fa forêt.
Ce mot vient, en ee fens , de chacea, chafea , ou
C H A
chacia, ou cafj'a, qu'on a dit dans la baflc latinité
au lieu de venatio. On dit auUi caciare Se cha-
ciare ; pour dire , chaffer. Du Cange. On a dit
aulli fuga Se fugare ; pour dire , chafjér.
La chaffe 'du fanglier le fait à force , aux ac-
cours, aux chiens courans , lévriers. Se avec des
limiers Se abboyeurs, en routillantavec des amotces,
des arquebules Se des toiles. Le vautrait eft un
équipage entretenu pour courre le fanglier»
La chaffe au loup le fait par le trictrac ou bat-
tues , quand on aliemblc plulicurs Paylans qui tont
du bruit pour effaroucher le gibier , Se le taire pal-
fer devant des Arquebuliers qui le tirent. On la fait
auiIi avec des pièges Se des amorc.s.
Leschaf/és meurtrières , font 1. s chaffes qu'on fait
en Allemagne. Se en Italie , où l'on abat grande
quantité de gibier , qu'on ne force point à la courfe,
mais qu'on enferme dans des toiles ou filets , Se
qu'on tue avec des épieux ou des arquebules.
La chadé aux lapins le fait avec des ballets Se
des furets, qui les font Ibrrir de leurs terriers, où
l'on tend quelquefois des bourfes , panneaux Se
ailiers. On chaffe aulli de même les bêtes puantes ,
les renards , chats-harets , fouines , putois , blé-
rcaux , Se les porc-épics.
La chajj'c qui le fait de nuit au feu s'appelle rowi/? ,
ou a la foie , quand la nuit en hiver on va avec
un feu de paille battre les haies , tandis que de
l'autre côté il y a des hommes qui avec des ra-
vaux abattent tout le gibier qui le lève. On ap-
pelle aulli la chaffe du rabat , celle où l'on va la
nuit avec des filets pour rabatrre fur le gibier , qu'on
poude dedans par le moyen des chiens lecrcrs.
On fait audi des cha/fes aux chiens couchans ,
braques , cpagneuls , baHets Se barbets , ou avec .
des traîneaux", ailiers , panneaux , rets faillans ,
bricoles , tentes , éraingucs , colets , pièges , amor-
ces, broyons, &c. On en fait aulîi à l'afflit, qui
font en ufage chez les roturiers , qui y vont clan-
deftinemcnt ■■, elles font défendues par l'Ordon-
nance.
On appelle équipage de chaffe , des chiens , des
chevaux, des Piqueurs , Se tout ce quilert à la chaffi:,
Venatoria fuppcllex. L'Ordonnance des Chaffes
veut que l'on condamne au fouet tous tendeurs
de lacs , tiralîes , tonnelles , traîneaux , bricoles ,
pans de rets , colliers ou ailiers , &c. On fait des
chaffes générales au loups, aux renards Se autres
bêtes nuifibles. 0\\ dit aulli , en termes de chaffe ,
des bottes de chauffe , de demï-chaffe, c'-eft-à-dire ,
.de grolles bottes.
L^Chaffe icC Aç^riculture font appelés des exercices
ferviles chez Sallufte. Le Concile d? Tours défend
aux Ecclélialtiques d'aller à la chaffe , auHi-bieii
qu'au Bal Se à la Comédie. Fouillons , Salnove ,
Solincourt, ont écrit de la chaffe, ou vénerie. 0*i
donne à PoUux la gloire d'être le premier qui a
drellc des chiens à 'la chaffe ; Se à Caftor , d'être
le premier qui a drelle des chevaux pour courre le
cerf.
Chasse , fe dit audl de la troupe des Chalîeurs. Ke-
natores. La chaffe eft à une lieue d'ici. Ce cerl- a
mené la chaffe bien loin.
Chasse, le dit aulli du gibier qu'on a pris ou tué.
Pr<zda venatica. Il lui'a envoyé un ptcfent de fa
chaffe. Voulez-vous venir manger de ma chafe ?
Chasse, fignifie aulli, le lieu où eft le gibier, où
l'on chalTe. Res.io , traclus , folum prcedx venatica
ferax. Cette terre eft dans un beau pays de chaffk.
'Un Capitaine dçsChaffes a une certaine étendue de
pays dans la Capitainerie.
Chasse , {Garde de) eft un Garde qui court les plaines
Se les bois pour conlerver le gibier qui eft dans le
pays. Silvarum cujîos & actrorum.
On appelle huitres de chuffe, les huitres qui vien-
nent fur des chevaux de chaffe-marèe en plus grande
diligence que celles qui viennent par batteau , &
qui font par conféquenr plus fraîches. Ofirea ce-
leriter terrcflri itinere vecla.
CHÀ
Ëii termes de Chimie , on appelle feu de chajfe ,
lin feu violent , quand on a ouvert tous les régi-
ftres d'un fourneau. Ifrnis ardaitior.
§C? Chasse, terme de Aîcchaniquc , (e dit en général
d'un clpace lit»te qu'il faut accorder à la machine
enrière , ou à quelqu'une de fes parties , pour en
augmenter ou faciliter l'adion. Far exemple , une
fcie pour fcier du marbre ou de la pierre , doit
avoir depuis un pié jufqu'à i8 pouces de chajp ;
c'cft-à-dire , plus de longueur au-delà dû bloc qui
eft à fcier.
On dit d'une chaife de pofle , d'un caroîle ,
& de plufieurs aurres machines , qu'elles ont plus
■ou moins de c/;<î/^ , pour dire, qu'elles ont plus
ou moins de difpofition à fe porter en avant.
ACAD. Fr.
tfJ" Chasse, en termes de Mufique, fedit de cer-
tains airs , de certaines fanfares de cors vC d'in-
ftrumens qui réveillent l'idée des tons , que ces
inPcrumens donnent à la cha(J,:.
Chas.îe , eft auffi une cfpèce de niveau donrfe fervent
les Maçons , qui coniiil:e en une planche percée par
le bas , pour recevoir un plomb au bout d'une
corde attachée en haut , qui cfl conduit par une
ligne tracée dans le milieu. Libella.
Chassï. carrée , Chasse ronde , & dcmi-rondc , font
des outils d'Artifans , & fur-tout de ceux qui tra-
vaillent en fer , qui fervent à percer & à enlever les
pièces en carré , rond ou demi-rond. Ce font des
marteaux ou poinçons de fer fort acérés.
Chasse. Terme d'Artificier, On appelle ainf toute
charge.de poudre grénée , ou grolfièrement écra-
fée , qu'on met au fond d'un cartouche , pour ch;.f-
fer Se faire partir les artifices dont il eft rempli ,
eh leur communiquant le feu en même temps.
'CuAssE-vdante. Terme en ulage en bien des en-
droits , où l'on appelle ckaff'e-voLinte , la pour-
fuite prétendue que les démons font des âmes après
leur mort, ou plutôt après leur féparation du corps !
qu'elles animoient. La chajfe-volaiite eft un conte
de vieille. Le peuple, & lur-tout les payfans ,
Croient en quelques endroits que les démons pour-
fuivcnt le;; âmes après la mort , & qu'ils aboient
après elles , comme des chiens qui courent un
bête. C'efl: ce qu'ils nomment chajp-vo/ante.
Chasse. Les Raffineurs de lucre fe fervent d'une
chajfe pour cercler leurs formes neuves , ou pour
capper leurs formes calices -, elle n'eft guère dif-
férente du cha/foir des Tonneliers.
Chasse, en termes de Joueurs de Paume, 03" eft
le lieu où la balle finit fon premier bond au-dc lA
duquel il faut que l'autre Joueur poufle la balle
pour gagner le coup : ce qui fe tait tant à la longue
qu'à la courre paumiC. Il y a des Marqueurs pour
marquer les ckajfes. Cha^e au pié de la muraille,
ou iîmplement chaff'e au pic. Gagner une chaiïe.
On dit provetbialemerit, marquez cette cha£e ;
pour dire , fouvenez vous bien de ce que vous
venez de faire , vous vous en repartirez en temps
& lieu. On appelle chaffe-morte , un coup perdu ,
une aélion qui n'a aucune fuite, dont on ne fe rel-
fentira point. Irritas conatiis.
Chas Si.- avant; f. m. C'eft un homme prcpofé dans
les grands atteliers pour veiller fur les manœuvres ,
hotteuts , Se autres gens de Journées , 5c preffer le
travail. Exaclor operarum.
CnAssi-loffe. f. m. Planre. Voye^ Corneille ouLy
siMAcHiE. C'eft le même chofe.
QuASSE-coquin , ou (ZnAssE-ckien, f. m. éft un Suifle
ou Bedeau qui a foin de chafler les mendians des
Eglifcs , & les chiens. Ahaclor petulantinm men-
dicorum.
Ch Assï-coujin. On appelle ainfi le méchant vin , qui
fait que les confins , parens & amis ne fréquen-
tent pas une maifon , de peut d'y faire un mau-
vais repas. Deterius vihum appojitum hofpitibus
ad eofdem ahigendos. Il eft du ftyle populaire.
On appelle auffi cJiaffe-couJin , chez les Maîtres
d'armes, un fleuret ferme Se qui n'obéît pas, propre
'G H A 47 ^
à bourrer de certaines grns qui viennent faire a/faut,
11 elt du ftyle bas aufli-bien que le précédent
Chasse-^/;/?///. Ce qui ôte le chagrin, l'inquiétude
de l'cfprit. Le vin eft un bon cha/fe - enmn \\
eft bas.
f;? CnAss-E-fieurée. f f Flanche carrée, percée dans
le milieu, fervant .aux Teinturiers à écarter de
dcffus la cuve l'écume oufleurée, qui gâteroit les
étoffes fi elle s'y attachoir.
CHAssE-OT(zre. f £ Vieux mot, qui veut dire Sorcière,
Saga.
C-AAssE-rnarée. (. m. eft un Marchand ou Voiturier
qui apporte en diligence le poiiîbn de mer dans les
villes. Qui marinas pi/ces aliqu'o celer iùs vehic.
ffT Chasse de Meunier. Voyez Chasseranderie.
CuAssE-miilet. Valet de Meunier des environs de
Paris , qui rapporte fur fes mulets les facs de farine
au^i Boulangers , & porte le blé des Boulanger?
fur fes mulets au moulin. Muloriim ducloî &
alaclor.
CuAssE-partie. C f Terme d'Aventurier. C'eft un
accord par lequel les Aventuriers règlent entr'eux
ce qui doit revenir à chacun d'eux pour fa part ,
Idrfqu'ils ont fdt quelque entrcprife. Pacliim con-
vcntiim inter Piratas de partienda inter fe prœdâ,
CuAssE-poignée. f m. Outil de Fourbifîeur , ainli
nommé, parce qu'il fert à chafler & poui'fer la
poignée d'une épée fur la foie de la lame, jufqu'à
ce qu'elle fbit bien jointe avec le corps de la
garde.
3cr CnAss-E-pointe. Morceau d'acier très-pointu , donc
Ce fervent plufieurs Ouvriers pour chailer les pointes
ûu goupilles fur lefquelles il n'y a pas de prife.
Ch AssE-pom/neau , qu'on nomme aufTi boule. Outil
de Fourbi ifeur qui fert à poufler le pommeau de
l'épée fur la foie de la lame , pour le joindre à la
poignée.
QjHAss-i.-raae. f f Plante. Voye:;^ Passe-rage , c'eft
la même chofe. En latin , lepidium , ou ibe-ris.
CHASSE, adj. & f. m. Terme de danfe. C'eft le nom
d'un pas. Il y a plufieurs chaffes différens les uns des
autres. Ce pas eft ordinairement précédé d'un coupé
ou autre pas, qui conduira la deuxième poiîtion,
en ce que ce pas fe prend de cette pofition, & fe
fait en allant de côrc , foit à droit, fbit à gauche.
Par exemple , ii vous allez du côté gauche , il faut
pliet fur les deux jambes , & vous rélever en fau-
tant à demi, c'eft-à-dite , raze-terre; Se en prenant
ce mouvement fur les deux pies, la jambe droite
fe rapproche de la gauche pour retomber à fa place ,
par conféquent la chafl'^ en l'obligeant de fe porter
plus loin à la deuxième pofition : ce qui fe doit
faire très-vîte , patce que vous retombez fur le droit
premier, & la jambe gauche fe pofe vite fur la deu-
xième pofition -, ce qui fait paroître que l'on re-
tombe fur les deux pies. Et comme l'on en fait ordi-
nairement deux de fuite , au premier faut vous re-
tombez , pliez, Se du même temps fautez une fé-
conde fois , en portant le corps fur lé droit ou fur le
gauche , félon que le pas qui fuit le demande. Mais
lorfque vous en avez fait plufieurs de fuite , comme
à l'allemande , vous faites vos fauts de fuite , fans
Vous relever fur un feiil pié , Se fans vous relever
comme il le pratique quand il n'y en a que deux.
Ce pas eft coulant , parce qu'en fautant vous gagnez
le terrain pour faire la figure que la danfe demande.
Il eft gai i carlorfqu'il y en a plufieurs de fuire , il
femble que l'on fbit toujours en l'air , néanmoins
fans fauter qu'à demi. Il fe fait de même en arrière »
en ménageant feulement les pofitions. Il y en a un
diffcrenr des autres , en ce qu'il a deux pas dans fa
conftruétion : le premier eft un jeté, & le fécond
un marché. Rameau.
CHASSELAS, f m. Sorre de raifin bon à manger. Ra-
remenron l'emploie à faire du vin. 11 faut écrire
Chaffelas , c'eft l'ufage. Je fais grand cas du ckaf-
fêlas en ce pays-ci , par la beauté de la grappe Sc du
grain, par la douceur de l'eau fort fucrée, & fui-
■ O o o ij
47^ C H A
tout pat la facilite du lappott &C de la maturltc.
Il en eft de tougc & de noir , que je n'aime pas
tant que le blanc. Id,
CHASSELAY. Petite ville de France dans le Lionnois,
près du bord occidental de la Saône.
sp- CHASSELET. Petite ville des Pays-Bas , fur la
Sambre , à une lieue au dellbus de Charleroi.
CHASSENEUIL. Bourg de France dans l'Angoumois,
fut le chea-iin de Limoges à Angoulcme.
CHASSER. V. a. Eloigner , pouffer quelque chofeavec
violence, robliger\i fc retirer , lui donner la chaf-
fe. On ledit dans le fens propre & dans le figura.
Filli-re , depelUre , aligcre , exigere , ejicere , fu-
gari. Ce Général a chap les ennemis du Royaume.
Pourquoi êtes-vous fi prompt à fortir , quand le
dépit vous en chap-; 6: ii lent à revenir quand l'a-
mour vous y rappelle î ttès-fouvent la raifon ne
vient au fecours d'un Amant , que lorfque_ quelque
s;rand dépita prefque chap l'amour de fon ca-ur.
A^ScuDERi.L'homme doit ctte dégoûté 2c chaf^ de
la vie par les douleurs & par les aftliitions. Abad.
Rois , chaflcz la calomnie ,
Ses criminels attentats ,
Des plus faijibles Etats
Trouble l'hcureufe harmonie. Racine.
On dit aufTî , la nuit vous chajje , vous oblige
à partir ; Se par civilité , je vous chafe ; pour dire ,
je vous confeille de vous en aller. On dit qu'un
homme a été c/iap de la Coût -, pour dire, qu'il a
été exilé. On dit encore , chafer le mauvais air ,
quand on renouvelle l'air d'une maifon. On dit au
Manège , chaffer un cheval en avant , pour dire ,
le portet ou le faire aller en avant.
|ta=- On dit c/zj/cT un valet -, pour dire , congédier,
renvoyer un domellique dont on cft mécontent.
03=- Chassir, iignifie quelquefois Amplement me-
ner, faire marcher devant foi. 67ja_//^r un troupeau
de moutons. Chajfc-r les vaches aux champs, ylbi-
gare.
|Cr Chasser , fignifie au/Ti pouCer quelque chofe en
avant. Propel/ere. Ce joueur de paume clia^i-^ la
balle avec bien de la roideur. La charge de ce fufil
n'eft pas allez, forte pour chajfer la balle bien loin.
Le vent chajfe les nuages. Dijcutit , dijjîpat.
Chasser , lignifie encoie , pou(fer , frapper avec vio-
lence fur une chofe pour la faire entrer dans une
autre. Trudere ,pu/Jarefortiter. Les Menuilicrs chrf-
feut à force une cheville dans un trou. Les Tonne-
liers ckaffentX force les*cerceaux pour bien ferrer
les douves d'un tonneau.
Chasser , lignifie aufTi , pourfuivre |p° avec des
chiens certaines bêtes , le lièvre , le renard ^ &c.In-
fecjiii canihiis. Ckajjer le cerf, le fanglier, Aprum
venari.
%fF Chasser , pris abfolument , fignifie, pourfuivre
toute fotte de gibier. Venari. On chaffe au tufil,
avec des chiens couchans , avec des chiens cou-
rans. On chaffe à grand bruit , à cot &: à cri. On
cha^e à l'oifeau , avec l'oifeau. On chaffe dans la
plaine , dans les fotcts , fut fes terres , fur les terres
d'un autre : ce qui au figuré fignifie , entreprendre
' fur la juridiiftion , fur les droits de quelqu'un,
IJC? On dit audi neutralement,cA^^r à la perdrix ,
aux bécafTes , au fanglier, (/c.
On dit en termes de chafle , ce chien cha(fe de
haut vent j pour dite , chaffe contre le vent. Acad.
Franc,
Chasser de gueule. C'efl: laifTer crier & aboyer un li-
mier lorfqu'on le laifle courre -, car le matin il doit
êtte fecret & ne dire mot , pour ne pas donner
• de l'effroi , & lancer la bête.
Ménage dérive ce mot de l'italien cacciare , &
- de caLcia,'c[\\\ a été fait de captare , dont les La-
tins fe font f^rvis en la même fignification.
Chasser, fe ditauflidcs Meuniers qui n'ont pas un
CH,A
moulin bannal , & qui vont chercher çà 5c là leur
mounées.
On dit enlmptimeiie.quele Parangon ckajffepliK
que le S. Auguiliin •, pour dire, que ce caractère oc-
cupe plus de place que l'autre ; '%f^ c'ell-à-dire que
les niêmes mots rangés delà même manière, occ..-
pcnt plus d^'fpace étant imprimés de ce caractère,
que s'ils l'étoient de l'autre. En ce fens, iiefl neutre.
Ampli us fpatium occupât.
Chasser , en tctmes de Marine, fignifie acffi, pour-
fuivre ou donner la ch.i^'e x d;s vaifîeaux ennemis.
Fugare , in fugam conjicere , vertere. Nos vaiileaux
chajjerent àéux jours fur ces Coriaites , les pour-
fuivirent julques dans leuts potts. ChaJ]i:r un vaif-
feau , c'eft le pourfuivre : chaffer, fur un vailleai: ,
c'cft courir fur lui pour le joindre.
On dit qu'un vaiif;au chajfe fur fon ancre , lurf-
que le fend efl: de mauvaife tenue , & que le vent
& les matées entraînent le vailfeau , ou le font
arer, parce que l'ancre n'a pas mordu afiez avant,
&: qu'elle laboure le fable. Nivis jacli nequicquani
anchori vi tempejt.itis ahripitur. Quelques-uns di-
fent chaffer au fud , cLtJJer à V.W. , pour courirau
fud , &c. Ici il cil encore neutre.
Chasser, fe dit provcrl-r.'er.i.'nt en ces phtafes , on
dit qu'un clou cli.'i, e -, peut dire, qu'une
nouvelle paillon en t. . n; autre , qu'un grand
mal en fait oublier a; j.. '^n dit aulli qu'un bon
chien ch.iffe de race i pour dire , qu'on tient tou-
jours quelque choie de la nrafanc, & qu'elle
vaut mieux que l'éduCAtion. Cn clic a.iflî qu'un
gatçon , qu'une fille chajj'cnt de race , en nà il? ont
les mêmes inclinarions que leur pcre ou leur mère.
On dit qu'un homme chajjl'. bien au plat ; pour-
dire, qu'il a bon appétit, qu'il aime à manger le
gibier que les autres tuent. On dit aulfi 5 que laf-im
chaffe le loup hors du bois -, pour dire , que la néfce-
lîite oblige les gens à tiavaiiler.
Chassé f.e. part, pafl^
CHASSERANDERIE. f. f. Terme de Cciutume. C'eft
le dfoit queles Meunietspayent en certains pays à
un Seigneur qui a droit de moulin banal , pour
avoit permhîîon de chalfer dans l'étendue de fa
terre-, %fT c'eft-à-dire , d'y venir chercher du blé
pour le moudre. Le droit de banalité emportoit le
droit d'empêcher les Meuniers de venir chercher ou
quêter le blé fur les tettes du Seigneur. Le Seigneur
leur accordoit cette petmilîion moyennant une cer-
taine fomme,qu'on 3L^}^c\o\zchaffera7iderie. On avoit
mal entendu ce mot, en l'appliquant à la petmilîion
de chajfer le gibier.
|Kr CHASSERESSE, f. f. Venatrix. Ce terme fe dit
rarement, & ne le dit qu'en Poëlie en parlant des
divinités de la challe. Yi'iinzChajfereffe. LesNym-
ph s Chaff'erefjes.
ffT CHASSEUR, f. m. CHASSEUSE, f. f. Fenator ,
veyiatrix. Celui ou celle qui aime la chalfe , ou
qui chafie aduellement. C'cft un grand chaff'cur ,
une grande ckajfjuje. S. Huberr cft le patron des
Chaleurs. Jai trouvé des chajfeurs Se des chajfeitfes
dans la plaine. Ces Dames étoient habillécs-en chaf-
feufes. Un homme de campagne qui ne fêta que
c/iaffeur,z pout l'ordinaire un air- grolller & ruf-
rique , Se faura mieux prendre des cerfs que gagner
des cœurs,
Ip" On appelle aufTi chaffeur , un domeftique dans-
une campagne occupé à chalfer pour fon maîtte.
Quel bruit ! la foret embrafés
S'offre à mes re<rards alarmés ;
D'une canne d'acier creufée
Cent nouveaux Chalfeurs /owr armés.
Du fouffre bruyant qu'elle cache ,
Au sré du doi?t , le feu détache
Un plomb qui part avec l'éclair.
On dirait que l'art téméraire
A fait rhvmm.e d^rojîtaire
De la foudre de Jupiter. De S. Guies,
CH A
Un pro.'ii:^e encore fe déploie t
Je vvisjur la muLn du Challcur
Le faucon avide de ^roi^ t
Vcpervier , l'autour ravijfeur.
Un prompt ej^ort aux deux les guide j
Ils tombint tels quun trait rapide :
Malheur à qui volent fous eux.
Quel efl cette amitié jidele !
L'adroit Chafleur qui les rapelle y
Fartage la proie avec eux. Id»
On dit proverbialement d'an homme qui a grand
appctit , qu'il cfl; affamé comme un chajj'eur.
JfLT CHASSIE, r. i. Humeur viiqueulequi le filtre des
glandes ciliaires , iJc qui venant à s'épailîir coiic les
bords des paupières l'un contre l'autre. Gramia , le-
ma y lippitudo. Pour y remédier, il faut bafllner
les paupières avec des eaux convenables; Si le mil
vicnr de l'cpaiilidèment ou de l'acrctc de la lymphe ,
il tant en corriger le vice.
§Cr CHASSIEUX, EUSE.Quiala ch^ffxz. Lippus.
Les vieillards (ont ordinairement cliaffleux. Cette
femme el^ chaffieufe. On devient chdjjieux. Lippi-
tur. Cette épithcte s'applique aulfi aux yeux. Des
yeux cka(Jieux, La petite vérole lui a rendu les yeux
ckajjieux.
CHASSIPOLERIE. f. f. Terme de Coutumes. Droit
que 1 -s llijets payent à un Seigneur pour avoir la
liberté de lé retirer dans fon château avec leurs ef-
fets en temps de guerre. Jus a^yli, tributum pro
a-iylo. Chairipol en Brelfe, où ce droit a lieu, lignifie
concierge.
^3* CHASSIS, f. m. C'eft en général un afllmblage de
quelque matière que ce foit, quilért à environner,
enchàiîcr ou contenir quelque choie.
Châssis de croijée, C'eft la partie mobile delà croifée
qui porte le verre ; ouvrage de mcnuifcrie divifé
en plulieurs carreaux qu'on garnit de verre , ou de
papier , pour empêcher que le vent n'entre par les
fenêtres de quelque apparrement. CanceUi vitro inf-
tructi , vel chartâ obducii. C.'tte chambre a double
chafjis : ou un contre chajjis , l'un de verre, l'autre
de papier. ChaJJis à carreaux , celui qui eft partage
de croilillons de petits bois, &c garni de grands
carreaux de verre. Ckaffis à coulijfe , celui dont la
moitié fe double en la haullant fur l'autie. Chajfu
à pointe de diamant , eft celui dont les petits bois
fe croifentà ons,ht.CkaJJIs a Jiches , eft celui qui
s'ouvre comme les volets. Chajjis dormant , eft ce-
lui qui ne s'ouvre point. Chajjis dormant eft auîii ,
en termes de menuiferie, le bâti dans lequel eft
ferrée à demeure la fermeture mobile d'une baie,
& qui eft retenu avec des pattes dans la feuillure.
ChdJJis de jardin, eft un bâti de bois de chcne
peint à l'huile, Se garni de panneaux de vîrre, pour
fervir dans les jardins en difpolanr deux ou plu-
iieurs de ces chajjis en manière de comble à deux
égouts, qu'on bouche par les extrémités d'un pan-
neau triangulaire fur les couches, les plates-bandes
de fleurs, &:les pépinières, pour garantir les plan-
tes du froid , & faire avancer les Heurs & les fruits,
en les échauffant pat un feu modéré qu'on fait def-
fous durant l'hiver. Voye^li. Quintinie & Liger,au
mot Châssis.
Chajfis d'oller , eft une cliffe , une clôture d'ofîcr
que l'on^met devant les fenêtres. On fair aulfi à la
campagne des chajjis de toile. On fait encore des
chajjis à claires voies d'olier , de fil de fer , pour
conlérver les virres.
Ce mot a été fait de capfilium, diminutif de
capfum , qu'on a dit çouï capj'a. Ménage.
Châssis, fe dit auffi d'un ouvrage de Ménailere,qui
enferme , qui enchàffe , qui entoure , qui fupporte
quelque choie. Lisnearum re^ularum compares.
Ainfi on dit:, le chajjis d'une porte , d'une fenê-
tre. Mettre une table lut fon chajjis. Le chijfis d'une
table eft ce qui foutient le dellus. Chajjis de fer ,
eft le pourtour dormant qui reçoit le battement
G H A 47^
d'une perte de fer. C'eft auff» ce qui en retient les
barres, & traverl'>?s desvanteaux.
Châssis , fe dit encore d'un métier fur lequel oïl
étend de la toile ou de l'cto.Te pour broder , ou
des rél'jauxpour y faire des dentelles, ou autres
ouvrages, ou des matelas pour les piquer. &c.
QûASSis de pierre ^ eft une dale de pierre qui en re-*
çoit une autre en feuillure. Lapis incijus in medio^
t> injtrtumjibi lapiaem alterum excipicns. Elle fcrc
aux aqueducs , aux regards , &: aux cloaques pour
y travailler , aux Iroiies d'aifances pour .es vider.
Châssis, fe dit encore en termes de Peinture ou
de Perlpecî:ive,d'un carré compoie de quatre rèi^les
de bois , affemblé-^s , dont le vide cil divif; "p^.r
plulieurs filets &c petits carreaux : ce qui fert à ré-
duire les figurrs du petit au grand , & du grand au
petit. Lignearum regularum compagescujus vacuum
in medioj'patium purtita in quddrumjila occupant. -
On appelle auiIl chajjis , le bois fur lequel eft ten-
due la toile où l'on applique la peinture.
C;i ASSIS , en termes d'Imprimerie , eft un grand carré
compofé de quatre bandes de fer, dans le vide du-
quel on enferme les formes de plomb , ou carac-
tères arrangés ^qu'on ferre de tous les côtés avec .des
coins. F erre arum regularum compages. Le chajfis fe
dit proprement, quand il y a une barre dans le
milieu -, car iorfqu'il n'y en a point , on l'appelle
rainette .
C:i As-iis de la galLrie. Ce font des poutres ou foli-
vaux , ou pour mieux dire , des montans de fix
pieds de haut. Les Anciens s'en fervoient dans les
tfrres pour ks foutenir. Ces montans ainfi pofés ,
s'appuienr chacun ilir la femelle , c'eft-a-dire, fut
un motceau de bois couché à plat , de peur que la
pe'fanteur des terres ne les falfe enfoncer.
03" Châssis d'une mailbn , fignifiela mêmechofe quô
carcalfe de charpente.
ffC? Châssis à l'Opcra , fynonyme à coulilTe.
C HASsis.On fe fert Ibuvenr en Botanique de ce termes
' pour exprimer la partie de certains firuits qui ref-
femble alfez à un chalfis , &; dont le vide eft rem-
pli par une membrane ou peau délicace. Dicl, de
James,
Châssis de Monnoyeur. C'eft le moule où les Fon*
deurs employés dans les Hôtels des Monnoies
coulent les lames d'or, d'argenr, de cuivre, qui
doivent fervir à faire les flancs. Il eft tout fembla-
bleàcelui des Fondeurs en fable, & il fe prépars
de même.
Châssis de laiton , dejild'archal, conipoféde petits
filets de laiton travaillés par mailles, & cloués fut
un cha[Jis de bois.
Châssis deparavant. C'eft le bois d'un paravanr.
Châssis , Papier coupé de certaine manière , dont on
fe fert pour écrire en chiffre. Dépêche écrite avec
un ch '(Jis.
CHASSOIR. f. m. Inftrument qui fert dans les fucre-
ries. Voyei^ Chasse.
CHASSOIR. Terme de Tonnelier. C'eft un morceau
de bois qu'on firappe avec le maillet , pour chalîer
le cerceau quand on lie des futailles. Cuneus li->
gneus.
CHASSOIRE. f, f. Terme d'Autourferie. Baguette que
portent les Autourfiers. Firgula,
CHASTAIGNE,
CHASTAIGNERAIE.
CHASTAIGNTER.
CHASTAIN.
C
CHATAIGNE.
,^ ^CHATAIGNERAIE,
^''J^nCHATAIGxMER.
C CHÂTAIN.
CHASTE, adj. m. & f Prononcez 1'^. îfj' Qui fait mo-
deter les defirs déréslés de la cliair , qui fait s'abf-
tenir des plaifirs de la chair, ou qui n'en uié que
lùivant la loi. Dieu a pris chair humaine dans les
chafles entrailles de la l'ainte Vierge. On peut être
chajie dans le mariage. J'ai toujours été aulfi chajU
qu'une Deraoilélle que vous lavez. Voit. On a dit
de Lucrèce , que fon corps avoir reçu l'injure , tan-
dis que fon ame ctoit demeurée chajie. Le Mait,
47 S^
C HA
Cell peu pour Pompée que l'on cpoufe foit dc-
niearcj chajU , li elle a feulement pu concevoir la
penfce de ne l'être plus. ViLL.
Ilîdore , L. X. Orig. dit que ce nom vient a caj-
tratioîie ,Jivc reall , Jive mentali. _
On le ciit audi (Cr de tout ce qui cft pur, cloi-
çnéde tout ce qui bielle la pudeur. Purns , pu-
dicus. Un ftyle ckajk. On a loué Virgile de ce
qu'il ctoit un Pocte chajie. La langue trançoile eil
(i ck.i/ic , qu'elle rejette non-leulement toutes les
exprcilions qui bleiîent la pudeur , Se qui fahffent
tant Ibit peu l'imagination , mais encore celles qui
peuvent être mal Muerprctées. Sa révcritc va jul-
qu'au Icrupulc , comme celle des perlonnes qui
ont la conicience tendre, & auxquelles l'ombre
même du mal fait horreur. Bouh. La c/ia/id élo-
quence ne met point de fard fur fon vifage pour
paroîrre agréable. S. EvR. On le dit encore pour
marquer la pureté grammaticale , & il fe joint
d'ordinaire avec un autre mot qui l'explique , Se
qui le détermine : comme , on ne peut pas voir une
diétion plus chajîe , ni plus correcte. Bouh.
CHASTEMENT, adv. D'une manière chafte. Cap ,
purè,pudich. Les Prêtres &: les Religieux font obli-
ges de vivre chajlanent , & de s'abftenir de tout
commerce de femmes.
L'amour L- moins honnèCe, exprimé chTL^traznt ,
î^' excite point en nous de honteux mouvement. Boil.
CHASTEAU.
CHASTEL.
CHASTELAIN.
CHASTELÉ.
CHASTELLENIE
CHASTELET
f CHATEAU.
l CHATEL.
^ CHATELAIN.
^ Voyei CHATELt". ■
( ^ CHÂTELLENIE.
\ /CHÂTELET.
C H A
elle feule faura jouir du paiîc. P.ouss. La chaÇuté'Çè
prend quelquefois pour une entière ablHnence des
plaillrs de la chair. Les Prêtres font obligés à
la chajlete^Lcs ReligieuxS^; les Reli^'ieufcs lonc vu:a
de ckdfiete & de continence perpétuelle.
§CF La 'c/iajieté cli de tous les temps , de tous les
âges , de tous les états. La continence cftdu célibat,
§Cr La chajieté des vierges confifte à vivre dans une
perpétuelle continence, fans avoir jamais été ma-
rié. Celle des veuves, à garder la continence pen-
dant le temps de leur veuvage. Celle des perlonnes
mariées, à vivre faintement dans le mariage , Se à
n'en ufer que félon Dieu, fans le lailîér dominer
par la cupidité.
CHASTELLERAUD. J (. CHATELLERAUD.
§3=" CHASTETÉ, f, f. Captas. Dont les Romains
firent une Déelfe , Se qu'ils reprclcntcrcnt en ha-
bits d'une Dame Romaine , tenant un fceptre en
main , Se ayant à fes pies deux colombes blan-
ches.
Chasteté.!', f. Verni chrétienne 6e morale, par la-
quelle on s'abftient des plaifirs illicites de la chair,
éc on ufe modérément des légitimes ; ou (împle-
ment , qui nous éloigne de l'amour des choies
déshonnctes. Cafiimonia , cajîitas. La chafieté fe
peut garder dans le n-iariage. Si les hommes n'a-
voient pas attaché l'honneur Se la gloire des fem-
mes à la chajieté i elles porteroient peut-être la li-
cence plus loin qu'eux. Bayl. Ce n'eft pas toujours
par chafieté que les femmes font chaftes.RocH. On
peut douter de la chajteté d'une femme qui n'a pas
été attaquée. S. Evr. Anciennement à la Chine, on
pouflbitfi loin les loix de \d. chafieté ,<]ae les fem-
mes ne paflbient jamais à de fécondes noces. Le P.
Couplet. La chajieté efl: la gloire Se le partage des
femmes. Le Mait. Si les hommes fe font difpenics
du foin exadl Se fcrupuleux de leur chajieté, c'eft
qu'ils ont cru que l'cminence de leur fexe confifle
en la liberté de faillir. Id. Un honnête homme ne
fe rebute jamais d'un refus de chajieté , Se non de
choix. Mont. §CIF La chajieté doit être une vertu
délicieufe pour une belle femme qui a quelqu'élé-
vation dans l'ame. Tandis qu'elle voit toute la
terre à fes pics , elle triomphe de tout , Se d'elle-
même. Elle s'élève dans fon propre cœur un trône
auquel tout vient rendre hommage. Les fentimens
tendres ou jaloux, mais toujours refpeélueux , des
deux fexes , l'eftime univerfclle , Se la fienne pro-
pre, lui payent fans cefTe, en tribut de gloire,
les combats de quelques inftans. Les privations font
paflagcres , mais le prix en eft permanenr. Quelle
jouiflance pour une ame noble, que l'orgueil de la
vertu joint à la beauté ! Réalifez une Héroïne de
Romans, elle goûtera des voluptés plus exquifes que
les LaïsSe les Cléopatres -, Se quand fa beauté ne
fera plus , fa gloire & fes plaifirs relieront encore ;
CHASTIER.
CHASTILLON.
CHASTILLC)NET.
CHASTIMENT.
, CHATIER.
,, S chatillon.
''^^y^i ) CHATJLI.ONE':
C CHATIMENT.
CHASTOIS. f. m. Pœna. Vieux mot qu'on trouve
dans quelques Coutumes Se Ordonnances : il veut
dire punition , châtunent , Jupplice. Chajiois cor-
porel, c'eft ce que nous appelons punition cor-
porelle 5 du mot châtier^,
CHASTRE
CHASTRÉ
CHASTRER.
CHASTREUR
(la)
Foyei
CHATRE.
CHÂTRE.
CHATRER.
CHÀTREUR
(la)
CHASUBLE, f. f. Ornement d'Eglife, que le Prê-
tre met par- defl'us fon aube , quand il va dire la
Mefle. Cajula. Les chaJuFles des Anciens étoient
toutes rondes , Se fe retroulîbient fur l'épaule 5
au lieu que maintenant elles font fendues par les
côtés. Un Concile tenu en Gcrm.anie par S. Boni-
tace , l'an 741 , ordonne que les Prêtres Se les Dia-
cres ne porteront point des manteaux femblables à
ceux des Laïques , mais des chajuhles ; d'où quel-
ques-uns concluent que c'étoit donc encore au fep-
ticme fiècle l'habit ordinaire des Eccicliafncucsi
Les prcm.ières chajuhles étoient rondes , £< fer-
mées de tous côtés , excepté à l'endroit par où
l'on pnflbit la tête pour les vêtir -, ainf. elles cnfer-
moient les bras comme tout le reflc du corps: Se
peur agir des bras, on rclevoit la chaj'uble des deux
côtés ; ce que l'on faifoir au temps du faciince. C'eft
la forme qu'elles ont fur tous les anciens ir.onu-
mens. Tous les Papes des douze premiers iiccks
ibnr vêtus de ces fortes de chajuhles. Hcnorius IV
eft le premier que l'on voie orné d'une chape.
f^oye-i les BoUandiftes , à la fin du Tom. Fil des
^cia SS. Mail, pp. ^6 , ç)-j.
Les Orientaux , lorfqu'ils cclèbrenr la Mefle dans
nos Eglifcs, fe ferveur plurôt de« chapes, que de
chajuhles. Et en effet, on difoit autrefois la Méfie
avec des chapes -, mais comme on les ttouva embar-
ralfantes, on les coupa par le bas , Se on les fendit
p^ar les cotés •, ce qui efl: beaucoup plus commode.
A l'égard des chapes, elles viennent originaire-
ment des manteaux ou des robes qu'on portoit j
car dans les commencemens les Prêtres ne fe fer-
voient ni de chapes ni de chafuhles. Walafride
Strabon a eu raifon de dire , que dans la primitive
Eglijé , on dijoit la Meffe en habit ordinaire. Il eft
furprenant que le Cardinal Bona fe foit fi fort em-
porté contre Nicolas Alémanius, qui a prétendu
que les Apôtres n'ont point eu l'ufagc des habits
facrés. Les premiers Chrétiens célébroient les Myftê-
res avec les mêmes habits qu'ils avoient accoutumé
de potter. Il n'y avoir en ce temps-là aucune diffé-
rence cntteles vêtemens de cérémonie, Se ceux donc
on fe fervoit d'ordinaire, fi ce n'eft qu'on gardoic
les plus propres pour la célébration des Myftères.
Confultez la Préface qui eft à la tête des Cérémo-
nies Se Coutumes des Juifs , imprimées à Paris
en i6%i. Lindanus , Liv. XL VU , de fa Panoplie ,
ch. jfJ , parlant des chafubles dont on fe fert pré-
C H A
fcntcment dans l'Eglilc, die qu'elles différent entiè-
rement des anciennes, qui couvroicnt tout le corps ,
ctant de vcritablcs robes, f'^oyci Grimault, dans
ià Litur'/ie J'acrée.
Ce mot a été fait de capfa ou capfula , qui eft
dans le Cérémonial. Mén. D'autres le dérivent de
■cifhu/iim ou lafiiis JihjJum,êc prétendent qu'on
dilbit autrefois chaffitl'le , &: qu'on s'en artlibloit
la tête. Raôanus , Ùgario , liidore & Joannes de
Janua, quia injtar paiva cajls totiim homlncn u*^i-
hat. On trouve Cajubiita dans la balle latinité.
Voyez Acia SS. Januar-, tom. Il , pag. 650.
CHASUBLlEPv. i". m. Marchand qui fait & vend
des chalLiblcs &: les autres orntmcns d'cirlife. Caju-
larurn cpifix.
CHAT. f. m. Petit animal domeflique, §3° qui prend
les rats Si le&fouris,&: dont la femelle s'appelle
chatte. Fe'es via feula , mas : fêles. Chat privé, chat
domedique , t/2(Z/ fauvage, c-À/zr d'Efpagne. Le c/z;?/-
a les partes, les dents, les yeux & la langue fem-
blables au liotl'. Ces animaux ont tant de confor-
mité cnfcmble, que les Turcs font perluadés qu'il
y a quelque fondement à ce que dit l'Alcoran •, que
le chat naquit dans l'arclie, de l'éternuement du
lion. Par les loix d'Arragon , on puniflbit les lar-
rons , en les fouettant avec un chat attaché au cou.
Ambroile Parc fouticnt que le chat eft un animal
venimeux, qui infecf c par fon poil , par Ton haleine
& par la cervelle. Son poil cfl: dangereux , comme
on voit par l'exemple de ce Romain qui mourut
pour en avoir avalé un dans du lait. Son haleine
infccle d'un poilbn tabifique qui donne la phthy-
iie , dont Matthiolc rapporte pluficurs exemples ;
li on mange de la cervelle de chat, elle caufe une
grande douleur de tête, & rend quelquefois infenfc ,
ou caufe de continuels vertiges. On dit même que
l'Amiral Tromp fat empoifonné avec de la cervelle
de chat. Il ajoure que leur fouille &: leur regard Ibnt ■
notoirement £ontasTieux;&: il dit avoir vu des cens
qui , pour avoir tou^outs couche avec un chat, font
devenus phthylîqucs Se élances , & enfin en font
morts.
{JCT Quand même il y auroit beaucoup .1 rabattre de
tout cela, n'en refte-t-il pas aHcz pour nous faire
voir le danger qu'il y a à fe laiiler carefler Se
lécher le vifage par les chats , qui , d'ailleurs ,
quelqu'apprivoifés qu'ils ibient, confetvent tou-
jours quelque choie de la tcrocitc naturelle à leur
elpcce.
Les chats étoient , entre toutes les bêtes à quatre
pies , ceux dont les Egyptiens puniiîbient plus
fcvèrement la m.oi t. C'étoit aufli l'animal pour la
mort duquel ils s'aftligcoienr le plus. Carte véné-
ration pour le chat ctoit fondée fur l'opinion
qu'ils avoicnt que Diane , pour éviter la fureur
des Géants , s'étoit cachée fous la figure de cet
animal. On repréfcnroit le Dieu O^i/ , tantôt avec
toute fa forme naturelle , Se tantôt avec le corps
d'un homme qui porte une tête de chat. Qui
pourroit voir , i'ans rire , en quelques villes de
Turquie , des maifons bitics pour les chats , Se
rentées pour leur nourriture , avec des intendans
&: des domefriques pour régler Se pour fervir ces
nobles familles? Du Loir,/?. if)-2.
On eftime Ibrt en France les Ci^^/j d'Efpagne,
Henri ÎII Roi de France avoir tant d'averfion pour
les chats, qu'il changeoit de couleur & tomboit
en fyncope , loriqu'il en voyoir. Prade , Hijloire
de France. Molinctti , Médecin Vénitien , prétend
que les cliats Se les chiens ne luent jamais , quelque
fatigue qu'ils aient ; ce qu'il attribue à la confor-
mation de leur cuticule, qui n'a point de pores.
Le TafTe fut réduit à une fi grande pauvreté ,
qu'il fut contrainr de prier fa chatte, par un Joli
fonnet, de lui prêter la nuit la lumière de fes yeux ,
n'ayant pas de chandelle pour écrire fes vers.
Les Alains ^ les Vandales Se les Suèves portoicnt
d'argent au chat de fable , fymbole de liberté ,
dit Méthodius.FAVYN , Hiji, de Nav. Liv. I,p, 34.
C H A
479
Ce mot vient de catus, ou cattus , comme ccluî
de chatte , de catta , qui fe trouvent dans les an-
ciennes Glolés. Il ell: dérivé du grec ;k«p7«ç, ligni-
fiant la même choie. Men. x^Jfi);?, catns, un chat
vient du celtique cat, ou ca^. Pezron. Les Italiens
difent gatto, llidote veut qu'il vienne ex eo quoâ
cattet , id eji, videat. D'autres l'appellent cattus à
captura, Ugutio croit qu'on a dit catiis quafi can-
ins , unde Deus C'a tins , qui cautos , acutos effi-
ciebat, dit S. Auguftin. On a appelé aulîl le chat ,
murilegus , mujio , mujicula , Se pilax , patce qu'il
prend des fouris. Du Cange.
En termes de Chalfe , on appelle chats-harets ,
les chats lauvages , qui font retirés dans les bois
&e garennes , Se font un grand dégât de lapins.
Fe/es Jilvejtris,
Il y a une efpèce de chats dans les Indes occi-
dentales , qui ont une poche à leur côté , où ils
mettent leurs petits , qu'ils portent toujouts avec
eux , fans que cela les empêche de courir Se de
fauter , 6c fans qu'on s'apperçoive qu'ils ayenr au-
tre choie que leur corps. Il y a des chats fau-
vagcs dans les Indes , qui volent pat le moyen
d'une menibranc fort large , laquelle s'étend le loncr
des côtés du pié de derrière au pié de devant. Elle
eft plilîée Se rcttoulîce quand ils marchent , Se fe
déplilîé quand ils volenr. On en a apporré des
peaux en Europe. |JCF Ces peaux de chats vo-
lans étoient peut-êtte des peaux d'écureuils volans.
M, Boile a écrit qu'en l'année 1584, à Londres,
un gros rat s'étoit accouplé avec une chatte , quf
fît des petits qui tcnoient du chat Se. du rat , Se
qu'on en mit un au parc des animaux que le Roi
d'Angleterre fait nourrir.
Le chat , en termes de Blafon , le dit effarouché ^
loriqu'il eft rampant , feles efferata ; mais lorf-
qu'il lève le train de derrière plus haut que la
tête , on l'appelle hérij/onné. ArreHa.
On dit, en termes de Jardinage, couper les bran-
ches d'un arbre en dos de chat, pour dire, leur
faire faire un coude, comme on fair en palilîant ,
ou aux efpaliers , lorfqu'on eft contraint d'attacher
ainli une branche -, car en tout autre cas , c'eft un
défaut qu'il faut éviter. Cette btanche aura meil-
leure grâce , étant couibée en dos de chat , que
d'y voir ce vide, Liger.
O'n appelle , figurément , une perfonne friande ,
chat ou. chatte; expreflîon populaire.
On appelle du Jîrop de pié de chat , celui qui
eft fait avec les feuilles Se les fleurs d'une petite
plante qui eft nommée pié ' de chat. GnaphuUum
montanum folio rotundiore , ou hifpidula.
Chat, en termes d'Artillerie , eft un morceau de fer
portant une, deux ou trois griffes fort aiguës , difi-
pofées en triangle, montées fur une hampe de
bois. Ce chat fert à gratter Se vifiter le dedans des
pièces de canon , pour voir s'il ne s'y trouve
point de chambte : c'eft pourquoi les Fondeurs
l'appellent aulfi Diable. Ûncus ferreus trifidus.
Chat, en termes de Marine, eft un gros vailfeau du
Nord, à cul rond, qui n'a pour l'ordinaire qu'un
pont, qui porre des mâts de hune, fans avoir de
hune , ni de bares de hune. Ce bâriiTient , dans fa
conftruftion, a quelque chofe de la Flûte Se de
ia Pinalfe.
Chat, dans le commerce de Lainages, eft un nom
que l'on donne à une forte de draps dont la
chaîne eft pour l'ordinaire de laine de différen-
tes couleurs, qui provient du refte des laines filées
dont on s'eft fcvvi pour fabriquer les draps de
couleur teints en laine.
Chat. On fe ferr aulTi de ce mot, au pluriel, pour
li2;nifier certaines folles fleurs qui viennent à de
certains arbres, comme aux noyers, aux coudriers,
aux faules, fe-iT, On les appelle aufli chatons. Foye^
ce mot,
|K? Chat, dans les Ardoifières, fe dit de l'ardoife
de mauvaife qualité, qui ne peut pas fervir dans
la couverture des bâtimens.
4S
C H A
IP" Dans lïsMonnoies , on donne aufTi ce nom à la
maticre qui coale , par accident , d'un creulec.
CiiAT le dit provcibialement en ces phral'es. On dit
d'un homme qui s'en va d'une mailon l'ans dire
adieu , qu'il a emporte le chat. On dit de celui
qui prend carde loignculcment aux actions d'un
autre , qu'il le guette comme le chat lait la ibu-
ris. On dit aulh qu'un ch^t cchaudé craint l'eau
froide-, pour dire, que cJui qui cli: écliapé d'un
péril , craint tout ce qui ell de même nature. On
dit aulli de deux perfones ennemies , qu'elles s'ai-
ment comme ch:cns &C chats. On dit aulii , je-
ter le chai, aux jambes à quelqu'un , pour dire,
le rendre coupable d'une faute qu'un autre
a faite. On dit qu'une fille a laiilé alkr le chat
au fromage , pour dire , qu'elle a fucccnibc à quel-
que tentation amoureulc. On dit qu'une peribnne
s'eft icrvi de lï patte du chat pour tirer les
marrons du feu , pour dire , qu'elle a fait faire
à un autre ce qu'elle craignoit de faire elle-
même. On dit de deux antagoniftcs qui favent
bien attaquer &: le défendre , à bon chat , bon rat.
On dit encore d'un homme habile, &: qui entend
a demi-mot , qu'il entend bien le c/zt/r, fans qu'on
dife minon. On dit d'un méchant payeur , &
qui ne paye pas en argent comptant , qu'il a
payé en chats & en rats. Ce proverbe eft ancien,
& feroit ridicule , au pic de la Iccrre , à ceux
qui n'en lauroient pas i'ori^nnc. Je crois qu'il
vient du mot decA(Zj,.qui lîgnifioit autrefois une
maijon ; & on dit encore en Lyonnois & en
Bcrry, qu'une maiibn cosfille en rrois chas,^o\xx
dire , en trois chambres ou en trois étages. Le
mot de ras a lignifié aulîi un champ ow hcritage uni ,
où il n'y a point de bâtiment: d'où vient qu'on
dit encore raje campagne , rf^-de-chauflée , rc.--
piés , r^{ - terre. Ainli on a dit qu'un homme
payoit en chats & en rats, lorlqu'au lieu d'argent
comptant qui a un prix certain, il payoit Tes créan-
ciers en héritages bâtis &c non bâris , qu'il obli-
geoit de prendre au prix qu'il vouloir. On dit
encore que la nuit tous chats font gris , pour
dire, qu'on ne diftingue pas une belle femme d'une
laide. On dit encore d'un homme qui a quelques
cgtatignures au vilage , qu'il s'eft joué avec les
chats. Régnier a dit aufîi dans lés Satyres: Je devins
auffi fier qu'un chat am.adoué. On dit aulll , dès
que les chats feront chauffés , pour dire , de bon
matin. On dit d'un homme mal-propre , qu'il eft
propre comme une écuelle à chat. On dit encore :
Il fie faut pas réveiller le chat qui dort, pour dire ,
qu'il faut lailfer en repos ceux qui nous peuvent
iaire du mal. On dit acheter chat en poche , pour
dire, acheter quelque chofe fans la voir. On dit
encore d'un homme qui parle franchement , &:
fans rien déguilcr,qui nomme les chofcs parleur
nom , qu'il appelle un cJiat , un chat.
3' appelle un chat un chat, £• Rolct, un fripon. Boil.
On dit , il n'y a pas là de quoi fouetter un chat ,
pour dire , que l'affaire dont il s'agit n'cft qu'une
bagatelle. On dit aufll, bailler le chat par les parrcs,
pour dire , préicntcr une chofe par l'endroir le plus
difficile. On appelle mulîque de chats ^unç mulique
dont les voix font aigres & dilcordantes.
On dit d'un homme qui coule avec rapidité fur
un fait peu honorable: Il paffc là-dcfllis comme
chat fur braifc. Jl va du pié comme un chat mai-
gre , pour dire, qu'on va légèrement. On ne fauroit
retenir le chat , quand il a goiité à la crème , pour
dire , qu'on a bien de la peine à corriger un homme
qui eft affriolé à quelque chofe. Chat cnganré re
|)ric jamais fouris, pour dire, qu'afin de bien faire
quelque chofe , il faut éloigner tout embarras ,
avoir lés coudées franches, ne faire que ce que
aon veut. Il n'y a fi petit chat qui n'égrarignc,
pour dire , que les plus i^'norans fe mêlent de con-
irôlei , ou que le plus pckcifique donne quelquefois
C H A
fon coup de dent. On ne prend pas des chats
comme nous , fans mitaines. K. Cajf. Corn.
On appelle , félon Nicot, herbe aux chats , ce
que les Latins appellent nepeta ou calaniintha.
QuAT-hrâU. f. m. Efpcce de poirier , & de poire
d'Octobre Si de Novembre , qu'on nomme autre-
ment l'uceUc. Voye« Pucelle.
CHAT, POiRE-CHAT, k^oyei Poire.
CnAT -putois. Chat fauvage , ainli nommé à caufe
de la puanteur, 11 a le poil brun. Il eft grand en-
nemi de la volaille. Il lé cache dans les galetas ,
greniers à foin ^Ôc autres endroits lémblablcs. On
le trouve audi dans les bois : il rode tout le jour,
& fait la guerre aux oilcaux. Ces animaux lé met-
tent aulli en embufcade fur le bord des rivières ,
pour artraper le poilfon &: les grenouilles. Ils fç
prennent de la même manière que les fouines.
CHATAIGNE, f. f. Il y en a qui écrivent chàteigne.
Fruit d'un grand arbre qu'on appelle châtaignier ,
& qui eft allez connu. Cajianea. Ce fruit eft ren-
fermé dans trois enveloppes. L'extérieure eft lém-
blable à un hérifibn , garnie de piquans Celle du
milieu eft comme du cuir délié , brune &c polie,
La troificme eft plus mince èc ridée. Au-deflbus
on trouve \a châtaigne , qui eft blanche, allez dure,
d'un goût agréable , & fort bonne à manger. On en
fait de la bouillie en quelques endroits, 5c même
du pain. Les châtaignes fonrfort venteufcs. Le menu
peuple à Paris dit châtaignes boulues , pour châ->
tuignes bouillies. On engraillè les pourceaux avec
des châtaignes dans le Limoufin. Les Montagnards
vivent tout l'hiver de c/z.'fwii;'/î« qu'ils font Icchcr
fur des clayes. Cefruit eft aftringent ,&: fur-tout fa
pelure du milieu.
Châtaigne i^ cheval, o\i chevaline. Arbre qui nous
a été apporré de Conftantinoplc 8c de l'Ile de Can^
die, à qui ceux du pays ont donné ce nom , parce
que fon fruit eft femblable .à nos châtaignes , &
bon à guérir les chevaux poullîfs lorlqu'on leur en
donne à manger. On l'appelle autrement Marro-
nicr d'Inde. Hippocajianum ou cajiujiea equina.
Voyez Marroniep- d'Indf.
Châtaigne d'eau , eft une autre forte de plante ,
qui eft ainfiappelîée , parce que fon fruit eft fem-
blable à nos châtaignes , & qu'elle croît dans l'eau.
On la nomme autrement /r/^«/e aquatique. Tribu-
lus aquaticus. Voyez Macre.
CHATAIGNERAYE. f. f Lieu ou terre plantée de
châtaigniers. Cajlanctum.
CHATAIGNIER, f. m. Prononcez châtaignier fans
faire fentir IV. Cajianea fat iv a. Arbre qui a pris fon.
nom du pays d'où il a été apporré. Cajianea a CaJ-'
tanide terra. Les vieux pies des châtaigniers lonc
fort gros : on en a vu en France de fi gros , que
quatre perfonnes auroient eu peine à les embraifèr.
Ce tronc jette pluficurs groflés branches , qui font
divifées en une infinité d'autres plus petites. Elles
font toutes ordinaircmenr un peu longues , cou-
vertes d'une écorce lillé , brune & radiée. Son bois
eft un peu dur Se blanc. Ses feuilles font longues
de quarre à cinq pouces fur deux pouces environ
de largeur , dentelées en manière de Icie fur leurs
bords , ridées , d'un verr gai , Se relevées en deffous
d'une côte qui partage en deux toute fa force , S:
qui Jette par fes côtés plufieurs nervures tranfverfa»
les , qui vont aboutir à la marge. Ses fleurs font
rrès-petitcs , à cinq pétales , jaunâtres , & à cinq
éramines un peu plus jaunes ; ces fleurs fonr fté-
riles , Si font attachées en forme de chaton à un
filet long de trois pouces. Ses fruits naiflent fur
le même pié , mais dans des endroits féparés de
fes fleurs en forme de hériffons gros comme de
petites pommes , divifés en trois loges , dans les
jeunes fruits , parce que la châraigne ou fenience
d'une ou de deux de ces loges avorte quelquefois,
L'écorce de ces fruits eft d'un vert clair d^abord.
Si charnu ; mais dans fa maturité , elle relTemblc a
du cuir par fa rilUire &C par fa coulcar. Elle eft
toujours chargée de piquans pointus Si bruns. Elle
s'euvrg
C M A
I-ï A
s'ôûvrë d'elle-même vers la fin de Septembre.
La châtaigne qu'elle renferme efl: couverte de
deux peaux , dont l'extérieure efl: liffe en deliors ,
velue en dedans , de couleur châtain , comme on
dit communément ; l'intérieure efl; plus mince ,
rougeâtre , & eft très-âpre au goût. La fubflance
de la cliâtaigne eft douce , farineufe , bonne à m.m-
ger lorsqu'elle eft cuite. Il y en a de différentes
grofTeurs. Celles qui font catrées & groffes comme
le pouce fe nomment marrons. Elles viennent dans
le Vivarais, d'où on les tranfporte à Lyon. A Paris
on dit , marrons de Lyon , parce qu'on les reçoit
de Lyon. Celles qui lont moins groffes que les
marrons font les châtaignes ordinaires ; & les plus
petites viennent des fauvageons. Les'^Cévennes &
le Vivarais fourniffcnt beaucoup de châtaignes. Le
peuple vit en ce pays-là , une partie de l'année , de
ce feul fruit. On fait cuire les châtaignes tantôt
dans l'eau fimplement , tantôt fous les cendtcs
chaudes -, ou l'on les fait rifloler à la poêle percée.
Les châtaignes font fort incraffantes. On laiffe des
châtaigniers en taillis -, le bois en eft bon pour des
perches j & pour difFérens ouvrages. Le charbon du
châtaignier pétille trop au feu , & ne peut être
employé qu'à la forge. Il n'y a guère de Province
dans le Royam-ne qui n'ait des bois & taillis de châ-
taigniers. On fe fert quelquefois des châtaignes en
Médecine , pour faire un look pour la toux. Le
marronier d'Inde , quoique fon_ fruit donne des
châtaignes , n'eft point du genre de cet arbre. Foye^
Marronier. Les plus belles charpentes , celles de
la plupart des anciennes Eglifes , font de châtai-
gnier. Il fert aufîi à faire des cercles de cuves &
futailles , ou des perches pour les treilles & efpa-
iiers. Il y a une Ordonnance de Henri III , de 15 8oj
cjui vcur qu'on les coupe de fix à fept ans.
Kajtanie & kejlen en allemand , châtaigne en
ftançois , font tirés du celtique kejlen. Pezron.
Kajianie vient évidemment du latin caflanea , &
kejten en vient auffi.
Châtaignier , eft auffi le nom d'urte efpèce de pom-
me. Les châtaigniers , qu'on appelle martanges en
Anjou , font blanches , touffes , avec un coloria aifcz
fale & obfcur. La Quint,
CHÂTAIN, adj. m. & f. Ce mot ne fe dit que du poil
qui eft entre le blond &: le noir , qui eft la cou-
leur de la féconde enveloppe des châtaignes. Ex
rutilo nigrefcens , caflaninus color. Poil châtain ,
cheveux châtains. Les châtains font plus communs
que les blonds. On dit châtain - clair , châtain-
cendré,
^fT II eft indéclinable , quand il eft fuivi d'un autre
adjeélif qui le modifie. Des cheveux châtain-clair ,
8c non pas châtains-clair , ni châtain • clairs.
CHÂTEAU, f. m. Place fortifiée par art ou par na-
ture , fbit dans la campagne, fbit dans une ville,
pour tenir les peuples dans le devoir : efpèce de
petite citadelle , de fortercffe , ordinairement en-
vironnée de folfés &: de gros murs , flanquée de
murs & de baftions. Cajirum , Cajlellum. La Flan-
dre a plufleurs châteaux qui peuvent fe défendre.
Ce château commande à la ville.
Château , fe dit auffi fimplement du manoir d'un
Seigneur, d'un hôtel où il demeure, & où l'on vient
lui rendre hommage , bâti en manière de forte-
refle , avec foffc & pont-levis. On appelle auffi
château , une maifon fans défenfe , où les foffés ne
fervent que d'ornement. Le Château du Louvre. Le
Château de Vincennes. Le Château Saint-Ange à
Rome.
Château , fe dit auffi d'une maifon de plaifance ,
quand elle eft bâtie magnifiquement. Ce n'eft pas
là une mailbn de bourgeois , c'eft un château. En
général , les maifons où loge le Roi , & qui lui
appartiennent , s'appellent châteaux. Le Château
de Saint-Germain , le Château-neuf, le vieux Châ-
teau, le Château de Vcrfailles, le Château de Cham-
bort , &c. Ht l'on dit château tout court , pour dé-
signer la Maifon Royale. Il y a tant de la machine
Tome II,
48 I
de Marli au château. Ce Seigneur h'à point d'hô-
tel à Vcrfaillcs , il 'loge au château,
fie?" On donne pourtant plus particulièrement le nom
de palais aux Maifons Royales» lîtuées dans la C3.pi-
hûc. Palais des Tuilleries. Palais dU Luxertiboùrg.
On appelle figurément château de carte $ une
maifon tort enjolivée , & bâtie peu fblidcmcnt. OA
appelle aufli château branlant , une chofe qui n'eft
pas appuyée fur de bons fondemens , qui menacé
ruine. Ces phrafes font proverbiales.
Château , en termes de Marine , fe dit dans leS
grands bârimens de mer. Le château de proue ou
château d'avant , le gaillard d'avant ville theâir.:^
eft l'exhauffement qui eft à la proue des grands
vaiffeaux au deffus du dernier pont vers la mifaine t
c'eft le lieu où fbnt les cuilines. Le château de
poupe bu le château J^'arriere , ou le gaillard d'ar'
rière , eft toute l'élévation qui règne fur la poupé
au deffus du dernier pont , où fbnt les chambres
du Confeil & du Capitaine.
Château d'eau > c'eft un pavillon différent du re-
gard, en ce qu'il a de plus un refervoir,^ quel-
que façade d'architecture enrichie de nappes d'eau j
rie cafcades , &c. C'eft quelquefois un corps de bâ-
timent avec une fimple décoration de croifces fein-
tes , parce qu'il ne renferme que des rélérvoirs ,
comme le château d'eau de Vetfailles, Les Archi-
tectes Latins appellent auffi Caftellum , une cave
ou voûte , dans laquelle toutes les eaux s'affem-
blent , & d'où elles fbnt conduites dans l'aque-
duc. C'eft une remarque de Catel , dans fbn Hifl,
de Lang. Liv. II i c. x ,p. 127.
On appelle , en termes de Blafon , un château
fondu , .celui qui eft repréfenté en fa partie d'en
haut feulement , &: lorfque celle d'en bas femble
coupée. Cajîellurn injimâ fui recifum parte. Il doit
du moins avoir deux tours , 6c un logement aU
milieu
Château, fe dit proverbialement en ces phrafes. Ville
pnie, château rendu, pour dire , qu'on ne peut
plus guère renir dans uil château , quand la ville
eft pr'ife. Faire des châteaux en Elpagne, pour dire,
fe repaîtie de chimères , de vaines imaginations.
En quelques vieux Aurcurs on trouve , taire des
châteaux en Afie , dans le même fcns qu'on diî
à préfent,en Efpagne.
Lorfijue je pars pour la campagne ,
Je fais toujours de grands projits :
Poètes font a[fe{ fujets
A bâtir châteaux en Efpagne ,
Et bâtifj'ent à peu de frais.
Ce nom entre dans la compolîtion de plufîèurs
noms de lieux auxquels on l'a donné , parce qu'il
y avoir des châteaux,
Ch ATI.AV -Briant, CaJlrum Brientii , en Bretagne
fur les confins de l'Anjou ; où Merlian , & , comme
parle Du Chefhe en iés Antiquités des villes de
France , l'interprétation commune place les Ca-
detes de Céfar.
Château - Chinon, Ville du Nivernois. Caflrum Cx'
ninum. C'eft la capitale du Morvan , lituée fut
une montagne à la fource de Tlorte,
Château -CoVk«/. Bourg de l'île de Garnefey. Caf
trurn Buccince.
QwKT^ KM -Dauphin, dans le Dauphiné, entre Am-
brun & Saluffes. Caflrum Delphini.
Chatt-AV- de- Loir ou du- Loir. Petite ville du
Maine , qui a titre de Baronie. Cajirum ad L<zdum
ou Lidium. Elle eft fur le Loir , vers les confins de
la Touraine &C du Vendômois. C'étoit la patrie de
Coefïeteau. ^
Château d'If ForterefTe de l'Ile d'If, à une lieue
de Marfeillè. Callrum Iphium ou Taxianum.
Château - Dun. Ville de France dans le Blaifois,
& capitale du Dunois. Cafiellodunum. Du Chefne
dit qu'on l'appcloit autrefois /îw/'fcAnVe , Comme
qui diroit l/rbs clara , par rranfpofition de lettres ,
à caufe qu'on la pouvoit voii clairement de loin.
Ppp
48
C H A
Elle efl: far une montai;ne de difficile accès : c'efc j
de là que lui vient l'on nom -, car dum en gau-
lois Ii'gnifioit hauteur , manta^ni. Cette ville a été
li conlidcrable , qu'il y a eu autrefois un Evéché.
M. de Valois , dans fa Notice des Gaules , Ibutient
le contraire -, mais M. Ménage le réfute dans Ion
JiijL de SdbU , p. 205 , io6. Chàteau-Dun efl plus
occidentale que Paris de 0^ 4' 4" , ou en degrés
de 10 i' o". Il a de longitude 18° 58' zo" , de lati-
tude 48" 4' 5". Cas s INI.
Château-Fo//. Petit [vays dans la Marche.
Château - Gontier. Ville d'Anjou. Cajlrum Gon-
therii. Elle efl: lituce fur la Mayenne , à fept lieues
d'Angers.
Châtzav -Ladon eu Ckatiav - Lan don. Ville du
Gâtinois , afkz ancienne , fi nous en croyons Vi-
gcnère , qui la prend pour le Vellaudumim de Cé-
far ; d'où il croit que s'eft fait Landon , en raan-
i^eant la première fyliabe ve. CIiâieau-LaTidon ell:
aux confins de l'île de France , fur le Loin , entre
Montargis & Nemours. Voye^ aufll Du Chesne,
Antiq. des villes de i'r. Liv. I , c. 6$.
La Congrégation de Château-Landon. Congré-
gation de Chanoines-Réguliers. Jacques d'Aubui-
fbn de laFeuillade , AbbéCommendataire de l'Ab-
baye de S. Severin de Cbâtcau-Landon , y fit venir
vers l'ap 1497 fix Chanoines de la Congrégation
de Vindefeim , pour y mettre la réforme. Cette
réforme eut tant de réputation , que pluficurs Mo-
naftères confîdérables , & entr'autres S. Viélor d ■
Paris, s'y unirent, & compofèrent une Congréga-
tion, qu'on appela la Congrégation de Chdtsau-
Landon.EWe fub(îfl:a jufqu'en 1577 , que l'Abbaye
de S. Victor ayant été jugée plus commode pour
la tenue des Chapitres généraux , on les y tint dans
la fuite , &c cette Congrégation prit le nom de
Congrégation de S. Vidor. En 1614 , l'Abbaye d;
S. Severin j|le Château- Landon s'en fépara, &: er
16^6 ,\a. réforme de la Congréirarion de France en-
tra dans S. Severin. Pour la Con2;régation de S.
VicT:or , elle ne fublifte plus. P. Hélvot , T. Il ,
c. 55.
Château -Z-rw. Bourg de Baffe -Bretagne dans 1:
Diocèfe de Quimpcr , confidcrable par fes carriè-
res d'ardoifes. Cajlro/inum.
Qïi'kr-EA.Tj - Meiltant. Ville de France dansleBerri.
Cajirum-AL'illiaiù. Louis XIII l'érigea en Comt''.
Voye:^ La Thaumaiilcre , Hijl. de Berri , L. FUI ,
ch. I.
CuATixv-Neuf. Nom de différentes villes. Caflrum
Noviim. L'une ell dans l'Angoumois fur la Charante.
C'eft proche de cette ville que le Prince de Condc
fut tue, dans le combat qui fe donna l'an ijfîp.
Une autre en Bcrri ilir le Cher, qui a titre de Ba-
ronnie. Fvyei'^ La Thaumailiere, Hijt.de Bern ,
Liv. IX, c. iS.Une troifième dans rOrléanois,qui
a un château fitué fur une montagne , & bâti par
Valentine, veuve de Louis Duc d'Orléans. Une
quatrième efl: capitale du Valromey. Une cin-
quième nommée Château-Neuf tn Timerais , périr
pays dont elle efl: la ville principale , apparrient à
l'Ile de France. Je ne parle point des deux bourgs
de même nom , l'un en Anjou fur la Sarte , & l'aurre
en Bretagne. Il y a encore Château-Neuf Aq Randon,
ville de France dans le Gevaudan , qui appartienr
au Vicomte de Polignac. Foye^ Valois , Noc. Gall.
f. 135.
Cu ATtAu-Pélerin. C'efl: un château fur la côte de
Phénicic, entre Saint Jean d'Acre au nord, & l.i
ville de Tartoura au midi. Pere^rinorum Cajtellum
Il s'appelle ainfi , parce que les pèlerins y venoient
autrefois aborder , &: y trouvoient leur fureté.
MÉM. DES M:ss. DU Lev. t. y , pas;. 11.
CHÂTEAU-PcraV/2. Petite ville &: principauté en Cham-
pagne, fur l'Aine , à une ou deux lieues audeffu-
de Rétel. Cajlrum Porciani.
CïiAThAv-Re^nau!. Autre Principauté 5«: petite vill
du Rétélois , fur k Meufe. Cajirum Reginaldi.
CH A
ChaTIAV - Renard ou Regnard , dans le Gâtincis.
Cajlrum Viilpium , ou Cujtrum Raynaldi.
Châteauroux. Ville de Berri. Cajimm Rodulphi , ou
Radulphi. Elle efl: fur l'Indre. Louis XIII l'érigea
en Duché-Pairie i elle a cré à la maifbn de ConJc.
On y fait beaucoup de draps de Berry. Ce nom s'eft
fait par corruption de Château-Raoul. Voye:i la
Thaumailiere , Hijioire de Berry , Liv. VU , c. 1 ,
&i lijiv. Châteauroux , eft auffi une ville Epifcopais
de l'île de Nègïeponi, Cajial'ro^o , en italien,
Cajlrum rufum.
CuATEAV-Salins. Bourg de Lorraine. Cajlrum Sali-
«iar«/72, près de la rivière de Seille, Son nom l.ii
vient de fes bonnes lalines.
CHATtAV-J'ur-Epte. Paroiffe du Vexin Normand, ainfl
appelé à caule de fon château , qui défendoit le pal-
fage de la rivière. Cajlrum ad Eptam. Voyez la
Description Gco'^t. & Hijt.ie la Haute-Normandie ,
Tom. Il , p. 315.
CnÂTEAU-ry^iVrry .Ville de la Brie pouilleufe. Gï/?r//OT
Theoderici. Elle efl: liir la Marne. C'étoit la patrie
de notre illufl:re La Fontaine.
Château-/'7/j/«. Bourg de Champagne vers la foilrce
de la rivière d'Aube. Cajirum Vdlanum.
Tous CCS noms font mafculins , comme celui de
Château.
Châteaux. (les) Ce font les Dardartelles; les deux
Châteaux de Sellos &: Abydos, Voye^ Dj^^rda-
niLLis. Cajie lia. No'^ Cartes marines les appellent
Cajtelli , qui ell le nom qu'on leur donne en italien.
Il n'y a qu'enviion douze milles àzs Châteaux à
Téncdos. Du Loir. L. VII , /». 11 j.
CH.^TÉE. f f. La po:tée d'une chatte, tous les petits
d'un.? chatte. Ce mot n'cfl: pas r.'cu.
1^ CHATElGNERAîE.(Ai) petite ville de Francâ
en Poitou , à fix lieues de Luçon.
CHÀTEL. f. m. Petit ch.îteau. Cdjhllum. C'efl un
vieux mot francois , formé de ce mot latin , & qui
n'efl: refl:é que dans quelques noms propres de lieux ,
&: quelques noms de famille. Ainfi l'on appeloit
Chitel- Aillon une ancienne ville du pays d'Au-
nis , qui eft détruite , Cajirum ou Cajlellum
Julii. Chitel- (m -}si\o(c\\c eft une Seigneurie ds
Lorraine.
CHÂTELAIN, f. m. C'étoit autrefois le Gouverneur
d'un ch.iteau , établi pat les Ducs ou Comtes , dans
1-js principales bourgades , rant pour les tenir dans
l'obéiffance , que pour y rendre la jullice. Cajlellanus
dinajta. Il femble que la principale fonction de cet
Officier étoit la garde du château , d'où lui eft venu
le nom de Châtelain. Il étoit tenu par conféquent
de le pourvoir de toutes fortes de munitions de
guerre &: de bouche , & d'y entretenir un certain
nombre d'hommes , tel que le Seigneur ou fou
Bailli l'avoir réglé. Suivant quelques Ordonnances,
4'1 étoit oblige d'y faire fa réfidence : quand les
nilices de la Chârellenie marchoient pour quelque
expédition, c'étoit à lui de les conunander, fous
les ordres toutcibis du Bailli. Il étoit auffi de fon
emploi de fournir des vivres à ceux que le Dauphin
étoit tenu de défrayer en campagne. L'emploi du
Châtelain exigeoit llir-tout de veiller à la confer-
vation des biens du Seigneur , & de faire recueillir
les fruirs qui provenoient dans les fonds pour les
vendre à fbn profîr , après en avoir réfervé la quan-
tité néceffaire pour la provifion du château. Le
même étoit chargé de la recette générale des droits
fcigneuriaux , pour lefquels il avoir un receveuï,
ou qu'il donnoit à ferme pour s'épargaer l'embarras
du détail. Il jouiffoit , au moins en quelques lieux ,
du privilège qu'avoir le Bailli , de pouvoir en cer-
tains cas aliénet les fonds domaniaux, les échanger,
ou les donner en emphiréofe. Il pouvoir auilî don-
ner l'inveftiture des fonds qu'il avoir inféodés, &
en recevoir l'hommage au nom du Seigneur. Pu.,
DE V ALBONNET , Mcm. pour l'Hlfl. du Daurh. Difc.
y, c. V Les fondions miliraircs arrachées à ces
offices les faifoient rechercher des principaux de Is.
noblefle 5 qui s'en trouvoient honorés, Id. Dans la
CH A
fuite, \tsChduliiins ul'urpcrent la propriété 5c îa
Seigneurie de leur Juridiction. Maintenant il ne
/îgni/ic plus que le Seigneur d'une terre, qui a un
dcirrc d'élévation au deillis d'une Seigneurie or-
dinaire. Le Seigneur CliduUin ne peut porter fes
armoiries qu'en éculfon , & non en carré ou ban-
nière, comme lont les Comtes, Vicomtes &: Ba-
rons , qui ont droit de bannière, de haute Juftice ,
de fourches patibulaires à quatre piliers. Le Chl-
teUin a droit d'avoir maifon forte 5 c'cft-à-dire
munie de folfés & pont-levis, lUns permiUion du
Roi : il peut même empêcher que l'on ne bîtiire
iim mailbn forte dans l'crendue de fa Chatcllenie
Autrefois pour être Chatelam , il falloir avoir un"
château & fortere/fe , Seigneurie & Jurididion ;
& pour faire la Châtcllcnie, il falioit qu'il y eut
une Abbaye ou Prieuré conventuel , four banal , ùc.
De Châtelain , pris pour Seigneur d'un château ,'
on diloit autrefois Cluudaint , pour ^ Dame d'un
Château
Châtelain , ePc auiT» un Juge , ou Officier , qui rend
la Juftice dans l'étendue de la terre d'un Seigneur
Châtelain. Cajiellanus Judex. En Auvergne °, en
t)auphiné, en Poitou, les Châtelains des villes font
aufTi des Officiers exerçans lajuftice.
|Cr Châtelains Royaux, qu'on appelles autrement
Prévôts, font des Juges qui iont dans le premier
degré de la Juftice Royale. Ils connoiHent en pre-
mière inftance des diff;rens des particuliers , tant
en maticr; civile que criminelle , excepté des caufcs
dont la connoinance ell rcicrvée aux Baillis. Ils
connoiirent au/Ti des appellations des hauts Julti-
Giers ; & leurs appellations s'interjettent -^ar
devant les Baillis & Sénéchaux. ^"
fer CbÂtelains Seigneuriaux , font ceux qui font
établis dans les terres des Seigneurs particuliers
r? CHATELAINÎE. Voye^ Châtellenie.
tfr CHATELDON. Ville de France dans le Bour-
bonnois , Diocèfe de Clermont , à quatorze lieues
de Moulms.^
CHATE LE , EE. adj, "ferme de Blafon , qui fe dit des
pièces d'un écu chargées de figures de châteaux,
Cajtellis injtrucliis. La bordure^ de Portu"-al , le'
lajnbel d'Artois , font châteUs.
CHaTELET. f. m. C'eft ainlî qu'on appeloit autrefois
de petits châteaux ou fortetedes, où les Seigneurs
Châtelains logeoieht. Caflella. Mais préient^ement
on appelle à Paris le Grand Châtekt , le lieu où fe
tient le Préiîdial, ou la Juftice ordinaire du Prévôt
de Paris, qui eft compote d'un Prelîdial , d'une
Chambre civile, d'une Chambre criminelle , &
d'une Chambre de Police. Cajlcllana Parifiorum
curia. On appelle de même à Orléans , à Mont-
pellier , &c. les lieux où Ion rend la Juftice. Les
fentences 5C le fceau du Chàtelet de Paris l'ont exé-
cutoires par toute la France. Les Notaires du Chà-
telet dépendent de cette Juridiélion. Le fceau du
C/zaVê/^/eft attributif de Jurididion-, en forte que
quiconqueeft obligé en vertu d'un contrat pafle au
Chàtelet, y peut être alfigné pour l'exécution du
même contrat, en quelque lieu du Royaume qu'il
foit domicilié. Le petit Chàtelet efl: un ancien fort,
qui fert aujourd'hui à mètre des prifonniers. Le
grand Chàtelet fat bâti du temps de Julien l'Apoftat-
&: rebâti fous Philippe le Bel , tel qu'on le voit au-
jourd'hui, excepté l'arcade fous laquelle on pa'fe ,
qui fut faite fous Louis XII. Favyn. Hijioire de
Nav. L. V. Cefl Charles V qui fit bâtir la Baftille
& le grand Chxtele',. L'ancien , le nouveau Chàtelet ,
font deux corps de Juridiiftion , qui forment main-
,tenant le Prcfidij!. En latin , Cafielletum,
Quelques-unG croient que le grand & le petit
Chàtelet de Paris ont été bâtis par' Jules Céfar , ou
par quelqu'un de fes fuccefTeurs , qui a porté le
même f.irnom \ ce qui piroît certain, du moins pour
la forterefTj que nous appelons le grand Chàtelet ,
dont l'une d-îs chambres porte encoure à préfent , &
de temps immémorial, le nom de chambre de Céfar
& ou l'on a vu jufqu'à la fin du XVIe fiécle , au deOus
CM A
s i
de la porte d'un bureau, ces mots feraVcs iut Uhe
plaque de marbre: Tnbutum C^Jarts^ L'autre
forterc/fc que nous hommons petit ChdtelM , m
entièrement ruinée par les Normands, & na été
rebatre comme elle eft à préfent, que fous lere-ne
de Charles V, plus de 450 ans après fa deftruclici
U. fELIBïEN.
Ce mot Chàtelet , eft un diminutif de château ^
&c s eit forme de cajiellum, diminutif de ca/irum ,
château, ou de cyteu'etum , diminutif de tJiellum
CHATELET, eft aulhie Corps des Juges du Chàtelet
5: eur Juridiction. Une Icntence du Châtekt, Con-,
<eiller au Chàtelet, Procureur au Chaidet. Les au-
diences du Chàtelet font divifées en celles de la
i revote, auxquelles prelide le Lieutenant Civil; Se
celles du Prefidial , auxquelles préfidcnt les deux
Lieutenans Particuliers par tour , de mois en mois;
Le Chàtelet cft aujourd'hui la feule Jurididion bt^
dinairc de la ville de Paris; routes les autres Turi-
diéhons y ont été réunies , pour éviter les conHit?
de Juridiction. A^o_y^^ Lange , dans la Nouvelle
rratique , &c.
Chàtelet, eft aufîî le liom propre de quelques
heux, comme le Chàtelet en Berry. Cattelkmm,
C eit un lecond diminutif de cajirum , château , qui
figniiie un fott petit château. Un autte en Franche-
Comte s'appelle Chàtelot. Il eft lut le Doux
Chàtelet. l.rme de Rubanier. C'eft la partie dà
métier du Rubanier , qui foutient les ardoiles & les
hautes lices.
Chàtelet. Terme de Fetrahdinier. Le çôtte-châtslet
eft une traverle qui eft au haut du métier où fè
fabriquent les gazes , & qui fert à porter les trois
bricoteai'.x.
CHATE-LEVANT , CHATE-PRENANT. Terme
de Coutume. Ces mots figni/ient une claufe qu'on
mettoit autrefois dans les contrats au pays Mclfini
Par cette claufe oh donnoit pouvoir à ceux qui
prenoient des fonds à gagière , ou à mort^gaçe i
d'en prendre , d'en percevoir les fruits.
CHATELLENIE. C f^ Seigneurie d'Un Selgnéiît
Châtelain , & l'étendue de fa Terre & de fa JuA
tice; Ditio Cafiellani dynajla. C'étoit ahcieane-
mentuhnom d'Officei gr non de Seigneurie. La
Cour de k Chatellerue étoit compolee, outre le
Châtelain , d'un Procureur Filcal , d'un Notaire ,
ou Greffier , & de quelques Sergens. Vâleonnet.
Foyei ChÂTELAiN. Dans l'ancie'^nne pratique , Châ-
tellenie figniiie k reifort , l'enclave d'une haute-
Juftice. Il y a tant de Châtellenie s qui reHortillcilt
à ce Prefidial. Cette Province eft divifée en tant de
Châtellenies. On fe fert indifféremment du titre de
Prévôté ou de celui de Châtellenie , pour exprimée
une Seigneurie ou Juftice qui ne relève pas direc-
tement de la Couronne.
On donne Ce nom en Flandre aux diverfes parties
ou contrées dont cette Province eft compofée , &
chacune de ces Châtellenies porte le nom de fa
capirale. Châtellenies de Lille , d'Iptes , de Gand i
(ic. On le donne aùffi en Pologne aux petits Gou-
vernemensqui dépendent des Caftellans , ou Châ-
telains des villes , & qui font fournis aux Palatins ^
dont les Gouvernemens ou Pa'.atinats renferment
pSulieurs Châtellenies. Et en françois, nous nous
fcrvons de ce mot en parlant de ces lieux.
CHaTELLERAUD , ou plutôt CHATELRÀl/D.
Ville de France dans le Poitou. Cafirum fferaldi.
C'eft de ce nom latin que le françois s'eft formé.
Châtelleraud eft firué fur la Vienne. Francoi.s I ,
l'crigea en Duché , en faveur de François de
Bourbon, fils de Giiberr de Bourbon, Comte de
Montpenfier. Il ne faut point écrire Châtel-Heraiilt ■,
comme a fait M. Corneille, p. 616 , après avoir
fort bien mis Châtelleraud à la page précédente j
ni diftinguerces deux villes , comme il femble le
voujoir faire. Et la contrée .à laquelle cette ville
donne fon nom , il fiut l'appeler Châtelleraudois ^
ou plutôt Châtelraudois , comme écrit Naudc dans
ioïiM.ifcurdtip. ij<j j&rvonpas Châtel-Hcraudoist
Pppij
CH A
484
comme a fait Corneille , après l'Atlas qu il a
copié. , ^
^ CHATEL-SUR-MOSELLE. Ville de Trance
en Lorraine, fur laMolclle, à trois lieues d'Epinal.
fp- CHATELUS. Villcde France dans la Marche,
fur le Taurion , à deux liciies de Boiirganc.ih
CHATEPELEUSE, C i'. Petit inlctle ou vermine qui
ron^e le blé. On l'appelle ^uiVi calerJre y ou cha-
rencon. C«/c«/«o. C'cft aulîî un terme bas & popu-
laire', qui fignifie une chenille qui eft couverte de
poil comme un chat»
CHATER, f. m. Tcrm.e'de Relation , Curfor. Les
Ckaters Ibnt en Perle des valets de pic qui courent
dans les rues devant leur m.aure pour faire faire
place ; parce que les hommes vont à cheval &: très-
vite. En Perle les Chaters font: un corps comme les
Artilans -, il faut être palEé maître à la Courfe pour
être Ckater. Tavernier.
CHATHIB, ou CHATHEB. f. m. Terme de Relation.
Mot turc qui lignifie Prédicateur , harangueur , qui
parle en puhUc. Concionacor , Ecc/ejîajies, C'eft aulli
parmi les Mahométans celui qui tient , dans les
Molquées , la place que les Curés tiennent dans les
Paroiffes parmi les Chrétiens ; parce qu'outre la
prière , il leur fait encore des fermons & des prônes,
en les averthrant de leurs devoirs, & fouvent en
leur annonçant les ordres du Prince. Les Chefs des
Mofquces Royales ou principales de chaque ville,
portent ordinairement ce nom , à la diftinéiion
des Chefs des autres Mofquécs , qui s'appellent iîm-
plement Imans. D'Herbel,
Ce mot vient de 2rD , Chatkab , qui en hébreu ,
chaldéen, fyriaque, atabe, lignifie écrire. KM\
Chaiheb proprement en arabe lignifie un Ecrivain ,
un lavant , un Doélcur de la Loi. Il làut prononcer
Caiib , ou Caceb.
CH AT-HUANT, f. m. Le t ne fe prononce pas , & l'A
eft alpirée. Il faut donc prononcer chahuant. C'eft
un oilcau de nuit qui mange les fouris & les petits
oifeaux , que le peuple regarde comme un oifeau
de mauvais augure. C'eft la même chofe que Je
hibou &C le duc. Bubo, noclua. Il eft de la figure
d'une chouette, & de la grandeur d'une petite
aigle , tanné &: roux , &: tacheté de noir, ayant la
tête & les griffes de chat. Il y en a de différentes
efpèce , plumage & gtofleur. Les chat-hudnts & les
chouettes ont été adoiés au Pérou , à caulé de la
beauté ?c fubtilitc de leurs yeux , qui voient dans
les ténèbres.
Il y a dans les îles de l'Amérique une efpèce de
chat-huant que l'on nomme canot , parce qu'il
jette un cri lugubre , comme qui crieroit au canot.
Il n'eft pas pfus gtos qu'une tourterelle , mais tout
{emblable par fon plumage aux hiboux de France.
Il a deux ou trois petites plumes aux deux côtés de
ia tête qui refTemblent à deux oreilles.
Il y a un chat-huant cornu , nommé autrement
hibou cornu , ou moyen duc. Il y en a même de
deux efpèces. Voye^ Hibou cornu.
On donne ordinairement à Minerve le chat
huant & le ferpent , tous deux fymboles de la
fagefle : l'un parce qu'il voit clair au milieu des
ténèbres , l'autre , ùc. P. Jobert. Il eft^ mis quel-
quefois fur fon cafquc , Si quelquefois à fes pieds.
Dans une médaille de Néron , on le voir fur un
autel : il marque que ce Prince avoir célébré les
jeux de Minerve appelés Quinquatria. Id. Il eft
auffi le fymbole d'Athènes , fur les monnoics de la
quelle on le ttouve toujouts, ou prcfque toujours.
Voyez Nonius , Grcecice Univerf. Tab. XIII.
Ce mot vient de catus ululans , parce que cet
oifeau a une tête de chat , piend les fouris comme
un chat, & crie fort haut la nuit, ce que l'on ap-
peloit autrefois huer. Mén. Du Cange le dérive
de cavanna , ou cavannus , qu'on a dit dans la
baffe latinité au même fens.
CHAT -HU ANE, ÉE. adj. Tetme de Fauconnerie.
Qui a le peunage de chat-huant. Pennis noSua
fimilis.
CH A
03" CHÂTIER, v. a. C'eft faire fubir à quelqu'un lé
châtiment que mérite une faute qu'il a commilé ,
afin de l'empêcher d'y retomber, & de le rendre
meilleur. Cajiigare. Lé mot de châtier porte
toujours avec lui une idée de lubordination , qui
marque l'autorité ou la fupétiorité de celui qui
cAime, fur celui qui eft chauc. 11 faut châtier ra-
rement, 6c punir fcvèrcment. M. L'Abbé Girard.
C'eft une vérité qui paroît un peu auftère , que
Dieu nous aime quand il nous châtie. Flechier.
0Cr On dir, en termes de Manège, châtier un cheval:
c"eft lui donner des coups de gaule ou d'éperon
lorfqu'il rélîfte à ce qu'on lui demande.
ÇCT Châtier jvn corps , fe dit des pénitences que
font les Saints, des mortifications dont ils affligent
leurs corps. Cajiiç;iire , affligere corpus. Ce Saint
châtiait rudement fon corps trois fois le jour. Châ-
tier fon corps par les jeûnes Se les veilles , les haires
Se les ciliées.
TfT Châtier fignifie auffi corriger, polir un ouvrage j
le purger de fes fautes. Corrigere , emendare ,
mutare. Le ftyle de cet Orateur eft fort châtié.
Eutipide , le plus tragique de tous les Poètes , eft
d'ailleurs peu exaéf, peu châtié, dans la conduite &
la difpofition de fes fujets. Dac. îfT Quoique le
ftyle de Voiture ne foit pas fort châtié , parcequ'il
n'a j.imais revu les ouvrages , on y trouve une naï-
veté 5c une dclicatclfe qui ne fe rencontrent point
par-tout ailleurs. Bouh.
tCT On difoit autrefois chajîoier 'pout, châtier.
hzT On dit proverbialement, qui bien aime, bien
châùe , en parlant de l'amour d'un père envers fes
enfans. On dit auHî châtier bien , & récompenfet
de même. L'auteur de ce mot eft le Duc d'Albe ,
qui étoit fort exaél à payer fes troupes, &fbrt févère
à les punir, ^oyei^a mot Punir, les différences
deces deux verbes.
Châtié., ée. part.
CHATIERE, f f. Ouverture ou trou qu'on laifle à une
porte , ou à une cloifon , pour donner entrée aux
chat: dans des chambres &C des greniers , afin qu'ils y
aillent faire la guerre aux fouris. For amen per quod
lubire [dis po(jit.
0- CHàTIGAN. Ville d'Afie dans l'Indouftan , au
Royaume de Bengale.
CHATILLON. Nom de lieu ^ de famille. Cajlellio.
Les lieux qui portent ce nom , fe diftinguent en
y ajoutant, ou le nom de la contrée dans laquelle ils
fe trouvent renfermés , comme Châtillon deMédoc ,
bourg fur la Garonne , dans le pays de Médoc en
Guienne , Cafiellio Medulci : &c Châtillon de Mi-
chaille , petite ville lituée dans une petite contrée
du Bugey , appelée Michaille , vers le Rhône. Caf-
tellio de Michalia. Ou bien plus communément
par le nom des rivières qui les arrolént. Ainfi Châ-
tillon -Jur - Cher , eft une ville de Berry fituée fur le
Cher , au confluent de la Sandie. Chatillon-fur-lndrs
eft cnTouraine, aux confins du Berry, fur la rivière
d'Indre. Voyei la Thaumalf. Hijt. du Berry , L. IX,
c. 57. Cajiellio ad Ingèrent. Chatillon-fur-Loin, eft
une petite ville du Gatinois , fur le bord du Loin.
Cajlellio ad Lupiam. Châtillon- j'ur- Loir s , ville du
Berry. Cafiellio ad Ligerim. Elle eft au-deffus de
Cône , de l'autre côté de la Loire. Chatillon-fur-
Marne, en Champagne, Cajtellio ad Matronam ,
eft fur la Marne , entre Epernay & Château-Thierry;
c'eft la patrie du Pape Urbain IL Chatillon-Jur-
Saône, petite ville de Lorraine dans le Barrois ,
Cajiellio ad Ararim. Chdtillon-fur-Seine , Cajiellio
ad Sequanam , eft une ville de Bourgogne, feparée
par la Seine en deux parties, dont l'une s'appelle
le Bcur? , & l'autre Chaumont , qui font comme
deux villes qui ont chacune leur Maire & leurs
Maaiftrats à parr.
CHATILLONET. Diminutif de Châtillon, Capl^
lionetum. Bourg de laBreffe fur la rivière d'Ains.
SCr CHÂTIMENT, f. m. Cajlizatio , animadverjio.
Terme qui comprend géneralememcnt tous les
moyens de fcvcritc permis aux chefs des petites
C H A
focictcs qui n'ont pas le droit de vie & de mott Sc
employés , ibit pour expier les fautes commiics par
les membres de ces focictcs, Ibit pour les ramener
à leur devoir 6c leS y contenir, La fin du c/i ju-
ment eft toujours , ou l'amendement du châtié , ou
la latisfadlion de rolfehfé.
1^ Il eft eiicntiel, pour bien corriger, que le châti-
ment ns foit ni ne paroilie être l'effet de la mau-
vaiie humeur. M. l'Aebé Girard.
§C?Le châtiment dit une correction', mais la. punition
ne dit précifémcnt qu'une mortification faite à ce-
lui qu'on punit. On peut définir le châtiment ^ une
correiilion dont ule un maître, un fupérieur, envers
quelqu'un qui a fait une faute j afin de l'empêcher
d'y reromber > ou de le rendre meilleur. Il n'cft
pas d'un bon maître de châtier fbn élève pour toutes
les fautes qu'il fait , parce que les châtimens trop
iréquens contribuent moins à corriger du vice, qu'à
dégoûter de la vertu. Voye^ aux articles particuliers
les nuances qui diftinguent les prétendus iynony-
mes ; & ne dites pas avec les Vocabuliftes , accou-
tumés à confondre toutes les idées , châtiment ,
correction , punition , peine que l'on infiige à celui
quia fait quelque faute.
^CT On dit , en termes de Manège, les châtimens du
cheval : c'cft lorfqu'on le pique , qu'on le fouette ,
ou qu'on fe fert des aides avec rudelîe quand il ne
veut pas obéir. j
1^ Le mot châtiment 1 quelquefois urtêfignification
plus étendue ôi très-rapprochée de celle du m.ot
iupplice.
Il faut des châtimens dont Vunivers frémi ffe t
Qu'on tremble en comparant l'oQenj'e ù le jupplice.
Racine.
^3" Châtiment militaires , font les peines qu'on im-
pofe à ceux qui luivcnt la profefîion des atmes,
îorllju'ils ont manqué à leur devoir.
CHATIR. f". m.Terme de Relation. Valet de pié chez
les Turcs, f^oye:^ Chater.
CHATON, f. m. Petit chat. Felis catulus.
Chaton, terme de Bijoutier,, lîgriifîe l'endroit où
l'onenchàill- une pierre précieufe dans un anneau ,
un poinçon , un cachet , <îfc. Pala , funda. Ménage
prétend que ce mot vient de ca/lrum , & qu'on a
dit autrefois azy/oT?.
§:? Chaton. Terme de Botanique. Julus i nucamen-
tum. On appelle ainfi en Botanique, certaines fleurs
attachées piulîeurs enfembb le long d'un filet com-
mun , en forme de queue de chat: d'où vient le mot
de chaton. Souvent ces chatons , ne contenant que
des fleurs mâle?, ne donnent point de fruit. Les
payfans les nomment des roupies. Tout le monde
connoh les chatons du noyet, du noifettieti II y a
aufli dels chatons qui portent des fleurs femelles.
Cette fleur efl: toujours icparée du fruit , ibit qu'eUe
fe trouve fut un individu différent de celui qui
porte le fruit , foit que la même plante produife
la fleur &c le fruit.
On appelle aulfi ci^.rw;7 , le vert qui couvre la
coquille de la noifette , loriqu'elle eO: encore fur
le noifeticr. On le dit auffi de la partie qui enferme
la graine de la tulipe. Liger,
Chaton fe dit encore, en termes d'OcuUfte , de
l'endroit où le criftallin de l'œil eft enchâfle.
Vmlw , pala. Ce chaton , dit M. Morand , eft
formé par la tunique vitrée. Il dit encore que des
deux membranes qui 'ont dans l'œil, la féconde
eit celle qui tapifle le chaton où le criftallin eft
enclavé. M. de la Peyroniea obfervé que la mem-
brane criftaliine ne tient au criftallin que par les
bords, quoiqu'elle le couvre en entier-, mais que
peu à peu elle fe retire, & devient adhérente au
cercle de l'Iris , fans cefler dé tenir encote au crif-
tallin par fes rebords : & qu'au lieu qu'elle étoit
une enveloppe, elle devient un chaton où. le crif-
tallin demeure enchâffé. M. de S. Yves , fameux
Oculifte , reconnoît au/Ti que la féconde membrane
C H Â 4^1
efl: celle qiîi tapifTc le chaton dû criftallin. Le criltai-
lin étant fbrti de fon chaton , 11 trouVa l'hilméiit
criftaliine dans fort fA«o« naturel. , * ; GeislEr ,^
Journ. des Sçav. 1710, p. 44(>.
CHATOUILLEMENT, f. m. Action par iaqufelle oÀ
chatouille. C'eft aufli le féntiment qui naît de cette
àdtion. Titillation II y a bien des gens qui ctaignent
le chatouillement,
l}"T L'organe du toucher cônfîfte dans les fibres iléir-
veufcs répandues dans tout le corps. Ces fibres vont
fe terminer à l'épiderme en petites hoitpcs ou pe-
tits mamelons. Elles reçoivent les impreflionS ith-
fîbles , & les font paflêr jufqu'à l'.ame par le moycii
desefprits animaux : de-là les diffcrentcs fcnlations,
ffT Aullî les endroits où il y a plus de ces fibres
nerveufcs » comme la plante des pies , font les plus
fenfîbles au chatouillementi
1^3° Toutes les fenfations île diflcrcnt qife par le piuS
ou le moins. Le plaifir n'eft que le commencement
de la douleur , & la douleur commence où" le plai-
fir finit. Un chatouillement doux & modéré fait
du plaifir ; il ne caufb qu'un léger ébranlement dins
les nerfs. S'il augmente ail point de jeter l'aine Sc
les nerfs dans des mouvemens plus violens que
tcux qui accompagnent le plaifir , s'il déchire , s'il
bleffe les fibres nerveufes , c*eft un fentimeht dé
douleur;
Chatouillement fe dit auffi an figuré , du plaifîr qùd
l'on a de s'entendre dire des choies flatcules & agréa-
bles. Quel agréable chatouillement cauCe l'approba-
tion du monde dans les efprits vains , lorfqu'ils
s'entendent nommer parmi les Doiileurs célèbres !
Bens.
CHATOUILLER, v. a. Toucher légèrement quelque
partie du corps , §Cr de manière qu'on n'cxcire dans
les nerfs qu'un léger ébranlement , un , mouvemens
doux& modéré qui accompagne le plaifir. Titillarei
On chatouille les perlbnnes aux hanches , à la plante
des pics, /''oye^ Chatouillement. Malherbe a dir»
chatouiller fon ame \ pour dire , fe flater de quel-
que efpérance j s'entretenir agréablement dans quel*
que douce penféc.
Maïs , o rigueur du fort ! tandis que je m^arrcte
A chatouiller mon ame en et contentement ,
Je ne m'apperqois pas que le dejiin m'appfrité
Un autre par tement.
Ce tnot vient de catuUare , qu'on a dit pourc^î-
tullire. Les Picards difent encore catouiller, MÉ-^
nage.
CHATOltiLtER 3 fe dit aUfTi de ce qui flatte agréable-
ment les fens. Caufer des fenfations agréables. Là
Miifique chatouille l'oreille. Les bonnes- odeurs
chatouillent le nez. Les bonnes faveurs chatouillent
le goût.
UnAutéiir vertueux , dans fes vers innocens ^
Ne corrompt point le cœur en chatouillant les fens.
BoiLEAU.
On le dit figurcmént de l'efprir. Les àpplaudi/lc-
mens chatouillent refprit. Ce difcours chatouille
bien fa vanité. La louange chatouille & gagne les
efprits. La Font. Per^e/zwre. .. . .
On dit , en termes de Manège , chatouiller de l'é-»
peton. Stimulas leviter admovere ,fiimulos perflrin-
gere. Toucher légèremenr un cheval avec l'éperon.;
On dir proverbialement qu'un homme fe cha-
touille pour fe taire rire, quand il rit fans fûjct ajD-
parcnt, ou qu'il s'-^xcite lui-même à rire j quoiqu'il
n'en ait point de fujct. ,
Chatouiller le remède. Terme de Monnoie^ qui
fe dit quand le Maître approche exrrêiîiement du
remède tout entier , fans néanmoins l'excéder.
A^oye? Remède DE Loi. ,
Chatouillé, éc. participe. Il fe dit au propre & au
figuré. '
48^ C H A
Mon odorat par vos vers éveilla ^
Par d'autres vers pins nt juc chatouille. R.
CHATOUILLEUX » EUSE. adj,- Qui cft fort fen~
jible au chatouillement. Tuillaiiorns impaiuns. Les
jeunes gens Ibnt plus chatouilkux que les vieillards..
Ip" Eu général , les hommes ibnt plus ou moms
chatouilUux ; ils le lont plus ou moins dans les
difte.ens âges , & plus ou moins encore dans les
différentes parties du corps. Dans diffcrentts per-
ibn.es , les tcmpcramcns font difFcr-^ns, les libres
■font diffcremm.nt dilpolees , plus ou moins flexi-
bles, plus ou moins dures, les papilles nerveules
de la peau plus ou moins hombreufes , & four-
nies de 1 lus ou moins d'efprirs , plus ou moins dé-
liés. Le même chatouillement ébranle donc diflc-
reramentles el'pritSjles libres £c les nerfs dans les
dilféanics pcrlonnes. De-là des lénl'a.fions plus ou
moins vives, plus ou moins agréables, fi'c. Il ar-
rive de grands changcmens aux fibres , aux nerfs ,
aux clprits, pendant le cours delà vie. Dans l'en-
fance , les fibres font molles , flexibles & délicates \
les efprîts plus nombreux. Avec l'âge, les fibres de-
viennent plus fortes : Dans la vieillelle , elles de-
viennent inflexibles. Les mêmes chatouillemens doi-
vent donc , dans ditîcrens temps, faire des impref-
lîons différentes fur les papilles nerveules \ & ces
impreilions différentes font fuivics dans Tame de
diffcrentcs fenfations dans les perfohnes de diffé^
r?ns âges , 8c mîme dans la même perlbnne, dans
ies differens temps de fa vie.
§Cr Les parties du corps les plus chatouille ufes font
• celles qui font les plus fournies de nerfs, où les
houpes nerveules font plus nombreufcs , plus fuf-
ceptibles d'ébranlement, & les efprits plus abon-
dans -, la plante des pics, les lèvres, &c.
"■§3" On appelle un cheval chatouilleux , celui qui cft
trop fenlible à l'éperon , qui n'y obéit pas d'abord ,
mars y rélifte en quelque manière.
^pT On dit , dans un fens figuré , qu'un homme eft
chatouilleux ; pour dire, qu'il s'olfenfe ou le fâche
po-ur la moindre chofe -, & qu'une aiïàire , une quef-'
tion eft chatouilUufe ; pour dire, qu'il faut la trai-
ter avec beaucoup de circonfpcétion , parce que
les fautes les plus légères qui pourfoient échapper ,
gâreroient tout.
Chatoyer, v. n. L'aftérie ou raventurîne natu-
relle fait paroître l'image du foleil en chatoyant ,
ou en rayonnant. Traité de Lythologie. ^fT Cette
exprelfion eft tirée de l'œil du chat. C'eft montrer
dans une certaine expolition à la lumière, un ou
plulîeurs rayons brillans , colorés, ou non colorés
au dedans ou à la furface, partant d'un point de la
pierre, s'étendant vers lesbords ,&:difparoiirant à
une autre expolition à lalumière.^oye^RAvoNNER.
CHAT'P ARD , eft un animal féroce , qu'on a cru au-
trefois être engendré de deux efpèces : ^3^ favoit ,
du chat , auquel il rcflemble par la forme, du corps,
6c du léopard , auquel il relfemble par les couleurs :
d'où vient le nom de chat-pard , animal d'Améri-
que. On en a difféqué un à l'Académie Royale des
Sciences. Sa hauteur étoit d'un pié &: demi , & fa
longueur depuis le bout du mufeau jufqu'au com-
mencement de la queue , de deux pies & demi. Il
étoit du refte femblable au chat , excepté qu'il
avoir le cou &c les barbes un peu plus courts , &
qu'il étoit bien plus grand que les chats , mais aulll
bien plus petit que le léopard. Son poil éroit roux,
& le ventre ifabelle. La gorge & le dcflous de la
m.îchoire étoient blancs, & par-tout il y avoit des
taches noires qui étoient longues fur le dos, fron-
des fur le ventre & les pattes.
CHaTRE. (la)Ville de France dans le Berry. Nos Mo-
dernes l'app lient Cafîra. Elle eft fituée fur l'Indre
vers les confins delà Marche. C'eft de cette ville
que l'illuftre famille de la Châtre tire fon nom. Ce
nom ne fe dit jamais fans l'article. Il eft de la Châ-
tre t c'eft l'ufage conftant en Bërry. Du Chefnc y
C H A '
a manque quelquefois dans fes antiquités des Villes
de France , &c les aunes femblent l'avoir ignoré.
f^oyei Chaumeau , Hijt.de Berry , L. /'7/, c'. 27,
de la ville & châtellenie de /a Châtre; & La Thau-
mallière , L. VU, c. 55.
CHATRE ou CHATRES. Petite ville de France
dans le Hurepoix. Cajlrum "ou Cajira. Elle eft li-
tuée fur la rivière d'Orge , à fcpt ou huit lieues de
Paris , du côte du midi.
CHATRER. V. a. Couper , retrancher les tefticules à
quelque animal, Cajlrare. On châtre les taureaux
te les béliers , pour les cngraiflér , ou pour les ren-
dre plus dociles. ^fF On ne chatte pas les tau-
reaux & les béliers comme les autres animaux, en
leur coupant les tefticules. On ne fait que les prcf-
fer forcement , les tondre , les frciffcr. Enfuite en
les fait rcmonrer vers le ventre , après quoi on lie
la partie inférieure de la bourfc , afin qu'ils ne pui!^
fent pas defcendre. Les Orientaux c^aVr^wi les hom-
mes , pour avoir des gardiens fidèles de leurs fem-
mes. Leur jalouf.e quelquefois ne fe contente p.is
de cette barbare précaution , ils retranchent abfblu-
rnerit toutes les parties fufpeéles , &: tout ce qui dif-
tingue l'homme &: le fexc. Abélard dit , pour ex-
primer un pareil accident qui lui étoit arrivé : Je
ceflai d'être homme , fans cefler de vivre.
Ce mot vient du latin cajlrare. On appelle un
mouton châtré , .cajior. Du Cange.
Châtrer , fe dit quelquefois des femmes. Athéné*
rapporte que le Roi Andramiris furie premier qui
fit châtrer des femmes. Hélichius & Suidas difent
que Gygès fit la même choie. Galien dit qu'on ne les
peut châtrer fans les mettre en danger de la vie.
Daléchamp dit, fur ce paffage d'Athénée, que c'étoit
fimplement les boucler.
On ditauiric/zirrcr une truie, cAi/rfr une chienne,
pour dire , leur faire une opération qui les metta
hors d'état d'avoir des perits.
fer Châtrer , fe ditau figuré j aufîî-bicn qu'au fim-
p!e. Châtrer un livre , c'eft en rerrancher ce qui
choque les bonnes mœurs , la religion, ou le gou-
vernement.
(JCF Châtrer des coterets , des fagots , en ôter quel-
ques bâtons.
§3° Châtrer des ruches, en ôter une partie des
gaufftes où eft le tnicl. -Alveos cafirare , favosfuc"
cidere , eximere
§3°Chatrer , eft un terme fort ufitc dans le Jardinage*
Châtrer \m cep de vigne, en retrancher les reje-
tons inutiles. C/t/ïVrer un arbre. Amputare, deme"
tere , cajlrare.
§CF On le dit aulTi de la taille des melons & des con*
combres , les décharger de leurs branches inutiles.
Châtrer, en termes de Jardinier Fleurifte , c'eft
couper les rcjerons qui croilfcnt vers le pié. CAi-
trer un œiller , c'eft couper les marcottes, lorl-
qu'elles montent à dard , dans le fécond nœud le
plus voifin du pié de l'œillet, Morin.
Châtré , ée, part.
Châtré, f. m, Eft un homme qu'on a fait eunuque.
Cajiratus , exfeclus. Les châtrés n'ont point de
barbe. Les châtrés ont la voix claire & féminine.
On appelle une mine de châtré , un vifage défagréa*-
ble, pâle, & tout efféminé. Voye^ Castrats.
CHÂTREUR. f. m. Celui qui fait le métier de châtrer
les animaux.
fO- CHATTE. Foyei Chat.
Chatte , en termes de Marine , eft une barque d'en*
viron 60 tonneaux, ronde de hanches te d'épaules»
qui eft rafe & Uns aucun acaftillage , qui n'a que
deux mâts , dont l?s voiles portent des bonnettes
maillées. On fe fcrt de chattes pour tranfportcr la
canon & les provifions d'un vailTeau.
On s'en fert fur les côtes de Porto-Bello , de Ghn^
grès , de Panama. La Chatte eft un bâtiment fort
étroit & forr long. Il roule beaucoup en mer> Il eft
ponté &: maté.
Chatte , eft auiTl le nom qu'on donne à une efpèce
de concombre qui fe drouve en difféxens endroits
C H A
ide l'Egypte 5 Se qm eft tcès-agtcabic ad goût, &
facile à digérer. Il eft dilîercnr des nôtres en gran-
deur Se en couleur. II ed plus long &: plus vert , de
ion ccorce eft plus unie & plus ronde. Il ell ban
contre les fièvres chaudes,
GHATTEMITE. f. f. Prononcez chcttetnite. |CFTeri:i?
d'ulagedans le ftyle familier , feulement pour d;-
figner une perfonne qui arFeiile une contenance
douce, humble, dévote & fiiteufe, pour tronip.:r
les autres -, qui atrei5te une douceur hypocrite. /"ifriz-
tis , probitatis Jiniulator. Il tait la chattenùu ; c'eft
Une chaiiimite qui vous trompe.
J'ai deffdn de me faire lier mite ,
Non de cette fecle hypoirite ,
Qid trouve toujours cent raifons
Four rendre ou recevoir vijne ;
De ces gens à face ùénite ,
Qu'on voit en certaines faifons
Couverts d'un froc hétéroclite ,
Et hridés comme des oifons ,
Aller faire la chattemite ■■,
Et fe coulant par les maifons
Qiiéter , dit-on , pour la marmite^
NOUV. CHOIX DE VERS.
CrîATTER , CHATONNER. v. n. Faire des petirs
chats. Catulos edere ^parère. Chatonner ne le dir
plus.
CHAT-VOLANT. Eelis volàns. Il y a dans le cabi-
net de la Société-Royale de Londres , un animal
que Grew appelle Sciurns volans ; ccureil volant ,
qui efl: , à ce qu'il croit , le même que celui que
Scaliirer appelle felis volans-, chat volant.
13- CHATZAM. Ville d'Aiie dans l'Indouftan , &
dans la Province de Mulfan , entre Candahar & le
fleuve Indus.
CHATZINTZ ARIEN, ENNE. f. lîi. & f. Nonj de
Seiîle. Chat^int^arius , a. Prononcez Cat:^int^arien,
Codin , des Origines de Conjlantinople , nombre
25 S>c 16 , parle de deux fortes de gens 3 qui, dans
un tremblement de terre qui arriva fous Théodoie
le Jeuiie , la cinquième année de fon empire , fe
mocquoiént du trilagion ■, les Amalécites ou Ama-
licites , & les Chatijntiariens. Cepehdaht Dieu
ayant approuvé par un miracle les prières & les
procelîions publiques que l'Empereur & le Patriar-
che ProClus firent faire Si inftituèrent , & le trem-
blement de terre ayant Cefîè , l'Empereur , dit Co-
din , chaffa de ConRantinople tous les Hérétiques.
Ce qui fait juger que ces Chatiint^^ariens & ces Ama-
lécites étoient des Hérétiques.
CHAU. adj. "Vieux mot. Tombé, venant de chair ,
choir,
|Cr CHAVAGE. Foyei Chevage , qui efl plus
uiîté.
CHAVARIGTE. f. m. Nom de fcdte Mufulmàne. La
fcdiedes Chavarigtes cft oppofée à celles des Schi-
tes. Ils foutiennent que Dieu n'a jamais envoyé de
Prophète qui fût infaillible ,& qui eût le pouvoir
d'établir une nouvelle loi parmi les hommes i que
fi jamais il eft néceifaire qu'il en envoie , ils ne fe-
ront point d'une même race -, que tout homme jufte
cft capable de l'être. Les Chavarigtes font regar-
dés par les Mahométans comme des Hérétiques.
Auffi en portent-ils le nom s car u isn J~iï?n , Cka-
ragi ou Charagi, iîgnifie en arabe un Apoftat , un
Hérétique. Il a au pluriel ilj^in , Ckavdrg, d'où
Ricaut a fait Cavarigte. Voyez cet Auteur, dans
fon livre de l'Empire Ottoman.
CHAUCE. f. m. & f. Nom d'un ancien peuple de Ger-
manie. Chaucus a. Les Chauces habitoient les pays
. qui font au)ourd*hui les Duchés de Bremen & de
Vcrden. M. Kelp a fair un eflai fur la langue des
Chauces , fur lequel M. Leibnitz a fair des notes,
_ que M. Eccard a imprimées dans les Mifcellanea
Ttvmolca'ica de M. Leibnit/,
ÇHAU.CHE - BRANCHE. Terme d'ouvrier. G'efl
CHA 4S7
un ievi'er, liiais un levier capable d'élevei de grands
Inrdeaux-.
CHAUCHIQUE. f f. & ad). Ceft le noni dé lalaii^
gue qu'on parie dans l'Oftfrife ou Comté d'Emb-
den,bu Frife orientale. La langue chauchiqnc c<\
celle que les peuples de ce pays parlent cntr'eux ^
mais lorfqu'ils parlent à des étrangers , ils fe fcr^
vent de la langue allemande.
r? CHAUD , AUDE. adj. Qui a de la clialeur , qui
contient en foi des principes de feu. Fuye^ Cha-'
LiuR. Calidus. Le feu efl: chaud. Le Soleil eft chaud,
Baifi chaud. Fer chaud. Bouillon chaud,
^3' Chaud , fe dit auifi de ce qui donne de la cha-»
leur. Calefacicns , calefaclorius. On die que du vin
eft chaud. Les épiceries font chaudes. Un habit de
ratine eft chaud.
On appelle fièvre chaude , celle qui caufe le dé-*
lire & le tranfport au cerveau. Eelris ardens.
Chaud , fe dir encore des femelles qui iom en amour*
Une chienne chaude. Maris appctensi
Chaudes larmes ..iowx. celles qui coulent avec im-»
pétuofité , quand on a le cœur ferré de quelque
douleur violente , à la différence de celles qui
viennent goutte-à-gontte, par quelques mouvenvjns
de muCcles ou bleliure de l'oeil , ou qui viennent
de joie & de tendrelfe. Eervidce. lacrvmiz -, magna
vis lacrymarum: Pleurer à chaudes larmes. Pleurer
excelfivement.
Chaud j fe dit auffi en morale dds prompts &vio^
lens mouvemens que caufcnt les pallions dans l'ef-
prit ou dans le cœur des hommes. Fervidus , ar'
dens ,promptus. Ainli on appelle un chaud :s.\m ^
un homme prompt à rendre fervice. Il eft bienheu-
reux d'avoir un 1: chaud protedeur que vous»
Mol.
Je crois qu'un ami chaud &• de ma qualité ^
N'ejl pas apurement pour être rejeté. Idem.
On dit d'un homme indolent , nonchalant ,■ ii
qui ne fe détermine ni d'un côté ni de l'autre i
qu'il n'eft ni chaud ni froid.
On dit figurément d'une chofe qui ne fcrt ni ne
nuir .1 une affaire : cela lie tait ni chaud ni froid,
Ac. Fr.
On dit qu'un homme a le facg chaud , pouB
dire , qu'il eft colère &c emporté , calidus , fervens ,
fervidus : que les Picards ont la tête chaude.
On dit en ce iens une chaude alarme, pour dire^
une émotion caulce fubitement par la nouvelle de
quelque danger prochain. Une chaude attaque ^
pour dire , une attaque violence , impétueufe. Il
BiCoit chauden cette occaiîon , pour dire, le com-
bat étoit rude Se fanglant. Nous nous ibmmes vus
dans un endroit où il faifoir chaud. Mol.
1^ Chaud , fe dit quelquefois dans le ftyle fami- ■
lier pour, récent , nouveau. Ainf l'on dit , en par-
lant d'une chofe qui vient d'arriver, cela eft encore
tout chaude
On dit aufîi parmi les Joueurs , qu'un homme a
la main chaude , pour dire , qu'il eft heureux , qu'il
a lair plufieurs mains , qu'il a gagné plufieurs coups
de faite.
Fer chaud , fe dit aufïï d'un ferment qu'on faifoitf
autrefois en Jufticc par l'attouchement du fer ar-
di'ur. Ferrum calens. Voyez Preuve.
Chaud , eftaullî une manière d'adverbe, ^o'nc chaud,
c'eft-à-dire , boire une liqueur qui eft chaude.
-Aquam potare calidant.
ItT Chaud, eft au/fi fubftantif , & ïïiTnifie la même
chofe que chaleur. Cet homme efl accoutume à
fouffrir le chaud & le froid. On brûle , an meurt ,
on étouffe de chaud. En 16'% i on vit d -s hom-
mes mourir de chaud en Pologne & en Lithua-
nie, quoique ce foit un pays froid.
ffT En pavlnnt d'une occafion pcrilleufe , d'une at-
taque , d'une remonre , où il y avoir bcanco'.tp de
périls à courir : on dit familièrement qu'il y faiiài«
chaudi
4^8
C H A
CH A
jrr A la cA^;.' Je-, façon de parler adverbiale , qlli
ii^nific, lur l'heure , dan. le premier mouvemenr.
Les choies qui l'e font à la <:/2.z« Jt; ionc cxculablcs.
Cette façon de parler n'eft pas noble. ^
On dk proverbialement, tomber de fièvre en
chaud mal -, pour dire , d'un petit malheur entrer
en un plas ^rand.On dit qu'un homme ne trouve
rien de tiop froid ni de trop chaud , pour dire ,
qu'il n'elt point dc2;oiitc , que tout lui eft bon»
qu'il prend par-toiu. On dit qu'un homme fou.file
le froid èc le chaud , pour dire qu'il n'eft d'aucun
parti allure , qu'il loutient le pour &: le coïitre ,
qu'il dit du bien ÔC du mal des mêmes gens. On
dit aulli qu'il faut battre le fer tandis qu'il eft chaud ,
pour dire , qu'il ne faut pas laiffer échapper l'occa-
lion. Et on dit ironiquement à ceux qu'on veut taxer
de froideur : vous êtes un chaud lambin , un chaud
lancier. On dit aulîi , pour exagérer la chaleur d'une
chambre , qu'il y fait chaud comme dans un four.
On dit encore, fi.vous n'avez rien de plus chaud,
vous n'avez que faire de fouffler -, pour donner à
entendre à quelqu'un , qu'il fe flatte vainement de
quelque efpérance.
■|Cr Chaud , vient du latin c«W//ot. On difoit autre-
fois caïd.
CHAUDE, f. f. Feu violent que donnent les ouvriers
qui travaillent aux forges & aux verreries. Chez
les "Verriers , on le dit de la cuilTon de la matière
propre à faire le verre. On a fait tant de cens de
verre d'une telle chaude , d'une telle quantité de
matière cuite. Dans les forges , on appelle chaude
gralle ou fuante , le feu qu'on donne au fer , quand
il eft (i violent qu'il commence à tomber par
gouttes & à fe fondre. Dans les Monnoics on dit ,
battre la chaude , loriqu'on bat les lingots d'or fur
l'enclume à coups de marteau , après qu'ils ont été
tirés du moule , avant que de les donner aux ou-
vriers.
On dit , en termes d'Orfèvre , donner une chaude
à la befogne , pour dire , mettre le métal au feu à
chaque fois qu'on veut le travailler fur l'enclume.
Ces termes s'expriment en latin par les adjeiftjfs
calidus , calens , fervens , que l'on joint aux diiïc-
rens fubftantifs auxquels le mot de chaude con-
vient.
CHAUDE AU. f. m. Bouillon qu'on porte aux mariés
le matin du lendemain de leurs noces. Calens juf-
culum. Il eft vieux. Il s'entend fou vent de lait bouilli
avec du fucre , des jaunes d'œufs &: de la cannelle ,
qu'on donne aux femmes nouvellement accouchées.
CHAUDE - CHASSE, f. f. Pourluite d'un prifonnier.
Ce mot eft compofé de deux autres, chajfe,qm
veut dire pourfuite , & chaude , qui marque que la
pourfuite eft vive.
CHAUDE - COLE. f. f. On trouve ce mot dans quel-
ques anciennes Loix Se Ordonnances ; il lignifie
chaude colère , & il eft formé de ces deux mots par
abréviation. On rrouve dans les Auteurs latins des
fiècles du bas Empite , & dans ceux qui ont écrit
encore depuis, Ciî//^^ co/era , pour dire chaude-cole.
■ ^fT Chaude - Medée , fynonyme à chaude-cole.
§Cr CHAUDEMENT. Ce mot a différentes accep-
tions au propre & au figuré. Se bien vêtir , &: fe
tenir chaudement quand on eft enrhumé -, c'eft-à-
dite , de manière que la chaleur puilfe le conferver.
Au figuré il fignifie avec ardeur , avec vivacité ou
promprement''. Ardenter , fervent er. Les procès cri-
minels doivent fe pourfuivre chaudement. Cette
réfolution fut prife chaudem.ent.
ifT Voltaire prétend que l'adverbe chaudemerJt, dans
ce fens , eft profcrit du ftyle noble,
CHAUDE- PISSE, f. f. Efpèce de maladie qu'on ap-
pelle autrement gonorrhée. Le mot de chaude-pi ffè
a quelque chofe"" d'oblcène. Ce mal eft ainfi nommé
à caufe de l'ardeur que fentent en urinant ceux qui
en font attaqués. Foye^ Gonorrhée.
CHAUDERET. f. m. Les Batteurs d'or nomment
ainfi le troifième moule de ceux qui leiu: fervent à
éteindre l'ot Se l'argent , fin ou faux.
^ CHAtJDERON. Quelques - uns écrivent aihfi.
Chaudron paroit plus^ufité. Foye^ ce mot.
|KF CHAUDERONNEE. Foye^ Chaudronnée.
Ip- CHAUDERONNERIE. Foye^ Chaudronne^
RIE.
fjcr CHAUDERONNIER. Voye^ Chaudron -
NIER.
ffr CHAUDE - SUITE. Terme de Coutume , fy-
nonyme de chaude-chalfe.
CHAUDIER. V. n. Terme de Chafle , qui fe dit des
levrettes ou lices qui entrent en chaleur. ^Jlu ve-
nereo percitus. On fait chaudicr les lices en leur
donnant des omelettes avec du poivre & de la
mufcade , &c.
CHAUDIÈRE, f. f. Grand vailfcau de cuivre ou de
fer , fous lequel on met du feu pour faire cuire,
bouillir , ou chauffer quelque c\\o(c. Cortina ,.ahc-
num , caldarium. Chaudière de Bralleur de bière ,
de Chapelier , de Teinturier, d'Afhncurde fucre,
ùc. Les Payens ont fait foufftir le martyre dans
des chaudières d'huile bouillante. Chaudière de
Saulnerie , faite de platines de fer battu. Golluï.
Mém. de Bourges, Liv. Il, c. 27.
Ce mot vient de caldarium , qui fe trouve dans
de bons Auteuts , & de caldaria , qui s'eft dit dans
la balle latinité , pour fignifier ce que nous appe-
lons chaudière,
La chaudière , eti termes de Blafon , eft une mat-
que de grande nobleffe , fur-tout en Efpagnc & en
Poitugal , parce qu'elle n'étoit portée fur les écuS
que pat de grands Seigneurs , qu'ils appeloient
ricos homhres , ou de caldera y depeiidon : ce qui
répondoit à nos Seigneurs Bannerets de France ,
parce qu'ils pouvoient non feulement lever des
foldats , mais de plus , ils étoient obligés de les
nourrir.
CaAUDiÈRi , en termes de Marine , fignifie cnijîne ,
bonne-chere. Epulum. Les Mariniers qui ont pris à
la ligne ou au harpon , de gros poilfons , en font
chaudière ,c"e{k-ï-dnt , en font un fcftin entt'eux.
Il y a en Canada un grand lac , qui a de dia-
mètre environ douze lieues , que l'on appelle le
lac de la Chaudière , à caufe de fa forme ronde ,
& par allufion aux chaudières des fauvages. Il eft
vers l'occident , & fe nomme aulfi le lac des eaui
falées ou de mer.
CHAUDRON, f. m. Uftenfile de cuifine , fait de
cuivre ou de fer de fonre , qui a une anfe mobile,
par laquelle on l'accroche à la cremaillière. Ilfert
à faire cuire, ou à faire chauffer quelque chofe fut
le feu. Lebes. Les Orfèvres appellent aulfi le chau-
dron d'une caflblette , la partie où l'on met les
odeurs , & fous laquelle on met le feu. On dit aufli,
pour bl.âmer le fon d'une cloche , que ce n'eft qu'un
chaudron.
Ce mot vient du liatin caldarium , de caldus ;
pour calidus.
Chaudron de pompe ^ en termes de Marine , eft une
pièce de plomb ou de cuivre , faite en façon de
chaudron , 6c percée en divers endroits , laquelle
embrallc le bas de la pompe , pour empêcher qu'au-
cune ordure n'entre dans la pompe. Operculum.
^Zt Chaudron , chez les Boyaudiers , efpèce de ba-
quers cerclés de fer , où ils mettent ttemper les
boyaux.
§T Chaudron , chez les Bottiers , c'eft une genouil-
lère auffi haute en dedans qu'en dehors , & qui pat
fon égale profondeur reffemble alfez à un chau-
dron.
Chaudron , eft aufli une grande mefure donr on fe
fcrt en Angletetre, dans le commerce du charbon
d" terre : elle contient ;<î boilièaux,
CHAUDRONNÉE. f. f. Si l'on veut donner la cou-
leur de vin rouge à la géncvrette , il faut mettre
des bèteraves coupées en tranches infufer pendant
un demi-jour dans une c/i<7K^ro/zr2e<? d'eau chaude,
bc puis jeter cette eau dans le tonneau de géne-
vrctte. Jour. Hifl. Avril nio.
CHAUDRONNERIE, f. ^ Marchandife de. chau-
drons
CH A
drons & autres uftenlîles de cuivre. Lebttum offt-
cina, A la foire S. Germain , il y a une rue de la
ChaudronneiU.
CHAUDRONNIER, f. m. Artifan qui fait ou qui
vend des chaudrons , des rcchauts & autres uf-
teniîles decuifine. Lebetum faber. On reproche aux
Chaudronniers , qu'ils ion: fujcts à mettre la pièce
auprès du trou : ce qui le dit iigurcmeut de ceux
qui raccommodent mal quelque befognè que ce
ibit.
Chaudronnier au iîftlet. On nomme ainfi les Chau'
dronniers des Provinces , particulièrement d'Au-
vergne , qui courant la campagne , fe lervent d'un
iîfflet à l'antique , pour avertir les habitans des lieux
où ils paflènt , de leur apporter à raccommoder les
uftenfiles de cuiline.
^ CHAUDRONNIÈRE, f. f. Femme du Chau-
dronnier , ou qui vend de la chaudronnerie.
ÇHAVERI. f. m. Terme de relation. C'eft aux Indes
une efpèce de halle carrée , & ouverte feulement
d'un côté. C'eft un lieu public où il eft permis à
tout le monde d'entrer. Forum ^ponicus-, atrium.
On me conduifit au milieu des clameuis de la
ville dans un chaveri public. Lett, Édif. et Cur.
Tom. XL Au'fortir Au chaveri on me fit traverfer
une grande rue , au bout de laquelle eft la forte-
refle , où par la grâce de Dieu j'entrai avec un
vifage tranquille & ferein, Ib. En arrivant au cha-
veri , je trouvai mes Catéchiftcs étendus par terre :
ils avoient les pies violemment pre/Tés entre de
grolfes pièces de bois attachés avec des cordes ,
& ils^ ne pouvoient remuer les mains , quoiqu'on
les eût un peu dellcrrés.
i^ CHAVEZ. Ville de Portugal , dans la Province
de Tra-los Montes , à dix lieues de Bragance.
CHAUF , CHOUF ou CHAUFETTES. Soies de
Petfe , qui viennent par diverfes Echelles du Le-
vant , particulièrement par Alep & Seyde.
CHAUFFAGE ou CHAUFAGE. f. m. On ne pro-
nonce qu'une / dans ce mot & dans les fuivans ,
qui ont une même origine. Provifion de bois à
brûler qu'on fait dans une maifon pour fe chauf-
fer. Lignatio. Il faut tant de cordes de bois par
an pour le chauffage de cette maifon.
Chauffage , eft auHî un droit qu'ont plufieurs Sei-
gneurs , Communautés & Officiers , de couper du
bois pour leur proviiîon dans les forêts du Roi.
Jus lignationis in aliquajilva habere. Les Maîtres
des Eaux & Forêts ont parmi leurs droits celui de
chauffage : ils prennent fouvent leur chauffage en
atgent.
Chauffage , fe dit en particulier des bourrées de
menu bois que l'on emploie à chauffer le fond
du vailleau pendant qu'on lui donae la carenne.
Calfacîio.
CHAUFFE, f. f. Termcde Fonderie. Lieu où fe jette
& fe brûle le bois que l'on emploie à la fonte des
pièces, Fotus , fornax. La chauffe eft fituée à côté ,
& a trois pies plus bas que le fourneau où eft le
métal , & la flamme fortant de la chauffe fe ré-
pand par ondes tout du long de la voûte du four-
neau , 6c pat fon excellîve ardeur, fond le métal.
IP* Le fond du fourneau où tombe la cendre s'ap-
pelle le cendrier , féparé de la chauffe par une
double grille de fer où l'on met le bois.
CHAUFFE-CHEMISE ou CHAUFFE-LINGE, f m.
Panier d'ofier donr le tiffu eft à claire voie, fervant
à féchet ou chauffer le linge qu'on étend deffus ,
par le moyen d'une poêle de feu qu'on met def-
fous. Machina linteorum excalfucloria.
CHAUFE-CIRE. f. m. Officier de Chancellerie, qui
amollit & prépare la cire pour la rendre propre A
fceller , &: qui appofe le fceau aux lettres. Cerarii
prafeclus. Il y a quatre Chauffe'cires en la Grande
Chancellerie établis anciennement , & qui font hé-
réditaires. Ils fervent par quartier. Ils font appe-
lés CA^a^e-cirej, Scelleurs héréditaires de la Chan-
cellerie de France. Il y a auffi des Chauffe-cires
I des Chancelleues près les Cours de Parlement &
a» Tonte II,
CH A
4^9
autres. Il y a dans la Chancellerie de France un
Valet de Chauff'e-cire ; & dès l'an 1285 dans l'é-
tat de la Maifon du Roi Philippe le Bel , il eft
parlé du Chauffe-cire de la Chancellerie , ÔC
du vallct Chauffe-cire. Voyez dans l'HiJL de la.
Chancellerie par Telfcreau, rousles rcglcmens , pri-
vilèges , &c. de ces Officiers,
Dans le premier Tome de VHiJl, Chronologique
de la Chancellerie , on écrir Toujours au pluriel
chauffe-cires , ajoutant Vs à la fin ; & dans le fé-
cond Tome , dans les tables , toujours chauffes-
cire avec r^ du pluriel après cAaujfe ; & dans le
corpside l'ouvrage, quelquefois chauffe-ares comme
dans le premier Tome , quelquefois chauffes-cire
comme dans les tables, & quelquefois même chauf-
Jes-cires avec deux s , l'une au milieu &: l'autre à la
fin.
CHAUFFE-LIT. f. m. Ce qui fert à chauffer un lit ,
loitunebaHinoire, un moine, ou autres uftenlîles
de cette nature. F as excalfaclorium.
CHAUFFE-PANCE. C m. Ce mot fe trouve dans Po-
mcy , pour fignifier une cheminée baffe. Caminus
depreffior,
CHAUFFE-PIÉ. f. m. Koyei Chaufferette. C'eft
la même chofe.
CHAUFFER, v. a. Expofer à la chaleur du ftu , rendre
chaud en appliquanr l'adion du feu. Calfacere ;
calefacere. Quand on a chau§é un poêle , on fe
paffe aifément de feu. On chauffe le four avant
que d'y mettre du pain.
^ Chauffer , chez les Ouvriers de forge , c'eft
faire jouer le foufîlet tandis que le fer eft au feu.
Chauffer un vaiffeau , en termes de Marine , c'eft
chauffer le fond d'un vaiffeau lorfqu'il eft hors
de l'eau , pour le nettoyer & en découvrit les
défecluofîtés. Chauffer un bordage ; c'eft le chauf-
fer avec quelque menu bois , afin qu'il prenne U
forme qu'on lui veut donner. Chauffer les foutes ;
c'eft les lécher , afin que le pain s'y conferve mieux.
On trouve dans la relation de la prife de l'île
Royale. Tandis que les Anglois nous chauffoiehc
de la batterie royale, il vint cinq frégates qui chauf-
fèrent le Vigilant {wom d'un vaiffeau ) de toutes
parts. On voit que chauffer eft pris dans ces deux
endroits pour , canonner vivement. Aurefte, cette
expre/fion figurée n'eft pas d'uiage.
CnAVffEK les pies à i^ueLju'un, fignifie, lui donner
la queftion par le moyen du feu. Aliquem tormento
ignis cogère verum conjiteri. On met le patient fuc
une roulette , ^ on approche fes pies nus bien
près du feu,
ffT Chauffer eft aufTi neutre. Calefieri. Le four
chauffe. Il y a long-temps que le bain chauffe.
ifT On dit d'un nuage éclairé du foleil pendant un
temps chaud & pluvieux, que c'eft un bain qui
chauffe.
On dit proverbialement , ce n'eft pas pour vous
que le four chauffe , à ceux qui prétendent avoir
part en quelque affaire , à quelque (èts , & qu'on
veut exclure. On dit auffi à un méchant homme ,
tu feras bien chauffé en l'autre monde, pour le me-
n^cr qu'il^fcra damné. On dit auffi, il verra de
quel bois Je me chauffe ; pour dire, quel homme
je fuis. On dit encore, allez lui dire cela, & vous
allez chauffer au coin de fon feu , pour défier quel-
qu'un d'aller dire en face à quelqu'autre une chpfa
qui le doit choquer.
Chauffé, ée. part. CalfaHus , calefaclus.
CHAUFFERETTE, f. f. tfT Efpcce de petite boîte
doublée de fer blanc , percée en deffus de plulieurs
perits trous , dans laquelle on met du feu pour fe
chauffer les pies. Foculus calefaciendis pedibua
comparatus. Il y a aufTl des chauff'erettes de terre.
Chaufferette , efl auffi un petit rechaud qu'on met
fur la rable pour empêcher les viandes de fe re»
froidir , ou pour les tenir chaudes pendant le re-
pas. On ne prononce qu'une /dans \z mox. chauf-
ferette. On dit plus ordinairement réchaud dau$
cette dernière acception. Pyrophorus.
^.c)o C H A
CHAUFFERIE, f. f. On appelle ainfi dans les forges
où i'c tond le fct , une tor-e dellinée à chauffer le
le fer qui a pallé une féconde tois à la fonderie ,
6i qu'on veur réduire fous le marteau , & lur l'en-
clume , en barres de fer. , , , • c
CHAUFFEUR, f m. Celui qui tire labranloire, ôc
fait aller les fouftlers d'une forge pour taire rougir
le métal. Iricjnjbr.
CHAUFFOIR. r. m. Liny;e qu'on chauffe pour cou-
vrir ou elfuycr un malade ou une perlonne en fueur.
Linteurn excalfuaoruan. C'efc auHl un linge de
propreté à Tufas^e des femmes.
Chau^foir , eft aulll une chambre commune ou 1 on
va le chauffer dans les Couvens , dans les Hôpi-
taux. FoCUS. , m J
rrj- On donne le même nom dans les ftlles de comc-
dies, à un lieu pratique derrière le théâtre, ouïes
Comédiens & les Spectateurs vont le chauder.
ter On appelle encore chciupir chez les Carriers, une
cfpccc de poêle avec des grilles de fer , lur lelquelles
on fait fccher les feuilles de cartes quand elles lont
collées.
Cl lAUFFURE. f. f. Terme de forges , mauvaile qua-
lité du fer ou de l'acier qui a été trop long-temps au
feu , OH expofé à un feu trop violent. ffT Quand
le fer ou le cuivre a eu trop de feu , il eft fujet a
s'écailler .^ à taire des pailles ; c'eft ce déiraut qu'on
appelle chauffure. ^ , , <
CHAUFOUR f. m. Grand four dans lequel on cuit
la chaux, fornax calcaria , calcaria. On dit mieux ,
four à chaux. C'eft auHi le lieu ou l'on ferre le bois .
la pierre .à chaux , 8i la chaux quand elle elt faite.
CHAUFOURNIER, f. m. Ouvrier qui fait la chaux,
qui la fait cuire dans le fourneau. Cakarius coclor ,
calcarius. C'eft auifi le Marchand qui vend la chaux.
Philibert de Lorme déclame fort contre les C/iau-
fourniirs d'Italie , auxquels il voyoit faire de la
chaux des plus beaux chapiteaux & corniches de
l'antiquité. On l'appelle en latin califurmum.
CHAVIET. f. m. Vieux mot. Le chevet du lit.
CHAVIRER ou TREVIRER. v. a. Terme de Ma-
rine. Chavirer une manœuvre, c'eft mettre deilus
ce qui étoit deffous. Inverure. ^
iCr CHAUL Ville des Indes , fur la cote de Mala-
bar , à huit lieues de Dabnl. Il s'y fait un com-
merce conlidérable de foie. Cette ville appartient
aux. Portugais. ^, , ,
CHAULER.^ V. a. Terme d'Agriculture. Chauler le
blé , c'eft le mêler avec une certaine quantité de
chaux vive & d'eau pour le femer. Il y a des Pro-
vinces où l'on lème le blé tel qui fort de l'aire ,
fans être chaulé , & fam aucune autre préparation,
Journ. Hill. Ocl. 11^9 , p. ^AS'
CHAUME, f m. Partie du tuyau du ble qui relte ar-
taché à la terre quand on l'a fcié. Culmus. On
brûle les chaumes en beaucoup d'endroits pour en-
srallfer la terre. Des terres en chaume. Liger , dans
fon Diclionnaire d'A-riculture , donne deux fens
à ce mot dans cette phrafe -, car , dit-il , félon beau-
coup de gens, ce font des terres, qui depuis long-
temps n'ont point été cultivées -, &c , fuivant le fenti-
ment de quelques autres , des terres où le tuyau du
blé refte attaché à la tetre, quand on l'a fcie -, car
c'eft un tuyau qu'on appelle chaume.
Le mot chaume fe prend auffi pour un champ
où le chaume eft encore fut pié. Il y avoit trois
lièvres dans ce chaume là. Acad, Fr.
Chaume, fe prend auffi fort fouvent pour le tuyau
tout entier du blé , pour la paille dont on couvre
les maifons des Payfans. Stipula. On couvre les
maifons de chaume.
Le pauvre en fa cihane où le c\\iw\x\t le couvre,
Efi fujet à fes loix. Malherbe.
Ce mot vient de culmus, NicoT ; ou plutôt de
calamus.
Chaumf, eft auffi le nom de plufieurs petits lieux ,
comme bourgs , hameaux , villages. Calmxrui Le
plus confidérable eft La ville de CÂtf«/«edans la Brie,
CH A
Diocèfe de Sens. Calami. Ilyaiine Abbaye de Bé-
nédictins nommée S. Pierre de CA^kot^. S.Petrus
di Calamis.
CH AU MER. V. a. Couper ou arracher le chaume , & le
mettre en borte pour fervir à couvrir des maifons,
des murailles de bauge. Stipulas colli^ere , fecare.
Chaumer un champ.
|p^ Chaumer s'emploie auffi abfolument -, dans cer-
tains endroits il eft défendu àq chaumer. On dit
aulll , chaumer dans un champ.
On appelle chaumer les arbres , quand on met
du feu au pié par malice pour les faire périr, ou
qu'on y fair quclqu'autrc chofe. Confer, de l'Or-
donn. des Eaux & Forêts.
Chaume , ée. part.
CHAUMIERE, f. f Petite maifon couverte de chaume^
telle que font celles des pauvtes Payfans. Cafa^
tasurium.
On le dit figurément, & par exagération , quanef
on veut parler modeftemenr de quelque maifon de
campagne qui n'eft pas confidérable. J'ai en cette
Province une petite chaumière a votre feryice,
CHAUMINE. f f Petite chaumière.
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée.
Qui tâchait dégainer fa chaumine enfumie.hk Font.
CHAUMOND. f. m. Nom d'homme. Anemundus ,
Fnnemundus , Lhanernundus. Annemond, que nous
appelons communément S. Chaumond , étoit iîls
de Sigon , ou Signes , Gouverneur de Lyon du
tcmps'de Dagobert I , & de Clovis II. Il fut nommé
encore Dalfin , ou Dauf n , Daljinus & Dalvinus ,
du nom que portoit déià un de lés frères , qui eut
le Gouvernement de Lyon après la mort de leur
père. Baillet. Il fut élu Evoque de Lyon vers
le milieu du VIP liccie , & fut affallinc vers l'an
660, lorfqii'il venoit à la Cour de faintc Bathilde»
pour fe juftifier d'une calomnie dont on ne l'avoic
accule que pour le tirer de ton Eglife &: le tuer.
CHAUMONOIS. f. m. Comté de Baffgny en Cham-
' pagne , diftriél: de Chaumont , capitale du Baffi-
(rny. Calvomontanus pagus. Le Langrois , le Di-
jonnois , le Tonnerois & le Chaumonois, Le P,
HÉL. T. FUI, p. ii(î.
CHAUMONT. Nom de plufieurs lieux. Calvus
mons. Chaumont en Baffigny , fur la Marne. Chau^
mont dans le Vcxin François, proche de Gilbrs. Chau'
mont en Touraine, autrefois à la Maifon d'Am-
boife. Chaumont en Sologne, fur la Calne, entre
Orléans & Romorentin. Chaumont dans le Rété-
lois , en Champagne. Chaumont dans le Charolois,
Le Prieuré de Chaumont en Auvergne. Chaumont
dans le Genevois ; c'eft un des douze Mandcmens
qui divifcnt cette contrée. Chaumont eft aulli une
partie de Châtillon fur Seine. Sur Chaumont en
Vexin , vojt'^ la Defcripc. Geogr. & Hijt. de la.
Haute^ormandie , T. II , p. 2.85, &fuiv.
Ce mot vient du latin Calvus mons , c'eft-à-dire,
montagne chauve ou pelée ; & il a été donné à ces
lieux , parce qu'ils font litués fur des hauteurs fté-
riles qui ne produifent rien , ou prefque rien.
CHAUMOUPLET. f m. Vieux mot, qui Hgnilîoitce
que nous nommons aujourd'ui un camouflet.
CHAUMOUSEY. Abbaye de Chanoines Réguliers en
Lorraine , fituée à une lieue de la ville d'Efpinal en
Vofge. Enviton l'an 109?, Scérusqui en étoit Abbé,
envoya à l'Abbaye de S. Ruf pour y prendre la
réforme que S. Norbert y avoir introduite. P. Hugo ,
Fie de S. Noriert.
IP" CHAUNE. f. f. Inftrument d'Epinglier fervant
pour couper les ttonçons.
Chaumes. Calnia. Bourg de France dans la partie de Pi-
cardie qui s'appelle le Santerre. Il a titre de Duché,
§:T CHAUNL Calniacum. Petite ville de France,
autrefois de Picardie , comprife aujourd'hui dans
le Gouvcrnemenr de l'île de France , fur la rivière
d'Oife, entre Noyon & la Fere.
CHAUONIS. f. m. Mouffeline , ou toile de coton , qui
vient des Indes orientales. On la fabrique à Bcng42.
> mot vient de cal^a. , ( comme fraife de fra-
qui avoit ctc tait de câlina, d'où vient aiiilî
CHA
Ip" CHAUS. Province d'Afrique, au Royaume de
Fez, entte les fleuves Zha & Guiaigura.
CHAUSSAGE. f. m. Ce qui eft ncceflairc pour entre-
tenir quelqu'un de IbuUers. Cakcarium. A peine ce
Valet gagne-t-il l'on ckauJfage.VouEY. Ce mot n'eil
pas d'ulage.
CHAUSSANT , ANTE. adj. verbal. Qu'on chaufle
aifément , qui s'étend ailcment fur la jambe. Quod
facile inducniir. On ne le dit que des bas ,•■ en-
core ne le dit-oa guère. Les bas de foie font plus
chauffans que les autres.
^ CHAUSSE, f f. Partie de l'habillement qui ferr
à couvrir les jambes. TilnaU. Dans ce fens , il
n'eft plus guère en ufage. On dit communé-
ment has.
C
ga) qui
ie mot de chaiijjon & de calçon. Ménage. Du
Cangé le dérive de cakia , mot de la balfe lati-
nité qu'on a dit dans le même fens , quod intcr-
diim cum cakeis corijungereiicr & unà. calaa-
retur.
Chausse d'kypocras , eft une pièce de drap ou d'é-
tamine , oii funplement chauffe, qui aboutit en
pointe comme un capuchon , qui Icrt aux Chi-
miftes j aux Apothicaires &; autres , pour filtrer &
clarifier les liqueurs. Succi/s qiio viniim aroma.ti-
tes , aiit liquoTcs alii liqucimur , ptirgamur , ex-
purgantur. On palfe l'hypocras , l'eau de blanc
d'œuf par la chauffe.
On appelle aulîi chauffe, une pièce d'étoffe qfle
'les Suppôts des Univerfités portent fur l'épaule
dans les fonCliions publiques. Chauffe de DocTieur
en Theoloçie. Chauffe de Doitcur en Droit. C'efl:
ce que l'on appeloit chaperon.
Ceux qui ont des degrés dans quelqu'une des
quatre Facultés qui compofent une Univerfité ,
ont droit de poiter la chauffe. Elle eft différente,
ou quant à la matière , ou quant à la couleur , ou
quant à la foimtf , dans les différentes Facultés , à
raifon des degrés qu'on y a. La chauffe fe porte fur
l'épaule gauche , à découvert , & pardeffus tous les
habillemens. C'eft une pièce de drap , large par le
bout qui pend detrière l'épaule , 5: qui va en di-
minuant vers l'autre bout , à peu près comme le
haut d'im bas ordinaire qui va en diminuant par
en bas. C'eft fans doute cette reffemblance qu'elle
a avec le bas ordinaire dont nous nous couvrons
la Jambe , ou la chauffe , qui lui a fait donnet ce
nom. Un Dodeur qui prêche, porte la chauffe en
chaire. Il la tient fur fon épaule pendant l'cxorde,
après quoi il la met fur le bord de la chaire.
|P"Chausse. ( Chevaliers de la ) Pluficurs compagnies
qui fe formèrent à Venife avant la fin duXV^ fiicle,
eurent le nom de la chauffe , commun cntt'elies ,
parce qu'elles étoient diftinguées par la couleur de
leurs chauffes. Quelques-uns de ces Chevaliers de
la chauffé , étoient appelés Sempiternels. Leurs ré-
glemens , rapportés pat Giuftiniani , n'ctoient pro-
pres qu'à jeter les Chevaliers dans des dépenfcs
excelfives &c ruineufcs. En 15x5; , il y en avoit une
autre compagnie appellce des Florides. On fait
encore mention d'une troifcme compagnie, diffé-
rente des deux autres. On n'a pas meilleure opinion
des unes que des autres. Tous leurs réglcnscns ne
roi'loienr que fur l'ordre des feftins, des fpectacles
& des divertiffemens -, ^ l'on ne^ faifoit point de
faute qui ne fût punie par une très-gioffc amende
au profit de la compagnie.
Chausse , au pi. ou hauts-de-chauffes , f gnifie la
partie inférieure du vêtement d'un homme , qui le
couvre depuis les hanches jufqu'aux genoux. Braccœ,
femoralia , fcminalia , fuhligar , fuhlis,aculu!n. Les
'canons des chauffes font Ics'^deux côtés par où l'on
paflcs les j.niil^es. Chauffes à tuyaux d'orgues , ce
font des chauffes qui font fi amples , que les plis
qu'elles font naturellement imicent les tuyaux
d'orgues. Femoralia. ampliora.
CHA
491
Chausses à plein fond, comme celles des Suites.
Rabelais les diftingue d'avec les chauffes à queue
de merlus , qui l'ont pointues & fort cttoites. Re-
marque fur la Sat. Menipp.
(pr On appelle chauffes de Page ou trouffes , des
chauffes courtes & plilfces , que les Pages portoienc
autrefois. Braccœ. De-là, l'expreflion figurée , quit-
ter les chauffes , pour , fortir de Page ; prendre les
chauffes , fe faire Page.
Chausses, en termes de Marine, fe dit par quel-
ques-uns, du préfent ou pot- de -vin que le Mar-
chand Chargeur donne au Maître , tant pour lui,
que pour diftribuer dans roccalion.'/';t'//«;«, merces.
Ce qu'on lui donne pour lui en particulier , & qu'il
ne partage point, eft d'ordinaire autant que le fret
d'un tonneau. On dit ordinairement, chapeau.
Chausses d'aifance. Tuyau de plomb ou de pierre,
percé en rond ou en carré j & plus fouvent , de boif-
feaux de poterie. Latrina meatus. La chauffe d'ai-
fance doit avoit trois pouces d'ifolement contre
un mur mitoyen.
Chausses ou fac , teime de pêche. C'eft une efpèce
de petit filet qui fe met au fond des gtands filets,
que l'on nomme des dideaux. ^fj' Ce filet a la
forme d'une chauffe large en s'ouvrant ; mais va
toujours en diminuant jufqu'au bout.
Chausses fe dit proverbialement en ces phtafes. Oti
dit à celui qu'on veut chalfer d'auprès de foi ,
vas- te promener, tu auras des chauffes : oa lîmpie-
ment , vas-t-en , tires tes chauffes. On dit auilî
de csux qui fe font mis en fureté par la fuite , qu'ils
ont bien fait de tirer leurs chauffes. On dit , pour
fe mocquer de la pauvre Nobleife : c'eft un Gen-
tilhomme de Beauce , qui fe tient au lit au.ind on
racoùtre fes chauffes. On dit auffi , il eft li pau-
vre , qu'il n'a pas de chauffes. On dit d'un jeune
homme qu'il a la clé de fes chauffes , quand il
eft hors d'âge d'avoir le fouet. On dit d;s Ser-
gens qui mènent un homme prii'onnier, qu'ils le
tiennent au cul & aux chauffes. On le dit auffi des
parties adverfes qu'on a réduit à l'extrémité, qui
ne peuvent plus fuir leur condamnation , ou de
qui on juge le procès, qu'on les tient au cul &
aux chauffes. On dit d'une femme qui gourmande
fon mari , qui fait les affaires de la maifon , qu'elle
porte le hz\xx.-àt- chauffes. On dit à celui à qui
on voit des bas dépareillés , qu'il a des chauffes
de deux paroi ffes.
On dit qu'on a chauffes & manches , pour dire ,
qu'on a tout l'avantage , qu'on a tout ce qu'on
pouvoit fouhaiter. C'eft chauffes grifes , £c gtifc»
chauffes , pour dire, que c'eft lamcm.e chofe : tous
proverbes populaires & bas.
Tirer ks chauffes, dans le fens propre , c'eft le
déchauffer ; dans ie figuré , c'eft une expreffion baffe
& populaire, qui veut dite , quittet promptement
un lieu, en fortir, s'enfuir.
CHAUSSEAGE. f. m. Droit qui fe lève fur les per-
Ibnnes, voitures & marchandifes, pour avoir per-
miffion de paffer fur de certaines chauffées. En
quelques lieux ce dioit eft domanial , & appar-
tient au Roi-, en d'autres il eft feigneurial.
CHAUSSÉE, f, f. Conftrudion de pierres , de pieux,
de fafcines -, ou élévation de tette graffe ëc bien
battue , pour retenir les eaux d'un étang , ou em-
pêcher que des rivières ne fe débordent dans les
lieux plus bas. Moles. On fait une chauffée le
long de cette vallée, pour empêcher les inon-
dations. On ccrivoit autrefois chaukée.
Ce mot vient Ac calcea. Nicot. Palquicr croit
que ce mot a ctc dit par corruption de hauffee.
Spelman &: Sommerus le dérivent à cakeando, aut
à cake , quia hujufmodi vix cake mumuntur.
Bergier , dans fon Hijloire des (grands Chemins de
t Empire ,A\x. qu'il vient àpeditum calceis quitus
terumur. On l'a appelé dans la baffe latinité cal-
cea , calceia , cakeata , 6c cakeium. Du Cange.
Chaussée fe dit des chemins de pierres, des jetées
de terre qu'on Élit dans les lieux bas & roaréca-
4^2 C H A
geux, pour y faire un partage fur &; commode.
-4ggCT. La ville de Mexique" cft bâtie au milieu
d'un lac , Bc on n'y arrive que par de longues
chaufccs. Chaujjce a iignific auffi autrefois édufe.
^ Chaussée de pavé. C'cfl: l'eCpaxTe cam.brc qui
eft entre deux revers ou bordures de pierre rufti-
que, pour les grandes rues ou les grands che-
mins.
On appelle le re^- de -chauffée , le haut de la
chauffée qui eft d'ordinaire au niveau de la cam-
■ pagne , parce qu'on ne les bâtit ordinairement que
dans les lieux bas où s'écoulent les eaux , pour
les tenir au niveau des terres. Summa joli faciès.
Ainfi on dit que des fondcmens font élevés jaf-
qu'au re^-de-chaupe ., pour dire, au niveau du
terrain où l'on bâtit , &: iufqu'où on élcveroit
une chauffée , lî on y en voaloit bâtir une eiîeili-
vcment.
Chaussée Terme d'Horlogerie. C'eft le canon fur
lequel l'aiguille des minutes d'une montre eft
placée.
CHAUSSEMAR. Voye^ CAUCHEMAR.
CHAUSSEMENT. f. m. Pomey employé ce mot
pour lignifier l'-adrion d« chaufler , & aulfi la pro-
vifion de chaujfure , calceatus ; mais il n'cft pas
ulitc. ,
CHAUSSE -PIE. f. m. fp* Lanière, ou morceau
de cuir, lar^e par un bout , étroit par l'autre, cou-
vert dé fon poil , dont on fe fert pour chauiîèr
aifcment des foiiliers , & en relever les quartiers
fur Je talon. Talaris ajfula induendis calceis. On
en faifoit autrefois de corne , nrême de fer.
Chaussf-pié fe dit figurément des chofes qui don-
nent de la facilité à en faire une autre. FrœJIdium
ad rem aliquam. Une charge qu'achette un Jeune
homme eft un chaujfe-pii : cela eft du ftylc tout-à-
. fait bas.
On dit figurément &: proverbialement quand on
a réudi en quelqu'affiiire lans le fccours d'autrui :
Nous voila dedans fans chaujje-pié.
CHAUSSER, v. aéf. ifT Ce verbe a différentes ac-
' ccptions dans notre langue. Il fignifie , mettre des
bas , des fouliers , des bottes , &c. Ccilceare , ùtia-
lia inducer'e.
^S" On le dit du Cordonnier qui fournit la chauf-
fure. Quel eft le Cordonnier qui vous chauffe ? pour
dire , qui fait des Ipuliers pour vous \ Calceos fa-
cere , vendere.
§CF On l'applique à l'ouvrage même. Ce bas , ce fou-
lier vous chauffe bien , c'cft-à-dire , qu'il va bien
fur la jambe , fur le pié. Congruere.
~ On difoit autrefois d'un certain homme à Paris ,
qu'il le chauffait comme les autres fe coiffent, S<
qu'il fe coiffoit comme les autres le chauffent ,
parce qu'il "portoit des fouliers de caftot , &; des
calottes de maroquin. Vign. Marv.
Chausser fe dit non -feulement des fouliers qu'on
met à fes pics , mais aufll du pié que l'on met
dans les fouliers , ou que l'on couvre d'une
chauffe ou d'un bas. Inducere pedi calceum , ou
tibiale. Chaiffer les deux pies l'un après l'autre.
Chauffer le pié droit , chauffer le pic gauche.
Pour l'autre pié qui fe fentoit de fa bleflurc, &
qui s'cntloit toutes les nuits, il jugea à propos de
le chauffer. Bouh.
Chausser eft auHî v. n. & dans cette acception
il n'a d'ufage , au propre , que dans ces phrafes :
Chauffer à lîx points , à fcpt points : chauffer à
tant de points , pour dire , porter des fouliers
d'une telle ou telle longueur. Acad. Fr.
Chausser les éperons, fe dit d'une cérémonie qui fe
fait en recevant un Chevalier , quand le Roi ou
le Grand-Maîrre de l'Ordre lui ceint lui-même
l'cpée au coté , & lui met aux pies les épctons.
AJbingere calcaria , adneclere.
On dit figurément , chauff'er les éperons aux
ennemis -, pour dire , les pourfuivre vivement
après qu'on les a défaits, les obliger à fe fervir de
leurs éperons, Perfequi viriliter , acrifer , celeTitcr.
CH A
Chausser des arbres , terme de Jardinage -, c'eft met-
tre aux pies des arbres de la terre nouvelle , du
terreau, du fumier, pour les faire porter davan-
tage. Arhorem ff.erco'are.
En rermes de F»uconSerie , chaufffer la grande
ferre de l'oifcau , c'eft entraver l'ongle du gros
doigt, d'un petit morceau de peau. Unguem acci^
pitris maximum induere.
ChAusser les voix à leur point, terme de Mulîque,
C'eft proportionner l'étendue des chants, tant dans
le haut que dans le bas , à l'étendue des voix qui
les doivent chanter.
On dit figurément chauffer le cothurne, ffT d'un
Auteur qui fe met à compofer des Tragédies. On
le dit auill de l'Aéteur qui les repréfente. Cotur-
num induere.
De?" On le dir encore d'un Auteur qui enfle fon
ftyle.
On dit encore figurément & baffement, que deux
hommes chauffent à même point , pour dire qus
ce qui convient à l'un eft propre à l'autre; qu'ik
font de même humeur , de même génie. On dit
aulîi , chauffe:^ vos lunettes , pour dire , regarder
la chofe plus exactement , de plus près. Se chauffer
une opinion dans la tête, s'entêter d'une opinion:
on le dit roujouts en mauvaifc part. Cet homme
n'eft pas aile à chauff^er , pour dire , n'cft pas aifé
à perfuader , à gouverner. Quand il a fon bonnet
chauffe, fa tête chauffée, pour dire, quand il eft
aheurté à une opinion , il y eft ferme.
Chaussé , ée, part.
On dit au Manège, qu'un cheval eft chauffa
trop haut , quand fes balfanes & marques blanches
montent trop haut fut les jambes.
Chaussé, en termes de Blafon, eft le contraire de
chape , Se fe dit lorfqu'une elpècc de chevron plein
& mailif eft rcnverlc, & touche de fa pointe celle
de l'écu ; en Ibrte que le champ de i'écu lui ferc
comme de chauffe ou de vêtement qui l'entoure
de bas en haut. Infertus , immiffus ; au lieu que,
quand il eft droit, il lui fert de chape ou de man-
rcau. L'un & l'autre lé forment fur un triangle fur
le champ de l'ceu. De gueules, à trois pals d'ar-
gent, chauffe d'or.
Chaussé ou Chauchié (îgnifioit autrefois , chemin
ferré. Fia {errata , d'où eft venu le mot de chauf-
fée , félon Borcl.
On dit proverbialement & figurément; les Cor-
donniers fonr les plus mal chauffes , pour don-
ner à entendre que ceux qui en lavent plus que
les autres, |& qui par conléquent devroient mieux
faire, font 'le plus fouvent beaucoup plus mal.
On dit d'une jolie femme , qu'elle eft toute des
mieux chauffées, ^fT Ss. d'un jeune homme qui ne
s'adrclfe, dans fes galanteries, qu'à des perfonnes
jolies 8c de qualité, qu'il ne s'adrelTe qu'aux mieux
chauffées.
On dit d'un homme qui fe fauve à la hâte ,
qu'il eft forti un pié chauffe &: l'autre nu. On
dit auHl , le Diable l'a emporté tout chauffe &:
tout vêtu. On dit aulfi , dès que les chats font
chauffas, pouir dire, de bon matin ; tout cela eft
bas &: populaire.
CHAUSSETIER. f m. Faifeur de chaufi^es. Ce mot
fe joint ordinairement avec Drapier. Tibialium
farciuator. C'eù. un Marchand de draps de laine,
qui fait un des fix Corps des Marchands de Pa-
ris. On les a appelés Drapiers-Chauffetiers ,p2r:ce
que dans le ficelé pafîe il falloir avoir affaire à
deux Marchands pour fe faire un habit. Les Pout-
pointiers faifoient des pourpoints qui étoient de
fatin , de velours ou de peaux de fenteur. Les Dra-
piers faifoienr les cî^aulfes qui étoient toujours
de drap, &: différentes des pourpoints. Les Tail-
leurs n'éroienr appelés que pour les façons, & ne
po'-ivoicnt rien fournir , à caufe qu'ils n'étoient pas
Marchands. On n'a fait la réunion de ces deux
CH A
Corps, de Pourpointiers & de Tailleurs, qu'en
l'anirî^e 16^6,
CHaUSSETRÀPÊ, f. f. Inftrument garni de cjnatre
. poinres de fer, ou morceau de fer à quatre poin-
tes difpofées en triangle, de telle forte qu'il y
en a toujours trois qui portent à terre, & une
demeure dre/fée en l'air. Murex ferreus. Budce ks
appelle calciatrappa. Les plus petites ont des poin-
tes de trois pouces , & les plus grandes de cinq.
On en fcme plufieuts dans un champ où la Cava-
lerie doit pa/ier, aiin qu'elles fe iîchent dans les
pies des chevaux , & les enclouent. Quelques-uns
les nortiment cloux-i^a.urspc.
On appelle en termes de ChafTe , Chauffétrapes ,
des pièges à prendre des loups &c autres bêtes.
Chaussetraît. f. f Terme de Botanique. Efpècje de
chardon. Kojv^ Chardon étoile, au mot Char-
don.
Chaussetrape. C'eft aiÈffii une pièce de Blâfon Se
d'armoiries.
^ CHAUSSETTE, f. f. Bas de toile, de fil ou co-
ton, que l'on porte fous d'autres bas, pour la com-
modité & pour la propreté. Linteum tibuile,
CHAUSSON, f m. ^ Chaaifure qu'on met au
pie par-delfous le bas. C'eft proprement le pié
d'un bas. Udo. On fait des ckj.uJfons de roil e,
de laine, de coton, de chamois, d'ouate.
Chausson ell: auifi une efpcce de fouliers légers ,
plats , fans talons , dont la femelle eft de feutre
ou de drap , & dont on fe fert pour jouer à la
paume, pour apprendre à danfer , à faire des ar-
mes & autres exercices où il faut avoir le pié ferme
&C léger. Levions calcei.
On dit par raillerie d'un homme qui n'a guère
de linge, guère de hardes , que tout fon équipage
ticndroit dans un chai/£bn: Saint Amant a dit,
de la toilette d'un débauché ,
Oit le luxe mis hots d'afçjn
l^e montre -, pour tout équipage.
Qu'un peigne dédains un chaulfon.
CHAUSSURE, f f Couverture du pié ou de la
jambe. Cakeamentum , calceamen. Les chaulfes ,
fouliers, bottes, panto ifles, brodequins, font com-
pris Tous le nom de chau(fure. Les noms françois
des chauffures (ont , chauHe, chauffette, chauHbn ,
bas , botte , bottine , brodequin , cothurne , efcar-
pin, pantoufle, foulier, fandale, galoche, foque,
fabot.
Les chiujfures des anciens Romains furent d'a-
bord de cuir cru, & même avec le poil. Encore
aujourd'hui le peuple d'Efpagne, au moins en bien
des endroits, n'a point d'autre chauffure qu'un
morceau de peau ou de cuir qui s'envelope au-
tour du pic & du bas de la jambe. Cela s'appe-
loit chez les Romains Carbatiniz crepidx. Vovct
Catole, Ep. XCIX, Ils faifoient aulfi des chauj-
fures de genêt ou de ]onc, Jpanei & juncei ca/cei ;
de même qu'on fait quelquefois en France de
grofiês pantoufles de paille ou de nattes, pour
tenir les pies chauds pendant l'hiver. On en faifoit
auili de toile de lin : le fer même & l'airain, l'ar-
gent & l'or y étoient employés. Ils avoient auif:
i'ufnge des fabots de bois. On le lêrvoit au/fi de
liège pour mettre fous les fouliers, de rendre la
chauffiire plus hiute. C'étoit l'ulage des Perfes-, &:
Augufle, dit-on, en ulbit auffi.
Benoit Baudouin , natif d'Amiens, fils d'un Cor-
donnier, & Cordonnier lui-même dans la bou-
tique de fon pcre , a fait un Traité de la. C/i a uj-
y fure des Anciens, De^Calceo Antique ; Sc'His.zo-
nius , De CoJizx Veterum. ; & Antoine Byn<cus ,
De Calceis Hebyxorum , Lit. II, DorJraci i(J82.
Voye? auffi la Dilîertation de Dodwel , De Parmi
Equejlri Wordwardiana , à la fin. Le petit Traité
de Nigronius eft fort eftimé -, il le divife en quarre
chapitres, où il montre qu'elle étoit particulière
CH A
4
^, ■%
anx Soldats , & que ce n'étoit aùtife chofe que ck
que nous nommerions des fanda/es ^ garnies de
clous par-dertbus, Rattachées avec deux ou trois
courroies au-deifus de la cheville du pié. M. Nilaht
le fit imprimer il y a quelques années pour la
cinquième fois à Leyde. Albert Rubeus a fait i-n
Traite De Ulceo Senatorw , de la Ch^umire des'
Sénateurs. ^
Nos anciens François , dit le Moine S, Gai
avoient des chaufures dorées par dehors , te or-
nées de courroies ou lanières lons^ues de trois
coudées. Telle étoit la ch<'uffure de Charlemasne
& de Louis-le-Dcbonnàivc, comme il paroît pai;
les Notes ,;e M. Baluze fur les Capitulaires de 110$
Rois, pag. 1180. Jean -Pierre Puricelli , dani fes
A'^onnmens de Li Bajilique Amhrofienne , décrit la
chaufure de Bernard, Roi d'Italie, & fils de Pebin ,
dont le corps y fut ttouvé , & levé de terre. Ses fou-
liers, dit-il, étoient encore entiers. Ils étoient de
cuir rouge i & la femelle étoit de bois.' Ils étoi-nt
fi juftes , il bien faits à chaque pié , & aux doi^rts de
chaque pié , que le foulier gauche ne pouvoir fervii
au pié droit, ni le droit au pié *auchc , finiifant en
pointe du côté du gros àoi^i.Foyei ^^ Du Can<-e,
au mot Armiger &c au mot Fafciola. Nous rertfar-
quons la même figure dans les anciens tombeaux;
M. Nilant , dans fes Notés fur Baudouin. Dé
CVcio,ditqueles Dames Vénitiennes fe donnent
une cluiujfure fort élevée , &c qu'il en a vu w.oiv
tées fur des fouliers hauts de trois pics.
Pline rapporte, Zm Fil, c. ^6, qu'uii Tibus
de Bœotie lut le premier qui fe chauffa. Baudouin
prétend que Dieu donna des fouliers de peau à
Adam &: à Eve. Bynarus rejette cette cohjédure.
On dit, qu'un homme a trouvé chaujfurei fon
pié , pour dire , qu'il a rrouvé une chofe qui lui
convient, une perfonne qui eft de même humeur,
de même génie. Cet homme eft pacifique, il a
époufé une femme fort douce ; il a trouvé chauffiire
à fon pié. On le dit au/fi d*un ennemi, quand on
l'a trouvé d'égale force. Cst homme eft un grand
chkaneur , mais il a troiuvé chaicjjure à fon pié. Il a
affaire à Un homme qui en fait autant que lui.
Tout cela eft familier»
CHAUVE, adj. m. & f Qui a toute la tête ou la plus
gtande partie, principalement le devant^fans che-
veux. Calvus. Charles le tha.uve étoit favant , mais
foible. Me2. La mode des perruques a été favo-
rable aux chiiuves. EfFacez vos défauts pax vos
vertus, 6c imitez Céfar , qui couvrit de laurier fa
tête chauve. Ame lot. Les gens chauves paffoient
autrefois pour trompeurs , d'où vieftt le proverbe
latin.
Si non vis fdlli , fugias confortia Calvin
On dit figurément que l'occafon eft chauve paf
derrière ; pour dire , qu'il la faut prendre dès qu'elle
fc nréfcnte , & ne la pas laificr cchapcr.
CHAUVE-SOURIS, f. f Petit oifeau nodurne , dont
les allés , au lieu de plume, font de peau &: de car-
tilage. Il reilêmble à une foutis. Il n'a ni bec^
ni plume. Fej'pertilio. La chauve -jouris fe lêrt
des deux pies de devant pour voler -, c'cft-à-dire ,
pour étendre feS aîles , qui y font attachées. Elle ne
s'apprivoife jamais. Elle vit de mouches & de chofcs
graifes , comme de chandelles , de graifie & de chair.
Elle a été ainfi appelée du mot chauve, à caufe
qu'elle n'a ni poil , ni plumes -, & pour cela on l'a
appelée en plufieurs endroits, rdt pennad. La
chauve-fouris rl'a ni plume ni partes -, elle a feule-
ment deux petites griff?s arrachées au bas de fes
aîles , lefquelles fonr compofécs d'une pellicule ou
membrane fort déliée. Elle a la tête comme une
fouris , 5-; du poil de même. Il y a les deux fc'xes»
Elles pofrent leufs petits ainfi que les b^tes à quatre
pics , & les riourriffeni à la mammelle Les chauves-
fourisne piroiifenr que la nuit, encore n'eft-ce que
quand il fait beau , Si que le temps eft chaud, Elles
494 ^' ^~^ ^
ne vivent que de mouches &; d'autres infeâres. On
dit que fon lang eft bon pour la gucrilbn des blcl-
furcs. Elles ont beaucoup de diverlitc dans leurs
figures. Les unes ont la tête de Iburis , les autres
d'un chien. Les unes l'ont lans queue , ou n'ont du
moins qu'une petite membrane entortillée de parc
&: d'autre , comme l'ont preique toutes celles de
rEuropc. Celles d'Afrique &: d'Egypte ont une
queue longue , &c Icmblable a celles des fouris, qui
s'étend par delà leur membrane. Il s'en trouve qui
ont quatre oreilles -, d'autres, en plus grand nombre,
deux feulement. Quelques-unes font noires , les
autres fauves , les autres blanchâtres , d'autres
cendrées. Quelques-unes ont vingt-quatre dents , '
douze à chaque mâchoire, BcUon rapporte qu'il y
en a qui en ont trente-quatre •, lavoir , dix-huit à la
mâchoire d'en-bas , &c feize à celle d'enhaut.
Les chauve-four is nebâtiflent point de nid -, elles
font leurs petits dans toutes fortes de fentes & de
trous indifféremment, plus communément dans les
ouvertures qu'elles rencontrent aux toits & aux
couvertures des mailbns. Elles allaitent leurs petits
(iafpendus à leurs mammelles , ou attaches contre
les murs , dont ils ne fe féparent jamais quand ils
y font une fois attachés. Un jour ou deux après
que la mère a mis bas fes petits , lorfqu'elleeft con-
trainte d'aller chercher fa nourriture , elle les dé-
tache de fes mammelles , & les fufpend ainli à la
muraille.
BcUon rapporte qu'en l'île de Corfe il y a une
carrière qui en e(f toute remplie , & qu'il y en a
quelques-unes qui ont deux dents en haut & deux
en bas , qui font longues comme les canines ;
ce qui ne fe rencontre point aux rats, niaux
fouris.
Les aîlcs des c/ii!.vvi.'-/o.'/m , qui, comme on l'a
dit, ne font que des membranes, nont point de fang.
Elles commencent depuis l'épaule, leur prenant
tout le long des aîles , 6c environnant leuts jambes ,
qui ont quatre arriculations dont elles fe fervent au
lieu de pics , tant de celles de devant que de celles
de derrière. Elles ont cinq doigts à chaque pié ,
allez bien munis d'ongles crochus: Se une paumt
ouverte aux pies de derrière , qui relîemble à une
main. Il y a à Madagafcar , au Brcfil Se aux Maldi-
ves , des chauve-fouris grofles comme des corbeaux ,
qui ont la tète comme celle d'un renard. Ellei le
pendent aux arbres pour lé repofer par de petites
agrafïés qui font aux naaids de leurs aîles. Elles fuccnt
le lang des hommes la nuit , s'attachant au premier
membre qu'elles trouvent^ découvert. Hist. des
Ind. Les chiiuve-Jburis des îles de l'Amérique font
,,.^ plus groHès que celles de France. Celles du Brélil
^ impriment une petite morfure à l'oreille dont on a
bien de la peine à étancher le fang. P. Du Tert.
A la côte de Darien aux Indes occidentales , il y a
des c/iauves-fouris dont la piquure eft venimcufe, &
quelquefois mortelle. Elles ont cela de r-jmarquable,
que quand elles ont piqué un homme , les jours fui-
vans elles le choiliront entre cent petfonnes pour
le piquer encore dans le même endroit. Herrera.
On les honore fort chez les Caraïbes. Ils les tiennent
pour les hors Anges qui gardent leurs mailbns
pendant la nuit , Si appellent facriléges ceux qui
les tuent. Il y en a d'autres à la Chine qui font aulli
grodés que des poules , Se dont les Chinois man-
gent la chair , qu'ils ne trouvent pas moins délicate.
"VovAGE DE LA Chine, Le P. Souclct , dans l'es
Ohferv. publiées en 1719» dit qu'il y a à Poulo-
Condor de pareilles chauves-fouris.
IJCT II paroît que la chauve -fouris , que la plupart
des Auteurs prennent pour un oilcau , eft un vé-
ritable animal quadrupède. Elle efl: vivipare, elle
n'a ni bec ni plumes. Elle vole â la vérité par V:
moyen d'une membrane ; mais l'écureuil volant ,
vole aulTi, Se n'en eft: pas moins un animal qua-
drupède. Si h chauve -fouris ed imparfaitcmcnr
quadrupède , elle efi; encore bien plus imparfai-
tement oifeau.
CH A
CMAUVETî;. f.f. Etat d'une tête chauve dont le poil
eft tombé , ou la plus grande parrie. Calvities. Les
Médecins dilénr plus ordinairement cdAi/iV. Voyez .
ce mot.
CHAUVIGNY. Petite ville de France en Poitou,
fur la Vienne, à rrois ou quatre lieues de Poitiers.
CHAUVIR. V. n. Dreifcr les oreilles Aures fubrif/re.
§C? Il ne le dit que des chevaux, des ânes , des
mulets. Ce cheval chauvit des oreilles. On dit
mieux , drelfer les oreilles.
CHAUX, f. f. Pierre calcinée , marne , marbre ou
autre matière femblable , qu'on brûle , S* qu'on fait
cuite à grand feu dans un four bâti exprès , dont
enfuite on fait du mortier pour bâtir. C'cft pro-
prement le produit de la calcination des pierres
Se des terres calcaires, Calx. Le feu en delleche
toute l'humidité, Se en ouvre tous les pores, ce
qui fait qu'elle fe réduit li facilement en poudre.
La chaux vive , calx viva , eft celle qui fort du
fourneau. Chaux euinie , fufée , ou amortie , efl:
celle qu'on délaye Se qu'on détrempe dans unbaHm
avec de l'eau , pour faire du mortier. Rejtincla ,
cxtincla. Chaux fufee , eft celle qu'on a lailiè long-
remps à l'air fans l'éteindre, dont toutes les parties
ignées fe font évaporées peu-à-peu, qui s'eft ré-
ciuice en poudre très-menue , Se qui n'eft plus bonne
à rien. Macerata. On blanchit les murailles avec
delà chaux.hciiîqutl'X chaux eft mouillée elle le
lie au rabot , quand on la détrempe. Les murs des
fondcmens fe font à chaux Se à iâble. Les Siamois
font une chaux qui dure cent Se deux cens ans,
avec laquelle ils font des ftatiics &; des maufolécs.
Il le trouve beaucoup de pierres de chaux près de
Malmoc en Suéde. Il y en a de deux cfpèces , l'une
qui fe rire de terre. S: l'autre qui fe prend fur le
riv.ige , ou au bord- de la mer : la dernière efpèce eft
meilleure , on en tire beaucoup plus de chaux.
En mêlant ces deux chaux , on en fait une troilièrae
efpèce beaucoup meilleure encore. Se qui épargne
beaucoup , parce qu'elle Ibutient les trois quarts de
fable. Aux Indes la chaux fe fait d'ordinaire avec
des coquillages de mer -, celle qui fe fait de coquil-
les de limaçon lért à blanchir les mailbns ; Se celle de
pierres, à mâcher avec des [feuilles de bétel. On en
voit qui en prennent par jour gros comme un
oeuf. Lettres edif, Tom. IX.
Il y a un Traire de la manière de bien préparer la
chaux, M. Du Hamcl en a donné un précis dans
l'Hiftoire de l'Acad. des Sciences, Liv. I , Sccl.ll,
c. V. En voici les points principaux. La pierre la
meilleure pour faire la chaux , eft la plus dure. 11
faut qu'elle ait été tirée de la carrière long-rcmpi
auparavant. Plus il y a de fel fixe dans la pierre,
meilleure eft la chaux. Pour la bien cuire , il faut
d'abord ne lui donner qu'un feu Icnr, de crainte
que l'humeur cralle qu'un feu ardent en feroit Ibrtir
avec impf ruofité , n'emportât avec elle le fel vo-
latile. Après que l'humide épais , s'eft exhale parce
feu lent, on ne fauroit donner à la chaux un feu
trop violent.. Plus il eft ardent, plus il divife en
parties fixes la terre Se le fel , qui en deviennent
plus propres à faire une liailbn Iblide Se ferme.
Quand la chaux eft cuite , le mieux eft de l'éteindre
aulli-tôf, li on ne le fait pas , il faut au moins la
mettre dans des tonneaux bien fermés. Les meil-
leures pierres ou morceaux de chaux , après qu'elle
eft cuite , font ceux qui font pelâns , fonores , qui
ont les parties plus compares , qui s'éteignent
dans l'eau avec bruit, qui fument en s'éteignant;
qui, quand ils font éteints , font une chaux hu> ■
roide, gralîe Se blanche, parce qu'elle abonde en
fel fulfureux , Se que les parties font unies par une
humeur déliée qui leur fcrt d'une efpèce de glue.
Pour bien éteindre la ch.uix , il ne faut pas jeter
de l'eau defTus , il faut la jetter dans l'eau , enfuite
la remuer conrinuellemcnt , Se comme la pétrir
avec le bouloir , fans cela elle fe ramafleroit encore
en pierres dures. Il faut la remuer long-temps , ^
CHA
y jeter beaucoup d'eau. Quand elle cft éteinte , i'î
taiit jeter quantité d'eau deilus , afin qu'elle re-
tienne le Tel le plus fubtil , )ui"qu'à ce que ce fel nâgc
fur l'eau comme une elpèce de crcme, & qu'il le
tafre un parfait mclanî^e desfels & de l'eau.
IP^- L'eftérvcfcence delà chaux-Sc de l'eau s'explique
pat la théorie a;cncralc de rctfcrvcfcencc. Foyc:^
ce mot. Pour expliquer fa chaleur , dont cette eHcr-
velcence eft accompagnée, nos Phyficiens &^nos
Chimiftes n'avoient rien imaginé de mieux, qu'une
infinité de particules de feu emprifonnées dans les
pores nombreux de la chaux , formés par la cal-
cination. Ces particules de feu, dégagées de leur
prifon par les particules d'eau, produifoicnt la cha-
leur. A ce méchanifme,M. Homberg ajoutoit le
froctement caufc dans toutes les pr.rtics de la chaux
parleTnouvement impétueux des particules d'eau
qui pénétrent fcs pores. Ces explications ingé-
nicufes, & qui paroiffent fondées fur le mccha-
nifme, ont été reçues avec avidité, & adoptées par
tous les Phyficiens", pendant qu'elles avaient la grâce
de la nouveauté. La Chimie moderne n'a retenu
que l'explication de M. Hombcrg,
Quand la chaux a été éteinte en cette manière ,
on l'''enferme dans la terre. Elle s'y raffine -, & plus
on l'y garde , plus elle eft parfaite. Ceft pour cela
que les Romains éteignoient la chaux trois ans
a/antque de s'en fervir.C'eft ce qui tait que dans
leurs bâtimens le mortier cil plus dur que la pierre
Pour faire le mortier , on met deux tiers de fable
fur un. tiers de chaux. Les Romains mettoicnt les
trois quarts de fable de rivière, & quatre cin-
quièmes de fable de terre. Et afin que le mortier lût
plus tenace & plus fetme , ils le prcparoient quel-
ques jours avant que de l'employer. Us y ajoutoient
même quelquefois une troificme partie de tuile ou
de brique broyée , ce qui fait un excellent ciment.
Le fable de terre doit être employé auffi-tôt qu'il eft
tiré. Celui qui fait du bruit quand on le trotte entre
les doigts , '& qui eft rouge , eft le meilleur.
Chaux le dit en Chimie de cette eipèce de cendte
ou poudre très-menue , qui refte des métaux ou
des minéraux qui ont été long-temps en un feu
très-violent. IfT Ce font les métaux calcinés , aux-
quels l'aclion du feu a fait perdre leur liaifon &
leur forme métallique , Si que cette adion a
changés en une fubftance femblable à une terre.Lcs
précipites des moraux font des produits tous diffé-
lcns.djs chaux métalliques. L'or & l'argent qu'on a
réduits en chaux fe remettent par l'art dans leur
première nature. La chaux d'étain s'appelle de la
potée , qui fert à polit les mitoirs d'acier. La chaux
^•airain s'appelle xs uflum chez les Droguiftes._
On dit proverbialement , qu'une afiàite eft taite
à chaux & à ciment -, pour dire , qu'elle fubfiftera ,
qu'elle eft faite folidement 8c avec toutes les pré-
cautions ncceliaires.
Ce mot de chaux vient du latin caleo. Calxfic ex
lapidihus calefaclis & adullis. Le françois chaux , &
le teuton kalck , font tirés du celtique calch. Pezr.
CHAY. f. m. Plante qui ne croît que dans le Royaume
de Golconde , dont on tire cette belle couleur rouge
qui fait tant eftimer les toiles de Mafulipatan. C'cft
pour cette partie des Indes ce qu'eft ailleurs , & par-
ticulièrement en Europe , la cochenille.
SCr C'eft une petite plante qui s'élève à la hauteur
d'un pié. Ses feuilles font petites , rangées trois à
trois fur les tiges & fur les rameaux. La fleur eft
petite , blanche , compofée de quatre pétales dif-
pofés en croix. La racine eft longue, menue, ondée,
& de couleur jaune pâle. C'eft cette racine qui fert
à faire la teinture -, mais on ignore la manière dont
. les Indiens la préparent & l'emploient pour faire
ces couleurs fi vives & fi brillantes que nous admi-
rons fur leurs toiles peintes ou imprimées.
CHAYÈRE. f. f. Vieux mot qui fignifie chaire. On le
trouve dans le Roman de la Rofe , & il eft encore
en ulage dans quelques PvovinceSj
f
Sans plus faire longue prière ^
Il s'a(jlt en une Chayere j
Jouxte âe j'on Autel ajjife,
CHAYET. f.m. Monnoie de Perfe. Le chayeï vaut
cinquante deniers ôi dix mailles de notjce monnoici
Tavernier.
CHAZAN. f, m. M. Ligthfoot dit que les Evêques
dont il eft patlé dans l'Ecriture , tiroient leur ori-
gine du cha^an , ou de l'Evêque de Synagogue.
1^ CHAZELLES. Ville de France en Forez, à fept
ou huit lieues de Lyon,
CHAZINZARIEN , ENNE. f. ni. & f. Nom de fede.
Cha^n:^arius i a ; Staurolatra. Hérétiques qui
s'élevèrent ert Arménie au Vil' ficcle. On les
nomma autrement Staurolatres , nom qui fignifife
en grec ce que Chaiin^arien fignifie en arménien ,
c'cfî: a-dire , Adorateur de la Croix ; car cha^us en
cette langue fignifie Croix , dit Nicéphore , Liv,
Xnil, c. ^,&c on les nommoit ainfi, continue-t-il,
patce qu'ils paflbient pour n'adorer que la Croix.
Ils faifoient une gtande feéle, & étoient Nefto-
riens , admettant deux perfonnes en Jéfus-Chrift.
Ils avoient beaucoup d'autres eireurs, qu'ils difoienc
tenii par tradition d'un Grégoire j Evêque de la
grande Arménie. Nicéphore les accufe encore d'of'
frir des azymes , de ne mettre point d'eau dans lé
calice, & d'obferver un jeûne annuel au jour de la
mort du chien de Sergius , leur faux Docl:eur , qu'ils
nommoient Art^ihurcies. Le texte grec de Nicé-i-
phore les appelle Chat^ui:;^ariens. Kv.;(„7>'«5/.t,
CHAZNADAR-BACHL Foyei Chasnatarbassi
ou Chasnadar-bachi.
CHAZNAH-AGASI. f. m. Terme de Relation. Eu-
nuque prépofé à la garde du tréfor de la Sultane
Mete , & qui a l'intendance fur toutes les filles de
fa Chambre. Senioris Turcarum Imperatricit
Quceflor.
Ce nom eft turc ", & compofé de Chafnah »
tréfor, &c Aga , dont nous avons parlé en fon lieÛi
C H Ei
CHÉABLE. adj. m. 8c f. Vieux mot. Caduc ^ fujet i
to^Tiber.
CHEANCE. f. f. Vieux mot, qui veut à\iz, profit i
utilité., avantage. Commodum -, utilitas.
CHÉANTE. f. f. Vieux mot. Chute.
CHEAUS. f. m. Terme de Chaife , qui fe dit des .pe-
tits de la louve & même des chiens & des renards*
Catuli.
CHÉBULE. f. f. Kebula. Noni que l'on donne en
Afie à ces fruits que l'on nomme en Europe My-
robolans. On les nomme chibules , du Cabuleftan
d'où il s'en tire une grande quantité. Voye:^ Mr-
ROBOtANS.
CHECAYA. f. m. Second Officier des Janiffaires ,
qui les commande fous l'Aga , & qui cl, dir Vi-
genère, dans fes lllufirations fur THifloire de Chai-
"condyle,p. 575 , comme un Meftre-de-Camp, oii
plutôt fon Lieutenant. lia connoiiîance de^ tout ce
qui peut furvenir entr'cux, & qui les concerne.
C'eft lui qui les range en bataille , quand il faut
combattre. Il a quatre ducats par jour, & fix cens
de timar par an , avec un Jazgi ou Ecrivain, pour
faire les rôles , &c. On appelle encore le Checaya.
des Janiflaires Protogero , mot grec , qui fignifie ,
premier vieillard.
Il y a aulfi le Checaya de cuifine , qui eft im
Surintendant, ou Contrôleur des cuifînes du Serrait,
qui eft le fécond Maître-d'HAtel. Vigfn. p. 557. Le
.Checaya de l'écurie, qui eft fous l'Imbroorba/fl
ou Grand-Ecuyer , &: qui eft comme fon Lieute-
tenant.
Ce mot fignifie Lieutenant, & fécond toujours
d'aptes le premier. Vigen.
CHECAGNI. f m. Officier du Serrail du Grand ScU
"neuf , Commis ou petit Tïétbrier< Lçs Çheca^nit
^^^
CHE
ront fous le Chiihadarbatri. Vigen, Wiijî.fur l'HiJL
de CkdlconJ.p. 551.
CHECHINQUAMIN. f. m. Petit fruit de la Virginie ,
qui efl: fort eftimé parmi les Sauvages v il eft fore
femblableau gland, ficen'eft qu'il a des écailles
comme les noifcttcs,
0CF CHECO. Grande ville d'Afie ,capitale du Royau-
me de Tonquin.
fer CHECUAN. Ville d'Afrique , au Royaume de
Fez , dans la Province d'Errif.
CHEDA. f. m. Monrioie d'ctain qui fc fabrique &:
qtii a' cours dans le Royaume du même nom, fi-
tué djns les Indes orientales, proche les Etats du
Grand-Mogol.
CHEDABOÙCTOU. f. m. Rivière de l'Acadie, qui
fe dcchar^'e dans la baie de Campfsaux. Chcduboc-
lousJluyius.LWe efl: fi abondante en faumons , que
Denis la nomme la rivière au faumon. Les faumons
y font forts , les moindres ont trois pics de long.
Il y a aulJl beaucoup de truites faumonnées. La
rivière monte bien avant dans les terres ; il n'y
va que des canots.
§CF CHEDERLES. Héros fabuleux , révéré par les
Turcs, Il difent que c'étoit un des Capitaines d'A-
lexandre , qui tua un furieux dragon auquel on
avoir expolé une jeune fille , à qui il fruva la vie.
Ils ajoutent qu'après avoir bu des eaux d'un fleuve,
qui Tont rendu immortel , il court le monde fur
un cheval immortel comme lui , & alTifte les guer-
riers qui l'invoquent. Ils ont dans leur Mofquée une
fontaine de marbre , dont l'eau efl; fort claire , qui
doit , difent-ils , fon commencement à l'urine du
cheval de Chederles. L'hippocrène des Poètes fut
_ moins grollièremenr imaginée. Ils montrent fort
près delà les tombeaux de fon palefrenier & de fon
neveu, où ils difenr qu'il fe fait continuellement
des prodiges en faveur de ceux qui les invoquent.
Ils prétendent que fi l'on avale une infufion de la
raclure des pierres & de la terre où Chederles s'ar-
rêta pendant qu'il attendoit le dragon, c'efl: un re-
mède fur contre la fièvre , le mal de tête & contre
le mal des yeux. Voyei dans les hiflioires orientales
de Poficl , julqu'où va la fuperflition des Turcs pour
leur ChederUs,
CHEF. f. m. Vieux mot qui fignifioit aurrefois la tête
de l'homme, la partie la plus élevée dans l'homme ,
& qui n'efl: plus en ufage qu'en Poefie & en matière
de dévotion. Caput. Ainii Corneille a dit dans le
Cid :
Et le mortel auront
Qui tombe fur mon chef, rejaillit fur ton front.
Il y a plufieurs chefs , plufieurs reliques de Saints
dans cette Eglife. On conferve dans l'Eglife d'A-
miens le chef Aq S.Jean. Chef k ditaudî dans le
ftyle burlefque , pour fignifier la tête , la perfonne.
Je n'air fait aucune chofe qui doive attirer fur mon
chef un fi déplorable méchef Bens. On dit auili en
parlant férieufement , le chef de MéduCe.
Nicod dérive ce mor du grec xitpu?^^ , fignifiant
zite comme qui diteceph, aulll-bien qu'Henri Ef-
tienne -, mais Ménage fourient qu'il vient de capo,
qui a été fait de caput.
Chef , fe dit encore à préfent en parlant des befliiaux.
Capita. Ccrhommea deux cens chefs de bêtes à
cornes qu'il a donné à chepreil à fon Fermier. Il
y a deux cens chefs de volailles dans cette baffe-
cour -, pour dire , tant de pièces,
^3" Tête , chef. Le fécond de ces mors n'efl; d'ufage
dans le fens lirréral , dit M. l'Abbé Girard , que
quand on parle des reliques des Saints : le chef de
S. Jean , de S. Denis : mais ils font tous deux fort
ufités au figuré , avec certe diflFcrence que le mot
de tête convient mieux lorfqu'il efl: queflion de place
ou d'arrangement, & que lemotde fAt/'s'emploie
très-proprement lorfqu'il s'agit d'ordre ou de fubor-
dination. Svn. Fr. .
^CT On dit la tête d'un bataillon , d'un bâtiment ; 5c
.C H E
le chef d'une entreprife , d'un parti. On dit àu/H ,
être à la tctc d'une armée , &: commander en chef
Ilfiedbien au Chef de marcher à Iztùe des troupes.
§3" Ce mot chef à différentes acceptions au figuré ,
relatives à la iituation de cette partie, qui eft la
plus élevée , & à fa fonétion dans le corps humain.
§3" On le dir de celui qui elt le principal, le pre-
mier, qui a le premier rang , la principal aurorite.
Pnnceps, caput, Jesus-Chmst efl: le CYze/'ir.vili-
blc de l'Eglilé. Le Chancelier efl: le Chef de la Juf-
tice , &: de tous les Confeils du Roi. Le Premier
Préfident efl le Chef du Parlemcnr.
Il fe dit auHi au féminin. La Reine Anne d'Au-
triche s'eft rendue la Proteélrice , le Chef, Se la Ré-
gente fouveraine de la Confrairie de N. D. des fept
douleurs , érigée en l'Eglife des Auguftins Dcchau-
fes, &c. Lett. Pat. du lo Novembre i <j 5 6. Pe Maire,
Paris anc. & nouv.
Chef , lé dit encore en termes de Guerre. Dux. Aga-
memnon étoit le Chef des Grecs qui aifiegèrent
Troye. Tous les Chefs de l'armée s'aficmblcrent ,
c'eft-à-dire, tous les principaux Officiers. On lan-
guir avec le pieux Enée de f^irgile, SC avec tous
ceux qui accompagnoienr ce Œe/médiocre. S. Evr,
Les Romains onr quelquefois réfufé le triomphe à
d'utiles victoires, parce que la conduite du Chef ne
répondoit pas à fon bonheur. Mont. Quand une
populace efl frappée d'une vaine image de Religion,
elle obéit plutôt à des devins , qu'à fes Chefs. Vauç.
On appelle chef de file , le foldat qui efl au pre-
mier rang d'un bataillon. Miles principalis. Chef
de demi-fiU , celui qui efl le quatrième , quand les
bataillons ne font compofés que de fix foldats de
hauteur.
Chef, fe dit aufîi de ceux qui font les premiers en
quelque charge, quoiqu'ils n'aycnt pas droit de com-
mandement fur les autres -, mais feulcmenr quelque
prérogative. Prafeclus. Comme , le Chef d'une dé-
puration porte la parole , le Chef de gobelet donne
à boire au Roi. Un Chef de Panncterie. Chef da
Cuifine. CAffd'Echanfonnerie, Chef de Fruiterie,
6'c. La Dauphine avoir deux Chefs de Panneterie
& deux Chefs d'Echanfonnerie. Valbonnet.
Chef de parti, C'eft celui qui fe met à la tête de quel-
que parti , de quelque faélion , qui en fait mouvoir
les reflbrrs , &: fans les avis duquel on ne fait rien.
Dux partium , faclionis , feclœ. Combien de gens
fe confolent de voir l'Eglife divii'ée , parce qu'ils
fe voient Chefs départi ! Benn. Le Prince deCondé
éroit le Chef muet de la conjurarion d'Amboife.
Maimb. Les mutins étoicnt d'autant plus formida-
bles , qu'ils avoient à leur tête un Chef infolent &
audacieux. S. Evr.
Cmv-d'Efcadre. f. m. Terme de Guerre &: de Ma-
rine, C'eft le nom d'un Officier Général des armées _
navales , qui commande un détachement ou divi-
fioFi de vsifléaux, La charge de Chef-d'Efcadre eft
à peu ptès , fur mer, ce qu'eft celle de Brigadier fut
terre. Les Chefs-d'EJ'cadre ont fcance & voix dc-
libérative dans le confeil de guerre. La Cornerre
eft le pavillon du Chef-d'Efcadre II faur faire
fentir la lettre /, en prononçant le mot Chef-
d'Efcadre.
Chef, fe dit encore dans les famille sSc les maifon»
parriculières. Caput , Paterfamilias. Il y a tant de
Chefs de famille dans cette Paroiffe. Un tel Sei-
gneur eft Chef d\i nom &c des armes de cette Mai-
fon , c'eft-à-dire , l'aîné ou defcendant de l'aîné :
c'eft lui feulqui doitporrer les armes pleines delà
Maifon. On l'appelle en quelques lieux , Chef-
d'hoflie; pour dire, d'hôreli& en la Coutume de
Saintonge & de Poitou , Chemier,
Chef , fe dit aufïï d'une perfonne particulière , ea
quelques phrafes : comme , il a dit cela de fon chef
à feipfo ; pour dire , de lui - même , fans milfion
ni pouvoir , de fa tête , de fon autotité privée. Cet
Auteur ne dit rien de fon chef, il emprunte tout
des autres, Il n'a point de bien de fon chef ; mai«
il
CHE
il a beaucoup hérité du chef de Con oncle, de Ton
côté , du côté de Ion oncle.
On ditauiîi, & louvcncen mauvaife part, dire
ou faire une choie de fon chef, c'eft-à-dire , ihns
conlulter perfonne , lans avoir d'autorité pour cela;
&i quelquefois mcme,rur-tout quand on parle de jeu-
nes i^cns ou d'autres perfonnes qui par leur état no
doivent rien taire ians conléil', taire une choie de
ion c/it;f, c'eft la taire lans railbn , par purefantr.i-
lie. Un infciieur ne doit pas de l'on chefpzomcms
ce qui dépend de la volonté de Ion lupcricur. Un
Commis ne doit pas de ion cAe/ écrire au nom de
fbn maître. Ce que nous aurions pu mettre , n'eût
pas été le texte indubitable de l'Evangile, & il
nous doitluftirc de lerepréfcnter tel qu'il eft, lans
en retrancher rien , mais auiîl lans y rien mettre Je
notre chef. P. Bouhours , Pref. du N. T.
Chef, le dit encore du commencement d'une pièce
de toile , de drap , ou d'une autte étoffé. C-z^i^K/. Le
chef d'une pièce cfl toujours plus grolîler , n'eft ja-
mais li beau que le milieu. On l'appelle auHi la
tête.
Chi? d'Ocloire , pour: dire, le premier jour d'Octo-
bre. Cette cxprcllipnell ui;tce non feulement dans
les baux, mais encore dans le difcotirs familier,
& dans le ftyle didactique. La rente , la penfion
écheoit au jour de S. Rémi , chefd'Ociohe.
Chef, en termes de Charpenterie j eft la partie qui
termine le devant d'un bateau. Pars ex tréma. Cq
foncet a tant de toiles entre chef&c quille , c'eft-
à-dire , depuis le fond qui commence à lé courber ,
jufqu'à l'autre bout. Sur la mer, oh appelle cette
partie ejirave.
Chef , fe dit auifi ,en quelques lieux de la mer , pour
lignifer cap ou promontoire, & fur-tout en Nor-
mandie & en Poitou. Cornu , promontoriutn. Chef
de Baye ^ cap à une lieue de la Rochelle.
Chef , lignifie encore , en termes de Marine ^ un bout
de cable qUi eft amatré à l'arrière d'un vailfeau
qu'on veut lancer à l'eau , & à une boucle de fer
ou à un pieu qui eft en terre. On coupe le c/zf/avec
une hache, lorfque le vailfeau peut être lancé.
Chef lignifie encore , chapitre , article en fait de lit-
térature ou d'affaires. C^jPJ/f. Toute cette doCtrine
fe peut réduire .x tant de chefs. Il y a plulieurs chefs
d'accufation contre un tel. Il n'eft appelanr de
cette fcntence que d'un i:Ac;/"qUi lui fait préjudice.
Cette requête contient tant de chefs de demande.
On dit en cefens, au Palais , qu'une fentence eft
prélidiale au premier chef de l'Edit , lorfque la
condamnation définitive n'excède pas 150 livres,
Prirnum caput ; qu'elle eft au fécond chef, quand
elle ne juge par provilion que jufqu'à 500 livres. On
ditaulli, un crime de lèze-Majefté au premier chef,
quand il concerne la propre perfonne du Roi. Cri-
men in ipfum Re^em , in ipfam Principis perfonum
admiffum. Au fécond chef, quand il concerne l'Etat,
comme la faulTe monnoie , &c.
Chef. Terme de Coutumes, Ce mot chef, joint à quel-
ques autres, fe dit de plulieurs choies dans le Droit ,
dans les Coutumes , 6'c.
CnEF-ct/ii-. On appelle chef-cens ,Primigenius cenfus,
primitivum vecliiial ,\e premier cens dû fur un hé-
ritage, paropnoiition ïjurcens , fecundarimn vec-
tigaLVoycT. Cens.
Chef-Z/Vw, fedit des lieux principaux & dominans
d'une Seigneurie , d'un Ordre , &c. Dynafice prin-
ceps bajilica., Ordinis domus primaria. C'eftlelieu
où le principal manoir du Seigneur eft alfis. Il tant
aller rendre foi & hommage au chef-lieu, au lieu-
chevel du fief dominant dont on relève. Dans la
Coutume du Comté d'Hainaut,la ville de Mons,
qui eft la capitale du Comté, eft appelée c/ie/-//V«.
Dans pluficurs Coutumes des Pays-Bas , chef lieu
veut dire Banlieue.
CuhT-lieu , en matière de Finance , fe dit de la Ville
capitale d'une Généralité , où eft le Bureau de la
recette générale des Finances, &: où les Receveurs
des tailles apportent les deniers «fe leur tccetce*
Tome II,
CHE 497
§Cr En matière béné/iciale , chef lieu ledit duprin-i
cipal manoir d'un bénéfice qui" a d'autres béncriees
oa annexes dans fa dépendance.
^$3" C'eft encore la principale maifofi d*un Ordre ré*
guiierou aurre, compofe de plulieurs mailbns.
CuLF-Mets. Quelques-uns ccn\em, chef-mais , chef-
mois. C'eft le principal manoir d'une fucceffion.
Cm^-d" Ordre. C'eft la principale Mailbn de l'Or^
dre, & celle dont les autres dépendent. Les Ab-
bayesqui iomchefs-d'Ordre font toutes Régulières,
& c'elt-la où fe tiennent les Chapitres généraux 1
comme Cluny, Prémontré, Cîteaux. On a réuni
cette Abbaye à zzt Evêché , tant en chef , qu'en
membres.
CHEF-v^'t;/o-/z^Kr; Ternie de Coutumes. Ce mot lignifié
Seigneur féodal, fuzerain , cenlier , foncier: il fi-
gnifie aulîî Seigneur du lîef-chevel d'où dépendent!
les autres. Tout homme qui poiîédeun fiefnoblei
& qui tombe en garde, t.'k chefSci^neur , mais il
n'clt pas néceifaire que le chef-Seigneur relève im-'
Ch
caput , fn.
font trois Heurs-de-lys d'or en champ d'azur , deuji
en chef. Se une en pointes
Chef, lé dit plus particulièrement d'une des î!>ièce3
honorables dont l'écu eft chargé. C'eft celle qui fe'
met au haut de l'ccii , &: qui doit contenir la rroi-
l;èm;- partie de fa hauteur. Coronis. Quand on taille
l'écu en pierre , ou en relief, le chefis relèVe , &
frit une éminence par deliùs le refte. Il repréiénte
l'ancien diadème des Rois ou des Prélats , ou le
timbre , ou le calque du cavalier. Souvent il eft fans
ornement, mais d'un autre émail que l'écu, Souvent
aulll il eft chargé de diverfes pièces, & qui ont di-*
vers orncmcns. Il y a des chefs cchiquetés , co-
ronis tefjellata ; lofangés , jcutuLua ; hermines ^
rnujic'l/is albis fparj'a ; emmarfchés, runcmata ;
dentés , deniiculata ; de vair , petafata , &c.
Le chefahaiffe , fe dit quand le chef cil détaché
du bord fupérieur de l'ccu par la couleur du champ
qui le furmonte & qui le rétrécir du tiers de fa
hauteur, depreff'.i. Er quand il eft féparé du bord
par une autre couleur que celle du champ , on
VaçpsWz furmonte , operta. On l'appelle auffi cA^-A
chevronné, canthcriata ; chef-paU , palata ; chef-
bande , tceniata , &c. quand le chef a un chevron i
un pal , ou urle bande qui le touchent du même
émail que lui.
Cuiv-coufu, eft un chef de couleur aufïl-bien que
le champ de l'écu , quoiqu'elle Ibit différente. Àf-^
futd. Car afin que les armes ne fuient poinr fnufles ,
& qu'il n'y ait point couleur iùr couleur , ni ir.é-
tal fur métal , on a feint qu'on avoit rogné l'écu
par ledeifus. & qu'on y avoit couiù &' collé à la
place \\n autre chef qui garde le môme nom avec
l'épithètc de coufu,
CùEv-retrait , fe dit quand \c chef c(ï moindre que
la troifième partie de l'écu, Accifa , rupta. On l'ap-
p^ile aulfi chef-rompu.
CHv.v-foutenu, fe dit lorfque les deux troifièmes parties
du chef font au haut de l'écu , & que la troilîème
parti? qui eft en bas, eft d'un autre émail. Fulta,
Chef. Nom d'un bandage pour la faignée du fronts
Il le fait à peu près comme le difcrimen, de avec la
même bande,- excepté qu'au lieu de palier par-
dcliùs la future faL^ittale, on va le long de la partis
moyenne du pariétal, & l'on renverfe le bout de
la baridc fur la partie moyenne de l'autre pariétal •,■
en forte qu'on forme Une efpèce de petite barque
fu* la tcre.
On appelle aulîi chef, le rouleau d'une blinde»
Lorfqu'on la roule par los deux bouts, on la nomma
bande roulée à deux chefs.
CiîEF , par rapport aux Soldats, eft celui qui, danS
une chambrée, eft le plus ancien , comme un Ca-
poral ou un Anfpeflade, & qui a foin de leur fub"
fiftance, tant en garnifon, qu'en campagne. On dit,
c'/:-/dc chambrée , povir fignifier celui qui eft chargé
49^
C H E
du loin d'aller ou d'envoyer à la proviiîon , pour
faire vivre les camarades , qui l'ont ordinairement
au nombre de cinq , fept ou neuf. Chez les Ro-
mains , un chef de chambrée s'anpeioit Dixainicr.
Decanus.
CuiT-d'cau. Terme de Marine. On appelle ainlî la
haute marée.
Chef fe dit , parmi les Maures Colffetiers-Malletiers ,
de la double ficelle qu'ils emploient pour taire les
coutures des ourlets & trcpointes de pluficurs de
leurs ouvrages. Coufu à deux chafs.
Chef, On appelle dans une Boulangerie, où l'on
fait le bifcuit de mer , le chef d'une fournée , un
morceau de pâte du poids d'environ vingt livres ,
-que l'on tire du levain de la dernière tournée ,
pour travailler aux fournées fuivantes.
Chhf iili iemps. Vhiis.ie adverbiale, qui fut autre-
fois en ulage , &fe trouve dans Marot. Elle lignifie
enfin , à la fin du temps. Tandem.
Chef de Bureau, titre qu'on donne au premier Com-
mis d'un Bureau chargé d'une atïàire , & qui a
infpedion llir d'autres Commis qu'il fait tra-
vailler.
ChlF des Saints. Dans le IV^ fiècle, Maxime & Fa-
dir j chefs de Circoncellions, lééle des Donatiftes,
. prirent le titre de Chefs des Saints.
Chef, (en) le dit adverbialement, pour marquer
la fupériorité & le premier rang, & le titre. Su-
premns Prœfeclus ; fummo cum imperio Prœfecl::s.
Il eft Gouverneur en c/zt/ d'une telle place, c'cft-
à-dire , en titre , & non point par commiilîon ni
fubordination. Le Greffier en chef du Parlement,
c'eft le Greffier titulaire , qui a droit de ligner les
Arrêts, le Greffier principal d'une JuridicVion.
Mettce à chef, ou venir à chef, lignifie , ache-
ver , venir à bout, yid exitiim perducere. Les Hé
ros ont entteptis plulîeurs aélions difficiles , qu'ils
ont miles à chef.
Le pis de leur méchef.
Fut qu'aucun d'eux ne put venir à chef
De fon deffein La Font.
Chef. f. m. Nom d'homme. Theuderius , Theodarius.
Theudier , que le vulgaire appelle faint Chef, ou
faint Chetf, de famille honnête , naquit au terri-
toire de Vienne, en Dauphiné, vers le comraen-
ccmenr du VI= fiècle. Il y avoir alors à Vienne une
courume fort fingulière.'On y choifiHbit un So-
litaire ou un Religieux , que l'on croyoit plus
avancé dans la perfedlion. On le renfermoit dans
une_ cellule, où il s'engageoit de palier le refte de
fes jours à prier fans cclfe pour la ville , pour dé-
tourner les malheurs que leurs péchés pouvoienr
leur attirer. Saint Chefiai choifi -, on le tira de Ion
Alonaftère , &: on l'enferma dans une cellule , où ,
après avoir demeuré douze ans , il mourut l'an
57 V
CHEF-D'ŒUVRE, f. m. Prononcez chè-d'euvre.
Ouvrage exquis & extraordinaire de quelque art
ou fcience. Opus elegans , elaboratum ,perficlnrj:.
L'Eglife de S. Pierre de Rome elt un chef-d'xu-
rre d'Architedhire. Le frontifpice du Louvre eft
lin autre chef-d'œuvre. Cinna, les Horaccs , An-
dromaque, font des chef-d'ctuvres dramatiques. Le
Jugement de Michel-Ange cil un chef-d'œuvre en
Peintute. Les Amans appellent auflî leur Maîtreiîe
im chef-d'œuvre de la nature. Les moindres ouvra-
ges de Dieu font des chef-d'œuvres. L'art , dans
fes plus beaux chef- d'œuvres , n'a fair qu'i-
mirer grofllcremenr la nature. P. Dan. Les jan-
féniftes ont pvoné [e-i Lettres Provinciu/es , comme
le chef-d'œuvre de l'elprit humain. Id.
Chef-d'œuvre , fe prend auffi quelquefois en mau-
vaife part , &: pour lignifier un ouvrage ridicule.
Opus ridiculum. A vous dire le vrai , cette haran-
gue croit im chef-d'œuvre d'impertinence \ &: en
lalifant, j'aidélérpérc dufalut de Ion efprit. Balz.
C^HEf-D'ŒUYRE fignifie , chez les Anifans, un ouvrage
CHE
qu'ils font pour faire preuve de leur capacité dans
le mener où ils veulent fe faire palier Maîrres.
§Ç? Tous les afpirans à la maîtrife fubillent cette
efpèce d'examen dans chaque métier , en prélence
des Jurés. Artis fpecimen. Il y a des Maîtres de
lettres , & des Maîtres de chef-d'œuvre^. Les fils de
Maîtres font , au lieu de chef-d'œuvre , une limple
expérience. Le chefd'œuvre des Selliers eft un ar-
çon à corps ; celui des Boulangers eft du pain broyéj
celui des Saveriers un foulier qui fe rerourne; ce-
lui des Maçons , une pièce de trait , telle qu'une
defcente biaife par tête & en talus qui rachète un
berceau ; celui des Charpentiers , la courbe ram-
panre d'un efcalier à vis bien dégaucliie -, celui des
Serruriers , une ferrure de coffire" fort , ou quelque
panneau de rampe d'efcalier ; celui des Menuilicrs,
une armoire , un coffre de moderne à fond de cuve ,
un chambranle de porte ou de cheminée ; celui'
des Couvreurs , une lucarne proprement raccor-
dée en fa foutchcrte avec un comble ; celui des
Plombiers ,une cuvette à cul de lampe, ou un ca-
non de gouttière , enrichi de moulures bien abou-
ties \ celui des Vitriers un panneau de comparti-
ment de verres de couleurs , caves , encaftrcs &
allèmblés avec du plomb de chef-d'œuvre ; celui
des Paveurs , une rofe de petit pavé de grès &■. de
piejre à fufil , &c. Mais on dit que le\->rincinal
point eft de bien arrofer le chef-d'œuvre , c'cft-à-
dire , de faire bien boire les Jurés.
On dit à ceux qui ont brifé ou ca/îé quelque
choie , ou fait quelque aiTrion d'étourdi & nuili-
ble à quelqu'un , voilà de vos chef d'œuvres , voilà
un beau chef-d'œuvre.
Il ne faut point faire fentir Vf en prononçanj
le mot de chef-d'œuvre.
CHEFCIER ou CHEFECIER , ou CHEVECIER. f,
m. Nom d'une dignité dans les Eglifes. Crpice-
rius , Capitiarius. On écrit plus communément che-
vccier. Les uns dilént que c'étoit la même chofe
que le Pr'imicerius , c'eft-à-dire , le premier inlcric
dans la marricule d'une Eglife , Se "que de même
qu'il étoit nommé pour cela Primicerius , c'eft-à-
dire, le premier de la matricule, du catalogue ap^^
pelle cera , parce qu'on écrivoir ce catalogue fur
une petite planche enduire ou couverte de cire;
on l'appeloit auffi dans le même fens Capicerlus,
en ftançois Chefciér ; de caput , chef, & cera,ca)-
talogue , parce qu'il étoit le chef, c'eft-à-dire , le
premier dans le catalogue ou la matticule de l'E-
glifc. IJC? Celui qui étoit matqué le fécond àins
la table, s'appeloit Secondlcerius , comme qui d>
lo'ii fecundus in cerâ.
D'autres prétendent que le chefciér étoit celui
qui avoit foin des ornemcns des Miniftres des Au-
tels , une efpèce de Sacriftain. Ceux qui font de
ce fentiment , dérivent ce nom de Cupitium , qui
fignifie la partie d'une Eglife qui eft derrière l'Au-
tel, où eft , difent-ils , la Sacriftie , & qu'on ap-
pelle en ftançois chevet ou chevais. C'eft le l'en-'
riment des Bénédictins. Acla SS. Bened. fxc. III ,
P. I ,p. 3 lo. Ce lénrimenr ne paroîr pas bien fondé.
Dans nos anciennes Eglifes , la Sacriftie n'eft poinc
derrière l'Autel , mais à côté de l'Autel , & avancée
plutôt en devant, que reculée vers le derrière de
l'Autel. L'Auteur de l'hiftoire de S. Aignan d'Or-
léans, le tire <î capiendicerâ, de ce qu'il prenoil
la cire , parce qu'il avoit foin des cierges & du
luminaire. Enfin , d'autres femblent le dériver de
capa , chape , & cerct t, cire -, quand ils difent que le
Chefciér eft un Officier qui avoit foin des chapes
& de la cire.
Les Macri, VoIîius&: Meurfius , alTurent que le
Chefciér eft celui qui levoit un tribut qui fe pre-
noit par têre , une capitation ; & que ce mot s'eft
j fotmé de capitcicio. Le premier fenriment paroît le
plus vrai. Le Chefciér de S. Etienne des Grès &
des aurres Collégiales qui ont cette dignité , n'en
eft pas le Sacriftain , mais le chef & la première
dignité, FoyefUwz-wi.ç.ihK.
CH
CHEFVETAINE. f. m. Vieux mot. Crtpitam^.
IfT CHEGIi. Petite ville de la haute Hongtie , ca-
pitale du Comté qui potte ion nom , fur une btan-
che de la Teiiîc,
CHEGOS. r. m. Poids dont les Pottugais fe ferveiu
aux Indes pour peier les perles. Il faut quatre che-
gos pour faire un carat.
CHEGROS ou CHIGROS. f. m. Filet enduit de poix,
avec lequel les Savetiers , Boureliers &: autres ou-
vriers, coufent & attachent les cuirs. Linum fiuo-
riitm. On l'appelle autrement ligneul. Le mot de
che'^rvs ne ie trouve que dans Nicod, qui avoue
que plufieurs àiknx. Jii-gros au lieu de chegros.'Ei
en eifjt , on ctoit que fil-gros ell: beaucoup meil-
leur. Plufieurs prononcent ehigros , au lieu de ckc-
gros , particulicremeni en Picardie, f^oy^'i Fil-
Gros.
IP" CHEIROBALISTE ou CHIROBALISTE. f. m.
Baliric à la main ; machine pour lancer des flèches
à la main, yj ip, marins , main; & balifla, balifte.
Voye^ ce mot.
CHEiT-A-BUND. Sorte de foie qui fe fait dans les
Etats du Mogol ; elle tient le iecond rang parmi
les iix efpèces qui s'y recueillent.
GHEILOCACE. f. f Laknjulcium. Crevaifc à la lè-
vre. Le Labrifulcium , ou l'ouverture de la lèvre
fupcrieurc , ell: un lymptôme concomitant des
écrouelles. Voye?^ le Dicx. or James.
IJCT CHEKAO.f.m. Efpcce de pierre que les Chinois
font entrer dans la compofition de la porcelaine.
Elle cil: formée de filamens & de Ifries allez fembla-
bles à ceux de l'amiante. Quand on la calcine ,
elle fc réduit en plâtte.
|p° CHEKIANG. Province de la Chine, fut la côte
otientaie , entre Nanking & Fokien. Elle com-
prend onze grandes villes qui ont chacune leur
territoire.
CHÉLE , f. f. fignific une fonde crochue, dont on fe
fert pour extraire les polybes du nez , y_nxl^ Il en eft
parlé dans Hippocrate 3 Z,/'^. II de Aîoréis , dedans
Ruffus Ephelius , cap. 4.
CHELEZZI. {. m. Officier de la maifon du Grand-
Seigneur , Grand-Dépcnfier , qui a fous lui trente
Soufchelezzi, lefquels ont la garde des menues pro-
vilions , comme ris , miel , olives , fromages, beurre,
fucre, & lemblablcs choies , & dix Calvagis. Vigen.
Illufi. fur rHi/L de Chalc. p. 557.
^ CHÉLICIE. Petit Royaume d'Afrique , dans la
balle Ethiopie , près de ceux de Siam ôc d'Am-
paza.
CHELIDOINE. f m. Chelidonius. Nom d'homme.
Prudence compofa ilir la fin du IV lîècle , un poëme
fous le titre des Couronnes , divifé en quatre chants ,
dont le premier ell conlacrc à la mémoire des deux
faints frères, Emetcre & Chéluioine , qui Ibutfrircnt
dans la ville de Calahorra. Baillet , 11, de Mars.
ChÉlidoine. f f Autrement la grande éclaire. C^e-
Udoniuin majus ou Chelidonut. Prononcez Keli-
doine. Plante qui a pris fon nom du mot grec x-xi^ùi
qui lignifie une hirondelle , parce qu'on a cru , dit
Pline , que cette plante fleurilfoit au retour de ces
oifeaux , c'eft-à-dire , au premier printemps , ou
qu'étant bonne pour la vue , les hirondelles s'en
fervoicnt pour la rétablir à leurs petits. Sa racine
' efl: groffe comme le petit doigt , fibreufe , rou-
geâtre en dehors , & d'un jaune de faffran en de-
dans. Elle jette de l'on collet plufieurs feuilles lon-
gues au moins de demi-pié , velues , d'un vert-pâle ,
& découpées profondément en quatre ou cinq
fegmens en manière d'aîlerons rangés comme dans
les feuilles , compofées & terminées par un Çç%-
iTient beaucoup plus large que les autres. Chaque
fegmcnt rclfcmble à la feuille du chêne , &: il ell
pareillemcnr incifé lut fes bords en ondes. Les ti-
ges «nui s'élèvent d'entre ces feuilles font grêles ,
divifées en quelques branches , chargées de quel-
ques feuilles aflez femblables à celles du bas , &
font terminées par des bouquets de fleurs dont les
|>cdiç',il.es communs fortent du côté oppofé des
CM Ë
... , 4^9
branches de la tige , lefquelles branches naiiî-nt
aes ailïelles des feui41es. Ces fleurs font jaunes ,
couleur de la teinture du faliran , à quatre pé-
tales foutenus par un calice , à deux pctit.s feuil-
les qui tombent en même temps que'ia fleur s'é-
panouit. Des étamines fans nombre , & de la même
couleur des pétales , entourent un pillil qui devient
enluitc une lilique longue de deux pouces environ,
fur une ligne &c demie de largeur , couleur d'olive »
compoléc de deux panneaux appliques fur les bor.ls
cl^un chaliis à jour ; c'eft-à-dire , qui n'eit couvert
d'aucune membrane, comme dans prefque toutes
les autres liliques. Aux deux côtés de ce chaiîis
font attachées des femences menues , longuettes j
noires & luifantes dans leut maturité. Toute là
plante donne un lue jaune & acre : elle efl: très-
apéririve. On en recommande l'ufage à ceux qui
ont des dartres, foit prife intérieurement dans des
aposcmes, foit extérieurement en fomentation. On
s'en fert aulfi pour les maladies des yeux ; mais on
tempère l'acreté de fon fuc avec le lait. La plante
qu'on nomme çcùiq chelidoine , petite éclaire, ou
petite fcrophulaire, car on lui donne ces noms, ell
tout à fait différente de celle-ci. Ceft une elpccô
de renoncule qui poufle des feuilles prefque ron^
des, vertes , lilfes , luifantes , nerveulés , plus pe-
ntes que celles du lierre & plus molles, marquées
quelquefois d'une tache purpurine ; la queue lon-
gue, le couchant en partie par terre. Il s'élève d'en-
tre les feuilles de petites tiges environ à la hautaiE
de la main, blanchâttes en bas , purpurines en haut,
portant en leurs fommets d.; petites fleurs fembla-
bles 3. celles des renoncules , d'une belle couleur
dorée éclatante. Il leur fucccde un fruit arrondi ,
vert-jaune , rempli de femences oblongues. La pe-
tite cheiidoine ell rafraichilfante , rélbkitive , apé-
ritive, propre pour les maladies de rate&lefcor-
but. On applique fa racine pilée fur les hémor-
rhoïdes. Voye:^ Eclaire,
CHELIDONIAS. f m. Petite pierre figurée dcmi-
fphérique , qui imite les plumes de Thirondelle ,
ou qui, félon d'autres, fe trouve dans l'eftomac des
jeunes hirondelles. Elle eft ttès-mince, creufe , 6c
d'un gris-fale. Elle vient le plus fouvent de Malte.
CHELLES. Bourg de l'île de France , à quatre
lieues de Paris , fur la Marne. Cala. Sainte Bau-
dour , femme de CloVis II y fonda une Abbaye
de Religieufes , dans laquelle elle le retira après U
mort du Roi fon mari ; &: où Clotaire II l'on fils fur ,
enterré. Le Roi Robert y avoit un palais , qu'il
appelle dans un Edit Ralx no[lr(z Palaùum. Dir
ChesnE) Anùq. des vill, de Fr. L, I , c. 30.
Cmelles f f. pi. Toiles de coton à carreaux de diffé-
rentes couleurs , qui viennent des Indes orientales *
parriculièrement de Surate.
Dcr CHELEN. Ville de Pologne , au Palatinat de .
Rulfie , à huit milles de Lublin.
CHELME. adj. de t. g. Vieux mot. Rebelle , tutbu-
lent , fcdineux , fanatique. La rail'on qu'on rend
de la différence qui fe trouve entre la longue Sc
férieufc harangue de M, d'Aubray , 8c celles des
autres Ligueurs , qui font toutes courtes & burlef^
quesjc'eft qu'il aimoit la vérité , & qu'il vouloir
la manifefter à fes auditeurs ; ce qu'il ne pouvoir
faire fans entrer dans un grand détail des mauvais
defl'eins des chefs de la Ligue , dont il ctoit inl-
truit mieux que perfonne: au lieu que les aurres
harangueurs étant tous Chelmes , il n'eut pas été
iéant de leur faire dire rien de bon. yoyei la Sa-
tyre Ménippée , /««S». T. /,/?. 257 6* 158.
CHELONE. f f. Terme de Mythologie. Nymphe
qui fut changée en tortue , parce qu'elle avoit re-
fufé de fe trouver aux noces de Jupirer avec Junon,
au l'ujet defquelles elle s'étoit permife quelques
plaifanteries.
Chéloné. f f C'efl: une plante à laquelle M. de Tour-
nefort donne ce nom , à caul'e de fa relfemblance
avec l'écaillé d'une tortue , ;:,eXm>, , tortue, /^oyc^-
en la defcription dans le Dicx, de James.
Rrrij
^oo
CH E
CHtLONITE. r, f. Ccft une pierre qui Te trouve au
ventre des jeunes hirondelles , qu'on croit bonne
pour le mal caduc. Chdonia. 11 y a une autre chc-
lorAte qui le trouve aux tortues des Indes , qui a
la propriété de rélifter au venin. Quelques- uns la
confondent avec la crapaudine.
CHrLONiTE. i". f. Pierre figiuce, repréfcntant le corps
d'une tortue qui n'a point de tête.
CHÉLONOPHAGES. f. m. pi. Peuples qui habitent
un coin de la Cannanie. Ils ne mangent point d'au-
tre chair que celle des tortues , dont les écailles
fervent à couvrir leurs mailbns. Voye^ le Dicx.
d'Hoifman.
îfT CHELVET. f m. Ceft-à-dire , retiiez-vous , fai-
tes place. Cri par lequel on annonce au ferrail que
le Grand-Seigneur veur aller au jardin des Sulta-
nes : à ce cri\out le monde fe retire , &; les Eunu-
ques occupent toutes les avenues. Il y va de la vie
d'approcher dans ces momcns-là des muraille; de
ce jardin. Ricaut. de l'Emp. Otïom. cili par
MoR.
Xp^ CHEMA. f. m. Sorte de poids en ufage chez
les Athéniens. Ils en avoientdcux. L'un peioit trois
gros, l'autre deux.
|Cr Le Chima des Romains étoit une mefure de flui-
des, contenant une livre Si demie. Encyc.
|Cr CHEMACK. Ville delà Natolie, dans le gou-
vernement de Chipre , fur les frontières de celui
d'Alep.
CHEMAGE ou CHINAGE. Voyei Chinage.
CHEMAHICOGIN. f. m. C'eft le nom que les Ja-
ponois donnent au Portugal. Chemahico^inum.
CHEMBALIS. f. m. Sortes de cuirs qui viennent du
levant par la voie de Marfeille.
CHEMER ( fe ) v. récip. Terme populaire » qui Çc dit
particuliètement des enfans qui ont du chagrin ,
du dégoût , ou de quelque mal inconnu qui les fait
crier /& les empêche de prendre nourriture & de
profiter. Tomber en chartre , coiificere fe , confici
tœdio. On le dit quelquefois des perfonnes un peu
plus avancées en .ige. Cet enfant s'cft ckcmé de-
puis qu'on l'a changé de nourrice.
Ce mot vient du latin gemere,
03" CHEMER AGE. Terme de Coutume. Avantage
du droit d'aînefle , en vertu duquel les puînés dans
les Coutumes de parage tiennent de l'aîné leur por-
tion de fief en parage , c'cft-à-dire , fous ion hom-
mage.
CHEMIER. f. m. Vieux terme de Coutume, C'efl:
l'aîné d'une famille noble , ou celui qui le repré-
fente dans un partage de fiefs , comme qui diroit
le chef de la flunille qui a un préciput , ou chef
premier , qui jouit du droit de chemerage. Natu
maximus ou gentis caput. Tous les puînés s'appel-
lent/'^zr^gf/j , parce qu'ils partagent également en-
tr'eux.
^5" CHEMIN. Terrain qu'on fuit , fur lequel on
marche pour faire fa route , pour aller d'un lieu
à un autre. Fia. gCT La plupart de nos Didion-
naires , comme le Vocabulaire, d'après l'Académie,
confondent ces trois mots , chemin , route , voie ;
efpace , difent-ils , par où l'on va d'un lieu à un
autre. Cependant ils ne font nullement fynonymes,
quoiqu'ils foient relatifs à l'adiion de voyager.
§Cr Le mot de route enferme dans fon idée quel-
que chofe de fréquenté 6c de battu. Route de
Lyon , route de Flandres. On le dit proprement
de tous les lieux par lefquels il faut paflêr pour
aller d'un lieu à un autre dont on eft éloigné. On
va de Paris à Lyon par la route de Bourgogne ,
ou par la route du Nivernois.
^3° Le mot chemin , fignifie précifément le terrain
qu'on fuit , l'efpace de terre fur lequel on marche
pour faire fa route. Si vous paflez par tel endroit ,
vous aurez un beau chemin. Le grand chemin eft
toujours le plus fikr. Les routes diffèrent entt'elles
par la diverfitc de leur lîtuation & de leurs con-
C H E
tours. On fuit le chemin pavé ou le chemin des
terres.
^fT On fe fert quelquefois des mots de route Se de
chemin , pour dcfigner la marche, avec cette diffé-
rence , oit M. l'Abbé Girard , que le premier ne
regardant alots que la marche en elle-même , s'em-
ploie dans un fens abfolu & général , fans admet-
tre aucune idée de mefure ni de quantité. Ainfi ,
l'on dit fimplement être en ro/«e, faire route; au
lieu que le fécond , ayant non-feulement rapport à
la marche, mais encore à l'arrivée qui en efi: le but,
s'emploie dans un fens relatif à une idée de quan^
tité , marquée par un terme exprès ou indiquée
par la valeur de celui qui lui eft joint , de forte
qu'on dit faire peu ou beaucoup de chemin , avan-
cer chemin,
ffj' Le mor voie , marque une conduite certaine vers
le lieu dont il eft queftion. Il ne défigne nullement
la marche , mais la manière dont on voyage , la
voiture ou la façon dont on fait cette marche. On
va d'un endroit à un autre , par la voie de la pofte
ou par la voi^ du melfager , par la voie de terre , ou
par la voie d'eau. Foye^ plus bas ces mots ptis
au figuré.
§CF Bergier , dans fon livre des Grands chemins dé
V Empire, dit que ce mot eft du vieux françois. Quel-
ques-uns le font venir de caymnm , qu'ils difent
fignifier la même chofe : d'autres du latin Jcmita ,
d'où l'on a fait femin , chemin.
^fT On appelle, chemin royal , viaregia , le plus
grand de tous les chemins , ordinairement le plus
beau , le plus court &: le plus commode.
§3° Chemin pui'/ic, ou grand chemin , via publics. ,
fe dit de tout chemin droit ou traverfant , où tout
le monde peut paffer.
Voit-on les loups brigands , comme nous inhumains ,
Pour dJtrouJfer les^ loups courir les grands chemins,
BoiL<
Chemin des arbres , dans l'Artois & dans les pays
conquis en Flandre , fignifie grand chemin , chemin
royal , chemin des troupes. Via militaris. Ce nom
a été donné aux grands chemins par les gerts de
ce pays-là , parce que le Roi , en taiiant élargir &
accommoder les grands chemins , fit planter des
arbres des deux côtés , d'où il revenoit deux avan-
tages confidérables ; l'un , que les ttoupes n'avoient
pas bcfoin de guides pour connoître les chemins les
plus courts 6c les plus commodes ; l'autre, qu'on
avoir dans le pays une reffource pour rour l'attirail
de la guerre, tk llir tout de l'arrillerie.
On appelle chemin du halage , un chemiji que
les Riverains des rivières navigables font oblifrés de
laifler ilir les bords, pour le paflage des chevaux qui
liaient ou rirent les bateaux. Voye^ Tirage.
On appelle chemin de traverfe , Tranfverfum
iter , un chemin détourné , ou qui n'eft pas fur la
route des grandes villes , mais qui va d'un bourg
ou d'un village à un autre , ou qui n'eft pas le
chemin ordinaire pour aller d'un lieu à un autre , fi
c'eft quelque grand lieu. Via dévia. fiO" On appelle
aulll chemin de traverfe toutfentier de détour plus
court que le chemin ordinaire. Trames ,femita. On
appelle auffi c/je/Tz/zz particulier, un chemin de tra-
verfe , Se on l'oppofe au chemin public , qui eft la
même chofe que grand chemin.
fC? Le Chemin particuliet eft proprement celui qui
eft fait pour la communication du château d'un
Seigneur au grand chemin , ou à quelque autre
endroir.
Chemin creux , qui eft enfoncé au-deflbus du rez-
de-chaulfée. Iter depreffum. Chemin fou'r^iu , celui
qui fe divile pour aller en divers endroits , bivium ,
trivium , ^uadrivijim , félon le plus ou le" moins
d'endroirs où il conduit. Chemin difficile , qui eft
âpre , raboteux , ou qui eft mal-aile à tenir étant
coupé en plufieurs endroits ; afperum , durum ,
difficile. Chemin bas, qui eft dans la vallée, depref-
c
H
; H E
fum. Chemin haut , qui eft fur la colline ,fi:pehi'm ,
fupernum. Chemin paQant ^ via celcbris ,frc^ju(.ns ,
€xpêdita. Chemin jrayc , trua.
Les Romains appeloicnc tVz£?/7z///j militaires , les
■chemins pratiques pour envoyer les armées dans
les Provinces de l'Empire j via militaris, lis ap-
peloient chemin double , un chemin pour les char-
rois à deux chauflces , l'un pour aller , & l'aunre
pour venir , afin d'éviter l'embarras , bina , gemina.
Ces deux chauffées étoient leparées par une levée
eh forme de banquette , pavée de briques pour les
gens de pié. Il y avoir , d'efpace en efpace, des mon-
toirs à cheval , & des colonnes miliraires pour mar-
quer les diftances. Ils ncmmoient chemin jerrc , un
chemin pavé d'une pierre exrrèmement dure. On ap-
pelle encore aujourd'hui chemin ferré , un chemin
dont le fol eft de vive roche , ou formé d'une aire
de cailioutage, //nzi(Z. Les chemins aquatiques font ,
ou les chemins élevés à travers les étangs & les ma-
rais, ouïes ponts conftruits fur les rivières & les
torrens. j'ai découvert plulieurs vertiges des grhnds
chemins des Anciens. Ce l'ont de gros maflift de cail-
loutages , mêlés de chaux , jetés dans la terre à
dix ou douze pies de profondeur, fans s'aflliiettir
à chercher le ferme, parce que de ces cailloutages
ainfi mêlés avec le mortier , il fe fait un corps qui
fe lie li bien , que le marbre n*e(l pas plus dur. Nous
voyons en effet que cette efpèce de maçonnerie a
réfifté » depuis plus de fcize liècles , aux injures du
temps, &: que toute la force des pics & des mar-
teaux a peine à rompre cette maife, qui n'efl com-
pofée que de petits cailloux de la groffeur d'un œuf,
& même plus petits, Menestrier, Hijloire de
Lyon 5/7. 50.
gdr Chez les Romains on appeloit via , tout chemin
public ou privé. Parle terme A'iter feul, on enten-
doit un droft de pa/lage particulier fur l'héritage
d'autrui; & par celui A'aclusy on entendoit celui de
faire paifer des bêtes de charge ou une charrette ou
chariot fur l'héritage d'autrui j ce qu'ils appeloient
ainfi iter ou oBus n'étoient pas des chemins pro-
prement dits , mais des droirs de paffages ou fer-
Vitudes rurales. Encyc. Quand les Romains fe fer-
voient da mot iter, pour exprimer un chemin
public , ils y.ajoutoient Vc^'iihcts publicum.
Il y a un Traité de la conftrudlion des grands
chemins pat Gautier Architecîle-Ingénieur , & Inf-
pedteur des grands chemins du Royaume. De la
Pife en traite auiTi dans l'on Hift. d'Orange , /;. 5 5 ,
& fuiv. liidore , Orig. L. XF, ch. dernier, rapporte
que l'on croit que ce l'ont les Carthaginois qui ont
les premiers ^xvé.lç'^ grands chemins ; & cnfuite les
Romains. Koye^ Bouche , Hij'ioire de Provence ,
Tom, I,p. it6 , de la mefure des chemins.
Chemin fendu j eft Un chemin pratiqué dans le roc 3
ou dans quelque burte ou montagne , dont on a
ôté la crête & comblé le bas , pour le rendre plus
doux. Charles Emmanuel II , Duc de Savoye , en
fit couper un dans les Alpes en 16 jo. Le Roi en a
fait laite en pluficurs endroits de fon Royaume : il
y en a entre Paris & Verfailles.
Chemin percé, eft celui qui eft taillé dans le roc
& qui refte voûté. Il y a des chemins perces dans le
Royaume de Naples : on en voit un entre Bayes Se
Cumes, qu'on nomme la grotte de Virgile : il y en
a un de Pouzol à Naples , qui a environ demi-lieue
de longueur fur quinze pies de large, & autant de
haut. Ce Chemin qui fut fait autrefois par un cerrain
Coccius, aéré élargi par Alphonfe Roi d'Arragon
& de Naples , & réduit à la ligne par les Vicerois.
Chemin couvert , en termes de Guerre , eft le corridor
qui eft fur la conrrefcarpe , & qui eft couvert de fon
parapet , qui règne tout autour du folfé de la place
du côté de la campagne. Operta via. Sa largeur
eft de trois à quatre toifes. Il a une banquette. Se le
glacis lui fertde parapet: les pali'îadeslc fépatent
du glacis. |tCr II fert à défendre l'approche de la
place , à raflembler les ttoupes néceflaires pour les
50 1
( ibrties, & à en faciliter la rerraite. Le Soldat y eft
à couvert du feu des allîégens.
Chemin des rojides , eft le c/z^v/zm qui eft fur la mu-
raille, entre le parapet & le rempart, & qu'on laiife
pour le partage des rondes. Fia lujirandis vigiliis
comparata. On ne s'en fcrt prefque plus , .à caulë
qaie n'ayant qu'un parapet d'un pié û'épailfcur , il
eft d'abord renverfé par le canon des alîîégcans.
On appelle aulfi chemin des carrières^ l'ouverture
qu'on fait dahs une carrière, pour en tirer la pierre j
& le puits qu'on fait dans une carrière pour la
fouiller, Fiajuhterranea. Ainfi on dit , ouvrir les
chemins; pour dire , percer les carrières.
Chemin , dans les Verreries , eft une voûte de figure
longue, danslaquelle on met le bois pour échauifer
le four.
Les Courtiers & Tonneliers , qui font commis
pour décharjïcr le vin fur les ports de Paris , ap-
pellent chemin , une fuite de chantiers ou de grolfes
folives fur lefquelles ils roulent les tonneaux du
bateau jufqu'à terre ; car ils nWent fe l'etvir de
celui qu'ont fait les Planchéeurs pour entrer dans
les bateaux.
^ Chemin , en Bâtiment , eft fur uri plafond ou
fur un ravallement, une difpofition dérègles que
les ouvriers pofent pour traîner les moulures.
^fT C'eft aulïl un enduit déplâtre dreflc à la règle»
& fuivant lequel ils conduifent leur calibre. Encyc.
IJC? Chemin , en termes de Chorégraphie , font des
lignes qui, tracées fur un papier, repréluntent la
figure que des danfeurs décrivent fur le plancher
pendant tout le cours d'une danfe.
Chemin de Saint Jacques ^ eft un nom que le peuple
a donné à. une trace blanche qui patoït dans le ciel j
que les Anciens appeloient la Foie laclee , ou le
Chemin-dcs-Dieux , Sc qu'on a découvert être un
nombre infini de petites étoiles qu'on n'apperçoit
qu'avec les lunettes. Elles font une fombre lueur
qui caufe cette apparence. Fia la&ea,
ÇCT" Chemin fe prend dans un fens figuré pour les dif^
férens moyens qu'on emploie pour parvenir à quel-
que but. Faire fon chemin dans le monde. On dit
le chemin & la voie du ciel. Les fouffrances font la
voie du ciel. On ne dit pas la route du ciel ; peut-
être parce que le mot de route renferme dans fon
idée quelque chofe de battu & de fréquenté.
|CF La bonne ro//ri? , dit M. l'Abbé Girard , conduit
furêment au but ■, la bonne voie y mène avec hon-
neur \ le bon chemin y mène facilement. On ne va
çuère à la gloire que par le chemin de la vertu*
Nous vivrions mieux, s'il nous étoit permis de
faire deux fois le même chemin. Rochef. Le chemin
du ciel n'eft pas le chemin des honneurs ', & une
timide piété eft prefque toujours malheureufe,
FiECH.Tous les peuples de la terre marchent avecJ
une égale confiance dans les divets chemins qu'ils
ont choifis pour arriver au falut. Le chemin de la
vertu eft hétifl'é de ronces & d'épines. S. Evr.
L'amour propre voudroit que le chemin du falut fût
fi bien ttacé & fi bien marqué , qu'il fût impolîlble
de s'y égarer. Port-R, Molière dit des hypocrites ,
qu'on les voit •
D'une ardeur non comthune ,
Par le chemin du ciel courir à leur fortune. Mol.
Sou tien drai-je ces yeux , dont la douce langueur
Sait Ji bien découvrir les chemins de mon cœur .*
Racine,
On dit figurément couper chemin à une maladies
à un procès-, pour dire, la prévenir, ou en em-
pêcher le cours. On dir en ce fens , qu'on a mis un
homme en beau c/^i^w/w, qu'on lui a aplani le cAe-
wm; pour dire, qu'on lui a levé les obftacles, les
difficultés: qu'il s'eft atrêtc, qu'il eft demeuré en
beau chemin ; pour dire, qu'il abandonne un deffein,
lorfque les principaux obftacles font levés. On dit,
qu'une affaire eft en bon chemin ; pour dire , qu'elle
eft en bon train. On dit encore , en ce même feiis ,
joi C H E
<5u'un homme efl; dans le bon chemin , dans le ch%-'
min du laliit , quand il cil: vertueux : 6c au contraire,
qu'il eft dans le chemin déperdition , dans le chemin
de la Grève, qu'il prend le chemin dcl'iiôpitali pour
dire, qu'il elt vicieux, qu'il Te fera pendre, qu'il ie
ruine. On dit aulli montrer le chemin à quelqu'un ,
donner exemple.
On appellec/itf/w/zde velours, un chemin lur une
peloule. via herhoja , cej'pititia. On dit fiyurément
chemin de velours , pour dire , une voie facile ,
agréable. Il cH: arrive à la fortune par un chemin
de velours. Façon de parler familière.
On dit ligurcment. Chemin i'i.'\ùni; pour dire ,
par occafion , gCT en même-temps. Ohiur , eodem
tempore. En nous détaillant cette affaire, il nous dit,
cAcOTz/î failant , les obfervations qu'il avoir faites.
Chemin , ié dit proverbialement en plufieurs phrafes.
On dit d'une chofe longue & étroite , que c'ait le
f^tv/zi/zde Ville-Juifve, long-boyau. Ce nom lui
vient d'une maifon Icule qui eft fur le grand chemin ,
où loge la polie, qu'on appelle Long-l-oyau. On
dit qu'un homme eft toujours par voie &; par che-
min , lorfqii'il n'cft jamais au logis , qu'on le fait
aller ça &: là. On appelle le grand chemin des vaches,
les chemins ou on va par terre. Le grand chemin des
vaches , dans un fcns figure , eft ï'ufagc commun ,
ordinaire. On dit aulll , bonne terre , méchant che-
min ; parce que dans les bonnes terres qui font
graflés, les chemins font mauvais. On dit qu'en tout
pays il y a une lieue de méchant chemin ; pour dire,
qu'il n'y a point d'affaire où l'on ne trouve des dif-
ficultés! On dit auffi , à chemin battu il ne croît point
d'herbei pour dire, qu'il n'y a pas grand profit .à
faire dans un trafic connu de tout le monde. On dit
aulTi , il n'en faut point aller par quatre chemins ;
pour dire , il en faut paflér par là. On dit , bien dé-
penfer &: peu gagner , c'cft le chemin de l'hôpital.
On dit auffi , tous chemins vont à Rome , ou tous
chemins vont à la ville , fCF ce qui lignifie au propre,
qu'onpeut arriver au même endroit par divers cAe-
/nins ; Sc au figuré, que divers moyens conduifent
au même but. On dit aufîi en menaçant , je le mè-
nerai par un chemin où il n'y aura point de pierres -,
pour dire , je le ferai marcher droit , je lui don-
nerai bien de l'exercice. On dit aufli en menaçant ,
il me trouvera toujours en fbn chemin ; pour dire ,
je lui flifcirerai toujours des obftacles dans toutes
les affaires qu'il entreprendra. On appelle le chemin
de Paradis, un chemin étroit , un défilé où l'on ne
va qu'un à un. On dit , qu'un homme va fon grand
chemin, va fbn droit chemin, pour dire , qu'il agit
franchement , 6c fans ufer d'aucune finefle ni fu-
percherie.
De grand Seigneur , grandfleuve fi-gM/zJ chemin ,
Fuis ,Jitu peux , d^étre voifin,
CHEMINEAU. f. m. Sorte de pain que l'on fait à
Rouen durant le Carême.
Le mot \mn Simenellus, eft l'étymologie qu'en
donne le P, Dargonne , dans fes Mélanges publiés
fous le faux nom de Vigneul Marville. Panisjimi-
laceiis ex Jimilà grœcis o-ifjiJ'aAiViî. C'eft ce qu'on
appelle en Picardie feminiaux , félon la remarque
de M. Du Cange, à laquelle on peut ajouter que les
Normands qui changent aifément fe en che , difent
chemineaux,
CHEMINÉE. 1". f. Lieu où l'on fait le feu dans les
maitbns. Camini fpiraculum. La cheminée a plufieurs
parties. L'âtre eft précifément le lieu où on fait le
feu, qui eft frarni de carreaux de brique, ou de pavés.
Caminus ,focus. Le contre-cœur de la cheminée eft
une plaque de fer de fonte pour conferver la mu-
raille qui eft auprès de l'àtre. Camini lamina ferrea
arreclaria. Les pies droits de la cheminée qui Ibu-
tiennent le manteau. Parajiatœ. L'enchevêtrure de
la cheminée. Funda. Le manteau de la cheminée, eft
la partie du tuyau qui eft dans la chambre, &: qui
â fouYçnt divers çmemens d'architecture Se de me-
CHE
nuifcric , Se far-tout des corniches fur lefquelles on
met des vafés , des buftcs èc autres ornemens.
Adyerjafpiraculi ijuod jupra focum ejilorica , ou,
adverja camini lorica. La partie de dedans s'appelle
\d^ hotte de la cheminée. Camini fauces. Le tuyau de
la cheminée cl\ le canal de pierre , de brique ou de
pl.atrc,par où s'élève la fumée, qui eft divifée fbu-
venr en plufieurs languettes ou petits tuyaux. Ca ■
nalis , fpiraculum. On dit , quiune cheminée fume ,
lorfque la fumée entre dans la chambre , au lieu de
s'écouler par le tuyau , ou languette.
|t? Ce mot fe dit quelquefois de la partie feulement
de la cheminée qui avance dans la chambre. Cheminée
de plâtre , de marbre : quelquefois aufli de la partie
du tuyau qui s'élève au-deffus du toît. Un grand
vent abat les cheminées.
Oiftavius Ferrarius prouve que les cheminées ont
été en uf âge chez les Anciens, contre l'opinion de
plufieurs. Il rapporte fur cela l'autorité de Virgile.
Et jam fumiha proculvilliirum culmina fumant.
Celle d'Appien Alexandrin , qui , racontant de
quelle manière fe cachoient ceux qui étoient prol-
crits par les Triumvirs, dit, L. IV des Guerres
Civiles, que les uns defcendoient dans des puits,
ou des cloaques; les autres fe cachoient dans les
toîts & dans les cheminées , &c il croit que le mot
grec xa-zrtuhii ûarapaipicti , fumaria fub teclo pojita ,
ne peut s'expliquer autrement. Ariftophane , dans
une de fes Comédies , introduit le vieillard Poly-
cléon enfermé dans une chambre , d'où il tâche
de fe fauver par la cheminée. Ccpendanç le peu
d'exemples qui nous en reftc des Anciens , & l'ob-
fcurité des préceptes de Vitruve fur ce fujet, font
juger que l'ufage desétuves, dont ils avoient des
appartemens entiers échauffés par. des poêles ,
leur faifbit négliger cette partie du bâtiment, que
le froid de notre climat nous a contraint de ren-
dre un des principaux ornemens de nos habitations.
Il eft certain que les Anciens avoient des che-
minées dans leurs cuifines ; mais , félon quelques
favans , ils échauffoient leurs chambres ou par des
poêles , ou avec une efpcce de charbon de terre
qui brùloit fans faire de fumée , & que Suétone
nous apprend que la chambre de Vitellius fut
brûlée , parce que le feu prit à la cheminée. Nec
antè in Prcetorium rediit , quàm fagrante triclinio
ex conceptu camini, Horace écrit à fon ami de
faire bon feu dans la cheminée,
Diffolve frigus , ligna fuper foco
Large reponens,
Cicéron demande la même chofe à fon ami At-
ticus : Camino luculento , dit-il , tihi ■utendum
cenfeo. Cette queftion n'eft pas décidée. Ce qu'il y
a de conftant , c'cft qu'ils avoient des fourneaux
pour échauffer leurs chambres & les autres appar-
temens de leurs maifbns 5 on les appcloit fornaces ,
vaporaria ; ils avoient auffi des poêles appelés
hypocaufla. Ces fourneaux, félon Philander, étoient
fous terre : on les plaçoit dans le gros mur, d'où,
par différens tuyaux qui traverfoient chaque étage >
ils échauffoient toute la maifon Dicl, de Peinture
& d'Architecture.
Il parut en 1 7 1 3 , à Paris, un livre intirulé La MU
chanique du feu , ou l'Art d'en augmenter les
effets , & d'en diminuer la dépenfe , dans
lequel on examine qu'elle eft la difpofition des
cheminées la plus propre à augmenrer la cha-
leur -, & on démontre géomérriquement que la
difpofition des Jambages parallèles , & la hotte
inclinée des cheminées ordinaires , ne font pas pro-
pres pour réfléchir la chaleur dans les chambres ;
que les jambages en lignes paraboliques , Se la fitua-
tion horizontale du deffous de la tablette, fbnt les
plus propres à répandre la chaleur. Il enfeigne fept
différentes conftrui^ions de fes nouvelles cheminées ,
C H E
éc les manières de les exccurcr. L'Aureur eTc M,
Gauger. On prétend qu'il n'efl: pas le premier in-
venteur de la cheminée qu'il décrit ■-,[ & qu'on rrouve
la dcicription d'une cheminée iemblable dans un
Livre allemand imprimé à Leipiick en 16^5)9. Journ.
DES SaV. L7I4,/'. 544.
Cheminée ijblée , eft une cheminée au milieu d'un
chaurt'oir. Caminiis infularius. Elle confiftc en une
hotte foutenue en l'air par des Ibupentes de fer ,
ou portée par quatre colonnes. On nomme aulii
cheminée ijolée , celle qui étant adoHce contre une
cloifon, laiiîe un el'pace entre le contre-cœur i<^:
les poteaux , de peur du feu. Cheminée adoffec , cft
ime c/ze/Tz/rtÊ^ pofée contre un mur. Parieti incu-n-
hens , applicatus. Cheminée angulaire ^ eft une che-
minée dont le plan elt circul.iire , & qui eft (i-
tuée dans l'angle d'une chambre. Angulo afpii-
canis. Cheminée en faillie , eft une cheminée dont
le contre-cœur aftleure le nu du mur , & dont le
manteau eft en dehors. Promincns , eminens. Che-
minée à Pangloife , eft une cheminée à trois pans
par Ton plan , & fermée en anfe de panier. Che-
minée apeurée , ou à la romaine , eft celle dont
i'àtrc & le tuyau font pris dans l'épailîeur du mur ,
& dont le manteau eft en faillie. Cheminée en houe ,
eft celle dont le manteau eft fort large par le bas ,
&: s'élève en figure pyramidale , & eft foutenu par
des corbeaux de pierre. Il y avoir une cheminée en
hotte dans la GrandJ-Chambre du Parlement de
Paris.
Les Organiftes appellent tuyaux à cheminée , des
tuyaux bouchés , au haut defquels on applique un
petit cylindre en forme dç cheminée , dont la cir-
conférence eft la quatrième partie du tuyau qui
eft au délions.
On dit figurément Se bafTement de ceux qui ont
une inflammation de gorge , pour avoir mansré des
chofcs falées , ou de trop haut goût , qu'ils ont mis
le feu à la cheminée.
On dit auiîî , qu'un arrêt éft donné fous la che-
minée ; pour dire, qu'il a été rendu en cachette , &
fans obferver les formes. On le dit de même de
tout ce qui eft fait en cachette & contre les for-
jiialités requifes.
^ On dit qu'un homme eft noir <jomm£ la chemi-
née , comme un ramoneur de cheminée , pour exa-
gérer , Si dire qu'il a le vifage brun. On dit aufiî ,
qu'il laut faire une croix à la cheminée • pour dire,
c]u'on eft furpris de la vifite d'une perfonne , qui
avoir négligé long temps de venir en une maifon.
Ce mot , cheminée , s'eft formé de caminata ,
qui Ce trouve ibuvcnt dans la bafie latitiité , non
pas pour une chambre où il y a une cheminée , une
chambre à feu. Caminata vient de caminus , qui
vient du grec y.ÛKivoi , & lignifient l'un Se l'autre
une cheminée ; 8c xâ^ivoç vient de xûia , je bride.
jCHtMINER. V. n. Marcher , aller, faire du chemin
pour arriver quelque part. Ire , incedere , iter in-
gredi. Après avoir bien cheminé dans le déferr ,
nous trouvâmes un petit village , &c. Le peuple
difoit autrefois -, mon cheniin cheminais. Rabe-
lais fait une allégorie de l'Ile d'Odos , où les che-
mins cheminent , pour fe moquer de ces phrafes ,
où va ce chemin ; les batteurs & guerteurs de che-
mins , &c. Le mot de cheminer , dans le fens pro-
pre , eft un peu vieux -, néanmoins on s'en peut
encore fervir fans fcrupule , mais jamais hors du
ftyle familier. Je vis les vents & les nues cheminer
fous mes pas. Voit. Cheminer avec molcfle.
Bens.
Et Von me dit quand je chemine :
Cejl pauvre chofe quUin goutteux. Saras.
Cheminer, fe dit figurément. Féliciter procedere ,
rem facere. Cet homme cheminera ; c'eft-.à-dire ,
il s'avancera , il fera fortune. Cela revient au sa
caminar des Italiens. C'eft un terme de converfa-
tion. BouH,
C H E T^?
I On dit cheminer droit i poar dire, ne point
tomber en faute. Non labt , non errarc , viver-e
inculpatum , culpcz expenem. Vous fcre* iott bien
de cheminer droit.
On dit, en parlant d'une pièce d'éloquence, d'un
ouvrage d'efprit , comme d'une oraifon , d'un
pocme , qu'il chemine bien ; pour dire , que l'ou-
vrage eft bien lùivi , bien difpofé. Reclh , belle ,
procedit oratio , eu jus partes Jingulce alla cunt
ahis reclé connexes junt , Acad. Fr.
CHEMISE, f. f. La première pièce d'un habillement,
vêtement de linge qu'on met immédiatement fur la
peau , Se qui prend depuis le cou jufqu'aux genoux.
La chemijé a un corps &i des manches." Indu-
Jîuin , juhucula. Celui qui donne la chemijé au
Roi, eftla perfonne de la plus grande qualité qui fe
trouve à fon lever. On fait des cheinijés de toile
d'Hollande , de coton , de chanvre. Être en che-
mife , c'eft , n'avoir rien fur foi que fa chemijé. Sul-
tan Mourat ayant pris Bagdat par une intelligence
lécrète avec le Gouverneur , & fa femme s'^étant
empoilbnnée pour ne poinr furvivre à cette tra.hifon ,
le Sultan , par rareté, fit apporter à Conftanùnoplc
dans fon tréfor deux themifes de cette généreufe
Dame, qu'il choilit parmi le butin , parce qu'elles
étoient tellement enrichies de pierreries , qu'on IciS
ptifoir cinquante mille fequins. Du Loir , p. 254.
On fait faire amende honorable aux criminels nus
en chemijje , pour marque d'une plus grande infa-
mie. Si ma chemife favoit mon fecret , ie la brùlî-
rois , difoit Métcllus. Bouh.
Âk ! que fai de dépit que la loi n'autorife
A changer de mari comme on fait de chemife !
Mol.
Ce mot vient de camijia, que les Latins ont em-
ployé en cette lignification , & qui fe trouve dans
la Loi Salique , & dans Viclor d'Utique , Liv. 1 , de
Ici perfécution d'Afrique , c'eft-à-dire , dès le V* fic-
elé ; & camijia a été fait Az cama , mot étranger qui
lignfie un lit , comme il lignifie encore en Efpagne ,
parce qu'on le fervoit de chemijes , quand on fe
mettoit au lit. Ménage. Cnmifias vocainus , ijubd
in his djormiamus in camis-, id ejt, injiratis nojlris.
Isidore, k^mict/s» eft défini de même dans les Glofrs
des Baliliques. Ifidore la décrit ainfi, Orig. L.XIX,
ch 21 , une tunique de lin, qui eft appliquée au
corps , & qui defcend jufqu'aux pies. On trouve
aufiî camij'a, dans l'allcmblé d'Aix-la-Chapellç, ck.
2.1, comme les Bollandiftes l'ont remarqué , Acl,
SanFiorum Feb. T. II , p. ûi8. F.
On a aufïï appelé chemijes , les aubes des Ecclé-
fiaftiques , dont le premier ufige étoit pour les
Lecteurs lervant au Chœur. On trouve le mot àz
camiJia dans S. Jérôme , dans une Epître ad Fa^
hiolam ; & camifmtn dans Papias , & dans Co-
din.
Chemises à feu , ou CiîEMisEsyà«/>J^j, font des mor-
ceaux de roile trempés dans une compolition d'huile
de pétrole , de canfre , & autres matières combu- .
ftibles. Lintea julfuraca. On s'en fert fur mer pour
mettre le feu à un vaiflcau ennemi.
§3° On appelle audi chemijé ardente ou chemife de
foujffre, une forte Aechemife frottée de fouftre qu'on
fait vêtir aux criminels condamnés à être brilles
vifs.
On appelle auiîl une chemife de maille , un corps
de chemife fait de plufieura mailles ou anneaux de
fer , qu'on met fous le pourpoint comme une arme
défcnfive. Lorica hamis conjita.
Chemise blanche. Terme de jeu d'ombre. On dir pren-
dre une chemife blanche , lorfqu'on écarre routes
les neuf cartes & qu'on en prend neuf auttes. Nova
luforia folia primis depofitis affumere ; ou , omnia
lufori folia totidem aliis commutare.
On appelle chemife de Chartres , une petite mr •
daiile qu'on rapporte de Notre-Dame de Chat-
^04 C HE
très , qui a deux petits ailerons faits Comme les
manches d'une ch<:mife.
On dit, qu'un homme n'a pas une chemife à
mettre à Ion dos -, pour dire , qu'il eil bien pauvre.
On dit , qu'on l'a mis en chcmije ; pour dire , qu'on
l'a entièrement ruiné.
On dit auili , qu'on mangera jufqu'.i fa che-
mife à la pouïlliite d'une affaire -, pour dire ,
qu'on y dcpenlcra julqu'au dernier ibl de ion
bien.
On dit , qu'on cacheroit , qu'on voudroit ca-
cher un homme entre l'a chair , entre fa peau 5c
fa chemife , pour dire , qu'on emploieroit tous les
foins pour le mettre en fiircté.
On dit proverbialement , la chemife eft plus
proche que le pourpoint ; ce qui a été pris de
plaute mot pour mot. Tunica proprior pa.1-
lio eji.
On dit auffî , ma peau m'ed plus proche que ma
chemife , pour dire , qu'on doit préférer fes inté-
rêts à ceux des autres, quelque liaifon qu'on ait
avec eux. Ac. Fr.
Chïmisï. Le peuple appela dans les commencemens
les Chanoines Réguliers de Latran , les Frères de
la Chemife. Frati dclLi CamijLi , à caufe qu'ils por-
toicnt toujours des rochers iur leurs robes, P. Ht-
LYOT , T. II , p. 2.5.
Chemise , en termes de Fauconnerie , fedit du duvet
de l'oifeau. Le duvet efl: la chemife de l'oifeaii.
Chemise , lé dit d'une feuille de papier bFanc dans la-
quelle on met plufieurs papiers qui concernenr une
même affaire , un môme département , ou une même
éleébion. On met ordinairement au deillis de la
feuille de papier qui doit fervir de chemife, un
titre qui marque Se qui explique la nature des pièces
qu'elle renferme, & qui fert de renfeignement pour
les trouver lorfqu'on en a befoin.
^fT On appelle auili , chemife , dans le commerce ■,
un morceau de toile qui enveloppe immédiate-
ment quelques matchandifes. Entre la chemife de la
toile d'emballage on met de la paille , du papier ,
ou autres choies , pour garantir les marchan-
difes.
Chemise , en termes d'Archireélure militaire , c'efl:
ce qui foutient le terre-plein d'un rempart , de
■ crainte qu'il ne s'éboule. Il y a des chemifes de
pierre , ce font les murailles dont un rempart eft
revêtu. Propugnacu'um muro defenjum , munitum.
Il y a des chemifes de gazon ou de falcines dans les
lieux où la pierre efi: rare, La Fontaine , Devoirs
des Ofpc. d'Artill. ch. X, en feigne la maniète de
les faire. Elever le rempart & fa chemife. Id. On
dit mieux, un ouvrage revêtu,
^fT En Maçonnerie, on appelle encore chemife , cer-
tains ouvrages qui couvrent d'autres.
CHEMISETTE, f h Diminutif. Sorte de camifoUe,
ou partie du vêtement qui va jufqu'à la ceinture ,
& qui couvre les bras , le dos &: l'eitomac. ïndu-
Jîum. Les hommes portent fous le pourpoint des
chcmifettes de fiitaine , bafîn , ratine, chamois,
ouatte , &c.
CHEMOSIS. {. f. Violente inflammation des yeux
dans laquelle le blanc de l'œil s'élcve au-de(fus
du noir , & déborde de façon qu'il forme une ef-
pèce de bourlet ou d'hiatus , d'où cette maladie
prend fon nom. x/.«ot/5, de x""-' , bâiller.
CHENAIE, f, £ Lieu rempli ou planté de chênes.
Quercctum,
CHENAL, f. m. Courant d'eau , bordé des deux
côtés de terres naturelles ou artificielles , où un
vaiiîeau peut encter, Alveus, Quand on ne peut
avoir de Pilote d'un lieu où l'on n'a point été ,
& que c'cfl: une nécelllté d'y entrer, on mouille
une ancre , s'il eft polfible , & l'on fe tient
fous voiles -, (S: l'on envoie la chaloupe &; le canot ,
pour fonder le chenal jufqu'au mouillage. Bou-
GUER.
CHENALER. v. n. Terme de M.arine. C'efl: cher-
cher utj paflage dans la mer en lieu où il y a un peu
CHE
d'eau , en fuivant ou rangeant les finuofîtés tïJ'un
chenal , foit par le fecours des baliies , foit par ce-
lui de la fonde. Il y en a qui écrivent chenciiller,
CHENAPAN, f. m. Vaurien, bandit, Exprelfion po-
pulaire. Ce mot efl: tiré de l'allemand , où il li-
gnifie un brigand des montagnes noires, Voye:^
SCHNAPAN.
CHÊNE. f, m, Qiiercus , îcs. Arbre donr on tire
beaucoup d'urilité pour les arts. Sa hauteut varie
félon ion âge. Son tronc eft gros, divifé en groiles
branches , qui en jettent d'autres plus petites , gar-
nies de teuilles oblongues , découpées , & comma
ondées fur leurs bords , obtufes par leurs bouts , fer-
mes , sèches , lifîes , glabres , d'un vert-brun &
luilânt en deîlus , pâle en delfous , 8c relevées en
cet endroit d'une côte qui parcourt toute fa lon-
gueur. Ses fleurs font des chatons longs de deux
à trois pouces , compofés de flocons d'étamines
verdâtres , attachées par intervalle à un poinçon.
Ces fleurs font ftériles. Les embryons nailfcnt fur
les mêmes pies de cet arbre , mais dans des en-
droits fcparés. Cet embryon eft terminé par quel-
ques filets de pourpre, & devient enlliite un fruit
qu'on nomme çr/and. Il eft renfermé dans un ca-
lice qu'on appelle calotte ., ou Cupule , cupula; il
s'alonge & eft couverr d'une enveloppe lémblable
à du parchemin. Ses feuilles sèchenr & tombent
toutes les années. Les dirFerences des chines fe ti-
rent flir-tout des variétés de leurs feuilles , de la
groifeur ou pctiteife de l'arbre , de même que du
fruit , & enfin des pédicules de ces mêmes fruits
ou de leurs calottes ou cupules. Daléchamp dé-
crit une partie de ces variétés. Le chêne eft afî'ez
commun en France. Son écorce eft employée pour
le t.in des Tanneurs \ &c comme fon bois eft plus
dur qu'aucun autre que nous avons en Europe ,
c'eft celui qui s'emploie le plus pour les gros ou-
vrages de menuiferie 6c de charpenre. Le c/ic/ie le
tourmente moins , & eft moins fujvt à Ja vermou-
lure que le noyer Hc le lapin. Les poutres , les ;b-
lives , les portes 5c le parquerage fe font ordi-
nairement de ce bois : il eft un de ceux qui réfil-
tent le plus long -temps aux injuies de l'air, &
qui Ce conlérvcnt le mieux dans l'eau. C'eft pour-
quoi on le choilir préfcrablementà tout autte pour
le pilotage &c pour paliifadeif. On prétend que nos
premiers pères vivoient de glands : peut-être <]u'il9
choililfoient cerraines eipèces dont les fémences
étoient tendres & d'un goût fupporrable. Il y a
encore certains endroits en Efpagne où l'on mange
des glands ; quoique depuis long-temps on ne leS
rcgarde^ue comme propres à engraiiîer les cochons.
On dit cependant qu'il y a quelques endroits dans
le Nord où les pauvres gens, dans les temps de
difette , font encore du pain de gland.
Les noix de galle font des excroiflances qui fe
forment fur les chênes à l'occafîon de la piquure de
quelques infcétes -, peut-être que les diiférences
des noix de galle ne dépendent que de la variété
des efpèces d'infcéles •, & que comme les infeéles
d'un pays ne font pas tous pareils à ceux d'un
autre pays , quoique peu éloigné , il arrive au.'fi
que fur la même ef'pcce de chine, on voit croître
en Italie des galles fermes , grofles, folides ; pen-
dant qu'en France elles font molles , petites , &c
ne font proprement que de fiuflês galles. On remar-
que fur les dunes d'autres c.iecs de piquures d'in-
feétes : tantôt ce font des pommes écailleufcs , gro/Tes
comme de petites noix ; d'autrefois des pommes
unies de couleur de chair , foutenues par un pé-
dicule, & groffes comme une noix avec fon brou ;
& quelquefois les chatons étant piques deviennent
des grappes fucculentes , & repréfcntent allez bien
des grappes de grofeilles ; fi ce n'eft qu'elles ne
fonr pas ii rouges , &: qu'elles font douçâtres. En-
fin , on obîerve des pelotons velus 8c chargés d'une
efpcce de coton qui enveloppe fbuvent le vert qui
a donné occalion à l'épanchement de la sève, &
aux dcrangemens des fibres de l'ccorce de cet arbre.
M. Ca.'îini
fM:
C H E
Ca/îlni dit qu'il y a dans chaque bo/Te de chêne
un œuf blanc , de la groiîeur &: de la figure d'un
petit pois : & qu'en ayant ouvert pluficurs , il y
a trouve un ver , lequel le changeoit en mouche -,
&C cette mouche failbit plulieurs œufs , d'où naif-
fbient des fourmis , qui enlliite percent la boiîè
du chêne où elles ibnt enfermées. Quelques-uns
appellent ces pelotons poU de chêne. On en fait
des mèches aux lampes , car ce coton brûle, ainfi
que la galle noire. Il croît aufli lùr les branches de
cet arbre une plante paraiite qu'on appelle i,'/// , Fif-
cum Quercinum , recherché dans les arts par la du-
reté , & par la beauté de fes veines , & recom-
mandable en Médecine par fa propriété prétendue
antiépileptique. Les Naturalises reconnoiflènt
encore deux fortes de plantes eftimces lorlqu'elles
croilfent llir le chêne , qui font le polypode ordi-
naire , & un lichien , qu'ils nomment mouife ,
dont les Parfumeurs fe fervent auilî pour la poudre
de Chypre. Les racines de chêne ne font pas
exemptes de ces excroiifances , elles y Ibnt quel-
quefois ramaiîces en grappes aiîez confidérables.
Malpighi a examiné & décrit ces fortes d'excroii-
fances. V'oye^ Galle.
Il y a dans le Northampton , en Angleterre ,
un chêne que l'on nomme le chêne du Roi
Etienne, qui eft un des prodigieux arbres que
l'on ait jamais vus. La tradirion du pays porte que
ce Prince tua autrefois un cerf auprès de ce chine;
8c en mémoire de ce fait , le peuple des environs
y fait tous les ans une eipèce de proceifion , &
renferme pour une heure ou deux , trente ou qua-
lante etifans dans le creux de cet arbre. Si la tra-
dition eft vraie, il faut que ce chêne ait été planté
il y a plus de cinq cens cinquante ans.
Le chêne a été fort honoré par les anciens : il
«toit confacré à Jupiter Capitolin , qui en étoit
couronné , pour avoir confervé les Citoyens. On
en faiibit des couronnes civiques pour récompcn-
fer la bravoure des Soldats : on en failbit auili les
ftatues des Dieux. On couronnoit de chêne ceux
qui avoient confervé la vie à des Citoyens. De là
ces revers de médailles dans Augufte, dans Claude ,
<lans Galba , qui ont une couronne de cÂene , avec
ces mots : Ob Cives servatos. Koye^ Cou-
ronne,
Chêne , f. m. fe prend aulTi trcs-fouvent pour le bois
du chêne mis en œuvre , ou propre aux ouvrages
de l'art. Ainli l'on dit, une armoire de chêne, une
table de chêne. Les formes de cette cgiife font
de chêne de Dannemarck. Je veux que le cadre de ce
tableau foit de chêne. Le bois de chêne, depuis cin-
quante jufqu'à cent 5 même cent Ibixante , eft le
meilleur bois pour bâtir , & dure jufqu'à lix cens
ans , fans dégénérer. Er quand il eft employé en
pilotis , il dure jufqu'à quinze cens ans. AuHi Icrt-
11 à bâtir les maifons , & à faire les œuvres vives
d'un vaiffeau.
Ce mot vient du latin qiiernus , qu'on a dit
kpour ,quercus. Mén. D'autres le dérivent du chal-
.daïquc c:^ijna , (îgniliant rohur.
On dit proverbialement, que la monnoie du
Diable eft des feuilles de chêne, qu'il fait pa-
roître comme fi c'étoit de l'or.
CHÊNE-ver/. Cet arbre diffère du chêne ordinaire ;
1° par fes feuilles qui fonr dentelées &: comme
cpineufcs fur leurs bords : elles re/îemblent en quel-
que manière à celles du houx , Aquifolium ; mais
elles font blanchâtres en deflbus. i" Parce qu'il eft
garni de feuilles en tout temps , & qu'il ne s'c-
Icve pas aulfi haut que nos moyens chênes. On
l'appelle Yeufe , Ikx ; 8c les Tanneurs fe fervent
de fon écorce comme de celle du chêne blanc
pour parer leurs cuirs. Le bois de l'yeule eft fort
dur, & fait de bon charbon, qui en pUifieurs en-
droits eft le plus eftimé , parce qu'il confervé le feu
fort long temps , & qu'il n'entête point. Le chêne-
vert ,ou V yeufe, eft commun en Provence, en Lan-
guedoc &; en Efpagne. Son noyau eft blanc ,
Tome II.
C H E YO^
ferme 3C doux. On en mange en Efpagne, comme
nous mangeons des noifcttes ; en France on le
donne aux pourceaux pour les engrailfer. Les feuil-
les & les glands du chaie-ven ont les mêmes qua-
lités que ceux Ai\ chêne commun. Cet arbre, outre
fon gland , produit des galles rougeâtres qui , étant
pilccs &c appliquées avec du vinaigte , font fort
utiles pour les plaies fraîches Si pour la rouo-eur
des yeux.
Il y a plulieurs efpèces à^eufes , qui fe diftin-
. guent par les feuilles & par les fruits. Celle qui
porte le kermès eft celle qui vient plus balfe &
qui a fes feuilles plus petites \ fon gland eft fort
gros. On l'a appelé arbre qui porte la graine d'ccar-
late, à caufe que, dans le temps où la cochenille
étoit moins commune, on s'en fcrvoit pour tein-
dre en rouge. Aujourd'hui on emploie plus de
kermès, ou graine d'ccarlate, en médecine que dans
la ceinture. Cette graine eft ronde, petite, de cou-
leur grife tirant fur le rouge par dehors , 8c pleine
d'une liqueur luifante, femblable à du lang>dans
laquelle nagent de petits vers , d'où vient qu'on
l'a appelé vermillon. Voye^ Kermès.
Quand -on a coupé un chêne , on peur voir quel
âge il avoir, en aplanilfant la fouchc , & comptant
les veines qui s'y trouvent, qui font autant de
fèves. Voyez Aubier. Toutes les parties du chêne ,
lavoir l'écorce, les fcoilles , les glands, les calot-
tes, & même le bois , ont une vertu aftringente.
Leur décoélion eft bonne dans fe flux de làng ,
dans le cours de ventre 8c dans la di/fenterie. On
eftime les glands dans la rétention (^rine, dans
k calcul, & dans la colique. La décodion des
feuilles tendres, faites avec du vin, eft lîngu-
lière dans la douleur des dents , fi on s'en hve
fouvent la bouche.
Efpritdu bois de chêne. Terme de Chimie. C'eft
une diftillation, un extrait de ce bois. C'eft un
excellent remède pour poulfer les humeurs par la
tranfpiration. Quand il ne les rélbut pas par cette
voie, il les chalfe par les urines. Il eft propre, ou-
tre cela, contre le mal de dents, étant tenu dans
la bouche. Il raffermit les gencives , 8c empêche
qu'elles n'admettent davantage les humeurs qui eau-
ibient de la douleur. Foye^ J. M. Hoffrnan, dans
fes Chymicj. fundamenta.
On dir de quelqu'un qui eft d'une graivieut-
extraordinaire, qu'il eft grand comme wvi. chine.
Chêne, [petit) Herbe qu'on appelle auifi Germanirie.
Ckamxdris. Foye^ GermandrÉe.
CnÈNE-Zi; - Fouilleux. Petite ville ou bourg de Cham-
pagne , en France. Chêne-lc-Poiiilleux a le privi-
lège d'envoyer, au Sacre de nos Rois, une com-
pagnie d'environ quatre-vingt de fes Habitans, fous
les armes ; lefquels , tambour battant 8c enfeigne
déployée , précèdent le Prieur de l'abbaye de faint
Rémi, lorfqu'il apporte la fainte Ampoule à la
Cathédrale, accompagné de quatre Barons de la
fainte Ampoule. Ce privilège leur a été accordé,
parce qu'autrefois, dir-on , pendu nt les guerres des
Angloisjils retiièrent la fainte Ampoule des mains
de ces ennemis qui l'enlevoient.
^fT Chêne - Royal. Terme d'Aftronomie. Nom
qu'on a donné à une conftellation de l'Hémifphère
méridional, obfervée par Halley en 1661 , dans
l'île de Sainte - Hélèrse, 8c qu'il nomma ainfi, en
mémoire du chêne où le Roi d'Angleterre le tint
caché, quand il fut pourfuivi par Cromwel , après
la déroute de Worcefter. On l'appelle auili chêne
de Charles : elle n'eft pas vifible fur notre hémif-
plière.
CHÊNEAU. f. m. Jeune chêne ou baliveau. Quercus
junior. Le meilleur bois à brûler eft de chêneau.
CHÈNEAU. f. m. Terme d'.Architeclure. Canal de
plomb qui porte fur la corniche d'un bâtiment
pour recevoir les eaux du comble , 8c les conduire
dans la cuvette , dans un tuyau de defcente , ou dan«
une i^outticre. Compluvium. Chêneaii à bord, eft
celui" qui eft feulement ourlé , & dont on voit les
• Sss
kq6
C H E
C H Ë
crochets de fer q\xi le tcûcnncriz. Ciijus tohvolu.nis /
/ufihis efl. C/tênecii à èavettejdl celui qui ell rccou- j
vert par le devant d'une bande de plomb blanchi s |
pour cacher les crochets. CV/yw^/iîrj.- ancericr coo- \
petto, plnmheâ lamina ejt , compluvium lammà
plumhcâ reteclum. Chéneau efl: aulli , dans les grands
cdifîces,une rigole taillée dans la pierre qui tait
la corniche , &: d'où les eaux coulent dans les
gargouilles. On appelle auilî chineai: , un canal de
bois qui reçoit les eaux d'un toit , 5c les jette en bas :
& c'eft apparemment de là que ce nom eft venu
d'abord , parce que c'eft un chcneau ou petit chêne
creuic &; taillé en canal. En quelques Provinces,
on dit Echeneau, mais mal. Voy::^ Chaînïau.
HENER. V. n. Ce mot étoit autrefois en ufage; il
lignifie , s'ennuyer , dejfecher d'ennui. Ttedere , tœ-
dio ajfki , confia. Voye^ Chemir.
^ CHENERAILLES. Ville de France, dans la Mar-
che , à quatre lieues de Gucret.
CHENET, f. m. Uftenfile icrvant dans les chemi-
nées pour foûtenir le bois à brûler. Fnlmcntum
ferreum qiio ligna fufiineniur , fulmentuin foca-
rium , futices focarii. %Ct La partie qui ibutient
le bois efl; toujours de fer , 6c le devant efl quel-
quefois de fer , fouverit d'autre métal , de cuivre ,
d'acier doré, d'argent , &c. Ce mot vient apparem-
ment de ce qu'autrefois leur partie inférieure re-
prélentoit un petit chien , comme on en a fait
depuis avec des figures de lions , de muffles , de
mafques , &c. comme qui auroit dit chiennet.
Ménage eft de cet avis , & n'eft pas le feul,
CHENET^ f. m. pi. En termes de mer , ce font des
uftenliles , dont les uns fervent à la cuifine , & les
autres à l'atelier, pour chaufîer les planches •, 6c
par leur moyen les Hollandois donnent le feu
aux planches avec une grande facilité.
CHENETEAU. f. m. Jeune chêne ou baliveau au
deiîbus de trois pics de tour. Conf. des Ordonn.
des Eaux & Forêts.
CHÉNEVIÈRE, autrefois CHANVRIÈRE , lieu
femé de chcnevis , pour faire" venir du chanvre.
Solum cannaUt cannalo conjîtum. Epouventail de
chénevière , eft un vieux haillon attaché au bout
d'une perche, pour épouvanter les oifeaux qui vien-
nent manger les chénevis. Nos chénevières font
bien levées. Il faut cueillir la chénevière, c'eft-à-
dire , arracher le chanvre qui eft dedans. Liger.
On appelle figurcjnent une perfonne fort laide. Se
propre à faire peur , un epouventail de cliéneviére.
^3° On le dit aulfi d'une chofe dont on veut nous
fiire peur, 6c qui n'eft propre à épouvanter que
s perfonnes timides.
CHÉNEVIS. f. m. Petite graine qui eft la femcnce
de la plante dont on tire le chanvre. Cannabis
j'emen. C'eft un grain dont les oifeaux ibnt friands,
& qui fert à nourrir ceux qui font en cage. Voyei_
Chanvre,
Le chénevis croit mis autrefois au nombre des
légumes que l'on fervoit frires au deflert ; mais
à préfent ce mauvais ragoût eft entièrement banni
des tables. Il eft mauvais à l'eftomac fie à la tête ;
& il aliéneroit l'efprit à qui en mangcroit beau-
coup. L'on en fait de l'huile qui fert aux lam-
pes , 8c à quelques pauvres gens qui en mangent
au potage. De la Mare , Traité de la Pol. Liv. V ,
T. XV, ch. 5 , où il cite Bruycr. Campeg. de re
cihar. cap. i \ ,
CHENEVO.TTE. f. f. C'eft le tuyau de la plante
produite par le chénevis , quand il eft fec, 6c
quand il a été dépouillé de fa filafle Calamus can-
naFuius , •
CHÉNEVOTTER. V. n. Terme d'Agriculture. Poufler
du bois , Se des branches foibles comme des chéne-
votres. Ramos tenuiores , débiles edere , producere.
Les vignes n'ont fait que chénevotter cette année -,
c'eft-à-dire, n'ont pas poulie comme il faut, n'ont
donné du bois que comme des chénevottes, mar-
que d'altération au dedans du fep. Liger.
CHENICE. f, £ Ancienne mefure , qui étoit la hui-
%.
AtlTEh<
tièmc partie du boilfeau.EUe étoit en ufage àAtTrEhesi
CHENIL, f m. Bâtiment, lieu où on loge des chiens,
& particulièrement ceux de chalfe. Canum jidbu- •
lum , camle. On appelle au!!! chenil, le lieu où
logent les Officiers de la Vénerie, les valets qui
fervent à la chalfe, (fc. parce qu'il eft près de celui
où font les chiens. On prononce dieni.
On dit figurcment- d'un logement fort fale ic
fort vilain , que c'eft un vrai chenil. Acad. Fr.
Ce mot vient de canile , qui a été fait de ca-
nis. Ménage.
CHENILLE, f. f. Infede du genre des vers , qui
ronge les feuilles des arbres , 6c qui à la fin fe
change en papillon, après avoir pafîc par l'état de
chryfalide. Eruca , campe. Foye^ M. De Reaumur ,
Hifi. des hifecl. Swammerdam dit que la chenille
eft le ver du papillon de nuir, qui fe forme
d'un œuf, dont l'écaillé paroît comme d'un œuf
de poule , Se fragile. Le mâle a des ailes , 6c la fe-
melle n'en a point. On voit fur le corps de la
chenille quatre parties blanches tirant fur le jaune ,
qui rcifemblent alfcz o. ces vergettes dont on net-
toie les habits-, elle a aux environs de la tête deux
efpèces de bouquets de plume noire. De chaque
côté elle a deux petits avirons dont les filets ref-
femblent à ceux des plumes. Sa peau eft parfemée
de petits poils bruns, feparés les uns des autres,
entre lefquels on découvre de petites plumes
dont les couleuis font fort agréables. Elle a feize
pies , fix au devant , huit au milieu. Se deux
derrière. D'abord elle eft enveloppée du tiflli
qu'elle a filé , Se elle s'y lepofe comme dans
un nid , fans qu'il lui refle le moindre mouve-
ment. A force de fe^tourner dans cette enveloppe,
elle fe dépouille de tous fes poils , Se ce ver perd
tout-à-fait fon mouvement avant que de quitter fa
peau: alors on lui donne le nom de nymphe dorée ,
chrvfa/is ou aurelia. Il y en a qui font des trous
dans la terre pour s'y cacher ; d'autres filent au-
tour de l'extrémité de leur corps un tiflu qui les
tient fufpcndues en l'air , où elles fe dépouil-
lent de leur peau. Dans la nymphe dorée, qui eft
celle du mâle , on découvre les yeux , la petite
trompe 6c les cornes, les jambes Se les ailes , 6c les
petits poils dont fon corps eft couverr. La femelle
a une autre nymplie dorée, qui diffère du mâle
dans fes cornes, dans fes ailes,' 6c dans la gran-
deur de fon corps. Enfuite elle fe change en pa-
pillon, dont le mâle a des aîles extrêmement vî-
tes , des cornes fort belles , 6c le corps bien fait.
Ces parties manquent à la femelle qui a le corps
fort gros Se mal fair. Elle n'abandonne jamais fes
œufs , Se les attache toujours au tilîù dont elle eft
revêtue. Fabius Colonna alTure que , quand une
chenille mange de plufieurs planres , c'eft une
marque qu'elles ont la même qualité. Mais il y a
des Naturaliftes qui difenr que chaque plante a
fa chenille particulière , à laquelle elle fert d'ali-
ment. Swammerdam en faifoit voir dans fon Ca-
binet, de cinquante-quatre fortes, entre lefquelleS
il y en avoir de demi - chenilles Se de demi^
papillons.
Ménage tient que ce mot vient de canicula,
à caufe de la rellcniblance qu'ont certaines che-
nilles à de petits chiens.
Chenille en bâton. Lorfqu'elle fe trouve fur une
branche , 8c qu'elle a celfé de prendre fa nourri-
ture , fon corps s'alonge tout entier , Se fe te-
nant d'une grande roideur fur les deux jambes
de derrière, il forme avec la branche une angle
de quarante-cinq degrés ; c'eft-à-dire , que l'ani-
mal eft là droit comme un bâton pofé debout
fur un plan , Se dans une fituation oblique ; ce
que nos plus habiles Voltigeurs ne pourroient
pas exécuter pendant un moment, avec quelque
force qu'ils puHent cramponer leurs pies : cepen-
dant c'eft dans czi état qne la chenille fe tran-
quillife. Hifl. nat. des Abeilles , T. I , p. xo.
Les chenilles , qu'on appelle chenilles du Pin ,
tHE
àùfii parle Diôfcoride'j font leurs nids au fommet
des branches des pins , où on les voie à milliers.
Elles font velues, rouflfâtres & revêtues de plu- ■
fleurs petites peaux. Il y en a beaucoup dans les :
vallées d'Ananie 6c de Fieme, auprès de Trente.
On les a auffi appelées campa , du grec /.«fts-, , à
caufe qu'elles font tort aux arbres. M. Ray , dans
ionHijioria Infectorum, décrit plus de deux cens
douze cfpèces de chenilles.
On dit figurément d'une perfonne maligne , qui
fait du mal fans y être excitée , que c'eft une
méchante chaiilk. On dit de plulîeurs Laquais \
derrière un carroife , que c'eft un vilain trochei
de chenilles. *
Chenille , terme de Rubanier. C'efl une efpèce de
bout de pailêment, ou ornement de Ibie , qu'on mci
fur des habits &: des baudriers , qui a la fi-t^ure
d'une chenille.
Chenille. Ç.i.Scorpioïdes, Plante annuelle à fleurs,
légumineufe , & dont le fruit reprcicntc une ^che-
nilli , d'où vient l'on nom frànçois , ( celui de
ScorpioiJes , queue de fcorpion , ne convient
qu'aux firuirs tle, quelques efpèces. ) Sa racine eft
menue , de rouieur de buis : elle donne à fon
collet quelques brins longs de fept i huit pou-
ces au plus , couchés par terre -, d. s nœuds naifîent
des feuilles alternes , charnues , longues de deux
■pouces , étroites à leur origine , mais beaucoup
plus larges vers leur extrémité, qui le terminenr
en pointe, femblables par leur figure à celles du
'buplevrum ordinaire , d'un vert un peu plus
foncé. De leurs aiflelles partent des pédicules
longs de trois pouces environ, grêles, & qui fou-
tiennent chacun une ou deux fleurs Icgumineuies ,
dont les calices font des cornets verdâtres den-
telés fur leurs bords. Le piftil de ces fleurs
jt <icvieni urtc gouile verte-pâle, héridee, f:mblable
P à une chenille verte , de la même groilêur , &; rou-
lée fur elle-même. Cette goufle , dans la longueur ,
cit parragée en pluiîeurs loges qui contiennent cha-
cune une femence couleurde buis, ovale : on élevé
cette planre aflez aifcment. Des Curieux la culti-
vent , pour mettre dans des ialades fes fruits qui
trompent ceux qui ne font pas prévenus.
|0- CHENISQUE , f. m, ou la petite Oie. Orne-
ment qiSe les Anciens pratiquoient à la poupe de
H leurs vailfeaux. Il confiftoit en une tête d'oie avec
' ' fon cou , yji , Oie.
CHENON. f. m. Terme de Vitrier. On apelle chinons,
des vîrtes dont prefque toutes les pièces paroiflent
engagées & liées les unes avec les autres comme
les anneaux d'une chaîne , & forment différens car-
rés cui fcmblent tous fe tenir.
CHÉNOSIRIS. f. f. Plante. CAe/zo/?;/^. C'eft le lierre
que les anciens Egyptiens ont ainii nommé , parce
qu'il étoit confacre à Ofiris.
CHENU , UE. adj. Vieux mot , qui lignifie hUnc d^
vitilleffé. Canus. Ce mot n'eft plus guère ufité en
profe , où il ne peut plus entrer qu'en riant , en ba-
dinant.
Pour moi Je cède ait temps , & ma tète chenue
M'apprend qu'il faut quitter les hommes & le 'jour.
Main.
Il vient de camitus , employé parles Latins en
la même lignification. Ménage. D'autres difent qur
ce mot vient par corruption de chef nu , ou dé-
pouillé de fa chevelure.
Chenu s'eft dit aulfi figurément & poétiquement, des
hautes montagnes , parce qu'elles font toujours cou-
%'ertes de neiges. Les Alpes chenues. On le dit ^ulTi
des ondes de la mer ; pour dire , qu'elles font, blan-
cliiflantes d'écumes. Il n'eft: pas du ftyle noble.
On compterait plutôt les arènes menues ,
Ç«e baigne F Océan de fes vaç;ues chenues. Godeau.
CHEOIR, plus ordinairement CHOIR, v. n. Tomber.
Cadere,decidere. Ce bâtiment n'eft pas bien étayé ,
il eft ea danger de cheoir. Il cha de U aeigc , de la
<'■ - -
pîuîe , de la grêle. Expreiïion tout-à fait mauvaiie
en profe au/fi-bien qu'en Pcëfie. On à\i]eckus , je
iuhchît,]c cherrai :{c_^QÙX: peuple de Paris dit
je choirai. Ort a dit autrefois cA^ier , chdir > chaoir^
& enlùite cheoit,
pu aultremem foudre & tempête
'Qhtïzzfiir toi. Marot.
Ce verbe, quelque bcfoin qu'on en ait en Poëlte»
eft mort avec le grand Corneille , qui s'en eft en-
core fervi. Gloff. des Poëf. du Roi de Nav.
Voltaire fait la même remarque , &; ajoute que
du tcmps'mêmc de Corneille, le moi cheoir ne pou-
voit être employé pour , tomber en partage,
Cheoir. figiiifie aulfi diminuer en crédit^ en for-
tune. Excidere. Ce Marchand a fait de e:rnndcs
P-ftes, il eft en danger de cheoir , s'il n'eft pas
aiiiftédc les amis. L'élévation des grands n: fert
qu'.i les faire ckcoir de plus haut.
On dit qu'une perfonne penche du côté qu'elle
veut cheoir , lorfqa'on s'apperçoit de fes fentiracnsj
& qu'on prévoit de quel côtc'elle va opiner.
CHEOITE. r. f. Cheute , ou chute. Cajhs, lapfid,
K.heoite eft formé de cheoir. Qieoite n'eft pluï!
d'ulage> . .
CF CHEP. Voye:'^ Chepage,
CHEU ou CHU , UE. part. Tombé. Qiii cecidit s
accidit. Il eft chû de bien haut. On dir , il eft chU
en pauvreté -, pour dire , il eft devenu miferable ,
il n'a pas de pain.
CHEOURS., royc^ Ceols. . .
CHEI- AGE ou CHEP. f m. Vieux mot , qui fignifie
geôle. Chepage , eft la fonélion , l'emploi deGéo*
VxQi.Carceris cujiodia. Voye:^ Chépier.
CHEPENEC, {'. m. Gros feutre ou bureau , dont Ici
Turcs font des caparaçons à leurs chevaux pour i'hi*
ver. ViGEN. lllujt. fur l' Hifl.de Chakond.p. 544.
CHEPIER. ['. m. Vieux mot , qui veut dire Géolief.
Carceris cujtos ; & dans la bafle latinité. Carcerarius,
Il y a apparence que chépier s'ed dit pour cêpier»
& que ce dernier mot vient de ceps, qui font les fers
dont on enchaîne les prifonniers.
CHEPTEIL ou CHEPTEL, f m. Bail des beftiauxi
qui le fait torfqu'un Maîttre donne .à un FermieÇ
un nombre de bœufs ou de brebis , à condition de
les nourrir, &: d'en rendre pareil nombre à la fin
du bail , & d'en partager le croît & le profit. Le
catio pecorumfalvâ forte & mediâ lucri parte. C'eft
un grand trafic qui fe fait dans les Provinces , que
celui des beftiaux à chepteil.
Ce mot vient de capital & de capïtau , qui fe
trouve dans les Coutumes , à caufe que chepteil eft
compofé de plufieurs chefs de bêtes qui fpnnent
un capital -, & il y a apparence que le mor de capital,
qui fignifie le fonds d'une rente , eft venu d'une
même fource: car de même que ce capital ou cAt;/;-
/eiV produit un, croît de beftiaux qui en fait le pro-
fit , de même le fonds d'une rente produit des in-
térêts. Ragueau prétend que ce mot vient de l'achat
& pirix du bétail pour lequel il eft nvs en bail, &:
non ^-ks (\e capital ., comme a prétendu Du Mou-
lin, îc il fuppofe qu'on doit lire chavtal. Du Canine
prétend que ce mot vient de catallum , qu'on a 'dit
pour capitale .. A' où. on a fait chaptel , ckatel , 8C
catel, d'où eft v^nu aulîi le mot à?, c iteux , qui
fe dit des biens en partie meubles , & en partie
immeubles. Mais je crois , avec plus d'apparence j
qu'il vient de chat al , vieux mot cek-que, ou bas-
breton , qui (îçmifie un troupeau de 'êtes. On fouve
quelquefois chaptel, chaptail & rhetel ; mais de
quelque manière que ce mot foi t ccrir, il fau: au-
jourd'hui prononcT chetel.
^(3- CHEPTELIER. Terme de Juriinruderce. Pre?
neur d'un bailà chcpt.-l , d'un bail debeftianx dont
le produit doit fe parragcr entre le preneur & le
. In illeur.
CHEPU. f. m. Terme de Tonnelier, Billot de \}oH
élevé de deux ou trofs pies , fur lequel on bîicïiè
d'autre bois qui n'eft pas fulide.
^o8 C H E
CHEQ. f. m. Chérif, Prhice de la Mecque, Grand-
Prêtre de la Mecque , & comme l'ouverain Pontife
de tous l:s Mahomctrais. Meccanus Frinceps, Sum-
mus Mdhomctanorv.m Foniifex. Le Cheq eft reconnu
Chefde larcliiiion Mahomccanc par les diiicren-
tes leclcs qui la partagent ; tk le Grand-Seigneur ,
le Sophi , les Mogols , & les Kans des Tartares ,
lui envoient des prcfens , fur rout des tapis , pour
couvrir le tombeau de Mahomet , & des tentes
pour lui -, car le Chcq a une tente près de la Mof-
quce de la Mecque dans laquelle il demeure pen-
dant les dix-fept jours de dévotion du pèlerinage
à la Mecque. Chaque année on change ce tapis &:
cette tente , & le Clieq en envoie des morceaux
aux Princes qui ont otfcrr de nouvelles tentes ou
de nouveaux tapis : quelquefois il les envoie tous
entiers , mais ce n'eft qu'aux plus grands Princes.
Son revenu eit confidcrable , & conlifte dans les
prefens que les Princes &: les Pèlerins Mahomc-
tans font à la Mofquce de la Mecque &c à Médine.
Les dévotions du Pèlerinage durent dix-fept jours ,
pendant lefquels le Cheq défraye les Pèlerins -, pour
cela le Grand-Seigneur lui envoie tous les ans une
très-grande lbmme-,& afin quelle le foit, ieCkeq
a foin de perfuadet qu'il va tous les ans pendant
ces jours-là feptante mille Pèlerins , & que s'il y
en avoir moins, les Anges, en forme d'hommes,
viendroient achever ce nombre.
CHEQUE, f. m. & f. Bohême, qui eft de Bohême.
Bohemus. Les Bohêmes,en leur langue , c'eft-à-dire,
en langue eiclavone, font nommés chèques ; & ils
ont prisée nomdeChech, premier fondateur de
leur Monarchie , li l'on en croit Jean Herburt de
Suiftin, dans fon Hifi. des Rois de Pologne.
CHEQUL f. m. C'cfl: un des quatre poids dont on fe
ferr dans les Echelles du Levant , particulicrem.ent
à Smyrne. Il pèle fix livres un quart, poids de
Marleille.
CHER , ÈRE. Qui eft de grande valeur. Carus , pre-
tiofus. Les diamans font chers. Les tableaux font
ckers , quand ils l'ont des grands Maîtres. Autre-
fois on difoit chier pour cher.
Ce mot vient du larin carus , qui cfl: oppofé à
vilis , en ce qu'on appelle une chofe vi/s celle qui
efl: commune ; de chère celle que peu de perfonnes
ont. Id qv.o multi carent. Carus, cher, ami, eft
pris du celtique car , Pezron -, ou le prétendu cel-
tique car de carus. D'autres font venir cher de
^«f'5 , gratia.
Cher fe dit figurément des perfonnes pourlefquel-
Ics on a de la tendrelfe & de l'amitié , & des chofes
pour Icfquelles on a de l'attachement , des chofes
&des perfonnes qui ont ou nous paroiffent avoir
une grande valeur. Carus. Ce fils vous efl: cher. Son
repos lui efl: fort cher. L'honneur nous doit être
plus cher que la vie. La mémoire d'un fi fidèle ami
m'eft encore chère &: précieuie. Vill. Les hyperbo-
les , fi chères aux Italiens & aux Eipagnols , ont
moins de crédit parmi nous. Bouh. La mort nous
averrit tous les jours par de trifl:es exem.ples , qu'il
faudra un jour renoncer à nos plus cliers engagc-
mens. Flech. L'Eglife ne devoir pas vous être moins
chère , parce qu'elle vous paroillbit défigurée. Ni-
coL. Le mérire qui nous efl: cher , nous paroît
tout d'un autre prix que celui que nous hai/Tons.
Ch. d. Mek.
On dit dans le fl:yle familier , mon cher, fans
rien ajouter -, pour dire, mon cher ami. On dir auilï
dans le même fens , ma chère : |tT expredion ca-
valière, par laquelle on veur ordinairement mar-
quer la fupèrioritè Mon cAôt Monfieur : cette ex-
prefTion alfcz familière , n'efl: pas plus honnête.
|;CF Cher fcrt aulfi à exprimer l'excès , ou réel ,
ou d'opinion , du prix d'une chofe. On dir qu'une
chofe efl: chère , quand elle efl: à plus haut prix q,u'à
l'ordinaire , ou quand elle efl: portée au delà de fa
valeur , ou quand la fomme d'argent qu'il y faut
mettre , efl: trop grande , relativement à notre état.
Les blés font chers cette année , plus chers qu'à
C H E
l'ordinaire. Ce dismnnt eft cher , i\ n'y a pas de ptô-
portion enrre fa qualité & la fomme qu'il faut don-
ner. Cela eft trop cher pour moi, cela eft d'un trop
grand prix, relarivement à mes faculrès.
1^ Le mor de cher fe dit aufli du Matchand qui
veut vendre une chofe plus qu'elle ne vaut , ou
qui veut gagner plus que les autres fur fa marchan-
dilè. Ce Marchand eft cher , trop cher , il perdra
tous fes chalans. C'eft chère épice.
Ip'CHERfe prend aufia adverbialement. Vendre c/^er»
trop cher. Carè , carius , magna pretio. Cela me
coûte c/z«fr. J'ai acheté fa mailbn trop cher.
^ Cher fe dit auffi dans le fens figuré ; vendre
cher fa vie , fe bien défendre. Les hommes achè-
tent bien cher l'empire qu'ils fe font attribué fur
les femmes. S. Evr. Les Mathématiques exigent de
trop profondes méditations ■■, il faut être bien amou-»
reux d'une vcrirè , pour l'acherer fi cher. Id.
Ah que vos yeux fur moife font hien exercés !
Et qiCils m.' ont vendu cher les pleurs qu'ils ont
verfés. Racine;
ÇCF Pour faire entendre qu'on fe vengera d'un homms
dont on a reçu quelque injure , on dit proverbia-
lement & figurément , qu'on lui fera payer plus cher
qu'au marché.
CHER. Caris. 11 y a deux rivières de ce nom. La plus
confidérable prend fa fource dans les montagnes de
la haute Auvergne à Auzence , arrofe une grande
parric du Berry", Se fe jette dans la Loire en Tou-
raine , vis-à-vis de Langeft. L'autre eft dans la prin-
cipauté de Sedan.
CHERAFIS. f. m. Qu'on nomme autrement Tela. Ef-
pcce de niédailles ou de jetons d'or qui fe fabriquent
en Perfe.
CHERAFS. f. m. pi. Changeurs Banians établis en
Perlé , particulièrement à Scamachi fur la mer
Cafpienne.
03- CHERAMIDI ou CHRAMIDI. Petite ville
de la Morée ,3U Belycder, vers les confins delà
Zaconie , entre.Calafnata & Zernata.
UCF CHER AQUIS. Peuple lauvage de l'Amérique i
à l'oueft de la Virginie. On appelle quelquefois ces
fauvaiîes les Tètes plates.
CHERÂY ou CHAHY. f. m. On nomme ainfi eii
Perfe un des poids dont on fe ferr dans le Com-
merce. C'eft ce qu'on nomme autrement le poids
civil , ou commun , qui eft double de ce qu'on
apoc-lle poids légal.
IJ^-CHERAZOUL. Ville du Curdifran lut la route de
Ninive ou Moful à Hifpahan.
CHERBET. f. m. Foye^ Sorbet.
CHERBOURG , que Du Chefne , Jntiq. des vill. de
Fr. L. VU, c. 14, & M. Danneville , écrivent
Cherehourg; mais fon nom le plus en ufage eft Cher-
lours. , félon la remarque de M. Corneille. Sige-
bert'à l'an 1 1 1?; , l'appelle Cœfaris burgum , ou hur- \
gus ; £c Du Chefne & Valois l'ont fuivi. Froidard
dir queCciar la fonda, quand il conquit l'Angle-
terre -, cependant il eft certain que Céfar ne pafià
point par4à pour aller en Anglererre. Le P. Brier, î
Baudrand , Holîhian , l'appellent Carohurgus. Cher- \
bourg eft une ville & port de mer en Normandie,
à l'extrêmiré du Cotentin. Quelques-uns ont cru
que le nom de Cherbourg venoit de Cherebcrt Roi
de Paris, qui la fonda dir-on: mais i^, la refîcm-
blance des noms ne fuffit pas pour perfuadcr qu'il
en foit le fondateur ; & i». le Corentin n'étoit pas
dans fon partage. Ainfi l'on ne fait rien de la fonda-
tion de Cherbourg , ni de l'origine de fon nom. Il y
a à Cher bourg une mzmif^Ame de glaces Se decrif-
raux. Metfieurs de l'Académie déterminent la lon-
gitude de C/;crr/'o«r? à id degrés, & fa latitude à
49 degrés 38 minutes.
Selon les nouvelles obfervations , le Méridien
de Cherbourg ed plus à l'occident que celui de Paris
de o h. 16' 8", 5C en parties de l'équateur 4° x' o":
c'eft-à-dire, que fa longitude eft de 15'' 49' xo". Pour
fa latitude , il eft au 49° 58' 10 ',
ifp- CHER-CENS, royei Cens,
CHERCHE, f. h Soin qu'on prend de trouver quel-
que chofe. ïnqiafltio , itzvejligatio. Quand on a
befoin de trouver quelque acte, il faut payer le
Notaire, le Greffier pour la cherche : d3.m et kns
cherche ne le dit point , on dit recherche.
Chercïïe ou Cerce , en termes d'Architedure ; efl:
la defcription d'une ligne courbe , qui ne fe peut
faire d'an trait de compas ou d'autre inftrumcnt ,
mais en cherchant pluficurs points & en tâtonnant ,
comme font les coupes de pierres en figuras ellipti-
ques, coniques, paraboliques, &c. C'eil le trait
d'un arc furbai/fé en rampant , ou de quelque autre
ligure traccepar des points. Collecla ex luieolis at-
uxtis linca intégra , qiKzfit dimenfio totius cujiif-
piam. Ces cherches s'appellent de divers noms,
fur^aifee , furhaufees , ra/ongées. comme il s'en
voit plufieurs dans les anciennes voiites gothiques.
La cherche juriaifee ell: celle qui a moins d'éléva-
tion que la moitié de ia baie. La cherche furhaupe
eit celle qui efl au dcfllis de cette proportion. La
cherche^ ralongée, c'clT: la ligne d'un plan circulaire
ralongce dans fon élévation , comme le rampant
d'un efcalicr à vis. Oii dit aufli la cherche d'une
Voûte -, pour dire , fa rondeur.
Oii dhcerceoMcherche. Quelques-uns , parmi lef-
quels eft Felibien , difent ccrche , & c'eft le mieux ;
car ce mot, fuivant l'opinion de Daviler, qui ert
vraie, vient de l'italien cerchio. Comme les Ira-
liens font de grands maîtres en Architedlure &c en
Peinture , nous avons pris d'eux beaucoup de mots
de ces deux Arts. M. Frczier eft du même fenti-
mcnt. Les calibres font descfpècesde cerches.
Cherche -fche ou Cn^KCHL-pointe. C'eft une elpèce
de poinçon de fer rond ou pointu , dont les Ser-
ruriers fe fervent pour trouver le trou des fiches, ^^e-
tuculum.
CHERCHER, v, a. Apporter la diligence nécefîàire ,
fe donner du mouvement , des foins , pour trou-
ver quelque chofe. Quxrcre , comjuirere , imjiii-
tere , invejUgare. Le Seigneur a dit , Cherche^ , &
vous trouverez. Cherchei prejnièrement le Royau-
me de Dieu, & on vous donnera le relie. Les hom-
mes terreftres ne cherchent que les tréfors , ne cher-
chent qu'à taire fortune. Un Philofophe ne cA.v-
c^e que la vérité. Mon efprit ne fuit point un hx\-
teur qu'il faut toujours chercher. Bon. Bien fou-
vent nous cherchons querelle à nos amis pour nous
décharger, &: nous merrre en liberté. S. Evr. Rien
ne choque d'avantage que ceux qui cherchent des
applaudiifemens avec trop d'ardeur. Bell. Pour
trouver la vérité , il faut la chercher ibi-même , &
nefe pas repofcr ilir les lumières des autres. Maleb.
Ce mot vient de circare , félon Ménage, qui ii-
gnifie aller en rond.
On dit en ce feils , un ambitieux ne c/^trc/ie que
la gloire -, un avare ne cherche que le profit. Un
Géomètre cherche la quadrature du cercle , un Chi-
mifte la pierre philofophale , unMachiniftc le mou-
vement perpétuel. Chercher un paffage à la table d'un
livre. C'eft un homme qui cherche ce qu'il veut
dire , il a de la peine à s'expliquer. II cherche en fa
mémoire.
tfT Chercher l'ennemi , fe dit d'une armée qui fe
met en marche , & qui fait des mouvemcns pour
aller combattre l'ennemi.
ip" On dit chercher noife, chercher querelle j pour
dire , fe mettre de propos délibéré dans le cas de
fe brouiller avec quelqu'un. Chercher malheur -,
faire des chofes capables d'attirer quelque malheur
à. celui qui les fait. On dit de même chercher à fe
faire battre.
Chercher fe dit au/Ti des animaux , & fîgurcment
des chofes inanimées. Inday.re , vcjiii-drè., odorari.
Un chien cherche le gibier. La foudre cherche un
ipaifage à travers la nue. Tous les piiïgmfs cherchent
les humeurs dans le corps, l'aiguille aimantée cher-
che le nord , fe tourne vers le'nord.
GH Ë
On dit populairement chercher fa vîe • nour
dire , gueufer , mendier. ' "^
, On dit , chercher de l'argent ; pour dire , en de-
mander a emprunter. Mntuarn pecumam ' rogare\
petere. ° '
Chercher fe dit proverbialement en ces chrafes II
■cherche midi où il n'eft qu'onze heures , pour m'ar-
quer qu'un homme eft un écornifleur. liienduare,
un dit auOi, chercher midià quatorze heures , pour
dire , cnercher une chofe en un lieu où elle n'eft pas'
ou plutôt, taire de mauvaifés difficultés où il n'v
en a point à faire. On dïi, chercher une aiguille
dans une charretée de foin -, pour dire , qu'il eft pref
que impolhble de trouver la choie qu'on cherche.
Un dit au(h , qu'on cherche quelqu'un i pie & à
cheval, ou par mer & pr.r terre; pour dire, par
tout. On dit encore que le bien cherche le bien i
pour dire , que plus on eft riche , & plus on a de
moyens de s'enrichir.
CHERCHEUR , EUSE , (. m. & £ Celui qui cher-
che. Invejtigutor , inda^ator. Ce mot ne fe dit c^uère
qu en mauvaife part. Un chercheur de franches lip-
pecs ; c eft-a-dire , un écornifleur. ParaCitus. Uri
chercheur de pierre philofophale.
Chercheur. On dit d'un homme qui a cherché loncr
temps inutilement une choie qu'un autre trouve en-
fuite aifemcnt , que c'eft un plaifant chercheur , uti
beau chercheur.
M. de S. Evremont s'cft fervi de ce mot en bon^
ne part , en parlant des curieux de la nature & des
lecrets de l'art.
Il y a eu autrefois en Angleterre une feélequ'oti
nommoit la fedle des Chercheurs. M. Stouop , dans
lu Kehgion des Hollundois , dit , qu'il fe trouve en-
core aujourd'hui de ces gens-là dans les Provinces-
Unies. Ils conviennent, dit-il, de la vérité de la Re-
ligion de Jelus-Chrift-, mais ils foUtiennent qu'au-
cune des Religions établies parmi les Chrétiens
n elt cette vraie Religion de Jefus-Chrift que nous
devons profeifer pour avoir part au fàlut. 'En un
mot , ijs n'ont point encore pris de parti, & ils ne fc
foin poinr déterminés aux choix d'aucune. Ils lifent
rncriture avec beaucoup d'application ,& ils prient
Dieu de les éclairer , afin qu'ils puiffent embraffec
la véritable Religion pour le fervir félon fa volonté
11 fe pourroit bien faire que cette fede de Cher-
cheurs tut de l'invention de M. Stoupp.
Grotiùs étoit un Chercheur. Les Chercheurs cher-
chent FEglife comme cachée dans un dcfert. Pélis-
SON.
CHERCONNÉE , f f Efpèce de chuquelas , ou étof-
fe des Indes , foie & coton,
CHERQUE, f m. & adj. C'eft la même chofe que
Circafhen. Foyei en fon lieu.
CHERE , f £ Accueil gracieux , réccptiori favorable,
Comis & luumma allcujus excipiendi ratio. Ce Prin-
ce l'a reçu tavorablement -, il n'y a point de chère
qu'il ne 1 ni ait faite quand il a apporté cette nouvelle.
Quand on revoir un ami qu'on croyoit mort, on
ne fait quelle careffe , quelle chère lui taire. Expref-
fion tout-à-fait fimilière & bourgeoife. On a dit
autrefois chiere pour chère.
Ce mot de chère vient de l'Italien cera , ou ciera.
On prononce chera , qui lignifie vifage , aufîi-bien
que cara en efpagnol , parce que les plus grands
témoignages d'amitié paroiffent fur le vifage. Et
même on a dit autrefois chère , pour fignifier le vi-
fage ; de-là eft venu le proverbe , Chère d'homme
fait vertu ; c'eft-à-dire , vifage , prcfence d'homme,
Qiie reJfemhle:(-vous Bien de chcte ,
Et du tout à votre bon père.
On trouve en lin autre endroit , en faifanù une
chère fade , pour dire , en faifant mauvaife mine.
On en a fait le verbe chèrer, qui lignifie, faire
bonne mine. Ménage remonte plus haut-, & prouve
que cara a lignifié auffi vifage en latin. On a dit auffi
en grec x«/i«. Tous ces mots viennent du latin caro*
C HE
Y 10
Chère fedit , par cxtenlion , des chiens, pour figniner
les carreilcs qu'ils l^nt à leur maître.^ Blanditiœ.
Quand ce petit chien revoit fa maîtrefle , il ne lait
cuelle chère lui faire.
Chère. Terme fous lequel on comprend tout ce qui
reiîarde le lervice de la table , & la quantité , la qua-
lité , la délicatellc des viandes , & la manière de les
apprêter. On dit chez les Cabaretieis, tant pour
la bonne chère , c'eft-à-dire , tant pour le couvert Se
les autres menus frais , qu« l'on ne compte pas en
détail. Ac. Fr. 1740. ^ . , „
Chere fedit auffi des repas qu'on donne a les hôtes,
à fes amis. Ficîus , vicias ratio , menja. Bonne chac,
lautiis & dedans viBus , matnifica & opipara mai-
Ça. Mauvailc chere , tenuis , tenuijfimus vicius ,
• cccnaexisua,afpera.Czi homme fait grande c/je/v
s. tous ceux qui le viennent voir. On le dit au/h
de la manière de fe traiter en famille , en parti-
culier. Ccft un avare qui fait maigre chère chez
lui , il fe laiffe mourir de taim.
On dit qu'un homme cft homme de bonne chere^ ,
pour dire qu'il aime la bonne chcre , & qu'4 s'y
connoît. On appelle chère entière , un grand repas
fuivi de plufieursdivcrtiffemens ; Se chere de Com-
miliaire , un repas où l'on fert chair & poiflbn,
Ac. Fr.
On dit proverbialement , il n'ell chere que d a-
varicieux , quand il traite , tout y va.
CHEREMENT , adv. D'une manière chère 'tendre-
ment , avrc affeètion. Amanpljjmè , pidiofijfime. Il
aime chèrement fes enfans. Cet homme conlerve
chèrement tout Ce qu'il a. Je conferverai chèrement
le fouvenir des obligations que je vous ai. Il y a
des opiniâtres à qui Von ne peut faire quitter une
opinion : au contraire, ils confervent chèrement
tout ce qui peut la confirmer. Maleb.
Chèrement fignifie aulli beaucoup , à haut prix.
Acheter des vivres bien chèrement , magno ,perma-
gnopretio , carè. Ablanc. On le dit auiH au figuré.
il lui vendit bien chèrement les fervices qu'il lui
avoir rendus. B. R ab. Cet homme a vendu chèrement
fa vie -, pour dire , H a donné beaucoup de peine à
fes ennemis -, il en a bien tué , avant que d'être tué
lui-même.
CHÉRER , V. n. Vieux mot , qui veut dire , fe réjouir:
i ! cft formé de chère. ^ ^
ChÉrer, vieux v. Faire des chères ou des amitiés a
quelqu'un. Bénigne , bénévole agere cum aliquo , tra-
Ùare aliquem.
Ne vous for cei de me chcrer •,
Chère ne quiert point violence;
Mes vers vous veulent révérer >
Non obliger votre excellence, Marot.
CHERF. Voyei CHEF. , ,
CHKRIF ou SHERIF , f. m. fignifie Prince chez les
Arabes & les Maures. C'eft celui qui doit fucceder
au Calife , de même que le Coadjuteur àTEvcque.
Princeps. Le Roi de Maroc fe qualifie , le Grand
Cher if, ou le Chérif des Cher ifs ; c'eft-à-dire , le
premier & le plus puiflant des fucceffeurs de Ma-
homet. On apelle Cherifs les defcendans de Ma-
homet. Le Mozambique étoit autrefois fous la do-
mination des Sarrazins , Se un Cherife Maure y
commandoit. Bouh. Car le P. Bouhours écrit Ché-
Tifc , mais fans nécefTité.
Ceft une erreur de la plupart des Européens,
que le Grand-Seigneur eft Souverain de la Mec-
que 8c de Médine , & que les Cherifs qui y com-
mandent ne font que des Gouverneurs ou des Vaf-
faux tributaires. Il eft.vrai que les Turcs ayant dé-
truit l'Empire des Califes , & leur ayanr fncccdé
par droit de conquête , le Sultan a auifi fucccdé à
la dignité & .à route l'autorité des anciens Calites ,
premiers fuccefieurs de Mahomet : mais il eft vrai
aulfi que dans la décadence & la divifion de cer
Empire , la race du prétendu Prophète s'eft conler-
vé la fouveraineté S< la polleinoh de ces deux fameu-
CH E
fes villes & du pays où elles font fituées , fans oppof;-
tion dès autres Princes Mahomctans,&; fans être dans
la dépendance d'aucun -, au contraire, les plus puil-
fans d'entre ces Princes ont pour les Cherifs, & pour
les lieux qu'ils polVèdent , une extrême vénération,
leur envoyant fouvent des offrandes &: des prclens
coniidcrables -, &c dans les titres faftueux qu'ils fc
donnent, ils ne prennent que l'humble qualité de
ferviteurs des deux villes facrées de la Mecque de
de Médine, ce qui eft particulièrement vrai à l'é-
gard du Grand-Seigneur. Voyage de l'Ar. Heur. p.
141 > 145-
Cette racé des enfans du Prophète , pour parkr
comme les Orientaux , tire fon origine de Fatime ,
fille de Mahomet , époufe d'Aly , laquelle eut
deux fils , Haflan & Huifein , qui ont fondé deux
grandes maifons dans le Mahomctifme , &: qui font
les percs de tous les Cherifs ou defcendans de Ma-
homet qui font aujourd'hui dans le monde. Id, p,
145 ,144.
La Maifon d'Haflan a été divifée en deux bran-
ches principales , dont la première eft reftée en
Arabie , & a donné des Clicnfs à la Mecque &: à Mé-
dine ; la féconde eft palfce en Afrique , 6c a donné
naiifanceaux Rois de Maroc & aux autres Cherifs
qui font en Aftique. La Maifon d'Hufiéin , fécond fils
de Fatime , font , félon les Orientaux , les Rois de
Perle d'aujourd'hui , Si les autres Cherifs de l'Afiei
ID. /. I44.
Quoique la branche aînée de la Maifon de Hafiàrt
fe foit multipliée en une infinité de Maifons ou de
Familles différentes dans TArabie , il n'y a jamais eu
que quatre principales Maifons qui ont régné à la
Mecque & à Médine , qui font celles de Beni-Caydec
ou Kader , de Beni-Mouffatani , autrement Beni-
Halîan , de Beni-Hachem , 5c de Beni-Kitada. Le
Cherif qui règne aujourd'hui à la Mecque eft de
cette dernière Maifon, laquelle, à ce qu'on prétendi
occupe la Principauté depuis plus de çoo ans^ Sc
celui qui règne à Médine eft de la Maifon de Beni-
Hachem , qui regnoit auffi à la Mecque avant celle
de Beni-Kitada. Îd.-/'. 144 > 145.
La parenté qui eft entre les Cherifs d'une même
Maifon, devient parmi eux un fujet de difcorde.
Quelquefois la divifion fe met aulîi entre les deux
Cherifs régnans de la Mecque &: de Médine. Alors
le Grand-Seigneur , en qualité de Calife , ne man-
que guère de prendre connoiffance de leurs différensi
de parler aux Cherifs avec fermeté , & d'inftaller
quelquefois par force un Chérif à la place d'un au-
tre , mais qui doit toujours être de la Maifon régnan-
te , toute l'autorité du Sultan ne pouvant pas in-
terrompre cetordre établi. Id./». 14«; , 14.6. Et cette
hauteur de la part du Sultan , Ôc la foumiffion de la
part des Chéri fs , ne déttuifcnt pas pour cela leut
fouVeraineté. Id.
Chérif. Monnoie d'or de Turquie , qui vaut à Marfeil-
le quatre livres dix fous. Nummulus aureus,
CHÉRIR, V. a. voye{ Cher. Aimer quelque perfon-
nc avec tendteffè. Amure , dUigere , carum habere.
Un honnête homme chérit fa femme. On chérit fa
Maîtreife fur toutes chofes.
Que le peuple à fon gré nous craigne ou nous chérilTe,
Le [ans nous met au trône, & non pas fon caprice.
■^ " Rac,
Comment fe reprocher un crime qu'on chérit ?
•' QuiN.
On n'infulte jamais à ce qu'on a chéri. Corn.
CHÉRI, lE. part. Dileclus, amatus. Objet chéri. Chéri
de la fortune. Chéri des cieux. Il y a des affedions
chéries &c des vices favoris , fur lefquels les plus
gens de bien même ne s'obfervent pas affez. S. EvR.
Chë
En parlant des anciens Hébreux , oli dit ïc peuple
cAéri , chéri de Dieu.
ffd/as ! cepeup/e ingrat a miprifé ta. loi °
La Nation chérie a violé la foi. Racine.
^ CHÉRÎQUANES, fauvages de l'Amérique méri-
dionale dans l'audience de los Charcas. Ils font il
avides de chair humaine , qu'ils n'épargnent pas mê-
me les nations alliées.
|CJ; CHERYAR , ville de Perfe dans la Province de
' Tercn s dont elle efl: capitale. Quelques-uns lui don-
nent le nom de la province.
|Cr CHERiNOS, peuple de l'Amérique méridionale
auPérou,à Icpt lieues de la contrée deChuquimayo.
fCrCHERISSABLE , adj. Qui doit être chéri. On
ne le dit plus.
CHERLESQUIER , CHERLESKER ou CHERLES-
QUER , i". m. Nom de dignité militaire chez les
Turcs i Lieutenant général des armées du Grand-
Seigneiu". Lcg.itiis Impcraioris in cxcrcitu Turcico,
Quelques-uns le nomment Scadiaquer.AR. Thomas.
CHERON , i'. m. nom d'homme, Caronus. S. Cher on
vivoit vers le V^ liècle. Il convertit un grand nom-
bre des habitans du pays Chartrain. Il fut marty-
rifé en venant à Paris pour y prêcher.
CHERPILLE,f f. Il y a dans la banlieue de Villefran-
che, capitale du Beaujeaulois , un ufage fort iingu-
lier. Lorfque le petit peuple croit que les grains
font mûrs , il va les couper fans la permi/Ilon du
propriétaire j il les lie , & fe paye de fa peine , en
emportant !a dixième gerbe. Cette manière de moif-
fonner s'apelle la Cherpille , & a toujours fort déplu
aux propviétaires -, mais jufqu'à prcfent , c'a été en
vain. Dcj'cript. de la France,
§3" CHER-PRIX , 1". m. Terme de coutume , dans le
Blefois &; le Dunois. C'efl la même chofe que le
chcrcens dans la coutume d'Orléans, Voyc::^ Cher-
cens au mot cens.
CHERQUEMOLLE , f. f. Etoffe des Indes Orien-
tales , oarcic foie , partie écorce.
CHERREE , f. f. voyei CHARRÉE. C'eft ainli qu'il
faut écrire.
IJC? CHEPvSO.Île de la mer Adriatique , dans le golfe
de Quamero , fur la côte d^e la Croatie. La capitale^
fituée vers le milieu de l'Ile , s'apelle auffi Cherjo
ou ChL'riq. Elle appartient aux Vénitiens.
CHERSONESE. Terme de Géographie. Prononcez
Kerfonéfe. M. Tillemont , contre l'ufage général,
&; contre la raifon 6c l'étymologie 3 écrit Quer/bnèfe,
C'eft une péninfule ou continent , qui eft preique
tout environné des eaux de la mer , fie qui rte tient
au relie des terres que pat un ifthme , ou petit dé-
troit. Cherfonefus, Le Péloponnèfe eft une Çhcr-
fonèfe , ou prefqu'île , ou péninfule. Ainfi'l'ona
donné ce nom dans l'antiquité à pluiieurs contrées
qui font entourées de la mer , & ne font attachées
à la terre ferme que par un ifthme ; &c on s'en fert
encore aujourd'hui fort bien pout lignifier cespref-
qu'îles des Anciens. Les plus célèbres font ,
La Cherj'oT'.èfe du Péloponnèfe , Cherfonefus Pe-
loponnefiaca , qui s'appeloit aufEi fimplement le Pé-
loponnèfe , étoit ce que nous appelons aujourd'hui
la Morée. La Cherfonèfe de Thrace , Cherfonefus
Thracica-, ou de VHcllcCpont , Ilellefponciaca , c'eft
une partie de la Thrace, qui fc nomme aujourd'hui
le Bras de Saint George , ou la prefqu'île de la Ro-
manie , qui s'étend du midi au feptentrion , & qui
étoit baignée à l'occident par le golfe de Mélane ,
& à l'Orient par la Propontide. La Cherfonèfe Cim-
brique , Cherfonefus Cimhrica, on l'appeloit ainiî ,
parce que les Cimbres habitoient ce pays \ c'eft le
Jutland. Cette opinion eft générale , cependant
Rudbecks , dans fon Atlantique , prétend que c'eft
la Scandinavie. A^'oyez le Cimhrica: Cherfonefi Pro-
dromus de Jean MoUerus , &: VIfagoge ad Hijioriam
Cherfonefi Cimkricœ du même. La Cherfonèfe Tauri-
qtie , Cherfonefus 'Taurica , étoit entre le Pont-
Euxin & la Palus Méotide , & fut ainfi nommée
des Tauïes ou Tauriens , T(iuri , çiuj n^bitoient -,
ïious l'apelons aujourd'hui Crimér. La Cherjonè/h
à Or , Cherjoncjus Aurea , c'fift la péninlule de
Tinde au-dèla du Gange ou eft le Royaum.e de Ma-
laca , & la partie méridionale de celui de Siam , &c
qui aboutit vers l'île de Sumatra , sétendant du fep-
tentrion au midi. Ce nom de Cherjonefe d'Or ? a
fait croire à bien des Auteurs que c'étoit l'Ophir de
Salomon. On a auili donné ce nom à quelques pro-
montoires , ou caps ,& à quelques villes bâties fur
des pointes ou langues de terre qui s'avançaient dans
la mer , comme on le peut Voir dans Hoffman Sc
dans d'autres -, mais nous ne nous fervons pas de ce
nom en françois pour ces lieux , comme nous faifons
pour ceux dont on vient de parler. La petite CAc;r-
Joncje , Chcrfonejus parva , c'eft un promontoire
d'Egypte vers Foccident , que les Anciens appeloien'c
ainli , & qui fe nomme aujoutd'hui Bvjire , dit
Vigcnère , ou plutôt Bvchir , comme écrit Sanfort
dans iés Cartes. C'étoit une péninfule qui s'avançoit
dans la mer devant Alexandiie , & dans laquelle
étoit le Phare. Voyez Ptolom. Liv. IV , c. 5. & les
Tables de Berdus. P. Mêla , L.II , c. 5 , appelle en-
core Cherfonèfe un promontoire de la côte orientale
du Péloponnèfe : c'eft le cap de Schilli.
Ce mot vient du grec Xfftrcvijros qui fignifîe la
même chofe.
CHERSYDRE. f m. Serpent amphibie , ainfi ap-
pelé , parce qu'il naît dans les lieux humides , d'où
il elt appelé liydrus , hydre ; & qu'il change dans la
fuite i« demeure ,&vit dans les lieux fecs. Xf-po-v^pe? j
Ce mot vient de yj^fo^; , terre , &: vè<up , eau. Ce fcr-
pent eft plus venimeux lorlqu'il eft dans les lieux
iecs , qu'il ne l'étoit auparavant ; car , ne prenant
dans les lieux aqueux qu'une nourriture humide j
fon poifon eft moins pur : au contraire il fe purifia
& s'e::alte , lorfqu'il habite la terre. Il reflemble à
un petit afpic terreftre , à l'exception qu'il n'a pas
le cou fi gros , c'eft la feule différence remarqua-
ble qu'il y ait entr'eux. Dict. de James.
^fT CHERTÉ, f. f. Prix exceHif des chofes qui font
à vendre. Excès réel ou d'opinion du prix d'une
chofe, Foyei Cher. Cherté des vUits, Annonce dif-
ficultas i caritas , gravitas. Les pauvres fouffrent
beaucoup pendant la cherté des vivres.
Ce mot vient du latin caritas.
On dit proverbialement que cherté foifonne i
pour dire , qu'on ménage les chofes quand elles
ibnt chères , & que le bon prix amène l'abondance,
parce que les Marchands apportent de tous côtés
des marchandifes aux lieux où elles fe vendent bien.
En parlant de certaines marchandifes , on die
que la cherté y eft, pour dire que la prefle y eft j
&; je n'y mettrai pas la cherté , pour dire , je n'en
achèterai pas. Acàd. Fr.
CHERUBIN, f, m. Efprit célefte , qui dans la Hié-
rarchie eft le premier après les Séraphins, Cherubus,
On les peint rouges , pour fignifier qu'ils font eo-
flammés de l'amour de Dieu : & on die d'une per-
fonne haute en couleur ,ou qui rougit de honte ,
qu'elle eft rouge comme un Chérubin, Moife mit l'Ar-
che fous les aîles des Chérubins , qu'il fit élever/dans
le fanéluaire.
Ce mot vient de l'hébreu nna , Ckerub , dont le
plurier eft Ckeruhim,
Chérubin , Ordre militaire en Suède , autrement ap-
pelé l'Ordre des Séraphins. Ordo militaris â Che-
rubis nuncupatus. Il fut inftitué par Magnus IV ,
en 1 354, & aboli par Charles IX. Le collier étoit
compofé de Chérubins Jl6r émaillcs de rouge &
de croix patriarchales d'or fans émail , en mémoire
du fiége métropolitain d'Upfal. De ce coUier pen-
doit un ovale d'or émaillé d'azur , dans lequel étoit
un nom de Jefus ne or ; au-deflbus du irom de Je-
fus , il y avoit quatre petits clous énuillés de blanc
& de noir. Favin parie de cet Ordre.
Chérubin , en Architeéture , eft la tête d'un enfant ,
avec une aîle de chaque côté. Alatum juvenis ca-
put , Cherub , Cherubinus, Cela fert d'ornement aux
clefs des ares*
yiz
C H E
Chéb-ubique , Hymne cherubique. C'cft un Hymne
qui eft fort célèbre dans la Liturgie Grecque. Il
le chante avec beaucojp d'apparat & de folennité
dans le temps que les faints dons lont portés du
petit Autel de h Prothèle au grand Autel , où l'on
doit célébrer la Liturgie , &: qui s'appelle V Autel
du Sacrifice. kwlW-ibx. (]}iz les Chantres voient ior-
tir de ce petit Autel les faints dons , ils entonnent
cet hymne , qui efl: appelé Cheruln^ue , parce qu'il
y eft parlé du Chœur des Anges &: des Chérubins ,
lefquels accompagnent Jellis-Chrift qui va être
injnolé. Conûilrcz là-dciliis VEucologe du P. Goar,
&: les notes du P. Simon liir i' Apologie de Gabriel ,
Archevêque de Philadelphie. Hyrnniis Cherulncus,
CHER VI ou CHERVIS. 1". m. Chervis ert plus ulitc.
Sifarum oujij'er vulgare. Planre ombeliitcre , dont
les racines ibnt de petits navets , gros & longs
comme le doigt , blanchâtres en dehors , plus
blancs en dedans , doucàttes & aromatiques. Ces
petits navets l'ont ramalies en botte à leur collet ,
d'où Ibrtent des feuilles qui rellemblcnt à celles de
la berle,d'un goût & d'une odeur aromatique. De
leur milieu fort une tige haute de deux pics au
plus , branchue , noueufc Se cannelée, terminée
par des ombelles de Heurs à cinq petits pétales
blancs. Leurs femences font menues comme celles
du pcrlil ; elles l'ont un peu étroites , cannelées fur
le dos , plus brunes , plus longuettes , &; d'un goût
un peu acre & aromatique. On mange les racines
de chervis; elles font fort douces. Après les avoir
fait cuire dans l'eau ,on les aifaifonne comme les
autres racines. On les met aufîî en pâte: leur dou-
ceur paroît fade à bien des gens. Le chervis ne fe
multi^ilie que de graine ; fa graine eft ovale , lon-
guette 5 adez menue &c étroite , rayée dans fa lon-
gueur , d'une couleur de feuille morte, d'un blanc
grisâtre, plate par une defesexttémités. La Quint.
|Cr CHEVINSKO. Villede Pologne, au Duché de
Mazovie , fur la Viftule , à trois lieues au deflbus
de Zakrocim,
CCr CHERZ , ( chez les Polonois Gzerko ) Ville de
Pologne , dans la Mafovie , fur le chemin de War-
foyic à Léopold.
CHÉSAL. i. m. Vieux mot françois , qui lîgniiîoit au-
trefois mai fan & églife. Domiis , cafale, cnjalaglum ,
templum. Il eft encore en ufage en plulicurs Pro-
vinces, d'où vient qu'on dit encore la Congréga-
tion de Chejdl-benoit , qui eft une union en Con-
grégation de quelques Abbayes régulières de l'Or-
dre de S. Benoît, comme S. Sulpice de Bourges , S.
Auguftin de Limoges, iS'f. L'Abbaye de Chejhl-Be-
7!oi( , qui eft le chef de la Congrégation du même
nom , fut fondée en 1 098 , dans le Diocèfe de Bour-
ges , du temps de l'Archevêque Léger. On tira du
Monaftère de Cornéliac un Moine de Vallombreufe
pour l'en faire Abbé , & y établir les obfervances
leligieufes. En j 5:0!? , les Abbés de Chéfal -Benoic ,
de S. Sulpice de Bourges , de S. Alire de Cler-
mont, & de S. Vincent du Mans , avec quatre Re-
ligieux députés des mêmes Abbayes, s'affemblèrcnt
à S. Sulpice de Bourges , pour réformer l'Ordre ;
l'Abbaye de S. Martin de Séez fut agrégée peu
après à ces quatre autres -, & en 1 510 , l'Abbaye de
S. Germain des Près à Paris y fut encore unie. En
1 5 1 1 , les Abbés des cinq premiers Monaftères ré-
folurent de faire ériger leurs Abbayes en Couççrc-
gation , ce qui leur fut accordé en 1515, par Léon
X. On écrit quelquefa^ chefal par un ^ , & l'on dit
chêfeau ou chejeolage ,pout chéfal. (j;3' Cette Ab-
baye a été long-tems régulière &c éleélrice. Par ar-
rêt du Parlement de Paris, rendu le
elle eft à la nomination du Roi , ainfî que les qua-
tre autres dont on vient déparier, que les Bé~
nédiâiins prétcndoient y fouftraire, comme ayant
été exceptes par le Concordat.
Ce mot vient du latin cafata ou cafale. Dans
les Capitulaires de Charlemagne , on appelle une
Eglife C.tfi Dei ; c'eft le nom que porte encore l'Ab
baye de la Chaife-Dieu en Auvergne,
CH E
CHESEOLAGE. f. m. Foyei Chésai.
^ff CHESHIRE, Province maritime d'Angleterre,
dans le Diocèfe de ce nom. Capitale, Chejter.
CHÉSEAU. f. m. Foye:^ Ch^sal.
CHESMER. Voye:^ Chemer.
CHESNAIE. /-^ojy'cT Chênaie.
CHESNE. VoyeiCYiim..
CHESNEAU. Voyei ChÊneau."
CHESNEGHIR-BASCHI. f. m. Terme de relation.
Nom d'un des douze principaux Officiers de la.
Porte. Ce nom , compofé d'un mot perl'an chefné ,
qui lignifie reliai qu'on fait des viandes ou de la
boilfon ; & de ghir , qui vient du verbe grijien ,
prendre -, ce nom , dis-jc , lignifie celui qui fait l'ef--
lai des viandes que l'on fert au Grand-Seigneur.
Quelques-uns l'appellent Chef^ighir -, as ckefchide ^
gourer. Le Chefneghir-bafchi eft le chef de ceux qui
lont l'cllai des viandes. Ricaut , de l'E.tnv. Ottom.
CHESNON. A^oy^^^CHÊNON.
CHEST. Vieux mot. On difoit autrefois che^i pour
ce. M'entremit de chefi œuvre faire , dit un vieux
Traducteur d'Efope.
CHESTER. Cejtria. Ville d'Angleterre dans le Comté
du même nom ou Cheshire , fur la Dée. Elle fe
nommoit auttefois , Deva. ou Deuva. C'eft un Evê-
ché fondé en i ^41 , par Henri VIII , de ia fuppreP'
lion du Monaftère de fainte Werbuge qui étoic
dans la même ville. On dit que cette ville , ou
pour le moins le château & quelques maifons, où
l'on prétend reconnoître encore l'architeélure ro-
maine , furent bâties patOftorius, qui commandoic
en Angleterre, fous l'Empereur Claude , & qu'il
fit élever cette forterefle dans le Royaume de Mer-
cie fur les frontières de celui de Galles , pour tenir
les peuples de ce dernier dans le refpeci.
ifF CHESTERFIELD. Chellerfidu. Ville d'Angle-
terre en Derbyshyre, dans la vallée de Scardalcj
fur les frontières du Comté d'Yorck.
ifT ,CHESTERSHIRE. Voyei Cheshire.
CHETEL. f. m. C'eft ainli qu'on prononce & même
qu'on écrit aujourd'hui ce mot. Voye^ Chepteil,
pour l'explication.
CHETIF , IVE. qui eft de peu de valeur : il fe die
des perfonnes & des choies. Vilis , mifer , maci^
lentus , informis. Cet homme eft bien chctif, mai-
gre , mal fair , miférable. Il a fait un préfent bien
clie[if\ qui n'cft d'aucune conlîdération. Cet habit ,
cette étoffe efl bien chéiive.
Il vint des partis d'importance ,
La lelle les trouva trop chétifs de moitié.
La Font.
Combien de temps faut-il t "Un temps propor-
tionné à notre durée vaine & chétive. Pascal.
Il vient de l'italien cattivo , félon Pafquier. Mais
Ménage tient que ce mot vient de captivus , ôC
prouve que «r/zif/z/lignifioit autrefois cd!/»/z/.- ce qui
eft d'autanx plus vraifcmblable , qu'on a dit cA^///^
votjon pour captivité. Autrefois on difoit chaitis.
Borel le fait venir de <:<i^/iv«j,aufli-bien que Mé-
nage i & il remarque que chaitim fe dit en gafcon
pour chaitis , & que ces mots lignifient miferahle,
Chaitis n'eft plus en ufage i chetif fe dit encore ,
mais rarement.
ffT Corneille a employé ce mot trcs-heureufcment
dans Pompée , dans ce vers où il eft parlé des cen-
dres de ce grand homme.
Dans quelque urne chétive en ramaffer les cendres,
^fT Le mot de chétive ne paUêroit pas aujourd'hui'
Il me paroît qu'il fait ici un très-bel effet , pat
l'oppofition d'une fin fi déplotable , à la grandeur
pafl'ée de Pompée. Voltaire condamne l'ufige qu'i
fait Corneille de ce mot dans la même pièce. D'une
flamme pieufe autant comme chétive , cela n'eft»
dir-il , ni françois ni noble. Ce mot chétive z'éti
heureufement employé au fécond adle. Le même
terme peut faire un bon & un mauvais effet , fe-
l(?n la place où il eft, Vas urne (hédve qui con.
wat
CH Ë
tient ia cendre du grand Pompée , pi-cfcnte à l'cf-
prit un concrafte attcndrii!ànt. Mais une flaramc
n'eft point chcdve. Dans ce vers j rexpreifion autaiu
comme cft un barbariiÎTie. Il faut dire autant que^
IJCr Le mot c/^^/i/, dit M. l'Abbé Girard , commence
à vieillir : il n'eft pas néanmoins tout-à-fait iuranné ,
& il le trouve encore des places où il figure ariéz
bien. Il le compare enluite avec méchant , dans ce
qu'il a de fynonyme , c'eft-à-dire , autant que ce der-
nier marque une certaine incapacité à être avanta-
geufement placé ou mis en ufage. Sous ce point
ae vue, l'inutilité ou le peu de valeur rendent une
chofe chitive. Les défauts &: la perte de Ton mérite
la rendenr mauvaije. Un c/im/fujer, eft celui qui
n'étant propre à rien , ne peut rendre aucun fer-
vice dans la République. Un mauvais fujet elt
celui qui , fe laiiîànt allet à un penchant vicieux ,
ne veut pas travailler au bien ; qui eft chétif :, cft
mcpriiable ,& devient le rebut de tout le monde ;
qui eft mauvais ^Q^i condamnable, &: s'attire ia
haine des honnêtes gens.
§Cr En fait de chofes d'uiage , le terme de chhiftw-
chérit fur celui de mauvais. Ce qui eft ufé , mais
qui peut encore fervir au belbin , eft mauvais. Ce
qui ne peut plus fervir, & ne fauroit être mis hon-
hêtement , eft chctif. Mn mauvais habit n'eft pas
toujours la marque du peu de bien. Il y a quel-
quefois fous un f/itf'///" haillon plus d'orgueil , que
ibus l'or. & 'bus la pourpre.
CHETIFVOISON. f f. Vieux mot. Captivité. Ou
l'a dit aufli pour miiere.
CHtTiVEMENT. adv. D'une manière chétive. Mi-
j'eratiliter. Les Pédans nourriffcnt leurs écoliers
fo^rt chttivemtnt. Parci.
CHETOLIER. f. m. Terme de Coutume. Celui qui
prijnd des beftiaux à chetel.
CHETRON. f. m. C'eft une petite layette en forme
de tiroir , qu'on fait au haut d'un des côtés d'un
coiÎTcpour yraerrre à part les chofes qu'on veut
trouver fous fa main en l'ouvrant , & les féparer
<lu rcfte de ce qu'on y ferre. Capjula arcœ. inuj-
tina,
CHEVÀGE. f. m. Droit , fubfide qui fe levoit autte-
fois fur les étrangers pour leur fcjour dans le Royau-
me. Victiaal à peregrinis exigi j'oiitum, Payer le
chevage. Bacquet.
Chevage , eft aufîî un droit de douze deniers pari-
fis, qui fe paye fous peine d'amende tous les ans
au Roi j en quelques Piovinces , par les bâtards &
aubains mariés, qui s'y Ibnr établis. Ce droir s'ap-
pelle chevage 5 parce que chaque chef marié ou
veuf le doir,àu cas qu'il foit bâtard ou aubain.
CHEVAGÎER. f. m. On appelle ainfi dans les Or-
donnances ceux qui doivent le droit de chevage.
CHEVAL, f. m. Animal à quatre pies , qui hennit , &
qui rend de grands lervices à l'homme ,dont laca-
yalle eft la femelle. E<juus , equa. Il fert à la cha/ic ,
à la guerre , au labour & aux voitures. Un cheval ,
pour être bon , doit avoir trois parties corrcfpon-
dantes à trois de la femme, la poitrine , le felîier
& les crins -, c'cft-à-dire , poittine large , croupe
remplie , &: les crins lo'->gs : trois du lion , le main-
tien , la hardicfTe & la fureur : trois du bœuf, l'œil ,
la narine , la jointure : trois du mouton , le nez , la
douceur, la patience : trois du mulet , la force , la
conftance au travail, & le pic : trois du cerf, la tête,
la jambe , & le poil court : trois du loup , la gorge ,
le cou &:l'ouie: trois du renard , l'oreille, la queue,
le trot : trois du ferpent , la mcmoiie , la vue , le
contournement : trois du lièvre ou du chat , la
courfe , le pas , la foupleffe. Les chevaux ont du
juirement , dit Solin -, ils connoiffent leurs maîtres
& leurs ennemis. Quelques-uns n'ont pas foufFert
que d'autres les montaient. Quelques - uns ont
pleuré h mort de leurs maîtres, & d'autres fe font
lai<ré rnourir de faim après les avoir perdus. Alexan-
dre fît faire de magnifiques funérailles àfon cheval ;
il fit bâtir une ville en fon honneur , qu'il nomma
Bucephalie. Caligula votriui faire nommer fon che-
Tcns IL
CHË ^tf
h^al Conful. Les Tartares & les Turcs portent pour
enléigne , à la guerre , une queue de c/^tv^/ attachée
au bout d'une pique.
Ce mot vient de cak allas ; qui fignifioit autrefois
cheval de hagage ou petit cheval , qui lervoit au
moulin &c aux voitures. Nicod , Ifidore &c Papias
dérivcnr celui ci ex eo quod ungulà terram cavett
Les Latins difoient en proverbe , le cheval de
Sejus , quand ils vouloicnt donner à entendre une
chofe qu'il eft dangereux de polfcdcr. C. Scjus
avoir un des plus beaux cA^v^wa: qu'on puiflè voirj
mais il n'en fut pas long-temps le maître , Marc-»
Antoine l'ayant fait mourir. Dolabella ayant acheté
ce c/iev(i/,mourur bientôt après de mort violente.
Caifuis , qui en fut enfuite le maître, périr d'une fa-
(^ofi tragique. Marc-Antoine,qui le pofleda auili , eft
connu par fa fin déplorable. Nigidius , Chevalier
d'Afie , l'acheta aptes la morrde'^Marc Antome,ôc
le cheval & l'homme fe noyèrent dans le fleuve
Marathon. Ce proverbe revenoit à un autre qu'ils
avoient, qui étoit l'or de ToulouJ'e ,dQnt l'on verra
l'explication au mot Or.
Le cheval fe nomme divcrfement , fuivant foti
poil , la taille , fon ufage , fes vices ou maladies.
On dit un cheval hhnc , caiididus ; gris , leuco-
phœus ; çomme\ç: , e.juus colons chicrei jcu(.ulis
dijimclus ; roux , n/Ji coloris , rufus ; bai-brun , ce-
lons phœ/iicei Jafurioris ,preJ/ioris ; bai-clair 5 co-
loris phœ/ucei dilutioris ; bai-doré , aurei coloris ;
alezan ou alezan rouge (bre ou iaure , e./uus ruj-
Jeus , ruber ; alezan brûlé , alezan fort brun , ruli'
dus ; alezan chargé , rujfei coloris ,Jedj'aiuri ; ale-
zan lavé , coloris rufei J'ed dilutions. Cheval - bai
d'une forte de rouge éclatant en divers degrés »
Cijuus hadius ; brûlé , rufus atrore j uigrore multo
mnjuis ; aubère, grisârre, ayanr de grandes taches
noires , equus leucoplmus grandibus maculis iij'que
nigris, dijtinclus ; cheval pie , niaro & albo picarùm
in mor-em difiinclus ; foupe de lair , equus albuius 5
iiâbele, coloris mclini jubalbidi ', roan ou tête de.
Maure j equus atro Capite , toto cor pore nigcr , fei
capite nigriori \mKo\\zize. -, equus pilis quibujdam
in partibus magis quàm in aliis nitentibus , Jpe-
culorum injiar diftincius , maculis nitentibus varie-
gatus; zain , equus umcolor , uniiis coloris ; balzan ,
equus quatuor pedibus albis , &c. Toiis les mots
& les fuivans font expliqués à leur ordre alpha-^
bétique. On a donné aux chevaux des noms pro-
pres, comme à celui d'Alexandre , ii'z/c^yVza/^. Ro-
land appcloit ior\cheval, Mclleudis -^ t< Renault,'
l'un des quatre fils, Aymond , appeloit le fien
Bavard
A l'égard de la taille, on dit un cheval nain,/»?/-
Tnilns ; ragot , brevi denfoque corpore ; haur joinré ,
altis articulis ; court-joinré , deprejjîs articulis ;
cheval ent'iet , equus non cajiratus , non exjeclns ;
hongre, canterius ; courtaut, equus quadratce fei
brevioris corporaiurœ. Par courtaut on peut encore
entendre qui n'a point de queue , caiidà mutilus ;
coureur, Curfor ; rouffin, caballus. Cheval d'Ef-
pagne , iberus ; barbe , Numidicus ; guilledin d'An-
gleterre j afurco Briiannicus. Les chevaux Irlan-
dois palfoient autrefois pour être des meilleurs
qu'il y eût en Europe ; auffi ctoient-ils fort chers :
& l'hiftoire d'Irlande fair mention d'un de leurs
Seigneurs, qui com.battant pour Richard II Roi
d'Angleterre , montoit Un cheval (\\x'\\ avo't acheté
400 bœufs. L ARRE Y. Chev.%1 Perfan, Per liens , cheval
Turc , Turcicus. Vigenere dans kslllujlrations fur
VHifl. de Chalconi. p. 543 &fuiv. parle fort en dé-*
tail A':^ chevaux Turcs , & de la manière dont on
les nourrit & on les panfe. Cheval Ac manèrre , truc-
tahilis , frœnis parens , exercitatiis ; cheval de pas^
gradarius equus ; cheval de felle, equus fej/ilis ^
idem & carrucarins ; cheval de charrette , de trait ,
d'attelage, equus jugatorius ; limonier , temonem
iitmmque fufîinens -, cheval de ch:irriie , arator_
èquus;^heval d'iinhle ou haquence, aflurco; cheval
de pofte , ver f Jus ; cheval de louage , conduSiiius^
T î c
TH
C H Ë
rzeritorius \ cheval de bagage , eqjtusfar<iflarius ,
dojfuariiis \ cheval de relais, vendus graduriiis;
chevaux de porte & de relais , equi publia.
On appelle courte de chevaux , deux chevaux
attelés enfcnible pour remonter des bateaux , Ingiz \
cheval de haras ou étalon , equus admijjdrius ■■,
cheval Ae main, equus houorarius \ cheval âe f2.-
rade , anciennement palefroi , equus ad pompam.
On appelle cheval de bataille , non feulement le
cheval ton &c choilî qu'on rcferVe pour les grandes
occafions , mais encore figurcment toutes les choies
de parade , de farte , ou propres à faire remporter
quelque avantage dans une difpute oii il s'agit de
la gloire , Bellator equus. Quand on prie un tel
Auteur dedirequelques-uns.de fcsvers, il. récite
un tel Sonnet, c'eft fon cheval de bataille. Ç^ Mu-
licien chante un tel air , c'eft fon cheval de bataille,
A l'égard des bonnes qualités, on dit, cheval
fier , ardent , plein de feu , fouple , léger à la main,
obciifant, fidèle, qui porte bien la tête, fort dé-
chargé.
A l'égard des défauts , on dit , un cheval vicieux ,
vitiofus; ombrageux, meticulofus , rejiitans; fort
en bouche , ^/^rz ù conturnacis or is \ towihw , pra-
properà aquatione perfujus equus ; morveux, mu-
cojus; poufhi' an helator fji/fpiriofus, cheval éhncé,
amaigri de ùim Se de travail, y?rzp'o/;.'i equus , macie
confe&us ; outré , longiuris itineris labore exhauf-
tus; cheval qui elt fur les dents, eneclus inedta ,
labore conf^cius; ruiné des \zmbQsperditus cruribus;
qui eft pelant à la main , gravis ad nianum ; cheval
ïcfait & engraide , refeclus ac faginatus ; cheval
neuf, novus, intraciatus\ fougueux & indompté,
afper & indomitus \ cheval qui rue & qui mord ,
mordax & calcitro ; cheval qui le couche , cubitor ;
cheval qui bronche , ojfenfator ; cheval qui prend
le frein aux dents , qui contra frœna tendit ; qui
jette ion homme par terre , Jlernax : boiteux , clau-
dus; borgne ou déferré d'un œil , unoculus , altero
oculo captus. Un che\'al chargé de ganache ; cheval
vairon , bégu , cujus alter oculus alteri dijjinnlis ejl.
Celui qui eft trompé dans l'achat d'un cheval vi-
cieux , peut intenter l'aéticn redhibitoire, pour con-
traindre le vendeur à le reprendre. Si le vice eft ap-
parent, par exemple, fi le cheval eft borgne, comme
• l'acheteur a pu s'en appercevoir, il ne doit s'en pren-
dre qu'à lui-même ; mais pour les vices latenrs ,
comme la poulie, la morve &: la courbature, l'a-
cheteur a l'acliion redhibitoire dans les huit jours
de la vente , dans quelques coutumes -, & dans les
quarante jours en d'autres coutumes , parce que ces
vices peuvent être cachés &c fufpendus pendant
quarante jours.
Monter k cheval, lignifie non-fculemcnt , mon-
ter en felle, mais 'encore apprendre le manège , zVz
equutn ajcendere , equum confcendere ; equos do-
r/iandi , regendi artem perdifcere. Un tel Seiijneur
monte à cheval chez un tel Ecuyer , il fait" bien
manier un ciieval.
On dit4>icquer un cAei'^/, pour dire, re/Tayer,
traciare. Promener un cheval entre deux talons ,
agere , agiçare. Panfer , curare ; ferrer , caleeare \
énihex: , dijiringere , Jhigili defricare; brider, fre-
nare ; feller un cheval, jiernere , ephippio injlruere \
dreffer un cheval , domare , condocefacere. PoulTer
vertement un cheval, comm.encei un c/'^v^:/ , tra-
vailler un cheval, acheter un cheval, mettre un
cAeva/dans la main, mettre un cheval àz.x\s\z% ta-
lons , aflembler un cheval. Combat à cheval, pusrna
ex equo. Bon logis à pié & à cheval, hofpitiurn equiti
& pediti comrnodum. On appelle un bon homme de
chsv.:l, celui qui fait bien dompter & manier un che-
va'^ Equitandi peritus. Etre bien à chevaL
§C? Etre bel homme de cAfViî/, avoir bonne grâce à
cheval.Qommç. il n'y avoit point de Seigneur à la
cour qui fut pluscuiicux que lui de beaux c^tv.zwx ,
perfonne auiîi n'ctoit mieux à cheval.
§Cr Comm.encer un cheval, en rçrmes de Manège,
c'eft le mettre au pilier , entre deux piliers , le drcf- '
C îi E
fer à toutes fortes d'airs & de manèges. Monter à
cheval, apprendre à monter iicheval.W monte i'ous
un tel. Uti aliquo equitandi magijiro. Mettre quel-
qu'un à cheval , lui enfeigner à monter à chevaL
Ccft tel Ecuyer qui l'a mis à chevaL
IJCTEtre à cheval, être monté fur un cheval, ou fur quel,
que autre aninial , ou même fur toute autre chofe ,
jambe deçà jambe delà. A cAtva/ fur une muraille,
fur une poutre , lut un bâton.
^fT Dans l'Art militaire , être à cheval fur une rivière,
c'eft en occuper les deux rives avec des troupes.
Ip" Tirer à quatre chevaux. Supplice qil'on fait fouf-
frir aux criminels de léze-Majcftè au premier chef.
Ecartelerun criminel, en attachant un tr/îtvtf/à cha-
que membre, à chaque jambe & à chaque bras, & les
faifant tirer chacun de fon côté en même temps.
Voye:^ Écarteler.
CHEVAU-Z-triTt-r ,eft un cavalier ordinaire & légère-
ment armé, qu'on appelle aurremcnr Maître, 3c
qui eft dans un corps de Régiment. Levis arma-
turœ eques. On Vapf elle ainfi, pat oppolîtion aux
Gens d'armes, qui étoient autrefois des gens pc-
fammcnt armés & de toutes pièces. Il y a pourtant
plufieurs compagnies d'ordonnances qu'on appelle
particulièrement Chevaux - légers , qui n'entrent
jamais en corps de Régiment, quiibnt les Chevaux-
légers delà Garde du Roi, de la Reine, de Mon-
feigncur le Dauphin, de Monlieur , 6-c. & on dit
au iingulier un Chcvau-leger , &c au pluriel, vingt èc
un chevaux. Eques levis armaturat e Régis Cujiodia.
Le Roi eft Capitaine des Chevaux-légers. Il y a ibus
lui un Capitaine-Lieutenant.On ÀhChevaux-legerst
&; C hevaux légers de la Gaide. Contre l'ordre, de ce '
pluriel s'ert formé le fmgulier, Clievau-léger , & l'on
dit , c'eft un Chevau-leger , il eft Chevau-leger de la
Garde. Le Dict. de l'Acad. Françoise mer CLe-
vau-legers au pluriel , & cette ortographe paroïtk
plus liiivie. Chaque Chevau-leger a 540 liv. par an ,
90 à chaque montre de deux en deux mois.
On fe Jèrr aulli du nom de chevaux en général,
peur désigner la cavalerie, des gens de cheval. Equi-
tatus , équités. Il y avoir dans cette armée trente
mille hommes de pié , &: dix-mille chevaux , c'ert-
à-dite , dix mille combattans àt:/2ÉVrt/. Un efcadron
de deux cens c/u'vrf//.v. Ac. Fr. Les gens de guerre
difent Capitaine de chevaux , pour dire , Capitaine
de cavalerie: cela eft du fty le familier.
Le cheval tii un animal guerrier , & un fymbole
delà guerre. Le cheval, dans les médailles Puni-
ques , eft le fymbole de Carthage , bâtie félon
l'Oracle , au lieu où l'on trouva une tête de cheval.
Les chevaux paiiîans marquent la paix & la liberté ,
ou lîmplement un pays abondant en pâturages. Le
fA<?i.'d/bondiflânt maïque l'Efpagne, où il fe trouve
à'exce.Wcrx'i chevaux ; quelquefois les viètoircs rem-
portées aux jeux publics ; comme fur les médailles
du Roi Hiéron. Quelquefois c'eft le Bucéphale
d'Alexandre , ou iîmplcment le fymbole des Rois
de Macédoine, où il fe trouve de très-beaux che-
vaux. P. JoBERT.
hc$,lncitati ïKomt ont pour devife un cheval
barbe courant, avec ce mot, dant animas plagœ.
Et les Erranti de Brefce , un barbe auifi ; & pour
ame, velocitate palmam. Un cheval àe. bataille tout
armé , avec cet hémiftiche de Virgile , i. Georg. v,
ijf'^. Campo je je ardiius infert , eft la devife d'un
grand Capitaine.
Cheval de Frife , en terme de Fortification, eft une
grofiê pièce de bois percée &: traverféedc plufieurs
pieux armés de pointes de fr, & longs d'environ
cinq ou fix pies. £r/aK.y. Il fert à défendre un paf-
fagcou à boucher une brèche, ou à faire un re-
tranchement pour arrêter la cavalerie, On en mec
auiïi fur des roues avec des feux d'artifice , pour
faire rouler en bas dans les affauts. Le Prince d'O-
range fermoir fon camp avec des chevaux de Frife ,
en les faifant accrocher les uns aux auttes , à ce que
dit JeanErrard.Onles appelle chevaux de Frife ,
parce que cette machine a été inventée en Frife
^
C H E
On a remarqué fur une médaille de Lîcmîus iihe
efpèce de duval de Frife , fait avec des pieux entre-
lacés ; c'eft la marque d'un camp fortifie &c paliliàdc
pour la fureté des troupes, P. Job,
On o.ppcih cheval de éûis , une fissure de chcv.il
qui fe haufle &: fe baiffe par le moyen de quelques
chevilles de fer. £</«z/i-Ar'«£>//j. Il fcrt dans le Ma-
ncLre à faire des exercices pour voltiger,
03* On appelle encore cheval de bois, wn'm^mmçni
de châtiment militaire qu'on a coutume d'exercer
fur les Soldats & fur les filles débauchées qui fuivent
l'armée. C'eft une pièce de bois taillée en arrête, ik
polcefurdes trétaux, avec une thz Aç cheval.
Cheval de Terre. Terme de marbrier. Grand vide
rempli de terre , que renconrrent dans un bloc ceux
qu'on emploie à tirer les marbres des carrières.
Moles terrea.
Cheval Pégaje , efl un cheval que les Poëtes onr feint
avoir des aîies,&: avoirfait naître la fontaine d'Hip-
pocrcne en frappant du pic fur le mont Parna/fe.
/'fo'.îyi/i-. Ilfcrvitde monture à Bcllcrophon quand
il alla combattre la chimère. Depuis on a feint qu'il
s'eft envoie au ciel , où il y a une conftellation de
ce nom.
En èet âge trutal ,
Pégafe efl un cheval ijui porte
Les grandi hommes à l'hôpital. Main.
lln'appartient pas.
A notre Vc^j^àk comique.
De prendre un galop lier où] ue ;
Car il n'cji qu'un cheval de pas. ScAr.
Athénée appelle le vin , le grand cheval des
Poët es.
Chevaux i« Soleih Ovide les nomme Eoïïs , Piroïsy
jEîLon 5c Fhlegon ^ noms grecs , dont l'étymoloffic
marque la qualité. Ils font nommés ailleurs Eryt/ioiis
ou le rouge , Acleon ou le Lumineux , Lampos , ou
le rcfplendilîànt , & Philogeus , qui aima la terre.
Le premier dcfîgne le lever du Soleil, dont les
rayons font rougc.ârres. Aéléon marque le remps où
ces mêmes rayons (brtis de l'atmofphère font plus
clairs, vers les neuf ou dix heures du matin. Lampos
figur: le midi , où la lumière du Soleil eft dans toute
fa force , & Philogeus repréfcnte fon'coucher , lotf-
qu'il fcmble s'approcher de la terre.
Chevaux de Mars. Servius les nomme démos & pho-
ios , la crainte & la terreur : mais dans Homère , ce
font là les noms des Cochers de Mars , & non de les
chevaux.
Cheval de Pacolet , eft un cheval de bois , fabuleux ,
qui alloir dans les airs, & qui fe conduifoit avec
une cheville, dont il eft fait une ample mention
dans le Roman de Valentin & autres, Equus fahu-
lojus.
Cheval de Troye , eft un grand cheval de bois,
par le moyen duquel f,s Grecs onr feint que Troye
avoir été prife -, ayant été introduit dans la ville com-
me une offrande à Pallas. Equus Trojanus II y
avoir plufieurs grecs cachés dans le ventre de cette
machine , qui en étant fortis iùrprirenr les habitans.
Cheval Fondu , eft un jeu d'enfans , où les uns
fautent fur la croupe des autres qui font courbés.
En termes de Blafon , on appelle cheval ou pou-
lain gai , celui qui eft peint nu , fans bride ni licou.
Liber equus. Er on dit cheval effrayé, ou cabré,
quand il eft peint rampanr. Equus arreUus. On dit
âuflTi animé , pour exprimer que fon œil eft d'un
autre émail , animatus ; & armé , en parlant du
piéquela nature lui a donné pour fe défendre,
quand il eft aufTi d'un émail différent. Armatus. On
le blalbnne aufTi bardé , houffe & caparaffonné.
Equus demiffo amploque ornatus ac coopertus Jlra-
gulo , ftragulatus.
Cheval de rivière , que quelques-uns appellent hip-
popotame.Y oyçz ce mot.
Cheval Marin ou Bceuf Marin ou Mor.se. Frédéric
Maitens.de Hambourg , dans le Journal de fon
C H E
voyagé du Spitzberg & au Groeniand fait en 1671 ,
appelle cet animal cheval ou bœuf marin , ne di-
ftinguant point deux cfpèces , & n'en failànt qu'un
même animal. Il le diilingue du Veau marin. Le
cheval marin, dit-il , rcH'emblc aifez au veau m truii
fi ce n'efl qu'il eft beaucoup plus gros , puilqu'il elfc
de la grolîéur d'un bœuf. Ses pattes font comme
celles du veau /rt.ïri/z.Celles de devant, comme celles
de derrière, ont cinq doigts ou griifes , mais les on-
gles en font plus courts. Il a auili la tète plus gro^é,
plus ronde, & plus dure encore que celle du veau,
marin, hd. peau de cet animal a bien un pouce d'é-
pai/léur , fur tout autour du cou. Les uns l'ont cou-
vene d'un poil de couleur de fouris, les autres d'un
poil rouge , les autres gris, £■: les autres ont ttès-
peu de poil. Ils font ordinairement pleirîs de gales
& d'écorchures qu'ils le font à force de fe grater , de
forte qu'on diroir qu'on leur a enlevé toute la peauv
Par-tout autour des jointures ils ont la peau fore
ridée. Ils ont à la mâchoire d'en haut deux grandes
& groifes dents , qiii leur defcendent mème'au def-
fousdes babines inférieures, & qui ont un pié de
long, quelquefois deux , & quelquefois plus. Les
jeunes n'ont point ces défenics , elles leur viennent
avec l'âge. Quoique les vieux l'oient naturellement
munis de dcil^ f^mblables défenies,)en ai pour-
tant vu qui n'en avoient qu'Une; mais il fe peut
qu'ils les perdent en fe battant , ou en vieillilfant»
J'en vis en effet qui avoient les dents gâtées, creufes
& pourries. Ces deux dents .'ont fi blanches, qu'elles
font plus eftimées & plus chères que l'ivoire. Elles
font folidcs en dedans &: pcfm'tes. On en fait des
manches de couterlu , des boîtes , &c. &t des autres
dents , les habitans du Jutland en font des boutons
pour leurs habits. Ces animaux ont l'ouverture ds
la gueule audî large que celle d'un bœuf; & au
deffus & au-deffous des babines, ils ont plufieurs
foies , qui font creufes en dedans , & de la groifeur
d'une paille. Décès foies les Matelots fé font des
bagues qu'ils portent au doigt , pour fé garantit
de la crampe , à ce qu'ils difciV. Ces bœufs^ marins
ont au dcfllis de la barbe d'cnhaut deux naféaux en
forme de demi-cercle par où ils rejettent l'eau,
comme les baleines , mais avec bien moins de
bruit. Leurs yeux font affez élevés au deîfus da
nez , & ils ont des fourcils comme les autres ani-
maux à quatre pics. Ces yeux font auffi rouges que
du fang. Quand ils les tournent en jetant la vue
fur quelqu'un, ils paroi/fent encore plus affreux.
Leurs oreilles (ont un peu plus élevées que leurs
yeux , mais elles font peu éloignées , Se reffemblenc
à celles des veaux marins. Leur langue eft pour le
ftioins auffi groffe que celle d'un bœuf. Si on la fait
bouillir d'abord , on en peut manger ; mais fi on
la garde deux ou trois jours , elle devient rance &:
fcnt l'huile de poiffon. Ils ont le cou lî épais , qu'ils
ont de la peine à tourner la tête , ce qui les oblige
à tourner extrêmement les yeux. Ils ont la queue
courte comme celle des veaux marins.
On ne peut point leur enlever lagraiffe , comme
on fait aux veaux marins , parce qu'elle eft entre-
lardée avec la chair comme la graiffe de pourceau
à laquelle elle rie reffemble pas mal. Le cœur & le
foie font affez bons.
Il y a apparence ou'ils vivent d'herbe 5i de poiA
fon. Leur viande reffemble .à celle du cheval ; l'oi-
feau appelé bourgmaître s'en nourrir Ils fonrd'hor-
ribles meuglemens. Ils dortnent &: ronflent non-
feulement fur la glace i mais dans l'eau. Ils font
furieux & couratreux Si l'on en prend , ou fi l'on en
bleflc quelqu'un, tous les aitres font des Cubrts
pour monter dans la chaloupe, frlafgré tous les
coups qu'ion leur porte; iLs la percerir par dpfTous
avec leurs défenfrs , & n'abandonnant limais la
partie. Si la chaloupe prend la fuite, 'Is lafiiivent
tant qu'ils peuvent î'appetcevoir, ma's ils ne fau-
foient allet fi vite qu'elle , parce qu'étant rou'ours
en très-grand nombre , ils s'embarrafîent les urti
les autres,
Ttti)
f 1&
C H E
On ne les prend que pour leur dents -, mais
entre cent , on n'en trouvera quelquefois qu'un qui
ait les dents bonnes , parce que les uns ibnt en-
core trop jeunes , que les autres n'ont qu'une dent ,
^ les autres point du tout. Leurs dents ne ibnt
plus li cftimces qu'elles étoient autrefois.
Quînd on les appcrçoit , ou qu'on les entend
meugler llir la glace, 'où ils lonc ordinairement
, en grand nombre , on s'en approche lans bruit avec
les chaloupes : mais je crois que pendant qu'ils
dorment, il y en a toujours un qui tait/entinclle -,
car j'ai Ibuvenr remarque que lorsqu'on cil tout
proche , il y en a un qui donne un coup de dent
à ion voilin, &: celui-ci à un autre , julqu'au dernier.
Dès qu'ils font éveillés, ils ie dreif^nt fur leurs pat-
tes de devant , & regardant aiîreufcment &: avec un
mL'.giiîcment terrible, ils frappent de leurs défenfcs
fur la glace, comme s'ils les aiguifoient : c'eftmeme
avec l'aide de leurs dents qu'ils fe traînent lorfqu'ils
veulent coutir vire , ou monter fur la glace.
Leur plus grande force gît dans leur tête -,
Se leur peau , qui cft plus cpaifle vers le cou ,
que fur le refte du corps , a autant d'épaiileur que
celle d'un élan , & beaucoup plus de fermeté : de
forte que li on l'apprêtoit comme l'autre , on s'en
pourroit leivir pour faire des bufles. Lorfque le
cheval marin eft mort, on lui coupe feulement
la tête , qu'on apporte à bord j l'on en arr-.che
.les dents, &: on abandonne le refte du corps. Les
deux longues dents ou défcnfes font pour les iMar-
chands ou propriétaires des vaiffeaux : les autres
ne Ibnt que peu ou point cftimées.
Cheval, {Queue dj) eft une herbe dont les feuilles
reifemblent aux crins d'un cheval. On l'appelle au-
trement prêle. En ht'in, e^uijitiim. Voyez Prèle.
Cheval , [Fer de) lé dit , en termes d'Architeéture
civile & militaire , des ouvrages faits en rampe
où on monte des deux côtés, qui repréfcntent un
fer à cheval. Striicliircs. gcnus ad folex ferreœ for-
marn exprelfum. Il y en a dans des maifons de
campagne , & dans des dehors de quelques places ,
qui fervent de demi-lune.
Cheval, (À) fe dit adverbialement. A cheval^ à
cheval, fe dit quand on commande à la cava-
lerie de fe mettre en état de combattre , ou de
partir. Eqiios cojifcendiu.
Cheval fe dit proverbialement en ces phrafes. Il
a changé fon cheval borgne contre un aveugle ;
pour dire, qu'il a perdu iur un rroc qu'il a fait,
foit de cheval-, foit de toute autre chof.. On dit ,
à cheval donné on ne regarde point à la bouche ;
pour dire , qu'on reçoit les préfens tels qu'ils font :
& ce proverbe fe dir en italien &; en elpagnol de
même : A caval donato non jl "iiarda nclla hocca.
On dit aulfi que l'œil du maître engraiiîc le che-
val ; pour dire , qu'il ne faut point le repofer fur
les valers du foin des chevaux , ni même de
toutes les autres affaires d'une maifon. On dit d'un
homme , qu'il n'a ni cheval ni mule •, pour dire ,
qu'il n'a aucune monture , qu'il eft contraint d'aller
à pié , qu'il eft gueux. On dit aulTi qu'un homme
eft mal à cheval ; pour dire , qu'il n'eft pas bien
dans les affaires , qu'il eft proche de la ruine.
On dit auiïl , qu'un homme fait le cheval échappé ,
quand il eft libertin , emporté , incorrigible. On
dit encoie , je lui ferai voir que fon cheval n'eft
qu'une bête , pour dire , je lui ferai voir qu'il n'a
pas raifon. On dit aulfi , qu'il eft aifé d'aller à
pié, quand on tient fon cAeva/par la btide -, pour
dire , qu'on foufïre bien de petites incommodités
volontaires , quand on s'en peut délivrer fi tôt
qu'on le veut. On dit aulfi , qu'il fait bon
tenit fon cheval par la bride , pour dire , qu'il ne
fe faut point deflailîr de fon bien de fon vivant.
On dit aulfi , qu'un homme monte fur fes grands
chevaux ; pour dire , qu'il parle en colère &: d'un
ton hautain. On dit aulfi , qu'un homme eft bon
cheval de Tromperte , qu'il ne' s'épouvante pas
pour le bruit , lorfqu'il ne craint point les me-
ci-i E
naces ni les cricrics. On dit auflî , qu'il parle à
cheval; pour dire , qu'il parle en maître , avec au-
torité 5 ou qu'il parle bien à fon aifc. On appelle
un homme fort groilier & ftupide , un cheval de
carrofle , un cheval de bat , un gros , un franc
cheval. On dit , il n'eft fi bon cheval qui n'en
devint rojfc -, pour dire, qu'on a £iir travailler ex- ■
ceilivement quelqu'un. On dit au contraire , que
jamais cheval gentil ne devint rollé \ pour dire ,
qu'on donne même en fa vicillede des marques de
ce' qu'on a valu dans fa jeunellé. On dit aulfi ,
qu'il n'y a fi bon cheval qui ne bronche ; pour
dire , que chacun eft fujet à laite des fautes. On
dit encore , des femmes & des chevaux , il n'en
eft point fans défauts. On dit qu'un cheval eÙ. chargé
de maigre , qu'il vienr de la Rochelle , d'un cheval
qui n'eft pas gras \ par allufion à un poillbn qiii eft
commun à la Rochelle, appelé maigre; Se auili
à caufe de la difette qu'on avoit foufterte .à ce liège.
On dit auffi , jamais cheval ni méchant homme n'a-
menda pour aller à Rome. On dit auiîi , il eft bien
temps de fermer l'érable quand les chevaux s'en font
enfuis , pour dire , qu'il n'eft plus temps de chercher
des précautions quand le mal eft arrivé. On dit
qu'un coup de pié de jument ne fait point dfe mal au
cheval ; pour dire , qu'un hom.me doir prendre
galamment toutes les malices que lui font les
femmes. On dit auffi , qu'à un cheval hargneux
il lui faut une étable à paît ■■, pour avertir que
quand on voit des gtondcurs , il fe faut féparei:
de leur compagnie. On dit encote que les chevaux
courent les bénéfices , & que les ânes les attrapent*
On dit 5 après bon vin , bon cheval ; pour dire ,
qu'un homme qui a bien bu , fait bien trouver des
jambes à fon cheval. On dit , pour fe mocquer d'un
train en défordre , c'eft l'ambaliade de Viarron j
trois chevaux & une mule. On appelle une felle
à tous chevaux , une chofe qui peut fervir à plu'^
fieurs ufages , en pluiîeurs occafions , comme des
lieux comm.uns , de certains difcours généraux , &Ci
On dit aulfi , qu'on a cherche quelqu'un à pié &
•à cheval ; pour dire, qu'on a fait toutes les di-
ligences polfibles pour le trouver. On dit aulfi ,
qu'un homme bride fon cheval par la queue , quand
il commence par où il doit finir, On dit encore,
cheval de foin , cheval de rien : cheval d'avoine ,
cheval de peine , cheval de paille , cheval de ba-
taille. On dit auffi, qui aura-de beaux chevaux,
fî ce n'eft le Roi 2 quand on voit quelque chofe
de précieux entre les mains d'un homme riche.-
On dit d'un goinfre , d'un écornifleur , qu'il fe
tient mieux à table qu'à cheval. On dit auffi d'un
travail qui demande peu de génie , mais qui donne
beaucoup de fatigue , que c'eft un travail de cheval.
On dit auHi d'une médecine trop forre , que c'eft
une médecine de cheval. On appelle à Paris cour-
tijans du cheval de bronze , les filous & les per-
fonnes de mauvaife vie qui fréquentent le pont-
neuf pour y attraper quelqu'un On dit d'une pet-
fonne qu'on chatge de toutes les affaires difficiles ,
fatigantes , d'une maifon , d'une fociété , qu'il eft
le cheval de bât. A jeune cheval vieux Cavalier ,
pour dire , que dans les affaires épineufes & in-
connues, il faut s'adreffer à des gens d'expérience.
A méchant cheval bon éperon, pour dire, qu'il
faut un habile homme pour conduire une affaire
douteufe.
On ne convient pas du temps auquel on a com-
mencé à monter les chevaux. Le Scholiafte d'Eu-
ripide & Euftathe , fur le 11^ Liv. de l'Illiade d'Ho-
mère, prétendent que les Anciens n'avoient point
l'ulàge des chevaux de felle , ne fe fervanr des che-
vaux que pour traîner leurs chariots. Ils fbutien-
nent que les courfcs à cheval n'ont été introduites
aux Jeux Olympiques, qu'en l'Olympiade Sj. Mais
cela ne peut être ; car les Cenraures , auxquels
on attribue l'invenrion de monter les chevaux ,
étoient avant ce temps-là. On ptouve auffi par
Paufanias , qu'au temps d'Heicule , qui inftitua les
■ C H Ë
Jeilx Olympiques , il y avoir des coitrres de che-
vaux.
^CT Ciii-YAL , en termes d'APtronomic. Ce qu'on ap-
pelle le petit cheval y eft une conftellation de l'hé-
mifphèr; leprenrrional , compofée de dix étoiles.
C'eft, félon quelques-uns, le c/z^v^/ donr Mercure
iit prcl'cnt à Callor : & , lelon d'autres , celui dont
Saturne prit la forme quand il fut furpris avec Plii-
lyra.
CHEVALEMENT, f. m. Terme d'Architecture. Ef-
pèce d'étaie compol'cc d'une ou de deux pièces de
bois, couverte d'un chapeau ou tête, & pofcc en
arcboutant fur une couche , qui fcrt à retenir en
r.;ir les encoignures , rrumeaux , jambages fous pou-
tres , &c. pour faire des reprifes par dcUbus œuvre.
TibidJu Voyez Chevallt.
CHEVALER. v. \\. Courir çà & là , faire plufieurs
allées & venues pour une affaire , pour obrenir
quelque chofe. Concurj'are hue & illuc ; moU'
ftum elfe iji pofluliindo fréquenter & enixh ijuid-
plani. il a ckev.ilé pcndanr long temps pour ob-
tenir une commillion , un emploi. On lui a fait
un procès qui le fera bien chevciler , bien courir.
Ce mor cft vieux. Mczcray s'en eft fervi dans le
fens de , pouriiiivre à cheval. ALiquem equo per-
jequi. 11 les chevala tant , qu'il leur donna fur la
queue.
|!Cr On s'efl: aufll fervi de cette exprefîion mérapho-
rique pour lignifier, queftionner quelqu'un , rour-
ner en différentes manières ce qu'on lui propofc
pour le laire tomber en conrradidtion. Jamais une
perfonne accufce ne fut tant chevalee par un Juge.
Recherches de Pafq. p. 4(^1. Il ne vaut pas mieux
d'une façon que de l'autre,
j Chevaler, lignifie auffi , étayer une maifon , un
EL mur qu'on reprend fous œuvre , qu'on fourient
avec des chevalets. Ruentem domum fulcire tibi-
cine. Il p'eft pas ufîté. On dit mieux , étayer.
CiiEVALER , en termes de Manège , fe dit de l'ac-
tion du cheval , quand en paffcgeant au pas
ou au trot , la jambe de dehors de devant
croife ou enjambe à tous les féconds temps fur
l'autre jambe de devant. Equum volut.itim cir-
cuma^ere.
CHEV.ÀLERËSSE. f. f. Un nouvel Hiftorien s'eft
fervi de ce mot pour fignifier une femme qui a
un Ordre de Chevalerie , comme ça éré la cou-
tume en Bretagne ; mais c'eft être trop hardi , ou
trop barbare , que de bazarder ce terme dans un
ouvrage férieux •, c'eft tout ce qu'on pourroit faire
en badinant dans la converfarion.
Les Dames avoienr ce privilège en Bretagne ,
«qu'elles pouvoienr erre honorées du collier de
l'Ordre des Ducs -, & l'on voit dans le caralogue
des Chevaliers de cet Ordre, les noms de quel-
ques-unes de celles que les Ducs onr jugées
dignes de porrer cette marque d'honneur & de
diftinélion. LobineAu. T. I, p. 85:0.
/CHEVALERIE, f. f. Ce mot a plufieurs acceprions
différentes. Il fignifie , ordre , honneur miliraire ,
marque , degré de l'ancienne nobleflé , & récom-
penfe de quelque mérire pcrfonncl. Equitum Ordo.
Il y a quatre fortes de Chevalerie , la militaire •, la
ré'/jdihe , l'honoraire & la fociale. Militaris , regu-
laris , honorari.i , focialis, La militaire eft celle
des anciens Chevaliers , qui s'acquéroit par des
haurs faits d'armes. Les Chevaliers fonr'nommésOTz-
lites dans les anciens tirres -, &c par-là ils font di-
ftingués des Bacheliers & Damoiieaux. Les Princes
mêmes étoient laits Chevaliers avec cérémonie. On
leur ceignoit l'épée , & on leur chauffoit les
éperons dorés : d'où vient qu'on les appcloit les
Chevaliers du baudrier & les Chevaliers dorés. Les
Rois ont fouvent voulu recevoir eux-mêmes la
Chevalerie , &c la faire donner à leurs enfans
par les plus grands Capiraincs de leur fiècle. Ber-
trand du Guefclin , tenant l'an iî^i Louis de
France I du nom , fils puîné de Charles V , fur
les fonts baptifmaux , en qualité de fon fécond
j^atrein , félon la roun:me de ce temps-là, le fie
Chevalier. Le Duc de Bourgogne ht Chevalier
Louis XI , à fon facre à Reims. François I , en
î 5 1 5 , reçut la Chevalerie des mains du Chevalier
Bayard ; & Henri II , encore Dauphin , des mains
d'Oudard de Biez » Maréchal de France, au camp
d'Avignon. Saladin Soudan, d'Egypte , voulut re-
cevoir l'honneur de Iz Chevalerie des mains d'Hu-
gues de Saint Orner , Seigneur de Tabarie ou Ti-
bériade , Chevalier Ghrérien , & François de na-
rion. La Chevalerie régulière eft celle des Ordres
Militaires où l'on fait profeffion de prendre uii
certain habit, de porter les armes contre les In-
fidèles , dé favorifer les Pèlerins allanr aux lieux
faints , & de fervir aux Hôpiraux où ils doivent
être reçus. La Chevalerie d'honneur eft celle quié
les Princes communiquent aux autres Princes , aux
premières perfonnes de leurs Cours , & à leurs
favoris. La Chevalerie fociale , eft celle qui n'cft
pas fixe, & qui n'eft ni confirmée par des Papes,
ni réglée par des ftatuts qui foient de durée. Auflî
il y en a plufieurs qui ont été faites pour des fac-
tioiîS , pour des tournois , pour des mafcarades ,
&c. donr il y a plufieurs exemples dans l'Hiftoire ,
& qui onr eu divers noms.
La Chevalerie s'obtient , on ne Papporre point
du fein de fa mère , comme la fimple nobleffe»
Les fils des Rois , & les Rois même , avec rous
les autres Souverains , ont reçu aurrefois la Che-
valerie comme une marque d'honneur. On la con-
féroit d'ordinaire après le Baptême des Princes ,
à leurs mariages , à leurs facres , à leur couron-
nement , à une paix , devant ou après une ba»
taille, ou une conquête confidérable. La Cheva-
lerie ne fc peut point révoquer. Il y a des Che-
valiers en loix, comme des Chevaliers d'armes oii
d'épécs. Bien que les feuls Chevaliers puiffent
conférer la Chevalerie , les Papes & les Rois nz
font point fujets à cette règle.
Morifot 5 Hifl. Or bis Maritimi. Liv. II , c, 50,
fait le dénombrement des Ordres de Chevalerie.
Le catalogue le plus complet que nous en ayons
trouvé , eft celui que l'Abbé Bernardo Juftiniani
a mis à la tête de fon Hijloire des Ordres de
Chevalerie. Il en compte 91, Favin en a donné
deux volumes, fdus le titre de Théâtre d'honneur
& de Chevalerie ; Menenius , fous le titre de De-^
liciœ Equeftriiim Ordinum ; André Mendo , de Or-
dinibus Militaribus. Be!oi a écrit de leur origine ,
& Geliot, dans fon Indice Armoriai, a donné le
dénombrement & l'inftitution des Ordres de Che-
valerie. Voyez encore un Traité de Nobleffe im-
primé à Orléans en lô'Si , &: un autre du P.
Mencftricr, qui a pour ritre, Atli Chevalerie an-
cienne & moderne. Ajoutez encore Jofeph de Mi-
chieli , Tréf. Militaire ; Franc. Carro de Torrès ,
Hifioire des trois Ordres Militaires. Jer. Cara-
muel , Theologia Regolare. Emmanuel Rodri-
guez , Quefiion Regolar. Le P. André Mendo , De
"Ordinïbus Militanbus. J. Soranzo , Vidée du
Chevalier. Mirœus , Origines Equefirirum five
Militarium Ordinum, L. II. Bernardo Juftiniani,
Hifiorie Chronologicke del l'origine de gCOrdini mi-
litari e di tutte le Religioni Cav aller efche. L'édirion
de Venife iiîgi, en deux Tom. in-fol. Aéàïce au
Roi Louis XIV , eft la plus ample. " Voye^ le Ca-
talogue qui eft à la tête du P Tom. de VHiJlt
des Ordres Religieux.
ChevaleAie fe à\i , par extenfion, de la bravoure
&: des exploits extraordinaires. Illujlria facinoa.
Ce Roman conrient plufieurs haurs fairs d'armes
& de Chevalerie. Un Efpagnol a foutenu que l'hi-
ftoire de Dom Quichorte a ruiné la Monarchie
d'Efpagne : car en rournant en ridicule les prouefles
& les exploits de la Chevalerie , elle a fair honre
aux Efpagnols de certe bravoure amoureufe & ro-
manefque -, & ils fe fonr laiffé aller à l'indolence
& à l'oifiveté. La v^'lupart des Chevaleries avoient
des marques de diftindion , des livrées , des de-
ji8
C H E
vifes 5 & particulièrement des dorures Sc des four- [
rures de vair : ce qui donna lieu à la qualité de
Chevaliers dores. P, Menest.
Chevalerie s'eft dit, en pays coutumier , des
lieux & métairies chargées du logement des gens
de guerre a cheval. E^uuum hojfaia. D'où vient
que pluiieurs portent le nom de la Chevalerie , ou
des terres fujertes à ce droit-là
|)CF Chevalerie, {^^ide de) Taille qu'il eft permis
au Seigneur de lever, dans certaines coutumes,
quand il £ur Ion fils Chevalier.
CHEVALET, f. m. Banc ou tréteau qui Tert à don-
ner la qucfbon , qui fait bander les cordes lur lef-
quellcs les corps des criminels font fiifpendus en
l'air. Equukus. Les roues ni les chcvaUts n'ont
^ point ébranlé la confiance des Martyrs.
Chevaiet , chez les Anciens, étoit auifi une efpèce
de fupplice ou torture, qui n'étoit autre chofe
qu'un cheval de bois fait en talus ou en dos a'àne ,
qui avoit un angle fort pointu fur lequel on met-
toit le patient , auquel on attachoit des poids aux
pieds. On en voit encore dans les corps de Gardes
des citadelles. On y met les Soldats de la garnifon ,
pour les punir des fautes qu'ils comptent. Il eft ainli
décrit dans le livre de Hieronymus Magius de
Eqiiuko , qu'il écrivit , dit-on , en priion chez
les Turcs, auilî-bien que fon Traité des Cloches,
&: fans autte fecours que celui de l'a mémoire.
Sigonius a fait aulli un Traité fur le même
l'-^et.
Chevalet , en termes de Charpenterje , fe dit d'une
pièce de bois affemblée en travers fur deux autres
pièces à plomb, pour foutenir des planches, des
folives , qui fonr des ponts lur les petites rivières ,
&qui fervent en mille autres occalions. C'.-2///tri/,j,
C'efl encore ra/femblage de deux roukts fur le
faîte d'une lucarne. On appelle ms^x chevalets ,\zs
étaies qu'on met aux batimens pour les reprendre
fousœuvre , pour y mettre des poutres, 6"'c. gC? On
en fait le fynonyme de chevalement. Je croirois
pourtant que chevalet eft l'étaie même qu'on met
à un édifice pour le reprendre fous œuvre-, & c/^t-
■ra/£OTe;2/, l'aétion de mettre cette étaie. Ce cheva-
lement a tant coûté. En général les Artifans appel-
lent chevalet, tout ce qui Vert à élevet ou bailler leur
ouvraç^e , à le tenir à une hauteur convenable pour
travailler plus commodément. Ainli le chevalet eft
chez les Serruriers & Taillandiers , une petite ma-
chme de fer fur laquelle on m^t le foret pour per
cer le fer. Il y a aufii chez les Serruriers un che-
valetl blanchir, c'eft-à-dire , qui ferra blanchir
le fer. C'eft, chez les Tanneurs , une pièce de bois
creufe & ronde, longue de quarre ou c'pq pies,
far quoi on quiofle les cuirs. C'cft , chez les Cor-
diers , une efpèce de haure felle à cinq pies pour
ioutcnir la fangle , lorfqu'on en fait, C'eft , chez les
Meiiniers , un morceau de bois qui tient une corde
foutenant l'auretde la trémie. Les Pilores appel-
lent chevalet , le clou qui attache l'alhidade à Paf
trolabe : on l'appelle auiîi écroue.
Chevalet eft auHl une petite re£?le ou pièce de
bois qu'on pofe à plomb fur la table des inftrumcns
de Mufiquc, pour en foutenir les cordes. Fidium
canteriolus . Le chevalet d'un»- épinctte , d'un vio-
lon. Le chevalet mobile d'un monochorde fait voir
la proportion que les tons ont avec hs divif ons de
la ligne fur laquelle la corde eft fndi;?. Le che-
valet du luth, du théorbe, ùc. eft la partie où font
attachées les cordes par en bas. Le manicordion a
cinq chevalets. Ce mot vient d'utr diminutif de cjî-
hallus, parce qu'il porte les cordes comme un che-
val porre un homme. Ménage.
Les Imprimeurs appellent auffi chevalet., la parti.'
de^ja prefle fur laquelle s'arrête le batreau aprè^
qu'il a tiré. Il y a encore le chevalet du tympan.
Chevalet, en rermes dePeinrure, fi^nifie aufTi une
machine de bois , efpèce de pupitre en forme de
trépié, fur leoucl les Peintres pofenr l?i;rs ra-
bleaux , dans le temps qu'ils y travaillent. Tous
C H E
les ouvrages de moyenne grandeur s'appellent ta-
bleaux de chevalet , parce qu'il ne s'en fait point
d'autres fur le chevalet. Le PoufTm n'a guère fait que
des ouvrages de chevalet. Machina piclorum tabulas
JujUnens. Ils le hauffent ou ils le baillent par le
moyen de divers trous qui font aux côtés du châf-
fis. Les Sculpteurs le difent auHi du pié fur lequel
ils pofent leur modèle.
Chevalet , eft aufll un échafFaut de Couvreurs, qu'ils
nomment autrement triquet.
Chevalet, enAftronomie, eft l'une des conftella-
tions fcptentrionales : on l'appelle autrement pou-
lain mi-parti.
Chevalet, en termes de Marine, eft une machine
avec un rouleau mobile , qui fert à palier des cables
d'un lieu à un autre.
Chevalet , terme de Guerre. Ce font deux fourches
fur Icfquelles porte un travers , pour foutenir les
armes du piquet. Les Sergcns de piquet doivent
détacher fix hommes avec des haches &; des li rpes ,
pour aller couper au bois le plus prochain deux
fourches & un rravers pour faire le chtvalet, qu'on
mettra i la droite du camp de chaque bataillon,
en travers de la première tente des Grenadiers , au
premier failfeau , un pas en dehors. Sitôt qu'il fera
fait, ils doivent faire reprendre les armes aux fol-
dats , &; les leur faire pofcr à droite & à gauche du
f.^ci'.r/<./. Lorfqu'on en aura le rcmps , il faudra y
faire faire un abri couvert de brarches d'arbres,
ou de paillé, pour garantir les arn.es de la pluie.
BOMBELIES.
fCT Chevalet, terme d'Hiftoire, Fête inftituée à
Montpellier depuis Pierre II Ko: ci'Arr:gon , qui
avoit époufé Marie , l:lle unique de Gu)ll2umc
Comte de Montpelliei'. Ce Prince devint épcrdu-
mert amoureux d'unv jeune fille de Montpellier,
nommée Catherine RebufFe , f-: oublia bicntctla
Reine fon époufe. Son averfion pour ille rnr.nr.cn-
tant tous les jours , la face des anc'ens Courtes de
Marfeille alloit être éteinte ,fans leftratr.gén c dont
fe fervit la belle Catherine, en nictt;Tnt la Rtine
à fa place dans fon l't , une nuitqu'e'le art.-.ndoit
le Roi. Pierre ne diftirgua point l'cpouie , delà
maîtreiU' -, S: dans la fuite il fut ravi de devoir à
cette innocente tromperie la raifiî.nce d'un héri-
tier légitime. Catherine n'en fut que plus confidé-
rce de tout le n onde , & plus aimée du Roi, qui
voulut un jour entier publiquement dans la ville
de Montpellier , monté fur une haquenée blanche,
portant a niaîrrelîé en crcupe. Les habitans , flatés
de l'honneur qu'avoir reru leur concitoyenne, de-
mandèrent au Roi certe même haquenée , qu'ils ob-
tinrent, & impolèrent à la ville la charge de la
nourrir. Elle vécur pendant près de vingt ans , &
ne paroiiîoir que le même jour c^ue le Roi avoit
fait l'on entrée. On la promenoir autour de la ville,
les chemins étoient jonchés de fleurs , & toute la
jeunefle étoit autour, chantant 6c danfant. On prit
goût à cette fête i & après la morr de cette pauvre
bcte , on s'avila de remplir fa peau de foin , & de
recommencer tous les ans la même céiémonie. C'eft
ce qui a donné naifîance à lafête du chevalet. TJn
jeune homme proprement vêtu , monté fur un che-
val de carton , lui fait faire le manège au fon des
hautbo's & des tambourins : un de fes camarades
tourne ai'tour de lui , ayant un tambout de bpfque,
dans lequel il fait fem.blant de vouloir donner de
l'avoine au chevalet. L'adreffe confifte à faire éviter
l'nvoine au clievalet f^ns fe détourner de fon exer-
cice, Sc le donneur de civade doit le fuivre dans
roufs lés cnracolles , fans s'cmbarraflér avec lui :
c-r qui 'c fait tou'ours en cadence.Vingt-quarre dan-
feurs, vêtus à la légère . avec des grelots aux 'ambe";,
& conduit^ par deuxCan'ra'nes, fe mêlant autour
des deux autres (*^' s'entrelacent en plufe'ir- faconi;,
P" dnnfn'-r les mêmes ri"-audons que le chevalet.
CHEVALT'UREUX.adj. Vieux mot qui fe difoir au-
trefois des grands exploits des Chevaliers, foit à
G H Ë
la guerre , foit dans les tournois. Courageux. Ilhif-
tris 3 egrtgiiis , nobilcs,
Recevei'le , Prince cheval eureuxj
Pour faire vous ( voire nous) bienheureux. Marot,
Les noms de vos Ayeux ,
Depuis Hugues Capet toujours chevaleureux.
Rousseau.
CHEVALIER, f. m. Le premier degré d'honneur de
l'ancienne milice , qu'on donnoic avec certaines
cérémonies à ceux qui avoient fait quelque exploit
lignalé qui les diftinguoit des autres gens de guerre.
E.jues. Ainii on appelle Chevaliers , les gens ifliis
de la haute & ancienne noblcile , ou qui ont été
faits Chevaliers par les Princes. On faifoit bien des
cérémonies pour la création d'anChevalier. La prin-
cipale étoit le Ibiifflet , &c un coup d*épce fur l'é-
paule. Enfuite on lui ceignoit le baudrier & l'épée
dorée, & on l'ornoit de tous les habillemcns mi-
litaires ; après quoi , étant armé Chevalier , il étoit
mené en pompe à rEglilc. Il falloit être Chevalier
pour armer un Chevalier. Il y avoir des Chevaliers
de robbe , auffi bien que d'épée ; il y en avoir même
d'Eccléliaftiques. On trouve encore dans les Coutu-
ines , qu'il étoit dû un certain droit par les vaiîaux
à leur Seigneur , quand ion fils aîné étoit idÀtCh^-
valier. On l'appelle aide cheval. Ce droit ne ié
paye plus que quand le Seigneur ell: fait Cheva-
lier àz l'Ordre du Saint-Ei'pnt. Le Roi anoblilibit
un roturier , en le failant Chevalier: ce pouvoir
étoit attaché à la perlbnne du Roi : car ceux qui
étoient faits Chevaliers ^3.t\.our. autte que le Roi ,
n'étoient point anoblis par le Icul honneur d'être
Chevaliers. Il paroît même qu'il n'ctoit pas permis
à d'autres de faire des roruriers Chevaliers. Deux
Arrêts du Parlement de Paris , donnés en 1280 &;
1181 , condamnent Guy Comtes de Flandre, &
Robert Comte de Nevers fou fils , à une amende
envers le Roi , pour avoir fait Chevaliers des gens
qui n'étoient pas Gentilshommes. Les Coutumes
de Paris & d'Orléans portent que fi quelqu'un étoit
convaincu d'avoir furpris le ritre de Chevalier , on
le dcclaroir indigne de noblcile , & l'on briibir iês
éperons fur un fumier. Cette qualité de Chevalier
s'avilit par le nombre , & par la facilité que l'on
apportoit à faire des Chevaliers. Monlhelet rap-
porte que Charles VI en fit 500 en un feul jour.
Q$Ê chercha donc quelques marques de diftincf ion
pour relever le rirre de Chevalier. Le Roi , au lieu
de l'accolade , leur donnoit un coller d'or , &c.
Ces vieilles coutumes font abolies. Foye^ l'Or-
donnance & la manière de faire de nouveaux CVie-
yaliers, qui efl: écrite par Du Cange far le mot
miles. Le Chevalier Bayard fut furnomimé le Cheva-
lier fans peur &• fans reproche. Csas qualité efl: au
delî'us de la qualité d'Ecuyer , ou de fimple Gen-
tilhomme , Se efl: encore prife à préfent par ceux
qui polTedent les premières charges & di2;nirés ,
tant d'épée que de robte. Un Duc , un Comte ,
un Maréchal de France , prennent le titre de Che-
valiers. Le Chancelier, le premier Prclidenr tout
de même. Boutilicr écrit qu'au léul Chevalier ap-
partient de porter harnois doré en tous états , &
habits , tant à cheval qu'à pié. En vieux françois
on difoit Chai , pour dire , Chevalier , d'où efl venu
le mot de Sénéchal , quajl faiex Eques ; pour dire,
vieux Chevalier.
Armer quelqu'un Chevalier , pour le faire Che-
valier. Incontinent après la réduction de Ceura ,
le Ftoi dePortufral Jean I, fit confacrcr la 2:rande
Mofquée , que l'on dédia avec beaucoup de folen-
nitc à l'Apôtre S. Jacques. Le lendemain de cette
cérémonie il y alla entendre la Me'fe , à Vlffiie
de laquelle il arma Chevaliers les Princes fes fils ,
3-^i^flfî-bien que plufieurs autres Seigneurs , qui tous
s'étoientglorieufem°ntfignalés dans cette conquête
Le QuiEN delaNeuv.
C5HË ji^
La plus haute dignité où l'homthc de guerre put
afpirer , croit celle de Chevalier. Il ri'y'avoit que
les Chevaliers que l'on traitât de Meifire & de
Monfcigneur-, & on ne traite encore au;oard'hui
le Parlement de Noffeigneiirs , qu'en mémoire des
Chevaliers qui le cornpofoient autrefois. Il n'y avoit
que les femmes des Chevaliers qui ié fiiîênt appe-
ler Madame. La dignité de Chevalier étoit fi grande,
que le Rois'cn faiibit honneur; les Chevaliers man-
geoient à fa table , avantage que n'avoienr point
les fils, fes frères, fes neveux , qu'ils nxaur.nt été
faits Chevaliers. On ne faifoit point de Chevalier ^
qLi'il ne fi'it noble de père & de mère; le moins
c'éroit de trois races. On n'en failbic aucun qui
n'eiit fervi avec éclat, & qui ne fût en réputation
d'homme incapable de commettre un crime ou une
lâcheté. Il fe faifoit des Chevaliers en temps de paix
& en temps de guerre. A la guerre , fans grande
façon , le Roi ou le General , en faifoit avant le
combat , & plus ordinairement après. Pour lors ,
toute la forme éroit de leur donner fur une épaule
deux ou trois coups d'épée , en leur difant à haute
voix -.Je te fais Chevalier, ij« nom du F ère , & du.
Fils & dujdint Ejprit. Lorfque pendant la paix , à
'l'occalion d'un mariage ou de quelque autte folen-
nité, il fe faifoit une promotion , c'étoitavec plus de
pompe & bien des formalités. Le Novice , je veux
dire, le Gentilhomme qui devoit être fait Chevalier j
pafloit la nuit d'auparavant à prier Dieu dans une
Eglife. Son habir , en ce premier Jour , étoit une
Ibutane brune , toute unie & fans ornement. Le
lendemain , il communioit , puis il alloit au bain ,
où il quittoit la robbe brune , qui étoit l'habit
d'Ecuyer; celui de Chevalier étoit d'Une forme par-
ticulière & d'une étoiîé bien plus riche. Après s'être
baigné , le Novice ié mettoit au lit , afin d'y rece-
voir les vifites de cérémonie. Quand elles étoient
finies , venoient deux ou txois Seigneurs qui lui
aidoient à s'habiller. Sa chemife étoit brodée d'or
par le col & par les poignets. On lui mettoit fuiT
fa chemife une manière .de camifole faite de petits
anneaux de fer joints enfemble, en forme de mailles.
Par deifus cette jacque de itiaille, autrement appelée
haubert, il avoit un pourpoint de buffle, fur ce
buffle , une corte d'armes , & fur le tout , un grand
manteau taillé comme efl: aujourd'hui celui du
Roi &: des Pairs. Le Novice en cer équipage , qui
étoit fort embairallânt, faifoit ferment à genoux ,
de n'épargner ni vie ni biens, à défendre la Re-
ligion, à faire la guerre aux Infidèles, à protéger
les orphelins, les vedves , les indéfendus. C'étoit
là le but principal de l'ancienne Chevalierie. Le
ferment prêté , les Seigneurs les plus qualifiés lui
chaufToient des éperons dorés ; d'autres lui préfen-
toient le ceinturon, où pendoit une longue épée
dans un fourreau couvert de toile , & Yemé de
croifettes d'or. Il falloit que cette longue épée fût
bénite par un Prélat, & qu'elle eût pofé fur l'Autel
pendant un temps confidérable. Le nouveau Che-
valier , fi c'éroit un Prince ou un Roi , alloit la
prendre fur l'Autel. Quelquefois c'étoit un Evêque
qui la lui mettoit au côté ; plus ordinairement le
Souverain qui faifoit la cérémonie , mettoit lui-
même au Novice l'épée & le ceinturon ; puis après
l'avoir embrafié, il lui donnoit fur les épaules deux
ou trois coups de plar d'épée. Cette cérémonie,
la plus grande qui fût alors , fe faifoir au fon das
trompettes , des hautbois & autres inn:rumens ,
& étoit fuivie de feftins , de ballets &: de maf-
carades. Il y avoit des grands & des petits Che-
valiers. Les grands s'appeloient Bannerets ; les
petits. Bacheliers. Le Gendre.
Chevaliep. Romain, étoit le fécond degré de No-
bleflé parmi les Romains , qui fuivoit celui des
Sénateurs. Eques Romanus. Dans le temps de là
fondation de Rome , toute la milice de Romulus
confifl:oit en trois mille hommes d'infanterie , &
trois cens hommes de cheval. Or ces trois Centu-
ries d'hommes à cheval font la première origine
^io CHE
des Chevaliers Romains. Céioit le fécond Ordre
qui iliivoit le Sénat. Maniice Se Sigonius ont cru
que Romulus , outre l'Ordre Equeltre , & ces Che-
valiers qui marchoknt après les Sénateurs , avoit
inftituc une Chevalerie militaire oppolee à l'uitan-
terie. Mais les Auteurs ne font aucune mention
d'une Chevalerie difrincle pour la guerre, 8c d'au-
c«n autre Ordre de Chevaliers du temps de Romu-
lus , que des trois Centuries qui ont été la Iburcc
& le tondement de l'Ordre EquePax-. Ils avoient ui'
cheval entretenu aux dépens du public-, mais il
quittoient le cheval public quand ils montoient au
rang des Sénateurs. Ils dépolbient les marques S-
les prérogatives de Chevaliers , quand ils croient
élevés à une dignité plus honorable. Ils ne rctc-
noient que l'anneau d'or. Il falloit avoir un certaii
revenu prefcrit pour être Chevalier , afin que la pau-
vreté n'en avilit point le rang: de h l'on n'ayoit pas
le revenu marque , e^uejîris cenjiis , l'on étoit efface
du rôle des Chevaliers par le Cenléur, &; l'on de!-
cendoit à l'ordre Plébéien. On a fupputé qu'il
étoit fixé à dix mille écus de revenu, L'Ordre des
Chevaliers s'accrût li fort, qu'il balança depuis la puil-
lance du Sénat & du peuple. Ils négligèrent les
fondions de la guerre , & s'occupèrent dans Rome
à des emplois civils : enforte que Pline a obrervé ,
que de Ton temps , les Chevaliers n'avoient plus d-
cheval entrerenu du Trélbr public. Grjïvius. D'au-
tres foutiennent que l'Ordre des Chevaliers diftinéi
du peuple, ne commença que du temps des Grac-
ques. Alors on leur accorda le privilège , que les
Juges ne pouvoient être pris que de leur Corps ,
èi^àç leur Ordre. Depuis on leur donna entrée
au Sénat. Du moins , ians qu'il fiit néceiTaire d'ê-
tre dcfcendu de ces anciens Chevaliers, il fuffifbit
d'avoir le revenu fixé , pour être mi^ par le Cen-
seur fur le rôle des Chevaliers. Loyseau. Ovide
étoit Chevalier Romain. Cicéron étoit Chevalier.
Les Patriciens , c'e(l-à-dire , les defcendans des
premiers Sénateurs établis par Rom.ulus , & les
Chevaliers , c'eft-à-dire , les defcendans de ces
trois Centuries , pouvoient feuls parvenir à la
disnité de Sénateurs -, mais après l'cxpullion des
Rois , les familles Plébéiennes furent auili admifes
au Sénat. Id,
Chevalier , eft aufTi celui qui efl: reçu dans quelque
Ordre Militaire fenlcment, ou Militaire &: Reli-
gieux tout cnfrmblc , inftitué par quelque Roi
ou quelque Prince , avec certaines régies & mar-
ques d'honneur. On ne rcçoir dans les Ordres des
Chevaliers , que ceux qui ont tait des preuves d'an-
cienne Noblede. Chevalier des Ordres du toi ,
eft celui qui eft Chevalier des Ordres du S. Efprir &
de S. Michel. Eqiies Spiritus Sajicti & Sancli Mi-
chaUis. L'ordre des Chevaliers de S. Michel fut
érigé par Louis XI, le premier d'Août 141Î9 , a
caufeque S. Michel étoit Protedeur de la France:
il fixa le nombre dts Chevaliers à 37. L'ordre du
S. Efprit a été inftitué par Henri III en 1588.
L'ordre de S. Michel feul ne donne aucune pré-
rogative , ni aucune préféance. On appelle Cordon
bleu , celui qui eft Chevalier de l'Ordre du S. Ef-
prit , parce que la marque de Cet Ordre eft une
croix du S. Efprit attachée à un cordon bleu mis
en cchatpe , & une autre croix en broderie fur
le manteau , & fur le jufte-au-corps. Le Roi Jean
en 1 351, avoit établi 1 Ordre de l'Etoile, ou de
la Vierge Marie : il s'avilit bien tôt. On ne le
donne qu'aux Chevaliers du Guet. Il y a des Cheva-
liers c[m font aulfi Moines ou Religieux, & qui
font des vœux : comme les Chevaliers de Malte ,
i?ie S. Lazare, E^ues Melitenfis, E..]ues jancli'Lar^ari,
de S. Jean de Jérufalem , de l'Ordre Tcutonique,
£'c. Ragueau fait mention des Chevaliers de Loix ,
■après Froillard, des Chevaliers delà Cornette ou
é^ armes , U des Chevaliers des Bains , qu'on bai-
gnoit avant leur réception -, ces Chevaliers n'ont
pas fait beaucoup de bruit dans.I'Hiftoire.
Chevalieb. d$ l'Ordre, Dans les Ecrivains du dernier
CHE
fiècle, lignifie Chevalier àç l'Ordre du S. Efprit. Che-
valiers des Ordres du Roi , lignifie , que celui dont
on parle eft Chevalier des Ordres que le Roi con-
fère , & dont il eft Grand Maître. Chevaliers des
trois Ordres du Roi , s'entend des Chevaliers des
Ordres de S. Michel , du S. Efprit & de S. Louis.
Chevalier de S. Louis. Eques Sancli Ludovici. L'Or-
dre de S. Louis eft un Ordre Militaire nouvelle-
ment inftitué pur Louis XIV en KÎp;. La valeur &
les fervices rendus dans les armées, font les fèuk
titres pour^y être admis. Le Roi eft le Chef & le
Grand Maîtie de l'Ordre. Les Grand-Croix au
nombre de huit, & les 14 Commandeurs , portent
un large ruban rouge en écharpe , d'où pend une
croix d'or cantonnée de fleurs de lys d'or , charo-ée
d'un côté de l'image de S. Louis, Se de l'autre, d'une
épée flamboyante , dont la pointe eft pafTée dans
une couronne de lauriers avec ces mots. Prxmium
virtutis tellicœ , c'eft-à-dire , Réccmpenfe du méri-
te acquis à la guerre. Les fimples Chevaliers portent
feulement la croix attachée fur l'eftomac avec un
petit ruban de couleur de feu.
Chevalier d'A^e , à l'égard de l'Ordre de Malte , eft
celui qui 'é prclente au Chapitre du Grand Pri.uré ,
pour être reçu fuivant les ftatuts de l'Ordre. Qui
cum œtate re^uijita ad Melitenfem ordinem acceiit \
£c Chevalier de Minorité, eft celui qui tft reçu à
l'âge de deux, de trois, ou de lix ans, en vertu
d'un Bref du Pape. Qui ante re.quijïtam atatem
oktento à Pontijice Jummo diplomate ad Melitenfem
ordinem accedit.
Chevalier de Juflice. On appelle ainfî dans l'Or-
dre de Malte &: dans d'autres Ordres Militaires ,
les Chevaliers qui font obligés de faire les preuves
de noblcHe , à la différence des Frères fervans,qui
ne les font pas.
Chevalier , eft aufFi celui qtii donne la main à la
Reine pour marcher -, & on l'appelle fbn Chevalier
d'honneur , Ducior hcnorarius. On le dit aufli de
Madame la Dauphine & de Madame.
Chevalier , eft aulli celui qui commande les Archers
qui font la garde de nuit à Paris. Figilum Preefec-
tus. On l'appelle le Chevalier du Guet. On le
trouve nommé Miles Gueti dès l'an 1254, dans
une Or^ionnance de S. Louis, il eft établi à Paris
par le Roi, & porte le collier de l'Ordre de l'Etoile,-
On appelle fa femm-e la Chevalière du Guet. Quel-
ques-uns croient que le Chevalier du Guet a tiré
ce nom de l'abandon que Charles V lui fit de l'Or-
dre de l'Etoile , & que c'eft là ce qui lui a donné
le titre de Chevalerie : mais M. de la Mare, Tr.
de la Pol. L. I , T. XIIÎ , c. 1 , prétend que non,
parce que l'Ordre de l'Etoile ne fut inftituc par
le Roi Jean que l'an 1 5 j i , & que le Commandant
du Guet poitoit le titre de Chevalier , long temps
auparavant ; ce qu'il prouve , parce qu'il étoit ap-
pelle , comme nous avons dit , Miles Gueti , &C que ,
félon M. de la Roque , dans (onTraité de la No-
hlejfe , on appelle en françois Chevalier celui qui
étoit nommé par les Latins ^/7^5 : il ajoute que ce
titre vient de plus loin ,' &: que félon toutes les ap-
parences, il tire fbn origine de l'ufage des Romains,
qui ne confioient ce pofte qu'à un homme de qua-
lité , toujours choifi de l'Ordre des Chevaliers.
Le Chevalier du c^uet ç{\. , outre cela , oblige de
prêter main forte à l'exécution des ordres &: man-
demens des Magiftrats.
Chevalier errant, eft un prétendu Ordre de Che-
valiers , dont il eft fait mention dans tous les an-
ciens Romans. Eques errabundus. C'étoient des
braves qui couroient le monde pour chercher des
aventures, redrefîêr les torts, & faire des prouefles
&: des aftions infïgnes de valeur. Dom Quichotte
étoit devenu fou pour avoir voulu imiter les Che-
valiers errans. Le Chevalier du Soleil , ceux d'Ama-
dis , &c. Cette valeur & cette bravoure romane!^
que des anciens Chevaliers , étoient autrefois la
chimère des Efpagnols. L'amour étoit le motif
ordinaire de leurs exploits. Il n'y avoit point de
Chevalier
C H E
ehcval'ur qui ne fe choilit une Maître/îè , dont îl
vouloir mériter l'eltime par quelque aclion héroï-
que. Le Duc d'Albe lui-même , tout giavc & tout
févèr» qu'il étoic , avoit dévoué la conquête du
Portugal à une jeune beauté , auprès de qui il pré-
tcndoit que fes exploits guerriers lui tiendroient
lieu de jeuneflc.
Chevalier iï /a Table-Ronde. AV>'^{ Table.
Chevalier, es Loix. C'étoient autretois un titre ho-
norable qui ne s'accordoit qu'aux Chanceliers &:
aux premiers Prcfidens du Parlement de Paris : ce-
pendant Charles IX l'accorda à un premier Prcli-
dent de Normandie.
On appelle burlelquement , Chevalier de l'in-
dujirie , un efcroc , un filou , un parafite qui n'a
point de bien j & qui ne lublifte que parfbn adrelle
aux dépens des autres. Fur , lutro ,para/ùus. L'a-
venturier Bufcon de Quévédo efl: le premier qui
a été appelé Chevalier de rindujlrie. Régnier parle
d'un autre Chevalier burlefque :
L'un était de fuivans de Madame happée ,
Et l'autre Chevalier de la petite Epee.
Chevalier de VArquebufe. C'efl: celui qui efl: reçu
dans la Compagnie de ceux qui tirent règlement ,
& à certains jours , au jeu de l'arquebule. Equcs
Jclopetarius.
Chevalier de la coupe , fe dit , dans le ftyle comi-
que & burlefque, de celui qui aime l'honnête dé-
bauche de vin. Potator liberalis.
Reçois-nous dans Pheureufe troupe
Des francs Chevaliers de lu Coupe. S. Amant.
^pr Chevalier du lièvre. Nom donné par dérifion
à quelques Gentilshommes campagnards, f^oye^
Lièvre.
Chevalier, pièce du jeu des échecs. On dit cavalier,
yoye:^ ce mot.
Chevalier. Oileau aquatique un peu plus gros qu'un
pigeon. Il a le bec long, 8c les jambes ii hautes,
qu'il eft comme à cheval , & c'eft pour cela qu'on
l'appelle Chevalier, Il y a de deux lottes d'oileaux
Chevaliers. Celui qu'on appelle Chevalier rouge ,
Se l'autre Chevalier noir. Le Chevalier rouge , equus
Tufus , eft de la groHeur d'un pigeon. Son bec&
iés jambes font longues , &c de couleur rougè , le
defîus du bec eft noirâtre. Sa tête , fon cou , fes
aïles & fa queue font de couleur cendrée ^ il a le
ventre blanc. Ses plumes font noires à la racine.
Il a deux raches noires aux côtés des tempes , qui
fervent d'ombre aux fourcils , fur lefquels il y en
a une blanche. Il a les pies fendus comme la pic
de mer. Cet oifeau coutt ttès-légèrement ,il fté-
quente les ptairies & le bord des rivières & des
étangs. Il le met à l'eau jufqucs aux cuifles. Sa
chair eft très-délicate, & ne fent pas la fauvagine.
Il y a quantité de ces oifeaux en baffe Norman-
die.
Le Chevalier noir , equus niger , dès fa naifTance ,
a les jambes & le bec noir, à l'exception du defîus ,
qui eft rougeâtre. Belon dit que fî l'on ne con-
lidère point la tête , les jambes & les ailes du Che-
•yalier noir , on trouvera qu'en tout le tefte , il ref-
femble beaucoup au pigeon ramier , qui eft entre
cendré & noir. Il fait fes petits au mois d'Avril ,
Se Belon dit qu'en ce temps-là il a beaucoup de
refTcmblance par le champ de fon pennage au
râle ; mais on n'en voit pas beaucoup en autre fai-
fon qu'en hiver. Il fréquente aufli les lieux maré-
cageux, & vit comme te rou^e. On croit que ces
deux Chevaliers pourroient bien être le mâle &
la femelle de la même efpècc.
On a appelé Chevaliers les louis d'or de 25
au mate, dont la fabrication fut ordonnée en 17 18.
Ce nom leur eft venu de la croix de Chevalier ,
qui étoit au revers,
CHEVALIÈRE, f. i; Eiuei femina. L'Ordre de S.
Tome //,
C H E
T
Jacques de l'Epée, en Efpagnc & en Porti:i;aJ, a des
Religieules qu'on appelle Religieujes chevalières
de S. Jacques de l'Epée. Foye^ Jacques.
Les Chanoineflcs de Nivelle , le jour de leur ré-
ception , qui le fait avec beaucoup de pompe &
de magnificence , font aulli reçues Chevalières àc S.
G«orges. On leur prefente un carreau de velours
fur lequel elles s'agenouillent pendant la meifè.
A l'Evangile , elles tiennent à la main une épée'
pue , & à la fin de la meffc , un Gentilhomme ,
après leur avoir donné l'accolade , leur donne trois
coups du plat de l'épée fur le dos , & les rcçoic
ainà Chevalières de S. George. P. HÉliot , fom.
FI, c. 54,
Il y a en France des Chevalières de Malte dans
trois cantons , à Touloufe , à Bcaulieu en Qucrcy ,
& en Provence , près de Fréjus.
CHEVALINE, f, £ Vieux mot , qui ne fe dit' plus
qu'à la campagne , de la nourriture ou du trafic des
chevaux. E^juorum commercium ,pabulum. Ce pays
eft abondant en prairies , on y tait grande nour-
riture d<- chevaline , il y a bien des haras. Les pay-
fans trafiquent en chevaline.
On dit encore bête chevaline , pour fignifîer un
cheval ou une cavalle , & en ce fens-là il eft ad.
jedif & du ftyle de pratique,
CHEVANCE, f. f. Vieux mot & hors d'ufage , qui
figniiioit autrefois le bien d'une perfonne ," tout ce
qu'on poiîcde. Bona , fortunée. Q.^ Seigneur avoir
une grande chevance , c'eft-à-dire , il avoir beau-
coup de bien, La Coutume de Senlis ne permet
le don mutuel qu'entre les conjoints qui ont éga-
lité d'âge & de chevance.
De haut favoir le Ciel ne m'a doté ,
Mais d'Apollon je fui toucher la lyre.
Groffe chevance onque ne m'a tenté ,
Et peu de bien a de quoi me fuff,re.
CHEVANTON. f. m. Vieux mot, Tifon.
CHEVAUCHABLE. adj. Que l'on peut chevaucher.
Vieux mot, Ragotin , depuis fon trébuchement ,
quand la carabine tira entre fes jambes , fit fer-
ment de ne montet jamais fur un animal chevau-
c;4<i^/t; , fans prendre toutes fes sûretés, Scarron ,
RoM, Qou.u 2 , c. 2 ,/. 1 3.
CHEVAUCHEE, f, f, Equejiris excurjlo -, cavalcata.
dans la bafle latinité. Vifite que l'ont oblii;cs de
faire certains Officiers dans l'étendue de leur ref-
fort , Se qu'ils font d'ordinaire à cheval , com-
me les Elus , pour faire l'afliette de la taille ;
les Prévôts des Maréchaux , pour nettoyer la cam-
pagne de brigands -, les Trcforiers de France, pour
voir ii les chemins font en bon état i les Alaîtres
des eaux & forêts , pour conferver les forces du
Roi , ùc. Et les rapports qu'ils en envoient au
Confeil, font d,'^'Qz\zs\ts procès-verbaux de chevau-
chée.
Devt)ir chevauché , c'cft être obligé de montée
à cheval pour défendre fon Seigneur féodal dans
fes querelles particulières. Le droit de chevauchée ,
eft un ancien droit feigneurial , qui eft la même
chofe que celui que nous appelons arrière- ban -,
droit de faire marcher fes fujets ou vafiaux à la
guerre. Jus clientes fuos ad miiitiam evocandi. Guil:
laume Artaud , Seigneur d'Aix , prétendoit avolc
le droit At chevauchée dans le village du Mouftier
de Momtelar ; le Prieur le nioit , & s'attribuoit mê-
me la haute - Juftice. Amédce , Hvêque de Die ,
qu'ils prirent pour arbirre , fixa ce droit de che-
vauchée à dix hommes de pié armes , qu'il chargea
le Prieur d'envoyer à Guillaume Artaud , dans les
occafions où il armeroit pour la confervation de
fes tours conrre fes ennemis , ou pour leur recou-
vrement. Chorier, Hifl. de Daup. Tom. II, p. 148.
On a rapporré cer exemple , parce qu'il monrre aiie
ce droir n'obligeroir pas les vaffaux à fervir à che-
val leur Seigneur, comme le nom femble lefigni-
fier.
y Yv
y22,
C H E
OirVAUCHER. V, n. Vieux mot, qui {îgnifioit au-
trefois, allci- à cheval. Eqiatixrc. Perlonne n'a blâmé
Af^élilaus de ce que , pour s'accommoder à l'humeur
de les petits entans , il chcvauchoït iur un bâton
avec eux. Mascur.
On a dit aulli chevalchcr. On dit encore che-
vaucher parmi les Ecuyers , pour marquer la ma-
nière de fe mettre llir les ctriers. Chevaucher long.
Chevaucher à l'angloile , à la turque , &c. Hors ces
occafions, on ne le lert point de ce mot, à caufc
du fens oblcène qu'on y a attache. Ménage dérive
ce mot de cahallicare , dont les Elpagnols ont fait
cava/gar , Se les Italiens caya/care. 11 fe trouve
dans la bafle latinité , aufli-bien que caballicata ,
d'où il dérive cavalcate & chevauchée.
Chevaucher fe dit auflî , parmi les Artifans j des piè-
ces qui fe mettent l'une l'ur l'autre. Supergiedi. Cette
folive ne chevauche pas aflcz avant dans le mur.
Les tuiles doivent chivaucher les unes fur les au-
tres.
^T C'efl: encore un terme d'Imprimerie 3 en parlant
des lettres qui montent ou qui defcendent hors
de la ligne à laquelle elles appartiennent.
§Cr On le dit auili en fauconnerie de l'oifeau qui
s'élève par fecoufles au deffus du vent qui fouffle
dans la direétion oppofée à fon vol.
CHEVAUCHEUR. f. m. Vieux mot , qui /îgnifioit
autrefois Maure de pojle , dont les lettres font ex-
pédiées fous le titre de Vhevducheurt Eques-, comme-
ie Chevaucheur de Tarare , de la Brelîe, On les
appelle encore quelquefois ainfi dans les Provinces.
Il y a auflî un vieux proverbe qui dit , le dut-on
brûler comme un Chevaucheur d'écouvettes. C'eft
ainfi qu'on appeloit autrefois un forcier. Il y a
une déclaration du Roi Henri III , du mois d'Août
1575, pour les privilèges de fix vingts Chevaucheur s
de l'écurie du Roi. C^xv^z/c/if^r d'écurie croit aufll
un office de la maifon du Duc de Bretagne. Les
chevaucheurs d'écurie portoient un émail aux ar-
mes du Duc. Hifi, de Bret.par D, Lohineau , Tom,
II , p. 1 47 1 .
Chevat'cheur. Vieux mot. Cavalier , celui qui monte
un cheval, ou qui eft deffus. Glolf.fur Marot.
CHEVAUCHONS. ( A ) adv. A califourchon, qui fe
dit de la manière d'aller à cheval , jambe deçà ,
jambe delà ; &c fe dit auiTi de ceux qui font en
cette pofturefur un âne, fur un bœuf, fur un che-
val , lur un bahu , ou autre chofe femblable. E^ui-
tis in morem. Suranné.
CHEVAUCHURE. f. f. Vieux mot , qui veut dire
mouture. ^
CHEVEAU-LEGER. Il vit un Cheveau- Léger ,i\
pouflà à lui. Bussi Rab. f^oye:^ Cheval.
CHEVECAGNE. f. f. Cavalerie, Equitams. Il y a
long temps que ce mot ne fe dit plus.
CHEVECAILLE. f. f. TtelTe de cheveux. Ce mot
n'eft plus en ufage.
CHEVECEL. f. m. Vieux mot qui fignifîe chevet ,
oreiller .
CHEVECERIE. f. f. Qualité ou bénéfice du Chéve-
cier. Cerarii Jacri PrafeSlura ; Capicerii dignitas,
Prœfcciura.
CHEVECHE. f. f. Efpèce d'oifeaù nofliirne , de mau-
vais augure , qu'on appelle autrement chouette ou
civette , on frefaye. No3ua , ulula, Jirix. Voyez
Chouette.
Ce mot vient de cavecca , qui a été fait de
capo. Mén.
CHEVECIER. f. m. Celui qui eft le chef, qui a la
première dignité dans plufieurs Eglifes Collégia-
les. C'eft la même chofe que ce qu'on appelle Tre-
forier en d'autres , parce qu'il garde le tréfor de
l'Eglife, qui font les chefs & les reliques des Saints
Voyei CnrEciER.
CHEVECINE. Vieux mot qui fe difoit autrefois pour
chevttre.
CHEVEDAGE. f. m. Terme de Coutumes. C'eft la
même chofe que chei^al ou chè^eau , c'eft-à-dire ,
feu , maifon , ménage.
C HE
CHEVEL.; Voyci CHEF , & AIDE-CHEVEL.
CHEVELEE. adj. Terme de Bbfon , qui fe dit d'une
tête , lorfque les cheveux font d'un autre émail que
la tête. Tète de femme chevelce d'or. Caput mulie-
ris aurcis capillis iiijigne.
CHEVELEUX , EUSE. Vieil adj. Qui a de grands che-
veux, de beaux cheveux. Chevelu. cV"iz/«^, a, um.
|p° CHEVELU. UE , adj. Qui a de longs cheveux.
Comatus , cnnitus. Les peuples Septentrionaux font
plus chevelus que ceux du Midi. On donnj parti-
culièrement cette épithètc à un de. nos Rois, Clo-
dion le chevelu , à caufe qu'il portoit de grands
cheveux j &: parce qu'ayant conquis une partie des
Gaules, il fit porter aux Gaulois les chcv.ux, que
Jules-Célar leur avoir fait abattre , comme dit Ni-
cole Gilles ■, mais M. l'Abbé Trithemc dit , qu'après
fa conquête , il fit tondre les Gaulois , afin de les
diftinguer des François qui lui avoienr aidé à les
fubjuguer. Il n'eft plus en ufage en ce fens, fi ce
n'eft en parlant de ces anciens temps. Childebert,
dans un Décret qui fc voit à la fin de la Loi Sa-
lique , dit , que perfonne des chevelus ne fe marie
inceftueufement, &c. Cet article ne regarde que les
chevelus , c'eft-à-dire , les plus nobles des François
qui étoient à la Cour, parce que ces fortes de ma-
riages étoient plus ordinaires parmi eux. La. Loi
Salique diftingue deux fortes de François, dont les
uns tioïcni chevelus , & les autres ne l'étoientpas;
5i Agathias rapporte que ce fut l'ufage des Rois
françois de porter la longue chevelure ; que leuis
Sujets avoient leuts cheveux coupés en rond autour
de la tête , & qu'on ne leur permettoit pas aifé-
ment de les laiiler croître. P. Jourd, T. III ^p, ^6,
Chevelue. (Cow^;^ ) Koyej ce mot.
IJCT Chevelu, f. m. Terme d'Agricaltute. Petits fila-''
mens attachés aux racines des arbres, auflî déliés
que les cheveux , & qui fortent des groffes ra-^
cines. Capil!itum,]c recommande qu'en plantant,
on ôte le c/^£?v^/z/ le plus près qu'on peut, du lieu
d'où il fort j certains Jardiniers le confervent avec
grand foin, & ont grand tort. La Quint. On ap-
pelle ainfi ces racines , parce qu'elles reflemblent
en quelque forte à des cheveux. Quand les racines
d'un arbre font toutes petites, &: en forme de che-
velu , c'eft un figne prcfqu'infaillible de la foi^
blefle de l'arbre , & de fa mort prochaine. Idem.
On le dit auffi des plantes qui ont des feuilles
fort déliées. On les appelle aurremcnt capillaires.
Chevelu, f. m. Sorte de ferpent que l'on voit dans
le pays des Hottentots. Il y a des gens qui pré-
tendent que c'eft de la tête de ce ferpent qu'on
tire une pierre qui eft un remède Ibuverain con-
tre fes morlures , & celles de tous les autres fer-
pens. Mais M. Kolbe a tué un grand nombre de
ces ferpens , & n'y a jamais trouvé la pierre en
queftion , ce qui pourroit faire douter de fon exif-
tence. Quoi qu'il en foit . les pierres de ferpent
qu'ont les Européens du Cap , font arrificielles.
On les apporte des Indes orientales, où elles ibnt
compofécs ç:i'L les Brachmanes, quiCcah connoif-
fent ce fecret. Cette pierre a la figure d'une fève.
Au milieu elle eft blanchâtre, le refte eft bleu cé-
lefte. Ohffur les Ecr. mod. Tom. XXF,p. 550.
Chevelure. Ç. f. Tous Ics cheveux dont ia tête
eft couverte. Coma , capillus. Abfalon avoir une
belle chevelure blonde -, fa chevelure pefoit deux
cens ficles. Génébrard dit que c'eft cinq livres , quoi-
qu'il fe fir tondre tous les huit mois, à ce que dit
Jofèphe. Clodion, fécond Roi de France, fit une
loi touchant les longues chevelures , par laquelle
il n'étoit permis d'en porter qu'aux perfonnes li-
bres. MÉZERAi. Il n'y avoir autrefois que les Rois
de France qui eulfent droit de longue chevelure.
Thiers.
On dit auflî poétiquement , la chevelure des ar-
bres & des plantes , en parlant de leurs feuilles,
iComa.
On appelle chevelure de Comète , en Aftrono-
mie , les rayons de la Comète , lorfqu'elle eft dia-
C H E
métralement'oppofce au Soleil, 5i que ces rayons
fe répandent également à la ronde. Crines 9 corna.
Le diamètre apparent des Aftres' eft augmenté par
la lumière , & par une elpèce de chevelure de rayons
étincelans , comme parlent les Agronomes, qui re-
jaillit de tout leur corps , & qui les fait Ibuvent
paroître où ils ne font pas. P. Le Comte.
Chevelure de Bérénice ,qQ. ziiiÇi un terme d'Aftro-
nomie. Coma Bérénices. Les Anciens appelèrent de
ce nom les fcpt étoiles de la queue du Lion , parce
qu'ils penlbient que les cheveux de Bérénice Reine
d'Egypte, qu'elle avoir oftért dans le temple de
Vénus pour le retour de Ion mari , avoient été ii
eftimés des Dieux , qu'ils les avoient enlevés du
temple pour les placer dans le ciel , où ils furent
changes en ces lépt étoiles. §3" Le Mathémati-
cien Conon 3 qui venoir de découvrir dans le ciel
une nouvelle conftellation, fit diiparoïtte ces che-
veux , & publia qu'ils avoient écé changés en cette
conftellation , qu'il nomma pour cette raifon che-
velure de Bérénice.
ffT Chevelure de feu. Terme d'Artificier. Efpcce de
garniture en foime de petits lerpentaux, Iciquels
n'étant point étranglés , retombent du pot de la
flilée , en ondoyant comme une chevelure, Encyc.
§CF CHEVELUS. Capillati, Nom que I>icenée donna
. aux Goths,leur confeillant de porter toujours une
longue chevelure , pour les diftinguer des Sacri/ica-
. teurs qu'il inftitua , & qu'il nomma Pileati , cou-
verts d'un chapeau ou d'un bonnet. Dicenée vint
dans le pays des Goths environ quatre-vingts ans
avant la naiflance de Jefits-Chrift. Décébale Roi
des Daces ayant envoyé d'abord .à l'EmpereurTraJan
des AmbaOadeurs du izns; des Capillaii , qui étoient
les moins confidérables, lui envoya enfuite des Pi-
leati , pout lui faire plus d'honneur. Cependant
les Goths & les autres peuples du Septentrion t^i-
foient autrefois grand cas d'une belle chevelure,
& prenoient grand foin de l'entretenir. C'étoit
même pour les filles une marque de virginité. Cel-
les qui étoient mariées, avoient la tête couverte-,
les filles, au contraire , alloient la tête nue , laifTant
flottei leurs cheveux qui pendoient jufqu'à la cein-
ture.
§CT Chevelus, {les) Peuples de l'Amérique méri-
dionale , au pays des Amazones , au nord du fleuve
des Amazones. On lui a donné ce nom , parce que
les hommes & les femmes ont les cheveux longs
julqu'à la ceinture.
Tous ces mots viennent du latin capillus, qui eft
dit comme capitis pilus.
,CHEVE-R. V. aél. Terme de Jouailler, C'eft, cerner
ou creufer une pierre par dellbus , pour lui ôter
de la couleur , quand elle eft trop forte. Exca-
vare. On chéve audl les rubis pour leur ôter la
chalcédoine, ou la couleur blanche qui les dimi-
nue de prix: ^3" c'eft auiPi chez plufieurs Ouvriers ,
commencer à rendre concave une pièce qui n'eft
que forgée.
Chever. Terme de Coutume. C'eft empiéter fur la
chauffée d'une ville, fur un chemin, fur un héri-
CHEVESCHE.
CHEVESTRAGE. ,-
CHEVESTRE. ^
l
C CHEVECHE.
Voyei < CHEVÊTRAGE.
/ CHEVÊTRE.
CHEVET, f. m. Oreiller long & rond, rempli de
plume , fur lequel on pofe la tête quand on eft
couché. Cervical. On l'appelle autrement traverjin.
On appeloit autrefois la tête chevet. Un vieux
Poète dit , en parlant de S. Jean ,
Que Hérode fit marturer
Li chevet à un gleve trancher.
Chevet eft proprement la partie du lit où l'on met
CHÈ yz?
ce traverlîn. Cet homme a toujours dés armes fous
fon chevet. Alexandre avoir toujouts Homère ibus
le chevet de fon lit. Cet homme ronfle fi-tôt qu'il
a la tête fur le chevet.
Ce mot vient de chef. Quelques-uns le dérivent
de cervical-, &: Ménage de capetum , diminutif
de capa. Oii appeloit autrefois chevecel un oreil-
ler.
Chevet fe dit encore de tout ce qui élève la tête
en quelqu'endroit qu'on foit couché. Un Moifibn-
neur qui n'a qu'une pierre pour Ion chevet , ne
laiife pas de bien dormir.
Au Palais , les Avocars appellent droit de che~
vct , le fcftin qu'ils donnent à leurs Confrères ^
■ quand ils fe marient. Nuptiarum epulam. La même
chofe fe pratiquoit auffi par les Officiers des Cours
Souveraines , quand leurs Confrères fe marioienr :
mais au lieu d'un repas, c'eft le plus fouvent une
certaine Ibmme d'argent dérerminée par la Com-
pagnie , &; qui fe partage enfuite avec les épices.
gCT" C'étoit aulfi autrefois un droit que les Sei-
gneurs exigeoient des nouveaux mariés dans l'éten-
due de leur Seigneurie.
Chevet d'Eglife, c'eft la partie poftérieure d'une
églife, comme on dit le chevet de S. Denys,en
parlant de cette partie de l'églife qui eft derrière
le chœur, & où l'on monte par plufieurs degrés
Pars templi choro pojîica , abfis. On le dit auîïï
du prefbyrère , ou de la maifon qui y eft jointe
ou attenante. Le ptieuré de faint Barthélemi eft
bâti au chevet de l'églife de faint Barthélemi ,
derrière le chœur.
Chevet de canon. C'eft ainfî qu'on appelle , en
teimes de Mer , un gros billot de bois de fapin
ou de peuplier , qui étant mis fous le derrière
de l'affût du canon , en foutient la cula/fe. Ful-
.crum. Chevet de.traverfin de bittes eft une dou-
blure de bois de fapin qu'on joint au derrière du
traverfin de bittes , parce que le fapin eft beau-
coup plus doux que le chêne, &C que le chêne ufe
les cables qui paflcnt defllis.
Chevet , en termes d'Artillerie. Efpèce de petit
coin de mire , qui fert à élever un mortier : il fe
met encre l'affût & le mortier.
Les Plombiers appellent chevet certains rebords
de plomb qu'ils merrent au bord des chêneaux ,
ou proche les goders , pour arrêter l'eau , &: em-
pêcher qu'elle ne bave le long de la couverture.
Ora extrinfecus promniens.
On appeloit aufîi autrefois jfe/- cZi^ve/ , ou che-
ve/,ou tenu en chef, celui qui étoit mouvant im-
médiatement du Roi. Primarice ciientelœ. heneficia-
rium prcedium.
On appelle figurément une épée de chevet , un
ami brave , & prompt à nous fcrvir de à nous dé-
fendre en toutes occafions. Amicus prompuis & pa~
ratusfcmper ad rem pro amico bene gerendam. On
le dit aulfi d'autres choies qui nous (bnt familières.
Cet homme a toujours Ibn Iliade .à la main , c'uft
fon épée de chevet, Hahet lliadem in deliciis
CHEVET AN, CHEVET AINE ou CHÉFETAINÉ,
f m. Vieux terme de Coutume, qui fignifioit autre-
fois Chef & Capitaine , Chef de bande , donr il eft
fait plufieurs fois mention dans Villchardouifi , &
le Sire de Joinville. Caput , Dux , Princeps. Les
Turcs, quand leur Soudan fur mort, firent leur
Chevetain un Sarazin. Jginvjlle.
Ce Seccédun Chévetaine des Turcs étoit tenu pour
le plus vaillant Se preux de toute payennie. Joinv.
Ce Chevetain fe vanta qu'il mangeroit en la tente
du Roi dedans le jour de S. Sébaftien, qui prou-
chain venoit. Idem.
Chevetain &c Guieur de la guerre. M. Brumet ,
en fon Tréfor , Part. H , cap. 39. Li Chevetains de
batailles doivent aflémbler les batailleurs à pic &
à cheval. H. Gauchi.
V V v ij
52-4
CH E
Vautres iras font ceux appelés
Qui ont o^'ees principaux-
Sur cens d'arnus , comme Maréchaux
El Cheveuins. Pèlerinage de l'Ame.
Voyei_ Du Cange lui: Villehardouin.
On appelle encore aujourdhui Cheyeiains les
Chefs de la Boura;eoilie de Bruges. ^
Ce mot vient de Capitancus , d'où on a formé
Chevetain , ou Ch efcain , Captaine , & comme on
dit aujourd'hui Capitaine. Autrefois on difoit &
ccrivoit Chefvetainc.
CHEVETEAU. i. m. Groifc pièce de bois de travers
où elt cngravée la coucte l'ur laquelle tourne le
tourillon d'un arbre de moulin : elle ell polce lut
une maflc de maçonnerie.
CHEVÊTRAGE. i. m.C'étoit un droit que lesEcuyers
du Roi prenoient à Pans lur le foin qui vient par
eau. Capijiragium. Ce droit eft appelé en latin Che-
Jirasium , da.t\s une Patente de ùmt Louis de l'an
GHEVÉTRE. f. m. Licou de monture. Ce mot eft
vieux, & vient de cfief.NicoD. CapiJirum.On dit
encore , e«<rA«vê/rt;r. Illignifie auHi un joug auquel
on attache la tête des bœufs ou vaches. G/oJf.
fur Marot,
Chevêtre, en termes de Charpenterie, eft la pièce de
bois qui foutient les folives coupées à l'endroit de
la cheminée , pour donner partage aux tuyaux , &
empêcher que l'âtre ne pôle fur du bois , à cauié
du danger du feu.. Tis,illum. Le chevèire doit être
éloigné de trois pies du mur.
|rr Chevêtre, terme de Chirurgie. Efpèce de ban-
dige dont on le lért pour la fradure ou la luxa-
tion de la mâchoire inférieure. Acad. Fr.
CHEVEU, f. m. Poil, long, fin &: délié , qui vient
à l.i tête des hommes 1^ dc^.t'cmmcs.Capi/ius. Les
Médecins font pluiîeurs diftinilions des cheveux,
Se leur donnent des noms dilférens, mais feulement
en i^rec Sc en latin. Ils appellent ceux des femmes
comas , à caufe du verbe xo^jT. , qui fignifie attiffcr &
asjncer foigneujémtnt ; ceux des hommes, cœj'aries
à. cœdendo-, parce qu'on les coupe fouvent -, ceux
<ie derrière la tête juba & cnnes ; ceux qui pen-
dent derrière les oreilles , cincinni , c'ell - à - dire ,
crcpus &c anneUs. La Magdelainc clUiya les pies du
Seisz;neur avec fes cheveux. La force de Samlbn
coniîftoit en fes cheveux. Les femmes qui le querel-
lent , fe prennent d'abord aux cheveux. Cheveux
bien peignes. Compofîti , comti.
Ce mot eft dérivé de Capillus, Les cheveux pa-
roillent de petits tuyaux , fort unis & fort déliés ;
mais quand on les regarde avec un microlcope, on
y voit des ncfuds comme aux branches des arbres.
Au bout par où ils tiennent à la tête, ils ont une
petite bulbe qui reçoit le fuc qui les nourrit , à l'au-
tre bout ils fe divifcnt quelquefois en deux bran-
ches : cek arrive lorfqu'on n'a pas foin de les faire
faire de temps en temps-, & alors il> deviennent
roux vers ce bout , parce que le lue qui les hu-
iuede,ne pouvant le communiquer aifément jul-
ques-là , l'air 8^ le Ibleil dclïcchenr &; en brûlent
l'extrémité. Les cheveux tombent & blanchiUent
plutôt fur le devant que fur le derrière de la tête ,
parce que le fuc qui les entretient, leur eft fourni
plus longtemps par les parties du derrière delà tête.
§:CF Les cheveux croillcnt en général plus longs &
plus promptement chez les tcmmes que chez les
hommes. Ils croifient de même beaucoup plus vite
chez les jeunes cens que chez les vieillards. On
les regarde ordinairement comme des corps creux
qui font pérétrés par les lues dans toute leur lon-
gueur. Quelques - uns croient pourtant qu'ils ne
croiflî^nt que par la racine qui reçoit lîmplement
fa nourriture de la bulbe ou oignon fur lequel le
cheveu eft impla-^té. La grandeur des cheveux dé-
pend du fie propre à les nourrir, qui fe trouve
plus ou moins abondant aux uns qu'aux autres
CHE
Ils font gros , ou fins & déliés , félon que les pores
par où ils l'ont fortis, font plus ou moins larges.
Lorfque les pores font droits , les cheveux
le font auffi : quand ils font courbes ou obli-
ques , les cheveux font frilés. Ceux qui font
d'un tempérament luimide, ont le poil plus doux ;
ceux qui font fecs , l'ont plus rude. La figure des
cheveux nous paroît ronde ; mais le microfcope
nous fait voir qu'il y en a de triangulaires & de
carrés , aulfi-bicn que de ronds. Cela vient de la
configurarion difiTcrcnte des pores par où ils ont
palfc , &; dont ils prennent la figure. Les cheveux
fc peuvent fendre &: féparer en deux ou trois par-
ties , ce qui fe voit à leurs extrémités , loriqu'ils
fourchent. Le microfcope découvre encore qu'ils
font creux comme de petits tuyaux , ce qui eft en-
core confirmé par la maladie appelée plica , à la-
quelle les Polonois font fujets , & dans laquelle il
fort du fang par l'extrémité des cheveux. La cou-
leur des cheveux eft différente fuivant les p.iys , les
rempéramens , les âges &: la qualité de l'humeur
qui les nourrit ; mais la vieillelfe change ordinai-
rement leur couleur , quelle qu'elle foit , en blanc,-
ce qui arrive par le peu d'humeur qui refte aux
vieillards.
C'étoit un grand ornement parmi les Gaulois ,
que d'avoir de grands cheveux ; Se derlà vient que
la plus grande partie des Gaules s'appeloit Ga/lia
comata. C'eft pour cela que ceux qui quittoient le
monde, pour fe retirer dans les cloîtres , le faifoient
rafer les cheveux , pour montrer qu'ils renonçoient
à tous les ornemens mondains ; & qu'ils faifoient
vœu d'une fujction abfolue à leurs Supérieurs.
Aulfi Jule-Céfar, lorfqu'il conquit les Gaules, fai-
foit abattre les cheveux des Gaulois en figne de
foumifllon. Ovide le dit à fa maîtrelle , qui fc
fervoit de faux cheveux.
Nunc tibi captivos'mittet Germanîa crines.
Culta triumphatx munere gentis eris.
On impofoit aux vaincus la nécelTité de fe faite
tondre, pour marque qu'ils étoient fubjugucs-, &; c'eft
apparemment d'où eft venue cette expredion , il a.
été tondu , en parlant d'un homme qui eft déchu de
quelque prétention : & cette autre , je veux qu'on
me tonde , qui eft une peine qu'on s'impofe , en cas
que la chofe qu'on affirme ne foit pas véritable. La
railbn eft qu'on regardoir comme une honte d'être
tondu. M. Auboux , dans fa véritable Pratique ci-
vile & criminelle , dit , qu'apparenimenr certe ma-
nière de parler eft venue de ce qu'autrefois , quand
un Magiftrat trouvoit un Clerc qui n'avoir ni l'ha-
bit convenable à fon état , ni la tonfure cléricale ,
il le failbit tondre.
Vers ran4i8, Clodion introduifit dans ia famille
Royale feulement la coutume de porter les cheveux
longs ; mais , à la rélérve des Princes, tous les hom-
mes portoient les cheveux courts , de forte qu'ils ne
leur venoient qu'au dcfibus des oreilles. Gre^. de
Tours, Hiji. Fr. L. IIL c. i S.; L. FI, c. 14; L. FUI,
ch. 10. Agathias en parle plus particulièrement dans
fon premier Livre. C'eft la coutume des Rois des
François , dit cet Auteur , de ne fe faire jamais cou-
per les cheveux. Leur chevelure , qui defcend toutç
fur les épaules , a fort bonne grâce. Les cheveux de
devant fe partagent fur le front , &c fe rejettent des
deux côtés. Leurs cheveux ne font point mal en or-
dre , & mal propres , comme ceux des Turcs & des
Barbares , ni liés & cordelés tout enfemble fans
grâce & fans agrément , mais ils ont différentes ma-
nières de les tenir propres , & en ont un très-grand
foin. Au refte, c'eft chez eux un privilège de la là-
mille Royale -, car leurs fumets les coupent en rond j
il ne leur eft pas permis de les porter longs. Hotman
traite de ce droit des Rois de France , c. 1 1. FrancO'
Gallice. Voyez aulTi les Notes de Savaron & celles
du P. Sirmond fur l'épître 1 du Livre I de Sidonius
ApoUinaris, Couper les chsyeux à un /ils de Roi d«
\
C H E
France fous la V race , c'étoit le déclarer déchu de
la fucceinon à la couronne , & le réduire à. la con-
dition de l'ujet. P, Daniel , T. 1, p. 83.
Dans le onzième liccle , ceux qui ie piquoient de
bonne grâce , lailfoient croître leurs cheveux , qui
leur dclcenuoient jufques à la ceinture par gro/îès
boucles. Godcfroi Évêquc d'Amiens y trouva de l'in-
décence & de la mollefiè. Il ret'ul'a le jour de Noël
la communion à ceux qui fe préfentoicnt ainli à la
faintc Table , & rejeta leurs otfrandes , ce qui les
obligea à faire couper leurs cheveux lur le champ -, &
la coutume cellà. |JC? Les Courtiians 5c les Seigneurs
qui accompagnoient Robert , Comte de Flandre ,
qui étoit venu célébrer la Fètc de Noël à S. Orner ,
& qui avoir prié l'Evêque d'Amiens de lui dire la
melTe de minuit , coupèrent à l'inftant leurs cheveux
les uns avec des ciiéaux , les autres avec leurs cou-
teaux , & même avec leurs épées , de peur , dilbient-
ils , d'être privés de la bénédiction d'un li Saint
Evcque.
Dans le VIII ficcIe , les perfonnes de qualité fai-
foient couper les premiers cheveux à leurs enfans
par d'autres perfonnes qualifiées , qui étoient ap-
pelées pour cela les pères ipirituels de ces enfans,
Ainli Charles Martel envoya fon iîls Pépin à Luit-
prand , Roi des Lombards , arin qu'en lui coupant
les cheveux , félon la coutume , il devînt ion père
rpirituel. Cette coutume étoit plus ancienne. L'Em-
pereur Conftantin envoya au Pape les cheveux de
ies fils Juftinien & Héraclius , pour lui rémoigner ,
ielon la coutume de ce temps-là , qu'il dcfiroit qu'il
leur tînt lieu de père , & qu'eux lui obéilîént & l'ho-
noralfent comme fes enfans. C'étoit un témoignage
bien authentique du relpeél qu'il portoit au Pape.
GODEAU.
On attribue au Pape Anicet la défenfe pour les
Clercs de porter de grands cheveux ■■, mais elle ell
plus ancienne dans les Eglilés d'Occident; & l'Épi-
tre où ce Décret ie lit aujourd'hui , a été écrite long-
temps après la mort de ce Pape. La tonfure Cléri-
cale cft rapportée par S. Ilidore de Séville à la Tra-
dition Apoftolique , en quoi il eft fuivi par pluiieurs
Auteurs.
Les cheveux longs ont été fi odieux autrefois ,
qu'il le trouve un Canon de l'an ioç)6 , portant que
ceux qui auront de longs cheveux ; feront exclus de
l'entrée de l'Eglife pendant leur vie , & qu'on ne
priera point Dieu pour eux après leur mort. Nous
avons dit ci-deflus ce que fit un Evêque d'Amiens.
Luitprand a fait une furicuié déclamation contre
l'Empereur Phocas , qui portoit de longs cheveux ,
comme les Empereurs d'Orient ; à la rélerve de
l'Empereur Théophile , qui étant chauve , crut effa-
cer cette opprobre de dcifus fa tête , en ordonnant
à fes fujets de rafer leurs cheveux , pour ôter la diffé-
rence qui le choquoit. S. Paul , en recommandant
aux femmes le foin de leurs cheveux , ajoute à l'é-
gard des hommes , qu'il cft contre nature de les
nourrir. On ne comprend pas bien la raifon de ces
défenfes , de porter des cheveux ipuifqu'ils paroif-
fent un des plus beaux oraemens de l'homme , Se
non pas une fuperfluité de la nature. Sans doute
que la. nature dans le paffage de S. Paul fignifie la
coutume. En iiSjo , un Profefleur d'Utrecht agita la
queftion , s'il efl: permis aux hommes de porter de
longs cheveux. Un Théologien, nommé de Rêves,
quiavoit écrit pour l'affimative , lui répliqua. Paf-
quier dit qu'en fon jeune âge tout le monde portoit
de longs cheveux , à la réferve des Moines. Le Roi
François I. ayant commencé à porter des cheveux
courts , pour la railbn rapportée ci delTous , les Prê-
tres mêmes fe firent tondre : ce qui eût été aupara-
vant trouvé de mauvais exemple , comme dit le
même Auteur. L'offre qu'ils font à Dieu de leurs
cheveux , quand ils font des vœux, eft une marque
qu'ils fe donnent à lui en perpétuelle fervitude.
Les cheveux longs furent donc à La mode fous la
première race de nos Rois. Le Roi les portoit très-
longs , fes parens de même , Si la Noblefle à pro-
'CHE yi^
portion de fou rang & de fa naidànce. Le peuple
ccoit plus ou moins rafé. L'homme ferfl'étoit tout-
à-tait ; l'homme de pote ou pocfte i c'eft-à-dire ,
l'homme payant tribut , ne i'étoit pas entièrement
Pépin &i Charlemagnc mépriicrcat les cheveux
longs. Charlemagne les portoit courts , fon fils en-
core plus : Charles le Chauve n'en avoir point. On
commença fous Hugues Capct à les porter un peu
plus longs. Cela déplut aux Eccléfiaftiques ; on
excommunia ceux qui laiffoicnt croître leurs che-
veux. Pierre Lombard en fit li grand fcrupule à Louis
le Jeune , que ce Prince fit couper les liens. Les
autres Rois 5 jufqu'à Louis XIII, ne les ont porte
que tort couEts. Les cheveux de S. Louis , de Char-
les V,de Louis XII, tels qu'on les voit dans leurs
portraits , & fur leurs médailles ou monnoies , ne
palfent pas le milieu du cou. François I , ayant été
blelfé à la tête par Montgommeri , les Médecins lui
firent couper les cheveux. Sur fon exemple tous fes
fujets quittèrent leur chevelure -, chacun porta longue
barbe , Se rit couper fes cheveux : ce qui auparavant
étoit une ignominie. Pasq. Sous Louis XIII , la
mode changea i comme il aimoit forr lescAtvaix,
on lui rit plaifir de les porter longs. Le Gendre,
Voyez auifi Thiers , Traité des Perruques. L'an
1460,1e Duc de Bourgogne fut ri grièvement ma-
lade , que l'on déléfpcra de fa fanré ; pour laquelle
allurer , les Médecins lui confeillèrent de permettra
que la longue perruque lui lût abattue. Ce qu'ayant
été fait , tous les Courtifans , ( fauf le Prince &: quel'
ques grands Seigneurs ) & le peuple en rirent au-
tant, &c fut mis en ufage de ne porter les longs che-
veux. GoLLUT. Mcm. de Bourg, L. X , c. 81.
Cheveu , fert de comparailbn à toutes les choies dé-
liées. Ce fil , cette foie , font déliés comme des che-
veux. Cette aiguille , cette ligne , font comme des
cheveux.
On dit , qu'une femme eft coëifée en cheveux ,
lorfqu'elle a feulement fes cheveux arrangés, ou
entottillés autour de la tête , 3c qu'elle n'a ni bon-
net , ni coëffe qui les caxrhe. En Grèce , &c fur-tout
à Lacédémone , les filles laiffoient pendre leurs c/i^-
veux , & flotter au gré du vent. Les femmes au con-
traire les nouoient négligem.ment par derrière.
On appelle yizK.v cheveux , ceux qui ne tiennent
point à la tête , mais qui y font appliques en trelfes,
tours , coins ou perruques. Mentiti ,falfi, adjcititii
capilli. On a remarqué que les Grecs apprirent aux
Romains l'ufage des faux cheveux , Se à fefervir de
cet ornement emprunté.
On dit auHi des cheveux de Cour , pour dire , de
faux cheveux ; mais c'cft feulement dans le ftyle
comique & burlefque. On le trouve en ce fens dans
quelques Comédies modernes.
On appelle cheveux vifs , les cheveux arrangés
dans les perruques de la manière qu'ils l'ctoientfur
la tête de la perfonne vivante , fur laquelle ils ont
été coupés à ce defiein , f^ivi capilli ; & on les ap-
pelle frifés naturellement , quand ils étoient frifés ,
bouclés ou annelés auparavant que d'être coupés,
capilli crijpi , cirrati.
On appelle un toupet de cheveux , une poignée
de cheveux , ce qui croît ou ce qu'on laifîe en quel-
que endroit de la tête , Cirri. Les Tartares & les
Chinois fe rafent les cheveux , à la réferve d'un petit ^
toupet qu'ils laiiTent croître au derrière de la tête.
Les Poètes appellent le So\c\)t,Phœùus aux blonds
cheveux. Crinibus aureis , & fe ferv^ent du mot de
cheveux gris & cheveux blancs , pour marquer la
vieillelTe , Cani. Ozius déshonora fes cheveux gris
par fa chute. Herman. Ainfi Malherbe a dit :
Les ridicules avantures
D'un amoureux en cheveux grrs.
Et Corneille,
Touche ces chcvcux hlancs à qlii tu rends l'honneur
Rafraîchir les cheveux , c'eft en coupet les extré-
mités pour en hâtet racctohlemenc ; faire le* du-
')i6
CHE
veux , c'eft tes tailler félon la mode ; couper les i
cheveux , c'eft les abattre entièrement, CapiUum
londere.
Cheveux , fe dit figurément des petites racines ou
filamens des plantes , d'où leur vient la première
nourriture, Capilli.
Cheveux de Feiius.On donne ce nom à certains F.la-
mens qui volent dans l'air en Automne, Capilli Vc-
neris. On les appelle plus ordinairement Cheveux I
de Notre-Dame ou de la Ste Vierge. Capilli. ii.
P'irginis. Quelques exhalailbns groHières compo-
fent , en le rcunillant , ces iils longs & blancs que
l'on voit s'attacher aux arbres ou voltiger au gré
des venrs.
■ On dit figurcment d'une choie qui fait horreur ,
qu'elle fait drelfer les cheveux à la tête : qu'il faut
prendre l'occalion aux cheveux , pour dire , qu'il ne
faut pas la laiflèr échapper-, qu'un palîage , qu'une I
comparaifon , font tirés par les cheveux , lorlqu'iis
ne viennent pas naturellement aufujet, qu'ils font
tires de trop loin , &c amenés par force & par ma-
chine. On dit encote , que tous nos cheveux font
comptes ; pour dire , que la Providence a foin des
moindres chofcs qui nous regardent. On dit auHl ,
quand on veut trop fubtiliier fur les choies , que
c'eft fendre un cheveu en deux , d'autres difent en
quatte. On dit encore , il ne s'en faur pas de l'épail-
feur d'un cheveu ; pour dire , peu s'en faut , ou il
ne s'en faut prefque rien. On dit aulfi , fe prendre
aux cheveux , fe tirer aux cheveux ; tirer quelqu'un
par les cheveux , lui fauter aux cheveux , s'accro-
cher aux cheveux , pour repréfenter la manière dont
certaines gens le battent,
NosSraves s'accrochant , /éprennent aux cheveux.
BoiL.
On dit aulïl , s'arracher les cheveux de douleur ,
de délélpoir,
IP" CHEVILLE, f. f. On entend généralement pat ce
mot , un morceau de fer ou de bois , rond ou car-
ré , qui va en diminuant , qui fcrr à boucher un
trou , à faire un allémblage de plulieurs pièces , ou
à d'autres ulages. Fibula , clavis ligneus , ferreus.
Les Cordonniers font tenir les talons de cuir avec
des chevilles. Toute cette menuiferie ne tient qu'avec
des chevilles. Pyrard dit qu'aux Maldives , tous les
aflcmblages fe font fans doux & fans chevilles.
ffT Ce mot eft dérivé de clavus. Ménage le dérive
de clavicula , qui fe trouve dans les vieux tittes en la
même lignification. On trouve cavilla , pour dire
cheville , dans la bafle latinité.
Cheville ouvrière d'un carroffe , eft une grofle
cheville de fer fur laquelle tourne le train de de-
vant , & qui l'attache à la flèche. Clavus rhedœ pri-
marius. Les chevilles coulijfes font celles qui s'ap-
pliquent, & qui fe lèvent quand on veut. Elles fer-
vent dans l'aflemblage des machines qui ne font pas
toujours montées.
^CF Chevilles r anches, font celles qui travcrfent les
pièces de bois , & forment des échelons de part &
d'autres. Scanjiles , fcanforiœ.
|J3" Cheville i^ar^we , dont le bout eft cdenté , afin
qu'étant chaflee avec force dans le bois , on ne
puifl'e plus l'en tirer.
Cheville à tourniquet. C'eft une cheville à l'aide
de laquelle , pat le moyen de ce tourniquet , on
ferre avec une corde la charge qui eft fur une cha-
rette. LiGER.
En termes de Marine , des chevilles à croc , font
des chevilles de fer avec des crocs , qui font à côté
des fabords pour amarer les canons. Clavi unco
prcefixi. Chevilles à tête de diamant , ou à tète ronde ,
font àzs chevilles de fer dont la tête eft fi grolle,
qu'cll'e ne peut entrer dans le bois du vailleau. Che-
villes à tète perdue , font des chevilles dont la tête
entre dans le bois. Cheville de pompe , eft une che-
ville àz fer mobile , qui afiemble la bringuebale avec
ia verge de pompe. Chevilles de potences de pompe ,
CHE
font des chevilles de fer d'un pié de long , qui paf-
fentdans les deux branches de la potence de la pom-
pe , pour tenir les bringuebales , &cc. Cheville à bou-
cle , eft une cheville à la tête de laquelle il y a une
boucle. Cheville à croc , eft celle qui a un croc à cô-
té de la tête : on appelle encore chevilles des mor-
ceaux de bois qu'on arrange fur une pierre , &c qu'on
attache avec des cordes , pour tenir cette pierre fer-
me lorfqu'on veut la fcier, 5c faire de fes différens
morceaux des ouvrages à la mofaïque.
Cheville du pie , eft une apophylé ou éminence ,
qui eft en la partie inférieure de la jambe, dans l'en-
droir où elle fe joint avec le pié , & où fe fait la
flexion. Malleoli. Les Médecins l'appellent malléole.
Il y en a une de chaque côté , l'interne & l'externe.
La cheville , ou la malléole interne , eft une éminen-
ce du tibia; & l'exrernc l'eft da péroné. Quand on
veut marquer que l'eau eft forr bafle dans un gué ,
on dit qu'elle ne va que jufqu'à la cheville du pié.
Cheville , enPoclie , ledit figuréracnt d'une épithète
inutile , ou des mots qui ne font mis que pour faire
la mefure des vers , ou pour la rime •, qui ne fervent
de rien pour le fens & la penfée. Inane versus cqm-
plementum. Maître Adam Billaud , Menuifier de Ne-
vers , a fait un livre de Poëlies , qu'il a intitulé les
Chevilles.
Chevilles , en termes dé Vénerie , fe dir audi des
branches du bois de cerf, quand il fe divife en
pluficurs andouillcrs : ce qu'on appelle aulfi chevil-
lures. Cervini cornu ramuli.
'ifj' En termes demaréchailerie & de manège , on dit
qu'un cheval n'eft propre qu'à mettre en cheville ,
pour dire , qu'il n'eft propre qu'à tirer devant un
limoniet, à titer avec des traits, parcequeces traits
s'attachent avec des chevilles.
Cheville. Terme de jeu d'hombre. On appelle être
en cheville , lorfque l'on n'eft ni le premier , ni le
dernier en carte. JMedius , intermedius : médium effe.
On appelle cheville , dans les inftrumens de Mu-
fiquc à cordes , certains petits motccaux de bois ,
ou de fer , fichés dans la table , ou dans le manche
de rififtrument,qui fervent à tendte , ou à détendre
les cordes qui y fonr attachées par un des bouts.
Claviculus. Chevilles d'épinette , de pfaltétion , de
luth , de théorbe , &c.
Cheville fe dit aulli de certains petits morceaux de
bois en faillies & crochus, qui font pofés fur des râ-
teliers dans des Greffes ou dans des études de Procu-
reurs pour y attacher des facs , & les y ranger fans
co\'\ï\x'ào\y.Ligneus clavus extrema parte recurvus.
Ce procès a été mis au Greffe , on le rrouvera.îla
cheville de M, un rel , Rapporteur.
Cheville ledit proverbialement en ces phrafes. On
dit à un homme ,autant de trous , autant de chevil-
les , quand il trouve promptement des excufes , des
cchapatoires , des diftinèf ions pour fe défendre de
toutes les objeéiions qu'on lui peut faire. On dit
figurémcnt qu'un homme ne vient pas à la cheville
du pié d'un autre ; pour dire , qu'il lui eft fort
inférieur en mérite &c en capacité. On dit aulfi
d'un homme que la fortune a mis dans un bon pofte,
le voilà bien , il ne lui faut plus qu'une cheville
pout le bien tenir. On dit aulfi d'un bâtiment qui
eft achevé , & en bon état , qu'il n'y manque pas
une cheville.
CHEVILLER, v. a. Mettre des chevilles. Clavos affi-
gere,juffigere ; fibulis compingere. Cette chatpcnte
n'eft pas encore en état , elle n'eft c\-az chevillée.
Cheviller , en termes de fortilcge, c'eft empêcher par
fort les ^uucs dç piRcu Micîumfortibus impedire,
fi(iere , ô:c. ^
CHEVILLÉ, ÉE. part. 5c adj. Qm ne tient qu'avec des
chevilles, Clavatus , fibulis affixus.
On appelle au manège un furos chevillé , qa3.nd
le calusqui fe forme fur le canon du cheval eft dou-
ble , l'un en dehors & l'autre en dedans ; & des
épaules chevillées, qumd elles font engourdies &
prefque fans mouvement.
On dit en Poelie , que des vers font bien cke'
G H Ë
i'i'AVi" j. quand ils j'oni: chargés de plufieurs mots
inutiles , & qui ne fervent que pour la mefure , ou
jjour la rime.
Qiu dites-vous de ces vers chevillés j
De ces difcours oèjcuTs , entortilles ?
R.
le? En termes de Vénerie , une tête de cerf bien
chevi'Ue, qui a beaucoup d'undouillcrsbien rangés.
On le dit de même du daim , du chevreuil.
Chevillé , en termes de Blafon,'fe dit des ramures
d'une corne de cerf; &: quand on veut exprimer le
nombre de cornichons ou dagues , qui iont dans
un bois de cerf peint fur un ccu , on dit chevillée de
tant de cors. Cornu cervinum ramulis dijlincîum. Le
Baron d'Hona porte d'azur à deux bois de cerf
pôles en fautoir , chaque branche chevillée de lîx
pièces d'argent.
On dit proverbialement & fîgurément d'un
homme qui , malgré ion grand âge , réfifte à de
grandes maladies , qu'il a l'ame chevillée dans le
corps.
CHEVILLETTE.f. f. Terme de Relieur. C'eft un petit
morceau de cuivre plat &: troue , qu'on mer ibus le
coufoir , Se où l'on attache les nerfs des livres
qu'on coud. Claviculus.
^ CHEVILLOIR. f. m. Inrtrument du métier des
étofes de foie , dont on fe fert pour mettre les
foies en main , c'eft-à-dire , d'ufage , quand il s'agit
de féparer les différentes qualités dont un ballot
eft compofé , & de les affembler pour en former
des pantines. Encycl.
CHEVILLON. f. m. Terme de Tourneur. Petit bâton
tourné , que les Tourneurs mettent au dos des
chaifes de paille. Claviculus torno faclus,
Cheyillon. Terme de Ferrandinier. Bâton de deux
pies de long , fur lequel on lève la foie de delfus
rourdiifoir.
CHEVILLOTS. f. m. Terme de Mariné. Petits mor-
ceaux de bois tournes, qui fervent à lancer les
manœuvres le long des côtes du vailfeau.
CHEVILLURE. l"."f. Terme de Vénerie. Petites
pointes ou cornichons qui fortent des perches du
cerf. Cervini cornu ramuli.
CHEVIR. v. n. Etre maître de quelqu'un, de quelque
choie , venir à bout de quelqu'un, lui faire faire ce
qu'on veut. Fleclere , vincire , adducere aliquem
quo velis. Cet Artifana tant debefogne, qu'on ne
fauroic chevir de lui. Cet entant eft fi mutin , qu'il
n'y a que fa nourrice qui puiife chevir de lui. Ce
mot n'efl: en ufage que parmi le peuple. On écrivoit
autrefois (rAi^v/r. Autrefois le mot de chevir vouloir
dire traiter , compofer , capituler : on le trouve en
ce fens dans les Coutumes, /^oye^ le grand Coutu-
mier. Beaumanoir l'emploie dans un autre fens :
dans cet Auteur , il veur dire , nourrir. Si comme
chil qui ne font pas de leur Quemune ou Gentilf-
hommes , liquel ne s'entremettent de marchander ,
ainchois le cheviffent de leur hirerage. Beau m.
Chevir , en termes de Palais , fignifie aufli , traiter,
compofer. Mutuo pacifci , conventis & paclis mu-
tuis rem decidere. Dans toutes les tranfacftions
après avoir expliqué le différent , on ajoute. Les
parties en ont chevi , compofé & tranfigé ainfi
qu'il s'enfuit. Ce mot , aufîi bien que celui de che-
vifance , qui fignifioit compofuion , vient de chef,
comme qui diroit , mettre à chef.
Chevir lignifioit aufli , fortir d'une affaire , en venir
à bout. Quelquefois fimplement , fortir. Gloff.
fur Marc t.
CHEVISANCE. f. f. Vieux mot. Traité , accord fait
avec quelqu'un au fujet de quelque différent, quel-
que dette ou obligation. Prtf7//w, tranfaclio , con-
ventio. Beaumanoir ufe quelquefois de ce mot pour
celui de chevance.
CHEVISSEMENT. f. m. Chevifance, accord que l'on
fait avec quelqu'un. Paclio , conditio. Les ftatuts de
l'Ordre de Malte diftinguent des Commanderies de
grâce 6c des Commanderies de cheviffement; ce font,
C H Ê y 2 y
je crois, les Commanderies que l'on donnoit à des
Chevaliers par accord» à condition qu'ils rendroient
■& envoieroient une certaine fomme au tréfot
commun,
Cheviffement vient de l'ancien mot françoisi
chevir , qui iignifioir le charger d'une entreprife
dont on efpéroit venir à bout. On appelle Comman-
derie de chevi[j}ment , la première Commanderiè
qu'on obtient , par le rang de fon ancienneté.
CHÈVRE, f. f.Capra, capella. Ceft la femelle du
bouc. On fe fert de poil de chèvre pour foire des
chapeaux , & des camelots ; de leur lait , pour faire
des fromages -, & même quelques pauvres gens eit
mangent la chair. Varron affûre que les chèvres font
mal-faines , & qu'elles ont toujours la fièvre. Il efl:
certain du moins que par la plupart des Coutumes
de France, il y a une prohibition perpétuelle dé
laiffer aller les chèvres dans les champs , ou dans
les prairies d'autrui , &C qu'elles fonr toujours en
deffènds. §CF II faut fur-tout écarter cet animal des
arbres auxquels il porte un dommage conlidérable
en les brdutanr. Varron foutient que ce mot a été dit
à capra , comme carpa , de carpere , brouter. Les
Mendéfiens', 8c les habitans de la ville de Copte en
Egypte adoroient les cAdvre^, ceux-ci parce qu'elles
étoient le divertiflement d'Ifis. Vossius , de IdoL Z.
///, c. 74.
Hérodote dit qu'on révéroit à Mendès une
chèvre fur-tour , à la mort de laquelle on taifoit un
grand deuil. Pendanr qu'à Mendès on avoir de la
vénération pour les chèvres , & qu'on n'y immoloic
que des brebis , dans la Thébaïde au contraire, les
victimes ordinaires étoienr les chèvres , & on y
refpeéloir les brebis. La chèvre étoit confacrée à
Jupirer , à caufe de la chèvre Amalthéc qui fait là
conftellation de la chèvre.
Chèvre fe dit proverbialement en ces phrafes :
prendre la chèvre, c'eft fe fâcher, fe mettre eiî
colère légèrement : c'eft la même chofe que , fe
cabrer , qui vient auffi du mot de chèvre.
P^un mari fur ce point j'approuve lefouci^
Mais c'efi prendre la chèvre un peu bien vite auffi.
Mol.
Chèvre eft auffi une rhachine dont fe fervent les Ar-
chiteéles, & Charpentieis , pour élever des pierres
& des poutres. Capreolus. Elle porte de plus
gros fardeaux que la grue , parce qu'elle n'a pas
le bec fi long. La figure de fa bafe eft Triangulaire ,
& eft appuyée par deux bras & un rancher ou une
troifième jambe , qui en foutiennent le poinçon. A
l'endroit où ces trois pièces fe joignent, eft pendue
une poulie avec fes mouffles , dans lefquelles eft
paffé un cable qui lève ce que l'on veut par le
moyen d'un rreuil ou rour , qui fe meut avec des
leviers paffés à travers , & qui eft appuyé fur les
deux jambes de la chèvre. Il y a auflî des pinces
de fer qu'on appelle pies de chèvre, Columelle
l'appelle Capreolus.
||CP Chèvre* chez les Charrons, eft un outil qui
fert pour lever le rrain de derrière d'un carroffe,
pour en graiffer les roues plus facilemenr.
03* Chèvre ^e Guideau , terme de Pêche. Ce font les
pieux fur lefquels on pofe le rers ou fac de Guideau.
On donne auffi le nom de chèvre, dans les Salines
de Lorraine , particulièrement dans celles de
Moyenvic , à une efpcce de grande table de bois ,
fur laquelle les Sauniers dreffent leurs meubles de
fel à mefure qu'il fe fait , & qu'ils le tirent du fond
de la chaudière avec des rareaux.
On dit pioverbialemenr.On ne peut pas fauver
la c/zèvre & les choux-, pour dire, qu'on ne psut
pas mettre une affaire à l'abri de toutes fortes d'in-
convéniens , ni fe ménager avec tout le monde.
On dit auffi des chofes qui n'ont aucune liaifon
enfemble , Cela s'entfetient comme crottes de
chèvre. On dit encore , que là où la chèvre efl:
attachée, il faut qu'elle broute i pour dire, qu'il
528 C HE
faut s'actommoder aux choies , aux temps , S: à la
Situation des affaires où l'on le trouve engage. On
appelle barhe de chcvre , un homme qui n'a de la
barbe que ibus le menton, 5c par bouquets. On
dit auili , qu'uTi homme aimctoit une chèvre cocffee,
loriqu'il n efl: pas difficile en amour , que toutes les
femmes lui font bonnes indifféremment. On dit ,
La chcvre -à ^l'is le loup, en parlant de ceux qui,
penfant prendre ou tromper les autres , demeurent
eux-mêmes pris. Cette expreilion le trouve dans un
\les dialogues de Lucien que d'Abiancourt a traduit
ainlii Voilà le proverbe arrive, de la chèvre qui
prit le loup -, & il ajoute cette remarque \ on dit aulîi
ce proverbe en notre langue , &; l'on feint qu'une
chcvre pourluivie d'un loup le l'auva dans une mai-
fon dclerte , dont elle fetma la porte par hazard
avec fcs cornes après que le loup fut entré, qui fut
pris par ce moyen.
Chèvre, Conflellationde rhcmifphèrefeptentrional,
compolce de trois étoiles comprilés entre les 45= 6:
55« degrés de latitude nord , tout près du Cocher.
L'une eft de la première grandeur , &; touche au
45«^ degré , les deux autres ne l'ont q-ae de la 6= , &
ibnt Tune au delius d-e l'autre , entre le 50 5c le 5 5^
degré. Les Poètes difent quec'eft: la chcvre d'Amal-
thée , qui nourrit Jupiter dans Ion enfance. On la
furnommoit Olénie, Oknia, parce qu'elle avoir
été nourrie dans la ville d'Olène en Bœotie ■■, ou
parce qu'Olenus , fils d'une fille de Vulcain , la
re^ut entre fes bras , quand elle naquit. Quelques-
uns difent que c'étoit un aftre heureux i cependant
Horace l'appelle , I. /// , Od. Fil ,v.6, hijana
Câpres Sidéra. C'eft , .à ce que l'on croit , parce
qu'elle fait des nuits froides, 5c que quand elle
paroît 5 dit Paufanias , elle diminue les forces. Acofta
ccr.it L. V ,c. X , que les habitans du Pérou adorent
la Conllellation de la chcvre , qu'ils appellent
Colea.
Chèvre, en Aftronomie, cft auffi une étoile de la
première grandeur , lîtuée fut l'épaule gauche du
Cocher. Capra.
iffT Les Phyficiens appellent chhre-danfante , un
phénomène lumineux qui paroît quelquefois dans
l'atmofphère, auquel le vent fait prendre différentes
figures.
L'Ile aux Chèvres. Ile de l'Acadie , dans la Nou-
velle-France. Capraria Acadica. Elle cft au milieu
dubaffm du Port-Royal. Denis.
r'HEVREAU. f. m. Le petit d'une chèvre ;, Hœdus.
On mange des quartiers de chevreau , aulli-bicn
que des quartiers d'agneau. On l'appelle autrement
tatric. Les Anciens difoienr chèvre/ -, à caufe qu'ils
prononçoient en el tout ce que nous prononçons en
eau. Chafielyçont château , & ici pour l'eau. Borel
dit avoir lu ces mots dans un certain Auteur -, //
print un mourcel de pel de chevrel; pour dire, il prit
un morceau de peau de chevreau. Le chevreau a
toujours paflc pour un mets excellent , 5c les An-
ciens en fervoient dans leurs plus magnifiques repas.
X-'Ecriture nous en fournit plufieurs exemples à l'é-
gard des Hébreux , comme Gcn. XF, 9 -, XXX ,
31 , 55 -, XXXI, 58 -y XXXII, 14 i / Liy. des
Jiois , XFIi lo -, Jug. XIII , I î , &c. Il y a peu de
feftins dans Athénée où les chevreaux ne fe trou-
vent au nombre des plus excellens mets. Foy. L. I ,
ç. J, L.IF , c. 6 , L. IX , c. ^ ,c. 1^. Juvenal ,
Sat.XI,y3inxe la bonté d'un jeune chevreau du
territoire de Tivoli. En France on en mange beau-
coup en quelques Provinces, Les c^evT-fizw.v de Poi-
tou font les meilleurs-, SiC on les compare en bonté
à ceux d'Italie, De la Mare, Tr. delà Pol. L. F ,
T. XXII, où il cite Nonius de Re Cibar. L. Il, c.6.
£^a chair d'un chevreau , qui eft encore fous la
rnere & ne s'eft nourri que de lait , eft excellentp ,
^ bonne pour la fanté. A deux 5c à trois mois , les
(Jievreaux font bons -, on en peut manger jufqu'à
fixmois, mais ils font moins bons. Cette chair cft
de facile digeftion , nourrit beaucoup , 5c on l'c-
jûime wçS'&lwï>irç aux perfannçs convalefcentes , à
CH E
caufa defes fucs huileux 5c balfamiques. Idem.
ItCTMalgré tous ces éloges de la chair de chevreau, il
faut convenir qu'elle eft tade , humide 6c glair,eutb,
&, que bien des ellomacs ne s'en accommodent pas.
Le chevreau ctoit la vidime la plus ordinaire du
Dieu Faune , 5c des auttes Dieux champêtres.
CHEVREFEUILLE. i.i.CapnfoUum , penclymenoii.
Il y en a qui écrivent chevrefeuil. Aibriiîèau dont la
racine eft ligneule , rampante , 6c donne à Ion collet
plufieurs jets ligneux , gros comme des plumes là
écrire , ronds , longs plus ou moins , luivant le
terrain dans lequel il fe trouve , couchés par terre ,
en partie fur tout, 6c en partie debout, lorfqu'ils ne
fonr pas éloignés de quelque corps auquel ils puil-
fcnt s'entorriller pour fe fourenir. De chaque nœud
de ces jets , qui font fouvent branchus , nailfent des
feuilles oppofées , arrondies , molles , d'un vert gai
en delfus, plus pâles 5c un peu velues en deflbus.
A l'extrémité des branches font attachées des fleuts
dilpolées en rayons. Chaque fieur eft un tuyau
fermé par le bas , évafé par le haut , Se découpe en
deux lèvrts , dont la fupérieure eft recoupée en
quelque partie, 8c beaucoup plus grande ordinai-
rement que l'intérieure , qui cft raillée le plus fou-
vent en manière de langue. Le calice qui fourient
la Heur devient une baie molle , d'un rouge titant
fur le jaune , groffe comme un pois , d'un goût
dciagtéable. Elle renferme quelques Irmenccs dures
applatics , 6c prelque ovales. Il y a plufieurs cfpèccs
de Chèvrefeuilles, Les unes ont leurs feuilles op-
pofées 6c IcparéeS", dans quelques efpèces , elles le
joignent tellement par leur baie, qu'il lémblc que
la branche ne tait que les enfiler. C'eft pour cela
que quelques-uns l'appellent Caprifolium pcrfu-
liatum. Leurs fleurs varient par leurs couleurs , par
leur odeur, 6c par le remps auquel elles naillénc.
Dans la plupart des efpèces , la couleur de la fleur
cft purpurine, rayée de quelques lignes blanches,
qui deviennent jaunes , lorlque la fleur commence
à paffer. Mais dans cerraines efpèces, ces couleurs
font plus vives , de même que l'odeur. 11 y en a au/fi
qui fleuriflenr plutôt , d'autres plus tard , ^ d'aurres
qui gardent leurs feuilles toute l'année. On cultive
dans les jatdins le chèvrefeuille, parce qu'il gar-
nir des efpalicrs , 6c qu'il donne beaucoup de fleurs.
On fait des palillades de chèvrefeuille , des ber-
ceaux , des cabinets de chèvrefeuille , des buifibns
de chèvrefeuille. On le met dans des pots , on le
taille , on l'arrondir , on lui donne diverlés figures.
Les fleurs du chèvrefeuille font en ufage en Mé-
decine : elles font un puifiant diurétique , ?>. propres
pour la rare. On s'en ferr auffi dans l'afthme , 5c dans
la roux. On en fait une eau diftillée qui fortifie les
nerfs , 6c facilite l'accouchement On l'appeloit au-
trefois chievreboujt.
CHEVRE-PIÉ. C'eft une épithèce que les anciens
Poètes donnoient aux Faunes 5c aux Satyres, à qui
ils attribuoient des pies de chèvre. Capripes, Dieux
Chevre-piés.
CHEVRETER. v. n. Qui s'eft dit d'une chèvre qui
met bas Ion petit, Edere , eniti. On dit aujour-
d'hui chevroter.
CHEVRETTE, f. f. Petite chèvre. Capreola.
Je tout malade ù privé de foulas ,
D'un lieu loingtain mène cy mes chevrettes ,
Accompaignée d'agneaux & hrehiettes. Marot.
CHEVRETTE, Petit chenet de fer qui a quatre pies ,
5c qui n'a poinr de branche élevée, qui arrête Iç
bois qu'on met delTus, Fulcrum ferreum pedikui
quatuor injiruclum.
Chevrette eft auOi un terme d'Aporicaire , qui figni-
fie un pot de faïance avec un goulot, où l'on met
les fyrops. Guttiis.
Chevrette , dans l'Artilletic , eft une petite machin*
de trois pies ?< demi de hauteur. Elle cft compofée
de deux pièces de bois élevées perpendiculairement
6c fichées fur une autre pièce de bois qui tra ver fe
C H Ê
*: qui touche à terre. Elle a en haut un boulon de
fer qui entretient les deux pièces droites, & une
cheville de fer qui haufle Si baifle dans les tr6us
, faits exprès , à proportion que l'on veut haufîcr , ou
bai/Ter les fardeaux qui le pofent deiÏÏis.
Ch£VR£tte lignifie auflï, la femelle du chevreuil.
Caprea , câprajilvejiris, La chevrette & le chevreuil
fe gardent la fidélité tant qu'ils vivent. SAl.
Quelques-uns difent aufli chevrclLe. Voyez Ciie-
VREUrL.
Chevrette cft le nom que l'on donne à Dieppe &: en
d'autres lieux de Normandie , à une eipèce d'écte-
vilTe de mer , qu'on appelle ailleurs & plus com-
nriunément crevette. Voyez Crevette,
Chevrette. Terme de Chirurgie, Capijlrnm.^zr\à^<TQ
dont on le lert pour la fracture & la luxation de "la
.mâchoire inférieure. Il cft limple & double. Le
Jimple cft pour la fradure d'un côté, le double cft
employé à la mâchoire inférieure fracturée des deux
côtés. Voyei le Dicl. de M. Col de Villars.
CHEVREUIL, f. m. Bête fauve & fauvage , qui vit
dans les bois , qui relfemble au cerf, mais qui eft
plus petit, & qui cft de meilleure fiiite. Capreolus.
Il s'apprivoife auifi plus aifément , & ne fait point
de mal avec fon bois. On appelle bùjfe ou endure.,
ce qu'on appelle au cerf la meule. Sa femelle fe
nomme chevrelle ou chevrette. On ne peutdifcerrter
le mâle d'avec la femelle , quand on les chafle ,
que par la tête. Les chevreuils font les plus difpos
des animaux qui ont les pies fourchus. Ils né vont
point au change des femelles , qui portent deux
ou trois petits \ au contraire , ils les recourent &
les gardent, quand elles font pleines \ & quand elles
ont mis bas, ils leur aident à élever leurs faons,
jufqu'à ce qu'ils foient en état de les fuivre. Les
chiens barreurs font les meilleurs pour courre le
■chevreuil.
La chair de chevreuil eft la meilleure entre tous
les animaux fauvages, & la plus délicieufe au goût.
Les Médecins ne lui trouvent aucune mauvaife qua-
lité i ils difent qu'elle eft fort propre aux tempé-
ramens flegmatiques, & à ceux qui font fujets à la
colique & au mal caduc. De la Mare , Tr. de là
Pol. Liv. r, tom. XXUl, cL i , § 5 > uù il cite
Sint. Sethi de alimenter, facultatib. Lit. D.n. i.
Nonius, de Re Cibar. L. Il, ch. 10. Bruyer. Campes;!
De Re Cibar. L. XIII, ch. 20. Il y a beaucoup de
chevteutls dans le pays du nord, dit Olaiis Magnus,
Liv. XIII, ch. 3 , dans les Alpes, en Suifle , &
■ dans quelques-unes de nos forêts de France. Les
chevreuils , non plus que les cerfs , n'ont point de
fiel. Le petit du chevreuil s'appelle faon , aulTi-
bien que celui du cerf. Id,
CHEVREUSE. Ville de France , dans le Hurepoix.
Capraufium , Caprçjio. Chsvreuje , qui eft fur la
petite rivière d'Ivette , fut érigée en Duché par
François I, l'an 1545. Dix ans après, Henri II
confirma cette ére(5tion ; & l'an i(Jii, Louis III
fit une Pairie de ce Duché , qui appartenoit à la
Maiion d'Albert.
|Cr CHEVREUSE ou BELLE CHEVREUSE, f. f.
Caprufiana. Efpèce de pêche , grofie , de belle fi-
gure, un peu longuette , bien colorée , d'un très-
bon goût & d'un très-grand rapport. Elle devient
pâteufc , quand elle eft trop mûre, ou quand elle!
a crû dans un fond froid &: humide. Elle demande \
l'expolîtion du levant ou du midi. Dans les fonds
médiocrement humides, elle s'accommode alTez
bien de l'expofition du couchant. Elle mûrit au
commencement de Septembre.
§CP Quand ce m.ot fe dit de l'arbre , il eft mafculin.
Un chevreufe.
CHEVRIE. f, f. Nom d'un inftrument qu'on croit
être la mufette , la cornemufe , ou quelque chofc
de femblable.
CHEVRIER. Celui qui garde , qui mène paître les
chèvres. Caprarius.
CHEVRILLARD. f. m. Petit chevrewl. Faon de
chevrette. Acad. Fr.
Tome Ht
G M E ^i^
^?I^^^- î; "V ^'^"' ^' ^°'' ^' ^''^'Se écarrie qui
le débite, de fix à lept pies de lon^ , Se de troij
a quatre pouces de gros , qui frrt ordinairement
a mettre fur les pannes des couvertures d'un loeis
pour loutenir les latteS. Car:ther,^s. Les chevrons
coulent fur k couverture , ftute d'être bien che-
villes & brandis fur la panne. Il y a des chevrons
de croupe, & des chevrons de lonn-pan. Ceux-ci
portent depuis la panne jufqu'au haut du toît" ^
lont de la plu^ grande étendue du bâtiment l'-s
autres font inégaux , & attachés fur les arêtiers de
la croupe d'un comble. Il y a auifi des chevrons
cie icmplage, des chevrons cintrés, qui ferv-nt
peur les dômes, f^ Les cintrés font ceux qui font
courbes & aflcmblcs dans les lierrtes d'un comble.
.fJ- Les chevrons de rcmplage , font les plus petits
chevrons d'un dôme. Ils ne fuivent pas dans les
liernes , parccque leur nombre diminue , à mcfure
qu ils approchent de la fermeture au pié de la kn-
terne.
f^ Les chevrons de fetme, (onz Amx chevrons eh-
cailres par le bAs fur l'entriit, & joints eh haut
par 1 extrémité au poinçon.
On cloue au bas des chevrons, des coyaux,quî
portent julques fut les bords de k faillie de l'en-
tablement. Quand les chevrons font chevillés
Uir les pannes , on dit qu'ils font brandis fuc
panne.
Ce mot vient de caprone , qui a été fait de caper
ou de capreolus , qui fe trouve dans Vitruve eh
cette fignification. Ménage. On les a appelés aufll
capronesi.
CiiEVRON , eh termes de Blafon , eft l'une des pièces
honorables de l'écu ^ qui repréfentc deux chevrons
de charpente àifcmblés fans aucune divifion II
defccnd du chef vers les extrémités de l'écu en
forme d'un compas à demi-ouvert, h eft le fym-
bole de la protedlion & de k confervation , ou
celui de la conftance & de la fermeté. D'iutres
difent qu'il repréfente les éperons du cavalier.
Quand il eft feul, il doit occaper k troifièmë partie
de 1 ecu. Quand il eft accompagné , fa larcrgur ne
doit être obfervée qu'autant quelle perm.-t fa com-
modité des pièces qui l'accompagnent. On charge
quelquefois les chevrons d'un autre chevron du tieis
de h largeur. Il y a des chevrons de plufieurs pièces .
amfi que k i^Cce , k bande & le pal. On tiei c
que le chevron étoit autrefois une pièce de lice de
barrière & clôture de parc. Quelques-uns le dé-
rivent de chèvre , parce qu'il en repréfentoit au-
trefois k tête. D'autres le dérivent de ch^f, &c
diient qu'on le nommok chievrort, comme on di-
foit aùfli chief pour chef.
CiiEVRON abacfe j eft celui dont la pointe n'ap-
proche pas du bord du chef de l'écu , & qui va feu-
lement jufqu'à l'abyme, ou aux environs. Cdntherius
deprejjus.
Chevron alaifé , eft celui qui ne parvient pas iufques
aux extfémités de l'écu. Jccifas.
Chevrons appointés , font ceux qui portent leurs
pointes au cœur de l'écu , & qui font oppofés l'un à.
l'autre , y eh ayant un droit , & l'autre renverfé,
Obverfus.
Chevron brifé ou éclaté, que quelques-uns appellent
fendu , fe dit quand k pointe d'en haut eft tendue ,
en forte que les pièces ne fe touchent que par un
de leurs angles. Supernè disjuncius.
Un chevron coupé o\i ejjimé , eft celui dont la
pointe cft coupée. Seclus.
Chevron rompu , eft celui dont une branche eft
rompue, & féparée en deux pièces. Fraclus.
Chevron couché , eft celui dont la pointe eft tournée
vers un des côtés de l'écu fur lequel il eft appuyé.
Jdcens.
Chevron onde , eft celui dont les branches font on-
doyantes , & vont en ondes. Undatus.
Chevron parti , quand il a fes branches de diffé-
rent émail , & lorfque k couleur eft oppofée au
métil, Partifusi,
Xxx
CH E
Chevron ployc , quand les branches Tout coudies.
fkxus , incurvus,
Chevron rcnvirp , quand fa pointe eft vers la pointe
de l"ccu , êc la branches vers le cheh Inverjus.
On appelle un écu chevronné, quand il eft
rempli de chevrons en nombre égal de métal &
de couleur.
Chevron, f. m. Terme de Commerce. Sorte de
laine ou de poil , qui vient du Levant.
Ip" Chevron , terme de Pêcheur , lignifie toutes
fortes de petits poiiîbns , Irai en général.^
CHEVRONNÉ , GONTRE-CH£VRONN£, fe dit
lorlque l'ccu eft parti, & que la couleur eftop-
pofée au métal , Se réciproquement le métal à la
couleur , comme celui de la Haye Ventelct. Can-
theriMus , caniheriis refertus. On dit aulli un
pal chevronné, quand il eft chargé de chevrons ,
& pareillement des autres piè;cs. falus canthsriis
onujius.
CHEVROTAGE. T. m. Droit que les habitans qui
ont des chèvres doivent en quelques lieux à leur
Seigneur. Ce droit conlifte en la cinquième partie
d'un chevreau mâle ou femelle , qui lé paye an-
nuellement au Seigneur.
§Cr CHEVROTEMENT, f.m. Terme de Mufique.
Défaut dans la voix d'une perlbnne qui chance
par fècouires , & en tremblotant. Le moindre che-
yrotement rend infupportable le plus beau chant
du monde.
|Cr CHEVROTER, v. n. En parlant de la chèvre ,
faire de petits chevreaux. Htzdulos parère , edere.
Les chèvres ne chevrotent qu'une lois l'an.
|C? Chevroter ledit, dans le ftyle familier, pour
s'impatienter, lé dépiter, & comme on dit , prendre
la chèvre. Stomachari. Quand on lui reproche fa
naiffance , cela le fait chevroter. Il figniiie encore ,
aller en bondiflant , aller par fauts & par bons.
Chevroter en marchant. On dit qu'un homme che-
vrote en chantant , ou que fa voix chevrote , quand il
chante par fecouHcs & en tremblotant. Cet homme
croit bien chanter , mais il ne fait que chevroter.
Et certain fat , ivre de fa parure,
Enfe mirant , chevrotoit , fredonnait ;
Et de l'index battant faux la mefure ,
Crioithtayo, lorfque l'on détonnoit. Voltaire.
Avec un faufTet des plus aigres 5c des plus che-
vrotans, il chanta ces paroles. S. Didier.
Ip" CHEVROTÉ , ÉE. part. Cadence chevrotes.
Voyez Chevroter.
CHEVROTIN. f. m. Peau de chevreau préparée,
qui fert à faire des gants , & plufieuis autres chofes
qui demandent une peau délicate. Pellicula hce-
dina.
CHEVROTINE, f. f. Terme d'Artillerie. Balle de
plomb d'un petit calibre. Glans plumbea. Il y en a
cent foixante-lix à la livre.
On donne encore ce nom à une forte de plomb
dont on fe fert à la chailé du chevreuil.
CHEUTE. Voyei Chute.
CHEZ. Propofition qui fignifîe , en la maifon , en la
demeure de quelqu'un. ^jP^^i , lorfqu'il n'y a point
de mouvement : ad , lorfqu'il y a du mouvement.
Venez dîner chei moi. Il eft allé chei le Roi , che^
les Dames. Il eft che^ fon Rapporteur.
^fT Chez eft quelquefois employé comme équiva-
lent de /'^rwi ou ^iî72^, quand on parle d'un peuple,
par exemple , & quand on cite des Auteurs ; inter,
apiid. Ainfi , l'on dit, c'étoit une coutume che^ les
Romains -, les Druides exerçoient une grande au-
torité chei les Gaulois. On trouve chei les Auteurs
grecs des exemples de &c. Des gens déhcats
condamnent l'ufage de ce mot dans ce fens, mais
mal-à-propos , puifqu'on en trouve des exemples
dans les meilleurs Ecrivains. On croit pourtant qu'il
ne faut pas s'en fervir pour citer un Auteur en
particulier. On ne diroit pas , par exemple , on
trouve cAe^ Homère, hxc canuntur apud Homerum.
C H I
Çhci n'eft propre qu'a dénoter la demeure de quel-
qu'un , ou quand on parle de toute une nation^
On dit, dans Homère, parce qu'on fous entend
dans les livres d'Homère. Ceft le fentimcnt de Vau-
gelas &C de Corneille.
f3" Chez s'emploie encore avec grâce pour dire ,
dans rintéricur, dans i'elprit. C'cft ainli que Mon-
taigne dit , nous ne fommes jamais che^ nous j
nous fommes toujours au de-là. Mont. Pour vivre
tranquille dans la retraire , il fiut avoir réglé bien
des chofes che:^ foi , dont on a bien de la peine à
venir à bout. Font. Il vaut mieux fe foucier de ce
que l'on eft che^ foi , que de ce que l'on eft c/;t^
les autres. Mont. On dit , vous êtes mal chei lui ,
c'eft-à-dire, dans l'on efprit.
gCr Cette même propofition, jointe à un pronom per-
fonnel , devient un nom fubftantif. Il a un che7^ foi.
Vous avez un cAeç vous. Quand j'aurai un che:^
moi , j'y recevrai mes amis. J'ajouterai à ce petit
article du Didionnaire de l'Académie & du Voca-
bulaire , une choie qu'ils n'auroicnt pas dû oublier,
c'cft que cette exprelllon eft des plus bourgeoife.
Quelques-uns croient que ce mot vient de cafa,à.
caufe que le mot de ca fe change aifément en hotte
langue en c/zf , comme Che:^al-BenoiJl vient Cafa.
Benedicii. Ménage dit qu'il vient du latin apud;
mais il ne dit point par quel chemin il eft venu :
il eft difScile de le deviner.
CHÉZAL-BENOIST. Voye^ Chésai-Benôist.
CHEZANANCE. f. f. En général, tout ce qui coii^
traint d'allet à la felle •■, mais en particulier , c'eft
dans Paul Eginete le nom d'un onguent préparé avec
le miel & l'alun, bouillis enfemble , jufqu'àceque
le tout foit d'une couleur rouge , dont on frote
l'anus , & qui procure une copieufe évacuation ,
mais non fans douleur & fans peine. X£^«»«rx>. Paul
Eginete a tiré ce remède d'Oribafe , Synopf Lib. IIL
Aétius donne le même nom, Tetrab. /, Serm, 3^
ch. I 3 5 , à une emplâtre purgative qu'on appliquoit
fur le nombril. Ce mot vient de xK^'" ' '^^^*'" "■ ''^
felle, àmfKn, néceffité.
CHEZÉ. Terme de Coutume. C'eft un certain ef-
pace de terre autour du château ou de la maifon
noble qui eft en fief: cet efpace eft en quelques
endroits de deux arpens , en d'autres , de quatre:
c'eft ce qu'on appelle ailleurs le vol du chapon,
C H I.
CHIA-JA-BOEH. f. m. Second Lieutenant-Général.
C'eft le troilicme Officier général des Janiffaires.
Il ne cède rien au fécond , qui eft Seymer-BafTy ,
pour les privilèges, pour l'autorité & pour le com-
mandement. Il eft Capitaine de la plus fiche com-
pagnie , favoir , de celle des Boluc-Durys. Il la
gouverne defpotiquement , & même il a le privilège
d'hériter de ceux de fes foldats , qui meurent fans
enfans & fans parens, & il a le droit de donnera
fes Officiers fubalternes les poftes appelés KuUurs ,
ou gouvernemcns des villes de guerre.
CHIANA Rivière d'Italie. Clanis. Entre les monta-
gnes de laTofcane, il fe trouve dans une longue
plaine un grand lac , que la Chiana traverfe , ôc où
fes eaux font tellement en équilibre , qu'elles n'ont
pas plus de pente pour couler du côté d'orient
dans le Tibre, que du côté de l'occident dans
l'Arne , qui paffe à Florence ; de forte qu'elle coule
de l'un & de l'autre côté. Elle contribue beaucoup
aux inondations tant du Tibre que de l'Ame. Ac.
DES Se. 170? > Hifi. p. 141.
^ CHIANGARE. Ville de Turquie, en Me, dans
la Natolie propre. Elle donne fon nom à la Pro-
vince de Chiangare, qui répond à l'ancienne Ga-
latie , félon Baudrand.
CHIANTZOLLI. f. m. Herbe qui croît dans le Nou-
veau-Mexique. Ses feuilles rclTemblent à celles du
lierre, & fes fleurs font blanches. Sa femence eft
aufTi blanche & femblable à une lentille. On s'en
fert en Médecine, pour en faire des potions rafraî-
CH I
cliiffantes. On en met aciîî dans les viandes.
CHIAOUS. r. m. Terme de Relation. Ceft un Offi-
cier de la Porte du Grand-Seigneur, qui talc l'of-
fice d'Huiffier. TurCLCtzauliZ fontus PrœfeClus, C'eit
comme un Exemt des Gardes en France. Il porie
des armes offeniives &: dcfenlives. Il aflignc les par-
ticuliers pour accommoder leu^s dilFérens ; & les
prifonniers de diftindlion l'ont mis en ia garde. Le
Grand - Seigneur a coutume de choilir quelqu'un
de ce rang pour envoyer en ambaiîade vers les
autres Princes. Les Chiaous portent à la main un
bâton couvert d'argent , qui a un bouton au
haut -, & ils font armés de cimeterres, d'arcs & de
flèches.
Chiaous eft unmotturc,qui{tgnifie £/zvoye.Vigenère
& Méninski écrivent CA.-zo«. Voyez Chalcondy le,
au commencement de l'on IX^ Livre. Chiaous en turc,
VJ^H^ , Apparilor , qui ante Dominum prxadit ,
%'iam pariit; &■ recéder e jubet eos qui in viaj'unt ;
& flaior , famulus Aulicus , vulgb Ciaus , die
Méninski.
CHIAOUS. (Orta) r. m. C'efl le fécond Officier des
Janiflaires , & il a le troilicme fous l"es ordres. Ils ne
font Capitaines ni l'un ni l'autre; mais leur emploi
eft de faire exécuter les fcntenccs des Capitaines
contre les foldacs coupables \ car les foldacs ont le
privilège fingulier d'être jugés par leurs propres Offi-
ciers. Ces deux Officiers doivent faire obfervct
l'ordre des marches à toute l'infanterie , &: princi-
palement lorfqu'elle paiîe devant le Général. VOr-
ta-Chiaous doit faluer le premier , avec les mains
jointes.
CHIAOUS BASCHL f. m. Officier qui marche à la
tête des Chiaous , & qui affilie au Divan , où il in-
troduit ceux qui y ont des affaires. Ciaufiorum Pnc-
feclus , Prœior rerum cupitalium , Marefchallus ,
dit Méninski. Il accompagne ordinairement les
Ambafîadeurs à l'Audience du Grand-Seigneur.
IP" CHIAPA. Province de la Nouvelle Efpagne ,
dans l'Amérique ieptentrionale, capitale. Ciudad-
Réal.
|CF CHIARI. Petite ville d'Italie , fur les terres de
la République de Veniie, dans le Brelîlm.
^ CHIARTACHAR ou CHIARACHAR. Chcira-
chitra. Ville du Zagarhai , Conttée de la grande
Tartarie , aux confins de la Perfe.
CHIARVATAR. f. m. On nomme ainfi en quelques
lieux de perfe, ce qu'on nomme en France un Doua-
- nier. Il lève fur toutes les chofes qui entrent , même
fur les perfonnes , un droit proportionnel au
poids.
CHIASSE. f. f. Écume de métaux. Chiaffe de fer , de
cuivre, &c. La chiaffe de fer eft ce qu'on appelle
dans les petites forges mâchefer , & /ornes dans les
grofles , & ce que les gens de Lettres appellent
fcorie ; mais parmi le vulgaire , on l'appelle chiaffe.
On appelle c/zi^j/I' de mouche, de ver, les excré-
mcns de la mouche, du ver. Quand on veut dire
qu'un homme eft très-méprifable , on dit qu'il eft
la chiajfe du genre humain. Un Abbé & un Che-
valier fe querelloient fortement •■, tc comme toute
la compagnie repréfentoit au Chevalier que l'Abbé
avoir un caraélcre, & qu'il avoir tort de le traiter
de la forte : parbleu , dit-il , voilà un plaifant
homme à carailère, c'eft la chiaff'e du Paradis,
Furetiriana. Expreffion digne de la Place Mau-
bert.
Ip" CHIAVARL Ville d'Italie, dans l'Etat de Gênes ,
à vint^t-cinq milles de Gênes.
|Cr CHIAVENNE. Clavenna. Ville de SuifTc , chez
les Grifons , au pié des Alpes Rhétiques , dans un
petit Comté de même nom , qui occupe la partie
orientale de la grande vallée qui s'étend en lon-
gueur au pic des Alpes Rhétiques.
^fT II V a un lac de même nom.
ICT CHIAURLIC. Voyei Chiourlic. _
CHIBON gummi , ou gomme de gommier , eft une
gomme ou réfme blanche, qui découle en abon- i
C H î y 5 1
'' dance d\m grand arbre de l'Amérique. Son boi.«
eft blanchies feuilles (ont lémblablcs à celles du
Jaurifr , mais beaucoup plus grandes. Quelques Mar-
chands veiident cette gomme pour celle d'eUmi ^
&c les autres pour celle dite animée ,& d'autres pour
du tacamahaca. Cette gomme eft réfolutive , ner-
vale & fortifiante.
CHIBOU. Nom de lieu dans l'île du Cap Breton. Il
y a le grand & ie petit Chihou. Le grand Chihou eft
l'cnrrce du Havre de Sainte Anne. Le petit Chibou
eft l'entrée du Labrador.
CHIC ou CHIQUE, f. m. Mot du ftyle populaire
pour iigniher , chicane > fineife , fubtilité. On dit
qu'un homme entend le chic; pour dire, qu'il eft
verlé dans les détours de la chicane, ou qu'il eft fin ,
rufc , adroir.
%T CHICACHAS. Peuple de l'Amérique, dans la
Louifianne , afiêz près du s;r.;nd fleuve de Mifhifipi.
CHICAMBAUT ou CHICABAUE. f. m. Le der^
nier eft le plus ufité. Terme de Marine. C'eft une
longue &: forte pièce de bois vers l'avant i'un pe»
tit vairtcau, pour lui fervir de poulain ou d'épe-
ron. NicoD. liojiriun minoris navis , rojfeUiim.
CHICANE, f. m. Subtilité captieufe en matière de
procès; abus de procédures judiciaires, quand on
s'en fert pour dilayer , tromper ou furprendrc les
Juges & les parties. Liti^atorum arus jnbdulce ,
trrciz. Cet homme a fait un long combat d;^ chicine
fur la claufe ambiguë d'un contrat. S. Evr. La cA/-
cane prend dans les loix mêmes qui font faites poar
la réprimer , des prétextes pour s'emparer du bien
d'autrui. Ben. Il eft bon de m.êler quelquefois l'a-
grément des belles lettres à la fécherelP; & à l'en-»
nuyeufe chicane du Barreau. S. Evr, Les parties
faiiies fe fetvent de toutes fortes de chicanes , pour
fe conferver en la polfelfion de leur bien qu'on dé-
crète : ils font la chicane d'appeler de toutes les
fentences qu'on rend contre eux.
Et dans l'amas confus de chicane* énormes ,
Ce qui fui blanc au fond, rendu noir par les formes^
BoiL,
Les Poètes perfonifient la chicane.
Là fur un tas poudreux de fies & à: pratique ,
Hurle tous les matins une Sibylle etique ;
On l'appelle Chicane , & ce monjirc odieux ,
Jamais pour l'équité n'eut d'oreilles , ni d'yeux„
BoiL»
Dé]a de tous côtés la Chicane aUx abois ,
s'enfuit au feul afpecl de tes nouvelles loix, lo.
D'une gueule infernale,
I^a chicane en fureur mugit dans la grand' Salle. Id,
On appelle gens de chicane , les Sergens , Pro-
cureurs , Solliciteurs , petites gens de pratique &
autres qui inventent ordinairement les vaines fub-
tilités qui font la caufe de la chicane, Accenji ,
Procuratores , Confultores.
Chicane fe dit , par esrenfion , des fophifmes qu'on
fait dans les Collèges , des dijUnguo , &■: autres
fubtilités captieufes qui embarrafl'ent les queftions ,
& obfcurciifent la vérité , comme la chicane du Pa-
lais fait à l'égard des procès & de la Juftice. Ca-f
villatio.
Chicane i'e dit , dans le même fens , de toutes les diA
putes & conteftations inutiles , ou mal fondées ,
qui s'élèvent entre les Savans , ou même dans la
converfation. Ccmcniio , controverfia. A la honte
des Savans , unedil'pute de littérature dégénère bicrt
fouvent en chicane & en iniurcs. De Vill.
Chicane fe dit auffi des difputes qui arrivent dans
le jeu. Contentio , rixa. Ce joueur difpute , fait une
chicane poui cinq fous.
Chicane fe dit auffi d'une manicte de jouer au Mail
Jouer à la chicane. On le die auflî au Billard. Ac,
Franc
X X X ij
53^
C PI î
|Cr Chicane fc dit à la guerre cks petites a6iions
de détail , Ibit pour l'attaque , foit pour la dct'enfe.
Souvent pour les chicanes de guérie bien conduites
il taut plusd'adivitc , plus de vigilance , plus d'iia-
bileté i que pour des adions plus brillantes. Fon-
TENELLE.
|tCr Chicane fe dit aulTi de pluficurs petits ou-
vrages de fortifications , laits pour dilputcr le ter-
rain 8c le défendre pie à pic.
Chicanes ^e/o/è "Lçs chicanes de foile ne font pas
communes , ni chez les Anciens ,ni chez les Moder-
nes. Nos chicanes les plus ordinaires ne font que
de vi2;oureufes forties, telles que celles que lit en
1743 M. le Maréchal de Broglie , qui obligea M.
le Prince Charles de Lorraine de lever le fiége de
devant Prague. Les chicanes les plus ordinaires des
Anciens dans leurs fofl'és , étoient d'aller par galle-
ries , delà ville fous le comblement dont ils tiroient
les terres , &: pratiquoient deifous une eu pluf eurs
chambres. On étayoit les terres par des bois de-
bout , &: après les avoir remplies de bois fcc & de
matières combuftiblcs , on y niettoit le ieu , 5:
les terres s'affaiilbient tout d'un coup. Les machi-
nes qui étoient deffus s'enfonçoient avec les terres,
& fe renverfoient dans le foifé avec un fracas épou-
vantable , & ce ftu fouterrain s'échappant par les
ouvertures, fe prenoit aux machines , ce qui étoic
toujours fuivi d'une grêle de traits & de flèches en-
flammées, &: d'une fortie tout en même temps. On
choififlbit la nuit pour ces fortes d'entrcprifes , qui
ell le temps le plus commode & le plus favorable.
CHICANER. V. n. Abufer des procédures judiciaires ,
former des incidens -, faire des chicanes qui alon-
gent les procès , qui offufquent la vérité. CalUd'e
& frauduknteT litigare ; litium , rixarum canj'as
producere , protrahere. Cet homme eft habile dans
l'art de chicaner ; il ne fait que chicaner.
Chicaner fe dit aufil dans les autres difput*5, con-
teftations , fe fervir de détours , de fubftilités
captieufes dans les conteftations mal fondées. Ri-
xari, cavilLni. Je neveux point traiter avec cet
homme là , il chicane fur rour. Les Hérétiques ne
repondent pas aux argumens , mais ils chicanent.
Chicaner au jeu. 0CF L'efprit de pédanterie met fon
plus grand plaifir ci chicaner (uï \t^ petites chofes ,
& à contredire fur tout avec une baifc malignité.
Nie. Philis , contre la mort vainement on chicane.
ffT Chicaner eft aufll verbe adlif. Chicaner quel-
qu'un , lui fufciter un procès fans fujet , fans rai-
fon , ou le tenir en procès mal-à-propos. Cet homme
chicane tous fes voifins. Il n'a fait c^ue me chicaner
depuis mon acquilition.
^J" On dit d'un homme qui fe défend bien , qu'il
chicane fa vie.
ffT Chicaner fe dit encore adivemenr pour , re-
prendre , critiquer mal-à-propos , & pour des cho-
fes qui n'en valent pas la peine. Chicaner un Au-
teur , chicaner fon ouvrage. Remarquez que la for-
tune me chicane fur les moindres honneurs. B.Rab.
Le précepte d'Ovide , de fe chicaner foi-mcmc fur
les appas de ce qu'on aime , eft fouvcnt alfez inu-
tile. Il ne faut pas chicaner un Ecrivain enjoué,
qui dans une débauche d'efprit dit des folies pour
fe réjouir. Bouh. Le monde eft plein de gens qui
chicanent les autres.
g3" On le dit encote, mais dans le ftyle familier &
commun , d'une chofe peu importante en foi, mais
qui ne laiffe pas que de faire quelque peine, il/o/^y^
tum effe. Cette bagatelle me chicane. Cette maladie,
quelque légère qu'elle foit , ne laiile pas de me
chicaner. Cette nouvelle me chicane.
Chicaner le vent , en termes de Marine , c'cft prendre
le vent, en louvoyant , &c en faifant plulieurs bor-
dées tantôt d'un côté , &: tantôt de l'autre. O/'/i-
. ^lio uti^ento, ^ji^ Faire plufieurs bordées tantôt
d'un côté , tantôt de l'autre , pour s'approcher du
vent quand il n'eft pas favorable à la route , ou
pour le difputer , & mettre fous le vent un vaif-
feau qu'on veut combattre.
CHI
Chicaner fe dit auflî pour , employer la chicane eii
fait d'art militaire, & il eft d'un ufage très-fréquenti
Turenne tic MontecuculU ne firent que chicaner
pendant toute la campagne. On chicana ians eilet.
11 fe mit à chicaner -, on dit chicaner le terrain ,
pour le difputer pié à pié. Ce Capitaine ne s'cft re-
tiré qu'après avoir chicané pié à pié le terrain. Il
ne quittera pas aifément la place, \\ chicanera le
terrain , & le difputera pié à pié.
Chicané , ée. parr.
CHICANERIE, f. f. Tour de chicane , méchante fub-
tilité qui alonge ou embrouille un procès, qui dé-
guife la vérité , qui empêche la concluiion d'une
alïàire. Callidcc , j'r audulent ceqiie litigantium ratio-
nes , cavillationesjuris. Quelques-uns croient qu'il
y a quelque dilïércnce entre cAzca7z<;& chicanerie.
Ils prétendent que le premier fe dit de la chicane
en elle-même , & le fécond de l'aélion de chicaner ;
mais on ne s'apperçoit pas de cette différence dans
les Auteurs. On voit au contraire qu'ils confondent
cesdeux mots. Peut-être ^3" celui de chicane eft-il,
plus en ufage. Chicanerie paroît plus du ftyle fa-
milier , & lignifie d'ailleurs une petite chicane.
Il m'a fait mille chicaneries, C'eft une pure chica-
nerie. On lui veut ravir fon bien par des procès Se
des chicaneries. Patru.
Chicanerie le dit , en termes de guerre, dans le même
féns que chicane. Que de chicaneries àcl2.p:in as
l'ennemi ! Il ufa de toutes fortes de chicaneries.
CHICANEUR, EUSE. f. Quelques-uns difent , CHI-
CANIER , 1ERE. adj. IfT Mais ce dernier n'eft
d'ufagc que dans le ftyle fnmilier. Homme chicanier,
C'eft vne chicanière. Celui qui fait des chicanes , qui
aime à chicaner. C'eft uri vrai chicaneur , irn chica-'
neiir éternel. Rixator , rixatrix.
Oh appelle particulièrement chicaneur , celui
qui i'e plaît à plaider. Homo litigiofus, litiiimamar.Si
Ainfi on dit , qu'en Normandie il y a beaucoup de
chicaneurs.
Ménage dérive ce mot de cicum , qui fîgriifîé îd
peau d'une grenade, dont les Efpagnols ont fait
c/^iVo ; c'eft-à-dire , menu -, petit, parce qu'un chi-
caneur eft Un homme qui plaide pour peu de chofêi
Chicaneur fe dit auffi de celui qui eft pointilleux ,
qui veut trop raffiner, qui eft trop difficile à con-»
tenter. Vitilitigator. Il eft bon d'être délicat en
amour ; mais il ne faut pas être chicaneur. Il y a des
amitiés chicaneufes qui s'allarment de tout, & qui
s'offenfent d'un regard froid ou d'un vifage myfté-
ricux. Beli.
IP" CHICAS. (Los) Peuple de l'Amérique méridio-
nale au Pérou , dans l'Audienca de Los Charcas , fur
les bords du Pileomayo.
(ÇT CHICHE, adj. de t. g. Trop ménager, qui craint
de dépenlér ce qu'il faudroir. Parcns , tenax , ref-
triclus. Il eft fi chiche , qu'il fe retufe même le né«
cefîàire. Ce mot n'eft pas du ftyle noble. Ménage
le fait venir de la même fource que chicaneur ,
qui épargne les plus'petite^ chofes ; d'où eft venu
aufTi chique & chicot , pour lignifier , petit.
ÇCT On dit au figuré, qu'un homme eft chiche de
louanges, qu'il n'aime pas à louer ; chiche àz fes
paroles , qu'il n'aime pas à parler ; chiche de it%
pas , qu'il plainr fa peine , qu'il n'aime pas à agir
pour les autres , ùc. Operâparcus. Tout cela eft
du ftyle familier.
|Cr On appelle chiche-face , une perfonne qui a le
vifage maigre , Se que le fouci ou l'avarice rendent
pâle : tout cela eft bas. Tetrico ac macilento vuitu
fpirans avaritiam.
On dit proverbialement qu'il n'eft fcftin que de
gens chiches ; pour dire , que ceux qui traitent rare-
ment , font plus grande chère que les autres , quand
quelque autre paffion les domine, comme l'amour,
la vanité, ou l'efpérance que cela leur pourroit
fervir à quelque chofe. On dit auflî , autant dé-
penfe chiche que large ; pour dire, qu'une épargne
faite mal-à-propos, caufe dans la fuite de grandes
pertes.
CH I
De? Vohc/iuke, autrement pois gris, yoyei au mot
Pois.
CHICHEMENT, adv. D'une manière chiche , avec
avarice. Parce. Il vit chichement,
CHICHERON. r. m. Ce mot le trouve dans Pomey ,
pour iîgniricr le bout de la mammclle. Papilla,
CHICHESTER. Ville Epifcopale d'Angleterre , Ca-
jiitale du Comté de SuUex , Air )a rivière de Lavant.
Cicejirici. Elle eft à deux ou trois lieues de la mer
de Éreragne , 8c à cinq de Portfmouth du côté du
levant. L'Evèque de Chichefter eft lufFragant de Çan-
torbéri. On prétend que ChLchcjler fut bâti au hui-
tième iîècle par Ciiîat > fils de Ceadwal Roi de
Weftlex , celui qui après un grand nombre de vic-
toires alla prendre l'habit religieux à Rome^&y
finit fes jours dans un cloître. On dit qu'elle s'ap-
pela d'abord Cifflicejlef, dont fe forma dans la fuite
Chichdjler ; ou plutôt il vient du mot latin Caflrum ,
Camp , parce que c'étoitun des camps des Romains.
CHICHETE. f. f. Epargne trop grande. Nimia par-
cimonis.. Si ce mot s'eft dit autrefois, il ne fe dit
plus.
^fT CHICHEU. Ville de la Chine , troifième métro-
pole de la Province de Kiangnan, fur le bord du
fleuve Kiang. Lat. 5 id 1^6' .
tfr CHIC-KpCH. Voy ei^\coco.
CHICORACE. adj. de t. g. Terme de Botanique, Ce
mot fe donne à plulicurs plantes qui ont rapport avec
la chicorée ordinaire, îbit par leurs fleurs & leurs
femences , foit aufîl par leurs propriétés. La dent de
lion , les laitues, les condrilles , font des plantes
chicoracées. Herba clchoracea, ^fT Fleurs chicora-
céex , f^os cichoraceus -fCcWes qui font de la famille
des chicorées. Elles n'ont que des demi-fleurons.
CHICORÉE. {'. i. Cichorium , cichoreum y cichorea ,
intyhus. Plante potagère qu'on diftingue de celle
qui vient à la campagne , & que pour cela on nom-
me Chicorée fj.iiva<j,e , quoiqu'elles ne diffèrent que
par la culture. L'endive elt aulfi une autre cfpèce
de chicorée, La chicorée , cichorium fanviim , a fa
racine longue , groile comme le doigt , brune en
dehors , blanchâtre en dedans , & pleine d'un fuc
laiteux qui en découle afléz abondamment lorfqu'on
la brifc. Elle poafle de fon colet plulieurs feuilles
longues d'un pié , incifées comme celle de la dent
de lion 3 un peu vchies , d'un vert plus foncé 8c
d'un goût un peu amer. Quelquefois fes feuilles font
entières & légèrement dentelées fur leurs bords. Sa
tige part du centre de fes feuilles ; quelquefois il naît
plufieurs tiges d'une même racine. Elles s'élèvent
à la hauteur de trois à quatre pics , font branchues ,
chargées vers leurs bas de quelques feuilles fembla-
bles aux premières. Les tiges Se branches font dès
leur milieu garnies de fleurs bleues qui fontéphé-
mères. Ces fleurs font compofées dedemi-fleurbns
entaflésôc renfermés dans des calices verts , divifées
en plufieurs parties qu.i s'approchenr étroitement
les unes des autres , lorfque la fleur eft paflce , 8c
cela pour garantir les embrions fiir lefquels pofoient
les demi-fleurons. Chaque embrion devient une fe-
mence anguleufe en forme de coin , menue bi lon-
guette. On blanchit les feuilles de chicorée , en
les couvrant en automne : par ce moyen elles s'at-
tendriflenr , & deviennent plus douces.
La chicorée fauvage , cichorium Jî/vefire , diffïre
de la précédente par fa grande amertume -, elle croît
à la campagne , où elle fe multiplie .à merveille.
L'endive-, intyhus , intybum , endivia , a fes
feuilles découpées en plufieurs fcgmens, S>.(zs{es.-
mcns font dentelés 8c frifcs. Il y a des endives à
feuilles larges, à feuilles étroites , $<. à feuilles cré-
pues comme celles de la laitue. On la fcme au
prinremps , pour avoir fa femence, qu'elle donne
en été , Se elle périt aulTitôt. Pour avoir de l'en-
dive blanchie pour l'hiver, on la Icme en Juillet ,
aux mois de Septembre 8c d'Octobre. On rctroufle
& on lie toutes fes feuilles aux premiers froids pour
les blanchir, c'eft ce qu'on vend fous le nom de
chicorée blanche. On a appris à les blanchit ainfi ,
j parce qu on a remarque que les c/zztow j fauva^es
ayant été couvertes de terre par les inondations,
ne confçrvoienr plus leur amertume, & devcnôienr
tendres & blanches. On les mange en falade , &
on en met dans les potages une'"pirtie de l'hiver.
En les fcmantfur des couches dans des caves , ou des
lieux fouterrainsou obfcurs , elle blanchit auîfi fans
être liée , 6c l'on en peut avoir tout l'hiver.
La chicorée fauvage eft fort employée eh Méde-
cine , fon eau diftillée eft rafraïchiifanre , S<. elle
entre dans les potions rafraîchiflantcs 6c fcbrzfuges.
Ses feuilles font fort amères ; on les met dans les
bouillons amers 8c rafraïchiflans. Ses racines font
ufitces dans les tifanes pour les fébricitans. La con-
ferve de fes fleurs eft aulfi d'ufage. Si l'on broie
delà chicorée fauvage dans un mortier, qu'on eil
tire le fuc, lie qu'on le paffe , qu'enfuite pendant
douze heures de fuite, ou même plus, on prenne
alternativement d'heure en heure un verre dé
ce jus de chicorée fauvage , un verre de vin , uri
bouillon , on fuera beaucoup , & ce remède eft
excellent dans les pleuréfies , les rhumatifmes , &
femb labiés maux.
Chicorée. Terme de conchyliologie. Nom d'une cf-
pèce de coquillage Marin. Cichorea conchx.
Chicorée vient àz chicoreum ,c^\ vient du mot
grec îi/^éâ/ , ou Ki;i;«»« , 8i Ki'xw , qui fignifie trou-
ver , car cette plante fe trouve par tour.
^fF Chicot, f. m. Eft un morceau de bois mort qui eft
fut une branche ou fur une fouche. C'eft prcfque la
même choie qu'ergot. Duhamel, Cette forêt eft
pleine de chicots. Il s'eft bleifé à un chicot.
Chicot, ert termes de Peinture , fe dit d'une pointe
d'arbre à peu près comme un if, ou comme un pal-
mier. Le maffacre des Innocens par Marc-Antoine
avec le chicot , pièce très-rare. Catalogue raifonné
de M. Lorangere.
En termes de Bldfon , chicot fe dit d'Un bâton
houeux , d'un rejetton d'arbres , foit des racines , foit
du tronc , foit des branches. Ji'w/o.
Chicot fe dit aufll d'une petite poirite de dent qui
demeure dans la gencive , quand elle eft pourrie i
ou quand on l'arrache. Putridi cariojique demis par-
ticula.
CHICOTER. V. n. Terme populaire. Contefter fuc
des bagatelles , fur des chofes de peu d'importance.
Contendere , rixari , cavillari,
CHICOTIN, f m. Terme dont le peuple fe fert pour
marquer l'amertume de la coloquinte ic de l'alun.
On dit d'une chofe défagréable &c très-amère , cela
eft amer com.me du chicotin. On en faupoudre le
mammellon des Nourrices des enfans qu'on veut
fevrer , 8c on en répand aulfi fur les alimens qu'on
veut leur faire éviter S>:: prendre en horreur.
On appelle dragées de chicotin , certaines dragées
fort amères , 011 l'on a mêlé du chicotin,
|p= CHICUGEN , royaume du Japon dans l'île de
Ximo.
gr? CHICUNGO , royaume dil Japon dans l'île de
Ximd , au midi de celui de chicugen.
CHIEF , f. m. s'eft dit autrefois pour chef. Caput.
Cheveux frangés par gente chevelure ,
Racine & chief /f telle créature, Marot,
IfT CHIEGAN. Voyei KfECAN.
Ip" CHIELEFA. Ville de la Zacanie dans la Morée , 1
demi-lieue du Golfe de Coron.
IfF CHIEMSÉE. Ville d'Allemagne , en Bavière , au
milieu du lac de Chiemfee,
CHIEN, f. m. Chienne, f. f Animal domeftique qui
aboie , qui fert à garder la maifon ,ècà. la chafTe.
Canis, Il naîr aveugle , 8c vit à-peu près douze à
quinze ans. Il eft ennemi des loups & des crocodi-
les. Le chien eft le fymbole de la fidélité.
Cet animal étoit confacré .à Mercure, comme au
plus vigilant &c au plus rufé de rous les Dieux , par-
ce que la vigilance &C la fagacité font le propre du
Chien. La chair des Jeunes chiens éroit réputée fi
pure , qu'on l'offroit aux Dieux en faerifice , àï%
CHI
Pline , 8i qu'on fervoit de la chair de chien dans les
repas prépares pour les Dieux. Les chiens croient en
srunci honneur dans l'Et^yptc. O^r On les adoroit,
dit Strabon ,dans la ville de Cynopolis,c'cft-à-d)re,
ville des chiens. Les Egyptiens gravoient des chiens
à la porte de leurs temples , pour marquer la vigi-
lance que dévoient avoir les Princes dans le gou-
vernement. Cir dans leurs hiéroglyphes le chien li-
gnifie la vigilance. Kirker. Mais la vénération des
Egyptiens diminua beaucoup, loriqu'après que Cam-
byle eut tué Apis , & l'eut tait jeter à la voirie , il
n'y eut que le chien entre tous les animaux qui alla
fe repaître de Ion cadavre. On gardoit un chien à
Rome dans le Temple d'Elculapc. Les Romains en
crucifi'oient un tous les ans , en punition de ce que
les chiens ne les avoicnt point avertis par leur
aboiement de l'arrivée des Gaulois , qui alllcgeoient
le Capitole,
Les chiens font en telle abomination aux Mal-
dives , que li un chien avoit touché quelqu'un du
pays , il iroit incontinent ie baigner pour ie puri-
fier. Pyrard. Au contraire chez les Gaures ils font
en fi grande vénération , que les Prêtres le lervent
des chiens pour puriiier leurs pénitens. Tavo.nier.
Un chien fut établi pour Gouverneur de la Nor-
vège par Often Roi de Suède , après qu'il l'eut fub-
juguée •, il obligea par ignominie les rebelles à ren-
dre hommage à fon chien , qu'il appeloit Suening ,
comme témoigne Saxon le Grammairien.
Pline , L. XI , c. 50 , obfetve que les chiens
casnars , pour me fervir des termes de fon Traduc-
teur Du Pinct , tiennent toujours la queue entre les
jambes. Canum dégénères fub alvum rejlcclunt ( eau-
dam. )
Sur les m.édaillcs , le chien efl: le fym.bole commun
de la fidélité. Il efl: fur la médaille d'Ulylié , parce
qu'il le fit reconnoître à fon retour à Itaque. On le
donne à Mercure à caufe de fa vigilance & de fon
indufl;rie à découvrir ce qu'il quête. Diane a les lé-
vriers auprès d'elle. Quand il efl: auprès d'une co-
quille , &: le mufeau barbouillé , il marque la ville
de Tyr, où le chien d'Hercule ayant croqué le mu-
rex en revint le nez tout empourpré , & fit connoî-
tre cette belle couleur. P. Jobert. Favin , Hijl de
Nav. L. XII, p. 7H»tli': «1"^ , par jugement de
Louis XII ,3c en fà préfence , un chien combattit
le meurtrier de fon maître , & en eut la viétoire -,
que l'hiftoire en cft peinte au château de Montar-
gis , & que les Gaulois fi' fervoient de chiens à la
guerre.
Ce mot vient du Grec K-j^^r, canis. Le V.Vezton
prétend que xi^y , canis , chien , vient du ki des
Celtes , qui a la même lignification -, & cela efl fi
vrai , que le génitif ^:tvos ne le dit que parce que les
Celtes difentA//«&AoK72, pourfignifier des chiens;
& que de ki le fait ^r.Z, moveo, parce que le chien va
& fe remue fans celle.
Il V a plufieurs fortes de chiens difïerens , tant
pour la taille , que pour le naturel , ou le fervice
qu'ils rendent aux hommes.
Les premiers fonr les chiens de chajje ,Canes ve-
natici , dont les plus nobles font les chiens cour ans,
ou allans , qui chaflént par la force de l'odorat. Ca-
nis celer tcurjor.
Entre les chiens ftançois , quelques-uns fonr ap-
pelés de race royale , qui courent à force les cerfs ,
chevreuils , loups & fangliers. Les chiens courans ,
s'appellent les veneurs -, & pour cela on dit qu'ils
chaffcnt de gueule. Voici comme Nicod parle de
ces fortes de chiens. Les chiens courans , dit-il ,
font certaine manière de chiens afTez grands , ayant
les narines grofles &: ouvertes , la tête grofl'e 5c: le
front large "; les lèvres avalées &: pendantes -, ks
yeux gros , noirs ou vermeils -, les oreilles larges ,
cpaifTes Se abatues ; le mufeau long & gros , defqucls
on fait des meures pour le cerf & autre bête roufîe
&: fauve.
Il y en a d'autres de race commune , ç[ui chaffent
C H I
feulement le chevreuil , le loup 5c le fanglier-, d'au»
très de race milee on peciu race , qui chaifem les
lièvres , tant dans les bois que dans la plaine.
Il y a aulîi des chiens Anglois de trois fortes.
Ceux de la race royale fervent à chailer les cerfs,
daims Se chevreuils. Les chiens bautis font pour les .
lièvres, renards 6c fangliers. On leur coupe prelque
à tous la queue. Ils font plus bas de terre ,& plus
longs que les autres , de gorge effroyable , qui heur-
lent lut la voie , 6c qui ont le nez dur , 6c font bar-
bets à demi-poil. Les bigles font pour les lièvres &
lapins. Il y en a de grands &: de petits ,6c ils font
cxcellens pour courrir le lièvre dans les plaines.
Les lévriers font chiens à hautes jambes qui
chaffent de vîteffe. Fertagi. Voyez lévrier.
Les limiers , font des chiens muets qui fervent à
quêrcr Se à détourner le cerf, chien querant Se te-
queranr. Canis vejligator , indagator.
Chiens bauds , qu'on lurnomme greffiers , fonr des
chiens blancs dont la race vient de Barbarie. Canes
alhi , vejiigiitores& indagatores. Ils fonr beaux chaf^
feurs , requérans 6c forcenans. Ils chaffent de haut
nez , gardent bien le change. Ils font de bonns
créance , 6c tiennent mieux dans les chaleurs. Ce
font les meilleurs pour courre le cerf.
Les chiens gris favent faire rous métiers , & cou-
rent toutes fortes de bêtes. Les chiens noirs qu'on
appelle de Saint Hubert , font bons pour les bêtes
puantes. On en conferve la race en mémoire de ce
Saint dans l'Abbaye qui porte fon nom dans les Ar-
dcnnes. Nicod dit qu'ils font puiffans de ccrfage i
qu'ils ont les jambes baffes 6c courtes , qu'ils font
de haut nez , châtiant de forlonge , 3c ne craignant
eaux de froidure. Les chiens fauves ou ronges font
chiens de grand cœur , fort hardis , 6c chiens d'en-
treprifc. On appelle chiens de toute pièce , ceux qui
font d'une couleur , tout blancs , ou tout noirs .
6cc, Unius ejufdemcjue coloris canes , unicolor cA'
ni s.
Les chiens couchans , font chiens de l'arquebule,
qui chaffent de haut nez 6c arrêtent tout. Auceps ca-
nis , canis cubitor. Les meilleurs viennenr d'Etpagne.
Ils fervent à faire lever les perdrix 3c les cailles , &
ces chiens font au poil 6c à la plume. On dir que des
chiens piquent[la fonnette -, pour dire , qu'ils cou-
rent trop vigourculement aptes l'oifeau.
Braques , font des chiens de même allure , auflî-
bien que les turquets 3c métis.
EpagneulsovL Espagngols ,font des chiens qu.i
chaflént de gueule , 6c forcent les lapins dans les
broufrailles.C<ï;z/j benè auritus & cirratus. Ils rident
ou luivent la pifte de la bête fans crier. Ils l'ont bons
auffi pour les oifeaux , 3c chaffent le nez bas.
Grimons fe dit auflî d'une efpèce de chiens qui
chaffent le nez haut , 3c qui arrêrenrrout. Canis ja-
gax. Ils viennent d'Italie 5c de Piémont.
Bajfets , qu'on appelle autrement chiens de terre,
font des chiens qui entrent dans les tanières des re-
nards 3c taiffons. Canis brevioribus tibiis animalium
fubterraneorum indac^ator, invcftigator.Ws viennent
de Flandre 5c d'Artois. Ils attaquent tout ce qui fe
terre, comme bléreaux , renards, chats, harêts, fouï-
ncs,purois. Ils quêtent bien,5c fervent aufîî à l'arque-
bufe. Ils font noirs à demi-poil , avec la queue en
rrompe. Il y en a qui ont double rang de dents com-
me les loups , &c qui font fujets à mordre , qui ont
les pattes de devant tortues. On parle aux bajfets ta
leur crianr , Coule , coule bafets.
Chiens de vautrait. Voyez vai'trait.
Barbets , font chiens frif es qui chaffent le nez bas
quand le gibier fuit , &: le nez haut quand il demeu-
re. Ils l'arrêrent fur terre 3c dans l'eau. Longioris at-
que crij'pi villi canis , canis cirratus. Leur principa-
le qualité efl: de rapporter , 6c ce font les plus fidè-
les chiens du monde , qui ne veulent connoître
qu'un maître , 6c ne le perdent jamais de vue. Ou
les appelle aufTl chiens à gros poil.
Dogues , font chiens de combat qui fervent à
afTaillir les grolfes bêtes , coiirme des taureaux j des
"C H î
lions , ^c. Âhloff'us Britannicus. Les Elpag^noîs
doivent une parue des conquêtes de l'Amcrique à
des dogues d'Angleterre , comme on voit dans Her-
réra. Le mot de dogue cft angiois , & iignifie chieji.
Malins., fom cldcjisàc garde, qu'on laiiiè dans les
baiîe-cours pour aboyer. Canis viUaticus. Il y a aulfi
des mâtins dans le vautrait pour chafler au Ihnglier.
Chiens allaiis ongemi/s , font de gros chiens qui en
allant détournent le gibier. On le ditauffi des chiens
de Bouchers qui fervent à conduire leurs troupeaux.
Lctnionius canis.
On appelle chiens trouvears , des chiens qui
vont requérir un renard , quand il y auroit vingt-
quatre heures qu'il leroit pafîc.
Ghien barreur , cft le meilleur chien pour le che-
vreuil.
On appelle un chicrifecret , un limier qui poufle
la voie ians appeler. Kcjiigator canis tacitus. On
l'appelle aufli muet , & on dit qu'il ride.
Un chien, babillard ou qui caquette , clamofus ,
eft celui qui crie hors la voie , & le plus (buvcnt
d'ardeur , ou qui crie des matinées entières. On l'ap-
pelle en latin argutarius , dont il eft parlé dans la
Loi Salique.
Un c/iien menteur , eft un chien qui celé la voie
pour gagner le devant. Canis mendax.
Un chien vicieux , celui qui chaffe tout ce qu'il
tencontre , & qui s'écarte toujours de la meute. Ca-
nis vitiofus. Un chie7i de bonne créance , de bonne
ajffaire , quand il eft docile & obéilîant, docilis , ob-
fequens. Un chien qui chafle de forlonge , qui lent
de loin le gibier ,fagax ; un chien qui ne fe rompt
point au bruit. Canis ufque prœdam infequens.
Un chien j'age , qui chafle bien , qui tourne jufte.
Venandi peritus. Un chien de tète , & un chien d'en-
treprife ,^ui cft hardi & vigoureux , Strenuus , ani-
ma jus-.
On dit qu'un chien a le nez dur , lorfqu'il rentre
Snalailement dans la voie , & qu'il reprend lente-
ment , obtufa: naris -, qu'il eft de haut nez , lorfqu'il
va requérir fur le haut du jour -, & qu'il a le nez
fin, lorqu'il chafle bien dans les chaleurs & dans la
pouHière , canis doclus , ou duclor , ou canis ju-
dex.
On appelle chien d'aiguail, celui qui chafle bien
le matin , lorfque la rofée eft fur la terre , & qui
ne vaut rien au haut du jour , canis rnatutinus ; &; au
contraire un chien de haut jour , qui ne vaut rien
dans l'aiguail. Canis ferotinus.
On apelle chien etrajffe , celui qui a une cuiife
qui ne prend plus de nourriture , de qui eft boi-
. teux ; canis pede mutilus aliquo ; chien butté , celui
à qui la jointure des jambes de devant groflit , canis
injlatas ojjium commijjiiras habens ; chien épointé ,
celui qui a des os des cuiffcs rompus •, aliqua cor-
poris parte fraclus ; chien alongé . celui qui a les
doigts du pied ^tendus par quelque bleflure qui a
touché les nerfs ; chiens courtauts , cauda mutilus ,
decurtatus.
On dit qu'un chien a belle gorge , lorfqu'il crie
bien , & qu'il a la voix groife & forte ; qu'un chien
aboie , quand il fent le gibier ou quelque chofe
d'étrange -, qu'un chien jappe , lorfqu'il crie fans
fujet , ou au moindre bruit de nuit ou de jour ; &
qu'il hurle , lorfqu'il fent des loups , ou une chien-
ne chaude qu'il ne peut joindre. On dit que le chien
fonne -, pour dire , qu'il appelle au bon chemin ,
ayant trouvé la trace.
On appelle un chien armé , armatus , quand il
eft couvert pour attaquer un fanglier.
C'eft une bonne qualité de chieji , d'avoir le jarret
droit & bien herpé.
A la chaffe on dit , parler aux chiens ; pour dire ,
les ré'ouir , comme on fait à la chalfe du cerf , cani-
hus blanàiri , canes voce mulcere , ou les exciter ,
ou menacer comme on fait à celle du fanglier avec
des cris rudes Bc furieux , Se avec la trompe. Incre-
pare , minitari. On appelle titre de chiens ..XzWan où
l'on pofe les chiens , afin que q^uand la bête paflera ,
G H î
t?!
lis la courent bien à-propos. Opponunus locus. Ces.
chiens font mis en un bon titre ; pour dire , font
poftcs en un bon relais.
Trait de chien fe dit des longes de crin & des
colliers qui fervent à coupler les chiens. Lorum.
Ainli on dit , qu'un cerf ou une autre bête a fenti le
Vent du trait j pour dire , des chiens.
Rompre les chiens , ie dit de la faute d'un Pic-
queur & chafleur , lorlqu'ils paflent à travers djs
chiens pendant qu'ils courent , & ainfi rompent leur
courfc. C'eft aufli les rappcUer pour les empêcher de
continuer la chafle. Curjum canum avcrtere.li faut
quelquefois rompre les chiens , les menacer , les re-
coupler & fapper à route , afin de fuivre &: relancer
le cerf, qui leur a donné le change , & les a fait tor.:-
beren défaut.
On dit figurément en ce fens , rompre les chizns j,
quand on interrompt quelqu'un dans fon difcoijfs ,'
pour empêcher qu'il ne dile quelque chofe de dcfa-
vantageux , ou qu'il n'entreprenne quelque affairci
Interpellare,
Le droit des chiens cft ce qu'on leur donne à la
curée , comme la langue , le muftle , les oreilles d'uti
cerf. Parsprœdx canibus débita.
Il y a enfin des chiens de chambre pour le diver-
tiflément des Dames , qu'on nourrit pour leur peti-
teffe , leur beauté , & qu'on appelle chiens de man-
chons, comme les chiens de Boulogne , d'Artois,
cpagneuls , bichons , barbets , levrons , chiens ras
ou de Barbarie , &c. Catellus. Chien de Boulogne.
C'eft un petit Chien de manchon. Canis Bolonienjis.
Ils font ainfi appelés , parce qu'ils viennent de Bou-
logne, où, pour les empêcher de croître, on les frot-
te pendant plulieurs jours en toutes les jointures du
corps , avec de bon efprit de vin , immédiatement
après qu'ils font nés.
Dogiiin , eft un petit dogue ; il y a quelque temps
qu'on en voyoit par tdut , aujourd'hui la mode en
eft paflce.
Les Seigneurs levoient autrefois un droit 'qu'ils
appeloient la nourriture des chiens, & en latin dans
les Adtes. Cibus Canum. Voyez Lobincau , Hifl. de
Bret.T. II , p. 2.95. |13" Lcpaftdec/iiV/z^ étoit une
charge que les Seigneurs impofoient à leurs ténaii-
ciers de nourrir leurs chiens de chaffe.
Chien fe dit figurément des chofes & des perfonnes
par mépris & par injure. Les Turcs nous appellent
chiens, nous traitent comme des chiens. On dit un
chien de valet , un chien de Procureur , un chien de
fripon. Il leur faut des vafes d'or pour mettre leur
chien de mufeau. Mademoiselle l'Héritier.
Qui tantôt ejl venu me parler
D'un chien de mariage à rfie faite fifler î R.
Voilà de beaux chiens de vers ! Voilà un beau lo-
gement de chien , un beau préfent de chien ! Tout
cela eft du ftyle familer. Cette injute s'exprime en
latin par des adjedifs propres de la perfonne ou de
la chofe à laquelle on attribue ce mot de chien. Le
Maire , dans fon Hifioire d'Orléans , rapporte après
Mathieu Paris , en la vie d'Henri III Roi d'Angle-»
terre , que l'on appelle populairement & proverbia-
lement les Orléannois , chiens d'Orléans , pour di-
re , des chiens qui n'aboient point , ou des gens
muets , qui ne s'oppofent point au mal ; parce que
les Paftoureaux , brigands qui s'élevèrent en Franco
durant la captivité de S. Louis , & pillèrent piufîeurs
villes fous prétexte d'aller délivrer le Roi ; les Paf-
toureaux ,dis-je , étant venus à Orléans , & les Eco-
liers & le Clergé les ayant infultés & voulu les chaf^-
fer , & ces brinçands ayant dans cette émeute tué
6c jeté dans la Loire beaucoup d'Ecoliers & d'Ec-
cléfiaftiques , l'Evêque d'Orléans mit la viUe en in-
terdit , parce que les habitans avoicnt diUlmulé ou
même confenti à ces violences des Paftoureaux , ce
qui leur fît donner ce nom de chiens^ d'Orléans.
Mais le Maire conje^lurç que c'eft plutôt à caufe de
n^ CHi
leur fidélité pour nos Rois , parce que le chien efl:
le fymbolc de la fidélité.
On appelle Cerhire , le chien à trois têtes , que
les Poètes ont teint être commis à la garde des En-
fers. Ccrbcrus , triceps canis.
ft3" En Afteonomie on donne le nom de grand & de
petit chien à deux conilellations.
(fT Le grand chien , placé fous les pies d'Orion , un
peu vers l'Occident , clt compolc de dix-huit étoi-
les , fuivant Ptolomée , & de trente-deux, iUivant
rir.mflccd. C'eft dans cette conflellation qu'on voit
cette étoile remarquable 5 qui cil la plus belle de
toutes , qu'on appelle Sinus. On défigne la conllel-
lation par le même nom.
^3' Le petit chien , place entre l'Hydre Se Orion ,
'efl: une conftellation comporée de deux étoiles ,
dont l'une cft de la première grandeur : c'cft ce
. qu'on appelle Canicule.
J
Mais aujourd'hui dans nos-plaines
Le Chien hTÛhun de Prccris
De Ficre aux douces haleines
De£eche les dons chéris. R.
Voiîms de Jdol. Lih. I , cap. 30 , Croit que le Bac-
chiis de la fable eft Moïlé ', que le chien de Bacchus ,
qui lut mis au nombre des ARres , & qui étoit fon
fidèle compagnon , cft le caleb de l'Ecriture , a'".2 ;
Caleù en hcbrcU fîgnifie chien. Il ajoute que chien
cil aufîî appelé /txi^u dans Hefychius, que c'eft du
nom de Marie fceur de Moife , comme l'a penic
l'Anglois Sanford , que cet Aftre palFoit pour faire
mùiit le raifin , à caufe du raiiîn que Caleb apporta
à MoVfe aptes avoir reconnu &c vifité la terre de
Chanaan.
Le figne du chien fut honoré par les Egyptiens ,
fous les noms d'IJi's &c de Sothis , comme Vollius
' le montre. De Idol. L. II, c. 5^,/'. i)i.
Î^ST* Chien , [porte dii ) ou porte Caniculaire , porte
i Rome 5 fclon fefins , où l'on immoJoit des chiens
de pbil roux à l'écoile Caniculaire , pour faire mû-
tir les Bleds.
Chien de mer ou marin , ou chien de la mer méditer-
rannée. Efpèce de Squalus. C'eft un poiflbn long ,
à muiéau pointu , qui a des dents , & dont la peau
cft très-rude. H-jl. de l'yJcad. des Se' ly^i , p. ^t,
Canis marinus , cojiicida. marina. Le grand chien
de mer a quatre ou cinq rangs de dents à chaque
mâchoire , dont quelques-unes ont un pouce de
long , Se font extrêmement rudes , tranchantes &
pointues , qui ne leur fervent pouitant point à man-
' gcr leur proie, parce qu'on a trouvé des hommes
tout entiers dans leur ventre.
Chien maron. f. m. Animal des Indes , qui tient pref-
que également du chien , du loup & du renard. 11
eft de grandeur médiocre, d'un poil gris 2c roux. Il
a les oreilles courtes &: pointues , le mufeau affilé ,
les jambes hautes, la queue longue , le corps gtêlc
& déchargé. Il n'aboie point comme le chien, mais
il crie à la manière des enfâns ; au refte, il eft trcs-
votace de fon naturel, & quand la faim le prefle , il
e.itre la nuir dans les maifons , & fe jette fouvent fur
les perfonnes. P. Le Comte.
Chien. Terme d'Arqucbulier. C'eft une pièce de fer
mobile , appliquée fur la platine d'un piftolet, d'un
fufd , d'une arquebufe. Rojlrum , rojlellum. Elle
tient la pierre , & fait le feu quand elle eft lâchée. Il
courut le piftolet bandé, la carabine à la main,
avec le chien abattu , &c.
Chien , eft encore un terme d'Artifan , & c'eft une
barre de fer carrée , qui a un crochet en bas , & un
autre qui monte & dcfcend le long de la barre. Un~
cum retinaculum. C'eft ce que les Mcnuifiers &
quelques autres ouvriers appellcnt_/«r^f«/. Les Ton-
neliers , qui fe fervent beaucoup de cet outil, lui
donnent le nom de chien , parce qu'il ferre & mord
fortement le bois. Ils appellent chienne , une autre
forte de crochet qu'ils ont, qui tire & qui pouffe en
même temps.
C H I
CniEN fe dît ptoverbialement en ces phrafes. Oh dit
de deux amis qui ne vont point l'un fans l'autre ,
que c'eft S. Roch & fon cA^f/2. Qui aime Bertrand,
aime fon chien ; pour dire -, qu'il faut prendre les
paillons , Ls intérêts &: les fentimens de l'on ami.
On dit d'un traître, d'un hypocrite, d'un flateui,
qu'il fait bien le chien couchant -, de deux ennemis,
que leurs chiens ne chalfent pas enfcmblc ; d'un
homme odieux qui entre en quelque lieu , qu'il y eft
bienvenu comme un chien dans un jeu de quilles;
des gens qui fe haïifent , qu'ils s'accordent comme
chiens ÔC chatsi de celui dont onfouhaitela mort*
& qui échappe de quelque péril , qu'il mourroit
plutôt un bon chwn de Berger. On dit qu'il vaut au-
tant être mordu d'un chien que d'une chienne ; poat
dire , que de quelque côté que vienne le mal , il eft
également fenfîble -, qu'il ne fe faut pas mocquer des
chiens qu'on ne foit hors du village i pour dire,
qu'il ne faut pas choquer un homme tant qu'on eft
dans un lieu où il eft le plus forr , où il nous peut
nuire ; qu'il faut flatter les chiens jufqu'à ce qu'on
foit aux pierres , pour dire qu'il faut faire bonne
mine à de certaines gens tant qu'ils font en place,
ou qu'on n'eft pas en état de leurrclifter. On dit à
un glorieux qui fe fiché qu'on le regarde trop fixe-
ment , un chien regarde bien un Evcque. Il ne faut
pas tant de chiens après an os ; pour dire, qu'il eft
fâcheux de partager un ptofit avec beaucoup de pet-
fonnes , ou d'être plulieurs à avoir les mêmes pré-
tentions. Jamais à un bon chien j il ne vient un bon
os-, pour direi que ceux qui ont bonne envie de
travailler , n'en trouvent pas les occations. Jeter un
os à la gueule d'un chien pour le faire taire ; ce qui
a lieu au figuré » pour dire , faire un prélént à quel-
qu'un , pour l'empêcher de crier & de venir troubler
quelque affaire importante. On dit qu'il n'eft telle
chalfe que de vieux chiens, &c qu'un bon chien chaffe
de race ; pour dire', que la naifiance &c l'expérience
donnent de grands avantages furies autres; qu'il
n'eft chien que de vieille meute , pour dire , que les
vieux routiers font plus habiles que les autres. 0n
dit d'un homme peu eonfidéré , qu'il a crédit com-
me un chien à la boucherie ', d'un vaurien .. qu'il ne
vaut pas les quatre fers d'un chien. Cela n'eft pas
tant Zhien, pour dire, cela n'eft pas mauvais. On
dit qu'un homm.e n'eft pas bon à jeter aux chiens,
quand il fait quelque lâcheté, quelque indignité*
On dit de celui qui a des prétendons à quelque
chofe , quoique fort éloignées , qu'il n'en jette pas
fa part aux chiens. On dit auili , petit chien , belle
queue. On dit à ceux qui ont une méchante caufe,
fi vous n'avez pas d'autre fifflet, votre chien eft per-
du. On dit d'un homme peu complaifant, qui ne
fait rien de ce qu'on defire , que c'eft un chien de
Jean de Nivelle , qui s'enfuir quand on l'appelle.
Foye[ l'origine de ce proverbe au m.ot Jean. On die
d'un envieux , qu'il eft comme le chien du Jardinier,
il ne mange point de choux , & ne veut pas que les
autres en m.ingent ; de ceux qui entreprennent quel-
que chofe au-delà de leurs forces , qu'ils font com-
me les grands chiens , qu'ils veulent pifier contre
les murailles ; des pécheurs , qu'ils font comme les
chiens , qu'ils retournent à leur vomi/fement ; de
ceux qui font quantité de cris & d'imprécatiorts
inutiles , que ce font des chiens qui aboient à la
lune; de ceux qui font des menaces vaines , cA/Vn
qui aboie ne mord pas. On dit aux gens querelleux,
que les chiens hargneux ont toujours les oreilles
déchirées. Au c^;e/:qui mordilfiiutjeter des pierres,
pour dire, qu'il ne faut rien pardonner aux médifans
& malfaifans. Il ne faut pas tuer fortchien pour une
mauvaife année-, pour dire, qu'il nkfàut pasfedé-
fefpérer pour quelque petite dilgrace. On dit d'un
homme qui détruit quelque chofe de conféqitence
pour s'en fervir à un ouvrage de peu d'importance i
que c'eft écorcher fon chien pour en avoir la peau -,
de deux perfonnes qui fe font unies pour quelque
affaire, mais qui font d'une humeur diflfcrente, ou
qui ont des vues &C des intcrcîs divers , leurs chiens
C HI
ne chaflerorit pas long' temps,, enremble ; pour dire ,
qu'ils le brouillèrent , qu'ils'lè divif^ront bientôt.
On dit à des gens timîdbs , entrez , il n'y' a
point de danger, nos chuns IbnrTiés. On dit auffi ,
pour reprocher ou plaindre lamifète de quelqu'un ,
On l'abandonne comme un pauvre' chien. 11 mène
une vie de ckicji. Il n'a ni foi ni loi, il vit comme
nn chien. Il eft comme un chien à l'attache. Il efl; las
comme un pauvre c/z/t/z. On l'abattu, on l'a étrille
comme un chien ccurtaut. Les coups de bâton folit
pour les chiens. On dit d'un milérable qu'on aban-
donne, qu'on ne lui demande pas, es-tLi chien., es-tu
loup î On dit aulli, quand on veut noyer ion chien ,
on l'accufe de la rage-, pour dire, que quand on
veut rompre avec quelqu'un , on lui impute quelque
crime ou quelque faute. On dit d'un jeune étourdi ,
qu'il cil fou comme un jeune chien , qu'il court
comme un chien fou ; d'une chofe tortue , d'une
jambe mal faite, qu'elle efl droite comme la jambe
d'un chien. On appelle iîgurcment un chien au grand
collier , celui qui mène les autres , qui cil le princi-
pal dans une mailbn , dans une allcmblce. On dit j
d'un homme accoutume à la fatigue, qu'il y eft ac-
coutumé comme un chwn à aller nue tcte, à aller
à pié. On dit encore tandis que le chien piife, le loup
s'cnfuif, pour dire, que tous les momens font pré-
cieux en certaines occafions. TJn bon chien n'aboie
point à faux : ce qui fc dit au figure d'un habile
homme , qui fait toujours bien réullir fes entrepri-
fes , par ce qu'il fait bien prendre Ton temps , &
ménager les occalîons. Battre le chien devant le
lion ; pour dire , châtier un petit devant un plus
puiflant qui a commis la même faute. Entre c/z/f/z
& loupi pour fignifier le crcpufcule, ou le tems
fombre qui efi: entre le jour & la nuit, & où on ne
peut difcerner un chien d'avec un loup. Crepufculo ,
lace duhia. Onditaufll d'un homme d'un bel exté-
rieur , & qui paroit brave, mais qui ne l'eft pas ,
c'efl: un beau chien , s'il vouloir mordre.
Chien. ( Ordre du ) Les Chevaliers du chien. Ordre
de Chevalier , inftitué , dit-on, par Bouchart IV de
Montmorency , qui , après avoir été vaincu en 1 104
félon Du-Tillet , par Louis, fils de Philippe I, qui
fut depuis Louis le Gros , vint à Paris fuivi d'un
grand nombre de Chevaliers portans tous un collier
fait en façon de tête de cerf, avec une médaille où
fe voyoit gravé un chien , apparemment pour fym-
bole de la fidélité qu'ils vouloient garder au Roi
dans la fuite. C'eft-là ce qu'on appella les chev.ïliers
du chien , qui ne fe perpétuèrent point, & ne firent
point proprement un Ordre. On croit encore que
c'eft de là que Montmorency porte un chien pour
cimier de fcs armes.
L'Abbé Juftiniani a parlé de cet Ordre dans fon
J. Tom. c. VUl,p. 5 -, mais il attribue l'inftitution de
cet Ordre au chef de la mailbn de Montmorency ,
qui fe convertit immédiatement après Clovis. Il dit
encore que dans la lliite ,mais on ne fait pas quand ,
un Pierre de Montmorency inftitua l'Ordre du coq ,
& l'unit à celui du chien. La devife étoit un coq ,
avec ce mot latin Figiles. Il cite Beloy dans fes
Menenius Delius , Origines des Ordres de Cheva-
lerie ; le Feron , Armes des Conjietahles de France -,
PapyreMaifondans ks Annales , dei Alichieli'Jof.
Tejbro milit. le P.André Meedo , Traité des Ordres
Milit. Caramucl Theolog. Regiil,
CHIENDENT, f. m. Genre de plante très-étendue ,
auquel ou a confervé le nom de gramen , qui
vient de gradiri , tracer. Il n'y a cependant que
quelques-unes de fes efpèccs qui tracent ou éten-
dent leuis racines çà & là. Deux de celles-ci font
ufitées dans la Médecine , & fervent de bafe aux
tifannes. On trouve le long des chemins & dans
les champs cette forte de plante , &: la difficulté
qu'on a de les arracher entièrement a paflc en
proverbe -, car l'on dit d'une chofe difficile à en-
.trcprendre , ou qui n'eft pas aifée à terminer, aue
c'eft du chiendent. On dit encore des pcrfonncs fi
ancrées dans quelques tnaifons , qu'on a peine à
; Tome IJ,
C H I' f j7
s'en dcKarrafler", qu'elles y tiennent comme diien.
i/L-vz/. Quelques Auteurs l'ont appelclo gravten.^ ne
voulant point dire chiendent , a cauie qu'il n'y. ai
que quelques-unes de ces plantes qui ont leur^
fouilles rudes , & que les chiens mangent paur fe
faire vomir. Le vulgaire confond toutes les ei-
pcces de chiendent , & les nomme du nom à'kerbe.
Le grand nombre d'efpèces àc chiendent , que les
Botaniftes ont découvert, font rangées fous quel-
ques différences particulières , qui fe tirent durap-
port qu'elles ont avec les plantes ifomentacces ,
cerealia , dont elles diffèrent néanmoins par la pe-
titcife de leurs femcnces. Les cfpèces qui ont un
épi de feigle ou de froment font nommées gra-
mina fpicata ,Jecalina ; triticea , d'orge, hordeacea,
d'ivraye , loliacca , d'avoine , avenacea , dj millet ,
mi/iacea; de la mafle , [yphina. Celles qui ont plu-
ficurs épis rangés comme les doigts de la main ,
digitatà ; & enfin, celles qui ont leurs épis étendus
cv éparpillés en manière d'aigrette ,paniculata. On
a trouvé encore tant de rapport dans toutes les
parties des chiendents Se des fromentacées , qu'on
a adopté les termes confacrés par l'antiquité pour
les defcriptions de celle-ci. Ainfi on dit des racines
de pluficurs chiendents , qu'elles ibnt chevelues 8c
crépues , radiées cirrvjk ; leur tige fe nommschaume
& chalumeau , culmus , d'où vient le nom géné-
rique//^w/iE culmifene ■^Q^S'on a attribué en" latin
à toute la famille des plantes qui renferme les
fromentacées , les chiendents , les panis , les mays ,
&■ autres qui ont quelque convenance par leur
frutlification & leurs autres parties , ou premier
genre , qui doit être le froment , triticum.
Le chalumeau , dans la plupart des chiendents ,
cft noueux par intervalle , & de chaque nœud prend
naiffince une feuille qui eft roulée en partie au-
tour du chalumeau , & l'enveloppe étroitement en
manicte de gaine. Le poinçon fur lequel font at-
tachées les enveloppes de la femence , fe nomme
la râpe , 'à caufe qu'il eft inégal comme cet inf-
trumcnt: fur cette râpe font pofée des paquets d'é-'
cailles, locujiiz, pliccs en gouttières ,qui fervent da
calice aux fleurs & aux femences -, ces paquets n'ont
preique point de pédicule comme dans les épis ,
ou font foutenus par des brins longs , comme dans
les efpèces qui reflemblent à l'avoine, au millet, '
ou portent des panicules. Les écailles s'appellent
l^alles , glumce;cQ font proprement les calices- des
fleurs , & quelquefois des femences en même temps
qu'ils enveloppent étroitement , lorfque les fleurs
font fertiles. Ces balles font terminées dans plu-
ficurs efpèces par une arrête fine appelée Xzharhcy
arijia. On dit la barbe du blé. On doit ancore
oblcrver que plufieurs chiendents font vivaces.
Chiendent fe prend fouvent pour la racine de deux
fortes de chiendent , qui font le g^rd/«e« caninum ,
aryenj'e , /ive gramen Diofcoridis C. B. Pin. & le
gramen dactylon radice repente ,^v e officinarum y
Jrji. R. Herh. Le premier porte un épi dont les
paquets font écartés les uns des autres , & reflem-
blent à ceux de l'ivraye : le fécond donne plufieurs
épis difpofés en main ouverte. Les racines dérou-
tes les deux efpèces font longues , noueufes , me-
nues , blanchâtres , d'un goût douceâtre , & font ■
du nombre des racines apéritives , & diurétiques ;
on les employé tous les deux indifféremment. On
dit un paquet de chiendent , une botte de chien'
dent , pour une botte , un paquet de racine de
chiendent.
CHIEN-fOU. f. m. Drogue médicinale qui vient de
la Chine. Les Japonois s'en fervent beaucoup, &:
en font grand cas.
CHIENNÉE. f. f. Herbe qu'on appelle autrement
mort aux chiens , tue-chien ou colchique. Colchi-
cum. Voyez Colchique.
CHIENNER. v. n. Faire de petits chiens, Catulos
edere , parère. Cette chienne ne fera pas long temps
fans chieimer. On a dit aufli chienneter.
Yyy
Î58
C H I
CHIER. V. n. Décharger fon ventre des gfùs excrc-
meiis. VentTcm exonerare , alvum jolvere.
CHiER,eft auili quelquefois adif. On Ait, cher An
. .mule. Ce verbe elt banni du langage ordinaire. 11
:,.ftut le iervir d'une pcriphrafe.
:;- Le bas peuple cric aux mafques qui courent
. au temps du carnaval , il a chU au lit. Et on ap-
pelle un vilain mafque , un chie-eii-lit.
On dit proverbialement 6c figurément , clucr
(de peur ; pour dire, avoir une peur cxcclhve &:
honteule. On dit aulîi , cet homme a chiê dans ma
malle -, pour dire, cet homme m'a trompé , je ne
. me fierai plus à lui. On dit populairement d'un
homme mal-tait : voilà un homme bien chic. Acad.
Fr. On dit: il en ckiera les aiguillons , pour dire ,
il s'en repentira. r-^-c
Nicod dérive ce mot du grec ^x'^" > lignifiant la
même chofe -, & eft de l'avis de Henri Eftienne.
Mais Ménage le dérive de cacare , d'autres du mot
allemand fààpn , qui a la même %nification.
CHIERE. r. i. Vieux mot qui fignifioit autrefois vi-
fa>:e , & que l'on a dit au lieu de clùn , comme on
a dit ckief, au lieu de c^j/. Borel dit qu'il vient
de cant , vieux mot , qui en latin lignifie auHl vilagc,
félon Corippus : ce qui vient du grec .-.«;« , qui
veut dire tête. C'efl: de-là que viennent les mots
accarer , mettre en tace ; & acariâtre , qui a le vi-
fage retrogné. Les Elpagnols dilent dira pour
vilaçe.
CHIERSI ou QUIERSL Bourg fur TOife , ou nos
Rois de la féconde race avoicnt un palais ou châ-
teau. Ccirijiacum. Chiafi eft fameux dans {'Hijtoire
Eccli/iajiiijue du IX' i'vide , à caufe des deux Con-
ciles qui s'y tinrenr en 858 , où l'hérérique Godel-
calc fut condamne , &: en 857 , ou félon d'autres ,
Sjcî, pour la réformation du Clergé de France. Le
P. Sirmond l'a confondu avec Crecy fur Serre.
Foyei Valois , Not, Gall. au mot Carifiacum, p.
117.
§3- CHIENG. Nom d'une herbe , remarquable parmi
les Chinois , dans la Province de Quanton. Selon
le préjugé des Chinois , elle donne à connoitre
aux mariniers par le nombre des nœuds qui font à
la tige, dans quels mois de l'année, & combieri il
y aura de tempêtes. Moins il y a de nœuds , moins
il y aura de tempêtes. Ils prétendent diflingucr en
quels mois arriveront ces tempêtes , par la diftance
des nœuds depuis la racine. On peut bien mettre
cela au nombre des erreurs populaires.
CHIEUR , EUSE. Qui chie , ou qui ne fait que chicr ,
Qi/i cacat , ijui cacatnrit.
CHIEURE. Foyei Chiure.
Chiffe, f. f. on appelle chiffes , de vieux morceaux
de toile de chanvre ou de lin , qui fervent à la
fabrique du papier.
Chiffe. Terme de mépris , par lequel on déligne une
étoffe foible & mauvaife , en difant , ce n'efl: que de
la chiffe.
CHÎFFLER. v. n. Siffler -, mais il n'efl: plus en ufage
en ce fens. Sihilare.
Chiffler. Mor burlefque -, pour dire , boire d'autant.
Large ac liber aliter potare. Je veux chiffier à longs
traits à la fanté des vivans & des morts. S. Amant.
CHIFFLET. f m. Ce mot ne fe dit plus. En fa place
on dit lifflet. Exilis fifliila.
CHIFFON, f. m. Vieux morceaux d'étoffe , de linge,
vieille guenille , & généralement chofe de nulle
valeur. Détritus panniculus , vilis lacinia. I! n'a
que des chiffons dans fa garderobe. Il efl aufli fy-
nonymc à chiffes. On fait le papier avec de vieux
chiffons qu'on pilonne dans les moulins à papier ,
te qu'on réduit en pâte liquide dont on fait ce pa-
pier.
Chiffon, fe dit auffi du linge &: des habits qui font
frippés, bouchonnés &c mal en ordre. Detritum
linteum , détritus panniculus. Certe étoffe efl: trop
mince , ce linge efl: trop délié , fitôt qu'on les a mis
deux fois , ce ne font plus que. des chiffons.
Chiffon , fe dit familièrement du papier, fur tout des
CHI
feuilles volantes , des feuilles déchirées, écrites ou
non. On dit d'un Auteur qui a lailfé des manuf-
crits , des mémoires informes , qu'on ne lui a trouvé
que des chiffons.
Chiffon fe dit , en mauvaife patt , d'Uhe fille qui ne fe
conduit pas lagement -, c'eft une Demoifelic C/nf-
fon.
^fT Chiffon , onne. adj. En termes de jardinage ,
petite branche de mauvaife venue , qui nuit à la
belle figure d'un arbre , &: confume inutilement le
fuc deftiné aux bonnes branches. Branche chiffonne.
Tennis , vitis. Il faut avoir foin de retrancher les
branches chiffonnes.
{fT La branche qui eft extrêmement déliée avec des
yeux peu enflés & fort écartés les uns des autres
eft une branche chiffonne.
CHIFFONNER, v. a. Fripper , bouchonner du linge ,
dQshohhs.Deterere. On a chifon?ie Ibn habit. Cette
fille a laiffé chiffonner ibn mouchoir.
On dit populairement , cela me chiffonne l'ima-
gination i pour dire , cela me déplaît, celarac donne
quelque inquiétude. On dit auHi : que me chijfcn-
nei-yo\is là ; allez-vous-en chiffonner ailleurs. Mo-
Icjiare.
Chiffonné , ÉE. part. . ,
CHIFFONNIER , ItRE. f t. Celui ou celle qui crie
de vieux chapeaux & de vieux habits. Pauniculo-
rum propola. On le dit plus particulièrement de
ceux qui vont rechercher dans ks ordures de vieux
chifforis Se de vieux drapeaux pour faire du pa-
pier & autres chofes. Amalfeur de chiffons ou vieux
haillons qui fe trouvent dans les ordures.
Les réglemens de Police font défcnfes à tous
Chiffonniers Se Chiffonnières de vaguer Si aller dans
les rues dé Paris ^ dans les faitxbourgs , qu'à la
poihte du jour , & non pendant la nuit , fous pré-
texte d'amalfer des chiffons , ce qui pourroit dori-
ner lieu aux vols des auvents, grilles , enieighcs ,
Se favorifer les ouvertures des bouriques , falles i<.
cuifines qui font au rez - de - chauffée , étant facile
auxdits Chiffonniers d'en tirer les linges avec les
crocs dont ils fe ferveur , «S-c. De la Mare , Traité
de la Police, Liv. IF ,Tom. II, ch. 4.
Chiffonnier , fe dit figurément d'un homme qui r.-i-
maffe 6-: qui débite fans choix , tout ce qu'il entend
dire par la ville. On dit aulfi figurément d'uh
homme vétilleux Se tracalfier , que c'eft un chif-
fonnier , que ce n'eft qu'un chifonnier. Agad, Fr-,
Comment enfin nommer cette vzrminé
Des chiffonniers de la double colline > R. ■
CHIFFRE, f. m. Caraélcre qui fert à exprimer lès
nombres. Numerorum nota , nota arithmetica. Chif-
fre romain , eft celui qui fe marque par certaines
lettres de l'alphabet , comme mil fept cens quinze,
s'exprime ainfi , mdccxv. Numerorum nota ro-
mane. ^ , m n
Le chiffre arabe , qu'on appelle aufTi chiffre fia--
tique y eft celui dont on fe fert en arithmétique ,
al2;cbre, rrigonométrie Se aftror.omie , Fulgafes
feu arabica: numerorum notes. Mais les Arabes re-
connoilfent qu'ils ont reçu ces caraélères des In-
diens , Se il les appellcnr/^Kro- indiennes. On a
commencé à compter par ces figures du temps des
SarazainS \ Se on croit que Planude , qui vivoit fur
la fin de XIIP liècle , eft le premier des Chrétiens
qui fe foir fervi de ce chiffre. Alphonfe X , Roi de
Caftille , s'en étoit fervi avant lui pour conftruire
fes Tables aftronomiques.
Le chiffe arabique eft compole de neuf figures
Se un zéro. Les voici ,o,i,i,î,4553<^57j8,9.
Le zéro ne lignifie rien , les fuivantes marquent de
fuite depuis un jufqu'à neuf. Quand elles fontplu-
fieurs accouplées enfemble , la première eft cenfée
celle qui eft à droite , Se en remontant de droit à
srauche, elles croiffent toutes de dix ; de forte que ■
fa première en ce fens ne marque que des unités,
la féconde des dixaines.la troifième des centaines,
C H I
ia quattième des millièmes , la feptième des mil-
lions , ainfi des autres.
Le chiure romain n'avoir ordinairemenr que cinq
figures , que voici , I , V , X , L , C. La première
ïîi,'nifioir un , & multipliée jufqu'à quarre , elle fùi-
ioit il , III trois , IIII quarre, La féconde valoir
cinq. Avec les I , elle faifoir les nombres jufqu'à
dix , VI , lix , VII , lept , VIII , huit , VIIII , neuf.
La troifièmc fait dix, X -, âc en y ajoutant les prccc-
denies elle forme les nombres jufqu'à 2.0 ; pour mar-
quer vingt on la double, XX, pour trente on la tri-
ple, XXX -, & pour quarante , on la répète quatre
fois , XXXX. La quatrième figure , L , vaut cin-
quante , & en y ajoutant ics préccdenrcs LX , LXX,
Oc. on en formoit tous les nombres julqu'à cent ,
qui s'exprimoit par le C, qui efi: la dernière figure.
Quand elle elt double , CC , elle fignifie deux cens ,
triple CGC , trois cens , &c. Pour marquer cinq cens
on accouploit l'I ^^ le C rcnverfé en cetre manière
ID , & pour exprimer mille , on ajoùtoit un C devant
ri de cette forte CLj ; on l'exprimoit aufli par une
M ; 8c dans la fuite on fit de ID , en les joignant ,
un D , pour lignifier cinq cens. On trouva auiii dans
la fiiite des abréviations, qui confiftent en ce que
une de ces figures mile devant une autre , figni.'ie
le nombre de la féconde , moins celui de la pre-
mière -, par exemple IV fignifie cinq moins un , c\ fl-
à-dire , quatre, IX , dix moins un, c'eft-à-dire , neuf,
XIIX, vingt moins deux , XIX, c'efl: dix-neuf. XL ,
■quarante, ou cinquante moins dix. XC, cent moins
dix , c'eft-à-dire , quatre-vingt dix. Ces abrévia-
tions l'ont récentes, & ne fe trouvent point fur les
monumens bien antiques.
M, Huet eft perfuadé que nos chiffres ordinaires ou
arabique? , ont été formés fur les lettres grecques ,
& qu'ils ne font même autre chofe que les l.rtues
grecques formées rrop vite , Se avec quelque né-
gligence : fuivant fon fentiment , le /-a fervi à for-
mer le 2 , du on a formé le 5 -, du -i le 4 ; de 1'.- le
5 ; du r le ^ -, du le 7 ; de l'H le 8 i du ^ le 9. Tojc-
de M. Huet les notes fur Maniliu , la D^monj:ra-
tioTi evangitique , 6c une lettre à M. Grxvius : elle
eft parmi les lettres de M, Huet , tom. 1 ,p. 571, Le
P, Calmer prétend que ce ne font que les notes de
Tiron, Toute leur preuve eft la reffemblance qu'ils
croyent appercevoir l'un entre ces chiffres &c les
Icrtres grecques -, &; l'aucre enrre ces mêmes figures
6 les notes de Tiron, Mais une marque que ces chif-
fres font de l'invention des Orientaux, c'eft, comme
l'a remarqué Valle , qu'on les fupputc de droit à
gauche , qui eft la manière délire de plufieurs Orien-
taux, L'origine du chiffre romain vient de ce qu'on
a compté d'abord par les doigrs : de forte que pour
marqucr les quarre premiers nombres , on s'eft llrvi
d'uni, qui les rcpréfcnte, 6c pour la 5c. on s'eft fervi
d'un V, repréfenté en baillant les doigts du milieu ,
& en montrant limplemenr le pouce avec le périt
doigt i & pour le dixième de X , qui eft un double
- V , dont il y en a un renverfé , &: mis au deHbus
de' l'autre. De-là vient que la progreflion dans ces
nombres eft toujours d'un à cinq , puis de cinq à
dix. Le cent fut marqué par fa capitale C, Depuis ,
ou en corrompant les figures , ou pour la commo-
dité des Ecrivains , l'on a ajouté deux autres chif-
fres romains, le D , qui vaut 500 , & l'M , qui vaut
mille, parce qu'elle a beaucoup de rapporta l'M
gothique. Ainfi il y a préfentemenr fept lettres
qui fervent à cette forre de nombre,
Valla croir que les chiffres onr été inventes par
les Orientaux : 6c il a raiibn , parce que dans les
chiffres on commence à fuppurer du côte droit en
tirant vers le gauche -, ce qui étoit en ulage en tout
l'Orient chez les Chaldéens , Syriens , Egypricns ,
£v. Outre que les Indiens fe fervent encore des
mêmes carac'tères qu'on fait ici pour marquer les
chiffres , aufll-bien que les lignes du zodiaque , 5c
les planètes.
eCT On appelle chiffres en mulioue , cerrains carac-
tères placés au deffus ou au dellous des noces de
CHI
T?9
la bafe , pour marquer les accords qu'elles doivent
porter.
Chiffre eft aufïi un caradlrèrc myftérieux ,compofé
de quelques lettres entrelacées l'une dans l'autre ,
qui font d'ordinaire les lettres initiales du nom de
la perfonne pour qui il eft fait. Quelquefois il eft
double , & on y mêle les lettres du nom d'une
autre perfonne avec qui on eft lié d'amitié , ou avec
qui l'on a quelque relation. Les amans font graver
leurs chiffres fur les pierres , liir les arbres. On grave
des chiffes fiir les cachets , on les peint fur les car-
rollesioncn fait des otnemens fur des meubles,
des rapidcries , &c. Litterarum notiz impMcitix.
Autrefois les Marchands , au lieu d'armes , pou-
voient porrer des chiffes , c'eft-à-dire , les pte-
mières lettres de leur nom Se furnom entrelacés
dans une croix , comme on voit en plufieurs an-
ciennes cpitaphes.
Chiffre eft auili un entrelacement de lettres fleuron-
nées en bas relief, ou à jour , qui fert d'ornement
dans rArchite.:l:ure , la Menuilerie.
Chiffre fe dit encere de cerrains caraiftères incon-
nus , déguifes , & variés , dont on fe fert pour écrire
des lettres qui conriennent quelque fecrer, & qui
ne peuvent être entendues que pat ceux qui font
d'i'-itelligence , & qui font convenus enlemble de
fe fervir de ces caradères. Occulta y arcaucz note.
On en a fait une fcience qu'on appelle Poli^raphie-,
ou Stéaanographie , c'cft-à-dire , Ecriture diverfijiie
& o/'/cv/r^," laquelle a été inconnue aux Anciens.
Delà Guillctière, dans un Livre intitulé Lacédé-
mone ancienne & nouvelle , piétend que les anciens
Lacédémoniens ont été les Inventeurs de l'art d'é-
crire en chiffre. La Scythalc qu'ils inventèrenr fut ,
félon lui, comme l'ébauchcment de cet art myfté-
rieux, C'ctoient deux rouleaux de bois d'une lon-
gueur , & d'une épaillèur égale. Les Ephores en
gardoient un, & l'autre éroit pour le Général
d'armée qui marchoit contte l'ennemi. Chaque fois
que CCS Magiftrats lui vouloient envoyer des ordres
fccrets , ils prcnoicnt une bande de parchemin
écroire Se longue qu'ils rouloienr avec jufteiîe au-
tour de la Scyrale, qu'ils s'étoienr rcfervéc. Ils ccrî-
voienr en cer état leut intention, qui paroiifoir
dans un fens partait &; fuivi , tant que la bande de
parchemin étoit appliquée fur le rouleau ; mais dès
qu'on la dévcloppoit, l'écriture étoit tronquée, &c
les mots iàns liaifon, Leut Général pouvoir y trou-
ver de la fuite 6c du fens, en ajuftant la bande fur U
Scyrhale, ou rouleau femblable qu'il avoir, & en lui
donnant la même alîiette, où les Ephores l'avoient
mife. Polybe racontequ Eneas, furnommc Tacluus y
ramaflà , il y a environ deux mille ans , vingt ma-
nières différentes qu'il avoit inventées en patrie ,
6c dont en paitie on s'etoit fervi jufqu'alors , pour
pouvoir écrire .d'une manière où il n'y eùr que celui
qui en fàvoit le fecrct, qui y pût comprendre quel-
que chofe. Ainli Ttiihcme n'eft point l'inventeur
de l'art d'écrire en chiffre , ni même Eneas. Tac-
ticus. Trirhcme, 6c depuis Jean-Baptifte Porta en
ont écrit fort lavamment -, Vigenete 8c ^ le P. Ni-
ceron en ont aulli écrit. On imptima à Ulm en
\6%iy M-ifierium Artis Ste^anographicx noviffi-
mum ...ïx inufico M. Liid. Henr. Hillen.
ÙZr La Clé du chiffre font les caiaéleres qui fervent
à chiffter &: à déchiffrer ce que l'on écrit en chiffre.
Chacun des correfpondans a fon chiffe ou la cle du
chiffre. Notarum index.
On appelle chiff-e àfimpje clé , celui ou 1 on fe
fert toujours d'une même figure pour f.gnifier une
même lettre : ce qui fc peur deviner ailcment avec
quelque application. Not.vfmphccs. U"/;'T* f
douéle cléycOi celui où l'on change d alphabet a
chaque ligne, ou à chaque mot , Se celui ou I on
met des nulles 6c auttcs déguifemens qui le rendent
indéchiffrable. Occultiores nota, recondttiores
char acier es. „ , , ■ • o.
On appelle chiffe , un ftyle enigmanque 5c my-
ftérieux Il y a des Auteurs li obicuis , que leurs
Y y y ij
^4*^ C H ï
penfées font autant d'cnigmcs Se de myflcrcs : leur
langage efl ui-.c clpèce de chiure : on n'y comprend
prelquc rien qu'à Icrce de deviner. Eouh.
§CF On appelle auili claires , chez les Marchands ,
ies marques qu'ils mettent Tur de petites Etiquettes
attachées au chef des Etoi'fes ou toiles , qui leur
marquent le véritable prix qu'elles leur coûtent,
afin de pouvoir s'y régler dans la vente.
On dit proverbialement, qu'un homme efl un
O, un zéro en chijjre ; pour dire, qu'il n'a nul
pouvoir , nulle autorité , qu'il ne peut taire ni bien
ni mal à perfonnc.
Le mot c/î/^re vient de rhébrcu_yî/-/»e , qui veut
dire nvmhn: ^ ennmcration , de la racine Jaj/uir,
ccmpier , nomhrer , dénondrcr \ les mots l'uivans
chi^lrerSichi^rtuT en \iennent aulîî.
GHUFRER, v, a. le lervir' de chi.'fres , compter avec
la plume. Siipputare , ccmpiuan notis arithmc-
ticis. Il ne fe dit guère que de l'addition de plu-
iicurs femmes enicir.ble. J'ai i/iijjré toutes ces par-
ties , & j'ai mis les fommes au bas de chaque
p.age. On dit aiilH chiffrtr un regiftre -, pour dire ,
mettre un chiflre ou numéro au haut de chaque
page, com.me on fait aux regiftres des Banquiers ,
des Geôliers Se autres, qui doivent être paraphes
par un Juge. §Cr Chiffrer en Mufique , mettre des
chifres ou d'autres caraélères fur les notes de la
balfe pour indiquer les accords qu'elles doivent
porter. On dit encore c/iiffrcr une lettre ■■, pour
dire, écrire une lettre en chiffre. A^'oyc^; Chiffre.
Chiffré , ée. part.
CHIFFREUR. f. m. Qui fait bien compter avec la
plume. Peritus fuppntandi , numerandi. Le Faéteur
de ce Marchand eft un habile chi^reur , eft un bon
Arithméticien.
tp- CHIGNOLLE. f. f. Terme de Boutonnier.
El'pèce de dévidoir à trois ailes ; diftantes d'une
demi-aune l'une de l'autre , fur lequel on dévide
les matières pour les mciurer-, celles qui doivent
faire les trcifes, par exemple , car celles des autres
ouvrages n'ont pas beibin d'être mel'urces. Ekcyc.
CHIGNON, f. m. Partie de derrière du cou où font
les vertèbres qui joignent le dos à la tête , & qui
eft au delfous de la foffe ou nuque du cou. Cervix.
Ce mot vient de chaînon , qu'on dilbit autrefois de
cette même partie du cou.
Chignon fe dit non - leulemcnt (fj" de la partie
poftérieure du cou , mais encore des cheveux qui
font à cette partie là. Occipitis capilitium. Prendre
quelqu'un au chignon. On le dit particulièrement
des cheveux des femmes. Les femmes portent au-
jourd'hui le chignon relevé.
CHIKENIE, & CESKENIE. f. f. Vieux mot qui veut
dire chemij'e.
^HILAO, Ville d'Afie, fur la côte occidentale de
l'Ile de Céylan , fur une rivière de même nom.
Elle étoit autrefois capitale d'un Royaume, Elle
appartient aux HoUandois.
CHILCHOTE. f. m. C'efl le nom qu'on donne à une
des quatre fortes de poivie de Guinée.
CHILE. Voye^ Chyle.
CHILE. f. m. Les habitans de l'Amétique appellent
ainfi le piment , ou poivre de Guinée, qu'on nomme
encore Corail de Jardin.
ÇHILERBASSI. f. m. Prononcez Kikrbajfi. On dit
aufll C\n\ors\hiiVi. Cellm penuarix Prtzjiclas. Offi-
cier delà Maifon du Grand-Seigneur, que Vige-
nere% dans fes Illufir. fur l'Hijl. de Chalcond". p.
357, appelle Grand Crédencier , &: qui a, dit-il,
ïa charge des breuvages &: des confitures du Prince,
èc avec lui deux cens Pages pour le fervice de fa
table. Il demeure au Chiler , qui eft un des Offices
du Serrail , & fous lui font les Chileroglandari.
Ce mot eft compofé de chiler "isVd qui lignine
l'hôtel où ces Officiers demeurent. Ri 1er , Cdli
penuaria , dit Méninski , & hefch , chef, "iJlN^^
Chilergi , Dépenlîer , qui a les provifions de bouche,
qui a foin de la dépenfe du garde-manger. Pe-
nuarius , Cellarius , Promus-Condus. Méninski.
C HI
CHILEROGLANDARI. f m. Off.cier de la Maifon
du Grand-Seigneur. Les Chileroglandari font trente '
Pages qui fervent dans le Serrail à ladcpcnie fecrtte,
fous la conduite du Chilcrbaffi. Foye:^ ce mot.
CHILI. Chile , ou Ci/e. Royaume de l'Amcrique Mé-
ridionale, renfermé entre la mer de Ciuii, qui eft
une partie de la mer Pacifique , ou de la mer du
Sud, & qui le borne au couchant, &: le Tucuaian
avec les terres Magellaniques , au Levant -, It Pérou
au Nord ;& les terres Magellaniques au Midi. Le
Chili eft tout entier Ibus la Zone tempérée de l'hc-
mifphcre auftral , entre le 297^ degré de longitude ,
& le 305*^ , & entre le z6'- & le 47= de latitude fud.
Il a à l'Orient les montagnes des Andes , où le
foid eft exceffif, & dans lefquellcs il règne un vent
extraordinaire , qui gclc en un moment les hommes
& les bêtes , & les conllrve fans corruption, de
forte qu'ils paroilîènt tous vivans , & dans l'aClion
èc la pofture où il les a i'alfis. Ces montagnes font
prefque toujours couvertes de neiges , quoiqu'on y
ttouve plus de quinze volcans ou montagnes qui
jettent des feux & des flammes. Il y a aulîi d'hor-
ribles tremblemens de terre dans le Chili, Le terroir
y eft très-fertile , particulièrement vers la côte , &
produit du mays , du blé , du vin , &: généralement
tous les fruits de l'Europe. Les Efpagnols décou-
vrirent le Chili l'an i y ^4 ou i j 5 5; , ou , félon d'au-
tres , 1 5 5<' , fous la conduite de Didaques Almagte.
L'expédition ne fut pas heurcufe. Peu de temps
après Pierre Baldivia fon fucceffeur y retourna , &
après des peines infinies fe rendit maître des côtes,
dompta les habitans , & jeta les fondcraens de
Sant-Iago , capitale du pays.
Les Efpagnols ont divifc le Chili en trois grandes
Provinces , le Chili propre , qui eft au Nord i l'Im-
périale , qui eft au Midi -, èc le Chicuito , qui eft à
l'Orient. Les habitans du Chili Ibnt grands; ilsfe
couvrent de peaux de loups marins. Leurs armes
font des flèches. Ils font braves, & de toute l'Amé-
rique ce font ceux qui ont le plus fait de peine aux
Eipagnols , & qui leur ont le plus coûté.
Ce mot Chili eft Péruvien , & lignifie froid. Il
a été donné à cette Province, à caufe du froid ex-
ccrFif qui y règne. Du refte on ne dit point Chilien ,
comme a fait Maty. Il faut dire habitant du Chili ,
avec M. Cotneillc , beaucoup plus croyable que
Maty, quand il s'agit de la langue françoife. On
peut voir fur le Chili Herréra , c. zz. Linfchot,
Acofta , Hornius , Orl. Imp. ù polit. Le P. Poffinc
dans la cinquième partie de l'Hiftoire de la Com-
pagnie de Jéfus.
CHILIADE. f. f Alfemblage de plufieurs chofes mifes
enfemble mille par mille. Prononcez Kiliade.XJr^c
Chiliade d'années , mille ans. Les Chiliades d'E-
rafme. Id. ;e<A(«î, mille.
CHILIARQUE. f. m. Officier d'Armée chez les An-
ciens, Chef ou Condudeur de mille hommes ,
Colonel. Chiliarchus. Ce mot eft grec-, compofé
de A^'Ais'. mille, & <'(}:/,, commandement. Prononcez
Kili-^^rquc.
CHILIASTE. f. m. &: f. Nom de Sede. Chiliades.
Voyez Millénaire. Ce mot eft plus françois, &
plus en ulage.
CHILIFERE. Voyei ChylifeS.e.
ce? CHILIOGÔNE. f. m. Terme ^ de Géométrie
figure plane & régulière de mille côtés Se d'autant
d'antrles.
CHILIOMBE. f. m. Saciifîce de mille bœuf^. Chi-
iwrnbum. Dans les grandes victoires , ou dans les
grandes calamités , on immoloit quelquefois jufqu'à
mille bœufs , ce qui étoit pourtant très-rare.
^Zr CHILLAN. Ville de l'Amérique méridionale,
au Royaume de Chili , capitale d'une contrée qui
porte fon nom.
CHILLAS. f. m. Toile de coton à carreaux , qui
vient de Bengale, & de quelques autres lieux dç
l'Orient.
CHILLER. Terme de Fauconnerie, Koye:^ Gilisr.
CHI
§3- CHILLY , Village 'de l'île de France, llir le
chemin d'Orléans, près de Lonjamcau.
CHILMINAR ou CHEMIN AR , ou, comme pro-
noncent nos voyageurs, TECHELMINAR, terme
de Relation , eille phis beau morceau d'Architec-
ture qui nous refte de l'antiquité. Ce ibnt les ruines
de ce fameux Palais de Perlépolis , auquel Alexan-
dre , pris de vin , mit le teu , par complaiiance
pour iaCourtiiane Thaïs. Il yen a une dclcriptioa
exadc dans l'Ambaffade de Dom Garcias de Silva
Figueroa , & une autre dans Piétro dclla Vale,
Voici en abrégé ce que c'cfi: que Chilminar. On
voit les relies de près de quatre-vingt colonnes dont
les ftagmens ont au moins fix pies de haut •, mais il
n'y en a que dix-ncur" qu'on puifle dire entières ,
avec une autre toute feule éloignée des autres d'en-
viron cent cinquante pas. Une roche de marbre
noir fort dur i'ervoit de fondement à cet édifice.
Quatre-vingt-quinze marches portent au premier
plan du Palais elles font taillées dans le roc. L'entrée
du Palais , a environ vingt pies de large ; d'un
côté eft la figure d'un éléphant , & de l'autre celle
d'un Rhinocéros haut de trente pies , & tous deux
d'un marbre luifan t. Proche ces animaux , ily a deux
colonnes , & pas loin de là la figure d'un Pcgalc.
Après avoir paifé cette entrée , on rencontre quantité
de fragmens de colonnes de marbre blanc , dont les
relies font voir la magnificence de l'ouvraga. Les
moindres de ces colonnes ont quinze coudées de
haut, les plus grandes ei ont dix-huit: elles ont
quarante cannelures larges chacune de trois grands
pouces , d'où l'on peut juger de toute leur groifeur ,
& des autres proportions. A(fez proche de l'entrée,
on voit une infcription gravée fur un carreau de
marbre noir , uni comme une glace -, elle a environ
douze lignes, les lettres font d'une figure extraor-
dinaire , elles reffcmblent à des triangles , ou à des
pyramides. Ces relies précieux de l'antiquité , où les
oifeaux font aujourd'hui leur nid , font ii beaux & fi
magnifiques, qu'ils attirent l'admiration de tous
ceux qui les voient. Antiquités de Perf^polis. Il y a
encore beaucoup d'autres infcriptions en caraélcres
tout différens de ceux qui font formés en triangles -,
quelques-uns approchent des caradlères hébreux ,
chaldaïques ou fyriaques •, d'autres relfemblent
aux caraétères arabes ou perfans -, d'aurrcs enfin
ibnt grecs, yoye^ les Tranfaélions Philofophiques,
les voyages du Chevalier Chardin , & le livre in-
titulé Li^s heo-utis de la Perfe. M. Hyde , qui a ex-
pliqué l'infcription qui eft en grec, en fuppléant
quelques mots qui fbntefîacés , dit que ces infcrip-
tions font gravées avec beaucoup de négligence,
& peut-être par quelques foldats-, ou \\ elles l'ont
été par un Graveur, il croit qu'il étoit de Palmyre ,
& qu'ainfi les infcriptions de Perfépolis font en
langue phénicienne -, il ajoute que puifqu'elles Ibnt
à la louange d'Alexandre , elles n'ont été faites que
depuis le temps où ce Conquérant a vécu.
Ce mot vient du perfien Tcheleminar , c'eft-à-
dire , quarante tours , ou colonnes, à caule des qua-
rante colonnes d'une groffeur prodigieufe que l'on
voit parmi ces ruines.
CHILOÉ. f f. île de la mer du fud , dans l'Améri-
que méridionale. Chilo'é. L'île de Chiloé cil fur la
côte du Chili , & dépend de ce Royaume. Elle
a cinquante lieues de long , & fept de large. Elle
a la forme d'un arc, & n'eft point carrée , comme
les Géographes le marquoient. Sa pointe méridio-
nale touche prefque au continent , &c n'en eft fé-
parce que par un détroit fort petit. La pointe fep-
tentrionale fe retire plus en haute mer : le pays y
eft fort inégal ?s. plein de montagnes, de forêts
&: de marais'-, il eft fujet à des froids exceflifs, étant
au de-là du 45«= degré de latitude auftrale. Il y
règne l'été des ouragans très - froids , &: qui diffè-
rent peu des tcvnpêtes d'hiver. La froideur du climat
& les chaleurs de l'automne , trop foibles & trop
mêlées de pluies , font que jamais les fruits n'y
raûriifent. A quatre doigts en terre , on trouve par
CHI
741
tout u« fable tougc, fi fcc, que les femencesqua
l'on y jette, meurent prefque toutes. Ce[>aidanc
il y a dans les forêts des arbres fort hauts & tore
gros -, mais du rcfte, l'Ile eft ii ftérile, que les ha-
bitans qui y fèment je ne fais quelles racines ou
légumes inlipidcs, s'ciliment fort heureux, s'ils re-
tirent le quintuple de ce qu'ils ont femé. Les Ef-
pagnols avoient bâti dans la partie feptentrionale
o.e l'ile, une ville qu'ils nommèrent de Qijho;
mais les Corfaircs anglois la détruilirenr vers l'an
iGoo. Les naturels du pays ne vivoient que de ce
que la mer jetoit fur les bords i de là vient qu'ils
habitoient tous fur la côte. Tout l'habit des In-
iulaires confiftoit en une efpèce de petit jupon de
coquillag-es attachés les uns aux autres , en forn;e
de cotte de mailles, du rcfte, ils ibnt tout nus.
Quand les El'pagnols y abordèrent la première fois ,
ils y trouvèrent quinze mille familles d'Inaicns. Us
ont des pyrogues ou canots faits de trois planches
liées enlem.ble avec une greffe corde. Ils en bou-
chent les fentes avec des écorces d'arbres macérées,
ce qui ne peut empêcher qu'on ne courre grand
rifque , en s'expofant fur ces ibrtes de barques. Dfi,
TiCHo.HijL Farag. L. 111 , ck. 18. Les Infulaires
naturels y avoicnt vingt-cinq Villages. Uid. du 10,
CHILONE. f &: adj. m. & f C'cft ainfi qu'on appelle
ceux qui ont de grofles lèvres. Laùrofiis , \-iulo.
Tous ceux de la mailbn d'Autriche font clulones.
Qt mot vient de Chilon , l'un des Sages de la
Grèce qui les avoir ainfi.
§Cr CHILONGO. Province d'Afrique, dans la baffe
Ethiopie. Elle s'étend depuis les frontières de celle
de Majumba , jufqu'à la rivière de Quila. C'ctoit
autrefois un Royaume particulier. EUg elt aujour-
d'hui tributaire du Roi de Lovango.
CHJILPELAGUA. f. m. On donne ce nom à une des
quatre fortes de poivre de Guinée.
CHILTERPIN. il m. C'eft une des quatre fortes da
poivre de Guinée.
CHIMARIOT, OTE ou CHIMERIOT. f m.& f.
Qui eft de la ville ou de la contrée de Chimère.
Ctraunius , Chimerœ incola. Les Chimariots font
grecs de religion. Leur Evêque dépend de l'Arche-
vêque de Lépante. Surs dans leurs montagnes in::c-
ceflibles , ils n'ont point encore payé de tribut au.
Turc. Ils paficnt pour être de grans voleurs. On dit
auiîl Cimariot , & c'eft même le plus ulité en fran-
çois. On dit que les Cimariots defcendent des an-
ciens Macédoniens.
CHÎMAY. Ville du Pays-Bas dans le Hainaut, éri-
gée en Principauté par l'Empereur Maximilien en
faveur de la Mailbn de Croy. Cimacum , Cimij.-
cum , quelquefois on trouve Chimacum : mais ja-
mais Chimœum. Aujourd'hui les Princes de Chimay
font de la Maifon d'Aremberg , Anne Dorothée
de Croy , fœur unique & héritière de Charles Duc
de Croy, Prince de Chimay , mort en 16 \o ayant
porté Chimay dans cette Maifon par foa mariage
avec^le Comte de Ligne.
CHIMÈRE, f. m. Terme de Mythologie. Monftre
fabuleux que les Poètes ont feint avoir la tête d'un
lion , le ventre d'une chèvre , & la queue d'un iér-
pent , & qu'on dit avoir éré défait par Belléro-
phon , monté fur le cheval Pégafe. Chimœra. Le
fondement de cette fable eft qu'il y a un mont en
Lycie du même nom , qui eft un Volcan , vo-
miffant des fîammes , dont lefommet qui eft défert ,
n'eft habité que par des lions -, le milieu où il y
a de bons pâturages , eft abondanr en chèvres -,
le pié, qui eft marécageux, eft plein de^rpens.
Ainfi , dit Ovide ,
.... Mediis in partibus hircum ,
Peclus & ora leœ , caudainferpentis habehat.
Parce que Bellérophon fut le premier qui alla
habiter «;ette montagne , on a feint qu'il avoit tué
la Chimère. Pline dit que le feu de cette mon-
tagne s'allume avec de l'eau, & qu'il ne s'éteint
qu'avec de la terre ou du fumier. Quelques-uns
^42 C H I
ont dit que ce monftre avoit trois tctes , rime de
lion , l'autre de chèvre , &: l'autre de dragon. On
voit diverfes fii^nircs imaginaires qui iervent dans
l'architecUire gothique de gargouilles , & de cor-
beaux , Se qui ne font que des produftions des
Sculpteurs ignorans de ces temps-là.
CniMKRî, le dit figutcment des vaincs imagioations
qu'on fc met dans l'elprit ; des terreurs & des
monrtres qu'on le forge pour les combattre -, des
efpcrances mal fondées que l'on conçoit, & gé-
néralement de tout ce qui n'cft point réel 5c Iblide.
Figilamiumfomnia , yana & mania comminia , jig-
mema , delirament.i. En Philolbphie on les appelle
êtres de raifori. Autrefois l'amour 5: la valeur roma-
nelqucétoientlacAiVw^rc; des Elpagnols.S.EvR.L'an-
tiquité eft un cahos ténébreux , où l'on peut placer
des chi-m'eres impunément. J aq. Il y a de certaines f;^/-
meres qu'on autoriCe en les combattant gravement ,
&: qu'on ne doit entreprendre de détruire qu'en ie
jouant. Au. de Villars. Les contemplatift fe paiiîcnt
quelquefois de chumres frériles , Se de vaines fpccu-
lations. Pourquoi facrifier les plus agréables mou-
vemens du cœur à cette chimère de bicnléance &
d'honneur î Vill. Une imagination échauflce par
des vapeurs fombres &: lugubres , le forge des chi-
mères qui l'cfïraient & qui l'effarouchent. S. Evr.
Les gens du monde n'eftiment que ce qui flatte les
fens^ les biens de l'ame pailent chez eux pour
chimère. Nie.
En vain vous voi/s p^rej^ des venus de vos pères ;
Ce ne fo?it à mes yeux que de vaines chimères.
Faijonsplus. Livrons-nous à d' aimables chimères.
La fagijfe le veut ; elles font néeeffaires.
Cejtpar elles qu'un bien que l'on noltiendroit pas ,
Se lai[fant efpérer , brille de mille appas ;
Sans' elles malheureux , pleins de notre indnynce ,
Nons n'avons duplaijir que la feule apparence.
NoUV. CHOIX DE VERS.
(yT L'exiftcnce des êtres finis eft li pauvre & fi bornée ,
que quand nous ne voyons que ce qui eit , nous
ne fommes jamais émus. Ce font les chimères qui
ornent les objets réels , & fi l'imagination n'ajoute
un charme à ce qui nous frappe, le ftcrile plaihr
qu'on y prend , lé borne à l'organe , 6»: laillc tou-
jours le CGJur froid.
Chimère. En parlant de certaines origines fabulcufcs
de maifon , on dit , que c'eft la chimère d'une telle
maifon. Acad. Fn.
Chimère, eft aulli un nom de lieu. Chimœra. Acro-
ceratinia. Chimère eft une ville de Turquie en Eu-
rope , fur la côte de l'Epire ou de la mer Ionienne ,
fituée fur la croupe d'un rocher efcarpc de toutes
parts. C'eft aulli le nom d'une petite comrée , dont
cette ville eft capitale. Les Cartes marines de la
Méditerranée faites par Berrhelot , Michelot^ &
Therin , l'appellent La Cumara. Le Cap de la Chi-
mère , autrement de la Languette , ou la Lengua ,
comme p?vlcnt les mêmes Carres , eft celui qui avec
le Cap d'Otrante fait l'entrée &: l'endroit le plus
étroit du Golfe de Vcnife. Les montagnes ds la
Chimère , Chima:rx m.ôntes , Acrocerau7iia juga ,
Ceramiii montes , entre l'Albanie & l'Epire.
CHIMÉRIQUE, adj. m. ^- f. Plein de chimères ,
d'imaginations ridicules .^k vaincs. Efprit chimérique.
On le" dit aufli des chofes qui n'ont d'exiftcnce que
dans l'imagination , des craintes ou des cfpétanccs
qui n'ont aucun fondement Iblide & réel. Préten-
tion chimérique , efpérâncc chimérique. Vanus ,
inanis , commentitius. Le deifein de la Monarchie
univerfelle eft un deflein chimérique. Homme , ef-
prit chimérique. Efpérance , demande , prétention
chimérique.
CHI
Aux portraits que je fais ,fa^e ùfavantcritiqui^ ,
Lefeul vice efi rcel, le rejic eji chimérique. Vile.
CHIMÉRTQUEMENT.adv. D'une manière chiméri-
que; fabulculcvifionnairc. Fiiiè, inaniar ,fahdvsè.
L'opinion que gens-là ont eu de leurs grandes qua-
lités , leur a fak chercher chimeriquement une ori-
gine ditfcrente de la nôtre. S. EvR.
CHIMÉRISEPv. v. n. Se repaître de chimères. On
dit qu'il faut raffiner Se chimérifer fur les plaifirs. M.
DE FoNTENELEE.
CHIMIE, f. f. Arr qui enfeigne à féparer les différentes
fubftances qui le trouvent dans les mixtes , favoir
dans les végétaux , les minéiaux & les animaux.
Chimia. La Chimie eft un art dont l'objet eft de
faire l'analyfe des corps naturels , de les réunir .à
leurs premiers principes, d'en découvrir les pro-
priétés cachées , & de dém.ontrcr leur harmonie in-
tétieure , &: le centre dans lequel toutes les fub-
ftances corporelles concourent -, ou bien en deux
m-ots , la Chimie eft l'Anatomie des corps natutels
par le moyen du feu. Ainfi l'a dchni Hanncman ,
dans une Dllferration qu'il publia à Kicl en 170T.
Quelques Auteurs remarquent que Dioclcticn ,
aptes la prile d'Alexandrie , fit chercher 6c brûler
les Livres de Chimie que les Egyptiens avoient écrits
autrefois pour avoir de l'or 6c de l'argent , ne vou-
lant plus que les Egyptiens s'enrichiUent pat cet
art , afin qu'ils n'euilent plus le moyen de le- révolter.
TiLLFM.
Ce mot vient du grec v««V, c'eft-à-dirc , fuc ;
ou de ;:fu. , qui fignifie fondre, ^oye^ au mot _Al-
ciHMit les étymolo^gies. Quelques Auteurs qui font
Cham fils de Noé "inventeur de la Chimie , tirent
ce mot. du nom de Cham , ils appuient leur opi-
nion fur la fignification du mot 101 Cham, qui en
hébreu veut dire c*wA-.vr , chaud, noir, tous mots
qui ont rapport aux opérations eie la Chimie ; mais ,
outte que l'on avance fans ptcuvcs que Cham eft
inventeur de la Chimie , il eft vifiblc que cette éty-
inologle n'eft pas naturelle.
Les Chimiftes ont ajouté la particule atabe al,
au mot de Chimie, quand ils ont voulu exprimer
la plus lublime , qu'ils appellent Alchimie. On
donne aulFi à la Chimie les noms de Spagirie ,
d'Art Hermétique , Pyrotechnie.
C'eft Ir Chimie qui nous a donné un grand nom-
bre de très-belles connoifl'ances que nous avons
de la nature. Jean-Joachim Bêcher a expliqué les
tfrmcs les plus obfcurs , & les principes de
la Chimie , dans un livre qu'il a inritulé Oedipus
Chimicus. Il y a un Lexicon Chimicum , qui ex-
plique aulli les termes les plus obfcurs de
la Chimie , compofé par Guillaume Johnfon
Chimifte Anglois. Martinus RulLindus en a fait
un autte fous le titre de Lexicon Alchemix. Pierre
Borel a donné un recueil de rous les Auteurs qui
ont écrit de la Chimie, qu'il appelle Bihliotheca.
Chimica. On trouve quanriré d'opérations de Chi-
mie rangées par ordre alphabétique dans un livre
imprimé à Leiden en i<S34, intitulé Colleclanea.
Chimica Leidenfîa. Nous avons aulli plufieurs Trai-
tés françois de Chimie où les opérations fon claire-
ment décrites. Les meilleuts font Le Févre , Glafer,
La Faveur , Charas , Lémery. Il y a clans la Bi-
bliothèque du Duc de Bavière un Traité de Chimie
foas le nom de Cléopatre, Roi de Chimie.
11 y a une autre force de Chimie qui confifte dans
la tranfmutation chimérique des métaux. C'eft ce
qu'on appelle chercher la pierre philofophale. Voyez
Alchimie, C'eft Se nom que l'on donne plus com-
munément à cette prétendue fcience.
CHIMIQUE, adj. m. i:. f. Qui appattient à la Chi-
m-ic. Chimicus. Les remèdes Chimiques ne fonC-
nullement dangereux , quand ils font bien pré-
parés 6c donnés à propos. Les Operateurs s'ap-
pellent Médecins Chimiques 6c Spa^iriques.
CHIMISTE, f. m. Celui qui f^it la Chimie , qui fait
les opérations de Chimie , ou qui a écrit de la
Chimie. Chimicus, Chimiœ peritus. Le peuple fiic
un grand mépris des Chimijks , parce qu'il n'en
Juge que fur le pie de certains ignorans, gueux
6c" afÎTontcurs , qui difent qu'ils ont trouve la
picrr; phiiofophaie, Q'eft la niiinc chofe que s'il
CHÎ
mt^eoient deï Aftronômcs par les faifeurs d'MA^-
na'chs, des Pocites 6i des Muliciens par le^> Clun-
teurs du Pont-neuf : au lieu qu'on doit a la Cni-
rrie l'invention des choies les plus nccelkires a la
vie, comme la préparation des métaux & de la plu-
part des remèdes. , ^, • ■ ■ i -
irr II faut pourtant convenir que la Chimie , maigre
toutes les découvertes , elt encore bien clo.snce
de la perfection , & qu'il eft même mipolfible d ar-
river 1 ce point là. Dans la decompoiition, leteu
chanre Ibuvent les principes des choies : les végé-
taux parl'analyle donnent des rclultats prelque fcm-
blables, puilque les plantes les plus falutaues ren-
dent à peu-près les mêmes principes que les plus ve-
nimeufes. On fait d'ailleurs que le feu ne fait rien
fur plulicurs efpèces de pierres, de terres & de fa-
bles." Beaucoup de minéraux ne peuvent être ana-
lifés par cet clément , qui emporte & lubftiliie
plutôt leurs corpulculcs , qu'il ne les divile en leurs
principes. Tels font le mercure & le fouffre , quand
on ne les brûle pas à l'air libre. Il n'eft pas moins
difficile de détruire le 2;luten de certaines pierres,
& les çran^ues fauvagesfonrindeltrudibies. Oryct.
ter CHIN.^Ville de la Chine dans la Province de
Honan , au département de Caifung > pair les 34^
48' de lat.
^J- Il y a un fameux lac de même nom dans la
Province de Junnan , à la place duquel il y avoir
, . autrefois une grande ville qui fut abymée pat un
tremblement de tetre. ^
CHINAGE ou CHEMAGE. Terme de Coutumes.
Droit qui fe paye à raifon des charrettes qui pafient
dans les bois. Chinargium. „ , ,
fCr CHINEA. Grande &c agréable vallée, dans le
Diûcèle de Lima au Pérou, aiîez près de celle de
Lunai:aana.
icr CHINCHEN. Ville de la Chme dans la Pro-
vince de Huquang , fur les frontières de celle de
Quanton. ,>»,„ -rr-,. 1 1
^ CHINCHIAN ou CHINKIANG. Ville dé la
Chine , cinquième métropole de la Province de
Junnan, fon département comprend cinq villes :
Ibus le 24^ degré 19' de latitude, elle ell de 14J
4' plus ocddentale que Peking.
^3- CHINCHIAN ou CHINKIANG. Villc dc la Chine ,
fixième métropole de la Province de Kianguan ou
Nanquin, fous le ^i^ 49' & de zJ x8 plus orien-
taie que Peking. . . r j
CHINCILLA. f. m. Petit animal qui fe trouve dans
le Pérou. On eflime fort fon poil , qui eft fin &
poli. Il eft de la grofleur d'un écureuil. _
^ CHINCHINTALAS. Province de la Tartane
entre celles de Camul & de Suchur. On trouve
dans une montagne de cette Province un minerai
lin^ulier , qu'on appelle Salamandre , & dont on
fait du linge qui fe conferve dans le feu , comme
le lézard appelé falamandre , fuivant 1 opinion
mal fondée de quelques Naturaliftes, Foye^ Î)Ala-
MANDRE. . . ^ . ,
CHINE. Grand Royaume de l'Afie , qili occupe la
récrion la plus orientale de notre continent. Sma ,
Suiarum regio , China. La Chine, félon le P. Le
Comte , dans fcs nouveaux Mémoires, l-i^ P- p >
s'érend du Sud au Nord depuis le if degré juf-
qu'au 4^ Ceft 1 8 degrés , qui font 450 lieues com-
munes. Son étendue d'Orient en Occident neft
£uère moindre. D'ailleurs la Chme eft prefque
ronde, de forte qu'elle a près de quatorze cens
lieues de tour. Ces mefures font juftes , du ce
• Pete , & fondées fur des obfervations exaétes. Au
rcfte , on ne comprend^ poim dans ce que nous Ve-
nons de dire plufieurs Iles de la Chine, qui feules
feroient un grand Empire , ni le Leauron , qui eft
hors de la grande muraille. Pour la Corée , le Eiin-
quin & Siln , ils doivent à la vériie un tribut
résîlé à l'Empereur, qui outre cela en nomme les
Rois , ou les approuve , quand ils prennent pof-
fefTion de la couronne s mais néanmoins tous ces
Etats ont leur gouvernement particulier , &: font
CH i
Hl
ircs-diiïérens de 11 Chi/ie. Abulphaiagc ', dans ù.
■premier!^ Dynaftie ; compte les Chinois parmi les
lix premières hâtions du monde. Il les appelle
Sin , & dit qu'ils habitent le plus Oriental de la
terre habirablc , &c qu'ils s'étendent depuis la ligne
équinoctiale ; jufqu'au dernier des fept climats vers
le Septentrion ; il ajoute qti'ils furpallént toutes
les autres nations dans les Arts méchaniqucs èc
la Peinture. Telle eft l'idée qu'on en avoir en Orient
dans le XIIP fièclc qu'Abulpiiarage écrivoit.
La Chine eft fi bien cultivée par l'induftrie SC
le rravail de fes habitans , qui ont applani toutes
les campagnes , converti des montagnes mêmes en
plaines , par les tertalfcs qu'ils y ont faites juf-
qu'au haut, comme en amphiiéattc , par les ca-
naux qu'ils ont conduit dans toutes les Provinces j
qu'il n'y a prelque pas un pouce de terre inutile ,
& que les campagnes relfemblcnt à des jardins.
D'ailleurs , outre'que la Chine produit tous noâ
fruirs d'Europe , à la réferve des amandes , elle
en a beaucoup d'autres que nous ne connoiflons
point en ce pays-ci. Malgré tout cela , la terre
fidfir à peine à la nourriture de l'es habitans , tant
elle eft peuplée , & les pères &C mères expofcnc
tous les jours une infinité d'enfans , après qu'ils
fonr veiius au monde , parce qu'ils rie pourroient
les nourrir.
Les Provinces de la Chine font au Nord , le
Pekeli,le Xanfi, le Xenfi , Xatung ou X.anton,
le Honan & le Suchucn ; & au Sud le Huquang
ou Huquam, le Kiangfi , celle de Nankin, le
Chekiang , le Fokien , le Quantung, le Quangfi ,
le Queicheu & Junnan ou Yunnan. L;s fleuves de
la Chine les plus confidctables font le Hoangs , ou
la rivière jaune, le Kiang , ou la rivière bleue ,
Si le Canron , ou le Ta. Les villes de la Chine
font ou villes de guerre , ou villes de police. Chaque
efpèce de ces villes eft diftinguèe en plufieurs ordres.
Il y a plus de mille villes de guerre du premier
ordre , & beaucoup plus du fécond 5c du troi-
fième. Pour les villes du premier ordre , il y en
i plufieurs plus grandes , ou auffi grandes que Pé-
kin. Le P. Le Comte ditqu'il en a vu lui fculplus de
fept ou huit. Il y en a plus de quatre-vingt du pie-
mier ordre , qui font comme Lyon & Bourdeaux.
Parmi deux cens du fécond ordre , il y en a plus
de cenr , comme Orléans -, entre douze cens du
troifième , on en rrouve plus de.iix cens aulfi con-
lidérables que la Rochelle &: Àngoulcir.e ; fans
parler d'un nombre prodigieux de villagr^s , qui
furpaifenr en grandeur & en nombre d'habitans les
villaires de Marene 8c S. Jean de Luz.
L'Empereur de la Chine eft abfolu , &: les loix
lui donnent une autorité prefque fans bornes. Il
a deux Confeils , l'un ordinaire , compofé des Co-
laos , qui font les Miniftres d'Etat -, l'autre ex-
traordinaire , compofé des Princes du fang. Il y
a fix Tribunaux fouverains à Pékin ; le Lipou,
pour ce qui regarde les Officiers de l'Etat , que nous
nommons Mandarins , le Houpou , pour les fi-
nances -, le Lipou , pour la religion , les anciennes
courûmes , les fciences , les arts , les affaires étran-
gèies -, le Pinpou, pour la guerre i le Himpou,
pour les aflTaires criminelles -, le Compou , pour les
ouvra^^es publics. Les Mandarins font tous Doc-
teurs.'ll y en a 15(547 de neuf ordres diffc-
rens. v » ^;- r •
Il y a quatre principales reli2;ions a liChme. L an-
cienne qui eft celle de l'Etat, & qui ne recon-
noît qu'un Dieu, fouverain maîrre du ciel &c di
la terre , fias idoles , ni ftatues. L'Idolatne eft h
féconde. Elle y fbt apporrée par Tohe , o_n Fohi,
Philofophe Indien , 31 ans avant la nailiance de
Jefus Chrift. Il y a auffi un forr grand nombre d A-
thées. Enfin, la Religion Chrérienne y a Pcnérré.
S Xavier dit dans la 5= Epitre du Livre II dc fes
Lettres , que bien des gens croient que faint
Thomas y avoir prêché l'Evangile, qu'avanr que le»
Poriu<^ais connuffent les Indes , l'Eglife Grecque y
544 C H I
envoyoit dcsEvêques-,& que leur tradition ctok que
ce faint Apôtce y avoit converti bien du monde. Le P.
Le Comte a rapporte les preuves de cette tradition ,
T. II , p. 1 9(î. Ce qu'il y a de certain , c'cft que des
Milfionnaires Syriens de Mollil &: de Ballbra ,
qui iuivoient les Caravanes de Samarcand , de Bo-
chara &: des autres grandes villes de la Tartatife ,
pénétrèrent jufques à la Chine vers l'an 737 de
J. C. & y portèrent le Chridianifme. Fleurv.
Dans ces derniers temps S. Xavier tâcha d'y en-
trer , &: mourut à la porte de ce vafte Empire en
1,-52. Depuis le P. Roger y entra en 1581 , &le P.
Ricci enluite , &: après bien des peines & des tra-
vaux , ils obtinrent des Magiftrats en 1584 , U pcr-
miilïon de s'y établir. La Religion y a fuit de grands
progrès, depuis fur tout que l'Empereur qui rc-
snok en' 171 $ , par un Edit très-honorable 6c très-
t"avor.ible à la Religion , a permis qu'on la prêchât
& qu'on l'embralsât librement. En KÎ15 , on trouva
proche de Signanfbu , capitale de la Province de
Chenfi , un monument qui contient un abrégé de
la Doctrine Chrétienne , & qui marque que ces
Millionnaires venoicnt de Judée, que l'un s'ap-
peloit Olopoucn, &: l'autre I-ho \ qu'Olopouen,
après' bien des dangers courus lur mer & llir terre
arriva à la Chine l'an (ÎAûdeJ. C. que les Empe-
reurs favorisèrent fort la Religion en dépit des
Ecnzcs qui excitèrent de grandes perlccutions ;
& qu'enfin Ce monument fut érigé l'an 782. de J. C.
Ce font les Bonzes qui gardenr ce monument dans
\in2 Pagode proche de la ville de Signanfou, Le P.
Kirkerrapportc & explique ce monument dans
fon China Illufirata. Teoph. Spiielii de Re Litte-
raria Sinenfitim Commentarius.
Porcelaine de la Chine, encre delà Chine, ver-
nis de U Chine. Voyez ces mots en leur place. Un
cabinet de la Chine , du papier de la Chine. L'Em-
pereur de la Chine. L'Empire de la Chine. Les Mif-
lîonnaires de les François qui font à la Chinj ,
difent , aller en Chine , demeurer en Chine : mais
en France nous difons , aller à la Chine , être à
La Chine.
Nous avons fur la Chine , le China Illujlrata
du P. Kirker , l'Atlas Sinicus de Martinius , qui
lait le XV Tome du Grand Atlas de Blaeu , Spi-
zelius De Re Litteraria Sincnjiiim , le P. Nie. Tri-
gault Jcfuite. Regni Chinenjis Defcriptio , la Re-
îarion de Semedo -, le Sina & Europa de Prcye-
lius -, & une Relation de la Chine par un Mofco-
vite nommé Nikipofa , les Mémoires du P. Le
Comte i la nouvelle Defcription de la Chine par
le P. Duhalde , &'c.
Le nom Chine n'eft point en ulage à la Chine ,
& ce n'eft point celui que les Chinois donnent
.à leur patrie. Ils l'appcUenr Chungoa ; c'eft-à-dire ,
Royaume du milieu , Se Chunque , Jardin du mi-
lieu -, parce qu'ils difent que la Chine eft au milieu
du monde. Les Tartares appellent la Chine Mangin ,
nom qui fignifie Barbare. Ils lui donnent aufli le
nonide Han ou Catay ; d'autres difent que leCatay
ne renferma que les Provinces du Nord , & le
Mangin celles du Midi. A Siam & à la Cochin-
chine , &c. la Chine eft appelée Cin , du nom de
la i'imille Impériale Cin , qui rcgnoir vers le temps
de Crélus , 550 ans environ avant J. C. C'eft de-
là que s'eft fait le nom de Chine , & celui de Sina
en latin , parce que , félon la conjetflure de quel-
ques Savans , la Chine commença alors à erre
connue.
CHIi^E- ^- f- Idole des Chinois. Idolum Sinicum. Les
Chines ou Idoles des Chinois, font faites en forme
de pyramides ouvragées. Mob-Éri , Edu. de 1712.
Les naturels du pays craignent fort ces Chines. Id
Je ne fai fi ce mot fe trouve ailleurs, jufqu'ici je
ne l'ai vût dans auc.m autre Auteur françois.
Chine, f. f. Voyei Squine. chine n'eft pas françois.
Il y a une fauffe racine de Chine qui croît dans les
Antilles. P. du T. T. J , p. ç)6.
^T CHINER, v, a, Terme nouvellement invente dans
CHI
les Manufadures. Chiner une étoffe, c'eft donner
aux fils de la chaîne des couleurs différentes , & dil-
pofcr ces couleurs fur ces fils de manière qu'elles re-
prcfcntcnt un deffcin lut l'étoffe.
ifT Chinée, ée. part. Etoffe chinée.
^fT On dit auffi chiner , f. m. de l'art de travailler
ainli les étoffes. Le chiner eft une des manœuvres
les plus délicates qu'on ait imaginées dans les arts.
Encyc. •
CHINFRENEaU. f. m. Coup qu'on reçoit a la tête,
foit en fe heurtant par hazard conrrc quelque corps,
foiten fe battant contre un ennemi. Illijns , ojfhijîo,
ojfenfus. Il marchait à tâtons. Se il s'eft donne un
vilain chinfreneau contre une porte. Il reçut en ce
combat un vilain chinfreneau. Ce mot eft populaire
& vient apparemment de ch in frein par corrup-
tion.
CCr CHîNGAN. Ville de la Chine , dixième Mé-
tropole de la Province de Quangli , par les Z4 de-
grés de latitude,
rà- CHINGTIEN. Ville de la Chine dont elle eft la
quatrième Métropole , par le 3 1 degré de la-
titude.
(Cr CHINGTU. Ville de la Chine , capitale de U
Province de Suchuen , fous le 30 degré 47' de
latitude.
CMINGULAÎS , AISE.J". m. &: f. Habitant ou ori-
ginaire , naturel de l'Ile de Ceïlan. CciLinus , Cei-
liinenjis , ChinguUnus. C'eft ain'i qu'il faut
dire , & non pas Céylanois. Les Chingiilais
font originairement Malabares & Chinois , fi l'on
en croit les Auteurs Portugais ; les Malabares exi-
loient en cette Ile ceux qui avoient commis quel-
que crime qui méritoit l'exil. Les Chinois , maîtres
de tout le commerce de l'Orient , fréquentanr fort
ces mers , ciuelques-uns de leurs vailfeaux furent
portés fur les baffes du détroit de Chilao , & jr
échouèrent. Les équipages fe fauvèrent dans l'île,
£c ayant trouvé le pays beau & fertile , ils s'y cca-
blirent. En peu temps ils s'allièrent avec les Mala-
bares exilés qu'ils y trouvèrent , & qu'on nommoic
Galas. Ils fe confondirent ainfi , & ne firent qu'un
feul peuple , que des deux noms , Cin 5c Galas ,
l'on appela 67z//zq'iîAzj, & puis Chingulais. Les Chin-
guLiis font prelque rous idolâtres : ils font de deux
fortes : les uns font tout-à-lait fauvages ; on les ap-
pelle Bedda ou Waddahs : ils demeurent éloigaés
des habitations. Les autres font plus civilifés. Voye?
ce qu'on en a dit au mot Céïlanois. Les Chingidaij'es
portent ordinairement une camifole de toile de co-
ton blanche qui leur couvre tout le corps , qui eft
parlemée de fleurs bleues &: rouges, &: qui eft plus-
ou moins longue , félon la qualité des perfonnes.
Les Chingulais reconnoiffent philieurs Dieux, donc
il y en a un fupérieur & fouverain , qu'ils ap-
pcUenr Créateur du ciel & de la terre , & qui en-
voie les autres pour exécuter fes ordres : les autres
Dieux font , diti:nt-ils , les âmes des gens de bien.
Ils croienr l'immortalité de l'ame, la réfurrei5lion,
& une autre vie , ùc.
Quelques-uns difent Cingaîe pour Chingulais , &
les appellent les Gentilshommes de l'Ile de Céïlan,
Ip* CHINGYANG. Ville de la Chine , quinzième
métropole de la Province de Huynand , par les
5 5-i de lat.
Ip- CHINKÏANG. Nom de deux villes de la Chine,
l'une dans la Province de Junnan , l'autre dans celle
de Kiangnan.
03" CHINN.\N. Ville de la Chine , dans la Province
de Junnan, au déparrement de Cuhiung, parles
24'! 40' de lar. \
03* CHINNING. Ville de la Chine , troilième cité
de la Province de Queicheu , à 25«* de lat.
CHINOIS , OISE, f m.& f. Sina, Sinenfis .W^h\x.%x).t
de la Chine, naturel de la Chine. Les Chinois ^
dir Abulpharage , flirpaflent toutes les autres na-
tions par leur nombre , par la grandeur de leur
Empire , Sc par la vafte étendue des terres qu'ils
poiîèdenc. Ils l'emportent encore fur les autres par
leur
C H 1
leur habileté dans les arts méchiniques & dans la
peinture. Abulpharage n'entend parler que du colo-
ris & du vernis de la Chine ; car pour le refte , le^
Chinois n'entendent rien en peinture. Selon le même
Auteur, les Chinois ion: un des fept premiers pei:-
ples du monde. L'hiltoire populaire des Chinois
compte plus de quarante mille ans depuis la fon-
dation de leur Empire •, mais lliivant celle dont tous
les Savans conviennent , & qui efl: liliiivie , li bien
circonftancice , établie par une tradition fi conl-
tantc,qu'on ne peut en douter parmi eux ,(iins palier
pour ridicule , & comme ils s'expriment cux-nie-
mes , pour des hérétiques , iuivant cette hiftoire.
Il y a beaucoup plus de quatre mille ans que la
Chine avoit les Rois. Tillemont , Hijl. des Emp.
T. ni, p. jic), prétend que les ^Vr<;j qui envoyè-
rent des Députés &i des préiéns à Aurélien en 273 ,
avec plulicurs autres Orientaux , font les Chinois.
Selon M. d'Herhelot , les Chinois ont reçu des
Iruliens la plus grande parric des Sciicnccs. Con-
fucius fut inlhuit dans la Philofophie par les Doc-
teurs Indiens. Pythagore croit plus ancien que Con-
fucius , li on le fait naître (S05 ans avant J. G. avec
le Doétcur Bentley , &: certainement contempo-
rain de Confucius , fi on place fa naiifance à l'an
5<>7 ou 568 avant J. C. avec Dodwell & Stanley,
puifque Confucius , fuivant le P. Couplet , elt né
l'an 551 avant J. C. Ejfai fur les Hicroglyph. p.
505.
Un Savant du Nord , nommé Eccard , prétend
que les Chinois font les Argipéens d'Hérodote j
qu'ils habitoient alors les montagnes , &; que de-
puis ils font defcendus dans la plaine. Cela eft dif-
ficile .à accorder avec leur hiftoire.
CHINOIS, OISE.adj. Qui eft de la Chine, qui ap-
parrient à la Chine. Sinenfis. A l'orgueil près , il
faut avouer que la nation Chinoij'e a eu de grandes
qualités-, beaucoup de douceur ïc de politelle dans
l'ufage du monde , du bon fens & de l'ordre dans
leurs affaires , du zèle pour le bien public \ des
idées juftes pour le gouvernement', de l'el'prit, mé-
diocre à la vérité, dans les fciences fpéculatives,
mais droit & fur dans la morale. P. Le Comte.
La langue Chinoife n'a aucune analogie avec toutes
celles qui ont cours dans le monde. Elle ne contient
que 3 30 mots tous d'une fyllabe , ou qu'on pro-
nonce au moins d'une manière fi ferrée , qu'on
n'en diftingue prefque jamais qu'une. Le même mot
prononcé avec inflexion de voix plus forte , ou plus
îbible , a diverfes figniiications. Ainfi b langue Chi-
noife , quand on la parle exaél:ement,efl: une efpèce
de mufique , & renferme une véritable harmonie ,
qui en fait l'effence & le caraélère particulier. Id.
Ce qui touche les caraétères Chinois , n'eft pas
moins lingulier que leur langue. Ils n'ont point
d'alphabet comme nous , qui contienne les élémens
èc comme les principes des paroles. Au lieu d'al-
phabet , ils fe font fervi au commencement de leur
monarchie , de hiéroglyphes. Il y en a plus de
80000. Id. Théophile Spizélius a fait un Traité de
la littératute Chinoife , Théoph. Spi^elii , de Re lit-
teraria Sinenjîum Commentarius. André Cleyer ,
premier Médecin de la Compagnie des Indes à
Batavia, donna en xcîSi à Francfort un Eflai de la
Médecine Chinoife en latin. Spécimen Médicinœ.
Sinictz , Jive Opiifcula Medica ad mentem Sinen-
jîum.
Il n'y a aucune lettre Chinoife qui n'ait fa ligni-
fication , lorfqu'on la joint avec d'autres -, Tsai ,
par exemple, qui veut dire malheur , calamité,
eft compolé de la lettre Mien, qui fxgnific maifon ,
& de la lettre Ho , qui fignifîe feu , parce que le
plus grand des malheurs eft de voir fa maifon en
feu. Les lettres Chinoifes font donc autant d'hiéro-
glyphes qui forment des images , & qui expriment
des penfées.
Chaque idée a fa marque diftinifle de l'écriture
Chinoife , ce qui fait qu'elle continue aujourd'hui
d'être commune à différentes nations voilines de la
Torfie IL
C HI
T4T
Chine, quoiqu'elles parlent des langues différentes
comme l'ctoit le caraétèrc univcrfcl de récriture
en pcintur-e. Les lettres Chinoifes fervent à défi-
gncr les chofes, & non les mor?. Les cata(ftères de
la Cochinchine, de Tongking , du Japon, font
les mêmes que ceux de la Chine , & fignifienc
les mêmes chofes , fans toutefois que ces peu-
ples, en parlant, s'expriment de la même fbrrc.
Ces caractères font en cela comme les chiffres d'a-
rithmétique. Pluîieurs nations s'en fervent -, on leur
donne différcns noms , mais ils fig^nifient par-tout
la même chofe. L'on compte jufqu'à quatre-vingt
mille de ces caraélères. Cette écriture n'eft qu'un
hiéroglyphe abrégé & raffiné , qui dérive de la pre-
mière méthode fi fimple de peindre les idées hu-
maines.
Chinoise, (/a ) Terme de Flcurifte. C'eft un œillet
tricolor rare. Son blanc eft de lair, tranché de gros
panaches bruns comme s'ils étoient noirs, & de cou-
leur de rofe, fa fleur eft large. Morin. C'eft aulJi
une tulipe, colombin grisâtre , rouge & chamois. Id.
CHINON. Ville de France en Touraine. Chino , Chi-
nonum ,'Chinonium. Chinon eft fitué fur la Vienne,
à dix lieues de Tours.Quelques-uns croient que c'eft
le vieux Cifomagenfis de Grégoire de Tours. Quel-
ques-uns l'appellent Caino ; &z c'eft fur cela que
Rabelais , qui étoit de Chinon , a dit que cette ville
avoit été bâtie par Caïn. l^^oyei Du Chefne , ^n-
tijuités des villes de France , L. Î,C. iio,& Valoi;,
Aor. txdll.
CHîNQUER. V. n. Terme populaire , qui fîgnifîe ,
boire par excès en choquant les verres les uns con-
tre les autres , fie en le portant des fautes pour
s'exciter à boire. Potare largiàs, pergrœcari frequcn-
tioribus poculis, cyathos coatis illidcre. Ort con-
noît aux paroles fié aux aélions de cet homme qu'il
a chinqué aujourd'hui. Ménage dérive ce mot de
l'Allemandyir^tfwAfrt , qui fignifîe, v<rfer à boire y
&C qui vient de fchink , qui fignifîe échanfo/i.
CHINTAL. f m. Sorre de poids donr les Portugais
fe fervent à Goa. Il revient à 105 livres , poids da
marc.
CHINTE-SERONGE. f. f. Toile blanche de coton ,
propre à être imprimée , 8c mife en couleur , qui
fe fabrique aux Indes orientales.
§3- CHINTING. Ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Peking , dont elle eft la quatrième métro-
pole , 48'i 40' de lar.
fp- CHINY ou CHISNY. Petite ville des Pays-
Bas , dans le Luxeitibourg , Chef-lieu d'un Du-
ché démembre de l'ancien Comté d'Ardenne , vers
les confins de la Lorraine , de la Champagne & du
Duché de Bar.
Ip- CHINYVEN. Ville de la Chine , dixième mé-
tropole de la Province d'Iunnan , à 14*^ 37'.
Ip- CHINYVEN. Ville de la Chine , quatrième mé-
tropole delà Province de Quiecheu. Lat. z^J 34',
CHIO. f. m. Chios , Chius. Ile de l'Archipel. Il faut
dire Sio. Voyez ce mor.
Terre de Chio. Efpèce de terre qui vient de Tlie
de CAzo. C'eft une efpèce de terre lîgillée , qui eft
graife , croûteufe , blanche , cendrée. Elle eft aftrin-
gente , & efface les taches & les cicatrices de la
peau -, mais comme elle eft rare , Lémery dit qu'on
lui fubftitue la terre fîgillée.
CHIOCADAR ou CHIOHADAR. f. m. Officier du
Grand-Seigneur qucVigenère -i^^cWt portemanteuu.
Mais il ne porte point le manteau du Prince, C'eft
un Azemmoglan c'eft-à-dire un enfant d'honneur ou
Page , qui , par tout où va le Prince , porte une va-
life , où il y a un habillement complet, fi; du linge
pour changer , s'il en eft befoin, Ephcbus veps nîu-.
tatoricE serulus.
CHIONS DE MA-RTICLES. Foyci Marticles.
^ CHIOURLIC, CHIOURLI ou TURZUL.
Ville delà Turquie en Europe, dans la Remanie,
fur une rivière du même nom , fîcge d'un Evêchc
grec , artofée par une rivière du même nom , qui
W ' * >-y
54^
G H 1
CH I
fc perd dans la rncï ùe Mainiara, Son ancien nom |
latin efl: Turullus on Tyrâllos.
CHIOURME. i; f. Les galériens ou forçats , qui font
mouvoir une galère 'à force de rames. Trlnmis
rcmiges. Ou le dit auiTi des bonovoglies qui fe
louent pour ramer. La chiourme c^ diftcrcntcde
l'équipage, & l'cquipagc ne comprend pas les for-
çats qui compofcnt la ckiourme.V.DEhAV ai. Jéf.
Ce mot eft purement Italien, & fgnifie une
multitude de pcrfounes viles & de néant : il a été
fait du latin turma : mais en France il eft^ rcftrcint
à la lignification des rameurs d'une galère. Cn a
dit aulli le mot de ciitrma en la balle latinité dans
le même fens.
Chiourme, ell auffile lieu où les forçats font aflis
pour ramer. Tranfira.
?fT CHIOZZA ou CHIOGGIA. Ville d'Italie dans
l'état de Venife , avec un Evêché fuffîragant du
Patriarche de Venife, dans une petite Ile, près
des Lagunes.
CHIPOTER. V. n. |p= Faire lentement , &: à plu-
lieurs reprifes ce qu'on a à faire. On le dit particu-
lièrement de ceux qui mangent peu &: à petits mor-
ceaux. Efuare. En Normandie , dans le Lionnois,
6c cn bien d'autres lieux , chipoter , veut dire , bar-
guigner , vétiller. Il efl: du ftyle familier , même
populaire , dans toutes ces acceptions.
Apres avoir taffré comme de vrais Goujats ,
lis mandèrent cncor ,Ji L'Auteur ne radote,
Jufqu'à leurs tables mime. Ici nos favantas
Commentateurs , engeance qui chipote ,
Sont à fuer d'ukan pour expliquer le cas
Du Cerc.
CHIPOTIER. f. m. Celui qui vétille , qui chicane ,
qui contefte fur un rien , qui chipote. Il eft fa-
milier.
CHIPPAGE. f. m. Apprêt que les Tanneurs donnent à
de certai^nes peaux, ^'oyt-^ Chitper.
CHIPPÉ , ÉE. part. Bafanne chippée. C'efl: celle qui a
reçu de l'ouvrier un apprêt particulier qui la dif-
tingue des autres bafannes.
CHIPPER. V. a. Terme de Tarmeur. Ç3" Chipper des
peaux , leur donner une préparation qui confilte
à les pénétrer de tan par le moyen de l'eau chaude.
Voici comment il s'y prend.Après que les peaux ont
été un mois ou bien lix femaines dans le plain , &
qu'on en a fait tomber la laine avec la chaux ,on les
jette dans une cuve remplie d'eau chaude , mêlée
de tan , qui eft uneefpêce decoudrementilorfqu'elles
ont refté quelque temps dans cette cuve , on les
en retire , pour les coudre tout autour avec de la me-
nue ficelle, le côté de la chair en dedans , en ma-
nière de facs , que l'on remplit de tan , 6c de l'eau
de la cuve encore chaude par le moyen d'un en-
tonnoir -, èc après que l'entrée en a été fermée , on
les prend par les deux bouts que l'on remue for-
tem.ent , pour bien faire pénétrer le tan. On les
rejette enfuite dans la cuve , d'où on les retire pour
ïes découdre ?<. les faire fecher à l'air.
CHIPRE. Voyei Chypre.
^ CHIPROVAS. Petite ville de laBulgatie, Pro-
vince de Turquie cn Europe , aux confins de la
Servie.
03" CHIQUE. Petit infecte fort commun dans les
pays chauds de l'Amérique. C'eft une efpèce de Ci-
ron , fautant comme la puce. Il s'infinue dans la
chaii; 6c occafionne de cuilantes démangeaifons. Il
croît 6c s'étend, fi on néglige de le tirer. Pour s'en
garantir , l'on frotte la peau de tabac ou de quelque
herbe amère , ou d'eau dans laquelle on a fait in-
fnfer des feuilles de tabac,
CHIQUE. Talfe à caffé de la plus petite efpèce. Je
te vais faire apporter du chocolat -, j'en ai déjà pris
deux chiques , 6c j'en prendrai une troifième pour
l'amour de roi. Vérités Satyriques.
|Cr CHIQUE, f. m. Dans les manufactures en foie ,
mauvais cocon de foie où le ver eft mort ou fondu ,
Si qu'il eft défendu de mêler avec les bons cocons.
CFIIQUE. Petite boule de marbre ou de terre cuite,
qui n'cft d"ufage qu'à des jeux d'enfaiis.
CHIQUE, pour chicane. Foyei^Cnic.
CHIQUENAUDE. f.fgcr Coup que l'ondonnedu
doigr du milieu,lorfqu'après l'avoir plié fur le pouce»
on le lâche furie nez, fur le vifage , &c. Talitrum.
Il lui a donné une chiquenaude fur le nez. C'eft un
\m§e à chiquenaudes. Tibctc ctoit fi fort , qu'avec
une chiquenaude, il faifoit un trou dans la têre d'un
jeune homme.
Ce mot vient des Bas-Bretons , qui difent ckica-
nuden, pour fignifier lamcmechofc. Men. Mais il
oublie de remarquer que Chiquenauden fignifie le
chignon du cou , où il faut qu'on ait commencé à
donner les chiquenaudes.
On dit proverbialement, 6c par exagération, pour
dire , qu'on n'a point battu ni maltraité une per-
fonne , qu'on ne lui a pas feulement donné une chi-
quenaude
CHIQUET. f. m. Petite partie d'un tout. ? articula.
Il n'eft en ufagc qu'en cette phrafe adverbiale. Il
m'a payé ce qu'il me devoir chiquet à chiquet, c'cft-
à-dirc 3 en pluficurs petites parties , ôc à diverfes
reprifes.
Quelques-uns dérivent ce m.ot du latin feSio,
Ne fait-on pas bien qu'il ne vit qu'au jour la jour-
née , que par emprunt, qu'.à chiquet, que miféra-
blcment, 6c peu s'en faut que je ne diCeparaJîticè,
de aliéna quadrà 1 Mascur.
ffr CHIQUETER. v. a. Terme de Cardeur. Déchi-
rer la laine , la démêler en "l'alongeant.
0Cr CHIQUETER. Terme de Patifrier, Faire des ef-
pèces d'ornemens avec un couteau fur une pièce
de patidcrie.
'ifT CHIQUIRO, Ville de l'Amérique méridionale,
dans le gouvernement de Santa Cruz,
CHIRAGRE, f. m. Prononcez chi , comme ki. Gout-
teux , qui a la goutte aux mains. Chiragrâ lalorans.
On le dit aulli de la maladie , &: alors il eft féminin.
Chira%ra. La chiragre affeifte le* carpe , ou la par-^
tie externe de la main, ou les jointures Ôc les ligà-
mens des doigts.
ffT Ce mot qui eft tout grec n'eft guère d'ufage
que parmi les Médecins, 6c en Fauconnerie.
Chiragre , en termes de Fauconnerie , eft unema-
ladie aux mains des oifeaux où il fe fait quelque
am.as de mauvaifes humeurs 'tC? qui caufent de petits
nœuds aux jointures , Ss. qui en empêchent le libre
mouvement.
Ce mot vient du grec xàf , & «■ypx » main & cap-
ture.
'îfT CHIRIËÎQUOIS. Peuple de l'Amérique méri-
dionale, près de la nouvelle Andaloufie.
§3= CHIRIGUANOS, Peuple nombreux 6c féroce,
au fud de Sainte Croix de la Sierra, & à l'orient
de la ville de Chuquifaca. Il appartient à la Pro-
vince de Los Charcas.
ffT CHIRISONDA. Ville de Turquie, dans la Pro-
vince d'Amafie , fur la mer noire.
CHIRITE. f. f. Pierre figurée repréfentant la paume
de la main avec des formes de doigts 5<. des on-
2:les de couleur blanche, 6c de la nature du Gyps.
tfJ- CHIROBALISTE. Voye?^ Chierobaliste.
CHIROGRAPHAIRE prononcez chi , comme ki. adj.
m. 6c £ Terme de Palais. Chirographarius. C'eft un
créancier dont la dette n'eft fondée que fur un billet,
ou une écriture privée 6c non reconnue en juftice,
èc qui par conféquenr n'a point d'hypothèque,fiCF à
la différence des dettes fondées fur des aéles pafles
devant Notaires, ou reconnus cn juftice, ou fut
quelque jugement , que l'on appelle hypothécaires.
Dette chirozraphaire , créancier chirosjaphaire.
|p= CHIROGRAPHE. f. m. Afte qui par fa i^ature
demandoir d'être lait double.
Du Cange dit qu'on a appelé chiro^apke , une
efpèce de contrat dont on a parlé ci-deffus au mot
de ckartepartie. On écrivoitdeux fois fur une même
feuille de parchemin, 8c a contre fens, &c dans
C H î
i'intetvalk on mettoit urle colonne dé lettres ca-
pitales,, ou d'autres caradcres , ielon la t'antaihc ;
puis on xoupoit cette colonne en deux , &c cha-
cun emportoit un côté de ce contrat , ce qui
croit un moyen lur d'éviter les fauUctcSi Car
quand on avoir quelque difficulté lut l'exécution,
il falloit rapporter ces deux parties fépatées, ^ en
les rapprochant, voir fi ks lettres capitales lé tap-
portoient. On a appelé auiii ces aétes Hingrapki ,
où deux perfonnes lignoicnt eniéiTible •, & canœ
indcntatx , ow partitx. Voyez aulfi Cirographe.
Ce mot vient du gtec y^t,f , main , &c de ypccf», ,
j'écris.
CHIROMANCE, & mieux CHIROMANCIE, &
dans l'un & l'autre le c^e fe prononce comme ki.
i. f. C/iiromancia , ars divihandi ex nianiuitn infpec-
iione, IfT L'art de deviner la dcftinéc , fe tempé-
rament, les inclinations de quelqu'un par l'inlpcc-
lion des lignes qui le trouvent dans la paume de la
main. Science vaine & abfurde. Taifnerus ell: celui
qui a le mieux écrit , & plus amplement , de la Chi-
rornance. Il y en a auHi un Traité dans Robert Flud
kAnglois. Artemidore a éctitau.ll de la Chirom^nceSc
des augures. M. de la Chambre a aufïi fait un traité
furies principes de la Chiromance. Il prétend que par
rinfpedion de la main on peut connoître les in-
clinations des hommes , patce que les parties de
la main ont rapport aux parties internes de l'homme,
le cœur, le foie, fir. d'où dépendent en beaucoup
de choies les inclinations des hommes. A la fin de
fon traité il avoue que les règles & les préceptes
de la Chiromance ne font pas [jien établis , que les
expériences qui les fouticnnent ne font pas bien
vérifiées j il ajoute qu'il faudroit de nouvelles obfet-
vations faites avec juflcne & plus d'exaâ:itude,pout
donnet à la Chiromance la forme & la folidité que
l'art &: la fcience demandent. Jean de Indagine a
écrit de la Chiromance , fon ouvrage eft traduit en
_ françois. La chiromancie eft propre à amufer & à
'^duper la populace.
Ce mot vient du grec x^'^p » itianus , & de fuittliU ,
àivinatio,
CHIROMANCIEN, f. Celui qui fait profeffion de
deviner par l'infpeélion de la main. Chiromantice.
peritus, in Chirumantiâ verfuttis. C'eft un fou ou un
fripon.
^fT CHIRON. Nom d'un Centaure qui pafîbit pour
avoir inventé la médecine, qu'il enlcisi-naà Efcu-
lape. Achille chante par Homère fut auiil fon élève.
iCHIRONîEN. ad). Epithète qu'on tlonne aux vieux
ulcères malins qui ne peuvent fe cicatrifer que forr
difficilement , & dont les bords font durs , calleux ,
Se tuméfiés. Chironium ulcus. Ils font ainfi appelés
de Chiron , ancien Médecin , qui eft le premier qui
les ait guéris.
CHIRONOMIE. f. f. Mouvement du corps ,
mais fut tout des mains , par lequel les comédiens,
fans le fecours de la parole , défignoienr aux fpec-
tateurs les êtres penfans , dieux ou hommes , foit
qu'il fût queftion d'exciter les ris à leurs dépens ,
foit qu'il s'agit de les délîgnet en bonne part.
1^ C'étoitauilî un ligne dont on ufoitavec les en-
fans pour les avertir de prendre jjne pofture de
corps convenable.
^CF C'étoit encore un des exercices de la Gymnaftique.
Encyc.
§3° Chiro-nomie , dans Quintilien , eft l'art de bien
porter fes bras-, la règle des geftes , foit en parlant ,
ibit en danfant , &c. x^'f , manus , vo,«o5 , Ux , /c-
f^nla. Chironomus , maîtte à danfer.
jpHIROSCOPE, f. m. Chirofcopus. Un Auteur fran-
çois appelle chirofcopes ceux qu'on appelle commu-
nément Chiromanciens.
Ce mot vient de x^'f y main , & de c-xon-éw , je
confiiert.
JCHIROTONIE. Prononcez Kirotonie , C. f. Tetme
de Lituigie. Impofition des mains qui fe pratique
en donnant les ordres.
Ce mot de Chirotonie vient de Grec xs'/"?"»'* ,
C H I ^^y
qui veut dire , action par laquelle on étend kî
mams ; i5c parce que les Anciens dans les allemhlées
populaires donnoient leur fuifrage en étendant la
main , ils appeloient du nom de chirotonie les ckr
tions des Magiftrats , les Plébifcites , les Ordon-^
nanees , &c. Ci.t ufage fc trouve établi d'aboraclie/
les Grecs , comme il paroît par l'oraifon de Liémof-
thencs qontre Né.izra , & par celle d'Efclune contrd
Ctéfiphon. Il palia enfuite chez les Romains \ Ci-
céron en parle dans l'Oraifon pour Flaecus. Les
Auteurs Ecclcf.'ftiques ont employé le mot de Chi-
rotonie dans le môme lins que les Auteurs profa-
nes ; lavoir , pour l'életlion faite par le peuple',
ou faffrage du pcvple. On peut voir Balfamon lut
le canon V. du Conàle de Laodicée , & Zonaras
ilir le premier canon des Apôtres s mais le nom de
Chirotonie a été principalement attribué à l'impo-
lition des mains qui fe fait dans les ordinations, &
il lignifie l'ordination rncme. Saine Chrylbftôme
s'en lert en ce fens dans Ihomélie 14. fut les Actes ,
& ailleurs. Philoftorge, dans fon HiftoirefEccléfial-
tiquc, .L X. Zonaras , (ur le premier canon des Apô'
très , s'en fervent auHî.
CHIRURGICAL, ALE , adj. Qui appartient à la Chi.*
rurgic. Chirurgiens, Opérations Chirurgicales, Les
maladies Chirurgicales,
lfr_ CHIRURGIE , f f. Il n'y a que la populace qui
dife CHIRUGIE. Sciencîc qui apprend à connoître
fc à guérir les maladies extéricutesducorps humain,
& qui traite de toutes celles qui ont befoin , pour
leur guériibn , de l'opération de la main & deVap-
plication des topiques. C'eft une partie de la mé-
decine. Chirurgia. Pour l'étimologie , voyc:^ Chi-
Rl'RGIEN.
La Chirurgie fe divife en Chirurgie fpéculative, &
en chirurgie pratique ; celle-ci fait elfeélivemeni ,
ce que celle-là apprend à faire. Toutes les opéra-
tions de Chirurgie fe rédailént fous quatre efpèces ,
dont la première rejoint Ce qui a été féparé , & fc
nomme fynthèfe -, la féconde divife les parties dont
l'union eft contraire à la fanté , & celle-là s'appel-
le diérèfe ; la troilîcme , qu'on a comprife par le
mot d'exérefe ; & la quatrième , qu'on appelle pro-
thcfe , ajoute ce qui manque. Didnis.
Les Rè^lemensde Police ordorvnent qu'aucunes
peifonncs , de quelque qualité & condition qu'el-
les fuient, ne pourront exetcer luChirurgie dans la
ville & fauxbourgs de Paris , foit en boutique , en
cham.bre , ou auttes lieux particuliers , privilégiés,
ou prétendus privilégiés , pour quelque caufe od
occalion que ce foit , s'ils ne font membres de la
communauté des Maîtres Chiturgicns de Paris , &
reçus ou agrégés eh iccUc \ qu'ils feront deux an*
nées d'apptcntiffage , & ferviront les Maîtres pen-
dant (ix auttes années ; que ceux qui deiireront pat-
venir à la Maîtrife n'y feront admis qu'après avoir
fait le grand chef-d'œuvre , qui fera compofé d'un
aéle pour l'immatricule , d'une tentative , d'un
premier examen , de quatre autres examens : le pre-
mier d'Oftéologie , le feCond d'Anaromie, le troi-
fiérae des faignécs , & la quatrième des Médica-
mens ■■, Si enfin d'un dernier examen , & de la pref-
tation de ferment. Comme les effets de la Chirur-
gie font plus évidens qUe ceux de la Médecine >
qui font plus incertains , on la cultiva beaucoup»
plutôt , & Efculape lui-même excella dans cet art.
Le Cl. Le propre de la Chirurgie eft de couper, cau-
térifer , trépaner , réduire les fraétures &: luxations,
&c. Jean Scultet a fait un beau livre où il a décrit
tous les inftrumens de Chirurgie , intitulé Arma-
mentarium Chirurgicum , iniprimé à Ulm in-fol. &
à la Haye in-ociavo i il a été rraduit en françois,
& imprimé à Lyon in-quarto. Ambroile Paré & Fa-
bricius ab Aquapendcnte en ont aulfi écrit. Depuis
ce temps-là très-grand nombre d'Auteuts ont don-
né des traités de Chirurgie , Se ont beaucoup per-
feiflionné cet art , en ce qui regarde l'anatomie ,&
les opérations chirurgicales -, c'eft-à-dire , ce ç^ui
regarde la théorie Se la pratique. Voyez Thevenjn ,
Z 2 z ij
^4^
C Hî
C HI
Diemerbrock , Dionis , Saint Hikire , De Mar-
ques , Gelée , Fièrabas , Gourmélen , Lamy , Delau-
nay , Verduc , Befle , Tolec , &c. Les François ont
écrit avec beaucoup de lliccès fur la Chirurgie,
On dit qu'Apis , Roi d'Egypte , fut l'inventeur
de la Chirurgie. Eiculape fît auili un Traité des
plaies & des ulcères. Enluite on vit quantité de fa-
meux Chirurgiens , comme Pythagore , Empédo-
cles , Parménide , Démocrite , Chiron , Péoh ,
Cléobruntus , qui guérit l'oïil d'Antiochus. Voyez
Agrippa , De Kanic. fcient. cap. 85. Rochef. La
CVz/>;/rgi<; fut cultivée avec plus de foin par Hip-
pocrate , que pat les Médecins qui l'avoicnt pro-
cédé : elle fut perfectionnée en Egypte par Philo-
xènc, qui en compofa plulieurs volumes Gorgias,
Soflrates , Héron , les deux Apollonius , Ammo-
nius d'Alexandrie j & à Rome Tryphon le père ,
Evclpillus & le favant Meges la firent fl.urir cha-
cun en leur temps. On a imprime en 1714 a Paris,
un Index funereus Chirurgorum Fa.ri(iciijium , qui
eft une elpèce d'hiftoire de la Chirurgie fran-
co i(éi
CHIRURGIEN, f. m. Celui qui fait la Chiiurgie ,
&: qui er. fait les opérations. Ckirurgus. Un bon
Chirurgien do't être excellent Anatomifte. L'Or-
, donnance de Blois, art. 87 , dit qu'il ne fera parte
aucun n\ddx.K Chirurgien es villes où il y aura Uni-
vcrlité,que les Dowleurs Régens en Médecine ne
l'aient approuvé.
On dit chez le Roi , le Premier Chirurgien de
fa Majefte , fon Chirurgien oiXmxx'CQ. Les Chirur-
giens fervans par quartier , qui font huit , les qua-
tre Chirurgiens de l'Ecurie j & les quatre Chirur-
giens iuivans la Cour -, de même à proportion chez
les Ptinces. Des 1 ttres patentes du 8 Janvier 1701 ,
portent qUe les Chirurgiens du Roi , ceux de la Mai-
ion & Famille Royale , les quatre Chirurgiens fui-
vans la Cour , & les huit Chirurgiens de l'Artillerie,
feront un's & abrégés à la Communauté des Chirur-
giens Jurés. gC? Aujourd'hui \çs Chirurgiens ne peu-
v?-\x. être reçus maîtres qu'ils ne foient auparavant
mû très es arts. ,
On dit compagnon Chirurgien. Un Edit de
1S66, enjoint à tous compagnons Chirurgiens qui
tn vaillent en chambre , de fe retirer inceffamment
ch?z les Maîtres, à peine de confifcation de leurs
outils de Chirurgie , & de 100 liv. d'amende pour
la première fois.
Ce mot vient du grec tiatf^^lc , comme qui di-
roit , ce/ui qui opère de Li main. Ceux qui veulent
ravaler les Chirurgiens difent , que ce mot traduit
littéralement ne fignifie autre choie que manœuvre.
C'eft une manière baile &; puérile de ravaler un art
fi néceiTaire aux hommes. Pour connoître la iigniii-
cation des mots , il ne faut pas confuiter feulement
rétymologie , mais la f.gnifîcation que l'ufage a dé-
terminé dans certains mots-, autrement il faudroit
appeler Chirurç;iens , on manoeuvres , tous ceux qui
travaillent de la main , les Peintres , I =s Sculpteurs,
les Ingénieurs qui tracent un plan , les Canonniers,
qui pointent un canon , &c. Se pour bien connoître
l'excellence des Arts , il en faut juger par l'utilité
qu'on en retire.
Çhiritrgies dérobe longue, eft un Chirursicn qui a
étudié en Médecine , & qui a droit de porter la ro-
be, yulnerum medicus ; au lieu que le Barbier Chi'
Turgien,e{i un Chirur<rien qui fait la barbe , & autres
menues opérations de Chirurgie. On lesdiftingiioit
autrefois par les enfeignes. Ceux de roZ-e /o/zifwe ,
avoient des boëtes, & les Barbiers, des ba'îîns. Main-
tenant ils font réunis , & ne font plus qu'une Com-
munauté à S. Côme,fousle titre d'Académie Royale
de Chirur'îie.
Il y avoir autrefois à Paris deux corps de Chirur-
p.ens , l'un éroit le Collège des Chirur'\iens de rohe
longue ', aflbcié A l'Univetlité 5c à tous fes privilè-
ges 8c immunités , & l'autre les Bàriiers-Chirur-
.giens. Ces deux corps furent réunis en l'an iS^6 ;
mais cette union fut caufe qu'en 1 660 j les Chirur-
giens furent exclus de l'Univerfité ,avec ordre d'éf^
facer l'inicription qu'ils avoient fait mettre fur la
porte de leur école , & qui étoit conçue en ces ter-
mes : CelUgium Regium MM. DD. Chirurgorum
Parijiis juratorumaSiinElû Ludovico anno D. 1x06.
injtuuratum , &c.
|C? L'ctat de la Chirurgie a été fixé par l'Arrêt du
Confeil d'Etat du 4 Juillet 1-750.
Arcabuto fut le premier Chirurgien que les Ro-
mains reçurent en la République ; mais ils l'eurent
bientôt en horreur , à caui'e qu'ils lui voyoient cou-
per & trancher des membres , de forte qu'ils le lapi-
dèrent au Champ de Mars.
Chirurgien bandagijie , ChiriJrgien Hernier.CeH
celui qu'on appc!!^" Faifcur de brayers. Chirurgus
herniœ coercehdx. Les Chirurgiens B andagijies iont
incorporés avec les autres Chirurgiens , & font re-
çus .1 S. Côme,
Chirurgien fnajor , eft celui qui eft prépofé dans les
Armées , dans les villes de guette , fur les vaiHéaux
du Roi , pour préparer les médicamens , panfer ,
traiter les malades , faire les opérations , les vilîtes ,
les rapports , Sec. Archi-Chirurçi.is.
On dit communément : Jeune Chirurgien , vieux
Médecin. On ajoute quelquefois &: riche Apothi-
caire.
Chirurgien. PoifTon qui fe pêche dans les mers de
l'Amérique. Le Chirurgien eft long d'un pié ou
pié & demi. Il relfemble allez à la tanche , quant à
la forme, à la couleur de la chair , aux écailles &:
au goiir. Ce qu'il a de particulier , lorit deux arrêtes
fort tianchanrcs &c plates comme d^s lancettes qu'il
a à côté des ouïes , ce qui appatemmcnr lui a fait
donner le nom de Chirurgien. Le P. Laêat.
CHIRU-^vGiQUE r.4 Qu ipparti »nt l In Chirur-
gie. Chirur'xichs. Une opént^on Chirurgi ^ue.
CHISE. f. f. Eipèce de poivre qii' -roît dans le Me-
xique. Dans la compolition du Chocolat , il entre
deux sriins de chiu , fur itn ceT de cacao. LorA
qu'on n'a pas de chi^e , on y met du poivie des
Indes.
CHISTE ou plutôt Kifte. f. m. l^oye^ KISTE.
CHISTIRA. f. f. Efpèce de natte de paille , qui fe
fabrique à la Chine,
CHITES. i". f. pi. Toiles de Coton des Indes, impri-
mées & peintes , extrêmement belles , dont les cou-
leurs ne durent pas moins que les toiles mêmes j
fans rien perdre de leur éclat. Il y avoir autrefois
grand commerce entre Siam &: Laos. Il venoit de
Laos de l'Or , du Mufc , du Benjoin & de la Soie;
en échange on donnoit des toiles de Chues , des
Panes , 5'c. Abbé de Choisi,
CHITOME ou CHITOMBE. f. m. Terme de Re^
lation. C'eft le Chef de la Religion parmi les Nè-
gres. Il eft révéré de ces peuples comme Dieu lui-
m'hTie. C'eft le Graiid-Prctre des Idoles du Congo,
P. Labat.
Ip- CHITOR. Ville d'Alîc, dans l'indouftan , capi-
tale d'une Province de même nom. Thevenot la
pîjce dan<; la Province de Malva.
|p° CHIT-POUR. Ville d'Afie dan; l'indouftan ,
dans le royaume d'Agra , fameufe par le commerc*
des Toiles peintes qu'on appelle Chites.
UCT CHITRO. Cithrum ou Pydna. Petite ville épif-
copale de Macédoine , dans le Coménolitari , fur
le ffolcde Salonique.
|Cr CHIT-SE , f. m. Grand & bel arbie de la Chine,
dont le fruit eft très-eftimé. La chair en eft rou-
géâtre , la faveur aigre-douce. Il eft de la grolTeUt '
de nos orangers.
CHTTTIM. C'eft le nom d'u^n fils de Javan , àont
l'Ecriture parle, Gen. X: 4. C'eft aufïl dans l'Ecritu-
re celui des peuples qui defcendirent de ce Patriar-
che -, llir quoi il v a différons fentimens. Les Septan-
te traduiférv tOTiS par iVa-, , K'7'eTç , v^OmIh,, ; & Jo-
fephe prctcpdque ce font lesCypriots j parce qu'il
y avoir dans l'île de Chypre une ville nommée O-
tium. Le m°me Jofephe dit que toutes les îles &
les lieux maritimes s'ji-'pcloicnt en grec ;c£«v. S.
¥
C HI
Epiphafie, S. Jérôme , Euftathius d'Anthiochci le
Prctre Vidor , ont iliivi Joiephe. L'Interprète ara-
be eft de même lentiment. D'autres prétendent que
les Chittims iont les Siotes , ou habitans de l'Ile de
Sic 5 Chios. Olympiodore > & S. Jean Chryloftonie
les prennent pour une nation des Indes ; d'autres
pour les peuples de Cilicie , dont une grande par-
tie eft appelée Cet'n par Ptolomée , & par iJaiUe
de Séleucie , dans la vie de lamte Thecle , Liv. 1.
Les deux Paraphrales chaldéennes traduii'entC7izr-
tim par ^cij^aja ou Ac^i-a , qui ne lignifie rien ;
mais Bochart croît qu'il faut lire ï<"DS ,c'eil:-à dire,
l'Achaie. Piulîeurs croient que les thitums de l'E-
criture font les Macédoniens , parce que lo. l'Au-
teur du premier Livre des Macchabées eft de ce
fentiment ,C.l.,v. I, C. Fi II, v. 5, i-^. Ifaïc XXiïi,
I. prcdilant la delliudion de Tyr , attribue ce mal-
heur aux (,'/»///>wj , ce que l'on mterprète du fiége
de Tyr , par Alexandre. 3°. La Macédoine s'efl: ap-
pelée autrefois Maatia , comme Hcfîchms & Aulu-
gelle nous l'apprennent. 4". Il paroît par Homère ,
Odyjf. Liv. 11, que les Chittéens étoient des pcup.es
Voifins de Macédoine. Bochart préfère le fentiment
de ceux qui prennent les Chttùms pour les peuples
d'ItaliCi Ses railbns Iont j i". Que Daniel appelle
Alexandre , Roi de Javan ; (i les Chittims font aulïl
les Macédoniens , on confondra Javan &: Chitiun.
1°, Que le même Prophète appelle les Romains
Chittims , C. Al , V. Z9 î" 50. aulfi-bien qu'Ezéchiel,
XXFII, 6. 50. Qu'en Italie il y avoit une ville ap-
pelée K£T , Caïte , dont parle Denis d'Halicarnaifc,
Liv. VI i <î. 8.10. Une autre nommée i.\£->iy. , Echc-
tia , & proche de Cumes un fleuve nommé kito^ ,
Cecus. Cocinthus eft encore c.' G ■ j Choij Chittim ,
c'eft-à-dire , le terme des Chittims ; 4«. que Num.
XXIV , Z4. les Romains font appelés Chittims. En-
fin d'autres prétendent que ce nom fe donne éga-
lement dans l'Ecritute & aux Macédoniens , & aux
peuples de l'Italie. Car,outre les railbns qu'on vient
d'apporter pour ces deux différcns peuples , ils di-
fent que les peuples d'Italie tiroient leur origine
des Macédoniens ou Citicrts -, que Chittim lignifie
la même chofe que Latiiim ou Latini , G'efl:-<i-di-
re , Cachet Ce fentiment paroît le plus vrai. Ce
que dit Bochart pour l'infirmer eft foible. 1°. Ja-
van & Chittim ne font pas plus de confulîon que
les Hébreux & Ifraëlites. 1°. Il y a plus de confufion
à ptendre les Chittims d'Ifaïe , XXIII , i , pour les
Chutéens de Babylonic. Voyez cet Auteur , Phaleg.
L.III,C.p
CHIVEF. f. iti. Èfpèce de figuier qui croît dans
rile de Zipangu , donr parle André Thévet. Ses
feuilles font rondes , de la grandeur d'un écu d'or ,
& d'une couleur fort verte. Son ftuit efl: gros com-
me un gros melon , de couleur lafranée, d'un goût
très-agréable , fondant dans la bouche. Il eft hu-
meélant, rafraîchillant , cordial &c peéïoral. Il con-
tient des femehccs femblables à celles de notre con-
combre. Le mot de chivef ^ en langue fyriaque > li-
gnifie un figuier*
CHIUNouCHION. Selden écrit CIUN &CION.
f, m. Nom de Divinité. Chiun étoit une Divinité des
Arabes. Amos en parle, V , 16. La Vulgate l'a tra-
duit par ima^o ; les Septante , & les Venions fyria-
ques & arabes Viui^à- j & Saint Etienne de même
dans les Actes des Apôtres, VII, 43. La Para-
phfafe chaldaïque , AquilaS: Symmachus , retien-
nent le nom Hébreu Ciiin , jlO. Volllus , De
Idol.L. II y Ci 23 , croit que la différence vient de
ce que dans l'exemplaire des Septante , le bas du
"I étant eftacé , le tefte paroillbit comme un rej'ch
*1 , ainfi ils ont lu }V"J, dont ils ont fait Vitpi, Se
Teu&â,. Abenczra £c les Rabbins difent que Ciun eft
^. Saturne , que les Perfes & les Arabes appellent
f>îV". VolTîus ne 1rs en croit pas , parce qu'au nic-
■■ me endroit Moloch , qui eft Saturne , eft diftingué
de Chiun. Il fe pcrfuade donc que c'eft la Lune ;
. 8c fi l'on veut que ce foit un Dieu , plutôt qu'une
DcclTe , c'eft Hefperus ; fa railbn eft que Theodd
tion,& ThéophilaCte interprètent Lium par«««v^,*
iric,_ç,.^-,,^^^c Tiç'Xzi^i<, c'cft-à-dire , ofafcUrité 5 nom qui
lui paroît convenir à ces aftres -, non pas qu'ils
loient proprement obfoLirité , mais parce que ce
Iont les aftres de l'obfcuritc , des réncbres , de la
nuit. zo. C'eft qu'au rapport d'Hcrodotc, les Arabes
ne reconnoiHoicnt que deux Divinités , le Soleii bc
Uraniej c'ciU-dire , la Lune. Selden traite de ce'
pieu,Z><^ Dus Sytiis. Synt. Il, C. 14. Le P. Kirker
Jcluite croit que Chmn eft une idole que cueK,ues
Hébreux impies & idolâtres adoroicnt ; 'ils don-
noicnt, a ce qu'il croit, ce ndm indiffcremmcnt à
Saturne & à Hercule ; que ce mot lianihe proore-
ment image , figure , & qu'ils l'àppliqaoient'par
excellence ou par préférence à ces deux Dieux.
Voyez Kuker , (Edip. ^<rypt. T. l,p. 387.
IJi-i Prxeftant d'Allemagne, nommé Tvlalus , dans
les Theles qu'il a lait fout nir,S: qu'il appelle it/t--
diur.s , croit qnz -K , Chtun riVft point un nom
propre, mais un appellarif, qui vient de i-^nChirt»
verbe hébreu , qui , aux conjugaifons Fihe/ & HwhU
lignine arr.uiger , dtjpojer ,}reparer. Ainfi -le ver-
bal Vyi , Chiim {^^^mÛQ àrranç;cmen[, difpojition,
Jujte deplujieurs chojes rangées par ordre. Ez Amqs^
f . i(î. reproche aux Ifraëlites qu'ils avoient porté
une mite d'idoles rangées par ordre pour repré-
iencer la milice du ciel, c'eft-à-dire, le^ afttes ou
plutôt les Planètes. Mais Saint Etienne , aux Ades ,
après les Septante, fe cont-nte de nommer A^w-^
pkan i c'cft-à-dire , la première & la principale de
ces idoles , Se la plus élevée entre les planètes , ce
fentiment eft bien plaufible.
CHIUREi f. f. Excrément de mouches, qu'elles jet-
tent particulièrement fur la viande id'où le forment
les vers, Mujcarum excrementum. 'ifT Viande cou-
verte de chiures de mouches : on ne le dit que de
l'excrément de ces animaux.
.fr CHIUSA. Petite ville de l'État de Venife , dans
le Friûul , fur la Fella.
^ CHIUSL Petire ville cpifcopale d'Italie en Tof-
cane, à vingt milles de Pcroufe.
:fT CHITAYE. Ville de la Natolie , à la fourc©
d'une rivière à laquelle elle donne fon nom,
G H L
ffT CîIALMYDE. f. f. Efpèce de manteau des An-^
cicns, retroulfé fur l'épaule droite. La chalmydé
rtoit l'habit militaire des Patticiens : la toge étoit
l'habit qu'ils portoient dans Rome.
'Îf3' 11 y avoit des chalmydes pour les enfans , pdur
les femmes , & pour les hommes. C'étoit une ef-
pèce de manteau ou cafaque attachés fur la poi-
trine ivec une boucle.
^CT CHLANIDION. Voye:^ HYMATTON.
tfT CHLANIS , CHLANIDION oK CHLANE.
Ancien habillement qui fervoit à garantir du froid:
les Grecs & les Romains s'en fervoient.
CHLOÎES. f. f. pi. terme de Mythologie. Fêtes célé-
brées à Athènes en l'honneur de Cérès , à qui on
immoloit un bélier. Ce nom qui a rapporta la
verdure des champs , convieiït a cette Déeïïè i
de %>'<'''- 5 herbe verte.
CHLORIS. f. f. terme de Mythologie. C'eft le nom
grec de la Déefîé des fleurs, & dont le nom latin ,
Flora , s*eft formé , fi l'on en croit Ovide , Liv. V
des Faftes , verf. 19V. Chloiis. On ne dit point qu"ls
furent les père & mère de ChJoris ; mais e'ie fur ma-
riée à Zéphyre , de qui elle obtint l'intendanee fu4
toutes les fleurs.
On trouve dans la Fable deux perforines de ce
riom. La première étoit fille d'Amphion & de
Niobc -, elle fut femme de Nclée , & mère de
Neftor. Elle fut tuée à coups de fl'èches, par Apol-
lon &: Diane , par ordre de Latone leur mère , i
eaufe que Niobé avoit eu la témérité d ■ préférer
fes enfans à ceux que cette DéciTc avoit eus de Ju-
piter, L'autre eft la Dcelle des fleurs-, dont n<£>uî
Vc-o- C H O
avons d'abord parlé, & qui eft U m&me que Flore.
OvSe fait mention de l'une & de l'aune dans
fcs Mctamorpholes. . .
Ce mot cft ffrec , 6c vient de ;KA«fo.,virtf;2i, «/r-
^ii« formé' de \..,o, , qui f.gnifîe la même
choCclsc ea dérivé de ^.U, HcrJ'.t, sramai. Amfi
Chloris fi^niiie proprement verdure.
CH LORIS oil-eau, cft une eipèce de pmfon, ou
petit oifeau ., s^ros comme une alouette, tantôt
ï ,t ntôt'aunc.Il vit de vers & de icmenc. de
nou arde-,ron ramage eft agréable. On. ta,t pren-
dre cet oiîcau en bouillon , ou ron , pour Icpi-
leolîe. Trinéll^ fpui.es. ^^ . _ ,
CHLOROSIS ou^' CHLOROSE. T. m. Softe de
tnaladie , qu'on appelle autrement jievres de. Jil-
t7,Ze lanche\ on jauruffe Manche , plus com-
;nnément;,.i/.. couleurs. Les filles qui en iont at-
taquées , ont le teint pâle , ou plutôt hvide avec un
certain cercle violet au dellbus des yeux. Elles (ont
triftes & inquiètes , fans aucune caule. Leurs mois ne
fonr pas toujours fupprimés , _6c ne s arrêtent que
dans le progrès de la maladie Chlorofiu.
Ce mot a/orofis fignifie verdeur : il vient de
-tcrtHMIELNICK ou KMIELNIK. P<^^i^e vm,
de PolD-ne, à l'extrémiré du Palatinat de Podolie ,
& aux c'onfins de celui de Braclaw.
C H O
CHOACUM. f. m. Emplâtre noîre dortt Celfe fait
mention , LiL F> cap. 19,^ ^^\ f '""f'^'f't
iitharge d'argent &c de rehne sèche , de chacune
cent drachmes-, mais il faut faire bouillir aupara-
vant la litharge d'argenr dans une pinte &c demie
CH08AR. Fleuve dont il eft parlé dans l'Ecriture.
C'étoit an bras de l'Euphrate. C/wtar.
CHOC f m lp° ou percudion. Aiition par laquelle
un corps en mouvement, heurte un autre corps
cm'il rencontre, le poulie ou tend a le pouller.
C- vailfeau peut réfifter au choc des vents Se des
values. On ne conçoit qu'à peine que tant de
paaies du corps fi délicates &c i\ déliées pu.l-
lént rélifter fi long temps au choc des corps étran-
gers, qui les peuvent fi ailement ébranler. Que -
eues Philolophes modernes foiitienncnt que le
choc , ou la percuir.on , n'eft que la caule occa-
lîonncUe du mouvement qui eft produit dans les
corps choques -, & que Dieu eft la caule efficiente
& immédiate du mouvementé du corps qui frappe ;
cette opinion n'eft pas foutenable, pour les tet-
libles conféquences qui en rélultent. Borelli a tau
un Traité De /a force du choc des corps Ménage
tient que ce mot vient de l'efpagnol choca , qiu
fio-nifie joute.
1er On le dit aulTi de la rencontre Se de 1 attaque
• de deux troupes de Gens de guerre . On a de la
peine à foùtenit le premier choc , le pre«nier effort
des François. Oppugnatio , impetus. L Intamene
fut renvcrlce au premier choc.
kr Choc fe dit au figuré, d'une difgrace qui arr.ve
dans la fortune , d'une attaque tacheufc dans la
fanté -, il a reçu un rude choc dans la fortune ,
dans fa fanté.
Choc eft auffi un terme de Chapelier. C cft un in-
ftrument de cuivre pour mettre la ficelle au lien
du chapeau. , .
|3- En termes de mines , choc eft fynonyme a puits.
Voye? ce mot. . t- , ,
»3- CHOCOLAT, f. m. Efpece de Tab ette com-
pofée de differens ingrédiens , aont labafe eft la
noix de cacao , de laquelle on fait une conjeélion
ou breuvase. ChocoUtum. On le boit çbaud. U eft
venu des Èfpagnols , qui Pont apporte des Mexi-
cains , chez lefquels ce mot de chocolat fignihe hm-
plement confeclion. D'autres difent que ceft un
mot indien , compofé de latte, qui lignifie de 1 eau
§C ihoc^y mot fait pour exprimer le bruit avec
C H O
lequel on le prépare , comme témoigne Thomas
Ga-e La bafe eft le cacao , fruit d'un arbre du
mcme nom : la vanille y emre auffi principalenent .
pour donner de la force & du goût ^n chocolat.
Antoine Colménéio de Lédefma, Chirurgien Eipa-
snol,en a fait un Traité: voici comment il en tau
la compofition. .
Sur un cent de cacao , on mêle deux grains de
chile ou de poivre de Iklexique , ou en la ph.ce
du poivre des Indes-, une poignée d'anis de ces
fleurs qu'on appelle petites oreilles , ou dans le
pays vinacaxtlides, & deux autres qu'on nomme
viccachufie-.osx, au lieu de celles-ci, la poudré de
fix roics d'Alexandrie , appelées rojes pales , une
croufTe de campês^e , deux drachmes de canellc ,
une douzaine d'amandes , 8c autant de noilettcs
d'Indes , &: la quantité d'achiotte qu'il faudra pour
lui donner couleur. Toutes ces plantes Iont décrues
par De Laer. On broie le tout , on en fait une pâte ,
ou conlervc, avec de l'eau de fleur d'orange , qui
le durcit fort -, & quand on en veut prendre , on
le délaie dans de l'eau bouillante avec un mou-
linet- . r.. . r •
-^KF On a depuis perfedionne cette compofition
"' brute , & on Pa rendue plus agréable par Paddi*
tion du fucre, d'un peu de vanille & de quelques
autres in2;rédiens.
Il n'en' faut pas boire durant les jours canicu-
laires , ni de celui qui eft fait depuis un mois.
Quelques'CaCuiftes, & entr'autres le Cardinal Fran-
çois-Marie Brancaccio , qui en a fait un Traite par-
ticulier , ont prétendu que le chocolat pris en li-
queur ne rompoit point le jeûne, quoique Stabe ,
Médecin Ana;lois, ait fait un Traué,ouil foutienc
qu'on tire plus d'humeur nourriflante d'une once
de cacao , que d'une livre de bœuf ou de mouton.
Les railbns du Cardinal parurent fi torres à Cal-
dera , Médecin Elpagnol qui avoir loûtenu le con-
traire dans fon Trihunal-Mcdico-Magicum, qu'il
abandonna fon fenriment. Ce fentiment n'a point
encore prévalu , au moins en France. Le cacao eft
li commun en la Nouvelle Efpagne , qu'il con-
fomme par an plus de douze millions de livres-
de fucre. Les Efpagnols eftiment que la dernière
milere ou un homme puiffe être réduit, c'eft de'
manquer de chocolat ; car c'eft leur boiflbn ordi-
naire : ils ne la quittent que quand ils peuvent
avoir quelqu'autre boilîon qui enivre. On dit qu'il
aide à la digeftion , qu'il rafraîchit les eftomacs
trop chauds ,"■& qu'il échauffe ceux qui font trop
froids. Chaque livre de chocolat vaut au Mexique
cinquante-deux fous. , r,- t i-
Le Cardinal de Lyon, Alphonfe de Richelieu,
eft le premier en France qui ait ufé de chocolat. Il
s'en lervoit pour modérer les vapeurs de fa rate , &
il tenoit ce fecrct de quelques Religieux Efp.-i-
"•nols qui l'apporrèrent en France. Ceux qui en
'ont écrit, font Thomas Gage, Voyageur Anglois,
Barthélemi Marradon , qui en condamne l'ulage , &
Anroine Colménéro, deux Médecins Elpagnols,
dont René Moreau, Profelleur en Médecine à Pa-
ri<! , a traduit & commenté les Livres. Philippe
Silvcftre Dufour, Marchand de Lyon, a ramaile
dans fon Traire du Cafte, du Thé & du chocolat,
tout ce que ces Auteurs en avoient dit.
Chocoiat eft aulfi une Ibrre de petite pâtiflene déli-
cate où il entre du chocolat. Chocolatœum ltl>um. _
CHOCOLATIER, f.m. Chocolati propola. Celui qui
ne vend que du chocolat. Un riche Chocolatier.
A Paris , ce font les Limonadiers qui vendent le
chocolat. ,
CHOCOLATIERE. T. f. Vaifleau d'argent , ou de
cuivre, ou de toute autre matière, fait en forme
de coquemar , pour délayer avec un moulinet le
chocolat , de le faire cuire. Fafculum coqucnio
chocolaté. .
CbocolatièHe. f. f. Femme qui vend du choco at.
M. Rouflcau,dans fa Comédie du Caffe, avoit taiî
dire par le Chevalier à Dorante ; Tu a'es pas riche,
CHO
nous îe favoris ; mais un Gentilhomme vouioir
cponfcr une chocolanere , il y a de la folie , ma loi ,
il y a folie. Mais depuis l'Auteur y a fubftitué : mais
un Gentilhomme fe noyer dans une clwcolaturc. On
voit que ce dernier mot eft pris ici pour le vaif-
feau où l'on prépare le chocolat , & plus haut , pour
la Vendeufe.
^S CHOCZIN. Ville de la Moldavie, fur le Nici"-
ter , ai'.x frontières de Pologne.
CHŒNIX , & au pluriel Chamces. Mefure grecque*
Le chaiiix étoit la quarante- huitième partie du
Mcdimne , & valoir trois cotyles.
CHCSRM, f. m. Vieux mot. Porc. On a dit auiîi
Goerm. Borcl veut que ce fait de-là que vient Gor-
rec, du grec yytpo , qui veut dire auOi un Porc.
CHOES ou CKOUS , f. m. Second jour de la fête
des Antheftéries , dans laquelle chacun buvoit
dans un vafe particulier : de x^-^ , un vàCe à
boire.
CHŒUR, f m. prononcez C(EUR. Terme collediif.
Troupe de Muiiciens qui chantenr cnfemble. Camn-
1^ tiiim, cantajïtium Chorus. LihQa.u.té de la Mulique
conllfte à erre divifée en récit , & en chœurs. Il y a
des muiiques à pluiieurs chœurs qui fe répondent.
Après qu'une voix a fait un récit , le chœur répond.
Ce mot vient du grec x'foi , Chœur. Chorus eft
formé du celrique Chor ou cor. Pezron.
|Cr II fe dit auflî d'un morceau de Mufique à plu-
iieurs parries qui eft chanté par le Chœur. Il y a
deux beaux Chœurs dans cet Opcra.
t):^' CHCEifR, dans les Pièces dramatiques des An-
ciens , fe dit d'un certain nombre de gens intc-
refîcs à l'aifïion , q\ii chantoicnt , Ibit dans le cours
de la Pièce, foir entre les ades, & dont quelques-
uns fe mêloicnt dans la Pièce même par des dil-
cours liés à l'aiftion, lans pourtant en faire une
partie effentielle. Le Chœur paroilfoit liir le Théâ-
tre après^ le Prologue , & n'en forroit qu'à la fin
jdc la Pièce. Il s'attachoit ordinairement à obl'er-
"er le principal perlbnnage de la Pièce, pour le
laindre , le louer ou le blâmer.
La Tragédie n'étoit , dans fon origine , qu'un
-.hœuf oui jouoit feul & fans Adleurs": il chantoit
'es Dithyrambes ; c'éroient des Hymnes à l'hon-
leur de Bacchus. Thefpis ajouta un Adeur qui
técitoit les aventures de quelqu'hommc illuftre ,
pour délailer le chœur. Efchyle trouvant ce pcr-
fonnage trop ennuyeux , en joignit un lécond , &
diminua les chants ou chœurs"^ On appeloit épi-
iode tout ce qui étoit enfermé entre les quatre
chants du chœur, & ces quarte chants faifoient
les quatre intervalles ou les intermèdes de la
pièce. Mais quand la Tragédie commença à fe
former, ces récits ou ces épifodes , qui n'étoient
que la partie acceUbire pour laiilcr repofer le
chœur, devinrenr le principal de la Tragédie, &
au lieu qu'ils éroienr diiférens , ils ne furent plus
tirés que d'un feul fujet. Le chœur fe môloir &
s'mcorporoit àl'aéiion, dont il n'étoit plus qu'un
acceflbire pour l'ornement. Quelquefois le chœur
parloir, & alors le chef, qu'on appeloit Chory-
phee , parloir pour route la Troupe ; & quand il
chantoit , tous ceux qui le compofoient , chan-
toient enfemble. Outre les quatre chants qui fai-
foient la divilion de la pièce, le chœur accom-
pagnoit quelquefois de fes plaintes les rcgrcrs,
que faifoient les Aéleurs dans le cours des^aéles
ou les accidens funeftes qui arrivoienr. Mais la
fondion la plus propre du chœur , & à laquelle
il étoit particulièrement deftiné , c'étoit de mar-
quer les intervalles des ades. Pendanr que les
Adeurs étoient retirés du théâtre , le chœur oc-
cupoit le fpedareur, & les chants rouloient fur ce
qui venoir d'arriver ; ils ne dévoient contenir que
des chofes qui convinfTent au iujet , & qui y fuf-
fent naturellemenr liées -, en forte que le chœur
concouroir avec les Adeurs à l'avancemenr de l'ac-
non. C'eft une faure qu'on a remarquée dans les
Pièces d'Euripide, que ces chœurs font entièrement
-• Ch o
T/î
deL-iches de ladion , & ne font point pris dii
fonds du iu;et. îl y avoit même des Poètes , qui!
pour- s épargner la peine de compofer des chœurs,
rapport. Ces c/z«//r. étrangers, empruntés , étoient
doutant p us mal placés, que k chœur étoit ccnCè
lou'er le rôle d'un Adeur, & qu'il repréfentoi^l s
ipccrateurs, mais des fpedateurs intércifés i ce
qui le paiîoit; enforre même qu'il ne demeuroit
pas toujours muet dans le cours des ades. Dans
la Tragédie moderne l'on a aboli , l'ufage des
chœurs : les violons en font la fondion & en rem^
ph/ient la place. M. Dadcr défapprouvc fort ce
retranchement aui ôrp à H Tri,TA-i;„
j„ /- 1 a t7 iragcdie une partie
de Ion lulhe. Il trouve ridicule que l'aidion tra^
■ gique loir icparce , & interrompue par des airs
de violon, qui n'ont nulle liaiibn avec ce qui le
pafle-, ôcque les Spedateurs, émus par la rcpré-
lentation, demeurent tranquilles, & s'arrêtent au
plus tort de la pa/f.on , pour s'amufer pailible-
ment a un diverrillèmenr étranger. Le rétabliife-
ment du chœur leroit néce/faire, félon M. Dacier .
non-feulement pour l'embellllfemenr & la ré-ula-
rire, mais encore, parce que, c'éroit une de fes
plus utiles fondions, de redreifer & de corriger
ce que la paiîîon faifoit dire aux Adeurs de trop
eiTiporre , par des réflexions de fageile & de vertu.
Ce qui a fait fupprimer le c^œ/.r, c'eft apparem-
menr que la préfence eft incompatible avec cer-
tains complots & certaines délibérarions fecrètes
des Adeurs ; or il n'eft point vraifemblable que
ces machinations fe faffent devant des fpedateurc,
intereflcs àl'adion; & comme le chœur ne fortuit
)amais du théâtre, il a fallu le bannir, pour don-
ner plus de vraifemblance à ces fortes d'inrri-
gues qui demandent du fecrer. Voyez /a Poitiqué
dArijtote. Il y avoir auin des chœurs dans la
vieille & la moyenne Comédie ; mais on -les fup-
prima dans la nouvelle , parce qu'ils fervoient
principalement à reprendre les vices, en atta-
quant les perfonnes. Dac. Voyez la Poétique dé
Scaiiger.
La Tragédie informe, & greffier e^en naiffant,
N etoit qu'un fimp le chœur! Boil,
Efchille dans les chœurs jeta les personnages.
Idem.
Sophocle enfin donnant l'effor à fon génie ,
Intereja le chœur dans toute l'aclion. Idem,
Chœur. ( donner le ) C'éroit chez les Grecs , acheter
la pièce d'un Poète , & faire les frais pour la re-
préfenrer. Celui qui faifoir certe dépenfe , s'appe-
loit en latin Choragus. A Athènes un Archonte
croit chargé de ce foin-là , comme les Édiles à
Rome. Un Magiftrat avare refufa le Chœur à
Sophocle , & le donna à un mauvais Poète , dont
la Pièce étoit à meilleur marché. Dac Le Magiftrac
ne commença que forr rard à donner deS Chœurs
comiques. Idem. Le Poète, dont on achetoit la
Pièce , étoit dit recevoir les chœurs.
Chœur lignifie aulTi la principale parrie del'Eglife
la plus voilîne du grand autel, où font placés les
Prêrres & les Chantres qui chantent enfemble. Le
chœur eft féparé du fanduaire , où l'on offre le fa-
crifice , & de la nef, où eft le peuple qui y afllfte.
Chorus. Les Parrons font obligés à réparer le chœur
des Eglilcs,&les Paroilllens'la nef. Dans les rrois
premiers fiècles , le chczur n'étoit pas féparé de là
nef. Cette fépararion ne fe fir que fous le règne de
Conftanrin, &:lorfque l'Eglifefe rrouva dans le re-
pos & dans la fplendeur. Depuis , rous les Pères
s'accordent à dire que le chœur éroit fermé de ba-
luftres. Il y avoir même des voiles tirés fur les ba-
luftres , & on ne les ouvroir qu'après la confécra-
rion. Dans le XII« fiècle on coiTunença à fermer 1«
C H
^^2, ^ ti O
chœur de murailles. La multiplication des Offices
<it penfcr les Ecclclialliques a le munir contre les
injures de l'air , par des clôtures plus l'olides. La
longueur de la ccrcnionie rendit cette précaution
ncceiîaire ; mais depuis , la beauté des Êgliies , Ik
de rarchirecfture , a ramené l'ancien ulage des ba-
luftrades , qui Ibnt moins groificres que des mu-
railles. Thiers, Le c/ixur cft environné de murs ou
de baluftrades , pour en empêcher l'entrée au peu-
ple. G. G. Les hautes chailés du ckccur ibnt occu-
pées pat les Prêtres , Se les bafles par les Chantres ,
ou les Novices. Le Chantre , eit celui qui efl: Maî-
tre du Chœur. Chœur en tribune , cit un chœur Ic-
paré derEgliie,& clevc au deffus du rez de chaufil^c,
derrifi'e le grand autel. Abjis. Dans les Monalicrcs
de filles , le chœur eft une grande ialle attachée
au corps de l'Eglilc , & icparce par une grille , où
les Religieufes chantent l'Office.
Ce mot viept , ieten Ifidore , à coronis circum-
Jlantium , parcç* qu'autrefois on fe plaçoit en rond
autour de l'autel pour chanter. C'eft encore au-
jourd'hui la manière dont les autels des Grecs font
bâtis ; & on appelle ici un autel à la romaine , un
maître autel , où on peut adorer de tous côtés.
Chœur vient du latin chorus.
On appelle dansées Parollfes le c^œar , un cer-
tain nombre de Prêtres, ordinairement de douze,
qui dilent l'Office au chœur y chorus. On n'a mandé
à cet enterrement que le chœur.
Dans les chapitres , on appelle le chœur , les Cha-
noines, &; les dignités. Les Chantres ni les Cha-
pelains n'y font point compris, quoiqu'ils ibient
Prêtres , & que ce foicnt eux qui ibutiennent le
chant du chœur.
Dans les Couvens de l'un & de l'autre fexe , on
appelle le chœur ,cenx qui font profcs & qui chan-
tent au chœur , à la différence des Frères Convers
ou Frères Lais , & des Sœurs Converfes ou Sœurs
Laies, qui ne chantent que dans la nef , & qui font
le fervice de la maiibn. Les Dames du chœur.
ÎNftANs DE Chœur , font de jeunes enfans qui fer-
vent à porter les chandeliers, & à chanter dans le
diœur de mufique les delfus ou les verfets , qu'il
i^ut chanter fur un ton élevé & aigu, Addicîus
choro puer clericus. On appelle le Maître de Mu-
lique , le Maître des Enfans de chœur.
CH(EUR,en termes de Théologie, fe dir de la divi-
lion des efprits céleftes , qui fe fait en Hiérarchies.
Il y a les neufs chœurs des Anges qui chantent les
louanges de Dieu. Chœur , en ce fens , lignifie ordre ,
Tang j dcs,ré.
§CJ" Les chœur s y à l'Opéra, nom coUedlif qui com-
prend les Chanteurs &: les Chanteufes qui exécu-
tent les chœurs.
On dit proverbialement d'un homme bien râfé ,
ou qiii n'a point de cheveux , qu'il eft tondu comme
un enfant de chœur. On dit auUî , Jacobins en
chaife, Cordeliers en chœur , Sec, pour dire, que les
Cordeliers tâchent d'avoir de belles voix pour rem-
plir leur chœur.
IP" CHOJANDAH. Ville d'Afie dans le Mawaral-
nahr , à fept journées de Samarcand , fuivant Abul-
feda.
CHOIN. f, m. Ce mot fe trouve dans Pomey , pout
/ignifier une forte de pierre dure &: de vive roche ,
qui peut êtte polie comme le marbre. Silex.
ÎCOHINE, f. m. Pain blanc &: déliear. Ce mot fe
trouve dans Rabelais. On le dit en Anjou & en
Normandie. Ménage le fait venir de canonicus ;
c'eft-à-dice , pain de Charxjine.
t^HoiNE, Arbre de moyenne grandeur qui croît dans
le Bréfil. Ses feuilles font femblables à celles du
laurier. Il porte un fruit qui eft de la grolîeur
d'une cittouille médiocre , & de la figure d'un œuf
d'autruche. Ce fruit eft beau ; mais il ne vaut rien
à manger. Les Indiens en font des coupes de di-
vcrles fortes. Ils en font aulfi un certain inftru-
ment qu'ils appellent maracA , dont ils fe fervent
^ans Icuis fuperftiuoos.
CH O
CHOINTE. adj. Vieux mot dont on s'eftletvi , pour
dire, gentille, ajnftee, Chambrette belle &: c/iozn/^.
On a dit cointe , qui eft plus récent , & que l'on
emploie rarement.
ffj- CHOLSEUIL. Petite ville de France en Cham-
pagne , Diocèfe de Langtcs , à trois lieues de Chau-
mont.
CHlOIR. Fcyei Cheoir.
CHOISI, Nom de lieu, Cauciacum. Choiji-Malherhe ,
petite ville du Gâtinois, Deux bourgs , l'un voilin
de Paris , & l'autre de Compiègne , portent le nom
de Choiji.
ffr CHOlSILLE.(la) Rivière de France en Tou-
raine , qui prend fa fource au deflùs de Noufilly
tombe dans la Loire au delTous de Saint Cyr , &c
au deflbus de Valiers.
3CF CHOISIR. V, a. Se déterminer en faveiir d*une
chofe par le mérite qu'elle a , ou par l'eftime qu'on
en fait : fe déterminer par la comparailbn qu'on
fair des chofes en faveur de ce qu'on juge être le
mieux, Eligere , feligere. On ne choijît point un
état par rapport aux talens que l'on a; mais, félon
certaines loix , que la vanité des hommes a établies,
& félon lefquelles on croit que , parce qu'on eft
d'une naifrance,il faut choijir \xn tel genre de vie.
NicoT. Comment être toujours attaché à la même
pf^rlbnne , quand le cœur ne l'a pas choifie î II y a
des gens que le néant n'effraie point , & qui choi-
fifj<:nt de n'êtte point , plutôt que d'être mal, Ma-
LEB. Ménage fait venir ce mot de colUzere.
03" Choisir eft un plein exercice de la liberté ;
ainfi lorfqu'il y a nécelfitc abfolue , on doit fefer-
vir du mor opter. Il eft impoiHble de fervir en
même temps deux maîtres , il faut opter.
'.fj Le mot àtchoijîr , dit M. l'Abbé Girard, n'eft
pas encore tout à fait à fa place , quand on parle
de choies entièrement difproportionnées , à moins
qu'il ne foit emploie dans un fens ironique. Je ne
dirois pas , il faut choijir de Dieu ou du monde ;
mais il faut opter : car le choix étant une préfé-
rence fondée fur lacomparaifon des choies, il n'a
pas lieu , où il n'y a pas de comparailbn à faire. Un
Prédicateur dira pourtant avec beaucoup de grâce:
Meilleurs , le joug du Seigneur eft doux , & nous
conduit au comble de tous biens •, le joug du monde
eft dur , & nous plonge dans l'abyme de tous
maux ; choijijfe:^ maintenant auquel des deux vou-
lez-vous Ibumcttre . , . parce qu'alors il fe trouve une
fine ironie dans l'emploi de choijir. Rien ne me
paroît plus difficile à choijir qu'un ami. Si j'avois
à opter entre un ami forr zélé , mais indifcret , &
un ami difcret , mais moins zélé , je choifirois le
dernier, Voye^ les mots , faire choix , élire , opter ,
préférer , tous confondus dans l'ufage ordinaire, 6c
même dans nos Dictionnaires , &; tous cependant
diftingués par des idées propres,
^fT On dir, en parlant d'un homme, qui voyant plu-
lîeurs gens dans une troupe, ne vile qu'à un feul
pour tirer fur lui , qu'il le choijit de l'œil, qu'il l'a
choifi au milieu de la troupe pour le tuer.
Choisir s'eft dit autrefois pour, découvrir de loin,
voir , appercevoir quelque chofe. Videre. On le
trouve en ce fens dans le roman des Lohetanes.
Li Roi fa dreçe , quand le Baron choifit.
Et choijirent el pied de la montaigne pavillon*
bien à trois lieues de l'oft. Villehard, A^, 71.
CHOISI , lE. part, & adj, 0\\ appelle gens choijis, des
gens qui excellent dans leur profelTion, qui font
au delÎLis des autres. Il envoya à cette expédition
un détachement de foldats choijis. Il n'y avoit que
des gens choijis dans cette aflemblée. En ce fens ,
on le dit de tout ce qui eft excellent , fin & dé-
licat. Le commerce du monde choiji donne un air
de politeflè qu'on ne perd jamais. M. Scud. Cette
dévote en fuyant le fafte & & le tumulte, s'eft rc-
fervé un commerce délicat & choiji. S, Evr. Le«
citations
I
CH O
citations doivent être choijies Se peu fréquentes.
Id.
CHOIS ON. Vieux mot , qui fignifie dejfdn , occajîon.
Conjilium , propojitum.
Mettre à choijbn , mettre dans roccalîon de faire
quelque cliole. Glojf. des Poëf. du Roi de Nav.
CHOIX, r. m. §3" Si vous voulez confondre toutes
les idées , vous direz avec l'Académie 6c les Vo-
cabuliftes , éleclion , option ; préférence d'une per-
fonne ou d'une chofe à une ou pludeurs autres.
II cfl: difficile de définir plus mal. Le mot de choix
n'efl: rien de tout cela. Celui A^elsHion ^ dit un
/impie concouis de luffrageSj qui donne une place
à un fujet ; & il arrive Ibuvent que le choix n'a
nulle part dans ïé/eclion. Le choix n'efl: pas moins
diftingué de l'option. Il y a option , quand , entre
pluiieurs choies on fe détermine pour une , parce
qu'on ne peut pas les avoir toutes. Elle fuppol'e
une (impie décilion de la volonté , pour favoir à
quoi s'en tenir. On peut opter avec choix ; mais
on peut auin opter fans choix , quand , entre plu-
fieurs chofes on fe détermine indifféremment pour
la première venue , quand on fuit le halard ou le
confeii d'autrui. Il y z option entre deux chofes éga-
les, mais il n'y a pas de choix. L'option a lieu où
il y a une nécelfité abfolue : le choix efl: toujours
un plein exercice de la liberté. Le choix n'efl: pas
non plus la préférence. On ne choiiit pas toujours
ce qu'on préfère , quoiqu'on préfère toujours ce
qu'on choijit, hs. préférence a lieu quand on fe dé-
termine en faveur d'une chofe par quelque motif
que ce foit , mérite , affeétion , complailance ou
politique , n'importe. Le choix n'a lieu que quand
on fe détermine en faveur d'une chofe par le mérite
qu'elle a , ou par l'efl:ime qu'on en fait. L'efprit fait
le choix. Le cœur donne {3. préférence. C'efl: pour
cette raifon que l'on choijit ordinairement ce que
l'on connoît , & qu'on préfère ce qu'on aime. La
préférence cfi Jufl:e ou injufle , félon qu'elle efl: dic-
tée pat la raifon , ou qu'elle efl: infpirée par la paf
lion. Le choix efl bon ou mauvais , félon le goiit &
la connoiflance qu'on a des chofes. Après avoir
écarté toutes ces faulTes notions , difons avec M.
l'Abbé Girard , que le choix efl: un aéte de difcer-
nement qui fixe la volonté à ce qui paroit le meil-
leur-, un aéle par lequel , après avoir comparé les
qualités de différentes chofes entr'elles , on fe dé-
termine à ce qu'on Juge le mieux. Dileclns, Les
préférences de pure faveur font quelquefois per-
mifes aux Princes dans la diflribution des grâces :
mais ils ne doivent jamais agir que par choix dans
la diflribution des charges & des emplois publics.
Dieu veut de nous un amour de choix , qui lui af-
fujétilfe notre efprit & notre cœur. Malfe. L'at-
tachement du peuple pour la vérité n'efl nulle-
ment un choix libre & raifonné -, c'efl pur acci-
dent. Bay. Chacun cherche à lé donner , & à s'af-
fujétii -, \ç choix desfupérieurs tient lieu de liberté.
S. EvR. L'homme lent qu'il agit pat choix , i<. fans
une détermination nécelfaire ■, & cela lutfit pour
•conclure qu'il efl libre. Id. Je hais les imaginations
heureufes qui échappent à l'efprit fans choix de
fans connoiffance. Id. Il n'y a point d'imprudence
lî ordinaire que le choix de l'état où nous devons
pafTer la vie : fi l'on y prend bien garde , prefque
perfonne n'efl bien placé. Nicol.
Les petes & les mères font , après Dieu & félon
l'ordre de Dieu , les premiers fupérieurs de leurs
enfans , & ce feroit une indépendance condam-
nable , plutôt qu'une liberté évangélique , de vou-
loir dans le choix qu'on fait d'un état, fe fouflraiie
abfolument à l'autorité paternelle. Bourd. Exh.
II, p. 444.
Non , ce n'efl ni par choix , ni par raifon d'aimer ,
Qu'en voyant ce qui plaît-, onfe laiffe enflammer.
T. Corn.
^fT C'efl dans ce fens qu'on dit que le choix des
Tome Jl,
C H O
TT?
mots efl fouvent indifpenfable , parce qu'ils ne peu
vent pas figurer l'un pour l'autre. Comme il n*y a
point de mots affcz parfaitement iynonymes pour
avoir , dans toutes fortes d'occafions , une force .u
fignification entièrement femblable , il y a nccef-
fairemcntim choix entr'eux. C'efl: ce choix, que M.
l'Abbé Girard a déterminé par des définitions '&c
des exemples qui diflinguent & développent le
caracfère de chacun de ces fynonymes. Une ex-
trême juftefiTe dans le choix &c dans l'arrangement
des paroles , atfoiblit quelquefois les penfées , 8c
deffeche le difcours. Bouh.
(CT Choisir. & faire choix , ne doivent pas être em-
ployés indiftin(51:ement comme fynonymes. Choijir
efl relatif aux chofes , &: fe dit ordinairement de
celles dont on veut faire ufage:/iz/r<; choix efl: re-
latif aux perfonnes , êc le dit proprement de celles
qu'on veut élever à quelque emploi ou digniré.
1)3° Louis XIV choifif Verfailles pour le lieu de fa
réfidence ordinaire -, & fit choix du Maréchal de
Villcioi pour être Gouverneur de fon petit - fils
Louis XV , M. l'Abbé Girard.
ffT Choisir , marque plus particulièrement la coni'
paraifon qu'on fait de tout ce qui fe préfente , pouf
connoître ce qui vaut le mieux , & le prendre. Faire
c/zo/A,-, marque plus précifcment la fimple diftinc-
tion qu'on fait d'un fiijet préférablement aux au-
tres. Les Princes ne choifirent pas toujours leurs
Miniitres. On n'a pas tau choix en tout temps d'un
Colbert pour les finances , ni d'un Louvois pour
la guerre.
On dit au Palais , qu'une chofe a été laiffée au ^
choix & option d'une partie , quand on lui a donné
la liberté de fuite une chofe ou une autre. Optio,
Le Droit Romain laiffe le choix d'un héritier à un
teftateur.
Choix. |}CF Terme de Peinture &: de Sculpture. Choix
de fi-ijet , choix de compofition , choix d'attitude.
Sujet d'un beau choix , qui a de juftes rapports avec
les circonftances , au temps pour lequel il efl fait ,
aux perfonnes qui l'ont lait faire, &: aux lieux où
il doit être placé. Compofition d'un beau choix ,
lorfque le Peintre a faifi dans le fujet tout ce qui
peut mieux le caracfériier. Attitude d'un beau choix,
lorfque les figures le préféntent fous de beaux af-
pcéfs.
CHOLAGOGUE. adj.^Terme deMédecine,fouvent
employé fubflantivement. Médicament cholagogue.
Un cholagogue, c'efl un médicament qui purge la
bile par en bas. Il y en a de fimplcsi?-: de compofés ,
c<; les uns & les autres font de trois fortes , pat
rapporr à leur aéfivité. Il y en a de bénins ^ de mé-
diocres & de vioiens. Les bénins font ceux qui
purgent doucement , comme la manne , la caife ,
les rofes , les tamarins , &c. Les médiocres font ,
le féné , la rhubarbe , l'aloes , &c. & les violcns , le
jalap , la fcammcnéc , &c. .
Ce mot vient de -/^cm , tH»: > &: du verbe âyai ,
amener.
UCr CHOLEDOGRAPHIE. f f. Partie de la Méde-
cine , qui s'occupe de la defcription de la bile-xo^ï
hile , & y««a=iiv , d'écrire.
§3* CHOLEDOLOGIE. f, f. Prononcez ko. Partie de
la Médecine , qui traite de la bile.
CHOLERA MORBUS. Voyei Colera moreus.
§3" CHOLET. Ville S>i Baronie de France, dans la
contrée qu'on nomme la Marche de Poitou , Dio-
ccie de Poiriers , félon les Auteurs du Diclionnaire
Géograpliujiic de la France , & non pas au Diocèfe
de la Rochelle, comme le ditPiganiol delà Force ,
à II lieues d'Angers, près de la rivière la Moine,
& non pas fur la Mayenne.
CHOLIDOQUE ou CHOLEDOQUE, adj. m. Terme
d'Anatomie; cholidochiis. Lz anal chohdojue , efl
un canal qui conduit la bile du foie dans l'in-
reflin duodénum. On a cru qu'il porroir la bile du
foie dans la véficalei mais comme c'cll rinteflin
qui enfle, &; non pas lavcficale, lorfqu'on fouftle
A a a a.
^^4 C H O
dans ce conduit , il cft évident que la bile de ce \
canal va droit dans l'inteftin. DioNis.
|p=- CHONBR ou HOMER. Meiure des anciens
Hébreux; la même cliofc que Cvre. Foye:;^ ce mot.
CHOMET, i. m. Petit cil'eau fort gras & tort déli-
cat , qui ie trouve en Normandie. Il le perche or-
dinairement /ur la pointe du chaume dans les
champs.
CHOMMABLE ou CHOMABLE. adj. m. & f. Jour
ou fête auquel il ncft pas permis de travailler.
Feflus (lies ,feria qii<z requiem hahet liinim , opc-
rum & lahoTiifn. Les Dimanches & Fêtes com-
mandées pat l'Eglilé, font des jours chommabUs.
CHOMMAGE. ou plutôt CHOMAGE, f. m. Etat
d'une choie qui cft lans agir un certain temps , l'ei-
pace de temps qu'on eft ians travailler. Cejfatw.
Quand des ouvriers ont manqué de fe trouver dans
un attclier , on leur déduit leur chornmage, L'Or-
donnance règle le chornmage des moulins pendant
vin<Tt-cuatre heures à quarante Ibus , quelque nom-
fcre^deroues qu'ils aient : on leur paye ce chorn-
mage quand ils font empêchés de moudre par le
paifa^e des trains , des bateaux.
ffr CHOMMER , &c mieux , CHOMER, v. a. Fêter
un jour en ceiTant , en s'abilenant de travailler.
Diem fcitum agere , fefium colère. On chomme les
fctcs de la Vierge. Ce terme eft aiFez uiité \ mais
il n'eft pas noble.
Ménage dit qii'il faudroit écrire chaumer , &: cite
Vulcanius qui le dérive du grec ;t;aj-ft«»; qui ligni-
fie itre oijîf dc bâiller.
Cet Auteur ajoute que ce mot vient du mot
de la balfc latinité calamare , dérivé de caLvnus ,
chaume , Se que de-là s'eft «lit chomnier , pour , ne
rien faire , parce que les jours de fét^s les paylans
relient fous leurs chaumes , c'eft-à-dire , dans leurs
maifons couvertes de chaume , fans rien faire , fans
travailler. Mais il eft certain que ce mot vient de
chom , qui eft purement Bas-Breton , & l\s;niEc de-
meurer, s'arrêter ,Je repojer. On dit encore en Brc-
ta<rne , chommet d'acé. Arrêtez-là , demeurez-là.
Chommer. V. n. lignifie aulFi manquer de befogne ,
de travail , de pratiques, ne rien faire faute de tra-
vail. Ceiïare , vacare. Il ne faut pas laiilér ckommer
les compagnons , il leur faut taillct de la befogne.
Un bon ouvrier ne doit point chommer.
On dit proverbialement d'un homme difgracic,
qui n'a plus ni crédir ni autorité, que c'eft un faint
qu'on ne chomme plus. On dit aulTi , il ne faut pas
ckommer les fêtes avant qu'elles Ibient venues ;
pour dire , il ne faut point s'aMliger ni lé réjouir
avant que les biens ou les maux foient arrives.
Chommer fe dit aulll , en patlant des terres : on dit
que des terres chomment ', pour dire , qu'on les laillé
repofer , & qu'on n'y feme rien. On dit auiîî qu'un
moulin chomme \ pour dire , qu'il ne va point, qu'on
n'y moud point. Et on dit que la monnoie chomme ;
pour dire , qu'on ceffe d'y travailler faute de ma-
tière. AçAD. Fr.
CHOMME, EE. parr. La fête des morts n'eft chommce
que jufqu'à midi.
CHON. f. m. Nom d'un faux Dieu d'Egypte. C'ctoit
l'Hercule des Egyptiens , fi l'on en croit quelques
Auteurs ■■, cela ne paroit pas à Selden être allez
bien fondé. Il conjeâure que Clwn peut être un
mot corrompu , & qu'il faut lire rc/ri» ou riyH, dont
parle Héfychius , &: qu'il dit être l'Hercule d'E-
gypte , dans l'opinion de bien des gens. D'autres
prennent Chon pour le Cium , dont il eft parlé à la
fin du ch. V d'Amos. Selden ne croit pas que cela
foit encore bien fur. Il a raifon:ôn ne fait guère
ce que c'étoit que Chon. "Voyez Chiun.
Ip- CHONAD. Ville de Hongrie avec Evcché fuf-
fragant de Colo^^a , capitale d'un Comté fur les
frontières de la Tranfilvanie , auquel elle donne
fon nom. Canadium.
CHONCAR. f. m. Oifeau àt^r^oit.Species avis prx-
datricis ou aucupis. Les Mofcovites &c les Tarta-
les de Ctim font obligés -, par le dernier Traité
C H O
qu'ils ont fait avec la Porte-Ottomane , d'envoyer
tous les ans , pour marque d'hommage au Grand-
Seigneur , un oifeau de proie qu'on nomme chon-
car yZ-vcc plufieurs ornemens de pierreries. Petit
DE LA Croix , Hiftoire de Tamerlan.
CHONDRILLE. f. t. ( Prononcez CONDRILLE. )
Herbe , en latin , chondrilla prima Diofcoridii.
Voyez CoND.
tfT CKONDROGRAPHIE. f. f. Partie de l'Anatc- '
mie qui s'occupe delà defcription des cartilac;es.
Çp- CHONDROLOŒE. f. f. (Prononcez kon,') Par-
tie de l'Anatomie qui traite des cartilages.
tp- CHONE. Ville de la Turquie d'Alie , dans la
Natolie, Province de Gcmiian.
CHONTACHION. f. m. Terme d'office eccléfiafti-
que chez les Grecs : Xew7«;t'»»' C'eft une efpèce
d'hymne plus courte que toutes les autres.
CHOPADE. f. f. Vieux mou Achoppement , heurt ,
l'adlion de chopper. Gffcnjïo pedis , incurfus.
CHOPINE. f. f. Pente mefure de liqueurs qui con-
tient la moitié d'une pinte. Œnophori Gallici qua-
drans , qtiarta pars. La chopine d'eau commune ,
pefe une livre à Paris.
Ce mot , félon Ménage , vient de cupina , di-
munitif de cupa. Il y a apparence qu'il vient de
l'allemand ycAy/y?, lignifiant la même chofe. Il y
en a qui le dérivent de x^"'^"^"^ fitndo libéré, je
verfe à boire , comme fi on difoit cheopine , pour
chopine , parce que la chopine eft la mefure la plus
ordinaire qu'on donne aux ouvriers , & qui fufîit
pour un repas à un homme qui travaille.
CHoriNE fîgnifie aulfi la quantité de liqueur conte-
nue dans cette mefute. Quadrantem œnophori g.il-
lici exhaurire.
On ne croit hoire que chopine ,
Et quelquefois on en boit deux z
On croit rire avec fa voijlne ,
Et Con en devient amoureux.
On dit auffi, une chopine d'olives, parce qu'oa
les vend à cette mefure. Une cAo/^/rre de fel , dans
les lieux où on donne le fel par impôr. On dit de
celui qu'on veut taxer d'avoit trop bu, qu'il a mis
pinte fur chopine.
CHOPINE. f. f. Terme de Marine, Voyei Chopi-
KETTE de pompe.
CHOPINER. V. n. Boire plufieurs chopines de fuite.
Perpotare, Lirgiùs bibere. Il cft populaire.
CHOPINETTE. f. f. Diminutif de chopine , qui fî-
gnifie la même chofe \ mais qui ne le prend que
pour la liqueur, §c ne le dit que par le petit peuple.
Boire chopinette.
On appelle chopinettes , en plufieurs endroits .,
fur-tout en quelques villes de Normandie & de
Picardie , les burettes dont on le fert à la Melfe.
Chopinette de pompe. Terme de Méchanique. C'eft
un petit cylindre de bois percé par le milieu, dont
le trou cft couvert d'une foupape, laquelle on ar-
rête fixe dans le corps de la pompe , un peu au def-
fous de l'endroit où defcend la heufe.
CHOPPEMENT. f. m. Aftion de celui qui chopp?.
Off'enjio. Ce mot fe trouve dans Pomey ; mais On
ne le trouve point ailleurs.
CHOPPER. v. n. Heurrer du pied contre quelque
choie, en forte qu'on foit en danger de tomber.
Offenderepedem. Ce chemin eft fi raboteux , qu'on y
choppe à tous momens.
Chopper fe dit figurément & familièrement pour, r
faire une faute grolTiète , tant au propre qu'au fi-
guré. Errarc , offendcre , incurrere in aliquid. Cet
Officier s'eft brouiUé avec l'on fupérieur, il a choppé
lourdement. Cet Auteur a chofjpé en plufieurs en-
droits , &: a fait cent bévues dans fes notes. Ce mot
vieillit, tant au propre, qu'au fij^urc.
IfT CHOPPER , en termes de Maréchallerie , fedit
d'un cheval qui heurte du pié courre rerre, parce
que dans fes différentes allures , il ne lève pas allez
CHO
les pics. Ce cheval ckoppe continuellement. O^'en-
jator c^itus.
gdf CHOQUANT , ANTE. Qui s'applique aux
' choies qui oftenlent ou qui déplailent. Quod ani-
mum. Mires o^endit , Ixdic. Un homme eft clw-
i^uant, a un air choquant , des manières choquâmes ,
dit des paroles choquantes. Souvent pour ne pas
connoître ce qu'on a de choquant dans l'humeur,
on traite les autres avec dureté , &c l'on en rejette
encore le tort fur eux. Nie. 11 ell des refus moins
choquans que certaines grâces que l'on 'fait trop
lentir. Bell. Il y a ime humilité d'amour propre ,
qui lait éviter ce qu'il y a de choquant ôc de ridicule
dans l'orgueil. Port-R.
IJCT CHOQUE. Foyei ToUr-et-Choque.
|K7" CHOQUER, v. a. Heurter avec violence , donner
un choc. Ojfendere , impingere in. Si ce grand vail-
leau vient a choquer la chaloupe , il la briléra. On
choque les verres à table l'un contre l'autre. On dit
abColument choquer. Choquer contre quelque choie.
Choquer contre un rocher.
Choquer fe dit auili, en parlant de la rencontre &
du combat de deux troupes de gens de guerre. Con-
currere , confligere , congredi. Les armées fe l'ont
, choquées avec grande ardeur , fitôt qu'elles ont été
en prclénce.
^fF Choquer , dans le fens figuré , lignifie déplaire ,
faire une imprcllion dél'agréable. Cela me choque.
Hoc me gravât , mihi grave , rnolejtum efi. Cet objet
me choque la vue. Ces ions me choquent l'orelUc.
Oculos , aures lixdere , ojjendere.
^CT On le dit auHi dans la fignification de blelTer,
ofFenler : dites-vous cela pour me choquer ? Ce qui
choque les éiprits bornés , ne lurprend point les
gens lages. Soyez irtdullrieux à ménager refprit du
Prince , &: gardez-vous de choquer la délicatelTe
de Ibrt humeur. S. Êvr. J'aime ceux qui ont tou-
jours de Terprit fans choquer perlbnne ; & je hais
ceux qui n'en ont que pour déplaire. Il faut rejeter
les opinions qu'on n'approuve pas, avec tant de mo-
deftie, qu'on ne choque perlbnne.
ffT II efl quelquefois réciproque. C'eft un homme
qui fe choque de tout.
1^ Quand On dit qu'une chofe cAo^k^ le bon fens,
la railon , l'honneur ■■, on veut faire entendre qu'elle
eft contre le bon fens , contre la railon , contre
l'honneur. Alienum à. Il y a bien des chofes qu'on
ne lauroit dire , fans choquer la bienféance , l'hon-
nêteté. Salvà, illœfd honejlate. Il faut tâcher de
plaire à l'efprit , mais fans choquer la raifon.
P. RAf.
Choquer la toiirne-vire , en termes de Marine j c'eft
la rchaullcr fur le cabeftan , pour empêcher qu'elle
ne fe croife &; ne s'embarralfe , lorfqu'on la vire.
Erigere, attolUre,
Choqué , ée. part.
tfT CHORAGE. f m. Choragium. VitrUve fe fert de
ce mot , pour exprimer un lieu derrière le théâtre
des Anciens -, la partie du théâtre oîi l'on ferroir
les habits j les décorations , les inftrumens dç la
fçène , 6c où l'on difpofoit quelquefois des chœurs
de mufique.
CHORAL. Ancien mot, qui fe trouve au pluriel pour
dire des Enfans de chœur. Le revenu de la Collé-
giale de Blainville doit fe partager, par l'aéte de
fondation , entre douze petlbnnes: deux Dignités,
quatre autres Chanoines prébendes, trois Chanoi-
nes fémi-prébendés , un Clerc , & deux Choraux ,
c'eft-à-dire , deux Enfans de chœur. Dejcript. Géog.
& Hift. de la Haute-Norm. tom. i,p. -^^i.
fO^ CHORAULE. f. f. Choraules. C'eft celui qui
préfidoit fur les chœurs , chez les Grecs 5c ches les
Romains.
CHORDAPSË. f. m. Terme de Médecine, Chordapfus
C'eft une maladie des intcftins que quelnues-uns
appellent Mifereré ; d'autres difent que c'eft une ef-
pèce de Miférére. Galien'dit que c'eft une tumeur'd'-':
inteftins grêles qui les fait paroître repliés comme
CHO ^^^
une- corde. Àrchigenes prétendoit que c'ccoit unn
efpèce de Mifercre conliftantjdans une tumeur quil
eft en un certain endroit des intcftins grêles, & qui
cède à la main quand on la porte delilis; ildifoif
que le chordapfe eft tort dangereux , &: qu'il fait
ordinairement mourir eri trois ou quatre heures , i
moins qu'il ne vienne à fuppuration, ce qui n'ûte
pas tout le danger. Il y a apparence que le clwrdap^
Je n'cft autre clîofe que le Mifereré ; car Celfe dit
que ce qu'on avoit appelé chordapfe, étoit ordinai-
rement appelé de fôn temps Mifreré , !</£3,.
Le nom de chordapfe vient de deux mots Grecs, -^jo^^^ ^
corde -, & a.7r]isiti , toucher ; parce que dans le chor-
dapfe on lent au toucher l'inteftin tendu comme une
corde. Voyez GoRR.€us. ^/z^z/Az/c; , Patriarche dô
Conftantinople mourut d'un chordapfe,
CKOREGE. f. m. ( Prononcez KO. ) C'ctoit chez les
Grecs celui qui préfidoit à la dépenfe des fpedtacles ,
foit qu'il la fit de fon propre bien , foit qu'il eiiE
refcu des Magiftras de quoi la faire. Choregus,x'^>>ycf.
CHOREGRAPHIE, f. f. La première lyllabe fe pro-
nonce Ko. L'art de noter fur le papier les pas & les
figures d'une danfe. Un bon Maître à danfer doit
favoir la Chorégraphie. Ce mot -, formé du grec , figni-
fie proprement dcfcription d'une danfe,
CHOREVÊQUE. f. m. l'A ne fe prononce pas. Cho-
repifcopus. Les Savans demandent quelle étoit là
fbndion du Chorév^éque dans la primitive Eglife.
M. de la Roque foûtient que les Chorévèques étoienc
les Evêqués de la campagne, & qu'ils avoient la
même autorité dans leurs villages, qUe lesEvêques
des grandes villes dans leurs Diocèfes. Mais dans la
profpérité les Evêqués dédaignèrent cei retraites
Iblitaires & champêtres. Ils s'imaginèrent que
l'Epifcopat étoit avili , & devenoit mcprilablc dans
la bartcHc du village. Ainfi le Concile de Sardique
défendit de confacrcr des ËvêqUes à la campagne,
ou daris les petites villes, afin que la dignité Êpif-
copale fût toujours relevée par l'éclat dés grandes
villes. Foyc!^ M. de Marca. Les Chorévzques exer-
çoient dans les Bourgades la piCipart des fonélions
Èpifcopales ; mais ils n'étoienr pas ordonnés comme
les Evêqués , &: n'étoient pas revêtus de la même
autorité. Ils étoient feulement au delîus des fimples
Prêtres. Du Bois.
L'office de Chofévtqûès j auxcjuels les Doyens
ruraux ont fuccédé, étoic» de veiller fur les Paroil^
fes de la campagne. On les a abolit , parce qu'ils
ufurpoient l'autorité des Evêqués. Le Mait.
Quelques-uns difent que les Chorévèques n'étoienÉ
proprement que les Evêqués que nous appelons au-
jourd'hui in partibus , lefqaels , en qualité de luffra-"
gans , font commis à l'adminiftration des Diocèfes ,
dont les Evêqués font abléns. Cette idée n'eft pas
allez jufte. Ce qu'ils ajoutent eft mieux , que du
moins l'inftitution des Chorévèques lémble avoir don-
né lieu à celle de Ces autres Evêqués, qui ont pour-
tant des avantages que leS Chorévèques n' avoient pas.
D'autres croient que les Chorévèques n'étoienc
que des Prêtres à qui l'Èvêque donnoit prefque toute
fon autorité pour la campagne. Le dixième Canon
du Concile d'Antioche j en 541, ordonne que ccuX
qui font dans les bourgs ou les villages, ou que l'on
nomme Chorévè-jues , connoilfent les bornes qui
leur font prefcrites. Ils peuvent ordonner des
Lcéleurs, des Soudiacres & des Exorciftes -, mais
non pas des Prêtres, ou des Diacres, fans l'Evêque
de la ville dont ils dépendent. Le Chorévèque fera
ordonné par l'Evêque de la ville. Ce Cnrîon femble
donner aux Chorévè<iues le caradère Epifconal , en
leur permettant d'ordonner des Prêtres& d' s Dia-
cres , au moins avec l'Evêque dont ils dépendent, ca
que quelques-uns croient n'hr^ pas fan<; Jifficultc,
Quoi qu'il en foît, le Concile de Néocéfaree , tenu
vers ? 1 4, can. 1 4, leur donne la orécminence fur les
Pri"tres -, & le Pape Nicolas , au IX^ficcIe, dans fa
Icrtre .à Raoul , Archevêque de Bourg-i-s, déclare
que les Chorévèques ont les foiéïions Epif-rOpales ,
&; veut que les ordinations de Prêtres & d'Evêqueî
A a a a i j
5^^ CHO
qu'ils auront faites, foient valides. Le 44' Canon
du Concile de Meaux,tenu en 845, ordonne que les
Choréviques n'exerceront point les fondions pro-
prement Epilcopales , &: qu'ils ne pourront admi-
nillrer ni la Confirmation , ni le Diaconat. Le Pape
Léon Vil, dans la troilième Lettre écrite en pjiî, ou
environ, dit que les Chonviques ne doivent ni con-
facrer les Egliles , ni ordonner des Prêtres , ni don-
ner la Confirmation-, ce qui montre j i". Qu'ils le
pouvoient, &; le taifbient même quelquefois, fie i».
Qu'il y en avoit encore au X"^ ficelé. Il n'efl: point
parlé de Choréviques en Orient avant les Conciles
d'Ancyre, de Néocélarée &: de Nicée, tenus au
commencement du IV^ ficcle -, ni en Occident avant
le Concile de Ries tenu en 4^9. Ils ont ceiîc en
Orient & en Occident dans le X-^ fiècle.
Ce mot , Chorévéque , efl: grec, compofe de x"P* •,
région , petite contrée •, & d'i-ViV^ta-os dont s'efi: fait
Evèque,
Chorévéque fîgnifie aufTi une dignité qui efl: dans
quelques Cathédrales , principalement en Allema-
gne , & c'elf la même chofe que Chori Epijcopus ,
c'eft-a-dire , VEvîque du cliccur. Molamus fait men-
tion de ces Chorévèqucs dans fon livre de Canonicis.
Voyez le Gloflaire de M. du Cange. AUtrecht dans
l'Eglifc de S. Martin , l'Archiibudiacre a le titre de
Chorévéque , & fait la fonction d'Archiprêtre. Il y a
auffi dans l'Egliie de Trêves quatre dignités qui
portent encore le titre de Chcffévéque. Dans l'Eglitc
de Cologne , le premier Chantre fe nomme Choré-
véque , foit par abus , & à caufe que dans le Chœur
il porte le bâton de l'Evcque pendant l'Office , foit
parce qu'il efl l'Evêque , l'mlpeéteur, le lupérieur
du Chœur. Alors ce mot vicndroit non pas de x"?'^ 5
mais de %oio; , Chœur , &; d'£V/--y.ozroç.
Baronius à l'an 3 57 de J. C, Duaren, defacris Ec-
clejïcc Miniflris , L. I. Le P. Cellot , De Hierarch.
EccL L. JK, C. 14; I. r, C. 15 ; L. VI, C. 10. De
Marca , De Concord. Sac. & hnp. L. II, parlent des
Choréviques.
Ip- CHORGES. Ville de France , en Dauphiné ,
Diocèfc d'Embrun , £c non pas de Gap , à deux
lieues d'Embrun , entre les Alpes. Son ancien nom
eft Caturis^z , chef-lieu des Caturi^es.
§Cr CHORIAMRE. Foyei Coriambe.
CHORION, f. m. C'eft la membrane extérieure qui
enveloppe tout le fœtus: elle efl: forte, polie en
dedans du côté qu'elle s'unit avec une autre mem-
brane qui efl: au deilbus , qu'on appelle amnios ;
rude, & inégale par dehors , parfemée de quantité
de vaiHéaux , &: attachée à la matrice par le moyen
du placenta qui lui efl: fott adhérent. Cette mem-
brane fe trouve dans tous les animaux.
Chorion vient duGrecx^ç'E", qui /îgnifie c^/j^re,
contenir. Le chorion avec l' amnios Scie p/acenta,
font ce qu'on nomme l'arrierefaix oufecondine.
Au refle il faut remarquer que la première fyllabe
. du mot de chorion , &: de tous ceux qui fuivent ,
jufqu'au mot de chofe exclufivement, fe prononce
Ko -, c'efl:-à-dire , que I./2 efl: comptée pour rien dans
la prononciation.
CHORISTE, f. . m. Prononcez Corijle Chantre du
Chœur. Cantor incentivus , chorojiates.W vient or-
dinairement deux Chorijies revêtus de chappcs chan-
- ter alternativement avec le Chœur quelques An-
tiennes ou Motets , entre l'Epitre &: l'Evangile.
tfT On appelle auffi Chorifie , celui qui chante
dans les chœurs de l'Opéra , ou dans ceux des mo-
tets au Concert fpirituel. Enc\'c. Ce mot efl: pour
tant particulièrement confacré pour déiigner ceux
qui chantent au chœur dans une Eglife.
Choriste, f. f. On appelle Chori fies, dans l'Ordre de
la Vifîtation, les Religieufes defl:inées à chanter
l'ofîice au Chœur. Chorifla. Il y a dans cet Oidre
des Religieufes de trois fortes, des Chorijies, àes
AfTociées, & des Domeftiques. Les Chorijies (onx.
dcfl:inées pour chanter l'office du Chœur.P. Hélvot,
T, ly , p. 511. Les Chorijlzs^, les AfTociées font
CHO
feuîcs capables de remplit toutes les charges du
Monafl:ère. Id.
CHOROBATE , f m. efpèce de niveau dont fe fer-
voient les Anciens , con-^ofé d'une double équerte
faite comme un T, qui efl d'écrite par Vitruve,
Liv.VllI , cil. 6. Chorobates. Il fervoit à prendre la
fituation d'un lieu. Il vient du grec ;^;«joÇ«7e7, qui
lignifie parcourir une région.
CHOROGRAPHIE. f. f. L'art de faire la carte pattî-
culière d'une province , d'une région , Ciiorograpina,
x»^a ) région , & y^â^siv, décrire.
|K? Géographie. Defcription de toute la terre. Cho-
rographie. Defcription d'un pays. Topographie.
Defcription d'un lieu particulier, d'une Ville, oU
de fbn diflriél.
CHOROGRAPHIQUE , ad). Qui appartient à la
Chorographie. Clwrographicus. Sanibn a fait plu-
fieurs belles cartes chorographiques. Sophian a fait
des defcfiptions & des cartes chorographiques
de la Grèce. On a envoyé des Géomèties faire des
cartes chorographiques fort exaéles de plufieurs
Provinces de la France.
choroïde, f. f. Terme d'Anatomie qui fe dit de
diverles parties du corps , qui ont quelque reifem-
blance avec le chorion. Choroïdes.
Ce mot viertt de x"?^" qui efl une des membranes
qui environnent le loEtus , & de iêiix, refTémbler.
On donne le nom de ciwroïde à la membrane qui
enveloppe immédiatement le cerveau , & qu'on
appelle d'ordinaire le pie - mère : elle efl appelée
choroïde, parce qu'elle efl parfemée de quantité
de vaifTeaux , comme le chorion
On nomme aufTi plexus , ou lacis choroïde , un
entrelacement d'artères Ss. de veines qui efl: dans les
ventricules antérieurs du cerveau.
On appelle encore ciioroïde la féconde tunique
de l'œil , parce qu'elle efl parfemée de vaifTeaux \
on la nomme autrement uvée. C'efl: elle qui efl: per-
cée par devant pour laifTer entrer la lumière. Cette
ouvetture efl appelée la/^/w^fZ/Ê, qui efl: environ-
née d'un cercle qu'on nomme iris , à caufe de fes
diverles couleurs. M. Mariotte prétend que la vifion
le fait plutôt dans la choroïde que dans la rétine :
I ce qu'il tâche de démontter dans les lettres qu'il
a écrites à MefTieuts Pccquet & Perrault, inférées
dans les Mémoires de l* Académie des Sciences. Bar-
tholomius Torinus , fameux Ihilolbphe , dans fbrt
Parnajfus triceps , efl de même avis ; mais tous les
autres Auteurs fbntd'un ientiment contraire. Voye7
Vision & Rétine. Cette Choroïde efl tout-à-faic
noire dans l'homme; mais dans les yeux des lions,
des chameaux, des ours, des bœufs, des cerfs,
des brebis, des chiens, des chats & de la phipatc
des poiiîbns , on y voit une couleur fort éclatante
qui paroît comme font les brillans d'arçrenterie, oa
le luflre des perles orientales ou de l'Itis , au lieu
le plus expolé aux rayons du Ibleil : & c'efl ce que
les Phylîciens appellent le tapis.
CHORUS, f. m. Terme latin , dont on fe fett dans
les réiouiflànces de table ; quand quelqu'un a chan-
té un couplet de chanfbn , il invite les conviés à le
répéter tous emfcmble , en leur difant , Allons ,
chorus. Chanter plufieurs enfemble , en répétant les
paroles qu'un autre a chantées.
Chorus , au fîg. Faire chorus avec quelqu'un , fe Join-.
dre à lui , faire parti avec lui. Je n'ai pas été le der-
nier à faire chorus à tous les applaudifîemens qu'on
lui a donnés. Toute l'afTemblée fit chorus au Pané-
gyrifle.
Chorus étoit auffi un ancien infl:rument de Mu/îque,
dont Thoinot Arbeau en fon Orchéfographie té-
moigne avoir vu la figure dans un ancien livre, où
étoient décrits tous les inftrumens de Mufîque. II
dit qu'il fe joignoit avec la fymphonie & le tam-
bourin.
CHOSE, f f.Nom général qu'on donne à tout 0Cr être
exiflant dans la nature , foit réel , foit modal. Res.
CHO
G HO
Toutes les chofes de ce monde font fujettes au chan-
gement. La lumière cft une chofe admirable,
Ç«i yii conte-m de rien , pojfede toutes choies.
BoiL.
La mort étant la dernière dé toutes lés chofes >
c'ait bien aflèz que l'on aille à elle d'un pas aduré,
lans que l'on y coure. Vauc. Par un enchaînement
des caufcs inconnues , mais déterminées de tout
tem.ps , chaque chofe marche en fon rang , & achève
le cours de la delHnée. Id. Les gens de bon goûr
trouvent du plailir à des chofes que des gens du
commun ne fentent pas ; comme ils en mcprilcnt
d'autres qite le peuple admire. Le Ch. de M. Les
palîîons ont rendu l'homme elclavc de toutes les
chojes lenlibles. A^aleb. Ce mot eft dérivé àecau-
, fa , qui dans les vieux titres lignifie chofe , comme
le prouve Palquier.
IJ3" Comme ce mot Ce dit indiftindlement de tout ,
fa lignification eft déterminée par la matière dont
on traite.
^fT II faut pourtant remarquer que le mot être cft
plus général encore que celui de chofe. Être fe dit
de tour ce qui eft. Dieu eft un Être incompréhenli-
ble , l'hOmme eft un être capable d'aimer. Chofe ne
peut pas fe dire de tous les itres. On diroit mal
Dieu eft une t/zo/dincompréhenlîble. Il y a pourtant
des occaliorts où ce mot a bonne grâce , joint avec
des mes animés. C'eft une choje bien préciculc
qu'un ami. C'eft une chofe bien intérelfante qu'une
. jolie femme.
'Choses le dir aulîi des réflexions , des penfées , des
opinions , des dogmes , &c. Les belles chofes mê-
mes ont bclbin d'être imaginées , & il ne faut pas
éblouir l'efprit par un trop grand nombre de traits
agréables S^ furprenans. Cl. Il y a dans Théocricc
une certaine bigarrure de jolies chofes , &: de chofes
purement ruftiques , qui eft très-mal alfortie. Font.
Il n'y a rien de naturel dans Sénèque \ il ne fonge
qu'à dire de belles chofes. V. le Boss. L'évidence
n'accompagne pas les chofes de la foi. Maleb.
Chose fe dit aulli par oppolition aux perfonncs. Un
tel mot eft un terme général qui convient aux cho-
fes , & aux perfonnes.
Choses fe dit encore par oppofition aux paroles qui
font vides de fens. Une des principales beautés du
difcours , conlifte à. être plein de chojes , Se déchar-
gé des paroles fuperflues. Port- R. Je ne veux point
des mots , je demande des chofes. Vill.
§Cr On le dit encore par oppofition à apparence. Eri-
pitiir perfona , manet res. Le mafque tombe , l'hom-
me refte.
QiTELQUE CHOSE s'cmploîe fouvcnt comme un feul
mot -, alors il eft toujours mafculin. On m'a dir
quelque chofe qiu eft très-plaifanr. Et fouventl'ad-
jeélif fuivant fe met au génitif. Quelque chofe de fâ-
cheux. Ac. Fr.
Chose lignifie quelquefois, affaire, adion , évene-
memRcs,negotium. Tacite ne rapporte pas les chofes
comme elles font arrivées , mais comime il imagine
qu'elles auroient pu être. Bouh. C'eft le caraiîtèrc
des Romains , de faire &: de fouffrir de grandes
chofes. Bouh. Les chofes humaines ne roulcnr point
V àTavànture, & au gré de la fortune. Vaug. On fe
peut éloigner du monde fi les chofes n'y vont
point comme on veut -, mais quand on fe montre ,
il faut les lailfer aller comme elles vont. Ch. de
M. Voilà l'état des chofes, voilà où l'on en eft. Ce
n'eft pas peu de chofe de favoir douter avec raifon
& avec efprit. Maleb.
Chose fignifie encore le bien , le corps dont il s'agit.
Bona. Tous les frais d'un décret , d'une vente , fe
prennent fur la chofe , fe font aux dépens de la cho-
fe. Celui qui a vendu un héritage, a un hypothèque
privilégiée, parce que c'eft fa chofe.
Chose fignifie en Droit , tout ce qui eft danc notre pa-
trimoine ^& tout ce qui n'y eft pas. Tout ce qui
eft diftindb des perfonnes 6i des adions. La fecpn-
^T7
de divifion des chofes k fait en celles qui font cor-
por elles , tk celles qui font incorporelles.
Choses corporelles , font celles qui tombent fous le?
fens , comme un fonds , une maifon , un habit , &
autres choies femblabics.
Choses incorporelles j, font celles qui ne tombent
point lous les Icns , mais qui conliftent dans cet-,
tains droits incorporels , comme font les fucceflions'i
les fcrvitudes des héritages , les obligations , les
aélions, fie autres defemblable nature!'
Choses corporelles , font o\i fongilles , ou non /0?;»/-
l^les. Les fongilles font celles qui ne font pas des
corps certains & déterminés , & qui confiftcnt en
quantité , & fe règlent par poids , par nombre , &
par mcfures , comme du blé , du vin , &c. Elles
fe confument par l'ufage , &: ne périlfent point 5
mais peuvent être repréfentées & remplacées par
d'autres de même nature. Les chofes non fongiilesi
font des corps certains & déterminés qui confiftcnt
en efpcce , c'eft-à-dire , en un corps certain Si dé-
terminé , & qui ne fe confument pas par l'ufage j
mais qui périlfent de manière qu'elles ne peuvent
être repréfentées ni remplacées par d'autres de mê-
me nature , comme une maifon , un cheval , &c.
gC? Choses communes , dont l'ulâge eft commun à
tous les hommes , comme l'air.
fer Choses des communes , dont la propriété appar-
tient à quelque Communauté, & dont l'ufage ap-
partient à tous ceux qui la compolént,comnie les
théâtres dans les villes , les promenades publiques,
&c.
0Cr Choses de droit divin , qui ne peuvent point
tomber dans le patrimoine des particuliers , com-
me les chofes lactées , les chofes teligieufes &; les
chofes laintes.
fier Choses facrées , qui font confacrées à Dieu avec
les folemnités prefcrires , comme les temples , les
vafes facrés , &c.
gCT Choses religieufes , lieux qui fervent à la fépul-
ture des fidèles.
§3" Choses faintes , celles que les loix mettent à
l'abri de l'injure des hommes , en établilfant des
peines contre ceux qui violent & manquent au
refped qui leur cft dû ; comme la perfonne du
Souverain , d'un Ambalfadeur , les loix qu'on ne
viole point impunément, &c.
^fy Choses prophanes , oppofées aux chofes facrces ,
. religieufes & famtes. Fer.
Chose fe dit encore du bien commun -, & on appelle
la chofe publique , ce qui regarde l'Etat , la Ré-
_ publique. Res publica.
Chose fe dit auflî de tout ce qui n'a point de nom »
de ce qu'on ignore , ou dont on ne fe fouvient pas j
ou qu'on s'abftient de dire par pudeur ; ou quand
on manque d'expreffion. C'eft bien fouvent l'afylc
de l'ignorance , &: il eft certain qu'on abufe de la
commodité de ce mot , & qu'on y a recours trop
fouvent. On dit dans les arts , quand on ne fait pas
le nom d'un outil , ce chofe avec quoi on labotte ,
on perce , &c, Nous pafsâmes la rivière à chofe j
je ne me fouviens pas du nom de ce port. On ap-
pelle aulïî, en matière obfcène, chofe , ce qu'on ne
veut pas nommer , & alors il cft mafculin.
On dir famil ièrement , être tout chofe ; pour dire,
n'être pas de bonne humeur , ou êtie dans une fitua-
tion qu'on ne peut pas expliquer. Colin étoit mala-
. de, non toutefois que fa fanté fut dérangée par la
fièvre ou quelque autre maladie qui eût befoin d'un
Doéteuren Médecine. Il éroit proprement ce qu'on
appelle, dans le ftyle familier, erre tout je ne fais
comment , être tout chofe. Chef-d'œuvre d'un in~
Connu.
Chose fe dit encore en ces phrafes alTez ordinaires.
En parlant de chofes Se d'autres. Cela eft beau en-
tre autres chofes. Je vous recommande cela fur tou-
tes chofes. Vous irez en un tel endroit avant toutes
chofes. On dit aulîi, pat exclamation , chofe étran-
ge ! chofe inouic ! Je ne ferois pas cela pour chofe
du monde. La belle chofe eue d'être heureux du
5^8 CHO
confentement des niiicrables , & fans ttouver l'en- ,
vie par les chemins ! Bal.
On dit proverbialcnienr : A chofe faite , confcil
pris , pcHir dirj -, qu'il n'ell plus tcms de demander
conCeil , quand la choie fur laquelle oa dévoie déli-
bérer , tft faire.
<ZHO\J.(.m.BraJJlca. f.f. Plante potagère commu-
ne dans nos jardins , Se dont on connoit plulieuts
clpèces bonnes à mani;er. Auili prétend-on que le
mot Bmlfica vient du grecs-ç.«er«;; , qui lii^nifîe
une herbe potagère : nom qu'on lui a donné par
excellence , à cauié qu'elle tenoit un des premiers
rangs parmi les plantes potagères chez les Anciens.
Pline nous apprend que Chrylippc, Dieuchcs, Py-
thagore & Caton , avoient compolc des volumes
entiers iur le chou^ On peut voir encore dans Caton,
De Re 'Ru(lica yCh. 1^6 y 157, & dans Plirte lui-
même, L. XIX. c. 8. & L. XX. c. ç). Diogenc lavant
lés choux , cria à Aridippc : Si tu lavois manger d s
choux , tu ne ferois pomt ta cour aux Grands. Et
toi , répondit Ariftippe : Si tu lavois luire ta cour
aux Grands , tu ne t'amuierois point à lavct tes
choux. Aelanc. On croit que les choux empêchent
l'ivreire : &c c'eft pour cela que les Anciens en man-
gcoienr au commencement de leurs repas. Les
Egyptiens faifbient fervir des choux à l'entrée de
tous leurs fi^ftins , afin de ne point s'enivrer. Au.'lî
dit-on que les choux font ennemis de la vigne.
Ce mot chou paroît s'être formé de caulis , qui
(ignifie la même chofe , en changeant le c en ch,
comme en bien d'autres , canis , chien , camus ,
chant , Cyprus ^ Chypre , camifia. , chemife , &c.
Ainii de fû«//.î > caul ,chaul , chaut , chou. Mais li
l'on en croit le P. Pezron , K«tA»;, caulis , vient du
Celtique cauL
Chou cft le nom générique d'un certain nombre de
plantes qui ont leurs Bcurs à quatre pétales djfpofcs
en croix , & foutenus pat un calice compolé de
quatre feuilles verdârres & oblongues. Le piftil de
ces fleurs devient une fdique longue, cylindrique,
ibnnée par dcUî panneaux croifés en gouttière , Se
appliqués fur les bords d'une cloilbn qui fcpare la li-
liquc dans toute fa longueur en deux cellules , dans
lefqucllcs font renfermées des femetices arrondies ,
aiVe/. femblabîes à celles de la moutarde i mais elles
font moins acres. Il faut encore ajouter que prefquc
toutes les efpèces de choux ont leurs feuilles graifes
^ charnues ,frifées , & ondées alfez fouvent ,& pref-
que toujours teintes d'une couleur de vert cendre,
qu'on nomme vert de mer. Les choux , de quelque
nature qu'ils foient, ne fe multiplient que de grai-
ne , qui eft fort ronde , grofTe comme des têtes d'é-
pingle ordinaire , ou comme de la poudre à tirer ;
elle eft rougcâtre , tirant fur le minime brun. La
Quint.
Chou commun , eft celui qu'on cultive plus ordinai-
rement dans les potagers. Brajjica. vulgaris , ve/Ja-
tiva. Sa racine eft un toupet de fibres chevelues ,
d'où fort une tige haute d'un pié ordinairement ,
cpaille plus ou moins fuivant fon âge , & chargée à
fon fommetde quelques feuilles arrondies , amples,
dentelées fut fes bords , relevées de grolfes nervu-
res , qui s'étendent ilir toute fa furface poftérieure ,
&: portées par des queues épailiés 6c de deux pou-
ces environ de longueur , fur tout celles des feuil-
les extérieures. Ses fleurs font pâles , ou blanchâ-
tres.
On donne à ce ckou différens noms , par rapport
aux changemens qui lui arrivent-, tantôt on le nom-
me chou vert , A caufe que fes feuilles font vertes -,
chou tlanc ■, chou hloud tqwznA elles font devenues
blanchâties , Brafjica alba , vel vlridis ; Se comme
c'eft l'efpôce qui craint moins le froid , Se qu'il eft
plus tendre après la gelée , on l'appelle vulgaire-
ment à Paris chou f^elé. Sa femence eft bonne pour
tous les vers. Ce chou , auiîl bien que les fuivans ,
lâche le ventre.
Chou cahis , eft une cfpèce de. chou , dont la tige
poufTe une fi grande quantité de feuilles à fon fom-
CHO
met , que ne pouvant pas toutes s'étendre à la fdis ,
elles demeurent entalfees les unes fur les autres ,
Se iuraicnt conmie une tète dure , blanche en de-
dans , &c fort bonne à manget ; les fleurs font jau-
nâtres. On le nomme à Paris , Se en plulieurs z\i-
ttcs i^ndw'ns chou pommé , ou chou pomme , blanc.
BrajJica capitata alba. Il dégénère quelquefois ,iur
tout loiltlue le terrain ne lui eft pas favorable.
Chou rouge , fe dit de deux lottes de choux qui font
tvints ae couleur de pourpre , Se dont l'un eft pom-
me , Se le nomme chou pomme rouge , en latin ,
brajjica capitata rutra. 11 ne diffère de chou cabusy
que par là couleur. L'autre efpèce de chou rou^e
n'eft point pommée , fes feuilles font grandes , fri-
fces , Se relevées de nervures d'un pourpre plus
fonce que le refte de la feuille, qui eft le plus fou-
vent verdâtre. Il s'élève plus haut que le pommé
rouge-, les fleurs font cependant de la même couleur.
On nomme ce chou , choii commun rouge , ou chou-
rouge , en latin, bra£ica rutra. On emploie le chou
rouge pour les maux de poitrine , pour la toux , 8c
pour les crachemens de fang. On en fait un fyrop
pour les afthmatiqiies 5 mais on doit le préparer à
mefure qu'on en a bcfoin -, car lorfqu'il cft gardé ,U
fcntlî mauvais , qu'on ne fauroit s'en fervir.
Cîîou de Savoie , ou Chou de Milan , BraJJîca Sabau'
da , capiteoblongo non peniius claufo , eft une autre
efpèce qui approche du chou tommun ; mais il eft
plus gros , Se i'es feuilles font plus blanches , plus
tendres , relevées de nervures pluî gtofleS , fes feuil-
les font aulfi frifécs , ondceS j Se ferrées les unes con-
tre 1-s autres , comme celles de la laitUe. Sa fleur eft
blanche. Ce chou eft recherché i caufe qu'il eft
beaucoup plus délicat que les ptécédens.
Cmou blanc , ou Chov frifé , Braffica alba j Vel crif-
pa. Il eft commun en Savoie , il diffère du précé-
dent pat fes feuilles , beaucoup plus grandes , plus
frifées , ordinairement plus blanchâtres , Se pat fes
fleurs , qui font jaunes. On le mange fur la loupe
comme le chou vert 5 il eft plus délicaï.
Chov Jleur , BraJJiCa caulifîora.C. B. Fw. C'eft une
efpèce de chuu dont les feuilles extérieures font
alfez grandes -, mais celles du milieu , aulTi bien que
l'es tiges , avottent Se dégénèrent en des têtes infor-
mes toutes grainées , blanches Se fermes. On man-
ge ces têtes cuites dans l'eau , Se apprêtées avec une
fauffe blanche, aflâifonnée de poivre , de fel Se d'un
peu de vinaigre. On faifoit venir autrefois fa fe-
mence d'Italie -, mais on la recueille en France , de-
puis qu'on s'eft avifé de conferver à la cave,pendant
l'hiver , les pies de ces choux qu'on a vu être bons
à donner des riges : on les traniplante enfuite au
printemps , Se ils ne manquent pas de fleurir dans
la faifon. Ses fl'eurs font pâles. Ce chou , auffi bien
que la plupart des autres efpèces , dégénère quel-
que fois. On difoit autrefois cAoKj?ory.
On peut ajouter à ces précédens ces detix- ci ,
qu'on ne voit guère en France.
Chou r^v^,on Chou de Siam. Braffica caulorapa^
ou Br affica gongy Iodes. On l'appelle ainfi , à caufff
que fa tige eft terminée par un nœud gros comme
une rave,d'oii fortent les queues de fes feuilles,
qui font grandes , amples , Se femblabîes aux précé-
dentes. Ses fleurs font jaunes Se petites. On mange
ce nœud.
Chou navet. Brajjica radice napiformi. Napo BraJJîca,
C. B, Prodr. 54. Il fe diftingue par fa racine , qui
eft un gros navet chargé de quelques fibres cheve-
lues. De ce navet part une tige qui porte des feuil-
les Se des fleurs comme le chou ordinaire. Les pau-
vres gens de bohème mangent fa racine , qu'ils cou-
pent par tranche.
Il y a encore plufîeurs autres efpèces de choux %
ÇfJ" dont on trouvera les noms dans les inftiruts de
M. de Tournefort, 8e dans nos Jardiniers Légu-
miftes.
Chou Sauvage , ou colfa. BraJJica Jilvejlris , Jîvr
crambe , BraJJîca arvenfîs. C'eft une cfpèce de
choux beaucoup plus petits que les précédent, mais
C H O
pins branchits. Ses feuilles font bien plus petites,
& lavées de pourpre. On tire de (a graine une huile
pareille à celle du iiinevc.
Les plantes fuivantes font appelées impropre-
ment c/iow; elles n'en ont du tout point le carac-
tère.
Chou Caraïbe. C'eft une efpècc de pié de veau d'A-
mérique.
Chou Marin , efl: le nom d'une cfpcce de liferon
purgatif, &: qui Croît au bord de la mer. Brajjua
naruia, Jive joldanella. Voyez Lisîron.
Cr^ou Mann d'Angleterre, Plante dont les feuilles
reifembientàcelles du cAoz/ noir, mais plus belles
& plus charniîts , frangées iSc pliflces par ondes,
& d'un alîèz bon goût. Il s'clevc d'entre fes feuilles
des tiges qui foûticnnent en leurs fommitcs des om-
belles en beaux bouquets de fleurs à quatre fleurs
blanches ou pâles, dirpofecs eli croix. Il leur fuc-
cède des fruits ou coques ovales , d'une matière
Jpongicufe, renfermant unefemence ordinairement
oblongue. Celle qui fe trouve aux lieux maritimes
en Angleterre , eft vulnéraire. Ses feuilles & fa
femence font propres pour faite mourir les vers ,
pour dcterger& confolider les plaies , prifes inté-
rieurement & extérieurement.
Chou di Chien , efpèce de Mercurielle qui croît dans
les montagnes , & qui eft vivace. Voye-^ Mercu-
rielle.
On appelle cIwïl de Palmifle,la moelle au! vient
au fommet du palmii'le franc qui croît aux îles An-
tilles. Cette moelle cfl blanche , tendre , favoureuie
& couverte de feuilles. Elle s'apeile chou de pal-
mifte , à caufe qu'on en met au potage au lieu de
choux ôc d'autres herbes.
Chou^ /-'oivr^ , efl: une efpèce de c/^ok qui croît dans
les Iles de l'Amérique , & qui reffemble fort au
chou Karaïbe.
Chou. Ornement de tête des femmes. Il faifoit par-
tie de la coëffiire , que l'on nommoit commode.
On appelle un lapu"t domelciquc nourri dans le
grenier , ou dans la baffecôur , un mangeur de
choux. On appelle pomme de chou , la plus mé-
chante des pommes qui fc mangent , & qui ient le
goût de chou.
Un Italien s'efl fait du chou , qu'il portoit dans
fes armes , & de ce mot , ubi^jue vig£o > une devife
heureufe j car comme dit Ruelliu? , en parlant du
chou , nullam terram averfatur. Il vient par tout.
On dit proverbialement d'une perfonne reléguée
à la campagne , ou qui eft obligée d'y demeurer ,
qu'on l'a envoyée planter des choux. On dit aufli ,
ce n'eft pas le tour que des choux , il faut encore de
la graiife; pour dire, qu'on n'a qu'une partie des
chofes néceflaires pour venir à bout de quelque
entteprife. On dit auflî , qu'un homme fait les
choux gras de quelque chofe , lorfqu'il fait bien
fes affaires , qu'il fait de giands profits en quelque
chofe.
Mais moi défunt, je fuis à vous fans faute ;
Prene:^ mes vers , faites-en vos choux gras ;
Force J'era de Joujfrir ce martyre ,
Parce qu'alors ne pourrai plus vous dire , Sec.
P. Du Cerc.
On dit, qu'un homme veut fauver la chèvre &:
les choux ; pour dire, qu'il veut remédiera tous
les inconvéniens qui fc trouvent dans une affaire.
On dit auffi de celui qui difpofe du bien d'autrui
comme s'il étoit à lui , qu'il en fait comme des
choux de fon jardin. On dit à celui à qui on donne
la libre difpolition de quelque chofe , qu'il en faffe
des choux, des raves, des pâtés. On dit aulfi ,
qu'Aubervillers vaut bien Paris chou pour chou ;
pour dire, qu'il croît plus de choux à Aubervillers
qu'à Paris. Chou pour chou; pour dite, l'un vaut
l'autre. On dit encore, lorfqu'on veut marquer une
grande différence de prix entre deux chofes, qu'il
Y2.chduèc cJmu. On dit auffi ,d'une perfonne qui •
G H 0 5"^^
prireptu» qu'il ne faut fes bonnes qualités 5 qti'ell^
tait bien valoir fes ciwux. On dit , que la gelée h'elfc
bunne que pour les choux, Ori dit encore d'iitié
chofe qu'on veut mcprifer beaucoup , qu'elle lié
vaut pas un tronc de chou , un trognon dé chdU t
d'autres disent un trou de chou. On dit auffi , qu'uJi
homme va tout a travers les choux -, pour diW,
qu'il agit en étourdi Se imprudemment dans les
affaires qu'il entreprend. On dit d'un crivieiix ^
q .'il eit comme le chien du Jardinier , qui ne
itiangc point de choux , & qui ne veut pas qu'un
autre en mange -, d'un homme dont la naifîâtice eft
inconnue , qu'il a été tiouvé fous un choit ; d'une
perfonne qui n'eft pas ptdpre à quelque choie. Il
eft propre à cela , comme à ramer des choux ;
il s'y entend comme à ranier deS choUx\ parce
qu'on ne rame point les choux , mais le^ pôis»
Tout cela eft bas.
Vienne qui plante , font des chouk ^ pour dire ^
que tout ce qui peut arrive^ d'une affiiire , eft
indifférent. On le dit aulfi lotfqu'on rifque quelque
choie au hazard.
Chou eft aufîi une efpèce de pâtifferie fort légère &:
fort enflée , faite avec des œufs , du beurre gc de
l'eau rofé. Placenta genus levé ac tumidum. Elle
eft femée par deffus de homparellle de dragées. On
les appelle aulfi, par antiphralé, des caffe-rhufeaux.
On fé fert de petits choux aux Rois , au lieu ds
gâteaux. Alix étrennes on erivoic de gros choux
de pâtifferie.
Chou eft aulïî le nom d'un coquillage de mer.
Brafjîca marina. Un chou bien tacheté de pourpre,
Ger SAINT. Un grand c^o« ttès-ftifé* Id. Un chou
des plus colories. In.
Chou, Chou-là. Terme de Chalf.^ur, pouf ex'cfter
fon chien à qu;ter. Chou-pilU-, autre terme pout
exciter le chien à le jeter fur le gibier, Chou-pillé
eft aulfi le nom du chien qui n'eft bon que pour
quêter fous le fufîl.
CHOUX. ( Val des ) Nom d'un lieu fîtué daris le Dio-
cèfé de Langres , à deux lieues de Louvigny. Vallis
Caulium.
L'Ordre dit Val dis Choux j eft uti Ordre Re-
ligieux établi en l'an 1195 , pat un frère cortvers
Chartreux, nommé Viard, de la Chartteufe de
Louvigny , qui le fentant appelé à une vie plus
auftère & plus éloignée deS foins temporels que ne
permettoit fon état de convers , fe retira , avec la
permiffion de lés Supérieurs , dans im bois à deux
lieues de Louvigny. Le Duc de Bourgogne , en mé-
moire d'une vidfoite qu'il remporta , lui bâtit ifn
Monaftère , qui prit le nom de ce lieu , qu'on nom-
moit le Val des Choux. l\ eut des difciples, aux-
quels il donna des conftitutions fémblables à celles
des Chartreux , qui furent approuvées depuis par
Honotius III. Ils prirent l'habit , mais non pas l'Inf"-
titut de Cîteaux , comme l'écrit le Cardinal Jac-
ques de Vitry. Chopin , dans fon traité des droits
des Religieux , dit qu'il y avoit 10 Prieurés qui dc->
pendoiént de celui à\i Val des Choux.]?, HÉlyot.
Tom. VI , c. 21.
CHOUAN eft une petite femence femblable au
yè/77e« co/2^riï , mais plus grolfe & plus légère, de
couleur vert-jaune , d'un goût un peu falé, aigrelet*
Elle croît à une plante du Levant qui eft baffe ;
fa fommité vient difpofée en petits paquets. On s'en
fcrt pour faire le carmin.
CHOUCAS ou CHUCAS. f. m. Efpèce de corneille
grilé , au bec & pié rouge. Graculus.
Quelques' uns difent Choucas ou Chocas , &r
Chouca. Les Choucas vivent de toutes fortes de
grains , & defauterclles, de vers ic de gland. Ils ne
vivent point de charogne. Ils font leurs petits au
printemps \ ils vivent en troupes , & ne vonriamais
feuls. Ils s'apprivoifent facilement, & lorfqu'ils font
nourris niais,' ils ne quittent jamais leur cage, Ort
leur apprend à parler. Ils font fins , rufés , défîans,
&: trcs-diflficiles à prendre. Il y en a de plulîeurs
efpèces.
f 6o
C H O
gcr Le Choucas rouge, Coracius , feu Pyrocorax ,
eft à peu j.^rès Je la grandeur de la Corneille noire.
Il a le bçc long d'environ quatre doigts, un peu
courbé, de cunknr rouge , cirant lut l'orange, 6c
un peu jaunâtre. Ses pics l'ont de la même couleur,
à l'exception de l'es ongles , qui Ibnt, znlïi bien que
tout le corps , d'une couleur très-noire, il le plaît
dans les montagnes. Il efl: très-difficile .i apprivoiler,
Se lorlqu'il eft dans les maifons, il défait les vitres £<.
les challis avec Ion bec , & gâte tout. Il y a un
corbeau rouge que quelques-uns ont confondu
avec le Choucas rouge.
Le petit Choucas , qu'on appelle audi Chouette
ouChuette, ik Cliouchettc, a beaucoup de rap-
porta la corneille, ifl" dont il ne dilfere que par
la façon de vivre & par la voix. Il approche tort
rarement du bord des rivières \ il va toujours en
troupe. Il a les pics, tout le corps & le bec noirs.
Son bec a quelques points blanchâtres auprès des
narines. Il eft d'un noir moins foncé que le corbeau
&: la corneille, Se tire un peu fur le gris. Il aime
les plaines îk' les campagnes , le retire dans de
ha,utes tours , 6c dans les vieux édifices, or'i il fait
fon nid. Il aime extrêmement à cacher l'or & l'ar-
gent , ce qui , dit-on , l'a fait nommer en latin ,
iVfo;7e<f«/a, Aldrovand parle encore d'une cfpèce de
Choucas tout femblable à celui-ci , excepte qu'il a
un collier blanc.
CHOUCHETTE. f. f. Voye^ Choucas.
CHOVEAU, CHAUVEAU ou CHOVELOT.f.m.
Efpcce de petite mefure pour les liqueurs. Madame
Fouquct, dans l'AvcrtiHement qui précède Ton Re-
cueil de Remèdes , ne donne au chovean que la con-
tenance d'un demi-letier. Le c h auvc au , dix. -cWç ,
ou demi-chopine , qui eft la quatrième partie de la
pinte, doit pefer une livre. Un chovc.iu de. lait.
Glojjaire Bourguignon. Chovelot en quelques en-
droits de Champagne eft le tiers de la pinte ,
appelé tierce en d'autres.
CHOUETTE, f. f. Autrement chevêche ou civette.
Oifeau de nuit , efpèce de chevêche , de chat-
huant , de hibou. Monedula, noclua. La Chouette
eft de la grofleur d'une colombe , elle a la tête
grolîc &: penchée en arrière, les yeux grands, la
prunelle noire , mêlé? de jaune ; le bec courbé ,
un peu longuet, &: de couleur jaune-pâle. Tout le
champ de Ion pennage eft en partie tanné ,
& en partie blanc , principalement à l'extré-
mité des aîles , dont les grandes pennes 6: les
grands couteaux font ornés de taches larges de
couleur ch.àtain. Les taches de fon ventre , qui font
en long comme des gouttes , font de même couleur.
Le refte eft blanc : l'extrémité du vol s'étend jufqu'au
bo'jt de la queue. Ses cuilfes font couvertes de
plumes cendrées brunes , jufques fur les f)iés. Ses
doigts font de pareille couleur -, ils font féparés,
comme aux oifeaux de nuit; fes ongles font cro-
chus , aigus 6c noirs,
fer La f/nwfr/f , ne paroît que la nuit. Elle fait fon
. nid dans des creux d'arbres ou dans des trous de
murailles. Elle prend les fouris dans les granges &
dans les maifons , comme les chats , 6c elle vit de
petits oifeaux qu'elle attrape la nuit. Lorfque la
chouette eft repue , elle eft trois jours fans manger ,
& quelquefois neuf. Elle eft fort utile au chaffcur
pour prendre toutes fortes d'oifeaux , 6c c'cft un
amufement de voir comme ils lui font la s^uerre.
Lorfqu'elle le voit environnée ^ prellee de tous
côtés , elle fe couche fur le dos , 6c ne fait paroître
que fon bec Se fes grifîes. Il y a fympathie entre le
faucon 6c la cAo/zf/re. Lorlqu'il voit que les autres
oifeaux lui font la guerre , il vient à fou fecour^: ,
6c la défend. On dit qu'il n'y en a point dans l'i'ie
de Candie , 6c que quand on y en porte, elles
meurent.
§CFOndiftingue avecBellon deux fortes de Chouettes^
la grande, dont on vient de parler, 6c la petite ,
que cet Auteur ne décrit qu'imparfaitement. Elle
reffemble, dit-il, parfaitement- à la grande, mais
C H O
elle eft plus rare. Cette différence ne eonfifte peut-
être que dans le fexe.
La Chouette étoit confacréc à Minerve comme
le fymbole de la prudence , pour marquer que la
véritable fagelié ne s'endort jamais. La rencontre
d'une cAo/^er/t croit de mauvais préfage, dit Elien,
On dit figurémcnt d'une perfonne qui eft en butte
aux mépris 6c aux railleries des autres, qu'elle eft
leur chouette. Acad. Fr.
On dit ptovcrbialement de celui qui eft accou-
tumé à dérober , qu'il eft larron comme une
chouette. Ce proverbe eft venu des Latins : ils ap-
pellent la c/^o//tf«t; , luonedula, parce qu'elle vole
l'argent.
On appelle au jeu de Piquet , faire la chouette ,
jouer fcul contre plufieurs qui jouent alternati-
vement.
|Kf' Ce mot vient de cucuba ou cucubetta. Mén,
gCT Chouette ou Chuette, Voyei_ Choucas.
g3" Cnou-Zà, terme de Chalfe, Voye^ Chou,
§;? Cuov -pille , terme de Chaife. Voye[C,KQ\j.
CHOUQUET , f. m. Terme de Marine. C'eft un gros
billot de bois catrc par delfous , &c rond par delfus ,
qui fert à chaque brifure des mats au defllis des bar-
res de hunes , pour emboîter les mâts l'un dans
l'autie par le moyen des tenons S^. des mortoifes
qui y font : On y emboite aulTi le bâtonjdu pavillon.
On l'appelle auttement tite de More.
Chouquet eft encore le nom qu'on donne quel-
quefois à un petit billot dont les Bourreaux fe
lervent pour achever avec la hache de couper une
tête qu'ils ont manqaée avec le fabre.
CHOUSSET. {'. m. Boilfon que font les Turcs, &
dont ils ufent. Zitum Turcicum , Pofca Turcica ,
Cervijia Turcica. Le chouJJ'et n'eft guère différent
de ce qu'on appelle bouillon en Picardie, dit Vi-
genere dans les lllujlr. jur THiftoire de Chalcond.p.
5 41. Le chouffet eft fort noutrilfanf, il entête comme
la bière jufqu'à enivrer. Il eft fait de pâte crue >
mais levée , qu'on décuit dans un chaudron plein
d'eau -, ?^ quand elle eft ralfife ^ léchée , l'on en
prend la grodèur d'un œuf, qu'on jette dans de
l'ciu pour boire. ^3" Ce mélange s'échauffe fur le
champ. Il s'en forme une boiflbn blanche 6c épaiffe
qui nourrit ^ enivre. Les Turcs fe fardent de l'é-
cume de chouffct, comme les Flamandes 6c An-
glûifcs de celle de la bière. Vigen. cité.
0Cr CHOUSTACKS, monnoie d'argent de Pologne,
valant environ huit fous de France.
CCTCHOXAN, Ville de la Chine, dans la Province de
Huquang, au département de Chingyang. lat. ^i^
49', Elle eft de yJ 50' plus occidentale que Pe-
king.
{CT CHOYER. V. a. Se dit quelquefois des choies
précieufes , qui peuvent fe calfcr ou fe gâter fîmte
de foin -, plus communément des perfonnes chères
S<. délicates, Traclare aliquid cauù, diligenter
curare. Traiter , manier délicatement , confervct
avec foin. Vous avez-là de belles perfonnes qu'il
faut c//oyeT. Cette jeune femme a raifon de choyer
fon mari. Cette mère choie fort fes enfans,
^fT Se choyer , curare corpus , cutern , pelliculam.
Etre occupé de ce qui concerne la fanté S>i les
ailés de. la vie. Cet homme ne fe choie pas allez , fe
choie un peu trop,
fer Choyer quelqu'un, c'eft encore avoir tous les
ménagemens polfibles pour lui, avoir foin de ne
rien dire, de ne rien faire qui j>uilfe le choquer,
Dili»enti(fime obj'ervare. Il le choie comme nn
amant choie fa maîtrelfe. •
// le choie , il l'emhraffe , & pour une maître ffe^
On ne fauroit ,je penfe , avoir plus de tendre ffe.
Moi.,
Ip" Dans toutes fes acceptions, ce verbe n'eft que du
ftyle familier , 6c peu en ufagc,
Chové, ée. part.
GHOYNE, f, m, C'eft un fiuic de l'Amérique, de la
forme
CHR
forme d'un œuf d'autruche , &c de la groflcur d*une
citrouille médiocre. Son ccorce efl: dure. On en
fait des valiFeaux à boire. Les feuilles de l'arbre
rellemblent à celles du laurier. Foyei Thevet , 6-c.
CHR.
CHRÊME, f. m. Huile confacrée pat l'Evêque , qui
fert à adminiftrer les Sacremens de Baptême , de
Confirmation ^ d'Ordre Se d'Extrême - Oniîtion.
Sacrum C/irifma. On tait le faint Chrirne le Jeudi-
Saint ivec de grandes cérémonies. En Efpagne l'E-
vêque prenoit autrefois le tiers d'un ibu pour le
Saint Chrême que l'on diftribuoit à chaque Eglife,
à caufc du baume qui y entre. Le Concile de Pra-
gue', tenu en 572., Can, 4, défend de rien prendre.
L'Auteur Arabe de Giavaher al Bochiir écrit que
le baume de Matharéc , auprès du Caire en Egypte ,
ctoit fort recherché des Chrétiens , à caule de la
foi qu'ils y avoient. Il dit ceci à caule que les Chré-
tiens s'en lervoient pour faire le chrême de la Con-
firmation. D'Herbelot , au mot Belfan.
Ce mot vient du grec ;t;f r^^u lignifiant la même
choie, il y en a de deux fortes : l'un qui le tait avec
de l'huile & du baume , qui lert aux Sacremens de
Baptême , de Confirmation & des Ordres -, l'autre
qui eft de lîmple huile qui efl: conlacrée par l'E-
vêque j qui fervoit aux Cathécumcnes , &: fert en-
core à prélent pour le lacrement de l'Extrême-Onc-
tion. Cette cérémonie eft tort ancienne, & même
d'inftitution Apoftolique. Les Maronites ne com-
polbient pas feulement d'huile & de baume , le
chrême de la Confirmation avant qu'ils euiîent été
réformés , ils y ajoutoient du mufc , du laftan, de
la cannelle, des rofes , de l'encens blanc, & plu-
tïeurs autres drogues qui font rapportées par Ray-
naldus, an, 15 14, /z. 91 , avec la dole de chacune.
Le P. Jérôme Dandini Jéfuite , qui alla au Mont-
Liban en 155^ 5 en qualité de Nonce de Sa Sain-
teté , arrêta dans un Synode , que le chrême le tcroit
avec de l'huile & du baume feulement, fans y ajouter
autre chofe ; cela fignifiant les deux natures de J. C.
l'huile marque la nature humaine , & Icbaume la
nature divine. Voyage du Mont-Liban , ch. 28.
On appelle à Bourges le chrême de Bourges ,
la Juridiélion fpirituelle de l'Archevêque , dans le
diftriét de laquelle il a droit de diftribuer le faint
Chrême aux Curés.
Proverbialement, en parlant d'une chofe capable
de poulfer à bout la patience d'un homme , on
dit , qu'elle feroit renier Chrirne & Baptême. Acad.
Fr.^
CHRÊMEAU. f. m. Petit bonnet qu'on prépare
pour mettre fur la tête des enfans qu'on baptife ,
lorfqu'on leur a applique le faint Chrême. Fajci.i.
CHRÉTIEN , ENNE. adj. & fubft. Celui qui croit
en Jésus-Christ , qui eft baptifé , &c fait pro-
feflion de la Religion inftituée par Jésus-Christ.
Chrijiianus , Chriflianis Sacris imbutus. Le monde
Chrétien. Le peuple Chrétien, Les premiers Chré-
tiens ont vécu dans une grande pureté. Le fang
des Martyrs a été une femence des Chrétiens. Parmi
le peuple l'on n'èft Chrétien que par hafard , &
non point par réflexion. Fléc Si on comparoir
la doélrine des Chrétiens avec leur conduite , on
trouveroit leur vie bien peu conforme à leur foi.
ViLL. Comment accoutumer des efprits corrompus
à la régularité de la Religion Chrétienne ; chafte ,
févère , ennemie des fens , & uniquement atta-
chée aux biens invilibles 5 Boss. On a commencé
à donner ce nom à Antioche à ceux qui croyoicnt
en Jésus-Chrit , comme on voit dans les Aftcs
des Apôtres. Avant cela on les appeloit Dij-
ciples.
Chrétien fe dit aulfi de ce qui appartient à la Re-
ligion de Jésus-Christ , de ce qui eft conforme à
la loi évangélique. La morale chrétienne l'a bien
emporté fur celle des Payens. Les déferts étoient
peuplés de gens qui faifoient profelTion de mou-
Tome II.
CH jR
v
')6i
tii à l'amour du inonde par l'étude de la perfedtioa
chrétienne. Herman. L'humilité eft la baie des vtr-
tus chrétiennes, jAq.
Ne v.iloit-ilpas mieux vous perdre dans les nues ^
(^ue d'aller /fans raifon , d'un jiy le peu chictien ,
Faire infulte » en rimant , à qui ne vous dit rien . ?
BoiL»
On appelle par excellence le Roi de France ,
le Roi Tres-Chrctien , comme lé Fils aîné de l'E-
glife. Rex Chrijtianijfimus, S. Grégoire, écrivant
à Charles Martel , entre les autres titres d'honneur
qu'il lui donne , le nomme Trcs-ChrctieT. , ce qui
pourroit fiire voir l'antiquité de ce titre, que pre'n»
nent nos Rois privativcment à tous les aiittes. Go-
DEAU. Zacharie fit ( aulli ) une réponfe à Pepih »
qu'il nomme Très-Chrétien. Id, Enfin le furnom
de Roi Très'Chretien , dont nos Rois étoient en
poffellîon depuis plulîeurs lîècles, fut afFcdlé de
Ion temps d'une manière fpcciale à fa perfbnne ,
& à celle de fes fuccefleurs , par le Pape Paul II, P.
Daniel. T, II, p. 1459.
Rigord , Chapelain & Hiftorien de Philippe Au-
gufte , eft le premier qui ait donné au Roi de France
la qualité de Roi Très-Chrétien, Il la lui donne
par-tout , ne le nommant ptcfque jamais , fans
joindre cette épithcte à fon nom. Elle avoir déjà été
donnée à Childebett , petit-fils du Roi Clotaire,
L'Empereur Maurice la lui donna dans plufieurs
lettres qu'il lui écrivit , & que Ducheliie^a recueil-
lies. Néanmoins nos Rois ne fe font attribué eux-
mêmes cette qualité que depuis que le Pape Pie II
la donna au Roi Charles Vil. Chalons. M. Fal-
conet a trouvé dans une ancienne Traduction le
titre de Roi Très-Chrétien donné à Charles VI,
contre l'opinion commune, qui en met l'origine
au règne de Louis XI. Differtation fur nos pre-
miers Traduclsurs dans le VI' ^ volume des Mé-
moires de l' Académie des Belles-Lettres,
Lambecius , dans fon III' Tome de la Biblio-
thèque de l'Erripereur , prétend que la qualité de
Tres-Chrctien n'a point été donnée à Louis le Dé-
bonnaire par Ermoldus Nigellus Poète de ce temps-
là , en tant que Roi de France , mais en tant
qu'Empereur d'Occident , & que c'eft par la même
raiibn que Charlemagne, dans l'infcription d'un
Recueil d'Epitres qu'il fit faire en 79 1 , ne s'ap«
pelle pas Très-Chrétien. Nos Hiftoricns françoiS
ont fuftifamment répondu à ces petites querelles
d'Allemand. Vig. Marv.
On a donné aufll le nom de Chrètieri particu-»
lièrement aux Ecclélîaftiques , & le nom de Chri"
tienté au Clergé.
Chrétien. ( Dieu aide au premier) C'eft le cri d'ar-
mes des Àlontmorenci & des Laval \ car la maifon
de Laval a le même cri d'armes que celle de Mont*
morenci.
Chrétien fe prend auffi quelquefois fubftanrive-
menr. Les Chrétiens font obligés a une grande pu-
reté. Les Chrétiens ont tait plufieurs Croifades
contre les Infidèles , où ils ont commis les plus hor-
ribles crimes.
Refponfable du temps, l'inutile Chrétien
Croira que c'eji un malf de ne point faint un bien,
VlLt.
Quel eft l'aveuglement , 0 quel eft le malheur
D'un Chrétien qui donne à la joie
Le temps qu'il doit à la douleur ? L'Ab. Têtu,
CHRÉTIEN fe dit âuffi , dans le ftyle bas & comique »
pour une pcrfonne. Jamais je ne vis un plus hideux
Chrétien, Mol.
On dit proverbialement , quand un homme ne goû-
te pas une chofe qui eft bonne , ou qu'il ne fait
pas ce que les autres font , qu'il n'eft pas Chrétien^
On dit auffi , il n'y a corps de Chrétien qui i^'ofe re-
BbbU
^6z C H R
piocher telle choie -, pour dire , iln'f a perfonne
qui me veuille Ibutenir cela.
On dit auHi, pader thrcucn ; po'-ir dire , un lan-
gage qu'on entende , ou un ftyle qui ne leuente
plus le Pat^anilme. Chrifiiano more hqui , pcrj-
piciù , fine amba'^ihus Loqui. Sî nous^ étions au
temps aes iacriMces /je devrois facriiicr à lilculape \
mais il faut parler Ckraua , &: je loue Dica , &c.
Bal.
CHRÉTitN de la cebiture. Voyez Ceinture.
Chrétiens de S. h^ui. Chnpdiil S.incii Jouants ou
à Sanclo Joanne dicii. Ccll le nom d'une lectc de
Chrétiens qui font en grand nombre à Ballora ,
& dans les villes voiiines- Ils habitoient autrefois^ au
long du Jourdain , où iaint Jean baptifoit : i>c c'elt
de-là qu'ils ont pris leur nom ; mais depuis que les
Mahométans eurent conquis la Paleftine , ils le re-
tirèrent en Méibpotamie &: en Chaldée , pour éviter
la perlccution des Inlidèlas , qui brùloienr leurs
livres & leurs Egliles , & cxerçoient fur eux les
idernicres cruautc's. Les villes où ils l'ont établis font
Balfora , Sonwr , Dcfpoid , Rume^ , Bitouin ,
Mono , Endecan , CdUjabat , Avcici , Dcga ,
Doreth, Miifqiiel, Gumar , Curuinous , Oneier ,
Zech &c Lo^a. Tous les ans ils célèbrent une fête
qui dure cinq jours , pendant lefquels ils viennent
tous trouver leurs Evoques, qui les baptifent du
baptême de faint Jean : ils ne baptifent que dans
les ri>àères, & le Dimanche feulement. Ils n'ont
point connoilfance du myftère de la fainte Tri-
nité -, mais ils difenr que J. C.eft l'efprit Se la parole
du Père éternel. Pour l'tuchariltie , ils lé fervent
de pain & de farine , avec du vin & de l'huile : le
vin j félon eux , marque le fang de J. C. & l'huile
marque l'onélion de la grâce & de la charité.
Leur confécration conliftc en certaines longues
prières qu'ils fonr , pour louer & remercier Dieu ■■,
ils béniffent le pain & le vin en mémoire de J. C.
fans faire mention de fon corps ni de fon fang.
Après la mort d'un Evêque ils élifent pour fon fuc-
celîfcur un de fes fils , s'il en a , ou un de fes phis
proches parens. Ils croient beaucoup de fables
touchant la création du monde & de l'autre vie. Les
Chrétiens de S. Jean ont trois fêtes ptincipales ;
l'une en hiver , qui dure trois jours , en mémoire
de notre premier père & de la création du monde j
une autre au mois d'Août , qui dure aulfi trois Jours ,
&; qu'ils appellent la fête de S. Jean ; la troilième
au mois de Juin , qui dure cinq Jours : c'efl: à
celle-ci qu'ils lé font baptifer. Ils obfervcnt le Di-
manche : ils n'ont point de jeûnes , & ne font au-
cune pcniten.ce •, audl croienr-ils qu'ils feront tous
fauves. Ils ft'ont point de livres canoniques ■■, mais
ils en ont qui font remplis de fortilèges , dont l'effet
eft fi puiflant , qu'ils difent que leurs Prêtres fonr
tout ce qu'ils veulenr , & onr une autorité abfolue
fur les Diables. TaVernier , Tome premier. Voyez
Sabien.
Chrétiens de faint Thomas ou de San Thomé. Lorfque
les Chrétiens arrivèrent aux Indes la ptemiète fois ,
& dès qu'ils touchèrenr au port de Calecut , ils
trouvèrent d'anciens Chrétiens , qui iè difoient def-
cendus de ceux que faint Thomas avoit convertis
aux Indes , 6c que pour cela on nomma Chrétiens
de San Thomé ou Saint Thomas. Quand ils eurent
appris qu'il étoit arrivé aux Indes une nation étrau-
îçère qui avoit une vénération lingulière pour la
croix, ils lui envoyèrent des r'.mballadcurs pour
faire alliance avec elle , firent des préfens aux Portu-
gais , & implorèrent leur fecours conrre les Princes
Gentils. Il eft confiant que ces Chrétiens , foit
Prêtres , foit Laïques , font des Indiens naturels.
On les nomme dans le pays Nazaréens ; mais l'u-
fage à attaché à ce terme une idée de mépris. Le
terme de Mappuley , èc au pluriel Mappulcymar ,
qui eft leur autre nom , eft plus honorable. Ces
Chrétiens font une Cafte affez nombreufe , riche ,
belliqueufe , mais toujours diviféc par mille fac-
tions , haines 5c quer^les. Cette Calte eft répan-
C H R
due dans les terres depuis C.ilecut Jutqu'à Tra-
vanqor -, non que tout ce pays foit occu^^; par ces
Llirciiens feuls ; mais parce que toures les peuplades
Se Eglifes de cette Cafte font renfermées dans cet
efpace de pays. L'endroit où ils en ont davantage
eft proche de Cochin. Les Mahométans ont une
haine particulière contre ces Chrétiens , fans que
l'on fâche pourquoi , finon qu'elle eft plus invé-
térée. Ces Chrétiens prétendent que l'Apôtre S,
Thomas a converti ce pays. Des Savans d'Europe
prétendent que c'eft un autre S. Thomas. D'autres
difent que c'eft un Marchand Neftorien, nommé
Thomas. Un Mllfionaairc qui demeure depuis long
temps dans l'Inde , prétend avoir fiit des décou-
vertes curieufes là-delfus ^ que S. Thomas débarqua
à Calecut , Se que traverfant les montagnes , il vint
jufqu'à Méliapor , capitale de Coromandel. Le Bré-
viaire des Prêtres de cerre Chrérienté porte même
que S. Thomas pafla jufqu'à la Chine. Ce qu'il y
a de certain , c'eft qu'en deux montagnes peu éloi-
gnées de Méliapor , & aux environs de cette ville ,
on a trouvé des monumens de la P.eligion Cliré-
tirnne. Voye^ Maifé , Hiji. Jndic. L. I , H, FI,
FUI ,&c le'P. BouHouRs , vie de S. François Xa-
vier y L. ï, & L. III.
Au refte ces Chrétiens font depuis long temps Ne-
ftoriens ; &: plulieurs ne prennent ce nom que comme
un nom de fecle. Le Patriarche de ces Neftoriens,
qui réiide à Mofoul , étend fa juridiclion juiques
dans l'Inde. Il eft conftanr que les Chrétiens du
Rit Chaldécn qui font à Goa , à Cochin , à An-
gamala , & dans plulieurs autres lieux de ce pays-là,
font tous de la Seéle Ncftoricnne. Les Papes leur
ont envoyé fouvent des Millionnaires , principa-
lement depuis que les Portugais ont été établis
dans les Indes. D. J. Albuquerque, de l'Ordre da
Saint François , a été le premier Archevêque de
Goa de la part du Pape. Ce fut fous lui , en 1 54<5'»
qu'on établit un Collège à Granganor, pour in-
ftruire les enfans dans les cérémonies des Latins ;
mais les Jélùitcs , qui furent plus habiles que les
autres Millionnaires , s'apperçurent bientôt qus
les jeufles Chaldéens , inftruits à la manière des La-
tins , n'étoient pas piopres pour convertir les Chré-'
tiens de faint Thomas ; c'eft pourquoi il; établirent
un autre Collège en 15:87, à une lieu, de Cran-
ganor , où ils cnfeignèrcnt la langue Cn^.îdaïque
aux enfans , afin qu'étant devenus grands ils fufënc
reçus dans le miniftère comme de vcritabies Chal-
déens ; cela ne fut pas d'une grande utilité, il ne
fut pas polfible aux Jefuites de les dctourner de
la foumillion qu'ils rendoienr au Patriarche de Ba-
bylone , qui n'étoit point dans la communion du
Pape : ils ne pouvoient quitter leurs vieilles cou-
tumes , où ils avoient été inîtruits par leurs Evê-
qucs, & qui croient fort diriérentes des ufagesde
Rome. Celui qui a travaillé le plus à réunir les
Chrétiens de S. Thomas avee l'Eglife Romaine,»
été Alexis de Ménésès , de l'Ordte de S. Augu-
ftin , qui fur fait Archevêque de Goa , S: qui prit
la qualité de Primat de l'Orienr. Cette fameulé
million arriva en 1590 , elle, eft décrire au long
dans un livre qui a été d'abord écrit en portugais,
&: enfuitc traduit en françois fous le ritre à'Hifioire
Orientale des prostrés d'Alexis M^neses en la Ré-
ditciion des Chrériens de faint Thomas , imprimée
à Bruxelles in-%° , en \6o^. On voit dans cette
Relation qui a été faite fur les Mémoires de l'Ar-
chevêque , & de quelques Millionnaires qui l'ac-
compagnèrenr , qu'on fîr de grandes violences à
ces Chrétiens des Indes , faute de l'avoir la Théo-
logie Orientale. On les inquiéta fur des céréivio-
nies qui n'étoienr d'aucune importance , & fur
lefquelles on ne les inquiéteroit pas préfentementà
Rome. Toute cette narration monrre que les Chré-
tiens de S. Thomas étoienr fort zélés.pour défendre
leur croyance, & qu'ils prétcndoicnt avoir con-
fervée comme leurs pères l'avoient reçue de faJîiE
Thomas. Loriqu'on leur demandoit fi le Pape n'c-
C M
toit pas le Chef de l'Eglife , ils répondoîent qu'iî
étoit le Chef de l'Eglife de Rome , autrement de
iaint Pierre ■■, mais qu'il ne l'ctoit pas de rEglilc
de liint Thomas , qui avoit été leur Apôtre. Mais
nonobftant ce zèle pour leur religion , & la ibu-
miilion qu'ils avoicnr pour leur Patriarche de Ba-
bylone , l'Archevêque Ménésès travailla fortement
à les réduire Tous la piiiflance du Pape , & à leur
faire voir les erreurs où ils étoient. Il alfembla
pour cela un Synode en 1J99, le zo de Juin , où
fe trouvcrenr les Députés des Neftoriens , afin de
délibérer avec lui lur toutes les choies qui regar-
doient la Religion. Le Sieur de Moni , dans l'on
Hi/ioire de la Croyance & des Coutumes des Na-
tions du Levant , a rapporté & examiné tout ce
qui fut atrêté dans ce Synode. ^oye{ Nestoriens.
Chrétien. [Bon) Arbre & fruir. Voye^ Bon. On lui
donne par tout le furnom de bon , à la réferve
du Poitou , qui fe contente de l'appeler la poire
de Chrétien. La Quint.
^ CHRETIENNE , £E. Du vieux verbe chrétien-
Tier. Celui qui efl: rendu Chrétien. Après avoir étc
chrétienne, il lui fit ferment de fidélité. Ras. de
Pasquier. L. B.
CHRÉTIENNEMENT, adv. D'une manière chré-
tienne, l/t Chrijiianiiin decet. Il faut pardonner
les injures , quand on veut vivre chrétiennement.
C'ejlen vain qu^un Docleur , qui prkhe l'Evangile ,
iVfe'/e chrétiennement l'agréahle à l'utile ,
S'il ne joint un beau gejle à Hart de bien parler,
ViLL.
CHRÉTIENTÉ, f. £ Pronoftdez en comme dans
mien. Tout le pays habité par les Chrétiens. Chri-
fiianus orbis. ^fF On entend par ce mot la col-
ledion générale de tous les Chrétiens répandus
fur la furface de la terre , fans avoir égard aux
différentes opinions qui peuvent divifer ce corps
en fedes particulières. Hors de l'Eglife Romaine
il y a des focictés qui portent le nom de chré-
tienté. Les Turcs ont toujours tâché de troubler
le repDS de la chrétienté , ont envahi plufieurs
terres de la chrétienté. Ce font les feuls par qui
nous gouvernons la chrétienté. Pasc. Le Vendredi
toutes les Mofquées font fréquentées comme en
la chrétienté les Eglifes aux grandes fêtes. Du
Loir, pi 1 39.
Il y a au pay" du Maine , & ailleurs , un Doyenné
qu'on appelle /?oye727ze de Chrétienté, comme on
voit dans le Pouillé des Bénéfices. C'eft ainft qu'on
a appelé autrefois la Cour de l'Eglife , Cour de Chré-
tienté-, tant en parlant de la Juridiélion que de l'Au-
ditoire. On a dit aufli qu'un enfant avoit C//;.;-
//e/z/é, quand il avoit le Baptême.
On dit proverbialement, Dieubénifîe Chrétienté ,
quand ofi fait comparaifon d'un animal à un homme.
On dit auHi , en ftyle populaire , de celui qui n'a
- que de mauvaifes femelles à fes fouliers , à fes chauf
fes , ou qui marche nus pies, qu'il marche fur la
chrétienté ; pour dire , fur le pavé , ou fur la chair
"* de Tes pies.
CHRIE. f. £ Terme de Rhétorique. C'eft une nar-
ration courte & concile, mais. cependant forte,
vive &c oratoire. Chria. Ce Profeflcur a donné une
ckrié à faire à les écoliers. Les ordres qu'il donna
à fes gens , &: les difcours qu'il tenoit dans fon Do-
meftiqu^i étoient des Enthymêmes , des chries &
des Apoftrophes.HuET. Ce mot eft grec, &; vient
de xf^'"''
CHRISMAL, f. m. Chrifm aie. Y SiiffeM dans lcqu-1 les
anciens Moines, portoient fur eux de l'huiie bé-
nite , pour en oindre les malades , quand ils for-
toient. lien efl parlé dans la Régie de S. Colomban.
Ckrifmal f.gniiîoit aulli quelquefois un Reliquaire.
- Felury.
CHRISMATION. f. £ Action d'impofer le chrême.
. Cérémonie de l'Eglife par laquelle un Minière des
i
C H R f^j.
Autels impofe le faint Chrême, Chrifmatio , Chrif-
matis impoJàio.La chrifrnation , félon le plus giartd
nombre des Théologiens , eft la matière prochaine
du Sacrement de Confirmation. Kaye^ le Concile
de Laodicée vers l'an ^6.^ , Can 7 & 43, Le fécond
de Séville, tan.-j , celui de Florence, in Decteti
ad Arnicm. celui de Trente, Seff. VU, can. 2,
Innoc, I, ep. i, c. ^. &c. La chrifrnation qui fé
fait au Baptême fe fiit par le Prêtre , celle de la
Confirmation fe fait par l'Evcque. Ce mot ne fe die
que de ces deux Sacremens -, pour celui de l'Ordre,
uous difons Onction.
Ce mot vient de Chrifmatio ^ c[vnviQ\MA£ x^ic-nit
chrérnc.
^fT CHRIST. Ce mot , fuivant fa propre fignifîeation^
veut dire oint, qui a reçu quelqus ondtion. Il s'ap-
plique par excellence au Sauveur du monde, & c'eft
un nom qui lui eft devenu propre. On le faic
prefque toujours précéder du nom de Jefus. Nous
avons été rachetés par le fahg de /. C. Alors 1'^
du mot Jefus &; l'/idu mot CAr/yZ ne fe font poinc
fentir , & l'on prononce Jefus^Chrifl. Il n'en eft pas
de même quand le mot Chrifl eft feul.
\fT On dit , en parlant de tableaux , un Chri[î ; pouC
dire, ilne figure de J. C. attaché à la croix , Cru-
cifîx. Chrifii effigies , imago. Voilà un beau ChrijL
Quelquefois on diftingue entre Crucifix & Chrijh
Le Crucifix eft le rotai , coinpofé de l'image de la.
croix & de celle du Sauveur ; le Chriji eft l'image
feule du Sauveur , détachée ou indépendante da
I a Croix. Le Chri(l de cette Croix eft d'une grande
beauté.
Quelquefois on fe fert du mot ChriflÇswl par ati,*
tonomafe -, pour dire ,celui qui eft envoyé de Dieu ,
qui eHoini , comms Jefus-Chrijé , David, un Roi»
un Pontife, un Prophète , &c. Alors les paroles du
difcours doivent déterminer ce mot, & lui faire
lignifier ce que celui qui parle veut faire entendre.
^La Congrégation du Corps de C,^;'//^. Nom d'uil
Ordre Religieux fondé en 1528, par D. André
Paolo d'Aifife, Clerc régulier , avec la permilTion
d'Alexandre Vincioli de péroufe , Evêque deNo-
céra en Ombrie , qui lui accorda une petite Eglife
proche Ginldo , dans an lieu appelé la Bonne Mère,
II donna à cette Çglile le nom de Corps de Jefus^
Chrifl , ?s. lui fit bâtir un Monaftère qui devint chef
d\ine Congrégation de Religieux qui faifoient ^xo-
felfion de la règle de S. Benoît , &C avoienr des conf-
titutiorts particulières , qui leur fureur données paC
le Fondateur, & approuvées par cer Evêque de No-
cera. Il les obligea à porter le Saint Sacrement dans
les procelfions folemnelles, & à célébrer' la fête du
Corps de Jefus-Chriflzvec beaucoup de piété Srde
pompe , pour exciter les Fidèles au culte de cet
adorable Sacrement, Urbain IV , & Martin V ,
donnèrent beaucoup d'indulgences à la même fin.
Grégoire XI approuva cet Ordre te s" Juillet 1577.
Boniface IX le contirma en 1395 , & lui accorda
les privilèges & les indulgences de l'Ordre de Cî-
tcaux. LeP. Hélyot, T. FI, c. zj.
Il y a eu auffi des Religieufes du Corps de Chrifl.
Ellcscommenccrent l'an 13-79 à Foligny. Boniface
IX leur accorda beaucoup d'inn;ulgences & les con-
firma les années 1398 , I599 & 1410. En 1404 ,
elles embraflèrent lûs. obfervances de l'Ordre du
Corps de Chrifl, ce qui fut confirraé par l'Evêque
de Foligny , &: approuvé par Boniface IX. L'an
i4(îi le^Génèral de l'Ordre de (T/zr// ayant renoncé:
à fa juridiction far ce Monaftère , Pie II le fou-
rnir à l'Evêque de Folia:ny. P. Hélyot, ibid.
L'Ordre de Chrifl eft un Ordre militaire fotldé
l'an 1 3 18 par Denis I , Roi de Portugnl, pour mi-
mer fa Noblefl"' contre les Maar:'s. Ordoniilica-
ris à Chrijlo -dicius. Le Pape Jea-' XXII h confirma
en i;zo, 5i donna aux Chevalirrs la rèn-le de S,
Benoît. Alexandre VI leur permit de fe marier. li
a été depuis mféparablement réuni à In Couronné ,
& les Rois de Portucal ont pris le titre d'admi-
niftrateurs perpétuels de cet Ordre. Les Chevaliers
E b b b ij
T^4
CHR
de l'Ordre de Ckriji font vêtus de blanc -, ils por-
tent fur la poittine une croix pattiarchale de gueu-
les chargée d'une autre croix d'argent : ce font les
armes de l'Ordre, Ces Chevaliers , qui faifoient
autrefois leur rcfidence à Caftro-Marin , la transfé-
rèrent dans la ville de Thomar , comme étant plus
voiline des Maures d'Andaloulie & de l'eftraraa-
doure. Le QuiEN delà Neuv, Hijioire de Port.
Christ. Ordre militaire en Livonie. Chrijli Sacer
Ordo in Livonia. L'Ordre militaire des Frères de
Chrifi fut inftituc en 1 105 par Albert Evêque de
Riga: ils portoient fur leur manteau une épée,&
une croix par deflus , ce qui les fît auflî nommer
les frères de l'épée, La fin de leur inftitut fut de
défendre les nouveaux Chrétiens , qui fe conver-
tilîbient tous les jours en Livonie, & que les Payens
•perfccutoient -, comme il paroît par une lettre d'In-
Bocent III , qui ordonne une Croifade contre eux.
Voye^ l'écablifîcment de cet Ordre dans Longin.
Hi'll de Polon. L. Vin.
Il y a au/Ti un Ordre militaire de Chrijl ou de J.
C. en Italie , inftituc par Jean XXII à peu près
dans le même temps que celui de Portugal com-
mença. Ces Chevaliers ne font point preuve de
nobleile ; ils ont cependant été agrégés à ceux de
Portugal , mais fans pouvoir précendre à leurs
Commanderies, Ils ont les mêmes ftatuts , 6c font
feulement appelés Chevaliers à brevet. P.Hélyot.
Uid.
Outre les Chevaliers , il y a des Religieux de
rOrdre de Chrifi établis fous le règne de Jean III ,
Roi de Portugal. Antoine de Lilbonne, Religieux
de l'Ordre de S.Jérôme, ayant été nommé Com-
miflaire Apoftolique , pour faire la vifite du Cou-
vent de Thomar , première Maifon de l'Ordre des
Chevaliers de Ckriji, établit la réforme dans ce Cou-
vent. Il dépofa Didaque de Régo, qui en étoit
Prieur , & obligea tous les Clercs de cet Ordre à
vivr? en commun, &à porter un habit Monachal
avec la croix de l'Ordre de Chriji fur la poitrine.
II fît bâtir des lieux réguliers , 5c reçut des novices,
auxquels, après l'année de probation , il fit faire
les vœux de pauvreté, de chafteté & d'obéiffance.
Il drefla des ftatuts , & cette réforme , à la prière
du Roi , fut approuvée par le Pape Jules III qui
permit au réformateur de quitter l'Ordre de Saint
■ 3«érôme , & de paffer à celui de Cliriji. Il l'érablit en
même temps Prieur du Couvent deihomar.Cctte ré
forme s'établit en plufîeurs droits , &: le réformateur
obtint de Pie V la confirmation de tous fes Couvens
par une Bulle de l'an 1 5 fîy. Comme , en vertu de
cette Bulle, ces Religieux prétendirent être indé-
peiidans des Chevaliers , le Roi Sébaftien voulut
les détruire. 5c s'adrcfla pour cela à Grégoire XIII
l'an l'^-jC. Le Pape ne les détruifit poinr, mais il les
fournit au Roi , comme Grand-Maître de l'Ordre.
P.HÉLYOT, T. ri, c. 8.
|:T CHRISTBOURG. Ville de Pologne , dans la
PrufTe Polonnoife , à trois lieues de Pologne de Ma-
rienbour^.
fp- CHRIST-CHURCH. Ville d'Angleterre en
Haurshire , à dix-huit milles de Southampan.
CHRISTE-MARINE. f. f. Salicot , bacile , ou fe-
nouil matin. Voye^ ces mots. Nom d'une herbe qui
croît fur la grève ou fur les bords de la mer. Ne
faut-il point écrire Crilh , plutôt que Ckrijle ? Quoi
qu'il enfoitjil croît beaucoup de ckrijie marine
autour du Mont S. Michel. On l'apprête en falade.
1^ On donne vulgairement le nom de parte pierre
ou perce pierre à une de ces cfpèces. On mange
cette dernière confite au vinaigre. Toutes font apé-
ritives 5c di/ïîpent les obftrudlions. Acad. Fr.
CHRISTIAN ou CHRISTIEN. Nom d'homme,
Chrifiianus.C'eOi la même chofe que Chrétien. Chrif-
tian ou Chrétien Druthmar , furnommé le Gram-
mairien, Auteur d'un Commentaire fur S.Matchieu,
8c d'un abrégé fur S. Luc & liir S. Jean , étoit un
Moine de Corbie- fur-Somme dans le IX' fiècle.
Chrijiian ou Chrijtien de Tïoyes , sft un Pocte fraiv
CHR
cois qui vivoît vers le commencement du XIIP fiè-
cle. Chrijiian Urft , Profelfeur de Mathématiques à
Bâlc. Lhnjiian de Brunfwich & d'Elifabeth de Dan-
nemarck , fut Adminiftrateur d'Halberftad. En Dan-
nemarck on dit Chriftiern pour Chriliien.
CHRISTIANISER. V. a. Rendre Chrétien. Chrifiicu-
nuin ejficere ; ex Chrijti lege confiuuere. Ce ne font
point deux choies qu'on foit en pouvoir de fc-
parer , le Chrétien d'avec le Négotiant , le Chré-
tien d'avec l'Ouvrier &: l'Artifan , fe Chrétien même
d'avec l'Officier de guerre, le Chrétien d'avec le
Prince Se le Monarque -, parce que tout cela & tout
autre état , fi j'ofe m'exprimer de la forte , doit
èttschrijiidnife dans nos perfbnnes. BovKDAt.Exh.
II, Z', 41 1. C'eft là un de ces mots nouvellement
inventes, novata yeri^a , qui ont de la grâce & de
l'énergie , quand on les place bien , mais qu'il faut
fe permettre fobrement. Il me fcmble que la charité
épure, raffine & pcrfeiftionne la juftice-.elle la rend
plus complette, ôcen même temps chrijiianife ,i\
j'ofe faire un terme , des adions bonnes par elles-
mêmes , mais qui n'®nc fouvent d'autre principe que
l'humanité. Traité du vrai mérite par M, De Cla-
viLLE, Cet Auteur n'eft pas le premier qui ait em«
ployé ce mot. On le trouve dans le Journal des
Savans de_ lyitî. M. Dacier, y eft-il dit , n'oublie
pas de fe Juftifier llir le reproche que quelques Au-
teurs lui ont fait d'avoir Chnjiiamje les Payens. Il
fignifie dans ce paiTage , attribuer des fentimens
Chrétiens. M. Dacier répond à ce reproche dans la
Préface de fon fécond tome du manuel d'Epiélete.
Cotgrave avoir déjà mis ckrifiianijer dans fon Dic-
tionnaire imprimé à Londres en i<î75.0ny trouve
aufll chrétienne , ée. Se chretienner. Ce dernier eft
dans Nicot , qui a dit Chrijiicnner un enfant , le
baptifer. Monet a placé le même mot dans fon
Dictionnaire , où l'on voit fe Chretienner , fe faire
Chrétien. Mais chretiennsr eft aboli entièrement ,
&: chrijïianifer (c mec en vos^ue.
CHRISTIANISME, f. m. Les deux j de ce mot fe pro-
noncent. La dodrine de J, C. , établie par J. C. &
publiée dans tout le monde par les Apôtres. Chrif-'
tiana Religio. Les Apôtres &; les Marryrs ont prê-
ché, ont établi le Chri(iianifme. On a porté le Ckrif-
tianijme dans les Indes orientales & occidentales.
Ceux qui ne tenoient au Chrifiianifmc que par la
terreur , allèrent tumulcuairement invertir le Palais.
Fl. Le Grand Conftantin étoit alors dans la cha-
leur de fon nouveau Chrifiianifme. Herman. Ce
n'eft pas là l'cfprir du ChriltianiJme.PoKX-R.
CHRISTIANOCATEGORE.f m.&f.Nom de Sedle.
Chrijlianocategorus. Certains hérétiques qui ado-
roient les images delà fainte Vierge & des Saints:
ils font ainli appelés par S. Jean Damafcène.
Ce mot eft grec x^nm-lc, , Chrétien , r.ar.ji'i^/* ,
faccufe. Accufateursde Chrétiens. J'aimerois mieux
ufer de cette phrafe que de dire Chrifiianocatégores.
$3- CHRISTIANOPEL.( Prononcez Chriftianople)
Ville de Suéde dans la Blekingue , fur la mer Balti-
que , Capitale de la Province de Bleking, bâtie par
Chriftian IV , Roi de Dannemarck.
|K? CHRISTIAN-LAND, Petite ville de Norwec'e ,
au Gouvernement d'Aggerrhus. "
^ CHRISTIANSTADT, Petite ville de Suède dans
la Blekingie, aux frontières de la Schoone.
CHRISTIERN, f. m. Nom d'homme , qu'ont porté
cinq Rois de Dannemarck , & quelques Princes
de leur fang. ChrijUernus , Chrtpanus. C'eft le
nom Chriftian ou Chriftien , avec une termin^ifon
Danoife , & il ne faut s'en férvir que quand on parle
des Danois. Chrijliern I regnoit en Dannemarck «
en Suède & en Norvège, dans le quinzième fiéclc.
CHRISTINE, f.f Nom de femme. ChrilHana.Chrif-
tine , Reine de Suède , fille du Grand Guftave AdoL
phe , céda en 1(55:4 , fon Royaume à Charles Guf-
tave fon coufin germain. Elle étoit favante , & ai-
moic les Sciences & les Savans ; ce fut elle qui fit
venir en Suède M. Defcartss. Chrijiine de France ,
CHR
I
&c. Chrifline de France , fille d'Henri IV , époufa
Viclor Ame, Duc de Savoie.
Christine, 1". t Monnoic de Suède, d'argent de très-
bas alloi , qui Vàut environ quinze fous de France.
CHRISTODIN , INE. f, m. &: £ Au commence-
ment du Calvinifme on donna ce nom aux Hu-
guenots , ou Calviniftes en France, parce qu'ils ne
parioient que de Chrift , que dans leurs tradudions
du Nouveau Teftament, &dans les autres livres ,
on trouvoit fans celFe ce mot Chrift. Chrijlodinus , a.
CHRISTOLYTE. r. m. & £ Nom de Sede. Chryfioly-
tus , a. C'étoient des hérétiques dont parle S.Jean
Damafccnc, ainfi appelés parce qu'ils détruifoient
Jcilis-Chrift j aiîurant qu'il étoit defcendu aux En-
fers en corps & en ame , 6c qu'ayant laiHelàl'un
ic l'autre , il étoit monté aU Ciel avec la (éule di-
vinité , ou plutôt , fa l'eule divinité y étoit montée.
Ce mot eft grec,compo{é de X^<5«5 , Ckri(t, &c
Af« 5 Je réfous , &: lignifie des gens qui dilTolvent ,
qui détruilent Jefus-Chrift,
CHRISTOMÀQUES. f. m. pi. Ce mot lignifie enne-
mis de J. C. On a ainfi appelé les hérétiques qui
nioient , ou la Divinité du Sauveur des hommes ,
ou la Perfonalité , ou fa Confubftantialité avec le
Pcrc & le Saint Efprit. Xf (5-oAt«>r<".
CHRISTOPHE ou CHRISTOPHLÈ.£ m. Nom pro-
pre d'homme. Chrijtophorus. S. Chrijiopkle eft ho-
noré dans l'orient & dans l'occident depuis plufieurs
licclcs , quoiqu'on ne fâche rien de fa vie & de fon
martyre. Quelques-uns de nos Ecrivains François
écrivent ChrijtophU y comme Baillet, Tillemont ,
&c. M. de Cordemoy écrit Ckrifioplie ; & dans l'u-
fage ordinaire on prononce Chrijlophe plutôt que
Chrijhphle , quoi qu'en dife M. Baillet.
Ce mot s'eft formé du latin , ou plutôt du grec
' Chrijtophorus , Chrijiophore , Chrifîophre y Chrijlo-
phle , Chrijiophe. x^ij-ofôg^c. eft compofé de Xj (s-«,
Chriji , 6c çéa , je porte , & fignifie Porte-Chrift,
C'ert fur la fignification de fon nom qu'on le peint
portant Jefus-Chrift fur fes épaules.
|Cr dans les ficelés d'ignorance on croyoit qu'on ne
pouvoir mourir de mort fubite ni d'aucun accident ,
quand on avoit vu S. Chrijiophe , fuivant ce vers.
Chrijiophorum videas ; pofieà tutus eas>
C'eft apparemment pour cela qu'on le repiéfen-
toit d'une taille gigantefque aux porches des Cathé-
drales , ou à l'entrée des Eglifes , afin que chacun
piit le voir plus facilement.
L'île de S, Chrijiophe eft urte des Iles de l'Améri-
que , que l'on nomme Antilles. Elle eft au couchant
de la Barbade. Chriftophe Colomb la découvrit en
fon premier voyage de l'Amérique , & la voyant
fi agréable , voulut qu'elle portât fon nom \ à quoi
il fut aulfi convié par la figure d'une des montagnes
qui font dans cette Ile , laquelle porte fur fa croupe,
comme fur l'une de fes épaules , uUe autre plus
petite montagne -, de même que l'on peint S. Chrif-
tophe comme un géant » qui porte Notre-Seigneur
fur les (icnnes en forme d'un petit enfant. L'île eft
Ifur la hauteur de dix-fept degrés & 25 minutes.
iLoNV. DE PoiNCY , Hiji. Tiat. des Antilles , L.l -,
le. 4, où il la décrit. L'île a environ 15; lieues détour,
rElle efthériflce de montagnes au milieu. Elle ne
[lailTe pas de produire quantité de tabac , de fucre ,
rde gingembre &; d'indigo. Elle eft divifée en quatre
rcantons , dont il y en a deux qui font tenus par les
I François , & les deux autres par les Anglois.
L'île de S. Chrijiophe eft à un tiers de lieue du
bourg de ce nom , vers la montagne des Singes,
Latitude 17'' 19' il". Des Hayes j Acad. des Se.
1701 Hi^. pag, iiK
La pofledlon de cette Ile a été cédée entière-
ment aux Anglois, pat le traité d'Utrecht en.j75 5.
Il y a une autre île de S. Chrif ophe d^nsla.mcz
Pacifique, près de la terre de Quir.
CHROCTILDE. f. £ Nom de femme , qui fe trouve
pour CLOTILDE. f'^'oye^ ce mot.
CHR yo'f
CHR®DEGAND. f. m. & nom d'homme. On diÉ
auUi Godegranc. Chrodogangus S. Chrodegand, iifa
d'une des premières nobleifjs du Royaume d'AuP
trafic , vivoit au Viir iiècle. il fut fait Evcque de
Metz en 742,
Les Chanoines de S. Chrodegand font les Cha*
ncines de S. Etienne de Metz , que ce faint ré-
duifit à la vie commune j & auxquels il donna une
règle j que plufieurs autres Eglifes reçurent dans
la lliite. La règle de S. Chrodegand coxiisnoix. ttenta
diapitrcs , tirés des laints canons , des ouvrages des
Pères , te principalement de la règle de S. Benoît*
Ils ne taifoient aucun vœu : mais ils abandonnoicnt
leurs biens à l'Eglife de Saint Paul de Metz , en s'en
rélcrvant l'ufufruit, aulîi-bien que les aumônes qu'on
leur donnoit pour les meHes , la confeilion , 6*^»
Ils demeuroient toùsdans un même cloître fermé,
d'où il leur étoit permis de fortit le jour. C'eft:
de-là que nos anciennes Cathédrales , & même
quelques Collégiales ont eritore des cloîtres , le
cloître de Notre-Dame , le cloître de S. Honoré à
Paris, «S-c. Non-feulement la prière & le chant ,
mais le vêtement &: le vivte étoit prefcrit , & ils
mangcoient en commun dans un même réfeiftoire,
Foyei les Bolland. au 6^ de Mars , & le P. Tho-
maflin , Difcip, Eccl. T. Il, Par. III , L. I, C. 16,
P. If^,C. i4.
CHRODOR. £ m. Terme de Mythologie. Dieu deS
anciens Germains , qu'on croit être Saturne. Ori
le repréfentoit fous la forme d'un vieillard qui a
la tête nue , qui appuie fes pies fur un grand poil-
fon. Il eft couvert d'une robe qui ne laiffe voir que
les pics -, & eft ceint d'une écharpe , tenant de la
main gauche une roue , & de la dtoite un paniec
plein de Heuts &: de fruits,
IfT CHROMATIQUE, adj. de t. g. Terme de Mu-r
fique. Genre de Mufique qui procède par plufieurs
demi-tons de mite , majeurs & mineurs alternative-
ment. Mufique dans le genre chromatique. Il eft
auffi fubftantif. Il y a du chromatique dans cette
mufique. Chroma. Il a été appelé de ce nom , à caufe
que les Grecs le marquoienr avec des caractères de
couleurs , qu'ils appeloient. %ç*^.à Le P. Parran dit
que chromatique veut dire la même chofe que varié
& coloré , parce que le genre chromatique varie
& embellit le genre diatonique par fes demi-
tons , qui font dans la mufique le même effet que
la variété des couleurs dans un tableau. Les gen-
res chromatiques & enharmoniques ne contien-»
lient que les moindres degrés diatoniques; de forte
qu'ils ont la même raifon ou proportion avec le
diatonique , que les nombres entiers avec les nom-
bres rompus. Le B mol appartient au genre chro"
viatique. Boëce , & après lui Zarlin ,. ont dit que le
genre chromatique fut inventé pat Timothée Mi-
léfien, du temps d'Alexandre le Grand. Les Spar-"
tiates le bannirent de leur ville , à caufe que cette
mufique étoit trop molle , & qu'ils n'avoient ac-
'coutume d'ufer que du genre diatonique. Le chro'
manque eft dans la mufique entre le diatonique &:
l'enharmonique, ce qu'eft daris la Peintute la cou-
leur entre le blanc & le noir. Plufieurs aflurcnÉ
qu'on n'a jamais oui le pur chromatique -, toutefois
Ariftide afiiire qu'il l'a chanté. P. Parran.
Dans la mélodie le chromatique confifte en unô
fuite de chant qui procède par femi-tons , tant en
mentant qu'en dcfccndant : ce qui produit un effet
merveilleux dans l'harmonie , parce que la plupart
de ces femi-tons , qui ne font pas dans l'ordre dia-
tonique , caufent à tout moment des difforiances qui
fufpendent ou qui interrompent les conclufions , &:
donnent même de la facilité à remplir les accords
de tous les fons qui les compofmt , fans déranger
l'ordre diatonique des parties fupérieures. Le chro-
matique n'eft en ufare que dans les tons mineurs. Il
eft plus difficile à comprendre , lorfque les parties
defcendenr , qUe lotfqu'ellcs montent. Ram. Le
chromatique ne confifte que dlns i:t fixième & ire
fepîième noce du ton, ^ue l'en fait procédei y»f
k66
CHR
femitons , tant en montant qu'en defcendant , loit
dans la bafle , ibit dans les accords. Id. Faire de la
chromatique aujourd'hui, cft faire un chant qui va
en montant , ou en delcendant toujours de demi-
ton en demi-ton ; & quand les Iraliens y font une
fois , Dieu fait combien ils en enfilent. On diroit
qu'ils ne lauroient plus mettre de tons pleins. En-
mtienfurla /«z//^«f. Entendre une pièce a chro-
matique. Id. Imai;inez-vous quel amulement niible,
que de parcourir quatre ou cinq oc1:aves de demi-
ton en demi-ton. Les Italiens n'ont pas invente la
chromatique. Bocce & Zarlin racontent qu'elle fut
trouvée par Timothce de Milet , du temps d'Alexan-
dre le Grand , is. de-là nous font venus nos b mol ,
& nos dicfis , ii aimables , quand on les place à
propos. Le /^ mol particulièrement appartient au
chromatique , qui rend une muiique tort molle ,
comme eft toute celle où rcfide le b mol. A caule
de quoi les Laccdémoniens avoient défendu chez
eux le genre chromatique, & apparemment Ti-
mothce ne fefervit pas de ce genre-la , lorfqu'il fit
courir Alexandre aux armes. Id. Dans les Précieulcs
ridicules , Madelon dit qu'il y a de la chromatiqiu
d ins l'air du Marquis de Mafcarille. Le Chevalier
à la mode fe plaint que Madame Patin ne l'aime
plus , parce qu'elle cft inlenlible au chromatique ,
dont l'air qu'il a fait pour elle eft tout rempli. Scu
dcri , dans cette Préface originale d'Arminiiis , qui
ell: un chef-d'œuvre de fanfaronades poétiques ,
dit qu'il cft des inventions p^articulières, comme de
la chromatique, de laquelle il ne faut guère ufer,
li l'on veut qu'elle femble bonne. Id. On voit par
ces exemples que chromatique fe dit adjccîïivement
& fubftantivement , & quand il fe dit fubftantive-
ment , il eft ou mafculin ou féminin , félon que
l'on foufentend gerire ou mufique.
Chr-omatique. f. f. Terme de Peinture , c'eft le colo-
ris , qui eft la troifième partie de la Peinture.
Chroma.
CHRONIES. f. f. pi.' Fêtes célébrées à Athènes en
l'honneur de Saturne. C'étoient les mêmes que les
Saturnales des Romains. Chronia.
|Cr CHRONIQUE f. f. Ce mot tiré du grec défigne
une Hiftoirc dreffée fuivant l'ordre des temps; une
Hiftoirc fuccintle où les faits qui fe font paffcs
pendant un certain cfpace de temps , plus ou
moins confidérable, font rangés félon l'ordre de
leurs dates. Chrouica , arum ; chronici lihri. On
ne le dit sucre que des vieilles Hiftoircs. Chronique
de Saint Denis. Chronique de Charlemagne. On
trouve ce fait , cette anecdote dans une ancienne
Chronique.
Je veux que la vertu de vos ayeux antiques
Aitfervi de matière aux plus y/er//i;j Chroniques.
BoiL.
CHRONIQUES, f. f. pi. C'eft le nom qu'on donne
à deux livres de l'ancien Teftament , qui fervent
comme de fupplément aux quatre livres des Rois.
On appelle autrement ces deux livres de chroni-
ques , les Paralypom'enes ; mais lorique les Thco-
Jogiens les citent , c'eft ordinairement fous le titre
i.\e chroniques. ItT Cette manière de citer les Pa-
ralypomines eft plus ordinaire aux Calviniftes qu'à
nos Théologiens. ^oyc^PARALYPOMENEs.
fCF On appelle Chronique fcandaleufe , Chronica
/n.zledica, certains mémoires de la vie de Louis XI ,
compofés par un Oîïcicr de la Ville de Paris.
On appelle figurcment Chronique fcandaleufe ,
les mcdil'ances èc les mauvais bruits qui courent
dans le monde. Maledicla. Cet homme paflc pour
un grand dévot, mais la Chronique fcandaleufe
conte beaucoup de fes hiftoires de galanterie. C'eft
à ceux que la C/zro/z/^wt; fcandaleufe attaquera , d'y
prendre garde. Mascurat , />. iz. On dit audî
Chronique Cmplemcnt , pour dite , un conte , une
fable , un bruit qui court.
C HR
Or le mari par certaine ouverture
Guettait fa femme , obfervottfon allure.
Rioit fous cape, & comptoit par fes doigts.
Qu'elle n'iroit jamais au bout du mois.
Il comptoit bien, remarque la Chronique.
P. DO Cerc.
Chronique, adj. Terme de Médecine. Long, qui
dure long temps. Lon^us , diuti.rnus.
Les Médecins divifent les maladies en deux
efpèces. Ils appellent les unes maladies aiguës , &
les autres maladies chroniques. Les maladies aiguës
font celles qui durent peu, qui emportent bien-
tôt le malade, ou fe guérilfent bientôt, comme
la fièvre continue , la petite vérole , la pleuréfie, la
fluxion fur la poitrine , St. Les maladies c/zrowi^Ke^
font celles qui durent long temps , dont le terme
s'étend à plufieurs mois & quelquefois à pluficurs
années, comme le rhumatilme , la paralyfie, la
ïîoutte , les hémorroïdes , les fiftules.
CHRONIQUER. v. n. Mot vieux 6c burlefque-, pour
dire , Faire quelque Chronique. Chronica fcriéere.
Ils vouloient chroniquer fes faits. Saras.
Loin de s'humilier en amant hypocrite )
S'amiifoit à lui chroniquer
Tous fes rares talens par ordre méthodique.
Fus EL.
Chroniquer. v. a. Se dit auffi , en ftyle butlefque ,
pour reprendre , critiquer.
Cà chroniquons : mais par qui commencer ?
A cil .juijut tant d'Odes rapiécer.
CHRONIQUEUR, f. m. Qui a écrit des Chroniques,
Chroniqueur Turpin. Ce mot eft vieux & ironiqaei
& alors il le dit d'un homme qui rait de vieux
contts , & qui raconte d. vieilles hiftoircs.
CHRONOGRAMME, f. m. Voy eiCBKOHOGKk'
PHE.
CHRONOGRAPHE ou CHRONOGRAMME , f. ni.
Alfemblage de plufcurs niots qui font un fens,
&: qui font choilis de manière que les lettres numé-
rales qui s'y rencontrent, marquent l'année, ouïe
milleiime de quelque événement. Chronographum,
chronogr anima. Un exemple fera comprendre la,
d'^finition de ce qu'on vient d'apporter •._/i/^Z,f^iVf
efl DljjlCI- Les habere nVaas. Voilà un chrono-
graphe. Toutes les lettres numérales qui ibnt dans
ce vers Fhaleuque l'ont ci lies qui Ibnt ici imptimées
en grands caraélèrcs. VLVMDIICILV. Ranger
CCS lettres Iclon l'ordre du nombre, qu'elles ligni-
fient, MDCLLVVVIIL M fgnifie mille , D ii-
gnine cinq cens , C fîgnifie cent, L fignific cinquante
&; par coniequenr deux LL fignifient cent, V lignifie
cinq , 6c trois VVV quinze, I fgnifie un , trois III
trois ; ainli le chronogramme itVLtVM cfDï^lCl-
Les habere nFgas , lignifie MDCCXVIII. Mil fept
cens dix-huit. Ces miférables jeux d'efpritétoient
devenus fort à la mode depuis deux ou trois cens
ans. On crt a connu le ridicule en France ; mais la
mode en fubfifte encore en Allemagne & ailleurs ,
où l'on f-àit des chronogr.iphes , à une nailfance, à
un mariage, à l'inauguration d'un Prince, à une
prife de bonnet de Dodeur , &c. comme on fait
des Sonnets en Italie. Le fieurDes Accords qui a
fait des recherches fur les chronogr aphes , dit qu'on
les a employés en deux manières. La première con-
fiftoit à fe fervir fimplement de lettres numérales
pour marquer l'année d'un événement , après-
quoi chacun donnoit à ces lettres numcrales
la lignification qu'il jugeoit à propos. Ainfi le Pape
Léon X , ayant fait pofer ces lettres numérales
MCCCCLX fur une table d'attente , pour marquer
l'année de fon Pontificat, elles furent interprétées
de la forte : Multi Cardinales Cœci Crearunt Ciccum
Leonem Decimum. La féconde efpcce eft celle qui
conlîrteen une fcntence, dont les lettres numc-
rahs marquent une année. Des Accords ne les fai-
C H R
foit remonter qu'aux derniers Ducs de Bourgogne ;
nviis dans rEglife de Saine Pierre à Aire ori lit i'ar
une virre ce chronogramme: f>]s J'cpteM pnzhendas ,
jf'baLdVlm , dedijii ; qui marque l'année 1061.
MLVVII , ou MLXII. Le D n'ctoit point encore
lettre numérale. Elle ne l'ctoit pas même en \(>C')^
au temps de la bataille de Montlhcri, comme il
paroît par ce chronographe françois qui marque
cette année là: à CheVal, à CheVal , gônlUarme;. ,
à CheVaL , ni même en 1485 comme une aune
chronographe f'rançois le montre. Il y a des chro-
nographes moraux , des clironographes icntentiaux ,
il y en a de purs chronologiques.
Ce mot vient de xf""'^ , temps , & de y/iV* , j'é-
cris. La première fois que l'on trouve ce mot em-
ployé en ce fcns , eft au chronograghe qui fut fait
pour rélecStion d'Etienne , Roi de Pologne , en
i57<î. Avant ce temps-là, &: même après, on les
appeloit Fers nvmiraux ou numéraires.
Il y a une Dilfertation Analytique fur les chro-
Tiographis , imprimée à Bruxelles en 171 8, On
écrit ces lettres numérales en caradtère plus gros
deux ou trois fois que le leile du contexte . afin de
les dillinguer plus facilement. Ces lettres font ks
M , les C , les L, les X , les V , & les L On dk
des Vers chronographes , une Infcription chrono-
graphe ^ une Epitaphe chronographe. Celle-ci cil
celle où toutes les lettres que je viens de citer , qui
cnttent dans fa compofition , étant additionnées ,
marquent l'anncj de la mort de celui pour qui on
l'a faite , & ainli des autres pièces. Ce mot dans
tous ks exemples ci-delfus eft adjeélifi mais il eft
fubftantif lorfqu'on dit abfoluraent un chrono-
graphe. L^s chronographes ne font pas toujours en
vers, ils font quelquefois en proie, &c ce font les
meilleurs -, car on eft trop gêné dans le choix des
mots qui n'aient que les lettres numérales nccef-
faires , pour qu'on en pullfe aifément faire de
bons en vers.
Chronographe. f. m. Auteur qui a écrit fut la Chro-
nologie. Chronographus ., a. Eratofthenes , Julien
l'Africain , Eusèbe, Syncelle, font d'anciens C/^ro-
/20<rr^/'''i^-f- Scaliger , le P. Pétau, Jéfuite, font de
favans Chronographes.
CHPvONOGRAPHIE. f. f. Ceft la même chofe que
Chronologie. En grec xf'"'^ lignifie temps , &
yB»(pa , j'écris. Ceft de-là que vieiuient chronogra-
phe & chronographie.
C H R
7t<7
CHRONOLOGIE, f. f. Do&ine des temps, fcience
des époques -, & entr'autres des fupputations qui
regardent le Comput Eccléfiaftique. Chronologia ,
Defcriptio temporum , Rationarium teniporum. La
Chronologie a foin de marquer les jours & les années,
où les pltis grands événemens font arrivés. Africain
compofa au commencement du 111« fiècle un grand.
ouvrage de Chronologie , pour fervir à la contro-
verfe contre les Payens : il la conduifoit depuis le
commencement du monde jufqu'au Confulat de
Gratus & de Séleucus fous Macrin , l'an de Jéfus-
K Chrift izi. Nous n'en avons que ce qu'Eusèbe &
Syncelle nous en ont confervé dans leurs ouvrages.
Scaliger, le Père Pétau, la Peyrere , Gauthier ,
ScthusCalvifius ,Uflérius, le P. Hardouin Jéfuite,
1« deux Ca pelles, le Chev. Marsham , le P.
Gourdor Jéfuite , Ubbo Emmius , le P. Labbe Jéf.
11. P. RicJi^M, Jéf. &c. ont écrit de la Chronolos,ie.
La Chronologie du P. Pétau eft -la plus fùre'&la
plus nette que j'aie encore vue. Vign. de Marv^
La chronolo\^^ie eft la fixation des événemens
arrivés dans, le monde , à des époques ou dates
CMtaines. Elle comprend deux chofcs: 10 H faut |
avoir un enchaînement 5: une fuite d'cvcnjmcns ,
qui tous liés, &li j'oie m'exprimer ainli, emboctcs
les uns dans les autres, montrent le nombre d'an-
nées qu'il y a depuis la création jufqu'au terme
qu'on s'eft propoié. Chacun de ces évcncraer.s ,
qui tiennent ainii l'un à l'autte , eft ce qu'on appelle
époque. 20. Tous les .luttes faits qui n'-ntrcnt point
dans cette fuite, & qui ne forment oomt cet en-
chaînement , doivent au moins y tenir par quelque
endroit: de forte que ces premiers évciTcmens, liés
les uns avec les autets lans difcontinuation , font
comme le tronc de l'arbre qui s'élève depuis la
terre jufqu'au fommet fans interruption -, ceux-ci
en font conune les btanches qui , fans être attachées
cntr'ellcs , tiennent toutes par un endroit au tronc
de l'arbre.
Les époques ou les faits qui , liés enfembledans
lu. chronologie fui vante, forment la fuite dont j'ai par-
lé , ^ comme le tronc de l'arbre , & détctminent le
nombre des années du monde , font i. la création
du monde, 1. k déluge , 3. l'année 75=- d'Abraham
^ fon entrée dans la Terre de Chanaan , 4. la l'or-
tie d'Egypte lorfque Moïfe en tira les Hébreux , y.
la fondation du Temple de Salomon , 6. la def-
ttudion de ce Temple , & le commencement de
la captivité de Babylone , 7. la ptcmiere année de
Cyrus à Babylone & le retout de la captivité , 8.
la conquête d'Alexandre ou la bataille d'Atbeile , 9.
le commencement de l'ère des Séicucidcs , 10. la re-
traite de Mathathias , & le commencement du 2;ou-
vernemcnt des Machabées , 11. le Coniiila- deCi-
ccton , fous lequel Jérufalem fut prife par Pom-
pée , & Augufte vint au monde , li.la mortd'Au-
gufte , & le commencement de l'Empire de Tibè-
re , 13.1a quinzième année de Tibère, trentième
de J_. C. commençante, d'où s'enfuit l'année de la
nalifancc de J. C. 14. enfin le commencement
de l'ère Chrétienne. Telles font les époques par la
liaifon &: l'enchaînement dcfquelles je prouve le
nombre des années qu'il y a depuis Adam jufqu'à
nous , &: que l'année i-ji6 de J. C. eft la 574(5« du
Monde, & 1743c de J. C. la 57(^3 du Monde.
Quand une fois on a bien étabdi la fuite des épo-
ques , le tefte s'arrange plus aifémenr. Ceft une ef-
pèce de cadre dans lequel tous les autres évéï-^mcns
s'enchâlTent fans peine &: prefque fans difficulté,
& où ils viennent le placer comme d'eux-mêmes.
Par-là non-feulement ils fe foûtiennent les uns les
auttes , mais ils affermi/lent même la première fui-
te , & en deviennent de nouvelles preuves. P. E.
SouciET , Difert. V, IL Préf.
Il eft certain que quand on étudie l'hiftoire de
l'antiquité , ou quand on lit quelque ancien Auteur,
rien n'eft plus néceflaire que d'avoir devant les
yeux la fuite des temps &: des ptincipaux événemens,
rangés félon l'ordre des fiècles & des années dans
lefquelles ils font arrivés ■■> & de pouvoir y rapporter
ce qu'on érudie & ce qu'on lit, leplacei au temps
où il s'eft pafle , & voir d'un coup d'œil l'état du
mende en ce temps-là. Ce fecours rend les ledures
plus agréables & plus utiles -, il remédie à la con-
fnfon qu'elles produifent quelquefois -, on voie
mieux ks caufes , les principes , les iiaifons des évé-
nemens; ils s'arrangent bien mieux dans la mémoire,
on les apprend plus facilement , & on les oublie
moins. Id.
Ces raifons nous ont fait juger que l'on ne fe-
roit point tâché de trouver ici cet abrégé , &c , pour
m'exprim£r avec l'Auteur , ce cadre de chronologie ,
pour y rapporter fes leiftures , &: qu'un Diétionnaire
des Sciencss & des Arts ne devoir point manquer de
ce fecûuts.
î^8 CHR ' CHR
ABRÉGÉ DE CHRONOLOGIE
Années Ju
Mande.
Ann(!es avant
Jéfus-Chrift.
Années du
Monde.
Années avanl
Jélus-Chriit.
256^
Z505
Z501
1500
1 Dieu crée le monde & Adam le fîxième 4015
jour.
ijo NaifrancedeSeth, 3894
215 Enos naît. 3789
325 Caïnan vient au monde, 3^99
395 Naiiîance de Malaicel. 3629
4<?o Jared naît. 35<î4
<52i Hcnochnaît. 39'^^
687 Mathulalem vient au monde, 3 3 37
874 Naiflance de Lamecli, 3150
930 Adam meurt. 3094
687 Hcnoch efi: enlevé à l'âge de 5(^5 ans, 3037
1041 Seth meurt âgé de 912 ans. 2982
I05(î Naiirance de Noé. 291Î3
1139 Enos meurt âgé de 905 ans. 2994
1255 Mort de Caïnan à l'âge de 9 10 ans. 2789
1290 Malaléelraeurt âgé de 895 ans. ^734
1422 Jared meurt âgé de 9(^2 ans. 2602
1 5 5<î Dieu menace les hommes du déluge. 2488
1551 Lamech meurt. i^6S
1 5 S(î J^phet vient au monde. 24(^3
1558 NailTance de Sem. i^tJi
i5(îo Naiflance de Cham, ^375
I (î 1 5 Mort de Mathulâlem. 2 3 (Î9
1(^5«? Le déluge. 2358
1^58 Arphaxad vient au monde.
KÎ93 Naiiîance de Salé.
172 1 Yao premier Empereur de la Chine.
1723 Héber naît.
1724 On commence la Tour de Babel.
1757 Phaleg naît. Divifion de la terre entre les ii6j
enfans de Noé.
1787 Naiflânce de Reu. 1157
1819 NaifTance de Sarug. 2205
1841 Commencement d'Yu Se de la dynaftie 2183
des Hia à la Chine.
1849 Nachor vient au monde. 2175
1859 Ninus règne en Aily rie. . 2KJ5
1870 Fondation de Thêbcs. 2154
1878 Tharé naît. 2i4<î
1957 Bacchus, fils de Sémélé, vient au monde. 2087
1948 Aran naît. 207(î
1950 Fondation de Jérufalem félon Jofephe. 2074
1996' Aiphaxad meurt. 2028
1997, Nachor meurt. • 2027
2oo(j Mort de Noé, 2018
2009 Naiflânce d'Abraham. Conjonûion des 2015
planètes rupcrieures,marquée dans l'Hif-
toire des Chinois ibus le cinquième de
leurs Empereurs.
2018 Naiiîance de Sara. 2008
1016 Mort de Reu. long
2049 Sarug meurt, ig-j
io8o Vers ce temps-ci Tharé /brt de Ur , ville 1944
des Chaldéens , & emmène avec lui Abra-
ham fon fils , 6; Lot ion petit-fils
fto85 Tharé meurt à Charan ou Charres , ville 1941
de la Mélbpotamie , & Abraham conti-
- nue fon chemin , & arrive dans la Terre
de Chanaan , âgé de 75 ans , & de-là il
pafîe en Egypte. Ici commencent les 4 5 o
années dont parle faint Paul , Ga/ti:. IJI.
17. & que quelques-uns appellent l'ère
d'Abraham. Le premier des Pharaons
que nous connoiffons règne enEçypte.
2094 Agar met au monde Ifmaëll'année'quatrc- 1950
vingt fîxième d'Abraham.
2108 Ifaac vient au monde, Abraham avoir 100 i9i<r
ans & Sara 91.
1116 Salé meurt. 1898
2-14') Mort de Sara. 18-9
2148 IfaacépoufeRébeccâ. 18-tf
2158 Sem meurt , & par conféquent Ifaac l'a- i86<s
voit pu voit pendant 50 ans.
2168 Efaii èc Jacob viennent au monde dans la
foixantième année d'Ifaac.
2i(J9 Cette année arriva le folftîce que les Chi- 1855
nois rapporrent à l'année deux mille trois
cens quarante-deuxième avant J. C,
2184 Abraham meurt âgé de 175 ans, 1840
2)8(ï Héber meurt. 1838
2205 Efali, à l'âge de 40 ans jépoufe Judith & 1819
Bafemuth.
2214 Commencement de l'Empire des Mèdes. 1810
2231 Ifmaël meurt à l'âge de 137 ans, i8oj
2259 Jacob va chez Laban dans la Méfopota- 178 j
mie.
2246 Jacob époufe Lia ,& une femaine après 1778
il époufe Rachel.
2247 Naiflânce de Ruben. 1777
2248 Siméon naît. 177*'
2249 Lévi vient au monde, ^775
2250 Naiflânce de Juda. 1774
2251 NaifTance de Dan. ^775
22J2 Naiflânce de Nepthalû
2255 Gad vient au monde.
2254 Afernaît,
2255 Aflachar naît.
225<î NaiflTance de Zabulon,
2257 Dina vient au monde.
2258 Naiflânce de Jofeph.
1771
1771
1770
176 J
lj6S
11S9 Jacob s'en retourne dans la Terre deCha- i7<>5
naan. Cécrops L règne à Athènes.
2275 Le fécond des Pharaons connus règne en 1749
Egypte. Jofeph eft vendu par fes frères
& conduit en Egygte.
2285 Jofeph explique les longes des deux Offi- 1739
ciers de Pharaon , prifonniers avec lui.
2287 Jofeph efl; tiré de prifon ,& explique les 1737
fonges de Pharaon. Il eft fait premier
Miniftre,
2z88 Ifaac meurt âgé de 180 ans. Première an- i73<î
née de la fertilité prédite par Jofeph.
2296 Première année de la difette prédite par 1728
Jofeph. Les frères de Jofeph viennent
en Egypte pour la première fois acheter
du bled.
2297 Seconde année de difette en Egypte. Les 1727
frères de Jofeph viennent pour la fécon-
de fois chercher du bled en Egypte , &
y amènent Benjamin. Reconnoiflânce de
Jofeph
2298 Jacob paffe en Egypte avec toute fa h- 171S
mille , èc va trouver Jofeph.
2305 Ifmaël meurr. 1719
2508 Craciaus règne à Athènes. 171^
2315 Jacob meurr âgé de 147 ans, 17 ans après 1709
l'on entrée en Egypte.
2317 Amphiétyon règne à Athènes. 1^97
2327 Dardanus règne en Phrygie avec fon beau- 1787
père Teucer , &c bâtit Dardanie , qui
dans la fuite fut appelée Troye.
i2,6Z Jofeph meurt à l'âge de 110 ans. 16^^
25-^7 Erichthonius meurt. Pandion I. règne à KÎ47
Athènes.
138c? MortdeLévi. 16^9
2417 Erechthéus règne à Athènes, 1573
2428 Nailfance d'Aaron, 159«^
2430 Le tioilîème Pharaon que nouscormoif- 1594
fions règne en Egypte.
2431 Moyfe vient au monde , & trois mois 1595
après eft expofé fur le Nil , & fauve par
la fille de Pharaon , qui le fait é-lcvsr.
244 1 Çccrops rejne à Athènes. 1 5 S 3
H4J
CHR
Chr
S^
Années du
Monde.
Anncfej avant
JéfusChrill.
^44} Erichthonîus étant mott , Tros lui fuccè-
de. C'efl: lui qui changea le nom de Dar-
danie , & l'appella Troye.
a4ji Erichthonîus règne à Athènes,
4459 J°^'^'^ vient au monde.
3.^6 j Cccrops II, règne à Athènes.
2474 Caleb naît.
2505 Tros meurt, & Ilus lui fuccède.
Un quatrième Pharaon règne en Egypte.
Dieu délivre fon peuple de la fcrvitude ,
ëc le tire de l'Egypte fous la conduite
de Moyre 450 années après qu'Abraham
y fut entré. Célébration de la première
Pâque le quatorzième du premier mois.
Dieu donne fa Loi à Moyfe lur le Mont
Sinaï.
'3
iîi2
1531
Pandion II meurt, ^géus règne à Athè-
2551
2552
a manger des ftuits
iJÎ4
nés,
Aaron meurt, Moïfe donne le Deutéro-
nome & meurt.
Les Ifraelites, après 40 ans pafles dans le
défcrt , entrent dans la Terre Promife
fous la conduite de Jofué.La manne cef-
fe ; on commence
de la terre.
Hercule fleurit vers ce temps-ci.
Chiron le Centature forme les fîgncs du
Zodiaque & les autres conftellations , &
place les quatre points cardinaux du
Ciel , c'eft-à-dire , les points équinoc-
tiaux & folftitiaux au milieu des conftel-
lations du Bélier , du Cancer , de la Ba-
^ lance, du Capricorne.
■ Les Argonautes partent pour l'expéditio n
de laColchidc.
155:7 Laomcdon règne à Troye.
25^0 Jofuédiftribue la Terre promife aux Ifrae-
lites.
Première mention de Tyr', Jof. XIX. 25,
2j(î5 Première année fabbathique,"
25 6p Jofué nieurt âgéde 1 10 ans. Commence-
ment des Juges, Première année d'Otho-
niel.
2570 ^fculape fleurit en Grèce»
2580 Théfée règne à Athènes.
Priam fuccède à Laomédon.
15:94 Vers ce temps-ci les Amazones pénètrent
en Afie. Ôtreus & Mygdon , Rois de la
Phrygie Mineure , les "arrêtent fur le
bord du fleuve Sangarius , &: les empê-
chent d'entrer en Phrygie. Priam étoit à
leur fecours.
^Joo Atrée inftitue les Jeux Olympiques aux
funérailles de Pélops. Hercule y rem-
porte rous les prix,
i(j05 Hercule meurt.
2(îo4 Les Pélopides chafTent les Héraclidesdu
Péloponnefe , & régnent à leur place,
160^ Ared & Samgar Juges,
2()io Mneftée règne à Athènes.
2.616 Agamemnon règne à Mycènes.
2.6x1 Oreftenaît.
161^ Les Grecs partent pour l'expédition de
Troye.
2-'^5 3 La prife de Troye. Mneftée , Roi d'Athè-
nes , eft tué. Agamemnon, au retour de
Troye , eft tué par /Egifte , qui époufe
Clytcmneftre ,& s'empare du Royaume.
liîSp Baruch &: Débora , Juges du peuple de
Dku.
i? 1 5 Les Hcraclides chafTcnt les Pélopides , &
recouvrent le Royaume de Mycènes.
Codrus meurt. Fin du Royaume d'Athè-
lies.
27 28 Les fils d'Orefte s'ctabliflent à Lefbos,
3.6XÇ) Gédéon , Juge d'Ifracl,
Tome IL
1581
?557
1521
1512
15:11
1492
1475
1472
Années dii
Monde.
1470
I4(Î7
1454
14)8
145' 5
1454
1444
1450
1424
1421
1320
141Î
1414
1408
I403
1400
2591
129(3
1295
'Arihées avanic
Jéfus-Chrift.
l-j6ç)
2772
^797
2805
2817
2823
2850
2840
2848
28<Î8
2907
2908
2919
2924
2928
^947
2-954
2-i?57
2987
2988
2991
2998
2999
3011
5028
3032
043
3045
3048
3049
5050
3055
3058
50f)i
30(Î2
3c^3
Gédéon meurt. Abimélech règrte à Si-
chem.
Les Sichémites le révoltent contre Abimé-
lech, Il eft tué au liège de Sichem. Tho-
la , Juge des Ifraelites. Empire des Arty-
riens fur l'Afie Supérieure.
Jaïr juge pendant 22 ans le peuple d'I-
fraël.
Les Héraclides de Lydie commencent à
y régner. Agron premier Roi.
Jephté , Juge du peuple d'Ilraël pendant
lix ans,
Abéfan, Juge d'Ifrael, gouverne fept ans.
Abiolen , Juge d'Ifrael pendant 10 ans.
Abdon i Juge pendant 8 ans,
Samfon , Juge pendant 20 ans.
Samfon eft pris , & peu après renverfe le
Temple de Dagon , & s'enfevelit fous
fes ruines. Le gouvernement dHéli com-
mence;
Ilbofeth naît.
Défaite des Ifraelites par les Philiftins.
Prife de l'Arche. Mort d'Héli. Commen-
cément du gouvernement de Samuel.
Naiilance de David.
Fondation de Corinthe par l'Héraclide
Alétès.
Le peuple d'Ifrael demande un Roi envi-
ron ce temps-ci ,& Saiil eft choifi.
Saiil eft vaincu , & meurt avec JonathaS.
Ifbofeth règne à Jérufalem , & David à
Hébron.
Ifbofeth eft tué. David règne fur les dou-
ze tribus.
Hiram règne en Phénicie.
Vers ce temps-ci David fît porter l'Arche
de Gabaa à Jérufalem fur la montagne
de Sion.
David défigne Salomon Roi;
Salomoh fuccède à David.
Salomon jette les fondemens du Temple
de Jérufalem.
Hiram Roi de Tyf.
Salomon finit le Temple;
Salomon commence fon Palais.
Salomon finit l'on Palais i & donne à Hi-
ram 20 villes de la Galilée pour les bois
de cèdre & les ouvriers qu'il lui avoit
fournis.
On bâtit à Utique le Temple d'Apollon ,
& on y emploie des poutres de cèdre de
Numidie , qui duroient encore du temps
de Pline , environ 1 1 00 ans après.
Salomon meurt après 40 ans de règne. Le
Royaume fe divife en Royaume de Juda
&: Royaume d'Ifrael.
Roboam règne fur deux Tribus , celle da
Juda & celle de Benjamin , & Jéroboam
fur les dix autres , parmi lefquelles il in-«
troduit l'idolâtrie.
Séfac , autrement Sélbftris , prend Jéru-
falem & la pille.
Abias règne avec Roboam fon père.
Roboam meurt & Abias règne feuh
Morr d' Abias. Afa lui fuccède.
Nadabjfils de Jéroboam, fuccède à fon
père,
Baala fe révolte contre Nadab , le tue , &
rêçne à fa place,
Naiffance de Jofaphat , fils d'Afa.
Afa & Baala fe font la guerre.
Homère fleurit en Grèce.
Afa défait Zara, Roi d'Ethiopie , & domp-
te la Syrie ^ l'Idumée.
Afa fait un traire avec Bénadab . Roi de
Syrie , qui vient à fon fecours , & chafTe
C Ccc
125:5
i25i
1227
1219
1207
1201
1194
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T70
Années du
Monde.
CHR
CHR
Ann^ei i*ant
Jems-Chhlt.
Baafa , qui afTiégeoit Rama du Royau-
me de Juda.
J07 j Baafa meurt ,&; fon fils Elu règne à fa pla-
ce iur Ifraël.
3074 Zambri fe révolte , tue Elu , & s'empare
du thrône.
Amri prend les armes comre Zambri ,
qui le brûle dans Ion Palais , 6i Tliebni
contre Amri.
5078 Thebni meurt,5: Amri règne fans concur-
rent.
■ 3080 Joram , fils de Jofapliat , naît.
5084 Amri bâtit Samarie Sc y établit fa cour.
jg8(Î Afa malade de la goutte.
Achab règne avec Amri fon père.
5088 Afa meurtjjofaphat fon fils prend fa place.
jocjo Mort d' Amri. Achab fon fils règne à Ifrael.
Elie prédit une lechercfTe.
30^1 Jofapbat fait expliquer la loi de Dieu à
fon peuple. Les nations voifines le crai-
gnent. Les Philiftins même fie les Ara-
bes lui payent tribut.
jotjj Elie obtient de la pluie , & la fécherefTe
cefîe.
î-ojjj Ochofîas , fils de Joram , naît.
jopc) Héfiode écrit fur l'agriculture.
3 10 j Benadad , Roi de Syrie , affiége Samaric,
& eft repoulfé.
5 104 Benadad revient contre Ifraël j &c eft en-
core défait.
Achab déclare Ochofîas fon fils Roi.
3ioiS' Ochofîas tombe, fa chute le met à l'extré-
mité. Achab déclare Joram fon fécond
filsRoi.
3 107 Jofaphat , Roi de Juda , & Achab , Roî
d'Ifracl , joignent leurs forces contre le
Roi de Syrie , & font vaincus.
Achab efl tué d'un coup de flèche. Révol-
te des Moabites contre Ifrael.
3111 Jofaphat allbcie fon fils Joram à la royauté.
Ochofîas meurt , & Joram fon frère règne
feul.
j 1 1 3 Jofaphat meurt , & Joram règne feul.
}i ^4 Les Idumccns s'affranchiflem du joug-des
Rois de Juda.
3 117 Hazaël règne en Syrie.
3 1 18 Joram étant mort , Ochofias fon fils règne
& eft tué.
Joram fils d'Achab , affiége Ramoth-Ga-
laad en Syrie. Il eft bleflTé. Elifée oint
Jchu Roi d'Ifracl , qui tue Joram Se
Ochofias.
3ïip Athalie fait mourir tous les Princes du
fang du Royaume de Juda , & s'empare
du gouvernement. Joleba , fœur d'Ocho-
fias , fauve Joas , &c le cache dans le
Temple.
3115 Athalie eft tué ,&: Joas mis fur le trône
à l'âge de fept ans.
3157 Hérodote place Héfiode & Homère vers
ce temps-ci.
3 Ï40 Amaî-as , fils cie Joas , vient au monde.
5,^47 J'22s fait taire les réparations du Temple.
Mort de Jéhu , Roi d'Ifrael. Commence-
ment de Joachaz fon fils.
Benadad, fils d'Azaël, s'acquiert beaucoup
de gloire par les armes , & fe rend re-
doutable aux Ifraëlites.
3i<ri Joachaz alfociefon fils Joas à la royauté.
ji(j5 Joachazmeiirr,& Joas fon fils règne feul.
iKj4 Hazaël, Roi de Syrie, prend Geth &
afTico-c Jcrufaicm. Joas tire de grands
tréfors du Temple , & les envoie à Ha-
zaël qui fe retire.
Conjuration contre Joas ; il eft tué ,fif
Amafias foa fils, monte fur le trône.
9ÎI
950
94(î
944
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5>58
5>34
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S60
Annfct it
Monde.
Ann^ct avant
Jéfut-Chriit.
5151
3i(î(î Joas afTocie fon fils Jéroboam à la royauté. 858
3177 Naifîance d'Azarias fils d'Amafias. , 845
Joas meurt. Jéroboam règne.
Jonas prophéiife fous fon règne.
3 191 Amafias gagne une bataille contre les Idu- 835
méens , & adore leur Dieu.
5192 On conjure contre Amaiîas devenu idolâ- 831
tre & on l'aliailine , puis on élève fon
fils Amafias ou Ozias fur le thrône,
3 109 Fondation de Carthage,2(j ans avant cel- 81 j
le de Rome.
3210 Fondation du Royaume de Macédoine 814
par Caranus.
3215 Otee prophétife depuis environ ce temps- 809
ci jufques fous Ezéchias , Roi de Juda.
5218 Mort de Jéroboam , Roi d'Ifraël, Anar- 8o5
chic de dix ou onze ans.
3219 Joatham , fils d'Amafias , Roi de Juda , 8oj
vient au monde.
3221 Les Tufqucs bàtifTent Capoue &c Noie 8oj
vers ce temps-ci.
3230 Fin de l'an narchie du Royaume d'Ifraël. 79+
Zacharic règne fix mois. Sellum le dé-
thrône & règne à la place.
Manahem attaque Sellum , ^ le tue & rè-
gne liir liraël. Il paye tribut à Phul,
Roid'AfTyrie.
Vers ce temps-ci Sabacus > ou Sabacon , 7?t
Ethiopien, entreen Egypte, chafle Any-
fis , & règne à fa place.
3240 Naifîance d'Achas , fils de Joatham. 784
3241- Manahem meurt. Phacéia fon fils règne. 7^5
3245 Azarias e(l frapc de lèpre. Joatham fon 78*
fils règne avec lui. Phacée conl'pire con-
tre Phacéia , il lui ôte la vie , 5c règne
à fa place. Téglathphalaflar règne en m
Affyrie , & s'empare d'une partie du 1
Royaume d'Ifraël.
5 244 Azarias meurt. Joatham fon fils monte fur 73^
le thrône.
3245 Vidloire de Joatham fur les Ammonites. 77?
3 248 Inftitution des Jeux Olympiques. Iphinis 77**
& commencement des Olympiades.
5252 Ezéchias, fils d'Achaz , naît. 77*
5255 Téglathphalaflar qui eft l'Arbacès de Dîo- 7<^y
dore de Sicile Se de Juftin , règne en ce
temps-ci en Affyrie.
3 i(7o Mort de Joatham. Première année du rè- 7^4
gne d'Achaz.*
Rafin , Roi d'Ifraël , & Phacée , Roi d'I-
fraël , attaquent enfemble Achaz fans
pouvoir le vaincre. Rafin lui enlève feu-
iemenr Ah lia, ik' y met des Iduméens.
^mbafTade d'Achaz vers Teglathphalaf^
far , pour lui demander du fecours con-
tre le Roi de Syrie. Il l'obtient , l'Affy-
rien fait diverfion , & prend Damas , la'
pille & tue Rafin.
32^3 Ofée drefiè des embûches à Phacée , Se le j^t
tue. Anarchie de huit ans.
3270 Romulus bâtit Rome ,& commence à y 754
régner.
3271 Ofée règne après huit ans d'anarchie. 755
527^? Achaz meurt , &: Ezéchias rèç^ne feul. Il 748
fait réparer les porres du Temple , Sc
célébrer la Pique le quatorzième du fé-
cond mois.
3277 Teglatphalaflar meurt. Salmanafat lui fuc- 74.7
cède.
Nabonaffar qui eft le Béléfis de Diodote
de Sicile , éc le Baladan ou Mérodach-
Baladan de l'Ecriture , s'empare de h Ba-
bylonie , & s'v fait r'^connoîcre Roi.
Commencement de l'ère célèbre de Na-
b^naffar.
3178 Salmanafar affiége Samaric. 74!?
C HR
CHR
Années du
Monde.
Années avant
J^fus-Chrift.
JlSi
3187
3191
3^5» 5
^313
33M
3 3io
5281 II la prend après trois ans de fiége. Il 743
traniporte les Ifraëlices dans l'Ailyrie &
la Médie.
Fin du Royaume d'Ifra'él,
Les Cuthéens & d'autres peuples fujets
des AfTyriens viennent occcuper les ter-
res des dix Tribus d'Ifraèl.
Sabacon ou Sabacus quitte l'Egypte , & -j <r
Amyfis , après 50 ans d'exil, reprend le
Tceptre.
Salmanafar meurt , Sennachcrib lui fuc- 73^
cède. Ifaïe. XX I. l'appelle Sargon.
Mort de Nabonallat. Nabius lui iliccède. 755
Manaflcsnaît. 731
•Nabius ou Nadius meurt. Chinzyrus &
Porus lui fliccèdent.
■5298 Jugxus ou Ilutius règne à Babylone. . ji^
'3 ;o2 Mardoch Empadus lui fuccède, 721
3 3^5 Ezechias en mourant iailîe le Royaume à 719
Manaflcs.
3 507 Interrègne d'un an à Rome après la mort 717
de Romulus.
3508 Numa Pompilius eft élu Roi de Rome. y 16
^510 Candaules, dernier Roi de Lydie, de /"14
la race des Héraclides , eft tué par Gy-
gès , qui lui ravit la vie , le Royaume iic
{z femme. Commencement de la dynaftie
des Marmandes.
Les Mèdes fe Ibuftraient à la domination 711
des Aflyriens , & prennent Déjocès
pour Roi.
Axkiacus règne à Babylone. 709
Premier interrègne à Babylone. 704
3311 Mort de Tarachus , Roi d'Egypte. Anar- 703
chie ou interrègne de deux ans,
3522 Bélide , ou Belithe , ouBéléta, tègneà 703
Babylone,
3324 Captivité de ManafTès , 700
•3327 Interrègne en Egypte. 6'97
3330 Gouvernement de douze Seigneurs en 694
Egypte.
3532 AfTaradon tranfporte en Aflyrie les reftcs (^92
des dix Tribus d'Ifraël. Apronadius rè-
gne à Babylone.
■3355; Meflerïîmordachus règne à Babylone, <j89
3 3 3(î Second interrègne à Babylone. (î88
■3557 Interrègne en Egypte. 687
3339 Gouvernement de douze Seigneurs en 62^
Egypte.
3 344 Aflaradinus règne à Babylone. <î3o
3347 Gygès meurt, SrArdyès Ion fils lui fuccède, 6-r->
3348 Tuilus Hoftilius règne après Numa, ô-^ô
3355 Idida donne à ManaiTès un fils nommé 66c)
Ammon.
3 3<jo Manaffès meurt après 5 5 ans de règne , &: 66^
lairte le Royaume à Aramon.
35^1 Commencement des Daïrs du Japon. 6^j
L'empire de ces îles entre fous ce nom
dans la famille , qui le poflcdoit encore
au feizième ficelé.
35(Î2 Conjuration contre Ammon; il eft tué, <j6i
le peuple met Ton fils Jofias fur le thrône.
Sophonias prophétife fous fon règne.
536'(3 Chynaladan règne à Babylone. <j$^
Pfammithycus prend Azotus, aujourd'hui
Alzéte.
3 5<?7 Déjocès meurt , &: Phraortès règne à fa (^^7
place fut les Mèdes.
3569 Jofias l'an huitième de fon règne commen- <Î5î
ce à chercher le Dieu de David fonpere.
3371 Joachaz naît d'Amital, femme de Jonas. 6^ 3
3 375 Jofias détruit les idoles de fon R.oyaume. 6^ 1
3374 Jcrémie commence à prophérifer. 6^0
5 379 Jolies fait commencer les réparations du (Î45
Temple. Hekias étoit alors Crand-Prê-
T7I
Anni5es dû
Munde.
Annç'es avant
J<îlus.Chrift.
5380 Nabopalaflar ou Nabuchodonofo» I rè-
gne à Babylone.
3385 Après la mort de Tuilus - Hoftilius , le
peuple Romain crée Ancus - Martius
Roi.
5385 Naiifance de Mathanias , qui fut enfuite
nommé Sédécias.
5387, Nohefta , femme de Jokin , met Joa-
chim au monde , fix ans avant que fon
père montât fur le thrône.
3 389 Phraortès meurt. Cyaxarès règne en Mé-
die.
3 3 90 Invafion des Scythes eh Afie.
3392 Nécus ouPharano-Nécus règne en Egypte .
5393 Nécus s'avance iufques fur l'Euphrate con-
tre le Roi d'Aitytie. Jofias, Roi de Juda,
vien: au devant de lui , livre bataille ,
& y périt.
Joachaz eft inftallc Roî par le peuple.
Trois mois après Nécus le déthrône ,8c
met fon frère Eliacim à fa place , & lui
change fon nom en celui de Joaknn.
Enfin il impofc aux Juifs un tribut de cent
talens d'argent , &c un talent d'or.
3 39(î Nabopalailar II , eu Nabuchodonofor II,
règne avec fofi père.
Il alliége Jérufalem , prend Joakim , avec
une partie des vafcs du Temple, qu'il
emporte à Babylone.
5397 Nabuchodonofor II règne feul à Baby-
lone. Il défait Nécus fur les bords de
l'Euphrate.
Jérémie prédit la prife de Jérufalem &
la captivité des Juifs.
Sadyattès Iliccède à Ardyès mort cette
année.
3398 Daniel explique le fonge de Nabucho-
donofor.
3399 Joakim fe révolte contre Nabuchodo-
nofor.
3400 Cinquième année de Nabuchodcnolbr ,
autrement Nabopalaifar IL Eclipfe de
lune marquée par Ptolémée , L. v. c. 1 3.
3403 Année feptième de Nabuchodonofor, Il
tranfporte 3000 Juifs à Babylone. Jé-
rémie leur écrit pour les précautionner
contre l'idolâtrie.
Guerre de Sadyattès contre les Aïiléfie ns.
3405 Pharaon Néchao dépouille par Nabucho-
donofor de toutes les conquêtes qu'il
avoit faites en Paleftine & en Syrie, fe
tient en paix, & ne fort plus d'Egypte.
Joakim meurt. Joakim fon fils règne
trois mois, au bout defquels les Lieute-
nans de Nabuchodonofor le fâififient ,
& l'envoient captif à Babylone , & fon
oncle Mathathias eft mis fur le trône
par Nabuchodonofor, qui lui change
fon nom en celui de Sédécias.
3407 Ancus Martius meurt. Tarquin, l'ancien
tuteur des enfans du feu Roi , s'empare
du Royaume.
3408 Pharaon Néchao meurt , & lailfe le
Royaume d'Egypte à fon fils Pfamnis.
3409 A la mort de Sadyattès, Alyatccs monte
fur le trône de Lydie.
341 1 Cyaxarès, Roy des Modes ,fe défait des
Scythes, Si les cha.Te de l'Afie.
3412 Cyaxarès alî;cge Ninive,
Sédécias fe fo'uftrait à la domination de
Nabuchodonofor.
3413 Périander étoit en ce temps tyran de
Corinthe , & Thralibule de Milèrc.
Nabuchodonofor adiége Jérufalem.
Fin de la guerre entre les Lydiens Si les
Miléfiens, ^
CCccij
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611
Années du
Mundc.
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CH R
Année» ivant
Jéfui-Cliritt.
}4i4 Le Roi d'Egypte fort d'Egypte à la tête
d'une aimce puiflante pour combatte les
Chaldccns. Ceux ci vont au-devant de
lui. L'Egyptien n'olant engager une ac-
tion générale , rentre en Egypte, 8c les
Chaldéens retournent au fîcgc de Jéru-
l'alem. Plamnis meurt la même année,
& Aprics fon fils règne,
541 S Jcrufalcm prife par Nabuchodonofor. Sc-
dccias emmené captif à Babylone après
qu'on lui a crevé les yeux. Commence-
m.ntde la captivité de Babylone.
5418 Nabuzardan Général de l'armée de Nabu-
chodonofor rranfporte 74J Juifs en
-Babylonie.
2419 La guerre commence entre Cyaxarès ,
Rci des Mèdes , & Alyattès , Roi de
Lydie , à l'occafion des Scythes.
2411 Naiiiance de Darius le Mède.
3424 Eclipfe de Ibleil prédite par Tholèfc.
Elle arrive pendant que les Lydiens de
les Mèdes étoient aux mains , Se les
fépare.
La paix fe fait par la médiation de Sien-
nélis & de Lybynétus. Alyattès donne
Ariène fa fille en mariage à Allyagès fils
de Cyaxarès.
3428 Cyaxarès meurr. Aflyagès lui fuccède.
(îlO
Nailfance de Crcfus.
3439 Mort d' Apriès , Roi d'Egypte. Amafis fon
fucceiîeur,
3440 Evilmérodach règne à Babylone.
3441 NcrigliHbr lui fuccède.
3444 Dipœnas &c Scyllis, fameux Sculpteurs
de Crête.
3440 Le vieux Tarquin, âgé de plus de 80 ans,
périt dans les embûches que lui tendi-
rent les deux fils d'Ancus Martius.
^44<î Laborofoarchodus règne à Babylone.
3447 Balraffar , autrement Nabonadius règne i
Babylone.
3449 Viûon de Daniel, C. FUI.
5465 Cyrus fait révolter les Perfes , prend
Aftyagès , laiffe le Royaume de Médie à
Darius le Mède, fils d' Aftyagès ,&: éta-
blit la Monatchie des Perfes , dont il
prend le fceptre.
34(T(î Alyattès meurt. Crcfus règne à fa place.
J475 Darius , fils d'Hyftafpès, vient au monde.
5479 Cyrus prend Sardes , met Crciiis aux fers ,
éc ajoute la Lydie à fcs Etats.
3483 Darius le Mède & Cyrus joignent leurs
forces , afliègent & prennent Babylone.
Baltaflar ell tué. Darius le Mède règne
à fa place.
3484 Pyrhagore floriflbit en ce temps-ci. La
délivrance de la captivité &c la venue du
Meflie font montrées à Daniel.
J48 j Mort de Darius le Mède, Cyrus réunit les
Etats de ce Prince aux fiens.
Fin de la captivité des Juifs, ils retour-
nent dans la Terre-Sainte.
Aggée &Zacharie prophérifent. On com-
mence à rebâtir le Temple.
348«? Les ennemis des Juifs s'oppofent au réra-
blilTement du Temple &c de la ville de
Jéiufalcm , & l'on interrompt les ou-
vrages.
5489 Fin de Servius Tullius. Commencement
du règne de Tarquin le Superbe.
3491 Cambyfe fuccède à Cyrus, rué dans la
bataille contre Thomyris , Reine des
Maffagètes.
5491 Pythagore découvre la nature de la pla-
nète nommée Vénus. Ce philofophe
palTe en Italie.
Cùtf
606
^05
<îoi
600
Années <!u
Monde
Annétj avant
jL.fus-Cbtift.
595
58J
584
481
580
S79
578
577
5:75
5<îi
551
545
54»
5 40
539
538
535
553
53^
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3543
5550
3555
5557
35<?5
35^9
3571
5574
557^
Amifismeuft. Pfammitichus I ou Pfammi-
nithus lui iliccède. Cambyfe le bat, &
ajoute l'Egypte aux Etats des Rois de
Babylone.
Cambyfe meurt. Le Mage Smerdis occupe
le trône pendant fept mois. Darius fils
d'Hyftafpès l'en chaHe,&: commence à.
régner à la fin de cette année,
Polycratcs, tyran de Samos, eft mis à
mort par Orodès , Gouverneur de l'Afic
Mineure pour le Roi de Perfc.
Darius déclare la guerre aux habitans de
Samos. Babylone fe révolte, & Darius
l'affiège. Les Juifs commencent à bâtir
leur Temple.
Darius prend Babylone après un lîège de
plus de 19 mois , & en abat les porres.
& les murailles.
Les Juifs achèvent ce qu'ils avoient entre-
pris de faire au Temple.
Tarquin le Superbe eft chafle , le Royau-
me aboli à Rome , & les Conluls établis.
Eclipfe de lune l'année io' de Darius, le
19« de Novembre.
Autre eclipfe de lune la 3 1' année de Da-
rius, le 15' d'Avril.Batailie de Marathon.
Mort de pythagore félon Eusèbe, Cette
année & l'année fuivante Darius prépare
un grand armement contre les Athéniens.
L'Egypte fe révolte contre les Perfes. Da-
rius partage fes forces, & en envoie une
partie contre les Egyptiens , & l'autre
contte les Athéniens. Il déclare Xerxès
Roi , bc meurt peu après.
Xerxès remet l'Egypte fous fon obéiffance,
& eft donne le gouvernement à Achœ-
ménès fon frère.
Hérodote naîr i • viron ce temps-ci. Xer-
xès part pour fon expédition en Europe ,
ic vient paffer l'hiver à Sardes.
Gélon étoit alors tyran à Syracufe,&
Hiéron fon frère à Gela.
Alexandre fils d'Amynthas règne en Ma-
cédoine.
Au pritemps Xerxès s'avance près d'A*
bydos , &c fur le r.mps de fon départ le
foleil s' eclipfe. Il conftruit un pont fut
l'Hellefpont , & palîc en Europe. Il eft
repouflc aux Thermopyles par les Lacc-
démoniens. Il entre dans l'Attique. Il
fait mettre le feu à Athènes , qu'il trouve
abandonnée. Sa flotte eft défaite par
Thémiftocle à la hauteur de Salaminc.
Il repaffe en Afie.
Les Athéniens chafTent les Mèdes de
Seftos, & l'occupent.
Artaxerxès Longucmain règne avec Xer-
xès fon pcrc.
Sophocle fleurit.
Xerxès meurt , & Artaxerxès fon fils règne
feul.
Artaxerxès accorde aux Juifs le libre
exercice de leur Religion , & fournit la
dépenfe des facrifices. Efdras vient à Jé-
rufalem , & y apporre cet ordre du Roi.
Année 2o<=d*Artaxerxès avec fon pere.Né-
hémias obtient du Roi la permifilon de
ftire rebâtir Jérufalem. Il y vient , Se
fait exécutet cet ordre. C'eft le commen-
cement des LXX femaines de Daniel.
Décemvirs fubftitués à Rome à la place
des Confuls
Confuls rétablis.
Phidias &Paménus fon frère, Aléoménès,
Critias, Neftoclèj 5c Hègius, fameux
Statuaires Grecs,
53a
514
529
518
512
505
494
493
48P
487
484
48i
481
474
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3(î^î
3^72
3<!^75
Le Temple de Jcrufalem efi: achevé cette ^j.6
année-ci.
Rome , à la place des Confuls , crée des
Tribuns des ibldats , avec la pui/Iance
confulaire.
Hérodote achève Ton hiftoire, 445
Les édifices du Temple & de la ville de
Jcrufalem étant achevés, Néhémias s'en
retourne à la Cour d'Artaxerxès.
Hérodote lit fon hiftoire auxjcux Olym- 444
piques.
Néhémias revient à Jcrufalem , & abolit
des abus qui s'étoicnt introduits.
Première année de la guerre du Pélopon- 434
nefe. Uippocrate t'ait refleurir la Méde-
cine abandonnée depuis la guerre de
Troye.
Mort d'Artaxerxès Longuemain. Xerxès 4^7
II règne deux mois , &: Sogdianus fept
mois &c quinze jours.
Darius II ," furnommé le Bâtard, monte 4^**
fur le trône des Perfes.
Démophile d'Himere , & Nifaas de Taflb 4^4
le diftinguent dans la Peinture. Zeuxis
fut difciple de l'un & de l'autre.
Aglaophon, Céphifîbdore, Phrylus,& 4^^
Evénor pcre & maître de Parrhafius ,
fleuriflént dans la Peinture.
Vers ce temps-ci Prodicus, difciple d'Hip- 4^7
pocrate , invente l'Iatraleptique , c'eft-à-
dire , l'ufage des onélions pour la crue
P des maladies.
Agéladcs , Gallon , Polycléto, Phradmon, 4' ^
Gorgias , Loiion , Myron , Pythagore ,
Scopas & Paraclius , célèbres Sculpteurs ,
travaillent en ce temps-ci
Artaxerxès Mnémon fuccède à Darius 4°7
Nothus , ou le Bâtard.
Denys le Tyran règne à Syracufe. Philifte , 4°"^
Hiftorien Grec de Syracufe, ami intime
de D, nys , écrivoit au même temps.
Apollodore d'Athènes , l'un des premiers 4°4
Peintres de la Grèce.
Nancidès , Dynoméius , Canochus & 4°^
Patrocle , Statuaires fameux.
Zeuxis paife tous ceux qui l'avoientpré- 39'^
cédé dans la Peinture. Il eut pour con-
temporains & pour rivaux , Timanthès ,
Andocidès , Eupompus & Parrhafius.
Les Crotoniates étoient en ce temps-là les
peuples de l'Italie les plus riches & les
plus heureux.
Rome prife pat les Gaulois. 59'
Cette année, & les trois luivantes, Rome 577
fut fans Magiftrats.
Polyclès , Céphilfodrus , Léocharès & 37^
Hippotodotus , Statuaires ou Sculpteurs
en petit , fe diftinguent dans leur art.
On commence cette année à prendre des 3^^
Confuls parmi le peuple.
Praxitèle & Euphranor, Statuaires excel- 3^4
lens.
Artaxerxès Mnémon étant mort , Artaxet- 5 <^ i
xès Ochns règne à fa place-
Echion & Térimachus , Statuaires &: Pein- 3 î ^
très , flcuriflént en ce temps-ci. Au même
temps vivoit Ariftodcmus, père & maî-
tre de Nicom.aquc , qui tut contemporain
d'Apelles.
Maufole, Roi de Ca'ie, m-'iirt. 3Ï^
Platon l'Athénien vii "^t à Narente , & y
alTifte à une fam.cufe co"férence d'Ar-
chytas , qui flor'îlb't alors dans la '
Grande Grpce av."'' 'e '^ii^nrte Pomtius,
père de celui qui S-'tt't l'"3 Confuls Spu-
lius Pofthumus, Titius & Véiurius,
Annëe» 'du
Mohde.'
T7?
Années avant'
Jefui-Chritt.
3<Î74 Philippe, Rqî de Macédoine, fait la
guerre aux Grecs, & affiège Olynthe.
Démofthène s'acquiert une gloire immor-
telle par fon éloquence.
5^79 Guerre des Romains avec les Samnites.
515^81 P. Décius Mus,Conful ,ié dévoue pour le
ftlut de fon armée dans un combat con-
tre les Latins.
3 684 Ariès, autrement Arogiis, fuccède à Ochus
Roi de Perlé.
jC^S)- Philippe eft tué, & Alexandre fon fils
règne en Macédoine.
3(^85 Alexandre venge la mort de fon père ,
prend Thébes , & la fait ruiner , Payant
répandu la rerreur de (on nom dans toute
la Grèce , il cfl: créé Généralhfime.
5<>87 Alexandre palîé en Afie à la tête d'une ar-
mée plus puiifante que nombreufe.
)C^^o Bataille d'Arbelle. Eclipfe de Lune la
veille de la bataille , qui fe donna le i 1=
Septembre.
5(îfi2 Apelles l'emporte fur tous les Peintres
qui l'avoient précédé & lut tous ceux
qui l'ont fuivi. Arifliide le Thébain ,
Protogène de Canne , Afclépiodore &
Nicophanès vivoient en même temps»
& fe diftinguoient dans le même art.
3(5'<?4 Commencement de la Période Calli-
pique.
5700 Alexandre le Grand meurt.
5701 Prolcmée Soter gouverne l'Egypte, l'A-
frique , & une partie de l'Arabie , &
commence le régne &; l'ete des Lagides.
Lylippe , Lyfiftrate , Stémis fon frère ,
Euphonide , Softrate , Ion & Silénion ,
fameux Statuaires.
Les Romains vaincus par les Samnites à
la journée de Caudium , aujourd'hui
Arpaia. Paix honteufe aux Romains ,
.faite par les Confuls Véturius & Pofthu-
mius , en punition de quoi on les li-
vre aux Samnites.
3 709 Théophrafte , le premier des Grecs qui
ait écrit quelque chofe d'exaél fur les
Romanis , dédie fon livre à Nicodore ,
Magiftrat d'Atliènes.
3 7 1 i Après douze ans de guerre , Séleucus Ni-
cator règne en Syrie, & commence la
domination & l'ère des Macédoniens
en Syrie, ou des Séleucides.
5714 Commencement de la guerre des Ro-
mains contre les Marfes.
3717 Prolcmée Soter, fils de Lagus , prend le
titre de Roi d'Egypte.
57x3 Pharnaccs I , régne & fonde le Royaume
du Pont.
Cette année Ticinius Médas conduit de
Sicile des Barbiers à Rome. Jufqucs-li
les Romains ne raibient ni leurs barbes
ni leurs cheveux.
37Z4 Statuaires fameux en Grèce, Butychi-
dès , Eutycratès , Dahippus , CephiiTo-
dorus , Timarchus & Pyromachus. Après
eux cet art languît, & ne fe releva qu'en-
viron 140 ans après.
3729 L. Papirius Curlbr fait faire à Rome le
premier cadran folaire qui ait paru.
3757 Prolémée Philadelphe , fils de Prolémce
Soter, régne en Egypte.
5740 Séleucus Nicator meurt, & Antiochus I,
furnommé Soter, lui luccède.
3741 Guerre de Tarente, ou guerre des Ro-
mains contre Pyrrhus , Roi d'Epire. Les
Romains voient pout la première fois des
I éléphans. Il n'en parut à Rome que
1 fept ans après , au triomphe de M,
35«
34?
541
Î4»
339
558
357
334
53a
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3 M
3^5,
31Î
311
310
307
30a
299
19Î
187
Z84
183
T74
CHR
CHR
Années du
Monde.
Années avant
Je(us-Clirilt.
375»
57(Jo
57(î(î
377S
5777
3781
5781
3785
3787
3788
3794
3797
3798
3803
3804
5805
CurÎLis Dentatiis , l'an du monde 3747,
avant J. C. 177.
Commeni-cment des guerres Puniques.
Apres la more d'Antiochus I , furnommé
Soier , Antiochus II. rcene en Syrie.
La ville d'Aradus commence ion ère cette
année , comme il paroit par plulieurs
de fes médailles.
Atilius Regulus réduit l'Afrique en Pro-
vince Romaine. Il eft pris dans une
embufcadc , renvoyé à Rome pour per-
luader au Sénat l'échange des captifs.
Il le difTuade , de retourne à Carthage ,
où on le fait mourir dans les fupplices.
Antiochus II , Roi de Syrie, meurt, &
Seleucus II , fon fils , lui fuccède.
Prolémée Philadelphe en mourant laifîe
le trône d'Egypte à Prolémée III , fur-
nommé Epiphancs ou rilluftrc.
A. Manlius Torquatus, & Q. Lutatius
Cerco inftituent les Jeux Floraux à
Rome le i6e avant les calendes de Mai ,
c'eft-à-dire , le 1^' d'Avril.
Le Poëte Livius fait jouer à Rome une
pièce de théâtre , la première qui ait
été repréfentée.
Naiffance d'Ennius, ^
Théra & Théras, deux Iles des Cycla-
des fortirent du fein de la mer cette
année-ci , lî l'on en croit Pline -, car Hé-
rodote fuppofe que Théra exiltoit dès
le tems de Cadmus.
Année de la naiiïance du vieux Caton.
C. Flaminius , Tribun du peuple , diRri-
bue au peuple , contre l'autorité du Sé-
nat , les campagnes Picentines , &: celles
qu'on appeloit Gauloifes. Le Conful
Q. Fabius Maximus s'y oppofe.
Seleucus II , Roi de Syrie , furnommé
Callinicus , meurt , & a pour fuccelîéup
fon fils Seleucus III , furnommé Cérau-
nus , ou le Foudre.
Mort de Seleucus IIL Antiochus II , fon
fils , lui fuccède.
Archagathus , fils de Lyfanias , le pre-
mier Médecin qui ait paru à Rome , y
arrive du Péloponnefe. Il ne travailloit
que fur les plaies , & c'étoit plutôt un
Chirurgien qu'un Médecin -, mais en ce
temps-là on ne diftinguoit point encore
' ces deux arts. Il fut reçu d'abord avec
beaucoup de plaifir , mais enfuite fa
pratique de couper &: de tailler le ren-
dit odieux, lui, la Médecine &: tous
les Médecins.
Commencement du règne de Ptolcmée
IV. Philopator.
Première année de la féconde guerre
Punique. Annibal palïe les Alpes. Ba-
taille de Trébie , perdue par les Ro-
mains.
Armée des Romains , commandée par le
Conful Flaminius , taillée en pièces à
la journée de Trafimene. Flaminius y
fut tué.
Grand tremblement de terre dans laLi-
gurie , dans la Gaule Cifalpine , dans
plufieurs îles , & dans toute l'Itali-.
Plufieurs villes renvcrfces , les terre s'af-
failfent, les Fleuves coulent contre leur
fource, & la mer entre dans les Fleuves.
Scipinn rétablit les affaires des Romains
en Efpagne.
Bataille de Cannes. Annibal hiverne à Ca-
166
1<J4
258
2-49
i47
2-45
242
^41
^37
23^
250
217
116
211
220
110
Années dn
. Monde.
Année: avant
Jelus-Chiift.
5813
3814
5811
;822
582S
3851
3834
3835
385^
38.37
3859
5844
384^
3849
38ÎO
3805
j8o8 Caton fait fes premières armes fous Fabius
poue.
118
lia
>")
5851
Maximus , le Temporifeur , à la campa-
gne de Capoue.
Fabius fait le fiége de Tarente, & prend 211.
la ville. Caton étoit Quefteur dans fon
armée. On adopta la même année les
Fêtes Idéennes à l'honneur de Cybèle,
& l'on inftitua des efpèces de Confré-
ries.
Caton fut Edile l'année d'après fa Quef- 21»
ture. ^
Préture de Caton. ^06
Prolémée "V, dit Epiphanes , règne en 205
Egypte.
Commencement de la guerre des Ro- ioi
mains contre Philippe, Roi de Macé-
doine,
Titus Quintus Flaminius triomphe de la ijKî
Macédoine , &: du Roi Philippe.
Guerre des Romains contre Antiochus, 19}
Adion des Romains aux Thermopylcs ,
où fe trouve Caton en qualité de Tri-
bun des foldats,
Titus Flaminius, frère de Lucius , efl 19Î..
créé Cenfeur.
Après la défaite d'Antiochus , & la con- 190
quête de TAfie , le luxe fe répand en
Italie. P. Lucinius Cralfus, & Lucius Ju-
lius Céfar , Cenfeurs , s'y oppofent.
Mort d'Antiochus III, Roi de Syrie. Se- i85>
leucus IV , dit Philopator , règne.
Mort de Scipion l'Atricain. 188
Caton eft Cenfeur, Se chaiîe du Sénat. 187
L. Flaminius , quoiqu'il eût été Conful
fept ans auparavant. Scipion l'Atricain
le Jeune vient au monde.
En ce temps-ci régnoit en Arabie Arétas , 1 8 J
allié des Rois de Syrie.
Prolémée VI , dit Philométor , règne en 180
Egypte.
Jafon , frère d'Onias , brigue le fouverain 178
Pontificat des Juifs ^ il érige à Jérufa-
lem,avec le confenrcment d'Antiochus,
Roi de Syrie , une Académie pour éle-
ver la jeuneffe , de tâche d'introduire
l'idolâtrie parmi les Juifs.
Seleucus IV étant mort, Antiochus IV ,
dit Epiphanes, règne en Syrie.
On célèbre à Tyr les Jeux Quinquen-
naux.
Ménélalis , que Jafon avoir envoyé à 175
Antiochus pour lui payer fon tribut ,
fe fait donner le fouverain Pontificat ,
en offrant au Roi 300 talens d'argent
plus que Jafon.
Tharfe &c Mallo fe révoltent , parce 174
qu'Antiochus les avoit données à Antio-
chide fa concubine, Antiochus y va
pour appaifer la fédition, Ménélalis
donne des vafes du Temple à Andro-
nicus , qu'Antiochus avoit laiffés à Jé-
rufalcm , & lui perfuade de faire tuer
Onias, qui fe tenoit dans un afyle dtt
fauxbourg de Daphné ,à Antioche, An-
dronicus'l'en retire, fur la fauffe pro-
mefTe qu'il ne feroit rien attenté lut fa
perfonne , puis il le fait tuer. Antiochus
punit ce crime par la mort d'Andro-
nicus.
Guerre des Romains contte Perfée. C'efi: i:*}
pendant cette guerre que Rome com-
mence à avoir des Boulangers. Aupara-
vant chacun faifoit le pain dans fa mai-
fon , & c'étoit le travail des femmes.
Antiochus Epiphanes entre en Egypre , 17*
Se s'en rend maître. En retournant d'E-
gypte, il palfe par Jérufalera, & enlève
CHR
CHR
iAnnées du
Monde.
Années iwnt
Jefut-Chrift.
Ann(?eS an
Monde»
Î70
les vafcs, les ôrriemens Se les trcfors
du Temple , & les emporte,
58^5 Mort d'Ennius.
3854 Antiochus envoie à Jcrufalem l'Inten-
dant de Tes finances, qui fait main-bafle
fur les habitans , fait mettre le feu à la
ville , en détruit les maifons & les mu-
railles, & fortifie la citadelle de Sion»
où il met garnilbn. Enfin Antiochus or-
donne aux Juifs d'abandonner leur Loi,
& d'embraffer l'idolâtrie.
Mathathias s'élève contre ces loix impies,
& fe retire dans les n^ontagnes avec fes
enfans. Commencement de l'erc & de
la puilfance des Afmonéens.
jj8j5 Mathathias meurt. Judas Machabce lui i(îp
fuccèdc,aidé de fes frères.
Martyre des fcpt Frères & de leur mère.
Judas Machabce défait & tue Apollo-
nius,
Il bat au/Ti Sérott , Général de l'armée de
Syrie. Antiochus , piqué de la perte de
fes armées , en lève une plus forte , &
cpuife fes tréfors. Il prend une partie de
fes troupes , & s'en va en Perfe pour
remplir de nouveau fon tréfor. Vic-
toire de Judas Machabée fur Ptolomée,
Nicanor, Gorgias , Timothée & Bac-
chides.
^8J7 Judas Machabée fe rend maître de Je- idj
rufalem-, il purifie le Temple, & célè-
bre les Encènies le xo du mois Cafleu ,
& ordonne qu'on en célèbre tous les
ans la mémoire le même jour. Viéloire
de Judas Machabée fur Lyfias. Antio-
chus eft chaffé de Perfépolis , dont il
vouloir dépouiller le Temple.
3858 Antiochus V , dit Eupator , règne en Sy- tdd
rie après Antiochus Epiphanes , mort de
chagrin cette année.
; Seconde Viéfoire de Judas Machabée fur
[ Lyfîas , qui fait la paix par ordre du Roi.
La même année Judas érant parti du port
& de la ville de Jamnia, remporte un
avantage fur les Arabes , attaque Car-
phis& Caraca,&: les emporte, gagne
une bataille proche de Carnium , s'em-
pare de Scythopolis , Se après la Pente-
côte, il a un léger échec contre Gorgias,
& il ordonne des prières pour ceux qui
étoient morts dans le combat.
?8 Jp Judas fait le fiège de la citadelle de Sion* i C'y
Il le lève pour aller combattre l'armée
de Syrie , & la défait près Bcthzaraca. II
feit la paix avec Dethliira , & revient à
Sion dont il fait le blocus.
Philippe fe révolte contre Antiochus ,
qui , pour n'avoir pas deux ennemis fur
les bras , fait la paix avec les Juifs , &
leur permet l'exercice de leur Religion.
5S(îo Démétrius , fîls de Séleucus IV , palfe de %6^
Rome en Syrie pour chaflér Antiochus ,
& remonte fur le thrône de fes pères.
L'armée fe déclare pour lui , & s'étant
faifie d'Antiochus & de Lyfias , on les
met à mort, & Démétrius régne paifi-
blement.
Akime brigue le fouverain Pontificat. Dé-
métrius le lui donne. Judas repouffe Al-
cime. Démétrius envoie Nicanor en Ju-
dée pour fe faifir de Judas Machabée.
D'abord il fait amitié avec lui ; mais cet-
te conduite ayant déplu au Roi , Nica-
nor change •, Judas s'en apperçoit & fe
retire. Nicanor vient à Jéruialcm •, il
tend des embûches à Judas, qui les
T7T
Années avan»
Jelus-Chriit.
l{j%
iSù
évite , 6c enfuite bat deux fois Nicanor,
& le tue dans la féconde a.iCiion.
58^1 Ambalfade envoyée à Rome par Judas i<?j
Machabce. Alliance entre les deux peu-
ples.
Démétrius eiivoye Bacchidès & Alcime.
Confternation dans le camp de Judas.
On l'abandonne. Il combat avec la pe-
tite troupe qui lui refte. Il efl tué en
combattant. Son frère Jonathas prend
fa place.
38(Ji Alcime fait détruire les murs intérieurs
du Temple. Il meurt d'apoplexie.
Bacchidès retourne vers le Roi de Sy-
rie , & l'on fut deux ans fans aâ:e d'hof-
tilité.
38(^4 L'art de la Sculpture fe relève en Grèce ,
& Anta;us , Calliflratus , i'olyclès. Athé-
née, CallJménès , Pytoclès , Pythias ,
Timoclès , fans avoir le mérite des an-
ciens Maîtres , ne laifîènt pas de fe dil-
tinçruer.
On tâche de fe faifir de Jonathas ; il évité
le piège. Bacchidès fe met en campa-
gne, & après quelques avantages rem-
portés par Jonathas , le Général Syrien
fonge à fe retirer. Jonathas lui propofe
la paix & l'échange des captiis. Il l'ac-
cepte.
386'5; Alexandre, fils d'Antiochus, vient difpu- ij^
ter le Royaume de Syrie à Démétrius ,
& il eft reçu dans Ptolémaïde. Démé-
trius va le chercher à la tète d'une at-
tnéc nombrcufe ; & pour mettre les Juifs
dans fes intérêts , il leur accorde de
grands privilèges. Alexandre en fait au-
tant de fon côté. Les Juifs prennent fon
parti par reffentiment des maux que
Démétrius leur avoir faits.
3871 Alexandre combat Démétrius ,& le dé- iy|
fait. Enfuite il époufe Cléopatre , fille
du Roi d'Egypte. Il invite Jonathas à
fes noces , &: lui donne toutes fortes de
marques de diftiniïlion & d'amitié.
5871 Caton détermine le Sénat à la guerre con- iji
tre Carrhage.
5873 Scipion à la Cour de Maffiniffa. 151
Troifième guerre Punique.
3874 Démétrius, fils de Démétrius, détrôné Î50
par Alexandre , vient de Crète ,-&c fait
defcente en Syrie. Alexandre allarmé
comble Jonathas de nouvelles faveurs.
Le Machabée prend Joppé , défair Apol-
lonius, Général de Démétrius, prend
de détruit Azotus & les villes circon-
Voifines, Alexandre lui envoie une agra-
fe d'or, &c lui donne la ville d'Acca-
ron.
387J Ptolémée, Roi d'Egypte, fe déclare con- i.4g
tre fon gendre Alexandre. Il ôte fa fille
à Alexandre, & la donne à Démétrius
Il ; enrrc dans Alexandrie , & fe déclare
Roi d'Egypte &: d'Afie.
Ptolémée, Roi d'Egypte, meurt. Ptolé-
mée VII , furnommé EvergèteS , règne
à fa place.
Scipion prend Carthage , ^' la détruit,
Memminius s'empare de Corinthe , Se y
fair mettre le feu.
Démétrius, Roi de Syrie, accorde à Jo-
nathas le fouverain Pontificat, & beau-
coup d'aurres grâces, &: Jonathas lui
envoie du fecouts.
Viéloire de Démétrius fur Alexandre,
Celui-ci s'rnfuit en Arabie pour y cher-
cher de l'appui; mais au lieu de le fe-
t7^
Années du
MonJc f.
CHR
C H R
Années avant
Jcfus-Chiift.
Annfes do
Monde.
5877
courir , Zabdiel lui fait couper la tête ,
fv.- l'envoie à Ptolcmcc. Dcmctrius règne
leul en Syrie , & prend le titre de Ni-
canor, ou Vidorieux.
Tryphon tire Antiochus , fils d'Alexandrcj
des mains de l'Arabe Emalchaël , pour
le remettre fur le trône.
Révolte de la ville d'Antioche contre
Dcmétrius , réprimée & punie par les
Juifs , que Jonathas lui avoir envoyés
l'année précédente. Quand il fut tran-
quille , il refufa à Jonathas tout ce qu'il
lui avoir promis. Antiochus écrivir à
Jonathas , &: lui confirma tous les hon-
neurs & tous les privilèges qu'on lui
avoir accordés. Il érablit Simon fon
frère Commandant , depuis Tyr jul-
qu'aux confins de l'Egypte. Avantages
de Jonathas fur des gens de la faiftion
de Démétrius , qui lui tcndoient des
embûches , & fur les Arabes Zabadéens.
Il envoie des Ambaliadeurs à Rom.e &c
à Sparte.
Les Romains foumettent l'Achaïe , & en
remportent à Rome beaucoup de ta-
bleaux , qui commencèrent à leur don-
ner du goût pour la Peinture.
3S78 Tryphon fe faifit de Jonarhas, il de-
mande les fils de ce Grand Prêtre en
otage. Simon les lui envoie. Tryphon
fait mourir le père & les enfans , &: en-
fuite Antiochus , &: s'empare de la cou-
ronne.
Simon fuccède à fon frère. Dcmétrius lui
écrit , de fait la paix avec les Juifs , &
leur accorde tout ce qu'il avoit prorais,
Simon eft déclaré Grand Prêtre , Se Prince
des Juifs. Il fe rend maître de Gaze.
La citadelle de Sion fe tend à Simon.
Les F<.omains ayant appris la mort de Jo-
nathas &c l'exaltation de Simon , lui écri-
vent à ce fujet , & renouvellent l'allian-
ce avec les Juifs.
Arfacès règne en Pcrfe & en Mcdie.
Démétrius entre lur fes terres pour y
aflémbler du fecours. Arfacès le fait com-
battre : il eft vaincu , pris & mis en
prifon.
Antiochus , fils de Démétrius I , fe pré-
pare à enrrer en Syrie. Il écrir à Simon ,
& lui accorde plufieurs grâces confidé-
rables.
Antiochus aflîège Dora. Numénius arrive
de Rome , porrant des lettres adreffées
à tous les Rois & tous les peuples en
faveur des Juifs.
Anriochus afliège une féconde fois Diora:
il rompt avec Simon , & refufe les fe-
cours d'hommes & d'argent qu'il lui en-
voyoit. Il fait même attaquer la Judée
par Cendebus , fur lequel les deux fils
aînés de Simon remportent une victoire
fignalée.
Ptolémée , gendre de Simon , le fait af-
faflîner avec fes deux fils , Mathathias
& Judas -, Jean le troiiicmc lui échappe,
& fuccède à Simon. Il le nomme autre^
ment Hircanus.
Commencemenr des mouvemens excités
à Rome par les Graques.
Le Roi Artalus fait le peuple Romain fon
héritier. Par là l'Afie devient province
du peuple Romain , & le luxe corrompt
les mœurs. Dcmétrius II remonte lur le
trône.
)8p^ Scipion l'Africain eft trouvé mort dans
3879
3880
5881
■?88i
388;
3884
588(î
3889
385)!
147
1^6
145
14-^
14;
14Z
141
140
158
135
135
131
Année! avàW
Jéfus-Chtift,
fon lit. On foupçonna qu'il avoit été
étranglé.
Alexandre II règne en Syrie, eh même-
remps que Démétrius.
3895 Séleucus V , fils aîné de Démétrius II , lui 119
fuccède.
389(î Antiochus VIII , furnommé Grypus & 118
Epiphanes , règne en Syrie.
3897 Guerre des AUobroges contre les Ro- 117
mains.
3901 PanatiusSc Apollonius, Philofophes, il- 113
luftroient en ce temps-ci la Grèce.
3905 Antiochus IX , fils d' Antiochus VII , & 119
nommé Philopator & Cyzicène , règne
en Afie.
5907 Ptolémée VIII, furnommé Soter , règne 11/
en Egypte.
3909 Guerre des Romains avecles Cimbres. 115
39 II Guerre contre Jugurtha. 113
Carnéades , Clitomachus , Acfchinis, Mé-
trodorus , élevé de Carnéades , Mnéfar-
chus qui rétoit de Panïtius & Ménédé-
mus , rendoient alors l'Académie flo-
rillànte à Athènes. Critolaiis & Diodore
fe diftinguoient parmi les Péripatéti-
ciens.
3913 Vers ce tems-ci l'Orateur CralTus fit Re-
loge funèbre de Papilia fa mère. C'eft la
première Dame Romaine à qui l'on ait
fait cet honneur. La coutum.e s'en intro-
duifit depuis fur cet exemple.
3914 Prife de Jugurtha. Marins finit la guerre.
3916 Cicéron vient au monde le 3 Janvier.
3917 Nailfance de Pompée.
Vers ce tems fe forme une des Cyclâ-
des , nommée Hiéra , ou Automate.
Ptolomce IX, furnommé Alexandre, mon-
te fur le thrône d'Egypte.
3919 Ariftobule fuccède à fon père Hircan , oa
Jean, fouverain Pontife des Juifs , &
prend le titre de Roi. C'eft le premier
depuis la captivité de Babylone.
3910 Ariftobule meurr , & Alexandre fon frerë
lui fuccède au fouverain Sacerdoce Se à
la Royauté,
Ménéclès & Hicfoclès fon frère. Ora-
teurs fameux dans toute l'Afie Mineure.
5911 Naiflance de Jules Céfar.
3915 Séleucus , dit Epiphanes , Nicanor, règne
après la mort d'Antiochus VIII fon
père.
392.7 Antiochus X , fils d'Antiochus IX, règne <)f
en Syrie , & fe fait furnommer le Pieux
Si Philopator.
3918 Orateurs célèbres à Rome, Cra/Tus , An- ^ë
toine , Varius , Sulpitius , Catulus , Cé-
far , &c,
Antiochus XI, furnommé Epiphanes, Phi-
ladelphe &c Didyme , fils d'Antiochus
VIII , Si frère de Séleucus VI , règne
en Syrie.
3930 Démétrius III, quatrième fils d'Antiochus 94
VII , règne en Syrie. Il eut les furnoms
de Philométor , Evergérès , de Caliini-
cus Se d'Enca'rus.
3931 Le Péripatécien Sraféus vient à Rome. 9}
Le Conful Philippe Se le Tribun Drufus
troublent la République. C'eft pendant
ces troubles, au commencement du mois
de Septembre, que Cicéron fuppofe que
furent faits les trois Dialogues qu'il in-
titule de l'Orateur.
3931 Guerre Italique ; guerre des Romains 94
avec les Marfes.
Philippe , furnommé Epiphanes, troifième
fils d'Antiochus VIII , règne en Syrie,
i9î>
11,1
110
108
107
105I
104
103
99
CHR
CHR
^nn^cs du
Àlonde*
Années avant
Jcfuï-Cbrift.
35>3Î Ptolémée VIII remonte feul fur le trône.
Antiochus XII, fils d'Antiochus VIII, rè-
gne en Syrie. Il porte les furnoms d'E-
piphanes Dionyfius.
3c)57 Les Syriens appellent 'ffigrane, & le pla-
cent lur le trône de leurs Rois.
JP38 Anne la Prophctefîc , dont il eft parlé
dans S. Luc. II, 57, vienr au monde.
5942 A la mort de Ptolémée Soter, Bérénice fa
fille monte fur le trône.
3947 Alexandre, Roi de Judée, meurt. Ale-
xandre fa veuve rè;jrne pendant 9 ans.
Elle fait fon fils Hyrcanus fouverain
Pontife.
•3948 Alexandre, Roi d'Egypte, chafle , meurt
à Tyr.
3949 Ptolémée X, bâtard de Ptolémée Soter,
ed «levé fur le trône par les Alexan-
drins.
j<,55 Alexandra, Reine de Judée , meurt , 8c '
Hyrcanus II, fon fils, règne trois mois
feulement,
Lucullus défait Tigrane , & met Antio-
chus EpiphanesPhilatbr, Callinius , ap-
pelé communémenr l'Aliatique, Se le
Comagénois fur le trône de Syrie.
3951? Ariftobule fait la guerre à Hyrcan fon
frère , & le dépouille de fon Royaume.
395(; Siège de Jérufalem par Pompée, La ville
prife , Pompée met Ariftobule aux fers ,
&C rétablit Hyrcan.
Oélavius , qui l'ut depuis Céiàr , & enfin
Augufte , vient au monde cette année-
ci, le 25 de Septembre.
Les villes de Sytie commencent cette an-
née l'ère de Pompée , ou de leur fociété
avec les Romains.
Conjuration de Catilina , découverte &
déconcertée par Cicéron ConfuI,
j9^o Gabinius , Lieutenant de Pompée , acheva
la conquête de Syrie , & réduit à l'obéil-
fance des Romains quelques villes qui
reftoiem encore à prendre ou à rece-
voir en fociété,
Antiochus XIII eft dépoffédé. Fin des
Séleucides, La Sytie devient Province
Romaine,
39<ji Augufte perd fon père à l'âge de quatre
ans.
39(^4 Céfar fait la guerre dans les Gaules après
fon premier Confulat.
Cicéron exilé pat les inttigues du Tribun
Clodius.
Julia , 5ceur de Jules Céfar , époufe
d'Atias , 8c mère d'Atia , qui le fut
3970 d' Augufte , & par-là fon ayeule ma-
ternelle , meurt : & Augufte , âgé
pour-lors de douze ans, fait fon oraifon
funèbre,
Julia , fille de J, Céfar , & femme de Pom-
pée , meurt auflî , & les brouilleries
commencent entre ces deux Romains.
Après la mort de Ptolémée le Bâtard , ar-
3972 rivée l'année précédente , les Romains
font Ptolémée fon fils , & Cléopatre fa
fille , Rois d'Egypre,
Commencement de la guerre civile entre
3975 Céfar & Pompée.
Bataille de Pharfale. Mort de Pompée.
39-'4 Guerre & fiège d'Alexandrie par Céfar.
3975 Ptolémée périt dans le Nil.
597(î Cléopatre époufe Ptolémée fon frère
tout jeune encore. Se ils régnent en-
femble.
Guerre d'Afrique.. Scipion vaincu. Céfar
triomphe quatre fois en un mois i
Tome IL
87
82
77
75
6ç)
6i
^5
6±
61
54
5i
51
50
49
43
Années du
Monde*
T77
/innées avartt
JeluS'Chr.A'
Î5>77
5973
VJ^9
598c
5901
5982
3984
5935
398<;
5989
3992
3P95
1°. des Gaules , 20. de l'Egypte, %o. du
P«nt, 40. de l'Afrique. Le jeune Oétavius
prend la robe virile , & fon oncle lui
fait part des préiéns qu'il diftribua à
Ion quatrième triomphe.
Corrcdtion du Calendrier. Première an-
née julienne. Guerre d'Elpagne contre
les iils de Pompée. Oiflavius accompa-
gne l'on grand oncle dans cette campa-
gne, & fait fes premières armes lous
lui.
Ccfar fait des prcpararifs de guerre con-
tre les Daces &: contre les Parthcs. Il
fait prendre les devans à ion neveu , qui
vient à ApoUonie. Cependant Célat eft
tué à Rome. Oélavius revient de Grèce ,
& fe porte pour héritier de J. Ccfar
fon grand oncle.
Ptolémée eft empoifonné , & Cléopatre
règne iéule en Egypte.
Premier Confulat d'Augufte. Il avoir
déjà été fait Préteur au commen-
cement de l'année par les foins
de Cicéron, Guerre de Modene. Pre-
mier Triumvirat, Profcription. Mort de
Cicéron.
Bataille de Philippcs. Brutus & Caflius
vaincus pat Céfar ëc Antoine. Antoine
conftitue Téttarqucs Phalaël, & Hérode
fon frère puîné.
Expédition de Pacorus fur la Syrie &
la Paleftine, Il cha/îé Hyrcan & lui iub-
ftirue Antigonus,
Hérode vient à Rome , & par le crédit du
jeune Oétavius Céfar &: d'Antoine , il
eft déclaré Roi de Judée.
Siège de Péroufe par le jeune Céfar , âgé
de 23 ans. Commencement de l'ère d'Ef-
pagne,
Antoine afTiège Samofate, & la prend,
Herodes fervit pendant ce fiège avec
des troupes qu'il y mena. Après la prife
de la ville, Antoine le renvoie en Judée
avec Sofius fon Lieutenant , & deux co-
hortes. Hérodes bat Antigonus dans une
rencontre, & le conttaint de fe renfer-
mer dans Jcrulalem,
Hérodes 8i Sofius mettent le fiège devant
Jérufalem. Hérodes pendant le fiége
époufe à Samarie une fille d'Alexandre,
Roi des Juifs, petite fille d'Ariftobule,
Le quatrième jour du fiège la première
enceinte des murailles eft emportée par
les aiîlégcans , & quinze jours après , la
féconde. La ville fut piife après cinq
mois de fiège. Ce fut la fin du gouverne-
ment des Afmonéens', car Anrigonus fut
mis aux fers & envoyé à Antoine , qui
le fit mourir, Hérodes commence à ré-
gner.
Commencement du fécond Triumvirat.
Expédition d'Antoine contre les Parthcs,
peu heureufe & peu glorieufe pour lui.
Fin du Triumvirat,
Bataille d'Adium, Antoine & Cléopatre
vaincus s'enfuient à Alexandrie , &c fe
donnent la mort. Augufte vapaffer l'hi-
ver .1 Samos, Fin du règne des Ptolé-
mécs,
Cefar paffe en Egypte , côtoyant l'A/ie &
la Syrie, Il vient .à Alexandrie , & fe
vend maître de l'Egypte &: de tout l'O-
rient, Fin des guerres civiles. Paix gé-
nérale dans l'Empire.
Céfar, de retour en Italie, triomphe trois
fois y 1° de rillyrie ; 2" pour la bataille
D d d d
47
4<J
4Î
44
45
4i
40
39
38-
35
53
3*
5î
T78
Années du
■Monde.
CH R
CH R
AMées avant
Jclus-Clirift.
^^
crAdium !, ^°Ac Clcopatrc Se dï rEE;yp-
te. Virgile finit fcs Gcorgiqucs , & les
lit à Auguftc,
jpr,- Hérodes répudie Salomc. Il bâtit Sc-
bafte. Commencement de l'crc de cette
ville.
3999 Première année de la Puiilance T ribu-
nicience d'Augufte.
4001 Aiigufte vilîte les Provinces d'Orient. Les zj
Parthes lui renvoient les drapeaux pris
jur Craflus , &: en d'autres rencontres
parOrodèsôc Phraatcs.
Hérodes bâtit Céiarée à riioimeur de Cé-
fn.
Hérodes commence les réparations du
rcm-ple de Jéruiakm.
4001 Hérodes achève Célarce, & la dédie. ' 22
Années ia ^^ '• ^'
Mor.dc.
4025 Jesus-Christ naît à Béthléhem le ij
Décembre.
4024 Jcfus efl: circoncis le i' jour de Janvier.
Des Mages viennent l'adorer. Ileftpré-
lenté au^emple le 2 Février. La fuite
en Egypte. Le mallacre des Innocens.
Kcrodes meurt. Arcbc4aus lui fuccèdc. Je-
lus cft ramené d'Egypte par S. Jofcph ,
qui va s'établir à Nazareth en Galilée,
^ugufte adopte Tibère.
4019 Augufleveut fe dém.ettre de l'empire.
4050 Nailiancc de Velpaiien,
4054 Les principaux des Juifs accufent Arché-
lalis devant Augufte , qui le relègue à-
Vienne dans les Gaules. La Judée de-
vient province des Romains , &: eft at^
tribuée à la Syrie.
4055 Jefusau Temple au milieu des Doi5leurs
de la Loi,
6
7
II
12
CHRONOLOGIQUE, ad], m. 6: f. Qui appartient
à la Chronologie. Chronolosiiciis , ^uod ad ratio-
ncm u-mporum}ernnet. Les Tables chronologiques
font d'un grand fccours pour apprendre la Chro-
nologie , comme celles de Petau , de Helvicus &
de Marcel , &c.
gCT On appelle tables chronologiques , celles où les
principales époques &; les principaux faits font mar-
qués par ordre des temps , & fnnplement indiqués.
%fT Abrégé chrojiologique , hiftoire abrégée, où les
principaux faits , avec les circonftances les plus cf-
fentielles , font rappottés félon l'ordre chronolo-
gique. Tel eft l'ouvrage du célèbre Préfident Hé-
nault.
On appelle colonne chronologique , une colonne
chargée de quelque infcription hiftorique félon l'or-
dre des temps-, comme félon les Olympiades, les
luftres , ^c-. On voyoit de ces fortes de colonnes à
Athènes L'hiftoire de la Grèce y étoit gravée par
Olympiades.
CHRONOLOGISTE,autrefoisCHRONOLOGUE.
f. m. celui qui fait la Chronologie, ou qui en
écrit -, qui eft vetfé dans la fcience des temps. Cliro-
nographus. Yous n'êtes pas un' bon Cliroiwlogip.
Caivifms efi: un- grand Chronologue. Ablanc. Chro-
nolo?jie vicHlit.
CHRONOMETRE, f. m. Chronometrum. Inftrument
qui fert à mefurer le temps ; il conlifte dans une
fuïiple échelle que l'on fait par les pouces , ou les
differens dcçrrés qu'on y marque. M. Sauveur a don-
né dans fes Principes d'Jcoufiique, la figure de fcn
Chronomètre , Se celle du Chronomètre de M. Loulié.
IKF Le Chronomètre de M. Sauveur étoit un pen-
dule particulier qu'il deftinoit à déterminer exac-
tement les mouvemens en raufique.
Années ia
Muiide.
De J. C,
4058
4040
4051
4053
40,4
40,-rj
4072
4078
4091
4^9)
Auguftc meurt le 19 d'Août. Tibère lui ij
Uiccede.
L'ile Thia , l'une desCyclades, fort de 17
la mer 6v: fe forme.
S.; Jean-Baptifte commence à prêcher. 2.9
JÈsus-Christ eft baptifé par S. Jean lé 30
6 Janvier , félon la tradition, au com-
mencement de ia 1,0^ année. J. C. chade
les Vendeurs du Temple , de célèbre la
première Pâque à Jérufalem.
Vellcïus Patcrculus publie fon hiftoire ji
cette année , & en tire fes dattes.
Jefus-Chrift célèbre fa féconde Pâque à
Jérufalem.
40J5 Troilième Pâque de Jefus-Chrift. Miracle 31
de la multiplication des cinq pains.
405^ Jefus-Chrift reifufcite le Lazare. Il célè- 35
bre fa quatrième & dernière Pâque à
Jérufalem. Il y cft crucifié dans la qua-
trième année de la 70*^ femaine de Da-
niel.
4o5'i Mort de Tibère. Première année de Caïus 58
Célâr.
Caïiis meurt. L'Empereur Claude prend 41
le gouvernement.
L'Empereur Claude célèbre les Jeux Se- 49
cùlaire.s.
Claude meurtle 15 Odobre. Néron lui 55;
fuccède.
Néron meurtle 12 de Juin, Galba com- ^cf
mande pendant 8 mois.
Othon Empereur pendant 5 mois , c'eft- 70
à-dire , jufqu'à la mi-Avril.
VitcUius pendant 8 mois. Il eft tué fut la
fin de l'année.
Vefpafien prend les rênes de l'Empire le
premier jour de Juillet.
Jcruûlem prife par Tire. AccomplifTe-
ment des Prophéties de Daniel & de
J.Cfur cette ville & fur le peuplejuif.
Ce mot eft formé de Xpoû? , temps , Se /uÎTpeif
mejure,
|cr CHRONOSCOPE. Pendule ou machine pour
mefurer le temps x^«»»ç> temps &: ^y-^-^e", , je con
lîdère. Le mot chronomètre rend mieux cette idée.
tJO" CHPvUDiM. Ville du Royaume de Bohème fur
la rivière de Chrudimka , dans le cercle auquel elle
donne fon nom , aux confins de la Moravie.
ifT La rivière de Chrudimka a fa fource près de Czaf-
law , pafle par le Cercle de Chrudim , Se fe jette
dcns la rivière d'Orlitz.
CHPvYSALIDE. f f. La chryfatide eft la chenille qui
a perdu fon état de chenille , Se qui eft devenue une
efpèce de fève avant de fe transformer en papillon.
La chenille devient chryfalide , ^ de chryfaliii
elle devient papillon. CAry/t/w. M. deReaumur,
Se prefquc tous les Naturaliftes écrivent chrifalide.
fins y : cependant cette chenille a été ainii nommée
à caiife de la couleur dortc , du mot grec X/iuràs ,
or.
On entend par Chryfalides , les chenilles qui
fontmétamotphofées en efpèce defeves,lorfqu'elles
font fans pies ni ailes , qu'elles n'ont plus de mou-
vement , Se qu'elles ne ptennent plus de nourriture.
On donne le même nom aux vers à foie, pendant
qu'ils demeurent dans cet état, f'^oye- là-deflus le
Mémoire de M. Réaumur fur les infecîes , Tom. i
1754, ou le Journ. dss Sav. Mai 173 >. Les chenilles
en cet état paroilfent être d'or bruni, tantôt jaune,
tantôt plus pâle, quelquefois verdâtre-, Se c'eft de
cette riche couleur qu'elles ont emprunté leur nom
çrec de Chryfalide , Se leur nom latin de Aureliiz.
il V en a aûfïi qui portent des tachcs.argentées.
CHRYSALITHE. f. f. Pierre figurée d'une couleur
d'pr Se de fer , femblable à celle de la corne d'Am-
C H R
TiTOrt , brillante , dure 5c raboteufe , où Ton apper-
çoit un grand nombre de raies circulaires , 5: qui
paroît faite de trois ou quatre couches iphctiqucs
appliquées l'une ilir l'autre. Ces couches ont quel-
que reiicmblanceavcc l'enveloppe de la chryfaiidc.
RiEGER , cm par James.
CtCT CHRiSAMMONITE. Chrifammonites. Nom
qu'on a donne aux cornes d'Ammon qui paroiifent
dorées.
CHRYSANTHEMUM. f. m. Chryfanthemum. Plante
qu'on nomme ainlià caufede la couleur dorée de
les fleurs. Elle a néanmoins cela de commun avec
beaucoup d'autres plantes. L'eipèce de chrijanthe-
murn. qu'on cultive dans les jardins , vient de Can-
die & de Sicile > & eft arinueile. Chryj'anthemum
Creticuin , Cliif. Hijt. Ses tiges l'ont droites , hautes
de trois à quatre pies , branchues , cannelées > d'une
couleur vert-pâle j &" gatnies > auifi-bien que fes
branches, de feuilles alternes, découpées eii plu-
lieurs fegmcns , qui font encore incilces fur leurs
bords. Leur couleur eft d'un vert un peu pâle. Les
extrémités des tiges & des branches portent des
fleurs radiées ^ a/lez amples pour la grandeur de la
plante , & foutenues par des calices écailleux. Ses
fleurs varient par leur couleur , qui eft plus ou moins
vive. Il s'en voit dont le centre eft pâle , pendant
que la circonférence eft jaune ; & quelques pies
donnent des fleurs également jaunes , les unes plus
vives , les autres plus pâles. On eftime plus les pies
qui portent les fleurs doubles toutes j;mnes -, on
fait moins de cas de celles qui font jaune & blanc ,
quoique doubles. Les fcmences du Chryfanthemum
font menues , longuettes , anguleuics , crénelées ,
& d'une couleur brurte. Ox\ trouve dans les terres
a blé des environs de Paris & dans celles de Nor-
wà martdie , une efpèce de chryfanthemum qui a fes
^ fleurs toutes dorées , &: .aulîi grandes que celles de
la Marguerite. Ses feuilleî font tantôt entières &:
dentelées fur leurs bords , le plus fouvent décou-
pées en quelques fegmens longs & crénelés, elle eft
nommée en latin chryfanthemum fcgetum, ow Bellis
lutea.
Ce terme eft compofé des niots grecs x/>«r«« , or ,
àtSui , fleur , comme qui diroit fleur dorée. On
mange en quelques endroits les tiges & les feuilles
de cette plante comme les autres herbes potagères.
CHRYSARGIRE. f. m. Tribut qui fe levoit fur les
femmes de mauvaife vie , & autres perfonnes de
même forte. Chryfargirum , Aurum lujlrale , ne-
gotiatorium, pœnofum. Evagrius en parle au ch. 39*=
</« Uh Livre de fin Hiftoire. Zozime dit que Conf-
tantin en fut l'auteur. Il y en a ceperidant des vef-
tiges dans la vie de Caligula par Suétone , &: dans
celle d'Alexandre par Lampridius. Evagrius dit que
Conftantin le trouva établi , &: qu'il penfa à l'a-
bolir. Il fe payoit tous les quatre ans. Quelques-uns
difent que les Marchands & le petit peuple le
payoient auiTi. Foyej;^ Baronius à l'an 530. Il paroît
même certain qu'il fe levoit fur toutes les perfonnes
Se fur les animaux , même fur les chiens qu'on nOu-
rilToit. L'Empereur Anaftafe Tabolit. Il ôta une im-
pofition que l'on appeloit le CAry/izrcyre , laquelle
fe levoit tous les quatre ans j non-feulement fur la
tête des perfonnes, de quelque condition qu'elles
fuflcnt , foit pauvres , foitefclaVes , mais même fur
tous les animaux, & jufques fur les chiens , pour
chacun defquels on payoit fix oboles. Godeau.
Ce tribut fe payoit en or & en argent , dit HofF-
man , & de là Ion nom xov»oç , or , «pft/for, argent.
CHRYSASPIDES. Nom qu'on donnoitdans la
milice Romaine à des foldats dont les boucliers
étoient enrichis d'or.
CHRYSEUIL. f. m. Nom à'homms.Chryfolius. Saint
C/^ryy^KiY fi.it difciple de S. Denis. Il fouffritlamort
au lieu où eft à préfent tfrélinffhen , & fon corps
fut porté à Commines. Voye^ l'Abbé Chaftelain au
7'Févr. ;>. 5<î4.
ÇHRYSITE, f. f. C'eft le nom qu'on a donné à la
G Mit
Marcafîîtd'd'ot, c'cft-à-dire, aux pierres minérale*
dans lefquelles on trouve de l'or. Chryfites,
CHRYSOBERIL. f. m. Pierre précieule qui n'cft au-
tre choie qu'une forte de béril pâle , un peu couleur
d'or. Chryfoberyllus.
CHRYSOCOLLE, f. K Eft une pierre prccieufe que
Pline , /. 37 , c. 10 , nomme d'un autre nom , Am-
phitaiic. Elle eft de couleur d'or , de figure carrée.
Il dit qu'elle a la vertu de l'aimant , même celle d'at-»
tirer de l'or , & qu'elle fe trouve aux Indes. On tient
cela fabuleux. Il y a apparence qu'il veut parler de
la chryfolithe ou topafe.
Chrysocolle eftaulîi une colle , liaifoh ou foudure
de l'or & autres métaux. Chryfocolla. La naturelle
eft une certaine rouille d'airain épailfie , qui coule
dans les mines , principalement de cuivre , & quel-
quefois dans celles d'or, d'argent, & même de
plomb , quand il pafle un peu d'eau dans leurs vei-
nes , laquelle s'épailfit , &: fait comme une pierre-
ponce. La meilleure eft celle qui eft verte comme
une ém;raude , ou un porreau : c'eft celle qui vient
du cuivre. Celle des autres métaux eft plus lavée.
Piuiîeurs la mettent au rang des efpèces de nitre.
Les Médecins s'en fervent dans la cure des plaies.
On en fait d'artificielle avec un peu de naturelle dé-
trempée & du paftel ou guède. On fait aulfi une
foudure d'or & d'argent avec de la rouille de cui-
vre & de l'urine d'un jeune garçon , ou avec un peu
de nitre. On l'appelle autrement borax.
Ce nom de chryfocolle vient de ce qu'elle fert à
foùder l'or xf "«-ô; 5 or , xÔaa» , colle. Les Grecs ont
tranfporté le nom de la faétice à la naturelle , à
caufe de la rellemblance de la couleur, f^oye:^ Galienj
Pline, Fallope , Agricola , Carlîus.
CHRYSOCOME. f. f Plante qui eft une efpèce d'm-
mortelle ou de Stxchas citrina. On l'appelle chry~
focome j parce que les fleurs font des bouquets d'une
couleur éclatante, Stœcha citrina angujiifoliai, Vo/i
Immortelle,
^fT On donne encore ce même nom à plufieurs au-
tres plantes d'un genre très-différent,
tfj CHRYSOGENOSi Nom d'une nation marquée
dans une prophétie reçue parmi les Turcs , qui fe
perfuadent qu'ils pourront un jour être détruits pat
certe nation, Spon explique ce mot grec par
celui de blond , &: l'applique aux Mofcovites , qui
ont, dit-il , la plupart les cheveux blonds , ëc dont
le Grand-Seigneur redoute plus la puilfance que
celle d'aucun autre peuple.
CHRYSOGONE. f. m. Nom d'homme. Chryfigonusi
S.Chryfo^one eft un Martyr célèbre, quifouffrit,
à ce qu'on croit , près d'Aquiléc dans la perfécution
de Dioclétien.
Ce nom eft gfec , compofé de xr-"^''^ > ^urum s
& fll\l»!/.xl , fio.
CHRYSOGONIE. f, f. Semence d'or tirée d'une folu»
tion d'or parfaite , ou teinture autifique , d'une cou-
leur rouge j d'une fubtilité prodigieufe , & dont
une des propriétés naturelles eft de faire l'or , ainfî
qu'une de celles de i'argyrogonie eft de faire de l'zr-
gent. X/jKs-oyav/^i Ce mot vient de xpviri^ , or , ècds
'/îvsfj.xi, être fait ou engendré, DiCT. de James.
CHRYSOGONUM. f. m. Chryfo^onum. Plante qui
croît parmi les blés , de la hauteur d'une coudée.
Ses tiges font fort minces^ divifées en plufieurs bran-
ches: elles font garnies de feuilles difpofées deux
à deux d'un côré & d'autre en forme de croix ,
d'un vert-brun , couchées par terre , plus larges
au bout , & découpées comme celles du chêne. Ses
fleurs, qui viennent aux extrémités des branches,
font jaunes , compdfées ordinairement de quatre
feuilles. Sa racine eft ronde & rouge par dedans*
Cette plante eft fort fcmblable au leontopetalon.
CCr CHRYSOGRAPHE, f. m. Qui écrit en lettres
d'or. Chryfoaravhus. Il eft parlé de ces Ecrivains
dans l'hiftoire de<; Fmoereurs de Conftantinople.
Ip- CHRYSOLAMPIS. f f. Nom donné par Pline à
une efpèce de pierre précieufe, pâle le jour, & de
couleur de feu la nuit,
D D d d ij
«jSo CHR
CHRYSOLITHE. f. f. Pierre prccieufe & tranfpa-
tente , de couleur d'or , mêlée de vert avec un beau
feu Cliryfolithui. Elle eft orientale, & il envient
de l'Ethiopie , de l'Arabie ic des Indes. Elle eft plus
tendre que les autres pierres prccieules. Pline la
nomme chryjoUimpe ; Iltdorc chryfopaje , & Albert
le grand , c/irv/o/'^'.^c-. Les Anciens l'appcloicnt/o-
paje , quand elle ctoit toat-à-fait jaune.
CHRY^oLiTHfc eft auili un nom générique que les
Anciens donnoienr à toutes Ibrtes de pierres dt
couleur, où le jaune ou couleur d'or dominoit. .
Quand la pierre étoit verte, on la nommoit Lhry-
foprcifi. Toutes ces Ibrtes de chryfolithes lont rcn-
voyées aux efpèces de pierres delquelles elles ap-
piochent davantage.
Ce mot vient de xi^'^'^ ■> <^'' ' ^ "^^ *'^*' , pierre.
CHRYSGLOGUE. f. m. Surnom que Ion donne a
Saint Pierre élu Archevêque de Ravenne en 453 ,
& mort en 449. Chryjo/ogus. Nous avons des ho-
mélies de laint Pierre Ckryfologut, on dit auiii
de S. Chryfologue.
Ckryjb/osue we\xi dire, parole d'or, x?'"-'"i °^->
>i^t'. , parole.
CHRYSOPEE. f. f terme d'Alchimie : c'eft 1 art ou
la Iciertce de faire de l'or , c'eft-à-dire , l'art de
tranfmuer les autres m.ctaux en "or. Cafaubon dit ,
dans ia première Excrcitation lut Baronius , Dui-
trihe , 10 , qu'il a vu un Manulcrit dans la Biblio-
thèque du Roi, qui traitoit de l'art de la Chry-
fopée. Gabriel Naudé , dans Ton Apologie pour les
grands hommes accufés de magie, dit d' Agrippa ,
qu'à l'âge de vingt ans il fut retenu par quelques
Seigneurs de France pour travailler à la Chry-
Ce mot vient du grec x^vroi , qui lignine, or ,
& de »r.'(7p , qui ftgnifie faire.
CHRYSOPRASE. i". V. Pierre précicule qui fervoit
de dixième ibndçment à la Jérulalem célefte , dont
il eft parlé dans l'Apocaiypfe, cA. XX/, vtr/. zo.
Cette pierre , dit le P. Calmet , étoit d'un vert Icm-
blable à celui du porreau . mais tirant lut l'or ,
comme Ton nom le marque. Il eft dit dans le Dic-
tionnaire de Moréri , que fa lueur eft fort épaillé
& condenfée -, &c tire fur celle de l'or , qu'elle
paroît marquetée de petites pointes ou traits de
ce métal , & "qu'elle fortifie la vue , réjouir l'el-
prit , 5c rend l'homitie libéfal Se joyeux-,
CHRYSOPRASIN. f. m. Sorte de pierre précieufe ,
de couleur verdiUie , qui eft une efpèce de béril.
CHRYSOR. f m. Terme de Mythologie. Nom d'un
Dieu des Phéniciens. Sanchoniaton , &: après lui
Fhifon de Ecrite , difent dans Eufèbe, Prœpojit.
Evans , Lih. J , que ce Chryfor étoit petit fils du
Ciel fupérieur -, que lui & un frère qu'il eut, mais
qu'ils ne nomment point , furent les inventeurs
du fer , &c de fes différens ufages , que Chryjor ,
qui eft le Vulcain des Grecs &c des Latins, avoit
beaucoup étudié l'éloquence, la poefie lyrique,
& la divination; qu'il étoit aulfi l'inventeur de
l'hameçon , de l'appât , de la ligne à pécher , &c.
qu'il avoir été le premier Navigateur du monde ,
que pour toutes ces ra'ifons , on lui avoit décerné
les honneurs divins aptes fa mort , & qu'on l'ap-
peloit encore Di.imichius.
Ce nom pourroit bien vehir du phénicien tym ,
Hhracfch, oui fisnific -, forger ; fabriquer.
CHRYSOSPLENIUM. f. m. Plante qui pouiîe de fa
racine plufieurs feuilles femblables à celles du lière
terrelhe , rondes , dentelées , velues , pleines d'un
fuc d'un goût ftiptique & amer. Il s'élève d'entre
elles de petites tiges , de la longueur de la mairt ,
divifces ordinaircmcnr en deux ou trois petits ra-
meaux anguleux qui portent en leurs fommitcs
de petites "fleurs, formées en rofettes à quatre quar-
tiers, d'une belle couleur dorée ; il leur fuccède
des capfulcs à deux cornes qui renferment des fe-
menccs , menues, rouges-brunes, ou noires. EIL*
croît dans les macais , au bori des ruiifeaux, & au-
nes lieux huiTÙdcs; Elle eft bonne poui levet les
CHU
obftruélions du foie & de la rate ; ce qui lui^ a fait
donner le nom de Chryfofpknium, àexF'"^''oii or,
de fplen , la rate.
CHRYSOSTOME. f. m. Ce nom eft grec , & figni-
fie , Bouche d'or , de xr-"^'-' ,or,S>C 5-««« , ioucke. On
donne ce furnoni à deux Auteurs , à faintjean C/iry-
fojtome , Patriarche de Conftantinpi-'le , & à Dion
le Sophifte-, &: on le leur donne à raifon de leur
éloquence , 6i de l'élégance de leurs difcours. Il
n'eft cependant bitn en ufage , fur-tout en notre
langue , que pour le premier, dont il eft preique
devenu un fécond nom-, car on dit, S. Chryjojlorne ,
aulfi-bien que S. ]ean Ckryfojiome. Il ne faut pas
écrire Chrifojiome.
Il fe dit d'un Prédicateur cloqiiént.
Chryfoftome français , cenfeur E-vangéliqiiét
Jujfi profond'Docîeur , qu'Orateur pathaïque ^
Bourdalouet ilejt vrai qu'on voit dans tes difcours
Des beautés que l'art même ignorera toujours.
CHRYSULÉE. f. f C'èft le nom donné à l'eau régale,
parce qu'elle dvlfout l'or , dont le nom grec eft
x?"''"^' Chryfulca.
CHTHONIÈS. f. f. pi. ou plutôt adj. pris fubftanti-
vement Terme de Mythologie. Fêtes que les Her-
minoniens célébroient en l'honneur de Cércs , à
laquelle on immoloit plufieurs vaches. On publioit
qu'il fe faifoit un prodige dans ces facrifices. C'eft
qu'après que la première vache qu'on adbmrrioit
étoit tombée , toutes les autres tomboient du même
côté. Du mot grec ;t5àv, terre, & x^'"'"^-' 1^^ ^^
par terre.
CHU.
CHÛ, ÛE , participe du verbe CÂo/r ou cheoir. A\l
lieu du féminin chue, on a dit autrefois chute ^
ce qui ne s'eft confervé que dans ces façons
de parler proverbiales ; chercher chape - chute j
trouver chape-chûte ; pour dire , chercher , trouver
quelqu'occafion de profiter de la négligence ou du
malheur de quelqu'un. Acad. Fr. ffT Et auflî
trouver quelque chofe de défagréable , à la placé
de ce qu'on chcrchoit d'avantageux.
CHUANGO. f. Drogue médicinale qui vient de la
Chine. Il s'en fait une grande confommation au
Japon.
CHUCHETEMENT , CHUCHILLEMENT. f. m.
Aiition de celui qui parle tout bas à l'oreille de
quelqu'un. Sufurratio Le premier fe trouve dans
PoMEY , le fécond dans ce Vers de La Fon-
taine.
Grand éclat de rifée j 6" grand chuchillement,
Univerjel ctonnement.
CHUCHETER , ou plurôt CHUCHOTER, v. n.
L'Académie eft pour le dernier. Parler bas à quel-
qu'un en préfence d'autres perfonnes,dont on ne
veut pas être entendu i ou fimplement, parler basi
en fecret, à une ou à plufieurs pcrfonnes , pout
n'être point entendu. Mupire , infufurrare , di-
cere aliquid in aurem. Il eft de nlauvaife grâce
de chucheter , à<i parler à l'oreille devanr les hon-
nêtes gens.L'affitite dont vous me dites qu'on avoit
tant chucheié. Brssi Rabutin.
Chucheteb:. Crier comme le moineau ou pafrereait.
Le moineau chuch'ete, fritinnit. Le vcrhe fritinnire
fe trouve dans Varron, pour exprimer le cri de
l'hirondelle. Le cri du moineau s'appelle guilkry;
mais le verbe qui l'exprime eft chuchetcr. Coimne
prefque tous les oifeaux ont chacun une forte de
cri, le moineau en a unalTez défagréable, 5c pour-
lors on dit c^w'W pépie : mais lorfqu'il chuchète ,
fon ramage, fans être beau, a pourtant quelque
chofe de rciouiflant.
CHUCHETEUR, EUSE, ou CHUCHOTEUR. f.
Qui a coutume de chuchetcr. Mujjitabundus. Les
CHU
thicheteurs choquent, & font odieux au refte de
la compagnie.
^'^ CHUCHEU. Grande ville de la province de
^ Clickiang, dans la Chine , capitale d'un terri-
toire de même nom. Elle eft de 505' plus orien-
en le que Pt'king, â 28" 12' de latitude.
CHUCHOTEPv , V. n. fe dit plus ordinair.cment que
chuchetcr. K\Mi:ÇtQ-^ tous ces mots, chuchiument -,
chuchilUmeniy chucheter , chuchoteiir ■> ne font que
. du ftyle familier.
'CHUCHOTÉRIE , f f. fignifiek même chofe que
chuckeument , & eft beaucoup plus en ufage ; il eft
, familier comme les autres.
fCF 'CHUCABUL eu CHUQUEBUL. Grande ville
indienne en Amérique , dans l'iitlime de la pro-
vince de Jucatan. Elle n exiftc .plus auiourd'hui.
t^ CHUCUJTO. Foye^ CUYO.
|ti CliuLULA. Ville de , l'Amérique feptentrio-
nale dans la nouvelle Efpaghe, près du lac Mexico.
§a"_CHULUlECA. Contrée de l'Amérique fepten-
trionaie dans la nouvelle Efpagne , .à Tcxtrcmité
orientale de l'audience de Guatimala , avec une
bourgade du même nom.
■^ CHUMBIBILCAS. Peuples de l'Amérique méri-
dionale au Pérou, fur les bords de la rivière
d'Abancai.
IP" CHUMFI. f. m. Nom d'une forte de minéral
qui fe trouve dans les mines d'argent du Potoii.
Il a les propriétés de l'Emeril auquel il reifemblc
; beaucoup par fa couleur.
CHUNES. Peuple de l'Amérique méridionale. Chu-
nus, a. Les Chunes font voifms des Huilles , au
deflbus du Chili , en tirant vers le détroit de
Magellan. Ils^ habitent, , partie fur la côte , & par-
tie dans les Iles qui font en très -grand nombre
_ tout près de la côte. Guatana, la plus voiline de
PF l'Archipel rie Chiloë, en eft éloignée de trois jour-
nées de chrmin..Ces peuples font tiès- féroces.
Les îles qu'ils habitent font ii ftériles , qu'à la ré-
ferve de Guatana , il n'en eft aucune qui puiffe
jiourtir plus de deux ou trois familles. Ils vivent
de poiflbns & de ce que la mer jette fur la côte.
Ce font les femmes qui font la pêche : elles fe
■plongent au fond de la mer , & y reftent long-
temps , après quoi elles reviennent avec bon nom-
bre de polifons , qu'elles apportent dans des pa-
niers qu'elles ont pendus au cou. Ils n'ont point
d'eau douce, ou en ont peu. Ils tirent des loups
marins une huile dont ils font leur boiflbn. Dans
l'Ile Guatana ils avoient du mais dont ils faifoient
du vin. La plupart ont les cheveux roux, le tein
olivâtre. Ils font d'un naturel doux. Ils imitent
cependant la fureur' de leurs voifins. P^ns les îles
plus éloignées, ils nourri/lent des chiens qui ont
le poil fort long , dont ils fe font àes camifoles
qiii ne leur couvrent que les épaules & la poi-
trine. Ils fe couvrent la ceinture de feuilles de
plantes marines durcies au foîeil. Hift. Paras,
L. FI, c. c).
^ CHUNGKING. Grande ville de la Chine,
dans la province de Sukuen dont elle eft cin-
quième Métropole. Elle eft de 100 25' plus occi-
dentale que Féking, fous le 50° 24' de latitude.
ce? CHUPACKOS. {los) Peuple de l'Amérique
méridionale au Pérou , au nord & au midi de la
rivière qui porte leur nom.
CHUPIRE. f m. Nom d'une plante qui croît en
Amérique, & que les Mexicains appellent ^w^zk^-
tepatli onarhe de feu. Elle rc/fembJe à notre lau-
rier-rofe, mais elle eft plus grande. Ses feuilles ont
un pié de longueur , & trois pouces & demi de
largeur. Son fie eft rouge. Ceux du pays difent
qu'il évacue les humeurs pituiteufes. Il y en a
, qui croient que cette plante eft mortelle pour
l'homme.
CHUPIRï. f m. Arbriflcau des Indes occidentales,
qu'on appelle autrement charayeti. Sa racine eft
groflè & longue, par dedans d'une couleur entre
ie blanc &: le jaune , tirant fur le rouge. Ses feuilles
CH Ù
T 8 \
font femblabics à celles de l'oranger , i«ais plus
grandes. Ses fieurs font jaunes &ctoilées.Il a oeu
d odeur .\- de fiveur. On s'en fert de même que
du gaiac contre les maladies vénériennes, la gale
£S: autres maux opini.atres. '
CHU1>MESSAHJTE. /; „,. Nom de fefte Mahcmc-
tane. Les Chupr>e]jafiues font des Maliomctans qui
croient que Jelus-Chrift eft Dieu , & le vrai Mef-
lie, le vrai Rédempteur du .monde, fans cepen-
dant lui rendre aucun culte public, ni fe décla-
rer. Bien des honnêtes . gens parmi les Turcs , fi
1 on en croit Ricaud , font CkupmeffakUes , -& il y
en a jufques dans le Serrail. Quelques-uns ont
mieiix aimé mourir que d'abandonner cette créance
n> ,rT ^3^.,'^"'''' %"ifie» ^ppui. Protecteur, &
i\^çilahi,Chritun, Chupmejfahiu , ProtcAeur des
t.hrcriens.
CHUQUELAS. f., m. Etoffe foie & coton , fabri-
quce aux Indes orientales.
■0CF CHUQÎJIABO, Nom d'une contrée de l'Amé-
rique méridionale, au pérou , dans l'Audience de
LuTia.
ce? CHUPXO. Petite ville d'Afe en Turquie, dans
la iNiatohe, lur la côte de Catamanie.
CHUS. Prononcez Cus. C'cft le nom d'un des-:^ls de
Cham, cm eut en parcage une partie de l'Arabie
heureule, que l'Ecriture appelle pour celaC.W,
ou Terre de (T/i/zj , noms que les anciens Interprètes
ont traduits par Ethiopien, ic Ethiopie; car l'Ethio-
pie, dans l'Ancien Tcftarnent,n'cft point encore 1»
partie d'Afrique à laquelle nous donnons ce nom,
mais la Terre de Chus, Bocbart prétend que c'eft
une faute de traduire Chiu , WX> , par Ethiopie, &
qu'il faut dire avec Jonathan l'Arabie. 11 prétend
auin que la Terre de Ckus & la Terre de Madian
font des fynonymes. Foyc^ cet Auteur. Phadecr..
Liv. IV , ch. 2. En Hébreu, c'cft Chufch, °.
ftS" CHUS, f m. C'ctoit une me(ure des liquides
chezles Grecs, ;k^V" » i-'épandre. Elle contenoit, à
ce qu'on croit, environ trois pintes & demie de
Paris. • , . , .
CHUSCHITE. f m. & nom de peuple. Habitant dç
la. Terre de Chus, defcendant de Chus. Chufchita^
/Ethiops. Bochart, comparant les didcrens endroits
de l'Ectiture où il eft parlé des -Chu/chites , fixe
leur première habitarion fur les bords de la Met '
Rouge, partie dans l'Arabie heureufe, partie dans
l'Arabie, pétrée ; de là une Colonie pa(fa ie Tigre ,
& s'établit dans la province, appelée de îeur nom
Chufch , & Cuth pat les Chaldéens -, r.,Vrn^, Kiilie ,
&:Sufiane par les Grecs, Chuzerau par lesPcrfes;
& il conjedlure qu'elle leur fut donnée par Nem-
rod , en reconnoilfance de leurs »Jervices dans fes
conquêtes. M. Huet ajoute qu'une autre Colonie
traverla le dérroit de la .Mer Rouge, & pénétra
dans l'Ethiopie. Cette Colonie ne patoît pas avoir
paflc là (i-tôt. , .
CHU SI S TAN. Prononcez Ca/?/ïa72, Province du
royaume de Perfe. Chujîjikna , Siifiaria. C'eft l'an-
cienne Suiîane qui conferve encore ion nom, mais
corrompu. Elle a encore aujourd'hui Sufe pour
capitale, que l'on nomme Sus ^ Su fier. Le Chu-
Jifidn a l'Yerk Agemi au Couchant , au. Levant le
Farliftan , & au Midi le Golfe de Balfota. Foye^
Chttschite, pour l'étymologie. .
CHUT. Terme dont on fe fert" pour impoferfilence.
Silete , tacete , fuvete liniruis. Chut-, le voici qui
vient. Chut , qu'on ne faffe point de bruit. Térence
a dit , //.
13c? CHUTE.f f Mouvement d'un corps qui tombe,
Lapj'us Japfio.W^ fait une ry^/i^^-dangereufe. Il eft
incommodé d'une chute de cheval. Chiite fur un
efcalicr. Scalarum lapfus, ..
fC? EnPhyfîque , c'eft le chemin que fait un corps
pelant , en s'approchant du centre de la terre. Le
mouvement des corps graves augmente dans leur
chute dans une certaine proportion qui a été in-
connue aux Anciens. Galilée eft le premier qui aiç
obfervc la loi de cette accélération ; &: ii a prouvé
<2% CHU '
ûu'un corps qui tombe, feit trois fois autant de
chemin dans Second inaant de fa cA«.. , que dans
le premier : cinq fois autant dans le troihcmc , .^
ainf d^ïu te , uivant l'ordre des nombres m.-
yium juxtâ fcrum numerornm impanum.
ft^ On^appelk chûu des feuilles la laUon ou les
neuilles^ombent. Il mouruta la fi^^-^^f'^^
Chute ft^nifie fiffurcment,le ^cdvc. Cajus ,lapjus.
7ap}o%lapfio:S, Pierre pleura amèrement aprçs
Aàte. Une femme s'affermit dans le crmie , lorl-
qu'au lieu de l'épargner fur les premières c/.;.r..,
on lui ravit le refte de honte qm la pouvo r "
tenir De Vill. Dieu a permis la chute miouu-
nce du premier homme, quoiqu'il eut pu lem-
fCr^ Chute fe dit encore pour décadence _, difgrace ,
malheur. Cafus , ruina. Lz chfae de Sejan eft un
exemple redoutable pour les favotis. Les Perles
abattus par la moUefle Se par les délices, ne pu-
rent s'oppofer à la chute de leur empire. Vaug.
Quand les grands hommes tombent , leur chute
ne diminue rien de leur grandeur ^ on les relpec^e
comme des temples démolis. Bouh. L Empue Ro-
main, courant à fa ruine, entraîna les Sciences qui
fc trouvèrent accablées fous le poids de la chute.
Bail.
Une aveugle terreur
Précipite la dmit,aulieu de l'empicher . QuiN.
Dans fa ruine mime il peut m' envelopper. ^
Il me peut , en tombant , écrajer Jous Ja chute.
Corn.
^ Cette façon de parler , dccahléfous le poids de
la chute d'une chofe, cft abfolumenr mauvaiie. On
eft accablé fous le poids , fous les ruines d'une
chofe , mais non pas fous le poids de ia chute. Une
chute ne pcfe point , & ne fauroit accabler. _
^ Chute , en Littérature , fe dit de la lin qui ter-
mine une petite pièce de poéiîe , un fonnet, un ron-
deau, un madrigal, de même que de la cadence &
de l'harmonie qui termine une période : on le dit
de même en mufique, de celle qui termine un air.
Claufula. La chute de cette cpjgramme eft heu-
reufe. La chute de cette courante eft agréable. La
chute de cette période le précipite trop. La chute
d'un fonnet doit être noble & ingénieuie. S. EvR.
La chute de cette période cft brillante.
Mais n'imite jamais , par de hurlefques tours ,
De ces Prédicateurs l'éloquence fleurie ,
Qu'une chute de mots jette aux pies de Marie.
' VlLL.
M. Roufleau parle ainfi de la chute en mufique ,
dans fon Traité de la Viole. La chiite fe fait lorf-
que, defcendant par intervalle de tierce, on touche
en partant du fécond coup d'archet la note dont la
Situation eft entre les deux qui font la tierce. On
peut fur une même note faire la chiite Se la cadence
fans appui. La chute fe peut faire quelquefois^ fur
des notes en même degré. On ne doit jamais faire
de chute , lorfque la première note de la tierce eft
la fin d'une période de chant, èc lorfqu'entre les
deux notes qui font la tierce , il y a quelque paule.
Toutes les tierces en defcendanr qui fonr majeu-
res , demandent ux\c chute : la chiite fe fait quelque-
fois , lorfqu'on defcend par intervalle de quarte.
La chiite, au lieu de la cadence, fur les notes
marquées d'un diêze &c autres feintes , fair un bel
effet. Dans les pièces oîi le mouvement veut erre
beaucoup marqué, il ne faur point faire de chute.
Pour pratiquer exademenr la chute., il faut obfer-
ver les mêmes règles que pour l'appui de la ca-
dence. La chîue ^eft propre . pour tous les diffe-
lens jeux de la viole ; elle rend le jeu plus lie &
i-ilus doux. Dans les chants tendres &: languilîans,
©n la doit faire fouvent au lieii de la cadence , j
CHY
pour rendre le chant plus pathétique. Dans îes
pièces qui expriment quelque chofe d'cpouvan
table & terrible , elle fe doit faire d'une manière
brufque & precipirce.
Chute, en fait de pièces " dramatiques , & mauvais
fuccès font termes fynon'ymcs ;^oj«^ Tomber dans
cette acception.
On appelle chiite d'humeurs , un débordement
des humeurs qui tombent du ceiveau. Acad. Franc,
Effluentia,
CnvTi de l'iivée. Terme de Médecin Oculifte. C'eft
un nom général que l'on donne à toutes les diffé-
rentes cfpèccs de ftaphyleme. Uveis tunicx proci-
dentia. Demours.
^fT Chute de fondement, en Chiriurgie, accident
quiconlifteen ce que l'inteftin, appelé reCfura, fort
conlidérablcment quand on va à la felle.
âCr Chute de matrice , c'eft la defccnte de cette
partie caufce pat le relâchement des ligamsns qui
la retiennent.
§3" Chute de la luette. On donne ce nom au relâ-
chement de cette partie ou des amygdales. -
Chute, en Aftrologie , eft le ligne où une Planète a
moins de vertus & d'influence. Defeaio. On l'ap^
pelle autrement, le figne de dejeciiun.
Chute, en rennes de Jardinage, cft le racordement
de deux terrains inégaux , qui fe fait par desperrons>
ou par des gazons en glacis.
Chute, terme d'Horlogerie. On s'en ferr pour expli-
quer les effets d'un engrenage. Chiïte eft le fyno-
nyme de choc.
Chute de feftons & d'ornemens , en Architecture , ce
font des bouquets pendans de fleurs , ou de fruits ,
qu'on met dans des ravalemens de montans , pilaf-
trcs &: panneaux de compartiment de lambris.
Implexi pendentefque encarpi. 1.2. chine d'un toit y
c'eft la pente, ou l'égoiit d'un toît. Fafligii d^cli-
vitas.
Chute d'Eau , en Méchanique, c'eft la pente d'une
conduite depuis fon réfervoir jufqu'à relancement
d'un jet d'eau , qui ne monte jamais li haut que fa
fource. Aquarum devexitas , lapj'us.
CifUTF de Voiles , terme de Marine , c'eft la longueur
des voileSi
CHUTÉENS, f. m. pi. Peuples d'une province de
Perfe , appelée Chuta , à caufe du fleuve Chut , Si
qui ayant été envoyés pour habiter la Samarie,
qui croit déferre depuis que Salmanafar en avoit
fait efclaves les habitans, prirent le nom de Sama-
ritains. Dieu ayant permis qu'un grand nombre de
Lions fortilTcnr des déferts & en dévoraffent une
patrie , pour les punir de ce qu'ils avoienr apporté
leurs Idoles qu'ils adoroienr à la façon des Gentils ;
le Roi d'AlTyrie prit foin de les faire inftruire dans
la religion des premiers habirans de cette terre ,
par un '^Sacrificateur des Juifs, qu'il fit venir. La
crainte d'être dévorés par les lions, les fir fe foû-
mettre à quelques préceptes de la Synagogue;
mais en adoranr toujours leurs idoles. Ils perfcvc-
rèrenr dans ce culte mêlé d'idolâtrie jufqu'au temps
des Apôtres , que les Samaritains reçurent l'E-
vanffile.
CHUTH. Foyei Chuschite.
CHY.
CHYLAAT. f.m. Efpèce de robe de defTus, que le
grand-Seigneur donne par diftinftion à fesMiniftres,
Bâchas ou autres Officiers.
CHYLE, f. f Terme de Médecine. ^ Suc blan-
châtre', formé de la partie la plus déliée des alimens
digérés dans l'eftomac &: dans les int'?ftins. Chylus.
Les alimens fe tourneur en chyle dans le ventricule
par le moyen d'un ferment volatile 8c lalé que les
glandes de fa membrane intérieure féparenr. Ce
chyle fe perfeétionne dans les inteftins-par le mé-
lange de la bile & du fuc pancréatique. Enfuite
il entre dans les veines ladtées , qui le porrcnt dans
le réfervoir de Pecqiiet i de-la il pafle dans le canal
C H Y
tliûrachique , qui aboutit à la veine foudavicre-
gauche. Cefl: dans cette veine que le chyU com-
lîienceàfe mêler avec le fang. Enfin, il cft poric
dans le ventricule droit du coeur , & de-là dans les
poumons & dans toutes les autres parties du corps,
confondu avec le fang. LesAncicnscroyoient que le
chyle le changeoit enVang dans le foie : d'autrcsont
cru que c'étoït dans le cœur. Les Modernes croient,
avec plus de raifon que ce changement fe fait par
le fîng lui-mcme dans toutes les parties du corps.
Ce mot cd: t: rec , yyKc-, , il f.gmf.cfuc.
CHYLEUX EÙSE, ad). Terme de Médecine. Qtii
appartient au chyle , qui tient du chyle. Cky lofas ,
a,um.\JnCiins: appauvri & dépouillé de fa partie
onclueufe & diyUufe. Duverney , fils, Mcid.
I701. Mém.p. 105.
CHYLIFERE ou CHYLIDAQUE, adj. m. c«r 1".
Terme d'Anatomic. Ccft l'cpithcte qu'oiri donne
aux petits vaifîcaux qui portent & charienr le chyle
dans les divcrfes parties du corps. M, Guide , d.uis
fes Obfervaticns des bons & mauvais njagts dit
Qinnquina , dit que tous les intclHns ont des vaif-
feaux chyliferes, par le moyen defquels le vin& l'o-
piumdonncsenclyftcrcspeavent enivrer &:faircdor-
mir. Ce rerme eft fort en ulage dans la Médecine.
CHILYFICATION.f. f. Formation du chyle, ope-
ration par laquelle la nature change en chyle les
alimens que nous prenons. Ckylopœejis , Chyhjl-
Ciitio. La chytificanon fe fera premièrement en mâ-
chant les alimens dans la bouche, en les mêlant
avec la falive, & les broyant avec les dents. Enfuite
étant tombés pat l'œlbphagc dans l'eftomac , le fuc
acide de ce vifcère le mêle avec eux , les pénètre ,
lesdivifeen particules (i petites, qu'ils ne patoiflénr
plus qu'une liqueur , laquelle com.primcc par l'cf-
tomac efl: obligée de fortir par le pilore , & d'en-
trer dans les inteflins. Là deux autres didblvants ,
qui font la bile , & le fuc pancréatique, & qui ne
font pas moins puiifansque la falive & l'acide de
Teftomac, achèvent de liquéfier ces alimens , &c de
divifer ce qu'ils y trouvent encore d'uni. Alors en
coulant dans les inteflins, ce qu'il y a de plus fub-
til, que nous nommons le chyle, entre dans les
orifices des veines laélées premières ou radicales ;
dont tout le méfentère eft parfemé , lelquelles , ou
feules, ou avec les veines niéiaraïques vont fe
rendre à des glandes, qui font à la bafe du mé-
fentère. Puis ce chyle eft repris par les veines lac-
tées fécondai res, & porté à des glandes qui font
entre les deux tendons du diaphragme, connus
autrefois fous le nom de glandes lombaires, &
qu'on appelle aujourd'hui le réfervoir de Pecquet ,
d'où il eft conduit au cœur par le canal thorachi-
que, &: la veine fouclavière, dans laquelle il com-
mence à fe mêler au fang. Le fondement de toute
la Médecine confîfte à rétablir dans un bon état la
chylification troublée & vitiée. Quelques Modernes
croient que la chylification ne fe fait point par
voie de fermentation , mais par broyement & par
trituration. Voye^^ Digestion.
CHYLOSE. f. f. Terme de Médecine, qui fe dit de
l'aclion par laquelle les alimens fe tournent en
chyle dans le ventticule. Voye^^ Chylification.
Ce mot eft grec , •/J>M'ni.
CHYME f m. La même chofe que Chyle.
CHYMÎE. Koy^{ Chimie,
CHYMOSE.f.f.CAy/Tzc/w. Terme de Médecine. C'eft
la féconde des coctions qui fe font dan< notre
corps. C'eft une coction ou une élaboration , une
préparation réitérée de la plus impure & de la plus
grofTicre partie du chyle, laquelle crant rebutée
des veines lactées , & luccée par les méfaraïques ,
eft de-là portée au foie , pour y être de rechef cuire,
purifiée & fubtilifée -, & c'eft d'elle , félon P.ogers ,
dans fes AnaUcla inaiiguralia , que fe font enfuite
fermés les efprits naturels.
Ce mot eft originairement grec , yju.«rii , de
-,vt-)î , fuccus , qui vient de yja , fundo.
CHYPRE. Cyprus. L'une des plus grandes Iles de k '
CH Y ySj
mer Méditerranée, Elle eft fur les cotes de l'Ana-*
tolie , dont elle n'eft éloignée que de feiic licues-
On la nomma autrefois Macaric , Macaria , c'cft-
.à-dire, heureulc, fortunée. On prétend que ce fut
à caufe de fa fertilité, & de l'abondance des m.-
taux qu'elle produifoit. Elle eut auift les noms
à'Acamantis , Ccrajiis , A;mithuja , Ajpelia ,
Cryptos^Culima , t<. Spcchia, Il y avoir lurtout ,
dit-on, des mines de cuivre , qui a pris l'on nom
tuprum^ de cette île. Les principales villes étoicnt
Salamis t<c Paphos, dont l'une .'voit un temple de
Jupiter , &: l'autre de Vciuis, Toute l'Ile csoir con-
lacrée à cette Decffe, que Stéfichote & Horace ap-
pellent Cyprigcnic , c*cll-à-dire, née en Chypre.
L'an 6c)6 de la fondation de Rome, Caton fut en-
voyé par les Romains en Chypre , & il la rcduKit
en Province de l.i République. Saint Paul & Saint
Barnabe y portèrent les premiers la foi. Saint
Barnabe y mourur &: y fut enterré , S-i fon corps y
-fut rrouvé fous i'empercur Zenon, Céfar la donna
à Cléopatre. Après fa mort, elle retourna aux Pvc-
mains. Dans la divifion de l'Empire elle fut attri-
buée aux gtecs. En 1 191 , Richard , Roi d'Angle»
terre, allant à la conquête de la Terre-Sainte, prit
Chypre, & la donna à Guy de Lufignan. Jean de
Luîgnan, III du nom , ne laiffa que Charlotte , qui
fur couronnée à Nicolie en 1458 , & peu de tennis
après, dcpofîcdée par Jacques, Ion fère bâtard.
Jacques époufa Catherine, fille de Marc Cornaro
Vénitien, à laquelle le Sénat dq^ Venife alfigna une
dot en l'adoptant, Jacques mourut, & laifla Ca-
therine gtoffe d'un fils , qui ne vécut que deux
ans. Alors les Vénitiens s'emparèrent de Chypre,
malgré les proteftations de Charlotte qui vivoit
encore , & qui en fit donation à Charles Duc de
Savoie l'on neveu. En 1571 , Selim II l'enleva aux
Vénitiens. Chypre eft un des plus délicieux féiours
du monde -, l'air y eft fi doux , que les jardins y
font remplis de fleurs en rout temps. La capitale de
Chypre eît N.icofie, Voys^ Vigcnere fur Céfar.
Quelques-uns aujourd'hui écrivent Cypre , ^
veulent par conféquent que l'on prononce ainfi.
L'ufage eft partagé; Chypre paroîc mieux. Ce nom ,
félon quelques Auteurs , vient de Cyprus , fils ,
félon Euftarhius , & félon Etienne de Byzance , de
la fille de Cynyras, dont cependant il n'eft parlé
ni dans la fable, ni dans l'iiiftoire. Ainfi il eft plus
vraifemblable^que Cyprus vient de ~ao , nom hé-
breu de cette Ile, Les Turcs l'appellent Cohros.
Nous avons l'hiftoire de la guerre de Chypre
écrire en latin par Antoine Maria Grariani, & tra-
duire en François par le Peleticr , au commence-
ment de laquelle il y a une defcription de rile.
Ordre Js CY/y/re , Chevalier de l'Ordre de Chypre,
ou du lilence, & appelés auffi Chevaliers de l'Epée.
Ordre militaire inftitué par Guy de Lufîgnan, Roi
de Chypre, dès le commencement de fon règne,
c'eft-à-dire, en 1 192.. La fin de cet Ordre éroit de
s'oppoier aux defcentes &: aux irruptions des In-
fidèles dans fon île. Il donna aux Chevaliers mi
collier compofé de lacs d'amour de foie blanche
enrrelafîcs des lettres R 5-c S en or, k\x bout de cz
collier pendoir une médaille d'or, dans laquelle
il y avoir une cpée dont la lame étoit d'argent,
& la garde d'or, avec la devifc Sccnritas Re-^ni-.
Voyez Epée, Menenius , Favin , Juftiniani , Her-
manr, Schornebek , fc le P. Kélyot P. J, C. 5^.
CHYPRE. Poudre de Chvpre. Vovcz Poi'DRE.
CHYPRIOT ou CYPRIOT,OTTh. C. m.& f. Q-^î
eft de l'île de Chypre ; Cyprins. Le tradudeur de
l'hiftoire de la guerre de Chypre, écrite en latin pat
Grariani , dit toujours Chy priât. Les Juifs maifa-
crèrent dans un même jour deux cenrs quarante
mille Chypriots, pour fe délivrer de la tyrannie
de l'Empire Romain. Le Peletier. La chaleur du
climar eft caufe que les Chypriots font communé-
menr d'une taille médiocre, &c plus approchants
de' la maigreur que de l'embonpoint. Id. Une
D:imc Chypriolte.lv.
^84 CIA
CHYTRES.f.m.pl. Fùte très-cclèbre à Athènes, rc-
rouvellce tous les ans le 1 5 élu mois Antlieftcrion,
letroifiènie d-s Anthcfliéries. La Iblemnicc conlilloit
à faire cuire dans une marmite des femences de
toute efpccc en rhonncur de Baccluis 6c de Mer-
cure terrcftre , qui conduilbit les âmes aux enfers,
félon Athcnce , /. 4 ? o" rcprclentoit ce jour-là
des Tran;cQics&; des Comédies. Ce qui donna oc-
cafion àVctabliflement de cette Fête , c'efl qu'après
le déluge de Dcucslion, ceux qui iurvc-curent ,
offrirent à Mercure rcrrcftre toutes fortes de craines
& de iVmences , pour k rendre propice aux mânes
de ceux qui avoient cté iiibmergcs dans les eaux. Jl
n'ctoit permis à perfonne de toucher à cette of-
frande, 5i aucun Prêtre n'y î^oiitoit. Foyc^ le Scho-
liafte d'Ariflophane, ( in Achiirnan & ad Ranas. )
XuTfO' , de -/M-TPa. , Ollll.
ItJ- CHYTRINDA. Cctoit chez les anciens, ce que
nou ; appelons aujourd'hui Colin-maillard.
fp" CHZÈPREG. Petite Ville de la bafle Hongrie fur
ia rivière de Stob , entre Sopron & Gavarin.
C L
Gi , Te joint ibuvent avec le pronom démonftratif.
Celui-ci , cet homme-c/ , pour oppoler à celui-là ,
cet homme-là , & montrer la proximité ou l'c-
loiar.cment de quelque chofe. Hic. Cet homme-c/ ,
cet* homme-là, cette pièce-a. Ceux. qui difcnt ,
ce temps ici pour ce temps-ci , parlent mal. Quoi-
que cette façon de parler ne Ibit pas ttès-élégante ,
l'on doit s'en fervir quelquefois pour bien mar-
quer ce qu'on veut dire. Vax/g. Bouh.
• Il Te joint avec l'intcrrogant qu'eji-ce , & le met
immédiatement après, qucfl-ce-ci .^ Acad. Fr.
^fT On s'en fert aulfi avec quelques prépolitions.
Par-ci , par-là , pour dire , en divers endroits. On
ttouve pat-ci , par-là de beaux endroits dans ce
dilcours.
^CF" De même avec les prépofitions devant , après ,
deiîus , defibus. Nous avons vu ci-delîiis , ci-de-
vant , en parlant de ce qui précède : nous verrons
ci-après , pour délîgner ce qui fuit dans un difcours.
Si.prà , infrà. Ci-dcdbus gît- Style d'cpitaphe.
^fT Four marquer le temps , on le met encore après
la prépofition entre. Entie-ci 5c demain nous ver-
rons bien des chofes. Entre-ci &: là il y a loin.
ExprefTion peu noble.
C
I A.
CIACALE. f. m. Je ne fais comment exprimer au-
trement en notte langue un animal de l'Aiîe mi-
neure , dont parlent Bufbequius 8c Du Loir. Cia-
calis. Il efl: de la taille du renard Se participe de
fa nature 2c de celle du loup. Ce font ceux que
Bufbequius appelle CincaUs , ic qu'il rencontra fur
le chemin d'Amalie , Du Loir , p. 50. On pour-
roit rappeler AvKo'sXaTttii , Liipivulpis. Peut-être eft-
ce celui que les Grecs appellent Kt-va^&Vîîl , c'eft-à-
dire , comme traduit Henri-Etienne , Canivulpis.
fC? CIALIS. Royaume de la Tartarie indépendante ,
entre le Royaume d'Eluth , les grands déferts fa-
bloneux , le grand Tibet 6c le Turkeftan , avec
une capirale de même nom , fur la route de Sa-
matcand à la Chine.
gCT CIAMPA. Petit Royaume d'Afie , tributaire de la
Cochinchine , borné à Porient ôc au midi par la
mer , au nord par le défert de la Cochinchine ,
à Poccident pat le Royaume de Camboga.
\fT CIANGLO. Ville de la Chine, dans la Pro-
vince de Fokien , département de la ville de Jen-
pins.
glO" CIARTIAM. Ville & Province d'Afie, dans
la Tartarie , fous la domination du Grand Cham.
C I B.
CIB.\GE, f. d. Arbre qui croît aux Indes Orientales ,
Cî B
Se qui rcfFemble beaucoup à un pin. Ray , titi
par James.
Kr CIBAO. Province de l'Ile de S, Domingue, ei\
Amérique.
CIBAP.. 1. m. Nom d'homme. Eparchins. S. Cihar , re-
clus àAngoulcme, naquit à Pétigueux dans le fixième
fiècle, & mourut le i Juillet en 581. Vo^e:;^ fa
vie dans les Jeta SS. BeruJici. cl, p. i6j. Ce mot
s'cfl: formé du mot Saint èc du nom Eparque. Saint
Eparque , Saint Epar , Saint Par , Saipar , Saibar,
Sébcr , Sibar , Citar.
?fr CIBAUDIÈRE. f. f. Nom qu'on donne fur les
côtes de Flandre & de Picardie à des lilcts pour
la pêche , nommés ailleurs folks,
CIBOIRE, f. m. Vahfeau facré en forme de grand
calice couvert , qui fcrt à confcrver les hoftics
confacrées pour la communion des Chrétiens. Au
^!/IUJJiiniZ Eucharijtia Jacra pixis. On rardoit au-
uefois le ciboire cians une colombe d'argent fuf-
pendue dans les baptiflères , ou fur les tombeaux
des Martyis , ou fur les autels. Le troifièmc Canon
du II Concile de Tours ordonne que l'on placera,
le ciboire où repofe le corps du Seigneur , non
pas au rang des images , mais fur la croix , qui
étoit au haut de l'autel.
Il femble que ce mot ait été pris de cihorium ,
qui cfl en ufige chez les Grecs & chez les Latins.
Héfichius a cru qu'il vient originairement des Egyp-
riens , ôc qu'il figniiîe en leur langue lefruit d'une
certaine fève d'Egypte. On a appelé de certains
vafes ciboires , parce qu'ils étoient faits comme cc%
fèves d'Egypte. Horace s'eft fervi du mot de ci~
boria en ce fens-là , comme Ta remarque l'ancien
Scholiafte Latin. Il fc peut aulFi faire que ces vafcs
aient été nommés ciboires, parce qu'ils étoient faits
de ces fèves d'Egypte, On a donné dans la fuite
des temps le nom de ciboires aux vafes facrés , où
Ton conferve les hofties. Quelques Théologiens
ont cru qu'ils ont été ainfi appelés , parce que le
pain qui nous nourrit pour la vie éternelle y eft
conferve. Ugution dit que cibcrii.m eil piopreménc
un vafe deftiné ad ferendos cibos.
Chez les anciens Ecrivains ce mot fe difoit de
toute fofte de conftrudlion faite en voûte , portée
fut quatre piliers. Foye^ Acla SS. Febr. T. III ,
p. iojf,c.D.p.io^,B.8c April. T. II , p. 11 ,
E. où l'on voit par la defcription d'un ciboire de
marbre , foutenu de quatre colonnes de marbre ,
& impofé fur un autel , que c'efl: la même chofe
que baldaquin, Voye:^ ce mot. Chez les Auteurs
Eccléfiafliques , c'efl aulîl un petit dais ou voile
élevé & fufpendu fur quatre colonnes fur le maître
autel. On en voit encore en quelques Eglifes à Paris
ôc à Rome. Les Italiens appellent encore ci/^^rio,
un tabernacle ifblé. On a dit qu'on pofoit des ci-
boires fur les corps des Saints & des Martyrs ,
parce qu'on les enterroit fous les autels,
fp; CIBOLA ou CIVOLA. Province de l'Amérique
feprentrionale , dans le nouveau Mexique que les
Efpagnols nomment la nouvelle Grenade , à caufe
d'une ville de ce nom qu'ils y ont bâtie.
CIBOULE, f. f. Petit oignon qui a peu de tête ,
qu'on emploie à diiférens ufages dans lescùfines,
dans les làlades &: dans les ragoûts. Cepula , di-
minutif de ccpa , d'où le mot eft dérivé. Voye^
Oignon, Les ciboules ne fc multiplient que de
graine , qui eft de grofleur de la poudre à canon
ordinaire , un peu plate d'un côté, &: à demi ronde
de Pautre , & cependant un peu longue , en ovale ,
& blanche dedans. La Quint.
CIBOULETTE, f f. Petite ciboule fervant aux mêmes
uiaecs. Cepula minor.
ffj- CIBUNDOL Nom d'une Province de l'Amé-
rique méridionale, dans la nouvelle Grenade.
C I C.
CICATRICE, f. f. §C? Marque des plaies & de»
ulcères qui refte après la guérifon. C'eft une nou-
velle peau plus blanche , plus liife , moins po^
reufe
C IC
têuCe Se moins fenfible que la première, Cicacrix,
II a le corps couvert de cicatrices. Les cicatrices
(des plaies reçues à la guerre ibnt honorables. Re-
gardez ces vilages hâves , ces corps hideux de
plaies , &: tout couverts de cicatrices. Vaug. Quel-
ques-uns tirent ce mot àz quaji circa cutetn. D'aii-
, très diient que cicatrix , latin , d'où vient le fran-
çois cicatrice , eft dit comme occcEcatrix ou cœ-
catrix , du latin ccecare , occacare , parce que la
cicatrice n'eft que ohduclio vulneris , ce qui cache
la plaie.
Cicatrice fe dit aufîl fîgurcmenr , des plaies qui
font faites à l'honneur. Après que les plaies que
fait la calomnie ibnt refermées , les cicatrices de-
meurent toujours. Ablanc.
CICATRICULE. f. f. du latin cicatricula. Petite ci-
catrice. Petite tache blanche qu'on remarque l'ur
la membrane du Jaune d'un œuf, où fe fait la
fécondation. Le petit poulet qui eft dans l'o^uF
dans un état de nymphe , &; caché fous la peau
d'un vermiffeau , le nourrit d'abord du blanc de
l'œuf, & enfuitc du jaune lorfqu'il eft un peu
fortifié , & que fes parties commencent à s'affermir.
C'eft fur la membrane qui environne le jaune ,
que fe trouve la cicatricule ou petite tache blanche
qui eft feule le véritabli;' germe où réfide le vermif-
feau. L'œuf où ce petit germe eft entré devient
fécond. Celui où il ne fe trouve point manque de
germe , & ne contient que des nourritures ftcrijcs.
Les femelles donnent quelquefois des œufs fans
avoir eu la compagnie du mâle : mais il n'en pro-
vient rien. Spectacle de U nature. Voyez finera-
tion , fécondation , ù les articles relatifs.
%fT CICATRISANS, terme de Médecine, adj. em-
ployé fubftantivement. On entend par ce mot
les remèdes propres à fécher & confolider les plaies
& les ulcères, & à accélérer la cicatrice. Cica-
tricantia remédia , cicatricem inducentia , matu-
rantia. Cicatrifatif n'eft pas ufté.
§3" CICATRISER, v. a. Quelques-uns ont écrit ci-
cairicer. L'ufage eft pour le premier. Faire une
ou plufieurs cicatrices. Cicatricare. On lui a ci-
catrife tout le corps. La petite vérole lui a cicatrije
le vifage.
^3° Cicatrisfr, avec le pronom perfonnei. v. récip.
fe dit des plaies prefque guéries , &: qui fe repren-
nent. Coalere , coalefcere. Cette plaie commence
à le cicatrifer. Jam coalefcit vulnus. On ne fau-
roit croire avec quelle facilité cette plaie , toute dan-
gereufe qu'elle étoit , s'eft cicatrifée. IncredibiU
efl quàm facile coaluerit vulnus.
%fT Cicatriser, en Botanique, c'eft conduire une
plaie à parfaite guérifon. Les plaies qu'on couvre
de thércbentine fe cicatrifent plus promptement
que celles qui reftent à l'air. Il refte defllis une
marque qu'on nomme cicatrice. Duh.
^ CICATRISE , ÉE. part. & adj. Plaie cicatrifée.
Vulnus obdiiBum cicatrice. Vifage cicatrifé, cou-
vert de cicatrices. Cicatricofus.
Son front cicatrifé rend fon air furieux. Bon,
§3" Régnier a dit dans fon mauvais langage :
Pour moi, fi mon habit par tout cicatrifé ,
iVe me rendait du peuple & des grands méprifé ,
Je prendrais patience, . .
jCICCUS. f m. C'eft , félon Héfychius , une efpèce
de petite fauterelle. On en fait fi peu de cas , que
cela a donné lieu à un proverbe qui marque le
rnépris. C'eft encore une efpèce d'oie fauvage ,
félon Aldrovand. k/xxos . Ornithologie , L. XÎX ,
c. lO.
CICERO , f. m. terme d'Imprimerie , eft le carac-
rére entre le petit Romain & le S. Auguftin. C'eft
le caraélère de ce Diélionnaire.
CICEROLE. f. f. Efpèce de pois chiches. Cicera ,
ou cicercula. On dit aalfi des cices.
Tome II,
CIC
CICÉRONE, f. m. C'eft le nom qu'on cioiiuu ■-.>
Italie à ceux qui font voir les curiolites d'une vilje:
aux étrangers. Comme j'ai déjà été deux" fois à
Venife , je fers de cicérone h deux Comtes de
Bohême que j'ai connus à Prague. Baron de FollnitT.
CICERONIEN. adi. Qui imite le ftyle de Cicéron,
Qui eft en bon latin , comme celui de Cicéron.
Le ftyle du dilcours latin fur la fpiritualité & I im-
mortalité de l'ame, n'eft nullement CVc«o«/^/z. Oi~
jeryations fur les Ecrits modernes,
A cette élégance Troyenne i
Tant foit peu Cicéronienne y
T)jd()n de rire s'éclata ,
Toute la troupe l'imita,
Scarrow , Virg,
trav, l. I , /. 6ji
CiCFRONiEN. f. m. Scrupuleux imitateur du ftyle de
Ciccron. M. Desjardins , Principal du Collège de
S. Quentin , recommande d'aimer & de bien étudier
Cicéron ; mais il condamne cette admiration fu-
perftitieufe, qui à la renai:fance des lettres enfanta
la fecte des Cicéroniens , dont l'extravagance al-
loit jufqu'a méprifer tous les ouvrages écries d'un
ftyle ditfcrent de celui de Cicéron \ &jufqu'à in-
terdire aux jeunes gens la ledtute des autres Ecri-
vains de l'antiquité , & à les borner à l'imitation
lérvile de ce fameux Orateur. Erafmc a finement
raillé ces cfptits fuperftitieux dans fon Dialogue
intitulé : Ciceronianus, Obferv.fur les Ecr, mod,
T. I4r, p. IZÇ).
On a vu autrefois les Cicéroniens , ù£ie ridi-
cule, fe croire des Cicérons , lorfqu'avec les ex-
preffions élégantes Se les tours harmonieux de l'O-
rateur Romain , ils avoient réu/fi à former un dif-
cours dépourvu de fens & de raifonnement. En.
vain fait-on s'exprimer , (i on ne fait pas penfer ,
& envain penfe-t-on , fi l'on ne fait pas conftrui're
fes penfées , en obfervant l'ordre que la nature
& la raiibn prefcrivent. Obferv.fur les Ecr, mod, T.
lo, p. 142 , i4;.
(p- CICtRONISER. V. n. Affeder le ftyle de Ci-
céron. Trop curieux d'étaler les richeifes de fa
belle latinité. Lambin cicéronife à outrance , & ne
ccife de répandre à pleines mains les fleurs d'une
élocution incpuifable. Toijrreil.
CICLAMEN. {'. m. Koj-ê^Pain de Pourceau. C'eft
la même plante.
CICLAMOR. f. m. On dit mieux or le. C'eft , en termes
de Blafon , une efpèce de bordure de l'ccu , ou de
quelques-unes des pièces dont il eft orné.
CICOGNAT. f m. Prononcez le c comme un g. Petit
de la cigogne ■■, ciconeau. Ciconiœ pullus. Ciconeaa
eft plus ulîté.
I^O" CICOGNE. C. f. On prononce , & même on
écrit cigogne. Ciconia. Oifcau de paflàge qui a les
pattes, le cou & le bec fort longs , ce dernier rouge ,
& qui vit d'infectes. Son pennage eft blanc , excepté
l'extrémité des ailes qui eft noire. Elle a auiîi un
peu de noir aux cuifles & à la tète. Elle a le tour
des yeux garni de plumes , de la peau fort noire
en cet endroit. Elle choifit les plus hauts arbres dans
les lieux marécageux pour y faire fes petits; elle cou\'e
l'efpace de trente jours , & ne pond que quatre
œufs. On dit que la cicogne nourrit fon père &C
fa mcre , lorlque la vieilleffe leur ôte le moyeu
de chercher leur vie , ce qui fait croire qu'elles
vivent long temps.
Il y a deux efpèces de cicognes, la blanche, de
laquelle nous parlons ici, & la noire, que les
Egyptiens appcloient ibis , dont nous parlerons
à ce mot. La noire n'eft pas oifeau de paffage , mais
demeure toujours dans le même pays. La blanche
fe plaît particulièrement dans les prés & dans les
étangs. Il y en a en quantité en Allemagne & en
Suiffe. Elles s'en vont à la mi-Aout , & reviennent
au Printemps. Bellon dit que la dernière qui arrive
au lieu où elles s'affemblcnt pour partir , eft tuée.
E E e e
^86 CIC
Aldrovand dit que c'eft proche du Tcfm qu'elles
font leurs aflemblécs -, & qu'après avoir tenu con-
fcil cntr'elles , elles partent la nuit.
Il y a dans le Cabinet de la Socictc Royale de
Londres une tète d'une cicogne des Indes , que per-
fonnc n'avoit décrite avant Grew , qui l'a làit
dans le Alufaum Regalis Societatis.
On dit que c'eft la cicopie qui a appris aux
hommes l'invention des clyïlcrcs. La cicogne tient
l'aîle baidce en volant. On croit que le bruit qu'elle
fait vient de fon bec dont les deux parties frap-
pent Tune contre l'autre avec beaucoup de violence.
La cicogrie eft le lymbole de la reconnoiilance. Le
Roi de la Chine , pour marque de fa Royauté ,
porte deux cicognes en broderie fur la poitrine ,
avec une perle au haut du bonnet -, ce qui n'eft
permis qu'a lui feul. Elle efl: appelée ciconia , quod
fit cicuris & bmigna naturit , dit Martinius -, parce
qu'elle eft d'un naturel doux & tout-à-fait appri-
voiic , demeurant volontiets parmi les hommes. Ju-
nius rapporte dans Ion Hijtoire di Hollande , qu'on
a vu une cicogne revenant à fon nid qui alloit être
confumé par les flammes d'un incendie , qui en
étoit tout près, faire de grands efforts pour retirer fes
petirs du danger où ils croient, Se ne l'ayant pu fiirc
à caufe qu'ils\-i'aYoient point de plumes , s'étendre
dans fon nid , &: fe lailfer briller en les cou-
vrant de Tes aîles. On trouve dans le troificmc Livre
de Voflius , de Idol. c. 81 , 84, 85 , 95 ,_ 9*5,
97 , à peu près tout ce que Tantiquité a dit des
cicognes.
Une cieogne qui nourrit fon père & fa mère
vieux , avec ce mot , dulci pro tnanei e virœ , eft
une devife du Lucatini , pour exprimer la recon-
noiffimce. Et avec ce mot. Par. pari fenmt, elle
eft de Scipion Bargagli. On donna pour devife à
Ranutio I , Duc de "Parme , une cieogne qui tue
des ferpens , avec ce mot Servat & profugai^ ; & à
Philippe III , Roi d'Efpagne , Donec conficiam ;
pour marquer fa piété & fon zèle à exterminer
les Mores d'Efpagne. Celle - ci eft d'Emmanuel
Thefauro.
Sur les médailles , la cieogne qui nourrit le père &
la mère durant leur vieillelfe eft le fymboie de la
Piété -, elle fe met otdinairemenr à côté de cette
Déefle , ou des enfans qui ont fmgulièrement ho-
noré leurs parens. J. Jobert.
On appelle proverbialement des contes à la ci-
eogne , des contes faits à plaifir , des contes de
vieilles , dont on amule les petits enfans. Fa-
bula:,
Cigogne eft aufll un certaine machine à tirer de
l'eau. Tolleno. Tachard.
CICONNEAU. f. m. Prononcez & écrivez. Cigon-
neaii. Petit de la cieogne. Ciconix pu/lus.
Les ciconneaux nourriifent leurs parens , lorf-
qu'ils font trop vieux pour chercher leur vie. Faul-
TRIER.
CICUTAIRE. f f. Cicutaria. Plante ombellifère dont
les feuilles approchent en quelque manière de celles
de la ciguë \ c'eft apparemment à cete reifemblance
qu'elle "doit fon nom. Sa racine eft vivace , aflcz
çroffe , branchue -, du collet de cette racine fortent
quelques feuilles fott amples, d'un vert-foncé ,
découpées en plufieurs fegmens , qui font recou-
pées en d'autres plus menus , taillées en manière
de pinnules de Fougère. Les queues qui les por-
tent font branchues , épaiflés à leur naiflance , d'où
fort une tige plus groffe que le doigr , noueufe ,
creufe , haute de trois à quatre pics , &: garnie de
quelques feuilles qui prennent origine des nœuds ,
èc qui reffemblent aux premières. Elle eft divifée
en quelques branches à fon extrémité ,^ qui foCi-
tiennent chacune une ombelle de fleuts pâles., aux-
quelles fuccèdent des fruits compofés de deux
sroffes femcnces longuettes , voûtées 6c cannelées
fur leur dos , d'une'couleur titant fur le blond.
L'odeur de fes feuilles eft un peu défagrcable.
Cicutaria Lanfolia , fixsida , C. B, Pin,
CI D
C I D.
CID. f. m. C'eft le nom que donnèrent à Dom Rodiî-
queDias de Bivar cinq Rois Maures qu'il vainquit.Ce ;
Dom Rodrigue eft ce guerrier fameux du onzième
lîécle , plus connu en France fous le nom de C/J,
depuis la Tragédie de Corneille , dont il eft le fu-
jet , que pc^r fes vidoires , & la part qu'il eut à celles
d'Alphonfe III.
Cid eft un nom arabe, qui fignifie Chef, Com-
mandant , General , Gouverneur , petit Roi. Il
vient de HKp , qui fignihe gouverner , adminif-
irer, commander. Delàfe dit Ti?p , Ceid , d'où
s' eft formé Cid,
CiD. f m. Tragédie de Pierre Corneille. Jamais pièce
de théâtre n'eut un îi grand fuccès. M. Pelilfon , dans
i'onHiJioire de l'Académie, dit qu'en plufieuts Pro-
vinces de France il étoit paflé en ptovetbe de dire ,
cela efi beau comme le Cid. Si ce Proverbe a péri , il
faut s'en prendre aux Auteurs qui ne le goùtoient
poinr , & à la Cour , ou c'eut été très-mal parler
que de s'en fervir fous le miniftère du Cardinal de
Richelieu. Fie df M. Corneille l'ainé,par M. deFon-
tenelle fon neveu. Au fe.ntimcnt de M. de Voltaire ,
qui fe connoît fi bien en pièces de Théâtre , & qui
en a fait lui-même de li applaudies, ce n'eft ni aux
Auteurs , ni au Cardin:] de Richelieu qu'il faut s'en
prendre, mais àCinna Se à d'autres Tragédies de
Corneille , plus belles que le Cid.
IP" CIDAMBARAM. Ville des Indes , au Royaume
de Gingi , fur la côte de Coromandel.
CIDARIS. i', m. C'étoir une efpèce de Diadème que
porroient les Rois d'Arménie , aifez femblable à
la Thiare des Perfes. CetteThiate étoit de deux for-
tes : la droite , & celle qui étoit renverfée. Celle-
ci pouvoir être portée par tous les fujets du Prince ;
au lieu que l'autre étoit réfervce aux Rois feuls ,
& à ceux qu'ils dclîgnoienr pour leurs fuccelfeurs.
Plutarque , in Artaxerxes,
Ip" CÏDAYE. Ville maritime d'Afie , dans l'Ile de
Java , au Royaume de Jurubeya. Le Roi y tait fa
rélidence.
CIDRE, f m. Boiflbn faite de pommes pillées & preP
furées. Le c/Vr<; de pommes s'appelle du Pomme y
viniim pcmaccum ; celui de poires du Poiré , vimim
pyraaum. Le meilleur càf/c fe fait en Normandie.
Le fruit à couteau ne vaut rien pour faire le cidre.
On emploie des pommes ruftiques, dont il faut
bien connoître les difïerens fucs , afin de les com-
biner convenablement , & de corriger les uns par
lesaurtes.
|tT Poui: avoir du cidre fort , on le lailfe lepofer fur
fa lie le couvert de fon chapeau. Si l'on veut un
cidre tloux &: agréable , il faut le tirer au clair lorf-
qif il commence à gratter doucemenr le palais -, c'eft
ce qu'on appelle cidre paré.
IP" Onpt:tend queleciaVe eft pedloral , humedlant
&: raftaicliiifant. En général il ne convient qu'à ceux
qui en or.i: fait ufage dès leur jeunefîè.
M. Huer, ancien Evêque d'Avranches,f/^/2j/«
origines de Caën , p, 144, prouve que l'ufage du
cidre étoit établi à Caen dès le treizième fiècle, puif-
qu'il en eft fait mention dans les Lettres Patentes
de Philippe le Bel, & que Guillaume le Breton,
quivivoitau commencement du XIIP fiècle, ap-
pelle le pays d'Auge , Sicerύue tiimentis , AlgiapO'
tatrix. M. Huet "ajoute , l'ufage du cidre , pour
le dire en paflanr, eft plus ancien en France qu'on
ne s'imagine : fous les enfans de Conftanrin on ac- j
cufoit les Gaulois d'aimer le vin , & diverfes autres I
liqueurs qui reffembloienr au vin , comme nous
l'apprend Ammien Marcellin. Les Capirulaires de
Charlemagne mertent au nombte des métiers ordi-
naires celui de Siceratores ; ce que l'on explique,
ceux i]ui favent faire de la bière, du pommé, du
poiré , ou toute autre liqueur bonne à boire. D'où il
paroît que le mor de cidre, qui eft le même que
Jîcera , ne fe reftreignoit pas comme aujourd'hui au
CI E
Cciû pomme , mais qfu'il s'ctendoit à toutes les li-
queurs qui enivrent 5 comme le mot hébreu , d'où
il cft vemi. Néanmoins l'ufagc du Cirfre eut peu de
cours en France dans la fuite. Je crois même que
notre Province ne Ta pas pris des François contem-
porains de CharlciriagUL' , mais plutôt des Balqucs,
«tans le commerce que la pôche leur donnoit avec
les Normans. Dans la Coutume de Baycnne & de
Labour, l'on voit pluikurs titres touchant Ls cidres;
&c les Bafques l'ont appris des Afriquams, où il
ctoit autrefois fort commun , comme le témoignent
Tertullien & S. Aupuflin.
Ce mot , félon quelques-uns , vient du latin^'?-
e-era,oa de l'hébreu Sickur , ou enfin du bas-breton
SiJ'lre , qui lignifient , dit-on , tout breuvage qui
peut enivrer, foit qu'il foit fait de grains, "ou de
pommes , de palmes , ou d'autres Iruits. D'autres
le dérivent du latin Ceria, qui cft expliqué à Cer-
voisE.Il pourroit bienétie ou Norman, ou Saxoa ,
ou Danois d'origine.
C I E.
CIFL. r, m. Orb-î azuré & diaphane, qui environne
la teirc ; région cthérée au dclîlis de l'élémentaire ,
dans Varjaelle fe n. cuvent tous les aftres. Lœlum.
^3" Dans 1 ancienne Aftronouiie , lemot de cuL'î'.-
gnifie un orbe particulier, l'efpace que j-arcourt
une planète dans toute l'ctcnaue de fonceurs. Les
Anciens cnr admis autant de deux .olides , qu'ils
ont oblervé de mouvemcns différcns : con.me li
cette foliditc ctoit nécjjfaire pour Ibûtcnir ks aftres
qui y font attachés. A'nfi ils en ont mis Icpt pour
les fept planètes. Le eu, , delà Lune , de Mercure ,
de Venus , du Soleil , de Mars , de j upitcr & de Sa-
turne. Le huitième eft pour les étoiles Jixes , qui eft
le Firmament. Ptolomée ajouta un neuvième c/W,
cfi"\\3.ç'pzldi\c premier mnhile, gC? lequel commu-
niquoit le mouvement aux autres. Voy. Ptolomée,
Enfuite Alphonfe,Roi de Caftille , ce Roi plus-phy-
ficicn que dévot, qui difoit qu'il auroit donné de
bons avis à Dieu , s'il Pavoit appelé à fon confeil ,
quand il créa le monde; Alphonie, dis- je , imagina
deux autres cieuxds criftal,pour expliquer certaines
irrégularités qu'il croyoit avoir obfervées dans le
ciel, comme le mouvement de titubation ou de
trépidation , c'eft-à-dire , l'inclination de l'axe de
la terre, &c. On faiibit ces deux de criftal, afin
qu'ils puflent donner pafTage à la lumière : on ajouta
enfin un douzième ciel auquel on donna le nom
d'empirée, dont on fit le fcjourde Dieu, Quelques
Aftronomes en ont admis beaucoup d'auttcs , félon
leuis différentes hyporhèfes. Eudoxes en a admis
i5 , Calippus 50 •■, Regiomontanus 5 5 , Aiiftotc +7
FracaftoryS -, comme témoigne Vitalis, après Jonf-
ton. D'ailleurs , il faut remarquer que les Altro-
nomes ne fe mettent pas fott en" peine fi les deux
qu'ils admettent font réels ou non. Il leur importe
peu que leurs hyporhèlcs foient vraies , ou qu'elles
ne le foient pas , pourvu feulement qu'elles fervent
■ à rendre raifon de tous les mouvemcns célcftcs , &
qu'elles s'accordent avec les Phénomènes. Pour les
' fyftêmes nouveaux , voyei Descartes , Tvcho,<S'c,
Le c/V/a fervi dq corps à plufieurs dcvifes. On en
fit une fur le Cardinal de Richelieu , où le ciel
ctoit rcptéfenté ; ces mots Mens agitât molem , ou
Mensjidera. volvit , montroicnt que comme il y a
■ une intelligence qui donne le mouvement au ciel ,
le génie du Cardinal Richelieu étoit Pâme de tout
ce qui fefaifoit dans le Royaume,
Ce mot n'eft que d'une fyllabe en vers , tant au
pluriel qu'au fingulier.
Ce mot vient du latin ctzlum: quelques-uns le dé-
rivent à ccelando , comme qui diroit gravé parce
qu'il eft marqué de diverfes étoiles , owapuscxla-
tum variis ima.'yinibus , comme dit faint Ambroife
dans fon Hexaméron^ mais il vaut mieux le dériver
du grec »«7/«5 , concuvus , prefundus. Quand nous
C I E
587
regardons le ciel, il nous paroît comme une i.m-
menfé concavité , une grande voûte.
IfT On dit pocfiquement , la voiite des deux ; pour
dire, ïqcuL '
IJCr Ciel lé prend aulîl pour le paradis , le féjour de
Dieu & des Bienheureux. On lui a donné le nom
d'Ernpiree à cauf'e de fa fplendeur, du mot grec
hy.:Tj,ti,qm eft de feu, enflammé, brillant coimne
du feu. Dans ce feus nous difons , gagner le ciel
ou le royaume des deux. Quelques-uns un peu
trop fcrupuleux, ont cru qu'il valoir mieux dire
le royaume de Dieu que le Royaume du ciel ou des
deux. L'Ecrituie a fait ces mots lynonymes. Nous
difons à Dieu dans nos prières ; Notre père qui êtes
dans les deux.
03" Les Anges rebelles furent précipités du ciel, La
Vierge eft la Reine du ciel.
Enfin je ne vois rien ^ui foit plus odieux
Que des gens gue l'on voit d'une ardeur peu corn'
mune ,
Par le chemin du ciel courir à leur fortune.
Mol.
Ciel fe prend aufTi pour Dieu même , pour fa provi-
dence & pour fa juftice. Ce mot eli:fbuvent employé
dans PEcritute , Deus , adi Deus.L: cie'eA of-
fenfc , c'eft-à-dire , que Dieu eft offenfc. Pour loû-
tenir l'honneur de la PN.eligion , fbuvent nous nous
difpenfons de fcs loix', £< liés d'irtérccs avec le ciel,
nous nous imaginons que les injur s q je nous re-
cevons font les fîennes. Les Tyrans ne Ibnt que les
miniflres des vengeances du ciel, qui veut châtier
les hommes dans fa colère. S. EvR.
De l'intérêt du c\q\ pourquoi vous chargez-vous ?
Pour punir le coupable a-t-il hefom de nous ? Mot,
On peut impunément , pour r intérêt du ciel ,
Etre dur , J'e venger , faire des injujiices ;
De la dévotion c'eji là fejfentiel. Des Houl,
On fait afTez ce que l'on entend ici par le mot de
dévotion.
Prends ton glaive & fondant fur ces audacieux.
Viens aux yeux des mortels jujtifier les Cieux.
BoiL.
Le ciel a pour nos vœux une bonté cruelle ,
Il devrait être four d aux aveugles fouhaits.
La Fokt,
On dit , grâces au ciel; pour dire grâces à Dieu
Le cid m'eft témoin ; pour dire ,Dieu m'eft témoin.
Lever les yeux auc/e/; pour dire, implorer le fe-
cours divin.O terre 1 âciel! eft auffiune invocationj
une admiration, C'eft un coup du ciel, un, effet ex-
traordinaire de la bonté de Dieu.
On dit figurément , voir les cieux ouverts -, pour
dite , avoir une grande joie , fe trouver dans un
grand bonheur.
On dir , les mariages font faits au ciel; pout dircj
qu'ils fontréfolus pat la Providence.
On dit,en termes de PEcritute , un ciel d'airain ;
pour dire , une grande fécherclfe. Et on s'en fert
au (fi pour dire , un ciel inexorable, un ciel fourd
aux vœux. Acad. Fr.
Ciel, en Mithologie. Le ciel ctoit une divinité parri-
culière , que les grecs appeloiant oiitxi«-, , Uranus ,
&c les latins , dtlus. Selon Platon dans fbn Timée ,
le C/<;/& la Terre enfantèrent POcéan & Thétys ,
Se par eux tous les autres Dieux. Héfiode dit la
même chofe , Théog. v. Jf<; ,& 106, Le même Poète
V. ii6d'n que ce fut la Terre qui mit le Ciel au
monde , a/în qu'il la couvrit, &: qu'il fCit la de-
meure des Dieux. 11 fut aufîl fon mari , & ils eurent
enfemble plufieurs cnfans , entr'auttes POcéan,
Cœus, Crius, Ypérion, Japet , Thoas , Rhca,
E e e e ij
^88
C I E
Thcmis , Mncmofyne ou la Mémoire , Phœbé ou
la Lune , Thctys , Saturne , les Cyclopes , Cottus ,
Briarée &; Gygcs. Hésiod. Theog. v. 155 6" Juiv.
Les Anciens ont fouvent confondu le Citl , ou Ca/us,
avec Saturne l'on fils , &; même avec Jupiter Ion pc-
tit-iîls, n'en taifant qu'une même divinité. La plu-
part des choies qu'ils difent du Dieu Cœlus , ou
du Cifl , Ibnt pril'es de l'hiftoire de la création dé-
crite par Moïlé au commencement de la Genèle ,
ou de la tradition des peuples lur cela , qui dans
la fuite s'eft mêlée de tables.
Varron d£ ling. Lut. L. IF, dit que les Dieux font
le Cù/ Se la Terre , & que ce Ibnt les mêmes que
Sérapis Sc Ilis en Egypte. Philon de Bérite dit dans
Eulebe que le C7e/étoit fils du Dieu Elion [V^p >
en hcbieu , c'eft-à-dire , très-haut -, &: qu'il eut qua-
tre fîls , Ilus ou Saturne , Bcrule , Dagon &C Atlas.
f^oye:^, Tur ce Dieu , Yolîius , de Iciol. L.I, c. 21.
L. 11, C5<?(S'38,
Chez les Athéniens le Ciel &c la Terre préfidoient
aux mariages ; c'eft pour cela qu'on leur failbit un
facrifice avant les n ôces.
Selon le P. Kirkcr , (Ed. jEg. T. 11, p. I,p. 199.
Le Ciel, Cœlus, n'eft autre choie que la première
cauie. Saturne ion fils cft le premier elprit, ou le
premier entendement , Prima mens, & Jupiter
f.ls de Saturne , étoit l'ame du monde.
Ciel , en termes d'Aftrologie , lignifie feulement les
influences des aftres. Siderum vis , cœli dejluvium.
Les Aftrologues , pour duper le monde , ont tâché
de perfuader que les deux Ibnt un livre où Dieu
écrit l'hiftoire du monde , & qu'il n'y a qu'à en
iavoir lire l'écriture , qui n'eft autre choîc que l'ar-
rangement' des étoiles. Ainfi on dit, il eut en
naiilant , le ciel favorable , le ciel contraire , félon
.que les aftres bénins ou malins , ont prélidé à fa
naiffance. Les Aftrologues appellent aulli le milieu
Au. ciel , la mailbn qui cft la plus haute , où eft le
Zénith -, &: le plus bas du ciel, celle qui eft la plus
balle.
Ciel , en Chimie, eft la partie la plus pure, la plus
parfaite, la plus épurée des corps-, c'eft la quin-
telfence des minéraux, des végétaivx, des animaux.
Ciel le prend aulli pour un climat éloigné , un pays
difîïrent de celui où l'on eft , & furtout quand on
a palfe la Ligne. Cœlum. Il eft allé voyager vers le
Midi , habiter fous un autre ciel &c fous d'autres af-
tres-, fous un c/t7 plus doux. J'ai enfin quitté ces
climats où la neige couvre la furface de la terre ,
de me voilà fous un ciel pur &; iérein. Le Ch. de M.
Je viens chercher le repos fous un ciel étranger.
S. EvR. on a beau changer de ciel, on ne change
point d'efprit. Cslum non animum mutant qui tr ans
mare curriint.
Ciel le prend aulfi quelquefois pour l'air. Aer , Cœlum.
Le Ciel eft Iérein ; pour dire , il n'y a point de nuée
daas l'air. Le feu du Ciel, c'eft la foudre qui le for-
me dans les nuées. La rofée du ciel. L'arc-en-cie/qui
paroît dans une nuée pluvieufe La manne du ciel.
Les oifeaux du ciel, qm volent dans l'air.
Sur la mer on dit , que le ciel je haujfe -, pour dire,
que le ciel s'éclaircit. Groj ciel; pour dire, qu'il
y a de gros miages en l'air. Obfcurum , nuhilum.
Cielfiri , c'eft-à-dire, que le ae/eft clair. Clarum ,
purum^ nitidum. Ciel embrumé ; pour dire, que l'ho-
riibn eft couvert de nuages. Obfcurum , nubilum.
gC?" Ciel lé ditaufli du dais fous lequel on porte le
S. Sactement le jour de la Fête-Dieu. Il portoit le
ciel à la Procellion. Voye^^ dais.
§Cr On le dit aulfi du haut d'un lit. Le cielàe ce lit
eft trop bas. Superius lecii tegmen. dans cette ac-
ceptation & les fuivantes, on dit cif/j au pluriel ,
&; non pas deux,
gCT Ciel , en termes de peinture , fe dit d'un tableau
qui rcr»rcfente le c/V/ pris pour l'air, ainfi l'on dit
taire peindre un ciel au plafond d'un cabinet. Ce
, Peintre tait bien les ciels. Un ciel ào'ix. être léger ,
t va^çue Se fuyant, afin que les objets qui le cachent
en partie, paroiiTent en être détachés. On le dit
C I E
de même des ciels repréfentés dans des tapîiTeries.
Il ne faut pas trop de ciel àzns une tapilfcrie.
IJCT On ledit aulfi des plafonds de l'Opéra , quand
le théâtre rcpréfentc un lieu découvert.
On appellc-dans les carrières, le banc de ciel,
celui qu'on laillé au dcllùs de la tète, &^ fous le-
quel on tire la pierre. C'eft le premier banc qui fe
trouve au deflbus des terres en fouillant les car-
rières, & qui leur lért de plat-fond dans fa conti-
nuité à mefure qu'on les fouille. Lafidicine: caméra
Dixième ciel. Dans l'hiftoire des modes. Les.
femmes donnoient ce nom à un ornement de
tête qui failbit paitie de la coeiPare qu'elles nom-
moient commode.
Ciel lé dit proverbialement en ces phrafes. On
dit : fi le ciel tomboit, il y auroit bien des al-
louettes prifes , pour fe mocquer de ceux qui cher-
chent des précautions contre des accidens qui n'ar-
riveront jamais. On dit de deux choies bien dif-
férentes, qu'elles font éloignées comme le c/e/l'eft
de la terre. On dit qu'on élève un homme jul-
qu'au ciel , jufqu'au troilième ciel ; pour dire ,
qu'on le loue excelTivement. Qu'on ne voit ni ciel
ni terre, lorfqu'on eft aveugle, ou qu'on eft dans
une grande obfcurité. Il a remué cid &! terre;
pourdire , il a fait tous fes efibrts , i^ a employé
toutes fortes de moyens pour fiire réuflk cette a&
faire. On dit encore , le ciel rouge au fbir,
Se blanc au matin , c'eft la Journée du Pèlerin ;
pour diie, que cela préfage une belle journée. On
dit aulTi , que les mariages font faits au ciel; pour
dire , qu'ils ne fe font que par l'ordre de la Provi-
dence.
^fT CIEME , Ville de la Chine , dans la province de
Chanron , ou Xantang , au département de Lai-
cheu, fous le 36' d. 22' de lat.
CIERGE, f. m. Bougie ou chandelle de cire plus
ou moins longue, qu'on polé fur des chandeliers,
&: qu'on bride dans les cérémonies de l'Ègîife.
Morceau de cire étendu en long, & en forme de
cône autour d'une m.êche de coton , & percé pat
fa bafe pour pouvoir entrer dans le bout d'un chan-
delier. En Italie les cierges font d'une même groA
leur dans toute leur longueur •, en France ils fe
terminent en pointe fotte alongée pat en haut.
Ils marchoient deux à deux un cierge en main.
A la Chandeleur on porte des cierges à la Procef-
lîon. Le Cierge béni , eft celui qu'on btùlc auprès
des agonifans.
Les Payens fe fervoient de flambeaux dans les
jours de cérémonies , comme dans les facrifices , &:
dans les m.vftêres de Cérès. On en mcttoit aufli '
devant les ftatues des Dieux. Il y avoir aulli des
illuminations à la porte ries mailbns où l'on cé-
lébroir quelque fcte. Quelques-uns ibûtiennent que
les Chrétiens ont imité cette cérémonie payenne.
D'autres prérendenr qu'ils ont appris des Juifs à
tenir des cierges allumés dans les Eglilés. Appa-
remment comme dans les commencemens du Chrif-
tianifme l'on s'alîcmbloit dans des votâtes fouter-
raines , il falloit nécelfaitement fe fervir de cierges
Ôc de flambeaux. On en eut même befoin depuis
que l'on eut la liberté de bâtir des Eglifes. Elles
éroient conftruites d'une manière qu'elles rece-
voient peu de jour, afin d'infpirer plus de refpedt
par l'obfcurité. En fuite l'on conlérva cette coutu-
me , qui ne contribue pas peu à rendre plus au-
guftcs les cérémonies des facrcs myftcres -, cette ori-
gine de l'ufage des cierges eft plus naturelle &
plus vraie; mais il y a long temps que les dergcs,
que la nécelîité avoit introduits , font devenus un
ornement, &: une choie de cérémonie. Saint Pau-
lin , qui vivoit au commencement du cinquième
fiècle , dit^ que les Chrétiens faifoient peindre lej
cierges. Le quatiieme Concile de Carthage , tenu
vers la fin du quatrième liècle , ordonne que quand
on donnera l'ordre d' -acolyte à quelqu'un , l'Ar-
chidiacre lui mette entre les mains un chandelier
avec un c/er^e. Saint Jétcme, .contre Vigilance, C. 3,
CI E
marque que l'ufage ctoit dès lors d'allumer des
cierges dans l'Eglile , mais qu'on ne le taifoit ce-
pendanr point le jour. Que li quelques icculiers ,
ajoute-t'il , ou quelques femmes le font par igno-
rance , ou par implicite , quel mal y a-t'il î Godeaii
remarque dans fon Hifioire Ecclef. L. II J, C, i^. p.
z82, que les Fidèles enterrant le corps de S. Cy-
prien martyrii'é au milieu du troilicme iiècle , allu-
mèrent des cierges, quoiqu'ils lui rendiflent les
derniers devoirs en public. Voyez fur les cierges ,
Se leur ufage , Vollius , de Idolol. L. IV , Ç. 91.
Ce mot , cierge , vient de ceriu/n , pour cereum.
MÉNAGE. Et Cereum, ou Cerium, vient de cera ,
cire.
On dit proverbialement , qu'un homme eft droit
comme un cierge , quand il fe tient debout avec
quelque affectation & quelque contrainte. On le
dit au.'fi de toutes les autres choies qui font droi-
tes , &; pofces perpendiculairement. Cette plante
pourtè fcs jets , droit comme un cierge.
CiiKGE pafckal.C'efi un cierge qu'on porte le Same-
di-Saint pour faire l'eau bénite, qui eft béni par le
Diacre , &' allumé avec le feu nouveau. Cereus paf-
chahs. Le Pontifical dit quec'eftlePape Zozime qui
eft l'Auteur de cette cérémonie -, mais Baronius
remarque que l'ufage en eft plus ancien , comme
il paroit par un hymne de Prudence. Ainfi il croit
feulement que ce Pape en établit l'ufage dans les
Paroiffes \ julques là on n'en avoit ufé que dans les
grandes Eglifes. Le P. Papcbroch nous en a ex-
pliqué plus diftinClcment l'origine dans le Cona-
tus Chronico-hijloricus , qui eft dans le Propilceum
ai Acla Sancl, Maii,p. 9, & dans les Paralypo-
mena ad Conatum , qui font à la fin du feptieme
tome des Saints du mois de Mai, p. i9,&: voici
ce qu'il en dit.
Quand le Concile de Nicée eut réglé le jour
que l'on célébreroit la Pâque , il chargea le
Patriarche d'Alexandrie d'en faire faire tous les
ans le canon , & de l'envoyer au Pape. Toutes
les autres fîtes mobiles fe régloient fur celle
de Pâques -, &: l'on en faifoit chaque an-
née un catalogue, que l'on écrivoit fur un cierge,
cereus , que l'on bénillbit folemncUemcnt dans
l'Eglife. Ce cierge , félon M. l'Abbé Chaftelain, n'c-
toit point une chandelle de cire faite pour brûler ,
il n'avoir point de mèche ; c'étoit feulement une
colonne de cire faite pour écrire cette lifte des fêtes
mobiles , Se qui fuffifoit pour cela durant un an ;
car dans l'Antiquité , quand on vouloit que quel-
que chofe durât toujours , on la gravoit fur le mar-
bre, ou fur l'airain -, quand on vouloir qu'elle du-
râr long temps, on l'écrivoit fur le papier d'Egypte ,
ou fur de l'écorce d'arbre ; mais quand on vouloit
qu'elle durât feulement quelque temps , on fe
contentoit de l'écrire fur de la cire. Dans la fuite
on écrivit les fêtes mobiles fur du papier , ou fur
un tableau -, mais on ne lailla pas d'attacher tou-
jours l'un ou l'autre au ciarge pafchal ; ce qui fe
pratique encore à Notre-Dame de Rouen , & dans
tour l'ordre de Cluni , comme le P. Papcbroch
dit l'avoir appris de M. l'Abbé Chaftelain. Telle
eft l'origine de la bcncdiètion du cierge pafchal -,
cérémonie qui ne commença pas néanmoins li-tôt
.1 Rome , comme il paroît par VOrdo Romafiiis ,
dans l'Office du Samedi -Saint , où il ëft dit que
cette bénédiélion fe fait feulement in forenfibiis
civitatihus , mais non pas dans Rome.
Deux chofes prouvent l'antiquité de cette céré-
monie. 1°. C'eft que la formule d'invitation qui
la précède , eft la même qui fe voit dans le Bré-
viaire Ambroifien, &: qu'il fcmblc,par deux Mif-
fels très-anciens, que S. Auguftin la porta de Mi-
lan en Afrique, r'^. C'eft que l'Auteur du Traire
du cierge pafchal, qui fe trouve parmi les Ou-
vrages de S. Jérôme , étoit contemporain de ce
Père & de S. Auguftin ; ou m?me plus ancien ,
puifqu'il écrivoit l'année que Gratien fut trahi par
fon armée, mis dans les fers, & eniîn tué', c'eft -à- j
CIE Y85»
dire l'an 583 de J. C. Ces preuves font bien plu
folides que celles que l'on prétend tirer de l'hym-
ne de Prudence, dont le titre QX.6\t,Ad incenjum
liicernci, qui lignifie. Pour allumer la lampe, &C
que l'on a change dans la fuite , mal-à-propos en
celui-ci , Ad incenfum cerei paj'chalis , c'eft-à-dire.
Pouf- allumer le cierge pafchal; car il n'y a pas un
mot dans cet hymne qui concerne le cierge paf-
chal.
Au reftc le P. Papcbroch croit que ce que M.
l'Abbé Chaftelain penfoit de cette colonne de cire ,
peur s'être obfcrvé à Rome; mais il juge avec rai-
l'on qu'ayant été inftituée pour être une figure de J. G
reiîufcité , & apparoifiant à fes difciples , & afin
que pour repréfenter ce myftère, elle brûlât pendant
les Saints myftères , jufqu'au jour de l'Aicenfion
qu'on l'cteint ; cela fuppofe qu'elle avoit une mè-
che, & que c'étoit véritablement un cierge. Saint
Ennode, Evêque de Pavie , au commencement du
iîxieme fiecle , nous a laiffé parmi fes œuvres deux
bénédiiitions du cierge pafchal. La forme de cette
bénédiélion n'étoit pas la même par tout ; la plus
généralement reçue étoit celle que nous avons re-
renue , &: qui commence par Exultetjam Ajigelica
turba. Elle eft ancienne •, mais on ne voir pas fur
quel fondement on l'attribue à Saint Auguftin , ou
à S. Léon. C'étoient les Diacres qui faifoient cette
bénédiélion , même en prélence de l'Evêque ou du
Prêrre Officiant. Foy^ç^LZ/Y/e;, T.ÏV,p. 274.
I/C?, CiERCES d'eau fe dit en hydraulique , dans la dé-
coration des jardinSjde plufieursjers d'eau, menus &
perpendiculaires , fournis fur la même ligne , par
le même tuyau dans des maiibns de plaifance , 6i
dans des balîins de fontaine , ou dans des cafcades.
Expreffa falieiitibus in aquis cereorum forma , ac
difpofùio , aqua faliens cereum imitans , referens.
On les nomme grilles d'eau , quand ils font près
les uns des autres , cancelli.
Cierge fe dit encore d'une efpèce de gros chardon
que les Caraïbes appellent akoulerou. Il croît
comme un gros buiiion touffii garni de toutes parts
d'épines forr pointues & déliées. Il pouffe en fon
milieu neuf ou dix tiges , fans branches ni feuilles ,
qui font hautes de neuf à dix pies , & cannelées
comme de gros cierges. Ces tiges font auffi munies
d'épines piquantes comme de fines aiguilles, qui
étant extrêmement perçantes , ne permettent point
qu'on puiffe toucher cette plante de quelque côte
que ce foit. Le dedans , ainfi que l'écorce, eft affea
mollaffe & fpongieux. Chaque cierge porre en une
faifon de l'année des fleurs jaunes , ou violertes ,
entre les tiges cannelées de fa tige. A ces fleurs fuc-
cède un fruit en forme de groffe figue. Il eft affez
délicat & bon à manger. Les oifeaux en fonr fort
friands \ mais ils ne peuvent le béqueter qu'en vo-
lanr , à caufe que les aiguillons qui le confervent
de toutes parts , ne leur permettent pas de s'arrêrer,
ni fur lebuiffon , ni fur les tiges. Les Indiens ont
l'adreffe d'en déracher le fruit avec de petites per-
ches fendues par le bout. Le lendemain , nous f.mes
encore fix lieues entre des collines chargées de ces
arbriffeaux , que les Efpagnols nomment organum-,
& que les François appellent cierges épin?ux. On
diroir ,à les voir de loin, que ce font une infinité de
flambeaux de cire verte. Let. cur. et édif. T.
XI.
On cultive , depuis quelques années , au Jardin
Royal des plantes à Paris, une efpèce de cierge
épineux qu'on nomme cierge du Pérou , Cereus Pc-
ruvianus. Il eft hant de plus de 25. pics , & a
demi - pic de diamètre -, il eft droit , & a cinq à
fix pans ou côtés qui font garnis à leur n-a'-ge , &
par inrervalles, de quelques toupets d'épines forr af-
filées , &: longues d'environ un pouce. Les fleurs
qu'il a données fonr fortics au deffus de fes toupets ,
&: étoient longues de près d'un demi - pié, com-
pofces d'un calice fait en forme d'entonnoir vevt ,
écaillcux, creux, pour laiffer paffer le ftyle qui
furmonte l'embryon qui eft vert , & fur lequel
^ 9 o C I G
toute la fleur pofc -, ce calice IbCicient deux rangs
de pétales blanchâtres , &: un peu lavés de pourpre,
de qui Ibnt étroitement unis avec ce calice par leur
bafe-, fesctamines croient en grand nombre. Cette
fleur palFe fort vite , & étant épanouie , elle a plus
de cinq pouces de diamètre. Du Tertre parle des
cierges épineux des Iles d'Amérique, Le P, Plumier
a rangé Tous les Mdocaclus pluiieurs efpèces de
cierges qui s'y trouvenr. Ces plantes font pleines
de llic , Se fervent aux animaux pour défaltérer leur
ï"oif,
CIERGE , en conchiliologie.Nom d'un coquillage de
mer , qu'on appelle autrement Onyx. Cereus,concha.,
Onyx. Le cierge ou onyx cil: une efpccc bien rare.
Gersatnt Un grand cierge ou onyx des plus blancs.
Cette coquille cfl: diiiicile .à trouver, Id.
CIERGER une ctoiré. Ceil: mettre de la cire liquide
aux endroits par où elle a été coupée , de peur
qu'elle ne s'efHle. On dit plus communément boii-
gier ,' à caufe que cela fe tait avec une petite bou-
gie allumée. Voye^ ce mot.
CIERGIER, f, m. Marchand qui vend des cierges ,
ou l'Ouvrier qui les fait. Cereorum Opifex. A Pa-
ris on l'appelle plutôt Marchand Cirier.
CIERVE. f. f. Vieux mot qui a été dit autrefois pour
Biche. On difoit cierve au lieu de cerve , comme
cèvron pour chevron , & cerve étoit la femelle du
cerf.
Ce mot s'étoit formé du latin cerva , biche,
CIEZ. f, m. Vieux mot. Cheveux,
C l G,
CIGALE, f. f, Infede qui vole Se fait en été' dans la
campagne un bruit aigre lie importun que l'on prend
mal-à-propos pour une forte de chant. Cicada. Il
y a deux efpèces de cigale , dont les premières ne
chantent point, qui font les moindres , qui meurent
les dernières , & qui ont le corps tout d'une venue ,
ce font les femelles. Les fécondes font celles qui
chantent, qui viennent les dernières. Se qui meu-
rent les premières : ce font les mâles. Celles-ci ont
le corps prefque coupé par le milieu. Elles font
leurs petits dans les terres qui fe repofent , & font
en grande abondance quand la faifon eft pluvieufc.
Elles ne viennent point dans les lieux où il n'y_ a
point d'arbres -, mais elles haiffent pourtant les fo-
rêts froides & ombrageufes. D'abord elles naillent
comme un petit ver en terre , d'où font faites les
mères cigales , qui font bonnes à manger avant
qu'elles fortent de la coquille dont elles font en-
vironnées. Les Orientaux en vivent. Les cigales
feules n"ont point de bouche ; mais au lieu de bou-
che , elles ont à l'eftomac une pointe femblable à
une langue , qui leur fert à lécher la rofée. Elles
■ont l'eftomac creux comme un tuyau , qui leur
ferr à former leur chant. Diofcoride dit que les
cigales rôties & mangées font bonnes pourdes dou-
leurs de la veffie ■■, & Galien ajoute que quelques-
uns ordonnent trois , ou cinq , ou fept cigales fè-
ches , avec pareil nombre de grains de poivre ,
contre la colique , & qu'il les faut prendre par in-
tervalle Se au fort de la maladie. D'autres fe fer-
■ vent de leur cendre pour faire uriner , &e rompre
la pierre.
Les cigales font des mouches à quatre aîles. Elles
font réellement ç^afiriniythes ou ventriloques. L'in-
ftrument qui exécute leur prétendu chant, efl: une
efpècc de tambour ou de tymbale qui fe trouve
fous le ventre. Le chant n'appartient qu'aux mules ,
ainfi que chez lesoifeaux. Voye^^-en la méchaniquc ,
dans l'HiJi. de l'Académie des Sciences, 1740,
page 8,
Ménage dérive ce mot françois du mot latin
cicada. 'Charleton le dérive de cith , Se cado , parce
que les d'haies tombent Se difparoilfent •bientôt ,
DU de K(a , «^«. comme fi on difoit l'infecte qui
chante , Ki, , kit , ou qui fait x»-- en chantant.
Le chant des cigales efl for: iraporrun.
CIG
La cigale ayant chanté
Tout l'été ,
Se trouva fort dépourvue ,
Quand la hife fut venue. La Font,
La cigale étoit dédiée à Apollon , conrime au
Dieu de la voix Se du chant. Il ne femble pour-
tant pas que ce fût pour la beauté de fon chant,
car on appeloit un mauvais Poète une cigale ; mais
c'étoit parce qu'elle a beaucoup de voix , qu'elle
chante continuellement. Foye^ fur les cigcUs
Volîius , de Idol. L. IV, c. 67 , 85.
Une cigale , avec ce mot de Virgile , Sole jih
ardenti , Ec, JI , 13, ou avec ce vers de l\-
trarque ,
In^n al' hora efirema ,
Efl la dcvife d'un travail infatigable Se d'une
perfévéïance confiante.
IJC? Cigale de rivière. Cicada jluvialis. Petite mou-
che qui a Jix pies , qu'on voit fur l'eau , qui n^
diffère de la cigale de tetre, que parce qu'elle a la
tète plus avancée.
§3" Cigale de mer. Cicada marina. Poilfon crufta-
cé , refiemblanr à la langoufle , mais plus petit. Elle
a une queue comme l'éctevifle ■■, Se fa chair a le
même goût que l'écrevi/fe de mer. Elle rougit en
cuifant.
fpT On appelle cigale aux Iles Antilles les bouts
de tabac que l'on fume fans pipe. Ce font des
rouleaux de tabac de la groflcur du petit doigt,
dont on allume un bout pendant qu'oJi tient l'autre
dans la bouche. Les Efpagnols les nomment ci-
géirros. Le tabac dont on les fait , fe cultive prin-
cipalement dans l'Ile de Cuba.
CIGNE, Voyei Cygne,
CIGOGNAT, Voyei Cicognat,
CIGOGNE. P^oyei Cigogne pour l'explication, &
écrivez Cigogne.
CIGUË, f, f, Cicuta. Il faut dans ce mot un ë tréma,
pour différencier la dernière fyllabe de celle du
mot fatigue. On doit obferver la même orto-
graphe dans le mot ambiguë, &:c,
La ciguë efl une plante ombellifère , qu'on range
parmi les plantes venimeufes. On dillingue la ci-
guë en deux efpèces -, favoir , la grande Se la petite.
La ciguë (implement dite , ou la grande ciguë ,
cicuta major , a fa racine pareille à celle du pa-
nais , jaunâtre en dehors , blanchâtre en dedans ,
' douceâtre au goût , Se d'une odeur forte. Les feuilles
qu'elle pouffe font découpées en plufieurs fcgmens,
branchues comme celles du myrrhis , d'une odeur
vireufe, acre, d'un vert oblcur. Sa tige s'élève
de quatre à cinq pies : elle efl creufe , liffc , noueufe ,
branchue , garnie par intervalles de feuilles fine-
ment incifées , plus petites , à mefure qu'elles s'é-
loignent du bas de la plante. Cette tige Se fes
branches portent des ombelles de fleurs à cinq
petites pétales blanchâtres, inégaux, difpofés en
fleurs de lis de France. A ces fleurs fuccèdcnt des
fcmences auffi menues que celles de l'anis , arron-
dies , cannelées fur leur dos , Se d'un vert-brun.
Cette ciguë vient dans les endtoits un peu humides,
à l'ombre , près des mailires , Se le long des che-
mins. On a tant d'exemples fâcheux des mauvais ef-
fets de cette plante, qu'on ne fauroit en approuver
l'ufage interne. Il y a cependant des perfonnes qui
la vantent comme un puiffant fudotifique. On doit
fe contenter de l'appliquer extérieuremenr, pout
réfoudie les humeurs loupeufes, pour fondre les
duretés, de la rate. Se du foie. Cette plante eft
la bafe de Pemplâtre qui porte fon nom. Elle a
été regardée par pluiieurs Médecins comme un poi-
fcn fiûid ; d'autres cependant, fur tout les mo-
dernes , la mettent au nombre des diffolvans Se des
poifons chauds. Les principales raifonj qu'ils en
apportent , comme on le voit dans Wapfer , font
qu'elle pique Ja langue avec beaucoup d'acrimo-
CI G
nie ; que les cdrpii feules qui en fortent font cliands,
provenans d'un l'el volatil , & d'un fouifre impur
^ puanr ; que la rage qu'elle cauie & les autres
fymptomeî marquent des parties trcs-agillantcs ;
que fi le fang fe trouve coagulé après la mort ,
l'el'prit de vin en tait autant.
Lapetitec-i^ae, cicutaminor , PetrofelinoJîmiUs ,
C, B. n'eft pas moins venimeufe que la précé-
dente ; on croit même que fon eifet cft plus
prompt & plus mauvais. On la reconnoît aifé-
ment par fcs feuilles, qui rellémblent à celles du
perfil ordinaire , bc qui ont une odeur vircufe j
fa tige cft baffe , & n'a' guère plus de deux pics
&: demi -, elle eft menue, chargée de feuilles, &
divifée en quelques branches qui font terminées
par des ombelles de fleurs blanches, fleurdclifces ,
en quoi elles diîFèrent de celles du perfil. Sa fe-
mence efl: menue , & toute la plante a une odeur
dcfagrcablc ^: vireufe. Sa racine périt dès que les
femences font mûres. Com.rnc cette dernière efpèce
de ciguë approche du perfil par fes feuilles , il eft
arrivé quelquefois de fâcheux accidens à ceux qui
en avoient mangé par mégarde. Cette plante fe
trouve afiez fouvent dans les jardins, dans les vi-
gnes , &c.
Il n'eft pas pofTible de découvrir quelle étoit
la ciguë des Anciens , parce que cette plante n'eft
pas la feule des ombellifères qui foit dangereufe.
Il y a quelques èfpcccs d'œnanthe , une efpèce de
berle nommée Jîum. Eruca: folio', C. B. qu'on a
reconnu être très-pernicieufe. Cette dernière plante
a fait le fujet d'un ouvrage entier , & Wepfer a
cru qu'elle étoit la ciguë aquatique. Cicuta a^ua--
tica.
Bauhin a diftingué ttois fortes de ciguë aqua-
tique. La ciguë de marais , à feuilles larges & blan-
châtres , la ciguë à feuilles rougeâtres , & la ciguë à
feuilles étroites, ou ciguë aquatique de Gefner, qui
eft celle dont on parle ordinairement. Wepfer a
fait un Traité intitulé Cicuta: aquatiae Hiflorici
nous & commentario illufirata. Il eft aflcz ordi-
naire de prendre les feuilles de la c/g^ë pour celles
du perfil , & fes racines pour des panais , ou pour
des carottes.
Quelques-uns font devenus fous pour avoir mis
en leur potage des feuilles de ciguë au lieu de perfil.
La ciguë eft ennemie du cerveau , comme les can-
tharides de la velfie , & le lièvre marin du pou-
mon.La ciguë prife en breuvage caufe des vertiges &
convulfions , trouble la vue & fentendement , rend
les extrémités froides , & bouche les conduits de
la refpiration. La ciguë eft un aliment pour l'étour-
heau , & un poifon pour l'oie. La ciguë fait mieux
fon eifet quand elle eft prife avec du vin. La ciguë
eft moins dangereufe ici que dans les pays chauds.
On l'appeloit autrefois en françois feguë ou co-
cue , mot qui , félon Ifidore , vient de ce que la ciguë
a des nœuds cachés. Habet cxcos nodos , id efl ,
nccultos. C'eft pourquoi dans les Poètes , cicuta fe
prend pour internodia cannarum ; pour l'efpace
qui eft entre les nœuds des cannes de rofeaux.
D'autres difent que cicuta eft dite comme circa
cutem. Elle a une peau , une efpèce d'écorce tout
autour , mais elle eft vide au dedans. Cicuta , d'où
eft venu ciguë, fignifie en latin un tuyau fiftulcux.
Les Poètes appellent cicuta , un chalumeau , un
flageolet de berger,
EJl mihi difparibus feptem compacta cicutis
FiJlula.Y-iKGï-L-B, Eclog. II, v. }6.
Hac te nos fragili donabimus ante cicuta. Id,
Eclog. F , à la fin.
CiGUE fe dit aufli du jus , du fuc de la ciguë ; d'un
poifon , d'un breuvage fait de ci^uë. Cicuta. So-
crate , condamné à mort , but de la ciguë. Platon
remarque dans fon Dialogue de l'Immortalité de
famé , que le Bourreau avertit Socrate de ne point
C I L
T9Î
I parler , de peur que le poifon n'opérât trop len-
tement. M. Petit , dans fes Obfervations mifcel-
lanées , ne croit pas qu'il fit cela par un pirincipe
de compafTion , qui n'eft pas la vertu des Bour-
reaux , mais par avarice , & de crainte d'être obligé
d'acheter encore de la ciguë ; car on n'en four-
nifibit au Bourreau qu'une certaine quantité , au
de-là de laquelle il étoit obligé d'en acheter à
fes dépens ; ce qui eft confirmé par un paflàge de
Plutarque dans la vie de Phocion ; car le Bour-
reau n'ayant point affez de ciguë , parce qu'il l'a-
voir employée à d'autres criminels, Phocion lui
donna de l'argent pour en acheter , en difant que
c'étoit une chofe étrange , que dans Athènes il
fallût acheter jufqu'à fa mort.
C I L.
CIL. Pronom. Vieux mot qui fignifioit autrefois àeluû
11 n'eft plus en ufage en ce fens. Ille. Cil a été dans
fes beaux jours le plus joli mot de la langue fran-
çoife : il eft douloureux pour les Poètes qu'il ait
vieilli. La Bruy.
Certes , mon Dieu , tout ce qu'il te plaira.
Jefoujfrirai comme cil qui fera
Le tienfubjecl. Marot.
Cit fignifie aufiTi le poil qui fort des cartilages fitués
aux extrémités des paupières. Cilium, Il le dit plus
ordinairement au pluiiel, Cilia, palpebrarumpili^
Les cils l'ont de petits poils recourbés en arc , ceux de
la paupière fupérieure font plus lon^s, & courbés
en dehors. Ceux de la paupière inférieure font
courbés en fens contraire. Ces poils font deftinés
à écarter des yeux la poulfière & les ordures légères
qui pourroienr y entrer. On appelle les cartilages
qui font aux extrémités des paupières , tarfes,
Nicod dérive le mot de cil, de ci lier e , qui fi-
gnifie mouvoir. On peut le faire venir auffi de celo ,
quod cèlent oculos,
CILIAIRE. âdj. Terme d'Artatomie qui s'applique à
différentes parties de l'œil. Ciliaris,
On appelle ligament ciliaire une rangée de
fibres noires , difpofées en rond , par lefquelles plu-
fieurs Anatomiftes croient que le ciiftallin eft fuf
pendu dans le globe de l'œil. M. Mariotte foutienr
que ces petites fibres ne font point attachées au
criftallin, & ne fervent aifcunement à le foûtenir.
Mufcle ciliaire, Mufculus ciliaris. C'eft la partie
du mufcle orbiculaire des paupières , la plus voi-
fine des tWs , à laquelle Riolan a donné ce nom ,
parce qu'il la prenoit pour un mufcle entier. Dict.
DE James.
Ciliaire. {Procès) Voye^ Procès.
Ce mot vient du latin ciliaris , mot impropre,
qui fignifie , reffemblant aux cils , ou poils des
paupières.
^ CILICË. f, tti. Efpèce de vêtement , fait d'un
tiffu d'une matière rude , de poil de chèvre ou de
bouc. On Croit que ce nom lui a été donné , parce
que les anciens habirans de la Cilicie en faifoient
ufage. C'étoit aufiTi l'habit des anciens Moines , ôc
desHébreux dans les calamités publiques. Cilicium,
Aujourd'hui on entend par cilice , une petite ca-
mifole faite d'un poil rude & piquant qu'on porre
fur la peau par mortification. Porter la haire & le
cilice. On le vit quelquefois, lorfqu'il devoir aller
en compagnie , fe revêtir d'un cilice , comme pour
s'armer contre l'ennemi dans ces occafions fi dan-
gereufes. P. Vert.
D'où vous vient cet air fombre > 6" ce cilice af-
freux ,
Et cette cendre enfin qui couvre vos cheveux ?
Rac,
Dans le Chevrceana on demande fi le cilice eft la
même chofe que le fax: , que les Juifs avoient cou.
r c)2/ CIL
tiime de porter dans les temps de pénitence Se
d'aftlidion V Ceux qui croient qu'ils croient diHc-
rcns , dilent que le ct/uc ctoit de poil de cliameau ,
de boucou de chèvre, & que le Tac croit de chanvre,
de peau , ou de quelque grolîc ctolTC.
" CiUGE , terme de guerre. Les Anciens^ avoient in-
vente les ciliccs ,"" pour s'oppofer à l'eftet des ba-
liftes , Se en rompre les coups. Ces ci/iccs croient
des clpèces de matelas , ou pour mieux dire, des
tifliis de crin de cheval Se de poil de chèvre j pi-
ques & remplis de bourre ou d'herbes marines entre
deux ctofi'es. Les ainégcs luipcndoient ces cihcds
devant les parapets ou lùr les brèches, pour rompre
la violence des trairs ou Hèches lancées par les
baliftes. Le Chevaliir. Folard.
CILlCiE , ancienne Province de l'Afic mineure. Ci-
licia. Elle avoir à l'Orient la Syrie , la Pamphilie
à l'occident , au nord la Cappadoce , & au midi
la mer Méditerranée ; elle eft preique enrourée du
mont Taurus. C'efl: ce qu'on nomme aujourd'hui
Caramanic propre. Les principales villes de Cilicie
étoient Tarie , Adana , qui ont confervc leur nom :
Anazarme , Séleucic , Scbafte , Pompciopolis , &'c.
Cicéron fut Proconlul de Cilicle. Antoine accorda
:des Rois à la Cilicie ; mais fous Veipaiien elle fut
de rechef réduite en Province. Voyei Vigenere
fur Cciar.
Quelques-uns rirent ce nom d'un Cilix qui y
te.ffna , & qui étoit Phénicien , fils de Phénix ,
fcion Solin , & d'Agénor, félon Hérodote. Au fcn-
timent de Bochr.rr ,' Chanaan Z,. / , c. 5 , il vient de
l'hébreu ou phénicien , QtpVn , CalUkim ou Callu-
kim^ qui (îgnifie des pierres, parce que la partie
occidentale <ie cette Province efl: très-pierreufe ■■,
d'où vient qu'on la nomma Trachée ou Jpre ,
Trachica Ci/icia , & le refte campagne ou plaine de
Cilicie , Cilicia campejiris.
§3° La terre de Cilicie étoir une efpèce de terre ainfi
nom.mée , parce qu'on la trouvoit dans ce pays-
là. En la faifant bouillir dans l'eau , elle devenoir
vifqueufe Si tenace. On s'en fervoit pour enduire les
ceps de vigne que l'on vouloir garantir des infeétes.
CILICIEN , ENNE. f.- m. S: f. Qui clV de Cilicie.
Cilix. S. Paul étoit Cilicicn , de Tarfe en Cilicie.
Les anciens defcendoienr des Phéniciens -, c'eft le
fenrimentde toute l'antiquité, foit qu'ils y eufienr
paflc en droirure , foit qu'ils culfent d'abord occupé
l'île de Chypre , Se que de-là ils fe fuHenr répandus
fur la côte voiiine. Foye^ Bocharr , Chan. L. I , c. ^.
CILICISME. f. m. Manière de s'expliquer qui fe
reiîenr du langage des Ciliciens. Chaque Province
a des rermes Se des expreffions particulières , 6:
qui font vicieufes. On a reproché à S. Paul fon cili-
cifme , c'eft- à-dire , les rermes ou expredlons qu'il
avoir apporrées de la Cilicie fa parrie : comme
Af.nius PoUio a reproché à TireLive fa paravi-
nité , c'eft-à-dire, fon langage Padouan, qui cho-
quoit la délicatefie des oreilles de la Cour d'Au-
gufte. Mais tout de même qu'on n'a pu découvrir
au vrai en quoi confiftoir cerre paraviniré , il efl
impofTible aufTi de diftinguer le cilicifme qu'Ori-
gène Se S. Jérôme onr reproché à S. Paul. Bal-
thafar Stolberg , qui a fair un Traité des folécifmes
du Nouveau-Teflament, y parle aufli du cilicifme
de S. Paul. S. Jérôme, qui éroit fort favant dans
les langues , a prétendu y trouver beaucoup de ci-
licifme.'BlAVVAL. Basnage.
CILINDRE. Foyei Cilyndre.
Ip- CILLEMENT. f. m. ( dans ce mot , Se dans les
fuivans, mouillez les deux //. ) Mouvement vif, al-
ternatif. Se fynchronique des paupières : mouve-
ment par lequel on ferme les paupières Se on les
rouvre dans le momenr. Palpebratio. Une lumière
trop vive caufe le cillement.
|fCT II ne faut pas confondre le cillement des pau-
pières avec le clignement. Dans le cillement les pau-
pières fe )oignenr de manière que l'œil cft entière-
ment fermé. Dans le clignement elles font feule-
C IM
ment rapprochées , & l'œil efl; à moitié ouvert.
Les Vocabulilles paroi lient avoir confondu ces deux -
mors , puifqu'ils les rendtnr tous deux par le même
mor latin miclatio ; car je fuppofe que miclatio Sc
miclare qui fe trouvent aux mots cillement Se ciller ,
font des fautes d'imprelfion. Ils difenr même bien
pofitivcment que le clignement ejt une aUion par
laquelle les deux paupières Je joignent fortement
haie a l'autre. Il efl vrai que deux lignes après
ils difenr , avec M. le Chevalier de Jaucourr , qu'on
cligne les paupières pour regarder un objet éloigné :
ce qui ne fuppofe pas les paupières li fortement
jointes l'une à l'autre. Rapprochons ces idées. On
cligne les paupières pour regarder un objet éloi-
gne : par le clignement les deux paupières je trou-
vent fortement jointes l'une à l'autre : c'efr-a-dirc
en bon françois , qu'on ferme les yeux pour mieux
voir.
CILLER, v. a. Qui ne fe dit que des yeux Se des
paupières. Les fermer Se les rouvrir au même iiv
liant. Foyei Cillement. Palpehare. Une lumière
trop vive fait ciller les yeux , les paupières.
^fT On le dit aufli abfolument. On ne fauroit re-
garder le foleil uns ciller. Il a vu tout cela, &: n'a'
pas feulement cille.
Ménage , après Nicod , dir que ce mot vient de
fîgillare , ou pkitôt de cillare , qui a été dit pour
cillere , qui, félon Servius, (ipiif.e movere.
Ciller, en termes de Fauconnerie , lignifie coudre
les cils ou pa»ipières d'un oifeau de proie, afin qu'il
ne voie goure , &: ne fe débatre poinr. ^ccipitris
palpebras infibulare , tranfuere. Tous les Tendeurs
ayant pris des oifeaux pallagers , leurs cillent les
yeux avec une aiguillée de fil.
Ciller efl aulTi v. n. Se alors , il ne fe dit que des
chevaux. Ainfi on dit qu'un cheval cille, commence
à ciller ; pour dire , qu'il commence à avoir
quelques poils blancs aux paupières , au delîùs des
yeux. Ac. Fr.
^ CILLEY ou CILLYE, conrrée d'Allemagne,
aux frontières de la Croatie, avec titre de Comté,
avec une capitale qui porte le même nom, fur la
rivière de Saana. Celia Se Celeia.
C I M.
CIMAGRÉE. Voye:^ Simagrée.
CIMAISE. Foye:^ Cymaise.
CIMARIOT, OTE. f. m, &f. Toy^^ Chimariot.
J'aimerois cependanr mieux dire cimariot , que
chimariot. Mati & M. Corneille l'onr aufîl prétcré.
CIMARRE. f. f. Robbe de chambre , où tient un
collet rond de même étoffe. Chastelain. Foye^^
SlMAF-RE.
CIMBALE. Fùve{ Cymbale.
ffT CIMBALAIRE, f. f. Plante. Foye^ Cymba-
laria.
CÎMP.ALER. P^oyei Cymealer.
§3- CIMBEBAS. Peuples d'Afrique , fur lacôrc oc-
cidentale de la Cai'rerie , dans le Royaume de
Maraman.
CIMBRE. f m. &: f. Nom de peuple ancien. Cimber.
Les Cimbres habiroient autrefois ce que nous appe-
lons aujourd'hui le Jutland^ Se qui fe nommoit de
leur nom , Clierfonefe Cimbrique. Les uns préren-
dent qu'ils éroient Scythes d'origine; d'autres,
que ce font les mêmes que les Cimmcriens. hti
Cimbres ravagèrenr la Germanie , l'Iftrie , la Dal-
matie, la Rhctie , le Dauphiné, l'Aquitaine. Ma-
rins les défit entièrement l'an de Rome 741. Les
Cimbres palfoienr pour erre les inventeurs du
tambour.
Ce mor , félon quelques-uns , vient de celui de
Gomer, fils de Japher , par le changement du g,
en c. Fcftus dit que c'efl un nom gaulois, qui li-
gnifie voleur ; Se Strabon les appelle des coureurs,
des vafrabonds , des voleurs.
CIMBRIQUE. adj. Qui apparrienr aux Cimbrc^. dm-
briciiSf a. La. Chezibnck Cimbri'^uc. C'ctoitlaPc-
nlnfuJe ,
CIM
lûnfule , qu'liabitoient les Cimb&îs", aujourd'hui
le Jutland.
§CÎ" Il y a une efpèce de tetre, nommée Terra Cym-
hrica. ■, qui vient de Fcmereau , Ile de la mer liai-
tique , tantôt cendrée , quelquefois tirant fur le
fatran , bonne pour la diltcnterie. C'eft une ef-
pèce de bols.
CIME. f. f. La partie la plus' élevées d'une mon-
tagne, d'un grand arbre. Caciimen , vertex. La
cime de cette montagne eft toujours couverte de
neige. Il eft défendu de couper la cime des arbres
par les Ordonnances des Eaux & Forêts. Ce ro-
cher porte fa cime jufques dans les nues.
Du profane Parnajje abandonne la cime »
Ma muj'e , vers le Ciel prends un vol plus fuHime.
liE Noble Téneliep.e,
^3" Cime fe prend en Botanique pour le haut de la
tige des arbres & des herbes.
Ce mot vient de cima , qui , felôn Ilîdore , a été
dit > quaji coma , car c'eft le fommet des plantes ,
ou des arbres.
Cime fe prend aulTî , au figuré , pour tout ce qui eft
regardé comme le plus haut degré d'une choie. Cul-
men tfafiigiumy apex. Ils fe croient à la cime du
bonheur. GoDEAU. On le dit tarement , ou plutôt
on re le dit point.
CIMENT, f. m. Compofition d'une nature tenace pro-
pre à lier & faire tenir enfemble plufieurs parties di-
ftindles. Arenaium, intrita ,Jigninum. Le meilleur ci-
ment au monde eft la 'poudre de Pazzolane mêlée
avec le Béton. Le bitume eft le ciment qu'on a em-
ployé aux murs de Babylone. En France on fait du
ciment de tuile , ou de brique pilée , &: on la mêle
avec de la chaux. On fait des bafllns de fontaine
avec de la chaux & du ciment. Le ciment eft
d'un bon ufage pour les ouvrages fondés dans
l'eau. Davilers.
Il fe fait auffi du ciment éternel avec des briques
pilécs , du verre , du charbon de pierre , de l'arcne
bien lavée , de l'écaillé de fer , qui tombe fous le
nurteau , avec de la chaux vive bien broyée, qu'on
diifout dans du vin ou de l'eau commune. Maltha.
Ce mot vient du Latin cœmentum , qui vient de
cœdo. Le ciment n'eft autre chofe que plufieurs pier-
res & tuiles broyées & mêlées enfemble, dit Mar-
tinius. Cependant M. Félibien nous apprend que ce
que les anciens Architedtes nommoient camentum ,
ne s'entend pas de notre ciment à faire du mortier j
qui eft de la tuile calice -, mais de leur manière de
maçonner , & de la qualité de la pierre qu'ils em-
ployoient, comme lorfqu'on remplit des voûtes &
des murs avec du moilon & du blocage.
Ciment eft auffi un terme d'Orfévte, de Metteur en
oeuvre & de Graveur. Malthx genus, C'eft un com-
pofé de briques mifes en poudre & bien tamifées,de
poix réiîne & de cire , dont on fe fert pour tenir en
état les ouvrages qu'on veut^raver , ou pour rem-
plir ceux qu'on veut cifcletî^»
On dit proverbialement & îgurément , qu'une
afFaite eft faite à chaux &à ci;r;e/z/,quand on l'a (i bien
.afllirée par les claufes & conditions qu'on y a mifes,
quand elle eft faite avec toutes les fotmalités capa-
bles de la rendre (oWàcRes adverfùs eventus omnes
Jirmata , fecura.
Ciment fignifie auiïî en Morale, ce qui fait la liaifon
entre les perfonnes. Vinculum. La vertu eft le meil-
leur ciment qui puifle lier les amis enfemble. Cette
métaphore eft un peu dure \ & en Morale ciment eft
moins élégant Se moins ulité que cimenter.
Ciment. Terme de Chimie. Voye^ Cément. ^
CIMENTER. V. a. Lier avec du ciment, enduire avec
du ciment. Signinum opus facere. Les jointures de
ces pierres font bien cimentées. Le baffin d'une fon-
taine doit être enduit & cimenté avec de bon ciment.
Les murs étoient cimentés de bitume. Vaug.
Cimenter fe dit aulTi figurésnent,' en parlant de ce
- qui lie &: affermit quelque chofe. Firmare , vincire ,
ejirinsere. L'amitié de ces perfonnes eft cimentée
Tome II,
CIM
T9
par des alliances réciproques. Les Mattyrs ont c:-
menté la Foi par leur fang.
Mais un Roi vraiment Roi , quifage enfesprojets^
Du bonheur du public ait cimentéyi gloire ;
Il faut pour le trouver courir toute l'hijtoire. Boil.»
En vain de l'Eglife naiffante^
l'Enfer attaque le berceau :
Le fang des Martyrs la ziixitixit^
lien naît un peuple nouveau,
Nouv. choix de VERsi
Ces expreJlîons font élégantes, & de bon goût ert
notre langue.
CIMENTh, ÉE, part. Il a les lignifications de fon veibe
en Latin comme en François , tant au propre qu'au
figuré. Les bâtimcns cimentes font les plus durables.
On a vu les amitiés les mieux cimentées s'altérer pat
d'innocentes plaiiaritctics. S. EvRv
CIMENTIER, f, m. Homme de Journée , qui bat le ci-
ment , & qui en vend. Camentarius.
CIMETERRE , f. m. Grand coutelas , qui ne tranche
que d'un côté, & qui eft un peu recourbé par le
bout. Glddius f'alcatus , acinaces. Darius portoic
une ceinture d'or, d'où pendoit nn cim~:terre , c\}.\\
avoit un fourreau couvert de pierres précieulés»
Vaug. Les Turcs & les Orientaux font armés de
cimeterres , ont des cimeterres d'acier , de Damas.
Ce mot vient du mot tutcfcimatirre. Nicod dit
que Charlemagne en fes lettres clofes à OtFa Roi des .
Merciens, rend le mot de cimeterre par gladius
Hunijtus , à caufe que les Huns portoient cette
forte d'cpée, ,
CIMETIÈRE , f. m. &: non pas CIMETIERE.
Lieu facré dcftiné à enterrer les corps des défunts»
§3" Lieu béni & confacré avec les folemnicés ordi-
naires, pour lafépulture des Fidèles. Cametirium ,
fepulcretum , fepulcrorum frequentià , commune
fepulcrum , fepulcralis area. Autrefois on n'enter*
roit perfonne dans les Eglifes : mais dans les cime~
tières. Les cimetièhs ont toujours été en grande vé->
nération parmi ks Chrétiens. Le Concile d'Elvire»
Can. 54. & 55, défend d'allumer des cierges pendant
le jour dans les cimetières , & cA. 3 j. 11 défend aux:
femmes de paifet la nuira veiller dans les cimetières.
L'ufage de bénir les cimetières eft très-ancien. L'E-
vêque en faifoir le tour avec facroife, ou bâtor»
paftoral , l'eau bénite étant portée devant lui. Hi^t.
de Bret. par D. Lobineau , T. Il , p. 108. Les Cal-
viniftes, les Maliométans, ont a.n{ri des cimetières
à leur mode.
Dans les premiers fiècles les Chrétiens feifoienc
leurs alFemblces dans les cimetières , comme nous
l'apprenons d'Eusèbe , Liv. VU de fon Htfoiri
Eccléfiafdque , ch. 1 1 . & de Tertullicn qui appelle
les cimetières où l'on s'allembloit pour faire les
prières, areas. Tert.ad Scap. C. j.Valétien ayant
apparemment confifqué lès timetieres , de les lieux
deftinés au culte de Dieu , Gallien les rendit auiC
Chrétiens par un refcript public, qui eft rapporté
par Eusèbe , L. VU, C. 5. Il femble que les cimetières^
& les lieux de Religion, y foient pris pour unô
même chofe. Comme les Martyts étoient enterrés
dans les cimetières , ce fut là particulièrement qu3
les Chrétiens bâtirent des Eglifes, loffque Conftan-
tin leur eut donné une entiète liberté ; &c on croie
que c'eft de cette coutume qu'eft venue la règle
qu'on obferve aujourd'hui , da ne confacrer aucun
Autel fans y mettre des Reliques de Martyrs. Dg
TiLLEM. Hifi. des Emp. T.III,p. l8i , 28?.
On a entendu autrefois pat cimetière , non^feule-
ment l'endtoit où l'on entertoit les morts , mais
auHi toutes les tertcsqui environnoicrit les Eglifes
parollFiales , èc qui étoient contigues aux vrais a-
ruetières. ChoriFR , ïf*fi- àe Dauph. T. Il, p. 47.
Ce mot vient du Latin cœmeierium , qui a été fait
du Grec Koif<?T^i<>« , qui veut dire , Un iiur/ozV, du
verbe Ksi^ûi/, di>rmio,h dçrs; parce q"'il femble que
FF ff
5*^4
CI M
C î M
les dcfimts y âormenc en attendant le jugement
Univcrlcl.
On dit fipurcment , que l'Italie eft le cimetière
dc^Trançois , parce qu'il en meurt un grand nombre
pendant les guerres qu'on a en ce pays-là. On le dit
gcficralcment d'un pays dont l'air efl mortel pour
les étrangers.
CIMIER , f. m. terme de chafTe , en parlant du cerf,
c'efl: la pièce de chair qui ic IcVe le long du dos &
des reins de l'anima! , depuis les côtes julqu'a la
queue. Lumhus. Le droit du Roi à la chaliè cft le
tifnicT du cerf-" avec les cuiflcs & les nombles.
A là boucherie le cimier de bœuf efl: une partie
de la cuilfe. Pars bovinœ. coxcndicis. Il contient
pluficurs tranches, chaque tranche contient trois
morceaux , dont le premier s'appelle la. fièce ronde;
le fccond l3.Jemc/Ie , ain/i nommt'e .1 caule de fa fi-
gure ; ôc le troilicme le tendre. Le derrière de cimier
efl contenu depuis les tranches jufqu'à la queue, &
cft .1 prcient nommé cullotte,
CiMiER. Terme de Blafon. C'efl la partie la plus élevée
d"nsles ornemens de l'Ecu, & qui efl au deOlis du
cafque. Impcjitafrmmcc galea figura. Le cimier de
France efl une rieur-de-lis carrée. On l'a appelé
ainfi du mot de cime, à caufe qu'on le met à la cime
au cafque. Le cimier eft l'ornement du timbre ,
comme le timbre efl celui de l'Ecu. Les cimiers de
plumes font plus frcquens que les autres, &ils font
faits fouvent d'une mafié de plumes d'autruche ou de
héron, Se ces touffes de plumes dans les anciens tour-
nois étoientnomméeSjr///wa//j ouplumarts. Elles i'c
mettoicnt dans des tuyaux fur de hauts bonnets. Les
cimiers fe faifoient auiîî de cuir bouilli , de carton ,
de parchemin , peints 5c vernis , quelquefois d'acier
ou de bois, & on y repréientoit fouvent une pièce
du Blafon de l'Ecu , comme un aigle , ou une fleur-
de-lis \ mais jamais une de ces pièces qu'on nomme
honorables, comme pal, fafce , giron ., &c. On en
cliangeoit quelquefois félon la.fantaifie, parce qu'il
ne tenoit lieu dans le Blafon que de de vile & d'or-
nement. L'ufage en efl: très-ancien; car Hérodote en
attribue l'invention aux Cariens , qui les premiers
portèrent des aigrettes &c des plumes fur leurs caf-
ques , & peignirent des figures fur leurs boucliers.
C'efl pour cela que les Perfes les appelèrent des
coqs j parce qu'ils paroiffoient crêtes comme des
coqs. Les anciens guerriers portoient des cimiers
pour donner de la terreur à leurs ennemis par la vue
des dépouilles des animaux qu'ils avoicnr domptés ,
ou pour fe donner une mine plus formidable. On
les portoit auffi par fuperflition , comme Tacite le
témoigne des -,€flyens, peuples voifms de la mer
Baltique. Pyrrhus portoit pour cimier un grand pa-
nache, & des cornes de bouc. Plutarque , Vie de
Pyrrhus. Diodore de Sicile dit que les Rois d'E-
gypte portoient des têtes de lion-, de taureau , ou
de dragon pour cimier.
Les cimiers ont fervi de fondement à pluficurs fa-
bles : car les Anciens donnèrent à Sérapis une tcre
d'épervier , parce que ce cavalier en avoir un fur fon
cimier. Ils firent de Gcryon un monflre .à trois têtes,
parce qu'il avoir un triple cimier. Ils feignirent que
Prorhée changeoit à tous momens de forme , parce
que c'ctoit un Roi d'Egypte qui changeoit tous les
Jours de cimier , & paroiflbit tantôt avec une tête de
lion , & tantôt avec celle d'un dragon , d'un ours ,
d'un cheval , &c. Les cimiers exrravagans fonr aufll
fort anciens en Gaule , comme on peut recueillir de
quelques témoignages de Plutarque & de Diodore
de Sicile, en parlant des Gaulois &des Germains.
Le cimier efl: une plus grande marque de NoMef-
fe , que l'Armoirie , parce qu'on le porroir aux rour-
neis , où on ne pouvoir être admis fans avoir fait
preuve de NoblelTe.
Le cimier a fervi de diflindlion à des fadlions
difFcrcntcs, les Monaldcfchi , par exemple, Gen-
tilshomrnes d'Orviête en Italie , s'étant divifcs ,
prirent les uns une biche, les autres un chien, les
âiKrês une vipère, &i les autres une aigle poui'
cimier.
Le cimier fert auffi à la diftindlion des différentes
branches d'une même famille.
Quelquefois on a fair fon cimier de fa dcvife,
Ainfi Côme de Médicis, dont la devil'e étoit un
faucon d'argcnr , tenant un anneau d'or de fa ferre
droite, avec ce moi Jemfcr , en avoit auifi fait le
cimier de fes armes. Le plus fouvent on a pris une
pièce de fes armes pour cimier. Ainfi le cimier de
France efl: une fleur-de-lis carrée , celui de l'Empire
un aigle, celai de Caftilk un Chârcau, celui de
Léon un Lion, &c. Les familles qui changent d'ar-
mes , comme ont fait les Bruni'wich & les Coloncs ,
ne changent pas pour cela de cimier. Ceux-là ont
rercnu le cheval , &c ceux-ci la firène.
Le cimier de plumes a été le plus généralement
reçu chez tous les peuples. Le cimier n'eft pli^s
d'ufage que dans le blalbn & dans les tournois.
Foyei le P. Meneftrier , dans fes Origines des or-
nemens des Armoiries, Les Anciens ont appelé le
cimier crête , crijia., ,
CIMMÉRIEN , ENNE. f. m, & f. Nom de peuple.
Cimmerius , a. On trouve trois peuples difîcrens
qui ont porté ce nom. L'un étoit Scythe, 5c ha-
bitoit le long du Pont, proche le dérroir de Caffa ,
qui s'appeloir de leur nom, le Bolphore Cimmirien..
C'eft une Colonie de ces Cimmeriens qui pénétra
dans le Jurland , où ils furent appelés Cimhres,
D'autres Cimmeriens ctolent entre la Colchidc &
ribérie, occupanr la parrie de la Géorgie, quii'e
nouime Havejfen. Il y a encore eu des Cimmeriens
en Italie, proche du lac Averne & de Bayes. Ils
vivoient dans des lieux Ibuterrains, d'où ils ne
forroient que la nuit pour voler. C'eft de ceux-là
qu'Homère a parlé dans l'Odyfféè.
Ce nom, félon Bochart, Chan. L. /, ch. :^5 ,
vient de 103 camar,o\icimmery c\m iigniûc ni gref-
cere,cxx(i noir , erre obfcur. C'eft-là ce qui a donné
occafion aux fables que l'on a faires fur ces peuples ,
aux ténèbres Cimmeriennes , c'cfl-à-dire , au-^ ténè-
bres dans lefqueiles ces peuples vivoient , &: qui
padcrent en proverbe pour fignifier des ténèbres
très-épaiffes. D'auttes difent que ce proverbe ve-
noir de ce que les Cimmeriens du Pont habitoient
un pays toujours couvert de brouillards & de va-
peurs ; d'aurres, de ce que ceux d'Italie demeu-
roient dans des cavernes fbuterraincs. On dilbiî
auffi que l'entrée de l'enfer étoit dans leur pays.
CIMMtRISou CIMMÉRlDEf. f. Terme de Mytho-
logie. Nom d'une Déeife. Cimméris. Héfychius dit
que O'/nOTém eft la merc des Dieux , c'eft-à-dire,
Cybèle, &: elle fut ainfi appelée, dit Voflms , de
Idol. L.II , £. 51 , parce que les Cimmeriens l'ho-
noroieftr-
CIMOLIE. f. f. Efpêce de terre qu'on apporte d'une
des Iles Cyclades , appelée Cimole , d'où elle a pris
fon nom. Terra cimolia. Cette terre eft gralfe, molle
Se binnche. Ily en a qui tire fur la couleur de pour-
pre. Elle eft bonne pour réibudre des parotides,
les tumcuts des tefticules & les enflures des jambes î
elle eft auffi propre pour la brûlure & pour en àp-
paifer la douleur.
On donne encore le nom de cimolis ou cimoUe à
une certaine terre liquide qui tombe fous les meule*
des Couteliers pendant qu'ils aiguifent leurs cou-
teaux & autres tranchans , à caufe de fa reflemblance
avec la c/otoA'<? des Anciens. La .cimolie des Coute-
liers , car c'eft plutôt cimolee que cimolie , eft ua
mélange des patries de la meule même & du fer li-
quéfiées par l'eau. On (e fert de ta cimolif en Méde-
cine. Elle eft aftringcnre & réfolutive. On l'emploie
au/Tl dans la teinture pour teindre en noir.
0CF CIMOSSE. f f. En iralien Cimofa. Lifière prari-
auée par les Génois à cerrains damas pour meuble.
Encyc.
(JCr CIMPA. Perire ville d'Afic .aij Royaume de Ton*
quin , à l'orient de lietoi.
CIN
CIN
19)
C I N.
CINABRE & CINNABRE. {. m. Vermillon, couleur
rouge. Cinnabdris. Plulieurs ont cru que le cinabre
n'cft autre choie que le lang de dragon, qu'on re-
cueille lorique le dragon & l'cléphanr le battent
en;e;i;ible , comme dilent Solin , Pline & Ilidore -,
mais c'eft une fable réfutée par Diofcoride &: par
Scaliger : Diofcoride n'a pas explique ce que c'ctoit
que le cinabre \ la plupart des Modernes croient
qu'il a entendu la larme d'un arbre qui vient en Afri-
que , laquelle eft d'un très-beau rouge , & qu'on ap-
pelle lang de dragon. Ce qu'on nomme à prél'ent
cinabre cil toute autre choie.
f]3^ Les Naturaliftrs entendent par a'/2<î^re un demi-
métal qui le forme naturellement , &: qui renferme
le mercure ; on le «iiftingue en naturel &: en artiri-
ciel.
Le cinabre naturel ou minéral efl: un mélange de
mercure & de Ibuffre , qui fe font fublimcs enfem-
ble par le moyen de quelque chaleur fourerraine :
il elt d'une très-belle couleur rouge. On le trouve
dans les veines des mines d'argenr , & fa couleur
eft plus ou moins haute , & félon la pureté du mi-
néral , & félon le lieu où font ces mines. On en ap-
portede Hongrie, deTranlîlvanie,de plulieurs en-
droits d'Allemagne ; mais le plus beau fe trouve
dans la Carinthie. C'eft un bon remède dans les ma-
ladies vénériennes , & dans plulieurs autres qui font
caufées par des féroftés acres.
M. Adam Hofsheter , premier Médecin du Roi
de Danncmark , a donné au public l'analogie du
cinabre naturel , qu'il prétend être un remède falu-
taire en plulieur occalions. M. Jean Godefroy de
Beker , premier Apoticaire du même Roi , a regar-
dé ce fentiment comme une opinion dangcreufc, &:
a publié un écrit pour montrer les maux que le cina-
bre naturel peur produire dans le corps humain. Il
prétend qu'on efpère en vain à force de lotions ôter
au cinabre la malignité arfénicale-, qu'il s'eft alfûré
par plulieurs expériences, qu'on tire du vif argent
de tout cinabre , & qu'on n'en fépare le foufre ar-
fénical que par le feu.
Le cinabre artificiel ^ eft un mélange d'un quart
de foufre Ç<. de trois parties de vif argent fublimés.
On prend une partie de foufre , qu'on fait fondre
dans une grande terrine: on y mêle peu-à-peu trois
parties de mercure coulanr : on remue le tout, &
on letienten fulion Jufqu'à ce qu'il ne paroiffe plus
de mercure. On pulvérife alors ce mélange , & on le
met fublimer dans des pots à feu ouvert & gradué.
Par ce moyen on a une malle dure & d'une couleur
très-rouge , qui fert au même ufage que le cinabre
naturel. On prépare aulfi un cinabre d'anrimoinc,
qui eft fait avec le vif argent Se le foufre d'anti-
moine.
On dit , révivifier le cinabre.
Ce mot vient du grec xitâÇpu, qui fignifie l'o-
deur des boucs , une odeur infupportable , parce
qu'au rapporr de Mathiole, lorfqu'on tire de terre
une efpècc de cinabre foflile , il jetre une odeur fi
forte & fi defnsrcable , qu'on eft obligé de fe bou-
cher le nez, & de fe couvrir le vifage, de peur
d'être infedé.
Vofllus , dans fon étymologie , écrit cinnabari.
K«vn'f«/>(, qui eft un mot indien que l'on trouve dans
Pline, Hv. 53 , c.7 , dans Héfychius, dans Théo-
phrate, -rrf ac , Si'dans Diofcoride, /. 5 , c. iio.
Ce mot dans la langue des Indiens , iîffnifie/rf/7,0' de
dragon. Arien , in Periplo , dit que c'eft la gomme
d'un arbre indien.
CIN^DUS.f, m. Nom d'un oifeau dorr Galien or-
donne defe frotter les paup'èrcs, lorfqu'on en a fait
tomber les poils trop longs , comme il arrive dn-is
le trichiafis. Gaiien de comp. Mei.S.L.Liv.lV^
cap. 8. C'eft un oifeau de mer, qu'il eft très-difficile
d'avoir.
|p° CINALOA. Province de l'Amérique fcptentrio-
nale au Mexîque , fur la côte orientale de la mer
de Californie.
CINAMOME, ^oye^CiNNAMOME,
et? CIN AN, Grande ville de la Chine, première
métropole de la Province de Channton, Elle a trente
cités dans fon territoire. Elle eft de }o' plus orien-
tale qucPekmg. Lat, 37°,
CINCELIER. f,m. Pulvinus , Puhillus. Ce mot eft
hors d'ufage , il veut dire , un couffin , un oreiller ,
un canapé. On a dit auili cuicelier pour cincelier.
CINCENELLE, f. f. Terme de rivière. C'eft une
corde de médiocre grolfeur, qui fert aux bateliers
à remonter leurs coches & bateaux, une efpèce de
petit cable, Fiinis nauticus.
§3- CHINCHEU. Voyei Cingcheu,
Cf? CHINCHEU, Grande ville de la Province de
Quanglî à la Chine , capitale d'un territoire de
même nom. Elle eft de 8° plus occidentale que Pe-
king, parles 350 55' de lat.
CINDIADE. ad), f. Terme de Mythologie. Surnom
dé Diane. La ftatue de Diane Cindiade, dit Polybe,
avoit cela de h ngulier -, que quoiqu'elle fut à l'air ,
il ne pleuvoir ni ne neigeoit jamais delfus. On n'eft
pas obligé de croire Polybe fur fa parole.
CINDRE & SINDRE. Nom d'un inftrumant de Char-
pentier. Ce mot eft formé de centrum.
CINEF ACTION, f. f. Opérarion de Chimie. Voye^
Cinération. C'eft la même chofe. Mais ce derniec
eft^plusulité,
CINÉFIER. v. a. Réduire un corps en cendres par la
violence du feu, Cinefacere. Il n'eft pas en ufage.
CINÉRAIRE, adj. Qui appartient à la cendre. On ne
le dit qu'en parlant des urnes qui rcnfermoient
des cendres. En creufant la terreau village d'Al-
leaumc , proche de Valognes en Normandie , vers
la fin du XVlFfiècle, on trouva des urnes ciné-
raires. Supplémenr du Mercure de Mai 1722.
gCF On appeloit urnes cinéraires , celles où étoienc
renfermées les cendres qui entroient dans la poudre
dont fe fervoient les femmes chez les Romains.
gCF Et l'on appeloit cirJraires,^ m. un domeftique oc-
cupé à fniér les cheveux & à préparer ces cendres,
Cinérarius.
03" On appeloit aulTi cinerariiim , le tombeau , l'urne
où l'on renfermoir les cendres d'un corps,
CINÉRATION. f. f. Terme de Chimie, C'eft la ré-
duélion du bois, ou aurres corps combuftibles, en
cendres , par la violence du feu. Soliitio in cineres ,
cinefaclio. On l'appelle aulîî cinéfacîion.
IfT CINETINIQUE, f, f. La fcience du mouvement
en général , dont la méchanique n'eft qu'une bran-
che. Encyc.
|C? CINGCHEU ou CÎNCHEU. Grande ville de k
province de Channton à la Chine. Elle a qua-
torze villes dans fon département. Elle eft d'un dé-
gré 50' plus orientale que Peking. Lat, ^6° -^6' . .
CINGLAGE ou SINGLADE, f m. Terme de Marine,
qui fignifie le chemin qu'on croit qu'un vaifleaufait
en 24 heures, Spatium qiiod intra ri<nnti quatuor
horas navis decurrit. C'eft pliitôrlc chcmmqne fait
le vailTeau , ou qu'il peut faire en 24 heures. Il
lignifie quelquefois le loyer des gens de mer, Nau~
lus.
(^ CINGLAIS ou CINGLOIS. Canron de France
en Normandie , entre Falaife 6>: la rivière d'Orne.
CINGLEAU.f m. Terme d'Archite^ure. C'eft une
efpéce de cordeau qui fert pour trouver & décrire
la diminution dcscolonncs. "
CINGLER, v.n. Navicfuer avec un venr favorable,
&: à pleines voiles. Courir fur une route quelconque.
Paffis velis ferri , invehi. Il vient du latin cin^u-
lare. Il ciréla. avec cent vo'les vers les îles. Cingler
en haute mer à pleines vo'les, BouH. Cingler en
haute mer , à l'eft , à l'oucft.
53° Cingler eft aulii un verbe adif, & fignifie fouet-
ter, frapper avec une houffine , av c une corde;
rn ETf'néral avec quelque chofe dedclié ^d" pliant.
Ce Cocher lui a cinglé le vifage d'un coup de fouet ,
d'une houlTmc.
FFffij
i^^J6 CïN
On dit aanfi que le vent cin^L- , lorfqu'il efl froid
Se cuiianc , & qu'il ùit le même eiftt fur le corps ,
que feroient les coups de fouet , lorl'qu'il coupe le
viiage. l/rere. On le dit de même de la pluie , de la
grêle , de la neige.
CingUr , dans ce fcns de fouetter , vient appa-
remment de cingulum , ceinture , parce que la houl-
iine , ou la corde de laquelle on le dit » entourent
le corps de celui qu'on en frappe , &: lui font comme
une ceinture.
CINNABRE. Voyei Cinabre, Cinnamie. f. m.
Mot Arabe dont fe fert Mcfué , & par lequel il en-
tend la cannelle groifière , comme il entend la plus
fine par celui d'archemi.
CINIQUE. Foyei Cynique.
CINNAMOME. f. m. Arbre qui croît en quelques en-
droits des Indes orienrales , & dont les Anciens
ont parlé fi confufcment & lî diverlement , qu'il pa-
roît bien que cette plante leur ctoit fort peu con-
nue. Cinnamomum. 11 y en a même qui ont débité
pluiîeurs fables à ce fujet : mais depuis les longues
navigations des HoUandois & des Portugais , on a
été iuffiiamment éclairci i de forte qu'on ne doute
plus à préfent que le cinnamome des Anciens ne foit
notre cannelle. Elle eft appelée en latin cinnamo-
mum ; c'eft-à-dire , amomum de la Chine , parce
qu'on croyoit autrefois qu'elle en vcnoit i mais on
fe trompoit , puifque le cinnamome ou la cumielk ,
ne croît qu'en l'île de Céilan 6c fur la côte de Ala-
lal)ar.
Le mot Cinnamome Vient de l'hébreu , |T*»3p ,
Kinnamon . d'où les Grecs & les Latins , les Fran-
çois, &c, ont formé le nom qu'ils donnent à cet
arbre. /^oy«{ Cannelle.
Cinnamome. Nom d'oifeau. Ariftote parle d'un oi-
ieau d'Arabie qu'on appeloit cinnamome , parce
qu'il faifoit fon nid de verges & de branches de cin-
namome , dont Solin fait aulfi mention.
CINQ. Terme numéral , qui eft le fécond des nom-
bres impairs , &: qui fuit le nombre de quatre.
§3" les cinq cens. Cinq aunes d'étoffe. Nous trou-
vâmes cinq perfonnes. La lettre finale q ne fe pro-
nonce point quand le mot cinq eft fuivi immédia-
tement & fans repos , d'un mot qui commence par
une confonne. cinq mois. Dans les autres cas le q
fe prononce. Cinq ans. Prêter fon argent à cinq pour
cent.
i^ Cinq eft aulTi fubftantif. Un cinq eft le chiffre
qui marque le nombre cinq. Un cinq ou chiifre Ara-
be eft forme ainfi 5 , & en chiffre romain V.
ffT Le cinq, f^oye:^ Entremain.
On appelle un cinq au jeu de cartes, une carte
qui a c/zz^ marques , un cinq de carreau, un cinq
■de trèfle ; &c aux dez , le côté du dé qui eft marqué
de cinq points. Acad.Fr.
On dit proverbialement, donner f/7z^& quatre
la moitié de dix-huit , c'eft-à-dire , donner deux
foufflets i l'un de la paume de la main , ou les cinq
doigts aiîemblés frappent enfemblej l'autre du re-
vers de la main , auquel il n'y a que quatre doigts
qui frappent, parce que le pouce demeure en ar-
rière fans adlion. On dit audî , mettre cinq , ^ re-
tirer fix, en parlant de ceux qui mettent les cinq
doigts dans un plat, & qui retirent quelque bon
morceau qui fait le fixiéme. Ces façons de parler
font Tout-.i-fait bafles & triviales.
CINQ EGLISES. Ville de la baffe Hongrie , fur la ri-
vière de Keoriz. Quinque Ecc/ejiœ. Elle a pris fon
nom du nombre de fcs Eglifes.
^ CINQ PORTS. Nom^ par lequel on défignecinq
villes maritimes d'Angleterre,fituées fur la côte qui
regarde la France. Ces cinq villes font Hurthings ,
Rommcy , Hythe , Douvres & Sandwich. Les dé-
putés qu'elles envoient au Parlement font qualifiés
Baron»: de Cinq Ports.
CINQ SOLTS. Nom de quelques Villages fur nos car-
tes géographiques , & mis pour Saint Sous , qui
fedit , par corruption ; pour Saint Ceols ou Ceouls
ïl y a Cin^ Sous ou plutôt Saint Sous en Berry , &
CI N
Saint Sous dans le Diocèfe de Paris. Foye:^ Ceols»
Saint Sous , &: par corruption,Ci«ij; Sou^ , en Berry^
eft entre Bourges & Sancerre , & à peu près à moi-
tié du chemin de l'un a l'autre , ce qui a Ibndc ce
proverbe, ou diétum , qui le dit dans le pays, en
allant de Bourges a Sancerre, on trouve toujours
cinq jous pour boire. 11 clt tonde i'ur l'équivoque
àt cinq j'ous t quifignifiede l'argent, de U mon-
noie , &i Cinq fous ou Saint Svus , ou Ceouls , pe-
tit bourg où l'on s'arrête pour dîner , quand on va
de l'une à l'autre de ces villes.
CINQUAlN. f. f. Terme de Guerre, eft un ancien
ordre de bataille compofé de cinq bataillons , ou de '
cinq efcadrons. Quand on les a mis de front fur un
terrain , on fait avancer le 1= 6c le 4*^ pour former
une avant gaide j du 3% on forme une arrière garde*
& du premier ôc du 5° un corps de bataille qu'on
laiffe fur fon terrain. Cuneus. Cette façon de ranger
fepeut pratiquer quand on a 10, 15, 20 batatl^
Ions avec le même ordre.
CINQUANTAINE. 1". f. Terme colledif qui défigne
le nombre de cinquante. Quinquagenarius nu-
merus , qiiinquaginta. Il y a une cinquantaine de
piftoles de pot de vin pour celui qui fera une telle
affaire. La Quinquagéfime eft une cinquantaine de
jours. On appelle à Rouen la cinquantaine, une
compagnie d'arbalétriers compofée de cinquante
hom.mes de cheval, 6c obligée de faire le guet pen-
dant la nuit pour empêcher les défordres qui pou-
toieniziùwQi. Defcript. Géogr. & Hijt, de la haute
Normandie , tom z, pag. 161. W y a à Caudebec
une compagnie appelée /a cinquantaine , comme à
Rouen. Uid, tom. i , p.S.
On dit d'un homme qui à cinquante ans accom-
plis , qu'il a la cinquantaine. Acad. Fr.
Cinquantaine. Compagnie bourgeoiié de cinquante
hommes. L'Ofificier qui la commande porte les nom
de cinquantenier. Vous pouvez faire un gros de
Gentilshommes , un gros de valets de chambre ^
auquel vous joindrez la cinquantaine S<. les archers.
M. De la Rochefoucaut. En cet endroit la cin-
quantainek prend pour toute la Milice bourgeoife
de Paris , divifée en compagnies de cinquante cha-
cune.
CINQUANTE. Nombre compofé de cinq dixaines.
Quinquaginta, Les compagnies de cavalerie font
compofccs pour l'ordinaire de cinquante Maîtres.
(p- CINQUANTENIER. f m. Celui qui commandé
cinquante hommes. On ne le dit qu'en parlant des
Officiers de la Police 6c de la milice des villes. A
Paris c'eft un Officier qui exécute les ordres de la
Ville , qu'il reç®it du Quartinier , pour les faire:
favoir aux bourgeois. Dux quinquagenorum mili'
tum. Chaque Quartinier a fous lui deux Cinquan-
tenier s. L'obligation des Çivizxx\x\\tx% ,Cinquateniers
Dixainiers 6c Bourgeois , eft dès auffitôt qu'un
crime a été commis , 6c qu'il eft venu à leur con-
noiffance , d'en avertir le Commiffaire du quartier^
Sa de fe joindre à lui, s'il en eft befoin, pour y pour-
voir. De la Mare.
Cinquantenier étoit autrefois le 'l'^^t d'un Village
6i petit lieu , comme les Centeniers l'étoient des
lieux un peu confidérables,Scles Comtes des groffcs
villes. De la Mare , Tr, de la Police^ L. I ,
T. VILC. I.
CINQUANTIEME, adj. de t. g. Nombre d'ordre.
Qiiinquagejimus. Les Juifs folemnifoient leur grand
Jubilé en la cinquantième année: alors chacun ren-
troit en fon héritage, ôc les valets ou efclaves rece-*
voient leur liberté.
Il eft auffi fubftantif,6c fignifie la cinquantième
partie d'un tout. Il a un cinquantième en cette aP
faire ■■, on fait payer le cinquantième en telle Douane,
Pars quinquagejima.
^fS" Le cinquantième , en matière d'impôts , eft une
impofition qui a été levée dans certains temps pour
les befoinsde l'Etat. Philippe le Bel leva le cinquan-
tième fur le Clergé.
CINQUENELLE, f. m. Terme d'Artillerie , par le,-
>qiiél on comprend tous les longs cbrdàgès qui ier-
Vent à rArtilleric. Funes irahendis muralibus ma-
chinis. Quelques-uns difent auffi cincelle , qui cR
Mne efpèce de petit cable.
CINQUIÈME. Nombre d'ordre. Quintus. |p- Le
<:i/2y«idOTe Roi de la première Race. Vous trouve-
rez cela dans le ci>2^Kie/7ze volume , ïl^ cinquinme
page. La cinquième claflè.
§3° On dit abfolument la cinquième, pour défîgner
la cinquième clarté d'un collège , en commençant
à compter par la rhétorique. Il fait la cinquième en
tel collège : & l'on appelle cinquième , un éco-
lier qui étudie dans la cinquième claire. In quintà
Scholà auditor.
Cinquième efl: auffi quelquefois fubftantif, & figni-
fîe une partie d'un tout divifc en cinq. Quintapars.
On ne peut difpofer que d'un cinquième de fes pro-
pres par la Coutume de Paris. Ce Fermier n'ell que
pour un cinquième danS cette Ferme.
IJCr Le cinquième efl: auifi une impôfitiori dont les
Rois ont quelquefois ordonne la levée pour les bc-
foins de l'État.
^CT En matière de ûefs, le cinquième qui appartient
au Seigneurjs'appelle quint. Droit de quint. Voyez
ce mot.
CINQUIEMEMENT, adv. Eii cinquième lieu : il fe
dit iéulement des railbns ou des difcours divilcs par
iLVUcles.Cinquiememt-nt il eft ordohric. On l'explique
au/li le plus fouvent par le mot latin quintb.
fjfj" CINTHIEN. Cynthius. Surnom donné à Appol-
lon , à caule d'une montagne de ce nom dans l'île
de Délos , où il avoitun temple. On appeloit auifi
Diane j Cy^nthia à caufe du culte qu'on lui tendoit
dans cette Ile.
CINTIEN. Ville de la Chine , dans la Provirice de
Junnan, fur les frontières de celle de Queiclîcu.
CINTHUS.f. m. Nom propre d'une haute montagne
de l'Ile de Délos. Cinthus. Voyez Délos.
CINTRAGE, f, rrt. Terme de Marine , qui fignifie
toutes les cordes qui ceignent, qui lient, & qui
entourent quelque chofe. Navis retinacula,
CINTRE ou CEINTRE. Terme d'Atchiteaure. Trait
d'arc , ou figure courbe qu'on donrte à Une voûte ,
à une arcade. Àrcus quem Jtruclus fornix efficit. La
falle du Palais à Paris eft Voûtée en plein cintre ;
c'eft-à-dire , fait en demi-cercle parfait. Arcus in-
tegcr. Il y a des voûtes qui ne fe font pas en plein
cintte , qu'otî appelle autrement furbaiÇees , ou
en anfe de panier , qui ne font qu'une portion
de cercle. Arcus diminutus , delumbatus. Un cintre
.furmontCf efl: celui dont le centre eft plus haut que
le diamètre du demi-cercle. Arcus in acumen fâjti-
giatus. Cintre rampant , eft celui qUi eft tracé au
fimbleau , par des points cherchés , fuivant le
rampant d'un ârc boutant, ou d'un efcalieti ArcUs
inciinatus.
CINTRE - dans le langage de la coUpe des pierres ,
( c'eft-à-dite , en termes d'Architeéture, ) fignifie le
contour arrondi de la partie intétieure d'une voûte ,
fris en un endroit déterminé , ou perpendiculai-
rement à la diteélion, alors il s'appelle l'arc droit ,
bu obliquement à l'arrête d'une face biaife 5 alors
il s'appelle cintre de face , où arc de face. Frézier.
Celui de ces deux cintres , qu'on à le premier
en vue pour tracer la Voûte , s'appelle cintre pri-
mitif. Celui qui rcfulte de cette première détetriii-
iiaifon , s'appelle cintre fecondaire.
Par la nature des fedlions cylindriques, dans les
voûtes biaifes , ces deux cintres font de même hau-
teur , mais d'inégale larçreur & contour : fi l'un eft
circulaire, l'autre eft elliptique ,& fi l'un & l'au-
tre font elliptiques , l'un eft plus alongé que l*autre,
& leurs divifions en voufToirs font proportionnelles ;
celles du fecortdaire font aflli]éties à celles du
primitif.
Les cintres, confidéiés dans la figure de leur con-
tour , ont différens noms *, celui qui eft en demi-
cercle complet , s'appelle plein cintre ; celui qui
étant fuppofé de largeur égale ne s'cleve pas à
Gïô
. î§7
même hauteur que le demi-cercle, s'appelle une
anfe de pannier, ou fiirbaiHé i celui qui dans k
même fuppofîtion s'élève au dertûs du demi-ccrclc;
s'appelle furhauffé , ou furmonté -, celui qui eft
d'un arc de cercle beaucoup nloiridre que fa moitiéj,
comme du quart ou du fixième , s'appelle bombé;
Frézier.
CiNTé-E fighifîe aulfi cette cortftruéïion ou cette af-
femblage de charpente , qu'on fait pour bâtir de
grandes voûtes , & foûtenir les pierres, en atten-
dant que les clefs y foient mifes pour les fermer,.
Le moindre ci/z/r^ , eftcompofé d'un entrait, qui
lui fert de bafe, d'un poinçon, de deux contre-
fiches , de quatre autres pièces de bois cintrées , où
de deux arbalétriers, ou de deux ddrtes fur lef^
quelles on maçonne un cintre de moilon. On l'ap-
pelle armatura en italien. Arcus ligneus jlruendà
defuper fornici accommodatus , /igneum formais
fulcrum.
Cintre. Terme de Charpentier. Si le plancher quî
fert de forme à la voûte eft plat , la Chat penterie
qui le fbûtient ne s'appelle plus cintre , mais
étayement. FrézieA.
§3" CINTRE, outil de Charron, règle ou barre de
bois plate qui fert aux Charrons pour mettre les
roues à la hauteur qu'elles leur font commandées.
^ On appelle cintre à l'Opéra , la partie du plan-
cher de la falle qui eft fur l'orcheftre. C'eft là que
font les machines par le moyen defquelles on
on exécute les vols , la dticcnie des chars
On écrit cintre ou ceintre , l'un &: l'autre efl
ufité , & vient de la même étymologie , cinclus ,
de cinge're , environner -, d'où s'eft fait ceindre U
ceinture , & de-là cintre ; & comme on écrit
ceindre & ceinture , il paroît que ceintre efl: mieux
que cintre. Ménage le dérive de centrum , parce
que les cintres aboutiflênt à un centre.
gCF CINTRER, v. a. Faire un cintre , bâtir en cintre j
faire un ouvrage en cintre. Arcuare , concamèlrare.
Il faut cintrer cette pôite , ceçte galerie.
|K? C'eft auffi commencer à faire les voûtes , oii
mettre la charpente fUr laquelle on les conftruit.
Arcum ligneum Jiruendo defuper fornici accom-
modare. Cette Eglife eft déjà fort élevée , on eft
prêt à cintrer. *
r f
CINTRE , EE. part. Tout ce qui eft coUrbé-en demi-
cercle j s'appelle cintré. On dir des portes Sc
des fenêtres dont le haut eft en demi-cetcle , qu'el-
les font cintrées. On dit une bordure cintrée. Une
glace de miroir cintrée , &c.
Cintré, en termes de Blafouj fe dit du Globe ou
Monde Impérial entouré d'un cercle , ou d'un
demi-cercle en forme de cintre. Vinclus circulis
aut hemicyclis.On dit aulfi des couronnes fermées
des Rois , qu'elles font cintrées de tant de cintres
ou diadèmes , c'eft-à-dire -, de tant de cercles oii
demi-cereles,
C I Oi
gC? CIÔKING.ViUedelaChine, dans là Province
de Junnan.
CION. f. m. Jet d'arbre. On écrit Sciccn. Foyei ce
mot.
CION. f. m. Ternie de Médecirie, Arétée entend par
ce mot, un corps folide qui eft fufpendu au palais
entre les amygdales. Il dit qu'on l'appelle aufTî.
gargaréon , & "que jlaphile eft le nom d'une maladie
a laquelle cette partie eft fujetre. Ce corps eft ner-
veux , mais humide , parce qu'il eft fitué dans un
lieu humide. AretÉe , de caujis ùjignis acut. morb'„
Lib. I, cap. 8. Cion eft auffi le nom d'une maladie v
c'eft proprement le gorîflement de la luette , ou cet
état dans lequel , parvenue à une grofTeur extraor-
dinaire , elle pend , repréfentant une colonne :
K ..ï , en grec , figaifie une colonne. C'eft pat la ref-
femblance de la luette avec Une certaine excrorf-
fance caronçuleufe danî les parties natuselleS de là
CIP
femme, qu'Hippociate s'cft avifc de donner a
celle-ci le nom de ciun. Dict. de James,
Scr CION. Ville d'Alie, Capitale d'un Royaume de
même nom, dans l'Ile de Celcbes. Cette Ville ell
lîtace au fond d'un Golfe , à cinquante_ lieues de
Macacar.
CIONIÂ.i'.f. C'cft, félon Diofcoride, l'entre deux
des pourpres &c des porcelaines, aurour duquel
leur coquille eft entortillée, ^c clouée, comme
avec de petits clous. Sa cendre ell plus brûlante que
celle des pourpres.
ffT CIOULE. ( /rf ) R ivière deFiance, qui a fa fource
aux pics du mont d'or en Auvergne, &: fe perd
dans la Loire au delfous de Saint Pourçain.
CIOUTAT. Mot Provençal , qui iignifie Ville,
Cité , & qui s'eft formé du latin Civitas comme
l'Efpagnol Ciudad. La Cioutat , Ville & Port de
mer en Provence , entre MarfeiUe & Toulon ,
n'ell point l'ancien port appelé Citkari/ies par
Mcla, Liv. llI,ck.^,Sc pat Pline i'rowo.'z/om/OT
Cickari/ia, L. III, c.j,, 5c dont Prolomce & An-
tonin parlent auiTi. L'ancien Citharifte , ou Cita-
rifte, comme quelques-uns éciivent , eft apparem-
ment le bourg qu'on nomme aujourd'hui Cércifte >
à une lieue de Cioutat dans les terres. La mer s'c-
tant retirée de ce lieu , comme d'Aiguefmortes ,
& de pluiieurs autres endroits de cette côte , la
meilleure partie de Citharifte s'eft approchée de la
mer, & a formé une Ville, qu'on a nommée la
Cio/.7iZi , c'eft-à-dire, la Cité, ou la Ville -, & Citha-
rifte eft devenu un bourg. Berthelot,Profefleur d'Hy-
drographie à MarfeiUe , écrit Sciotat , dans fa carte
marme de la Méditerrannée , mais mal. Michelot
&Thérindans la leur écrivent Ciotat.
Cioutat. f m. Eft le nom d'une forte de raifm. Il eft
fort femblable en tout au chadelas , pour la couleur,
la groflcur & le goût. La feuille en eft très-diffé-
rente -, celle du Cioutat étant toute déchiquetée ,
comme des feuilles de perfil. Il me femble qu'il
rn^porte un peu davantage que le ehaffelas ■, mais
j'aime mieux le ehaffelas. La Quint.
C I P.
CIPIA. f f. Nom d'une ancienne famille Romaine. Ci-
pia ge/2s. On ne trouve ce nom que fur des médaill es
Confulaires , qui font même allez rares , & fur
lefquclles onlitM.CiPL M. F. avec une tête de
Rome cafquée , ou une tcte de Jupiter couronnée
de laurier-, & au revers une bige , ou une pouppe
de navire, avec ce mot ROMA , dans l'exergue.
M. Patin croit que la famille Cifia eft la même que
la famille Cijpia ; que, félon l'ancienne manière
d'écrire, onretrançhoit quelquefois 1*j,&: qu'il y en
a des exemples dans les Infcriptions antiques.
Il eft vrai qu'il rapporte des infcriptions où on
lit CISPIUS & CÏSPIA, Se une où l'on trouve
CIPIA , mais il ne s'enfuit pas que ces perfonnes
aient été de même famille. Néanmoins cela ne
détruit pas non plus la conjetlure de cet Antiquaire.
CIPOLLINI. f m. Nom que les Italiens donnent à
une forte de matbre , dont la couleur tire fur le
vert, par de grandes veines, plus ou moins fortes.
Ce marbre fert à faire des pilaftres, de grandes
tables , & d'autres ouvrages ; mais il n'eft pas
propre pour des ftatues. Il le trouve dans les
montagnes de Carrare , & en d'autres lieux.
CIPORÈME.ff.Efpcce d'ail qui croît au Bréfîl , 5i
qui n'a point de feuilles. Ciporema. Ray. Index.
CIPPE. Terme d'Archite6ture & d'Antiquaire. Cip-
pus. C'eft une petite colonne peu haute qu'on éri-
!^coit dans les grands chemins , ou ailleurs , & fur
faquelle on mettoit le plus fou vent des infcriptions,
ou pour apprendre les chemins aux voyageurs,
ou pour coniervcrla mémoire de quelque choie. On
voit des cippes fur plufieurs médailles. Les cippes ,
qui fe mettoient fur les roures , pour la commo-
dité des voyageurs , s'appellent proprement colon-
nes miliaires , parce qu'où y marquoit combien il y
CIR
avoît de milles d'un lieu à un autre. Hortingcr a fait
un petit ouvrage de Cippis Hehceorum , des Cippes
des Hébreux , dans lequel il prend Cippe pour
tombeau , ou pour tout monument qui fe met fur
le tombeau d'un mort. Il fe dit encote pour une
petite butte ou élévation de terre.
CippE étoit auffi dans l'antiquité un inftrument de
bois qui fervoit à tourmenter les coupables &c le»
el'claves.
(fF C'étoientdes elpcees d'entraves qu'on leur met-
toit aux pies.
Céiar le fert encore du mot cippus pour défîgnet
des pieux poinrus, enfoncés en terre pour embat-
ralfer un paifage.
CIPRÈS. Foyei CyrRÈs.
C I R.
§3" CIRAGE, f. m. Action de cirer, ou l'effet qui
réfulre de cette action. Ceratura, Ce cierge a été
fort long , & eft mal fait. Le Cirage d'un appar-
tcment.
^fF On le dit aulfi de la cire appliquée fur quelque
chofe. Cirage des bottes , cirage des toiles , des
gants.
Cirage , en termes de Peinture , eft un tableau peint
en camayeu de couleur de cire jaune. Ce terme eft
peu utile &c ces fortes de tableaux font regardés
comme de vrais camayeux, Picîura monccromatos ,
monocromacea-, monocroniatum, monocromatus , mo-
nochromum.
CIRCAISSE. f f. Au lieu de Circaffe. Du Loir a dit
Circaiffe. Les Turcs feuls peuvent avoir en Turquie
des femmes de toute forte de religion , & privative-
ment à tous autres des Circaijfes , parce qu'elles fonc
ordinairement II belles, qu'ils en font jaloux. Dif
LoiR,/j. 1-76,
CIRCASSE. f. m. Peuple qui habite la CircafTîe. Cir~
cajfus. On dit Circajfe Se Circaffien. Les Turcs les
appellent Charkes. Les Circa^es fe recirent dans
d'épaiflcs forêts, pour être à couvert des Tartares,
qui les vendent chèrement pour efclaves , parce
qu'ils font bienfaits , beaux & adroits. Maty.
Quoique les Circajfes aient leurs Princes- particu-
liers , ils font tributaires des Mofcovites. Voye:^
Oléarius, Herbert & Tavernier, dans (ou. Foya^e
dePerfe,L.III,c. 11.
Les Tartares Circajfes , voifins des Nogais, font
plutôt tributaires que fujets du Kan. Leur tribut
confifte en miel, ou fourrures, & en un certain
nombre de jeunes garçons Se de jeunes filles. Ces
peuples ont le fang parfaitement beau. Ils ont leur
langue particulière , qu'ils parlent avec beaucoup
de douceur. Leurs mœurs , quoique toujours farou-
ches Se fauvagcs, ne le font pas tant, à beaucoup
près, que celles des Nogais. Il y a parmi eux des
veftigesdu Chriftianifme, &: ils font çarreffe aux
Chrétiens qui vont chez eux. Leur pays , que les
Tartares Précops nomment l'.^bba , eft bon & fer-
tile; l'air y eft très-pur, Se les eaux y font fort
bonnes. Ses limites font au Nord , le fleuve Kouban
& les Nogais au Midi , la Mer Noire ; à l'Orient ,
la Mingrelie -, à l'Occident , le Bofphore Cimmé-
rien , Se parti du limen , ou mer de Zabache.
L'Adda eft prefque moitié plaines Se moitié mon-
tagnes. Les Circaffes des montagnes , font leur
demeure dans les bois. Se ne font pas (î fbciables
que les autres : ceux des plaines ont des villages
Se quelques petites villes fur la mer Noire , où- il
y a du commerce. Les Beys ou Seigneurs qui les
gouvernent, trafiquent de leurs vaflaux , Se les
pères Se m^res de leurs enfans. Les Circaffes paf-
fent pour être plus adroits à manier les armes à la
chaffe , que vaillans à s'en fervir dans le combar.
Mém. des Miff~. du Levant , 17 15. ^(ryf{; ce livre ,
p. zS & fuiv. jP. 95 & fuiv.
CIRCASSIE , pays habité par les Circafles. Circaffîa,
Circaffî, Mxottz , Comania. C'eft un grand pays
que quelques Géographes mettent dans l'Aiie, Sc
c I il
dVaitres dans l'Eui-ope. II eft entre la mer Noirt ^
le mont Caucaie, qui la icpaie de la Gcorgic- au
midi. 11 a le détroit de Cartà & la mer de Zaba-
ciie au couchant j le Don ou Tanaïs au nord ; Si
le Volga avec la mer Calpienne au levant. La t'/r-
caffie dépend du Gzar de Molcovic. On l'appelle
autrement} Comarne. Maty. D'autres la diltinguent
de la Comanie , & dil'ent que la Circajjie cil un
pays d'Afie , iitué entre la Comanie à l'orient , la
Molcovie au Nord, la Mingrelie au couchant; la
Géorgie en partie au midi. La Circajjïe eft un beau
pays fort diverliijé : on trouve en cl pays-la toutes
lottes de iletirs , ëi llîr tout de belles tulipes. Les
campagnes font remplies d'arbr;s i^ruitiers qui y
viennent fort bien. Il y a en Circaffie grande
quantité de bétail &; de fort bons chevaux ; il n'^
a point de villes ni de fortereflcs, mais i'eulemenc
des villages, dont les maifons font difpofees en
rond , avec une place au milieu. Tavernier ,
Tom, I. Le côté de la Circajjie par ®ù nous entrâ-
mes , eft plein de hautes montagnes & de profondes
vallées, ombragées de quantité de grands arbres.
C'cft de-là que le Kan de Kriméc tire fes plus
grandes riehelics en elclaves. Tout le monde y cft
d'une beauté enchantée. Mcm, des A-liJJl du Lev.
1715. Voye^ ce livre, /7. 119 ù fu'iv.
CI vCASSiEN ,ENNE.<:m. Se i. Qui eft de CircafTie.
Circa^us. On le dit auiîi^bien que Circalfe. Les
Circajjiens ont été autrefois Chrétiens & la plupart
font encore profellion du Chriftianiime , mais n'en
font aucun exercice. Les autres fe dilent Mahomé-
tans. Les Circajjïennes ibnt fort bien faites , & ont
le vifagebeau, le teint blanc Se uni ', les joues fort
colotées. La Sultane Validé ,CircaJfïcn7ie de nation,
femme d'i^n efprit fort élevé , le donna un coup de
poignard dans fa douleur. Mcm, des Mi(f. du Lev.
171 5. Les Circ.ij[Jiens aiment fort la charte. Les
Circajjiens ont le plus beau fang du monde; Les
Princes & les Seigneurs d'Afie rempliflent leurs
ierrails de Circa(jîennes>
Ce mot eft àuiïi adjeiftif. "tJnpayfan, un foldar,
un cavalier CircaJJien ; une tcmnxe , une efclave
Circdfjienne,
CIRCÉ. f. f. nom ifT d'une célèbre Magicienne.
Terme de Mythologie. Circe. Selon Homère , elle
ctoit iiUe du Sol .il , îk de la Nymphe Petfa , fille
de l'Océan j ou , félon le faux Orphée , d'Apollon
&: d'Aftéropci Scelle fut fort habile dans l'art des
poifons. File époufa le Roi Sarmarare , dont elle
ravit le Roy.xume après l'avoir empoiibnné. Comme
elle tyrannifoir fes fujets , ils fe révoltèrent ; &: elle
fe retira en Italie , & lonnafon nom à lamonc isne
& au promontoire, où cWchzhn.oM. Circceus mon- ,
Cireaum , ou Circeium promontorium. Ladlance tlit,
L. I , c. Il , qu'elle porta le nom de Marique , ou
Maricc , Marica. Les Minturniens l'adoroien: fous
ce nom , quoique d'autres prétendent que ce fi.r
Vénus. Ov. conte cent effets fabuleux de fes cnch.va-
temens , que Bochart croit avoir été inventés par
les Phéniciens, fur ce qu'elle s'éroit retirce chez
les Latins , & qu'en Phénicien , comme en Hébreu ,
v'i at , & au pluriel Q eV , latim , ^: [ ■ù'^ , Litin ,
fîgnifie enchantement. Voyez Homère , Odyfl". L. X ,
Loyd , Hoifinan , Bochard & Voilius , de Idolol.
L, /., c. 40.
ÇiRCEE. f. f. Circtea, Plante qui 2 fa racine blan-
che , noueufe , oblique , rampanre , chargée de
quelques fibres. Ses tiges fonr droites, menues.
arrondie?, pleines de moelle , vertes, un peu ve-
lues, ?c garnies de feuilles oppoiées , larges à leur
bafe, pointues à leur extrémité , affez femblables à
celles de la Morellc, mais un peu plus velues , den-
telées fur leurs bords , & attachée^ a des queues
longues de demi-pouce. Ces tiges fe terminent par
un épi de fleurs allez ccatrées les unes des autres ,
petites, & compofées d'' deux pétales blanches,
&: taillées en cœur : deux étamincs & un piftil oc-
cupent leur mili.ni. Le ca'ice de ces fleurs eft fermé
par de petitts feuilles vertes , rabattues dans le
' Cl R ^§f
temps que là fleur s'c{>artouit , èc qui tcmBchr cn-
liiite avec les pétales: il fuccéde a la fleur un ffuit
Icrrne par la baie du calice qui eft tailiie Tti
petite poire verdâtrej velue & divifée en dé.ii
loges , qui renferment chacune uûe femence oblcin-
gue. Cette plante croît dans les bois, & dans des
lieux humides , en pluiieurs endroirs du Royauihcô
Eik' vient allez abondamment aux environs de
Paris» On l'a nommée aulii Circcfa Lutetianorufrit
h y en a une autre efpèce commune dans les
montagnes ', elle ne diffère de celle-ci que par li
pftitelle de toutes fes parties -, à pcihe s'élève-t-cllû
à la hauteur de quatre à cinq pcuces -, la couleur de
fes feuilles eft d'un vert plus clair & plus gai : on
la nomme Circc^a minima. Quoique cette plafttd
porre le nom d'une fameufe Enchanterelfc , on ne
lui attribue aucune propriété qui tienne du mer-
veilleux.
CîPs. CENSE, ad j.C/rf£;.'//j Ce mot en ftançois ne fc
peut dire qu\iu pkùiel , en parlant des J-eux cir-
anjes , comme dit M. Blondel , pour les Jeux du
Cirque, comme on dit ordinairemcnti Par le lioirt
de A?.',r CircenJ'es , on entend en général totrs les
GoiTibats du Cirque , de quelque marlière qu'ils fe
filfent , à pié , à cheval , fur un char , à la lutte , à
coups de poings, avec des épces , des piques, des
dards j de: .nèches , contre des hommes , Ou contre
des bêtes , fut' la terre, dans l'arène j ou fur des
vaiffeaux. il n'y avoir guère que les Efclaves qui
donnalîent au peuple ce crue) plailir : c'ctoit uri
exercice qui auroit déshoiioré les honnêtes gens.
Il y en a qui difent que les Jeux Circerifes ont été
ainfi nommés du mot latin Circuitus,\i^\cç que ces
\ farres de combats fe taifoient dans un lieu entouré
d'épées nues , afin que les combattans ne pulfent
s'enfuir i & même dans les commencemens, ils fe
fe failbient au bord de la rivière , &c du côté de
la terre le champ du combat étoit fermé avec des
cpées nues. Tous les Aureurs qui ont écrit des
fpe(5lacles des Romains , &c des Antiquités Romai-
nes, ont parlé des Jeux Circenjès. La. plupart des
fêres des Romains croient accompagnées de Jeux
Circenfes. & les Magiftrats , ou les autres Officiers
dé la République, donnoiciit fouverit tes fortes dé
fpeélacles au f)euple. Les grands Jeux Çircenjes
duroient cinq jours, & comniençoient le quin-
zième de Septembre. Au refte , quoique l'Abbé de
MaroUes, M. Blondel , les Auteurs de Moréri , &
d'autres peut-être encore , fe fervent du mot Cir-
ce?ifes , ont dit plus communément les Jeux ou les
combats du Cirque, mais fur-toUt il ne faut pas
lés appeler les Jeux de Circé , comin'e a fait un de
no:- Traducteurs , dans un ouvrage de Cicéron. Ce
font les Jeux du Cirque. Vove^ Cirqiîf.
?cr CIRCENSTER ou CIRCÈSTER. Ville d'An-
gleterre , dans le comté de Glocefter , fur la rivière
de Charnu. , Son ancien nom latin eft Corinium
ou Durotornovinm,
CIRCIO , f. m. eft iln oifcaù dés Indes , gros comme
un étourneau , de diverfes couleurs , remuant ptel-
• que toujours la queue. On lui apprend à parleC
plus facilement qu'au perroquer. Foye^ Jonston.
CIRCIUM. P'c^'ei CIRSIUM.
CIRCONCELLION i fi m. nom de Seâ:e. Circum-
ce'dio. Vers l'an 519 ou ;(;o, commencèrent chez
lesDonatiftes les Circoncellions. C'étoient des trou-
pes de furieux, qui couroient par les bourgades &
les marchés avec des armes, fe difant les défen-
feurs de làjuftice, mertant en liberré les efclaves,
déchargeant les gens obérés de leurs dettes , &
menaçant de mort les créanciers, s'ils ne les dcchar-
sreoient II n'y avoir point de sûreté fur les grands
chemins, ni même dans les maifons Les deux plus
fameux croient Manida & Falir,qiti ptenùient Je
beau tirie de Chefs des Saints.- Leurs propres Evê-
ques furehï contraints de les abandonner , & d'é-
crire au comte d'Afrique, nommé Taurin , qu'il les
répriirâr. En effet, il envoya contr'eux des troupes
en un lieu nommé Otitavenlé , où il y en eut plu-»
^oo
C I R
iieurs de tucs, que les Donatiftcs honorèrent depuis i
comme martyrs. 11 y en eut audl qui le précipitè-
rent ou le tuèrent eux-mêmes de quelqu'autre
manière par une lurcur que les Sectaires traitoient
de zèle pour la Rcli;;ion ; 5i les Donatiftcs les rcvc-
roient aulli comme tics l'aints. Optât de Milève
décrit ces excès dans Ton Jlh Liv. Voyez aufîi
5. AuKullin , hdr, <5p. Baronius , à l'an 398, Forbcs ,
Injtriichonis Hijtorico Theol. L. XIF , c. 4 , ^;
Du Cange dans fon Glojj'aiii.
CIRCONCIRE. V. a. Je circoncis, au fing. &: au
plur. T2ot/s circoncifons , vous circoncij'ei , ils cir-
concijhit, CircumcidtTi. Rerrancher le prépuce : ce
qui (e fait particulièrement chez les Juits & les
Mahomctans, pour marquer qu'un homme eft de
leur Religion. Amurat I fut le prem.ier des Sul-
tans qui le fit Iblcnnellemcnt circo/icin;.
Ce mot vient de Circumcidere. Voyez CIR-
CONCISION.
{çy CIRCONCIS , ISE. part. Qui a le prépuce
coupe, Citrtus. ApelLi.
CIRCONCISEUR. f. m. Celui qui circoncit , foie
Juif, Ibit Mahométan , Oc, Qid circumcidit : ce
terme n'eft pas ufîté.
CIRCONCISION, f. f. Cérémonie de la Religion
Judaïque & Mahomctane, par laquelle on coupe ,
on retranche le prépuce aux m.îles qui doivent pro-
fefler l'une ou l'autre Loi. Circumcijio. La circon-
cijion a commencé du temps d'Abraham,^ ce lut
comme le fceau de l'alliance que Dieu contracta
avec lui. Ce fut l'an du Monde 2158 qu'Abraham ,
fuivant l'ordre qu'il en avoir reçu de Dieu , le cir-
concit lui-même, & tous les mâles qui étoient
dans la maifon. Les Égyptiens & les Ethiopiens
avoient aulfi une el'pèce de circoncijion -, com\r\Q on
voit dans Hérodote & dans Philon Juif. Car Héro-
dote , L. 11 , c. 35 , &c. 104 , allure que la circon-
cijîon des enfans croit en ul'age chez les Egyptiens
& les Ethiopiens -, mais il ne fait , dit-il, lelqucls
l'avoient prile des auttes, parce que cette coutume
étoit très-ancienne dans ces deux Narions. Lf, habi-
tans de la Colchide l'avoient audî , & cet Hiftorien
en conclut qu'ils étoient Egyptiens. Il dit que les
Phéniciens & les Syriens éroient auiîl circoncis ,
mais qu'ils avoient pris cet ufagc des Egyptiens ;
tiu'enfin , peu avant le temps qu'il éctivoit , la cir-
concijion avoit palle de la Colchide aux peuples qui
habitoient proche du Thermodoon & du Parrhc-
nius. Quoique Dieu en fit une loi à Abraham , .S:
cnûiite à Mo'iTe, il n'eft pas sûr que nul autre peu-
ple ne la pratiquât pas déjà.
Les Juifs failbient leur circoncijïon avec un cou-
teau de pierre. Marsham , favant Anglois, a prétendu
que les Hcbreux avoient emprunté la circoncijïon
des Egyptiens , 6c que Dieu n'en étoit pas le pre-
mier inftituteur. Il cite en témoignage Hérodote &;
Diodore de Sicile. Plulieurs Savans au conrraireont
prouvé que les Hébreux n'avoient rec u la circoncijïon
d'aucun aurre peuple. Il y a fur cela un périt Traité
de Gotlieb , intitulé, Nonnulla de Cir cumcijione
Fragmenta. Mais , Ibit que cette cérémonie vienne
de Dieu immédiatement , foit que Dieu l'ait lantti-
fiéc , en l'ordonnant pour un ligne fpécial de fon
alliance , pour erre un type de la Circoncijïon fpi-
rituelle , il eft certain qu'elle le pratiquoit fort dif-
féremment chci^ les Hébreux & chez les Egypriens ;
& que Dieu, qui eft le maîrre abfolu de toutes les
créatures , l'avoir otdonnce aux Hébreux , fans
qu'on puilTe dire qu'elle fut prife des Egypriens.
Chez les Hébreux c'ctoit une cérémonie de Reli-
gion , & elle fe faifoit le huitième jour après la nail-
lance. Chez les Egyptiens , c'croit une propreté , &:
félon quelques-uns , une nécelfité phyiîque. On I.i
faifoit feulement à la treizième année , & on l'exer-
çoit fur les filles , au(ri-bicn que fur les garçons.
Le p. Alexandre. Les Ifraëlites ne pratiquèrent
point la cérémonie de la Circoncijïon durant les
quarante années qu'ils pafsèrent dans le Défert,
parce que b Circoncijïon çtaat la marque qui dil-
CIR
tinguoit le peuple de Dieu des Gentils , il étoit
inutile de prendre cette marque dans des lieux où
il n'y avoit perfonne qui piir le mêler aux Ifraë-
lites , ou plutôt afin d'être toujours prêrs à mar-
cher quand Dieu l'ordonneroit. La Circoncijïon , li
contraire à l'atlédlion paternelle par les doukurs
qui l'accompagnenr, n'eft-elle pas un rômoign.ice
cerrain de l'alliance de Dieu avec les Patriarches,
puifqii'on ne peut les Ibupçonner d'avoir inventé
une cérémonie qui les pouvoir tendre ridicules
aux yeux des autres Nations ï Abad. Au fujet de
la converfion d'Izates , Roi de l'Adiabène, &: parce
qu'Ananias, Marchand Juif, qui l'avoir converti ,
craignant qu'il ne fe rendîr odieux à fon peuple,
s'il le faifoit c/rco^t/W , lui dit , dans Jofèph? ,
Liv. XX des Antiq. ch. i, qu'il peut fervir Dieu
fans être circoncis , pourvu qu'il imite les maurs
des Juifs , & que c'eft-là l'eflentiel , plutôt que la
Circoncijïon ; &: qu'au contraire Eléazar , aurre Juifi
lui dit , que c'cft une impiété de n'être point cir-
concis -, M. Fleury conclut qu'on voit par-là que
les Juifs n'étoient pas bien d'accord entr'eux fur
la néceilitc de la Circoncijïon, Mais 1°. la.Circon~
cifwn n'étoit ordonnée qu'aux Hébreux , & pour
ceux qui voudroient embralfer la Loi Mofaïque.
Pour ces deux fortes de perfonnes Dieu s'exprime
fur cela nertement, Gen. XVll -, 14. Aulfi Ana-
nias n'en doutoit-il point. Izates n'étoit pas Juif.
On put le convertir & le détromper de l'idolârric,
fans lui faire embraller la Loi Mofaïque. 2.0. Pour
les aurres Nations, il eft cettain qu'il n'y avoit
point d'obligation, £^: qu'ils pouvoîent fe fauvet
fans cela. Ananias avoit encore raifon en cela , &:
Eléazar fe trompoit , s'il prérendoit le contraire.
Mais non ", ce que dit Jofèphe ne marque point de
diifcrens lentimens fur la nécelfiré de la Circonci-
jïon. Ananias vouloir qu'Izates lervîtDicu, fans
fe faire Juif, il le pouvoir. Eléazar vouloir qu'il
fe fît Juif
Les Turcs mortifient la peau des enfans avec de
petites tenailles. Ils la coupent avec un rafoir,
puis ils mettent certaine poudre delTus qui guérie
la plaie , ôc qui ôre la douleur., Ils ne circoncifent
leurs enfans qu'à la fept ou huitième année , parce
c^.'ih ne croienr pas la Circoncijïon nécelfaire au
falut. Les Perfans circoncifent leurs enfans à rreize
ans , & les femmes depuis neuf jufqu'à quinze.
Ceux de Madagafcar coupent la chair à trois di-
verfes reprilés , & fonr beaucoup fouiftir les enfans ;
& le plus diligent des parens qui fe rrouve prc-
fentjfe faifit du prépuce, & l'avale, Herrcra té-
moigne qu'il y avoit une efpèce de Circoncijïon
chez les Mexicains , quoiqu'il n'y eût chez eux au-
cune connoilfance du Judaïiiîie, ni du Mahomé-
tifme. Car ils incifoienr aux enfans le membre
viril & les oreilles avec plufieurs cérémonies , &
fur-tout aux enfans des Grands - Seigneurs , dès
qu'ils croient nés. Les Brafilens ulenr aulfi de la
Circoncijïon,
La Circoncijïon fe fair auffi fur les femmes , en
leur coupant un morceau de l'hyménée, ou des
parties que l'on appelle nymphes, Strabon dir que
les femmes d'Egypte éroient circoncifes. Belon le
dit des Cophtcs. Paul Jove & Munfter le difent des
fujets du Prêtre-Jean. Les Erhiopiens ont la Ciri
conciJÏQTi; non pas qu'ils croient que c'eft un Sa-
crcmenr, mais que par-là ils dilenr qu'ils fonr fils
d'Abraham , & que cela conrribue à la prooreté ,
ou plutôt en mémoire d^' la Circoncijïon de Jcfus-
Chrift,& parce qu'il a été circoncis, ^oy^;^ le P.
Telles Ludolf. Par la même raifon ils circoncifent
aafli les femmes, comme en Egypte.
Le père eft obligé, chez les Juifs, de faire circon-
cire ibn fils au huitième jour : on pj* le peur faire
avant ce temps-là -, mais ii l'enfant eft foible ou in-
fitmc , on peut différer jufqu'à ce qu'il le porte bien.
Il y a un parrain pour renir l'enfant pendant qu'on
le circoncit , & une marraine , qui le porte de la
maifon à la Synagogue, §c qui le rapporte. Celui
qui
G I
'quï circoncit s'appelle en hébreu Mohsl, & on
choilit indifféremment qui on veut pour cela. Il
fuffit qu'on ibit capable de cette fonction, qui cR
un titre d'un grand mérite parmi les Juits. Le père
peut circoncire l'on propre fils. Voici de quelle
manière cette cérémonie ié fait, comme le rap-
porte Léon de Modène » Fart. IF des Cérémonies
des Juifs , ch. 8.
On tient prêt dès le matin dans la Synagogue ,
ou même dans la mailbn , fi Ton y veut faire la
cérémonie , deux fièges avec des carreaux de foie.
L'un des lièges eft pour le parrain qui tient l'en
fant , & l'autre eft mis là à ce que difent quel-
ques-uns, pour le Prophète Elle, qu'ils croient af-
jîfter inviiiblement à toutes les Circoncijions. Celui
qui circoncit vient avec un plat où font les inflru-
mens & les choies néceifaircs , comme le rafoir ,
les poudres aftringentcs, du linge, de la charpie ,&
de l'huile rofat, à quoi il y en a qui ajoutent une
écuelle avec du fable , pour y mettre le prépuce
que l'on coupe. On chante quelques cantiques , en
attendant la marraine qui apporte l'enfant fur fes
bras, accompagnée d'une troupe de femmes; mais
pas une ne paife la porte de la Synagogue. Là elle
donne l'enfant au patrain , & au/fi-tôt tous les af-
lîftans crient j baruch haba , c'eft-à-dire , le bien
venu.
Le parrain s'alTied fur fon fiège > & ajufle l'en-
fant fur fes genoux ■■, puis celui qui circoncit, dé-
veloppe les langes. Il y en a qui fe fervent d'une
pincette d'argent pour prendre du prépuce ce qu'ils
en veulent couper. Celui qui circoncit , prenant le
rafoir , dit : Béni foye^ - vous , Seigneur , qui nous
ave? commande la CiVco/zc/'/ibra ,& en difant cela,
il coupe la groffe peau du prépuce ; puis avec les
ongles des pouces il déchire une autre peau plus
délicate qui reftc ; il fuce deux ou trois fois le
fang qui abonde , & le rend dans une talic f>leine
de vin. Enfuite il met fur la coupure du fang de
dragon , de la poudre de corail , & d'autres chofes ,
pour étancher le fang, à quoi il ajoute des com-
prefles d'huile rofat , puis il enveloppe le tout.
Cela étant fait, il prend une talfe pleine de vin ,
Zc après l'avoir béni , il dit une autre bénédiélion
pour l'enfant, en lui impolant le nom que le père
fouhaite j prononçant ces paroles du chap. XVI
d'Ezéchiel : Et j'ai dit , vis en ton fan^ , &ic. Et
en même temps il lui mouille les lèvres de ce vin
où il a rendu le fang fucé. Après quoi on récite
le Pfeaume 1 18 entier : Bienheureux tout homme
ijtii craint le Seigneur. Le parrain rend enfuite l'en-
fant à la marraine , pour le porter à la maifon , &
le remettre entre les mains de la mère. Tous ceux
qui ont aififté à la cérémonie, diicnt au père en
s'en allant ; Pui(Jiei-vous ainfi ajfifler à fes noces.
Voyez, Léon de Modène , & la Synagogue de Bux-
torf , ch. 4.
La manière de circoncire dont les Juifs fe fer-
vent, eft différente de celle des Turcs. Car ceux-ci,
après avoir coupé la peau , n'y touchent plus ; au
lieu que les Juifs déchirent en plufieurs endroits
le bord de la peau qui rcfte après la Circoncifion ,
avec lesons;les des pouces •,& c'eft pour cette rai-
fon que les Juifs circoncis gucriflent bien plus
facilement que les Tuics. On connok parmi les
Juifs ceux qui fe mêlent du métier de circoncire ,
parce qu'ils ont l'ongle du pouce forr grand.
Chez les Turcs on ne circoncit pas les enfans
aulTi-tôt qu'ils font nés , & on les confacre feule-
menr par certe cérémonie. D'abord on leur met
quelques grains de fel à la bouche , en difant :.
Plaife à Dieu que fon nom foit toujours auffi fa-
voureux que le fel que j'ai mis à. ta bouche , &
qu'il t'empêche de goiiter les chofes de la terre;
Quand ils ont fept ans , un Médecin vient les
circoncire dans la maifon du père. La Circpncijion
fe fait toujours avec grande cérémonie. Entre les
parens & les amis qui y afilftcnt, un fert de par-
rain à l'enfant , & tous enfemble ils font régalés
Tome IJ,
G I II iQ r,
d'un fupetbe feftin. Ils n'y viennent point au)(ïî
l'ans préfens, les hommes donnent des vcftes de
précieulé étoile , des chevaux , des armes ou des
bijoux , & les femmes quelque gentil ouvrage de
leurs mains. Du Loik , pag. 137, 158,
C1R.CONCIS10N eft aulli la Fête que l'on célèbre le
premier de Janvier , en l'honneur de la Circonci-
Jion de Notre-Seigneur , auquel on lui impoli
fon nom. Chrifti Circumcijionis aies facer. Le pre-
mier jour de janvier étoit autrefois un jour de
jeûne inftitué pour s'oppofer aux fuperftitions
paycnnes qui fe faifoient ce jour-là en l'honneur
de Janus. Fo'ye:^^ le fécond Concile de Tours , Can,
-ATA//, &c. quatrième de Tolède, Lan, XI , Sec,
La Melfe le difoit ce jour-là à deux heures après
midi , pour dire None de fuite , &c ne rompre
le jeûne que vers les trois heures. On ne voit pas
précifcment quand ce jeûne a celle , &c quand la
fête a commencé. Apparemment ce n'a point été
partout en même temps. Foye:j[^ les Notes dé
M. Chaftelain fur ce jour.
En termes de dévotion , on appelle Circoncijlon
de cœur , Circoncifion des lèvres , k retranchement
des mauvais defirs 5c des mauvaifes paroles.
Circoncision fe dit encore fîgurément, pour lignifier
les Juifs ou la nation Juive , comme le mot dé
Prépuce , pour lignifier les Payens ou leS Gentils,
Ainfi il eft dit aU 1 5' de l'Epitre aux Romains ,
que Jéius-Chrift a été Miniftre de la Circoncifion ,
afin de ratifier les promelîes faites aux Pères. Et au
2^ de l'Epitre aux Galates , S. Paul dit que la pré-
dication de la Circoncifion avoir été commife à
Pierre.
Pierre de la Circoncifion. C'eft une pierre quî
fe taille en couteau , & dont les Juifs fe fervent
pour la Circoncifion. Nous avons une Dilfertation
fur ces pierres par M. Mahudel , de l'Académie des
Belles Lettres;
Circoncision. {Cap de la) Les vailfeaux l'Aigle Si
la Marie , que la Compagnie des Indes envoya
en i7}8 , à la découverte des Terres Auftrales ,
trouvèrent le premier de Janvier 1759, une terre
fort haute *, toute couverte de neiges , & forr em-
brumée. Elle leur parut comme un gros cap , qu'ils
nommèrenr le cap de la Circoncifion , parce que
c'étoit le jour de la Circoncifion. Cette terre leur
reftoir à huit ou dix lieues dans l'cft nord-eft.
Ce Cap eft par les 54 degrés de latitude méridio-
nale, & les 27 à 28 de lon9;itude. Promontorium Cir-
cumcifionis. Voyez la Relation de ce voyage
dans les Mémoires de Trévoux 1740. Art. XII.
Février. .
'CIRCONFERENCE, f. f. La ligne courbe qui rcn-
* ferme un efpace circulaire ■, ou la furface qui ter-
mine une chofe ronde. Circumdiiclio , linea orbem
circumcurrens , circumduclus , circuitus , circumfe-
rentia. Toutes les lignes tirées du centre à la c/r-
conférence d'un cercle , & qu'on appelle rayons ,
font égales entr'elles. Un partie de la circonférence
s'appelle arc. L'angle du centre eft double de celui
de la circonférence. On appelle circonférence coh'
cave , celle qui regarde le dedans. Concava. Et
circonférence convexe, celle qui regarde le dehors,
Convexa. On appelle circonférence d'ellipfe , la li-
gne courbe qui forme l'ovale. Elliptica. Èuclide j
L. III y propof, 20.
Circonférence fe dit aulfi du tour ou pourtour des
figures irrégulières. Circuitus , circumduclus. La
circonférence , le tour de cette ville , eft de quatre
lieues.
IP^ On dit aufll en Médecine , que le fang eft potté
du centre à la circonférence parles artèrcs,&: rapporté
de la circonférence au centre parles veines j p6uK
dire , que lé cœur le pouffe vers les extrémités ,
■ & que le fang revient des extrémités au cœur,
CIRCONFLEXE, adj. Accent qui marque une fyl-
labe lonsue. Circumflexus accentus. Les Grecs
avoient trois accens , l'aigu , le grave SiC le cir-
conflexe. En françois on figure cet accent avec ui»
» G G g s
é'02.
CI R
petit chapiteau fur la iyllabe , qui marque Touvent
le retranchement de quelque lettre qui failbit la
fyllabe longue & ouverte , comme pai^ ^o\xt pajU :
tète pour lejie : nous fûmes , pour nous fuj'mes. En
grec auretois on le marquoit de même que nous
le marquons en françois : on a imprime l'Antho-
Jogie m-40. en grands caracl:cres ', les accens cir-
conjlexes y l'ont marques comme nous venons de
le dire -, depuis que les Copiftcs eurent mis en ufage
les lettres courantes , ils changèrent auiîi la forme
de l'accent circonjlexe , &c au lieu d'en former
l'angle avec foin, ils l'arrondirent , & en écrivant
vîtc, ils y ajouccrenr un trait, qui en forma une j
renverfée , & couchée horizontalement , ce qui
produi/it cette figure ^^ , au lieu de celle-ci ".
Rouileau a dit en badinant , une jambe cir-
coi:ficxe , c'eft-à-dire tortue , qui a la figure de
l'accent circonjlexe des Grecs , d'une s couchée.
CIRCONLOCUTION, f. f. Circuit de paroles dont
on le fert , lorfqu'on ne peut pas exprimer une chofe
par un mot propre , ou qu'on ne le veut pas taire par
relpccï , ou par quelqu'autre railbn particulière. Cir-
ciiitio , circumlocutio. Les choies qui n'ont point
de mot propre s'expliquent par circonlocution.
tfT La circonlocution cft une figure de Rhétorique
par laquelle j pour cvirer de dire une chofe dure
ou peu convenable en termes propres , on en em-
prunte d'autres qui rendent la même idée , mais
d'une manière adoucie.
Ce mot vient du latin circtimloquor.
CIRCONPOLAIRE , CIRCOMPOLAIRE. adj. m.
& f. Qui eft autour du pôle. Circnmpolaris , e.
Déterminer la hauteur du pôle d'une ville par
les étoiles circonpolaires. De la Hib.e , Acad,
1700. Alem. p. ;7,
CIRCONSCRIPTION, f. f. Efpace circonfcrit & li-
mité , lequel borne & environne un efpace plus petit
ou un corps. Circumjcriptio, C'eft une des pro-
priétés infcparables des corps , d'être bornés à un
certain lieu , & de n'occuper qu'un certain ef-
pace déterminé. Cependant Ofîander D. Luthé-
rien , a foûtenu que la circonfcription n'étoit pas de
reiîénce des corps.
^3" Circonscription , en Géométrie , efl l'ac-
tion de circonfcrire un cercle à un polygone ou un
polygone à un cercle ou à toute autre ligure courbe.
f^oye^ Circonscrire.
CIRCONSCRIRE, v. a. Terme dogmatique. Ren-
fermer en certaines bornes , mettre des bornes à
l'entour. Circumfcritere, L'infini ne fe peut circon-
fcrire, borner, limiter.
Circonscrire , en termes de Géométrie , c'eft dé-
crire une figure polygone autour d'un cercle , eq^
telle forte que tous les côtés touchent fa circon-
férence Se deviennent autant de tangentes de la cir-
conférence du cercle. Figurarn polygonam c'ircum-
fcr ibère. Archimède démontre que l'aire d'un ttiangle
reclangl;, compofé d'un rayon de cercle 6i de fa
circonfécence, eft plus petite que l'aire de quelque
polygone que ce foit qu'on puilfe circonfcrire ou
décrire autour du cercle ; & plus grande que celle
de quelque polygone qu'on puiiîe infcrire ou fi*
gurcr au dedans du cercle \ Se c'eft par-là qu'il a
le plus approché de la quadratute du cercle , qui
h'eft autre chofe que la mefure de l'aire ou de
la capacité du cercle. Euclide enfeigne la façon
de circonfcrire un triangle , un carré autour d'un
cercle.
Circonscrit , ITE. part. Figure drconfcrite
à un cercle ; figure qu'on a décrite autour d'un
cerclé , &: qui le touche par tous fes côtés. Cir-
cumfcriptus. Cercle circonjcrit iun polygone ,c'ell-
à-diré donr la circonférence palîè par rous les fom-
mets des angles du polygone.
CIRCONSPECT , ECTE. àdj. Qui agit avec clrconf-
peiftion , qui gardé beaucoup de mefures , tant
dans fes aélions que dans fes paroles. Circiim-
. fpeclus , confileratus. Les manières lentes & cir-
tonfpeclii des gens- prudéns impatientent" les ef- i
CIR
prits vift. Le Pays. L'honnête homme cft modefte
&c circonfpecl : il remarque les défauts d'autrui, 6c
n'en parle jamais. S. Evr.
IJCr CIRCONSPECTION, f. f. Circumfpemo , conji-
deratio. C'eft une attention réfléchie &: mefurée ,
conféquemment aux circonftances préfentes & ac-
cidentelles , pour ne parler qu'à propos , & ne rien
laifler échapcr qui puiflc nuir." ou déplaire. Cette
qualité eft l'effet de l'éducation & d'une prudence
qui ne rifque rien. L'efprit du monde veut de la
circonfpeciion quand on ne connoit pas ceux de-
vant qui l'on parle. M. l'AbbÉ Girard.
ifT II faut beaucoup de circonfpeciion dans les con-
verfations qui roulent fur la religion & le gou-
vernement , parce que ce font des matières pu-
bliques fur lefquelles il n'eft pas permis aux par-
ticuliers de dire tont ce qu'ils penfenc , li leurs penfées
fe trouvent oppolces aux ufages. Voye:^ Considé-
ration, Egards, Retenue, Ménagement pour
les différences relarives de ces fynonymes.
CIRCONSPECTISSIME. ad). Très-circonfpe(5l. M.
de Balzac s'eft fervi de circonfpecliffime , en écrivant
à M. Chapelain : la fagefle elt le caraétère uni-
verfel de tous vos écrits •, vous êtes circonfpeclif-
Jime dans les moindres aélions de votre vie. Le
P. BouH. Kern. nouv. On ne peut le dire qu'en
badinant.
CIRCONSTANCE, f. f. Les incidens, les détails
d'un événement , les particularités qui accompa-
gnent quelque aélion. {C? Le mot de circonflance
eft relatif à l'aclion ', C'eft une de fes patticulari-
tés. Il préfente l'idée d'un accompagnement, d'une
chofe acccffoire à une autre qui en eft la principale.
La conjon&ure eft étrangère à l'aéliion. Elle n'a de
rapport qu'au moment. Voye:^ ce mot & les articles
relatifs , Occasion , Cas , Occurrence. Quod rei
adjunclum efl ; adjuncl.i circumftantia. Une aétion
eft bonne ou mauvaife , félon les diverfes circon-
Jiances, Un Juge eft obligé d'examiner un criminel
fur routes les circonflances du fait. Il y a des cir-
conjlances inutiles , d'autres agravantes. La con-
verfion du pécheur dépend d'un certain affemblage ,
& d'un certain ménagement de circonfi-.inces ex-
ternes , dans lefquelles il fe trouve placé. La plu-
part de nos aélions ne font que des faillies , félon
que les différenres circonflances de la vie nous
agitent. S. Evr. Cet arrangement de circonflances
dépend de la providence de Dieu , qui donne la
grâce de la converlîon.
Soye^ riche & pompeux dans vos defcriptions :
N'y préfente:^ jamais de baffes circonftances.
BOIL.
On dit au Palais , qu'un procès eft renvoyé en
une Juridicliion avec toutes fes circonflances dC
dépendances -, c'eft-à-dire , avec toutes les parties
Si. interventions , Se toutes les queftions qui en
dépendent , ou qui en peuvent naître. (fT On dit
auifi circonflances & dépendances 5 pour dire , ce
qui eft à une maifon , tetre , léigncurie , &c. ce
qui en dépend.
Les circonflances des -a étions des hommes font
exprimées par ce vers latin.
Quis , ijuid, uliyqiiibus àuxiliis ,cur, quomodo ,
quando.
Ce mot vient de circumftantia. En grec on
dit vîoi^uTi^..
CIRCONSTANCIER. v. a. Marquer bien toutes les
circonftances. Quce rei adjuncîafunt narrare , cir-
cumfl.intias y res cir cumulantes notare. Un bon Rap-
porteur dok circonflancier un fait. Un bon Hifto-
rien doit circonjlinci/r les événemens imporrans.
CIRCONSTANCIÉ , EE. part. Suis una quœque res
circumjîantiis expUcata. Evitez les longs récirs en
converfation , 5c les hiftoires trisp circonflamiées.
S, Evr.
C I iv
eiRCONVALLATION. f. f. Ligne , ou grand font-
qu'on fait autour du camp , lorfqu'on aHicge une
ville. Circnmmunitlo , \alli & fojfx circiunduclio.
Ce foflc eft Jiors la portée du canon de la place ,
large de i z pies , & profond de fept. Il elt borde
d'un parapet & flanqué par des redoutes , ou de
petits forts qu'on y tait d'efpace en efpace , tant
pour empêcher le fecours de la place, que pour
retenir les déferteurs. Il faut prendre garde à ne
faire jamais pafiér la ligne de circonvallatian au
.jpié d'une hauteur , à caufe que iî l'ennemi vient
à occuper cette hauteur , il y logera du canon ,
i& commandera la ligne.
j L'armée campée dans l'intérieur de la ligne de
circonvallaiion efb dilpofée de forte que fon front
ou fa tête fait face à la campagne. Amfi la queue
du camp cil: du côté de la place. On a foin de
tracer un camp hors de la circonvallatian , pour
ranger l'armée en bataille , en cas qu'il fiille aller
I au devant de l'ennemi , qui vient pour faire lever
' le ficge. Les Militaires tiennent qu'il eft dangereux
d'attendre l'ennemi dans les lignes , & de s'opiniâ-
trer à les détendre. L'expérience paroît confirmer
leur opinion , car nous avons vuque toutes les lignes
attaquées ont été forcées. La ligne de circonval-
laiion s'appelle iimplement les lignes. Attaquer les
lignes , défendre les- li(^nes , forcer les lignes.
CIRCONVENIR. V. a. Terme de Palais., Tromper
artificieufement , furprendre quelqu'un pat des cir-
cuits , par des détours. Circumvemre. Les mineurs
fe plaignent , quand ils ont été circonvenus par
la tromperie de quelqu'un.
Circonvenu, ue. part. Circumventus.
CIRCONVENTION.f.f. Tromperie artifîcieufe , fur-
prife. Circumventio , deceptio. On entérine des let-
tres de reflitution , quand la circonvention , la
tromperie eft bien juftifiée. La circonvention eft ap-
pelée autremcnr dol perfonnel.
CIRCONVOISÎN, INE. adj. Ce qui eft aux envi-
rons. ^fT On le dit des lieux , des chofes 5: des
perfonnes coUcétivement , qui l'ont proche &: au-
tour de celles dont on parle. Ficinus , propin-
qiius ,finitimus. Quand la guerre eft en un endroit ,
les peuples cir convoi jins ont beaucoup à fouffrir.
Il a été voyager en Flandre , & dans les lieux cir-
convoijins. Le langage eft toujours mêlé des mots
des nations circonvoijines.
ffj" On dit en Phylîque, dans le même fens , corps
circonvoijins pour défigner ceux qui environnent un
autre corps , ou qui en font proches.
Ce mot vient de circiimvicinus.
CIRCONVOLANT , ANTE. adj. Qui vole autour
de quelque chofe, qui tourne tout autour. Vieux
mot pris du latin circiimvolans.
tfT CIRCONVOLUTION. Ç.i. Circumvoliuio. L'ac-
tion de tourner autour. Du latin circiimvolvcre ,
tourner à l'entour. On le dit de plufieurs tours
faitis autour d'un centre commun. Faire plufieurs cir-
convolutions.
En Architedure on appelle circonvolutions , les
tours de la ligne fpirale de la volute Ionique, &
ceux de la colonne torfe. Circumvoluùo,
CIRCUIR , vieux v. a. Tourner tout autour. Par-
courir, Circuire ou circumire.
|C? CIRCUIT, f m. Dans le fens propre , chemin
détourné, qui s'éloigne de la ligne droite. On le
dit par oppoiition au chemin le plus court d'un lieu
dans un autre. Circuitus , circuitio. de Circum &
itus de eo , je vais.
tfT Circuit lignifie aufTi l'enceinre , le périmètre
d'une figure , la circonférence. C'eft dans ce fens
qu'on dit qu'une ville à tant de circuit. Le cir-
cuit d'une province, d'une forêt, des murailles.
Faire un long circuit.
Circuit fe dit figurément des détours qu'on prend
pour s'expliquer, pour venir au fait. Cet Orateur
ne fe fait entendre que par de longs circuits de
paroles. On a fait un long circuit de procédures ■■,
c'eft-à-dire une procédure longue & compliquée,
qui pourroit être fupplée par une plus fimple. o'ti
fait aifément comprendre par les yeux , ce qu'uA
long circuit d'expreilions ne fait entendre que con-
fuiément. S. Evr. Ambitus.
Ip" On appelle circuits en Angleterre les fix par-
ties dans lefquellcs Henri II partagea l'Angleterre i
dans Ipfquelles les Juges vont rendre la juftice
deux fois par année.
j]C? CIRCULAIRE, ad), de t. g. fynonyme de lond.
On le dit de tout ce qui appartient au cercle i
ou qui y a rapport. Circularis , rotundus.Voimc^
figure circulaire, Vafe d'une foxme circulaire. On
le dit de même de èe qui va, de ce qui fe fait
en rond. Mouvement circulaire. Motus circularis j
orhicus. Les globes céleftes ne fe meuvent pas par
un mouvement circulaire , mais elliptique.
Ligne circulaire. C'eft une ligne courbe dont
toutes les parties font également éloignées d'un
point , qui s'appelle centre.
C'eft aulfi une épithète que les Médecins don-
nent à un ordre des fibres qui font dans l'efto-
mac , & dans les inteftins , parce qu'elles font dif-
pofées en rond. On appelle par la même railbn
ligamcns circulaires , ceux qui attachent les têtes
des os dans les cavités , où elles font reçues , afirt
de fortifier les articulations. De plus , outre k mar-
teau , l'enclume & l'étrier , les enfans ont dans
l'oreille un quatrième os que l'on appelle le cir-
culaire , parce qu'il eft fait comme un anneau ,
fur lequel la membrane , que l'on nomme tambour
eft tendue de même que la peau d'un tambour eft
tendue fur une caiflé.
Ce mot & les fuivans font dérivés de circulus.
Circulaire, {^Lettre) eft une lettre adreflce à plu-
fieurs perfonnes qui ont un même intérêt dans la
même affaire , comme pour des convocations d'E-
tats, d'Affemblées du Clergé, de Noblelie, &c.
Circulares , encyclicœ litterce,
CIRCULAIREMENT. adv. D'une manière circulaire.
En rond , en cercle. In orbem , circulatim. Une
roue fe mevn circulairement fur fon edicu.
CIRCULATEUR. i. m.Du latin circulator. Charlatan,
bateleur, joueur de pafle-pafle. GoTQKAviJeul. Il fe
prend aulH pour partifan de la circulation du lang ,
de laquelle perfonne ne doute aujouid'hui. Dans
la Comédie du Malade imaginaire , acl, z , je. y.
Thomas Dyafoirus tire de fa poche une gtandç
thèfe roulée qu'il préfente à Angélique , en lui
diiant ; ]'ai contre les circulateurs foûtenu une
thèfe , qu'avec la permiflîon de Monfieur , j'ofe
préfenter à Mademoifelle , comme un hommage
que je lui dois des prémices de mon eforit.
UCr CIRCULATION , f. f. fe dit en général de tout
mouvement périodique ou non , qui ne fe fait
point en ligne droite. Circulatio.
CiRcutATioN , terme de Chimie. §3° Opération
par laquelle les vapeurs ou liqueurs que la clialeur à
fait monter , font obligées de retomber perpé-
tuellement fur la maffe dont elles ont été déga-
gées. Circulatio. La circulation fe fait au feu de
lampe , ou à celui de cendres , ou de fable mo-
dérément chaud , ou dans le fumier , ou au 15-
leil. Elle demande le plus fouvent une chaleur
continuée pendant plufieurs jours , & ouelauetois
plufieurs femaines , ou même plufieurs mois. Par
\^ circulation , la matière la plus fubtile monte au
haut du vaifléau , 6i ne trouvant point d'''?i'c ,
eft contrainte de retomber en bas pour fe rejoindre
de nouveau à la matière qui fe trouve au 'ond du
vaifléau , d'où elle avoir été élevée ■■, 5<' ainfi en
continuant de monter , &;. d-e defcendie alterrati-
vement dans ce vaifléau , elle fait une efpèce de
circulation, dont l'opération porre le nom ; &
par les diverles pénétrations & agitations des parties
fpiritueufesavec les groflières , les premières devien-
nenr plus tenues 6c plus en état de produire leur
aétion , lorfqiielles font féparées des dernicreSi
Circulation fe dit aufTi en Médecine du ironve-
ment que fait le fang , qui plufieurs fois dans ua
G G g g ij
é'ô4 C -î R
jour eft pouc du cœur dans toutes les parties dà
corps par le moyen des artères , &: qui retourne de
ces mêmes parties au cœur par le moyen des veines.
Circu/iitwJanguinu.H:iïVsy ell unDoCteur moderne
d'Angleterre qui a L- premier découvert hcircu/a-
tion 'dulangen l'année i(îi8, qui elt maintenant
reconnue par tous les Médecins. Mais Théodore
Janfon d'Almeioveen , dans un Traité des invcn-
'tions nouvelles imprime en i<J84, rapporte plu-
lieurs endroits d'Hippocrate pour judifier qu'il l'a
connue ■■> Walxus , £/. ad Tkom. Bartholin. De
chyli & larigiiinis motu , &C Charleton , (Econom.
Animal. Exercit. FI, prétendent qu'Ariftote &
Platon , comme Hippocrate , l'ont connue auHl. On
dit encore que les Mcdecins Chinois l'enieignoient
40oansavanr qu'on en parlât en Europe. Il en eft
même qui remontent julqu'à Salomon , croyant en
trouver des vertiges dans le Chap. XII<^ de l'Ecclé-
liafte. Bernardin Genga , dans un Traité d'Ana-
tomie en italien, rapporte des palfagcs de Real-
dus Colombus , & d'Andréas Ccfalpinus j par lei-
quels il prétend monrrer qu'ils admettoient la cir-
culation.W dit encore que c'eft Fra-Paolo Sarpi,
qui ayant exaélement confidéré la ftruéture des val-
vules dans les veines, a inféré j dans ces derniers
temps 5 la circulation de leur conftrutîlion & de plu-
lîeurs autres expériences. Janfon cite aufTi le paflage
d'André Céfalpinus , qui contient fort clairement
la dodrine de la circulation dès l'an 15:93. Jean
Léonicénus ajoute qu Fra-Paolo avoir découvert la
circulation du iang, & les valvules des veines i
mais qu'il n'ofa pas en parler , de peur de l'Inqui-
lîtion, & qu'il communiqua feulement fon lècret à
Aquapendcnte , qui , après fa mort , mit le livre
qu'il en avoir compofc en la bibliothèque de S.
Marc , où il fut long temps caché •■, mais que Aqita-
pendente découvrit ce fecret à Harvey , qui étu-
dioit fous lui à Padoue , lequel le publia , étant de
retour en Angleterre, pays de liberté, & s'en at-
tribua la gloire. Les Jéfuites difent que leur P. Fa-
briaenfeigné la arf«/a//o« avant que Harvey, en
eut rien écrit. Voye^ Cœur , Sistole & Dias-
tole.
Circulation fe ditaufTi des efprits. Il parut en ifîSz
un Livre de la circulation des efprirs animaux , cir-
culation qui s'opère de la même manière que celle
du fang , parce que le cœur poulfant hors de fa
capacité 5000 drachmes de fang par heure , quoi-
qu'il n'y en ait qu'environ zooo dans rout le corps ,
c'eft une néceflité que ce fang pouifé hors du cœur y
revienne , pour qu'il y en ait à jerer. Donc il s'enfuit
de-Ià qu'il fe forme en une heure une grande quantité
d'efprits, qui ne font que les parties les plusiubtiles
de ce iang pouffé hors du cœur-, d"où l'on conchit
qu'il faut donc auffi que ces efprits circulent. 2".
C'eft que les nerfs portent la chaleur jufqu'aux ex-
trémités du corps , aufll bien que les artères, y^ ,
On le prouve par la difpolition 8c la nature desnerfs
6c des efprirs animaux. 40.Par l'œconomie &c les rc(-
forts dont la nature remue les corps. 5°. Par la con-
duite avec laquelle la nature prépare les alimens,
& fait ladiftribution du chyle. Voici donc laroure
que cet AureuT fait tenir aux efprits. Les parties
du fang artériel les plus fubtiles , & les plus agitées
ayant été portées du cœur au cerveau par les ar-
tères carotides , fe jettent avec violence dans les tif-
fus qui couvrent le fond des ventricules du cerveau,
d'où elles pouflent les vertus les plus déliées dans les
jîlamens des artères choroïdes , dans lefqu'elles elles
continuent la rapidité de leut mouvement , jufqu'à
ce que rencontrant les pores , qui termincnr ces fi-
lamens aurour de la glandule pinéale , elles for-
tent par ces pores comme un vent fubtil & impé-
tueux , ou comme les parties de l'eau les plus fub-
tiles d'un éolipile. De là elles entrent dans la glande
pinéale, &C y formenrune fource continuelle d'ef-
prits animaux , qui fortant de là après s'y être en-
- tiérement épurés , entrent dans, les cavités du cer-
veau comme utie vive flamms i enfuite pénétrant
Ci R
dans les pores de fa fubftance , ils s'cconlent de-là
dans les nerfs , d'où ils font reçus dans les vaif-
feaux lympathiques. Au fortir de ces vafes, ils font
porrés au cœur par deux voies. Ceux qui partent
des endroirs les plus élevés du corps, comme de
la tête, pénètrent jufqu'au cœur par les veines fou-
clavières , 5: quelques autres vaiflcaux voilms , ceux
qui viennent des parties inférieures crant déchar-
gés dans le réfervoir de Pecquct , s'y rendent pat
le canal thorachique , Se enfin par les veines àeC-
cendantes au cœur. De là ils recommencent encore,
& continuent leur route.
Circulation fe dit encore du fuc des plantes, dont
on a fait l'expérience fur quelques-unes qui ont beau-
coup de fuc , comme fur le tithymale. On y a fait
les mêmes obfervations que celles qu'on a faites fut
les veines de les artères par le moyen des ligatures.
La circulation de la fève des plantes a été propo-
fée à l'Académie des fciences en i66y pour la pre-
mière fois par M. Pcrraulr , Médecin , Se preique
en même temps par M. Mariotte , Se par Kl. Major,
Médecin de Hambourg , qui ont écrit fiirla même
matière.
Malgré tout cela l'Auteur des Réflexion? fur l'A-
griculture C Xnil , T. II, del3. Quintinie,/', 548,
fe déclare contre cette circulation, i», parce qu'il
ne peut s'imaginer quand commence cette circula-
tion , ni en quel endroit elle commence. 1° , parce
qu'il ne voit ni fa nécellité , ni fon utilité. 3° , parce
qUe fuppofc qu'il y en eut, il ne fait s'il faut dire
qu'il n'y en a qu'une générale dans chaque arbre , ou
qu'il y en a autant qu'il y a de branches , &c. Tout
cela ne vaut pas les raifons du fentiment contraire.
Foye^ Sève Se Végétation.
On dit figurément , la circulation de l'argent , le
hiouvement de l'argent qui paflè d'une main à l'au-
tre , Se qui le fait rouler dans le commerce.
CIRCULATOIRE, adj. Terme de Chimie , qui fe
dit des vahfeàux qui fervent à faire la diftillation pat
circularion. Vafa Jiillandis per circulationctn cor-
poribus accommodatai Le Pellican Se les jumeau-X
font des vaifleaux circulatoires.
CIRCULER, v. a. Terme de Chimie. C'eft faire itne
opération dans le vaiflèau qu'on appelle pellican ,
OU dans quelque autre qui fait le même effet , dans
lequel la même vapeut qui eft élevée par le feu ,
ne trouvant point d'ifllie retombe en bas pout re-
monter, & être diftillce plufieurs fois, & réduite
en fes parties les plus fubtiles. circulare. On circule
des matières liquides par un feu propre pour cela,
ranrôt pour volatililer les felsfixes,tantôc pour fixer
les efprits volatils.
Circuler eft aulll un verbe neutre, qili (îgni/îe, fe
mouvoir circulairement, |Cr décrire un cercle;
mais on le dit par exrenrion des corps qui décri-
vent des courbes non circulaires,des planètes qui dé-
crivent des cllipfes autour du Soleil. Dans ces ac-
ceptions , il eft peu ufitc.
0Cr On le dit particulièrement du mouvement du fatig
par lequel il eft porté plufieurs fois par Jour du
cœur dans toures les parries par le moyen des ar-
tères , &: qui revienr enfuite au cœur par le moyen
des veines. La ftupidité vient d'un fang épais , qui
ne circule que lentement , Se qui fe coagulant fa-
cilement , ne poufleque des efprirs animaux faibles
Se émouffes. Val. On dit auflî que le fuc des plan-
tes circule depuis le tronc Jufqu'aux feuilles.
^3" En général le mot circuler peut s'appliquer au
mouvement d'un corps qui fait dans un certain ef-
pace un chemin quelconque , en revenant de temps
en t?mps au point d'où il eft parti.
On dit fîgatément que l'argent circule;pouv dire,
que l'argent roule, qu'il a fon cours ordinaire dans
le commerce. Faire circuler l'argent.
On dit audî , faire circuler les billets; pour dire,
leur donner cours dans le commerce.
03" CIRCUMAMBIANT.adi. On en fair un rerme
de Phyfîque , qu'on applique à un corps qui en en-
toure un autre. Il n'cft certainement pas ufité. Il eft
ciii
imcme niai forme. Ambiant tout (t\A iîgnîfie envi-
ronnant-, le mot a>c«/« ell de trop.
CIRCUMCIRCA. adv. purement latin , qai â pafTc
dans le langage commun, pour lignifier , environ.,
à peu près. Il acheté cette terre huit ou dix mille
écus , circtimtirca.
CIRCUMINCESSION. Terme de Théologie , dont
les Scholaftiques fe fervent pour exprimer dans le
myftère de la Trinité l'exiftence des perfonnes di-
vines les unes dans les autres. §3" L'cxiftence in-
time & mutuelle des perlbnnes divines , l'une dans
l'autre , dans le myftère de la Trinité. Circumince[jio.
Les Théologiens Scholaftiques ne ibnt point les
premiers Auteurs de cette exprelTion j car S. Jean
de Damas, qui vivoit au huitième fiècle , & qui
a réduit en abrégé toute l'ancienne Théologie 'grec-
que, s'efiifervi du mot a-£^i;c»>jî(r(! , qui cfl: la même
chofe, expliquant ces paroles de Jesus-Christ ,
Je fuis dans mon père , & mon père ejl dans moi ,
il emploie le terme de Perichorèfe, qui n'eft pas
à la vérité dans l'Ecriture-Sainte \ mais les anciens
Doéleurs del'Eglife ont été obligés d'adopter plu-
fieurs expreifiOns , pour expliquer les myftères de
la Religion contre les hérétiques. Le mot àc dr-
cuminceffîon doit être mis au nombre de ces expr.'l-
fions qui fc trouvent dans les livres iacréspar équi-
valence , & il fert à nous faire mieux connoître com-
ment le Père & le Fils ne font qu'une même iiibf-
tance divine, comment les perfonnes divines font
inféparabies, de manière que l'une n'eft nulle part
hors de l'autre.
CIRCUS. f m. Oifeau de proie dont patient Bellon,
Jonflon Se Lémery. Il l'eft guère moins gros qu'un
milan. Il va toujours feul , &: habite ordinairement
les bords de la mer. Le de/fus de la tète & fa gori^c
ibnt rougeàtrcs , tirant fur le blanc. Son bec èll
hoir, fon cou cfl: court, fes jambes font menues
& jaunes. Il a la voix aiguë, il vole rapidement
& en rond , c'efl: ce qui lui a fait donner le nom de
Circus. Il fe nourrit de perdrix , de pigeons , d'al-
loueties i de lapreaux , de petits renards , &c. fur
lefquels on le voit fondre également. Sa gtailfe eft
cmoUicnte , rcfolutive & nervale , &fes excrémens
font fudorihques.
CIRE. f. m. Ouvrage que font les abeilles poUr y
mettre leur miel. C'ell: la matière jaunâtre qui rcile
de leur travail, quand on en à exprimé le miel. Çera.
Elle fe forme de la partie la plus cralfe des fleurs
gui leur fervent de nourriture.
Les abeilles la ramalTent fur les feuilles d'un grand
nombre d'arbres & de plantes , &fur la plupart des
fleurs qui ont des étamines. Sur cela & fur la manière
dont elles recueillent les deux fortes de cire qu'on
trouve dans les ruches, voye^ au mot Abeille ce
que nous en avons rapporté d'après M., Maraldi & les
Mémoires de l'Académie 171 2.
On fait des flambeaux de c/Ve, des images j des
figures de cire , des chandelles de cire. La cire cfl:
jaune , & on la blanchit en la laillant plufieurs jours
au foleil -, ou à la rofée , après l'avoir râpée en me-
. nues parties -, ou bien en la faifant chauffer avec
quantité d'efprit de vin , & en la partant par le fil-
tre ; car alors elle fe blanchit tout à coup. La cire
grénée fe blanchit plus facilement que l'autre. Mat-
thiole enfeigne une autre manière de blanchir la
cire , en la (âifant bouillir dans l'eau marine. On
appelle cire-vierf^e , celle qu'on tire des ruches fans
avoir paflc par le feu. Selon Matthiole, la cire-vierge
n'efl: pas proprement <r/re, mais comme un fonde-
ment pour défendre l'entrée des ruches , & les ga-
rantir du froid. Elle efl: de matière plus épailfe ,
étant compofée de fleurs , &: d'une odeur forte j
enlbrte qu'on l'emploie fouvenr pour le galbànum.
Sur la rivière des Amazone.; on voit des mouches
à miel dont la cire efl: noire , qui brille aulTî bien
que l'autre. La meilleure efi; celle qui efl: jaune ,
qui lent le fl:orax , qui efl: duclile en fa ficcité, &
qui le peut filer comme le madic. On l'appell^ en
latin propolis , c'eft-à-dire , qui eft à l'entrée de la
Ville. La cire devient verte, noire ou rouge, felôA
la couleur des chofesavec kfquelles on la mêle •
verte, par le mélange du verder, noire par l'e me-
ange du papier brûlé -, rouge par le mélange de
1 orcanette Sa fubftance efl cralfe & empiallique.
Elle xamollit & digère -, & eft la matière des autres
mcdicamens cchaurt-ans , ouratiaichillins, avec lef-
quels on la mêle.
Ce mot, au/11 bien que le latin, viertt du grec
>^j,cii :K.>,çi,, cerat cire, eft emprunte du Celte
Coir. Pezron.
, Onappelle en Chancellerie la cite, ce qui fert
a fceller. Les Edits fe fcellent eh cire verte Se
toutes M autres Lettres qui doivent durer tou-
jours, qui commencent par ces mots, à tous prc-
fens & à venir -, comme les offices héréditaires x
tousles acies&commiiriohs de jufticeicn cire jaune ^,
les provifiôns pour le Dauphiné en are rouge
UCr Lemotde^zrefeptendfigurément pourlcfceau
de la Chancellerie. Ainfi l'on dir , la rémiffiôn eft:
accordée , il ne faut plus que de la cire.
On dit aurn dans les procès criminels , qu'il faut
de l^ctre; pour dire , qu'il faut condamner le cri-
minel a faire amende honorable avec une torche au
poing.
CïRE fe dit aufll du luminaire d'une Eglife. La Sacrif-
tie de cette Eglife dépenfc tant en cire. La cire de
cet enterrement a coûté telle fomme. Les cires ap-
partiennent au Curé.
Ip" On le dit même de la bougie qu'on brûle dans
les mailbns. On rie brûle que de la cire dans telle
maifon.
On appelle aufTi le droit de cire , certain droit
de bougies dont on fait la diftribution en plufieurs
Communautés,ou à des Officiers, jus cerx. f^CTCer-
tains Officiers de la maifon du Roi , de la Chancel-
lerie , &c, ont un droit de cire , on leur doit tant de
bougies, tant délivres de bougie.
Cire, en terme de Fondeur, fe'dir de la figuré, ou
ouvrage de cire , qui couvre le noyau , &: qui eft
couvert de la chape dans les rnoules , pour jeter
les ftatues, ou autres ouvrages en métal.
gcr On dit figurément d'un homme doux & traita-
ble , dont on fait ce qu'on veut ^ qui reçoit toutes
le5 imprelîions qu'on lui donne, que c'eft une cire
molle. C'eft l'exprelîion d'Horace. Cereus invitium.
fiecli.
0- M. Arnaud, en parlant dé l'Ecriture , dit que c'efl
un nez de cire , qu'on tourne comme on veut. Lé
nez de are, appliqué à l'éctiture, me paroît comi-
que & burlefque.
Moi i j'ai te cœur toulfàit tomrne de cire -,
Doux & traitable , & s' il faut vous le dire t
Je fuis Volage, inconfiant & léger. Voit.
Cire fe dit proverbialement en Ces phrafes. II êft
jaune comme cire ; pour dire , il a la jaunille. On.
dit aulfi d'un homme qui maigrit , qu'il fond comme
la cire au foleil , ou le beurre dans la Pocle. On die
d'un homme foible & irréfolu, qu'il eft mou comme
de la cire. On dit encore , aux pèlerinages des en-
virons on dépenfe beaucoup de vin , & peu de cire ■■,
pour dire, qu'on 7 va plus pour fe divettir que par
dévorion : ce qui eft tiré de l'Efpagnol , Romeria.
di cerca mucho vino y poca cera. On dit aulfi cela
lui vient comme de cire ; pour dire , fort à propos.
On dit aulfi de deux perfonnes qui ont les mêmes
liumeuis qu'ils font égaux comme de cire,
Monjïeur l'Abbé & Monfleurfon Valet ,
Sont faits tous deux égaux comme de cire. Marot,
Cire fe prend au iTî figurément ScbafTement, pour la.
chafîîc qui vient aux yeux des vieilles gens. Ses
yeux pleureur delà cire. Ses yeux font inveftisde
cire. Main.
Cire des oitWXf^.Cerjimen. Humeur épaifre,onélueufe,
vifqueufe , jaune Se amère , qui fe fépare dii fana;
■ho6 C î R-
dans le conduit de l'oreille par le moyen' de petits
^rains glanduleux appelés glandes ccrurfiineujes.
DCr Cire d' Efpugnc , cire à cacheter , ceraji^mitoria.
Comporuioa faite de laque , de colophane , de cm--
nabre & autres matières , à laquelle on donne dif-
férentes couleurs , & dont on ic lert pour cacheter
lc*s lettres
CIRÉNAIQUE ,CIRENE , CIRÉNÉEN. Voyci Cy-
RÉNAIQUE, CyRENE , CyrÉNÉEN.
|C? CIRENZA. Voyei Cerenza.
CIRER. V. a. Enduire de cire. Cerare , incerare , cera.
circurnlinere.*Les Cordonniers cirenc les bottes,
les fouliers , pour empêcher qu'ils ne prennent l'eau.
On cire la toile, des gans, des planches.
Cirer le dit auHi des étoffes qu'on a taillées , aux-
quelles on applique de la cire avec une bougie ,
pour empêcher qu'elles ne s'effilent en attendant
qu'on les coule. On dit mieux bougier.
CIRÉ, ÉE. part. Cerd Uiitus, ccratus. Toile cirée.
Gans cirés.
CIRIER. f. m. Marchand Epicier qui s'attache parti-
culièrement au commerce de la cire , à taire des
cierges & des bougies. Operum è cerâ jiclor ,
artifex. Il y a des Offices de Ciriers de la Chan-
cellerie. Charles IX les fupprima par Ion Edit^ du
mois de Février 1 561, mais apparemment il n'eut
pas d'effet -, car Louis XIII les lupprime^ encore
par un Arrêt du Confeil d'Etat du douzième Dé-
cembre i6x,i. Cependant ils fubliftèrent encore -, 5c
à leur requête auffi bien qu'à celles de tous ces petits
Officiers de la Chancellerie , Louis le grand , de
glorieufe mémoire , fit une déclaration portant con-
firmation des privilèges de rous ces petits Officiers ,
parmi lefquels les Ctriers font nommés. Il en efl: en-
core fait mentijon dans des Adtes de KîS^ & de
^ CIRIER , f. m. ou arbre de cire. C'efl le nom
qu'on a donné a deux atbrifîéaux aquatiques de la
Caroline & de la Louiliane , parce qu'on retire de
leurs baies une efpèce de cire. Ces arbrilléaux ont le
port de nos Mytthes, & leurs feuilles en ont à
peu près l'odeur. Les fruits font des baies dont le
noyau efl: couvert d'une efpèce de léfine qui a quel-
que rapport avec la cire. On tait bouillir ces baies
dans l'eau, & l'on en fépare cette cire dont on
fait des bougies,
CIRIMANAGÈ ou CIRMANAGE, f. m. terme de
Coutumes. Ce fl: un cens qui eft du aux Seigneurs
en quelques endroits par chaque habitation. M. de
Lautiere fur Ragueau prétend qu'il faut écrire Siri-
menage , commè^ a fait M. de Marca dans Ton Hijioire
de Bécirn. .. ,,
CIROENE, quelques-uns écrivent CIROINE, f. rn.
terme de Chirurgie. C'eft une compoiition plus
folide & plus dure que les onguens , & plus molle
que les emplâtres, quoiqu'on les prenne fouvent l'un
pour l'autre. Les linimens OC les onguens ne diffè-
rent point des ciroenes , quand ils reçoivent la cire
en leur compofition. Les ciroenes font les vicaires
de la ftidion , quand on veut provoquer la fali-
vation. Ils font compofés de drogues réfolutives ,
comme fafran, myrrhe & aloès , incorporés avec
de la cire , & des gommes telles que galbanum ,
fagapenum , ammoniac , le tout détrempé avec du
vin , & c'efl: pour cela que Nicod croit que ciroene ,
ou ciroine, ainlî que quelques-uns écrivent, vient
du mot Grec y-ipoç, qui fignifie cire. Se de oIkjs , qui
fienifîe vin. On pourroit auffi le faire venir de
xr,p«nvftt , qui lignifie je mêle , & de o7vo5 , à caufe
que les drogues , qui entrent dans cette forte d'em-
plâtre , fe détrempcnr avec du vin.
CIROGRAPHE. f m. Cirographum. Ce mot Cirogra-
phiim étoit deftiné autrefois aux tranfadlions. On
l'écrivoiten grofîes lettres au milieu d'une feuille
de vélin , & i'on faifoit de part 5c d'autre u.ie co-
pie de la tranfadion, enfuite de quoi on coupoic
le Cirographum par le milieu , 6c chacune des deux
parties gardoit par devers foi une moitié de cette
feuille ainlî coupée , afin de vérifier la tranfaâ:ion ,
C I R
quand il en feroit befoin , en repréfentan't & re-
joignant ce Cirographe coupé en deux. Au lieu de
ce "mot on en mettoit quelquefois un autre , ou
même une phralè toute entière -, & il y en a des
exemples a. Marmoutier. Les Anglois coupoient ot-
dinaircment leurs Cirograpkes en fcie ; au lieu qu'en
France, 6c en Bretagne, on les coapoit en ligne
dtoite. LoBiNEAU, Hiji. de Brct. T. il, p.y^j.
Ce mot vient de ><.y,fci , cire , 6c yf«i^ii , j'écris , SiC
il lignifie écriture en cire, parce qu'ancienn.mcnc
on éctivoit fur des tablettes enduites de cire.
Ip- CIRON. f. m. Très-petit inieéle, ordinairement
imperceptible , qui s'engendre ou s'inlinue entre
cuir S;C chair , entre la peau 6c l'épiderme de
l'homme , caufe des démangeaifons , &C tait venir
des ampoules. Il y en a de différentes cfpèccs qui
s'attachent à diffétens animaux. Muiutijjimus ver-
micidus hominuni cuti innajcens prur Un nique inge-
nerans y acarus. Swammerdam dit que \t ciron.
fort tout parfait de fon œuf, ii. qu'il croit enfuite
peu-à-peu. Le microlcope nous a tait découvrir
plufieurs parties dans le ciron. M. Galîendi en ob-
fervantun ciron-) l'a vu émutir. Il eft blanchâtre,
aux pics près , qui paroillent noirâtres. Il en a fix,
donr quatre , c'eft-à-dire , deux de chaque côté font
tout proche de la rête , 6c lui fervent à faire comme
les taupes dans la terre , de grands lillons fous la
peau , ce qui caufe une démangeaifon très-incom-
mode. Rohault, Phyf.P.ll^c. zi , prétend que le
dos du ciron eft couvert d'écaillcs. Les Auteurs du
Journal deLeiplik n'ofent l'afiTirer, 6c difent qu'il
faut que Rohault eiit un meilleur microlcope
qu'eux. Ils difent qu'il naît ordinairement, non-
feulement aux mains', mais encore aux pieds. Panr.i
les figures qu'ils en ont fait graver, il y en a une
qui "a huit pies au lieu de fix. Il y a dans les
Journaux de Leipfik, 1^8 z, p. 3 17, une obfervarion
fur les cirons. Mouflet en parle fort au long ,
Theatr. Infeci. L. II , c 14.
Quelques-uns font venir le mot de ciron au mat
grec z^'P ■> qni fignifie main , à caufe que ce petit
animal s'attacheplus aux mains qu'aux autres par-
ties du corps.
On dit d'une chofe extrêmement petite , qu'e//r
n'eji pas plus groff'e qu'un ciron.
CiROM fignifie auili la petite artipoule qui vient
à l'occafion du ciron , à force de gratter la peau.
Tumor exiguus. On perce les cirons avec une
épin2;le.
CIRQUE, f. m. Grand bâtiment de figure ronde , ou
ovale, qu'on faifoit chez les anciens poiir donner
des fpedlacles au peuple. Circiis. C'étoit à Rome
une grande place, longue 6c cintrée par un bout,
entourée de portiques, bc de plufieurs rangs de
lièges par degrés. Il y avoir au milieu une efpèce
de'banquette"^ avec des obélifques , des ftatues , 6C
des bornes à chaque bout. On célébroit dans le
cirque diffcrens jeux. Il y avoir julqu'à dix Cirques
à Rome , fans compter quelques-uns qui ctoient
moins confidérables. Le plus grand fut tait par le
vieux Tarquin. Ils'étendoit entre le montAventin
& le Palatin. Pline dit qu'il fut tellement acrû par
Jules Céfat , qu'il avoit trois ftadcs de long 6c une
de larsie. Les plus magnifiques étoient le grand Cir-
que d'Augufte , ?>i celui de Néron à Rome. Voye^
la Roma vêtus du P. Alex. Donat Jéfuite , édit.
d'Amfterd. 1695. Il y a encore des vertiges des
Cirques, tant à Rome qu'à Nîmes , ic autres lieux.
Les Romains étoient fort palîlonnés pour les jeux
du Cirque , témoin ce vêts de Juvénal :
Atqiie diias tantùni res anxiiis optât ,
Panem & Circenfest,
Quelques - uns veulent que ce nom vienne de
Circé, à qui Tertull)en en attribue l'invention. Caf-
fiodore dit que circus vient à circuitu. Les Ro-
mains au commencement n'eurent point d'auae
Cirque pour leurs courfes , que le bord du Tibre
C IR
d\in côté , & une paliflade d'épées droites de Vm-
tre , ce qui rendoit cescourfes dangereufes, comme
remarque Scrvius : d'où vient qu'Iiidore dit , que
c'ctoit à caule de cette paliffide d'cpces que ces
jeux avoicnt été nommés Circenfes , qjiajî circum
'enfes. Voyez Circense Scaliger fe moque de cette
interprétation.
Ce mot vient du Latin Circus,
Les Jeux du Cirque , Circenfes Ludi , que quel-
ques Auteurs appellent Jeux Circenfes étoient des
combats que les Romains cclébroient dans le Cir-
que , d'où ils avoient pris leur nom , & non pas de
Circé, comme l'a cru le Tradudeur d'une oraifon
de Ciccron contre Verres , qui ttaduit Circenfes
Ludi , Jeux de Circé. Ils fe faifoient à l'honneur de
Conius,Dieu des Confeils. On les appeloit audl
Jeux Romains , en Latin , Ludi Romani , parce
qu'ils étoient aufli anciens que Rome, ou qu'ils
avoicnt été inftitués , ou plutôt rétablis par Ro-
mulus-, & Grands Jeux , en Latin, Ludi Magni ,
parce qu'ils lé célébroient avec plus de dépenlé &
de magnificence qu'aucuns autres , & parce qu'ils
fe f'aiibient à l'honneur du Grand Dieu Neptune,
qui étoit leur Dieu Confus. Ceux qui difent
qu'ils furent inftitués à l'honneur du foleil , con-
fondent la pompe du Cirque avec les jeux ou ces
coutfes du Cirqi/e.Lss jeux du Cirque furent inftitués
par Evandre à l'honneur de Neptune , & rétablis par
Romulus-, parce que ce fut par le confeil de ce
Dieu qu'il fît faire l'enlèvement des Sabines. La
pompe du Cirque n'étoit qu'une partie & le pré-
lude des jeux du Cirque , S< par où on les com-
mençoit. C'étoit une iimple Cavalcade à l'honneur
du loleil , au lieu que dans les jeux du Cirque, c'é-
toicnt lies courfes de chevaux. Jufqu'.î Tarquin le
vieux , on les fit dans l'île du Tibre , & ils ne s'ap-
peloient que les Jeux Romains ; depuis que ce
Prince eut bâti ie Cirque, ils en prirent le nom ,
parce qu'ils s'y firent toujours. Il y avoir fept fortes
d'ex-rcices. Le premier étoit la lutte , des combats
avec l'cpcc , des bâtons , des piques : le fécond
étoit la couriè : le troifième la danfe : le quatrième
le palet , ou le difque , les flèches , les dards ,
&c toute autre forte d'armes femblables. Tous
ceux-ci fe faifoient à pié ; le cinquième étoit la
courfe à cheval : le fîxième la courfe des chars , foit
à deux , foit à quatre chevaux •, drxus cet exercice
on divifoit les combattans d'abord en deux qua-
drilles, Se puis en quatre, Si. elles portoient les
noms des couleurs dont elles étoient vêtues. Il n'y
avoit d'abord que la blanche & la rouge ; on y
ajouta enfuite la verte & la bleue. Ce fut un cer-
tain Oencmalis qui inventa la diftinclion des cou-
leurs pour les divers quadrilles des combattans
aux Jeux du Cirque ; le vert pour ceux qui rcpré-
fentoient la terre-, & le bleu pour ceux qui repré-
fentoient la mer. Domitien ajouta encore deux
nouvelles couleurs à ces quatre , le jaune & le vio-
let;mais elles n'ont pas duré. Dion,Z/v. LXFU, dit
le jaune & le blanc •, mais le blanc étoit plus ancien ,
& étoit encore une des couleurs du Cirque au cin-
quième f-ècle , comme on le peut voir dans Caffio-
dore. Liv. 111 ,ép. j i .
guel fupplice affreux fe prépare ?
e regards le Cirque entouré ,
Repaie d'un fpeciacle barbare
Un peuple de fang altéré.
Not»v. CHOIX DE Vers.
Voyez Varron dans AuIugeUe , Liv. III, c. lo.
Denis d'Halicarnafie , Liv. f'ÏI. Solin , c. 4«:. & les
notes de Sar.ir.aife fur cet endroit. Cafaubon avoit
fait un Livre fur les Jeux du Cirque , qu'il cite af-
fez fouvent dans fes notes fur Suétone , & fur
Athénée , mais il n'a point v"' le jour. Godwin
Antol. Rom.L. F, c. 4. 5. & Dempfter dans fcs
Paralipomena , parlent aufll des jeux du Cirque.
Les Chrétiens, 5^ entre antres La6t. Liv. VI, c.
io. de fes înfdtutions , 5c Tertullien des Spccî.i-
C 1 11 ^07
cîes,c. t^ , montrent la vanité, la folle des Jeux:
du Cirque. Voyez Onuphrius de Circo , & Y'vj^z-
nerc, fur Tite Live, De la Pife dans fon jfifi,
d'Orange ,p, ij & fuiv.
CIRSAKAS , f. m. Etoffes des Indes prefque toutes
de coton, avec un mélange de très-peu de foie.
CIRSION. f. m. Planre qui a beaucoup de rapporc
au chardon. Elb pouffe une tige à la hauteur de
trois ou quatre pies , greffe comme le pouce ,
cannelée , couverre de coton. Ses feuilles font gran-
des, larges, pointues, dentelées en leurs bords,
d'un verd-blanchâtre , charnues , armées de petites
épines foiblcs & peu piquantes. Ses fommets font
chargés de têtes écailleufes fans épines , qui foû-
tiennent chacun un bouquet de fleurons purpurins ,
découpés en lanières. Il leur lliccède des icmences
obl'ongues , garnies d'aigrettes. Sa racine eft difpo-
fée en petits navets , comme en l'alphtodèle. Cette
plante croît aux lieux humides & montagneux,
dans les prés & fur les rivages. Elle eft propre
pour appaifer les douleurs des varices ; ce qui lui
a fait donner le nom de cirjium , de xi>t«; qui li-
gnifie varice. Charles &; Jean-Baptifte Baahin ,
Charles Clufius , Nicolas Lémeri , & Joléph Pittoa
de Tournefort parlent de cette plante- Le dernier
diftingue le cirfion du chardon & du jacéa, en
ce que les têtes du chardon font épineufes, & celles
du cirjion ne le font point, & que celui-ci a les
feuilles piquantes , & que le jacéa n'a ni les feuilles
ni la tête épineuiés.
CIRSOCÈLE , f. m. terme de Chiturgie. C'eft une
dilaration des veines fpermatiques , caufée par un
fang grodier & épais. Tumor Scroti. On l'appelle
auili Hernie variqueufe. Cirfoccle vient du Grec
Xdi"^'; , varice , & de y^A- , hernie. Cette maladie
conlifte dans un grand nombre de varices qui aug-
mentent confidérablement la groffeur des tefticu-
les. On n'y remédie quelquefois que par la czC'
ttation.
CIRTE. Ville de l'ancienne Afrique, Cirta. Elle
eft célèbre dans l'Hiftoire.
Ce nom eft punique, n-^p Kereth , &c lignifie villes,
comme en hébreu.
CIRURE. f. f. Compofition de cire & de fuif»
qu'on fait pour enduire des fouliers & des bortes,
&: pour empêcher qu'ils ne tirent l'eau. Ceratura ,
cer^e obduclio. Ce Cordonnier a une cirure lui-
fante. Pour faire une bonne cirure , il y faut
mettte un peu de falpêtre. On dit auifi cirage.,
Mais a>«r^ paroît lignifier la matière de l'enduit,
& cirage l'aétion de l'appliquer.
C I S.
CIS ou CIST. Pronom démonftratif qui eft au-»'
jourd'hui hors d'ufage. Il veutàïic ce ,Ces,ceux y
catui-ci , cettui'là. Hic , ille , is.
CISA ou ZIZA , f. f. Cija , Zi^a. Déeffe des an-
ciens Germains. C'eft tout ce que l'on eu fait,
^ Fove^Voff. de Idol. L. IX, c. 40.
CISAILLER. V. a. Coupeiavec les cifailles. Orant
ntimmi forfice incidere. Quand on porte à la mon-
noie une pièce légète ou altérée , on la cifaille à
l'inftant pour l'ôter du commerce.
Cisaillé, Cisaillée, part.
Cisailles, f. f. pi. fe dit auffi des gros cifeaux qui
fervent aux Ouvriers en métal pour couper des
plaques déliées de fer blanc , de lairon , d'argent,
&c. Forceps. Quelques Ouvriers les appellenc
cifoires.
iy:F CisAiLiEs fe dit aulfi de ce qui rcfte d'une
lame de métal, quand on a enlevé les flans pouf
faire la monnoie : ce font les rognures qui reftcnt
de la monnoie qu'on a fabriquée. Num maria con-
flaturœ prœfcmira. On refond ces cifailles en lam.e
pour continuer le travail, & employer toute la ma-
tière.
Dans cette acceptation on dit aulTi cifaiUt au fin"
gulier. Voilà bien de la cifaille.
(Jo8
CI S
CISALPIN , îNE. adj. Qui eft en deçà des Alpes.
Cij'alpinus. Les Romains diviroient la Gaule en
Cifalpine & Tranialpinc.
La Gaule Tranfalpine ou au-delà des Alpes par
rapport à Rome ctoit la Gaule propicmcnt dite
l'ancienne Gaule, & la Gaule Cifalpine , ou en-de-
çà des Alpes , comptcnoit ce que nous nommons
le Piémont, la Ligurie , le Milanez ou laLombar-
die. Les RomainsYoudivilbient la Gaule Cifalpine
en Cilpadane &: Tianlpadane , d'en-deçà & d'au-
delà du Pô.
Ce qui croit Cifilpin à l'égard de Rome, eft
Tranlalpin à notre égard. Il faut obierver que le
mot à' Alpes s'eft dit de toutes Ibrtcs de hautes
montagnes. Aufone a dit , les Alpes des Pyrénées ,
les Alpes de l'Apennin.
CISEAU, f. m. On difoit autrefois cifel. Ihftru-
ment de fer tranchant par le bout , dont on fe
fert à taillei , & couper le bois , la pierre , & même
quelques métaux. Scalprum , Scalptorium , cœlum.
Un cifeau de Maçon , de Menuifiet , de Sculpteur ,
d'Ortévre , de Serrurier , &c. Tous les cifeaux ne
font preique ditfcrens que par leur force , ou leur
grandeur ; on leur donne des noms differens fé-
lon les chofes auxquelles on les emploie , comme
cifeaux de lumière , tels que le Ibnt ceux des rabots.
Cifeaux à deux hifeaux , à nei rond , bec d'âne ,
fermoir. Cifeaux en marteline , qui ont pluficurs
points. Des cifeaux pour le bois , pour la pierre ,
pour couper le fer à froid & à chaud , pour faire
des limes. Il y en a pour les Charpentiers qu'ils
nomment cifeaux à planches , &: d'autres pout
ébaucher les mortoifes , qui s'appellent étauchoirs ,
ceux-là ont un manche de bois avec des viroles
par les deux bouts. On dilbit autrefois <://>/,& en
la balfe Latinité fcifelum , d'où le mot eit dérivé.
Cifeau à froid, c'efl pour couper le fer à froid.
Cist AU. Scapellum. petit inftrumcnt dont on fe
fert pour fendre le tuf qui couvre les dents , &c
pour l'enlever. Col de Villars.
Ciseau. On appelle , ouvrage du cifeau , les ouvra-
ges de Sculpture, Acad. Fr. |CF' Et l'on dit d'un
bon Sculpteur qu'il a le cifeau délicat , fçavant ,
admirable.
Ciseaux , au plurier , lignifie un inftrument coftipofé
de deux parties tranchantes , attachées cnfemblc
avec un clou rivé , ëc qui ont leurs taillahs en de-
dans pour couper en les joignant l'une contie l'autre.
Forficulx. §3" Les cifeaux forment un double le-
vier de la première elpcce.La puilfance cftreprcien-
tée par les doigts qui mènent les deux branches ; le
poids , par la choie que l'on peut couper : &: le
point d'appui , par le clou qui tient ces deux le-
vieis en railbn : au(ll les cifeaux deftinés à faire de
grands efforts , tels que font ceux des chaudron-
niers , des ferblantiers , ont - ils les branches
fort longues , &: les parties tranchantes afléz cour-
tes : par ce moyen la puilfance l'emporte facile-
ment llir une réfiftancc confîdérable. |^
On doit dire la même chofe des Tenailles , des
Pincettes , ùc. qui font autant de leviers de la pre-
mière efpèce qui tournent autour d'un point fixe
commun.
Les Tailleurs , Lingeres &: autres , s'en fervent
pour couper toutes ibrtes d'étoffes. On eflime
fort les cifeaux de Moulins. Un érui à cifeaux.
Couper fes ongles , fes cheveux avec des cifeaux.
Les Jardiniers fe fervent auHî de grands cifeaux
pour tailler le buis , les paliflades. Les Chaudron-
niers ont des cifeaux à long manche pour couper
des lames de cuivre , de fer-blanc , ùc.
Ciseaux de balle. Ce font des cifeaux de médio-
cre qualité , ainfi appelés , parce que ce font
ceux-là que les Porte - balles ont coutume de
vendre.
En termes de Tailleur , on appelle un habit aux
cifeaux, ou comme ils le piononcent, au cijeau,
celui qui eft tout uni , fans être enrichi de ga )
GÎS
Ions, broderies, boutonnières, franges & autres
agrémens d'or & d'argent.
On dit quelquefois cifeau au fmgulier. On
n'a point encore mis le cifeau dans cette étoffe.
Le Chirurgien lui a donné trois coups de cifeau.
Ciseaux de la Parque , cifeaux d'Atropos , ou ci-
feaux de la Parque , fe dit dans le ftyle figuré
&: poétique. La parque file la trame de notte vie ,
&: de fes cifeaux impitoyables elle en tranche le
fil. Il ne dépend pas de nous d'arrêter les cijeaux
d'Atropos.. f^oye^ Parque.
0Cr CISELER, v. a. Travailler avec le cifelet ; former
avec un inftrument différentes figures , différens
ornemens fur les métaux. Cœlare aurum, argen-
tum , Cœlare in aura , argento aliquid. Cifeler de
la vaifjelte d'argent.
Ménage dérive ce mot de cifel , qu'on a dit
autrefois au lieu de cifeau , lequel a été fait de
ccido. Il cite auffi Saumaifé , qui le détive du
ha.ùnjîcillare , qui lignifie couper. D'autres déri-
vent ce mot de cifium , dont il eft fait mention
dans Vitruve.
CISELÉ , ÉE , part. Taillé avec le cifeau. Cizlatus»
Argent cifejé. Vaillélle cifclée.
On appelle aulTi vf/o//r5 c/p/e , du velours figuré
qui imite le travail du cifeau. Velours à fleurs ,
a ramages.
CISELET , f. m, terme d'Orfèvre , de Cifeleur , de
Graveur , de Metteur-en-œuvre , Se autres. C'efl
un petit cifeau de fer , délié , & environ grand
comme le doigt , dont ils fe fervent pour cife-
ler. Scapellum,
0Çr CISELEUR, f. m. Ouvrier dont le métier eft
*de cifeler, & de former fur l'or, l'argent & les
autres métaux , les ornemens, les figures qu'on
veut en bas relief. Cc^laior. C'cft un excellent
Cifeleur.
Ciseleur eft aulîî un des titres que prennent ceux
qui cifelent le velours, Incifor.
CISELURE, f. f. Sculptuie , gravure , travail qui
fe fait avec le cifeau , l'arr d'embellir les ouvrages
de différens métaux , par quelque deifin ou
fculpture en bas relief Ccelatura. La façon d'un
baffm d'argent augmente beaucoup, quand il y a
de la cifelure. Cifelure , dans la Serrurerie , le dit de
tout ouvrage de tôle amboutie au cifeau. Dans
l'Architeélure on appelle plus particulièrement
ainli un petit bord qu'on fait à la pierre avec le
cifeau , ce bord fert à diltinguer les compartimens
de Ruftique.
CISIQUE. Koy^î CYSIQUE.
CIS J UR ANE. adj. £ Terme dont fe fervent les Géo-
graphes pour exprimer cette partie de la Bourgogne
qui eft en-deçà du Mont-Jou , ou Mont-Jura :
comme ils lé fervent de celui de Transjurane ,
pour exprimer l'autre partie de cette même Province
qui eft au-delà du Mont-Jou. La Bourgogne C/jy«-
rane s'appeloit autrement le Royaume d'Arles.
Elle comprenoit le pays d'entre la Saône , les Alpes
& la mer.
|Cr CISMAR. Petite Ville d'Allemagne dans la BafTe-
Saxe , au Duché d'Holftein , avec une Seigneurie
de même nom.
§CF" CISMONE. Rivière d'Italie , qui a fa fource dans
le Trentin , & le joint à la Brentc auprès de la Ville
de Cifmone , dans la Marche Trévifane".
CISMONTAIN , AINE , adj. Qui eft en-déçà des
Monts. Cifmontanus , a , ////2. Par rapport à nous,
les Cifmontains font ceux qui font en-deçà des Alpes,
èc par rapport à l'Italie, Cifmcutain fe dit de ce
qui eft en Italie. Ainii les Ultramontains par rap-
port à nous, font Cifmontains par rapport à Rome
& au refte de l'Italie. Et les Cifmontains par rap-
port à nous, font Ultramontains pour l'Italie;
On donna ce nom en particulier à une partie de
l'Ordre de S.François fous Eugène IV.Ce pape,pour
finir les divifions qu'il y avoir dans cet Ordre entre
ceux delà réforme &: ceux qui n'en vouloient point,
divila lesObfervans en deux fimillesiFune en deçà les
cîâ
monts. Se l'autre de delà les monts. S. Jean de Ca-
piftran fut fait Vicaire général fut les Cifmontains ,
& Jean Maubert fur les Ultramontains. P. HÉ-
lYOT , T. KII , C. 9. Toutes les perfécutions que
les Conventuels avoient fufcitées aux Obfervans ,
n'empêchèrenr pas qu'ils ne fîHent un progrès co^fl-
dérable : car la famille Cijmontdine étoit déjà diri-
fée l'an \')06 en vingt-cinq Provinces ,' fans comp-
ter la Cuftodie de Tetrc-Sainte , qui comprcnoit
plus de fept cens Couvens , & la famille Ultramon-
taine avoir vingt Provinces , & trois Cuftodies ,
qui étoient compofées de plus de fix cens Cou-
vens. Idem.
Ce mot eft tiré du Latin , & compofé de la
pérpofition cis , en-deçà , & mons , montagne.
CISNE. f. m. Vieux mot , qui veut dire , cye^ne ,
cycnus.
CISNEAtJX. f. rn. plur. Vieux mot. Jeunes cygnes.
CISON ou CISSON. Torrent de la Terre-Samte.
Cifon , Cijfon, Le Torrent de Ciffbn fortoit du mont
Thabor , & coulant par deux lits différens , l'un à
l'Orient, & l'autre à l'Occident, il alloit fe jeter
d'un côté dans la mer de Galilée , ou de Tibériade ,
& de l'aurre dans la Méditerranée. Il féparoit les
tribus de Zabulon & d'Iilàchar. Le bras qui cou-
loir à l'Orient s'appeloit le Cifon droit , & l'autre
qui tournoit vers l'Occident , le Cifon gauche.
Aujourd'hui on l'appelle Madefver.
0CrCISOIRSf. m. ouCISOIRÉS f. f. Gros cifeaux
dont fe fervenr les Orfèvres &: autres ouvriers pour
couper les métaux. C'eftlamême chofeque cifailles.
forceps , forcipes.
CISSITE. f f. Pierre blanche qui repréfente les feuil-
les du lierre. Ci(jites.
CISSOIDAL. adj. Ce qui appartient ou dérive de la
ligne ciflbïde. On appelle efpace ciffoidal ce qui
eft renfermé dans la courbure d'une ligne cilîbïde.
On demande fi cet efpace eft infini ou fini.
CISSOIDE. f. f. Tenne de Géométrie. Ligne courbe,
Linea curva , ciffoïs. Là ciffoïdi eft une invention
de E)ioclès. Harris.
En voici la générarior.-. De l'exttémité du diamè-
tre d'un demi-cercle donné , on tire à tous les
points de ce demi-Cetcle des cordes depuis la plus
grande, jufqu'à la plus petite qui foit poiîlble. De
l'autre extrémité de ce même diamètre , on rire une
tangente indéfinie, & on prolonge toutes les cor-
des au dehors du cercle jufqu'à cette tangente. La
corde la moins éloignée du diamétte du demi-
cercle, eft celle dont la partie comprife entre la cir-
conférence exrérieure du cercle &c la rangcnte , eft
la plus petite , & cette partie augmenté toujours
dans les aurres cordes , à mefure qu'elles s'éloignénr
de la première. On prend fur toutes les cordes , à
commencer à leur origine commune , une quantité
égale à cette partie prolongée , & comprife au
dehors du cercle entre le cercle &larangenre , &
par tous les points que cette quantité détermine fur
toures les cordes, on fair paflèr une corde qu'on ap-
pelle ciffoïde. La tangente du demi-cercle tirée fur
l'extrémité du diamètre , Q.ppofée à celle d'où part la
ciffoïde , eft une afymptote de la ciffo'ide , c'eft-.i-
dire , que ces deux lignes prolongées à l'infini ne fe
peuvenr jamais rencontrer , quoiqu'elles s'appro
chenr roujours de plus en plus, Se c'eft apparemment
de là que la ciffoïde a pris fon nom ; car ens'appfo-
chant de fon afymptote , elle fe cdurbe de façon
qu'elle femble repréfenrer une feuille de lierre.
Kiirriç en Grec, veut dite lierre. L'efpace compris
entre le dinm^rre du demi-cercle générateur , la
ciffoïde & l'afymptote , quoiqu'infini , puifquc la
ciffoïde & l'afymptote nefcrenconrrani: p.as, il ne fe
ferme point, n'eft cependant que triple de l'efpace
que contient le demi-cercle trèncrateur.
CISSOTOMIES , f. f. plur. 'Terme de Mythologie.
Pète que les Phliatiens cèlèhroicnt tous les ans en
l'honneur d'Hébé , Dèefle de la Jeunefle. (Paufan.
2. 13.) K(5-(rÔT0(itof. Ce nom fiçnific Coupe de lierre.
On en faifoit des couronnes, parce que cette plante,
Tome IL
.qui eft toujours vcrtc,convcnoit fort à laDcf fie Hébc>
Elles étoient ainii nommées des feuilles de lierre don [
les jeunes gens y étoient couronnes. On ne fait tien
de plus de cette fête.
gCT CISTEi f. f. terme d'Antiquaire. Cifia. Sorte de
corbeille ou panier. Ces paniers facres qu'on voit
repréfcnrés fur des médailles grecques re/femblent à
des Cylindtes d'ofier. Voyez Cistophore.
CISTE , {'. m. Cijius. f. f. Genre de plante dont les
fleurs font à pluficurs pétales difpofés en roie ,
foutenus par un calice à plufieurs feuilles , du milieu
duquel s'élève un piftil , qui devient un fruit at-
rondi ou poinru , qui s'ouvre de la pointe de fa bafe
en cinq ou plufieurs loges > pleines d'une fcmence
menue. Les Anciens diftinguoient ces efpcces en
celles qui donnoient un fuc gommeux & odorant ,
appelé Ladanum , & que nous pouvons nommer
Ladanifères , Ladamferœ , & en celles qui ajîpro-
choient de ces premières , maïs dont les feuilles &
les tiges n'étoient point graiifées de ce fuc. Ces der-
nières confervoient le nom de Ledon , & étoient
divifées en mâles & en femelles. On appeloit Cijle
mâle , Cillus mas , celui qui avoit fa fleur d'un rouge
plus ou moins clair ; & Ci jie femelle > Cijius femma *
pelle dont les fleuts étoient à pétales blancs ou
jaunes. Les Cifîes ctoiHént ordinairemenr dans les
pays chauds. Le Languedoc & la Provence en
fournifient quelques efpèces ; mais l'Efpagnc eft la
partie de l'Europe la plus riche en Cijies. On en
peut voir les figures & lesdefcriptions dans l'Hijioire
des Plantes de Clufius. La Grèce en produit auiïl
beaucoup \ &c c'eft de ces Iles de l'Archipel que nous
vient le Ladanum , fuc gommeux qui eft répandu
fur les feuilles &c les extrémirés des jeunes brancl"ies
des Cijies. Bélon & M. Tournefort , dans leurs
Relations , décrivent la manière dont ort ramaffe ce
fuc , & comment on le rend impur , en y ajou-
tant une terre noire &: pefante. Ce font ordinaire-
ment les Moines Grecs qui s'occupent à ce travail
qui eft alfez pénible, f-^oyei Ladanum; La plus
grande partie de ces plantes croifTent à la hauteur dé
trois à quatre pies environ, leurs tiges &; b'-anches
fonr ligneufes
Il croît aux pies des Cifies > une plante qu'on nomme
hypocifis. Elle relfemble à une Orobanche ; elle eft
haute de deux à rrois pouces , garnie de petites
feuilles ou écailles , d'entre lefquelles fortent des
fleurs d'une feuic pièce , taillées en manière de clo-
chette , & femblables au calice de la fleur du Gre-
nadier , & dentelées iiir leurs bords pareillement.
Leurs fleurs fonr le plus fouvent jaunes, tirant fur le
rouge j quelquefois pourprées , ou blancl"ies , oit
tout-à-fait jaunes ou verdâttes , &c. Le piftil qui
fort du fond de cette fleur devient un fruit mou ,
& divifé en huif loges remplies de femences menues.
L'extrair de cette plante conferve fon nom ; il elb
noir , fec , en petits grains ; il fe fond dans l'eau
& eft rrès-aftringent au goiîr; On le faLr enrrer dans
la compofition de la Thétiaque, &dans des potions
aftringentes. On trouve la planre d'Hypociffis fous
nos efpèces de Cifies en Languedoc , & elle eft
attachée à leurs racines,
A l'égard des Cifies ladanifères ,\{ en croîr une efpèce
aux environs de Montpellier , & elle eft appelée
ladanifera Monspeliaca , C. B. Ses feuilles lonc
longuettes & ctroires , gralfes , & d'une odeur de
Ladanum. Ses fleurs font blanches , & de la gran-
deur de nos rofes fauvages. On diftingue les Cifies
d'avec les HelianthemiiTi , plante qui leur font con-
génères par le nombre des cellules de leurs fruirs. Il
n'y en a que trois dans les Helianthemum,
CISTEAUX. Voyei CITEAUX.
CISTERCIEN, f m. Qui eft de l'Ordre de Citeaux ,
Reliu;ieux , Moine de Citeaux , Cijicrcienfis. Ce
mot ", Ciflercien , ne fe dit pas communément \ mais
on dit Religieux de Citeaux dans l'ufage ordinaire.
On trouve cependant Cr/?«rcfen en quclquesAutcurs,
CISTERCIENNE, f. f. Religieufe de l'Ordre de Ci-
teaux. Cifiercienfîs Monacha. ou Monialis, Quel-
HHhh
6lo CIT
ques Auteurs dlfent que S. Bernard lui-même a été
le Fondateur des Religieufes de l'Ordre de Citcaux ;
d'autres prétendent que c'eft lainre Humbcline ,
fœur de l'ain: Bernard , qui en fut l'inftitutrice.
Quoi qu'il en foit , le premier Monaftère tut
établi à Juilly , dans leDiocèfede Langres, félon
Manrique , & félon le P. Mabillon , l'Abbaye
de Tart , au Diocèfc de Langres , fondé en 1 1 lo ,
par S. Etienne , IIP Abbé de Citeaux , & non
par S. Bernard , & foumife à l'Abbaye de Mo-
lène. Les Cijkrciennes s'appellent en France Ber-
nardines. Voyei ce mot. Il y a en Allemagne
des AbbefTes Cijierciennes , qui font Princeflcs de
l'Empire, f^oy^i lur ces Religieulés le P. Helyot ,
T. r, C.Î5.
nîSTERNE. nyei CITERNE.
CISTERNEAU. Voyc^ CITERNEAU.
CISTERON. Koyc-i SISTERON.
CISTIQTJE , adj. terme d'Anatomie.Epithète qu'on
donne aux artères & aux veines de la véficule du
fiel. Il y a deux artères cijiiques , qui font des ra-
meaux de l'artère ccliaque , qui y portent le
fano-. Il y a auHl deux veines cijiiques , qui rap-
portent le refte de ce même fang , &: qui vont
le jeter dans la veine-porte.
Le mot de cifùqiu vient de '.^rln vejîca, vejpe, 3c
félon cette étymologie , qui cft indubitable , il
faudroit écrire cy/iique par un y , &c non par,
cifiique. II y a lo'hg temps, que certains Auteurs tâ-
chent de retranclier de notre langue tous les y.
Il faudroit au moins y laifler ceux qui nous vien-
nent du Grec » d'autres au contraire mêlent les y
dans tous les mots qui viennent du Grec , & écri-
vent éclypfe y au lieu de éclipfe. Puifque \'y eft
une lettre de notre alphabet, il faut l'employer du
moins dans les mots d'origine grecque , où les
Grecs mettent leur ypjïlon , & ne le point em-
ployer où les Grecs mettent leur iota.
Cl'STOPHORE , f. m. terme d'Antiquaire. On donne
le nom de Cijioj'/iores aux médailles & monnoies
où l'on voit des corbeilles , c'efl: du mot ci/ia ,
qui jGgnifie corbeille; que ces médailles ont em-
prunté leur nom. Les Cijlophores étoient frap-
pées , à ce qu'on croit , pour les fêtes des Or-
gies qu'on célébroit en l'honneur de Bacchus.
Le P. Panel a fait un livre exprès pour expliquer
les Cifiophores.
CISTRE, plus ordinairement SISTRE, f. m. Ceft
un Inftrument à corde fort ulîté en Italie , qui
a prefque la figure du luth , mais qui a un man-
che pins long\ divifé en, z8 touches. Cithara ,
Sijlrum. Il a quatre rangs de cordes , qui ont cha
cun trois cordes à l'uniflbn , à la réferve du fé-
cond rang qui n'en a que deux. Ses cordes font
ordinairement de laiton , & fe touchent avec un
petit bout de plume , comme celle de la man-
dore. Son chevalet eft auprès de la rofe , & les
cordes font attachées au bout de la table à un
endroit qu'on nomme le peigne. Ses touches font
de petites lames de laiton fort déliées. Il y a aufli
des ciftres à fix rangs de cotdes. On tient qu'Am-
phion a été inventeur du chant avec le cijire.
L'analogie du Latin &: du Grec , d'où le mot de
cijire eft dérivé , femble demander qu'on écrive
Jijire , & non pas cijire -, car en Latin il s'écrit
par un .î , en Grec par un ■ TÙ-rctu
ÇTCistre. Vieux mot qui fignifioit cidre.
CIT.
%fr CITADELLA. I^etite ville maiitîme de l'île de
Minorque , fur la côte , vis-.vvis de l'Ile de Ma-
jorque.
CITADELLE, f. f. Place fortifiée de quatre , de
cinq , ou de fix baftions , qu'on bâtit au lieu le
plus éminent d'une ville pour la défendre contre
les ennemis , ou pour tenir les habitans dansl'o-
béilTance du Prince. '^r.r. Il y a toujours une \
grand* efglauade entre la ville 5c la atAdelle.JJw \
CIT
Poé'te grec a dit hardiment. Jupiter , fermez bien
la porte de l'Olympe , & défendez bien la ci-
tadelle des Dieux •> les armes de Rome ont tout
fubjugué. BouH.
Citadelle , i". f. terme de Fleurifte. Tulippe pourpre ,
gris de lin & blanc. Morin.
CITADIN., INE. f. m. & f. Vieux mot , qui fignifioit
autrefois un habitant d'une Cité. Civis,
Campagnard, Citadin, Voyageur, Solitaire,
Couttifan, Financier , Magijirat, Moufquetaire. R
Il eft encore en ufage en quelques villes d'Italie ,
pour fignificr ceux qui ne font pas du corps de 1»
Nobleffe. Le Chancelier de Vcnifeeft ordinairement
citadin.
Citadin a aujourd'hui en France quelque chofe de
méprifant , & veut dire un homme du peuple.
CITARIS. Foye[ Cidaris.
tfy CITATEUR. f. m. Quelques écrivains fe font fer-
vis de ce mot pour exprimer celui qui allègue des
paffagcs , des autorités, des témoignages, Bayle eft
un grand citatciir.
ffCT CITATION en j'ugement , chez les Romains,
injus vocatio , c'étoit à peu près ce que nous appe-
lons ajournement ou alîirnation. Voye^ ces mots-^
Dans les commcnccmens le défendeur étoit obligé
de fuivre le demandeur devant le Juge. Dans la fuite
leurs alfrgnntions étoient lib.llées comme les nô-
tres. Ce mot dans ce fens n'efl: rlus en ufage cher
nous que dans les matières Eccléfiaftiques.
Citation, en matière Eccléfiaftique,afIîgnaîion de-
vant un Juge Eccléfiaftique pour aiîàire qui rcparde
VEgUfe , in jus vocatio. On appelle comme d'abus
àes citations , quand un Laïqite efl: ciré devant ua
Oîîicial , lorlqu'il efl incompétent.
Citation fe dit aufli de l'ordre que le Grand-Maître
envoie à tous les Chevaliers de fe rendre à Malte,
en cettaines occafions. Acad. Fr.
Ce mot vient du latin citatio,moi impropre, de cito.
Citation fignifie aufli, allcgarion de quelque loi,
de quelque autorité , de quelque palîàge. Loci ali-
cujiis ex fcriptore quodam prolatio ;fcriptoris tejli-
moniurn , locus , allegatio. Ce livre eft plein de ci-
tations.'LçsVéàd.ns font fujets à faire beaucoup de
citations inutiles. Les citations ne font plus guère
à la mode dans les difcours oratoires. Ceux qui par-
lent en public , bien loin de nommer dans leurs
citations les Auteurs dont les noms font barbares ,
à peine nomment-ils ceux dontles noms font deve-
nus françois. II faut y fuppléer par des traits qui dé-
fignent, & qui marquent bien l'Auteur que l'on ne
nomme pas. Mais il eft bon d'obfcrver que les cita-
tions figurées , & les périphralés qui tiennent la.
place des noms , n'entrent guère que dans le genre
fublime : les grandes expreflions ne conviennent pas
aux petits fujets. Bouh. Il y a moins d'un fiècle que
les citations étoient très-fréquentes -, Ovide & Ca-
tulle venoient avec les Pandeéles au fecours de la
veuve & des pupilles. La Bruy. Ce livre eft chargé
d'un fi grand nombre de citations , qu'elles offùf-
qucnr & empêchent de voir l'ouvrage de l'Auteur,
Bail. Les citations doivent être choifies, & peu
fréquentes, fur tout dans une langue étrangère, à
moins qu'elles n'ayent plus de poids & d'autorité
que dans notre langue. S. Evr. Coftar eft tout farci
de citations & de penfées étrangères. Bail.
Quêtes cmùon% foient courtes & Jerrées,
Et n'en change jamais les phrases confacrées. Yilu
. Il n'y a guère d'Auteurs qui aient porté plus loin
l'exaditudc des citations que M, de Tillemont &'
Bayle. Si cette méthode répand un peu de féchc-
reffe dans les livres, on en eft bien dédommagé par
l'aflurance qu'ont les Leéleurs de n'être pas trompés,
&; par l'exemption d'aller confulter avec beaucoup
de peine,Sc fouvent fans aucun fruit , les Originaux.
II feroità fouhaiter que tous les Ecrivains euflent
la même exaditude. Cela coureroit chsmiii à uns
CÎT
Irtfinité d'erreurs qui ne viennent que de négli-
gence.
CITATOIRE. adj. m. Sif. terme de Jarifpmdence
& de Palais-, qui cite, qui ordonne de compaioîcre.
Citatorius, a, um. Ce titre exempte A^M de rien
payet pour les lettres citcitoires qu'ils obtiendront
des Oiïiciers de la Jufticc. Normant.
CITÉ. r.f. Ville fermée de murs. C/v/mj. Il y a plu-
/ieurs grandes cités en ce Royaume. Il ne fe dit
guère qu'en Poëiîe , ou en certaines phrafes con-
iacrces.
Mais du difcour s enfin l'harmenieufe airefije,
Rcijfembla les humains dans les forêts épàrs ;
Enfer mx les cités de murs £" de remparts. Bôil,
^3' Ce mot fe prend dans le même fens au figuré.
Jéruialcm a été appelée la Sainte cité. Le Paradis
eft la cité célefte.
Autrefois cité , civitas , fedifoit des villes où il
y avoir Evêché; la Bulle d'éredlion , de divifîon ,
(Se d'affignation des Evêchés de Poitiers , de Mail-
lezais & de Luçon , efl: remarquable pour cela : le
Pape dir, dans cetadte, qu'il érige en cités les villes
de Maillezais 5c de Luçon. Maliafenfem & de Lu-
cionio villas in civitates erigimus , & civitatum vo-
cabulo decoramus. ^3" Si le liège EpiCcopal d'Une
ville étoit hors les murs, l'endroit où il étoit,s'ap-
peloit cité , & la ville retenoit le nom de ville. Et
encore aujourd'hui on appelle à Arras dii nom de
cité, cette partie de la ville où efl: la cathédrale ; &
l'autre partie qui eftfcparéede la première par des
muraillesjs'appeile la ville. On pourroit ajouter p!u-
iîeurs autres exemples à celui-ci. Celui de Coufe-
rans, celui de Limoges , &c.
^fT Cité s'eft dit auffi autrefois du teirritoire dé-
pendant d'un fiège épifcopal , c'eft-à-dire du Dio-
cèfe, La cité de Soiiîons renfermoit fous Chilperic
à peu près ce qui en fair aujourd'hui le Diocèfe.
Le mot cité dans ce fens confcrvoit quelque chofe
du mot latin civit.ts dont nous parlerons plus bas,
i^ Cité fe dit encore particulièrement du cœur de la
ville,du lieu où eft ta cathédrale,le Palais du Prince,
quoique ces lieux ne foient pas féparés par des murs.
A Paris llyarr/^', ville &univerfité. Il y en a même
qui prétendentqu'il ne fe dit ordinairement que des
places où ily a deux viiies,rune vieille, & l'autre bâ-
tie depuis peu, & que la vieille porte le nom de cité,
ffT En Angleterre on appelle c/r.; , l'enceinte delà
ville de Londres, par oppofition aux faubourgs
qui font d'une plus grande étendue que la cité.
Cité fe prend figurément pour les habitans. Cives. Il
y a de beaux privilèges accordés à cette cité ; pour
dire , à ceux qui l'habitent.
^fT Le droir de cité efl: la qualité de citoyen ou Bour-
geois d'une ville,& le droit de participer auxprivilè-
ges qui font communs à rous les citoyens de cette
ville. Le droir de cité chez les Romains étoit la mê-
me chofe que la qualité de Citoyen Romain. Chez
nous il n'y a que la naiflance ou les lettres du Prin-
ce qui donnent les droits de cité. Le droit de ciiéed
plus étendu que celui de bourgeoiiîe. Il comprend
quelquefois l'incolat &: même tous les effets civils.
Cité , quand il s'agit de l'antiquité , fignifie un Etat ,
un peuple avec toute fcs dépendances , une Répu-
blique particulière , comme fonr encore plufieurs
villes de l'Empire ou d'Allemagne , ou comme les
villes Suilfes. Civitas. ffT C'eft ainfi que Céfar dit :
Civitas Helvetia , in quatuor partes divifa. Le pays
des Suiffes divifé en quatre Cantons. Civitatibus in
reliqiiis urhes incenduntur. Quoique les Gaulois ne
fuifent en effet qu'une même nation , ils étoient
divifés en plufieurs peuples , qui faifoicnt prefque
' autant d'Etats féparés, ou pour parler comme Céfar,
îiuranr de cités différentes , qu'ils croient de diffé-
rens peuples. Outre que chaque cite avoir fes aifcm-
blées , elle envoyoit de temps en temps des dépu-
tés aux alfcmblées générales qui fe faifoient pour
refoudre desaiFaires de plufieurs peuples unis, Cor
C IT
'^i i
IVEMOY. Cependant, parce que communément ci.u
n'a plus ce fens en norre langue, il e?lbon;att
moiris la prcmicre fois qu'on s'en fert, d'aibuter
une explicarion , comme fait ici M. CordeniDy.On
appeloir autrefois villes tous les bourgs fermés;
&ce que nous appelons proprement vilîe,avoit le
nom decrW. Chorier.
Civitas efl; tiré dit Celtique Oiveythas , qui chez
les Gaulois veut dire fôciété & commerce , parce
que c'eft dans les Villes que l'on trouve l'un & l'au-
tre. Pezron, Si Civeythas a été ert ufàge dans les
Gaules, il y a pkts d'apparence qu'il fut pris des
Romains depuis qu'ils furenr maîtres de? Gaul^'s,
qu'il s'etoit fait de civitas , &: qu'il ne lignifloit
que la même chofe d'abord. Du même ta<i\ civitas
s'eft fair cité.
La Cité de Dieu eft un livre compofé par S.' Au~
guftin contre les Payens. Liber D. Augtifiini de Ci-
Vitate Dei. Il a été ttaduit en patrie par M. Giri dé
l'Académie Françoife, Un des premiers ouvrages
qu'on mit fous preffe dès qu'on eut inventé l'Im-
primerie , ce fut la Cité de Dieu. S. Auguflin y traCe
une hiftoiredes deux CZ/ej, l'une célefte & l'autre
terreftre. M. Du Pin admire plus la variété & l'af-
femblagede5chofes,que la force & l'érudition de
cet ouvragCi
CiT É notable. Nom de la Capitale de l'île de Malte.
Elle efl au milieu des terres. Civitas notabilis.
Cité vicloriettfe. Nom d'une ville de l'Ile de Malte.
Civitas vicloriofa. C'eft celle qu'on àppeloit autre^
fois lé grand Bourg, Ce fut fous le Grand-Maître
De la Vallete , que cette place ayant été affiégèe
pat les Turcs , & la valeur des Chevaliers ayatit
obligé les ennemis de fe retirer après une perre de
trente mille hommes j pout confervet la mémoire
des grandes actions qui s'y étoient paifécs , on donna.
au grand Bourg , qui «n avoir éré le principal théâ-
tre j le iiôm de Cité vicîorieiife , qu'il a confervé
jufqu'Ace jour. VeRtoT, Hifi. de Malte,Tom. XIJI,
CITEAUX. Bourg de France dans le Duché de Bour-
gogne , au Diocèfe de Châlons. Cifiercium.
Ce Bourg , qui eft à cinq lieues de Dijon , fut
aihli appelé , à ce que quelques-uns croient, à caufe
des citernes qu'on y trouva.
CiteAux. Abbaye fameufe , &c Chef d'Ordre ,qui eft
dans le bourg dont on vient de parler. Cijîercium.
Citeaux , ou l'Abbaye de Citeaux , a donné quatre
Papes , plufieurs Cardinaux à l'Eglife , & un grand
nombre d'Evêques. L'Abbé de Citeaux eft Général
de l'Ordre i Confeiller né au Parlement de Dijon i
& Chef de dix-huit cens Monaftères d'hommes 3
& de prefqu'autant de Maifons de filles. Vingt &
un Moines fervens du Monaftère de Molême en
Bourgogne dans le Diocèfe de Langres , fondé fur
la fin de l'an 1075 , trouvanr que la régie de S. Be-
noîr n'y étoit point affez exautentent obfervée , ré-
folurentavec leur Abbé Robert d'aller s'établir ail-
leurs. Ces Moines étoient entre autres Albéric ,
Odoni Jean, Ftienne , Létalde, fi-c. qui en ayant
obtenu la permiifion de Hugues , Archevêque de
Lyon& Légat du S, Siège, quittèrenr Molême ,
&: allèrent s'établir dans Un lieu nomvnc CiieaiiX ^
à cinq lieues dé Dijon , dans le Diocèfe de Châ-
lons, Ils eurent le confentement de Gaultier, Evê-
que de Châlons , ^ de Rainard Vicomte de Bcaune
à qui la terre âppartenoit, & ?'y placèrent le ii"
de Mars 1098 qui étoit le Dimanche des Rameaux,
A la prière de l'Archevêque de Lyon , Eudes , Duc
de Bourgogne , acheva leur bâtiment, qui n'étoit
que de bois, les entrerint long temps ,. Si leur
donna beaucoup de terres &: de beftiaux. L'Evêque
de Châlons donna à Robert le bâton paftoral, en
qualité d'Abbé, & le nouveau Monaftère fut ainfi
canoniquement étigc en Abbaye. Tels furent les
commencemens de" l'Ordre de C«e<7KX , fî flimeux
dans la fuite , & fi étendu par toute l'Europe.
L'Ordre de Citeaux eut donc pour Fondateur S»-
Robert , S. Albétic & S. Etienne. S. Robert en fuf
le premier Fondateur vers la fin du XI' liécle. É«
H" H h h i)
6jz
C I T
Allemagne on a appelé les Cifterciens, Moines
gris , parce qu'ils portojenr des manteaux de cou-
leur grife. ^,
Avant que S. Etienne, Abbé de '<Citeaux , en-
voyât douze de les Moines à Clairvaux dont il fît
S. Bernard Abbé , pour y fonder un Monallèrc ,
ce lieu étoit une affieufe vallée , qui pailoit dans
le pays pour une retraite de voleurs, &: qu'on nom-
moit la vallée d* Abl'ynthe , peut-être parce qu'elle
croit remplie de ces fortes de plantes , ou bien à
caufedes meurtres qu'on y avoir fouvcnt commis,
.ViLLEFORE.
Il y a plufieurs Congrégations de l'Ordre de Ci-
teaux. La Congrégation de S. Bernard en Tofcane ;
la Congrégation cl'Arragon -, La Congrégation Ro-
maine •■, la Congrégation de Calibre. L'Ordre de
Florence Calabre fur aullî réuni en 1505 à celui de
Liteaux. Les Feuillans font encore une réforme de
cer Ordre.
Il y a en Efpagne une Congrégation de l'Ordre
de Citeaux , dite de l'Obfervance , fondée au com-
mencement du XV^ fiécle par Martin de Vargas,
pour rétablir la difcipline de cer Ordre , & y faire
revivre l'efprir des Fondareurs. Il eut en 1414 &
1415 des permiillons du Pape Martin V , pour éri-
ger deux Monaftères dans les Royaumes deCaftille
6; de Léon , ce qu'il exécura. Les Généraux de cette
Congrégarion porrent le titre de Réformateurs,
qui fut donné à fon Fondateur. Foyei^ le P. Helyot.
T. V , C. ^6, Cette Congrégation devint coniîdé-
rable par le grand nombre de Mcnallcres qui s'y
unirent.
En 171 5 , on imprima à Paris les Privilèges de
l'Ordre de Citeaux y recueillis & compilés par l'au-
torité du Chapitre général i & par Jb;z ordre exprès,
ëcc. Nous avons en latin des annales de Citeaux en
4 vol. in-fol. par le R. P. Ange Manrique de Bour-
ges. Une Chronique Efpagnole par le P. Barnabe
de Mcnralvo •, un Ménologe de Citeaux , imprimé
chez Plantin, Se fait par le R. P. ChryToft. Hen-
riquez, tous du même Ordre. Il y a au fil des filles
de l'Ordre de Citeaux. Le même P. Hcnriquez a
donné la vie de celles qui fe font diftinguées par
leur Sainteté: dans un livre intitulé, Liliacijier-
cii. Nous avons en françois un eifai de l'hiltoire de
Citeaux parDomLe Nain.
CITER, v. a. Donner alfignation à comparoir de-
vant un Juge d'Eglife en matière Ecclcfiaftique.
^fT On le dir même quelquefois relativement aux
tribunaux féculiers, comme on le verra par l'exem-
ple d'Edouard I , tiré du P. Daniel. Mais cela eft
rare. Dans l'Ordre de Malte, on dit, en parlant du
Grand-Maître , citer les Chevaliers à Malte ; pour
dire, leur ordonner de s'y rendre. Diem dicere ,
vocare in jus. Ce garçon a été cité devant i'Oificial
en exécution d'une promefîè de mariage. Cet Flé-
rérique a cié cité k Rome, au Concile général. Les
Chevaliers fonr cités pom {e trouver au Chapitre
de leur Ordre. Edouard I , Roi d'Anglererre , fur
cité par ordre de Philippe IV , Roi de France, à la
Cour des Pairs. La ciration fut publiée par le Sei-
gneur d'Arrabhiy, Sénéchal de Pcrigord 8c de Quer-
ci , & on l'afficha par fon ordre 8c en fa préfenceaux
portes de la ville de Libourne , qui étoit du do-
maine du Roi d'Angleterre -, & faute à ce Prince de
comparoître , tous les domaines qu'il avoir en
France fureur confifqucs. P. Dan.
$3" Cite?, f.gnifîe aufÏÏ alléguer un pafTage, une au-
torité i tranfcrirc un paifage dont on veut s'auto-
rifer , ou feulement indiquer l'endroit d'un Auteur
pour qu'on puifTe le conCuhcï.allegare, u4utorem
laudare. Un Auteur ne doit pas citer fes propres
ouvrages, ^''oyel un peu quels gens Je vous cite,
La manière de citer des Jurifconfultes eft un vrai
grimoire.
Citer lignifie auffi fîmplement , parler de quelqu'un;
nommer celui donr on tient une nouvelle, une hif-
toirc , un lait , &c. Loqui de alijuo , aliquem vomi-
CIT
nare. Je vous donnerai avis de tout ce qui fe paf-
fera, à la charge que vous ne me cz;er££ point.
Cité , ir. part.
CITÉRIEUR , EURE. adj. Qui eft en deçà , de
notre côté, plus près de nous. C/r^r/or. L'Inde a-
térieure eft celle qui eft en deçà du Gange ; l'ulté-
rieure , celle qui eft en delà. La Gaule cité-
rieure eft la partie de l'Italie qu'on a depuis ap*
pelée Lombardie , & où les Gaulois s'érablircnr ,
elle étoit en deçà des Alpes par rapport aux Ro-
mains.
L'Efpagne , après que les Romains en eurent fait
la conquête , fut divilce en deux Provinces , l'une
en deçà de l'Ebre , 8c l'autre au delà. La Province
d'en deçà de l'Ebre , s'appeloit l'Efpagne citérieurey
8c celle d'au delà , l'Efpagne ultérieure.
Ce mot vient delà prépofition cis.
CITERNE, f. f. Réfervoir fourerrain d'eau de pluie.
Citerna. Les citernes doivent erre faites avec de
bon ciment pour retenir les eaux. Le fond doit être
couvert de lable, afin de le purifier, &:deconfer-
ver les eaux pluviales. On parle d'une citerne de
Conftantinople , dont les voiitcs portent fur deux
rangs de 21 z piliers chacun. Ces piliers ont deux
pies de diamètre , 8c fonr plantés circulairement, 8C
en rayons qui tendent à celui qui eft au centre.
Quelques Anatomiftes fe fervent de ce terme pour
fignifier cerraines parries du corps , comme , par
exemple, lequarrième ventricule du cerveau , ou
plutôt du cervelet , & le concours des vaifléaux la-
Ctifcres dans les mammelles des femmes, pour for-
mer le mammelon. Castelli , cité par James.
Ce mor, félon quelques-uns, vient de laprépo-
fîtion cis , comme (i on difoit cis terrarn , c'eft-à-
A'nt , inter terrarn. D'autres le dérivent de cijla ^
qui iîgnifîe un panier fait d'ofier , qui fert à mettre
du pain &aurres chofes. La citerne àc même fert
à conferver les eaux de pi uie.
Citep.ne fîgniiie quelquefois un puits. En Orient les
Caravanes ne boivent que de l'eau de citerne.
CITERNEAU. f. m. Petit lieu voûté à côté d'une
citerne , où l'eau s'épure avant que d'y entrer. Ce
mor eft un diminutif de citerne d'où il eft formé.
fCF CITHARE, f. f. Ancien nom d'un inftrument
de mufique. Inftrument à cordes. Efpèce de harpe.
Cithara. Quelques-uns la prennent pour la lyre à
Icpt ou neuf cordes. D'autres en font un inftru-
ment différent, c'eft-à-dire,qu'on ne fait ce que c'eft.
Ip- CITHARISTIQUE. f. f. Genre de Mufique 8C
de Poëlie approprié à l'accompagnement delà ci-
thare , auquel on donna depuis le nom de lyrique.
CITHERE , CITHÉRÉE. Voye7 CYTHÉRE , CY-
THEREE.
^ CITHIBEB ou CITIBEB. Petite ville d'Aftique,
au royaume de Maroc , dans la province de Tedla.
CITISE ou CYTISE, f. m. Cytifus. ArbrifTeau dont
les fleurs font légumineufes , 8c les goulTcs compo-
fées de deux cofTes applaties, qui s'ouvrent en
deux , 8c renferment quelques femences oblongues.
Ses feuilles font au nombre de trois , portées fur
une même queue. Il y a plufieurs efpèces de citifet
comme on peut le voir dans les Inflituts de Bo-
tanique de M. Tournefort. Clufîus a donné la
figure 8c la defcription d'une partie de ces e[-
pèces dans fon Hi[ioire des Plantes d'Efpagne.
L'éthymologie de cytifus, au rapporr de Pline >
vient de Cythno , nom d'une île où l'on trouva
d'abord cette plante. Mais quelle eft cette première
cfpccc de cytife ?
Les Fleuriftes 8c les Jardiniers françois nom-
ment cytife un petit arbriffeau qui fe taille en
boule , qui garde fes feuilles long temps , & qui
donne beaucoup de fleurs. Les Boraniftes appel-
lent Cytifus glaher , Jîliqua lata, J. B On fait
auffi des palifTades avec cet arbriffeau , que l'on
tond une ou deux fois l'année. Il fe lève ordi-
nairement jufqu'à trois & quatre pies , il eft fort
branchu , fes tiges & branches font verdâtres , &t
garnies de feuUles larges d'un demi-pouce au plus.
C IT
un peu pointues , arrondies j li/Tes , glabres, d'un
vert - gai 6c un peu luiiam , & portées par des
queues longues d'environ un demi-pouce. Ses Heurs
font Icgumineufes, jaunes, plus petites que celles
du genêt, ramaflces par bouquets à i'extrcmitc des
tiges &c des branches. Ses gouflcs ibnt longues
d'un pouce , & larges de cinq lignes , applatics ,
brunes , lifîcs , & renferment des ïemences arron-
dies , applaties & brunes. Ce cycife vient dans les
montagnes du haut Dauphinc,
On range parmi les cycifes un arbre nommé
en françois Albour,o« Aubour, ou Aulbour -, en
latin Alburnum , Laburnum , Ana^yris non fœ-
tida, Cytifus alpinus ,jlore racemofo pendulo. Infi.
Rer. herb.
CITOLE. C'eft le nom qu'on donnoit autrefois à
un infttument de Mufique. Borel croit que citok
vient de citkara,
CITOUARToa ZÉDOUART, f. m. que quelques-
uns écrivent ZeWoir^. Graine aromatique , qui ref-
femble beaucoup au gingembre , mais qui ell de
meilleure odeur , &: d'un goiit moins acre.
IJCF CITOYEN, f. m Civis. Ce mot a un rapport par-
ticulier à la fociété politique -, il défigne un membre
de l'Etat , dont la condition n'a rien qui doive
l'exclure des charges & des emplois qui peuvent
lui convenir , félon le rang qu'il occupe dans la
République,
§CF Dans les Etats républicains rien n'eft au def-
fus de la qualité de Citoyen. La perfonne qui
gouverne s'en fait honneur. Un Stat-Houder , un
Doge , un Sénateur , un Député font d'illuftres
Citoyens, à qui les autres obéilfent, moins par fou-
midion que par une fage & libre coopération au
bon gouvernement. Mais dans les Etats monar-
chiques , le pouvoir y élève celui qui en eft faifi au
deifus de tous les autres , & ne laiife aucun titre
commun qui fente tantfoit peu l'égalité. Un Empe-
reur , un Roi ne font pas des Citoyens ; ce font
des Chefs qui gouvernent leurs peuples , ou qui
commandent à leurs fujets , ceux-ci obéiffent par
foumiffion , &c le degré de modération ou d'excès
dans cette foumilfion fait que le vrai Citoyen ie
conferve chez eux , ou qu'il s'anéantit par la fcrvi-
tude. Il y a plus de vraie noblefle dans un roturier
Suiile qui efl Citoyen d'une patrie , que dans un
Bâcha Turc qui efl: efclave d'un maître. M. l'Abeé
Girard.
IJC? L'homme naturel efl tout pour lui i il efl: l'unité
numérique ; l'entier abfolu , qui n'a de rapport qu'à
lui-même ou à fon fcmblable. L'homme civil n'efl:
qu'une unité fra^ionnaire qui tient au Dénomina-
teur , & dont la valeur eft dans fon rapport avec
l'entier qui eft le corps fociable. Les bonnes infl:i-
tutions fociales font celles qui favent le mieux dé-
naturer l'homme , lui ôter fon exiflence abfolue ,
pour lui en donner une relative, & tranfporter le
moi dans l'unité commune ; en forte que chaque
particulier ne fe croie plus un , mais partie de l'unité ,
& ne foit plus fenfible que dans le tout. Un Citoyen
de Rome n'étoit ni Caùis, ni Lucius , c'étoit un
Romain ; même il aimoit la patrie exclufivement
à lui, Régulus fe prétendoit Carthaginois, comme
étant devenu le bien de fes Maîtres. En fa qualité
d'étranger, il refiifoit de fiéger au Sénat de Rome -,
il fallut qu'un Carthaginois le lui ordonnât. Il
vainquit & s'en retourna ^triomphant mourir dans
les fupplices.
§3" Le Lacédémonien Pedarette fe préfente pour
être admis au Confeil des Trois cens : il eft rejeté.
Il s'en retourne joyeux de ce qu'il s'eft trouvé
dans Sparte trois cens hommes valant mieux que
lui. Voilà le Citoyen.
^T Une femme de Sparthe avoit cinq fils à l'ar-
mée, & attendoit des nouvelles delà bataille. Un
Ilote arrive : elle lui en demande , en rremblant ,
des nouvelles. Vos cinq fils ont été tués. Vil efclave,
t'ai-je demandé cela ; Nous avons gagné la victoire !
La mère court au Temple, & rend grâces aux Dieux,
CIT 61.
Voila la Citoyenne, Racine. Augulle fit faire
le dénombrement des Citoyens Romains , qui
montoi à quatre millions cent trente - fcpc
mille. Pour faire un vrai Citoyen Romain , il fal-
loir que ces trois chofes concouru.Tcnt j qu'il fut
habitant de Rome, qu'il fût enrôlé dans l'une des
trente-cinq Tribus, & qu'il pût parvenir aux digni-
tés. Ceux à qui l'on accordoit les droits & les privi-
lèges de Citoyens Romains, & qui habitoient hors
de Rome, & dans les Provinces éloignées , n'étoient
proprement que des CV/oye^y honoraires. Loyseau,
Les Romaîins, fiers de la grandeur de Rome, s'ima-
ginoienr que c'étoit ptefque tirer un homme du
ncant, que de le faire Citoyen Romain. Patru.
La Loi yil de Incolis , met une grande di/Fcrence
entre Citoyen & fimple habitant. La nailTance feule
faiioit les Citoyens , de acquéroit tous les privilco-es
de la Bourgeoifie. Le temps ne pouvoit l'acquérirl
L'Empereur le pouvoit donner. En France une de-
meure de dix ans fuffit,pour être cenfé Bourgeois.
IP" Habitent k dit uniquement) par rapport aU
lieu de la réfidence ordinaire, quel qu'il foit, ville
ou campagne. Les /fû^//tf«j-, d'une ville, d'un bourg»
d'un village, de la campagne. Bourgeois, marque
une réfidence dans une ville, 6: un degré de condi-
tion, qui tient le milieu entre la Nobleffc & le
Payfin. Le perfonnagc le plus ridicule dans le
commerce de la fociété, efl: le Bourgeois Petit-
Maître. Le Citoyen eft ce qu'on vient de dire.
Ce mot vient du latin Civis, qu'on dérive du
verbe coco, parce qu'ils vivent tous enfemble. II
vaudroit mieux tirer ce mot de cio , voco , parce
que les Citoyens fonr tous appelés au même lieu.
Citoyen fe dit auffi de ceux qui jouiilcnt des privi-
lèges d'une ville, qui ont acquis un droit de Bour-
geoifie , encore qu'ils habitent ailleurs. S. Paul
étoit Citoyen Romain. Il n'étoit pas permis de fouet-
ter un Citoyen Romain. J'efpère vous faite voit
qu'Alcidas eft Citoyen Romain. Patru.
Autrefois on a dit Citiéen & Citéen pour Citoyen.
|p° Quelques Ecrivains ont tait ce mot adj. L'efprit
citoyen. L'Ami des homm.es a dit Ordre citoyen.
CITRAGO. f, f, C'eft le nom que l'on donne quel-
quefois à la méliffe , à caufe que cette plante fent
le citron , lorfqu'on en broie un peu les feuilles
entre les doigts.
fp° CITRAMÔNTAlN qui eft en deçà des Monts,
l'oppofé d'Ultramontain. Ce terme hafardé par
quelques Ecrivains, n'eft pas établi,
gcr CITRARO.( le) Nom d'une petite villp d'Ita-
lie , au royaume de Naples dans la Calabre inté-
rieure, à dix milles de Saint -Marc,
CITRE. BoiiTon, Voye? CIDRE.
CiTRE, f m. Arbre d'Afrique, du bois duquel on
fait des tables , & auctes ouvrages de cette nature.
Citrus^
CITRIN, INE, adj. Qui eft de couleur Jaune, fem-
blable à celle du citron. Citrinus. Etoffe citrim^
Il y a un bois qu'on appelle Santal citrin , à caufe
de fa couleur. Il y a auflî Une emplâtre qui eft
appelée citrine par la même raifon. Les Méde^
cins difent que les urines des perfonnes faines
doivent être citrines.
Citrin. f, m. Efpéce de criftal, qui eft ainiî appelé
à caufe de fa couleur citrine. Cryjiallus citrina.
Citrin fe dit auffi d'une certaine couleur Jaune,
que les Chimiftes prétendent donner au mct.il pouc
faire de l'or , & qu'ils appellent autremenr lu
grande teinture minérale,
IP* Citrin. f. m. Fruit des Indes. Efpèce de My-
robolan. Voye:^ ce mot .
CITRON, f. m. Ci tria malus , atrium malum , ou
malus medica. Fruit du citronnier, arbre dont nous
allons parler un peu plus bas, où l'on décrira auilî
ce fruit. Il y a des citrons aigtcs , & des citrons
doux. tfT On fefert de Cïux-cipour fe rafraîchir
& fe dcfaltcrer. Voye^^ Limonade. On fait aulfi
des falades de citron, de la conrerve,de la pâte
de bifcuit de citron , des confitures de l'écorcè de
^14
CIT
citron^ Le citron cfl très - bon Contre îcs poU
Ibiis. Athénée rapporte que deux Criminels ayant
été condamnés à être cxpofés aux ferpens ,
comme on les menoit au fupplice , une Cabare-
licre leur donna , par pitié , un citron qu'elle te-
noit en fa main , & qu'elle mangeoit. Ces Cri-
minels le mangèrent. Un peu après étant expofés
aux plus dangereux & aux plus gros afpics, &
mordus rudement , ils n'en liirent pourtant pas
incommodés. Le Juge fort étonné demanda aux
Soldats qui les avoient en garde , s'ils avoicnt bu
ou mangé quelque choie. Ayant fçû qu'on leur avoit
donné par hazard un citron, il commanda que le
lendemain on en donnât encore à manger à l'un
d'eux leulement, Celui qui n'en mangea point, mou-
rut incontinent ; & celui qui en avoit mangé , ne
fentit aucun mal. Les Grecs les appellent x.!Sf.iiA.y,x«,
Citron ic prend aufîlpour la couleur du citron. Ce
taffetas ell: citron , de couleur de citron. Citrinus :
la même choie que citrin.
fJCF Citron, {herbe de") Nom que l'on donne à la
mclifle , à caufe de l'on odeur de citron.
^fF Citron, f. m. Elpèce de poire qui reffemble
aflez au citron par la figure & par fa couleur. La
chair en efl: dure , pierreufe , & pleine de marc.
Son eau eft abondante & mufquée. Elle fe mange en
Janvier & Février.
CITRONNAT, f. m. Confiture faite de peau de
citron coupé en filets longs & menus , & qu'on
aflemble pour en faire comme un rocher. Malurn
citreiim feclile faccharo conditum. On fait pareille
choie de l'Orange , & on l'appelle Orangeade.
Citronnât eft aulfi une efpèce de dragée, dans la-
quelle on enferme un morceau d'écorce de citton.
Mali citrai particulx aurato Jacckaro circum-
tecîœ. , ^
CITRONNÉ, EE. adj, Liqueur, ou ragoiit, où l'on
a mis du jus de citron. Liquor citrinus , ']us citri-
mim.La gelée, pour être bonne, doit me citron-
née. On a ordonne à ce malade de la tifanne ci-
tronnée.
CITRONNELLE, f, f. Herbe fine & odoriférante que
l'on appelle encore autrement Méliffe. Les herbes
fines & odoriférantes des falades , outre les autres
foutnitures, font i'eftragon, le baume ordinaire, le
baume cittonné , la civette d'Angleterre ou appé-
tit , le coq , l'anis, le fenouil , la petite méliffe , ou
citronnelle. Specl. de la Nature. Voyeî^ MÉlisse ,
le Basilic & la Roquette.
Citronnelle, f. f. Liqueur appelée auttement Eau
des Barbades. Citronella. La citronelle fe fait avec
des ccorces extérieures de citron bien mûres &:
féchées au foleil. On les met dans une grande
cucurbite de verre •, on verfe delÏÏis une quantité
proportionnée de bonne eau-de-vie de Coignac.
On adapte à la cucurbite fon chapiteau, & à fon
bec un récipient , le tout bien lutté. Après avoir
lailTé les matières en infufion froide pendant un
mois, on diftille l'eau-de-vie à petit feu, èc au
bain-Marie. On met à part la moitié de cette diftil-
lation,qui fera la liqueur la plus forte; & ayant fait
infulér dans l'autre moitié , qui fera la plus foible,
la chair des citrons, on la diftille de même cinq
ou fix jours aptes. Cette féconde eau fervira à adou-
cir la première qu'on avoit mife à paît. On dif-
foudra enfuite dans ce mélange la quantité de beau
fucre qu'on jugera à pjopos félon fon goût. Pour
rendre la citronnelle plus agréable , on peut y ajou-
ter ou de l'eau de fleur d'orange , mais en telle
<]uantité , que le goût de citron domine toujours ,
ou des fleurs de chadec. Hifi. nat. du cacao &
du fucre.
CITRONNIER, f. m. Citrus. Arbre qui ne diffère
de l'oranger que par fon fruit & par les feuilles.
La racine du citronnier eft branchue , ligneufe ,
dure comme le buis , &: à peu près de la même
couleur. Son tronc , qui eft d'une moyenne hauteur
^ grolTeur, s'élève comme les orangers, & donne
lies branches couvertes d'une écorce verdâtre , gar-
C I T
hîes de feuilles alternes, plus pointues que <;el]es
du laurier , 6c d'un vert -gai, d'une odeur aroma-
tique , & approchante un peu de l'odeur de leur
fruit vert, fans talon à leur bafe,ce qui les diftin-
gue dabord de l'oranger, & accompagnée à leur
nailfance d'un piquant verdâtre alTez roide. Ses
fleurs nailfent vers les extrémités des branches ;
elles font plus grandes que celles de l'oranger,
ramalfées plulleurs enfemble par petits bouquets :
chacune de ces fleurs eft compofée ordinairement
de cinq pétales longs , étroits , charnus , blancs
en dedans, purpurins en dehors, de bonne odeur,
foûtenues par un calice, au milieu duquel eft placé
le piftil, qui eft entouré de plulîeurs ctamincs
blanches à foinmets jaunes : il devient , après que
la fleur eft paflee , un fruit oblong , gatni d'une
chair cpaille & douice,6c dont l'écorce extérieure
eft d'un jaune doré, acre, amère, &c très-aroma-
tique. Il eft divifé extérieurement en plufieurs cel-
lules remplies d'une fubftance véficuleufe, pJeine
d'un fuc doux dans quelques efpèces , aigre dans
celle qu'on emploie en Médecine. Citreum vul~
gare , Injl. R. herh. Malus medica , C. B. Pin, Les
femences qui fe trouvent renfermées dans ces cel-
lules, fons femblables à celles de l'oranger; lorf-
qu'elles font dépouillées de leur écorce, elles font
purgatives, & enttent dans des tablettes, qu'on
nomme Tablettes de citron, tabellx de citro.Qn
confit la fleur de citronnier ; elle eft bonne pour
les eftomachs délicats ; l'écorce fèche du citron eft
recommandée dans les poudres digcftives. La chair
confite du citron aigre entre dans des compofî-
tions ftomachiques.
On diftingue le citron d'avec le limon par la
grofleur du fruit & l'épaifleur de fa chair : le limon
eft ordinairement plus petit , plus arrondi , & a
une chair mince ; d'ailleurs il eft plus pâle , &: a
moins d'odeur que le citron. Le cédrat eft une
efpèce de citron dont on tire une eflênce très-agréa-
ble. Le citron de Madère eft un petit citron vert,
gros comme une noix mufcade ■, on nous l'envoie
tout confit de nos Iles d'Amérique , où il eft à
prélent fort commun. Palladius fiit le premier qui
peupla l'Italie de citronniers , qu'il avoit apportés
de Médie-, on en apporta enfuite d'Aflyrie , d'où
vient le nom de Malus Medica , ou Malus ^ffy~
ria. Fcrrarius, Jéluite , a écrit un Traité de la Cul-
ture des Oranç^ers , intitulé Ferrarii Hefperides.
CITROUILLE. V. f. Eft le nom qu'on donne dans
l'ufage ordinaire à une forte de plante cucurbi-
tacée , appelée en latin Pepo , que les Tradudleurs
ont nomme Pepon ou Pompon. Cette plante jette
plufieurs tiges longues, rampantes, couchées fur
terre , & qui grimpent fur les corps voifins aux-
quels elles fe lient fortement par le moyen de
quelques vrilles. La groifeur de ces tiges n'excède
guère celle du pouce j elles font aulfi pour l'ordi-
naire , creufes , rudes au toucher 2c pleines de fuc.
Les feuilles qu'elles pouffent , font alternes , fort
grandes , arrondies & portées par des queues lon-
gues , rudes comme les tiges , &c pareillement
pleines de fuc & creufes. Ses fleurs font grandes,
jaunes , en forme de cloche évafée , & échancrées
en cinq parties. Elles font ftériies ou fertiles: celles-
ci portent un fruit qui fert comme de pédicule ou
de calice à la fleur , qui étant mûr , eft compofé
d'une écorce extérieure qui eft comme ligneufe, &
d'une chair. Il eft divifé intérieurement en trois
loges , qui renferment chacune deux rangs de fe-
mences de la grandeur , figure & grofleur d'une
amande, &c comme bordées d'une manière d'anneau.
Ce fruit varie beaucoup ; il eft tantôt long , tantôt
rond, tantôt lilfe, tantôt raboteux & couvert de
verrues , tantôt jaunâtre , tantôt couleur de cliair
&: tantôt blanchâtre. Il y en a de fi prodigieux ,
qu'un ou deux font la charge d'un homme. Lorf-
que la citrouille eft bien mûre , elle eft creufe dans
fon milieu , & on en mange une partie de l'hiver
dans les potages. On la rôtit, on la fiit , on l'allâi-
CI T
fonne avec le beurre, le lait , le Tel , & de quelque
façon qu'on l'apprête , elle donne peu de nourri-
lute. Ses femences font du nombre des femences
froides majeures , & leur moelle eft tort douce.
Cette plante , quoi qu'étrangère, elt devenue très-
commune dans nos jardins, & même il n'y a pas
de plante potagère dont la femenee lève plus ai-
fément. On en a vu lever qui étoit vieille de plus
de dix à douze ans. CitrouilU aoûùe , eil; celle qu'on
cueille après le mois d'Août. Dans les Indes, on
Irotte les chevaux de fleurs de curouilles, pour les
empêcher d'être incommodés des mouches.
On appelle fîgurcment&bailèmencune femme dont
la taille eft grolfe & mal faite , une groife curou'ule.
La plante que les Botanidcs ont appelée citrouille,
en latirt , anguria citrullus dula , diffère de la
précédente-, i°. par fes feuilles qui font plus petites
& découpées forr profondément ; i°, par les fruits
qui font moins gros, ordinairement ronds, d'un
vert-foncé, raché de quelques marques blanchâtres ;
3°. par la chair de fes fruits , qui cft le plus fouvent
tougeâtres ; 4°. par fes femences , qui font plus
petites & tougeâtres ,ou noirâtres. Ce ftuit eft fort
taftaîchiffant, & fes femences font du nombre des
femences froides. On peur ajouter que cett; citrouille
dans Tufage ordinaire, eft connue fous le nom de
Melon d'eau ou Pajieque. On cultive en plufieurs
jardins de Provence , & dans plulieurs endroits de
i'Efpagne & de l'Italie, lePaftèque; & il y donne
des fruits gros au plus comme la tcte d'un enfant. Il
eft rempli d'un fuc aqueux, agréable, doux &:
lafraîchiflânt. Dans les pays du nord , il ne pro-
jfite pas, & il n'y a pas .la même douceur. Les
jardins d'Egypte font remplis de pkifieurs Paftèques
qui varient beaucoup , & diiîerent les uns des autres j
c'eft dommage qu'elles ne puiffent pas réuifir en
France. Bélon fait mention de quelques-unes dont
les fruits font extrêmement gros, M. Lippi y en a
auffi obfervé plufieurs efpéces fort particulières. Le
Brclil , le Malabar & ptefque toutes les Indes font
remplies de quantité de plantes qui font de la fa-
mille des cucurbitacées j il y a même certaines de
ces plantes qu'on pourroit rapporter au genre de
citrouille. On pourroit aulïi, pat la culture , leur fai-
re perdre ce goût fauvage qu'elles ont, & nous les
rendre familières & utiles dans les jardins potagers.
CITTA. f f. Mot Italien, abrégé de^ C'zt'iM. Il figni-
fie ville, cité,&c nous le coni'ervons en françois
dans quelques noms de lieux d'Italie. Civitas. Aiftiî
nous difons , Cittâ Vecchia. , ^ c'eft-à-dire , ville
vieille, qui étoit la capitale de l'Ile de Malte, avant
que le Grand Maître de la Valette y eut fait bâ-
tit la ville de Malthe. Città difole , ou ville dujo-
leil , eft dans TA^pennin entre Céfènc &: Forli.
Ciuà di cajUllo , ville épifcopale de l'Etat de l'E-
elilc, fur le Tibre , capitale d'un Comté qui porte
le même nom, &: quia la Tofcane au couchant,
le Pérulin au midi , au levant & au nord le Du-
ché d'Urbin. Il y a trois Città Nova, l'une dans la
Marche d'Ancône , qui a titre de Duché -, l'autre
dans la Marche Tréviiane , qui étoit autrefois un
Evêché , &: qui n'eft plus qu'un bourg. La troifiè-
nie eft fur la côte d'Iftrie , éc dépend des Vénitiens
depuis liyo qu'elle fe donna à eux.
CIV.
CIVADE. f. f. PoiiTon d'étang de mer , couvert d'une
croûte , Sx. grand comme le doigt. La civade a le
coips moucheté & plufieurs petits pics. Sa chair
eft douce, &: rouge lorfqu'elle eft cuite. Rond.
Ce mot fignifie aulfi en Provence l'avoine que
l'on donne aux chevaux. Il vient de l'Efpagnol ,
cevada,^ ou fimplement de cival que l'on dit
dans ce pays pour cheval, Civada,s,x.XiVL pour le civ.il.
CIVADIERE.f. f. terme de Marine. C'eft la voile
du mât de beaupré qui eft fur la proue. Acclive
ad proram mari vélum. Elle a deux grands trous ,
aiîn que l'eau fe puitf» ésoukr , quand il arrive
CIT Ci^
qu'elle touche la mer , car elle eft fort inclinée,
La civadière fert plus à foûtenir le navire , & à li
drcfler vers le haut , qu'à le pouiTer eri avant.
CIUDAD. Nom purement Efpagnol, mais guenons
difons en notre langue dans le nom de quelques
lieux d'Eipagne , ou des Indes, qui dépendent à<.i
Efpagnols. Il fignifie cité , & s'eft formé du Latin
civitas. Il y a en Efpagnc Ciud.id Real, civitas Ré-
gla, Ville de la nouvelle Caftille, C'n.Y^.îi /ioir/f'o*
Rodericopolis,Yi[[c épifcopale du Royaume deLcon
fur la rivière d'Agnada , qui eft l'ancienne Miro-<
briga, ou qui a été bâtie de fes ruines en 1200,
par Ferdinand Jl , Roi de Léon. Ciudas de las pal-
rnas i en Latin civitas Palmarum, eit un nom
qu'on donne .à la ville capitale de la grande Ca-'
narie. Ciudad de Iglejias , en Latin Ecclèjïaruni civi-
tas , eft dans la Sardaigne au midi. Ciudad de loi
Rayes , en Latin , Regum civitas , eft une ville d'A-
mérique fur la grande rivière de Guatapory, Ciudad
del Rey Pkelippe , c'eft-à-dire , Civitas Régis Phi-'
lippi , ville de la terre Migellanique , bâtie en
1585, 8i ainfi nommée a l'honneur de Philippe II,
Elle a été depuis abandonnée.
^fT CIVE, f f. Capula ou cepula. Petire plante pota-» •
gète qu'on met dans les ragoûts &. dans les four-
nitures de falade. Sa racine eft un aifemblagc de
petites bulbes , à peu-près comme dans l'cchalotte.
on en compte trois efpèces j la cive de Portugal j
la grofle cive d'Anglererie , & la petite cive , au-
trement appelée civette. Elles s'emploient toutes
trois aux mêmes ulâges , Se ne diifèrent , que pad
la largeur de leurs feuilles. Les fleurs en font put-
purines, faites en petit paquet, où fe forme une!
petite !;raine.
|K? CIVEDA. Petite Ville,fur l'Oglio, à dix lieueS
de Breilè , de la dépendance des Vénitiens.
^ CIVELLE, f. f. Petit poiffon , fort commun dans
la Loire, depuis Angers jufqu'à la mer. Quelques-
uns croient que c'eft du frai d'Anguilles, & non
une efpèce particulière.
^fT- CIVENCHEN. Ville confîdérable de la Chine,'
dans la Province de Fokien , elle a fijc aurres Villes
dans fi dépendance.
CIVERAGE , f m. terme de coutumes. Civeragium.
C'eft un droit dû en quelques endroits aux Sei-
gneurs , Se payable en avoine |Kr par les Tenan-
ciers des rerres dont il leut a fait la concciïion.
Quelques Auteurs écrivent cincrage.
CIVES, f f pi. Ce font de petites pièces de vetre tail-
lées en rond donr on faifoit auttefois les vitres.
©n en voit encore en Allemagne. Circulares yitrê
partici/lcc.
ifr CIVET, f. m. C'eft ainfi qu'on appelle , en termes
de cuiline , un ragoût fait de chair de lièvre avec dit
bouillon, du vin, de l'oignon' & des alfaiionnemens
convenables. Mettre un Lièvre en civet. Faire ua
Civet de liéVrc,
CIVETTE, f. f. Petit animal quadrupède dont on
tire un parfum de même nom. Fêles odorata ,
iibetta. Elle eft de la taille d*un chat , ou d'une
groffe fouine. Elle a d'ordinaire vingt pouces def
long , bc fa queue dix. Son poil , qui eft court fur
fa tête & aux pattes , eft fort long fur le refte
du corps , ayanr quatre pouces & demi fur le dos.
Il eft dur & rude , & entremêlé d'un autre plus
court & plus doux , frifé comme de la laine , qui
eft gris-brun. Le grand poil eft de trois couleurs ,
faifant des raches & des bandes , les unes noires ^
les autres blanches , & les autres rouflâtres -, mais
le noir eft la couleur dominante fur le corps. Le
nez, le venrre, le deflbus de fa gorge font noirs,
aulfi bien que fes pies qui font courts, qui abou-
tiflcnt en cinq doigts &: un ergot , & qui ont
des ongles noirs , non crochus & peu pointus. Ses»
oreilles font plus petites & moins pointues que
celles d\in chat, noires par dehors; j bordées de
blanc , & blanches par dedarts. Sa queue eft noire
pa£ delïlis , Se mêlce d'un peui de bîanc pir den©wj/
6i6
G I V
Elle a les yeux enfermés dans deux tâches noires, Se
on dit qu'ils éclairent la nuit comme ceux des
chats. Le dcflus de la tête , jufqu'aux oreilles , eft
s;tis. Elle a fur le cou quatre bandes noires fur un
fond fort blanc. Elle a aulli quelques taches , que
Pline appelle des yeux dans la panthère, mais qui
ne font point ifolées. Ses dents l'ont canines , &:
fbuvent rompues , car c'eft un animal farouche qui
les rompt en mordant les barreaux de fer de la
cage , quand il eft renferme. La poche , ou le fac ,
où ell: le parfum qu'on appelé civette , eft au def-
fous de l'anus. Elle a deux pouces &c demi de large ,
& trois de long. Sa capacité peut contenir im pe-
tit œuf de poule. On en fait ibrtir la liqueur odo-
rante d'un grand nombre de glandes qui font en-
tre les deux tuniques de fes poches. Scaliger & Mat-
thiole croient que le parfum de la civette , :^ibettx
odoramentum , n'eft autre chofe que fa fueur : mais
cela eft faux , aulTi-bien que ce qu'ils difent qu'elle
fe perfedlionne avec le temps , & que le relie du
corps fent bon.
Barbe, dans fon Parfumeur français , à fuivi l'o-
pinion de Scaliger & de Matthiole , & dit que
l'on tient cet animal enfermé dans une cage de
- fer , que les perfonnes qui gouvernent ces animaux
favent connoître le temps qu'il faut prendre pour
les faire fuer , qu'ils mettent alors plufieuts ré-
chauds plein de feu autour de leurs cages ; que
cela aide au naturel de l'animal , & que comme la
fueur en eft fort épaifTe , on ramaffe avec un
couteau d'ivoire toute la fueur qui fe trouve Ibus fes
écailles ou entie fes cuifTes , & que c'eft ce que
nous appelons la civette. Tout cela eft faux , &
d'ailleurs cet anihial n'a point d'écaillés,
Plufieurs croient , avec Bclon j que notre ci-
vette n'eft autre chofe que l'hyène dont parle Arif-
tote , ou que c'en eft Une efpèce. Mais Scaliger ,
Ruel, Matthiole, Léon Africain , Busbec , Al-
drovandus , & autres modernes , veulent que la
civette ait été inconnue aux Anciens , & que ce foit
une efpèce de chat. Les civettes font fort com-
munes au Royaume d'Iffiny en Guinée. Les J^è-
gres les fuivent à la pifte pour recueillir le fuc
qu'elles laiflent lurles herbes. P. Loyer,
Ce mot vient de l'Arabe ^itet ou ^cbed,c\Mi fi-
gnifie écume ; car en effet cette liqueur eft écu-
meufe en fortant,&: fort blanche i & elle perd fa
blancheur, quand elle eft repofce. Cela eft tiré
des mémoires de M. Perrault. Le Père Ange de S.
Jofeph dit qu'il a vu plufieurs fois à Baflbra le E;atto
:iibetto. Si que c'eft une fouine qu'on frappe avec
un petit bâton jufqu'à tant qu'elle fue le mufc. On
enferme ces civettes fort étroitement , pour en tirer
la fueur qui coule entre leurs aînés , & cela une
fois par jour. Elles font d'un grand revenu ; mais
elles dépenfent beaucoup. Toutes les fois qu'on en
veut ramallér la fueur , on leur met le cou dans
une fourche , afin de s'en rendre maître ; parce
qu'elles font fort méchantes, & ne s'apprivoifent
point.
On appelle auffi civette , la liqueur épai/Te &
odoriférante qu'on tire de la civette,
La Civette , lorfqu'elle eft nouvelle , eft blanche ,
elle n'eft pas encore en état d'être employée ,
& lorfqu'elle eft trop vieille , elle eft toute brune,
elle n'eft pas bonne non plus •, mais il faut qu'elle
foit d'un jaune doré , & d'une très - forte odeur ,
qui foit pourtant agréable , &: fur-tout qu'elle ne
iîle pas , car il y auroit danger qu'elle ne fût mê-
lée de miel. Barbe.
f]CF II faut préférer la civette du mâle à celle de
la femelle, laquelle eft fouvenr mêlée avec l'urine
de la bête , qui l'altère beaucoup. Hijioire des
voyages.
Civette eft aufîi un oifeau nommé plus commu-
nément Chouette. Voyez ce mor. Un des Erranci
de Brefce , qui avoir pris le furnom d'il Notturno ,
s'étoit donné pour devife une civette , avec cet
hémyftjche , Per arnica Jikntia Liai»,
C î V
Civette eft auffi une petite plante potagère. Pe-
tite cive, Cepula minor. Elle fc coupe menu , &
s'emploie dans les falades & ragoûts, Voye?
Cive.
CIVIDAL , CIVIDALE. Mot Italien , qui ne fe dit
que d'une ville d'Italie , nommée par les Latins
Forum Juin , &c capitale du Frioul , auquel elle a
donné fort nom ; on la nomme Cividale , Cividale
del Frioul, comme on le .voit dans ïHi/loire du.
Frioul de Palladio , L. II, p. 58, Elle s'appelle auffi
Cividale d\4uflria , parce que liir la fin du treizième
fiècle elle fut foumife à Ottocare , Roi de Bohêrne
& Ptince d'Autriche , dit le même Auteur , L,
FI, /7, 15 5 , 154, Ainli Maty & les Géographes qui
difent , ibit dans leurs Cartes , fbit ailleurs , Cividad,
ou Ciudad , fe trompent. Cette terminaifon eft Ef-
pagnolc , Se ne convient ni à la langue fran«
^oile , rli à l'italienne ; il faut dire Cividal ou t7-
vidale , zvtc l'Atlas, Thomas Corneille, &c.
qVIERE, f. f. Sorte de petit brancard , à quatre bras,
gCT fur lequel deux hommes portent à bras ou
par le itioyen de bricolles ou bretelles, de gros
fardeaux. Brachiata craies. Dans les ateliers on
appelle lar, des civières à btas,& dans l'Eglife, on
appelé des civières à cou celles fur lefquelles on
porte des Reliques , des pains bénis.
On dit en proverbe , cent ans bannière , & cent
ans civière; ^fT pour marquer les révolutions &
les changemens de fortune qui arrivent dans les
maifons,
CIVIL, ILE. adj. ce qui regarde la police, le bien
public , le repos des Citoyens. Civilis. Il faut pu-
nir féveremerit tous les crimes qui bleffent la fo-
ciétç civile. Les guerres civiles font les plus cruelles*
& les plus dangereufes de toutes. Il n'eft pas nc-
ceffaire de fe détacher de la vie civile , ni de
rompre tout commerce avec les hommes, pour
s'unir à Dieu. S. Evr. Vn mineur eft incapable
des moindres adhes de la vie civile. C. B,
i^ Civile fe dit aufTi , en parlant des états produits
par le fait des hommes -, état civil , fociété civile,
gouvernement civil. De tous les états pioduits par
le fait des hommes , il n'y en a point de plus
confidérable que l'état civil ou celui de la fbciété
civile &: du gouvernement. Le caraiflère efTcntiel
de cette fociété , qui la diftingue de la fîmple fo-
ciété de nature -, ( Foyei Société. ) c'eft la flibordi-
nation à une autorité fouveraine qui prend là
place de l'égalité & de l'indépendance.
%fT Originairement le genre humain n'étoit dif-
tingue qu'en familles &: non en peupIes.Ces familles
vivoient fous le gouvernement paternel de celui
qui en étoit le ch^i , comme le père ou l'ayeul.
Mais enfuite éxant Venues à s'accroître , & à s'u-
nir pour leurdéfenfe commuiie, elles compofèrent
un corps de nation , gouverné par la volonté de
celui , ou de ceux à qui l'on remettoit l'autorité.
De-là vient cequ'on appelle le gouvernement civil,
& la diftinélion de Souverain & de fujets, Voyer
ces mots,& Loi naturelle,
%fT Ainfi pour fe faire une jufte idée de la fociété
civile, il .faut dire que c'eft la fociété naturelle
elle-même, modifiée de telle forte, qu'il y a un
Souverain qui y commande , & de la volonté du-
quel tout ce qui peut intétefler le bonheur de la
fociété dépend en dernier refîbrt , afin que fous
fa proteélion & par fes foins , les hommes puiiîent
ie procurer d'une manière plus fûre le bonheur
auquel ils afpirent naturellement. Voye:^ Souve-
rain, fondemens de la Souveraineté.
|K? L'Etat civil &c la propriété des biens ont
donné lieu à plufieurs autres ctabli/remens qui font la
beauté & l'ornement de la fociété , & d'où réful-
tent tout autant d'états accefToires : comme font les
différentes charges de ceux qui ont quelque part
au gouvernement, des Magiftrats , des Juçes, des
Officiers des Princes, des Miniftres de la religion,
des Dodleurs , &c. à quoi l'on doit ajouter tous
les arts , les métiers , l'agriculture , la naviçjatfon,
le
CI V
le commerce avec toutes leurs dépendances : ce
qui forme tout autant d'états particuliers , par où
la vie humaine eft li avantageulcment diva:-
fi/îée-
Le mot de civil s'applique particulièrement aux
Loix Romaines qu'on a reçues en plufieurs en-
droits de l'Europe -, 5c eft oppofé au Droit Canon ,
& au Droir municipal de coutumicr. Jus civile.
Tribonien a tait une Compilation du Droit Civi/
par l'ordre de Juftinien , compolc du Digefte, du
Code Se des Inltitutes : & c'eft ce qu'on appelle le
Corps du Droit Civil. La Galcogne, le Languedoc ,
ie Lyonnois, le rcgillcnt par le Droit Civi/ , qu'on
nomme autrement le Droit cent. A Paris on ne
reçoit pas le Droit Civil comme une dccifîon , mais
comme une raifon. On y a rétabli depuis peu les
Ecoles du Droit Civil & du Droit Canon. Doc-
teur , Licencié en Droit Civil Se Canon, Cujas a été
un célèbre Proteireur du Droit Civil.
Civil , en termes de Palais, eft la procédure ordi-
naire qu'on fait dans les procès pour le commerce
& pour l'intérêt pécuniaire , 5c eft oppole à cri-
mineL Dans ce fens on dit , Lieutenant Civil-, Or-
dinaricc cogriitionis judcx ; &c Lieutenant Crimi-
nel 5 Capitalium rerum Pnvtor ; un Juge Civil, Ju-
dex ordmanus \ & Criminel , Judex rerum crimi-
nahum , cupitahiun. La Chambre Civile du Châ-
telet. Un Grctiî; Civil. Ordmarice, caiij\z tribunal^
tabularinm. Une partie civile, eft celle qui pour-
Tuit un procès criminel pour fon intérêt particu-
lier. Adverj'arius civile jus perjet^uens. Dos conclu-
rions civiles font des écritures qu'on tait pour de-
mander des intérêts civils, des dcdommagemens
pour la partie offenrée.
On appelle Intcrêrs civils , le dédommagement
dû à quelqu'un fur le bien d'un criminel , à caule
du tort qu'il a foufFert par le crime commis.
AcAD. Fr.
Requête civitE, eft une voie de Droit , par la-
quelle on fe pourvoit contre les Arrêts des
Cours Souveraines , ou contre les Sentences ren-
dues par les Prchdiaux au premier chef de l'Edit.
Lihellus fupplex ad impetraiidam judicatts litisno-
vam difceptationem. Elle diftère de la propojitwn
d'erreur , en ce que par la requtte civile on le
plaint feulement du fiit de la partie civile , & des
fuppofitions ou des furpriies faites aux Juges : au
lieu que par la propoj'ition d'erreur on accufe le
fait des Juges, qui fe font trompés eux-mêmes.
C'eft pourquoi celle-ci n'eft plus en ufage. La
requête civile s'obtient pat Lettres* de Chancelle-
rie fur une confultation de deux anciens Avo-
cats. Les ampliations de requête civile , ou les ou-
vertures de requête civile , font le dol perfonnel ,
contrariété de jugemens , procédures mal oblér-
vées , pièces faulVes qui ont fervi de fondement à
l'arrêt, pièces nouvellement recouvrées, retenues
par le dol de la partie , & autres cas mentionnes
en l'arricle 34 du titre 55 de l'Ordonnance de
i66-j. On ne reçoit plus les requêtes civiles, s'il
n'y a ouverture en la forme , quand il y auroit
de l'erreur au fond , & fans conligner une amende
de 450 livres.
On appelle mort civile , ce qui emporte un re-
tranchement de la fociété civile , comme une
condamnation aux galères perpétuelles , à unban-
nilfement perpétuel , ou une condamnation à
mort par contumace, qui font qu'on ne regarde
plus un homme comme citoyen. Mors civilis.
On le dit aufli de ceux qui n'ont plus la faculté
d'agir en des aflfiiires temporelles , comme ceux
qui" ont renoncé au monde , qui ont _ fait des
vœux dans les Monaftèrcs -, ce qui eft fujet à ex-
ception.
GiTERRE CIVILE. On appelle ainfi la guerre que le
fontentr'eux les peuples d'un même Etat, ouïes
Citoyens d'une même ville. Bellum civile. Les
guerres civiles font toujours plus cruelles que les
guerres étrangères.
Tome IL
CI V 6ij
' CiVïL, fe dît au/n de la manière d'agir &: de con*
vcrfcr'avcc les autres hommes dans la fociété,
^ fe dit de celui qui par des manières honnêtes
fait rendre des honneurs convenables à ceux qu'il
rencontre. Nous fommes honnues , dit M. l'Abbé
Girard par l'obfervation des bienféances & des uia-
ges reçus dans la fociété. Nous fommes civils par
les honneurs que nous rendons à ceux qui fe trou-
vent_ à notre rencontre. Nous fommes polis par
les façons flatcufes que nous avons dans la con*
verfition & dans la conduite pour les perfonnes
avec qui nous vivons. Nous fommes gracieux par
des airs prcvenans pour ceux qui s'adrcifent à
nous ; les manières civiles font un témoignage
de relpeél. Souvent dans l'ufage on étend 'la li-
gnification de ce mot. Voye^ Civilité M. de S.
Eviu a employé Ce mot fubftantivement. Un
civil par eXcès eft plus fâcheux qu'un incivil. S,
EVR.
CIVILEMENT, adv. d'une manière civile. C/v/ViV^r.
L'action de faux fe peut pourfuivre civilement 6C
criminellement.
On dit auHi, qu'un homme eft mott civilement,
qtiand il eft condamné à mort par contumace -,
aux galères perpétuelles , à un banni/femcnt per-
pétuel , ou quand il a fait profellion dans un
Monaftcrc : car alors il eft ccnfé à certains égards
retranché de la fociété civile , privé des droits lie
des fonctions de la fociété civile.
Civilement, lignifie aulfi honnêtement. Comiter >
humaniter , ojjicios'e. Cet homme m'a traité , m'a
reçu fort civilement ; il en a agi fort civilement
avec moi,
CIVILISATION , f. f. terme de Jurifprudence.
C'eft un Acte de juftice , un jugement qui rend
civil un procès criminel. La civilisation fe faic
en convertillant les informations en enquête , ou
autrement.
i^T L'ami des hommes a employé ce mot pour fo-
ciabilité. Voye^^ ce mot. La religion eft fans con-
tredit le premier &; le plus utile frein de l'huma-
nité : c'eft le premier reilbrt de la civilifation. Elle
nous prêche , & nous rappelle fans celfe la con-
frarernité , adoucit notre coeur.
CIVILISER , V. a. rendre civil Si poli , traitable ,
fociable. Aliquem ad omne offîcii munus injiruere.
La Prédication de l'Evangile a civilifé les peu-
ples barbares les plus fauvages. Ad humanitatetrl
informare. Il n'y a rien de plus propre à civilifer
& à polir un jeune homme que la eùnverfation des
Dames.
Civiliser, en termes de Palais , lignifie, recevoir
un criminel en procès ordinaire , ou rendre un
procès civil de criminel qu'il étoit. Caufam à ca-
pitiilium rerum tritunali ad cognitionis ordinarits
judicium transferre. Ce procès , qui étoit à la
Tournelle , a été civilifé , &: renvoyé aux Enquêtes ,
pour y ^procéder par aélion civile.
CIVILISE , ÉE, part. Il a les lignifications de fon ver-
be , en latin comme en françois. Peuple civilifé.
Procès civilifé,
CIVILITÉ, f. f. Manière honnête d'agir, de con-
verfer dans la fociété. Civilitas.
gC? La civilité eft un cérémonial de convention ,
établi parmi les hommes , de fe donner les uns
aux autres des démonftrations extérieures d'amitié,
d'eftime & de confidétation.
IfT M. l'Abbé Girard donne à ce mot une figni-
fication moins étendue & ne confidère la civilité
que comme un emprcllement de marquer des égards
& du refpeèl aux autres. Sous ce point de vue ce
n'eft qu'un pas vers la politeflc , & c'eft une qua-
lité réfervée aux perfonnes d'une condition inté-
rieure.
La civilité eft un certain jargon que les hommes
ont établi pour cacher les mauvais fentimens qu'ils
ont les uns pour les autres. S. EvR. La civilité c^i
comme la beauté -, elle commence , & elle fait les
premiers nœudî de la fociété. Mont. La civilité
I lii
6i8
C I V
n'efl autre chofe qu'an commerce continuel de
inenionges ingénieux pour fe rromper mutuelle-
mcnr. Fléch. Il cfl: allez difficile de diftinguer la
flatrerie d'avec la civilité , &i la politefle du monde.
M. ScuD. La civilité eft un delîr d'être cftimé
poli en certaines occafions. La Roch. La civilité
a augmente parmi nous à mefure que la poli-
tcfTe's'y ell introduite. Cail. Il vaudroit mieux
le contenter d'une civilité froide qui n'oifcnfe point ,
que de fe trahir par une civilité.excciViwc , qui attire
les importuns. M. ScuD. Combien de haines fc-
crettes ne couvre-t-on pas fous des apparences de
civilité affeiSlce î Les civilités gênantes &c étudiées
font importunes. Bell. Le véritable el'prit du monde
a trouvé l'art d'introduire une certaine civilité fa-
milière , qui rend la Ibciétc agréable & commode.
S. EvR. Ceux qui font élevés dans les premiers
rangs doivent s'abaiflcr en quelque manière par
leurs civilités , pour Jouir de leur prééminence.
Maleb. La civilité n'eu bien fouvent qu'une envie
de pafler pour poli , & une crainte d'être regardé
comme un homme fauvagc 8>c grofTier. M. Esp.
ÇCF Civilité fe prend généralement pour compli-
mens , paroles, adions obligeantes, gracieufcs, de
autres devoirs de la vie. Officiofa vcrba , comitas.
Dans ce fens il a un pluriel. Faire civilité à quel-
qu'un , lui faire des civilités. Après les premières
civilités de part & d'autre.
Civilité fe dit auflî d'un livre qui enfeigne les règles
de la civilité. Liber adpolitarn inorum eUaantiam ,
fcitam urbanitatem erudiens. Une civilité françoiié.
On dit proverbialement d'un homme qui manque
aux devoirs les plus ordinaires de la civi/ùi; , qu'il
n'a pas lu la civilité puérile , qui eft le titre d'un
ancien livre.
CIVIQUE, adj. Epithète qu'on donnoit à des cou-
ronnes de chêne , qu'on accordoit autrefois à Rome
à ceux qui dans la guerre avoient fauve un citoyen
dans une bataille , ou dans un aflaut. Corona civica.
Elle étoit fort eftimée , &c fut même donnée à Au-
gulte , qui fit à cette occafion frapper des mon-
noies avec cette devife , Ob cives fervatos ; c'eft-à-
dire , pour avoir fauve des citoyens. On la donna
aufTi à Cicéron , après qu'il eut découvert la con-
juration de Catilina.
CIVITA. f. f. Mot italien , que nous difons aufTi
dans des noms propres de lieu. Civitas. Il s'eft
formé de ce mot latin. Cività eft une petite ville de
l'Etat de Venife dans le Brelfan. Cività Cajiellana
eft une petite ville de l'Etat de l'Eglilé dans
le Patrimoine de S. Pierre. Cività Ducale ou
Reale , c'eft-à-dire , Ville Ducale ou Royale , pe-
tite ville Epil'copale de TAbruzze ultérieure, fur
les confins de la campagne de Rome. Cività di
Ferma , en latin , Penna , Pinna , ville Epiico-
pale de la Calabrc ultérieure. Cività délia Pieve ,
en françois , Fille du peuple. Civitas Pkbana. Pe-
tite ville Epifcopale du Pérugin dans l'Etat de l'E-
glife. Cività Vecchia. , qne nous prononçons quel-
quefois Cività Véche , c'eft-à-dire ; Ville vieille ,
Civitas Vêtus , eft une ville de l'Etat de l'Eglifc
dans le Patrimoine de S. Pierre. Elle a un fort bon
port , qui fert de retraite ordinaire aux Galères
du Pape. Innocent XIII l'a déclarée port franc ,
& lui a donné de grands privilèges pour y attirer
le commerce. C'éroit autrefois un Evêché : on l'a
réuni à celui de Viterbe. L'Abbé Chaftelain écrit
toujours dans fon Martyrologe. Cività vecque , &
tout en un mot ; & Tillemont , Cività Vecchia ,
comme en italien.
CPV'ITELLE. Nom d'une petite ville d'Italie. Civi-
tella. Cette ville eft dans l'Abruzze, au Royaume
de Naples,
Ce mot eft un diminutif formé du mot latin ci-
vitas , ville.
CIUN. Voyei CniUhf.
plURAN. f» IP, Nom d'homme, Cyprien. Cyprianus.
C L A
s. Ciiiran , près de Poitiers , eft un Monaftèrc Je
la Congrégation de Toron.
Ce mot^s'eft fait par corruption de Cyprianus.
0CF CIVRAY. Petite ville de France , en Poitou ,
fur la Charente , à neuf lieues de Poitiers,
C I Z.
§3" CIZE. Nom qu'on donne à un des diftrids dans
lefquels la baffe Navarre eft divifée. S, Jean-picd-
de-port en eft le chef-lieu.
C L A.
CLABAUD. f. m. Chien courant à grandes oreilles
pendantes , & qui fe récrie mal-à-propos fur les voies,
Nicod dérive ce mot de l'hébreu chtleb ou chalab
ou du pluriel chelabim , qui fignif^c chien, CLamo-
fus canis.
On dit figurément &; populairement qu'un cha-
peau fait le clabaud-, quand un de fcs bords bailî's
pliK d'un côté que d'autre. Petafus cujus or <e pars
in alteratn aiirem dependet , petafus ex altéra parte
pendens. On dit antrement qu'il baifFe l'oreille ,
comme font les chiens clabauds.
:gC? Clabaud lignifie figurément fot, bavard, qui parle
beaucoup & mal-à-propos. C'cft un vrai clabaud.
Il eft populaire. Clamator , clamofus.
CLABAUDAGE. 1". m. Le bruit que font plufieurs
chiens qui clabaudent. Il fc prend aulfi quelque-
fois dans le fens de clabanderie, Clamitatio.
CLASAUDEMENT , f. m. pour clubauderie, criail-
lerie importune , fc trouve dans la Satyre Ménip-
pée , p. 80 de redit, in-80. a Vous n'oyez plus aux
» cla.Tes ce clabaudement latin des Régens qui ob-
" tondoient les oreilles de tout le monde....»
CLABAUDER. v. n. Aboyer fortement , comme font
les chiens clabauds qui aboient ordinairement fans
être fur les voies de la bête. Allatrare , obla-
trare.
Clabaud ER fe dit aufTi de l'aboi des mâtins.
Clabauder fe dit figurément des hommes qui dé-
clament trop fort , qui crienr beaucoup, mal-à-pro-
pos &: fans (lijet. Clamitare , blaterare , blatire
nugas. Cet Avocat ne fait que clabauder , au lieu
d'apporter de bonnes raifons. Vous clabaude^ en
pédant fur des vétilles de Grammaire. Saint
Amant.
Il eft aufTi quelquefois adlif. Allatrare aliquem ,
alicui oblatrare. Que deviendrai-je entendant les
Libraires me clabauder ? Bois-R. Naudé a dit cla-
bauder ; pour dire , crier quelque chofe par les rues ,
comme font les Colporteurs. Je crois ne pouvoir
mieux faire que de commencer la reiTource de ma
fortune en clabaudant , comme tant d'autres , de
ces perits libelles. Masc.
CLABAUDERIE. f. £ Criaillcrie , cris fatiguans &:
ennuyeux. Clamor importunus. Il m'étourdit les
oreilles avec fes clabaudcries. Tous ces termes font
du ftyle bas.
CLABAUDEUR, f. m. qui clabaude , qui fait bien
du bruit pour peu de chofe. Clamator , clamofus.
On dit au féminin clabaudeufe.
CLABAUDIER pour CLABAUDEUR. Apollon ,
art. 6 de fon Ordonnance ^ interdit tous Avocats
citateurs , clabaudiers Se déclamateurs. Parnaffe
réformé, p. 155. Tous ces termes font du ftyle
très-familier.
go- CLACKMANNAN. Ville d'EcolTe , dans la pro-
vince de Sterling, fur le Golfe de Firth.
CLACQUER. Voyei Claquer
CLADOTERIES. f, f. pi. Fêtes qu'on célébroit dans
le temps que les vignes fe taillent. Héfychius en
fait mention. Du grecxWoç, rameau.
§a- CLAGENFURT. Clagefurtnm , autrefois Clau-
did. Ville d'Allemagne , capitale du Duché de
Carinthie.
CLAIE, f. f. Ouvrage dç Vannier fait d'ofier , fer-
CLA
Vant à divers ufages. Crates, Une claie cft faîte
ordinairement de branches entrelacées les unes dans
les autres. Il y a des claies à claires voies, d'autres
icrrées. On met des claies devant les fenêtres ,
derrière les lits. Il y a des claies qui fervent à net-
toyer les habits , & d'autres qui fervent à faire
fccher des fruits. II y a auill des claies de bois
plus grolfier , comme celles des ateliers , qui fer-
vent à palier le fable pour en féparerles cailloux s
des claies à clore les bateaux de charbon ; des claies
qui fervent à faire des digues , à entretenir des
ouvrages de fortification faits de terre fablonneufe
& fraîchement remuée , à pafler des folles maré-
ca£ïeux. Les Jardiniers Ce fervent de claies pour
pafler les terres. On appelle au(fi claie , ce qui fert
aux Bergers pour enfermer leurs troupeaux quand
ils parquent.
Ce mot de claie a été fait à claudendo. Du
Cange dit qu'on l'a appelé dans la balle latinité
cleia , claia , de ta , clitella & cUia , dont il croie
que ce mot cft dctivé.
Claie eft aufîî une grofTe échelle de charpente at-
tachée derrière une charrette, fur laquelle on fait
traîner par la ville ceux qui ont été tués en duel,
ou qui fe font défaits eux-mêmes.
CLAIMER , vieux verbe , avouer , nommer. Ce terme
cil encore ulitc au Parlement de Rouen , & daris
la Coutume de Normandie , où il fignifie retraire :
on y dit aulfi clainer,
fjfT CLAJN. f m. Terme de Coutumes ,qui a diffé-
rentes fignifîcatîons dans différens endroits. C'elt
en général , demande , clameur faite en jugement :
en quelques endroits, failie , dans d'autres , amende
duc par celui qui fuccombe *, ailleurs amende due
pour les bêtes prîfes en délit.
^fT Clain de dégagement. Saifie Si ariêt que fcSnt
les Ouvriers &i les Domeftiques fur les meubles
du débiteur pour leurs falaires ou gages. Clain de
rétablilicmcnt , aftion en rcintégrande.
^fT CiAiN. Rivière de ^n France Poitou. Elle palTe
à Poitiers , tV va fe décharger dans la Vienne au
delfous de Chatelleraut.
fC? CLAIPv , AIRE. adj. Ce mot a différentes ac-
ceptions. En Phylique il eft relatif à la quantité
de rayons que réfléchit un corps, & quelquefois à la
quantité de mat'ère ou de parties folides qu'il con-
tient. Uneco'Uleut dlaire , une étoffe claire,
%fF Clair fe dit des objets qui répandent beaucoup
de lumière , foit qu'ils aient cette lumière d'eux-
mêmes , foit qu'ils l'aient par emprunt. Clams.
Dans le premier cas il convient aii fôteil & aux
étoiles qui brillent par leur propre lumière. Dans
le fécond cas, il fe dit de la lune & des planètes
qui luifcnt d'une lumière empruntée. La lune eft
claire. Vénus eft la plus claire des planètes.
^Cr En général le mot clair s'applique aux objets
qui ont te degré de lumière néceflaire pour être
pleinement diftingucs & connus.
Ce mot vient du latin clarus , qui en fa pre-
mière lignification veut dire un illiijire , celui qui
eji public victorieux à haute voix.
Ce mot vient donc du grec x^i , d'où vient,
xctAi, K«>É , voco o\x publico , altd voce pronuntio.
Martinuts.
On dit aulTi au fubftantif , le clair de la lune.
Luna lucida.
Clair fe dit auffi des lumières élémentaires , du feu ,
& des autres chofcs qui en participent. Le fagot
fait un feu clair. Une bougie rend une lumière
plus claire qu'une chandelle.
Clair lîgnilîc encore , ce qui reçoit beaucoup de
lumière, & qui eft oppofé à ohfcur. Cet apparre-
ment eft clair , cet autre eft obfcur. Autrefois les
Eglifes étoient fort obfcures -, maintenant on les
fait fort claires.
Clair fe dit encore des furfaces nettes & polies oui
[ ïéfléchiflent beaucoup de lumière. Les miroirs d'à-
CLA Gx^
cicr font plus clairs que ceux de verte , parce qu'ils
fouffrenr un plus beau poli. Ces chenets font /î
clairs , qu'il femble que ce foient des miroirs. C'eil
en ce fens qu'on dit un te'mzclair, quand il eft Uni ^
vif & poli j à ladilfcrcncede celui qui eft plombé,
du de celui qu'ont leS perfonncs indlfpoféesj
CtAïK-brun fe dir des cheveux. On appelle chevetiiie
clairs-huns , des cheveux d'un brun moins foncé*
Et on dit d'ui^e femme qui a les cheveux de cette!
forte, qu'elle eft clair-brune.
On ditauffi, que le blanc eft urle couleur i'''//r^))
parce qu'elle naît d'une réflexion de beaucoup à£
lumière : que le noir n'eft pas clair, parce que la
lumière le perd, s'abforbe dansfes pores. Lucidiist
Clair, en tctmes de Peinture, fe prend fubftanti^
vement, & le dit des parties qui réfléchilfent plus
de lumière , qui font compofées de couleurs plus
hautes, plus frappanres. Lucidus color. La fcience
du Peintre eft de bien ménager les clairs d'un ta-*
bicau, les teintes, les ombres j ou bruns , &: led
enfoncemens.
gcr Clair fe dit encore en Peinture d'un tofi natu-
rel, & non rembruni.
On appelle encore ainfi dans les ouvrages de ta*
piflcrie, les laines & les foies claires qui fervent
à rehaulfer l'ouvrage. Cet ouvrage de rapifferie eft:
prefque achevé , il n'y a plus que les clairs »
mettre : les clairs font bien diftribués.
Q^KiK-obfcur , (. m. terme de Peinture. Par ce mot
on entend l'art de diftribuer avantageufement les
lumières & les ombres qui doivent fe trouver dans
un tableau , tant pour le repos & pour la fatis-
fat^ion des yeux < que pont l'etfef du tout enfemble.
De Piles. Ce Peintre entend bien le clair-obfcur ;
pour dite , qu'il donne à feS figures un grand re-
lief, qu'il les débrouille & les détache bien paC
le moyen de la lumière Se des ombreS.
Clair obfcur fignifie auffi un deflein qui n'eft fait
qu'avec deux couleurs , ordinairement de blanc 6C
de noir , & quelquefois de jaune : ou un delfeiri
qui n'eft lavé que d'une couleur brune, & les jours
fehaulfés de blanc. Color htcidus obfcuro rite tem*
peratus. On le dir auffi des cftampes de deux cou-
leurs qu'on tire à deux fois , dont on voit des Vo-
lumes chez les curieux d'eftampes.
Le mot de clair-obfcur eft compofè de deus
aurres mors , comme on le voir : par le moi
de clair , on entend non-feulement la lumière ,
mais aulTi toutes les couleurs qui font lumineufes
de leur natute ; & par le mot A'olfcur , il faut en-
tendre non-feulement toutes les ombres, mais encore
les couleurs qui fonr natuiellement btunes. ^oye:^
M. DE Piles dans fon Cours de Peinture par prin-
cipes.
Clair fignifie encore ce qui n'eft pas épais ^ ferré,
Rarus, On dit en ce fens que des cheveux font
clairs ; que les blés font clairs dans les champs.
La gaze eft la plus claire de toutes les étoffes, 1»
moulfeline de toutes les toiles.
Clair fe dit auffi des cofps qui donnent palTage aux
rayons de la lumière ; Se en ce cas il fignifie, dia-
pharie, tranfparent. Per lucidus. Ce verre eft clair î
clair comme criftal de roche.
0C? Clair fe dit aulfi de ce qui a peu de confî-
ftance. En ce fens il eft oppofé à épais, Sc ne fe
dit que des chofes liquides. Syrop trop cldir , bouil-
lie trop claire.
IfT On le dit auffi par oppofition à trouble , comme
fynonyme de limpide. Vin clair. Eau qui n'eft pas
encore claire.
(fT On dit que le temps eft clair , que le ciel efl
clair , dans la fignification de ferein ; pour dire ,
qu'il n'y a point de nuages en Tair.
Clair fe dit auffi en Mufique d'un fon net & aigu
qui ftappe l'oreille avec autant d'éclat, que la Ii>-
mière frappe les yeux. Clarus , acutus. Les enfans,
les femmes, les châtrés, ont la voix plus clair*
1 1 i i i)
6ld
C L A
que les autres gens. Cette cloche a un fon clair &c
aïîçentin. .
ClaiV le dit aufTi fîgurcmenl , & fignific ce qui elt
net &: débrouillé. C7izr«5, dilucidus , enuckatus.
On ne doit le déterminera recevoir une vérité qu'a-
près une vue claire & diftinde de ce tjui eft né-
cellaire pour porter un jugement alVuré, Maleb. La
narration dans le dilcours doit être exaéle , claire
Si ferrée. S. Evr. Que deviendroient beaucoup de
penfées de Tertullien , 1» on les avoir réduites à
leurs plus claires &C plus limples idées ? Maleb.
|tT Clair lignifie quelquefois intelligible , &: aile
à comprendre. Un commentaire clair ; dilcours
clair. Méthode claire èc ailce.
|t? On dit qu'un homme a l'efprit clair, lorfqu'il l'a
net , qu'il apperçoit & connoît bien les objets &:
les prélente de même,
^cr On dit qu'un homme voit clair içom dire, qu'il
pénètre bien le fonds des affaires -, qu'il entend clair ;
pour dire, qu'il entend à demi mot ce qu'on veut
lui dire. Perfpicax , acutum videns. On dit au
. contraire d'un "ftupide , qu'on ne fauroit lui faire voir
clair , lui faire entendre raifon. Dans ces der-
- nièrcs phrafes il eft employé adverbialement.
On dit aufli, qu^un droit eft clair ; pour dire ,
qu'il eft évident , jus apertum , manifejîum ; une
, queftion claire , qui eft fans difficulté, (^utefiio fa-
cilis i que les affaires d'un homme font claires ,
■ que fon bien eft clair ; pour dire , qu'elles ne font
point embrouillées , que perlbnne ne lui en dif-
pute la pofleffion. Res plance -, dilucidct , non in'
. tricatœ. Le fonds fera pris fur les plus clairs deniers
du Tréfor Royal. Pars ararii Regii liquidior.
Cette terre eft le plus clair de fon bie«. Pa-
trimonii pars liquidior.
Les gens de chicane difent qu'il faut voir clair
dans une affaire -, pour dire, qu'il leur faut donner
. de l'argent , avant que de les obliger à mettre le
. nez dans un fac pour l'examiner.
Clair fe dit aulTi quelquefois ablblument & adver-
bialement. Il fait clair ; pour dire, il fait jour. Lucef-
cit.W parle haut & clair , c'eft-à-dire ,avec une voix
grêle & aiguë. Il lui a dit cela clair & net; pour
dire , franchement &; fans dilfimulation.
On appelle du vin tiré à clair , ou au clair ; du
vin tiré en bouteilles étant bien repofé.
^3* Ces façons de parler adverbiales à clair 8c au
clair , fe difent au propre d'une liqueur féparée de
fa lie , de fon fédiment. Vin tiré à clair ou au clair,
expreiTion qui a lieu au figuré. Les particularités
■ de cet événement font tirées au clair , c'eft-à-dire ,
qu'on a démêlé ce qu'il y avoir de faux , &; qu'on
fçait au jufte ce qui en eft. Ses expreffions fonr fi
prelTées , fi embarraffées les unes dans les autres ,
qu'un tradudeur eft obligé d'ufer de longs détours
■ pour les tirer au clair , & les rendre intelligibles
: dans une autre langue. Journ. des Sav, en parlant
de Plutarque.
On dit aulTi qu'un homme voit plus clair avec
des lunettes, qu'avec fes yeux ; qu'un colin maillard
■ voit clair , pour dire qu'on ne lui a pas bien appli-
. que fon bandeau.
Clair fe dit proverbialement en ces phtafcs. On dit
de celui qui entreprend quelque chofe au-delà de
. fes forces , qu'il n'y fera que de l'eau toute claire.
■ On dit que l'argent eft clair femé chez quelqu'un ;
. pour dire , qu'il n'en a guère.
CLAIR , C. m. nom d'homme. Clarus. Il y a plufieurs
Saints de ce nom. Il y en a un pour lequel l'ufage
eft de dire Clars au lieu de Clair. Voyez Clars.
CLAIRAC. Il feroit mieux d'écrire ainfi , comme le
fait Duchefne , & les autres de fon temps : mais l'u-
fage l'a emporté , & l'on écrit aujourd'hui Clerac.
Voye^ ce mot.
fp- CL AIR AU. roye^ Clarine.
GLAIRE , f. f. nom de femme. Clara. Sainte Claire,
|K3" Claire. (Reh>ieufesdefainte).F'oyf{CLARissEs.
CLAIRE-SOUDURE , claire étofe, f.f. Les Potiers
CL A
d'ctain appellent de laforte, uneefpcce d'ctaîncom-
pofc de plomb &, d'étain neuf. On le nomme auilï
bajj'e etojje ôc petite étojfe.
tfCF CLAIRE, f. f. On appelle ainfi la cendre des os
calcinés, lelfivcs , féchés & réduits en poudro im-
palpable fur le porphyre, dont on enduit lafurfacc
interne des coupelles , non-feulement pour en rem-
plir les inégalités , mais encore pour former fur
cette furface une efpèce de crible , à travers lequel
le plomb Si les autres métaux vitrifiés paflent très-
ailcment , pendant que l'or &c l'argent , ou toute
autre méral qui a encore la forme métallique , y
font arrêtés. Encyc.
§Cr Claire , f. f. ou adj. employé fubftantivement,
en Aftronomie , eft un nom qu'on a donné à quel-
ques étoiles. La claire des gardes , &c.
CLAIREMENT, adv. D'une manière claire. Perlu-
cide , nitidè. On voit clairement les objets à travers
cette lunette. On le dit auffi au figuré. Les propor-
tions d'Euclide font démontrées clairement. Clare ,
dilucidi , explicate , plané , enucleate. La penfée
n'étant qu'une image que l'efprit fe forme à lui-
même, elle doit rcpréfenter les chofes clairement
& fans obfcurité. Bouh,
Que la langue toujours exprime clairement j
Ce que d'abord Tefprit a conçu nettement. Vill,
CLAIRET , ETTE , adj. pris fouvent fubftantivement*
Au mafculin il ne fe dit proprement que du vin
rouge paillet. Vinum rubellum. En ce fens on dit
qu'un homme eft entre le blanc & le clairet ; pour
dire, qu'il eft entre deux vins. On appelle clairette
une liqueur compofée d'eau-de-vie, de fucre & de
différens ingrédiens. On appeloit autrefois clairet^
duvincompole avec des épiceries. Les Allemands
l'appellent encore claret,\es Efpagnols clarea , Sc
les auteurs modernes claretum.
Clairet , f. m. terme de Jouaillier, Il le dit d'une
pierre dont la couleur eft trop foible.
Clairet. Le Mont Clairet. Montagne de Provence,
près de Toulon.
CLAIRETS ou CLÉRETS. Les Clairets. Abbaye
de filles de l'Ordre de Citeaux, fondée en 1113.
Abbatia de Claretis,. Guillaume V, Abbé de la
Trappe, en fiit le premier père &c fupérieur immé-
diar , Si elle demeura toujours fous la conduite des
abbés de ce monaftère , tant qu'il y en eut de régu-
liers. Elle retourna fous la filiation de Clairvaux, à
laquelle elle appartient naturellement , lorfque l'Ab-
baye de la Trappe tomba en commande. En i58(î,
le chapitre général de Citeaux remit l'abbé de
Rancé , réformateur de la Trappe, dans fon droit,
& les abbés de Citeaux & de Clairvaux le prefle-
rent de prendre la diredtion de cette maifon ■■, l'oit
indifférence pour cette direction , foit décence
pour l'abbé de Clairvaux , qui en étoiten polTelïion
depuis long temps , il ne pouvoit s'y réfoudre. Mais
Angélique-Françoife d'Eftampes deValençay, ayant
éré nommée par le Roi à cette Abbaye , preffa û
fort l'abbé de la Trappe de ne pas réfifter plus
long remps , qu'il fe chargea enfin de la diredlion
de l'Abbaye des Clairets. Il y fit fa vifite en i6c)0
&: en Kîpi ,& par les exhortations, il difpofa les
religieufes à recevoir la réforme qu'elle'^ embraf*
lêrent enitf9Z. P.Hélyot, T. FI, ci. L'Abbaye des
Clairets e.^ dans le Diocèfe. de Chartres. Elle fut
fondée vers le commencent du XIIP liècle par Ma-
thilde de Brunfwich , fœur de l'Empereur Othoa
TV,&: femme de Gcoffroy,Comte du Vç'ichs. Sainte-
Marthe. Le P. Hélyot s'eft trompé quand il a die
que cette Abbaye fut fondée en m;, puifque
Thomas , Comte du Perche , fils de Geoffroy & de
Mathilde les fondateurs, confirma en m;, les
donations que fes père & mete avoient faites a
cette Abbaye , & y en aioiita de nouvelles. îl fe
trompe encore quand il dit que Mathilde en fut fon-
datrice ; car le njême Thomas, dans le mjme aftc 3
C L A
fait entendre que fon père ôc Ta mère fiirent con-
jointement fondateurs de cette Abbaye.
Il y avoit auffi près de-là une fotêt , nommce la
foret des Clairets. Nemus Claretis j dit le même
adte.
CLAIRETTE ( EAU ) f. f. Efpèce de ratafia.
CLAIRETTES, f, f. Religieules qui mènent une vie
trcs-auftcre , & qui font fous la diretlion de l'Abbc
de la Trappe, ^oye^; Clairets.
CL AIRE- V OIE, f. f. terme de jardinage. Les Jardi-
niers difent , il faut femer les raves à claires-voies.
Les racines de jardin croiflent bien mieux lorfqu'on
les fèmc à Claires-voies , que ioCqu'elles font mifes
en terre trop dru. Semer à claires - 'voies , c'eft
jeter la graine en terre le moins épais qu'il eft pof-
fible. LiGER.
Cx-AiRE-voiL Ce dit au/Ti des claies , manequins & fem-
blables ouvrages d'ofier , quand les morceaux qui
les compofent font écartes les uns des autres , &
qu'ils laiiiént du jour entr'cux. Laxum , laxè intcr-
textum. Les manequins font les uns à claire-voie.
Se les autres pleins. La Quint. On le dit dans le
même lens de l'efpacehient de folives d'un plancher,
des chevrons d'un comble , fi-c.lorfque cet efpace-
ment eft plus large qu'il n'a coutume d'être dans
les ouvrages de même nature. Inurtignia.
Claire-voie, terme d'eaux & fovêts,cft fynonyme
à clairières , mais moins ulité.
On appelle aufli f/a/Ve-roie , les barreaux de
fer ou de bois que l'on met aux ouvertures des
murailles d'un parc ou d'un jardin, pour avoir la
vue, pour jouir de la vue de la campagne. C/dz/zr/,
clathra , ou ciathrus , clachtum,
Claire-voie ,rerme de manufacture de lainage , qui
/ignifie le jour qui rcfte quelquefois entre les fils de
la chaîne, & après que les draps ou autres étoffes
de laine font travaillés en toile. On les nomme
aufTi entrebats,
CLAIRIÈRE ; f. f. terme de lingère. Les femmes qui
_ travailleur en linge , donnent le nom de clairières
aux endroits des toiles mal faites & inégalement
frappées , qui font plus claires que le refte , c'eft-à-
dire , dont la tiflure eft moins Terrée que les au-
tres parties. Les toiles pleines de clairières ne fau-
roient durer autant que celles qui font égales, par-
ce que le fort emporte le foible.
CLAIRIERES , terme des eaux & forêts. Locajîlvœ
raris arboribus conjîta. Ce font des endroits dans
les forêts qui font dégarnis d'arbres. Les bêtes vont
fe reflliyer dans les clairières. On dit auffi des va-
. gués.
CLAIRON, f. m. efpèce de trompette qui a un fon
plus aigu que rotdinaire.^CK//or/jyÔ7zi lituus^tuha.
'Le clairon 2. le tuyau plus étroit que la trompette.
Ils s'aflemblent avec des timbales & des clairons,
. Ablancourt.
Ménage dérive ce mot de l'Italien claroh , qui a
été fait de clarus. C'eft à caufe qu'il rend un fon
. clair. Dans la bafTe latinité en l'appelle clarajlus ,
clario & claro.
Nicod dit que clairon , tel qu'il étoit en ufage
parmi les Maures & les Portugais , qui le tiennent
jL , d'eux , fervoit anciennement comme de deffus à
P' plufieurs rrovnpertes fonnant en taille , ou baffe-
contre. Il dit encore que le clairon , non plus que la
trompette , n'étoit que pout la cavalerie dans une
armée de terre , Se dans une armée de mer , pour
les gens, qui étant portés fur des vaiffcaux, n'é-
toicnt point regardés comme gens de pied. Il n'en
refte plus que le nom parmi nous , excepté dans
la poëfie où l'on dit encore les clairons Se les trom-
pettes.
Clairon eft auffi un jeu de l'orgue qui eft long de
quatre pies , accordé à l'oiflave de la trompette ,
&:qui, de même qu'elle , le termine par en-haut en
s'élargifTant par l'endroit qu'on nomme le pavillon.
TiibuloTiim ordofoni acutioris.
En plufieurs endroits on appelle clairon y ce
qu'on appelle ordinairement clarine^
CL A
ï
Claîron eft un terme de blafon. Le Comte dé Batft
en Angleterre , a trois clairons pour fes armes
Quelques-uns difent que ces clairons font une efpèc'p
d. ancienne trompette. D'autres penfent qu'ils repré-
fcntent plutôt le gouvernail d'un navire ,& d'au-
très enfin l'arrêt d'une lance. Harris.
Clairon On appelle clairon fur la mer\ un endroit
du ciel qui paroît clair dans une nuit obfcure,
rars nebuloji cxli hicidior,
Oi\ dir proverbialement : à bête fùre , ne faufc
point de clairon;çoui fignifier , que lorfque l'on
clt pcrfuadé de la fagefîe d'une fille , il n'eft pas be-
foin de veiller fur fa conduite. On le dit auffi ds
gens dont on connoît la fidélité.
CLAIRON ,f. £ diminutif. Petite fille nomnléc Claîré.
CLAIR-RUISSEL , Monaftère de l'ordre de Fontel
vraut, fondé avant le milieu du douzième ficcle
dans le pays de Caux , près de Gaille-Fôntaine i
par Hugues II, Seigneur de Gournai , & Miléfendé
de Vcrmandois fon époufe. DeÇcript, géog, & hi(i.
àe la Haute-Norm.tom,i,p.i^^.
CLAIR-SEMÉ , ÉE.adj. Qui n'eft pas femé épais , quî
n eft pas près à près. Du blé clair-femé. Clair-femé
fe dit auffi d'un bois qui n'eft pas bien fourni d'ar-
bres. On dit proverbialement que l'argent eft c/^/r-
Jeme chez quelqu'un ; pour dire , qu'irn'en a guèrci
On dit auffi figutémenr d'un livre où il y a quel-
ques beaux traits , mais de loin à loin ; que les
beautés y font clair-femées.
CLAIRVAUX, petite ville de Champagne, fîtuéé
dans l'Evêché de Langres , fur la rivière d'Aube,
Clara vallis.
ClAirvaux , Abbaye qui fut fondée en ii i j , en ce
lieu , par Hugues , Comte de Troyes, qui donna
cette terre , & par Etienne, Abbé de Citeaux , qui
y envoya de fes moines , avec S. Bernard qu'il en fit
premier Abbé , quoiqu'il n'eût que 24 ans , &: feu-
lement^ un an de profeffion. ClaravalUnfe Cano-
biurn. C'eft en ce fens que l'on dit que Clairvaux
eft une des quatre filles de Citeaux,
L'Abbaye de Clairvaux a été chef de plus àà
800 monartères qui lui étaient foumis. Elle a 8t
filles de fa générarion. Alfonfe I , Roi de Porrugal ,
fondareur de l'Abbaye d'Alcobazar, en 1148, en
mémoire de la vidoire qu'il avoit lemportée fur
les Maures, l'année précédente, rendit en 1 143 ,
fon royaume feudataiie de l'Abbaye de Clairvaux^
& obligea fes fucceffeurs à lui payer tous les ans ,
au jour de l'Annonciation de la Sainte Vierge , cin-
quante marabirains d'or. Ce fut apparemment fut
cela que les religieux de Clairvaux fondèrent leurs
prétentions au Royaume de Portugal, après là.
mort du Roi Sébaftien , tué à la bataille d'Alcacen
en 1578. P. HÉLYOT , T. F, C, 45.
Clairvaux fignifie une Congrégation ôil utt Ordre
de moines , dont l'Abbaye de Clairvaux eft chef*
Claravallenfis Congregatio , Ordo, C'eft en ce fens
qu'on dit le Chapitre général de Clairvaux ; urt
religieux de Clairvaux \ane Abbaye, un Prieuré*
un bénéfice de Clairvaux j une Filiation de Clair-
vaux. L'hiftoire de Citeaux à l'an 1 1 1 5 , c. z , /2, 4 ,
dit que Clairvaux n'eut point de fondateur , ou
qu'il n'eft point connu -, que Claude-Robert a dit
que ce fut Thibaut , Comte de Champagne , mais
qu'il fe trompe, & qu'il confond la tranflation avec
la fondation.
Quelques auteurs écrivent Clervaux , mais mal.
Ce mot vient du latin Clara Vallis, qui fignifie
Vallée claire , Val s'eH changé en au à. l'ordinaire.
Ce lieu fut ainfi appelé, .à caufe qu'il eft difficile
de trouver ailleurs une vallée mieux éclairée du
foleil par fa fituation. On l'appeloit autrefois vallée
d'abfynthe,parce que cette herbe yxroi/foit en abonf^
dance : aujourd'hui encore l'abfynthe de ce pays »
des propriétés particulières.
CLAIR-VOYANCE, f. f. Difcernement par lequel
on voit la fin des chofcs , on en prévoit les conjfé-
6ii
CL A
quences. Perfpicacia , perfpicacitas. Ce mot vient
de c/arè'&i de video. Il eft vieux & peu ulitc.
CLAIR-VOYANT , ANTE -, ad. Qui a relprit fin &
pénétrant , qui pénètre les choies , qui eft d'abord
au fait , 5c ne le huile pas tromper. Ferfpicax , iyn-
ceus. Rien n'échappe à l'amour ; il rahne fur tout ,
&: il fait tromper les plus cLiir-voyans. Bouh.
Jnfpirei à ce digne Roi
Avec l'amour de votre loi ,
Et l'horreur de la violence.
Cette clair- voyante équité ,
Qui de lafaitjjé vraijemblance
: Sait difcerner U venté. R.
IfCT L'homme éclairé , dit M. l'abbé Girard , ne fe
trompe pas, il fait. Le clair-voyant ne felailfe pas
tromper, il diftingue. L'étude rend ^'c/a/r^' jl'cfpiit
rend clair-voyant. Un Juge éclairé connoît la juf-
rice d'une caufc ; il efl: inftruit de la loi qui la fa-
vorife ou qui la condamne. Un Juge clair-voyant
pénètre les circonftances &: la nature d'une caulé ;
il efl: d'abord au tait , & voit de quoi il eO; queftion.
Voltaire , dans fes Remarques fur Nicomede , à
propos de ce vers,
Que les plus clair-voyans y jont tien empichés:
Obferve que le mot clair-voyant eft aujourd'hui
banni du ftyle noble. On ne dit pas non pius , ctrc
empêché à quelque choie. Cela eft à peine fouftert
dans le comique.
go- GLAISE , f LA ) ou LA CLAIZE , rivière d.-
France dans le Bcrri , entre dans la Touraine , &
fe perd dans la Creule , un peu au delfus de la
Haye.
CLAM , f. m. terme de jurifprudence coutumière.
Plainte , ajournement. Ce mot eft vieux & hors
d'ufage. C'cft de-là qu'cft venu clameur de haro ,
Se l'ancien verbe clamer.
Clam lignifie en Dauphiné, la citation ou cri public,
que l'on fait d'un abfcnt ou contumax.
Clam. Dans le commerce ,c'eft le plus petit de tous
les poids dont on fe fett dans le royaume de Siam.
Il pcfe douze grains de riz.
%fT CLAMABLE , adj. terme de coutume. Dans la
Coutume de Normandie, il figniric ce qui eft fujet
à retrait.
§Cr CLAMANT , dans la même coutume , lignifie
celui qui fait un retrait feigneurial, lignager ou
conventionnel. Dans d'auttes coutumes , il lignifie
le failir-faiiant ou le faifilfa'nt , ôc même le deman-
deur.
CLAME , f. f. manteau de Pèlerin. Vieux mot , for-
mé du latin chlamvs.
CLAMECI, petite ville de France dans le Niver-
nois, fur la rivière d'Yonne. Clumeciacum , Clumi-
ciacum. C'eft dans un fauxbourg de C7ameci ^quc
léfide l'Evêque de Bethléem, L'an 1215 , lorfque les
Infidèles eurent chafle les Chrétiens de la Terre-
Sainte ,Raynaud, Evcque de Bethléem , en Palefti-
ne ,fuivitGui , comte de Nevers , qui r venoit en
. France. Ce Seigneur lui donna l'adminiftration de
l'hôpital de Clameci ; &c depuis on établit en ce lieu,
un titre d'Evêque de Bethléem, à la nomination des
Comtes êc Ducs de Nevers , Se qui fublîfte encore.
CLAMER , v. a. vieux mot. Appeler , nommer. Ap-
pellare , nominare , nuncupare , inclamare.
Tel fe fait maître aux arts clamer ,
Qui n'entend ni texte , ni glofe. Le M. Alexis.
Clamer vient du latin Clamare.
Clamfr, demander ou redemander comme chofe
qui eft à foi. Je vous clame tuite ce qui remaint en
la nef dou mien.
0« ton droit efi,je n'y daim rien ,
Mais laiffe-moi venir le mien. G, De Gt;iGNEViLLE.
Ci-AMER , dans la Pratique , fignifioit autrefois pu-
CL A
Hier t comme on fait aux annonces publiques &
proclamations. Il eft encore en ufage en Norman-
die , où il lignifie retirer à droit lignager , ou à
droit féodal. On <pt\xz clamer dans les 30 ans , fi le
contrat de vente n'a pas été lu à l'ilTue de la Meffe
Paroiilialc : autr>.'mcnt il faut clamer dans l'an &i.
jour. ReclamJ-re. On dii'oit autrefois clamer droit j
pour dire , prétendre & demander quelques droits.
Petere vindicias rei cujufpiam àjudice , petere Jibi
adjudicari vindicias alicujus rei, il fignifioit aulU
faire faifir les biens ou deniers de fan débiteur fo-
rain , & fe clamer en Cour fuzeraine ; pour dire ,
s'adrelfer à la Cour fupérieui'e. i^^^i/ori j- tonaapud
Supremum Judicem pojtulare , vindicare. On difoit
autrefois clin, clain , ou clameur, pour dire, une
demande & ajournement fait en jaftice , ou une fai-
lle. Poflulatio vudimonii , fortunarum detitoris , 8c
quelquefois pour une peine au amende , fur-tout
en fait de bêtes prifes en domimage. Pecunia mul~
tatitix. C'eft de ce mot qu'on a fait déclamer , ré-
clamer , acclamation , &cc.
Ce mot vient de clamare , qui fignifie appeler ,
crier. Voye^ au mot Clameur.
Clamée , ée , part.
CLAMESI , f, m. Sorte de petit acier commun qui
vient du Limoufin ; il n'y en a point de fi bas
prix que celui-là. Il fe vend par carreaux ou billes
de quatre pouces de long ou environ.
§C? CLAMEUR. f. f. Du Litii clamor , oris, clamire^
crier x\«j'à cKimo. Ce mot fignifie un grand cri.
Clameur publique , clameur univerfelle. Cïla
excita la c/j/TZtT/r publique , de grandes r/^.TZ.'i^rj ,
les cLvneurs de la populace. Il fe foucioit peu
des murmures . impullfans & des vaines clameurs
d'une populace défarmce. S. Evr.
§CT Clameur , eii termes de Jurifprudence, a difïe-
rentes fignifications.
C'eft quelquefois demande , quelquefois faifie ,
exécution , contrainte.
Clameur de haro , eft une complainte ou ré^
clamation par laquelle o-n implore le fecours de
la Juftice , contre la force & l'opprclfion d'autrui.
Appellatio ad Principem ad opem in lite ferendam.
Du Moulin l'appelle Quiritatio Normannorum.
Elle eft expliquée par le titre fécond de la Cou-
tume de Normandie. Le haro a la même force
que l'interdit retinendx poffeffionis : celui fur le-'
quel on a crié le haro , eft obligé de cefier l'en-
trepriie •, alors le demandeur mené le défendeur
devant le Juge , particuhèrcmpnt en matière pol^
feifoire & provilbire ; & là ils donnent refpetfli-
vement caution , l'un de pourfuivre le haro ,
& l'autre de le défendre : & cependant la chofe
eft fequeftrce eff main tierce , & le Juge ne
peut vider la clameur de haro fans amende.
Cette clameur de haro eft en ufage en Nor-
mandie depuis la conquête de Raoul , que l'on
prononçoit Roui & Rou > ou comme écrit Du
Moulin dans fon Hiftoire de Normandie , Rhou ,
de forte que haro s'en formé de Hal-Rhou , qui
étoit le cri par lequel on réclamoit ce Prince.
Fovei Du Moulin cité Liv. 1, c. 9. Il femble
qu'on a dit autrefois Clameur de harou , au lieu
de haro \ car le même Hiftorien rapporte , Liv.
VU , c. 20. n. XXll, qu'aux funérailles de Guil-
laume le Conquérant , un nommé Afcelin , fils
d'Artur , Maréchal , d'autres difent, foldat , fe
leva , & à haute voix fit cette plainte contre le
Roi défunt. Cette place en laquelle vous voule:^
maintenant donner fepulture à ce corps , a jadis
été celle de la maifon de mon père , laquelle ce
Prince pour lequel vous priei, lui ôta. par force..,.
C'efl pourquoi je querelle ù reclame publique
ment cette terre , & vous défends à peine de
clameur de Harou d'enterrer le corps de cet ufiir-
pateur dtns mon héritage. L'amour que ce Raoul
avoir pour la juftice, faifoit réclamer fon nom
par ceux qui fe fentoient opprimés par la violence.
Mais tcut ceci n'eft pas fans difficulté. Voye^
~C L A
Haro, Dans les Lettres de Chancellerie on met ,
Nonobftant clameur di haro , Chartre Normande ,
& autres Lettres à ce contraires.
Clameur au ciel. Plainte autrefois contre les ufur-
pateurs du bien d'autrui. Clamor , qucreltt , provo-
cado ad Deum ; expofiulatio ad Deurn , cxlejtis
auxilil , ou , vinduix inclamatio. Quelquefois ceux
qui ufurpoient le bien des particuliers étoicnt
des Seigneurs ii puiHans , qu'il croit inutile d'ulcr
contre \v.x des voies ordinaires de la Jufticc.
Afors on le contentoit de les citer devant Dieu ,
avec des cérémonies qui ne manquoient ;'[;uère
de leur donner de la terreur , & de les engager
à la reftitution. Ce fut ainii que Tliomas de S.
Jean , ayant lifurpé quelques terres du Mont S.
Michel , les Moines firent une Litanie contrclui ,
& la chantèrent publiquement pendant la Meile ,
juiqu'a ce que l'ulurpateur , effrayé , vint ie jeter
à leurs pics , pour leur demander mifcricorde.
LoBiNEAU, T.l, p. loz, C'eft là ce qu'il appelle
Clameur au ciel.
Clameur eft aufïi un vieux mot trcs-ftéquent dans
la Coutume de Normandie , ôi dans les foix d'An-
gleterre. La clameur féodale , & la clameur ligna-
gère , font la même choie que le retrait lignager.
Denumiatio prcerogativce. ad retinendum pnedium
gemilitium. L'une & l'autre clameur peut être in-
■ tentée par le Seigneur , ou par le plus proche pa-
rent , dans l'an '& jour du contrat de vente. On
appelle auffi clameur révocatoire , l'aéilon qui
naît de la Loi i. G. de réf. vend, pour la réfolu-
tion d'un contrat pour léfion d'autre moitié de
jufte prix, Voyei Retrait.
ÇLAMEUSE , ad), f. qui ne le dit point au mafcu-
lin, C'efl: un terme de droit canon & de Théo-
logie morale. Qui fait du bruit , qui le fait avec
grand bruit. Clamofa. Il ne fe dit qu'avec le mot
chaire , & l'on appelle chafle clameufe , la chailè
qui le fait avec grand bruit. La charte clameufe
eft étroitement défendue aux Eccléfiaftiques. Fena-
tio clamofa.
CLAMOUR. Vieux mot qui s'eft dit pour clameur,
plainte, foupir , gémillément. C/.îOTor , planclus ,
querela , gemitus.
Au diable , l'un qui fera Ces clameurs
Pour vous prier. Marot.
CLAMP , f. m. autrement jumclk. C'efl: un terme
de Marine , qui lignifie une certaine pièce de bois
qu'on applique contre un mat , ou contre une
vergue , pour les fortifier , & empêcher que le
bois n'éclate. Clamp cft aulli une petite pièce
de bois en forme de rouet , qu'on met au lieu
de poulie dans une mortoile. On appelle clamp
de mât , une longue mottoilc qui eft dans le
haut d'un mât ou ^d'une hune , 8: où il y a un
demi-rond fait du même mât fur lequel paflé l'ita-
gue ou irache.
CLAMPONNIER ou CLAPONNIER. f. & adj.
m. Cheval clamponnier eft celui qui eft long
jointe , c'eft-à-dire , qui a das paturons longs ,
effilés & trop plians. On ne le Icrt plus guère de
ce terme. Cependant Guillet de la Guilletiere l'a
employé dans fon Didionnarre de Manège.
CLAMYS. f. f. Vêtement militaire des Anciens ,
qui fe portoit fur la tunique , & qui étoit en
temps de guerre ce qu'étoit la toge en temps de
paixéOAiOTyj. Ces Ambalfadeurs ( de l'Empereur
Anaftafe ) préfentèrent à Clovis la robe de pour-
pre , avec cette efpêce de manteau , qu'on appe-
loit clamys , & une couronne d'or couverte de
pierreries. Ces ornemens étoient ceux des Patrices.
. CoRDEM. à la réferve de la couronne , que l'Em-
pereur feul portoit. Il y avoit quatre ou cinq eipè-
ccs de clamys -, celle des enfans , celle des fem-
mes , & celle des hommes , qui fe divifoit en-
core en celle du peuple , ou du vulgaire , ôc
celle de l'Empereur.
CL A (^2,^
CLAMZ , f. m. terme de Commerce. Petite mon--
noic d'argent billonné qui a cours aux Indes Orien-
tales , &: vaut onze deniers d'argent de France^
Savory.
CLAND , f. m. terme de Charpenteric. Les clans
l'ont les bouts des pièces de Heures qui font fous
les portelos pour att.achcr les bordages des bateaux
fonccts &; autres.
CLAN ou GLAND, f. m. Terme de Parchemi-
nier , qui lignifie un inftrument de bois , qui
fert à arrêter au haut de la herfe , les peaux de
parchemin en colfe , ou en croiite , qu'on veut-
raturer avec le 1er , fur le fommier.
ifj" Clan, f, m. Nom qu'on donne en Ecoife Se
en Irlande à une tribu formée d'un ccrtam nom-
bre de familles. Acad. Fr.-
|Cr CLANCHiNOLTEPEC. Ville de l'AmcriqiKî
Septentrionale au Mexique , dans la province tle
Panuco.
CLANCULAIRES. Nom de Sctls. Voye? CLAN-
GULAIRES.
CLANDESTIN , INE. adj. Qui fe fût fecrette-
ment , en cachette , &: contre la Loi. Son prin-
cipale ufage eft , en parlant des mariages & des
alîêmblécs. Clandejlinus, Alfcmblée clandeliine:, Ma-
riage clandejtin. Le Concile de Trente & l'Or-
donnance annuUent les mariages clandejiijis.
Il paroît par plufieurs Chapitres du titre de
Clandcflina dcfponjatione , dans les Décrétai es de
Grégoire IX, qu'uuticfois on appelloir clandefin ,
tout mariage qu'on ne pouvoir prouver par té-
moins avoir été célébré , quoiqu'il l'eiit été en
préfence d'un Prêtre. Dans les Cours laïques , on ap-
pelle mariage clandejiin , celui qui le tait ftns gar-
der les folemnités prefcrites par les Canons &
par les loix civiles, & on réduit ces folemnités
à qtuitre choies. La première , c'eft d'avoir dans
les mariages des enfans de famille , le conlénte-
ment de leurs patens. La féconde , c'eft la publi-
cation des bancs. La troifieme , c'eft la béné-
dic5lion Sacerdotale. La quatrième , c'eft la pré-
fence du Curé &; des témoins. Confér. d'Ang.
Mais , à parler félon l'efprit du Concile de Trente ,
il n'y a que les mariages que l'on contrade hors
de la préfence du Curé , ou de quelqu'autre
Prêtre commis par lui , ou par l'Evêque Diocéfain ,
& de deux ou trois témoins , qu'on puilîê appe-
ler proprement clandeflins ; car la clandeilinité
dont le Concile a fait un empêchement dirimant,
ne convient qu'à ces fortes de mariages. Id. Quoi-
que ces fortes de mariages clundejlins fuHènt illi-
cites avant le Concile de Trente, comme étant
défendus par l'Eglife , néanmoins ils n'étoient
pas invalides , parce que l'Eglilé ne les nvoit pas
encore rendus nuls. Même , depuis ce Concile,
ils ne font pas cenfés nuls & invalides dans les
lieux où les Décrets du Concile n'ont été ni pu-
bliés , ni reçus.
Ce mot vient de la prépofition clàm , qui vient
ou àe.r-?^'-iot. claudo 1 ou àc af^iy.^K/.funum , de kAeV.''»
furor , ahfcondo.
CLANDESTINE, f.f. ou l'herbe cachée, ou l'herbe
pour la matrice. ClandejHna. Plante qui croît dans
les endroits humides , &C qui cft en partie cachée
dans la terre. Sa racine eft longue & traçante ,
fpongieufe & un peu jaunâtre j elle poulTe quel-
ques tiges, ou branches cachées prefqu'enticre-
mcnt dans la terre. Elles font couvertes d'écailies
placées afléz près les unes des autres , épaiircs ,
blanchâtres, &: qui lui tiennent lieu de feuilles.
Quelques-unes des extrémités de ces tiges , qui
Ibrtent quelques pouces hors de terre , font
chargées de fleurs en mafque d'une feule pièce,
découpées en deux lèvres comme dans le Zd/////.//;,
Elles font purpurines ou bleuâtres , rarement
blanches , & ont peu d'odeur. Leur calice, qui
eft crénelé , poulfe un piftil qui enfile la flciir , &
qui devient , après la chiite de cette fleur , \n\
fruit qui n'a qu'une cavité > Se qui s'ouvre en
éz4 C L A
deux parties avec lelibrt. Il renferme plulîeurs
lemcnccs arrondies. Cette plante a ctc d'abord
trouvée en Elpagne , près de liurgos , Se on lui
attribua de grandes propriétés pour les maladies
des femmes , & Air-tout contre la (Icrilité. La
clanicjtine croît dans pUiheurs endroits du
Royaume -, on en trouve auprès de Touloule,
dans les bois de Bourbon , dans le Bourbonnois.
Dalechamp , BoRtL. Obj'erv.
Clandestinement, adv. d'une manière cian-
dcftine. Clandelïme , clàm , occulte , clanculùm.
Ils Te l'ont mariés clamUfiinement. La populace
s'alFemble cUndejtincmeTit.
CLANDESTINITÉ, i". f. Ce qui rend une chofe
clandelline , le défaut de folemnicés. C'eft pro-
prement la qualité d'une chofe qui fe fait en ca-
chette , furtivement , & à l'infcu des perfonnes
qui y ont intérêt. On le dit particulicremcnc en
parlant des mariages contraélés en cachette &
Contre la Loi. La clandcjiinité rend un mariage
nul.
L'empêchement dirimanr n'a jamais été mis par
nos Rois aux mariages des enfans mineurs , a
moins que ces mariages ne fulfent coupables de
rapt , de fcduélion ou de clandejHnué, Lan-
GUET.
1^ CLANGULAIRES ou CLANCULAIRES ,
ou occultes. Certains Anabaptiftes qui s'imagi-
nent qui leur eft permis de déguifer leur reli-
gion , lorfqu'on les interroge , fans fe mettre en
peine de la confelfer en public. Ceux qui font
dans les villes , ne fréquentent point les Eglifes ;
mais ils s'aflemblent dans leurs maifons ou dans
leurs jardins : ce qui leur a fait donner le nom
de frères jardiniers , jardinières Se hortulaites.
C!j.rc::!arii.
CLAPET , f. m. terme de Méchaniquc. C'eft une
efpcce de petite foupape , qui ie lève & qui le
ferme par le moyen d'une iimple charnière : on
la fait de fer ou de cuivre. Clapet de pampe ,
cft une foupape de cuivre clouée à la chopinctte
de la pompe d'un vailfeau. Elle fert à. attirer
l'eau du fond. On appelle auifi clapets^ , les
petits morceaux de cuir qu'on met au lieu de
maugères devant les dalots des petits vaiifeaux.
CLAPIER, f m. Petits tettiers , ou trous faits dans
une garenne , où fe retirent & oii fe cachent
les lapins. StrucliUs caniculorum latcbra , Jlruc-
tiLe hitibulam.
Nicod dérive ce mot du Grec j^aeV?» qui fignifîe ,
yè cacher , fe dérober. Mais Du Cange le dérive
du Latin clapa , qu'il dit être une efpéce d'inf-
trument ou de machine , avec laquelle on prend
les lapins •, d'où apparemment on a fait auiii
clapet. Le P. Labbe le fiit venir de /epus , la-
pas , lapinns , dont on a fait lapin ; & enfuitc
lapinarium , clapinarium , clapier. M. Ménage
approuve cette étymologie.
tfT On appelle clapier un Terrain clos de murail-
les , partie couvert , partie découvert où l'on
entretient des lapins , dans le voilinage d'une ga-
renne , ou dans la garenne même. Les petits
que l'on tire de àzs clapiers font deftinés à re-
peupler la garenne.
^?CT L'on donne le nom de clapier à une macliine de
bois où l'on nourrit des Lapins domcftiques ,
& qui eft faite à l'imitation des clapiers de ga
renne. Faire un clapier dans un grenier , dans une
ba<re-cour.
On appelle Lapins de clapier ou fimplcmcnt
clapiers , les Lapins élevés dans ces fortes de
machines , & l'on dit d'un mauvais Lapin , que
c'cfl: un clapier. Cuniculi domedici.
C'eft de ceux-là que parle Boileau en les op-
pofant aux Lapins de garenne.
Je riois de le voir avec fa mine étique ,
en Lapins de garenne ériger nos clapiers.
CL A
CtAPiER j en tctmes de Chirurgie , fignifie les dif-
fércns fmus des iiftules. S'il y avoir de la callo-
iité , il l'a rongeoit avec fon onguent , qui lui
lérvoit aulfi à ruiner les clapiers. Dionis.
^fT CLAPIR. ( fe ) v. récip. Se blottir , fe cacher
dans un trou. On le dit particulièrement des
Lapins. Les Lapins fe clapiff'ent dans des trous.
CLAPONNIER. ^oyei CLAMPONNIER.
CLAQUE , f f. coup qu'on donne du plat de
la main. On dit populairement donner une claque
fur les feifes. Il n'a guère d'autre ufage.
ffT Claque fe dit auifi d'une efpcce de fandale
ou pantoufle qu'on met par deffus le foulier pour
ié garanrir de l'humidité &: des crottes. On en
fait à l'ufage des hommes &c des femmes.
Claque, f. m. Gros oifcau, de bon goùr, de la
iîroiieur d'un mauvis , & à peu près de même
plumaiîe. •
CLAQUEBOIS , f. m. eft un inftrument de Muii-
que allez grofîîer , compofé de 1 7 bâtons , dont
le premier eft cinq fois plus petit que le dernier :
les autres diminuent à proportion. Son coffirceft
parallélogramme, qui a 17 pouces fur fon clavier.
C'eft une efpèce d'cpinette dont les Flamands Ce
fervoient autrefois.
CLAQUEDENT , f m. terme d'injure & de mé-
pris ; un gueux , un miférable qui tremble de
froid. Mendicus , mendie abulum. Ce n'eft qu'un
claqiiedent. Il eft très-bas.
Claquedent. Il fe dit aulll pour fignifîer un brail-
lard , un Ijorame qui ne fait que parler fans fa-
voir ce qu'il dit. Acau. Fr. Il eft populaire.
Ce mot vient de claquer , 6: de dent , parce
que les gueux en demandant l'aumône l'hiver,
fonr claqiier leurs dents comme s'ils avoient grand
froid , pour exciter la corapafllon. Dans certains
Auteurs fatyriqucs , aller au pays de claquedenti
c'eft pailer le grand remède. Gloff. Bourg.
CLAQUEMENT, f. m. Bruit que font les chofcs
qui clacjuent , comme les dents , les mains, les
os , les fouets , &: les chofes qui frappent l'air
avec violence. Dentium , manuum , offîum , Jla-
ge/lorum crepitus. ^fT Le claquement des mains
eft l; bruit que font les mains en les frapant
l'une contre l'autte ; & \ç claquement àç^ dents,
le bruit que font les dents quand elles fe cho-
quent par un tremblem.ent que caufe le froid ou
la peur.
CLAQUEMURER , v. a. terme familier ou de
plaifanterie. Enfermer dans une prifon érroire ,
enfermer dans un Cloître. Includere , aliquem
claufum tenere.
On le dit aufli au figuré , pour fe relTerrer , fc
borner.
Que vous joue:^ au monde un petit perfonnage.
De vous clacquemurer aux chofes du ménage.
Mol.
Claquemuré , ée. pair.
CLAQUE-OREILLE, f. m. Terme populaire ,
pour lignifier un chapeau dont les borcls font pen-
dans , ou celui qui le porte.
CLAQUER, v. n. Faire un certain bruit aigu Sc
éclatant. Il fe dit particulièrement des mains qu'on
fait claquer en les frappanr l'une contre l'autre.
Manibus plaudere , complaudere. Des os qu'on
fair cLiquer en tirant violemment les doigts &
les membres , des dents qui claquent par la peur
ou par le frùfon , des fouets de Charretiers qui
frappent l'air violemmenr. Concrepare dentibus ,
digitis , flagJ/is. Il claque des dents , fes dents lui
claquent.
03"Ce mot vient, dit-on , de l'Allemand Schlagen,hn-
tre , frapper , ou du grec T;>L«jfi» , faire du bruit,
Peut-être auifi eft-il taCtice & formé fur le fon d.- U
main ou du fouet.
^ On dk fîgurcment 5i famiUèrcment, Mk claquer
fon
*
CL A
Ton fouet , faire du bruit , faire valoir fon crédit ,
fon autorité.
Tout Picard que j'étais , j'étais un bon Apôtre.
Et je faijois claquer rnon fouet tout connue un autre.
IJ3* CLAQUET , f. m. petite latte pofce lut la trémie
d'un Moulin , d'où elle fait defccndte peu à peu le
grain fur la meule , & fait un bruit conrinucl en bat-
tant fut la meule. Le bruit du claquet efl: incommo-
de. Crepitaculum molendinarium.
03" On dit populairement d'une perfonne qui parle
beauc jup » que la langue lui va comme un claquet
de moulin.
Ip- CLAQUETTE. f. f. CLIQETTE , vieux mot.
Crepitaculum.
CLARE. Ville d'Irlande , dans la Momonie. Clara.
La ville de Clare eft capitale d'un Comté du même
nom. Clara: Comitatus.
Clare cft au(H un Bourse d'Angleterre qui a titre de
Duché , & qu'on appeloit autrefois Clarence. Au
moins les Seigneurs de ce Bourg portoient le titre
de Ducs de Clarence.
CLARENCE. Ville de la Morée , autrefois capitale
d'un Duché auquel elle donne fon nom. Clarencia.
Les Italiens la nomment Chiaren^a. Quelques car-
tes la mettent à l'embouchure de l'Achelods , entre
Antravida &■ Patras , au lieu où étoit l'ancienne Dy-
me. D'autres la confondent avec Antravida, & la
prennent pour l'ancienne Cyllene. Le Cap de Cla-
rence s'avance dans le Golié de Clarence , vers l'en-
trée feprentrioriale du canal de Zantc. Le Duché de
Clarence eft une Province de la Morée , qui ell: bor-
née au nord par le Golfe de Lépance , au couchant
par celui de Patras , au levant par la Sacanie , avec
le Belvédère. Voye^ auffiChAT.v..
0Cr CLARENCE ou CLÀRENCIEUX ,f. m. nom du
fécond Roi d'armes en Angleterre, /^ojf^; Héraut
&: Roi d'armes Un Duc de Clarence occupa le pre-
mier ce polie.
CLARjtNIN. f m. Frère Mineur Clarénin. Nom de
Religieux d'une Réforme de l'Ordre de S. François.
Clarenins. Le frère Ange de Cordoue , l'un des pau-
vres Ermites Cél^flins , dent nous avons parlé au
mot Célestin , étant paire de Grèce en Italie, fe
retira dans la Marche d'Ancone , entre Afcoli &
lei montagnes de Norfia,près de la rivière de Clarè-
nc, où l'an 1 30z,ayant aliemblé quelques difciplcs,il
comm-nça la Congrégation des Clarenins , qui fu-
rent ain'i appelés à caufe de cette rivière. Il vécut
aflez tranqu'lLmcnt dans cette folitude juîqu'à l'an
1 5 1 7 , que j ean XXII l'inquiéta : mais ayant fatis-
fait avec beaucoup de prudence à toUt ce qu'on lui
cbiecfa , on le lailla en paix jufqu'en 1^40, qu'il
mourut à Naples. Sa Congrégation fubfida après fa
mort , & fe foumit à la J urididion des Ordinaires.
Elle s'étendit beaucoup en Italie. En 1472, fous Six-
te IV , une partie de la Congrégation des Clarenins
rentra dans l'Ordre de S. François , l'autre demeura
foumife aux Ordinaires. Jules II & Pie V abolirent
toutes ces divifions , & les réunirent à l'Ordre de S.
François. P. Hélyot , T. Fil , C. VI.
|Cr CLAREQUET , f m. terme de Confifeur. Nom
que l'on dornc \ des confitures en p.âte tranfparen-
te dont on fait pluiîeurs efpèces de fruits , Abricots,
Coins. Ce nom lui vient de fa tranfparence ou de fon
clnir.
CLARICORDE. Foyei Manichordion.
CLARIEN. ad], m. S'.îrnom d'Apollon , qui avoir un
bois facré , un T^^mple , & un Oracle à Clatos en
lonie rrès de Colcnhon. Clarius.
•CLARIERE. f f. r(.'ydç Clairière.
CLARIFICATION ," f. f. eft l'avion par laquelle on
rend une liqueur claire. Defecatio. Lit clarification
d'un fyrop. La clarification fe fair par rébullition,la
défpuiratior 5.i la colature ou fîltration. On y ajou-
te aufFi quelquefois le blanc d'œuf, le vin blanc , la
crème de tartre, &c. Il y a eu de tout temps trois for-
tes de préparations au vin , qui k tirent de fon état
Tome II,
CL A
^2f
hatilrel 5 la clarification , le mèlailgc , la fophiUica-
tion. De la' Mare , Tr. de la Fol, L. IF, T. X, dii
il eft traité de cette clarification.
CLARIFIER , V. a(5l. terme de Cliymie. Rendre claire
une liqueur qui eft trouble. Liquorem diluere , defe-
care. Il fe dit proprement des lues &: des décodions^
qu'on clarifie par filttation , en les partant par unef
chauffe , & avec un œuf qu'ori jette dedans. Liquo-
rem limpidum reddere. Le blanc d'œuf par fcs par-
ties vifqueufes , acctoche les particules grofllcres &
opaques qui demeurent dans la chaulfc. Les Cabare-
neïs clarifient le vin troublé avec de la colle de poiC-
fon , dont on fe fert fans danger. Les Anciens clari-
fioient le vin en le tirant de dciTus la lie , & le cou-
lantdans un autre tonneau par une chaude d'étamine,
qui en ôtoù toute la craHc Se ce qu'il y avoir de plus
groHîer. Plutarque traite cette queftion , s'il étoif
utile ou non ,de clarifier air.li le vin. De la Mare ,
L. IF, T. X. IkF Clarifier chez les Raffineurs de
fucre , c'eft l'aclion de purifier les matières de leurs
faletés par les écumes.
Clarifier, en termes de l'Evangile, fignifie aufn ,
mettre en honneur & en éclat : & c'eft de ce terme
dont iefert particulièrement S. Jean , pour faire con-
noîrre la Divinité de Jefus-Chrift. Saint Jean, c/^. i j,
v.%. ch. ij ,v.j^& 5. Le terme de c/<zr//?f r ne fe dit
plus en ce fens : en tout cas , il vaut bien mieux fe
iérvir de plorifier. Voyez le recueil des Diiferrations
antiques du P. E. Souciet JéC.pai;. ^i^. &c toute fa
Diflertation fut le inpl p de l'Èxode. IIIF.3,.
Clarifié , éf. part.
CLARÎGATION. f. Clarigdtio. Ce mot a qté employé
par M. de Courtin dans laTraduélion du Traité de
Grotius du Droit de la Guerre ôcde la.Paix.Ceir.ac
n'eft pas François , & il n'a été employé que pout
exprimer par un feul mot François le ir.ot Latin de
Pline claris,atio. La Clarigation eft une fommation
haute & claire, dir Grotius, que l'on fait à un enne-
mi pour lui demander fatisfaélion des injuics qu'ion
a reçues. IJCF Clarigare , déclarer la Guerre par un
héraur,à faute de fatisfaire aux Juftes demandes qu'oa
faifoit. Naudé s'eft aulfi iervi de ce mot dans fon
Mafcurat. Foye:^ Androlepsie, c'eft la même chofe*
CLARINE, f. f. Sorte de petite clochette qu'on pend
au cou des animaux ,qui paiflènt dans les forets,
fCF pour entendre où ils font quand ils s'égarent.
Faccinvm tintinnabulum.
CLARINE , EE . TenriC de Blafon, qui fe dit des ani-
maux garnis d'une clochette, ou campane , laquel-
le,;! caufe qu'elle fonne fort clair , a donné occafcSrf
à ce nom. Vache clarinée d'atgent. Facca argenteutn
tintinnabulum fufpenfum e collo ge flans. Béarn por-
te d'or à deux vaches de gueules accornées , acco-
lées , &: clarinées d'azur.
|5C? CL A RINETTE. f. f. Sorte de haut bois , qui a le
fon plus aigre , plus clair. Delà fon nom.
CLARISSE, f. f. Religieufe de Sainte Claire , Reh"-
gieufe de l'Ordre de S. François,inftituée par Sainte
Claire. Clariff'.i , Monialis S. Clarœ. Les Clarifies
font le Second Ordre de S. François. Ce Second Or-'
dre commença l'an iziz.que S. Claire renonça au
monde à l'exemple de S. François. Ce Saint voulut
qu'elles poitaifcnt le nom de Pauvres Dames , ou
Pauvres Dames Reformées, & en effet c'eft celui fous
lequel on les connut d'abord. Enfuite , parce que
S. François leur avoir donné l'Eglifede S. Damien à
A(îife,&: que le Monaftcre s'appella le Monaftere
de S. Damien , on les nomma les Religieufes Damia-
niftes. S. François , à la prière de ces filles , leur don-
na une règle ou forme de vie , qui fut d'abord ap-
prouvée par le Cardinal Hugolin , qui en avoit
reçu le pouvoir du Pape Honorius III. Hugolin de- '
venu Pape,fous le nom de Grégoire IX , la confirma
de vive voix ,?i Innocenr IV , par écrit, en 1146'.
Grétroire IX avoit apporté quelques adouci.'fcmens
à cette rèirle. Innocenr IV, par un bref du 1 5 Avril
11^5, défendir au Général des Frères Mineurs , &
à tous les autreSjdc contraindre les Religieufes Da-
mianiftes à l'obfcrvance d'une autre règle que celle
K K k le
6i6
C L A
qu'elles avoient reçue de S. François , S: le 9 AoCu
delà même année /il la confirma encore à la prière
de Sainte Claire. Alexandre IV y fit quelques chan-
^cmcns. S. Bonaventure ayant repris la diredion de
CCS Religieufes Tan 11^4, &: voyant que les unes
lliivoient la règle étroite de S. François , d'autres
celle de Grégoire IX, quelques-unes celle d'Innocent
IV, & d'autres enfin celle d'Alexandre IV , &: qu'en
conlcqucnce de ces différentes règles on les appe-
loit les Reclufcs , les Pauvres Dames , les Sœurs Mi-
neures, les Damianiftes &c les C7^/7//^j,réfblutdeles
réunir toutes fous une même règle &: (bus une même
Oblérvance. Il l'obtint d'Urbain IV. Mais quelques
Communautés de cet Ordre voulurent toujours vi-
vre félon la règle que S. François avoir donnée à S'"^
Claire. Celles-ci fiuent nommées Clarijfes , &c celles
qui luivirent la règle d'Urbain IV , s'appelèrent Ur-
baniftes. Foye^ Wading Se le P. HIlyot , T. Fil,
C. 15.
Il y a en Italie des Clarijfes de l'étrohe Obfer-
vance , qui eurent pour Fondarrice la Mcre Fran-
çoife de Jefus-Maria , de la maifon des Farnclcs , qui
leur fit bâtir leur premier Monaflère à Albano , l'an
kJ^I.P. HÉLYOT, T. FII,C. 18.
Il y en a encore d'autres qu'on nomme les Solitaires
de rinftitut de S. Pierre d'Alcantara , fondées par le
Cardinal Barbcrin dans le bourg de Farla , &: approu-
vées par un Bref de Clément X , l'an i6y6. Ib.
fp" CLARISSIMAT. f. m. Dignité du Clanfune.
Foye^ l'art, fuivant.
CLARISSIME. f". m. Clarifimus.Titrc d'honneur qui
fe donnoit autrefois à tous les Confulaires , Gouver-
neurs de Provinces, aux Correéteurs & aux Prciidens,
excepte celui de Dalmatie , qui avoit celui de Très-
Parfait, Perfdclifflmiis. C'eftla remarque de Bollan-
dus , Fdr. T. Ul,p. 60 ,C.D.
Clarijfime cft un mot Latin , Clariffimus , fuperla-
tif de Clams , illuflre , qui par confcquent fignifîe
Très-iHujire.
CLAROS. île de la mer Égée,rur la côte de l'Afie , on
l'appelle aujourd'hui Camalo. Elle étoit autrefois
confacrée à Apollon. Claros.
C'eft encore une ville de l'Ionie confacrée aufTi
à Apollon , & dans laquelle il y avoit un temple &
un oracle. L'Antiquiré a cru qu'elle fut bâtie par,
Manto , fille du devin Tirefias , après le fac de The-
bes fa patrie par les Epigones. Selon les fables fon
nom vient du verbe Grec %>^aint , pleurer , parce que
Manto ne cefTant d'y pleurer la deftruélion de fa
patrie, il fe fit de fes.larmes une fontaine , à laquelle
du verbe K>ai«i» , pleurer , on donna le nom Claros.
D'autres difent que cette ville fut ainli nommée de
KX~,pii , fort,& en dialeâie Dorique «aé^sî parce qu'el-
le échut à Apollon par le fort.
CLARS , f. m. & nom d'homme. Clarus. Nous appe-
lons Clair , les Saints qui ont porté le nom de Cla-
rus, Mais pour Saint Clair d'Aquitaine , Evcque 6:
Martyr du III ou IV' fiècle , nous ne difons pas
Clair , mais Clars : c'eft l'ufage,
0Cr CLARTE, f. f. Lumière , éclat , fplendeur , difent
tous nos Dicliionnaires. Diftinguons ces mots avec
M. l'abbé Girard, puifqu'ils expriment tous des de-
grés ditférens de la lumière. La lueur eft le commen-
cement de la clarié , & \z fplendeur en eft la perfec-
tion.
1^ La clarié , au propre , eft l'aiflion de la lumière
qui nous fait pleinement diftinguer & coijnoître les
objets. La lueur fe borne .1 les faire feulcmenr apper-
cevoir &r découvrir, La fplendeur nous les montre
dans leur éclat. La clarté du jour , du folcil , &c.
claritas.
Le vice toujours fomhre aime l'ohfcurité\
Mais la feule vertu peut fou^rir la clarté.
Grand Dieu chaffe la nuit qui nous couvre les yeux.
Et comtats contre nous à la clarté des Cieuxl Boil.
Clarté fe dit au/Iî du teint , 5c ilgnifie blancheur ,
netteté. Candor , nitor.
Clarté fîgnifie auffi tranfparence. Perluciditas. La
C L A
clarté d*Lin^ verre de lunette en augmente Icprix.
(fT CLARTÉ fe dit audi au figuré de la netteté de
i'efprit Se du ftyle ; Se c'eft l'effet du choix , de l'em-
ploi des terme5,&; de l'ordre dans lequel on les a dif-
pofés , &: dfe tout ce qui fait que nous fbmmes faci-
lement entendus de ceux qui nous lifent ou qui nous
écoutent. Ferfpicuitas. C'eù. unefpritqui a beau-
coup de clarté , de jugement , de pénétration. Il y
a aflèz d'oblcurité dans l'Ecriture pour aveugler les
réprouvés , Se affez de clarté pour les rendre mexcu-
fables. Pasc,
Tertullien eft un bon Auteur; mais il feroit à Com-
haitcr qu'il y eût un peu plus de clarté , Se plus de
netteté da\is fbn ftyle. Le principal carartère de Ja
Langue Françoifc , c'eft la netteté Se la clarté dans
le diCcours. Elle évite avec foin tout ce qui peut bif-
fer quelque doute 5c quelque ambiguïté , préférant
la clarté à tout le reûe : elle veut qu'on développe
nettement tout ce qu'on penfe , Si qu'on le préfente
à I'efprit fans i.mbarras. Tout ce qui a befbin de ré-
flexion pour être compris, tout ce qui demande trop
d'application pour être entendu , ne convient point
au génie vif Se prompt de la Nation Françoife.
On dit poétiquement , commencer à voir l± clar-
té , la clarté du jour -, pour dire , naître ■■, Se jouir de
la clarté du jour ; pour dire , vivre.
CLAS. C m. Prononcez l'a long fans faire fentir l'j-. Son
des Cloches qui fe fait dans l'Eglife Catholi<jue ,
quand un homme eft mort , fie qui fe recommence à
plulieurs rcprifes,jufqu'à ce qu'il foit enterré. Fanf-
i>ris campani xris , oa campanorumfonus , ou. pul-
fatio. Qui eft-ce qui eft mort î Voilà un clas qui ton-
ne. On fbnne un clas , prions Dieu pour le mort. A
Reims on appelle ce fbn lugubre , VAhhé mort , par
corruption , pour ïAltoi de la mort , parce qu'au-
trefois on commençoit à Ibnner dès l'agonie. Au
rcfte , ce mot ne fe dir point à Paris , mais il eft fort
en ufage en quelques Provinces. Sonner un clas,en-
terdre un clas.
Borel dérive ce mot de K>.û»i,^eo, je pleure , Se il
y a bien de l'apparence qu'en effet il vient de là.
03" CLASSE, f. f. Ordre fuivant lequel on range _di-
verles perfonnes , on diftribuc différentes chotés,
Claris. Sur nos côres les matelots font diftribués en
plulieurs Clafes. Les quadrupèdes , les oifeaux , les
poilfons forment différentes Claffes du règne animal.
Grands d'Elpagne de la première, de la féconde Claf-
fe à Rome. Clafjis primée homines. Les gens de la pre-
mière C/rf^ avoient au moins 115000 livres de bien.
Cicéron appelle Clafjîs quintes homines , les gens de
néant , du bas otdre.
tfr CLASSE fe dit,dans un fens figuré,du rang qu'on
donne à certaines perfonnes relarivement au mérite,
aux talens , &c. dans certaines profefTions. Homère ,
Virgile , Corneille , Racine , ifc. font des Poètes de
la première Claffe. On le dit de même d'un excellent
Peintre, d'un excellent Graveur, 5c généralement
de ceux qui excellent dans leur art.
Ce mot vient de Clafjis , qui vient du verbe »«^1«),
coni:;rego , convoco. Claffe n'eft autre chofe qu'une
multitude affemblée à parr.
§Cr CLASSES des plantes. Claffes plantarum. C'eft
l'afîémblage de plufîeurs genres de plantes qui onc
toutes certaines marques communes , par lefqueUes
elles font efléntiellement diftinguées de toutes les
autres plantes. On dit de même, Claffe des métaux,
des minéraux.
Classe fe dit aufTi des diftindions qu'on fait entre
des écoliers qu'on dillribue en diverfés falles félon
leur capacité. Claffis , fchola , auditorium. Les fal/es
font aufTi appelées C/^://^-^. H y a d'ordinaire (wCl.ijfes
dans les Collèges pour les Humanités , & deux pour
la Philofophie. Cet entant eft de la troifième , eft
de la quatrième Claffe. Quintilien s'eft fervi de ce
mot au premier livre de fes Infiitutions , en parlant
des écoliers.
Classe fe dit auflî du corps des écoliers qui étudient
fous le même maître. Toute la Clajfe s'eil révoltîe
contre le maître.
CL A
CtAsSE fignifie auiTi le temps que les écoliers font af-
iemblés pour prendre la leçon. Au commencement
de la Cla(fe. A la hn de la CLife.
On appelle les hajjes Clajfes , cel les où l'on com-
mence fes études. Les hauus Claffes , celles de Phi-
lolbphic , Théologie , &c.
On appelle l'ouverture des Clajfes ,1e temps où
les écoliers rentrent en CUffe après le? vacances.
On dit ouvrir une CLip , ioriqu'un Pruk.Teur
commence à taire des leçons dans un lieu où l'on
n'en faifoit pas encore.
(p* On appelle auffi C/afe en Suilîe l'aflemblée des
Miniftres de fous les Bailliages. Je fus près d'un
an Tans être inquiété , mais à la preuùère C/aJfe qui
fetint, onnemanqua pas, fi-c. Saurin. Je me vis
tout d'un coup à couvert de toutîs les recherches de
ma Clajfe, &C je ne fongeai plus qu'a vivre tranquille-
ment. Id.
Classe , en termes de Marine , cfl: un ordre qu'on a
mis fur tous les ports pour le fervice des vaifleaux du
Roi , par lequel les Canoniers , les Pilotes , & tous
les Matelots * ayant été enrôlés , ont été diftribucs
dans trois , quatre , ou cinq divifions , qui ont été
appelées Clajfes , pour fcrvir alternativement dans
les armemens de mer , lùivant un Edit de l'an 1657.
C/affis.
Ç3" En parlant desGrands-d'Efpagncon dit les Grands
de h première i de la. féconde ClaJJe. Voyez Grands-
d'Espagne.
Ç^" En termes d'Eglife , on appelle fêtes de la pre-
mière Clajfe i les têtes les plus ibknnelles , comme
Noël , Pâques , &c. Les fêtes de la féconde Clafe ,
font celles du lécond ordre , &c.
^ CLASSER. V. a. Former une claife ^ une lifte ,
un catalogue, il parut en 17^6 un ouvrage fous
ce titre Recherches fur le pouls par rapport aux cri-
fes. Le but de l'Auteur eft de claffer allez diftinete-
ment les différentes modifications du pouls ,^ pour
établit fut ces différences les lignes propres à cha-
que évacuation critique.
CLASSIQUE , ad), m. Se f. qui ne fe dit guères que
des Auteurs qu'on lit dans les claiîes , dans les éco-
les , ou qui ont giande autorité. Clafficus. S. Tho-
mas , le Maître "des Sentences , font des Auteurs
clalli-iuss qu'on cite dans les écoles de Théologie.
Aiiftote en Philofophie , Cicéron & Virgile dans
les Humanités , font des Auteurs claffi.^nes. Aulu-
gele dans fes Nuits Attijues met au rang des Au-
teurs clafjiques , ou choilis , Cicéron , Céiar , Sal-
lufte , Virgile , Horace , ùc. Ce nom appartient par-
ticuliciement aux Auteurs qui ont vécu fur la fin de
la République , & du temps d'Augufte où regnoit
la bonne latinité, qui a commencé à fe cotrom-
pre du temps des Antonins.
^ Le mot cUfficus n'a pas la même figrtificafion
qu'en françois. Claffica. corona. Couronne navale
qu'on donnoit à celui qui s'étoit diftingué dans un
combat naval. C/iï//za dans Quint-Curce, les Mate-
lots. Claffici cives, les citoyens de la premièce clalle,
fuivant la divilion deServiuS, qui dévoient avoir
au moins 1150 livres de revenu , Centum & viginu
'., quinque millia aris , ampliusve , cenfi eram tefies
^ claffici, témoins irréprochables ^ pris de quelque
Clalfe de citoyens. Ceux qui n'étoient d'aucunes
Claffes, n'étoient point citoyens Romains. Il y avoir
cinq Clalfes de citoyens à Rome. Ainfi par antores
claffici. on ne devroit pas entendre, fuivant la re-
marque d'Aulugele , les Auteurs cUffiques , qu'on
lit & qu'on explique dans les Claffes ."mais des Aa-
leuts choilis , du premiei ordre. Aufft on partagea
auttefois les bons Auteurs de l'antiquité en diffe-
lentes claffes, fuivant leur genre, & l'on appela
claffique un Auteur ancien , du premier ordre dans
fon genre. Cependant par un ufage établi depuis
long" temps , on entend par Auteur clafftque , celui
qu'on explique dans les claffes.
CLÀTIR. V. n. Terme de Vénerie, qui fe dit quand
le chien pourfuivant la perdiix , ouïe lièvre, re-
double foB cri, &. lémblc avettii que k gibier n'cft
CL A
Ciy
pas éloigné. C/^/Kiwrf. Ce mot a la mêfne étymo*
logie que claquer.
.^CrCLATRA, f. m. terme de Mythologie. î^dm d'une
ancienne Divinité des Romains. Vi(f\or metdans le
iixièmequartier de P.ome.un temple dédié àApolloil
Se ÀClaira. Dans une table de "bronze dont il cil
parlé dans la première differtation du 1' vol, djJt
Mem. de l'Acad. de Cortone , on voit deux figures
d'Apollon &; de Diane , & on lir en haut ApoUir.i
ScClatns, ce qui feroit foupçonner que Clatra ell
Diane. Quelques-uns la prennent pour la Déelfe des
grilles &: des ferrures»
(fr CLAVAGE , f. m. vieux mot. Droit que payoient
ceux qui entroient en prifon. Il vient de cLiufus ^
claudsrCi
CLAVAIRE. Clavarius. Voyez Clavap-IUM.
Clavaire, f. m. Gardien des titres de la Chambre "
des Comptes. Pomey, Tachard. Tabularii ad ra->
tioiium rcgiarum. curainpertinentis cttjlas. Quelque
fois le mot dé Clavaire veut dire Juge , Ojjicier %
quelques autres fois c'eft la même chofe que Trélo"
rier de France.
Clavaire , Clavarius i CLiverius , Sacrijla , eft au(Iï
celui qui avoir autrefois la garde des clefs d'une
ville. Ce nom a aulîî été donné à des Receveurs par-"
ticuliers , & il eft fouvenr employé en ce fens dans
les vieux titres ,- où il fe trouve quelquefois joint à
celui deChâtelain,de Cellérier , ou de quelqu'autre:
adminiftrateur des revenus d'une terre. Les fonc-»
tions des uns & des autres étoient à peu ptès fera-
blables. Valbonnet. Mem. pour l'HiJl, du Dauph.
Dif y, c. 10. Le Clavaire de Gap. Id.
§CrCLAVARIA. f. f. Genre de plante charnue, qui n'a
point de rameaux , &: qui reffemble à une nmffue.
00" CLAVARIUM. Fonds deftiné chez les Romains
pour fournir aux foldats les clous dont leurchauf-
lùre étoit garnie. On donnoit auffi ce nom au doa
en argent "que les Empereurs leur faifoient diftri-
biier pour cela : les Officiers qui en étoienr les dif-
tributeurs , fe nommoient aulîi Clavarii/Tsl étoit la
père de Suétone. Foyei Brodequin.
CLAUDE i 1. m. nom "d'homme. Claudius. L'Empe-
reur Claude étoit fils de Drufus , fécond fils de
Livie , femme d'Augufte. Claude le Gothique eft un.
autre Empereur du IlPliècle, que l'on diftingue
du premier par le furnom de Gothique. Quand oa
parle des Romains,!! n'y a que ces deux Empereurs
que l'on nomme Claude. V&m tous les autres , 011
retient le nom latin Claudius. S. C'/az.iejArchevêque
de Befançon , étoit de Salins. Il naquit en 484 fut
fait Evcque de Befançon en 5 i(î , Abbé de S. Oyea
en 5 2.<î, & mourut en 581 , âgé de 97 ans. Cetta
Abbaye , &: le mont Jou fut lequel elle eft fituée ,
a pris le nom de ce Saint , dont le corps s'y con-
ferve entier , ainli que le vétifîa encore il y a quel-
ques années M. de S. Georges , dernier Archevêque;
de Lyon , après l'avoir vilitc. Voye^ les BoUandifteS
au fixièmejuln.
Claude , f f. eft aulîi un nom propre de femme.
Claudia. Claude de France , fille de Louis XII 8C
d'Anne de Brctas^ne , époufa François , Duc d'An-
coulcme , qui fut François I , &c qui la fit Reine de
Yïànce.Claude de France,Ducheffe deLorr3ine,tut le
feprième des enfansd'Henri &c dcCatherine dcMédi-
ciç.Quand on parle des anciennes Romaines qui ont
porté cenom,il faut dire CLmd.a,ii non pas Claude»
On dit proverbialement , c'eft un Claude jdM-
à-dire , un for , un imbécille , tel qu'étoit 1 Empe-
reur de ce nom. Jamais die M. Godcau , il n'y eut
un homme plus ftupide. Sa propre mère voulant
exacrércr la fotife de quelqu'un, difoit ibremenc
qu'il étoit auir. fot que fon fils. Ses affranchis turent
tout-puiffans auptès de lui. Meffaline fa femme,
dont l'impudicité a tendu le nom cclcbre , fut fi
impudente , & eut tant de confiance en la «upidité,
que de fon vivant elle en époufa un autte. Enfin il
fe réfolut à la faire mourir, quelques )Ouis après
il la d-manda , comme fi elle eût été vivante. Hi(l.
• d& rEgl. Sénè^ue , pour fe venger de ce qu'il l'avait
K K k & <)
ëls
CL A
CL A
banni , le déchira par une fatyrc que nous avons l
encore , où il le rcpréfenrc proprement comme une
bête. TiLLEMONT.
Quand on reflue d'accepter quelque propofition
dérailonnablc , quelque marclic dclavantageux , on
dit ordinairement , je ne luis pas ii Claude.
Claude. La Congrct;ation de S. Claude , eft une
Congrcciation de l'Ordre de S, Benoît , dont le
chef lieu ctoit l'Abbaye de S. C/aude en Bourgogne.
Elle le nomma autrefois la Congrégation de S. Oyen
^ de Condat. Elle fut fondée en 41 5 par S. Romain,
qui ie retira dans les déferts du mont Juta , en un
lieu appelé Condat. Quelques années aptes , fon
frère Lupicin &: quelques autres le joignirent à lui ,
ëc commencèrent en un lieu voifm 6: plus commode
le Monaftère, vers l'an 450. Le nombre des Reli-
gieux augmentant, il falut bâtir d'autres Monaftères,
la fœur de S.Romain ayant auHi tonde un Monaf-
tère de Religieules -, ainfi le forma la Congréga-
tion de Condat , dite depuis de S. Claude. Voyez
le P. Kelyot, t. F-, c. 17, On a fait un Evcché de
cette Abbaye.
CLAUDIA, f. f. Nom de femme , que nous confer-
vons en notre langue dans la forme latine , quand
nous parlons des anciennes Dames Romaines qui
l'ont porté. Claudia. La Veftale Claudia fut accu-
cufée d'incefte , parce qu'elle employoit trop de
temps à fe parer.
Claudia ou Clodia. Nom d'une famille Romaine.
Claudia gens. Nos Antiquaires parlent ainiî. La fa-
mille Claudia , ou Clodia. Les médailles de la fa-
mille Clodia. La famille Claudia croit divifée en
deux branches , l'une Patricienne , mais du rang
inférieur des PatriceSi Elle portoit le lutnom de
Pulcher ; Se l'autre Plébéienne , qui avoir celle de
Marcellus -, &: qui étoit fortilluilre. On trouve fur
les médailles de cette famille Clodius , & Clau-
Dius quelquefois , comme on trouve Didius &
Deidius fur celles de la famille Didia. Quelques
Auteurs difent les Claudes. La famille des Claudes,
ctoit une famille Patiicicnne de Rome qui tiroir
fon origine des Sabins. Claudia familia. Au rcfte,
il faut dire les Claudes , & non pas les Claudiens ;
comme a fait un Auteur récent. Claude & Claudien
font deux noms difFérens.
ÇLAUDIANISTE , f. m. & f. nom de Seéle. Claudia-
nijlœ. Les Claudianijies étoient les Donatiftes , qui
firent bande à part , & prirent leur nom d'un cer-
tain Claude , qui apparemment fut leur chef. S.
Auguflin en parle fur la fin delà féconde partie Acfon
explication du trente-Jixième Pj'eaume. Les CLiudia-
yiijies tinrent un Conciliabule dans une caverne de
Suie dont nous avons l'épitrc Synodale.
CLAUDICATION , f. f. du latin Claudicatio. Boite-
nient , l'aétion de boiter , la démarche d'un boi-
teux. C'efl; ainlî que le mot latin eft expliqué dans
le Novitius ; Ce mot fe tiouve aufli dans Cotgtave
dans l'exemple qui fuit. M. Lamorier , de la So-
ciété Royale des Sciences de Montpellier , a fait
des obfervarions fur les maladies des os qui ren-
dent les hommes boiteux. Il fait voir que la fou-
dure oul'anchylofe de l'os des lies avec l'os Sacrum,
eft aufîl une caufe de Claudication. O If. fur les Ecr.
mod. r. 21, /7. 515 , 514.
1^ Ce terme eft employé par les gens de l'art , &
je ne vois pas pourquoi il ne fetoit pas reçu dans
le langage ordinaire.il eft dans l'analogie de notre
langue : il eft même néeclfaire , puifque nous n'a-
vons point d'autre rerme lîmple pour exprimer l'ac-
tion de boiter. Il faur donc opter entre boitement
ou claudication.
CLAUDINE, f. f. Nom de fille , dont le Patron eft S.
Claude.
CLAUDIUS , f. m. nom d'homme. Claudius. On re-
tient ce nom latin en notre langue, quand on
parle des anciens Romains , excepté pour les deux
Empereurs qui l'ont porté , & que nous nommons
Claude. Appius Claudius Cœcus , eft celui qui fît
paver le chemin qui conduit de Rome à Erindes
par Capoue > 5c qu'on appela de fon nom , la voie
Appicnne , -^jT/'ja via. Appius Claudius Pulcher,
clt celui qui étant détourné de donner la ba-
taille , parce que les oifeaux que l'on gardoit
pour prendre les Aulpices ne vouloient point man-
ger , les fir jc-ter dans la mer, en dilant -, puifqu'ils
ne veulent pas manger , qu'ils boivent.
CLAVEAU , 1. m. maladie conragieulé des moutons 1,
&c des brebis. Sacerij^nis. On compare cette maladie
à la petite vérole : elle fe fait connoïtre dans fon
commencemenr par de petites élevures , ou taches
rouges , qui le voient aux endroirs où la laine gar-
nit moins la peau ; ces taches ou élevures forment
des boutons , l'animal touffe , porre la tête bàfle ,
&c le nez devient morveux &: galeux ; quand on a
levé la peau , on la trouve garnie de boutons , &
ordinairement les poulmons Se les reins font plus
gros &:plus pefans. Duverney ,Acaddes Se, ijoi^
Méni.p. 150.
Nicod dérive ce mot de clades , ou de fon dimi-
nutif c/a^/A-z. D'autres le dérive de ^/<zve/, qui iî-
gnifioit autrefois un clou , parce que les bctes qui
en meurenr font couvertes de tâches comme des
clous.
Claveaux , en termes de Maçonnerie , fe dit des
pierres qui fervent à faire des voûtes plates ou car-
rée? , comme celles des porres & des fenêtres. Elles
font taillées en coin comme les voullbirs des voû-
tes rondes , ou furbaillées. Cunei.
Le claveau eft un voulfoir à doële plate , qu'on
appelle ainlî , parce qu'il fe met de niveau , comme;
le milieu des clifs des autres voûtes , s'il s'agit d'un
plafond \ ou en pente de furplomb , lorfqu'il s'agit
d'une plate-bande rampante , ou d'une trompe plate»
Frezier.
Claveau à croffette , eft celui dont la tête rettiurrie
avec les allilés de niveau pour faire liailbn.
Ce mot vient de clavis , clé.
CLAVELÊ, EE. adj. Qui aie claveau, peftiféré. Pc;/^
tilens, peflifer^ Mouton clavelé, brebis claveUe,
CLAVELÉE. Synonyme à claveau.
^ CLAVESSIN. Vovei Clavecin*
Ip- CLAVECIN, quelques-uns écrivent CLAVES-
SIN. Inftrument de Mulique dont on joue en tou-
chant un clavier. Organum majus fidilus intentum,
M. Broflard l'appelle grave cymhalurn. Les Italiens
difent clave cimbala. Ses touches font mouvoir de
petits fautereauX qui frappent un double rang de
cordes de fil de laiton &: de fer , qui font tendues
fur une table. -il y a des clavecins à un iimple cla-
vier , Se d'autres à deux claviers. Il y a rel Clave-
cin qui a 1 500 pièces différentes. Il a quatre cheva-
lets, dont deux font droits, & les deux autres
s'appellent chevalets à croc , à raifon de leur figure.
Dans les tons tranfpofés , les cadences qui fe font
fur les feintes ne font pas toujours bien juftes, par-
ticulièrement fur le clavecin. Rousseau.
Clavecin à ravallement, eft celui qui a quelques tou-
ches de plus que le clavecin ordinaire , pour exécu-
ret la Mufique italienne.
Clavecin organifé, eft celui dontle clavier faitjouer
une petite orgue.
(fT Le clavecin oculaire eft un inftrument à touches
parfairement analogue au clavecin auriculaire , com-
pofé d'aurantd'oélaves de couleur , que le clavecin
ordinaire a d'oâiaves de Ions par tons & demi-tons ,
deftinéà donner à l'ame , par les yeux , les mêmes
fenfations agréables de mélodie K d'harmonie de '
couleurs, que celles de mélodie & d'harmonie de
fons que le c/(ZV(?aV2 ordinaire lui communique par
l'oreille.Que faut-il pour un clavecin ordinaire? des
cordes diapafonnées félon un certain fyftême de
mufique , & le moyen de faire réfonner ces cordes.
Qu'a t-il fallu pour le clavecin ocuVmïc^. àc% cou-
leurs diapafonnées félon le même fyftcme que les
fons , 6c le moyen de les produire au:^ yeux. La
mufique ordinaire a donc dans les principes un fon-
dement analogue .à la mulique auriculaire. Il ne
leftoit plus que l'exécution , que des efforts de gé-
C t A
nie & de machinirme ont enfin produit. Ce c/^vjci/î
de couleur prédit & annoncé enijij démontre pol-
lîble en 173 5; 5 regardé depuis comme vrai^ en Tliéo-
rie , mais impoilible dans la pratique , hit exécuté
par le P. Cartel fon inventeur , devenu artiftc lui-
même Se ouvrier : mais il n'a pu le porter au dernier
degré de peti-eéHon. Il ne l'a laiflc , pour ainfi dire ,
que bien ébauché. Un de fes dilciples a tenté dô
ie peL-téélionner. Colorer le iôn,faire fonner la cou-
leur, rendre l'aveugle juge des couleurs par l'o-
reille, & le lourd juge du l'on par l'œil , opération
qui demande autant de temps pour l'exécution de
la machine , que de connoifTances profondes cnmu-
iique S>c en optique dans l'Auteur.
|p" Le clavecin oculaire a la forme d'un buffet. Si
hauteut eft de 5 pies 8 pouces : ia largeur de ; pies
4 pouces , Se fa profondeur de 2 pi.çs. H ell placé
perpendiculairement fur la partie antérieure d'un
■clavecin ordinaire qui lui fert de bafe. Le fond dans
un efpace de 5 pies carrés contient joo & tant
de lampes. La partie qui eft en face des fpeétâtcurs
prôfente 60 morceaux de glace ou de verre coloré.
Chacun de ces verres a un ton de couleur analogueou
répondant au fon qui entrera dans l'oreille àl'infbnt
que la lumière colorée viendra frapper les yeuxjcar
. ia même touche qui produit le fon , fera étinceler la
couleur lumineufe. Ces verres colorés font des ca-
naux tranfparens : leur forme ellyptique a deux pou-
ces & d.cmi de diamètre.
^fT Les nouvelles publiques ont annoncé , aii mois
d'Août 1-759 , un clavecin éleétrique de l'invention
d'un Jéûiite du collège de Louis le Grand.
Clavette, f. f. Petit morceau de fer pointu Se plat,
que l'on pafle dans le trou d'un boulon , ou d'une
cheville pour les arrêter. Clavicula. Les clavettes
d'un rour fervent à l'aifermir en une certaine fi-
tuation.
Les Imprimeurs appellent clavettes , ce qui leur
fert à monter & à defcendre le grand fommier de
leur preiTe.
Dans les Arts clavette a une fignification géné-
rale , aufli bien que clé \ il veut dire ce qui fert à
arrêter, à tenir ferme, à foûtenir quelque chofe.
Ciavis, clavicula, cuneus.
Clavicule, f. f. terme de Médecine. Ce font deux
petits os qui ferme la poitrine par en haut. Clavicula.
On les appelle ainfi , parce qu'ils font comme la
clef du thorax. Ils ont la figure d'une 5, &: font
, caves en dedans , &: voûtés en dehors , & font
.■ comme deux demi-cercles joints enfemble par un
bout. Ils fervent à affermir l'omoplate avec le fter-
num & le bras. Les veines fouclavières font celles
qui palll-nt fous ces deux clavicules.
âO" De tous les animaux , il n'y a que ceux qui fe
fervent de leurs pattes de [devant, comme nous
nous fervonsdé nos bras, qui ayent des c/^vzc«/<;j.
Les Sinçjes , les Rats , les Ecureuils , &c. ont des
clavicules, . /- n. 1
Clavicule , terme de Conchyhologie. C'elt la par-
tie pyramidale , extérieure & intérieure d'une co-
quille tournée en fpitale : elle commence vers le
milieu , jufqu'au fommet , on l'appelle fouvent la
tète d'une coquille.
Clavicttle fçrnifie aufTi i petite de , & dans ce
fensilafervi" de titres à quelques livres, comme
la Clavic^'le de Salomon , qui eft un méchant livre
dont quelques Cabaliftes font mention , & qu'ils
attribuent lauffement à Salomon. Il n'eft ulitc que
■ dans cpttcoccafion. . , . „
CLAVIER f. m. Chaîne ou cercle d acier ou d argent,
qui fert à portera à joindre plufieurs clés ertlem-
ble, de peur qu'elles ne s'égarent, armilia clavi-
cularia. Il eft fait tantôt d'une chaîne d argent, ou
de cuivre , avec une agraife pour le pendre a la
ceinture -, tantôt d'un fimplc cercle d'acier , quand
on le veut porter dnns fa poche. •
Clavier fiQ;nifi& aulli la partie antérieure d'une or-
çue, d'un clavecin, d'une épinette, compolcede
48 ou 49 touches ou marches , pat le moyen dcf-
C L À
t2'0
qiielles l'en fait Jouer les fautereaux , qui frappent
les cordes de l'inftrument, où l'on donne le vent
■aux tuyaux, en faifant baiffcr la foupape du fom-
mier.
Le clavier eft cet aflémblage de touches , par le
moyen defquelles on fait réfonner le clavecin. De
S. Lambert. Organi mujîci pinnce.
Il y en a plufieurs dans les grandes orgues , l'un,
pour faire jouer iepofitif, l'autre le grand corps i
un troifième pour le périt cornet, un quatrième
pour ie cornet de l'écho. Il y en a un cinquième à
l'orgue de S. Euftache à Paris ; mais ces derniers
ne font pas entiers, &: n'ont guère que deux oéla-
vc5. Le cAziztr entier eft compofé de 48 touches j
les autres en ont feulement une partie qui jouent ,
& le refte n'y eft que pour l'ornement. Il y a aufïi
le clavier des pédales , compofe de 28 touches d'or-
dinaire. Le clavier a quatre odf aves. Il a 10 feintes
fur les grandes marches i qui font les deux demi
tons , ou degrés chromatiques , qui font plus étroits
quelesdiatoniques.il a été ainii nommé , à caufe
qu'il contient toutes les clés de la mufîque. .
Buljouski de Douliez , Profeiléur de Mathéma-
tique & Organifte , prétend avoir inventé un clavier
à cinq rangs de touches, qui n'auroit aucun in-
convénient des claviers ordinaires , & qui auroit
beaucoup d'avantages qui leur manquent. Il pré-
tend qu'il exprim.eroit des fons qui le fuivroient en
progreflion géométrique continue , & il fourniroic
ainfi tous les fons de la mufîque , &: par conféquent
tous les intervalles & tous les accords imaginables i
au lieu que les c/^vi^rj ordinaires ne fauroient en
fournir que quelques-uns.
Clavier eft aufîi Une dignité des Ordres Militaires.
Claviarius. Ce mot fe ttouve dans le Ximénes de
M. Féchier -, .pagi 511 ,de l'Edit. de HolL en latin
claviger , & en efpagnol clavero.
Le Clavier eft celui qui a la clé du tréfor com-
mun. Le Clavier de l'Ordre de Calatrava eft la troi-
fième dignité de cet Ordre. Il y a aufîi un Clavier
dans l'Ordre d'Alcantara. Clavier s'eft dit encore
en quelques Etats pour Garde du fifc ou tré-
for public. Voyei^ Jo an; Danet » Hijioria Balearici
regni , p. Sy & 92.
Tous ces mots viennent du latin clayis i cléi
CLAUPORTE. Foy^î Cloporte.
fjCr CLAUSE, f f. Difpolition particiilièré qui fait
partie d'un traité > d'un contrar , de tout aéle eri
général , foit public , foit particulier. Co/z^m'o , SC
non pas claujula , comme le difent les Vocabulif-
tes, Claufula tejiarnenti fignifie la clôture d'un tef-
tament , & non pas claufe, Claufula epiflolce , ora-
tionis , fabultB , fin d'une lettre , conclufîon d'uri
difcouts, épilogue. Jamais claufula n'a eu la fîgni-
cation qu'on lui donne ici. Il y a des claufes exptef^
fes , des claufes conditionnelles. On met , on
ajoute , on infère , oa glifîe une claufe dans un con-
trat, dans un traité , dans un teftament, dans un
aéle , dans une fentence , dans un édit , &c.
^fT En matière de bail i on appelle claufe des lix mois
celle qui porte le pouvoir réciproque de téfilier lé
bail d'une maifon en avertiflant fîx mois aupara-
vant, & bail fans claufe, celui qui ne contient point
cette claufe particulière.
Clause fe dit auifi des conditions portées par des
bulles , provifions ou autres titres qui font des
charges & des conditions qu'on y appofe. La clauji
de dévolut eft comprife fous ces mots , aut alià
quovis modo.
Clause s'il vous appert, eft toujours inférée dans les
lettres de Juftice , & elle attribue la connoiffance
du fait au Juge auquel les lettres font adreifées ,
comme dans les lettres de refcifîon pour dol ,
le Juge doit connoître du dol, &: à moins qu'il
ne foit prouvé, le Juge doit débouter l'impétranc
de l'entérinement des lettres par lui obtenues.
Clause dérogatoire eft une claufe par laquelle ' un
Teftateur veut qu'un fécond teftament qu'il pour-
roic faire demeure nul, s'il ne contient expreffé-
6 ^o C L A
ment une certaine fentence , ou certaines paroles
qu'il inlere dans le premier teftament , qu'il veut
taire valoir, f^oye^ Dérogatoire.
CiAVSi. pcnak y Clause codicillaire , Clause réfo-
lutoire. Voyez chacun de ces mots en fa place.
Claufe vient de claiidere.
fp- CLAUSEN. Petite ville d'Allemagne dans le
Tirol , entre Brixcn &' Bolzano.
CLAUSION , r. f. terme de Palais , qui eft aujour-
d'hui peu en ufatre. Il veut dire appoiniement de
caule. Caitj'a conclufa.
CLAUSOIR, f. m. terme de Maçonnerie. Petit car-
reau ou boutifle , qui ferme une aflili: dans un mur
continu , ou entre deux pies droits.
Selon Frczier , c'eft une pierre quelconque qui
achevé un mur ou une voûte en fermant & bou-
chant le dernier cfpace qui reftoit vide. Mûri aui
fornicis claujula.
Ce mot vient de claudere , fermer , claufus ,
fermé , d'où l'on a fait c/aufoir , ce qui ferme ,
ce qui bouche, ce qui finit & achève, en latin
claujula.
CLAUSTRAL , ALE. adj. Qui appartient au Cloître ,
qui regarde le Cloître. Cœnobiticus. Le Prieur Clau-
jiralêk celui qui eft Commendataire -, celui qui gc5u-
verne les Religieux , qui a foin de maintenii; la dii-
cipline claujuale.
Ce niot vient du latin claujlrum , qui vient de
claudo.
On appelle les offices cLa'ujlraux dans les ancien-
nes Abbayes , plulieurs offices qui étoient autre-
fors dans ces Maifons , & qui font devenus de-
puis des titres de Bénéfices , dont la plûparr
font fupprimcs , &: réunis à la Manfe des Reli-
gieux dans les Maifons où l'on a mis la ré-
forme. Les offices de Chambrier , Aumônier ,
Infirmier , Cellérier , Sacriftain , font des offices
chujlraux , à la nomination de l'Abbé. A l'Ab-
baye de S. Denis il y avoit le Grand-Prieur , le
Sous- Prieur , le Chancelier , le Garde des Sceaux ,
le Grand Aumônier , le Grand Confefleur , le
Grand Bouteillcr, le Grand Pannetier, le Grand
Prévôt , le Grand Maréchal Ferdal , le Grand Ve-
neur de l'Abbé : c'étoient tou"; ries offices daufiraux
poflcdés par dts Religieux. Ils font marques dans le
Pouillié des Bénéfices.
La réunion des offices clauflraux en faveur des
Religieux de la Congrégation de Saint Maur ,
eft un privilège au moyen duquel ils poflcdcnt pré-
fentement les fruits de tous ces offices qui étoient
devenus bénéfices , & qui n'entrent point en
partage avec les Abbés. Ils ont', outre cela , félon
l'ufage des Parlemens , le tiers du revenu des Ab-
bayes.
Frères Mineurs Clauflraux. Ce nom fût donné
<n Efpagne vers le commencement du XVP licclc
à quelques Religieux de S. François du corps des
Conventuels. Le relâchement parmi ceux-ci alla à
tel degré , que ne fe contentant pas des difpcnfes
qu'ils avoient obtenues des fouverains Pontifes de
pouvoir pofféder en commun, il y avoit des par-
ticuliers qui avoient en propre des terres, des mai-
fons , & des revenus , les uns fe difant Conven-
tuels, &: les autres Clauflraux. P. Hélyot , T.
Fil, c. 21.
CLAVUS. Ce mot , tout latin qu'il eft , n'a pas lai/Té
d'être employé par quelques-uns de nos Auteurs. C'é-
toit une bande de pourpre plus ou moins large, félon
la dignité des gens , Si qui ctoit en ufage chez les Ro-
mains , d'où eft venue la diftcrcnce de la Tunique
jingiijliclavia , & Laticlavia. C'eft le fentimcnt de
Cuper. Cet ornement étoit appelé clavus , clou,
félon quelques-uns, parce qu'il ctoit femé de pe-
tites plaques rondes d'or ou d'argent femblablcs
à des têtes de clou. Le P. Cantel foûtient que le
clavus ne confiftoit qu'en des efpèces de fleurs de
couleur de pourpre coufues ou appliquées fur l'c-
tofFe. Voyei Angusticlave & Laticlave
$3" CLAVl;S , f. va, eft aulTi un terme de Méde-
C L A
cîne. On donne ce nom à une douleur aiguë
qui fe fait fentir ordinairement à la tête , au dcf-
fus des yeux , de forte qu il lémble au malade qu'on
lui fiche un clou ou un poinçon , d'où eft venu à
cette maladie le nom de clavus. Elle eft intermit-
tente , & prend & quitte à des temps Bcglés.
lier CLAZENBOURG. Voye^ Coloswar.
CLAYER. f". m. Claie , groilc claie. Crates , Cla~
thrum. Dans l'attirail de 8 canons il faut vingt
clayers d'ozier , pour empêcher le canon de s'em-
bcurer dans les lieux fangeux &: marécageux, où
ils font très-ncceflàires. De la Font.
CLAYON, f. m. Ouvrage d'ozier fait en rond, dont
fe fervent particulièrement les Pâtilliers pour pcr-
tei leurs pains bénits , & leurs autres pàtifferies. «i
On s'en fert auff' dans les cuifmcs pour faire cgout- ■
ter les mets qu'on fait cuire dans l'eau. Orbis crati-
tius. C'elt-r.-dite rond qui eft fait de claies.
ff^T CLAYONNAGE. f. f. Allêmblage fait avec des
pieux , des fafcines, des branches a'arbres en forme
de claie pour allurer des terres trop mouvantes,
foûtenir les talus de gazon qui pourroicnt s'ébouler
fans cette précaution.
CLAZOMÈNE. Ville ancienne d'Ionie, dans l'Afic
Mineure , entre Smyrnc à l'Orient , & Chios à
l'Occident. Cla^omenx. Mena l'appelle Cla^omena.
Elle s'appela enfuite Gryna.
Les rivages de l'Afie font nierveilleufement agréa-
bles , & particulièrement celui où Cla^mene
étoit bâtie. Cette ville , qu'Alyattès, prédécefT^ut
de Créfus , artaqua inutilement après avoir pris
Smyrne & Colophon , n'cft maintenant qu'un pe-
tit village. Dayphernès & Otarès la prirent, 5C
commencèrent là ruine , quand ils turent envoyés
par Darius en lonie &: en Éolie , pour châtier la
rébellion de ces Provinces, que Hyft'us, Tiran
de Milèt , avoit foulevées par l'intelligence d'Ari-
ftagoras , en pillant Sardes avec le lecours des Athé-
niens -, & depuis , Mocénigo , Général des Vénitiens
acheva de la ruiner, il y a environ deux cens ans,
quand , pour venger la prife de Négreponr, &: les in-
curfions que les Turcs faifoienr dans l'Albanie & dans
la Dalmatie jufqu'au fleuve Scoufin, il ravagea toutes
les côtes de l'Afie Mineure. Du Loir ^ p.^ù lo,
CLE.
§3-, CLé. Voyei Clef.
CLECHÉ , ÉÉ. adj. Terme de Blafon , qui veut dire ,
ouvert à jour , ou percé en façon de la pièce qui
charge l'écu , par exemple , une croix paroit comme
fi elle étoit chargée d'une autre croix de même émail
que le champ de l'écu , ou comme f; on voyoit le
champ à travers ies fentes -, c'eft-à-dire , que les
quatre extrémités de la croix font arrondies , 8£
repréfentent la form.e des anciens anneaux de clés.
Cluviculatus , foratus. Ainfi les Comtes de Tou-
loufe portent d'or , à la croix vidée , clechée , &
pommetée de gueules. Un fautoir cleché > deux
triangles clécbés &c enlacés, &c.
Cléché fe dit aufll des arrondidêmens de la croix
de Touloufe , parce que f'es quatre extrémités font
en forme d'anneaux de clés.
Ip- CLÉDOMANCIE, CLÉDOMANTIE & CLÉ-
DOMANCE. f. f. Sorte de divination qui fe pra-
tiquoit avec des clés, xfuîi , clé , ftw/ç/a divina-
tion. On ne trouve que le nom de cette efpèce de
divination, &: l'on ignore comment elle fe fâifoit.
Ip- CLÉDOMANCIÈN ou CLAJDOMANCIEN.
f.,m. Celui qui pratique la Clèdomaricie.
CLEDONISME , f. m. efpèce de divination. C/<r-
donifmus. Ce nom eft grec , & vient de xi.v.SÙ' ,
qui iignifie deux chofes. i°. Rumor , un btuit.
z°. Avis , un oifeau. On le prend dans le premier
fens , & le Cledonifme eft une divination qui fe
tire des paroks que l'on prononce. Cicéron , au
/. L. de la divination, dit que les Pythagoriciens ob-
fcrvoient non-lêulementles paroles des Dieux, mais
«ncore celles des hommes, Ainii ils croyciea: qu
CLE
certains mots portoient malheur ; comme de pro-
noncer le mot incendie dans un repas. De même ,
au lieu de dite prifon , ils dilbient domicile ,_ &
au lieu des Erynnies , les Euménides. Dans le l'e-
cond fens Cledonifme Teroit une divination tirée
des oifeaux , & qui ne diifcroit point de l'Orni-
thomancie , mais je ne le trouve point cii ce Cens
quoiqu'on dife en grec kJi«,J~o»i^« , pour augurer ,
deviner par le moyen des oifeaux.
CLEF , f, (, prononcez & écrivez clé. Cette ortho-
graphe devient plus à la mode. Petit inftrument
de ter percé & fendu , enibrte qu'il réponde aux
ouvertures & aux gardes d'une ferrure , pour en
faire mouvoir le reilbrr qui la fait ouvrir & fermer.
Claris. Une clé eft compofée d'un anneau , d'une
tige , d'un panneton , dont l'extrémité s'appelle
le mufeaa , lequel eft divifé en plulieurs dents.
Quelquefois le bas de la tige qui tient à l'anneau ,
eft orné d'une moulure , qu'on' appelle emhafe.
Les clés des ferrures benatdes ont une émineace
de fer fur le panneton , qu'on appelle hayve , pour
les empêcher de palfer outre dans la ferrure.
Laurentius Moîineus a fait un Traités des Clés
imprimé à Upfal , où il dit que le mot de clé vient
du greCïAfîs, d'où les Latins ont fait clavis , &
c[u'il y a des peuples en Suède qui n'ont point de
clés. L'inventeur des clds a été un Théodore de
Samos , félon Pline & Polydore Virgile : ce qui
eft faux , parce que l'ufage des clés croit plus an-
cien que la guerre de Troye , &c qu'il en eft parlé
dans le 5° Ckap. des Juges , & au iç)' de la Genèfe.
Moîineus croit que les clés n'onr fervi d'abord qu'à
«léfaire certains liens avec lefquels on fermoir
au commencement les portes. Il foûtient que la
clés Laconiques ctoient femblables à^celles dont nous
nous fcrvons aujourd'hui avec trois fnnples dents ,
qui faifoient la figure d'un E. On en voit de cette
forme dans les cabinets des curieux ; qu'une aurre
clé nommée B«Aa»*-/;ia , étoit faite en vis , à laquelle
une efpèce de verrou , qu'on mettoit aux porres ,
fervoit d'écrou. C'eft à-peu-près ce qu'on appelle
aujourd'hui une fiche.
Clé, (Fauffe) eft une clé qu'on a contrefaite pour
ouvrir une chambre , ou un coffre à l'inf^u de
fon maîrre. Clavis adulterina. C'étoit chez les vieux
Romains un crime capital à une femme d'avoir de
fauff'es clés , audi-bien que l'adultère.
Une clé far/ffee ou forcée , c'eft une clé qu'on a gâ-
tée ou rompue, en voulant la tourner avec trop de
violence. Clavis. corriipta , vitiata , riipta. Cela eft
fous la clé , c'eft-à-dire , enfermé. Sub clavi ejfe,
Prcfenter les'c/ej- , c'eft faire un adle de fou-
miffion , d'obéifTance, aux Souverains , quand ils
entrent dans leurs villes , ou aux Conquérans ,
quand ils fe préf entent devant celles des ennemis ,
ou aux Gouverneurs & aux Grands qu'ils y en-
voient en leur nom. Claves offcrre, exhihere.
On appelle Gentilshommes de la clé d'or , cer-
tains grands Officiers de la Cour de l'Empereur
ou du Rôi d'Efpagne , &: qui ont droit d'entrer dans
la chambre de ces Princes , &c qui portent une clé
d'or à leur ceinture , pour marque de ce droit.
^C? On lit dans Grégoire de Tours & S. Grégoire ,
que les Papes envoyoient autrefois une clé d'or à.
des Princes , comme un grand préfenr , dans la-
quelle ils enfermoienr un peu de limaille des chaînes
de S. Pierre , qu'on garde dévotement à Rome -, &
que ces clés étoient portées au cou avec une grande
vénération , comme une chofe qui avoit des vertus
exrraordinaires.
§Cr La fondion de cet inftrument d'ouvrir & de
fermer , a fair donner , par analogie , le même nom
à plufîeurs inftrumens d'une forme différente ,
comme on le verra par les articles fuivans.
§3* Les clés onr été de tous les temps le fymbole
de la puîfTance & de la prééminence. Il eft dit de
J. C. qu'il a la clé de la mailbn de David : ex-
prefTion figurée , qui marque fa puifTance abfolue
fur l'Eglifc ; & pour dire qu'il eft le maître de la
CLE é g I
mort &: de l'enfer, l'iicritiue fe conrente dédire
qu'il a la clé de la mort ik de l'enter. J. C. lui
même , pour déclarer à S. Pierre qu'il rétablifibic le
Maître de fbn rroupeau , le Chef de ion Egliié , lui
dit : Je te donnerai les des du Royaume des Cicux.
ÇC? Dans ce fens , clé fe dit de la jurididion ecclé-
fiaftique, Potejias clarium.
Les clés de la Septuagclîme. A^oy?^ Chaire de
S. Pierre.
CrÉ fe dir encore des principes qui donnent une
grande ouverture pour les fciences , qui y fervent
d'introduifion. Clavis. La Grammaire eft la clé des
Sciences , la Logique de la Philofbphie , la Géomé-
trie des Mathématiques.
La Géométrie , &c fur tout l'Algèbre , eft la clé
de routes les recherches que l'on peut faire fur la
grandeur, Fonten. Hijioire de l'Académie des
Sciences , Pref,
C'eft en ce fens qu'on a donné le titre de clé
à plufîeurs livres. La de de l'Art de Raymond LuUe.
La de majeure d'Artèphius. En chacune de ces dif-
putes , il y a un moyen général de parvenir à la
décifion , & qui en eft comme la de : nous l'ap-
pellerons de ce nom abrégé.
Clé , en termes dePolygraphie 8c de Stéganographié ,
fignifîe aufli l'Alphabet d'un chiffre , qui eft fécret
&: commun entre celui qui écrit la lettre , & celui
qui la déchiffre. Il y a des chiffres à fîmple dé ,
quand on fe fert toujours des mêmes caractères:
des chiffres à double dé , quand les caraétères font
variés plufîeurs lois. Voyez Ckijfre. C'eft prefque
en ce fens qu'on dit qu'un homme a la clé d'une af-
faire -, pour dire , qu'il en a le fecret , la conduite ,
qu'il en eft le maître, C'eft aufîi dans ce fens
qu'on dit , avoir la dé d'un Auteur , ci'un Ro-
man , d'un livre dont on a déguifé les noms,8c
où il y a quelque chofe de particulier , quand on a
les noms véritables, au lieu des fabuleux dont l'Au-
teur s'eft fervi •, ou qu'on a l'explication de plufîeurs
endroits obfcurs qui ont relation aux temps &c aux
lieux. La dé de Cyrus , de Rabelais , du Catholi-
con d'Efpagne , de l'Euphormion de Barclay , de
l'Hiftoire amoureufe des Gaules , des caractères de
M. de la Bruyère. Il y a auili la clé des Epitres de
Saumaife,dc Scaliger, de Cafaubon, par le moyen
de laquelle on a la connoiifance des chofes particu-
lières qui font dans ces Auteurs. Il y a une dé pour
entendre rour ce qu'il y a de caché & de myfté-
rieux dans Raymond LuUe , dans Paracelfe , &c.
§Cr Clé fe dit , au figuré , des Villes forrifiées qui
Ibnt fur une fronrière dont la prife donne l'entrée
aux ennemis dans le Royaume, Claujira. Pignerol
eft une des clés de l'Italie.
^fT Clé fe prend dans le même fens en morale. La clé
d'or palfe par tout , ouvre tout-, pour dire, gu'a-
vec l'argent on vient à bout de tout.
La clé du coffre fort , & des cœurs , c'ejl la. mime.
Que fi cen'ejl celle des cœurs,
C'ejldu moins celle des faveurs. La Font,
Clé fe dit encore figurément en ces phrafes. On
dit , qu'un garçon a la clé de fes chaudes , quand il
eft affez grand pour n'être plus en âge d'avoir le
fouet. On dit, qu'un prifbnnier a la clé des champs ,
quand il eft en liberré. On le dit aufîi des animaux.
On dit auffi de ceux qui ont des lieux mal fern)és ,
ou de ceux qui ont pris des précautions inuti-
les pour quelque chofe, vous en avez la clé y
Se nous en avons la ferrure. On dit , qu'un homme
a laiffé fes clés en Juftice ■■, pour dire , qu'il a tait
ceffion : car c'éroit autrefois une cérémonie qu'on
faifoit en ces occaiions , de laifîer fa ceinture & fes
dés à l'audience. On dir, par une femblable railbn ,
qu'une femme a mis les clés fur la foHé de fon
mari ; pour dire , qu'elle a renoncé x fa communau-
té : & on le dit figurément dans les autres affaires,
quand on les abandonne.
Clé, en -termes de Mufique , eft une marque
6 ^z CLE
qu'on met av\ commencement des rcglcts , oui aver-
tit du ton lut lequel on doit commencer le
chant, lequel eft tantôt unre, tantôt un Jo/, tan-
tôt un ut, &CC. Dans la c/c deG,re y fol, ut. , & ainli
des autres notes qui font à la fuite des lettres qui
font marquées for la gamme. C'cft un caractère qui
donne connoilîance du nom de toutes les notes
ainies for l'échelle muiicale qu'on appelle gamme.
Noturum mujicarum index , figura , ^ ou Jignum ,
nota. Les trois clés , font G , re ,J'ol.C, jol , ut. F,
ut, fa , Ces trois lettres ,g, c, tkf, font appelées
c/és, parce que dans les notes qui foi vent ces lettres,
fo rencontrent les ut , qui commencent &c ouvrent
le chant , qui n'eft répété que trois fois dans toute
l'étendue de la gamme : c'efl: pourquoi on n'ad-
met que trois des en Mulique. Dans le Plain-chant
la c/c de Cfol, ut, ne peut être fituée que fur la pre-
mière , féconde , ou troilième ligne , & jamais lur la
quatricme,ou très-rarement. La c/éd'F, ut, fa,
n'eu Jamais Ikuée que fur la deuxième ligne , ou
très-rarement fur la première. Nivers. Chaque c/é
donne fon nom aux notes qui le rencontrent fur la
ligne où elle eft pofce. Monteclair. Des trois c/cs
du fyftême moderne , celle de G eft ^ffeûiée aux
dciUis , ou voix aiglies : celle de F , aux voix graves ,
ou balles : celle de C. aux voix ou parties du milieu.
De Bk-ossard. Petite clé , c'eft la clé de F , quand
elle eft fur la troilième ligne, qui eft celle du mi-
lieu ; quand elle eft fut la quatrième on l'ap-
pelle grande clé.
Clé, en termes de Vénerie, fe dit des meilleurs
chiens & des mieux drellcs , qui fervent .à redrefier
& à conduire les autres , qu'on appelle de de
mente. Canes ceterorum duces.
En ce fens on le dit de «eux qui dans des com-
paL'nies où l'on opine , où l'on difpute , entraînent
les autres à leur parti.
fX? Clé , en fauconnerie , ce font les ongles des
doigts de derrière de la main d'un oifeau de proie. |
Clé ,\n plufieurs endroits , le prend pour le robinet
d'un tonneau. Epifiomium.
IP" Clé dans plufieurs arts & métiers ligni-
fie un inftrument qui n'a qu'un trou carré , qui
fort à faire mouvoir des vis , des roues , des pi-
gnons , des chevilles , & ,qui eft fait en efpèce de
manivelle. Clavicula. Ainli on dit, la clé d'un lit
pour en tourner les vis. La clé d'une carabine , d'un
piftolet , pour en bander le rclfort. La clé d'une
montre, pour la monter. La Clé d'une épinetre,
d'un clavecin , pour l'accorder & en tourner les
chevilles. Là clé du robinet d'une fontaine.
On appelle aullî clé , certaines petites boetes
mobiles qui fervent à boucher les trous des flûtes ,
6v' des autres inftrumcns femblables , fur lefquels
on les applique. Clavulus.
Cle fe dit aulTi en Architediure de ce qui ferme ,
qui arrcre quelque choie. La clé d'un arc , ou d'une
voûte , eft la dernière pierre qu'on met au haut
d'une voûte , qui étant plus étioite par en bas que
par en haut,preire & aifermit toutes les autres, Tejlu-
dinis condufura. On l'appelle zxixxzmtm. mcnfole .
Quand la clé excède la hauteur d'un bandeau ,
on l'appelle déparante. Il en eft de bizarres qu'on
appelle guimbers;es. Frézier.
La cÛ eft différente félon les Ordres ; au Tof-
can & au Dorique , ce n'eft qu'une limple pierre
en faillie ou bolTage. A l'Ionique, la de eft taillée
de nervures en manière de confole avec enroule-
mcns. Au Corinthien &au Compolite, c'eft une
confole riche de fculpture avec enroulemcns
& feuillages. La clé en boffage , eft celle qui
a plus de faillie que les claveaux ou vouHbires ,
& où l'on peut tailler de la (cvA'^mte.Clé pejante ,
eft celle qui traverfant l'architrave^ ou même la
frife , fait un bollage qui en interrompt la conti-
nuité. Clé pendante & faillante , c'eft la dernière
qui ferme un berceau de voûte, & qui çx.czàç. le
nu de la douelle dans fa longueur. Clé à croffctte ,
eft celle qui eftpotencée par en haut > Si qui a deux
CLE
crolTettes qui font liaifon dans un cours d'afllfo
La de d'un preflbir eft la vis qui le fait mou-
voir, & qui le rient ferme. Cochlea, fibula. Les
tenons font des dés de bois qui fervent à afîem-
bler les pièces de menuifcrie. Subfeus , car do. Les
cle des poupées, d'un tour ou autre machine,-
Clavus fuculiz. Clés d'une poutre font les chevilles
de fer que l'on met au bout de la poutre pour la
tenir plus ferme dans le mur.
Clé , en termes de Marine , eft une grofle cheville de
bois qui joint un mât avec l'autre vers les barres
de hune , & qu'on ôte à chaque fois qu'il faut ame-
ner, le mât. Llavus ligneus. L^. de des étaïns , eft
une pièce de bois qui tient les étains à l'étambot.
Clé de pierfier , eft une clé de i'ti faite en façon de
goupille qui fort à tenir la boite du pierrier en fa
place. Fib.ula ferrea. Cle de guindas , fe dit d'une
pièce de bordage entaillée ea rond , qui tient un
des bouts de guindas fur Iqs coittes. Clé de pom-
pe , c'eft une efpèce de cheville de bois carré ,
qui tient la bringueballe fujette avec la pompe. On
appelle aufli clé , un bout de cable qui tient un
vaillcau par l'arrière,quand on le veut mettre à l'eau.
Clé , ou Pas-d'âne , terme d'Horlogerie. C'eft une
pièce qui tient une grande roue jointe contre un
des bouts d'un cylindre d'une Pendule .i fécondes,
ou d'une roue de cadran contre fen canon , pour
qu'elle foit ferme à tourner.
Clé , en termes de Cordonnier , eft un morceau de
bois qu'on fourre dans une forme brifée pour élar-
gir le foùlier. Clavus ligneus. On l'appelle de de
forme. Il y a aufli un autre morceau de bois que les
Cordonniers appellent dé d'emlouchoir , & dont
ils fe fervent pour élargir les bottes.
En termes de Blafon ,"on dit des clés en pal , oir
en fautoir , couchées , ou adolîées , félon que les
pannerons font difpofés. Claves in palum , in decuj-
jim pofitiz , claves obverfa.
CLÉIDOMANCIE. Voyei Clédomancie,
CLÉMATIS. f. f. Planre médicinale. Voyci Perven-
che, c'eft la même choie. Vinca, pervinca. Il y a
une autre nouvelle efpèce de dematis d'Amétique,
qui a quatre feuilles femblables à celles du laurier^
qui a le goût d'un champignon , dont la fleur eft:
un cornet rouge tirant fur l'orange, &. femblable
au jafmin d'Inde à fleurs pourprées. Elle eft plus
amplemenr décrite dans les Mémoires de Doiard.
CLEMATITE, f. f. Clematitis. Plante ordinairement
farmenteufe , &: donr on cultive dans les jardins cer-
raines efpèces à caufe de la couleur de leurs fleurs.
Celles-ci font vivaces , & grimpent fur les .corps
voilins. Leurs farmens fontmen|^, garnis de feuil-
les qui font au nombre de rrois , portées fur une.
même queue. Elles font arrondies , lilfes , d'ua
vert-gai , & acres au goût , quelquefois échancrées ,
quelquefois entières , lans aucune dentelure fur
leurs bords. Leurs fleurs , quoique fans odeur, ne
lai/iènt pas d'être'agrcables ; elles font compofccs
de quatre pétales, longs d'un pouce , difpofces
en croix, &: bleuâtres dans certaines efpèces , pur-
purines ou violettes dans d'autres. Ce nombre de
pétales venant à augmenter , la fleur devient dou-
ble , plus agréable & plus recherchée ; ce n'eft cc-
pendanr qu'une monftruolîté. Le milieu de ces
fleurs eft garni d'un nombre conlîdcrable d'étami-
nes. Le piftil,. après la chute des étamines & des
pétales, devient un fruir chargé de plulîeurs fe-
mences, ramallees en rête, & terminées chacune
par une barbe fine, pareille à celle d'une plume.
Cette plante eft nommée par les Botaniftes Clema-
titis cœrulea , vdpurpurea repens , flore Jîmplki,
vel multiplici. Elle croît en Italie & en Efpagnc
dans les haies.
On pourroit joindie à celle-ci la Clématite qui
a été obfervée en Hongrie par Clujîus. Clema.-.
titis Pannonica. Elle diffère de la précédente.
1°. par fes farmens , qui le tiennent dioits ;
ic. par les feuilles , qui font feules fur une queue,
5c toujours oppofées deux à deux le long des tiges ;
30. par
CLE
)o. par ia fleur , qui efl: plus grande , & bleuâtre
cependant , î^ qui donne pareillement des ("cmen-
ccs barbues.
La plante qu'on pourroit appeler Clématite or-
dinaire, CkmatuisjUveJiris y latifolia , ell connue
Ibus le nom d'iicrbe aux gueux, parce qu'étant
îoitr.cre & tbrr brûlante, elle lert à ces lottes de
gens pour entretenir ou augmentei les uktres de
leurs corps, & exciter par-là la compallion. On
trouve cette Licmaiin dans les haies , &: dans les
bois du Royaume. Ses tiges Ibnt f'armenteui'es ,
s'ctcndcnt .beaucoup, & ibnt chargées de feuilles
au nombre de trois ou de cinq , portées iur une
queue j les feuilles ibnt dentelées , 6c même échan-
ctées allez profondement fur leurs bords ; leur
couleur e(l foncée ; & elles font brûlantes au goût.
Leurs fleurs naili'cnt par bouquets , elles font blan-
châtres , à quatre pétales, petites à proportion des
précédentes , de bonne odeur , &; donnent des
Icmences barbues ramaflces en tête , de maniète
qu'on diroit de loin que ce font des floccons de
laine.
Il vient en Languedoc une autre efpèce de CU-
m.iùte qui efl: plus petite que celle-ci dans toutes
fes parties , qui rampe ordinairement , & qui a
fes feuilles plus menues, d'un vert plus. gai. On
la nomme CUmatitis tenuifolia , Jîve jiammula re-
.. pens. On auroit peine à trouver une plante plus
brûlante au goût que cette dernière efpèce.
Ce mot vient de x/ij^a , Verge,
ffT CLÉMENCE, f. f. Vertu qui porte à pardon-
ner les offenfes, & à modérer les peines. C'cft
proprement un hù.c par lequel le Souverain relâ-
che à propos de la rigueur du droit. Clementia.
C'eft, dit M. de Montefquieu , la qualité diftinc-
tive des Monatques. Dans les Monarchies où l'on
eft gouverné par l'honneur qui fouvent exige ce
que la Loi défend , elle ell plus néceflaire. La
difgrace y efl; équivalente à la peine. Dans l'Etat
defpotlque où règne la crainte , elle eft moins
en ufage , parce qu'il faut contenir les Grands de
l'Etat par des exemples de fé vérité. Dans la Répu-
blique où l'on a la vertu pour principe , elle eft
moins néceflaire. Il y a des Princes en qui la clé-
mence efl: une bonté faulle & mal entendue ,
ou quelquefois une ignorance de l'utilité & de
la nécelfitc de la Juftice. M. Esr.
La clémence des Princes n'eft fouvent qu'une po-
litique pour gagner l'alfcéfion des peuples. Rochef.
Les Souverains ne doivent ufer de clémence.) que
quand elle ne peut plus paflér pour un effet d'im-
puidance & de crainte. Bizot. Le Card. de Riche-
lieu établit la fûretc de fa fortune par la rigueur ,
& n'ofa hafarder Xi. clémence. De Langlade. Com-
bien de pécheurs , fe rcpréfentant Dieu plein de
bonté & de milcricorde , perlîftcnt dans leurs
défordres , 8^' par un alficux abus s'imaginent
qu'il fera toujours tems d'avoir recours à fa clé-
mence, II y a des occalîons où la clémence des
Rois n'eft qu'une oftentation de leur puillance
fbuveraine. M. Esp.
Piir tout du nouveau Prince on vantoit la. clémence.
Racine.
Bien plus que la valeur , la pitié , la clémence
Des fameux Conquérans apurent lapui[fance.
Un vainqueur , dans la gloire encor maître de foi,
A l^ Univers entier peut impofer la loi. Danchet.
^3" La clémence eft oppofée à la rigueur ex-
cellive, & non .à la Juftice qu'elle ne fait que tem-
pérer. Ce mot ne le dit proprement que de Dieu ,
des Souverains , &: de ceux qui font dépofitaires
de leur autorité. Ce n'eft que par extcnfion que
l'on dit la clémence d'un père envers fes enfans.
Clémence, en Mythologie. Les anciens avoient fait
une divinité de la Clémence , & Plutarque dit qu'il
fur téfolu de bâtir un temple à la Clémence de
Céfar. Stace , dars le douzième Livre dj fa T/,^-
iaide^v, 495, & Jon Sclioliajle , dïi'cni qu'on ne
Torne II.
CLE 6^^
laifoit point de tableaux ni de ftatue de cette di-
vinité , Se la raifon qu'en apporte Stace au même
endroit , & Claudien dans le Panégyrique de
Stilicon , Liv. Il , v. 11 , c'eft que cette Déelfe né
veut habiter que dans les cœurs. Voyei le carac-
tère qu'en fait Claudien à l'endroit cté , & Bar-
thius fur cet endroit, aulH - bien que Dempfter,
Antiq. Liv. II, c. x.
CrÉMENCE eft auHi un nom propre de femme.
Clementia. Clémence de Boutges , témme favante en
Poéfie & en Mufique , mourut de douleur, quand
elle eut appris que ion mari avoir été tué. Clé-
mence Ifaure , Dcmoifelle de Touloufe , fonda les
Jeux Floraux.
L'Abbaye de Bourbourg en Flandres , fut fon-
dée par le Comte Robert dit le Jcroîolymitain ,
& la ComzeBe Cle/mnce fa femme l'art 1102. Clé-
mence de la Sainte Trinité , Religieufe de l'Or-
dre de Notre Dame de la Merci , efl: tirée du Mo-
naftère de rAiîbmption de Séville pour aller à
Lore fonder le premier Monaftère des Religieufes
déchaulfées du môme Ordre. P. Helyot. La pre-
mière AbbelTe de Rcmiremont , qui ait eu le
titre de Princcfle de l'Empire , eft Clémence de
Wifcler, à laquelle l'an 1507 , à la pnere de Thi-
bault, Duc de Lorraine , l'Empereur Albert I. en
envoya les Lettres d'inveftiture de fes Droits ré-»
galicrs. P. Helyot, T. VI, C, 51.
CLEMENT , ENTE. adj. Ce mot ne fe dit point
au féminm. Clemens. On dit bien un homme Clé-
ment, &c non une femme ckmtnte : Dan et. 11 ligni-
fie, qui a coutume de pardonner, de traitiT dou-
cement ceux qui font à fa difcrétion. 53" Celui
que la douceur incline à remettre &: relâcher la ri-
gueur de la Juftice avec jugement & diicrétion,
Alexandre fut clément dans fa vidloire , en traitant
humainement Porus après l'avoir pris. Je ne fau-
rois appeler clément , un homme qui fe lafle d'ê-
tre cruel. M. Esp. Augufte ne tut clément que
pour eflayer fi la clémence lui réulliroit mieux que
la cruauté. Id. (tCF Au nom de Dieu clément Se
miféricordicux. C'eft ainli que Mahomet commen-
ce tous les chapitres de ion Alcoran , & que les Ara-
bes commencent foavent leurs livres.
Ce mot vient du Grec , kp,:'v'. , inclinamentum ,
du verbe tXi'>o- incline, fleclo. On appelle un Prin-
ce clément , qui fe laille facilement fléchir par les
prières.
Clément, f. m. Nom d'homme. Clemens. Saint
Clément Martyr, fut fait Conliil ordinaire en l'an-
née 9î , ayant pour collègue l'Empereur Domitien.
Baillet.
CLÉMENTIN. Ce mot eft en ufage chez les Augu(l
tins, qui appellent Clementin , un Religieux, qui
aptes avoit été neuf ans Supérieur, cefle de l'être,
& vit particulier, &: fournis à un Supérieur. Ce
mot vient de ce que Clément défendit pat une
bulle, qu'un Supérieur chez les Auguftins , fut
plus de neuf ans de fuite en charge.
Clementin , ine. adj. Formé du nom propre Clé-
ment. Clementinus , a , um. Le Collège Clementin
fut fondé à Rome en 1^95 par Clément Vlll , pour
les Elclavons. Ils furent tiansférés à Lorette en
1^17 par Urbain Vlll -, mais le Collège Clementin,
ainfi nommé , à caufe de fon Fondateur , n'a pas
laiiîc de fubfifter. L'on n'y reçoit que des Nobles.
CLÉMENTINE, f. f. Garder \^Clemenùne ch^z les Au-
guftins , fignifie être inférieur 6c particulier , après
avoir été neuf ans de fuite Supérieur , ce qui fe fait
dans cet Ordre , en vertu d'une bulle de Clément.
Clémentine, f. f Nom que l'on donne dans l'Or-
dre de Citeaux à une Bulle de Clément IV, de
l'an 1165 , portant des régleniens pour l'Ordre de
Citeaux. Ckmentina. La Clémentine interprète la
cane de Charité, & y change quelque chofc, en
ce qui rcgardoit la police, le gouvcrni-ment de
l'Ordre & la juridiétion des Supérieurs ; elle ajou-
toit aiull quelques nouveaux réglemens , mais elle
^54 CLE
ne fît aucun changement dans les oWervances. j
P. Helyot, Tom.^F , p. ^54. I
fO" CLÉMENTINE, adj. L'Académie de peinture ,
iculpture & arcliiteclure crigce à Boulogne , lous
le nom &: la protedion de Clément XI , porta le
nom d'Académie Clcmentim. Elle a été rcûnie au
célèbre Inftit .t de Bouloii;ne.
CLÉMENTINES, f. £ pi. Cell la partie du Droit
Canon compofée des Conftitutions du Pape Clé-
ment V, Se des canons du Concile de Vienne,
publiée par Jean XXII en 15 17. Voye^^ le Texte.
Pars Juris Canonici ex Conjtitutionihus CUmentis
Papx conjlaii , ClcnientiniZ,
§C? On donne auiîî le nom de CUmentines à un re-
cueil de plulieurs pièces anciennes fauilcment at-
tribuées à laint Clément Evêque de Rome. 11 cfl;
rempli d écrits apocryphes , de fables &: d'erreurs.
|p= CLEMOUZI, ville delà Morée, i trois lieues
de Caflel-Tomèle.
CLÉOBIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de fede. CUo-
tianiis, a. Un fragment d'Hcgélippe rapporté par
Eiïi'èhc , Hi/i. Ecclef. Liv. IF ^ c. xi, & par Nicé-
phore , Hijl Ecclef. Liv. IF, c. 7. nous apprend
qu'un certam homme du peuple , nommé Thébu-
tès , fut le premier qui fema des hcréfics dans.l'E-
glil'e de Jérulalem -, que de Ton école fortircnt
Simon , chef des Simoniens , Se Cléobius , chef des
Cleobiens, &c. c'eft tout ce que nous en lavons ;
car pour leurs erreurs , on ne nous en apprend rien ,
finon qu'ils divilerent l'Egliie , femant des difcours
pernicieux contre Dieu & contre l'on Chrift , com-
me p arle Niccphore.
CLÉOMÉDES. ('. m. Ceft le nom d'une des taches
de la Lune , qui eft la trente-fixième en nombre
dans le Catalogue du P. Riccioli. On trouve dans ce
Diclionnaire, £r^/()/?i/?<; 6c Eudoxe , qui font les
îioms de la quinzième & de la vingt-deuxième ta-
cha fuivant le même catalogue.
ÇLÉOPHÉ. Marie Cléophé éroit mère de Saint Jac-
ques le Mineur premier Evêque de Jérufalem. On
prétend qu'elle fut mariée deux fois , d'abord à
Alphée , dont elle eut S. Jacques , & puis à Cléo-
phas , d'où le Vulgaire la nomme parmi^ nous
Marie Cléophé. Au refte , tous nos interprêtes la
nomment Marie femme de Cléophas , & non
point Marie Cléophé : quoique ce foi^t l'ufage or-
dinaire. FoyejjlaTradudionde Mons', le P. Bou-
hours & M. Simon en S. Jean XIX, z^
^ CLEPSIAMBE. f. m. Inftrument de Mulique des
anciens dont on ne connoît que le nom.
CLEPSYDRE, f. f Horloge qui mefure le temps par
la chute d'une certaine quantité d'eau. Clepfydra.
Il s'en èft fiit aulfi avec du mercure. Les Égyp-
tiens meùiroient ainfi le cours du Soleil. Tycho-
Brahé de nos jours s'en efl: fervi pour obferver le
mouvement des aflres , & Dudley faifoit aulli par
ce moyen toutes ies obfervations maritimes, L'u-
fage des clepfydres eft fort ancien. Elles furent
inventées fous les Ptolomces , Rois d'Egypte ,
auffi-bien que les cadrans folaircs. Elles fer-
voient principalement en hiver , comme les cadrans
en été , mais elles avoient deux défauts , l'un que
l'eau s'écouloit avec plus ou moins de facilité , fé-
lon que l'air étoit plus ou moins épais -, & l'autre ,
qu'au commencement elle s'écouloit plus promp-
tement qu'à la fin. M. Amontons a inventé une
clepfydre qui n'a point ces inconvéniens, & qui a
trois utilités principales, 1° , de faire l'effet or-
dinaire des horloges, 1° , de fer vir à la navigation
par la connoiflance qu'elle peut donner des lon-
gitudes , 5" , de mefurer exaiftcment le mouve-
ment des artères. Foye^ les expériences Phyfiques
fur cela, imprimées en \6<)s.
Pline, L. Fil, c. fi'o, attribue .1 Scipion Nalîca
l'invention des C/e/j/vir^^, c'eft-à-dire , des clepfy-
dres Romaines ; car Vitruve , au Liv, IX, ch. 9 de
Ion Architedure, les fiit remonter à Crclibius cjui
fut un des génies ies plus inventifs de toute l'An-
CLE
tiquitc. Or les clepfydres de Ctefibius , au rapport
du même Auteur, animoient de petites figures, &
produifoient mille petits jeux par__ le moyen de
certaines. roues dentées.
Les clepfydres des Anciens étoient fort éloignées
de la pertcdion où le P. Charles de Vailly , Reli-
gieux Bénédictin, de la Congrégation dcS. Maur,
les a portées dans le dernier lièclc.
On trouve dans les Mémoires de l'Académie
des Sciences, \6<jc),p. 51, une manière géomé-
trique & générale de faire des clepfydres avec tou-
tes forres\ie vafes donnés, percés où l'on voudra,
d'une petite ouverture quelconque, par ou l'eau
s'écoule fuivant quelqu'hypothèfe de vîtedes que
ce fuit , & réciproquement de trouver ces vaies
pour toutes fortes d'hypothèlcs de telles vîte(îes&:
des temps , fuivant lefquels fe doivent régler les
abaiflemens de la furlace de l'eau qui s'écoule.
Cette méthode eft de M. Varignon,
Ce mot vient de -"xi.^Tu , ahfcondo , & "^"f , aqu.t.
On appelle aufTi clepfydre, un vailfeau de terre ^
dans lequel il fe fait un jet d'eau par un artifice
fcmblable à celui de la fameufe fontaine inven-
tée par Hiéron. On en voit la 'figure dans le Jour-
nal des Sçavans. Elle eft de l'invention du lieur
Cômiffvs.
On appelle aufli clepfydre , une horloge de fa-
ble, qui fur la mer s'appelle le/'owi/mr-, clepfam-
midiiim.
CLER , ERE. adj. Qui fe trouve ainfi écrit fouvent
dans Marot , au lieu de Clair , claire, Clarus , a , um.
C L E R , f. m, nom d'homme. Clerus , Licerius i
Lecerus , Luceres. Ceft un faint Diacre , Martyr
d'Antioche, quia différcns noms en différens Mar^
tyrologes. Foye^^ M. Chaftelain , au 7 Janvier i
pag. liy.
CLÉRAC ou CLAIRAC. Ville de France dans l'Agc-
pois, fur le Lot, qui paffe au milieu. Clariacum. Le
vin de Clérac eft eftimé. L'Abbaye de Clerac , Ordre
de S. Benoît , fut donnée par Henri IV aux Cha-
noines de S, Jean de Latran,
Clérac , par Antonomafe , fe dit d'un tabac qui croil^
f bit dans le territoire de la ville de Clérac , & qui
s'y fabriquoit. Cleracenfe tabacum. ifT Ceft dom-
mage qu'on en ait défendu les plantations & la
fabtique.
CLÉRAGRE , f. f, terme de Fauconnerie , eft une
maladie qui vienr aux ailes & pennages des oifeaux
de proie. Morbus accipitrum alis incr2fcens. Ceft
une efpèce de goutte.
CLERC, f. m. ( Le c final ne fe prononce point. ) Vieux
mot qui fignifioit autrefois fçavant , Doclus , peri-
tus , litteratus , aulFi-bien que Clergie , DoÙrine.
Ainfi Pafquier dit que les Officiers des Comptes
ont été créés fous le titre de Clercs des Comptes ; Sc
que les Secrétaires d'Érat s'appeloient Clercs du
Segré , ou Secret. Les Secrétaires du Roi s'appe-
loient auffi Clercs 8c Notaires du Roi. On don-'
noit ce nom en général à. tous ceux qiii ' fii-
foient profefTion de fcience , ou qUi fçavoient
manier la plume. Les Secrétaires des Princes ou
grands Seigneurs , s'appeloient Clercs. Ce nom ap-
partenoit originairement aux Ecclciîaftiques.Comme
la Nobleffe s'appliquoit entièrement à l'exer-
cice des armes, il n'y avoir que le Clergé qui
s'attachât à cultiver les Sciences : en forte qu'Alain
Charrier fe mocquc des Courtiians qui préten-
doicnt que Noble homme ne doit point fçavoir
les Lettres , &c qui tenoient à reproche de gcn-
tillefle de bien lire , & bien écrire. Ainfi , comme
ceux du Clergé étoient les fculs qui fîlfent pro-
fe/fion des Lertres , on appela un homme fçavant,
un srand Clerc , Sc Mauclerc , un homme ftupide &•
m3.\\n.h\\z. IlUcteratus,imperitus,Litterarumrudis^
Ceft en ce fens qu'on dit encore , c'eft un homme
CLE
habile Se un grand C/erc ; cet homme n'eft gas
grand Cierc ; &: que Régnier a dit :
^'en déplaife aux Docleurs Cor délier s , Jacobins ,
Ma foi, lis plus grands Clercs ne font pas les
plus fins. Régnier.
Un loup quelque peu Clerc prouva par fa
harangue ,
Qjûil fallait dévouer ce maudit animal.
La Fontaine.
En profe hélas ! les plus grands Clercs
Dijent fouvent mainte Jotife;
Comment n'en dire pas en vers ? P. Du Cekc.
Ronfard , dans fon vieux langage , a dit Clergeffe ,
pour fçavante :
Mais trcpplus ejl à craindre une femme clergeffe.
On a dit auffi autrefois ClergereffètkuiTi-hienque
Clergeffe, pour i\s,mnsx:, fçavante. Il n'a plus d'Ulage
aujourd'liui que parmi les Lingères ; pour fignifier
celle d'entr'elles qui a foin des aiîàires de la Com-
munauté.
Ce mot & fes dérives viennent du grec xPiff «55
qui lignifie Clergé ; mais principalement fort , lu-
ritage,pzï:ce que le fort &i le partage des Clercs
ou des Ecclcliaftiqucs , cft de iervir Dieu ,
de s'attacher à fon lervice : car le mot Clerus s'cO"
dit d'abord de ceux qui croient attaches à Dieu
d'une manière particulière , foit qu'on l'entende
des Chrétiens en général , par comparaifon aux In-
fidèles , foit qu'on l'entende des Ecclédaftiques en
particulier) par comparaifon au refte des Chré-
tiens, fuivant ces paroles de S. Pierre j Neqne ut
dominantes in Cleris , i. Pet. V, 3. La première
origine de cette exprefîion vient de l'ancien Tef-
tament , où la Tribu de Lévi efl: appelée le fort,
• le partage , l'héritage du Seigneur, xA»;"^»? en grec ;
& Dieu eft appelé réciproquement Ion parrage ,
parce que cette Tribu étoit toute conlacrée
au fervicc de Dieu, fans avoir de grands fonds
de terre , comme les autres Tribus. Il y en a qui
dérivent le mor de Clergé de Clergie, vieux mot,
qui figniEc fcience , littérature, parce que les gens
d'Eglife étoient autrefois les feuls qui fuffent let-
trés & Içavans , & qui fuffent regardés comme tels.
f^oyei Clergie.
Clerc étoit autrefois un jeilné Gentilhomme qui
apprenoit les exercicess militaires, & qui étoit un
Novice de Chevalerie. Tiro ac rudis in re militari.
C'efl en ce fcns qu'on dit: il en parle comme un
Clerc d'armes, comme un homme qui n'cft pas
expérimenté au fait de la guerre.
Clerc , fignifie aujourd'hui celui qui a pris au moins
le premier caraétcre de l'État Eccléfiaftique', c'cft-.à-
dire , la tonfure. Clericus. Un Clerc , qui n'a pris
que les Ordres mineurs , peur fe marier ; mais fon
mariage l'exclut des privilèges &: des fondions de
la Cléricature. On peut prendre là roulure, & erre
Clerc à fept ans, ou à lix paP dilpenfe du Pape.
Un Clerc tonfuré. On appelle Clercs de Chapelle ,
dans fes Mailbns Royales , ^3" des Officiets de
la Chapelle , dont la charge eft de fervir à cer-
taines fonâ:ions eccléliaftiques fous les Aumôniers
& les Chapelains.
Clerc fe prend plus généralement pour tous ceux
qui font de l'Etat Eccléliaftique , depuis les ton-
furés jufqu'aux Prélats. Ainli on dit , que les Ca-
nons excommunient ceux qui mettent la main fur
les Clercs. Le privilège des Clercs eft de plaider
devant leurs Juges Eccléfiaftiques. Une charge de
Confeiller-C/tfrc eft celle qui ne peut erre poflcdée
que par un Eccléliaftique. Le Pré aux Clercs de
Paris étoit un pré où les Ecoliers de l'Univcrfité
prenoient leurs récréations. Un Concile d'Afri- ,
G LE ^g^
que avoit défendu que perlbnne ne fît un Clerc
Tuteur ou Curateur par fon tcftament. S. Cypn
Ep. l ,Pamel. 66. Le Concile d'Elvire , can. 5 5, or-
donne la continence , généralement à tous les Clercs ,
Evoques, Prêtres, Diacres, fous peine d'crre privés
de l'honneur de la Cléricature. Saint Jean l'Aumô-
nier éleva à la Prêtrife un Leéleur de grande vertu,
qui faîfoit des fouliers , & de fon travail nourrif-
foit fes enfans, fi femme, fon père &; fa merc; par
où l'on voit qu'il y avoit à Alexandrie des Clercs
mariés & artifans. Fleury. La vie de S. Jean, d'où
cela eft pris, Ch. XIII, n. 87, dans Bollandus,
Janv. tom. II, p. 515, marque même deux Clercs
Cordonniers; mais elle ne dit point que celui qni
avoit femme & enfans . usât du mariage depuis
qu'il étoit Clerc, ni après qu'il fut Piètre.
Dans les vieux Titres, on a appelé aulH Clercs ^
plulîeurs petits Officiers des Mailbns Royales ,
comme Clercs de Cuifine, Clercs de Panneterie ,
d'Echanfonnerie , Clercs de livrées de la Mailbn dîi
Roi. Ce nom eft demeuré feulement aux Clercs
d'Office, qui font les petits Conèrôleurs.
En parlant de la Cour de Rome, on appelle Clerc
de laChambre , Clericus camer«, un Prélat Officier
de laChambre Apoftolique. On y donne aulfi ce
nom à douze Prélars qui §3* font partie du Tri-
bunal qu'on appelle la Chambre Apoftolique, oii
f mplement la Chambre , donr le Cardinal Camer-
lingue eft le chef Koyf^ Chambre Apostolique.
Clerc Acéphale. Au fixièmç liécle on donna ce nom
aux Clercs , qui fe féparcrént de l'Evêque, & ne vou-
lurent pas vivre en communauté avec lui.
Clerc Chanoine. On donna ce nom au fixième lîécle
aux Clercs, qui ne fe féparèrent point de l'Evêque j
& continuèrent à vivre en communauré avec lui ,
félon les Canons. Foyei Chanoine.
Clerc Régulier du tonjESUS. Voye?^ au mot Jésus.
Clercs Réguliers , Miniftres des Infirmes. Voye:^^
Ministre. . ,
Clercs Réguliers de la Mère de Dieu, Nom d'une
Congrégation , dont la fin principale eft d'en-
feigner la Doctrine Chréricnne , & qui eut pour
Fondateui le P.Jean Léonard! , vers l'an 1574. Il
n'eut d'abord que dejx Compagnons, Leur nom-
bre s'étanr augmenté , ils le prièrent de leur aon-
ner une règle. Pour toute règle , il leur écrivit ce
mot , OUiffance. C'eft à Luqucs , fa patrie , qu'il
Commença fa Congrégation. L'Evêque de Luquesi
par commiffion de Sixte V, l'approuva, leur per-
mit de fiire des Conftitutions i, d'élire un Supé-
rieur, &: de recevoir des Sujets. Clément VIII ap-
prouva cette Con!.rrégation , & leurs Conftitutions,
& Grégoire XV ordonna qu'ils feroient des vœux
foiennels , & approuva leur Congrcgarion comme
Régulière, par un Bref du 5 Novembre ï6ti.
Clercs Réguliers Mineurs.'^om d'une Congrégation
établie fur la fiii du feizième fiècle par les PP. Au-
guftin Adorng , & François &: Auguftin Carac-
cioli. Sixte V l'approuva en 1588, par un Bref
du premier Juiller. Il leur permit de faite des vœux
foiennels , d'élire un Supérieur , & de prefcrire des
Règlemens pour le maintien de cette Congréga-
tion ; &c comme il avoit été Frère Mineur , il leur
donna le nom de Clercs Réguliers Mineurs. Gré-
goire XIV leur accorda en 1591 tous les privilèges
des Tliéatins. Clément VIII les confirma , & Paul V
les fit participans de tous les privilèges accordés
auxaurres Ordres Religieux.
Clercs Réguliers de Saint Mayeul. Nom d'un Ordre
de Religieux appelés plus communément Somaf-
ques. Voyez ce mot.
Clercs de Saint Paul. Nom que portèrent les Bar-
nabites. On prétend que ce nom leur fur donné j
parce qu'ils s'appliquoient fort à la leélure de
S. Paul.
Clerc de là Vie Commune. Congrégation de Clercs
. Réi^uliers, ou de Chanoines Réguliers, nommés
aulfi Frères de la vie commune. Clericus, ou Frater
yitx communis. Ils furent établis par Gérard Groot
LLliij
6^6 C 1. E
ou le Grand , de Dcvcnter , au qitatoizième ficelé..
Il les ailembla dans l'a mailbn -, ëc hois les heures
de la prière , de l'orailbn , & des autres excrciees
qu'il leur prclfcrivit, il leur fàifoir rvanfcrire les
Livres des SS. Pères, fie les leur failbit corriger
iur les anciens manuicrits. Après la mort» qui ar-
riva en 1384 , Flavidius, un de fes Ckrts , les mit
en règle, £c en Congrégation. Eugène ÎV en 1431,
& en" 1444 ) &C Pie II en i4(îi, leur donnèrent plu-
jicurs privilèges, auxquels leurs Succefî'curs en ont
encore ajoute d'autres. L'Hiji. des Ordr. Mon. &
Relia, en parle ■,' part. Il , ch. 51.
Clerc , en termes de Pakis , eft une efpèce de Com-
mis ou de Scribe , qui fer: à écrire chez les Gens
de Jullice ou de Pratique. Scriha. Un Clerc de
Confeillcr ou de Rapporteur. Un Clerc d'Avocat,de
Notaire, de Procureur, d'Huilfier , de Greffier. Le
Maître Clerc d'un Notaire , d'un Procureur, eft le
premier , le principal Ckrc. Primaniis Senta. Le
' Clerc des Requêtes eft: celui qui a ibin d'inftruire
les Inftances des Requêtes du Palais, ou de l'Hôtel.
Le s petits Ckrcs font les Copiftes. La Bafoche eft
uue Juridiction établie entre les Clercs , pour juger
les cliltérerts qui furviennent entr'eux.
Ce mot a lignifié originairement trois chofes jun
homme Ecclcliaftique, un homme' de Lettres, il
celui qui écrit ibus autrui , comme prouve Loy-
feau. Mais fa plus ancienne fignification §C?"-paroît
erre dans ce premier fens. Dans les liècles d'igno-
rance , comme nous Tavons dit , les 'Clercs l'euls
avoient quelque teinture des Lettres i favoient lire
Se écrire , & pouvoient leuls remplir les places où
ces connoillances étoient néce'îàires , Par aOTis
du terme , on appela dan? la fuite Clercs , des Laïcs
lettrés qui rempliflbient les places qui étoient au-
paravant occupées par des Eccléliaftiques. On
nomma aulfi Clercs tous ceux qui faiibicnt pro-
fêiîion d'écrire ibus l'autorité d'un autre , même
ceux qu'on nomme aujourd'hui Secrétaires d'Etat ,
étoient appelés Clercs fie Notaires.
fC II y a des Clercs commis aux audiences de Chan-
cellerie.
Clerc Te dit aulfi des Commis pour faire les affaires
& les courfes néceffaires dans les Communautés,
PrapOjïtus , Pnejeclus focietatis cujujvis nezotiis.
On appelle dans les Paroiflcs le Ckrc de l'Œuvre ,
le Clerc d'une Confrérie , celui qui fait les affai-
res & le recouvrement des deniers dûs à l'iEuvre
& à la Confrérie. Dans les Corps des Marchands S<.
des Artiians , le Clerc des Orfèvres , le Clerc des
Fripiers, celui qui a foin de convoquer les allém-
blces du Corps, de porter des billets pour trou-
ver les chofes perdues , &c. Il y a aulli un Clerc
prmi les Sergens.
§3" Clercs. On donne ce nom en Turquie .i des
.Sous-Commis qui font chargés du recouvrement
des deniers de l'Etat,
Clerc du Guet, entérines de' Marine, eft celui qui
a foin d'allemblerle guet furies ports de Mer &
fur les côtes , &: qui en fait le rapporr à l'Ami-
rauté , fuivant le titre VI du Liv. IV de l'Ordon-
. nance de la Marine. Prxfeclus vigilum.
Clerc le dit aulfi en ces phrafes. On dit ° qu'un
homme a fait un pas de Clerc ; po ur dire , qu'il
a fait une faulfe démarche , une faute par igno-
rance ', ce qui ne fe dit pas feulement des Clercs ,
mais aulfi de toutes autres pcrfonnes qui fe mé-
prennent, Si qui font des chofes dont ils fe re-
pentent. On appelle aulfi f^'ice de Clerc , une faute
d'écriture qu'on ne peut pas imputer à celui qui
a drellc ou fait l'aéte, qu'on peut aifément cor-
riger par ce qui précède, ou qui fuit. On dit aulfi,
compter de Clerc à Maître. (Dans cette phrafe
le C final fe prononce.) Quand un Commis compre
feulement de ce qu'il a reçu &: débourfé de Ibn
mandement , fans être refponfable d'autre chofe.
On dit aulfi , parler latin devant les Clercs , parce
qu'autrefois on appeloit Grand Clerc , un habile
homme, Se MaucUrc f lia ignotant, On dit encore
CLE
le ptcmicr en ftyle familier, ou badin & comique.
Ce n'eif p.is un grand Clerc que cet homme-là.
CLERCELlER. f. m. Vieux mot, qui s'eft dit pour
Geôlier, Carceiis cujlos,
CLERGE, f. m. L'Aifemblée, ou leCorps des Ecclé-
fiaftiqucs. ffT Le Corps des perfonnes confacrées
À Dieu par la Cléricature ou par la Profcllion rcli-
gieufe, Clerus , Cleri Jdcer Ordo. Ainfi il y a de
deux fortes de C/i^rgii . Le Régulier qui comprend
tous les Religieux ; le Séculier, tous les autres Ec-
cléliaftiques qui ne font pas Religieux, Dans les
Euts-Généraux, le premier rang elî donné zuCLr-
gé ^ aux Prélats. Le Clergé Romain forftie un Etat
Monarchique , fous la dépendance du Pape , qui
en eft le chef. Les rentes du Cierge font des rentes
que le Clergé a conftituées fur les Décimes. Les
Receveurs des Décimes font des Officiers cjui ne
dépendent que du Clergé, &c qui font la recette &
le conttôle des Décimes. Le Clergé étoit autrefois
divifé en trois Ordres: les Prêtres, les Diacres, &
tous les Clercs inférieurs, qui faifoienrle troifième.
Chaque Ordre avoir un Chef. L'Archiprêtte croit
Chef du premier Ordre , l'Archidiacre du fécond , Se
le Primicier du troifième. S. Grégoire nç vouloir
pas qu'on reçût dans le Clergé les Officiers publics.
ÇdT A^ujourd'hui on appelle Clergé du premier" ordre,
les Archevêques &: Evêques ; Clergé du fécond or-
dre, tous les autres Eccléliaftiques,
SfT On appelle quelquefois bas C/ero'd dans les Cha-
pitres, les Semi-Prébendés , Chapelains, Chantres,
& autres Officiers gaués.
Clergé fe dit aulfi du Corps particulier des EccLé-
fiaftiques , qui delîérYent dans une Eglifc , ou dans
une Patoiflé , L'Evêque , à la tête de Ion Clergé, eft
venu en mitre & en chape, recevoir le Roi à la
porte de fon Eglife. Ce Curé , & tout fdn Clergé ,
alfiftoit au convoi.
Autrefois fous le nom de Cleîgé croient compris
tous les Officiers de Ju'ftice comme gens lettrés;
parce que le nom de Clerc fe donnoir à rous ceux
qui avoient de la littérature, comme on voit dans-
rOrdonn.mce de Charles V. de l'an i\^6.
Clergé. Bay le a dit ce mot des Prêttespayens. Il aban-
donna les fidclles à la merci de fon Clergé, Bayle
au mot Abdas. J'appelle ainfi les Mages, qui avoisnt
entre autres chofes le foin de la religion. Id. G'eft uiï-
abus du mot Cierge , qui ne fe dir que des Miniftres
deftinés aux fonitions de la Religion dans l'Eglife
Catholique , 5<:tout au plus dans l'Eglife Anglicane ,
parce qu'elle a confervé une efpèce de hiérarchie.
CLERGEOT , f m. petit Clerc. Cotgrave écrit Cler-'
(leau & Clerzeon. Ce dernier mot eft aulfi dans la
n rt
Ditlionnaire des Arts , ou il eft dir que c'eft un ap-
prenti qui commence ,foit pour la Cléricature , foit
pour la Pratique. Charles IX a fait d'un petit Cler-
gjot des vivres , un Duc & Maréchal de Rets , le
frcre duquel eft pour le préfent Evcque de Paris Sr.
Cardinal,, riche de cent mille livres de rente,..,
Sat. Mén. in-%^. t. ; ,/?. 105.
CLERGESSE. f. f. Nom que les Lingèrcs donnent à
celle d'entre elles qui a foin des affaires de leur '
Communauté.
CLERGIE , f. f. vieux mot qui fignifioit autrefois
jcience ,doclrine'.^cientia , dcclrina, litter attira. Il
eft tout-à-fait hors d'ufage. De-là vient .ce vieux:
Proverbe , un poignet de bonne vie mieux vaut
qu'un mui de Clergie. On appeloir autrefois Cleriie
de la ville de Paris, la Prévôré dos Marchands &
rEchevinac:e. Dans les Ordonnances de Charles V ,
de Charles^a , 6c de Charles VIII le Greffe, ou le
Notariat, eft aulfi nommé CV^r.'^/V ou Clergé. On a
dit aulfi autrefois Clergijé pour Clergie.
Clergie. L'Ecu de France eûr été éclipfé de fon côté
dextre, qui fignifie Clergie, ided, fapience. Ano-
nyme , Fie de S. Louis. Er eft à noter que le Roi de
France qui porte en fes armes trois flcurs-de-lyS à
trois feuilles, celle du m'iieu qui eft la plus grande,
fie haute j fignifie la Foi Chrétienne ; c'eft le Roi qifi
eft le Roi très-Chrétien , l'autre feuille dextre lîgtii'
C L Ë
fie Ckrgici & l'autre feuille fcneftre fîgnifie Cheva-
lerie , qui doivent toujours être appareillés à dcren-
dre la foi Chctienne , 6i tant que ces trois , foi ,
Clergi» 8-c Chevalerie demeureront enfcmble , &; en
bonne concorde , comme fe doit , & que les anciens
Rois l'ont toujours fait, le Royaume fera fort &c
ferme , & plein de richeifes Se d'honneurs. Id, Après
que le Roi eut dit fes Orailbns , les Prclats Ik C/cr-
gie s'aïrcmblèreiK , & chantèrent vigiles des morts
& recommandadcs. Id. §Cr II paroît par les pa-
roles de cet Ecrivain , que Ciergie fe difoit i°. pour
iapience ou fagefle -, zo.pour tout le Corps du Clergé,
en tant qu il renferme le premier & le fécond Or-
dre; 50. pour le fécond Ordre du Clergé, c'ed-à-
P9ur le Clergé inférieur aux Prélats.
CLERI. Petite ville de France , proche d'Orléans, du
coté de la Sologne. Clariacum. Notre-Dame de
Cléri eft une Eglifc Collégiale où l'on va en grande
dévotion. Louis XI la fit rebâtit , lui donna de
grands revenus , & voulut y être enterré. Du Cheske,
^ Jpti^uit. ddS vilL de Fr. L. I, 0. s 7.
CLÉRICAL; ALÉ. adj. Qui appartient aux Clercs,
aux gens Eccléfiaftiques. £a7.y?;zyrVc«i-. Latonfure,
la couronne cléricale, titre ckncai. Voyez Titrk.
Il ne faut pas que les Laïques fe mêlent des fonc-
tions c/eV/ciz/t?^. Les Clercs mariés ne jouiiTent point
des immunités cliricaUs.On'vX un privilège clérical,
de ne pouvoir être impofé à la taille lorfqu'elle eft
pcrfonnclle , & d'être exempt de tutelle & curatelle.
Préparer de bonne heure dans les Séminaires à la
vie cléricale ceux qui fe propofent de Tembraifer.
BOURDAL. Exil. T. /, p. 155.
CLERICALEMENT, adv. à la manière & félonie
devoir des Clercs. Clericorum more. Si les Clercs
celfent de vivre cliricalement , ou en prenant des
■ habits féculiers , ou en exerçant des offices vils &
méchaniquîs , ils font déchus de tous les privilèges
cléricaux. Févret. «
CLÉRICAT, f m. L'office de Clerc. M. Spinolaa
envoyé fa démilîîon du Clérical de la Chambre.
G-i:^ene.
CLÉRICATURÉ , f f. Engagement dans l'Eglife, &
dans la profeilion eccléliaftique; état & coridition
de Clerc, yica Ecclejiajlica. Les privilèges de Clé-
ricature ne peuvent pas faite obtenir 'e renvoi de-
vant un Juge d'Eglilé , à un Prêtre qui n'étoit pdint
en habit clérical quand il a été iaifi.
CLÉRION. f m. Nos vieux Auteurs ont quelquefois
employé ce mot pour fignifîer un Clerc d'E.rlije.
ICLERMONT. Ville de France, capitale d- l'Auvergne.
Arverni , Arverna civitas , Aui^ajio-Nemecum Ar-
yernorum , Clams rnons , Claromontium. Quelques
Auteurs, comme Vigenère , croient que C'/cr/r^o/zr
eft l'ancienne Gergovie, fi fameufe dans les Com-
mentaites de Céûr. D'autres dilcnt qu'elle s'eft
formée, ou du moins accrue, des ruines de cette
place. On prétend que dès le IIP iîécle de l'Eglife ,
fous le Conlilat de Dèce & de GratuS, qui tom-
be à l'an de Rome 1001 , &; 149 de Jefus-Chrifl: , S.
Auftremoine étoit Evêque de Clermont. Les Etats
-du Royaume 'fe tinrent à Clermont eti 1374 ,
fous Charles V.
Le méridien de C/sr/wo/zf eft éloigné de celui de
Paris de zo' de temps & en partie de l'équateur de
4' 54" du côté de l'Orient ,&: conféquemraent il a
190 5;(î' 16" de longitude. Sa latitude ou l'élévation
du pôle yeft de 49^ zi' 45".
La Mfifon de Boutbon (qui a donné jufqu'ici
'quntre Rois à la Fi'ance ) s'eft appelé d'abord , De
Clermont. Dv T/i.iet , i. F. 1 , p. i^t.
Il y a pluiîeurs autres lieux qui portent le même
nom. Clermont en Beauvaifis. Clermont en Argonne,
ville du Duché de l'-ar. Clermont , ville de Franche-
Comté fur le Doux. Clermont de Bas , "ille de l'A-
génois. Clermont de Lodevz -, ville de Languedoc.
Clermont en Dauphiné , îioure conirdérable , qui
donne fon nom à l'illuftre Maiîbn de Clermont.
CUrmont , bourg d'Aj-i'ou. Chrri-^.n.t , bourg de
Savoie dans le Genevois, Les Origines de la ville /
CLI ê^j
tie Clermsnt par le Prélîdent Savaroh i avec les No-
t js & Recherches de Durand , font un bon &z favant
livre. Ces deux Auteurs écrivent Clairmont.
Clermont, o<j.Clerm(^n-Ferrand, Cour des Aides
pour l'Auvergne. Elle retient le nom de ces deux
villes, parée qu'ayant été d'abord établie .à Mont-
Ferrand en 1557, clic a été depuis transférée à CUr-
mont , où elle fe tient auiourd'hui.
CLERMONTOiS , OISE', f. m. & f Qui eft de Cler-
mont; habiiant, citoyen de Clermont. Claromon-
tanus.^ Les Clermontoifes Jettent leur or &: argent
aux Pvomains pour obtenir merci , & demandenÉ
fecours à leurs maris toutes échcvelées, Vigenère.
On ne dit point ce mot auiourd'hui.
CLEROMANCE ou CLEROMANCIÉ. f f Clero-
mantia. Le Traducteur de Peucer s'eft fervi de
ce mot. La CUromanceçSS. une forte de divination j
qui fe fait par le jet de dez , ou des offelets , dont
on conlîdcrc les points ou les marques; A Bura^
■ ville d'Achaïe , il y avoir un temple & un oracle
d'Hercule, Ceux qui vouloient voir quelque chofe^
après avoir fait des prières .à l'idole, jetoient quatre
dez, dont le Prêtte conlidéroit les points , & croyoit
y trouver la connoiflance de ce qui devoir arriver.
Ce mor vient de KX~i„i s Çort, u.-jn:l«. divination.
(Cr CLEROMANTIEN mi CLÉROMANCïEN ^
EKNE , f. m. &: f qui pratique la Clcromancie.
tfJ- CLERVÀL. Petite ville de France , dans li
Franche-Comté, fur le Doux, entre Befanççn. &
Montbelliard.
ÇLERVAUX. Voyei Clairvaux.
CLESÎDE , Peintr;' grec , ayant eu quelque méconten-
tement ae la Reine Stratonice , femme d'Antiochusi
il la peignit dans une attitude fort inimddefte ; maU
elle fe ttouva fi belle &c (i bien peinte , qu'elle par-
donna à Ckjide , K qu'elle conlcntit que fon ta-
bleau fut confetvé'dans lé lieu même où il l'avoid
place.
CLET , f. m. nom d'honrime. Cletus. S. Clet, eft le
troifième Pape qui ait gburverné l'Eglife.. Ce mot
eft la même chofc qa'Anaclet abrégé.
CLEVES. Ville du Cercle de Wcftphalie en Allema-
gne. Cliiia. La ville de Cleves eft iituée un peu au
deflùs de l'endroit où le Rhin fe'divife en deux bras i
à une lieue de ce fleuve. Elle eft fur le penchant de:
trois collines, in clivo , d'où l'on prétend qu'elle a
tiré fon nom Cliiia , que nous avons changé en
celui de Cleves. Quelque-uns même l'appellent en
Latin Clivi. C'eft, dit-on, Céfai: qui l'a bâtie. Elle
éroit autrefois forr grande , à ce qu'il paroît par les
reftcs d'antiquité qui fe trouvent aux environs de la
campagne. Aujourd'hui elle eft petite , mais riche*
Elle donne fon noin à un Duché dont elle eft
capitale.
Le Duché de Cleves, érigé en 1417 par l'Empc'
reur .Sii^ifmond , eft une Province du Cercle de
Weftphaîie, Clivix ou Clevienjis Ducaius. Il eft
borné au midi &: au couchant par laGueldre, au
nord par le Comté de Zurphen , au levant par celui
de la Marck, & par les terres de Cologne &: de
Munfter. Il a eu fes Ducs parriculiers. Le dernier,
Jean Guillaume, mourut fansenfansen ïdo^. Après
plufieurs Traités faits en 1^09 ifî^i & 1666 ,^ con-
firmés par l'Empereur en 1(^78 le Duché de Cleves y
avec les Comtés de la Mark & de Ravenfperg,
font demeurés à l'Eleifteur de Brandebourg , pour
fa part de la fucceifion des Ducs de C/èVej. Voyez
Tmhoîf. L. U, Ce, §. 16. L. IX, C. § 6.
CLEVOIS , OISE. f. m. & f Qui eft de Cleves. Cli-
vienjis. II efpéroit de pouvoir faire inrelligcnces &!
ligues avec les Gheldrois, C/eVo/j , Liégeois, Buil-
lonois & avec plufeurs auttes Princes Ailemansi
GoLLUt. Il faut plutôt dire habitant de Clèves;
CLI.
CLIBANAIRE. f. m. Nom d'une. ancienne Milice ,-
& Cavalerie prrfanne. Cuira(Tiers Perfans. Cata-
phraclarius j Clibanarius. L'Empereur Sévéro
^^8 CLi
Alexandre, dans un difcours qu'il fit au Sénat après '
l'on triomphe lui les Perles, rapporté par Lampridius
dans la vie C. 56 , dit , entre autres chofes , nous
avons tué dht mille CuiralHcrs qu'ils appellent
Clïbanaires, Les Anciens Perlans appeloient four
ce que nous appelions ciiiraffe , c'eft-à-dire , une
arme dctenlive de ter , qui couvre le corps depuis
les épaules juiqu'à la ceinture , un corcelct de fer.
Il difFéroit de celui des Romains , en ce que celui-ci
ctoit de plulicurs pièces , qui avoient la forme
d'ecailles -, au lieu que celui des Pcrfans écoit tout
d'une pièce comme Içs nôtres ; parce qu'elle étoit
recourbée en voûte, & en forme de /oz/r, les Per-
fans l'appeloient d'un mot qui dans leur langue fi-
gnifioit four , ^ les Romains en Latin clihanus ,
qui fignifie la même chofe-, S>c les ibldats qui étoient
armés de être efpèce de. cuiraiî'e fe nommoient
Clihanarii, CUbanaires. Ainfi la milice éroit Per-
fanne & le nom étoit Latin, comme l'a remarqué
Saumaife Car nous ne favons quel étoit le nom
Perfan , quoi qu'en dile Bochart , qui prétend que ce
nom vient du mot Chaldéen , N3i'7p Klipha ,
d'où l'on a fait toVp, Kilba. Ce mot fignifie écaille ■■,
Saumaife avoue que les Cuiraifes à écailles étoient
aulîi appelées Clikanus. L'autre opinion ell: bien
plus vraifemblable. Les Glofes Bafiliques , 6c l'A-
nonyme qui a écrit en Latin de Re Bellica , ex-
pliquant ce que c'eft que Thoracomachi , ou , félon
Saumaife , Thoraconacli , donnent du Clibanus la
même idée que nous.
^ CLICHL Petit village près de Paris , connu pour
avoir été une Maifon de plaifance de nos premiers
Rois. Clipiacum.
CLIDOMANTIE , f. f. La même chofe que CLIDO-
MANCIE.
CLIENT , ENTE , f. Cliens. C'étoit chez les Romains
celui qui fe mettoit fous la protection d'un puiflant
Citoyen , lequel s'appeloit par cette relation/^arro-
nus , patron , & de fon côté devoit à fes c/iens fa
protection & fon fecours. Ce patron affiftoir le
c/ient dans ies befoins , &: le clierzt donnoit ion
fuffrage au patron , quand il briguoit quelque Ma-
giftrature.
Ce mot vient de cliens, qui efl: die, comme
<ro/f«j, honorant. Les ciieris dévoient le refpecl à
leur patron , comme celui-ci leur devoit fa pro-
teâiion. La condition des ciiens n'étoit propremenr
qu'un efclavage un peu adouci. Pcu-à-peu cette cou-
tume s'étendit plus loin : non-leulcment les tamilles,
mais les villes, & les Provinces entières , même hors
de l'Italie , fuivircnt cet exemple. La Sicile , par
exemple , fe mit fous la protedion de Marcellus. Le
patron ne pouvoir rendre témoignage contre fon
client. Zazius èc Budée ont rapporré l'origine des
fiefs aux patrons &C ciiens de l'ancienne Rome j mais
il n'y a pas la même relation entre le vaifal &: fon
Seigneur , qu'entre le client Se fon parron ; car les
ciiens, outre le refpeâ: qu'ils dévoient rendre, &
le fuffrage qu'ils devoienr donner à leurs patrons ,
étoient obligés de les aider dans toutes leurs affai-
res , &même de payer leur rançon s'ils étoient faits
prifonniers à la guerre , en cas qu'ils n'euffent pas
aflez de bien pour payer eux-mêmes.
On a appelé auifi quelquefois cAV«^, les vaflaux
à l'égard des Seigneurs , qu'on nommoir leurs /jû-
trons , comme témoigne Budée , & aulll leurs
Ecuyers & leurs Courtifans -, & on appeloit c/ien-
tek , toute leur famille & leurs domeftiques.
Client fe dir maintenant d'un plaideur qui a mis fa
caufe eittre les mains d'un Avocat, ou d'un Pro-
cureur , pour la défendre. Il fe dir auiîl par rapport
aux Juges, Se dans ce fens , il fignifie les plaideurs
qui les'follicitcnt.
CLIENTÈLE.' f. fV Proteftion que les grands Sei-
gneurs de Rome donnoient aux pauvres ciroyens.
Clientèle. C'efl: auflî un nom coUeélif , pour ligni-
fier rous leurs cliens , même les cliens d'un même
Seigneur. Le crédit des Rom.ains dépendoit d'avoir
L I
une grande & nombreufe clientèle. II avoir alfém-
blé ce jour- là toute fa clientèle.
Les Avocats & les Procureurs fe fervent de ce
mot, en parlant des Parties dont ils font cfiargés de
défendre les intérêts. C'efl un tel Avocat ou un
tel Procureur qui a la clientèle de cette perfonnej
pour dire , qui détend fes intérêts. On dit qu'un
Avocat a de hzWes' clientèles ; pour dire, qu'il a de
belles affaires, ou qu'il eft chafgé des intérêts de
pcrlbnnes diftinguées.
CLIFOIRE , f f. petit inftrument fait d'un morceau
de fureau. On en ôte la moelle , on le bouche pat
un bout d'un morceau de bois qui a un petit .trou au
milieu , on y met un piffon , éc les enfans s'en fer-
vent pour jeter de l'eau ^ c'efl: une efpéce de perite
fcringue. Syrinx ,fambucca.
On appelle ainfi en Anjou &: .\ Bourges ce qu'on
appelle à Paris une Caloniere , par corruption , aU
\'\cndecannonière;d^cn Normandie uneSaquebute,
qui eft ce petit canon de fureau avec lequel les
enfans jettent de l'eau au nez des palîans. Les Man-
ceaux l'appelIent(7^/z7:e^<;Vo/re de canna. & depedere;
comme qui diroit cannapedens. Etyrn. de Ménage
aux mots Calonniere , cannepctoire , & clifoire. Ces
petites Canonnières ou feringues de bois/dont.fé
fervent les enfans pour jeter quelque liqueur que
ce foit , s'appellent en Bourguignon chiccli. Cet
inftrument fe nomme Dardoire en Champagne.
Les enfans s'en fer vent aufn au rem.ps de la vendan-
ge , pour boire du vin au prellbir. Il a encore un
autre ufage que Richelet, qui étoit Champenois j
explique fort bien au mot Canonnière. C'eft , dit-ilj
un morceau de fureau long d'un demi-pic, que de
petits garçons ont vidé. Se où ils mettent des ma-
nières de balles de papier mâché , qu'ils font fortir
de force avec le bâton de la canonnière , qu'ils jet-
tent en l'air, ou qu'ils fe jertent les uns contre les
autres.
CLIGNEMENT , f. m. mouvement volontaire par le-
quel on rapproche les paupières l'une de l'autre ,
fans cependant que les yeux foient fermés. Mi3atio.
Le clignement fe fair pour regarder un objet éloi-'
gné, ou pour empêcher que l'œil ne foit blclfé par
une trop grande quantité de rayons de lumière. Il
ne faut pas confondre cillement &c clignement. Nous
avons marqué au mot Cillement la diffcrenre de
ces deux mots & la fingulière méprife des Voca-
baliftes fur cet arricle.
CLiGNE-MUSETTE ou CLIMUSETTE , f. f.
Jeu d'enfans , dans lequel l'un d'eux ferme les
yeux , tandis que les autres fe cachent en divers
endroits où il eft obligé de les chercher pour les
prendre. Voye^ Musser.
CLIGNER. V. a. Fermer l'œil à demi. Connivere ,
niclare. Ménage dérive ce mot de clinare, inufité,
mais primitif de inclinare , qui a été fait du Grec
x^nili qui fignifie jUchir , remuer. On ne le dis
que des yeux.
Cligné, part. Tenir les yeux clignés.
CLIGNOTEMENT, f. m. Mouvemenrin'-olonraire»'
qui fair qu'on remue continuellement les paupiè-»
res, Palpebratio.
CLIGNOTER, v. n. Mouvoir fouvcnt les paupières,
ouvrir & fermer les yeux à tout moment. Niclare
oculis. Palpebrare. La grande lumière éblouit &
fait cVnxnoter. On dit aulIi clignoter, des yeux.
CLIMACTERIQUE, adj. m. & £ Année dangere^fe
à p. 1 lier , où on eft en danger de morr. gC? Pé-
riode de l'âge de l'homme , où les Aftronomes
prétendent qu'il fe fait dans le corps une akérar
rion confidérable , fuivie de la mort , ou au
moins de maladies dangereufes, ou dans la for-
tune , de grands changemens accompagnés d'ac-
cidens funeftes. C'eft une vieille erreur populaire.
CUmacler , climaclericum tempiis , annus climacle-
riens.
Aulugclle dit qu'Augufte , en écrivant à fon pe-
tit fils Caius , fe félicita de ce qu'il avoir paflê
C L I
ia foixante-trolficme année , qu'on tient climacli-
Tique , parce qu'il l'apprciicndoit extrêmement.
On le dit aùflî des années 49 & ,^6. Le fonde-
ment de cette opinion eft dans Madile Ficin qui
alligne une année à chaque Planète , pour do-
miner fur le corps de rhommc chacune à Ton
tour ; de comme Saturne ell; la plus malfaifante
de toutes , il regarde chaque fcptiéme révolution
comme dangercufe , .& fur tout les 49, 51?, & (7;,
années où on cft déjà avancé fur l'age. Il y en
a quelques-uns qui obférvent les révolutions de
neuf ans. Jean-Baptifte de Monte , Médecin cé-
lèbre , mourut en fon année clruiacterique, à Vé-
rone ia patrie. Teissier. On prononce climaté-
Tique 5 & même on fuit aujourd'hui cette ortho-
/C
graphe.
J'époufe une vieille antique
Qui compte plus de vins,t printemps j
Après jon an climaélérique. Main.
D'autres prétendent que Vannée climaclériqùeefï
jTunefte.iufli aux Corps politiques. On cite l'exemple
des malheurs du Règne d'Henry IV qui fut le
foixantc - troifième Roi de France , à compter ,
avec du Tillet , l'enfant pofthume de Louis Hu-
tin. Les Auteurs qui en ont écrit , font Platon ,
Cicéron , Macrobe , Aulugelle entre les Anciens,
& entre les Modernes , Magin , Argolus , &c
Claude de Saumaiic fort dodemcnt. S. Auguftin ,
S. Ambroife , Beda & Boëce difent que cette
obfervation n'eft point fuperftitieufe.
L'an climaclerique lé prend pour l'année fatale ,
la dernière année , dans un fens figuré & méta-
phorique;
Et mentiront les Prophéties j
De tous ces vifages pâlis ,
Dont la vaine étude s'applique
A chercher l'an Climaélerique ,
De l'éternelle jleur de lis. MalherSe.
Ce mot vient du Grec , où il fîgnifîe par éche-
lons ., ou par degrés. K>^i liai en grec lignifie une
échelle , parce qu'on monte de fépt enfeptans,
ou de neuf en neuf pour arriver à l'année Cli-
matérique. Voyez Acîa SS. Januar. V. Il , p.
274. Climaclerica , Climaéleres.
ÇLIMAQUE. f. m. furnom d'homme. KAiwauTÏ^^îs
Climacus. S. Jean , furnommé le Scholaflique , à eau
fe de fon érudition , & le Sinaïte , à caufe du mont
Sinaï , lieu de fa demeure, & encore plus com-
munément appelé Citmaque , à caufe de fon livre
intitulé VEchelle faintei
Ce nom vient de xaiV«| xAiKsdii; , échelle:
CLIMAT , f. m. terme de Géographie. Efpace dé-
terminé fur la furface de la terre félon la lon-
gueur des plus grands jours d'été. Climà , incU-
natio cxU. Les climats fe prennent depuis l'équa-
teur jufqu'aux pôles, & font comme autant de
bandes ou de zones parallèles à l'cquateUr ; mais
il y a plufieurs climats dans la largeur de chaque
2one. .Un climat n'eft différent de celui qui ell
le plus proche de lui , qu'en ce que le plus
grand jour d'été eft plus long ou plus court
d'une demi - heure en un endroit qu'en . l'autte.
Comme les climats commencent à l'équateur ,
ie premier climat , à l'on commencement , a
précifément douze heures de jour à fon plus grand
jour ; & à fa fin il a douze heures & demie à
fon plus grand jour. Le fécond climat , à fon
commencement , qui elt à la fin du premier
climat , a douze heures & demie de jour à fon
plus grand jour , & à fa fin il a treize heures
de jour à fon plus grand jour , & ainfî des
autres climats d'heures qui font jufqu'au cctclc
polaire. Il en eft de même des climats de mois :
car les Géographes diftinguenr deux fortes de
climats : des climats d'heure 2c des climats de
CLI &î^
rhois. Les climats d'heure, fe comptent depui^
l'équateur de part & d'autre jufqu'aux cercles po-
laiies. Un climat d'heure el\ un efpace de terre ,
compris entre deux cercles parallèles à l'équateur
qui a fon plus grand jour plus long d'une demi-
heure en la fin qu'en fon commencement. Le
climat de mois fe compte depuis les cercles po-
laires jufqu'aux pôles. Il eft différent du climat
d'heure , en ce que fon plus grand jour cft plus
long d'un mois, ou de 30 jours en la fin qu'en
fon commencement. Les nouveaux Géographes
comptent 30 climats feptentrionaux , & 50 méri-
dionaux. Il y en a 24 depuis l'équateur jufqu'au
foixante-fixieme degré de latitude : & fix depuis
les cercles polaires. Robbe.
Les Anciens , qui donnoient ie nom de climat
feulement aux efpaces de terre habitables , ne
connoiifoient que fept climats , qui paflbicnt le
premier , par Méroc -, le fécond par Syéne -, le
troifième par Alexandrie j le quatrième par Rho-
des -, le cinquième par Rome; le fixième par le
Pont , & le feptième par l'embouchure du^ Borif^
thène. Paris eft dans le fixième climat. Averroès ,
qui demeuroit fous le cinquième climat', le pré-
fère a tous les autres. Albert le Grand dit que
le feptième étoit le meilleur , parce qu'il habitoic
à Ratisbonne.
Les Modernes , qui ont voyage bien plus avant
vers les Pôles , ont mis 25 climats de chaque
côté , parce que l'obliquité de la Sphère y caufe
en peu d'efpace beaucou^^ de différence pour les
plus grands jours d'été; & ils n'ont mis leur diffé-
rence que d'un quart d'heure. Foye^ Vitalisdans
fon Lexicon Mathématique , où il en fait une
exacte defcription.
Le vulgaire appelle climat , une terre différente
de l'autre , foit par le changement des failbns ou
des qualités de la terre , ou même des peuples
qui y habitent , fans aucune relation aux plus
grands jours d'été. Regio , terra traclus. Ce
climat eft plus chaud que le nôtre. Il a voyage
en des climats éloignés. Pourquoi m'avez-vous
arraché de nos heureux climats , pour me con-
duire dans ces flmeftes lieux ? S. Evr.
Les climzii font fouvent les diverfes humeurs. Boil,
Vene:(_: fu-yt^^ l'afpeclde ces ciim^xsfauvages. Racîne;
Abulféda , Atabe i appelle vrais climats, {ci
fept climats des Anciens -, & climats connus , quel-
ques Provinces ou étendue de pays : ce que les
Grecs modernes appellent encore ainfî;
Ce mot vient du girec xA(>t« , inclinamentum , ou
inclination.
^3" CLIMAX. Mot purement grec v.x^.nal. C'efl
chez les Grecs ce que les Latins appellent o^ra^tz-
tion , figure de Rhétorique par laquelle le dif-
cours s'élève ou defcend comme par degré. Voye:^
Gradation.
CLIN. f. m. Ce mot ne fe dit jamais feul : il y
faut joindre le mot d'œil , &: dire clin d'œiL
Prompt mouvement des paupières qui ferme
l'œil , &: le rouvre aufTi-tôt. hliclatio. Un bon
valet doit entendre fon maître au premier clin
d'œil. Je connois de ces perfonnes qui trafiquent
de civilités , & dont les clins d'œil ont quel-
que defléin. Balz.' Ils etoient obéiffans au moin-
dre clin d'œil. Vaug. Faire un clin d'œil à quel-
qu'un , lui faire un ligne de l'œil.
On dit fîgurcment , en un clin d'œil ; pour
dire , en peu de temps , en moins de rien , en
un moment; Punclo , momento temporis. Les Ef-
pagnols difent en ce même fens , A un dexa la
paja , c'eft-à-dire. En un laijfe la paille , donne-
moi la paille , ou les curedents dont ils fe fer-
venr.
§0" CLINAAiEN , f. m. terme purement latin
de la Phylique d'Epicure, Ce philofophe fuppo-
6^o C L î
foit de toute éternité des atomes de toutes figu.
res , tous en mouvement &c taifant eftbtt pour
s'avancer , tous del'cendans à travers du vide.
S'ils avoient toujours continués de la Ibrte , il
n'y auroit jamais eu d'aHemblage ; mais quel-
ques-uns allant un peu de côté, cette légère dé-
clinailbn , ce clinamen en accrocha plufieurs en-
lemble. Dc-là lé Ibnt formés le ciel , la terre ,
6-c, M. Pluche.
fia- CLINCAILLE , CLINCAILLERIE , CLIN-
CAILLER. Foyci QUINCAILLE , QUIN-
CAILLERIE , QUINCAILLER.
CLINCART. r, m. Nom qu'on donne à certains
.bateaux plats de Suède & de Danncmarck. Navi-
CLINCHL , f. m. terme de Serrurier. Ceft une
pièce de ter ordinairement longue de deux ou
trois pouces , avec une tête platte qui ibit en
dehors des portes , Se iert à les ouvrir, en mer-
tant le pouce fur cette tête , &: pouffant un
peu fort en bas en tenant la poignée des autres
doigts de la même main ; ce clinche a fon mou-
vement fur une efpèce de petit eflîeu de ter -, de
forte qu'en faiiant bahfer la tête du clinche , on
élevé la queue qui efl en dedans , £c par le
même moyen le loquet qui porte deifus. Aj-
fulci , lamina ferrea. capitata.
ifj- CLINGENAW ou KLINGNAU. Ville de
Suifle , au Canton de Bade , fur la rive droite
de l'Aar.
CLINIQUE, adj, de t, g. Quelquefois employé fubf-
tantivement. Terme dogmatique. Quelques Hillo-
riens appellcru Cliniques ceux qui reçoivent le
baptême au lit de la mort. Cllnicus. Du Pin.
Magnus au troiiième fiècle douta fi les Cliniques
étoient véritablement baptifés , parce qu'ils ne
l'étoicnt que par afperiîon. Il confulta fur cela
S. Cyprieu , qui lui répond que le Sacrement ne
lave pas les pêches à la manière du bain corpo-
rel ; & il prouve par l'Ecriture que l'afperlion
foffir : il ajoiàte qu'il ne faut point s'atrêter au
nom de Cliniques , que quelques-uns leur don-
noient , au lieu de les nommer Chrétiens.
Ce mot vient du Grec k*'^-" lir.
Clinique fe ttouve encore dans l'Antiquité en deux
fens différens. 1° , pour un malade fimplement ,
comme il paroîr par la vie de Charlemagne dans
Canilius. f^oye^ aulil Saumaile , fur Spanien , c,
1^. de la vie d'Adrien. ^° , pour Médecin, par-
ce qu'ils éroient toujours auprès du lit des mala-
des, C'étoient principalement les Medf^cins des
Empereurs qu'on appcloit ainfî. VoyeT le Jcfuitc
Raderus fur Marnai L. I. épigr. Le P. RoKvcid
Onom. & Hoffinan.
On appelle auHi Médecine clinique , clinice ,
la méthode de voir & de traiter les malades au
lit poui examiner plus cxattement tous les fymp-
tomes de la maladie. Efculape le premier a exercé
la médecine clinique. Le Clerc.
CLINOIDES , adj. f. épithète que les Anatomif-
tes donnent aux trois apophyfes internes de l'os
fpénoïde. Foyei ce mot. Elles font ainfi appe-
lées , parce qu'elles forment comme une felle à
cheval, ou qu'elles reffemblent aux pies d'un lit.
Il y en a deux antérieures , & une poftérieure ,
qui font enfemble une petite cavité dans laquelle
efl: placée la glande pituitaire.
Ce mot vient du Grec y.xi^» lit , l'iS'tiJorme , figure.
|P* CLINOPALE. f. f. Ceux qui ont lu Suétone ,
fçavcnt ce que c'eft que la Clinopale. AJfiduita
tem concuhiths , velut exercitationis s^enus ,. Cli-
nopalem vocabac Domitianus. Suet. Vit. Domit.
CLINOPODIUM , f. m. plante dont les tiges font
minces , carrées , velues , hautes de plus d'une
coudée. Ses feuilles font femblables à celles de
la marjolaine fauvage , moins odorantes , velues
des deux côtés. Ses fleurs font en gueule , oblon-
gues , de couleur de pourpre , & rangées par éta-
CLI
ges & par anneaux autour des branches & des ti-
ges. En Latin clinopodium origano Jïmile.
Ce mot vient de deux mots grecs xM't>, qui ligni-
fie un lit i TtSi, ■priè'i:, pic, comme qui diroit
pié de lit. Les tiges du clinopodium commun ,
chargées de fleurs, reiîêmblenr, luivant Diofcoride,
aux pies d'un lit. '
CLINQUANT, f. m. Broderie d'or ou d'argent
qu'on met fur les habits pour les rendre plus bril-
lans 6c plus éclatans. Tcenia aura texta , aureis
filis contexta. Il fe dit plus particuliêremcnr de
ces lames d'or ou d'argent , qui font le plus bril-
lant des dentelles & des broderies. Il y a du
clinquant fin & du clinquant faux. C'eft de ce der-
nier qu'il eft parlé dans ces vers :
On préfère aujourd'hui lefolide au brillant :
Pour quoi , quand for efl bon , y miler du clinquant.
ViLL.
Il fe prend aullî figurément pour lignifier faux
brillant dans un ouvrage d'efprit. Fucaium lumen p
fucata Scriptoris lumina.
A Malherbe , à Racan , préférer Théophile.
Et le clinquant du Taffe à tout l'or de Virgile. Bon.
§3" Du temps de Quintilien l'éloquence avoir fort
dégénéré. On commençoit à préférer le clin'
quant à l'or pur ; l'on cherchôit , non ce qui
orne la vérité , mais ce qui la farde.
CIJNQUANTER, v. a. Charger un habit de clin-
quant, de broderie. Aura vejiem texere , ornare.
CLIO , f. f. une des neuf Mufes : celle qui pré-
lide a l'Hiftoire. Les Poètes font Clio fille de Ju-
piter & de Mnémofyne. On la reprélénte avec
une couronne de laurier , tenant une tromperte à
la main droite, & un livre à la gauche. Son nom
vient de iL^^U--,, gloire , renommée, parce que c'eft
l'Hiftoire qui conferve celle des Héros.
CLIQUANT , ANTE , adj. Vieux mot. Qui fait»
du bruit. Nous en avons retenu le cliquetis des
armes, Glofj'. fur Marot.
CLIQUART. f m. Sorre de pierre excellente
pour bâtir, qui fe tiroit des carrières du fauxbourg
S. Jacques à Paris. La carrière du cliquart eft
finie aujourd'hui. On trouve encore maintenant
une forte de pierre qu'on appelle cliquart doux,
CLIQUE, f f. Terme collei5lff qui déligne une fo-
ciécé de gens unis pour le même objer , pour
cabaler, pour rroraper. Societas , fodalitas , faciio.
Il eft du rtyle très-familier , & fe dit toujours en
mauvaife part. Une clique de frondeurs, déjeu-
nes débauchés. C'eft une dangereufe clique.
Un NoUfVellijle politique ,
Qiii tiint cunfeil dans la Cour du Palais ,
Demande au plus fort de facïiqus
Si nous aurons ou la guerre ou la. paix,
CLIQUER, vieux v. n. Faire du bruit, du clique-
tis. Fraixorem edere,
CLIQUET. Foyei CLAQUET.
Cliquet, f. m. En termes d'Horlogerie , on appelle
cliquet , ccrte pièce en pié de biche qui engrené
dans le rocher de la fiilee , ou de toute autre
roue , & l'empêche de tourner dans le fens où
elle eft naturellement emportée par la force du
poids & du grand reflbrr. Le cliquet fert à rc-
montct les horloges , foit à poids ou à reilbrr,
parce qu'à mefure qu'on monte le poids , ou
qu'on bande le reflbrt , la fufée rerourncroit
d'elle-même en arrière, fl elle n'étoit arrêtée par
le cliquet qui la fixe en enrranr dans le rocher.
§Cr CLIQUET , chez les metteurs en œuvre, eft la
partie fupérieure de la brifure qui entre & fort
de la charnière.
§3" CLIQUETER , v. n. Faire un bruit qui imite
celui d'un claquer de moulin , ou celui de la cli-
quctre
,
V C LI
^uertc que les ladres croient autrefois obliges de
■ porter. Crépitare.
CLIQUETIS , i", m. bruit que fbnr les armes en
choquant les unes contre les autres. Armorum
crepitus , fonitus , conjiicius. On entendit un cli-
quetis d'épées qui fît Ibrtir. les bourgeois. Le cli-
quetis de ceux qui fe battoient réveilla les plus
endormis.
Ce mot vient, par onomatopée, du bruit que font
les armes quand on i"c bat.
fO- CLIQUETIS fe diraum en Médecine & en Chi-
rurgie du craquement des os , de leur crépitation
dans certains mouvemens , dans certaines maladies,
particulièrement du bruit que font les os fradurés
quand ils fe froi/fent les uns contre les autres.
Cliquetis au figure. On lit dans l'Effai fur la Critique
de M. Pope ,ou plutôt dans la Traduction Françoije
de cet ouvrage , en parlant de certains Auteurs ,
&c. Ils rimaillent fans fin des fons vides, ^2X cliquetis
de fyllabes.
Cliquette, f. f. InUrument fait de deuxns , ou de
deux morceaux de bois que l'on met entre les doigts,
&: qu'on bat les uns contre les autres pour en tirer
' tjuelques ions mefurcs. Crepitaculum. Jour des cli-
quettes. Les ladres ctoient obligés de porter des
cliquettes^ pour avertir les autres de ne les pas appro-
cher , de crainte de prendre du mauvais air.
Les Danieules Turques barrent la cadence des
chanfons que chantent les autres , en danlant, avec
une efpèce de c/îi;z/ewf. Du Loir, /7. 174.
CtiQUETTES. f f. pi. Terme de Pêcheurs. Ce font des
pierres ou cailloux troues par le milieu , que les
Pêcheurs attachent à leur verveux , pour le faire al-
ler à fond. Il en faut tDois à chaque verveux.
CLISSE.' f f. On appelle ainfî une claie faire d'ozier ,
ou de menues branches de jonc. Crates viminea. On
fe iert de Cliffes pour faire égouter les fromages.
Ci.issE,en termes de Chirurgie , lignifie une petite ban-
de de bois , ou de fer blanc. Affala , lamina. On fe
fert de clijjes pour tenir en état les os fraiflurcs. On
doir dheec/iffes , en chirurgie , & non pas cltffe.
CLISSE , EE. adj. Qui efl: couvert de claies , revécu de
claies. Crate , ou cratihus,tecîus , infiruclus , defenjus.
Le Roi ( Louis XIV. ) s'eft fervi de ce rernie dans
le propre , dans les remarques llir un rerranchement
que Céfar avoir fait faire : voici fes rermcs. Quoique
Céfar ait appelé mur l'ouvrage qu'il fîr pour empê-
■ cher aux Suiffes le pafTage du Rhône ; les vidanges
du folle qu'il énonce luppofanc plutôt un retranche-
ment , il y a été néceifaire , pour concilier l'un &:
l'aurre , de reprélénter un rempart avec des parapets
cliffes, appelés plutei , tels que les Anciens les em-
ployoient en femblables occalions.
On appelle bouteille cliffee , une bouteille garnie
de cliffe,
CLISSON. Petite ville de France dans la haute Bre-
tagne fur la Seure. Olivier de Cliffon,q\ii fut Conné-
table deFrance en 1 380, fe difoit Seigneur deCliffori.
Les anciens titres l'appellent en latin CUcchio , Cli-
chiaù LVicAo. De-là s'eftfaitCY/fon, & puis Ciïffon.
|C? Clisson. f, m. Toile de Lin propre à faire des
chemilés que l'on fabrique en Bretagne.
CLISSONNOIS. f m. Le Cliffonnois efl: un petit pays
aux environs de Clilfon. Clicchionenjîs pagus.
CLITIE. f. f Terme de Fleurifl:e. Anémone à peluche,
d'une couleur de chair enrremclée d'incarnadin ; fa
peluche efl fort bien rangée , à la manière des fou-
cis doubles. C'elt une des belles anémones à pelu-
che que l'on puilfe voir. Morin.
CLITORIS, f. m. Petit corps rond & long , fituc au
haut des parties naturelles des femmes , tout au-
près de la vulve , & qui a la figure d'un gland. Il
efl d'ordinaire alfez petit ; il y a des femmes qui
l'ont fort gros & fort long. Il relîemble en beau-
coup de chofes à la verge de l'homme : il efl com-
pofè des mêmes parties: il a deux nerfs caverneux ,
un gland à l'exrrémité , couvert d'un prépuce, mais
qui n'efl pas percç , & quatre mufcles , deux érec-
teurs , & deux éjaculateurs. Il enfle , 5c devient dur
Tome II.
C Lô
^41
dans certaines occafions. Il s'eil trouvé des femmes
qui en ont abufc. C'eft une pattie exttêmement
Icndble , &: qui efl le fiége principal du plailîf dans
la femelle. Ip" C'eft pour cela que quelques-uns lui
ont donné le nom A'ajirum veneris. Quelques-uns
l'appellent la verge de la femme. On le retranche
^ quelquefois , quand il Ibrr rrop en dehors.
CLIVAGE, f m. adiion de Cliver. Foye^ ce mot. Pour
peu que le diamant foit de conféquence,on le Icie plu-
tôt que de l'expofer au rifquc du6'//v.z<rf .Voyez Cliver,
CLIVER un diamant, terme de Lapidaire , c'efl le
fendre avec adreffe en frappanravec un marteau fut
un couteau fixé fur l'endroit où l'on veut féparcr le
diamant. On ne clive guère que les diamans qui ont
de grandes glaces.
C L O,
CLOACINE. f. f. Cloacina. Déefle qiii préfidoir aux:
cloaques. C'eft Tatius , non pas Roi des Romains »
comme cUt HofFman , mais apparemment celui qui
fut chef des Sabins , qui la trouva dans un cloaque
où l'on travailloit une ftatue de femme dont il fit
une Déelfe. S. Auguftin en parle au L. IF. de la Ci-
té de Dieu , c. 23.
CLOAQUE. 1. m. & f. Aqueduc fouterrain , égoûc
dans lequel s'écoulent , fe reçoivent les immondi-
ces d'une ville , d'une maifon. Cloaca. Les vapeurs
ihfcdées qui s'élèvent des eaux cx:o\x^\ts,àcs cloaques
publics , font une des 'cauiés éloignées de la pelle»
JouRN. DES Sa V. On ne peurmett're un cloaque pro-
che la maifon de fon voifin fans titre ; car c'eft une
efpèce de fervitude.
Ce mot vi?nr du grec K>.l^c„purgo. §3" D'autres lé
font venir de duo , infecler par^ fa mauvaife odeur.
Ce motn'eftguère en ufagequ'en parlant des ouvrages
des anciens. Dans le langage ordinaire on dit égoût^
Cloaque lignifie aulfi , par extenfion , tout lieu
puant. Il eft logé dans un quartier plein de Tan-
neurs , de Corroyeurs , c'eft un vrai cloaque. Ce
pédanr eft fi mal propre , que fa chambre eft un
vrai cloaque. On appdioit autrefois cloaque ^ les la-
trines d'une maifon. Latrina.
Cloaque. On dit d'une pcrfonne puante ■■, que c'eft
un cloaque. On l'applique figutément aux vices :
Cloaque d'impureté. Cloaque de tous fortes de vicesi
Acad. Franc.
Cloaque, dans l'Anatomie comparative , fignifie un
canal qui eft dans le corps des oifeaux , & qui fert
à conduire l'œuf depuis l'ovaire jufqu'à fon iffue.
Cloaca. Dict.de James.
CLOCHE, f. f. C'eil un inftrument de métal qui fert
pour appeler les Chrériens à l'Eglife , & pour faire
quelque alfemblée , convocation , ou réjouiflàncei
Campana , campanum. Les Muficiens la mettent en-
tre les inftrumens de Mufique , qu'on appelle de Per-
culTion. Elle eft faite en forme de poire ouverte par
en bas avec un battant de fer , & elle eft fufpendue
par une grolfe charpente de bois qu'on appelle Mou-
ton , dans laquelle fes anfes font enclavées. Sa par-
tie la plus haure, qui eft faite en timbre ou en qp-
lotte , s'appelle le Cerveau. Les trairs ou les cour-
bures de l'endroit où \^ cloche s'élargit , s'appellent
les Fauffiires , &c les bords de la cloche où frappe le
battant , s'appellent les Pinces. Les Fondeurs ont
un diafpafon , ou une échelle campanaire , qu'ils
appelleat aulTi Brochette ou bâton , qui fert à con-
noître & à mefurer la grandeur ou l'épaiifeur , le
poids & le fon des cloches. Leur matière eft un mé-
tal compofé de vingt livres dérain fur cent livres de
rofetre. On donne quinze fois l'épaiifeur du bord au
diamètre d'une cloche. Se douze bords à fa hauteur^
La gtolTe cloche de Rouen pefe quarante mille
livres , & s'appelle Georç^e d'Amboife -, d'autres
ne difent que trente-fix mille livres , comme le por-
tent des vers Larins qu'on lit deflus. Dans la Def-
cription Gsogr. & Hifl. de la Haute-Norm. tom. 2 ,
p. 21;. on marque qu'elle a dix pieds de hauteur, y
compris les anfes , & qu'elle pefe -^6000. Elle fut
fondue le 2 Août 1501. Son battant eft de fept cens
M M m m
1^4^ C L 0
dix livres , fa circonfcrence de 50 pics , & ion |
diamètre de 8 pics 6: un tiers. Nankin , ville de la 1
Cliine , ctoit célèbre autretbis par la grandeur de
fe$ cloches ; mais leur poids énorme ayant emporté
le donjon où elles étoient luf'pendues , tout le bâti-
ment tomba en ruine -, & les clochis Ibnt depuis de-
meurées à terre , lans qu'on fe Ibit mis en devoir de
les remonter. La hauteur d'une de ces cloches efl: de
onze pies de Roi , &: Ion anlc de deux. Son dia-
mètre , pris dans la plus grande largeur , en a lept,
fi on y comprend l'çpaiiicur des bords, La circon-
férence extérieure eft de 2.2 pies-, 6c quoiqu'elle di-
minue en montant , ce n'eft pourtant pas en même
proportion que nos cloches d'Europe, car fa figure
elt prefque cylindrique , à la réferve d'un renflement
confidérable qui paroît vers le milieu , 011 le contour
eft aulfi grand que celui de fes bords. Elle eft entou-
rée de plufieurs moulures , filets & platebandes. Le
limbe inférieur a fix pouces & demi d'épailleur , ce
qui diminue toujours jufqu'à la courbui;^ , où com-
mence la conoïde ; de forte que fous Tarife elle n'eft
tout au plus épaifTe que de deux pouces. Ge qui fe
peut melurer aifez précifémenr , parce qu'on y laifîe
un trou pour augmenter le fbn , fuivant l'opinion
des Chinois. Ces cloches ont été fondues fbus le pre-
mier Empereur de la Dynaftie précédente , qui ré-
gnoit il y a plus de 500 ans. Elles ont chacune leur
nom particulier. La Pédante , Tohoui \ la Mangean-
te , Ché , la Dormante , Ûioui ; la Volonté ,fi. Il
n'y en avoir que ttois dans Nankin ; mais la Géo-
graphie chinoife en marque une quatrième au-delà
•du fleuve Kiam. Suppofant que le pié cubique de
cuivre pefe fîx cens quarante-huit livres , la cloche'
dont on a pris les mefures peferoit environ quatre-
vingt-dix milliers , û fa groffeur Se fon épaifleur
étoient par tout égales. Pour la groffeur il n'y a pas
beaucoup de différence ; mais l'épaiffeur diminue
uniformément jufqu'à l'anfe , où elle a deux pouces:
ainfi prenant quatre pouces & un peu plus pour la
moyenne proporrionnelle ,_&fuppofant l'alliage un
peu moins pefant que le cuivre , Iz cloche, avec fbn
anfe, pefera environ cinquante milliers , c'eft-à-dire ,
qu'elle fera deux fois plus pelante que celle d'Erfort ,
que le P. Kirker dit être la plus grande cloche du
monde. Mais il y en a à Pékin fept autres fondues
fous le règne d'Youlo , il y a près de 5 00 ans , dont
chacune pefe (ix-vingt mille livres. Leur ouverture a
douze pies de diamètre -, elles en ont 40 de circuit,
& douze de hauteur fans compter l'anfe , qui eft pour
le moins de 5 pieds. Mais autant que les cloches de
la Chine furpaflent celles d'Europe en grandeur ,
autant leur font-elles inférieures par la beauté du
fon , foit que notre métal foit plus pur. Se l'alliage
mieux obfervé , foit que la figure & la fonte des nô-
tres en foient meilleures. Leur fon eft exrrêmement
obfcur , parce qu'on ne les frappe pas avec un bat-
tant de fer , ou de quelqu'autre métal , mais avec un
marteau de bois. Les Chinois ont dans toutes leurs
villes de fort grandes cloches deftinées à marquer
•es veilles de la nuit. P. Le Comte. Jean Struys dit
dans fes voyages , que les cloches de Mofcou pèfent
trois cens quatre-vingts-quatorze mille livres.
Il fe fait un frémiflement de chaque pattie de la
cloche lorfqu'elle fbnne •, & le P. François Maria Gri-
maldi foûtient dans fa Phyjîcjue , que le moindre
coup qu'on frappe fur une cloche fait approcher &
éloigner fuccefïîvement toutes fes parties les unes
des autres , & que c'eft ce frcmiflement qui caufele
fon. yoyei Son. On a obfervé que les cloches s'en-
tendent de plus loin dans les plaines , que fur les
montagnes ', & que celles de vallées fe font encore
entendre plus loin que celles des plaines. Les Re-
ligieux s'alTemblent capitulairement au fon de la
cloche. C'ctoit autrefois l'office des Prêtres de fon-
ner les cloches , & fur rout dans les Cathédrales , Se
on les appeloit Klockmans. Ce nom qui eft Alle-
man , ou de l'ancien Celtique , ou de l'ancien Franc ,
& qui fignifîe Hommes des cloches , eft encore en
«fage dans l'Eglife d'Amiens. On a appelé cloche ha-
C L O
nale , la cloche du béfroi ,ou la cloche de la Com-
mune. On tait un bruit , un carillon de cloches dans
les réjouillànces publiques , Se dans les Fêtes dé
l'Eglife.
Les Bollandiftes, ff^r. T. I,p. 423. T. III, p.
104E. 105B. &: Ménage dérivent ce mot de c/o<r<z,
ou vlocca , cloccum , qui fe trouve eh ce fcns dans
la vie de S. Anfchaire , dans celle de S. Rambert &
de S. Liobe , dans les Capitulairesde Charlemagne,
& dans d'autres Auteuts du même iiècle. Or clocca,
eu cloca , vient de l'Allemand , cloche , ou plutôt
gloccke , lignifiant la même choie. Et ce qui prouve
cette origine allemande , c'eft qu'on trouve aufÏÏ
glocca Se glogga dans la baffe Latinité. Faucher croit
que c'eft un vieux mot françois , parce que l'aller Se
le revenir d'une cloche repréfcntc l'allure d'un boi-
teux , ce qu'on appeloit clocher. Il y a plus d'appa-
rence qu'il vient de cloch , qui eft un mot du lan-
gage armorique , ou bas-breton, qui iîgnifie cloche.
D'autres le dérivent de clangor , parce que c'ctoit au
fon des cloches qu'on fignifioit le jeûne , ou la péni-
tence ; d'autres du Grsc y.u^ih , qui lignifie vocare ^
d'où les Latins ont fait calata comitia ; d'autres du
Grec xA£«=.7v, vfi.\i\'z,r{\(iç fonncr avec lahouche.Qxiei-
ques-uns le dérivent de cochlea , à caufe de fa figure.
Du Cange enfin le dérive du Saxon clugga. Et quel-
ques-uns dérivent tous ces mots du hznnglocire. Jé-
rôme Magius , dans les fers chez les Turcs , écrivit
deux traités , l'un des Cloches , l'autre du Chevalet,
fans autre fecours que celui de fa mcm.oire. Vign*
Marv.
On tient que les cloches ont été inventées à Noie',
dont faint Paulin a été Evêque, ou que du moins c'eïi
lui qui en a introduit l'ufage dans le fervice divin :
ce qui les a fait appeler Nolcc Se Campance , -parce
que Noie eft dans la Campagne de Rome. On peut
néanmoins douter fi les cloches n'ont point été ap-
pelées CampaTiczSe A^o/iî: , non , parce qu'elles ont
été inventées à Noie , ou dans la Campagne de Pv.ù-
me ; mais parce qu'on a trouvé dans la Campagne
d'Iralie la manière de les fufpendre &: de les balan-
cer comme l'on fair ; ou bien qu'on les afufpendueS
& balancées ainli fur le modèle d'une balance inven-
tée ou ufitéedans la Campagne d'Italie ; car on Trou-
ve en Latin un contrepoids , ou balance appelée
Campana Itatera ; Si. en Grec K«,tt5ra»;if7» , pour pon-
derare , dans Nicéras Choniates. Quelques-uns font
diftinélion , &: appellent les grandes cloches, campa-
nce , & les petites ovt fbnnettes noix. Ce mot fe die
proprement des grelots qu'on met au collier des
chiens , aux pies des oiléaux , Se au poitrail des
chevaux Se mulets.On a dit auifi, iVo/^ refeclorii ; Sc
on a donné le même nom à ces cloches qu'on fbnne
pendant l'élévation de l'Hoftie. Polydore Virgile
en attribue l'invention au Pape Sabinien qui fuc-
céda à.S. Grégoire , & qui le dernier fe qualifia Evê-
que de Rome. Mais il fe trompe -, car S. Jérôme,
contemporain de S. Paulin , a parlé d'une cloche.
Dans la vie de S. Loup , qui vivoir au commence-
ment du VIP fîêcle , il eft parlé d'une cloche qui
étoit dans l'Eglife pour appeler le peuple. Le Pape
Sabinien n'inventa pas les cloches , mais il ordonna
que l'on diftingueroir les heures canoniques parle
fon d'une cloche, Ovide , Tibulle , Martial , Stace,
Manilius , Se les Auteurs Grecs font mention de clo-
ches ; tintinnabula , Se d'airain bruyant , crepitan-
tia , jlrepitantia ara. Il ne fuit pas néanmoins de-
là que ce fufîent des cloches. Suétone , Dion , Stra-
bon , Polybe , Jofephe , & autres , en ont fait aufS
mention fous les noms dcpetafus , tintinnabulunif'
ceramentum, crotalum,fignum, &c.En effet Polydore
Virgile de Inv. Rer. L. ri,C. i z. ne dir pas, comme
on "l'a écrit dans la première édition de ce Livre,
que le Pape Sabinien , Succefleur de S. Grégoire ,
fût l'inventeur des cloches ; mais feulemenr que c'eft
lui qui introduifît Tufage d'appeler le peuple aux
faints Offices au fon des cloches. Hieronymus Ma-
gius , dans le Livre qu'il a fait exprès de tintinnabu-
lis , en fait voit l'aniig^uité. Quelques Auteurs
/
C L O
croient que nos cloches , fur tout les groflcs , font
une invention nouvelle. Leur raifon ell que le nom
en eft moderne. 11 ne paroît pas qu'on ait eu de
grolîes duchés beaucoup avant le fixième lièclc. En
6io, Loup Evcquc d'C^rlcans étant à Sens , que l'ar-
mée ae Clotaire aificgeoit , l'étonna fi fort en faifant
fonner les cloches de l'Eglife de S. Etienne , que
toute l'armée prit la fuite. Preuve que ce n'étoit
point une chofe encore fort connue , ni fort ufitcc.
Bcde , L. VI C, i3._ nous apprend que fur la fin au
même fiècle il y en avoir en Angleterre , &: qu'on
s'en fervoit pour appeler à la prière. Les Religieux
de l'Abbaye d'Aumale ,fe vanrent d'avoir les plus
anciennes cloches de toute la Normandie. Dcjcrift,
Geogr, & Hijt. de la Hiiuu-Normandie , to. i,p, z6 ,
Les Grecs n'ont connu les c/ockes qu^a.ulX'^fiè-
clc. C'eft un Vénitien qui leur en apprit la fabrique.
Il n'eft pas vrai que dans l'Eglife Orientale J'ufage
des cloches ait été tout-à-fait inconnu, & qu'on
y ait toujours appelé le peuple au fcrvice avec des
maillets de bois , comme on fait prcfentement.
Léo Allatius dans i?.DiJleriation touchant les Tem-
ples des Grecs, prouve le contraire par George Pa-
chymereôi par Michel PfuUus , qui font mention
.des c/of/ifi qui étoient dans quelques Temples ou
îiglifes ries Grecs. Il prétend qu'après la prife de
Conrtantinoplï l'ulage des cloches fut défendu par
les Turcs , de peur que leur Ton ne fût contraire
au repos des âmes , qui Ibnt félon eux errantes dans
l'air. Il ajoute que l'ufage des cloches eft encore
dans quelques endroits qui font éloignes de tout
commerce desTurcs,& qu'il y en a de très-anciennes
au mont Athos. Le P.jerôme Dandmi fupppi'e auilj,
dans fon voyage du mont Liban , qu'il y avoir de
véritables cloches dans les Eglilés des Grecs avant
qu'ils fuffcnt fous la domination des Turcs , qui
en ont fait , dit-il , des pièces d'artillerie. M. Si-
mon, dans (es remarques fur ce voyage, croirque
les Turcs n'ont privé de l'ufage des cloches les Chré-
tiens de leur obéiflance , que par des raifons de
politique, parce que le fon des c/oc^ei peut fervir
de lignai pour l'exécution des révoltes , & pour
donner l'alarme par tout en peu de temps, Voye^
Minaret. En 15:48 la ville dcBourdcaux fut pri-
vée de fes cloches pour caufe de rébellion. Elles lui
lurent rendues peu de temps après par Henri II.
Mathieu Paris dit qu'autrefois , pendant le deuil,
l'ufage des cloches étoit défendu -, d'où vient qu'on
ne les fonne point le Vendredi faint : mais aujour-
d'hui on en fait une des principales cérémonies des
entcrremens. Les Egyptiens n'ont que des cloches
de bois , à la réfcrve d'une ieule de fonte qui a été
apportée par les Francs dans le Monaftère de S.
Antoine. Ils en attribuent l'invention à Noé, qu'ils
difent avoir fait la première par le commandement
de Dieu. L'on a expliqué les ufages d'une cloche
en deux vers techniques latins que voici j
Laudo Deum verum , plehem voco , congrego Cle-
rum ,
Defunclos ploro , pejiem fugo , fefia decoro.
C'étoit une ancienne coutume de fonner les clo-
ches pour un moribond , afin d'avertir les Fidèles
de prier pour lui -, comme l'a remarqué le Père
IMabillon , JHa SS. Bened.Sœc. III, P.I, Praf.
N. loz. C'eft de-là que le fon que l'on fonne pour
un mort , Se qui s'appelle ailleurs un Clas , s'ap-
pelle à Reims VMhé mort , par corruption pour
Vu4hboi de la mort,
La coutume de fonner les cloches aux approches
du tonnerre n'eft pas nouvelle , mais ce n'éroit pas
feulement pour ébranler l'air qu'on les fonnoiri
c'éroit pour aflembler le peuple , qui alloit à l'Eglife
prier Dieu de prcferver la ParoifTe des effets de ce
terrible mcrcore. Lobinïau , T. I , /'.847.
Durand , dans fon Rationale Divinor. Officia-
ïum , £, /, C, 4 , diftingue fix efpcces de clocha, La ,
C L O ^45
pfemîere eft celle qui iert dans les Communautés
au Réfectoire, & s'appelle _/-^//z7/£t. La leconue ,
qu'il nomme cymlalum , icu au cloître. La tcoi-
lième , nota , dans le chœur La quatrième , nolulu ,
eft celle de l'horloge j la cmquicme, qui fe mec
dans le clocher , s'appelle campana ; & la fixjèmc,
qui eft celle des tours , jignum.
On fait une cérémonie pour "le baptême ou la
bénédidiion des cloches, Ck;tte cérémonie eft rrèi-
ancienne , aulfi bien que le nom de baptême qu'on
lui donne j car on dir baorème d'une cLche , oap-
tiier une cloche ; comiïie Yves de Chartres rapporre
qu'on baptifoit autreiois les Egli es , au lieu .:e
dire qu'on les bénidbit. Quelques Auteurs écri-
vent que cette coutume de baptifer les cLches tut
introduite par le Pape Jean XIII^ en ^71-, mais if
eft maniféfte qu'elle eft plus ancienne , puiiqu'uii
Capitulaire de Charlemagn; de l'an 78c,, dé^.nd
de baptifer les cloches ,ic qu'au rapport d'Alcuin,
cet ufage étoit établi long temps avant le VLi^ i'.z-
cle. Cela doit donc s'entendre d'un reglcaienr que
fit Jean XlIIs d'un ordre qu'il porra'de baptifet
ou de bénir Ijs cloches qui doivenr fervir à rEgliic,
parce que cet ufage,déia ancien ,avoitété interrom-
pu ,ou négligé , éi-cLe Roi Robert , faifant faire en
1019 la Dédicace de l'Eglilc de S.Agnan d'Orléans,
y donna entre autres préfens cinq cloches , dont
l'une , qu'il avoir fait baptifer , & à laquelle
il avoir donné fon nom , peibit deux milles fîx
cens. Ce qui montre qu'alors la béncdidion des
cloches s'appeloir encore baptême , & que la dé-
fenfc du Capitulaire de Charlcmagne n'eur point
de lieu , ou dura peu. Le Moine Helgaud , qui
rapporte ce qu'on vient dédire, marque qu'on y
empioyoir l'huile &' le chrême. ^oytf{ Baptême &
Baptiser. Par Arrêt du Parlement de Paris en
\6o^ , l'on a jugé qu'un Fondeur de cloches peut
les revendiquer , & les liire dépendre de l'Eglife ,
quoiqu'elles aient été bénites & confacrces , quand
il n'a pas été payé de la valeur.
Cloche s'emploie proverbialement en ces phrofes. II
eft temps de fondre la cloche ^ c'eft i-dire, de ter-
miner une affaire, de prendre la dernière réfolu-
tion. Etre étonné , être penaut comme un Fondeur
de cloches ; c'cft-à-dire , être confus & muet , voyant
qu'une afft.ire qui pouvoir être bonne , nous a mal
réufli par notre faute.
A ce difcours Godard mille fois plus furpris
Que ne l'ef un fondeur de cloche ,
Tire fon ecu defapoche. Nouv. CH. de vers.
On dit au/Ti de ceux qui difent tantôt d'une '"açon ,
tantôt de l'autre, qu'ils font comme les cljch-s ,
qu'on leur fait dire tout ce qu'on veut. On appelle
GentilshoiTUTies de la. cloche, ceux qui ne font no-
bles que pour avoir palfé en de cerraines charges de
Mairie, ou d'Echevinage , qui fc donneur au fon
de la cloche. On dit qu'on fait fonner la groife
cloche , quand on fait parler le maîrre , celui qui a
l'autorité pour conclure. On dit aullî , qu'un
homme n'eft pas fujet à un coup de cloche ; pour
dire , qu'il n'eft pas fujet à fe rendre à une certaine
heure à fon devoir , à dîner , fouper , &c.
Cloches fe dit, en guerre, du droir que le Grand Maî-
tre de l'Artillerie a fur les cloches des Eglif s & fut
tout le métal d'une place qui a été battie du c'-^on.
Les habitans achètent ce métal, &: payent une cer-
taine fomme pour les cloches.
Cloche des alarmes. On appelle ainfi dans les villes
de guerre & les Citadelles , une cloche qui fert à
donner l'alarme, pour avertit contre les furprifcs
de l'ennem.i ; elle eft placée communément dans
la maifon du Gouverneur.
Cloches fe dit auflî de certains vai(T"-âux & uftenlîles
qui ont la figure d'une cloche. Les Jardiniers met-
tent des cloches de verre furies -melons pour les
garantir des injures de l'air. '^./?c vitrea. On fait
M M m m ijl
'^44 C L O
cuire des fruits fous une cloche de fer qu'on fait rou-
gir. Tejia œrea.
Cloche de Plongeurs. On a trouvé l'invention de
faire defcendre des hommes au fond de la mer dans
de grandes clocha de bois. On en voit les figures
dans le Journal des S.tvans. C'efl: une machine dans
laquelle un homme peut demeurer quelque temps
fous l'eau. Les choies qui font tombées au tond
de la mer ou ailleurs au fond de l'eau, foit par
naufrage ou autrement , peuvent être^ retirées par
le moyen de cette machine. Elle doit être de bois ,
de plomb , de fer ou de cuivre , néanmoins la ma-
tière la plus pefante doit être la meilleure , pour
rcfîrter .à la force de l'eau, &; pour plonger &: def-
cendre à fond avec plus de facilité , &: y demeurer
droite dans la même fituation où elle y étoit del-
cendue. Cette machine a la figure d'une cloche ,
ou d'une de ces tonnes qui fervent de ^bouée , &
qui feroit ouverte par deifus. Sa hauteur eft à peu
près comme celle d'un homme de moyenne taille.
Par le bas , autour du bord , il y a un gros cercle
de fer pour maintenir la cloche , car li ce gros cer-
cle n'y étoir pas en dedans , la force de l'eau pour-
roit enfoncer les côtés de la machine , & les faire
joindre l'un à l'autre. On peut demeurer dans une
de ces machines fous l'eau une demi-heure" : &
quelquefois un peu plus , ou un peu moins. Celles
qui font de bois , doivenr être rcforcces de cer-
cles de fer , di chargées de plaques ou de pièces de
quelque métal.
Cloche , en termes de Jardinier Fleurilte , c'eft le
haut de la fleur , lequel formée une efpcce de calice.
On l'appelle v<z/è t'/2 fiz/icir-, mais on dit des Jacin-
tes, &c de rOreille-d'ours , la cloche de ces Jacin-
tes eft belle. Morin.
SCF Cloche, terme dcliotzmque. Campana.Vïem
en cloche -jjlos campanifonnis. On fe ferc du mot
de c/oc/i^ pour exprimer la figure de plufieurs fleurs
. monopérales &: de quelques fruits. Ce fruit eft en
cloche : cette fleur eft campuniforme. Campanella ,
ou campernula, petite cloche , ou qui approche de
la figure d'une cloche. La forme de ces fleurs varie
fuivant que le fonds , les parois , ou la bouche fonr
plus ou moins renflés ou ouverts.
Cloche fe dit aufTi en Médecine , des ampoules ou
veffics pleines de férofités qui viennent aux pies
&c aux mains par trop de travail ou de marche , ou
aux autres parties quand elles ont fouffert du feu.
Pujiula.ll \/ient des clotkes zu-x. mains & aux pies
à ceux qui ne font pas accoutumés à fendre du bois,
ou à marcher. La brûlure caufe auffitôt de groffes
cloches.
Cloche, f.f. Ancien habillement des femmes Parifîen-
nes. Cappe , Capot, Amiculum rotundum. Aimoin,
ou fon continuateur , qui a écrit la vie de Louis
le débonnaire, fils de Charlemagne , dit qu'il prit
envie à Charlemagne , lorfqu'il faifoit la guerre
aux Saxons , d'envoyer chercher fon fils Louis qui
étoir Roi d'Aquitaine , lequel alla trouver fon père,
étant vêtu à la mode des Gafcons , amiculo rotiindo;
mais que l'Auteur de la chronique de S. Denys a
tourné d'une cloche ronde , étant certain que dans
Paris encore aujourd'hui on appelle une cloche, les
chappes que les Parifiennes portent , qui couvrent
la tête , & ne pafTent point la ceinture, CArtL,fIi/i.
deLang, T. /, /». 7. Il imprimoiten 1(^3 5. Ailleurs
cet habillement s'appelle capot. Il n'eft plusd'ufage
à Paris ni en beaucoup d'autres endroits.
On appeloit aulTi autrefois cloche , une efpèce
d'habillement qu'on portoit à cheval , qui étoit
étroit par en haut , mais large & arrondi par en bas
en forme d'une cloche. Cappa. Du Cange,
■ Les Grands Croix , dans l'Ordre de Malte , quand
ils vont à l'Eglife en cérémonie, portent une efpcce
de robe noire ouverte par devant , avec de grandes
manches qu'ils appellent cloches.
^3" Cloche, en papeterie, forte de papier. Le papier
dénommé à la c/ocAe aura 14 pouces ^ lignes de
Margeur, fur 10 pouces p lignes de hauteur, 5c
CL O
la rame péfera 9 livres. Arr. du Conf. du 17 Janvier
1759. Papier dénommé grande Licorne â la cloche.
Ibid. Le papier dénommé double cloche aura zr
pouces alignes, fur 14 pouces de hauteur, &: la
rame péf.ra 18 livres. Ibid.
CLOCHEMAN , f £ vieux mot, Jean le Maire ap-
pelle clocheman , le mouton qui conduit le trou-
peau , par 1- fon d'une clocherte pendue au cou.
Dux gregis aries. Moutons clochenians , ou lonna-
liers,(^c. M. Ménage dit, q«e clocheman 'À%v^\x\o\t
un fonneur de cloches : il eft encore en ufage dans
l'Eglife d'Amiens. On dit clocman par abbréviation
àc'clochernan , &c clocheman vient de deux mots al-
lemands , ou de l'ancien Franc , ou peur-être de
l'ancien Celtique , cloche, cloche Se man , homme
comme fi l'on dilbit Vhomme à la cloche ; pour
dire , fonneur ; il y a dans la langue allemande
beaucoup de mots compofés de cette manière.
CLOCHEMENT.f.m. L'adion de clocher, de boi-
ter. Claudlcruw. M. Deverel n'approuve pas le fen-
timcnt d'Ambroilé Paré fur la caufe du clochemcnt.
La Roche. Hildanus parlant de la caufe du cloche^
ment, demande fi ce que dit Paré en peut être la
caufe, Id. Ce terme ^ n'eft pas plus reçu que
boitement. Le mot claudication , quoiqu'il ne ioit
pas généralement reçu , paroît préférable.
CLOCHE-PIÉ. f. m. C'eft une^ efpèce d'organcin
qui n'a que trois brins de foie , dont deux forit
moulinés enfem.ble féparément , & puis moulinés
une féconde fois avec le troihème. Il eft appelé do--
cke-pié , comme s'il clochoir ou boitoit , à caufe
du brin de foie qui manque , pour ainfi dire , àun
de fes pies. On s'en ferr dans la fabrique des foies.
A CtocHE-riÉ. On dit aller à cloche-pié, c'eft aller
en fautillant fur un pied feul , tenant l'autre élevé ,
ou demeurer long temps fur un même pié. Siif
penfo pede incedere. Ils ont fauré l'un contre l'autre
à c/oc/ze-/':e. Les enfans jouent à cloche-pié, c' it-
à-dire , à qui ira plus loin fur un feul pié. Ils por.f-
ienr aullî un palet à cloche-pié , au delà d'un ter--.
me marqué en autant fois qii'on en eft convenu.
l/no pede incedere , uno pede dijcum prcpellere.
CLOCHER, f. m. Ouvrage d'Architedlu-e fort élevé
fiifant patrie d'une Egîife, où l'on fufpcnd les clo-
ches. jEris campant turris , turris campanaria. On
voit les clochers de Chartres de lept lieues loin, il
y a des clochers carres & de pierre en forme de
tours, qui parrent du fond , comme les clochers
des Eglifes de Paris , de Reims , ùc. D'autres de.
charpente qui font fur les toits des Eglifes , qu'on
appelle ^zigwi//^^ ou /Zt'i:A«5.Mœfîus dans fon Traité
des cloches , parle au lli des clochers. Il dit que le
plus remarquable de tous , eft celui de marbre qui
fe voit à Pife , lequel penche tour d'un côté , &
femble prêt à tomber -, ce qui n'eft point arrivé paf
un tremblement de terre , comme quelques-uns
difent, mais a été fait à deffein par l'Archirede,
comme il eft aif; de juger par les planchers, les
portes & les fenêtres, qui font routes de niveau.
%fT Ce clocher ne tombe pas , parce que fa bafe
eft extrêmement large , & que les corps inclines
alfis fur un plan horifonral fe foûtiennent quand
la ligne de direction rombe en dedans de leur bafe,
comme il arrive au clocher de Pife.
Clocher s'eft fair de cloche , de même que dans li
ba/le larinité Cloccarinm Veft fait de clocca.
A l'Abbaye de Rimereraont on donne le nom de
clocher au Clerc qui gouverne \^ (onwûç. Camp a-
nis Pmfeclus.
Clocher fe prend auflî pour une Paroiffe , l'EghTe.
Parœcia , Parochia. Il y a tanr de clochers dans les
pays d'Election en France. Il foûtint jufqu'au bouc
l'honneur de fon clocher. Boil.
On dit proverbialement , il faut mettre le clo'
cher au milieu de la Paroiffe ; pour dire, qu'il faut
mertre le plat, dont tour le monde mange au milieu
de la table , ainfi que la chandelle lorfqu'il n'y en. i
a qu'une, & généralemennr toutes les chofesuni- |
ques dont tout le monde abefoin. On dit encore
C LO
le biittre des pierres du clocher t d'un Curé qui
plaide pour fon bénéfice , & qui en a la récréancc.
On le dit même par extenfion de toutes les choies
dont on Te iert pendant la conteftation.
On dit aulTi qu'un Curé n'a befoin d'autre titre que
de fon docker pour demander des dîmes -, pour diic,
que de droit commun elles font dues aux Cutcs ,
s'il n'y a titre ou poireiîlon au contraire. On dit ,
qu'un homme n'a jamais perdu de vue le clocher
de fon village ; pour dire , qu'il cft peu expéri-
menté 5 qu'il n'a jamais vu le monde. On dit des
boiteux, qu'ils entrent dans l'Eglife par le clocher ,
par une bafîe équivoque du clocher de l'Eglilé avec
le clocher àts jambes.
CLOCHER , v. a. terme de Jardinage. Ceft mettre
une plante fous une cloche, la couvrir d'une cloche
pour la garantir des injures de l'air , & fur tout du
froid , concentrer la chaleur , & avancer la plante.
Tejiavitreâ incluiere , operire , tegere. Je viens de
clocher mes melons. Cloche^ vos melons , crainte du
froid. LiGER.
Clocher, v. a. terme de Communauté. Ceft appeler
une Religieuié au fon de la cloche , fuivant un cer-
tain nombre de coups de cloche.
CLOCHÉ , ÉE, part, terme de Jardinier. Couvert ,
f^arni d'une cloche. Tcjid vitreà inclufus , opertus ,
'teclus. J'ai deux cens pies de melon cloches. La
Quint. Prefquc que tous mes melons font c/oc/zcrj-.
LlGER.
(CLOCHER , v. n. boiter , incliner plus d'un cote que
de l'autre en marchant. Claudicare. Il cloche des
deux côtés , ou d'un côté feulement, du piédroit,
du pic gauche.
On dit iîgurément , qu'une chofe cloche , lorf-
qu'elle n'eli' pas jufle, qu'il y a quelque chofe à
redire , Deficcre. Voilà un raifonnement qui clo-
che , qui n'eft pas en forme. Cette comparaifon
cloche, fon application n'efl: pas jufte. Il y a quel-
que chofe qui cloche en ce procès , qui n'eft pas
bien juftifîé. Toutes les comparaiibns pri<és de la
îiature , pour expliquer les merveilles de la Reli-
gion, c/oc^e«r toujours &: demeurent imparfaites.
PÉLiss. Un vers cloche , fJCT quand la mefure n'y cft
pas. Clauiicat hic ver fus , hœc fyllala nutat. On
dit généralement qu'il y a quelque chofe qui clo-
che dans un difcours , dans une aflùire , dans une
comparaifon , 6-c. pour dire , qu'il y a quelque
chofe de défeétueux.
'^fT Dans la Poélie latine un vers cloche., quand il
manque de céfure au fécond ou au troilième pié ou
à tous les deux enfcmble.
On dit, qu'il ne faut pas c/ocAer devant les boi-
teux ; pour dire , qu'il ne faut pas contrefaire un
autre, ni lui reprocher un vice naturel.
jÇLOCHETON , f. m. petit clocher.
// n'efl clochers ni clochetons
Qui puiffent faire réjijtdnce,
M. DE Valincour.
.CLOCHETTE , f. f. petite cloche qu'on peut tenir
& Ibnner à la main. Tinnnnabulum. Une clochette
de cuivre, d'argenr. On a une clochette fur fon bu-
reau, pour appeler fes valets. Dans l'Eglife Catho-
lique , le Viatique que l'on porte aux malades eft
précédé d'une clochette , pour avertir les gens. Zo-
naras, L. Il, dit que quand un Romain tiiomphoit ,
au chat de triomphe croit pendue une clochette
avec un fouet , pour faire fouvenir le triomphant
qu'il pouvoir arriver qu'il fiit fuftigé & condamne
à moit: tar ceux que l'on conduifoit au fupphce,
portoient une clochette , pour avertir le peuple qu'il
eût à fe retirer, & ne point le toucher, de crainte
d'être fouillé-, & cette coutume s'obferve encore
par les Turcs. Favin , HijL de Nav. L. Ji ,/»• 5 54-
■CLOcHETTEs,en architedure , ce font de petits corps
en forme de cloche , qu'on me tau deflbus de la cot-
niche dorique au droit des triglyphes. Denticuli.
Clochette eft auflî une petite fleur jaune tirant fur
C L O 6a-
1 ;
le blanc , que Ton appelle autreiiient campaïuiiei
Voyei Camx>anule.
Les Clochettes que quelques-uns appellent aufît
Narciiïès iauvages , & les autres Narciiïés bâtards
d'Elpagne , diîfèrent non-feulement en gtandeur &C
en figure , car il y en a de grandes , de pcrites, de
limplcs , de doubles; mais encore en couleur , les
unes font jaunes-claires s les autres d'un jaune-lavé ,
& quelques-unes blanchâtres. La fîmple Jette fix
feuilles , au milieu dcfquelles forr un godet qui cft
frefquc de la longueur d'un demi-doigt , étroit &
rond par le fond , qui s'élargiliànt à l'ouverture ,
fair la figure d'une trompette , ou d'une cloche. Là
petit^..la jaune lavée & la blanchâtre ne diffèrent
de la précédente 5 que par la grandeur & la couleur*
Il y en a quatre clpèces de doubles , trois grandes
&c une perite. La première fait une fleur femblaljls
au Narcidé rofat , bien que le godet de celui-ci fbit
plus rond que celui de l'autre. Ccrte Beur, pour l'a-
bondance cle fes fleurs , eft fort fujette à fe dépecer*
La féconde efpèce l'air fbrtir de Ibn godet un bou-
quet de feuilles allez touffu. La troifième a deux
godets l'un dans l'autre j ce qui la rend très-agréa-
ble. La petite efpèce double ouvre un tour ou deux
de feuilles , au milieu defquelles s'élève un godet!
avec d'autres feuilles. Les clochettes k doivent plan-
ter au fbleil ,dans un terroir comme pour les po-
tagers. Il ne leur faut que quatre doigts de profon-
deur, 5c la moitié d'un empan de diftance On les
lève tous les trois ans pour les décharger de leurs
cayeux. Morin.
CLOCMAN ou CLOKMAN. Voye^ Clocheman,
CLOCU. f. m. Les Payfans d'Anjou appellent cloctl
le poulet qui cft le dernier éclos de la couvée ■■,
l'oeuf dont il cft éclos , fcrniant le cul de la poule*
A Paris , on l'appelle par corruption du mot de
cillas , le culot , comme on y appelle aufu le dernier
enfant d'une femme. En Bade Normandie , on ap-
pelle ce dernier enfant d'un femme, Tinchic , c'eft-"
à-dire , tireporte. Hec , parmi les Bas Normands ^
lignifiant une porte coudée. Au lieu de clocu dit
pour clocul, nos anciens difoient Qulocu.Au Maine
on dit Eclocu pour clocu. Mén. Dicl. Etym. Tout
cela eft populaire & bas.
fCr CLODION , f. m. nom propre d'homme. Clo-
dion , Roi des Francs,fuccéda à Pharamond en 42, 3i
f3" CLODONES, f. f. pi. terme de Mythologie*
Sorte de Bacchantes de iVIacédoine qui paroiffoient
dans les Orgyes Se les autres fêtes de Bacchus.
CLŒLIA. FoyeiCtoviiA.
CLOFICHER , v. a. vieux' mot qui veut dire clouer.
Clavesji^ere, Il eft compofé de clou &C de ficher ;
ficher un clou.
CLOFYE , f. m. oifeau d'Afrique qui eft noir , & de
la grofléur d'un étourneau. LeS Nègtes s'imaginent
que par fbn chant, il prédit les bons & les mauvais
événemens. Quand ils menacent quelqu'un d'une
mort funefte , ils lui difent que le clofye a chanté
fur lui.
Ip" CLOGER, ville d'Irlande, dans la province
d'Ulfter , au comté deTyrcme. Elle eft cpifcopale.
Cloccria.
|Cr CLOIS , ville de France dans la Beauc e , Dio*
cèfe de Blois , à deux lieues de Châteaudun.
CLOISON j f. f. fcparation de chambres, faite avec
des ais ou de quelques pièces de charpente liées
de maçonnerie. Scpimentutn , claujura. Les cham-
bres qui font fermées de cloijons fonr exricmemcnt
froides. On appelle cloij'on fimple; celle qui eft à
bois apparent ^ourdée & enduite d'après les po-
teaux. Cloij'on recouverte , celle qui eft latce &:
contrelatée &: enduite de plâtre, ou laml i;jrce.
Cloihn creufie, czWc qui cft fans hourdi entre les
poteaux , ^ qui eft couverte d'un lambris de plâtre,
pour empêcher le bruit & la charge , lorfqu'dle
porte à faux. Cloij'on d'ais , celle oui cft faite avec
des ais , ou lambriffce des deux côtés , pour ména-
<fer la place & la charge. Cloifon de rnenuijcric ,
^4^
C L O
celle qui eft faite de planches à rainures 5i languet-
tes polccs en couliHc , tk: dont on Te i'ert pour raire
des retiancliemens dans une grande pièce. Il fc fait
auHi des cloijons d\iJJ^-iiihhii^€. Cloifon à jour ell:
celle qui depuis une certaine liauteur efl: faite de
barreaux de bois carres ou tournés. On appelle
audi cloifon de ferrure , une bocte mince qui enfer-
me la i^arniture d'une ferrure.
Cloison, en termes de Médecine & d'Anatomie ,
eft une f cparation dans les cavités du corps humain -,
une membrane qui f cparc une cavité du corps en
deux parties. Nicolas Maffa , Vénitien , qui vivoit
vers l'an 1550 , a décrit fort exaClement la c/oij'on ,
qui Icparc le Icrotum en deux cavités rd^^u verte
dont quelques-uns de nos Modernes le font faits
honneur mal à-propos.
Cloison , terme de Botanique. Les Botaniftes fe
fervent de ce teime pour exprimer les membranes
qui divifent l'intétieur des fruits, & forment des
loges ou cellules. Sepmm , dijepimcntum. [jTJ" En
différentes occafions , on donne le nom de cloifon
à différentes parties , qui font l'office de mur mi-
toyen entie deux autres.
Cloison A' Angers i nom ci'un certain fubiîde , qui fe
paie en Anjou par les Marchands fréquentans la
rivière de Loire. Il fut impofé par Louis II , Duc
d'Anjou, fous prétexte qu'il avoit befoin d'argent
pour faiix- la cloifcn des villes d'Angers &; de Sau-
mur. Le nom de ce droit s'écrit aulli clouaifon.
CLOISONNAGE ou CLOISONAGE , f. m. nom
coUeélif qui exprime toutes les cloifons d'une mai-
fon. Le chifonnage de cette maifon a tant coûté.
Il peut fc prendre auffi,&; peut-être mieux , pour
l'action , le travail de mettre une cloifon. La roiié
de cloifonnage vaut tant.
Ces mots^ viennent du verbe claudere , fermer.
CLOISONNE, EE , adj. terme de Conchyliologie.
C'eft la fcparaâon que l'on remarque dans l'inté-
rieur de quelques coquillages , comme dans les
Nautilles; c'efi la même chofe que chambré.
CLOÎTRE, f. m. Habitation fermée de murailles où
logent des Chanoines ou des Religieux. Claujirum
Ciziiobii, Les Cloîtres des Chanoines font compo-
fés des mailbns où logent les Chanoines. C'eft par
un abus que les féculiers & les femmes logent dans
les Cloîtres des Chanoines , comme à Paris dans les
Cloîtres de Notre-Dame, de S. Honoré, &c.
Ce mot vient du latin claujîrum. NicoD.
Cloître fc dit plus particulièrement des monaftères
des Religieux , des Religieufes , Se quelquefois il
fe prend pour la vie monaftique. Les gens qui ont
renoncé au monde, fe retirent dans un Cloître.
On a condamné cette femme à être miiie dans un
Cloître , pour y faire pénitence. Les pères regardent
d'ordinaire les Cloîtres comme une décharge de ce
qui les incommode dans leur famille, & offrent à
Dieu ceux de leuîs enfans qui leur dcplaifent. S'il
y a du danger à jeter dans le Cloître des âmes rem-
plies de l'amour du monde , il n'y en a pas moins à
retenir dans le lièclc des âmes fragiles , qui fe pour-
ront Ifiné^ifiet dans la retraite. Combien de gens
s'enferment dans un Cloître , pour y facrifier à Dieu
les rcftes languilfans d'une vie dont ils ne peuvent
plusjouir : Jl y a long temps que l'on prend ainfi
le mot de Cloître pour tout la monaftère. /^oy^^
Pierre de Blois , dans l'article fuivant.
Cloître fe dit encore plus particulièrement de la
principale partie des lieux réguliers qui cft un
carré de bâtiment compris en quatre galeries , le-
quel eft placé d'ordinaire entre l'Egiifc , le Chapi-
tre &: le Réfectoire , & au delfus duquel clt le
dortoir. Peujlylium. Les Proceffions des Religieux
fe font autour de leurs Cloîtres. Les Cloîtres fcr-
voient à plufteurs ufages anciennement dans les
monaftères, i''. C'étoit là où les Moines faifoicnc
leurs leétures, comme il paroît par l'Epitome de
l'Empeteur Louis , fur la Règle de S. Benoît , la
Concorde de S. Dunftan , c. 5 , les aCles de S. Vol-
gang, c, 7, C'étojt du côté qui touchoit l'Eghfe ,
C LO
que l'on faifoit la le dure morale, c'eft-à-dire , au
nord. 1'^. Du coté de l'occident , fe tenoit la clafle.
3°. A l'orient croit le Chapitre. 4°. Dans l'Eglife ,
lé failbit la méditation Ipirituelle. C'eft Pierre de
Biois qui fait cette diftinction dans fon fermon 15.
Du Cange en conclut que tous ces difïcrens exerci-
ces fc taifoient dans le Cloître même ; mais il fc
trompe. L'Eglife , le Chapitre , l'Hcolc n'ctoient
point des parties du Cloître même j mais des bà-
timens qui donnoient fur le Cloître , attenant au
Cloître. 11 eft vrai que Pierre de Blois dit que ces
quarre exercices fe faifoicnt dans les Cloîtres des
Couvens -, mais par Cloître , il entend tout le Mo-
naftère, ou pour le moins les quatre corps de bà-
timens attenans aux Cloîtres , comme il s'en expli-
que lui-même dans ion fermon 36^, où il dit que
tout le Monaftère, la commune habitation des
moines , s'appelle Cloître , parce qu'elle eft enfer-
mée de quarre corps de logis. Ce que nous venons
de rapporter de Pierre de Blois , bc ce que dir Adam
de Brème , c. 103 , montre que la for»e des Cloîtres
étoit carrée. Lefranc marque , dans la 3*^ fecl. defes
Confîittitions , que c'étoit au Cloître que les moines
s'entretenoient à certaines heures du jour.
On dit, en Atchitcéture , qu'une maifon eft bâtie
en cloître, quand il y a des bâtimensfur les quatre
côtés de la cour.
IJCT Cloître , architedurc des jardins , forte de bof-
quct qui eft formé par un enclos de paliffades,
au dedans duquel font une ou deux rangées d'ar-
bres de haute tige , qui forment comme les porti-
ques d'un Cloître religieux. Quelquefois on joint
les tiges des arbres par des charmilles en banquette,
qu'on tond à trois ou quatre pieds de hauteur. Duh.
Cloître. On nomme ainli le comptoir ou magazin
que quelques villes d'Allemagne ont dans la ville
de Berg , un des Porrs les plus confidérables de l'Eu-
rope , & le plus beau de la Norvège. C'étoit autre-
fois le Palais cpifcoj>al &: la demeure des Cha-
noines.
CLOITPvER , V. a. enfermer dans un Cloître. Intra
Cccnobiî clanjlra alîqiiem claudere. On a cloîtré
cette femme par ordre de Jufticc. Cette fille s'eft
cloîtrée par pure dévotion & malgré fes parcns.
03° CLOÎTRÉ , ÉE. part. Qui eft enfermé dans un
Cloître.
ffT II fgnifie aufiî , réduit à garder la clôture-, & en
ce fens , il ne le dit que des Religieufes. Depuis le
Concile de Trente, il n'y a prefque plus de Reli-
gieufes qui ne foient cloîtrées. Acad. Fr.
CLOÎTRIER , f m. Religieux qui habite efFecfive-
ment dans le Cloître , à la diftinélion de ceux'qui
font dans la maifon en qualité d'hôtes , ou qui
font réputés du df hors, parce qu'ils font pourvus
de bénéfices dépcndans de la maifon. Monacku^
Cœnohii Clauflris addîtus.
^fT Cloîtrier fe dit auiîî des Religieux qui gar-
dent le Cloître par oppolîtion à ceux qui ibrtent
fréquemmenr. Ces derniers appellent par mépris
leurs confrères , de bons Cloitriers.
Ip- CLOÎTRIERE. f. f. GreHer , dans fon Fertverr',
a employé ce mot en badinant , pour Religieufe,
Je crois que la remarque habile
Dé la Cloîtrière Sîhile,
N'en déplaife à fa charité y
Sera de peu d'utilité.
ir? CLONEY ou CLON. Cloua. Ville d'Irlande ,
dans la province de Munfter , au comré de Corck,
ItT CLONFERT ou CLONEFART , ville d'Irlan-
de, dans la province de Connaught , au comté de
Gallway , avec un évêché fuffrasant de Toam.
03" CLONMELL. Clonmellîum. Ville d'Irlande ,
dans la province de Munfter , fur la rivière de
Shure, capital du comté de Tipperary.
CLOP. f. & adj. Vieux mot , qui fignifie , boiteux.
Claudus. Le peuple dit encore dopper , pour
boiter.
G L Ô
^ CLOPEUR , f. m. forte de battoir à l'ufage des
raffineries de fucre.
CLOPIN - CLOPANT , cxpreflion adverbiale, d\i-
iaj^e dans le ftylc familier ; pour fignifier , en clo-
pinant.
Mes gens s'en vont à trois pies -,
Clopin-clopant comme ils peuvent
'Vun contre l'autre jetés.
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.hK Font.
CLOPINER , V. n. marcher avec difficulté , comme fi
on ctoit boiteux. Claudicare. Depuis fa chûre j il
clopine, il va en clopinant. Il n'eft que du flyle fa-
milier.
fer CLOPORTE . mieux que CLAUPORTE. Plu-
fîeurs auteurs ont fait ce mot du genre féminin :
aujourd'hui il cil mafculin. Efpèce d'inlédfe qui
s'engendre fous les pierres , dans les murailles ,
dans les caves. Le cloporte a le corps de figure ova-
le , couvert d'une peau ccailleufe, divilee en huit
anneaux , la tête arrondie , armée de deux tomes
ou antennes 1 la qlieue doublement fourchue, il a
une grande quantité de pies de chaque côté. Quand
on le touche , il replie fon corps tête contre queue ,
& forme la boule. Les cloportes font très-bons dans
la colique néphrétique , dans le calcul , dans la dif-
ficulté d'uriner, dans la jauniffe, dans les obftruc-
tions , & dans plufieurs autres maladies. En latin ,
blatta , fcolopendra , centipes , multipeda , afellus.
On les appelle aufli cutiones , & chez les Grecs ,
Ce mot vient par corruption de claufporqties ,
parce que ces animaux , chez les anciens & chez
les modernes , ont palle pOur tenir du pourceau.
On les appelle en Champagne porcelets , en Italie
forceletti. On les appelle auffi en plufieurs lieux ,
porcelets de S. Antoine ; en Dauphiné & dans le
Lyonnois , on les appelle kaion , c'eft-à-dire, co-
dions. Il y a d'autres provinces où on les appelle
truies; &c ailleurs de noms approchans. Mén. Il
y a des cloportes de mer qui le Trouvent dans l'eau
îalce , qu'on appelle en latin afellus marinus , ou
fcofula , qui , au rapport des Pêcheurs , s'infinuant
dans les mâchoires des perches , les font mourir.
tLOPOTEUX , EUSE , adj. ternie de Marine , qui
fe dit d'une mer fort agitée. Injiatus , tumidus ,
agitatus , tumultuofus , a , um. La mer devint fi
clopoteufe , que nous loulions étonnamment , les
mâts craquoient & faifoient un bruit à étonner le
plus afifaré. II y avoir des roulis fi violcns , que le
navire faifoit avec fa quille Un angle de 45 dégrés
au moins , & nous prenions de l'eau par deifus les
bords , & en quantité. Lettre écrite de Guayaquil.
Je ne fçais Ç\ ce mot fe trouve ailleurs.
|CF CLOQUE , f f. fe dit chez les Ciriers lorfque
le ruban de cire fe noue, pour ainfi dire , & le re-
croqueville.
^ Cloque fe dit aufll en jardinage , d'une maladie
qui affeéle les feuilles des arbres , du pêcher prin-
cipalement. La cloque , fi fréquente dans nos cli-
mats , eft l'effet d'un vent qui fait d'abord recro-
queviller les feuilles. Elles s'épaiflllTent enfuite , &
fi on ne les arrache promptement, le mal fe com-
munique bientôt aux branches, Traùe de la Cuit, des
Pêchers.
CLORRE , V. a. fermer , boucher quelque chofe.
Claudere. Clorre une porte , une boîte , un pafTage ,
une avenue. Clorre les yeux d'un homme mort , les
lui fermer; Au figuré , clorre l'œil , c'efl; dormir. Je
n'ai pas pu clorre l'œil de la nuir.
Clorre eft quelquefois un verbe neutre \ cette porte
ne clôt pas bien : cette chambre eft froide , parce
que la porte ne clôt pas tout-à-fait,
Clorre fignifie auffi , faire une enceinte qui enferme
un efpace. Clorre une ville de murs & de baftions.
Clorre un parc , un jardin de haies , de foffés. Se-
pire i circumdare. ffT Ce verbe, quant aux temps
fimples , n'eft guère ufité qu'au ptcfent de i'indica-
G LÔ
47
rif, au fingulicr, aux futurs de l'indicatif & du fub-
jondtif.
Clorre eft un terme de Vannier , qui fignifie remplir
d'ofier l'efpace qu'il y a depuis le fond jufqu'au bord
de l'ouvrage. Clorre une corbeille , un van , une
hotte, &c.
Clorre fe dit aufli figurément. Perficere , concludc-
re y abfolvere, terniinare. Clorre une aifaire, c'cft la
conclure, la terminer. Clorre une allémblee , c'cft
la rompre, la licenrier , la finir. Clorre un compte ,
c'cft l'arrêter , voir combien il y a d'excès , ou de
rcfte en la recette où dépenfe. Clorre un inventaire,
t'eft y mettre le dernier article , qui eft lapreftation
du lermcnt qu'on fait faire aux parties & à leurs
domeftiques , qu'ils n'ont recelé , ni vu receler ou
divertir aucuns meubles ou effets de la maifon. Mais
on ne dit point , comme a fait Larrey , le volume
par lequel je fouhaite de Clorre l'hiftoiie d'Angle-
terre , il faur dire , finir ou terminer.
gC? Corneille a dit dans le même fens , dans Nico-
mede ,
Par mes derniers foupirs clorra ma dejlinée.
Cette expreflîon n'eft certainement point d'ufage
dans le ftyle tragique. Je ne voudrois pas même
qu'on l'employât dans le. difcours ordinaire. Laif^
fons-la aux gens de Palais : clorre un compte , un
inventaire.
On dit auffi , clorre la bouche à quelqu'un ; pour
dire , l'empêcher de parler , ou le réduire à ne pou-
voir répliquer, Occludere os.
Clorre le pas , fe difoit aulïî autrefois dans les jou-
tes &c tournois de certaine cérémonie qu'on faifoit
en les terminant. C/iZ//^ere. Cotiime ouvrir le pas t
c'étoit les commencer.
CLOS , OSE , part. & ad), fermé. Claufus. Ce Jardin
eft bien clos : Cette chambre eft bien clofe. Ville
clofe.
On appelle au Palais une audience à huis clos ',
les audiences qu'on donne à portes fermées , pac
ménagement pour les parties. En ces audiences ^
les Juges font aux bas fièges , comme quand on rap-
porte les procès.
Clos. Terme dont on fe fert dans les Manufactures
de lainage , pour exprimer une étoffe bien ferrée.
Clos enmefure décomptes. On dit , qu'un compte ,
ou qu'un iifventaire eft clos ; pour dire , qu'il eft
arrêté.
Champ clos , étoit un champ fermé de barrières *
où les anciens Chevaliers combattoient, |Kr où
deux ou plufieurs perfonnes terminoient leurs dif-
férens par la voie des armes , avec la permiffion
du Souverain. Campus feptus. En champ clos.
Le Roi Jean offrit à Edouard , Roi d'Angleterre,
le combat en Champ clos. Choisi.
Pâque clos , eft le Dimanche de Quajimodo , au-
quel jour fe terminent les cérémonies de Pâque ,
& le temps de la Communion Pafchàle. Fejiorum
Pafchalium finis , claufula.
Lettré close. Secret d'une affaire, dans lequel on
ne peut pénétrer, Res occulta , arcana , impervia.
J'ai bien découvert qu'ils tramoient quelque def-
fein , mais de favoir ce qu'ils ont réfolu, c'cft pour
moi lettre clofe.
On dit auffi bouche clofe , à celui à qui on re-
commande le fecret de quelque affaire qu'on lui
confie, Silentium imper are, prcecipere , commendare.
gC? On dit qu'un homme a les yeux clos; pour
dire, qu'il eft mort, A peine eut-il les yeux clos, que
tous les héritiers fe préfentèrent pour s'emparer de
la fucceffion.
On dit qu'un homme doit être tenu clos &: cou-
vert dans une maifon qu'il loue ; pour dire , que
le propriétaire eft obligé d'entretenir en bon érat
la clôture &: la couverture de la maifon. Sarta tecla.
Au fio-uré, on dit qu'un homme fe tient clos
èc couvert ; pour dire , qu'il ne fort point , o\x
o
648 C L o
qu'il eft en quelque lieu fûv, lorfqu'on le cherche
pour le prendre. In ttito ejfe.
On dit encore , qu'un homme demeure clos
& couvert; pour dire, qu'il eft retire, qu'il ne
veut point le mêler des alîaircs d'autrui , m des
affaires publiques, mais qu'il vit en repos dans ia
famille. Froculàrcrum tumultu pojitus.
On le dit aufli de celui qui eft dilcret , dilTimu-
lé , qui ne découvre point les penlccs. Conjulera-
tus & circumfpecius , prudens. On a tait piufieurs
queftions , pludeurs propolitions à cet Ambailadeuri
mais il eft toujours demeuré clos & couvert.
On dit figurément à yeux clos-, pour dire , aveu-
glément , fans examiner une aiîaire. Temerï , in-
confiieraù \ ou ii ce n'eft qu'un eftet de la confian-
ce que l'on a en quelqu'un , confidenter , inconji-
dcratè, temere. Il a tant de confiance en cet
homme-là, qu'il fignifie àyeux clos tout ce qu'il
lui prcfente.
Ip- CLOS.f, m. efpace de terre cultivé, & ferme
de murailles , de haies , de foHcs. ùc, Stptum. Un
clos d'arbres fruitiers de io ou 30 arpcns. Il a
des vignes enfermées dans Ton clos. Voyei Enclos.
Il prend le nom de parc , quand il a une certaine
étendue.
IJC? Il vient de claufum.
CL OSE AU , f. m. petit jardin de payfanquiéft clos
de haies , ou de fagotage. Septum. Les Cures
prétendent les dîmes" vertes des clos & clofeaux.
Les payfans difent clofes en Normandie.
CLOSERIE , f. f c'eft la même choie que claufeaux.
En quelques lieux on la prend pour une petite mé-
tairie. Villa , villula , ager , agellus.
fcr CLOSERIE , chez les Vanniers, fignifie cette
efpece d'ouvrages qu'ils font fur des lattes ou cer-
ceaux , en remplifiant d'ofier tout l'elpace qu'il y
a depuis le fond , jufqu'au bord d'une pièce de
vannerie , tels que des vans, des hottes ,6*^.
^ CI.OSET , f. m. terme de pêche de mer. C'eft
une efpèce de parc, mais plus petit que le haut parc.
Voye^ Parc
CLOSIER. f. m. Autrefois ce mot étoit en ufage ; il
fignifie Garde. Cuftos, quiclaudit ,qm a les clés.
^ CLOSIER fignifie aufTi celui qui cultive une
Cloferie, qui eft fermier d'une cloferie ou petite
métairie, dans les endroits où une petite ferme
porte ce nom. Villicus.
CLOSSEMENT. f m. Le cri naturelKde la poule.
PoMEY. Glocientis ?,allinœ gerriitus , glocitatio,
CLOSSER. V. n. Crier comme les poules. Glocire.
POMEY.
CLOSTERNEUBOURG. Lieu à huit lieues de Vien-
ne en Allemagne. Les Chanoines Réguliers de
Clojlerneuhourg furent fondés environ l'an 11 40,
par 'Léopold , Marquis d'Autriche. Ils ont un ha-
bit particulier. Foyei le P. DuMouHnet, des ha-
bilkmens des Chan. Rég. & VHiJi, des Ord. Mon.
& Rel. P. Il , c. 60.
CLOSTRAL. Foyei Claustral,
gcr CLOT AIRE, nom de deux Rois de France.
Clotaire I, fils de Clovis , partagea le Royaume
avec fes trois frères , Thierry , Clodomir «c Chil-
debert , & le réunit enfuite fous la puiffance. Clo-
taire II , fils de Chilperic , Roi de Soiflbns , fuc-
ceda à Ion père , & réunit fous fa puilfance tout
l'empire des François.
CLOTHO , f. f terme de Mythologie , une des trois
Parques. C/orAo. Ce mot eft grec, &: vient de >iJ9f'«,
fier ; parce que les Poètes feignent que c'eft Clo-
tho qui tient la quenouille , & qui file la vie des
hommes. On écrit aulfi Cloto , mais il n'eft pas
bien.
Que vos jours par Clotho filés d'or & de foie.,
Au milieu des plaifîrs coulent toujours en joie,
Pavill.
La Fontaine a dit Cloton dans une pièce à M.
de Turenne.
C LO
Hél quoi ^Seigneurs , toujours nouveaux combats ï
Toujours dangers ! Fous ne c roye^ donc pas
Pouvoir mourir ? Tout meurt , tout hcros paffe-.
Cloton ne peut vous faire d'autre grâce ^
Que défiler vos jours plus lentement:
Mais Cloton vd toujours éiourdiment ;
Songei^y bien, &c.
NoUV. CH. DE VERS , T, Il ,p, 8;
CLOTILDE , f f nom de femme. Chlotildis ou
Chrodechildis. Sainte Clotilde , à qui la France doit
une partie de fon Chriftianifme , étoit fille de
Chilperic , frère de Gondcbaud , Roi des Bourgui-
gnons. Au milieu d'une Cour Arienne elle eut le
bonheur d'être élevée dans la croyance Catholi-
que. Elle cpoula Clovis, & fut le principal inl-
trument dont Dieu fe fervit pour convertir ce
Prince. Foye:^ le P. Daniel dans Clovis , & nos
autres Hiftoriens.
CLOTOIR , f. m. outil de Vannier , dont il fe fert
pour faire des vannettes.
CLOTURE, f. f Ce qui fert à femaer un efpace
de terre , muraille , haie , folfés , paliflades. Spi-
mentum. Cette rivière fert d'un côte de clôture à
mon jardin. Les murs de clôture d'un parc , d'un
jardin. On appelle aulfi murs de clôture , ceux qui
fervent de féparation entre deux héritages.
Ce mot vient du Latin claufum.
Clôture fe dit particulièrement en matière de Mo-
naftères de filles §3" par rapport au vœu que les
Religieufes font d'obferver h clôture perpétuelle,
c'eft-à-dire de ne point fortit du Monaftèrc , &C
par rapport aux murs , grilles , portes qu'il n'eft
pas permis aux Religieufes de palier, & dans l'in-
térieur defquels les Etrangers ne peuvent entrer
fans permilfion du Supérieur Eccléfiaftiquei Fir-
ginumfacrarum Clauftra. Les Religieufes gardent
fort févèrement la clôture; elles font vœu de clô-
ture perpétuelle. On va vifitet les Couvens pour
voir les murs , les grilles , les parloirs , pour voir-
s'il ne manque rien à leur clôture.
Clôture de chœur, c'eft dans une Eglife une fer-'
mcture à jour qui fépare le chœur d'avec la nef.
Claujlrum. Il y en a de menuiferie avec fculptu-^
re : il y en a de fer avec orncmens.
Clôture fe dit aulîî en termes de Pratique. Claufu-
la, La clôture à'\xr\ compte, c'eft le calcul, l'arrê-
té , l'état final. Clôture d'un inventaire , par la-
quelle on déclare que tous les meubles y font
compris, qu'il n'y en a point eu de détournés^
La clôture d'une aflemblée , c'eft la dernière féan-
ce d'une aflemblée.
Clôture , ou Cloferie , f f. terme de Vanniers. II
fe dit de cette partie du métier des Vanniers, qui
n'a pour objet que la fabrique des hottes à vin ,
& des vans à vanner les blés & les autres grains.
CLOTURIER. f m. Vannier qui ne fait que delà
befogne battue^ Claufirarius artifex. Ce mot eft
en ufage feulement parmi les Vanniers , & vient de
clorre: parce qu'ils difçnzclorre une corbeille; pour
dire , ferrer l'ofier avec le fer à clorre.
' ' CLOU , f m. petit morceau de métal qui eft pointu*
qui lérr à attacher,- à fufpendre , ou à orner quel-
que choie. Clavus. Il y a piufieurs fortes de clous.
Clou à tète , eft celui qui fert à attacher , à tenir
ferme quelque chofe. Clavus capitatus. Clou à cro*
chet, celui qui fert à la fufpendre, comme une
tapifferie , une crémaillère. Clavus uncinatus , ka-
matus. Clou de double cervelle , eft un clou de J
pouces de long. Clou de maugere , eft un clou qui
a la tête fort large & plate. Clavus mujcarius.
Clou à river , eft un c/oz/ qui n'a point de pointe,
qui eft gros & court ; on s'en fert à joindre les
bours des cercles de fer enjejnble , &c. Clavus bre- -
vior & craffior cuj'pide retujus. Clou de Maréchal,
eft un clou long & pointu, qui fert à ferrer les
chevaux. Clou de Fitrier , eft la pointe du clou
de Maréchal, Cleu â iatte ^ c'eft le elau dont fe
fervent
'CMO ■
fervent les Couvreurs. Clavus figendls tegulis ac-
commodatus. Clou de charrette , de carroffe , c'eft ce-
lui avec lequel on attache les bandes des roues , C7a-
vus carrucariiis. On les appelle clous à bandes ,
ou à têre rabattue. Clou de broquette , eft un petit
c/ou pour attacher les chofes délicates , CYdv«//i:.f.
Clous de poids & de fiches , font] deschus qui
ont de longueur depuis un pouce julqu'à vingt-
lept , 6c de largeur depuis une ligne juiqu'à douze.
0C? Clous à parquet , font ceux dont les Menuiiîers
font ufage pour clouer les parquets. Clous à bar-
deau. Clous à foufflets. Clous à deux pointes. Ces
deux pointes ibnt faites pour être rivées à droite
ou à gauche après qu'on les a fait pafler par le
même trou. Clous de foulier, ceux que les Cor-
donniers mettant aux fouliers des pauvres gens. .
Clous à trois têtes ou à Cordonnier, dont on le
fcrt pour monter l'es talons des fouliers. Clous
de Clia'udronnier , petites lames de cuivre, cou-
pées en lofanges, tournées eh fer d'aiguillettes ;
dont ces artifans fe fervent pour clouer leurs ou-
vrages, & auxquels ils font une efpèce de tête.
Clou d'épingle, petit morceau de laiton pu de fil
de fer, aiguilc eri pointe par un bout , Se refou-
lé par l'autre.
On donne fur là mer àilx clous le nom des
'chofes auxquelles ils forlt employés , parce que
leut ufage en détermine la longueur, la groifeur,
& la figure. Clous de fabord , c/ous d'aflemblage ,
'clous de tillaCi clous de demi-tillac , fi'c. Il y a
de petits c/oK.y d'or & d'argent pour les fermoirs,
DU pour couvrir les boîtes & étuis des montres.
Les clous dorés Ibrit de cuivre , & on garnit
les corfres , les carroffes pour les orner. Un clou
rive , eft celui qui fert à attacher les pièces des
cifeaux, ou les branches des compas , ou autres
choies m.obiles dans des charnières , ou <à atta-
cher des pièces de cuivre ou de fer l'une con-
tre l'autre. Il y a dulîî des clous à vis difpofés à
entrer dans des écrous. Clavus cochle'a: in morem
Jtriatus. Clou a double pointe , eft celui qui fert
à fettcr les portes. Clavus gemina cujpide injiruc-
tus. Les Selliers emploient aulfi des clous à dou-
ble point.'. , qu'ils appellent mordans,
. Ce mot vient du Latiit clavus. Nicod; Mais
Ménag? croit qu'il vient plutôt de claudus , à
cLiudj/ido. On a dit dans la balTe latinité glodus.
^CT Dans les premiers temps de la; République Ro-
maine où l'on n'avoir pas encore d'annales , on
fichoit tous les ans certains clous dans les murail-
les du Temple de Minerve , afin de fe fouvenir
du nombre des années : On s'imaginoit même
que cette vaine cérémonie étoit propre h faire
cefler la pefte; fi bien qu'après que l'ulage des
lertres l'eut fait abandonner pour niarquer les
années, on ne làiflapas de créer plus d'une fois
un Did.ueur pour ficher le clou , lorfque la pefte
affligeoit Rome, Diclator figendo clavo. Voyez aulH
claVus , habillement des Romains.
On appelle clou de rue , toute forte de clou ou
de pointe qu'un cheval fe fiche dans le pié en
marchant. Mon cHeval eft boiteux d'un clou de
rue.
Les Marbriers & Sculpteurs appellent clous , cer-
tains nœuds qui fe trouvent en travaillant le mar-
bre. Nodus.
Travailler au cloui terme de Natier, c'eft attacher
le cordon de la natte qu'on trace, à un des clous du
tretteau qui fert à tenir L'ouvrage.
Clou fe dit proverbialement en ces phrafes. On dit ,
qu'une chofe ne tient ni à fer ni à clou ; pour dire,
qu'elle fe peut détacher , qu'elle n'eft point fcel-
lée dans la muraille, qu'on la peut emporter d'une
maifon quand on déménage. On le dit aufïî pour
dire, qu'elle eft mal attachée. On le dit aufTi au
figuré, quand on veut dire , qu'une affaire n'eft
pas faite folidement. On dit d'une chofe qu'on
n'en donneroit pas un clou à foufflet, ou qu'on
n'en donneroit pas un clou. Sans cela je ne don-
Tomè II;,
C
G N O
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ii'^
neroîs pas un xtou de tout l'efpn'c qu'en peut
avoir. Mol. Quand on eft mort, il ne leit pas
d'un clou d'être en ftatue de marbre. Bens. On
dit d'un bâtiment neuf, ou de celui qui eft en
bon état de réparation , qu'il n'y manque pas un
clou. On dit qu'un clou cbaile l'autre ; en Latin,
clavus clavum trudit-, pour dite, qu'une nou-
velle paffion guérit d'une autre. On le dit aulfi
dc's perfonnes. On dit aulfi d'un homme qui eft
un peu fou , qu'il lui manque un clou , qu'il lui
faut un clou , on Ibuientcnd à Jon armet. On dit
qu'un homme compte les clous d'une porte ; pour
dire, qu'il s'ennuie d'attendrei à une potte , &:
qu'il a le loifir d'en compter les clous.
(fT On dit populairement , & par ironie, d'un hom-
me maigre, qu'il eft gras commeun cent de clous.
River le clojt à quelqu'un , fur une chofe qu'il dit
mal à propos.
^3" Ctou de Cinnabre. On appelle ainfi une cer-
taine compofition de Cinnabre faite en forme de
clou.
gdr Clou de Girofle. Voyez Girofle.
:ifT Clou, en Chirurgie, eft une efpèce de tumeur
ou bouton qui vient dans différentes parties du
corps , avec tous les fignes de l'inflammation , plus
ou moins gros , plus ou moins douloureux ,• 6c
qui vient à fupputation, Clavus , furunculus.
ffT On le dit particulièrement d'urie maladie de
l'œil , qili eft une efpèce de ftaphylome , en grec
«Ao; en latin clavus oculi. Elle atfede l'uvée ou
la cornée & fait qu'elles s'endurciffent.
•Je? Clou, en Fauconnerie, eft une maladie de
rOilcau j qu'on appelle autrement galle , & plus
communément podagre. Voyez Podagre.
CLOU , f. m. nom d'homme. Clodulphus. Clddul-
phe, que nous appelons vulgairement S. Clou, étoit
fils de S. Arnoul & de la B. Dode, &: irere d'Anfe.
. gife , que l'on a regardé comme la fouche de la ,
féconde race dé nos Rois. Il mourut à Mets l'an
6c)6 , âgé de plus de 90 arts, Baillet, 8 Juin.
Voyel aulfi Cloud, .
CLOUAUD, f. m. nom dUhommt^Clododdus. S.
Clouaud , quele peuple appelle S. Cloud, &c.Go-
DEAU & Baillet, y'oyei Cloud. C'eft ainfi que
l'Uiage veut qu'on dife.
CLOUCOURDE, f. £. Herbe gris-de-lin qui vient
parmi les blés , 8c dont les ent'ms font des cou-
ronnes , auxquelles ils mêlent d'autres fleurs qu'ils
appellent barbeaux.
CLOUD ou CLOU , c'eft ainfi qu'on prononce
fans jamais faire fentir le d. C m. nom d'homme.
Cîodoa/dus. Ce nom s'eft formé de Clodoalde,
dont on à fait Clouaud , que le peuple appelle S.
Clou & Cloud, &c, GoDEAU, Cloud. S. Cloud r
car c'eft ainfi que nous nommo'iis. Cîodoalc^e, qui
vivoit au VI liècle , bâtit un Monaftère en un
lieu nommé Nogent, oii il finit faintemcnt fa vie.
Le Monaftère a'été depuis changé en Collégiale
qui conferveles reliques du Saint, & le lieu eit
a v^ris le nom de S. CLOUD , &c.
S. C L O il D , anciennement NOGENT , Fanu/n
' fancîi Clodoaldi , anciennement Novi'^entum. Bourg
de l'île de France, fur la Seine, à deux lieues
au deffous de Paris fur la Seine. Il a été érigé eii
Duché pour l'Archevêque de Paris , qui eft Due
de S. Cloud.
Congrégation de S. Cloud. Société de Prêtres
établis à Sienne en Tofcane l'an ijtîyj P.^r le P»
Matthieu Guerra. On la nomma la Congrégation
de S, Cloud , à caufe que ces Prêtres s'allemblè-
tent d'abord dans Une Chapelle de l'Fglife de
l'Hôpital délia Scala , où l'on conferve , à ce que
l'on prétend , un des c/oa^î dont J. C. fut attaché
à la Croix. Grégoire XUI leur accorda l'an 1584,
l'Esîlife de S. Georges, & api^rouva leur Congréga-
tion, qui fut confirmée par Sixte V, l'an 1586. Ils
vïvoient en commun fans poiféder rirn en pro-
pr-, L«c faifoient ferment de rcfter toute leur vie
dans la Congrégation. Ils drclltrent des Conftim-
NN nn
€'^o CLO
lions qui latent approuvées l'an 159^^5 pir Clé-
ment VIII, Le I'. Ûonnani fait entcnàre qu'ils ne
rubliflent plus. Ils étoient vêtus comme les Pères
àe l'Oratoire d'Italie, ce qui failoit qu'on les ap-
j^cloit communément les Prêtres de l'Oratoire , ou
de S. Philippe cie Néri : t^oyc^^ le P. Bonnani,
Jcluitcdans Ion Catalogue des Ordres Reiv^icux.
Vove/. auHi le P. Hll\ot, T. yiil,C. 5.
CLOiJER , V. a. attacher avec des clous , c/oner
une porte, des lattes, des ais. C'Aîvo affigae. K\x-
tretbis ce mot vouloir dire limplement t/o;7<; ,/er-
mer. Ains clouct un eil par dédain, R, de la
Rose.
Ce mot vient du Latin claudere , fermer. Il
s'emploie audidans le figuté.Nc permettre pas aux
Rois de s'hiunanilér quelquefois, c'efl: les lier à la
j^randeur de leur condition, 6c les clouer fur le
trône., Balz,
CLOUÉ , EE. part. Clavis affixus. On dit, en termes
burlelques , une gravité douce ; pour dire , une
gravité qui ne fe dément point.
Cloué, (e/rtr) fe ditiîgurcmcnt pour, avoir une grande
attache , une grande afliduité à fon travail , à i'a
profeffion. AJfixus. Cet ouvrier eft cloué iur fon
travail. On trouve Toujours cet homme- là en un
tel endroit , il femble qu'il y foit âloué. Tous les
jours, malgré moi, je fuis cloué llir mon ouvrage.
BoiL. Etre cloué , fignifîe aufTi êtie tenu fi ibrt
dans un lieu , qu'on ne puillc aller dans un autre.
A moins que à'ètre cloué à Paris , rien ne me peut
empêcher d'aller à Poiili. Voit.
^fT Cloué {être) à cheval, terme de Maréchallerie ,
être ferme fur Ion cheval , quelque violcns que
foicnt fes mouvemens.
On appelle , en termes de Blafon , des colliers
de chien , des fers à cheval cloués , lorfque les
clous font d'un autre émail.
On dit proverbialement , qu'un homme à cloué
la roue de fortune , quand il â (i bien établi lés
affaires , qu'il a rendu fa fortune afsiirée.
CLOUÈRE. f. f. Foyei Clouvière.
CLOVIA ou CLUVIA ou CLUIA , f. f. nom d'une
famille Romaine. Clovia ou Cluvia gens. On trouve
fur les médailles Clovius , & dans les anciennes
infcriptions Cluvius &c Cluius, c'elllamcmeehofe,
de même que Voluius èc Vulteius , Volcunus &
Vulcanus , Fluvius & Fluius font la même chofe ,
comme l'a remaïqué M. Patin.. Quoiqu'il foit fait
fouvent mention des Clovius dans les Auteurs , &c
dans les anciennes infcriptions , on ne fait fi la
famille Clovia étoit patricienne ou plébéienne. Les
médailles de la famille Clovia font rares. M. Pîtin
n'en rapporte qu'une de C. Clovius , que Céfar fit
"Préfet de Rome pendant fa troifième Diélature.
CLOyiS, f. m. nom d'homme. Cludovicus , Cludo-
vaus ,Cludoveus. Il y a trois Clovis Rois de France.
Clovis I , ou le Grand Clovis , ed le premier Roi
Chrétien des François : il étoit fils de Chil-
deric, il fuccéda à fon père l'an 484 de J, C,
Ce mot eft de l'ancienne langue des Francs , qui
difoient Clodovix, d'où l'on fit Clodovis , Clodouis ,
Clouis , Louis. Car Louis &c Clovis font le même
nom, Caffiodote appelle Clovis Luduin.
fCLOULIA , f. f. nom d'une famille de l'ancienne
Rome. Cloulia ou Cloclia gerts. La famille Cloulia
on Cloelia, car c'eft la même chofe, comme l'a
lemarqué M. Parin , étoit patricienne , comme
le même Antiquaire le conclut d'un endroit
de Tite-Live\ Liv, III, où il dit que T. Cloe-
lins Siculus fur un des trois Patriciens , qui furent
créés Tribuns des Soldats l'an ;(îo de Rome : cette
famille portoit h* prénom de Titus , & le furnom
de Siculus, M, Patin conjeélure que c'clt parce
qu'elle étoit originaire de Sicile , & que de-l,i elle
palTa à Albe , d'où le Roi TuUus Hoftilius la choifit
après la deftruttion de cette ville pour la mettre
dans le Sénat , comme nous l'apprend Dcnys d'Ha-
licarnafTe, Il dit encore , que ce pourroit erre auUl
« caule de que^ue belle aition tàjte en 5jcile par
CLU
quelqu'un de cette famille, Mais pUifqu'on trouve
un Cloclius lurnommé Siculus dès l'an 5<îo , il
ne paroît pas que cette conjeéture puifle avoir lieu ;
car les Romains n'eurent afiaite aux Siciliens que
vers l'an 500 de la fondation de Rome, comnv,;
patle Florus , c'eft-à-dire , l'an 490 , au commen-
cement de la première guerre Punique, Au reftc ,
il paroît à M. Patin qrie deux épis de blé qu'on voit
fur une médaille de la famille Cloulia , avec une
rige conduite par la Viéloire, ont rapport à es
furnom de Siculus. Les médailles de la famille
Cloulia font tares.
CLOUTER, v. a. Garnir de clous, en parlant de ces
petits clous d'or ou d'argent dont on garnit les
boëtes de montre & les tabatières par ornement*
Clouter une boete de montie , une tabatière , un
étui.
En matière de cérémonie on dit , clouter un ftar-
ro/Te, faire clouter un carrofle , lorfqiiè dans un
deuil de Cour on fait garnir l'impériale de Ion
carrofTe de plufieurs rangs de gros clous bronzés.
Il n'y a que le Roi &C les Fils de France qui faiTent
clouter \t\ii carroife.
CLOUTÉ , ÉE. part. Une montre , une tabatière ,
cloutée d'or ou d'argent. Un carrofTe clouté.
CLOUTERIE, f. f. Fabrique ou rrafic de doux. Cla-
vorurn Officina. Il fc dit aafîi de l'aflbrtiment de
toutes fortes de clous.
CLOUTIER. f. m. Ouvrier qui fait ou qui vend des
doux. Clavarius Faher , Propola, S. Clon eft le Pa-
tron des Cloutiers.
ffT CLOUTIÈXe. f. f- Machine de bois divifé^
en plulieurs cafés , comme celle des Imprimeurs,
où les Cloutiers mettent leurs clous , luivant les
grandeurs &: les fortes , chaque forte dans fa calé ,
pour qu'ils ne fe mêlent pas.
CLOU VA. f. m. Nom d'un oifeau qu'on trouve à
la Chine , Si en plufieurs autres endroits de l'Inde ,
qui eft dtcffc à prendre du poiflbn. Il nage , &
fe plonge aurour d'un bateau où eft le Pêcheur,
il engorge le poiffon dans une poche qu'il a au
deflbus du bec , il ne peut l'avaler à caufe d'un
anneau qu'on lui a mis pour lui ferrer le cou ; &
quand il eft rentré dans la barque , on lui fàiç
rendre le poiflbn en prcffant la poche, puis à force
de coups on lé fait replonger pour en prendre un
autre.
CLOUVIERE ou CLOUTIERÈ , CLOUIÉRE , 55
CLOUÈRE. f". f. Qui fe dit des pièces de fet per-
cées de différente groffeur , qui font des efpèces
de moules fervant aux Cloutiers, Serruriers &'
autres ouvriers, pour former les tètes des clous,
des vis , chevilles. Typus fingendis , fabricandis
cliivis accommodatus , &:c. Il y en a de plufieurs
figures , de longues , barlongues ou carrées.
CLOYE. f. f. Vieux mot. Claie.
Le Chevalier , quoiqu'on die.
Fut apporté fur une cloye ,
Four mener pendre droite voye,
CLOYERE, f, f. Du vieux mot cloie on a fait cloyere ,
efpèce de panier dans lequel on apporte les huitres
à Paris, L'Académie dit panier d'huitres , Se ne
met point le mot de cloyere. Il paroît pourrant
fuffifamment autorifé , même parmi les feonnête*
gens,
CLU.
CLUB. f. m. On donne ce nom en Angleterre à
certaines aifemblées régulières qui fe font dans les
cabarets & les autres lieux de plaifir. Ses amis ne
pouvant fbuffrir l'air de réformarion qu'ils lui virent
prendre après fés noces , concertèrent cnfcmble les
moyens de le rengager dans leur clul). Le Pour
& Contre, T. i.
Entre plufieurs Livres imprimés depuis peu en
Angleterre, on efpéroit beaucoup du titre d'une
brochure , qui eft en effet le plus jmpofant qui
GLU
ait jamais paru dans le pays. C'eft le ginie de f Angle-
terre , ou le bel ejprit triomphant , recueilli de la
Cour, de toutes les allemblces de Seigneurs & de
Daines, & des plus célèbres clubs de Londres. T. ///.
CLUGNY. Quelques perfonnes écrivent & pronon-
cent Cluny , c'ell-.à-dire , ians mouiller l'/z. Clu-
niaciim. C'eft une petite ville de France , dans le
Mâconnois , lur la Grolhe.
Clugny ou Cluny, Abbaye régulière. C'eft au Bien-
■ heureux Bcrnon que l'Ordre ou la Conaréi^ation
de Cluny doit les commencemens, & à S. Odon
qu'il doit Tes accroiHémens & les prot!;rès. Le pre-
mier Monaftèrc que bâtit Bernon , eft celui de Gi-
gny en Bourgogne, entre Lions-le- Saunier , 6: Saint
Amour , au Dioccfe de Lyon. On ne l'ait en quelle
année il tut commencé : il étoit bâti en 895 que
le Pape Formofe y accorda des privilèges. En 909,
Odon, Chanoine de S. Martin de Tours , s'y re-
tira , pour le mettre fous la conduite de Beruon,
L'année fui vante, Guillaume le pieux , Duc d'A-
quitaine , donna le Monaftère de Cluny , qu'il ve-
noit de bâtir, à Bernon. Dès-là cette Abbaye de-
vint Chef de l'Ordre , & lui donna fon nom. Cluny
eft (itué dans le territoire de Mâcon , fur la ri-
vière de Grolne. Après avoir fondé plufieurs Mo-
naftèresen Berry,cn Bourbonnois , & ailleurs , Ber-
non mourut, 6: Odon prit le gouvcrnemenr de cet
Ordre , auquel il donna fa perfedlion , & qu'il
étendit beaucoup. Cluny eft une fort belle Abbaye.
Elle étoit autrefois (i grande , qu'en 1145, après
la célébration du premier Concile de Lyon , In-
nocent IV alla à Cluny avec les deux Patriarches
d'Antioche & de Conftantinople , douze Cardi-
naux , trois Archevêques , quinze Evêques , & plu-
fieurs Abbés , rous avec une fuite convenable , fans
que les Religieux quittaffent aucun des lieux ré-
guliers ; quoique S. Louis , la Reine Blanche fa
mère , le Comte d'Artois fon frère , fa fœur , l'Em-
pereur de Conftantinople , les fils des Rois d'Ar-
ragon & de Caftillc , le Duc de Bourgogne , lix
Comtes , & quantité d'autres Seigneurs , s'y trou-
vaflcnt en même temps.
L'Eglife de Cluny , qui eft fans contredit une
des plus grandes du Royaume , a 5 10 pies de lon-
gueur, 130 de largeur, & l'on y entre par un
veftibule qui a 110 pies de long & 80 de large.
P. HÉLYOT , T. y , c. 18. Elle a la figure d'une
croix primatiale. En 1611 , il y eut une réforme
de l'Ordre de Cluny, Le Cardinal de Guife, alors
Abbé de Cluny , chargea D. Jacques d'Arbouze
d'en dre/fer les réglemens , que le Cardinal ap-
prouva. En ïSii , après la mort du Cardinal de
Guife , D. Jacques d'Arbouze fut élu Abbé, Quel-
ques années après , fon âge & fes infirmités lui fi-
rent penfct à fouhaiter un fucceffeur, qui pût main-
tenir & avancer la réforme. Pour cet effet , il de-
manda au Pape le Cardinal de Richelieu qui la
foûtint en effet , auifi-bien que le Caidinal Mazarin
en fon remps. Il a encore été fait différens régle-
mens fous le Cardinal de Bouillon , qui s'obfer-
vent aujourd'hui. Outre les Monaftères qui ont
embraflé la Réforme dont nous venons de parler ,
jl y en a encore fept dans le Comté de Bourgogne ,
qui font une Province féparée , & dont les Re-
ligieux ptennent le titte d'éttoite Obfervance de
Cluny. Id. c, I9.
Clugny fe prend auffi pour toute la Congré-
gation dont cette Abbaye eft le Chef. Un Reli-
gieux de Cluny , 5cc. ce n'eft pas feulement un
Religieux de l'Abbaye de Cluny , mais en cote
un Religieux de quelque maifon quecefoit dépen-
dante de cette Abbaye.
Le Collège de Cluny à Paris , c'eft le Collège
de la Congrégation de Cluny , où demeurent ceux
de cette Congrégation qui veulent prendre les de-
grés de Sorbonne.
CLUÎA. Voyei Clovia.
CLUPEA , f. m. poiflbn du fleuve Araïs. Bochart dit
qu'il a été appelé clupea du mot phénicien & hé-
C L Y
Tî
fareii cliciUp , qui fignifie changer ; parce qu'oii
croyoit que ce poifîbn changoit de couleur félon
la lune.
CLUSE , terme de Fauconnerie. C'eft le cri avec le-
quel le Fauconriiet parle à fes chiens , lorfque l'oi-
feau a remis la perdrix dans le buiffon. Clufer la
perdrix , c'eft exciter les chiens à la faire fortir du
builîbn où elle s'eft remife.
CLUSE. Petite ville de la Baronnie de Faucigny en
Savoye , & non pas en Piémont , comme dit le
P. Hclyot. Clul'a ou ClauJ'a. Elle eft capitale d'un
Mandement dit de Clufe ou de Châtillon , qui
eft un Château de la même contrée. Clufe eft fî-
, tuée fur l'Arve , à l'orient de la ville d'Annecy.
Le Mandement de Cluj'e eft le territoire de Cluje i
le pays aux environs de Clufe, Se qui en dépend.
Pagus Clujanus.
La Congrégation de Clufe eft ulie Congrégation
de l'Ordre de S. Benoît , qui doit fon ctablide-
ment à Hugues Sconfat , Auvergnat de nation , Sei-
gneur de Monrboiffier , qui, après fon retour de
Rome , où il étoit allé demander l'abfolution d'un
crime qu'il avoir commis, acheta un lieu fur le
mont Epicare , éloigné de Suze de quatre lieues ,
& y plaça un faint i'olitaire , nommé Jean. Mais
ce lieu n'érant pas commode , il acheta une petite
métairie nommée Clufe , qui en étoit peu éloignée.
Il y bâtit un Monaftère, & y fit venir de faints
Religieux qui l'occupèrent fur la fin du X- fiècle.
Cette Abbaye , après bien des alternatives de re-
lâchement & de réforme, devint très-célèbre &
tiès-puiflânte par les libéralités de plufieurs Em-
pereurs, Rois, 8c autres Princes. Les Evêques de
Turin lui fournirent plufieurs Abbayes & plufieurs
Eslifes , ce qui forma la Congrégation de Clufe,
CLÙSSON , Rivière de Dauphiné, Elle coule dans
la Vallée de Pragelas , qu'elle arrofe d'un bout à
l'autre. Elle a fa fource vers le col de Scfticres au
couchant, & reçoit le Germanafque un peu aa
defllis du Château de la Peyroufe , dont elle ar-
rofe auffi toute la vallée.
CLUSIA , f. f. plante dont la fève eft en rofe , &
a cinq pétales. Il s'élève du centre un piftil en-
touré de cinq étamines , lequel fe change en un
fruit divifé en trois parties & en trois cellules , dans
lefquelles la femcnce eft enfermée. Miller, i?if?.
go- CLUSTUMINA, f, f. nom d'une des 55 tri-
bus Romaines.
CLUVIA. Foyei Clovia.
CLUYD. Golfe de Cluyd. Voyez Arren.
C L Y.
CLYMÈNE , f. f. nom d'une femme , ou Déeffe. Cly-'
mené. Clymene étoit fille de l'Océan ; elle époufa.
Japet. hlcûoàç., Théog.v. 509, dit que ce nom fî-
gnifîe illujîre , célèbre , fameufe , & Vodius , de
"idol. L. 1 , c. \i, croit que Moiïe n'ayant point
dit comment s'appeloit la femme de Japhet, &c
fon nom n'étant point connu , les peuples lui don-'
nèrent celui-ci , qui convenoit fi bien à la mère
de tant d'illuftrcs nations de l'Europe.
Clymènf, fille de l'Océan, fut aimée du Soleil ,
dont elle eut Phaëton Se les Héliades.
Clymîîne, autre fille de l'Océan, & compagne de
la Nymphe Cyrène, mère d'Ariftéc.
(tZr Clymène , dans norre ufiige & en ftyle de Chan-
fonnier , fignifie une maîtrefîè.
Clymène, plante dont voici les caracTrères. Sa tige ,
fes fleurs , & fon fruit reffemblent à ceux de l'épurge ;
mais fes feuilles fbnr conjuguées Se attachées à une
côte qui fc termine par des vrilles. Clymenum. Mil-
ler , Dicl.
CLYPEY-FORME. adj, Epithète que Harris a donné. l
une comète dont la forme ovale & oblongue, eft:
femblable à celle d'un bouclier. Clypfi-Formes.
CLYSSE , f. m. fe dit auifi-bien que Cly (fus, &' puif-
que l'on a donné une forme françoife à ce nom ,
il ne faut plus fe fervir du mot latin. Le commun
des Auteurs entend par C/j'^èune efpèce de Sapa,
N N n n ij
mais quelques-uns prennent le mot Clyjfe pour
une qumtcffcnce , comme le Mort -, & d'autres ,
comme Jean Maurice HoHinan , pour les cfprits qui
fortent dans le temps de la détonation. Ce n>ot li-
gnifioit chez les anciens Chimiftes un extrait pré-
paré de différentes lubftances mêlées eniémble , &
il lignifie encore aujourd'hui un mélange qui con-
tien't les divers produits d'une lubftance , unis entre
eux , comme par exemple , quand on mêle de telle
forte l'eau diftillce , que le mélange pofféde toutes
les propriétés du lîmple , qui a fourni toutes ces
différentes préparations, Dict. de James.
Il y a un c/y^é d'antimoine, qui cft un efprit acide
&: agréable , qu'on tire par diftillation de l'anti-
moine , du nitre , 5c du fouffre mêlés enfemble.
Il y a aufîi un cly'IJe de vitriol , qui efl: de même
un efprit tiré par dillillation du vitriol diffout dans
le vinaigre. On s'en fert en Médecine dans diverfes
maladies , & pour en tirer les teintures de plufieurs
végétaux.
CLYSTÈRE , r, m. terme de Médecine, Clypr.
C'eft un remède ou injection liquide qu'on introduit
dans les inteftins par le fondement pour les ra-
fraîchir , pour lâcher le ventre , pour humeéter
& amollir les matières, pour difliper les vents,
aider à l'accouchement , &c. On fait des clyjtères
d'eau , de fon , de lait, 6c particulièrement de dé-
codion de certaines herbes. On y mêle du miel ,
du fucre ronge , quelquefois du catholicon & autres
drogues. Il y a des cfyfières émoUiens , carmina-
tifs"&; lénitifs , aftringens , laxatifs, anodins, bé-
nins , nourriflans , utérins. Les utérins font des in-
jedions oui fe font dans la matrice. Les cfyfières
nourriilans , font des cfyjljrcs par le moyen del-
quels on prétend qu'on nourrit les perfonnes qui
ne fauroient prendre d'alimens par la bouche. Hil-
danus rapporte dans fes Ol^fervations que M. Au-
beri , Médecin , nourrit pendant iîx femaines une
Dame de qualité , en lui faiiant donner deux fois le
jour un cfyjîére compofé d'un bouillon de chair d'un
chapon , de poule , ou de quelque autre volaille ,
dans lequel on faifoit diffoudre des jaunes d'ceufs. Il
eft cependant bien difficile de comprendre que les
cfyfières puiffent nourrir, i^. Parce que les ali-
mens pris de cette forte ne reçoivent point les prépa-
rations néceffaires pour la nutrition, z°. Ils ne paffent
point dans les voies par où doivent paffex les ali-
mens , pour être portés dans toutes les parties du
corps.
Hérodote dit que les Egyptiens ont été les in-
venteurs de ce remède, ou les premiers qui l'ont
mis en ufage. Galien & Pline , L, VIll,c. 17 , di-
fent qu'ils l'avoient appris d'un oifeau de leur
pays , nommé Ihis^ qu'ils rcmarquoient fe taire
de pareilles injeclions avec fon bec , & fe déchar-
ger enfuite fouvent. D'autres dilcnt que les hommes
l'ont appris de la cicogne.
Ce mot vient du Grec «caJ* , lavo , abluo.
IJCT Clystére, lavement, remède , termes de Méde-
cine 5c de Pharmacie, abiblument Synonymes. L'an-
cien mot Cfyjlère ne le dit plus que dans le burlef-
que. Lavement eft le terme des Médecins. Remède
eft à la mode danslcdifcours ordinaire. Le terme eft
équivoque , dit M. le Ch. de Jaucourt -, mais c'eft
par cette railbn même qu'il eft honnête.
CLYSSUS. f. m. Voyei Clysse.
CLYTEMNESTRE.f. f. Pille deLéda,femme deTyn-
dare , 5c fœur de Caltor, de Pollux 5c d'Hélène.
CLYTIDES. f. m, pi. La famille des Cfytîdes dans la
Grèce , étoir fpécialcmenr deftinéc aux fondtions
des Arufpices , avec celle des Jamides.
CLYTIE, f. f. Nymphe de l'Océan. Cfytia. Elleaimoit
épcrdument Apollon ; mais ce Dieu lui ayant préfé-
ré Leucothoé , elle avertit Orcham ,pere de Leuco-
thoé, du commerce de fa fille avec ce Dieu. Elle aug-
menta par-là les froideurs 5c les dédains d'Apollon,
5c le caufa la mort à elle même par le chagrin qu'elle
en eut. Elle fut changée en Héliotrope. Ovide,
Met. L. IF, fables ^,é.C,
CN I
CLYTIUS , un des Géans qui fit la guerre aux Dieux.
Vulcain le terraffa avec une nuHue de fer rouge ,&
le mit ainfi hors de combat.
C N A.
|C? CNACALESIA. Surnom de Diane qui lui vint
du mont Cnacalus , dans l'Acadie , où elle avoir un
Temple. Diderot.
gCF CNAGI A. Autre furnom de Diane , ainfi appelée
de Lnae;ius qui enleva la Statue de cette Déclic avec
la Prêtrcfle. Id.
^fj" CNASO ,f. f. terme d'antiquités Romaines. Ai-
guille dont les femmes Romaines fe fcrvoient pour
arranger leurs cheveux. Elle s'appeloir auiii Difcer-
niculum. Poinçon de cheveux , qui fçrvoit à les par-
tager.
ffT CNEUS. Surnom que les Romains donnoientà
ceux qui naiffoient avec quelques taches confidé-
rables.
C N E.
CNEF ou CNEPH , f. m. Dieu des Egyptiens. Knef,
Knefus, Cmiphis. Dans la Théologie de ces peuples,
C«tr/étoit le feul Créateur du monde. Il étoitincréé
5c immortel. C'étoit le feul qu'ils reconnuflènt pour
être véritablement Dieu. Ils le dépeignoient rendant
un œuf par la bouche, pour marquer qu'il avoir pro-
duit le monde , car l'œuf étoit chez les Egyptiens le
fymbole du monde , félon Plutarque , de IJide ù
OJir. &i Porphyre dans Eufebe , Prépar, L. 111. c.ii.
Si ce Criefcù. le même que Strabon appelle Cnvphis ,
comme il y a bien de l'apparence , il avoir un Tem-
ple à Siene dans la Thébaïde. Voye:^ Vollius de Idol,
L. I, c. X. Monlîeur Hooper , Evcque de Bath , dans
unedilfertation Latine fut l'herélîe des Valentiniens,
où il montre que c'eft un compofé de la Religion
des Egyptiens idolâtres, 5c de la Religion Chrcrien-
ne , prétendque Valentin a fait de Cnefion Bython,
5c que les noms qu'il lui donnoit ont du rapport à
ceux de Cnef, Saturne , Réphan 6c Cium , que pot-
toit Cnef.
CNÉORON , f. m. plante dont Thcophtafte dit qu'il
y a de deux foires , le blanc 5c le noir. Le blanc a lès
feuilles longues commes celles de l'olivier , 5c le
noir les a charnues , 5c lémblables aux feuilles de ta-
maris. Ils ont tous deux leur racine grande 5c pro-
fonde en terre , 6c il en fort plulîeucs rameaux ram-
pans , gros , branchus , 5c fouples. Le blanc s'étend
davantage fur terre , 5c eft odorant. Le noir n'a au-
cune odeur, Anguillarius croit que la lavande eft le
cnioron blanc , 5c le romarin , le noir : mais Mar-
thiole prétend qu'il fe trompe , 5c décrit une plante
qu'il a découverte dans les montagnes de Bohême,
ic qui eft tout-à-fait femblable au cnioron blanc.
C N I.
CNIDE ou GNIDE , ville ancienne de l'Alîe mineu-
re. Cnidus. Elle étoit dans la Doride , qui étoit une
parrieMe la Carie. Hérodote dit , dans fon Liv. 1, c.
74. que c'étoit une Colonie de Lacédémoniens. Cet-
te ville étoit confacrée à Vénus qui y avoir un Tem-
ple , dans lequel fe voyoit la. fameulè Vénus de
Praxitèle. Elle étoit fur le bord de la mer , dans un
lieu où il croiffoit beaucoup de joncs , qui fervoi nt
à écrire, 5c qui font célèbres dans l'anriquitc. Ce
n'eft plus qu'un méchant village , qu^on noimns
Capo-Chio , ou Crio.
CNIDIE. Cnidia. Territoire de la ville de Cnide.
CNIDIEN , ENNE. f. m. 6c f. Qui eft de la ville de
Cnide. Cnidius , a. Les Cnidiens voulurent percer
leur ifthme , èc faire une île de leur promonroire ;
mais ils n'en purenr venir à bout.
§3* CNIDIENNE , furnom de Vénus , ainfi appelée
de Cnid< , où elle 4(0Jt en fingulière vénération.
CO A
CNIDIENNE , adj. f. Baies cnidUnnes. Cnidla grand.
Hippociate les ordonne en qualité de purgatit Les
Botaniftes modernes ne font point d'accord fur la
plante qui donne ce fruit : mais la plupart croient
que c'efl; la Thymelao. foLiis Uni. C. B. P. D'autres
croient au contraire que les grana cnidLi font le fruit
du mt?^treon , S<.c. Dicx. qe James,
C N U.
CNUPIS , r. m. c'eft le même que Cneph. Voy. Cnîf.
Strabon dit,/. 17. que Cnuphis avoir un Temple
dans la ville de Siene dans la Thcbaïde,
C O.
|Cr CO. Prcpolîtion ou particule qui fe met au com-
mencement de quelques-uns de nos mots , comme
co-ax;cufé , co-adjuteur , &c. Elle s'eft formée de
comoMcon , dérive du latin c«ot avec, ^oytf^ Con.
CO ou COS , nom ancien d'une Ile de la Mer Egée,
ou de l'Archipel , fur les côtes de la Carie , & allez
voifinc de Rhodes. Co , & Coos , ou Cos. L'île de Co
avoir ^50 ftadcs de tour, C'elt la patrie d'Hippocra-
re. Elle étoit ttès-fertile & rrès-renommée pour fes
vins , & fes érolïes de foie , li fines que l'on voyoit
au travers tout ce qu'elles couvroicnt , dit Arcon fui
ie ICI vers de la féconde Satyre du L Liv. d'Hora-
ce. Il y avoir un Temple fameux d'Efculape , & une
très-belle ftatue de Vénus qu'Augufte fit apporter à
Rome.
Bochart tire ce nom du Phénicien ip , CaUi Cox,
Co , qui iignifîe un fil délié. U prétend que les Phé-
niciens la nommèrent ainfi à caule des étoffés dont
nous avons parlé. Il dit même que les Phéniciens
l'ont habitée autrefois. Sa preuve eft que dans Etien-
ne de Byzance, il y a une ville de Co qui s'appelle
AVi-îrâ^K,», & il ne doute point qu'elle n'ait été ainli
nommée de JJiipaltza , fille de Phénix. On peut
ajouter deux raifons prilés des médailles de cerre île;
car 1°. leur infciiption fe lir de droit à gauche , à
la phénicienne ; t°. les lettres ont quelque reflém-
blance avec le caraélère phénicien. L'île de Co s'ap-
pelle aujourd'hui Sranchio.
CO , herbe qui croît dans la Province de Fokien à la
Chine, & dont on fait une toile appelée Copou ,
qui eft la plus eftimée qui foit dans tout l'Empire.
P. LE Comte , T. I ,p. ;oi.
C O A.
COA ,r. f. plante à laquelle le P. Plumier a donné ce
nom en mémoire d'Hippocrate furnommé Coiis ,
parce qu'il éroit né dans l'île de Crcre.Elle croîr à la
hauteur de cinq à fix picsQ^" elle eft roujours verte,
& produit une fleur d'une feule pièce faite en forme
de cloche, du calice de laquelle fort un piftil décou-
pé en plufieurs parties , 6c enfoncé comme un clou
dans la partie poftérieure de la fleur. Ce piftil fe
change en un fruir compofé de trois aurres fruits
membraneux à deux paneaux , & divifés en deux lo-
ges qui contiennent des femences ailées. Cette plan-
te eft fort commune dans l'Amérique , fur tout aux
environs de Campeachi.
COAC j vieux terme burlefque d'une feule fyllabe ,
pour dire , c'en eft fait. Aclum ejt,
Coac , elles tombent à l'envers. Marot.
COACCUSÉ , f. m. terme de Palais. Accufé avec un
ou plufieurs autres. Ce qui contribua à la condam-
nation des Juges de Mante , c'eft qu'ils fe juftifîèrent
dans leuts Mémoires les uns aux dépens des autres ,
& crurenr fe blanchir en noirciifant hms coaccujes.
Caujes célèbres , f. 4 , />. 2 ; lî.
COACTIF , IVE , adj. v. Coa&iviis , cogendi vim ha-
hens. Qui a droit de contraindre. Qui peut légitime-
ment fe faire- obéir par fa force. Pouvoir coaclïf. On
s'en fert en Théologie & en Droit Qvil. Quoique )
COA 6 y j
TEglilc puifle faire des loix en matières fphituelles ,
& en prclièr l'exécution par l'ufage des cenfures,
elle n'a point proprement de pouvoit coaclifd3.m le
fens que nos Théologiens & nos Cafuiftes emploient
ce terme , c'eft-à-dire , pour le pouvoir de fe hïte
obéir par la force, & ce pouvoir réfide feul dans les
Princes. Le P. Courayer.
On le dit quelquefbis au féminin dans le Droit.
Force coaclive , qui en vient à la voie de fait contre
la perfonne , pour la contraindre d'obéir à ce que la
Juftice commande. De Courtin. Une loi a une
force coaclive & direclive , un conléil n'a qu'une
force diredive,
COACTION , f. f. terme dogmatique. Contrainre,
force qui entraîne , qui contrainr un agent naturel
de faire quelque choie , ou qui l'empêche de la faire.
C'eft plus précifémenrune aélion fur la volonréqui
en ôte ou diminue le libre exercice. Coaclio. La li-
berté même dans l'état préfcnt de la nature corrom-
pue , exclut non-i'eulementla coacTw^ , mais encore
toute forte de néceliité antécédente. Foye^^ liberté,
COADJUTEUR. f. m. Prélat qui eft adjoint à un au-
tre pour lui aider .à faire les fondions attachées à fa
prélature , & qui lui fuccède en vertu du même ti-
tre. Adjutor , Kicariiis & SucceJJ'or dejïgncitus. Le
Cocidjiiteur a les mêmes prérogatives que l'Evcque
même. Le Roi donne des Coadjuteurs aux Archevê-
ques , & Evêques vieux , ou ablens , qui ne peuvent
pas vaquer à régler leurs Diocclés. Les Coadjuteurs
ibnr nommes Evêques inPartihus Infidelium .parce
qu'il faut que le Coadjuteur d'un Evêque foitEvêque:
autrement il ne pourroit pas faire les fonctions épif^
copalcs ; comme donner les Ordres , confirmer ,
&c.
L'Eglife a pris de l'Empire Romain Tufage de
éonnei àçs Coadjuteurs. Symmachus,/. io.,ep.$6,
parle des Aides , ou Coadjuteurs que l'on donnoit
aux Magiftrats, & il les appelle Adjutores pu6lici
OJ/lcii.
L'ufage des Coadjuteurs eft aboli en France à l'é-
gard des Canortfcats , des Prébendes & Prieurés »
des Cures Se des Chapelles. Il y a eu néanmoins de
très-grandes difficultés pour les Canonicats & les di-
gnités des trois Evëchés qui font Metz,Toul&: Ver-
dun , & même pour la Bretagne ; comme ces lieux-
là ne font point compris dans le Concordat , les
Papes accoident quelquefois des Bulles de Coadju-
torcrie , ce qui eft une véritable rcferve contraire
au Concile de Trente èc aux Libertés de l'Eglife
Gallicane j auiTi quand on appelle comme d'abus de
ces l^iies de Bulles aux Patlcmens , elles font décla-
rées nulles & abufivcs.
Le droit de faire des Coadjuteurs appartient au
Pape feul , qui doit examiner s'il y a de véritables
railons pour les érablir , parce que l'ancien Droit y
eft contraite ; de plus le Concile de T tente, J'eJ/l i j,
de Refor. c. 7 , condamne tout ce qui a la moindre
apparence çle fuccelfion héréditaire dans les Bénéfi-
ces. Il ajoute néanmoins cette tcftridion , que fi la.
néceUité des Eglifes Cathédrales & des Monaftères,
ou une utilité manifefte demandent qu'on leur
donne des Coadjuteurs , on leur en accordera. S. Gré-
goirejZ-zV. XI,'ép. 7, veut bien qu'on donne un Coad-
juteur à un Evêque malade , & qui ne revenant point
en fon bon fens ne peut demander un fuccefîéur , Sc
fe démettre •, mais il ne veut point qu'on l'ordonne
du vivant de cet Evêque , tout incapable qu'il eft
de faire les Ordinations ; mais feulement après fa
mort-, & qu'en attendant les ordinarions fe faffenc
par le Métropolitain de cer Evêque malade.
Ce mot eft tiré du Latin , coddjutor , de coadjuvo^
qui ne font point en ufage.
CoADjUTEUR eft au/Ti un aide dans le miniftère 6£
gouvernement eccléfîaftique: ce qui a lieu dans plu-
fieurs Maifons Rcligieufes. Adjutor.
Les Coadjuteurs étoient chez les Jéfuites ce qu'on
appelle Frères Laïcs dans les autres Communautés.
Il y en a de deux fortes : les Coadjuteurs fpiritucls,
Se les Coadjuteurs temporels. Les premiers ibn-t les
6'V4- C O A
aider, des Prôfès -, mais ils ne peuvent pas , comme
eux , parvenir au quatrième vœu , qui elt s-clui d'o-
bcillance au Pape. Les Coadjiucurs temporels le
donnent à l'Ordre pour lervir les autres dans les
plus vils Offices de la Mail'on , comme la Cuiline ,
la Cordonnerie , &c.
COADJUTORERIE , T. £ qualité ou charge de Coad-
jutcur ou de Coadjutrice. Dignitns deJ/^natL juc-
cefforis. Epifcopo alicui Les Bulles deCoadjiuorerie
porrcnt proviiion , Se collation du Bénéfice par cx-
pedative, en forte qu'il n'eft point bcfoin de nou-
veau titre pour fuccéder à l'ancien Evêque , ou à
l'ancienne Abbeflé.
Il y avoir autrefois un grand abus dans ces coad-
jiiioreries , que les Papes accordoicnt à des enfans
&c à des jeunes gens , avec la claufe , donec ingrejfus
fuerit , jufiju'à ce qu'il puijfe entrer dans l'admi-
nijtration du Bénéfice : on les donnoit à des perfon-
nes qui n'étoient point encore dans les Ordres ,avec
la claufe , donec accejferit , &C même à des perfon-
nes abfentes & éloignées avec cette claufe , cùm re-
greff'us. La reftriiflion que le Concile de Trente fait
des Evêchés &C des Abbayes pour les coadjucoreries
eft (i claire , qu'il efl: furprenant que quelques Cano-
niftes aient voulu étendre fon décret aux autres Bé-
néfices, Ceux qui onr appuyé les coadjutoreries des
Canonicats & des Dignités dans les tiois Evêchés ,
ont prétendu qu'elles étoient plus foidiaitables en
.ces lieux-là que les réfîgnations , parce qu'on en-
voyoit moins d'argent à Rome ; maisfoit qu'on
porre plus ou moins d'argenr à Rome , on ne to-
lère point en France ces fortes de coadjutoreries ,
qui font un abus manifefte. Les Romains ont beau
dire que Metz , Toul &c Verdun , ctaht une part e
de la Lorraine où le Pape a tout pouvoir fur les
Bénéfices, il doit avoir aulîile pouvoir d'y faire des
Coadjuteurs ; on n'écoute pomt ces raifons dans les
Parlemens , & celui de Paris prononça en 1641 , un
Arrêt courte un Pourvu par coadjutorerie , d'un
Canonicat de l'Eglilé Cathédrale de Metz.
COADJUTRICE , f f. efl une Rcligieufe que le Roi
nomme pour aider une Abbeife a. faire fes fonélions,
&: qui lui fuccède en vertu du même titre. Ficaria
Abbatiffcz eidemque fuccedendo dejignatci.
Coadjutrice jfemme qui aide une autre perfonne à
quelque chofe , qui y travaille conjointement avec
elle. Adjutrix,auxiliatrix, Vous êtes pat là les Mi-
niftres de la mifcricorde de Dieu , vous en êtes les
coopétattices âc les caadjutrices. Bourd. Exh. T. I,
p. 107.
Chez les Religieufes de la Congrégatic% de No-
tre-Dame , dites JéfuiteHes , on donne ce nom aux
Sœuis Converfes j qu'on appelle Sœurs compagnes
ou coadjutrices , comme on appelle chez les Jéfui-
tes, Coadjuteurs, les Frères Laïcs. L'habir des Sœurs
compagnes ou coadjutrices eft plus court que celui
des Mères. P. Hélyot , T. FI ,pag. 355.
CoADiUTRicE fe dit, en quelques Communautés, d'une
Ofiicière ou SousSupétieute de la Communauté.
Coadjutrix. Dans la Congrégation de S. Jofcph ,
chaque Maifon eft gouvernée par une Supérieure qui
a le titre de Prieure , par une Intendante, & une
Coadjutrice. P. Hélyot , T. FUI, p. 188.
Coadjutrice. Aide. Adjutrix , Coadjutrix. On ap-
pelle ainfî dans la Congrégation des Dimeflès ou
Modeftes , deux filles qu'on élit tous les ans dans
chaque Maifen , pour être le Confeil & les Aides de
la Supérieure , &: on les appelle Adjurantes , Majeu-
res & Coadjutrices. P. Hélyot , T. Fil, C. 5.
Coadjutrice , fe dit d'une Maitteffe par rapport à
un homme marié; Malgré le mauvais ufage que la
dépravation du fiècle a établi , il n'a point donné à
fa femme de Concuirente & de Coadjutrice. Il l'aime
toujours auiTi tendrement que le premier jour. Ma-
dame du Noyer.
COAGIS, f. m. terme en ufage dans le Levanr parmi
les Négocians : il lignifie Commiflionnaire. Il y a
des François , HoUandois , Anglois'&: Italiens , qui
font établis dans les Echelles du Levant en qualité
C O À
de Coagis , ou Commidionnaircs : ils font commerce
par commidion , chacun pour le compte des M.u-
chands &; Négocians de leut nation. Ménage, qui
les nomme Coogurs , dit que l'origine de ce mot ne
lui eft pas connue. Ne vient-il point du Latin Coac-
tor , Receveur , ou du verbe coaggerare , amaffer ,
par rapport aux marchandifcs dont lés Coagis t'onz
des magazins 5
COAGULATiON,f.f. tetme didaclique. Epaidi^r.'-
ment qui arrive à un corps liquide , fans qu'il perde
aucune des parries lenfibles qui cauibient fa fluidité i
comme il arrive au lait , au fang , à la chaux , au plâ-
tre. Coagif/atio. On diftingue ainfi cette efpèce d'c-1
paidilfement de celui qui lé lait pat la pette d'unèl
partie de la fubftance ; comme quand la boue s'épail3
fit par l'évaporation des parties aqueulés ■■, car cetl
épaidillèmenr ne s'appelle point coagulation , inaisf
endurcilfement. Il y a un mot général , favoir concrJ-\
(ion , qui eft commun à coagulation , épaijjijfemen:
endurciJJ'ement.
Il y a de grandes variétés dans les coagulationi\
Prenez du lait de vache , mêlez-y du fuc d'épurt'c
catapucia minor , de l'elprit acide de miel , de l'cCl
ptit de nitre , ou quelques autres aftringens j la coa-
gulation fe fait beaucoup plutôt , que fi vous l'expo-
fiez feulement à l'air. Au contraire jetez-y du fel fiJ
xe & fulfureux de tartre ou de nitre , de l'efprir de
fel ammoniac, du miel , du fiicre -, ces matières,
audi-bien que prelque toutes les plantes âromatiJ
qucs , empêchent ou rerardenr \-x coagulation. Le fel
commun , le fel gemme , l'hylfope , ùc. n'onr ni l'un
ni l'autre de ces efî-éts. La coagulation fé fait plutôt
«lans un air Ç^c &c chaud, que dans un air humide; en
été qu'au prinremps.
L'cfprit acide du fel commun , ou de nitre dil^l
tillé , jeté dans des blancs d'œufs bien battus, fait
une coagulation très-ferme. L'huile de vitriol cnl
fait unefibreulé& moins ferme -, l'efprir acide de
miel & le vinaigre n'en produilént point ; l'elprit
de fel ammoniac, 5c l'huile de tartre n'en donnent
point non plus. L'efprir de vin purifié fait une coa\
gulation afléz ferme, mais divilée en grumeaux. Lel
flic rire de l'épurge , le fel ammoniac réduit ei/
poudière , le fel de perfil , le fel de tartre , le feli
commun n'ôtent rien aux blancs d'œufs de leun
iiuidité , mais l'extrait de noix de galle , & l'alun cr
donnent une prompre & ferme. La diffolution dui
vitriol de cuivre, qui rougir le fer, ne fait qu'une
médiocre coagulation : celle dé vitriol de Mars n'i
fair aucune, non plus que celle du vitriol blanc.
Il en eft de même des coagulations du fang dea
animaux -, le fang tiré de la jugulaire d'un agneau j
& partagé en difïcrens valés , fans y rien mêler ,1
s'eft coagulé en une demi-heure: en y jetant dci
l'elprit de fel commun , la coagulation s'eft faitcl
fur le champ , & la couleur rouge du fanç s'efti
changée en couleur noire; l'huile de vitriol proJ
duir le même effet. Le vinaigre diftilléade même
noirci le fang, mais le coagulumi été moins fer
me. L'efprir de fel ammoniac &: l'huile de ratrre
onr également empêché la coagulation, mais le prc
mier a produir un rouge plus foncé , & le fécond
un rouge plus vif & riranr plus fur la couleur de feuJ
L'efprir de vin a produit fur le fang le même effeti
que fut le blanc d'œuf , c'eft-à-dire , qu'il a fair une
coagulation allez ferme , mais grumeleufe , & un
rouge femblable à celui de l'ocré mis au feu. L'ei^
prit de miel a rendu ce fang noir, & d'une con-
fiftance molle & inégale. L'exrrair de noix de gallel
a auHi donné une coagulation grumeleufe. L'cfpritl
de rouille l'a durci & noirci. L'elprit de nitre ficI
l'elprit de fel commun lui ont ôté toute fa cou-1
leur rouge, &: l'onr réduit en grumeaux. La AWq.
lution de fel commun dans de l'eau a un peu chanci-éj
fa couleur fans coaçrulation. Le fang tiré de l'artère 1
carotide a pris une confiftance plus folide ;deiTieu-|
rant par tout rouge , du refte il a éprouvé avec les
mêmes liaueursles mêmes cja^nilations que le fan"-
veineux. Duhamel, Hiji. Acad, p. 74, 75,LeI\
C O A
Baîtôll , Jcfuîte , a fait , en italien , un Traite de la
ijlace & de la coagulation.
Il y a coagulation entre deux liqueurs ir.èlces cn-
iemble , lorlque leurs molécules s'embarrailani: &
s'accrochant mutuellement, le mélange acquiert
une conliftance que les parties n'auroient pas , li
elles étoient pril'es fcparcmenr. Il luiiira de faire
remarquer qu'il n'y a coagulation entre deux ii-
queurs , que loriquc l'une fe mêle avec l'autre , à
peu près comme un acide fe joint à fon alcali, &
lorlque le tout a des molécules trop ma/iivcs pour
recevoir delà part de la matière ignée un mouve-
ment en tout fcns.
^fT Le mot de coagulation (îgnifîe également l'état
d'un chofe coagulée , & l'action par laquelle elle
fe coagule.
COAGULER. V. a. Réduire une chofe liquide en fub-
ftance folide , lui donner de la conliftance. Coagu-
lare, C'eil: arrêter & fixer le mouvement des par-
ties infenfibles d'un corps liquide ,- comi^ lorf-
qu'on mêle le lait , ou le fang avec des acides. Les
venins froids coagulent le "fang, l'empêchent de cir-
culer, La préfure coagule le iait , Ci le réduit en
fromage.
Il eft auiTi récip. Le fang extravafé fe coagule. Il
ne fe dit guère que dans le dogmatique.
Coagulé, i^e. ^^OlIi. Coagulatus,
|Cr COAGULUM, f. m. terme de Chimie 5c de
Phyfique , emprunté du latin pour exprimer une
matière coagulée , une concrétion tormée par le
mélange de deux liqueurs. Coagulum. On admet
d'autant plus volontiers ceS*fortes de mots , qu'ils
fervent à diftinguernos idées, à les exprimer plus
précifément, &: .à ôter les équivoques. L'eau de
Bourbonne , mêlée avec le fel de tartre, fait un
coagulum. Acad. 1700, Hijî. p. So. Le fel matin
avec l'huile de vitriol , fermente avec bruit , &
élève beaucoup de fumée-, la liqueur devient épailfe,
& forme une efpèce de coagulum ou gelée claire.
Geoffroy , Acad, des Se. i-joo, Mem. p. 115. Cette
agitation 5 quelque violente qu'elle paroifle, n'eft
pas allez confidérable pour rompre entièrement le
coagulum , qui fe forme dans la liqueur, lo.p. 1 18.
Dans le mélange des autres fels avec des acides
plus foibles , le coagulum ne s'y rend prefque pas
fenfible. Id. L'eau eft très-propre à dilfoudte ce
coa<fulum.\D.p. 12.1. Coagw/w/n lignifie en général
tout épallfi dément qui s'eft fotmé dans quelque
liqueur , &c en parriculier une concrétion de lait
ou de liqueur iaiteufe dans l'eftomac des animaux
qui tètent , comme dans celui du veau , du pou-
lain , du lièvre , &c. On l'appelle aulîi caillé : il
eft de quelque ufage en Médecine. Col. de Vil-
LARS.
^d* Le fang forrant des vaifleaux, reçu, dans une pa-
lette , fe refroidit , fe coagule , & fe partage en deux
parties , dont l'une eft un coagulum , qu'on ap-
pelle la partie rouge du fang. L'autre fluide & blan-
che fe nomme la partie limphatique.
tfj COALEMUS ouCOALiME, f.m. terme de
Mythologie. Dieu tutélaire de l'imprudence.
COAILLE. f. f. Ce mor autrefois fe difoit, pour £jroj/è
laine. LanacraJJior. Borel croit que coaille vient de
queue , qu'on ccrivoit quoue ; la plus mauvaife laine
des animaux étant à la queue, on l'appelle quoailU
ou coaille.
CO AILLER , terme de Chafle , qui fe dit quand les
chiens quêtent la queue haute fur de vieilles ou
nouvelles voies.
fer COALITION , f. f. terme dogmatique. Réunion
des parties qui avoient été féparées , du verbe coa-
lere , fe réunir. Ce mot eft très-énergique &C on ne
peut lui fubftitueique des périphrafcs. Maigre cela
il eft peu ufitc.
Ip^" COANNE. f, f. Nom qite l'on donne à l'efpèce
de tortues de mer qui font les plus grandes. L'écaillé
Se la chair n'en font pas bonnes.
gCF COARCTER , v. a. terme de Jurifprudence. Or-
donnons que la partie de N, répondra précifé-'
COB ^5^f
mcrtt '^ Miftiniftemenr aux faits coarcîc's par ii
tie de A', lui donnons afte de fa plainte des tfoia
faits articulés dans la requête préfentée au Com-"
miilaire départi dans laGcncralitc de Limoges &ù
coar&sda.as la requête du n Fcv, 1750. Arrêt du
GrandConfeil.
COARS, ad j. vieux mot. Timide, aùnût Glojf. des
Poëf. du Roi de Nav.
COASSEMENT , f. m. cti des grenouilles. ^rf«drr//;a
cLunor , cisixatio.
COASSER. , v. n. mot fait pour exprimer le cri-
des grenouilles. Coaxare.Lcs grenouilles font im^
portunes en été , quand elles coajfent. On dicquo
fi on met de la lumière dans les folles d'un Châ-
teau , cela empêche les grenouilles de coajfer.
COATI, f. m. C'eft un animal du Btcfil divcricmcnr
décrit pat les Naturaliftci , qui a un mufeau long
d'un pié , rond comme un bâton , à peu près
comme la trompe d'un éléphant , comme dilênt De
Leri & Marcgravius. Cependant il n'en a rien que
la mobilité -, car il rcfiemble davantage à un groin
de pourceau. De Laet en tait deux efpèces y l'un qui
a le poil roux par tout le corps, eft appelé fimple-
menr coati , & c'eft la femelle : l'autre , qui n'a que
le ventte Si la gorge de cette couleur , qu'on ap-
pelle coati mundi. On en a dilféqué un de cetre
efpèce à l'Académie des Sciences , qui avoir fix
pouces depuis le bour du mufeau jufqu'ài'otcipuc,,
qui en avoir 16 jufqu'à la queue , laquelle en avoic
13 de long. Il ctoit haut de lix pouces. Ses pattes
avoient cinq doigts , & les ongles crochus , noirs
&: creux , comme le caftor. Son poil eft court, rude
& bouchonné, noir fur le dos & aux extrémirés
des pattes & du mufeau , aii refte du corps mêlé
de noir Sc de roux. Il avoir des yeux de cochon y
des oreilles de rat , des dents triangulaires &: poin-
tues , la gueule grande & bien fendue , iSc la mâ-
choire d'en bas beaucoup plus courte que celle d'en
haut. Cet animal a coutume de ronger fa queue.
Quelques-uns l'ont voulu faire pafie? pour le fa-
gouin , qui eft une efpèce de guenon : car fa queuo-
approche de la longueur de celle des finges qu'on
nomme cercopitheci.
'\fT COATIAS , f. m. nom qu'on donne au Brclil
à un animal qui relfemble à nos lièvres par fa taille
par fa figure , & par le goût de fa chair.
COATLI , f. m. nom que les Mexicains donnent à
un grand arbrifiéau de la nouvelle Efpagne , donc
le bois eft appelé bois néphrétique , qui eft erï ufagei
dans la Médecine. Voye\ NfcPHRÉTiq,UE,
COB.
COBALÊ. f. m. Cobalus. Le Scholialte d'Ariftophahd
fur lePlutus , v. 179 , dit que les CohaUs étoient
des génies malins & trompeurs , de là fuite de Bac-
chus. Ce mot eft srrec , & fi^nifiolt chez les Grecs
a peu près ce que fignifie chez nous un Elcamo-
teur , un filou , un Bohémien. K.«b«Ao5 , dit le même
Scholiafte, lut le v. 1047 delà Comédie des gre-
nouilles , çjj la même chofe que jrKv»fre«, c'eft-à-dire^
un rufé , & fur le v. xjo de la Comédie intitulée
Les Cavaliers, il dit , qu'il fignifie trompeur , fi-
lou : Héfychius l'interprète encore un jaiéur , un
caufeur, un hâbleur i& d'autres, félon lui, l'ex-
pliquent par narxlci , un difeur de fadaifes , ou
de bagatelles , & d'autiçs , un débauché , nri rieut ,
un railleur , un bouffon. On les appeloit aulîî , félon
le Scholiafte cité, K«,jv..$«o«, Coryrrephore ; c'eû-
à-dire, qui porte une malfue,-un Garde. Les Co-
tales éroienf donc des gens de la fuite de Bacchus y
& comme fes Gardes : mais qui éroienr en mcmd
temps fes bouffons , qui par leurs bons mots , leur-
babil, leurs rours de paife-paffe, leurs rufes, ef-
camotoient tout ce qu'ils pouvoicnt , & filoutoienc
les f^ens. On prétend que ce font ces efprits folet^
que l'on dit que l'on voit cncoie quelquefois , dont
il y a, dit-on, grand nombre en Satmatie , que
les Sarmates appellent Drulles ; les Rulficns iC»-;
6<^6 COB
iikes , & les AUemans Cobaldes , qui ont grand foin
des maîtres , auxquels ils s'attachent, de leurs mai-
ions , de leurs chevaux , &c. dérobant tout ce qu'ils
peuvent chjz les voiiins , bi le leur apportant.
Ce mot Cobale , Ko'îaAis , lelon Suidas , vient
dc^c^n, une epc<: , une /tac/ze ; & par conféquent
il Ibra dit pour >c.Vr(A.« , mais on ne voit pas que
la lignirication de ......s, .le rapporte allez à celle
de Cotai,;. D'autres le tirent de •? jn , hhebel, qui
en hébreu, en chaldcen , en lyriaque, en arabe ,
Signifie une corde , un lacet , & métaphorique-
ment une tromperie , une rule , par où on eft pris
comme dans un lacet. Il a ce Tens figuré au Ff.
CXFlll, 6i. Outre les Auteurs cités, Natalis Co-
rnés parle des Cobaki dans la Mythologie , L. V ^
C. 11.
COBALT, r. m. Cobaltum. Pierre ou MarcafTite d'où
l'on tire l'arl'enic en la faifant calciner. Voye^^ Ar-
senic , KoBALTHUM , &le SpeclacU de la. nature.
Le cobalt , ou. cobolt , eft un minéral , qui eft une
forte de cadînie naturelle , de laquelle on tire le
bifoiuth, l'arfénic, & cette efpèce d'azu^qucles
Peintres emploient avec du blanc de plomb , pour
peindre en bleu. Se qui fort à donner à l'empois
la couleur bleue qui lui eft néceflairc. Ce minéral
contient ordinairement un peu d'argent. Il y en a
plufieurs mines en Allemagne.
COBBAN.r. m. Arbre qui croît dans l'Ile de Suma-
tra , & qui eft appelé par ceux du pays geuhf/i. Il
eft couvert d'une ccorce jaunâtre , ou de couleur
de fatran. Ses branches font courtes, & fes fouil-
les petites. Son fruit eft un peu gros , & rond comme
une balle à jouer. Il rcnforme un noyau qui eft de
la grofléur d'une noiletce , dans lequel il y a une
fonience fort amère , & qui a le goût de la racine
d'Angélique. Ce fruit eft fort propre pour étan-
chcr la Ibif -, mais fa femence , quoiqu'amcre , eft
beaucoup meilleure. On tire de cette femcnçe une
huile qui eft fouveraine contre les douleurs du foie,
de la rate. Se contre la goutte.
COBE, terme de Marine. On appelle cobes des bouts
de cordes qui font jointes à la ralingue de la voile ,
& dont la longueur ne palfe pas un pié & demi.
On les appelle autrement ancettes.
COBIR , v. a. vieux mot. Confire.
COBIT. f m. Mefurc pour les longueurs, dont On fo
fort en plufieurs endroits des Indes Orientales. Le
cobit n'eft pas par tout égal. Celui de Surate , félon
Tavernier, eft de deux pies de Roi & feize lignes.
COBITES. f. m. Cobites. C'eft une efpèce de poiifon
d'eau douce , de la nature du goujon , dont il eft
parlé dans Aldrovandi,
COBLENTZ, Ville du Cercle Elec1:oraI du Rhin en
Allemagne , au confluent du Rhin &: de la Mofelle,
d où eue a pris l'on nom. Conjluentes ou Confiuen-
tia , d'où s'eft formé en allemand Coblenti. Cette
ville qui ctoit anciennement Impériale, fut don-
née p?r Henri VII , l'an 1 3 1 1 , à l'Eleéteur de Trê-
ves , auquel elle a toujours appartenu depuis. Quel-
ques Auteurs la prennent pour l'ancienne Trajana
Leaio , que d'autres croient être Drekshaufen.
§:? fcOBONAS. ( les ) Peuple d'Afrique dans la Ca-
frerie , fous le tropique du Capricorne.
§cr COBOURG, Toye^ CoBURG.
CO-BOURGEOIS, terme de Commerce de Marine.
Celui à qui un vailfoau appartient en commun avec
un , ou plufieurs propriétaires , & qui en eft Bour-
geois avec eux.
CÔBRA-CAPELO. f. m. Serpent des Indes, dont le
poifon eft fans remède. P. Le Comte.
COBRE. f. m. Sorte de mefure étendue, dont on fe
fort à la Chine, particulièrement du côté de Can-
ton , pour mefurer les étoffes , les toiles , &c. Les
dix cabres font trois aunes de Paris.
COBRISSO, f. m. nom que l'on donne à la mine
d'argent, dans le Chily & le Pérou, lorfqu'elle
tient du cuivre, & que par cette raifon elle eft
teinte d'une couleur verre; cette forte de mine eft
difficile à traiter, c'eft-à-dire, qu'il eft difficile d'en
coc
tirer l'argent à caufe du cuivre dont elle eft mêlée.
COBTER, v.n. vieux mot dont on fe forvoit pour
heurter. Il vient de ^ étr'/ti. , frapper. On a dit auHî
cop , au lieu de coup.
COC.
COC. Voyei CoQ.
COC. i. m. Coltum.-Cs^ une herbe odiférante. Ptut-
être eft-ce la' même choie que Coca , qui fuit.
M. Huet croit que coc vient de cojium , d'où l'on
a d'abord formé coji, ôc enluite coc.
COCA , f m. arbriileau du Pérou. Ses feuilles font
fomblables à celles de myrte, ou , félon quelques-
uns , à celles du fumac , mais un peu plus grandes,
molles , &c d'un vert-clair. Son ttuit eft en grappe,
rouge comme le mirtille , &: de la même groifour
lorfqu'il commence à miirir , &; noir quand il eft
tout-à-fait mûr. ^fT Ces fruits, quand ils font focs,
forvéht aux habitans de petite monnoie: de même
que le cacao en fert aux Mexicains. Après la récolte
des fi:uits,on fait celle des feuiUcsque l'on faitfocher
dans des paniers , afin qu'elles fe con fervent mieux
& qu'on puiifo les tranfporter dans les autres pays.
Les Américains en font un grand ufage. Ilsen ont
toujours dans la bouche , fans les m.âcher , ni les
avaler. Ils prétendent que l'ufage de ces feuilles
rafraîchit la bouche , appaife la foif , & même
foûtient les forces. Ils en font un commerce con-
fîdérable.
COCAÏNE ou plutôt COCAGNE, f. f. C'eft le nom
qu'on donne en Languedoc a un petit pain de PaP
tel avant qu'il foit réduit en poudre , éc vendu aux
Teinturiers. Glajlum , vitrum , ifatis: On en fait'
grand trafic en ce pays-là. Et parce qu'il ne vient
que dans des' terreà fertiles , & qu'il apporte un
très-grand revenu à fes maîtres , vu qu'on eh fait
cinq ou fix récoltes par an , quelques-uns ont nom-
rné le haut Languedoc un pays de cocagne: & c'eft
là-deffus qu'eft fondée la fable du Royaume de
Cocaane , de ce pays imaginaire où les habitans
vivent fort heureux fans rien faire. Lotophagorum
regio. De-là eft venu auffi qu'on a appelé pays
de Cocagne , tous les pays fertiles & abondans , &
où l'on'fait grande chère.
M. Aftruc^dans la féconde partie de fes Mémoires
pour l'Hiftoirc naturelle de la Province de Lan-
guedoc , obferve qu'on y fait des pelotes avec de
la pâte du paftel : elles s'appellent coc^ues ou co-
quaigne , &: le pàftel ainfi apprêté , pafiel en co-
quaigne. C'eft de-là, ajoute-t-il , qu'eft venu l'ufage
de dite pays de coquaigne ou cocagne , pour dire,
un pays riche , parce que le pays où croît le paf.
tel , s'enrichilîbit autrefois par le commerce de cette
drogue. Voilà une origine de coquaigne , qui n'a-
voit pas encore été indiquée j & qui paroît fort
vraifomblable.O/'//;/r les Ecrits mod.t.ç),p, 106. Le
pays de Caux eft un pays de cocagne. Saras. Paris
eft pour un riche un/JVJ de Cocagne. Bon. Quel-
ques-uns écrivent Caucagne.
Jadis re^noit dans la Champagne ,
Par les dons de Bacchus fort renommé climat ,
Et pour tout pays de Caucagne
Un Prince dont les mxurs firent beaucoup d'éclat.
Mlle L'Héritier;
Le mot de cocagne s'emploie en Italie , lorfqu'on
abandonne au peuple des vivres dans des fêtes cé-
lèbres , & on dit en ce fens , qu'il y a eu cocagne
dans une fête. En parlant d'une fête qui fut don-
née à Naples, on rapporte que, comme la fête fe
donnoit fur l'eau, de peur d'accident, on ne fui»
vit pas l'ufage qui fe pratique en pareille occafion
de rendre la cocagne générale. Mercure,Aoàt 1758^
La rivière de Cocagne , en Acadie , fur la côte
occidentale.
COCAMBE. Foyei Cocombre.
COCAOTE. f. {.Corvinus lapis. Pierre qu'on trouve
dans ,
e ô G
i^ans rîncîc , qui efl: remarquable par un bruit fem-
blable à celui du tonnerre, qu'elle tait, lorlqu'clle
efi: cchaufïoe Dict. de James.
IJCT COCARDE, r. f. nœud de ruban qu'on porte
au retrouflls du chapeau. Les Soldats portent des
cocardes , ou d'une même couleur , ou de couleurs
■difFcrentes , félon les diiïérens Corps. La cocarde a
Tuccédc à l'ccharpe.
§C? Ce mot vient aparemmcnt de coq, parce que
ces ornemens !bnt des efpèces de crêtes. On appe-
loit autrefois bonnet à la cocarde , un bonnet où
les enfans mettoient des plumes de coq,
^OCASSE. adj. Ce mot fe trouve dans le Dicîion-
naire François-Latirt in-^o. 16] S, avec la citation
de Belleau , mais fans explication. Cotgravc , qui
ccùicoLjisajJe, l'explique par coqiumar ou chaudron.
Cocasse fc dit aujourd'hui de quelqu'un qui fait ou
dit des chofes plaifantes &: riîibles.
^C? COCATRE. f. m. Chapon qui n'a été châtre
qu'à demi.
COCATRLN: , f. f. efpèce de Bafilic qui s'engendre
dans les cavernes Se les puit;. En latin, bafdiciis
regultis. Il y a en la Cite à Paris, un fief qui s'ap-
pelle Cocatnx , dans une rue du nicme nom.
§3" COCCARA. Efpèce de g.âteau des Grecs dont
on ne connoît que le nom.
COCCEIA, f f. nom d'une famille de l'ancienne Ro-
me. Cocceia gens. On ne fait fi la famille Cocceia
croit Patricienne, ou Plébéienne., L'Empereur Ncr-
va étoit de la famille Cocceia. Les médailles con-
fulnires de cette famille font rares.
COCCÉIANISME. f. m. Doélrine de Coccéius ,
fameux Théologien de l'Univerfité de Leyde. Sedle
de Coccé'ms.Cocceianîfmus. Voyez Cocceien. Le
Cocciianifme ne jeta pas feulement de plus fortes
racines en Hollande : il pafla la mer pour s'introdui-
re en Zclande , où il trouva plufieurs perfonncs
qui le déclarèrent pour lui. Hifi. de Guillaume III.
Jocger , dans fon Hifioire Eccléjiafiique publiée à
Hambourg en 1717, unit \c Cocceianij/ne avec le
CartéfianilÎTie, & prérend que ces deux partis s'ac-
cordent enfemble en bien des manières, mais il di-
ftinçue beaucoup Coccéius des Coccéiens.
COCCÉIEN,ENNE. Nom de nouveaux Scdlaires qui
font répandus dans toute la Hollande & dans les
pays voilins. Ils tirent leur noni de Jean Coccéius,
Profefieurcn Théologiedans l'Académie de Leyde,
qui étoit très-favant dans la langue hébraïque. Les
autres Profefléurs Calviniftes lui donnèrent le nom
de Scriptuarius , parce que lifant: continuellement
l'Ecrirure , il y avoir découvert plufieurs chofes qui
h'éroient point connues auparavant : il trouvoit ,
cntr'auttes choleSjprcfque dans toutes les Prophéties
de l'ancien & du nouveau Teflamenr le règne de
Jefus-Chrift, & celui de l'Antechrirt: qui lui efl op-
pofé. On dit de lui , qu'il voyoit par rout le Mcffie,
& que Grotius au contraire, qu'il combat ordinaire-
inenr , ne le voyoit en aucun endroir. Il eft le pre-
mier , dit M. Stoup , qui â découvert &c enfeigné
la diifcrence du gouvernement de l'Eglife avant la
loi , fous la loi , & après la loi : il dit qu'avant la loi ,
la promefle avoit lieu, pendant laquelle l'Eglife étoit
libre ; qu'à la promefié Dieu avoit ajouté la loi , la-
quelle ayant été premièrement repréfentée dans le
Décalog je, ne contient que l'abrégé de l'alliance de
grâce & les commandemens delà foi, de' la repcntan-
ce & de la rcconnoiifance que nous devons à Dieu.
Coccéius a plufieurs aurres fentimens particuliersi II
croit qu'il doit s'élever dans le monde un règne
de Jefus-Chrift qui abolira le règne de l'Anrechrill ;
que quand le règne de Jefus-Chrift fera aboli avanr
la fin du monde, après la converiîon des Juifs & de
toutes les Nations, l'Eglife fera alors fortéclarante :
fclon lui la Jcrufalem célcfire qui efl: décrire dans
l'Apocalypfe , reprélente la condition de l'Eglife
telle qu'elle doit être glorieufe fur la terre, 5i non
celle qui doit triompher dans le Ciel. Les Coccéiens
font aujourd'hui im grand parti dans les Provinces-
Unies. Voctius & Deiinarets condamnèrent plufieurs
G O G f y^
opinions de Coccéius comme hérétiques ; & ilj
ptérendircnt même qu'il étoit Socinicnen beaucourl
de choies ; ils le traitoient de Novateur, & d'hom-
rne qui s'attachoit trop a l'Ecriture; pour ce qui
eft du Socinianiime, il feroit ailé de l'en juitifier. Il
a combartu avec force les Sociniens dans fes Corn-
mentaires fur l'Ecriture. Tout ce qu'on peut dire
de lui j c'ell qu'il a avancé quelques vifions, & qu'il
a eu des penfées trop particulières,
rr COCCIGIEN , ENNE. adj. Terme d'Anatomie,
qui fc dit fubftancivement de quelques mufclesqui ont
rapport au coccix, desmuiclesdu coccix, Coccygia-
nus, a, um. L'Ifc/iiococcigienfOaçoccigienzméùeai^
eft un mufcle largement attaché à la portion antérieu-
re d'un petit ligament tranfverfal, qui paroît au haut
du trou oval de l'os innommé, &C qui n'cft qu'un pli
parriculier du grand ligament tranfverlàl du ballin.
De-là il fe glifie entre ce grand ligament, qu'on
peut appeler ligament ifchio-pedtiné, & le mufcle
obturateur interne , avec lequel on confond allez,
facilement ce mufcle. Dans ce trajet il fe concen-
tre ,& enfuire s'attache au bas du coccix. Winslow.
LeSacro-coccigicn ou Coccigien poftérieur, eft uti
mufcle du coccix , attaché au bord de la face interne
ou concave des deux premières vertèbres de l'os
Sacrum, au bord inférieur interne du périt li(^a-
ment facro-fciatique , tout au long & à répine^'de
l'os ifchion. Delà il va aufÏÏ, enVe concentrant,
s'arracher au côté de la face interne du coccix aii
deillis de l'autre mufcle. Winslow,
Le coccigien antérieur, ou Ifchio-cacaV/^/z, au-
quel il conviendroit mieux de donner le llïmom de
latéral que celui de poftérieur, peut .avoir l'ulage de
foûtenir latéralement de côté & d'autre le coccix j
comme en équilibre , & d'en empêcher le trop de
renverfement &: même la luxation dans les grands
efforts , par la fortie des matières dures & çrolTes»
Id.
COCCIX , f. m. terme d'Anatomie. C'eft un os qui
eft à l'extrémité de l'os facré. Coccix. Il eft canila-
gineux , & fa figure eft comme un bec de coucou i
qui d'une bafe large va en fe rétréciflant &enfQ
courbanr. Et c'eft de-là qu'il tire fon nom de y.iy.x.v^,
qui eft un mot grec qui fignifie cowcow. Il affermie
l'inteftin droit & le cou de la vellie & de la mattice,
f)3" COCCORA. Diane étoit honorée en Elid©
fous ce nom. On n'en fait pas la raifon,
COCCOTHRAUSTE, f. m. oifeau que l'on trouve
dans les bois d'Italie &: d'Allemagne, & que l'orl
appelle encore Fringilla roftrata. Son nom lui vient
de fa manière de vivre; car il fe nourrit, en été
principalement, de noyaux de cerifes, qu'il cafTe
avec fon bec, & de baies de différences efpèces. Il
eft propre pour l'épilepfie; pour exciter l'urine étanc
mangé ou pris en décoélion. Lémery, des drogues,
ce mot vienr de ïoVmj , grain , & ep«,ia , rompre.
COCCUS , f m. nom qu'on donne à cette efpèce de
chêne vert qui porte la graine d'écarlate. Foye:^
Chêne vert,
Coccus fe dit auflî de la graine nicme d'écairlate j
qu'on appelle autrement kermès. Voyez Kermès»
On trouve fur les racines de la pimprenelle com-
mune , & fur une efpèce de renouée qu'on nomme
polygonum cocciferum , des graines femblables a.
celles qui viennent fur le chêne vert. On les appelle
coccus radicum , pour les diftinguer des autres.
Elles fervent pour teindre en cramoifi.Il s'en trouvé
encore fut une efpèce àe pi lofe lie.
COCHE, f m, voiture pofée fur quatre roues, qui
eft en forme de carroile , à la réferve qu'il eft plus
grand. Ejjedum , rlieda, carpentum viatorium. On
s'en ferr pour aller de ville en ville. Il y a des coches
de Paris à Lyon, Rouen , Bourdeaux, &: pour tou-
tes les grandes villes de commerce. Les Rois de la
première race fe faifoient traîner par quarre bœufs
atelés à une efpèce de coche, & de charrior.Hélioga-
bale fe fit tirer dans un coche, par quatre femmes
nues à travers les rues de Rome. Mont. On appelle
aulfi coche d'eau , des bateaux publics &i couverts >
OOoo
6fê coc
qui fervent à voiturer 1l-s perlonnes & les marchan-
difes fur les rivictes. Fuuorium nuvi'^iiim. Les cuclics
de Melun, di Sens , de Joigny , dÀuxeire. On ap-
pelle coches volans , les coches bien attelés qui tont
une plus grande diligenr.e que les autres. On le fer-
volt anciennement de coches à la guerre ; cec ulage
efl: aboli il y a long temps. Ivicnage &c Nicod déri-
vent ce mot de l'Hongrois Rouiy , dilant que ies
coches font de l'invention des Hongrois. Du Cange
le dérive de coi;a , qui ell: une efpcce de navire que
Spelmamus dérive de coijue ou de concha, parce que
ces navires font faits en forme de coquille. L'Alle-
mand dit kuifch , pour lignifier la même chofe.
On dit d'un homme qui ne veut point diifcrer
fon voyage , qu'il a donné des arrhes au coche , qu'il
faut qu'il parte.
^T On dit figurément, &dans le ftyle familier, la
même chofe d'une homme qui a déjà pris quel-
que engagement dans une affaire.
CocHt le prend aulfi pour toutes les perfonnes qui
font dans le coche, Monlieur , votre homme eft ar-
rivé , je l'ai YÛ à trois lieues d'ici , où a couché le
coche. Mol.
On dit , en termes de Marine, porter les humier<;
en coche -, pour dire, les hifler au plus haut du mat.
On appelle aulfi quelquefois coche d'afût de hord >
les dents, ou entailles qui font dans lesflafques,
au derrière de l'afiit , pour y pofer le travertin.
Coche , f f. ttule vleiUe &; grafle , qui a eu plu-
iieurs cochons. Scrofa , porca ejjœta.
On dit figurément & balîement d'une femme
grolfe extraordinaircment , que c'eft une grolfe co-
che, une vieille coche. Obefa mulier.
Coche lignifie aulîi une dent , une entaille qu'on fait
dans du boisi ou autre corps folide , pour y arrêter ,
on y marquer quelque chofe. Cren.t , incifio , inci-
fura.La corde d'une arbalète s'arrête dans une coche
faite exprès. On fait des coches fur une taille pour
marquer la quantité de pain ou de vin qu'on a pris
chez le Boulanger, le Cabarrctier.
Coche fe dit, chez les Chapeliers , d'un morceau de
buis ou d'autre bois dur, qui leur fertà tirer & faire
agir la corde d'un inftrument appelé Arçon, pour
arçonner les étoffes ou matières dont les chapeaux
doivent êtte compofés.
COCHE , f. f. petit ais , ou morceau de bois. Pour
faire un corps bien efpagnolé, quelle géhenne ne
fouffrent pas les femmes guindées & fanglées avec
groHes coches fur les côtés , jufqucs à la chair vive ;
oui , quelquefois à en mourir. Montagne. De grof-
fes coches , c'eft-a-dire , des écliffes , qui preifécs
fortement fur les côtés par des ceintures , y ren-
doient la chair infeniible , & aulfi dure que la corne
ou le cal qui vient aux mains de certains ouvriers. Les
Dames qui fe font expofées à cette torture , lorf-
qu'elle étoit autorifce par la mode , le font moquées
d'elles-mêmes dans la fuite , quoiqu'apparemmcnt
elles fulfent toutes prêtes à fe facrifier de nouveau à
cette même mode , li elle eût été remife en crédit,
M. CpSTF.
COCHÉ , EE , adj. terme de Peinture. Qui eft fait
en coche , qui a un enfoncement comme une coche.
Cavatus , a , um. Il faut que les contours des dra-
peries , & la manière des plis fuive &; repréfente en
quelques endroits la forme du membre qu'ils cou-
vrenr. Prenez bien garde auHi de ne point faire de
ces faux contours , qui détruifent la forme du mem-
bre , en pénétrant dans le vif par des ombres trop
cochées , & plus profondes que ne peut être la fu-
perficie du corps qu'elles couvrent. "Vinci, trad.
Qu'il n'y ait point de pli , qui par fon ombre fafle
rompre aucun des membres , c'eft-à-dire , qui paroif-
fe plus coché dans fa profondeur , que n'efl le vif ou
la furface du membre qu'il couvre. In. Beaucoup de
Peintres fe plaifent à faire leurs draperies fort cochées
avec des angles aigus , & d'une manière crue &
tranchée. Id.
|3:_ COCHETEES , {pillnUs) terme de Pharmacie.
Foyei CoGHiili,
c
-yr COCHEIM. Ville du Cercle Eledoral du Rhin ,
en Allemagne, dans l'Archevêché de Trêves, fur
la Moîelle.
COCHEMAR.E. Foye^ Cauchemare,
COCHtNILLAGE , i. m. C'eft la décodion , ou
bouillon tait avec la cochenille , dans lequel fe
teignent en cramoifi , ou écarlate , les draps , laines
& autres étolFes. On le dit aufîi de l'action de tein-
dre en Cochenille.
COCHENILLE , f. f. ver gris qui vient des Indes , Si
qui étant mis dans l'eau, fait une teinture fort rouge.
Coccinilla , venniculus Indiens. Cette cochenille eft
d'un fi grand trafic , qu'il en entre dans Tafcala ,
ville du Mexique pour plus de deux cens mille ccus
par an, à ce quedir Herréra, C'eft dont on fait l'é-
carlatc de Hollande. On nomme cra/«oi// les cou-
leurs où il entre de la cochenille.
On appelle cochenille capeffiane , ou filvefire ,
une efpècc de cochenille qui croît , dit-on , fut une
efpèce de figuier d'inde que l'on ne cultive point &c
qiu a plus de piquans lut les feuilles que le Nopal.
Elle fournit moins de teinture que l'autre. On s'en
fert dans les couleurs cramoilies où il entre du
fauve, comme le colombin , le pourpre , l'amaran-
the, la penfee & le violet.
L'autre s'appelle aulfi Mejleque , ^fT parce qu'on
en trouve à Mejieque, dans la Province de Honduras,
& on la recueille dans des plantations de Nopal,
c'cir la meilleure. Les couleurs qu'on en teint ,
font dites être teintes en grain. Quand l'Ecrituie
parle des chofes teintes en grain , on le doit en-
tendre de cette pourpre , à ce que dit Scaliger.
Ce qu'on appelle gaine de cochenille , n'eft que le
ventre d'un petit infecte dont il ne lefte rien de
plus. Ce ventre eft couvert d'écaillés , & fe conferve
par fa dureré , tandis que les auttes parties , inutiles
apparemir.ent pour la teinture , fe defTécbent & pé-
riment. La plante à laquelle cet infedle s'attache , eft
l'opuntia, dont les fruits font rouges, & teignent
en un rouge de fang les urines de ceux qui en man-
gent. AcAD. DES Se. 1704. Hifi.p. II. Le célèbre
AL Pomet prétend c\\xe {2. cochenille e^\z graine de
Yopiintiii, plante auttement nommée raquette , à
caule du rapport de fes feuilles , branches ou jets à
nos raquettes de paulme ou de volans.
Ç3' On a fouvent confondu la cochenille avec la
graine d'une efpèce de Chêne- vert, qui, avanr que
la cochenille fût plus commune , fetvoit à teindre
en écarlate. Cette graine eft le Kermès, yoye:^ ce
mot.
Cochenille des racines. Nom d'un infedle, efpèce
de cochenille. Coccus radicum. Cet infedle s'appelle
ainli , parce qu'il a coutume de s'attacher en forme
de grain fphérique à l'extrémité des racines du /jo-
lygonum ou renouée , que l'on nomme communé-
ment cochenille de Pologne. Coccus Polonus.
Voyez rmjhire naturelle de la cochenille des ra-
cines , donnée au public en 1731 par AL Jean
Breyn , Médecin Anglois.
Cochenille de Pologne. Nom d'une plante. C'eft
la renouée. Polygonum , Coccus Polonus.
COCHENILLER. v. a. C'eft mettre les étoffes à une
teinture faite avec la cochenille,
COCHENILLER. f. m. C'eft l'arbre fur lequel croît
la cochenille graine, Sife nourrit \2. cochenille ver.
%fT Le Cocheniller ,tft un arbre des Indes , fur lequel
on recueille la cochenille. Cer arbre porte le nom
de Nopal, dans la Nouvelle Efpagne. C'eft une
forte de figuier ou plutôt d'opunria , dont les
feuilles font cpailfes, pleines de fuc & un peu épineu-
i'es. Les habitans font pluficurs récoltes chaque
année de petits vers , pucerons ou cfpèces de pu-
naifcs qui lùcccnt le ver du Nopal , en les fai-
fant tomber de defîlis les feuilles , par le moyen
d'un pinceau. On nous envoie ces vers defféchcs
& à demi pulvcriies. C'eft ce que nous appelons
cochenille. Voye:^ M. Pluche.
COCHER, f. m. Celui qui mène un coche, un carro/lh
Auriga , rhedarius. Un Cocher domefiique. Un.
c o c
Cocher de louage. Un Maître Cocher , fon poftillon.
C'eft une chart!;e à la Cour que celle de Cocher du
corps , de celui qui mène le çarrofTe du Roi ou
* des Princes.
^_ COCHER. {le) Conftcllation de l'hémirphère
feptentrional. ^oye^ Auriga.
COCHER. V. a. îl iedit du coq qui couvre la poule
C'oïre. Galhis cum çallinis coït, ut eariun ova fcecun-
dentur. Les Oifelicrs le difcnc aufîi de rous les mâ-
les des oifcaux , lorlqu'ils couvrent leurs femelles.
Coché , ée part.
COCHET, r. m. ^'ert: un diminutif de coq, un petit
coq, un jeune coq.
Or c'était un cochct dont notre fouriceau
Fit à fa mère le tahleau. La Fontaine.
COCHEVIS , f. m. petit oifeau qui efl: gros comme
une alouette, qui a une huppe fur la tête & qui
chante agréablement. Ga/erua , alaudacrijiata. On
l'appelle autrement alouette huppée. Il a le bec
longuet , aigu , un peu courbe , fa huppe cft un peu
noirâtre-, elle n'eft compofcc quede'quatre plumes,
dont la racine eft liiuée entre les yeux. Son dos , dont
le champ efl: cendré , efl: taché de blanc. Son ventre
& le dedans de fcs aîles fotit blanchâtres. Les plu-
mes de fa queue font noirâtres , excepte les deux
qui font de part &: d'autre , qui font de la couleur
des aîles. Sa langue cil: menue , & prefque fourchue ;
& parce que lé cochevis ne perche que très-rare-
ment, il a les ongles grands. Sa poitrine, dont le
fond eft cendré , efl: fcmée de taches brunes ■■, le reflc
du corps efl: de couleur de terre cuite. Ses pics font
longs. Quand ils vieillilfent , leur couleur change.
Les jeunes qui n'ont qu'un an font plus blanchâtres ,
2c ont les couleurs plus lavées,
Le cochevis n'eft point un oifeau de paflâge.
Il fait fa demeure ordinaire le long des grands
■chemins , principalement en hiver. Il ne vole
Jamais en troupe ; & l'on n'en voit que deux en-
semble tout au plus , c'eft-à-dirc , le mâle & la
femelle. Quand on prend cet oifeau dans le nid ,
& qu'il eft bien élevé , il chante beaucoup
mieux , & a la voix plus douce que l'alouette
commune. Il eft bon en cage & en volière. On
le nourrit comme les alouettes communes , de
cœur dans les commenceinens , ou , pour faire
moins de di?penfe , de mie de pain pilée avec du
perfil & du chenevis. Outre cela , il faut au co-
chevis du fable dans fa cage -, & au haut on
lui met une petite pièce d'étoffe rouge , ou une
houppe de même couleur -, ou bien il faut gar-
nir le haut de fa cage de quelque morceau d'é-
toffe ou de toile.
Le cochevis eft fujet aux gouttes & à "a couée.
Il fait fon nid comme l'alouette commune ,
fait autant de petits , & vit autant de temps.
Le mâle eft plus brun, plus gros & plus grand.
COCHI , f m. nom que quelques-uns donnent au
coco qu'on appelle aufîi r^/îgii. Voye:^ Palmier.
COCHILS ou COCHIÉES. f. f pi. C'eft. le nom
que l'on donne à certaines pillules officinales.
Coehia. L'étymologic de ce mot eft fort obfcure.
Caftelli le dérive de >ciKy.<>- , une haie , à caufe de
leur forme , ou de ko^'-^V'^o'^I'^^'^'^^ abondant d'hu-
meurs , par allufon à leur^ effets. Mais comme la
formule de ces pillules vient des Arabes , il y a
toute apparence que leur nom l'eft aufîi. Foye^ le
DicT. DE James. Ce font de violens Hydragogues
peu ufîtés parmi nous.
COCHIN. Cocinum , Colche ou Colice. C'eft une ville
des Indes Orientales , dans la Prcfqu'Ile deçà le
Gange , fur la côte de Malabar. On ptétend que
c'eft l'ancienne Colche , dont il y a apparence que
le premier nom fut Colice , duquel on fît dans la
fuite Colche; car un manufcrit très-ancien, qui étoit
de la Bibliothèque de M. De Thou , l'appelle Co-
lice, & deux de la Bibliothèque du Roi , Colche.
Les hatiitans de cette ville font appelés par les An-
C O c
^19
ciens KuXiuict) & k<»mk,), & enfuite CoUki ; le Cap où
cette ville eft ktuée K^A/aç, & ic^,*;?, par le Gccra-
phe Dcny s , & Coliacum promontorinm par Pline
L. V, C. 12. Cependant ii la Taprobane dcjs An-
ciens eft l'île de Céîlan , comme il y a bien dç.
l'apparence , le Coliacum promontoriùm , eft le
Cap de Comorin , & la ville de Colice ou Colche
n'eft p-ùsCochin -, car ce promontoire étoit vis-à-
vis de l'Ile de Taprobane ; & Cochin n'eft point
•^ vis-à-visde Céîlan. 6Wzi« cft fur une grandi? rivière,
. ,i§c donne fon nom à un Royaume.
Il y a une autre ville flir la même rivière à deux
lieues plus haut , qui s'appelle aulll Cochin, Poun
les diftingncr , Maty appelle la première Coi.-,^//: U
bailc , 5C celle-ci la haute Cochin. Et M. Corneille
nomtne celle-ci Cochin le neuf, & l'autre Cochins
le vieux. Cochin le vieux eft tout Payen -, mai-
Cochia le neuf eft Chrétien ; & , quoiqu'il y ait
beaucoup d'Infidèles,on n'y fait aucun exercice deRe
ligionque du Chriflianifme. Paul IV" y établit un
Evcché , qui eft fiaffi'agant de l'Archevêque de
Goa. Les Hoilandois ont enlevé cette ville aux
Portugais.
Maty écrit Cochim ou Cochin •■, mais en Francs
on écrit toujours Cochin. Ils continuèrent enfuite
leur route gaiement , & ayant tourné vers le Cap
de Comorin, ils prirent t^-rre à Cochin. Bouh-,
De Cochin ils firent voile julqu'à Baticala. Id, Et'
de même dans Corneille.
COCHlNCHiNE. Royaume dans l'Inde, au-delà da
Gange. Cochinchina, Il eft baigne au Levant pac
le Golfe auquel il donne fon nom. Le Royaume de
Chiampa le borde au Midi ; celui de Camboye au
Couchant ; & celui de Tonquin au Nord. Quelque-?
fois on ne diftingue point la Cochinchine & le
Tonquin , dont en effet elle dépcndoit autrefoiç.
Quelques-uns ne regardent auifi le Pk.oyaumc de
Chiampa , que comme une Province de la Cochin*
dune. Cacciam eft la capitale de la Cochinchine.
Il fe fait à la Cochinchine une inondation de quinze
jours en quinze jours pendant les mois de Sep-
tembre , d'Octobre & de Novembre , qui dure
trois jours chaque fois , qui rafraîchit tellement
l'air , ic engrailfe fi fort la terre , que , quoique ce
pays foit dans la Zone Torride depuis environ le
onzième jufqu'environ le quinzième de latitude
Nord , l'air y eft fort tempéré , &: la terre fî fertile ,
qu'on y peut femer & irecueillir le ris deux ou trois
fois l'année. On tire de la Cochinchine de l'or,
de l'argent , de la foie , du coton , de la canelle ,
du poivre', du bois d'aigle & du calamba. On
trouve à la Cocinchine un bois fî dur , qu'on en
fait des ancres pour les vaifîeaux du pays.
COCHINCHINOIS , OISE , f. & adj. Qui eft dç
la Cochinchine. Cocinjina, Cocinjinenfis. Les Co-
chinchinois font idolâtres. Leurs Rois , quoique
ttès-puiffans , font tributaires de l'Empereur de la
Chine. Les Cochinchinois font doux & traitables.
Troupes Cochinchinoifes,
Ce nom vient de Cachu , &: Cachochin , pu Ka-
chochien , qui font ceux que les habitans donnent
à leurs pays. Le P. De Rhodes , Jeiiiite, qui avoit
été cinq fois à la Cochinchine , en parle fort
exaftcment dans fes divers voyayes , L, II , C. i.
On peut voir encore Mendoza , P. II ,L. i.
COCHINES , f. f pi. ou MARACAS. On appelle
ainfi dans le Pérou , les petits vafes que l'on at-
tache au bout des branches coupées de l'arbre quî
diftille le baume , pour recueillir cette précieufc
comme qui coule par l'ouverrure de la branche.
CÔCHITZAPOLT, f m. arbre qui croît dans l'île
Sainte Marguerite & en d'autres endroits de l'Ame»
rique. Ses feuilles font trois à trois , femblabics à
celles de l'oranger. Ses fleurs font blanches de pe-f
rites. Son fruit eftde la gro/feur d'un limon. Les
■gens du pays en mangenr d'ordinaire : il eft de
forr bon goût. Ce fruit renferme un noyau ofleux ,
dans lequel il y a une femence fi vcnéneufe , que
fi un homme ou un animal en mange , il meurt
O O o o i)
66'C
co c
aufll-tôc , fans qu'on piiifle lui donner aucun fe-
cours. La poudre de ce fruit brûle cil. trcs-bonnc
dans les ulcères malins &c invctcrcs" li on en
jette 'dciliis.
COCHLEAPvJA , f. f. plante anti-Scoibutique ,
qu'on appelle autrement iierùe aux CuUlas. royei
* ce mot. Cette plante croît d'ordinaire dans les
lieux marécageux , Sc^Uc le plair fur tout à l'ombre.
Il s'en trouve grande quantité dans la Hollande &
dans l'Angletctre , ce qui lui a t'ait donner le nom de
Batdva ic de Britannica, On ne fe lert en Méde-
cine que de Tes feuilles. Si on les fait feulement trem-
per dans l'eau , 5c qu'on Iç Icrve de cetje eau en gar-
garifme , c'eft un très-bon fpccilique contre la pour-
riture des gencives. Si on en met dans le bain , on
en voir des effets merveilleux pour la guérifon des
membres perclus. Il y a une maladie en Allemagne
nommée Stomacace ou Scdotyrbe , pour la gué-
rifon de laquelle cette plante eft employée avec fuc-
ccs, Malimbrochius a dpnné un Traité fur cette
plante, qu'il a xvamvXcCo chic aria curiofa.llyVip-
•prend la manière d'en tirer du vift , du fyrop , de
l'eau diftilléc , &c. Il y explique toutes les proprié-
tés, &: particulièrement celle qu'elle a contre la
pourriture, 5c tous fes ufages particuliers.
COCHOIR. Foyei Tourm.
COCHOIS , f. m. terme de Cirier. Outil de bois ,
dont les Epiciers-Ciriers fe fervent pour équrrair
leurs flambeaux.
COCHON, f. m. animal quadrupède, à pies four-
chus , & qui ne rumine pas. Sus. Il eft de la
même efpèce que le Sanglier. Cet animal , le plus
brut de tous les quadrupèdes, eft allez connu. Des
langues de cochon fumées , fourrées , &c. Un groin
de cochon , des côtelettes de cochon , des pies de
cochon , que quelques-uns appellent las de foie.
Les Mahométans ne mangent point de cochon , par
ce qu'ils le regardent comme un animal immonde.
Les Athlètes mangeoient de la chair de cochon ,
& ils en faifoient cinq ou fix repas par jour. En effet
l'expérience apprend que ceux 'qui en mangent plus
fouvent , comme les payfans & le menu peuple ,
font aulTi plus forts que nous , &c plus capables
d'exercices violens Si continus. Baudelot.
Ménage dérive ce mot de ciacco , lignifiant la
même chofe , qu'il dérive du grec i!-ûZ«l. f^oye^
fes raifons.
On dit, en termes fort bas, d'un homme qui
ne fonge qu'à mangei &: à dormir : Qu'il mène une
vie de cochon, que c'eft un gros cochon, f-^'entricofus,
helluo ,pingui omajo tenfus. On appelle aulîi de pe-
tits yeux, des yeux de cochon.
ÇocHON de lait. Petit cochon qui tête encore.
. Porciis l'acleus. Les cochons de lait font fort bons
rôtis 5c à la daube. La chair des cochons de lait eft
trop chargée d'humidité fuperflue, &: trop vifqueufe,
pour erre mife au nombre des meilleurs alimens. Ou
eftime plus celle d'un jeune porc , qui eft hors de def-
fous la mère , 5c qui a commencé à prendre un nour-
riture plus Iblide que le lait : elle eft d'un goût ex-
quis, &: d'un ufage bien meilleur pour la fanté. De
lA Mare, Tr. de la Fol, T. XXII, où il cite
Galicn , Brueryn , Campeg. Jfaac. Jud. & Simeon
Sethi. Cochoji qui ne tête plus. Porcus à lacle de-
'pulfus.
ffT On îlppelle Langueyeitrs de cochons , certains
Officiers commis dans les marchés de cocAo;:j pour
les viliter fous la langue, afin de voir s'ils font la-
dres.
§C? Cochon &c pourceau , conlîdérés comme fynony-
mes. Le mot de cochon convient à ces animaux à
tout âge. Un cochon de lait. Un vieux cochon. Pour-
ceau ne fe dit que des grand^ On ne dir point
un /)o//rce<îw de lait.
Cochon d'Inde eft un petit animal qui grogne comme
uii cochon, Sc qui n'eft pas plus gros qu'un lapin.
• Porcus Indicus, ffj' Ses oreilles font arrondies Se
C D C
tranfparentes. Il n'a point de queue : Ton poil , qui
cil court , peut être compare à celui de nos co-
chons. Il y a dans l'Amérique une efpèce particu-
lière de cochon , qui a un évent fur les reins
comme un nombril. La chair en eft auifi bonne
5c aulïi faine que celle de nos porcs-fanglicrs.
Ijc? Cochon d'eau , que les Portugais nomment
Capivard. Voyez ce mot,
§C? CocnoN-Mizro/2, nom qu'on donne dans les
îles de l'Amérique aux cochons qu'on y a appor-
tés des autres pay% , 5c qui font devenue fauva-
ges, Encyc. •
ffT Cochon , terme de Métallurgie. On appelle
ainli un mélange impur de métal 5c de fcories «
qui bouche quelquefois les fourneaux où l'on fait
fondre les métaux.
ffT Dans l'affinage on s'en fert pour défigner le
gonflement ou le foulevement des cendres dans la
coupelle. AcAD, Fr.
(fT COCHON AU , i. m. ou MARONETTE, Efpèce
de râle qui palfe en Normandie à la fin de Septem-
bre. La coiueur de fon corps tire fur l'olive ^
moucheté 5c tigré de t.achcs blanches. Les plu-
mes de fes aîles &c dé fa queue font noires. Il à
les pies exrraordinaitement longs , ainli que les
dpigts qui font menus, avec de petits ongles pref-
que droits, tres-pointus 5c de couleur d'Amérhifte,
Celle de l'on bec eft grife , le cou prefquc fur l'cl-
tomac, 5c les côtés font couleur d'olive, femcs de
petits points blancs ; l'eftomac ôc le ventre font
d'un gris-fale. La longueur de fon corps eft dé
huit pouces 5c un quart. La tête eft menue , le
delfus d'un brun olive , mêlé d'im peu de noir.
Les deux mâchoires font d'un jaune-verdatre , uri
peu orangé. ,
COCHONÉE. f. f, La quantité de cochons qu'une
truie fait en une porrée. Porcellorum partus. On a
vu des truies qui ont eu jufqu'à trentc-fept co-
chons d'une cochonnée.
COCHONNER , v, n. faire de petits cochons.
Porcellos fœtus edere. Les truies cochonnent deux
fois l'année.
COCHONNERIE , f. f, faleté , malpropreté. Squâ-
lor , fpurcities.
COCHONNET , f. 'm. petit corps fait d'os , ou
, d'ivoire, taillé à dofeze faces , qui font douze pen-
tagones-marqués de points depuis un jufqu'à douze.
Qn le roule fur une ta^le pour jouer , comme
li c'étoit un dé, Tcjfera luforia duodccim hahens
faciès totideni notatas nunicris à primo ad duode-
cimum. Les enfans jouenr au cochonnet.
On appelle aulli jouer au cochonnet , lorfqu'on
joue à la boule en fe promenanr, 5c qu'on change
à chaque coup de bur.|t3°Celuiqui a gagné le coup,
c'eft-à-dire , qui a mis plus près du but, jette une
boule ou une pierre au hafard à chaque ' fois ,
qu'on appelle le cochonnet , 5c elle fert de but
aux joueurs pour ce coup-là feulement. Ambulando
glohis ludere projiciendo glotum vel lapident pro
fcopo»
COCHYNO , nom de lieu. C'eft l'ancienne Ephcf-
tia. J^oye:^ ce mot.
COCKIEN , f, f, monnoie du Japon , qtii vaut en-
viron quatre florins d'Hollande , ou à peu près
huir francs de notr^ monnoie ptéfente. Cakienus
numeriis. ,
Le totat des revenus du Roi ^ des
Grands Seigneurs du Japon monte à
dix-neufmillions trois cens quarante-cinq •
mille cockiens. i5?54yooo,.
La table 5c la garderobe du Roi , 5c
l'entretien de fon palais à quatre millions
de ceckiens, 400c ooo
La^Garde du corps qui comprend les
principaux de la NoblelTe , mohte à
cinq cens mille cockiens, yooooo.
Ainli la dépenfe de la maifon du Prince , jointe
à ce qu'il donne aux principaux Seigneurs du pays.
c bc
monte tous les ans àlafomme de i-^Z^^ooc ccc-
kiens de 4 florins chacun. Foye^ la relation du
Japon par M. Caron , imprimée dans le Recueil
des voyages au Nord. Ton:. iJI,
'COCO, f. m. arbre des Indes qui eft une efpcce de
palmier. Foye:^ Palmier. On l'appelle auHi coco-
iier , Sc ce nom eft plus propre à dcligner l'arbre, j
Coco fe dit aufîl & du fruit , & du bois de cet arbre.
Un chapelet de coco. Voyez tout cela Ibus le mot
Palmier.
'COCOMBE , {. m. arbre de l'île de Madagafcar ,
dont le bois eft noir , d-c pour l'ordinaire tortu -, il
croît dans les lieux pierreux -, il eft fort épineux ,
& a peu de feuilles , qui Ibnt toutes très petites.
Ses fleurs fentent très-bon , & le bois même étant
brûle , rend une aflcz bonne odeur. 11 y a des arbres
qui ibnt aflez gros , mais ils font courts.
■COCON, f. m. coque de ver à.lbie , dans la-
. quelle il s'enferme Ibus une groile enveloppe de fils
doux & déliés dont fe fait la Ibie. Bombycis fol-
iiculus. Le ver à foie n'en for#Eju'apres s'être trans-
formé en papillon. Le ver à foie ne fait fes œnTs
que Icrfqu'il eft forti de fon cocon, & transformé
en papillon.
COCOS, f. m. Mefure. Le fruit du cocos féché , 5c vi-
dé de fa moelle, fert à Siam de mefure pour les
liquides cC pour les grains.
CCr COCPvÉANCIER ou CONCRÉANCIER ,
ERE, terme de Jurifprudence. Celui qui eft créan-
cier conjointement avec un autre , ou avec plu-
fîeurs autres créanciers à l'égard de la même pcr-
fonne.
'tfT COCS, f. m# terme de Commerce. C'eft ainfi
qu'on appelle les petits pains de pâte de paftcl.
IJC? CocTioN. f. £ Ce mot (ignifie propremenr l'ac-
tion de faire cuire dans l'eau ou dans quelqu'autre
liqueur bouillante. Coffio , concoclio : ou l'effet qui
réfulte'de cette aftion. Cocinra, Sa coclion épaillit
certains lues , dépouille certaines fubftances de leurs
qualités nuifîbles.
§CF CocTioN , en Médecine , Jîgnifîe digeftion , bu
l'altération utile à l'économie animale qu'éprou-
vent les matières nourriflantes & les humeurs dans
les différentes patries du corps. Concoclio.
Quand l'eftomac fait une iliffifante coclion des
alimens , des humeurs , c'eft un ligne de fanté. On
réduit à cinq les caclions qui fe font dans notre
corps, tant pour là propagation del'efpece, que
pour la conlervation de l'individu. Ces cinq efpèces
de coclions font la Chylofe , la Chymofe , l'Ha--
tamofe, laPneumatofe, laSpetmatoie. On peut en
ajouter une fixième , qui eft propre aux femelles ,
c'eft la Galaélofe. *
IJCT CocTioN , en Pharmacie , exprime l'altération
opérée fur un corps folide par l'aétion d'un li-
quide , augmentée par le feu. On fait la coclion des
différentes matières pour les ramollir , & les rendre
propres à être réduires en pulpe.
^CT Les oignons qu'on ramollit fous la cendre por-
tent avec eux le liquide qu'on eft obligé d'ap-
pliquer aux cor^is qui font plus durs.
^CT En Pharmacie , cuite Sc coction , font deux chofes
différentes.
IJCF CocTiON des métaux. Terme de Métallurgie.
Manière dont les métaux fe perfeiflionnent dans
le fein de la terre.
^fT CocTioN , en Alchimie , eft la longue di-
geftion à laquelle eft expolcc la matière du grand-
œuvre , pour être" conduite par des degrés infen-
fiblcs à la maturation.
COCU, f m. Terme injurieux & un peu libre, qui
fe dir de celui dont la femme eft infidelle , &' viole
la foi conjugale. Les jaloux font plus fouvent cocus
que les autres. Le jaloux fouffre plus que le cocu.
Mont.
Erre cocu en herbe , c'eft-à-dire , être un petit
commencemert de cocu , être taillé pour être un
maîtie cocu. Richfiet. Jean Ncvizan , Auteur
italien du commencement du feizième lîècle , a
CO t)
•>>.£^
i
parlé dti cocus en herbe {cormui inherbis) dan'S
la Font Nuptiale. Ce qui lait conjcéturcr qu'il y â
long remps que cette expreffion eft en ufage , même
-en- d'autres pays qu'en France. Charron, en fa
Sw^ejje ( b le beau livre 1 il vaut mieux que dci
perles ôc des diamans ) a dit quelque part -, qu'uii
avare eft plus malheureux qu'un pauvre , & un ja-
loux qu'un cocu. Il me femble que ce grand hom-
me a dit vrai-là , auHi-bien qi^leur's. Gui Pa-
tin. LucuUus, Céfar, PompeM^Antonius , Ca-
ton , & d'auttes braves hommes furenr cocus , &c le
furent, lansene^cciter rumulte.Il n'y eut en ce temps-
là qu'un fot de Lepidus ( père du Triumvir ) qui
en mourut d'angoillc. Montagne. Il mourut, dit
Plutarque, de maladie qui lui vint, nort tant du
regret de la ruine de fes affaires , comme de la
douleur qu'il reçut d'une lettre qui tomba entre
les mains, -par laquelle il connut que fa femme
avoit forfair à fon honneur : Fie de Pojnpée de
la verjion d" Amyot.
Augufte failûit des sficus , plutôt par raifori
d'Etat , que par volupté. Rochefort. Diclionnaire.
Alénage croit que ce mot vient de cuculus , à
■ caufe que le coucou va pondre dans le nid des au-
tres oifeaux. Pafquier , en approuvant l'érymolo-
gie , ajoute : nous faifons faute d'appeler cocu j
celuî dont la femme va en dommage -, il y auroit
plus de raifon de l'adaptera celui qui agit, qu'à
celui qui pâtit. C'eft pourquoi les Latins appeloient
curruca dans le même fens , celui dont la femme
étoit infidelle ; car c'eft dans le nid dç la fauvette
que va pondre le coucou. Ménage. Spelmannus le
dérive de cucurbita. 3c cucurbitare , qui fignifie
débaucher la femme â autrui. Mais Du Cange dit
plus vraifemblablcment, que c'eft le mot de cokj- re-
doublé , qu'on dilbit àuHl pour cornard : d'où vient
qu'on a appelé aulïî ces_ gens-là coupeaux. Car on
appeloit anciennement cos , ou cous , les maiis
malheureux. Cette injure étoit un outtage fi fan-
glant , qu'on pouvoit tuer impunément l'offenfeur.
Beaumanoir rapporte, que Ci/, à qui telle vilainie
fut dite , facca un coûte l, & occit cel qui le fait\ &
fut délivré par jugement par le bon Roi Philippe &
fon Confcil.
COCUAGE , Ç. m. malheur , difgrace , état de celui
dont la femme eft infidèle. Conjugis infidelitas. Il
fautde l'inlénlibilité, ou de la confiance , pourfup-
porter patiemment le cocuagd
COCUFIER , V. a. faire quelqu'un cocu. Currucare.
COCYTE.Cocytus. (tCF Fleuve d'Epire , un des guarre
que les Poètes font couler aux enfers. Son nom qui
i]s,nifie plainte , marque les cris de ceux qui font
dans les tourmens. Ce fleuve a donné fon nom aux
fêtes.Cocytiennes, qu'on célébroit aux enfers àl'hon-
neur de Proferpine. Il eft différent d'une autre
rivière de même nom , en Italie , près du lac d'A-
verne , &; qui fe déchargeoir dans le lac Lucrin ,
qui fut prefque tout comblé pat la chute d'une
montagne dans un tremblement de terre, en 15380
Ip- COCYTIENNES. ( Fêtes ) Foye^ CoctTE.
C O D.
CODAGA-PALA. f. m. C'eft un arbre qui croît dans
le Malabar. gCT Sa racine courte & fibreufe eft cou-
verte d'une écorce jaunâtre , d'un goût amer Se pi-
quant. Ses tiges fermes & ligneufes fe fubdivifent
en rameaux , dont le bois eft blanchâtre , & l'écoice
tirant fur le noir. Ses feuilles fourniffent un fucte
laiteux. L'écorce du tronc & de la racine pulvérî-
fée & prife dans du lait aigre, arrête le cours dé
ventre & le flux hcmotrlioïdal. Sa racine , réduite
en poudre, & cuite dans de l'eau où l'on a lavé dii
riz , eft propre pour fomenter les paities enflées
dans l'efquinancie, les tumeurs de quelque efpèce
qu'elles foient , aufîl bien que les parties affedlccs
de la goutte. Elle guérit le mal de dents , quand on
la garde dans la bouche , & tue les vers, Ray, Hijh
Plant,
GG%
CO D
CODE , r. m. ancien mot , qui lignifie ce qu'on nom-
me préfentement chez les Couteliers , pierre à ai-
guilcr.
CODE , f. m. compilation , ou recueil des lûix S:
conftitutions des Empereurs , tait par ordre de Juf-
tinien. Codex. Jujimianceus codex. Il ell compris
en douze livres, qui font la féconde partie du
droit romain , ou du droit écrit.
Quoique ^îÊ^de ne foit que la féconde partie
du droit roniSw , il fut cependant publié avant
le digcfte : cai celui-ci ne le fut qu'en 555, & le
code en 519. Audi, félon l'ordre chronologique , le
code efl: la première partie du droit romain , &; le
ditîefte la Iccondc. Dans nos éditions , on trouve
d'abord les inftituts , puis le digefte , &c enfuite le
code. ^
Il y avoit auparavant pluiîeurs autres coi^^, qui
croient des compilations , ou des abrégés des loix
romaines. Deuxjurifconfultes, Grcgoiie Se Hermo-
gùnc, firent un recueil de droit qu'on appela de
leufs noms , code Grcgvien , & code Hermogénien.
C'ctoit une colleâ:ion' des conftitutions des Em-
pereurs , depuis Adrien jufqu'à Dioclétien &: Maxi-
mien , en 50(î. Il n'en refte plus que des fragmens
très-imparfaits. Ce travail fut inutile, faute d'auto-
rité pour le faire obferver. L'Empereur Théodofe
le jeune , fut le premier qui fit un code compris eu
feize livres , compofé des conftitucioas des Empe-
reurs 5 depuis Conftantin le Grand, jufqu'à lui : il
abrogea toutes les autres loix qui n'y étoicnt pas
comprifc^, C'eft ce qu'on appelle le code Theodo'-
Jien , Theodojïanus codex ,^\ih\ïc en 458 , qui fut
reçu & obfetvé jufqu'à ce qu'il fût abroge par le
code JujUnien,' Il a été long temps perdu en Occi-
dent ; M. Cujas contribua beaucoup à le rétablir ,
Se le donna au public en meilleur état qu'il n'avoit
encore paru. Il y a eu un commentaire de Gode-
froy fur ce code Théodojîen , qui lui a coûté un
travail de trente ans. M. de Marville , Profeffeu r à
Valence, l'a fait imprimer en fix tomes en \66<i.
En 50(î , Alaric , Roi des Goths , fit faire une nou-
velle compilation du droit romain , tirée de ces
codes Grégorien , Hermogénien 6i Théodofien ,
qu'il publia fous le nom de code Théodofien. Ce
code d'Alaric fut long temps en ulage , & fit tout le
droit romain qui s'obfejyoit en France. Enfin, l'Em-
pereur Jurtinien , voyant que l'autorité du droit
romain étoit fort aflbiblie en Occident depuis la
décadence de l'empire ,rérolut de faire travailler à
une compilation générale de toute la Jurifprudcn-
ce romaine. 11 en donna la commiflion à Tribo-
nien,qui choiiit les plus belles conftitutions des
Empereurs', depuis Adrien julqu'à fon temps: il
acheva fon ouvrage , & publia fon nouveau code en
518. Mais parce que Juftinien avoit fait diverfes
décifions qui changèrent un peu l'ancienne Jurif-
prudence,il retrancha quelques-unes des conftitu-
tions du code compofé par Tribonien , & y en
ajouta de nouvelles -, c'eft pourquoi il en fit faire
une nouvelle révifion qui parut en y34,& abrogea
la première. Le code Jujtinien , auiîi-bien que le
refte du droit romain, a été long temps perdu en
Occident -, êc jufqu'à I.othaire II, qui le retrouva à
la prife de Mclphc , & le donna à la ville de Pile.
Irniereft le premier qui l'ait profeffé publiquement
en I iz8. L'Empereur Frédéric ordonna, à la requê-
te des Univerfités , qu'on enfeign.ât ce droit dans
lés écoles , & enjoignit à tous fes peuples de
l'obferver: ce qui a été fuivi en Italie & en Alle-
magne, & l'eft encore dans une partie de la Fran-
ce : fur-tout dans les Provinces méridionales.
Euric donna des loix aux Goths qui s'étoient
établis dans la Gaule Narbonnoilé : Iç code qu'il
'compofa de ces loix , parut en 46^.' Leuvigildc
corrigea ce code; il en fupprima quelques loix , &:
tn ajouta d'autres ; les Rois qui leur fuccédèrcnt,
en firent de même, particulièrement Cliindofuin-
dc , qui ordonna qu'on ne fe ferviroit que des loix
gothiques. Exgica commit l'examen éc la correc-
CO D
tîon des loix srothiques aux Evêques d'Efpagne ,
à condition qu'ils ne dérogeroierlt point aux loix
établies par Chmdofuinde.Le code d'Euric étoit en-
core obfervé dans la Gaule narbonnoife , au temps
du Pape Jean VIII, environ l'an 880.
^fT Code d'Alaric o\i d'Anian, compilation tirée
des autres codes qu'AlaricII, Pvoi des Viligots,fit
rédiger parAnian, ion chancelier, l'an 508. .
Ce mot vient du latin codex , qui fignifie cahier}
ainli appelé àcodicibus arboruin , ex quibuscortices
depromebantiir.
Code des loix antiques. Codex hgurn antiquarum.
C'eft un recueil qui comprend les loix des Vifigots ,
un édit de Théotioric , Roi d'Italie , les loix des
Bourguignons , la loi falique & celle des Ripua-
riens.
Code lé dit auflî de plufieurs recueils des ordonnan-
ces des Rois de France, comme le code Henri, le
code Néron.
IJCF Le code Henrij£^ une compilation des ordon-
nances de nos I«>is
prcfident Brilfon.
faite fous Henri III , par le
ÎÇT Le code Néron c^nn recueil d'édits, ordonnan-
ces & déclarations fait par Pirrre Ncron & Gi-
rard , Avocats.
Le code de Louis XIII eft un recueil des prin-
cipales ordonnances de ce Monarque , fait par Tac
ques Corbin , Maître des requêtes de la Reine Anne
d'Autriche , imprime en i<ji8.
On a appelé le code Michaiilt , une ordonnance
du Roi Louis Xlli , parce qu'elle avoit cté faite
par Michel de Marillac, laquelle n'a point eu
d'exécution, quoiqu'elle futtrès-fage.
On appelle auliî par excellence, cù^^^ Louis , co-
. Jl'.t Ludovictzus , les ordonnances faites pat Louis
XiV , fur la réformation de la iuftice civile & cri-
minelle , de la marchandife ,.&c. Le code civil ,
codex ciyilis , véïïiié en lôo-r. Le code criminel y
codex criminaUs , ou reriim capitalium , vérifié en.
11Î70 , c'eft ce qu'on appelle encore la nouvelle or'
donnance. 11 y a tncore le code marchand, qui
règle la marchandife, vérifié en iCm,. Le code ou
les ordonnances de la Marine. Le code des Eaux &
Forets , codex reriun qiice admercaturam, adaquas
& J'y Iras pertinent , &:c.
Code canonique. Voye:^ Canon.
Code noir. On a donné ce nom à un édit de i(>8j ,'
concernant le gouvernement & la police dans les
Iles Françoifes de l'Amérique, & le commerc des
Nègres pour ce pays. La vente des Nègres & leur
achat font autorifés par des loix publiques appelées
le code «oir. Tr.iba»t. Ces loix font des lettres pa-
tentes en forme d'édit du mois de Mars i<î8y , di-
tes communément le code noir. Le Clerc du
Brillet.
if3''Com'de Louis XIV. C'eft un recueil des princi-
paux édits , déclarations , ordonnances , arrêts , ré-
glemens concernans la juftice , police & finance.
Ce recueil fera volumineux,
.53° Code Frédéric. C'eif un corps ;le droit , compofé
par ordre de Charles Frédéric, Roi dePruffe , Elec-
teur de Brandebourg, pour fervir de loi principale
dans tous les états. Il s'en eft fait une traduélion
françoife alfez littérale. Il eft fur tout admirable
par la réformation de l'ordre judiciaire. La procé-
dure y eft extrêmement Amplifiée. Tout procès
doit être terminé en trois inftances, en trois Tribu-
naux •, le premier Juge, le médiat & le fupérieur;
le tout dans l'efpace d'une année. Le miniftcte des
Procureurs eft fupprimé , comme ne fervant qu'à
groffir & embrouiller la procédure.
ifF II y a plufieurs autres recueils qui portent le nom
- de code , comme le code de la marine , le code mi-
litaire , l" codi des Curés.
jp* CODÉBITEUR , f. m. terme de Palais. Celui
qui doit, conjointement avec un autre débiteur , à
un ou plufieurs créanciers.
%ZT On dit au féminin Codébitrice.
CODÉCIM ATEUR j f. m, terme de Jurifprudence.
C O D
flC? Celui qui a part dans les dixmes d'un endroit
auxquelles un ou plufieurs Dtciniateurs ont aulli
droit, chacun pour la parc & portion. Les Codccima-
tcuTS Ibnt tenus' de fournir la portion congrue au
Cure qui n'a point de groiîcs dixmes , ou un ilipplé-
iTient, ii le gros ne monte pas à 500 liv. & 150 hv.
pourunVicairc, fi l'Evcque juge ncccflaire. qu'il y en
ait un. Chaque Codcciniutcur cfl tenu folidairemeni:
de payer ces Ibmmcs , iauf à lui à pourfuivre le rc-
çalemcnt contre les autres,
gd" CODEMANDEUR, terme de Jurifprudencc.
Celui qui , conjointement avec un autre , forme
une demande.
CODÉTENTEUR, f. m. terme de Jurifprudencc. Qui
eft détenteur de quelque chofe , avec un ou plu-
fieurs autres , par indivis ou divilcmcnt.
CODI-AVANAM , f. m. arbriHeau qui croît dans les
lieux lablonneux des Indes Orientales. Son iuc
pris dans du vin , eft un remède excellent pour le
cours de ventre; on le fait cuire avec de l'huile,
& on le donne en qualité de corroborant à ceux
dont les forces l'ont épuilces. L'huile que l'on tire
de toute la plante , fournit une embrocation ex-
cellente pourdilfiper le vertige. Dict. de James.
CODICILLAIRE. adj. m. & f.^Qui eft contenu dans
un codicille. Codicillaris. hesiscodicil/aire. Le^atum
codicillare. Claufe codicillaire clt une claufe que
l'on infère d'ordinaire dans les tcftamcns : c'efl; que
fi le teilament ne peut valoir comme teftament , ii
vaudra comme codicille , & comme un adle de
dernière volonté : en forte que le tedateur prie l'es
héritiers ab intellac de reftituer l'hérédité à celui
qui eft inftitué par le teftament, lequel manque des
formalirés & des l'okmnités rcquifcs. Clauj'ida. codi-
cillaris. Cette claufe codiclllaire fait valoir le tefta-
ment, covnmc Jiddicomrnis , &i répare tous les dé-
fauts de Iblemnité qui emportoit la nullité du tefta-
ment ■, en forre que l'hcriti-r aè intejiat eft obligé
de reftiruer l'héritier inftitué : la loi ayant plus d'é-
gard à la dernière volonté du teftateutjqu'à des for-
malités fuperftitieufes.
IJCr CODICILLANT , adj. pris fubftantivempnt en
pays de droit écrit •, on défigne par ce mot, celui
qui fait un codicille.
<ÇODlCILLE , f m. eft une dernière volonté moins
folemnellc qu'un teftament, ou un écrit par lequel
on ajoute ou l'on change quelque chofe à un tefta-
ment, foit fous fcing privé, foit devant des per-
fonnes publiques. Codicillus. Il y a cette difl'ércnce
entre un teftament Se un codicille ; c'eft que le co-
dicilU ne peut contenir d'inftitution d'héritier,
& qu'on n'eft pas obligé d'y obferver rigoureufe-
ment toutes les formalirés que le droit romain pref-
crit pour les reftamens folemnels.Dans les payscou-
tumiers , les teftamens ne font , à proprement par-
ler, que des codicilles t parce que c'eft la coutume
elle-même qui nomme les héririers , & qu'elle ne
permet point d'inftitution d'héritiers teftamentai-
res. Les codicilles furent mis en ufage au temps
d'Augufte par Lucius Lentulus. Les codicilles dans
le commencement dévoient fuivre les teftamens qui
leur fervoienr de bafc. Dans la fuite , les codicilles
ne laiffèrent pas d'avoir leur efiet, quoiqu'ils euifent
été faits avant le teftament , pourvu qu'ils s'y trou-
vaflent confirmés ■■, il fut même permis de faire des
codicilles fans teftament , & de les adrelfer aux lé-
gitimes héririers, La prcfence de cinq tém.oins fuffit
pourim codicille , foit qu'ils aient été appelés, foit
qu'ils fe foient rencontrés fortuitement. Un codi-
cille poftérieur ne détruit pas le premier , à moins
qu'on ne connoiffe que la volonté du défunt a été
de détruire le premier codicille par un autre pofté-
rieur. Inst. du droit , &c.
Il y a un livre de Roymond LuUe, qu'on appelle
codicille , où l'on prétend qu'il a lailfé le fecret de
la pierre philofophale à fes difciples qui le pour-
ront entendre.
CODICNAC. Toye^ COTIGNAC. C'eft ainfi qu'il
faut écrire.
COE 66.
GODILLE , f. m. terme de jeux d'hombre & de mé-
djateur. On appelle perdre codille , lorfqu'on ne fait
pas le nombre de mains preicritcs pour gagner ni
pour la remile j alors ceux qui ne font pas" jouer,
gagnent codille.
ffj- CO-DIRECTEUR , f. m. qui eft diredcuravec
un autre. L'Evcque de Bambcrg &: le Marquis de
Brandebourg font Co-dircàenrs du Cercle de Ftân-
conic, c'eft- à-dire, font directeurs en,-èommun.
*;fT CODOGNO , ville d'Italie , dans le Milancz ,
entre Plailance & Lodi,
CODONATAIRE, adj. m, & f. terme de Jurifpru--
dence, Alfocié conjoint avec un autre dans une
même donation, Donationisjccius , particcj-s , in
partan donaiionis vocatus. La condition des codo-
Tiatdires eft égale. G. G.
03" Il eft auffi fubftaptif. Les co-donataires Çoni en
procès.
|Cr CODONOPHORE, f. m. terme grec te d'anti-
quité, qui fignifie celui qui porte une clochette,
une fonnette à un enterrement. Dans un enterre-
ment il y avoir un Codonophore qui accompagnoir !c
cadavre. Codunophorus. Codones , fonnetrcs.
CODRUS, f, m. fils de Melanthus , dernier Roi
d'Athènes. Les Athéniens, pour honorer la mémoire
de Codrus , qui s'croit dévoué pour eux à la mort ,
voulurent qu'il fût le dernier Roi d'Athènes , &
changèrent après lui la forme de leur gouvcrne-
menr,
COE.
COÉCALE , adj. f. épithète qu'on donne à la veine
qui porte le fang de l'inteftin cœcum,au rameau
méi'cntérique. ycru coecalis. On dit de même ar-
tère caecale.
CGlCUM , f. m. le premier des gros boyaux, ainfi ap-
pelé, parce qu'il c(t fait comme un fac, n'ayant
qu'une ouverture qui lui fert d'entrée &c de ferrie.
Il eft litué au côté droit, plus bas que le rein. Les
Anatomiftcs font fort partagés fur l'on uiage qui
n'eft pas forr connu. Cœcum.
COEFFE. f. f. On écrit au/IÎ COIFFE , c'eft l'ortogra-
phe de l'Académie. Couverture légère de la tcte,
tant pour les hommes que pour les femmes. A l'é-
gard des hommes , on ne le dirque de la doublure ,
de la forme du chapeau qui eft de latin , de taHc-
tns , de treillis -, & d'une garniture de bonnet de
nuit qui eft de linge , Se qu'on change quand elle
eil i'ale , ou de celle qu'on met fous une perruque.
Capitis te'^men , tegumemum.
Cor FEE, La coëfe d'une perruque eft un léger réfeau
de foie, donr les mailles font très-petites, & qui
fert pour arracher &: étager les trelfes de cheveux ,
donr la perruque eft compofée.
CoEFFE fe dit du linge ou de l'étoffe qu'un guerrier
portoit autrefois fous fon calque , de peur qu'il n'o-
ténfât la tête.
CoEFFE s'eft dit autrefois d'un habillement de tête
d'un Chevalier. L'ordonnance pour créer &; faire
les Chevaliers du Bain en Angleterre , dit: le Che-
valier, rrouvera à fes dépens , la co'é^'e , les gans , la
ceinrure & le laz.
CoEFFE fe dir aulfi ,en termes d'Anatomie , d'une petite
membrane qu'on trouve à quelques cnfans , qui en-
veloppe leur tête quand ils naifient. Drelincourt
croit que ce n'eft qu'un lambeau des tuniques du
fœtus , qui fe crève pour l'ordinaire à la nailfance
d'un enfanr. /'e/ZiCHAr. Lampridius dit que les Sage-
femmes vendoient bien cher cctrc coëfe à des Avo-
cats , qui croyoient qu'en la portant fur eux ils au-
roient une force de perfuader , à laquelle les JugL-j
ne pourroient rcfifter.Les Canons défendent de s'en
fervir , parce que les Sorciers s'en fervoicnt dans
leurs maléfices.
CoEFFE fe dir encore , en rermes d'Anaromie , d'uns
membrane graiffeufe qui nage fur les boyaux. On
l'appelle autrement épiploon. VoyeT^ Epiploqn.
CoEFFE , en rermes de Pharmacie , eft une forte de
médicament fait enferme de bonnet ,dontonfe
C'&4
CO E
uvrc la tête , comme d'un bonni't otLlinaitc. Il e(l
compoïc de plulicurs tcmèdcs ccphaliques qu'on
mcle avec du cotton , èc qu'oii pique entre deux tat-
Ictas , ou cntte deux toiles fines , comme un mare-
las. On s'en iert dans quelques maladies du ceiveau.
Cucnjy/ia.
CoEFf £ , en termes de Botanique , le dit de l'envelop-
pe déliée 6c légère de quelques fleurs , cc de quelques
femences. Caîyptra.. §CF C'elt une enveloppe min-
ce , membrancufc, fou vent conique, qui cmbrafle la
partie de la fructification , comme dans le blé de
Turquie. Voye^ les différentes cfpcces de Calice
au mot Calice.
Ce mot , félon Ménage , vient de aifd , ou de
s,ufa , qui (îgnifîe un vilement velu ', & les Grecs ont
dit auHi icapia, en la même (ignification de coëjf'e. Ou
bien il vient de l'Hébreu cuylui, qui lignifie un vête-
ment qu'une femme met fur fa tête. Du Cange dit
qu'on a dit dans la bafle Latinité cupliià , cofea ,
cocffa , & cucupha , en la même fignificacion. A l'é-
gard des femmes , ce font des couvertures de taffe-
tas , de gaze , de crêpe , qu'elles mettent quand elles
fortent , ou quand elles n'ont pias ajuflé leurs che-
veux. Calentica, Reticu/um. On appelle aulfi des
coiffes à dentelle , des coëffes de cornette , celles
qu'elles portent dans le lit , ou quand elles font en
déshabillé.
1)3° CoEFFE lignifie quelquefois femme , comme cha-
peau lignifie homme. Nous étions dix coëffes & au-
tant de chapeaux. Expreflion populaire.
On dit ballement , cela efc trille comme un bon-
net de nuit fans coëffe. Les femmics difent aufîî d'une
marchandife dont elles n'ont point d'envie , je n'y
porterois pas mes coëffes.
^3' COEFFER, ou avec l'Académie', coiffer, y. a. cou-
vrir la tête. Operire caput, iegere. Les François le
coëffent d'un chapeau , les TurCs d'un turban , les
Moines d'un froc , quelques nations avec un fimple
bonnet.
^3" CorFFER fignifie, par extenficn, parer fa tcte de
ce qui fert à la couvrir , ou de les propres cheveux.
Se coëffer en cheveux , avec fes cheveux , avec un
bonnet. L'art de coëffer ; ouvrage intérelfant, divi-
féen quatre parties. Tout y eft traité avec l'étendue
& la méthode que demande l'importance de la ma-
tière. L'auteur traite de toutes les manières de le
coëffkr , afin que les femmes pUillcnt choifir celles
qui vont mieux à l'air du Vifage. Tèrence dit des
femmes qu'elles font des années entières à le coëfer ,
à s'attifer. Dùmpeciuntur, dùm comantur, annus ejt.
^CJ" On dit d'une femme qu'elle fe coëfje bien ; pour
dire, qu'elle entend bien l'art d'orner 'a tête , de l'a-
juHtt : & d'une cocffeufe qu'elle cocffe bien , qu'elle
coëjje à merveilles •, pour, dire qu'elle donne un bon
air , t!e la grâce à toutes les ccëffures des femmes
dont elle fe mêle.
fCF On dit qu'un Perruquier coëffc bien ; pour dire ,
que les perruques qu'il fait,font de bon air :&qu'une
perruque , un chapeau coëffe bien -, pour dire, qu'ils
vont bien à l'air du vifage.
On dilbit autrefois à Paris de A'. qu'il fe chauffoit
comme les autres fe coëffent , 6c qu'il le cccffoit com-
iTie les autres le chaullênt ; parce qu'il portoit des
fouliers de Caftor , év des calottes de latin étant alors
les feules qui fuiîcnt d'ufage , celles de cuir n'étant
devexiues à la mode que depuis. Vign. Marv.
CoEFFER , en termes de Marine , on dit que des voiles
fe coëffnty lorfqu'ellesfont détachées Se qu'elles s'a-
p^Iat.iflcnt les unes contre les autres , ou contre les
vergues ou les mats , de manière qu'elles ne fervent
plus à la conduite du vailîeau. Il me lâcha fa bor-
dée qui me hacha toutes mes voiles d'avant , qui fe
trouvant dénuées de bras , de bouline , & d'efcou-
tes , fe coëff'èrent fur les mats ,&: firent prendre à
mon voiiîeau vent d'avant malgré Ion gouvernail.
Du Gué Trouin.
CoEPFER un Livre , terme de Relieur , c'eft en arran-
ger la rranchefile , & la couvrir à demi de la peau
de la reliure.
COE
\fT CoEFFER une liqueur , c'cft la mêler avec une
autre. Coëfer du vin , de la bière. Mijce're. Cocfjir
une bouteille , c'eft la boucher d'un bouchon de liè-
ge , couvert d'un enduit de cire ou maflic , le tout
recouvert d'un parchemin ou autre choie , de peUr
que la liqueur ne s'évente. Obturare.
^3' CoefferIc fanglier , terme de challc , fe dit de
deux chiens qui ont pris le fanglier par les oreilles.
Ces deux chieris ont coëffe le fanglier.
Se coëff'er , fe dit figurcmcnt , & fignifie , s'entc-
tet j fe préoccuper en faveur d'une opinion , d'une
pcrforme. hnbiherc opinioneni aliquam , inibiiere.
Les jeunes gens le coëffent volontiers des nouvelles
opinions. Je ne puis louffrir que vous foyez coëffa
d'un petit Chevalier jouciir , qui va mettre à la ré-
jouillance les dépouilles du Traitant. Le Sage j
dans la Comédie de Turcaret.
Chaque mortel co'éffé de^a chimère ,
Croît à part foi que mieux on ne peut faire :
Opinion chc:^ les hommes fait tout. Des-H.
Fille fe cocffe volontiers
D*amoureux à longue crinière. LA Font.
Mais quoi IJivotre père eflun bourru fieffé.
Qui s'efidejon Tartuffe entièrement coïûe ,
La faute à votre Amant doit-elle être imputée?
Mol
IJCF On dit aulTi a(fl:ivement ccëff'er quelqu'un d'un
opinion, d'un fcntiment. Je ne fai qui l'a coëffe d'une
opinion fi extravagante. Dans acception il n'eft que
du ftyle familier.
ÇCF On dit aulfi figuréhient & familièrement coëffef
quelqu'un , le faite trop» boire. Cet homme n'eft pas
accoutumé à boire, il ne fautqu'unverrede vin pdur
ïe coëffer. Gardez-vous de ces vins d'Orléans ,ils
font fumeux , & fujets à coëffer. Cet homme eftfujet
à fe coëffer.
IP" COÈFFÉ , ou COIFFE , EE. Part. & adj. Il a
lesfignifications du verbe. Femme coeffee en pay-
fanne j en demoifelle.
Q3' On dit qu'un enfant eft né ccëff'é , quand'il vient
au monde avec cette cfpèce cie membrane qu'on ap-
pelle coëffe , que le peuple fupetftitieux regarde
comme un préfage de bonheur. C'eft pour cela qu'on
dit proverbialement d'un homme qui eft fort heu-
reux , qu'il eft né cocffé. Cette fupetftition eft très-
aneienne. Lampridius en parle dans la vie d'Anto-
nin. Cet Empereur étoit né avec une efpèce de ban-
deau fur le front , en forme de diadème -, c'eft pour
cela qu'il fe fit appeler ZJ/^Zi/w/ns^e. Comme il jouit
d'une conftante profpérité pendaht tout le cours de
l'on règne , fon bonheur confirma l'opinion de ceux
qui s'imaginenr que les gens nés coëffes font heureux.
Depuis on fe fervoit de cette coëffe pour des fortilé-
ges , 6c pout des maléfices ; en forte que les Conci-
les furent obligés de condamner ce ridicule abus;
f-^oye^ les notes de Balfamon furies Conciles , de Ca-
fau'bon fur VHiffoire d'jlugufte. Les Italiens difent,
Nafcer vejlito. (fT Un homme bien coëffe eft un hom-
me qui a une belle tête , des cheveux bien arrangés,
un chapeau , une perruque qui lui vont bien.
^fT En termes de vénerie , un chien eft bien coëffe t
quand il a des oreilles longues 6c pendantes, benè
au ri tus canis.
ifT En termes de manège , un cheval bien ccëffé , qui
a les oreilles petites , bien placées au haut de la tête^
Drap bien coëffe, terme de Manufacture de lai-
nage. Il le dit des draps dont les lificres font biért
faites , 5c bien unies , d'une largeur proportionnce
à l'étoffe , &C d'une couleur agréable à la vue.
COEFFEUR, EUSE. Celui ou celle qui ^fait métier
de coëffer les dames. Coëffeur n'eft plus guère en ufa-
ge depuis que les coëffeufes font devenues à la
mode. Qui vclqiice feminas comit , pcclit.
COEFFICIENT , f. m. %^ ou plutôt adi. pris fubftan-
tivemcnt. On ibufentcnd terme. Terme d'algèbre ,
pat
C O E
!pAt lequel on dclîgne le nombre ou la quantité
qui eft devant une quantité algébrique , & oui
le multiplie. Ainli la t;randeur 2 - b a le n om-
bre 2 pour coefficient. Dans les équations ci'Al^c-
bre , on ne compte pour diflFcrens termes que ceux
où V inconnue a diflcrens degrés. Elle eft ieule dans
le premier terme , qui e(l celui oli elle aie degré le
plus élevé s mais dans les autres termes où elle ell ci
un degré moins élevé, elle fe mêle avec des grandeurs
connues, &: alors ces grandeurs connues s'appellent
Coefficients ; Coefficients du J'econd terme, fi elles en-
trent dans le fécond tetme de l'équation , qui eil ce-
lui où l'inconnue ne ballFe encore que d'un degré :
Coefficients du tr.vjlème ierme , il elles çniKnt dans
le terme où Tinconnue bailfc de deux degrés , &-c.
^Cr II ne iaut pas confondre coefficient Se c.xpoCant.
Le premier qui lé met devant la grandeur ; eft le li-
gne de l'addition , & ferr à marquer combien de lois
clic eft ajoutée à elle-même. 5 b marqueque la quan-
tité b eft prife trois fois. Àinfi en fuppofant b.-^, 5
b _- i7,c'cft-à-dire vaudront 2-^ Au lieu que l'expo-
fant qui le met après la quantité, eft le ligne de la
multiplication , & fert à marquer combien de fois la
quantité eft multipliée par elle - même. Dans b 3 ,
l'expofant } faiteonnoître que la quantité b eft mul-
ripliée deux fois par elle-même. Ainfi en iùppofant
toujours b — 9, b 3 fera c? multiplié par 5?,c'eft-à-dire
81x9 =729.
COEFFURE , f. f §c?" tout ce qui fert à couvrir ou
orner la tête. Le Turban eft la cuejjure des Turcs.
Capitis tegmen ,tegumentumA\ fe prend plus parti-
culièrement pour ce qui fert à couvrir la tête des fem-
mes. Les payiannes , les bourgeoilés 6: les demoi-
lelles étoient autrefois diftinguées par leur coëffitre.
^fT La coëffure des femmes eft un édifice à plulieurs
étages dont l'ordre & la ftruélure changent félon
leurs caprices. La Bruy. Quelquefois lescoeffiures
montent infenfîblement , & une révolution les fait
dcfccndre tout-à-coup. Il a été un temps que leur
hauteur immenfe mettoit le vifage d'une femme au
milieu d'elle-même. Montesq.
Corporeqiie in medio dixeris effie captit,
f3^ Aujourd'hui les femmes ont trouve le fecret de fe
coéffer fans coëfure. Elles ne font plus coèjfées qu'en
cheveux.
Le P. Eft. Chamillart a donné, dans fes diffiefta-
tions , la defcription de la coëffure de plufieurs Im-
pératrices , telle qu'elle eft repréfentée fur les mé-
dailles. Plufieurs écrivent coiffure avec l'Académie,
COÉGAL , ALE , adj. terme de Théologie , qui iic le
dit que du myftère de la Sainte Trinité. Coaquaiis ,
coœqnus. Le fils eft coégal a.u Père,
^ COÉGALITÉ. f. f. Qualité de chofes égales -, rap-
port qui fe trouve entre plulieurs chofes égales. Les
Ariens , lés Macédoniens nioicnt la Coégalité des
trois perfonnes de la Trinité,
ff3' COLLECTEUR , f. m. qui élit conjointement
avec un ou plulieurs autres. Il eut l'adrelfe de faire
nommer pour îa plupart des Coélecleurs , ceux
de fes amis dont il étoit le plus affûté. Vertot.
C(ELESYRIE , contrée dé Syrie , à laquelle divers Au-
teurs donnent une étendue différente. CœUfyria.
Proprement la Cceléfyrie étoit la grande vallée qui
s'étend entre le Liban & l'Antiliban. Quelques-uns
y comprennent le pays de Damas , & tout ce qui eft
entre la Syrie propre , la Phénicie , & la Paleftine.
D'autres la pouffent jufqu'à l'Arabie &:rEgypte.Pline
& Mêla l'appellent fimplement Cœle, Aujourd'hui
on la nomme Bocallalbec.
Ce nom eft compofé de iu\xn , & de Swf/a , Syrie.
K«7>.«? , «o,A« , en Grec fîgnifîe creux ; ainfî la CœUfy-
rie n'eft autre chofe que la Syrie creufe j c'eft-à-dire,
la partie de Syrie la plus baffe , & la plus creufe.
C(ELIA , nom propre d'une famille de l'ancienne Ro-
me. Cœ/idg^t/zj. La famille Cœ/i<2 étoit plébéienne ,
mais illuftre , &; il en eft peu dont il foit plus parlé
dans les Auteurs Romains, Les médailles de cette fa-
Tome lli
C o E i^è^
mille écriveiit Coel ou Coït. Cœ/ius oU Càiliu'i
On trouve aux Ccclius fur les médailles les prénom*
Cactus s 6c P. Publius , Se le furnom Cald. ou tout
au long C ALDUS.
C(ELIÀQUE , adj m. & f. ternie de Médecine. On ap-
pelle paffion cirJiaque,&.\i\ cceliaque ,paffio cxliacw,
fiuxus cccliacus -, un flux de ventre chyleux , dans
lequel le chyle fort par les felles confondu avec les
excrcmcns , ce qui les rend cendrées , grisâtres , ou
blanchâtres. Cœ/inque vieni du mot GreCi-.o(;*i'«3 vt/i-
tre , parce que c'eft le fîège de la maladie. Col d£
"V iLLARS. Quelques-uns ccmenicéliaque , mais faiîs
avoir égard à l'ctimologie. P'oye^ ce mrtt.
§CrC(i:Ll.SPEX i ftirnom d'Appollon aiiifi appelé
d'une ftatue tournée du côté du Mont Cœlius , ou
qui avoit le regard vers le ciel.
gCF C(SLOMAj f. m. ternie dé Chirurgie i par lequel
on défigne une clpcce d'ulcère de la cornée , caufc
ordinairement par des humeurs acres qui fc jciteii
fur les yeu\'.
\fT CCELUS , terme de Mythologie; Foye^ ciel y
DIVINITÉ.
C12LIUS. fi m. Ce nom eft purement latin ^ outre
qu'il e(t fouverit nom propre d'homme , c'eft encore
celui d'une des fept montagnes de Rome ; mais en
ce cas il ne fe dit jamais léul j il faut y joindre en
françois le mot mont , comme en latin mons , Mdns
Ccc/ias, Le mont Cœ/ius fut ,ainlî nommé , dit-on i
d'un Chef des Etrurieus , qui lecourut Romulus , bii
Tarquin» &c qui fe nommoit Ccelius , ou fclon Tacite
Cceies Vibenna. LesTufques l'appeloient Maftarnat
Les Romaihs lé nolnmèrent d'abord Q_uerquclula-
num , parce qu'il y avoit beaucoup de chêhcs , en-
fuite Tufcus Ficus 5 & Suétone dit que Tibcrc le
fit appeler Mons Augufius. In Tih. Câp. 48. Il s'ap-
pelle aujourd'hui le Mont dé S. Jean , parce que
l'Eglife de S. Jean de Latran eft deifus.
COEMENT. Vieux adv. Tranquillement i fans bruit.
Tranquille ,Jinejlrepitu, tacite. Dans l'ordonnancé
& manière de faire les Chevaliers du Bain , il eft dit:
Les gentils faiges Chevaliers entreront en la cham-
bre tout coëment fans noifé faire:
COENE. r^ye^CouENE.
CCENOBIÀRQUÈ. '} <
CGEMOBiTE. C Foye?
CCENOBITIQUE. 3
CÉNOBIARQUE.
CENOBITE.
CÉNOBITIQUE.
CŒPHORÈS. f m. pi. C'eft le titre d'une Tragédie
d'tfchyle dont le fujet eft la mort d'Egifte , 6i dé
Clytemncftre , àc qui a pour le chœur des filles étran-
gères qui portent des préfens au tombeau d'Aga-
liiemnbn. Ccep/tores fignif.e des perfonnes qui por-
tent des libations. De x'" f'indo , je verfe.
COEQUE ou COEHQUE,!'. m. rerme de la Relation.
C'eft le nom du Roi des Caftes nommés Cochocas ,■
qui font vers le Cap de Bonne Efpérance.Le Coëque
prétend être Roi de tous les Caftes qui demeurent
aux environs du Cap à quatre-vingt lieues à la ron-
de •■, mais quelques Voyageurs dilcnt que ce Royaume
coniîfte en quatre ou cinq cens familles qui habitent
quinze o'u feize villages ,& dont les plus grandes
richelfes conlîftent en beftiaux , puifque l'on y
compte plus de cent mille bêtes à corne , fans comp-
ter les bêtes à ctins , &c.
COERCITIF,IVE.ad}. Qui'renferme le droit de caer-'
cition. Qui jus coercendi habet. Ce Magiftrat a une
puiifance coercitive fur les habitans de fa Juridic-
tion.
COERCITION , f f terme de Palais. gCT C'eft pro-
prement le droit qu'on a de contraindre quelqu'ifn .ï
faire fon devoir. Coercitio. C'eft Un des attributs de
lajuftice. Les Abbés commendaraires fi'ont paà lé
droit de coercition fur les Religieux. Ce mot vient
du latin coercere, réprimer. Il ne faut pas confondre
le droit de coercition avec celui de correcliori.Les fu-
périeurs Réguliers ont droit de correction modérée
fur les Religieux , mais ils n'ont pas le droit de coër-
pppp
^GG
CO B
cition , lequel s'étend à toutes fortes de peines afflic-
tives. Boucher d'Argis.
IJ:? COESFELD. Ville d'AllcmJ;rne, dans le Dio-
ccfe de Munfler , en Weftpbalie.
gCF COESNON , ( LE ) Rivière de Fiance en Norman-
die , qui prend ia iburce à l'entrcc du Dioccle du
Mans , traverie le Diocèle de Dol en Bretagne , pade
à Fougères & Pontoribn, & ie jette dans la mer en-
tre Pontorfon &: le Mont S. Michel.,
03" CO-ÉTAT.f.m.Qui le dit d'un État, d'un Prince
qui partagelaSouvcrainetc avec un autre. Acad. Fr»
COÉTERNEL,ELLE.adj. Quicxifte de toute éternirc
avec un autre. Coœcenius , a , um. Le Fils de Dieu ,
ou le Verbe 6c le S. Efprit , ibnt coeternels avec le
Père. Les Manichéens adraettoient deux natures coé-
tcrneUes.
COÉTERNITE , f. m. terme dogmatique. Eternité
commune à pluiieurs choies enl'emble. Cœternicas.
La coéternité ne convient qu'aux personnes de la
fainte Trinité.
COÉVÈQUE, i'. m. Evêque avec un autre confrère
■ dans l'cpilcopat. Coepijcopus. Il y a eu autrefois des
Evcques qui avoient des Coévèjues. Walafridus Stra-
bo , de Reb. Eccl. c. ult. en fait mention. C'ctoient ,
dit-il , des Evêques dont ils fe fervoient pour faire
les chofes convenables qu'ils leur enjoignoient ■, &
il les compare aux Envoyés des Comtes. Les Prélats
d'Allemagne ont encore des Evcques qui font pour
eux les fondions de l'Epifcopat -, ils les appellent
fuffragans -, & ce Ibnt de vrais Coévèques.
^ CÔEVORDEN. Ville des pays bas, dans la Pro-
vince d'Overillel , capirale du pays de Drentc.
C(EUR. f. m. Cor, Partie noble de l'animal, qui eft le
principe de la vie , & qui efl: renfermée dans une
forte membrane , qu'on appelle le féricarde. Sa figu-
re eft: pyramidale , &: refîemble à une pomme de pin,
qui eft large par fa partie fupérieure qu'on appelle fa
bafe , ëc qui le termine en pointe. Il y a une veine
&: une artère qui environnent toute la bafe du cœur ,
comme une couronne , qui s'apellcnt coronales ,
avec quelques nerfs fort menus qui font de la huitiè-
me paire. Il eft revêtu d'une tunique particulière
pour le tenir plus ferme. Il eft lîtué au milieu du
thorax, quoique fa pointe s'avance un peu vers Ion
côté gauche. On a trouvé le cœur d'un enfant placé
au côté droit contre l'ordinaire , comme il eft: rap-
porté dans le Journal des Savans de l'année i66Z.
Sa chair eft dure , épaiffe & folide , compofée de
*fibres mufculeulés , difpofées en ligne fpirale : elles
ne font point différentes des fibres des autres muf-
cles , de forte que ce n'eft point fans raifon que tous
les modernes conviennent , après Hipprocrate ,que
le cceur eft un véritable mufclc. Le cœur a deux ven-
tricules , ou cavités. Le droit femble être fait pour
les poumons feulement ; car les animaux qui n'ont
point de poumons , n'ont point aulîl de ventricule.
Le gauche eft plus fort & plus épais que le droit ,
parce qu'il eft deftinc pour envoyer Is fang dans
toutes les parties du corps , dont quelques-unes font
bien éloignées ,au lieu que le droit ne doit l'en-
voyer que dans les poumons , ce qui ne demande
pas, à beaucoup près,autant de force. Ces deux ven-
tricules font féparcs par unecloifon qu'on appelle
fcptum médium. Aux deux côtés il y a des bourfes
membraneufes qu'on appelle oreillettes , parce qu'el-
les en ont la figure. La droite eft au devant de l'en-
trée de la veine cave , & la gauche eft iituée à l'ori-
fice de la veine pulmonaire. Il y a quatre gros vaif-
feaux à la bafe du c^/^r, dont deux ont l'orifice au
ventricule droit , favoir , la veine cave , &: l'artère
pulmonaire. Les deux autres font au ventricule gau-
che , favoir , la veine pulmonaire & l'aorte , ou la
grande artère. Dans ces vaill'eaux il y a des valvules
ou petites portes faites en formes de foupapes, qui
d'un côté permettent l'entrée au fang , &c de l'autre
en empêchent le rerour. Il y a (ix de ces petites mem-
branes ou valvules au ventricule droir , favoir , trois
à l'orifice de la veine cave ouvertes par dehors , &
. fermées par dedans , 5c trois à l'orifice de l'artère
CO E
pulmonaire , ouvertes & fermées en un fens con.
t^ire. 11 y en a cinq au ventricule gauche, trois i
l'orifice de la grande artère , ouvertes par dedans,5i
fermées par dehors ; & deux à la veine pulmonaire^
qui s'ouvrent &: fe ferment auffi dans un fens con-
traire. C'eft par ces canaux que le fait la circularion
du fang , qui a éré inconnue aux Anciens, & décou-
verte pat Harvey , Médecin Anglois. Lé cœur a
deux mouvemens •, celui de diaftole , ou de dilata-
tion , par lequel il reçoit le lang des veines -, 6i ce-
lui de fyftole , ou de contraètion , par lequel il
poulie le même fang dans toutes les parties du corps
par le moyen des artères. Dans la dilatation le cœur
s'alonge & s'élargir, & dans la contratlion il de-
vient plus courr Se plus étroit.
§CJ" Les oreillettes ont aulfi leurs mouvemens de dila-
tation & de contrattion , mais dans un temps dif-
férent ; c'eft-à-dire, elles font en diaftole, lorfque
le cœur Q^ en fyftole , belles fonr en fyftole,
lorfque le cœur eft en diaftole. Quelques Phyfi-
ciens regardent f'introduCT:ion& la fortie des efprits
vitaux comme la caule Phyfique de tous ces mouve-
mens.Ils diftinguenttroisparries dans chaque mufcle,
les deux extrémités &; le milieu. Ils donnent aux
deux extiémitcs tendineufes les noms de tète& de
queue , Se au milieu que l'on trouve toujours coii-^
vert de chair , celui de ventre. Tous les mufcles ont
un mouvement de contradlion & un mouvement de
produdion Ils font dans un mouvement de contrac-
tion , lorfque leur queue s'approche de leur tête ,
lorfque leur venrre fe gonfle ; & leur ventre fe
gonfle par l'introdudlion des efprits vitaux, C'eft
à la fortie de ces mêmes efprits vitaux qu'e l'on
doit attribuer la production des mufcles.
ffj" D'autres Phyliciens font pcrfuadés que l'on doit
attribuer ces fortes de mouvemens au refibrt de
l'air renfermé entre les fibres du cœur. Le fang ,
difcnt-ils , enttant avec impctuofité dans le ventri-
cule droit du cœur, comprime l'air qui s'y trouve
renfermé , & met ce mufcle dans l'état de diaftole.
Cet air doué d'un reffbrt prodigieux , fe dilate , re-
prend fon premier état , chafic le fang dans l'ar-
tère pulmonaire , 6«: remet le cœur dans l'état de
fyftole. Le même jeu recommence l'inftant d'après,
&: par là le cœ//r pafle alternativement de l'état de
diaftole 3. celui de fyftole. Ce que l'on dit du ven-
tricule droir par rapport au fang qui vient de la
veine cave , doit fe dire du ventticule gauche par
rapport k celui qui vient de la veine pulmonaire*
^fT II paroîc allez conformé aux loix de la faine
Phyfique de penfer que l'adlion des efprits vitaux
fe joint au reffort de l'air pour conferver au cœur
fon mouvement continuel de diaftole & de fyf-
tole.
Dans VHiJîoire de t académie des Sciences 1711*
M. Winllou ttouve que le cœur , qu'on regardoit
comme un gros mufcle compofé de fibres différem-
ment conrournées , eft formé ds deux mulcles au
moins , attachés l'un à l'autre ; c'eft-à-dire , que
les deux ventricules, chacun avec fon oreillette,
font deux vafes qui peuvent être féparés en demeu-
rant vafes •, enforte que leur cloifon commune ,
qu'on croyoit n'appattenir qu'au venrricule gauche,
appartient également aux deux, & fe partage en
deux cloifons.
Le dofteur Lo^3Cer , que les Anglois difent avoir
été le premier qui ait donné la vraie ftruelure du
cœur , prérend que le cœur eft un mufcle fimple
fans antagonifte , & qui eft une efpéce de fphinc-
ter : Borel , dans fon (Economia ariimalis , dit que
la puilfance motrice du cœur a plus de force qu'un
poids de 5000 livres. L'obftacle que fait le fang
à fe mouvoir dans les artères , félon lui , eft égal
à 18000 livres, c'eft-àdire, qu'il eft lix fois plus
grand que la force du cœur. Il eftime que le pou-
voir de la tunique élaftiquc des artères eft de 45:000
livres , d'où rerranchant les fccours étrangers qui
fervent au mouvement du fang , il rcfte au cœur
3000 livres pour vaincre une réfiftance de 155000
C O E
livres , c'eft- à-dire , un contre quarante-cinq , &
la plus grande force qu'il donne au cœur eft la force
de la percuffion. Voye^ encore comment le D.
Drake Anglois explique le mouvement de jyilolc
&de Diaftole dans les Tranfaclions phUoJopkLjudS:,
n, 280.
ffT Schcnchius parle d'un homme qui n'avoit pas
de cœur , ce que Molincrti traite de fable \ il nie
même qu'il puiflc y avoir deux cceurs dans un mcmc
homme, quoiqu'on ait des preuves inconteftables
qu'on en a trouve deux dans un même corps. Il y a
divers infectes qui en ont naturellement plulieurs.
Les vers-à-foie ont une chaîne de cœurs qui s'étend
depuis une extrémité de leur corps jufqu'à l'autre.
On a trouve des cœurs que des vers avoient rongé
& dévoré.
|Cr^ Muret a trouvé le c-<E«r de quelques bandits re-
vêtu d'une efpèce de duvet. Ce qu'il y a de plus
extraordinaire , eft qu'on a vu des p:;rfonnes
dont le cœur étoit renverfc ou tourné de haut en
bas. Témoin une femme qu'on pendit il y a quel-
que temps en Saxe , & un homme qui louflrit le
même fuppliceà Paris. Journ. des Sav.
Ce mot vient du latin cor, dugreCxc«j, dont
on fait par contraétion y-^p. On dit'le mouvement
du cœur, le battement du cœur, palpitation du
cœur , épanouiflément du cœur. Ac. Fr.
On appelle cœur chez les Èotaniftcs , le fond
ou le milieu de la fleur. Il y en a de deux: fortes ,
les uns font grenés, & les autres fleuris! Les grenés
font compofcs de plufieurs filets qui ont au bout
de petits grains attaches , comme dans les tulipes
& les lis , qui ne font pas une graine , car ils fe
léfolvcnt en poudre. Les cœuts fleuris , comme
ceux des foucis , des fleurs de tanaifie, & autres,
font ordinairement appelés étamines , parce qu'on
les croit compofés de fiKts (impies que l'on
confidère quaji fiamina. Mais Monfieur Grève foû-
tient qu'ils font mal nommés, & que ceux qu'on
croit n'être que des filets fimples , font eux-mêmes
compofés de plufieurs parties qui ont toutes des
figures différentes , fort régulières & fort agréables ;
c'eft pourquoi il les appelle fleurons. Les Fleurif-
tes ordinaires ne font point ces diftinélions.
ÇcEUR fe dit aufTî , en termes de Botanifles , de la
partie intérieure d'un arbre , ou d'une plante , par-
tie qui efl: molle, moclleufe &: fpongieufe, que
l'on appelle audi la moelle , ou la manice de l'ar-
bre. Arboris medulla. Harris. Dans l'ufage ordi-
uaite , ce que nous nommons le cœur d'un arbre , eft
le bois le plus dur qui eft fous l'aubier. Robur. Les
Botaniftes fe fervent aufli de ce mot dans la def
cription de quelques feuilles qui ont la figure d'un
cœur. Feuille faite en cœur , cordatum folium. Feuille
faite en cœur renverfé. Obverfè cordatum, Voyez
CORDIFORME.
Cœur fc prend quelquefois pour l'cftomac , ou la
partie où fe fait la digeftiori , qui donne des for-
ces au cœur , Jiomackus , pe&us. Cette graifTe lui
eft demeurée fur le cœur , s'eft figée fur fon cœur ,
lui a fait bondir le cœur, lui aVait mal a<J cœur,
lui a fait foulcver le cœur. Les Grecs ont appelé
xa/i^ilu , ce que nous appelons ï'eflomac , comme
a remarqué Scaliger.
IP" Le mot de cœur fe prend auffi quelquefois com-
me fynonyme à bravoure , courage , intrépidité ,
valeur. Animus. Le cœur bannit la crainte oiï la
furmonte ; il ne permet pas de reculer , & tient
ferme dans l'occafion. Il entre dans l'idée des mots
cœur , courage, valeur , plus de rapport à l'aélion ,
que dans les mots bravoure , intrépidité ', mais les
deux derniers renferment dans leur idée particu-
lière un certain rapport au danger que les pre-
miers n'expriment pas. Il faut que le cœur ne nous
abandonne jamais , le cœur foûtient dans l'ac-
tion. M. l'Abbé Girard.
IP" On dit, en ftyle familier, mettre, remettre le
cœur au ventre à quelqu'un j pour dire , lui donner,
lui rendre courage.
G 0 Ê Gùj
03- On dit proverbialement faire contre fortuné
SvcSté ' ^°"' '^"''' '"''""'Sncr du courage dans
^ On dit encore proverbialement , il a le cœur haut,
oC la fortune bailèi
CaoR fignifie encore forcé , viçueur. En parlant
cun malade, on dit qu'il a le cccur bon ; pour
du-e , qi^ fon courage fe foûtient , qu'il a encore des
forces. Ce cheval , ce: oilbail eft en cœur , c*eft-a-
dire elt en force, en vigueur Ac. Fr<
C(EUR feditfigurément , & lignifie l'ame. Se fes pTirt-
cipales fonctions, parce que quelques Médecins ,
& entre autres , Fernel , ont cril que les principales
parties de notre arae réfidoicnt dans le cœur , com-
me l'entendement, la volonté, la mémoire. Cor,
ammus, voluntas. Dieu eft le fcrutatcur des c««m' «
celt-a-dire,il connoit, il voit tdutes nos pcnfées'
il huit offrir fon cœur à Dieu ; c'eft-à-dire, lui
lacnfier toutes nos volontés , tous nos defîrs
Par la pénétration de l'efprit, on connoît ce qu'il
y a de plasJKftca dire, &par \z cœur bienfait-
ce qu il y a de plus raifonnable à faire. S. Evr'
^ans la droiture du cœur rien ne s'exécute bien J
& iansle fecours de l'efprit, le cœur ac fait quel
parti il faut prendre. Id. Dieu veut des cœuri
Ti""a f^^'^^P?" ^*" intérêts du monde. Pasc.
11 elt difîicile de ramener votre cœur à Dieu, U
de le retrouver après l'avoir laiifé errer dans
le monde d'objet en objet. Flech. Comme Pla-
ton n'eut rien à démêler avec la fortune , fon cœur
fut plus tranquille , & fa conduite plus vcrrueu-.
le. P. Rap. Un homme , félon le cœur de Dieu 1
eft un expre(îion familière aux Prédicateurs, &
dans la fpiritualité , pour fignifierun liomme a>'réa--
be a Dieu, qui lui obéit, qui le contente ," Ê-c.
tlleelt tirce du /. Liv. des Rois, XUI, XI V ^
où Samuel dit à Salîl que Dieu a cherché un hom-
me fcfon fan cœur , pour le faiire régner fur fon'
peuple.
Je veux que l'onfoît homme, & qu'en toute feû
contre
Le fond de notre cœur dans nos dïÇcouts ft
montre ; "'
Que ce fait lui qui parle. Mol.
Un cœur né fur le trône ignore comrneon tremble,
CORNEILLEff
On dit que le cœur des Rois eft dans la maia'
de Dieu-, pour dire , qu'il difpofe de leurs vo-
lontés -, qu'il les tourne comme il lui plait. Ort
dit qu'un homme a le cœur haut, bien place,
qu'il n'a rien de bas dans le cœur ; pour dire , qifil
a l'ame grande & élevée. On dit au/fi , le cœuf
me le difoir bien -, pour dire, je m'en doutois ,•
je l'ai bien prévu. On dir qu'un homme a le
cœur fur les lèvres ; pour dire , qu'il eft fincère ^f
qu'il dit vrai. On dit qu'on veut avoir le ccéur
net de quelque chofe ; pour dire , qu'on en veud
favoir la vériré. On dir , favoir quelque chofe'
par cœur; pour dire, l'avoir dans fa mémoires
Aliquid memoriter tenere.
Cœur fignifie le fiègedes palTîons. On appelle (;iri^r y
l'ame, en tant qu'elle, a des affeélions de haine,'
ou de colère , &c. Animus , cor. Il n'y a point de
mer plus agitée que le cœur ; les pafîîons , comme
les flots , s'y pouilent fucceffivement. S'. Evr. Pour
bien peindre les mœurs, il faut avoir bien étudie
le cœur humain &r tons les divers mouvemens dent
il eft capable. Dac. Quand l'orateur eft entré dans
le cœur Ac fes auditeurs, il les tourne comme }ï
veut. P. Rap. Pour bien connoître l'homme, if
faur dcfcendre dans fon cœur , afin d'y voir fbrmec'
les paffions. S. Evr.
%3cr Le cœur a fon langage , comme Pefprit a le lien :
& une cxprclfion du cœuf fait bien fouvent les plus'
grands effets. Borrtf. L'éloignement du bruit appai-r
fera-t-illesiroubksdu c(^ar/ila raifon ne s'erj-méle-^
662
C O E
s. EvR.Onnefturoit bien m.uiicr les matiù.cs de
moialc , li l'on ne connoît parfaitement les plis 5c
les replis du cœur.S.EvK. Quand un prédicateur
cft entre dans l'clprit , il lui eft plus ailé de péné-
trer jufqu'au cœur ; Se au contraire , quand refprit
eft rebuté , il ferme l'entrée du cœur. Ciceron avoir
fur tout l'art de toucher ; il connoilfoit bien les
détours ic les relions du cœur humain. P. Rap.
L'elprit & le cœur fe trompent réciproquemenr.
L'efprit éblouit , &: déjà prévenu par le cœur, pro-
nonce en faveur des pallions , & le cœur charmé
de les voir juftifiées , par le jugement de l'efprit, les
fuit fans fcrupule. Il faut plus fouyent chercher la
caufe de nos égarcmens dans les afteclious du aeur,
que dans lesconnoilîances de l'efprit. La vertu eft
naturellement auftcrc par la contrainte qu'elle im-
pofe au cœui en réprimanr fes delirs, P. Rat. Le
feu de l'amitié échauffe le dEur , fans le confumer -,
elle le remplit & le remue , fans le troubler & ians
l'allarmer. La morale apprend à connoitrc le cœur
humain;, cet abîme eft impénétrable. VAUcLesplai-
firs du cœur font plus touchans , que ceux de l'efprit.
S.EvR.
Que dans tous vos difcours la pajp-on émue.
Aille Jiher cher le cœur , l'échauHe & le remue.
' BoiL.
On dit auflî décharger fon cœur ; pour dire ,
déclarer une penfée, un lentiment fccret.
CiEUR le dit particulièrement de la faculté de l'ame
qui relient de l'aueclion, de l'amitié , de l'amour,
de la tendrelfc. Animus , volunias , jtudium. Cha-
cun dir du bien de fon cœur, & n'ofe en dire de
fon efprit. Rorhei-. L'efprit ne fauroit jouer long
temps le perfonnage du cûsz^r. Id. Que ne pouvez
vous point fur un cœur dont vous connoilléz le
foible & les retraites î II n'y a que l'amour qui de
deux cœurs puilfe n'en faire qu'un. M. Scud. Ces
cœurs ouverts de tous côtés à l'amour n'aiment
rien à force de trop aimer. S. Evr. Le cœur d'une
femme peut contenir un amour permis , Si un
amour défendu , fans que l'un embarraflè l'autre.
ViiiifORT. Un cœur ufé par mille coqueteries
n'clt pas capable d'une grande palfion. B. Rab.
Le roi ne fe crut bien ferme fur fon trône qu'en
s^ngnant le cœur &c ralfedl;ion de fon peuple. S. Evr.
Chacun vante fon cœur ; c'eft une vanité à la m.odc.
S. Evr.
Quand on aime , le cœur parle encore plus que
l'efprit. Ch. de Mer. Ingrat , vous n'avez que trop
bien fu trouver le chemin de mon cœurlS. Evr.
/ L'empire des cœurs appartient à la beauté. Id. Je fais
bien quels ravages fait une palfion dans un cœur
tout ncui'. M. ScuD.
Mais quand le cœur/e tait , F amour a beau parler ,
Pour engager ce cœuij'es amorces font vaines ,
S'il ne court de lui-mcme au devant de fes chaînes.
Corn.
Mais ne voy ois-tu pas dans nus emportemens ,
Que mon cœwcdémentoitma bouche à tous momens ?
Rac.
Bicnfouvent le devoir ne donne pas le cœur. Cor.n.
^fT Prendre un cceur zh]çù. , exprefTion de Corneille
dans Nicomcde , condamnée par Voltaire. Cette
exprelîion , prendre un cctur , pour prendre des
fentimens, n'efl: guère permife, que quand on dit,
prendre un cœur nouveau, ou bien reprendre caur ,
reprendre courage. Il condamne de même l'ufage
qu'a fait Corneille de ce mot dans Pompée , où
l'on rrouve , mon cœur étonné. Cœur n'eft pas le
mot propre -, on ne l'emploie que dans le lénri-
mcpt. Le cœur n'a jamais de réflexions politiques.
Remarquez que les Anciens mettoient le liège
des paiTions dans le foie , au lieu que nous le met-
tons d?ns le cœur. Anacréon dit dans une de fes
Odes , L'amour tendit fon arc , & frappa au mi-
lieu du f®ie : nous dirions , au milieu d* cœur.
COE
Platon (Se ies fedtateurs croient dans les mêmes fesh-
timens , &; plaçoicnt l'amour dans le foie.
Cêur. lignihe encore, la penice. Mens , animus,
cogitatio. Je l'ai prié de me dire ce qu'il avoir dans
le cœur. Dire ce qu'on a dans le cœur, c'eft-à-
dire , découvrir fes plus fecrettes penfées.
On dit , il eft tout de cœur ; pour dire , qu'il
a beaucoup de bonté , & une humeur bicnfai-
fante. Il a le cœur bon ; pour dire , qu'il a de la
droiture & de la générolité. On dit qu'un mari
Se une femme ne doivent être qu'un cœur Se qu'une
ame •, c'cft-à-dirc , dans une parfaite union Se une
bonne intelligence. On appelle un bon ami , l'ami
du cœur. On dit , je vous aime de tout mon cœur;
c'ell-à- dire, très-tendrement. On dit, qu'il faut
prendre fon cœur par autrui -, pour dire, faire ce qu'on
feroit fi on étoit à fa place. On dit aulfi , s'en donner
au cœur joie -, pour dire , fe remplir , fe ralialier d'une
choie. On dit encore de ce qu'on voit avec grand
regret , que cela fait grand mal au cœur. On dit auHI
loin des yeux , loin du cœur; pour dire, qu'où
oublie les abfens, L'Evangile dit , là où quelqu'un
aura fon trélor , c'eft-là que fera fon cœur. On ne
doit point mettre fon cœur , fon aiîèélion aux bicn§
de ce moiide. Ce jeune homme a le cœur à l'é-
tude , au jeu , aux armes.
On dit aulïl , qu'un homme n'a point le cœ;^ a à
la befogne , quand il travaille à. regret & fans
affcélion. Qu'il cil à la joie de fon coeur ; pour
dire , au* comble de fes defirs. On dit d'un hom-
me dur , fans pitic , f.ms tendreile , que c'eft un
ca UT de roche , ^ de pierre , de tigre. On dit de deux
perfonnes qui fe baillent , qu'elles voudroient fe
ronger , ou s'arracher le cœur. Les riches voient les
mifères des pauvres qui font faigner le cœur , fen-
dre le cœur , Se cependant ils ne les aififtent point ,
cela n'amollit point leur cœur. On dit d'un mal-
honnête homme., que t'eft un homme fans cœur y
Se fans foi.
Mon Coi.uR. Expreflîon tendre, ou badine, dont
on fe fert qu.^nd on veut dire quelque douceur à
qu:lqu'un avec qui on vit familièrement , comme
entre mari Se femme. Animule mi, mcum corcu-
lum. Les Amans s'appellent mon caur , mon petit
cœur. On appelle atuEi un enfant , ou une autre
perfonne , ou fcrieufement , ou en badinant , mon
fo-z/ri^c'eft-.^-dire , mon cher.
Cœur (li) fc dit adverbialement. Il a pris cette af-
£iire à cœur ; pour dire, chaudement Se avec affec-
tion. Res illi cordi ejl , hanc rem cordi hahet. II
lui a parlé à cœur ouvert , cœur à cœur , animo
fincero % c'eft-à-dire, franchement, fmcèremcnt.
Se fans déguifcr.
On dit , à cœur jeun ; pour dire , fans avoir
mangé ce jour-là, Jejunofiomacho. On dit à con-
tre caur ; pour lignifier, avec peine , avec chagrin.
Gruvatè , œgrè. De bon cœur ; pour dire , volon-
tiers, avec plaifir. Ex animo jiudiofo. De tout
fon cœur\ pour fignifier l'affedlion avec laquelle
on fait quelque chofe. Toto animo, toto peclore.
C<EUR. [Par) Façon de parler adverbiakipour dire , par
mémoire , de mémoire. Apprendre par cœur , favoir
par cœur , réciter par cœur. Faire dîner quelqu'un
par cœur , c'eft-a dire , ne lui pas donner à dîner.
C(EUR,par limilitude, fe ditdu milieu de chaque chofe.
Le Palais ell: placé au cœur de la ville. Media urbe,
Paris en ce fens n'eft pas au cœur du Royaume.
Medio regno. Nocl vient au caur de l'hiver. Me-
dia hicme. La St Jean au cœur de l'été. Les bons
échalas font faits de cœur de chêne. CeMpuarqiJC
refte dans le cœur de fon royaume, pour faire avor-
ter les fanions par fa préfence. Mlle. L'Héritier.
C(EUR. Terme d'Horlogerie. Pièce de la forme d'un
cœur , placée fur l'arbre de la féconde roue d'une
grofTe horloge , pour faire dégager le pié-de-biche
de la détente de fbnncrie.
Cœur , en termes de Jeu de cartes , eft une peinture
rouge qui a la figure d'un cœur. Folium luforium mi'
niato corde Jîgnatum. Il a tous les e««r.î dans fon jeu.
C OF
C«.iTR, cft auffi un cerme de Vitrier, qui figniiie
le milieu de la verge de plomb , qui a deux côtés
qu'on appelle aîle<i. MdJium.
C(EUR jîeun. C'e{\ ainli qu'on appelle une efpèce de
linge ouvré, qui fe fait en Picardie.
Cœur Je Bceiif. f, m. Fruit de Siam , qui a été ainfi
nommé , à caufe de la grolfeur & de la figure. La
peau en 6(1 mince , &c ce fruit eft mou , parce
que ce n'ell aii dedans qu'une crcme blanche &:
d'un goiit aflèz agréable. Les Siamois l'appellent
niancout.
CauR. de Bœuft efpèce de prune, qui eft violette,
tirant fur le rouge. La Quint. Elle ell fort groffe. It).
IJCf Cœur de Pigeon , efpèce de prunes qui a la raie
plus enfoncée que la plupart des autres.
Cœur de Charles , terme d'Aftrologie. Cor Caroli.
Les Anglois ont donné ce nom à une étoile de
l'Hémifplière du Nord à l'honneur de Charles II ,
Roi d'Angleterre. Cette étoile eft lituée entre la
clievelure de Bérénice & la grande ourfe , &
ne fait partie d'aucune conftellation. Harris.
Cœur de t Hydre. Cor Hydra. Etoile fixe de la pre-
mière grandeur, qui eit dans la conftellation de
r Hydre y Se dont la longitude eft de 141 deg. 49
minutes, & la latitude xi deg. 15 min.
Cœur de Lion. Cor Leonis , appelé autrement 5«»-
Jillcus ou Regulus. Etoile fixe de ia première gran-
deur , dans la confteliation du lion. Sa longitude
eft de 145 degrés zi min. &: fa latitude o de-
gré z6 minutes. Son afcenlion droite 147 degrés 46
minutes.
Cœur de Scorpion. Cor Scorpionls ou antares.
Cœuf du Soleil, terme d'Afttologie. Cor Jolis, On
dit qu'une planète eft dans le cœur du foleil ,
lorfqu'elle en eft éloignée tout au plus de dix-
neaf minutes.
Cœur, terme de Conchyliologie. Dans la 4<' famille
des Bivalves , féconde clafle des coquillages , on
trouve les ci&urs appelés en latin Cordiformes.
Leur caractère elTentiel eft d'être d'une figure ron-
de & élevée, de n'avoir point d'oreilles, comme
les peignes, &- de repréfenter toujours, foit de fa-
ce , foit de côté , la forme d'un cczur quelquefois
alongc & triangulaire. Les ftries font ordinaire-
ment de cette famille.
^Cr M. Gerfaint parle des cxurs de bœuf, efpèce
de coquillage de mer. Il y a une efpèce de cœur
de bœuf à pointe , de couleur d'orange , extrême-
ment rare. Cor bovis.
^fT IlyaaufTi des coquillages de mer qu'on appelle
C(zur de Venus, Cor Feneris,
§3" On appelle , en termes de Manège , Cheval des
deux cœurs, celui qui ne fe manie que par contrain-
te , qui n'obéit pas volontiers aux aides du Cavalier.
fer Cœ.ur , en termes de blâfon , parti en cœur.
Foyei Parti. ,
On appelle aulTi , en Blafon , le milieu de l'E-
cu , le cœur ; ce qu'on exprime" quelquefois par
abyme. Médium j'cutum.
§3" COEX. f. m. Dans les marais Salans du pays
d'Aunis , on donne ce nom à une forte de bonde
de bois pratiquée dans le bas de la chauffée, pour
conduire l'eau de la mer dans le Jas. Encyc.
COEXISTANT , part, du prcfent. Qui exifte en mê-
me-temps qu'un autre. Coexijiens,
COEXISTENCE , f. f. terme de Théologie. L'exif-
tcnce de deux ou plufieurschofes qui exiftent en mê-
me-temps. Coexijtenùa, Les Ariens nioient la coé-
xiftençe éternelle du Verbe divin avec fon Père.
COEXISTER , V. n. terme dogmatique. Exifter en
même-temps qu'un autre. Co(rxz/?crt;. Les perfonncs
• ■ de la Très-Sainte Trinité coéxificnt de toute éternité.
C O F.
COFFILA. f. m. C'eft un des poids dont on fe fert à
Mocha pour péfer les marchand ifes. Dix coffila font
un tuckea-, 40 tuckea fontunmanni dix manns
font un traffell -, quinze traliells font un bahars , qui
pèfe 410 livres-
CO F
G69
COFFIN , (, m. vieux mot. Corbeille , petite cor-
beille ou panier qui fert particulièrement à fer-
rer des fruits. Cophinus.
Porte^ au hras chacune plein coffin
D'herhes & fleurs, Marot.
Il vient du Grec x»($c/<i; , d'où l'on a fait en La-
tin cophinus, SA en Efpagnol cophino, qui figçifîe
un calas de figues , raijins , &c.
COFFINE. adj. f. Ardoife coffine. C'eft une forte
d'ardoife un peu voûtée, ou cofîinée , qui s'emploie
à couvrir les dômes des Eglifes , 6i autres feitibla-
bles édifices, dont la couverture fe tourne en rond.
COFFINER , V. ad. terme de Fleuriftes. On dir ,
que les œillets fe coffinent , quand les feuilles y
au lieu de demeurer bien étendues , demeurent
Comme f rifées , 6i recoquillées. In j'piram , in or-
hem contorqueri , co«vo/v /'.^L'œillet, dit la coquet-
te , a un défaut dans fa fleuf, c'eft que fur la fin
il coffine les fleurs , c'eft-à-dire, qu'il les tourne en
forme de petits cornets. Morin.
CoFFiNER, terme de Menuilier. Il ne fe dit qu'avec le
pronom perfonnel. Se voûtet, fe courber. Curvari,
incurvari , infiecli. Cette planche s'eft cojfinee.
COFFRE, f. m. Meuble en forme de caiffe, qui fe
ferme avec un couvercle &c une ferrure , qui ferc
À ferrer & à enfermer de l'argent , des hardcs. Arca,
Tant que nous aurons de l'argent dans nos coffres y
nous aurons des amis alfùrés. S. Evr. Cofjre carré.
Coffre de bahut , dont le couvercle eft rond. Coffre
couvert de cuir. Cojfre de vernis de la Chine. Un
cojfre de nuit , eft un petit coffre où on ',ferre la
toiUettc. Arcula,
Ce mot vient de coffinus. Ménage. On dit en-
core coffin pour coffre en plufieurs endroits de la
France. Du Cange dit qu'il vient du breton ou
anglois , coffr , ou de cojjretum , qu'on a dit dans
la balle Latinité en la même lignification. M. Huet
dit qu'il vient de l'FIcbreu n31D qui fignifie la mê-
me chofe, & qu'il y a apparence qu'on difoitcoj^,
premièrement, & qu'enfuite on a ajouté l'r pat
corruption.
CoFFRE-/or/, eft un coffre de fer, ou de bois épais,
avec de forts afiêmblages garnis de bandes de fer ,
& d'une ferrure à plufieurs pênes difficiles à ouvrit
& à forcer. On y enferme l'argent. Arca xrca ,
capfia argcntaria. La clé du coffre-fort & des
cœurs, c'eft la même. La Font.
IP* On dit proverbialement , &: familièrement, d'une
fille à marier laide, mais riche, qu'elle elt belle
au coffre. Oh dotera opimam formofa. On dit d'un
homme qui fait mal une chofe, qu'il s'y entend
comme à faire un coffre. Raifonner comme un
co^rc , c'eft raifonner tout de travers -, rire comme
un coffre , rire à gorge déployée -, piquer le coffre »
c'eft à la Cour , ' attendre long temps dans l'anti-
chambre , où l'on ne peut s'alfeoirque fur des coffres.
^fT Ce mot s'emploie de différentes manières , tant
au firaplc qu'au figuré, comme on le verra par
les articles fuivans.
Coffre d'autel, c'eft dans un rétable de menuife-
tie , la table d'un autel , avec l'armoire qui eft ait
deflbus. Altaris menja armario inffucla.
On appelle aufft le coffre du carrolfe , le lieu
fermé qui eft fous les coudins du carrolfe où un.
cocher enferme ce dont il a befoin pour le fer-
vice du carrolfe. Capfa rhedaria. Et coffre 3. V^-
voine , un grand coffre de bois qui eft dans l'écu-
rie , où on enferme Tavoine. Figurément on appelle
les chevaux de carroffe de la plus gtoffe taille , des
coffres à avoine , parce qu'ils en confomment beau-
coup.
Coffres du Roi. Ce font les recettes des domai-
nes & des revenus du Roi, des parties caluelles ,
& autres droits qui viennent au Tréfor Royal.
jErarium regium. On ne rembourfc les domai-
nes & les charges , que fur le prix de ce qu'oa
juftifie êtte eniré eff«iftivemenr dans les coffres
du Roi.
é7
COF
§3" CcFFUE , en termes d'Anatomie, efl: la cavité
du corps la plus grande , l'cipacc qui eft enferme
ibus ks côtes , où lent contenus le cœur , les
poumons, le t'oie, <j-c. Il a reçu un coup d'cpce
dans le cofre. Les plaies qui entrent dans [c coffre
l'ont difficiles à guérir. Les CluU'eurs le dilent
-au/li du corps de la bute fauve qu'ils ont prife ,
lorftju'on en fait la curée. Il faut mettre le coj/re
du cerf en une place belle ôc herbue. Saln.
Coffre , en «rmes de Fortification, eft un loge-
ment creufc dans un foil'é kc , couvert de foli-
veaux & de terre , & élevé de deux pies au
delllis du fofle, où il y a des embrafures d'où
l'on tire fur l'afliégeant , quand il vient à la
contrefcarpe , & veut pafTer le fofTé. Militaris
(iatio mediâ in foffà excavata. Il eft large de i8
pies» & profond de 6 à 7. C'cft prefque la même
chofft que la caponn'ure , li ce n'eft que la capon-
nière fe fait quelquefois au delà de la contrefcarpe
fur le glacis ■■, Se le coffre toujours dans le folî'é ,
&: occupe plus de largeur.
Coffre i, terme d'Artillerie , fynonyme à chambre ou
fourneau de la mine, ^oji.'^ ces mots qui font plus
ufitcs.
En termes de marine , on appelle eoffre à feu ,
un coffre rempli de feux d'artifices & de matiè-
res combuftibles , pour s'en fervir contre les en-
nemis qui ont fauté à bord , ou pour faire fauter
le vaiffèau. Cojfre de hord, eft un coffre dont L
fond eft plus large que le haut , où les gens de
Marine mettent ce qu'ils portent à la mer pour
leur ufagc. Coffre à s^argoiiffes , eft un cofre où
l'on met les gargoulfes après qu'on les a remplies.
hés coffres à gargoiiffes font des retranchcmens d ■
planches faits dans les foutes aux poudres , plu-
tôt que de véritables coffres.
Coffre eft un terme de Luthier , qui fignifie le
corps & l'aflemblage des parties du clavecin, ou
de l'épinette. Orgajii mujîci corpus.
Coffre de preffe , terme d'Imprimeur. C'eft le bois
où eft enchâffé le marbre. Quadraium tignum ex-
cipiendo marmori incifum.
Coffre fc dit , en termes de Haras , du ventre de
la cavale. On dit qu'elle a un beau coffre un
grand cojfre , quand elle a les flancs fort larges &:
propres pour porter les Poulins.
^3" Coffres , en Hydraulique , efpèces de boîtes
carrées de bois ou de fer, pour renfermer les fou-
papes.
Coffre eft auffr le nom d'un poifTon qui fe trouve
vers les îles Antilles. On le nomme coffre , parce
qu'il eft couvert d'une écaille mince , a la vérité ,
mais sèche & très-dure: en forte que lorfqu'il ;
eft cuit , on le tire de cette écaille comme d'un
étui. Le cotps du coffre eft joint à la tête , fans
aucune féparation vilible. Il eft en forme trian-
gulaire , 8c fa tête a la même figure. Le. P. La-
bat dit , lom. 1 de fes Voyages , que la chair ei^
eft blanche, & qu'il trouve ce poilTon , qui n'eft
pas des plus eftimés , très-bon & très-fucculcnt.
IJCF COFFRER , v. a. mettre dans un coiFre , il ne
fe dit point au propre , on le dit quelquefois au
figuré , mais dans le ftyle familier feulement , pour
mettre en prifon. hicarcerare, in carcerem trude-
re. Il y a long remps qu'on le guettoit ; il a été
coffré ce matin.
Coffré , ÉE. part.
COFFRET, f. m. Diminutif de coffre. Àrcula^^cap-
Jula.JJa coffret garni, d'argent , où l'on ne met
que des rubans, deseflences, des pommades, i&f.
COFFRETIER. f. m. Celui qui fait ou qui vend
des coffres. Faber , capfarius. Les Coffreùers-'W-û-
letiers, font ceux qui font des coffres d'armées,
des malles , des valifes , des fourreaux de pifto-
lets. Les Coffretiers-'^û\ui\QX% font d'un corps dif-
férent, & font ceux qui font des coffres qui fervent
dans le ménage & dans la ville. Lés Cnffeiicrs
ue peuvent vendre des étuis de piftolet ni de cha-
peau, où il entre delà cire §c poix-rcline, mais
C OG
feulement de cuir tel qu'il fort de chez les Cor-
royeurs-Baudroyeurs. Ce corps eft nouveau & dé-
membré de celui des Selliers,
^ COFIDEJUSSEUR , f. m. terme de Jurifpru-
dence. On appelle ainli ceux qui ont répondu fo-
lidairement de la dette du principal oblige, fui-
vant la difpofition du droit romain , fi l'un de
plufieurs jidejuffeurs a payé toute la dette au créan- ,
cier , fans prendre de lui cefifion de fes droits Si
aétions, il n'a point de recours contre les autres*
Mais chez nous l'équité prévaut à la rigueur de
la règle , & l'on tient communément que fi le Cofi-
déjuffeur payoit le tout , fans s'être fait donner cef-
fion du créancier , il peut agir contre ies Cofidé-
juffeurs , pour répéter de chacun d'eux leur part
& portion de la dette poui laquelle ils ont ré-
pondu,
C O G,
COGAT. Voyei Cucufat.
Ifr COGENDE, ville d'Afie, dans la Tartarie
i'ur le fleuve Jaxartes, à fept journées de Satftar-»
cande.
COGMORIA , f. f. MoufTeline très-fine que les An-
glois apportent des Indes Orientales.
COGNAC. Ce mot en quelques Provinces veut dire
embouchure d'une rivière dans une autre. On ap-
pelle 6ogn<ic la jonction de plufieurs ruifiéaux avec
la Charente.
Cognac, ville de France dans l'Angbilmois , & fur
la Chareibte. fameufe par fes eaux-dc-vie. Cogna-
cum. Quelques-uns prennent Cognac pour Cairpi-
nacum, ou Cawpiniacum y où Gérard, Arth>.vê-
que de Bourdeaux , céléb^'a un Concile en 1258,
François I naquit à Cognac Du Chelhe écrit un-
loi Congnac, &c tantôt Coignac; on n'ccsit plu»
ainfi.
COGNASSIER, Voye^ CoignassiêS..
COGNAT, f. m. Cognatus. Dans ce mot & dans le&
deux fuivans , prononcez ^/za con. me en latin, co-
gnatus , avec le fon fott du n^, terme de Jurifpru-
dence. Ce mot fe dit de ceux qui ont cntr'eux le
lien de parenté qu'on appelle cognation. M. le Car-
dinal de Fuiftemberg , bc , jouira avec fes agnats
& cognacs, qui ont i'uivi fon parti, &: fes domef--
tiques , d'une pleine admniftie. Traité de Ris-
wicii. Ne pourront aulli ledit fieur Cardinal, fes
héritiers, agnats, cognais, & domeftiques, être
j.unais recherchés, &c.Ib.
COGNATION, f. £ terme de Juriprudence. Lien de
parenté entre tous les defcendans d'une même fou-
che &: d'une même tige , tant par les mâles que par
les femelles. Cognatio. L'agnation,au contraire , ne
comprend que les defcendans par le fexe mafculin,-
En France pour la fucceffion à la couronne enfuit
l'agnation-jôc en Efpagne , ou en Angleterre , on fuit
la cogmtion. Les femmes viennent à la fuccefïion
félonie degré de proximité aux défauts des mâles,
ou de leurs defcendans de branche en branche.
Dans le Droit Romain les mots de cognation SC
de cognât fe prennent dans une fignification plus
étroite , (liivant laquelle cognation fignifie feule-
ment le lien de parenté qui eft entre ceux qui def-
cendent d'une même fouche par les femmes : &
cognats , ceux qui ont entr'eux ce lien de patenté.
Voye^ les Inftitnts , le Jurifconfulte Paul de gradi-
hus & affinibus & nominibus eorum , L, XXXVIII
du Digejie , tit. X, loi 10. Le Jurifconfulte Gaius,
in lege 1 ibiJ. donne la piemierc fignification aux
mots cognât & cognation,
COGNATIQUE , adj. terme de Droit. Succe/Tion co-
■ gnatique , eft celle où les parens collatéraux par les
femmes parviennenr au défaut des mâles de bran-
che en branche. De Courtin. Cette manière de .
fuccéder n'a pas lieu parmi nous.
COGNEE. M. Félibien écrit toujours coignée. f. f.
Grande hache, inftrument de fer plat, acéré & tran-
chant, ayant un long manclie de bois. 5ec«r/j. Il
fert aux Bûcherons à abattre du bois dans les forêts ,
C O G
aux Charpentiers à le taillerdans le chantier. Efope
a fait une belle fable de Mercure , 6c du Payfan
qui avoir perdu fa cognée. Il y a de grandes cognées
à deux bifeaux pour cquarrir le bois. Les Charpen-
tiers appellent leurs grandes cognées, épaules de
mouton , &: les petites hachereaux.
GoGNÉEfedit proverbialement en ces phrafes. Il cfl
allé au bois fans cognée \ pour dire, il eft allé faire
une affaire i de il n'a pas porté les chofes ncceffaires
pour la faire réuHir. On dit aufli, jeter le manche
après la cognée , abandonner tout dans un malheur
au lieu d'y chercher du remède. On dit aufli pro-
verbialement , mettre la cognée à l'arbre i pour dire,
commencer une enrreprife,
ffF Cognée, outil de Rubanier fait en forme de
couteau , fans tranchant , avec un dos épais , dont
il fe fert pour frapper les ouvrages forts , chaque
fois qu'il a paflc la trame.
COGNE-FÉTU. f. m. C'eft un nom qu'on donne à
celui qui fe donrte beaucoup de peine inutile. Mul-
ta agendo, nihil agens.W rellèmble a. cogne-fetu ,
il fetuc, & n'avance tien, Il faut dire de roi, comme
l'on faifoit de cogne-fetu , qui fe tuoit à ne tien faire.
M AscuR.Exprefîion populaire.
COGNER. V. a. Frapper fortement avec un marteau ,
ou autre inftrumenr. Tundere clavum , trudere. A
force AecogncTjOn enfonce des clous dans du bois,
un pieu dans la terre. Cogner un clouj une che-
ville.
Cogner fignifie auffi , heurter, faire du bruit. Fores
pulfare. Cogiu^ à la porte , on vous ouvrira. Les en-
fans prennent plaiiii à cogner , à faire du bruit.
Cogner lignifie aufli, battre ou blefler. Impnigere ,
illidere , caput allidere in aliquid.W s'efl bleflë en
fe cognant contre un volet , contre un mur , il s'ell
J^it une boffe.
On dit, il faudroit aurant fecog-^tr la tctcton-
tre un mur j pour dire , que quelque foin que l'on
prenne , on ne rcufîîra point en quelque affaite.
Cogner un chapeau fur le billot. C'eft en ftapper le
defllis de la tête , pout en faire mieux la formck
IJCT Cogner les coins d'un livre, terme d'un Relieur.
C'eft frapper liir chaque coin du carton d'un livre ,
pour redreflcr ces coins , s'ils font rebrouffés.
gCT Ce mot cogner ne peut avoir lieu que dans
le difcours familier , ou dans les boutiques parmi
les ouvriers.
Cogné ; ée. part.
Tous ces mots viennent du latin cuneus , un coin.
Cogner fe dit comme cuneum adigere , faite entrer
un coin dans du bois.
CoGNERi Fbyt--^ Coignassier.
COGNET , i. m. rerme de fabrique de imarchandifes
de tabac. On appelle cognets en Guienne , des ef-
pèces de rolles de tabac , faites en cônes , dont on
îe fett pour unir 8i ferrer les rolles quand on en a
rempli les futailles, de peur qu'ils ne s'éventent
& ne fe brifentdans le tranfport.
Kcr COGNEUX,f. m. terme de Fondeurs eti fable. Ef-
pècede petit bâton dont ils fe feivent pour frapper
le fable dont ils formenr leurs moules. .
ffT COGNI. Ville delà Turquie en Afie , capitale
de la Caramanicavec un Archevêché fous le Patriar-
che de Conftantinople.7co«/«/w,
|C? COGNIOLi f. m. forte de poifTon femblable au
maquereau , excepté qu'il n'eft pas li gros.
COGNOIR. f". m. Inftrument de buis , qui fett au
Compofiteur d'Imprimerie , lorfqu'il veut chaffer
les coins avecleiquels il ferre & arrête la forme dans
fon chaffis.
COGNON , f. m. vieux mot qui paroît fignifier ce
que nous entendons par cognomen.
Pire es que le cruel Néron j
Néro7n£îme efi ton Cognons
C G H.
^ COHABITATION , f. f. dans le fens propre fi-
gnific habitation de pluiîeurs perfonnes cnfeinble;
demeure commune. Contubcrmum. La cohabitation
entre plulieurs perfonnes fait prélumer une focictc
tacite.
'ifT Quelquefois il fe dit de l'état du mari & de là
femme qui onr une demeure commune , qui vivent
QV\i<:m\Az:,\inç. cohabitation publique allure la va^
lidité du mariage & l'érat des enfans.
^fT Quelquefois par cohabitation entre conjoints i
on entend la confommation du mariage. Copulatio.
IfJ" Entre autres perfonnes que mari & t'cmmc, coha-
bitation fîgnifie un commerce criminel. Flagitiofum
commercium. Commerce charnel entte deux per-
fonnes qui vivent enfcmble fans être unies par les
liens du mariage.
liO" COHABITER, v. n.Ila les mêmes lignifications
que cohabitation.
COHARD. royt^^ GUICHARD
(G' COHEN. Les Juifs fe feivent encore aujourd'hui
de ce mot qui fîgnifie Sacrificateur , quoiqu'ils
n'aient plus de temple ni de facririces i de forte
que c'eft plutôt un titre d'honneur & une qualité
dont ils fe flattent , qu'une dignité eifeétive : ou-
tre que dans la mifère à laquelle ils font réduits
depuis tant de fiècles, ils ne peuvent plus diftin-
guer les tribus , pour fe dire Lévites &: race de Sa-
crifi^iateurs.
COHERENCE , f. f. terme didadique. fCF «Dans lé
fens propre, il eft fynonyme à Cohéfion. yoye:^
ce mot. Dans le fens figuré , il fe dit de la liaifon i
de la convenance que les parties d'un dii'cours ont
les unes avec les autres. Cobtzrentia m fermone.
Tout ce livre n'eft compofé que de fentences , oix
de fragmens qui n'ont aucune cohérence , ni liaifbn
les uns avec les autres. La fin de fon dilcours en
contredit le commencement j ils n'ont aucune co-
hérence , nicontormitc.
§Cr COHÉRITIER , ÏÈRE, f. m. & f. Héiitier qui
partage avec un ou plulieurs aunes héritiers la
fucceffion d'un défunt Coheres. Les procès naifîent
ordinairement entre cohéritiers,
COHÉSION, f. f.adhéfion, fondion de detlx cho-
fes enfemble. Cohccjio. ^fT Ou plutôt c'eft la force
par laquelle les particules ptimitives des corps font
attachées les unes aux autres pour former les pat-
ries fenfibles de ces corps , & par laquelle cespar-
ries fenfibles font unies &c compofent le corps en-
tier. La cohéjion 'des corps , félon quelques Phyfî-
ciens, dépend de la quantité du contaél de leurs
parties élémentaires , & celles-ci font plus ou moins
cohérentes , félon leur figure. La cohejion n'eft ja-
mais plus forte, tout le refte étant égal , que lorf-
quc les parties fe touchent par des furfaces planes.
Plus la cohéjion des parties eft grande , plus le
corps approche de la dureté. Il y a une loi parti-
culière de la cohéfion , que toutes les parcelles ont
une force attraftive , c'eft-à-dire , que fl elles font
voifînes , elles tendent d'elles-mêmes les unes vers
les autres : la caufe de ce mouvement nous eft in-
connue. Elémens Mathématiques de Phyfique de
S, Gravefande.
COHÏ. f. m. Grande mefure de continence ; dont on
fe fert dans le Royaume de Siarn pour mefurer les
grains, graines & légumes fecs. Le coAi doit pefec
5000 livies jufte.
COHIER -, f. m. efpèce dé chêne. Ses feuilles font
plus longues & plus larges -, &: fon gland eft plus
court que celui du chêne ordinaire. Les Bûcherons
difent que c'eft la femelle du chêne.
COHOBATION, f f terme de Chimie. Diftillation
plulieurs fois réitérée d'une même matière , avec
lefucquiena été extrait. C'eft une efpèce de cir-
culation.
La co/zo/'^no/'z confifte à veifer lamatièie diftil-
lée fur la matière d'où elle eft fortic, 5: a la faire
diftiller de nouveau: ce qui fe pratique pour ou-
vrir &: pour ramollir davantage les corps , & pour
rendre plus fubtils& plus pénétrans les efprirs qu'on
en veut tirer, Liquonm dmub percolare , dijiillar»i
^72 COH
GOHOBER , V. a. terme de Chimie. ^fT Voyc^
CoHOBATioN. Dilliller à pliilieurs rcprilcs une
même Ifqucut en la revetl'ant fur la même iiibl-
tance dont elle a été tirée , ou fur une nouvelle
fubfliance femblable à celle-là. Cohoher une li-
queur»
COHORD , r. m. nom d'homme. Ce niot fe dit encore
de trois diflcrentes manières; CoA^ri ,6"?//7/zrfni!,
Cuichard. 11 paroît que Gunhard eft le véritable
nom, Sique les autres n'en font que des corrup-
tions. C'eft âufll le fcntiment de MM. de Sainte •
Marthe. Gunhardus. S. Gohord étoit Evêque de Nan
tes au IX'iiècle. Il fut tué en 84? , le jour de S. Jean
Baptifte, parles Normands, qui s'emparèrent de
la ville. L'Eglife de Nantes & celle d'Angers font
latcte de S. Gohofd, comme d'un Martyr. Foyci
fur ce Saint le Gal/ia Chrifiiana , première édit.
T. II J, p. 76^, -j6^.
Il paroît, par ce qu'on a dit, que les n»ms fi com-
muns en France, Gohard ,Guichard, Guyard, vien-
nent originairement de Gunhardus, Gohord tn viénr
aufll , pat le changcm.ent de 1';^ S<. de Va en 0 , &:
du gtnc, changemens qu'on a faits iî Ibuvent.
0Cr COHORTAL, f. m. terme d'Hift. ancienne. Ser-
viteur du Préfet du Prétoire,
COHORTE, f. f. c'étoit chez les Romains un corps
d'Infanterie compofé de cinq ou lix cens hommes
Cohors. Le mot de cohorte répond aujourd'hui à ce
que nous appelons un bataillon. Elle étoit divifcc
en trois manipules , ou compagnies. Le Centurion
de la première cohorte s'appcloit Primipilus , ^'
portoit l'Aigle ou l'étendard de la Légion. Une
Légion étoit compoféc de dix cohortes. Il foutint
avec quelques cohortes l'effort des ennemis. Du
RiER.
Meffieurs de Port Royal onr traduit dans leur
Verfion du Nouveau Tejiament le mot latin cohors
par celui de compagnie. Le P. Amelore a fait la
même chofe: mais les Pères Jcfuites de Patis &: M.
Simon ont confervé le mot cohorte. Et en effet nos
Compagnies ne répondent pas à la cohorte Ro-
maine, Les derniersTradudeurs ontaunî gardé dans
leurs Ver fions du Nouveau Tejiament le mot de
Centurion , où il y a dans le latin Centurio , que les
premiers ont exprimé par Centenier,
Dans un ordi'e de bataille , voici comment les co-
hortes étoient rangées , &c les Portes qu'elles oc-
cupoient, La première cohorte avoit la droite de la
première ligne , comme les Compagnies de Gre-
nadiers de nos régimens -, les autres fuivoient dans
l'ordre naturel , en forte que la troifième étoit au
centre de la première ligne de la légion , & la cin-
quième à la gauche , la" féconde entre la première
&la rroifième, & la quatrième entre la troifième
Se la cinquième : les cinq autres cohortes formoicnt
lafeconde ligne dans leur ordre naturel, ainfi la
fixième étoit derrière la première, ic les autres de
fuite. La première , la troifième & la cinquième co-
horte étoient les meilleures \ on en juge par les
portes qu'elles occupoient , que les Romaine re-
gardoient comme les plus importans : ce n'ert pas
que les Généraux Romains n'ayent changé cet or-
dre de bataille , lorfque la fituation du lieu , la f ur-
prife, la nécefTiré défaire une évolution par un
(impie demi-tour les y obligeoicnt, de même que
nos Généraux ne rangent pas toujours les troupes
félon l'ordre desrcgimens. On croit que Marius flit
le premier qui divifa la milice Romaine en cohortes.
Voyez Modertus & Vegetius. la première cohorte
s'z^^peloit mi fitaire , Cohors militaris.
^3" Cohorte Prétorienne , c'étoit une troupe de fol-
dats choifis qui fervoient de garde au Préteur ou
au Général. Cohors Pnetoria,
XfT En Poëlie on f e fert du mot de cohorte \ pour dire ,
• les foldats , les gens de guerre, Il avoit avec lui
fe$ vaillantes cohortes.
c ol
Ta valeur arrêtant les troupes fugitives ,
Rallia d'un regard leurs cohortes craintives,
BoiL,
IJC? On fe fert encore de ce mot pour défîgner une
troupe de toutes fortes de gens quels qu'ils puif-
fent être. Turl^a , turma , c.ttcrva. Le l'rcvot eft
venu accompagné de toute la cohorte. On voyoit
accourir le peuple p^ar nombreufes co/zorrê^.
Il hrave des Sergens la timide cohone. Boil.
Que fait autour de votre porte
Cette foupirante cohorte : La Font.
COHUAGE , f. m. terme de Coutumes. Cohuagiurrt,
C'ert un droit qui fe lève & fe prend fur les marchan-
difcs qu'on porte aux cohues ou marchés.
^ZT COHUE, f. f. vieux mot qui paroît avoir figni-
fié primordialement , affemblée. Depuis il s'eft dit
des affemblées tumulrueufés , où il fe faifoit beau-
coup de bruit. De-là vient que ce mot fe trouve
afïcdié aux halles , aux marchés , aux foires.
1^ On s'en ert fervi pour fignifier raffemblée des
Officiers de Juftice , qui fe faifoit en certain lieu
pour juger les procès \ comme on voir dans les
Ordonnances de l'Echiquier de Normandie de l'an
I ; 8 5 . Tribunalia in quitus judicia exercentur.
On s'en eft fervi depuis pour fignifier le lieu def-
tiné à tenir la Jurtice dans des villages par des Ju-
ges pédannés : il eft ainiî appelé a coeunte multi-
)udine, félon Chopin, Du Cange croit qu'il vaut
mieux le dériver du latin chaos. Il vient plutôt de
coui , qui ert un vieux mot celtique , ou bas-bre-
ton , fîgnifiant la même chofé. Ménage témoigne
que coua a été dit autrefois pouï halle. Or c'cft dans
les halles que fe tiennent la plûparr des petites
Jnrtices, On appelle encore la halle , Se cohue de
();/:>?//« en Bretagne, le lieu où fe font les publi-
cations dejuftice.il y en a encore plufieurs fem-
blablcs en Poitou. If3° C'eft dans ce fens qu'on dit
aller à la cohue. Le Procureur que je cherchois étoit
à la cohue.
Cohue, ledit fîgurémcnt des affemblées tumultueu-
fes, où il n'y a point d'ordre, où tout le mondé
parle à la fois. Hominum inter fe vociferantium tu-
multus. Il fîgnifîe de plus , criallerie , cris de plu-
fieurs perfonnes .à la fois. On tenoit autrefois de
belles conférences chez un tel ; mais il ert venu tant!
d'impertinens, que cela ert dégénéré en co/(«^. Vous
trouverez là une foA//efbuvent fort confufe-, mais
afîéz réjouiffante, La cohue vaut mieux pour ua
peu de temps , & le fcricux pour un commerce qui
doit avoir de la fuite,
COHYNE.f. m. Arbre de l'Amérique dont les feuilles
rcfîcmblenrà celles du laurier. Son .fruit ert aiiffi
gros qu'un melon, & delà figure d'un œuf d'Au-
truche. Les Indiens en font des tafîes ; il ne vaut
rien pour manger ,mais on allure que fa chair étant
pilce & appliquée fur la tête, en appaifc Icsdou-'
leurs. DicT. DE J'AMES, Voye:^ Calebassier,
.Coi.
COI , COIE, adj. Ce mot n'ert guère en ufage au fé-
minin. Il fîgnifîe , qui n'a aucun mouvement , qui
eft tranquille, en repos. Q7//e///5 , tranquillus ,pd-
caïus , fedatus. Tandis que tout eft en guerre, ce
Philofophe fe tient co/ dans fa maifon. Après cet
orage la mer devint co/e pendant vingt-quatre heu-
res.Il fte fait pas la moindre haleine de vent , lé
__ teiVîps ert ^oz.
On le dit figurément. J'ai une raifbri pcremp-
toirc à alléguer qui le fera taire tout coi. II y avoit
bien des ligues autrefois dans la France : mainte
nant tout eft coi , perfonne ne remue.
Cois & difcrets on les voyoit paroitre. Boil,
Monobrt»n£.
COI
Nonobftant ces exemples 8c ces autorircs , le mot
de coi n'entre guère que dans ces façons de parler,
le tenir coi, demeurer roz. Acad.
^CT Dans le remoniage des rivières, on dit que les
chevaux qui tirent les barreaux fbntco/, quand ils
s'arrêtent à caul'e de la difficulté du chemin.
COIANG , i'. m. poids , & tout enfemble mefure de
Cambaye , dans les Indes orientales. Cinq coiangs
font quatre lafts.
ÎÎCr COI AU. Foyei Ce va a,
^3' COIEWENT. adv. Vieux mot fynonyrae de tran-
quillement.
^CrCOIFFE. L'Académie fuit cette orthographe , qui
paroît allez uiltce. A^oye^ Cof.ffe.
COIGNASSE. r. f. Coin lauvage , plus petit & moins
jaune que Vo^àmmQ.Cydoncafilvcjhis. L'Académie
écrit co^iinffl-,
COIGNASSÏÉR ou COGNASSIER ou COGNIER.
r. m. Cydonia , malus cydonia ou cydonea. Arbre
d'une moyenne grandeur, & dont le bois eft dur ,
blanchâtre , couverr d'une ccorcc liHc ik brune , ou
un peu cendrée. Ses feuilles reilèmblent .à celles du
pommier , mais elles font blanches & chargées d'un
. duvet fin en deflbus. Ses fleurs font plus grandes
que celles du poirier, de couleur de chair, & naif-
fenr alternativement le long des branches. Elles
font à cinq pétales , & leut odeur eil douce. Son
fruit s'appelle Coin. Voyez Coin.
Quelques jardiniers diient que le coi^nier efl: le mâle,
3c le cois;na[jiiir la femelle : §3" Diilindtion chimé-
rique. Les Jardiniers appellent coi£;nier une cer-
taine efpcje de coignailiers rabougris , ché-
tifs , ayant des branches confuics & menues,
la feuille petite , le fruit rond, petit & pier-
reux , pour le diftinguer du coignaffier à fruit
long, de la forme d'une poire de bon chrcrien ,
moins pierreux, plus gros, & moins âpre. Certe
efpèce , qui eft une des meilleures , Se dont on fait
le plus d'ufage pour la greffe du poirier, a le pié
vigoureux , l'ccorce unie , noirârre , &: poulie de
beaux jets.
|}CF" Patmi les Botanifles , les coignafflers Ce diftin-
guent par les truits plus ou moins gros , plus ou
moins âpres. Il y en a plulîeurs efpèces qui n'ont ni
agrément , ni utilité.
^j;3' Le Cvicjiadier de Portugal efl la plus belle efpèce
& la plus propre à faire réudlr la greffe du poirier.
On le reconnoîtà fes feuilles , qui font beaucoup
plus larges que celles des autres elpcces ■, fes ra-
meaux font moins confus & plus droits , fes fruits
plus beaux & plus précoces.
1^3" L-:s Coiguaffiers viennent de bouture , & c'eH: le
meilleur expédient pour fe procurer des fujets
propres à être greflcs. Comme le Coigna^ier
donne peu de bois , les poiriers qu'on greffe def-
fus , s'élèvent moins , le mettent plus prompte-
ment à fruit, & le donnent ordinairement plus beau
que s'ils étoicnt greffés fur des fauvageôns,
^fT Le Coigna[Jii:r demande une terre mêlée de fa-
ble , plus gralle que maigre.
Le coignaffier a été appelé cidonia malus en
latin , de Cydon , ville de Candie, d'où ce fruit fur
porté en Grèce. Les meilleures efpèces viennent
de Nevers & d'Orléans.
Sur coigna(fier ■> terme de Jardinier , c'eft-à-dire, enté
fur cois:!}u(p.cr. Toutes fortes de poires réuIllfTent
aufïl-bien fur franc (\\icfur coisnajjler , La Quint.
Les poires de bon chrétien d'hiver ///r coi^nafficrs
acquièrent plus aifcment la couleur jaune & incar-
nate qu'on y fouhaite. Id. Les virgoulés & les ro-
bines fruâ:iHent plutôtyi^r coignajjier s, Id. On foul-
entend e/ués , entées.
COIMBRE. royc-^ CONIMBRE.
COIMENT. Foyei COTEMENT. adv.
COIN. f. m. Endroir où fefairla rencontre des deux
côtés de quelque choie ; angle formé de deux fur-
faces inclinées l'une vers l'aurre. Ângulus. Il fe
dit, tant de l'angle extérieur, comme le coin de
la rue , ou de la muraille , que de l'intérieur , com-
Tome II.
COI ^7 î
me le coin d'une chambre, le coin de la cheminée.
Ce mot vient de c««i?«j. Nicod. Ce qui a donné
le nom 3.u coin des monnoiçs ,â eu di-ndis monciis.
Coin, cun-jus : & kûvh , font pris du Celtique Cuen ,
ou Cyn. Pezron.
Coin fe dit au/Il des extrémités de quelque chofe.
Extrema , partes excrtmx. Ce voyageur a vu les
quatre coins du Monde. J'ai fait les quatre coins de
Paris, pour vous chercher. Les Hérétiques ont al-
lumé la guerre aux quatre coins de la France.
Îf3' On dit les quatre coins & le milieu d'une con-
trée, d'un pays, &c. pour dire, tout l'efpace qus
renferme ce pays , cette contrée. J'ai couru les
quarre coins , & le milieu du bois , pour vous
chercher.
ÇCF On dir, regarder du Coin de l'œil, regarder à la
dérobée , fans faire icmblant de tien , ou de tra-
vers. Limis oculis afpectare , ajpicere , incuen. Faire
ligne du coin de l'œil. •
Coin fe dit aulTi de quelque lieu éearré & folir.iire.
Secejfus , rcce^us , foluudo , extreniiipars. Le Prince
de Condé iur alî'alliné au coin d'une haie , après la
baraille de Jarnac. Ce Savant eft allé fouiller dans
tous les coins & recoins de l'Antiquité, Vetera
Amiquitatis monumenta, S. Evn.. Je vois ces effroya-
bles efpaces de l'Univers qui m'enferment , & je
me trouve attaché à un coin de cette vafte éten-
due, fans lavoir pourquoi je fuis plutôt placé en ce
lieu, qu'en un autre. Pasc. Elle mourut de mifère
au coin d'un buillbn. M"e l'H'Ér-itier.
Qu'heureux eji le mortel, qui du monde ignoré i
Vit content de joi-mème en un coin retire. BoiL.
Coin fignifie encore ifT un petit efpace dans une
maifon , un endroit qui n'i ft pas expofé à la vue<
Angulus , locus abditus. Il e!l logé dans un coin. Je
n'ai belbin qSe d'un petit coiVz. Cachez - vous dans
un coin. Je'tez cela dans un coin.
tfT En termes de jeu de Paume , tenir fon coin , fe dir,
lorfque deux hommes, jouant partie contre deux
autres, chacun d'eux défnd fon côré , fans qu'ils
aient la permillionde s'aider réciproquemcnr.
|Cr Au figuré , tenir fon coin dans une Aflcmblce ^
c'eft parler 3. fon tour, de manière à fe faire diftin-
guer : exprelfion familière.
Coin , terme de Tri(itrac. C'eft la onzième café,
en comptant depuis celle qui eft voiline du
tas des dames , &: qui eft effectivement à l'un des
coins du triélrac. On dit, faite fon coin; pour
dire , faire la onzième café , y mettre deux d;nnes.
Prendre fon coin , c'eft la même chofe que faire fon
coin. Pour faire fon coin , il faut du coup de dé y
pouvoir mettre deux dames à la fois -, & pour le
prendre plutôt & plus facilement , il faut avoir tou-
jours , s'il eft poilible , des dames fur les cales de
quine& de fanne, fur-rout quand celui contre qui
on joue , a le lien. On l'appelle aulTi coin de repos.
Quand on dit fimplement coi/z de tridlrac , on en-
tend toujours parler du coin de r-rpos , qui eft . com-
me on l'a dir, la onzième cale. Traite do Tric-
trac. Battre le coin de fon adverfaire, c'eft comme
battre une dame, c'eft, du nombre du dé que l'on a
amené , tomber fur \e coin de fon adverfair-, quand
il n'eft pas fair , qu'il eft encore vide , qu'il n'y a
point de dames.
On dit, les coins de fanne &: de quine, c'eft la
/îxième c^' la cinquième café , qu'on appelle aulfi coin
bourgeois. Traité du Trictrac. Sortir fon coin,
c'eft en tirer les dames , Ibid. Il feroic plus régu-
lier de dire fortir de fon coin.
Coins Bourgeois , autres termes de Trièlrac. Ce ibnc
les deux coins c\\n font les plus près de la charnière,
par rapporr à chaque joueur , ou bien , c'eft pour
chaque joueur la cinquième Si la fixicme flèche.
Quelle que foit la (ignificarion de ces termes , il eft
certain que dans un commencement de partie , on
doir chercher à garnir ces coins bourgeois le pUitôc
qu'on peut. ^ ^
QQqq
<?74
C 01
Con-i arrondi. Il y a pkilicuis fruits dont les coins
Ibnt arrondis, c'c(l-à-dire , que leur arcte efc rabat-
tue & arrondie. Dict. de James.
Coin ledit auHi de plulieurs orncmcns qu'on met à
diverles choies. Angulos , partes cxtramas vejiire,
tcgere aura , vel arg>:nto. 11 a fait mettre des coins
d'argent cà cette caflette , à cette table , a cette paire
d'Heures ; pour dire , des plaques d'argent aux
extrémités. Il a lait broder les coins de l'on bas
de foie : c'efl: l'endroit qui eft vers la cheville du
pié , où l'eftame & le tiflli ie divilent.
1^ Coins fc dit auHi de petits ouvrages de mar-
queterie , armoires , ou tablettes qui le placent
dans les angles des appartemens.
Coin Te dit encore des faux cheveux que les hom-
mes S<. les femmes ajoutent à leurs cheveux na-
turels, pour les faire paroître ou plus épais ou
plus longs i mais en ce fens il ne le dit guère qu'au
f{\inc\. Mentiti capiUi,falJa corna. 11 a été obligé
de prendre des coins, à caule que les cheveux font
trop courts : ce font des cheveux poftiches, que les
hommes mettent pour faire paroître leurs che-
veux plus longs, &: que les femmes portoient autre-
fois pour retroulier &: enfler leurs coeffures. Comme
Louis XIII aimoit les cheveux ,011 lui lit plailir de
les porter longsxc changement embarralîa les Conr-
tifans; ceux de la vieille Cour , qui étoient à demi-
rafés, furent contraints , pour le mettre à la mode ,
de prendre des coins ou perruques. Le Gendre.
Coin, en termes de Fauconnerie , lé dit des plumes
qui forment les deux côtés de la queue de l'oiiéau.
Latus, Les deux grandes pennes du milieu de la
queue font appelées les couvertes -, les deux pre-
mières de chaque côté font les premières du coin ,
les fuivantes , les deuxièmes du coin , & ainlî des
autres.
Coin , terme de Doreur fur tranche. C'efl un petit
ornement autour des bouquets , quiffont fut le dos
des livres reliés. Impreffie libroriitn t'ii^uminis notez.
Poullér les coins, fe dit aulïi du petit fer qui eft
figuré, & qui ayant un manche de bois , fert à pouf-
fer les coins fur le dos des livres. Typas ferrens
Jîgnandis lihrorurn tegiimentis.
Coin, en termes de Maréchallcrie, fe dit des quatre
dents du cheval lîtuées entre les mitoyennes & les
crocs, qui pouifent lorfque le cheval a quatre ans &:
demi. Dentés extretni.
Coins fe dit aulll, en termes de Manège, des quatre
angles, extrémités, ou lignes de la volte, lorfque le
cheval travaille en carré. Ce cheval a fait les quatre
coins, Anguli.
Coin lignifie, dans les Méchaniques , une pièce de
bois ou de fer, plate èc fort aigué,qui fert à fen-
dre, prefler, ou élever d'autres coïçs.Cuneus. Le
coin eft le fécond principe des Méchaniques, qui
a la force de deux leviers inclinés l'un vers l'autre ,
& qui agiffent à droit & à gauche. Les plus gros
arbres fe fendent avec des coins. Les cognées , cou-
teaux & autres inftrumens fendans & tranchans ,
n'agiHent que par la vertu du coin. |>C/' La hauteur
du coirt eft toujours repréfentée par une ligne per-
pendiculaire tirée'du fommet fur la bafe. Suivant les
principes de la Méchanique, la vîtefîe de la puiifance
qui fe fert du coin , l'emporte autant fur la vîtelîe de
rélîftance, ou des parties qu'il faut divifcr , que la
hauteur du coin l'emporte fur fa baie ^ parce que
le coin pouffé par la pui/Tance ne peut pas s'enfoncer
de toute fa hauteur dans un morceau de bois, fans en
fcparer les parties de toute la longueur de fa bafe.
C'eft pour cela, fans doute, que les coins aigus qui ont
beaucoup de hauteur & peu de bafe, augmentent con-
fidérablemcnt lavîtelfede la puillance. Les Canon-
niers ont des coins de mire, qui font des pièces de
bois 5 minces par un bout, & épailfes par l'autre , qui
fervent à élever la culalfe des canons pour les
pointer. Les Menuiliers , les Tonneliers 6ht des
coins pour ferrer ou prefler les chafîis, les cer-
ceaux, & autres ouvrages. Les Imprimeurs chal-
fent des coins dans leurs formes pour les^ ferrer &:
C 01
tenir en état. Les Maçons ont aulTi des coins ou
cales fur lefqucls ils polént leurs pierres. Les Cor-
donniers en ont aulîi , & ce font de petits mor-
ceaux de bois pour hauUer le cou du pic des fou-
liers , lorfqu'ils font fur la forme.
1^ Coin , terme de Facteur d'Orgues. C'eft un petit
morceau de bois , de figure conique, qui fert à bou-
cher le trou que l'anche &: la languette des jeux d'an-
che laillént dans la noix.
^fT Chez les Jardiniers , le coin eft un inftrument
qui fert, dans la greffe, à ouvrir la fente que le
couteau a commencée.
Sur mer , on appelle coins du ruât , des coins de
bois naverfés , des chevilles de fer, qui fervent à
. relferrer le m.u, quand il eft trop au large dans
l'ctambraie du pont ; coins d'arimages , des coins
qu'on met entre les futailles en les arimant ; coins
de chantier, des coins qu'on met entre les tins &
la quille , lorfqu'on la pofe fur le chantier-, on les
enfonce à coups de bolin , lorfqu'on veut lancer le
vaifTeau à l'eau. Les Serruriers appellent coins leurs
tranchoirs à fendre.
On trouve quelquefois en Angleterrre, en fouïf-
fant la terre , des inftrumens de cuivre , qui ont la
forme d\in coin. Ils font de différentes grandeurs,
depuis trois jufqu'à quatre pouces de longueur, &
larges d'un pouce & demi. Ils font affilés par un bout
comme une hache , s'élargilfant un peu à ce bout-
là; &par l'autre bout, & tout lerefte de leur corps *
ils font carrés. Ils font creux & ouverts par le gros
bout oppolc à celui qui eft tranchant -, à l'un des
côtés de ce gros bout eft une petite anfe. Les côtes
ont l'épailléur d'une ligne environ , quelquefois
plus & quelquefois moins. Ce n'eft pas feulement
en Angleterre qu'on en trouve, il y en a auffi en
France. J'en ai vu dans le Cabinet de M. Foucault,
qui ont été déterrés en Normandie , &c j'en ai un
qui en vient aulîi. Il a quatre pouces de long, un
pouce de large fur chaque face à l'endroit aigu i
un pouce &: fept lignes dans fa plus grande
largeur. Les Antiquaires font partagés fur l'origine
&c l'ufage de ces co/Vzj. Quelques-uns les ont pris
pour des pointes de flèches , ou des haches d'ar-
mes des anciens Bretons ; mais , en vérité, ils font
trop gros pour des pointes de flèches, & paroiffent
bien petits pour des haches d'armes. D'autres ont
cru que c'étoient des têtes de Catapultes des Ro-
mains. Speed , Hiftorien Anglois , a ciu que c'é-
toient des armes des anciens Bretons. M. Flearne j
habile Antiquaire Anglois, n'eft pas de ce fenti-
ment , parce que ces coins n'ont aucun rapport à
aucunes des armes des anciens Brerons que nous con-
noilfons. De plus, puifqu'on en trouve en France ,
il ne paroït pas que ce foient des armes des Bretons ;
car, de prétendre que les Bretons étant originai-
remenr Gaulois , leurs armes Se celles des Celtes
étoient femblables ,& que les coins que l'on trouve
en France font des monumens des anciens Gaulois j
cela ne paroït pns vrailémblable , parce qu'aucune
des armes gauloifes , que nous connoiflbns beau-
coup mieux que celles des Brerons, n'onr de rapport
à ces coins. M, Hearne a cru d'abord que c'étoient •
des inftrumens fervans aux lacrifices chez les Ro-
mains, mais ils ne relfemblent point à^ toutes les
figures que nous en avons. Ainfi il conclut que c'é»
toient des cifeaux dont les Romains lé fcrvoicnt à
tailler & à polir les pierres dont Hs faifoient les mu-
railles qui entouroient leurs camps. Le trou qu'on y
voit fervoit à les emmancher. Se la pccire anfe à les
pendre à la ceinture des foldats &: ouvriers; & en
effer , les foldats font ainli repréfentcs fur la colonne
Traianne. D'ailleurs, rien n'eft plus commun parmi
les Anciens que lés inftrumens de cuivre. Tous les .
Auteurs en parlenr j &c Cambden prouve que non
feulement les outils , mais aulïi les armes des Grecs,
des Cimbres & des Brerons, étoient de ce métal,
auquel les Anciens favoient donner une trempe qui
nous eft inconnue. Un curieux Antiquaire,qui depuis
quelques années , a trouvé de ces coins dans l'île de
COI
Man, auffi bien qu'un grand nombre d'urnes , avec
des in/criptions Rhuniques , conclut de-là que ce
font des monumens -, parce que les Romains , dit-il ,
n'ont Jamais mis le'pié dans cette Ile, Mais M. Hcarnc
n'eft pas de l'on avis; car Plutarque airure qu'un
nommé Démctrius paflà à l'Ile de Man Tous l'Em-
pereur Adrien.
Un Curieux de France a conjedlure que ces coinsy
emmanches d'une manière convenable , pouvoicnt
fervir aux foldats pour efcalader les murs, ou pour
monter par dehors fur des machines de guerre, en
les faifant entrer à force dans les joints des pierres,
des poutres , ou des ais; &c que la petite boucle Icr-
voit à les pendre à la ceinture des Ibldacs. Mais en
vérité, ces inftrumcns font bien peu propres à entrer
dans les joints des pierres, ils font trop gros. Un
autre croit au contraire que ce font les dents des
roues avec lefquelles on bandoit les balifles. Il s'ap-
puie de l'autorité de Vitruve , qui dans le ch, 16
de /on X^ Liv. dit en effet , qu'il y avoit des ba-
liftes que l'on bandoit avec des roues à dents : d'où
cet Antiquaire prétend que les coins en queflion ,
creux en dedans, étoient employés à emboîter des
morceaux de bois, qui étoient attachés comme des
dents à tenons & à mortoifes , aux jantes des roues ,
qui fervôient à bander les baliftes : ces roues, dit-il ,
étoient enfuite arrêtées par des crémaillères , &
attachées aux deux côtés de la balifte. L'anfc ou
l'anneau , qui efl: à côté des coins , fervoit , félon lui ,
à les emboîter ou déboîter plus aifémcnt , en y paf-
fant une petite barre de fer pour les frapper. Les
grandeurs différentes , ajoute-t'il, font voir qu'ils fer-
vôient à des roues de différentes grandeurs, ^oyei^
la Diffcrtation de M. Hearne lur des Monumens an-
ciens trouvés dans la province d'Yorck, & les Mé-
moires de Trévoux i7i5,/'ag. 187 & 1554, & 1714,
pag. 1777.
|tcr Coin, terme de l'Art Militaire chez les Anciens.
■Cuneus. On donnoit ce nom, félon Végece, à un
corps de Troupes rangées en forme de coin , qui va
en s'étréciffant par le front : ce triangle fervoit à
rompte la ligne des Ennemis. Selon M, le Cheva-
lier Folard , le Cuneus des Anciens n'avoir pas la
figure d'un coin: c'étoit un corps de Troupes qui
avoit beaucoup de profondeur , & peu de front.
Il répondoit à nos colonnes.
Coin , en Architeélurè , eft une efpèce de dé coupé
diagonalement fuivant le rampant d'un efcalier ,
qui fert à porter en bas des colonnes de niveaux , &;
à racheter par en haut la pente de l'entablement qui
fbûtient un berceau rampant. Lapis in cuneum
Jeclus. Ces coins font aulîi le même effet aux ba-
luftres ronds qui ne font point inclinés fuivant
une rampe.
ÇoiK de Beurre , c'eft une pièce de beurre d'une li^
vre , ou demi-livre, qui eft de figure plate, & poin-
tue par les deux bouts. Butiri maffa cunei in [pe-
cicm informata.
Coin , en termes de Monnoie , eft le morceau de fer
trempé & gravé , qui fert à marquer , à frapper les
monnoics , les médailles , les jetons. Typus mone-
talis. On change tous les coins des monnoies. Cet
jj^ écu eft marqué d'un faux coin.
On appelle auffi coin , le poinçon , la marque
•qu'on met fur la vaiffelle d'argent ou d'étain. Ty-
\pus vajîs aut ex ars,ento aut ex pliimbo candido
Jignandis. Cette aigtiière d'aigent eft du coin ou
du poinçon de Paris. Ce Maître Potier d'étain a
un tel coin, une telle marque. Chaque Maître eft
obligé de porter fon coin , de laiffcr une empreinte
de fa marque fur une table au Greffe de la Cour des
Monnoies, à l'égard des Orfèvres -, ou au Greffe
de la Police, à l'égard des autres ouvriers.
ffT On dit d'une rriédaille qui s'eft très-bien con-
fervée, qu'elle eft à fleur de coin.
Coin, pris aux deux derniers fcns , fe dit fïguré-
ment des bonnes &: des raauvaifcs qualités -, mais
plus ordinairement il ne fe dit que des bonnes. Ainfî
l'on dit d'un homme qui a plufieurs bonnes cjualitcs ,
COI (^7^
qu'il eft marqué au bon coin. Nota de rneliore. Cela fe
dit aulfi des ouvrages qui ont quelque chofe d'ex-
cellent. Tout eft grand & admirable dans la na-
ture , il ne s'y voit rien qui ne foit marqué aa
coin de l'ouvrier. La Bru y.
Toi qui fais à quel co'mfe marquent les bons vers,
Boiu
Un Poète a dit en parlant de la Cour.
Là de dehors trompeurs le crime revêtu ,
Ejt marque bien fouvent au coin de la vertu.
Nouv. choix de vers.
|CT Coin. f. m. Quelques-uns écrivent coing. C'eft
le fruit du coignalîier, Cotoneum , Malum Cido-
nium 'ou Cydonium.
Ce fruit naît de la partie poftérieure de la fleur
& du calice du coignaj/ier. Voyez ce mot. Il eft de
la figure d'une poire ou d'un cône renverfé , iné-
gal fur fa farface , &i couvert d'un coton épais «
blanchâtre , qui s'efface à mefure que ce fruit mû-
rit : pour lors il eft d'un jaune d'or &c d'une odeur
forte. Sa chair eft ferme , d'un goiit très-auftèrc SC
très-âpre , & de couleur de miel. Le milieu de ce
huit eft partagé en cinq loges , qui renferment quel-
ques femences ou pépins femblables à ceux de la
poire , & enduites d'un mucilage qui fe fond danJ
l'eau.
Sa femence eft d'ufage en Médecine t on re-
commande fon mucilage dans plufieurs occafions >
où il faut calmer de grandes inflammations , comme
celles des yeux , des hémorrhoïdes , &c. Les Mé-*
dccins ie fervent encore du fyrop de coin dans les;
dyffenteries & les cours de ventre. I^oye^ CoTi-
gnac.
Sa couleur jaune , a paffé en proverbe , & l'on
dit d'un homme qui eft devenu jaune , ou qui a
la jauniffe , qu'il eft jaune comme un coin.
COINDICANS. adj. m. pi. Terme de Médecine. Se
dit des lignes qui concourent avec les fymptômes
particuliers à la maladie ; par exemple , l'âge &
la force du malade , la faifon , la coutume , èc au-
tres circonftances femblables. s^nv^fjx.ÛMEva.
COINDICATION. f. f. Coindicatio. C'eft la con-
noiffance de cerrains fignes qui autotifent l'indica-
tion qu'on a prifc. Ces fignes font appelés coiri'
dicans , comme les forces du fujet , fon âge , la
faifon, le pays, la coutume, &c. Col de Vil-
LARS,
COINE. Voyei CoUENE.
Ip- COÏNCIDENCE , f. £ terme de Géométrie , fe
dit des lignes, des figures parfaitement égales ,
qui , pofces!l'une fur l'autre , fe répondroicnt exac-
tement. Coincidentia.
^fT CoiNcioENCE fe dit auffi , en Phyfique, des corps
qui tombent à la fois , & dans le même temps, fur
une même furfacc. La coincidence des rayons de
lumière.
COÏNCIDENT fe dit, dans les mêmes fens, que coin-
cidence. Coincidens. Lignes, figures &c.'coincidenteS;
qui appliquées l'une fut l'autre fe répondent par-
faitement , fe confondent.
§Cr Rayons coincidens qui tombent à la fois fur la
même furface.
0Cr COÏNCIDER , V. n, terme de Géométrie.
Coincidere. Voyez Coïncidence 8c Coïncident.
On le dit des figures, des lignes, des furface^S
qui étant appliquées 1 une fur l'autre, fe répon-
dent patfairement , s'ajuftent l'une fur l'autre. Ces
deux futfaces , ces deux lignes coincident.
|tCr CoiNcy. Ville de France , dans la Brie Cham-
penoife , à deux ou trois lieues de Château-
Thierry.
|tC? COÏNG. f. m, Voyei Coin,
COINT , INTE , adj. vieux mot. Mignon , bien aju-
fté , beau , agréable. Pulcher , venufius , bene or-
natus , connus , elegans , formofus , cultus. Il y
aToit plufieurs Dames à cette affemblée toutes-
Ç^Qçiqij
€n^
COI
coinus Se jolies. Il eft hors d'ufage. On a dit auHl
autrefois choint &c chointe , pour coint & coime.
Ce mot vcnoit de CuUus , qui lîgnifioit , ieau ,
galant. , ajujié > propre. Du Gange le dérive de
connus , &: dit que coimife croit autrefois un ha-
bit propre , galant & léger. Mais il vient plutôt
de coant , qui , en langage celtique ou bas-bre-
ton , iignifie ^eau & joli.
COINTE , £ f. nom de femme. Quinta. S. Denys
d'Alexandrie décrit le Martyre de Sainte Co/;;rc- dans
fa Lettre à Fabius d'Antioche rapportée par Eulcbe.
Elle fouffrit à Alexandrie fous l'Empire de Dèce.
Ce nom , qui s'eft formé du latin Quinta , nous
apprend comme on prononçoit autrefois Qu.
COINTERIE. f. f. Ce mot eft hors d'ufage , il veut
dire affectation , afféterie.
COINTIE , f. f. vieux mot , qui fignifie agrément ,
gentilteffe. Elegantia. Et cointife , difcernement.
CÔINTRE , f. m. drogue médicinale, dont il fe
. fait quelque commerce aux Indes Orientales , par-
ticulièrement dans les Etats du Grand Mogol.
COION. f. m. Lâche , poltron , qui a le cœur bas ,
l'ame fervile , capable de Ibuffxir toutes fortes d'in-
dignités. Ignayus , vecors. Ceux qui font les braves
font fouvent de francs coïons.
Ce mot vient du latin quietus , parce que les
poltrons n'aiment pas à le donner de la peine. Il
eft vieux , populaire , & un peu libre.
COIONNER , V. a. faire foulfrir à quelqu'un des in-
dignités, le traiter en cofon. Prohris aliquem la-
ce ffere. Un homme qui s'amufe à coîonner les autres ,
eft détefté de tout le monde.
gC? Coîonner eft aulfi neutre , & fignifie dire des
coïonneries. Cet homme ne fait^ que cownner,
§CF CoioNNÉ , Ér. part.
COIONNERIE , f. f lâcheté , poltronnerie. Ignavia ,
vecordia. Il a fait cent coïonneries , cent lâchetés ,
cent bafléffes , pour parvenir au porte où il eft. Ja-
mais un brave ne fait ni ne fouffre de coïonnerie.
CoioNNERiE , fignifie aufll un difcours impertinent ,
extravagant. ÈiLgx , ineptice. Les Charlatans amaf-
fent & amufent le peuple , en leur difant mille
coïonneries. Le valet de l'Ariofte ne pouvoir con-
cevoir où fon maître avoir pris tant de coïonne-
ries qu'il a lailiees par écrit. ^CT Tous ces termes
coïon , coîonner , coïonneries font profcrits parmi les
honncres gens , Se feroient à peine tolérés dans le
burlefque.
COIRE , autrement CHUR ou COIRA. Curia. Ville
capitale des Gtifons, qui a un Evêché fuffraganr
de Mayence, quoiqu'elle ait embralfé la préten-
due réforme en 1529. Elle eft fur la rivière de
Plelfur , fort près du Rhm , qui commence là à
porrer bateau. Les Grifons tiennent ordinairement
leurs alfemblées à Coire. C'eft proche de Coire
que l'on trouve dans l'eftomac des chameaux des
boules de la grofTeur d'une balle de paume , que
les AUemans prétendent avoir les mêmes propriétés
que le bézoard. Foye^ le voyage d'Italie de Spon ,
Se Heifl-. Hi/i. de r Empire.
COIREAUS , f. m. vieux mot qui fignifie des bœufs
fortans de l'engrais , dont il eft fait mention dans
Rabelais & autres Aureurs. Boves faginati.
COIS ou CONS , adj. vieux mor , du latin conditus ,
caché.
COÏT. f. m. Faites ce raot de deux fyllabes , & pro-
noncez coït , terme de Médecine. Accouplement
du mâle avec la femelle pour la génération , & en
particulier de l'homme & de la femme. Coïtus. La
nature a invité les animaux au coït par le plai-
fir , afin de conferver l'efpèce. Les grenouilles
font 40 jours dans le coït. Les papillons font 150
vibrations d'aîles dans le coït, à ce que difent Bar-
tholin , & le Journal d'Angleterre.
COITE ou COUETTE ou COETE, f. f. lit de plume.
Culcita plnmea.Ct mox.v\c\\\\ri. On dit lit de plume.
Les Anciens l'ont dit tant des lits de plumes que
des matelas.
Nicod dérive ce mot du grec x»/?*»» , qui fi-
COI
gnifie un ///. Ménage le dérive de culcita , qui eft
le véritable mot latin , pour lequel on a dit par
corruption culcitra. Poftel le fait venir de
Pline dit que les coites font de l'invention des
Gaulois & habitans de Cahors. Ce mot a aufïi
fignifie autrefois_/are ou robe. Veflis talaris.xahn
ConE , i". f. terme de* Marine. On appelle coites ,
deux longues pièces de bois que l'on met paral-
lèles fous un vaiffeau , pour le porter lorfqu'on
le veut jeter à l'eau de dcfllis le chantier. Tigna.
Coites de guindas , font des pièces de bordage ,
de 14 ou \6 pouces , fur lefquelles font appuyés
les bouts du guindas , & fur lefquelles il tourne
horilbntalement.
|]Cr CO-JUSTICIER. f. m. Qui a droir de Juftice en
commun & par indivis avec un autre Seigneur. Deux
Seigneurs qui nommenr conjomtcmeut aux offices
d'une Judicature , au nom de qui s'exerce la Juftice,
& qui en partagent les émolumens , font Co-Jufti-
ciers relativement l'un à l'autre. Le droit en lui
même ne peut fe partager quant à l'exercice.
|i3'''COKER. Nom d'une rivière d'Angleterre, dans
le Cumberland , qui fe jette dans la rivière d«
Darwcn.
ffT COKERMONT. Petite ville d'Angleterre, dans
le Cumberland , au confluent des rivières de Co-
kcr & de Darwen, Elle envoie des Députes au
Parlement,
COL.
ifT COL. f. m. Partie du corps humain qui joint la
tête aux épaules. En parlanr de cerrc partie , on dit
cou. Voye^ ce mot.
ÇCF On le lert du mot de col dans différentes phrafes.
par analogie au corps humain.
03" On appelle col de la marrice , col de la veffie ,
ce qui eft comme l'orifice , l'embouchure de ces
parties. Dans ce fens on dit col.
tfT ^ Col de chemife , de rabat , &c. c'eft la partie fu-
pèrieure de la chemife , du rabat qui embraffe lecoû*.
tfT Coi, efpèce de cravate fans pendant que l'on porte
autoui du cou. La mode de porrer des cols n'eft pas
ancienne. Dans rous ces exemples , prononcez coL
Col ou dos de la coquille. C'eft le dos des Bivalves au
defÏÏis de la charnière. On l^appelle en latin cervix.
Col. Terme de Géographie. Lieu étroit , paffage ferré
entre des montagnes. Fauces , anguJUœ. Ce mot
s'eft formé du latin collum , le cou , paice que ces
paffages qui fe retrécilfenr , reffemblent en quelque
îbrte à cette partie du corps qui fe rerrécit là ,
& s'élargit defîlis &: deflbus. Mais quoique dans
le propre on ait fait 6i l'on prononce cou , & non
pas col ; dans le figuré , & quand on veur figni-
fîer ces paffages ctroirs, on écrit & on prononce
col, & cols au pluriel. Il enrra dans le col d'Ar-
gentière. Nous débouchions dans la plaine par le col
de Limon. Il s'engagea mal-à-propos dans le col de
Pcrtus. Ils occupoient tous les cols des montagnes.
Le col d'Argentière eft un paffage de France en
Italie par le mont & le village d'Argentière , entre
le Marquifar de Saince & le Comté de Nice,
Le col de Limon eft un pafTàge dans les Alpes fur
la montagne de Limon au Comté de Nice. Le col
de Perrus eft un paffage de Roufîillon en Cata-
logne par les Pyrénées , joignanr la forrerefle de
Bellegarde , entre le Volo &: Junquère. Il y a en-
core dans L>s Alp^s le co/ de Barcelonette , \ç col
de Saultcrn , le col d'Aî^nelle , le col de Vars , ùc.
Ce font des paffages étroits par des lieux qui porrent
ces noms.
^ Col. Nom d'une île de l'Océan, l'une des We-
fternes.
^fT Col. Nom d'une ancienne ville d'Afrique, att
Royaume de Tunis, Ce n'eft plus aujourd'hui qu'un
village.
iCOLA , r. m. c''jft le nom d'un fruir de Guinée ,
qui croît à un arbre dans le Royaume deCongy. H
eft gros comme une pomme de pin , 8c renferme
C O L
fous fon êcorce d'autres fruits remblables à des châ-
taignes , dans chacun defquels font encore conte-
nues quatre petites noilettcs rouges ou incarnates.
On dit que ces noilettes étant écraiees Ibus les
: dents 5c tenues dans la bouche , éteignent la foif ,
qu'elles donnent un goût agréable à l'eau où on
les fait tremper , & qu'elles la rendent propre à
fortifier l'ellomac & le foie. Lémery.
§3- COLABRISME , l'. m. terme d'Antiquité. Nom
que les Grecs donnoient à une forte de danlc
qu'ils tenoicnt des Thraces. On n'en dit pas da-
vantage.
COLACHON , f, m. inftrument de Mufique fort com-
mun en Italie , qui a deux ou trois cordes , qui
eft long de 4 ou 5 pies , & qui a la figure d'un
luth , excepté qu'il a le manche bien plus long.
Mersenne.
COLAFANE ou COLOPHONE. Foyer Colophane.
COLAGE. f. m. Quelques-uns écrivent collage , mais
mal. Terme de Coutumes. Le colage eft un droit
que doivent en quelques endroits au Seigneur les
habitans qui ont des bœufs dont ils labourent la
terre. Le droit de cola^e eft la même chofe que
le droit de cornuae. Colage vient du latin , colère ,
cultiver ou de colla boum.
COLAO , f. m. terme de Relation. Miniftre d'Erat
à la Chine, Officier, Mandarin, auifi confidéra-
bles à la Chi^e par leur dignité, que le fonr ici les
Miniftres d'Etat , Imperii Sinici adminijier. On dé-
couvrit que trois Calaos avoient pris fous main
de l'argent dans l'adminiftration de leur charge.
P. Le 'Comte. L'Empereur de la Chine a deux
Conleils Souverains ■■, l'un extraordinaire & com-
pofé des Princes du fang; l'autre ordinaire , où en-
trent les Miniftres d'Etat , qu'on nomme Calaos.
Ce font eux qui examinent toutes les grandes af-
faires , qui font le rapport , &: qui reçoivent les
dernières déterminations de l'Empereur. Id.
COLAPHISER , V. a. terme burlefque. Souffleter ,
donner des foufflets. Arlequin > venant d'en rece-
voir un d'Ifabelle , s'écrie :
// a claqué bien fort. Jujîe ciel, quel outrage !
Me planter unfonfflet au milieu du vifage !
Colaphifev ainjî mes lèvres de corail;
Moi qui voulais par elle ébaucher mon fer ail.
Théâtre Italien , 16 ()6.
T. I , p. ^\\.Dicl. Corn.
COLARBASIEN , ENNE , f m. & f. &: nom de fede.
Colarbajianus. Les Colarbajiens étoient des Héré-
tiques du fécond liccle , dont le Chef fut Colar-
bafe , difcipie de Valentin , qui , aufli bien que
Marc , autre difcipie du même Maître , prétendoit
que toute la plénitude & la perfeél:ion de la vé-
rité de la Religion étoit renfermée dans l'Alpha-
beth grec , & que pour cela J. C. étoit nommé
Alpha & Oméga, Saint Irén. L. 1 , c 10 Tert.
de Prafcript. t. 53. S. Auguft. hcr. C. 14 6» 15.
S. Epiph. hér. 55. Philaftrius, Théodoret , Saint
Jean Damafcène Se Baronius. an, 17c en parlent.
COLARIN , f. m. terme d'Architecfture. Frife du cha-
piteau de la colonne Tofcane Se Dorique. On ap-
pelle aufTi calarin , le haut du vif de la colonne ,
& l'endroit le plus étroit , proche du chapiteau.
COLAS, f. m. terme bas & populaire. Nom propre
d'homme , fait par abréviation de celui de Nicolas.
GoLAS , c'eft aufîl le nom qu'on donne aux cor-
beaux que l'on nourrit dans les maifons. On ap-
pelle les corbeaux Calas, comme on appelle une
pie Marsot , un mouton Robin & un âne Martin.
COLATURE, f. f. terme de Pharmacie. Séparation
d'une liqueur d'avec quelques impuretés ou ma-
tières. Purificatio qucs, percalando fit.
|CT Le mot de calature ne fe dit prefque point de
l'opération même. On le dit paffivement de toute
liqueur paflce ou filtrée par le moyen^ d'un
' tamis, d'une toile, «S-c. Calature de firop de chicorée.
|Cr COLAURE. Petite ville d'Afie, au Royaume
de Tonquin,
COL
«77
COLBERG. Ville du Cercle de la haute Saxe en
Allemagne. Colberga. Elle eft dans la Cadlibie ,
province de la Pométanie ultérieure, ou Ducale,
llir les côtes de la met Baltique , où elle a un
bon port fréquenté. Colberg a aulfi des Salines,
Par le Traité de Wcitphalie elle fut cédée à l'E-
leCfeur de Brandebourg en 1^48.
,p" COLiiROCKE. Petitj vilk d'Angleterre , dartâ
le Comté de Buckingham , fut les trontières de celui
de Midlefex.
COLCAQUAHUITL , f. m. plante de l'Amérique,
que l'on appelle Johualxochil , feu flos orbicula-
ris. On prét-nd que fes feuilles gucrilfent la fyn-
cope q\und on les applique fur la poirrine -, qu'el-
les excitent la fueut quand on les boit dans de l'eau ,
qu'elles engraiflent ceux qui les mangent frites ,
après en avoir auparavant exprimé le fuc , & qu'elles
guérillènt les ulcères les plus obftinés quand on
les en iaupoudre. Cette plante eft encore eftiméa
pour la paralyfie & les maladies utérines. Rav ,
Htlt. Plant.
COLCHE. f. m. & £ M. Corneille fe fert de ce mot ,
pour dire les habitans de la Cholcide. Colchi. Les
Colches avoient l'ufage de la Circoncilion , d'où Hé-
rodote conclut qu'ils étoient Egyptiens d'origine.
Quelque-uns croient que Seroftris,après avoir couru
l'Alîe avec une tiès groHe armée , laiila là une
partie de fes troupes.
COLCHIDE. Nom d'un ancien Royaume de l'Afie.
Colchis. La Colchide étoit bornée au nord par la
Sarmatie Afîatique, au couchant par le Ponr-Euxin ,
au fud par le Pont de Cappadoce , Se l'Arménie , Si
au levant par le mont Caucafe qui la féparoic
de ribérie. C'eft la patrie de ia Géorgie que nous;
appelons Mingrelie. La Colchide étoit faraeule dans
l'Antiquité , fur tout par deux endroits ; la Toifon
d'or , que les Argonaures y allèrent enlever j & les
herbes venimeufes &: magiques que les Poètes fei-
gnent qu'elle produifoit,
COLCHIQUE , f. m. ou Tue-Chien, f. m. Colcki^
cum. Plante bulbeulé fort commune , & qu'on die
être pernicieufe aux chiens. On croit qu'elle a pris
fon nom de la Colchide, qu'on nomme aujourd'hui
Mingrelie. Sa racine eft coinpoféc de deux tuber-
cules , dont l'un eft charnu , l'autre fibreux , atta-
chés tous les deux par le côté , aplatis dans cet
endroit , voûtes au côté oppofé , Se enveloppés do
quelques membranes d'un brun-obfcur. Sa fleur ,
qui vient en automne , part immédiatement de la
lacine \ c'eft un tuyau , qui s'cvafant vers fon fom-
met, fe divife en lix parties à peu près comme la
fleur du lis , & un peu plus petites , de couleuc
purpurine , SC qui ne s'élève qu'à quelques pouces
au dcffus de la terre. Le piftil fe termine par quel-
ques filets déliés, & il devient enfuite un finit qui
ne paroîr qu'au printemps, ôc eft environné de trois
ou quatre grandes feuilles pareilles à celle du lis ,
& d'un vert plus foncé. Ce fruit eft atrondi , par-
tagé en trois loges , qui renferment chacune quel-
ques femences prefque rondes. La fleur du col-
chique annonce la fin de l'été Se le retour de l'au-
tomne. Les Fleuriftes eftimcnt la fleur du colchique
lorfqu'elle eft double. On trouvoit autrefois dans
plufieurs jardins wncalchique à fleurs tachées comm©
celles de la fritillaire. Colchicum fritillarix fade.
ter On ne prend guère cette plante intérieurement.
Son ufage demande bien de la précaution. C'ell
un poifon trcs-aélif.
COHOTAR ou COLCOTHAR , f: m. M. Hom-
berg ccrirainfi; Académie 1701. Mem. p. 10. au
lieu de Colcotar. Il y a deuxforresde Co/ro/A^r ,
le naturel Se l'artificiel. Le naturel , qu'on appelle
autrement Chalcitis , eft le vitriol rouge qui vient
d'AUemaane. C'eft un vitriol vert , calcine natu-
rellement''par quelque fouterrain. L'artificiel eft:
aufîî un vitriol vert , calciné long temps a grand
feu,& qui par ce moyen eft devenu rouge comme
du 'fansî. C'eft encore le marc qui refte dans là
cornue après la diftillation du vittiol.
6^î COL
Prenez trois livres de colcothar > c'cd-à-dire , de
la tête morte qui tefte après la diftillation de
l'huile de vitriol. Homcerg. La lixivation du col-
cotliar de vitriol. \d. p. 5^.
fO- COLDING. Ville de Dannemarck dans le Nord
Jutland,aux confins du Slefwig. Lat. 55' 19°.
gGrCOLDITZ. Petite ville du cercle de la haute Saxe,
dans le Terïitoire de Meillen en Mifnie , fur la
Mulde , entre les villes de Grim & de Rochlitz.
COLE , vieux mot qui lignifie bile. Bilis. On le dit
encore en certe phrafe." Chaude cole^ qui fignific
bile, émue , fervens bilis , il vient de choiera.
COLÉE , f. f. vieux mot. Coup d'cpce fur le cou.
COLÉGATAIRE , f. m. terme de Palais & de^ droit.
Légataire avec un autte. Celui à qui , conjointe-
ment avec un ou plufieurs autres , on a fait des
legs dans un Teftament. CoUgatarius. Le Tefta-
teiir a exempté mon coligataire ou mes co/éga-
taires de toutes les charges , & les a toutes miles
fur moi
OOLERA-MORBUS. f. m. Epanchement de bile
fort fubit , qui donne un grand débordement par
haut & par bas , qui eft fi dangereux , qu'on l'ap-
pelle autrement un troujfe - galand. Choiera re-
i pentina , bilis infra fupracjue e§ufio , dcjeclio Jimul
■■'■ & vomitus. Il piocède d'une grande abondance
, d'humeurs bilieufes & fort acres, qui picotent les
'. membranes des inteftins & de l'eftomac , & qui
leui font faire des contraétions violentes.
Cette maladie eft ainli appelée à caufe qu'elle
fait fortir la bile , que les grecs nomment ««aï
fort violemment par haut & par bas ; ou parce
que la matière eft incelfamment jetée hors des
inteftins , qu'on appeloit autrefois cholades. Le re-
mède qu'on employé aux Indes contre le Maude-
chin ou CoUra-morbiis , eft d'empêcher de boire
celui qui en eft attaqué , & de lui biûler la
plante des pies. Let. Cur. et édif. Tom. IX.
CX>LkRE. f. f. C'eft, dit M. de la Chambre, une
padlon mixte , compofée de la douleur que l'on
fouffre pour l'injure reçue & de la hardielfe que
l'on a pour la repoulTer. ha. S. Evr. dit que
c'eft le reflentiment d'une injure &; le défit de
s' en venger. C'eft , fuivant M. Dac. , l'agitation
d'un fang" bilieux qui fe porte au cœur avec ra-
pidité.
Ip* Locke définit la colère , cette inquiétude ou ce
défordre de l'ame que nous reflentons , après
avoir reçu quelqu'injure , & qui eft accompagné
d'un défit preflant de nous venger. D'après cette
définition , on peut legarder le mot de colère
comme ayant un caradère commun avec courroux
& emportement : mais la colère dit une pafiion
plus intérieure & de plus de durée , qui diili-
mule quelquefois , "& dont il faut alors fe défier.
Le courroux enferme dans fon idée quelque
chofe qui tient de la fupétiorité & qui rcfpire
haurement la vengeance ou la punition. Il eft
du ftyle plus ampoulé. L'emportement n'exprime
proprement qu'un mouvement intérieur qui éclate
& fait beaucoup de bruit , mais qui palfe promp-
tement Syn. Fr. Hoiace appelle la colère une
couite fureur. Ira , furor brevis eji.
|iCJ' On peut regarder la colère comme une émotion
de l'ame qui la rend capable d'efforts violens ,
qu'elle n'eut point fait fans êtte tirée de fon af-
lîette. Elle vient de l'extrême fenfibilité que nous
avons pour tout ce qui nous blefle ; l'orgueil de
l'homme ne peut foufftir une injure. Senèque dit
que fans la colère l'ame feroit dans une paref-
feufe indolence ; que c'eft un feu qui anime le
courage , & que c'eft par elle qu'un grand cœur
repoufle fièrement un outrage.
La colère n'cft vertucufe que quand elle prend
les armes pour défendre h raifon. Elle eft jufte
Se raifonnable , lorfqu'on eft ému pour procurer
un bien ou pour empêcher un mal. Alors elle s'ap-
pele léle.
COL
La colère ejlfuperbe , ù veut des mots ailiers. Boil.
...u,ti
§Cr On fe fert aulfi du mot colère pâav déguifer cer-
tains mouvemens impétueux qu'on obferve dans les
animaux. La co/èr^ du Lion. \Jnûna;e en colère.
^fT On dit figurément la colère de Dieu , du ciel : 5;
quoique Dieu foit exempt des paifions , quand fa
juftice l'oblige à punir les pécheurs, on dit qu'il eft
en colère.
Que les méchans apprennent aujourd'hui
A craindre ta colère. Rac, >
Ainji du Dieu vivant la colère étincelle. Id,
0Cr On le dit même des chofes inanimées pour expri-»
mer , par exemple , les flots impétueux de la metj
La mer n'eft jamais h belle que dans fa co/tfr«; pour
dire , lorfqu'elle eft émue ôc agitée , loifqu'elle
s'enfle & qu'elle mugit. BouH. La colère des
vents.
CoLERE fubftantif n'admet Jamais de pluriel. Cor-
neille l'a pourtant employé dans Andromède. C'eft
une faute.
^^ Voltaire dans fes , remarques ^ur le Cid , à propos
de ce vers ,
Ne peut pour mon fupplice avoir trop de colère ,
obferve que Corneille a abufé de ce mot. On n'a
point de colère pour un fupplice. C'eft un bar-
batifme. Enfin dans fes remarques fur ce vers de
Cinna ,
Sans emprunter ta main pour fervir ma colère.
il obferve que ce mot de colère ne paroît peut-être
pas aflez jufte. On ne fent point, dit-il, de colère çoM
la mort d'un père mis au nombre des profcrits il y a
trente ans. Le mot de rejfentiment feroit plus propre \
mais en '^di'Àç. colère peut fignifier indignation, J'ou'
venir des injures , defir de vengeance.
^3" Les Anciensavoient fait une divinité delà co/tfr^.
Voye^ Ira.
Colère , adj. m. & f. qui eft fujet à fe mettre en
colère. Iracundus, Les gens colères font en danger
de s'attirer de néchantes affaires. Sans la complai-
fance que la civilité a introduite, les opiniâties,
les colères, enfin tous les gens de tempéramens vio-
lens & contraires , ne pourroient vivre enfernble.
A{. ScuD. Horace veut qu'on tepréfente Achille co-
lère , inexorable , & comme fi les loix n'étoicnt
pas faites pour lui. S. Evr.
COLERET , f. m. terme de Marine, eft un filet que
deux hommes ttaînent en mer auffi avant qu'ils y
peuvent entrer , ou mettre pié ; On s'en fert
fur les côtes de Normandie. Retis genus. Cette
pêche eft défendue.
03" COLERETTES , f. f. pi. terme de pêche. Ce
font comme des courtines volantes qui fervent à
fair^ un parc ou une enceinte.
COLERIQUE , adj. m. & f. qui a un tempérament
qui le porte à la colère. Iracundus , flomackofus.
Il y a des animaux qui font doux, d'autres na-
turellement colériques.
Je hais de tout mon c<zur les esprits colériques ,
Et porte grand amour aux âmes pacifiques. Mol.
tfr COLÉRIQUEMENT. Adverbe du vieux temps.
Avec colère. Iracundè,
COLERITUM. f. m. C'eft une liqueur préparée
de la partie corrofive , & la plus nuiiible des
métaux, qui fert à éprouver l'or , quand on le
frotte contre la piètre de touche, 6c à laquelle il
n'y a eue l'oi qui puilîe réfifter. On connouaulîî-
tôt, par le moyen de cette liqueur, fi l'or n'eft
point mêlé avec quelqu'autre fubftance ; car il
COL
change de couleur , lorfqu'il efl: allié , au lieu
cjae , lorfqu'il efl: pur , il ne fouffre aucune altc-
ratiçn de la part de la liqueur. Dict, de James.
GOLÉTANS. Les Frères Mineurs Coletans l'ont
ceux qui ont cmbraflc la Réforme de la Bicnheu-
reufe Colette de Corbie. Ce ne font ^as feule-
ment les Monafl:ères de Religieufes de Sainte-
Claire que la Bienheureufe Colette a réformes ,
comme quelques Ecrivains l'ont avancé j mais il
y a encore un grand nombre de couvents d'hom-
mes de la Reforme qui onr porté pendant plus
de deux cens ans le nom de CoUtans. Cette Ré-
forme efl du commencement du quinzième ficcle.
Voyt^ le P. HÉLYOT , T. Vil-, C. lo. Léon X,
par fa Bulle de l'an 1517, ayant uni toutes les
différentes Réformes de l'Ordre de S. François, la
Congrégation des Co/cta/is fut par ce moyen abo-
lie. Id. Cela étant , la Réforme des Coletans n'a
pas duré plus de deux cens ans , comme il le dit.
COLETTE , f. f. nom de femme. Il y a de l'appa-
rence que ce nom a été fait par aphérefe de Nlco-
lette , femme qui a S. Nicolas pour patron. On
appelle Sœurs Colettes , les filles des Couvens de
Sainte Claire , qui n'ont point de clôture , demeu-
rent dans l'extérieur delà maifon, & vont en divers
lieux demander l'aumône pour le Monafl:cre.
CotETTEs. f. f. pi. Sorte de toile qu'on tire de Hol-
lande & de Hambourg ; elles font propres pour
les Canaries où les Anglois en portent beaucoup.
t:? COLFORD. Petite \ille ou bourg d'Angle-
terre en Glocefl:er-Shire , à trois lieues de Mont-
mouth , vers l'Orient. Il y a marché public.
COLI , f. m. terme de Relation. C'eftdans l'Empiie
de la Chine un Officier qui a l'œil à ce qui fe
pa.'îé dans chaque Tribunal. Quoiqu'il n'en foie
point membre, il afllfte néammoins à toutes ks
aifemblccs , & on lui en communique les adies.
C'eft proprement ce que nous appelons un Infpcc-
tcur. Il avertit fecrettement la Cour , ou même il
accufe publiquement les Mandarins des fautes qu'ils
commettent , non feulement dans l'adminiRration
de leurs charges, mais encore dans leur vie privée.
On dit qu'atin de l'obliger à ne ménager pcrfonne ,
on le tient toujours dans le même emploi , (ans qu'il
puiife efpérer une meilleure fortune , par la faveur
de ceux qu'il auroit ménagés , ni en craindre une
plus mauvaife par la vengeance de ceux qu'il auroit
jurtement accufés. Ces Officiers , qu'on nomme
Co/is , font trembler jufqu'aux Princes du Sang.
P. Lf Comte.
COLIADE , adj.'f. terme de Mythologie. Nom que
Paui'anias donne à Vénus, & fous lequel elle avoir
un Temple. Il fignifie Vénus la danfeufe. De xo'""^
fa/io, je danfe.
CÔLIART. f. m. Poiflbn plat , liflé & cartilagineux.
Rondelet l'appelle raia lœvis undulata. fu hclnerea.
Il y en a qui péfent jufqu'à cens livres & plus.
C'clt une efpèce de raie. Il efl: marqué de points
. noirs & de lignes obliques fur la peau. Il ell: bon
à manger , mais fa chair efl indigeile. On le
fa le.
COLICP..I , oifeau des Iles de l'Amérique. Il n'eft
guèie plus gros qu'une mouche. Son plumage elf
beau , èc repréfente l'arc-en-ciel , tant lés Couleurs
font variées. Son bec efl: noir &c poli comme l'é-
bène , 6c les yeux brillent comme le diamant.
Selon la defcription des voyageurs , c'efl: un chef-
d'œuvre de I4 nature. Ceux qu'on a apportés en
France , quoiqu'ils Ibient forts petits , font beau-
coup plus-.irands eue nos mouches; du refle , ils
ont le bec &: les plumes commedifent les voyageurs.
Le co/iàri e(ï un oifeau d'Amérique qui peut
palier pour un petit miracle de la natute pour fa
beauté , pour fa façon. de vivre, & pour fa peritelfe.
Son cou &' fes aîlesrepré entent l'arc-en-ciel. Il a un
rouge 11 vif fur le cou , qu'on le prendroit pour un
: rubis. Le ventre & le delTous desa'Ies fonr iaune';
. comme de l'or ; les cuiflés verres comme une émé-
, raude -, les pies 5c le bec noirs & polis comme
Col
l'cbène; les deux yeux comme des diamants eii
ovale &c de couleur d'acier bruni ; la tête verte j
avec un mélange d'or d'un éclat furprenant. Les
maies ont une petite hupe fur la tête qui raflémble
toutes les couleurs qui brillent dans le rcflc dû
corps. Ces oiléaux voient li brufquement, qu'on les
entend toujours plutôt qu'on ne les voit. Ils ne vi-
vent , dit-on , que de la rofée & du fuc des fleurs j,
qu'ils tirent avec leur petite langue , qui eft plus lon-
que que leur bec. Spectacle de^lanauirc.
Lorfque le collhrl ell plumé , il n'efl: guère plus
gros qu'une ngifette : je parle du mâle ; car la
femelle efl: encore plus petite. Il ne paroît quelque
choie , que quand il eft couvett de plumes. Le P.
Labat. On prétend qu'il y en a de cinq ou lix efpè-
ces qui ne différent entt'elles que par lagrolîeur j
& le coloris de leurs plumes. J'ai vu quatre colibris
des Indes, deux mâles & deux femelles , d'efpèces
différentes , perchés fur des branches d'abrilîeaux ,
& peints fur du papier par M. Aubriet , habile
Peintre du Roi , quiavoit accompagné M. deTour-
nefort dans fon voyage du Levant : mais ils he ref-
femblenr , ni pour la petiteffe , ni pour les cou-
leurs , à ceux dont on vient de voir la defcription»
Id. Le P. Labat confond le colibri avec Voifeau-
mouche. Et l'Auteur du fpeél.acle de la Nature j
qui paroît auliî les avoir confondus dans le premier
rome , les diftingue dans le troilième , en difanc
que C«eft At Yoifenii-mouche , &: non du colibri ^
qu'on peut faire des pendans d'oreilles-, &: eh s'é-
criant : Quelle diminution de taille depuis l'autru-
che jufqu'au colibri ! Quels changemens de becs de-
puis celui du toucan , jufqu'à celui de Voifeau-mou'
che , plus petit encore que le colibri.
fïCT On le dit figurémcntd'un homme de petite taille,
qui a la frivolité en pattage. Ce petit homme que
vous voyez , eft un vrai colibri,
fCr COLICOLES , rerme d'Architedure. C'eft la
même chofe que Caulicoles. f''^oye:(^ ce mor.
COLIFICHET, f, m. Petit morceau de papier , dé
carte , de parchemin , coupé proprement avec des
cifeaux , repréfentant diverfes figures ou deffeins i
qu'on colle enfuire fur du bois , du velours , &Ci.
Cartula inciji operis. Les Religieufes emploient le
temps , dont elles peuvent difpofer ,à faire des coli-
fichets. Ce mot vient de cole & de ficher , appli-
quer.
Colifichet fe dit plus particulièrement de certains
ouvrages de broderie faits fur du papier qui leur fert
de io\'\à.Opus pkryç^iumpapyro intextum.On feferc
de foie plarre pour les colifichets : on l'applique avec
l'aiguille fur le papier , enforte que l'ouvrage pa-
roilFe également des deux côtés : on ne repréfente
ordinairement que des oifeaux & des fleurs fur les
colifichets , ce qui fair un fort bel effet j à caufe du
poli delà foie Si delà vivacité de lés couleurs. On
eftime fort les colifichets de Bourges ; les Religieufes
font ces fortes d'ouvrages. On a porté à la Chine de
ces colifichets qui y ont étéeftimés , à caufe que la
broderie repréfente exaélement des .deux côtés les
mêmes figures. Les Chinois avoient peine à com-
prendre comment cela fe pouvoit faire.
Il fe dit aulîl fîgurément de certains petits orne-
mens mis mal à propos dans des ouvrages d'cfprir.
{K? des pointes, du précieux , du clinquant, ; les
minuties, les jolis tiens , les colifichets , s'emparent
de toutes nos productions. Acad. Fr.
// ne nous refte plus (Jue des fitperficies ,
Des pointes , du jarç^on , de tri/les facéties ,
Tout eji coliRchet , Pompon & Parodie. Gresset.
Colifichet , en tetmes de Mufique , fignifie des paf-
fagcs ttop fréquens , qui préfenrent une trop gtandd
variété de fons différens à l'oreille , comme les co-
lifichets ordinaires préfentent aux yeux de petites
chofes découpées , ci fêlées. Les traits tendres &
bien nourris font plus de plaiiir à l'oreille , que ces
paffages fréquens qui forment les colifichets. Il faut
'62o
COL
éviter la profufion des paflagss qui ne font qu cm-
bacrailer le chant, &: qui en oblcuicilknt la beauté ,
Si cefl ce qu'on appelle ordinairjment taire des co-
lijichas. Rousseau. ^
Colifichet le dit auill des petites pièces de peu de
valeur qu'on trouve dans les cabinets des curieux.
Frivola: 11 n'y a point de tableaux , de pièces de
prix dans ce cabinet , ce ne font que des coliphas.
Colifichet le dit auili des petits ornemens qu'on
met dans des ouvrages d'Architedure. Les batimcns
eothiques , à leurs corniches , ne lont charges que
"dt colifichets , n'ont point de ces grands ornemens
à la grecque.
fCrOn le dir généralement de tous les ornemens dépla-
cés qui n'ont point de convenance entr'eux , ni de
rapport avec les lieux où ils font mis.
|tr Colifichets, en termes de Monnoie , c'eft une
petite machine dont fe lervent les ajufteurs & les
tailleredes pour pouvoir ccouaner leseipèces. Acad.
Fb-anç.
CO'lIGNY. Bourg de France dans la Brcflc. Colinia-
cum. Il eft lituc aux confins de la Franche- Comté.
CoÙgny eR dans un petit pays , dont la Mailbn de
Coli"ny avoit la Ibuverainetc.
iCT CdLIMA. Ville de l'audience du Mexique , dans
l'Amérique léptentrionale , dans une vallée qui
porte Ion nom.
COLIMAÇON , r. m. terme populaire ^ aflez en u!a-
cre pour lignifier un Limaçon à coquille , ou limple-
rnent la coquille du Limaçon. Le P. Joubert , en
expliquant le mot de final , dit que c'eft ce qui va
en tournant comme une vis, ou une manière de Coli-
COLIMB , ou COLIMBE , ou COLIN, f. m. Colim-
bus. C'eft unoifeau , dont il y a plufieurs elpcces.
Le Colimh de la première el'pcce a le bec long de
deux doigts , & finillant en pointe. Sa tcte eft peti-
te , Ion cou ailez long 6: étroit , fa gorge , fa poitri-
ne acïon ventre blanchâtres , le refte de Ion corps
d'une couleur de châtain changeante i car fur le dos
elle eft obfcure , aux aîles fort lavée , un peu moins
à la tête & au bec -, fa tcte a des taches blanchâtres.
Il a trois doigts larges , avec des membranes , qui
ne les divilént que jufqu'à un certain endroit. 11 a
un éperon fi court, qu'il ne peut être appelé doigt.
Le Colimb huppé, eft la féconde çÇ^ïczXohmbus
criltatus. Il eft fcmblablc au précédent. Il a une
huppe proche du Ibmmctde la tète & du haut du
cou , formée de plumes élevées , qui font noires
par le haut , &: ronfles par les côtés , comme des
poils de renard. Tous ceux de cette efpèce ont les
oni;;les larges , particulièrement celui du doigt du
miîieu. Ils vont diminuant en pointe. Tous ontaulli
les jambes proche du derrière , 5c s'en fervenr mieux
pournâs^er, que pour marcher -, leurs cuifles font
cachées dans le ventre. Ils font un cri qui s'entend
de loin. Ils font leurs nids dans les rofeaux, & vi-
vent ordinairement de poiffon.
La troilîème efpèce eft le grand CoUmh huppé ,
Colimbas crifiatus major. Il a le bec jaune proche
de la tête -, le fommet en eft noir ; plus bas il eft
de couleur cendrée. Ces deux couleurs viennent
aboutir proche des yeux , qui font jaunes. Ils ont
une huppe noire , qui leur tombe du derrière de la
: tête, qui eft aufTi noire. Ce qui refte du cou parti-
cipe à la couleur de rouille , & à la couleur de
rôle. La poitrine & le ventre font d'un cendré blan-
châtre. Le dos &: les ailes font noires ; mais les cô-
tés & les extrémités des aîles font blanchâtres. Il n'a
point du tout de queue. Le croupion eft d'un cen-
dré tirant fur le noir ■■, les cuifles , les jambes & les
ailes, font comme aux précédens.
Il y a encore une autre efpèce de Colur.b huppé ,
plus petit que celui dont nous venons de parfcr.
Colimbus crifiatus minor. Son bec eft plus gros &
lona;, approchant de la couleur de rouille. Sa rcte
eft Icmblable à celle de la féconde efpèce ; car il eft
huppé & cornu. Il a des plumes au hautdu cou
■ qui font élevées : au dellus , il en a de noires , ,Sc
COL
aux côtés de roufTes. Outre cela , il a un e t ache blan-
che, qui eft un peu mêlée de couleur roufle, qui
environne les deux yeux. Il n'a pas le cou fi long
que le précédenr. Sa tcte eft en partie noirâtre avec
un peu cje roux par devant. Sa poitrine & Ion ven-
tre font d'un blanc mêle de roux. Au dos il a quel-
ques plumes cotonneufcs , & couvertes de poil
follet, qui font cendtces 8i rouisâcres , tirant fur
le noir. Celui-ci a les aîles plus longues à propor-
tion que le précédent. Il a les côtés &: la plupart
des grandes pennes blanchâtres -, le refte d'une cou-
leur'enfumée. Au relie il lui eft prefque fcmblablc.
COLIN , f. m. terme populaire. Nom propre d'hom-
me , que l'on donne à ceux qui lé nomment Nico-
las. Nicolaiis.
COLIN, f. m. A^oy^^ Caniart & Colime.
1/3° COLIN, petite rivière de France dans le Berri ,i
qui a fa fource dans les Montagnes d'Auvergne ,1
Se fe perd dans l'Avrette , près de Bourges.
COLINETTE. f. f. Nom que l'on donne à Lyon àl
des Rcligieulés pénitentes du Tiers-Ordre de S.l
François. Vo///.tfr/j. Le P. Hélyot parle du Monaftèrel
des Coltnettes , T. Kll , C 41. 1
[ÇT COLINETTE. f. f. Couverture de tête à l'ufagel
des femmes. C'ctoit une efpèce de cornette avec!
des barbes dont les femmes le coéilbient de nuir.j
■ COLÎNHOU. f. f C'eft le nom qu'on donne à unj
certain vin qui croît en Normandie dans le pays]
de Caux. Le vin de Colinkou fe tire des vignes qui!
font attachées à leurs arbres , & ce nom eft fansl
doute le nom propre de celui qui s'aviiâ le premierf
de gouverner ainli les vignes. C'eft ainfi que s'en
explique Alofant de Brieux , dans une de lés leurei
à M. Tursor. ,
COLÎNIL ^(. m. plante de FAmérique , dont le fuel
ét.mt mêlé avec un peu de m.iel , eft , à ce quel
l'on dit , un topique excellent pour les puftulesj
de la bouche. Ray. Htfi. Plant, qui n'en dit pas!
davanta2;e. |
COLIN-MAILLARD. Jeu d'enfans , où on bandel
les yeux à l'un de la troupe , qui |t? pourfuirt
ainlî les autres , jufqu'à ce qu'il en ait attrapé un"
qu'il eft obligé de nommer , & qui alors prend faj
place.
Lorfque le feu Roi de Suède , ( le'Grand Guftavé.
ce puilfant rié.ui de la Mailbn d'Autriche ,s'egayoit
dans fon particuher à jouer avec lés Colonels à Co\
lin-maillard , parmi les plus grands triomphes , cdi
palfoit pour une g.danterie admirable. MascurJ
Celui qui a les yeux bandés s'appelle Colin-maillard^
fiCF ainlî que le jeu , v^fiigator; andabata celui quH
a les yeux bandés. Jndabata vefiigaioris ludicrum j*
le jeu de Colin-maillard,
rCT COLIOURE. roY^i Collioure.
COLIQUE, f. f. Douleur plus ou moins violence
qu'on fent dans le bas ventre. IntejUniplenioris rnorH
bus, intejlini dolor , colicus dolor , colerica torj
mina. Elle a éré ainli' appelée , parce qu'on a crd
quelelîége ordinaire de cette maladie étoit Fintel^
rin colon^On auroit dû par cette raifon ne nommer
colique que la douleur du colon ; mais l'ulâge en
a décidé autrement. Il y a de trois fortes de coli-
ques : la bilicufie , la venteiife ÔC la néphrétique. La
colique bilicufie eft caufée par des humeurs bilieu-
fes , acres &: mordicantes , qui font répandues dans
les boyaux &: qui les picotent. La colique venteufc
eft vagabonde, & ne s'arrête en aucun lieu : elle
eft produire par des vents qui étendent violemment
l'inteftin où ils font enfermés. La colique néphré-
tique fe fent particulièrement fur les reins , & eft
ainfi nommée, parce qu'en grec le rein s'appelle v£<^îoc.
Elle procède ordinairement d'une pierre ou gravier
qui s'eft détachée du rein , & qui eft tombée dans
le baifinet. Le Pareira brava eft un fpécifique pour
les coliques néphrétiques. Il diiFout les glaires qui
collent enfcmble les fables & les graviers _d.ins
les reins. M. Manochi , Médecin Vénitien , qui s'eft
fait une grande réputation à la Cour du Mogol ,
où il a demeuré 40 ans, m'a aflîirc que fon remède
eft
Col
*ft infaillible contre toutes *for<es de ccîijues. Il
faut , dit-il , avoir un anneau de fer d'un pouce is.-
demi ,ou environ de diamètre ,& gros à propor-
tion ; le faire bien rougir au feu , & taifant éten-
dre le malade fur le dos , lui appliquer l'anneau fur
le nombril , enforte que le nombril fcrve comme de
. centre à l'anneau : le malade ne rardera pas à en
refîentir l'ardeur , il faur alors le retirer prompte-
menf, la révolution fubite qui fe fera dans le bas
Ventre di/îîpera en peu de rems toutes les douleurs.
Il fe fait garant du ptompt effet de ee remède , &
m'afllire qu'il s'en eft roujours iervi aux Indes avec
fucCcs. Lettr. édif. 'totn, IX.
Colique d'estomàc. Stomachi tormina, Ce font des
doiVkurs aiguës & vives dans les fibres de l'eftomac.
. 'L'3. colique i\fiomac caufe des vomi/femcns ,& ré-
duit qùelquetois à la mort. Une dccortion de fleurs
de camomille dans de la bière commune a guéri de
\i colique d'ejlomac. Si l'on prend feulement deux
fois Un bôlus compofé d'une drachme de rhubarbe
& d'autant de l'hiéra de Galiea & de miel rofat , il
n'y aiira point de purgation plus fùre ni plus e^'iieace
pour prévcnh h colique d'ejlomac.
Colique de Poitou. Morbus colicus Picîavienfîs.
Une Cfpcce de colique qui eft familière à Amfter-
dam pendant l'hiver , fe manifefte fous les dehors
de celle qui a été ci-devant appelée Colique de Poi-
tou. Demoùrs , Acad.d'Ed. Le. ^aS ,^içfi
^3" La Colique de Poitou cfl une efpèce particulière
de colique qui provient des exhalaifons , des prépa-
rations de plomb ,& de l'ufage des vins fophilHqués
«vec des préparatjons de ce métal. Colica Piclonum.
On l'appelle aullî colique des Plombiers , parce que
les ouvriers qui travaillent à fondre ou à purifier le
plomb , ou qui font expofés à recevoir les vapeurs
qui en fortent , y Jbnt fort fujets ; & Colique dei
Peintres , colica Piciorum, parce que les Peintres qui
emploient le blanc de Cérufe y font au/Ti fort expo-
fés,
%fT COLIQUE , en termes d'Anatomic, eftauflî adj.
Alors ce terme fert à défigner les artères & les vei-
nes_ qui appartiennent au colon. Il y a quatre artères
coliqiies, les deux droites qui nailfent de la mcfen-
térique fiipérieure -, & les deux gauches qui naiflent
de la mcfentcrique inférieure. Les veines coliques
vont fe rendre à la veine méfaraïque qui porte le
fang qu'elle en reçoit dans le tronc de la veine
porte.
go- COLÎQUEUX , EUSE, adj. Colicus. Ce mot dans
Montaigne fignifie , qui efl: fujet à la colique , ou
qui donné la colique.
COLIS , f. m. terme de Négoce , particuliètement en
ufagc à Lyon. Il (ïgnifie une balle , ballot , ou caiilè.
On prétend que les Lyonnois ont emprunté ce mot
des Italiens.
jCOLISEE. f. m. Amphithéâtre ovale qui fut bâti à
Rome par Vefpaiien. Amphitheatrum. Vej'pafiani.
Le colifee fut élevé dans le lieu où étoit l'étang de
la maifon dorée de Néron. On y vovoit autrefois
des ftatues qui repréfentoient toutes les Provinces
de l'Empire , au milieu defquelles étoit celle de Ro-
me , qui tenoit à la main une pomme d'or , comme
témoigne Ugution. On a aulfi appelé colifée un au-
tre Amphithéâtre de l'Empereur Sévère. On faifoit
dans ces fupetbes colifées des jeux & des combats
d'hommes & de bêtes farouches. Le téms & les guet-
tes ont ruiné ces coliféeS. Il y a encore à Argos & à
Corinthe des colifées qui font femblables.
Ce nom s'eft dit en général pour Théâtre , Am-
phithéâtre. Le nom de colifée vient du larin coliÇeum,
formé de coloffczurn ,kc:i.\.\k du Colorte de Néron
qui étoit à Rome proche du colifée , ou , félon Nar-
dini , de l'Italien colifeo.
COLLABORATION ,f. f terme de juriforuden-
ce. Collaboratio. C'cft le travail de deux perfonnes
qui tendent à une même fin. Ce tetme s'emploie
principalement en parlant de la conununautc entre
mari &: femme ■,& c'eft dans ce fens qu'on dir que
la moitié des biens de la commuaauté appartient au
Tome lit
COL
68i
furvivant dés conjoints, parcequ'elleed Je fruit de
leur collaloraiion. Au reltc je ne fais iice terme, qui
cil d'ailleurs forr exprefiif , eft en ufage par tout.
COLLAF^ oa COLLAPH , f. m, efpcce de Saule ^
qui croît eh plUlieurs endroits d'Egypte , &: ptinti-
palemcnt dans les lieux humides. Salix yEgyptiacai
en Arabe i\\^n HlwlUph , quclques-uhs difcnt C'^-
laph , mais mal. Ses feuilles font larges d'un doigt ,
& longues de deux. Ses fleurs font blanches , coton-
nées, odoriférantes ,Scen fort grande quantité. Oh
en fait une eau que les Egyptiens appellent macha-
lûf.lh l'ertimcnt fouverairie contre toute forte de
venin ; & comme elle fortifie le cœur , on tient qu'ils
ont donné le hom de caldfà l'arbre , parce que ca
ftiot fignifie cœur cri Arabe. D'autres dilent qu'ils
l'ont appelé ainfî .à caufe que foh fruit a la figure
d'un cœur , quand il commence à paroîtré.
§Cr COLLAGE , f. m. renne dé papeterie. Action de
coller le papier, c'cil-à-dire , de l'eiiduirc feuille
par feuille , quaiid il cit bien Ccc , d'une efpèce de
col/e , pour le mcttire en état de tccevoit l'écriture;
§3" pn le dit auffi de la matière qui fert à le faire ,
qui font des rognures de parchemin , des exrrcmi-
tés qu'on enlève des peaux , &c. Voyez Coli e.
|p° COLLAO, Contrée de TAmérique niéridionale
au Pérou , dans l'Audience de Los-Charcàs.
COLLATAÎRE. f. m. C'eft celui à qtii un bénéfice a
été conféré par celui qui a droit de conféret , en
qualité de Collateur. On dit le poutvû par le Colla-
teur , mipux que ColLiuiire,
COLLATERAL. Ç. m. Les Collatéraux , les fous-aî-
les , ou les bas-côtés d'une Eglife , font tous termes
fynonymes. Alœ EccUJîœ. Les Collatéraux de la Ca-'
thédrale dé Rouen , y compris les Chapelles , ont
chacun z8 pies de large, ^41 pies de haut. Defcript.
Géogr. & Hiflor. de la Haute-Norm. tom. 1 ,p. z6,
^}3' Les derniers Arrêts ont jugé que les Collatéraux
du Ckœur , lors même qu'ils font de même conftruc-
tion que le Chœur, ne font point à la charge des
gros détimateurs , qui fonr feulement tenus des
réparations du Chœur & Cancel.
COLLATERAL,ALE, adj. terme de Géographie. Qui
efl: à côté. On appelle Vens Collatéraux ceux qui
foufflent à côté de ceux qui font dans les points car-
dinaux de l'Horifon , comme le Nord-Efl; , Sud-Efl: ,
Nord-Oued, Sud-Oueft, & de leurs fubdivifions.Uri
venr collatéral, vsntus collateralis. Points colla-
téraux , ceux qui font au milieu de deux points
Cardinaux.
Ce mot vient du latin collateralis.
Collatéral ; ale , terme de Droit & de Généalogie,
fe dit au figuré d'un parent qui fort d'une même fou-
ehe , & qui n'eft point au rang des afcendans , ni
dcicendans ; mais qui efl: comme à côté , tels que
font les oncles , tantes , neVeux , nièces , confins ,
coufines. Tranfverfus cognationis gradus , collatera-
lis. On dit au pluriel les collatéraux un fubRantift
Tranfvcrfo cognationis gradu junciiflh font appelés
collatéraux , parce qu'au lieu que les afcendans &
les defcendans font dans une même ligne , qui les
lie fuccefîivement l'un à l'autre •, les frères & les
fœurs&: tous les autres plus éloignés , font entr'cux
les uns à côté des autres , chacun dans fa ligne fous
les afircndans qui leur font communs. Ceux qui font
dans un degré fupérieur , & plus pToche de
la fouche commune , repréfentent une efpèce de
paternité à l'égard de ceux qui font plus éloignés,
au lieii qu'il y a plus d'égalité entre ceux qui font
parens dans le même degré. Quand il s'agit de dif-
penlc de mariage , l'on a égard à cette diltincïion ,•
& à cette efpèce de collatéraux afcendans & def-
cendans.
On appelle , en Généalogie i la ligne collatérale ,■
celle qui eft au côté de la directe , où font les
confins , neveux , oncles , tantes , &c. Lineà tranf-
yerfa.
Confcil CoiLATr.RAL. C'efl: un Confeil d'Etat di!
Royaume de Naplcs. Tant que le Royanme de Na-
ples a fait partie de la Couronne d'Efpagne , 1«
R Pv E r
6^%
COL
ConfeJl collatéral étoit conipolc de deux Arrago- i
nois & de deux Napolitains , qui avoicnc pour chef
le Vicero'.
COLLATEUR. f. m. Celui qui IfT confère ou a droit
de conférer un bénéfice , de donner des proviiions.
Le Patron ou Prcicnratcur ne fait que nommer , Se
fur la nomination il faut obtenir des provifions du
Collatcur, haujicu Ecckjiajiici coUator. Le Col-
lateur ne peut le conférer un Bénéfice à loi-même.
Le Pape eft le Côllateur de tous les Bénéfices , mê-
me des cledlifs, par prévention, excepté lesConfifto-
riaux , & ceux qui font à la nomination des Patrons
Laïques. Les Evêques & les Prélats inférieurs fon-
dés en titre s'appellent les Collauurs ordinaires.
Le droit de patronage eft une efpèce de lervitude
impofée aux Collateurs , parce qu'ils font obligés de
conférer le Bénéfice à celui qui eft préfenté par le
Patron. Si le €olla.teur ordinaire & inférieur a né-
gligé d'ufer de fon droit pendant fix mois , le fupé-
rieur peut conférer par dévolution. Si l'Evêque né-
glige , le Métropolitain confère , puis le Primat ,
de degré en degré. Le Roi eft Côllateur de plein
droit des Bénéfices limples dont il eft le Patron. Il
les confère de plein droit ; mais à l'égard des Bé-
néfices Conliftoriaux , le Roi a feulement la nomi-
nation , & le Pape , en vertu du Concordat , eft obli-
gé de conférer à celui qui eft nommé par le Pvoi.
Pour les Bénéfices dont il eft le Côllateur direéf &
abfolu , il les peut conférer , parce qu'il y a une ef-
pèce de Sacerdoce annexé à la Royauté : les autres
Parrons laïques pour l'ordinaire ont fîniplement la
préfentation. La collation appartient à l'Evêque.
Quoique la collation appartienne de droit aux
Evêques , il y a plufeurs Abbés en France , & des
chapitres, qui iom Collateurs de plein droit de cer-
tains Bénéfices. Il y a même des Abbefles qui con-
fèrent des Cures , fans qu'il foit befoin de recourir
aux Ordinaires pour avoir la collation , ou inftitu-
tion. Il n'eft pas vrai qu'il n'y ait entre les Laïques
que le Roi feul qui foit Côllateur des Bénéfices
dont il eft le Patron. Nous voyons en France , prin-
cipalement en Normandie , un grand nombre de
Seigneurs laïques qui confèrent de plein droit pki-
fieurs Bénéfices dont ils font les Patrons. On n'a
donc point d'égard en France à la lettre que Boni-
face écrivit au Roi Philippe le Bel , où il dit qu'il
tenoit pour hérétiques ceux qui"prctendoient que
la collation des Bénéfices pouvoit appartenir aux
Laïques. Jean de Paris , qui écrivit en ce temps-là
fur cette matière , prétend que le droit de conférer
n'eft pas proprement fpirituel , mais qu'il eft feule-
ment attaché au fpirituel. Voyez Acofta , HiJL des
Reven. Eccl.
Ce mot & les fuivans , viennent de collator ,
collatitius , collatlo.
ÇOLLATIE. Ville ancienne d'Italie , que quelques-
uns placent feù eft aujourd'hui Cervaro. Collatia.
Elle étok dans la première Région d'Italie llir le
Tévérone , Anio , dans le chemin de Tivoli. On
croit qu'elle fut bâtie par les Albains , fur les con-
fins de Sabine. Tarquin le Superbe la rétablit , &
leva pour cela de l'argent fur le peuple Romain ; ce
qui fait croire à Servius fur l'Enéide VI, v. 775.
que c'eft de-là que lui vient fon nom. Collatia en
latin lignifie un fubfide , un fecours d'argent que le
peuple donne, r,Z./v£,Z. /,C 57 & 58 , parlant
de la bataille de Tfrquin contre les Sabins , fem-
ble mettre cette ville dans le pays des Sabins -, car
il dit que cette bataille fc donna à la gauche du Té-
vérone -, mais il eft contredit par Pline , L. III, C.
5 , par Servius à l'endroit cité , fc par beaucoup
d'autres , qui difent que c'étoit une ville du Latium.
Collatie fubfiftoit encore du temps de Cicéron , qui
en parle dans fa première Oraifon contre Rullus ,
6 même du temps de Strabon , qui en fait auffi
mention dans fon V^ Livre -, mais qui ne l'appelle
plus qu'un bourg , xa;V>r. Aujourd'hui il n'en telle
«jue des ruines. C'eft cette ville qui donnoit fon
COL
nom à la porte de Rome qu'on nommoit ColU'
tine.
COLLATIF , IVE. adj. Bénéfice qui eft à la difpbfi-
tion feule d'un Côllateur. Collatitius, Un Bénéfice
purement collatif, dépend du Côllateur feul , qui
le confère à qui il lui plaît , en cas de vacance ,
pourvu que la perfonne ait les qualités requifes ,
comme les Bénéfices vacans en régale , & autres
Bénéfices fimples , dont le Roi eft le Côllateur di-
reél &c abfolu , en la place de l'Ordinaire ou duPa-
pe. La delferte de la Chapelle de ce Château n'eft
pas un Bénéfice collatif,cc n'eft qu'une Preftnno-i
nie. Un Bénéfice c\eâif collatif , eft un Bénéfice
que ceux qui élifent confèrent en même temps , fana
avoir befcin d'autre provifion , ni de confirmatiori
du Supérieur, §::? Au lieu qu'un Bénéfice elcSil
cvnjirmattf , eft celui auquel on pourvoit par élec
tion , qui doit être confirmée par le Supérieur,
COLLATIN , INH, adj, CoUatinus , a. Le mont Colla
tin étoit une des fept Collines de l'ancienne Roi
me, CoUatinus. C'étoit aufli le furnom d'une branJ
che des Tarquins , qui fut donné à Lucius TarquiJ
nius , neveu de Tarquin le Superbe , parce qu'i
éroir originaire de Collatie, ou qu'il y avoitdemeu
ré. La porte Collatine étoit une des portes de l'an^
cienne Rome. Collatina porta. La porte Collatinl
étoit la porte par laquelle ofi fortoit de Rome poui
aller à Collatie , & c'eft de-là que lui venoit fof
nom ; c'eft ainfi qu'en plufieurs de nos villes nou
appelons la porte de Paris , celle qui eft du côo
de Paris ; & de même la porte de Lyon , &c.
Rouen, la porte Beauvaifine,par où l'on va dai
le Beauvaifis -, à Bourges ,1a porte Bourbonnois , ce^
le par où l'on va dans le Bourbonnois ; à Paris , :
porte de S. Denys , &c.
COLLATINE , f, f, Collatina. On croit que c'e|
une faute , & qu'il faut lire Collina dans S, Au
guftin. f^oye^ ce mot.
COLLATINE , f. f. nom que M. Bailler donne mai
à-propos aux Oblates de fainte Françoife.Co//^/i«J
L'an 1433 , fainte Françoife afîémbla le jour
l'Annonciation de la fainte Vierge plufieurs filk
& plufieurs veuves dans une maifon qu'on appel
le encore la Torre de Specchi , ou la Tour dd
miroirs , dans la rue des Cordiers , au pié ai
Capitole , & au quartier de Campitclli, Ainfi i|
nom de Collatine que M. Baillet donne à ces Obla
tes , ic qu'elles ne connoilîent point , ne peut vi
nir ni du quartier , ni de la rue où leur maifo^
eft fituée, comme cet Auteur le croit. P. Hél*
VI, p. iio.
COLLATION , f. f terme de matière bénéficiald
Pononcez les deux 1 1 dans ce mot , &: dans le
deux qui fuivent. Collatio. Titre , provifion d'ujj
Bénéfice \ ade par lequel le côllateur confère uij
bénéfice. Si un Chanoine a eu la Collation du Pa
pe , & fa partie la collation de l'Evêque , la quef
tion eft de favoir quelle eft la meilleure collation
En France la collation de l'Evêque eft la plus fa^
vorable , & la plus conforme au droit commura
Par l'ufage la collation , ou provifion , qui eft iJ
première en date , l'emporte, parce qu'on prétend
que le Pape a la prévention fur l'Ordinaire , du joui
même de la vacance du Bénéfice pour la co//a/ionj
Collation lignifie encore le droit de conférer un
bénéfice vacanr. Jus beneficii Ecclejiaf.ici confèrent
di. Les Abbayes de Marmoutier , Cluni , S. Jouin"
fur-Marne, font les Bénéfices qui ont les plus bel-
les collations. La collation du Pape eft reconnue
par toute l'Eglife Catholique, Il y a deux fortes de
collations ncceflîurcs. Les collations volontaires ,
font celles qui dépendent de la feule volonté du
Côllateur , qui peut choifir qui bon lui femble pour
remplir le Bénéfice vacant. Les néccflaires , font cel-
les que le Côllateur ne confère point librement.
Par exemple , fi le Bénéfice a été réfignc , ou per-
mute, S^Ç\ la réfignarion , ou permutation a été
admife par le Pape , alors le Collateut eft obligé
d'accorder des provifions au réfignataire , ou au
COL
côpèrmutant. De même il le Bcncficc eft requis par
un Indukaire ou par un Gradué , ou rempli par le
Patron , en ce cas encore la collation devient nc-
cefîâire & involontaire. La collation ncceffaire entre
deux Patrons qui confèrent alternativement , rem-
plit le tour de celui qui eil: force à contcrer. La
xollation des Bcnc/ices f ait partie des fruits de l'Evè-
ché vacant en Régaile -, & elle appartient au Roi ,
qui les confère de plein droit, de même quel'Evë-
que auroit fait. Voyc^ Fleury.
Collation , en termes de Palais , fignifie la reprc-
fentation & confrontation d'une copie à fon ori-
ginal , pour voir lî elle eft conforme , & l'aclie qui
en rend témoignage , que donne la perfonne publi-
que qui a pouvoir de le faire. Collatio exfcriptorunt
cum archetypis. Ainli on met au bas d'une copie ,
collation a été faite de cette copie à fon original ,
par moi Notaire foufTigné ; ce fait , rendu. Quand
le Notaire déclare qu'il en a la minute entre les
mains , la collation vaut un original , pourvu que
toutes les parties interreflces aient été appelées à la
collation.
Collation efl: auffi le repas qu'on fait les jours de
jeûne , au lieu de fouper , & où l'on ne doir man-
ger que des fruits, denula. Le P. Lobineau remar-
que , dans fon Hifi. de Bret. L. XXII ,;?. 847. qu'au-
trefois on ne mangeoit point de pain à la collation en
Carême ; mais feulement quelques confitures & des
fruits deiféchés , & que cette coutume duroit en-
core en 1515. Le Cardinal Humbert, dans fa ré-
ponfe à Nicetas , au milieu du onzième iiècle ,
dit que les Latins obfervoienr exaélement le jeune
du Carême , & ne fouffroient pas que perfonne le
rompît, s'il n'étoit grièvement malade. Il ajoute
qu'il n'étoit pas même permis , comme chez les
Grecs , de prendre des fruits & des herbes les jours
de jeûne après le repas unique que l'on faifoit \ ce
qui montre que les collations ont commencé chez
les Grecs vers le onzième lîècle.
Collation eft encore le repas qu'on fait entre le
dîner & le fouper , que les enfans appellent i^oîi-
tcr , Merenda , ou un petit repas qu'on fait en paf-
fant à la hâte. Voulez-vous faire une petite colla-
tion ? En Languedoc & eh Poitou , collation ligni-
fie le déjeuner.
Collation eft pareillelTieht un ample repas qu'on
tait au milieu de l'après-dinée ou la nuit. Il y aura
chez le Roi bal, ballet , & collation ; lautcc epultc.
On a fervi une collation où il y avoir de la vian-
de & des fruits , qu'on appelle autremenr un dm-
iigu. La nuit on l'appelle à la ville r^V«7/o/2 , à la
Cour un tnédianoche.
Remarquez que quand ce mot eft employé dans
la fignification d'un léger repas, on ne prononce les
deux 1 1 que comme une feule.
Ce mot vient de collatio , dont les Latins ont
ufé en cette lignification , en parlant des fobrcs
repas eccléfiaftiques faits aux jours du jeûne , .à l'if-
fue des conférences qu'on faifoit dans les Monaf-
tères après Vêpres, avec des harangues à l'honneur
du Saint dont on folemnifoit la Fête. Pasq.uier.
Par la même raifdn du Cange le dérive de collocu-
cutio ^ ou co/z/èrence: cai? on prétetid qu'originaire-
■ inent la collation n'étoit qu'une conférence de
piété qui fe faifoit dans les Monaftères : dans la
fuite on introduifît la coutume dé faire apporter
quelques rafraichiffemens ; & par l'excès où l'on
porta ces fobres repas , le nom de l'abus eft de-
meure , & celui de la chofe même s'eft perdu. Ce
mot s'eft depuis étendu à tous les autres repas
qu'on fait depuis dîner.
Collation lujlrale. Impôt qui fe leVoit dans l'Em-
pire Romain fur les marchandife». Collatio lujlra-
lis. Gratien exempta les Clercs marchands de la
Collation lujlrale. Fleury. On dit aufîi , contri-
bution luftrale.
tfT COLLATIONNER, v. a. ne fe dît point dans
le fens de conférer un bénéfice , fi ce n'eft dans
cette phrafe , où par une mauvaife allufion , on |
C Ô L gg
dit que l'ordre de Citeaux dîne bien i mais col-
lationne mal , pour faire entendre que les Abbayes
de cet ordre ont de gros revenus , mais n'onr pas
la collation des bénéfices qui en dépendent.
U3° COLLATIONNER, fignirie conférer un écrit avec
l'original , comparer deux écrits enfemble , pour
vérifier s'ils font femblables , s'il n'y a rien de plus
ou de moins dans l'un que dans l'autre. Collation-
ner à l'original , fur l'original , fur les regiftres. Exj-
cripta excmpla ex archetypo recognojccre ,Jcriptiji~
dcm ad ratwnem archetypi expendere. Plufieurs an-
ciens titres ne font que des vidimus , &; des copies col-
Icttionnees. Maintenant on n'ajoute point de foi
aux copies qu'on n'a pas coUationnées , parties pré-
fentes ou appelées.
Collationner , en fait de Librairie, eftj vérifier
s'il ne manque point de feuilles à un livre, foit par
les iignatures ou la reclame à l'égard des cahiers ,
foit par les chiffres à l'égard des téuillets. Explora-
re foliorum. fidern.
(fT En termes d'Imprimerie , c'eft vérifier fur
une féconde épreuve fi toutes les fautes marquées
lar la précédente épreuve ont été corrigées.
Collationner fignifie auffi faire ce petit repas
qu'on appelle collation. Cœnulam, mer en dam fu-
mure. Il eft difficile de fouper , quand on a bien
collationné.
ffT Alors ce verbe eft neutre , & s'emploie ab-
folument fans taire fentir les deux 11
^ COLLAtlONNÉ , ÉE. part. 11 a les fignifica-
tions du verbe aclif. Copie collationnée a , fur
l'original. Ecrit collationné. Collatus.
COLLAUDER , vieux v. a. Louer. Collauddrè.
COLLE. {. f. Ce qui ferr à joindre , à attachet du pa-
pier , du parchemin , du cuir fur du bois , fur de la
pierre , ou autre matière femblable. Gluten , glnti-
num. La colle ordinaire fe fait avec de la farine dé-
trempée & cuite avec de l'eau. Elle ferr aux Re-
lieurs, Imagcrs , Selliers , Cordonniers, Vitriers^
Ce mot vient du Grec '•■'axxx. Nicod.
La colle de gand fe fait avec des irognUres
de gand ou de parchemin bien trempées dans l'eau j
&c bouillies , qui ferr particulièrement aux Doreurs
fur le bois , &: qui peut fervis de vernis.
Colle /c>r/<; , eft celle qui le fait avec des pies j
des peaux , des nerfs , des cartilages de bœuf, qu'on
fait macérer quelque temps , puis bouillir fort long
temps jufqu'à ce que le tout devienne liquide. Tau-
rinum glutinum. On la paflê au travers d'un gros
linge , & on la jette fur une pierre platte où elle
fe congèle ; &: on la coupe par morceaux. Oh l'ap-
pelle en quelques lieux colle de cerf; &c Mathiole
dit qu'il s'en fait de cuir de toutes fortes de bêtes
à quatre pies. La meilleure eft celle qui vient du
taureau , qui eft blanche & claire , & qui fe fait à
l'Ile de Rhodes. Elle fert aux Menuifiers pour col-
ler & joindre leur bois , ou les ornemens de gros
carton. Il eft défendu par plufieurs ftatuts d'Arti-
fans , d'employer de la toile forte faite avec des ro-
gnures ou parures de cuir.
Il y a auifi de la Colle à miel , dont fe fervent
les Doreurs , qu'ils appellent Nature. On la pré-
pare en mêlant du miel dans de l'eau de colle
avec un peu de vinaigre.
Colle à Pierre Les Marbriers appellent! ainfi une
efpèce de maftic , ^ont ils fe fervent pour rejoin-
dre les marbres , qui fefont cafles , ou écornés. Ils la
compofent ordinairement de poudre de marbre
bien broyé , de colle forte , & de poix , en y ajou-
tant quelque couleur , qui la rende femblable aux
marbres qu'on veut rejoindre.
Colle de Poiffon , eft une colle de couleur blanche
qui fe fair d'une forte de poiflbn qui eft des plus
gros , carrilagineux , & qui n'a point d'os , excep-
té à la tête : il eft de la longueur de vingt-quatte
pies , & du poids de quatre cens livres, Iclhyo-
colla. On en prend la peau , l'eftomac , les inteftins ,
les aîles & la queue ; on les fait cuire cnfuite fur un
petit feu jufqu'à la conliftanco de bouillie -, aptes
R R r r ij
^84
COL
quoi on laifle refvoidir le tout. La colle cU pciffoii \
deiîcche 60 ramollit eu quelque nian.icLe.Oa s'en leit
dans les empLiCL-es gUuinatits. Les Cabarteticts met-
tent de la colle di' poijjon dans le vin poac le clari-
fier.
On dit d'im homme enrhumé , qui crache beau-
coup , qu'il crache de la colle,
§3" Colle pour le papier. Elle ie fair principalement
de rognures de parchemin , de ce qu'on retranche des
peaux de parchemin , des pics principalemenr , que
l'on fait bouillie dans un mélange d'alun , quand
les feuilles de papier font bien lèches , on les en-
duit de cette colle , afin de les mettre en état de
recevoir l'écriture. Cette opération s'appelle col-
IfTge.
fer COLLE. ( LA } Rivière de France dans la Cham-
pagne , qui a fafource près de Vitri ,&: fe p>erd dans
la Marne près de Chalons,
§Cr COLLE, petite ville d'Iralie dans la Tofcane,
avec un cvcchc fuffraganr de Florence , elle eft fur
les confins du Siénois.
^Zr COLLE ie dit aufTi, parmi la populace, pour
bourde , menterie , chofe conrrouvce. Commemum ,
nuacz. C'eft ainli qu'on dit : Voilà une bonne colle.
î 1 m'a donné une colle.
COLLECTAIRE. f. m. Livre qui compTenoit autre-
fois routes les oraifons appelées coUeéVes. Collecla-
Tum Liber , Colleclarium , dans la vie de iainte Co-
lètc , Jcl. SS. Mart.T. I,p. 551. /?. 553.f,Com-
me il y avoir un Livre des Evangiles ; vn autre des
Epitres , il y en avoir auffi un des Collectes , 6i on
i'appcloir Ccllcclaire , comme il paroît par cette
vie. Les BoUandilles prétendent qu'il fc prend pour
ce que nous appelons un Diumal , ^5. SS, Mart.
T.UI,p.-j^G.E.
CoLLECTAiRE. Terme du 'cérémonial ecclélîafl:ique.
Colleclarius. C'eft celui qui porte le livre où font
contenues les Collectes , c'eft-à-dire les Oraifons,
ou comme l'on dit communément , les Oremus.
COLLECTE, f. i. Levée des tailles , ou aui;res impo-
iicions qui.fe font par alliette dans une paroilfe.
Collecta. Ce Payian a fait la collecte des tailles de
cette année, on lui a volé û\ colleHe , les deniers
de fa collecte, La collecte des tailles eft cenfée un
emploi inférieur ; à Rome elle étoit honorable. Ce
foin appartenoic aux Décurions. Lovseau.
Ce mot vient du vexho. colligere , rj.majfer.
Collecte eft aufTi une quête de deniers qui fe
payent volontairement , ou qu'on donne par au-
mône. Collecta, Les Dames de la Paroiffe onr fait la
collecte des aumônes qu'on donne pour les pauvres
honteux. En 1095 ,1e Pape Urbain II, voulant chai-
fer de Rome les Parrifans de l'Antipape Guiberr,
fans efrufton defang , écrivit pour lever des collec-
tes fur l'Eglife , comme il paroît par fa lettre aux
Evcques d'Aquitaine. Fleury. Quelques -ims di-
fent que ces quêtes ont été appelées collectes , par-
ce qu'elles fe faifoient les jours de collectes , &
dans les collectes , c'cft-à-dire , dans les affemblées
des Chrétiens. Il eft plus vraifcmblable que com-
me les aficmblées ont été ainfi appelées du mot
latin colli^o , parce que le peuple s'aifemble , col-
■ ligitur , de même on a appelé ces quêtes collectes ,
quia colU^ltur peciinia , parce qu'on ramaflbit Tar-
gent , les aumônes des Fidèles.
Quelques-uns difcnt aulîî ce nom collecte , pour
les levées que font les Princes fur leur peuple pour
quelque defléin pieux. Le Pvoi d'Anglererre vint
en Normandie l'an i\66 , où il ordonna une collec-
/f de deniers pour le fecours de la Terre-Sainte , à
la prière , Se fuivant l'exemple du Roi de France ^
en exécution de ce que le Pape Alexandre III
avoir ordonné en un Concile qu'il tint à Reims en
IT74. Cette roZ/ff/tf comprenoit tout le monde, le
Clergé, la Nobleflé , le peuple, 6c devoit durer
cinq ans : c'eft le premier exem.ple , que je fâche
de ces levées pour la Terre-Sainte. Id. Levée fe dit
plus ordinairement que collecte, &: eft plus fran-
COL
cois , jc doute que ceux qui parlent bien vouluAent
fe fctvir de collecte en ce fens.
Collecte , nom d'une Oraifon de la Meffe , que le
Prêtre dit immédiatement avant TEpitre , t;6 quoi
colligdiuur vl'Luiones , Collecta, En général toutes
les Oraifons qu'on dit .à la îïlefle, ou à l'Office,
s'appellent collectes , foit parce que le Prêtre parle
au nom de tout le peuple , dont il ramalîe les
fcntimcns & les delirs par ce mot Oremus , prions ,
comme le remarque le Pape Innocent III , foit
.parce que ces prières fe font lorlque le peuple ett
aifemblé , comme dit Pamelius fur Tertullicn.
On a auHi appelé auttefois collecte , le Sacrifice
de la Mcife , à caufe que le peuple éroit aifemblé
pour l'entendre. On tient que les Papes Gélafe &
Grégoire ont établi les collectes, CXvlwAq Defpenfe,
Doclcur en Théologie de la Faculré de Paris , a fait
un rrairé des collectes \ il y parle de leur origine
■dans l'Eglilé Latine , de leur antiquité , de ceux qui
en font les Auteurs , &c.
Quelques-uns dérivent ce mot , pris en ce der-
nier fens , de collir,ere , lignifiant ajfemller , parce
que cette otailbn fe difoit fur tout le peuple ^ au
nom du peuple aifemblé , ou parce que l'on raflèm-
bloit dans cette oraifon les prières de tout le peuple,
ou parce qu'on avoir courume de ramaffer les aumô-
nes au remps de cette orailbn. Les BoUandiftes re-
jettent ces étymologies , comme tirées de trop loin
Se fans fondement. Ih prétendent qiffe ce mot vient
de conlegere , lire enfemblc. Se qu'il fignifie propre-
ment l'oraifon que l'on dit à laMelfe,ou par or-
dre de l'Eglife , ou par dévorion , après l'oraifon
principale de la Fête , ou du jour -, & que parce que
dans les endroits où l'on honore quelque Saint, il
eft ordinaire de dire Ion oraifon après celle du jour :
ces oraifons s'appelèrenr conlecta , qui Ibntlues en-
fcmble, c'eft-à dire, avec celle du jour , d'où s'eft
tait collecta:. Voyez ^cta SS, T, VII, Mail,p, 1Z4,
ji. Un endroit du L. Il des Miracles de S. Ger-
main ; c. 13. Acta SS. BeTiediS.Sec. %II , P. II ,p,
. I i(j , confirme ce fcntiment ; car il y eft dir qu'après
l'oraifon 6c la collecte , une femme fur guérie.
Le P. Le Brun prétend que la collecte lignifie
auiîi recueil, fommaire. CafTien appelle le Célé-
brant, le Prêtre qui officie, celui qui fait le fom-
maire de la prière : Is qui orationem colleclurus ejf.
C'eft de-là très-probablement que cette Orailbn a
pris le nom de collecte. Walafride Strabon , C.
XXII i donne cette étymologie : Collecta , quia pe-
titiones compendiofà brevitate collisimus. L'Orailbn
qui fe dit après l'OfFcrre, s'appelle Secreite , Si celle
qui fe dit après la Communion, s'appelle Pojt-Cuni-
munion. Voilà aujourd'hui l'ulage, mais il ne s'cu-
lùir pas qu'on n'ait point appelé autrefois colltcle
les deux dernières de ces Oraifons.
On a aulli donné ce nom à raHèmblée'.,des Chré-
tiens où fc célébroient les Saints myftèrés; S<: la
prière qu'on appelle Collecte , n'a ce nom que parce
qu'on la lifoit pendant que le peuple s'alfembloir.'
Collecta, de colligere, raffembler ,amalfcr. Le Pro-
conful demanda au Marryr s'il avoir allifté à la
Collecte ; c'eft-à-dire , à l'alTcmblée. Il répondit ;
qu'il étoit arrivé comme on la renoit, Se qu'un feul
d'entre eux étoit la caufe de ce qu'on avoit célébré
la Collecte. Fleury.
On a auilî appelé Collecte , ralFemblée des Moines
pour chanter l'Office. C'étoit le Canonarque qui
frappoit fur un morceau de bois pour Ibnner ia. Col'
/c'i?i|fct&: appeler les Moines à l'Office.
CollWte , dans l'Ordre de Maire , fe dit quand les
Frères s'alfemblent pour délibérer fur quelque chofe
qui regarde leur langue, ou leur auberge; c'eft-à-;
dire, qu'il lignifie aflemblée, & qu'il fe dit des
alfemblces parriculicres de chaque langue.
COLLECTEUR, f m. Celui qui eft nommé par les
habitans d'une paroilTe pour lever la taille. Tribu-
torum coaclor. Les habitans Ibnt contraints foli-*
dairement , faute d'avoir nommé des Aif^eurs &r
Collecteurs,
COL
§C?* On appelle Colkcleur , tout homme chargé du
recouvrement de quelque impolîtion. Ainfi il y a au-
tant de Collecteurs , qu'il y a d'elpèces d'jmpolitions
qui ie lèvent par aliictte.
^Zt Chez les Romains , les impofitions ordinaires
s'appeloient Canumcj. , & ceux qui croient chargés
du recouvrement , Canonicurii.
COLLECl IF , IVE , adj. m. terme de Grammaire. Col-
leclivus. Mot qui déligne une multitude , encore
qu'il loit au fingulier. Troupe , compiV^nie , armée ,
ibnt des noms colleciifs.
gCT Le terme collectif eft proprement celui qui
prélente l'idée lingulière d'un tout formé par al-
iemblage de plulieurs choies de même elpècc.
Armée ell: un nom colleciifs parce que fous une
cxprciïton fingulière, il excite l'idée de plulieurs
individus formant un tout. Il en eft de même des
autres noms qu'on appelle collectifs.
15c? COLLECTIF , terme de Logique , fe dit , par
oppoiition à diftributif, de la totalité d'un genre
ou d'une elpcce, d'une multitude. Si je dis : les
Pairs EcclcfLiftiqucs font lîx , cette propoiition eft
vraie dans le i'caif olleSuf. L;s Pairs Eccléliaftiqucs
font Ducs , Comtes. Cela n'eft vrai que dans le fcns
«iiftributif. Cclni-ci eft Duc, celui-là eft Comrc.
Une conféquence ciu fens collectif au diftribuiit
eft bonne , quand c'cft en matière nécclfaire , c'eft-
à- dire , quand il s'.vgit d'un attribut ou d'une quali-
té eifsntielle à la choie dont on parle. Elle n'cft
pas bonne en matière contingente , c-eft-à-dirc ,
quand il s'agit d'un attribut accidentel. Les hommci
font vivans, animaux, raifonnables ; donc Jean,
Pierre, Louis , &c, à l'infini font vivans, railbnna-
bles. La conféqucnce eft légitime. Les hommes font
favans ; &c. donc Caius , Tirius le font. La confé-
qucnce n'eft pas vraie , parce que l'antécédent ne
i'eft que dans le fcns diftributif >& non point dans
le collectif, de la matière étant accidentelle & con-
tingente.
COLLECTION , f. f. recueil de plufieurs partages fur
une ou plufieurs matières tirées d'un ou de plulieurs
Auteurs. Excerpcio , excerpta , collecîanea. Les
jeunes gens doivenr faire des collections. Il a fait
une collection de tout ce qu'il y a de remarquable
dans tel o-uvrage.
■Collection fe dir-iulli d'un recueil, d'une compila-
tion de plufieurs choies qui ont quelque rapport
enfemble. Ce Libraire a fait imprimer la Collection
des Ouvrages d'Erafme , de Cardan , de Galfendi. Le
fpicilegium du Père d'Achéry eft une Collection de
plufieurs pièces curieufes de l'antiquité. Les Collec-
tions Mathématiques de Pappus Alexandrinus. On
attribue à Ifidore la Collection des Décrétales , &: des
Epitres des Papes. La Collection des Conciles , des
Canons.
^fT Collection fe dit, dans le même fens, d'un ramas
de médailles , d'antiques, de tableaux , & en gé-
néral de toutes les curiolités qui forment les cabi-
nets des curieux. Un tel a fait une belle collection
, de médailles , d'antiques , de plantes , de coquil-
lages , &c.
Collection, terme de Philofophie, &: fur tout de
Logique &: de Métaphyfique. C'eft une multitude
déterminée , le ramas, l'anémblage de toutes les
parties d'un compolé ; c'eft routes ces parties prifes
enfemble, & il eft oppofé .à diftribution , qui li-
gnifie toutes les m?mes parties prifes en particulier.
Collection fignife aulfi univcrfalité. Tout cela re-
vient au même. La colle^on de tous Icshomn^es,
de tous les individus d'une nature, de toutes les
efpcces contenues fous un genre.
Collection de lumière, terme d'Aftrologie. Collcctio
luminis. Ce terme fe dit lorfque deux planètes ne
font en aucun afpeèl: , & qu'une troilièmc les regarde
toutes deux : nlors il y a collection de lumière.
COLLECTIVEMENT, adv. D'une manière collecli-
ve. Collective. L'homme en général fe prend Collec-
tivement ,{\n%con\^àLcrcx\cs individus. L'homme,
, pris colleUivemen: , fignifie tous les homiues.
COL ^8^
! COLLEGATAIRE , f.m.&: f. terme de Jurifprudence.
Celui , ou celle à qui un legs a été fait en commun ,
avec une , ou plufieurs perfonnes. Qui Icgatorum in
partem vocatus ejt, Si la choie eft léguée folidaire-
ment, la portion du colleoatuire mort, ou qui d«
l'accepte point, accroît aux auiks collcgataires.
COLLEGE, f m. nom qu'on donne à un Corps ou
Compagnie de perfonnes qui ont la même dignité
ou qui font occupées des mêmes fonctions. Colle-
giurn. Les Romains appcloient Collège tout aiiem-
blage de plulieurs perfonnes occupées aux mômes
fondions, & comme liées, c'eft-à-dire, unies en-
femble pour y ttavailler de concert ;&: ils difoienc
ce mot non feulement des perfonnes qui iravail-
loient aux fonctions de la Religion, du Gouverne-
mant, ou des Arts libéraux ; mais encore de celles
qui s'occupoient aux Arts méchaniques. Ainfi ce
nom fignifioit ce que nous nommons un Corps , une
Compagnie , un Corps de métier , un métier. Il y
avoit dans l'empire Romain non feulement le Col-
lège des Augures, le Collège des Capitolins , c'eft-à-
dire, ceux qui avoient l'intendance des Jeux Capito-
lins-, mais auili le Collège Azs hmidim ,C^'Ugi::m
Artificum ; le Collège des Charpentiers , Colleriiuit-
Fahrorum , ou Fabrorum Tignariorum ; le Collège
des Potiers , Collègium Figulorum ; le Collège des
Fbndeurs , Collègium Fahrorum (zrariorum ; le Col~
Lgc des Serruriers, Colledum Fabrorum Scrrariorum ■
Le Collège des Ingénieurs , ou des gens qui travail-
loicnt aux machines de guerre , c'.-ft-.à-dire des
Charpentiers de l'armée, Tignariorum ; d.-s Dcn-
drophores, Dendrophororum ; des Centenaires , Cen-
tenariorum ; des faifeurs de cafaques mdiiaires ,
5'.z-;'iZ//t>r////: ; des faifeurs de rentes, Tahernacula-
riorum ; des Entrepreneurs des fourages , Fœnario-
rurn; le Collège des Boulangers, Colle (lumPiilo-
rurn; des Joueurs d'Inftrumcnts , Til-icinum ^Sic.
Plutarque dit que ce fut Numa qui divifa le pcuoie
Romain en différens Corps i , qu'il appela Collèges ;
il le fit a.nn que les particuliers fongeanraux intérêts
de leur Collège, qui les divilbit des citoyens qui
étoient des autres Collèges, ils ne s'unifient point
tous enfemble pour troubler le repos public. Les
Collèges étoient diftingués des autres Sociérés qui
n'étoient pas établies en forme de Collège par l'au'
torité publique , en ce que ceux qui compofoient ua
Collège pouvoient traiter des affaires communes de
leur Co/lège,qu'\[s faifbienc un Corps dans l'Etat, en
ce qu'ils avoient une bourfe coiTimune , un Agent
pour faire leurs affaires , comme aujourd'hui les
Syndics de nos Communautés; qu'ils cnvoyoient
des Députes aux Magiftrats quand ils avoient à trai-
ter avec eux , & qu'ils pouvoient faire des régle-
mens & des ftatuts pour leur Collège , pourvu qm'ils
ne fuffent point contraires aux loix de l'Etat. Voyer.
Plutarque dans la ^ù- de Numa, Valere Max. au
chap. des éc.ahliffemens. De Injiitutis , Pline, /. 54,
c, i , &: l. 55. Ciceron , ép. 5 , .à Ion F. Quintus , '/.
i. Tite-Live, l, i, Aulu-Gelle , /. i z , c. 5 , /fj Pan-
dectes, le Code, les Jurifconfuhis.CiiuSfVd^ulnSt
Scrvola, fi-c. & ci-delfus au mot Boulanger.
A Rome , il y a le Collage des Cardinaux , qu'on
nomme autrement le Sacré Collège. Les Allemans
ont le Collège des Eleéleurs. Il y a trois Collèges
dans l'Empire , le Collège Eleétoral , le Collège des
Princes , & le Collège des Villes Impériales. Foye:^
ci-après.
La Chancellerie a le Collège des Secrétaires du
Roy. Il y a le grand & le petit Collège.
Dans le Clergé de la Cathédrale de Rouen , il y a
cinq ou fix Collèges différcns de Chapehains-, 5: ces
Chapelains font appelés Collécjaux , 3. la différence
des non-Collégiaux , qui ne fbrment point de (To/-
fege entre-eux. Foyei la Defcription Géogr. & Hiji.
de la Haute-Norm. tom. x,pa.g. 7^1 &fuiv.
Collège des Cardinaux , ou Sacré Collège. Sacrum
Colleaium. C'eft le Corps des Cardinaux. Ce Collège
eft compofé de trois ordres de Cardinaux , de l'or-
dre des Cardinaux Erêques, de l'ordre de$ Cardi-
6^G
COL
naiJX Prêtres , & de l'ordre des Cardinaux Éiiacres :
chaque ordre a fon Doyen , ou l'on Chef. Le Ooyen
des Cardmaux Evêques eit E/èqiie d'Oltie, &:
Doyen de tous les Cardinaux, quoiqu'il puiile
n'erre pas le plus ancien Cardinal. Collcgium Car-
dinalium.
On dilbic autrefois le Collège des Jpôtrcs -, cette
exprefTion a vieilli , on ne s'en iert prelque point au-
jourd'hui. Apojlolorum Collegiitm.
Collège des EUcieurs. ColUgium Ekclorum hnperU.
C'cft le corps des Eleveurs , ou de leurs Députés à
la Diète de Ratillsonne. Autrefois le Roi de Bohême
n'avoir point de Députe dans le Collège des Elec-
teurs , il en a un aujourd'hui comme les autres
Electeurs.
CoiLÈGE des Princes. Collegium Imperii Principum.
C'eft le Corps des Princes ou de leurs Dépurés qui
fe trouvent à la Diète de Ratilbonnc.
Collège des Villes. Collegium Imperii Civitatum.
C'eft le Corpsdes Députés que les villes de l'Empire
envoient à la Dière de Ratifoonnc.
^CT Cette divilion du Corps Getmanique fut établie
dans la Diète tenue à Francfort en 1580.
^3" L'Archevêque de Mayence eft Diredeur du Col-
leae Elcdloral. L'Archi-Duc d'Autriche &: l'Arche-
vêque de Salrzbourg, fonr alternativement Direc-
teurs du Collège des Princes ; &: le premier Ma-
gifttat de la Ville Impériale où la Diète cft con-
voquée , cft Directeur du Collège des Villes.
Ce mot vient félon Papias , à Societatc Collcga-
rum , c'eft-à-dire , de plufieurs perfounes côn-
tituées en la même dignité
Collège fe dit aullî d'un lieu public &: doté de
certains revenus , où l'on enfeigne les Lettres divi-
nes & humaines , dans des fallcs appelées clafes
deftinées pour cela. Gymnajîum Litterarum , Gym-
najium , Scholœ. ^ L'Univerfité de Patis confifte en
plus de 50 Collèges, iode plein exetcice, &plus
de 40 autres fondés pour des bourhers , aujourd'hui
réunis fous une même adminiftrarion dans le Collège
de Louis le Grand. A Oxfort il y a dix-huit Collèges
dotés &c rentes-, outre ceux qui ne le fonr point. Il
y en a feize à Cambridge , qui ont aufli leurs reve-
nus fixes. Chamberlain. En France l'éreélion des
Collèges appartient au Roi : les particuliers peu-
vent bien bâtir à^s Collèges, les doter , mais ils ne
famoient les ériger , il faut pour cela permiiridn du
Roi. Voyei l'Hommeau , Chaline , Févret , de
l'Abus, T. /.
Toutes les nations policées ont eu & ont encore
des Collèges ^owi l'inftmélion de lajeunefle, qu'an
a toujouis regardée comme une chofe des pliis im-
portantes pour le bonheur d'un Etat. Les Juits &
les Egyptiens ont eu leurs Collèges. Le Thalmud &
plufieurs livres des Juifs parlent de leurs Ecoles ,
ou Collèges : quelques villes ont eu des noms qui
. marquoienr que les Sciences y florifibienf, comme
Nardée, dont le nom fignine Fleuve de Science , Si
Cariath-fepher , qui veu"t dire, ville de livres. Les
plus célèbres Collèges des Juifs ont été ceux de
Jérufalem , de Tibcriade, de Nardée, de Mata-
Machafia , de Pompodita , de Suia , &c. Se fur tout
de Babylone. On prétend qua ce dernier fut établi
par Ezéchiel -, qu'il fubfiftoit encore au temps de
Mahomet ; 6i que cet Importent voulut que les
Collèsres voifins fuflent fubordonnés à celui de
Babylone.
Chez les Grecs, le Lycée Si l'Académie croient de
célèbres Collèges , dont le dernier a donné fon nom
aux Académies & aux Univerfités, qu'on appelle en
latin du nom Académla. La maifon de chaque phi-
lofophe &: de chaque rhéteur pouvoir paffer pont
un Collège, ils y donnoient des leçons à leurs dif-
ciples, à' moins qu'ils ne choifillent pour cela quel-
que lieu public, comme un portique , une ga-
lerie, &c.
Les Romains établirent en divers endroirs , &
fur tout dans les Gaules, des Ecoles on Collèges :
' les plus célèbres étoient ceux de Marfeille j de
CO L
Lyon &: de Befançon, Les Collèges ont prefque tou-
jours été entre les mains de ceux qui étoient con-
factés au miniftère de la religion. C'éroient les
Mages en Perfe , les Gymnolbphiftes aux Indes , Se
les Druides dans les Gaules , qui enfeignoient les
Iciences aux jeunes gens. Voye:^ Céfar, h 6, de
la guerre des Gaules. Quand la religion chrétienne
fut établie en France , il y eut prefque autant de
Collèges , que ^de Monaftères. Charlemagne dans
ies Capitulaires , /. i , c. iz , ordonne que dans
tous les Monaftères on apprit auxenfanslcs pfeau-"
mes , la mufique , l'arithmétique , la grammairéi
Mais parce que le foin de l'éducation de la jeunefle
tiroit les Moines de leur folitude , partageoiÉ
trop leur temps , Si les empcchoit de vaquer aux
exercices de leur profefllon , dans la fuite on i
donné le foin de plufieurs Collèges à. des perfonnes
qui n'euflênt point d'autres occupations que
celle-là
Collège fe dît aufiTi d'un lieU fondé pour y entrete-
nir quelques pauvres garçons , Si leur donner
moyen d'étudier , fous le nom de Bourjîers. Colle-
gium. Ils font conduits par un Principal, fans qu'il
y ait aucun exercice , ni Profefiêurs , comme le
Collège de Fortet, de M' Gervais à Paris, nous avons
déjà dit que ces Collèges étoient réunis.
On dit d'un homme qui fait paroîtrc une igno-
rance groffière, qu'il a bien perdu fon temps au
Collège. On dit aufli qu'une chofe fent le Collège,
quand elle eft faite ou dite, d'une maniète pédan-
tefque. Les gens de Cour envoient un Savant dans le
fond d'un Collège. Boil. Ces âmes de Collège SC
d'Univerfité font toujours armées de fyllogifmes
pour dlfputer fur tout. Pere Daniel.
Si le texte ejl latin , cite l'original i
Mais non pas s'il ejigrec, le grec Jied toujours
mal.
Et porte malgré nous notre efprit au Collège.
Vill,
On dit dans le Droit que trois perfonnes fuffi-
fenr pour faite Collège , Collegium très faciunt.
On dit , le Collège des Avocats aux Confeils dit
Roi , & l'Ordre des Avocars au Parlement. §3° On
dit cependant Collège des Avocats en quelques en-
droirs, à Rouen , à Lyon,
Collège le dit des Chapitres de Chanoines & de
Chanoinefles. Nicolas des Urfins , Comte de
Solero , fonda un Collège de ChanoinelTes à Noli,
dans l'Etat de Gènes." P. Hélyot , T. VII, C.
4S. De-là vient qu'on appelle Collégiales , les Egli-
fes des Chapitres de Chanoines qui ne font pas
dans une Carhédrale. Voyc:^ Collégiale.
Collège des Aîarchands, C'eft ainfi que l'on nomme
dans prefque toutes les villes Anféatiques, un cer-
tain lieu , ou place publique , où s'atrcmblcnt ordi-
nairemenr les Marchands Se Négocians , pour trai-
ter des affaires de leur commerce. C'eft proprement
ce qu'on appelle à Nantes & ailleurs, Bourjè , Se à
Lyon , Place du Chancre.
COLLÉGIAL , ALE , adj.' Qui fent le Collège. Quoi
Collegium fapit'. Cette façon d'agir , do parler , eft
fort collégiale, c'eft-à-dire > ne tient point de l'air
du beau monde.
ÇCF Dans cette acception , le mot de Collégiale n'eft
pas reçu. Il n'eft ufité qu'au féminin dans cette
phrafe , Eglife Collégiale , pour défigner une Eglife
où il n'y a point de^Siége Epilcopal , St qui eft
dclfcrTie par des Chanoines. Ecclefla Colleglalis ,
Colleoiata : templum Canonicorum Colleç^ïo célèbre.
S. Marrin de Tours n'eft qu'une Eglife Collégiale.
Il y a deux fortes d'Eglifes Collégiales : les unes de
fondation Royale, comme les faintes Chapelles,
dont le Roi confère les prébendes -, les autres
font de fondation Eccléfiaftique. Les unes & les
autres pour le Service divin fe règlent comme les
Cathédrales ; il y a même de ces Eglifes Collégiales
qui ont des droits Epifcopaux, Quelques Collégiales
\
COL
ëtoient anciennement des abbayes qui ont été
fécularifées. Aupiuriel mafculin on dit Collégiaux.
Voyez ci-deflus Collège.
tCoLLEGiAL, f. m. nom de dignité dans les Univcrfî-
tcs 'A'^î\p^s,ne.Collegialu.Lz Collégial àc l'Univer-
fité de Vailadolid vient d'obtenir une place d'Al-
Caïde dans rAiidience de Séville. Un tel ell grand
Collégial dans l'Univerfité de S'eville.
Collégiale, f. f. Ce mot vient du mot latin Colle-
gium i Société de gens eciblis pour la mcme fin ,
les mêmes fon6i:ions.|iCr On 2if\yc\\c Collégiale, on j
Eglife Collégiale, une Eglile deircvie par un Cha-
pitre fans iiége épilcopal. Chapitre de Chanoines
&: autres Miniftces établi dans une Eglife qui n'efl:
pas Cathédrale , ou Siège d'un Evèque.
^fj' COLLEGIATS. f. m. En quelques endroits on
appelle colkgiats les Bourfîers ou Ecoliers qui ont
une bourfe dans un Collège. Loysel.
|iCr COLLÉGIATE , f. £ ce mot fe dit peu. Il eft
fynonyme à collégiale.
Ce mot fe dit à Dijon de l'Eglife Abbatiale de
S. Etienne. C*étoit autrefois un célèbre Monaftère
de l'Ordre de S. Auguftin , & le chef de cette Col-
légiale porte encore le nom d'Abbé , quoiqu'il ait
été fécularifé , & qu'on en ait fait un Chapitre de
Chanoines féculiers , & réduit les biens en canoni-
cats. §CF cette Abbaye, ou Eglife collégiale , fut
érigée en Eglife Cathédrale en 17; i.
CoLLÉGiATE, f. m. uom quia été donné aux I^cli-
gieux de Grandmont. Collegiatus. Le P. Jean l'Évc-
que , Religieux Grandmontain , dans fon Apologie
pour prouver que fon Ordre étoit fous la régie de
S. Auguftin , dit que depuis le Pape Jean XXII ,
les Grandmontains fe font qualifiés Chanoines Ré-
guliers ; Convenrucis ; Collégiales S>i fiables. P.
JIÉLYOT , T. Fil , C. 54, p. 408.
00= COLLÉGIAUX, f. m. pl. Dans quelques Eglifes
on appelle Chapelains collégiaux ceux qui font Col-
lège entr'eux, qui tiennenr chapitre , à la diffé-
rence de ceux qui , ne formant point de collège
entr'eux , font appelés non-Collégiaux.
COLLÉGIEN, f. m. nom que l'on donne poplilaire-
ment,&dans les Provinces aux Ecoliers qui vont
au Collège. Une troupe àt Collégiens.
COLLÉGIENS. Colhgio adfcripti. C'eft le nom d'uiie
certaine Secte, ou Parti, qui s'eft formé des Ar-
miniens & des Anabaptiftes dans la Hollande. Ih
ont été ainfi appelés, parce qu'ils s'a/îemblent en
particulier , Si dans leurs aflemblées , tous les pre-
miers Dimanches de chaque mois , chacun a la
liberté de parler, d'expliquer l'Ecriture, de prier
6c de chanter. Tous les Collégiens font Sociniens ,
Ou Ariens, autrement Unitaires. Cupperus , qui a
été Miniftre Arminien, les quitta pour le ranger
au Collège. Ces gens-là ne communient jamais
dans leur Collège , mais ils s'affemblent deux fois
l'an de toute la Hollande à Rilbourg , qui efl; un
village environ à deux lieues de Léyde , où ils font
la communion. Ils n'ont point de Miniftres parti-
culiers pour la donner •, mais celui qui fe met le
premier à la table la donne j & l'on y reçoit in-
différemment tout le monde, fans examiner de
quelle fcdle l'on eft. Ces Collégiens ont introduit
parmi eux quelque chofe de l'Anabaptifme , & ils
ne donnent le baptême qu'en plongeant tout le
corps dans l'eau.
COLLEGUE, f. m. compagnon en dignité ou en au-
torité. Collega. On le dit proprement des Confuls
Romains. C'étoit fon collègue au Confulat.
On le dit auffi de celui qui eft allbcié, ou com-
mis avec un autre dans le même emploi. On en-
voya un tel Seigneur Plénipotentiaire pour la paix ;
mais on lui donna deux collègues,
^3" Ce mot de collègue k dit de ceux qui font en
petit nombre, comme celui de confrère, de ceux
qui font d'une compagnie nombreufe. Ainfi les
Préfidens d'une même Chambre , les Avocats Si les
Procureurs du Roi en une même Jurididion , les
G Ô L î^
Députés , les Commiffaires envoyés pour une même
affaire , &c. font collègues.
Collègues Généraux. On appelle ainfi dans l'Ordre
des Minimes , ceux qui compofent le Conleil du
Général , & qui l'alliftent dans le gouvernement
de fon Ordre, Ceux qui ont droit d'alJifter aux Cha-
pitres généraux de cet Ordre, font le Général, leS
collègues généraux ^ les Provinciaux», le Zélateur
ou Procureur Général , feulement quand le Cha-
pitre fe tient à Rome ou aux environs. P. Hélyot »
T. FII,p, 440. Il y a aulfi des collègues provinciauxj
qui font auprès des Provinciaux ce que les collègues'
généraux font auprès du Général. Id. /7.441.
{te? COLLER, v. a. Unir deux choies par le moyen
de la colle -, attacher , faire tenir une chofe à une
autre avec de la colle. Glutinare. On colle des aiSj,
du papier. On colle deux choies enfcmble. On colle
des pièces de marqueterie. On colle à la muraille j
fîir la muraille.
§3" Coller fignifie auffi enduire de colle. Gluiine j,
g.'uiino illinere. On colle une toile avant que de
l'imprimer. Le papier boit , quand il n'efl: pas bien
collé. En latin charia bibula.
Coller du vin , parmi les marchands de vin , c'efl:y
inpttre de la colle de poiflbn , pour l'éclaircir, Voy,
Clarifier.
^3" En termes de billard , coller une bille , où fim-
Element coller , c'cfl faire touchei une bille à la
ande •, poufler une bille de manière qu'elle de-
Jneure près de la bande. Applicare margini. On
joue plus difficilement une bille co/Zêe. Quand on
ne peut pas faire la bille de Ion advcrfaire , on cher-
che à le coller. Ici ce verbe prend un feus figuré.
1^ On dit encore figurémentleco/Zer, être collé con-
tre un mur , fe tenir droit contre un mur , comme
fi on y étoit collé , attaché. Applicare fe ad murum.
Il eft du ftyle^ familier.
QCr COLLÉ, EE. part. Il a les fignifications du
verbe. Chaflis collé, ^zcitt collé, loiis collée y vin
collé. Au figuré, bille co//<;'f.
ffF On dit encore rigurément d'un habit qui eft jufte
à la melure du corps , qu'il eft collé\: qu'il pa-
idix. collé i\n le corps : & d'un homme qui fe tient
ferme & droit à cheval , qu'il eft collé fur fonchea
val , fur la felle.
i]C? Avoir les yeux collés fur une chofe , c'eft la re-
garder attentivement & long temps. Defixis oculis
iniueri. Avoir la bouche ou les lèvres collées fuc
une chofe , les y tenir long temps attachées. On
dit de même d'un homme fort attaché à l'étude ,
qu'il eit collé fur les livres. Pour marquer l'extrême
rendrede de David pour Jonathas , l'Ecriture dit
que fon ame étoit collée à celle de Jonathas*
COLLÉRAGE. f. m. Droit de tirage & de coller âge z
c'eft un droit fur le vin qu'on payoit pour le mettre
en perce ( en coule ) Foye^ le Livre de l'Eckevinage
de Paris , c. ^.
COLLERETTE, f. f. Sorte de petit collet que les
femmes portent pour fe couvrir la gorge , & fur-
tout les paylannes & les femmes de bafle con-
dition. Cœfiiium tezendocollo, Hnleolum, mamillare,
COLLESTINE. f. f. Collejiina, Voyez Cellite. C'eft
la même chofe. •
COLLET, f. m. partie de l'habillement qui entoure
le cou , qui fe met autour du cou. On le dit pre-
mièrement du haut du pourpoint qui entoure le
cou. Un collet de chemife. Un collet de manteau,
eft un morceau de drap qui règne fur le manteau
le long des épaules. On ne voyoit ni fraifes ni
collets\v:inz Henri II. Son père avoir le cou nu : à
remonter jufques à S. Louis , les autres Rois l'ont
eu de même , hors Charles le Sage , qu'on voit
par tour repréfenté avec un collet d'hermine. Le
Gendre.
Ce mot vient du latin collum.
|CF Ort appelle abfolument collet un petit morceau
de roile fine que l'on met autour du cou par or-
nement. Lineus colli amiclus. C'eft ce qu'on appelle
ordinairement rabat. Foye^ ce root. Il n'y a plus
622
COL
que les Ecclcfiaftiqucs & les gens de robe qui en
portent : 5c comme celui des Ecclcliaftiques cil plus
petit, on les appelle familièrement petits <:(;//fi:j ,
gens à petit collet.
0Cr Les temmes portoient autrefois des collets em-
pefcs , ou Ibûtenus par une carte ou du fil de fer.
C'efl: ce qu'on appeloit collet monte. Il y a long
temps que (*t ulage eft entièrement paflc. C'eft pour
quoi l'on dit proverbialement , du temps des col-
lets montés -, pour dire, du vieux temps. Antiquitiis.
Cela étoit bon du temps des collets montés.
1)3" On dit encore qu'une choie eft collet monté, &: eft
bien collet monte -, pour dire , qu'elle eft antique ,
ou qu'elle a un air contraint &; guindé. Dans les
Femmes favantes de Molière , Beliie trouve que le
mot dcjbllicitude eft bien collet monté,
ffT On appelle encore collet monte celui ou celle qui
afFedte une gravité outrée. Cet homme , cette femme
eft un collet monté, un vx:3.i collet monté.
C01.LET fe prend quelquefois improprement, &C par
cxten(ion,poar le cou même. Cclliim. Ces Archers
ont pris cet homme au collet. On le dit auHi de
ceux qu'on prelFe vivement. Je l'ai pris au collet ,
il ne m'a pu reforer ce que je lui demandois.
On dit aufli familièrement prêter le co/Zt;/ à quel-
qu'un, tant au propre-, pour dire, qu'on le bat-
tra contre lui corps à corps , qu'au figuré ; pour
dire , qu'on lui tiendra tête en toutes fortes de dil-
putcs & de contcftations. Alicui fortiter rejijiere.
On dit quand quelqu'un a fait une bonne affaire ,
ce l'ont cent piftoles qui lui lautenr au collet.
^fT Collet de veau , de mouton , en termes de cui-
line & de boucherie , c'eft la partie du cou de ces
animaux qui refte après qu'on en a ôté le bout le
plus proche de la tête , & defllis laquelle on lève
l'épaule. Vituli , vervecis jugulnm.
Collet , en termes de Chaflé , eft un petit filet de
corde , ou de crin tendu dans les haies ou paila-
s;es étroits avec un nœud coulant, dans lequel les
lièvres , les lapins , les oilcaux , &: autre gibier ,
ie prennent, ik s'étranglent, quand ils y palîént.
Laqueus. Les collets font défendus par les Ordon-
nances de Chaile.
Collet J'e'/a/, en termes de Marine, c'eft un tour
que l'étai fait fur le ton du ni.it.
Collet , en termes d'Artillerie , eft la partie du canon
comprife entre l'aftragale & le bourrelet , où le
métal eft le moins épais. Collum, Les Orfèvres di-
fenr aulfi , ie collet de pic d'une aiguière, d'un
flacon , & autres vailfeaux ; c'eft-à-dire , la partie
par où ils font attaches à leur pié.
On appelle aulFi le collet d'une caflbîetre,ou
d'autres ouvrages , le cordon ou autre ornement
qui eft quelquefois ouvragé , godronné & ren-
verlé , qu'on met en differens endroits de la pièce
fabriquée.
Collet ou. Colletin de bufie, eft une peau de Bulle
préparée , qui fait une cfpcce de jufte au corps lans
manches. Thorax e bovis feri corloi è bubaii cor 10.
Collet de fenteur. Efpcce de pourpoint de peau par-
fumée à pérîtes bafques &c fans manches , que l'on
portoit autrefois.
Collet fe dit aulU chez les Artifans, de l'endroit
d'une penture dans lequel entre le gond. Scjporum
cardinaliumextremapars quacardmibus injérun-
tur ; & en plufieurs chofes , de ce qui eft ie plus
haut & le plus cminent, comme d'un chandelier,
d'un violon, fi^c. On appelle auifi collet d'une hot-
te , la partie la plus haute de la hotte , &; qui
garantit le cou de celui qui la porte. Fars fupe -
rior.
Collet de marche. C'eft , en termes de Charpenterie ,
la partie la plus étroite d'une marche tournante ,
5c par où elle tient au noyau de l'efcalier. Graduum
pars angufiior , qua fcapis fcalarumjunguntur.
Les mortoifes pour polér les collets des marches
auront euviron trois pouces dans leurs aplombs ,
Se un pouce , ou un pouce & demi de largeur > ^
- ii,M«uit de profondeur.
COL
Collet de flambeau , terme de Cirier. C'eft le bout
de la mèche de fil blanc , long d'environ trois pou-
ces, qui paroît à l'extrémité des flambeaux de poing,
quand ils n'ont point encore été allumés.
Collet , chez les Tourneurs , fe dit de la partie de
l'arbre qui eft la moins groHe, Collum. Collet en
poulie , collet allongé.
Collet, en termes de Botanique, eft la partie de
l'arbre qui lépare le bas cache par la fuperiicie de
terre , d'avec la tige de l'arbre. L'endroit de l'arbre
où finit laiacine & où commence la tige. Collet
de la racine, eft le haut de la racine, d'où for-
tent la tige ^ les principaux jets. Pars radicisfu-
perior. Loffqu'on dit que les feuilles d'une plante
font difpolces en collet^ on entend qu'elles font
placées lur la tige à peu près comme le collet d'un
manteau eft placé fur le manteau. Le collet d'un
arbre doit toujours erre fans racine. Liger.
Collet , en termes de Fleurifte , c'eft le haut de la
plante. Endommager le collet d'une plante. Mo-
RIN.
Collet de forme Je fou lier. C'eft la partie de la forme
qui répond immédiatement au talon. Pars calcei
qux refpondet talo-, pars infima & pofirema.
Collet ie tombereau , fe dit de la partie du devant du
tombereau qui s'élève au defllis des gifans.
COLLETAGE , f. m. vieux mot qui le trouve dans
Monftrelet, & fignifie , Tailles, Aides, Subfides
qu'on lève fur le peuple-
COLLETER. V. a. Prendre quelqu'un au collet pour
le jeter par terre; le faifir au collet, &; s'ettbrcer
de le terraffer. Inje&is in fauces manibiis cum ali'
quo luclari. Cyrus Ibutint l'attaque d'un ours , &
l'ayant colleté , tomba aVec lui. Abl, Il fe dit aulfi
fort fouvent avec le pronom perfonnel , pour li-
gnifier , fe battre corps .\ corps , fe prendre au
collet, pour tâcher de lé renverfer. Ils le font col-
letés 5c gourmes un bon quart d'heure. Scar. Ces
chiens fe font colletés. Le chien a colleté avec ie
loup.
Colleter des chandelles , teime de Chandelier, c*e(l
faire le collet des chandelles plongées , c'eft-à*
dite , laillcr prendre fuif à une partie de la boucle
que forme la chandelle , lorfqu'on la plonge , afin
qu'elle refte ouverte &: qu'elle s'allume plus fa-
cilement.
Colleter, en termes de Chafle, fignifie , tendre des
collets pour prendre du gibier. Tendere laqueos.
L'Ordonnance défend de co//erer à peine d'amende.
Dans ce^fens^ il eft neutre*
COLLETÉ , EE , parr. en termes de Blafon , fe dit
des animaux qui ont des colliers d'un émail diffé-
rent. Collari injignis.
COLLETEUR , f. m. terme de chaHe. Il fe dit de
celui qui eft habile à tendre des collets.
COLLETIER, f. m. celui qui fait & qui vend des col-
lets de Buftle,
COLLETIN. f. m. Pourpoint fans manches. Thorax
jine manicis. On le dit particulièrement des col-
letins de Buftle. Ni le nom ni la chofe ne font plus
en ufage.
Colletin le dit aufîl d'un grand morceau de cuir
que les Pèlerins de faint Jacques &: autres , fe met-
tent fur les épaules en manière de mouchoir de cou,
& fur lequel on attache des coquilles. Coriwwz Pere-
grini ^pecins & humeras vefliens.
COLLÉTIQUES , terme de Médecine.adj. Employé
fubftantivenient. Médicamens qui reunilfent ou qui
collent les parties féparées d'une plaie , ou d'un
ulcère , & qui les rétablillént dans leui union na-
turelle. Ils font plus délîicatifs que ceux qu'on ap-
pelle Sarcotiques , mais ils ne le font pas aufantr
que les épulociques. On met parmi les collétijues,
la litarge, l'alouès, la myrrhe, &c.
Ce mot vient du grec xoaaut(/««, qui fignifie,
qui a la propriété de coller.
COLLEUR de feuilles , ou des feuillets , qu'on ap-
pelle aulfi Carconnier. Cell un ouvrier qui fabn-
* que
COL
ijiic des cartons. Dins les raanufaiiliires de papier
il y a des ouvriers appelés eolleurs.
C'efl: auffi le nom qu'on donne dans les Manu-
fadurcs de Draperie , à un Ouvrier , donc l'em-
ploi eft tant de coller ou cmpeler les chaînes des
draps, que de les monter iur le métier.
COLLIGERT , rerme de Courûmes. Serf. Serviis^
Coliibcrtus. Du Launoy , p. de Ibn hjqiiijiiio in
J'rivilc^ia Vindocinenjis Monajtcrii , dir que les
Angevins appeloient un fcrt" CoÙibert. Il ajoute que
ce nom n'ctoit point encore en ufage l'an 1040.
qu'il n'a crc £iit que depuis. M. Ménage s'eR lervi
de ce terme dans Ion Hifi. deSahk-, L, IJI , c. 7
C'eR- un titre de l'Eglile d'Angers touchant un par-
tage de coliihcrts, c'cfl-à-dirc, de ferfs, 6fc. Ce
titre eft de l'année 1 1 i(î , & le nom de Collibertus
y eft employé , comme on le peiu voir dans cette
Jlijioirc de Sablé , où M. Ménage le rappoite tout
entier.
tX)LLIEGE, f, m. afTemblcc. Tiré du latin. G/, fur
Marot.
COLLIER , r. m, ornement que les femmes portent à
leur cou, fait d'un tour de chofes précieufes enfi-
lées. Monile. Un collier de perles fines. Un collier
d'ambre. Un collier de corail.
fcr On appelle zwlW colliers , certains ornemens de
cou , compoies ti'un ruban feu! , ou d'un lidu de crin
garni de rubans , de blonde, &c. ornemens qui chan-
«■ent déforme & de nom tous les jours.
Ce mot vient du latin collare, ■
CoLxiER fe dit aufTi d'une marque naturelle en for-
me de cercle , qui fe voit quelquefois autour du
cou des animaux & des oifeaux , & eft différente
du rcfte de leur poil ou de leur plumage. Un merle
au collier. Un chien noir qui a un collier blanc.
CoiLiER, f. m. terme de Conchyliologie. C'eft ce
qui forme tout le contour de la coquille du lima-
çon. La différence de fes cribles forme les diffc-
- rentes couleurs de la coquille.
Collier eft aulTi un ornement particulier que portent
les Chevaliers des Ordres militaires, qui s'étend
bien avant fur leur manteau , & dont ils mettent
la figure autour de leurs armes. Torques , Torquis.
Celt une chaîne d'or cmaillée , fouvcnt avec plu-
fieiirs chiffres , au bout de laquelle pend une croix ,
ou une autre marque de leur Ordre. Le collier du
S. Efprir, de S. Michel ,'dc S. Lazare, Ordinis Equi-
tiim S. Spiruûs , S. Michaelis , S. La^ari torquis.
Maximilien a été le premier des Empereurs qui ait
mis un collier d'Ordre autour de fes aruies , étant
devenu chef de celui de la Toifon : en France,
c'cft Louis XI qui le premdcr a entouré fes armoi-
ties du aollier de l'Ocdre qu'il avoir inftitué.
Ordre du Collier. Les Clievaliers du Collier , ou
de S. Marc, ou de la Médaille. Ordre de Cheva-
lerie dans la République de Venife ; c'eft le Doge
Zc le Sénat qui le confèrent. Les Chevaliers n'ont
point d'habit particulier ; ils portent feulement
le Collier ou la chaîne que le Doge leur met au
{■cou , ou une médaille , fur laquelle eft repréfenté
le lion aîlé de la République. L'abbé Juftiniani en
parle dans fon premier tome ,c. ii,/>. lijfi- fuiv.
de l'édit. in-folio.
L'Ordre dn Collier. C'eft le nom que porta d'a-
bord l'Ordre des lacs-d'amour , inftitué en 1555,
par Amcdée, Comte de Savoie. rbye^Favin , Gui-
chenon , Hift. de Savoie , le P. Hélyot, T. VIII,
C. 48.
IC0LLIBR célefie du Rofaire. Le P. F. Arnould , Ja-
cobin, dans un livre qu'il a intitulé: Inftitution
de l'Ordre du Collier célefie du faint Rofaire , im-
primé à Lyon en i<)45 , prérend qu'à fa follicit.)-
tion la Reine Anne d'Autriche, veuve de Louis
"XIII , inftitua en \6^-; , un Ordre fous le nom^ de
Collier célefie du Rofaire : ce collier devoir être
compofé d un ruban bleu , enrichi de rofes blan-
ches, rouges Se incarnates , entielacées en chiffres
des lettres capitales de ïJye , A & V , Si du aom
Tome IL
COL
689
de la Reine qui s'appeloit Anne ', la croix dcvoic
être d'or, d'argent ou d'autre métal, ôc à huit rais;
où, d'un côté , il y auroit eu l'unage de la Sainte
Vierge , &c de l'autre , celle de S. Dominique , cha-
que rayon pommeté & avec une fleur-de-lis dans
chacun des angles de la croix qui devoir être atta-
chée à un cordon de foie , &c pendre fur la poi-
trine. L'Ordre devoir être compofé de cinquante
filles dévotes , fous une intendante ou fupérieure.
Cet Ordre n'a point eu de fuite, quoique le P. Ar-
nould prétende avoir obtenu des lettres patentes
du Roi.
Collier eft auflî un cercle de fer ou de cuir , ou une
chaîne que portent les cfclaves , les mores, les
chiens pour les attacher , ou marquer leur fervitu-
de. Cet homme a été dix ans efclave , on voit
encore la marque de fon collier. Les Grands Sei-
gneurs ont des mores auxquels ils mettent des col-
Jiers d'argent. Les petits chiens ont des colliers de
cuir garnis de grelots , pour empêcher qu'ils ne {&
perdent. Les chiens qui vonr à la chaffe au loup ,
ont de gros colliers garnis de doux , pour empê-
cher que le loup ne les étrangle. Collare clavis
pntfixum munitum.
En ce fens, on appelle au propre ; un chien aa
grand collier , un chien d'attache , ou un chien qui
conduit les autres : figurément il fe dit d'un habile
homme, qui a du crédit en fa compagnie, & qui
entraîne les autres en fon opinion. Antefignanus.
Scarron aauili dit ,
De CCS yl meurs au gr^n^ collier.
Qui pejifeiit aller à la gloire ,
£c ne vont que che^ l'Epicier.
On appelle aufîî un collier de mores , un uften-
file de table , fait en forme de collier de mores , qui
fert à élever ou porter un plat ou une alîiette vo-
lante.
On appelle à la boucherie , collier de bœuf,
une partie de l'épaule de boeuf, qui contient le
premier &: le fécond travers, Si la joue du bœuf,
dont le premier morceau contient la veine grafié,
qui eft fort recherchée. /«ga/w/K.
On appelle, en Architecture, colliers de perles
ou d'old'es , de petits ornemens qui fe mettent au->
deffous des oves , qu'on appelle wucmcni, patC"
nojires. Moniliu.
CoLUER , terme de charpenterie. On appelle colliers^
deux pièces de bois chacune de douze pieds de
long , Si de dix pouces de groffeut , pofces au-deffus
du pan de bois du premier étage d'un moulin,
l'une devant, l'autre derrière, aiïemblées cians les
poteaux corniets. On appelle auiU du même nom,
deux autres pièces de bois affemblées au haut des
poteaux cornicrs. Elles ont chacune quinze pieds da,
long 3 6c huit ou neuf pouces de gro/Teur.
Collier de cheval eft une pièce de bois & de cuîc
rembourrée , qu'on paffe autour du cou des che-
vaux de charretre , de coche , de labour , où l'on
attache les trairs pour tirer la charrerte ,1e coche,
la charrue. Collare. Et on appelle un cheval franc
du collier , un cheval qui eft prompr à tirer lans
le fecours du fouer. Un coup de colUet , c'eft une
fecouffe, un effort que fait un cheval pour tirer.
Jamais ce cheval n'a refufe un coup de collier. Si
les chevaux avoienr donné encore un coup de col-
lier , la charrette étoit hors du mauvais pas. Licer.
En ce fens , on dit fio;urémenr, qu'un homme eft;
franc du collier ,lorfqu'il fert proprement fes amis,
qu'il embrallè leur querelle fîanchement , &: fans
marchander , ni fe faire prier. On le dit auHî d'ua
homme de guerre qui ne craint point de s'expofer
dans l'occaiion , Se qui y va de bonne grâce. On dit
aulfi figurément , donner un coup de collier ; pour
dire , faire un nouvel effort pour réuffir dans quel-
que entreprife.
On appelle proverbialemcnr , collier de mlfere ,
le travail pénible qui eft l'occupation ordinaire de
$ S s s
(>5)0
COL
quelqu'un. Petifum , opéra , lahor. Ainfi on dir ,
ciprès s'«trc bien diverti , il faut aller reprendre
le collier de mifcre -, pour dire , Ion travail accou-
tumé. Quelques-uns appellent auiîl le mariage , le
collier de miferc. Toutes ces expredions figurées ne
font que du (lylc familier.
Collier d'etrii , en terme de Marine , efl; une grofle
corde que l'on met en rond comme une boucle ,
pour y amarrer l'ctai.
Collier de ton efl; un lien de fer en forme de de-
mi-cercle, qui fert conjointement avec le ton, à
tenir les mâts de hune & de perroquet.
Collier fe dit aulli en Botanique , par comparaifon ,
avec les colliers que les femmes portent à leur
cou-, mais les Flcuriftes , en parlant des anémones
doubles , entendent par ce terme , un cordon d'c-
tamincs qui fe trouve à quelques-unes de ces fleurs,
& en diminue le mérite.
Collier. C'eft aulîl , en terme de Fêcheuts , la corde
qui tient le bout du vervcux , & qui l'arrête au pieu
fiche dans l'endroit des rivières Sc autres eaux où
l'on veut tendre.
fp- COLLIËRES. f. f. Dans les trains de bois ,
fur les grandes rivières , on appelle collieres , les
pièces qui font le fondement du train.
COLLIGER,v. a. recueillir, extraire. Çolligere ,ex-
cerpere. Ce Savant a colligé bien des partages. Cet
écolier a colligé tous les beaux paiîages de S. Au-
gudin.
CoLLiGïR lignifie au/Il , en terme d'école , conclure ,
induire , fonder un railbnncment. Concludere .. eli-
cere. De tout ce qui a été dit , nous pouvons col-
licrer qu'il ne fc faut point fier aux promeflcs de ce
n'ionde.
^S" Dans cette dernière acception , le verbe colUgcr
n'efl: pas ufité , même dans les écoles. Pris poiu- ,
faire des collerions des endroits les plus remar-
quables de quelque ouvrage, il peut être de quel-
que ufage parmi les Savans qui parlent moitié fran-
çois, moitié latin ; mais il n'tfl: certainement pas
de l'ufage ordinaire , quoique les Vocabulifl:es,d'a-
près l'Académie , le définiflent comme terme ufuel.
Colligé , le , part.
COLLINE, f. f. petite côte élevée au defTus de la plai-
r.e. |CFLa colline n'efl^ pas adez élevée pour mériter
le nom de montagne, & l'efl; trop pour être appe-
lée tertre ou éminence, Collis. Les vignobles ibnt
ordinairement fur les collines. On a fait ce bâtiment
fur la colline , pour avoir l'avantage de la vue, &
le moyen d'y faire des terralfes.
Ce mot vient de collina , diminutif de collis.
MÉNAGE.
Les Poètes appellent le Parnafle , la double col-
line.
On dit proverbialement & figurément, qu'un
homme a gagné la colline -, pour dire , qu'il a pris
ia fuite , qu'il s'efl mis en lieu de iureté.
.Colline, f. f. nom d'une faulfc' divinité chez les an-
ciens Païens. Collina. C'étoit la Déelle qui prcll-
doit à toutes les collines. S. Auguftin l'appelle,
Collatine-, '§3°.mais c'efl: une faute ,& il faut lire
colline. Cette Déelîe étoit adorée avec un culte fort
relie;ieux, puifqu'au commencemenr , les collines
même étoient adorées, &: que leur nom, félon
Varron , ne venoit que du culte qu'on leur rendoit.
Pofteà quam fuperiora loca colère caperunt , à co-
lendo colles appellarunt.
*3" Colline étoit le nom de l'une des quatre portes
dans lefquelles la ville de Rome étoit diviféc au
commencemenr. On l'appelcit Collina regio , le
quartier des Collines , parce que de fept qui étoient
renfermées dans l'enceinte de Rome , il y en avoit
cinq dans ce quartier-là , favoir ; la Virginale , la
Quirinale , la Salutaire , la Mutiale & la Latiale.
gOr La Tribu qui demeuroit dans ce quartier, s'ap-
peloit aufîi Colline , Trihus collina. On lait que
chacun de ces quartiers étoit occupe par une tribu
particulière.
l:X Colline étoit encore le nom d'une porte de
COL
Rome, fituée au pié du mont Quirinal. Elle s'ap-
pela dans la fuite , Porte du fel , quand on donna
le même nom à la rue qui y conduifoit, Viafala-
ria. Ccchangem.cnt de nom vint de ce que les Sa-
bins, qui portoient du fel à Rome , entroient par
cette porte. C'eft à la porte Colline qu'on enterroit
• les Vefl:ales.
^fT Colline des jardins , petite montagne de la ville
de Rome , où étoient les jardins de Salulle. Elle fut
renfermée. dans l'enceinre delà ville, par l'Empe-
reur Aurélien. Le fépulchre de Néron la rendit cé-
lèbre. Il y avoit une loi qui ordonnoit à tous ceux
qui afpiroicnt aux charges de la République, de
monter fur cette colline pour être apperçu par lé
peuple allémblé dans le champs de Mars , pour
l'élection des îvlagifl:rats. Voye^ Candidat.
COLLINHOU, f. m. vin , ou plutôt verjus du p::?
de Caux en Normandie. Viniim Caletenfe. L. i
vins qui croilTent près d'Argences , & de quclqiu s
lieux vers Avranchcs , font fi verts , qu'on leur
préfère le colinhou que les Cauchois tirent des
visnes attachées à leurs arbres.
COLLIOURE , ou plutôt COLîOURE , ville mari-
time de France en RouiUllon. Caucoliberisi dc félon
quelques-uns , Jlliieris ou Eliteris. Collioure fur
cédée h. la France par le traité des Pyrénées. On y
fait ia pêche du Thon.
Cette ville a de longitude lo", 55', 5o";Iadi.ffé-'
rence de fon méridien à celui de l'Obfervacoire
de Paris étant o", z', 58", orient, en temps & en
parties de l'équateur 0°, 44', 30". Sa latitude
41°, 51' 13". Cassini.
03" Plufieurs Géographes ont confondu afl*ez mal-à-f
propos cette ville avec l'ancienne lUiberis. lllibe-'
ris étoit fur la rivière du Tec , & fur le grand
chemin qui va de Gironne , par les Pyrénées , à
Narbonne ; au lieu que CoUoure efl fort loin dfi
cette route, fituée dans un lieu de très - difficile
accès, au milieu des rochers. L'ancien nom de
Colionre efl: CaucoUleris.
COLLIQUATIF, IVE, ad), terme de Médecine. Col-
liquativus , a , um , colliquefaciens , colliquefiens.
Qui décompofe les humeurs, qui opère la coili-
quation. Ce terme s'apphque à tout ce qui fait
perdre aux humeurs leur confiftance naturelle ^
en y produiiant une grande diiîblution. On le dit
de même des fymptômes qui font des fuites de la
dirtbhition générale des humeurs. Son corps étoit
beaucoup épuifé par des déjections colliquatives
fréquentes & toujours accompagnées de naufces.
AcAD. d'Edimb. t. Itp. 517. Le cours de ventre
colliquatif a été un des accidens les plus ordinaires
de la perte de Marfeille. Journ. des Sav. 1721 ,
pag. 419.
COLLIQUATION,f. m. terme de Pharmacie. Adiort
par laquelle on mêle enfemble deux fiibuances fo-
liùes qui fe peuvent rendre liquides par la fuf on ,
ou par la diflblution , comme la cire par la cha-
leur , les gommes par l'humidité.
CoLLiQUATiON, terme de Médecine. Diflblution gé-
nérale de la maffe des humeurs , décompofirion
de leurs parties intégrantes. Décom.poiîtion des
parties libreufes & conglutineuiés du fang. Co///-
quatio.
Ce mot vient du verbe latin liqiiare , colliquare.
COLLISION , f. f. terme didadique. Choc de deux
corps qui fe fait avec violence. Collifus. La colli^
(Ion des caillous engendre le feu. La collijîon des
nuées efl: caufe de l'éclat du tonnerre.
ff3' Quelques-uns ont hazardé ce mot au figuré. Le*
plus belles connoiiîanccs ne font forties'que del«
colliifion des efprits.
Ce mot vient du verbe collidere.
COLLITIGANT , ANTE , adj. terme de Jurifpru.
dence. Qui plaide contre un autre. Concertator de
re aliqua. Ce bénéfice efl: difputc par cinq ou llx
colUt'izans. Il y a fouvent de la collufion entre les
parties coUitigantes,
COL
?tT COLLO , ville de Barbarie au royaume d'Àî^cr,
dans la province de Conltantine.
COLLOBE, f. f. forte de tunique. Les moines d'E-
gypte portoient une tunique de lin , qui ne venoit
guère qu'au de/Tous des genoux , & dont les man-
ches ne paffoient pas les coudes , afin de 1 aider plus
de liberté pour le travail. C'ell la même qu'ils
nommoicnt coJlobe ou lébitom. Fleury.
■^ COLLOBIUERE , ville de France, dans la Pro-
vence, diocèfe de Toulon.
|iO= COLLOBRION , petite ville de France , en
Provence, fur les confins du Dauphiné.
COLLOCATIOxM > f. f. atSion par laquelle on col-
loque , on range les créanciers dans L'ordre (ui-
vant lequel ils doivent être payés. Collocatio ,
dijpojitio. ipT Par exemple ; dans un ordre de créan-
ciers , d'aii)ord on met les privilégiés , enfuite les
hypothécaires, puis les chirographaires , leiquels
viennent par contribution au Ibu la livre, ii le
fonds n'ell pas fuffilant pour les payer en entier.
On a tait la collocation de fcs créanciers.
IJC? On appelle collocation utile, cjlle pour le paie-
ment de laquelle, il y a des deniers fuffiiammcnt.
ffT Ce mot fignifte auffi l'ordre , le rang dans lequel
chaque créancier eft colloque. Ainii l'on dit qu'un
créancier fera payé fuivant fa collocation. Il a ob-
tenu fentence de collocation.
COLLOCUTEURS. f. m. pi. Gens artemblés à un
colloque, qui difcourent enfemble. Granville pro-
pofa aux collocuteurs un écrit que l'Empereur lui
avoir envoyé. Dupin.
fer COLLOQUE, f. m. Terme du difcours fami-
lier qui lignifie littéralement, dialogue, entretien
de deux bu plufieurs perfonnes. Ils ont eu j)lufieurs
colloques enfemble à ce fujet,
^3" Ce mot eft en ufage dans le titre de certains
livres qui font des dialogues ou entretiens entre
plufieurs interlocuteurs. Les colloques d'Erafme,
de Mathurin Cordier.
IJCF On fe fert auffi de ce terme pour délîgner la
fameiife conférence de Poiili , tenue en i^6i , en-
tre les Catholiques Sc les gens de la religion pré-
tendue reformée. Le Roi y afllfta avec la famille
royale. Six Cardinaux & plufieurs Evêques y foû-
tinrent la caufe des Catholiques. Théodore de
Bezï, aidé des plus fameux Miniftres Proreftans,
défendit la caufe de la Réforme. On difputa , on
raifonna, on écrivit , on réfuta , mais on ne décida
rien , &c chacun fortit du ctlloque de PohTi aulfi
fortement attaché à fon opinion qu'il l'étoit aupa-
ravant.
Le colloque , parmi les Prétendus Réformés , eft
Une afîêmblée plus confidérable que celle qu'on
appelle confiftoire. Se moins que le fynode pro-
vincial.Dans le livre de la discipline des Calvinijies ,
Chap. V , art. 5 , il eft dit que les débats pour
la doélrine feront terminés par la parole de Dieu,
s'il fe peut dans le confiftoire, finon que l'affaire
fera portée au colloque , S<. de-là au fynode pro-
vincial.
COLLOQUER , v. a. placer. Collocare. Il avoir de
l'argent à mettre en rente -, mais il l'a mal colloque ,
il l'a donné à un infolvable. Il n'eft plus guère
d'ufage que pour dire, mettre un rang ou un or-
dre entre des créanciers , pour être , fuivant leur
hypothèque ou leur privilège, payés de leur dû,
fur le prix provenant de la vente des immeubles
de leur débiteur , adjugés par décret. Dans les inf-
tances d'ordre , on colloque les créanciers fuivant
leur privilège. Cet homme a été colloque utile-
ment -, c'eft-à-dire , il y a du fonds fuffifant fur le
prix de la chofe vendue pour le payer.
On dit en ce fens \ on l'a colloque au nombre des
Saints ; pour dire ,on l'a canonifé. En aftronoraie ;
on a colloque Saturne dans la plus haute région
des planètes. En logique ; fous quelle, catégorie
coUoque^-vows une chofe ? En morale •, en quel rang
collo>juei-yous une telle vertu, un tel capitaine.?
GOL ê^t
^ Colloquer Un mariage. Tour cela eift d'un trcs"
mauvais flyle, ik ne fe peut dire qu'en riant.
CoiLOQuÉ , ÉE, parr.
COLLUCIANISTE , f. m. & f. condifciple d'uii
dilciple de Lucien. Collucumi^a. Arius , dans fa
lettre à Eufebe de Nicomédie , l'appelle pieux
Eufebe collucianijle , parce qu'ils avoient été en-
femble tiifciples de S. Lucien , martyr , prêtre
d'Antioche. Fleury.
COLLUDER , v. n. terme de Palais. S'entendre avec
fa parrie au préjudice d'une tierce perfonnc. Col-
luderc , prcevaricari. Les confidentiaires colludent
enfemble pour ôter le bénéfice à un légitime ti-
tulaire. Colluiere cum adverfario.
COLLURION, f. m. forte d'oifeau. En latin, La-
nius minor. Pomey. Voye^ Pie-Grieche.
COLLUSION , f. f. inteUigence d'un tiers. Collufio ,
pravaricatio. La collujion , en matière bénéficiale ,
eft un genre de vacance , une incapacité pour te-
nir un bénéfice. Il y a un titre dans le droit de
collufione deteoenda.
Il le dit aulfi de toute intelligence fecrette dans
les affaires pour tromper un tiers. Il y avoir col-
lujion entre les chefs des partis contraires.
^fT En matière civile , fi deux parties s'accordent
enfemble au préjudice d'un tiers , quand le fait eft
prouvé , on peut revenir contre,
05" En matière criminelle , quand il y a collujion j
l'acculé 3 nonobftant l'abfolution qu'il auroit ob-
tenue par collujion , peut être accule de rechef du
même crime , malgr^a maxime , non bis in idem ,
parce qu'il eft de l'intérêt public que les crimes
fbient punis,
§CF A l'égard des contrats & autres aéles faits pac
collujion , en fraude d'un tiers , quand le fait eft
prouvé , on les feit aifément déclarer nuls en Ju-
ftice,
COLLUSOIRE, ad), m. & f. Ce qui Te fait par col-
lufion. Procédure collujoire. Conzvzt collufoire. Col-
lujorius. Il eft oppofant à l'exécution de cet arrêt ,
parce qu'il prétend qu'il eft collujoire entre les par-
ties principales.
COLLUSOIREMENT. adv. D'une manière collu-
foire. Collujorie. Ce procès a été jugé collujoi'
rement.
COLLUTHIEN , ENNE. f. m.&f. Nom d'une feifta
qui s'éleva au commencement du IV^ fiècle. Colla-
thianus. Arius ayant commencé à répandre fon
venin à Alexandrie, le Patriarche Saint Alexandre
elTaya d'abord de le ramener par des averrilîé-
mens charitables & par la douceur. Cette condef-
cendance fut une occafion de fcandale pour plu-
fieurs Fidèles. CoUuthe, Prêtre d'Alexandrie, fuc
de ce nombre. Il prit de-là prétexte de fe féparer ,
de tenir des affemblées à part , & même d'ordonner
des Prêtres , comme s'il eiit été Evêque , préten-
dant avoir befoin de cette autorité pour réfifter à
Atius. Il ajouta même l'hérélie au fchifme , & cn-
feigna que Dieu n'avoir point créé les méchans , &:
n'étoit point auteur des maux qui affligent les hom-
mes. Il fut condamné en 319 dans un Concile que
tint Ofius à Alexandrie , & S. Epiphane affûre que
la feéle des Colluthiens ne fublifta que fort peu
de temps. Ceux qui patient des Colluthiens font
S. Epiphane , héréjie 6^. Saint Aug. kér. 6<; Phi-
laftr. hér. c. 8. On vit cependant encore dans la
fuite quelques reftes de Colluthiens ; l'an 3 5 5 on
les trouve encore mêlés avec les Méléciens ôc les
Ariens , tenir des affemblées , & excirer de con-
cert des troubles contre S. Athanafe.
COLLYRE , f. m. terme de Médecine. Remède ex-
terne , deftiné particulièrement pour les maladies
des yeux. Il y a de deux fortes de collyres, des
liquides &c des fecs. Les collyres liquides font com-
pofés d'eaux Si de poudres ophtalmiques , comme
les eaux de lofe , de plantin , de fenouil , d'eu-
fraife , dans Icfquelles on diflbur de la tuthie pré-
parée, du vitiiol blanc , ou quelque autre poudre
propre. Les fecs font les troçhifques de Rhafis, Ig
S S s s ij
6pz
C O t
COL
fucre candi , l'iris , la tuthie préparée , &c. qu'on
fouftlc dans l'œil avec un petit chalumeau. On a
donne le même nom à des onguens employés poul-
ie même effet , comme l'onguent de tuthie , 6c plu-
lieurs autres. On le donne auffi , mais impropre-
ment , à quelques remèdes liquides dont on (e iert
pour les ulcères vénériens. Les Arabes nomment
Jîef les collyres.
Collyre vient du grec Kcy^y^nfia , qui efi: dir , félon
M.irtinius , comme de xoA/à» rufia» , parce qu'il
englue , il empêche la fluxion.
COLLYRIDIEN , ENNE. f. m. & f. L'hércfie des
CullyridUns s'éleva à peu près en même temps que
celle des Andicomarianiftes , entre les années 370
Se 580 de J. C. Elle prir naiffance dans la Thrace
& la Haute Scythie , & de-là lé répandit dans l'A-
rabie. Foye^ S. Epiphane , Hierej'. 78 &■ 79.
Les Collyrïdïens , anciens hérétiques , ont pris
leur nom d'un petit pain en gâteau qu'ils offroient
à la Vierge , &c qui s'apelle en grec Collyra. Des
femmes d'Arabie , par une dévotion outrée envers
la Vierge , s'aflémbloient en un certain jour de l'an-
née pour célébrer cette fête iblennelle , rendre des
honneurs à Marie comme à une Déeffc : & elles
iTiangcoient de ce pain qu'elles avoicnt offert en
Ton nom. S. Epiphane , qui a rapporté l'hillioire
de cette cérémonie luperftitieufe , Hxr. 79 , la traire
de ridicule 5i d'impertinente. Le corps de Marie ,
dit-il , étoit faint,mais elle n'a pas été un Dieu-, elle
a été Vierge , mais elle ne nous pas été propolce
pour être adorée ; c'eft pourquoi il condamne cette
pratique , comme un adte d'idolâtrie , & parce que
les femmes ne peuy^nt avoir part au Sacerdoce.
COLLYTE. Canton de la ville d'Athènes , oià l'on
dit que les enfans commençoient à parler un mois
plutôt que dans les autres quartiers. Platon & Ti-
mon le Mifanthrope étoient de ce quartier.KoAAuTî?.
Collyte étoit auffi le nom d'une Démarchie ou In-
tendance, félon lelquelles étoit partagé le pays
de l'Artique. Elle appartenoit à la tribu jigade.
COLM. f. m. Foyei Colomb.
COLMAN , f. m. nom d'homme. Colomannus, S.
Colrnan , d'Ecoffc ou plutôt d'Irlande , fut marty-
rilé en Autriche , par où il paffoit pour aller à Jé-
rufalera , au commencement du onzième ficcle.
COLMAR. Ville de la haute Alface , lur la petite
rivière de Rotbach. Colmaria , Columharia, Colmar
fut bâti des ruines d'Arbrug , ts.'^^^Xç. Colonia Ar-
gentaria , fous Valentinien III. Sous Frédéric II ,
Colmar devint ville Impériale ; en i(î3 5 le Duc
de Weimar , avec les fecours de la France , s'en ren-
dit maître ; & après la mort de ce Duc il flit remis
&■ enfin cédé à la France , par la paix de We-
ftphalie.
COLMAR , f. m. forte de poire qu'on appelle aufli
poire de manne & bergamorte tardive. Elle rel-
femble fort au bon-chrétien , & un peu à la ber-
gamorte. La tête en eft plate , l'œil aflez grand ,
& fort foncé , le ventre un tant ibit peu plus gros
que la tête , s'allongeant médiocrement du côté de
la queue , qui efl: courte , affez groffe , & penchée.
Le coloris en eft vert & tiqueté , comme celui des
bergamottes, & un peu teint du côté du foleil ;
la poire jaunit un peu en fa maturité , qui arrive
en Décembre &: en Janvier , &r va quelquefois Juf-
qu'aux mois de Février & de Mars. La peau en eft
douce & unie , la chair tendre , & l'eau fort douce
& fort fucrée. Elle eft fujette à avoir la chair fa-
blonneufe & iniîpide ; elle craint les moindres
vents d'Automne , qui fur tout en arbres de tige
la font aifément romber , 6c l'empêchent d'ac-
quérir le degré de perfe^ion qui lui convient.
COLMARS. Petite ville de France en Provence. Col-
mar tium , Collis Mardi ou Martius. C'eft le liège
d'une Viguerie. Colmars eft fituée dans les Alpes ,
fur la Verdone , aux confins du Comté de Nice , &
. du Diocèlé de Senez , & fait commerce de draps
dans toutes Ips montagnes.
go; COLMOGOROD. 'Petite ville de Mofcovie ,
dans une île que foime la Dwine, fur la rivière
de même nom.
Ip- COLO , COLOM. Petite ville de Pologne , au
Palatinat de Kalifch.
^ COLOCZA , COLCIA & COLOZA. Ville de la
haute Hongrie , fur le Danube , avec titre d'Arche-
vêché.
COLOCASIA ou COLOCASIE. f. f. Plante qui eft
une efpèce de pié de veau, f^oyj^ PiÉ de Veau.
Icj' COLCENA. Surnom de Diane, ainfi appelée d'un
temple qu'elle avoit dans l'Allé mineure près de
la partie de la mer appelée Coloum.
ijO° COLCENIS. Autre furnom de Diane fous le-
quel elle étoit adorée par les habitans de Mirri-
mante en Attique. Ce nom lui venoit , dit-on
de Coktnus Roi d'Athènes.
COLOFANE. Voyii Colophane.
COLOGNA. Ville de l'Etat de Vcnife en Italie. Co-
lonia. Elle eft de l'Evêchéde Vicenze pour le fpirî-
tucl , fituée entre Vicenze & Vérone ; mais indépen-
dante de l'une & de l'autre , & foumifc immédiate-
ment à la Seigneurie de Venife. Elle eft à l'orient de
Vérone. Cette ville eft ancienne -, c'eft d'elle, & non
de Mantoue , comme Cluviet l'a cru , que Catulle
parle , dans la XVIV- p'ùcc qui commence O Colonia. '
De tous les Commentateurs anciens de Catulle , Mu-
ret eft le feul qui ait vu qu'il s'agiiîbit de cette ville.
Habitant de Cologna , en italien Colog/ieje , en
latin Colononienjis.
COLOGNE. C'eft ainfi qu'il faut écrire & pronon-
cer en françois , & non pas Coln ou Colln , qui
eft ibn nom allemand. Colonia ; Colonia As,rippi~
na ; Ubiornm Civitas. Ville du Cercle Eleéloral
de Cologne , fituée fur le Rhin. Cologne- s'appela d'a-
bord ville des Ubiens , qui étoient les peuples de
ce quartier-là , & qui la fondèrent , ou l'agran-
dirent. Enfuite Agrippine , mère de Néron y fit
conduire une colonie vers l'an 48 de J. C. , & elle
fut appelée de fon nom. Colonie d' Agrippine, Quel-
ques-uns néanmoins veulent qu'elle ait pris ce nom
d'Agrippa, qui reçut les Ubiens fous la proredion
de Rome. C'eft de ce mot Colenia que s'eft fait fon
nom , fbit allemand Coin , Ibit françois Cologne.
Cologne eft un Archevêché , dont l'Archevêque eft
Electeur & Archi-Chancelier de l'Empire pour l'Ita-
lie. L'Univerfîré de Cologne fut établie en 1588
par Urbain VP. Cologne eft ville Anléatique , Sc
la plus grande de toute l'Allemagne,
La différence de Ibn méridien à celui de Paris ,
eft od , 19' , orient. & en parties de l'équateur 15*^
36' , 10". Elle eft donc au 14°, 35' 20" de longitude.
Sa latitude 50'i, 55', o", Cassini.
L'Archevêché de Cologne , l'un des Etats qui
compofent le Cercle Eleétoral du Rhin , eft bor-
né au nord par les Duchés de^Clêves & de Gueldre ,
au couchant par celui de Juliers , au midi par l'Ar-
chevêché de Trêves , & au levant par le Duché de
Berg, dont le Rhin lefcpare prefqu'entièrement. On
a prétendu que le premier Evêque de Cologne, &
qui y porta la foi , étoit Maternus , diiciple de
J, C. Foye^ Imhoff, Not, Imp. L. II , c, 4. & L,
X, c, I , §. II.
?fT II y a une terre qu'on nomme terre de Co-
logne , brune , tendre, d'une couleur fort nette , que
les Peinttes emploient utilement, ainii que les Tein-
turiers de Saxe.
COLOMB , f. m. nom d'homme. Columba , Co-
lumbus & dans Bède Columbanus. Saint Colomb >
appelé Colm dans fon pays , & depuis Colmkil ou
Columcille , à caufe du grand nombre de cellules
qu'il a fair bâtir , par corruprion Columban , na-
quit en Irlande le 7 Décembre de l'an 511 d'une
des meilleurs nobleflés de toute l'Ile. Baillet. II
fur l'Apôrre de l'Ile de Hy ou Jona , au nord d'Ir-
lande, & enluite des Piéles en EcofTe -, <k mou-
rut à ce que l'on prétend le 9' de Juin en 597.
L'Ordre de S. Colomb eft une Congrégation de
Chanoines Réguliers fort étendue autrefois en Ir-
lande J 5c dont dépendoient plus de cent Abbaye*
COL
eu Monafiières , dans toutes les îles Britânnîqaes.
Le principal Monaftère, ou Chef d'Ordre , ctoit le-
lon quelques-uns à Dairmarg ; félon d'autres à Derry
ou Londonderry , & fclon la plus commune opi-
nion dans l'île de Hu , ou de Hy ou de Jona ,
qui depuis a été appelée du nom de ce Saint Ycol-
mkil , au nord de l'Irlande , peu loin de rEcoilc.
/ Il y a une Règle en vers hibernois que S. Colomb
avoir didlce à ces Chanoines Réguliers. Saint Co-
lomb portoit une tunique blanche , & une tonfure
en demi-cercle, Voyc^CHiji, Mi,n. &:c. Tome II ,
ck. %o.
COLOMBAGE , f. m. terme de Charpenterie. Rang
de colombes ou de folives , poi'ées à plomb dans
une cloifon ou muraille faite de charpente. Paries
intergerinux. Tout ce colombage ne vaut rien, parce
qu'il a quitte la fablière qui eft pourrie.
COLOMBAN , f. m. nom d'homme. Columbanus,
S. Colomban naquit dans la province de Lagénie
en Irlande, l'an jcîo. Il fut formé aux fciences &
à la piérc par S. Silène. Il fe fit Religieux au
Monallcrc de Benchor lous l'Abbé Comgal ou
CommogeUe. Il pafla enfuite en Angleterre , &
de -là en Gaule, où il s'établit avec quelques com-
pagnons dans le défert de Vauge , fous le règne
«le Gontran , en Bourgogne , ôc de Childebert en
Auftralie. Comme le nombre de fes Difciples aug-
menta , il bâtit quelques Monaftcres , & entre au-
tres Luxeuil 5 auquel il foumit tous les autres.
L'Ordre de S. Colomban. Quelques Auteurs Bé-
nédiiflins ont prétendu que S. Colomban n'avoit
point inilitué d'Ordre Religieux, ni fait de règle,
qu'il avoir erabrafle celle de S. Benoît avant qu'il
fortit d'Irlande , mais cette règle n'y étoit point
encore connue. Sa règle fut examinée au Concile
de Mâcon en 6^15. Il en avoit donc fait une, & elle
ctoit différente de celle de S. Benoît.
• Il y a eu auiîi des Religieufes de S. Colomban,
Voyei le P. Hélvot , T. V, c. 8.
COLOMBE , f. f. Voyei Pigeon. fCT Ce motefl: con-
facré à la Poëiîe & au flyle foûtenu. La tendre ,
la fidelle colombe. Jupiter fut nourri par des co-
lombes. On l'emploie auffi au lieu àç pigeon dans
toutes les phrafes tirées ou imitées de l'Ecrirure.
Le Saint-Efprir defcendit en forme de colombe fur la
tête du Sauveur , quand il fut baptilc par S. Jean.
Il faut avoir la prudence du ferpent , & la lîm-
plicité de la colombe. Les femmes par la Loi de
Moïfe donnoicnt une paire de colombes lors de
leur purification.
CoiOMBE , en Mythologie. C'étoit l'oifeau de Vénus ,
c'eft poui cela qu'on l'appcloit l'oifeau de Cy-
thère. Elle le portoit à la main , dit Apulée , elle
l'attachoit à fon char. Elle-même fe transformoit
en colombe félon Elien. Les habitans d'Afcalon
avoienr un fouverain refpe6l pour les colombes.
Ils n'ofoient ni en tuer ni en manger , de peur
de fe nourrir de leurs Dieux mêmes •, ils nour-
riflbient avec foin toutes celles qui naiffoient dans
leur ville.
Les Syriens & AfTyricns adoroient les colombes
comme les poilîbns , &: n'en mangeoient point
non plus , parce qu'ils croyoient que l'ame de leur
fameufe Reine Scmiramis s'étoit envolée au ciel
fous la figure d'une colombe , comme Derceto fa
mère le fut en poifîbn. L'origine de cette fable
vient de ce que Sémiramis , comme Héfychius nous
l'apprend , fignifie une colombe des montagnes , de
010] , à ce que croit Vofllus. De Idol. Lib. I ,
cap. 25. Voyei encore L. I , c. 78, 84, 91, 98,
Les Juifs accufent auffi les Samaritains , qui étoient
des AfTyriens , d'avoir adoré une colombe fur le
mont Garizim. Foyei Bartenora & Maimonide fur
la Mifchna, Traité de Berachot , c. 8. Les Luthé-
riens mettent des figures de colombe dans leurs
baptiftères, & fur les chaires des Prédicans.
Il y a une efpèce de colombe appelée en latin
columba livia , qui ne fc voit point en France ,
ttiais en Italie, Elle reûemble au pigeon domeftiç[ue,
COL ^95
à cela près, qu'elle efl: plus petite de taille. Ses
pies font rouges , Ion bec blanchâtre. Elle a un
peu de couleur de pourpre autour des narines. Ses
plumes font la pliipart cendrées ; mais elles font
noirâtres à l'extrémité de la queue ; celles du mi-
lieu tirent un peu llir le roux ; le dcilbus & les
côtés de fa gorge fbnt mêlés de couleur de pourpre
& de vert , & changeantes -, le dcillis du cou cft
d'un cendré tirant fur le pourpre. Les quatre pre-
mières grandes pennes font noirâtres , mêianijées
d'un peu de couleur roufsâtre. Les petites fbnt cen-.
drées , & en partie noirâttes à l'extrémité ; les der-
nières , c'eft-à-dire , celles qui font proches du dos»
fonr rouffes. Cet oifeau eft plus petit de cinq doif^i»
que le pigeon ramier , & n'a pas des taches blan-
ches autoui du cou , ic aux aîles , comme lui. li
fait ibn nid dans les tours &c dans les roches qui
Ibnt dans les montagnes &: efl: pafTager , ne de-
meurant point l'hiver en Italie. Albert dit qu'elles
vont en troupe , & qu'elles vivent jufqu'à 40 ans^
Elles fe nourriffent de gland , & de toutes fortes de
grains,
§3" Il y a auffi la colombe de Portugal , plus grofTe
que nos Tourterelles , & dont le plumage eft fore
fombre. Celle de la Chine , encore plus groffe , avec
un plumage un peu bleuâtre -, & celle du Groen-
land, appelée aflêz improprement colombe, puifi
qu'elle n'a rien du pigeon. C'eft un oifeau aqua-
tique qui reflêmble à la pie de mer.
Ce mot vient du grec x<,A«At/3«», qui fîgnifîe ,
faire le plongeon. Cette efpèce d'oifeau ie plaîc
fort à être mouillé , & à plonger avant le bec
dans l'eau.
Colombe. ( Ordre de /d;) Ordre de Chevallerie , fon.
dé en 1579 par Jean I , Roi de Caftille. Il fut
aboli après la mort du fondateut. Quelques Ecri-
vains Elpagnols prétendent que ce fut Henti III ,
fils de Jean I qui l'inftitua l'an 1599. Et d'autres
que ce fut Pierre. Le collier de l'Ordre étoit d'or»
enchaîné de rayons du foleil ondoyés en pointe ,
&: au bout pcndoit une colombe émaillée de blanc,
les yeux &; le bec de gueules. Conliiltez Favin, Z,.
VI., p. 1119. Ces Chevaliers s'appelèrent en An-
daloufle Chevaliers de la raifon. Voye^ la Def-
cript. des Ord. Milit. imprimée à Paris en iS-ji.
& l'Abbé Juftiniani, T. II, c. (Î4. ' •
Colombe, vieux terme de Charpenrerie, C'eft une
folive qu'on pofe à plomb dans une fablière pouc
faire des cloifons , des mai ions & des granges de;
charpente. Tignum intergerino parieù d^ferviens.
Colombe nous a donné Colombage qui eft un tec*»
me ulité.
§3" Colombe, chez les Tonneliers, eft une efpcce de
varlope renverfée , dont ils fe fervent pour prati-
quer des joints aux bois qu'ils emploient.
IJC? Colombe, chez les Layetiers , eft un iurtru-
ment en forme de banc, percé à jour comme le
rabot , & gatni d'un fer ttanchant deftiné à drel^
fer le bois. Encyclopédie.
§Cr La Colombe d'Archiras étoit une machine vo-
lante, en forme de pigeon, fort vantée par lea
anciens.
Colombe, nom de femme. Columba. Il y a deux
faintes Colombes, l'une de Cordoue en ETpa-ne,
marryrifée en Sjx , par les Sarrazins ; ?<. l'autre de
Sens, que l'on croit avoit auifi fouffcrt le mar-
tyre fous Aurélien en 2-3.
ÇOLOMBEAU, f. m. petit Pigeon. Columbus , ccr
lumbiilus. Ce mot s'cft dit autrefois en différentes
occalions; par exemple, on difoit une éto3èàco/o/re-
beaux , pour dire une étoffe fur laquelle il y avoic
des figures d'oifeaux , de colombes , ou de pigeons. '
COLOMBELLE. f. f. Diminutif de colombe. Pe-
tite colombe. Columbula.
T'éveillera la pie en fon caquet
Tcveillera auffi la colomb-:llc
four rechantir enççrt de plus bdlt, Vik^aJi
6^^ COL
Ip- Ces diminutifs ne font plus ufitcs.
COLOMBIER, f. m. Bâtiment en forme de tour»
pour y nourrir des pigeons. Columbarium, Dans
la plupart des Coutumes de France, le droit de
colombier n'eft pas un droit féodal. Il n'eft permis
qu'aux Seigneurs qui ont haute Juftice d'avoir des
colombiers" ii pic. Les autres Seigneurs ne peu-
vent avoir de colombier , à moins qu'ils n'aient
im certain nombre d'arpens de terre. En Nor-
mandie le droit de colombier ell attaché au plein
fief de Haubert. Il n'eft pas permis de bâtir un
colombier fur une roture.
Un colombier à pié , efl: celui qui a des bou-
. lins depuis le fommet jufqu'au rez^- de -chauffée.
Les autres s'appellent des volets , des fuies. Foyei
ces mots.
On dit attirer les pigeons à un colombier ; ou
au contraire , chaffer les pigeons du colombier ;
: pour dire, attirer par quelque amorce, par quel-
que bon accueil , les chalands dans une boutique,
les paffans dans une hôtellerie : parce qu'au pro-
pre on artire les pigeons étrangers au colombier ,
quand on y met quelque faline, ou autre drogue
qu'aiment les pigeons.
COLOMBIERS , en termes de Charpcnterie, ce font
deux pièces de bois endentées qui fervent à foû-
tenir un navire quand on veut le mettre à l'eau.
Columhar.
Colombier, en termes d'Imprimerie , fe dit par al-
luf.on quand on laiffe trop d'efpace entre les mots.
Colombier, On donne ce nom à une lorte de pa-
pier.
COLOMBIN , INE. adj. Efpèce de couleur qui efl:
du violet lavé, du gris de lin entre le rouge &;
le violet. Color viola, dilutior.
fjCT Ce mot vieillit : on dit mieux gorge de pigeon.
CoLOMBiN. f. m. C'eft la pierre minérale d'où l'on
tire le plomb pur & fans mélange d'aucun autre
iiiétaL On l'appelle /^/oOT^^za/zt;, quand on y trou-
ve de l'argent mêlé avec le plomb.
CoLOMBiN , terme de Fleurifte, Nom de Tulipe,
Colombin & blanc à grand bord -, il y en a une prin-
tanière & une tardive,
COLOMBINE. f. f.Nom qu'on donne à une plante
appelée autrement ancoliey & en Latin aquilegia.
Voyez Ancolie,
On le donne auflî à la verveine mâle, parce
que les pigeons , félon Diofcoride , la recherchent
beaucoup. V^oyci^ Verveine.
CoLOMBiNE , f f. terme de Fleurifte. Anémone à pe-
luche qui eft toute d'une couleur, qui tire plus à
la fleur de pêcher , qu'au colombin. Ainfi elle a
été mal nommée. Elle eft fort vulgaire. Morin.
CoLOMBiNE , f. f. terme de jardinage. Fiente de pi-
geon. Stercus columbinum. Prenez bien garde ,
difent les habiles Jardiniers , quand vous voudrez
employer la colomhnie , que ce foit toujours fort
à propos , autrement elle peut caufer beaucoup
de dommage. Liger. 0CT Ce fumier eft trop rem-
pli de parties volatiles : il ne convient qu'aux
prés trop ufés. Dans les potagers , il doit être mêlé
: avec d'autres ens^rais qui en modèrent la chaleur.
^ COLOMBO, "Ville des Indes orientales, fur
la côre occidentale de l'Ile de Céylan, ainiînom-
• mée de Chriftophe Colomb. Les HoUandois l'en-
levèrent aux Portugais en i5<;(î.
^ COLOMBS ou COULOMBS. Columba. Bourg
de France , avec une Abbaye de l'Ordre de S.
Benoîr, dans la Beauffe, fur la rivière d'Eure,
près de Nogent le Roi.
COLOMIERS". Petite ville de France dans la Brie
inférieure, & du Diocèfe de Meaux, fur le Mo-
rin. Colomeria , Columbaria. Colomiers eft une an-
cienne Pairie , qui fut rétablie en fon premier état
* par Louis XIV , en faveur d'Henri d'Orléans, Duc
de Longueville,
COLON, f. m. fignifie en général celui qui cultive
«ne terre, colonus du verbe colère cultiver. Par
COL
'cetïe raîfcn, on appelle Colons, les peuples d'une
Colonie qui défrichent, plantent & cultivent les
terres. Voye^ Colonie.
On le dit par extenfion de ceux qui cultivent
des terres en quelque pays que ce foir. Dans quel-
ques-unes de nos Provinces on manque de Colons.
Colon, ( en Jutifprudence ) fignifie , dans quelques
Provinces, Fermier, ou celui qui cultive un hé-
ritage. Le Fermier ou colon doit faire les cul-
tures en leur temps , & félon l'ufage. Domat , Loix
civiles^
Colon , terme d'Anatomie. Quelques-uns écrivent
Colum, félon la forme larine : Ainfi le fait tou-
jours M. Littre dans un Mémoire qui fe lit dans
les Mémoires de t Académie des Sciences , 1703 ,
F- 9°-
C'eft le nom du fécond des gros boyaux , qu'oti
appelle autrement boyau culier , qui eft entre lé
Ciccum 5: le rcclum. Il va depuis le rein droit juf-
qu'à la cavité du foie. De là s'attachant au fond
du ventricule , & portant fur la rate , il eft lié
au rein gauche , d'où il defcend en forme 'd'une
S jufques au deffus de l'os facré, & va fe ter-
miner au redlum , de forte qu'il enferme prefquc
tous les boyaux grêles, C'eft dans. ces replis que
s'arrêtent & fe figurent les excrémens. Pour cette
raifon, quelques-uns font venir ce mot Azr.c^xUi,
retarder. D'autres le tirent de xoî^o» creux , à caufe
de cet inteftin. Suivant d'autres, ce Inot vient' du
verbe grec xo>ii^£««( qui fignifie itre tourmente .,
parce qu'il eft fouvent tourmenté de tranchées
êcde cruelles douleurs. C'eft de lui que la coli-
que a pris fon nom,
§CF COLON , en Grammaire. Quelques Grammairiens
emploient ce mot pour ce que nous appelons en
fait de ponâuation , les deux points : Le mot eft
purement grec x»a« & fignifie membre , & par
extenfion , membse de période : car les deux points
divilént les membres des périodes.
gCF COLONEL , anciennement on pronoriçoit
CoRONEL , f. m. Officier qui commande un Ré-
giment d'Infanterie Françoife. Legionis Tribunus^
Chiliarchus. Colonel du Régiment de Picardie , de
Champagne. Ceux qui commandent des Régîmens
de Cavalerie s'appellent Mefires de Camp, Voyez
ce mot. On appelle pourtant Colonels ceux qui
commandent des Régimens de Cavalerie Etran-
gère. Tribunus, Magijler Equitum,
^^ On appelle au/fi "Colonels ceux qui comman-
dent des Régimens de Dragons , qui font répu^
tés des Corps d'Infanterie, Magijler Equitum quos
Dracones vocant.
Le terme de Colonel eft venu des Italiens &
des Efpagnols. Skinner croit qu'il pourroit venir
du mot colonie , colonia , & que les chefs des
colonies ont peut-être donné leur nom aux cheft
des troupes.
Colonel fe ditauÏÏî des Chefs des Régimens de la Mi-
lice bourgeoife dans les villes. Tribunus urbana
Milaiœ. Il y a feize Colonels à Paris ; & un Colonel
des Archers de ville.
Colonel Général de l'Infanterie, Officier d'Armée
qui commandoit autrefois toute l'Infanterie Fran-
çoife, Certe charge a été fupprimée en 1661 , à
la mort du Duc d'Epernon. Tribunus Gêner alis Mi-
lit iie Galliccc pede(iris, Cétoit un grand Officier du
Royaume , dont l'autorité s'étendoit fur tous les
gens de pié françois , & qui avoit les Meftres de
Camp pour Lieutenans-Colonels. C'eft fous fon nom
que routes les Ordonnances de guerre étoient pu-
bliées, & que la Juftice s'exerçoit. par le Prévôt
des bandes. Le P. Anfelme , dans fon Hijloire des
Grands Officiers de la Couronne, a donné une
lifte chronologique des Colonels Généraux de l'In-
fanrerie Françoife. Anciennement les Capitaines,
encore qu'ils "commandaffent à de groffes troupes,
n'étoicnt appelés fimplement que Capitaines , &C
non Colonels. Brantôme. M. de Tais a été le pre-
mier Colonel Général des Bandes Françoifes, Id,
COL
Aibfî l'on ne difoit point encore Colonel Générât
■ de l'Infanterie. ^ Cet Oiiice fut ctigc en charge
de la Couronne par Henri lil , en i(î84, en fa-
veu du Duc d'Epernon. Elle fut fupprimce par
Louis XIV , en 1661 , rétablie par Louis XV , en
172 1 , en fav.'ur de Philippe d'Orléans, qui en
donna fa démiifion en i7-,o. Depuis ce temps-là
il n'y a pas eu de to/tf/7f/-Général de l'Infanterie.
Quand il y en a un , les Colonels particuliers pren-
nent le titre de Mertrcs-de-Camp. Un habile Anti-
qiiaire prétend que le Princeps Juvcntittis , qui fe
voit fi fouventilir les médailles , ne fitrnih'e rien autre
choie que Colojid Général de l'Infanterie.
Colonel General de la Cavalerie , eft le premier Offi-
cier de Cavalerie , qui el\ au dciilîs des Meftres de
Camp , qui commandent les Rcgimens de Cavalerie.
Tribiinus Gencralis Equitiim armaturee lev'is.
Colon F L Général des Suif es & Crifons , eft l'Officier
qui eft au de^îlis des Chefs des Rc!;inKns des Suides.
Tnbunus Gêner alis Helveticœ Miiuice.
Colonel General des Dragons , eft celui qui comman-
de tous les Dragons. Tribunus Generalis Equiturn
quos Draconesvocant.
Colonel - Lieutenant , eft celui qui commande un
Répimenr dont le Roi , ou un Prince eft Colonel. J'i-
ci- Tribunus,
CoLONEL-Z./e?/rf,';;z/2/ du Régiment du P.oi. Ces Colo-
nels-Licutenans ont toujours Brevet de Colonel., &
pour l'ordinaire ibnt Officiers Généraux.
On appelle Lieutenant-Colonel à3.w^ un Régiment
d'Infanterie , le fécond Officier du Corps , celui qui
le commande en l'abfence du Colonel , & qui eft
à la tète des Capitaines. Legatus Tribuni legionis.
CoLost-L- Lieiaenant de Cavalerie , eft le premier
Capitaine d'un Régiment de Cavalerie étrangère,
ou de Dragons. Legatus Magifiri Equiturn.
COLONEL,ELLE,adj.termede guerre.Qùi appartient
au Colonel.^ Primarius , a , um. Le drapeau Colonel
doir fc mettre à la droite , à l'exception de ceux des
Régimchs qui ferment la gauche des lignes , qui
étant campées en colonnes renverfëes , doivent avoir
leur drapeau Co//?«£/ fur la gauche. Bombelles. La
Liewtenante-Co/uv;e//<;-,pour dire, la compagnie du
Licutcriant-Ct)/o.'7e/. Id,
La compagnie Colonelle ou la. Colonelle eft la pre-
mière com.pagnie d'uii Régiment d'Infanterie qui
porte le drapeau blanc. Primipilum , prima eohors.
rCOLONlE. f. f.TranfportfK? d'un certain nombre de
perfonnes de l'un & l'autre fexe daiis un pays , pour
le défricher , l'habiter ou le cultiver. Colonia. Les
Romains ont envoyé des colonies en mille endroits.
M. Vaillant a rempli un volume in-folio àz% médail-
les que les divcrles co/o«/« Romaines' ont fait frap-
per à l'honneur des Empereurs qui les avoienï fon-
dées. Le iymbole ordinaire que les colonies faifoient
graver fur les médailles étoir, ou un aigle, quand
on y diftribuoit de vieilles légions : ou un laboureur
condui.'jnr une charrue atelée de bœufs , quand on
y envoyoir de fîmples habitans. On remarque fur
toutes les médailles des colonies le nom de Duum-
F virs , qui y tenoient le même rang , & y avoient la
même autorité que les Conluls à Rome^
Il y avoir deux fortes de colonies chez les Romains,
Celles^e le Sénat envoyoit,& les militaires.Lcs mili-
taires éroiem compofées de vieux foldarscaifés de fa-
tigi'.cs , auxquels or, Jonnoit des terres pour récom-
penfe de leurs fervices, Colvniœ, militares. Celles que
le Sénat envoyoit étoient Romaines , ou Latines ,
c'ell-à-dire , compofées de cjroyens Romains , ou
Latins. Colonial Romanx , Latina. Les habitans des
colonies Romaines avoient droit de fuifrage ; mais
ilsn'avoier.t point de part aux charges , & aux hon-
,neur . de la République. Les habirans des colonies
Latines n'avoient poinr droit de fulïrage fans une
permiffioti exprcfle. Il y avoir aiifTi , fcJon Ulpicn,
l.i. D. de cer.fib. des color.ies qui n'en avoient que le
'nom : d'autres jouiflbient du droit qu'on appcloit
jus ItaUcum., comme les colonies de Tyr,de Beryte,
d'Héliopolis , d'Emèfe j dePalmyre, &c. Hoffnun'a
COL ^jc-
donné mie lifte des colonies Romaines dans fort
premier Tome , p. ç,i^ & fuiv. mais elle eft peu
exade. /^oj^^ les deux livres du P. Hardouin , lut
les médailles des villes & coloyiies Romaines, yoyer
auiîi l'oavrage de M. Faillant fur le même fujet ,
S-i les mcdaïUes Grecques des Empereurs k la fin^
Les François onteiiivoye des colonies en Canada. Les
Holhndois en ont envoyé beaucoup dans les Indesi
Marièillc eft une colonie des l'hoccens , ainli que*
témoigne Strabon : ils y fondèrent une Univenitê
en Langue gtccqiic.
Colonie fe dit auili du lieu où les peuples fe font éta-
blis. Colbgne eft une colonie des Romains ; Batavia
eft une colonie des Hollandois en l'He de Java ;
Québec une colonie des François à l'Amérique.
Originairement le mot colonie en latin ne lignincis;
qu'une métairie , c'eft-à-dire , une habitation dé
payian avec la terre nécclfaire pour nourrir i'a fa-
mille : quantum colonus unus arare poterat.
Colonie fe dirauffi,par cxicnlion , des détachemcns
qu'une Aabbaye ou Maifon Religieufe envoie pouc
en fonder , en établir , en pcupfer une autre. Com-
me le S. Abbé voyoit que fon défcrt ne feroit bien-"
tôt plus aifez vafte pour contenir fes dil'ciples , il
crut qu'il étoit à propos de former des colonies.
Villefort. Il choilit pour cette colonie ( Clairvaiix )
les frères & les parens de Bernard, Id.
ftC? On l'a même dit des nouveaux clfains d*Abeilies
qui ferrent des Ruches pour aller habiter ailleurs.
COLONNADE , f. f. |^ On ne prononce qu'une
N , &: l'on pourroit bien rerrancher la féconde. Sui-
te de co/ofz^^j difpolces d'une façon régulière. Co-
lumnatio. Et comme on diipôfe les colonnes en dit^
férentes ir.anières , il y a des colonnades de di-
verfes formes. La magnifique co!o?made du Louvre
eft en ligne droite. Elle forme la façade. La colon-
nade de S. Pierre de Rome eft en ccintre ou demi-
cercle. Il y a des bâtimens environnes d'une colon*
nade.
IJCT Périftyle eft le terme d'art pour les colonades
droites, &: colonaic eft le mot dont on le fert vul-
gairement pour ces ïaS:vaes colonnades. Perifiy Humé
Voyez Per.istyi^.
IJO" Colonnades vertes des jardins. Ornemeds que
l'on pratique dans les jardins par le moyen des ar-
bres que l'on taille pour former une efpèce de Coion-
*nade , comme dans les jardins de Marlyf Toutes les
opérarions des Architectes fe tranfportent aujour-
d'hui par imiration dans les jardins décorés. On y
place des portiques , des Colonnades , des galeries ,
des Sales de Théâtre , & les aibies ne fe\cfulent
à aucune de ces décorations;
gCrCOLONNAIRE, i'.m.Columnarium,Cho\tnr\ im-
pôt établi à Rome fut les colonnes, par Jules Céfar t
dit-on , fans doute pout arrêter le luxe de l'archi-
teiflure*
COLGNNAISON , f. f. terme d'Archiredlure. C'eft
ainli que Biondel appelle la façade d'un bâtiment
orné de colonnes : JEdificium Projlylon. Colonnai-
fan c(l propremenrune ordonnance de colonnes.
COLONISE, f. f. Pilier rond ou eipèce de cylindre,
fait pour foûtenir ou pour orner un b.îrimenr, un
buffi;t , un tabernacle , une table , &c. Colurnnai
iyT La Colonne diffère du pilier, en ce qu'elle di-
minue à fon extrémité fupérieure , au lieu que le
pilier eft élevé parallelcmenr. La colonne eft compo-
fce d'une bafe , d'un fTit ,& d'un chapiteau qui fert
à porrer l'entablement. Bafis , fcaeus , capitelhun.
On fait des colonnes de bois , de pierre , de niaibre^
de bronze , de jafpe , de lapis , ûc. Il y a des colon~
nés torfes, cannelées , embâtonnécs , ifolées , pour
les faire paroître plus gro/les , ou plus agréables , &:
dérachces. C'eft la diverlîté des colonnes qui donne
lenomaux cinq Ordres d'Architecture, la Tofcane,-
la Dorique ; l'Ionique , la Corinthienne ,Sc la Gonv
pofite. Tojcana , Dorica , lonica , Corintliia , Coni^
pofita. La colonne Tofcane eft la plus fimplc & la
plus courre -, elle n'a que fept diamètres de hauteur.-
La colonm Dorique à 8 diamètres. Son chapiteau «^
(>c)G
COL
fa bafe font on peu plus riches de moulure qtic la
Tofcane. l.'X colonne Ionique z.^) diamètres. Son cha-
piteau a des vohites , &: fa bafe lui cft particulière,
La colonne Corinthienne a lo diamètres. Son chapi-
teau ell orné de deux rangs de feuilles avec des cau-
licoles , d'où ibrtent de petites volutes. La colonne
Compojiu a audi lo diamètres. Son chapiteau a
deux rangs de feuilles , avec les volutes angulaires
de l'Ionique. On appelle colonne GotJûque , un pi-
lier tout rond dans un bâtiment Gothique , qui eft
trop menu pour la hauteur , fait lans règles , & fans
les proportions néceifaires. Philibert -de Lorme en a
voulu inventer une Françoile , dont il en relie encore
quelques-unes au gros pavillon du Louvre vers les
Tuilleries ; mais il n'a pas été fuivi. Les grandeurs
fclcs proportions àtscolonnes fe tirent de leurs mo
dules , ou diamètres, Blondcl enfeigne plufieurs ma-
nières de décrire géométriquement , & tout d'un
trait , le contour de l'enflure, ou diminution des co-
lonnes. On donne aux colonnes des noms diiférens
félon leurs matières , ou félon leur figure. Ainli on
appelle colonne imlullique , toute colonne frappée ,
ou fondue , de feï , ou de hionze. Ferreaarau Colon-
ne de rocaille , celle dont le noyau de tuf, de pierre,
ou de moilon , eft revêtu de pétrifications , & co-
quillages par compartimens. S:ela. Colonne d'eau
celle dont le fut eft formé par un gros jet d'eau ,
qui fortant de la bafe avec impctuorité , va frapper
dans le tambour du chapiteau qui eft creux , & en
retombant fait TelTet d'une colenne de criftal liquide.
Aquea. Colonne en hahiftre , une efpèce de pilier
rond , tourne en balullre , ralongé à deux poires ,
avec bafe 6c chapiteau , qui fait Tcffice de colonne ,
d'une manière Gothique , 8i peu folide, Colamella.
Colonne cimnelée , onflriee', celle qui a fon fiit orné
de cannelures en toute fa hauteur. Striata. Colonne
coloritique , celle qui eft ornée de feuillages , ou
de rieurs tournées en ligne fpirale à l'entour de
fon fût , ou par couronnes , ou par feftons. Fo-
liata, ^
Co/onnMtravaillcesenftatues d'hommes. C'eft a
Lacédémone qu'elles furent inventées. On y voir en-
core les reftes du Portique des Perfans, que le Vul-
gaire appelle aujourd'hui PalaR du Roi Ménélas.
Ce fut La que les anciens Archicedes employèrent,
pour la première fois , ces colonnes travaillées çn
ftatucs d'hommes pour foCiteniî des voûtes &c des
ornemens d'Architedure , 6c faire l'eifet des fta-
tucs de femmes qu'on appelle Caryatides. Foyei ce
mot. Vitruve dit que cela fe lit à l'occafion de la
bataille que les Lacédémoniens gagnèrent contre
les Perfes fous la conduite de Paufanias , fils de
Cléombrote ; & il ajoute que depuis , à l'imita-
tion des Lacédémoniens , plufieurs Architectes
firent foûtenir les architraves 6c les aurres ornemens
fut des ftatues Perfiques , &: ainli enrichirent leurs
ouvrages de pareilles invenrions.
Wp- Colonne bandée , c'eft une colonna qui , d'ef-
pace en efpace, a des bandes placées horifontale-
nient , & qui excédent le n\x de fon fût,
^3- Oa fe fért de ce terme pour décrire certains
fruits qui ont la figure de cette colonne. Dicx.
PE James.
On dit co/on?i£ diaphâûe 5 fufibîe > hydraulique,
nétallique , moulée, précieufe,, de rccaille, de
treillagi: j incruftée , jumelée , par tambours , par
tronçon, varice, bandée, canelée , cylindrique,
coloiîale, compofée, diminuée, feinte, feuillue,
fufelée, gothique, grcje , hermétique, irrégu-
lière , lifle , marine , malfive-ovale , paftorale ,
tiinQ^ct, rudentée, ruftique, ferpentine, torfe ,
folaire,, ifolée , adoffée , nichée , angulaire , atti-
que, flanquée, doublée , liée, accouplée, grou-
pée , belUquc , chtonologique , crucifère , creufe ,
funéraire, généalogique, gnomiquc, hébraïque,
héraldique, hiftoriqiie , honorable, indicative ,
inftrudive, itinéraire, ladaire, légale, limirro-
phe , lumineufe , manubiaire, mémoriale, mé-
niane, militaire, railliaire , phofp borique, lof-
COL
Traie , fépuichrale , ftatuairc , fymbolique , ttîonx-
phalc, zophorique, &c. Voyez l'explication d«
chaque mot dans fon ordre. Dans le Temple de 1»
Diane d'Ephefe il y avoir i zy colonnes , toutes d'une
pièce de 6o pies de hauteur. Elles furent toutes dref-
fées aux dépens des Rois.
Ce mot vient de colutnen^c\m lignifie une pièce de
bois pofée à plomb ■■, qui foûtient le faîte d'un bâ-
timent.
On appelle un ordre , un rang àc colonnes , quand
il y en a plufieurs de fuite dans un bâtiment.
On appelle auffi colonnes , les piliers ou les que-
nouilles d'un lir qui en foûtiennent le ciel. On ap-
f)clle colonneàc table une pièce de bois tournée qui
porte le deflus d'une table.
Colonne fe dit aulTi d'une conftrudion féparée d'un
bâtiment , faite en forme ronde , Ibit d'une ou de
plufieurs pierres, pour fervir de quelque monument
à la poftcriré ou à quelqu'autre ufage. La colonne de
Pompée, près d'Alexandrie, eft d'une groffeur admi-
rable. La colonne deTrajan eft le plus bel ouvrage de
fculpture quire fte de l'Antiquité. La colonne d'Am-
tonin trouvée depuis quelques années à Rome. La
colonne de S.Siméon Srylite, où ce Saint demeura
quaranre ans debout. La colonne de l'Hôtel de SoiA
fons a été faite poui obferver les jftres : on appelle
-âUlfi ces fortes de colonnes^ qui d'ordinaire font
d'une hauteur extraordinaire , des colonnes coloffa-
Us : elles ne peuvent entrer dans aucune ordon-
îiaiice d'Archiîedture.
Sut les médailles la colonne marque quelquefois
ï'aflurance, quelquefois la fermeté d'efprit. P. Jo-
EERT.
On appelle colonnes d'Hercule , les monragnes
de Calpé & d'Abila , au détroir de Gibralrar , ©ù
l'Océan entre dans la Méditerranée , & où Hercule
borna fes voyages. Columme Herculeœ.
Colonne Militaire. Colonne de pierre , ronde &
peu haute que les Romains érigcoientd'efpace en
efpace fuî les grands chemins , & fur laquelle ils
gravoient la di'ftance qu'il y avoir de-là aux grandes
villes voilines où la roure conduilbir. On l'appelle
aufli Pierre miiliaire, Columna milliaris. Lapis mil'
liaris. On gravoit aulTi fur ces colonnes milliaires le
nom des Prînces à qui les villes ou la Province éroient
redevables de quelque foin 5c de quelque répara-
tion, C. Gracchus fut l'Auteur d'une invention fi
mile au public , & f\ agréable aux particuliers. Dc-là
le nom des pierres eft celui des milliaires dans la fa-
çon de parler des auteurs latins. Nous en avons
de fréquens exemples dans ^Itinéraire & dans la.
Carte de Fetit;nger, où nous voyons plufieurs lieux
qui ne Ibnt défignés que par le nombre des mil -
îiaires , ad vU^cjïmufn , adfeptimuw , ad oClavum -,
&C dc-î.i fonr venus plufieurs noms de lieux fran-
çois. Par exemple , ,d'0<lavus , s'eft fait le nom
d'Oryers , de Scptimus , Septefmc , de Dccimus ,
Diefme , parce qu'en ces lieux étoit la huitième , la
feprième, la dixième pierre ou colonne miiliaire.
Chcpuîr , Hijï.deDaup.L. JF, _p. i?i.
Colonne, en terme d'Anaromie, eft cette partie qui
avance au milieu du nez , Si qui fépare les deux
narines. n , ,• -r
Colonne , en termes d'Imprimerie , eft !a divjfîon
des lignes d'une page , ïfT lorfque les lignes ne
Ibnt pas de toute la largeur de la page , & que la
paee eft divifée de haut en bas,, en deux ou plufieurs
parties. Les livres qu'on traduit en d'autres langues ,
qu'on met à côté pour les comparer enfembîe, font
imprimés par colonnes. îl y a-plufieuis colcnnas dans
la Concordance de la Bible,
Colo nne de nue, en Phyfique, eft une quantité
d'air înclé de vapeurs Scd'exhalaifons, qui fortenc
avec impétuofitédedeux nues,dont l'une eft tombée
fur l'autre, & qui en foitent pat la nue inférieure,
parce qu'elle eft moins condenfée , ou moins reifer-
lée que la nue fupérieure. Une colonne d'air,d\ une
portion d'air, d'une certaine haureur, & de h
crollèur d'un tuyau, Cçlumn» aeria. Par les dit
^ verfe^
COL
Veffes expériences qui ont été faites , l'on a troiivc
qu'une colonne d'air de cinq cens toiles de hauteur ,
depireillegroileur que le tuyau où étoitle vif argent
pefoit trois pouces une ligne &c demie de vif argent.
Ainli une colonne de toute la hauteur de l'air , pcie
. vingt-fept à vingt-huit pouces de vif argent , &
trente-deux ou trente trois pics d'eau , en liippolant
le tuyau où cft l'eau, ou le vif argent, de même
diamètre que la colonne d'air.
Colonne d'eau., c'eft une grande quantité d'eau clc
vée par les ouragans qui Ibrtent des terres , lefquel-
les font deflbus la mer. Les Mariniers les craignent
beaucoup , & ce n'eft pas (ans fujct , puifqu'un na-
vire , qui fe rencontre en ces endroits , ne peut
manquer de périr.
Colonne de Feu & de nuée, Cétoit un feu qui con-
duifoic leslfraélites dans le délért pendant la nuit, &:
une nuée qui les conduifoit pendant le jour, Columna
ignea. O Eternel ! Tu cheminois devant eux la
nuit en colonne de feu , Si de jour en colonne de
nuée. NoMBR. ch. 14, V, 14,
^3° Colonne , en termes de l'art militaire , fe dit de
la divilion d'une armée qu'on fait marcher en même
temps, fur une ou pluiieurs lignes , qui ont peu de
front & beaucoup de hauteur -, d'un même mouve-
ment , vers un même endroit , en lailîant alfez d'in-
tetvalle entte les rangs & les files , pour éviter la
confuiion. Ainii , on dit qu'une aimée marche fur
une ou fur plu;'eurs Colonnes ; pour dire , qu'elle
marche fur une ou fur pluiieurs lignes , qui ont peu
de front 6i beaucoup de hauti^ur,
DCF On le dit aulii lut Mer , en parlant des Vaifleaux
qui fe fuivcnt fur une même ligne. Il eft difficile
d'aller par colonnes , de former des colonnes llir
Mer , à moins qu'on ait le vent en poupe , en
largue.
P o L o N N E reîiverfée. Camper en colonne renverpe ,
c'eft-à-dire que le chef de brigade fermera la gau-
che , & cnfuite les bataillons les plus anciens de
cette brigade", mais les compagnies des bataillons
ne doivent point le renverfer , ni changer leur or-
dre naturel, Bombelles. Les lignes qui campent
ten colonnes renverfées doivent avoir leur drapeau
colonel lur la gauche. Ld.
'ICoLONNES de Seth. Jofephe ( Antiq. Judaïc , c. 2.)
dit qu'elles étoient aans la terrede Sériad. N'au-
roit-il pas lliivi une tradition que l'on retrouve en-
core chez les Arabes? Les Anciens Grecs , ditAbul-
pharage, croient qu'Enoch, appelé Edris par l;s
Arabes, efl: le même qu'Hermès furnomméTrifmé-
gifte ; car l'on fuppofe qu'il y a eu trojs Hermès, Le
plus ancien habitoit le Saïd ( ou le Terrain élevé )
de la haute Egypte. Il a trouvé le premier des
fubftances fupérieures , & a prédit le déluge.
Dans lactainreque les Sciences ne vinlfent à périr ,
&c les Arts à s'oublier, il fit conflruire les pyrami-
des , graver delfus toutes ibrtes d'arts & d'inilru-
mens , & repréfenter les différentes claffes de
fcience : ion mtention étant d'en confervcr la con-
noiffance à la poftérité. L'idée qu'Enoch a bâti les
pyramides , efl; adoptée par les Sabiens qui vivent au-
jourd'hui en Egypte. Ils ne s'imaginent pas feule-
ment que ces monumens font les tombeaux de Serh
&; de fes deux enfans , Enoch & Sabi , qu'ils regar-
dent comme les premiers Auteurs de leur religion ,
ils offrent encore de l'encens à ces mômes monu-
i-nens , & leur facrifient un coq &c un veau noir.
M. d'Herbelot parle du grand refped: qu'ils ont
pour les pyramides d'Egypte , à caufe qu'ils croient
que Sabi, fils d'Edris ou d'Enoch, efl: enrerré dans
la troifième. Les Sabiens, ajoute-t-il , prétendent
tenir leur Religion de Seth &: d'Enoch , dont ils fe
periuadent d'avoir aujourd'hui les livres. Effaisjur
les Hiérogliph. p. 180.
XfT Col on NES du châtelet , font des divifîons des
Confcillers au Chârelet en pluheurs fervices diîfc-
rens , que chaque divifion ou colonne remplit al-
ternativement & fucceffivement de trois en trois
moi';. Ces quatre colonnes ou fervices fe téunif-
Toms 11,
COL G^j
f leht j cjuand les cas le requièrent J- &' alors l'aft
fembléc ié tient dans la chambre du Confeil.
Colonne fe dit figurément de ce qui Ibùtient, qui
appuie , qui affermit quelque choie. Columcn , fui'
crum y prajiluim. La jjitice, la paix, la Reii^
gion , ibnt les colonnes de l'Etat, Les Saints Pères ^
les Martyrs, font les colonnes de i'Eglile. L'Ecriturci
dit que la terre efl fondée fur de fortes co:otne^ , &C
qu'elles ne feront point cbran:ccs, S. Paul die , àan3
Jon Epure aux Galates , que Jacques , Pierre Hi
Jean , font regardés comme des colonnes entre les
Apôties. Les grandes fo/o/z/iw de l'h-îréiic étoicnn
encore trop fermes. Le P. d'Orl. PoifiJonius , eue
Cicéron appelle le plus Grand des Stoïciens , fouf^
frit aulii impatiem,ment qu'un homme du Vul-
gaire, & cette colonne du portique fut ébranlée par
une maladie. S. Eva.
COLOPHANE, f. f. Selon les règles , il faudroit dire
colophone ; mais, félon l'ufage , qui efl: plus fore
que les règles, 'uinvitAlK colophane. C'eft une Ibrti
de gomme dont on fe fcrt pour frotter les archets
des inllrumens de mulique. Colophonia, Voyez Co-»
LOPrlONE.
COLOPHON. Ville ancienne de k Coxt occi-'
dentale cie l'Alîe mineure. Cotophon. C'ctoic uns
ville d'Ionie , où il y avoit un oracle célèbre d'A-^
pollon. Quelques-uns veulent que ce Ibit le liei
que l'on nomme aujourd'hui Belvédère. Hatpasi-us
prit Smyrne Se Colophon. Du Loir , p. 9.
CÔLOPHONE. f f. Subifance de nature oléagineufe ^
tirant fur le jaune , aride & friable , compolee des
refles des réiines du fapin & des pommes du lapin ^
cpailfies par le moyen de la décoétibn , & endur-
cies par le froid. Colophonia. Pour être bonne, il
faut qu'elle Ibit luifante, odorante, & qu'étant jetée
fut les charbons ardens , elle rende une fumée
prefque femblable à celle de l'encens, Pline dit que
la Colophone a pris ion nom de Colophane , villd
d'Ionie , d'où elle a été apportée d'abords On l'a
appelée aulfi rejinc ejpagnole tc refîne grecque ,
Il Ion qu'on l'a apportée de ces régions-la. On ap-
pelle auflî colophane , la térébentine cuite dans l'eail
jufqu'à ce qu'elle ait acquis une confinrencefolide.
On appelle encore colophane-, le marc de la tércb^n-
tine diftillée qui demeure au fond de la cornue, La
colophane , étant les refles desréîines , en a aulfi les
qualités , mais moins pénétrantes. Elle échauffé,
deiféche , ramollit 5c aglutinc. On ennicle otLlinai-
rement dans les emplâtres. Elle lert aullî ^t? aux
joueurs d'inflrumens à corde de boyau pour frotter
leurs archets. Les particules de colophane dont fe
chargent les crins de l'archer , le font m^ordre da-
vantage fur les cordes qui deviennent par-la plus Ib-
nores. On dit partout colophane & non pas co-
lophone.
COLOPHONIEN, ENNE. f m. & f Qui efl: de Colo-
phon. Colophonius , a.WèiioAoïo -, dans le. premier
Livre de /on hijioire , rapporte que les Colophoniens
font les premiers fondateurs de Smyrne. Du Loir,
p. M.
COLOQUINTE, f £ Colocynthis. Plante cucurbi-
tacée , qu'on diftingue aifémcnt pat l'amertume
de fes fruits. Il y a pluiieurs efpèccs & pluficurs va-
riétés de Coloquinte, La Coloquinte ordinaire , oii
celle qu'on emploie en Médecine , pouflé quelques
tiges couchées par tetre , rudes au toucher, canne-
lées & pleines de lue. Elle donne pluiieurs feuilles
qui font alrernes , rudes, velues , blanchâtres ^
découpées fort profondément, de même que dans
la Cittouille, oviAn<rnria, mais plus petites. Des
vrilles nailfent auprès des queues de ces feuilles',
& font un peu velues ; lés fleurs font petites à pro-
portion des autres cucurbitacées & jaunâtres, II lue-'
cède à celles qui nouent , des fruits gros comme la
poing i charnus, de même que le fruit des au-
tres plantes de cette famille , mais fortamcfs: Ht
fes femences menues font douces, (\ on les lave
bien, pour emporrer l'amerrume qui efl répandue
feulement fur leur furface extérieure. Cette chàà:
TTtï
è^2 COL
dclVcchce devient membraneufe , blanche &: très-
purgative. Elle lert de baie A pliidcurs compoiitions
purgatives. On a donné aux trochilques de Co/o-
ijttinte , le nom de Trochifque alhundaL Ces trochil-
ques purgent en petite dole. Après l'Aloes , rien
n'eft d'une amertume li inCupporcable, On fait ces
trochilques alhandal , en coupant la coloquinte fort
menu , & en la broyant dans un mortier frotté
d'huile d'amandes douces ; après quoi on y ajoute
la gomme ttagacant & le maftic.
Ce mot vient du gtec Micy.(,ih ■> qui lui a été donné,
parce que la coloquinte *o^>^^*i r-titi ^ c'elVà-dire > re-
mue le ventre.
%CT COLOPvAN. Petite ville de la prefqu'île de l'Inde,
deçà le Gange, fur la côte de Coromandel , luivant
M.' Baudrand , qui eft: probablement le créateur de
cette ville. Les Géogtaphes & les Voyageurs ne par-
lent que d'une rivière de Coloran , dans la pref-
qu'île, en deçà du Gange. Elle fort des montagnes
de Gatc , dans le Royaume de Vifapour, & le di-
vife en plulieurs branches , dont la plus Septentrio-
nale conferve le nom de Coloran , fépare le royaume
de Gingi de celui de Tranjaour , Se fe perd dans le
çolfe de Bengale.
COLORANT ,''ANTE, ad], qui colore, qui donne
la couleur. Colorans. Les parties colorantes d'une
plante.Les Teinturiers diftinguent toutes les drogues
qu'ils emploient en colorantes & non colorantes,
Colorcm miuccns. Les drogues colorantes du grand
&: du bon reint , font les paftels de l'Autagais &
Albigeois , vouede , indigo , paftcl & graine d' écar-
late , cochenille , meftèque & telquale pour les
étoffes de prix : cochenille campefllanc ou lîlveftre
pour les petites étoffes : garence , bourre ou poil de
chèvre j terra mérita oucoucoume , gaude , farrette,
geneftrolle 5c la fuie. Les drogues non colorantes
font celles qui fervent à difpofei les étoffes , & à ti-
rer la couleur de l'ingrédient colorant , comme
l'alun , le fel ou criftal de tartre , l'arlenic , le
réalgal , le falpêtre, le fel commun, lefelarmo-
niac , le fel gomme ou minéral , l'agaric , l'efprit
de vin , le fon , la farine de pois & le froment , l'ami-
don , la chaux , la cendre commune , ou recuite ,
ou gravelée.
La diftribution égale des atomes colorans fur
tout le fujet, dépend & de l'uniformité d'a<5tion que
pourra prendre par elle-même la matière colorante
mile en mouvement, & d'une certaine juflielîe d'opé-
ration que l'expérience enléigne. Hili.de l'Ac.desSc.
COLORATION, f. f. Voyei COLORISATION.
C'efl la même choie.
COLORBASIENS. Nom d'une branche de Gnofti-
ques. Ils furent ainli appelés de Colorhajus , le-
quel avoit enrichi par deffus les vilions des Gnof-
tiques qui l'avoient précédé. S. Epiphane a rap-
porte & réfuté fes erreurs. Hizr. 35;.
COLORER , V. a. donner de la couleur. Colorare.
Le Ibleil commcnçoit à colorer le fommet des mon-
tagnes. Le rôt commence à fe colorer. Les Taver-
niers favent bien colorer leur vin. La chaleur du
Soleil colore les fruits.
Colorer , terme de Marqueterie & de Menuiferie de
placage, C'ell: donner de la couleur aux pierres &
aux bois qu'on emploie dans ces fortes d'ouvra-
ges , fuivant les teintes dont l'Ouvrier a befoin, ou
pour les clairs , ou pour les ombres.
Colorer fc dit au figuré pour , donner une
belle apparence à quelque chofe de mauvais.
Colorare. Il n'y a point de ii méchante adion ,
qu'un flatteur , qu'un Sophifte , ne fâche colorer.
Je ne fai pas ce que l'on peut dire pour colorer
tant de violences. Pat. Si vous me trahiffez , ne
vous attendez pas que je fois affez bonne pour me
payei des excufes dont on colore d'ordinaire ces for-
tes de légèretés. Vill. Valentinien I n'autorila la
polygamie par un Edit , que pour colorer fon dou-
ble mariage. S. Evr. Si l'on conlîdcre toutes les
Comédies , l'on n'y trouvera autre chofe que des
... palTîons vicicufcs, embellies, 2c eolorces d'un cer-
COL
tain fard qui les rend agréables. NicoL. Vous nous
payez ici d'cxcufes colorées. Mol.
Pour colorer mieux le menlonge , on marquoic
le lieu , le temps , & toutes les circonftanccs de la
bataille. Bouh. Xav. L. IV.
Colorer, V. n. terme de Jardinage. Prendre du co-
loris, & mieux fe colorer. La Blancheur d'Andjlly
cvlore fort vif au Soleil. La Quint.
Ip- COLORÉ, EE. part. Voyei le verbe. Il eft
auilî ad).
ÇC? En Jurifpnidence , on apj>ellc titre coloré, on titte
apparent, un titre qui paroilloit valable , &c qui pac
l'événement ne l'elt pas. Il faut avoit un titre co-
loré pour fe mettre en poffeffioa d'un Bénéfice:
autrement il y a intrulîon.
On appelle_du vin qui eft plus rouge que pailH
let , du vin coloré. On dit aulTi d'un homme qui eft
rouge de vifage , qu'il a le teint coloré.
COLORIER. V. a. Employer des couleurs, les mcler
agréablement pour exécuter un deifein de tableau.
Colorare , colores inducere.
ff3' Ce terme eft particulièrement affedté à la Pein-
ture. Ce n'eft pas feulement diftinguer les traits &
former l'image viiîble des objets par les variétés de
la couleur ; c'eft imiter les couleurs des objets natu-
rels, relativement à leur polirion-, donner aux ob-
jets qu'on peint, les lumières, les ombres & les
couleurs de ceux que la nature nous prélénte, fui-
vant leur polîtion & le degré de leur cloignement.
Il y a des couleurs amies , qui femblent fe recher-
cher pour s'embellir mutuellement: & des couleurs
ennemies, qui femblent le fuir, qui fcroient effa-
cées ou obfcurcies les unes par les autres. Mais
il n'y a point de couleurs fi amies , qui , étant aflem-
blces fur le même fonds, n'aient befoin de quel-
qu'autre couleur moyenne qui les fépare un peu ,
pour empêcher que leur union ne paroifle trop-
brufque : Il n'y a point de couleurs li ennemies,
qu'on ne puillc les réconcilier par la médiation de
quelqu'autre : deux points ellentiels que les habiles
^ Peintres ont toujours en vue, comme la perfttlion
de leur Art.
^fT Les Peintres veulent , dit FÉLiB.2?/d:/.r/^5Pe/7:/.
que parmi les lumières &: les ombres bien ménagées,
on voie dans un tableau les vraies teintes du na--
turel i qu'on apperçoivc des maffes de couleurs , où
l'on oblcrve foigneul'ement cette amitié, ou cet ac-
cord qui fe doit trouver entr'elles ; qu'on affortifle
habilement les chairs avec les draperies , les dra-
peries les unes avec les autres , les perfonna-
ges entr'eux, les paylages, les lointains ; en forte
que tout yparoiffe.à l'œil li artiftemenr lié, que le
tableau femble avoir été peint tout d'une fuite, &■,
pour ainlî dire, d'une même palette de couleurs.
IJCF Les grandes idées de colorifation parfaite que
nous voyons dans les Livres des Peintres, plus que
dans leurs tableaux , Se qu'on peut appeler le Ro-
man de la Peinture, nous les trouvons réalilées dans
un million d'objets que la nature offre à nos regards;
dans les couleurs de l'arc-en-ciel, dans celles d'un
paon qui tait la rou?,dans cellesd'un papillon éployé
aux rayons du foleil 1 dans les parterres de nos jar-
dirs, Ibuvent dans une lîmple fleur.
COLOP.IE, EE, part. Dans la defcription du
Labyiinthe de Verfaillcs, on dir: les Animaux de
bronze colorié félon le naturel , font li bien dél:-
gnés, qu'ils femblent être dans l'aClion même qu'ils
repréfenteut.
COLORIS, f m. Manière d'appliquer, de mêler , & j
de bien placer les couleurs d'un tableau. Colorutn
ratio. tÇT C'eft l'art d'imicer les couleurs des objets
natutels , relativement .à leut pofition. Le coloris eft
ce qui donne les lumières 5c les ombres convena-
bles au.K parties des objets qu'on veut reprélenter.
Il faut, poui faire un beau coloris -, que le clair ns
précipite pas dans le brun , ni le brun dans le clair ,
& que deux couleurs ennemies ne fe touchent pas
immédiatement. Le coloris efl: une partie clfentielle
de k Peinture_j, par laquelle le Peintre i^j: imiter
COL
I
ies apparences des couleurs de tous les objets natu-
rels , & dirtribuer aux objets artificiels la couleur
qui leur eft la plus avantageulc pour tromper la
vue. De Piles.
Ik? Couleur & Coloris confidérés dans une fisjni-
£cation fynonyme. La couleur , dit M. l'Abbé Gi-
rard , efl; ce qui diftingue les traits , & forme l'image
vifible des objets par les variétés. Le coloris ell l'effet
particulier qui rci'ulte de la qualité & de la force de
la couleur j par rapport à l'éclat , indépendamment
tic la forme & du deilbin. La première a les diffé-
rences objcitives divifées par eipèces , 8c enfuite pat
nuances. Le fécond n'a que des diirrrences qualifi-
catives divifces par degrés de beauté & de laideur,
§CF Le bleu , le blanc , le rouge font diff-crentes ef-
péces de couleur : le pâle , le clair , le foncé font des
jiuances : mais rien de tout cela n'eft le coloris ; parce
qu'il efl: le tout enlemble pris en général , dans fon
union, par une l'enlation abftraite de diUinguée de
la fcnûtion propre & efléntiellc des couleurs.
ÇCT Les tableaux du Titien excellent par la beauté du
coloris; 3c Ton dit qu'ils en font redevables à l'art
particulier que ce Peintre avoit de préparer Se d'em-
ployer les couleurs,
^CT Quoique le terme de coloris s'étende for tous
les objets j il a cependant plus de rapport aux car-
nations qu'à toute autre chofe , parce qu'on y re-
marque miecx les teintes , les demi-teintes , le tra-
vail de la peau , la fonte du pinceau , en un mot ,
tout ce qui le forme.
Un traité du coloris comprend ce qui re-
garde la nature des couleurs, l'union & l'amitié
qu'elles ont entr'elles, la manière de les employer
pour produire ces beaux effets de clair & d'oblcur ,
qui aident à faire paroître le relief des figures & les
enfoncemens dans les tableaux : ce qui regarde la
perfpe^ive aérienne, qui n'efl: autre chofe que l'af-
foibliflcmcnt des couleurs par l'interpofition de l'air ,
les accidens lumineux & du diaphane qui fe reniar-
quent dans la nature , les différentes lumières , tant
des corps illuminans que des corps illuminés,
leurs réflexions, leurs ombres, les différentes vifions
ou afpeéls , k-lon la pofition du regardant, ou des
chofes regardées , les apparences des corps dans l'eau ,
ce qui produit cette fotce, cette fierté, cette dou-
ceur, & ce précieux, qui fe trouvent dans les ta-
bleaux bien coloriés, les diverfes manières de co-
loris ^ tant aux figures qu'aux payfages. Félib. Voyez
M. De Piles , dans fon Cours de Peinture , Léonard
de Vinci, ècc.
gCT On dit , d'un teint frais & vermeil, voila Un beau
coloris. AcAD. Fr. Vividus color,
Ç5" Coloris fe dit aufli des changemens caufés fur le
vifage par certaines paflions. Certains mouvemens
(. du cœur répandent un coloris chatm.ant fur le vilage
• des Dames , £c même de celles qui font le moins
' partagées en couleur.
&3' On cherche à mettre ce mot à la mode , en parlant
des ouvrages d'cfprit. L'efprit ne paroîr jamais avec
plus d'avantage , que lorfqu'il reçoit la loi du cœur.
Les penfécs les plus ingénieufes prennent alors le
coloris du fentiment. Nos Comédies modernes font
remplies demornlités, de portraits hors d'oeuvre,
de fcènes déccufucs, de petits fentimcns, de jolies
penfécs -, ^ tout cela efl: revêtu d'un coloris de jargon
précieux &c méthaphyfiquc qui exerce la pointe de
l'efprit , & qui fait bailler la raifon.
Coloris efl: auifi im terme de Fleurifte. C'efl la cou-
leur vive &: brillante d'une fleur. 11 y a dans les
fleurs pluficurs forrcs de coloris ; il y a un coloris
lufl:ié , un fariné, £•; un velouté. Le brillant du co-
loris efl: charmant dans les fleurs. Plus le coloris des
tulipes eft luflré &: fariné , & plus il eft eftimc.
Il fe ditauffi des fruits, en termes de Jardinier.
fe Ce fruit prend un beau co/om. Voilà une pèche d'un
^ coloris admirable. Ce coloris eft un petit rouge qui fe
fait voir fur les fruitS , tant à noyau , qu'à pépin,
LlGPP.
COLORIS ATI ON , f, f. eft un terme de Pharmacie ,
COL 6^9
qui fe dit de divcts changemens de couleur qui arri-
venr aux fubftances en diverfes opérations de la.
natute ou de l'art , comme par les fermentations >
lotions , codions , &c. ^CF foit pour leur donner
une couleur plus agréable , foit pour les déguifer
& en cacher la compofition. Colorum mutaùo.
Colorisatiôn , en termes de Peinture , fe dir pour la
manière de colorier , de diftribucr , de ménager les
couleurs dans un tableau.^ti3'.CoLONNE&; Coloris.
COLORISTE, f'. m. Peintre qui entend bien le cq-
loui i mifcendi y inducendi coloris peritus , &c qui
donne du coloris à fes figures.
Coloriste le dir, dans le figuré, d'un Ecrivain qui
repréfente bien fes caraélères, &c. L'Abbé de Saint-
Real effaya de peindic Charles Emmanuel, Duc dé
Savoie, mais , quoiqu'il fut excellent colorijle, il fe
défia de fon pinceau; &: s'il commença le portrait de
ce Prince, il n'ofa l'achever. Mémoires de Trévoux^
^CT Un homme d'efprit a dit, en parlant de nos
Poètes modernes : on ne paroît chercher maintenant
que les beautés de détail ."une pièce n'eft fbuvcnt
qu'un compofé de morceaux rapportés. Ils ont de
l'éclat; mais il n'en réfulre pas un tout qui feul a
droir de charmer. Ainfi peut-être, nous avons des
Colori fies ,mii\s nous manquons de DefTinareurs,
fer On a fait auffi un adjcétif de ce m.ot. Les blancs
particuliers & arrificicls ne font pas de vrais blancs.
Ils portent tous une petite teinte qui fe fait fentit
à un œil colorijie. Castel.
COLORITE. f. m. Nom de Religieux. Colorita. Les
Culorites font une Congrégarion d'Auguftins , qui
commença par les foins de Bernard de Rogliano ,
dans la Calabre citéricurc , vers l'an 1550. Elle fe
ibûmit , & fe réunit à l'Ordre des Hcrmites de S. Au-
guftin l'an kJog. EUea pris fon nom d'une perite
montagne, nommée Co/orùo, fituée proche du vil-
lage de Morano , au diocèfe de Caffano , dans la
Calabre citérieure , province du royaume de Na-
ples. Il y avoir fur cetre montagne une cglife dédiée
à la Sainte Vierge. Bernard, qui étoit un faint
Prêtre du village de Rogliano , s'y retira, & bâtit
une cabanne proche de cette églife-, & s'ctart re-
vêtu d'un habit d'Hermire , il donna commence-
ment à la Congrégarion des Colorites.
gcr COLORNO, Colurnium. Petite ville^ d'Italie,
dans le Parmefan, près de la rive du Pô,
Ip- COLOSSAL, ALE. adj. m. & f. Qui efl/d'une
grandeur démefurée, fort au deffus de la naturelle.
Coloff'oeus ou Colojjicus. La figure de S» Chriftophe
de l'Eglife de Paris eft coloffale. On appelle aufîi
colonne colo(fale , une colonne d'une prodigitufc
grandeur, en forte qu'elle ne peut entter dans une
ordonnance d'ArchiteéVure -, elle doit être folitaire,
comme la colonne de Trajan. On ne les élevoit que
que pour les Dieux. Néron le premier fir ériger
pour lui une ftatue colo(fale. On trouve dans le
Moréry Colossique , des ftatues caloriques. On
ne fait où l'on a pris ce mot
COLOSSE, f. m. Statue de grandeur démefurée , de
la taille d'un Géant. Coloffus. Le colo£e de Rho-
des étoit une ftatue d'Apollon , fi haute , que les
navires paflbient à pleines voiles entre fes jnmbes.
Les Rhodiens le firent élever après que Démérrius ,
qui adlégeoit leur ville , eut fait la paix avec euji , &
fe fut reriré. C'étoit une des fept Merveilles du
Monde. Il avoit foixante-dix coudées de hauteur. Ce
fut l'ouvrage de Charès , difciple du fameux Lyfippe.
Il fut douze ans à le faire. Il y avoit peu de gens
qui pudent embrafler (on pouce, &c. Les Sarrafins
s'érant faifis de l'île de Rhodes en 6^^:, , trouvèrent
érendu par terre ce colo[fe ^ qu'un tremblement
de rerre avoit fait tomber. Un Juif, à qui les Sarra-
fins le vendirent, l'ayanr fait mettre en pièces, char-
gea neuf cens chameaux de l'airain dont il étoit fa-
briqué. L'an 74 de Jefus-Chrift, on dreflà à Rome ,
dans la rue facrée , un colore d'airain, de cent ou
cmt dix pies de haut. Il avoit été fait pour Néron;
i mnis au lieu de fa tête , on y mit une repréfcnta-
/ lion du Soleil, fous la figure de Tire, félon quel-
T T 1 1 i)
70 o COL
ques-uns. Tillem. Il y a parmi les Antiquités de
Rome iept fameux co/ojfes , àc\ix d'Apollon , autant
de Jupiter , un de Néron, un de Domitien , Si un
du Soleil. 11 y en avoit aulli un de Mercure dans les
Gaules , lequel étoit très-connu.
Les premiers Co/ojfes tirent leur origine d'E-
gypte , où , fuivant pluiîeurs Auteurs , le Roi Sc-
îbflris fit placer dans le Temple que l'on avoit bâti
à Vulcain , dans la ville de Mcmphis , plulieurs fta-
tues de pierre , tant de lui &c de ia femme , que de
♦es entans , dont les unes avoient trente coudées
de haut , & les autres vingt. Il y avoit à Rome une
ftatue de cuivrc,repréfentantApollon,dans le temple
d'Augullc, qui avoit plus de cinquante pies de haut.
Le Coloffe d'Augufte étoit dans la place qui portoir
fon nom à Rome. Domitien avoit fait dreiler une
ftatue cquellre dans le milieu de la place publique ,
de cent pies de haut , que le Sénat fit abattre après
la mort de ce tiran. Le Colore d'HercLile , que
Fabius Maximus Vcrrucofus enleva de Tarente , &
qu'il fit placer dans le Capitole, étoit une ftatue
de cuivre que Lyfippe avoit faite. Celui de Jupiter
fut fait par ordre de l'Empereur Claude , & place
proche du théâtre de Pompée , 6c pour cette rai-
îbn, fut appelé Jupiter Pompéien, Spurius Carvi-
likis , après la défaite des Samnites , fit fondre tou-
tes' les armes de cuivre qu'il avoit prifes fur eux , &c
en fit faire une ftatue de Jupiter, aux pics de laquel-
le il fe fit repréfenter. Ce Co/o^é fur mis aulfi dans
le Capitole. Dicl. de Peinture & d'Jrchiteclure.
^fF On appelle aufîi Colofle^ un bâtiment d'une gran-
deur extraordinaire, comme les pyramides d'Egypte,
les amohithéatrcs, &c.
Colosse eft dit vapù to x<:>iii=i« ràcc-ra cjitod minitat
ù retundat ociilos , parce qu'un Co/o£e eft fi grand ,
qu'il trouble la vue -, l'œil a de la peine à le confi-
dérer tout entier à la fois.
Colosse fe dit au figuré des hommes & des animaux
qui font d'une grandeur exrraordinaire , tous les
foldats de cette compagnie font de vrais ColoJJes.
Déjà ces tiransinjenfés
Du haut de leurs monts entajjés ,
Voyaient le Ciel comme leur proie;
Qiiand d'un effort impétueux ,
Le carreau s'clance & foudroie
Ces Cololles prejomptueux,
Nouv. CH. DÉ Vers.
Dame Fourmi trouva le citron trop petit ,
Se croyant, pour elle un Cololle. La Font.
COLOSSE. Ville ancienne de la Phrygie , Province
de l'Afie mineure. Colojfe ou Coloris. La ville de
Coloffe n'étoit pas fort éloignée de Laodicée. C'eft
une des premières qui reçut la foi. Les Grecs l'ap-
pellent aujourd'hui Chours, Elle fut ruinée vers
l'an <îo par un tremblement de terre.
COLOSSIEN , ENNE, f. m. & f. Colofenfis. Qui eft
de Coloife. Les ColoJJîens furent inftruics en la Foi
par Epaphras. Port R. Dans l'Epitre aux Colojjiens
S. Paul après avoir relevé la grandeur de Jefus-
Chrift , avertit les Colojjiens de ne fe point lailfer
féduii'e par les Philofophes. Id. Quelques Inter-
prêtes ont penfé que ces Cb/o^Ff/w , auxquels Saint
Paul écrivoit , font les Rhodiens , qu'on appeloit
ainfi à caufe du coloffe qui étoit à l'entrée de leur
port. C'eft le fentimcnt de Suidas, de Calepin,
& de Munfter;& Zanchius, auîlîbien qu'Eralme,
font mention de cette opinion \ mais elle a peu d'ap-
parence , &n'eft point fuivie. Que quelques Poè-
tes aient appelé les Rhodiens Colojjiens , il ne
s'enfuit pas que dans l'ufage ordinaire, que luivoit
apurement S. Paul , on leur donnât ce nom.
COLOSTRE , f. m. terme de Médecine. Premier
lait qui fe trouve dans le fein des femmes après
leurs couches. Colojlrum , colojira. On donne audi
ce nom à la 'maladie que ce lait leur caufe quand il
vient k fe cailler. Co/o/?r^/io..
|Cr COLOSW.iR. Cïaudwpoiis, Ville de Tianfil-
CO L
vanîe, que les Allemands appellent Claujenbourg.
Elle eft fur la rivière appelée le petit Samos,ài5
lieues du grand Waradin, à (î ou à 7 de Huniad.
C'eft-là que s'afiemblent les Etats de la Province,
& que fe tient le Sénat.
COLPORTAGE , f m. emploi , fonétion de celui qui
eft Colporteur.
COLPORTER. V. a. Porter à fon cou , ou fur fon dos,
quelques mannes , ou balles de marchandifes, pour
les vendre par les rues & par la campagne. Suljec-
tis cervicihis aliquid ferre , Jhppojuo dorjo aliquid
_^fy?(îre. Il eft permis aux Ramoneurs , Vautres pe-
tits Merciers, de colporter des marchandifes, mais
non pas de les vendre en boutique hors des Foires.
En temps de contagion la Police défend à tous Re-
vendeurs d'habits , Colporteurs, d'expofer en vente
ou de colporter par la ville , aucuns habits , lino-es ,
ou autres hardes. De la Mare.
ifT Colporter fignifie proprement porter des mar-
chandifes dans les rues,ou demaifon en maifon,pour
les vendre. On le dit en librairie , des livres , feuilles
volantes , papiers publics , ùc,
COLPORTEUR , f. m. marchand qui va vendre fes
marchandifes parles rues, & qui les porte dans un*
manne ou caifette pendue à fon cou. Circumfora-
neus propola.L'^s Colporteurs vendent des imac^es
des étuis , des cifeaux , des lacets , & autres me-
nues marchandifes. On le dit particulièrement des
crieurs de Gazcttes,d'Edits& autres feuilles volantes
qui font nouvelles, & d'un prompt débit. Par les
ftatuts des Libraires , il eft défendu aux Colporteurs
détenir apprentifs , magafms, ni' boutiques , ni im-
primerie, ni faire imprimer en leurs noms ; mais ils
peuvent porter au cou une balle pour porter de pe-
tits livres qui ne pafiéront pas huit feuilles brochées
ou reliées à la corde , & imprimées par un Libraire
de Paris avec fa marque. Les Colporteurs ne doi-
vent rien débiter fans la permillion du Lieurenant
Général de Police. De la M a re , Tr. de la Pot. L.
/, T. XK, c. 1. 11 y a des Colporteurs de hardes ;
c'eft la même chofe que Revendeurs.
0Cr Colporteur , anciennemenr Comporteurs y
quia Jecum portant , parce qu'ils portent avec eux
toutes leurs marchandifes.
§:? COLRAINE. Ville d'Irlande , dans la province
d'Ulfter, au comté de même nom, faifant au-
jourd'hui partie de celui de Londondery.
COLTl , f m. terme de Marine. C'eft un retranche-
ment au bout du château d'avant d'un vai/îèau ; le-
quel defcend jufques fur la platte-forme
§a-_ COLUGA ou COLOUGA. Coluga. Ville de
l'Empire Ruiîîcn , dans le Duché de Rézan fur
la rive occidenrale de l'Occa.
COLUMBAIRE, f. m. ou COLUMBARIUM, car
nous retenons auffi le mot latin en notre langue ,
terme d'Antiquités Romaines. C'ctoit un bâtiment
fépulcral, quicontenoit en dedans plufieurs niches
propres à recevoir des urnes mortuaires. En lyitf,
on rrouva près de Rome le Columbarium de la mai-
fon de Livie , c'eft-à-dire, des Officiers de fa mai-
fon, &de leurs femmes & enfans. Plufieurs Anti-'
quaires d'Italie ont donné la figure de ce colum-
haire , & les infcriptions qui s'y trouvèrent. C'eft:
une indignité qu'on n'ait pas ccnfervé ce monu-
ment , & qu'on l'ait laiile fe combler de terre.
Ce mot a été donné à cette efpèce d'édifice, par-
ce qu'il refiembloit à un colombier. Les niches des
urnes y étoient difpofées comme les trous pratiqués '
dans un colombier pour les nids des pigeons.
^fT CoLUMBAiRE s'cft dit aufTi des trous pratiques fur
les côtés des Galères, par où paflbient les rames,
La raifon étimojogiquc eft la même,
COLUMELLA , f. £ terme de Conchiliologie, C'eft '
le fut , la rampe , ou l'axe intérieur d'une coquille
depuis le haut jufqu'en bas -, c'eft autour de ce fût
que les fpirales de la coquille font contournées : il
ne fe découvre que vers la bouche.
COLLUMELLE, f f terme de Fleurifte. Tulipe r>3u-
ge-blanche. Morin,
cot
COLURE , terme d'Aftronomie , $T qui fe dît de
deux grands cercles qui coupent réquateur & le
zodiaque en quatre parties égales, & qui fervent à
marquer les quatre failbns de l'année. Comme ce*
cercles paiîent parles pôles du monde, il eft évi-
dent qu'ils l'ont l'un 6i l'autre au nombre des méri-
diens. Coiurus.
On nomme colure des foîftices, le méridien ou
cercle de dcciinaifon qui paiîe par les pôles de l'c-
quareur , & par ceux de Técliptique \ Hc colure des
cquinoxes , le cercle qui paffe par les pôles de l'é-
cliptique & les interfeolions de l'ccliptiqué avec
réquateur. Ces deux cohires fe coupent en angles
droits , J: divifent l'ccliptiqué & l'équateur en deux
parties égales. Cassini. Les colures , en coupant
ainli l'équateur j marquent les quatre faifons de
l'année.
Ils font ainfi nommés de deux mots grecs , ""'ao? ,
c'eft- à-dire, mutilus ou truncatus ; & a^« , c'eft-
à-dire , cauda, comme paroiifant avoir la queue
coupée , parce qu'on ne les voit jamais tout entiers
fur notre horifon.
COLUTHEA. Voyei Bagttenaudier.
COLUVRÉE ou COLEUVRtE , ou plutôt COU-
LEUVREE , f. f. Quelques-uns difent vigne blan-
che, Brione ou Brioine. f, f. 5ryo;2w. Ses racines
font grofTes, chariiues , blanchâtres , acres &: amu-
res au goût. Elles pouffent des tiges en farmens me-
nus, fort longs , cannelés, velus, & qui grimpent
fur les corps voiiîns , auxquels elles fe lienr par le
moyen de quelques vrilles. Ses feuilles font alter-
nes , à plulieurs angles , & reflèmblantes par leurs
figures à celles du lierre , mais plus amples ; de la
grandeur de celles de la vigne, velues , fie d'un vert-
pâle. Ses fleurs naiflcnt des aiffelles des feuilles ,
& viennent par bouquets : elles font d'une feule
pièce, évalecs de demi-pouce de diamètre , décou-
pées profondément en cinq quattiers , d'un blanc
verdâtre , tirant un peu fur le jaune , & collées à
leur calice, qui efl: pareillement verdâtre , à cinq
quartiers. Ces fleurs font quelquefois ftériles ; celles
qui nouent donnent des baieS gro/Tes comme des
pois, rougeâcres, & qui renferment quelques fe-
iTienccs arrondies & aplaties. La racine de coluvree
efl: hydragogue , &: on s'en fert pour les hydro-
piques. On la donne en lavement pour provoquer
la fortie de l'arrière-faix. Les Charlarans la ven-
dent pour la racine de Mandr.agore. Elle efl: au(fi
apéritive. On en donne dans l'hydropifie , dans l'af-
thme&: dans la goutte. En latin hryonia albabac-
cis rnhris. Il y a pUifieurs autres efpcces de colu-
vrées. hcnomàç. bryonia qu'on donne à la coluvree,
vient de fm^w , nermino ; parce que cette plante jette
beaucoup débranches & s'étend beaucoup. Les An-
ciens l'ont appelée vigne blanche, fes feuilles ref-
femblent à celles de la vigne.
|Cr Les vrais noms françois font Couleuvrée ou
hrioine.
COLX , f. m, vieux mot. Coups^
COLYBES , terme de la Liturgie grecque, f. m. pi.
Offrande de grains &: de légumes cuits , que les
Grecs font en l'honneur des Saints, il en mémoire
des morts. Colvba. Gabriel Sévère de Philadelphie
a fait un petit Traité des colybes , dans lequel il en
recherche l'origine & la lignification. M. Simon a
fait une Note fur ce Traité. Balfamon, l'Eucologe
des Grecs imprimé à Venife •, le P. Goar dans fon
Eucologe ,' èc Léo Allatius , De Eccl. Occid. &
Orient, perpet. conf.L. III, c, 1 8 , parlent auffi des
Colybes, & voici en peu de mots ce qu'ils en di
fent. Les Grecs font quelquefois légèrement cuire
du blé , & le mettent en petits monc -aux fur des
plats. Ils mettent dcflus diffétents légumes : par
exemple des pois broyés, des avelines, des noi-
fettes fans écorce , des noix coupées en petits mon-
ceaux , des grains de railîns de Corinthe & de gre-
nades , qu'ils partagent en diffcrens compartimens
fcparésles uns des autres par des feuilles de perfîl.
Ceft un amas , ou petit monceau de blé ainii af- \
C OM
7 0 J.
faifonné, qu'ils appellent KoAi-fai, to/)'/^«.î. Ils ont
une Oraifon pour la bénédidtiondc ces Colybes j
dans laquelle ils prient Dieu, qui donne à tou-
tes ciiofcs leur pcrfcéfion, qui fait produire à la
terre toutes fortes de fruits pour noire ufagei qui
nourriiîant les cnfans de Babylone de feûls légu-
mes , leur donna plus d'embonpoint & plus de
grâce qu'à tous les autres; ils le prient, d:s-je,de
bénir ces fruits , & ceux qui en mangeront , par-
ce qu'ils ibnt offerts à la gloire , en l'honneur d'un
tel Saint, & en mémoire des fidèles trépaflcs; ils
lui demandent tous les fccours néceffairesau falut i
la vie éternelle pour ceux qui les offrent ; & ils le
demandent par l'mterceffion de la fainte Vierge j
du Saint dont ils font commémoration , & de tous
les Saints. Balfamon rapporte à S. Athanafe l'ori-
gine de cette cérémonie , & le Synaxaire grec la
rapporte au temps de Julien l'Apoftat.
Quelques Théologiens latins ayant été choqués
de cette cérémonie , qui leur paroiffoit tout-à-fain
extraordinaire , Gabriel , Archevêque de Phila-
delphie, écrivit là deffus un petit Traire en grec
que M, Simon a rraduir en latin , & qui a été im-
primé dans ces deux langues à Paris en 1671 , avec
quelques autres ouvrages de cet Archevêque. Ga-
briel prétend que les Colybes tirent leut origine
de ces paroles de Jefus-ChriO: , au chapitre ii*
'de Saint Jean , verÇ. 24. Le grain du froment
qui eji tombé dans la terre ne rapporte rien s'il
ne meurt ; mais s'il meurt, il rapporte beaucoup. Il
ajoute cncote ce paffage de S. Paul , Ep. I aux Co-
rinth. ch. XV, 2,6, Ce que vous Jerne^ne revit point,
s'il ne meurt auparavant, L'Archevêque de Phila-
delphie croit , étant fondé fur ces deux partages du
Nouveau Tejiament , que la cérémonie des Colybes
n'a été inll:itnée que pour reprélcnter aux fidèles
la réllirrecflion des morts, & pour les confirmer
dans cette croyance. Les Colybes , dit il , font desî
fymboles de réfurre(5i:ion générale. Il rapporte au
même endroit les fignificacions myfliques de ces
Colybes ou légumes qu'on fait cuire avec divers af^
faifonncmens ■, & il marque enrr'autres chofcs, que
ces divers affaiforinemens fignifient différentes ef-r
pèces de vertus. , '
L'offrande que les Grecs font des Colybes,A?ix\s la
célébration de leur Liturgie, n'efl: point de rinfl:i-
tution des nouveaux Grecs. Elle a quelque anti-
quité , & elle n'a même rien de choquant ; au con-
traire , on prouve par là , comme l'a renjarqué Léo
Allatius , que les aumônes &: les autres œuvres'
pieufcsque les vivans font pour les morts, ne font
pas regardées dans l'églife grecque comme des cho-
fes inutiles. Voye^ Goar dans fon Eucologe, pag.
661. Allatius, de Eccl. Or. & Occident. perp.conf. l.
3 , chap. 1 8 , & M. Du Cange , dans fon Gloffairé
grec , fur le mot Kolybon. Il y a un ofHce des
Colybes c[\is Léo Allatius a imprimé à l'endroit que
j'ai cité , &: qui contient pîufieuis otaifons pour ieS
morts.
COLY TEA , f. m. plante dont parle Théophrafl:e.'
Quelques-uns veulent que ce foit une efpèce d'épi-
nevinetre,& d'autres le fureau de montagne. Elle efl:
fort différenre d'une autre plante qu'on appelle co-
lutliea, en François ba^uenaudi:r.
IP" COLZA ou COLSA , f. m. efpèce de chou fau-
vage, qui ne pomme point. On en femc beaucoup'
en' Flandre ^ dans l'Artois. Sa graine donne une
huile fcmblable à l'huile de naverte.Les to'irteaux
dont on a exprimé l'huile fervenr à cngraiHcr les
befl:iaux , en les mêlanravec du fon. Ils font encote
un excellent engrais pour les terres deftinées à por-
ter du col^a. La menue paille qui fort d'i van ,-
quand on vanne la graine , fert de nourriture aux
beftiaux ; & la groffe paille & les pies du co/^afer-'
venta chauffer le four.
C O M.
COMA , f m. terme de Médecine. Coma. C'efl le norri' >
d'une maladie qu'on appelle auflï cataphora, Comd
704 C O M
fomnohntum ou coma foporeux , comd vigil. Ce
mot eft forme par lyncopc de xoi'.k);»* , quivienr
de y.«,;««« , je dors. Le coma cil une grande envie
"de dormir, l'oit que le ibmmeil s'en ùiive ou non:
Il le (bmmeil iuic , c'eft un coma fomnoUntiim -, dans
lequel les malades dorment d'un profond fommeil
& ne peuvent ouvrir les yeux : s'ils ne peuvent
dormir , c'eft un coma vigil , dans lequel ils fer-
ment les yeux, & femblent dormir , quoiqu'ils ne
dorment pas. La caufe du coma foporeux eft tout ce
qui empêche le cours des ei'prits , comme l'intem
pcrie froide de humide du cetveau,:<dcs vapeurs chau-
des &: corrompues qui^montent à la tête , & bou-
chent les canaux des cfprits animaux , des vapeurs
narcotiques, df'c. he coma vigi/ vient du combat ou
du mélange déréglé de la bile &:de la pituite, car
la bile fait veiller , & la pituite fait dormir ; &
ceux qui ont cette maladie , ferment les yeux pour
dormir, 5i ne le peuvent, où s'ils dorment, c'ell
pour un moment : ils révent, ils s'agitent, ils fe
lèvent, &: quelquefois ils fe jettent fur ceux qui font,
prcfens. Le co/«iZ ibporeux diffère ducarus. A'bjcfj
Carus. Les remèdes pour le coma font ceux qui
caufent de grandes évacuations , comme les clyl-
tcres violens , les vomitifs , ceux qui purgent, dé-
chargent &:delTêchent le cerveau -.ceux qui caulent
des révullions d'humeurs, comme les velîicatoircs
& les cautères. Degori. f^oye^ Lazare Rivière ,
Samuel , Formius , Rondelet , Foreftus , des ma-
ladies du cerveau , Villis , &c.
COMACHIO ou COMMACHIO. Prononcez co
makio. Comaclum , comjcula. Ville de l'Etat de
l'Eglife en Italie, fituée dans les étangs de CoOTirr-
chio , à (ix lieues de Ravenne au nord. Le lac ou
étang de Comachio , efl: le terrain qui eft encre
le Pô di Volana , & le Pô di Primaro, qui Ibnc deux
cmliouchurcs du Pô,
COMANE. Nom commun à plufieurs y'ûhs. Coma/ia.
Il y avoir une Comane dans les vallées de l'Anti-
taurus , fameufe par un temple de Bcllone i une
autre que Procope met dans l'Arménie mineure
&: Baudrand dans la Cappadoce , &: qu'on appelle
Comane la Pontique, Cçmana Pontica ; Une troi-
fièmc dans la Taprobane,('elon Ptolomée •, une qua-
rrièm? en Phrygie , & une cinquième en Pilidie.
La Comane de l'Antitaurus fe nomme aujourd'hui
Com ou Tabach^an , & celle de l'Arménie mineure
Arminlacha. Elle efl: au confluent du Sar&: de l'Iris.
Co^^A^'E. f. m. & f. Comamis -, ^7. Nom de peuples.
Pline, L. VI ^ c. \G, place Xz^Comanes proche de
la Margianc. Ladiilas, Roi de Hongrie, vainquit
les Comanes '^xoc\\ç. du lac Hood , l'an de Jefus-
Chrifl 1179.
COMANIE. Comania. Pays en Afic , fîtué entre h mer
Calpienne au levant , la CircaUle au couchant , la
Mofcovie au nord , la Géorgie au midi. Du côté
de la Molcovie il y a de grandes plaines & de
belles prairies. La Co/-«a«/<; n'eft pas fort peuplée,
quoiqu'elle foit au même climat que les Provinces
qui ibnt entre Paris & Lyon, Tavernier, Tome
premier. C'eft dans la Comanic que demeurenr les
Circadcs & les Kalraoucs ou Comoucs.
COMANS , f. m. vieux mot. Commandement.
COMARE. f. m. Lieu ou village d'Arnaures à une
journée au midi de Patras , & à une demi-lieue de
la mer. De là on voit fur le rivage un refte de bâti-
ment , & il y a un grand amas de marbres blancs ,
qui pour''oicnt être les refl:es de Dymé, dernière
ville de l'Achaïe qui confinoit avec l'Elide. Il n'y
a à Comare que 18 ou 20 cabanes faites de cannes ,
de rofeaux Se d-; terre. Du Loir , Z,. X, /?. 5 5 1 ,
^CT COMARIAS, terme de Relation. Les Portugais
divifent le Royaume des Algarves en àciw coma-
rias ou territoires.
COMAROUE. f. f C'ed le nom qu'on donne aux Juf-
tices fubalternes de Portugal. Commarca. A l'égard
des Comar^ues , on Juftices fubalternes , elles onr
beaucoup de rapport aux Bailliages de France, On
COM
cncolTipte vingt-quatre dans le Royaume, Le Quiîk
DE LA Neuville,
COMASC. Conienjîs agcr. Le Comafc eft une contrée
du Milanois autour du lac de Corne , & dont Côme
ell la capitale , qui lui donne fon nom. Il eft
environné du Milanois propre , du pavs des Gri-
fons , du Bergamalc , &: des Bailliages des Suides en
Iralie.
COMATEUX, EUSE, adj. terme de Médecine ,
qui ne fe dit qu'en parlanr du coma. Une alfcélion
comaceufe , c'eft une affection qui produit ou qui
marque le coma, qui en ell: la caufe, le ligne,
l'effet. Coma inducens , Jîgnijicans , indicans , fe-
quens , futfequens.
COMB , qu'on appelle aufli CARNOK. f. m. Me-
fure des corps folides en Angleterre , comme grains,
graines , pois , fèves , &c.
ffT COM^iKT .(.m.Certamen -, piigna.Cti'i, difent
les Vocabuliftes , l'aélion par laquelle" on combat
contre quelqu'un avec qui l'on a une querelle, un
dilfércnt. Un combat d'intanterie , de cavalerie.
N'infiftons pas fur cette définition, c'eft allez de
la lire. Le combat eft une adtion par laquelle on
en vienr aux mains avec quelqu'un , on fe bat avec
quelqu'un , par la voie des armes. Combat d'homme
à homme. Combat finsrulier , combat .à outrance. En
parlant des coot^ïî/j entre les gens de guerre, c'eft
une adtion moins générale que la bataille , fouvent
imprévue \ une aiftion d'une partie des [troupes feu-
lement. Les actions qui fe font palfées à Cannes
entre les Carthaginois & les Romains , à Pharfale
entre Céfar & Pompée , font des batailles. Mais
l'action où les Horaces & les Curiaces décidèrent
du fort de Rome & d'Albe, celle du pailage du-
Rhin , la dctaitc d'un convoi ou d'un parti font
des combats. Syn. Fr. La bataille de Netwinde , le
combat de Leufe , ou 18 ou zo efcadrons de la mai-
Ion du Roi en battirent 71 des ennemis. Com^ar de
cavalerie , equejiris pugna, d'infanterie, pedefiris.
Combat naval , rencontre d'un ou de plufieurs vaif-
lèaux ennemis ou d'efcadres qui fe battent. Navale
prxlium.
\fT On dit attirer l'ennemi au combat , livrer combat ,
renter la fortune du combat , Ibîuenir le combat;
donner, hafarder un combat ■■, ptél'emev , accepter
le combat ■■, éviter , rétablir , finir le combat,
IJC? Les Vocabuliftes ajoutent une remarque qui ne
vaur guère mieux que leur définition : la voici.
Quoique combat dife régulièrement moins que ba-
taille , il le prend néanmoins quelquefois pour'^a-
taille. Il y eut un combat j'an^lant entre les deux
armées. Il eft vrai que le mot de combat dit moins
quQ bataille; mais il n'eft pas vrai que dans l'exem-
ple même qu'ils apporrent, ce mot fgit fynonymc
de bataille. Le mot de combat a un rapport parti-
culier à l'aèlion même de fe battre , que n'a pas le
mor as bataille , &; voilà l'idée qu'il préfente dans
l'exemple qu'ils apportent. Je parlerois rrès-bien en
dilant avec M. l'Abbc Girard , qu'à la bataille de
Fleurus le combat fut opiniâtre & fort chaud. N'eft
il pas évident que dans ces occafions le mot combat
ne le prend nullement pout bataille , mais exprime
feulement l'aèlion de fe battre ?
^fT II y a encore une autre dilference entre ces deux
mots. Les batailles fe donnent feulement entre des
armées d'hommes , on les gagne ou on les perd.
Les combats fe donnent entre les hommes , & fe
font entre toutes les autres chofes qui cherclient ou
à le détruire ou à le llirmonrer : on en forr victo-
rieux , ou l'on y eft vaincu. Voye^ plus bas les diffé-
rentes acceptions de ce mot.
Combat finaulier , eft un combat d'un feul contre un
feul ; c'eft un duel. Voy. Duel. Singulare certamen.
Anciennement les procès fe décidoient par le com-
bat. On éroir perfuadc que Dieu n'accordoir la vic-
toire qu'à celui qui avoir le meilleur droit. Cela
arrivoit en matière civile , aulTi bien qu'en matièce
criminelle. On rapporte que la queftion , fi la re-
présentation a lieu en ligne directe , s'ctant prcfentée
COM
devant îe Grand Othon , la décifion en fut ren-
voyée à un Combat , &; au ibrt des armes. On le
pratiquoit particulièrement dans les matières cri-
minelles. On trouve la terme de ces fortes de com-
bats , & les cérémonies qui s'y obfervoienr , dans
l'ancien Coutumier de Normandie. L'acculateur
juroitilirla vérité de fon acculation, & Taccufé
lui donnoic le démenti : fur quoi chacun jetoit
fon gage de bataille en juftice. Alors on conf-
tituoit les deux champions prifonnjcrs jufqu'au Jour
du combat. Voyez au mot Champion comment
cela fe pratiquoit. Philippe le Bel défendit ces com-
bats txi 1505 , cependant le Parlement de Paris
ordonna un pareil combat entre deux Seigneurs
par Arrct de l'an i jSfî. Et en 1547 , Henri II per-
mit que Jarnac & la Chataigneraye combatillènt en
fa préfcnce. Le défenfeur avoir le choix des armes ,
5c s'il n'étoit point vaincu avant le coucher du So-
leil, il étoit abrous,& cenfé victorieux. Cet abus
ctoit autrefois tellement autorifé, que les Evêques
& les Juges eccléfiaftiques ordonnoicnt le combat
dans les chofes obfcures & douteufes. Pasq. On
rapporte qu'Alfonfc , Roi de Caflillc , ayant voulu
abolir le rit Mozarabique, pour introduire l'office
Romain j & le peuple s'y étant oppofé , on convint
de terminer le différent par un combat.
On dit qu'un homme eft hors de combat , lorf-
qu'il eft bleiîc ou ellropié, & qu'il n'efl plus en
état de combattre. On le dit aufli , dans un fens
moral, d'un homme qui ne peut plus fe défendre
par paroles , qui ne peut répliquer à fon adverfaire.
Combat lignifie quelquefois le choc , l'aétion de
ceux qui combattent. Confiiclus. En cette bataille le
combat fut rude , fut fanglant , fut opiniâtre. Dans
les premiers temps de la République Romaine ,
la vaillance avoir je ne fai quoi de féroce , & l'o-
piniâtreté des combats tenoit lieu de fcience dans
la guerre. Saint EvR. Le naturel ardent de M. le
Prince l'a fait croire impétueux dans les combats.
Id. On appelle un aflaut fans arrillerie, un combat
de mains.
Combat à la barrière. Cc^ un exercice deNoblefle ,
où elle faifoit autrefois des imitations de vrais com-
bats dans les joutes & tournois. Ludicrum certamen,
pugna umbratilis.
Combat fe dit auill des jeux folennels des Grecs &
des Romains à l'honneur des Dieux, tels qu'étoient
les jeux Olympiques , les Pythiens , les Néméens ,
les Iflhmiens , \zs combats du Cirque, les A(5tiâ-
ques , &: les autres dont nous parlerons à leur place.
Les combats qm s'y faifoicnt étoient la courlé , la
lutte, les coups de poing , le palet, frc. Lescom-
battans , qui fe nommoient Athlètes , s'y prépa-
roientdès la jeuneife par des exercices continuels ,
& un régime très-exaét. Ils ne mangeoient que de
certaines viandes, & à certaines heures ; ils ne bu-
voicnt point de vin, & n'avoient point de com-
merce avec les femmes -, leur travail & leur repos
étoit réglé : c'eft par l'exemple de ces combattans que
S. Paul exhorte les Chrétiens à s'abltenir de tout.
I Cor. IX, 15.
Combat fe dit auflî des animaux. P«or;za. Un combat
de taureaux , de bêtes farouches.
Combat fe dit aull'i de toutes les acftions par lefquelles
une chofe en détruit ou cherche à en détruire ou
liumonter une autre. Certatio , conjliclus , pugna. Il
y a un combat perpétuel entre les qualités élémen-
taires , du chaud contre le froid , de l'humide con-
tre le fec. Il fe fait un grand combat dans la fépara-
tion de l'ame & du corps.
ÇCTCombat fe dit encore , dans un fens figuré, de tou-
tes fortes de conteftations & de difputes , de certains
états d'agitation & de trouble , & des contrariétés
&: oppofitions qu'on éprouve. Certamen , pugna.
Toure cette difpute n'eli qu'un combat d'cfprit. C'eft
un combat perpétuel que celui des fens contre la
raifon. Il y a des gens fi cérémonieux , qu'ils livrent
un combat de civilités à chaque palfage. M. ScUd.
On n'efl: pas tranquillement fcélcrat , ni exempt de
COM 70 ?
combats intérieurs , & d'agitations fecrettcs dans 1«
cfime. S. EvR. Que je redoute ces durs combats oà
il faut foûtenir la révolte des fens , &; s'armer con-
tre fon propre cœur ! S. Evr.
Mais l'on s'efforce en vain par d'affîius Combats»
A difpofer d'un cxur qui nefe donne pas. Corn.
Crois , qu'il m' en a. coàté , pour vaincre tant d'amour»
Des combats dont mon cteur faigneraplus d'un jour,,
Racime.
On appelle Combat de fief , en tetme de Droit*
quand deux Seigneurs qui prérendenr la même mou*
vance d'un fief fervant , ou dont l'un prétend la Sei-
gneurie , l'autre la ccn(ive , ou tous deux la ceniive »
le font faifir chacun de leur côté , &C ont un procè*
enfemblc à ce fujet. Argou. Dans ce cas le Vafl'al
doit fe faire recevoir par main Souveraine. Voyet
ce mor.
COMBATTABLË. adj. Vieuic mot , qui vent dire ,
combattant , vaillant. Pugnax ipugil.
COMBATTANT, f. m. Celui qui combat > oit qui
peut combattre. Homme de guerre marchant en cam-
pagne fous les ordres d'un Général. MiLs pugna-^
tor. Une armée de cent mille combattans. Ccnturft
millia a.rmatorum.
^fj- CoMBAttANT fe dit auflî en parlant d'un des
foûtenans ou des aflaillans d'un Tournois. Q land
les deux Combattans fitrent en préfence. On le die
en plaifantant de ceux qui fe battent à coups de
poings. Pugiles.
0C? Combattant fe dit encore dans les dîfputes
littéraires , des Antagonilles. C'eft auffi un terme
Héraldique qui fe dit de deux animaux , Lions ou
Sangliers , que l'on porte fur un écuflbn d'armoi-
ries , dreifcs fur les pies de derrière & affrontés , ou
les faces tournées fune contre l'autre. Encyc.
COMBATTRE, v. a. Donner un combat , fe battre
contre l'ennemi pour le défaire , attaquer fon enne-
mi , ou ibûtenir ou repouffer l'attaque. Certare , de-
certare y pugnare , depugnare. Ces deux champions
ont combattu corps à corps. Les efcadrons ont com^
battu de pié ferme. Il a combattu fon ennemi , il l'a
défarmé.
Jupiter avoir C9uvett d'une épaiffc obfcurité l'ar-
mée des Grecs , pour les empêcher de combattre. En
cet endroit Ajax , ne fâchant plus quelle rcfolutiori
prendre , s'écria
Grand Dieu , chafje la nuit qui noUs couvre les yeuxp
Et combats contre nous à la clarté des deux 1
BoiLEAt;.
Voici la Traduction de M. de tA Motte,
Ak ! faut-il , dit Ajax , que je perde mes toups !
Grand Dieu , rends-nous le jour > & combats contrt
nous i
C'eft aux connoilTeUrs à décider , qui de lui oii
de M. Defpréaux a le plus heureufcment atteint lô
fublime de cet endroit de l'Iliade. Journal des Sa.^
vans 1714. La chofe n'eft pas problématique ; 5Ç
il n'y a perlbnne , quelque prévenu qu'il foit, qui
donne la préférence à M. de la Motte.
Combattre fe dit auffi en parlant du choC de deux
armées, Confiigere , dimicare , &c. Alexandre com-
battit trois fois les Perfes en trois fameufes batailles.
Les Princes combattent pour la vidoire , les foldats
pour le Prince. Ablanc. Si Enéc combat , c'eft par
néceffité , &c moins pour vaincre , que pour achever
la guerre. P. leBoss,
Combattre fe dit fîgurcment des chofes fpirituelles
Se morales. Il faut combattre pour la Foi. Vous
avez long temps combattu contre rin)uftice,& con-
tre la mauvaife fortune. P. d'Orl. l'efptit combat
contre la chair. Il faur,<rû'n/'^//r.;les opinions erron-
nécs. L'Evan2:ile eft un langage qu'on n'entend plus
dès qu'il combat nous attaciiemraï, Je me fortifi*
^04
C O M
d'autant plus contre un ennemi que )'aime , que je
Icns bien eue mon cœur me veut trahir , & ne com-
bat qu'p regret. M. Scud. Qu'il eftdur d'avoir à com-
battre l'on devoir contre fon inclination L
Jl ejtdcs momens defcibkjfe ,
Ou la nature piut tomber ;
On court rifque Jefuccomber ,
Quand or. eji oblige de combattreyà/?^ cefe.
NOUV. CHOIX DE VERS.
I). eft ridicule de combattre fcrieufement les rafi-
nemens & les Ululions d'une dévotion mchincoli-
que.Boss. Elle avoir ailez de vertu pour combattre
. ia pa/Tion -, mais elle n'en avoit pas aflez pour en
triompher. ViLL.
Ce n'efi qu'en ces ajfauts qu'éclate la vertu -,
Et [on doute d'un caur -/ui n'a point combattu.
Corn,
Haï de tous les Grecs , prejfe de tous côtés ,
Me faudra-il covAhazuc cncor vos cruautés ? Rac.
IJCF Combattre avec quelqu'un de civilité , de poli-
telle , & difputcr à qui léra plus civil , plus poli ; 6-c.
On dit encore , combattre contre la mer , les vents ,
l'orao-e. Pugnare cum mari ^ventis , tempejtate ,S>cc.
Combattre conn<t\^i^\m ,1e froid , &c. Le dans un
ftyle plus Ibùrenu combattre la faim , la Ibif , &c.
On dit , qu'un homme fe forge des chimères pour
les combattre ; pour dire , qu'il le forge de vaines
difficultés dans l'elprit. Les gens de Collège s'agitent
jufqu'à ia fureur , ôi combattent à outrance pour des
fyllabes & pour des virgules. Bel.
On dit proverbialement : en combattant le fecours
vient ; pour dire , qu'il ne faut pas abandonner cer-
taines'affaircs , & que le temps apporte quelquefois
du changement aux chofes les plus dcfeipérées,
C0MBAT'TU,UE. part. & adj. Il a l'elprit combattu;
pour dire , agité de divcriés penfées. Agitatus ifiu-
Suans,
l.es hommes definés à gouverner la terre ,
Loin de porter un cœur de remords combattu ,
Au poids de leur grandeur mcfurcnt leur yertu^
Capistr
■COMBE, f. f. "Vieux mot François , qui fîgnifîoit , val-
lée enfermée entre deux montagnes. ConvalHs. Mé-
nao-e tient qu'il lîgnilioit grotte , Ôc qu'il vient du La-
tin sumba.
COMBIEN , adverbe de quantité , Se interrogant.
Quand il ne fignifie autre chofe que le nombre , on
l'exprime par ^quot. Combien y a-t-il d-e gens en cet-
te armée 'i'^iombien y a-t-il de lieues de Paris à Ver-
failles ; Combien y a-t-il eu de morts &: de bleflcs
dans cette bataille î On dit auffi , combien de fois.
Quoties.
Combien , combien de fois , de douleurs accablé?
Par tes foins généreux me vis-je confolé ? Vill.
Combien fignifie la quantité du prix d'une choie qui
a été achetée ou vendue. Quanti. Combien vaut le
blé î Combien vaut le vin i A combien a-t-il été taxé ?
Combien cette marchandife î
Combien fignifie aulfi , à quel point. Il s'exprime par
^aà/Tzavecun adieCtif & un adverbe , & par quan-
tum avec un verbe. "Vous ne ùuncz cio'nc combien
ce Doifteur eft utile à fon Eglife , combien ce père
aime fes enfans.
Je fai combien efi pur le lèle qui t'enflamme.
Racine.
Ce mot vient du Latin quàm benè.
Combien eft aulfi conjonction & fignifie , encore
que , Etji, quamvis ,quamquam ^licét. Combien que
vous l'aiez délbbligé , il ne laillera pas de vous fer-
vir. Il eft hors d'ufage en ce fens.
Il s'emploie quelquefois fubftantivement dans le
difcours familier , pour lignifier le prix ou la valeur.
Il content de me vendre la mailbn , ôc upus n'en
ibmmcs plus que fui Iç cçmbien.
C O M
COMBINAISON, f. f. Aifemblage de plufieurs chofes
difpolces deux à deux, Conjunàio ,copulatio ,com-
plexio.
Combinaison, en Mathématiques ,fe dit par extenfion
de la variation des nombres , des lettres, des fons en
toutes les taçons polliblcs; §3" c'eft-à-dire,de toutes
les manières pollibles de prendre un nombre de quan-
tités données. Variatio litterarum, numerorum , va-
via literarum , numerorum difp^fitio. Pour déchif-
frer les lettres , il faut faire une inliniré de combinai"
fons de lettres & de fyllabes. La combinaifon de ce
vers fe peut faire en mille vingt-deux façons.
Tôt tibi funt dotes , virgo , quotjîdera ccclo.
La combinaifon des 24 lettres de l'Alphabet fc
peut /aire de i 591 721 658 311 2(^4 96a
2^3 919 598 loz 100 façons , comme a
montré Monfieur Preftet dans fon Algèbre. Le Pè-
re Merfenne, en fon Harmonie Univerfelle , a fait
la combinaijon des fons Se notes de Mulique jufqu'à
<Î4 , qui eft contenue en 90 chiffres.
§Cr COMBINAISON , en Chimie , eft l'union intime
par laquelle deux ou plufieurs principes de natur©
différente fe pénétrent & fe joignent pour former
un nouveau corps. Quand un acide eft Joint à un
alcali , il réfulte de la combinaijon de ces deux
fubftances , un fel neutre , compofé d'acide & d'al-
cali : il n'eft pas nécelfaire d'avertir que combinai-
jon & mélange expriment deux idées abfolument
différentes.
COMBINE, f. m. Le mélange de l'efprit de vin con-
fifte, félon M. Geoffroi , en un combiné d'eau , d'hui-
le 5c de fels que la feule fermentation a unis en-
tr'eux , avec l'huile de vitriol , c'eft-à-dire , avec l'a-
eide minéral le plus concentré ou le plus intime-
ment uni aux autres parties du mixte qu'on coimoillè.
Hiji. de FAcad. des Se. 1742. p. 44.
COAîBINER. v. a. Mettre deux à deux. Combinare ,
hinos jungere , copulare, ^3" Aifcmbler plufieurs-
choies en les mettant deux à deux.Et , par extenfion,
allembler les chofes autant de fois qu'elles peuvent
être variées -, les arranger de routes les manières
qu'elles peuvent être arrangées enlémble. Le P. Mer-
fenne a combiné tous les fons de la mufique > au nom-
bre de ^4. Variare , mut are ; litteras , numéros varie
difponere. Il faut que les faifeurs d'Anagrammes
combinent plufieurs fois les lettres d'un nom pour
y trouver un autre mot.
ffj" COMBINER , en chimie, exprime l'aftion d'unir
intimement deux fubftances d'une nature dilîcrcntc,
de manière que leurs parties le pénétrent , & qu'il
réfulte de-là un nouveau compofé. Voye:^ Combi-
naison ,^terme de Chimie.
COMBINÉ , ÉE. part. & adj. Il a les fignifications de
fon verbe. Combinatus , copulatus.
Les armées combinées de France 5c d'Efpagne,
Les rrcupes combinées de Bavière & de Prulîé.
COMBLAN. f. m. Foye^ Combleau.
COMBLE, f, m. Le haut , le faîte d'une maifon. Cul-
men , fapgium. Il a fait rebâtir cette mailbn de fond
en comble. Les fondemens en font bons , mais le co/tz-
ble ne vaut rien.
Comble fe dit particulièrement de la cliarpente & de
la couvertujre d'une mailbn. En Orienr les mailbns
n'ont point de comble , elles font couvertes en platte
forme : en France ils font pointus , ou en combles
droits ; & maintenant on en fait de brifés , ou à la
manfarde , qu'on appelle combles coupés. On ap-
pelle comble pointu , celui dont la plus belle propor-
tion eft un triangle cquilatéral par fon profil , &c
qu'on nomme auffi à deux égoâts. Comble à pignon ,
celui qui eft foûrenu d'un mar de pignon en face.
Comble à croupe , celui qui eft .1 deux arrêtiers &c
avec un ou deux poinçons. Comble de pavillon , ce-
lui qui eft à deux croupes, Scà un,ou deux,ou quatre
poinçons^ Comble coupé ^ ou brijé , celui qui eft com-
pofé du vrai comble , qui eft roide , dc du faux com-
ble , ^ui eft couché , ac (jui en fait la partie fupé-
tieure,
I
COM
rîcure. Comble en dôme , celui dont le plan efl: rond , f
ou ovale , & le profil en pente droite. Comble a l' Im-
périale , celui dont le contour elt en manière de ta-
lon renvcrfc. Comble plat , celui qui n'efl: pas plus
Jiaut que la proportion d'un fronton triangulaire.
Comble il potence, unecipèce d'appentis fait de deux,
ou plulieurs demi-fermes d'ailèmblage , le tout por-
te fur le mur contre lequel il eft adoiîc. Comble en
patte d'oie , une cfpèce d'auvent à pans , & à deux ,
ou trois arrêtiei's pour couvrir un puits , un prcfroir.
Comble entrapeti , ou ejitrape:^é , celui qui ayant une
large baie , ell: coupé pour en diminuer la hauteur ,
& couvert d'une teirafFe de plomb un peu élevée vers
le milieu , où il y a d'eipace en eipace des trapes ,
qu'on levé pour donner du jour à un corridor , ou
autre pièce interpoféc. Comble à terraff'e, qui, au lieu
de s'élever en faîte , eft coupé , & forme une terraffe
au haut du toit d'un logis. Les pignons d'un logis
s'appeloient autrefois combles , ou cambres ; &i ils
ont été ainfi nommés , à cauié qu'ils étoient cou-
verts de chaume , à culmis ^vel calamis , félon le té-
moignage de Servius.
^3" On dit figurcment qu'un homme eft ruiné de fond
en comble ■■, pour dire, qu'il a tout perdu ; qu'on lui a
fait perdre l'on bien , ou Ion honneur , ou Ion crédit,
ou tout cela cnfcmble. On le dit de même d'une vil-
le , d'une province , d'une famille , 6'c. Fortunis om-
nibus everfus.
jCoMBLE le dit figurément en Morale fCT du dernier
période , du plus haut point où les chofes peuvent
aller, C'eft le dernier furcroît , foit du bien , Ibit
du mal. Cumulus , fajtigium ^fummum, culmen. Dans
toutes les dilgraces , c'eft le comble de l'infortune
cjue d'avoir toujours été heureux. S. Evr. Il eft par-
venu au comble des honneurs , de la fortune. Dieu
fut obligé d'envoyer le Déluge , à caufe que la na-
ture humaine éroit parvenue au comble de l'iniquité.
Le comble de la mifere , c'eft de ne la fentir pas,
NiCOL.
Mais c'ejî où peut monter la dernière fureur ,
P'tire au comble du crime fi n'en voir pas fliorreiir.
Quint,
Et par les envieux un génie excité ,
Au comble dejon art eji mille fois monté. Bon.
^CT Scuderi dans fes Obfervationsfur le Cid avoir con-
damné cette exprcHion, Je ne lais trop pourquoi,
l'Acadcmicdans les fentimensjur cette Tragi-Lome-
die , ùbferve qu'on dit très-bien , c\ ft le comi le de
ma douleur , de ma Joie, Si ces mots n'étoient pas ad-
mis , il ne faudroit plus faire de vers. Elle eft même
d'ulage en profc , dans le ftyle noble , ainli que dans
le ftyle ordinaire.
Pour comble. Façon de parler , qui lignifie , pour fur-
croît. Après avoir elTuyé une furieulé tempête, /o^r
comble de malheur , il fut pris par des Corfaires.
Alexandre vainquit Vo^ws ,&c , pour comble àQ ^\oi-
re , il lui rendit fes Etats.
1^ CoAfBLE, terme de mefureur. f. m. Ce qui peut
tenir au deflus des bords d'une meiure, d'un vaifiéau
déjà plein. Le comble d'un minot , d'un boiileau ,
£'<:. 11 a donné cela pour le comble.
Comble , adj. m. & f. terme de Mefureur. Il fe dit de
ce qui refte au delfus des bords de la meiure après
que le Mefureur l'a remplie, Supereminente cumulo
plenus. Il y a deux manières de mefurer : l'une à me-
fure comble ; l'autre à mefure rafe. Le blé fe vend à
mefure rafe , l'avoine à mefure comble. On donne
le grain au Meunier en mefure rafe , & il le doit ren-
dre en mefure comble,
^3" Ce mor cow.ble ne fe dit que des melures des cho-
fes feches , comme les grains , &: ne peut avoir lieu
pour les mefures des choies liquides.
^3° On dit au figuré que la mefure eft comble ■^'çow^
dire , que les fautes , les crimes , les outrages , &c.
font portés Jufqu'à l'excès.
Comble , en termes de Blafon , fe dit d'un chef rétré-
ci , comme les hamcides font des fafces reuécies.
'Coronis contracîa.
Tome il.
COM 7oy
On dit au Manège , qu'un cheval a le pied com-
ble , lorfqu'il a la Ible arrondie par deflbus , enfor-
te qu'elle eft plus haute que la corne. Excedens.
Ip; COMBLEAU ou COMBLAN,f. m. termes d'Ar-
tillerie. Cordage qui fcrt foit à tirer , foit à élever
le canon. Il eft long de 55 toiles, gros de quatre
pouces & demi de tour , & pefe environ 70 livres.
(uni tormentarins.
^ COMBLEMENT , f. m, adion de combler un
creux , un folle ,' par exemple, La tortue , chez les
anciens , fetvoit pour le comblement du folle & poi.r
la Sappe, Rollin.
§3" Comblement fe prend aulfi pour les terres
& tout ce qui fert à combler. Au fiége d'Halicar-
naflè , Alexandre fit d'abord trois tortues de front
pour combler le folle , puis il fit avancer lés Béliers
fur le comblement pour battre ,en brèche. Rollin.
^fT Ce mot ne le trouve point dans nos Diilion-
naires , pouiquoi ferions-nous difficulté de nous
en fervir ? Il nous faut des mots pour toutes les
idées que nous voulons exprimer.
COMBLER , v. aél. Remplir un creux , un vide,
Cumulare , complere. On a comblé ce puits qui
étoit fec. Les ruines du rampart ont prefque
comblé le foifé. Les alîlégeans doivent combler les
lignes après un liège. Les vallées fe comblent à la
fin par la chute des teires , des montagnes.
Ce mot vient de cumulare,
^fT On dit au figuré combler une perlbnne de
biens , lui faire de grands biens , & à peu près dans
le même fens , combler de bienfaits , d'honneur ,
de préfens , de joye , de louanges. Cumulare ali-
qiiem honoribus , beneficiis , &c. Le Roi a comblé
fon favori de bienfaits. Dieu nous comble tous les
jours de fes grâces. Cet homme m'a comblé de ci-
vilités. Maleb. Il faut reconnoître la main invifible
qui nous comble de biens , & qui le cache à notre
efprit fous les chofes fenfibles.Io. La Fortune eft (i
aveugle, que parmi la foule où il n'y a qu'un fage,
il ne faut pas s'attendre qu'elle aille le démêler"
pour le combler de fes faveurs.
Pour mieux faire éclater fa joie, & fon amour ,
Il combla de préfens tous les Grands de fa Cour ,
Racine.
UCT COMBLER , terme de mefureur. Remplir autant
qu'il eft polfible , remplir une mefure jufque par
. deiu'.s les bords. Combler un boilfeau , un minot.
Combler. LA mesure, fe ditauili au figuré-, pour dire,
commettre quelque nouveau crime , après un
grand nombre d'autres , faire quelque nouvelle fau-
te , après laquelle on n'a plus de pardon à efpérer.
Leur rébellion a comble la mefure.
Comblé , ée. part, Cumulatus.
COMBLETTE , f. i. Terme de ChalTe , qui fe dit de
h fence du oie du cerf, Fiffiira cervini pedis,
COMCOURGEOIS , f m. Terme de Marine, On dit
mieux co-bourçeois, f^oye^ ce mot.
COMBRAILLE. ^Combralia , Cobralia. Petit Pays de
France dans la baife Auvergne , qui confine à la
Marche , &c au Bourbonnois. Louis II , Duc deBour-
bon , acquit la Combraille de Pierre Guyar en 1400.
On nourrit de fort bons chevaux en Combraille.
^ COMBRET , petite ville de France en Rouer-
gue , dans le dioccfe de Vabres , généralité de
Montpellier.
COMBPJEilE, f,£ Terme de Marine. C'eft un filet
dont on fe fert fur les côtes de provence pour pren-
dre des thons , & autres grands poiffons. B.ete ca-
piendis majoribus pifcibus comparatum.
COMBUGER , V. a. Terme de Marine. Combuger Ae^
futailles , c'eft les remplir d'eau pour les imbiber
avarr que de s'en fervir, Imbuere.
COMBUSTIBLE , adJ. m. i?c f Q li eft difpolc à brû-
ler , 6c facile à prendre feu. Ujiioni aptus , idoneus.
La poudre .à canon eft fort comlujiille. Les métaux
fe peuvent fondre, les pierres le peuvent calciner j
mais ils ne font pas combufiibles.
Ce m.ot vient de comburo , combujius.
V Y vv
yoG COM
&T COMBUSTION , qui fignifie proprement l'ac-
tion de brûler , mais qui n'eft pas en ufage , fe dit
en chimie , & en phyfique, pour exprimer la décom-
polition des corps inflammables expofés à l'adion
du feu dans des vaiflèaux ouverts , ou à l'air libre ,
en forte que les corps brûlent réelleinent -, ce qui
n'arrive point dans les vallfeaux fermés , où la pro-
dutlion de la flamme n'a jamais lieu.
SCF Les anciens Aftologues difoient qu'une planète
eft en combiiftion , lorfqu'elle n'eft pas éloignée
du Soleil de plus de 8 degrés 30 minutes. On ne
fe fert plus de ce mot.
ffT Combustion fignifie commencement , di-
vifion , diflention , grand dcfordre qui s'excite
tout d'un coup dans une aflemblée , dans un Etat.
Turha ,jedino^ dijjenfio. Pendant la Ligue toute
la France étoit en comhufiion. Toute la Cour étoit
en comhujiion dans la querelle de ce favori. Les mau-
vais rapports mettent les familles , les meilleurs
amis en comhujiion.
fp- COMCHE. Ville d'Afie , au royaume de Pcrfe ,
fur la route d'Ifpahan à Otmus.
COME. f m. C'eft la même chofe que COMITE.
Foyei ce mot.
iCOSME , Ville du Duché de Milan en Italie. Co-
mum , Novocomum. Elle eft capitale du Comafc ,
fituée fur le bord méridional du lac qui porte fon
nom. Côme eft une ville fort ancienne. Juftin Liv.
XX. Ch. 5. prétend qu'elle a été fondée pat les an-
ciens Gaulois , qui fe rendirent maîtres de la par-
tie occidentale de l'Italie , qui fut appelée de
leur nom Gaule Cifalpine. Dans la fuite C. Sernion
y conduifit une Colonie, & l'ayant rétablie, les
Romains la nommèrent Novocomum ; c'eft-à-dire ,
Nouveau Côme. Céfar y envoya aulfi 5000 habi-
tans, parmi lefqucls il y en avoir 500 des premiè-
res familles de Grèce. Côme a été la patrie du Poè-
te Cxcilius , de Pline le jeune , de Paul Jove , &
d'Innocent XI. Côme eft encore aujourd'hui une af-
fez grande Ville , bien peuplée , & riche , à cau-
fe de fon commerce. Il y a un Evcché fuffragant du
Patriarche d'Aquilée. Koye{ Strabon Liv. IF. &
Liv. V. Ammien Marcelin Livre XV. Tite Liv.
XXXni, a. 2Z. Lcandre K\btm.Defcript. Ital.
Clavier, Ital. Antiq. p. 148.
Le Lac de Cô/ne , Comenjis , ou Comacenus lacus ,
Larins, lacus, eft le plus grand lac de toute l'Ita-
lie. Il eft dans le Comafc , contrée du Duché de
Milan , aux confins des Suifles & desGrifons. Il^eft
en quelque forte diviCé en trois golfes, dont l'un
tourne vers le nord , & reçoit la rivière d'Adda ;
l'autre vers le Sud-Eft , par lequel la même rivière
fort de ce lac -, & le troifième vers le Sud-Oueft.
|3- COMÉDIE , f. f. notre langue n'avoir autrefois
qu'un terme pour exprimer tontes fortes d'œuvrcs
dramatiques que l'on appeloir du nom commun de
Comédies. Ces pieufes repréfcntations des myftères
de norre religion , qui depuis Charles V ont été
en ufage en France pendant environ 150 ans, fe
nommoientdes comédies , quoiqu'elles nefuflent rien
moins que comiques pour leurs dévots fpedateurs.
fCT Du temps de Corneille, &: même long temps
après , les tragédies ont porté le nom de comédies.
On di l'oit la Comédie du Cid , la Comédie de Cin-
na , la Comédie de Phèdre. Madam.e de Sevignc
fe fert de cetre exprcfTion.On dit encore aujourd'hui
j'ai été à la Comédie, quoiqu'on ait été voir uncTra-
gcdie. Il femble donc que le terme de Comédie foit
s;cncrique dans notre langue & convienne à toutes
ferres de rcpréfentations théâtrales.
La fin du règne de Charles V vit naître les com-
mencemens des pièces de Théâtre en France fous
Je nom de Chant-Royal. Voyez au mot Chant
ce eue c'étoit. Il fe forma plufieurs fociérés qui
faifoient de ces pièces à l'envi ; l'une defquelles
commença à mêler dans ces pièces difFcrens évc-
nemens ,'ou épifodes, qu'ils diftribuèrent en atlcs,
en >cènes , & en autant de diflfcrens perfonnages ,
^u'ii étoit néceifaire pour la repréfentation. teur
COM
premier efTai fe fit au bourg S. Maur. Ils priretit
pour fujet la paiîîon de N. S. Le Prévôt de Paris en
fut averti , Scieur défendit de continuer, ils fe pour-
vurent à la Cour j & pour fe la rendre plus tavo-.
rable , ils érigèrent leut fociété en confrérie , fous
le titre des Confrères de la Pafïîon de N. S. Le Roi
voulut voir quelques-unes de leurs pièces, elles lui
plurent , & cela leur procura des lettres du 4' Dé-
cembre 1401 pour leur érablilfemenr à Paris. M,
de la Mare les rapporte dans fon Traité de Fol. L.
ni ,T. 111, c. ç,. Ces Confrères de la Paifion avoien:
fondé dans la Chapelle de la Sainte Trinité le fer-
vice de leur Confrérie. Dans la maifon dont dépen-
doit cette Chapelle , & qui avoit été bâtie & fon-
dée hors la porre de Paris du côté de S. Denys ,
par deux Gentils-hommes Allemans frères utérms,
pour recevoir les Pèlerins & les Pauvres Voyageurs
qui arrivoient trop tard pour enrrer dans la Vil-
le 5 dont les portes fe fermoient alors , il y avoit
une grande lalle que les Confrères de la Paflion
louèrent ; ils y firent conftruire un Théarre , & y
reprefentcrent leurs jeux , qu'ils nommoient fim-
plement Moralités. François I confirma tous leurs
privilèges par lettres patentes du mois de Janvier
I ? 18 , &: ces pièces fètieufes durèrent près a'un fiè-
cle & demi. On s'en ennuya. Les Joueurs y mêlè-
rent quelques farces tirées de fujets profanes 6c bur-
lefques , qui firent plaifir au Peuple , & qu'on nom-
ma Les Jeux des pois piles , apparemment par allu-
fion à quelque fcene qui s'y rcprclenta. Ce mélange
de Morale , ou de Religion & de bouiîbnnerie ,
déplut dans la fuite aux gens fages. Li. maifon de la
Trinité fut de nouveau convertie enHôpiral , l'ui-
vant fa fona:ition ; ainfi les Confrères de la palfion
furent obliges de la quitter. Comme ils avoient fait
des gains conhdcrables , ils fe trouvèrent en état
d'acheter l'ancien hôtfl des Ducs de Bourgogne ,
qui n'étoit plus qu'une mailire. Ils y firent bâtir
une nouvelle i'alle , un théâtre , &c. Le Parlnnent,
par Arrêt du 19 Nov. 1 548 , leut permit de s'y éta-
blit , à condition ae n'y jouer que des lujets profa-
nes , licites & honnêtes , & leur fir de très-expreflès
défcnlês d'y repréfenter aucun myftère de la Pailion
ni autres myftères facrés : il les confirma dans tous
leurs privilèges & fit défenfe à tous autres , qu'aux
Confrères de la Palfion, de jouer ni reprélenrer au-
cuns jeux , tant dans la ville , fauxbourgs , que ban-
lieue de Paris, finon fous le nom & au profit de la,
Confrérie. Ce qui fut confitmé par Letrres patentes
d'Henri II, du mois de Mars 1 5 59, & de Charles IX,
du mois de Novembre 151Î5.
Les Confrères de la Paflion , qui avoient feuls le
Privilège , cédèrent de monter eux-mêmes fur le
théâtre. Les pièces ne conveno cnt plus au titre re-
ligieux qui caraètérilbit leur compagnie. Une trou-
pe de Comédiens fe forma pour la première fois , &
£rit à loyer le Privilège &; l'hôrel de Bourgogne.
es Confrères s'y réfervèrent feulement deux loges ,
pour eux & pour leurs amis ; c'étoientles plus pro-
ches du théâtre, diftinguées par des barreaux , & on
les nommoit les loges des Maîtres. La farce de Pa-
telin y fut jouée avec fuccès fous Henri II. Etienne
Jodelle fut le premier qui prit des fujets férieux ,
&: qui fit deux Tragédies , c'étoit fous Charles IX
& H#nri III. Sa CÏéopatre & Dion fureur jouées
devant Henri III & toute la Cour , au Collège de
Reims , & enlliire au Collège de Boncour. Jean
Baïf 8c la Pérufe fe diftinguèrent enfuite. Garnier
l'emporta fur tous fes prédécefleurs. Il fe forma quel-
ques troupes de Comédiens en Province, d'où ellei
paflèrent à Paris dans l'hôtel de Cluny. Le Parle
ment les exclut en 1 584. Deux autres bandes , l'une
de François , Se l'autre d'Iraliens , eurenr le même
fort eni 588 ■■, mais en i 5îj<?, il fut peimisaux Provin-
ciaux de jouer à la foire de Saint Germain, à la
charge de payer par chacune année qu'ils joueroient,
deux ccus aux Adminiftrateurs de la Confrérie de
la PafTion. Les accroilîcmens de Paris obligèrent
dans la fujte les ÇoméUiens à fc fé^aie;: en deux ban-
COM
COM
des , les uns reflètent à l'hôtel de Bourgogrte, St les
autres allèrent à rhôcel d'Argent au Marais, Les
vieilles pièces devinrent lad. s , 5i la co/mdie étoit
tombée , lotique Corneille parut , & commença
par û Mélite. Tels turent les commenccmcns de ics
progrès de la to/TZi-'^it; en France. En 160^ une Or-
donnance de Police détendit aux ComeUiens de
teprcicnccr aucunes comédies , ou farces , qu'ils ne
les euilcnt communiquées au Procureur du Roi.
/^<3Vt{ lur tout ceci Pal'quicr ;, Recli. L, l^U, C. 5. de
la Mare , Tr. de Fol. L. 111, T. 111 , c. 2. & ^. ^
Naudé , dans Ton Malcurat ,/7. z 1 4, i 1 5.
Co-.iÉi)îE le prend plas particulièreincnt pour les
pièces qui reptéientent des choies agréables , diver-
tijlantes , & non ianglantes : comme les Comedus
d'Arillophane , de Terence, le Menteur de Cor-
lijille , les Fâcheux de Molière , les Plaid-, urs de
Racine. La Comédie , prile en ce i'ens , clt oppolce à la
tragédie , dont les fu^jts font graves & fcrieux. C'etl
proprement l'imitation des mœurs mifeen aétion,
La Comédie eft un Poëme ingénieux pour repren-
dre les vices & les rendre ridicules. Boursaut. Arii-
tore a défini la Comédie , une imitation des plus mc-
chans hommes dans le ridicule. Corneille n'a nulle-
ment approavé cette définition ; car il prétend que
les aélions des Rois mêmes y peuvent entrer, pourvu
qu'il s'agiffe fmplemcntd'intctêts d'Etatj ans aucun
danger confdérable , ou d'une intriirue d'amour. 11
Soutient qu'unPoéme où il n'y a bien fouvent d'autre
péril à craindre que la perte d'une Maïtrelfe , n'a pas
droit de prendre un nom plus relevé que celui de
Comédie. îl a feulement ajouté à ces Comédies , où
il introduit de grands perfonnages , une épithète
pour les diftinguit des Comédies ordinaires.il les
appelle Comédies héroïques. M. Dacier bl.àme fort
cet expédient. Il prétend que la Comédie ne fouf-
iie rien de grave &: de férieux, à moins que l'on
r'y attache le ridicule ^ parce que le comique , &
le ridicule } ("ont l'unique caraéfcre de la Comédie,
I.a Ccmedie eft l'image , ou la repréientation de la
■vie ordinaire des hommes •, on y reprélente leurs
acfions les plus con-munes, & on y répand du ri-
dicule lir leurs défauts , afin d'en préferver tes (pec-
t. tcurs , ou de les corriger. Quelqu'un a dit , la
Comédie tie ïéforma jamais que les grands canons
& 'f^^i précicul'es fidieUles.
I^Cr l^d. Comédie doitreprcf nter au naturel les mœurs
du peuple pour lequel elle eft taite , afin qu'il s'y
coriige de fes vices & de f . s défauts, comme on
6f<: devant un miroir les tâches de fon vifage. Rac.
A caufe des divers changemens qui arrivèrent
anciennement à la Comédie , on a didingué la vieil-
le , vêtus ComcBdia; la moyenne ■, média ; & la nou-
velle Comédie ; nova : la vieille , où il n'y avoir rien
defemt , ni dans le lujet , ni dans les aéleurs ;
Is. moyenne j où les iu'ets étoient véritables , & les
nons fuppoics , & la JiouveUe , où tout étoit in-
venté , le iu'et & les noms. Dac. Quelques-uns
conteftert à la Comédie le nom de Poëme , fous
prétexte qu'elle n'a ni ma'ifté , ni élévation :
c'eft une pure eorfcrvation. Id. La Tragédie
&; la Comédie ne furent d'abord qu'une feule &
même chofc. Mais après que le grave & le férieux
furent feparés du b.irlefque, on s'attacha au piemiei,
&: on ncglipea le dernier. La Comédie demeura
dans ion premier chaos , ou ne reçut que des chan-
gemens médiocres , pendant que la Tragédie fit de
très-£rrards progrès. Après que la Tragédie eut re-
Îu fa perfeéVion, on penfa à cultiver la Comédie.
.2. vieiHf Comédie fuccéda à Thefphis & à Efchyle -,
Ariftophane v travailla avec fuccès. On y reprenoit
publîouement l^s vices , & l'on n'épargnoit perfon-
ne. Cette liberté déplut , & l'on défendit de nom-
mer les pïriopnes qu'on jouoit. Alors les Adeurs
iuppofèrf m des noms : mais ils délîgnoient fi bien
les perlonncs , qu'on les reconnoiflb't fans peine 5
c'eft ce qu'on apj elle la moyenne Comédie. On fut
encc-? obligé de réprimer cette licence ; ic cette
îéfoime donna Leu à la nouvelle Comédie , qui ne ,
^07
porta fur le théâtre que des avantures feintes, Sc"
des noms inventés. *
La Comédie ,zuiri-h\en que la Tragédie, a fes par-
ties efièntielles & fes parties intégrantes. Les paitics'
eirencielleslbnt dans le langage des Anciens la Pro-
tafe , l'Epitafc , la Cataftafe" & la Cataftrophe : \à
Proralé eft le commencement où l'on entre dans le
lu;ct ;. on connoït le earaétcre des Perfonnages , &
l'intérêt qu'ils ont , ou la parc qu'ils prennent à
TatiTiion. Dans l'Epitafe les intrigues commencent;
elles continuent (Se fe fortifient dans la Cataftalé }
la Cataftrophe contient le dénouement. Les par-
ties intégrantes font les cinq atles dans lefqucls .
on divife une Comédie , la'ivanz le précepte d'Ho-
race.
Neve minor quinte , neujlt produclior aciui
Précepte qui n'eft pas rigoureufemeht obfcfvé»
Voye:^ Actes.
Les aétes fe divifent en fcènes , dont le nombre
n'eft point fixé , ni par la raifon , ni par l'ufage 3
il dépend des chofes qui doivent fe faire dans chaque
ade , & du nombre de perfonnes qu'il y faut em-
ployer. Les Anciens ajoutoient à leurs Comédies
un prologue , un chœur , & des mimes. . Voye:^ la
Poétique de Scaliger , les Antiquités Romaines de
Rofinus, le P. Le Bofîù , la Pratique du Tkeâtr*
de l'Abbé d'Aubignac , &c.
Des fuccès fortunés du fpeclacle tragique
Dans Athènes naquit la Comédie antique }
Là le Grec né moqueur , par mille jeux
plaifans ,
Dijiilla le venin des fes traits midifans.
Boiti
E}ifin de la licence on arrêta le cours. .....
Le Théâtre perdit fon antique fureur ;
La Comédie apprit à rire fans aigreur. lo;
CoMCDiE. Quelques-uns dérivent ce mot de Kâfto^ai
comeffatio , banquet , feftin ; mais il paroit sûr
qu'il vient de Kâ«« , un village, !<c qu'il fut donné à.
la Comédie dans fon invention, parce que Thefpis Se
fes premiers Auteurs alloicnt jouer leurs farces de
village en village , montés fur un charriot ou tom-
bereau.
Comédie fignifioit auiTÎ l'art de compofet des Co^
medies. On dit d'un Auteur qu'il entend bien la
Comédie , les règles de h Comédie, qu'il eft le pre-
mier Auteur pour la ComedLe. Du temps de Mo-*
lière la Comédie fut poirtée a fa perfection.
Comédie lignifie anflî le lieu cù l'on joue la Co-
médie pour le public. Il loge vis-à-vis de la Comédie.:
Comédie fe dit, par exten'ion &; dans un fens figuié^
de toute aétion hypocrite ,. ou déguilce , o'u plai-
fante ou ridicule. Simulaiio ,fîmiilcuionis artijiciumA
L'amitié n'eft plus qu'une Comédie : elle n'eft qu'en
gcftes. GU en grimaces. S. EvR. Cet homme eft uri
extravagant , qui donne la Comédie à tout, le monde,^
Ils ont eu une difpute , une conteftation , qui nous
a fait rire, qui nous a donné la Comédie,
Les hypocrites fe mocquent intétieurement de'
la Religion , & çh font une Comédie, S. EvR. La
vie des Courtifans eft une Comédie perpétuelle ,
ils font toujours fur le théâtre , & ne quittent
guère le mafque. Bell. Le monde eft une Comé-
die , chacun y joue fon rôle. S. EvR. Catherine
de Médicis en France , & Elizabeth en Angleterre g
furnxintant la foibleffe de leur fexe, ont fait voit
dans leur gouvernement deux chefs-d'œuvrcs de'
politique , quoique fort dhfétens ; l'une fur une'
mer orageufe & toujours troublée ; l'autre fur urt
théâtre affez rranquille, où il n'y avoir que de»
Comédies à Jouer. Vign. Marv,
COMÉDIEN , lENNE. f. m. & f. Qui fait ptofef-
fion de repréfenrer, de jouer des pièces de Théâtre;
en public. Comxdus , Mimus. Comédiens François j
Italiens, Comédiens du Roi. Comédiens de cam-
pagne. Le mot eft dit comme 0 kxtx ««««ç ii'vt^
chantant , récitant fes pièces par les bourgades' g
Y V V V ij
7cS COM
félon la coutume des anciens Comédiens. Avant
Thcfpis , la Comédie n'ctoit qu'un tiiîu de contes
bouffons -, & les Comiduns qu'il promenoir fur des
charrettes ne dilbient que des injures, ou diver-
tiflbient le ipcdtateur par quelque raillerie grof-
fière , ou par quelque chanlbn oblcène. Efchyle
les habilla plus honnêtement , leur chaulfa le bro-
dequin , & les fit monter fur un théâtre , au lieu
de charrette. $3' Nos premiers Comédiens ont
été les Troubadours , nommes aufTi TrouveuTS &c
Jongleurs. Voyez ces mots. Aux Jongleurs iuccc-
dèrent les contrères de ]a Paillon, ^'oye^ Comédie.
A l'Opéra, on dit, Aiiteurs ^ Aôlrices , Dan-
feurs , &c.
Le Concile d'Arles en } 1 5 déclare que les Co-
médiens 5c les gens de théâtre leront excommuniés
tant qu'ils demeureront dans cette profellion.
|Cr La condition des Comédiens ccoit infâme chez
ks Romains , & honorable chez les Grecs. Qu'eft-
cUe chez nous l On penfe d'eux comme les Ro-
mains , on vit avec eux comme les Grecs.
L'incommodité d'être obligé de pleurer & de
rire, lorique l'on a envie de faire toute autre chofe ,
diminue beaucoup le plaifir qu'ont les Comédiens ,
d'être quelquefois Empereurs Se Liipératrices.ScAR-
B.ON , Rom. com.
On dit figurément d'un hypocrite, d'un homme
qui fait bien fe conttefaire & déguiier les fenti-
mens , que c'eft un bon Comédien. Simulator.
On dit d'une femme qui n'étaiït pas fott régu-
liètc' , a un extérieur modefle , fie fait la ptude ,
je n'ai jamais vïi une (i gtande Comédienne. Bonn.
On dit proprement qu'une femme eft grande t'y-
médienne , quand elle paroî-t ce qu'elle n'eft p^as.
On dit la même chofe d'un homme. Tous les llic-
ceffeurs de Zenon & de Diogcne ne font que des
Comédiens , & ne le font valoir que par leurs batbes
& leuts manteaux. Maug.
Ne vous fiez pas à ceux qui n'aiment la veitu
que pour la réputation qu'elle donne : ce font des
Comédiens qui changent d'habits félon ks tôles
différens qu'ils ont a jouer. Bell. La plupart des
Courtifans font de grands Comédiens^
COMENGES. Voyei Cominges.
^ COMÉNOLÏTARI , {le) contrée de la Grèce
moderne , la même que les anciens ont connue
fous le nom de Macédoine. Selon M. De Lille
le Coménolitari comprend , ce qu'on appelle au-
joufd'hui. 1°. La Janna> qui eft la Thelfalie : 2°.
La Veria, qui efl cômpofée des Provinces qui étoient
autrefois au cœur de la Macédoine : 5°. Le Jam-
boli , c'eft-à-dire lapartie qui en eft au nord orien-
tal , où étoient l'Amphaxitidc , la Pataxie -, la Chal-
citique, la My^donic & la Bilâltie.
COMESSATION. f. f. Repas , feftin. Ce îetme
n'eft plus en ufage.
^ COMESTIBLE , adj. m. & £ bon à manger ,
qui fett de nourtiture aux hommes : car l'ufage
n'a pas reçu ce mot relativement aux animaux. On
le dit même rarement dans l'ufage ordinaire. Den-
rées comefiihles. Comefîibilis.
^ COMÈTE, f. f. Corps célefte de la nature* des
planètes , qui patoît foudainement & difparoït de
même , avec une ttaînée de lumièie , à laquelle on
donne tantôt le nom de chevelure, tantôt le nom
de batbe , & tantôt celui de queue. On a douté
pendant long temps fi ce mot étoit mafculin ou
féminin. Ménage dit que de. fon temps cette qufe-
llion fut fort agitée à la Cour , durant l'appari-
tion d'une comète , & que quelqu'un dit plaifam-
ment qu'il falloit lui regarder fous la queue pour
favoir fi elle étoit mâle ou femelle. Aujourd'hui
l'ufage général fait ce mot féminin , & il ne le-
roit pas moins ridicule de dire le comité y que le
lune ou la foleil.
tfT CoMÉTE. Les Péripatéticiens , après Arif-
tote, ptétendoient que les comètes n'étoient que
des vapeurs & des exhalaifons élevées jufqu'à la
ïégion fupérieure de l'atmofphère tetiieftte , & en-
COM
flammées par l'adlion des vents contraires : maïs
tout le monde fait que les comètes paroiiiént plu-
ficurs mois de fuite -, qu'elles ibnt beaucoup plus
éloignées de la terre que la lune , & qu'elles ont
un mouvement périodique autour du foleil , aulfi
bien réglé que celui des planètes ordinaires. Oa
ne peut donc pas , fuivant les règles de la faine
Phyfique , i'uppofer que ks comètes ne font autre
chofe qu'un amas de vapeurs & d'exhalailbns. Le
fyftème de Dcfcartes , quoique plus ingénieux ,
n'en efl: pas plus conforme aux loix de la Phyfique
ni aux Obfeivations aftronomiques. Les comètes, dit-
il , ont d'abord été autant de ibleils , placés au cen-
tre d'un tourbillon particulier -, mais ces folcils s'c-
tant couverts de taches & de croûtes , ont à la fin-
entièrement perdu leur lumière , &: ont été méta-
morphofés en planètes. Ne pouvant plus alotscon-
fervcr leur tourbillon, elles en ont été dépouil-
lées pat quelque voilin ambitieux & plus fort. Er-
rantes & vagabondes, ks comètes vont de tour-
billon en tourbillon , & ne nous paroiifent vifibks-
que loifqu'elks enaeni pour quelque temps dans
celui du loleil.
§3" Defcartes , par une fuite nécefîàire des princi-
pes de fa Cofmogonie , nous propofe un vrai ro-
man , au lieu d'un fyftème phyiique. 1°. Le fyftème
des toutbillons (impies eft aujourd'hui décrié.Koje^
Tourbillon. 2°. La luppoiition que des corps lu-
mineux peuvent s'encroiiter & devenir opaques ^
a tfop l'air d'une fable , fie eft tiop contraire aux
loix de la Phyiique. Enfin Defcartes fuppole que
les comètes, qui n'ont d'elles-mêmes aucun mou-
VenTient,&: qui ne font emportées par aucun tour-
billon part'culiet , fe ttouvent des mois entiers dans
le tourbillon Iblaire avec un mouvement fou-
vent contraire, Ibuvent même diredtement oppofé
à celui de ce tourbillon, puifque le tourbillon Ib-
laire fe meut d'orient en occident , fiequepatmi
les comètes les unes fe meuvent du midi au nord ,
les auttes du notd au midi , &c. Or tout cela eft
conttaire aux loix de la Phyfique. Foye^^ encore
Tourbillon,
^fT Les comètes ,- fuivant la dodrine de Nc'W'ton,
créées au commencement du monde , comme les-
autres planètes , tirent leur lumière du foleil , fiC
parcourent dans le vide auront de cet aftre , des-
éclipfes fort excentriques fie faifant de fort grands
angles avec l'écliptique. Elles petfévèrent dans leur
mouvement , auffi-bien quand elles vont contte le
Gouts des planètes otdinaires , que lorfqu'elles fe
meuvent du même côté -, fie kuts queues font des
vapeurs fort fubtiks qui s'exhalent de la tête ou
noyau de la comète échauffée par la chaleur du fo-
leil.
ffT Les comètes ne déctivent pas autour du foleif
desoibites circulaires , puifqu'elles fe ttouvent tan-^
tôt plus tantôt moins éloignées de cet aftte,
IJCT Les comètes décrivent autour du foleil de vraies
ellipfes , puifque nous ks voyons reparoître aptes
un cettain nombre d'années.
§3" Les comètes parcourent des ellipfes fort excentri-
ques , puifqu'elles ne font vifîbles que lorfqu'elles
fontptès de leur périhélie , & que la vîtefTe qu'elles
ont alors eft incomparablement plus gtande que
celle qu'elles ont à leur aphélie.
|CF La même comète nous paroît tantôt avec une
queue , cauîatus , tantôt avec une batbe , barbatus ,
tantôt avec une chevelure , crinitus , parce que dit
M. de Mairan , les comètes paflant auffi près du
globe du foleil, fe chargent d'une partie de l'atmof-
phète folaire qu'elles traverfent. Si la comète fuit le
foleil , elle doit nous patoître avec une queue ; par-
ce que les tayons de lumière qui font envoyés avec
une vîtefTe inconcevable , ont afTez de force pour
jeter detrièrela comèteX^. plus grande partie de fon
atmofphère qui fe trouve entt'elle & le foleil. Si la
comète précède le foleil, elle doit patoître avec
une batbe , parce que les mêmes rayons de lumière ,
envoyés fur la cornets , chalTent la plus grande far-
COM
tie de fofi atmofphère qui fe trouve cntr'elle & îe
foleil. Ces particules ainfi chaflécs doivent nccef-
fairement précéder la comlite dans la marche & nous
la reprélentcr avec une elpèce de barbe iLuninculc.
Si la comète eft tellement placée ,■ que l'oeil de l'ob-
lervateurie trouve entr'elle &: le iblcil, elle doit
paroître entourée d'une atmofphère lumineule , ou,
comme on dit , avec une chevelure.
ffT Si les comètes n'onz pas^outes, comme les pla-
nètes, un mouvement périodique d'occident en
orient , c'eft qu'elles n'ont pas reçu au commence-
ment du monde , comme les planètes , un mou-
vement de projeâiion dirigé de l'occident à l'o-
lient. Toutes ces variétés dans le mouvement des
comètes , & la direction fi variée de leurs mouve-
mens , prouvent bien qu'elles ne font pasempoitécs
par un fluide en tourbillon , qui devroit les diriger
toutes dans le même fens , &c à peu près dans le
même plaft.
ÇO" Enfin les comètes peïdent leur atmofphère îumi-
neufe ,ou totalement ou en grande partie, par voie
de dhfipation dans les efpaces céleftes, & par voie
de précipitation de chute dans l'atmofphérc propre
&: immédiate du globe de la comète , comme il
arrive à la matière de nos aurores boréales qui ie
précipite dans l'atmofphère tcrrcftre.
'^ffT Les anciens Philofophcs ont débite les plus
grandes extravagances fur les comètes qu'ils regar-
' doient comme autarït de préfages funeftes de quel-
que grand malheur dont le moride étoit menacé.
Attentifs à en obferver la coiiLur, ils eirrayoient le
peuple par les prédirions les plus ridicules. La co-
mète tiroit-elle fur k blanc? l'année devoir être fé-
conde en léthargies , pieu relies & péri pneumonies.
Avoit-elle une couleur rous^eâtrc? les fièvres chaudes
dévoient être fréquentes. Sa coi- leur approchoit-cUe
de celle de l'or î c'é toit un pronoftic infaillible de
la mort de quelque Potentat. Etoit-clle bleuâtre 3
elle annonçoit la féchcrcfle la plus cruelle , la fa-
mine la plus terrible , & la pefte la plus affreufe.
L'aflairmat de Jules Cefar ,• les guerres de Maho-
met, le fchifme d'Henri VIIT , Roi d'Angleterre,
tous ces trilles évcnemens & une infinité d'autres
avûient été arnoncéâ par autant de co/7zc/eJ.
|tT ttn pareil fyftcme ne mérite pas une réfutatio'n
férieufe. On ed: guéri d'une erreur lon£f temps ac-
créditée par l'ignorance. LacoOT£/f me fait beaucoup
d'honneur, difoit le Cardinal Mazarin. L'ambition
de leurs voifins , les plaintes des grands , l'inquié-
tude des peuples , font les éometes que les Princes
doivent appréhender.
Quelc^ufes-uns prétendent que fi îes comètes rie
font pas'des pré.'ages des évcncmens , elles en peu-
vent être des caufes Phyfiques. La raifon eft que
les comètes occupant une fi vafte partie du ciel ,
communiquent à la matière qu'elles rencontrerit
des mouvemens fort diiférens de celui qu'elle avoir
auparavant : or il peut arriver des changemens dans
le monde par les agitations & les altérations que
produit l'influence de la comète. Ben. Au Mexique
Se en plufieurs lieux des Indes j les peuples faifoienr
grand bruit de leurs cornets & tambours , quand
ils voyoient des comètes , s'imaginant pat kurs cris
les faire fuir , & difliper. Herréra,
Comète , terme d'Artificier. On appefle aîn'fi (es fn-
fées volantes , dont la tête eft lumineufe aufTi-bien
que la queue, à l'imitation des comètes du ciel -,
quelques-uns les appellent Jlamioyantes.
CpMÈTE , en termes de Blafon , eft une étoile qiïi a
une queue flamboyante ou ondoyante. On la peint
d'ordinaire à huit rais. Quelques-uns appellent aufll
comètes , des étoiles à felze rais, quoique fans che-
velure & fans queue. On leur donne aufll les épi-
thètes de candies & de chevelées. On dit aufli ,
qu'elle eft hérifèe , lorfqu'entre les rais il y a de
la lumière qui paroît par de petits traits.
Comète. Jeu de Cartes , où l'une des caïieî porte
particulièrement le noro de compte*
C OM
0
V aimable Iris , qu'on ne peut trop louer g
Me propofa l'autre jour de jouer
Un Madrigal y eu cent points de Comète.
Ab. Re6î<«
ffT Comète ,• dans l'hiftoife dés modes. Èfpècè di
coëffure de^femme , montée fur du fil de laiton.
COMETE, EE. Terme de Blaion. C'eft un rayoii_
ondoyant comme celui de la comète à longue queue*
Crinitus , caudatus. On diftinguc lés pals comètes
des flamboyans , en ce que les comités font mouvans
du chef, & les flamboyans de la pointe en haut*
Une fafce comitie , ilc.
go- COMÉTOGRAPHIE. f. f. La connoiflance dds
comètes , la méthode de calculer le mouvement
apparentées comètes. Cometographia, Aipxtpu ,fcril><ii
Hevelius a donné une comitojraphie.
COMICE, f. m. Comitium. C'eft le nom du lien où
l'on tenoit les comices chez les Romains. Le comice
étoit une partie de la place publique appelée /or«/;zi
ec lieu fut long temps découvert , ce qui obligea
fouveht d'interrompre les comices , à caufe dii
mauvais temps : ce ne fut qu'après la féconde guerre
de Carthage, que l'on couvrit d'un toît le comicei
Voye^^ Marlianus ,• Varron , Tite-Live , Rofinus*
Ce mot ne fc dit guères en ce fens , & au fingulief
dans notre langue. En latin, il eft dans Varron.
COMICESi ii mi pi. Aflemblée du peuple Romairï
dans le champs de Mars , ou pour élire des ma*
giftrats, Ou pour traiter des affaires les plus impôt-
tantes de la république, Comitia. Il y avoit cer-
tains jours fixés pour ces forces d'aifcmblées, qu'on
âppeloit comitiaux , Se 'ûs font marqués par un C
lut le calendrier de Jules Célar. Oh âppeloit te-
/nices confulaires , raifemMce où il s'agiiîbit de
créer des Confuls : les autres VowiV^j prenoient le
nom du magiftraf dont on faiibit l'éleélion , foit
d'un tribun, &cc. On diftinguoit trois fortes de
comices. Comitia curiata , centuriata , Si tributd;
c'cft-à-dire , félon que le peuple opinoit , & dori-
noit fon fuifrage , ou par curies , ou par ceiiturieS ,
ou par ttibus. Foye^ ces mots.
Ip" COMICIAL. ad], a la diète de Ratisfconné,o\ï
appelle délibérations comicidles , les délibération»
qui fe font en commufi.
COMINES , petite ville de Flandres entre Lille &■
Yprcs , fur la Lys. Comineum. Cette ville a donné'
la naifiance & lé nom au célèbre Hiftorieri de
Louis XI & de Charles VIIL Philippe de Comines t
fils de Colart de la Clirhe , & neveu de Jean de
la Clithe , feigneur de Comines.,
COMINGE. f. f. C'eft un noni que l'on a donné
dès le dernier fiècle aux bombes q.iî pèfcnt environ
500 liv. pour les mottiers de 18 pouces 4 lignes S
CCS bombes ont 17 pouces id lignes de diamètre;
on rie les nomme point! cominges dans l'artillerie.
On ne s'en eft point fervi depuis le dernier fiège
de Tournay. Voye^ les dimenfions de ces bornbes
dans les Mémoires d^ artillerie , édition de ifo-^t
t. i,p. 254 , & de 1745 , t. i ,pi 9. La ville dtf
Traerbac , prifé par le comte de Belle-Ifle , fubiifté
comme auparavant , à la réferve d'une i-àaifort
écrafée par une cominge. Obf. fur les Ecr. moi*
' Louis XIV, aux fiéges qu'il fit en petfonrie , dtf
Mons & de Namur, fit un grand ufage dé ce*
bombes. M. le comté de Cominges y étoit un de
fes aides-de-camp , & le Roi l'honoroit de fa bieri*
veillance , même de fa familiatitc. Comme M. de
Cominges avoit près dé fix pieds de haureur , SC
environ autant de circonférence, le Roi lui diï urf
Jour: ces bombes prodigieufes feflemhlent bien a
Cominges : il faut leur donner fori nom -, mais il rie
me le pardonnera jamais, s'il vient à favoir que'
je les lui ai comparées. De-là , ce nom leurrefta,-
& telle en eft l'ctymologie. Jugerri. fut quelques
Ouvrages nouV. T. IV,)
COMIKGEOIS , pây^ dé France ,' en GaTcogne>
QQnnnenfis iràMuiî OU dger, Le GomingeofS a g'oW
7IO
C O M
bornes l'Armagnac au nord , le Conrérans à l'o-
rient, la Catalogne au midi, & le comté de Bi-
gorre à l'occident. Le Comingeois a titre de comté.
i\ndoquc dit que c'eft Charlemagne qui le lui a
ëonné; La capitale, nommée auttetbis Lugdunum
Convenarum, parce qu'elle eft lur une montagne ,
eft un cvcche tort ancien, dont un Evêque alhl-
ta au concile d'Agde en 50«?. Elle tut détruite en
585 par le roi Gontiam , & ne fut rétablie que
500 ans après, en 1085 , par 5. Bertrand , dont
elle a pris le nom. Saint -Bertrand de Cor/n/igex.
Voyez BadrianiVakJii noncgall. &c San-Manh.
Gcili. Lhriji. t. II ,pa.g. 547.
COMINGEOIS , OJSE , f. m. & f. Convena. Qui eft
de Cominges ou du Coir.ingeois. Les Ccming^ois
étoient originairement des brigands qui le rcti-
toient danslestorcts des Pyrénées. Pompée, vain-
cjueur deScrtorius, les attaqua, & les obligeai
demander la paix. Une des conditions fut qu'ils
quitteroicnt • leurs torêts èc leurs montagnes où
ils erroient , & quTls fe raflèmbleroicnt au lieu que
nous appelons Cominges , où ils formeroient une
ville. C'cft de-là qu'ils furent appelés Convena ,
comme qui diroit 'les raliéir.blés , de convsnio ,
s'adcmbler en corps , faire un corps,
COMINGES , ou Saint-Bertrand de Cominges , capi-
tale du comté de Cominges. Elle s'appeloit autre-
fois Convins , comme a mis en latin M. Corde-
moy ; en latin Convenœ, Lugdunum convenarum;
oc aujourdliui , Saint-Bertrand de Cominges. Fa-
Tium S. Bertrandi , ou Civitas. C'efl: une ville de
Gafcogne en France , capitale du comté de Co-
minges , &; cpifcopale de la province d'A'.:fch.
Elle fut bâtie fur la fin du onzième liècle , fur la
Garonne, à la place & fur les ruines de l'a-^cienne
Convena , ou Lugdunum Convenarum , détruite par
les François en"j84. Maty. Le P. Daniel écrit
Commingc. M. de Marca , Comen^.e ^ quoiqu'il
dife, Comingeois. foye^ cet auteur ,Hijt. de Béarn-,
X. /, c. 8 , 9 ; &: Catel. Hifi. du Langued. L.Jl sC.
14 , qui écrit aufTi Comenge, De quelque Kianière
qu'on écrive , il faut prononcer Cominge.
COMIQUE, adj. nrs. & f. Qui appartient à la comé-
die , proprement dite. Comicus. On ioue aujour-
d'hui une pièce comique, Tcrence eft le modèle des
Poètes comiques.
Des Crifpins comique famille
Iront-elles du peuple exciter les éclats ?
Le théâtre ejl un lieu gliffant pour une fille',
Jl ne les faut point mettre en danger d'un faux pas,
NOUV. CHOIX DE VE3.S.
Comique fe dit aufîl de tout ce qui eft plaifant , pro-
pre à faire rire. Facetus , lepidus ,jucundus , comi-
cus. Cette aventure , cette querelle eft comiijue.
L'hiftoire comique de Francion , écrite par Sorti.
Le roman comique de Scarron. Propos comique ■■, fi-
gure comique.'LA Bru y. Lbs proverbes ne font bons
que dans une pièce comi-jUe.'}Ê>o\rH,
Il eft auifi fubftantif , & lignifie alors genre co-
mique , ftyle comique. Cet auteur entend bien le
" comique. On le dit auffi d'un aifteur. C*eft un bon
, comique , c'eft le comique de la troupe.
COMÎQUEMENT. adv. d'une manière comique. Co~
mice.
Ces mots ont la même étymologie que comédie.
COMIRS. f. m. C'étoit des efpcces de farceurs ou
bateleurs qui avoient fuccédé en France aux Hif^
■ trions. La plupart étoient Provençaux , favoienr la
mufîque & iouoient des inftrumcns. Ils dcbiroient
ce que les Trouvères faifoient de meilleur. On les
appeloit encore, conteours, jongleours ou jon-
gleurs , mufars , plaifantins , pantomimes , ùc,
COMITE, f. m. Officier de galère qui commande
Jachiourme,quîa le foin de faire ramer les forçats.
Remigum Prœfeclus. Les Comités font des gens
redoutables aux forçats.
Quelques-uns dérivent ce mot de cornes; d'au-
«ics de coTjiiJfus, Mj tiuet le dérive d« çomes , 3C
C O M
il remarque ce que Suétone rapporte d'Augnftes
qu'ayant cté lalue en paliant , avec de grandes
acclamations pat l'cquipage u'un vailicau d' Ale-
xandrie, ijUadragenos aureos cvmitiius divijît.
11 y a des Ofiiciers de galères qui difent corne,
au lieu de cornue.
COMITE, f. m.. Terme emprunté des. Anglois, chez
lefquels il lignifie un bureau compofe d'un cer-
tain nombre de merttbres du Parlement, commia
pour examiner un bill , ou taire rapport d'une
requête , ou d'un procès à la Chambre. Delegati air
jinghcis comitus ad rei ahcujus cj. amen , aut ejuf-
dcm expojuionem exphcancnemt^ue faciendam.
Lommifjaru , commiffariorum ou deleg.itorum ca-
tus. Quelquefois toute la chambre eft changée en
comui. Se alors chacun a droit de parler & de
répliquer sant qu'il lui plaît , la maricre dont iî
i'agit eft ainli mile en contcftarion & en déJibcra-
tion ; mais quand la Chambre n'cft plus en grand
Cornue , on opine régulicreraenr , & il n'eft permis
à chaque membre de parler qu'une fois. Les comités
s'alfemblent toujours après dîner.
^fT CotAiTÉ fecret fe dit dans le même royaume,
de ce que nous appelons en France , le Confeil
d'Etat. Le terme eft a'iili d'ufage en Suède.
§3" Comité lé dit aufli d'un bureau , d'une fociété
de gens qui s'alfemblent pour quelqu'affàire. ff
UCT Les affemblées des Fermiers généraux s'appellent
comité.
^^ L'Académie de chirurgie de Paris porte le nont
de comiti ou de comrtcpcrpauel. La première cla/ie
des Académiciens a le titre de confeillers du comité
■ perpétuel; la leconde , d'adjoints du comité,-
Comité lé dit aulfi dans l'ordre de Malte. Le co-
rnue eft un bureau de feize Commandeurs pour
l'expédition des afî^ires de l'Ordre. Sedecun viri ,
J'edecim virorum cor:Jihum, Comme le grand nom-
bre des capitulans pouroit confumer trop de temps ,
on renvoi; la dccilion des afïàires: à un comité com-
pofe de leize capiîulans tou& commandeurs. Vert,
Le comice fe retire .à part. Ii>.
COMITIAL. f. m. C'eft le nom qu'on donnoit au-
trefois à un certain mal qu'on appelle vulgaire-
ment haut mal, mal cadi:C, mal de S. Jean , o\i
ablblument mal dejaint, &: qu'on appelle en mé-
decine t^/iVc/y/f. Les hiftoriens l'appellent le comi~-
fiai , ou ma/adie divine gu. ficrce. Ce mal s'appelle
comitial , &: chez les Latins comitialis morbus , des
alfemblees du peuple romain qui s'appeloient comi'
lia, parce que quand quelqu'un y tomboit de ce mal >
cela ctoit regardé comme un mauvais prélàge, 6c
l'on rompoit l'airemblcc. Ce mot n'eft plus en ufage,
COMITIVE. adj. f On ne trouve point le malculin'
cumitif. M. de la Roque , dans ibn Traite de la No-
lleffé, appelle nobleHc comitive , la nobleffe des
docteurs qui étoient faits con.tes Palatins; c'eft-à-
dire, comtes du Palais , & qui prennent encore Is
titre de comtes. Le premier médecin du Roi prend
le titre A'Archiatrorum comes,
|Cr COMMA. (. m. Terme de grammaire ancienne.
Le mot eft grec >^tuK.,yéifOT<;/z. C'eft ce que les Ro-
mains appeîoicnt incifum , & nous incife. Voyez ce
mot. De-Ià eft venu par extenfion le cornma , terme
d'Imprimerie & de Mulique.
CoMMA Terme d'Imprimerie qui fgni/îe les deux
points (:) que l'on emploie dans la pondtuatioa
de l'écrirure, & dont l'ufageeft de diftinguer dans
îc difcours , des phrafes ou membres qui fe fuivenc
fans dépendre ablblument les unes des autres : en
forte que le fensde ce qui précède les deux points
eft fini , &: aue ce qu'on ajoute enfuire, n'eft que
pour l'étendre & l'éclaircir. M. Restaux. KoVac*
eft un mot grec qui vient de^KoVî*.
Gomma, terme de Mulique, qui fignifîe la huitième
partie ou environ d'un ton. Chaque ton le fubdivi-
fe, premièremenr en deux demi tons , puis en 9 ou
II parcelles que la théorie de la muliciue anpclle
comma, Acad. des Se. i-'Oo. Mem. p. 2 '2. Le fon
que forme une corde lorfqu'on la pince , eft cenfé-
COM
TJT , 5r on le marque par le ch 1 MVl- i - qui repréfente #
la corde entière. La moitie_dc cette corde i^Ie quart
4; & la huitième partie 8, forment également 1
même fon UT à l'odave , à la double oCtave , à 1
triple odave. La neuvième partie de la corde cj ,tor
me le fon RÎ; & du IbnlJT au fon RE, il y a un toi
plein. Il faut bien rctenit qu'UT eft à RE , comm
8 eft à c). La cinquième partie de la corde 5 , for-
me le fon MI j la dixième partie 10 , forme je mê-
me fon MI à l'odave du premier. Ainfi RE eft à
MI , comme 9 eft à i o i 8c de RE à MI , il y a encore
un autre ton plein. Niais ces deux tons ne for;
pas égaux ; il Ce trouve plus d'intervalle d'UT <.
RÉ , qu'il ne s'en trouve de RE à MI -, c'cft pour-
quoi on appelle le ton d'UT à RE , ton majeur ,
& le ton de RÉ à MI , ton mineur. Or la diffé-
rence qu'il y a de l'un à l'autre eft d'un comma ,
c'cft-à-dire, que le ton majeur eft plus fort d'un
comma que le ton mineur. Pour comprendre m^iin-
lenant ce que c'eft que le comma , fuivons lés di-
vifions de la corde , & obfervons d'abord que le
tiers de la corde donne toujours la quinte jufte.
Ainfi la corde entière i , ou la moitié de la corde
i , étant UT , le tiers de la corde 5 eft SOL. Nous
avons dit que la dixième partie de la corde 10,
forme le fon MI. La vingtième 20 -, la quarantième
40 ; & la quatre-vintième 80 , font autant d'odavc-
du même fon; par conféquent ce font autant de Ml.
La vingt-feptièmc partie de la corde forme le foi^
iA. Le tiers de cette vingt-feptième partie doit
donc former la quinte de ce LA , comme le tier'
de la corde UT forme SOL qui eft fa quinte, O'
la quinte de LA eft MI. Cependant MI eft 80,
& le tiers de la vingt-feptif me partie de la corde
eft 81 ; car trois fois zy font 81. La différence d,
ces deux MI eft donc de 80 à 81 ; 6^ c'eft préci-
sément cet intervalle qu'on appelle comma. Il n'ef
pas poifible de divifer le ton , foit majeur , foit
mineur , en un certain nombre jufte de comma ;
le comma lui-même fe divife en plufieurs parties ;
il y a des comma dirninués , des raifons maximes
majeures j moyennes , mineures , &<:. 6c aucme de
ces parties prifes féparéiTicnt,& multipliée par elle-
même ou par les autres parties , aurant de fois oue
l'on voudra , ne donnera jcima'S un comma jufte.
Voici la progreffion d'un ton à l'autre:
Depuis UT, 1541177^8, jufqu'à Sl-dicze-deux
comma ^ i345%i8o, il y a un compUment de
comma.
Depuis SI - dièze - deux ro/^zOTS , i343<?928o,
Jufqu'à LA-quatre-dièzes, 155000000, il y a un
fetit comma.
Depuis LA-quatre-dièzes , i ; 5: ocoooo , jufqu'à
LAquatre-dièzes-un comma , 1 3(^(^87500 , il y a un
comma.
Depuis LA-quatre-dièzes-un comma.) i5(î(î875oo,
Jufqu'à Sl-deux-dièzcs , 1 58240000 , il y a un com-
ma diminué.
Depuis Sl-deux-diè^es , 13 8240000, jufqu'à SI-
deux-dièzes-un comma .^ i35)5)<38oco, il y a un
comma.
Depuis Sl-deux-dièzes-un coOTTOfl , 1599^8000,
jufou'à UT-dièze , 141 5 577(^0 , il y a un comma di-
minué.
Depuis UT-dicze , 141 ■; 57^(^0 , jufqu'à UT
dièze-un «rr^ww^ , 143327232 , il y a un cootto^.
Depuis UT-dièze-un comma, 143527252 , juf-
qu'à Sl-trois-dièzes , 144000000, il y a un petit
comma.
Depuis Sl-trois-dièzcs, 144000000, jufqu'à SI-
trois-dièzes-un comma , 145800000 , il y a un com-
ma,
Depu's Sl-trois-dièzes-un comma, 1458^^0000,
juiciu'àUT-deux-dièzes , i4745<^°oo j il 7 a un com-
ma diminué.
Depuis UT-deux-dièzes i4745<îooo > jufqu'à
UT-dcux-dièzes-un comma, 149299200,1! y a un
comma.
Enfin, depuis "UT-deux -dièzes-un comma»
COM 711
1492992(30, jufqii'à RÉ , 150994944, il y a un
comma diminué,
Ainfi le ton majeur qui fe trouve d'UT à RE ,
eft compofé de cinq comma , de quatre comma di-
minués , de deux raifons maximes & d'une raifon
moyenne ; ce qui fait ptefque neuf comma. Le ton
mineur qui ié trouve de RÉ à MI , a un commd
de moins -, & a par conféquent ptefque huit comma.
IJCP Les comma font donc les plus petites parties des
tons. Le majeur eft la différence du ton majeur au
mineur, qui eft ^7 i & le mineur, la différence du
femi-con majeur au mineur , qui eft tt;.
IJCr Les profonds Mtilicicns portent encore plus loin
leurs opérations lut les nombres fonores , pour
trouver des parties de tons encore plus fines ', quoi-
que ces calculs (i pénibles fe faflént dans un art
tout deftiné à la fatisfaclion des fons, qui ne s'a-
mufent gucres à fupputer leurs plaifirs , nous n'en
fommcs pas moins redevables aux Géomètres. En
effet, pour diriger le Mulicien dans fes compoîî-
tions , il a fallu déterminer le chant où la nature
nous conduit par elle-même , & celui où l'art peut
conduire la nature fans la forcer. Or c'eft par le
moyen de ces opérations , jointes à l'expérience
qui les a toujours ou prévenues, ou confirmées,
que les inventeurs de la muiique ont découvert
que la voix ne peut entonner avec grâce , que la
moitié, le tiers ou le quart d'im ton.
'JCT Dc-là , les trois fameux fyftêmes des anciens
que nous fuivons encore : le diatonique , le chro-
matique & l'enharmonique. Le premier , qui pro-
cède par des moitiés , le fécond par des tiers, le
troilième par des quarts de ton.
ÇC? Le premier , qui eft le plus naturel , plaît à
tout le monde; le lécond qui ajoute beaucoup
d'art à la nature , plaît furtout aux favans Mu(î-
cicns : le troifième , qui eft le plus c\^ù. & le plus
fin , ne plaît guèrcs qu'aux pofonds d'cntre-eux.
Îf3' Quelques Ecrivains donnent une j à ce mot au
pluriel , d'autres ne lui en donnent point. Quoi-
qu'il n'y ait rien de bien établi par l'ufage fur cela,
il me femble qu'il vaut mieux n'en point mettre,
puilque nous n'en mettons point après les mots
fa(5lum , opéra , &c.
Ce mot comma a été pris des Grecs fans aucun
changement •, on le trouve dans les Auteurs Fran-
çois," Italiens , Allcmans , &c. qui ont écrit en leur
langue fur la muiique.
Comma, f. m. oifeau d'Afrique. Il a le cou verr,
les aîles rouges & la queue noire.
COMMACHIO. yoyei COMACHIO.
COMMAGENE. f. f. Commagene. Province d'Afic au
Nord de la Syrie, entre la Cilicie &: l'Euphrate ,
qui la féparoit de la Mélbpot.xmie -, elle avoit la Cap-
padoce au nord , comme il paroît par le Scholiafte
de Denys , v. 875. La Commas,éne a eu des Rois ,
comme il paroît par les médailles. L^Comma^ène
fut réduite en Province par Tibère. Caligula Se
Claude lui redonnèrent des Rois ; mais Vefpafîeii
la remit au rang des Provinces de l'Empire^ Foye^
fur la Commaolne le Cardinal Noris dans fes Èpo-
cjues Syro- Macédoniennes , Di(f. II. C. 4. Vofîiivs ,
dans fon Pomponius Mêla , Hoffman , M. Cor-
neille, Racine, &c. écrivent Coma^ène.
Mais , comme il paroît par les médailles dont j'ai
parlé , il faut écrire Commagene , quoique nous
prononcions Comx^lne.
Il croiffoitdanslaCoOTmrt£rtf/zf une herbe à laquelle
on avoit donné le même nom , Commagene , dont
Pline parle //v. XXIX, ch. 5. que quelques-uns,
félon la remarque de Daléchamp , croient erre le
nard de Syrie , & d'autres le Comacum de Thco-
phaftre , & que Monfieur Spanheim a cru voir fur
des médailles de Comma§ine,c[\x\ font au Cabinet du
Roi. ^ . .
gCT COMMAND , f. m. terme de Coutumes , fiîini-
fîe ordinairement celui qui donne commiffion à un
autre d'acquérir pour lui. Il fignifie aulTl quelque-
fois celui qui, foit dan>s un contrat d'acquilition vo-
7I2,- COM
lontaite, foit clans une adjudication par décret, dé-
clare qu'il achète pour lui ou pour un ami cluou à
élire , &: qu'il nommera dans la luite.
CoMMAMD (igniiîe aulli dans quelques coutumes la
lignification que font les fergcns de l'Ordonnance
de Juftice,
COMMANDANT. C m. Celui qui commande dans
une place , dans un corps , une compagnie de gens
de guerre. Prccfeci-is , qinprccejL Le Lieutenant en
l'abrcnce du Capitaine , du Gouverneur , eft le Com-
vianâant. Quand des Ibldats l^ont du déibrdre , il
faut s'en plaindre 2.\x Commandant, Quand une pl.ice
eft furprife, on s'en prend au Commandant , à celui
qui eft le premier dans la place.
On appelle communément Commandante^ Lieu-
tenant de Roi des places de guerre , parce que c'cfl
lui qui commande en l'abl'ence du Gouverneur,
Commandant Te dit plus particulièrement d'un Offi-
cier qui a commilfion pour commander dans une
province ou dans une place , comme feroit le Gou-
verneur lui-même. Le Roi envoyé des Commandans ,
lorfque les Gouverneurs font trop jeunes , ou mala-
des , ou abfens , &c. Depuis quelques années le
Roi , au lieu de donner aux enfans de ceux qui Ibnt
Gouverneurs des lurvivanccs, donne à quelqu'un de
leurs cnfans les proviiîons de Gouverneur, Se au
père une commiiîion de Commandant la vie durant ,
avec pouvoir de recevoir les appointemens , &C de
rentrer dans le Gouvernement fi le fils vient à mourir.
iJZoMMANDANT en Chef, eft celui qui ne dépend que du
Roi , qui ne prend les ordres que de la Cour , qui n'a
perfonne au deffus de lui dans le lieu où il comm.an-
de , du moins en ce qui regarde le commandement.
.§Cr On l'employé quelquefoisadjeétivement. Les Of-
ficiers commandans delà ville, de la ciradelle.
COMM AND ATAIRE. Foye:^^ COMMENDATAIRE.
|KT COMMANDE. Vieux mot. Commandement ,
ordre , Juffion.
f3" COMMANDE. 1". f. Terme ufité dans le difcours
crdinaite dans cette façon proverbiale,de commande.
Ouvrage de commande , chapeau , fouliers de com-
mande, que l'ouvrier fait exprès pour celui qui lui
en a donné l'ordre. Des vers de commande.
Ce mot (ignifîe encore une chofe qui eft toute prête
di préparée pour lérvir au belbin', ou une choie
feinte &c ilippofée pour fervir de prétexte ou pour
s'excufer. Cer homme a toujours cinq ou (ix hiftoi-
res de commande quand il enrre dans une compa-
gnie. Cet officier a toutes les campagnes une mala-
die de commande , qui l'oblige à aller prendre les
eaux. Il s'endormit de commande à la lecture de
quelques chapitres de l'Ecriture fainte. Fléchifr.
Commande ou Commende , en quelques Coutumes ,
lignifie la taille qui eft due par des perfonnes de
condition iervile.
Commande , veut dire aufTi dans les Coutumes, dépôt.
Prendre quelque choie en charge & commande.
Commande de hefliaiix. Terme de Coutumes. C'eft
im contrar par lequel on donne à un Berger ou
Laboureur , un troupeau de bétail pour en avoir
• foin , à charge de le nourrir , & d'en jouir pen-
dant un certain temps , après lequel on doit repré-
fenter le troupeau , pour partager le lurplus , ou
le croîr entre le maître &; lui.
Commande ( droit de ), terme de Coutumes. C'cft un
droit que le Seigneur prend tous les ans lut les veu-
ves de condition iervile durant leur viuuitc , pour
reconnohïïince de fon droit de fervitude. Il y a des
lieux où le droit de commande eft un droit qui fe
lève fur les femmes de condirion iervile mariées à
d'autres qu'à ceux de la condition &: fervitude du
Seigneur.
On appelle, en terme de Négoce, commandes ,
les procurations ou commiilîons d'acheter ou négo-
cier pour autrui. Commifpz rei gerendœ poteflas ,
iiuBoritas. Il en eft parlé dans les Coutumes d'A-
miens.
■COxMMANDE. Terme d'Eglile. Voyei Commende. I
ÇiOMîrfAi^jjEs , eu termes de Marine , iont de petites I
COM
Cordes que les garçons du navire portent toujours
la ceinture pour fervir au beibin. Funiculi. On les
appelle autrement rabans. Commande eft auffi un
cri de l'équipage pour répondre au maître qui a ap-
pelé de la voix ou du liftier pour quelque comman-
dement qu'il veut faire.
03- COMMANDEMENT, f. m. On prononce Co-
mandement. Aéfion de celui qui commande. lm~
perd exercitium. Il a le ton abiblu dans le comman-
dement. Il a le commandement dur,
sîCFCommandement i'e dit auili de la chofe comman-
dée. Imperium , jujjum. Ce mot, dans ce lens, a
beaucoup d'analogie avec le mot orifr^; mais il ex-
prime avec plus de force l'exercice de l'autorité.
L'Abbé Girard. Il faut obierver les comman-
démens de Dieu & de l'Eglile. Il faut exécuter les
commandeniens du Roi , obéir aux commandemens
de juftice &: des Gouverneurs. Voye:^ Ordre, Pré-
cepte , Injonction , jussioN.
'JCT On appelle Secrétaires des commandemens les
quatre Secrétaires d'Etat. Régis Scribce. On die
qu'un Arrêt , qu'une Patente eft lignée en com-
mandement , quand c'eft par un ordre exprès du
Roi , qu'un Secrétaire d'Erat les figne. Les Secré-
taires de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
des Princes du Sang porrent aulfile titre de Secrétai-
res des Commandemens.
%fF Commandement fe dit aulli du droit de com-
mander & de fc faire obéir. Imperium ^potefias, jus.
Les Maréchaux de France cèdenr l'honneur du
commandement au plus ancien. Cet Officiet a tant
de Compagnies , de Régimens fous fon comman-
dement. On appelle bâton de commandement , celui
que porte un Officier , pour marque du pouvoir
que lui donne fa charge. l^oye:^_ Bâton.
§3° On dit aulfi , cet Officier eft capable de comman-
dement , c'eft-à-dire , qu'il a allez de talens pour
conduire , pour commander un corps de troupes ,
une armée.
On appelle au Palais un commandement, l'exploit
fair par un Sergent en vertu d'un Jugcm.ent , ou
d'une obligation, par lequel il commande à quel-
qu'un , au nom du Roi & de Juftice, de payer une
telle fomme, de vider des lieux qu'il occupe, d'ex-
hiber un rcgiftre . ou de fiire autres choies fem-
blables. Scripto covji^nata apparitoris denunciatio.
Une exécurion (ans un commandement préalable
eft nulle. Pour faire une faiiie réelle , il faut qu'il
y ait un itératif commandement.
§3° On appelle itératif commandement , celui qui
eft précédé d'un lîmple commandement , & qui eft
recordé. \J\x.Qx.zx\i commandement précède lafailîe-
exécution , la faifîe- réelle & l'empriibnnemenr.
Commandement , en termes de Guerre & de Marine,
fe dit de tous les ordres promprs qu'on donne en
faifant l'exercice des troupes , ou la manœuvre
des matelots. Jujfum , imperium. A droite , à «gau-
che , doublez vos rangs, vos files, font les premiers
commandemens que fait un Major , un Officier qui
fait faire l'exercice.
§3* Commandement , en termes de fortification , çft
une éminence ou une élévation de terre, qui a la
vue fur quelque pofte ou fur quelque place forte.
Statio unde kcfèis irnpugnari poffit. On diftingue
trois forres de commandemens. Le commandement
de front eft une hauteur oppoice à la face du poft^
qu'elle bât par le front. Le commandement de revers,
peut battre une place ou un pofte par derrière. Le
commandement d'enfilade , eft celui qui peut battre
d'un fcul coup toute la longueur d'une ligne droite.
Commandement fe dit auiîi , en termes de civilité,
des oiftes de iérvices qu'on fair à fes amis. Operam,
, obfequium o.§eire. Je n'ai pas voulu partir fans
recevoir vos commaniznens pour la Province. On
dit qu'un homme a la langue latine à commande-
mens -, pour dire , qu'il la parle comme fa langue na-
turelle. fïCF On dit auffi avoir à fon commande-
ment, c'eft-à-dire , avoir à ia difpolîtion. Adminif-
trar^ alii^uid ad Juam yoluneatem ^ ad arbiirium.
Ce
c o
Ce Maître - d'Hôtel , ce Sommelier, font bonne
chère à leurs amis ■■, car ils ont le vin &c les viandes
à leur commandement. Une jolie kmme a toujours
des careilcs à Ton commandement.
Commandement. On dit ironiquement d'un homme
qui commande une choie qu'il n'a pas droit de com-
mander, c[-'i''\\a.\c commandement beau. Acad. Fr.
COMMANDER, v. a. & n. Donner des ordres à des
inférieurs, qu'ils (ont obligés d'exécuter. §CF C'eft
diriger, félon fa volonté èc avec autorité , ou avec
pouvoir de contraindre , les aftions de ceux qui
nous font fournis. Imperare , prcEcipere , juhcre.
Dieu commande à toute la nature -, il commande aux
vents &■ à la mer. Le Général a commandé au régi-
ment des Gardes de poullérles ennemis.
03* Voltaire , dans fes Remarques fur Rodogunc ,
^ù l'on trouve :
C'ejlpoiir le commander, & combattre pour moi ,
dit : on commande une armée , on commande à line
Nation. On ne commande point un homme, ex-
cepté lorfqu'à la guerre , un homme efl: commandé
par un autre, pour être de tranchée , pour aller re-
connoître, pour attaquer, &c.
Commander fe dit d'un Général d'armée , & de les
Licutenans , en fon abfence , & pour lors, il régit
l'accufatif. Commander untztmce, commander uns
flotte. Exercitui prœeffé , na\'ibus , c/aj/i. Le Roi
commande lui-même lés armées. Le Général com-
manda deux Régimens, pour couvrir les Foura-
geurs , quand , &c. Main.
Commander lé dit des Puiflances temporelles. Impe-
rare. La vanité d'Alexandre le portoit à vouloir
commander à tout le monde. Les Romains fcm-
Ijloient nés pour commander aux autres. Bail. Ce
Prince fait l'art de bien commander. Les Rois com-
mandent dans leurs Etats. Un maître commande
dans fa maifon. Un Prieur commande dans fon
Couvent.
Un cœur né pour fervir ^ fait mal comnie on commande.
Corn.
Maître d'un cœur charmé j
Commandez quon vous aime , & vous fere:^ aimé.
Rac.
Commander fe dit encore du pouvoir , de l'autorité
que donne une charge , une commidlon. Prœeffe.
ij Am\'2.\ commande fur la mer, &: le Connétable
fur la terre. On a donné à un tel Officier cette
armée à commander en chef. Un tel commande les
Dragons , les Chevaux-Légers , les Moulquetaircs,
Oefi lui qui commande un tel Régiment , &c.
Commander fignifie , donner ordre à des troupes de
fe tenir prêtes , ou de partir pour aller à quelque
expédition. Mandare ^ prxfcribere, edicere , impe-
rare. On a commandé le Régiment des Gardes pour
le vingtième du mois prochain. On a commandé
dix hommes par Compagnie pour aller efcorrer ce
convoi.
Commander fe dit, dans un fens figuré & métapho-
rique , en parlant de l'avantage que donne quelque
éminence pour battre une Ville , pour tenir en
fujettion toute une Province, hnminere ^ infidere.
Cette Citadelle commande la Ville. Cette place ne
peut pas fe fortifier , voilà les collines qui la com-
mandent de tous côtés. Quand on parle de la force
d'une place qui tient une Province ou un Pays en
refped , alors commander régit le datif. Cazal eft
une place qui commande à la meilleure partie d'Italie.
Cette garnifon commande à toute la frontière , fait
payer des contributions.
Commander à la route, terme de Marine, c'efb donner
la route , prefcrire celle que doivent tenir tous les
vailfeaux, ce qui eft attribué à l'autorité de l'Amiral
ou du principal Commandant, ou d'un Pilote dans
un vaillcau matchand.
Tome IL
Commander fe dit auffi , en termes de civilité, des oi"
fres qu'on fait à fes amis de les fervir. Prafcribere »
mandare ,jubere. N'avez-vous rien à me comm.ander
pour ritaiie où je vais ? Je fuis tout à vous, vous
n'avez qu'à me commander , je fuis prêt à vous obéir;
Commander fignifie aufli , donner charge à un Arcifail
de faire exprelfément quelque ouvrage. Praicipere ^
defcribere -, maridare. Il a commandé une paire de
fouliers à lbnCordonnier.il z com.mande anc coïh-
tion , un dîner chez un tel Traiteur.
Commander fe dit figurément en chofes morales &
fpirituelles. imperare, L'ame commande au corps. 11
taut commander à fes paffions. On dit Tmiïi , il faut
k commander à foi-même. Ceu3^ qui ont fu comman-
der aux autres , n'ont pas toujours fu fe commander
à eux-mêmes. S. EvR. C'eft la raifon qui doit com-
mander & conferver un empire abfolu fur tous nos
mouveniens. Id.
On dit , commander à la baguette -, pour dire ,
avec autorité , ou avec hauteur , par une allulion
qu'on fait aux comm.andemens des Huifîiers , qui
portent une verge , ou une baguette. Imperiofum effe.
On dit au.'îî , il iàut favoir obéir avant que de com-
mander ; pour dire , qu'il faut être écûlier,avant que
d'être Maître.
On dit proYOTbialement à celui qui veut comman-'
der quelque choie à des gens qui ne dépendent pas
de lui ; Commande?^ à vos valets , vous n'avez rien à
me commander. Acad. Fr.
0CF Quand ce verbe eft aélif , outre fon régime fim-
ple, il gouverne les prépofitions à, à la,au, au.x, com-
me on l'a vu dans les exemples ci-dellus. Nous avons
déjà remarqué qu'il ne régit la perfonne direflrement
& fans prépolition , que dans les choies qui ont rap-
port à l'art militaire.
Commandé , ÉE. part.'
COMMANDER , terme d'Eglifci Voye^ Commen-
DER.
COMMANDERIE , f £ Efpèce de Bénéfice , ou cer-
tain revenu qui appartient aux Ordres militaires de
Chevalerie que l'on confère aux anciens Chevaliers
qui ont rendu des lérvices à l'Ordre; Beneficium
equitum ( verbi gratia ) Melitenfium.
Ce fut fous le Magiftère de Hugues de Revel
IX , Grand Maître , que les commanderies commen-
cèrent vers l'an iiiSo. ]ufques-là tous les biens de la
Religion étoientadminiftrés par des Religieux com-
ptables , & qui,aprcs avoir pris ce qui étoit nécelTaire
pour leur fubfiftance , dévoient faire palfer le refte
au Chef de l'Ordre, & au tréfor de la Religion. Mais
comme la dépenfe de ces Adminiftrateurs abforboit
fouvcnt la recette , & d'ailleurs que l'Ordre , pour
fournir aux frais immenfes d'une guerre continuelle,
avoit befoin d'un revenu fixe èc certain , dans un
Chapirre générai reiiu à Cél'arce , on arrêta un rôle
des fommes que chaque maifon enverroit à la Terre-
Sainte & au tréfor : & parce que dans les obédiences
& les commiffions , qui furent depuis données aux
Chevaliers chargés de cette adminiftrarion , on fe
fervit de cette exprelTion : nous vous recomman-
dons ces biens , &c. Commendamus , cette adminif-
trarion particulière de chaque maifon ptit le nom de
Commendataria , d'où eft venu le nom de Comman-
derie , S: le titre de Commandeur. Vertot , L. III.
Ce titre n'étoit pas alors à vie , il étoit amovible , SC
fut fubftitué à celui de Précepteur , dont on s'était
fervi jufqu'alors. Vertot , //^t'i.
Il y a des Commanderies de rigueur qu'on obtient
en fon rang , & les autres de grâce , que leGrand
Maître donne par avance à celui qu'il choifit dans
l'Ordre.
Cependant on trouve feulement dans les Statuts
d'e l'Ordre , Comfnanderie de grâce , & Commande-
rie de chéviflêment. Voyei ChÉvissement.
Les Commanderies de Malte , de S. Lazare. Il y
en a aufli pour des Religieux dans les Ordres de S.
Bernard , comme de Caiatrava, 6cd'Alcantara , dans
l'Ordre de S. Antoine , ùc. Le Roi a érigé en Com-
manderies plufieurs Léprofories &: Hôpitaux qu'il a
XXxx
714 COM
joints à l'Ordre de S. Lazare, f^ Les Cammandaies
Ibnt des biens affeacs pour l'entietien du Chevalier
& pour le lervice de l'Ordre. De quelque natuie
que Ibit une Commandcric , on ne peut la iciigner.
On peut comparer les Commanicrics aux Prieu-
rés conventuels des Moines, qui n'ctoient dans les
commencemens que les adminilhations du revenu
de certains lieux éloignés du principal Monaftere.
Comme l'on mettoit des Moines dans ces maifons
pour avoir loin du bien , de même l'on a été obligé
d'envoyer les Chevaliers dans les lieux où l'Ordre
avoir des terres. Les Commanderus de Malte ne peu-
vent être pofîcdées que par les Religieux de cet Or-
dre, auxquels elles Ibntatfevtlées. Leurs Bénéfices ne
font pas tous de même nature -, car comme il y a
parmi eux des Chevaliers , des Chapelains &; des
Frères fervans , il y aaulfi des Commandirics , ou re-
venus attaches à ces trois différentes qualités. Com-
me les Comandcries ne font point des Bénéfices , le
Pape ne peut ni les donner , ni les ôter.
COMMANDEUR. 1". m. Chevalier qui ell pourvu d'une
de ces Commanderies. Equis baicficio ordinis prx-
ditus , Commendaior. Le nom de Commandeur a du
rapport avec celui àQprtzpofaus , qu'on donnoit aux
Moines qui étoient prcpolés pour garder les mai-
fons ou fermes éloignées du priUcipal Monaftere ;
leur adminiftrcUion s'appeloit otedicnna , parce
qu'ils dépendoient entièrement de l'Abbé, qui leur
donnoit cette commiUlon. Il en eft de même des
]impies Commandeurs de Malte , qui font plutôt des
Fermiers de l'Ordre , que des Bénéhciers. Ils ont
néanmoins converti leur commillions , ou Fermes ,
en une efpèce de Bénéfices, en donnant un certain
tribut au tréfor commun de l'Ordre , Si ils appellent
ce tribut Refponjion. Il y a dans cet Ordre pluiieuts
gtands Officiers , dont le premier eft celui qu'on
nomme préfentemcnt le Grand Maître de l'Ordre ,
& qui en eft le Chef. Sous lui font plulieurs grands
Ofîiciers qui font la plupart des Officiers militaires.
Il y a auffi des Baillis , ou Prieurs conventuels , qui
font de la grande Croix , & plufieurs autres Officiers.
COMMANDIUR , OU GrAND - COMMANDEUR, f. m.
Oeft la première dignité de l'Ordre de Malte après
le grand-Maître. Il eft toujours delà Langue de Pro-
vence , comme la première de la Religion. Le Grand-
Commandeur eft le Préfident né du commun tréfor &
de la Chambre des Comptes. Il a la fuiintendance
des magazins , de l'arfenal & de l'artillerie. Il en
nomme les Officiers , qu'il fait agréer par le Grand-
Alaîtte & le Confeil. Son autorité s'étend jufques
dans l'Eglife de S. Jean , dont il nomme plulieurs
Officiers. Il a le même droit à l'Infirmerie. Le
GiTind-Commandeiir doit faire fa réfidence àMilte ,
dans le Couvent , d'où il ne peut fortir pendant
qu'il eft en place. L'Ab. de Vertot.
. Commandeur du grenier à Malte , eft un Officier de
la Religion qui eft chargé de la confervation des
grains , & autres munitions de bouche. Il a Ibus lui
des Prudhommes qui font fcs llirveillans. On les
appelle les Prudhommes de la petite Ccmmanderie.
Pour êtte Commandeur de Malte , il faut être de
la nation où eft fituée la Commanderie , avoir fait
ies caravanes , qui confiftent en un lervice de quel-
ques années à Malte , & être de la qualité rcquife
par la Commanderie ; &; de plus ils fbnt liés par de
certains ftatuts , auxquels néanmoins on déroge
fouvent à la recommandation des Princes , qui ont
même fait des concordats pour cela avec l'Ordre de
Malte.
Il y a une autre forte de Commandeurs , ou Che-
valiers , qui jouillént des biens Eccléliaftiques fans
être ni Religieux , ni Eccléliaftiques , parce qu'ils
font mariés ; ils fe difent Religieux , & ont des regle-
mens comme les autres Religieux. En Efpagne les
Commandeurs des Ordres de S. Jacques , de Cala-
trava & d'Alcantara font de ce nombre. En France
les Chevaliers de S. Lazare peuvent auflî fe marier.
'îtant Religieux de profeflion , ils devroient être
obligés à garder la chafteté ; mais le Pape , qui , fe-
COM
ion ies niaximes du droit nouveau , eft le maître
des Canons , les a difpenfes de cette obligation :
ils peuvent avoir des femmes par un privilège du
Sainr Siège. C'eft par de femblables privilèi^es ob«
tenus des Papes , que les Rois d'Eipagne fontgrands
Maîtres des trois Ordres militaires de leur Royau-
me , lavoir , de S. Jacques , de Calatrava & a'Al-
cantara. Martin Navarrus appelle Philippe II , le
plus grand Prélat de l'Eglife , après le Pape , parce
qu'il etoit le grand Maîrrc de ces trois Ordres , Se
qu'il jouiHbit d'une bonne partie des dixmes des
Eglilés qui font dans lés Etats.
Commandeur eft aulfi un Prélat, un Eccléfiaftique
qui eft agrégé par honneur dans les Ordres des Che-
valiers , comme dans l'Ordre des Chevaliers du S.
Efprit. Ordinis Sancli Spiritâs Commendaior, Il y a
plulieurs Prélats Commandeurs.
Les Commandeurs de l'Ordre du S. Efprit font de
purs titres, auxquels n'eft attachée aucune Comman-
derie. Henri lil ayanr inftitué cet Ordre , ht ce qu'il
put pour obtenir du Pape que les revenus des plus
riches bénéfices du Royaume fulTent arrribués à ces
Commanderies, qui n'étoient que de nom. Mais il
n'obtint rien de la Cour de Rome , cnfbrte que les
Commandeurs de l'Ordre du S. Efprit ne font que
des Commandeurs titulaires. Dans l'Ordre de S. An-
toine on donnoit anciennement le nom de Comman^
deur au fupérieur de la Mailbn.
Commandeur. Les Religieux de la Merci & des Ma-
thurins donnenr ce nom aux Supérieurs de leurs
Mailbns ou Couvents. Commendator.
Commandeur chez les Hollandois ,^fT eft un titre"
qu'ils donnent aux Chefs des comptoirs qu'ils ont
établis pour leur commerce dans les Indes Orien-
tales.
Commandeur. On appelle ainfi dans les Iles Fran-
çoilés de l'Amérique, celuiquia infpeiîlionfur le
détail d'une habitation en général , ou d'une fu-
crerie en particulier.
COMMANDITAIRE, f. m. Celui qui a une Comman-
dite.
COMMANDITE , f. f. tetme de Commerce. Efpèce
de fociété qui fe fait entre Marchands , dont l'an ne
fait que de prêter fon argent fans faire aucune fonc-
tion d'alfocié , & l'autre donne fes foins. Inita cum
quïbujddm jolius pecuniiz mutuez benejicio Jocieias.
Toute ibciété , foit générale , foit en commandite ,
doit être par écrir , & l'extrait en doit être enregiftré
au Greffe de la Juridiélion Confulaire. Les aflbciés
c\\ commandite ipe font obliges que jufqu'à la con-
currence de leur part , félon l'Ordonnance de nJyj,
En vieux termes de Coutumes on appeloitco/TîWiZ/z^,
la charge qu'on donnoit d'acheter ou de négocier
quelque chofe , Commijfa rei gerend^ potejias ; 8c
on difbit aulll, prendre en cliarge Se command; pour
dire , recevoir en dépôt, f^oye^ Command.
Ip^- COMMANDO , f. f. terme italien , ufité dans
quelques-unes de nos Provinces, voilines de l'Italie,
ordre ou commiflion qu'un Négociant donne à fbn
Correfpondant ou Commiiîîonnaire.
|tT COMMANI. Petit Royaume d'Afrique , dans
la Guinée, fur la côte d'Or. Les Etats de ce Sou-
verain n'ont pas plus d'étendue qu'une de nos
fermes ; fbn palais eft une chaumière dans un vil-
lage nommé le Grand Commani.
COMMANT. Vieux mot ou parricule , qui fe diibit
en cette phrafe : ^ Dieu commant, c'eft comme
qui diroit aujourd'hui , à Dieu vous dis , pour
marquer qu'une chofe eft perdue ou défefpérce. Je
crois que cela vient par corruprion de à Dieu
commande , c'eft-à-dire , à Dieu je la recommande ,
Deo commendo. Elle m'échappe , elle eft perdue \
qu'elle foit à la garde de Dieu, je la lui recom-
mande.
Crainte d' oubli pourtant au cueur me poincly
Combien qu'il ait la mémoire excellente ;
Et n'ai pas tout; car Ji je perds ce point ,
A Dieu commant le plus bçau de ma, rente, Marot.
C O M
COMMASSE. f. f. Petite monnoie qui a cours à
Mocha , qui gCT efl: la feule qui s'y fabrique ; elle
vaut trois fols deux deniers de notre monnoie,
COMME, adverbe qui fert à comparer, & lignifie,
ainfi , de même. Ut , qucmadmodum , ficut ,Jicuii.
Cette femme eft belle comme le jour. On lui a fait
une réception comme s'il eût été un Prince. Il efl:
là comme chez lui 5 cette répétition comme eft
élégante.
Vous aure[ le dejlln
De ces fleurs Ji fraîches , /f l^elles .*
Comme eiles vous plaijé^f vous paj/ere:icomtas elles,
f^ Cemot, confidéré comme terme de comparaifon,
& fynonyme à ainjî&c de même y«e , marque mieux
une comparaifon qui tombe fur la qualité de la
chofe, ce qu'on peut nommer comparaifon de qua-
Uficatioiu Voyez les deux autres mots. Je dirois
àonc que les expreflions d'une perfonne qui ne con-
çoit le.» chofes que confufément , ne font jamais
juftes comme celles d'une perfonne qui les conçoit
clairement i parce qu'il eft là queftion d'une qualité
de l'exprelfion , ou d'une qualification qu'on lui
donne. Syn. Fr.
fCT Par cette même raifon , on dit hardi comme un
lyon , blanc comme neige , doux comme miel , &c.
éc non pas amji que , ni de rnême qu'un lion , &c,
ÇST Si le mot comme fe trouve à la rcte d'une com-
paraifon , le fécond membre qui eft la réduiition
<le la comparaifon , commence par le mot ainji.
Comme les hommes vieilliflent par le nombre des
. années , ainfi vieilliflent les empires par le nom-
bre des f ècles. Tout a un terme prefcrit au de-là
duquel il repafle pas.
Ce mot vient de quomodo. Nicod.
■Comme eft aufli un adverbe de temps , pour fignifier,
quand, lorfque. Cum,quando, eo Umpore quo. Il
, arriva comme nous fortions de table. Il fiu arrêté
•• comme il penfoit partir. Mais il n'y a que le peuple
qui s'en fetve ; pour dire , aujfi-tôt : il arriva comme
le Roi -, c'eft-à-dire , en même temps que le Roi.
Il fert aufli pour la narration. Je vous dirois
l'hiftoire comme elle s'eft paflée. En ce fens , il fi-
gnifie , de la manière que , quomodo, eo modo quo ,
uti , qucmadmodum. Il fe pourvoira comme bon lui
femblera.
Comme fe dit aufli pour en quelque forte , en quel-
que façon. Quaji. Un bon ?mi eft comme un autre
foi-même. La lumière eft comme l'ame des couleurs.
Le Soleil eft comme le père des productions de
la terre.
On dit, comme Jl; pour dire, de même que fi.
Quafi. Il me vouloir engager dans cette afiâire,
comme Ji elle eût été julte.
Comme au(fi., terme de pratique, dont on fe fert
dans un traité , dans un a6te , dans un contrat j
pour dire, & pareillement , & de plus : Et amplius.
Il eft porté par le contrat que , &c. Comme aujji
que, &c.
. Comme en effet. Façon de parler dont on fe fert pour
confirmer ce que l'on a dit. S'il eft homme de bien,
comme en effet il l'cft , il dira , &c.
Comme (ignifie encore , en qualité , Ut. J. C. peut-
être conlîdéré ou comme Dieu , ou comme homme :
co/7z/72e homme , il eft moit fur la croix pour nos
péchés , & comme Di'-i' , il a triomphé de la mort. Il
peut être auifi confidérc comme notre Médiateur ,
comme Dieu &: homme tout enfemble. Dans l'Eglife
Catholique on confidère le Pape , ou comme Chef
de l'E j^lifc , ou comme Prince temporel.
Comme "eft aufli une cfpèce de fuppofition , & fignifie
quelquefois , parce que. Cùm , quoniam , quando-
{jiiidem : Comme il eft conftant qu'il faut aimer
Dieu. Comme il n'eft pas probable qu'on foit fi aban-
donné , &c. Comme ainfi foit que , &c. Ce dernier
n'eft plus d'ufage.
Comme fignifie, à peu-çïès,'qua/I , ut. Je lienjcela
comme certain. Il eft comme mort.
/ C O M 7 If
Comme fe joint quelquefois avec ^uoi ; & alors il
fignifie comment, (/uomodo , quà ratione. je m'é-
tonne comme quoi une fi forte penfée a pik vous
venir dans l'efprit. IJCT Mais cette expreflion n'eft
pas du bel ufage , & il faut dire comment.
Comme fe met quelquefois après fout , 6c alors il Si-
gnifie , tout de même , abfolument la même chofe,
Qucmadmodum , ut , yiVtt/ , uti. Mais on ne l'em-
ploie que dans le ftyle familier & comique.
C'efi jujiement tout comme
La femme ejl en effet le potage de l'homme. Mot»
|C7" COMMEAT , f. m. terme d'Hiftoirc ancienne,
Congc donné à un Soldat pour un temps. Com~
meatus. Ce mot fignifioit aufli un convoi , les pro-
viiions de l'année , & la flotte qui les portoit.
%f3' COMMÉMORAISON , f. f. terme d'Eglife U
de rubrique dont on fe fert, en parlant de la mé-
moire que l'Eglifc fait d'un Saint ou d'une Sainte ,
le jour qu'on célèbre une autre fête. Quelques
Rubricaires prérendent qu'on doit dire commemo^
ration. Commemoraiio, Voyez ce mot. D'autres re-
gardent ces deux mots comme abfolument fyno-
nymes , difent également commémoration ou com^
memoration d'un Saint , commemor aijon ou com-
mémoration des morts , des fidèles trcpaflcs. C'eft
ainfi que les livres de l'Eglife nomment le joue
que l'on appelle , dans l'ufage ordinaire , le jour
des Morts ; c'eft-à-dire , le jour que l'Eglife a or-
donné que l'on priât pour tous les Morts détenu*
en Purgatoire : c'eft le z de Novembre. Comme-
moratio fidelium defunclorum. C'eft faint Odilon >
Abbé de Cluni , qui inftitua la Commemor aifort
générale des Trépaifés dans le douzième fiècle.
On raconte diverfement la révélation que l'on
dit y avoir donné occafion. Voici ce qui m'en paroît
le plus vraifemblable. Un pieux chevalier revenoit
du Pèlerinage de Jerufalcm -, s'ctant égaré de fon
chemin , il rencontra un Ermite , qui apprenant
qu'il croit des Gaules , lui demanda s'il connoif^
foit le Monaftère de Cluni &c l'Abbé Odilon. Le
Pèlerin ayant dit qu'il le connoilfoit , l'Ermire lui
dit : Dieu m'a fait connoître qu'il a le crédit de
délivter les âmes des peines qu'elles foufFrent en
l'autte vie. Quand donc vous ferez de retour , ex*
hottez Odilon , &c ceux de fa Communauté , à con-
tinuer leurs prières ic leurs aumônes pour les morts,
Fleury. Nous avons le Décret fait à Cluni pouc
l'inftitution de cette folemnitc , en ces termes. Il a.
été ordonné par notre B. Père Dom Odilon , du
confentement , & àla ptière de tous les Frères de
Cluni , que comme dans toutes les Eglifes on cé-
lèbre la fête de tous les Saints le ptemier jour de
Novembre , de même chez nous on célébrera fo-
Icnnellement la Commémoration de tous les fidèles
Trépaffés, qui ont été depuis le commencement
du monde îufques à la fin en cette manière. Ce jour
le Chapitie , le Doyen Sc les Cellériers feront l'au-
mône du pain & du vin à tous venans , & l'Aumonier
recevra tous les leftes du diner des Frètes. Le mémo
jour après Vêpres on fonnera toutes les cloches ,
& on chantera les Vêpres desmorts. Le lendemain,
après Matines , on fonnera encore toutes les clo-
ches , & on chantera l'office des morts. La Méfie fera
folennellc : deux Frères chanteront le trait , tous
offriront en particulier , & on nourrira douze
pauvres. Nous voulons que ce décret s'obferve à
perpétuité, tant en ce lieu qu'en tous ceux qui en
dépendent -, & fi quelqu'un fuit l'exemple de cette in-
ftitution, il participera à nos bonnes intentions.
Tel eft le Décrer de Cluni. Certe pratique pafTa
bientôt à d'autres Eglifes, & devint enfin obmmune
à toute l'Eglife Catholique. Id.
COMMEMOR ATIF, adj. terme de médedne. Reme^
morativus , anamnefticus. On donne cette épithète
aux fignes qui nous font refTouvenir de ce qui s'eft
paiTé tant en fanté qu'en maladie. Col de Villars.
§Cr CoMMÉMORATiF , cft aufll un terme dogma-
tique ôç fignifie ce qui rappelle le fouvenii d'une
X /v X X ij
C O M
7î6
chofe. Le P. le Couraycr ibCitient que le facrifice de
l.i Mcdc ii'ert que retnclencatif &: Commémoratij ■
c'elt-à-dire
k Sacrifice
qu'il reprclciuc nuemenc
de la Croix, & qu'il en rappelle limplcmcnt le ibu-
venir , fans que le Sacrifice de la McHe Ibit reelle-
nunr le même que le Sacrifice de la Croix.
COMMÉMORATION , 1". £ Souvenir qu'on a de
quelqu'un ; ce qu'on fair en riionncurdc ia mcmbx-
le.'Memoria, mcrnio ,commemoraiio. Le tellateura
fait un beau legs à cette Egliie, à la charge de di-
re tant de MefVes , de faire commémoration de lui
dans 1
G O M
Mençantes &C pour des Novices. Bourdai.. Exhort.
T.l,p, i75-
§3" COMMENCEMENT , f. m. ininum , c'eft un de
' ces termes qui font fi clairs , qu'ils n'ont befoin ni
de définition , ni d'explication , pour être enten-
dus. En ferai-je mieux entendu quand j'aurai dit
avec les vocabuliftes , que c'cft par où commen-
. ce une- choie quelconque "; Dieu n'a- point eu de
; commencement , & n'aura point de fin. L'ame hu-
maine a eu un commencement , &C n'aura point de
fin. Les êtres matériels ont eu un commence-
hu-
es prières.^ Les Tcres parlent de TEuchariftie : rpcnt , & auront une fin. L'ignorance du genre hu-
comme cTune image de facrifice , & d'une comme- . main dans les premiers te^J's ,_^prouve que U>n..
moraiion de celui.de Jïsus-Christ. Bûss. C'cll ,1a
conunem.ora.tion du Seigneur : donc ce neft pas le
Seigneur lui même. C'eft., nous l'avouons, la ccr/z-
mémoration ou l'annonciatipn du Seigneur , julqù'à
ce qu'il vienne , & par confcqucnt ce n'çft pas
I.-. »-*-.rtt-»' ^11 Çf^lj..
auifi la mort du Seigneur. Voilà à quoi robjedion
eft réduite \ mais rien n'empêche qii'c ce qui nous
faitfourehîr de la mort 5c de ù p;'(Tlon , par des
fi^nes vifibles , ne contienne inviliblcrocnr (on
corps & fon fang. Peliss. Il nous a dit que ccroit
ia commémoration de fa mort , ;ious le croyons i
il a dit que c'étoit fon corps & fon fang j nous le
croyons de même. Id.
Commémoration , eft aufTi un terme de Liturgie &
de Bréviaire , qui fe dit des Fêtes & des Fériés dont
. on ne peut pas faire l'Office tout entier, à caufe
d'une.Fcte double qui furvient le même jour. Elle
fe fait par une antienne , verfet , & une orailon ,
qu'on dit à Vêpres & à Laudes en l'honneur du
Saint , ou de la Férié dont on tait commémoration.
On fait toujours commémor aiion àtsY tùfi majeures
& des oétaves , quand on ne fait pas leut office
propre. Dans le fécond Mémento de la Méfie on
fait des commémorations , c'eft-à-dire , qu'on le lou-
vient de quelques perlbnnes en particulier , aux-
quelles on prie Dieu d'appliquer les fruits du facri-
fice , qui font les mérftes de J. C.
On dir dans le ftylc familier ; Sc en plaifantant ,
nous avons fait commémoration de vouj , pour di-
re , nous avons fait mention de vous.
^jf3' COMMÉMORAISON & CoMMÉr O RATIOM , fyno-
nymcs. Ces mots font fouvent employés indiffé-
remment l'un pour l'autre. Il paroît pourtant que
celui de commémorai/on eft particulièrement affec-
té à fignifier la mémoire que fait l'Eglile d'un faint
le jour qu'elle célèbre une autre fête : mémoire
qui fe fait à Laudes & à. Vêpres , par une antien-
ne , un verfet & une oraifon.., ou à la MelTe , par
une collette , une fecrète &: une poft-communicn :
& celui de commémoration paroît mieux convenir
dans les autres cas. Je dirai donc commémoraifon
d'un Saint , commémoration des morts , commémo-
ration que fait le Prêtre au Mémento de la Meffe
des perfonnes auxquelles il applique le mérite du
facrifice , tel me paroît être l'ufage.
COMMENÇ AILLE, f. f Vieux mot.Commencemenr.
COMMENÇANT , ANTE, f Celui ou celle qui com-
mence quelque choie , qui en eft encore aux pre-
miers éléméns d'un art. On fe fcrt communément
de ce terme pour exprimer la qualité des entans
' qui apprennent à lire',- ou les élémens de quelques
Langues, On a inventé dans ces derniers temps
pluiîeurs méthodes en faveur des Commençans ,
qui leur épargnent bien du temps que nos pè-
res étoient obligés d'employer à apprendre feule-
ment a lire, & les- premiers principes de la Lan-
gue latine. Cet Auteur , ce livre eft trop fort pour
un Commençant,
Ç0MMENÇ.4.NT , ANTE , fignifie aulfi Novice , qui
* ne fair que commencer une vie fainte & régulière ,
ou la vie itWs.lcnîc.'LQS Comme /iç ans ne font pas
toujours bien fermes dans la vertu. On veut bien
s'alVujettir à telle &: a telle pratique , mais on ne-
^, glige cette autre, parce qu'elle paroît trop légère ,
"■ " gc qu'çUe n'çft bonne j dit-on ", (jue pour- des Com~
gine du monde n'étoit pas éloignée , & qu'il avoit eu
•^ un commencement qui étoit encore fort récent. S.
EvR. Rome a eu des commencemens ludes & lau-
vagcs. Id. La fin de notre amitié dépend moins
denous que le commencement. Id. Poutquoi 1^-on
avec tant de curiofité l'Hiftoire des foibles com-
mencemens de Rome ? C'cft que les Hiftoriens ont
fu y attacher une idée de grandeur. P. Dan.
Commencement fé ditaulfi de ce qui paroît d'abord
en choque fujet , ou matière -, de ce qui eft la
■•première partie d'une chofe. Au commencement de
la journée il faut élever fon cœur à Dieu. La mé-
moire a manqué à cet Orateur dès le commence-
■ ment de fon difcours. Le commencement de cette
maladie n'étoit qu'une petite fièvre. Le commen-
cement àz lafagclfe eft la crainte de Dieu. Le fen-»
timent de notre mifere eft le commencement de no".
tre converfion.
On dh prendre commencement; pour dire, com-<
mencer. Cette Monarchie a. pris fon commencement
dans un tel fiècle.
On dit proverbialement qu'il faut un commence-
ment , pour avoir une fin.
At; Commencement , adverbe ou phrafe adverbia-
le, qui le dit d'une manière abfolue. Au premien
temps que les choies commencent d'être, Inmo ,
principio. Au commencement Dieu créa le Ciel &
la t»rre* Au commencement étoit le Verbe , & le
Verbe étoit dans Dieu , & le Verbe étoit Dieu.
§C7" COMMENCEMENT fe prend au(H pour prin-
cipe , caufe première. Dieu eft le commencement
ôc la fin de toutes choies , cajifa ,principium.
§Cr On appelle , en ftyle de pratique , commen'
cément de preuve par écrit , un écrit qui ne prou-
ve qu'un fait préparatoire à la convention dont il
s'agit , ou une partie feulement , ou quelque fuite
de la convention -, de forte que , pris folitairement,
il ne forme pas une preuve complète, mais feule-
ment une forte prélbmption.
Commencemens , au plurier , s'emploie aflez fouvent
pour les premières inftruélions que l'on a reçues
dans quelque art , dans quelque fcience. Trima ru-
dimenta , documenta. Ce jeune homme a de beaux
commencemens dans la Grammaire , dans la Philo-
fophie , dans la peinture. Ce Maître lui a donné de
bons commencemens.
^ COMMENCER, v. a. Donner la naiflance , le
commencement <à quelque chofe , faire ce qui doit
être fait d'abord. Jnchoare , incipere : commencer un
bâtiment , un difcours. Les Rois cow/ntrnce«r beau-
coup d'ouvrages qu'ils n'ont pas le temps d'ache-
ver : commencer à bâtir. Vaugelas veut qu'on
mette toujours la particule à après le verbe com-
mencer ; de bons auteurs emploienr quelquefois
de par préférence', fur-tout après le prélént indé-
fini , pour éviter le choc des deux a : il commence
de parler fièrement , au lieu de , il commença »
parler, il a coinmcncé de prendre goût à telle cho-
fe. Partout ailleurs l'ufage eft pour commencer à,
fCT On dix. commencer l'année, le mois, la fe-
maine , & par une chofe , par faire une chofe , pout
dire que la chofe dont on parle eft la première
qu'on air faite cette année là , ce mois là , &c. Le
F..oi commença fon rcgnc par tel établiflement.
§3" On dit dans un autre fens, nous ne faiibns
que de commencer l'année , le mois , &c, pour dire ,
C O M
nôUs cà fommes encore aux premiers temps de
__l'annéc , du mois, &c.
g IJCT En parlant d'un maître qui donne à qucl-
j, -qu'un les premières leçons d'un art, d'une icience,
Jes premières inftruclions , on dit que c'efl lui qui
l'a commencé , il a été commencé par un bon maî-
■^ tre , ce maître n'eft bon que pour commencer les
enfans.
§3" On dit de même , en termes de manège ,
commencer un cheval , lui donner les pi;emièrcs
leçons , commencer à le dreifer.
Commencer s'emploie aufll abrolument , &' fignific
agir le premier ; mettre en acT:ion -, donner le branle
à quelque choie -, mettre les autres en train. Affez
de gens le mêlent de reformer le monde, & pref-
que perfonne ne commence par foi- môme, Dac.
Le Chantre commence pour donner le ton au
Chœur. Le plus hardi des fcditieux qui commence ,
met tous, les autres en action. En cette affemblce
chacun le regardoit , perfonne ne commençon à
ouvrir une propofition qui étoit un peu délicate.
Dans un repas il faut qu'il j ait quelqu'un qui com-
mence , pour mettre tous les autres en train de le
réjouir.
§3° On dit proverbialement , n'a pas fait qui
commence: & , a moitié tait qui a bien commencé.
Dimiiium facii , ^ui hene cœpit , habet. Ovid.
lO" COMMENCER eft auili neutre , & fignifie
. prendre, avoir un commencement. Incipere ^ occi-
pere,^ L'année commence , le fermon commence , le
Carême ne commence cette année qu'en Mats, ce
difcours commence bien.
Il s'emploie aulfi quelquefois imperfonnclle-
ment. Il commence déjà à faire jour,
|COMMENCE , EE , part, ouvrage commencé , dif-
cours commencé , bâtiment commencé.
Mais âe ce Koiji fage héritier infenfé ,
Son fils interrompit l'ouvrage commencé. R AC,
§3" En termes de manège , on dit un cheval com-
mencé , acheminé , achevé , pour marquer un che-
val qu'on commences, drelfet , auquel on donne les
premières leçons, celui qui eft déjà monré , dé-
gourdi , & celui qui eft confirmé dans le manège.
^ÔMMENDATAIRE. f. m. (Econome qu'on a mis^en
poifeifion d'un Bénéfice , pour le régir pendant fix
mois ,& le gouverner en attendant qu'on l'ait pour-
vu d'un Titulaire. Beneficii ecclejiajiici œconomus
, ^ium idem cuipiam conferatur , Commendatarius. Le
Commendataire fubliftoit du revenu de l'Egile qu'il
adminiftroit. Tels font les Commendataires dont on
parle en Droit Canon. Autrefois l'adminiftration
des Evêchcs vacans appartenoit à l'Evêque le plus
proche : ce qui fe pratique encore entre l'Arche-
vêque de Lyon, & l'Evêque d'Autun. C'eft pour-
quoi on lesappeloit Evêques Commendataires. Cet
ufage eft fort ancien. On trouve des exemples de
Prélats Commendataires dans l'Eglife Grecque. S.
Athanafe dit de lui-même , félon Nicéphote , qu'on
lui avoit donné en commende , c'eft-à-dire , en
adminiftrarion , une Eglife , outre celle d'Alexan-
drie dont il étoit Evêque. On commettoit le foin
des Eglifes fans Pafteur à un Evêque , jufqu'à ce que
l'on eût élu un fuccefléur. Le regître du Pape Gré-
goire I eft tout plein de ces commilfions ou coni-
mendes , pendant l'abfence , ou la maladie de
l'Evêque , ou la vacance du Siège. Voye^ un pe-
tit Livre intitulé l'Abbé Commendataire, Il dé-
clame violemment contra l'abus qu'on a fait de cet
ancien ufage.
Ce mot vient de commendare , confier, recom-
mander.
Commendataire , eft en France un Eccléfiaftique
féculier , qui eft nommé par le Roi , & pourvu par
le Pape d'une Abbaye , ou d'un Prieuré , avec per-
milîion de difpofer des fruirsà fon profit pendant
fa vie. Beneficii EcclefialUci fiduciarius pojfejfor
C O M 717
ttuciotitdte fummi Pontificis , Commendatarius. Un
^l'éé Commendataire elt oppofé à un Jblc liésu-^
lier. L'Abbé Commendataire n'a pas tous les privi-
lèges du Titulaire ; par exemple , il ne peur pas
exercer la difcipline intérieure , mais il jouit de
tous les droits honorifiaues.
COMMENDATRICE. f.'f Nom ou titre que l'on
donne en Efpagne aux Rcligieuiès de Calatrav.i.
Commendatnx. Voyez le P. Hélyor, T. FJ. C'a.
COMMENDE , f. t eft originairement dr.ns le Droit,
la gatde , le dépôt , le régime , & ra.imi'niftrationi
de; revenus d'un Bénéfice qu'on Bonnoit à un fé-
culier , pour en jouir par œconomat pendant fix
mois >pour le réparer ; ou à un autre Evêque , ou
à un fimplc Eccléfiaftique, pour faire les fondions
Paftorales , en attendant qu'on en eût pourvu un
Titulaire. Beneficii Ecclcjiafiici adminifiratio dnm
cuipiam illud conferatur. On croit que c'eft le Pa-
pe Léon IV" qui fut auteur des commendes , en fa-
veur des Eccléfialtiqucs qui avoient été chaflcs de
leurs Bénéfices par les Sarrazins. On leur confioit la
garde & l'adminiftration des Eglifes vacantes : S,
Grégoire en avçit ufé de même pendant que les
Lombards défoloienr l'Italie. Sous la II Race, l'a-
bus des commendes devint fort fréqucnr ; on don-
na même les revenus des Monaftcres à des Laïques ,
pour les faire fubfifter. Les Evcques aufîl fe faifoient
donner plufieurs Bénéfices , ou Evêchcs en corn-
minde , & c'étoit un prérexre pour les retenir tous
fans violer direétement les Canons. On a retran-
ché une partie des abus i mais on n'a pu abolir ab-
iblumcnt la commodité & l'ufage des commendes.
C'eft un expédient qu'on a trouvé pour lever l'in-
compatibilité de la perfonne avec la narure du LSé-
ncfice.
Pour ce qui eft de l'origine &de l'ufage des Corn ■
mendes en Oziem. Voye^ le mot Caristicaire.
Commence , en Ftance , eft un vrai titre de Bénéfice ,
que le Pape donne à un Eccléfiaftique nommé par
le Roi pour un Bénéfice régulier, avec permidion de
difpofer des fruits pendant fa vie. Ort ne peut don-
ner en commendexxn Bénéfice à charge d'ames \ c'eft-
à-dire, ni une Cure , ni un Evêché. Le Pape ne peut
refufer un Bénéfice en commende après trois colla-
tions du même Bénéfice en commende.
La Commende , de la manière qu'elle eft établie
aujoutd'hui , plutôt pour la commodité des per-
fonnes , que pour l'utilité de l'Eglife , eft entière-
ment contre les anciens Canons. C'eft poutquoi il
n'y a que le Pape qui puifle conférer les Bénéfices
en commende , parce qu'il n'y a que lui feul qui puiife
difpenfer des Canons , tant pour ce qui regarde Fin-
habiliré des perfonnes à qui Fon donne les com-
mendes, que pour l'incompatibilité à l'égard des
Bénéfices dont les Commendataires font revêtus.
Lorfque la commende vaque par la mort du Com-
mendataire, elle n'eftpas cenfée vaquer par fa morr j
mais comme elle vaquoit avant la commende ^ la-
quelle n'apporte aucun changement aux chofes. Ce-
pendant le Pape donne encore le même Bénéfice
en commende par u-n privilège qu'il continue tou-
jours j de forte que le privilège , ou la difpenie, a
dérogé entièrement au droit commun. Cependant,
quoique ceux qui poflèdent des cowr/'ewrfei-, ne les
ayent obtenues que par privilège, ou difoenlc ,
ils ne laifient pas d'en jouir , 5c d'avoir rous les ri-
tres , fruits & droirs honorifiques , comme s'ils
croient véritablement titulaires.
Par les Bulles de la commende,\es Commcndaraircs
font fubrogés aux droits des titulaires. L'on y em-
ploie toujours desrermes qui marquent que F? pou-
voir du Commendataire eft le même que celui du
Titulaire auquel il eft fubftitué. Curam Monafierii
ac res[imen & adminiftr ationem tihi in l'pirituaiihus
& temporalibus plane committendo. Le Pape donne
donc par fes Bulles aux Abbés Commcndaraircs
l'adminiftration, tant pout le fpirituel, que pour
le temporel. C'eft pourquoi on emploie dans les
mêmes Bulles qu'il fera Prêtre, ou que s'il n'a pas
7i8
COM
encore atteint l'âge de la Prctrife , il la pendra auf-
fi-tot qu'il l'aura atteint -, mais cela ne s'exécute
j-ioint, ce n'eit qu'une formalité de ftylc.Les Prieurs
clauftraux gouvernent l'Abbaye pour le fpirituel
pendant qu'elle eft en commcnde ■■, les Abbés Coin-
mendataires n'ayant aucun pouvoir lur les Religieux.
Ils ne peuvent pas même inftituer , ni deltituei
des Prieurs clauîlraux qui font nommés Adminij-
trauurs du fpirituel dans les Bulles , où l'on ajoute
cependant cette reftriétion , jufqu'à ce que l'Abbé
foit parvenu à l'âge de 15 ans, afin de prendre la
Prêtrife. Voici ce que porte la Bulle donnée au
Prince de Neubourg pour l'Abbaye de Fécan. Et
ne oh defecliim tztatis primo diclnm Monajierlum alï-
quod in fpirimalitus paiiatuT detrimemiim , Prio-
TCinclaujtralem pro tempore exillentem primo dicli
MûJiaJierii in j'piritualibns , donectu ad quintum &
trigeltmum Suie atatis annum perveneris , duntaxat
conjlituirnus ac deputarnus.
F evret , dans fon Traité de Valus , partie I^L,
z 5 Ch. 6 , remarque que l'Abbé de Citeaux , Claude
Vauffin , obtint d'Innocent X un bref par lequel
il étoit défendu aux Abbés Commendataires de fe
mcler de la difcipline régulière : le même Auteur
ajoute que les Cardinaux Abbés Commendataires
ont été exceptés de cette règle , à caufc de l'émi-
ncnce de leur dignité , nonobftant les Bulles de
Pie V , 6c de Grégoire XIII , qui défcndoient à
tous Abbés , même aux Cardinaux , fous peine d'ex-
communication encourue par l'effet , de jouir de
la dépouille des Moines : mais il dit qu'à préfent
cette diftini5lion eft levée , èc que tous Abbés Com-
mendataires Cardinaux , ou autres , jouiffent de la
dépouille des Moines à l'exclulion du Monaftèie.
Foye:^ fur cette matière Févret à l'endroit marqué ,
6c les Auteurs qu'il cite , favoir , Chopin , de Polit,
L. 1 ,tit. 8 , «.13, Mornac. ad L, ^ , §. Et Ji hères
dig. de minoriéus , &CC.M. Louet & Jon Commen-
taire y litt.R. n. 41.
Les Papes n'accordent pas feulement des Béné-
fices en commende à des Clercs , en les difpcnfant
de l'âge & des autres qualités requifesi ilsdifpcn-
fent auiîi de la Cléricature des enfans qui font
dans le berceau , Jufqu'à ce qu'ils aient l'âge de
prendie la tonfure. Il fuffit d'expofer à Rome que
l'enfant eft deftinc à l'état Eccléiîaftique i & là - del-
fus on lui accorde des Bulles , dans lefquelles on
nomme un (Econome qui a foin du temporel feu-
lement jufqu'à ce que l'enfant ait été tonfurc. A^.
Adrniniflratorem Monaflerii in temporalibus follirn
donec prcediclus infans char acier e clericali injîgni-
tus fuerit.Ce Conihs termes de ces fortes de Bulles.
ifT Bénéfices en commende , font des Abbayes 6c
Prieurés rant fîmples que conventuels , qui font
■ données par le Pape , avec difpenfc de la régie ,
Refularia regularibus , fccculariafcecularihus.
^fT Quelques Cardinaux &c Abbés confèrent anlîî
en commende des bénéfices réguliers dont ils font
collateurs -, mais ce n'eft qu'en vertu d'induits par-
ticuliers des Papes revêtus de lettres patentes ente-
giftrées.
tfT II y a des commendes libres , & des commendes
dccrctces. Les commendes qu'on appelle décrétées
font celles dont les provifions contiennent le décret
irrirant, ou la claufe que le Bénéfice retournera en
règle -, c'eft-à-dire , qu'il fera conféré à un régulier
lors du décès de la démiffion ou réiignation du
titulaire pourvu en commende.
ÇCT Les co;7ZOTfn<i^^ libres font celles qui ne contien-
nent point cette claufe iiritante , & par lefquelles
le Bénéfice eft conféré purement &: lîmplement
avec difpenfe de la règle , regularia regularihus ,
^c.
ÇCT Celui qui pofTède un Bénéfice en commende dé-
crétée , ne peut réfigner en commende libre. Si le
féculier qui poflede en commende , fe fait reli-
gieux , fon Bénéfice devient vacant par fa profef-
fîo''.
COMMENDER.v, a. Donner ub Sçncficc en com-
C OM
mende, Tradere Beneficii Ecclejiajlici fidticiam. U
n'y a que le Pape qui puiffe commender un Béné-
fice -y le mettre en commende -, le tirer de la règle
pour en pourvoir un féculier. Ce mot ne fe dit
point.
Commender s'eft dit autrefois pour recommander,
&C la Fontaine l'a dit encore dans une Epitre à fe«
M. de Vendôme.
Mais dès qu'il vous arrivera
Le moindre mal, on me verra
Vite à Saint Germain de la Truitt
Frère fervant d'un autre Ermite ,
Quijera VAbbé de Chaulieu ,
Sur ce je vous comnaende à Dieu.
COMMENDERIE. Foye^ Commanderie.
COMMENDEUR. Toy^^ Commandeur.
COMMENSAL, adj. C'eft une épithète qui fe donne
aux Officiers du Roi qui ont bouche en Cour , pen-
dant qu'ils font de fervice. Convz7?or. Le privilège
du Committimus du grand Sceau n'étoit auttefois
attribué qu'aux Officiers Commensaux de la Maifon
du Roi. Les Commenfaux de la Maifon du Roi onc
leurs caufes commifes par devant MefTieurs les Maî-
tres des Requêtes de l'Hôtel, ou par devant MefTieurs
des Requêtes du Palais. Le mot Commenfaux fe
trouve éctit avec un ç dans la nouvelle pratique d«
M. Lange.
Ce mot vient du latin Commenfalis , 8c lignifie
proprement ceux qui mangent à la même table ;
c'eft dans ce fens que la Fontaine l'a employé dans
fes Fables,
Bertrand avec Raton, Tunjînge ^t autre chat ^
Commenfaux d'un logis avoient un commun maître^
La Font.
§3" On'z^çeWe commenfaux des 'Eseqnts , des Ec-
clélîaftiques qu'ils choifîffent pour les aider dans les
fondrions de leur miniftère , &; qui font ordinaire-
ment à leur fuite. C'eft pourquoi ils font dits in
comitatu.
COMMENSURABILITÉ, f. f. terme de Géométrie.
Rapport de deux quantités qui peuvent fe mefu-
rer par une mefure commune , fans laifîer aucua
refte.
COMMENSURABLE, adj. terme de Géométrie , fe
dit de deux quantités rapportées l'une à l'autre , qui
fe peuvent mefurer par une mefure commune , en
telle forte que la mefure étant plufieuts fois prife
fur l'une & fur l'autie, il n'y ait en l'une ni en
l'autre aucune partie de refte. fp" Les quantités ecm'
menfurables font celles qui ont quelque partie ali-
quote commune , qui ont un rapport de nombte
à nombre. Ainfî un pas , & une toife font commen-
furables , parce que l'on peut donner une troifième
quantité pour mefurer l'un & l'autre : le demi-pic ,
par exemple , pris cinq fois , fait le pas , & pris 1 2 ,
il fait la toife. Euclidc au livre 10 des Elémens 3.
traité des giandeurs commenfurables Scincommen-
furables.
0C? Les nombres commenfurables font ceux qui ont
quelqu'auttes nombres qui les mefurent exadement,
on les divife fans tcfte. (î Se 8 font commenfurables
l'un par rapport à l'autre , parce que z les divife.
Ce mor vient de commenÇurabdis , commenfura ^
de la baffe latinité , fait de menfura , metior.
(fT COMMENT , f. m. ample commentaire. Rabe-
lais s'eft fervi de ce mot.
COMMENT, de quelle manière, de quelle forte. Quo*
modo, quo pacîo , quâ ratione. Comment tout le
monde fe porte-t-il chez vous î Co/Tzœe;:/ avcz-vous
parte la journée î II ne m'a pu dire comment cela
s'eft paflc. Vaugelas a remarqué qu'on peut dire
quelquefois indifféremment comme & comment; par
exemple, vous favez comme il faut faire, ou com'
ment il faut faire. Mais fouventcela feroit une équi-
voque. Quand on dit, voyez comment il travaille «
cela tombe fw U »pai)içiç 4«^ U wavwiie : ôc ^
C O M
l'on dît en raillant , voyez comme il travaille ,
cela tombe fur la perlonne , èc fait entendre que
celui qui doit travailler , ne travaille poiat, ou qu^il
ne travaille point comme il faut. Chev.
|ÎCr Comment fe dit fouvent par forme defubftan-
tif. En toute matière , le comment eft toujours le
point de la difficulté. Le coimnait des myftères ell:
auffi impénétrable que le myftcre même. 11 ne s'agit
pas d'examiner h comment àz;^ myûcïss, mais la
. certitude de leur révélation. Fenelon.
Comment fert aufïi d'exclamation. On l'emploie pour
exprimer quelque mouvement de l'ame -, comme
lorfque l'on eft étonné ou indigné de quelque chofe.
Comment eft-il poffible qu'il y ait des hommes fi
Icélérats ! Comment avez-vous lahardiefle de me par-
ler de la forte ?
Comment fignifie quelquefois , comme. Tous les ti-
tres des Chapitres des anciens Romans ScHiftoriens
commencent ainii , comment le Roi Périon , &c.
^ Comment Amadis , &c. En ce fcns il vieillit,
"Comment fignifîe au/fi quelquefois, pourquoi, par
quelle TziCoïl.-Quare, quianam. Je ne puis compren-
dre comment il a rompu avec moi. Si cela eft , com-
ment lui avez-vous demandé cette fomme î Com-
ment vous adreffez-vous à moi , plutôt qu'à un autre.
^COMMENTAIRE, f.m. Interprétation ,^ ou explica-
tion du texte d'un Auteur obfcur , ou difficile ,
pour le rendre plus intelligible, plus clair, poui
iuppléer à ce qu'il n'a pas " bien expliqué , ou qu'il
luppoibit être connu. fJCF Eclairciflément ilir
les endroits obfcurs d'un Auteu-r. La g/ofe dif-
fère du commentaire en ce qu'elle eft plus littéral le
& fe fait prelquemot à mot. Ls commentaire eft
plus libre & nîoins aflujetti à la lettre, commenta-
nus , commentariiim ,fcriptoris alicujus interpreta-
tio, explanatio. Ces fortes d'eclairciffemens font
aflcz ordinairement diffus fut ce qui s'entend ai-
fément , & gardent le lilcnce fur les endroits diffi-
ciles. Savilius a fait un commentaire de 500 pages
in-quarto , pour expliquer les huit premières p\o-
poiitions d'Euclide. C'eft la pareffe des hommes qui
a engagé les Savans à faire des commentaires fur
les Anciens Auteurs les plus obfcurs. LePere Jou-
vency , Jéfuite , a fait de favans Commentaires pour
la jeuneife fur Horace , Juvenal , Perfe , Martial &
Senéque.
Commentaire fe dit auffi de quelques Hiftoires écri-
tes par ceux qui ont eu la plus grande part aux
faits qui y font rapportés , comme les commentai-
res de Céfar , de Montluc. Commentarii. On a quel-
quefois appelé commentaires , des Livres compo-
fés fur un fujet particulier. Kepler a écrit un excel-
lent Livre de commentaires de Mars , qui con-
tient les obfervations des mouvemens de cette Pla-
nète,
Commentaire fe dit figurément de l'addition que
fait à une Hiftoire , ou à un Conte , celui qui
la récite-, des diverfes réflexions & raifonnemens
que chacun fait à fa fantaifie fur les aétions d'au-
truiigCT" de l'interprétation, ordinairement ma-
ligne, qu'on donne aux difcours ou aux aélions
d'autrui. Avouez-le , votre fonnet étoit bien mal
fans commentaire. G. G. J'ai entendu réciter cette
affaire autrement, ce que vous dites eft un com-
mentaire que vous y faites. Quand Charles-Quint
fit fon abdication , les peuples rirent d'étranges com-
mentaires fur fa retraire.
^CF ^Commentaire a lignifié autrefois des tablettes^
ou un livret où l'on écrivoit ce qu'on craignoit
d'oublier,
tp- COMMENT ARIEN SIS S A\\. terme d'Hiftoirean-
cienne. Durement latin. Celui qui tenoit un régître.
COMMENTATEUR, f m. Celui qui fait un com-
mentaire» Voye^ ce mot. Alicujus j'criptoris inter-
pres. Prefque tous les Commentateurs expliquent
les légères difficultés de leur texte , & pailént par
dejfus les grandes. Il arrive d'ordinaire qu'un Com-
mentateur fe confume à fuppofer à fon Auteur des
beautés auxquelles il n'a point fongé , Se à l'enrichir
CÔM
de fes propies penfécs.S. Evr, Les Commentateur^
rebutent , parce qu'ils font trop abondans , & d'or-
dinaire chargés d'une vaine & faftueufe érudirion»
La Bruy. Les Commentateurs , peuple liipcrlH-
tieux, admirent toutes les expreilions d'un Auteuc
qu'ils ont choili pour l'objet de leur culte. F»n-
ten. Bien fouVent des Commentateurs cntaflcnt une
litCérarure mal choifie , qui ne fert qu'à fàtii^uer les
Lecteurs , & s'amufent à prouver des choies qu'il
vaudroit mieux ignorer éternellement , que d'avoir
la peine de les lire. S. Evr.
COMMENTATRICE, f f. Mot nouveau qui fignifîe
celle qui a fait un commentaire. Au talent Poétique
de M. de la Morte, M. Fourmont fubftituelegoût
pour la Poëlie dans Madame Dacier , & il prétend
que la qualité d'imitateur eft balancée par celle de
commentatrice. ]qxjki<i. des Sav. 17KJ.
COMMENTER, v. a. Faire un commentaire. Scrip-
torem aliqucm commentari, interpretari, Pcrérius
a commenté la Genèfe. Maldonat , a commenté les;
Evangiles. Cornélius à Lapide a commenté les Epi-
tresde S. Paul.
^fT CoMATENTER eft aUfT) neutre, & fignifie tournée
en mauvaife parc, inrerprétet malignement. Daris
cette acception il fe met avec la prépofition fur.
Il ne faut point commenter fur les adtions des
autres, ,
|ICF Erantpris abfolument , il fignifie ajouter mali-
gnement quelque chofe à la vérité. Il commente
un peu , il en dit plus qu'il n'y en a. Comminifci ,
dicendo ampUjicare,
Commenté , ée. parr.
Tous ces mors viennent du latin commentor , com-
mentatus Jum,
COMMER. V. n. Faire une comparaifon , dire qu'une
chofe eft comme une autre. Il ne fe dit qu'en ftyle
familier. Comparare , comparationem injiituere^ Je
vous prie , Monfieur , ne commuons point ; ne fai-
fons point de comparaifon. Ce mor peut venir de
comme^ Quand on veut faire quelque comparaifon
on dit comme. J'ai trouvé dans une des dernières
Editions de Montagne ( liv. i , chap. 10 un peu
avant la fin ) Si je ne conte bien , qu'un autre conte
pour moi. Mais dans toutes les plus anciennes il y
a, Si ]e ne comme bien, qu'un autre comme pour
moi , c'eft-à-dire , fi je ne fais pas une application
jufte & raifonnable des exemples qui me tombent
fous la main , qu'un autre les applique pour moi. Le
verbe iommer n'eft pas encore tout-à-fait hors d'u-
fage ;5c il faudroit le conferver fi l'on n'en a point
d'autre à mettre à la place. Nos percs étoient plus
fages que nous fur cet article. Ils faifoient des mots ,
quand ils en avoient befoin, pour exprimer leui:s
penfées d'une manière vive & courre j & ils ne fe
dégoûtoient point de ceux dont ils avoient ac-
tuellement befoin. M. Coste , note 1 8 fur le chap,
cité,
COMMERÇABLE. ad). Qui peut être commercé aifé-
menr. Rien n'eft plus commerçable que les billers
des bons Banquiers. |ic? On ne le dit guère que
des billets & autres effets qui entrent dans le com-
merce.
COMMERÇANT , ANTE. C. Celui ou celle qui com-
merce en gros. Un bon commerçant , lin riche corn-
merçant.
§3" COMMERCE , f m. fignifie en général commu-
nication réciproque, &: plus parriculièrementcom-:
munication que les hommes fe font entr'euxde leurs
marchandifes, ordinairement par vente & par achat,
Commercium. Un tel Banquier fait un grand com-
merce d'argent. Ce Marchand fait le commerce tx}.
gros i celui ci ne le fait qu'en détail, ht commerce
d'Orient eft celui qui fe fait par la Méditerranée à
Alexandrie , à Smyrne , à Alep. Le commerce des
Indes , celui qui fe fait à Surate , à Batavia. Le
commerce du Nord , celui qui fe fait à Lubec, Dant-
zic , à Atchangel , &c. Toute la richeffe des Hol-
landois vient d'avoir bien fair le commerce. Le Con-
fui du Caire eft celui qui fait to-ut le commerce da
C O M
72.0
fcnc. Anciennemeni tout le commence fe faifoit par
échange. Dac. Scipion , le defttudeui: de Nu-
mance", peut-èue pour évher iulqu'à l'ombre du
nc2;oce & du comincrcs :, n'acheta &; ne veiaditja-
ma'is rien pendant 54 ans qu'il vécue. Voye^ plu-
fieurs choies fur le commera dans les Injtuuts du
Droit Cunjulaire ^0.1 jeanToubeau.
03=- Le îiegocc, dit M. l'Abbé Ghatd, regarde les
affaires de banque &c de marchandiies. Le com-
merce & le trafic ne regardent que celles de mar-
chandiies i avec cette différence , ce me lemble , que
le commerce lé tait plus par vente ôc par achat i &:
le trafic par échange.
Il y a environ 600 ans que les AUeraans & Ita-
liens ranimèrent le commerce , prelque éteint dans
l'Europe par les guerres continu-Iles , & ihr tout
par les pirateries "des Normans. Le commerce des
Italiens fe faifoit à Alexandrie , & dans les ports
de Syrie ; ils en apportoient des épiceries , des
drogues, des foies, qu'ils achetoient des Arabes,
maîtres de l'Egypte , de la Syrie 5c d.e la Perfe ,
& qui de leur" côté trafiquoient avec les Indiens
& les Chinois. Ce commerce des Italiens étoit un
îefte de celui que les Romains &: les Grecs avoienc
fait dans les mêmes lieux : c'cfl: à ce commerce que
les fameulés Républiques de Venilé, de Gênes ,
de Pilé ^ de Florence , durent leur accroilfcmenc
&: leur éclat. Le trafic des Allemans ne vcnoit pas
des Romains , il étoit plus ancien, &: s'étoit tou;ours
foûtenu. Vers la fin du XIF liccle les villes d'Al-
lemagne fituées fur la mer Baltique , & les groiks
rivières qui s'y rendent , commerçoient beaucoup
dans les Etats voilins. Comme leur commerce étoit
fouvent troublé par les pirates, foixante & douze
de ces villes s'unirent enkmble , pour fe dépendre ,
& furent appelées Anfeatiques du vieux mot Tu-
defque , anfa , qui fignifie confédération , comme
M. Leibnitz l'a monué. Lem commerce Reunt]ui-
ques vers le commencement du XVI' fiècle , ou la
fin du XV'. La divilion qui fe mit entre ces villes ,
à peu près au même temps de la découverte que
firent les Portugais d'une nouvelle route pour aller
aux Indes par le Cap de bonne Efpérance, fit tom-
ber le commerce des Italiens. Celle de l'Amérique ,
&: des mines du Pérou & du Mexique , fit tour-
ner de ce côté -, Cadix & Séville devinrent le centre
de ce riche commerce. Le commerce d'Europe n'en
fouffirit point, le Nord & le Midi ont mutuelle
ment belbin l'un de l'autre. La navigatioti depuis
la mer Baltique jufqu'à la Méditerranée éioit longu.-
&: difficile. La fituation de la Flandre , les manu-
fadures qui y fleurillbienr depuis le X'^ fièclc, &
les foires franches de ce pays, engagèrent les Né-
çocians du Midi & du Nord à établir leurs ma
gafins dans Bruges , 6i puis dans Anvers. L'ctablif
fement de la République de Hollande , l'accueil
favorable qu'elle fair aux étrangers, le refuge qu'elle
donne aux Religionnaires , y ort attiré les ouvriers ,
les manufaâ;urcs , & fait périr le commerce d'An-
vers , qui l'emportoit beaucoup fur Amfterdam.
Les mêmes railbns 5«: la commodité de la multi-
tude des ports d'Angleterre, la bonté des laines,
l'induftrie des ouvriers , y ont fait palier une grande
partie du commerce. Voyez le grand Tréfor hido-
rique & polirique du floriffant commerce des Hol-
landois , ùc. Le F Chap. de ce Livre eft une Hi-
ftoire curieufe du commerce d'Europe.
^ Lt commerce , confidcré par rapport au corps po-
litique , eft proprement la circulation intérieure des
denrées d'un pays ou de fes colonies , l'exportation
de leur fuperflu , & l'importation des denrées érran-
gères , foit pour confommer , foit pour les réex-
porter. Encyc.
|Cr Ce commerce fe divife en intérieur & exté-
rieur.
^ Le commerce intérieur efl: celui que les Sujets
d'un Prince font enrr'eux , dans l'étendue feule-
- ment du même état dont ils font Suicts. Cette cir-
i «ulation extérieure eft la cofommation que les Ci-
COM
toyens font des produdfions de leurs terres & de
leur induftrie.
^3" Le co/iimerce extérieur eft celui qu'une fociété
politique tait avec les autres. Il renferme toutes
les elpèces de commerces , foit par terre, foit pat
mer , que les Sujets du même Etat ont cout-.me
de faire au de-là de fa frontière.
lyy Le commerce précaire eft celui qui fe fait par une
nation avec une autre qui eft fon ennemie, par le
moyen d'un troifième qui eft neutre , & qui veut
bien fouffrir qu'on emprunte fes terres Si fon nom
pour le laire.
Commerce fignifie aufll la correfpondance , l'in-
telligence qui eft entre les Etats. Les An.^ois ont
rompu tout commerce avec la France. On a rap-
pelé l'Ambaffadeur çl'Efpagne ; il n'y a plus de
• commerce entre ces deux Nations.
Commerce fe dit auffi de la correfpondance j de l'in-
telligence qui eft entre les particuliers, foit pour
des affaires particulières ou fimplement pour en-
tretenir l'amitié. Ce Savant a commercé avec tous
les habiles gens de l'Europe. Ces amis onr un com-
merce d'cfprit & d'amitié enfemble. Il y a quel-
que chafe de plus aifé & de plus poli , dans le
commerce des femmes , que dans celui des hommes.
S. EvR, Nos yeux faifoient un commerce continuel
de regards éloqucns. Vill,
Ori dit, en ce fens , le commerce de la vie, le
commerce du monde , en parlant des choies
qui entretiennent la fociété civile , des manières
d'agir qui s'oblérvent dans le monde. La fcicnce
commence un honnête homme , &: le commerce du
monde l'achève. S. Evr. La vie de la plupart des
hommes n'eft qu'un commerce de complimens &
de flarerie , pour fe tromper les uns les autres.
Beii.. La providence entretient la charité parmi
les hommes , par le commerce de fetours &; d'af-
fiftances mutuelles qu'ils fe rendent. Fiéch. Le
monde eft un commerce d'apparence de bonne foi
& de tendreffe. S. Evr. Il n'eft pas néceffaire de
rompre tout commerce avec les hommes pour s'u-
nir à Dieu. Id, Les beaux efprits ne font pas tou-
jours les plus commodes pour le commerce. Beh.
La nature donne une partie de l'efprit, & \z com-
merce du monde donne l'autre. Le Ch. de Mer.
On dit qu'un homme eft de bon ccm.merce ; pour
dire, qu'il eft d'agréable fociété -, & d'un commerce
sûr , pour dire qu'on peut fc fier à lui , lui con-
fier un fecret.
Enfin pour finir fur ccli ,
Catulle, Titul/e , Froperce^
Et 3,en$ de ce calitre-là.
Sont tous d'un afifie^ bon commerce,
P. Du Cerc.
Le mot de commerce , en nr>tre langue , eft de foi
indifférent au bien Se au mal , & c'eft le terme qu'on
y joint , ou la matière dont il s'agit, qui le dé-
termine à l'un ou à l'autre -, ainfi nous difons en
ce qui regarde les mœurs , un bon commerce , un
mauvais commerce , un commerce innocent , un coot-
OTcrre légitime , un coOTWfTce illicite, un commerce
de débauche , un commerce d'efprir , un commerce
de lettres. Dans tous ces exemples le terme qui eft
Joint à commerce en détermine la fignification.
Dans les exemples fuivans, c'eft la matière j un tel
fréquente une telle femme , dont la conduite n'eft
point régulière : il a commerce avec elle , ils ont
commerce enfemble. Il eft dangereux d'avoir com-
merce avec les femmes débauchées. En ces cas-là ,
commerce donne une mauvaife idée , parce que la
matière eft mauvaife d'elle-même : mais je dirois
en parlant d'un homme fage & d'une femme ver-
tueulé, qui s'écrivent très-fouvenr, ils ont un grand
commerce, cela ne laiffe rien pcnfcr de mauvais. La
matière détermine auffi à un fens honnête le m.ot
de commerce , lorfqu'il s'agit du mariage \ ainfi on
peut dire, Saint Henry 6c fa femme viv oient comme
frère-
C 0 XI
Go M
frère & fœur , ils n'avoient point de commerce en.
femblc , ils ont été plufieurs années cnlemble lans
avoir aucim commerce. DànS ces exemples,co/«wtTCt?
s'enrenrl d'un commerce légitime, & ce mot pla-
cé , comme il eft , ne préfcnte à l'el'firit aucune idée
de débauche -, c'eft donc à tort que quelques Cri-
tiques fe iônt Icandalilcs de cette expreHion du
NouveaU-Teil:ameht traduit par le P. Bouhours :
Marie ia mère ayant été mariée à Jofeph lé trouva
enceinte /;^r la vertu du S. Efprit, avant qu'ih
eufTent commerce ertfemble , comme fi le mot de
■ xommer'ce bleflbit leS oreilles chaftes , & devoir
patîér pour une impropriété & un terme des-
honnète.
CoMMEtiCE fe dit encore en Philbfophie de la cor-
relpond.ince mutuelle de l'ame & dii corps , c'eft-à-
dire , de l'adion de l'ame fur le corps , bc du corps
fur l'ame. Ce commerce peut être conçu dé deux
fortes , comme phyiiquc ou moral. Commerce phy-
fîque de l'ame & du corps , c'eft , comme je l'ai
dit , l'a-élion mutuelle du corps & de l'ame l'un
fur l'autre. Le commercé mdral eft celui qui
feroit , s'il n'y avoit que des caufes occafionnel-
îes , c'eft-à-dirÈ, fi c'étoit Dieu qui, à l'occa-
iîon de certains mouvemens du corps , produi-
sît en l'ame certaines perceptions ou fentimens j
& à l'occafion de certaines perceptions , cer-
tains mouvemens dans le corps. Ce commerce mo-
ral eft une chimère dangereufe en matière de Re-
ligion & de mœurs , & qui dérruit abfolument la
volonté , la liberté , Ic mérité & le démérité , &
toutes les vertus & les mœurs.
Commerce, f. m. Jeu de cartes qui fe joue avec le
grand jeu complet, & depuis trois perfonnes jul-
qu'à huit ou neuf. L'as eft la première carte , &
les autres fuivent à l'ordinaire : on en donne à
chacun ttois. Chacun met devant foi un pareil
nombte de jetons appiécics à ce qu'on veut. Cha-
cun vife à avoir rricon , féquence , ou le point -,
car ee font les uniques chofes qui gagnent. Le tricon
l'emporte fur tout , la féquence après , & le ^loint
le dernier. Pour parvenir à cet avantage , on com-
merce avec le Banquier , c'eft-à-dire , celui qui a fait ,
en changeant une de fes cartes contie une du talon
qu'il voLis délivre , & lorfqu'ôn a trouvé ce que
l'on cherche , on déclare qu'on s'y tient. Ce jeu
fe joue quelquefois d'une manière bien pliis com-
pliquée , iTiais quelquefois moins.
COMMERCER, v. n. Faire commerce. Habere com-
merciiim. Ce Banquier commerce d'argenr. Ce Mar-
chand ne commerce que d'épicerie , que de foies ,
&c. Commercer aux Indes, dans le Levanr.
COMMERCI. Ville de Lorraine , capitale d'une Sei-
gneurie de même nom. Commerclum, Commercia-
cum. La Seigneurie de Commerci eft dans le Du-
ché de Bar. La ville de Commerci eft fur la
Meufei
COMMÈRE, f. f. Celle c^ui a tenu avec quelqu'un
un enfant fur les fonts de Baptême. Quce piierum
de facro fonce Jujcepit ; Matrina. Celui qui a été
le parrain d'un enfant , eft le compère de celle qui
en eft la marraine , & réciproquement la marraine
eft la commeré de celui qui en a été le parrain*
Le père &c la mete de l'enfant font compères &
commères ée ceux qui ont été parrains du mar-
raines de leurs enfans. Il y a alliance fpirituelle
entre le père de l'enfant & la comniere qui a fervi
de martaine -, ils ne fe peuvent marier fans dif-
penfe. Le Pape Etienne appelle fouvent dans fes
lettres le Roi Philippe fon compère & la Reine
Bertrade fa commère , & les deux Princes leurs fils
fes enfans fpiriruels ; ce qui fait croire qu'il fut
leur parrain , & montre que ccS noms confacrés
par la Religion étoient alors des titres d'honneur
ou du moins qu'ils n'étoient point du ftylé bas
& familier , comme aujourd'hui.
-CoMMERE. Ce mot , auflî-bien que celui de compère ,
fe dit dans les apologues , des animaux entre Jef-
quels on fuppofe de l'union &c de l'amitié.
Tome lié
^U
Uonâe etoit franfpartnte i
Ma commère la carpe y faifoit mille touYS
Avec le brochet fon compefe. La Font.
CoMMERE fe dit auffi d'une femme de bafle condi-
tion qui fait l'entendue , qui parle de tout à tort
& à travers , ôc qui veut lavoir toutes les nouvelles
du quartier. Mulier jaciuofa , jaciabunda , ojlen-
larix , alicujus inter fuos fuajque nominis, Cbn-
noifléz-vous cette femme ? c'eft une commère , une
vraie commère. On dit aulfi , d'une femme i c'eft
une bonne commère ; pour dire , qu'elle eft hardie
& rufée , qu'elle va à feS fins fans fe mettre en peine
de rien.
On dit proverbialement , tout va par compère
&'par commère ; pour dire , que c'eft la faveur Se la
recommandation qui font tout.
COMMETTAGE, f. m. terme de Cordier. Réunion
de plufieurs fils , de plufieurs torons ou cordbns
par le tortillement.
COMMETTANT, f. m. Terme de Commerce & de
Pratique. Celui qui donne à un autre commillion
de faire quelque chofe. Son commettant lui a donné
ordre d'acheter telles matchandilés.
^3" Commettant fe dit aUlfi en termes de Né^o-
ciarions.
(fT COMMETTEÛR , f. m. ternie de Cordetie. Ce-
lui qui commet. Foye:^ Commettre , terme de
Corderie.
COMMETTRE, v. â. §3" qui a plufieurs acceptions.
Il eft fynonyme à faire : mais alors il ne le prend
qu'en mauvaife part , & ne fe dit qUe de ce qui
eft péché , crime ou faute. Commettre un crime ,
une faute , une mauvaife at^ion. Faire eft plus gé-
néral 5 & fe dit des aélions bonnes & mauvailes.
On ne peut pas dire commettre une bonhe aétions
Facinns ,fcelUs ,fiagLtiuni committere , admittere ;
fcclere obfirmgere. Il a cotnmis une méchante ac-
tion , un crime , une faUté légère , une irrévérence
dans l'Eglife. C'eft commettre une incivilité que ,
&c. commettre un afiairmat.
Commettre fignifie auHi , confieir quelqiie choftf^
à la prudence, à la fidélité de qiielqu'un. ^/i^w/^
priidentiiz , fiiei alicujus committere , credere , con-
credere. Cet homme eft habile, on peut commettre
à fes foins les chofes les plus importantes. Il a
commis la conduite de fon fils aux foins , à la vi-
gilance de ce Gouverneur. On lui d commis le foin
de cette affaire.
Commettre fignifie aullî , employer à quelque ire-
couvrement , prépofer pour quelque aflFaire. Rerri
aliquam alicui corrirhittere , mandare , demandare i
praponcre aliquem alicui rei. Ce Financier a ccm~
mis plufieurs perfonnes en plufieurs Bureaux pour
la recette des droits du Roi. Il a été commis pour
avoir foin , &c.
Commettre fignifie encore, donner pouvoir d'exer-
cer une charge de Judicature i ou autre charge ,
en là place" d'un Titulaire. Vicarids alicujus
partes dlteri tradere. On a interdit un tel Bailli *
& on a commis un tel pour l'exercice de fa charge.
S'il néglige de fe faire recevoir , on commettra i
fa place. Un Intendant a pouvoir de commettre 8c
de fubdéléguer. Commettre quelqu'un à une charge,
à un emploi. On ne le dit que des perfonnes.
Commettre fe dit aulTi au Palais, du pouvoir qui
eft donné par les Juges à des Officiers parricu-
liers de leurs Corps , ou à des érrangers , de faire le
rapport ou l'inftruâiion d'une affaire. Curdm , ne-
f^otium. mandare , demandare. Le Pape commet des
Prélats du Royaume pour juger des appella-
tions qui lui font dévolues , pour faire la fulmi-
nation de fes Bulles. Les Préfidens commettent des
Confeillers pour faire des informations , des in-
ftrufbions à la barre des adjudications , pour voir
des procès , les examiner , & en faire le rapport.
Ils com.mettent des Juges de la Province pour faire
des vifites , des defcentes , des arpentages , pour
Y Y y y
^1% COM
avoir des ccIairciiTemens fur les affaires. CelT: M.
le Chancelier qui commei les Rappottei^rs au Con-
feil.
Commettre , tn ce dernier fens , Te dit aulTi quel-
quetbis ablblument. C'eft aujourd'hui que M. le
Chancelier commet , pour dire , c'eft aujourd'hui
que M. le Chancelier homme ceux qui doivent rap-
porter les inftances devant lui.
On dit aufTi commettre quelqu'un ; pour dire ,
rexpofer à recevoir quelque mortification , quel-
que revers. Aliquem periculo alicui exponere.
N'ayez pas peur que je vous commette jamais. Sur
tout je vous prie de ne me point commettre. ffT Se
commettre. S'expofer à recevoir quelque mortifica-
tion , à tomber dans le mépris. Un Ambairadeur ,
Un homme chargé d'une procuration fe commet
quand il excède fes pouvoirs. C'eft fe commettre
que de fe mefurer avec des gens de la lie du peuple.
On dit tncou- , commettre àznx perfonnes l'une
avec l'autre \ pour dire , les mettre mal enfemble ,
ou les expofcr à fe brouiller. Committere duos ho-
mines inier fe. Il a fort imprudemment commis le
ficre avec le fils. C'çft un indifcret qui commet tous
es jours fes meilleurs amis les uns avec les aurrcs.
Se commettre avec quelqu'un , fe mettre au hazard
d'avoir une affaire , un démêle , de fe brouiller
avec lui.
On dit auffi commettre le nom & l'autorité de
quelqu'un -, pour dire , les employer en des chofes
de peu de confcquence, oulcs expofcr mal- à-pro-
pos au mépris de ceux auprès defquels on les em-
ploie. Alicujus aucloritatem temerè exponere.
Dans un fens à-peu-près femblablc , on dit ,
comrîiettre les armes au Prince , commettre la fortu-
ne de l'Etat ; pour dire , les expofer raal-à-propos
au hazard.
IJCF Commettre fon fief, terlne de Jurifprudencc
féodale. Encourir la confifcation de fon fief. Pour
l'explicaticîn , yoye^ Commise.
Commettre , terme de Cordier. Réunir plufieurs fils
par le tortillement, pour faire des ficelles, des
torons , des aulUères , des cordons , des grelins. On
dit- commettre une corde •, une corde bien com-
mife , &c. L'ouvrier qui commet , qui réunit ces
fils , s'appelle commetteur.
COMMIS 5 ISE. part. & adj. Commiffus , admiffus.
Crime commis. Juge commis. Affaire commife. On
le dit auffi en terme de Corderie. Corde commife.
Voyez Commettre.
On dit auffi, qu'une perfonne ou une commu-
nauté ont leurs caufes commifes , quand elles ont
droit ou privilège de plaider en certaine juridic-
tion. Ainfi ceux qui ont un droit de committimus ,
ont leurs caufes commifes aux requêtes du Palais ,
de l'Hôtel , &c. L'Univerfitc a fes caufes commifes
au Châtelet de Pafis. Les Religieux de Cluni &
de S. Maur , 6c prefque toutes les Congrégations
les ont commifes au Grand Confeil.
Commis [droit de) , terme de Coutumes , de Palais,
&c. C'eft une efpèce de confifcation de quelque
bien , poui félonie , fraude , trahifon , ou autre
caufe femblable. f^^oye^^ Commise.
^ COMMILITON. f. m. CommUito. Terme de
Milice romaine. Qui porte les armes avec un au-
tre -, foldat de la même armée , &: plus particuliè-
rement , foldat de la même légion , de la même
cohorte , de la même centurie , &c. Au lieu de ce
mot, nous difons camarade.
COMMINATION. f. f. Ce mot fe trouve dans Ta-
chard , pour fignifier menace. Comminatio. Il n'eft
pas d'ufan;e.
COMMINATOIRE , f. m. &: ad;, terme de Palais.
Claufe oppofée dans une loi , dans un arrêt , dans
une lettre de chancellerie , qui porre une peine
dont on menace les contrevenans , qu'on n'exé-
cute pourtant pas à la rigueur. Commmationem
continens , Comminatorius. Quand on enjoint à un
banni de garder fon ban à peine de la hart , c'eft
une peine Comminatoire , on ne le pend pas pour
COM
cela quand il ne l'obferve pas ■■, mai? op lui fait \jnè
itérative injondion de le garder : & le temps de
fon ban n'eft compté que du j our du fécond arrêt.
IjCf" On appelle peines comminatoires , celles qui
font prononcées en termes vagues & généraux j
&c qui font plutôt impofées dans le deffein d'arrê-
ter la licence , ou d'empêcher la contravention j
que dans la vue d'infliger une punition irrévoca-
ble.
gCT Les claufes pénales inférées dans les aéleSjfont
ordinairement comminatoires , à moins que leur
inexécution ne caufe un dommage réel à la partie
intéreffée.
ifT Cenlure comminatoire ; uti Su|5érieur Eccléfiafti-
que menace ceujc qui contreviendront à fes loix;
elle n'eft pas encourue par le leul fait , il faut ijne
fentence du'Supéricur.
Ce mot T'icnt du verbe comminari , menacer ,
qui vient de mina , minarum , menaces.
COMMINER. v. n. Terme de Cafuiftcs , qui fe dit
en parlant des cenfures comminatoires. Menacer.
Comminari. Les Conférences d'Angers fè fervent
de ce mot , en parlant de l'excommunication com-
minatoire. Il eft en ufage chez les Canoniftcs pour
les cenfures qu'on appelle ferendx Jententice.
Comminé , Ée. parr.
ffj- COMMINGES. Foyei CoMiNeE.
COMMIS, f m. Celui qui eft charge par iin autre , de
quelque fonclion , quelque emploi, quelque ma-
niement cm recouvremenr dont il doit rendre
compte. Negotia Prt^fcius , Prccpojîtus , cui deman-
datum ef ne^otium^res commiffa ; Vicarius,qui vi-
ces alterius s,erit , vicariam alteri operam impendit.
Les Secrétaires d'état , les FinaHciers ont des Com'
mis dans leurs bureaux , des Commis a,ux portes i
aux douanes, des Commis ambulansj des Commis
aux recettes. Les GrefiBers , ont des Commis dans
les greffes. Les Commis au gretft du Confeil & dans
les Parlemens , font des Officiers titulaires. Les
Marchands appellent quelquefois Commis , leurs
facteurs , pour leur donner un nom honorable.
Sous-Commis eft celui qui travaille fous le Com*
m.is dans les affeires de fa coramiifion , ou qui les
fair à fa place.
Commis du grand comptant du Tréfor royal eO: celui
qui a le maniement des deniers royaux , Se qui
paie toutes les parties alfignées fur le Tréfor royal,
C'eft auffi le Commis du grand comptant qui donne
toutes les affighations aiix Tréforiers qui ont ^
reéevoir de lui. On le nomme auffi Caiffier dii
grand comptant. Chaque garde du Tréfor royal a
un Commis du grand comptant.
Commis du petit comptant. C'eft un Comrriis di^
Tréfor royal qui reçoit fes fonds du Commis du
gtand comptant, & qui paie toutes les patries au-»
deffous de looo liv. on le nomme auffi Caiffier dii
petit comptant.
Le premier Comw.is du Tréfor royal eft celui
qui préfehte la plume au Roi, lorfqueSa Majefté
arrête les rôles & l'état au vrai ; c'eft la raifon pour
laquelle il iouit de 1500 liv. de gages du Con-
feil, outte fes appointemens ordinaires.
^fT Commis des Fermes. On comprend fous ce nom
les Directeurs , les Receveurs , & tous les Prépofés
par les Fermiers des droits du Roi.
Commis aux descentes des fels. Ceux qui délivrent
le fel aux Officiers & Commis du grenier, lorf^ue
les voitures font arrivées au lieu de leur deftina-»
tion.
Commis tfKAT exercices, font des Employés dans les
Aides qui font la vifite chez les Cabaretiers, pour in-
ventorier & rouaner leur vin , &. examiner s'ils ne
font point la fraude. Les Commis des exercices aux
Aides doivenr être âgés de vingt ans au moins, Sc
font tenus de prêter fermenr pardevanr les Officiers
des éledtions où ils doivent être employés.
Commis des Traites, Ceux qui font aux bureaux des
tf aires dans les villes , ou aux portes & barrières ,
pour recevoir les droits du Roi,
c ô M
Commis eft aiifil le nom qu'on donne dans quelques
Communautés religicuJes, & principalement chez
les Bcnédidlins de la Congrégation de S. Maur ,
aux Artilles laïques , qui quittent le monde pnuc
fe donner à la Religion , &c qui s'engagent par un
contrat civil , à garder certaines règles , à s'occuper
félon l'ordre des Supérieurs , dans les arts &i mé-
tiers dont ils font capables, fans prendre l'habit
ni faire de vœux. Pierre Denys , ce fameux ou-
.vrier enfer, qui a fait de fi belles grilles d'égiiié,
& de fi fuperbes rampes d'efealier, fe donna Co/«-
mis à l'Abbaye de S. Denys , & après deux ans de
probation , il fit fon contrat de fiabilité en iiïpi ,
& niourut en 17355 âgé de 75 ans. Le Commis
travaille fous les ordres du Prieur ou du Procu-
reur. C'eft ce qu'on appelle dans d'autres ordres,
un Donné ou un Oilat. Dans l'Abbaye de S. Waail
d'Arras, \ç Commis OlWX ouvrages eft chargé de la
fabrique , tant au dedans qu'au dehors du Mo-
naftère. P. Helyot , T. VI, p. 161.
Ce nom fe donne dans l'Ordre des Ermites de
S. Jérôme de l'Obfervance de Lombardie , à un
ordre ou degré de Frères lais qu'on y reçoit. Il y
a dans cet Ordre , outre les Frères convers , des
Frères Commis & des Donnés qui font des vœux.
P, Hr.LYOT, T. Illt c. 00 , pag. 455, Les Auguftins
déchauilés de la Congrégation de France , appel-
lent auifi leurs Frères lais , les Frères Commit.
COMMISE , f, f terme de Jurifprudence féodale,
§3" Confilcation faite au profit d'un Seigneur
féodal , d'unfief pour félonie ,ou défaveu de la part
d'un valfal envers fon Seigneur, Commijji culpa ,
cujus no'mine prccdium dynajîcs committuur , vin-
dicatur , commi^Jum. Cette commife eft appelée
conjijcanon dans la Coutume de Paris. Cependant
la corijijcaiion fe prend proprement pour l'adjudi-
cation qui fe fait au profit du Roi , ou du Seigneur
haut-juftieier , des biens d'un homme condamné à
mort naturelle ou civile, dans les coutumes où la
confifcation a lieu. Perrière.
^3' Les fiefs étoient originairement donnés à vie j &
comme ils procédoient de la feule libéralité des
donateurs , ils étoient appelés bénéfices , & la do-
nation par conféquent pouvoir ctfe révoquée
pour caufe d'ingratitude des valfaux envers leurs
Seigneurs : &: quoiqu'il y air long temps que les
fiefs foient poffédés en pleine propriéré , & ibicnt
héréditaires comme les autres biens, ils font tou-
jours regardes comme une elpèce de dépendance
des Seigneurs de qui ils relèvent 5 comme <î en ef-
fet les propriétaires ile les poffédoicnt que par
leur bienfair. De-là l'uiage de la commjfe , qui n'eft
que la réverfion des fiefs aux Seigneurs, caulee par
l'ingratitude des vailaux envers eux , a été conlér-
vé dans nos courûmes pour les fiefs, non pour les
rotures , pour lefquelles on ne doit point de foi Se
hommage , 8c qui n'ont point été données origi-
nairement à titre de bénéfices , comme les fiefs.
Ce mot vient de commijfum , qui fignifie conjifca-
tïon , dont il y a un titre exprès dans le digefte , qui
eft le 4 du i,() liv,
COMMISÉRATION , f. f, fentiment de cqmpaf-
iîon qu'on a pour quelque perfonne qui fouffte.
Commiferatio. Cette famille ruinée mérite de la
commifcration.hts foldats,à la prife d'une ville,
n'ont aucune commiferanon , ni pour l'âge ni pour
le fexe. Un bon Avocat doit porter les Juges à la
conimifération. Des airs fuperbes , ni une commifé-
ration affeéfée , ne conviennent point à un vain-
queur généreux. S. EvR. La commifiràtion eft pro-
pre & narurelle à la Tragédie. Id,
COMMISSAIRE, f m. DeUgatus , Commiffarius.
C'eft celui qui eft commis , délégué , prépofé pour
quelque fonélion particulière. On appelle généra-
lemenr Commi(faires , des perfonnes choifies , à
la prudence & à la capacité defquelles on a confié
le foin de quelque choie. Commiffariiis dicitur
perfona elecla, cujus fidei, prudenti» ac fokrtice
rts aliqua commiffa eji.
^ On s'eft fervi de ce mot pour fignifîer des Offi-
ciers publies qui ont des fondions ordinaires ar-
rachées à leurs charge?. Quelquefois ce terme a été
employé pour figniher des perlonnes qui ne font
chargées que pour un temps , de certains emplois
extraordinaires & limités. Ainfi ce rerme a parmi
nous les deux fignifications du mot Curacores chez
les Romains.
^T Quelquefois ce mot eft oppofc au titre d'office ,
comme quand il eft donné aux Intendansdes pro-
vinces , aux Juges choifis exrraordinairement pour
des fondions lunitées qui ne font point attachées à <
leurs offices : dans un autre fens il eft donné à des
Officiers de Compagnie, qui agiifent dans des
fondions ordinaires, qui leur font propres , atta-
chées à leurs offices & de leur compétence : mais
qui leur tombent en partage par le choix qui eft
fait d'eux entre leurs confrères.
Commissaire. Quand il s'agit de procès , d'affaires,,
c'eft un Juge à qui le Roi artribue un pouvoir
particulier Se extraordinaire, de Juger iouveraine-
ment certaines affaires en des Chambres ou deS
l^ureaux qu'il a établis à cet effet. RtcuperatoT'-,
delegatus Judex. Les Chambres de la Marine ,
des Francs-fiefs , la Chambre de Juftice , la Cham-
bre-Royale > font compofées de Comm^jj aires. On
a fait juger ce prilbnnier par des Commiffuires;
On lui a donné des Commijfaires. Plufieurs grands-
Seigneurs demandeur des Commi(faires aU Conlêil
pour juger leurs affaires particulières.
Ce mot vient de commuter e-, qui proprement
lignifie envoyer ejij'emble , & auffi charger quel-
qu'un de quelque choj'e , le commettre a quelque
cJioj'e ,pour faire quelque choj'e , lid en donner le
foin. M. de la Mare , dans ion Traité de PoUce: L,
I, T. XI, c. 3 , prétend que le nom Commiffaire
vient de contmitto , pris au premier Icns , & qu'il
fut donné aux Commiffaires ou Intendans , qui
s'envoyoient autrefois dans les Provinces, qui s'ap-
pelèrent d'abord M//z> Scenfuite Commiffî f, parce
qu'on les envoyoïr deux enfemble. Il convient
cependanr que ce mot ne fe trouve pas même dans
la balfe latinité. Les Commiffaires des quartiers
s'appeloient à Athènes Xaft7nç-Ki>r^o'.,S>c à Rome Ck-
ratores regionum urbis. M. de la Mare , dans l'on
Tr. dela^ Police, L. /, T. XI, les appelle Confeilîers-
Commifjdires-Enquiteurs & Examinateurs, il pré-
tend, f. 2, qu'ils ont été établis en France par-
les Romains , & corifervés par nos premiers Rois,
Il continue leur hiftoire dans les chapitres fuivans
jufqu'à nos temps. Au ch. 6 & j , {[ explique leurs
fondions -, au % & <)" leurs qualités & leur rano- ,
& au 10^ 'leurs privilèges. ,
On appelle auffi Commi^aiïes du Confei/ ,lçs
Maîtres des Requêtes , ou Confeillers d'Etat, que
M. le Chanceliet nomme, afin de difcuter une
affaire avec le Rapporteur , auxquels il en doit
communiquer avant d'en faire le rapport.
Commissaire eft aulli le Juge particulier qui eft
commis pour l'inftruélion d'une affaire, Leclus ,
legatus alicujus caufœ cognitor , difceptator. Quand
on appelle de l'Ordoarunce d'un Commiffaire avec
fondement, il ne peut plus être Rapporteur.
On appelle maintenant les Iniendans de Juftice,
Commiffaires dépârris en tel Province pour l'exécu-
tion des ordres de Sa Majefté. Legatus ad tuen-
dam in Provinciis Régis aucioritatem. On appelle
nu{[î' Commiffaires pour la revente du Domaine ,
ceux qui en font la nouvelle adjudication , & les
Juges nommés pour la réformation des Coutumes
des Eaux &c Forets.
Commissaires fe dit auffi des I^éputcs que le Roi
nomme de fa part , pour régler les limites , & tra-
vailler à l'exécution des Traftés de paix, ou autres
grandes affaires, avec ceux qui font nommés pour
le même effet par les Princes étrangers , afin de ta-'
cher de les régler à l'amiable. Legati de Umitibus
ac paclionibus jiatuendis.
On appelle grâods Commiffaires , au Parlement,
YYyyij
7^4
COM
(pr un certain nombre d'anciens Confeiilers (ils
doivent être dix ) qui travaillent avec le Prélident
dans le Palais , à l'examen & à la difculfion d'une
affaire importante. Telles Ibnt les affaires où il y a
au moins lîx chefs de demandes , appuyés par dif-
terens moyens, l'examen des comptes , les ordres
de créanciers, &c. Les grands Commifaircs jugent &
donnent arrêt. Scnatores antiquiores quihus ccrtis
de rébus fupremum ferre judicuim incurnbii.
Les petits Commiffaires , font des Conleillers
<léputés par la Cour , affcmblés chez le Prélident ,
qui dilcutent un procès , qui en voient Se exami-
nent les pièces , pour en faire enluite le rapport
en pleine Chambre. Legati toto è numéro Judices
antiqiiiores ad prccviam rei alicujus cognuionem.
Ce procès eft de petits Commijaires. On entre
aujourd'hui de Commifûires. Ce Confciller eft
ancien, il eft de Commifaires.
IP" C'eft ce c^u'on appelle travailler de grands Com-
miniiires , travailler de petits Commiffaires. Les
îîrands Commijfdires peuvent rendre arrêt : les pe-
tits n'en ont pas le droit. De-là, les cxpreilions,
procès jugé de grands Commijfaires , procès vu de
petits Commijfaires.
^ Commissaires aux Requêtes du Palais, Sont
des Membres du Parlement, kfquels , outre le
titre de Coniéillcrs , ont une commiUlon particu-
lière pour juger les affaires de ceux qui on: droit
■de comrniuimus. Un Commipiire à la barre du
Parlement, eft celui qui eft commis pour faire
quelque inftriidion ou adjudication, &c.
Commissaire eft auffi un Officier royal & fubal-
terne , qui a foin de tenir la main à l'exécution
des réglemens de Polic-e, Curator dij'ciplinx civilis
poliùc'iE. Les Commijfaires du Chatelet , Confeii-
lers du Roi , fe qualifient Commijfaires Enquiteurs
& Examinateurs. Ils font les informations, les
iccUés , les ordres de créanciers , l'examen des
comptes , vifites de Police & captures.
Commissaire aux Saijîes Réelles , eft un Officier
qui a ibin du régime des immeubles failis réelle-
ment, qui en fai\ faire les b'aux judiciaires, qui en
reçoit le revenu , &: qui en rend compte. Prœfeclus
tradendisfub cujtodiam bonis. Commiffaire auxjai-
/ïcs mol'iliaires , eft un gardien des meubles faifis ,
qui en empêche le dcpériffcment. Toute faifie
réelle ou exécution doit porter un établiffcment
de Commijjaire ou de gardien.
Commissaire fc dit en Allemagne, d'une perfonne
de la première diftinclion , députée par l'Empereur
pour préiider à la Diète de l'Empire. Cette place
de' Commijfuire de la Diète eft le pofte le plus ho-
norable que l'Empereur ait à fa nomination : juf-
que-là qu'un Commiffaire ne cède point le pas à
un Eledteur ■■, & fes inftruétions portent même que
lî un Roi paifoit à Ratilbonne , il ne doit point lui
céder. M. le Cardinal de Lamberg eut quelque dé-
ii^lé avec les Eledeurs à la Cour de Vienne , pour
avoir cédé le pas au Duc de Lorraine, qui, après
la paix de Ryfwic , paUbit par Ratiftjonne , pour
prendre portelfion de les Etats.
On ap\}e\lc Commifl'aires on gardiens, des per-
fonnes notoirement folvables qui fe chargent des
meubles faifis &c exécutés , pour les repréfcnter
lorfque la vente en eft ordonnée.
Commissaire Général de la Cavalerie. Officier prin-
cipal qui commande la Cavalerie légère, fous
l'autorité du Colonel Général (?i du Meftre de
Camp Général , ou en leur abfence. On appelle
fon Régiment, le Cowwi^/re général. Acad.Fr.
1740. C'eft lui qui a foin que tous les Officiers &:
Cavaliers foient dans le devoir, &: bien équipés,
qui fait les revues générales. Prafeclus equitum
levis armaturai ad tuendam militarem difciplinam.
Commissaire ordinaire des Guerres ou à la con-
duite , eft un Officier établi pour avoir Ibin de la po-
lice des Troupes dans la marche , de régler les éta-
pes Se les logemens j ôc qui fait faire les revues 6c re-
COM
montres. Armaturx militaris Infpeclor. Commiffaire
Provincial , Commiffaire extiaordinaire.
Il y a auffi des Commiffaires pour l'Artillerie. Bel-
licarum machinarum Curator ; pour les Vivres. An-
nonis militaris Pnefeclus. Le Commiffaire pour la
Marine eft un Officier fubordonné à l'Intendant de
la Marine, qui dans les ateliers de conftrudlion Se
dans les ports, doit prendre garde aux gardiens,
aux ouvriers , aux magalins, qui a foin de viliter les
livres de recette Se de dépenlé-, fait faire les armé-
niens & dcfarmemens , qui fur les vaiffeaux fait faire "
les revues , prêter les fermens, & fait faire l'inven-
taire des prifes. Prxfeclus rei navalis. Il y a encore
plulieurs autres Commiffaires , qu'on diftingue par
le nom des choies donc ils font chargés , comme
le Commiffaire général des fortifications , Commif-
faire pour l'enrôlement des Matelots , Commiffaire
des Montres en Hollande. Il y a encore en Hollande,
aulli-bien qu'en France , plulieurs Commiffaires dif-
férons.
Commissaire des Montres. C'eft un Officier en Hol-
lande , qui va faire les revues fur les vaiffeaux ,
lorfqu'il n'y a point de Confeiilers de l'Amirauté
qui puiffent y aller. Les HoUandois ont auffi des
Commiffaires dans tous leurs Ports , pour avoir
infpeétion fur les vaiffeaux des Provinces-Unies qui
y entrent, & qui en fortent,& faire exécuter les
réglemens rendus à cet égard-, &: un Commiffaire
des ventes, qui prend foin de faire publier, &C
mettre les affiches pour les ventes qui fe font pu-
bliquement de tout ce qui eft confifqué.
Ce mot eft auffi ufité parmi les Capucins 8t
quelques autres Religieux. Il fignifie celui qui eft
commis de la part du Père Général ou Provincial ,
pour régler les differens qui naiffentdans lesCou-
vens parmi les Religieux de leur Ordre. Legatus
à Super iore , ad componendas rixas ac contentiones.
Commissaire des Pauvres, eÇk un Bourgeois que l'on
commet pour recueillir les deniers de la taxe faite
pat le Buteau Général des Pauvres. Pauperum Qu<zf^
tor ararius. On reçoit tous les ans à Paris vingt-
huit de ces Commiffaires , qui ont foin, chacun dans
fa patoiffe, d'un certain nombre de Pauvres qu'oit
lui a marqués On ne reçoit guère de Marguilliers
qui n'aient été Commiffaires des Pauvres : c'eft le
premier degré des honneurs bourgeois.
Commissaire du Grand Bureau des Pauvres. C'effc
un Bourgeois, qui, après avoir exercé la charge de
Commiffaire des Pauvres en honnête homme, a droit
de voix aétive & paffive dans le grand Bureau des
Pauvres, & peut un jour devenir Direéteur de l'Hô-
pital. In Quaforio pauperum jus habens fuffragii
& aliorum fruendi fu^ragiis.
On appelle Chère de Commiffaire , un repas où l'on
fert chair & poiffon, parce que les Juges commis fe
font bien traiter , quand ils font en voyage. Refertce.
pifcibus ac carnibus epuliz. Ce qui vient des com-
milfions qui fe donnoient dans les Chambres mi-
parties , où il y avoit des Huguenots &: des Catho-
liques , qui fe faifoient traiter chacun à leur ma»
nière.
COMMISSARIAT, f. m. Bureau formé de plufieurs
Commiffaires , pour la direélion de certaines affai-
res. Collegium Commiffariorum. Il continue à. tra-
vailler aux affaires du Commiffariat , du foin deP
quelles le Roi lui avoit permis de fe décharger.
COMMISSION , f. f. adl:ion par laquelle on pcche ,
on commet quelque faute. Culpa , fiagitium. , pec-
catum. En ce lens , il n'eft d'ufage qu'en parlant du
péché de commiffion i on doit fe confeffcr, non feu-
lement des péchés de commiffion, mzh auffi des pé-
chés d'omililon.
Pour avoir une idée jufte du péché de commiffion
oppofé au péché d'omiffion , il faut favoir qu'il y a
deux fortes de préceptes ; les uns qu'on appelle pré-
ceptes affirmatifs , qui nous ordonnent de faire
quelque chofe , & les autres négatifs , qui nous dé-
fendent de faire certaines choies. Le péché de com-
miffion eft une tranfgreffion d'un précepte négatif.
COM
par laquelle nous faifons ce qu'il nous efl défendu
de faire; &c le péché d'omiffioii efl: la rranlgreilion
d'un précepte afHrmatif , quand nous ne faifons point
ce qui nous eft commandé.
COMMISSION eil: quelquefois oppofé à tiîre, &c figni-
Âe un pouvoir donné pour un temps à quelques
perfonncs d'exercer quelque charge , ou de juger
en des occafions extraordinaires. Ficaria muncris
alicujus exercendipotelias. Cette charge de Prcli-
dent n'eft exercée que par commijjion pendant l'in-
terdiiftion du Titulaire. Leaata muneris alicujus
exercendi poiellas. Les Greffes fe peuvent exercer
par commi(lion , parce qu'ils font domaniaux. Les
Confeillers du Parlement achètent & revendent,
quand il leur plaît , une commijjion pour être Con-
feillers aux Requêtes du Palais , pour être Prcfi-
dens aux Enquêtes. Ces charges fonr des commij-
jions. Legata provincia , legutum negotlum. La
charge de Garde des Sceaux n'eft qu'une co/wot{//zo«
qui eft révocable. Les Intendances de Juftice ne font
que de limples commijfions.
On zppelh Commi£ions extraordinaires , les cta-
bliflemens de quelques Chambres ou Juridic-
tions , qui ne doivent durer que quelque temps.
Delegata jurijdicîio extraordinaria. Les Grands
Jours , les Chambres- de Juftice , les Francs-fîefs ,
la Chambre Royale , font des commiffions extraor-
dinaires. Il n'y a que le Roi qui puilfe donner des
Commijjion s extraordinaires pour la vente du Do-
maine , pour la réformation des Coutumes.
Commission fe dit aulfi de la fubdclégation , ou du
pouvoir qu'on donne à un Juge particulier de faire
quelqu'inftruiition d'un procès , quelque vifue ou
defccnte fur les lieux , quelqu'exécution d'Arrêt.
Cura rei alicujus ab eo cui delegata eji'alteri deman-
data.Les Cours Souveraines n'adreilènt jamais leurs
CommiJJions qu'à des Juges Royaux. Ce Confeil-
1er eft allé en Commijjion pour viliter les bois du Roi.
Commissions du Roi , font des Charges que le Roi
donne pour faire certaines chofes , fans que ces
Charges ibient érigées en titre d'Office. Elles doi-
vent contenir l'étendue des ioncfions du pouvoir
que le Roi accorde. Ces ccmmi(jions font ordinai-
rement données fans limitation de temps , 6c font
révocables à la volonté du Roi.
Commission rogatoire eft une commijjion qu'un Juge
envoie à un autre Juge dont il n'eh point le lupé-
rieur , pour le prier de faire dans fon reffort quel-
qu'inftrument néccffaire dans un procès qu'il a à
juger , ou pour le prier de permettre un ajour-
nement dans fon reflbrr. Mandata rei alicujus t
precihus interjcclis , provincia.
Commission inpartibus eft une commijjion que le Pape
donne > lorfque dans une affaire on appelle à lui,
pour la faire juger fur les lieux, ou dans quelqu'en-
droit qui ne foit pas éloigné. Commijjio in par-
tibus.
Commission eft auffiunordreduConfeil pour la levée
des Tailles ou autres Droits. Mandata Vecligalium
exigendorum provincia. La commijjion des Tailles
s'envoie aux Intendans des Provinces qui en font
Ip département général, qu'ils envoient cnfuite aux
b, Elus pour le vérifier-, & ceux-ci l'envoient aux
* Aflceurs & Collcâ:eurs , pour en faire la diftribution
particulière dans chaque Paroifle.
Commission eft auffi un ordre qu'on donne pour
lever des gens de guerre. Procuraiio cogendx militix.
On a délivré des commijjions pour la levée de tant
de Compagnies de gens de pié , tant de Cornettes
de Cavalerie. Chaque Capitaine ou Officier n'a pour
titre que fa commijjion.
Commission fur mer^ c'eft la permilîîon & l'ordre que
donnent l'Amiral, le Vice-Amiral ou d'autres Offi-
ciers. Cette coototz^o;2 eft un pouvoir fpécial du Roi
ou de l'État pour aller en courfe enlever les vaif-
feaux ennemis , & biuincr fur tout ce qu'il eft pof-
fible. Les Armateurs qui font la courfe fans com-
mijjion , font réputés Pirates Se Forbans , & comme
tels , punis de mort,
C O A^ 72V
Commission eft auffi une Lettre de Chancellerie qui
donne pouvoir de donner des affignations,de faire des
exécutions de jugcmens. Litterxdicendi diciù piojic-
randi jus priEfercntes.Lt$Kx.Kis ScScntences en forme
portent en eux-mêmes leur co/«wi^io«. Il faut atta-
cher une commijjion à ceux qu'on a levés par extrait.
La commijjion s'exprime en ces termes : Mandons, au
premier Sergent fur ce requis , de mettre le préfeiic
Jugement à exécution. Les Commilfaircs s'adreilènt
quelquefois à des Juges. L'Ordonnance veur qu'on
n'alfigne perfonnc en Cour Souveraine, qu'en vertu
de commijjion expreilé. Les jugemens portent fou-
vent , que commijjion lera délivrée aux fins d'affigncc
un rcl garant. Il y a des commijjions du grand Sceau
pour les affaires dU Confeil &: du Grand Confeil ;
des commijjions du petit Sceau , pour les affaires du
Parlement i & des commi [fions du Châtelct, pouc
y faire ailigner ceux qu'on a droit d'y attirer en
vertu de quelque privilège.
Commission fe dit auffî de toute charge ou emploi
qu'on donne à des gens qu'on commet pour avoir
le loin de quelque choie , comme en des Bureaux
pour des_ recettes , contrôles, paicmens, recouvre-
mens , vilites , ou autres. Data rei cujuj'vis provincia.
Les p):emièit:s commijfions des Aides, des Gabelles,
font fort briguées. Il a une bonne commijjion dans
les Vivres, dans l'Artillerie. Ce Partifan a tant de
commijfions à donner. On lui a donné une ordon-
nance de tant pour employer au fait de fa com^
mijjion.
Commission fignifie auffî la charge que l'on donne à
quelqu'un défaire quelque chofe, quelqu'emplette.
Mandata rei cujujcumque jacunâa, cura.
Les Provinciaux chargent ceux qui viennent à
Paris de cent menues commijjions. Ce Facteur a com-
mijjion d'acheter tant de pièces de draps.
IJCF On dit qu'un Laquais fait bien les commijjions
qu'on lui donne; pour dire, qu il fait bien les mel-
fages dont on le charge-, & qu'il eft allé en ct>w-
ot///zo;2 ; pour dire, qu'on l'a envoyé faire quelque
commijjion,
COMMISSIONNAIRE fe dit généralement de celui
qui fait des commi/fions. §C? Dans ce lens il ne fe
dit guère qu'en parlant de ces gens qu'on prend Se
qu'on paie pour faire des meffagcs.
§3° Il fe dir , principalement dans le Commerce »
d'unCorrefpondant qui eft chargé de l'achat ou delà
vente de quelque xxi-xtc\\-i.'!\à.\ii.\}nCommijjionnaire
peut obliger le maître pour qui il agit, hijutor.
Commissionnaire fc dit auffi de celui qui n'exerce
une charge que par commiffion , non en titre. Le
Garde des Sceaux n'eft qu'un Comimjfionnaire.
M. DE LA Châtre. Commijjionnaire eft oppofé à
Titulaire. Dans ce fens , il n'cft pas ufité.
COMMISSOIRE. adj. m. & f. Une claufe commij-
j'oire eft une claufe , dont l'inexécution emporte la
nullité du contraél. Jaclura rei cujuj'vis claujulce
implendœ vitio. Par exemple , li l'on s'engage à re-
tirer un héritage dans un certain temps précis Sc
fixé par le conrraél , la commiffion eft commijfoire.
Après le temps fatal expiré , l'héritage eft cenfé
confifqué , & ne peut être retiré. En matière béréfi-
ciale , on appelle pourvu en forme cummi^oire , celui
dont les provifions portent la claufe i/2 forma di<rnumf
c'eft,-à-dire , qu'il eft renvoyé à l'Ordinaire,
pour juger des mœurs 6c de la capacité de l'Im-
pétrant.
COMMISSURE , f. f. terme d'Architecte, vieux mot
ufitc par le P. Dcran , du latin Commijfura , iignifii;
gC? la ligne félon laquelle deux corps appliqués
font unis enfemble. Le point d'union de deux corps
appliqués.
Commissaire , en termes d'Anatomie & de Chirurgie ,
fignifie l'endroit où le joignent certaines parties
du corps, comme les lèvres qui fe joignent du côté
des joues. Ce mot eft nouveau, mais très -éner-
gique. La langue ic trouve unie en dedans à toute
la lèvre inférieure jufqu'aux deux eommijfures des
lèvres , par une chair fort fçiide.
72^ C O M
Ip- Commis s SURE ie dit , dans le même Tens , en tct-
mcs de Jardinage, de l'endioitoù finit la tente que
l'on tait pour grcrfer. 11 faut avoir loin de bien
boucher les tentes & les commiptres,
COMxMlTTANT. f. m. Committens. Ccft le nom que
quelques Auteurs donnent à celui qui envoie ou
qui dépêche un Amballadeur. Ce mot vient de
Committens i cotnmittant -, qui commet-, totmé de
, committere , commettre,
^J Les Envoyés, Rcridens,Amba(radeurs& autres
Miniftres de cette nature, doivent veiller exafte-
ment , & ne faire aucunes démarches qui puiiîènt
prcjudicier à leurs Commiitans. Yiquefort. U arrive
allez Ibuvcnt que des Députés qui reprcfcntent une
ville ou une province , forit d'un avis contraire à '
celui de leurs Commùtans. Rapin-.- ■•
COMMITTIMUS. f. m. Mot purement latin qui
fignifie nous commettoiU. Dans k ftyle de Pratique ,
c'eft un droit ou un privilège que le Roi accorde
aux Officiers de fa Maifon , ÔC à quelques perlbnnes,
ou Communautés , de plaider en première inlfance ,
aux Requêtes de l'Hôtel ou du Palais, en toutes leurs
alfaires puires , pctibnnelles , polie flbires ou mixtes,
tant en demandant , qu'en défendant , &: d'y taire
renvoyer, ou évoquer celles qui feront pendantes
^..devant d'autres Juges , pourvu qu'elles ne foicnt
point encore conteftées , & que l'on n'y ait pas
encore procédé. Prœrogativa kgendi opportunioris
Judicis ex regio diplomate. Le Commtttimus du
grand Sceau n^étoit autrefois que pour les Com-
menfaux de la Maifon du Roi; mais il a été étendu
depuis à phifieurs autres perfonnes. Il peut s'exé-
cuter par tout le Royaume, avec cette icftriclion,
que, pour diftraire une affaire d'un Parlement à un
autre, il faut qu'il s'agifle de looo liv. & au deiïïis.
Le Commtttimus du petit Sceau ne S'étend , & ne
peut être exécuté que dans le rcflbrt du Parlement ,
& attire les affaires aux Requêtes du Palais. Les Pri-
vilégiés peuvent en ul'er quand il s'agit de 200 liv.
& au dcflîis.Ceux qui ont le droit de Committimus ,
tant au petit qu'au grand Sceau , peuvent indiffé-
remment fe pourvoir ou aux Requêtes de l'Hôtel , ou
aux Requêtes du Palais -.excepté feulement que les
Officiers des Requêtes de l'Hôtel ne peuvent plaider
qu'aux Requêtes du Palais -, & réciproquement les
Officiers des Requêtes du Palais , m leurs veuves ,
ne peuvent plaider qu'aux Requêtes de rHôtel. Les
Lettres de Committimus du petit & grand Sceau ne
durent qu'un an, après quoi il faut les renouvcUer.
On ne peut fe fervir du droit de Committimus contre
le Roi , pour quelque caufe que ce foit , parce que le
Roi n'accorde jamais de privilège contre fes droits.
Committimus lignifie auffi les Lettres qu'on expédie
au grand & petit Sceau, pour l'exécution de ce
privilège. Prœrogativa legetidi Judicis commodioris
Jigillo conjignata. J'ai fait fcellcr un Committimus,
Les Committimus étoient , dans leur origine . des
commifUons, par lefquelles le Roi rcnvoyoit les
affaires des Officiers de fa Maifon devant les Maîtres
des Requêtes du Palais. Cet ufage des Committimus
a commencé vers l'an 1567. Ils furent plus fré-
quens fous CharlesVI. Le privilège qui étoit reftreint
à la Maifon du Roi , fut alors étendu à tous les
Officiers du Parlement, &enfuite plus loin, if^oye^
l'Ordonnance de 1(^95), art. 15 du titre des Com-
mitlimus.
Ceux qui ont droit de Committimus du grand
Sceau, font les Princes du Sang, les autres Princes
reconnus en France, les Ducs & Pairs, les Off.-
ciers de la Couronne, les Chevaliers & Officiers
de l'Ordre du Saint-Efprit , les dçux plus anciens
Chevaliers de l'Ordre de faint Michel, les Ccnfeiilers
d'Etat fervans aftuellement, ceux qui ont été em-
ployés dans les Ambaffades , les Maures des Requê-
tes , les Huiffiers du Confcil , les Préfidens , Confeil-
lers. Avocats & Procureurs Généraux, le Greffier en
chef, H le premier Huifficr du Grand Confeil , le
Grand Prévôt de l'Hôtel , fcs Lieutcnans , l'Avocat
Zi. le Procureur du Roi, écle Greffier de cette Jurj-
C Ô M
diélionjlcs Secrétaires dil Roi, &: autres Officiers
de la Chancellerie , les qisinze anciens Avocats du
Conleil, les Agens Généraux du Clergé pendant
leur agence 5 les Doyen, Dignités, Chanoines &
Chapelains de Notre-Dame de Paris, les quatce
plus anciens de l'Académie Françoife , les Capi-
taines, Lieutenans , Sous-Lieutsnans, Enfeignes,
Commiffaires d'ancienne création, Sergent -Major
& ibn Aide , Prévôt & Maréchal-des-logis du ré_i-
ment des Gardes , les Officiers , Domeftiqucs &
Commenfaux de la Maifon du Roi, de la Reine,
des Enfans de France, du premier Prince du Sang,
dont les états ibrit portés à la Cour des Aides i &
qui fervent ordinairement , ou par quartier , aux
' aux gages de 60 liv. au moins; ■- ~'<~'-. i- - ' '
Ceux qui ont droit de Committimus au petit
Sceau , font les Préiidens , Conleillcrs , & autres
Officiers du Parlement , Avocats , Procureurs du
Roi , & Greffier eii chef des Requêtes de l'Hôtel ,
le Greffier en chef des Requêtes du Palais , les Of-
ficiers des Chambres des Comptes, des Cours des
Aides , de la Cour des Monnoies , les fix anciens
TrélbrierS de France de la Généralité de Parîs ,
les quatre anciens des autres Gcnéralircs , les Se-
créraires du Roi établis aux Chancelleries ,cies
Parlemens, 5c autres Cours Souveraines , les Pré-
vôts de l'un &: de l'autre Châtelet de Paris , leurs
Lieutenans Généraux Civils , de Police j Criminels
& Particuliers , les Procureurs du Roi auxdits deux
Châtelets , le Bailly du Palais, -ibn Lieutenant , &:
le Procureur du Roi , le Préiîdent , le Doyen , Û
le Procureur du Roi de l'EIeétion de Paris, Offi-
ciers vétérans de toutes les fufdites qualités , après
en avoir obtenu Ictties ; le Collège de Navairrt ,
pour les affaires communes de la Maifon ; lés Di-
redteurs de l'Hôpital-Géncral de Paris , les Pré-
vôt des Marchands^ Echevins de Paris, pendant
leur charge , les Conleillers & Procureurs du Roi ^
les Receveurs & Greffier de l'Hôtel-de-Ville , le
Colonel des trois cens Archers de k Ville , les
douze anciens Avocats du Parlement de Paris 3 -&
fix des autres Parlemens.
Les veuves des Officiers décèdes datls le fervice ,
& qui avoient droit de Committimus , en joui/lent
tandis qu'elles demeurent en viduité. Enfin les
Chapitres & les Communautés qui ne font pas
exprimés dans l'article des Commàttimus de l'Or-
donnance de 166^, qui ont préfenté leuirs ti-
tres à M. le Chancelier , & dont les titres ont
été trouvés bons , ont le droit de Committimus,
COMMITTITUR , f. m. terme de Jurifprudence
emprunté du latin. C'eft la Requête qu'on donne
au Confcil , ou au Parlement , pour avoir un Rap--
porreur , pour faire l'inftrudfion d'une inftance , ou
de quelque incident -, avec l'ordonnance qui eft ap-
pofée au bas , par laquelle un Maître des Requê-
tes, ou un Confeiller , eft commis pour cetre inf-
trudlion. Libellas jupplex ad pojlulandum alicit-'
jus caufa cognitorem.
03" Dans les petites juridiélions les Juges fe com-
mettent fouvcnt eux-mêmes fur les requêtes qui
leur font préfentées.
COMMODAT, f. m. terme de Jurifprudence. La
concefîion gratuite de l'ufage d'une' thofc , foit
meuble , foit immeuble , que l'on fait à quelqu'un
pour un cerrain temps , à la charge de reftituer la
même chofe en e'pèce après le temps marque : c'eft
une efpèce de prêt & de contrat : Commod.itum,
Il y a pourtant cette différence entre le prêt & le
commodat , c'eft que le commodat fe fait gratuite-
ment , & ne transfère point de propriérc. Il faut
rendre lachofô en e!TI?nce , & fans la détériorer r
en forte que les choies qui fe confument par l'u-
fage ne peuvent être la matière d'un commodat ,
mais d'un prêt , parce qu'on ne peut les rendre
en individu , quoiqu'on puiffe les rendre en efpèce.
fty Ce contrat difRre aufll du précaire en ce que
le précaire fe fait fans définir l'ufage & le temps
pour lequel une chofe eft prêtée : ainli celui qui
G Ô M
à prêté une chofe à titre àc précaire , pefut \a re-
demander quand bon lui femble \ au lieu que
dans le commodat , on ne peut pas redemander la
chofe avant que le tenips , pour lequel on Ta
prêté , (bit expiré.
Le Commodat ne finit ni par la mort du com-
modant, ni par celle du commodataire ; mais par
l'expiration du temps accordé par le commodant.
Il y a deux fortes de commodats , l'un gratuit ,
l'autre utile : le commodat gratuit eft pure-
ment au profit du commodataire -, le commodat
gratuit eft lorfqu'on prête quelque chofe que le
commodataire eft obligé de rendre en eifcnce &
en individu , mais fans rien donner pour l'em-
piunt : le commodat. utile , eft lorlqu'on retire quel-
que chofe pour le prêt , & alois c'eft une efpèce
de location. /^oyc^Lhommeau.
COMMODATAIRE, f. m. & f. Celui ou celle qui
a reçu le prêt ou le commodat. Commodatarius. Le
Commodataire eft tenu non-lculement de fon dol ,
mais de fa faute la plus légère , & de quelque
nature qu'elle foit ; parce que le comm.odat eft
gratuit & fait uniquement en faveur du Commoda-
taire. Il repond de même du cas fortuit , s'il ufe
de la chofe prêtée au-delà du temps convenu ; car
autrement il n'en eft pas rcfponfable.
COMMODE, adj.de t. g. Ce qui eft aifé , propre,
convenable ; dont l'iifage eft utile & facile. 60/72-
modus , aptus , opportumis. La litière eft la plus
commode de toutes les voitures. Cette chambre ,
cette maifon çft commode. Cet habit eft commode
pour le chaud, pour le froid,
^fT On k dit figurément des perfonnes , à
peu près dans le même fens , on dit qu'une hom-
me eft fort commode dans la fociété ; pour dire
qu'il eft d'une fociété douce & aifée , d'un com-
mcDce facile & doux: qu'il a Vhnmtm commode >,
l'efprit commode. Pour être commode dans le mon-
de , il ne faut pas s'attacher à de petites formalités.
Plus on a de iTiérite , plus on doit prendre garde
à ne point apporter de contrainte , & à fe rendre
commode \ car naturellement on craint les maîtres.
J'aime mieux un vice commode ,
Qu'une fatigante vertu.
§C? Quelquefois ce mot a une fignificatioh plus
étendue, & s'applique à ceux que l'on accufe d'être
trop faciles, trop indulgens. C'eft ainfi qu'on dit
d'un mari qui ferme les yeux fur la mauvaife con-
duite de fa femme , que c'eft un mari commode ; &:
d'une mère qui donne trop de liberté à fa fille ,
que c'eft une mère commode.
llfT En matière de morale, il fignifie quelquefois
ce qui eft trop doux , & même relâché. Mollior ,
Temi[Jior, Confeflêur commode , Morale com-
mode,
'Et cherchant un difcours aux Dames plus commode >
Font dire à Jesus-Christ des phrafes à la mode.
ViLU
COMMODE , f. f. Coëffiire des femmes. Co'mmodus
capitis muUerum ornaïus. Voici les pièces qui en-
trent dans la compofition d'une commode; C'eft
Palaprat qui en fait l'énumérationj
La duchejfe j le folitaire )
Lafontange j le chou ,
Le tête à tète , la culbute ,
Le Moufquetaire , le croijfani i
l Le firmament, le dixième cieli
^ La palijfade & lajburi.
COMMODE, f f. Efpèce d'armoire faite en forme de
bureau , où il y a des tiroirs avec des mains &
des ornemens de bronze , & qui eft propre à ferrer
du linge & des habits. Le defllis en eft ordinaire-
ment de marbre. On a appelé ee meuble commode
et) y
^i,f
a caufe de fa grande commodité. Jrcà comrhodk.
Ce mot eft nouveau,
COMMODE, f. m. nom d'homme. Coototo^^j. Lucè
Aurcle Commode , fut fils & fuccelfeur de Marc
Aurele,&de la jeune Fauftine , mais il refiembla
peu à fon i^ere. Il s'abandonna à toutes fortes de
crimes , & néanmoins fe fit appeler Hercule, De-Ià
cette peau de lion dont on lui voit la tête cou-
verte fur fes^ médailles , qui ne font un peu rares
qu'en or , à la réferve de quelques-unes qui ont
des infcriptions fingulières. De-là auffi cette légen-
de , Herc. Commodiano , qui eft des rares , au^-
bicn que celles-ci , Fortune Manînti, Optime
Maxime, C. V. P. P. Pater Senatus Jovi ex su-
PERIS GENIO. AUG. FelICI. JoVl. OpTIMO. MaXIÎvÎO.
Sponsori rel. Aug. Jovi dépens. Salutis. Aug
y^L. AuRE.CoMM.Auc,P,FEt,LO. M, Sponsor!
Secur. Aug.
COMMODÉMENT, adv. D'une manière commode V
propre , aiiée. Commode. On s'habille à prcfent plus
commodément qu'on n'a jamais fait. Cet homme a
du revenu , de quoi vivre commodément , à fojtl
aile. Il eft logé commodément. Cet homme eft doux
& facile, on vit fort commodément avec lui. Ils ne
pouvoient commodément tendre l'arc. Vaug;
§3- COMMODITÉ, f.f. Ce terme a plufieurs accep-
tions -, il (ignifie quelquefbis la facilité qu'on a de
faire une chofe fans lé gêner , fans peine , fans fa-
tigue -, & le temps propre , l'occafion favorable.
Commodum. V ous ferez cela à votre commodité ,'
il faut prendre la commodité des gens.
03" Quelquefois il fignifie une chofe commode ,
une fituation , un moyen commode. Un carroflb
eft d une grande commodité. Les dégagemens font*
toute la commodité d'une maifon. Les commodités d&
la vie coûtent fort cher.
IP" Ce mot au pluriel eft prefque fynonyme à
aife& défigneunétat dans lequel on ne. manque
de rien , félon fa condition , où l'on joint des
avantages qui fervent à rendre la vie plus commo-
de , plus douce & plus ailée, Bona , fortuna com-
moda. Les railbns de fortune & de commodités
temporelles ne doivent point entrer dans le choix
d'une religion -, les hommes ne font alfemblés en
lociété que pour les commodités néceflaires à l'in-
firmité humaine , & pour s'en alfurer la pollërTion
par les forces réunies de la République. S. EvR.
Pyrrhon , qui doutoit de tout , ' ne lailToit pas de*
jouir des commodités de la vie comme vraifembla-
bles. Mont,
CCT On dit proverbialement : on n'a pas toutes feS
commodités en ce monde.
Commodité fe dit aullî des occafions favorables qui
fe préléntent. Occafio , opportunitas. Il faut fe fer-
vir de la commodité de ce courrier , pour envoyée
i cette expédition à Rom». Il faut prendre la commo-
I dite d'un bateau qui va partir. Pour aller de Paris
à Lyon , on trouve toujours des commodités , des
voitures à choifir.
Commodité eft aulTi le Vûifinage des lieux, la bien-
féance. Loci proximitas , opportunitas , commodi-
tas. J'ai bâti dans cette vallée , à caufe de la com-
modité des eaux. J'ai acquis cette maifon , qui étoit
à ma bienféance , parce qu'il faut acheter fa com-
modité.
Commodité i terme de négoce. Les Compagnies où
! Sociétés de Banque &: des marchandifes, "font dé
I deux fortes 5 fçavoir , la Compagnie libre , & celle
j de commodité. La Compagnie libre oblige non~feu-
1 lement ceux qui en portent le nom , mais aulfi les
j Aflbciés , tant pour le fonds ou capital qu'ils y ont
' mis, que pour le plus qu'il pourroit y avoir de
perte ; tout de même que fi tous étoien.t nommés &
folidairement obligés. La com.modite ou Compao-nie
conditionnée oblige tous les Aflbcics pour le fonds
& capi-tal , & non davanrage. Partant , s'il arrive
qu'ils perdent plus grande fomme que leur fonds ,
il n'y a que ceux qui portent le nom de la Société
728
COM
qui foient obliges pour le luiplus. M.'Le Prestre ,
Cent. 1. cm. 77 6* 8i. de F Ed. de 1695.
ÎP° COMMODITÉS , en terme de bâtiment , efl: un
petit endroit réparé du rcfte du bâtiment , où il y a
un fiéjred'ailance : on l'appelle ^niïi Lieux ,Latrir2a.
COMMOINE , f. m. fe dil'oit anciennement par les
Religieux qui patloient d'un autre Moine de leur
Ordre.
COMMOTION, f. f. Terme de Médecine. Secoufle
violente , ébranlement de quelque partie du
corps, caufc ordinairement par une chute ou par
quelque coup. On le dit particulièrement du cer-
veau. Commotio. La convulfion eft une commotion
du cerveau. Une chute caule une grande commo-
tion au cerveau , d'où il arrive Ibuvent un contre-
coup dans la partie oppoTce , qui fait une rupture
des vaiileaux , & une apoftcme par l'ébranlement
de toute la mafle du cerveau.
03* C'eft aulfi un terme nouveau de phyfique ex-
périmentale en fait d'Electricité , en parlant de
ce que l'on éprouve en failant une expérience de
l'éleclricitc. On l'appelle autremenr le coup fou-
droyant. Le Phénomène de la commotion eft des
plus extraordinaires , & très-périlleux pour celui
qui eft le fujet de l'épreuve, ^oye^ Electricité.
COMMUER , V. a. terme de Palais. Changer une
peine en une autre. Comw.utare. Le Roi n'a pas
voulu faire grâce entière .à ce criminel -, mais il a
commué fa peine , il l'a adoucie. Cela ne fe peut
faire que par l'autorité du Prince. \fl' M. Pluche a
employé ce verbe dans le fens de tranfmuer , ter-
me de Phyiique & de Chimie. Les métaux ne peu-
vent fe commuer ni fe détruire. Il a dit dans le
même fens , natures réciproquement commuables.
Commué , Ér. part.
COMMUN, UNE. adj.Ce qui appartient à tous éga-
lement , à quoi tout le monde participe , ou a droit
de participer. Communis. La terre eft notre com-
mune mère. Dans le lîècle d'innocence tous les
biens étoient communs , auili-bien que le Soleil Se
les élémens. Le Pape dans l'Eglife eft le Père cow-
mun des Chrétiens. Il fe fait dans l'Eglife un
amas de ncceilîtés , & de fragilités communes ; &
part conféquent il faut qu'il y ait un tréfor commun
d'allîftance &: de charité. Fléch. L'Ecriture eft: le
principe commun fur lequel difputent les diverfes
feéles qui partagent les Chrétiens. S. EvR.
Commun fe dit, en un fens plus étroit, des chofes
que quelques pcrfonnes poflêdent enfemble par
indivis , dont les uns & les autres ont également
droit de fefervir. Les murs mitoyens font coOT/7z«n.f
à deux maifons. Une allée , un paffage commun ,
un puits commun. Il n'y a eu que les Sauvages &
Platon , qui aient voulu que les femmes fulfrnt
communes. Une femme commune fe dit auffi d'une
femme proftituée. Projlibvlum.
^3" COMMUN fe ditauflide ce qui eft propre à
différens fujets. La vie végétative eft commune aux
animaux &: aux plantes : péril commun , intérêt
commun.
Nos péri/s font é^aux , nos craintes font communes.
Seigneur , ajfocions fios cœurs & nos fortunes,
fÇT Commun , feditaufTî d'une Société, £*<:. Capist'r.
Commun , fe dit aulfi d'une Société que l'on con-
tracte enfemble par quelque intérêt d'honneur ou
de gain. Les Commilfaires , les HuiHiers , font
bourfe commune pour éviter la jaloufie de leur
emploi. Ils fe font aUbcics en une telle affaire ,
pour la pourfuivre à frais communs , 6c en parta-
ger le profit.
ffT COMMUN fe dit auiïl de ce qui eft en géné-
ral , univerfel , le plus univcrfellement reçu. C'eft
le bruit commun, l'opinion commune, Re s pervul-
garis , pervulgata fama. Les plus communes opi-
nions ne font pas les plus certaines. Fulgaris
opinio.
COM
Le goût de l'amitié ne fe fauroit éteindre :
Chacun fent qu'il eji doux d'en ohferver les loix j
Et de tous les mortels c'efl la commune voix.
ViLL»
Cette grande raideur des vertus des vieux âges
€kojue trop notre Jiécle , 6» les communs ufas,es,
MoL.
Les foupçons importuns ,
Sont d'un fécond hymen les fruits les plus communs.
Racine.
§C? En ce fens on attribue à l'ame une faculté
particulière qu'on nomme fens commun , faculté
par laquelle le commun des hommes juge rai-
ibnnabiement des chofes : ou jugement qu'on porté
par la feule lumière naturelle commune à tous les
hommes.
^fT Lieux communs , ou de Rcthotique j on appelle
ainfi les propofitions générales , les principes gé-
néraux d'où l'on prend les argumens & les preu-
ves. Loci communes.
03" Dans l'ufage ordinaire, on appelle lieux Voot-
muns , des matières triviales & rebattues. Son li-
vre eft rempli de lieux communs. Ses fermons ni
font que des lieux communs.
Commun figni/ie aufîi ce qui eft trivial , ordinaire,
qu'on trouve par-tout, f'^ulgaris, tritus , commu-
nis. Cet Otateur dans fon difcours n'a rien dit que
de commun , rien de recherché , fon ft:yle eft fort
commun , c'eft un efprit fort commun. C'eft uri
axiome commun , une notion commune. Le peuple
fouffre plus aifément un vice commun , qu'une
vertu extraordinaire. Voit. La prononciation eft
bien trompeufe , elle fait valoir les chofes les plus
communes. P. Rap. On ne nous a fervi en ce re-
pas que des viandes fort communes. En ce fens il fi-
gnifie, ce qui n'eftpas rare , & qui eft au plus vil
prix. Ce Curieux n'a que des tableaux communs ,
de peu de valeur. Il ne s'habille que de l'étoffé la
plus cow.mune. Les diamans Ibnt eftimés , parce
qu'ils ne font pas communs.
iJO" Le fréquent ufage , dit M. l'Abbé Gitard ,
rend les chofes ordinaires , communes , vulgaires
& triviales : mais il y a à cet égard un ordre de
gradation entre ces mots qui fait que le trivial
dit quelque chofe de plus ulité que vulgaire , qui
à fon tour enchérit fut commun , & celui-ci fuc
ordinaire.
0CF II me paroît auffi qu'ordinaire eft d'un ufage
plus marqué pour la répétition des aiflions ; com~
mun pour la multitude des objets ; vulgaire pouc
la connoiflance des faits , & trivial pour la tou-
rnure du difcours. La dhîîmulation eft ordinaire
à la Cour ■, les monftres font communs en Afrique;
les dil'putes de Religion ont rendu vulgaires bien
des faits qui n'ctoient connus que des favans. De
tous les genres d'écrire , il n'y a que le comique
où les expreffions triviales pui/Tcnt trouver place.
0Cr Ces mêmes mots confidérés , non par rapporc
au fréquent ufage, mais relativement au petit mé-
rite des chofes , ont encore un ordre de grada-
tion , de façon que le dernier de ces mots , eft ce-
lui qui ôte le plus au mérite. Ce qui eft ordinaire,
n'a rien de diftingué :ce qui eft commun , n'a. rien
de recherché: ce qui eft vulgaire , n'a rien de no-
ble : ce qui eft trivial -, a quelque chofe de bas.
On dit, en termes de Palais, & en Généalogie,
le père commun des parties , quand on parle du
père de deux frères , ou foeurs , qui plaident en-
femble. On dit que par la Coutume de Paris , le
mari & la femme font uns &: communs en biens ;
pour dire, qu'ils ont contradé ibciété enfemble,
& qu'ils partagent le gain & les pertes l'un de
l'autre. On dit aufîl , qu'un arrêt ou jugement eft
déclaté commun avec un tel , qui n'avoit pas été
partie , ou avec le défaillant ; pout dire j qu'il fera
aulTi-bien
C O M
CO M
aulîl-bien exécutoire contre lui que contre ceux
avec qui il a été rendu. On dit aufli , qu'une
choie eft du droit commun , par oppofition aux
privilège qui en exempte. On dit auHi , faire
preuve , l'uivant la commune ellimation , fuivant la
commune renommée. En cas d'eftimation de fruit,
on dit , faite une année commune ; pour dire ,
prendre le milieu entre une année fertile où les
denrées font à bon marché , & une année ftérile ,
où elles font cher:s , pour en faire im prix com-
mun & mitoyen, Sccompenfer l'une avec l'autre:
ce qu'on appelle autrement bon an , mal an. Com-
munis.
On dit auiTi , en matière bénéfîciale , qu'une
provilîon efl: expédiée en forme commune \, pour
dire , qu'elle cil expédiée fans grâces , fans pri-
vilèges.
§^ Commun. ( Jt'///) Voyez Délit.
IJC? Commun. ((/ro/« ) Voyez Droits.
^fT Commun. ( Dieux ) terme de Mythologie. Z?/i
communes. On donnoit ce nom chez les Romains
aux Dieux qui étoient révérés par plufieurs nations ,
ainii qu'à ceux qui protégeoient indiftinélement
l'ami & l'ennemi -, du nombre des premiers étoient
Jupiter , Vénus , le Soleil , &c. du nombre des
derniers , Mars , Bellone , la Viéloire , (j"c.
Commun , en terme de Philofophie , lé joint aux
termes généraux , qui conviennent à diverlcs cho-
fes , ou qui renferment diverfes efpcces particu-
lières. Le nom d'animal ell: commun à l'homme
& à la bête. Celui de fubflance eft commun au
corps & à l'efprit. Il lignifie aufîî , pareil , ou ana-
• logue ; ces deux choies n'ont rien de commun en-
fenible.
Commun , en termes de Grammaire , efl: le genre
qui convient aux deux fexes , au mâle & à la fe-
melle.
|tr Ainli un nom eft du genre commun lorfqu'il
aune terminaifon qui convient également au mâle
& à la femelle , auteur eft: du genre commun. On dit
également un homme , une femme auteur , notre
qui eft de même du genre féminin ; un homme
qui , une femme qui , &c. j
03° A l'égard des verbes , on appelle verbes com-
muns , ceux qui , fous une même terminaifon, ont
la lignification aétive & paflive.
Commun, en termes de Poëfie Françoife, fe dit des
vers de dix fyllabes, qu'on a.ppel[QVCts communs ,
tels que font ceux-ci de Scarron.
Tel d'un Sénequc affecle la grimace ,
Qui feroit bien le Scarron à ma place.
On fe fert de vers communs pour les Epitres , les
Balades , les Rondeaux, les Conres, & rarement
pour les Poëmes , les Elégies , les Odes , les Sonnets -,
ils doivent avoir le repos à la quatrième fyllabe ,
quand elle eft mafculine, ou à la cinquième , quand
elle a un e muet qui lé perd dans la fyllabe fuivante.
Commun , en termes de Géométrie , lé dit d'un angle ,
w_ d'un côté, ^f3' d'une baie ou de quelque choie de
V femblable , qui appartient également à deux figures ,
&qui fait une partie néceflaite de l'une & de l'autre.
En parlant des termes ordinaires de la langue, on
dit, les mots communs de la langue , par oppolition
aux tetmes qui ne font en ufage que dans les arts &
dans les fciences. On dit d'un homme mort en peu
de temps entre les mains de plufieurs mauvais Méde-
cins, qu'ils l'ont expédié en ionviç commune. Cela
n'eft que du ftyle familier. Acad. Fr.
Commun , au fubftantif , fignifie le général , la plus
grande partie des hommes. Ce bourgeois s'eft diftin-
gué du commun du peuple. C'eft un grand Philoib-
phe , & qui eft hors du commun. Non unus eji è mul-
tis , non unus de vulgo, de populo , non vulgaris
notœ. Il faut , pour bien railbnner , élever fon efprit
au delTus du commun. Il y a des gens qui n'étant pas
les ptcmiers dans pas une des fciences , paficnt en
toutes l'ordinaire ôt le commun. BoiL. Le Héros d'un
Tome IL
Jlcj
Pocme ne doit être ni au delfus du commun des bom '
mes par fa vertu , ni au dcifous par fcs vices. P. le
Boss. Un Prince au comble des grandeurs, eft au-
delfus des aftlicfions qui font foupirer le commun
des hommes. S. Evr. Les Héros les plus fameux qui
fe fignaloicnt dans les combats , étoient dans la vie
civile des hommes du commun qui fe retrouvoient
confondus dans la foule. Id.
Il penferoit paroître un homme du commun.
Si [on voyou qu'il fûc de l'avis de quelqu'un.
Mol,
Soyei plutôt Maçon ,Jîc'efi votre talent ,
Qu'Ecrivain du commun, & Poëte vulgaire.
Bon.
§Cr On dit figurément qu'une perfonne , qu'une
chofe ç.^ à\x commun \ pour dire, qu'elle n'eft pas
de grand prix, de grand mérite, qu'elle n'a rien
de recherché.
Commun , chez le Roi , les Princes & les Grands , eft
un nom colleélif, qui fignifie les Officiers les moins
conlidérables d'une mailbn. Principis , Mù^natum
adminiflris gradiïs inferioris. Il a mangé à Ta table
du commun, dans la l'aile du commun''. On nous a
fervi du vin du commun. Il eft couché fut l'état en
qualité de Chirurgien du commun,
ga* Commun, en Architedure , Te dit chez le Roi,
d'un bâtiment avec cuifines & offices, où l'on ap-
prête les viandes pour la bouche du Roi & les
Officiers de Sa Majeftc.
gC? Dans un hôtel, c'cft une ou plufieurs pièces où
mangcnc les Officiers & les Domeftiques.
(fT Chez le Roi , on appelle grand commun , les
offices & cuifines deftinées à la nourriture de la
plupart des Officiers de la Mailbn du Roi.
^^ Ez petk commun , quelques Officiers détachés du
grand commun , pour la nourriture de quelques
Officiers privilégiés de la Mailbn du Roi.
IJCT On appelle aulîi grand commun , un vafte corps
de bâtiment où les Officiers travaillent , & qui eft
dcftiné pour leur logement. Fars œdium regia-
rum Ojjicinis dejlinata. Il eft logé au grand
commuji.
Commun , en termes de Bréviaire , fe dit d'un Office
général inftitué pour tous les Saints d'un même
Ordre , d'une même clailé , pour y prendre les
Plcaumes, Leçons, Hymnes, Antiennes & Orai-
fons , quand l'Hglilé n'a point réglé d'Office pat-
ticulier. Ofjicium commune. Le Commun des Saints ,
le Commun des Apôtres , ^des Evangéliftes , des
Mv^rtyrs, des Vierges, des Doéteurs, des Confef-
léui^.
Commun de paix , terme de Coutume. Droit qui ap-
partient au Roi, comme Comte de Rhodes , dans le
Comté de Rouergue. Ce droit le lève fur les hom-
mes, fur les bêtes, fur les moulins: il a été établi
pour maintenir la paix , & empêcher les guerres
privées qui défoloient le pays , & qui ne purent
celfer que par l'autoiicé & la puiliance du Roi.
Commun, en fe dit adverbialement, pour dire,
en communauté. \Communiter. Ils poîîcdent cette
terre en commun, par indivis. Ils ont mis tout leur
bien en commun , ils vivent en commun.
Commun fe dit proverbialement en ces phrafes. L'âne
du commun eft toujours le plus mal bâté -, pour dire ,
que perfonne n'a foin que de ce qui lui appartient
en propre , & néglige le bien public. On dit auiîi
par la même rai Ion, qui fert au commun, ne fert
à pas un. On dir, entre amis tous biens font co/«-
muns: &: on dit plus généralement, en ce monde
tous les biens font communs ; il n'y a que les moyens
de les avoir. On dit auHi qu'un homme vit fur le
commun , lorfqu'il eft écornifleur , qu'il n'a point
d'ordinaire , &: qu'il vit fur le tiers & fut le quart.
COMMUNAGE. f. m. Foyei Communes & Com-
munaux.
ZZz z
750 C O M
COMMUNAISON , f. f. Ce mot s'cft dit autrefoîs
pour Communion , Cène. Commumo.
COMMUNAL, ALE, adj. qi« eft c.w;mK« aux habitans
d'un ou de plufieurs villages. Un bien communal.
Des biens communaux , terme de Coatumc.
COMMUNALEMENT , adv. Unà , fimul. Vieux
mot qui veut dire , cnj'emlk : on ne s'en iert plus.
COiMMUNALISTE. f. m. Membre de certaine Com-
munauté. Je dis de certaine Communauté , parce
qu'on ne le dit pas des membres de toutes les Com-
munauiés , Coinmunalijia. Il y a des Communautés
de Prêtres qui l'ont obligces à certains Offices Cano-
niaux, & qui font conime une elpèce de Chapitre.
C'eft à ces Prêtres qu'on donne le nom de Communa-
lijies. Il y en a à S. Léonard en Limoufm, Ce nom
au refte ne fe dit que dans ces fortes de Commu-
nautés ou Chapitres , Se dans l'ufa^e ordinaire il eft
tout-à-fait ignoré.
COMMUNAUTÉ, f. f. affemblée de plufieurs per-
fonnes unies en un Corps , par l'autorité du Prince ,
&c qui ont les mêmes loix , les mêmes règles , les
mêmes ufages. Congregatio kominum, Sccietas, Corn-
muniias. Quand les Edits parlent des Communautcs ,
ils y comprennent les Villes , Bourgs , Villages ,
Paroiifes, &c. On ne donne point ce nom à une nation
entière, ni même aux habitans de toute une pro-
vince. Les fociétés font aulfi des cfpèces de Commu-
nautés entre plufieurs perfonncs -, m.ais pour un temps
feulement , au lieu que les vraies Communautés font
perpétuelles.
Les Communautés fontEccléfiaftiques ou Laïques :
les Communautés Eccléiîatliques font , ou féculicrcs ,
comme les Chapitres des Eglifes Cathédrales ou
Collégiales i ou légulières , comm.e les Couvens ,
les Monaftères, &c. Les Communautés Laïques font
de plufieurs fortes -, les unes fe contraélent pat la
demeure fixe d'un an & d'un jour dans un même
lieu -, les autres fe forment par l'exercice d'une même
charge, la profcfîion d'un même art , certain lieu de
Religion, comme celles des Paroillés & des Con-
fréries, &c. Ainfi Communauté fe dir des maifons
picufes , fondées pour entretenir &: faire vivre plu-
lieurs pcrfonnes fous un certain genre de vie régu-
lière, ou féculière: tels font les Couvens , Abbayes ,
Prieurés Conventuels , les Séminaires , Hofpices ,
ô<:'routes fortes de Maifons Religieufes.CoOTwwzzriij,
Societas , Congre<ratio. faint Auguftin fit une Com-
munauté de fon Clergé, &; vivoit en Communauté
avec lui. Il exhorte quelquefois fon peuple à ne rien
donner aux particuliers , mais tout à la Communauté.
Que perfonne, dit-il, ne donne ni habit, ni che-
mife que pour la Communauté., d'où j'en prends
moi-même. On le ditaulll de ceux quis'aflemblent
volontairement pour deifervir une Cure, ou vaquer
aux exercices de piété. La Communauté des Prêtres
de S.Nicolas. Les Béguines de Flandres, font des
filles qui vivent en Communauté. En ce fens on dit ,
il a diné à la Communauté -, pour dire , dans le ré-
fectoire , en commun. On a parlé de cette affaire en
pleine Communauté.
Communauté fe dit auflî des Hôpitaux, des Col-
lèges ; des Confréries , & autres lieux femblablcs
qui po/T'-dent des biens en commun , pour divers
ufages uriles au public , foir pour les infirmes, foit
pour les pauvres étudians , &c.
Communauté fe dit auilî de la fociété de plufieurs
Corps établis par Lettres-Patentes , ou par autorité
de la luftice , ou de la Police ■, & pour faire obferver
la règle, la difciplinede la profedion. Ainfi on dir
la Communauté des Marchands , des Orfèvres , des
Secrétaires du Roi , des Notaires , i^ des Corps des
Métiers.
^3- Communauté fe dit aufTi des chofes qui ap-
partiennent également à tous les membres de la
fociété. Communitas, communia. Platon & Lycurgue,
avoient établi la communauté des femmes , & re-
gardoient même comine une délicateflé ridicule
ia jaloufie des maris gui ne peuvent fouffrjr de pat-
C OM
tâge : mais il étoitdifîicile d'empêcher les défordres
d'une communauté li délicate. S. Evr.
ffT Communauté i'habitans. On appelle ainfi
le Corps des habitans des villes , bourgs ou des
paroilics ,confidérés collcéhvcmcnt pour leurs inté-
rêts communs. Quand même ces communautés ne
feroicnt point établies par des Lettres particulières
du Prince, elles pourroient toujours s'affembler pour
leurs intérêts communs &: pour nommer leurs Syn-
dics & autres Ofîiciers.
Au Palais, il y a la Communauté àts ksozzvi^
des Procureurs , qui eft non-feulement une Société
& Confrérie faite entr'eux pour s'aider les uns les
autres •, mais encore une efpèce de Tribunal établi
pour y faire réformer les mauvaifes procédures ,
blâmer les Procureurs qui les font , & en donner
avis à la Cour. Societas , Tribunal. On a mandé ce
Procureur à la Communauté fur cette procédure ir-
réiîulièrc. La Communauté a donné avis contre lui.
On a ordonné que ce règlement feroit enregiftré au
Greffe de la Communauté,
Les Procureurs de Communauté font ceux qu'on
élit pour avoir foin des affaires du Corps , recueillir
les aumônes & droits de la Chapelle ou de la Con-
frérie , faire dire le Service , affifter les pauvres. Ils
faifoient autrefois des feftins au jour de la faint
Nicolas , qui font maintenant abrogés. Le Bâtonnier
efl: un ancien Avocat nommé à fon tout pour erre le
chef de cette Communauté.
Communauté fe dit encore de quelques particuliers ,
qui ont mis leurs biens enfcmble , foit pour négocier,
foit pour vivre plus paifiblement -, ou bien qui pof-
Icdent ou qui ont à partager des biens en commun.
Ils fe font affociés pour fait de maichandifes , &
ils ont mis tant de fonds en leur Communauté. On
dépenfe moins quand on fe met deux ou ttois pour
vivre en Communauté. Ce qu'on a donné en avan-
cement d'hoirie doit être rapporté .à la Communauté
des héritiers , quand on veut entrer en partage.
Communauté fe dit plus particulièremcnr de la
Société de biens qui l'ont communs entre le mari
& la femm.e. Bonorum Communia , Communitas,
L'effet de la Communauté eft , que le mari & la fem-
me l'ont communs en biens meubles , & conquêts
immeubles faits durant le mariage , & en toutes
dettes mobiliaires concradèes avant, ou pendant
le mariage. Dans la Coutume de Paris , 8c en quel-
ques autres , on ftipule dans les contrats de mariage;
que des deniers dotaux il entrera une telle fomme
dans la Communauté. Le mari eft le maître de la
Communauté. Les fucceffions collatérales entrenr en
Communauté. Une veuve peut renoncer à la Com-
munauté , ou la continuer avec fes enfins. Il faut
faire clorre fon inventaire, quand on veut diflbudre
une Comw.unauté. La Communauté eft une efpèce de
fuccefiîon, & l'acceptation de la Communauté tlsC"
fembleà l'addition d'hérédité. La Communauté a été
introduite en faveur des femmes , pour les faire
entrer en partage des biens de leurs maris. Dans
rous les pays de Droit Ecrit la Communauté n'a point
lieu , ni en beaucoup de pays coutumiers. On a
trouvé qu'elle croit ttop oncreufe aux hommes, &
qu'il n'étoit point jufte que les femmes , qui n'ont
point de part à la peine & au travail , en partagent
le profit ù. les avantages. G. G. Autrefois la part de
la femme dans la Communauté n'excédoit point le
tiers. La Reine elle-même entroit en partage de la
Communauté avec le Roi , & emportoit le tiers des
trél'ors & meubles de la maifbn Royale. Pasq. Au-
trefois , par l'ancien Droit François ■■, il y avoir Com-
munauté de biens entre le mari & la femme -, & à la
mort du mari, la femme prenoit le tiers des biens de
la Communauté , comme il eft porté par le Capitu-
laire de Charlemagne. C /,//^, c. 9.
Communauté continuée, efï uns Communauté qui 3.
lieu entre le furvivant des deux conjoints par ma-
riage , &c les enfans mineurs iffus de ce mariage ;
lorfque le furvivant n'a point fait inventaire dei
biens qui étoient durant le mariage.
COM
Communauté tacite, ed'une Communauté conttiAce
entre plu(ieurs penonnes par le i'eil mélange de
■ leurs biens , pourvu qu'elles ibicnt Jemeurces en-
femble un an &i un jourc. La Lummun.i-tu tacite ,
parce qu'elle ell odieiifc , a été abolie dans ,^'lulieurs
de nos Coaamies ; elle n'a plus lieu qu'entre les en-
fans & leur père ou i. . -- mère , qui furvit , lorfqu'ils
n'ont point tait d'inventaire.
Communauté de: draps. C'eft un terme dont les Ca-
pucins ié fervent, pour fignifier la chambre où ils
mettent leurs habits. I^ejtiarium.
Communauté. Sur la fin du treizième fîècle il le
Ibrma deux partis dans l'Ordre de S. François ,
dont l'un fut appelé les Spirituels , &c l'autre la
Communauté. Ce que l'on appcloitla Communauté ,
étoit le gros de l'Ordre \ les Spirituels étoient les
Religieux zélés qui blnmoicnr les relâchemens.
Voyei le P. HÉlyot , T. VU, C. F, Se Vading ,
Hiji. de I- Ordre des Fr. Mm. T. Il & III.
COMMUNAUTIER , 1". m. terme qui eft en ufage
parmi les Auguftirs Dcchaullés , pour lignifier ce-
lui qui a loin de faire les habits des Religieux.
Sartor.
COMMUNAUX, f.m. pi. Ce font les prés, terres,
ou varennes qui appartiennent à une Communauté
d'habitans , ou ils ont droit d'envoyer paître leurs
beftiaux. yJgri compafcui.
Çcr COMMUNE, r. fi C'efl proptcmcnt le corps
du peuple, le corps des Bourgeois d'une ville, ou
des habitans d'un bourg , d'un village. Commune.
La commi.ne s'emcut facilement. Il W faut pas ir-
riter la commune. La commune de tel endroit a pris
les armes.
§C? Ce mot EU pluriel fTgnifie les peuples de la cam-
pagne , les habitans d'une paroiilc. C'cft dans ce
fens qu'on dit affcmbler les communes pour déli-
bérer lur les affaires de la Communauté.
£p° Autrefois en appcloit les Milices Bourgeoifes &
les Milices de la Campagne , les communes. On en-
joignit aux communes de leur courir lus.
Ç3° On a aufli donné le nom de communes .à une
forte de Ibciété que les habitans d'un même lieu ,
d'une mén:ç ville , d'un même bourg formoicnt
entr'eux par la permiHlon du Souverain", au moyen
de laquelle ils formoientun Corps , avoicnt droit de
s'afTembler, de le choilir des Officiers, &c. C'éroit une
efpèce de nouveau gouvernement , qui s'éroit établi
dafts plulieurs endroits du Royaume , avec l'agré-
Riem on Souverain , fous le règne de Louis VI ,
dit le Gros , pour détruire le pouvoir des Seigneurs
qui tyrannifoient le peuple, & mettre les habirans,
en les uniffant d'intérêts, en état de le maintenir
contre les grands Seigneurs.
Voici cnnmcnt les communes s'établirent. L'ex-
communication de Philippe I , & Ion inapplication
aux afîaires , avoient prefque ruiné fon autorité
en France ; 6c jamais les violences des Seigneurs &c
des Gcrtii<hcmmes , & d'une infinité de'brigands
& de Icclérats , qui s'avouoient d'eux , n'allèrent à
de plus grandes extrémités , fur tout contre les Ec-
cléliafliqucs , fans qu'on pût y remédier , parce que
ceux qui dévoient fournir des troupes les refu-
foient fouvrrt. Louis le Gros, à qui Philippe fon
père avoir abandonné la conduite de l'Etat fur les
dernières anrées de fa vie, délibéra avec les Evê-
ques du domaine Royal des moyens de remédier
à ces maux, & imagina avec eux une nouvelle
police pour la levée des troupes , & une nouvelle
forme de juftice dans les Villes , pour empêcher
l'impuritc des crimes. Au lieu qu'auparavant c'é-
toient les Baillis feuls qui levoient les Soldats dans
les Provinces, il fut déterminé que ce feroient les
Evêques & les Bourgeois , qui en certaines Villes
fe chargeroient déformais de cette commiffion ■■,
que les levées fe feroient par paroiffes ■■, que dans
chaque paroifTe , tous ceux qui feroient en état de
porter l(s arrres feroient obligés dcir.archrr fous
les bannjcrrs de leurs Eglifes,' & que les Curés
iroient avec eux pour leur adminiftrcr les Sacre-
COM
n:^l
I
mens, &; pour les autres fondions de leur mini-
ftete. On accorda à cette occaiion de grands avan-
tages aux villes où cette police fut ctabli'e. On y créa
un nouveau Tribunal ,compofé d'un certain nombre
de J uges, tirés de la Bourgeoilie , auxquels on donna
b conaoilfance de plulieurs crimes & de pluiieurs dit-
férens, qui regardoient les bourgeois & la ban-
lieue de la ville. On leur accorda un fc?au parti-
culier, 1- droit de cloche dans le lieu où ils s'af-
icmbloient, pour convoquer les Bourgeois, celui
d'un beffroi pour faire la gardf , ?c d'autres pri-
vilèges femblablcs , dont Du Cange nous a donné
le détail. Des Gentilshommes , & d'autres gens de
dehors, entrèrent dans ces communes. Se il paroît que
tout le territoire , qui reflbrtiifoit auparavant à la
jultice de ces villes adminiftrée par les Baillis, y
participoit audi, Ainli , quand on dit dans notre
Hilloue , que la commune d'une telle ville marcha à
l'armée du Roi, cela fe doit entendre des troupes
levées dans tout le territoire qui en dépendoit j
& ces troupes étoicnc diftinguées de celles que les
Seigneurs &c les Gentilshommes Va(fjux du Roi
ctoient obligés de lui fournir en vertu de leurs
Fiefs. Nos Hiftoriens de ce temps-là appellent celles-
ci Milites ; & les communes , BursenJ'es. Ces com-
munes étoient fort commodes pour avoir aifémenc
des troupes. Aulfi palfèrent ^ elles du domaine
du Roi dans celles de lés plus puifTans Va/faux ,
comme des Ducs de Bourgogne & de Normandie ,
des Comtes de Flandre & de pkUieurs autres.
Mais d'ailleurs par ce moyen on établit dans les
viiles comme autant de petites républiques , qui
firent fouvcnt de la peine au Souverain. P. Da-
niel , au commencement de Louis le Jeune-, T. J,
p. 1167 & fuiv.
C'elt de là qu'ert: venue l'aurorité & la juri-
dicfion des maifons de villes , leurs revenus, les
divers ofiices dont elles font compofées ; car même,
en plulieurs chartes, on donne à ces Juges !e nom
d'Echevins, Scafiini, & au Chef de cette iuridic-
tion le nom de Major ou de Maire des Gentils-
hommes.
1^ Par l'ctabliflémcnt des communes , les villes
étoient devenues prefque indépendantes : auffî dès
que les Seigneurs furent réduits , les Rois ne tar-
dèrent pas à dépouiler petit à petit les villes
des privilèges qu'ils leur avoient accordés. Koyc^
Lifameuje Ordonnance de Moulins qui ôte la con-
noilfance des affaires civiles entre les parties aux
Maires , Echevins , Confuls , Capitouls , en un moç
à tous les Adminirtrateurs des Corps de Ville.
Dans le Parlcmenr d'Angleterre il y a deux Cham-
bres-.la Chambre Hauteeft celle des Seigneurs, Cu-
riafuperior; la Chambre baiTe efi: celle des commu-
nes; inferior Curia ; elle eft compofée des Députés
des Villes, & repréfentc le Tiers-Etat. C'eft de cette
Chambre que fottent les Bills pour lever de l'argent
fur les fujeis de l'Etat , Bills auxquels la Chambte
Haute ne peut faire aucun changement.
Communes , font auffi des terres qui appartiennent
a des villes, à des bourgs ou villages , où les hi^
bitans envoient paître les beftiaux ," couper du bois
pour leurs ufages, & s'en fervirdans leurs autres
befoins. A^ri communes. Les Seigneurs des lieux
ufurpent fouvent les communes des payfans. Les
communes ne fauroient être aliénées j éc li elles l'é-
toient, les habitans y pourroient rentrer de plein
droit. Journal des Aud. On les appelle en quel-
que pays des communaux. Feftus appelle compaf~
cuus , un champ abandonné au pâturage des be-
ftiaux du commun.
Commune, [à la) adv. Communément , groflière-
ment , vulgairement. Vulgari more , vu!<'ato more.
Il philofophe à la commune. Gomb. Il n'eft pas
d'ufage.
UCT" Commune , terme de Mythologie , par le-
quel on déligne une fcte quecélébroient les Payens,
La fcte que les Payens nommoient Commune, étant
arrivée , Julien retourna au teninle de la Fortune,
Z Z z z ij
as
C O M
7J2,
C'eft fans doute la fête de tous les Dieux que
Fedus appelle Communie arlus dies.
COMMUNEL. adj. Commun. Vieux mot , qui ie
trouve dans Villehardouin, &; autres. f^oye^Dv
Gange i Gloss. de Villehardouin.
Et sons li tiens font comm\y.r\t\.Vn. Mouskes.
COMMUNÉMENT, adv. D'une manière commune,
ordinaire , générale. Communiter , vulgo. Les pro-
verbes le forment de ce qui Te àii communément. On
trouve cela communément ; c'eft-à-dire , partout.
Vbiijue. Il y a communément dans nos Hiftoriens
un certain embarras qui fatigue l'eiprit, & qui le
dégoûte. Le P. Dan. A parler communément j com-
tnunement parlant -, pour dire , félon l'opinion com-
mune, félon la manière de parler ordinaire.
COMMUNIANT , ANTE. f. Celui qui communie.
Qui ad epuLum Euckarijiicum accedit , qui facra-
tijjîmo Chrijii corpore rejicitur. Il y avoir deux com-
munians à cette Mefle, On compte le nombre des
paroiiilens d'une Cure en difant , il y a tant de
communians. ^
COMMUNICABILITE. f. f. Qualité de ce qui eft
commun\cd.b\Q. Fdcultas ab une adalium tranfeundi.
C'eft un fait attefte par un grand nombr; de voya-
geurs , que les Orientaux ne croient point la com-
municabilité delà pefte. Journ. des Sav. ijit.p'.
2 11. M. Gaudereau , dans fa Relation des diffé-
rentes efpèces de pefte que reconnoiifent les Orien-
taux , n'en convient pas , & il a raifon^ Les preuves
que l'on apporte de cette prétendue opinion des
Orientaux , ne font pas convaincantes •, car la cou-
tume dans laquelle ils font de n'apporter point de
*précautions , 6c de le fetvir des hardes d'un pefti-
féré , aulfi-tôt qu'il eft morr, ne vienr point de ce
qu'ils nient la cornmunicatilité de la pefte •, mais
de l'opinion où font les Mahométans fur la pré-
fcience de Dieu , donr ils font une efpèce de de-
ftin , qui a prévii & réglé qu'ils mourroient de telle
ou de telle autre manière. S'il l'a prévii ^ ils difent
qu'ils auroicnr beau faire , & que cela arrivera in-
failliblement ', Se s'il ne l'a pas prévu j ils ont beau
s'expofer , rien he pourra leur donner la mort. Ainfi
on a tort de s'autorifer de l'exemple des Orien-
taux pour rejeter la communicabHité de la pefte.
Les Orientaux s'expofent de la même manière, &
par le même principe , à tout autte danger qu'à
celui de la pefte.
ffr COMMUNICABLE.'adj.det. g. Ce qu'on peut
communiquei à un autre, ce dont on peut le faire
participant. Quod alteri communictri potefi ; cujus
particeps fieri potejt, La Souveraine autorité n'eft
pas communicable.
§Cr II fignifîe audl , qui peut fe joindre à un autre. So-
cikbilis. La navigation a rendu tous les pays commu"
nicahlcs,
^CF Deux rivières font communicables , quand elles
peuvent être jointes par un canal.
1^^ Deux apparremens font communicables , quand on
peut pratiquer une communication de l'un à l'autre.
IJCT On ne dit point un homme communicable , mais
communicatif.
COMMUNICANS. f. m. pi. Sedle d'Anabaptiftes du
feizième fiècle. Communicantes, La Communauté
de femmes & d'enfans qu'ils avoient établie entr'eux
à l'exemple des anciens Nicola't'tes , leur fît don-
ner ce nom.
0CF COMMUNICATIF , IVE. Qui fe communi-
que facilement. Le bien eft de loi communicatif.
On pe le dit guère que dans ces fortes de phtafes.
^Cr On dit qu'un homme eft communicatif , quand
il aime à communiquer aux autres les penfées, fes
lumières , fes connoiifances , à leur en faire part.
COMMUNICATION. f. f. Adtionpar laquelle on Liit
part à un'autre, & on le fait parricipant du bien ou du
mal qu'on pofsède , &c l'effet de cette aéfion. Cmnmu
jiicatio. C'eft par le moyen des Sacremens que Dieu
nous fait la communication de fes grâces, hacommu-
^ nication des penfées fie des fcntiraeas , qui fe
C Ô M
fatt ^âf le commerce de la eonverfatioii , eft lè
plailir le plus doux de la vie raifônnable. Val;
L'amitié eft une communication de biens 6c de
maux.
Co.\îm:ttnication fe dit auffi de la fréquentation j
du commerce, de la liaifon qu'on a avec quel-
qu'un. Communication focietas, communia. Rien n'eft
plus dangereux que la communication avec les Hé-
rétiques. La communication plus libre des Rois
avec leurs fujets, fait qu'on perd moins de leurs bons
exemples. Flech. L'efprir fe forrifîe par la com-
munication des efprirs vigoureux , &C fe perd avec
les efprirs bas. Mont. Rompre totite communica-
tion avec quelqu'un.
Communication lignifie encore le moyen par lequel
deux choies fe communiquenr le pallagc par où on
va de l'une à l'autre. Iter pervium ab uno loco ai
alterum. Il y a eu bien des places qui ont eu com-
munication les unes avec les autres par deflbus terre*
Cette galerie joint , fait la communication de ces
deux apparremens. Canal de communication de
deux mers. On ne connoîr pas comment fe fait la
communication entre l'ame &: le corps. Font.Oh dé-
finit la prière , une communication de l'ame avec
Dieu. Communicatio
En termes du Palais, la communication e(i Vé-
change que les Avocats font de leurs facs , afirt-
qu'ils s'éclaircilfent du fait, & voient fur quoi ils
ont à plaider. C'eft auffi une efpèce de petit plai-
doyer qu'ils font au parquet en préfence des Avocats-
Généraux , pour les inftruire de l'affaire j avant
que de leur envoyer les pièces. On le dir auifi de
la fignification des pièces & des adles d'un procès;
Un Procureur demande à fon confrère qu'il lui
donne communication d'un tel afte , qu'il lui eri
donne copie. L'Ordonnance dernière veut qu'on
ne prenne communication des procès pour faire des
conrredits , que par les mains du Rapporteur,
On dit , en termes de Phyfîque , |t7 la communi-
cation du mouvement , c'eft-à-dire l'aiflion par la-
quelle un corps qui en frappe un aurre , met en mou-
vement le corps qu'il frappe. Communicatio motîts.
En termes de Guerre , oh appelle lignes de com-
munication , ou abfolument les lignes , des foffés
profonds de (S à 7 pies, & larges de ii qu'on fait
d'un fort à un autre , pour palîér d'un quartier à
l'autre, d'une attaque à une autre j 8c s'entrefecou»
rir particulièrement dans les fièges. Foffœ per qtias
ab uno propugnaculo ad aliud iter patet , fojfx
commun icantes.
En Théologie communication d'idiomes eft la
communication qui fe fait dans J. C. des attributs
d'une nature à l'autre. Communicatio idiomatum. La
communication d'idiomes eft fondée fur l'unité de
perfonnedansj. C.-,parce qu'il n'y a dansj. C. qu'une
perfonne qui eft la perfonne du Verbe, qui eft Dieuj
& deux natures i la divine Zz l'humaine. On dit
par communication d'idiomes , que Dieu a foufïcrt j
qu'il eft mort , (fc. cela s'enrend de la nature hu-
maine , qui peut fôufftir 6c mourir , 6c lignifie que
Dieu a fouffert dans fon humanité , qu'il eft mort
quant à la nature humaine. Car les dénominations qui
lignifient les natures ou les propriétés des natures ,
font dénominarions des fuppêts ou des perfonnes ^
6c leur doivent être attribuées. Ainfi dans J. C. les
deux natures ne fubfiftant que par la feule perfonne
du Verbe , on doir artribuer .à cette perfonne les dé-
nominationsdesdeux natures 6c de leurs propriétés.
On ne peut point par communication d'idiomes at-
tribuer'à J. C. les chofes qui fuppoferoient qu'il n'eft
pas Dieu, parce quVUesdétruiroient l'union hypof-
tatique , fur laquelle eft fondée la communication
d'idiomes : ainfi on ne peur poinr dire , J. C. eft pur
homme , J. C. eft peccable , J. C. eftfils adoptif de
Dieu. Les Luthériens érendent h communicationS'x-
diomes, jufqu'àdirs que J. C.non feulement, dansfâ
nature divine , 6c à raifon de fa perfonne divine,
mais auffi réellement 6c proprement , eft dans fon hu«
t:o
niâfiit^ , îmmo'rtcl , immcrife -, &c. c'eff i?fîê'-^éur ,
contre la foi,
|(CJ" Communication , figuré de Rhétorique par la-
;- quelle l'Orateur, fur de la bonté de l'a caule , ou
alîèdant de rëtre , s'en rapporre lltr quelque point
à la décilion des Juges , des Auditeurs , & même
à celle de fon adverlàire. Encyc. Qu'en penfez-
vous , Meflieurs -, n'ai-je pas pas fait ce que vous
auriez fait vous-mêmes ?
COMMUNIER. V. a. Adminiftrer le Saint Sacre-
ment de l'Euchariftie. Sacrum Chnjii Domini cor-
pus percipundum porrigere. L'Evéque officiant a
communia tous fes Chanoines.
fcoMMUNiER. v. n. Recevoir le Sacrement de l'Eu-
chariftie. Sacrum Domini corpus pcrcipere. Tous
les Chrétiens font obligés de communier à Pâques à
leur ParoiHè. L'Eglife^ grecque communie fous les
deux elpèces. Pair le fécond livre de Tenullien à
■Ja femme , on voit que dès lors On com,munioit \
, jeun, & fouvent fous la feule efpèce du pain. Fleury,
S. Auguftin dans fes Réporzjes aux quejlions de
Janvier, marque expreifément que c'étoit l'ufage
en plufieurs EglifeS de communier tous les jour's,
;& en d'autres de com.munier tous les Samedis.
Chez les Grecs , les laïques mêmes communiaient
tous les Dimanches ; & on excommunioit ceux
qui y manquoient trois fois de fuite. Fleury.
On appelle communier en elprit, quand on élevé
fon cceur à Dieu, & qu'on lui témoigne le dcfir
•qu'on auroit de participer a la communion. Sacrum
iJhriJii Domini cor pus ajfe&u dcfideriifque pcrcipere,
M. Péllifon dans fes Réflexions fur les dijferens
de la Religion , prend le verbe communier pour
ce que tous les autres , en termes dogmatiques &
d'hiftoire Eccléfiaftique , appellent communiquer ,
être en communion, en commerce de relinion
avec quelqu'un. Ce n'eft pas de TEgliie inviViblc
qu'il s'agit là ; cai: elle n'excommunie pcrfonne ;
c'eft de celle que l'on voit communier avec les
uns ■, excommunier les autres. Peliss. Je n'ai re-
marqué ce mot en ce fens que dans cet Auteur ,
& ce rl'cfl^pas^ l'ufage.
COMMUNIÉ, ÉE. part. paff. Qui a reçu la com-
munion. Il cft mort bien confeffé & communié.
%T Communier, f. m. terme de Courume. Voye^
CoMPERSONNIER.
COMMUNION , ï. f. en termes eccléfiaftiques , fe dit
pour croyance , uniré de doctrine , union , unifor-
miré dans la même foi & la même fociérc. Communio.
La Communion Aç. l'Egtife Carholique en ce fens , eft
l'uiiité d'une même foi , là réunion des Fidèles dans
la mêm_e croyance , la croyance des mêmes
dogmes, ou des mêmes articles de foi fous un
même Chef, qui eft le Pape; Les Luthériens &
les Calvinifles ne font point de notre communion.
Le S, Siège eft le centre néccffaire de norre com-
minûon. Il n'eft jamais permis de rompre la com-
munion avec l'Eglife , pour quelque raifon que ce
puiffe ftre. Le jufte que l'on condamne injuftemenr,
eft féparé de la communion externe , inais non pas
de la communion des biens fpirituels. Port-R.
Dès les premiers temps, le mot de communion t^
pris en ce fens; Par exemple, le Concile d'El-
Vire j qui le prcrid d'ordinaire pour la parrici-
"pation aux Sacremens & aux prières publiques , &
pour la communication libre avec les Fidèles , fe
prend cependanr au/fi en quelques canons, corair.e
•au trenre-feprième , pour là participation à l'Eu-
chatiftie.
Outre cette communion générale de l'Egiifé uhiver-
■felle , dont on ne peut feféparer ,fans être au moins
fchifmatique , ce mot fe difoi t encore dans les pre-
miers fièeles de l'Egli'e, pour lignifier l'union &: le com-
merce que lesEghfes p.Trriculièrcsenrretehoient cn-
tr'elles. Mais comme l'Eglilfe eft. répandue dans tout le
monde, il étoit difficile qu'elles eudént toutes immé-
diatement & par elles-mêmes coiiimerce entr'elles,
'Quefaifoient-clles donc? Elles s'unidbientenrr'elles
■avec les principales Eglifes-jifur-touTles Eglifes-'Apoflro-
b M
?ir
îiqués , OU' Fondée* par les Apôrres. C'étoit-lâ uhc
communion immédiate. Par l'union qu'elles avoicnt
avec ces Eglifes Apoftoliqucs , elles étoicnt en com-
munion avec toutes celles qui étoient unies à ceè
mêmes Eglifes , & cela s'appelle une communion mé-
diate. Il a toujours été permis aux Evêqucs de re-
fufer leur communion à ceux qu'ils n'en ju^eoient pas
dignes. Les Papes ont quelquefois refufcamfi la com-
munion. Cç ittm de communion n& fe doit point
confondre avec rexcommunication. L'excommuni-
cation emporte la privation de tous les biens fpiri-
tuels de l'Eglife , & ce refus de communion n'eft
qne la privation du commerce que l'on avoir où
que l'on pourroit avoir avec une ou quelqueè
Eglifes particulières. Le Pape même pourroit i
pour de bonnes raifons , s'abftenir de communi-
queravec un Evêquc, fans pour cela l'excommunier.
Communion des Saints , tmnc dogmarique. C'eft:
l'union, la communication, les relations qu'ont
entr'elles l'Eglife triomphanre , l'Eglife foulfrante
& lEglile milirante ; c'eft-à-dire, entre les Bien-
heureux qui font dans le Ciel, les âmes qui font
dans le Purgatoire, &■ les Fidèles qui compo-
fent ici-bas la véritable Eglile. -Communio Sanc-
'toTum. La Communion des Saints confifte refpec-
tivemenr dans les devoirs , les fervices , les fe-
cours que fe rendent , & que reçoivent mutuelle-
ment les uns des autres , ceS trois parties de la
totalité des Fidèles morts & vivans. Elles coh-
fiftent pour nous qui fommes fur la terre , dans
l'honneur que nous leur rendons , les prières que
nous leur faiibns pour obrenir leur proteélioh au-
près de Dieu , la participation qui nous eft don-
née a leur mérite, & l'application qui no.ils en
eft faite. Elle confifte pour les âmes du Purga-
toire , dans les prières & les facrifices que nous
offrons pour eux , & en confcquence defquels
l'application des mérites des Sainrs leur eft faite
par manière de fufFrage pour obtenir leur déli-
vrance. Par rapport aux Sainrs, c'eft la protec-
tion qu'ils nous accordent auprès de Dieu , U
leur inrerceffion, les prières qu'ils font pour nous,
l'application qui nous eft faite de leurs mérites
& aux âmes du Purgatoire. La Commimion des
Saints eft un dogme de foi , c'eft un article du
fymbole des Apôtres i Je crois la communion des
Saints. Eft-il rien de plus raifonnable & de plus
fondé que ce dogme ? L'Eglife eft un corps , les
Fidèles en font les membres -, J. C. en eft It
Chef invifibie , & le Pape , Vicaire de J. C. en
eft le Chef vifible. Dans rout corps il doit y avoir
des rapports mutuels, de la correfpondance , de
l'union entre tous les membres , ou ce ne feroit
plus un corps 5 ils doivent concourir, chacun eti
fa manière, Se s'entraider pour la même fin. Cette
correfpondance & certe union confifte en ce que
nous avons dit ci-defllis. L'Ecriture & la Tradition ,
l'ufage conftant de l'Eglife font pleins de preu-
ves de cett:e correfpondance & de cette commu-
nion , comme on le peut voir dans nos Con-
troverfiftcs. Combien de grâces Dieu r'accorde-
t-il pas à fon peuple eh confidération d'Abraham,
d'Ifaac & de Jacob î Judas Machabée ne fait-il
point des oblations poui: les Juifs morts' dansTa
guerre contre les Infidèles 5 L'Eglife n'a-t'cUe pas
de tout temps honoré, prié les Sainrs > Com-
bien dans l'Hiftoire Eccléfaftique de faveurs ma-
nifeftement obtenues par rinterceffion des Saints ;
Les Conciles n'ont-ils paS condamné l'erreur con-
traire 2 Sainte Monique ne prie-t elle pas en mou-
rant que l'on prie pour elle après fa morr , en
offirant le Sacrifice de l'autel ? &c.
Les Pères donnent diiférens noms à la Commu-
nion des Saints. Saint Cyprien , dans fa tren-
tième Lettre , l'appelle Privilcgium focietatis , le
privilège de la fociété -, dans le Livre de l'Oral-
fon Dominicale , il la nomme Jus communicationis,
le droit de la communication. S. Auguftiii dans
fa cinquantiè'fne Lettré >- hx\ d'onne le nom de Si)^,
7^4 COM
cietas CatkaUca \ Saint Lcoa , dans fa quatre-
vingt niuvumc Laire .inzïcaii^s cdilions , l'appelle
Graiia comniuniiaus.
tO^ Communion cft un mot latin qui veut dire la
mC-me choie que liailon , communication , union.
On dcligne par ce mot l'union qui dt entre tous
les menCbres de l'Eglile . parce qu'ils ne font
tous qu'un même corps dont J. C. eft le Chef-,
enlbrte qu'il cR vrai de dire qu'ils Ion: tous les
membres du corps myftique de J. C. &: les mem-
bres de J. C. . , c •
fp" On la nomme Communion des Maints , parce
que tous les membres de 1 Egiif- ont été lanc-
lifîcs par le Baptême , que tant qu'ils en conler-
vent la grâce, ou lorlque l'ayant perdue, ils l'ont
recouvrée par la Pénitence ; ils ibnt iaincs , &
que toujours ils font appelés à la raintcté. C'cft
pour cela que quand S. Paul parloir des Fidèles
de fon temps , ou qu'il leur écrivoit , il Lur don-
noit tou'oars le nom de Saints.
Communion eft auifi l'adion par laquellf on re-
çoit le corps & le fang de Jefus-Chriil au trcs-
augufte Sacrement de l'Éuchariftie. ChrijH corporis
&yang:unis fumtio , acajfio aJ f-icrum corpons
epulum. Oïïgcnc , dans- une homii/ie , p. 2 3 5,^«;
l'édition de 1V19, marque qu'avant hcorrminion
on difoit dès lors , comme nous faifons encore,
les paroles du Centenier , Seigneur, je ne fuis
pas digne que vous entrie^ fous mon toit , &c.
On ne lauroic faire avec trop de relpcdl la làintJ
communion. Saint Cyprien appelle les commu-
nions précipitées , un poifon mortel. On retran-
choit de la communion les perfonnes (candaleuics
avec une extrême fcvéritc dans l'ancienne Eglife ,
&: elle ne les y admettoit qu'après avoT fobi 1 s
loix de la pénitence. Port-R. Le quatrième Con-
cile de Latran ordonne que chaque fidèle re-
çoive la Sainte communion , au moins à Pâques :
ce qui montre qu'il louhaite qu'on le taflè même
plus fouvent : éc en CiTet on le faifoit beaucoup
plus fouvent dans les premiers (ièclcs. Giaticn
même & le Maître des Sentences donnoient pour
rètrle aux laïques de le faire trois fois l'année , à
Pâques , à la Pentecôte & à Noël ; mais l'ufage
s'éroit introduit au tr zième fiècle de n'approcher
de l'Euchariftie qu'à Pâques ; & le Concile jugea
à propos d'en faire une loi *, de crainte que le
relâchement &c la tiédeur n'allallcnt encore plus
loin dans la fuite. 11 n'y eut jamais plus de com-
munions , &c moins de changemens de vie. P. Rap.
Une communion ndigne eft celle qui fe fait en
état de péché mortel. La coototz^«/o« Pafchale eft
d'obligation. Il y a des orai<bns pour dire avant
& après la communion. Les Orientaux fe fervent
d'une cuillier pour adminiftrrr anx laïques la com-
munion fous l'efpèce du vin. C'eft une preuve de
leur foi fur la prcf' nce réelle, yoyei CuiLtER.
Autrefois on s'eft fervi d'un chalumeau pour la
même chofe en Occident , comme B. Rhenanus
l'a remarqué fur Tertullien.
Communion yôj/i les deux efpèces , c'cft-.vdire fous
l'eTpèce du pair & fous l'efpèce du vin. L'Eglife
a retranché pour de grandes raifons la communion
ibus les deux efpèces.' Dans la primitive EL'life on
adminiftroit fouvert la communion fous une feule
cfpèce -, Se on n'a jamais cru que la communion
fous les deux crpècs fût ncceflaire aux laïques ,
ou ordonné par J-^fus-Chrift pour tout le monde.
M. Boflîiet & P. Doucin Jcfuite ont fait des li-
vres de la communion fous les deux ef fèces. Dans
le neuvi-.Tic fècle on donnoit encore la ccmmu-
tiion fou? les deux efpèces , ou plutôt on don-
noit refpcce du pain trempée dans celle du vin.
^cla SS. Bened. Sœc. 111, p. I, Praf. p. LUI.
On la recevoir aufîl d'abord dans la main. M. de
Marca , Hifi. de Bearn. , liv. ^ t c. 10. §. 7/7.
croit que la communion fous une feule efpece a
commencé çn Occident fous le Pape Urbain II ,
l'an 105c» , & à la conquête de la Terre Sainte,
COM
avouant cependant que dès le commencement de
l'Eglile on le taiiôit louvent i car il ne parle que
de Inuroduaion de l'ulagc général, qu il anri-
bue au vingt - huitième Canon du Concile ae
Clermont , qui ordonne à la vérité que l'on com-
munie fous les deux cfpètes fcparcment , mais
qui fait cependant deux exceptions, l'une de né-
ceifitc &: l'autre de caucè:c , laji per n^c.jjitu<.m.
& c.iuteUm : la première pour les maLues , &C
la féconde en laveur des abltemes ou de ceux qui
auroient horreur uu vin.
Communion, prife pour la participation au Sacre-
ment de l'Euchariftie , eft ou rcdlc ou Ipiri-
tueile. La Communion réelle eft cei e où l'on re-
çoit clfedivement le Corps de Notre-Sei.neuren
la fainte Euchariftie. La communion IpiritucUe eft
locfque , fans recevoir le Corps de Notre - Sei-
gneur , on excite en foi un grand defir de le re-
cevoir , on fait tous les a^les que l'on feroit fi
l'on communioit cfteiaivement , & l'on prie No-
tre-Seigneur de nous faire participans des truits de
ce Sacrement.
CoMxMUNioN laïque. C'cft la communion tellç que
le peupl- la reçoit, c'eft-à-dirj , fous une feule
efpèce. Etre réduit à la communion laïque, c'é-
toic anciennement une peine canonique pour les
CLrcs coupables de quelque faute.
Communion Etr.ingcre , autre peine^ à laquelle
plaliuurs Canons condamnent les Evêques & les
Clercs qui ont fait quelque faute. Cette peine
n'eft ni excommunication ni une dcpoiition , mais
une efpèce de fufpenfe des ibndions de l'Orare
avec la perte du rang que l'on tenoir. En eitct
le Concle de Riez ," après avoir déclaré nulle
l'ordination d'Armcntarius d'Embrun , permet i
quelqu'aurre Evêque de le reccvo r dans ibn dio-
cèi'- , de lui confier une Paroiife avec le rang
de Chorcvêque , &■ la comnuinion étrangère. Le
feco-id Concile a'Agde veut qu'un Clerc qui rc-
fufc de (réquentir i'Eglifc foit réduit à la com-
munion etranzire , &: que , s'il fe corrige, il (oit inl-
crit de nouveau dans la matricule de I'Eglifc. Le
Concile de Lérida ordonne de ne recevoir au
plus qu'à la communion etran'rare les Clercs qui
fe font emparés des biens de J'Eglife après la mort
de l'Evêque.
Ce nom de communion étrangère vient de ce
qu'on acco-.ioit la communion à ces Clercs que
comme on la don-ioit aux Clercs étrangers. Ua
Evêque, par exemple , qui fe trouvoit dans une
Eirlife , dont il.n*étoit point Evêque, n'y failbrc
point les fondions Epifcopales ; mais il avoit la
première place a^rès l'Evêque & avanr les Prê-
tres. Si unPrêrre étoit réduit à la communion étran^
gire-, il avrrt le dernier rang pnrmi Ls Prêtres, &
'avant les Diicres, comme l'a'iro't eu un Prèire
étranger, qui auroit paflé avec des lettres tefti-
moniales de fon Evêque.
Le mot de communion peut encore avoir d'au-
tres tignific.itions. 11 fe prend quelquefois pour la
parciciparion nux prières des fidèles ; d'autre
fois aulfi pour l'union que les Eglifes entretenoient
en'embîc.
0 1 dotno't encore autrefois le nom de commu-
nion aux o:?randcs pour les Morts, comme il pa«
ro't pir le fécond Concile d'Ailes, Can. iz.
On le donnoit aurfi à la réunion, à la récon-
ciliation à l'Eglife ; & l'on difoit , donner la
communion, rendre la communion.
Tois ces termes fo"t encore en ufage au'our-
d'hui quand on écrit l'Hiftoire Ecclcliaft'q le , ou
que l'oi traite de ces matières,
La communion de la Me/Te, c'eft l'endroa oii
le Prêtr? comnrir.ie & confimc les efpèces. T-m-
pus il/ud farrificii que fiera Hojiia a Sacerdjte
ahfumitur. En ce fens , d dit non feulement:
le Prêtre eft à la communion , mais enco'-e la
M-^ffe en eft à h communion. Il faut élever 'on
cœur i Dieu peodant la communion de la Mclfe ;
C O M
&: communier en efprit. On le dit aufîl du mo-
. men: où le Prêtre donne la communion aux fidèles.
Communion fe dit encore de l'Antienne que le
Prêtre dit après avoir communie ; & les orai-
Ibns qui luivent s'appellent Fojîcommunion.
Communion. [Lettres de) C'étoient des lettres que
les Eglifes s'ecrivoient anciennement pour com-
ir.uniquer enfemble , & entretenir l'union dans
une même croyance. Miituœ ad fovendam inter
Ecclefias caritiitem ac communionem litterœ. Comme
il ctoit impoillble que toutes les Eglifes commu-
niquaflent dirccflement , on choififlbit les villes les
plus conlîdérables defquellcs on recherclioit la
communion , 6c par elles on ctoit cenic avoir com-
munion avec les autres. Mais toutes ctoient en
communion avec le S. Siège.
^Cr Communion , terme de Jurifprudence, A Di-
jon , c'eft la partie de la dot qui entre dans la
Communauté.
f);3' On appelle aufll communion la Communauté
de biens entre mari & femme ; & elle n'efl:
guère connue dans cette Province que fous ce
nom. Communia bonorum. In communionem hona
nferrc.
§3° Enfin c'eft le nom que l'on donne aux Aflb-
ciations qui ont lieu en certaines Provinces entre
toutes fortes de perfonnes , Se fingulièrement
entre mainmortables. C'eft une efpècc de Société
de tous les biens. Encyc.
§CT On appelle communiers ceux qui ont fait une
telle Société.
COMMUNIQUANT , ANTE , f, m. Voyei Com-
MUNICANS.
COMMUNIQUER , v. a. donner quelque chofe à
un autre , le faire participant de ce qu'on pof-
fcde. Communicare aliquid alteri , aliquem ali-
cuji.'s rei participem facere , aliquid cum aliquo
panicipare. Le foleil communique fa lumière éga-
Jcmcnr par-tout. L'aimant communique fes pro-
priétés au fer. Flech. Si un Etre fupérieur n'a-
voir point communiqué le mouvement à la ma-
tière , elle demeureroit dans un continuel repos.
Jaq. Dieu , foit en communiquant fa puiflance
aux Piinces , foit en la retirant à lui - même ,
leur apprend leur devoir d'une manière fouve-
raine &: digne de lui. Boss.
^3" On dit de même communiquer fes vues , fes
projets , fes idées , fes lumières , en faire part.
Et dans le même fcns , communiquer fa joie ,
fa douleur , fon chagrin. En parlant de Dieu ,
on dit qu'il nous communique fes grâces. Dieu
communique à fes Saints , &: fait reluite fur eux
un rayon de fa gloire.
§3" Dans toutes ces accepfions communiquer cft aufïl
réciproque. La chaleur , le mouvement , la lu-
mière , la joie , la douleur (fc. fe communiquent.
Certaines maladies fe communiquent en peu de
temps.
§Cr Communiquer, s'emploie auffi abfolument, &
fignifie avoir commerce, correfpondance , relation
avec quelqu'un. Commercium , communionem ha-
bere. Communiquer avec les fçavans. Ils n'ofoient
communiquer avec les Ambalfadeurs étrangers. La
diverfitc des Seéles empêche que les Turcs ne
communiquent avec les Perfans. Les Banians ne
veulent point communiquer avec ceux qui ne font
pas de leur Religion , ils les tiennent immon-
des.
Il n'eft pas permis de communiquer avec un
Hérétique dénoncé , fmon en certains cas , fous
peine d'encourir par le feul fait l'exconimunica-
tion mineure. Les Excommuniés dénoncés ne doi-
vent point communiquer avec les Fidèles. Ce
mot , en ce fens , fe dit particulièrement dans
les matières Eccléfiaftiques. Dans l'ufage ordinaire
il feroitmieux dédire , je n'ai point de cominerce
avec cette perfonne, je ne la vois poinr ,_ je ne
la fréquente point. Et fi l'on dit quelquefois , je
ne communique point avec tel homme , ce n'eft
C OM
?T
qu*en badinant & pat métaphore , comme fi on
le regardoit comme un excommunié.
^ Communiquer. ( Se ) Donner un libre accès , en-
trer facilement en converfarion avec quelqu'un. II
ne faut pas fe communiquer à tour le monde. Sui
copiam facere. Les Princes d'Orient lé communi-
quent rarement à leurs lujets. C'eft un bourru ,
qui ne fe communique pas ailement. Les Italiens
ne fe communiquent guère qu'à leurs meilleurs amis.
On ne fait bien fouvent des confidences que pat
la pente naturelle qu'on a à fe communiquer. M.
Esp. Un Prince ne doit pas trop fe communiquer »
fe faire voir familièrement à fe^ fujcts.
Communiquer , (Se ) fe dit auffi des choies qui ont
un paifage de l'un à l'autre. Quelques uns croient
que la Mer Méditerranée & la Mer Cafpienne fe-
communiquent par des canaux fouterrains. Fermeare.
Ces deux attaques fe communiquent 'çi^t mihoy?.vt.
de tranchée -, ces deux appartemçns par une ga-
lerie. Le vent des fouftlets fe communique aux
tuyaux de l'orgue par le moyen d'un fommier.
En ce fens on le dit aulfi neutralement fans le
pronom perfonne!. Ces deux appartemens com^
muniquent enfemble par un corridor. Ces deux
hôtels communiquent par une perte qui eft dans
le jardin.
Communiquer , en termes de Palais , fe dit de la con-
férence qui fe fair entre les Avocats , ou les Juges ,
des pièces & des raifons des parties , pour être cer-
tain du fait & de leurs défenfcs. Communicare. On
ordonne que les Avocats fe communiqueront refpec-
tivemenc leurs lacs, qu'ils en communiqueront aux
Gens du Roi &: au Confeil -, le Rapporteur en corn-
muniqucra à des Commifiaires qu'on nomme à cet
effet. Les Ambafiadeurs , ou Agens , doivent com'
muniqner refpeètivcmenr leurs pouvoirs.
COMNÎUNIQUÉ, ÉE.part.
COMMUTATIF , IVE. adj. Oi\ ne s'en fert guère
qu'en parlant de la Juftice commutative,<\m regarde
le commerce, où il s'agit de l'échange d'une ehofe
contre une autre , en rcndanr autant qu'on reçoir:
en quoi la Juftice commutative diffère de la Juitice
diftributive , qui ordonne des peines & des récom-
penfcs. Kov£{; Justice.
(kT commutation, f: f. Co'mmutatio. Ce mot fi-
gnifie littéralement changement , échange d'une
chofe contre une autre : mais il n'eft d'ufage que dans
les exemples Cinw3.ns. Commutation de peine , en ju-
rifprudence, eft le changemenr d'une peine pro-
noncée contre un criminel en une autre moins forte,
de la mort, par exemple, en une prifon perpé-
tuelle.
?t3" Cette commutation ne peut fe faire que par Pau— '
torité du Prince. Comme ce n'eft point une grâce
pleine & entière , mais feulement une relaxarion de
la rigueur de la peine prononcée contre les cou-
pables , elle ne lui fait point recouvrer fon premier
érar , & n'ôte point l'infiunie: &c par conféquent,
malgré la commutation , il eft incapable de fuc-
céier , & de tous les autres effets civils.
1^ Commutation, terme d'Aftronomie. L'angle de
commutation eft la diftance entre le véritable lieu
du foleil vCi de la terre , &c le lieu d'une planète
réduit à l'Ecliptique.
^)Cr Le mot de commutation ne s'emploie guère ail-
leurs •,& fi quelques Auteurs s'en font fervis pour
exprimer le changement ou l'échange de toutes
fortes de chofes , ils ont eu tort. ^ov^{ Change-
ment , Echange, Troc , Permi^tation,
COMORIN. Le cap de Comorin eft la pointe la plus
méridionale de la prefqu'îie de l'Inde , deçà le Gan-
ge. Promontorium Comorinum. Le cap de Comorin
eft éloigné d'environ fix cens milles de Goa. C'eft
une haure montagne qui avance dans la met, 8c qui a
en fice l'île de Céylan. Bouh.
COMORRE. Ville de la baffe Hongrie. Brizacium
Cremerum, Quelques-uns prennent Cr^werww pour
Sumarein. Comorre eft bâtie à la pointe méridionale
de rile du Schut, Elle eft capitale du Comté d«
j^6 C O M
Comorre , (îtuée au confluent du Vaag Se du Danube
à quatre lieues dcjavarin.
COMOUCH, CQUE, terme de Gcogaphie , de re-
lation & d'hiftoire. Les C\>mouchs l'ont le peuple de
Comanie. Ils demeurent la plupart au pic des mon-
tagnes i ils vivent de larcins , qu'ils font fur Icut.s
volfîns ^ entr'eux. Les Comouchs font Mahométans
de religion , 5c les plus fcrupukux qu'il y ait. Ta-
VERNIER , Tonii 1.
|p= COMPACITE, r. f. Terme didaûique qui fert en
Phylîquc à exprimer la qualitéd'un corps compadte,
c'cfl-à-dire, dont les parties font fort ferrées, ou
quia beaucoup de parties iolides. D^nJîcas.U n'y
a point de compacité ablolue
COMPACT, f. m. CompaHum. Terme de Droit. On
appelle Bulle du Compaît y cette bulle célèbre con-
firmée par le Pape Paul IV , qui regarde les Cardi-
naux. En vertu de la bulle du tbm/'dt? , les Cardi-
naux ne peuvent conférer les Bénéfices que dans
leur état naturel \ c'eft-à-dire , les bénéfices réguliers
à des Réguliers. Les privilèges dont jouillent les
Cardinaux y font mentionnés.
^ COMPACT de Bretagne ou Breton. C'eft une
convention entre le Pape &: tous les Collateurs de
cette Province, fuivant laquelle les Collateurs or-
dinaires ont droit de conférer les bénéfices qui
vacqucnt dans les quatre mois de Mars , Juin, Sep-
tembre & Décembre ; &: les huit autres mois ap-
partiennent au Pape , qui , au moyen de cet accord ,
a renoncé au droit de concours ic de prévention.
|tT CojMpact de l'alternative , ancien accord fait
entre le Pape Martin V & le Roi Charles VI , pour
uicr en France de la règle de Chancellerie, dire de
M alternative. Ce fut Innocent VII qui établit, dès
1404 l'alternative , pour la collarion des béné-
fices entre le Pape &: les Evêques , en faveur de la
rcîidence.
COMPACTAT, f. f. En mauvaife latinité , coOT/'^(.7(î-
tum. Il fignifie accord , articles convenus entre des
parties. On donna ce nom à l'accord qui fe fit au
Concile de Bâle , pour les Callixtins. Le mot de corn-
paciatum eft ctXchvc A^nsVHiJioire de Bohème. Au
refle, il ne faut point s'en fervir en françois : il
faut dire , accord , convention , articles. Voye:^
Callixtin.
tjTT COMPACTATION. f. f. C'eft le nom d'un
accord arrêté au Concile de Bâle , qui permettoit
aux Bohémiens, Sei^tateurs de Jacobel, la com-
munion fous les deux efpèces.
COMPACTE , adj. m. & f. terme de Phyfique. Corps
qui eft ferré , denfe , qui a peu de pores, & beau-
coup de poids. Compaclus. Les corps compactes
vont au fond de l'eau. Les métaux les plus pefans
ibnt les plus compactes-, tels que l'or & l'argent.
1)3° Plufieurs Pliyficicns ccùvenx. compacl au mafculin,
& compacts au pluriel. Cette ortographe me paroît
préférable , parce qu'elle eft plus conforme à l'u-
fage , quand nous francifons des mots latins.
0Cr Au refte, compacte n'eft qu'un terme de relation,
puifqu'il n'y a point de corps qui ne renferme beau-
coup plus de, pores, que de parties folides.
COMPAGNE , f. f. fille ftT ou femme qui a quelque
liaifon d'amitié ou de familiarité avec une autre de
même condition ,, ou qui a le même emploi dans
la même maifon. Socia , cornes. Proferpine alloit
ié divertir avec fes compagnes ., quand elle hit en-
levée par.Pluton. Les filles d'honneur chez la Prin-
ceife s'appellent entr'elles compagnes.
Vous voilà donc compagne
De certaines Philis , qui gardent les dindons.
La Font,
Compagne. Ce mot fe dit auffi des chofes. O mé-
diocrité ! compagne du repos. La Font. L'amitié
n'a point' été donnée pour compagne du vice ; mais
pour fecours >i]a vcrru S. Evr.
Les ennuis , les infirmités ,
De U froide yieillcjje ordinaires compagnes, Des-H.
C O M
|CF Compagne fe dit auffi de la femme, par rapport!
fon mari. Dieu donna Eve à Adam , pour lui letvir
de compagne. Il a perdu fon aimable compagne.
^C? Quandk Roi parle de la Reine dans fes L ttres-
Patcnas, il la qualifie , notre très-chere époufe &
cornpu^iie,
?^ Dans ce fcns , il fe dit aufli des Tourrerelles. La
Tourterelle gémit quand elle a perdu fa com-
pagne.
Que fais-tu dans ce bois , plaintive Tourterelle?
Je gémis ; j'ai perdu ma compagne fidèle.
FOURCROY.
Compagne, en terme de Marine, eft le nom delà
chambre du Majordome d'une Galère.
Compagne. Ce nom fe donne dans la Congrégation
de Notre-Dame aux Soeurs Converfes, que l'on ap-
pelle 5ii«rj Compagnes, P. HÉlyot, T. Fl,p, 554. J
On les appelle aulli Coadjutrices. .1
COMPAGNIE, f. f. nom coUeétif, qui fe dit de
plulieurs perfonnes allémblées en un même lieu ,
ou avec même delléin. Cœtus. (fTCompagnie d'hom-
mes , de femmes. Il eft venu avec une nombreufe
compagnie. Comitatus. Pour l'étymologie , voye:^
au mot Compagnon.
^3" Compagnie fe dit aufll de deux perfonnes qui
font enfemble. On dit encefens, hire compagnie
.à quelqu'un, tsniz compagnie , aller de compagnie.
Nous irons de compagnie. Unà ihimus , enfemble.
On dit qu'un homme eft en compagnie; pour dire,
qu'il y a du monde avec lui.
03" On dit qu'un homme a eu la compagnie d'une
femme -, pour dire , qu'il a vécu avec elle , qu'il en
a eu la jouilfance. Rem h.zbuit cum illâ. En ftyle
de pratique , on dit compagnie charnelle.
Compagnie fe dit dans un fens plus étroit , d'un
certain nombre d'amis adcmblés dans un lieu pour
s'entretenir , pour fe divertir , pour fe vifiter. C'eft
agir contre l'intention de la natuie que de fuir
la Compagnie. S. EvR.
Compagnie, cercle de femmes. Virginei cœtus. Re-
chercher , fréquenter les Compagnies. Circulos con-
feclari. Il y a des femmes qui , pour être de bonne
compagnie f croient qu'il faut avoir un air libre,
& faire un récit plaifant d'une manière un peu
trop gaie. Scud. On fuit ces gens , qui toujours
occupés de leurs propres pcnfées , ne fortent jamais
d'une certaine gravité , qui glace les compagnies
les plus enjouées. Bell. Dans les lieux les plus
foliraires , & les plus déferts , vous êtes pour moi
une grande compagnie. Bouh. Quand on eft de
bonne compagnie à l'égard des honnêtes gens , on
l'eft auffi pour foi-même \ Ss. de-là dépend tout
le bonheur de la vie. Ch. de Mer. Comme la re-
traite trop longue afFoiblit l'efprit , la compagnie
trop fréquente , le diffipe. S. Evr.
§3° Compagnie fe dit aufll de cettains corps , d'une
aflémblée de certaines perfonnes, établie pour de
certaines fonélions. La Compagnie des Fermiers-Gé-
néraux. Préfenter un Mémoire .à la Compagnie pour
faire modérer une amende. L'Académie Francoife
eft une Cojupagnie établie pour perfeél;ionner la
langue francoife.
Compagnie de Juftice , eft un Tribunal établi par au-
torité du P>.oi pour rendre la Juftice.
§3° On appelle Compagnie Souveraine , un Tribunal
qui juge en dernier rcflbrr, fans appel , dans tous
les cas , fans reconnoître aucun Tribunal fupcrieur
duquel il relfortilié. Les Parlemens, les Chambres
des Comprcs , les Cours des Aides , &c. font des
Compagnies Souveraines , Supérieures. Superius
Tribunal-, Suprema Curia. Les autres Tribunaux,
donr il y a appel , font des Compagnies fubalternes.
Curia inferior.
Ce mot eft auffi ufitc parmi les Proteftans en
parlant de leurs Confiftoires Se de leurs Synodes.
Confejfus , Conventus. La Compagnie a arrêté, La
Compagnie a jugé à propos,
Compagnie
COM
COMPAGNIE , en termes de négoce & d'affaires , fe
dit d'une fociété de Marchands qui ie fait pour éta-
blir un grand négoce ou une grande manufadlure ,
pour entreprendre & conduire des opérations quel-
conques de commerce. On le dit de même d'une
ibciété de 'gens d'arFaires. "*
Dans les Provinces-Unies il y a deux Compa-
gTîies iks Indes , l'une pour les Indes Orientales,
& l'autre pour les Indes Occidentales. La pre-
mière fut établie en i6oz. Le motif des Etats fut ,
que les Compagnies particulières fe nuifoient les
unes aux autres , &i qu'une feule ayant toutes les
forces réunies des autres, feroit plus capable de
réiiftcr aux Efpagnols. Cet étabUifement eut tout
le fuccès qu'on en attendoit. La Compagnie étendit
fon commerce jufqu'à la Chine , & fit des con-
quêtes confidérablcs. Batavia ell: la capitale de tous
les Etats que pofsède la CW/j^o'/iie dans les Indes.
Le Général de la Compagnie y refide. Elle eft gou-
vernée par feize Diredtcurs , qui agiflént comme
Souverains dans tout ce qui regarde la Compagnie.
Elle fait la paix & la guêtre ,' envoie des Ambaf-
, fadeurs, cquippe des flottes , & entretient des ar-
mées , indépendamment des Etats : c'eft un Etat
dans l'Etat même , & une République dans l'a Ré-
publique. Le fonds de la Compagnie des Indes,
quand elle fut établie, ctoit de cinq millions fix
cens mille livres. La Chambre qui fut établie à
Amfterdam y entra pour une moitié , celle de Zé-
lande peut un quart, celle de Delft & de Rot-
terdam cnfemble pour un huitième , celle d'En-
chufe de de Hornpour un huitième. La Compagnie
des Indes n'ayant été établie que pour vingt ans ,
fes Lettres d'éredion furent renouvellées pour
vingt & un ans fur la fin de itfiz avec quelques
changemens dans les conditions. Le temps porté
par les Lettres-Patentes étant expiié , elles fuient
renouvellées en 1647 pour vingt cinq ans -, elles
le fut-ent encore en kSiJ^ , pour jufqu'à la fin du
fiècle , fous les mêmes conditions contenues dans
les dernières Lettres-, & en kîcjS, elles furent en-
core rerouvellces fous les mêmes conditions , pour
quarante ans inclufivement , à commencer en 1700.
La Cvmpa<^nie pour l'Occident fut établie en
1717 fur le même plan , & en vertu d'un privilège
& d'une conceflion des Etats, elles font l'une "&
l'autre fous la proteélicn des Etats.
Il y a encore en Hollande d'autres Compainies
femblables pour le commerce , qui font lés Com-
pagnies de Surinam, du Nord, de Groenland , de
la mer Baltique , &c.
Compagnie des grilles. On nomme ainfi à Gênes
une alfociation de Marchands pour le négoce des
Nègres de l'Amérique Efpagnole.
Il y a aulli en France , & dans plufîeurs autres
Etats , des Compagnies de Commerce.
§3" Plufîeurs perfonnes jointes pour aller enfemble,
dit M. l'Abbé Girard, foinlz troupe. Plufîeurs per-
fonnes féparées des autres pour fe fuivre &c ne fe
point quitter , font la iande. Plufîeurs perfonnes
jB . réunies par l'occupation , l'emploi , ou l'intérêt
P*' font la Compagnie.
ÇCT Xj ne troupe àz Comédiens, une ifa/2^ de violons,
& la compagnie des Indes.
gCT II faut toujours prendre l'intérêt de la Compa-
gnie où l'on efl: engagé.
ÇC? Billets de Compagnie , font des billets faits pour
emprunter de l'argent au nom d'une Compagnie ,
& qui font foufcrits par un ou pluficurs AfTocJcs.
En termes d'Arithmétique , on appelle Reg/e de
compagnie, une rèp-Je de tro'S compofée , qui fort
■ à trouver auelle part peuvent avoir à la perte ou
au gain , chacun des Marchands qui ont une Com-
pagnie , à proportion des fonds qu'ils y ont mis , 5<r
du temps qu'ils y font entrés.
Compagnie , en termes de Guerre , eft un certain
nombre de Soldats ou de Cavaliers, commandes
pat un Capiraine. Armatomm caterva , maniis ,
cokors y centtiria , manipuliis , pour l'Infanterici
Tome II.
COM 7 jy
turmn , pour la Cavalerie. Le nombre en efl
tantôt plus grand , tantôt plus petit. Une Com-
pagnie de Cavaletie ell: de 40 à 50 Cavaliers : celles
d'Infanterie font de 50 Soldats dans les Régimens
ordinaires. Elles étoicnt de 100 hommes en 1671.
Aux Gardes , \\ y en a jufqu'à i zo , aux Gardes Suif-
fes, il y en a Jufqu'à loo , & plus. Les Régimens
font compoles de compagnies.
Compagnie Franche , terme de guerre. Cokors , ou
turma libéra, C'eft une compagnie qui n'cft point
enrégimentée, qui ne fait point partie d'un Régi-
m^t. Les Compagnies Franches font ordinairement
plus nombreufes que les autres. Sous un Capitaine
habile les Compagnies Franches font fou vent de fore
belles aélions &; très-hardies. Les rroupes Suiifes
qui font en France , Gonfiftent en plufîeurs Régi-
mens & en quelques Compagnies non enrégimenrées ,
& qu'on appelle pour cela Compagnies Franches.
P. Daniel. Les Compagnies Franches prennent
l'ordre de leur Capitaine , comme les autres de leur
Mcftre de Camp , ou Colonel.
Compagnies d'ordonnance. Ce font des Compagnies
franches qui n'entrent Jamais en Corps de Régi-
ment^; elles confiftent en Gendatmes & Chevaux-
Légers du Roi, de la Reine , de M. le Dauphin ,
de Moniieur, &c. Turma Cataphraclorum, turma.
gravis equitatks. Les Compagnies des Gendarmes ,
étoient autrefois compofées de gens pefammeht ar-
més , ou de toutes pièces , &; dc'ço Gentilshommes.
C'ell Charles VII qui inftitua les Compagnies d'or-
donnance. Il choifit quinze Capitaines qui autoient
fous eux chacun cent lances ou hommes d'armes :
chaque homme d'armes devoir êtte payé pout fix
perfonnes , lui compris dans ce nombre , dont troi-î
feroient archers à cheval , un coutillier , un page
ou valet. La paye de l'homme d'atmes fut réglée
à trente francs par mois. Ce fut-làl'établiffcmcnt de
ce qu'on a appelé depuis Compagnies d'ordonnance^
parce qu'elles furent infticuces par les Ordonnan-
ces que le Roi publia fur ce fujet -, & ces Compairnies
furent dorénavant données à des Seigneurs & à des
Gentilshommes les plus diftingués 'pat leur pru-
dence & par leur valeur. P. Dan. T. Il, p. 1175.
Compagnies des Gardes. Ce font les quatre Compa-
gnies des Gardes à cheval, qui ont l'honneur de
fervir auprès de la perfonne du Roi , & qu'on ap-
pelle Gardes du Corps. Regii flipatores , cujiodes.
On appelle Compagnies aux Gardes , les Compa-
gnies d'Infanterie qui compofent le Régiment des
Gardes Françoifes. Prœtoriana cohortes.
Compagnie Colonelle , eft la première Compagnie
d'un Régiment d'Infanterie. Primipilum.
Compagnie en fécond. C'eft une Compagnie de Cava-
lerie détachée d'une autre qui étoit trop nom-
breufe,& qui ne laifTe pas d'efcadronner avec elle.
Turma equitum Jocia.
Compagnie fîgnifîe auiFi la charge deCipitaine. Pr^e-
fecîi centurionis munus. Il a eu permiffion du Roi
de vendre fa Compagnie.
Compagnies, abfolument & au pluriel , ou Compa-
gnies blanches ■,Ç\3,x\\Çit des troupes de brigands Si
de fcélérats qui fe formèrent au temps du Roi Jean,
& s'aifemblèrent fous divets chefs , & qui devin-
rent fameufcs dans l'Hiftoire de ce temps -là, par
leurs brigandages, & par la défolation qu'elles cau-
sèrent dans toute la France. Pour s'en défaire , fous
le règne fuivant. Châties V les envoya fervir en
Efpagne fous du Guefclin qu'elles acceptètent pour
chef. Du Gncfclin fît courir le bruit qu'il alloit
contre les Maures de Grenade; K pour le faire
croire , il ordonna à rous les Soldats des Com-
par^nies de porrer fur leurs habits de ^^^andes croix
blanches , pour marquer que leur expéiirion croit
une eflièce de croifadc-, &: depuis ce rcmps-là ces
Compagnies , tandis qu'elles fetvirrnt fous lui , s'ap-
pe'èrent les Compagnies blanches. Quelques -un»
difent que ces brigands font les Brabançons, Cotte-
r:"reux,& Routiers, qu'on appela depuis du nom
de Compagnies.
A A Aaa
738
C O M
C O M
1^3- Quoi qvi'il en foit, DuguefcUn employa cesTtou-
pcs contre Pierre le Cruel, iouillc du meurtre de
ion frère , ^V de celui de Blanche de Bourbon U
iemme, belle- iœur de Charles Vi le vainquir, 6:
micllir lerrônedcHenri de Tranftamare. Ses Com-
pagnies périrent prelque toutes, ou le dillipèrenr
dans cette expédition , &: l'on n'en entendit plus
pa rler en France.
C oMPAGNiE , en termes de Chafle , fe dit des bêtes qui
vont en troupe , comme des langliers qui vont enlem-
ble. Grex, Sur-tout on appelle un fanglier d'un an
jufqii'à deux, l'êtes de compagnie ; & l'on dit qu'à
deiix ans illbrt de compagnie , c'e[\-^-ditc, qu'il com-
mence à aller feul. Et en général on appeUeCom-
pa^ynle , une troupe de beres noires. A l'égard des
bêtes fauves , on l'appelle /tarde. On dit auHi , une
compagnie de perdrix , en parlant de celles qui vont
enilmble. On appelle aufîi des clievaux de louage,
de Chaiîc-marée , de Mellagers , qui font l\ accou-
tumés d'aller enlémble , t]u'on a de la peine à les
féparer, des fcUs de Compagnie,
Ip-" On:dit proverbialement, qu'il vaut mieux être
feul qu'en mauvaife compagnie. On dit auHi , faulfer
compagnie , ou Jouer à la faulfe compagnie ; pour di-
re , quitter un parti , trahir ceux avec qui on ett aflo-
cié; & quitter une compagnie où l'on écoit engagé ,
ou manquer de s'y trouver. On dit , en termes de rail-
lerie , qu'un homme eft.bête de compagnie ; pour dire/,
qu'il aime la fociétc , k qu'on n'a pas de peine à le
mener où l'on veut -, ce qui fe dit , par allufion à cer-
taines bêtes qui vont en troupe, & qu'on appelle
pour cet effet , en termes de Chaife , /-e/tfj- de com-
pagnie. Voyez l'article qui précède.
■^ Compagnie (i^A'iZv/r«;i.)Terme de Marine , fe
dit d'un certain nombre de vaiilcaux qui s'atten-
dent les uns les autres pour faire route enfcmble ,
& fe défendre réciproquement pendant le voyage.
C'eft ce qu'on appelle , fur la mer du Levant ,
Conferve, aller de confetve.^oycx ce mot.
De Compagnie. Sorte de phrafe adverbiale. Enfem-
ble. Simul, unk. Deux flûtes qui venoient de com-
7;<ïi,';2zV, ne pouvant foûtenir la furie des 'ondes , fu- 1
renr fubmergées l'une après l'autre. Bouh.Nous irons
de compagnie, c'eft-à-dire, enfembie, l'un avec l'autre.
Ip" COMPAGNON fe dit généralement de cemi qui
en accompagne un autre , foit en voyage , foit dans
un travail, foit dans quelqu'aôtion ou circonibnce,
Socius , cornes,
D^F On appeloit autrefois compagnons d'armes les
Chevaliers qui fe promettoient réciproquement de
fe fecourir , & de ne fe point quitter, Commiliio.
%p COMPAGNON de fortune. Celui qui court
'^les mêmes rifques, qui eft intérelic dans la même
fortune. Les Aventutes d'Ulyilé & de fes compa-
"nons font racontées dans rOdyifée d'Homère.
EJi-ce Apollon , & Neptune ,
Qui fur ces rocs JourciL'eux
Ont , compagnons de fortune ,
Bâti ces murs orgueilleux ? BoiL.
Les Capitaines difent à leurs Soldats , pour les
exciter à les fuivre en quelqu'expédition , courage ,
Coinpcrgnons.
COMPAGNON eft un terme propre au Corps des
Chevaux -légers, &i à celui des Gendarmes de la
G?.rde. Lorfque les Oliicicrs des Chevaux- légers
écrivent a un Chevau-léger , ils mettent , Monjieur,
nuih compagnon : ce que font aulfi les Officiers des
- Gendarmes. Commilito.
■ -•,.-, On dit en Médecine ,quc le lait ne veut point
ùç compagnon , pour dire , que quand on ordonne
le lait p'ar médecine à un malade , il ne faut point lui
donner d'autre aliment. On dit aulfi en Morale , que
l'ambition &: l'amour ne veulent point de compagnon.
If^T Compagnon d'étude , Condijcipulus; de débau-
eiie , compator ; de jeu , collujor.
|tr COMPAGNONS , en parlant des Religieux.
' Ceux qui habitent ou qui marchent enfembie. Con-
turernalis, fociiis.JJnlAoins dans certains Ordres I
ne doit point fortir de fon Couvent fans que fon Snpé- .
rieur lui donne un compagnon. Quand on nomme
un Prieur Régulier à un Bénéfice dépendanr d'un
Ordre , on lui donne quelquefois un ou plufieurs
compagnons pour habiter avec lui.
Compagnon, ^nifie auili celui qui eft dans une
même charge , & fur-tout quand il n'y en a que
deux. Dioclctien avoit Maximien pour fon com-
pagnon , fon aifocié à l'Empire. Collègue vaut mieux.
Collega. On dit des Confuls , Jurats , Préfidens en
même Chambre , que ce font des compagnons d'Of-
fice. On le dit aulfi des Offices de nouvelle créa-
tion, de même nature. On a donné des com-
pagnons à ces Officiers , on a créé des alternatifs
& triennaux.
gCF On dit qu'un homme ne peut foufïrir ni compa-
onon ni maître. On dit de même, traiter de pair à
compagnon. Dans ces phrafes, compagnon lignifie égaL
Compagnon iignific, particulièrement dans les Arts,
celui qui a fait fon apprentilîàge en quelque métier j
Se qui n'ayant pas moyen de fe faire palier Maître ,
va travailler chez les autres, foit à la journée, foit à
fes pièces. Operarius , mercenarius , conduclitius.
C'eft un compagnon Tailleur , Maréchal , Char-
pentier , &c.
On appelle compagnons de rivière, œux qui tra-
vaillent fur les ports à charger , décharger & à
ferrer les marchandifes. On appelle ^fur Mer com-
pagnons de Marine, les Matclotsde l'Equipage. Cotî-
viciores.
Compagnon eft auflî une épithète ou qualité qu'on
donne flir tout aux jeunes gens en différentes occa-
iions. Ce foldat eft un brave, un hardi compagnon.
Ce Financier croit , il y a dix ans , un pauvre
gueux , un fbrr petit compagnon. Vous avez été
autrefois un bon compagnon. Mot. On dit aufli,
qu'un liomme fait le compagnon, loiÇcin'W eft glo-
rieux, infolent, qu'il parle ou agit autremenr, que
ne fouffre fa condition. Qui a compagnon, a maî-
tre-, c'cft-à-dire, que quand on elf affocié avec
quelqu'un , on ne peur rien faire fans fon conlen-
tcmcnt. On dit aulli qu'un homme fe bat en duel à
dépêche compagnon; pour dire, à outrance, &àqui
aura plutôt tué fon homme.
On dit , travailler à àtpèchc- com.pagnon;poMt
dire , -travailler vîte &: diligemment, ne cherchée
qu'à finir , fans fe mertre en peine de la perfeclioa
de l'ouvrage. Acad. Fr. ^
Ce mot , à ce que dit Henri Etienne , vient d'im
vieux mot gaulois , tenna , qui étoit une efpèce de
charrier dont parle Feftus. Ceux qui étoient enfem-
bie dans ce même charriot , s'appeloient, comben-,
nons,qiiafi in eâdem bennâ fodent-es , & depuis,
par le changement alfez ordinaire du b en p ,on.
dit compennon •, enfuite on a dit compaignons , 3c
à la fin compagnons. Nicod ik Ménage, après Faf-
quier , le dérivent de compain ; comme qui diroit .*
qui mange de même pain , qui fe dit encore en lan-
gage Picard. Quelques-uns l'ont dérivé de compa-
gnus. Il y a plus d'apparence qu'il vient de com-
pagnun , vieux mot celtique uo bas - breton , qui
lignifie la même chofe.
Compagnons. Ce mot au pluriel fignifie une forte d<
rieur qui relfemblc à l'œiller, ii ce n'eft qu'elle eft
beaucoup pins perite,6: que fa tige eft beaucoup
plus baflc. On les appelle compagnons , parce qu'ils
viennent par touffe, en forte que plulieurs ne lém*
blent compofer qu'un feul bouquet.
COMPAGNON AGE. f. m. Ce terme eft en ufage dans
quelques Communautés des arts & métiers , pour
lignifier le remps que les Apprenris fonr obligés de
fervir les Maîtres en qualité de compagnons, avant
que de pouvoir afpirer à la maîtrife.
CoMPAGNONAGE. Affcmblcc quc font entr'eux des
compagnons de métier. Sodalitas. Il y avoir aurre^
fois à Paris panni les compagnons de chaque métier>
certaines maximes exécrables &; facrilèges , qu'on
appeloit vulgairemenr compagnonage , d'aurant plus
danjeteufes, çi^u'elles étçjent cachée fous le YoU«.
C OM
iqu'elles éîoient ignorées des Juges EccJclîaftiques ;
mais ceux-ci en a^yant été inrormés pat Michel
Buch, communément appelé le Borz Henri, InlH-
tuteur des Commmunautcs des Ftères Coidonniets ,
& Tailleurs , les condamnèrent à fa Ibllicitation , &
détendirent , fous peine d'excommunication , ces
aifemblées pernicieufes des Compagnons. Les Com-
pagnons les avoient tranfpoitées dans le Temple ,
au Matais, comme dans un lieu exem.pt de la juri-
didion de l'Archevêque de Paris , mais ils en fu-
rent chafles par fentence du Bailli du Temple » à la
requête du Bon Henti , qui obtint auHi une fen-
renre d'excommunication de l'Archevêque de Tou-
louie contre ceux de fon Diocèfe , 6c il eut enfin
la coniolation de voir \c Compasnonage aboli, mal-
gré toutes les oppofitions qu'il trouva dans cette
entreprife. P.. Hélyot, T. FUI, ch. 23.
GOMPAIN o:i COMPAÎNG , f. m. vieux mot. Com-
pagnon. Cornes , focius. Autrefois on a dit com-
pain pour cotrzpagnon.W vient de acm , & àt-panis ,
comme li l'on difoit , qui mange le même pain.
COMPAN. f. m. Monnoie d'argent qui a cours dans
quelques endroits des Indes Orientales , particu-
lièrement à Patane. Le compan vaut environ neuf
ions , monnoie de France.
COMPARABLE, adj. m. &: f. Qui peut être compare
a un autre. Comparabilis, conferejidus yCompurar.-
d^s. M. de Turenne étoit un homme cornparaik
à tous les grands Capitaines de l'Antiquité. fJCT On
dit qu'une chofe ç.^ comparable avec une autre, pour
■ faire entendre qu'elle ell: d'une nature tout- à-fait
diffcrente. L'efprit n'eft point comparable avec la
matière.
COMPARAGER. v. acl. Comparare , conferre. Ce
mot qui étoit autrefois en ufage , veut dire com-
parer.
fer COMPARAISON, f. f. Opération de l'eflirit,
«lans laquelle nous con(idéions diverles idées, pour
en connaître les diiîcrentes relations-, & le parai
Icle que nous faifons des choies ou des perfonnes ,
pour en examiner lés reflemblances & les diffé-
rences. Comparatio , collatio. Pour faire une juftc
comparaifon de deux chofes,il faut confidérer en
quoi elles conviennenr, &; en quoi elles diiïerent.
Faite comparaifon de deux perfonnes , entre deux
perfonnes , d'une chofe avec une autre. Il n'y a point
de comparaijon d'un tel à un tel , entre un tel & un
tel. Blondel a tait un livre de la comparaifon d'Ho-
race & de Pindare, Le P. Rapiri a fait la compa-
raifon des plus excellens modèles de l'Antiquité
pour l'Éloquence , & pour la Poëfie. N'exagérez
jamais votre bonheur devant les milcrables : la
comparaifon qu'ils font de leur état au vôtre , les
choque , & leur efl odieufe. La Bruy.
Comparaison fe prend quelquefois pour reflemblance.
Comparatio ,Jïmilitudo. Quand on n'a qu'un mérite
ordinaire , on a des envieux ; mais quand on efl
fans comparaifon, il n'y a plus d'envie. B. Rab.
Il ne faut pas qu'un bourgeois fafle comparaifon
avec un homme de qualité; c'eft-à-dire, qu'il pré-
tende s'égaler à lui. En ce fens, on dit , trêve de
comparaifon, po'mt de comparaifon , toutes compa-
raifons font odieufes.
GoMPARATSON OU Similitude eft aufll une figure de
Rhétorique & de Poelie , par laquelle on compare
une perfonne ou une chofe à une autre , pour feryir
à l'ornement ou à réclairciffement du fujet qu'on
traite. Comparatio, Jimilitudo. Les exemples, Ic-
comparaifons , inftruifent bien plus que les paroles.
Une comparaifon entte deux chofes , fuppofe de la
relfemblance entr'elles , & elle fevt à mieux faire
^ - comprendre ce qu'on n'entend pas, ou à en donner
If une plus Hifte idée. S. Evr. Pout rendre une compa-
raifon iLifte, il faut, 1°. que la chofe que l'on y
emploie (bit plus connue , & plus aifée à concevoir
que C' lie ou'on veut faire connoître. z". Il faut qu'i!
y ait un iuft'^ rapport entre l'une & l'autte. P. Lr
Boss. Les doubles comparaifons , poufu qu'elles
fuient nobles ic bien prifes , font un bel effet en
Go M ■ 9-^5
d'une piété apparente , & qu'on pouvoir les em-
braiîer avec une entière alfurance d'impunité , parce
Poëf.e-, mais en Profc l'on ne doit s'en icrvir qu'avec
beaucoup de circonfpection. Dac. Sous prétexte de
ne point imiter lus manières brillantes de l'élo-
quence mondaine , il ne tailt pas fe fervir d'ex-
prefTions balles , & de comparaifons rampantes. Cl.
Les cumparaijons d'Homère font quelquefois froi-
des , & contraintes, P. Rai>. On gâte les compa-
raifons dès qu'on les veut trop prelîêr, Bavl
Les comparaifotis doivent être juftes 6c courtes
S, Evr,
Ta peux , mais rarement , illuflrér tes raifons ,
D'exemples , de récits,& de comparailbns, Vill.
§CF La comparaijon efl une efpèce de métaphore i
avec cette différence que la comparaifon nous ap-
prend iéulement à quoi la chofe reifemblc. Ce
Héros fe jette comme un lion : au lieu que la mé-
taphore nous dit ce qu'eft la chofe. Ce Héros eft
un lion.
On dit en ce fens , qu'il n'y a point de com-
paraifon qui ne cloche \ pour dire , qu'on n'en
fauroit faire d'alfez jufte. Toures les comparaifons^
font très-imparfaites , & le doivent «tre , n'étant
que comparaifons 6c non pas-exemples. Peliss.
IJCrCoMPARAisoM ^'ccri/z/rt .Terme dejurifprudence.
Confrontation de deux écritures l'une avec l'autre,
pour juger fi elles font de la même main \ vérification
d'une écriture dont on ne conuoît pas l'Auteur ,
en la comparant avec une autceécrirure ^ reconnue
pour être de làf main de celui auquel on attribue
l'écriture conteftce. Scripturarum collatio.
ffCr On appelle pièce de comparaifon , les pièces
reconnues que l'on apporte pour les confronter
avec d'autres qui font conteftées.
;)CF En matière de comparaijon d'écritures j le juge-
ment des Experts Vérificateurs , ne peut jamais être
regardé comme une preuve complette Se fuffifante,
à caufe de l'incertitude de leur art fur cet objet.
En Comparaison , ell une fac^on de parler adver-
biale , dont on fe fert quand on compare quel-
que chofe. In comparationem , prat , avec l'ablatif.
§C?"L'abondance des Loix accable lajuftice &les Ju-
ges , mais ces volumes de loix ne font rien en com-
paraijon de cette armée effroyable de Gloflateurs,
Commentateurs , Compilateurs, &c. On dit aulfi par
comparaifon , pour fignifier que ce qu'on dit d'une
chofe, ce n'eft pas qu'on le dife abfolument , mais
feulement par comparaifon avec une autte. Compa-
rate. Quand je vous ai dit une telle chofe , ce n'étoit
que par comparaifon. Sans comparaifon fe dit auflî
abfolument & en parenthèfe , quand on veut adou-
cir ce qu'il y a d'odieux en quelque comparaifon-
qu'on a alléguée. Exclufa compardtione. On die
auin qu'une cliofe eft fans comparaifon ou hors
de comparaifon ; pour dire , qu'elle eft excellente,
& qu'elle n'a point de pareille. Omnem compa-
tionem fiiperat, excedit. Quand quelqu'un veutcom*
paier eniemble des perfonnes , ou des chofes qui
n'ont aucun rapport , aucune proportion entt'elles ,
on dit quelle comparaifon ? Voilà une belle com-
paraifon,
4 Comparaison , eft encore un adverbe. Que fera-
ce des hommes qui vivent dans robfcurité , à.
comparaifon de la lumière 8i de la fplendeur qui
environne les Souverains J Patr, Mais en compa~
raifo7i eft plus en ufage,
COMPARANT, ANTE', 0Cr adjedlif pris auffi fub-
ftantivement, participe du verbe comparoir où
comparoître, en ftyle du Palais feulement. Qui
comparoir, qui eft prcfent , qui fe préfente en
Juftice. Comparens , vadimonium obiens. Cela s'eft
fiit du conléntement des parties comparantes, qui
onr donné main-levée, Fact.
^ On le dit non-feulement de la partie même qui
comparoît, mais encore de l'Avocat Hc Procureur
par iefquels elle comparoît , ou eft repréfencée.
À A A a a ij
COM
740
Non comparant , celai qui ne fc prércnte pas. Tous
les appointemens qu'on failoit ci-devant Tur les
inftrudtions à la barre de la Cour , commençoien:
par CCS mots , comparant par devant nous tel
Confeillcr.
COMPARATIF ilVE, adj. Qui compare, qui fert a
comparer. Comparativum norncn. Mieux eft un
adverbe comparatif. Comme eft une expreifion
comparative.
Comparatif. Terme de Grammaire. Ccft une- in-
flexion mitoyenne d'un mot entre le politit & le
fuperlatif, pour élever une chofe au dellus d'une
autre , ou pour la mettre au deUbus, Comparativus
gradus. ifZf Les objets qui lont qualifiés abColu-
' ment, fans aucun rapport aux autres objets, lont
dits être au pofitif. Voye^ Ce mot.
^fj- Quand un objet eft qualirié relativement à un
autre,il y a un rapport d'égalité ou de lupérioritéj
ou de prééminence entre ces objets,
^T Dans le premier cas radjedit'qualif.catif eft tou-
jours regardé comme étant au politif. Il eft auffi
favant que. Quand il y a un rapport de plus,
ou un rapport de moins dans la qualité de deux
choies comparées, l'adjcCtif qui énonce ce rapport,
eft dit être au comparatif.
^ Enfin le troifième degré eft appelée fupevlatif.
Voye^ ce mot.
Les comparatifs , fi l'on en excepte un très-petit
nombre, le forment en ajoutant la particule /j/z/i^ ,
moins lelon qu'on veut élever, abaiflcr. On com-
pare aulfi les (iibftantifs. Céfar croit plus Capitaine
que Pompée. ^T Ce mot eft un adjetlif pris or-
dinairement comme fubftantif. Plus grand eft le
comparatif de grand. Nous n'avons en françois que
trois comparatifs en un feul mot , meilleur , pire te
moindre.
C'cft une faute aflèr ordinaire aux étrangers j
de fâjre fuivre aprèsTés comparatifs la particule
que ,' au lieu de la particule de. Ils difent , il
y avoit'à la Comédie plus que 300 hommes. Pour
éviter cette faute , ils doivent obferver fi la compa-
raifon qui Ce fait eft d'une qualité : en ce cas il faut
mettre la particule que: il eft plus fagc ^^/^e moi. Si
elle fe fait d'une quantité précife &c politive , on
doit mettre de après le comparatif L'aimée navale
eft compofée de plus de cent voiles. Pour la quantité
continue & fans nombre , on le i'ert de la particule
que : il eft plus eros que moi.
COMPARATIVEMENT, adv. En comparant une
chofe à l'autre. Comparath. Il n'y a point de pefan-
teur ni de légèreté , abfolue : les corps font pefans
ou légers comparativement. C'cft un terme
didactique.
COMPARE , f. m. terme de Coutume. Les compares
font des ufages 5c redevances que les Vicomtes de
Narbonne prétendoient contre l'Evêque du lieu.
fO- COMPARENCE, f. f terme de Coutume, ufitc en
Normandie, fynonyme de ptéfence. Devoir com-
parence aux âfllfes d'un Tribunal , c'eft être obligé
de s'y trouver.
COMPARER , V. a. examiner le rappott qu'il y a
entre une chofe ou une pcrfonne & une autre j &
examiner en quoi elles fe rcHemblent, ou en quoi
elles diffèrent. Comparare, conferre. Plutarque a com-
paré les hommes illuftres de la Grèce à ceux d'Italie.
§3° Quand vous aurez comparé ces Auteurs , vous
y trouverez une différence infinie. On ne peut com-
parer la ligne &: la furface.
^CT Comparer fignifie auffi marquer les rapports de
reflemblance , qui font de nature ou d'elpèce dif-
férente. Homère compare Diomède au milieu des
Troyens, à un lion au milieu d'une bergerie. On
ne compare plus de beaux yeux aux aftres & au
foleil, c'eft une comparailbn trop ufce.
fCFCoMPARFR fedit auffi quelquefois pour égaler. Il
n'y a point d'Eglife que l'on puifle comparer à celle de
Notre-Dame. Se comparer , s'égaler , fe vouloir
rendre femblable. JEquare fe ciim aliquo , œquahm
fe fiicere. Le Diable , par le moyen de l'idolâtrje ,
00 M
s'eft voulu comparer à Dieu, ie faire adorer. Ce
Favori eft fi infolent dans fa fortune , qu'il fe coatr
pare , qu'il fe veut égaler aux Princes.
On dit , en termes de Pratique , comparer de*
écritures i pour dire , les confronter & examiner fi
elles font de même main. Foye^ Comparaison
d'écriture.
§3" Comparer des équations. Expreffion dont on fe
fert dans l'analyfe pour réduire plufieurs équations
en une feule.
Comparer, v. a. vieux mot. Acheter; du latin, co/72-
parare , acquérir. Ainfi on a dit autrefois , je te ferai
bien comparer , ou bien , chèrement comparer %
pour dire , je t'en fctai repentir.
Comparé , ée , part.
COMPARITION. f. f. Ce mot fe trouve dans quel>
ques Auteurs de Droit. Voye^ M. de Lauriere fur
Ragueau au mot Comparuit. Comparition eft la
même chofe que comparution, yadimonii obitus.
COMPAROIR. V. n. Vieux terme de Palais , qu'on
emploie encore quelquefois \ il veut dire la même
chofe que comparoître.
COMPAROÎTRE, v. n. terme de Palais. Je roOTjPrt-
rois. Je comparus. J'ai comparu^ Je comparoitraii
Que je comparoiffe. Que je comparuffe. On diloit
autrefois comparoir. Se préfehter en Juftice. Vadi^
monium otire. Il faut comparoître çzt Procureur fur
les aflîgnations civiles données dans les délais dé
l'Ordonnance. En cas de décret de prife de corps,
ou d'un veniat de la Cour , il faut comparoître en
perfonncj ou envoyer une cxoine. Il faut compa-
roître au Barreau , être aux pies de la Cour à ge-
noux, quand on préfetite des Lettres de grâce. On
donne des défauts à faute de comparoitre c\m em-
portent profit. State ante Judicis Tribunal. Il faudra
tous comparoitre au jour du Jugement.
H-fe conjugue a^ec le verbe être dans la phrafe
fuivante & femblable. Aujourd'hui eft comparu «a
Greffe de la Cour, N. qui s'eft rendu pleige &
caution , &c. font comparus au Greffe , &c.
COMPARSE, f. f. C'eft dans les Carroufels la même
chofe que l'entrée aux Balets , & la Scène aux Co-
médies, c'eft-à-dire , l'entrée de la Quadrille dans
la carrière, dont elle fait le tout pour fe faire
voir aux Ipec^ateurs , mefurer la lice, & fe rendre au
polie qui lui eft marqué. Prczludium , ingreffus in
Jhdium. C'eft un ufage fi ancien , qu'il en eft fait
m«ntion au cinquième de l'Enéïde.
COMPARTAGEANT,adj. pour copartageam.Cziui
qui partage avec un autre.
Le pauvre diable étoit prit à fe pendre i
Il s'en alla cheifon compartageant.
La FoNTAiNSi
COMPARTIMENT, f. m. Deffeîn compofé de plu-
fieurs figures , difpofées avec fyraétrie & avec rcgu-'
Jarité, pour orner un parterre, un plafond, des
panneaux de vitre ou de menuifcrie ; les paves ou
carreaux d'un plancher. Dejcriptio , dîmenjio. Un
compartiment de tuiles, eft l'arrangement avecfy-
métrie de tuiles blanches , rouges &: vernifi'ées i
pour la décoration des couvertures du comble. On
le dit auffi d'une dentelle , d^une peinture. Toutes"
les peintures des Turcs & des Mores ne fe font que
par des compartimens. Faire le compartiment d'un
Jardin en divers czneaux. ffortum in areas , in pnl-
vinosdefcribere. Il fe dit auffi de ceitaines dorures à
petits fers qui fe mettent fur le plat ou fur le dos des
livres. Livre doré à compartimens.
Compartiment defetix. C eft , en termes de Mineur
la difpofition des faucifTons pour porter le feu aux
fourneaux dans le même temps, difpojitio mijjîlium
i^nium.
COlVlPARTIR, V. a. Faire des compartimens. Par/ïr^»
defcribere. Ce mot eft vieux & furannc.
Comparti, ie, part.
I COMPARTITEUR. f. m. Terme de Palais. C'eft un
\ J^gs qui a ouvert Se foûtenu un avis contraire à
CO M
ceiui du Rapporteur, & far lequel un procès a été
partagé. Aucior jententia ai panundam litem
fxoivaUntis,
ÇCF Dans ce ca? l'affaire eft porrée dans une autre
Chambre , pour y être , lur î'exarnen des railbns de
part & d'autre, départagée & Jugée prccifément en
faveur de l'une des deux opinions , fans y rien a-
jouccr ni diminuer.
J^ Le Rapporteur foûtient fon avis par les motifs 6c
les raifons qui l'ont déterminé à le donner.
Ç3" Le Compartitcur expofe les raifons de l'avis con-
traire.
^fT Les raifotis de part & d'autre pefées & exami-
nées , la Chambre juge.
Ces mots viennent du Lmnpanior , dépars.
COMPARUIT ,x.sm-iR de Palais. Ce mot eft pure-
ment latin , & veut dire , il a comparu. On le trou-
ve dans les livres de Droit, pris fubftantivement ;
alors il fignifie un adlc délivre par un Juge à une
des parties pour certifier l'a comparution, lorfque
l'autre partie eft défaillante ou déccdée -, pour faire
appeler de nouveau en caufe le défaillant ou fcs
héritiers.
COMPARUTION, f. f. Préfentation en Juftice. Ohi-
tus vadimonu. Une comparution perfonnelU , eft
celle qui le fait au Greffe en perfonne. Une compa-
rution en état de prifc de corps]], ne lé fait qu'étant
prifonnicr , ou ayant un écroue à la main. Compa-
rution par Procureur , eft celle qui fe fait en fâi-
fant préfenter un Procureur pour occuper lur des
affaires civiles. En tous les Procès-verbaux on don-
ne aéle aux Procureurs & aux parties de leur com-
parution, dire 6c remontrances j 6c défaut contre
les nbfens. Ce mot vient de comparco.
COMPAS , f. m. inftrument de Mathématique , qui
fert à décrire des cercles , 6c à mefuref les diftances
de deux points , de deux lignes. Circinus. II eftcom-
pofé de deux branches de fer ou de cuivre , pointues
par en bas , 6c arrachées, par un clou rivé fur lequel
elles font mobiles dans une charnière. Un compas à
quatre pointes , ou à pointes changeantes , eft celui
qui a des pointes d'acier -, un porre-crayon , un
coupe-cercle, qu'on change, 8c qu'on attache avec
une vis à une des branches. Les Poètes nous ont
voulu faire croire qu'Icare étoit l'inventeur du
compas. C'eft Calus , fils de la fœur de Dédale qui
l'inventa, 6c Dédale en conçut une telle Jaloufîe ,
qu'il le tua.
On dit figurément, faire les chofes avec règle 6c
compas ; marcher avec règle 5c compas ; pourdire ,
avec grande précaution 8>c exaditude , avec une
proportion étudiée , ne faire rien à l'étourdi.
Metiri omnia fuis rationibus. Il pèfe toutes'fes pa-
toles, 6c Crache mêtne avec cow/'ûj. Main. Tout
fon corpS eft fait au compas. Voit. On dit qu'un
homme a le compas dans l'œil ; pour dire , qu'il
tncfure aulTi jufte à l'œil, qu'il lepourroit faire avec
Un compas.
Son di [cours ,fes gefies , fes pas ,
Sont tous mefurés au compas. Gomb,
En pareil jour , que chômons ici-tas ;
Prêtre facré haptifoit uns Mufe ,
Qui les furpajfe autant par fes appas j
Que par le don d'une fcience infufe ,
De bien rimer , d'ajujler au compas j
Tendre chanfon , ou plaintive Elérje ,
Et qui plus eji compofer Tra^cdie.
NOUV. CHOIX DE VERS.
Ce mot vient de compartir , compartiffement.
On peut aulfi le faire venir de compes. En effet le
compas a deux pies , dont l'un tourne pendant que
Pautre eft fixe.
Compas brife. Les Doreurs fur tranche fe fervenr de
ce compas pour placer l'or en feuilles fur l'alTierte,
dont ils couvrent la tranche du livre qu'ils veulent
dorer.
Compas de divijion , eft un compas , qui par le moyen
COM 74Î
d'une vis tarodée de deux grofleurs, l'une plus dé-
liée que l'aurre ^ èL traverfanc deux petits cylindres
mobiles dans le milieu de les branches , s'ouvre ^
fe ferme tant 6c li peu que l'on veut , pour divifec
une ligne en autant de parties qu'on tait faire dé
mouvemcns à la vis. Circinus divljiones adjuvans.
Compas à tracer des ellipfes & des ovales. Le Gen-
tilhomme de Bretagncqui adonné la méthode de
tracer des courbes rampantes pour les efcalicrs ,
donne à la fin la figure Se la defcription de cet in-
ftrument. Il eft compofc d'une règle de bois car-
rée , bien droite &c bien égale , d'environ fept à
huit pies de longueur , fur laquelle fonr ajuftées
deux boîtes pour couler au long de la règle ; au
dclfous de ces boites eft un petit cône autour, &:
au delfus une petite vis à oreille , pour l'arrêter fut
la règle , à l'extrémité de laquelle s'ajufte aulfi une
pointe d'acier au deflbus de la boîtejqui coule libre-
ment, de s'arrête aulîi par le moyen d'une vis à
oreille pour tracer l'ovale , foit avec la pointe ou
un crayon. Les deux boîtes s'ajuftent au long des
branches d'une croix , fur laquelle pOrte la règle , Sc
au dedans de laquelle il y a une coulilfe en forme
de queue d'aronde. Cette croix doir erre faite bien
carrément, c'eft-.i-dire , bien exademcnt à angles
droits , 6c les coulifles doivent être également pro-
fondes 6c également larges; car c'eft en cela qu2
confifte toute la juftefre." On met la règle dans les
coulilfes -, on arrête les boîtes -, on tourne la règle ,
qui faifant aulîi tourner les boîtes dans la couHfTe,
en avançant 6c reculant au long de la croix 6c l'autre
boîte dans l'autre branche de la croix. Il faut mer-
tre aufll des poinres de clou par defllis la croix aux
quatre coins, pour l'arrêrer fixement fur un plan-
cher , ou fur un eriduir. Il y a une petite platine
mince pour ajufter dans la mortoife fous la vis à
oreille , afin d'affermir les boîtes fur la grande rè-
gle que l'on fait mouvoir, comme on l'a dit, dans
les coulifles , pour tracer l'ovale que l'on demande,
&c félon qu'on la veut , plus grande ou plus petite ,
ou fi l'on en veut deux concentriques l'une à l'aurre s
il n'y a qu'à avancer ou reculer fur la règle la pointa
d'acier , qui ferr à tracer l'ovale.
Le compas à ellipfe eft , félon Frézier , un inftru-
ment compole du compas à verge , 6c de deux pou-
pées de plus , qu'on fait mouvoir dans urie coulille*
pratiquée daris une figure de croix pour une ellipfe
entière < ou de T pour tracer une demi-elliplè fur
des arcs donnés. Cet Auteur donne b. defcription
de cet inftrumenr dans fa Stéréotomie , /'.'158,
Le Compas à ovale eft une fimple cquerre , fur les
côtés de laquelle on fait couler deux pivots attachés
à certaine diftance à une règle, au bout de laquelle
eft un crayon pour le tracer : d'où il fuit que pçur
une ellipfe entière il faut alfembler quatre équertes
féparées par une coulilfe, pour laillér le paflage de
ces pivots 5 fuppofant qu'on ne veuille tracer qu'une
demi-ellipfe , il faut un inftrument compofé dfc
deux équerres avec urie eoulillè entre deux. Fré-
zier.
Compas de proportion , eft uri inftrument de Géo-
métrie compofé dé deux règles plates , mobiles
daris une charnière avec des pinules. Circinus pro»
portionibus inveniendis aptatus. Il fert à obfervec
les longueurs , largeurs 6c diftance des corps , 82
pour plufieurs ufages de l'Altimérrie. Il y a des
lignes divifées qui fonr marquées fiir les branches
plâtres , dont deux font de parties égales , d'autres
qui marquent la mefure ou la corde des angles ,
d'autres la proportion du poids des métaux , &c.
Stauffler , Henrion , Ozanam , 6c plufieurs autres
Auteurs , ont écrit des livres entiers de l'ufage du
compas de proportion.
Compas de réduction , eft un compas qui étant
compofé de deux branches croifécs 6c mouvantes
fur un centre fixe , forme quatre poinres ou jam-
bes , dont les deux petites oppof?es aux deux
plus grandes , fervent à réduire route mefi.ire ca«
pable de la plus grande ouverture à la moitié j au
74
C O M
tiers , ou au quart , ielon la longueur proportion-
nce lie fes jauibcs. Cïrcinus ci.jus d^caffaca crura
qiuidritpUx acitmeti exhitmt , quorum minora duo
major ibiis opfiyua , vd mediam , vcl tertiam,vcl
qiiartam mcujurm partem , quamprccjtiruni , major i
compUxiuntur.
Compas de tn^cclion. En Géométrie on regarde la
tridèdioii de l'angle par la règle & par le com-
pas comme une ehol'e impoilîble. Plaficurs grands
hommes ont travaille à la Ibkition de ce problème
fans y avoir iatisfait pleinement , parce que leurs
manières croient purement mcihaniques. En i(JS8 ,
M, Tarragon , Proi-cdeur de Mathématiques à Pa-
lis , donna dans le Joutnal des Savans du 25e Sep-
tembre » la confit 11 Ction d'un compas de trijj'eclion ,
par lequel on réfout ce pioblème d'une manière
purement Gcomcttique. Il eft corapolc de deux
règles centrales -, d'un arc de cercle de izo degrés,
qui eft immobile avec l'on rayon. Le rayon doit
être attaché avec une des règles centrales comme
les deux bras d'un compas de proportion , afin que
cette règle centrale puilTe parcourir tous les poirt-
de la circonférence de l'arc. Le rayon & la règle
doivent être le moins épais qu'il eft poHibIe,fic la
règle attachée avec le rayon doit être battue à
ftoid , pour acquérir du rell'ort. La largeur de l'ai-
tte règle centrale , qui eft la plus grande , doit êtr
ttiple de la largeur du rayon. Il faut fur la grand ,
règle une couliffe à queue d'aronde de la largeu-
dû rayon qui y doit être attaché , afin qu'il puilf
fe mouvoir. Il faur aulïi un petit trou au centre de
chaque règle. La fgure fera mieux comprendre ce-
ci. Foye:^ le journal cité.
Compas à verge , eft un infttument pour tracer de
grands arcs de cercle, qu'on ne peut faire avec les
compas d'Appareilleur. Il confiftc en une longut-
règle qu'on fait paflcr au travers de deux morceaux
de bois ou de fer , qu'on appelle poupées , qui
peuvent s'approcherou s'éloigner comme l'on veut,
& être nxées par le moyen des vis. Chacune de
ces poupées eft terminée à un bout par une point;
de fer, qui fert l'une à fixer au centre , 5<: l'autre
à tracer l'arc. Cet inftrument vaut mieux qu'un cor-
deau , parce qu'il ne peut ni (é ralonger , ni fe
raccourcir , dès qu'il eft une fois réglé à la lon-
gueur. Frézier.
Compas d'Appareillenr , eft un compas dont chaque
branche , longue d'environ deux pies. , eft plate
& droite, avec une pointe; il fett aux Appareil-
leuis & Tailleurs de pierres. Circinus lapicidts ,
vel prœfcclo ji^nandis lapidihis deferviens. Il fert
aufîî à prendre la mefure des angles gras ^ mai-
gres. C'eft pourquoi on l'appelle communément
faufje-écjuerre.
^3^ Compas de fondeurs de C/oc/ies. Yoy.Ctocni.
1^ Compas de Cordonnier , eft un infttument de
bois avec lequel on prend la mefufe du pié pour
faire des fouliers , menfiira futoria. Il eft marqué
de plufîeurs divifions qu'on appelle points.
^CF Compas courbe , terme d'horlogerie. Inftrument
qui fert à mefurer un corps rond.
^CT Compas droit , inftrument qui fert à couper
les plaques.
Les Chirurgiens fe fervent aufTi d'un compas à
pointes pour couper l'os du cr.îne.
Compas de Tonnelier, eft un coot/jûj de bOis poin-
tu par en bas , & rond par en haut , qui s'ouvre
ou fe ferre avec une vis pour marquer les fonds de
leurs tonneaux. Circinus cjui dolarii in uju eJL Les
vis en font tournées les unes à droite, & les au-
tres à gauche , afin qu'il fe puiife ou ouvrir ou fer-
mer des deux côtés.
Compas d^ Tourneur , eft un compas dont les jam-
bes font courbées en rond pour prendre les dia-
. mettes des globes, les épaiffeurs des corps. Circi-
nus cujus crura arcuata tornando dejerviunt. Les
. Sculpteurs & Graveurs s'en fervent aufTi.
Compas de Bijoutier, C'eft un inftrument avec lequel
GO M
( les Bijoutiers mefurent ks pièces lorfqû'ils les tail-
lent. Norma quam. adexigendos angu/os g^mmarum
fcd/ptores adtubent. Cet inftruiTient ift un morceau
de bois, comme le fût d'un rabot fendu par dclfuS
jufques à la rnoitié de fa longueur. Dans cette
lente il y a une petite règle de laiton qui tijnt
par un bout dans le milieu du rabot avec une che-
ville, en forte que cette lègle fe meut comme une
équerre pliante. Elle fert à prendre les angles des
pierres que l'on pôle fur le tût du rabot , à mefure
qu'on les taille. Ce fût eft quelquefois de laiton ,
comme la règle,
1^ Il y a un grand nombre d'autres compas à
l'uiage des diiïcrens ouvriers, dont il eft inutile
de faire le détail,
COMPAS eft auin un terme de Manufaélure , qui fi-
gnifie modèle, mefure. On dit, faire une étoffe
iux\ç compas d'une autre; pour dite, la faire de
la même largeur , avec le même nombre de fils , &c
autant de portées * que celle qu'on prend pour
modèle.
COMPAS , en termes de Marine , lîgni.^e la bouflbie
dont lé fervent les Pilotes pour conduire leur vaif-
feau j qu'on appelle ctmpas de mer &c voie:. Fixii
nantica-. On appelle compas de route , un inftru-
ment compolé d'un carron mince , coupé circulai-
re ment, divifé en 3i parties égales , repréféntant
l'horiibn avec les ji vents , au centre duquel eft un
cône coricave de laiton , appelé chapelle , avec un
aiguillon en lozange , de bon fer ou d'acier,
cloué au de/fus du carton , & touché d'une pierre
d'aimant. Tout_ce compofé s'appelle roje. On la met
fur un pivot , &: puis dans une boete couverte de
verte , & cette boëte eft tenfermée dans une autre
qui fert à fbûtenir un ou deux cercles de cuivre ou
de lairon , qu'on nomme balanciers , qui fervent à
tenir horiibntalement le'cow/'a.î ou la bouilblc. Le
compas de variation ,ç^ un inftrument qui , outre
tout ce que l'on vient d'expoler, a un cercle divifé
en 5^0 degrés, & un fil qui traverfe par defÏÏis la
vitre , partant au deffus du centre , &: tombant per-
pendiculaire.'nent d'un côté & d'autre le long de la
bocte , qui eft ouverte en cet endroit-là avec une
vitre, &: rout cela pour aider à obferver la variation
de l'aimant. Un compas renverfe eft une boufîble
fufpcndue , que l'on voit par le defîbus , comme
l'autre pat le dcflûs. Compas mort i eft une boufîble
quia perdu la vc'tu de l'aimant. Compas de carte,
eft un compas qui s'ouvre en le prcflant du côté
de la tête -, les Pilotes s'en fervent à compaffer les
caitcs marines.
COMPASSEMENT. f. m. Aétion de compàjfer , ou
l'efFet de cette aélion. Voye^^ Compasser* Ce ter-
me eft peu ufîté.
COMPASSEMENT de feux , terme de Mineur. Rè-
gle qui s'obferve pour efpacer les fourneaux des
mines, de façon -qu'ils hifllnt tous leur effet dans le
même zcm^s. Collocatio , difpojitio fubfoffarumfoT"
macularum,
COiMPASSER. V. n. Prendre fes mefures avec un
compas. Circino defcribcre , dimetiri. Le deffein de
ce b.âtiment eft bien comp^iff. Cette carre eft exaéte
&: bien compaffee. Comparer les degtcs , les diftances
dans une carre.
CoMPAssER jsn Livre. C'eft ainfî que les Relieurs
s'expriment ; pour dire, mefurer un livre avec le
compas , afin de le bien rogner. Librum circino
dimetiri. Ce livre eft-il compafji.
Cnuv AS SEV. fa Carte, terme de Marine, c'eft trou-
ver avec la poinre d'un compas où peut être le vaif^
feau. f^oyei Pointer la carte.
CoMPASSER des Feux , en teimes de Mine, c'eft les
difpofer de manière qu'ils prennent tous enfemble.
ha difponere , coUocare cunicuhs , ut eod m tem-
poreignem concipiant ; aurrcmenr il en arriveroic
comme des efforts que fcroicnt trois hommes pour
lever un fardeau-, à moins qu'ils n'agiflént tous en
même temps , ils ne le pouroient lever fcparémenf^
CoMPASSER la Mèche, c'eft la mettre fur le ferpen-
C O M
tin dans une difpoiîtion propre à tirer, Funiculum
ianiarlnm aptarc , dijponers.
ifl" CoMPASSER, dans le langage ordinaire , fe prend
plus fouvent comme fynonyme de proportionner
une choie j que dans la (igniHcation de meluter
avec le compas ; ainfi l'on dit compajfcr des allées ,
compatir un parterre , compuffer les appartemens
d'une maiibn , les bien proportionner. Koye:^
Proportionner.
ffT CoMPAssER le dit figurément des actions, des
démarclies -, pour dire , les bien régler ; cette fem-
me compalfe toutes fes actions , ad normam exi-
gera , ad rcgulum.
IJC^ Il ie dit aulfi pour pefec , examiner mûre-
ment les choies. Expenderc , excunre.
Et quant à moi je trouve , ayant tout compafTé ,
Qiûil vaut mieux cire encor cocu ^jue trepaffe.
Mol.
COMPASSE , EE. patt. On dit qu'un homme cfl: fort
comfaffc , quand il eft fort réglé , fort exaâ; , tant
en les mœurs qu'en fes paroles. Comportas.
ffJ' Dans Tufage ordinaire ce mot fc prend pres-
que toujours en mauvaife part. On entend par un
homme compafp , un homme cxaét jufqu'à l'affec-
tation.
Un dévot orgueilleux n'admet defainteté ,
Qu'en ceux dont les vertus avec art compaifées,
i^ar la démarche & l'air font d'accord annoncées.
ViLL.
COMPASSEUR. f. m. Celui qui compafjé , qui msfure
avec un compas. Ce mot eft de Montagne.
COMPASSION, f. f. Mouvement de l'ame qui nous
porte à avoif quelque pitié , quelque douleur , en
voyant foufîirir un autre. Sentiment de pitié que fait
naître en nous la vue , le récit , ou le fouvenir
des maux de quelqu'un. Mijeratio , commiferatio.
La marque d'une belle ame , c'eft d'avoir de la
compajfion pour les affligés , d'être ému de com-
pajjion, La compajjion de la plupart des hommes
n'eft que dans les léns : ils font émus pat les ob-
jets , & ne peuvent rcfufer ce reflentiment à la na-
ture. Fléch. Quiconque fe promet beaucoup | de la
compaljion des hommes , connoît mal leur cœur ; il
ne fait pas que les larmes tariffent bientôt. Vaug.
Les longues lamentations donnent plus de mépris
pour la foibleffe , que de compajjion pour la dou-
leur. S. EvR. C'eft par orgueil que nous plaignons
les malheurs de nos ennemis -, &: nous ne leur don-
nons des marques de compajfion , que pour leur
faire fentir que nous fommes au dellus d'eux.
RocHEF. Pour bien fentir la compajjion , il fau-
droit en avoir été digne. S. EvR. La véritable com-
pajjion ne s'arrête point à des attendriifemens
extérieurs , ni à de fimples larmes ; elle demande
des fecours eflFeftifs, Dac. La compajjion qui ac-
compagne l'aumône eft un don plus gtand que
l'aumône même. Fl. Il y a des compajjions inful-
tantes , qui redoublent la douleur des miférables.
S. EvR. La compajfion fcrt d'aiguillon à la clé-
mence. Mont. Ceux-là font plus fufceptibles de
compa£ion , qui ont éprouvé , ou qui appréhen-
dent les mêmes malheurs qu'ils voient airiver aux
autres. S. EvR. Non ignara mali mij'eris fuccurrere
difco.
Ce mot & les fuivans viennent de compafjio ,
compatior y mots impropres ,yo«^z> avec, compatir.
On dit figurément , faite compajfion , en par-
lant de certaines chofes qu'on délaprouve , qui
font mauvaifes dans leur genre , pitoyables. Voye:^
ce mot. Voilà un raifonnement qui fait compaffion.
Ce que vous dites-là /a/r compaffion.
UCT La Compaffion de la Sainte Vierge eft une
fête que l'on célèbre dans l'Eglife Romaine , le
vendredi de la femaiaede la paffion , en mémoire
des vives douleurs dont la Sainte Vierge fut pè-
COM 741
Rctrée à la vue du crucifiement de J. C. fon fils,
COiMPATIBILIT E. f f. Qualité des chofes qui ne
foni pas contraires , qui peuvent lubiîfterenfcmble.
Le chaud & le kc font des accidens qui ont delà
compatiliiite eniemblc. Caior & Jiccuas in eodem
cp fuhjccîo po§'unt. On le dit auflï en parlant de
Charges & de Bénéfices. Ces deux charges ou ces
deux bénéfices ont de la compatd-ilu/, peuvent
être poffcdés par une même pcrfonnc lans diipenie.
Duo hœc muncra ab eodcm exerceri , duo hcec le-
nefcia ab eodcm pojjideri pojjunt. Il fe dir encore
en Morale , compatibilité d'humeurs , mais plus
fouvent avec la négative. Il n'y a guère de compa'
titiliti d'efprit, d'humeur cntr'cux.
Cin appelle , Lettre de compatibilité , des Let-
tres-Patentes par lefquellcs le Prince permet à un
hommedepoiféder en même temps deux charges qui
lie peuvenr pas être exercées par une même per-
fonnc. Obtenir des Lettres de compatibilité.
COMPATIBLE, adj. m. Se f. Qui peut demeurer
avec un aune fans le détruire. Le froid ôc le chaud
ne font pas compatibles en même iujet.
Compatible fe dit aufil en Morale, des perfonnes
de deux humeurs différentes , qui fe peuvent ac-
cordLir eniemble. conveniens , con^ruens. Cet hom'
me veut fe féparer d'avec fa femme , parce que
leurs humeurs ne font pas compatibles. Non cow
gruunt in ter Je ,moribus, natura dijcrepant.
Compatible le dit audl des charges & des bcncfî-
ces qui peuvent être pofiëdcs enfcmble , par unô
même perlbnne , fans difpenfe. Une chr.rgc de Se-
crétaire du Roi S; de Trcfoticr font compatibles.
Un bcnéîice fuiiple eft compatible avec une Cure.
Une charge de ConfeilJer au Parlement eft compa-
tible avec celle de Prévôt des Marchands.
COMPATIR , V. n. fe dit des chofes & des perfonnes
qui conviennent l'une avec l'autre &: peuvent fe
trouver enfcmble. Pojfe fimul conjifiere ; non re-
pugnare intcr fe. Ces deux caradicres ne peuvent
compatir enfcmble. La grandeur de l'ame ne peut
compatir avec les ordures & l'avarice. S. Evr. L'am-
bition & le repos ne peuvent compatir cnfemble.
Mont. La trifte indigence ne compatit point avec
l'enjouement & avec les plailîrs. Font. Perfonne ne
peut compatir avec lui , 6c il ne fauroit compatir
avec perfonne. L^'efprit de Dieu ne fauroit compatir
avec celui du monde -, il eft ptefque toujouts em-
ployé avec la négative.
Compatir lignifie en Morale , être fenfible à la
douleur , à l'affliclion d'autrui , avoir pitié de lui.
Alicijus dolore commoveri , a/icujus mijéricordiâ
capi. Un cœur vraiment chrétien doit compatir
aux maux de fon prochain , & les foulager de
tout fon poffible.L'air contraint & forcé nous in-
commode , & nous tourmente , parce que naturel-
lemenr nous compatifjons au mal que nous voyons
fouffrir. Cii. de Mer.
Compatir lignifie auifi , ^fT fouifrir les fautes , le*
foibleflcs de fon prochain avec indulgence , au lieu
de s'en fâcher. Indulgere , ignojcere. Il faut com-
patir aux foiblelfes de la nature humaine , fouffrir
fes défauts.
Je ne compzth point à qui dit des fornettes ,
Et dans l'occajion , mollit , comme vous faites.
Mol,
COMPATISSANT , ANTE.adj. verbal. Qui compa-
tit , qui témoigne de la compa/ïîon. Commiferans.
Coeur compatifjant , ame compatijjante. Jeter un
regard compatiffant.
COMPATRIOTE, f. m. Se f Qui eft de même pays.
Popularis , conterfaneus. On a de l'affection pour
fes compatriotes. Quand on eft en pays étranger ,
les compatriotes ont bientôt fait connoiifance , fc
fecourcnt volontiers les uns les autres.
Ce mot vient de la prépolition com ou con & de
patrie , pays -, compatriote , qui eft du même pays.
COMPENDIUM , f. m. emprunté du mot Latin ,
744 COU
fore en iifage dans les Ecoles de Philofophie Sc de
ThcologicX'oripcr.diu/n. Il lignifie abrégé , précis.
C'elt la coutume dans l'Univeriité de Paris de don-
ner, avant le corps de la Philoibphie, le comptndium
de Logique , un abrégé des principales matières
qui y l'ont traitées, *
COMPENSATION, i. f. Eftitnation par laquelle on
compenlc une chofe avec une autre action par
laquelle une choie tient lieu d'une pareille ou d'une
équivalente. Cumpenj'auo. En termes de Palais , com-
pcnj'ation cft proprement un moyen de droit , par
lequel le débiteur pourfuivi pour le payement d'u-
ne dette, demande qu'elle Ibit compcnlce avec ce
qui luieft dû par l'on créancier , julqu'.T. concur-
rence. La compenfation cft un raoyeri qui peut
s'oppolér en tout état de caufe , même après la
condamnation. L'équité naturelle a établi le moyen
de compensation , le Droit civil en a prefcnt les
règles. La compenfation équipoUe à un payement.
La compinj'atwn eft de droit , de liquide à liquide.
03" On appelle cUire & liquide , une dette certaine ,
non lujctte àconteftation, & dès à prcicnc exigible;
ainfî on ne peut pas coOTjPe«/er une dette exigible;
prélcntemcnt avec celle qui ne le fera que dans un
certain temps , ou fous condition.
Pour que la compenjation ait lieu , il faut qu'il
fe rencontre une rcllerablance & une identité
parfaite dans les choies que l'on veut compenfer.
On obtenoit ci-devant des Lettres de Chancellerie
pour faire des compenfations. La compenfation des
dépens lé fait , quand chacune des parties réuUît
en quelques-unes de fes prétentions.
Compensation fe dit aufll au figuré , de tout cequ'
tient lieu d'une autre choie , ffC? de l'eftimation
des choies , dont le bien &; le mal étant mis en
balance , le défavantage fe trouve réparé par l'a-
vantage. Il iùut faire compenfation des défauts de
nos amis avec leurs bonnes qualités. B. Rae.
COMPENSER. V. a. Donner en payemenr à un créan-
cier une Ibmme qu'il doit , pareille à celle qu'il de-
mande : ou demander à la déduire , li elle n'eft pas
égale. /Jif/Tz unam ciim ali.i recompenjare. Nous avons
compenfi ce que je lui dcvois avec ce qu'il me devoir.
Compenser, fe dit aulfi des chofes équivalentes qui
partent l'une pour l'autre , quand il intervient l'au-
torité des Juges , ou l'accord des parties. On a
compenfe la fomme qu'il devoir à fon maître avec
les lérvices qu'il lui ayoit rendus.
-lu? Compenser lignifie aulTi faire reftimation des
chofes dont le bien &: le mal étant mis en
balance , le défavantage fe trouve réparé par
l'avantage. Ce fermier a eu de bonnes & de mau-
vailés années ; les unes compenfent les autres -, les
bonnes qualités compenfent \?% m^uviiCss. Compen-
fare bonis v//fa.Compenrer les crimes avec les bon-
nes aélions. Beneficiis maleficia penfare.
CoMf TNSÉ , i^t part.
COMPÉRAGE. f. m. C'eft l'ailion par laquelle on
devient compère de la pcrlbnne dont on tient
l'enfant fur les Fonts , ou de la perfonne avec la-
quelle on tient l'enfant de quelqu'un. Mutiia affi-
niias , ex fzcri Baptifmi fontibus exorta. Ce com-
perao-e lui tient au cœur. Pat.
On dit proverbialement, tout fe fait par compèra-
ge.L? mot de co/w/'(?n2i!'e exprime proprement la rela-
tion , l'affinité qui fe trouve entre le parrain & la
marraine d'un enfant, ainlî qu'entre le père & la
mcre de l'enfant. Sous ce point de vue le compérage
eft regarde comme une alliance fpirituelle. Voye^
Parrain , Marraine.
ÇO" COMPERE, f. m. Patrinns. Nom qui fe donne
par le père S^' la mère d'un enfanr à celui qui a
tenu cet enfant fur Tes fonts de Baptême; par la
marraine, à celui avec qui elle a tenu cet enfant-,
& par le parrain & la marraine, au père de l'en-
fant. Celui qui tient un enfant avec une fille eft
fon compère. Il efl aufli compère .à l'égard des père
&' mcre de l'enfant , &: il contraéfe une alliance
Spirituelle avec eux. On ne contraéle cette alliance
COM
qu'à caufe du Sacrement même du Baptême , ic non
point a caufe des cérémonies qui l'accompagnent.
Le Pape Etienne IX appelle Ibuvent dans lés let-
tres L- Roi Philippe I fon compère , 5c la Reine
Bertrade fa commère , & les deux Princes , leurs
fils , fes enfans fpirituels : ce qui fait croire qu'il
fut leur parrain , fe montre en même temps que
ces noms lactés par la Religion , étoient alors des
ritres d'honneur , loin d'être du ftyle bas & fa-
milier, comme aujourd'hui.
Ce mot vient de compater , comme commère
de commuter,
CoMPERE lé dit , en dilcours ordinaire , de ceux qui
font bons amis & familiers enfemble. Amici , fu-
nuliares. Ce font des compères qui font toujours
enfemble. Ce font des feftins de compères éc de
commères. La plupart des Bourgeois lé nomment
compares , & rien n'eft plus ordinaire entr'eux
que ces termes d'alliance. Caill.
On dit d'un homme , que c'eft un bon compère ,
pour dire , que c'eft un bon compagnon , un
homme de bonne humeur &: agréable. Ac. Franc.
On dit auHl burlefquement de quelqu'un , c'eft
un compère ; poiit dire , c'eft un homme fin ,
habile K intelligent en fon métier.
On dit , en ce monde , tout fe fait par com-
pères 5c pat commères , c'eft-à-dire , par intrigues
& par ibllicitations.
Compère lé dit aulfi des animaux que l'on in-
troduit parlant dans les apologues. Amicus.
Compère le Renard fe mit un jour en frais ^
Et retint à diner commère la Cicogne. La Font.
COMPERRE , vieux verbe a6l. Ce mot ne fc dit
plus depuis long temps ," il fignific acquérir ; il
cft formé de comparare , qui fignifie la même
chofe.
COMPERSONNIER , f m. terme de Coutume.
C'eft ainli que fe nomment les alfociés dans un
ménage ou dans une famille , où tous les biens
font communs ; ce qui arrive fouvent dans les
familles de main-motte , pour conlcrverles biens
dans une pizenzc, Eorumdem bonorum focii.
CoMPERsoNNiER fc dit plus particulièrement ds
celui qui tient un héritage avec un ou plufieurs
autres , à la charge de payer une redevance au
Seigneur. Tous les comperfonniers font folidai-
rement obligés. Il s'en trouve encore plufieursen
Bourgogne , en Champagne , dans le Nivcr*
nois.
fp" C0M:'ES , f. m. pUir, terme de Manufa(aare. ,j
Sortes de Droguets croiiés , drapés qui fe tabri- *
qu?nt en France.
03" CoMPES, f. m. terme d'Antiquité. Sortes d'en-
traves de fer dont étoient chargés les Efclaves
Romains.
'^CFCétoit aufTî un infttument pour donner la tor-
ture aux criminels.
COMPÉTANT , ANTE. adj. Voye^ Compétent.
COMPÉTEMMENT , adv. D'une manière compé-
tente, fulïifamment. Légitime, légitima jure, ex
légitima aucloritate. Il étoit âgé competemment
pour intenter cette adion. Ce Prévôt a jugé com-
pétemment , après avoir fait juger fa compétence.
Ce mot fe dit peu.
33- COMPETENCE, f. f. D'autres écriventCOMPjé-
TANCE. Droit qui appartient à des Juges de con.
noîrre des affaires , dont la connoiHance ou l'at-
tribution leur eft donnée. On entend ici par com-
pétence le droit qu'ont des Juges ordinaires de
connoîtte de toutes foites d'affaires entre les par-
ties qui font fujettes à leur Juridiétion. ]udi-
cis Ic^iti'm potejias , JurifdiBio. Les Prévôts des
Maréchaux & les Lieutenans-Criminels ne jugent
en detnier relTort qu'après avoir fait Juger leur
compétence. La compétence en matière criminelle
fe règle entre les Ticres pSt le lieu du délit ou
par la qualité du déli iquant,
Go.mpétencs
c oM
Çcr Compétence en fait de Juge Eccléfiaftique.
Voyc^ Juge d'Eglise,
Compétence des Juges des Seigneurs, f^oye:^ Jus-
tice SEIGNEURIALE.
Compétence fe dit, au figuré, de la capacité ou icience
d'un hoinine en quelque choie. Captus , jacuicas.
Il ne faut pas que le Cordonnier juge de la pein-
ture , cela n'ell pas de fa compétence. Les myl-
tères les plus relevés de la loi ne l'ont point
de la compétence de la talion, II y a des Au-
teurs qui prétendent que le mot de compétence
ne fe peut dire qu'en riant dans le lens figuré.
Compétence fe dit auOl de la comparaifon des
rangs , des dignités , quand il y a prétention
d'égalité. Comparatio , aqiiaiuas. Un Avocat ne
difputera pas le rang , le pas à un Prclîdent \ il
n'y '% f»oint de compétence , de concurrence cn-
tr'eux. fC II n'y a point de compétence entre le
Prince &: l'on fujet. Mettre quelqu'un en compé-
tence avec un autre. Entrer en compétence avec
quelqu'un. Façons de parler aflcz ulitees , qui me
déplaifent.
COMPÉTENT , ENTE , adj. L'Académie écrit
competant. Qui a le pouvoir de juger , de con-
telter. Idoneus , conveniens , légitimas. Les Jwges
ordinaires des lieux font les Juges compétens pour
juger ceux qui n'ont point de privilège qui les
exempte. Le Parlement cft le ieul Juge compé-
tent pour les duels. Un Prctre peut demander
fon renvoi par devant un Juge compétent , ion
Officiai. Il n'y a que le mati qui foit partie com-
pétente pour accufer fa femme d'adultère. C'ell
une bonne exception de dire qu'une partie h'ell
pas compétente.
On appelle partie compétente , une partie ca-
pable de contcftcr en jultice. Acad. Fr.
On k à'.z auHi figure , jccelui qui eft habile dans
Une profeilion dont il eft qucftion de juger. Ido-
neus , aptiis. Il faut être Aflironome pour parler
des Comètes \ les autres ne font pas compétens
pour cela.
Compétent (îgnifie auffi , qui efl légitime, raif'on-
nable , fuffilant. Légitimas. Ce garçon eft en
âge compétent de fe marier, de jouir de fon bien.
On a établi les délais compétens par l'Ordon-
nance , pour fe prcfenter , pour défendre , pour
produire.
Compétent fignifie encore la partie qui peut appar-
tenir à quelqu'un e.i quelque chofe où il a droite
ce qui lui eft dû, ce qui lui revient. Legiiimiis ,
conveniens. On a partage cette terre , on a donné
à chacun des enf'ans leur partie compétente. Voyez
CoMPETER , autre mot barbare.
COMPÉTENTE , ENTE , f. m. & f. Dans l'Hiftoire
Eccléfiaftiquc , c'eft le nom d'un degré ou ordre
de Catéchumènes. Compétens. Voyez Catéchu
MENES.
COMPETER , v. n. ffT mot barbare , confacrc
au Palais, & qui n'eft point d'ufagc ailleurs. ^/j-
partenir. Pertinere. Ce garçon a diflipé tout ce
qui. lui peut compéter èc appartenit en la fuc-
ceffion de fon père.
COMPETITEUR, f. m. Concurrent , celui qui pré-
tend à un même rang , à un même emploi , .i
une même fortune. Competitor. Ceux qui préten-
dent à la gloire ont beaucoup de compétiteurs.
Compétiteur. , dans la primitive Eglife , eft la
même chofe que Compétent. C'étoit un Caté-
chumène qui avoit palfe par toutes les épreuves ,
P-^ & qui avoit toutes les dil'politions nécellaires à
recevoir le Baprcme. Foye:^ Catéchumènes.
COMPÉTITRICE. f f. Celle qui afpirc aux mêmes
. honneurs , aux mêmes dignités , aux mêmes
avantages qu'un autre. Competitrix. Ce mot fc
trouve dans la Mothe le Vayer. Je doute qu'il
. fe trouve ailleurs.
Tome II,
CO M
74T
COMPIEGNE. Compendium. Ville de l'I/le de Fran.
fur l'Oife , proche du confluent de l'Ai/nc. Com-
piegne a été le fejour de quelques - uns de nos
Rois. Clotaire I mourut à Compieane en 564.
Charles le Chauve fît rebâtir & aggrandir Com-
piegne l'an 877 , à caufe que Louis le Débon-
naire, fon père , Charlemagnc , fon aïeul , & Char-
les Martel j fon bil'aïeul y avoient demeuré, il la
fit nommer Carlopolis , c'eft-à-dirca Charleville;
Louis II ^ Louis V font inhumes à Compie^ne
dans l'Abbaye de S. Corneille. C'tft au iiège dé
Compiegne, en 145 1 , que la Puccllc d'Orléans fut
prife dans une fortie.
COMPILATEUR. Auteur qui a recueilli & ra^
malfé plufieurs choies qu'il a lues dans les ouvra-
ges des autres j ou qui a recueilli tout ce que les
autres ont dit fur certaines matières. Qni res varias
variis è fcriptoritus collegit. La fcience des co/tz-
pilateurs elî aride & ennuyeufe ; ce font pour-
tant ceux que le Vulgaire confond avec les .Sça-
vans ; mais les gens fagcs les renvoient au pcdan-
tifmc. La Bruy. Comme les compilateurs ne pen-
fent point , ils rapportent ce que les autres ont
penfé , & fe déterminent plutôt à recueillir beau-
coup de chofcs , que d'excellentes. In.
COMPILATION.!", f. Recueil =]:7 de placeurs clio-
fes , tirées d'un ou diffcrens Auteurs , miles eii
corps d'ouvrage. Compilatio. La compilation An
Droit Canon par Gratien. La compilation des
Poètes grecs a été faite en trois volumes. Nos
Hiftoriens Ont chargé leurs compilations de cir^
confiances ennuyeufes j & qui lailfent languir
l'Hiftoire , en n'offirant que de petits objets qui ns
touchent point. P. Dan. La compilation des loix
faites par les Rois de Rome fut faite fous le rè-
gne de Tarquin le Superbe , par Papirius , d'où on
l'appelle Jus Papirianum. Du temps de Jules Cé=
far , Ofîlius commença la compilation des Edits des
Préteurs ; elle fut achevée par Julianus du temps
de l'Empereur Adrien. La compilation des Conftitu-
dons des premiers Empereurs Romains fut faite vers
le temps de Conftantin , ou un peu après. Dans le
lixième fîècle Jaftinien fît faire une compilation géné-
rale des plus belles Conftitutions des Empereurs,
depuis Adrien jufqu'à l'on temps. Instit. du Droit ,
&c.
COMPILER, v. a. Faire un recueil, un alfemblage ,
ou compilation de plufieurs îfT chofes écrites oa pu^
bliées dans les ouvrages des Auteurs , & les mettre
en corps d'ouvrage. Compilare, Du Chêne a compilé
les anciens Hiftoriens françois. Baronius a compilé
l'HiftoireEccléliaftique , en a fait un corps. Fonta-
non &: Guerrois ont compilé les Ordonnances , en
ont fait des tecueils. El'cobar a compile une Théo-
logie morale. Les Allemans fe figurent que pour fe
mettre au rang des Auteurs célèbres , il fufïin
d'avoir compilé un gros volume. S. EvR. Le Droit
Romain compile par Juflinien dura trois cens ans
en Orient fans recevoir d'^urre changement que
celui du langage. Instit. du Etroit ^frc.
COMPISSER. V. a. Vieux mot qui fignifioit pilTer
delfus , ou piifer fouvcnt & par tout, Meire in ali-
i/uid. Il eft augmentatif de piff^r.
COMPITALES. f. f. pi. Fêtes qui fe célébroient chez
les Anciens en l'honneur des Dieux Lares. Compita.'
litia. Ce mot vient du latin compitum , un car-
refour ; & cerce Fcre fut ainfi appelée, parce
qu'elle fe célébrpit dans les carrefours. Les Com-
pitaks furent inftituées par Servi.is Tullius,fîxième
Roi de Rome , c'eft-à-dire , .qu'il les établit à
Rome. Quoique Dion dife dans fon quatrième
Livre que cette fête fe célébioit peu de temps
après les Saturnales , & que le Calendrier Ro-
main la mètre au douzième de Janvier , il paroît
néanmois qu'elle n'avoit point de jour fixe , au
moins au temps de Varon , comme l'a remarqué
Cafaubon /:^r 5«« Aug. C 51. Il n'y avoit non
plus alors de Compiiales qu'une fois l'année. Au-
guftc en fit célébrer deux fois. Comme c'étoit
BBBbb
74^ C O M
une fête -mobile , le jour qu'on la devoit célé-
brer , s'annonçok tous les ans. Elle le faifoic or-
dinairement vers le quatrième des Noues de Fé-
vrier, c'cft- à-dire le Jecond jour de ce mois. On
y facrifîoit une truie. Proper. L, IV' , El. /.Les
l'rêtres qui célcbroient ces têtes étoient des cf-
claves & des affranchis. Ils furent inftitucs , dit
Macrobe , Saturnal. i , C. 7. non iculemcnt à
l'honneur des Lares , mais auffi de la Manie ,
leur mère. Tarquin le Superbe les rétablit ; &
fur la réponlc de l'oracle , qui ordonna que l'on
facrifiât des têtes pour les têtes , c'eft-à-dire ,
pour la fantc & la profpérité des gens de chaque
famille , on y iacrifioir des enfans. Mais Brutus ,
après avoir chafle les Rois , |)Cr interpréta
les paroles de l'oracle , de ordonna qu'au lieu de
têtes d'enfans , on immolereit à ces Dieux
des têtes de Pavots. Durant les Compiia/es , cha-
que famille mettoit à la porte de la maifon la
ftatue de la Déefle Manie. On fufpendoit aailî
aux portes des maifons des figures de laine qui
repréléntoient des hommes & des femmes , pour
prier les Lares &c la Manie de fe contenter de ces
figures, & d'épargner 1-es gens de la maiibn -, pour
les efclaves , au lieu de figures d'hommes , on
offroit des balles ou pelotes de laine. Scaliger ,
-l'oet. L. I, c. z8. Le Roi TuUius établit que les
efclaves qui célébroient les compitales -, jouiroient
de la liberté pendant tout le temps que dureroit
la Fête -, c'étoit en effet un moyen très-propre .à
procurer l'avantage des familles , que de gagner
l'affection des efclares , en les faifant jouir quel-
que-temps de la liberté. Augufte ordonna qu'on
orneroit de fleurs deux fois l'année , au prin-
temps & en été , les ftatues des Dieux Lares qui
croient dans les carrefours, ^oy^^ Varron , Fcftus ,
Macrobe, Denys d'Halicarnalfe , Suétone, Rofi-
nus , le Calendrier Romain , &c. Voyez encore
Aulu-Gelle -, L, X ■, c. 14.
COMPIT ALICE, adj. m. &: f. Compitdïtius. Qui
appartient aux Fêtes compitales. Le jour compi-
talice , Dies compitalitius , étoit celui auquel
©n célébroit les Compitales. Les "Jeux compitali-
ces , Ludi compitalitii , étoient les jeux qui fe
faifoient à cette fête.
Ces noms viennent de complmm , comme on
î'a dit s ou competum » qui vient de competo , qui
fîgnifie concourir -, c'cft un endroit où plufieurs
rues concourent , aboutiilênt. Avant la fondation
de Rome , ces Compitales fe célébroient dans les
carrefours des villages \ car cette fête eft plus
ancienne que Rome.
COMPLAIGNANT , ANTE adj. terme de Palais,
1)3° Celui qui fe plaint en Jufticc du tort qu'on
lui a fait -, demandeur & accufateur en ma-
tière criminelle. Aclor , petitor. Il s'efl rendu
complaignanc. La partie complaignante. Tous les
Arrêts , en matière criminelle, porrerit, entre un
tel, demandeur , èc-complaignam contre tels & tels,
défendeurs , accufés.
go* On dit fubftantivement le complaignant , la
complaignante.
COMPLAINTE, f. f. Plainte & doléance d^une
perfonnc <jui fouffte. Querela , querimonia. Dans
les Paflorales il y a d'ordinaire des complaintes
de Bergers. On entendit cette ttifte complainte.
Ce mot vieillit. Il eft demeuré dans le ftyle des
Monitoires. Cor. Je ne le rejeterois point fi
abfolument. On ne le dit guère qu'au pluriel.
De grandes complaintes.
Complainte , en termes de Palais , en matière pro-
phane , fe dit des adlions poffeflbirss , qui appar-
tiennent à un propriétaire ponr fe maintenit en
pofleifion de fon héritage d'un droit réel quel-
conque. Vindiciarum petitio , pojiitlatio. On forme
une complainte en cas de faifine &denouvelleré ;
ce qui hgnifie en vieux langage , en cas de trou-
kle ds polTeflîon j comme quand un autre ufurpe
C O M
un héritage dont on elt en poffeiïîon depuis un
an (Se jour. Alors on forme une complainte poiref-
foire , S<c il faut juger la réintégrance avant que
de plaider. au fond. Ce fur M. Simon de Bucy ,
Prclident au Parlement de Paris , qui inventa , &
mit en ufage la complainte en cas de faifine &c de
nouvelleté. Il faut intenter la complainte dans l'an
de la polfelfion du détenteur. On dit matière de
complainte , -cas de complainte -, former, intenter ,
exécuter , prendre complainte. Ramener la com-
plainte fur les lieux , fe dit , lorfque le Juge ou un
Commifiairc fe rranfporre fur un héritage conten-
tieux , 6i entend les parties.
Pour intenter légitimement une demande en co;n-
[plainte , il faut un trouble, une entreprife, un
artentat^de la part de celui contre qui cette de-
mande eft dirigée. Aubry , Mim. pour le Chap.
de Reims.
Complainte, en matière bénéficiale, fe dit d'une
aélion qu'on forme pour être maintenu en un Bé-
néfice après en avoir feulement pris poift'ifion ,
en vertu des provifions du Collateur, Vindiciarum
pojîulatio in bénéficia ecclejîajlico. On peut in-
tenter Complainte dans l'an du trouble contre ce-
lui qui a un titre coloré. |J3° Comme cette adion
eft une adion poflefilbire , il n'y a que les Juges fé-
culiers qui en puiffentconnokre ; le polfeifoire étant
une affaire de fait qui regarde k puiffancc féculière,
^CT Mais la connoiffance du pétitoire des bénéfices
appartient de droit au Juge d'Eglifc , à l'exception
des affaires de régale dont le Parlement de Paris
connoît au pétitoire , privativement à tous auwes
Juges.
^fT Celui qui a perdu fa caufe au pofreffoire, ne petit
plus fe pourvoir au pétitoire par devant le Juge
d'Eglife •, parce que les Juges laïques ne jugent pas Is
pofleffoire fur le fait de poffelfion feulemenr , mais
par le mérite du fonds & des titres des contendans ,
dont ils examinent la validité , d'où il s'en fuit qu'il
feroir inutile de les faite examiner (Je nouveau par
les Juges d'Eglife , avec rifque de voir réformer
quelquefois par eux les arrêrs de la Cour ; ce qui
feroit abfurde. Ferriere.
^fT Les complaintes pout les bénéfices doivent êtrs
pourfuivies par devant le Juge Royal , qui refibrrit
nuement au Parlement -, auquel la connoiilance en
appartient privativement aux juges inférieurs &deî
Seigneurs Haut-Jufticiers , quand même ils feroient
fondateurs, collateurs ou prélentateurs des bénéfices.
Les complaintes fe jugent le matin , & ne font
pas des procès de Commiilaircs. La complainte n'a
pas lieu contre le Roi , parce que la complainte eft
une crpèce d'accufation contre celui par lequel
nous prétendons avoir été injuftement troublés \
Se cette accufation ne convient point à un fujet à
l'égard de fon Roi.
Ces mots viennent du verbe Izt'in plangere , dont
on a fait complangere.
COMPLAIRE, v. n. Se rendre agréable à quelqu'un ,
en déférant à fes volontés &: à fes fentimens. Ot-
fequi -, indulgere , moremgerere. Les Courtifans ne
tâchent qu'à complaire aux Princes & aux PuifTan-
ces. On gagne le cœur des perfonnes les plus diffici-
les , à force de les flatter , & de leur complaire^
Il a fait cela pour vous complaire.
On dit , fe complaire ; pour dire , fe plaire , fe
déleéler en Ibi-même , en fes productions, en les
ouvrages , y mettre fa fatisfadion , fon plaifir. Il
fe complait eu lui-même. Il fe complaît en fa per-
lotine. Wfe complait dans tous fes ouvrages, dans
tout ce qu'il fait,
COMPLAISANCE , f. f. déférence amc fentimens &
aux volontés d'autrui, Ohfequium , ohfequentia.
^CTLa.complaipince eft une condefcendaace honnête
par laquelle nous plions notre volonté, pour la
rendre conforme-à celle des autres. Elle con^fte à
ne contrarier le goiit de qui que ce foit , dans tout
ce qui eft indifférent pout les mœurs , à s'y ^irccet
G Ô M
même aïkant qu'on le peut , & à le prévenir lors-
qu'on l'a lu deviner. Les mœurs.
ffj- Il lemble que l'efprit doux & l'humeur égale
réunis, falfcnr l'homme complaifant.W eft vrai qu'ils
y contribuent ; mais il eft vrai audi que la com-
plaifance ajoute à la douceur 5£ à l'égalité. A l'ef-
prit douxj à l'humeur égale , joignez l'envie de
plaire & de petits foins , vous ferez complaifant.
^fT L'homme égal Se doux eft celui qui , toujours
le même, toujours tranquille &:fûr, évite toute
occalîon de me làire de la peine. L'homme com-
plaifant fait quelque chofc de plus pour moi.
Il eft difpofé à penfer comme je penfe, à agir
comme j'agis ; il entre dans mes vues & dans
mes goiits , & profite de la moindre occafion de
me faire plailir. Mais aufTi il faut avouer que la
douceur de l'efprit 5c l'égalité de l'humeur ne fau-
roient devenir des vertus fufpedles-, à quelque ufage
qu'on les emploie, elles feront toujours des vertus.
Il n'en eft pas de même de la complaifance , qui
n'eft vertu que par Tufage qu'on en fait.
1)3° Pour faire une définition un peu exaélc de
cette afFeéiion que quelques-uns ont de plaire à
tout le monde , il faut dire avec la Bruyère , que
c'eft une manière de vivre où l'on cherche beau-
coup moins ce qui eft vertueux & honnête ,que ce
qui eft agréable.
On fe flatte les uns & les autres , & le monde ne
fubfîfte que par cette complaifance mutuelle. Flech.
Dans le monde , il faut avoir de la complaijance ,
même pour les fors; ils font le plus grand nombre.
Les perfonnes qui hantent la Cour , reconnoiflant
combien les humeurs conrredil'antes font incommo-
des, prennent une route, qui eft de ne contredire
rien, & de louer tout indifféremment; c'cft ce qu'on
appelle complaifance. Cette humeur qui eft plus
comnlode pour la forme , eft très-dé(avantageufe
pour le jugement. Port-R. La complaifance qui
Sacrifie tout aux autres, femble être la dcfttui'^tion
de l'amour propre , & n'eft bâtie que fur fes ruines.
M. Esp hz. complaifance qui eft une vertu paifible ,
& très-néceflaire à la fociété , devient un vice ,
quand elle n'a point de bornes. M. Scud. La vérita-
ble complaifance eft celle qui compatit avec liber-
té , qui cède fans foibleffe, qui loue fans flatterie ,
& qui , fans affeclation &c fans bafteffe , rend la fo-
ciété agréable, 8c la vie plus commode & plus di-
vertifîante. Id. Rien déplus ennuyeux que la fade
complaifance de ces gens qui fe récrient fur
tour. Belt. La fauffe complaifance de nos amis
nous endorr, ^ nous Jette dans une confiance ri-
dicule. Maleb.
Complaisance fe prehd aulTi quelquefois pour un
vain plaifir qu'on prend en foi-même , & qui naît
de la plus grande opinion qu'on a de foi. Inanis
de fe cumfenfu voluptatis opinio. Avec quelle com-
plaifance ambitieufe Luther ne fe regardoit-il point
lui-même , faifant le perfonnagc de Héros fur le
théâtre de l'Eglife ! Boss.
Complaisances au pluriel , fe prend pour l'effet &
les marques de la complaifance^ Ses comptaifances
pour un tel lui coûtent cher. Agad; Fr.
^CF Complaisances , en termes de l'Ecriture i fi-
gnifie quelquefois amour , afFeérion. C'eft dans ce
fens que Dieu dit qu'il a mis toutes fes complai-
fances en fon Fils -, pour dire, que Ion Filseft l'ob-
jet de fon amour.
Complaisance, terme de Palais. C'eft le payement
fait des loyaux aides ^fT par le vaflal à ion Sei-
gneur j dans les quatre cas marqués •, favoir , au
cas de chevalerie du lils aîné , de mariage d'enfans j
de voyage d'outre-mer, S< de rançon du Seigneur.
JKoyei Aides , terme de Jurifprudence féodale.
COMPLAISANT , ANTE. adj. Qui tâche de plaire
te de fe conformer à l'humeur & à la volonté d'au-
trui. Olfeqnens , ohfccjinofits , placendi cupidus.
Ce n'eft pas être complaijant que de donner aveu-
glément dans le caprice de tout le monde : c'eft
être adulateur ou imbécille. Bell. Foyei Com-
plaisance.
Complaisant eft audî f. & dans cette accepta-'
tion , on dit qu'un homme eft le complaifant d'urt
autre -, pour dire, qu'il eft artidu auprès de lui , &
qu'il s'attache à lui plaire dans quelque vue d'in-
rérêt. C'eft le complaifant , un des complaifans
d'un tel. On dit dans le même fens , qu'une fem-
me eft la complaifante d'une autre. Acad. Fr.
Les complaijans femblenr vouloir s'oublier eux-
mêmes, afin de s'appliquer & de fe tourner uni-
quement à tout ce que veulent les autres. M. Esp.
Pour être un complaifant habile & éclairé , il ne
faut pas l'être toujours , ni paroitre entièrement
afiérvi. M. Esp.
Ces mors viennent du latin complacere, qui
fîgnifîe la même choie.
COMPLANT, f'. m. terme d'Agriculturej Lieu plan-
té d'arbres , de vignes. Locus arboribus , vel viti"
bus conjitus. J'ai fait un complànt d'arbres dans ce
parc. Il y a deux complans de vignes en ce quar-
tier-lA. On le dit auffi de la chofe même qui eft
plantée. Voilà un complànt de morillon de Bar
fur Aube; un complànt de maronnier d'Inde. Oa
le dir particulièrement des vignes.
^fT On a propremenr appelé complànt , la jouifîance
que l'on accorde à quelqu'un, à titre d'ufufruit,
d'un champ , à la charge d'y planter des arbres ,
& particulièrement des vignes , & à condition de
rendre au bailleur par chaque année , une cer-
taine portion des fruits. Donner une terre à corn*
plant.
Ce mor vienr du latin complantare.
COMPLANTER , v. a. terme d'Agriculture , peu
ufiré. Planter des vignes , des arbres , &c. Complan-
tare.
^fT CoMPLANTER, v. u. pcrccvoir le droit de com-
plànt. Coutume de Poitou. Il n'eft permis d'enlever
les fruirs fujets à ce droit, qu'après que le Sei-
gneur a complanté.
CÔMPLANTERIE, f. f. rerme de Coutumes. Lieux,
terre , diftriôl: fur lequel le Seigneur perçoit le
droir de complanr.
|Cr COMPLÉMENT, f. m. C'eft en général ce qui
s'ajoute à une chofe , pour lui donner fa perfec-
tion , du mot latin complementum.
Complément , terme de Géométrie. C'eft ce qui
refte d'un quarr de cercle , lequel eft de 90 degrés,
après qu'on en a retranché un certain arc. Comple-
mentum. L'arc , & fon complément fonr relatifs , èC
ne fe diiént que de l'un à l'égard de l'aurre. Cet
angle, ou cet arc eft de 60 degrés, fon complé-
ment eft de 300. Ce mot eft de gtand ufage dans
la Trigonométrie.
fCJ" Complément d'un angle à 180 degrés. C'eft
auffi l'excès de 1 80 degrés fur cet angle. Ainfî le
complément à 180 degrés d'un angle (ie 100 de-
grés , eft 80.
Complémens ( Les ) d'un parallélogramme font les
deux plus petits parallélogrammes que l'on fair erl
tirant deux lignes droites parallèles à chacun des
côrés du grand parallélogramme , ôc qui fe coupent
à angle droir dans un poinr de la diagonale. On
démontre en Géométrie que le5 deux complemeni
d'un parallélogramme font égaux entr'eiix.
En Aftronomie , on appelle complément d'un
aftre , fa diftance jufqu'au zénirh > ou l'efpace qu'il
y a depuis le poinr où eft un aftre élevé fur l'ho-
rifon jufqu'au zénith, La hauteur ^ le complément
d'un aftre fonr le quart du cercle qu'il y a depuis
l'horifon jufqu'au zénith.
En termes de Navigation , |JCF on appelle com»
plément de route, le complément de l'angle, que
la roure ou le rhumb que l'on fuit fair avec le mé-
ridien du lieu où l'on eft , c'eft-à-dire la différence
de cet angle à 90 degrés.
Complément de courtine , cnteimt?, de fortifîcariori ,
eft la partie du côté intérieur , qui eft compofée de
la courtine ÔC de la demi-gorge -, c'eft-à-dire , c'eft:
B B R b b f j
748
C O M
le côté intérieur , diminué d'une denii-gorge. Cor-
tinx compUmciuum.
JLe Complément de la ligne de défiinfe,en termes
de tbrtificarion , eft le relte de la ligne de détenle,
après avoir ôtc l'angle du fianc,
IJCT CoMPLEU^m d'uninicrvalle , en termes de mu-
fique , eft la quantité qui lui manque pour arriver
à l'odavc. Ainii la féconde & la icptième font
compUmcns l'une de l'autre. Il en eft de même de
la tierce & de la iixte , de la quatre & de la quinte.
Complément de béatitude , en Théologie, eft un
furcroît de béatitude dont jouiront les bienheu-
reux dans le Ciel après la téfurredtion. Le com-
ble de la béatitude. Complementum beatitudinis.
La réfurreétion des corps , & l'éclat dont ils fe-
ront accompagnés dans le Ciel , fera peur les âmes
bienhcurcufes un complément de béatitude. Le com-
pLmeiit de béatitude n'eft qu'une béatitude acci-
dentelle , & lupipofe la béatitude eflénticllc , qui
conlîfte dans la joie immcnlé qu'auront les Bien-
heureux en voyant clairement Dieu, &: en l'aimant
d'une maniète proportionnée à cette claire vifion.
COMPLET. ETE , adj. Qui a toutes l'es parties ,
tout ce qu'il lui faut. Cmnibus fuis partibus ex-
plctus ,perfeclus. 11 lui a donné un fervice complet
de vaiflèlle d'argent ; des armes complètes. Abl.
Un habit complet \ nombre complet ; année com-
plète &: révolue.
On dit en Droit , qu'une année commencée eft
tenue pour complète en plulîeurs cas , comme en
la promotion aux Ordres.
iJCr Une chofeeft entière , dit M. l'abbé Girard , lorf-
qu'elle n'eft ni mutilée , ni brifée , ni partagée ,
& que toutes fes parties font jointes ou raffcm-
blées de la façon dont elles doivent l'être. Elle
eft complète , lorfqu'il ne lui manque rien , 6c qu'elle
a Tour ce qui lui convient.
^fT Le premier de ces mots a plus de rapport à la
totalité des portions qui fervent iimplcment à
conftituer la chofe dans fon intégrité eflèntielle.
Le fécond en a davantage à la totalité des por-
tions qui contribuent à la perféétion accidentelle
de la chofe.
^3" Les Seigneurs occupent à Paris des maifbns en-
tières , & les Bourgeois n'ont pas toujours des
appartcmens complets.
Oh l'emploie anfli quelquefois fubftantivement
dans ces phrafes. Le complet d'un régiment. Le
r\or\-complet des troupes.
^CT En Botanique, on appelle fleur complète , jlos
complétas , celle qui renferme toutes les parties
de la fleur, calice, pétales, étamines & piftil.
COMPLETEMENT , adv. d'une maniète complète,
Omnin'o , perfeclè. Mot que la Fontaine a peut-
être hazardé le premier dans une cpitre à feu M.
de Vendôme > mais aujourd'hui autorifé par l'u-
fage.
Venons au fait : En Piémont notre armée ^
Sous Catinat à vaincre accoutumée ,
Complètement abattu C ennemi ,
Et la Victoire a pris notre partit
0CF COMPLETER , v. a. rendre complet , ajouter
. ce qui manque. Ce mot eft alfez nouveau , mais
reçu par l'ufage. Il vient du latin complere.
^fT On le dit dans le même fens en termes de Li-
brairie. Ces mémoires ne peuvenr fervir à complé-
ter les cdirions défeclueufcs. J'ai befoin de tels &:
tels volumes pour compléter un exemplaire de la
Bible.
§C? CoMpLETtR fe dit auflî en termes de guerre.
Compléter une compagnie , un régiment , une ar-
mée. Les recrues , les remonres , les nouvelles
levées fervent à compléter l'armée.
|Cr II s'emploie de même dans tous les cas où il eft
queftion d'ajouter ce qui manque pour être com-
plet. Compléter un recueil de médailles, une col-
leétion de cabinet. Cette Académie s'applaudit de
C O M
voir compléter le nombre de fes membres par un
Magirtrar qui fait le bonheur de la ville.
^C? COMPLEXE, adj. terme de Logique, oppofé
à funple s la même chofe que compofe. On le dit
des proportions, des termes qui les compofent,
& des idées exprimées par les termes.
§C7" L'idée complexe eft celle qui renferme plufieurs
idées (impies , comme l'idée de Dieu jufte , d'une
montagne d'or.
§C/" Le terme limple eft celui qui ne défîgne qu'une
feule idée , comme Dieu , montagne , ùc,
^fT Le terme complexe eft celui qui comprend plu-
lîeurs idées : comme , Dieu jurtè , montagne d'or.
gC? La propolition complexe eft celle qui a au rnoins
un de fes termes complexe ou compofé; comme.
Dieu jufte ne peut laitier le crime impuni ; ou qui
a plusieurs membres , comme les propoiîtions eau-
fales. Si Dieu eft jufte , il ne peut laiilèr le crime
impuni.
^fT En Algèbre , on appelle une quanrité complexe^
celle qui eft compolée de pluligurs parties jointes
enfemble par les fignes +- & _ , plus & moins.
a-^ b — c , c'eft-à-dire , a plus 3 moins c,
COMPLEXiON. f. i. Habitude , difpoliiion natutelle
du corps. Corporis k.ibitus , conjtitutio. Les Méde-
cins doivent appliquer les remèdes fuivant les dif-
férentes complexions de leurs malades. Le vice &
la vertu dépendent fouvent de notre complexions
de notre tempérament. Les complexions'h'û\c\i(ts
rendent Ls gens d'humeur martiale. Les Phyli-
ciens Se les Médecins diftingucnt quatre comple-
xions générales & principales dans l'homme, La
compkxion fanguine répond , félon eux , à l'air j
elle en a les qualités , elle eft chaude & humide^
Complexiofanguinea. Elle eft ainfi nommée, parce
que le lang y domine. La complexion flegmatique
qui tire fon nom de la pituite , ou du flegme , en
quoi elle abonde , répond à l'eau ; elle eft froide
& humide. Complexio phlegm.itica, La complexion
bilieu'e eft de la nature du feu; elle eft chaude & fè-
che. Complexio cholerica. La bile , j;oa^ , lui a don-
né ion nom. La complexion mélancholique tient de
la nature de la terre ■■, elle eft froide & fèche. Com-
plexio melancholica. Son nom vient demélancho-
lie. Il avoir la complexion vive & ardente. Bouh.
1^ Complexion lignifie aulîi humeut, inclination.
Il eft de complexion amoureufe. Un Miniftre d'E-
tat ne montre ni humeur, ni complexion , de peur
de lalifer échapper fon fecret, ou par folbleHe, oa
par padion. La Brity.
gCT Complexion fe dit en Phyfique pout arrias , af-
femblage. La complexion de tous les nombres finis
ne fauroir donner un nombre infini.
COMPLEXIONNE , ÉE. adj. Qui a une bonne ou
une mauvaife complexion. Corpus benè vel malk
conflitutum. Il eft bien , il eft mal complexionné.
Ce mot n'eft pas d'ufage , ou tout au plus il ne fe
dit qu'en Médecine.
Ces mots viennent du latin compleclor ■> com-
plexio.
COMPLEXUS , f. m. terme d'Anatomie. Nom qu'oii
donne à Un des mufcles , parce qu'il femble com-
pofe de trois mufcles. Il prend fon origine de la
iépticme verrèbre du cou , & de la première, rroi-
<i:me 8c quatrième du thorax, & va s'iiiférer au
derrière de la tête.
COMPLICATION, f.f. 03- fîgnifîe en général un
alfemblage de caufes , d'effets ou de circonftances ,
dont il eft difl^icile de voir diftindlemcnt tous les
rappotts , à caufe de leur mélange & de leur dé-
pendance. Complexio , confù/îo.
^CJ" Complication Je maladies, en Médecine, fe
dit, ou lorfqu'une maladie eft jointe à une autre
maladie dans le même fujer , ou , félon quelques-
uns , lorfque ces maladies , quoique confidérées
chacune en particulier, conftituent des léfions de
fondlion dans l'économie animale de plufieurs ma-
nières, oppolition aux maladies fimples, qui ne
troublent les fondions que d'une manière.
CÔM
^T On peut encore appeler complication , la jonc-
tion , le concours de pluiieurs iymptonies d'une
maladie. Rien n'embarralle plus les Mcdecins que
la complicatiOTi des maux donc le remède de l'un
eft contraire à la guérilbn de l'autre.
^ Complication, terme de Jurilprudence ,fe dit
en matière criminelle, lorique l'accuic eft pré-
venu de pluiîeurs crimes , &c lorfque le civil le
trouve mêlé au criminel. On le dit en général de
toutes les aifaires où il y a un grand nombre d'ob-
jets & de demandes refpedives.
COMPLICE, adj. Jbuvent employé fubftantivement.
Qui a part , qui participe au crime d'un autre. Sce-
lerisfocius , partueps , confciiis. On applique à la
queltion les condamnés à mort , pour avoir révé-
lation deleuts complices. On le croit complice Ae
ce crime. ^fT Comme celui qui a été complice d'un
crime , eft fouvent audi coupable que celui qui
Ta commis , ils doivent aufli être également punis ,
en cas de conviiStion. Les complices ne font point
foi l'un contre l'autre , mais indices feulement ,
pour parvenir à tirer preuve par le moyen de la
queftion.
tCT La dépofition d'un feul complice fans autre ad-
minicule , n'cft point indice fuffifant pour faire
appliquer fon complice à la queftion , il en faut
deux ou trois.
^fT Les complices font pleine foi contre un autre ,
quand il s'agit de certains crimes , comme de Leze-
Majefté , facrilège , conjuration , fauffe monnoie ,
hérélic & affalTmat,
Vous me fuyei , Madame ? ah ciel quelle injuflice !
Quoi ! de tous mes malheurs vous rendei-vous
complice ? Capistron.
Ménage dérive ce mot de complice , ablatif de
complex , qiii fignifie la même chofe.
COMPLICITÉ , f. f. participation au crime d'un
autre. Criminis communio,focietas. Ce criminel n'eft
pas le principal aflaffin ', mais il eft accule de
complicitt,
COMPLIE , vieux adj. f. accomplie , remplie j par-
faite.
ÇOMPLIÉS. f. f. pi. Prière du foir , qui eft la
dernière partie de l'Ordre du Brcvi'aire , & qui lé
dit après Vêpres. Ecclejiajiicarum precum ultima ,
completoriurh , compléta. Les compiles s'appel-
lent ainfi , parce que c'cft la fin & l'accompliUêment
de rOft ce divin. C'eft ainfi que l'on appelle com-
plétez, les dernières oraifons de la Meflè , que nous
appelons Pojtmmmunion , ainfi que l'ont remarqué
lesBollandiltes, Si le P. Mabillon dans leurs ^c7^
Sanclorum. S. Benoît eft le premier Auteur Ecclé-
fiaftiâque qui ait parlé des compiles. Il a établi dans
fa règle que fur le foir les Moines s'aflemblaflent ,
qu'ils filîent en commun une leéture fpirituelle ,
& enfuire quelques prières pour termirier la journée.
C'eft de cette pratique des Moines que la coutume
de réciter compiles eft venue : on les commence ,
dans l'Office Romain feulement , par une courte le-
çon tirée de la fainte Ecriture : elle répond à la
ledure fpirituelle que faifoient les Moines ; on dit
enfuite le Confiteor , ce qui convient très-bien à la
dernière partie de l'Office divin. Dans la plûparr des
Diocèfcs de France , qui ne fuivent pas le Rit Ro-
main, les compiles commencent différemment, par
exemple , à Paris, par Convcrte nos.,S'c. Les prières
qu'on tait avant & après les Pfeaumes , l'Hymne &
les Pfeaumes qiie l'on récite j teiident à exciter en
nous les fentimens que iious devons avoir pour bien
finir la journée , ou font des moyens pour obtenir
les grâces nécelïaires pour paflêr fainrement la nuit.
Voyei la règle de S. Benoît, Gavantus , Durand,
le Cardinal Bona , &c.
Ce mot eft dérivé de compléta. Ménage.
|Cr COMPLIMENT , f. m. difcours obligeant , par
lequel on témoigne à quelqu'un l'eftime , la confi-
dération , les égards qu'on a pour lui, Verl^a ojjiciofa.
II y a, peut-être , plus de rufticité que de polite/ît >
à faire ce grand nombre de complimejis, dont on eft
Jî peu avare dans le monde. Les compllmens doivent
être fnuples, & dégagés de ces ornemens vulgaires,
qui font ii fréquens parmi la populace. Le commerce
de la civilité conlifte en complimens peu fincères , &
à le rendre mille petits devoirs que la coutume a éta-
blis.
^fT Plaute, dans fa Comédie des Captifs , appelle plai-
famment toutes ces vaines honnêtetés, verha jine
pane^pecunlâ, paroles qui ne donnent pas de pain,
ni de quoi en avoir.
^fF C'eft, fur-tour, le premier jour de l'année que la
convulfion des complimens agite le monde entier.
Là Martin dans un lit, entouré de flatteurs.
De centfots com^Wïaensfavourolt les douceurs-
VlLt'
a
Jeveuxque le cœur parle , & que vos fentlmeni
Nefe mafquent jamais fous de vains complimens.
Mou
Dans le ftyle familier , on dit qu'un compliment
eft bien troulfé -, pour dire , qu'il eft court èi bien
tourné.
On dit familièrement, rengainer fon compliment*,
pour dire , s'abftenir de le faire , parce qu'il eft inu-
tile, ou hors de propos.
Sans compliment fe dit pour franchement, ouver-
tement , fans détour.
Compliment eft quelquefois oppofé à l'intention
réelle , aux promclîes effcélives. Les offres de fer-
vice qu'il vous fait , c'eft par compliment. Acad. Fr.
Compliment eft aulli un témoignage de joie, ou de
douleur , qu'on rend à les amis , quand il leur eft
arrivé quelque bonne ou mauvaife fortune. zfT Dif-
cours obligeant , par lequel on témoigne à quel-
qu'un,de vive voix ou par écrit,la part que l'on prend
à ce qui lui arrive d'intéreffant. Gratulatlo , vel Ji-
giilficatio lœtitlœ ex aliéna Icetitla perceptiz. Pour la
àowlem, Jîgnlficatlodolorls ex aliéna dolorefufceptl»
compliment de condoléance.
Compliment eft auffi une perite harangue qu'on fait
à des perfonnes de marque , quand elles partent dans
quelque ville, ou en quelques occalions notables. Ce
Prince n'a point voulu de harangue, il s'eft contenté
d'un lîmple compliment. Salutatlo,
Compliment fignifie quelquefois par antiphrafe, que-
relle. Rlxa, allcujus dcnunclatlo,Jignlficatlo. Ce Ca-
pitaine reçur un.appel , & il fut fort furpris de ce
compliment. Je crois que vous ne trouverez pas mau-
vais le petit compliment que je viens vous faire ; c'eft
qu'il faut , s'il vous plaît, que nous nous coupions la
gorgei MoLi,
|d° On le dit quelquefois dans un fens approchant de
celui-là , pour difcours dur & fâcheux ; mais alors
ce fens eft toujours déterminé parl'épithète qui y eft
jointe. C'eft un mauvais compliment à vous faire,
C'eft un compliment bien dur. Durus efl hic ferma.
0Cr On dit proverbialement compliment Ae la Place
Maubert , invccSlives groffiètes , familières aux ha-
rangères.
COMPLIMENTAIRE, terme de Commerce, f. m. Les
compllmentaires font ceux à qui l'on donne procu-
ration générale pour faire la même fonCTiion que les
Maîtres, rant au fait des changes que des marchan-
difes. Ils fignent les lettres , compres &: promcfles
du nom du^Maître; ce qui a même torce & vigueur
que fi le Maître même avoir figné. M. Le Prestre ,
cent. 1 / chap: m. yi & ^-i- de l'édition de i^pj.
On appelle quelquefois \e compllmentaire A'xxne
fociété, celui des affociés, fous le nom duquel fe fait
tout le commerce de la fociété. Dict. de Comm.
COMPLIMENTER, v. a. faire complimcnr, Voye^
Compliment, Le Roi a envoyé un Ambaffadeur %
un tel Prince , pour le complimenter fur la mort de
fa femme, fur fon mariage. Le Magiftrat de la ville
îi été complimenter fon nouvel Evêque. On l'emploie
7TO C O M
aiidl ablblument : c'efl: trop complimenter .^ons per-
dons le tcms à compiimcmer.
Complimenté, ée, part.
fp- COMPLIMENTEUR, EUSE,adj.rouvent em-
ployc llibftantivemenf, femme compiunin[euje.Ox\
le dit ordinairement en mauvaife part d'un homme
qui fe rend importun à force de faire trop de com-
plimens, Importunus , putidus ojficiojk urùanuati^
a^cclator.
^ COMPLIQUÉ , ÉE , adj. fignifîe en général tout
ce qui contient un grand nom.bre de rapports , telle-
ment liés les uns avec les autres, qu'il eft difficile de
les embraflér tous, & de les voir diflindlement.
^C Les ailaires où les faits font compliquas les uns
avec les autres , par leur mélange & par leur dé-
pendance.
^fT Les chofes extrêmement compliquées deviennent
obfcures à ceux qui n'ont ni affez d'étendue , ni aflez
de jufteirc d'efprit pour les démêler. Syn. Fr. Une
affaire difficile & délicate n\'ft pas compliquée pour
cela, parce qu'elle peut n'avoir qu'un petit nombre
de rapports, au lieu que la féconde en a néceilàire-
ment beaucoup.
tfT Les pcrfonnes font impliquées dans les faits ou
dans les affaires , lorlqu'elles y trempent ou qu'elles
y ont quelque part. Voye:^ ce mot.
^fT Compliqué a un fubrtantif qui efl: d'ufage, & n'a
point de vetbe. On A\tcomplica.non ,S<. on ne dit
point compliquer. Impliqué a un verbe, &: n'a point
de fubftantif. On dit impliquer , & on ne dit pas im-
plication.
ÇCFCompliqué fe dit,dans le même fens,en parlant des
pièces de Théâtre. Il n'y a point de pièces qui ibient
yplus compliquées que les Comédies & les Tragédies
langloifes : elles font chargées de rcconnoilfances,
/)& bourrées d'incidens entaffes les uns fur les autres.
L'adion efl (impie dans Bérénice ; elle efl trop
compliquée da.us Meraclius.
ÇC? Compliqué fe dit de même en parlant des ma-
chines. Cette machine n'eft pas aifez fmiple , elle ell
trop compliquée.
^Cr Compliqué, terme de Jurifprudence , dans la-
quelle il y a des crimes mêlés, ou différentes bran-
ches , diifcrens incidens ,\ différentes demandes qui
fe croifent mutuellement.
igCr Compliqué en médecine, Ma.la.dies compliquées,
voyez Complication.
.COMPLOT , f. m. defléin de nuire à quelqu*un, con-
certé fectetement entre quelques pcrfonnes. Conju-
ratio, conjpiratio. Ces voleurs avoient fait co/tz/j/o/
de voler la nuit une telle maifon.
Celui qui met un frein à la. fureur des jlots ^
Sait aujji des mechans arrcter les complots.
Seigneur , vous le favei,fon avis falutaire ,
Découvrit de Tliarès le complot fanguinaire. Rac.
Ménage dérive ce mot de completum, qu'on à dit
pour comp/exum.
COMPLOTER, V. n. & a. faire un complot, ma-
chiner quelque chofe de noir. Contra aliquem con-
jurare , in aliquem conjpirare. Quelques fbldats
avoicnt complote de livrer une porte de la ville aux
ennemis. Ils ont complote fa ruine. Ablanc. Il s'em-
ploie fouvent abfolument & fans régime. Ils avoient
comploté enfemble.
Il complota avec un tel.
Comploté , ée , palf.
COMPLUTE. Complutum. C'eft Alcala deHcnarez,
ville de la nouvelle Callille. Ce mot s'efl formé du
nom latin , & nous le difons toujours dans notre
langue , quand nous parlons de la Bible imprimée
dans cette ville, au commencement du XVI<: fîèclc
par les foins & aux frais du fameux Cardinal Ximé-
nèz : car, on l'appelle ordinairement la Bible de
Complute^tc non pas la Bible d'Alcala, comme a
dit Larrcy dans Henry FIJI, p. 1 54.
§Cr M. Simon a auOî employé ce mot en parlant de
rUnivctfitc-, mais on ne dit poiot l'Univerfité de
C O M
Compkitc,Sc l'ufage veut qu'on dife l'Univerfité d'Al
cala.
C0MPI.UTE fe dit encore d'un Monaftère d'Efpagne , '
Complutum , ainfi nommé , parce qu'il étoit dédié
à S. Julie &ià.S. Palleur, qui avoient fbufféit le mar-
tyre à Compluteyûlc du Royaume de Callille, qu'on
a depuis appelée Alcala de Henarèz. P. Hélyot ,
t. ^, p. 32.
COMPOIX. f. m. C'eft dans le Languedoc ce qu'eft
ailleurs le cadallre. Ménage , Dici. Etym. Le mot
de cadajtre efl en ufage dans les provinces de Dau-
phinc ëc de Provence, où il lignifie un regiftre qui
contient la qualité , l'eflimation des fonds de chaque
Communauté, &;le nom de ceux qui les poHêdent.
Richelet. Le Roi Louis XIV, par (on Edit du mois
de Juillet 1690, portant ciéation des Procureurs
du Roi &: Greffiers des Hôtels de Ville , ordonne ,
/, 4& 5, que les Secrétaires & Greffiers expédieront
fous les Magiflrats defdits Hôtels de Villes & Com-
munautés , les bulletins des logemens des gens de
guerre à pié & à cheval , toutes certifications ,
atteftations , paffeports & bulletins de fanté ; tien-
dront les Livres des compoix ou cadaRres deldites
Villes &: communautés, écriront & drefleront lef-
dits Livres de compoix &i cadaflres, ioriqu'ils fe-
ront renouvelles.
Il efl étonnant que Ménage n'ait rien dit fur Té-
tymologie de compoix , qui , vrailémblablmcnt
vient du mot latin computatioj compte, calcul ,
fupputaiion.
COMPC NOTION, f. f. terme de Théologie. Une
douleur qu'on a dans l'ame d'avoir offenié Dieu.
Peccatorum admifjorum dolor j dolorex admifjis pec-
catis , en fly le de Bible , compunclio. La componction
de cûcur efl néceffaire pour la véritable pénitence.
La marque afluréc d'une véritable rcpentance , c'cfb
de fentir une vive douleur , &: d'avoir une forte
componclion de les fautes paiîécs. Il faut fe préparer
à la confellion avec une véritable componclion,
Porte-R.
Componclion , dans la vie fpirituelle, a une fîgni-
fîcation plus étendue i elle fe prend non-feulement
pour la douleur qu'on a d'avoir offenfé Dieu ; mais
auifi pour un fentiment pieux de douleur , de trif-
teffe , de dégoût , qui a différens motifs.- Les mi-
Icres de la vie , le danger où l'on efl de fe perdre
dans le monde , l'aveuglement des mondains , è-c.
font pour les gens de bien , des fujers & des motifs
de componclion. On a un air humble & modelle ,
quand on a la componction dans le cœur. Compunclio^
pia trifiitia ,
Ce mot vient de pungere , compungere , piquet,
tfT COMPON, f. m.terme de Blafbn. ^oy^^CoM-
PONÉ.
COMPONE , EE , adj. terme de Blafon , qui (ïgnifie ,
compofé ■, & le dit , par exemple , d'une bordure t
d'un pal , ou d'une fafce, qui efl compofée de deux
émaux différens , alternes , fçparés &c divilés par fi-
lets , excepté aux recoins , où les jointures font faites
en pié de chèvre. Quadratis ex colore ac métallo
alternatis dijiinclus. Et on appelle compon, chaque
pièce de la componure , dont l'un doit être de mé-
tal, & l'autre de couleur. Il portoit d'azur à la croix
d'argent avec la bordure componée du premier & du
fécond. On le dit aufîi des croix , fautoirs , fafces ,
^' autres pièces honorables de l'Ecu.
COMPONENDE, f. f, nom d'une efpèce de Tribu-
nal ou Bureau à Rome , dépendant du Dataire , &
où l'on envoie toutes les Suppliques reçues 6c fi-
gnéès, qui doivrnt payer quelque grâce particulière.
Componejida j Tnlunal apud quod de exigendo pro
privilegiis atque immunitatitus pretio tranjigitur ,
componitur. On en convienr avec cet Officier , 5: on
la paye enrre fés mains, avant que d'en pouvoir re-
tirer l'expédition.
Pie IV= difpenfa les Officiers de l'Ordre des Che-
valiers Pies de ce qui feroit dû à la Componende pour
les penfions ou pour les bénéfices qui leur feroienc
donnés. P. Hélyot, Tom. FUI, p. 3^3,
k
C O M
^fT On appelle Componende , non-feulement le Bu-
reau où l'on compolb , c'eil:-à-dire , où l'on règle
les taxes, dues à la Chambre Apoflolique , pour cer-
tains actes, dirpenlesipeniions, unions -, mais encore
Vclpcce de compofuion ou de taxe que l'on paye.
§3° jCOMPONU RE , terme de Blafon. ^'oye^ Com-
posé.
COMPORTEMENT, f, m. inanière de fe conduire ,
de fe comporter. Agendl ratio, mores. On donne
des Gouverneurs & des Maîtres à la jeunefTe pour
prendre garde à leur comportemem. Ce mot eft très-
vieux & furannc,
gcr COMPORTER , v. a. (ïgnifie la même choie
que permettre , Ibuffrir ,pati , ferre ,Jînere. La lan-
gue trançoife ne comporte pas un ftyle coupé.
Pline le jeune , & les Orateurs de fon caractère ,
ont employé le ftyle difert ; mais ils l'on fait dans
des temps où la mode le comportoit. Buffier. Nos
premiers Avocats qui fe font acquis de la réputation,
ont fenti la néceliîté de l'éloquence, & s'en font
fervi avec autant d'avantage , que le goût de leur
iièclc pouvoit le comporter. Goujet. Il feroitàfou-
iuiter que ce plan fît naître à quelqu'un la penlce
d'y ajouter ce qui y manque , en entrant dans un
détail qu'une lîmple lettre ne comporte pas. Mém.
de Tr«;v.i74i, />. 543. Il eft dit dans les Ohfervations
jhr les écrits modernes , que M. de Maupertuis tra-
vaille à un ouvrage fur les étoiles nébuleufes , dans
lequel il fe flatte de n'avoir omis aucune des grâces
quQ comporte un tel fujet. La terre foumiroit à l'hom-
me aflez de quoi vivre aufîl longtemps que la nature
peut le comporter. Daube. S'il fait telle dépenfe , fa
qualité le comporte.
|Kf' Comporter, eft auîfi neutre. La dignité de Ma-
giftrat ne comporte pas qu'il s'abaillé jufque-là. Le
caractère d'Ambaifadeur ne comporte pas qu'il en ufe
autrement. Le temps , le lieu, &c. ne comportent pas
que je vous entretienne plus long temps. Quand une
matière n'a pu comporter d'être tournée d'une autre
façon , & traitée moins à fond qu'elle n'ctoit dans
les mémoires , on a été réduit à la pafîcr fous fîlence.
Font. Hiji. de l' Acad. Préf.
|C? Comporter, (Se) v. récip. fignifie , fe conduire
d'une certaine manière. Se gerere. Il s'eft bien com-
porté dans cette affaire. Il s'eft comporté en honnête
homme , en bon ami.
^ On fe fcrt de ce mot , en ftyle de Pratique , pour
marquer l'état actuel des lieux, des chofes qu'on loue
ou qu'on vend. Je lui ai loué , vendu cette Maifon
avec fes dépendances , ainfi que le tout fe pourfuit
& comporte ; ut res fe habet. Formule ufitée dans les
baux, dans les contrats.
COMPOSÉ, f. m. ffr Ceft un tout formé de l'af-
femblage de plufieurs parties diftindtes l'une de
, l'autre." Totum ex diverfis partibus confians. Le
corps humain eft un compofc formé de l'a/femblage
de différentes parties ; chaque membre eft à fon
tout un compofé par rapport aux parties dont il
eit formé.
fa= L'homme pris phyfiquement , eft un compofé de
corps & d'ame. Confidcré méthaphyfiqufment ,
c'eft un compofé d'animalité & de rationalité.
gCr En Chyraie , ce mot défignc un corps formé par
l'union de plulieurs mixtes. La thériaque eft un
compofé d'un grand nombre de drogues.
Composé fe dit auffi en toutes fortes d'autres ma-
tières , morales , fpirituelles , politiques , &c. & fi-
gnifie mélange , tout ce qui réfulte de l'union ou
de l'aflemblage de plufieurs chofes politiques , &c.
Le Gouvernement d'Angleterre eft un compofé de
Monarchie & de République. Cet ouvrage bizarre
eft un compofé de grand & de bas , de férieux &
de comique. La langue françoife eft un compofé de
l'ancien celtique, du franc ou du vieux^langage
tudefque, du grec & du latin. C'eft tantôt l'opi-
nion de Calvin, tantôt celle de Zuingle , outout
au plus je ne fai quel compofé des deux , qui eft
fujet à mille variations. Peliss. parlant de l'opi-
ïjjen de Meftrexit , fur l'tuchaiiftie.
C OM
7Ti
COA'IPOSER, v. a. aflêmbler plufieurs parties en-
fcmble pour en faire un tout , dont l'elfence con-
fifte dans la manière dont ces parties font liées eti-
tr'elles. Componere. Le corps humain eft compofé
de plulîeurs organes, d'os, de chair, de ncrft , de
membranes , &c. Les nombres i'ont compofés d'uni-
tés. Ce mot eft fait du verbe pofer , & de la par-
ticule corn.
Composer fe dit auffi de l'afTemblage de plufieurs
chofes artificielles. Les machines qui font les moins
compofées , font les plus belles. La fphèie artifi-
cielle eft compcfée de fix grands cercles &: de quatre
petits.
Composer fe dit, en termes d'Arithmétique & de Né-
goce , du produit que font plufieurs fommes ajou-
tées enfcmblc. 44 & 5<5' compofent le nombre de
cent. Le principal & les intérêts compofent ua
capital de onze mille liv, Conficere.
tfT CouvosEK une fomme totale. C'eft réunir en une
fomme toutes les fommes particulières qui forment
les différcns articles d'un compte , de la recette
ou de la dépenfe.
1^ Composer une facture, Exprimer dans un état
appelé fadture , différens articles de marchandifes.
Composer , en termes de Pharmacie , fignifie mix-
tionner , & fe dit des drogues , des remèdes. Le
catholicon double eft compofé de tels ingrédiens.
Les Aporhicaires compofent leurs fyrops , leurs te-
mèdes de diverfes façons.
Composer fe dit en Morale , pour former un tout
par l'alfemblage de pcrfonnes propres à un mê-
me deflein. Les armées font compofées de fujets
naturels & d'étrangers. Les Etats font compqfés du
Clergé , de la Noblefle & du Tiers-Etat , c'eft-à-
dire , des Députés des villes. On a compofé la Cham-
bre de Juftice des plus notables Officiers de tous
les Pariemens.
Composer fignifie encore en Morale, régler fes
mœurs , fes adions , fes paroles , quelquefois con»'
certer fa mine , fon gefte , les accommoder à l'état
où l'on veut paroître. Mores , vitam , vultum prx'
ponere , fingere. Une mcre > après avoir paffé fes
meilleures années dans les vanités , fe plaît à com^-
• pofer de fes propres mœurs , les mœurs d'une fille
qu'elle idolâtre. Flech. Il faut favoir compofer fon
vifage & fes ai5lions , fuivant la profefTion qu'on a
embraflee. Il y a des femmes qui rient avec art ,
qui compofent leurs regards, & qui ont une Vxn-
gueur artificielle. BouH. Ce Philofophe, qui mar-
que tant de fermeté , feroit voir le défordre où il
eft , fi Ion orgueil ne lui donnoit la force de com-
pofer fon vifage. M. Esp. C'eft un grand embarras
que d'avoir toujours à fe compofer. S. Evr. Ployez
un dévot , avec quelle circonfpeétion il compofé foa
extérieur. S. Evr. Il y a des gens qui pafTent toute
leur vie à le compofer , & qui tiennent leurs vices
captifs fous l'obciifance de leurs vertus.
Composer fe dit figurément pour faire quelqu'ou-
vrage d'efprit. Co/72/?o/zere ,fcribere. Ciceron a com-
pofé des Oraifons. M. Fléchier a compofé fes Oraî-
fons funèbres avec beaucoup d'exadtitude. Il s'em-?
ploie aiiffi abfolument. H y a une infinité d'Au-
teurs qui compofent trop négligemment.
La femme qui compofe , en fait plus qu'il n'en faut.
Mol.
Tu dois , en compofant , varier ton difcours. Vir.t,
On le clit de même des moindres produftions
d'cfprit , de celle des Ecoliers qui traduifent d'une
langue en une autre. Il a compofé fon thème en
deux façons. Il a compofé pour les places , pour les
prix. .
Composer , fignifie quelquefois inventer, ajou-
ter à la vérité. Fingere , invenir e , comminifci,
C'eft une médifance , une hiftoire que vous ave»
\ compofie , que vous dites de votre crii. On dit aufïi
752. COM
d'un homme occupe de rêveries creiires , qu'il ,
, compoj'e des alnunachs.
.Composer , en termes de mulique j Tavoir inventer
■;..,:d€s chants ajiréables , & ii:clanger pkilieuxs ions
' ' énremble, qui produiient un bon effet-, donner à
'...chacun de ces ions une progreifion convenable-,
bien connoîrre le rapport que tous les intervalles
te rous les accords ont enieirible : en un mot , c'ert
lavoir mettre en pratique tout ce qui peut fervir
à rendre une mulique par.aite. Rameau. Mn/i-
cum , miijicic notas fcniere , componere. Il faut
plus de génie que d'att pour bien compojer en mu-
lique. Ceft , dit Zarlin , mettre enCemble les con-
Ibnnances qui font la matière des pièces de niu-
fique. C'eft auffi , dit M. de BrofTart , inventer de
beaux chants.
'^J' Composer fur le clavecin , f-ur le théorhe. C'eft
fe fetvir du clavecin , du thcorbe pour compojer
la mulique.
Composer lignifie aullî en Grammaire , ajouter une
particule à un mot pour en augmenter , diminuer,
on en changer la lignification. Jungere , adjun-
gere.
Composer , en termes d'Imprimerie , lignifie aflem-
bler les caradlcres pour en former des mots , des
lignes & des pages , fuivant la copie. Fujiles Hue-
ras , litterarum typos in tabelLi componere , con-
neclere , difponere. Il a compofc une feuille d'an
tel caradlère , en tant de temps.
^3" Composer cft auffi v. a. & dans cette occafion ,
il fignifie faire un accommodement fur quelqu'objct
de conteftation , en traiter à l'amiable. Pacifci,
tranfiaere concroverjiam. Voyez Accommodement.
Un tel a compofé avec fes créanciers. Composons
à l'amiable. On compose de fes droits, de fes intc-
rêtSjde fes prcrentions. Les receveurs d'un Seigneur,
composent ordinairement des lods & ventes , du
quint &: requint, au tiers, au quart, quand les
ventes font volontaires. Dans cette acception ,
compojer paroît fuppofer une grâce faite au débi-
teur, la remife d'une partie de ce qu'on pourroit
à la rigueur exiger de lui. Voye^^ Composition
dans cette lignification.
^fT Composer , dans l'art Militaire, convenir qu'on
fe rendra , qiron rendra une place fous de certai-
nes conditions. Le Gouverneur fe prelTa de compo-
fer , au lieu d'attendre le fecours qu'on lui envoyoit.
Capituler ef^ mieux, yoye^ ce mot.
COMPOSÉ ,EE. part. Il a' toutes les fignifications de
fon verbe, en latin comme en françois. Un corps
f o/;z/7o/è' de diverfes matières: une zfCemhlce compojee
d'honnêtes gens : un vifage compcjé , unaccord com-
pofé,ciàtncc compofee : intervalle compofé. Ceux
'.qui paroiffent fi compofés & fi tranquilles , font
■ quelquefois auffi agités dans l'ame , que les per-
fonnes les plus tumultueufes. Bell. Cette femme
a un maintien férieux , mais naturel , & qui n'a rien
de compofé. S. EvR. Un livre , un air , un mot com-
pofé. Une forme d'Imprimerie compofee. Cette ma-
chine ne réuffira pas , elle eft trop compofee , il y a
trop de pièces pour la faire mouvoir. Il eft néccf-
faire de conduire fes penfées par ordre , en com-
mençant par les objets les plus fimples & les
plus aifés à connoître , pour monter peu à peu ,
comme par degrés, jufqu'à la connoifTance des plus
compofés. Ce verbe fimple a pkifieuts compofés Se
dérives. On dit encore qu'un corps eft bien com-
pofé ; pour dire , d'un bon tenipérament , qu'il a
une fante vigoureufe. -
En termes de Philofophie, on appelle y^wjr co/72-
poféfle fcns qui rcfultc de tous les tetmes d'une pro-
pofition prife félon la liaifon qu'ils ont enfemble : &
on l'appelle ainfi par oppofition àfens divijé , qui le
dit d'une propofîtion dont on prend fcparcment les
termes.Ainfi quand on dit que ce qui fe meut,ne peut
pas être en repos , cette propofition eft vraie dans le
fens compofé , parce qu'une même chofe ne peut pas
fe mduvoir & être en repos en mcmé temps-, mais
elle eft faulTe daas iefens divifé , parce qu'une choie
COM
qui fe meut , a pa être en repos auparavant , & y
peut être enluitc. Acad. Fr.
En termes d'Arithmétique , un nombre compofé,
eft celui qui peut 'être meluré par quelqu'autjre
nombre , excepté l'unité ; par exemple , 10 eft me-
luré par 5 &; i j 1 5 par 5 & 3 j to par j & 4. Les
quantités compoj'ces font celles qui font jointes en-
femble par les lignes 4- plus & — moins , & qui
font exptimces par plus d'une lettre ou par la mê-
me lettre répétée d'une autre manière , par exem-
ple , a -^ h — c , on b -i- bp — ■ b , font des
quantités compojces. Harris.
§3° La raifbn compofee eft celle qui réfulte du pro-
duit des antécédens de deux ou. de plulieurs râl-
ions , 6c de celui de leurs conféquens. Ainfi 6 eft à
Il en raifbn compofee de x à 6, &: de 3 à z.
ÇCT On appelle mouvement cjmpojé en Méchanique,
celui qui réfulte de plufieurs autres mouvemens
ou de l'adlion de plufieurs puilfances concourantes
ou confpirantes, c'eft-à-dirc dont la direction de
l'une, n'eft pas direiftement oppofée à celle de
l'autre, i^oye^ Mouvf.ment.
En Architedure , rjn appelle colonne compofee ,
celle dont la compofition & les orncmens fbnt J
extraordinaires, &: ne laiffcnt pas d'avoir leur ]
beauté , tant à caufe de la nouveauté , que du génie I
de rArchitcde. Columna mixta , compojita. Ainfi '
on appelle encore ordre compose , une compolîtion
arbitraire, & différente de celle des cinq ordres J
d'Architcdure , fbit capticieufe ou régulière. Or Jo 1
mixtiis , compojïtus.
Composé fignife quelquefois en Mufique , figuré ^
quelquefois redoublé.
§3" Composé , en Botanique , compojïtus. Ce mot
convient aux fleurs , aux feuilles , aux tiges, aux raci-
nes. Les fleurs compojees , fuivant Tournefort , font
celles qui font formées de l'agrégation de plufieurs
fleurons ou demi-fleurons , ou des deux enfemble*
^jfj" Une feuille compojee eft formée par plufieurs
folioles attachées à un filet commun.
^fj" Les tiges & les racines compojees fe féparent eri 1
plufieurs branches. C'eft pourquoi "on dit caulis
brachiatus , radix brachiata. Voyez Fleurs j
Feuilles , Tiges , Racines. Umbella compoJitUé
Vovez Omeel.
COMPOSEUR. f m. Qui compofé. Il fe prend ôrdi-^
nairement en mauvaife part , & ne fe dit guère que
des méchans Ecrivains , des méchans Auteurs qui
compofent des almanachs , des chaulons du Pont-
neuf, de méchans vers. InfulÇus Auctor -, malus ,
ineptus Scriptor. Le monde eft plein de fàifcurs de
differtations , de Compoj'eurs de nouvelles , d'Au-
teurs de lettres calantes & de billets doux. Voilà
l'occupation la plus ordinaire de ceux qui font au-
jourd'hui profeffion d'écrire. Parnaffe reformé ■> y,
50, Nous voulons que les Compofeurs de Romans
faffent donner des foufîlets à leurs Héroïnes , Si
abrogeons roures fbrres de nudités,/». i$6,ùrti
i8 de l'édit d'Apollon. C'eft un mauvais Co/w/'o/è-wr
de livres. Ce mot ne fe dit qu'en plaifantant.
t_fT COMPOSITE, adj. terme d'Architeéture, fou-
vent employé fubftantivement , dont on fe fert
pour défigner un des cinq ordres d'Archireéture.
Ordre compojîte. Or do compojïtus , mixtus. On
l'appelle compojîte , parce que fa corniche eft mê-
lée des ornemens ou d;s deux rangs de feuilles du
chapiteau corinthien 5c des volutes de l'ionique. ■
Le véritable nom àz Votait compojîte -, eft l'ordre
romain , parce que les Romains l'onr invente. Ils
cft confiant que le compojîte a moins d'éclat que
le corinthien ; cependant l'expérience a fait voir
que ceux qui ont prétendu ramaffer toutes les ri-
cheffes de l'Architedture, ont mis le compojîte fur
le corinthien , & qu'on ne voit point d'édifice x>\\
le compojîte porte le corinrhien. Voye^ E)aviler&:
les Ecrivains modernes d'Architecture. M.Perrault,
dans fon Vitruve , a fort bien diftinffué l'ordre
compofé d'avec Tordre compojîte. Il a auHi remar-
qué que l'ordre corinthien eft le premier ordre
compojîte
C O M
compojice , parce qu'il efl: compofé du dorique &
de l'ionique -, le coLinthicn moderne ell: auffi un
ordre compojë. L'urdre compojàe croie inconnu
avant Vitruve , c'eA-à-dire i l'ordre que nous ap-
pelons maintenant compofiu ,car nous venons de
dire que Vitruve remarque lui-même que l'ordre
corinthien ell compolc du dorique & de l'ionique.
C'elT: au livre quatre ,ck. i.
{CF On appelle non-feulement ordre compojite , ce-
lui qui elt compolc du corinthien & de l'ionique ;
mais encore tout ordre qui elt compote de plufieurs
autres , foit dorique , corinthien ou ionique. Ainii
l'on dit un chapiteau compojite , une corniche com-
pojzie , &c. Le chapiteau compojite. Le compojtte
participe des autres ordres.
COMPOSITEUR, f. m. lier Quoique le terme de
compolition ie à\k dans tous les arts libéraux dont
les produiîlions iuppoient de l'invention &: du gé-
nie : les bons Auteurs ne ie fervent du mot de Com-
pvfiteuT qu'en Mufique. Rarement on le dit au-
jourd'hui pour Auteur , ou celui qui compofe un
ouvrage d'efprit. Aiiclor.
Compositeur , favant Mufcien qui compofe des airs ,
des parties de mulique , foit pour jouer lur les inf-
trumens , foit pour chanter. Peritus fcritendœ Mii-
Jicce. Il y a des Compvjiteitrs qui n'ont point de voix
& qui ne jouent d'aucun inftrument. Un bon , un
favant , un habile Compojiteur.
ÇoMPOSiTiUR , terme d'imprimerie , fe dit de celui
qui arrange les lettres pour en faire des formes
propres à imprimer. Typorum Difpojitor. On difoit
autrefois Compofieur.
On appelle auiîl Compojiteur , & mieux Com-
pojîeur , la petite règle de cuivre ou de fer , dans
laquelle il arrange des lettres pour former des mots
&c des lignes.
Compositeur. Amiable Compofiteur cfl: celui qui
accommode une affaire à des conditions équita-
bles, & qui ne font pas fuivant la rigueur de la
loi. Arbiter. Les arbitres établis par compromis,
doivenr juger l'uivant la rigueur des loix -, mais les
amiables Con^j'ojiteitrs peuvent fe relâcher, & trou-
Ver des adouciiléraens par des conlîdcrations d'é-
quité, /^ove^ Arbitre & amiable Compositeur.
COMPOSJTION, f f. fCr adlion de compolér,
d'aifembier plufieurs parties pour en former un
tout. Compcjino , cva^mentaiio , copulatio , com-
pactio , conjiiT2elio. La compojition , la ftruélure d'une
horloge eft une meveilleuie invention. Si les bêtes
font des automarcs, eft il concevable que la fagelfe
de Dieu air conflruit une machine incapable d'a-
gir par fa nature & par fa compojition. Fonten.
Composition fe prend audi pour |CF l'ouvrage m.ê-
me qui refaire de cette aclion de compofer, pour
l'aifemblare de plufieurs parties qui ne font qu'un
tout. La compojition du corps humain eft mer-
. veilleufe.
^C? Composition fe dit aulTi du mélange & de
l'incorporation des drogues. Il entre dans la co/;z/7o-
Jition de la thériaqi^ phiiieurs drogues , la plupart
fort chaudes , mêlées avec du miel.
§3" On le dit à peu-près dans ce fens , de certaines
prépararions que l'on fait pour imiter certaines
chofes. On fait aes ccmpojitions pour imiter toutes
fortes de pierreries , pour imiter les perles , l'or ,
l'argent , &c,
^T Composition fe dit aufll dans l'ufage ordinai-
re , pour l'action de compofer un ouvrage d'ef-
prit. Cet Auteur eft occupé à la compojition d'un
nouvel ouvrage. Cela lui eft échappé clans la cha-
. leur de la compojition. Dans la compojition , l'art
eft fouvent emporté (?c tyrannifé par le génie qui
prend l'eflbr, Vall. Il faut que les diverfes pièces
qui entrent dans la compojition d'une Hiftoire ,
falfent un tout bien afforti & bien entendu. Le
P. Dan. Le plus habile Ecrivain n'eft pas maître
de fes pcnfées ni de fcs exprcffions. Il eft des temps
où elles fe préfentent &'s'arrangent d'elles-mêmes,
fans qvi'il ie tourmente à les chercher. Il en eft d'au-
Tome II.
C 0 M
7T?
très où il ne trouve rien, quelques efforts qu'il liiH-
pour fe contenter. Le bon lui échappe , & fi aprC^
un long tiavail , il s'offre quelque chofe , ce n'cll
que du médiocre ou du mauvais , qui ne mérite p;i5
d'être recueilli , &; qu'il met bientôt au tebut. C'eft
donc .1 lui à bien démêler ces temps , 5^: à demeurer
tranquille julqu'à ce que l'heure du berger fontie ',
car il y en a une dans la compojition , aulTi bien
que dans la galanterie. Réji. div.
ifT Composition ie dit aufli des ouvrages , des pfo-»
duclions d'efprit. Opiis. Une belle , une lavante
compojition. Cet Auteur nous a fait voir plulicursi
de fcs compojitions.
On le dit auHi en Mufîque |!CIF de l'art d'unif
les différentes parties de la mufique , fuivant les
règles -, de l'art d'inventer &: de noter des chants,
& de les accompagner d'une haimonie conve-
nable.
Le Père Paran , Jéfuite, le Père Merfenne, Mi-"
nime, ont donné des règles pour la compojition
de la Mufique, & n'ont jamais pCi faire aucun air,
Scribendce-Tiinfica re-julce. Monlieur Nivers a fait un
■petit traité forfméchodique de la compojition de
la Mulique.
1^ Composition , eu Peinture. C'eft , félon M. De
Piles , l'art d'inventer & de difpofer les objets , les
perfonnages , les groupes , en un mot toutes les
paities d'un tableau. Jnventio , difpojitio , côlloca-
tio. Un tableau bien compofé, eft un tableau bien
inventé &; bien difpofé , c'eft un tout renfermé fou9
un feul point de vue, où les parties concourenc
à un même but , & forment par leur correfpoa-
dance mutuelle un enfcmble aulTl réel, que celui
des membres dans un corps animal. Compofuioii
riche, noble, favante, chaigée, forcée , bizarre ,
extravagante , confufe , froide.
Composition, en Gramniaire, le dit delà jonétioii
des mots à d'autres mots , & à quelques particules
qui en changent , augmenterit ou diminuent la force
ou la lignification. Additio , adjunctio. Creve-cazur ^
J'erre-Jile , Gentil-korpme , font des mots faits par
compojition. On reproche à Du Barras la compo-
jition de quantité de mots ridicules ; conunedans
ce vers ,
Du moulin hrife-gruin la pierre rondc-ptate.
Les particules, ad-, con , ex , in , trans , & au-
tres , entrent dans la compofition deî noms & des
verbes latins.
Composition , terme de Collège. C'eft l'ouvrage que
le Régent fait l'aire à fcs écoliers , pour juger au
jufte de leur capacité &: de leur avancement : c'eft
llir cet ouvrage qu'on leur donne des places qui les
diftingucnt les uns des autres, ou'des prix. Scrip-
tio d^crctoria. Un thème de compojition ; des vers
de composition.
Composition , en Rhétorique , eft l'arrangement ,
& la difpofition des parties du difcours, Ordo ,
dijpojitio partium. Elle en fait l'Iiarmonie , la gran-
deur &: la majefté. Il en eft, des difcours comme
des corps qui doivent ordinairement leur princi-
pale excellence à l'affemblage , & à la Jufte pro-
porrion de leurs membres. Boir. Térence eft plus
châtié dans fi compojition que Plante, & plus ùga
dans la conduite de fes fujets. Dac.
§:T Toute compofition doit être une peinture , &
une peinture animée pour foûrenir l'arrcntion du
leéleur ou de 'l'auditeur. C'eft une peinture : il
y fout donc des images , des fentimens. Ces images ,
ces fentimens , nous les puifons dans l'imagination
& dans le cœur , les deux fources naturelles des
agrcmens du difcours. L'imagination tient le pin-
ceau , &: le cœur le conduit, /^oyc^ Image, Sen-
timent , Imagination et Cœur.
Composition , en Logique. Compojitio , Complexio,
Connoître par compofition , c'eft joindre enfembie
plufieurs idées, pour fe repréfenter une chofe qui
C C C c c
754 C O M
efl: différente de ce que ces idées repréfentcnt na-
turellemenr.
En Arithmétique, la proportion de compojition
de rail'on , cil: une comparailbn de l'antécédent ,
& du conléquent pris enl'emble au léul conlcqucnt
dans deux railbns égales : comme s'il y a même rai-
fon de .1 à 5 , que de 4 à <î, en conclut qu'il y a auUi
même railbn de 5 à j , que de 10 à 6. Compojitio ,
compuratio , collutio.
On appelle compofition en Géométrie , l'art de
chercher la vérité ou la démonftration d'une pro-
polîtion par des raifonncmens tirés des principes ,
julqu'à ce qu'on foit venu à la dernière propor-
tion qu'on appelle condujion. ArgumsHtatlo ab
antecedentibus ai confequentia.
Composition , en termes d'Imprimerie , s'entend de
i'arrangcmeBt des lettres , des caraélères pour en
former des mots , des lignes , des pages. C'eft
l'ouvrage du Compolîteur. Litterarum fujîlium ,
typoTuii dijpojicio , confirucîlo , compojitio.
^fj" Composition, en Jurilprudence, (îgnifie accord ,
accommodement dans lequel l'une des deux parties,
ou toutes les deux enfemble , le relâchent d'une
partie de leurs prétentions. Les procès feroient
bientôt terminés , li les plaideurs vouloient en-
. trer en compojition. On dit en ce fcns que des
Créanciers ont fait une compojition à un débitaur •,
qu'un homme a eu une terre à bonne compojition ,
à un prix honnête, qu'on s'cft relâché fur le prix.
^3" On dit encore qu'un homme eft de bonne Compo-
jition , qu'on lui fait faire ce qu'on veut -, qu'il eft
de difficile compojition ; qu'il eft mal-aifé de le
réduire au point où l'on veut.
^fT Madame de Sévigné dit en parlant d'un Prédi-
cateur à morale févère : c'eft un homme bien rude ;
il ne fait aucune compojition.
^'3' Composition , terme de Guerre. Conventions
que fait une place qui veut fc rendre , conditions
qu'elle propofe. Capitulation. Se rendre par com-
pojition. Voyez Capitulation,
it §0° Composition , terme d'Hiftoire. Aéle par lequel
©n compofe , on convient ; Traité. Paclum , pac-
tio. L'abonnement des Artéfiens avec le Souve-
rain s'appeloit anciennement la compojition d'Arras.
Composition , en terme d'Oifeleur , eft le paft ou
la mangeaillc que l'on donne à plufieurs oifeaux ,
compofée de mie de pain priée avec du perfil ,
& du chenevi. Les alouettes , les cochevis , & les
■calendres , fe nourrilfent de compojition , quand
elles font en cage , ou en volière. On y met auifi
quelquefois du caillé ou fromage frais.
COMPOSITOIRE. f. m. Voye^ Compositeur, en
termes d'Imprimerie. Le premier n'eft plus en
ufage.
COMPOST, terme d'Almanacli. Computatio. La
fcience de compter le temps par le mouvement
des aftres , par rapport à l'Eglife , s'appeloit autre-
fois Compojl Ecclefiaflique. Il a été établi princi-
palement pour la célébration exaéle de la Pàque ,
qui règle toutes les autres Fêtes mobiles. En Chro-
nologie on l'appelle le Compta EccUJiajlique. Voyez
Comput. Il y a aufTi un livre trivial qu'on ap-
pelle le grand Compojl des Bergers. Il y en a un
autre //2-4° en caraélères gothiques , inritulé , Com-
fotus cum commenta , & imprime à Paris par Pierre
Lever en 1491.
On appelle encore aupurd'huî, en termes de
Marine ou d'Hydrographie, compofi , l'Arr de trou-
ver les jours de la lune , & enluite les marées , pour
l'ufage de la navigation. Le compofi eft fur tout né-
ceflàiie pour le cabotage , c'eft-à-dire, pournaviger
en fuivant toujours les côtes. Les Pilotes côtoyers
doivent favoir le compofi. Les ProfefTeurs Royaux
d'Hydrographie doivent apprendre le compofi
aux jeunes gens qui fe deftinent à la mer. Il y a
des livres pour les Pilotes fous le titte de com-
pofi manuel. On y met la fituation des Ports pour
la connoiflance des marées , &c.
Compost , autrefois avoir une fignification plus cten-
COM
due , & (ignifioit en général une compofition , un
recueil. C'cïl de-là qu'ell venu l'ufage d'aujour-
d'hui , qui donne à ce mor la lignification particu-
lière expliquée ci-de/llis.
Compost eft auili un terme d'Agriculture , qui lignifie
le bon état d'une terre.
COMPOSTELLE. Compofiella. Ville Cipirale du
Royaume de Galice en Ei'pagne. CompofielLe eft fi-
tuée fur une colline \ enrre les petites rivières de
Sar & de Sarcla, Quelques-uns la prennent pour
l'ancien Janafum de Pomponius Mêla, comme a re-
marqué Volîius , p. 1:51 , & d'autres pour le Bri-
gantium d'Antonin. Cette ville, dont on ne fait
point l'origine , s'accrût des ruines d'Iria Flavia.
Les reliques de S. Jacques ayant été apportées
en cette ville , on y bâtit une Eglife fous le nom de
ce faint Apôtre , qui donne auffi fon nom à la ville ,
<\\1Q nous appelons fouvent S. Jacques de Compo-
Jielle , ou S. Jacques en Galice. Les Efpagnols l'ap-
pelèrent aullî de-là San Giacomo pofiolo , d'où s'eft
-formé par corruption le nom de Compopelle, J
La nouvelle Compoflelle eft une autre ville de 1
l'Amérique feptentrionale dans l'Audience de Gua-
dalajara. L'air y eft ir.al-fain. Elle a porté le nom
de ville du Sainr Efprit , 8c elle avoit un Evêché,
•qui a été transféré à Guadalajara.
COMPOSTER , V. a, vieux terme d'Agriculrure.
Mertre une terre en bon compoft , en bon état.
COMPOSTEUR , f. m. terme d'Imprimerie. C'eft
une petite règle fur laquelle le Compoiireur ar-
range fes lettres. Régula ferrea typis ordinandis
accommodata.
§3" Chez les Fondeurs de caradères d'Imprimerie,
c'eft l'inftrumenr dont on fe fert poui donner aus
lettres les dernières façons.
§Cr C'eft auffi un rerme de Manufacture en foie. Oa
entend par là une petite baguette de bois , fur la-
quelle on pafle les portées de la chaîne pour la
plier.
COMPOTATEUR. f. m. Compagnon de boureille.
Ce mot ne fe dit qu'en plaiiantant. Combibo , com-
potor, L'Abbé de Chaulieu décrit forr agréable-
ment , dans une Epître à l'Abbé Couttin , la réfo-
lurion de feu M. le Grand-Prieur de Vendôme de
ne plus faire de vers , & de tenir table ou-
verte.
Quant à notre Père Prieur,
Qui fans avertir , fouvent pinct
Jufqu'à fon humble fer vi leur ;
Il ne veut plus être rimeur ,
Et s'eft mis à faire le Prince :
De fa table , qui n''efipas mince ,
A de joyeux compotateurs
// fait lui-même les honneurs
Mieux qu'aucun Seigneur de Province,
L'Abbé de CnAULiEtr.
COMPOTATION. f. f. Ce mot fignifie littéralement
un repas ou régal où plufieurs perfonnes fe réjonif
fenr, Compotatio. On ne peut le dire qu'en plai-
fantant. Quelques-uns ont rendu pat ce mot les
Sympofiaques de Plutarque , par la raifon qu'il
eft plus inrelligible.
^ COMPOTE , f. f. terme d'Office , qui fe dit d'un
certaine manière d'apprêrer les fruits avec du fucrc
& quelques aurres ingrédiens , pour être manges fur
le champ. Condimentum. C'eft nne efpèce de con-
fiture moins cuite & moins fucrée que les confi-
tures qui font laites pour être gardées. On fait des
compotes de poires, de pommes , de cetifes , d'a-
bricots , de pêches , &c.
IfT Compote , terme de Cuifine. Manière de faire
cuire certaines viandes , comme les pigeons Se les
canards , avec du lard Se des aflaifonnemens conve-
nables. On fait des compotes de pigeonneaux , on .
les met en compote. On nous feroit une compote
de pigeonneaux.
C O M
0CF On dit d'une viande trop bouillie., qu'i lie cft
en compote.
^fT On dit populaireinent avoir les yeux , le vifage
en compote -, meurtris de coups.
%fj II me prend des tentations d'accommoder fon
viiag-e à la compote. Mol.
Ip" COMPOTIER, r. m. Vafe qui lert l mettre des
compotes de fruit , ou des confitures.
COMPOU , r. m. terme de Relation. Cour Souve-
raine de Pékin Z< de l'Empire de la Cliinc. Le Com-
pou ordonne des ouvrages publics &: des bitiraens
royaux. P. le Comte*
COMPRÉHENSEUR , f. m. terme de Théologie.
Créature raifonnable dans Tctat du bonheur éter-
nel 5 qui jouir de la viiion bcatifique , de la vue
claire & intuitive de Dieu, Comprehenjor. LestW.;-
prehinfcurs voient Dieu , & voient tout en Dieu,
Un Comprihenj'ciir n'a point de crainte de perdre
le bonheur dont il jouit.
^fT Ce terme , qui n'cft point ufîtc en ftançois , ne
le dit. pas des bienheureux * parce qu'ils compren-
nent Dieu j Dieu ne peut être compris par la créa-
ture ; mais parce qu'ils ne font plus dans la voie,
qu'ils font arrivés au terme de la béatitude. Com-
pTch:nîcrutit finein. , termbiiim leatitudinis.
Ce mot vient du latin comvrehaiiere , dont
S.Paul (efert. i Cor. IX, 2.^ {de Philip. III, ii
é" 1 3 , pour exprimer la victoire d'un Athlète, qui
remporte le prix à la côurfe , & qui l'applique
par métaphore à un homme qui entre en poiîèlîion
de la gloire.
^ COMPRÉHENSIBLE, adj. de t. g. qui peut être
compris. Terme particulièrcm.ent relatif aux ob-
jets dont l'efprit peur connoître la nature. Com-
prehenjUilis, Voyez le mot Comprendre. Il eP:
ordinairement employé avec la négative. Cela n'eft
pas comprehenjltle. Les chofes trop abftraites ne
font pas cowpeheiijdks.
%T_ COMPRÉHENSION, f. f. Ce n'eft pas préci-
fément , comme le difent nos Vocabulaires , la fa-
culté de concevoir , mais celle de comprendre ,
c'efl:-à-dire , de fe faire des idées conformes à la
nature des objets. Comprehenjio. La comprehenfuii
fuppofe un efprit pénétrant. On dit d'un homme
qu'il a la comprehenjton aifce, facile , ou qu'ihi-rt: de
dure comprehenfion. Cela ne (ignifîe pas qu'il con-
çoit facilement les choies, mais que, par l'atten
tion & la réflexion , il les approfondit , & fe fait
des idées conformes à la nature.
Compréhension fe dit, dans le ftyle didaérique ,
d'une connoillance par laquelle on connoît d'une-
chofe tout ce qu'on en peut connoître. Compre-
henjio. Ce.mot, en ce fens, n'eft en ulage qu'enThéo
logie. Ify Ainfi c'efl: que la comprehenjion des
ir.yftères eft réfervée à l'autre vie,
%fT Compréhension, en Rhétorique, trope par le-
quel on donne au tout le nom de la partie , ou
à la partie le nom du tout ; ou à une chofe un
nombre déterminé pour un nombre indéterminé.
COMPRENDRE, v. a. Il fe conjugue comme prendre.
Contenir ou renfermer en foi. CompUcli. L'univers
comprend toutes les parties du monde. Le globe
de la terre comprend les quatre parties du monde ,
l'ancien & le nouveau monde. L'Empire Romain
cvmprcnoit la plupart des Royaumes d'aujourd'hui,
L'Europe comprend plufieurs grands Royaumes, La
France, plufieurs provinces ; chaque Province , des
Généralités -, chaque Généralité, des Eledions; cha-
que Elcdion, des Paroiffes , des Villes, des Bourgs &
des Villa.q;es.
%fT On le dit, dans le même fens, des chofes morales.
La Jufticc en général comprend toutes les vertus.
La \'\\\\oÇo^\\\z compretid la Logique , la Moiale , la
Métaphyfique 6c la Phyf que. L'Hiftoire Naturelle
comprend lé Règne animal , le Règne végétal &: le
Règne minéral.
ÇCT Comprendre lignifie quelquefois exprimer, faire
mention d'une chofe à la fuite de plufieurs autres.
Un tel a été compris dans le rôle des tailles. On a
C O M
7 T T
compris dansées inventaires plufieun* effets qui n'ap»
partcnoient pas au défunt. Il a compris dans fori
bilan toutes fes dettes atftives &c pafiîves. Tri
Prince n'eft pc5int compris dans le Traité. Dans-
ce que je vous abandonne, je ne comprcns pas telle
& telle chofe,- ^" '"'
-^ Comprendre, dahéfe fens figuré i fighifie avoit
une connoifîahcé/exàdle d'une choie. Comprehen-
dcre ^rnente , cos^itànonc , animo compleHi. Il y a des
q'-ieftions métaphyfiques qu'il efl difficile de com-
prendre. Nous ne faurions comprendre les myflèrcs'
de la Religion. Nous ne pourrions pas nous porter à
croire ce qui eft audellusdenotre raifon', H là raifon
même ne nous avoit perfuadé qu il y a des chofe.?
que nous faifons bien de croire , quoique nous ne
foions pas encore ' capables de les comprendra
PoRT-R. En difant que Dieu ne peut faire ce que
nous ne pouvons, comprejidre , c'efl: fe figurer que
notre imagination a autant d'étendue que (a puil^
fance. S. EvR. La plupart des hommes eftiment ce
qu'ils ne comprennent pas , & révèrent comme des
myftères tout ce/.iui leS palfe; Maleb, Il y a bcnu-^
coup d'adrefle à lai/Ter comprendre certaines chofes,
fans les dire, Ch. de Mer.
fCT Comprendre, c'efl: appercevoir la liaifon de?
idées dans un jugement, ou la liaifon des propor-
tions dans un raifonnemcnt. C'efl fe faire des idées
conformes à la nature des objcrs prcfentcs.
pT Se faire des idées conformes aux objets préfen-
tés , dit M. l'Abbé Girard , c'efl: la fignification com-
mune des mots entendre , comprendre , concevoir :
mais entendre marque une conformité qui a pté-
cifément rapport à la valeur des termes : com-
prendre en marque une qui répond direélemenr à
la narure des chofes qu'on explique : & celle qu'ex-
prime le mot de concevoir^, regarde plus particu-
lièrement l'ordre &: le dc/lêin de ce qu'on fe pro-^
pofe. Comprendre p^itoit mieux convenir en fait de
principes, de leçons, de préceptes ^ de connoif-
fances fpéculatiVes. Ces chofes fe comprennent. Il
efl difficile de comprendre ce qui efl abftrait. La
facilité de comprendre dcfigne un efprit pénétrant.
Tout le monde ne comprend pas ce qui efl relevé.
On dit d'un homme qui a une conduite extra-
ordinaire & bizarre, ou qui fait des chofes qui
por'-'nt dans Pefprit quelque forte d'étonnement^
de furprife, qu'on ne le comprendrais. Acad. Fran,
Mais en vain à l'efprit croit - i/ fe faire entendre ,
Si, fans itrefavant,]e ne puis le cûmprendre.ViLL.
Comprendre , en Théologie , a une fignification par-
ticulière -, il veut dire, connoître une chofe autant
qu'on peut la connoître : c'efl en ce fens qu'il fe
prend lorfque les Théologiens demandent fi les
bienheureux qui voient Dieu clairement dans le
Ciel , le comprennent. Comprehendere ; les Théo-
logiens difent rem aiujuam totam & totalitcr cog-
nojcere. En ce fens -là les bienheureux ne com-
prennent point Dieu, parce que la connoidance
qu'ils ont de Dieu feroit infinie, ce qui efl im-
podible. $3" Ils connoWlént de cet Etre infini tout
ce qu'en peut connoître une créarure finie,
COMPRIS , ISE, part. Il a les fignifications de fon
verbe , en latin comme en françois*
Y COMPRIS, NON COMPRIS. Efpècc de fomiulc dont
on fert , pour dire ^ en y comprenant , fans y com-
prendre. Il a dix mille livres de revenu , y compris
les profits de fa charge, non compris la maifon où il
losie. Acad. Fr.
COKlPRESSE , f f terme de Chirurgie. C'efl un linge
plié en plufieurs doubles , qu'on met fous les ban-
dages , pour empêcher que les plaies ne faignent ,
on" rie s'enflent , ou pour y arrêter les médica-
mens qu'on y a appliqués. Penicillum, penicilltis i
fplenium. Schultcr dit , dans fon Armam. Chirtin
que les Anciens compofoient les compreffes d'é-
toupe cardée, ou de plumes coufues entre deux
linges. Se qu'ils les appeloient couHinets ou plu-
maceau.\-,
C C C c c ij
75^ COM
'Ce mot vient du latin comprimer e , prej[cr for-
tement. ' , n /-\
COMI^RESSIBILÎTE , f. F. terme Didaftique. Qua-
Ikc d'un corps qui peut être comprimé. Lomprej-
fibiiuds. La compre^ihilité de l'air eft la caule de
ion élallicitc , de Von reflbrt. On peut voir les
effets de la compreffibilite & de la dilatabilité de
l'air dans un mcmoire de H. de Réaumur Jur les
Thermomètres de l'année 175 1.
COMPRESSIBLE, adj. Qui eft capable de compref-
fion. Quod compnmi potefi. L'air eft comprejjible ,
l'eau ne l'eft pas, ou l'eft très-peu.
Ce mot vient du latin compr ejjibilis , mot im-
propre. _ , ^, .
Ç3- COMPRESSIF, IVE, ad), terme de Cliirurgie,
qui s'applique à ce qui fcrt à comprimer. On met
un bandage comprejjif Çni l'ouverture delà veine
pour empêcher le lang de couler. On met un ap-
pareil comprejjif fur ^les plaies pour y tenir les
mcdicamens appliqués.
fO* COMPRESSION , f. f. terme particulièrement
d'ufage en Phyiîque où il fignifie l'adion de com-
primer , de ferrer un corps , de forte que fes par-
ties fe rapprochent les unes des autres , & qu'il
occupe moins d'efpace ; ou l'effet qui eft produit
dans ce qui eft comprimé. Comprejjlo. L'eau pur-
gée d'air eft incapable de comprejfwn. La compref-
Jion de l'air par fon propre poids eft furprenante.
Le degré de comprejjîon où il peut être porté par
le fecours de l'art , eft bien plus furprenant en-
core. ^
1^ Dans ce fens ce mot eft fynonyme a conden-
sation. Les Encyclopédiftes prétendent cependant
que la comprejjion eft propremenr l'adion d'une
force qui prefl'e un corps , foit qu'elle le réduife
en un moindre volume ou non ; &: que la condeii-
fation eft l'état d'un corps qui par l'adion de quel-
que force eft réduit à un moindre volume. Ainfi
ces deux mors expriment , l'un la force , l'autre
l'effet , qu'elle pioduit , ou tend à produire.
^ Compression du cerveau. Terme de Médecine,
par lequel on défigne un accidenr qui furvient dans
les fradures du crâne & dans les coups qu'on
reçoit à la tête , lorfque que quelques vaiffeaux
viennent à fe rompre , & verfent le fluide qu'ils
contiennent. Ce fluide extravafé , comprime la fubf-
tance du ceiveau , & trouble fes fondions. Accident
fouvent mortel, auquel on ne peut remédier que par
les faignées du pic &: par l'ufage des délayans pro-
pres àréfoudre l'humeur extravafée , quelquefois
même par l'opération du trépan.
^COMPRIMER. V. a. Prefler un corps avec force,de
manière que (es parties fc rrouvant plus près les unes
des autres , il occupe moins d'efpace. Comprime! e.
L'air que l'on comprime dans les arquebufes à vent ,
fait piefque autant d'effet que la poudre.
îp- Comprimé , ée parr. Compreffiis,
gO" COMPRIMÉ , rerme de Botanique. Qui porte
la même cmpreinre des deux côtés oppofes, Voyei
Feuilie.
COMPRINS , INSE, Vieux mot , pour compris ,
comptifc.
IJCr COMPROMETTRE, v. n. qui fe conjugue
comme mettre. Faire un compromis , confentir ré-
ciproquement par ade de fe rapporter au jugement
d'un ou de plufieurs arbitres , fur un différend , un
procès qu'on a enfemble , ou de payer une fomme
dont on convient. Compromittere, compromi(Jum
faccre. Ces denx parties ont enfin compromis lie
tous leurs différends entre les mains de deux arbi-
tres. Ils ont compromis fut tous les chefs de leur
procès.
^ Compromettre eft auffi adif, & fignifie expofer
quelqu'un à recevoir quelque chagrin , quelque dé-
goût,, foit en fe fervant de fon nom, fans fon
aveu, foit en l'embarraffant dans des affaires. Je
ménagerai fi bien les cliofes , que je ne vous com-
promettrai pas. AcAD. Fr.
0" On dit à psu p.rcs dans ce f^s , compromenrc
COM
fonautorité, fa dignité, l'expofer à recevoir quelque
déchet, quelque diminution. Voye^ Compromis.
IJCr Se compromettre , fe irietçrc au hafard , s'ex-
pofér, exponere fe , adiré perctiium , venire in
difcrimen.
|Cr Se compromettre , fignifie auffi, avoir des que-
relles avec fes inférieurs, f^enire in controverfiojn.
Un honnête homme ne doit pas fe compromettre
• avec des coquins, ni un maître avec fes domeftiqucs.
Compromis, ise , part-
Ip^-COMPROMIS. f m. Ade pat écrit , figné des pat-
ries, par lequel elles conviennent d'une ou de plu-
fieurs oerfonnes pour décider leur diflérend ou leur
procc?, &: promettent réciproquement de s'en tenir à
leur dccilion,fous quelque peine pccuniairc,contrele
contrevenant, laquelle doit être fpécifiée dans l'ade.
Compromifum.Czixy. qui font choilis par les parties en
confcquence d'un compromis:, font appelés arbittes,
bien diffcrens des arbitrateuts ou aimables Compo-
ficeurs. Foyei ces mots. Leur décifion , Sentence
arbitrale. On peut appeler d'une Sentence arbitrale -,
mais l'appel interjette emporte le payement de la
peine, fans retour, en faveur de celui qui acquiefce:
à la Sentence. Mettre une affaire en compromis , dïef-
fer , faire , paffer , figner un compromis. Les compro-
mis doivent porter un certain temps, &;une peine
payable par celui qui ne voudra point acquiefcer au
jugement. Les compromis fe doivent mettte entre les
mains des arbirres.Un compromisse inutile,ou à rai-
fon des parties qui compromettent,ou à raifon de ceux
qu'on prend pour arbitres,ou à raifon des caufes pour
lefqucUesonfait un compromis.Vn efclaVe ne peut
fûire de compromis,i'-xns l'aveu de fonmaître,ni un pu-
pille fins l'autorité de Ion tuteur, ni une femme poun
les affaires d'aucrui. On ne fauroit par un compromis
prendre pour arbitre un elclave , un pupille , ua
fourd , un muet, ni celui qui eft Juge naturel de
l'affaire pour laquelle on fair un compromis , ni celui
qui a intércr dans l'affaire , ni un mineur de vingc
ans , ni un laïque dans une caufe puremenr Ecclé-
iiaftique , à moins qu'on ne l'ait choifi conjointe-
ment avec une perfonne Eccléfiaftique , & que le:
compromis n'ait été paffé par autorité du Supérieur
Eccléfiaftique. Leschofes pour Iciquelleson ne peuc
faire de compromis font une rcftitution en entier ,
une caufe de mariage, une affaire criminelle, une
queftion d'Erat , 6c généralement toutes les chofês
où il s'agit plutôt de l'intérêt du Pubjic , que des
Particuliers. Inst. du Droit.
On dit auffi au figuré , qu'il ne faut point mettre
fon honneur en compromis -, pour dire , au hafard.
Honorem , famam , aucloritatem inpericulum addu-
cere. Mertre quelqu'un en compromis wçc un autre,
le comprometrrc. On ne doit point fe mettre en
compromis avec fes inférieurs; pour dire , avoir des
querelles avec eux. Contendere , rixari; venire im
controverfiam cum atiquo. Metne en compromis ^ fi-
gnifie auffi , mettre en balance , contefter. De re
aliqua cum aliquo contendere. Il mit toutes fes affaires
en com.promis. Vaug. Alexandre ne pouvoir fouffric
qu'il y eîi: une nation qui lui mir en compromis le
titre d'invincible. Id. Eft-ce ainfi qu'on mer en co/72-
/>Aowù devant la raifon humaine, les merveilles 5£
la puilfance de Dieul Péliss.
On dit auHi compromis en matière bcnéficiale,&:
c'eft un ade par lequel ceux qui ont droit d'éledion
tranlinettent à une ou à plufieurs perfonnes d'en-
tr'eux le droir d'élire un fujet capable de remplir un
bénéfice , ou une dignité. Ainfi, on dit que des élec-
tions de Prélats font faites par compromis , lorfque
des éledeurs ne pouvant s'accorder , donnent le
pouvoir à quelques-uns d'entr'eux de faire l'éledion,
en les obligeant par fermenr de choifTr le plus digne.
Rem alictijus arbitrio , judicio permittere,
Cemor, compromis, vient du latin /rom/z/ere,
promettre, &:de la prépofition cwot, avec; chacun
de ceux qui font un compromis prometrant les mêmes
chofes , s'engageant aiu mêmes chofes. C'eft une
l promcffe coro^une, mutueUe de plufieurs petfon^
C O M
nés , que font plulîeurs perfonnes enicmble , & ré-
ciproquement.
COMPROMISSAIRE , adj. employé aurTi fubftanti-
vcment. Compromijj'arius, Celui que l'on choifit par
compromis pour rermincr une affaire , décider quel-
que choie, Kiireune élcdion , &c. ]i\§es cornpro-
rniffaires , arbirres.
COAIPROTECTEUR. f, m. Comproteclor. Qui eft
protecfleur conjointement avec quelque autrc.^ Ce
mot ne le dit que des Cardinaux, à l'égard des Etats
dont ils Ibnt protedeurs avec quelqu'autre , ou des
Cardinaux ScPrélatSjà l'égard des Ordres Religieux.
COMPROVINCIAL. adj. Qui efl: de la même Pro-
vince. Comprovinciaiis. Les Evêques comprovin-
ciaux Te font ailemblés.
gCT COMPS, petite ville de France en Provence,
Diocèfe de Frejus , viguerie de Draguignan.
ffS- COMPTABILITÉ , f. f. terme ufit'^é dans les
Chambres des Comptes, pour défigner une nature
particulière de recette & de dépenlc dont on doit
rendre compte, ComptabUiti des tailles , des do-
maines du Roi , ùc.
COMPTABLE, adj. & f. m. & f. Le f de ce mot ,
ni de ceux quiiuivent, ne fe prononce point. Il y a
même de bons auteurs qui écrivent cointabU , d'au-
tres contable ; mais il faut écrite comptable , auffi-
bien que compte , pour diftinguerce mot de Comte-,
qui eft un titre , Si un nom de dignité, cornes. Comp-
table,z^ce.\\i\ ou celleg3* qui gèrent ou ont géré les
affaires d'autrui ; qui ont reçu les effets ou les de-
niers qui leur appartiennent , dont-ils font obligés
de rendre compte. Qid rei alicujus rationem débet
reddcre ; à quo rei alicujus ratio repetijure potejl ,
rcddendce rationi obnoxius. Tout Procureur , tout
Commis , eft comptable à l'on maître de fon adminif-
tration , de fon maniement. Un tuteur eft comptable
à fes mineurs. Les Receveurs des droits du Roi font
comptables à la Chambre des Comptes. Il eft dan-
gereux de prêter de l'argent à un comptable.
Ce mot vient de computabilis , de computare.
Comptable figniiîe anfTi refponfable. Nous fommes
comptables (tnwzis Dieu, nous lui rendrons compte
un jour de toutes nos adions, des paroles oifeufes
que nous avons dites. Souvenez-vous, Caton , que
vous êtes comptable à la poftérité de i'eftime que
Rome vous a accordée. Vill.
1^ Puifque l'homme eft l'auteur immédiat de fes ac-
tions, il en eft comptable, & elles peuvent raifon-
nablement lui être imputées -, on peut les mettre fur
fon compte : on eft en droit de lui en faire rendre
compte , & de rejeter fur lui tous les effets qui en
font les fuites naturelles. P'oye^ Imputation &
Imputer.
On appelle quittances comptables , les quittances
en parchemin , revêtues des formes néceflaires pour
être reçues dans un compte, pour faire décharger
un comptable de quelque partie. Apocha qu(Z fol-
vendcz pro débita pecuniiz habere locumpojfit.
COMPTABLIE, f. f. terme de Commerce. Ce mot eft
en ufage à Bordeaux. On appelle comptablie , le Bu-
reau où l'on paye les droits que les marchandiles
doivent au Roi.
Ce mot vient de comptable Se de compte.
COMPTANT, adj. m. Argent qui eft préfent , réel ,
effedif. Les offres fur le retrait lignager fe doivent
taire à toutes expéditions de la caufe en deniers
comptans , à découvert , & à parfaire. Il a payé en
deniers comptans. En ce fens , il eft oppofé à crédit.
Comptant, f m. fe dit du fonds qui fe trouve en ar-
gent dans la caiflc d'un Marchand , d'un Banquier ,
d'un Financier, Pecuniaprcefens , numerata.W s'eft
trouvé chez lui cent mille écus de comptant, & deux
fois autant en effets. Cet homme a bien du comptant.
Avoir du comptant. La Font. Il eft populaire, quand
il eft employé de cette dernière façon.
Ordonnance de comptant sft, en termes de Finan-
ces , une ordonnance que le Roi donne pour faire
ç2.Ytx comptant à fon Tréfor une certaine fomme qui
palfe enfuite dans Içs comptes, fans qu'il y foit fait
C O M 7 y '7
mention de fa deftination , & fans avoir befoin d'au-
tres formalités , fuppofant que c'eft pour les affaires
feciètes & importantes de l'Etat: Mandatum regium
de numerandà jtatim pecuniâ. Une ordonnance de
comptant de cent mille écus fur le Tréfor Royal.
gC?" On appelle grand comptant , le Bureau du Tréfot
Royal où l'on paye les fommes au deffus de loooliv.
&C petit comptant , celui où l'on paye les fommes au
dcffous de looo liv.
On dit adverbialement, piyex: comptaru , fur le
cliamp , Se fans demander crédit. AUcui numerare ,
pecuniam -numerare.
On dit au figuré , qu'un homme a payé un autre
tout comptant, lorfqu'il a repoufîé fur le champ quel-
que offtnlé qui lui a été faite , foit par des coups de
mains , loir par une prompre Se piquante repartie,
Vim vi reppellere.
gCF Compte, f. m. Synonyme de calcul, fupputation,
Computatio. On lui a donné de l'argent fans compte
ni meflire. J'ai fait le compte de mon argent. Nu?iie-
rum inire. Le compte eft juftc. On donne à un do-
meftique l'argenterie en compte, par compte.
ïfT Co MPTE eft auffi une fupputation par quelque ope-
ration d'arithmétique , addition, fouftradion, mul-
tiplication ou divifion. Il faut qu'il y ait quelque
erreur dans cette addition , je n'y trouve pas mon
compte. Numerus, J'ai mon compte , je trouve mon
compte , j'ai coiT)pté jufte cette fois-ci, Numerum
nunc fedulo kabui.
IJCT Compte lignifie aufTi le papier où l'on a mis le
calcul & la fupputation de ce qu'on a mis ou de ce
qu'on a reçu , ou de tous les deux enfembles. Porter
une choie en compte. Rationibus injerre. Demander
compte, fommer de rendre compte. Ad computa~
tionem vocare.
(fF On dit qu'un homme eft de bon crowjjP/^; pour dire,
qu'il eft fidèle , qu'il ne trompe point dans fes
comptes. Faire un compte rond. Rotundare Summam,
ffy On appelle vulgairement compte rond, un nom-
bre fans fractions , c'eft- à-dire , qui n'eft compofé
que de dixaines , de centaines, de milliers. Dix»
vingt, trente, quarante, cenr , mille, <$■<:. font des
bomptes ronds. Onze , vingt-deux, cinquante cinq,
cent-un , fi-c , ne font pas des comptes ronds,
|J3" Mais quand on compte par efpèces , on appelle
compte rond , un cerrain nombre de ces elpèces fans
fradions , quatre , cinq , dix , trente, cent écus, ou
louis font un compte ronl; cinq fols , dix lois , vingt
fols , &c , l'ont un compte rond ; dix livres cinq fols ,
deux fols fix deniers, &c. ne font pqts un compte rond.
ffT Compte borgne, fe dit auffi familièrement d'un
compte mal-fait , ou qui n'eft pas clair.
Comtes faits , fe dit de certaines tables ou tarifs ,
dans lefquels on trouve des réductions toutes faites,
de poids, des mefures, de changes, d'efcomptes, d'in-
térêts , de monnoie , &c. Tels font ceux de Barrême,
Compte , en termes de Marchands, fe dit des regiftres
refpeélifs qu'ils tiennent de leur négoce , & des af-
faires qu'ils ont enfernble. Accepti & expenjî codex.
Ainfi 5 on dit , qu'un homme enfeigne à tenir les li-
vres de compte, c[\.\dinà il montre la manière de les te-
nir en bon ordre , à mettre V avoir d'un côté d'un
feuillet , & le débit vis-à-vis. Il faut qu'un Marchand
repréfente fes livres de compte en bon état, toutes
fois & quantes. On appelle entr'eux , foldcr un
compte, ce qu'on apt>elle ailleurs l'arrêter.
Compte , en termes de Palais , eft l'état qu'on donne
en Juftice de ce qu'on a reçu , ou dépenfé pour quel-
qu'un,dont on aeu les biens en maniement. Rationes
accepti & expenji. Un compte eft compofé de trois
parties -, favoir , d'une préface ; qu'on appelle com-
munément le préambule du compte. Se de deux au-
tres prties -, favoir, de la recette & de la dépenfe : on
y ajoute la reprife , lorfqu'on n'a pas reçu tout ce
qu'on étoit chargé de recevoir. Cette divifion d'un
compte eft ce qu'on appelle ordre de compte.
Compte de Communauté, eft le dénombrement des
effets de la Communauté entre mari Se femme, con-
tenant l'état auquel cette Communauté fe trouve au
7T8
C OM
jour de fa diflblution , pour les biens de la dite Com-
munautc être partages entre l'un des conjoints êc les
héritiers du prcdéccdc.
Compte de Tutelle, eft celui qui fe rend par le tuteur
de Tadminirtration des biens de ion mineur, dont
il a été chargé par l'adle de tutelle. Un tuteur ne
peut traiter "avec Ion mineur , qu'il n'ait rendu fon
compte de tutelle.
Les débats , les foûtencmens des comptes , font
les ccrituies qu'on fournit tefpeélivemcnt pout dé-
fendre ou combattre les articles des comptes. Scripta
ntrinque ad tiiendas dehiti & expcnjiratwncs. Altir-
■ mer un compte , c'ell: jurer qu'il eft véritable, quand
on le préfente, Rqtiones tueri, defendere. Examiner
un compte , c'efb y mettre des apoflilles pour allouer
ou débattre les articles. Rationes excutere , expen-
dere. Clorre un compte, c'cft arrêter le reliquat à la
fin d'un compte. Confolidare. Ordre de compte, c'cft
divifcr un compte en chapities de recette, de dépenfe
& de reprife. Acceptivclexpenfiraticnesinire , ratio-
nes {uhdiicere. Apurer un compte , c'cft en faire juger
tous les débats,en faire lever lcsfoiifiT:ances.Co7/;^Ve;e
confolidare. Débet de compte, c'eft la fomme dont la
recette excède la dép,enfe par le finito d'un compte.
Supputatisutrinquerationibusexcedens fummam.
^3" Compte par bref état, eft celui qui fe rend par
fîmple mémoire, fans êtte divifc en chapitres de re-
cette , de dépenfe & de reprife.
§3" Compte de C/erc à Mdt/re , eft celui où le comp-
table porte en recette ôé en dépenfe tous les profits,
toutes les pertes, tous les frais qu'il a p Ci faire dans
fa commiflion.
|p" Compte en Banque. C'cft le fonds que des ncgo- '
ciansou des particuliers dépofentdans la caiife com-
mune d'une banque.
|p° Compte en participation. Efpcce de compte qui
ie fait entre deuxMarchands ou Banquiers,pour rai fon
d'une fociété anonyme , qu'on appelle fociété par-
ticipe , ou fociété par participation. Voy e^^cts mots.
^fF Compte. ( Bordereau de ) Extrait d'un compte ,(\\\\
comprend tous les articles tirés hors de ligne , tant
de la recette que de la dépenfe.
gCJ" Compte. ( Ouvrir un ) Placer un compte pour la
première fois dans le grand livre , en délignant la
pcrfonne avec laquelle on entre en compte.
|Cr Compte. ( Paffer en ) Tenir compte à quelqu'un
d'une fomme qu'on lui doit.
Ip" Compte. ( P^/?uT Je) Sorte de grand papier fin ,
connu fous ce nom dans les Papeteries , fur lequel
■ on écrit communément les comptes.
Compte , ( Lis,ne de ) eft la fomme qu'on tire en une
marge blanche qu'on laifle exprès au côté d'un
compte. Subducla ex rationibus expenjis fumma.
Elle contient en chiffre Romain la partie couchée au
long dans l'article qui y répond. Dans le calcul , on
lie regarde que ce qui eft tiré en ligne de compte. Les
Tréforiers de France ne font Juges que delà /i^;«ei^
compte, Ws n'ont point de Jurididion contentieufe.
On dit figurcment en ce fens , mettre en li^ne de
compte, mettre fur fon compte; pour dire , faire va-
loir les bons offices que nous rendons, ou qu'on nous
a rendus. Beneficioriim in numéro aliquid ponere.
Il faudra , s'il vous plaît , que vous mettiez en ligne
de compte tout ce que j'ai fait pour vous.
.fer Prendre une chofe fur fon compte. Dans le fens
propre , c'eft fe charger de l'exécurer. Aliquid infe
recipere. Je prends cela fur mon compte , ne vous in-
quiétez de rien.
Compte ne fe dit pas feulement des affaires d'intérêt ,
mais en toutes les autres chofes dont on eft tenu de
rendre raifon, ou à foi-même, ou à fes fupérieurs.
Alors il eft pris figurémcnt./?^no. Je ne prends point
ce que vous avez dit fut mon compte, c'eft-à-dirc,
je ne m'en fais point d'application. Dieu nous de-
mandera compte des ralens que nous n'avons pas fait
profitct. Il eft ncceffaite de fcntter quelquefois en
foi , &: de fe rendre un compte exaét de fes paroles ,
de fes fcntimens , de du progrès qu'on a f-iit dans la
fageffe. S. EvR. Avertis par l'Evangile de tenir nos
C O M
comptes prêts , combien peu d'attention avons-nous
•à les régler; P. G ail. La dévotion qui fe déploie
en démonftrations ^ en adlcs, dont l'amour propre
fe flatte que Dieu lui tiendra compte , eft une faulfe
vertu. Fi.ÉcH.
Maître de mon deflin , libre dans mes foupirs ,
Je ne rendrois qu'à moi compte de mes dejirs. Racine,
Qii heureux efl le mortel ,
Ç^ui de fa liberté forme tout fon plaijir ,
Et ne rendqu'à lui feul compte dejon loifîr. Boit.
On dit encore au figuré , mettte quelque chofe
fur le compta de quelqu'un -, pour dire, lui imputer.
Imputare. C'eft injuftement pour l'ordinaire qu'on
met les fautes de la jeuneffe fur le compte de ceux qui
les inftruifent : on poutroit fouvent , avec bien plus
de taifon , les mettre fur le compte des parens , qui ,
faute d'application, ou par trop d'indulgence , font
caufc de leur dérèglement.
IJC? Avoir à bon compte , faire bon compte ,
avoir à bon marché, faire bon marché; vous aurer
cela à bon compte. Ce marchand vous fera bon
compte : on dit dans le même fens vivre à bon
compte, Modico pretio,
^fT On dit figurément faire fon compte , trouver
fon compte , ttouver du profit , de l'avantage. ////-
litas , commodum. Il a bien fait fon compte dans
cette ferme , dans cette affaire. Il y a des amis
agréables quiamufent, mais ils n'ont que l'écor-
ce ; pour peu qu'on approfondiffe , on n'y trouve
pas fon compte. M. Se,
IJCF On dit encore figurément , avoir fon compte ,
avoir ce qu'on défire , ou ne manquer de rien. Il
eft bien aifé d e philofopher quand on a fon compte.
Gardez-vous de rien dédaigner.
Sur-tout quand vous ave:^ à peu prés votre compte.
La Font.
Rendre coOT/i/e fignific encore dans le figuré, rap-
porter ce qu'on a fait dans une affaire , & en rendre
taifon. Rationcmfubjicere. On rend compte de fa con-
duite à lés fupérieurs. Rendez-nous compte de cette
affaire.
Quelquefois c'eft faite un fimple récit. Narrare.
Rendez-nous compte de ce que vous avez vu , de ce
qui vous eft arrive.
§3" On dit audi qu'un homme fait bien fon compte ,
entend bien fon compte -, pour dire, qu'il entend bien
fes intérêts.
0CF Faire compte , tenir compte d'une perfonne ou
d'une chofe , en faire cas, l'avoir en quelque confidé-
ration. On fait grand compte d'un tel , on n'en tient
aucun compte.
^fT On dit encore qu'une femme ne tient pas comptt
d'elle -, pour dire, qu'elle a peu de foin de fe
parer, de s'ajufter. La plupart de ces exprcifions
figurées ne font que du ftyle familier.
Compte fe dit auffi de plufieurs pérîtes chofes qu'on
prend à la main , ou qu'on jette enfemblc pour
compter avec plus de promptitude. Numerus. Les
prunes , les miires fe comptent deux à deux , trois
à trois ; les efpèces d'or & d'argent deux à deux ,
trois à trois , quatre à quatre ; & chaque prife ou
jet s'appelle un compte.
%fT On appelle bois de compte , celui qu'on vend
à tant de bûches par corde. Voye:^ Bois.
Dans le commerce de la morue , on appelle
grand compte ou compte marchand , un certain
nombre de poignées de morues; à Orléans le grand
compte eft de foixantc-fix poignées ou 151 poiffons,
le petit compte eft le plus petit nombre de morues
qu'on donne au cent -, à Paris le cent de morues ,
^cx\x.compte eft de ^4 poignées , ou 108 morues.
Compte en rermes d'Horlogerie. On appelle Roue
àc compte ,\\nc certaine roue qui n'eft point dans
la cage de l'horloge. Elle eft attachée en dehots ,
& contre Tufage des autres roues -, fes dents ne
font pas à l'extrémité extérieure , mais en de-
dans : elles font au nombre de 78 , parce
qu'une horloge en douze heures frappe 7 S coups.
C O M
Il y a des coches fur le tour extérieur de cette
roue , dans lelquelles entre la détente , quand
Thorloge a fonné le nombre de coups néceiraires.
Encre ces coches il y a des elpaces qui font plus
ou moins grands , félon le nombre des coups que
l'horloge a à fonner. Lorfqu'elle ne doit fon-
ner qu'une heure ou deux , les efpaces font fort
courts , & pour le peu que la roue de compte
tourne , la détente trouve une coche où elle tom-
be , mais lorfqu'elle doit fonner beaucoup d'heu-
res , comme onze ou douze , ces efpaces font
grands pour donner le temps à l'horloge de fonner
tous les coups requis, avant que la détente trouve
une hoche où fe rep'ofer,
CoiMPTE ou Goutte de lait. Verroterie dont on fe
fert fur la côte d'Aftique , pour faire la traite avec
les Noirs.
Compte brodé ou Contre-brodé. C'efl: une autre ver-
roterie qui fert au même commerce ■■, il y en a
de bleu à fleurs blanches , & de rouge , les uns
aufll à fleurs blanches , & d'autres à fleurs jaunes.
Chambre des Comptes , eft une Cour Souveraine fort
ancienne , & qui dans les cérémonies marche à
côté du parlement ; c'efl où fe rendent les comptes
des deniers du Roi , où l'on enregiftre & où l'on
garde ce qui concerne fon Domaine, le compte du
Tréfor Royal des parties cafucUes des recettes gé-
nérales , &c. Rationum regiarum Curia. Curia ratio-
cinionim , Curia r ationalium magijiratuum. Il y a
des Préfîdens & Maîtres des comptes en chaque fc-
mzikte.Inregiarum rationum Curia Pnefes , MagiJ-
ter , Judex ; ratiociniorum Magijler , Prœfeclus ra-
tionum regiarum , ou ratiociniorum. Au grand Bu-
reau ils jugent & vérifient les Lettres-Patentes ,
fermens de fidélités , aveus & dénombremens. Au
fécond Bureau fe jugent les comptes de tous les
Comptables. Les Auditeurs des Comptes font ceux
<3ui examinent les comptes & les quittances , & les
rapportent au Bureau , qui mettent les apoftilles ,
arrêts &c finito des comptes. Regiarum rationum
Auditor. Il y a des Correcl:eurs qui font établis pour
revoir &; corriger les comptes , quand il y a eu de
l'erjeur en leur jugement. Regiarum rationum Cor-
reclor , emendator. Il y a des Chambres des Comptes
établies à Paris , à Rouen, à Dijon, à Montpellier,
en Provence , lyc. Celle de Rouen fut établie en
1580 , par Henri III. Il y en a une à Blois pour
l'apanage de Monfieur de Duc d'Orléanj2La Cham-
bre des Comptes n'a été fixée à Paris , or rendue
fédentaire que fous Philippe le Bel. Avant ce temps
là , elle faifoit partie du Confeil du Roi. Elle
avoit la dired;ion des Finances. Ce Confeil du Roi
fut partagé en deux , le Parlement qu'on appeloit
auffi Chambre , & la Chambre des Comptes. C'eft
pourquoi elles ont eu d'abord des Avocats & des
Procureurs Généraux , qui étoicnt communs aux
deux Compagnies. Voye^ Chambre. La Chambre
des Comptes étoit anciennement ce qu'eft aujour-
d'hui le Confeil des Finances. Il y a eu de tout
temps,' des Préfidens à la Chambre des Comptes \ l'un
étoit Eccléfiaftique , & l'autre Laïque ; quelque-
fois l'un & l'autre ont été Prélats. Le Préfident Laï-
que étoit toujours un des principaux Seigneurs de la
Cour. Quand on eut ôté le Préfident Evêque ou Ar-
chevêq_ue , le Grand Bouteillier de France fut quel-
que temps premier Préfident de la Chambre des
Comptes.
Compte fe dit adverbialement en ces phrafes. Re-
cevez cela à bon compte \ pour dire , à la charge
de le déduire fur ce que je vous dois. Aliquid ratio-
nibus inferre , in rationes inducere. En fin de com-
pte ; pour dire , on verra par la fuite , à la fin du
temps , ce qui en fera. Ut res cadat . Au bout du
compte , façon de parler familière dont on fe fert
à la fin d'un difcours , pour dire après tout , tout
bien confidéré. Au hom dix compte ,qnt peut-il en
arriver l Ut res pejfime cedat. A mon compte , à fon
compte. Selon fon opirvion , félon qu'il fuppofe.
Opinione meâ , luâ ,Juâ.
C O ivi 7Î9
A Compte s'emploie dans le même fens qu'à ban
compte, \^om fignifier ce qu'on donne, ou ce qu'on
reçoit fur une fommc d'argent due. J'ai reçu cinq
cens livres à compte des mille livres qui m'ctoient
dues. On en fait même fouvenr un fubftantif. Je
n'ai encore reçu aucun à coot/j/^. J'ai reçu plulicurs
à compte.
Compte fe dit pioverbialemenr en ces phrafes. Les
bons comptes font les bons amis ^pour dire , qu'on
ne peut être ami fans garder la foi & la jullice les
uns aux autres. On dit , qu'un homme cft bien loin
de ion compte , lorfqu'il avoit raifonné fur un faux
principe , & que le iiiccès ne repond pas à fon
attente. On dit auiîî , à tout bon compte levcnk-^
pour dire, qu'on ell toujours reçu à compter de
nouveau. On dit qu'un homme eft Tréforier fans
rendre compte ; pour dire , qu'il difpofe du bien
d'autrui comme il lui plaît , & fans qu'il s'en foit
* chargé par compte. On dit aulîi , qu'un homme en
a pour fon compte, quand il lui eft arrivé quelque
malheur , quelque difgrace, quand il a reçu quel-
que mauvais traitement. On dit aufli dans le même
fens , en tenir pour ion compte.
Seigneur Prélat, vous en aurie^ fans doute
Quelque regret, ou je vous connais mal.
Et vous dirie:^ ; c'cjt dommage , il m' en coûte
Unjerviteur , :^cle certe 6' loyal :
Moi cependant , j'en ticndrois pour mon compte.
P. DU Cerc,
On dit aufTi , vous ne trouverez pas votre compte
avec cet homme-là ; pour dire , ne conreftez pas
contre lui , il eft plus fort , plus habile que vous.
On dit , qu'un homme ne tient ni compte ni me-
furc, quand il lailfe aller fcs aftaires en confufion,
fans en prendre foin. On dit auffi , que chacun
veut avoir ion compte ; pour dire , que perfonne
ne veut relâcher de fes intérêts.
COMPTE- PAS. f m. Inftrument de Géométrie qui fert
à mefurer les diftances , à compter combien on a
fait de pas en allant d'un lieu à un autre. Foyer
Podomètre : c'eft la même chofe.. Podometrum.
COMPTER, v, a. Faire le dénombrement de plu-
lieurs choies , ou quantités léparées de même na-
ture. Numerare , dinumerare , annumerare. Les '
voix fe pèlent & ne ié comptent pas. Une grande
ame ne doit point compter fes bienfaits. Ch.
DE Mer,
Ah ! foufre^ qu'un Couvent , dans les- aufîérités ,
Uje les trijtes jours que le Ciel m'a comptés.
Mol.
NicoD dérive ce mot de computare.
Compter fignifie aufll , calculer, fupputer par les
règles d'Arithmétique, exécuter les différentes opé-
rations d'Arithmétique. Computare , rationem fup-
puiare , putare. On compte tous les temps des mou-
vcmens des aftres , des éclipfes de Soleil & de
Lune.
Compter fe dit auffi relativement aux arrêtés de
payement ou de compte que font entr'eux ceux qui
ont eu des affaires enfemble , des focictés , des
charges , des commiffions & des manimens. Les
Marchands doivent compter tous les fix mois , tous
les ans, avec leurs chalands , pour empêcher les
fins de non-recevoir : les Receveurs font amen-
dables , quand ils ne comptent point à la Chambre
dans les délais de l'Ordonnance. Dans cette accep-
tion il s'emploie abfolument. On dit en ce fens ,
quand on compte fans fon hôte , on compte deux
fois ; pour dire , que quand on fair un compte à
fon avantage , & en l'abfencc de la pattie intéref-
fée , on eil: fu)et de fe tromper.
On dit compter par un bref-état , quand on
compte fur des mémoitcs , bordereaux , ou états
du Roi fommairement. Compter en forme, lors-
qu'on préfente un compte libellé , & qu'on i'exa-
7^
o C OM
^ rrnne avefc un légitime concradideur. Compter de
Clerc à Maître, ie dit dar^s les traités & recouvre-
mens qu'on ne peut pas foire à fort tau , ou le Re-
ceveur n'eft relponlable que de ce qu'il a reçu. On
dit aufli , on lui a compté cela , on lui en a tenu
compte, on lui a alloué cet article.
Compter lîgniSc quelquefois , payer. A'«/n^r^rc. Un
a renvoyé un tel Officier Jupprimé au Trelor
Royal où on lui comptera le prix de la charge. On
dit aulTi en ce lens d'un méchant payeur , c'elt un
homme qui ne veut m compter, ni payer.
Compter li^^lifie auflî la manière de faire un compte.
■Computarc, mima are , jupputare^. Danslcs afbi-
res'de l'uccellion on compte tantôt par louches ,
- tantôt par têtes. ^ Dans les hôtelleries & dans
'- les lieux où l'on donne à manger, on ait compter
' par tête , compter par pièce s pour dire j compter la
- 'dcpenfe félon le nombre des perfonnes qui ont
nsangé , ou ielon le nombre des pièces qui ont été
fervies. .
Compter , conftruit avec pour , fignifîe qaelquetois ,
•eftimer, répurcr. C'eft un homme qu'il faut com-
ptcr pour mort , compter pour rien , qui n'eft ca-
pable de faire ni bien ni mal. Pour combien com.-
ptei-yous les travaux qu'il a foufferts en ce voyage ?
On^doit compter pour rien tout ce qui ne contri-
bue pas à rendre la vie agréable. Ch. de Mer. "Vous
devriez compter pour quelque chofc la violence
que je me fais. Pasc. Ceux qui fe donnent lamarî ,
ne la comptent p^is pout Tipéu de chofe. Rochef.
■Quoi ! lorfque vous voye^ périr votre patrie ,
Four quelque chofc, Ejiher, comptez-vo«j votre vie ?
Racine.
Je jouis d'une paix profonde;
Et peur m' affiner le feul Inen-
Que l'on doit ejîimer au monde ,
Tout ce que je n'ai pas ,je le compte pour rien.
L'Ab. Regn. des Map..
Je les compte pour chofc vaine ;
Et compte enfin pour un malheur
Tout ce qu'on acquiert avec peine ,
Qu'on pofjcde en tremblant , qu'on perd ai^ed douleur.
Ibid.
^ Compter , fe propofer -, je compte partir de-
main. „ , .
Compter, conftruit avec fur , lignifie s'affurer ; fane
fond fur quelqu'un , ou fur quelque chofe. Alicui
tonfJercin aliquo' multum ponere.Yows pouvez
compter fur moi -, pour dire, vous allurer que )e
vous fervirai en toutes occafions. Je comptais là
defliis -, pour dire , je m'attendois à cela. On ne
peut compter lur l'amitié des Tyrans. Ils comptoient
beaucoup , &: faifoiènt un grand fond fur le cou-
■ rage & la fidélité de Théodore. Jouillezdu temps
ptefent, fans «roOT/^r^r fur l'avenir. Un jeune Ayo-
" car qui veut briller , compte plus fur un partage
■ de'Séhèqae , que fur une bonne raifon. P. Rap.
On dit , compter les morceaux à quelqu'un -,
• four dire , lui reprocher la nourriture qu'on lui
donne. Impenfiim alicui viclum exprobare • impen-
furn i'icitùn commemorare.
Cc~:lipt£"K 'fe dit auifrdcs diftances des temps & des
lieilx , & des difrcrcntes manières de les didinguer.
Dinuinefiire , recinferè , mimer are. On compte
" rSoO lieues d'ici à Surate, On compte en France
■ par- lieues , en Italie par milles, en Grèce par fta-
des ; en Orient par journées , aux Indes par cos.
• En Cîitondlogie 6n compte p.u Olympiades , Luf-
tres , Indiél:ions. On compte tant de Dynafties ,?<:
tant de Rois en une telle Monarchie. On dit audi
" qu'un homme compte toutes les heures , tous les
momens 5 pour dire , qu'il s'ennuie forr , qu'il a
grande impatience que quelque chofe arrive: qu'il
"compte fes pas -, pour dire , qu'il marche fort len-
■ tement -, gc au figuré , qu'il fair les chofes avec
beaucoup de circonfpedion. On dit, tout<ro/72/»/t ,
CO M
tout rabatu ■, pour dire , après avoir compenfé les
avantages & les inconvéniens de quelque chofe
Omnibus expcnjis.
Compter fe trouve , fur-tout en Poëfie , pour répéter.
Repetere , uumerare.
Compter fe dit figurément de la conduite qu'on tient
les uns à l'égard des autres , &. à l'égard de Dieu.
Gérer efe erga aliquem. ]e ne compte point avec
Dieu , avec mes amis. Non ita me gero erga Detim.
Non ita cum Dco difcepto. Des âmes dévouées à
Dieu doivent-elles donc compter fi exadlement avec
Dieu; Bourdal. Exh. T. 1 ,p.iii.
COMPTÉ , ÉE. parr. Numeratus. Le chapitre de
rcprife des comptes eft compofé des deniers com-
ptes , & non reçus. L'Evangile dit que nos che-'
veux font comptés , qu'il n'en tombe pas un que
par l'ordre de la Providence. On dit , brebis comp-
tées, le loup les mange. Peine de vilain n'eft de
rien coOT/'/tfe. Onditauin , tour compté, tout ra-»
batu -, pour dire , toute déduction faite.
COMPTEUR, f. m. Celui qui compte. Numerarius ,
compiitator. Il faut qu'un Caiffier foit habile
compteur. Ce mot eft peu en ufage. §3" Compteur
en Angleterre , fynonyme à receveur , officier de
l'Echiquier chargé de recevoir tous les deniers
dûs à la Couronne.
A Paris on appelle jurés compteurs dc déchar-^
geurs de poiifon de mer frais , fec & falé , des
Officiers de Police dont les fonélions font de dé-
charger & de compter tous les poiiîbns qu'on
vend , moyennant le droit qui leur eft atribué.
Compteur. (. m. Terme d'Horlogerie, Nom que les
Horlogers en gros donnent à la détente d'une
fonnerk , qui entre dans les entailles de la roue
de compte.
COMPTOIR, f. m. Banc ou Bureau fermé , fur le-
quel les Marchands étalent leuts marchandifes , ou
comptent leur argent, & où le plus fou vent ils l'en-
ferment. Menfa.
Comptoir , en termes de Relations , eft un Bureau
général de Commerce , établi dans diflFérentes villes
des Indes pour chaque nation de 1 Europe. A Surate,
à Amadabat, il y a des comptoirs de Hollandois ,
d'Anglois, de Françoisides Bu'-eaux où chacun d'eux
fait fon trafic à part. Les plus fameux comptoirs font
ceux des Marchands des villes'Hanféatiques, établis
à Anvers , >\ Berghen , .à Novogrod, & autres villes
de rEitfopc -, car", ce fonr de grandes maifons magnî-
fiquen^nt bâties, qui ont trois ou qùarre cens cham-^
bres fuperbement meublées , qui entourent une
grande cour avec phifieurs cabinets , portiques , ga-
leries , ma'jafins èi. greniers , pour y recevoir toutes
fortes de Marchands & de marchandifes. Ils y ont un
Conful ou Juge avec plufieurs Officiers & fervireurs
de leur nation , même des Collèges & des Précep-
teurs entretenus , parce qu'ils y envoient leurs en-
fans pour apprendre les langues & le négoce, & faire
rendre compte a leurs Fadeurs &; CommiiTionnai-
,i.(..iiî
res. -, . •
COMPTORISTE , T. m- terme de quelque ufage
parmi les Négocians. Il fignifie homme de cabinet ,
ou plutôt un habile calculateur , un habile teneur
de livres.
COMPULSER, V. a. terme de Pratique. Prendre com.
munication de quelqu'Ade en vertu d'une Ordon-
nance du Juge : obliger un Notaire , un Greffier ,
ou autre pcrïbnne publique, en vertu d'une Ordoa-
narice du Juge , à délivrer des Ades ,^d6nt il gardd'
les minutes ,' à une pattie qui a intérêt de les pro-
■ duire en Juftice. Compellere. Compulfcr les minutes
d'un Notaire. Compulfer les Regiftres du Greffe.
Ce mot vient du latin compello , compuli, com-
pulfum.
CoMPiTi sÉ , ÉE , parr.
COMPULSEUR , f. m. nom d'Office fous les Empe-
reurs Romains. Compulfor. Les compnlfeurs croient
des gens envoyéspar la Cour dans lesProvinccs,pour
faire payer ce qui n'avoir pas éré payé à l'épargne
dans le temps prefciit, ^fT Ces corripulfeuTi firent de
C O M
il grandes «xadions , fous prétexte de remplir îenr
devoir, qu'Konorius les fupprima par une loi du
ï8 Août 412.
Ca/lien appelle auffi compitlfairs ceux qui dans
les Monaftères indiquoient les heures de l'Office Ca-
nonique , &c qui avoient foin <î[ue les Moines le ren-
diflent à l'Eglile à ces heures.
- Les loix "des Viiîg-ots font mention des compiil-
feurs de l'armée. Les Gots appeleientainli ceux qui
obligcoient les ibldatsti' aller au combat , ou à l'at-
taque.
■ ' Ce nom «ft pris d« latin cdw/'K^r, qui vient de
compeUere , obiiiçet , contraindre.
COMPULSOIRE." f. m. Lettres de Chancellerie, que
Je Roi accorde <à des parties pour contraindre un
Greffier, un Notaire, ou des perfonnes publiques,
à leur délfvTer des aftes dont elles ont befoin -, qui
porte commifîlon pour appeler les parties advcrfes ,
afin de les voir coUationner, Mandat umjîgnatoricz
cathedriz quo tabellio adigitur ad injirumenta liii-
gaminecejfaria cxhibenda.^fT C'eft en général un
acte de Juftice , qui enjoint à un homme public de
communiquer les Regiftres donriî eft dépofitaire.
Les Procureurs appellent burlefquement un mor-
ceau Az fromage affiné , un cempulfolre , parce qu'il
oblige .à boire.
COMPUT, f. m. terme de Chronologie. Computatio,
Il ne fe dit que des fupputations des temps qui fer-
vent à régler le Calendrier & les Fêtes de l'Eglife ,
comme le Cycle Solaire , le Nombre d'Or, l'Epade,
rindidion Romaine-, Se le temps des Fêtes mobiles,
aufîi-bicn que les Calendes, Ides, Quatre-tcmps ,
BifTcxte , &c. Scaliger dit que c'eft Julius Firmicus ,
qui le premier s'eft fervi du moide computus en ce
fens, lequel dans la baffe latinité a aufli fignifîé un
chapelet , ou plufieurs grains enfilés,
COMPUTISTE , f. m. Celui qui travaille au comput ,
& à la compcfîtion du Calendrier. Qui computat ,
computatof , compuiorum au8.or>
ItCT CoMPltTisTE. Officier de la Cour de Rome , dont
la fon6tion eft de recevoir les revenus du facré col-
lèse. Encyc.
COMTAL, ALE. adj. Qui appartient à an Comte.
Comitalis. Cemotfe ditde lacouronne que les Com-
tes mettent fur leurs armes, & qu'on appelle cou-
ronne Comtaky comme celle des Ducs s'appelle cou-
ronne Ducale, Si le Roi vouloir mettre une capira-
tion fur les ufurpateurs des couronnes Ducales &
Comtales , il eft tiretoit des millions. Amelot de
tA H. Mém-,
§0" On le dit auffi de la taille , taille comtale. Voyez
Taille ; &; des bénéfices fondés par des Comtes ;
fondation cortitale},
COMTAT. f. m. Le Cofntac eft le territoire-, ou VE-
x.zià'K\ï%i^on,Comitdtus Findafcinus.On dit, le
Comtat Venaulîn , ou le Comtat tout court , comme
on dit la Comté tout courr, pour la Franche-Comté,
ou le Comté de Bourgogne. Ce nom fîgnifie Comté ,
& s'eft formé de l'Iralien Contado , depuis que le
Pape eft maître de ce Pays. Le Comtat a le Dauphiné
au nord , la Provence au levant &C au midi , & le
Languedoc au couchant. La Capitale du Comtat eft
Avignon. La principauté d'Orange eft renfermée
dans le Comtat. N ous difons ordinairement le Comté
d'Avit^non.
C;OMTADIN , INE , ou CONTADIN , INE. f. m,
& f. Qui eft du Comtat. Avenionenfis.
COMTE, f. m. Homme noble , qui pofîede une terre
érigée encomré en fa faveur^ ou en faveur de fes
ancêtres. Cornes. Le Comte de SoifTons , d'Auvergne.
L'Evêque de Beauvais eft Comte & Pair, auffi-bien
que ceux de Noyon & de Châlons fur Marne. Les
Comtes tiennent le milieu entre les Ducs & les Ba-
rons. Ils ont droit de porter une couronne perlée
fur leurs armes. La couronne de Comte eft une lame
en cercle , ornée de trois pierres précieufes , & fur-
montée de trois groffes perles ou d'un'rang de perles,
qui au milieu & aux extrémirés de la lame fe dou-
blent , ou fe triplent , 6c font plus élevées que les
T«m6 IL
COM
auttes. Voye^ Pafchal , dons fon L. ÎX* des couron-
nes , c/l. Il,
Comte fe dit aufîî des Chanoines qui font hoblés ^ fon-
dés en qualité de Comtes. Les Chanoines de la CathL-»
drale de S. Jean de Lyon,ccux de Bribude en Auver-
gne , ceux de lâint Pierre deMâcon , ^^ font qua-
lifiés Comtes, pdtcc qu'ils croient autrefois Sei^neut>
temporels des endroits où leurs Eglifes font lituée;.»
On a appelé autrefois Comtes -, des Capitaines , geni
du ConfeiljSecrétaires & Juges des villes fous Char-
lemagne ; &: le Comte diiféroi't du Duc , en ce que
le Comte n'avoir qu'une ville fous lui , &c le Duc une
Province.
Ce mor vient du \Mn cornes , parce que c'étoieiit
d'abord des Seigneurs qui étoient à la Coiir , ou à la
fuire de l'Empereur , ainfî appelés à comitandoiVel
cotnmeando : d'où vienr qu'on a appelé lés Comtes
Palatins, ceux qui étoient toujours au Palais au côté
du Prince , qu'on nommoit aufTi Comités à latere.
Au tcms delà République on appeloit Comtes chez;
les Romains tous ceux qui accompagnoientles Pro-
confuls èc les Proprcteurs dans les Provinces , pour
y fervir la République , comme les Tribuns, ceux
qu'on nommoit Frxfe&i, les Ecrivains, &c. Cela
paroîr par l'Oraifôn de Cicéron , pto C. RaBiria
pofiumo , n, 1:1,. Sous les Empereurs , lès Comtes
croient tous les Officiers de la Maifon de l'Empereur»
Il femble qu'on peiïr faire commencet les Comtes
dès le rems d'Augùfte ^ qui prit plulieurs Séhateurs
pour êtte fes Comtes ^ ainfi que Dion le rapporté 1,
L. LIITi c'eft-à-dire, pour l'accompagnet dan<. ies
voyages, èc pour l'aififter dans les affaires qui fe
jugeoientainli avec la même autorité que fî elles euf-
fent été jugées en plein Sénat. Gallien paroît avoir
aboli ce Confeil , en défendant aux Sénateurs de fe
trouver dans les armées , &C fes fucceffeUrs île le ré-
tablirent pas. Mais s'ils n'avoienr pas avec eiix un
corps de Sénateurs , ils ne pouvoient pas manquef
d'avoir un Confeil de gens de mérite. Décébale t,
Roi des Daces fous Trajan , voulant pelit-être imi-
ter les Empereurs , avoir auflî fes Comtes, qui étoient
confidérables , mais qui n'étoient pa^ les premiers*
C'eft Dion qui nous l'apprend, L. LXyiII.
Ces Confeillers des Empereui:s étoient donc vé-
ritablement Comtes , c'eft-à-dire , Compagnons du
Prince, & ils en prenoienr quelquefois le titre ,
mais en y ajoutant le nom du Prince qu'ils accoihpa-
gnoient, Ainlî c'étoit plutôt une marque de leur
emploi, qu'un titre de dignité. Conftanrin en fît
Une dignité , & c'eft fous lui qu'on commence à le;
donner abfolument au Comte Denis , & à divers au-*
très •, & cer ufage étant une fois établi , on le donîia
aflez indifféremment, non-feulement à ceux quifui-*
voient la Cour, &c quiaccompagnoiertl'EmpeteUr j
mais généralemenr prefque à routes fdrres d'Ofiiciers,
comme on le peut voir par la longue lifte qu'en a fiic
Du Cange. Cornes cerarii ; Cornes Jac/'arum largi-
iionum ; Cornes facri conjijlorii; Cames curice; Co^
mes capelliC ; Cornes archiatrorum ; Cornes commer-
cioTum ; Cornes vejiiarius ; CoYnes horreotuni ; Co-^
mes opfoniorum , aut annons. ; Cornes dome/licorumf
Cornes equorum regiorum , aut Comcs jiatuli; Cornes
domorum; Comes excubitorum ; Cornes notariorumi
Comes legum,feu Profejfor in Jure\ Cornes limitum^
àut marcarum ; Comes maritimte; Comes pot tus Ro-
mx\ Comes patrimonii, C*éroient des Officiers en
chef,donril eft parlé en plufieurs endrdirs du Droit
Romain. On donnoit aufTi le titre de Comte pour
honorer ceux qui avoienr bien fervi le public, pat
eîcemple , dans le Code , celte qualité eft donnée
aux Avocats , & aux ProfefTeurs en JurifprudenCe ,
qui avoient fervi vingt ans, Ainfî j quoique le tiers
ou le nom de Comte fur en ufage avanr Conftantin ,
ce n'étoit point encOfe le nom d'une dignité parti-
culière &: déterminée. C'eft cet Empereur qui en fi€
une digniré, & qui divifa les Comtes en trois ordres,
ainfi que nous l'apprend Euiebe dans la vie de cS
Prince. Les premiers porroient le titre d'Ilhnlres »
lllulins, Les fçcondsce lui de Clari(Tlmes, Clariffmi^
^ DDDdd
16
z
CO M
& enfuite Speclabiles. Les troilièmes Te nommoient
très-Parfaits , Perfccliffirm. Le Scnat écoir compoic
des deux premiers Ordres-, ceux du dernier n'y en-
troient point , mais ils jouiflbient de philieurs des
nrivilèsres des Sénateurs. Il y avoir plusieurs elpeccs
de Comtes, dont les uns lervoient lur terre , &c ks
autres fur mer. Le premier de tous s'appela dans le
bas Empire , Protocornte , Protocomes. ConUiltcz
Spelman, Glog'ar. Archœol. &c Du Cange, qui
fait un catalogue de tous les diffcrcns genres &.
noms des Cornus. Les François , lorlqu'ils pallerenr
dans les Gaules, n'abolirent poinrla forme du Gou-
vernement des Romains. Comme les Gouverneurs
des Villes & des Provinces s'appeloient Cornus &
Ducs , ils ne voulurent point y apporter de chan-
o-emcnt. Ces Gouverneurs commandoient à la guerre,
Se pendant la paix ils rcndoient la jufticc. Ainli les
Comtes, du temps de Charlemagne, n'ctoient autre
chofe que les Juges ordinaires , & tout enlemble
Gouverneurs de villes. Ils croient au defîbus desDucs
fc des Comtes , qui croient aalU Gouverneurs de
Provinces. Ces derniers avoienr fous eux deiComtes
conftitucs dans les villes particulières, & ne cccioient
point aux Ducs , qui n'étoient , comme [es Comtes,
que fimples Gouverneurs de Provinces. Ces Corptes
rendirent leur dignité hérédiraire fous les derniers
Rois de la II Race , qui croient trop tbibîes pour fe
£iire obéir. Ils ufurpèrentmême lalbuverainerc, lori-
que Hugues Capet parvint à la Couronne , fon au-
torité ii'érant ni aflez reconnue , ni aiîèz affermie ,
pour s'oppofer à ces ufurpations. C'eft de-là qu'elt
venu le privilège des Comtes , de porter une cou-
tonne fut leurs^Armes. Ils la prirent alors , comme
jouiflans de tous les droits des Souverains. Mais peii-
à-peu les Rois ont remis ces Comtés fous leur obcif-
jance , & les ont réunis à leur Couronne. Ainfi la
qualité de Comte aujourd'hui eft bien diiïerenre de
ce qu'elle étoit autrefois : ce n'efl: plus qu'un titre que
le Roi accorde , en érigeant une terre en Comté ,
avec la réferve du reilbrt , & de la fouveraineté. D'a-
bord , l'on n'employoit point dans les Lettres d'é-
rection la claufe de réverfion du Comté à la Cou-
ronne , au défaut d'enfans mâles ; mais Charles IX,
pour empêcher que ces éreélions ne fuflent trop fré-
quences , ordonna en i <^6^ , que les Duchés & Com-
tés fetourneroient à la Couronne , au défaut d'hoirs
mâles. Voyei Loyfcau. On a autrefois difpuoé H le
Marquis a' la prcicance fur le Comte. Une raifon de
douter , c'eft qu'il y a des Comtes qui font Pairs , &
qu'il n'y a nul Marquis qui le foit. Alciat a traité
cette queftion. Aujourd'hui la chofe eft décidée. Le
Marquis précède le Comte. Loz^cfit les Comtes étoient
Gouverneurs de Provinces , ils n'auroient pas cédé
la préféance aux Marquis. Voye^ Du Tillet , dans
fon Recueil-., il y parle en pluiieurs endroits de la di-
gnité de Comte , èc Lymnxus , Notitia Regni Fran-
tiV, L. W ,C. 8 , & le Gloiîaire Salique de
Chiflet au mot Cornes,
Les Allemands appellent un Comte, Graf,qal, (î
l'on en croit un Critique moderne , lignifie propre-
ment Juge, & eft dérivé de Gravio ou Grajjio ,
qui le trouve fbuvent dans les loix Saliques & Ri-
puaires , ôc vient de rp«4>« , ne s'crant fait que de-
puis la ttanflation de l'Empire à Conftantinople , au
fentiment de Chiflet , Gloff. Salie. Il y a en Allema-
gne plufieurs fortes de Comtes , les Landgraves, les
Klargraves , les Burgraves , & les Pfaltgraves , ou
Comtes Palatins. Ces derniers font de deux fortes :
les uns font du corps des Princes, & ce font ceux qui
ont eu l'inveftiture d'un Palatinat ; les autres n'ont
. que le titre Aa Comte Palatin, & n'ont pas l'invelH-
ture d'un Palatinat. On appelle les premiers de plu-
fieurs noms differens Comtes Palarins Impériaux ,
Comités Palatini Cxfarei , Comtes du S. Palais de
Latran , Comités S. Palatii Later anenfis , Comtes de
la Cour Impériale , Comités Aulx , ou Curi<z Cœfa-
reœ , Comtes du Conlîftoire Impérial, Comités Con-
Jt(iorii Imperialis, & quelquefois fimplement Pala-
tins, Pa/^î/j/zi, En Allemand on ne les appelle pas
CO M
fimplement Pfaltsgrajfen , c'eft-à-dire , Comte du
Palais ; mais Des heil Romifchen Reichs Pfalts and
koff'Graffen, c'eft-à-dire. Comte de la Cour & du
Palais du S. Empire Romain , ou fimplement Reichs-
koff-Graffèn, Comtes de la Cour de l'Empire , ou de
la Cour Impériale. Quelques uns prétendent qu'en
profeflânt publiquement pendant vingt-ans les loix
Impériales, on acquiert la dignité de Comte Palatin j
Se il y a des exemples de Profeffeurs des loix, qui
après vingt ans fe font donné ce titre. D'autres , ce-
pendant révoquent ce fentiment en doute. Les Pri-
vilèges des Comtes Palatins font de créer des Norai-
taires publics , de^ légitimer les bârards , de donner
des Curareurs Se aes Tuteurs, & de les confirmer ,
ou de les ôter, pour de juftes caufes; d'accorder dif-
penfe d'âge. Foye^ les différens degrés des Comtes
de l'Empire, leurs féances, leurs droits & privilèges,
dans ImhofF, Introd. ad L. FI, L. FUI adL. IX.
^fT II y a eu aufTi des Comtes Palarins en France, fous
la IP & IIP Race. Il y en a eu de même en An-
glcrerre, en Aquitaine, en Sicile, en Tofcane-, &:
ks Papes mêmes ont eu leurs Comtes Palatins. Foye^^
Du Cange.
§Cr Comte du Palais. Ancien Officier de nos Rois.
Il étoit Comte, Juge, & connoiffo't de toutes les
affaires qui regardoient le Roi , l'Etat , le Public.
Cornes Palatii ou Palatinus. Ce Lomu avoit pour
confcillcrs des gens d'épée, comme lui , qu'on nom-
nx)it Echevins du Palais. Quand le Pvoi , afîifté
d'Evêques , d'Abbés & de Ducs , préfidoit à ce Tri-
bunal, le Comte f'aiibit le rapporr, & le Roi re-
cucilloit les voix.
On a appelé aufli Comtes, les Chefs des troupes
militaires, qui mcnoient la Noblefîe à l'armée , &
même plufieurs Capiraines : d'où vienr qu'on a en-
core conlervé le nom de comité à celui qui commande
aux forçats. Comme on a dit qu'on donnoit le nom
de Comte aux Juges de plufieurs villes ; dc-Ià , font
venus les Ficomtes , qui font encore des Juges en
Normandie. L'Empereur Maurice , parlant des
Comtes , dit qu'ils font comme des Tribuns des
foldats , & les chefs des bandes & des troupes de
foldats. L'Empereur Léon dit à peu près la même
chofe. Foye^ Curopalates , qui rapporte les
fondions des Comtes I la Cour , & aupiès de la
perfonne de l'Empereur.
Comte CoTiJifiorial. Nom d'une dignité dans l'Em-
pire Romain. Comes Conjiflorii, ou Conjiflorialis.
C'étoient les Confeillers d'Etat de l'Empereur. On
envoya à faint Ambroife des Comtes Conjtjhriaux ,
qili étoient comme des Confeillers d'Erat , afir»
qu'il donnât la Bafilique. Fleury. C'eft de-là que
nous appelons aujourd'hui en France un Con-
fciller d'Etat , Comes Conjijiorialis , en écrivant en
latin.
Comte de Conflantinople. Titre d'honneur que les
Empereurs d'Orient donnoient aux petfonnes illuf-
tres par leur favoir , comme les Empereurs d'Oc-
cident ont accordé dans les derniers fiècles le titre
de Comte Palatin à de femblables fujets. Fel.
Comte des Domejli^ues. Nom d'un Officier de la
Cour des Empereurs de Conftantinople: Comman-
dant de la Cavalerie ou de l'Infanterie Prétorienne.
Cornes Domejlicorum. Ammien Marcellin parle fbu-
vent de cet Officier. Dioclérien & Juftinien avoient
été Comtes des Dome(tiques avant que de parvenir
à l'Empire. Magnifique étoit le titre oft la qualité
que l'on donnoit à cet Officier. Le Magnifique
Comte des DomeRiques.
Comte des largejjes. Comes larzitionum. Nom de
dignité chez les Empereurs Grecs de Conftanti-
no^ple. Grand Tréforier de l'Empire , Surinrendanc
des Finances. La morr d'Urfule , Comte des larcejjes,
c'eft-à-dire , Grand Tréforier, fut odieufe. Fleury.
Le Comte Julien exécuta cet Ordre avec Félix,
Comte des larffeps , ou Grand Tréforier. Id.
Comte du Palais. Ancii=n Officier de nos Rois. Il
étoit Comte-Juse , &c connoifToit de toute affaire
qui regardoit le Roi , l'Etat , le Public Comes Pa>-
COM
C Ô N
ianl , ou PaUtinus, On voit dans Grégoire de
'Tours, un Goncilion Co//2,rt'^// FuLiis , Tous Sii^e-
bcrr. Roi d'Auftrafie , un Trudulphe , ibus Childe-
bcrc 11. Tadillon , Ibus Dagoberc ; Aigulphe , fous
Clovis II. Ce Cornu avoir pour Conleillers des gens
d'cpce , comme lui , qu'on nommoir Echevins du
Palais. Quand le Roi , alliftc d'Evêqucs , d'A'ûb<-s
& de Ducs, prcfidoit à ce Tribunal, le Comte tal-
Ibit le rapporr , &: le Roi recueilloit les voix. D.ins
les Formules de Marculphe, L, II , Ck zj. Il y en a
une d'un Jugement tel que le Roi doit le pronon-
cer fur la Relation du Comte, Le Gendre.
En Angleterre on appelle Comtes , les fils des
Ducs ; Ficomtes , les fils des Comtes,
iJC? COMTE' Marecha/ , en Angleterre, eft un Of-
ficier de la Couronne , qui juge à la Cour de la
MaréchauUce , les criminels pris dans les endroits
privilégiés.
Comte s'cft dit quelquefois pour Vicomte , félon
la remarque de M. Ménage , dans fon Hijl. de
Sable , L. II , c. I , p. iS. SiC dans fes remarques Jur
cet endroit , p. 51B. M. de ÏVlarcaa remarqué , dans
fon /////. de Bearn , L. IJI , C 5 , §. 4. & prouve
que ie mot Cor.ful cft pris dans les Auteurs du
moyen âge pour fignifier un Comte , & celle de
ProcoTiful ,^oi\ Viceconful^ çout \.\n Ficomte.
'^ZF COMTE , f. m. autrefois féminin , Comitatus ,
titre d'une terre , en vertu duquel celui qui eft
Seigneur de la terre prend orninaircment la qua-
lité de Comte. Foyei^ Comte. Comté de Champa-
gne. Comté d'Artois, Terre érigée en Comté, Quel-
ques-uns , comme Otho Frifingenfis , ont dérivé
ce mot ex coninianendi potejiate , & prétendent
qu'il a fignifié d'abord habitation & territoire , dont
les Lombards ont fait les mots de contado & con-
tadi , qui lignifient village & villageois. D'autres
prétendent que Comte a fignifié auifi une aflemblée
de Juges , que d'un autre nom on a appelé ajjîjés :
& de-là vient qu'on parle fi fouvent en An-
gleterre d'un Comité ; po"r d're , l'afiemblée de
quelques Jugés délégués ; tf; qu'on ic trompe quaixd
on croit que ce mot vient de Juges commis.
^CT CoMTL-Pairie. Grand fief qui relève immédiate-
ment de la Couronne -, au ncir. près , c'eftla même
chofe que Duché-Pairie. Il y avoir autrefois ui
grand nombre de ComtesPa.me$ , on en a c-igé la
plupart en Duchés-Pairies. Il ne fubfifte plus qu?
trois titres de cette dignité, attnchrs aux Evcches
de Beauvais , de Châlons & de Noyon,
IJCJ" Le mot de Comte a confervé le genre féminin
dans le mot de Franche-CoOT/e. La Franche-Corrfté
a été conquife deux lois par Louis XIV, La Comté
de Bourgogne , ou tout (impkinent la Comté , ou
le Comté , fignifié la Franche-Comté, ^'oye^ ce mot.
COMTESSE, f. f. La femme d'un Comte , ou celle
qui de fon chef poflcde un comté. CotnitiJJa. On
trouve le nom Comitijja , ComteJJe , femme d'itn
Comte , dau'i le VIII ficclc, comme on l'a remar-
qué dans les Acla Sancl. hened. Sàc, IV, P, H ,p.
304. Nous n'avons point d'autre mot latin.
COMTOIS , OISE. ad). Ce mot s'eft formé de
Comté , Se fe dit pour Franc-Comtois , comme
Comte pour Franche-Comté. Les Comtois font ceux
qui habitent la Franche-Comté. Sei^uani. Les col-
lateurs Comtois ont été maintenus en leur droit
fur les bénéfices dépendants d'eux.
COMUS. f. iTi. Dieu de la joye , des feftins , des danfes
nodlurnes. Comus. Vofîlus , de Idol. L, II, t. 8.
croit que c'efi; le m.ême que le Chamos des Moa-
bitcs, & que fon nom s'eft formé de celui-ci. Sa
raifon eft que , Chamos eft le même que le Aio»to-o;
des Grecs -, c'eft-à-dire , Bacchus , qui cettainemcnt
eft le Dieu des feftins. Quoi qu'il eii foit , c'étoit à
ce Dieu que les jeunes gens qui faifoient des dé-
bauches de nuit , &: qui donnoient des fcrénades à
leurs maîtrefTes , fe dévouoient particulièrement.
On le repréfentoit couronné de rofcs , foit parce
que c'étoit la coutume de s'en couronner dans les
fcilins , comme on le voit dans les Poètes , 5c li.ir-
76 j
tout dans Anacrcon -, foit patce que la tofe eft con-
facrée à Vénus , & que Comus étoit un Dieu favo-
rable aux nouveaux mariés , qu'on le mettoit à 1»
porre de leur chambre , qu'on le regardoit corn-
me le conciliateur des deux mariés , & l'auteur dé;
l'union conjugale -, qu'enfin il étoit un des Dieux
des amans , à la fuite defqucls on le peignoits
Philoftrate , Garolus Pafchalius , Coronarum #
i^. Il ,c. 6 ,c. ï6. L. III, c. ^ , c. 6. Comus étoiï
un Dieu pétulant 6c brutal.
C O >î,
CON. Particule , oii prépofition qui fignifié àveci.
Elle ne s'emploie jamais feule , mais fc met au com
mencement des mots, de fignihe une aéliort faite
avec une a'itre , ou reçue en deux fujersenfemble*
ou une qualité pofledée de pair avec un autre , fé-
lon les iTiots auxquels elle eft jointe; Coucou^
rir, confondre, concerter , converfer , consulter ,
conduire , congrégation , conjubjtantiel. Quelque-
fois on change \'n dans la 'lettre fuivante ,
ou en une autre qui lui convienne. Collatif, colla-
térale , collectif, corrélatif , correfpondance , com-
motion , commune , commutation. Quelquefois on
retranche Vn , & l'on met feulement co. Cohabiter,
cohéritier , coopérer , coopération , coobligé , cohé-
rence, cotuteur.
Souvent elle ne fignifié point d'aétion , ou de
qualité ou de rapport avec un autre , comme con-
vertir , connoitre.
Cette Patticule , covi ou ton , vienj de cum «
qui en Latin ftgnifie la même chofe , & a les mê-
mes ufages,
CONARD , ARDE , adj. Ce mot fe difoit autrefois
pour fot , fotte. Fatuus , Jîolidus. De conard oa
avoir fait conardife , pour dire fottife : ces mots
ne font plus en ufage.
ClCr CONARDS. {Les) Abbé des Conards, Voyez
CoRNARDS.
CONARIUM , f. m. terme de Médecine. Voye^ Co-*
NOÏDE*
CONCAPÎTAINE. f. rn. Capiraine avec un autre*
Ducis Collegi. Centurionis Collega. Les habitans
de Châlons en Bourgogne ayant droit d'élire un
Capitaine pour leur ville , parce qu'il arrivoit fou-
vent pendant la guerre que ce Capitaitie -, qui
étoit un Gentilhomme des environs de Châlons ,
allât à l'armée , & quittât Châlons , les habitans
obtinrent que leurs Echevins feroient Concapitai-
nes. De S. Julien , Antiq. de Châlons, On ne laie
point que ce mot fe dife d'autres que de ces Eche-
vins de Châlons,
tfT CONCARNEAÙ , petite Ville de France , eri
bafie Bretagne , au pays de Cornouaille , fur la
mer, à quatre lieues de Quimper.
«rr CONCASSATION , f. f. terme de quelque
ufage en Pharmacie , pour défigner l'aélion de
concafl'cr , de réduire en morceaux quelque fubf-
tance. Voy^e:^. Concasser.
CONCASSE, f. m. On appelle abfolument du con-
cave , du poivre qui n'eit pas pilé , mais feulement
brifé par morceaux.
CONCASSER , V. a, terme de Pharmacie, Cafler à
moitié , brifer par morceaux avec, un iTiarteau , un
pilon , des racines, du bois , ou autres chofes du-
res , afin d'en extraire plus aifémcnt les fels , les
huiles , les principes dans les infufions ou coéliions
qu'on en fait enfuite. Terere , conterere. On con-
cafle des noix , des amandes , de la cafle , ùc. Là
régliiTe concaffce fait une meilleure tifanne, que lorf-
qu'on la fait bouillir ou infufer toute entière , ou
coupée par filets,
CONCASSÉ , ÉE, part. On appelle poivre concaffe ,
celui dont les giainsfont brifcs par petits morceaux
fans être réduits en poudre, C'cft ainfi qu'on le ferc
fur les tables. Ce mot vient du Latin conquaffarci
CONCATÉNATION , f. f. terme de Philofophie ab-
folument hors d'ufage. Enchaînement, Connexion
D D D d d ij
7^4 CON
La concaténation des caufes fécondes eft un efFet
de la Providence. , „
Ce mot vient de concatenatio, de cauna , chaîne.
CONCAVE, ad}, m. & f- lurface inténeurc d un
corps creux , ou cave. Concavus. Ceft l'oppole
de convexe. Il y a des miroirs fphenques , con-
vexes , & d'autres concaves , des cylindres & des
cônes concaves. Le verre fphérique concave elt
moins épais en Ton milieu qu'en les extrcmitcs. Le
foyer d'un miroir concave eft le point ouie rcunil-
fent les rayons qu'il réfléchit, qui eft envaron le
tiers du diamètre , &c non pas le centre , comme plu-
fieurs onr eftimé. Les corps lublunaires lont ceux
qui font compris dans la furface concave du ciel
de la lune. La furtace concave d'un coftre , d un
boifleau. , ^ , n • t
srr Ce mot eft aufTi employé fubftantivement. Le
concave d'un cube , d'un globe. Ariftote a cru que
Dieu ne fe mêle point du détail de tout ce qui le
paflé fous le concave de la lune. Malb.
CONCAVITÉ, f. f. L'efpacc creux , la fis;ure creufe
de quelque corps qui en forme la capacité. Pars
concava,cava. Concavité A'nn globe;, ancavités de
la terre , des montagnes. On dit en Médecine , les
concavités du cerveau -, pour dire , les creux ou
ventricules qui font dans le cerveau. Les concavités
des verres fphériques font dites , égales , plus gran-
des , ou moindres , refpedivement à l'habitude
qu'ont entr'eux les diamètres de leurs fphères. Cur
vatura, convexitas.. .
CONCÉDER , V. a. accorder une grâce , un privilè-
ge. Concéderez annuere. 11 jouit de cette penfion
en vertu, des privilèges concédés à un tel Ordre
de Chevalerie. Le Pape a concédé de grandes in-
dulgences à une telle Conftérie , à une telle Con-
grégation. Le Privilège de NoblefTe a été concédé
aux'Secrétaires du Roi, aux Echevins de certaines
villes. Le mot de concéder ne fe dit guère que dans
les cas où il eft queftion de grâces , droits , bien-
feits , privilèges, &c. accordés par le Souverain. On
le ditaufH en ftyle de Pratique.
Concédé, ée , part. ,.,-,.
fCT CONCENTRATION , f. f. terme didaclique.
L'aftion de concentrer , ou l'effet de ce qui eft
concentré. La concentration de la chaleur.
CONCENTRATION , en Chimie. Opération par la-
quelle on rapproche fous un moindre volume les
parties d'un corps qui étoient étendues dans un
fluide. Intima commixtio , adhœfio. Selon le Doc-
teur Grew , concentration eft le plus haut degré
de mixtion , ou de mélange , qui puifTe être j &
elle fe fait lorfque deux ou plufieurs atomes , ou
particules d'un mixte , font unies par la réception
ou l'intrufion de l'une dans l'autre. Et au fentiment
du même Auteur, la concentration eft la caufe de
tous les corps fins qui n'ont ni goiit, ni odeur ,
dont la conftitution eft fi ferme ,que jufqu'à ce que
leurs parties foient déliées , & défunies par un au-
tre corps, elles ne peuvenr faire d'imprelfionfur au-
cun des fcns, Harris.
Concentration , terme de Médecine , qui fe dit du
pouls. La concentration du pouls. Ceft la qualité
d'un pouls bas , petit , qui fe fait peu fentit , op-
pofé à un pouls élevé & réfiftant au doigt. Foyei
les Obfervationsfiir la pefie de Marfeille.
CONCENTRER , v. a. rapprocher , réunir vers le
centre , le milieu. Le froid extérieur concentre la
chaleur au dedans des corps. Permifcere, in unum
cogère , colli^ere.
Ip- 'On dit au' figuré , concentrer fon efprit , fa vi-
vacité , fa colère -, pour retenir , ne pas faire pa-
roître. Il eft peu ufité dans cette acception.
Il eft auffi réciproque. Les rayons du foleil fe
concentrent à:in% le foyer du miroir ardent.
CONCENTRÉ , ÉE , part. Permifius , in unum
coaclits , colleclus.
§a- Acide concentré , en Chimie , c'eft un acide
trcs-fort.
CONCENTRIQUE , adj. m. &: f. terme de Gcomé-
C ON
trie & d'Aftronomie , qui a le même centre. Cut
commune cum aliis centrum eft: concentricus. Il
fe dit principalement des corps & des figures cour-
bes , comme circulaires , elliptiques , & autres.
On le peut dite pourtant des Polygones pa-
rallèlement tracés fur un même centre. Tou-
tes les orbites des Planètes ne l'ont pas concen-
triques avec la terre. Les poids de marc qui s'en-
chalfent les uns dans les autres font concentriques.
Ce mot vient de la prépolition cum , & de
centrum , le centre. Il eft oppofc à excentrique.
CONCEPT , f m. terme didactique. Idée , fimple vue
de l'elprit. Idea , conceptus mentis. La Philol'ophic
devint poimilleulé ibus les Arabes par ces prcci-
iions &: ces concepts abftraits qu'elle^ incroduilit
dans l'École. Le Père Rap.
Crains , d'un brillant concept cherchant l'éclat trom-
peur ,
De donner pour lumière une faufje lueur. Vill,
CONCEPTION , f. f. adion par laquelle un enfant
eft conçu dans le ventre de fa mère. Conceptio. Les
Médecins n'ont pu encore découvrir le moment
de la conception ; comment fe fait la conception.
Il fc dit aulfi des animaux. Jacob fit mettre des ba-
guettes de diveries couleurs devant lés brebis , afin
qu'au moment delà, conception ,e\\es, &c.
La Conception immaculée de la Sainte Vierge,
eft une Fête de la Sainte Vierge qui fe célèbre le
huit Décembre. Dies Maria fine laie peccati con-
ceptce facer , Fejlum Conceptwnis B. Maria Firgi-
nis. Allatius , dans /m prolégomènes fur S. Jean
Damafcene , nous apprend que la Fête de l'imma-
culée Conception de la Sainte Vierge , telle que
toute l'Eglife la célèbre aujourd'hui ,étoit folennifée
en Orienr par plufieurs Eglilcs dès le VHP fiècle.
Le Concile de Trente, Sefl'.V, dans le Décret du
péché originel , déclare , que ce n'eft point fon in-
tention d'y comprendre la Sainte Vierge , qu'il ap-
pelle Immaculée , & il ordonne qu'on obferve
les Conftitutions de Sixte IV fur cela. Raimond
Lulle a fait un Traité par lequel il prouve la Con-
ception de la Vierge fans péché originel. Les Jaco-
bins ont autrefois foutenus avec beaucoup de
fermeté , que c'ctoit une erreur de croire qu'elle
eût été conçue fans péché originel. Ils furent con-
damnes par le Pape Clément VII, en 1308, à la
pourfuite de l'Univerfité de Paris , & contraints de
fe rétracter. L'opinion qui tient pour VJmmaculée
Conception ^c^ une opinion pieufe. Quelques uns
* prétendent que S. Thomas a été contraire à cette
opinion. ,
A une demi-lieue d'Angers , en un lieu nomme
Bamette , fur la rivière de^Mayenne , les RR. PP.
Récollets confervent foigneufement une édition
ancienne de Saint Thomas , où la Conception im-
maculée de la Très-Sainte Vierge eft établie. Le
fentiment de Saint Thomas fur cela ne peut plus
guère paroître douteux dequis la Diflertation du
P. Souciet , dans fes Notes fur la Critique des
Auteurs Ecclejiajliques de Du Pin , par M. Simon ,
Tom. I, pag. 707. Il y cite beaucoup d'exem-
plaires de S.'Thomas, où l'exceprion de la Sainte
Vierçe eft expreffe. Il fuit les Editeurs à la pifte ,
& examinant toutes les éditions des Ouvrages de
S. Thomas , il découvre celui qui a le preniier
ôté de fes ouvrasses l'exception de la Sainte Vier-
ge, &: les paroles de S. Thomas , qui a/Turent fon
immunité de tout péché. Maldonat n'a point nié
l'immaculée Conception de la Sainte Vierge. Il ne
s'oppofoit aux Sorbeniftes qu'en ce qu'ils préten-
doient que c'étoit un arricle de foi. ^
Dans les trois Ordres de S. Jacques de l'Epee ,
de Calarrava , & d'Alcantara , les Chevaliers font
vœu de tenir , défendre & foutenir , en public SC
en particulier, l'immaculée Conc^jP/zora delà Sainre
Vierge. Ce fut l'an i(îi;i qu'ils prirent cette réfo-
lution , & qu'ils ajoutèrent ce quatrième vœu à
" C O N
ceux qu'ils avoîent déjà faits. Ils confuîtèrent au- .
paravant le Roi Philippe IV , comme Adminiftra- 1
teui: perpétuel de leurs Ordres , Se ils en firent la
cérémonie à Madrid avec beaucoup delblennité,
pendant 9 jours chacun ; l'Ordre de S. Jacques
d'abord -, celui de Calacrava enfuite , & celui d'AI-
cantara le dernier ; &c ils firent un règlement dans
leurs Chapitres Généraux , que dorénavant tous
ceux que l'on recevroit à la profeffion , feroicnc ce
vcEU avec les trois autres, de pauvreté, d'obeillanccj
&: de chafteté conjugale.
Les Imagcrs appellent conception , une taille
douce qui reprefente le myftcre de la Conception
de la Sainte Vierge. Imago Mariant exhibens fine
pcccati labe conceptam.
Conception de Notre - Dame. Ordo Monalium ah
immctculata Maria virginis Conceptione nunciipa-
tus. Nom d'un Ordre de Religieules , fondé en Ef-
pngne par Bcatrix de Silva , fœur de Jacques , pre-
mier Comte du Portalègre , & du B. Amédée , In-
ftitcur des Amédéiftes , & parente d'Elifabeth de
Portugal , femme de Jean II, Roi de Caftille. Elle
inftitua cet Ordre vers l'an 1494 par le défîr d'ho-
norer & de faire honorer le myftère de l'imma-
culée Conception de la Sainte Vierge. Cet Ordre
ne fut cependant formé que cinq ans après qu'In-
nocent VIII en eut accordé la permiflîon , à la
prière de la Reine Elifabeth , par une Bulle de
l'an 1489 , qui leur permit de prendre la règle de
Citcaux , de réciter tous les jours l'Office de la
Conception de la Sainte Vierge , & de demeurer
fous l'obélilance de l'Ordinaire. Alexandre VI , à la
foUicitation du Cardinal Ximénès & de la Reine
Ifabelle , les exempta de la jurididlion de l'Arche-
vêque de Tolède , & les mit fous la direélion des
Frères Mineurs. L'an 1 3 o(î Jules II confirma ce que
fes prcdéccffeurs Innocent VIII & Alexandre VI
avoienc fait. L'an 1 5 1 1 il leur donna une règle par-
ticulière. V-oye[ LE P. HÉLYOT , T. VU , c. Jf6.
Mari -Ti.rr'ip u'Autriche, femme de Louis XIV,
permit aux filles de la Conception de Notre-Dame
au fauxbourg S. Germain à Paris , d'embralîer cet
Inflitut, qui n'avoit point été en France juf-
que-là.
Conception. Filles Théatines de l'immaculée Con-
ception de la Sainte Vierge , dites de l'immaculée
Congrégation. Voye:^ Théatine.
Conception ( Ordre de la ) de la bienheureufe Vierge
Marie immaculée. Chevaliers de la Conception de
la bienheureufe Vierge Marie immaculée. Ordo
ou Equités B. Mariœjine labe conceptcz. Cet Ordre
fut inftitué, à ce que l'on prétend , parJean-Bap-
tifte de Pétrignan , qui vint en France en kToS,
palfa enfuirc à la Cour de l'Empereur , & conjoin-
tement avec Cliarles Gonzague de Clèves , Duc
de Nevers, & Adolfe, Comte d'Athlan , inftitua
l'Ordre militaire de la Conception , pour procurer
l'honneur de Dieu , la défenfe & la délivrance des
Chrétiens qui font parmi les infidèles, la paix &
la bonne intelligence entre les Princes & l'agran-
diffement de la Chrétienté. Ordo miliiaris à B.
Maries Conceptione nuncupatus. Cet Ordre fut con-
firmé en i<?z? par une Bulle d'Urbain VIII , en date
du 1 2 de Février. Ce Pape mit cet Ordre fous la
règle de S. François. Il ne fait dans fa Bulle au-
cune mention de Pétrignan , & n'attribue l'érablif-
fement de cet Ordre qu'à Ferdinand , Duc de
Mantoue , à Charles , Duc de Nevers , &: à Adolfe ,
Comte d'Athlan. Le même Pape , par une autre
Bulle du 14E de Novembre i<îz4 , permit au Grand-
Maître de recevoir dans cet Ordre les Patriarches ,
Archevêques , Evêques , Auditeurs de Rote , Clercs
de la Chambre Apoftolique , Protonotaires , Réfé-
rendaires de l'une & de l'autre lîgnature , & autres
Prélats de la Cour de Rome , pourvu qu'ils euf-
fent exercé leurs Offices pendant deux ans , auquel
cas ils feroient difpenfcs de l'année de Noviciat.
Les Chevaliers portoient une croix cmaillée de
bleuj où d'un côté étoit l'image de la Concep-
CON 7^7
tlon de la Sainte Vierge , entourée d'an cordon de
S. François , & de l'autre l'image de S. Michel , ôc
cette croix étoit attachée à un cordon bleu tiflu d'or.
Ils portoient, outre cela, fur leur manteau une croix
pareille , au milieu de laquelle étoit une image de
la Sainte Vierge , entoutéc du cordon de S. Fran-
çois. Entre les angles de la croix, il y avoir comme
de petites langues de feu , d'où fortoit un foudre
ou pointe de dard. Les Compagnons d'armes por-
toient une croix de velours , au milieu de laquelle
il y avoir une image de la Sainte , Vierge , avec une
bordure d'or.
Il y a encore d'autres figures de ces croix , comme
on le peut voir dans l'Abbé Juftiniani, T. II, c.
84 , où il traire de cet Otdre.
Conception, (La) renne de Géographie. C'eft le
nom que l'on a donné à plufieurs lieux dans l'A-
mérique , en l'honneur de l'immaculée Conception
de la Sainte Vierge. La Conception dans le Chili ,
eft une des plus conlîdérables villes du pays , 8c
la rcfidence du Gouverneur. La Conception dans
le Paraguay , au confluent de la rivière Urvaig
dans celle de Plata, eft une ville prefque ruinée.
La Conception , dans l'Audience de Guatimala , ca-
pitale de la Province deVeragna, eft une petite
ville peu confidérable , fur la mer du nord , vers
l'ifthme de Panama. La Conception de la Vegua ,
eft une perice ville dans l'île de S. Domingue au
nord. La Conception de Salaya , eft un bourg de
l'Audience du Mexique. La Baie de la Conception ,
eft dans l'Amérique feptentrionale vers le mili£U
de la côte orientale de l'Ile de Teire-Neuve.
Conception fe dir figurément de la facilité qu'a l'ef-
prit de comprendre , de concevoir les penfces d'au-
trui , ou d'en produire de fon chef. Mens , mentis
acies. C'eft unefprit pcfant & taidif, qui a la co/z-
ception dure. Celui-là a la conception prompte &:
vive. Cet Orateut a l'efprit net , il exprime facile-
ment fes conceptions. Comme il avoit la conception
aifée, la mémoire heureufc , refprit pénétrant, il
avança extrêmement en peu d'années. Bouh.
gCT La conception eft cette opération de l'entende-
menr , par laquelle il lie les idées des chofes , en
les confidérant fous cerraines faces , en faifir les
différentes branches , les rapports Se l'enchaîne-
ment. Elle eft nette & prompte , elle épargne les
longues explications ■■, donne beaucoup d'ouverture
pour les fciences & pour les arts; met de la clarté
dans les exprelfions , & de l'ordre dans les ou-
vrages. La conception fait goûter les converfations
inftrud:ives& favantes. ^oye^ Esprit, Raison ,BO>t
Sens, Jugement, Entendement, Intelligence.
Conception eft aulïî un terme de Logique •, 6c c'eft
la fimple idée qu'on a des chofes , laquelle n'en-
ferme ni affirmation ni négation. Conceptio mentis.
Conception fignifie auili les penfées bonnes ou mau-
vaifes que l'efprir humain forme fur quelque fujer.
Cogitatio , idea. La fimple conception du crime , ic
même le confentement de la volonté , n'eft poinc
du reflbrt de la juftice humaine. De Launay. Cec
Orateur a de riches conceptions. Je vais vous dire
ma conception là-deiTus. Voilà une plaifinte con-
ception. Forr bien! Belle conception ! Mol. Dans
ce fens il eft vieux.
CONCEPTIONNAIRE. f. m. & f. Pendant la d^f-
pute qui s'éleva au XVP fiècle entre Maldonat Sc
i'Univerfiré de Paris fur l'immaculée Conception
de la Sainte Vierge , on appela Conceptionnaires
ceux qui foûtenoient qu'il étoit de foi que la Sainte
Vierge avoit été conçue fans péché. Conceptiona-
riusy a. Il fe trouva des Prédicarcurs qui décla-
mèrent publiquement contre les Conceptionnaires,
Du Pin.
Concernant. Qui concerne. Specl.ins , pertinens ,
attinens. V2.xi\c\pe que l'ufage a rendu indéclinable,
&: qui fignifie la même chofe que /«r , touchant,
au fujet^de. Il y a certe différence entre concer'
nant H touchant, que concernant doir erre pré-
cédé d'un fubftantif auquel il ait rapport , 5c que
7^(î C O N
touchnnl s^emploie indifFcrcmment à la fuite d'un
fubftantif ou d'un verbe. ]'ai à vous dire quelque
choie concerna"/ cette affaire-là. Acad. Fr. I740'
Le Parlement a t'ait plufieuts rcglcmens concer-
nant la Police , l'adminiftration des Finances.
%fT CONCERNER, v. a. Être de la dépendance de
quelqu'un , de quelque choie , lui appartenir en
quelque façon. Ad ahquem, ad aliquid pertinere ,
fpiclare , attinere. On dit alfci indifféremment, &l
iàns beaucoup de choix, qu'une choie nous re-
garde, nous concerne ou nous touche, pour mar-
quer la part que nous y avons. Il paroît néanmoins
qu'il y a entre ces trois expïcffions, une dificrence
délicate. Quoique nous ne prenions qu'une légère
part à la chofe , nous pouvons dire qu'elle nous
regarde; mais il en faut prendre davantage, pour
dire qu'elle nous concerne ; Se lorlqu'elle nous cft
plus fenlibk & perlbnnelle , nous diibns qu'elle
nous touche. Il paroît aulli qu'on le Icrt plus com-
munément du moi regarder , lorlqu'il elt queftion
de choies lur lefquelles on a des prétentions ou
des démêlés d'intérêt -, qu'on emploie avec plus de
grâce celui de cowctfr/ztr, lorlqu'il s'agit de chofes
commifes au foin & à la conduite-, & que celui
de toucher , fe trouve mieux placé dans les affaires
de ca-ur , d'honneur & de fortune. Il îi'efl: pas des
biens publics comme des particuliers s la fucccfllon
regarde toujours ceux même qui y ont renoncé.
Toutes les opérations du gouvernement concernent
le premier Miniftre -, mais chacune de ces parties
îie concerne que celui qui en eft particulièrement
chargé -, la conduite de la femme touche d'affez
près "le mari, pour qu'il doive y avoir l'œil. M.
l'Abbé Girard , Syn.
CONCERT, f. m. Harmonie compofée de pluficurs
voix ou de pluiieurs indrumcns , ou des deux cn-
femble ■■, aflemblée de voix &: d'inftrumens qui exé-
cutent des morceaux de mulique. Concentus, Il y
a des concerts de voix , de luths , de violes , ou de
piulîeurs inflrumcns mêlés enlemble. Il n'y a point
de concert qui vaille les repréfentations de l'O-
peïa. Platon , & les Anciens , fe font imaginés que
le mouvement des aftres faifoit un agréable con-
cert , une harmonie.
^CF Le mot de concert ne s'emploie , ne peut être
employé, que pour défigncr au moins fept à huit
Muficiens , S: une mufique à pluiieurs parties. Les
anciens avoient leurs concerts aulli bien que nous.
La defcriprion qu'en fait Sénèquc , ne permet pas
d'en douter : voyez-vous , dit-il , cette multitude
de voix qui compofenjt nos grands chœurs de mufi-
que ; Elles fe joignent toutes li parfaitement , qu'il
femble qu'elles ne rendent à l'oreille qu'un leul &
unique fon. Vides quàm mnllorum vocibus chorus
conjtet ; unus tamen ex omnibus fonus auditur.
Parmi ces voix , il y a des deflus , il y a des balfcs ,
il y a des voix moyennes de tous les degrés. On
entend celles des hommes avec celles des femmes ,
les unes & les autres entremêlées du fon des flûtes
qui les accompagnenr. Chacune de ces voix eft ,
pour ainli dire , cachée dans la multitude •, &: ce-
pendant elles paroiiîent toutes avec le caradlère qui
ies diftingue. AUqua iliic acuta vox ejl, aliquagra-
vis , aliqua média. Acceduntviris femince , interpo-
nuntUT tibiœ ifinzulorum illic latent voces : omnium
apparent. Je ne parle encore que des chœurs qui
étoient connus aux anciens Philofophes. Il y a plus
dans les nôtres , continue Scnèque, dans les concerts
< folemncls que nous donnons au Public , il y a plus
de Chanteurs , que le théâtre n'avoit autrefois de
Spectateurs. De choro dico , quem vetercs Pkilo-
fophi noyer ant : in commijjionibus nojlris plus Can-
torum eji , quàm in theatris oHm fpeclatorum fuit.
Outre ce grand nombre de voix , nos amphitéâtres
font environnés de trompettes , 6c nos orcheftres
pleines d'une infinité d'inftrumens de toute efpcce ,
à venr & à cordes. Voilà une multitude qui fem-
ble nous menacer d'une horrible dilcordance. Ne
craignez rien : il s'en forme un, concert. Cùm om-
C O N
nés vias or do canentium implevit , £• cavea. u^nea-
toribus cincla eji , & ex pulpito omne tibiarum ge-
nus organorumque conjonuit , Jit concentus ex dif-
fonis.
^â' C'eft ainfi que nos Orphées , anciens & moder-
nes , ont trouvé l'art magique de réduire cette
multitude à l'unité, c'efl-«-dire , d« compofer un
total fonore, qui, malgré la mulritude de les par-
ties , devient parfaitement un , par une efpèce de
prodige. Rem prodigialiter unam.
ftC? On dit fîgurément un concert de louanges. Com-
bien de grands hommes généralement applaudis
ont gâté le concert de leurs louanges en y mêlant
leurs voix. Font en.
Je dejline ma voix à de plus faints concerts.
Et ce n'eji plus , Seigneur , qu'à votre feule
gloire
QM^ j^ r*«Jc consacrer mes vers.
L'Abbé Tétu^
Concert fe dit aulTi du chant des oifeaux, fur tour
dans la Poefie. Le concert des oifeaux. Les bois
rerentillbient de leurs charmans concerts.
(fT Concert fe dit aulTi au figuré , de l'harmonie
du difcours. On trouve dans les oraifbns funèbres
de M. Fiéchier , outre la pureté du langage & la
foliditc des penfées, un heureux arrangement
de paroles, qui, par le mélange de leurs accords,
par la variété des fons & des cadences, forment un
concert auffi raviflant que celui de la mufique la
plus parfaite.
Concert eft auffi le lieu où fe tient le conctrf . Allée
au concert.
Concert fignifîe fîgurément l'accord de plufieurs
peribnnes pour l'exécution de quelque defîein i in-
telligence, union de plufieurs perfbnnes qui conf-
pirent , qui tendent à une même fin. Confenfus.
Cette famille périra bien vîtc , parce qu'il n'y a
pas de concert. Concert d'opinions.
gC? De concert , fe dit adverbialement ■■, pour dire,
d'intelligence. Conjpiratè. Agir de concert.
Les grandes affaires ne réuinifent point , à moins
que tous les intéreffés n'agiffent de concert. On le
dit aulli des chofes inanimées. Dans cette tempête
la mer &: les vents étoient , ce femble, de con-
cert pour caufer le naufrage.
Ip" Concert fpiriluel. Spedacle public dans lequel
on exécute pendant les temps que les autres Ipec-
tacles fbnt fermés, des motets & des fymphonies,
dans la Salle des Suiflês des Thuillerics. Son nom
lui vient des compofitions facrées qu'on y exécute.
Quelques-uns dérivent ce mot de concentus , d'au-
tres de concertare. M. Huer croit qu'il vient decon-
fertum , quafiex variis j'onis contextum & compoji-
tum. Il vient, de même que concerter, de concer-
tare , combattie enfemble, de compagnie , & pat
métaphore, agir enfemble , travailler enfemble à unç
même chofe.
CONCERTANT , ANTE , adj. ordinairement em-
ployé lubftantivement.Muficien qui concerte; gCril
lignifie proprement un Muficien qui exécute , qui
chante ou qui joue fa partie dans un Concert. Acad,
Fr. Nous étions huit Concertans.
§3°L'AbbéBrolfard ïç^çWz parties concertantes,celle$
qu'on appelle zu'puïd'hui parties recitantes.
Concertant. Ce mot fe trouve employé dans Po-
mey , pour fignifier celui qui s'exerce & qui combat
pour la gloire dans un carroulel. Certantes ludicrâ
dccurfione Equités. Les concertans du carroufel.
CONCERTER, v. a. Faire l'effai , la répétition des
pièces qu'on doit jouer dans un concert , avant que
de le faire entendre au Public. Prœludere,prceparare
fe ad concentum , voces , infirumenta mufica priva-
tim componere, confociare. Ces Muficiens ont plu-
fieurs fois concerté enfemble ces mêmes pièces.
03° Concerter eft quelquefois neutre, & fignifîe
aull'i faire fa partie dans un concert. Tout le monde
CON
n'efl: pas né pour concerter-, mais pour avoir au
moins le goût de la muiîque.
-^3" Et quelquefois tenir concert, faire un concert.
On concerte fouvent chez un tel. Ils concerunt
enfemble.
Concerter fe dit figurém?nt pour conférer enfemble
fur les moyens de faire rcullir une aiiaire , une in-
trigue. CoriJ'ultare , deliberare , conjilia confurrc ,
commifcere , conjungere. On ne fauroit trop concer-
ter les grandes cntreprifes. On le dit même d'une
perfonne feule qui raifonne en elle-même fur l'éxé-
.cation de quelque cliofc. Il a long temps concerté
dans fon efprit , il a bien examiné toutes les cir-
conflances de ce deifcin, avant que de l'entreprendre.
Les defleins du Cardinal de Richelieu croient plus
vaftes , mais moins juftes , & moins concertés que
ceux du Cardinal Mazarin. S. Evr. Il entre toujours
quelque chofe du tempérament dans les deiîeins les
f\MS concertés. \o. Ce font des témoins fidèles ( les
Evangélifles ) qui ne fe font point enfermés enfemble
pour concerter c? qu'ils avoicnt à dire. Peliss.
C0NCERTE,EE, part. On dit figurément qu'une per-
fonne eft bien concertée -, pour dire , qu'elle affede
un certain extérieur modefle &: prudent , que toutes
fes actions & fcs paroles font étudiées , atledées , &
fouvent hypocrites. Dans les affaires folides & ic-
lieufcs , on a l'efprit concerté •, & on ne connoît pas
ceux qui les font : c'efl dans les plaifirs qu'on con-
noît les gens jufqu'au fonds du cœur. M. Scud. La
clémence de Néron ctoit feinte & concertée. Les ami-
tiés qui nous paroifTent les plus fortes , ne font que
des intérêts concertes. S. Evr.
Ses ge fie s rO''iCCnés,fes regards de mefure ,
Ne laijfoltnt aucun mot aller à l'avunture.
Corn.
fCF CONCERTO, f. m. terme de Muiîque , em-
prunté de l'italien. Pièce de fymphonie faite pour
être exécutée par tout un orcheftre , & dans laquelle
quelque inftrument joue feul de temps en temps
avec un (impie accompagnement. Jouer un con-
certo , exécuter im concerto.
§Cr CONCESSION, f f. Don , odtroi que fait un
Souverain ou un Seigneur, de quelque terre, de
quelque droit ou privilège. Conceffio. Cette Abbaye
jouit d'une telle terre , d'une telle exemption , par la
concejjîon de S. Louis. Le Pape fait des concejjîons
d'indulgences plcnières. On appelle aufll concejjîon
la chofe même qui efl: accordée. Les grands droits
dont jouiifent les Abbayes , font des concevions
des Seigneurs qui les ont fondées, ou de ceux qui
s'y font faits Religieux.
Concession eft auffi une figure de Rhétorique , par
laquelle on accorde quelque chofe à fon adverfaire ,
foit pour ne pas former d'incidens inutiles , foit
pour en tirer quelque avantage. ConceJJio.
^3° Je vous paffe qu'il foit honnête homme ; cela
le rend-il capable de fon emploi 1 Elle elt belle , il
eft vrai ; mais fait-elle un bon ufage de fa beauté 2
Concession fe dit auffi du terrain que le Roi accorde
dans les Colonies Françoifes foit à une compagnie,
foit à des particuliers pour le défricher , le cultiver ,
le poflcder. Campus, ager , à Re%e concejfus in Co-
lonils. Faire valoir fa concejfion de la manière la plus
pacifique. Pacificè asrnm Jlhi concejfum. exercere.
Etre dépofîédé de fa concejjîon. Jd. Un tel a deux
concejfions au MifTifTipi qui lui font un bon revenu.
Il n'y a guère que les habitans d'une Colonie qui
puifTent faire valoir !"s concejfions.
CONCESSIONAIRE. f m. Celui en faveur de qui
une conceOîon a été faite.
^ CONCESSUM ut petitur. Voyez Signature.
CONCETTI. f. m. pi. C'eft un mot italien , qui au
iîngulier concetto , fîgnifîe une penfée ingénieufe,
délicate , brillante. Nous employors le pluriel pour
fignifier des penfces d'efprit , où il y a de l'afFeda-
lion , Se plus de brillant que de folidité , comme on
en trouve fur tout dans les Auteurs italiens, ^cu-
CON 7(î7
men, fu/gor, inanis Jcinti/la. Ce mot n'eft point
du ftyle oratoire. Par un ouvrage rempli de clin-
quant , on entend communément un ouvrage fleuri,
mais dont les fleurs font de courte durée : un ouvra-
. ge rempli de pcnfées plus fpécieufe.s que folides :
plein d'un taux brillant qui feJuit d'abord , mais
qui ne tient guère contre une attention féri'eufe ; un
ouvrage où la raifon & le jugement ont eu inoins
de part que l'imagination : un ouvrage enfin rempli
de ce que les Italiens appellent concetti , dont le
férieux de notre langue condamne Tufagc. Avare
de ces concetti fi prodigués en Italie, l'Auteur de
la Jérufalem fait à peine fentir qu'il étoit Italien,
Cette harangue eft pleine de concetti & de faux
brillans.
Dans un goût différent la brillante Italie
Fait dejés concetti la beauté du génie ;
Mais dans'^cette carrière on en a vît plus d'un «
En cherchant de l'ej'prit ,perdre lejens commun.,
(fT Chez les Italiens ce mot n'eft pas pris en mau-r
vaife part comme parmi nous,
CK? On dit auiîi concetto.
Car ainjl qu'à la Comédie
A chaque brillant concetto
On vous claque à l' Académie ^
Mais on iiy Jijfle qu'in petto.
CONCEVABLE, adj. m. & f. Ce que l^efprit peUî
ailcment concevoir. Comprehenjibilis. L'attrait de
la nouveauté a un pouvoir qui n'eft pas conccyahL»
M. Esp.
CONCEVOIR. V. a. Je conçois, j'ai conçu ,je conçus,
je concevrai. Que je conçoive ,je concevrois , que ji
conçujfe. |KF Ce mot fe dit particulièrement des
femmes , & fignifie devenir groffe d'enfant. Filium ,
fœtum concipere. La Sainte Vierge a conçu Notre-
Seigneur dans fes entrailles. On le dit d'ordinaire
abfblument. La Sainte Vierge a conçu par l'opéra-
tion du Saint-Efprit. Suivant le cours ordinaire de la
nature les femmes ne font en état de concevoir qu'a-
près la première éruption des règles ; &c la ceffation
de cet écoulement à un certain âge les rend ftérilcs
pour le refte de leur vie.
(f3° On le dit auffi des femelles des animaux, mais
feulement en parlant de l'cfpèce en général. Les bre-
bis conçoivent plus ordinairement au printemps
qu'en auîonne. Les biches conçoivent vêts la fin ds
l'autonne. On ne diroit pas qu'une brebis , qu'une
biclic a conçue ; mais qu'elle eft devenue pleine.
ffT On le dit auifi de la plupart des paffions qui
naiflent dans le cœur. Concevoir de l'amour, delà
haine, de l'horreur, du dépit, &c. On lui a fait conce-
voir de belles efpcrances. Il a conçu de l'amont
pour cette fille. Il en eft devenu amoureux. Il a
conçu de l'ambition , il eft devenu ambitieux.
§3" Concevoir fe dit auifi figurément de la fîmple
vue que nous avons des chofes qui fe préfentent \
notre efprit, fans en former aucun jugement. LôG»
Il fignifie auffi, avoir l'intelligence prompte , facile,
fe former des idées juftes relativement à l'ordre 6c
au deflein de ce qu'on fe propofe. Aliquid animo
concipere , co^jtatione capere. Pour croire les chofes
qui font de la foi , il n'eft pas néceffaire de les con-
cevoir. Une chofe eft avilie auprès de bien des gens
dès qu'elle eft facile à concevoir. Font. Le Lecteur
prend d'ordinaire pour galimatias ce qu'il ne con-
çoit pas. BoiL.
Peux-tu bien concevoir , dans ces trijles momens ,
La rigueur de monjort, mes craintes , mes tour mens ?
Capistron.
^fT Concevoir , dit M. l'Abbé Girard , exprinic une
conformité d'idées,avec les objets prcfemés, comme
entendre & comprendre ; & c'eft-là leur fignification
commune-, mais celle qu'exprime le mot de concevoir:,
rct;arde plus particulièrement l'ordre & le deflein
de ce qu'on fe propofe. On l'emploie avec grâco;
768
CON
poui les formes , les arrangemens j les projets ,
les plans-, enfin tout ce qai dcpand de l'imagination
le conçoit. On entend les langues , on comprend les
Iciences ; &C l'on conçoit ce qui regarde les arts. Il
eft difficile de concevoir ce qui efl: confus. Pour
concevoir , il faut un efprit net &: méthodique.
13" L'architedure conçoit le plan & TEconomie de
fes édifices. Il faut mettre, autant que la converlation
le permet , de l'ordre dans Ton dilcours , afin d'aider
l'idée des autres à concei-'oir la notre.
|C? Mais fouvent nos Auteurs n'y regardent pas de
lî près, & emploient indifféremment ces mots l'un
pour l'autre.
Concevoir, en ftyle de Pratique, fignifie exprimer
d'une certaine manière. La claule du teftament qui
fait le procès, eft conçue en ces termes, Il ûmzcon-
ijvoir ainfi la penfce, le jugement des arbitres. La
commilîlon étoit conçue en ces termes. Maucroix.
-Il reçut des Lettres de Darius conçues en des termes
ii fupcrbes, qu'il s'en offenfa. Vaug.
Concevoir , infinitif, s'eft dit autrefois pour penfée,
conception. Cogitaiio , imelligentia.
CONÇU, UE. part. palf. & adj. Conceptus. L'Homme
eft conçu dans le péclic. Conçu fignifie quelquefois
exprimé ; un ordre conçu en ces termes , c'e(V-à-dire ,
exprimé en ces termes. Cette phtafe eft mal conçue.
CONCHE , (. f. vieux mot qui fignifioit autrefois le
bon ou le mauvais état d'une petfonne,relativcincnt
à les habits , à Ion équipage. J'ai vii autrefois ce
Gentilhomme en bonne conche , il avoir gtand équi-
page -, maintenant il eft en fort mauvaife conche, il
n'a pas un habit , un valet.
Quelques-uns dérivent ce mot de l'italien con-
chiarc , ou acconchiare , quaji conchiliare à concki-
liis , à cauié que les riches ornemens des Anciens fe
tiroient des poiflbns à coquilles , comme les perles
ôc la pourpre ; ce qui témoignoit la richefifc & la
bonne fortune des pcrfonnes. On a aulTi-tôt fait de
le dériver du latin concha.
Conche, f. m. terme de falines. Ceft le nom de? fé-
conds réfervoirs des marais où l'on fabrique le fel.
Le premier de ces réfervoirs s'appelle Jas , le jc-
cond s'appelle Conche. L'eau de la mer fe commu-
nique A\ijas dans les couches par des tuyaux de bois,
& après s'être un peu échauffée dans les conchcs ,
elle paiîe dara un autre réfervoir nommé le mort ,
par un canal qu'on appelle ame d'eau.
Ç3=CONCHES. Petite Ville de France enNorm.indie,
dans le pays d'Ouche , à trois ou quatre lieues
d'Evreux.
IKT CONCHL C m. Efpèce de cannelle , dont il fe fait
un aflez gtand commerce aa Caire: on la tire des
Indes par la Mer Rouge.
CONCHIER. V. a. Chier en quelque endroit, le rem-
plir de fon ordure. Concacare. Les Harpies con-
chioient rous les lieux où elles paffoienr.Ce mot eft
très-bas & peu ufitc.
CONCHIERES. Vieux mot qui fignifie poltron ; on
ne s'en fert plus.
CONCHILE, f. f. terme de Géométrie. Ceft une
ligne courbe qui s'approche toujours d'une ligne
droite fur laquelle elle eft inclinée, & qui ne la
coupe jamais. On la décrit ainfi. On tire deux li-
gnes à angles droits , fur l'une defquelles on choifit
un point pour centre , duquel on tire une infinité
de lignes ou rayons qui coupent la tranfverfale. Puis
on prend fur chacune de ces lignes ou rayons des
parties égales , à commencer au-delà de l'interfec-
tion de la ligne tranfverlale ; & alors on a plufieurs
points marqués , par lefquels, fi l'on décrit une ligne,
elle s'appellera conchile , & approchera toujours de
la ligne droite tranfverfale, fans jamais la pouvoir
couper. Voye^-tn les figures dans Betinus in Apia-
rio , & dans François Barocio , Sénateut de Venife ,
qui a fait un excellent livre des lignes Afymptotes ,
dont la conchile eft une efpèce, où il a démontré
en treize façons la folution du problème de deux
lignes , qui s'approchent toujours, & qui ne fc cou-
pent jamais.
CON
CONCHITE , f. f. terme d'Hiftoire Naturelle. Pétri-
fication qui reffemble à la coquille qui s'appelle
concha , conchites. M. Tournefort , qui prérend que
les pierres font végétales , foûticnt dans les Mémoi-
res de l'Académie , i-]OX,p. 241 , que les conchites
ne font que de véritables pierres , dont les germes
liquides font entrés dans le creux de ces coquilles
que l'on appelle concha , & dont ils ont pris le re-
lief. Mais, lans fuppofsr de germe , il eft clair par
l'infpedion de ces pétrifications & de toutes les au-
tres femblables , que c'eft une elpcce de marne , qui
délayée par les eaux de la mer, s'eft infinuée dans
ces coquilles vides , &: enfuite pat Tévaporation de
l'humidité, s'eft durcie & pétrifiée, & a pris la forma
de la coquille où elle étoit renfermée. Cela eft Ci
vrai , que l'on trouve fouvent fur la fuperficie de ces
pétrifications les reftcs de la coquille où elles ont
été renfermées , 8c qui en a été le moule. On voit
encore à Méglre plufieurs ruines de bâtimens de
cette belle pierre blanche appelée conchites , qu'on
trouvoit feulement à Mégare. Du Loir,^. 158.
Prononcez Conquite,
CONCHOIDAL. adj. Ce qui appartient & provient
de la ligne conchoïde. C'eft une queftion en Géo-
métrie de favoir (i l'efpace conchoidal , c'eft-àdirc,
l'aire comprife dans la ligne conchoïde , eft fini oa
non.
CONCHOÏDE, f. f, rerme de Géométrie, C'eft une
ligne courbe , dont Nicomède eft inventeur , &
dont il a fait la démonftration. A'oye^ Pappus Alexan-
drinus. Conchoïde ^ demi-circulaire, conchoïde hy-
perbolique. Conchoïs femicircularis , conchoïs hy-
perholica. C'eft une elpèce de conchile, ou plutôt
la même choie. Du Ry , Architecle de Paris, donna
en 1585 , un nouveau Traité Géométrique, & une
nouvelle Méthode très-aifée pour tracer le pirofil
du fuft de la colonne qu'on appelle conchoïde irré-
gulière, parce que c'eft une ligne qui tient en fa
forme & en la manière de la décrire , de la conchoïdt
de Nicomède, mais elle en diffère pourratit, en ce
qu'étant prolongée , elle s'éloigne toujours de ion
axe , au lieu que la véritable conchoïde s'approche
du fien continuellement.
%T CONCHOS. ( Les) Peuples de l'Amérique fepr
tentrionale aux frontières du vieux Mexique &: du
nouveau.
ffj CONCHUCOS. Peuple de l'Amérique méri-
dionale au Pérou, dans l'Audience de Lims.
CONCHYLE. f. m. Poiifon dont on tire le fuc pour
teindre en écarlate. Danet. Conchyle, conchylium.
CONCHYLIOLOGIE, f. f. Science qui traite des
coquillages.
rc? CONCHYLIOLOGIQUE. adj. Qui appartient
aux coquillages , qui traite des coquillages. Traité
ConchvHolo^ique.
fO- CONCHYLlOLOGISTE,CONCHYLI0LO-
GRAPHE. Naturalifte qui s'applique à la fcience
des coquillages, qui les décrit, qui les diftribue
eft diff.-rent^s claflcs.
gc? CÔNCHYLIOTIPOLITE. Nom par lequel on
défigne les empreintes de la figure extérieure des
coquilles de mer lur la pierre. Tous ces mots vien-
nent de conchylium , coquillage,
CONCIERGE, f. m. &: f. Celui ou celle qui a la
garde , les clefs d'un Châreau , d'un Hôtel , d'un
Palais. Cujios Domus Regiœ , Palatii Prxfeclus. On
l'appelle aujourd'hui plus ordinairement Capitaine.
L'on nommoit autrefois Concierges , ceux que l'on
a depuis nommes Capitaines , &: enfuite Gouver-
neurs des Maifons Royales. Le Palais de nos Rois
avoir fon Corac/^rg'f , mais fans aucune JuridiÇfion.
Quand Louis Hutin abandonna ce Palais au Parle-
ment pour yadminiftrer la Juftice,il y refta tou-
.^ jours un Concierge , avec tous les droits utiles atta-
* chés à cet Office ,"mais fans aucune Jurididion , non
plus qu'auparavant. Ce n'eft que Ibus Charles, Duc
de Normandie, Régent du Royaume, pendant la
prifon du Roi Jean fon père , qu'il commença à fe
former la Jurididlion qu'il a eue depuis , comme
nous
C ON
nous l'avons explique au mot Bailm du Palais ,
qui eft le nom qu'il porte depuis Charles VI.
Ménage dérive ce mot de Cor.fervius , à confer'
vando. Il dit que dans les vieux livres on trou-
ve , Conjierge par une s , Remarq. fur la Sat.
Ménippée.
Du Cange , le dérive de confergms ou confervus :
il ajoute qu'on a dit au/îî Concierge de foret i^oui
dire. Garde-forêt.
Concierge fc dit fouvent pour fignifîer un Geôlier i
le garde des priions. Ciifios carceris. On a rendu
le Concierge relponlable de l'cvaiion d'un tel pri-
sonnier.
Concierge fe dit aufTi par les Comédiens , d'une ef-
pcce d'Officier qui a loin d'ouvrir & de fermer
la porto. Jtxnitor.
(^ CONCIERGERIE , f. f. demeure , apparte-
ment d'un Concierge,-.<E(/^j cuftodis , vel Prœfecli
dumàs regia. La Conciergerie de Fontainebleau ,
de Choifi. C'eft au(fi la charge , la commiifion
d'un Concierge d'une Maifon-Royale d'un Pa-
lais. On lui a donné la Conciergerie de tel en-
droit,
fj^ CoNciERGîRiE. Ptifons dc la Conciergerie. Nom
qu'on donne en quelques endroits , particulièrement
à Paris , à la prifon où le Parlement tient Tes pri-
sonniers. Ce nom lui fut donné, parce que c'é-
toit autrefoià une partie du Palais de nos Rois,
où demeuroit le Concierge ; ainfi il ne doit point
être étendu aux autres geôles ou prifons qui font
dans un Palais. Curcer. On a amené cb prifonnier
à la Conciergerie , c'eft- à-dire aux prifons royales
du Parlement de Paris.
CONCILE, f m. Aifemblce d'Evêques Catholiques ,
légitimement convoquée pour décider les queftions
de foi , ou régler ce qui concerne la difcipline. Ccn-
cïliiim. Un Concile Provincial, eft l'alfemblée des
Evcques d'une Province , fous leur Métropolitain.
Un Concile National , efl: l'afTcmblée des Prélats
d.'une nation fous un Patriarclie ou un Primat. Un
Concile Général-, eft une afîcmbléc de tous les Evê-
ques de la Chrétienté. Pour que le Concile foit
(Ecuménique ou Général , il n'eft pas néceifaire
que tous les Evcques de la Chrétienté y foient ef-
feélivement préfens , il fuffit qu'ils puiifent s'y trou-
ver , qu'ils y foient appelés. Les Conciles Géné-
raux ibnt quelquefois appelés par les Auteurs Ec-
cléliaftiques Conciles pléniers. On compte dix-huit
Conciles Géi.éraux : deux de Nicée , quatre de Con-
ftantinople , un d'Ephèfe , un de Chalcédoine , cinq
de Latran , de Lyon , un de Vienne , un de Flo-
rence, le dernier de Trente, tenu depuis 154^ ,
jufqu'en i5<Î5. ItT En France on met les Conciles
de Pife , de Confiance & de B.île au nombre des
Conciles Généraux. Ammien Marcellin reproche à
l'Empereur Conftance , qu'il étoit inlatiable de Con-
■ciles. Les quatre premiers Conciles Généraux &
(Ecuméniques font approuvés par les Proteftans,
Les Conciles Nationaux ou particuliets ont apporté
de grandes utilités àl'Eglife pour fa difcipline. Quoi-
que le Concile de Trente ait ordonné d'aflembler
des Conciles Provinciaux tous les trois ans , on n'en
a point tenu en France depuis celui de Bourdcaux
en i(îi4. Les Conciles Dioccfains ou Epifcopaux ,
compofés de l'Evcque & de fon Clergé s'appellent
Synodes.
Les Canons , les Décrets , les Seffions du Con-
cile de Nicée , de Trente. Les Avions d'un Con-
cile font différentes des Seffions ; car dans une feule
Seifion il peut y avoir pluficurs Aétions , & une
A(5tion pourroit occuper plufieurs Seffions. AuCo/z-
cile de Chalcédoine les iix premières Seffions qui
contiennent autant d'Adlions : mais la Seffion VII
comprend trois Adtions. L'Action cft l'examen &
le Jugement d'une caufe.
Ce mot vient de Concilium en latin , qui ne figni-
fie autre chofe qWaffemhlée ; car on a dit Conci-
iium Deorum , Concilium Martyrum, ôcc. Il y a
Tome II,
CON 7^^
plufîeurs Éditions des Conciles^ celle du Dodtcur
Merline,. imprime à Paris en 1514. Il y en a deu^^
du Père Crabe de l'Ordre de S, François en ly.}*^
& 1551. Celle de Surius en 156:7. Celle de Ve*
nife eh 1585. Celle dc Rome en l'an 1608. Deu^^
de Biniivs, Chanoine dc Cologne en 1606 &c icîi*
en dix volumes. Celle du Louvte KÎ45 en 37 vo''
lûmes. Et enfin celle du P. Labbe &: du P. Cofrart'>
Jéiliites, achevée en l'an 1672 qui eft en 17 vo*-
lumes , Se plus ample que les autres. Il en a paru
depuis une nouvelle faite par les foins du P. Har*
douin , Jcfuite.
■Concile fe prend auflî pour les Décrets, pour les Ca-
nons , pour les réglemcns qUi fe font dans un Con-
cile. Decretam. Le Cown/c- dc Trente n'eft pas reçu
en France pour les chofes de difcipline.
CONCILIABULE, f. m. Aflcmblée de Prélats irrégU-
licre, illicite , tumultueufe , qui n'a pas été convo-
quée légitimement &: félon les ordres de l'Eglifc.
Conciliabulum , conventiculum. On appelle en o-é-
nérai , conciliabules , les alfemblées des Hérétiques
qui n'ont aucune autorité.
|p° On le dit ironiquement d'une aflemblce de gens
occupés de quelque mauvais complot.
ffT _ Conciliabule. Terme d'hilloire ancienne. Con-
ciliabulum. Endroit d'une Province où les Préteurs,
les Proprcteurs, les Proconfuls faifoient a/îémbler
lcs_ peuples de leur Province, pour leur rendre
la jufticc.
CONCILIANT , ANTE. adj. Qui fe plaît à conci-
lier les ciprits,qui eft propre à la conciliation. Je
fuis conciliante ■■,]'z\mc à rcffct'rcr les liaifons que le
remps &: l'abfence dénouent quelquefois à tel point,
qu'on ne fè cônnoît plus.MAo. de Sevigné. Ifmaal
Pacha , nouveau Scraskier de Bender , étoit d'un
tempérament doux & d'un cfprit conciliant qui lui
avoii attiré la bienveillance de Charles , & l'ami-
tié de tous les Suédois. M. de Volt. Et d'ailleurs,
dit la Prélidente , d'un air conciliant, elle eft fa
maîtreffe, cette fille ; & ce jeune homme n'a dans
le fc id que fa jeunelfe contre lui. M. de Mari-
vaux.
^ CONCILIATEUR , TRICE. f. Conciliator ,
conciliatrix. Celui, celle qui concilie, qui remet
bien enfemble des peribnncs qui avoient de l'é-
loignement , qui ont des intérêts différens. Il a fait
les fondions d'un bon Conciliateur. S. Louis étoit
le Conciliateur des Princes Chrétiens , entre les
Princes Chrétiens. L'intérêt commun eft le grand
Conciliateur des elprirs.
(fT En Jurifprudence , on appelle Conciliateur des
antinomies, un Auteur qui a travaillé pour conci-
lier les loix qui paroinént fe contredire. Cujas efl:
un grand Conciliateur des antinomies.
CONCILIATION , f f. ac'hion de concilier les ef-
prits qui ont de l'éloignement , ou les pa/îagcs qui
paroiffent fe contredire. Les Commentateurs fe
donnent la torture pour la conciliation des parta-
ges contraires de leur Auteur. Travailler à la con~
ciliation des efprits.
1)3" Concilier, v. a. remettre bien enfemble des per-
fonnes qui avoient de l'éloignement les unes pour
les autres. Conciliare. Voyez Accorder.
§3" Concilier fignifie aufll lever les contradidlions
apparentes dans quelqu'ouvrage , entre quelques
partages. A^oyi?^ Accorder. On accorde les opi-
nions qui fc contrarient. On concilie les paffage»
qui femblent fe contredire.
^fT On dit fe concilieriez bonnes grâces de quelqu'un^
fe concilier l'amitié des honnêtes gens ; fe concilier
l'attention des Auditeurs, c'eft- à-dire, gagner les
bonnes grâces , l'amitié , l'attention , &c. Sili cow
ciliare. On dit auffi concilier à quelqu'un l'amitié
de tout le monde. Il ne fort aucune parole de votre
bouche , qu'elle ne vous concilie généralement tout
les Efprits. S. EvR. Dans le fens dont on vient dc
parler, concilier ne fe dit qu'en.^arlant de Ja dit
Ë £ £ e e
770 C O N
polition favorable des elprits. On ne diroit pas Te
concilier la haine, ic mépris du Public,
Concilie , ée , part.
CONCION. I". i. Difcours , harangue. Ce mot qui fe
voit dans Nicot, Monct & Cotgiavc , ell hors d'u-
fa"-e à prélent. Il vient du latin concio.
CONCIS , ISE. adj. Concifus. Il ne le dit que du dil-
■ cours, du ftyle Ictré. Un ikyle concis &c laconique,
qui eft ferre & énergique , qui dir beaucoup en
peu de mots. Dcmoithène eit li pariait dans la
manière fcricc &: concife , Se Cicéron dans toute
l'étendue de Ion dilcours, qu'on ne peut ncn re-
trancher à l'un , & rien ajouter à l'autre. P. Rap,
Il eft concis dans Tes harangues , & n'opine que du
bonnet. Main, f^oyei Court Si Succinct.
CONCISION, f.f. icj- Ce terme eft nouveau , mais
il eft reçu pour fignifier le laconifme , un ftyle
ferré & énergique , la qualité de ce qui eft concis.
Viilornm concifo.On ne fauroit le foûtenir dans
une égale élévation , dans une égale concijiuii ,
dans une égale netteté pendant quinze ou vingt
pages. Je ne hazarde une exprelîion que pour don-
ner plus de feu , plus de concijion , plus de netteté
à ce que j'exprime. Grimarest. La Poclîe eft un
ornement dont l'abbé du Relhel a cru ne pouvoir
fe difpenfer , pour approcher de plus près de la
concijion de la langue angloife. Goujet , Bihl.
franc. Voyez Précision.
CONCITOYEN , f. m, terme relatif, qui fe dit de
deux eu de plulieurs citoyens de la même ville.
Civis. Ce Magiftrat ctoit bien zélé pour la^défenfe
de fes concitoyens. J'aime mieux renoncer à l'Em-
pire que de répandre le lang de mes concitoyens,
Vai'G. Voye:^ Citoyen.
CONCLAMATION , f. f. cérémonie que les Ro-
mains pratiquoicnt lorfqu'il mouroit quelqu'un ,
qui conliftoit à fonncr du cor ou de la trompette ,
pour annoncer que le malade venoit de rendre k
dernier foupir. Dam Jacques Martin dit que la
conclamation étoit le premier de tous les devoirs
que les Romains rendoient aux morts , que l'ori-
gine de fon ufage remonte au de-là de la fonda-
tion de Rome, que c'eft celle de toutes les céré-
monies , qui a été le plus généralement & reli-
gieufement obfervce , puilqu'elle ne s'eft éteinte
qu'avec le Paganifme ; que c'étoit une cérémonie
purement civile , qui ne faiibit point partie de
leur religion , & que cet ufage de fonner du cor
ou de la trompette étoit continué pendant huit
jours. Kirchmann dit qu'on appeloit à grands cris
le mort par fon nom avant que de brûler le cada-
vre , afin d'arrêter l'amc fligitive , ou pour la rc-
Yeiller,{î elle étoit cachée dans le corps qui n'n-
voit aucun ligne de vie. fiCT Et pour fignifier qu'il
n'avoir point répondu , parce qu'il étoit décéoé,
on difoit conclamatum ejt. Et on appeloit concla-
mata cor/^ora , les corps appelés ainlî à haute voix
avant que de les mettre fur le bûcher.
ÇC? On appeloit zmXi conclamation, le lignai qu'on
donnoit aux Soldats romains, pour plier bagage
te décamper. De-là, l'expreffion conclamare yaja ;
eonclamare ad arma étoit le lignai contraire de fe
tenir prêts à donner.
CONCLAVE , f. f. aflcmblée des Cardinaux pour l'é-
leclion du Pape. Sacer Patrum purpuratorum con-
tenus. Ce Pape a été élu prefque tout d'une voix
par le Conclave. Il n'y îi point de mer plus ao-itce
qu'un Conclave \ les pallions comme les Hots, s'y
pouffent fucceffivement. Hist. des Concl. Les
chofes changent de face mille fois dans un Con-
clave, & la fituation des cfprits eft à tout moment
différente. La cabale , les intrigues , & tout ce que
l'expérience d'une Cour raffinée peur avoir ap-
pris d'artifices & de fubtilité , eft là mis en ufage.
Id. Le Conclave n'a commencé qu'en 1 170. Clé-
ment IV étant mort à Viterbe en ii(J8, les Car-
dinaux turent deux ans fans pouvoir convenir de
C O N
Vc\tû\on d'un Pape. Les chofes allèrent {\ loia »
qu ils furent fut le point de fe retirer fans vouloir
rien .conclure. Les habitans de Viterbe ayant eu
connoiifr.ncc de ce deffcin , par le coefeil de S.
BonavcntLire qui ércit alors à Virirbe, fermèrent
les portes de leur ville , ic enfermer. m les Cardi-
naux dans le Palais pontifical qui étoit proche de
l'Eglife Cathédtale. De-là eft venue enfuite la cou-
tume d'enfermer les Cardinaux en un feul Palais ,
jaiqu'à ce qu'ils aient élu le Pape ; & tels turent
les coimnencemens & l'origine du Conclave , rap-
porté par Onuphrius Panvinus, par Ciaconius,&
par le P. Papcbioch.
Conclave eft auHi le lieu où s'affemblent les Car-
dinaux pour l'cleCtion du Pape ; c'>.ft à S. Pierre
au Vatican , quoique Grégoire X & Clcmcnt V
aient ordonné qu'il fe feroit où le dernier Pape
feroit décédé. On en mure routes les portes & les
fenêtres en hiver, excepté un panneau pour les
éclairer , iJc pour y porter une lumière tort fombre.
En été on ne les terme point. On y lailfe feulement
la première porte de la lalle fermée de quatre fer-
rures & quatre verrouils , où il y a une ouverture
par où l'on fcrt à manger aux Prélats enfermés.
On drcffe dans les fallcs, qui font fort amples,
des cellules pour autant de Cardinaux qu'il y en a
de prélcns à l'élection , qui ne font féparées que
par des plandies de fapin. Elles font marquées pat
des lettres de l'alphabet , Se diftribuécs par fon
aux Cardinaux. Chaque Cardinal fait mettre le?
armes fur la cellule qui lui eft échue. Apscs trois
jours d'affcmblée , on ne fcrt plus que d'une vian-
de, &; après cinq autres jours que du pain 5c du
vin. Cette règle ne -s'oblerve pas à la rigueur.
Voyei Conringius , Vavre en Ion Hijioire de la,
Cow Romaine. Matthieu Paiis dit que ce mot Con.'
clave lîgnifioit autrefois la Garâc<rol-^ du Pape.
C'eft un proverbe affez commun en Italie , que qui
entre Pape au Conclave , en fort Cardinal. Chi en~
tra Papa , efce Cardinale ; pour dire , que celui qui,
fuivanr le bruit commwm , fera élu Pape , pour
l'ordinaire ne l'eft pas.
On dit , le Conclave d'un tel Pape ; pour dire ,'
le Conclave où un tel Pape a été élu. Le Conclave
de Clément IX. Acad. Fr.
^fT Conclave fe dit auffi de l'affemblce des Che-
valiers de Malte pour l'élection d'un grand Maî-
tre. Les Partifans du Prieur de Capoue , renfermés
dans le conclave , firent valoir fon courage , la
valeur &; fon expérience. Vep.tot.
CONCLAVISTE, f. m. domeftique qu'un Cardi-
nal choifit pour le fervir, & qui s'enferme avec lui
dans le Conclave. Domejïicus Cardinalis cum eodtm
in Conclavi conclujus. Les Conclavijies portent tous
une robe de chambre d'une même parure. Chaque
Cardinal à deux Conclavijies. On en accorde ua
troifième par privilège à un Cardinal Prince.
1^ Le nom de domeftique préfente une idée hu-
miliante ; mais les tbnétions d'un Conclavifte ne
le font pas. Les Conclavijies font tous de jeunes
Abbés de diftinétion , auxquels on accorde , après
le conclave, le Gratis pour les bulles des bénéfices
qu'ils peuvent obtenir par la fuite.
CONCLUANT, ANTE. adj. Qui conclud, qui prou-
ve. Decretorius. Une démonftration , eft un ar-
gument concluant. Une dépolîtion de deux témoins
non reprochés , eft une preuve concluante.
On appelle au Palais , un défaut concluant , un
défaut qu'on donne à juger , où l'on met des con-
clufions , & qui emporte profit.
CONCLURE. V. a. Il fe conjugue ainfi, ]e conclus ^
tu conclus , il conclut ou // conclud , j'ai conclu ,
je conclus tje conclurai , que je conclue , eue je con-
clurois. Finir, terminer. Conclure un dircour";, un
livre , un traité, une affaire. Conclndere , faire,
al-folvere. L'Orateur doit conclure fon djTcours vi-
vement &: pathétiquement.
C O N
0Cr Corneille a employé ce mot comine fy-nonyme à
eff-eùl.iier, da.ns Ci nna. Conclure des dedeins géné-
reux. Le mot de/Tein , dit Voltaire, ne convient
point à conclure. On conclut une affaire , un traité,
un marché, Q)\\ confomme un deliein , on l'exécute ,
on l'efîeéliue. Peut-être que dans le vers de Cor-
neille , le verbe remplir eut été plus jufte & plus
poétique , que conclure.
Conclure lignifie encore, convenir d'une chofe , en
arrêter les conditions ■■, arrêter une chofe , la rélbu-
dre. Statuer e , conjlitnere , décerner e. Ce maria2;e
a été conclu , mais il ne fera exécuté que dans un
an. Le traité fut conclu. Ablanc,
Conclure, en termes de Philofophie, efl: tirer une
confsquence des propolitjons qu'on a avancées; in-
férer une chofe d'une autre. Concludere , colli^rere ,
referre. C'eft un argument en forme , qui conclut
bien. Que conc/wc^-vous de-là ; On ne peut rien
conclure fur une vaine préfomption. Son exemple
aujourd'hui ne conclut rien pour moi. Capistron.
Conclure, en termes du Palais, Signifie, propofer
fa demande , dire en quoi confille fa prétention.
Proponere , exponere. La plus grande difficulté
d'une requête cft de bien conclure. Il faut conclure,
établir fa demande dès les commencement d'un
plaidoyer, ou des écritures.
Conclure iîgnifie aufîl , paffer un appointement au
Greffe fur des procès par écrit, pour favoir s'il a
été bien ou mal yjgé. Dejinire , /latuere. On obli-
ge les Procureurs des Appclans à conclure aux
Greffes, linon on fait confirmer la dernière fen-
tence par défaut.
Conclure lignifie aufîl, juger, déterminer, donner
avis. Judicare , definire ,judicium ferre. Les Méde-
cins qui ont vu ce malade , ont tous conclu à la
mort. Plulîeurs Juges ont conclu à la queftion, en
voyant ce procès. Après avoir examiné les divers
récits qu'on m'a faits de cette avanture,je conclus
qu'il n'en eft rien. Vous voilà attrapé , il conclut
tout le contraire. Pasc.
CONCLU , UE. part. & adj. Conclufus , affolutus ,
terminatus , ou /iatutus , decretus , conjtitutus. Un
procès conclu eft un procès par écrit, fur lequel on
a palîé l'arrcc de conclufion, 6i qui efl: en état d'ê-
tre mis à la diflribution. On dit aulîî , qu'une af-
faire efl: conclue; pour dire , qu'elle efl: arrêtée &
réfolue , & qu'on tenteroit en vain d'en empêcher
l'exécution.
Conclu. Vieux part, du verbe conclure , dans le fens
de renfermer, alfcrvir, foumcttre. Conclu, alfet-
vi , fournis. C'efl: une verlion trop littérale de ce
mot de S. Paul : Omnia conclujït jub peccato.
^3" CONCLUSION. Fin, ce qui termine quelque
chofe. Claufula , conclujio. La conclujion d'une
alKiire , d'un traité , d'un mariaa;e.
ffT CONCLUSION , dans l'art oratoire, efl la der-
nière partie du difcours , dans laquelle l'Orateur
fait une courte récapitulation des principales preu-
ves, &: cherche à exciter dans l'ame des Auditeurs
les fentimens qui peuvent conduire à la perfualion.
Peroratio , orationis conclujio. Voyez Péroraison.
La conclujion d'un fermon doit être vive &: ani-
mée, pleine de grandes &; belles figures, qui ten-
dent à émouvir des palFions chrétiennes. Cl.
Conclusion efl aulTi la dernière partie d'un argu-
ment , la conféquencc qu'on tire d'un raifonne-
ment de ce qu'on a prouvé auparavant. Conclufio.
Conclujion nécelfaire. Conclujion fophiftique. On
appelle en ce fens les thèfes qu'on foùtient au col-
lège, des Conclu fions de Philofophie, Théologie ,
Médecine, Ss.c. La. conclujion d'un argument ren-
ferme deux paTties : le conféquent, qui eft la ma-
tière; & la conféquence,qui eft la forme, & qui
fait que de propolîtion limple &: abfolue , la con-
clujion eft relative aux prémillcs d'où elle eft tirée ,
& conlidérée fous ce rapport qu'elle a avec elles.
Foye^ Conséquent , Conséq,uence,
CON 771
Conclusions lignifie les fins |,tT que l'on prend dans
un exploit ou dans une requête contre le Défendeur
ou la Partie advetfe. On prend encore des con-
clujions dans d'autres écritures, dans les remon-
trances, avertifîemens , inventions , caufes d'appel ,
gtiefs, réponlés, ùc.
■ifJ' Il eft très-important de renfermer dans des co/i'
clujions bien rédigées toutes les demandes , & de
les féparer du fait & des moyens. Car le Juge ne
donne attention qu'à celles qui en font diftinCles ,
féparées. Perrière. On lui a adjugé lés fins &:
conclujions. Les conclujions civiles aux procès cri-
minels, font les demandes des Parties pour leurs
intérêts civils.
Conclusions du parquet des Gens du Roi, font les
demandes que font lesAvocats &: Procureurs Géné-
raux , poyr l'intérêr public ; qui concluent à peine
affliéf ive en matière de crime , en l'amande en af-
faire civile ; &: qui donnent leurs avis , leurs réqui-
litoires aux affaires du Roi , des mineurs , des com-
munautés , Eglifes , Hôpitaux , &: autres caufes qui
regardent le public. Les Gens du Roi ont pris des
conclujions , ont fait un rcquilitoire contre ce Pro-.
cureur.
ifj' Les conclujions des Gens du Roi , en matière crîv
minelle , font prépararoires ou définirives.
i}Zr Les préparatoires font celles qui ne tendent qu'i
un interlocutoire , ou à faire ordonner quelque:
inftruéfion ou procédure.
§3* Les définitives , font celles qui concernent la
décifion du fond de l'affaire. Celles-ci font don-
nées par écrit, & cachetées.
Conclusion. ( Arrêt de ) Arrêt qui fe palle au
Greffe, entre les Procureurs fur les Procès par écrit,
qui eft un appointement à fournir griefs &c réponfes,
& qui lért à les mettre en état.
Conclusion. Il le prend quelquefois ad verbialemenc
dans le difcours familier ; pour dire, enfin , bref, &c,
ConcluJi:>n , Je n'en ferai rien. Acad. Franc.
On dit aulIi adverbialemenr, pour conclujion à
enfin , bref, fomme toute. Denique.
On dit, en tetmes familiers, qu'un homme eft en-
nemi de la conclujion; pour dire, qu'on ne peut finir,
terminer une affaire avec lui ; S-: à l'égard des femmes;
pour dire, qu'elles favent conferver leur honneun
Jufqii'à la fin.
^fj" Conclusion fe dit aulfi dans quelques compa-
gnies , des arrêtés &: dccilions de l'ailemblée.
Conclusion , terme d'Hglife. Ainfi fe nommoit autre-
fois rOraifon de la Melfe , que nous appelons au-
jourd'hui Pofîcommunion , comme on le peut voir
dans le Sacramentaire de Saint Grégoire , où l'on
trouve, fous le nom de conclu(ions,x.o\.\x.es\ts mêmes
Pojlcommunions que nous difons encore à chaque
Melîe.
%fTCONCLUSUM, f. m. terme Latin, qui eft en ufage
en parlant des diètes de Pologne , de Suède. C'cft
un décret de la diète fur quelque point. Il fe dit aulîî
des arrêtés du Confeil Auiique , par un Conclufum
du Conleil Auiique, &c.
CONCOCTION, f. f. terme de*Médecine, qui fe
dit des alimens qui reçoivent une altération utile à
l'économie animale, & fe digèrent dans l'eftomac.
Concociio. Il y a une première concoclion qui le fait
dans l'eftomac , par le moyen d'un ferment làlé &
volatile -, & une féconde qui le fait dans les inteftins
grêles par le mélange de la bile ôc du fuc pancréati-
que. Coclion.
CONCOMBRE, f. m. Cucumis. Plante cucurbita-
céc , qui fe diftingue par lés fruits qui font plus
petits que ceux des citrouilles, des melons, des
potirons & des courges. Plantes cependant qui
lui font congénères : l'intérieur de fes fruits eft
divifé en trois ou quatre loges remplies de fe-
mcnces , petites , plates , oblongues &: étroites. Il
y a plufieurs efpèces de concombre, les unes font bor-
nes à manger , & quelques auttes ne le font point du
tout. Le concombre oid\x\'i\-iZ qu'on mange, Cucumis
fdtivus,iz cultive dans les jardins. Il poulie plufieurs
E E E e e ij
t
77a C O N
tiaesrirapantes fur tercc , rudes au toucher , pleines
de iuc , &c de la irroHlur au doigt. Ses teuilics lont
Wdcs , aUcrn..s /pareilles à cetks du melon , mais
plus tudei , plus anguic. l'es, & un peu plusamol -s.
Des ailîelLs de plulieurs de cts feuilies naiilent les
vrilles &c 1 s Beurs. Ces Heurs .ont 'aunatrcs , e vaices,
découpées en cinq , & de demi-pouce environ de
diamètre. De ces fleurs, quelques-unes font Ucnl s,
êc d'autres nouent. Ses fruits font verts d abord ,
fermes, comme épineux , un peu alonges de un peu
courbes. On les confit au vinaigre , & dans cet ctac
on les nomme cornichons. Dans Lur maturité iK
font longs de plus d'un demiçic , cpais de trois a
quatre pouces , couverts d'une ccotce jaunatri ou
blanchâtre, 2c fort inégale , & remplis d'une chair
blanchâtre, aqueule , douceâtre , divilce dans (on
milieu en trois ou quatre loges , remplies de Icmen-
ces ovales pointues. Ces lemences lont du nombre
des lemences froides majeures. On mange les con-
^omhres en Eté , &i on ies fert dans le potage , ou en
fricailee. Ils font rafraîchifùns. •
Ce qu'on nomme concombre ieïçcnt,cucumisjie-
xuojus, ou cucumus ane,uiuus , ne dilîcre du pré-
cédent que par fes fruits , qui font longs , menus ,
verdàtres , &; plies de manière qu'on diroit que c'elt
le corps de quelque ferpent. Sa chair eft blanche Se
douce. ■ rt n ■ r r
Le concombre fauvage , ciicumisjdvejtris , Jive aji-
■nius , fe fait aflez teconnoître par fes riges qui lont
courtes : par fes feuilles qui font plus pointues , plus
velues , plus charnues, & blanchâtres : par les Heurs
qui naillént par bouquets i ^ par fes fruits qui ne
font guère plus gros que le pouce-, ovales , verdà-
tres , Chargés d'un poil rude qui les rend velus. Ces
fruits dansleur maturité fe détachent de leur pédi-
cule , avec une élafticité furprenante. Ses femenccs
en même temps font chalîces avec impétaolité hors
du fruit. Ce fruit eft très-amer au goût, d'une odeur
vireufe , affez défagréable. Ces lemences font apla-
ties , arrondies , plus petites c;uc celles de la colo-
quinte,& noirâtres dans leur parfaite maturité. Cette
plante vient auprès des mafures , & le long des che-
mins. L'extrait de fes fruits fe nomme cUuniim -,
c'eft un des plus violens Se des plus puiffans purg.:-
tifs que nous ayons dans les végétaux. Un ou dedx
grains de cet extrait purgea fait vomir. Sa racine
eft émoUiente & fort réfolutive.
Jean Struys parle dans les voyages d'un cowcoTO/^r«
relu qui croit vers la partie Occidentale du Volga ,
6c qui femble ronger toutes les herbes qui font au-
tour de fa tige :^il dit que ce fruit a la figure d'un
agneau avec les pics, la tète & la queue de cet animal
diftindement formés, d'où on l'appelle en Mofcovie
BoiinaretOMBonarei-, c\\i-À-à\K,petit agneau ; que
fa peau eft couverte d'une laine , ou d'un duvet fort
blanc , 5c auffi délié que de la foie -, que les Tar-
tares &c les Mofcovites en font grand état , £■: qu'il
en a vu plufieurs dans leurs maifons qu'ils conler-
voient -, qu'il croît fur une tige d'environ trois pies
de haut ; que l'endroit par ou il tient eft une efpèce
de nombril fut Ic'quel il fe tourne 5c fe baille vers les
herbes qui lui fervent de nourtiture, fe féchant &
fe flétrilfant aulfi-tôt que ces herbes lui manquent -,
que les loups l'aiment & le dévorent avec avidité ,
patce qu'il reflcmble à un agneau-, qu'on l'a alllué
que ce fruit a effectivement des os , du fang , de la
chair , d'où vient qu'on l'appelle dans le pays Zoo-
phire , c'eft-à-dire, plante animale. Foye^ agneau.
Cucumis, félon Varron, a été dit à curvore. Citcu-
mcres , dit-il , quafi curvimeres. L'éthymologie de
Scaligera plus de vraifemblance, quand il tire ce
mot du grec x» -tAt<ç.
Les Turcs ont à Conftantinople de petits concom-
bres , qui fe mangent cruds avec du fel durant cinq
mois de l'année , '& dont la quantité ne fait po-nt
de préjudice à la fanté comme en France. Du Loir,
paf. 84. .
Concombre. Sorte d'infede marin , qui a du rapport I
au concombre de terre. Rond. ^ C'eft un petit poil- /
C ON
fon de la longueur 8c delà grolîeur du doigt , ci ; :;;
de quelques tubctcmes, qui a la couleur &C Ixccu
du cuncomtre. , , , .
CONCOMITANCE , f. f. terme de Théologie , qui
iignific accouipa^nement. Il le dit d'une choie qui
va de compaL-nic avec une autie , qui eft la princi-
pale. L^ncunac.aïuajocteias , communio. Selon la
ooctrine ac fliglife , le lang de Jefus-Chrift eft lous
les accidens du pain , comme le corps le troaveiou^
les accidens du vin çziconcvmuanc^. La charité ^.n-
trJnc toutes les autres \&n\is 'Ç'^x. concvinuance.
CONe.OM-TANT , ANTE , adj. terme de Théolo-
gie. Qui uccompagn.. Concomuuns. La grâce conco-
Inuarac , celle que Dieu nous donne durant L- co-as
de nos avions, pour les faire, Se les rendre méri-
toires. La grâce concomitante eft différente , du
moins par rapport à l'effet, de là grâce prévenante :
la grâce prévenante prévient l'aCtion , 6c nous eft
donnée pour nous porter à la faire , la grâce conco-
mitante accompagne l'action.
IJCF Concomitant le dit qu. Iquefois en général de
tout ce qui accompagne. Il n'y a rien dans la nature
qui n'ait fon commencement , fon milieu & fa fin i
même des avant-coureurs &c des fuites , &C en quel-
que forte, un cortège d'accidens préliminaires, Cwi-
coOTZW/ii- 5c fubféquens. MÉM. de TrÉv.
f<T On h: dit dans le même fcns en Médecine.
CONCORDANCE , f. f. terme de Grammaire. C'eft
la conftrudion régulière qui le fait des noms ea
même genre , cas £c nombre , & des verbes félon
leurs temps 5c leurs perfohnes. Manière d'accorder
tous les mots les uns avec les autres, félon les règles
de la langue. Légitima verborum jlruclura , confimc-
tio Cet aifant n'en eft encore qu'à la Concordance.
Concordances , au pi. fe dit des Livres où les pre-
mières règles de la Syntaxe font enfeignees. Il faut
lui acheter des Concordances. Acad. Fr.
|p= Concordance lignifie auHi rapport , Conve-
nance. Convcnientia. 11 y a une merveilleufe co;;c;3r-
J.2/2Ci,' entre les Evangcliftes. La matière, la fuire 5C
la concorciance du dhcours reclament contre cette
leçon. CiuriQ. du Dict. de Bayle.
|rr On le dit en ce fens, des Livres qui font faits pour
montrer la concordance àz-i Écritures ,_ des loix, dc"
coutumes. La concordance des Evangiles.
Concordance de la Bible , eft un grand Dictionnaire
de la bible , où l'on a mis par ordre alphabétique
tous les mots de la Bible , afin de les pouvoir con-
férer enfemble , 5c de voir par ce moyen s'ils on: la
même lignification pat- tout où ils font employés ;
Bibiiorum concordantia. Ces fortes de Concordances
ont encore un autre ufage, qui eft d'indiquer les
palfagcs dont on a bcfoin , lorfqu'on ne les faitqu'cn
partie , ou que l'on veut s'aflurer du livre 5c du cha-
pitre où ils fe trouvent : ce qui eft d'un très-grand fc-
cours oour les Théologiens 6c pour les Prédicateur*.
Le Cardinal Hugues employa ^00 Religieux pour
faire la Concordance de la Bible. Les grandes Con-
cordances , qu'on appelle d'Anglererre, ont été faites
ppt les foins &c le travail de je-an Derlington , de
l'Ordre des Frères Prêcheurs. La Concordance de
Zamora,pour être faite avec plus d'art encore 5c plus
de foin , n'en eft pas plus utile ; mais elle eft plus
complète.
Outre ces Concordances qui font latines, il y en
a d'Hébraïques, faites par le R. Mardochaï Nathan,
imprimées àBâlcen 1541. C'eft chaque racine hé-
braïque , partagée en fes différentes fignifications ,
5C fous chaque lignification tous les endroits de l'E-
ciitute, où elle fe trouve félon l'ordre des livres.
Les meilleures Concordances hébraïques , font celles
de Buxtorf, ouvrage véritablement utile. Il n'v a de
Concordances grecques que fuf le Nouveau Tcfta-,
ment.Nous avons fut l'Ancien les Concordances de
Kirker, ouvraa;c très-utile, maîs qui n'eft pas pro-
prement une concordance, mais un Didlionnaite
concordantiel , s'il eft permis de pa-ler ainfi , c'eft-
à-dire , que ce font les dirions hébraïques par or-
dre alphabçtiqus , 8c deffous toutes les interpréta^
C O N
Rons, ou tous les lens que !es Sjpraare y donnent;,
& fur chaque interprctation , tous les endroits où
elle fc trouve dans leur verfion. Ce livre efl: de-
venu rare & cher. Les Concordances de Celalio ,
Cordelier Italien , font des Concordunces hébraï-
ques , latines & grecques à deux colonnes. La pre-
Riièrc, qui ell hébraïque, n'eft autre chofc que les
Concord.inces de R. Ma'rdochaï Nathan , mot pour
mot , &C félon l'ordre des livres &C des chapitres. Sur
l'autre colonne à coté efl: une interprctation latine
de chaque endroit de l'Ecriture , cité par R. Mardo-
chaï. Cette interprétation efl: de la façon de Ca'a-
lîus ; mais à la marge il marque celle des SeptjntJ ^îi
de la Vulgatc , quand elles différent de la àenne.
Cet ouvrage efl: de quatre volumes in-ful. imprime à
Rome en i6'ii , &: efl rare &: cher.
Il y a audî une Concordance des Ordonnances ,
des Coutunîes.
CONCORDANT , f. m. terme de Mulique. C'eft une
des iix parties dans lelqUelles on divife en général
la voix humaine. C'efl: une efpcce de voix "qui efl:
entre la taille & la baffe taille. Quelques-uns com-
prennent le concordant fous la balîé-taille ; ainii ,
il efl immédiatement au deifus de la baife-contre.
Vox gravior , ou voxjbni gravioris. Le concordant
va haut & bas. Ceux qui peuvent chanter cette par-
tie peuvent fervir de taille & de baife en un befoin.
Bs-OSSARD.'
CONCORDANT, ANTE. adj. m. & f. Ce mot-là
mériteroit quelque faveur, pour marquer l'union ,
la concorde : ^fT on le dit au Palais , furtout d'un
mariage, d'un ménage où règne la boane intelli-
gence. Un mariage, un ménage co«cor^a;z/. Rien
n'eft plus ordinaire que de confier l'exécution de
fes dernières volontés à fon époufe. Cette dernière
marque de confiance eit le tribut de l'Amour , dans
lequel un mari &: une femme ont vécu pendant un
mariage bien concordant. M. Chauvei-in , Avoc.
Gén.
Concordant, ante , fe trouve dans Marot, pour
convenable, propre. Convsnisns ^ decens,
.CoNcoRDANS. ( Vcrs ) Vcrfus fympkonicl , ce font des
vers qui ont plulieurs mots communs , & qui ren-
ferment un fens oppofé ou différent, à caufe des
autres mots.
. canis V o- venatur V "; fervaî.
\ (-injîlvis) >&or72nùz}
.lupiis^. ini!truur\. (■ vajlat.
On trouve dans les Opéra , quantité d,e yers
ioncordans.
Je m^abandone à ■)
7 mon ardeur,
ma fureur.
extrîme !
'.mafurprife\'
Quel trouble mefaijit ? i^ ^ ejl
i ma fureur h
Chante^ ^
(. tant de vertus.
Chantons S^
7 mourir f
Il faut < (• pour fatisfaire
^partir
A cette loifévère,
CONCORDANTIEL, ELLE, adj. Qui comprend des
Concordances , qui efl fait à la manière des Con-
cordances. On fe fert quelquefois de ce mot, pour
défgner certains Ouvrages de Grammaire , qui com-
prennent des Concordances, c'efl:- à- dire , toutes
les lignifications des mors , & tous les endroits où ces
mots fe trouvent. Guillaume Robertfon a fliit un
Tréfor de la Langue Sainte , qu'il intitule aufh Lexi-
con coiicordantiel de la Bible, hébreu 5c iatin.
_ C O N 77^
Tkifaurus llngucc J'anclx , 8cc. Jlve côncordamuile
LcxLcon hcbrizo - laiino-BibUcum. Le Dictionnaire
Syriaque de Martin Troftius , efl: auifi on Didion-
naire concordantiel; car il y marque tous les en-
droits, au moins tous les principaux, où un mot
fe trouve dans le Nouveau Tcflamentlyriaque. CeS
Lexiques ou Diélionnaires concerdantiels font bons
& utiles.
CONCORDAT, f. m. Convention qui fc fait en
matière bénéficiale fur quelque réiignation ou per-
mutation, & généralement iiir toutes les matières
Eccléliafl;iques , contcntieulcs ou obligatoires. Vac-
tum,pacîlo, convmturn. Ip- Ces Conventions i
l'amiable, en matière bénéfi;ialc , ibnt permifcs ,
pourvu qu'elles Ibicnr gratuites.
Il y a une efpèce de conduite ézConcordat,c\X
convention, que les Abbés Commandataircs ,&;ie;
Moines , font entr'eux pour la partition des biens.
Ces Concordats fe rompent facilement, s'ils ne font
homologués en Cour de Rome, & dan-, les Cours
fupérieures du Royaume. Leurs fuccclfeurs y peu-
vant_ déroger , parce qu'un Abbé n'a pas le pouvoir
de lier la volonté de fon fucceffcuri & aujour-
d'hui même ces fortes [de Concordats fe rompent
facilement , quoiqu'ils aient été homologués. Le
Concile de Trente , S^fj'. 6 , dû R^f. c. 4 , parlant des
concordats qui ont été faits fous l'autoiité & l'ap-
probation des Papes, les appelle concordias quiz
tantùm fuos obligent a/itorcs , non fuccefjores. De
même la Congrégation des Cardinaux , qui a expli-
qué ce Décret du Concile , déclare qu'un Concor-
dat ne peut être réel , &c paifer aux Succefleurs , fi le
Pape , après en avoir été pleinement informé , n'y
donne fon confentementj ce qui eft conforme à la dé-
cilion d'Alexandre III, qui dit, tit. dj Tranfacf. c. 8,
que toute tranfaétion touchanr ce qui regarde l'Églife,
n'oblige point les luccelfcurs, (i le confenremcnt du
fuct-eifeur n'y intervient. Cela efl: auifi confirme par
la Note de Charles du Moulin ;& on lit dans la
Glofe fur ce chapitre ,.que, quand même la tranfac-
tion feroit réelle dans l'intention de ceux qui tran-
figent, elle ne lai/feroit pa« d'être pcrfonnelle à leur
égard. La raifon efl: que les tranfadf ions , lorfqu'clles
font réelles Se perpétuelles , font des aliénations qui
ne peuvent être valables, fi elles ne font confirmées
par les Supérieurs.
Tous Concordats, tranfaéiions ou payions, en
matières bénéfîciales, doivent être homologués eiï
Cour de Rome , parce qu'il peut y avoir une efpèce
de (imonie , n'étant point permis aux particuliers à^
dilpofer de leurs Bénéfices avec de certaines réren-
tions, ou promefles. Le Pape n'a aucun pouvoir
en France fur le temporel des Bénéfices , mais feule-
ment fur le fpirirncl , pour lequel on a recours à lui ,
comme au Supérieur , afin d'autorifer les Concor-
dats ou tranfadlions que les particuliers font entre
eux. il y a même des cas où les Abbés peuvent rom-
pre les Concordats de leurs prédécelfeurs, quoiqu'ils
aient été homologués en Cour de Rome : ce qui arrive
quand ils voient qu'ils ont été léfcs notablement.
Nous avons en France plufieurs exemples de cet
ulage ; il y a raifon de le faire , parce que les Abbés
peuvent s'accommoder fccrèrement avec les Moines.
Alors les Abbés font en droit de rompre les Concor-
dats , faits par leurs prédéceffeurs.
Concordat fe dit abfolumcnt en France, du Traité
qui a été fait en 1^16 à Bologne, entre le Pape
Léon X & le Roi FrarvcoisI, qui lert de règlement
pour les nominations aux Bénéfices, & qui eft ob-
fervé mainrenanr en fa plus grand;e partie. Pacîa in-
ter Summum Pontificem &• Galliarum Reses tranfacla.
Concordata , arum. Il tient lieu de la Pragmarique
Sanélion. Le Concor dat zbolït la liberté deséledfions
qui apparrcnoit au Clergé , fans la j^rticipation du
Paoe, ni du Roi •, il porte, entr'autres chofes , que
le Roi nommera dans les (îx mois à tous les Evc-
chés ou Archevêchés vacans , à toutes les Abbayes , dc
à cous les Prieuiés conventuels , une perfonne âg^a
774 C O N
de vingt-fept ans , pour en ctrc pourvue indirpelifa-
blement par le Pape. Ainli , dans ce partage entre le
Pape ik le Roi, la nomination appartient auRoi,£c
la provilion au Pape , qui s'eft reierve le droit d'ex-
pédier les Bulles. Le Parlement de Paris ne con-
ientit à vérifier le Concordat , qu'après les ordres
réitères du Roi: perféverant cependant dans la reib-
lution de ju^er conlormément à la Pragmatique
Sandion. Cdt pourquoi François I attribua la con-
noilîance des Bénéfices Confiftoriaux au Grand Cor,-
feil, par une Déclaration de 15 17. Rebutfe a h'it
de grands Commentaires (ur le Concordat. Géné-
brar\i & M. Dupuys en ont tait un Traite. Di-
vers Auteurs ont écrit fortement contre le Con-
cordat, Se contre le Chancelier Duprat , qui Tavoit
conclu , comme ayant ruine la dil'cipline Apofto-
lique, & fournis l'Egliie de France, à une déplo-
rable fervitude , parce qu'il avoir aboli les élec-
tions Canoniques. On a même long temps tait de.
prières publiques pour demander à Dieu l'aboli-
tion du Concordat, Scie rctablifiement des éleétions.
L'Alfemblée du Clergé en fit de graves remontrance^
en 1 5 1 9 a Henri IV, qui repondit fimplement , qu'il
n'étoit pas l'Auteur de cet abus. Port. R. D'au-
tres ont foûtenu que le Concordat qui donne la no-
mination au Roi , apporte moins d'inconvéniens
que la brigue des eledions Foyc^ Brantôme là-
deffus, Tom. I.
Comme le Concordat fut fait pour abolit la Prag-
matique SaniSion , 6c pour en prendre la place , le
Roi ne nomme point en vertu Aw Concordat ^ aux
Evèchés qui font dans les pays qui n'ctoient pas
foumisà la domination françoife, lorfque la Pragma-
tique Sandion fut taite , comme les Evcchés de Pro-
vence &: de Bretagne j ceux des nouvelles conquê-
tes, comme Perpignan,Bellay, Bclançon, Stralbourg,
Metz , Toul , 'V^erdun , Arras , Cambrai , Saint-Cmer ,
Tournai , Ypres -, ceux qui ibnt ériges depuis la Prag-
matique Sanction, dans les pays où elle n'étoit point
en ufage , comme Québec : le Roi nomme à tous ces
Evéches , en vertu de quelques Induits généraux ou
particuliers obtenus par lui ou par fes prédécclléurs.
Il y a aulîi le Concordat Germanique , fait entre
le Pape Nicolas 'V, & l'Empereur Frédéric III, &
les Princes d'Allemagne, le ï6 Mars 1448 qui re-
garde audi les matières bénéficialcs. Far ce Con-
cordat, 1° le Pape fe réferve la collation des béné-
fices fcculiersôc réguliers, vacans en Cour de Rome ,
ou dans l'étendue de deux journées de la ville de
Rome (ans excepter les Bénéfices , où l'on étoit ac-
coutumé de pourvoir par éledion. 1°. Le Pape fc
léferve la confirmation à l'égard des Eglifcs Métro-
politaines & Cathédrales, qui ont droit d'clecfion.
30. A l'égard des Bénéfices coUatifs, le Pape en
retient la collation, alternativement avec les Colla-
teurs ordinaires pendant fix mois de l'année ; c'efl:-3-
dire, qu'il confère les Bénéfices vacans pendant le
mois 'de Janvier, fie le Collateur ordinaire pendant
le mois de Février, 6y. 4.^ Le Pape règle les anna-
tes par les Bulles. Mr.ximilien I ordonna en 1 ^i 8 que
le Concordat Germanium fût reçu à Liège. On ap-
pelle a.uiVi Concordats tous les Traites qui ont été
faits avec les Papes , fié non pas ceux qui fe font faits
entre des Princes fcculiers.
^CJ" Il y a encore A' iuzves concordats ,qm font tous
un accord fair avec le Pape &: un Souverain ,
poHr la nomination des principaux Bénéfices de
fes États.
^O" On donne auflTi le nom de Concordat , dans les
Troupes Françoifes, à certains arrangcmcns clan-
deftins entre un Officier qui veut quitter le Ser-
vice, ic celui qui doit le remplacer, moyennant
une certaine fomme qui lui efl: payée , patrie par
celui qui doit prendre fa placc,partie par les Officiers
qui montent par fa retraire. Le Roi a profcrit ces
fortes de concordats , fous la même peine que la
vénalité des emplois.
Ip- CONCORDE, f. f. Bonne intelligence, union de
ccEurs 5c de volontés. Us vivent dans une grande ,
C O N
dans une parfaite concorde. Concordia; voluritatum ,
Jitidiorumijue Jumma conjcnjio.
§3" Dans un fens plus étendu , il efl fynonyme à con-
cordance , rapport, convenance. M. Huet, Evoque
d'Avranche , a fait un Traité de la Concorde entre la
raifon 8c la foi. Il y a un Livre fameux parmi les
Luthériens , intitulé , le Livre de la Concorde. C'ell ,
un recueil publié en 1579 de ditfcrentes profellions
de ibi que les Luthériens ont publiées pour fe réunir
enfemble, mais inutilement.
Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de corde,
C'ell: une ia;norancc grolfière. Il vient de cum avec,
fie cor , cœur , d'où s'eil: tait Concors , concordis , qui
n'a qu'un même cœur avec un autre, fie de-là con-
cordia , concorde , la difpofition des gens qui n'ont
qu'un même cœur , qui ont les mêmes fenti-
mens.
Concorde Éy Angélique. On a donné le nom de Con-
corde Evangelitjue à l'Hiftoire de l'Evangile, com-
polée du texte des quatre Evangélifles , où l'on mar-
que le nombre de ces iaints Hiftoriens qui rapportent
les mêmes choies , félon l'ordre qu'elles étoicnt arri-
vées, en tranfpofant ce qui n'étoit pas à fa place.
L'Hérétique Tatien eft celui qui a fait le pt mier
une Concorde fous le titre de DiatejJ'uron, Théo-
phile d'Antioche 8c Ammonius en firent auill crns
leur temps. Eufèbe de Céfaréc, S. jcrcme èc S. Au-
guRin ont fait des ouvrages où l'on voit l'accord
des quatre Évangéliftcs. Depuis on a vu Genon,
Puyhcrbaut, JanfcniusdeGand, DubuiflbnficM. Ar-
nauld, qui ont travaillé à ces fortes de Concordes,
Après cela on a vu paroître celles de M. Le Roux,
du P. Lamy , 8c de M. Le Clerc. M.Toinard avoit
fait une Concorde Evangeiique , qu'il n'a pu faire
imprimer de fon vivant •, mais après fa mort, fes
amis l'ont fait imprimer chez Cramoify. C'efl le texte
grec des quatre Evangéliftes , qui pafie pour très-
exad:, fie pour un chef-d'œuvre d'imprefllon. Ceux
qui fonr curieux de connoître tous les Auteurs qui
ont fait des Concordes EvaJigeiujues , les trouveront
dans le 111 Tom. de la Bil-Uothè.juegrectjue de M. Fa«
briciuS , dans la Bitliotkèque Sacrée du P. Le Long,
fie dans la Bitliotkèque Sacrée que le P. Calmera
mife à la tête de fon Dictionnaire de la Bible.
CoNcoRDï,en Mythologie. Elle ctoit honorée à Rome
comme une Divinité. Concordia. On lui bâtit plu-
ficurs Temples , dont le plus conlidérable fut celui
duCapitcle, où les Sénateurs s'alîêmbloient pour,
déiibcrer des alîaires de la République. On trouve
à Ijbdefcente du Capitole des débris de ce Temple
confacré par Camille. Les Prêtres ne permettoient
point que le Sénat s'aflemblàt en aucun Temple ,
l'ans avoir été confacré , c'tft-à-dire , fait ou bâti
en confcquence de quelque vœu ou augure. Cetta
efpèce de Temple fe nommoit Curia. Dicl. de Peint.
& d'Arcliitccl. Plutarque dit qu'on lui fit bâtir une
Chapelle d'airain de l'argent provenu d'une raxe ivx
les Publicains. On invoquoit la Concorde pour l'u-
nion dans les familles entte les époux , entre les Ci-
toyens : mais fon pouvoir étoit renfermé dans la
ville fie dans lesmaifôns; cequidiftinguela Concorde
de la Paix, dont la Divinité s'crendoit fur rout l'Em-
pire. On repréfentc la Concorde fous la forme d'une
jeune fille couronnée de guirlandes, tenant deux
cornes d'abondances entrelacées , ou bien on lui
met à la main un faifccau de verges. Mais le fymbole
le plus ordinaire de la Cowcort/^ fonr deux mains join-
res qui tiennent quelquefois un caducée.
0C? CoNcoRDF. ( Pays de la ) Nom qu'on donne à une
contrée des Terres Auflrales , dans la Nouvelle Hol-
lande , fous le^ Tropique du Capricorne.
CONCORDÉ. ÉE , adj. Accordé. Concefus , a , ïim.
Par la srace concordzc. Marot. On ne le dit plus.
|Cr CONCORDIA. Ville d'Italie, dans le Duché de
la Mirandole , fur la Sechia , à fix milles de la Mi-
rande.
CONCORDIAL. f m. Ancienne Dignité Sacerdotale
à Padouc, Sacerdçtes Concordia. Il yavoit unTemple
CON
de la Concorde à Padoue : de-là vient que le chef
des Piètres quifervoient dans ce Temple s'appdoic
ConcorJiul.
CONCORDOÎS , fede d'hérétiques qui font les mê-
mes que les Bagnolois, yoye? ce mot.
fCr CONCOURANTES , ( Fuiffanus ) terme de
Mcchanique. Celles qui concourent à produire un
eiîer, par oppoiîtion m^i puiffances oçço^cqs , qui
tendent à produire des effets contraires.
CONCOURIR. V. n. Agir conjointement avec un au-
tre pour produire quelque choie, joindre & réunir
fes forces à celles d'un autre agent , pour produire
cnlemble un eitet qu'elles ne peuvent produire Icpa-
rcmcnc. Concurrcre. Nous avons befoin que la grâce
de Dieu concoure avec nous pour produire dc^bon-
nes œuvres. Dieu, outre la première impreilion , &
- le mouvement général qu'il a donné à toute la na-
ture concourt immédiatemant à toutes nos ac-
tions , & à tous les événjmens.EnfaifantavicownV
Dieu dans tous les évcnemens particuliers , il ne
s;cnru!t pas pour cela qu'il foit auteur du péché. Il
n'cfl: point incompatible avec la lagcile bc la pureté
de Dieu , qu'il concoure aux actions mauvailes.
S. E VR. HGr On le dit aufli des choies &: des occafîons
qui femblent s'unir pour tendre à quelque fin. Je n'ai
concouru zcz\2. ni diredlement , ni indireélement.
Tous les hommes doivent concourir au bien public.
go- Concourir fe dit aulli des choies, des évenc-
mens, des occaiions, fi-c.qiuparoiirentfe réunir pour
tendre à quelque fin. Tout concourt à fa fortune , à
ia perte. La lageife de Dieu fait concourir tous les
évcnemens , & nos paffions mêmes , à Tes dclfeins.
11 faut que bien des qualités, des difpolitions co/i-
courcnt cnlemble, pour produire les merveilles que
nous fait voir h nature.
%T Concourir, employé abfolument, ou avec la
prépofitionpour, figni fie fe mettre fur les rangs avec
égalité de droit ou de mérite pour dilputei quelque
^ho'é. Ces deux Auteurs ont concouru pour le prix
d'Eloquence, ou fimplement ont concouru.Ccs deux
Poèmes ont concouru pour le prix , ou abfolu-
ment ont concouru.
ÇCT En matière bénériciale, on dit que deux provi-
fions d'un même bénéfice concourent , quand elles
font de même date , datées du même jour, y'oyei
Date, en matière bénéficiale & Concours.
$^ Concourir, en terme de Géométrie, fe dit des
lignes & des plans qui fe rencontrent. Deux lignes
concourent, quand elles fe rencontrent 8c lé cou-
pent , ou fe recontreroient, fi elles étoient prolon-
gées ; deux lignes qui concourent en un point.
CONCOURME. f. f. Autrement Terr^ mérita. Drogue
propre à teindre en jaune.
CONCOUR.S. {'. m. Action réciproque des perfonnes,
ou des choies qui agilfcnt cnfemble pour une même
fin. Concurjus. Le concours du Soleil & des Aihcs
cil nécelfaire pour la production de toutes les choies
fublunaires.Dieu prête fon concours immédiat pour
tous les événcmens. Jur. C'eft relever la Majefté de
Dieu , que de mettre toutes les opérations des créa-
tures dans une perpétuelle dépendance de fon con-
cours imniédiat.Io. Si les caufes fécondes n'avoient
pas befoin du concours immédiat de Dieu poui agir,
elles auroient une efpccc d'indépendance qui feroit
jnjurieufe au Créateui immédiat. Quoique Dieu ait
imprimé à toutes les créatures la vertu néceflaire pour
la fin à laquelle il les a deftinées, elles attendent
néanmoins un concours particulier , & une nouvelle
influence du Créateur pour chaque événement. Le
concours de Dieu pour l'aétion des caufes fécondes
fuffit , fans les fecours de la prédétermination. La
matière aveugle peut-elle par un concours fortuit
produire une machine aulTi admirable que le corps
humnin î Jacq.
CONCOURS, terme de Grammaire. Rencontre de
voyelles. On appelle dans la verfification françoife
un vicieux concours de voyelles , lorfqu'on place de
fuite deux mots, dont le premier finit par une voyelle
autre que 1'« muet , & le fécond commence par quel
CON 775»
que voyelle que ce puifié êtte. C'eft à ce vicieux con^
cours , ou vicieule rencontre de voyelles , que l'on
a donne le nom A'hiatus , parce qu'en effet on ne
iaiiroit palier immédiatement d'une voyelle à l'autre
fans une manière de baillcmcnr qui rend la mefiire
extrêmement langu fiante. Voye^ Hyatus. Il faut
rcK^arquer que les mots qui comuicncenr par une h
douce , lont regardés comme n'ayant à leur tête que
la voyelle qui fuit cette /T. Mourg. Nos anciens
Poètes n'évitoient pas avec foin ce concours des
voyelles , qu'on ne peut foufftir aujourd'hui , que
la verlification eft plus exaâic. Marot a dit dans une
épigramme,
Cy gift qui affez mal prkkoit.
C'eft la même faute lorf qu'après une voyelle ou
une diphtongue, il fuit une h qui n'eft point af-.
pirée, comme dans ce vers,
Le vrai honneur n'eji plus pie bagatelle.
Mais on peut fe difpenfer de cette exaditude,
quand on cite quelque proverbe , ou quand l'ex-
pteihon eft heurcufe & ingcnieufé, comme a fait
Ménage dans les vers lliivans.
Cy defous gift Monfieur l'Abbé
Qui ne favou ni A , ni B.
Dieu nous en Joint liemôt un autre ,
Quijache au moins fa patenôtre.
Le concours des voyelles n'eft point vicieux auflî,
lorfque le fécond mot connivence par une h afpirée.
Un L 1ère pour quinze fous fans craindre le hola,
Peut aller au parterre attaquer Attila. Despreaux.
Concours fe dit aufîî en parlant des Bénéfices, ou
Cures, qui fe donnent à ceux qui ont le plus de
capacité & de mérite, dans les lieux où le Concile
de Trente eft reçu , conformément à la leflion 14,
,ch. 18 de reform.'Lz Cure eft expofée à la difpute
entre ceux qui y prétendent , Si cette difpute fe
fait devant des Juges prépofés par l'Evêque , afin
que le Bénéfice foit donné au plus digne. D niori.
Quoique cette coutume ne foit point reçue en
France, à caufe du Concordat, & parce qu'elle
prive_ les Patrons & les Collateurs de leur droir ,
elle fubfifte néanmoins encore dans les pays con-
quis parle Roi depuis le Concordat, où le Con-
cile eft reçu ; il y a eu néanmoins un Arrêt du
Parlement de Paris en \66o , le iz Janvier, par
lequel les Cures de l'Artois, qui dépendenr des
Abbés CoUateuts de plein droit en font exemptes.
|^a° Il n'y a pas long temps que le concours fe fai-
foit à Rome pour les Cures de Bretagne. Depuis
Benoît XIV , il fe faifoit devant l'Evêque diocèfain
& fix Examinateurs par lui choifis.
^ Concours fe dit aulfi en matière bénéficiale,
lorfqu'un Collatcur a donné le même Bénéfice à
deux perfonnes, le même jour de vacance, ou
lorfque deux Collateurs différens ont pourvu en
même temps.
^ Concours entre gradués, lorfque plufieurs gra-
dués ont requis un même Bénéfice en vertu de leurs
grades.
?fT ^ Lorfque le même collateur a donné des pro-
viiions le même Jour à deux perfonnes pour le même
Bénéfice , fur le même genre de vacance, fans qu'on
puilTe juftificr quelles fonr les premières, alors les
. deux provifions lé dérruifert mutuellement, parce
qu'on ne fair auquel des deux contendans le col-
lateur a entendu donner le Bénéfice. C'eft pour
cela qu'on retient des dates en Cour de Rome ,
afin que dans le cas de concours on puilfe cnfia
obtenir des provifions fur une date pour laquell»
il n'y ait point de concours.
ift^ Quand il y a concours entte le Pape &: l'Ordi-
77^ C O N
raire, il cft de règle que le pourvu par l'Ordi-
naire eft prctéré. „
§3= Entre deux pourvus , l'un par 1 Eveque , 1 autre
par ion Grand-Vicaire , le premier eft auili préféré.
Concours fignifie auffi un amas de plufieurs chofes,
ou perfonnes qui font aflemblées. Concurjus. Il y a
eu un grand concours de peuple à ce Icrmon, à
cette fête. On rci^arde le concours qui fe fait dans
les Eglifes aux fctes folennelles , comme des af-
femblées de cérémonie , plutôt que de dévotion.
Fléch. Epicure croyoit que le concours des atomes
avoir produit rous les erres.
^fT Dans le premier cas, concours fignifie affluence de
monde en quelqu'endroit. Dans le fécond, choc,
rencontre des atomes.
§C? Concours en matière civile. Concurrence en-
tre perfonncs qui prétendent avoir droit au même
objet. Quand il y a concours de privilèges enrre
créanciers, les privilèges les plus favorables font
préférés. Dans le cas d'égalité , les créanciers vien-
nent par contribution.
CONCRESSAUT. C'étoit autrefois une ville murée >
& la nouvelle coutume de Berry la met au nombre
des villes Royales de cette Province dans laquelle
elle eft. Quelques-uns croient qu'elle s'cft appelée
autrefois ConcordmfaUus, le bois de la Concorde ,
mais fans nulle raifon , ni témoignage d'aucun Au-
teur ancien. Dans tous les titres Concreffaut ell
appelé Cucurcutnium, Concorc:llum\ Concorcialiuin
ou Concor lalium -, Concurcallum. C'eft une Châ-
tellenie ,■ qui a eu fes Seigneurs particuliers de-
puis 8o3 ans, ou environ. Concrejjaut a une Pré-
vôté 5i un Bailliage.
tfT CONCRET, ETE, adj. terme didadlîque , d'u-
fage en Grammaire K en Logique. Le terme concret
marque la fubflance même revêtue de fes qualités ,
telle qu'elle cxifte dans la nature. Va/-Jirait dél^gne
quelqu'une de fes qualités confidcrée en elle même
êc réparée de fon fujet. Concretus , abjlraclus.Yoy.
abfira'u dont concret eft l'oppofé & le corrélatif.
Savant , rond , cairé , &c. font des termes concrets ,
qui expriment des qualités unies .à leurs fujers -,
Science , rondeur , &c. font des termes ahjlrahs ,
■qui expriment des qualités confidérécsfolitairemcnt,
comme féparées de leurs lujcts.
ifj" Ce terme cft quelquefois employé fuMantivc-
ment , en terme de Philofophie narurelle , pour ii-
gnifier un corps comoofé de di.fcrcns prnicipts.
Dans ce fens c'eil: à peu-près la même chofe que
mixte , & l'on diftingue des concrets naturels , ôc
des concrets artificiels. L'antimoine eft un concret
naturel , & le favon un concret artificiel. Harris.
Concret , terme de Chimie dont on fe fert pour ex-
primer une chofe fixée , endurcie, épailîîe ou coa-
gulée. On appelle fel volatil concret , un fel volatil
fixé par quelque acide qui l'empêche de s'élever &
de fe fublimer à la chaleur , ou de fe fondre à l'hu-
midité. Ce mot vient du latin concrefcere , fe con-
denfer , s'épaiUlr. Col de Villars.
Les nombres concrets, en termes d'Arithmétique ,
font ceux qui font appliqués à maïquer , à exprimer
quelque fujer particulier , comme deux hommes ,
trois livres , demi-écu. Mais s'il n'y a rien qui foit
joint au nombre , alors le nombre eft abftrait , &
pris univerfellemenr. Ainfi 5 fignifie un compofé de
trois unités , foit d'ho'mracs , foit de poids , ou de
quelque autre chofe qu'il plaira. Harris.
CONCRÉTION , f. f. termes didaélique , fedit en gé-
néral de l'aâion par laquelle les corps mous ou
fluides, deviennent durs. Concretio.W fe dit éga-
lement de l'endurciilement , de l'épalirifTement , de
la coagulation & de la condenfition.
Concrétion eft encore l'union de plufieurs petites par-
ticules d'un corps narurel , dans une mafle fenlible
nommée concret-, enforte que par cette union, ce
corps ait telle ou telle figure , telles ou tellespro-
priétés. Harris,
C ON
^T C'cfi: alnfi qu'on dit qu'une concrétion ligneufe
forme les louppes 6i les autres éminences ligneufes
qu'on voit fur les arbres.
ftF On appelle de même concrétions , en termes
d'hiftoire naturelle , des fubftances pierreufes ou
terreufes , qui font formées dans l'eau ou qui ont
été charriées par ce fluide dans des cavités fouterrai-
nes , & s'y l'ont durcies fous difFérenres figures. Les
Stalaélites , les Stalaginites , les congélations , &c.
font des concrétions.
CONCREU , f. m. terme d'Agriculrure. Fruges
terrœ. On trouve ce mot dans quelques Patentes
&c Ordonnances ; il eft expliqué dans une du mois
de Janvier I57<j. Suivant cette explication par
concreu , on entend blé , grains & aurres fruits pro-
venans des terres labourées Se enfemencées.
Conçu , UE , part. Voye^ Concevoir.
CONCUBIN, f. m. Concuhinus. Ce mot fe trouve
dans les Auteurs de Droit. On dit aujourd'hui con-
cubinaire.
CONCUBINAGE, f. m. Ce mot fignifie toute con-
jondion illicite , & comprend les adulrères , les
inceftes & les fimples fornications : on reftraint
quelquefois la fignification de ce mot , & parmi
nous il fignifie le commerce charnel d'un homme
& d'une Vemme libres , c'eft-à-dire , qui fie font
point mariés enfemble ni avec un aurre. Goncu-
hinatus. Le concubinage a été autrefois toléré -,
mais chez les Chrétiens il eft défendu &: fcanda-
leux. Quand cette exprellion fe trouve dans les
conftitutions des Chrétiens , elle fignifie ce que
nous appelons aujourd'hui mariage de confcience j
en ce fens , le concubinage a éré permis, & l'eft
encore aujourd'hui. Le concubinage, qui a été to-
léré chez les Romains du temps de la Républi-
que 6: des Empereurs Payens , étoit un concubi-
na-xe entre deux perfonnes qui pouvoienr contrac-
ter" mariage enfemble. On ne refufoit pas même
l'hérédité paternelle aux enfans fortis de ce com-
merce toléré. Les Romains regardoient le concu-
binage entre deux peifonnes libres comme une
efpèce de mariage -, c'eft pourquoi ils lui ont ac-
c»rdé des privilèges. Mais il falloir que ce concu-
binage fut réduit à l'unité , parce qu'en le permet-
tant à la fragiliré humaine , l'on ne prérendoit
pas aiuorifer cette pafllon brutale, qui ne fe fatis-
fait que dans le nombre des femmes débauchées.
Ainfi le concubinage avoir la figure , & l'ombra
du mariage* Horman dit que les loix Romaines per-
mettoient le concubinage long temps avant que
Jules Céfar eût fait une loi , qui permettoit à cha-
cun d'époufer aurant de femmes qu'il voudroit.
L'Empereur Valentinien permird'en époufeidcux,
comme difent Socrare , Paul Diacre &:Nicéphore.
Un Evêque a appelé la pluralité des Bénéfices, un
concubinage fpirituel.
Concubinage , en parlant de l'antiquité , fignifie un
mariage fair avec moins de folennités , que celui
qu'on" appeloit folennel -, mariage avec une femme
d'une condition trop bafle , Si à laquelle le mari
ne donne point fon rang ; mariage de la main gau-
che. Matrimonium cum femina inferioris conditiO'
nis. Voyez au mot Concubine. Le plus grand Ju-
rifconfulre que la France ait vu ( Cujas ad cap. In-
hibendum efi. , de cohabit. Cleric. & mulier. Idem
Paratitl. in kg. 5 , cod. de concub. Idem L. VU ,
refponf. In commentar. ad leg. 3 , cod. de natural, li-
ber. & quib. cauf, ju[i. fiant. Leg.Ji uxor. i ; , /•
ad leg. Juliam de adulter.) dit que le concubinage
ctoit une conjonétion fi légitime, que la concubine
pouvoit être accufce d'adultère , comme la femme;
que les loix permettoient d'époufer à titre de con-
cubine ccrraines perfonnes , que l'on confidéroit
comme inégales , par le défaut de quelques qua-
lités qu'il falloir avoir pour foîitenir le plein hon-
neur du mariage i & qu'encore que le concubina-
ge fut au deflbus du mariage pour la dignité SC
pour les effers civils , le nom de concubine étoit
poiutant MU aora d'honneur , bien diffétent de ce-
lui
CON
lui de maîtreffe -, mais qu'enfin le Vulgaire en
France avoir corifondu ces deux noms , faute d'en-
tendre ce que c'étoir que le conculnnage, quoiqu'il
foit encore tort en ulligc en quelques endroits , où
• il s'appelle le demi-mariage , & en d'autres mariage
de la main gauche. Cordemoy. C'ctoit un vrai
mariage -, mais qiii fe faifoit fans folennités , par
lequel la femme portoit le nom de concubine ,&
non pas celui d'époufe , faute de dot , ou de nail-
fance. P. Dan. T.I^p.-jjz.
CONCUBINAIRE. f. m. Qui vit avec une concubine.
Qui concubinam habet , concubinus. Il y a un titre
dans le Droit contre lesconcubinaires publics , qui
les prive de leurs Bénéfices. Le Saint ( François
Xavier ) agillbit avec les concubinaires , à peu
près comme faifoit JesUs-Christ avec les Publi-
cains & avec les femmes débauchées. Bouh.
CONCUBINE, f. f. Femme qui vit conjugalement
avec un homme, ians qu'il foit marie avec elle.
Concubma. La femme eft un nom de dignité', la
concubine eft un nom de volupté, dit la" Loi. Les
Patriarches avoient plufieurs femmes, qui ne te-
noient pas le même rang -, il y en avoir de lubalter-
iics , & de fubordonnées à la femme principale :
, c'étoient des concubines ou des demi-femmes,
fi l'on veut fe fervir d'un nom plus honorable. S.
EvR. Les Pvomains onr prohibé la pluralité des
concubines , &: n'ont conlîdéré que les enfans for-
tis d'une icule & une même concubine , parce qu'elle
pouvoir devenir une femme légitime. Autrefois le
nom de concubine n'étoit point'"infamant , fur-tout
quand clic n'avoir commerce qu'avec un fcul hom-
me. 5aIomon avoir 700 femmes & 500 concubines^
m. Reg.^ Cr.p. II. L'Empereur de la Chine a quel-
quefois jufqu'à deux ou trois milles concubines
dans fon Palais. Nouv. Rel. Darius fe fit fuivre à
l'armée par ^6 <, concubines , & toutes en équipa-
ges de Reines. Vaug. Alexandre eut tant d'affec-
tion pour Apelles , qui étoit fon Peintre , qu'il
lui donna Pancarte , la plus belle & la plus chérie
de^ fes concubines , parce qu'il avoir remarqué
qu'Apellcs en étoit devenu amoureux. Du Rier.
Concubine, femme vcrirable , légitime & unique,
mais de moindre condition que celui qui l'époufe -,
ou d'une condition trop balle pour lui & peu for-
table ■■, & à caufe de cela époufce par un de ces
mariages , que nous appelons mariages de confcien-
ce, lôfquels enfermenrles mêmes obligations que
ks autres , & n'en diffèrent que par le nom & la
qualité de la femme , qu'on ne donne point à la
concubine. Concubina. Du Cange dir qu'on peut
recueillir en plufieurs endroii6 des Epitres des Pa-
pes, que les concubines ont été autrefois tolérées.
Cequife doit entendre des mariages de confcience,
dont on vient de parler. Le \f Canon du premier
Concile de Tolède , porte que celui qui , avec une
femme fidèle , a une concubine , eft excommunié ;
mais que fi la concubine lui tient lieu d'époufe , de
Ibrte qu'il n'ait qu'une feule femme , à titre d'é-
poufe oii de concubine , à fon choix , il ne fera
point rejeté de la communion. Ce qui montre
qu'il y avoit des femmes légitimes & uniques , que
l'on non-Hiioit concubines \ & vérirablement les
Loix Romaines ne permettoient pas à tout hom-
me d'époufcr quelque femme que ce fîir , il falloir
qu'il y eût de la proportion entre les conditions;
mais la femme d'une condition inférieure au mari ,
qui ne pouvoir être époufe , pouvoir être concubine ,
Zc les Loix le permettoient , pourvu que l'on n'eûr
point d'autre femme que la conculine; c'eft-dire,
que quand un homme le vouloir marier , il pou-
voit choifir une époufe ou une concubine; mais il
ne pouvoir avoir en même remps une époufe &:
une concubine. Les enfans des concubines n'éroient
réputés ni légitimes , ni bâtards , mais enfans na-
turels , capables feulement de donations. Ce qui fe
doit entendre des Loix Romaines , qui n'avoienr
pas lieu parmi les François,
Clovis avoit eu Thietri d'une femme qu'il n'a-
Torne II,
C O N y^-yy
voie pas tenu en qualiré de Reine , mais feule-
ment ^out concubine , fuivant la coutume de rc
temps- la ou ces fortes de fociétcs , pourétre rL-oins
honorables, n'en croient pas moins légitimes ; ni
es enfans qui en provenoient moins capables de
iuccedcr, quand les pères le vouloient, du moins
parmi les francs; car encore que les Lcix Romai-
nes ne tegardaiient pas les enfans nés de cette forte
comme b itards , elles ne leur donnoiewt pas le droit
de lucccder. Cordem. Ces mariages étoient ce oue
nous appelons epoufer de la main gaifche , ufâ<re
commun encore aujourd'hui en Allemagne. Le
Moine Jonas a écrit , dans la -vie de S. Colombar.
que les quatre fils de Théodoric n'étoienr pas nc3
d'un mariage légitime ; & ,1 eft vrai que Tliéodo-
ric les avoir eus ^\\x\z concubine -. mais il eft vrai
auifi que le concubinage, dont le nom eft main-
tenant odieux, parce qu'on en abufe , étoit alors
une efpece de mariage , qui , pour être moins fo--
lenncl , n'croit pas moins indifîblublc par les loix
de l'Eglile que le mariage ordinaire. Id. Si l'on
coniidère que le mor de concubine fignifioit une
femme mariée avec honneur, & de qui le maria-
ge , quoique fair avec moins de formalités que
celui qu'on appeloitfolennel , ne lai/Toir pas d'être
valable -, on verra qu'on ne doir pas regarder les
concubines de Charlemagne comme des maîtreflés.
Id. /^oy^^ Concubinage.
Concubine , dans l'Antiquité , fe prend auifi fouvenc
dans le mauvais iens qu'il a parmi nous , c'eft-à-
dire , pour une fille ou une femme avec qui l'on
a un mauvais commerce fans mariaçe. S. Léon dit,
dans fa Lettre à Anajlaje de Thefaloni^^ue ,c[a\\.
fautdilhnguer la concubine àz la femme légitime 5
que celui qui quitte fa concubine pour fe^nariei?
fait bien; & que celle qui époufe un homme qui
avoir une concubine , ne fait point mal , puifqu'il
n'étoit point marié. Il faur diftinguer tous ces fcns
qui ié trouvent dans nos HiftoriensEccléfiaftiqucs
& autres.
Tous ces mots , concubinage , conCubinaire , con-
cubine viennent du latin concubina , concubimz ,
qui vient de conçu bar e , coucher avec.
Concubine. Terme de Fleurifte, Tulipe colombln &
blanc. MoRiN,
CONCUEILLIR. v. a. On rrouve ce mot dans quel-
ques vieux Auteurs, pour dire , diiiger , ramaf-
Jer , conduire à un terme , à une fin.
IfJ- CONCUPISCENCE, f. f. Ceft en général une
paflion déréglée de pollcder quelque chofe ; un
penchant inhércnr à l'homme depuis fa chure qui
le porta au mal. Concupifcentia. Il eft défendu pac
le X' Commandemenr de la Loi de Dieu , d'avoit
de la concupiscence pour le bien de fon prochain ,
ni pour Ion bœuf, ni pour fon âne. Il faut bien
remarquer la penre de la concupijcence , pour la
diminuer par le retranchement de tout ce qui la
peut fortifier. Nicol. Aimer Dieu par rapporr à no-
tre félicité propre , c'eft l'aimer d'un amour de
concupiscence. FeiM.
|}Cr On le dit plus particulièrement du penchant
que nous éprouvons pour les plaifirs illicites ,■ qui
nous entraîne à l'amour deshonnête , que S. Jean
appelle la concupifcence des yeux , la concupifcence
de la chair. La concupifcence , qui eft l'effet du
péché originel , Ibllicite fans cefle l'ame au péchés
Avec quelles pointes & quels aiguillons ne (avons
nous pas réveiller, la concupifcence endormie &
languilfante ? Balz.
Quoique ce mor fe prenne ordinairement au
mauvais fens dogmatique , cependant il a un fens
plus étendu , & de (bi indifférent. La co«cz//'//ci'/2r^
en ce fens 8c en général eft- le penchant, l'inclina-
tion naturelle vers le bien fenfible. Cerre inclina-
tion de foi n'eft poinr mauvaife : elle eft bonne ,
& a été donnée à l'homme pour laconfervation de
fa nature. Mais l'obier de cette inclination , le
bien fenfible auquel elle fe porte eft quelquefois
défendu , & quelquefois permis. Quand elle fc
FFFff
77^ CON
' porte à un bien permis , elle n'cft point mauvairc ;
rcUc nous porre vers an ob>r o.i un bien lenlible
dilndu , o'u l'on conicnc a les -o-^^ens ou
l'on n'y conlent point.Si l'on y conlenc , le con
fenrcmenr eft un péché Se la rend mauvaife. Si
ro. n'y conl-cnc point . fes mouvemcns qu>
s'appcUent crémiers mouvemens . ne lent pomt d.s
pccU s , ou ce l-ont d.s pcchcs Icukmcnr matériels ,
L la rcViftanc. qu'on y apporte , le rctus de con-
Ltcmcnt cft méritoire. Quand D.cu noas dclcn.
Sconcupt(ccnc..\\ ne nous dereni pas de icnt c
f« mouvj'mens, mais d'y conlentir. Quoique la
S..«p.>;:.. , dans l'état préu.-nt ioit une lu.te du
pé-hé/eilcea néanmoins naturelle al homme , &
SnVna^e de fa narure. Elle lui eft donnée , com-
me on l'a dé^a dit, Pr^''^<=°'^'""""°'',- ..,Hie
CONCUPISCIBLE , adj. terme de Philofoph-e ,
qu'on Joint , & qu'on oppole a irajctvk.W le;om
roujoutsau mot appétit co.c«/.V"%, q- "ou
porte vers un bien fenlible , vers un objet q u nous
plaît. Avpnitus qui concupijcit , concupijcibihs.
L'm^àùt^oncupijcitù nous porte a louhaiter , a
nous procurer le bien-, l'iralcible a tuir le mal , a
nous en défendre.
CONCURÉ. f. m. Prêtre charge avec d autres du loin
d-- la conduite des âmes d'une paroUfe , avec un
pouvoir é^al, &: non pas fimpLnnent comme \ i-
caire. Le Pape Clément VII érigea a Trévoux un
Chapitre en 1515- ^ eft compofe d un Doyen qui
eft ContciUer-né du Pari ment , d un Sacriftam ,
& de dix Chanoines , tous Concuris de la vdle. M.
PiGANioL DE LA FoRGE , Nouv. Dcfc. de U Fruncs ,
édition de i-jt^, t. ■>,, p. 'i^'i--
CONCURREMMENT, adv. Pat concutrence , d une
manière contraire & oppofée au deiîein l'un de
l'autre. Certatirn. Ces deux bourgeois briguent
concurremment l'Echevinage.
COMCURREMMENT, cu t^tmcs de Pahis , lign.ee au
contraire , conjointement & également^, eniemble,
faifant de chaque côté la même choie, fariter ,
fimulf^ eodem modo. Ces deux créanciets , qui ont
même hypothèque & même ptivilegc, recevront
concurremment les deniers à proportion de leur
femme. Les cohéritiers doivent contribuer éga-
lement & concurremment au payement des dettes
de la fucce:non, eu égard à la portion quus y
prérendent. . . . .
Quelques recherches qu'ils aient faites concur-
remmcni il ne lait a été poir,ble de raflembkr
que ttois exemples qu'ils puilfent bazarder. Nom-
mant. . , . 1
CONCURRENCE, f. f. Prétention réciproque de
deux ou de plufieuts perfonnes à une même charge ,
di<-pité ou autre avantage. jEmulatio i cenamen
competuorum , nvalium. La concurrence eft fou-
vent caufe de l'excluf.on de l'un & de l autre des
prétendans. Entrer en concurrence , être en con-
currence.
Ne font-ce pas ces fatales concurrences , qui en-
tretiennent entre les familles des défiances , des
haines, des animofités éternelles? Concurrences
non-feulement entre maifons &: maifons , mais entre
particuliers 5: particuliers , non-feulement entre les
grands , mais entre les petits \ non-!eulement entre
les fcculiers , mais encore entre les réguliers.
BoUB-D. Exhort. //, p. 57i-
GoNCJf^RENCE fe dit aufT. pour fignifier ladionde
d-'t" ou de plufieurs perfonnes qui concourent,
&c s'uniff^nt enfemble pour produire un même effet.
Concurfus. Le Poète doit prudemment ménager
le m.'rvrilleux , afi-. que la concurrence d'un Dieu
n'a'ï^oibliire pas cdle du Héros. P. le Bo-s
CoMCTTTKEHCE , en termes de Jurifprudence , eft une
égalité de droit, d'hypothèque, de privilège que
divr-rfcs perfonnes peuvent exercer fur la même
chofe. Juris a^uatitas. Dans les diftriburions des
deniers on ordonne que ceux qui onr même droit
feront payés par concurrence ■iwmz.zc la livre,_
Concurrence fignifie aulfi certain payement juf-
CON
qu'auquel on doit parvenir pour être quitte d'une
dette contrariée. Cena^uadum ac dcterminatajum-
m.i ultra ,uum non erogaurjupra. Les deniers pro-
venans de la vente de ces meubles feront payes
au propriétaire julqu'à la concurrence des loyers
qui lui font dus , c'eft-i-dite jufqu'à ce que cette
fomme foit remplie. , r. - • • c
CoHCVKKiuctd'Oj/ices, en termes de Bréviaire, fe
dit lors qu'aux fécondes Vêpres d'un: tête double il
fe trouve un autre 0,lice de fête de même ordre qui
doit fe célébrer le jour fuivant. Concurjus , concur-
r<:nùd. Il y a diverfes rubtiques a cblerver pour
bien ordonner fon Office -, foit pour les iranila-
tions , foit pour les commémorations , foit pour les
concurrences des fêtes. Pout l'ordinaire quand deux
fêtes font éijalemcnt folennelles , on dit les Vêpres
de la pnem'^ière jufqu'au chapitre , & de la féconde
depuis le chapitre jufqu'à la lin , avec commémo-
ration de la picmiète : quand il y en a une plus
folennelle que l'autre , on dit les Vêpres toutes
entières de la plus folennelle , avec ou lans com-
mémoration de la moins folennelle, kuvant le de-
eré de folennité de ces têtes comparées entr'elles.
Voyez les Rubriques du BrevLMre, G avant us , Scc.
COiNÎCURRENT , ENTE. f. Qui a la merne pré-
tention qu'un autre à une même charge , dignité,
avantage. Competitor , rivalis. Il ptétend époufec
cette riche héritière , mais il aura bien des con-
currens. La puilfance fouveraine ne veut point de
concurrent , ni de compagnon. Oftavien tut heu-
reux de fe délivrer d'un concurrent aulfi redou-
table que Marc -Antoine. Là fe voient les tuines
de Cartha2;e , cette fière concurrente de Rome.
PoRT-R. L'a plupart fe confoleroient de leur dif-
grace , fi leurs concurrens n'étoient pas plus heu-
reux qu'eux. Bouh.
Concurrent fe dit proprement d'un homme qUi court
avec un autre dans la lice , dans un carroulel , dans
un tournois. Il remportoit prefque tous les prix des
carroufels, où il avoir d'ordinaire l'honneur d'a-
voir fon Prince pour concurrent. P. Veri.
gcr CONCUSSION, f. f. Abus que fait de fon pou-
voit un homme conftitué en charge , en dignité
ou en commidîon , pour exiger au-delà de ce qui
lui eft dû -, pour extorquer de ceux (ur qui fa charge
ou fon emploi lui donnent quelque autorité, de l'ar-
ffcnt ou autre chofe au-delà de ce qui lai eft du.
%petund.trum crimen. Accufer quelqu'un de con-
culfion. Repetundarum accufire , repetundis pofiu-
lare. L'accufation pour crime de conçu fjion^ peut
être intentée non-feulement par la partie civile ,
mus encore par les Gens du Roi , parce quec'eft
un crime public en France. La concu(Jîon eft déten-
due oar l'Ordonnance de Moulins, par. celles de
Blois & d'Orléans, & par divers Règlcmens par-
ticuliers qui concernent différentes charges , com^
miiTions ou offices. . , ■ •
fta" La concuffisn étoit autrefois punie du dernier
fupplice : aujourd'hui cette peine eft arbitraire.
Quand l'aifaire fe pourfuit civilement , la peine
eft la reftitution du quadruple de ce qui a été ex-
torqué par menaces & pat autonté. Lorlque la
pourfuire de ce crime fe fait par la voix de la plainte
èc de l'information , la peine eft plus grande , lui-
vant les circonftances.
irr CONCUSSIONNAIRE, f. m. Officier, Receveut
public, en srénéral celui qui hiit des conçu fions,
qui exi2;e au-delà de ce qui lui eft dû. Repetunda-
rum reus. Ceft un concujfionnaire , concujionaire
public. ^ ^ . ' . „^ .
CONDAMNABLE, adj. m. & f- Qui mente d être
condamné. Damnandus ycondemnandus. Cette pro-
pofition eft hérétique , & condamnable.
O d'un fi grand fervice oubli trop condam-
nable.
Des emharras du trône effet inévitable.Kkci^t.
CONDAMNATION . f. f. Jugement qui con iamne.
CON
Damnaùo. Il croyoit fa caufe bonne , & ne croyoit
pas qu'il pur intervenir quelque condamnation
contre lui. La confirmation d'une Icntence doit em-
porter condamnation de dépens. On entend auilî
par condamnation les choies mêmes auxquelles la
partie efl; condamnée , comme une Ibmme d'argent ,
les intérêts & frais. Payer le montant des condam-
nations. Au Palais on dit , palier comâamnation ,
llibir condamnation ; pour dire, acquieicer à la de-
mande ou à la fentence de la partie.
^fT Palier condamnation , c'cft proprement confentir
que la pairie adverfe obtienne jugement à ion avan-
tage : & llibir condamnation^ c'elt acquilcer à un
jugement dont on pourroit pourtant appeler.
.{~ir Au figuré , dans le langage ordinaire , palier con-
damnation^ c'cft convenir qu'on a eu tort.
Condamnation le dit auUî en matière fpiritucUe.
Celui qui pèche morrelicment, qui communie in-
dignement, z.miQ{d, condamnation , il perd la grâce
de Dieu.
CONDAMNATOÎRE. 'adj. Qui porte condamna-
tion. Damnatorius. Suiftage condarnnatoire. Ce
mot fe trouve dans Pomey, Il n'en vaut pas
mieux.
CONDAMNER, v. a. Prcsnoncer un arrêt , une len-
tence ; donner un jugement contre quelqu'un qui
porte quelque peine , perte , ou dommage ; foit
à l'égard de Ion honneur , foit à l'égard de fa vie.
Damnare , condemnare. On ne doit condamner
perlbnne fans l'entendre. Les EccléliaAiques ne peu-
vent condamner perlbnne à mort. Il a été con-
darnné à l'amende , & aux dépens , dommages &
intérêts. Condamner par défaut , par contumace.
Faites rougir ks Dieux qui vous ont condamnée.
Rac.
^;^CoNDAMNER fc ditaulîî pout afllijettir quelqu'un à
quelqurc loi , le réduire à la nécelîitc de faire quel-
que chofe. Nous fommes tous condamnés à mourir.
Jéjus-Chrijl en mourant nous a tous condamnés
A l'imiter dans fa Jbuffrance. L'Abbé Têtu.
Q^ite fere^ vous , hé/as ! d'un cxur infortuné
{^u'à des pleurs éternels vous ave^ condamné.
Rac.
Condamner, lignifie , par extenfîon , blâmer , défap-
prouver. f^ ituperare , arguer e , reprehendere. Il y
a des ad;ion5 indifférentes qu'on ne peut condamner
fans injuftice. Les gens de bien font fouvenr con-
damnés par les méchans. Les ignorans condamnent
tout ce qu'ils n'entendent point. On eft bien aile
de trouver que les malheureux font coupables ,
afin de les abandonner , & de les condamner avec
quelque apparence de juftice. Port-R.
Il faut fe regarder foi-mime un fort long-
temps ,
Avant que de fonger à condamner les gens.
Rac.
Cnndamner fe dit auffi de certaines penfées , & de
certaines façons de parler, qu'on ne juge pas dignes
d'entrer dans les beaux difcours , & dans le beau
langage. Damnare , reprehendere , profcrihere. On
ne fe fert guère de la raifon , quand on condamne
un mot fans lequel on ne fauroit raifonner. Vaug.
R. N.
Fuis ce foin trop exact ,
Qui pour un mauvais mot condamne nnepenfée.
ViLL.
Elle a , d'une infoknce à nulle autre pareille-,
Apres trente levons-, infulté mon oreille^
Par l'impropriété d'un motfauvage & bas ,
Qu'en termes décififs Q.ovïàvm.néVaugelas. Mol.
lO'CoNDAMNER foi-mcme, (Se) fe dit de ceux qui par-
CON 779
lent contre eux-mêmes,qui fe contredifcnr,qui dilent
quelque choie qui leur cil préjudiciable. En avan-
çant cette propolition , vous vous condamnez vous-
même. Tuo te mucronc jugulas.
On dit figurcment condamner une porte , une
fenêtre ; pour dire , la fermer en forte qu'on ne
la puilfe plus ouvrir -, en interdire l'ulage. Ohferare.
On dit proverbialement & figurcment , qu'un
homme a été condamné aux dépens , quand il a
fait quelqu'entreprife qui ne lui a pas réuHl.
^3" Condamner un vaiffcau , en termes de Marine,
c'efl le juger incapable de tenir la mer.
^fj- CONDAPOLI. Ville de la prefqu'ile de l'Inde ,
au àzc^x du Gange , au Royaume de Golconde.
Condamné, ée. part.
CONDAT. Condatum. Voyez Condé, c'efl la même
chofc : & ce nom fe donne à plulieurs lieux, pour
la même raifon que celui de Condé. Condatum s'ert:
dit en françois Condat ou Condé en différentes
provinces.
La Congrégation de Condat & de Saint Oyan
efl: appelée autrement la Congrégation de Saint
Claude. Voye:^ Claude. Condat , en latin Condate,
efl: la même choie que ce qui s'eft dit ailleurs
Condé , &c lignifient l'un & l'autre confluent , jonc-
tion de deux rivières ; & en effet , il n'y a point
en France de lieu qui porrc l'un & l'autre de ces
noms , qui ne foit en un endroit où deux rivières
ou deux ruilîeaux fc joignent. L'Abbaye de S. Claude
ou de Condat efl au confluent des rivières de
Bicnne &; d'Aliere.
§C? CONDAVERA. Ville d'Alie , dans la prefqu'île.
de l'Inde , fur la côte de Malabar , au Royaume »
de Catnate.
CONDE. Ce mot, en ancien langage, lîgnifîoit ro;2-
fluent , & on a donné ce nom à plulieurs heux
litués en des endroits où deux rivières fe joignent,
Confluentes , Condatum , Condate. Il y a Condé ,
ville du Hainault dans les Pays-Bas , au confluenc
de l'Elcaut Se de la Haifne. Conde fur le Nereau
ou Noireau , Condccum ad Norallum , efl: une pe-
tite ville de Normandie dans le Bellin fur le Nereau ,
qui mêle fes eaux avec l'Orne. Conde , rivière
de France dans le Quercy. Condé , rivière de Ca-
nada. Il y a auHi une contrée de la Balfe Ethiopie
nommée Condé , & le Cap Condé à l'ell de l'Ile de
Cayenne.
Condé efl: auflî le nom d'une branche de la Maifon-
Royale de Ftance. Le Chef de cette branche efl:
Louis de Bourbon , Prince de Conde , I du nom ,
fils de Charles de Bourbon , Duc de Vendôme ,
& frère puîné d'Antoine de Bourbon , Duc de Ven-
dôme èc Roi de Navarre. Condœus. On dir , la
Maifon de Condé, le Prince de Condé , la branche
de Condé, l'Hôtel de Condé. Le Vicaire de J. C.
fous une telle caution n'appréhenda rien ; fiir de
tout , pourvu que le Prince de Condé fût rendu à
l'Eglife -, Se perfuadé que d'alVurer à l'Eglile le Princa
de Condé , éroit l'épreuve la plus certaine qu'il pou-
voit faire des difpolitions du Roi , &c. P. Bour-
D AL. Oraifon Funèbre du Prince de Condé. De quelle
confolation ceux qui avoient le cœur françois & le
cœur chrétien ne furenr-ils pas pénétrés , voyant
cet enfant , que le feul nom de Condé avoit rendu
peu auparavant redoutable au S. Siège, rendre lui-
même au S. Siège, dans la perlbnne de fon Miniftrc,
le devoir de l'obéilfance filiale , & le rendre au nom
de la France, dont ilétoit l'organe &: l'interprète !
Id. Le Prince de Condé valoir feul des armées en-
tières a la France. Id. Oraijon Funubre de Louis de
Bourbon , Prince de Condé.
Le grand Condé , c'efl: ce même Louis de Bour-
bon , Prince de Condé , II du nom , ce Héros li fa-
meux. Bourbon-Condé fe dit de la même branche
de la famille Royale de Ftance , qui eft Bourbon
par fa tige , S: Condé par cette branche.
Condé. Ville &c principauté qui a donné Je nom à la
branche de Bourbon Condé.
FFFff g
78o C O N
CONDEMNADE. f. i'. Cctoit une forte de jeu de
cartes à trois perlbnnes. Nous Jur C. Mann.
«Cr CONDENSATEUR . f. m. terme de Phyiîque.
Ccll ainli que quelques Phyikiens appellent une
inacliine qui fort à condenfcr l'air dans un efpace
donne, par exemple, dans une arquebule à vent.
0Cr CONDENSATK^N, f. f. terme de Phyfiquc
oppofc à rarcfaiftion. Adion par laquelle un corps
elt rendu plus denfe , plus compact, plus ierrc :
par laquelle un corps , fans rien perdre de la marte ,
eil; réduit à un jflus petit volume , occupe un
moindre efpace. Denjatio , condcnjatio. La co7i-
dcnfation de l'air dans une arqucbiiic à vent.
ffr Ce mot peut être regardé comme fynonyme à
comprèffion. Il y a pourtant quelques Phyliciens
qui rçltreignent l'ufage de ce mot à la feule adlion ,
& appellent comprcjjlon tout ce qui fe fait par l'ap-
plication d'une force extérieure. Dans Pufage or-
dinaire on confond ces deux mots.
CONDENSER, v. a. Rendre plus dur, plus pcfant,
plus compaél -, faire qu'un corps occupe^ moins
«ie place. Il eft aulîî réciproque. Condcnfarc. Le
froid condcnfe l'air, il fe coiiderifc avec le pifton
dans un corps de pompe. L'eau fe congèle, mais
ne fe condenfe jamais quand elle efl: entièrement
purgée d'air. On a expérimente .à rObfervatoirc ,
pendant le grand hiver de l'année i ^70,que les corps
les plus diirs , comme les métaux , le verre Se le
jnarbre , étoient fenfiblement condenfés^nï le froid ,
fc qu'ils étoient devenus plus duis & plus caflans
qu'auparavant , & qu'aptes le dégel ils reprirent
leur premier état.
Condensé , il, part.
CONDESCENDANCE, f. f. Déférence aux fenti-
mens&aux volontés d'ciunm. I/idu/gentia, ohj'e-
quium. Le meilleur moyen de gagner les efprits,
c'eft d'avoir beaucoup de ccTidcjcendance pour eu::.
Si nous fouflrons quelque relâche , c'efl plutôt par
coj:dejccndancc , que par dertein. Pasc.
|Cr II fcmble qu'il entre dans l'idée de ce mot un
peu de complaiiance qui fait qu'on fc rend trop
facilement aux volontés des autres.
CONDESCENDANT , ANTE. adj. Qui a de la con-
defcendance , qui défère aux fentimens , aux vo-
lontés d'autrui. Commodiis , aliorum voluniaii ob-
fequens. Efprit condefce/idarn.
CONDESCENDRE, v. n. Déférer , fe rendre aux fen-
timens d'autrui , acquiefcer à fcs volontés. Alicui,
alicjtjus voliintati ohfequi , alicui indulgere, morcm
gerere-, mori^erari. Il coTidefccnd à tout ce qu'on
veut de lui. Il faut condefcendre aux volontés de
fes fupérieurs, Arn.
^Cr On dit auHi condefcendre aux foiblefles de quel-
qu'un -, pour dire , accorder quelque chofe à fes foi-
blcfles. Indulgere.
Condescendre , terme de Pratique. Se décharger fur
un autte d'une tutelle à laquelle on efl: nommé
par les parens du mineur. Tntelam in alium rcji-
cere. On peut condefcendre fur le parent le plus
proche ou le plusintéreflc à la fuccenion du mineur.
Ce mot efl: formé de la prépofuion corn ou con ,
qui fignifie avec & du verbe dcjcjndre , & il ligni-
fie deiccndre avec un autre , defcendre .à lui , s'a-
iaifler' jufqu'à lui , pour s'accommoder à lui. Nous
.avons formé ces mors à l'exemple des Grecs , qui pour
exprimer la même chofe avoient tait n-vixuTaiiuitu &:
i'-.v»%yf«T/ç, condefcendre & condefcendance.
CONDESCENTE, f. f. terme de Pratique. Aflion par
laquelle celui qui efl: nommé tuteur fc décharge fur
un parent plus proche, ou plus habile, pour gérer
la tutelle en fa place , à tiitelâ liheratio.
CONDIGNE , ad), m. & f. terme de Théologie , qui
fe dit en ces phrafes. Satisfâdiion condigne , mérite
condigne, c'efl:-à-dire, fatisfaâion parfaitement égale
à la faute pour laquelle on fatisfait -, mérite parfai-
tement égal à la récompenfe méritée. Condignus , a ,
z/OT. Nulle pure créature ne peut offrir .à Dieu une fa-
tisfadion condipie pour le péché ; parce que la fa-
tisfaétion condigne efl: une latisfadtion , qui, pai fa
C o M
bonté morale , égale la malice du ncché mortel. î!
s'enfuit de-là qu'il n'a pCi y avoi r de fatisfadion con-
digne pour le péché mortel; car, que ce Ibit une
créature qui fatisfalfc , la iatisfatiion n'égalera point
la malice du péché ; que ce foir un homme-Dii.u , fa
fatisfadion fera non-léulement condigne , maisfura-
bondante. Le mérite condigne , pris in concreio ,
comme on parle dans l'école ,cfl une adion bonne,
faite pour le fervice d'un autre , & qui a une telle
égalité avec la récompenfe , que cette récompenfe
lui foit due en quelque forte par iun:ice , au moins
après la promcffe de celui qui propoTe la récompenfe.
Le mérite condigne , pris in al-pracio , eft la valeur
5v: l'égalité de cette adion avec la récompenfe.
CONDIMENT, adv. D'une manière condigne , avec
condignité. Condigne.
CONDIGNITÉ , ù'i terme Dogmatique. Qualité de
ce qui eft condigne. Condignum , condignitas. En
Théologie le mérite de condignité, meritum de con-
digne , c'ell celui d'une adion à laquelle la récom-
penfe efl: due à titre de Juftice , &: 1 efl: oppofé au
mérite de congruité. Les Théologiens enfeignent
que pour mériter par rapport à la vie éternelle d'un
mérite de condignité, il faut i". que l'adion foie
exempte non-feulement de contrainte , mais encor;
de toute forte de néceffité antécédente , c'ePc-à-dire,
qu'il faut qu'elle foit libre, z". Il faut être en état de
grâce. 3 ". Il faut que la promeffc de Dieu y foit en-
gagée , c'efl:-à-dire, qu'il faut que Dieu par un effet
de fa bonté ait promis de donner fa gloire pour un2
ndion. Un ade de charité furnaturelle mérite le
Ciel d'un mérite àt condignité. Condir^nité de fatis-
fadion, co/zJ/ff/;//d de mérite. Lzcondis;nité dcmé-
rite demande différentes conditions , les unes prifcs
du côté de celui qui agit ou qui mérite , les autres
prifcs du côté de ion adion , & les autres delà part
de celui qui récompenfe le mérite. Car, il faut ii^. que
celui qui mérite foit dansl^voie, Ecc/efîaJiif^ueXÎY,
17. Joan. IX , 4. Ga/at. Vf , 10. i^. Il doit erre en
grâce, Jcan.XY , 4. Concile de T vente , fejf', FI,
c/iap. iij, 3c can. 52.
CONDISCIPLE, f. m. Compagnon d'étude. Ecolier
de la même chffc , & qui prend les leçons du même
maître qu'un autre. Condijcipufus.
CONDISI. f. m. Nom que les Arabes donnent à l'herbe
aux Eoulons. Vo\e?^ Heree a Foulon.
CONDIT, f. m. terme de Pharmacie, qui fe dit de
toutes fortes de confitures, tant au miel qu'au fucre.
Condimentum , conditus. II y a un condit fl:omacal ,
purgatifs corroboratif, qui diffère des opiates , en
ce qu'il y a plus de fucre , moins de poudre, & plus
de conferve &: de fyrop.
Ce mot vient du latin condire , alfaifonn^er.
§CT CONDITELTR , f. m. terme de Mythologie ,
par lequel on délignoit un Dieu champêtre, qui veil-
loir après les moiffons , à la récolte des grains, Con-
ditcr.
^ CONDITION, f f. Nature , qualité d'une per-
fonneou d'une chofe, qui la rend bonne ou mau-
v.iifc , parfaite ou imparfaite. Natnra , conditio.
La condition des chofes d'ici-bas , efl: d'être fujettes
à des révolutions continuelles. Cette marchandifo
n'a pas les conditions qu'eMe devroit avoir , elle n'a
pas les conditions requifes.
^fF CoNDiTioNjiîgnifie aulîi le rang d'un homme, con-
ftdéré par rapport à fa naiffance. Conditio, fiatus ,
vitcc ratio. Alors ce mot peut être regardé comme
fynonyme d'état : mais la condition , dit M. l'Aebé
Girard , a plus de rapport au rang qu'on tient dans
les divers ordres qui fo.i-ment l'économie de la Répu-
blique. L'état en a davantage à l'occupatipn ou au
genre de vie dont on fait profeffion. Les richcffes
nous font aifément oubliet le degré de notre condi-
tion , & nous détournent quelquefois des devoirs
de notre état. Il efl: difficile de décider fur la diffé-
rence des conditions , 8c d'accorder là-deffus les pré-
tentions des divers états : il y a beaucoup de gens qui
n'en jugent que par le brillant de la dépenfe.
Ç3" Nous n'avons qu'à jeter les yeux fur la cafte du
C O N
hîcnde moral , pour découvrir f^ar toute la terre une
ctoiinante inégalité dans Ls conditions humaines :
les unes immédiatement ordonnées par la provi-
dence du Créateur -, des i^rands & des petits , des ri-
. eues êc des pauvres , tels uniquement parole Ibrt de
leur naiiîance : les autres établies par la prudence des
Légiflateurs , pour main tenir chacune dans lés droits
& dans fes devoirs : des Princes, des Magiflrats ,
des Officiers de toutes efpèc:s, prépoles parties loix,
ceux-ci pour veiller, ceux-là pour commmander ,
d'autres pour exécuter. Ceft ce que nous entendons
par ordre civil & politique.
|P° II n'eft pasqueition de le juftifier à ceux qui an-
, roient k malheur d'être mécontens de leur partage.
Il n'eft jamais permis de demander à Dieu raifonde
ies Ordonnances , &: il n'eft plus temps de la de-
mander aux hommes. L'ordre eft établi , nous ne le
changerons pas , &nous aurons plutôt lait de nous y
foumettre que de nous en plaindre. Mais de ph;r,rans
t demander ni .à Dieu ni aux hommes railbn de leur
;• conduite , n'eft-il pas évident que dans l'état prélént
de la nature humaine, cette inégale diftribut'ion des
biens & des rangs étoit ablbiument nccciraire , &
que de-ià même il réllilre dans l'Univers une elpècc de
beaurc qui compenfe peut-être avec ullire le dclbrdre
apparent de l'inégalité des partages ?
ffT Que cette inégalité Ibit une lune nécelTaire de l'é-
tat prélénr de la natute humaine , la preuve en faute
aux yeux. Faites aujourd'hui entre les hommes le
partage le plus égal & le plus géométrique des biens
de la Terre , l'inégalité s'y remettra demain par la
violence des uns, ou par la mauvaile économie des
autres. Il faudroic ignorer trop parfaitement le mon-
de pour en douter. De même que Ton mette aujour-
d'hui tous les hommes dans un parfait niveau pour
les rangs ; ce niveau , dont la théorie paroit li agréa-
ble, le verra demain rcnverfé dans la prarique par
relprit de domination , qui lailira les plus forts ,
pour s'élever fur la tête des plus foibles, ou par l'ef-
prit d'adulation., qui profternera toujours le« plus
foibles r.ux pies des plus forts. En faut-il d'autres
preuves que le malheur des Etats qui tombent dans
l'anarchie par le mépris de l'ordre établi par les loix î
quelle confufion ! quelle tyrannie fous le nom de
proteélion des peuples ! quelle lérvitude fous le nom
de liberté ! L'égalité géométrique ne pouvant donc
fublîfter entre les hommes , ni pour les biens , ni
piour les rangs , la raifon , notre propre intérêt ,
celui de nos Concitoyens que nous ne devons jamais
fcparer du nôtre, nous diéle que , pour nous rendre
mutuellement heureux, il faut nous contenter de
cette efpèce d'égalité morale, qui conlîfte à main-
tenir chacun dans les droits , dans fon état hérédi-
taire ou acquis, dans fa terre, dans fa maifon, dans
ia liberté naturelle ; mais aulfi dans la fu-bordiriacion
néceiiairc pour y mainrenir les autres. Ceft ainli que
les loix égalent tout le monde. Pouvons-nous fage-
ment fouhaiter d'êrre plus égaux î
§3" Or, voilà le chef-d'œuvre de l'ordre civil & po-
lirique. Il remplace par l'équité des loix l'égalité des
condiùons. Il n'étoit pas poUlble de les mettre de
niveau. Il a ttouvé une balance poUrles mettre du
moins dans une efpèce d'équilibre -, & de-là tous les
avantages , tous les agrémens , toutes les beautés que
nous voyons naître dans la Socicré civile.
§CrLe mot de co72t////o;2,conlidéré par rapporta la naif-
fance,s'emploie d'ordinaire avec laparricule ^..'.Êtfe
de grande conduion,àc condition relevéc,d'honncte
condition, de hnilc condition , de condition kïvilc.
^C? On dit abfolument homme de condition ; pour
dire, de naiflailce > mais il faut remarquer qu'homme
de condition dit moins qu'homme de qualité. Les
. perfonnes d'une haute nailTance, ou celles qui s'en
piquent, fentent mieux sela que les autres. Mais
■ le mot de condition tout feul ne laifle pas de mar-
quer une naiflance diftinguée.
^CT De condition , de aualité , dans une lignification
lynonyme. La première de ces exprelfions , dit
M. L'Aoït Girard , a beaucoup gagné fur l'autre ;
C O N
c;
7'>î
mais, quoique fouvcnt très-fynoilynies dans la boU=^
çliedeceux qui s'en fervent, elles retiennent tou-
loui^ dans leur propre lignification le caraclère qui
les difhngue , auquel on eft obligé d'avoir égard
en certaines occalions, pour s'exprimer d'une ma-
mcre convenable. De ^i^a/ité enchérit fur de condi-
tion: car on le lert de cette dernière cxpreffion dans
ordre delà bourgeoilie, 6c l'on ne peut fe fervirdé
I autre que dans l'ordre de la nobleiiê. Un homme
ne roturier ne liit jamais un homme de çua/ité; un
homme né dans la robe j quoique roturier , fe die
Jiomme de condition. Il femble que de tous les Ci-
toyens partagés en deux portion^ , les gens de con-
amon en talfent une, & le peuple l'autre, diftinguées
entr'elles par la nature des occupations civiles^ les
uns s'attachent aux emplois nobles, les autres aux
emplois lucratifs; & que parmi les perfonnes qui corn-
polent la première portion, celles qui font illuftrées
pat la nailfance foient les ^^ns de qualité. Les per-
fonnes de condition joignent à des mœuts cultivées
des manières polies -, & les gens de qualité ont ordi-
dinairement des léntimens élevés.
0r? Il arrive fouvent que les perfonnes nouvellement
devenues de condition donnent dans la hauteur des
manières , croyanr en prendre de belles; c'eft par-là
qu'elles fe trahillënr , & font fut lefptit des auttes un
ef>et tout contraire à leur intention. Quelques gens
de i;/^iz//Ve' confondent l'élévation des fcntimensavec
l'énormité des idées qu'ils fe font fut le mérire de la
naillance , affectant continuellement de s'en targuer^
& de prodiguer les airs de mépris pour tout ce qui
eft bourgeoilie; c'eft un défaut qui leut fait beaucoup
plus perdre que gagner dans l'eftime des hommes ,
loir pour leur perfonne , Ibit pour leur famille.
|tJ- Malgré les nuances qui diftinguent les deux mots
de condition &c d'état , le premier eft fouvent em-
ployé dans la lignification du fécond, pour défigner
le genre de vie , l'occupation dont on fait ptofeltîon.
La condition deBerger eft la pi us ancienne de toutes
les conditions. Font. Le luxe & la vanité n'ont plus
de bornes , & chacun fefait de lés propres vices des
vertus de fa condition. Fléch. On entend conter avec
plaihr le dégoiit des autres conditions , pour s'ap-
plaudir d'avoir bien choifi. S. EvR. On ne choilit
point une condition par rapport aux talens que l'on
a , mais feulement par certaines loix que la vanité
des hommes a établies, & félon lefquelles on croit
que, parce qu'on eft d'une telle nailfance , il faut
choilîr un tel genre de vie. Nie*
Notre condition jamais ne nous contente ,
La pire eji toujours la préfente. La Font.
^ On dit qu'une perfonne n'eft pas de pire condition
qu'une autre ; pour dlre,qu'eUe adroit de prétendre
aux mêmes avantages , qu'elle doit être traitée aiUfi
favorablement.
0CF Le mot de condition fert fouvent parmi-nous à ex-
primer la domefticité , l'état d'une perfonne qui eft
en lérvice. Famulatio,fam.ulatiis, famnlitium. Alors
il s'emploie d'ordinaire abfolument. Être en condi-
tion, hors de co«i///io«. Entrer en co/z<y/no« ; chan-
ger de condition ; trouver une bonne condition.
Condition fe dit auHl des aitic-lesd'un Traité. Condi-
tiones, let^es , pacla. On a capitulé avec le Gouver-
neur de certe Place fous des conditions honorables.
Voilà les articles , les conditions du Traité.
Prefque au même fens, condition le dit des claufes,
charges , ou obligations qu'on ftipule en toutes for-
tes de contrats, & qu'on appofc dans des donations ,
des legs & des teftamens. Quand cet liomme fait un
marché , il fait toujours bien fes conditions. Ce don
eft fait fous des conditions onéreufes. Un légataire
ne perd pas fon legs , s'il eft fait fous des conditions
honteufes ou impofîibles.
§C? Il y a autant d'efpèces de conditions , qu'il y à dé
différentes claufes qu'on peut inférer dans les acîles.
§3"On appelle condition de droir ou légale,celle que la
loi impofeà quelqu'un, & qui eft toujouts fuppléée
quand même elle ne leroit pas exprimée dans l'aiilei
7
8i
CON
C ON
5c condition de fait celle qui a pour objet des fous
exprimes dans l'acte, commode taire ou ds ne pas
tair.e r-llc cliofc,!! tel cvcncmcnt a heu ou n a pas heu.
frr CoNniTioN de futuro , qui le rapporte a un evc-
" ncraenr à venir , comme de délivrer un le^is ,i quel-
qu'un quand il iera majeur. De pmtcruo , celle qui
a pour objet un événement pallc, comme de donner
une Ibmme à celui qui auroit tait , exécute la choie
indiquée dans l'acte. Di fuefenn , qui le rapporte
au temps préiént. . . , „ a.
§CF Condition cxpreffh , qui eft exprimée dans 1 ac^e
ou dans la loi ; ««VL-, qui n'eft point exprimée dans
ràd^e mais qui rél'ulte tellement de la nature du
contrat ou de la loi,qu'elle eft toujours tous entendue.
Telle ell la conduion qui eft prefumée appofce à une
donation faite par une perlbnne qui n'a point d'en-
tans, que la donation fera révoquée au cas qui iur-
vienne descnfans au donateur.
Condition réfolunvc. Celle qui par l'événement d'un
cas prévu anéantit l'acte qui avoit déjà eu Ion éxecu-
tion. Sufpcrjive , qui lulpeird la convention julqu'a
c" que la condition Ibit arrivée.
(CT Condition cajuelk. Celle qui dépend unique-
ment du hazard. fotejiaùvc , qui dépend du fait &
du pouvoir de celui auquel elle eft impotec. Mixte ,
qm eft cafuelle & poteftative tout eniemblc.
^ÇTll V a encoie des conditions deshonnetcs, hc!tes,im-
* poir!ble3,no(nbles,inutiles,uïiles,dériioircs,6'c.dont
on trouvera l'explication fous les articles particuliers.
On dit aufTi en Pbiloibphie, une condition tans
hquelle, Conditiofine qua non, en parlant de quel-
q.i" accident ou eirconftance qui n'cft pas de l'elknce
de la chofe , mais qui eft néanmoins ncceilaire afin
qu'elle foit produite : ainà, quoique le ieu conddéré
en lui-même puifîe brûler , & que le bois puiilé être
briilé , la prélcnce du feu eft une condition Jans Li-
qnelklz bois ne fera point brûlé , de même que la
préfence de la lumière eft une coiiduion jans laquelle
un homme , quoiqu'il ait de bons yeux , ne verra
point les objets.
A Condition, oi\ fous condition, fe difent quelque
fois zbÇolmwtni.Sul^ coTiditione , conditionaliter. Je
vous ai vendu cela à condition. Je vous l'ai donne
fous condition. ifT y endïe^donncï fous condition,
c'cft 2;arantir la choie , & s'engager à la reprendre fi
elle n'a pas la qualité qu'on demande.
|t? On dit baptiierjùz/i condition, pont fignifier la
manière d'adminiftter le baptême à un entant, lorl-
qu'on doute qu'il ait été baptifé , ou torique fa fi-
t^ure tient tellement du monftre , qu'on ne tait pas
s'il eft homme. ^
g^^-CoNDiTioN lé dit auffi tics-touvcnt dans le dilcours
ordinaire pour lignifier le parti avantageux ou dela-
vaniageux que l'on fait à quelqu'un dans une affaire.
Dans cette affaire ma condition eft la plus mauvaifc.
Te vous oifre des conditions trcs-avantageufes.
CONDITIONNÉ , ÉE. adj. Chargé de conditions.
Quodluihet adjuncîarnconditionem. Billet condition-
né, qui n'eft payable qu'en certain temps ; 6: en cer-
tain cas, dans ce fens il n'eft pas d'ufage. ,
Conditionné le dit mieux des chofes qui ont toutes
les qualités requiles pour être bonnes. Probcz , pro-
hatiz merces. Ce Marchand m'a vendu du vin bien
conditionné. Les livres de cette Bibliothèque font
bien conditionnés ; pour dire , de belle impreilîon,
de beau papier , bien reliés 6c bien complets. Des
arbres bien taillés 5i bien conditionnés. Les branches
d'un arbre les mieux placées &; les mieux condition-
nées. La Clvim. ^ ,. , ,
Conditionné , ée , ad), fe dit des hommes qui ont ,
ou qui n'ont pas les vertus , les talens , les qualités ,
les conditions nécelfaires pour quelque chofe. Bene ,
ou malè comparatus. La revue qu'on iaifoit des athlè-
tes avant que de les admettre aux jeux , étoit un
moyen alfez fur d'écarter des jeux les athlètes mal
conditionnés , 5i il s'en trouvoit peu de cette elpèce
qui vouluflent courir le rifque d'un femblable exa-
men. BiTR. Jcad. des Belles-Lct. T. I. M.'m.p. i.y..
On dit familièrement qu'un homme eft bien con-
ditionné, quand il eft plein de vin &c de bonne chère.
Nous bjmes a di.créùon, & noys étions bien con-
ditionnés les uns ic les autres quand nous fortîmes.
Gil-Blas,
Conditionné , ée , fe dit en Géométrie d'une hgne,
d'une figure qui a routes les conditions qu'on a de-
mandées , formée en la manière &c avec toutes les
conditions qu'on a miles. Etant donné une cycloïde
ordinaire , dont la bafe eft égale à la circonférence
du cercle générateur, les tangentes que l'on titera à
deux de les points quelconques , prolongées jufqa'à
ce qu'elles concourent , feront toujours un angle
droit,pourvu qu'elles ibient conditionnées d'une cer-
taine manière q le M. Dj la Hire prefcrit. Acad. i 704,
Hiltp. 4(î. Rien ne plait davantage à l'elprit, en fait
de Géométrie que de voir naître d'une même gran-
deur indifféremment co/2(i/.7b/2ra£V, dilfcrens ordres
infinis de progreUlons égal. ment invariables dans
toutes leurs panics , &: qui ne fe démentent jamais.
'CrCONDITIONNEL,ELLE. adj. Toute; qui eft or-
donné ou convenu fous quelque condition , tout es
qui porte certaines claufes ouconditions,moyennant
lelquelles une choie fe doit faire. Conditioncilis , eut
aï]uncl.i eft conditio. Les promelfes , les legs condi-
tionnels ne font dûs qu'après que les conditions Ibnt
remplies. Conditionnel c^ oppofé à pur & limple,
ablblu. En Théologie , conditionnel lignifie tout ce
qui n'eft point abfolu, ce qui eft lûjet à des reftric-
tions. S. EvR. Il y a des Théologiens qui prétendent
que tous les décrets de Dieu , qui regardent le falut
de l'homme , Ibnt conditionnels , Se il y en a d'au-
tres qui prétendent qu'ils font tous abfolus.
On dit en Logique, que les propofitions condi-
tionnelles ou conditionâles reçoivent toutes fortes de
contradiélions.Si mon mulet tranfalpin voloit,mon
mulet tranfalpain auroit des aîles.
Conditionnel eft auifi un terme de Grammaire. On
appelle conjonélions conditionnelles,ce\ïes qui fervent
à faire des pnopoCiùons conditionnelles , comme,
Jz, â moins que, pourvu que. Si vous aimez Dieu, vous
aimerez votre prochain en la manière qu'il l'ordonne.
Ab. delaTr.
fiCF En Lçrammaire , conditionnel préfent^fe dit fubf-
" tantivèment d'un temps qui marque qu'une chofe fe
feroit moyennant une condition. Nous nous amu-
ferions mieux , ii vous étiez de la partie. On dit
même conditionnel pafle , en parlant d'un temps qui
exprime qu'une chofe auroit été faite,fi certaine con-
dition avoit eu lieu. Si vous étiez venu plutôt , &c.
En Théologie,on appelle fcience des conditionnels,
c'eft-à-dire , des vérités conditionnelles , laconnoif-
fance que Dieu a des chofes confidércss non félon
leur elfence & leur nature , ni félon leur exiftence ,
car elles ne feront jamais , mais dans une certaine
fuppofition qui emporte une condition. Scicntia
conditionalium. Ainfi quand David demanda à Diea
fi les habitans de Ceïla le livreroient à fes ennemis ,
Dieu, qui conno\iXo\t ^zt^ \3. fcience des condition-,
nels ce qui arriveroit , (\ David reftoit dans Ceïla,
lui répondit qu'ils le livreroient. Quand J es us-
Christ difoit que s'il avoit fait à Tyr &; à Sidon les
miracles qu'il avoit faits à Bethfaïde & à Corozaïm ,
les Tyriens & les Sidoniens auroient fait pénitence ,
il connoilfoit cette vérité' par \z fcience des condi- _^
tionncU. L^fcience des conditionnels eft clairemenc
marquée dans la fainte Ecriture. C'eft une erreur de
nier que Dieu ait la fcience des conditionnels. Les
Thomiftes difent que'la /c/V«« que Dieu a des con-
ditionnels dépend d'un décret prédéterminant ; les,
autresThéologiens le nient. Les vérités qui compo-
fcnt h fcience des conditionnels étant très-différenres
de celles qui compofent la fcience ds viJIon,8c \:x fcien-
ce d'intelligcnce,\\ faut ajouter une ttoifième cla(re,&:
divifer [:l fcience de Dieu en trois efpèces; en fcience
de vifton , en fcience d'intelligence, Sc en fcience des
conditionnels. P. Dan.
CONDITIONNELLEMENT. ad%'. Avec des condi-
tions. Cum conditione,adjuncli conditione,coniitio-
naliter.Oa n'a traité avec lui que conditionndkment.
CON
CONDITIONNER. V. a. Clurger de claufes, de con-
ditions. Conditkmem adjiin^erd. Les contrats que
l'on conditionne le plus , font ccax qui font le plus
fujets à engendrer des procès. Dans cette lignifica-
tion il n'ell pas d'ul'age.
iÇCr Dans le Commerce, ce terme s'emploie pour expri-
mer l'adiion de donner à une marchandile toutes les
façons nécelîàires pour la rendre vénale , la rendre
tellequ'clle doit être pour être de mile. Il eft quel-
que fois Anionyme à alfortir. Encyc.
CONDOLÉANCE, f. £ Témoignage qu'on rend à
quelqu'un du déplailîr qu'on a de la perte qu'il a
faite. Dobris ex alterius dolore fufcepti Jîgnificatio.
Le Roi envoie des Ambafladeurs taire des compli-
mens de condoléance aux autres Rois lut la mort d'iln
£ls, &c. Ce mot a paru étrange à Vaugelas ; il efl cer-
tain pourtant qu'on s'en peut fervir quelquefois -,
§3* mais dans ces phrafes feulement, compliment
de condoléance , lettre de condoléance.
CONDOM. Ville Epifcopale de Gafcogne , province
de France. Condomium.Sci[\s,ci l'appelle Condomum
inhofpitumi parce qu'elle eft peu peuplée. Condoni
eft litué lut la Baife , & dépendoit autrefois de l'É-
vêché d'Agen -, mais en 15 17, Jean XXII érigea
l'Abbaye de S. Pierre de Condom en Evcché fuffra-
gantdeBourdeaux-, 6«: en 1545) Jules III fécularifa
le Chapitre. On a mis aulTî un Prélidial à Condom,
CONDOMOIS. Codomenfis ager. Contrée de Gafco-
gne , dont Condom eft la Capitale. Le Condo-
mois eft entre l'Armagnac , la Gafcogne propre ,
le Bazadois & les Landes. La Reine Marguerite ,
quand elle prenoit lés plus beaux titres , lé dilbit
Comteifc de Condomois,
CONDOMOIS , OISE, f m. & f. Qui eft de Con-
dom. Codomenfis, L'Hiftorien Dupleix étoit Cou-
domois. On dit plus ordinairement , & mieux ,
étoit de Condom.
CONDONAT. f m. mot en ufage autrefois dans la
Congrégation fondée par le B. Raoul de laFutaye ,
dans laquelle les hommes étoient fournis aux filles,
comme dans l'Ordre de Fontevraud. Condonatus.
Les Condonats croient les Religieux de cette Con-
grégation , qui demeuroient près des monaftères
de filles du même Ordre , pour leur adminiftrer les
Sacremens ,ou qui adminiftroienr des Cures dépen-
dantes de l'Abbaye où ils avoient fait profelfion.
P. HÉLYOT, T. FI , c. 14.
CONDOR ou CONDUR. f. m, Foyei Cuntur.
§Cr CONDORE , Province de Mofcovie vers la Tar-
tarie déferre -, Wergaturia eft fa Capitale.
CONDORIN. f m. "Sorte de petit poids , dont les
Chinois , particulièrement ceux de Canton , fe fer-
vent pour pcfer & débiter l'argent dans le com-
merce ; il eft eftimc un fol de France.
CONDORMANS. Nom de Seéte. Condormientes. Il
y en a eu deux de ce nom. Les premiers Condor-
mans font du XllT fiècle , qui n'infeétèrent que
l'Allemagne ; ils eurenr pour Chef un homme de
Tolède", ils s'alîembloient dans un lieu près de Co-
logne , & là , ils adoroient , dit-on , une image
de Lucifer , &^ ils y recevoient fcs réponfes & fes
oracles. Un Éclcfaftique y ayant porté la fainte
Euchaiiftie , l'idole fe brifa en mille pièces. Leur
Chef fit naufrage en pallànt en Angleterre , & périr.
On les appela Condormans , parce qu'ils couchoient
tous enfemble , hommes , femmes , jeunes & vieux ,
hommes faits &: enfans.
Les autres font du XVP fiècle. C'eft une Sefle
d'Anabaptiftes qui fâifoient coucher dans une même
chambre , plufieurs perlbnnes de différens fcxes ,
fous prétexte de charité Evangélique. Sander ,
héref. 199. Praieole,L. III, c. i8. Sponde à l'an
1255 de Jefus-Chrit y de Gautier dans fa Chrono-
logie , parlent des Condormans.
ÇONDORMITION. f. f. Conjugalis copulatio. On
s'eft fervi de ce terme pour copulation , aéle ou
ufage du mariage.
CONDOULO!R.(Sf)v. n. Témoigner qu'on prend
part à la douleur d'un autre. Alicujus cajurn cum
aliquo dolore , fuum de re aliquâ dolorem alicu^
tejtari. Il eft de peu d'uftge hors l'infinirif. Ceux
qui parlent bien ne s'en fervent plus. Vaug.Bouh*
^3" CoNDOULoiR (SE)avcc quelqu'un de la mort d'une
pcrfonne ou de quelqu'autre malheur ^ étoit autre-
fois une cxprelTion très-uCtée pour exprimer cet of-
fice de charité ou de civilité, que la mifcre hu-
maine tend fi fréquent dans le m-uidc. Ce verbe eft
aujourd'hui abfolument hors d'ul'age. Mais on ne lui
a fubftitué que des périphrafes. Nous n'avfens rien
.1 perdre i c'eft appauvrir la langue, que de prof-
crire des mots fans les remplacer par d'autres.
Ip-CONDOURSE.Petitc ville de France dans IcDau-
phiné , à deux ou trois lieues de la ville de Nions.
IP^ CONDOZ , ville d'Afic dans le Tocareftan ,
près de Kulm,
CONDRIEUX. Jolie petite ville de France dans
le Lyonnois , remarquable par fes bons vins. Con-
driaciim. Elle eft au pié d'une colline proche du
Rhône , à rrois lieues de Vienne , à fept de Lyon.
Vin de Condrieux ou abfolument du Condrieux.
CONDRILLE. f f. Quelques-uns écrivent Chon-*
DRILLE. Ckondrilla. Nom de plante que les anciens
Botaniftes avoient attribué à plufieurs plantes dé
dilférens genres. M. Tourneforr l'a confervé à un
feul genre de plantes , qui ne diffère de la laitue
que par fon calice fimple , cylindrique , découpé
jufques vers fa bafe.
CoNDRiLLE vient du mot Grec yj^^p^i j qui fignifie
grumeau, parce que le lait que rcndenr quelques-unea
de cescfpéces , fe grumèle après qu'il s'eftexcravafé.
!fT CONDROT. Perite Contiée d'Allemagne , aii
cercle de Wcftphalie , dans le pays de Liège. Hujr
en eft la Capirale.
CONDUCTEUR, f. m. Ce mot fe dit au fimple &:
au figuré , celui t]ui conduir des gens , des af^
faires , un travail. Dnx , Prcefecius opéris. Il ne
faut plus appréhender pour la France , elle a un
trop fage conducteur. Cet Ingénieur a été le con'
ducleur du Canal de Languedoc pour la commu-
nication des mers. f3° Moyfe étoit le conducteur
du peuple de Dieu , conduÉieur de la jeunefTe , d'un
troupeau.
Conducteur, terme de G\xz\:i:c.Conductor.Les Sct~
gens-Majors de l'Artillerie, autrement conducteurs ,
ont le foin de faire préparer les chemins, & d'avoir
les chofes néceffaires pour la conduite des pièces.
De la Font. On a choifi un tel Commiifaire des
Guerres pour être le conducteur de ces troupes..
Les Grecs du bas Empire appeloient un conduc-
teur xuuvn^axafi , campi-duSor , que les Grecs des
fiècles fupérieurs appeloient !>è\y)>ii
Conducteur. Conduclor. Inftrument de Chirurgie ^
dont on fe fett dans l'opération de la taille pour
conduire les rencttes dans la veffie , après l'inci-
fion du lithotome On le fait ordinairement d'acier.'
Il y en a de deux forres , le mile S>c la femelle, Voy.
le Diél. de M. Col de Villars.
Conducteur, terme nouveau , en matière d'élec-
triciré. On appelle ainfi un corps ifolé, foûtenu fut
des cordons de foie , fur du verre , & qui reçoit
la vertu électrique par communication , & la tranf^
met .T un ou plufieuts corps.
Conducteur , en termes de coutunie , eft fynonyme à
Fermier.
CONDUCTRICE, f. f. Celle qui conduir. Dux. Da--
ner , en fe fervanr de ce rerme , avertit qu'il eft
nouveau. Virgile a AnDux femina facîi ; pour dire,
qu'une femme avoir conduit l'entreprife , qu'elle
eii avoir été la conductrice.
C'eft l'exemple de cette Conductrice que vous»
voyez à votre tête, & qui , d'un pas fi afiîiré &
avec ranr de réfolution , fçut fournir roure la car-
rière qu'elle Vous a ouverre. Bourdal. Exk. T. 1 ^
p. ui.
0=- CONDUIRE. V. at C*eft indiquer le chemin erï
accompagnant fur la route. Ducere. Il fe dit dans le
fens propre &: Je fens figuré. Les mots conduire ,
guider , mener ,■ font fouvent ttès-fynonymes dan«
784 CON
la bouche de ceux qui s'en fervent -, mais conduira
Si cruid^r , ilippofeiu dans leur propre valeur , une
fupcriorité de lumières que le dernier n'exprime
pas -, le mot merrnr enferme une idée de ciédir ôc
d'ail-endaiu tout-à-fait étrangère aux deux autres.
On conduit &: l'on guide ceux qui ne içavent pas
les chemins -, on mcrie ceux qui ne peuvent ou ne
veulent pas aller (l-uls. Dans le fcns littéral , c'eil
propijment la tête qui conduit, l'oeil qui guide ,
&C la main qui m;7:e. On conduit un procès ; on
guid. un voyageur -, on mme un entant ; on nous
conduit dans les démarches , afin que nous tai-
rions prccilcment ce qu'il convient de faire. On
v\ons guide dans les routes pour nous empêcher de
nous égarer. On nous mène chez les gens pour nous
en procurer la connoilfance. M. l'Abbé Girard.
^3' L'acception primitive du mot conduire a été
dctournce d'une infinité de manières différentes.
§Cr Conduire fe dit des animaux. Conduire à^zs che-
vaux , conduire des mulets , conduire un troupeau.
ffT Conduire fe dit des chofes inanimées. Conduire
des vivres , conduire du vin , conduire une voiture.
ICT On dit aufîî conduire l'eau ; c'eft la faire aller
d'un endroit à un autre par des rigoles," par des
canaux.
ÇC? Conduire fignifie auflî avoir infpedion fur un
oi^vrage , en avoir la direclicwi -, èc en ce fens , il
fc dit "des ouvrages matériels. Un tel eft celui qui
conduit le bâtiment du Louvre. C'eft lui qui con-
duit la Pompe du Pont-neuf , l'horloge du Palais.
ffT II fe dit auffi des travaux à la guerre. Cet In-
génieur a conduit une mine jufque Ibus le Baiîion ,
une tranchée jufque fur la Contrel'carpe.
Ç5" Conduire fc dit auflî des chofes morales & des
ouvrages d'efprit. Conduire Un deffein , une entre-
prife , une inrrigue. Il a bien conduit cette afîairc -,
il a bien conduit cette pièce , ce Poëme , cette
Comédie.
On dit conduire un ouvrage à fa perfedlion ,
c'eft - à - dire, le rendre parfair , y mettre la der-
nière main.
^3" Conduire fignifie auffi fervir de Chef, régir,
o-ouverner. Ducere, Conduire une armée, une flotte ,
un vaifleau , une barque.
i^3' On dit proverbialement qu'un homme conduit
bien fa barque , lors qu'il fe maintient bien dans
fa fortune , qu'il fe conduit bien dans fes attires ,
qu'il y réuiîlt.
gCJ" Conduire cl^ auffi réciproque , fe conduire, &:
il lignifie fe comporter. Il fe conduit bien \ il le
conduit mal.
ffj' On dit qu'un homme ne voit pas à fe conduire ,
grejfum regere ; pour dire , qu'il eft prefque aveu-
gle , ou qu'il fait une très-grande obfcurité. On
dit aufli qu'un homme en a conduit un autre des
yeux ; pour dire , qu'il a obfervé fes pas , qu'il a
vu tout ce qu'il a fait. Ohfervare. On dit aufli
qu'on a donné à quelqu'un de quoi fe conduire ;
pour dire, qu'on lui a donné les chofes néceifaires
pour fon voyage. Viaticum juppeditare.
ÇCT Conduire fc dit auffi , en parlant de la raifon ,
des pallions , &c. perlbnnifiées." La débauche con-
duit les hommes au tombeau. Qu'importe , que
l'efpér.ince nous trompe, pourvu qu'elle nous coa;-
duife à la fin de la vie , par un chemin agréable.
S. EvR.
Q^ue la raifon conduife, & le favoir éclaire. Rac.
{C? Conduire lignifie auffi accompagner quelqu'un
par honneur, par civilité, par occafion , ou pour
fûrcté. Ducere, profequi, comitari. On a conduit
cet Ambafladeur à l'audience avec de grandes céré-
monies. J'ai affaire en ces quartiers-là , ie vous y
conduirai. AcAD. Fr. On a commandé tant de
Moufquetaires pour conduire le prifonnier , pour
conduire & efcorter ce convoi.
Conduire, s'emploie auffien parlant des arts. Z? //cerf ,
regere. Cet Ecrivain conduit bien la main ; pour
CON
dire , il l'a ferme & légère -. il conduit bien la maiu
de fes écoliers \ pour dire , qu'il leur mène la main.
On dit aufli en Géométrie, qu'on peut conduire une
ligne circulaire par 5 points donnés , pourvu qu'ils
ne foient pas en droite ligne , comme enfeigne
Euclide en fon quatrième livre des Elemens. Con.
duire une ligne , fynonymc de tirer.
Conduire, en termes de Peinture, lignifie diriger,
ménager , diftribuer. Ce Peintre conduit bien fon
pinceau -, pour dire , ménage bien fes traits , fes
couleurs.
Conduire l'étoffe bois à bois. C'eft , en fait d'au-
nage , la mener doucement le long de l'aune , fans
la tirer pour l'alonger.
On dit, en termes de Fauconnerie , conduire un
oifeau , pour foigner , élever , panier. Il faur con-
duire fagemcnr un oifcaii , jufqu'à ce qu'il foit bien
cnoilélé -, faupoudrcr fa gorge de cannelle &: fucre
candi , le mettant fur la chair de l'oileau qu'il a
pris , car cela lui fera aimer fon gibier.
§CF On dit , en termes de Manège , conduire fon
cheval étroit ou lartre. Le conduire étroit , c'eft le
mener en s'approchant du centre du manège. Le
conduire large , le mener en s'approchant des mu-
railles du manège.
ÇCT Conduire lé dit encore en parlant de la culturô
des arbres fruitiers. Curare , difponere , traclare.
Conduire un arbre , c'eft le tailler , l'ébourgeonner»
rémonder , fuivant fon elpèce. Il faut être bon
jardinier pour bien conduire les arbres. Ce n'eft
pas allez de planter les arbres pour avoir des fruits ,
il faut encore fçavoir les conduire. Voyez les dif-
férens articles rclatits à la culture des arbres , pa-
liflcr, nettoyer, cbourçeonner , tailler, &c.
ifT CONDUISEUR, f m. terme de marchands de
bois. C'eft un Commis prcpofé par le marchand
de bois , pour tenir„un état des bois qu'on enlève
des ventes. Le regiftre du condhifeur fait foi en
juftice. DuH.
CONDUIT, UITE. Il a les fignifications du verbe.
Voilà un builîbn , un efpalier conduit avec beau-
coup d'art. La Quintinie fe fert auffi ttès-fouvent
de ce mot. L'attachement du peuple à l'erreur n'eft:
qu'un amour de lavériré mal conduit. Bayl. Une
femme fe décrie plus par des apparences mal mé-
nagées , que par une intrigue conduite prudem-
ment. S. EvR.
Conduit , en termes de peinture , fignifie dirigé , mé-
nagé , diftribuc. Des jours & des ombres conduits
judicieufement. Fclibien a dit : un tableau bien con-
duit de couleurs , c'eft-à-dire , où les couleurs font
ménagées & diftribuées avec art.
Conduit, f m. Canal ou tuyau par cù coulent les
eaux ou autres chofes 9lu\Aqs. Meattis , aqua duclus,
La terre a plufieurs conduits fouterrains , par où
paffent les vapeurs qui forment les métaux & les
minéraux. Les conduits artificiels , pour conduire les
eaux , font de pierre , de plomb , de fer fondu ,
d'aune , de porerie , &c. On dit qu'en la province
de Mexique , il y a un conduit fouterrain en for-
me de grotte qui dure 200 lieues.
^3* Conduits à vent , terme d' Architecture. Sou-
piraux ou lieux fouterrains , dans lefquels les vents
fc confcrvent firais , Se font communiqués par des
tuyaux dans les appartemens d'une maifon , pour
les rafraîchir dans les grandes chaleurs.
Ce mot conduit vient de conduire , parce qu'un
canal conduit les eaux , ou les autres chofes flui-
des , dans le lieu où l'on veut qu'elles fe rendenr.
On trouve conducîus au même fens dans la plus
balfe latinité , comme dans la vie de fainte Fran-
çoife. Acl. Sancl. Mart. T. II, p. 104. J.
En termes de Médecine , on ^-ipe\]ç conduits, les
veines, artères , & autres vai (féaux parolli les hu- j
meurs , les efprits , &c. fe communiquent dans le ]
corps. La gravelle bouche les conduits de l'urine.
On a découvert les conduits falivaires. L'efquinan-
cie bouche les conduits de la refpiration. Les ma-
ladies viennent Ibuvent d'obftruclion , parce que
ks
CO N
les C07iduits font bouches. On découvre toujours
en anacomie de nouveaux conduits. Les conduits
biliaires qui font en fort grand nombre dans le foie
& fervent à porter la bile dans le vc/Jcule du /ici '
ou dans le duodénum. M. Anel a fhit une deicrip'
tion nouvelle & trè-s-r>xade du conduit Jacrimal
dans Ion étendue , depuis les points lacrimaux iul-
<iues dans le lieu où il s'ouvre dans l'intérieur du
■ nez.
Conduit ( Le ) de Pecquet , qu'on appelle auffi canal
thorachu.iid, eft une nouvelle découverte qui a été
^lice en l'année 1^51 , par Jean Pecquet, Médecin
de Dieppe. C efc un canal de la groifeur d'une pe-
tite plume d'oie , qui commence au réiérvoir du
chile , f.tué fous le diaphragme , entre les muicles
ploas. Il monte le long des vertèbres du dos , en-
tre les cotes & k plèvre, & va aboutir à la veine
fouclavierc gauche. Cette belle découverte renver-
iele fentiment des anciens, qui croyoient que le
chile croît porté par les veines mélaraïques au foie
pour y être converti en lang. On fait voir claire-
ment, & perlonne n'en doute aujourd'hui , que le
chile cft porté par le moyen du conduit de Péc-
tjuetdans la veine fouclavière gauche, où il fe mêle
avec le iang, & de-Ia dans le ventricule droit du
cœur par la veine cave dcfcendante. Canalis Pec-
queti ou Peccetti.
Conduit de la pudeur. Ceft le nom que les Méde-
cins donnent au cou de la matrice de Ja femme II
s'appelle autrement vagin. M. Venette fe feit tou-
jours du terme de conduit de la pudeur , & notam-
ment au chap. 5 , art. i du premier livre de Ion Ta-
bleau de r amour conjugal, où il dit que la nature
toujours admirable dans ce qu'elle fait, a compofé'
de membranes charnues le conduit de la pudeur.
Conduit. Vieux mot. Conduite. Duélus.
CON
Son cri fini y Je Jit mener par Pair
Dedans fon char avec fcs grâces belles
Sous le conduit de dou^e colombclles. Marc t.
IKr CONDUITE, f. f.CemotapIufieurs acceptions
différentes dans notre langue, dont pluheurs font
relatives aux verbes conduire , diriger. Il a toutes
les lignifications de fon verbe , en latin comme
en ttançois. On dit la conduite d'un voya"-eur
d'un état , d'une famille , d'un vaiifeau , 'd'une
entreprilé^, d'un deifcin , d'une alîàire , d'une in-
trigue, d'un bâtiment, d'un jeune homme, d'un
arbre. Il s'emploie principalemenr dans un fens
moral. ReUio , adminijiratio , gubernatio^ curatio
prudentia , conjUium. '
^CF Conduite. Aélion de conduire quelqu'un. On
dit qu'un tel eft chargé delà conduite d'un Ambaffa-
deur, quand il eft chargé de l'aller recevoir fur la
frontière , ou de l'y reconduire , en lui fàifant four-
nir fur h route 'es voitures & les vivres nécelfaires.
|Cr Conduite. Ordre que l'on mer dans fes avions j
relatif au but que l'on fe propofe. Si les aélions font
confcquentes,la conduite eft bonne-, fi elles ne le
Ifont pas , la conduite eft mauvaife. Acrendi radio.
Une conduite ouverte & familière fait plus de
progrès fur l'efprit des enfans , qu'une éducation
févère. Fenel.
%T Les moins fages font d'ordinaire très-fatisfaits de
leur conduite , parce que leur raifon & \zm conduite
font d'accord. Nicot. Ce qu'on veut faire pa/lér
pour une conduite prudente , & proportionnée à la
foibleffe humaine, n'eft quelquefois qu'un relâche-
kment politique & flatteur. Rien n'eft plus cftimable
qu'une conduite fage & judicieufc, & qui eft l'ou-
' T^'^p ^^ ^^ 'n^s'^on. Fonten. On juge d'ordinaire par
lefuccès,& la bonne conduite ne fejuftifie qu'au-
près de fort peu de gens, quand l'événement n'eft
pas heureux. S. Evr.
$Cr Conduite , régie, diredion, adminiftration. Rec-
tio. Dieu a le foin, laco/z^//;V.'de tout l'Univers. Etre
chargé de la conduite d'un Etat , d'une armée , d'un
régiment, d'un diocèfe, d'une paroiffe. ^conduite,
Jomç II, '
7^f
confidérce fous ce point de vue , défigne quelque
agcile& quelque habileté A l'égard des chofes^ôc
une /ubordinanon a l'égard des perlonnes. FoyeT
au mot Administration les idées particulières qui
diftingucnt tous ces mots. ^
rr Conduite fe dit au.li de l'infpedion qu'on a
/ur es mœurs , fur les avions , fur les démarches dé
qucquun, afin qu'il ne^faife précifémcnt que ce
quil convient de faire. Etre chargé de la cond^dtc
dun jeune Prince, d'un jeune Seigneur.
Conduite fignificau(in'intrigue& la compofition
d une pièce de théâtre, l'œconomie d'un ouvrage
nagœdia:, comœdice œconomia. Les Anciens fe font
P us attaches à la conduite de leurs pièces , que la
plupart des Modernes, qui fe font imaginés que la
beauté de quelque ouvrage que ce fût , confiftoic
feulement dans les penfées. Il faut autant de génie
pour la conduite & l'œconomie d'un ouvrage! qu«
pour bien penfer. Claud. a > 4 •
Conduite d'eau , en termes de Méchanique, eft une
iuite de tuyaux pour conduire l'eau d'un lieu à un
autre, & qm prend fon nom defa grolfeur, ou de
ion diamètre. On dit une conduite" àc dix ou d-
douze pouces. On di: encore , une conduite de
plomb, de fer, de terre ou de bois, félon que les
tuyaux qui portent l'eau font de l'une de ces matiè-
res différentes. Aqux ducius.
Conduite , terme de peinture , aélion de diri-^er '
ménager, diftribuer. Il y a beaucoup de ««W
dans les compofitions du Poulfin , c'cft-à-dire
beaucoup d'entente & d'ordonnance. '
Conduite , terme de Mufique. Deduclio. Ceft la fuite
des notes, quand elles vont en montant Ut^re^.
mi,fa,fol, la. On appelle cette fuite du nom de
conduite, parce que la voix eft conduite par ks
notes, comme par autant de degrés.
Conduite de cadran. Tringles de fer qui portent des
molettes , & qui engrènenr les unes dans les autres
a angle droit , ou obtus , pour faire marquer l'heure
au cadran cloigné de l'horloge. Il y a des conduites
faites avec des genoux , elles font meilleures quand
les tringles font placées à angle obtus.
Conduite , terme de Jardinage.^ Art, foin , manière
de gouverner des arbres , de les élever , tailler , &c.
Ratio traclandarum arborum. La conduite de toutes
fortes d'arbres , cft un des chef-d'œuvres da
Jardinage.
CONDURI , en Malais , ou Laga, en langage de
Java. Elpece de fève d'un beau rouge , avec une
pente plaque noire fur le côté, qui croît dans quel-
ques endroits des Indes Orientales. Les Javans &
les Malais s'en fervent comme de poids , pour oe-
fer l'or & l'argent. ^
CONDYLE , n m. terme d'anatomie. Ceft le nom
que les anatomiftcs donnent à une p.tite éminence
ronde de l'os , comme cft celle de la mâchoire infé-
rieure, qui entre dans les cavités de l'os pétrcuîc
Condylus. Quand l'éminence eft gro/fe, on l'appelle*
tète, Condyle défigne en général toutes les éminen-
ces des articulations.
CONDYLOIDE , adj. m. 5c f. terme d'anatomie. Quî
a la forme , la figure d'un condyle. Plufieurs aujour-
d'hui écrivent cowiiV^, & cow'iy/oiie, mais contre
l'étymologie. Condyloïdes. La mâchoire fe meut
fur les apophyfes condyloïdes qui font reçues dans
les cavités glénoïdes des temporaux. Demours ,
Acad. d'Ed. T. I,p. 147. Il y en a qui ont dit que
les apophyfes concfyloïdes fe mouvoient fur la racine
de l'apophyfe zigomatique. Id. ibid.
Ce mot vient du Grec Ki.^vXt,-, , condyle , & J^ij ,
forme , figure.
CONDYLOIDIEN, £NNE. adj. qui a rapport aux
condyles.
CONDYLOME, f.m. terme de Chirurgie. Rugofité
ou excroifi*ance de chair qui vient aux mufcîes du
fiège, ou au cou de la matrice, qui forme plufieurs
replis ferrés les uns contre les autres , fur rout lorf-
qu'il cft enflamme & endurci. Condyhma. Le con-
dylomi refleoible i une mure. Les condylom^
G G G g g
-j26 C O N
viennent à'plufieurs parties du corps -, Ceux quî vien-
nent aux parties génitales, à l'anus, au périnée, font
ordinairement des lymptomcs de la vérole.
Ce mot el1: Grec , & vient de Ki,àv>iOi , article ,
jointure : parce que dans le condylome il y a des
rides ou plis lémblables à ceux des jointures.
CONE , r. m. terme de Géométrie. Corps Iblide com-
pofé de ditFérens cercles placés les uns l'ur les autres
& par conlcquent parallèles entr'eux , qui vont tou-
jours en dimmuant depuis la bafe juiqu'à la pointe
du Cône. Un pain de lucre régulier reprélénte un
cône. Conus. L'ombre de la rerte forme un cône ,
aboutit en cône. Le cône Te décrit par le mouve-
ment d'une ligne droite , qui fe meut à l'entour d'un
point immobile , appelé pointe , le long de la cir-
conférence d'un plan appelé bafe. La ligne droite
tirée de la pointe du cône par le centre de fa bafe ,
s'appelle axe du cône. Ainfi un cône droit , e(l celui
dont l'axe cil: perpendiculaire à la bafe. Un cône
Scalène , eft celui dont l'axe eft incliné à fa bafe. Un
cône tronqué , efl une partie d'un cône coupé par un
plan parallèle à fa bafe. La bafe d'un cône eft un cer-
cle. Il y a auifi des cônes obtulang'.es ?<. acutangles.
IttF En Botanique , on emprunte quelquefois ce
terme de Géométrie pour définir les parties qui ont
la figure d'un cône ; mais ce mot eft particulièrement
confacré aux fruits des pins , des lapins , des Mé-
lèiés, 6c on les nomme arbres conifères. Arbores
coniferce. Voyez ce mot.
CONE, terme de Métallurgie. On donne ce nom à
un moule de fer fondu , de form.e conique , dans
lequel on verfe les métaux fondus , pour féparer
la partie métallique des fcories.
CONE. Ville. Voyei Cosne.
CONESSI. f. m. Efpèce d'écorce. Fbyeç-e/z la defcrip-
tion dans le Dict. de James.
CONFABULATEUR. f. m. Qui s'entretient familiè-
rement , difeur de contes. M. de Clavillc entend
parler d'un mauvais Prédicateur , lorfqu'il dit: iî
le hazard m'expofe .à l'ignorance effrontée d'un en-
nuyeux confalulatenr , j'ai recours à mon Evangile.
Traité du Vrai Mérite. Ce mot n'a pas réuiîî.
CONFABULATION. f. f. Entretien familier. Fami-
liare coUoquium , confabulatio. Ce mot eft peu d'u-
fage dans le fcricux , au/Ti bien que le fuivant.
CONFABULER. v. n. S'entretenir familicremcnt
avec quelqu'un. Confabulari, Ce mot ne le dit
qu'en plaifmtant.
CONFAITEMENT, adv. vieux mot. Parfaitement,
férieufement , comment , de quelle façon. Glojf.
des Pocf. du Roi de Nav,
CONFALON. f. m. Confrérie établie par quelques
Citoyens Romains , ou félon d'autres , par Clé-
ment IV en iiô'^, ou iiô'y. Confalo -, Confalonis
Societas. Le delfein principal de cette fainte alfo-
ciation fut de délivrer les Chrétiens captifs chez
les Sarazins. Elle prit fon nom du mot italien Co«-
falone , qui fignifie un étendart , une bannière , à
caufc de la bannière qu'elle avoir, & où étoit re-
préfentée la lainte Vierge , fous la protedfio» de
laquelle cette Confrérie fe mit. Saint Bonaventure
régla les prières que les Confrères dévoient ré-
citer. Grégoire XIII la confirma en 1 57*^ > lui donna
beaucoup de privilèges, & l'crigea en Archicon-
frérie l'an 1585 , & Sixte V fixa un revenu pour le
rachat des captifs. II y a auffi à Lyon une Confrérie
de Pénitens ànConfalon, aflbciée à celle de Rome.
De Rubis allure qu'elle éroit établie dès l'an 1418.
D'autres prétendent qu'elle le lut par Maurice de
Peirat, Chevalier de S. Michel. Quelques-uns di-
fent GonfaloTi , & d'autres Confanon , ou Gonfujion.
Confalon eft mieux. Sponde aux années 1274,
r^~6 , 158;, parle de la Confrérie du Confalon.
CONFANON. f. m. Ce mot n'eft plus en ufage.
Voyei Pavot rouge , c'eft la même chofe.
CONFARRÉATION. f. f. Ablancourt s'en eft fervi ,
■ 6c on s'en peut fervir comme lui , lorfqu'on aura à
■ parler d'une certaine cérémonie Romaine , qui
-conliftoit à faite manser dans les mariages, d'un
CO N
même pain au mari £c à la femme qui deftinoîent
leurs enfans à l'honneur du Sacerdoce. Car c'eft
cette cérémonie que les Romains appeloient Con-
farréation. Confarreatio. La Confarréation écoit la
plus facrce des trois manières de contraéler le ma-
riage ufité chez les anciens Romains. Elle conliftoit
en ce que le Grand Pontife , & le Flamen Dialis
unifibient , joignoicnt, marioient l'homme & la
femme , avec du froment Si un gâteau falé. C'eft ce>
qu'en dit Scrvius fur le premier Livre des G<ior-
giques. Ulpien Cap. 9. Init. nous apprend qu'on y
oifroit un pain de pur froment, & que l'on pronon-
çoit une certaine Formule, en ptéfencc de dix té-
moins. Denis d'Halicarnaiîé .ajoute que le mari Se
la femme mangeoient du même pain de froment ,
qu'on en jetoit fur les vidlimes. /^oje^ Vigenef-e ,
Tite-Live, T. I ^ p. 968.
IJCF Quand le mariage contracté par confarréation
fe rompoit, on appeloit cela diff'arréation. Ce nom
vient du gâteau falé, â farre & rnolâ falfd.
CCNFECTEUR. f. m. Gladiateur ; qui combattoit
contre les bêtes •, beftiairc, homme qui le louoit pour
combattre les bêtes dans l'Amphithéâtre. Confec-
tor. Les Confccleurs étoient ainli appelés à confi-
ciendis bejliis , parce qu'ils tuoient les bêtes. Voye^
Bestiaire. Les Grecs les appeloient n»pxÇoÀoi ,
c'eft-à-dire , hardis , défefpérés , téméraires , qui
s'expofent , qui fe jettent dans le péril. De-la les
Latins avoient fait les mots Parabolani , & Parabo-
lari , qu'on leur donnoit aulîi. Le premier pafia
dans l'Eglife, où l'on appela Parabolani , les valets
qui fe confacroient aux fervices des Hôpitaux, §c
s'ex'pofoicnt ainfi aux périls déroutes les maladies
qu'on y peut prendre. Outre ces mots empruntés
du grec , les Latins appeloient encore les Confec- •
leurs en leur Langue, audaces, hardis, téméraires,
& copiâtes; du Grec Kox/«Tai. /^oj'tv Saumaifefur
Tribellius Pollion , dans la vie de Gallien, C. iz.
/. 285. C. de l'Hift. Jug- de l'édition de Paris i6zo.
fol. Cafaubon fur le mime endroit de Trebellius
Pollion, Bcroald fur Suétone, C 45. d'AuguJi'èt
p. 230. C. 21 , de Claude , p. 588. 6c 644. & 892.
de l'édition de Paris , fol. i<îio. C. 29. de Néron , p.
684. &c. Saumaife, de modo uJur.C. 5 ,p. 198. Go-
defroy fur le Code Théodojien , L. 42 de Epijc, &
Cler. Perpétue tomba entre les mains d'un Gladia-
teur mal-adroit , qui la piqua entre les os & la fit
crier: car ces exécutions des beftiaires demi-morts,
étoient l'apprentiflâge des nouveaux Gladiateurs ,
pour les accoutumer fans péril au fang, & on les
nommoit Confecteurs. Fleury, Hijh Eccl. L. V ,p,
44, 45. Il femble qu'on veuille dire, i''. Que les
Confecieurs étoient diftingués des beftiaires. 2^. Que
ce n' étoient que les nouveaux , Se les apprentifs
Gladiateurs, qui s'appeloient Confecteurs. 3^'. Qu'ils
étoient ainfi nommes à conficiendis bejliariis, parce
que les exécutions des bejiiaires demi-morts etoierit
leur apprentifj'age. Si cela eft, on s'eft trpmpé. Ala
vérité les Confecieurs n'étoient pas beftiaires Chré-
tiens -, mais ils étoient beftiaires. Voye:^ au mot
Bestiaire les diftcrentes efpèces de Beftiaires. 2°.
Ce n'étoit pas les nouveaux Gladiateurs feulement
qu'on nommoit Confecieurs. Voyez les Auteurs
cités ci-delTus. 5°. Ils n'étoient point appelés , Con-
fecieurs , à conficiendis bejliariis ; mais à confi-
ciendis tefiis. Voyez les mêmes Auteurs, & furtout
Suétone dans Augufle , C. 43.
CONFECTION, f. ï. Aéfion par laquelle on fait
quelque chofe. Confeclio, Il fe dit en termes du
Palais. II faut des lettres du Prince pour la con-
feclion d'un papier terrier. La confeaion d'inven-
taire & fa clôture font néceflâires pour diiîbudre
une communauté. Confeclion d'une enquête. Il n'a
guère d'autre ufage.
Confection , terme de Pharmacie , eft un remède
qui eft de confiftance d'éleéluaire liquide, ou mou ,
compofé de plufieurs drogues. Medica compofnw.
La principale eft la confection d'alkermès, ou en-
trent les perlesj la pierre d'azur, le rauic^'aiîibre-cris,
CON
l'or en feuille , & fur - tout le ûic du gram de
kermès qui lui donne l'on nom , (c'efi l'écarlaie) le
tour mêlé avec ilicre, cannelle, fantal , &€.
Confection anacardine. Elle fe compofe principale-
ment avec des Anacardes, qui lui ont donné Je
nom : les autres drogues font le poivre long , le
poivre noir , prefque toutes les fortes de myrobo-
lans, le caftoreum , le cyperus, le collas blanc, le
burungi , les baies de laurier , & le beurre de vache.
Cette confection purge le fang, & eft propre aux
maladies froides.
Confection , (La ) Hamech efl un remède plus com-
mun , compofe de plufîeurs linij-les purgatifs , poly-
pode , prunes, myrobolans , agaric , fénc , abfinihe,
rofes rouges, cafié, tamarins, manne , &c. le tout
réduit en forme d'clc6luaire mou. Elle a pris fon
nom de fon Auseur , Hamech , Médecin Arabe
fort ancien.
Confection ( La ) d'hyacinthe efl: faîte de faphirs ,
hyacinthes, cmeraudes, topafes, de perles , corail
rouge, feuilles d'or, os du cœur de cerf, &c. le
tout mêl^ avec le fyrop d'œillet ou de limons.
CONFEDERATION . f. f. Alliance entre des Princes,
ou des Etats. Feedus , focietas , confirmata fœJere
focittas. Il y a ligue offënfive & défeniîve, ^wz/^ûft-
ration ancienne entre la France & les Suiffcs. On a
fait piufieurs Traites de confédération qui n'ont pas
été de longue durée. Cette confédération n'cft faite
que depuis notre Traité. PathU. La dcfunion &
l'umbition des Chefs entraînent inévitablement la
raine des confédérations. P. le Boss.
Il fe dit aufli des ligues que font entr'eux dans
quelques Etats, les Sujets mccontens.
^fT On le dit en Pologne des adbciations que font
entr'eux les Nobles & les Grands , fans l'aveu du
Roi , fouvent contre fes vues , pour maintenir la
conftirution de la République.
CONFEDÉRER fe dit avec le prdnom perfonnel ,
fe confidérer , v, rccip. Se liguer enfemble. Fœdus
facere, jimgere. Les armées de Pologne, & les
Princes d'Allemagne fe confidèrent fouvent. Ce
verbe^n'cft pas beaucoup ufité.
CONFÉDÉRÉ, ÉÈ, adj. qui fe dit des Princes ou
Etats qui font unis, alliés, ligués enfemble pour
leur défenfe commune , pour attaquer l'ennemi
commun. Socii , fœderati , amicitiâ & fœdere con-
junai. La paix leroit faite , iàns les intérêts des
Princes & Etats confédérés qu'on veut y comprendre.
Les Villes Hanféatiques font confédérées depuis
long temps.
Ce mot fe prend auflî fubllantivemcnt, 8c lignifie
Allié. Les Confédérés furent taillés en pièces, Abl.
Il fît tête à l'atmée des Confédérés. Eloge hiji, de
Louis XIV.
|Cr CONFÉRENCE, f. f. Action par laquelle on
rapproche , on compare deux choies , pour voir le
rapport qu'elles ont enfemblejen quoi elles convien-
nent , en quoi elles diffèrent. Comparatio , collatio.
Il fe dit particulièrement en matière de littérature,
La conférence des coutumes de France, faite par
Guenois , eft un travail fort beau & fort utile. La
conférence des Ordonnances a été rédigée & com-
mentée par le même Auteur. Les Critiques du liècle
palTé, ont fait plufieurs conférences d'édirions ,
de manufcrits , de copies aux originaux, de paffagcs
d'Auteurs , qui ont bien éclairci des difficultés.
Conférence fe dit aulfi des entretiens qu'ont en-
femble des Miniftres de Princes , des Ambafla-
deurs , pour négocier des affaires d'Etat. Congref-
fus , collo^uium , collocutio. Le mariage du Roi &
la paix fe firent en 11Î59, dans l'île de la Confc-
ren«, qui eft fur la rivière de Bidaffoa , qui fépare
la France de l'Efpagne. Il y avoir à Paris une porte
qu'on appeloit de la Conférence,
Conférence fe dit aufTi des entretiens de quelques
particuliers affemblés pour parler d'affaires ou
d'études. Si on pouvoit nouer une conférence en-
rre ces parties , leurs procès feroient bientôt ac-
commodés. Nous avons eu de longues confsrenas
CON
'H..
enfemble. Tenir conférence. Etre en conùrence ^-
trouvcr, fe rendre a la conférence. Ils entrent' rû
conférence dès le moment qu'ils font a/îcn,blés,
C cit une chofe trcs-utile de convertir les convcr-
fations en co^y^r^/zc^d'crudition,
|Cr On ledir aufli des alfemblées qui fe tietlrienï à
certains jours marqués à la bibliothèque des Avo-
cats du Parlement de Paris, en préfence d'un des
Mefficurs du Parquet. Plufieurs Avocats nommés
pour difcuter une queftion propofée dans ùna
afîemblée précédente , en font le rapport ; & les
autres qui en ont eu Communication , opincntj
On rédige par écrit les avis des opinans , & pour
la folution , on fuit le plus grand nombre.
Conférence Eccléfiaflique ^ aifcmblée de Coures a
inftituéc pour y rraiter des matières eccléfidftiqucs,
& fur-tout de la Théologie morale &: des cas de
eonfcience. Collatio. En plufieurs diocèfes il y a
des Conférences établies pour l'inftrudon des Cu-
rés & des Eccléliaftiques, Souveht il y a une per-
fonne prépofce pour expliquer dans ces afTcmbléeS
les matières qu'on y traite. On appelle quelquefois
cette perfonne le Conférencier.
On appelle dans plufieurs communautés Cohfé-*
rences fpirituelles , des aflcmblées des perfonnes
de la communauté, dans lefquelles on traite àd
matières fpirituelles , ou dans lefquelles on ié rap-
pelle, & l'on répète ce qui acte dit dans les diP
cours & dans les exhortations fpirituelles du Su^
péricur. Collatio de rébus fpiritiialibus. Au fémi-,
naiae de S. Sulpice , tous les iamedis U la veille de
prefque toutes les fêtes, il y a des Cohf rences
fpirituelles.
On appelle encore Conférence -, {-x répétition
d'étude qui fe fait en commun dans les commu-
nautés, ou entre plufîeurs perfonnes qui étudient
les mêmes chofes , comme font en Sorbonne, plu-
fîeurs Bacheliers. Enfin l'on appelle Conférence des
thèfés qu'un écolier foûtient en particuher chez lui ,
pour fe préparer à une thèfe publique, & aux-
quelles il n'invite que quelques amis & des Ré^
pétiteurs i pour argumenter coi-ttre lui. Cet écohet
fait toutes les femàines une Conférence de deux
heures, pour fe difpofer à fa thèfe.
Coj^FÉRENCE fe dit aufTi d'un Livre. Cemotfe dôn-J
ne pour titre à un livfe qui contient l'extrait ou
le réfultat des Conférences faites fur quelques ma-'
tiètes. Collatio. Plufieurs Evêques ont établi dans
îeut diocèfe que les Curés &; autres Ecclciîaf-
tiques s'afTemblent dans chaque Doyenné , pouf
conférer enfemble, & traiter des cliofes qu'il con»
vient de favoir dans leur état, fur des cas de con-'
fcience. On a recueilli en quelques diocèfes ce qui
s'étoit décidé dans leS afîcmblées ,& on l'a impri-
mé fous le titre de Conférences de Paris , Confé'f
rences de Grenoble, Conférences de Luçon , Co«-
ferences d'Angers. Ceft dans ce fens cuie Ca/neti
a fait les Conférences des Pères du déîert.
CoNFÉRENéE, vieux mot, comparaifon. Comparatio t
collatio.
CONFÉRENCIER, f. m. Celui qui préfïde à une-
Conférence, qui propofe les matières & les expli-
que , & qui répond aux difficultés que les Afiiftans
proppfent.
CONFÉRER. V. a. Donner , o<5lroyer, Cortferre.
Dieu nous confère fes grâces par le moyen des Sa-
cremens. Le Roi de Pologne confère toutes les grâ-
ces , & n'a point la haine des châtimens. Les Prin-*
CCS confèrent les honneurs , les dignités. Les Pré-
lats confèrent les Ordres.
Conférer fe dit particulièrement des bénéfices. Cor:*
ferer un bénéfice , pourvoir à un bénéfice vacant #
en donner les provifions. C'cQ: le Roi qui nommef
aux Prélatures , le Pape confère. Le Pape peut, da
jour de la vacance , conférer tous les bénéfice^
par prévention , même les élecflifs collatifs^ fi le
Chapitre re le prévient par l'eleélion. Mais il ne
peut conférer les bénéfices confiftoriaux que fur la
nomination du Roi , ni les bénéfices en patfonag^
G G G g g ii
788
C O N
laïque , que fur la piclcntation des Patrons. Le Roi
confire de plein droit les bénéfices dépcndans de
l'Evcchc , vacans en régale. Le Roi peut auih con-
firer de plein droit, me Ordinarii Ik vice Papœ ,
tous les bénéfices dont il eft Collateur abfolu, à
cauledcronLT;ion,6c parce qu'il y a une elpcce
de iacerdoce annexe à la royauté. Les autres Pa-
trons laïques n'ont en effet que la fimple prcfen-
tation , lans pouvoir conférer. On a même jugé
que le Roi peut admettre en réfignation par per-
mutation du bénéfice éleélif confirmatit", & k con-
férer lorlqu'il en efl le Collateur ordinaire. Aucun
Supérieur ne peut conférer au mépris d'un Patron
laïque.
Conférer fignifie auffi comparer , mettre deux cho-
fes l'une è^n préfence de l'autre ; pour voir le rap-
port qu'elles ont cnlcmble. Comparare , conferre.
Plufieurs Auteurs ont conféré k Droit François Si
le Droit Romain, Conférer les éditions , les manul-
crits d'un même Auteur. On confère les diverfes
traductions à l'original. Quand on confère ces deux
tableaux , il y en'^a un qui efface l'autre. Ce qui
paroît beau & délicat dans la copie , cft froid Se
languifTant lorlqu'il eft conféré avec l'original.
Ablanc.
Conférer, v. n. lignifie parler enfemble, raifonner
de quel qu'affaire, de quelque point de dotfrine.
î! faut faire conférer enfemble ces parties 5c leur
confeil pour les accommoder. On a ordonne que
le Rapporteur conférerait de cette affaire avec les
Commilfaires que le Roi a nommés. Ces Doéfeurs
ont long temps conféré fur les queftions qui leur
ont été propofces. Après que les Généraux' eurent
longtemps conféré enfemble , il répondit. Ablanc.
Pour vivre en homme , il faut conférer avec les
hommes. S. EvR.
^fT Montagne s'efl: fervi de ce mot comme fynoni-
me à contribuer , être caufe. Pourquoi crains-tu
ton dernier jour, il ne confère non plus à ta mort
qu'aucun des autres ? On ne le dit plus.
jCONFÉRÉ , ÉE. part. Il a deux ^fignifications de
fon verbe , en latin comme en françois.
^ CONFERVA , terme de Botanique , forte de
plante, elpcce de matière cotonncuCe, commune
dans les eaux dormantes, 6c dont les filets font
trop fragiles pour être employés à aucune forte de
manufadure. Mem. de l'Jcad. des Se. 1741.
jCONFÈS , adj. vieux mot , confeffé.
// voudrait moult être confès.
Il eft un Chapelain ci-après.
Oh a dit aufTi ^e^072/êj , en parlant d'un homme
tjui raouroit fans conteffion.
^ CONFESSE. Locurion adverbiale qui fignifie con-
/elfion , t< fe met fans régime. Jre ad confeffwnem ,
.aïleï à. confeffé. Rediit de ConfeJJïone Sacra. Il eft
revenu de conjeffe,
ffj' CONFESSER, v. a. Déclarer ce qu'on a eu tort
de faire. Confiteri. On avoue la faute qu'on a faite.
On confeffé le péché dans lequel on eft tombé.
J 'La queftion fait avouer le crime , la repentance le
. fait confeffer.
Confesser J e s u s-C h r i s t , confeffer la foi -,
c'eft faire une profetHon publique de la foi de
J. C. Confiteri , profiteri. Confeffer de cœur de de
.bouche.
Oui, malgré les ohfcurités
Qui nous cachent tes vérités ,
Mon cœur n'en doute point , ma bouche les confeffé.
'i^ Confesser fignifie quelquefois reconnoître une
vérité particulière , demeurer d'accord. Confeffé:^
ce qui en eft. Un brave fe confeffé vaincu , quand
il demande la vie. Les promeffes & quittances
commencent ainfi : Je foulfigné , reconnois & con-
fère avoir reçu , devoir , ou promets payer , &c.
<^o/z/<.;^£ ingénument, avouez que vous avez tort
CON
On dit en ftyle populaire qu'un homme confère
la dette quand il rcconnoît qu'il a tort.
^CT Confesser fignifie auffi déclarer fes péchés,
foit à un Prêtre dans k Sacrement de Pénitence,
foit à Dieu feul , dans une prière particulière. Sa-
cerdoti fua peccata aperire ,peccata Sacerdoti, Deo
confiteri. On confefjé à un Prêtre les péchés dans
lesquels on eft tombé. En ce fens , il eft auffi ré-
ciproque. Il faut fe confeffer premièrement à Dieu.
C'eft un des Commandemens de l'Eglife , de fe
confeffer à Pâques.
^CT Confesser le dit auffi du Prêtre qui entend la
déclaration que fait un pénitent de fes péchés. Ce
Curé confeffé prcfque toute fa paroiffe tout feul.
jiudire confitentem peccata. Audire confejfionem
alicujus.
^fT Le Prêtre confeffé k pénitent , mais il ne con-
fère point les péchés du pénitent , c'eft-à-dire,
qu'on ne peut pas dire qu'un Confeffeur a confeffé
les péchés d'un homme , pour fignifier qu'il les a
entendus à confeffé. Ainfi un de nos Poètes s'eft
trompe, & a parlé contre l'ufage, quand il a dit:
D'un jeune gars contrit à deux genoux ,
Frère Rémi confeflbit les pèches.
II n'y a de droit que le Pape qui puiffe conférer
dans toute l'Eglife , l'Evêque dans tout fon diocele.
Se les Curés chacun dans leurs paroiffes-,mais d'autres
peuvent confeffer par permifïion , & ce n'eft qu'au
Pape & aux Evcqucs à donner cette permiffion. Il
n'y a que les Prçlats &: les Curés qui puiffent con-
feffer, ou ceux qui en ont d'eux la permiffion.
Il ne fuit pas cependant que lesCurcs puiffent aufT?
bien approuver un Prêtre pour confeffer queksEvê-
qucs ; & que l'approbation de l'Evêque diocéf'ain ne
fufîife pas , fi elle n'eft confirmée par le Curé ; car il
eft conftant qu'un Evêque peut confeffer lui-même
&: approuver quel Prêtre il voudra pour confeffer
dans la paroiffe d'un de fes Curés, non-feulcmcnc
à fon infu , mais même malgré lui.
On dit proverbiaLment : C'eft k diable à con->.
feffer \ pour dire, que ce qui reftc .à faire d'une cho-
ie , eft le plus difhcik , ou que c'eft le hic ou le
nœud de l'ad-'aire. ^fT On dit auffi qu'un homme fe
ccnfeffe au renard, quand il fait confidence d'une
choie à quelqu'un qui a intérêt de s'oppofer au
fuccès. ^ ^
CONFESSE , EE part : On dit au Palais que des faits
font tenus pour confeffes &c avérés , lorfqu'un hom-
me a refufé de répondre fur des faits & articles
qu'on lui a fait fignifier pour le faire interroger ,
&i qu'il a été fufïifamment contumace. Cesjugemens
ne font pourtant la pUipart du temps que commi-
natoires. Confès s'eft dir autrefois pour confeffé.
On dit auffi dans les Bulles apoftoliques , qu'elle
accorde indulgence à tous Fidèles dévotement con-
feffes 8c communies , &c.
CONFESSEUR , f. m. dans l'ufage de la primitive
Eglifc , Chrétien qui a profefl'c hautement Se pu-
bîiquement la foi de Jesus-Christ , qui a enduré
des tourmens pour la défendre, 8c qui eft prêt de
fouffrir le martyre pour la foûtenir. Fidei Chriflïa-
r.a defenfor ,propugnator. Un Saint s'appelle Coyi-
feffeur , Canfeffor fçouï k diftinguer des Apôtres,
Evangéliftes , Martyrs , Prélats , Dodeurs ou "Vier-,
ges. ïl y a un Office commun des Confeffeurs dans
le bréviaire. Dans VHi/ioire Eccléfiafîique , on a
appelé premièrement Confeffeurs > les Martyrs qui
avoient fouffert la mort en confeflant Jesus-
Christ. Enfuite on a donné ce nom à ceux qui,
après avoir été tourmentés pat des tyrans , ont
vécu 8: font morts en paix. On les honoroit auffi
du titre de Martyrs. Enfin on a appelé Confef-
feurs, ceux qui , après avoir bien vécu , font morts
en opinion de fainteté. Baronius , au fécond de
Janvier , 8c Bollandus après lui, Tome J. Janv.p,
.1 84, remarquent que les Anciens ne donnojent le
k
CO N
nom de tonfcffcurs , qu'à ceux qui > interrogés
par les ennemis du Chriftianiiine, avoient devant
eux contbrte leur foi •, que s'ils avoient Ibuftert
quelques tourmens pour cela , on les appeloit
Martyrs, & quelquefois audi Confejjeurs ; ÎS: que ,
quoique ces deux mots, à proprement parler, li-
gnifient la mt-me chofe , on les diltinguoit cepen-
dant ainfi dans l'uiage, comme il paroït par Ter-
tulien , S. Cyprien , &c. Les cpitres 7 , 9,10,15,
30, 3y> îi &c 81 de S. Cyprien en font foi;i>c
Pamelius fait la même remarque iUr l'cpitre c/^ de
ce Saint. Celui qui le préfentoit au martyre de lui-
même & fans être cité , on ne l'appcloit point
Conftjfeur , félon S. Cypiien , mais Profcrteur ,
Profijfor. Si quelqu'un, par la crainte de manquer
de courage & de nier la foi , abandonnoit ion
bien , Ion pays , 6'c. &c s'exiloit lui-même volon-
tairement, on l'appeloit Extorris , exilé. Dans la
liiite l'ufage a donné le nom de ConfeJJ'air , & on
le donne encore à tous ceux qui ayant mené une
vie lainte & chrétienne , meurent comme ils ont
vécu ; & on le leur donne, parce que c'eft là con-
feffer Jesus-Chp^ist par Tes œuvres &: parfes adions.
Quelques Conciles ont auffi appelé Confejjeurs ,
les Chantres & Plalmiftes des Eglilés , parce qu'en
langage de l'Ecriture , confit er i , c'eft chanter les
louanges de Dieu,
Confesseur eft auifi un Prêtre fcculier ou religieux ,
qui a pouvoir d'ouir les Chrétiens dans le Sacre-
ment de Pénitence , & de leur donner l'abfolution.
Sacerdosqui confitentes audit , confejfiones excipit;
Sdcramenti Pxnitentice. adminijier , l'Eglife l'ap-
pelle en htin Confefiarius , pout le diftinguer de
Confelfor , qui eft un nom confacré aux Saints. Un
Confeffeur doux , commode , indulgent. Un Confef-
J'eur rude, févère , riside , habile , prudent.
^CONFESSION.!". f.Con/d-^^/fo. Déclaration que l'on
tait de quelque choie. Déclaration que l'on fait
<le la vérité. La Confejjion tient un peu de l'accufa-
lion. On confjjfe ce qu'on a eu tort de faire. La
lepentance le fait confeffer. Une ConfeJp.on qui
n'eft pas accompagnée de repentir , n'eft qu'une in-
diicrccion inlukante. M. l'Abbé Girard. Syn.
Voye^^ Aveu.
IJC? On dit, en termes de Droit, dlvifer la Confefjion ;
pour dire , prendre une partie de ce qu'un homme
confe/îe & rejeter l'autre. Ac. Fr. C'eft une ma-
xime qu'en matière civile on ne doit pas divilcr
la Conft'J/ion ,' il la. faut prendre toute entière.
■Confession eft auffl une déclatation qu'on fait à
un Prêtre de tous fes péchés, pour en recevoir
l'abfolution. Peccatorum Sacerdoti facla confejjio :
confcientiœ per facram confejjlonem perpurgacio. La
CoTifeffion des péchés eft une des parties du Sacre-
ment de Pénitence. Tout le féjour de Saint Paul
à Ephèfc , fut d'environ trois ans : Pluiicurs des
Fidèles venoient confeifer leurs péchés .•■ exemple
remarquable de Confejjion après le Baptême. Fleuri.
■ La Confejjion des feuls péchés publics & très-griefs
fe faifoir autrefois publiquement ; maintenant elle
eft auriculaire. Il faut que toutes les grandeurs s'hu-
milient devant le tribunal de la Co/tfeffion. Les Con-
fejjîons doivent être enlevelies dans un étemel
iîlence , fous peine du dernier fupplice contre qui
fera convaincu de les avoir révélées. Ne cherclie-
. t'on pas quelquefois dans ces Confejjlons froides
& hiftoriques, le ibulagement de la confcience ,
plîitot que l'amendement de la vie. Fléch. Dans
vos Confejjlons précipitées vous n'examinez que la
furface de l'ame. Jd. Le fceau de la Confejfion doit
être inviolable. L'Abbé Boilcau a fait en latin
l'hiftoirc de la Confefjwn auriculaire. LesThcologiens
Catholiques & les Controverfiftes , comme Bellar-
min, Valentia , &c. ont démontré la ncceflîté &
l'ufagê de la Confeffion auriculaire 5c détaillée
des péchés , dcpuisics premiers liècles. Le Père Ma-
billon réfute DatUé fur cela, -i4da SS. Bened.
Sccc. m , P.I ,p. Ix, S>Cc. où l'on trouvera beaucoup
de chofes utiles fur cette matière. S. Eloi étant
C O N
789
Venu en c-igè mur j Se voulant merrrè fa cbrifcicnc;^
en repos, confc/fa devant un Prêtre tout ce qu'il
avoit j-ait depuis la jeuneffe. C'eft le premier exemple
que je iache de Confejji. n générale. Fleury. Hildc
bold, Evêquede Soiifons, fe srouvânt dangereufe-
ment malade envoya fa Confeffion par écrit à
Hincmar ion Métropolitain ^ lui" demandant des
lettres d'abfokition -, Hincmar les lui envoya , mais
en l'avertiHànt , qu'outre cette Conf£lon générale ,
il devoir , comme il ne doutoit point qu'il
n'eût déjà fait , fe Gonfeflér en détail à Dieu ic à
un Prêtre, de tous les péchés qu'il avoit commis
depuis le commencement de fa vie. Par où l'on
voit qu'outre la Confejjion générale , c'cft-à-dire j
faite en général , & ians Ipécilicr aucun péché j
relie qu'étoit celle d'Hildebold , il e(t néceflàiie!
d'en faire une particulière j détaillée , &: de tous fes
péchés , à un Prêtre. Hincmar appelle aufli
Confejjîon générale , une Confeffion faite en
général , fans Ipéciiier aucun péché , telle qu'eft
celle que l'on fait à la Méfié & dans l'Office Divin ,
en récitant le confiteor. Plufieurs Théologiens ont
ttaité du fecret de la Confejjion. Lanfranc ,
Arhevêque de Cantorbcry, de celanda Confejjlone,
Dominique Soto, dans un Traité du fecret. Mal-
derus , de Slgillo Confejjionls jacramentalis , en
\6i6 à Anvers .Lochon en 1708 en François ,
Langlet en \-j\<^. Traité Hijiorique & dogmatique
du fecret inviolable de La Confellion.
C'ctoit une ancienne coutume en quelqiles endroits
de la France , &• en particulier à Paris , de ne point
donner de Confeifeur à ceux qu'on conduifoit au
f.ipplice -, de même qu'aujourd'hui encore on ne
leur accorde point la Communion. Le Concile de
Vienne condamna cet ufage ; 6c le Pape Gré-
goire XI écrivit à Charles V pour le faire abolir ;
mais inutilement. Le Seigneur de Craon foUicita
la chofe li fortement, qu'il l'obtint de Charles VI ,
& l'on en publia l'ordonnance : mais de plus il fit
élever auprès du gibet de Paris un crucifix de
pierre avec fes armes , & c'étoit au >pié de cette
Croix que long tems depuis les criminels avoient
coutume de fe confeflêr avanr de fubir la mort.
Il donna un fonds aux Cordeliers de Paris en lès
chargeant i perpétuité de cette œuvre de miféricorde»
Cet ufage avoit cependant encore fubfifté en quel-
ques endroits , & l'on en ttouve des exemples juf-
qu'à la fin du XVP iiècle.
Les Indiens ont auffi chci euic une éfpéce de
Confejfion & de Pénitence publique. Voye^ Ta^
vernier. Les Juifs ontauflî une elpècê de Confej-
fion dont ils ontdreffé des formules pour ceux qui
ne font pas capables de faire le détail de leurs péchés.
Ils en ont d'ordinaire un compofé félon l'ordre
de l'alphabet : chaque lettre renferme un Péché
capiral , qui fe commet le plus fréquemment. Ils
font cette Confejfion ordinairement le lundi & le
jeudi, ?)C tous les jouts de jeûne. Ils la répètent
plufieurs fois, en particulier au jeûne des pardons;
de plus, lorlqu'ils font malades, ou en péril évident :
quelques-uns la diient tous les foirs avanr de fe
coucher, &tous les matins quand ils fe lèvent. Lorf-
que quelqu'un d'eux fe voit ptès de la morr , il
mande dix perfonnes , plus ou moins , félon fa vo-
lonté , dont il faut qu'il yen ait un qui foit Rabin \
de en leur préfence ils récitent la Confeffion dont
o,n vient de parler, f^oye^ Léon de Modene , Part.
5. des cérém. des Juifs , C/iap. ^ & 6. Ceux que
Saint Jean baptifoit confeflbient leurs péchés ,
comme il eft marqué cxpreifément au chap, 5 de
S. Mattk, V 6, ù au chap. i. de S. Marc,v. <;.
Comme la Confejfion eft une partie de la Pénî-
tence , le nom Confejjion s'eft dit autrefois pour
Pénirence ; & parce que l'habit & la profelïion mo-
naftique font un état de pénitence, on a pris auffi
Confejfion dans ce fens ; & un Auteur de VHifiolré
Ecclefiajiicjue l'y a pris de même depuis peu en
notre langue , mais en l'expliquant : car ce mot
n'a point ce fens aujourd'hui en France. Raminll
7^o CON
à la fin de Ta vie , par les inftantes prières des Evê-
queb & des Abbés , reçut la Confejjion , c'eft-à-dire ,
l'habit monaftique , 6c mourut après avoir régne
dix-hait ans. Fleury. Koye^ Du. Gange au mot
Confession.
Confession , terme de liturgie 3c d'Hiftoirc
Ecclcliaflique. CenfcJJion croit un lieu dans les
Egliles lequel étoit ordinairement fous le grand
autel, 5i ou rcpoibicnt les corps des Saints Mar-
tyrs. C'eft la notion qu'en donne le Cérémonial
des Evoques , Z,. 1 , c. i z. Cortf.Jfio. Théodoret
l'appelle iàri^»Ti<,, d,:jcen[c , parce qu'on y def-
cendoit par quelques degrés. Telle cil à Sainte
Geneviève à Paris la Chapelle qui Te voit Tous le
grand autel, & à laquelle on delcend pat quelques
degrés. S. Etienne de Bourges , Notre-Dame de-
Chartrcs , & plulieurs autres Cathédrales , ont en-
core de ces Chapelles fouterraines , que l'on nom-
moit autrelois ConffJJion. On appelle encore la
Coiifeffwn des SS. Apôtres, le lieu où reix)(ent à
Rome les corps de S. Pierre &c de S. Paul. Go-
deau dit Confeifionnal a.\i. lieu de Confijfîon. Le Pape
Anaftafe iit le Confejfionnal de S. Laurent Martyr,
d'argent mafif, peiaiit 8o ou loo livres. Godeau.
Ce n'eft point l'ulage. M. Châtelain dit que la
ConfiJJion eft un lieu enrichi devant ou derrière
rautel, d'où Von voit au deflbas la place où eil
la fépulture d'un Saint ou d'une Sainte.
On prend encore ConfeJJîon , dans les Auteurs
Ecclciîaftiqaes , pour ornement de ce lieu ou repo-
Ibient les reliques des Saints -, pour un oratoire ;
pour lefiégeoù un Conf-eileur entend les ConfiJ/ion s ,
que nous nommons Conf<:J]îonnal , & pour la
pénirence qu'il impole. Voye:^ Baronius fur le
M Ttyrologe au 6' de Juillet -, du Cange , les Macri ,
H ftman. Acia. SS. Januar. T. Il y p. 176. Feir.
T II, p. ;5o.
CONFESSION , en termes de Lirurgie, fignifie au/îl
la prière du confiteor que le Prcrre dit debout
& courbé au pié de l'Autel, au comraîn:em_nt
de la Mcflc , ou dans l'Office, &: que celui qui
fert la meffe , ou ceux qui récitent l'Office , répè-
tent enfuite au nom du peuple qui y alîifte. On
appelle encore ConfeJJion la réciration de cette
prière. A'oyt.j; le Card. Bona. Rerum Lit.L.ÎI,C.
1. n. 5, Item le lieu où le Prêtre réciroir certe
prière avant de commencer la Mefle. Conj'ulu^
Du Cantre, les Macri , Hoffinan , &c.
CONFESSION de foi , ert une lifte , ou dénom-
brement & déclaration des articles de la Foi de
l'Eglife. C'eft aulfi la déclaration faite de bouche,
ou par écrit , de la Foi qu'on profefle. Fidei pro-
fej[lio,confeljîo.Tous ceux qui demandent des Pro-
vifions pour les Prélatures , font obliges de faire
une Confeffïon de foi-, de Jurer leur confeffion de
Foi. Au Concile de Rimini , les Evêques Catholi-
ques blâmoient les dates dans une ConfeJJion de foi ,
&• marquoient que l'Eglife ne les datoit point.^oye^
Date. Les Hérétiques en ont auffi fait dans chacune
de leurs Eglifes. La Confeffion d'Austourg , eft celle
des Lurhcriens, préfentéë à Charles-Quint en 1550.
La Confefion Belgique, &c. S. Jérôme appelle
aulfi Confel/îon , toutes les louanges qu'on donne
au Seigneur , & les aétions de grâces qu'on lui
rend.
CONFESSIONNAI, ou CONFESSIONNAIRE. f.m.
Petit banc ou clôture où le Confeifeur fe tient
dans l'Eglife pour entendre en confeffion les péni-
tens. Confeffariifedes, facrnm Pœnitentite Tiilunal,
Confefflonale. Aujourd'hui un Confe[fionn,il eft un
ouvrage de menuifericcompoféd'unfiége qui fertde
Tribunal , & d'un prié-Dieu de chaque côté: quel-
quefois le Confefjîonnal eft élevé fur un marche-
pié , couvett d'un dôme, orne de fculpture, (^ir.
L'uraare n'^^^ point de dire Confefjîonaire,
CONFESSIONNAL, roye^ Confession. Terme
d'HifT-oire Eccléfiaftique.
CONFESSTONISTE. f. m. & f. C'eft le nom que
l'oa donne à ceux des Luthétiens c^ui fuivenr la ,
CON
Confe/Hon d'Ausbourg. Confejfionijla,
gcrCONFESSOIRE ,(l'adion) terme de pratique, fe
dit quand un voilin prétend un droit de fervitude
fur fon voiiin,
^Zr CONFIANCE lignifie en général la bonne opi-
nion qu'on a de foi-meme , ou des autres, ou
de quelque chofe lur laquelle on s'aifure , on fe fie,
ou plutôt l'effet de la connoiiiance & de la bonne
opinion qu'on a des bonnes qualités d'un êtreen
général , relatives à nos intérêts , qui fait que nous
nous rcpolbns entièrement fur lui. Fiducia , Jirmx
animi confjîo.
Confiance , dans un fens moins étendu , lignifie
quelquefois la même chofe qu'efpérance ferme en
quelqu'un, en quelque chofe. J'ai grande confiance
en vous , en votre fecours. Mettre fa confiance dans
les richeffes. Il ne faur point mettre la confiance
. aux choies du monde. Il eft difficile de diftinguer
l'alfùrance folide qui produir la vérité, de la djn-
fiance téméraire qui naît de l'erreur. L'Homme en
la propre force a mis fa confinice. Fiducia.
Confiance (îgnifie aulfi l'alfùrance que l'on a de I2
probité & de la difcrétion de quelqu'un , qui fait
qu'on s'ouvre 6c qu'on fe livre à lui iansréferve. C'eft
dans ce iens qu'on dit , prendre confiance , mettre là
confiance en quelqu'un ; qu'un homme a Izc^nfitn-
ce du Prince v taire agir une perfonne de c 'njuace,
&CC. La confiance nous flatre , parceque e'clt une
marque qu'on nous croit prudens. Nicol, Ce Prince
a une entière confiance en fes Miniftres , il fe rc-
pofe fur eux des affaires les plus importantes,
La Confiance des autres ne naus plaît, que par-
ce qu'on la regarde comme une preuve qu'on nous
rrouve du mérite. Es?. La trop grande con-
fiance noils abandonne à la difcrétion des méchans.
Cail.
ÇCJ" Confiance fe prend auflî quelquefois pour
une liberté honnête qu'on prend en cerraines oc-
caiions , aborder quelqu'un avec confiance ; quelque
fois pour fécurité , haidieffe. Confidentia , fiducia.
Pailer avec confiance , aller au combat avec con-
fiance. La confiance avec laquelle parle un bel ef-
prit , lui donne tout l'avantage dans la converfation.
Val. Il avoit de \3l confiance dus préfomption , &
de la crainte lans foiblelfe. Flécpt. La confiance ferc
plus à la canverfation que l'efprir. S. Evr.,
gCJ" Dans l'ulage ordinaire, ce mot fe prend quel-
quefois en mauvaife parr comme fynonyme à
préfomption , confidentia ; mais alors^il eft fouvenc
dérerminc à cette lignification par répithète qui
y eft jointe. C'eft ainfî que l'on dit qu'un homme
a des airs de c.9/;ji''.î;2C(? 5 qu'il eft plein de confiance.
La confi ince de plaire eft fouvent un moyen de
déplaire infailliblement. La Roch. Les uns ont une
confi ince fans crainte, & ce font les préfomp-
tueux -, les autres une crainte fans confiance, & ce
font les fbibles. FlÉch. Le faux refpeCt de nos
amis nous endort , &: nous jette dans une faufTe
confiance. Maleb. Une timidité fcrupuleufe eft peut-
être plus fùre qu'une confiance décilivc qui ne s'é-
pouvante de rien.
Ip-CONFIANT , ANTE. adj. Ce mot dans l'ufage or-
dinaire paroîr fynonyrne de préfomptueux , hardi
à entreprendre , qui s'imagine pouvoir venir à bouc
de tout. Confidens. C'eft un homme confiant.
M. Fléchier, écrivant à M. Huer, lui dit: vous
voyez , Monfieur , que je ne fuis pas fi modefte
que vous eulfiez penfé, & que vous avez a.fa'te
à un homme hardi & confiant , qui prend déjà
des rirres d'amitié.
Confiant, ante. part. adl. Qui fe confie à la
fidélité de quelqu'un. Plein de confiance. Fidins.
Votre tendre amitié
Efi confiante , & vous ferei trahie. Voltaire.
CONFICT , CTE. vieux adj. Abforbé , rempli.
CONFIDEMMENT , adv. avec confiance. Pronon-
ce» confidamment. Cum fiducia. Il y a de Ja hontÇ
C ON
à révéler un fccrct qu'un ami vous dît confiâetn-
ment. Familiariter , amicè.
CONFIDENCE. L f. Communication de penfées &
de lecrcts entre pcrfonnes amies ;part qu'on donne
ou qu'on reçoit d'un fecrct. Snmma cum aliquo
Teruni omnium communicatio , jiunma animorum
■conjunaio. Rien ne flatte plus notre oigueil que la
•confidence des Grands , parce que nous la regar-
■dons comme un effet de notre mérite. Rochef.
Bien -des gens ne font des confidens que par im-
puiHancc de garder le fecrer. lu. Les crimes ne
•doivent jamais être la matière d'une confidence.
NicoL. Les amitiés les mieux établies , & les con-
fidences les plus éttoites , fe relâchent infenfible-
ment. S. Evr. La foibklfe & la déraangeailbn de
parler , font plus de confidences que l'amitié, S. Evr.
Le Xliniftre ne vous a fait une confidence ii pri-
vilégiée , que par vanité, & par impatience de
conter fa bonne fortune. M. Esr. Il y a mille pe-
tites confidences fort chères aux perfonnes qui s'ai-
ment 5 & fort peu importantes aux indifférents,
S. Evr,
^3" Faire une faufîe confidence à quelqu'un , c'eft
lui dire en fecret quelque chofe de faux , ordinai-
rement dans le deflcin de le tromper.
Confidence , en tetmes de Jurifprudence Canoni-
que , eft une paélion illicite ^C? qui a lieu lorf-
que le titulaire d'un Bénéfice ne l'acquiert qu'à
-condition de le réligner à un autre dans un cer-
tain temps , ou lorfqu'il conlérve le titre pour lui ,
mais à la charge d'en donner les fruits, ou pattie
des fruits au réfignant , ou à une autre perlbnne.
Confiidenii.t. C'elt le mot dont fe fervent les Ca-
noniiles. La Confiidence fait vaquer le Bénéfice , &
eft comparée à la fimonie. Le premier exemple
que l'on trouve de confidence en matière de Bé-
ncnce, eft de l'an 918 , où le Moine Tryphon con-
fcntit contre les règles , de n'être ordonné que pour
un temps Patriarche de Conftantinople , & de re-
mettre cette dignité à Théophilaéte , fils de l'Em-
pereur Romain le Jeune, quand il feroit en âge
de la polféder.
Il y a deux efpèces àt confidence ; l'une qui eft
un vTnifidei-commis , quand le Collateur confère ,
ou que le Réfignant réligne à' condition de rendre
le Bénéfice à un autre. La féconde , quand l'un porte
le titre du Bénéfice , & que l'autte jouit des fruits.
Il y a des Bulles des Papes qui excommunient les
confidenci tires , &c qui les privent de leurs Béné-
fices. L'Edit de Louis XIII, de l'année i(3io,art. I,
porte que fi qucLiiiun efi convaincu de Jimonie ,
ou de tenir desBcnèfices en confiidence -, il fiera pour-
vu auxdits Bénéfices comme vacans. On pourroit
encore ajouter une 3' elpèce de confidence , qui
eft plus cachée; lorfque des perfonnes de qualité,
qui ne peuvent pas jouir des Bénéfices, les font
donner à des Eccléfiaftiques qui leur payent de
groifes penfions.
CONFIDENT , ENTE. f. m. & f. Ami intime à qui
on confie fes plus fecrètes penfées. Qui alicujus
confiais imimus efi. Qjii conjiliorum ejt particcps ,
quicum arcana omnia , fieria , ']oca , communiccs.
Achates étoit le confident d'Enée. Il n'eft point de
confidens que les hommes ménagent avec tant de
foin , que ceux qui peuvent devenir leurs Accufa-
teurs. M. Esp.
^C? On le dit figurément & poétiquement en parlant
des bois , des tocheis , des échos , ùc.
Déferts , fieuls confidens de toute ma douleur ,
Je viens vous découvrir lesfiecrcts de mon cœur.
LaSuze,
CONFIDENTIAIRE. f. m. Qui eft coupable de
confidence -, qui piète fon nom pour pof-
féder le titre d'un Bénéfice, &en lailfer le revenu
à un autre , ou la liberté d'en difpofer quand il
voudra. On le dit auffi de celui à qui on prête fon
nom, Confidenticrius, C'eft le mot dont fe fervent
CO N
791
les Canoniftcs. Ce mot eft relatif aux deux perfon-
nes qui font la paétion illicite,
CONFIER, V, a. |p" Commettre quelque chofe à la
fidélité ou au foin de quelqu'un , fur la bonne opi-
nion que nous avons conçue de fa difcrétion ou
du fecours qu'on en peut attendre. Se confier , pren-
dre confiance. AUquid alicui credere , concredere ,
committere , a/icui confidere. Quand on a de vrais
amis , on leur doit confier tous fes fecrets. On ne
doit confier les places fortes qu'à ceux dont la fi-
délité eft bien éprouvée. Il ne fiiut pas fe con-
fier à. la foi d'un ennemi réconcilié. Le fecrer eft un
dépôt lacré , fur lequel la haine & l'infidélité , mê-
me de celui qui nous l'a confié , ne nous donne
point de droit. Bouh. La vanité &c l'impatience de
conter une bonne fortune , difpolént tellement à
s'ouvrir &à fe confier, que les plus petites occafions
font des pièges inévitables ,mêmc aux plus tetenus.
M. Esp. On ne découvre , & on ne confie fes plus
fecrettcs penfées , que pour décharger fon cœur
des chagrins ou des joies qu'on ne peut plus rete-
nir. I0. La nation Juive , l'objet du mépris des au-
tres nations , eft pourtant celle à qui Dieu avoir
confié fes oracles lactés. Claud. Je te veux bien
confier ma vengeance. Rac.
CONFIE , EE. paît. &; adj. Qui eft commis à la dif-
crétion , à la prudence de quelqu'un. Creditus ,
concreditus , commijfius.
Un fecret follement confié.
Par d'indifcrets amis efi bientôt publié.
ViLL,
CONFIGURATION, f.f. Forme extérieure, ou fur-
face qui borne les corps , & leur donne une figure
particulière.^oy.FiGURE& Surface, i^o/v/z^j^mej.
Les moules différens donnent une différente co;2jf-.
guration aux corps fur lefquels ils font formés. Lô
fœtus acquiert peu à peu fa parfaite configuration^
La vue courre , ou la vue longue , viennent de la,
diverle configuration ducriftallin.
ifT On le dit particulièrement des parties infenli-
blés des corps , de leur tilfu , de leur arrangement
particulier. Selon quelques philofophes , ce qui fait
la différence fpécifique entre les corps , c'eft la
diverfe configuration S>c la diverle fîtuation des par-
ties , le tilfu intérieur des parties infenlîbles. Selon
eux les élémens de tous les coips , des métaux >
des végétaux , de l'air , de l'eau , &c. font les mê-
mes, l'eau ne diffère de la pierre que par la manière
dont les élémens de ce corps font arrangés , pat
leur tifTu , par leur con^^g-ttr^zz/ow particulière , c'eft
pourquo*i Defcartes ne demandoit que de la ma-
tière & du mouvement pour compolcr un monde.
Configuration, ou afpecî des planètes en Aftrolo-
gie , eft une certaine diftance que les planètes onc
entr'elles dans le Zodiaque, par laquelle , félon les
Aftrologues , elles s'aident ou fe nuifent les unes
aux autres. Cette diftance fe mefure par le nom-
bre des degrés du Zodiaque , qui fépare ces deux:
planètes. Situs , pojitio.
CONFINER. V. n. Borner, être pioche des confins
d'une contrée, d'un pays. Confinem effe , conter^
minum. Mon héritage confine avec les communes
de la Paroiffe. La France confine avec l'Italie , 6c
n'en eft féparée que par les Alpes. Il fe conf'
tiuit auffi avec le datif. La Champagne confine
au Bairôis. Ces terres confinent à la forer.
Confiner , v, a. lignifie , enfermer en certain lieu de
peu d'étendue, Aliquem certis finibus confcri-
i>ere , concludere. Confiner dans un cloître , dans
une prifon , dans une île, §3* Il fîgnifîe aulfi re-
léguer , bannir hors des confins d'un certain terri-
toire. Vous me confine^ parmi les bêtes fauvages
qu'on ne peut apprivoifcr , relc^are , ablegaré ,
amandare,
^3" On ditaulîl fe confiner dans une folitude , dans
une province) ùcp pour dire, s'y retirer volontaiê
75)2. CON
rement. Elle s'cft confinée dans l'a maifon de cam-
Au bout de r Univers vas , cours te confiner ,
Et fais place à des coeurs plus dignes de régner.
Rac.
^T Confiner un héritage , en Jutifprudence , c'efl; 1
en marquer les confins,
CONFINÉ, ÉE. part. Il aies fignifications de fon verbe
pris en lignification adUve , car dans la fignification
neutre il^n'a point de participe pallifi Relegaïus ,
deportatus , &c.
CONFINS, f. m. pi. Limites d'an champ , d'une
Seigneurie , d'un pays. Confifiia. Il faut mettre dans
unefaifie réelle les bornes &: cci/{/?/2j d'un héritage,
c'eft-à-dire , Tes tenans 5: aboutilîans. Les confins
de l'Efpagne font la mer &; les Pyrénées. Il entra
dans les confins de la Médie. Vaug.
Ç2" Les confins le prouvent par les bornes , les ti-
tres & les témoins. Les bornes prouvent les confins
d'un héritage , ou d'une paroilTe , ou d'un terri-
toire , lorqu'cUcs ont été placées fur les confins ,
pour fervir de limites.
|tCF Les titres qui prouvent les confins font les papiers
terriers par lefquels l'étendue & les limites d'un
territoire font déclarés & déîignés par tenans &:
aboutilîans. Lorfque ces deux preuves manquent ,
on a recours à la commune renommée , qui confifte
dans le témoignage de plufieurs habitans du lieu
ou des environs qui déclarent qu'ils ont vu un
tel labour , ou tel héritage , tel Curé dixmer juf-
qu'à tel endroit , ou tel Seigneur fe, faire payer
de fes droits jufqu'à tel endroit , qu'ils ont oui dire
la même choie à leurs prédéceileurs \ &; que c'ert
la commune renommée.
ÇC? Il ne faut pas confondre les hornes avec les con-
fins. Les confins , comme on voit , appartiennent
à lachofe, ils lafinilTent. Les ^or/z<?j lui font étran-
gères ; elles la renferment dans le lieu qu'elle oc-
cupe ; elles fervent à marquer les limites. Voyez
Bornes, Limitis, Terme,
Confins , fe dit aulTi figurément, La lumière de la rai-
fon nous conduit jufques fur les confins de la Reli-
gion. Abad.
CONFIRE, v. a. Je confis , tu confis , il confit , nous
confiions , vous confije:^ , ils confifent. Je confifois ,
je confis. Je confirai. Confis. Qu'il confife. Donner
aux fruits , aux fleurs , aux herbes , aux racines ,
certaines préparations en les infufantdans du fucre ,
du fyrop , de l'eau-de-vie , & pour les rendre plus
agréables au goût , ou pour les conferver plus
long temps. Condire. Les Anciens ne confifoient
qu'avec le miel , maintenant on confit avec le fu-
cre. On confit des cerifes , des abricots , des prunes ,
des oranges , des citrons , &c. avec du fucre.
Confire fignifie aulfi , lailTer tremper , imbiber
long temps un mets dans la fauce , dans le vin ,
dans le beurre , dans le vignaire. On confit les cor-
nichons-j les capucines dans le vinaigre, y^oye^
Cornichon.
Confire des fardines. C'efl: , après qu'elles ont pris un
peu de fel , les faire frire dans la poêle , ou rôtir fur
le gril , & les mettre dans de petits barils , avec du
laurier, du vinaigre , du poivre & du girofle,
qui font comme une efpèce de fauce.
■On dit aulîi qu'un fruit efl tout confit fur l'ar-
bre \ pour dire , qu'on ne l'a cueilli qu'en fa
pleine maturité. Maturus, conditus. Il fe dit parti-
culièrement des fruits doux , comme l'abricot , les
figues. Les Provençaux fe vantent de manger les
fruits tout confits (nx^ les arbres.
Confire eft aulli un terme de chamoifeur , qui fi-
gnifie , donner une certaine préparation aux peaux
avec de l'eau , du fel , de la farine, & autres choies
dans une cuve appelée confit. Par arc , apparare.
Il faut confire ces peaux.
CONFIT , ITE. part. & adj. Conditus. tfTOn dit que
Izi fruits font confits fur l'arbre, quand ils fent
CON
extrêmement mûrs , & cuits par le folcil. Ce mot
fe prend quelquefois au figuré , dans le flyle fami-
lier feulement •, une femme toute confite en dévo-
tion ; pour dire , qu'elle cll^lans les grandes prati-
ques de la dévotion.
Bien efi-il vrai quil parloit comme un livre ,
Toujours d'un ton confit en /avoir vivre.
Vert-vert.
CONFIRMATIF, IVE. adj. Qui confirme, qui rend
une chofe ferme & ftable. Decretum, ediclum quo
aliquid confirmatur. Cette maxime eft fondée fur
la loi , & fur plufieurs ordonnances confirmatives.
Cet arrêt efl: confirmatif d'une telle fentence du
Juge inférieur. Cette nouvelle efl: confirmative de
celle que j'avois déjà apprife.
En matière bénéficiale , on appelle Bénéfice élec-
tif confirmatif , celui pour l'élcdlion duquel il faut
la confirmation du Supérieur , comme du Pape ou
du Roi. Beneficium quod confirmatione indiget.
On prétend qu'un Bénéfice cicctit' confirmatif , peut
être réfigné par permutation , & que la réfignation
en peut êtte admife en Cour de Rome malgré
ceux à qui appartient l'éledlion. Le Roi prétend
avoir le même privilège pour les Bénéfices éleélift
confirmatifs , dont il eft le CoUateur ablblu , vice
Ordinarii , 6c vice Papœ. , fauf au Chapitre à exer-
cer fon droit d'éled:ion en cas de vacance du Béné-
fice par mort.
CONFJPvMATION . f. f. Ratification , titre qui rend
une choie plus ferme, plus ftable. Confirmatio. Le
Roi a donné des Lettres à cette ville pour la confir-
mation de les privilèges. On a taxe les Officiers
pour la confirmation d'hérédité.
§3" Il faut remarquer que la confirmation d'un aâ:e
nul n'empêche pas qu'on n'en puilîe attaquer la
nullité. Q^uod nullum ejî ipfo jure , perperàm &
inutiliter confirmatur. Une donation qui n'eft pas
infinuce , eft confirmée inutilement ; un héritier
qui feroit quelque aéle en conféquence d'une telle
donation , ne feroit pas moins en droit d'en atta-
quer la nullité. De même la confirmation que feroit
le Roi , d'un privilège qui ne feroit plus vala-
ble , ne donncroit pas plus de force à ce privi-
lège. \Qitia qui confirmât, nihil dat de novo , fed.
datum tantùm confirmât. Il n'en eft pas de même
quand l'acte n'eft pas nul de foi , & qu'il s'y trouve
feulement quelque défaut qui peut le faire callêr ;
dans ce cas, fi celui qui y a quelque intétèt , l'ap-
prouve en quelque façon que ce foit , il n'eft plus
rccevable à s'en plaindre.
03" Confirmation fe dit aulfi en matière Bénéficia-
le de l'acfte par lequel le fupérieur confirme l'élec-
tion de celui qui eft pourvu d'un Bénéfice éle(5lif ,
confirmatif. Voye:^ ces mots &: Bénéfice.
03" Confirmation fe dit aulfi dans le difcours ordi-
naire , de l'aflurance nouvelle & plus exprelle d'une
chofe qui avoir été annoncée comme vraie \ j'anends
par le courier la confirmation de cette nouvelle.
Nous avons reçu la confirmation de fon mariage. Ce
que vous dites là a befoin de confirmation. Il eft
de la prudence d'attendre la confirmation des nou-
velles publiques avant que d'y ajouter foi , & d'être
en garde contre les tricheries de la renommée.
Voye:;;_ Confirmer.
CoMFiRMATioN , en tetmes de Rhétorique, efl: la
troifième partie d'un difcours , dans laquelle l'Ora-
teur doit prouver par loix , raifons , autorités , &
autres moyens , la vérité des faits &: des propofi-
tions qu'il a avancés , foit dans fa narration , foit
dans la divifion. C'eftce que nous appelons preu-
ves & moyens. Cette partie qu'on appelle généra-
lement contention , renferme la preuve de ce que
l'orateur a avancé & la réfutation des raifons de la
parrie adverfe.
Confirmation, en Théologie , eft un Sacrement ds
l'Eglifc , le fécond en ordre , qui outre la grâce
iânâ:ifiante j cofifcrç des grases ^'sciî^s* ^°'^^ cod-
feiTci
I
C O M
feflcr courageufcmen: la foi de J. C. Confirmationis
Sdcramcntum. La Confirmation cil un des trois Sa-
cremens qui impriment caradlère ; ainfi il ne peut
être réitéré. L'Evêque feul peut donner X's.Conjir-
mation. La forme de ce Sacrement conlîrte dans l'o-
raifon qui accompagne rimpofuion des mains &
dans les paroles jointes à l'ondlion faite avec le
Saint Chrême. On voit encore ici, ( Art. XIX.)
comme à la converfion de Samarie , deux Sacre-
mens diilingués. Le Baptême , qui eft donne psr
d'autres que par les Apôtres , comme par des Pie-
rres , ou des Diacres: l'impofition des mains, pour
recevoir le S. Efprit , c'eft-à-dire , la Confirmation ,
qui ne peut être donnée que par les Apôtres en
perfonne , & par les Evêques leurs fuccelleurs.
Fleury. Tertullicn dit , dans ion Traité du Baptê-
me , qu'au Ibrtir de l'eau nous recevons l'onélion ,
d'où vient le nom de Chrétien ; qu'cnfuite on nous
impofe la main , avec la béncdiclion & l'invocarion
du S. Efprit -. où il marque le Sacrement de Co-:-
firmation. Id. S. Cyprien, dans fa lettre j^ , à Ju-
b.'iien , marque très-diftinélement la tradition ti
l'ufagc de la Confirmation par l'impolition des
mains de l'Evêque , depuis les Apôtres jufqu'à lui.
S. Grégoire ayanr écrit L. /i/, ê)j. 5», à Janvier
de Cagliari que les Prêtres ne dévoient pas oindre
du Saint Chrême au front les enfans baptifés ; mais
feulement leur faire l'ondlion fur la poitrine , Jaif
fant aux Evêques à leur taire enfuite l'oniilion fir
le front , quelques-uns en furent contriftés. Il ré-
pondit donc , qu'il permettoit même aux Prêtres
de faire aux baptifés l'ondlion du Saint Chrême
fur le front , au défiut des Evêques ; d'où pluiieuvs
Théologiens concluent que bien que l'Evêque ibit
le Miniftre ordinaire du Sacrement de Confirma-
tion, il n'eft pas fcul miniftre, & que le Prêtre le
peut adminiftrer , s'il en a permiifion. Et Ratram-
ne , en répondant aux Grecs , L. IV ., c.j, ne nie
pas que les Prêtres aienr ce droit &: ce pouvoir -,
mais feulement il dit que ce n'efl point l'ulage.
Voye:^ plus bas ce qui regarde les Grecs. Le Con-
cile de Rouen de 1071 , canon 7 , ordonn; que cc-
Jui qui donne la Confirmation , & ceux qui la reçoi-
vent , feront à "Jeun ■■, & qu'on ne la donnera point
fans feu. Apparemment c'étoit pour lignifier le feu
du S. Efprit , ou pour marquer les langues de feu
qui defcendirent fur les Apôtres le Jour de la Pen-
tecôte. Dans les commencemens les Evêques la
donnoient immédiatement après le Baptême, dont
elle étoit en quelque manière la perfedlion. C'ell:
pourquoi les Pères l'ont appelée la perfection du
Chrétien , & l'accompUifement du Baptême. Dans
la Confirmation l'Evêque répand le Saint Chrême
furie front des fidèles baptifés, en difant ces pa-
roles : Je vous marque au fi%ne de la Croix , £• je
vous fortifie par le Chrême du falut. N. Signo te fi-
gno crucis , & confirmo te Chrifmate falutis , in no-
mine Patris , &c.
Caucus , Archevêque de Corfou , dans le livre
qu'il a écrit touchant les erreurs des nouveaux
Grecs , adrelfé au Pape Grégoire XIII, rapporte
entre leurs erreurs celle-ci : qu'ils ne reçoivent point
la Confirmation. Mais il s'eft tiompc •, car non-feu-
lement les Grecs , mais aulTt toutes les autres focié-
tés Chrétiennes d'Orient, ynetKnx.\x Confirmation
au nombre des Sacremens. Ce qui a trompé Cau-
cus , c'eft qu'il en a jugé par rapport aux ufages
des Eglifes d'Occident , où ce Sacrement eft con-
féré féparément du Baptême , au lieu que dans
toute l'Eglile Orientale on le donaeen même-temps
que le Baptême. De plus le Prêtre parmi les Grecs
adminiftre ce Sacrement , comme on peut le voir
dans la Differtation que Lucas Holfténius a com-
pofée fur ce fiijet , & que le Cardinal François
Barberin a fait imprimer. Ce favant homme afllire
que cet ufage eft fi ancien dans l'Eglife grecque ,
que le pouvoir de confirmer eft devenu comme or-
dinaire aux Prêtres , qui ont reçu des Evêques ce
pouvoir -, & c'eft en ce fens que plulîeurs de nos
Tome H.
C O N 7^^
Théotogierts latins difent que l'Evêque eft leMiniftre
ordmaire de Ï2. Confirmation , mais que les Prêtres
la peuvent donner , & l'ont même donnée en l'ab-
fcnce des Evêques , comme Miniftres extraordinai-
res. Le Sacrement de Confirmation eft marqué dans
les Adcs des Apôtres par l'impofition des mains.
Les anciens Pères l'ont nommé Chrême & Onc-
tion , & encore aujourd'hui les Grecs l'appellent
Chrifima , c'eft-à-dire , OnUion. Cette fainte Onc-
tion, dit le Père Amelote , eft un figne religieux
qui reprcfente & honore le Fils de Dieu , com-
me factc parle S, Efprit, qui demeura en lui dès
le premier moment de fa vie. Le Sauveur le dé-
clara lorlqu'il lut cet oracle d'Ilaïe dans la Synago-
gue de Nazareth , & qu'il l'expliqua de fa perfon-
ne même : L'Efiprit du Seigneur efl fiur moi , il
m'a fiacre de fion onction. Luc c. 4,^. 18. Les plus
anciens Pères latins ont auHi appelé ce Sacre-
ment Chrifima &c Unciio. Les difputes de Petrus
Aurelius & du P.Sirmond fur le Sacrement de Con-
fiirmation ont fait beaucoup de bruit ; Aurelius eut
d'abofd un grand nombre d'approbateurs \ mais le
lencimentdu Père Sirmond dok être préféré-, les
plus habiles gens lui ont enfin rendu Juftice.
Ip* CONFIRMER, v.a.qui a différentes acceptions.
C'eft en général rendre plus ferme , plus ftable
en employant un nouveau moyen , un renfort. Fir -
mare , confirmare. Les miracles confirment les pre-
miers fidèles dans la foi. Cela m'a confirmé dans
mon opinion , dans mon projet.
^fT On le dit à -peu-près dans le même fens en
parlant des droits, des privilèges & autres chof-s
femblables que les Souverains ou Seigneurs conti-
nuent à ceux qui en joui/fent , en leur accordant
de nouvelles lettres. Le Roi a confirmé les droits ,
les privilèges de telle ville, de telle communauté ,
de telle compagnie : il les a confirmes dans leurs
privilèges ,&c. Il y a une nouvelle Ordonnance fur
ce fujet qui confirme toutes les autres.
DCJ" Confirmer, en ^terme de Jurifprudence , c'eft dé-
clarer ou reconnoître un aéie valable : reconnoîcre
pat un acquiefcemenr à fon exécution , ou en or-
donner l'exécution par un jugement. Une dona-
tion , un teftament, &c. font confinés ou par un
jugement, ou par l'acquiefcement des parties. Le
Juge fupérieur confirme ou infirme une fentence
dont eft appel.
^3' Confirmer fignifie encore avoir recours à \\x\z
nouvelle preuve , ou au témoignage d'autrui , pour
appuyer quelque chofe. C'eft un renforr qu'on op-
pofe au doute , & donc on appuie ce qu'on vcur
petiuader. Dans cette acception , on le regarde
comme fynonyme d'afiurer & d'affirmer -, mais ces
mors ont leurs nuances particulières. Le trop d'at-
tention à vouloir tout confirmer^ rend la conver-
fition ennuyeufe (Si fatiguante. Les gens impolis veu-
lent quelquefois confirmer par leur témoignage, ce
que des perfonnes fort audeffus d'eux, difent en leur
préfcncc. La bonne manière défend de rien affir-
mer , que lors qu'on eft dans le cérémonial de la
juftice ; elle ordonne d'avoir foin de confirmer ce
qui peut paroître extraordinaire , ou erre fu^et .à con-
teftation-, &: elle permet dans le difcours, l'air &
le ton affurant yiots qu'on s'appcrçoit que les'per-
ibnnes à qui on parle ne font pas au fait de ce qu'on
dit, & n'en jugent que par la contenance de l'Orateur.
{13^ On confirme une nouvelle qui avoir été dé-
bitée pour vraie , quand on en donne de nouvel-
les aflurances , des aflîirances plus cxprefles. On
confirme un hit , une propofition que l'on a avan-
cée, en apportant de nouvelles preuves , de nou-
velles autorirés , de nouveaux moyens. Cette let-
tre confirme la nouvelle de fi mort. Il a confir-
mé cette- vérité par des autorités rirées des Pères
de l'écriture.
fer On le dit auffi avec le pronom perfonne!. Se
confirmer , devenir plus ferme , plus ftable, plus
folide. Firmari , confirmari. Sa fantc le con-
firme de jour en jour , c'eft-i-dire qu'on a taus les
HHHhh
754 C O N
jours (.le nouvelles preuves que fa fanté fe tctaMit
de plus en plus. On nous avoir mandé relie choie
de l'aimée -, mais ce bruir ne lé coiijirme pa.s.
^ Confirmer un cheval , rerme de Manège. Ceit
achever de le drellér aux airs du manège.
gCT Confirmer lignifie auUi conférer le Sacremenr de
Confirmation , bacremenr qui forrifie dans la grâce
reçue au Bapreme. Co/ifirmaiioms jacrumencum im-
j'/ruri. Un tel a érc 'conjirmc par tel Evêque. Le
droit de confirmer n'appartient qu'aux Evèques.
Voye^ Confirmation ,Jacrementi
f3" t)n dit en théologie que Dieu cow/me en grâce,
qu'un Chrétien eft confirme en grâce-, pour dire, que
Dieu accorde une ilirabondance de grâce , par le
moyen de laquelle on perrevère dans la juftice. Les
Apôtres furent ccrfirmas en grâce , quand ils eurent
reçu le Saint-Eipnr.
ICJ- CONFIRMÉ , ÉE. part. Foyei le verbe.
§Cr CONFISCABLE. adj. Qui peut-être confifqué.
Fifco addifcendus. Ses biens l'ont co/ifijcabUs au Roi.
Maucroix.
CONFISCANT , adj. v. terme du Palais , fur qui peut
tomber la confilcation. On dit des gens de main-
rnorte , qu'il faut qu'ils donnent au Seigneur un
homm e vivant , mourant & confifcant -, pour dire ,
par la faute duquel le fief puillé être co/z/y^/ze.
CONFISCATION, f. f. Adjudication qui lé fait au
profit du Roi ou des Seigneurs Haut-Jufticicrs ,
des biens d'un homme condamné à mort. On le dit
«ufîl des biens confij^uis. Bonorum alicujus fi.jco
aidiclio , confij'cauo. Ily a des provinces où k con-
filcation n'a point de lieu , fi ce n'eft en ciime de
Lèze-Ma)efl:é. Le Roi Jean a accordé ce privilège à
l'Aquitaine. Ce crime emporte confifcation. Il a ob-
tenu du Roi la confifcation d'un tel. L.a confifca-
tion efi: au profit du Roi quand il y a félonie. S.
Louis réunit à la Couronne le Comté de Dreux ,
ôrc par arrêt de confifcation à Pierre de Dreux. La
Guyenne , l'Anjou , la Touraine , le Maine , l'Au-
vergne , font venus à la Couromie par confijca-
tion. L'HOMMEAU.
1^ Le mot confifcation vient de celui de Me qui
ligninoit au ttefois les trélbrs du Prince & ceux
de la République , exprimés par le mot orarium ,
à'où l'on pourroit dire que les Seigneurs Kaut-
Jufliciers n'ayant point de fifc , la confifcation ne
devroit regarder que le Prince.
|Cr Cependant ils jouiflénr de ce droit pour les
biens & effets d'un homme condamné à mort na-
turelle ou civile dans l'étendue de leur feigneurie ,
& cela en vertu d'ancienn^'s conceirions de nos Rois,
renouvel lées & confirmées dans la fuite ; mais fur
la confifcation qui appartient aux Seigneurs Haut-
Jufticiers , l'on adjuge une amende au Roi , pour
réparation de l'injure faite au public par le crime
du condamne.
$3- CONFISERIE, f. f. L'art de faire des confitu-
res & autres ouvrages en fucre , bifcuits , maca-
rons, 6'c. CoWzwj, conditiira. Cet OiHcieï entend
bien la confiferie.
CONFISEUR, f. m. Qui confit , qui prépare des
fruits ou autres choies avec du lucre. Conditvr. Cet
Officier eft un excellent Confifcur. Voyez Con-
fiturier.
CONFISQUER, v.a. Adjuger au fifc, ou à ceux qui
en ont les droits. Alicujus bona fifco adAicere ,
confifcare. On confifquc les corps &: les biens des
criminels & des rebelles. On confifqui au profit
des Traitans toutes les marchandilés qu'on veut
faire paffer en fraude , 6i fans payer les droits éta-
blis. Qui confifqué le corps , confifqué les biens au
profit du Roi ou du Seigneur de fief: c'eft un axiome
du Droit françois , qui veut dire que celui qui eft
condamné pour crime à perdre la vie^ doit aufîl
perdre les biens', cependant les veuves de ceux qu'
font condamnes, ne perdent point leur douaire,
ni leur part des biens de la communauté par le
forfait de leurs maris. L'Hommeau.
Pu dit, en matière de fiefs, qu'un vafîàl confif
C O N
<]Ve fon fief-, lorfqu'il dénie à fpn Seigneur celui
dont il relève , &c qu'il ne lui veut pas rendre la
toi 6c hommage -, & alors on dit que le fief tom-
be en commilé. ^oye^ ce mot.
Confisqué , Éi. part.
Confisqué le dit aulTi d'un homme dont la for-
tune eft ruinée , ou dont la fanté eft défefpéree.
Exprellion du difcours familier. Perditus , ever-
fus , labefaclus , confeclus. C'eft un homme con-
fifquc , qui ne relèvera jamais de cette maladie.
Sa fortune eft confifquée, il a déplu à fon maître,
il eft comfifqué.
CONFIT , f. m. terme de chamoifeur. Sorte de cuve
où l'on met confire les peaux de mouton , d'ag-
neau Se de lièvre. Locus ad moliendas pmparan-
dafque pelles idoneusyconditorium. Mettre les peaux
au confit.
Confit. Les Marroquiniers appellent aufTi confit ,
l'excrément du chien délayé dans l'eau tiède , dont
ils lé fervent pour la fabrique de leurs maroquins.
CO^FITEOR. f. m. Terme latin. Prière qu'on
fait avant que de lé confellér. Confeffio. On la fait
aulfi dans l'églife à la melTe , à prime, & à compiles
en certains offices marqués dans le Bréviaire. Oa
dit aulîl à ceux qui font en danger de mourir, ou
qui y font condamnes , dites votte confiteor.
On a dit aulTi populairement d'un homme qu'on
doit appliquer à la queftion , ou à qui l'on fait
fujir l'interrogatoire -.on lui fera dire fon confiteor»
c' .-ft-à- dire , avouer le fait , dire ce qui en eft.
CONFITURE, f m. Préparation faire avec du fucre
ou du miel, qu'on donne aux fruits , aux herbes,
aux fleurs , aux'racines , ou à certains fucs , pour les
rendre plus agréables au goût , ou pour les confer-
ver^ Il fe ditprefque toujours au pluriel. Condi-
mcntum , fruclus faccharo conditi,
fCr On fait des confitures liquides & des confia
tures fèches. Les liquides font des fruits entiers
ou divifés , confis dans un firop liquide , de la
môme couleur que les fruits qui y ont bouilli. Les
fèches font des fruits qui , après avoir bouilli dans-
un firop , ont été cgoutés Se féchés au four.
%T On fait aulfi dqs œnfitures mufquées , ambrées,
glacées. '
Les confitures à mi-fucre , font celles oix l'on
met peu de fucre , afin qu'elles conlérvent davan-
tage le goût du fruit. Il y a une inflruclion pour
les confitures , les liqueurs & les fruits , oii l'on
apprend à confire toutes fortes de fruits , &c. Paris
171 5 , ^ plufieurs autres depuis,
'"fT Confiture, au figuré, vieux mot fynonyme <à af^
faifonnement. Condïmentum. La confiture d'amitié
git en mœurs douces. Amicitia condïmentum ,Jua-
vitas morum ; condimenta omnium fermonum fa^
cetiœ.
Ce mot vient du latin confeclura. Ménage. On
trouve dans la baflé latinité ,' confecla dans ce fens.
Dc-là s'eft fait confeclura , & de celui-ci le nom
françois. Confecla vient de conficere , faire prépa--
rer , accommoder. Les confitures font des fruit . pré-
parés. C'eft dans le même fens qu'on les a auiiî ap-
pelés dans la baffe latinité compofitalict. Voyez les
notes du P.Papebroch fur les adles des SS. Berthold
& Meurie. Jan. T. IF, p. 6i.
CONFITURIER, f. m. Marchand qui fait &: qui vend
des confitures. Conditor. Quelques-uns l'appellent
Confifcur. Quelques autres diftinguent ces deux
mots, Se appellent Confifcur , celui qui confit ef-
fectivement les fruits -, & Confiturier , celui-là
feulement qui en fait commerce.
CONFITURIERE. f. f. Celle qui fait &: qui vend des
confitures.
CONFLAGRATION, f. f. Incendie générale d'une
ville ou de toure autre place confidérable. Incen-
dium , exujiio , dêfla^ratio. Il y eut de beaux édi-
fices ruinés dans la confiagrat'ion de Troye. Néron
fir accufer les Chréticns"^ de la Conflagration de
Rome.
ifj' Ce terme eft peu en ufage en ce fens : il pa-
C O N
roîc reftreînt à lignifîei: i'embrafcment univerfel
qui , lelon les livres laines , doit arriver à la fin
des liècles , dans lequel la terre iera conilimée par
un déluge de t'en. Encore vaudroit-il mieux ic ibr-
vir , même dans ce cas , cv'cmbrafement ,rynonyme
plus autorilc par l'ulage.
Les Payens iemblent avoir eu quelque idée de la
confiagration du monde , qui arrivera au dernier
jour.
Les magnifiques images de nouveaux cieux , &
d'une terre nogvclle reformée du cahos après la
cotifuzgraùon, ont efl'cClivement l'aifi tout le mon-
de. Rousseau.
GONFLANTS , CONFLANS ou GONFLANT.
G'eft le lieu ou deux rivières le joignent. 60/2-
f^uentes.N oyQz Confluent. On a donné en Fran-
ce le nom de Confi.int à plufieurs lieux qui l'ont
proche de l'endroit où deux rivières le joignent ,
lituésau confluent de deux rivières. Conjlans , bourg
au de.Tus de Paris , à l'endroit où la Marne entre
dans la Seine. C'oAy/^/zi'-Sainte-F^onorine , bourg
de l'île de France , à l'endroit où l'Oif'e le mêle
à la Seine. Conjlcuis en Jarnifi , bourg du Duché
de B-ir en Lorraine , au confluent d'une petite
rivière avec l'Orne. Confi.im eH une des deux Vi-
gueries de RpuHillon, Dans la Marche on nomme
Confoulens un bourg appelé en latin ConjLuentes.
Ce nom coTijlants s'eft forme du latin confiuentes.
CONFLIT ou CONFLICT. r. m. Choc de plufieurs
personnes armées , qui font bien du bruit avec
leurs armes. Il vieillit. Conjlicius,
Conflit fe dit figurcment des conteftations qui fe
font dans les procès iic dans les difputes de l'école.
Il y eut un grand cunjiit quand on traita cette quef-
tion. Contentio , comroverjia , dijjîdium. Il n'y'a
rien de plus ordinaire entre deux feétes oppo-
fces , qu'an 'certain conflit de remontrances &; de
malédictions fouqtapyécs de part & d'autre , qui
îait Iburire les LeSeurs. Il n'eft pas encore ulitc
en ce fens.
|p° Conflit de Jaridiiîtion, terme de Jurifprudcnce.
Conreftation entre l-.-s Officiers de différentes Jii-
ridiclions qui prétendent relpeélivement que la
connoiflancc d'une affaire leur appartient. De jure
orca contentio. Quand il y a conflit entre deux
Jurididions indépendantes , & qui reffortiffcnt de-
vant le même Juge fupcrieur , on peut s'adreller
à ce Tribunal pour taire régler le conflit , c'ell-à-
dire , pour faire régler dans laquelle des deux ju-
lidiéiions on procédera. Si le conflit cù. entre deux
Cours fupérieures, ou entre deux Jurididions qui
reffortiiTentà diffcrens Tribunaux , on le pourvoit
au Confeil en tellement de Juges.
CONFLUANT, f. m. ^oy.-^ CONVIVANT.
CONFLUENS. f. m. Nom d'une Société établie en
Italie par Ccfar Bianchcni , neveu du Cardinal
Laurent Bianchetti. Confiuentes. Ce laint homme
établit deux Sociétés de Gentilshommes, qui s'cn-
s;agcoient à procurer l'avancement de la doélrine
chrétienne. Les uns, fans demeurer en communau-
té , s'affcmbloient .1 certains jours dans un lieu mar-
qué pour y vaquer aux exercices de piété , & pren-
dre enfemble des mefures touchant l'exécution de
leur defiein. On appela ceux-ci Conflucnti.
II établit dans la fuite une féconde Société com-
pofée de perfonnes zélées , qui vivans en commu-
nauté , concouroient aux pieux deffcins des pre-
miers , d'aurant plus efficacement , que débarral-
fés de tout autre foin , ils en faifoient leur uni-
que affaire. Ces féconds futent appelés Conviventi ,
comme vivans enfemble. P. Hélyot , T. f^II, C ti.
Ces deux mots font italiens. Les prcmicïs Confluen-
ti , parcequ'ils s'affembloient à certains jours , Se
les féconds Conviventi , parcequ'ils vivoient en
communauté.
CONFLUENT f. m. Le lieu où deux rivières fe joi-
gnent , & mêlent leurs eaux. Contiens , confluen-
tes. De ce mot a été fait Contant , comme le
Confiant de Charanton, où la Marne S: la Seine
CON 75)5'
fe joignent ; Confiant Saince-Honorîne , où l'Oilè
Se la Seine le joignent , în: le Coklens des Allemands,
où la Mofelle entre dans le Rhin. Quand on parle
de la jônélion & du mélange de deux fleuves , on
ne Içauroir dire le confiant i il faut dire le con-
finent de deux fleuvci. Vaug. Corn.
Nicolas Bergier , dans l'on Livre des grands che-
mins , dit que ces foites de lieux s'appeloient au-
rrelois Conde , d'un vieux mot françois qui efl
encore en ufaij;e en quelques lieux. Foye:^ Condé.
CONFLUENT,' ENTE. adj. Terme dont fe fervent
les Médecins , en patlant de cette efpèce de pe-
tite vérole , dont les pullules fe confondent les
imes dans les autres, yoye:^ Petite vérole , pe- '
TITE VÉROLE DISCRETE.
GONFOLENT , petite ville de France. Confiuens.
La ville de Cdnflolent eft lituée fur les confins de
l'Angoumois , du Poitou &: de la Marche. Elle eft
baignée de la 'Vienne , qui commence-Ià à porter
bateau. M. De Lille la place dans l'Angoumois.
Dans le pays on prononce quelquefois Confoulant,
Ce nom vient fans doute de Confiuens , lieu
où deux rivières fe joignent , & qu'on appelle
communément Confidut , Confient , Se fans doute
qu'il a été donné a ce lieu , comme celui de Con-
fiant à bien d'auttes , patce qu'en cet endroit il
y a quelque petite rivière qui tombe dans la Vienne.
CONFONDRE. V. a. C'cfl: un compofé de fondre,
qui ne fe dit point au propre , mais au figuré.
Confundcre -iperturbare. Je confonds ,je confondis »
j'ai confondu. ,je confondrai , que je confonde -.que
je confondifje , je confondrois , je fuis confondu,
ifT Mettre pêle-mêle , brouiller plufieurs choies
enfemble. Ce mot emporte toujours un vice d'arran-
gement , l'oit naturel, foit attificiel , mifcere,con-
fundere.
Le monde n'étoit au commencement qu'une
maffe groffière , & un cahos épouvantable, où touc
étoit confondu. S. Evr. Tous les élémens étoienc
confondus dans le cahos.
Uàs,e , qui tonte chofe efface ,
Confond les titres & les noms. Voit,
Lesfieuves , par divers c.znaux ,
Apportent à la mer le tribut de leurs eaux ,
Et fans y rien changer , fe confondent en elle.
L'Ab. Têtu.
f\3' Confondre fignifie auffi ne pas faite diftindioii
entte des perfonnes ou des chofes différentes ; pren-
dre l'un pour l'autre. Alterum pro altcro accipere.
On confond fouvent les deux Sénèqucs , les deux
Plines. Vous confonde:;^ Ariftotc avec Platon. Il ne
faut pas confondre le fait avec le droit , les droits
fpirituels avec les temporels.
I/CT Je ne veux point de ces amis qui me confond
dent dans leut cœur avec tout l'Univers. S. Evr.
IJCF Confondre fignifie aulli convaincre, réduire a.
n'avoir rien à répandre. Convincere, os occludere,
Cs railbnnement confond mon'adverfaire. Cette
dépofition a confondu l'accufé.
Si-tôt que fur lin vice ils penfent me confondre »
Cefl en me corrigeant que je fgais leur répondre.
BoiL,
Dieu peut confondre Aman , il peut brifer nos fers ,
Par la plus faible main qui foit dans l'univers.
Racine,
CONFONDU , UE. part. Il a les fignifications de
fon verbe , en latin comme en françois.
IKT CONFORMATION , f. f. terme de Grammair*.
'' Arrangement des diverfcs parties qui com.pofenc
un corps. Conforrnaiio , conflruclio. Ce mot , dit
M. l'Abbé Girard , ne fe dit guère qu'à l'égard
des parties du corps animal. Elle naît de leur rap-
port , Se réfulte dz la difpofition qu'elles ont à
^ H H H h h ij
q^G^ CON
• s'aquitcer de learî fouillions. Li iiitiu-e la prod.iit
plus ou moins convenable , T^lon la conciirLcncc
accidentelle des caufes phy.'iques.
§Cr La forms naît de la conflruclion, &; rcfulte de
■ l'arrangement des parties.
|kT La ji^un naît du dciîcin, Se rcfulte des contours
de la choie.
§CJ" La forme cfl; ordinaire ou extraordinaire ; la/-
gurc elT: gratieule ou dciagrcabie ; la conformation
efl: bonne ou mauvaiie.
^ La tournure di L'cfprit dépend de la conforma-
tion ; les caules naturelles s'en écartent moins que
les arbitraires,
'|Cr Conformation ne le prend point au figuré, com-
me figure & forme.
fîcr Sous ce point de vue , conformation efl: aulli
un terme de médecine. C'efl; ainlï qu'on dit qu'une
Isofle cft un vice de conformation. Lx conformation
des membres de cet embryon n'étoit pas aillz par-
faite pour en faire la difleclion.
fJ3" C'eft audi un terme de phyliquc. Les corps , di-
fent les Newtoniens , réfléchirent les diffcrcntcs
couleurs de la lumière , fuivant leur diffcrente con-
formation , c'eft-à-dire , iliivant la diuércnte con-
texturc , &c la confidence particulière des parties
dont ils font compofés.
CONFORME, adj. m. & f. ^ Qui a la même
forme , ou plutôr qui a les mêmes qualités
qu'une autre chofe. Il ne faut poir:t confondre ce
mot avec rcflemblant , comme on le fait dans
l'ufage ordinaire. Conformité dit plus que reffem-
hlance. Une feule qualité qui cfl: la même dans
deux fujets diifcrens , (iifïit pour la rcjfcmblancc;
il en" fxut plufeurs pour la co::forn:iu. De plus ,
conformité ne fe dit que des objets intcUedluels ,
Ti'ffemtlancs fe dit de tout, f^oye:^ ce mot. Con-
formis , confentaneus , confentiens. Humeurs , ca-
raélcres conform.es. Ces deux amis ne vivronr pas
longtemps enfemble; leurs humeurs ne l'ont pas
conformes. Toute dodlrine qui n'eft pas conforme
à celle de l'églife, eft condamnable.
^3" C'efl dans le même fens qu'on fe fert de ce
mot pour marquer le rapport exaift , la conve-
nance d'une chofe avec nos goûts ^ notre façon de
penfer , &c. Céfar choifît la fe6le d'Epicurc,comme
la plus douce & la plus conforme à fon naturel &
à fcs plailirs. S. Evr. Cette femaue a fait une ac-
tion plus conforme à fon défcfpoir qu'à fon iéxe.
ViLL. Hccube fait de trop belles réflexions dans
Sénéque : elles font plus dignes de la tranquillité
d'un Fhilofophe , que conformes à l'état doulou-
reux où fes malheurs l'avoicnt réduite. P. le Bossu.
Les hom.mes ne fouffrent qu'avec peine qu'on leur
arrache l'eftime pour ceux dont l'état cft conformée
aux defirs de leur cœur. Port R.
■^C? On dit au Palais que la copie d'un adle eft con-
forme à fon original.
CoNPORME , en termes de Logique , fe dit de la con-
venance , de la reilemblance exacte d'une idée ,
' ou d'une opération de l'ame à fon objet. Confor-
mis , e. Une idée, un jugement n'eft vrai qu'au-
tant qu'il cft conforme à fon objet , c'eft-à-dirc ,
autant qu'H le repréfente tel qu'il cft.
CONFORMÉMENT, adv. D'une manière conforme.
Con'rruenter , convenienter. Il a été donné pluficurs
déclarations conformément , fc en exécution de l'E-
d'.r d'un tel jour. On a jugé conformément à la loi ,
au contrat,
CONFORMER, v. a. Rendre conforme. Accommo-
dare ad aliqnid. Un Prédicateur doit conformer
la vie à fa doL,I:rine. La loi du Seigneur conforme
les aracs à fes inftruftions falutaires. Pasc. Ccn-
former fes inrérèrs aux volontés de quelqu'un. Ro-
CHEF. Il fe dit aufTi avec le pronom nerfonnel. fn-
gere fe , accommodare fe. Il faut- qu'une femme fe
conforme aux fentimcns de fon mari. Ceux qui ie
conforment à notre humeur , nous gagnent bien
plus par cette complaifance i^'ai^ions , que par des
paroler. M. Es p.
C O N
CONFORMÉ , ÉE. part. paiT. & adj. Il a les fignificî-
tions de l'on verbe. Il lignifie aud: , qui eft d'une
certaine conlormation naturelle. Ainliondit, qu'un
corps eft bien ou mal conformé, qu'u.n enfant eft
bien ou mal conforme \ pour dire , qu'il cft d'une
contormation naturelle bonne ou niauvahé. ^^oye?^
CoNFORÎ.IATiON.
CONFORMISTE, f. m, & f. Qui eft conform.e. 11
ne fe dit qu'en matière de Religion , & (ignirie en
Angleterre celui qui fait profelîlon de la Religion
do.minanre. On appelle Non-Confprmifîes , en par-
lant de r.''i.ngleterre , toutes les fedles différentes
de celle qui eft reçue & autorifée par les loix ,
c'cft-.\-dire , de l'Eglife Anglicane , qui ne s'y con-
forment pas. Alienus , dijjidens , diffentiens. Ainfi
les Luthériens, les Prcibytériens , les Quakers,
les Sociniens , les Anabaptiftes , &c. font Non-Con-
formijtcj. On a décerné fous Charles II pluficurs
peines contre les Non-Confornrftes.
^^fy Conformiste, (Non) en amour, lignifie ce-
lui qui pratique l'amour antiphyiique. Pccderajtes.
"Voyez SoDOMiSTE.
UCT CONFORMITÉ, f. f. Rapport , convenance qui
fe trouve entre des choies qui ont les mêmes qua-
lités. Vùye^ Conforme. Conformitas , convenien-
tia , confenjio, Co/i/"t)r/72//e d'el'prir , d'humeurs , de
caractères , de fentimens. Conformité de Trairés.
ifT Confor?vîîtÉ à la volonté de Dieu, foumilîion
de la propre volonté à celle de Dieu qui lui fert
de règle.
Conformité. Terme de Logique. Convenance , ref-
fcmblancc parfaire d'une opérarion de l'ame avec
fon objet. Conformitas ciim ohjeclo. C'eft la con-
formitc d'une idée, d'un jugement avec fon objet
qui les rend vrais.
Ccn?o:-..mité , (Non) en Angleterre, fignifie une
diifacncc dans le culte de la Religion , refus de
fe founiettre à la Religion 4|piiinante, & aux cc-
rcmonies de l'Eglife Anglicane. Abalienatio y Af-
feniio opinionum.
Quelques-uns appellent l'amour des garçons le
péché de non-conjormité. M. Ménage s'cft fcrvi de
cette exprelllon , pour parler plus honnêtement.
Pccderajtia.
On Ic-S accufa, (les Templiers) d'avoir des amours
abominables , & du crime que l'on appelle en Italie
le ^cchi: Ac non -conformité. Be.-vuval-Basnage.
Conformité., (en) manière de parler adverbiale,
pour dire, conformément à. "Vous m'aviez donné
tel ordre , j'ai écrit , j'ai agi en conformité. Mau-
vais ftyle de Pratique ou de Commerce.
CONFORT, f. m. Vieux mot , qui lignifie aide. Sul-
Jîdiiim , auxili'um t pr<zjidium.. Confolition, fou-
iagement , encouragement. Gloff. fur Marot. Il eft
encore en ufage en cette phral'e du Palais. Il eft en-
joint aux Prevôr des Maréchaux de donner aide
•ôc confort aux exécuteurs de cet arrêt.
CONFORTATIF , IVE. adj. Qui fortifie. Remède
confortatif. Il eft auffi fubftantif. Ce remède cft
un grand confortatif. Medicamen corroborans. C'eft
un rcrme de Médecine.
CONFORTATION. f. f. Terme de Médecine, pour
dire corroboration. Voyc^ ce mot. Un eftomach
aifoibli a befoin de confortation. Il y a des re-
mèdes pour la confortation des nerfs.
CONFORTEM AIN. Terme de Pratique, qui fe dit
de cerraincs Lettres de Chancellerie qu'un Sei-
gneur féodal prenoit autrefois pour rendre fa fai-
f;c & exécution du fief de fon vaffal plus authen-
tique' , étant confirmée par l'autorirc i'upcrieure
ou royale \ mais l'ufaae en cft maintenant abroge.
Reginm auxilium beneficiario Dynajlx prceditum ,
in vindicand» clientèle fuce pradio. Le Seigneur
qui n'a poinr de juftice , & qui veut faifîr , s'a-
dreife aujourd'hui au Juge du lieu où eft fitué le
fief ou l'hérirage ccnfuel.
CONFORTER, v. a. Fortifier , rendre plus fort. Cor-
rohorare. Il ne fe dit guère qu'en Médecine. Ce re-
mède conforte le cœur,
C ON
On le dit qnelqucfois fîgurément pour encoura-
ger , conroler. Il a conforte cet affli£;é par plulieurs
rai(bnnemcns de Morale ; il l'a confoné dans la
dilgrace. Il eft vieux , & en la place il faut dire ,
conlbler.
Conforté , ée. part.
|CF CONFOULENS on CONFOLANS. Petite ville
de France dans la Marche , aux confias de l'An-
Eçoimiois tSc du Poitou , fur la Vienne.
CONFRAIRIE. Ecrivez & prononcez Confrérie.
CONFRATERNITÉ, f. f. Le corps de la Confrérie
& relation qu'il y a entre des pcrfonnes qui font
du même corps , d'une même compagnie. Soda-
litas. Ils font de la même confraternité. En conlî-
dérarion de la confraternité,
CONFRERE, f m. Un des membres d'une Confré-
rie. Soil.iHs, ïl y a une indulgence pléniète pour
tous les Confrères.
CoKFRiîRE le dit aulli des membres d'un même corps
ou d'une même compagnie. Deux Confeillcrs en
même Sicgc font confrères. Deux Académiciens
font confrères. Deux Médecins , deux Avocats , font
confrères. Les Auteurs font à prcfent mes confrères.
S. EvR.
Le Médecin Tant-pis vifîtoit un malade ,
Que vijùoit aujfifon confrère Tant-mieux.
La Font.
r
Confrère fe dit aulîî parmi les Pères de l'Oratoire.
C'eil le nom qu'ils donnent chez eux à ceux qui
ne font pas Prêtres. Atnfi ils difent le Confrère un
tel cfl forti , le Confrère un tel efl mort.
CONFRÉRIE & non' pas CONFRAIRIES. f. f. So-
ciété de pcrfonnes qui s'allemblent pour quelques
exercices de dévotion , ou pour quelque pratique
de piété : comme la Confrérie ài\ Scapulaire , du
Cordon de S. François, &c. Sacra Sodalitas , fa-
cruni Sodalitium. Dans cous les Corps d'Artifans il
y a des Maîtres Az Confrérie , qui s'élifent comme
les Jurés. Nulle Confrérie ne peut s'établir fans le
confcntementde l'Evêquc duDiocèfe. Il faut de plus
de lettres dûemcnt véri.'iécs.
CoNFRÉr^-iEs , ( Les ) appelées en latin Sodalitates , ti-
rent leur origine des Payens , comme Polydore Vir-
iîilc l'a remaraué dans fon livre de inventione re~
rnrr.. Le bon ufage que les Chrétiens en font, a pu-
rifié tout ce qu'il y avoir d'impur dans une li mau-
vaife fource. On prétend que NuniaPompilius avoir
établi dans l'ancienne Rome des Confréries pour
tous les Arts & Métiers. Il ordonna des Sacrifices ,
que chaque profeliion devoir faire aux Patrons 6c
aux Dieux tutélaircs qu'il leur avoit donnés.
Il y a dans Rome une Confrérie qui eft appelée
rArchiconfrérie ou la grande Cowfrt;nV , fous le titre
de Notre-Dame des Suffravcs. Elle a été approu-
vée & confirmée par une Bulle du Pape Clément
VIII en 1594. Elle a été établie en faveur des âmes
du Purgatoire. Le Souverain Pontife lui a accorde
des privilèges cxcefîifs , & qui ne feroient pas re-
çus facilement en France , quoiqu'elle y ait été
reçue, au moins dans quelques villes, & princi-
palement dans le Dauphiné.
Il y a neuf différentes fortes de Confréries en
France, i". Des Confréries de dévotion. Telle eft
celle qui fut établie .à Pavis fous le règne de Louis
le Jeune, l'an 11 63, ccmpofée d'abord de 5 <S' Prêtres,
& de pareil nombre de Laïques notables Bourgeois ,
en mémoire des foixante &: douze difciplcs de J. C.
Les femmes n'y furent admifes qu'en 1114 que la
Reine & plufieurs Dames de piété & du premier
rang déiîrèrenr y être reçues. Elle porte encore le
nom de Confrérie de Notre-Dame. 2°. Il y en a
_ d'établies pour exercer la charité & les œuvres de
miféricorde. 30. Des Confréries de Pénirens fous
clifférens titres. 40. Les Confréries érigées à l'occa-
fion des Pèlerinages , comme font .à Paris celles du
S. Sépulchre aux Cordeliers ; de S. Jacques , en
■fon Egl^fe rue S. Denys ; de S. Michel. 5^, Les Ce;;-
. ^ CON 797
fréries établies par les Ncgocians , pour attirer LS
bénédiélions de Dieu fur leur commerce. Telle fuc
la Confrérie des Marchands de l'eau, établie à Paris
en 1170. 60 Les Confréries' Aes Officiers de
Juftice , comme celle des Notaites établie à Paris
en la chapelle du Châtclct en 1500 -, celle de la
Compagnie du Lieutenant - Criminel de Robe-
Courre , en l'Eglife de S. Denis de la Chartre j
celle de la Compagnie du Guet , en l'Eglife de S.
Michel j celle des Huifliers à cheval , Si des Ser=
gens à verge , en l'Eglife de Sainte Croix de la
Bretonnerie. En quelques villes de Province celle
de S. Yves, de laquelle font tous les Officiers des
Préfidiaux, Confeillcrs, Avocats & Procureurs.
7°. La Confrérie de la Paifion , dont nous parle-
rons ailleurs. 8°. Toutes celles des Artifans &: des
difiérens Métiers. 5)°. Il y a eu des Confréries de
faétions , qui fe couvroient du voile fpécieux de
la Religion pour troubler TEcat, Telles furent celles
dont il eft fait mention dans le Concile de Mont-
pclHer tenu l'an 1114,6: dans les Conciles de Ton-
loufc, d'Orléans, de Cognac, de Boutdeaux 6^
de Valence, tenus en I2"i4, 1254, 1258, 1248
& 1255, &: en celui d'Avignon, de 15 2(5'. Dp la
. Mare , Tr. de Pol. L. n\ T. XII, c. 1 & 1.
Une des plus célèbres Confréries eft celle qu'oa
nomme des Pénitens , qui eft à Lyon , & dans plu.
fleurs villes de la Provence & du Languedoc. Il
n'y a que les hommes qui puilTenr entrer dans cette
Confrérie. Les uns portent un fac blanc, & les
autres un fac de toile bleue. La plus célèbie Cc:-
frérie qui" foit dans Paiis eft celle de la paroilTe
de la Madelène , qu'on nomme la grande Con-
frérie,
CONFRONTATION, f. f. Aétion par laquelle on
confronte , foit des chofcs , foit des pcrfonnes. Di-
yerfarum rerum inter fe collatio , contentio , corn-*
paratio. En matière criminelle, c'eft la repréfen-
ration à l'accufé des témoins qui ont dépofé conrre
lui , laquelle fe fait aptes le recollement. Teliiunt
compojitio. La conteftation en matière criminelle
ne commence qu'à la confrontation. Ce procès a
été inftruit par recollement & confrontation. La
confrontation des témoins ne fe doit pas faire hors
des priions & de l'audiroire , autrement il pour-
roit y avoir nullité. Auboux. Dans la confronta-
lion quelquefois on produit au témoin quelqu'un
revêtu des habits de l'accule ou l'accufé même entre
trois ou quatre autres pcrfonnes, pour voir s'il le
reconnoît, mais cela ne fe doit faire que rarement
& pour de grandes railbns,
QC? Il y a confrontation des complices l'un à l'autre ^»
qui a lieu lorfqu'ils s'acculent l'un & l'autte , ou
qu'ils fe contrarient dans leurs réponfes. C'eft ce
que les praticiens appellent accuration ou affron-
tation. Cette confrontation mutuelle de deux ac-
cufés d'un même crime ne peut êtte faite qu'après
que tous les témoins auront été récollés & con*
frontés , parce qu'elle n'eft faire que pour éclair^
cir ce qui peut refter de douteux après le récol-
lemenr &la confrontation des témoins, & que dans
ce récollemenr &: certe confrontation il peut fur-
venir de nouveaux faits & de nouvelles charges ,
dont il eft nécedaire que le Juge foit inftruir avant
que de procéder à la confrontation mutuelle des
accules.
§Cr Dans les infctiptions en faux, on fait confrort'^
tation des écritures.
03" Confrontation fe dit auflî de différens pafTages
que l'on confère l'un avec l'autre. Par la confro»
tation des paflages on a trouvé que , &c.
CONFRONTER, v, a. Mettre deux pcrfonnes en pré-
fence l'une de l'autre , pour éclaircir la vérité de
quelque fait qu'ils rapportent différemment. Corn-
ponere. Deux couriers nous apportent deux avis dif-
fétens du fuccès de cette bataille , U les faut con-*
fronter enfemble.
Coi^FB-ONTER fe dit particulièrement en matière cri-
79B CON
criminelle , des témoins que l'on confronte à un
flcculc , ou des accules que l'on conjronte les uns
aux autres. TijL-s cumrco componerc.'Lzs\zmo\\-\'i
ne font point conj'ronus , qu'ils n'aient ccc aupara-
vant récollés, pour voir s'ils pcrliftent en leurs dé-
polirions.
CoNFRCNTrB. fe dit par extcnfion des choies que l'on
compare les unes aux autres, pour connoître les
rapports qu'il y a entr'elles. Confirre , comparare.
J'ai confro/né ces deux pallàgcs de l'Ecriture , &c
j'en ai "trouve la conciliation.
CONFRONTÉ , ÉE. part. Il a les fignifications de
ion verbe , en latin comme en françois. Il n'y a
que les témoins confrontes , dont la depoùrion talîe
preuve, & doive ètce lue lors du jugement. Ecri-
tures confrontées. Copie confrontée a l'original.
CokfrontÈ. Terme de Blaibh , qui le dit lotlque
l'ccu eft parti , 5c que dans chaque côté il y a dcuM
animaux qui le x:e<j:^^dem.JdverJI,adverJis fronti/-'US.
La ColombièreVa confondu mal -à -propos avec
afronté.
IJCF CONFRONTEMENT. f. m. Ce mot eft cité
dans Bornier lut l'Edit de Kîyo, comme étant de
l'Edit de la Chambre de Languedoc du 24 Mars
1661. Il n'efl: plus en ulage.
iÇT CONFUS , USE. ad). Ce mot déligne toujours
un défaut d'arrangement l'oit naturel, Ibit artifi-
ciel -, & le dit tant au propre qu'au figuré. Con-
fuj'ns ,• pcrtnrbatiis.
%fT On le dit des chofes qui font pèle-mcle , mê-
lées fans aucun ordre , ou qui ne font pas à leur
place. Le chaos n'étoit qu'un alîemblage confus
des élémens. Tous les livres , tous fes meubles
font encore confus à caufe de fon déménagement.
ffT On dit dans ce fensun bruit confus., un cri confus,
formé par plulieurs perfonncs à la lois. Inconditus.
ffT Ce terme appliqué à l'efprit 6c .1 les produc-
tions prélente la même idée. Un efprit , un dii-
cours confus , une fcience canfufe , où il n'y a point
d'ordre , où tout ell embrouillé. Les plus fages
Payens n'ont eu que des idées fo«////^J de la divinité.
PoRT-R. confus dans leur fcience , plus confus en-
core dans l'explication de ce qu'ils enfeignent. Bouh.
I/CF On dit aulli dans ce fens un bruit confus, in-
certain , dont on ne fait aucune particularité bien
cliilincïe. Les commencemens de la Monarchie Fran-
çoife ne fournillent qu'une matière fi brute & li
covfufe , que toute l'adrefle de l'art ne fuiïït pas
pour débrouiller ce cahos.
tfT Confus le dir aulfi pour honteux & embarraf-
fc , foit que la honte & l'embarras viennent d'une
.faute commife , foit qu'ils foient l'effet de la mo-
dcflie. Puilorc (uffujus. Ce paflage formel doit
rendre confus les Hérétiques.
1^ On dit par complimenr. Je fuis tout confus de
T'honneur que vous me faites.
Le Renard honteux & confus ,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y pr endroit
.plus.
La Font.
^fT Confus , en Jurisprudence , eft fynonyme à
confondu, réuni. On dit en parlant d'une pcr-
fonne qui réunit en elle les droits aéf ifs & paiiifs
qui concernent un. même objet , que ces droits font
confus en fa peribnne.
CONFUSEMENT, adv. D'une manière confufe. Con-
fafi , otfcurè. J'ai appris cela confufcment. J'ai
ferré tous les papiers confufément. Les hommes n'cn-
vifagent la mort que confufément , &C y cour;iit
brutalement. Maleb. On feit aifémcnt comprendre
par les yeux, ce qu'un long circuit de paroles ne
fait entendre que confufément. S. Evr.
CONFUSIBLE. adj. Terme d'Auguftin, qui fe dit
d'un Religieux qui mérite châtiment .& confulion.
Pudore fuffitndcndus. Il ell confujîhli.
CONFUSION, f. £ Mélange courus de plulieurs
chofes. Confujîo. C'efl: un homme peu foigneux ,
dont les livres, les meubles, les papiers font en
CON
confufwn. Tout le peuple marche en confiiflon aux
Procédions, Le cahos des Anciens croit une con-
fujion gcncrale des élémens. Il y a une certaine
confuJLon qui a les charmes , aulli-bien que l'ordre ;
ôc de plus il ne laut pas appeler confujion , Un
mélange bien entendu de diveries choks. Vaug,
Confusion fe dit encore d'une grande multitude de
perfonncs ou d'une grande abondance de chofes.
il y avoir une grande confujion de peuple à l'en-
trée du Roi, iTy avoir une grande confujion de
toutes fortes de gens. On nous a fervi une con-
fujion étonnante de mets, de plats.
Confusion lignifie aufli dcfordre qui fe trouve dans
les choies morales , dans une famille , dans un Etat.
Ferturbatio. La diverlité des Religions met tout
en confujion dans un Etat. Les procès mettent de
la confujion dans les familles. Il remplit tout de
confujion Se de tioubles. Vaug, Dans les confu-
jions d'une guerre civile , avec une puillancc H
énorme, un brouillon eft à craindre. Patru.
ifT En terme de guerre , confujion lignifie dcfordre ,
quand les rangs font rompus , fans pouvoir fe ré-
tablir. Tout ell: perdu quand la retraite fe fait en
confujion.
Confusion eft encore un terme de Droit : il fe di^
quand on acquiert la propriété d'un hérirage iur le"
quel on avoir une fervitude-, de mêm.e quand un
crcancicr devient héritiei de fon débiteur.CouRxiN.
^ZT Ce qui ne peut s'entendre que de l'héritier pur &
lîmple, qui fe trouve créancier ou débiteur du dé-
funt auquel il fiiccède. La dette par l'addition de l'hc-
rédité fe trouve confufe en fa perfonne , Se l'obliga-
tion eft ctcinre -, parce que peribnne ne peut être
créancier & débiteur de foi-même. Mais cette co-v-
fujion n'a pas lieu à l'égard de l'héritier bénéficiaire,
"letHiel, nonobftant cette qualité, en cas que les biens
de 1.1 fucceilion ne foient pas fufiilans pour payer les
dettes du défunt & les Icgî , s'il y en a , peut pour-
fuivre le paycm.ent de ce qui lui eft dû , ou par pré-
férence aux autres créanciers , fi la dette eft privi-
légiée ou par concurrence , ou félon l'ordre de fon
hypothèque &: par préférence aux légataires. La rai-
Ibn eft que l'erfct du bénéfice d'inventaire eft d'cir.pê-
cher que la qualité d'héritier ne préjudicie à celui qui
a eu recours à ce bénéfice.
ifT II y a confujion de droits éc d'aétions toutes les
fois ou'une même peribnne réunit en elle les droits
actifs & pallifs qui concernent le même objer. Par
exemple, quand le propriétaitc du fief dominant
devient propriétaire du fief fcrvant , &c.
Confusion fe dit aulîi de la chofe confondue. Confu-
jio. Eutychès foûtenoit la confufion des natures di-
vine Se humaine, en Jesus-Christ , & que la nature
humaine avoir été abforbéc & engloutie par la nature
divine. Claude.
Confusion ^tf lumière , terme d'Aftronomie. Con-
fujio luminis. Il fe dit lorfqu'une planète le joint à
une autre , & qu'auparavant qu'elle y foit jointe ,
une troifième,par un mouvement rétrograde, vient
fe mettre entre deux,
ffCrCoNFusioNjdans le langage des anciens Chimiftcs,
eft fynonyme à folution & dillblution. Voye?^ ces
mots. Les Chimiftes modernes entendent par ce mot,
mélange de plufieurs fubftances différentes , qui ne
contractent point d'union chimique , telles que les
poudres compolces, les potions troubles, de fa-
çon que ces parties peuvent toujouts être féparcrs
par des moyens incchaniqucs. Enfin quelques-uns
enrendcnt par confujion une union intime , une dif-
triburion exaéle des parties d'un corps contondues
parmi les parties de l'autre, de façon qu'elles ne peu-
vent plus être fcparécs. L'eau &c le vin, différentes
liqueurs vineufes, éi'c. conftituent par leur mélange
une confujion de cette claffe.
Confusion fignifie aulîl honte. Pudor. Il a eu une
grande confujion de lavoir qu'on a découvert la tra-
hilbn qu'il a faire à fon ami. J'ai bien de lo^confujion
de recevoir toujours de vos bienfaits. On ne ie cor-
CON
iî^eprefque jamais des vices qui ne fontpoîntde con-
fujion au dehors. FlÉgh. I! ne tauc pas couvrir ceux
qu'on veut corriger d'une confujion qui les irrite ,
éc qui les révolte. De Vill.
Confusion eft aulli un terme d'Auguftin, qiii veut
dire , une faute publique qu'on fait en lifant , ou en
chantant. Error publicus. Il a fait une confujion à
Vêpres.
§C? En confufion. Façon de parler adverbiale , qui fi-
gnifie ordinairement en dcibrdre , coijime quand on
dit marcher j le battre en confujion. L'armée fe ic-
t\r.\ en confujion , confufe, inordinaù\ & quelque-
fois , en abondance , en grande quantité ; comme
quand on dit , vous trouverez de tout en confujion.
Aff-uini., afflutnur.
CONFUTATiON, f. f. terme Dogmatique, qui fe
dit d'une réponfe qui détruit un argument , ou delà
paitie du difcours où l'on répond aux objcé^ions de
fon advcrfaire , &: où l'on réfoud Tes difficultés. C'eft
; une partie de la confirmation. Confutatio. Ce mot
vieillit , on dit ordinairement réfutation.
CONFUTER. vieux v. a. Détruire les argumerts, & les
ob'ediion'; d'un adverfaire. Confiture , refutare. On
dit ordinairement rafiner , du latin confutiire,
CONGALI ou CONGAL. f.m. Nom d'iiomme. Con-
gallus. S. Congal , ou Comgal , Abbé de Bcnchor,
dansleComté de DonneenIrlandc,mourutran(îoi,
âgé de quatre-vingt-un ans. V^siKivSiJjritan , £c-
c/ef.Antij.W fut le perc d'une Congrégation de Re-
ligieux très-confidérable en Irlande, &: que l'Auteur
de VHiJt. des Ord. Mona/L & Relig. P. il , ch. zo ,
met au nombre des Clianoines Réguliers.
CONGE. I. m. Vaifléau pour mefurer des liqueurs
cliez les Romains. Contins. Diofcoride dit que le
congé conrenoit dix livres d'eau , poids Romain :
ce qui revient à iîx fctiers. On voit encore à Rome
dans le Palais Fan-ièrc le con^e de Vefpafîcn, avec
une înfcription. Il peut fefvir de règle pour s'allurer
des mefures anciennes , & de la proportion qu'elles
avoienr avec les nôtres. M. Peirefc en fit faire à
Rome une copie , que l'on garde à Paris à Sainte Ge-
neviève. LyVNCELOTi
§Cr CONGE , f. m fignifie en général permilfion que
donne un fupérieur à un inférieur qui le difpenfe de
quelque devoir auquel il étoit obligé envers lui.
Pûtejlas , venia. Un Moine ne p^ut Ibrtir du Cou-
vent fans le congé de l'on fupériear -, un mineur ne
peut fe marier fans le congé de feS parens. Une femme
ne peut s'obliger fans le congé de l'on mari , fans la
permi/Tion , fans l'autorité.
§3° Ménage dérive ce mot de commiatum qu'on a dit
pour commentinn. Les Italiens difent congeio.
^CF Congé. Permilfion que donne un maîrre à fon
domeftique de s'abfent^r pour quelque temps i il a
accordé à Ton domeflique un congé d'un mois , où
lapermiffion de fe retirer pour toujours , où l'ordre
de le faire , en cas de mécontentement. Son maître
lui a donné fon congé. Mijjio , dimi(jîo. On le dit
aufli de la perniifllon qu'" deman.le le domeflique de
fc retirer , de quitter fon maître. Il a demandé fon
congé à fon maître.
|Cr Congé fe dit auffi généralement de tout ordre
quel'on donneà quelqu'un de fe retirer d'une maifon,
de fé dcfifter de quelque prcrention. Dimiffio. Ce
jeune homme rechercho't telle fille ':n mariage; mais
les parens lui ont donné fon congé. On a donné congé
à cet écorniflcur.
Congé eftaulTi l'adte ou déclaration que peuvent faire
réciproquemert le propriétaire d'une ma'fon à fon
locataire, pour en faire dclotrer le locataire, où
celui-ci au propriétaire , 'pour être déchargé des
loyers. Dimifjio. Il faut donner con^é avant les iix
mois pourun'= maifon entière \ avant les trois mois
pour Une portion -, & avant les fix femaines pour des
chambres.
Congé, en termes de Palais , eft un Ade donné au
défendeur , ou une décharge de l'aillgnarion donnée
à la requête d'un demandeur , qui ne comonroît pas
pour plaider fa demande. Proyocato data miffio ad-
C ON
79
verfiis provocantem non tuentem injure fuamprcvo-
cationcm. On appelle congé de défaut , &C de non-
comparence, lorfqu'il y a des demandes ïefpcctivcs^
& qu'il n'y a qu'une partie qui comparoît. Le coJigé
de défaut fe donne à l'appelant qui a été anticipé
contre l'anticipant délkillant , parce qu'il eli en quel-
que façon défendeur & demandeur. On a prononcé
le congé à l'audience en prcfence du Procureur, il
y a aulfi un congé faute de bailler copie des oiéces
judificatives de la demande. Il faut làire juger le pro-
fit du congé.
Congé d'adjuger efl: une Sentence ou un Arrêt , qui
cfl: rendu fur l'adignarion qui efl: donnée à la partie
faifie, pat le poutfuivant criées , à l'effet de propo-
fer fes moyens de nullité, il aucun il y a j contre
les exploits de commandement, ftifie-réelle , é:a-
blifîcment de CommiU'aire , fignification d'iceile fai-
fie , appofition d'affiches avec pannonceaux Royaux ,
fignification de ladite appofition , Procès verbal des
quatre criées, & quatorzaines anciennes & ord'-
naires & accourumées , certifications d'icelles , &C
Sentence ou Arrêt de rapport.
Congé, terme d'Architefture. Adouciflfement en por-
tion de cercle, comme celui qui joint le fût à la cein-
ture de la colonne. C'eft la même chofe que efcape.
Voyez EscAPE.
gO'CoNGÉ fe dit auffi de l'aélion d'aller faluer les per-
fonnes à qui l'on doit beaucoup de refpeél:, &c pren-
dre leurs ordres avant que de partir. Salutem dicera
Les Officiers, avant que de partit pour l'Armée, vont
prendre congé du Roi , oulîmplement vont prendre
congé.
fC? On le dit auflî de l'adieu qu'on dit à fes amis quand;
on va en campagne. Il partira demain , il prend au-
jourd'hui congé de fes amis. Je n'ai pas voulu partir
fans prendie cojigé de vous, InvLjo te , projicifci
nolui.
03 Quand on dit qu'un AmbafFadeur a eu fon audience
de congé , on entend qu'il a eu la dernière audienca
publique qu'il devoir avoir avant fon dépatt, Koyer
Audience^
Congé , terme de Collège. Jour auquel les chfTes va-
quent, oii l'on ne va point en claffe. Dies vaca-
tionis , vacatio à fcholls. C'eft demain congé. Les
Ecoliets perdent leur temps, quand les congés font
ttop fréquens.
|ÎC?CoNGÉ,dans PArtMilitaire. Permiffion donnée a un
Soldar de s'abfentet de l'armée, ou de quitter tout-
à-fait le fervice. Miffio.
gCrCoNGÉ ahfolu , chez les Romains , mérité par l'âgé
& le fervice. Miff^o jufla& honcjia. Congé abfolu ,
pour raifon de blelfureSjOU infirmirés. Pour maF/erfa-
tions,6'c. Turpis & ignominiofamijio. Congé accor-
dé fous les Empereurs aux vétérans dii'pejifés de
tout, excepté de combattte contre Fennemi. Exauc'
tordtio. Voyez ce mot & vétéran. Congé accordé aur
vétérans qu'on renvoybit avec la récompenfe pro-*
mi fe,p/enamiJjloi
0C? Congé, en termes de Mariné, efl: une Patenté
qu'un Roi ou une République donnent .à leurs Sujets^
pour leur permette de naviger , de courir les Mers j
faure de la repréfentation de laquelle on eO: réputé
corfaire. Diploma navigandi potefîatem fucicns.
Congé efl auffi une permiffion de naviger que doi-'
vent prendre tous les vaifl'eaux qui forrenr des porrs ,
foit des Gouverneurs , foit des Juges de FAmirauté,
comme il ed enjoint pat FOrdonnance de la Marine.
Commeatus. Il faur remarquer qu'on fe ferr du mot
de conc^e., oi\ paffeport c\wxnA on le donne i des fu-
Jcrs \ Acfîirete , quand on le donne aux ennemis. Le
con<re fur les côtes de Rrnagne s'apn<'lle Brieuxy
&: on dit , parler aux ffjhieux -, pour dire , deman-
der ce con<:e. Voyez l'Ordonnance On dit congé
po'ir forrir d'un port, &C permiffion pouty entrer.
Congé au menu. On nôrtimé ainfi à Bourdeaux les pet-'
minions qui font dc^nées aur Mirchands par les
Commis du >j-rand R'ir \iu des Ferme du Roi , noue
faire charger fur leurs valilcaurj qui lom. en chztga
8oo
CO N
incnt, des marchandiles pat le mmu , c'eft-à-dirc ,
en détail U en petites parties.
fcy CotiGÉ d'enirée , eft un acquit que les Buraliftes
délivTenta l'effet de pouvoir enlever des vins ou
autres marchandiles , & les faire entrer dans la
ville. Ces congés qui fe donnent aux Poftes , s'appel-
lent des laijei-pajfer.
Congé de remuage. Autre vexation ufitée dans les Ai-
des. Ceft une permifïîon qu'où obtient au Bureau
des Aides , pour faire enlever Se tranlporter les vins
d'une cave dans une autre. Il efl: défendu à tous par-
ticuliers d'enlever, ou faire enlever , aucuns vins de
leurs caves , celliers & autres lieux , ni de les tranf-
porter en d'autres maifons , fans prendre un congc
de remuasse, à peine de confifcation & de cent livres
d'amende. Ordonn. des Aides de \6Z6.
ffT Congé d'encavement , terme de Commis aux Ai-
des. Permifïîon d'encaver , de mettre du vin dans
la Cave. Facultas plenavino do/ia in cellam vina-
riam dimiitendi. 11 n'a pu montrer Ion congé d'en-
cavement.
Congé dans les Arts & Métiers. Déclaration par
écrit que tout garçon ou compagnon efl; obligé de
prendre du maître chez qui il travailloit , pour jufli-
fier qu'il l'a quitté de Ion bon gré , & qu'il y a rem-
pli l'objet pour lequel il s'y étoit engagé. Il eft; dé-
fendu aux autres maîtres , fous peine d'amende , de
recevoir un Compagnon qui ne Ibit pas muni d'un
pareil congé ou certificat.
ffT Aller au congé, c'eft; aller chez le Maître d'où fort
l'Ouvrier qu'on veut engager , pour y prendre les
informations néceflaires.
ffT On dit proverbialement , pour boire de l'eau Bi
coucher dehors , on n'en demande congé à perlbnne.
CONGÉABLE , adj. terme de coutumes, qui fe dit
d'un domaine dont le pofléffeur eft obligé de fe def-
faifir à la volonté du Seigneur duquel il eft tenu , en
lui payant lés améliorations. Il y en a beaucoup de
cette forte en Bretagne.
CONGÉDIER , V. a. Donner congé , permifïîon de fe
retirer. Il fe dit des troupes , ce qu'on appelle autre-
ment Ucender. Exercimm dimittcre , mijfwnem ddre
copiis. On le dit aufïi des compagnies , ou des aff:m-
blées. Dimiterre , mijfumfacere. On a congédié le
Clergé, les Etats. On a congédié cet Ambafîadeur avec
de riches prélens.
Du Gange dérive ce mot de congeare, terme de la
balle latinité. On dilbit autrefois congéer.
Congédier , renvoyer , donner ordre de fe retirer
Dimittere.'L^ néceflîté l'a contraint de congédier la-
plus grande partie de fes gens. Cette fille a congédié
tous fes amans pour fe retirer dans un Cloître.
On dit aulîi en Fauconnerie, congédier l'oifcau,
quand il n'efl; plus en état de lérvir ion maître.
CongÉd^ié, ée , part. Dimiffus.
CONGÉLATION , f i. terme de Médecine. C'eft un
nom qu'on a donné à la Catalepfie , à caufe que ceux
qui en font attaqués, ont les membres roides 2c fans
mouvement, comme s'ils étoient gelés. Voye:^ Ca-
talepsie Col de Villars.
Congélation. M.Félibien écrit ce mot avec deux //.
Aétion par laquelle une chofe eft congelée ■■, & crat
où font les liqueurs co/zge/f'ej, fixation d'un fluide par
le froid. Voye^ Glace. Congelatio. La congélation
fe fait toujours par le froid , & en cela diffère de la
coazula.iion , qui fe fait par d'autres caufes.
ffT Quelques-uns confondent mal-à-propos la coa-
i^ulation avec la congélation. Les blellùres des af-
pics font mortelles par la prompte congélation qui
fe fait du fang,qui en empêche la circulation. Il faut
dire coagulation, épailTiirement.
Congélation fe dit aulTi des c\\o(es congé lées,Aç: cer-
tains corps fluides qui viennent à fe durcir, par quel-
que caufe que ce Ibit. On trouve dans les Alpes mille
fortes ce congélations de toutes fortes de fucs qui fbnt
d'Line variété admirable. On s'en fert à orner des
grottes.
ÇCT Les cons^élations font des fucs de la terre congelés ,
dans les montagnes , dans les grottes & dans les ca- '
C O N
verncs fouterainnes. On en apporte du Levant, de
Norvège , des Alpes , qui font d'une variété ad-
mirable dans leurs figures. Elles repréfentent des gla-
çons, des grappes de railîn, des tuyaux, des co-
lonnes , &c.
0Cr Parmi les congélations appelées concrétions crif^
tallines , celles qui font opaques &qui forment dif-
férentes figures rondes & relevées en relief, fe nom-
ment Stalagmites.
^tCT Les congélations qui croifTent en longueur , for-
mant des Cylindres, s'appellent Stalacitês. Elles font
tranf'parcntes comme l'eau qui les lorme , & de di-
verfes figures , fbuvent unies & pyramidales , diffé-
rentes en cela des Stalagmites qui font opaques &:
toujours rondes. Ce n'eft que du fpat qui s'attache
à la pierre, & fe forme au moyen de l'eau qui pafîe
à travers les crevaflés des grottes & des carrières.
Cette eau s'arrête au haut de la voûte ; elle y paroîr
fufpendue en goûtes de figure cylindrique ; & par fx
pciantcur , tombe & fe coagule en plufieurs couches,
dont l'élévation, petit-à-petit, en forme d'arbuftes ,
gagne fbuvent le haut de la voûte. L'eau qui tombe
continuellement augmente le volume de ces congé-
lations , èc en varie infiniment les formes.
§Cr Dans les caves de l'obfervatoire , dans l'endroit
le plus fpacieux, occupé par un gros rocher , on
voit des congélations formées par des goures d'eau
qui tombent de la voûte. Cette eau en fe filtrant au.
travers de la roche, fe charge d^ns fon chemin d'une
matière terreftre & d'un lue pierreux qui fe coagule
£■: revêt la pierre par où elle palfe. Toute la voûte en
eft tapiifée. Ces goûtes en fe coagulant fe font alon-
gées d'un pouce avant de tomber. L'eau qui gagne
le bas va fe perdre fans caufer aucun change-
ment,
(fT Tournefort dit que ce n'eft point l'eau qui forme
CCS congélations ; mais que ce fonr des pierres &des
marbres qui ont un germe , 8c qui végètent comme
les plantes.
L'Académie de Florence a fait plufieurs expérien-
ces fur les congélations artificielles. Elle les explique
fort nettement dans fes Saggi di naturali e^pcrien^e^
& voici les remarques qu'elle fait: on met le liquide
que l'on veut congeler dans une phiole de verre.
Lorfque l'on plonge la première fois cette phiole,
au moment qu'on la touche, on remarque dans le
cou de la phiole un petit foulévement du liquide ,
mais qui lé fait très-vîte. Enfuite le liquide fe retire
dans la phiole , par un mouvement très-réglé , &
d'une médiocre vîrelfe jufqu'à un ccrrain poinr ,
où il rcftc en repos , autant que les yeux en peuvent
juger. Enfuite on le voit peu-à-peu recommencer à
s'élever , mais par un mouvement très-lent , & qui
paroît toujours égal. Après quoi , fans aucune accé-
lération proportionnelle , il fait fubitement un faut
fi rapide , qu'il eft impolliblc de le fuivre des yeux ,
& comme cette impétuofité furieufc commence en
un inftant , elle finit de même en un inftant , fie apte s
cette rapidité fi grande , le liquide prend un m®uvc-
ment à la vérité fort vîte , mais incomparablement
moins que le précédent, & continue ainfi à s'élever,
& quelquefois même jufqu'au haut du cou de la
phiole, & jufqu'à en fortir. Pendant tout le temps
que ces chofesfe pafTent , on voit par fois venir fur
l'eau de petits corpufculcs d'air, ou d'une lùbftance
encore plus fubtile , tantôt en plus grande quanritc ,
& tantôt en moindre ; mais cetre féparation ne com-
mence que lorfque l'eau a prisun grandfroid , com-
me f[ ce degré de froid avoir la faculté de féparer ces
parties, &: de les faire fortir de l'eau. Or , tous ces
accidens font toujours arrivés de la même manière ^
& toutes les fois qu'on a répété l'expérience. Du
refte ayant examiné avec foin quel étoit le temps
précis de la cotigelation , & pour cela ayant fouvent
un peu retiré la phiole de la glace , ou quelque foi-
gneufemenr qu'on ait fait l'obfervation, on n'a jamais
pu remarquer la moindre veine de glace , mais la li-
gueur a toujours paru ou toute fluide ou toute gla-
cée
C O N
cèe. D'où l'Académie conclut que la congélation fe
fait en un inftant.
L'Académie de Florence a plus fait; elle a donné
des tables de tous ces accidens dans Ic/quelles elle
marque comment ils arrivent fur diffcrens liquides ,
& elle y met premièrement l'État naturel du li-
quide , c'eft-à-dire > le degré où il eft dans le cou de
la phiole avant qu'on la plonge dans la glace.
2°. Le Saut de l'immersion , c'eft-à-dire, le
mouvement du liquide au moment qu'on le plonge
<lans la glace.
}o. L'abaissement , c'eft-à-dire , le degré auquel
la liqueur Te remet après le faut de l'immerfion.
4°. Le Repos , ou le degré d'élévation auquel
elle reftc après s'être abaidee.
5°. Le Soulèvement. C'eft le degré où elle fe
lève enfuiîe par un mouvement très-lent &: toujours
égal,
«3°. Le Saut de la Congélation. C'eft le degré
où le liquide monte par ce mouvement rapide Se im-
^ ON
^ ^ iN 8oi
pétueux qu'il prend dans le moment de la congela^
tton.
L'Académie fit plus. Elle fe fer vit d'un thermomè-
tre & d'une pendule , pour ohrcrver par le thermo-
mètre àtjuel degré de ftoid, & par la pendule en
quel temps preciicment arrivoit chacune des varia-
tions dont on a parlé. Mais comme il étoit impofïï-
ble d'appliquer toujours également en même-temps
la glace à la phiole &: au thermomètre , que la dofè
de fel n'eftpas toujours précifément la même fur la,
neige ou fur la glace dont on fe ferr pour faire ces
<angilations , qu'on ne peut pas le diftribuer égale-
ment de touscôt«s , parce que la neige ou la glace fe
durciflent aufll-tôt qu'on y jette le fel j & qu'ainfi on
ne peut s'aflurer qu'il agilfe avec une égale force de
toutes parts , on ne peut fiirement compter fur Its
degrés de froid marqués par le thermomètre. Néan-
moins on n'a pas laiflé de marquer dans les tables \ts
degrés de froid du thermomètre , & le nombre des
vibrations dans lequel chaque changement arrivoit
Voici ces tables traduites en François, ^
PREMIÈRE CONGÉLATION
De l'eau de Fontaine.
Deg. eu Vaf, Différence. Deg. du Th. Différence. Vibrations. Différencej
ïtat naturel.
ï4i.
r\.
I}?.
C.
o.
*3
Saut dt> rimmcrlîon.
ï45t«
I55'
23.
i3T-
<T4.
2}2,
Abaiflêment,
110.
a.
ۂ),
iO.
iîî-
7?.
Repos.
110.
10.
4?»
iS,
3jo.
1}2,
Soulèvement,
I}0.
7,6.
55-
o.
4^2.
0.
Saut de la Con
gélatîon.
i66.
53-
0,
îl eft à remarquer que dans cette congélation Bc les quatre fuivantes, les vibrations étoîent de S^ à U itiiïïiXXCl
SECONDE CONGÉLATION DE LA MÊME EAU.
Deg. du Vaf. Diffétenee. Deg. du Th. Différence, Vibrations, DiffAençe^
Etat naturel.
144.
I4îi.
0.
Saut de l'immerfion.
14^1
if
118.
a5K
iy.
*5.
Abaiflemenc.
119 j.
17.
0.
}8.
80,
10.
280.
Repos.
Soulèvement.
Ï19X.
iji.
lih
28.
17-
II.
41 j.
882,
4^7'
Saut de la Congélation.
170.
39«
17-
0.
0.
0,
TROISIÈME CONGÉLATION DE LA MÊME EAU.
Deg. du Vaf. Différtnce. Deg. du Th. Différence, Vibration». Différence»
Etat naturel.
145.
i.
141-1.
iSi.
D.
^î-
Saut de l'immerfion.
I4J.
I2J.
l?»
Mî.
74.
349.
AbaifTement»
iipi. .
0.
51.
7-
i^9'
1()S,
Repos.
119I.
»o,
44»
^.
s^s-
3C8»
Soulèvement.
125,1.
59|.
?9-
C.
5>3Î'
«.
Saut de la Cong
élation.
16^,
3i>«
9.
Dans ces congélations l'eau dans fon état naturel
n'étoit point au même degré à caufe des différen-
tes caufes extrinfèques , du ftoid &. du chaud dif-
férent, qui en altétoient la température. De -là
vient que tous les accidens confcquens n'arrivoient
pas non plus au même degré ptécjicnjent, Nçan-
T«me JI, ,
moins en réduifant dans la fccânde Su la troîfièmô
congélation l'état naturel de l'eau à 41 degrés , &:
tous ieî cinq autres changeraens à proportion 3 c.i
veT^ qu'il y a très-peu de différence entre c( ■■
ccn^î'^noTis & la ^rçiniç:.' , gC qu'elle eft ptefr;-
llUi
Hîï'
IT.
I4II.
II.
0.
18,
147.
58,
155-
85.
51.
3i<î.
169.
49i'
347.
lôc).
0.
4J-
4i-
19^
587.
40.
558.
lij.
ijT.
ç,X$.
ÏOj.'
0.
■
0.
130.
Z5i-
8oi CON CON
PRE M ifcR^E CONGÉLATION
JDe l'eau ke pleurs de Myb-the distillées.
Deg. du Vaf. Différence, Deg. du Th. Différence. Vibrations. Différence!
Etat naturel.
Saut de rimmerfio n,
Abaiflement-
Repos.
Soulèvement.
Saut de la Congélation. 130.
SECONDE CONGÉLATION DE LA MEME EAU.
" ^ - Deg. du Vaf. Différence. Pcg. du Th. Différence. Vibrations. Différence
Etat naturel.
Saut de rimmerfion, lA^i'
Abaiflement,
Repos.
Soulèvement.
Saut de la Congélation. 131.
Êans l«s congéldficfi^ fuivantes , on changea d'horloge , & les vibrations n'étoient plus que de ^0 à la .'^-.'nute.
PREMIÈRECONGÉLATION
^B l'eau Rose Distillée dans du plomb.
Deg. du Vaf. Différence, Deg du Th. Différence. Vibrations, Différeneei
I4(j.
141.
0,
î-
ir.
5I'
1494.
131.
18.
108.
41.
0.
?5.
96.
46'o.
44i.
58.
108.
18I.
iii.
lÎT.
518.
«09.
116^^.
106.
lOÏ.
«.
1327.
131.
lyî.
Etat naturel.
«40T.
a-
142.
4«
0.
io.
Sant de rimmerfiott,
143.
tj.
138.
88.
io.
351.
Abaiflèmen%
ïi<î«
0.
JO.
4-
351-
38.
Repos.
ii(î.
II T'
4<î.
20.
589.
35^.
Soulèvement,
117-
^7.
2(?,
0.
745'
0.
-Çaiif Af la. Conaélâtion
1. 194.
ICÎ.
SECONDE CONGÉLATION DE LA MÊME EAU.
Degr, du Vaf, Différence. Degr. du Th. Différence. Vibrations. Différenc*.
ïtat naturel.
140 T.
I,
141.
itf.
0,
21,
Saut de l'Immerfion.
I42-T-
^7.
IZJ.
8(î.
21,
555-
Abaiflement.
1'5t.
0.
39-
si'
354-
16S,
Repos.
I-ISt.
iii.
291.
II.
5fi.
73J.
Soulèvement,
127.
^7.
18 :•
0.
Ï2Î7.
S
Saut de la Congélation.
194.
i8i.
0.
PREMIÈRE CONGÉLATION
De fleur d' Orange distillée dans du plomb.
Degr. du Vaf. Différence. Degr. du Th. Différence. Vibrations. DiUsitutai
Etat, naturel. 137, 142. o.
i.
$aut de l'Immerfion. 159. 150.
z8.
12.
»4.
14.
85i.
*i»7»
CON
COH
^^,
. ÀbaifTement.
Repos.
Soulèvement,
Saut de la Congélation. 256,
Comme on remarquoit toujours de la difFc-
tence dans les fécondes congélations , on voulut
chercher quelle en étoit la caufe. Et pour cela ,
III.
4^1.
3Ji.
0.
1,
6'4;
m.
-
441.
375.
16.
H.
505,
I2t.
10 ■.
880,
123.
' à»
0-
256,
lak.
o„
on vida la cuvette, & l'on y remit de la glacè
avec du fel , & l'expérience fe fit comme il fuit;
SECONDE CONGELATION.
De l'eau de fleur d' Orange.
Degt. du Vaf. Différence. Degr. du Th. Différence. Vibrations. Différence^
Etat naturel.
ï37t.
iî-
142.
22,
0.
29.
Saut de rimmerfion.
140,
z8i.
120.
74-
tÇ).
5 37«
AbaifTement.
liif;
0;
4^.
2.
i66.
t8.
Repos,
iiif.
I?.
44.
ii|.
384.
525,
Soulèvement;
îiy.
Ï2I,
3IÎ'
0,
5)07.
0.
Saut de la Congélatioi
Ti. 248.
3ii.
b.
De forte qu'il paroît que la différence des fe-
tondes expériences aux premières , ne vient point
des liqueurs, mais fe doit attribuer à la glace, qu'ap-
paremment la pointe du froid que le fel lui com-
munique, diminue, & qu'elle a befoin d'un temps
plus long pour agir. Et qu'ainfi ne foit, lorfque
l^on a changé la glace , la différence de la pre-
mière à la léconde congélation de l'eau de fleur d'o-
range n'a été que i' , 4<î", aU lieu qu'en ne la chan-
geant point, elle eft allée jufqu'à 7', 25)" & 1 5', 20",
comme on le voit dans la première & la féconde
congélation de l'eau rofe, & dans la première &c lâ
troifième de l'eau de fontaine. On verra même par
la féconde congélation , de l'eau de fraifes que la
petite différence i',4<î" qui fe trouve dans la féconde
congélation de l'eau de fleur d'orange eft purement
accidentelle , Sc qu'elle ne vient point d'aucune
rcfiftance à une nouvelle congélation qu'elle ait ac-
quife dans la première , puifque la glace ayant été
auffi renouvellée dans la Ceconde congélation de
l'eau de fraifes , elle fe fit en }', 15" moins que là
première.
PREMIÈRE CONGÉLATION
De l'eAù de Fraises distillées Au bain mariÈô
Degr. du Vaf. Différence. Degr., du Th. Différence. Vibrations. Différence^
Etat naturel.
Ï57'
i.
145.
23;
0.
30.
iSaut de l'Immerfion;
i}5?.
t20.
50,
28.
83.
405.
Abaiffemcnt;
m.
0,
57.
i.
43 î^
ij;
Repos;
iii*
15.
3^.
171-
4jo,
558^
Soulèvement.
ri(S,
8c),
i8i.
Oi
988.
0.
Saut de la Con
délation.
iij.
t84.
6-
SECONDE CONGÉLATIONDE LÀ MÊME EAU.
Degr. du Vaf, Différence. Degt. du Th. Différence, Vibrations, Différence;;
Etat naturel.
139.
i
1437.
9'
0,
ï8.
Saut de l'Immerfion,
141.
ty;
i34ï.'
9^i'
18.
40i,
Abaiffement,
114.
ai
42.
ii
420i
7^
Repos.
114,
iji
41;
20.
427.
44^*
Soulèvement.
129.
8<î.
il;
Oi
873-
Saut de la Consèlatiot
1, 2Iïi
11)
On peut remarquer que le faut de l'eau au mo-
ment de la congélation , eft plus ou moins haut ,
comme auffi plus ou moins rapide en différens flui-
des , & il paroît qu'il eft plus haut & plus rapide
en ceux qui fe gèlent plus fortement.
iiiiii}
So/,
CON
CON
CONGÉLATION DE L'EAU DE CANNELLE DISTILLÉE.
Degt. du Vaf. Différence. Degt. du Th. Diffétenc*. Vibrations,
Etat natarel.
t59Î.
l[.
141.
7-
0.
Saut de rimmerfîon.
141.
Z9^.
1551.
881.
13.
Abairtcment.
aiif.
0.
45-
6.
547.
Repos.
mi.
9'
Î9-
II.
Co.
Soulèvement.
I20i,
i7-
500.
torfque par le mouvement très-lent, avec le-
quel cette eau s'étoit élevée après fon repos, elle
fut arrivée à i zo ^ , au lieu de s'clancer par un faut
rapide , elle ne fit autre chofe que de prendre en
un moment un mouvement un peu plus vice. Ce
qu'ayant remarqué, on retira lubitcment la phiole
de la glace , &c on trouva l'eau réduite en une
gelée ïi fine , qu'elle n'eût pas vu l'air qu'elle fut
détruite.
Il "eft à remarquer que dans les congélations
artificielles , il y en a où la glace eft plus tendre ,
comme eft celle de l'eau de Cannelle, & celle de
l'eau Rofe , & d'autres où elle eft plus dure, telle
qu'eft celle de l'eau de fleurs d'Orange, & celle
de ^l'eau de fleurs de Myrte , laquelle, à ce qu'il
paroît julqu'ici , eft celle , qui dans le premier
inftant de la congélation , s'endurcit le plus.
On pafle dans cette congélation & dans les fui-
vantes les répétitions des expériences , parce qu'on
peut fuftifamment voir dans les exemples piécé-
dens , la conformité des expériences dans les mêmes
liqueurs.
CONGÉLATION DE L'EAU DE NEIGE.
Degr. du Vaf. Différenct. Dejr. du Th. Di.T^rence. Vibrations, Différencei
Etat naturel.
I5<^i.
11.
14t.
9-
0.
i7
Saut de rimmerfion.
159.
28.
iji.
80.
3-7-
318.
AbaifTement.
III.
0.
5i-
4«
34Î-
3i
Repos,
III.
5 h
48.
S.
377.
Soulèvement.
li6i.
40.
Ici cette liqueur accil6ta Ion moiivement ', mais
l'accélération fut très-lente , en comparaifon de
celle des autres liqueurs au moment qu'elles fe ge-
loicnt. Elle commença à fe geler le long du verre,
& iùcceflivement dans les parties extérieures l'une
après l'autre jufqu'au centre , avec la même lenteur
de raréfaftion $c de mouvement. La glace qui fe
£t,- n'étoit point unie comme les autres, mais
înref rompue Se rayée de veînes inégales 5c: entre-
lacées de tous les fens. L'expérience ayant été faite
une féconde fois, tout arriva à point nommé,
comme la première.
On la recommença avec la même eau , après
l'avoir fait bouillir , & l'on n'y remarqua pas grande
différence.
CONGELATION DE L'EAU DELLA FICONCELLA.
Degr. du Vaf. Différence. Vibrations. Différence,
Etat naturel.
98.
»
0.
Saut de l'Immerfion.
100.
i.
19.
19.
AbaifTement.
71.
25).
288.
ZSc,,
Repos.
71.
0.
3(^5.
7J.
Soulèvement,
85.
12.
117.
8i5.
453.
Saut de la Congélation. 200.
o.
CONGÉLATION DU VIN ROUGE DECRIANT I.
Degr. du Vaf. Difll<rence. Degr, du Th. Diffirence. Vibrations Différences
Etat naturel.
141.
141.
0.
.
Saut de l'Immerfion,
14;.
2.
ij-y-
4.
IJ.
I?
Abaiflemenr.
77Î.
0,
17 i.
4.
581-
95
CON
CON
Repos,
Soulévemenr,
Oî
77 1.'
2x{.
71.
Ho,
""aucut fS^ LZZ::r '^"''^^' ^^"^^"^ ^-^^ ^^^--^^ S^lo-. peu i peu dans le Vafc fan. faire
CONGÉLATION DU VIN MUSCAT BLANC
Cegr.du Vaf. Différence. Dcgr. d„ Th. Différence. Vibr«io«. Différence.
Etat naturel. j^o.
Saut de rimmerfion, 1421.
Abaiflement, -,7,
11.
ÎJ9.
14.
7*
108.
Etant arnvé-là fans s'arrêter un moment , il com-
rmença a s'élever de nouveau avec un mouvement
un peu plus vue que celui avec lequel on a déjà
du plufieurs fois que s'élevoient les liqueurs, qui
C60.
en fe congelant, s'élançoient dans l'inftant for{
liaut. La phiole étant tirée de la glace , on trouva
que le vm avoit commencé à k geler dans les
parties extérieures.
141.
140."
0.
i-.
14.
II.
143«
154.
21.
7)-
<f8.
24.
IIO.
735.
724.
4"
S-
440,
79-
JS)4'
ip.
0.
II7J.
^73-
19.
CONGÉLATION DU VINAIGRE BLANC.
Degr. du Vaf. Différence. Degr. du Th. Différence. VibraùonE. Différence.
Etat natutel.
Saut de l'Immerfion.
Abaiflement.
Soulèvement.
Il' Saut de la Congélation. 273.
CONGÉLATION DU JUS DE LIMON.
Degr. du Vaf. Différence. Degr. du Th. Différencs^
Etat naturel. 141, j ,
J Saut de l'Immerfion, 144. * j,,^
Abai/Tement. 84. ' 22.
' Puand il fut arrivé 1 84 degrés , il commença à remo:^ter d'un mouvement trés-Ient , en Te gelant peu à peu.
CONGÉLATION DE L' ESPRIT DE VITRIOL.
Degr. du Vaf. Différence. Degr. du Th. Différence. Vibrauon.. Différence.
Etat naturel. 1401. i^of, o
I-.
Saut de l'Immerfion. 14.2. '' ' tî,
^ ^7). 15,
9-
loi.
52.
Abaiflement. 50.
II ne s'arrêta point-, mais étant arrivé à 90 de- '
grés , il commença à remonter avec un mouvement
tres-lent & uniforme, en fe srelant en même temps
en difFérens endroits & en différens plans, comme
|On le voit faire à l'eau naturelle, mife dans un
■vaiflèau de verre , & expofée .à l'air pour geler.
CONGÉLATION DE L'HUILE.
Degr. du Vaf. Différence.
Etat naturel. " j^o.
18.
Saut de l'Immerfion. 122.
AbaifTement. o,
L'huUe fe réduit toute dans le corps de la phiole ,
37 1.
7 h
95 i.
420.
15'
405.
où elle fe gela fans la moindre raréfiaion C'efl
peut-être de-là que l'huile gelée va au fond de
1 hmie fondue & flu.de , au lieu que routes les au-
tres glaces faites par raréfadion, furnaifenr dans
leurs fluides. ^
L'eau-de-vie fe condenfe merveirieufcmenr pir
le froid , mais enfuite elle fe raré/ie 8r ne fe >^à[e
poinr. Quand on jerte de l'eau-dc-vie fur la .dace,
elle en augmente le froid. '^
La même Académie de Florence a fait beau-
coup d'expériences fur laJgelée & la glace natu-
|& CONGELER , v. a. fe dit de l'adion par la-
quelle le froid durcit les liqueurs. Fixer un fluide
par l'adion du troid. Congdare. Le grand froid
cong'ele l'eau. Le fel mêlé avec de la neige ou de
la glace ro/zo'^/e la plupart dc^ liqueurs.
|Cr Congeler, dans la fignification de coa<niler. l\
y a des poifons qui conscient le fang , les humeurs.
^concZccre, L'eau fe con^^cU par le troid. La cre
Z^Stcon^^c auin-rôt qu'elle eft expofee a
■air : cette humeur fe con^U par .^/^^f ^^'^.'iu
foleil. Cc^/z-^/'^W'- hunior ijto cabre Jolis. Les lens
fe congèlent dans les grottes. _ jv i .
On dit zMiVi congeler des fruits ; pour dire, les
mettre à la ^lace. LaiHer congeler un bouillon , un
fyrop, le laifler prendre & epailhr eix fe retrci-
diflant.
CoNGtLE ée. part. j
CONGÉNÈRE , adj. terme d'Anatomie. Ceft une
épithète que l'on donne à certains muicles. Ejujdem
eeneris , fimilis. Les mufcles congénères , font
ceux qui concourent A un même mouvement -, ils
font oppofcs aux antagoniftes , qui font un mou-
vement oppofé. , , .
En termes de Botanique , congénères fignifie qui
eft de même g.mre. Les plantes congénères, font
les différentes efpèces compriles fous un même
genre de plantes. Le coco & le palmier lent des
plantes congénères. Ainfi nous avons dit ci-delTus ,
le concombre fe diftinguc par fes fruits , qui font
plus petits que ceux des citrouilles , des melons
des potirons &c des courges , plantes cependant qui
lui font congénères.
ftj- CONGERIE , f. f. vieux terme dont on fe fer-
moir en Phyfique pour exprimer un mafle informe ,
un tas de plufieurs choies réunies ians ordre. Con-
CONGÉSTION , r. f- terme de Médecine , qui fe
dit d'un amas d'humeurs qui fe fait lentement en
quelque partie du corps. Congejtus. La congefhon
fe fait peu à peu , en quoi elle dilière de la Huxion ,
qui fe fait plus promptement.
CONGIAIRE , f. m. terme de Mcdailhlte. Don, ou
préfent reprcfenré fur une médaille. Congianum.
Le con'iaire de Nervâ. Le conguiire étoit un pré-
fent que l'Empereur faifoit au Peuple romain ;
ceux qu'il faifoit aux foldats , ne s'appeloient point
coîi^iaires , mais doftatifs ; donativiun. Congianum
populo donativum dedit , dit Tacite , en parlant du
jeune Céfar. Tibère donna pour congiaires trois
cens pièces de monnoie à chaque citoyen. Cali-
crula donna deux fois trois cens fefterces par tête :
Néron en donna quatre cens -, c'eftie premier dons
les congiaires foient marqués fur les médailles.
On appelle aufli quelquefois congiaire s la mé-
■ daille fur laquelle le co72orzWr£ eft marqué. J'ai tous
les congiaires d'Adrien. Voilà un beau congiaire ,
Se qui eft bien rare. L'infcription des congiaires eft
CONGIARIUM OU LiBERALITAS.
Ce mot vient de celui de congé, congius, parce
que les premiers préfens que l'on fit ainli au
Peuple , confiftoient en huile Se en vin , qui fe
mefuroient par congés. On changea enfuite l'huile
& le vin en d'autres chofes , mais le nom demeura
toujours le même. _
CONGIUS. f. m. Foyei Congé. On retient fouvent
le mot latin congius en notre langue. L'on con-
ferve à Rome un congius du Vatican , dont Vil-
lalpandus , Viçenère &c d'autres , ont donné la def-
cription , la fi2;ure & la capacité. Vigenère a dit
cancre , con"ius\ congie. Ce dernier n'eft pas bon.
CONGLOBÂTION , f. f. figure de Rhétorique , par
laquelle on entafle plufieurs preuves, plufieurs ar-
c^umens les uns fur les aurrcs. Co/zg/o^^no.
CÔNGLOBÉ , EE , adj. amaflé en un globe. Con-
alebatus. Ce terme eft en ufage dans l'Anatomie,
où l'on appelle sjlandes conglobées , plufieurs glan-
des réunies qui 'n'en compofent qu'une fous une
même enveloppe dont la fuperficie eft égale & fort
unie. Telles font les glandes du mcfenrcre. Les
glandes conglobées ont toutes une arrère qui leur
apporte du fan^, & une veine qui le rapporte,
après avoir été' filrré dans ces glandes. Elles ont
aufll un ou plufieurs vaifleaux excrétoires. Il y en
CO N
a qui ont une cavité au milieu , & des vaifleaux
lymphariqucs , qui vont fe rendre dans un réfervoii
ott dans un canaL
Ip- CONGLOBE, terme de Botanique. Confertus.
Entaffé , ramaffé en pelotons très-ferrés. Voye^
Fleurs , Feuilles^, Racines.
CONGLOMERE, EE. adj. Ceft une épithète que
l'on donne dans l'Anatomie à une efpèce de glan-
des. Cortg-/o//2tr^/KJ , a. Les glandes conglomérées,
font des glandes amaffées en pelotons , compofées
de plufieurs petits corps , ou grains glanduleux ,
joints enfemble fur une même membrane , comme
les glandes falivales , fudorales , lacrymales , & le
pancréas. Les glandes conglomérées , outre des ar-
tères, des veines & des nerfs , font encore fournies
chacune d'un vaifleau excrétoire ramifié dans leur
propre fubftance , par le moyen duquel elles dé-
chargent dans les réiervoirs les liqueurs qu'elles ont
filtrées.
CONGLUTIN ATION , f. f. aâ:ion de joindre , de
cimenter deux corps enfemble par des parries onc-
tueufes , gluantes & tenaces. Conglutinatio. On met
de la cire , de la poix dans une compofition , afin
que la conglutinadon en foit plus prompte & plus
ferme.
CONGLUTINER, v. a. lier , attacher un corps avec
un autre par le moyen de quelque chofe de gluant
&: de tenace. Conglutinare , agglutinare. Il n'eft
guère en ufage que dans le dogmatique.
|CJ" Ceft encore rendre une liqueur gluante & vif-
queufe. Il y a des poifons qui conglutinent le fang;
Conglutiné , ÉF 5 part.
CONGO , grand pays dans la bafle Ethiopie. Con-
gum. Sanibn renferme dans ce pays tout ce qui eft
entre la ligne cquinoxiale & le cap noir dans la
Cafrerie , parce que tous ces pays ont été fujets^
alliés ou tributaires du Roi de Congo. Le royaume
de Congo eft borné au nord par le royaume de
Loango , & par les peuples Anzicains , il a au
fud le royaume d'Angola, & au couchant la mer,
de Congo.
La mer de Congo eft une partie de l'Océan d'E-
thiopie fur la côte occidentale de l'Afrique, vis-à-
vis du royaume de Congo, dont elle tire fonnom.
Mare Congolanum.
CONGOIS ] OISE , f, m. &: f. Congenjîs. M. Corneille
appelle ainfi les peuples de Congo, que Mary ap-
pelle Contro/a/zj. L'équipage de guerre àcsCongois
eft fort fingulier.Les Capitaines portent des bon'nets
carrés, ornés de plumes de paon. Ils ont le de/fus du
corps tout nu , fi ce n'eft qu'ils porrent fur leurs
épaules & fous les aiflêlles des chaînes de fer paf^
fces en fautoir, dont les boucles fonr de la grofleur
du doigt. Leurs armes font de grandes haches lar-
ges, des poignards, des arcs de fix paulmes de
fong, des flèches avec un fer à crochet & des plu-
mes pour les rendre plus légères , des moufquets,
des fufils , des écus d'écorce d'arbre garnis d'une
peau de bufle. Corn.
CONGOLAN , ANE, f. m. & f. qui eft du Congo.
Congolanus. Les Congolarts font noirs , robuftes ,
mais polrrons. Maty. Les Portugais ont converti
un rrès-2;rand nombre de Congolans.
CONGRATULATION , f f.";^ témoignage de
joie fur un heureux fuccès ; adion par laquelle
on témoigne à quelqu'un la part qu'on prend à ce
qui lui eft arrivé d'heureux , d'avantageux. Co/z-
gratulatio. Recevoir les complimensde congratula'
\ion. II a reçu les congratulations au fujet de fon
mariage. Ce mor n'eft point fort ufité.
gO" CONGRATULER , v. a. aflûrer quelqu'un de
la part qu'on prend à ce qui lui eft arrivé d'heu-
reux -, lui témoigner la joie qu'on refTent du bon-
heur qui lui eft'arrivé. Gratarl, congratulari,gra-
tulari alicui aliquam rem , aliquâ re,de, in , ou
pro aliquâ re. On l'a congratulé fur fon mariage»
fur la naiflance d'un fils , fur fa réception à l'Aca-
démie.
Ip- Ce verbe n'eft pas aujourd'hui d'un grand ufage.
CON
On dît plus communément féliciter , faire compli-'
ment.
.^CT On a dit autrefois congratuler à quelque chofe.
Corneille même s'eft fcrvi Ae et mot; congraculer
à la pureté. Cette plirafe eft latine. Tibi congra-
tulor. Mais aujourdliui congratuler régit l'accufa-
tif comme féliciter.
^fT Congratulé , ée , part.
§C? CONGRE, r. m.poifTon de mer , fort alongé,
qui reffemble à une anguille. Les congres qui "ne
s'éloignent pas du rivage , ont le ventre blanc 5c
le dos noir. Ceux qui font dans la haute mer , ont le
dos blanc comme le ventre. On fait peu de cas en
France de ce poiflbn dont la chair eft dure. Con-
CONGRÉER ou CONGREGER, Nicot obferve
qu'on difoit autrefois ces verbes du mot de con-
gregare^, ou de concrefcere.
CONGREGANDINE, f. f C'eft ainfi que l'on nom-
me vers la Bourgogne & au-delà , les Religieufes
jnftituées fous le nom de la Congrégation Notre-
Dame , par le P. Fourrier ( Fodcrarius ) Chanoine
régulier , Curé de Mataincourt en Lorraine.
.CONGREGANISTE,f. m. & f. |fcT celui ou celle
qui eft d'une congrégation laïque , dirigée par des
Eccléliaftiquesféculiers ou réguliers, i'oi^/ij 5. M.
Virginis. Voyez Congrégation dans cette accep-
tion.
^ CONGREGATION, f. f. terme de Phyfique
dont s'eft fervi M. Grew pour lignifier le plus périr
degré de mélange des parties du mixte , c'eft-à-
dire , celui par lequel les parties du mixte n'en-
trent point les unes dans les autres, ou n'adhèrent
point enfemble , mais fe touç.hent dans un pomt.
Harris cité dans r^wcyc.
Congrégation, f. £ aflèmblée de plufieurs perfonnes
EcclcfijftiqLies qui font un corps. On le dit parti-
culièrement des Cardinaux qui font commis en
certain nombre parle Pape.', & diftribués en plu-
fieurs chambres pour exercr.T certains offices de ju-
ridiélions , à peu près ccjmme les Bureaux des
Confeillers d'Etat en Franf:e. Cœtus , conventus. La
première eft la Congrégai ion du S. Office , ou de
î'Inquifition. La féconde , la juridiflion fur les
Evcques & les Régulier?,. La troifième eft celle du
Concile. Elle a pouvoir d'interpréter le Concile de
Trente. La quatrième eft Telle des coutum.es, céré-
monies , préfcances ., cat in^fations , appelée la
Congrégation des Rir.s. La cinquième, celle de la
fabrique de S. Pierre , qui connoî: de toutes les
caufes pic; , dont une partie eft due à la fibrique
de S. Pierre. La fixième , celle des eaux , ponts &
chauffées, La feptième , celle des fontaines & des
lues , dont le Cardinal grand Chambellan eft le
chef La ]huitième , eft celle de l'Index , qui juge
des livres à imprimer , ou à corriger, La neuviè-
. me eft celle dugou\'^rncment de tout l'Etat de l'E-
glife. La dixième , de bono regimine. Le Cardinal
Neveu eft le chctde ces deux dernières. La onzième
eft celle de la Monnoie. La douzième, celle des
Evcques , où l'on examine ceux qui doivent être
promus aux Evêchés d'Italie. Elle fe tient devant
le Pape. La treizième , celle des matières confif-
toriales, dont le chef eft le Cardinal Doyen. Il y a
encore une Congrégation de l'aumône , qui a foin
de ce qui regarde la traite des vivres néceffaires à
la fubliftance de Rome & de l'Etat Eccléfiaftique.
Les Con grelottions changent quelquefois félon la
"volonté des Papes, qui en établiflent fouvent de
nouvelles, qui ne durent qu'un certain temps, &
pour décider des affaires particulières. Le Cardinal
Jean-Baptifte de Luca a fait une relation de la
Cour Romaine, où il parle de toutes les Congré-
gations , Tribunaux 8: Jurididions de l'Etat.
Congrégation fe dit audl de plufieurs fociétés Re-
ligieufes. SodaJitas , Sodalitium. La Conorrégation
de l'Oratoire. La Congrégation de S, Maur , de S.
Vanne, de Chiny, qui forment divers Corps de
Béncdidjns eu France*
CON 807
Congrégation fe dit auffi de l'aflemblée de plufieurs
perfonnes pieufes , en forme de Confrairie érigée
en l'honneur de la Sainte Vierge, comme ert
avoient particulièrement les Jéfuites, Sodalit^s , fo^
dahuum Beat» Virginis.
Congrégation fe dit dans les Ordres Relicrieux
pour les affemblées que l'on y tient pour les°a(fai-
tes de l'Ordre. Congrégation générale eft celle où
il fe trouve des Députés de tout l'Ordre. Con<-ré4.
gation provinciaIe,celle qui eft compofce des Dépu-
tés feulement d'une province de l'Ordre. Etant
allé à Avignon pour aflifter à une de ces afi'em-
blées que nous appelons Congrégations provincia-
les, il y reçut ordre de partir pour aller à la Cour*
P. d'Orl. Vie du P. Cot.p. 61.
Congrégation du S. Sacrement. Outre les Concre-ya'
tions dont on vient de parler , il y en a encorde une
autre en plufieurs villes de France. C'eft une Con-
grégation de Prêtres féculiers. On en voit à Valen-
ce , à Mat feille , l^^c.
Congrégation de Notre-Dame de Reims. Congréga-
tion inftituée à Reims , & à laquelle appartiennent
des privilèges établis par des bulles des Papes , des
tranfadions Se des arrêts. Congregatio Beata Mariie
Remenfis. Cette Congrégation eft compofée d'abord
de tous les Dignitaires , les Chanoines , les Chape-
lains & autres membres Eccléfiaftiques de l'Eglife
de Reims. Le Chapitre en corps adroit de choific
dans le territoire de l'archevêché dix francs-Ser-
vans communs. Il y a outre ces dix francs-Ser-
vans communs , des francs - Servans particulieta
de chaqueChanoine;le nombre de ces francs-Ser-
vans particuliers pourroit être de ^4 Chanoines ,
mais rarement ce nombre eft rempli , parce que
le droit de choifir des francs-Servans particuliers
n'appartient qu'aux Chanoines infacris, gagnant les
gros fruits de leur prébende, Il y a4 Coutres-Laïcs,
4 Contres Eccléfiaftiques, & ifous-Coutres.-Il y a un
Chapucier. Il y a trois Prébendes & femi-Prében-
dés de S. Rigobert , appelés pauvres de S. Rigo-
berr , à caufe de la modicité du tevenu attaché à'
leurs Offices. Il y a trois francs-Sergens de l*Archi-
diacre, & autrefois chaque Chanoine avoit droit
d'en choifir un pareil nombre, mais par les tranf^
aâiions le droit des Chanoines a éré réduit à un
fcul. Enfin l'Hôtcl-Dieu & l'Eglife de S. Denis,
jouiflent encore du droit d'avoir un franc-Sergent.
Voilà exaétement tous les membres qui compo-
fent la Congrégation de Notre-Dame , &: qui , en
qualité de membres de cette Congrégation , font
affranchis de la jutidicaion de l'Archevêque, &c
font foumis à la jurididion du Chapitre, quoi-
qu'ils demeurent dans le ban de l'Atchevêché. Au-
BRY , Mém.pour le Chapitre de Reims,
Congrégation Pauline. Voyez Ecoles pieuses.
CONGREGATIONAUX, f. m. pi, C'eft une des
quatre principales feéles , forries de l'indépendan-
tifme. Voyei le Dictionnaire d'Hoffmann.
CONGREGEÊ, adj. £ Les ptemieres Urfulirtes fon-
dées vers l'an 1557, par la B. Angcle de BrefTe j
Se qui n'etoient point encore Religieufes , s'appel-
lerent les Urfulines Congrégées , & ce nom eft refté
à celles qui font toujours demeurées dans l'état fé-
culier. Voye^ Ursuline.
Congréger. Voye:^ CongrÉer.
CONGRES. Ç. m. L'épreuve de la puiffance où
impuiffance des gens mariés , autrefois ordonnée
par la Juftice & qui fe faifoit en prcfence des Chirur-
giens & de matrones, dans les occafionsoù il s'agif-
foit de la nullité d'un Mariage pour caufe d'im-
puiffance. Congreffies. Le Droit Civil , ni le Droit
Canonique ne fonr aucune mention de la preuve
d'impuiffance par le congrès : cet ufage doit fon
origine à la témérité d'un jeune homme, qui de-
manda le conçrrès. Le Juge furpris de la nouveau-
té de cette demande, ne ciut pas qu'elle pût être
refufée , regardanr cette épreuve comme un moyen
infaillible de découvrir la vérité. Depuis il devint
une jurifprudence certaine dans les Officialitcs ,
8o8
CON
& les arrêts l'ont autorifée. Mais outre que cette
expérience oifcnfe la pudeur, & qu'elle eft con-
traire à la pureté de nos moeurs , on a reconnu
que cette prétendue certitude que l'on pouvoit en
tirer , èc qui leule l'avoir tait accepter, croit ^ une
illufion-, Scque dans la plupart de ceux quony
airuiétiUbit, la honte de l'accufation , la crainte
d'un événement incertain, la pudeur & le rroub e
'caulepar la prcfence des experts ,produiloiem le
même effet que l'impuiflance naturelle L effrontetie
feule pouvoir foûtcnir les honteufes formalités du
consrès. Une femme ne doit jamais venu a la
fôcheule extrémité de publier de s malheurs do-
meftiques, que la pudeur lui ordonne de tenir
fecrets , ni faire éclater fon infortune. C. B. Boi-
Icau dit en parlant des animaux.
Que jamais Juge entr'eux , ordonnant le congrès ,
3e ce burlefque mot n'a fali fes arrêts.
On a enfin abroge l'ufage du congrès par un
face arrêt du Parlement du 1 8 Février 1677, in-
féré dans le Journal du Palais , il fait aujourd'hui
Loi dans tout le Royaume, On tient qu'il n^avoit
été pratiqué en France que depuis 110 ans. Foyei
Hotman , Tagerau , & le Diaionaire Critique de
M. Bayle à l'att. de Ç^uellenec. ,,., j
SCT CoNGP-ks fe dit aulTi d'une aflemblee de
' plufieurs Miniftres des différentes PuifTances qui
fe font rendus dans le même endroit poui traiter ,
difcuter, concilier les intérêts de leurs Cours ref-
pedives , conclure un traité , la paix. Le Congres
de la Haye, d'Utrecht , de Cambrai , de Soiflons.
&c. Ce mot vient du L^ûn congrejfio , congrejfus ,
afîemblce , conférence.
ta- CONGRESSION , f. f. dans Montagne, fyno-
nyme à congrès -, accouplement du mâle &: de la
femelle. j « •
CONGRIER , f. m, terme de Coutume , du latin
confre^are , eft un efpace dans une rivière enfer-
mé^de pieux joints près l'un de l'autre, & fortant
■hors de l'eau, entre lefquels le poiffon eft en-
fermé. Droit de con^rier , eft le droit de faire un
consrier dans une rivière.
^O-CÔNGRU, UE. adj. convenable , eongruus. Dans
ce fens on ne le dit qu'en Droir Canonique.
Portion congrue, fomme que les gros décimateurs
font obligés de fournir ou de fuppléer aux Curés
qui n'onr" pas afféz de revenu pour pouvoir fub-
fifter , congrua portio. Les portions congrues fonr
ordinairement taxées à 300 livies. Elles ont été
augmentées dans ces derniers temps , Se portées
à 4ÎO livres.
Congru , ue, eft auffi un terme de Grammaire qui
fe dit d'un difcours où il n'y a point de faute contre
la Grammaire , ni contre la fyntaxe. Sermo con-
<rruus , congrua oratio. Didtion congrue , phrafe
congrue, qui eft félon les règles de la Grammaire,
Congru , en Géométrie , fe dit de deux figures qui
fe correfpondent parfaitement quand elles font
mifes l'une fur l'autre. Quœ mutuojibi congruunt.
Deux triangles femblables & égaux font dits
consjus, parceque appliqués l'un fur l'autre , félon
les mêmes dimenfions , ils conviennent patfaite-
ment. , -/-.-..
Congru, trr , terme dogmatique qui fe dit delà
grâce, eongruus , a, um , propre à produire fon
effet, proportionné à la produdion de cet effet -,
qui eft de telle nature , qui a telle fotce ou ac-
tivité , qui produira fon effet , quoiqu'il put abfo-
lument ne le pas produire. Voilà en général ce
que c'eft que congru , Sc ce que ce mot fignifie ;
mais les Théologiens expliquent différemment en
quoi cela confifte. Les Scotiftes difent que l'effi-
cacité de la grâce confifte en ce qu'elle eft pro-
portionnée au gcnie";& aux difpofitions de celui à
qui elle eft donnée ,' joinr un décret non pas an-
técédent mais concomitant , accompagnant la dé-
termination de la volonté. Tel eft le fentimenc
CON
d'Jn^elus à monte Pilofo. Plufieurs auttes Scotiftes
cités °par Hugo Cavellus , & Cavellus lui-même
dans fes Notes ou Scholies fur les Ouvrages de
Scot , craignanr que ce décret ne nuife encoie à
la liberté , font précéder la fcience des condition-
nels , par laquelle Dieu voit cette grâce tellement
proportionée au génie & aux difpofitions aduel-
les d'un tel homme , que fi elle lui eft donnée
dans ces circonftances , elle aura intailliblement
fon effer ; & ces Auteurs prétendent que c'eft-là
la penfée de Scot.
Les Tcfuites , Se un grand nombre de Théolo-
giens féculiers &c réguliers de tous les Ordres ,
difenn auffi que la grâce congrue eft celle qui eft
tellement proportionée au génie & aux difpofi-
tions de celui à qui elle eft donnée, que Dieu a
prévu que fi elle lui étoit donnée en telle & telle
circonftances , elle auroit fon effet. Et la grâce
efficace eft cette grâce congrue donnée à l'homme
par une affedion particulière de Dieu. Cette grâce
ne nuit point à la liberré , car elle fuppofe la pré-
fcience de l'exercice de la liberté & de la déter-
mination de la volonté. D'ailleurs elle eft infaillible
& aufli infaillible que la préfcience même de Dieu.
Ce nom vient du latin eongruus, & il a été
donné à la grâce efficace à l'occafion de quelques
paffages de .S. Auguftin , qui appelle congrus Içs
fecours que L')ieu donne à l'homme pour l'attirée
à foi : Sic vocat ^uomodofcit congruere, ut vocan-
tem nonfpernat. T-X. L. L ad Simpl, quxft. 2. Hoc
modo vocavit quoj.nodo aptum erat eis,quifecuti
funt vocantem. Et de hono perfeverantite, C. 14.
ex quo apparet L%bere qiiojdam in ipfo ingenio
divinum natur alite,'- munus intelligentie , quo ma-
veantur ad fidem , Jr congrua fuis menttbus vel
Jî^na confpiciant.
CONGRUAIRE, adj. nom que l'on donne aus
Curés ou Vicaires pi^rpétuels, qui n'ont qu'une
portion congrue du revenu de leur bénéfice. C'eft
une maxime certaine 0 que les dixmes de terres
novales appartiennent aux Curés congruaires , à.
l'exclufion des Curés primitifs ou gros décima-
teurs, fuivant la déclar-. 'tion du Roi de i6%6y
C-ONGRUEMENT , adv. ^oye^ Congrument.
gcr CONGRUENCE, éga.Hté & fimilitudededcux
chofes. Voyei Congru ,tt'rme de Géométrie.
CONGRUENT, ENTE, ac'j. m. & f, vieux mot,
convenable, du latin Cong.'uens. Le Médecin,
après avoir fair enlever de def.fus la table de Sancho
Panca , devenu Gouverneur id'une Ile , beaucoup
de mets capables d'exciter l'appétit. Pour l'heure ,
dit-il, ce que doit manger fon Excellence pour
entretenir 5c corroborer fa fanté, c'ell une dou-
zaine de cornets avec quelques légère s lèches de
coins, qui font admirables pour fa poi trine ,& lui
feronr faire une digeftion congr uente. Hifl. de Don
Quich. tom. Ji, ■, ch. à,-j ,p. lyô. Sancho , naturelle-
ment gourmand , fe mit dans une furi eufe colère ,
5c chaffa le Médecin.
§0" CONGRUENT fe dit aulfi en Géométrie,
fynonyme à congru. Voyei ce mot.
CONGRUISME,f. m. Doctrine de ceux qui ex-
pliquenr l'efficaciré de la grâce par la grâce con-
grue , comme on l'a expliqué à ce mo t,
CÔNGRUISTE, f, m, terme dogmatiqi.ie. On ap-
pelle en Théologie Congruips , ceux q ni tiennent
le fyftcme de la congruité dans les matières de
la grâce. Congruifla.
Les Concruijîes enfeignenr qu il elt certain SC
infaillible "que la volonté ne réfifte point à la
^race qu'ils appellent congrue. Pourquoi, parce
que cetre grâce eft donnée dans le moment précis
auquel Dieu a prévu que s'il la donnoit , l'homme
fe détermineroit à fuivre cerre grâce, quoiqu'il
eiit le pouvoir parfair d'y réfifter. Ainfi certe cer-
titude & cette infaillibilité du confentement de
l'homme eft fondée fur la prcvifion de Dieu , qui
ne peut fe tromper: cette prévifion divine a pour
objets la dctctraination de la vol.pncc: la détermi-
aatioa
CON
aation de la volonté fuppole le pouvoir complet
d'accorder ou de refulbr le coiirentement. AinJî
cette infaillibilité du confentement a la grâce con-
grue, loin d'exclure le pouvoir de refufer ce con-
fentement , le fuppole &C le renferme. Donc cette
infaillibilité eft conicquente , comme on parle dans
l'Ecole.
CONGRUITE , f. f. congruuas , terme de Théolo-
gie. C'eft une convenance &c un rapport des cho-
ies qui donnent des connoilllinces fùres de ce qui
arrivera. Le fyftcme de la congrinû dans la matière
de la grâce confifte à dire que Dieu , qui connoît
parfaitement la nature de la grâce, & les difpo-
iitions de la volonté de l'homme dans toutes les
circonftanccs où elle fe trouvera , donne des grâces
avec lefquelles , en vertu de leur coiigruité avec
la volonté de l'homme , confidérée en telles cir-
conftanccs, l'homme fera toujours infailliblement,
mais non néce/fairement , ce que Dieu veut qu'il
HlVt , parce que la volonté , fuit toujours infail-
liblement , quoique librement & fans néceffité ,
' fon plus grand attrait.
CoNGRUiTÉ. Mérite de congruité^merhnm de congruo.
Terme de Théologie , qui fe dit da mérite d'une
adtion à laquelle la récompenfe n'eft point due
par juftice , mais qui eft telle qu'elle met l'homme
dans des difpofitions capables d'engager Dieu à
• a-ccorder quelque chofe par bonté pure & par
Jibcralitc, qui fervent à obtenir de Dieu la grâce.
Un pécheur dans l'état du péché ne mérite point
la grâce d'un mérite de condignité j mais il peut
faire & fait des ai5lions qui fervent à l'obtenir ;
c'eft ce qu'on appelle mérite de congruité. Voyez
JVIaldonat , de Pccnit. C. I. Telles font les œu-
vres d« charité & de miféricorde , les ades de
juftice , de tempérance & d'humilité , les aumônes,
les prières , les jeiines , les pénitences, &c. que fait
un pécheur avant d'être forti de l'état du péché.
fl'CF CONGRUMENT , adv. d'une manière congrue.
Parler une langue congrument , congruenter ; c'eft-
à-dire , félon les règles de la Grammaire. & de
la Syntaxe.
On dit dans un autre fens, parler congrument d'une
affaire ; pour dire, pertinemment, ^oye^ ce mot.
CONI, Ville d'Italie dans le Piémont, au con-
fluent des rivictcs de Sture & de Gez. Cunaum.
.CONJECTURAL, ALE, adj. qui n'eft fondé que
fur des conjcdlures, fur des argumens probables.
Conjecluralis. La Médecine , la Phyfique , font des
fciences conjecluraks. Preuve conjecturale.
fHoNiECTURAL , ALE. Accoutumé à conjcfturer.
L'Auteur tranfporte quelquefois aux antiques des
merveilles qui appartiennent à leurs Interprètes ,
dont elles ont échauffé le génie conjectural, Ohjerv.
fur les Ecr. mod. tom. 19 , pa.g. 171.
CONJECTURALEMENT , adv. par conjeaure.
■Conjectaiorie. Vous ne pouvez juger de l'avenir
par le paifé , fi ce n'eft conjecluralement.
CONJECTURE, f f. Jugement fondé fur des pro-
babilités, fur des preuves qui n'ont qu'un certain
degré de vraifemblance ; qui n'ont pas une liaifbn
afléz étroite avec la chofe que l'on en conclut ,
pour pouvoir juger avec certitude. Conjectura , con-
jVSmo. Les' gens fagesn'agiflent point fur de légères
conjectures. La connoifîance des gens que l'on voit
le plus fouvcnt , n'eft qu'un art de conjectures , où
l'on fe trompe fouvent. M. Soud.
CONJECTURER, v. a. juger par conjeaure , fur
des probabilités. Conjicere , conjeciare. La prudence
fait quelquefois fi bien conjecturer, qu'elle prévoit
les événemens. Dc-là je conjecture fa perte. Conjec-
turer de l'avenir pM le paffé.
Conjecturé , ée. part.
CONJECTUREUR , f. f. qui conjefture. Les
Journaliftes de Trévoux fe fervent fouvent de ce
mot. II eft plus de dix fois dans l'extrait de la
conjonfture du Cardinal de Cufa fur la fin du
monde. lis s'en ferveur auifi en parlant des œu-
vres diverfes du P. Hardouin, Le Conjecîureim-'
Tome li.
CON 80^
t-il oublié que Lamech , defcendant de Gain ,
étoit Nègre î Le P. Tournemine. Ce qui auroit ■
retenu un ConjeSureur moins hardi, anime l'Ecri-
vain Anglois. la.
CONIFÈRE, adj. de t. g. terme de Botanique. On
appelle arbres conifères , ceux dont les fruits fonc
de figure conique, comme le pin, le lapin, lo
picea , la melèlé. Arbores conifercc, ^Zt Ces fruits
font compofés d'écaillés ligneulés , appliquées les
unes contre les auttes , s'ouvrant pat en haut , &C
fixées par le bas fur un axe qui occupe le centre.
CONILLER. Foyei Conniller.
CONIMBRE , que M. de la Neuville & d'autres
encore écrivent COIMBRE , à la Portugaife ; ce-
pendant nous difons toujours Conimbre. Conimbrl-
ca. Ville de la Province de Beira en Portugal.
Co/zZ/Tz^re eft une grande Ville, qui a un Evêché
fulîraganr de Brague , une Univerfitécélùbte fon-
dée par Jean III , Roi de Portugal , & un titre
de Duché, La rivière de Mondejo , Munda , palfe
au milieu de Conimbre.
Dans les Collèges on dit les Conimbricenfes »
pour citer un cours de Philofophie en quatrt; vo-
lumes in-^°. compofé par les Jéfuites de Conimbre
au commencement du liécle palfé.
^ CONINGSMACHEREN, petite ViUe du Duchç
de Luxembourg , à deux lieues de Thionville.
CONJOINDRE , V. a. joindre une peribnne avec
une autre. Co«/K«^erf.Il ne faut pas que l'homme
fépare ce que Dieu a conjoint. §3" Conjoindre par
mariage. Joindre enfemble. Ce terme eft peu ulité ;,
il fent un peu la pratique.
Conjoint, f m. fe dit au pluriel, en termes de
pratique , du mari &; de la femme. Mntrimonio
juncli, conjuges. Les conjoints par mariage font
unsôi commims en biens par la Courumc de Paris.
La polygamie eft oppofée .à la tendre union qui
doit être entre les conjoints , parce qu'elle partage
les fentimens du cœur. S. Evr. On dit en Droit
que la fraude eft facilement préfumée entre les
perfonnes conjointes; pour dire, entte les païens
ou intéreflés.
On dit auffi en mufique , & en expliquant la
gamme des anciens , les conjointes y les disjointes:
on entend les confonantes. Soni conjuncti , dif-
juncti. Tétrachordes cojijoints^ font deux tétra-
chordes dont la même chorde eft la plus haute
du premier , & la plus balfc du fécond. De Bros-
SARD. %fT Dans la Mufique moderne , on appelle
degré coiijoint , la marche d'une note à celle qui
la Vuit immédiatement dans la gamme, foit en
montant, foit en defcendant.
CONJOINTEMENT , adv. enfemble l'un avec
l'autre. Conjunclè , cortjunctim. Un arrêt d'appoin-
tement potte que deux inftances fetont jugées
conjointement , ou féparcmcnt , ainfi que de railbn.
Il faut que des allbciés travaillent cow/o/;2/£ff2e«,
de concert, pour réulfir en leurs delfeins,
CONJONCTIF, IVE, adj terme de Grammaire.
Qui joint un mot à un autre mot , ou un fens à
un autre fens. Conjunclivus. Et eft une parricule
conjondive ou copulative, oppofée à ladisjonélive.
P articula, conjun&iva, copulativa. Ni eft une_ parti-
cule conjonctive. Voyez Conjonction. Coiijuricti-
vus. Et eft une paiticale conjonctive ou eft dis>
jon(5bive.
CoNjoNCTiF 'fe dit aulfi quelquefois en] Grammaire
au lieu de fubjon&if. ConjunBivus , fubjunclivus
modus. Parce que la plupart de fes temps font
joints à un tjue, ou à quelque conjonction, tçj"
Mais ce n'eft point à caufe de cc-tte conjoncftion
que le Verbe eft mis au fubjondif ; c'eft parce
qu'il eft dépendant de quelque autie Verbe qui le
précède Voye^ Sueiontcif,
CONJONCTION , f, f jondion de deux perfonnes.
On le dit de l'union de Thomme & de la femme.
Conjunclio. Il fe fait dans le mariage une conjonc-
tion lacramentale de deux perfonnes , qui ne font
plus qu'une mêraç djau». Si l'homme fe régloit par
^ ^ KKKlck
8io
CON
rinftindl aveugle des animaux , l'on pourroit foû-
tcnir qu'il n'y a rien de criminel dans les con-
jonclions les plus illicites. S. EvR. L'honnêteté ,
qui efi: une loi inviolable dans les bonnes mœurs ,
ne fouflre pas ces conjonSions vagues , &c ces em-
portcmens immodérés. Id.
En Grammaire, il fe dit des particules qui lient ,
qui joignent les parties d'un difcours. La conjonc-
tion eu. la huiticme en ordre des parties de l'oraifon.
Et , car , mais , font des conjonclions gramma-
ticales. ^Cr II y a différentes fortes de con
jonctions. Les copulatives , qui lient les mots. Le
père & le fils. Les disjondlives , les augmentatives ,
les alternatives , les conditionnelles ou hipothcti-
ques , les adverlatives , les cxtenfives , les pério-
diques , les niotivales ou caufales , les conclulîves ,
les explicatives, les tranfitives, ùc. Voyez tous
ces mots pour l'explication.
En Aftronomie , on appslle la conjoncKon des
aftres , lorfqu'ils le rencontrent dans un même degré
du Zodiaque : & que leur fuuation ell telle, que la
même ligne droite par laquelle on les regarde , pa/fe
par leur centre ou proche de leur centre. \.% conjonc-
tion cft le premier des afpetâs des afttes, La lune Te
trouve tous les mois en conjonclion avecle foleil. La
lune fait le tDur du Zodiaque en vingt-fept jours ;
mais il lui en faut" encore près de troispour fe trou-
ver en conjonclion avec le foleil. Leséclipfes de fo-
leil n'arrivent que quand les conjonctions fe font
dans les nœuds de Técliptique ou près des nœuds.
^Cr On divife les conjonclions en vraies ou centrales ,
partiales , & apparentes. Si les deux aftres font dans
le même degré de longitude & de latitude enforte
que la ligne droite tirée du centre de la terre paffe
par le centre des deux aftres , la conjonclion efi: vraie
& centrale. Si la ligne qui paffe par le centre des
deux aftres , ne pafle pas par le centre de la terre ,
on l'appelle conjonclion partiale ; fi les deux corps
ne fe renconttent pas pr^cifément dans le même
degcé de longitude , en foite que la ligne qui paffe
par le centre des deux aftres ne paffe pas par le
centre de la terre , mais par l'œil de l'obfervateur ,
]a conjonclion cft appâtante.
On divife encore les conjonclions en conjonc-
tions grandes , & très-grandes. Les grandes con-
jonclions , font celles qui arrivent en des temps
cloigr >« ; comme celle de Saturne ic de Jupiter,
qui n'arrive que de lo ans en 20 ans. Les con^
jonclions très-grandes , font celles qui arrivent en
des temps très-cloignés , comme celle des rrois Pla-
nètes fupérieures , Saturne , Jupiter & Mars , qui
n'arrive que de 500 ans en 500 ans. Les Aftro-
logues difent , que le déluge étant arrivé par l'in-
fluence & par la conjonclion de toutes les Planètes
avec le Capricorne , le monde brûlera par la con-
jonclion de toutes les Planètes avec le ligne du
Cancer. Ainfi en fupputant le temps de cette con-
jonclion , ils prétendroient trouver la fin du monde.
Les Planètes inférieures, c'eft-à-dire, Vénus &
Mercure , ont deux fortes de conjonclions : une con-
jonclioninfévicare Si une conjonclion fupéricure car :
pendant le temps d'une deleuts révolutions,elle palfe
deux fois en conjonclion avec le foleil , l'une entre le
foleil &: la tetre que l'on nomme conjonclion infé-
rieure , & l'autre au-delà du foleil , qui fe trouve en-
tr'elles & la terre, que l'on appelle conjonclion fupé-
rieure.
Conjonction , terme de Mufique. II en eft fouvent
parlé dans les ouvrages des anciens Muficiens , c'eft
ce qu'on appelle en grec fynaphe. Il y a conjonclion ,
lorfque de deux tétrachordcs la même chordc eft
la plus haute du premier , & la plus baffe du fé-
cond , c'eft ce qui arrive dans les deux tétrachordcs
qui compofent l'eptachorde, ou la feptième. De
BiujssARD. Voye^ Conjoint.
CONJONCTIVE , f. f. teime d'Anatomie. Conjune-
tiva, Jdiinata alba. L-a conjonclive eft la mem-
brane qui Joint le globe de l'œil aux paupiètes. ,
Ëlk eft ainfi nommée > parce qu'elle renferme toutes '
CON
les autres, ou parce qu'elle attache l'œil dnns l'or-
bite. Elle eft unie , polie , & d'un blanc d'albâtrce
quand on fe porte bien. On dit comunément qu'elle
prend fon origine du péricrane , cela veut dire
qu'elle a des attaches à cette membrane. La con-
jonctive ne forme pas le globe de l'œil tout en-
tier , elle fe termine au bord delà fclorotide. Elle
eft parfemée d'un million d'artères & de veines ,
qui ne paroiffent que lorfque le mouvement du fang
eft plus rapide qu'à l'ordinaire , comme dans les
ophralmies. Dionis.
ffT La conjonclive eft ce qu'on appelle vulgairement
le blanc de l'œil. Cette membrane eft douée d'un
fentiment exquis. C'eft pourquoi l'introdudtion
d'un corps étranger enrre la paupière & le globe
de l'œil caufe des douleurs fi cuifantes.
Ce mot vient de conjungere , joindre.
CONJONCTURE , f. f. amas ou affemblage de plu-
fieurs circonftances , qui fait trouver de la facilité
ou de la difficulté dans le fuccès des affaires. Re^
rum Jlatus , rerum concurfus.
%fT Ce mot défigne la fimultanéité , s'il eft permis de
parler ainfi, de plufieurs faits relatïfeàun autre qu'ils
modifient,foit enbien, foiten mal. Conjoncture , dit
M. l'Abbé Girard , ferr à marquer la fituation qui
provient d'un concours d'événemens , d'afîûires ,
ou d'intérêts. Ce font ordinairement les conjonc-
tures qui déterminent au parti que l'on prend.
Les vieillards font d'otdinaite fi opiniâtres fur
les anciennes coutumes , qu'ils ne favent ce que
c'eft que de s'accommoder aux diverfes conjonctures
des temps. S. Didier. Il fàudroitdire l'occurrence ,
& non pas les conjonctures des temps , parce que
le mor occurrence fe dit de ce qui arrive fans qu'on
le cherche, & avec un rapport fixé au temps pré-
fent. Il faut fe comporrer félon l'occurrence des
temps , & fc déterminer , félon les conjonctures où
l'on fe trouve , c'eft-à-dire , félon que les événe-
raens , les affaires , les intétcts relatifs à notre fi-
tuation paroiffent l'exiger. Occurrence favorable,
conjoncture avantageufe. Borel remarque que ce mot
n'cft venu en ufage que du temps de la Reine Ca-
therine de Médicis. Voye:^ aux mots Cas, Cir-
constance, Occasion, les idées particulières de
ct% mots &: leurs différences.
gC? CONJOUIR , (Se) vieux verbe réciproque. Con~
gaudere. Se réjouir avec quelqu'un de ce qui luî
eft arrivé d'heureux , d'avanrageux.Se conjouiruvec
quelqu'un du mariage de fon fils. On ne le dit plus,
CONJOUISSANCE," f. f: marque que l'on donna
à quelqu'un de la joie qu'on a de quelque heureux
fuccès qui lui eft arrivé enfafortune, enfesaffaircs,
Gratulatio , Congratulatio. Les Princes s'envoienc
des Ambaffadeurs exprès pour 'faire des compli-
mens de conjouiffance fut leurs mariages , fur leurs
avénemens à la Couronne , &c. Il eft vieux.
CONIQUE , adj. de t. g. terme de Géomcttie. Coni^
eus. Miroir conique , fpeculum turbinatum , ca-
dran conique , qui a la figure d'un cône concave
ou convexe. Une ligne conique , eft la ligne courbe
qui borne une feftion conique ; ou c'eft la fe£t\on
d'un plan , & de la fuperficie d'un cône , qui n'eft
pas coupé par Ion axe. On confond ordinairement
les /ignés coniques , avec les Jecîions coniques.
On appelle Jecli%n conique , des figures qui fe
trouvent dans les différentes fedtions du cône ,
qu'on peut couper en plufieurs manières : comme
l'cllipfe, la parabole & l'hyperbole, le cercle & le
triangle. In figurant , formam conifecîum. Le plan
par lequel fe fait la fedion d'un cône , s'appelle le
plan fécant. Ces feiflions coniques exevc^ni les plus
lubtils Géomctfes -, il nous refte de l'antiquité l'ex-
cellent livre d'Apollonius Pergeus. Archîmèdes ,
Colon Serenus, Papus en ont auflî écrir chez les
Anciens : Se à l'égard des Modernes , François Ba-
rocio Sénareur deVenife, LaHire, &M. leMar-'
quis de l'Hôpital
On appelle, en termes de Botanique, fruirs co-
niques , ceux qui approchent de la figure d'un
CO N
pain de fucre , ou quelquefois d'une pomme de
pin. Foyei Conifère.
CONISALE , f. m. faux Dieu de l'Antiquité. Coni-
J'a/ins. Cctoit un Dieu impur, adoré chez les Athé-
niens , qui l'honoroicnt à peu près de la même ma-
nière que les Lam-pfaciens honoroient Priapc. Stra-
bon, L.lîl. Plulieurs croient que Priape & Coni-
fale l'ont la même divinité , à laquelle on rendoit
le même cuite dans deux endroits difFércns.
CONISE ou GONYSE. f. f Conyfa. Genre de plante
dont les fleUrs font des bouquets à fleurons cva-
ics en étoile par le haut , & portés chacun ilir un
embryon ou femence chargée d'une aigrette. Ils
font foûtenus par un calice écailleux , Verd.^.tre ;
c'efl: fur tout par ce calice qu'on diftingue les Co-
nyj'es des Elycryfum. Ce genre comprend pluficurs
efpèces -, la plus commune cft la Conyfa •major ou
Baccharies, Ses feuilles font ian peu plus larges
que celles de la verge dorée , velues , & d'un vcrd
plus terni. Ses fleurs naidênt par bouquets , & Tes
fleurons font jaunâtres. Il y en a encore une autre
efpèce commune à la campagne, dans plufieurs
endroits du Royaume. Elle croît dans les bois,
& fleurit fur la fin de l'été. Ses fleurs font d*un
beau jaune , & fes feuilles font menues comme celles
de la Linaire. Conyfa linaritz folio-, infi. R. hcrb.
PJufieurs plantes portent le nom de Conyfa dans
lesAuteutsde Botanique, m.ais kplûpatt n'en ont
pas le caraétère.
Conyfa vient du mot grec y.m-^v , moucheron. Oii
croit que la conïfe chalfe les moucherons.
|Kr CONISTERIUM, terme d'Hiftoire ancienne.
r-oyç-t^a. chez les Grecs , Puherarium chez les La-
tins , l'endroit où l'on rafîêmbloit la pouifière que
les Athlètes fe jetoient fur le corps après s'être
frotés d'huile , afin d'avoir plus de prife les uns
fur les autres.
CONJUGAISON, f f. terme de Grammaire. Di-
ftribution par ordre de toutes les parties des verbes
ou inflexion diuérente des verbes fuivant leurs
voix, leurs divers niodes , leurs temps, les nombres
& les perfortnes. Conjngatio. Les Latins avoient
quatre conjugafons. La plupart des Grammairiens
François réduifent auifi les nôtres à quatre i qui
font celle des verbes en er , comme parler ; celle
des verbes en re comme croire , dire , faire ; celle
des vejrbes en ir , comme polir ; celle des verbes
en oir j comm.e voir , &:c.
Conjugaison de 7ierfs , terme d'Anatomie. Conjonc-
tion de certaines paires de nerts qui ont la même
origine, & qui concoutent ertleitlble. Nervorum
conjugatio. Il y à dans Id corps humain 40 conju-
gaijhns ou paires de nerfs , 10 partent du cerveau ;
^o de la moelle de l'épine.
CONJUGAL, ALE. adj. qui concerne l'union d'entre
le mari &: la femme. Conjugia/is , conjugalis. Les
maris & les femmes fe doivent également garder la
foi conjugale ; ils font tenus à fe rendre le devoir
conjugal. Les loix ont permis à la femme de fe
plaindre , quand elle a été abufée par une vaine
prcmeflé d'amour conjugal. G. G. A voir l'indiffé-
rence des maris S^ des femmes , il femble qu'il n'y
air rien de plus fade que la tendrelfe conjugale^
S. EvR. La tourterelle avec fes tendres gémiffe-
mens , & fes trilles fanglots , eft le fymbole de la
fidélité cojjwrale. Id. La mort ne peut eflîicer l'im-
prefHon fainte de l'union conjugale. Pat.
CONJUGALEMENT, adv. d'une manière conju-
gale -, félon l'union qui doit être entre le mari
&: la femme. Conjugum ritu , more. Vivre con-
jugalement , c'eft vivre comme mari Se femme. Ènée
regrette un peu trop conjugalement fa chère époufe.
S. EvR.
CONJUGUER , V. a. donner aux verbes, fuivant les
voix , les modes , les perfonnes , les nombres & les
temps, les différentes inflexions & terminailons ,
fuivant les règles de la Grammaire. Conjugare, in-
fleclere. Conjuguer un verbe. Décliner un nom. Il
cft aulfi réciproque. Ce verbe fe conjugue ainli,
CON 8U
Les verbes fe conjuguent différemment feîon les di-
verfes langues ; les Uns ont plus detemps que les
autres.
Ail lieu de conjuguer le verbe Amo î il faifoit
des aétes d'amour. Je vous aime , mon Dieu , vous
m'aimez j aimer, étire aimé, rien davantage. Bou^
HOURS.
CONJUGUE , ÉE. part, paff & adj. Conjugatusi
On appelle i en termes de Grammaire , des mot*
conjugués , ceux qui ont de la liaifon , de l'affinité i
de la reflemblartce entr'eux , & qui n'ont que là
terminaifon ou quelques lettres différentes, comme
jujiice, jujle , jujkmeTit ; homme , humain , hu7na-
nité ; &; généralement tous les primitifs & leurs
dérivés.
Conjugués, (Nerfs) en Ariatomie , certaities paires
de nerfs qui ont la même origine , &: qui concourent
à la même opération , à la''mcmc fon6tion,
UCT Conjugué, feuille conjuguée, terme de Bota-
nique, regardé par plufieurs, cdmme fynonimé
de pinnatum. folium : mais Linnaeus applique ce
terme aux feuilles qui ne font compofées que dé
deux folioles. Foye:^ Feuille.
0CF Conjugués, (Diamètres) en Géométrie dans le?
feétions coniques , ceUx qui font réciproquement
parallèles à leurs tengentes au fommet.
CONjl/NGO, f. m. terme de Collège. C'eft un mot
latin qui iigniRc je joins ^ & qui s'eft introduit
daris notre langue pour lignifier que l'on joint des
chofes qui ne devroient pas être jointes, en écri-
vant de fuite ce qui devroit être féparé , & omet-
tant ce qui eft entre deux. NoUs trouvons dans
les anciens manufcrits bien des conjungo. Les Co-
piftes pafîbient quelquefois plufieurs lignes pouc
avoir plutôt fait, & ccrivoient tout de fuite, ce
qui ne fe fuivoit pas dans leur original. Les Eco-
liers de Philofophie 6c de Théologie font fujets
à faire des conjungo. Quand ils oiit été abfens , ils
écrivent tout de fuite ce qUe l'on dide quand ils
reviennent en clafle.
ip- CONJURATEUR , f m. celui qui fbrme otl
conduit une conjuration. Conjurâtus , conjuratio-
nis artifex. C'eft un dangereux conjuraieur. Vau-
îrelas prétend que ce mot n'eft pas françois , & qu'il
faut dire conjuré. L'ufage eft contre Vaugelas. D'ail-
leurs conjurateiir &c conjuré ne font point fynoni-
mes , & ne fauroient être employés l'un pour l'autre.
Conjuré , celui qui eft entré dans une conjuration j
Conjurateur , celui qui la forme, qui la conduit.
ÇCT Conjurateur fe dit quelquefois dans une autre
fignification , de ces prétendus Magiciens qui par
certaines paroles , caraélères ou cérémonies s'at-
ttibiioient le pouvoir d'évoquer ^ de chafler les Dé-
inons à leur fantaifie , de détourner les tempêtes «
les maladies & les autres fléaux; Evocator Dcemo-
num, incàhtator.
^fT Conjurateur des Démons. Il fe vantoit d'être
le conjurateur des tempêtes.
CONJURATION, f f, tetme d'Antiquité., romaine-.
On donnoit ce nom à une cérémonie qui fe pra-
tiquoit dans les grands dangers de la République \
& dans les occafions inopinées.
^fT Les Soldats allemblés au Càpitole, faifoient
ferment , juroient entre leS mains du Général
de défendre la République * & de facrifier leur
vie pour elle. Ce ferment fait, ils marchoient à
l'ennemi fous les ordres du Général. Cette céré-
monie jufqu'au ferment s'appeloit tumulte, & après
le ferment prcnoii le nom de conjuration. Des
mots cnm , enfemble , & jurare , jurer en femble.
fCJ" Ce mor qui, dans fa fignification primitive, fe
prenoit dans un fens favorable , a été déterminé
à un fçns odieux , &c ne fe dit plus qu'en mauvaife
part , pour exprimer un complot de gens mal inten-
tionnés , contre le Prince du contre l'Etat. Conjura-
tio. Tramer , taire , former une conjuration. En-
trer dans une conjuration. La conjuration de Ca-^
K K K k k ij
8ia
C O N
tilina fut découverte par Ciceron. Salufte nous
a donné l'Hiftoire de la conjuration de Catilina ,
& l'Abbé de S. Real l'Hiftoire de la conjuration
cffe' Venilé.
^- Complot, confpiration , co7?;«r^«o« > confidc-
rés dans une lignification fynonime. Complot Qit
le terme £;cnctiquc , qui le dit d'un mauvais del-
rein quelconque , forme contre deux ou plulieurs
peribnnes. Conjuration &c confpiratwn ne le dilent
que d'un mauvais dcUcin formé par un grand nombre
de perfonnes contre le Souverain ou contre 1 tm.
Mais quelles font les idées propres qui catade-
rilent ces deux mots , & les empêchent d'être iy-
nonimes î car on dit , la conjuration de Catilina ,
la conjuration de Vcniié , la conjpiratlon des pou-
dres -, & l'on ne diroit pas la confpiration de
Catilina , la conjuration des poudres. Les Ency-
clopcdiftes diiént que la conjuration eft de plu-
iieurs particuliers , & la conspiration de tous les
ordres de l'État. Cela peut être \ mais cela ne pa-
roît pas fuffifant. Il me lemble que le mot de conju-
ration dit quelque choie de plus fort que celui de
confpiration. Confpiration dit uniquement le com-
plot de plulieurs peribnnes réunies contre l'autorité
légitime. Conjuration ajoute à cette idée celle du
fen-nent pat lequel les conjurés s'obligent à pour-
fuivre leur entreprifc. Conjufare , jurer enfemble.
Un ou deux ou plulieurs parriculiers forment un
mauvais delfein contre l'Etat : voilà le complot. Un
grand nombre de gens mal intentionnés de tous
les Ordres de l'Etat, fi vous voulez, entrent dans
ce complot : voilà la confpiration fotmée. Les conf-
pirateuts promettent de s'aider , de demeurer unis ,
de ne fe point détacher : voilà la conjuration. Je
foumers cette idé° , ainfi que toutes les autres j au
jugement du public.
Conjuration , font aullî des paroles , caractères ou
cérémonies magiques , par lefquelles les magiciens
prétendent évoquer ou chalfer les efprits malins,
& détourner les chofes nuilibles. Evocatio Dccmo-
num , incantatw. Les livres de Nécromancie font
pleins de conjurations , également vaincs , fuper-
ftitieufes & inutiles , mais toutes condamnables.
Conjuration , en matière Eccléliaftique , lignifie
Exotcifme. Diemonum , adjuratione divini nomi-
nis , expul/îo ; Exorcifmus. Le Démon n'eft forti
du corps de ce poiîédé qu'après plulieurs conjura-
tions. Le Prêtre en faifant l'eau bénite fait plulieurs
conjurations & exorcifmes.
Conjuration le dit auiFi des inftantes prières qu'on
fait à quelqu'un au nom des chofes qu'on croit
les plus capables de l'émouvoir, &: prcfque de la
même manière que les Magiciens font à l'égard des
Efprits. Obfecratio, ohtcflatio. Ce pete fc rendit
aux coîijurations que lui fit fa femme de pardon-
ner à fon fils.
CONJURE , terme de Coutumes , femonce & con-
jure , IK? c'efl: la prière, l'invitation que le Seigneur
féodal ou fon Juge fait à les feudataires ou cenliers
de venir juger une affaire qui eft de leur com-
pétence,
^ CONJUREMENT , f. m. fynonime de con-
jure dont on vient de parler.
CONJURER , V. a. prier avec inftance au nom de ce
qu'on refpeéle le plus, de ce qu'on a de plus cher.
Ohfecrare , obteftari. On a conjuré cet homme au
nom de Dieu , de tous fes parcns , & de tous lés
amis i mais il n'a pas voulu pardonner. Je vous con-
jure par ce que vous avez de plus cher au monde ,
par le fouvenir de notre ancienne unitjn , ùc. per
deos oro te , per antiquam nece£îtudinem nof-
tram , &c.
Pendant que votre main fur eux appefantie ,
^ leurs perj'ecuteurs les livroit fans fecours ,
Ilcoï\]\.\toiice Dieu de veiller fur vos jour s.
Racine.
C O N
On le dit plus fimplement. Aimez-moi , ccfivéz-
moi fouvcnt , je vous en conjure.
IJC? Conjurer léditaufli dans la fignification d'exor-
cifcr , employer certaines prières pour challer les
Démons. Dcemones , adjuratione divini nominis
expellere , fugare , ejicere. Conjurer le Diable. La
formule des conjurations dont ulé l'Eglile eft con-
çue ainfi. Efprit immonde , je te conjure par le
facré nom de Dieu , &c. adjuro te per Deuin
vivurn.
|3" En parlant de ces ptétendus Magiciens qui fe
vantent de faire des chofes merVeilleufes par le
moyen de certaines prières ou de quelques céré-
monies, conjurer eft fynonime de chalfer , dé-
tourner. Averruncare. On dit en ce léns, conju-
rer la tempête , lcs4erpcns , les maladies , la fièvre ,
&; en général toutes les chofes nuifibles. Il y a des
gens qui fe vantent d'avoir le fecret de conjurer
les otages \ ce qu'il y a de plus étonnant , il fe
trouve des fots qui les croient.
^C On dit au figuré , conjurer l'orage , la tempête ;
détourner par là prudence ou par fon adrclfe un
malheur dont on eft menacé. Ce Ptince étoit me-
nacé de toutes parts -, les Confédétés étoient fur
le point d'entrsi dans lés Etats , mais il a trouvé
le moyen de conjurer la tempête,
tfT Conjurer, terme de Coutume. Conjuref Se Ce-
mondre fes valfaux , en parlant d'un Seigneur féo-
dal ou de fon Juge, c'eft inviter les vallàux à ve-
nir ju2;er un procès ou un différent concernant fes
fujets. Evocare. C'eft dans ce 'ens qu'on dit que
Philippe le Bel conjura fes Pairs pour faire rendre
jugement contre le Roi d'Angleterre.
?ÇT Enfin conjurer fignifie former un complot contre
l'Etat ou contre le Prince avec d'autres peribnnes.
Conjurare, Catilina conjura com\(: fa patrie. Cinna
conjura contre Augufte. Et ablblument , Céfar étoit
toujours prêt à conjurer.
ÇC? Conjurer contre quelqtCun , fignifie encore agit
de concert avec d'autres pour le perdre , pouï le
ruiner.
|tT Avec un régime direâ:. On dit conjurer la
ruine de fa patrie. Et même , en parlant d'une
feule perfonne qui agit contre les intéicts d'une'
autre , qui a formé un mauvais dcfléin contre un
particulier , on dit conjurer la perte de quel-
qu'un.
%T Conjuré , ée. part. Voyei_ le verbe.
§CF CONJURÉ fe dit fubftantivement en parlant
de celui qui eft entré dans une conjuration, dans
un complot contre l'Erat ou contre le Prince. Con'
jurationis particeps , conjuratus. On le dit ordi-
nairement au pluriel. On arrêta le chef des con-^
jurés , les ptincipaux conjurés.
SfT CONNAUGHT & CONNACIË. Canada , &
Conachtia. Province d'Irlande , dans la partie oc-
cidentale de l'île , bornée par les provinces de Lin-
fter , d'Ulfter , de Munfter 6c par l'Océan. Capitale
Galloway,
CONNERAY , bourg de France dans le Maine.
CONNETABLE , f. m. Officier de la Couronne , qui
étoit au-defilis des Maréchaux de France, &: le pre-
mier Officier des armées : il ne fubfifte plus ni en
France ni en Angleterre. Cornes flabuli, rei bellicai
fummus in G allia Prcefeclus , Connefiabilis , CoTip
tabularius , Comeftabulus. Avant Hugues Capet ,
lotfqu'il y avoit en France un Maire du Palais , le
Connétable étoit ce qu'cft aujourd'hui le Grand
Ecuyer -, mais après que la charge de Maire du Pa-
lais fut abolie , le Connétable àzvmx le chef ptin-
eipal de toutes les armées fous rnuroxiré du Roi,
Ce mot eft féminin, lorfqu'on parle de k femme
d'un Connétable. Madame la Connétable. Comitis
Jîabuli conjux. On a appelé quelquefois Connéta-
bles , des Chefs , Capitaines &: Gouverneurs d'une
ville , d'une frontière , ou d'tme place forte , com
C O N
tntf le Connètahle de S. Malo. Alain Chartier fait
mention d'un Connétable de la ville de Bouideaux
fous Charles VII.
L'origine de ce mot vient de Cornes Jlabuli , par-
ce qu'autrefois cette charge a été exercée par le
grand Ecuyer de France qui n'avoir que l'inten-
dance des Ecuycrs du Roi. On l'établit enùiite Chef
de toute la Gendarmerie : & c'efl: une dignité qui
efl: venue des Gots. Le premier Connciatle qu'on
trouve avoir commandé les armées, eft un Comte
de Vermandois , ibus Louis le Gros. Mais depuis
cette charge s'accrut beaucoup en autorité , & en
pouvoir. A la vérité le Conncta.bk a toujours été
l'un des cinq grands Officiers de la Couronne, &
l'on remarque même qu'il iignoit toutes les Let-
tres patentes qui s'expédioient; mais il n'écoit pas
le premier. Le grand Chambellan & le grand Echan-
fon étoient d'ordinaire avant lui. Cette grandeur
commença Ibus le règne du père de Saint Louis ,
en la perlbnne de Matthieu de Montmorency, qui
fut foit Connétable en m 8. II porta fort haut les
droits & les prérogatives de cette dignité. Elle
n'étoit pourtant encote que dans le quaciicme rang :
& ce ne fut que fous Philippe de Valois que k
Connétable devint le premier Officier militaire
de la Couronne. L'épée eft la' marque de cette
première charge du Pvoyaume. Le Connétable la
recevoir nue de la main du Roi à qui il en faifoit
enfuite hommage. Il avoit le droit de commander
les armées par préférence à tout autre , fans excep-
tion , après le Roi. On crut la dignité de Conné-
table enfevelie avec le Connétable de Saint Paul ,
qui fut exécute à mort en 1475. François I , la
fît revivre en faveur de Charles de Bourbon. Elle
a été fupprimée en \6-l-j , après la mort du Conné-
table de Lefdiguieres. Tant qu'il y à eu en France
un grand Sénéchil , ( il y en a eu depuis Pépin ju-
qu'à Philippe Augufte , ) le Connétable n'a été que
le premier Ecuyer du Roi. Le Gendre.
IJCT Depuis la llippreifion de cette charge , il ne
laiHe pas d'y avoir au facre des Rois, un Conné-
table, c'eft-A-dire ,un Seigneur qui repréfente cet
Officier de la Couronne.
Li juridiélion de Connétable fubfifle encore ,
6c le iîège en eft établi à la table de marbre du
Palais à Paris fous le nom de Connétablie Si Maré-
chauHee , parceque , quand il y avoit un Connéta-
ble , cet Officier & les Maréchaux de France ne
failbient qu'un Corps , dont le Connétable étoii le
chef, & rendoit avec eux la Juftice.
Du Moulin le dérive àc cuneus Ji ibilis ; d'au-
tres de Cornes fiabilis , mais avec moins de fon-
dement 8i d'apparence. GoUût , dans fes Mémoires
des Bours^uLgnons , X. /7, c. 41 , tire Connétal le de
Connincs ou Konlncs , qui en celtique lignifie
Roi & de Staphel , qui veut dire fureté , garde -,
de forte que de Connincs Staphel fe feroit fait Con-
nétable , &c qu'il (ignifîe , Garde , ou AJfurance
, du Roi -, mais il n'y a nulle apparence à cette éty-
mologie.
Voye:(_ fur le Connétable ce qu'a recueilli du
w Tillet , I.P, page ^^y & Jhiv. & Lymnieus , Njti-
P tia Regni Franc. L. Il , z6. Le Gendre , Mxurs
des François , p. 2.08 & fuiv. Boutillier en fa Som-
me rurale , du droit de Connétable & de fon Office.
Hotoman , De Comeftabulo , (J , 14. Franco-G al-
lia. , &c.
Connétable eft auffi le nom qu'on a donné
aux chefs des Connétablies , qui étoient des com-
pagnies de gens de guerre , ou à ceux qui com-
mandoient dans une contrée , dans une ville.
PM. de Tillemont , Hifloire des Emper. T. IF, p.
494, dit ce mot Connétable ,A'anOffic\Qt des Em-
pereurs Romains , qu'on appeloit en latin Tribu-
nus jlabuli , c'eft-à-dire , Tribun de l'écurie , S:
qu'il appelle plus proprement encore grand Ecuyer.
Açilon , dit-il , Connétable ou grand Ecuyer de
l'Empereur Conftance. Anne Comnène , dans /'////■
(oire de fon père Alexis Comnène , L, XI II, parle
CON 8i|
de Connétables , qu'elle appelle ki>n>rxôkii ; mais ee
n'écoit point une" charge unique , comme elle étoit
en France , comme elle l'eft encore dans les en-
droits où elle fubiifte , mais comme nos Maré-
chaux de France , qui font pluiieurs, La même cho-
ie le trouve dans Pachymère.
Connétable , dans l'Artillerie, eft un certain Of-"
iicier qui diftribue dans les batteries la poudre , &
les boulets aux Canoniers , & tout ce qui eft nc-
ccHaire pour le fervice du canon.
îfT En Angleterre, on donne le nom àz Connétable
à certains Officiers de police , établis pour la con-
fervation de la paix &: la révilion des armes , èc
aux Châtelains t<. Gouverneurs des châteaux. Les -
premiers ont un bâton de commandement , & dès
qu'ils en touchent quelqu'un , il eft conftitué
prifonnier.
:)CF Connétable eft auffi un titre de dignité qui fe
donne en d'autres Royaumes à quelques perfonnes
de qualité , dans la maifon de qui elle eft hérédi-
taire, Ainfi en Efpaghe il y a un Connétable de Caf-.
t'Ue , un Connétable de Navarre, &c.
"fr CONNETABLIE , {\i. Jurididion du Connétable
& des Maréchaux de France lut les gens de guerre ,
&: tour ce qui a rapport à la guerre direébcmenu
ou indiredlement , tant en matière civile que cri-
minelle. Quoique le titre de Connétable ne fubfiftc
plus, la Jurididion donc il jouif'b't fubfiftc encore
ibus le nom de Connétablie & Maréchauliee de
France. Jurifdiclio Conneltabilis , bu Marefcallo-
riim GaUi(Z,in Curix Parifunfis palàtio. La Con-
nétablie connoît de tous excès , &: crimes cofn-
mis par les gens de guerre , tant de pié que dé
cheval-, au camp ou dans ksgarnifons, bu fur la
route : des aél'ons perfdnnelles qu'ils peuvent avoir
les uns contre les autres , ùc. La Conmtablie na
juge point en dernier reffort : les appellations ref-
focciUent au Parlement. Le Lieut;nant-Général , le
Procureur du Koiàcl:). Connétablie. Il y a auffi le
Grand Prévôt de la Connétablie avec fes quatre
Lieutenans & fes Archers , qui fuivcnt Tatmée pour
faire le procès aux gens de guerre qui ont failli ,■
& pbur mettte le taux & la police fur les vivres-;
]C? Les Maréchaux de France font préfidens nés de
la Connétablie , & ils y viennent quand ils le
jugent à propos , habillés comme les Ducs &: Pairs ,
en petit manteau , avec un chapeau ocnê de
plumes.
JCT On appelle encore Connétablie , la Juridiiliori de
Meffi;urs les Maréchaux de France , dans les con-*
teftations qui concernent le point d'honneur , dont
iîs décident par eux-mêmes , & fans appel, La
Connétablie fe tient ordinairement chez le Doyen
des Maréchaux de France, comme fepréfentant lé
Connétable,
On a auffi appelé autrefois Connétablies , des
bandes & compagnies de gens de guerre. Cohof'
tei , turmce, Froilfart appelle Connétablies , des
efcadrons & bannières de Cavalerie. Le Roi Jean
ordonna l'an 1 5 ^; i , que tous les piétons fulfent
mis par Connétablies & compagnies de 2.5 ou ;o
hommes , & que chaque Comiétable eut doubles
gages,
CoNNÉTABLïE cft cncote îc nom de la charge' de
celui qui commandoit ces Connétablies , ou troupes
de gens de guette.
CONNEXE, adj, m. &£ terme de Palais. Ce qni a-
de la liaifon , de la dépendance, Connexus. Ces
deux principes , ces deux raifons fonr connexes ,■
dépendent l'une de l'autre. Ces deux affaires
font connexes i doivent être jointes & jugées- en-
femble.
=p" CONNEXION, f. f. du latin connexio , con-
nexus. Liaifon , rapporr que certaines chofes ont IfS
unes avec les autres ; dépendance qui fe trouve en-
tt'elles. On dit qu'il y a de la connexion entre
deux idées , entre deux Jugemens , entre l'antécé-
dent & le conféquent , entre des propolîcions 84
la conféq^Lience c^u'on en tire*
g 14 C O N
IJCF CONNEXITÉ. f. f. Ce mot eft fouvent em-
ployé comme rynonime de connexion. C'cll: pro-
prement la difpolîtion réciproque qu'ont deux cho-
fes pour être jointes l'une à l'autre. Miitua reriim
convenientia. Il y a connexité entre la morale &:
la jurilprudencc, entre laphyfique& la m.édecine.
Quelques gens prétendent qu'il y a quelque lorte
de différence entre Connexité &c connexion. Ils
veulent que connexité fignifie une liaifon , &: une
dépendance naturelle , qui fe trouve entre les cho-
ies ) lans que nous y contribuions rien de notre
part , telle qu'elle eft entre la Phyfique èc la Mé-
decine. Au lieu que connexion ne lignifie , félon
eux , qu'une liaifcn qui eft à faire , & à laquelle
nous devons contribuer par notre art : comme ii
on difoit par la connexion de ces deux propclîtions,
vous verrez que l'une fert déclaircilfement à l'autre.
Quoique les Auteurs que nous avons pCi conful-
tcr , confondent la fignification de ces deux termes ,
il paroît pourtant qu'on doit les diftinguer. Riche-
Ict fembleauffi en avoir fenti la différence ; puif-
qu'après avoir dit que connexion fignifie rapport ,
il dit que connexité fignifie , ce par quoi unechofe
a rapport à une autre.
^3° Le mot de connexion , difent lesEncyclopédiftes ,
défigne la liaifon intelleduelle des objets de notre
méditation -, celui de connexité , la liaifon que les
qualités exiftantes dans les objets , indépendcm-
ment de nos réflexions, conftituent entre ces objets.
Ain(î il y aura tonnexion entre des abftraits , &:
connexité entre des concrets , &: les qualités & les
rapports qui font la connexité feront les fonde-
mcns de la connexion ; fans quoi notre entende-
ment mettroit dans les choies ce qui n'y efl: pas,
ÇONNIDAS , f. m. Connidas. Précepteur ou Gou-
verneur de Théfée , qui , au rapport de Plutarque ,
dans la vie de ce Héros , fut adoré comme un
Dieu. On célébroit à Athènes des fêtes en fon
honneur nommées connidies ; on lui facrifioit un
Bélier.
Ip- CONNIDIES. f. f. plur. Foyei Connidas.
CONNIFFLE, f. f efpèce de grande coquille, com-
me celles que les Pèlerins rapportent de Saint
Jacques, & de S. Michel. C'ert: un excellent man-
ger. On en trouve gtand nombre dans la rivière
du Havre de la Haive , fur la côte de l'Acadie.
Denis , Defc. de l'Am, Sept, P.I ,C. 3.
CONNIL , f. m. vieux mot. On dit aujourd'hui Lapin,
CONNILLER , v. n. chercher des rufes , des détours ,
des fubterfuges pour s'efquiver , pour fe cacher.
Siihter juger e. Comment la Philofophie qui me doit
roidir le courage pour fouler aux pies les adverli-
tés , vient à cette moUefle , de me faire connilkr
par des détours couards 5i ridicules î Mont. Cette
exprelfion eft fur tout fott en ufage dans l'Anjou.
On ne s'en fert plus ailleurs^
CONNILLIÈRE , f f, fubterfuge , ou échappatoire.
Il eft vieux. Suffugium. C'cft aux dépens de notre
franchife, & de l'honneur de notre courage , que
nous défavouons notre penfée , & cherchons des
connillieres en la faufleté pour nous accorder.
Montagne.
fe? CONNIVENCE , f. f, du latin Cohnivencia ,
qui fignifie littéralement , clignement des yeux,
C'eft la diffimulation d'un mal qu'on peut & qu'on
doit empêcher, C'eft une tolérance qui nous rend
complices du mal que nous devrions empêcher. Ce
mot ne peut fe prendre qu'en m.auvaife part ,
parce qu'il eft relatif à la conduite de celui qui
favorife une adlion qu'on devtoic punir. La con-
nivence des parens eft la caufe du défbrdre des
enfans. La connivence des Magiftrats eft un crime.
tfT CONNIVER , V. n. fe rendre complice par tolé-
rance & par diffimulation d'un mal qu'on peut&
qu'on doit empêcher, Connivere in re cliqua. Un
Magiftrat ne doit pas con/z/vt^r avec un Procureur ,
He doit pas conniver aux friponneries d'un Procu-
ceur. C'eft un crime dans un père de conniver aux
C O N
débauches de fes enfans: ce Receveur & ce'Coni
mis connivent enfcmble.
Ifr CONNOISSABLE , adj. de t. g. qui eft aile à
connoître. Qui facile potejt agnofci. Il eft prefque
toujours employé avec la négative. Sa maladie l'a
tellement changé , qu'il n'eft plus connoiffable,
0Cr CONNOISSANCE. f. f, C'eft en général la repré-
fentation que l'elprit fe fait d'un objet , c'elt-à-
dire, la perception de la convenance ou difcon-
yenance qui fe trouve entre deux de nos idées,
co^nitio. La connoi-ffance attuelle eft la perception
prcfente que l'elprit a de la convenance ou de la
difconvenance de quelqu'uncs de fes idées , ou da
rapport qu'elles ont l'une à l'autre.
0CFConnoissances,(Les) en matière de philofophie, &
fur-tout en Algèbre , ne s'acquietcnt que par trois
voies ; l'une qu'on appelle fynthétique , ou de com-
pofition , lortquc d'une chofe connue on defcend à
une moins connue, dont on tire une conféquence,
La féconde analytique , lorfque de la conclufion on
remonte aux principes fur lefquels elle eft fondée. La
troifième s'appelle d'inquifition , lorfque , fans avoir
propofc aucune conféquence à démontier ,on exa-
mine avec attention les principes , & on regarde
quelle conféquence on en peut tirer.
03" On dit qu'un homme connoît une propofition ,
lorfque cette propofition ayant été une fois prc-
fentée à fon efpiit , ilaapperçû la convenance ou
la difconvenance décidées dont elle eft compofce ,
6c qu'il l'a placée de telle manière dans fa mémoire,
que toutes les fois qu'il vient à réfléchir fur cette
propofition , il en voit la vérité , ou confcrve la
Ibuvenir de la conviclion , fans en retenir les preu-
ves. C'eft ce qu'on appelle connoiffance habituelle.
03° C'cft ce précieux dépôt de vérités , confie à la
mémoire , qui fait les richelfes de l'efprit , auquel
on donne le nom de connoiffances. Cet homme
a acquis plufieurs connoiffance s dans la phyfique
par des expériences & une étude de trente ans,
Démofthène fe remplit l'efprit de toutes les con-
noiQances qui pouvoient l'embellir.
§3° On dit qu'un homme à bien àts connoiffances ^
qu'il a de grandes connoijf'ancss ; pour dire , qu'il
lait , qu'il a appris bien des chofes ; qu'il a une
grande connoij/ance de certaines chofes , comme
livres , tableaux ; pour dire , qu'il a une grande pra-
tique , un grand ufage de ces chofes là , qu'il eft en
état d en juget ; parler en connoijfance de Caufe ,
être au fixit de l'affaire dont on parle.
Connoissance fe dit aufli de l'étude , & de l'atten-
tion qu'on a faite ou fur foi-même , OU fur les au-
tres , pour en pénétrer le fonds , & en connoître
les bonnes, ouïes mauvaifes qualités. Sans la con^
noifjancc de foi-même , toutes les vertus qu'on a
d'ailleurs font des occafions de chute , parce qu'on
ne fait pas mefurer fes fordes à fes cntreprif'és. Nié.
IJ3' Connoissance fe dit de la fonction, de l'exer-
cice des facultés de l'ame. C'eft dans ce fens qu'on
dit, dans le langage ordinaire, qu'un homme a perdu
connoiffance , eft fans connoijfance. Il s'eft donné
un coup fi violent en tombant , qu'il a perdu toute
connoijfance. Mens, ratio. On dit qu'un enfant elt
en âge de connoijfance , quand il eft en âge de rai-
fon , de difcrétiotl. Rationis compos.
Connoissance fignifie aufTi jurididiiort , droit qu'on
a de juger de quelque chofe. Jus cognofcendi de re
aliqua. Le Juge d'Eglife ne prend connoijj.inci
que des chofes purement fpirituelles. On a attribué
au Parlement la connoijfance des duels. Le Confeil
a évoqué à lui , & retenu la connoijfance de ce pro-
cès , & l'a interdit: à tous autres Juges.
Connoissance fe dit encore des perfonnes |C avec
lefquelles l'on a ou l'on a eu des relations , des habitu-
des, qu'on voit fouvent. Familiaritas, amicitia, con-
fuetudo. On trouve bieri peu de vrais amis , mais il
eftaifé de faire bien des connoiffance's.T^iiîc dt nou-
velles connoijfances , préférer les nouvelles aux an-
ciennes. Je vous veux donner la connoiffance de cet
homme. Il lui a donné à dîner pour renouvellec
CON
cônnoipnce Cet homme a bien des eonnoifT^nces ,
des amis , des mtrigues. J'érois un jeune hom'e
avide de connoi{jances illultres. Ménage.
% D^^ns ce fens , on dit qu'on eft en pays de connoif.
jancc, quand on eft dans un lieu où l'on connoît
ceux qu. y lont & où l'on eft connu. On le ditTu
propre de. perfonnes , & au figuré des chof.s aux-
quelles ont eft accoutumé ; quand on parle à un .^éo-
met^r^e de figures , il dit qu'il eft en pays de cor:^-
|Cr CoNNoissANCE rA^r«.//., en termes de Palais ,
c\ en fty le de caluifte, /ignifie habitation charnelle
conjondion de l'ho.rime & de la femme pour la ^c-
ncranon. Coitus. L'affinité charnelle eft une proxi-
mité qui provient d'une connoijfancc charnelle fans
aucune parenté naturelle. PdfxAs. L'affinité pro-
vient non-leulement de la Connot[fance charnelle ,
qui eft permiie dans le mariage, mais encore de
qXlelSrîr".^''^"^'^"^"^^^^^'^-^'^^^^^^^
CoNNoiss ANGES , en termes de ChafTe. ^ Certaines
marques imprimées par le pié du cerf7& auxqueï
Z7 SXh > '^^T "^ '' S^^'^^"^ ^" ''^^^' 'î" 'l'on
charte. On le dit auifi des indices de l'.W & de la
forme du cerf par lesautres parties, parlaiête le
^Ae^Jr- P'' f^cheuxA^s pinces deibn cerf,
& de les conr:ot£ances. On dit qu'un cerf a une con-
^c.#/«-., quand 11 le peut faire diftinguer des au-
tres pat quelques marques.
On aauill fur la mer connoiffance des cotes pat les
davers ,gnes qui s'y rencontrent, qui font juger du
heu ou l'on eft, tant par la deftription qu'on en
trouve dans les Routiers , que par la couleur & ha "
teur des terres , caps & montagnes qu'on découvre ,
2v par la nature du fond & du fable , les herbes
poiflons & oifeaux qu'on y roit, & autres indices!
Locorum notitia. Avoir connoijfance d'une terre fe
dit fur mer , pour la voir.
CONNOISSEMENT f. m. terme de Commerce de
mer. C eft un aéle figné du Capitaine du vaifTeau &
de 1 tcnvain , qui contient la déclaration des mat-
chandiles d un vaiffeau , de leur qualité , du nom de
ceux qui les ont chargées , & à qui elles font adtef-
lees, &del envoi, ou du lieu 6ù elles fontdefti-
ijces , avec foumiflîon de les porter au lieu de leur
deftination.^c?^ manu Prcef^Bi navis obfignata qui-
tus dejcripta commentur quiLCumque nayis complec-
CoNNoissÈMENT ne fe dît pas feulemciit de la lettre
du Capitaine d'un vaiifeau , mais de toute lettre ,
adte, palîeport &c. qui peuvent fervir à faire con-
noitre ce qu'il eft , d'où il vient, où il va, ce qu'il
porte, £-<:. & fervir à fa fureté. Le Capitaine du bâti-
ment Génois, qui , félon l'ufage des tartanes & des
barques qu'on envoie dans les ports voiiins , n'avoit
que des patentes de fanté, n'ayant pu foutnir à'^u-
xit connoijfanent , le vaifleau Anglois s'en empara
malgré, &c. Gaz. 1741 , ^. 310, ^
fS- Cet adle fait la fùreté des propriétaires des mar-
chandifcs. Il doit être triple, afin que le chargeur ,
celui a qui les marchandifes font adreflccs , ic le
maure ou l'écrivain du vaifleau en ayent chacun un.
IC^ Le Connoissement ne fe fait proprement que
pour une partie de Ja marchandife dont le vaifleau
eit charge: car quand un marchand charge tout le
vaifleau pour l'on compte , cet ade s'appelle charte-
partie , particulièrement fur l'Océan.
fC? Sur la Méditerranée , on appelle /;o//Vfi« char-
gemem , ce qu'on entend par connoiffemmt fur l'O-
céan. ■"
CONNOISSFUR , EUSE. Celui, celle qui a les con-
noiflances nccefTaires pour bien Juçer de lachofe dont
Jl eit queftion. Homo intelligens \ doclus rerum œfii-
mator, exifiimator. Montrez vos tableaux à ce cu-
neux , c'cft un fort bon connoiffeur. Te m'en rap-
porte aux conneifeurs. Ces connoifeurs , qui fe don-
nent voix decidvefur tous les ouvrages , retardent
le progrès des fciences pat la chaleur de leurs con-
C ON
^x^
tradiiîlîons. La Britv r^^i" 1 '
demeurent d'accord de cela' r'ac! ' ^''"""^^^
' ''"' ^'' '""^^^^^^^^sfon/jupemerH hués.
r , Mlle l'Héritier.
'^ONNOlSsÉtTR n'eft i-Ci' t-, ., "
CW..o.J..^;ntait'd; tr r detefnt'^^'^'^'''""^-
"es Aus, renlerme moins^^l' LÎe d' ,n "J'' "". ^''i"
pour cet Art , que d'une coi^l ,àn e ^e" Sn
Xy-J ^ONNOISSEUR eft anfri oA\ r^r. -• . . ,
dom dUi^'^"' ordinaire, Cc mot â plufieuts acî^ep-
forréll !'', ''°"^ quelques-unes même foSc
.4,,, .'1"^" '^^ 1" Ptincipale.
lis ''^"'^'^''1''''' ^'?^'^ ""^ 1^^^ ehipfeiiife dans
1 efpr t , eue quelqu'ob et préfent rappelle 11 me
Lu\7 r '^ "^' ^"'"'"^ °'' ''^ ^«««ozrdans là
ft^ ôn'/'"^''°'',"'? "^' particulier avec lui,
auand ?" 'î"^'^" "" qu'on le connoiffoù mal ,
quand oji fe trompe au caradère. Mais quand on
jgnor leftPhommeàquil'onparl^-lSdite^
mal ['''"''''l'^/ P^' ' & non pas je le connoiûois
mal , comme a fait Corneille dans une de fes pie^ces
rf. CoNNoiTRE fignifieaufn avoir une Grande Dral
née?^ r r ' "' "'î=^^ ''' -^^^°^"^^ ^^^ l'on a elS
nées & étudiées , pénétrer ufqu'aufond des cholbs,
cette fcience a fond. Cet homme co/z^of/ les tableaux,
le connoit en pierreries. -^i-^ui,
r^ On le dit également d^s petfoMes. Ort «g eonrioît
fonS h' ^""'" Parfaitement perfonne : la connoii--
fance des gens qu'on voit le plus fduVent, n'eft qu'un
t,n, n "^"^"'''* °"''°" ^^ trompe fecileLn"
ScuD. On croit connoitre fes amis -, mais dans la fuite
la fortune ou l'ambition renverfe tout; & Votre dif-
cerncment trouvant toujours une nouvelle occupa-
non, fe lâfte, & fe rebute & celTe de Chetchcri
connoitre ce qu'il sypit cru Connoitre pour toujours.
ID. Nous avons plus d'intérêt à jouit du monde qu'à
\zconnoure. S Evr. Pour bien connoitre l'homme ,
Jl faut defcendre dans fon cœur , afin d'y voir les paf-
fions fe former. ' ^
^ C'eft dans ce fens qu^on dit qu'un pilote cannois
la mer -, qu un homme connoit le monde, qu'un cour-
tiian eonnoit la Cour.
Les Princes font ifétrdnftes gens ,
Heureux qui ne les connoît guère ,
Plus heureux qui n'en a que faire,
^e^oréce^i'"^' ^V""""^^ ^'"'' ^' ^''"""'^^'^^ foi'-méme.
r!f^^^ '-^' '°"'"''^'' roi-même , nofce te ip^
•fW l- ^""P""^iP6 de conduite, fans lequel ort
par luiard , quand on ne fe connoit point. Pour
ceux qui commandent aux autres , rien ne leur aide
a fe connoitre, ils font feuls à juger d'eux-mêmes.
La raifon pourquoi on c«««ofr mieux les au très qu'on
nefero««o« fo.-meme, eft que par le commerce
que nous avons avec nos propres inclinatio-s , rier»
ne rous eft nouveau en nous-mêmes , & tout nouS
eit nouveau en autrui. Sctro.
Connoitre à ( Se ) , ou en quelnue chof^», tî^efty êtrâ
plus propre que lesautres , être en état d'en îu<rer.
Les femmes fe connotfem plus finement à bicfl fakô
2i6
C ON
les chofes , parce qne l'avantage de plaire leur eft
naturel. Le Ch. de M. S< coiinvitre en poëlie,en mu-
liqucjiS-c. ,
UCFCoNNoÎTRE , (Se faire) montrer ce quon elt.
Manifï'jlarcprobarefe. Il s'eft fak connaître,) 1 s'cft (i-
gnalc en cette occaiion. Quelqu'un reprochant au
jeune Scipion , qui briguoit la cenlurc , qu'il ne cun-
7.'oiJ/'oii perlbnne , c'eft , rcpondit-il , que j'ai tou-
jours travaillé à me faire connaître , plutôt qu'à con-
naître les autres,
|3- CoNNoÎTRE le dit quelquefois pour avoir des ha-
bitudes, commerce avec quelqu'un, llconnoit tout
le mondc.Je ne cannois point cet homme-là,ni ne le
veux connaître.
(fT En ftyle d'Ecriture , connaître nm icmme , c'eft
avoir commerce avec elle, cagnofcerc. L'Ecriture dit
que David coucha avec Abigaïl, mais qu'il ne la con-
nut point.
f3" CoNNOÎTRE , paroît quelquefois rynonyme à dif-
c:rner. La nuit ctoit fi noire , qu'on ne pouvoit con-
noitre perConne.
^ CoNNoÎTRE fignifie quelquefois avoir de la con-
iidcration, des égards pour les autres. Habere ratio-
nem. Il le joint avec la particule négative. Un juge
doit être impartial , ne connaître perfonne quand il
s'agit de rendre juftice. Les gens fiers n'ont jamais
d'amis ; dans la prorpériré , ils ne connaiffent per-
fonne -, & dans l'adverfitc , perfonne ne les connaît.
§3' Dans une lignification plus étendue, il fignifiere-
fufer d'admettre, de recevoir. Ne connaître point de
fupérieut, n'en point avoir , ou prétendre n'en point
avoir. Agnofcere, admittere. Les Grecs ne veulent
point connaître le Pape , avouer qu'il eft chef de l'E-
glife Univerfelle. C'eft dans ce Cens qu'on dit qu'un
libertin ne connaît ni Dieu ni Diable,
^i On le dit de même des loix , des coutumes qui ne
font point admilcs , qui ne font point reçues en cer-
tains pays. On ne connaît point la Communauté des
biens en Normandie. En tel endroit on ne connaît
point le Droit Romain , en France nous ne connoij-
fons point la Bulle , In cœnâ Domini.
.ÇoNNOiTRE fignifie encore (entir, éprouver. £j:7en"r/ ,
jlntire. Ce climat eft fi tempcré,qu'on n'y connaît ni
le chaud , ni le froid -, pour dire , qu'on n'y en fent
point : on n'y connaît point la goutte , la gravcUe.
fer En termes de Manège , on dit qu'un cheval con-
naît la bride , les éperons , &c. pour dire , qu'il ré-
pond avec iaftcile à ces aides , qu'il fent & exécute
ce que le cavalier demande par les aides de la bride,
des éperonsjfi'c. Voyez répondre aux aides.
^ CoNNOÎTRE , conftruit avec de , ou quelque équi-
valent^ fignifie avec droit, pouvoir de juger de cer-
taines matières. Jus habere de re aliqua cognaf-
cendt. Les Prévôts des îvîarchands connoiffent de
tous les cas Royaux. Le Parlement connaît des duels,
des affaires des Ducs &: Pairs en première inftance.
Le Grand-Confcil connaît des règlemens de Juges ,
de la contrariété d'Arrêt. Je ne veux point connaître
de vos dilfctends -, c'eft-à-dire, je ne veux point m'en
irêler.
On dit populairement d'un homme que l'on ne
connaît en aucune forte : je ne le cannais ni d'Eve ni
d'Adam.
On dit qu'un homme ne fe connaît point -, pour
dire, que l'orgueil lui fait oublier ce qu'il eft. Et on
dit auffi qu'ifne fe connoit point , lorlque quelque
paifion le mer hors de lui. Âcad. Fr.
CoNNOÎTRE fignifie quelquefois dans l'Ecriture , aimer,
avrouver '^ comme au ch. lo de S. Jean , v. 14 , où
Tesus-Ghris-t dit : je cannois mes brebis , & mes
hrebis me connaipnt -, c'eft-à-dire,;'^ZOT^ mes brebis,
& mes brebis m'aiment, au ch. 7 de S. Matth.. v.%^.
Jesus-Chri5t dit , parlant aux méchans ,je ne vous
ai jamais connu ; c'eft-à-dire , je ne vous ai jamais
■ approuvé. C'eft en ce même fens qu'au ch. 25 de
S. Matth. V. Il, Jésus -Christ dit aux Vierges
folles-, je ne vous cannois point. S. Paul , dans fon
Epitre 1 , à Timathée , dit , que le Seigneur con-
rioit ceux qui font à lui 5 c'eft-à-dirc, aime.
C ON
CONNU , UE 5 part. & adj. Cognitus , noîus.
On app-llc les terres connues , les terres décou-
vertes par les Voyageurs, ou marquées par les Géo-
graphes -, par oppolition aux inconnues , où l'on n'a
point pénétré.
§3" CONNOR , vilh d'Irlande , dans la Province
d'Ulftcr , dans leConué d'Autrien.
CONNOTATION, f. f. Ce mot eft répété pUifieurs
fois dans le H' Ch. de la féconde partie de la Gram-
maire générale & raijonnee. Ce qui fait, dit l'Au-
teur , qu'un nom ne peut iubfifter par foi-même , cil:
quand outre ia fignirication diftiniite , il y en a
encore une confufe , qu'on peut appeler connotaiion
d'une chofe , à laquelle convient ce qui eft marqué
par la fignification diftinéte : ainfi la fignification
diftinde'dc rouge , eft la rougeur. Mais il la fignifie,
en marquant confofcment le fujet de cette rougeur ,
d'où vient qu'il ne iubfifte point iéul d^s le dif-
cours, parce qu'on y doit exprimer ou fousentendrç
le mot qui fignifie le fujet.
CONOCARPÔDENDRON. f. m. Arbre qui croît
dans le pays des Hottentots , près du Cap de Bonne
Efpérance. Foyei-en la dejcription dans le Diction-
naire de James, Ko/voxapxièitàptv.
CONODIS, f.m. petite monnoie dont on fe fert à
Goa, &■ dans tout le Royaume de Cochin. Elle vaut
fcpt deniers argent de France.
jJ^CONOIDE, "terme de Géométrie. Corps ou folide
qui a la figure d'un cône , & dont le fommet eft ar-
rondi. Le conoïde cH un iblide produit par la circon-
volution entière d'une leélion conique autour de fon
axe. Ce folide fe nomme conoïde parabolique ,c\\xznà.
il eft produit par la circonvolution entière d'une pa-
rabole autour de fon axe ; conoïde hyperbolique ,
quand il eft produit par la circonvolution entière
d'une hyperbole autour de fon axe -, &c conoïde ellip^
tique ou Jphéroide , quand il eft produit par le mou-
vement achevé d'une ellipfe autour de l'un de lés
axes. Le fameux conoïde de moindre réfiftancc trouvé
par MM. Newton , Fatio, & de l'Hôpital, n'a que
la 6'7"= partie de la réfiftance de fa grande bafc.
Les Médecins appellenr co/zoî'à^e, ou conarium,
une glande qui fe rrouve vers le troifième ventricule
du cerveau , qui refiemble à une pomme de pin :
c'eft pourquoi M. Defcarres l'appelle /'//zeW^ 5 & y
établit le fiège de Tame raiibnnable.
CONOIDAL , ALE, adj. m, & f. terme de Géométrie,,
qui appartient au conoïde. Une fuperficie conoidale
eft la furface d'un conoïde , Extima conoïdis fuper'
ficies. On dit une fuperficie conoïdale parabolique ,
hyperbolique , ou elliptique , félon la différente
forme du conoïde.
CONONITES. C'eft le nom qu'on a donné autrefois
à une branche d'Eutychiens. Ils furent ainfi appelés
d'un Evcque nommé Canon. Voyez Euthychiens.
CONQUE , f. f. mefure de grains , dont on fe fert à
Bayonne, & à S. Jean de Luz. On fe fert de la conque
pour mefurer les fcls à Bayonne, Deux conques cora-
pofent un fac , mefure de Dax.
Conque , f. f. grande coquille plare, Cancha, On voyoit
dans ce tableau Vénus portée fur une conque. On
peint les Néréides, les Dieux marins fur des conques.
On donne auffi le nom de conque à certaines co-
quilles en fpirale, dont, fuivant la Fable , les Tritons
fe fervoient comme de trompettes. Acad. Fr. 1740.
^ Conque, terme de Conchyliogie, On appelle
ainfi les coquilles bivalves, particulièrement cellc<
du genre de l'huitre.
ffT Conque i^ Vénus. Cancha. Fe/îm'i-. Nom qu'on
a donné à une coquille bivalve, prefqu'ovale,àcauf©
de fa reilemblance avec la vulve d'une femme.
Conque anatifere. Voyez Anatifere.
Co^QV ifphérïque. C'eft une coquille de forme ronde,
que l'on rapporte à la quatorzième famille des co-
quilles de (orme fphérique , appelées Globofx est
latin, & en françois Tonnes. Le fommet de la tête
Se les petites tubérofités déterminent le cara<^ère
elfentiel de ces coquilles ; c«r les coquilles de cette
quatorzième
GO
quatorzième famille, pour être véntablement_/^/k'-
riqties doivent être de forme ronde , enflées dans
leur milieu , la tête peu gatnie de tubercules , avec
une bouclie très-évafce qui ne foit point garnie de
dents.
Les Anatomiftes ont appelé l3.tonçue de l'oreille,
ïîon-feulement la féconde cavité de fa partie exté-
rieure, (ituce autour de la première qui efl: au com-
mencement du conduit auditif; mais encore quel-
ques-uns ont donné le nom de conque ou de coquille,
A la première cavité de l'oreille interne , qu'on ap-
pelle autrement la caiffe du tambour. Il y en a qui le
donnent auifi au veftibule du labyrinthe, qui ell: la
féconde cavité de l'oreille interne.
Il y a aufli en Anatomie les conques ou coquilles
fupérieures & inférieures du nez. La partie inférieu-
re de chaque porrion latétale de l'os ethmoïdc
reflcmble en quelque lotte à une coquille longuette ,
comme eft celle d'une moule. Je lui donne le nom
de coquille ou conque fupérieure des narines.
WiNSLovv. Les inférieures font deux , & (îtuées dans
les folTes nafales, au delTous des ouvertures des iî-
nus maxillaires , & immédiatement au delîlis des
orifices inférieurs des conduits laciymaux du nez.
Elles couvrent ces derniers orifices gn manière
d'auvent, à peu-près comme les conques ou coquil-
les fupérieures , c'eft-à-dire , prefque dans le même
lens que l'os ethmoïde couvre les ouvertures maxil-
laires ; on les appelle aufîi lames fpongieufes in-
fétieures du nez. Le mot de cornet: ne convient pas
en d'autres langues. Id.
CONQUÉRANT," ANTE, qui fait de grandes conquê-
tes. Foye~_ ce mot. Populorum domitor. Alexandre ,
Tamerlan , Mahomet II , ont été de grands Con-
querans. Il eft difficile d'être équitable & Con-
quèrara en même temps : la vaillance & la juftice
font deux vertus qui marchent rarement enlémble.
Voit. Je ne faurois fouffrir un Conquérant tel
qu'Enée , qui ne fournit que des larmes aux mal-
heurs , & des craintes à tous les périls qui fc pré-
fentent. S. Evr. L'Orateur eft une efpèce de Con-
quérant : l'efprit eft la place que l'on attaque. P.
Rap. Clovis étoit brave , Se feloil l'efprit des Conqué-
rans ^ injufte & fanguinaire. Mez. Clovis ié jeta
dans les excès où l'ambition & la bonne fortune
précipirent les Conquérans. P. Dan. C'eft à un
Conquérant à réparer une partie des maux qu'il
a faits.
En vain aux Conquérans ,
L'erreur parmi les Rois donne les pretûiers fdngs\
Entre ces grands Héros ce font les plus vulgaires.
Bon.
On appelle figurément une belle perfonne , une
Conquérante , parce qu'elle s'affujétit tous les
cœurs. On le dit d'un Amant heureux. Je ne doute
pas que cette femme n'ait rendu fon mari le plus
heureux des Conquérans par la difficulté de la
conquête.
On dit adjedbivement un peuple Conquérant.
On dit figurément & familièrement d'un homme ,
d'une femme, qui ont plus d'agrément , qui font
plus pçirés qu'à l'ordinaire, qu'ils ont l'air Cow^^^ê-
rant. Acad. Franc.
Conquérant , (Le Grand ) terme de Fleurifte. C*eft
un œillet brun fur un blanc affez fin-, fa fleur eft
fort grolfe , &: comme elle eft garnie de beaucoup
de feuilles , elle s'élève à la façon d'un petit dôme '.
fes panaches ne font pas fott gros , ni fort détachés ,
ayant dès mouchetures fur les feuilles , mais qui ne
ternifTent point la beauté de la fleur ; Çx plante eft
robufte , mais néanmoins fufc'ptib'e du blanc.
Quoique fon bouton foit gros , il ne fe fend point.
CONQUER.EUR. f. m. Ce mot fe trouve dans
Coéffeteau pour Conquérant , mais il n'eft plus en
ufage. ÇoRN. Voyez Conquérant.
CONQUERIR, v.a. fe rendre maître d'un pays, d'un
Tome II,
Royaume à main armée. Acquérir le droit de Sou-
veraineté fur un pays qu'on oblige à fe foumcttre à
fon Empire par le fupériorité des armes. Terras
armis quzrere , Jub impcrium fubjicere , in ditio-
nem , in potejiatem redigere. Fcrnand Cortès a con-
quis le puiflànt Royaume de Mexique avec une
poignée d'Efpagnols. Mahomet II conquit 100 Vil-
les , 1 1 Royaumes & deux Empires ; lavoir de Tré-
bifonde & de Conftantinoplc. Il n'eft guère en ufao-e
qu'au prétérit indéfini, ye conquis, & au prétériE
^^ défini , j'ai conquis. S'il peut être employé au fub-
jonélif, il faut dite, qu'il conquière, &' non pas
qu'il conquére. Vaug. Corn,
Ce mot vient de co/2jK/ro , chercher enfemble^
& de ce que dans les premiers fiècles , des colonies ,
ou des troupes de gens fortoient de leut pays pour
aller chercher enfemble des pays à habiter &: s'y éta-
blir. On trouve dans la balle latinité conquxjlus
pour conquêts. Foye^ le Monafi. Anglic. fol. 710 i
& les ^cla SS. Mart. T. II, p. 514, D.
CONQUIS , ISE. part. Subjeclus fub imperiurti. -, in
ditionem, in poteltatem redaclus,
CONQUERPvE, vieux v. a. Conquérir,
CONQUET, f, m. terme de pratique, C'eft un bien
acquis pendant la communauté entre un mari &C
une femme , qui entre dans la communauté qui
conféquemment lé partage également , avena'nt
la mort de l'un ou de l'autre, entre le furvivant 8C
les héritiers du prédécédé , au cas que la femme
accepte la communauté. Bona parta. Cette terre
n'eft ni un propre ni un acquêt du mari , c'eft url
conquit.
0CF II faut excepter les biens qui leur adviennent
par fucceffion tant en ligne dire^ile , qu'en ligne
collarérale , & ceux qui leur adviennent par do-
nation en ligne dircéf c , qui font propres à celui
des conjoints auquel ils adviennent.
03° On appelle auiTi conquêts les biens acqilis par
plufieurs perfonnes qui , fans erre mariées , font eil
communauté tacite , dans les pays où ces fortes de
communautés font autorifées par la coutume.
Il y a dans le pays de Brai, du côté de Beauvaisj
vingt-quatie villages qu'on appelle les conquêts
de Gournai , ou fimplement les conquêts. Ils font
depuis plufieurs fiècles du Domaine de Gournai «
& ont été conquis ou pat Hugues I, Seigneur de
Gournai, en 1070, ou par Hugues II, en 11 5 9.
Defcrip. Geogr. & Hijt. de la Haute Norm. T. /»
p. 18. & 19.
CoNQUET, (Le) perite Ville maritime de France en
Balfe-Breragne , au pays de Cornouailles , avec un
bon port , & une bonne rade , à cinq lieues de
Breft. Elle eft fort riche. Conquejius,
CONQUETE , f. f. acquifition de la fouVerainetc
que tait un Prince éttangei d'une certaine étendue
de pays , d'une Province , d'un Royaume , par
la fupériorité de ces armes. On le dit de l'aélion
de conquérir & du pays conquis , c'eft à dire
obligé de fe ibumettre à une domination étrangère*
Bello qucEJîta 3 parta , Imperio addita , adjeciat
Les conquêtes d'Alexandre s'étendiient bien loin j
& avec une extiême rapidité. La conquête eft un
brigandage dès qu'on y attache le pouvoir deftruc-
tif Ben. L'ufurparion d'une Province à force ou-
verte , eft revêtue du beau nom de conquête. S. Evr,
Il y a des crimes qui deviennent glorieux par leur
éclat : de-là vient que prendre des Provinces inju-
ftement , s'appelle faire des conquêtes. Rochef.
Le droit de conquête , dit M. de Montefquieu , eft
un droit nécelTaire, légitime , & malheureux , qui
laifTe toujours .à payer une dette immenfe , pour
s'acquitter envers la narure humaine.
Conquête fe dit figurément, fur rout ert termes de
galanterie, quelquefois en ftyle de fpiritualité. Co/z
ci/iatio animorum. On dit qu'une belle femme fait
h\cn Ats conquêtes ; pour dire, qu'elle a bien gagné
des cœurs ', qu'un tel eft fa conquête ; pour dire ,
qu'il eft fon amant. Le faint homme ne fongcoir
qu'à faire des conquêtes de charité, & à ramenés
L L L U
8i8
C ON
les brebis égarées dans la bergerie. P. d'Ori. Ce f
n'eft pas rajuileaient qu'on cenfure dans les tom-
mes , c'eft l'intention de plaire , &c l'ambition de
feire des conquêtes, S. Evr. Nos prudes &c ver-
tiieiifes aïeules ne connoiflbient point l'art d'en-
chaîner les cœurs , Se de faire des conquêtes galan-
tes. M. ScuD. Cet habile Prédicateur lait railem-
bler toutes les tbrces pour faire la conquiu du pé-
cheur qui réiifte. Une ccnquéte amourcule fait
aujourd'hui toute l'ambition des Romains , amolli.
par les douceurs d'une vie délicieufe. S. François
Xavier eut bclbin d'un grand courage & d'une
grâce bien puiilante, pour tenter une conqiùu auffi
périlleufe que celle des Idolâtres du Japon.
On dit proverbialement qu'un homme efl en
pays de conqutce , qu'il vit comme en pays de coii-
quite -, pour dire , qu'il y vit à difcrétion, qu'il
traite les habitans avec dureté.
Conquête , (La ) terme de Fleurifte. C'eft un œillet
violet-brun admirable , fur un blanc de neige. Sa
fleur eft très-large, n'cft point fujette à crever , &;
porte graine volontiers. Sa plante eft robuftc ,
mais le's marcottes ont peine à prendre racine : fur
la fin il coffine fes fleurs. Il peut foufifir 4 boutons.
Quelques-uns ont cru que c'étoit le Primo \ il n'y
a point de différence dans la fleur , mais feulement
dans le fanage. Morin. Conquête Bacquelan , eft
un pourpre & blanc fort détaché & large, fujet au
blanc ; fes marcottes font délicates \ mais fa fleur
eft riche, portant des panaches de pièces empor-
tées. Id. Conquête du Sautoir , eft un violet pour-
pre & blanc j régulièrement panaché , large &
tond, garni de feuilles, qui graine, & ne crevé
point. Sa fleur eft allez jardine , fa plante allez
vigoureufe. Il a pris nailîance à Lille chez M. du
Sautoir. Id. Conquête d'Efirées , eft un violet &;
bhnc qui porre une groflè fleur, qui pourtant ne
fe fend point. Sa plante eft délicate. Id. Conquête
de verdure , violet foncé fur un fin blanc. Sa pbntc
eft délicate j fa fleur n'eil: point hâtive. Conquête
conjlant , c'eft ce qu'on appelle Médor. Conquête de
Laube, eft un violet-brun fur un grand blanc. Il
eft fort rond &: garni de feuilles, fa fleur eft large
& bien tranchée-, mais fa plante, quieft délicate ,
ne produit point beaucoup de marcottes. Il porte
le nom d'un Fleurifte de Lille chez qui il a pris
nailîance. Conquête des Prés, eft un violet blanc,
qui porte une groiTe fleur avec de gros panaches.
Conquête malin , eft un cramoifi hâtif fur un blanc
paflable , alfez large , fa plante robufte. Conquête
Ton^e, eft une même efpèce d'œillet que le Bel
Inconnu , & la Belle Ecoffoife. La Conquête de Los
eft de couleur d'ardoife. Morin.
CONQUETER. v. a. Il fignifie la même chofe que
conquérir , mais il eft vieux. Ce mot vient de con-
qucEJlare qu'on a dit dans la balle latinité dans la
même fignification.
Conquête ée , part. Voye!^ Conquis,
^ CONQUISITEUR. ï". m. Conquifitor , terme
d'hiftoire ancienne. Nom que l'on donnoit à Rome
à ceux qu'on envoyoit ralTeniblcr les foldats qui
ne fe rendoient point fous leurs enfeignes.
CONROY , & CONROIT. f. m. Ce mot a plufieurs
lignifications dans nos vieux Auteurs. 1°, Il veut
dire troupe , ^iiite , train. x°. Soin. 5°. Projet ,
d^Jfein. 40. Ce qu'il y a de principal en quelque
choie. Voye^ encore Corrois.
COî-niOYÉR. Voyei Corroyer,
CONROYEUR. Voyci Corroyeur.
CONSACRANT, adj. /ubft. Le Prêtre qui dit la
Melle & qui confacre l'Hoftie. Sacerdos divinorum
verborum vi Chrifli corpus efficiens.
Ce mot, félon Du Cange, vient de confecratus;
c'eft-cà-dire, qui participe aux mêmes Sacremens.
Car on ne confacre que les chofes qui ont un ufage
commun parmi les Eccléfiaftiques.
§3° Consacrant fe dit aulfi de celui qui facre un
Evêque. L'Evêque confacrant. LçConfacrant.
~ CONSACRER ,'' v." a. fignifie particulièrement
COKI
l'afliîon du Prêrre lorfqu'il prononce les paroles
facramentelles , en vertu defquelles le corps &:
le fang de J. C. font réellement fous les efpèces
du pain & du vin. Panem & vinum vi verborum
divinorum in Chri/ii corpus & fanguinem conver-
tere, Conjacrer ' une Hoftie. Le Prêtre conjacra.
autant d'Holties , qu'il y avoit de Communians.
Consacrer fignifie quelquefois fimplemcnt con-
vertir l'ufage d'une chofe prophane en un ufage
pieux, en forte qu'elle devienne lainte,facrée;
^fT fandlifier une chofe commune ou profane , par
le moyen de certaines cérémonies , la dédier à
Dieu. Sacrare , dedicare , confecrare. L'Evêque
aujourd'hui confacre , bénit , dédié une belle
Eglife ; il a conjacré des Calices -, le Pape a confacre
des Médailles, des Agnus-Dei, des Pains, des Pâtes i
c'eft- à-dire, il a accordé des Indulgences à ceux qui
les porteroient avec refped: , avec dévotion. Se con-
facrer au fervicedes Autels. Confacrer à-Jefus-Chrift
fa virginité, Voye^^ Consécration.
Consacrer fe dit en particulier de toute la cérémo-
nie qui fe fait pour conférer la puilfance épifco-
pale i c'eft-à-dirc, rimpofition , l'onélion du chrê-
me , & la bénédiètion que reçoit celui qui eft nom-
mé à l'Epifcopat. Confecrare. L'Evêque fe doit
faire confacrer dans trois mois du jour de fa pro-
motion , fous peine de deftitution de fruirs.
Consacrer une Religieufe. Voye^ Consécration.
UCT Consacrer, chc'z les medailliftes Voyei Con-
sécration.
ÇO" Consacrer fignifie aulTi dédier , dévouer , offiric
à Dieu fans obferver aucune cérémonie particulière*
Un tel a quitte le monde, & a confacre le refte
de fes jours k D'ieu. Devovere.
IfT Consacrer , dans ce fens , fe dir aulTi en chofes
fimplement morales, Devovere , mancipare. Quand
on fe confacre à la gloire, il faut renoncer à tout,
pour courir après elle.
§C? On dit de même confacrer à quelqu'un fon
remps , fes veilles, fes foins, lui dévouer tout cela.
Confacrer fa jeunclle , fa vie à l'étude , au barreau ,
à la guerre. Se confacrer au barreau. Il fignifie
encore perpétuer , iminortalifer. Ce Conquérant
a élevé un trophée, un arc de triomphe, pour
confacrer la mémoire de fes exploits à la poftériré.
fC? Consacrer fe dir encore dans une fignification
particulière; pour dire, relever le mérite d'une chofe,
y attacher une idée de grandeur , accorder des
louanges à des chofes qui n'en méritent poinr. De
tout temps l'Efprit humain a eu un penchant natu-
rel à coTifacrer fes opinions & ks pallions , en les
imputant aux divinirés, S. Real. La fortune con-
facre les grands crimes , &: ils deviennent des ver-
rus, quand ils font couronnés par lefuccès. BizoT.
Et je rai vue au(R cette cour pev. Jincere
Des crimes de Néron approuver les horreurs ,
Je l'ai vue à genoux conhczcT fes fureurs.
Consacrer fignifie encore , facrifier, deftiner , dé-
terminer quelque chofe à un certain ufage. j4ddi'
cere , deflinare. J'ai mis une telle fomme d'argent à
parr, que j'ai confacre à augmenter ma Bibliorhè-
que. Confacre^ tout votie loifir à l'étude de la
fagefle,
|3* "On dit que l'Eglife a confacre un mot -, pour
dire, qu'elle l'a tellement déterminé à une fignifi-
cation particulière , que hors de-là il n'a point
d'ufage. Nous avons plufieurs mots confacrés dans
l'Eglffe Romaine, tels que ceux de confubftantia-
lité , tranfubftantiation , procelîion, &c.
^ On dit aulfi que l'ufage a confacre une façon de
parler; pour dire, qu'elle eft établie par l'ufage, &
qu'il n'y faut rien changer , quoi qu'elle foir contre
les règles. C'eft ainfi que nous difons, & devons
dire , lettres Royaux.
CONSACRÉ , EE. part Confecratus. Il a toutes les fi-^
gnifications de fon verbe. Hoftie confacrée. Vers
confacrés à l'immortalité & à la Religion, Autel
confacre. Perfonne confacrée à Dieu,
C O M
Consacre , É E. adj. Ce mot fe dit aurn de cer-
tains termes , Se de certaines phralbs particulières
qui ne font bonnes qu'en de certains endroits ,
éc en de certaines occafions. Conful^Jtciiuul. -,
tranfichliantiation , font des mots confacrcs : le
premier , poiir lignifier que le Fils de Dieu eft une
même lubrtanccavec le Père ; &c le fécond pour
iignifiet le changement qui fe fait du pain & du
vin an corps & au fang de Jesus-Christ par la
confccration. Le P. Bouhours , dans h préface de
fa traduBlon du Nouveau Tejiament , dit qu'il
n'a jamais pris la liberté de donner fans ncceliité
un autre tout à ces Hébtailmes qui étoient ordinai-
res aux Apôtres , lors même qu'ils parloient en
grec •) comme font dans l'Evangile ,fLls de perdition ,
enfans de lumière , abomination de defolation, portes
de l'enfer : & dans les Epîtres vafe d^ élection , vafe de
colcre, vafe de mifericorde, enfans de ténelres,homme
dépêché, Scfemblables expreiHons qui viennent d."
Ja langue fainte , qui font comme confacrées , & qui
perdent fouvent beaucoup de leur force, quand on
les veut expliquer en d'autres termes ou par pé-
ïiphrafes. Dépouiller le vieil homme , revêtir le nou-
vel homme , font des ^h.v:i{cs confacrées ^oni lignifier
les deux parties de la régénération , qui confiile
à céder de mal taire , & à apprendre à bien/aire,
Q^ue tes Citations foient courtes & ferrées ,
Et n'en change jamais les phrajes confo-ctàes, Vill.
CONSANGUIN , INE. On appelle au Palais , frères
confanguins , ceux qui font nés de même pcre ,
par oppoîition a. frères utérins , qui (bnt feulement
nés d'une même mère. Fratres confanguinei. Selon
le fentiment commun, les frères germains & confan-
guins ne peuvent fe plaindre du tcftament inoi-
ficieux , qu'en alléguant la turpitude de la perfonne
,qui a ctc inllituée ; mais Van ^''ater , dans fes
• Ohfervaùons Jur le droit Romain , prétend que les
confanguins pouvoient fe plaindre de l'inofficiolité,
même quand le teftament n'étoit^point en faveur
d'une perfonne incapable. Dans l'Edit d^ Conftan-
tin qui réforme la loi ti , Cod. de inoff, tejiam.
qui accordoit aux frères & aux fœurs fans dillinc-
tion , la plainte d'inoiîiciofité ; le mot de frère
germain eft fouvent mis pour celui de confanguin.
Ce qu'il dit dans la fuite, qu'il ne pourra inten-
tet cette ad:ion que agnatione durante , en eft une
preuve bien fenfible.
Comme on dit au Palais frère confanguin , on
dit auifi fœut conjanguine , par oppoîition à fœur
utérine. Les fœurs confinguines font celles qui ont
le même père , mais non pas la même mère. Ces
termes ne font que de Palais.
Ce mot vient de confanguineus , compofé de
cum de fanguis.Mnfi dans l'on origine, il fignifie ceux
qui font du même ping, dans qui le même fang coule
CONSANGUINITE, f. £ Parenté du côté du père.
Confanguinitas. Le mariage eft défendu par l'Egli-
fe jufqu'au quatrième degré de confanguinité'mcïu-
fivcment : mais par la loi de la nature , la con-
fanguinité n'eft point un ebftacle au matiage , ex-
cepté en ligne direde. La confanguinité finit au
fixicme ou au feptième degré i excepté pour la fuc-
ceflîon à la Couronne : en ce cas, la confanguinité
lé perpétue à l'infini.
CONSAULX, f. m. Mot du vieux langage , quia
lignifié Confeil &: Conful, ou Echevin,
CONSCIENCE, f. f. Témoignage ou jugement fecrer
de l'ame raifonnable, qui donne l'approbation aux
adions qu'elle fait , qui font naturellement bon-*
;ies , Si qui lui fait un reproche , ou qui lui donne-
un repentir des mauvaifes. Lumière intérieure , fen-
timent intérieur, par lequel l'homme fe fend ^té-
moignage lui-même du bien & du mal qu'il fait,
Confcientid. La confcicnce eft ce que nous à\St? Ir.
lumière naturelle , la droite taifon. Quelquvfois
nous n'avons point d'autre guide pour régler notre
conduite , que la confcience , §i alors c'eft à notre
CON 8i^
égard l'irtterprète des volontés de Dieu. Là con-
fcience cii. un Juge incoftuptible , qui ne s'appailè
jamais : c'eft un miroir qui nous montre nos ta-i
ches t, un bourreau qui nous déchire le cœur. La
confcience a lés erreurs j elle a de faux fctupules , &
de ridicules inquiétudes. Une bonne adlion de-
vient mauvaife , fi elle eft faite contre le didtaitiett
de la confcience. On eft coupable, même en agillànt
félon les mouvemens de fa conjciena , lotfqu'oit
a des règles plus Aires que l'on peut confuher. Ce-
lui càquila co/z/aVrtc^ préfente l'erreur à la place,
& fous la forme de la vérité , eft cependant obligé
à obéir aux ordres , & à fuivre les fuggeftions de
fa confcience qui le trompe , s'il n'a point de rè-
gle plus fiire qui le puilfe déterminer, C'eft par
cette raifon qu'on appelle la confcience le for in-
térieur. Il y a des confciences timides & délicates,
qu'il ne faut point alarmer. S. Evr. Ces troubles ,
ces remords de la confcience , &: ces regrets qui dé-
vorent l'ame , font figurés par le vautour de la fable
qui déchiroit fans celle le cœur de Prométhce. Le
Mait, Il n'y a point de tribunal plus févère que
celui d'une bonne confcience. S. EvR. Il ne faut pas
confondre la confcience , cet inftinét fecret que
Dieu donne à l'ame pour l'éclairer , & pour lui
faire difcerner le bien &c le mal , avec les fantai-
fics & les caprifes de notre volonté pervertie ; ni
ériger en principes de confcience , les dogmes dont
une paffion aveugle (k. opiniâtre trouve à propos
de s'entêter. Poiret, Ce n'eft plus la joie &c
la férénité que le fentiment d'une bonne confcience
étale fut le vifage ; les pallions triftes & auftères
ont pris le dellus. La Bruy, La flaterie endort le
pécheur dans une faufle paix , Se dans la tranquil-
lité d'une corzjcience trompée. Flech. La voix de
la confcience , quelque droite qu'elle paroilfe, ne
doit jamais prévaloii contre les décifions dcTEglife,
|]CT II eft bien certain que la confcieiice eft le meil-
leut Cafuifte que l'on puifle confulter •, ce n'eft
que quand on marchande avec elle , qu'on a re-
cours aux fubtilités du raifonncment. Elle eft la
voix de l'ame , comme les paillons font la voix
du corps ; ainfi il n'eft pas étonnant que ces deui
langages lé contredilént fi fouvent. Mais pour fixée
les idées dans une matière aulfi importante , nous
joindrons ici quelques obfervations avec quelques
règles, tirées de Burlamaqui & de Pufcndorf.
^fT La confcience n'eft proprement que la raifon
elle-même , confidérée comme inftruite de la rè-
gle que nous devons fuivre , ou de la loi natu-
relle ; & jugeant de la moralité de nos propres
adions , & de l'obligation où nous fommes à cet
égard , en les comparant avec cette règle , confoH-
mément aux idées que nous en avons.
gCF Souvent aulfi l'on ptend la confcience pour le
jugement même que nOus portons fur la moralité
de nos adions : jugement qui eft le réfultat d'ua
raifonncment complet , ou la conléquence que
nous tirons de deux prémilTes , ou difertement ex-
primées, ou tacitement conçues. On compare en-
fcmble deux propofitions , dont l'une renferme la
loi , &: l'autre l'adion dont il s'agit , & l'on en dé-
duit une troifième , qui eft le Jugement que nous
faifons de la qualité de notre adion. Tel étoit le
raifonncment de Judas. Quiconque livre à la mort
un innocent, commet un crime; voila la loi: Or,
c'eft ce que j'ai fait ; voilà l'adion. J'ai donc com*
mis un ctime ; voilà la confcquence , ou le juge-
ment que fa conjcience portoit fur l'adion com-
mif'e.
"KT La confcience fuppofe donc la connoifiance dé
la loi , & en particulier celle de la loi naturelle*
qui étant la fonrce primitive de la juftice , eft aulTl
la rès;lc fuprême de notre conduite -, & comme les
loix ne peuvent nous fervir de règle , qu'autant
qu'elles font coniiucs , il s'enfuit que la confcience
devient ainfi la règle immédiate de nos adions ;
car il eft bien évi lent qu'on ne peut fe confor-
mer à la loi qu'autant qu'elle eft connue,
LLLllij
8^o
C ON
f3^ Il faut donc éclairer fa conjcience , la conrulter ,
fie en luivre ies confeils. Eclaiter la conjcience ,
en s'inftniiiant cxadcmcnc de la volonté du Lé-
«îiflareiu- & de la difpoiicion des loix , afin d'avoir
de jaftcs idées de ce qui ell ordonné , détendu ou
permis , fans quoi le jugement que nous terions
de nos aétions fcroit vicieux : connoître parfaite-
ment l'adion dont il s'agit , faire attention aux
circonltances qui l'accompagnent , & aux conlé-
quences qu'elle peut avoir ; fans quoi Ton pcur-
roit fe méprendre dans l'application des loix ,
dont les difpoiitions générales fouffrent plulicurs
modifications , fuivant les différentes circonftances
qui accompagnent nos aétions ; ce qui influe né-
ceJiairement l'iir leur moralité & fut nos devoirs.
|Cr Nous devons fiire ufage de ces connoiflanccs
pour diriger notte conduite, Il faut donc, quand
il cfl; queîlion d'agir , confulter fa conjcience , &
en fuivre les conicils, Ceft là une obligation in-
difpenfabk ; car la conjcience étant , pour ainli-
dire , le miniftre & l'interprète des volontés du
Lé2;iflateur , les confeils qu'elle nous donne ont
toute la force & l'autorité d'une loi , & doivent
produire le même eiîet fur nous.
gCr On s'abuferoit donc giofrièrement , fi , fous pré-
texte que la confcience^e^ la règle immédiate de
nos aurions , l'on croyoit que chacun peut toujours
' faire légitimement tout ce qu'il s'imagine que la
loi permet ou ordonne. Car la conjcience n'a quel-
que part à la direiftion des.aélions humaines , qu'au-
tant qu'elle eH: inftruite de la loi , à qui feule il
ai-ipartient proprement de diriger nos adlions.
{tr Avant que de fe déterminer à fuivre les mou-
vemens de fa confcience , il faut examiner fi l'on
a les lumières & les fecours nécelfaires pour j uger
de la chofe dont il s'agit ; fans quoi l'on ne peut
rien entreprendre fans une rémérité inexcu fable &;
très-dangereufe.
fS" Suppofé qu'en général on air ces lumières &
ces fecours néceflaues , il faut voir enfuite fi
l'on en a fait aduellement ufage , enforte qu'on
puiffe , fans un nouvel examen , fe porter à ce que
•• la conjcience fuggère.
I^r Quand on a fait tout cela , on a fait tout ce que
l'on pouvoit & ce que l'on devoit faire ; & il eil:
moralemenr certain que l'on ne peut ni fe tiom-
per dans fes jugemens , ni s'égarer dans fes dé-
terminations. Si", malgré toutes ces précautions , il
■ arrivoit encore de (e méprendre, ce feroit pour
lors une faute de foiblelfe , inféparable de l'hu-
iTianiré, Se qui porteroir fon excufe avec elle aux
yeux du Souverain Légiflareur.
ffT Nous jugeons de nos aélions avant que de les
faire. C'eftla conj'cience antécédente ; ou après les
avoir fait , c'eft la confcience fuhj'équente. Un hom-
me iage doit confulter fa conj'cience avant que
d'agir", pour fçavoir fi ce qu'il va faire eft bien
ou mal : & après avoir agi , pour fe confirmer
dans le bon parti, s'il l'a pris, ou pour redref-
icr fon tort , s'il s'efl: trompé dans îbn premier
jugement , 8c fe précautionner contre de pareil-
les fautes à l'avenir.
^CF La confcience jubfécjuente eft tranquille ou in-
' quiète, fuivant que le jugement que nous portons
de notre conduire , après cetre révifion , nous ab-
fout ou nous condamne.
IkT La confcience efl: dccijive ou douteufe , fuivant
le degré de pcrfuafion où l'on eft au fujet de la
qualité de l'aftion. L'on doit fe porrer prompte-
ment , volontiers & avec plaifir à ce qu'une con- ^
•fcience dccilive ordonne.Sc déclarer contre les mou-
vemens d'une telle confcience , c'eft le plus haut
degré de dépravarion &: de malice. A l'égard de
Iz^confcience douteufe , lorfque l'efprit demeure
comme en fufpens par le conflit des raifons qu'il
voit de part & d'autre , & qui lui paroiflenr d'un
poids égal, il ne fiur rien négliger pour fe tirer
d'incertitude , & s'abftenir d'agir , tant que l'on
ne fçait pas fi l'on fera bien ou mal. Sans cela , on
CON
tcmojgneroit un mépris indirect pour la loi , e;i
s'cxpolanr volontairement au hafard de la violer -,
mais fi l'on fe trouve dans des circonftances où
l'on foit nécellairernent obligé de fe déterminer
5i d'agir , il faut par une nouvelle attention , tâ-
cher de démêler quel eft le parti le plus proba-
ble , le plus fur , &C dont les conféqucnces foient
les moins dangereulcs.
gCT Dans la conjcience fcrupuleiife , qui eft produi-
te par des difticultés légères 6c frivoles , qui s'é-
lèvent dans l'efprit , quoicpue l'on ne voie d'ail-
leurs aucune bonne raifon de douter ; de tels fcru-
pulcs ne doivent pas nous empêcher d'agir , s'il
le iaut -, & l'on en icra bientôt délivré , ii l'on exa-
mine la chofe attentivement.
xfT Dans la conjcience probable , où le jugement
qu'on porte n'eft fondé que fur des vraifcmblan-
ces , fans qu'on en puiflé démontrer la certitude
par des principes inconreftales , quoique l'on foit
lîien'convaincu de fa vérité ; on doit faire tout fon
polhble pour augmenter le degré de vraifembLm-
ce de fes opinions -, &; il ne faut fe contenter de
la probabiliré , que quand on ne peut pas faire
mieux.
^3" La plus grande difïiculrc eft pour la confcience
erronée. La conjcience décijlve eft droite ou erronée y
fuivant qu'elle décide bien ou mal. Celui qui croix
devoir s'abftenir de la vengeance proptement dite,
quoique la loi naturelle permette une légitime
défenfe à une conj'cience droite. Celui qui pcnfe
que la loi qui veut qu'on foit fidèle à fes enga-
gemens , n'oblige pas envers des hérétiques , Si
que l'on peut légitimement s'en difpenfer à leur
égard , à une conjcience erronée. On demande ce
qu'il faur faire dans une conjcience erronée,
§Cr II t'aur toujours fuivre les mouvemens de fa
confcience , lors même qu'elle eft erronée , & foit
que l'etreur foit vincible ou invincible.
IJCT Cette règle peut d'abord paroître étrangère ,
dit Burlamaqui , puifqu'elle Icmble prefcrire le
mal -, car on ne fçauroit douter que celui qui agit
liiivant une confcience erronée , ne prenne un mau-
vais parti-, mais ce parti eft encore moins mauvais,
que fi l'on fe déterminoit à faire une chofe que
l'on eft fermement perùiadé être contraire à la dif-
pofition des loix ; car cela marqueroit un mépris
direél du Légiflateur &c de fes ordres , au lieu que
le premier parti, quoique mauvais en foi , eft ce-
pendant l'effet de ladifpofition louable d'obéir au
Légiflateur , & de fe conformer à la volonté.
§Cr Mais celui qui fuit les mouvemens d'une con-
fcience erronée n'eft excufable que lorfque l'erreur
eft invincible -, car fi l'erreur eft vincible , & que
Ton fe trompe fur ce qui eft ordonné ou défendu,
l'on pèche égalemenr , foit qu'on agiflé fuivant ia
confcience , ou contie fes difcours , ce qui fait
voir combien on eft intércfle .à éclairer fa con-
fcience , puifque dans le cas dont nous parlons ,
on eft dans la trifte néceffité de faire mal , quel-
que parti que l'on prenne.
DCr Si l'on ne fe méprend qu'au fujet d'une chofe
indifférente , & que l'on fe foit fauffement perfua-
dé qu'elle eft ordonnée cki défendue , on ne pè-
che alors que quand on agit contre les lumières de
fa confcience.
En Méraphyfique , on entend par la confcience
ce que d'autres appellenr Jens intime , c'eft-à-dire
le fentiment intérieur qu'on a d'une chofe donc
on ne peut former d'idée claire S< diftinéle. Dans
ce fens , on dit que nous ne connoiiîbns notre ame,
& que nous ne fommes afiurés de l'exiftence de nos
penfées , que par la conj'cience \ c'eft-à-dire par le fen-
timent intérieur que nous en avons , & par ce que
nous fentons ce qui fe pafle en nous-mêmes.
Un direâ:eur de confcience eft celui qui con-
duit les amcs dans les voies de la vie fpiriruellei
qui lève les doutes &C les fcrupules d'une confcien-
ce timorée ou rrop délicate. On appelle une con-
fcience cautérifée , une confcience endurcie & infen-
CON
fible aux reproches & aux remords. On dit , Je
mets cela fur votre confcience ; c'eft-à-dire , je vous
en rens refponlable devant Dieu. Cet homme n'a
point de confcicizce ; c'eft-à-dire , il n'a ni fcru-
pules ni remords.
Conscience , fe dit au/fi du fecret du cœur. Confcien-
tia , animus. Cet homme a déchargé la confcience;
c'eft-à-dire, rource qu'il fçavoir, tout ce qu'il avoit
liir le cœur. Il parle contre la confcience ; c'eft-à-
dire, contre fa propre connoi/lance , contre ce qu'il
Içait. Jurer contre fa confcience , c'eft faire un fer-
ment contre fes lumières intérieures , en di/limu-
lant , ou en cachant les fecrets fentimens du cœur.
On dit proverbialement d'un homme qui ne fe
fait point fcrupule de chofcs qui devroient lui en
faire , qui décide hardiment &; prend le parti le
plus lâche ; qu'il a la confcience large comme la
manche d'un Cordelier. Cela ne fe di"t que dans le
ftylc familier &: en badinant. Qui n'a confcience ,
n'a rien.
Conscience, ( En ) adv. de bonne foi , félon les loix
de la juftice. Sincère , ingénue , verè. Je vous dis
cela en confcience , en vérité. Ce Marchand vend
les chofcs en confcience , il ne trompe point.
On dit auill , en co/ifcience , vous avez tort ;
pour dire , certainement cela n'eft pas vrai. En conj-
cience,, êtes vous dans ce fentiment ;
On appelle /il-erié de confcience , la liberté qu'on
accorde en quelques pays .iux particuliers de croi-
'^'2 ^ce qu'il leur plaît , de profelîcr la religion
qu'ils jugent à propos. Un autre vain fantôme
vous trompe encqre fous une apparence d'équité
raturelle, & avec le nom de /ihené Je co?fcience,
nom funefte , inconnu à toute l'antiquité chrétien-
ne > que la feule fureur des guerres civiles , les
batailles fanglantcs , l'autorité^légitime foulée aux
pics , & les édits arrachés par force de la main
du Souverain, onr introduit en nos derniers jours.
Péiiss.
ÇONSCIENCIEUSEMENT,adv.en confcience. Sin-
cère , re/igiofè , ex animo. Il eft rare que dans le
commerce du monde , on agiffc toujours con-
fciencieufement. Je ne fçais û l'on n'auroit pas
moins de dépit de fe voir tuer brutalement par
des gens emportés , que de fe fentir confciencieu-
fement poignarder par des cens dévots.
CONSCIENCIEUX , EUSE.'ad;. qui a la confcience
délicate , qui fe conduit fuivant les règles du de-
voir & de la juftice. Homo inceger , re/igiofus. Vous
pouvez vous fier à cet homme-là , il eft fort con-
fciencieux , fort homme de bien. Les hjrpocrites
abandonnent fouvent de petites utilités , afin de
paroître corfciencieux ; mais quand il s'agit de
quelque intérêt afTez confidérable pour hazarder
leur réputation, ils ne balancent point à le faire.
S. REAL. Les hypocrites couvrenr du manteau de
la religion , le parti le plus utile , quelque peu
confciencieiix qu'il puhle être. Id.
CqNSCRIPTEUR,f.m.termeen ufage dansl'Univer-
lité de Paris. Co7ifrriptor. On donne ce nom dans les
affemblces de la Faculré de Théologie à des Doc-
teurs qui font chargés d'aller au bureau à la fin
des délibérations , pour examiner les avis & les
vérifier.
CONSCRIT, f. m. Terme dont on eft obligé
de fe fervir dans VHilloire Romaine , en pa r-
lant des Sénateurs qu'on appeloir les Pères conf-
crits , dont les noms ctoient écrits dans le régif-
tre , ou caralogue des Sénateurs. Confcriptus. Plu-
. tarque dit qu'on r^^'^eXicojjfcrits , ceux qui croient
ajoutés aux anciens, & que l'on crcoit nouvelle-
ment ; on les prenoir de l'Ordre des Chevaliers
Romains, ^oye^ Tite Live au commencement de
fon //. Livre. Ce qu'il y a de certain , c'eft que
dans la fuite , tous les Sénateurs , indiftiniffcmenr ,
furent appelés Pères confcrits. Patres confcripti,
CONSE. Voyei Consus.
CONSÉCRATEUR , f. m. fynonime de confacrant.
Celui qui confacre, Confecrator. Le confécrateur
GON
82Î
d'un Evêque doit être accompagné de deux autres
Evêques pour le moins. Fleury. Le Confécrateur
doit Jeûner la veille de la conlécration. Id.
Quoi de plus grand que d'être le confécrateur
du corps & du fang de J. C. Année du chrétien ,
Sept. p. 27Î.
CONSÉCRATION , adlion par laquelle le Prêtre
qui célèbre la mefle , confacre le pain & le vin.
Chrijii corporis effeUio , confeciio , confecratio. L'é-
lévation de l'hoftie fe fait incontinent après la
confcration , afin que le peuple l'adore. Si la fubf-
tance qui demeure après la confcration a les mê-
mes dimenlîons & la même fupcrficie que le pain,
& (i elle fait la même impreilîon fur nos fens ,
comme le fuppofe Defcartes , il s'enfuit nccelTaire-
ment que le pain demeure après la confécration.
Pere Dan.
11 y a de grandes difiScultés entre les Théolo-
giens , Touchant les paroles de la confécration.
L'opinion la plus commune , & la plus reçue dans
1 cglife latine , eft que la confécration du'pain &;
du vin , confifte en ces mots : Ceci eji mon corps ,
ceci efl mon fang. Ambroife Carharin, qui aailifté
au Concile de Trenre , & Chef - Fonraine , Ar-
chevêque de Céfarée , ont combattu ce fentiment
par des écrirs publics. Le premier a compofé là-
deifus deux dhlertations , qui ont été imprimées à
Rome en 1551, avec fes autres opufcules : dans
fon Epitre dédicatoire au Pape Jule III , il réfute
aflèz au long les difciplcs de S. Thomas. De Chef-
Fontaine 5 dans un petit ouvrage qu'il a publié
fous ces titres , de neceffaria Theologice fcholajticce
correciione , qui ^ft adrelfé au Pape Sixte V , pré-
tend qu'il faut corriger fur ce fujet l'opinion
commune des Théologiens de l'école , comme
étant contraire au Concile de Trenre , & même
au texte des Evangéliftes. Il cite en fa faveur ,
les Dodeurs de Cologne , Lindanus & quelques
autres Théologiens. Quoique cette opinion n'ait
point été cenfurée par la Faculté de Théologie de
Paris à laquelle le livre de l'Archevêque deCéfa-
rée fur déféré, elle n'eft point reçue communément
dans l'églife larine ; mais elle eft reçue de toutes les
Eglifes d'Orient.
Les Grecs d'aujourd'hui attribuent , au moins
en partie, le changement du pain & du vin au corps
& au fang de notre Seigneur , à une certaine prière
qu'ils appelent l'invocation du Saint-Efprit. Dans
cette prière ou invocation , le Prêtre demande à
Dieu qu'il envoyé fon Saint-Eiprit fur le pain &
fur le vin , &; que par fa préfence , il les fanétifie
& les change au corps & au fang de Jesus-Christ.
Elle fe fait après que le Prêrre a récirc ces paro*
les : Ceci eji mon corps , ceci efl mon fang; que les
mêmes grecs croient être feulement néceflaires pour
la confécration des fymboles , parce qu'elles ren-
ferment l'hiftoire de l'inftitution de ce divin facri-
fice. Cette opinion eft reçue généralement de toute
l'églife grecque , qui s'eft déclarée la-defllis depuis
quelques années dans une confefTîon de foi écrite
en Grec vulgaire, fous le titre de Confeffion ortho'
doxe de l'églife catholique & apoflolique d'Orient,
L'original de ce livre fe trouve en manufcrit avec
les foufc-iprions des Evêques , dans la bibliothè-
que de M. L'Archevêque de Reims. Il n'y a rien
de plus clair ni de plus décifif pour érablir la
tranfubftantiation , & en même-temps l'opinion
des Grecs touchant la confécration , que des paro-
les qui fe trouvent dans cette confeffion : Le Prê-
tre n'a pas plutôt récité la prière qu'on appelle
l'invocation du Saint-Efprit , que la tranful'flan-
tiation fe fait , & que le pain fe change au véritable
corps de Jesus-Curist , & le vin en fon véritable
fang , ne rcftant plus que les efpèces qui paroiiïènt.
Cette prière ,ou invocation du Saint-Efprit j daiis
laquelle les Grecs font confifter en partie les paroles
de la confécration , fe trouve dans tous les exem-
plaires de leurs liturgies. Comme la liturgie Grec-
que eft la fource de toutes les liturgies des Eglifes
^ii CON
d'Orient , aufTi n'y en a-t'il aucune , en quelque
langue qu'elle foit écrite , à moins qu'elle n'ait
ctc'^rcforrace par les Latins , qui ne contienne l'in-
vocation du 'Saint-Elptit de la même manière
qu'elle efl: dans la liturgie grecque. Les Gtccs la
lil'cnt à Rome dans leur Miiiel. Ceux qui voudront
être inftruits plus à fonds de tout ce qui regarde la
conficration , doivent conlulter les notes étendues \
du P. Simon , fur les Ofulcules de Gabriel , Ar-
chevêque de Philadelphie , qui ont été imprimées
à Paris en I (Î7 1 . 11 traite auili cette quellion dans
Ton petit ouvrage de la créance de l'Eglife Orien-
tale far latranJub[iantiation,&C dans/èi remarques
fur le voyage du Monl Liban; ces deux livres on:
"été imprimés au même lieu.
Consécration. Impolîtion des mains ; cérémonie
pour coniicrer un Evêque. Conjecratio. Toutes les
cérémonies de la conj'écration repréfentent quels
font les devoirs 5c les fondions d'un Evêque. S.
EvR. La conjecration de l'Evêque efl: fa vraie récep-
tion. LOYSEAIT.
Ce mot fe dit peu , on dit vulgairement facre
& facrer. ,
L'ufage de cônfacrer à Dieu les hommes dellincs
à fon fervice , & au minitlère de les temples &
de fes autels , les lieux , les vafes , les inftrumens ,
les vêtemens qui y feivent , cft; très-ancien ■■, Dieu
l'avoit ordonné dans l'ancienne Loi , &: il en avoir
prcfcrir toutes les cérémonies , comme on le voit
dans l'Ectitute. Exod.XXFIlI, 41. XXIX, i ,
7 , II , 19, 35 , XXXII, 29, XL, II. Lévic.
Fil, 30, 57, FUI, 9, zi , 51 > 55^ XFIII,
XI , XXI, 7,10, XXII , i , 5 . XXIII, 12 ,
XXFÎI, 10 , 16, II , 18. Nomir. III, 5 , FI, 5 ,
5, , 13 , Fil, I , e^'c. FUI, (1 , XFIII, 10. JoJ.
FI, x^. Jug- XFI, 17 , XFII, ^,^, des Rois ,
XF, ï 5 , 1 . Parai. X, i o , XFIII ,11, XXII ,
10 , z , ParaL 11,4, XFII, 16 , XXFI , 18,1,
d'EJdr. III, 5 , FUI, Z5. Ecckfiafi. XLIX , 9.
- Dans la Loi nouvelle , quand ces confecrations
re2:ardent des hommes, & qu'elles fe font par un
Sa'crcment infl:itué de Jhsus-Christ , nous les
nommons en françois Ort//«^n\';7/j , excepté celle
des Evêques , que nous appelons coufècration.
Quand elles fe font feulement pat une cérémonie
inftituée par l'Eglife , nous les nommons Bénédic-
tions ; quand elle's fe font pour des temples, des au-
tels , des vafes , des vêtemens, nous à\(ùï\sDédicace ,
Bénédictions. Voyez tous ces mots.
Consécration s'eft dit autrefois d'une cérémonie
ufitée à la profeifion des Religieufes. Cet ufage a
celle dans prcfque toute l'Eglife depuis le treiziè-
me liécle. L'Abbaye de Ronceray en Anjou eft la
feule qui l'ait cortlérvé en France. Marc Cornaro ,
Evêque de Padoue , au commencement du dernier
fiècle la voulut rétablir dans fon Diocèfe , &: il con-
facra plus de deux cens Religieufes en difîcrens
Monafl:eres. Il femble qu'elle foir encore en piati-
que dans l'Abbaye de S. Zachaiie à Venife. En
1709 , M. Poncet , Evêque d'Angers , confacra treize
jeunes Profcflés de l'Abbaye de Ronceray. Les cé-
rémonies de cette Confecration font celles qui font
pfefcrices dans le Pontifical Romain pour la Con-
fecration des Vierges. A RonCetay il y a de plus
quelques ufages particuliers.
Consécration^ L'Abbé des Fontaines s'eft fervi de
ce mor en parlant des enfans qu'on deftine à l'état
monaftique. On décrit à cette occafion l'abus qui
régnoit alofs dans rEglifeaufujet de la confecration
de^s enfans. Obf. fur les Ecr. mod. t. 19, p. zoo.
Consécration lé dit aulTi des cérémonies &: béné-
diclions qui le font fur quelque chofe, afin que de
prophane qu'elle étoit , elle devienne fainte -, com-
me la confecration , ou la dédicace d'une Eglilé.
Elle fe fait par un grand nombre debénédidions,
& d'afperlîons dedans èc dehors. L'Evêque conla-
crant, la parfume d'encens, Se fait aux muraille;
plulieurs onclions avec le faint Chrême, C'eft une
cérémonie Epifcopale.
CON
Consécration , terme de Médailliftes. C'eft l'Apo-
ihéofe d'un Empereur , fa tranflation &c fa réception
dans le ciel parmi les Dieux exprimée fur une mé-
daille , d'un côté eft la tête de l'Empereur , cou-
ronnée de laurier , & fouvent voilce , & dans l'inl-
cription on lui donne le titre de Divus. Au revers
il y a un temple , ou un autel , ou un bûcher , ou
une aigle fur un globe , & qui prend fon cllor poui
s'élever au ciel -, quelquefois l'aigle eft fur l'autel,
ou fur un cippe. D'auties fois l'Empcieui paroît
dans les airs porté fur un aigle qui l'enlève au ciel;
&C pour inlcription toujours Consecratio. Ce
font là les types les plus ordinaires. Antonin Pie , a
au revers de fes conjécrations quelquefois la colon-
ne Antonine. Au lieu d'une aigle les Impératrices
ont un paon. Poui les honneurs rendus après la
mort aux Empereurs , qui conlîftent à les mettre
au nombre des Dieux , ils s'expliquent par le mot
Conjecratio , par celui de Pater , de Divus , &c de
Deus. Deo Pio , Divus Augujlus Pater. Dec &
Domino caro. Quelquefois autout des Temples &
des autels on met Memoria felix , ou Memorice
œterncE. Quelquefois aux Princelfes. jEternitas , ou
Sideribus recepta : & du côté de la tête Diva èc
les Grecs @iâ. P. Jobert.
Conse'cration eft aufîi la cérémonie de l'apo-
théofe des Empereurs & des Impératrices , Foyei
Apothéose.
^fT Consécration des Pontifes Romains. On
le faifoit defcendre datts une folle avec fes
habits pontificaux , puis on couvroit la tolîé d'une
planche percée de plufieurs trous , alors le vidi-'
maire &i les autres Miniftres fervans aux facrifices
amenoient fur la planche un taureau ornédeguir^
landes de fleurs , & lui cnfoncoicnt le couteau
dans la gorge , le fang qui en découloit , tom-
boit par les trous de la planche lur le pontife , qui
s'en {fottoit les yeux , le nez , Ifs oreilles & la
langue. Après celte cércnîonie on le tiroir de ht
foHe tout couvert de fang , on le faluoit par ces
paroles , falve Pontifex , & après lui avoir fait
changer d'habits , on le conduifoit chez lui , où
il y avoit un magnifique tepas.
CONSÉCUTIF , IVE , adj. Qui fuit immédiatement
un autre. Confequens , fubfeqnens. Il ne fe dit pas
des perfonnes , mais feulement des chofes , qui fe
fuivent immédiatement dans l'otdre du temps. On
a fait cette réjouirtance par ttois jours confecutifs ,
c'eft-à-dire , de fuite. On publie les monitoiies par
trois Dimanches confecutifs ; les ajournemens pat
trois briefs jours de marché confecutifs. On dit
dans le même fens des malheurs confecutifs , des
difgraces confécutives.
CONSÉCUTION , f. f. terme d'Aftronomie. On ap-
pelle mois de confécution , l'efpace de temps entre
deux conjondlions de la lune avec le foleil. Cet
efpace eft de 19 jours & demi , c'eft ce que
les Aftronomes appellent mois de confécution. Ils
le nomment encore mois fynodique &i de progref-
fion. Ce mois eft plus long que celui de propaga-
tion de deux jours & quatre heures , parce que la
lune partant d'un point du Zodiaque avec le fo-
leil , elle le devance , & après qu'elle a fait fon
tour, & qu'elle eft revenue au même point du Zo^
diaque , elle n'y trouve plus le foleil qui a par-
couru deux des lignes , ou environ : en forte qu'il
lùut encore deux jours & quatie heures à la lune
pour le ratrappcr.
CONSÉCUTIVEMENT, adv, tout de fuite , immé-
diatement après félon l'ordre du temps. Commen-
ter. Cette faute n'eft pas pardonnable , il l'a faite
deux ou trois fois confécutivement. Il a fait trois
voyages confécutivement.
CONSEIGNEUR , f. m. ou plutôt Co-seigneur,
terme de Droir , & de Coutumes. Celui qui eft
Seigneur conjoinrement avec quelque autre d'un
lieu , d'une terre.
|;r CONSEIL , f, m, c'eft le nom qu'on donne à des ai*-
CON
fémbléis établies parl'aatoriCc du SouvctaÎH , pour
délibérer fur les arfiiires importantes de l'État , ou
pour juger les affaires des particuliers. ConJiUum,
^3" Le Confeil du Roi eft une afllmblée de certaines
perlbnnes qu'il plaît au Roi d'appeler pour les
confliltet fur ce qui concerne l'ordre & l'adminil-
tration de fon Royaume.
|tr Le Confeil du Roi eft partagé en plufieurs Téan-
ces, iavoir;le Confeil des affaires étrangères, Con-
Jeil d'Etat ou Confeil d'enhaut ; le Confeil des dé-
p>cches; le Confeil de commerce , & le Confeil ^d-
Vc , oU le Confeil des parties. Confeil des affaires
éttangcres , CoKyè/7 d'Etat, ou Confeil d'enhaut, c'eft
un Confeil où font traitées les affiiires d'Etat , de
la paix , de la guêtre & autres , dont le Roi veut
prendre connoiffance en perfonne : les Arrêts qui
en viennent font lignes en commandement par un
des Secrétaires d'Etat, Confdium finUius , fe-
cretius.
^ZT Le Confeil des dépêches eft l'alTemblce où fe por-
tent les affaires qui concernent l'intérieur duRoyau-
me.
^fT Le Confeil àz% finances eft celui où fc traitent les
affaires qui concernent les finances du Roi , tout ce
qui a rapport à l'adminiftration des finances. Con-
JiUum regium de rébus ad. œrarium perùnentibus,
^ff Le Confeil àç. commerce eft celui où fe traitent
les affaires qui concernent le commerce.
Le Confeil prive , autrement Confeil des parties ,
que dans l'ufage ordinaire en appelle fimplemcnt
le Confeil: & dont les Confeillers le nomment Con-
feillers d'Etat: c'eft un Confeil qui le tient dans la
Salle du Confeil par M. le Chancelier ou le Garde
des Sceaux, Scies jours qu'il lui plaît; & quoique
le Roi n'y affifte pas , le Fauteuil de Sa Majefté y
eft toujours placé & demeure vide. Regium Confi-
lium , Regium Conjijiorium , ConJijtoria?wrum Co-
mitum Senatus , ou Concilium. La charge de
Chancelier étant vacante , le Roi Louis le Grand
a été une fois tenit le Confeil des parties. Les Con-
feillers d'Etat & les Maîtres des Requêtes y alîiftent
& y opinent , quand ils font de fervice : de plus ,
les Maîtres des Requêtes y rapportent. Les affaites
qui y font rapportées , font des cafiations d'Atrêts
des Parlemens & autres Cours Souveraines, ou des
évocations, pour récufation d'une Jurididion par-
ticulière , oit d'un Parlement ou autre Jurididion
entière -, foitpour des cfffaires particulières de Ville
à Ville , ou de particulier à particulier , que le
Confeil évoque à foi , & dont il s'eft réfervé la con-
noiffance. Louis XIV a ordonné , par l'Article I ,
de fon Règlement du 5 Janvier 1(^73 , que le Con-
feil d'Etat fera compofé de M. le Chancelier ou
Garde des Sceaux , de XXI Confeillers d'Etat or-
dinaires , dont tiois feront d'églife , trois d'épée , du
Contrôleur Général des Finances, des Intendans des
Finances , tous ordinaires , & de douze Confeillers
d'Etat , qui ferviront par fcmcftre. £tat de la
France , T. III , C. J».
§Cr Ce Confeil eft le plus nombreux : les affaires y
font décidées à la pluralité des voix -, & il n'y a ja-
mais de partage, parce qu'en cas d'égalité de fuffra-
ges , la voix de M. le Chancelier , eft prépoftdé-
rante.
HP" Quand on dit Avocat , Greffier au Confeil, fe
pourvoir au Confeil, être à la fuite du Confeil , &c,
on entend toujours le Ccnfei! des parties.
Le Co72/f/7dcs dircdions , eft \^n Confeil oùVovi
dirige les afiaires des Finances , après le rapport
qui a été fait en préfence de M. le Chancelier , &c
de ceux qui compofent le Confeil Royal. Regium
de re^endoarario ConJîliumX^ç Confeil de grande di-
redion fe tient une fois toutes les femaines chci:
le chef du Co«/«7 Royal.
Conseil de guerre & de marine , font des Confeils
fecrets , que le Roi tient avec fes Miniftres , pour
délibérer des affaires de la guerre , tant par terre
que par mer , où le Roi appelle quelquefois les
Princes & les Principajux Officiers qui l'ont fervi
CON
8i|
dans fes armées. Confdium militare , navale.
Il y a aufli en fait de marine un Confeil de conf^
truclion j qui fefair pour délibérer flir le bâtiment
& le r.idoub des vaiffcaux. Il fe tient pat l'Amiral j
Vice-Amiral, Chefs-d'Efcadre , Lieutenans, Inten-
dans , Commiffaires Généraux , & les Capitaineô
des Ports.
On appelle aufH Confeil de guerre, l'affemblée
des Chefs d'une armée, ou d'une Hôte, pour déli-
bérer fur les affaires qui fe préfentcnt félon les oc-
cafîons, comme entreprife de fièges , retraites, ba-
tailles, 6"^. 2c encore l'affemblée des Officiers d'un
régiment , ou d'un vaifîèau , pour y juger des af^
raires des foldats , ou des matelots , qui ont fait
quelques crimes, & dont le procès acte inftruit pac
les Prévôts, Corvfilium militare.
Le Grand-Confeil , eft une Jurididion Sou-
veraine qui a été établie par Charles VIII, l'an
1492 , en Juridiéiion particuliète. Conftlium ma-
jus. Aptes que le Parlement , qui étoit l'ancien
Confeil des P.ois , eût été fixé à Paris, les Rois s'é-
tablirent un nouveau Confeil , compofé des plus
grands Seigneurs du Royaume , ou de Confeillers
tirés du Parlement. Ce nouveau Confeil fnn appelé
d'abord Conjéil fecret , ou Confeil étroit , & plus
ordinairement le Grand-Confeil. Dans fon établiffe-
ment , ce n'ctoit point une Jurididion contentieu-
fe ; il ne connoiffoit que des affaites qui concer-
noient les finances & la guerre , mais dans la
fuite ce Grand-Conf a, pont fc donner plus d'au-
torité évoquoit une partie des affaires , & en enle-
voit la connoiffance au Parlement : enforte que fous
Châties VIII , les Etats affemblés requirent le Roif
d'établir un Confeil toujours féant , où préiideroic
le Chancelier , pour terminer les affaires de Jufti-
cequis'ypréfentjient ;ainli le Grand Confeil fuÊ
<5rigéen Cour Souveraine. Le Chancelier y pré-
fida jufqu'au temps de François I , qui créa une
charge de Préfident; La compétence du Grand-
Confeil n'étoit pas trop certaine. La réliftance qus
fit le Parlement pour vérifier le Concordat fait
entre François I & Léon X , augmenta foit la
Jufididion du Grand-Confeil ; car François 1 , pout:
fe venger des refus du Parlement , par une Déclara^ ■
tion de 1 5: 17, attribua au Grand-Confeil , à l'exclu-
fion du Parlement , la connoiffance de tous les pro-
cès concernans les Archevêchés, Evêchcs, Abbayes,
&c. ce qui s'exécute encore aujourd'hui. Son pou-
voir s'étend par toute la France , il connoît des
contrariétés d'Arrêts , des Rcglemens entre Juges
Royaux , des Bénéfices Confillotiaux , & généra-
lement de tous les Bénéfices qui font à la nomina-
tion du Roi , excepté de ceux que le Roi confère-
en Régale, des Induits des Catdinaux , & du Par-
lement -, des rerraits de biens Ecciéliaftiques,& des
affaires de plufieurs grands Ordres du Royaume ,
comme celui de Cluni , par des attributiony par-
ticulières. Il eft compofé de huit Prélidens, tous
Maîtres des Requêtes , & de 54 Confeillers fervant
par femeftre ; c'eft à-dire, quatre Prcfidens & 27
Confeillers , pour chaque femeftre. M. le Chance-
lier y va prcfider quand il lui plaît. Il y a un Pro-
cureur-Général & deux Avocats Généraux. L'*Pro-
cureur-Général eft perpétuel , les AvocntsGénéraux
fervent par femeftre. Les Préfidens & Avocats Gé-
néraux commencent leurs femeftres aux moi? de
Janvier & de Juillet , & les Confeillers hs com-
mencent aux mois d'Avril & d'Odobre. Par Edic
du mois de Janvier 1758 , les charges de Préfidens
du Grand-Confeil ont été fùpprimces , & elt^s for^c
exercées en Commiffions par un Confeilier d'Etat
& huit Maîtres des Requêtes. La Commifïîon du
Confeilier d'Etat dure un an , &: celles des Maîtres
des Requêtes ne font qite pour lîx mois , quatre
par chaque quartier. Les Officiets du Grand-Confeil
jouiflént de plufieurs ''rivilèffcs comme les Officiers
des Cours Souveraines , & notamment de ceux
de Cornmenfaux de la Maifon du Roi.
^C? Il y avoir au Grand-Confeil des Procureurs des
8h CO
1489. Ils furent créés en titre d'oiEce au nombre 1
de.iî au mois de Septembre 1(^79. On les appelle
Avocats au Coiifeil, parce qu'ils y plaident.
On r.ppelle 'Secrétaires du Corijeil, ceux qui
fervent au Conjeil des finances.
Il y a aufll des Confeils Souverains établis en
plufîeurs villes pour rendre la juftice, comme à
Perpignan & à Colmar en Aliace , &c. qui tien-
nent lieu de Parlement dans les endroits où ils font
établis.
Après la morr de Louis XIV , M. le Duc d'Or-
léans , Récent du Royaume , établit difïcrens Con-
feils. M. le^ Duc de Bourbon , comme Chef du Con-
jeil Royal, étoit ch.f de chacun de ces Conjeils
en parriculier. M. le Duc du Maine y entroit auifi.
Il y avoit outre cela dans chacun un Préfident,
un Vice-Prcfident en quelques-uns v pluficurs Con-
feillers ,un Secrétaire , des Commis, dont quel-
ques-uns avoient le titre &: la fondion de premier
Commis. Ces Confeils étoicnt.
Conseil ( Le ) de la Régence , compofé de tous les
Princes du Sang en âge d'y aalfter. Outre les
Princes , il y avoir encore d'autres Confeillers Ec-
cléiiaftiques & Laïques. Les Secrétaires de ce Con-
feil étoient les Secrétaires d'Etat. Les Préfidens des
autres Conjeils y entroient aulfi. Généralement
toutes les affaires alloient à ce Confeil, &; elles y
étoicnt décidées après avoir été examinées & pré-
parées dans les autres Confeils.
Conseil de confcience. C'clt là que s'examinoient
toutes les affaires qui alloient auparavant au Se-
crétaire d'Etat , pour les aifaires Ecclélîafliques.
Conseil de ou pour la guerre , qui connoiifoit de
tout ce qui étoit compris dans la fonction de Se-
crétaire d'Etat de la guerre.
Conseil des ou pour les finances , qui étoit chargé
des affaires qui alloienr au Contrôleur Général &
aux Intendans des finances.
Conseil Jtf oupour la marine. Il n'avoit que ce qui
regarde la marine.
Conseil pour les affaires du dedarh du Royaume.
Son nom fait connoître quelles affaires on y trai-
toit.
Coî^sïiL pour les affaires étrangères. Il connoiffoit
des affaires qui alloient au Secrétaire d'Etat pour
les affaires érrangères.
Conseil du commerce. Ce Confeil a été établi après
les autres -, &: comme le commerce a un rapport
néceffaire avec les finances & avec la marine , le
chef de ce Confeil étoit le même que celui du
Confeil des finances , & le Préfident du Conjcil de
marine étoit Préfident de ce Confeil àc commerce.
Les expéditions de ces Confeils étoient rédigées
par le Secrétaire de chaque Confeil , &; fignées par
le Préfident & par le Conléiller qui avoit rap-
poité l'affaire. Quoique nous employions ici le
terme de Confeiller , pour diftinguer des Préfidens
ceux qui étoient après eux , on ne s'en fervoir point
dans l'ufage ordinaire ; car on ne difoit point , M.
tel efl: Conléiller du Confeil de la Régence , ou
du Confeil de la guerre, &c. mais fimplement ,
M. tel eft du Confeil de la Régence , du Confeil de
ISl^guerre, du Confeil des finances, &c. Il n'en
étoit pas de même des Préfidens.
Tous ces Confeils ne fubfirtent plus , ou ont
change de forme depuis la majorité du Roi.
^Cr II V ^ ^"'^' "" Confeil de confcience , dans le-
quel on examlnOit ce qui avoit rapport à l'Egliié
&: à la Religion : il fut fupprimé en 171 8,
Conseil de ville eft l'affemblée de plufîeurs Confeil-
lers qui afTiftent les Prévôt des Marchands &
Echevins à rétilcr les affaires générales 6c impor-
tantes de la ville. Confilium urbanum. Ils font au
nombre de zo , 6i ils ne fe mêlent point de la Po-
lice particulière.
On appelle , dans les Sièges de Juftice , la
Chambre du Conjeil, celle ou l'on rapporte les
procès par écrit. Cubiculum Confilii. Et on appelle
un appointement au Confeil , un appointement qui
C O N
fe donne fur une appellation verbale dans Ufie
audience après une plaidoirie.
On dit auffi , le premier , le fécond Confeil , la
première ou féconde partie des Juges , dont le
Préfident prend les avis , & Ibuvent a diverfes re-
priics.
On appelle le Confeil des Princes-, des grands
Seigneurs &c des Communautés , l'affemblée de
leurs Intendans , Avocats & Procureurs , pour ré-
gler les affaires de leur Maifon , &; l'adminiifration
de leurs revenus.
gCr Conseil aulique. Tribunal créé par l'Empe-
reur, qui tient fes féances à Vienne , compofé d'un
Préfident , d'un Vice-Préfident que l'Eleiiteur de
Maycnce prélénte , & de 18 Confeillers , dont fix
Proteftans.Il ccnnoît de toutes caufes civiles entre
les Princes &: les particuliers de l'Empire ; mais il
finit avec la vie de l'Empereui , au lieu que la
Chambre Impériale fubfifte pendant la vacance de
l'Empire.
Conseil des rétentions. C'efl: dans l'Ordre de Malte
un Cb/zy^i/ qui fe forme pour Terminer les affaires
qu'on n'a pas pu régler dans le Chapitre général.
Outie ce Confeil provifoite, il y a toujours à Malte
quatre Confeils ; l'ordinaire , le complet , le fe-
crct &: le criminel. Voye^ l'abbé de Vértotj dans
fon Hifioire de Malte, tome F, page 16%, de l'édi-
tion in-\ 2..
CoNSHL fe dit auflTi d'une fimpleConfultation d'A-
vocats, de Médecins. Il faut allée un Confeil, ap-
peler du Confeil. J'en veux communiquer à mon
confeil. Les confultations d'Avocats commencent
toutes ainfi : Le Confeil fouifigné qui a vu , &c.
Conseil fignifie quelquefois un Avocat nommé parle
Juge, pour fervir de confeil à quelqu'un dans fes
affaires , & fans rafliftance duquel il ne peut inten-
ter de procès,
03" CONSEIL confidéré comme préfertrant à l'cfprlt
la même idée générale qu'avertiffement & aVis ,
c'eft-à-dire l'action d'inftruire quelqu'un d'une
chofe qu'il lui importe de faire ou de favoir aéluel-
lement , eft une inftruétion relative à ce qu'on doit
faire ou ne pas faire. Confilium,
0Cr Le but de l'avertifTement , dit M. l'abbé Girard ,
eft précilcmenr d'inftruire ; il fe fait pour nous
apprendre certaines chofes qu'on ne veut pas que
nous ignorions , ou que nous négligions.
^fT L'avis & le confeil ont aufTi pour but l'inflruc-
tion , mais avec un rapport plus marqué à une
conféquence de conduite, fe donnant dans la vue
de faire agir ou parler -, avec cette différence que
Vavis ne renferme dans fa fignification, aucune
idée acceflbire de fupériorité , fbit d'état , Ibit de
génie •, au lieu que le confeil emporte avec lui dir
moins une de ces deux idées de fupériorité, &
quelquefois toutes les deux enfemble.
^3" Malgré cette remarque de M. l'abbé Girard, il
femble qu'on dit très-bien d'un fupérieur, qu'il
donne des avis à fon inférieur.
|C? Le confeil deva.nt conduire, il doit être fage 6C
finccre. Les pères & les mères ont foin de donner
des confeils à leurs enfans avant que de les pro-
duire dans le monde. La vanité toujours choqr.ce
du ton de maître, empêche de faire aucune dil-
tinclion entre la fageffe du confeil Se l'imperui-
nence de la manière donr il eft donné , en fbrte
que rour n'aboutit qu'à faire méprifer le confeil, ôc
rendre le confeiller odieux.
gCF Le confeil confidéré comme une raifon capable
de faire impreflîon fur l'efprir d'un homme , & de
le porter à foire ou à ne pas faire quelque chofe,
eft oppofé à loi , précepte , commandement -, 8C
pour commander , il iàur avoir autorité ', pour
donner confeil ,\\(\.\fBi d'être fage & éclairé. Les
anciens difoient en ce lens,que c'eft aux jeunes
gens à faire la guerre , & aux vieillards à donner
confeil. Conjilia fenum , haflas juventim effe. Il y a
des gens qui font ennemis de tous les confeils qu'ils
ne
c o
ne donnent pas. S. Evr. Il ne faut pas même re-
jeter tous les mauvais conf&ils , de peur de rebuter
ceux qui en pourroient donner de honz. Id.
Cromwel ne lailîbit rien à faire à la fortune de
ce qu'il lui pouvoir ôter par confeiù ou par pré-
voyance. Fléch. Le Prince doit prendre garde à
ne fe rendre pas trop farouche fur les confeils qu'on
lui donne. S, Evr. On ne doit riiquer des confeils
& des avertiifemens qu'avec beaucoup de circonf-
pedion. Id. La pauvreté ne donne que de mau-
vais confeils. Fléch. Ne donnez pas vos confdls
comme une loi que vous impofez. S. Evr. Il faut
autant de difcrétion pour donner confeilj que de
docilité pour le recevoir. S. Evr.
On dit qu'une femme prend confeil de fon mi-
roir pour fe bien mettre.
Conseil fîgnifîe quelquefois réfolution. Le confdl
en eft pris , c'eft-à-dire , l'affaire eft conclue , arrê-
tée. Un bon Capitaine doit prendre confeil fur le
champ: ce que les Latins appcloient , in arenâ.
On attribue le confeil aux chofes inanimées &
aux parlions , & on appelle confeils , les mouve-
mens qu'elles excitent dans l'ame. Il fuivoit tou-
jours les confeils de l'avarice. II n'a pris confeil
«que de fon amour.
1/ fdutfe contenter de fa condition ,
Aux confeils de l'amour & de l'ambition
Nous devons fermer les oreilles.
^S° En parlant des décrets de la Providence , on dit
les confeils de Dieu. Les confeils de Dieu font im-
pénétrables. Notre deflinée eft réfolue de toute
éternité dans le confeil de Dieu ; nous nous tour-
. mentons en vain, nous n'en changerons point les
arrêts. S. Evr. Il ne faut point cenfurer la conduite
de la Providence , ni pénétrer fes confeils, Claud.
gtCr On appelle confeils évangéliques , certains con-
/ej'A_ que l'Evangile propofe pour une plus grande
perfedion. Ce font des adions excellentes que
J. C. nous a ptopofées , & auxquelles il a exhorté ,
fans impofer aucune obligation de les pratiquer.
Ainfi la différence qu'il y a entre les préceptes &
les confeils de l'Evangile confifte en ce que Itspré-
ceptes font d'obligation par eux-mêmes : on ne
peut jamais être fauve fans les accomplir , en quel-
qu'ctat qu'on fe trouve ; mais on peuf être fauve
fans pratiquer les confeils de l'Evangile : ils ne font
d'obligation que pour ceux qui font engagés par
vœu aies fu ivre»
Les confeils que Jesits-Christ donne aux hom-
mes en général , dit l'Abbé de la Trappe , lui
font devenus par fa vocation des préceptes indif-
penfables. Dom Ma/Ton , Général des Chartfeux ,
dans fa réponfe,pag. i s ï , dit que cette propcfition
n'eft ni véritable, ni foûtenable; que la Profelîîon
religieufe ne change point la qualité des confeils
de l'Evangile, fi ce n'eft en ce qui eft efîentiel au
vœu de la Religion , qui eft devenu d'obligation
au Religieux par la force de fon vœu.
Conseil fe dit aufll en ces phrafes : La nuit porte con-
feil; pour dire , qu'il faut rêver à une affaire avant
que de l'entreprendre. On dit aufTi , qu'un homme
ne prend confeil que de fa tête ; pour dire , qu'il
ne demande confeil à perfonne. On difoit en ce
fens de la mule du Roi Louis XI , qu'elle étoit
bien forte , qu'elle portoit le Roi & tour fon Con-
feil. On dit aufTi , à nouvelles affaires , nouveaux
confeils; pour dire, qu'il faut fe déterminer félon
les conjoncftures. On dit aufïï , qu'un homme a bien-
tôt affemblé fon confeil ; pour dire, qu'il eft prompt
à prendre fes rcfolutions.
|Cr CONSEILLER , ÈRE. f. C'eft en général celui
ou celle qui donne confeil. ConfiUarius , conjilia-
tor , co?ifî!iatrix. On le dit aufîi figurément des
paffions & des chofes qui fervent à régler l'efprit
& le cœur. Vous êtes un bon , un mauvais confeil-
ler. La colère , la néccflité font de mauvaifes con-
Tome IL
CON
if
feitteres.k l'étude des langues, le ptince des Aftu-.
ries joignit celle del'hiftoire, la fage corifillèrc
des Princes & des Rois. Mongin.
^ Le Roi a des Confeillcrs auprès de fa perfonne ,
pour l'aider dans le gouvernement de l'Etat. PIu-
fieurs , fans être auprès du Roi diredlement , por-
tent le titre de Confeillers du Roi , comme ceux
qui font auprès des Juges royaux. Quelques-uns
même, ians faire aucune fondlion de judicarurc,
prennent ce titre. Il n'y a pas jufqu'aux Notaires ,
qui prennent maintenant la qualité de Confeillers-
Notaires & Garde-notes du Roi. On a expédié
phifieurs brevets de Confeillers , Alimôniets & Pré-
dicateurs ordinaires du Roi , à des gens qui n'ont
jamais fait cette fonélion. Régis Confiliarius , ReH
à conjiliis. °
jp" Le titre de Confiller d'Etat , de Confeiller an
Roi en tous fes confeils fe donnent particulière-
ment aux Miniftres , Secrétaires d'Etat & autres
perfonnes confidérables qu'il plaît au Roi d'appe-
ler auprès de fa perfonne pour lès confulter. Foye^
Conseil du Roi. Régi fanclioribus à conjiliis. Con^
feiller au Confeil royal, celui qui a entrée au
Confeil royal des Finances. Un Confeiller d'Etat ne
doit être ni de ces gens hardis qui hafardent trop-,
ni de ces timides qui s'allarment de tout. S. Evr,
Le Prince doir autorifer lui-même par des manières
humaines la fage liberté de fes Confeillers. Id.
§Cr Conseiller fe dit aufTi particulièrement des
Juges établis poutl'adminiftration de lajuftice,
dans une compagnie réglée. A Paris , & dans tout
le reifort du Parlement", Confeiller en la Cour , fi-
gnifie abfolument un Confeiller au Parlement de
Paris. Cette qualification doit fe prendre relative-
ment au pays. Supremx Curiez , in Supremâ Curiâ
Senator.
Au temps du premier érabliffement du Parle-
ment , on appeloit Les Conjeillers , Maîtres dic
Parlement. Dans une Ordonnance de l'an i J z i ,
il y a une défenfe atix Maîtres de défemparer de
la ville , fans là permifîîoh du Souverain ; c'cft-à-
dire, du premier Préfident. Pasq. Les Confeillers de
la Chambre des Comptes ont encore confervé le
nom de Maîtres. Un Confeiller aux Enquêtes , à la
Grand'Chambre , à la Cour des Aides , au Grand-
Confeil , à la Cour des Monnoies. Les Confeillers
au Parlement ont été diftingués en Jugeurs ou Re-
gardeurs des Enquêtes , &'Enquêteurs ou Rappor-
teurs , aufTi-bien que ceux des autres corps , com-
me les Olim en font foi , & M. de la Mare le prou-
ve dans fon Traité de la Police , L. I, T. XI, c. 5,
On le dit encore des Préfîdiaux & Sièges royaux.
Prajîdialis Curiez Senator. Confeiller au Châtelet ,
au Bailliage du Palais, aux Eaux & Forêts, au
Tréfor , à i'Eleétion. Confeillers de ville , &c.
On divife encore les Confeillers en Confeillers
d'Eglite , qui font Eccléfîaftiques , & en Confeil-
lers laïques, qui font les féculiers; Les Confeil-
lers Eccléfîaftiques font appelés communément Con-
feiller s-cler es. Charles IX. par un EdiC de 1 573, créa
un Office dtConfeiller-clerc dans tous les Sièges Pré»
fidiaux du Royaume; afin qu'en qualité d'EccIcfîaf^
tique il tînt la main à ce que les droits de l'Eglife ne
fuflént point ufutpés. Les Confeillers-clercs jouifTenc
du revenu de leurs bénéfices , quoiqu'ils ne réfîdenc
pas, parce qu'ils rendent fervice à l'Eglife par l'exer-
cice de leur charge , en confervanr fes droits , & erl
veillant à fes intérêts. Les Confeillers-clercs n'afTif-
tent point aux procès criminels. II y a quatte an-
ciennes charges de Confeilier s-cler es au Châtelet ,
qui dans la fuite fe font trouvées remplies par des
laïques. La Roche Flavin obferve que la même chofe
éroir arrivée au Parlement •-, que néanmoins ces
Charges n'ont été câffées par aucun Edit ; mais
qu'autrefois de fîmplcs Clercs y ont été admis trop
facilement; & qu'ils les ont fait pafTer infenlïble-
mcnt dans l'état laïque , en fe mariant au préjudice
du ferment qu'ils avoient fait à leut réception, dç
M MMmm
2iG
C O N
prendre les Ordres dans l'année. Lors de la création
des Prclidiaux , l'on ne pcnla point à y mettre des
Clercs. Le Clergé s'en plaignit -, ies remontrances
réitérées donnèrent lieu aux Edits de création de
deux Conjiilitrs-clercs en chaque Prclidial , du mois
d'Août 1575 , & Décembre j^î;,.
gS" On appelle Cu7:jcillcr d'hon.îenr ,(it\m qui lans
être , ni avoir été titulaire d'un oîtice de ConJeilLr ,
a entrée & voix dclihcrativc dans une Cour Sou-
veraine , une Icance diltinguée au deiîus de tous ies
Co nfeilUrs titulaires. Les Conjeilkrs d'honneur ne
rapportent point , & n'ont aucune part aux cpices.
0Cr Le ConfciUer d'iioiinenr r\c,cik celui à la aignitc
duquel Ietitre6cla fonction de Confeilkr d'honneur
font attachés. 11 y en a d'autres qui ne le l'ont qu'en
vertu d'un brevet du Prince, L'Archevêque de Paris
eft Confeiller né au Parkment. Speciali quodum mu-
neris & ojficii jurd S^naior.
§CT Conseiller honoraire, celui qui après zo ans
d'exercice , vend fa charge, & obtie t des lettres
de vétérance qui'lui donnent entrée , léance & voix
délibcrative dans la compagnie , fans pouvoir ce-
pendant rapporter ni participer aux émolumens.
Saiator honorarius.
Conseiller. C'eft aulfi un titre qu'oii donne à dix
Seigneurs Vénitiens , qui , conjoinrement avec le
Doge, repréfentent le Corps de la République de
Venilé. On les appelle Confeillers de lu Seigneurie.
Conseiller. jP£V.y/o/?/2iZi>£". C'eftainfi qu'on appelle,
dsns la plupart des villes de Flandre ^ des Pays-
brSjUn gradué qui fait le rapport des procès &
donne fon avis aux Echevins &; Officiers munici-
paux qui, dans ce pays, jugent les affaites en pre-
mière inftance. Le Conjeiller Peniionnaire n'a
que la voix confultativ; , & les Juges peuvent pro-
noncer contre Ion avis.
Conseillers, en termes de commerce , s'entend des
Marchands établis dans les villes où les diverfes
nations de l'Europe ont des Conruls,& qui font
choifis pour les adiftet de leurs coniéils.
On dit à ceux qui fe mêlent de donner confeil
fans qu'on le leur demande , que les Confeillers
n'ont point de gages.
On dit, en termes burlefqucs & précieux, le
Confeiller des grâces ; '^ouï à'iie ,un miroir. Mol.
On l'appelle auffi le confeiller muet dont les Da-
mes fe fervent. La Font.
Conseiller , v. a. donner confeil. yoye:^ Conseil.
Conjihutn dure alicui , aliqtiem corïjilio juvare.
Nous ne nous contentons pas d'ordinaire de confeil-
ler nos amis , nous prétendons les régler. S. Real.
Il y a encore plus de gens qui confeillent , que de
gensdilpofcs à fuivre ies conleils qu'on leur donne.
Ae. Il cft dangereux de confeiller les Grands. Vaug.
Si ta religion eft bonne , elle ne t'auroit pas co/z-
feillé une méchante adlion , dit le Maréchal de
Matignon à un Proteflant convaincu d'avoir voulu
l'afiàrTincr. Cail. Alcibiade crut que conduit &
confeilU par l'amour , il pouvoir tout entreprendre.
VlLL.
'Aime^ qiion vous zonÇ€\\\z.,ù non pas qu'on vous loue.
^3" CoNSEilLER ( Se) à quelqu'un , exprciîion un peu
furannéci pour dire, prendre ou fuivre les coniéils de
quelqu'un. Aliquem in conjilium advocare , in eon-
Jélio habere.
Conseillé , ée, part. Conjilio adjutus , fretiis.
CONSEILLERE, f. f. fe dit dans les Communautés de
filles , de celles qui compofent le Confeil de la Su-
périeure, comme chez les Miramiones. Quand on
efl: reçue , on pa/Te un contrat entre celle qui cft
reçue , la Supérieure & fes Confeilleres. P. HiiYOT,
T. Flll^ p. 251.
CONSENS, f. m. terme de Banquier, & de Chan-
cellerie Romaine. I,e iour du confens cft le jour que
la réfignation d'un Bénéfice efl admife en Cour de
Rome , &: que le correfpondant du Banquier a rem-
pli, 5c figné la procuration qui lui a été envoyée
C O N
avec le ferment accoutumé , dont il efl fait mention
fur les dos du titre qu'on expédie en conlcquence.
Diesijuo tranjcriptaijialterumBeneJiciiEccleJialiici
pofjejjio admijfu ejt,
gC? Le confens , cunfenfus , eft proprement la note
qui eft délivrée à la Chancellerie Romaine, portant
qu'un tel Procureur conftitué par la procuration ai
refirrnandiin!,aVcyipcdhïon de la préfentelignature,
Ôvi que l'original de la procuration cft demeuré à la
Chancellerie ou à la Chambre Apoftolique. Forma-
lité inrroduitc pour obvier aux fraudes occafionnées
par les petites dates.
CONSENTANT, ANTE , adj. tetme de pratique.
Qui agtée une choie, qui confent. Confentiens. Les
contrats ne lé font point , les mariages ne fe célè-
brent point , que les patties n'en foient confentan-
tes. j'ai joui dix ans de cette terre , un tel le voyant
&: confentant , j'ai ma prcfcription acquife contre lui
par la Coutume.
la- CONSENTEMENT , f. m. Aéle par lequel on
agrée & l'on permet ce que les autres veulent, f^oyef
Consentir. Le confentement fe demande aux perfon»
ncs intérellées ■■, la pei-mi£ion au fupérieur ; l'agré-
ment à celui qui a infpedion fur la chofe dont iL
s'agit. Confenfus , conjenjio.
gCF En ftyle de Palais , le confentetheni efllêcdncours
mutuel de la volonté des parties fur un fait dontelleS
ont connoilfancc &: qu'elles approuvent. Un tefta-
ment ou un contrat de matlage lait par un confente-
ment extorqué de force , eft nul. L'éleélion de ce
Magillrar s'eft faite du confentement de toute l'Af^
femblée. U n an imi omnium conjenfu , omnibus affen--
tientihus. Point de contrat fans le confentement des
parties. Les Moines nelbrtcnt qu'avec la permifjîon
du Supérieur. Pour acquérir une charge à la Cour ,
il faut l'agrément du Roi.
§Cr CoNSENtEMENT fe dit aufll en logique & eh mo-
rale pour acquièfcemenr. Affenfus. L'ame ne peut
refufer l'on confentement à tout ce qui patoît revêtu
du caraétère de l'évidence. On doit peu eftimet le
confentement téméraire d'une mulritude , qui fuit
plutôt fes intérêts que fes lumières dans le choix des
opinions.
0Cr Le confenterfient eft exptès oti tacite, ou préfumc
ou fuppolé. Le confentement univcrfel de l'Eglife
eft une preuve de la vérité de notre foi.
§3' Consentement, terme de Médecine. Voye:^ Sym-
pathie.
ÇCF CONSENTES , f. m. pi. terme de Myrhologîe.
Les Romains appcloient ainlî des Dieux du premier
ordre , mais dont les noms étoienf cachés & incon-
nus. Confentcs. Les infcriptions nous apprennent que
parmi les confentes il y avoit non-feulement des
Dieux, mais aulîi des Décffes. Vairon dans Arnobe,
L. III, dit que ce nom venoit des Etruriens , qui les
appeloient auili complices ; mais on eft partagé fur
la railbn qui leur lit donner ce nom , &c fur fon ori-
gine & fa iigniiicarion. Quelques-uns veulenr que
confentes l'oit la même chofe que confentientes , &
qu'ils ont été ainli nommés, parce qu'ils éroienr tou-
jours d'accord dans ce qu'ils promerroienr rous de
concert. D'autres prétendent que confentes eft la
même chofe que confulentes , &: que la raifon qui
leur fît donner ce nom , eft qu'ils étoient les Con-
feillers de Jupirer. Varron le dit en effet dans Ar-
nobe; mais il apporte une autre raifon de ce nom^
c'eft , dir-il , qu'ils nailîbienr & qu'ils mouroient en-
femble , quodunà oriantiir , 6* occidant K/zi. Junius
croit que ce nom vienr de l'ancien verbe confo, conjîs,
qui lignifioicla même chofe que confulo. Il y avoir
douze Divinités confentes , lîx Dieux & fix Dée/fes j
& Vatron dit qu'ils avoient peu de pitié , miferatio'
nisparciffima:. On dit communément que ces Dieus
confentes étoient ceux qu'Ennius a renfermés dans ces
deux vers,
Juno, Vefla, Minerva-, Ceres, Diana, Venus, M.^rs,
Mercuriu», Jayis , N:ptiinus, Vulcanus ,Apono;
CON
que CCS douze Divinités prcfidoient chacune à un
mois de l'année , ainlî qu'il cil: marqué dans un an-
cien Calendrier des Paylan^ Romains, qui i'e voit
Ibr un marbre au Palais Farnele. Mais comment igno-
roit-on les noms des Dieux coJijantss \ Comment
étoit-il défendu de les l'avoir , ii c'étoient là leurs
noms J Comment Jupiter ie trouve- 1- il parmi les
Conlcillers de Jupiter ? Scaligcr lur Fellus remarque
que les Di ux conjhites étcient des Dieux de famil-
les. Foyei aulfi Vigencre lut Tite-Live.
^3' Il y avoir encore douze Divinités que les anciens
rcconnoiflbient pour celles qui avoient le foin parti-
culier des chofes nécellaires à une vie tranquille &
hcureule. Jupiter & la Terre croient révérés com-
me les Prorecteuts de tout ce qui eft à notte ufage.
Le Soleil & la Lune , comme les modérateurs des
temps: Cerès& Bacchus , comme les difpenlateurs
du boire & du manger : Bacchus & Flore,commeles
confervateurs des fruits & des fleurs : Minerve &
Mercure, comme les protedleursdes Beaux-Arts qui
pcrfeétionnentrefprit , & du Commerce qui entre-
tient èc augmente les richeiîes •, & enfin , Vénus &
le fuccès , comme les auteurs de notre bonheur &
de norre joye , par le don d'une nombreufe lignée
& par l'accompliflement de nos vœux.
^CFLes Grecs joignirent à ces douze Divinités Alexan-
dre-le-Grand, comme le Dieu des conquêtes -, mais il
ne fut pas reconnu par les Romains qui avoient tranf-
portc les douze autres de Grèce en Italie , où ils
croient adorés dans un Temple commun qui leur
avoir été con;'acré à Pile.
^ CONSENTIES , ou CONSENTIENNES , adj.
pris fubfi:ancivem?nt , terme de Mythologie. Con-
j'entia. Fêtes à l'honneur des Dieux confentes •■, fêres,
dit Fcftus , infiiituées par le confentcment de plu-
lîeurs perfonnes , c'efl-à-dire , lelon Scaliger , de
toute une famille : car cet auteur, dans les Nores
fur le mot de Fejius^ prérend que les Dieux cvnfentes
croient des Dieux que chaque famille fe choiiiiîbit ,
6^: k-s Fêtes coiifenticnnes , les fêtes &: facrifices que
chaque famille leur faifoit i car, outre les Dieux gé-
iiéraux , &l les têtes publiques , chaque famille avoir
fes Dieux tutélaires, fcs patrons, les fêtes &: fcs fa-
crifces particuliers.
^"T CONSENTIR , v, n. c'efl: agréer &: promcttte
ce que les autres veulent, Jfflntire , afentiri. Les
mots confe/nir, aquicjcer, adhcrcr> tomber d'accord-,
font fouvcnt très-fynonimes dans la bouche de ceux
qui s'en fcrvcnr. Mais il femble que le mor àzcon-
JfwnV fuppoie un peu de fupérioritéj que celui d'^z-
çuiejcer emporte un peu de ibumilfion ■, qu'il entre
dans l'idée d'adhérer un peu de complaifance -, &c
que tomber d'accord marque un peu d'iverfion pour
la difpure. Les parens conjencent à rétabliCcment
de leurs enfans. Les parens aquiejcent au jugement
d'un arbitre. Les amans adhcreut aux caprices de
leurs maîrrefles. Les bonnes-gens tombent d'accord
de rout. M. l'Abeé Girard. On s'oppofe aux cho-
fes auxquelles on ne veut pas confentir.^
C'efl: une maxime de Droit.Qui fe taîtjfemble con-
fentir . c'efl là-deifas qu'eft fondée la prelcription ,
la tacite réconduaion. Dans les contrats de mariage,
on met toujours cerre claufe , fi Dieu & norre Mère
la Sainte Eglife y consentent.
^ Consent», eft un verbe neutre qui régit le datif.
Je confensà votre demande, à donner, &c. On
• ne dir poinr consentir quelque chofe , mais à quel-
que chofe.
ta» Il efi: vrai qu'on viole cette règle au barreau ou l'on
dit à Vziklfconjentir une vente , confcntir l'adjudi-
cation d'une terre , &c. Mais, dit Voltaire , le ftyle
du b-irrcau eO: celui des batbatifmes,
CONSENTI , IE , put. Il n'a d'ufage qu'au Palais.
Pacliis, a, um. Appointement co/z/e/z/i par les par-
ItrCONSEOUEMMENT, adv. qui fe prend dans
différentes (isrrif cations. Quelquefois il ferr à mar-
quer la fuire des idées lices les unes avec les aurres ,
la jufte liaifon des propofitions les unes avec les au-
CON
827
très. C'eft dans ce fens qu'on dit qu'un homme rai-
fonne confcqucmment. Voyez Liaison.
0CF Quelquefois il fert à marquer la conformité de
l'aâionavec la caufe qui nous fait agir. C'eft dans ce
fens qu'on dit qu'un homme parle, agit conféquem-
ment ■■, pour dire , conféquemment à fes vues , à fes
principes. Voye^ Conformité.
|fc? Quelquefois il lignifie , par une fuite raifonnable
&: nécciJaire. Si je me porte héritier pur ôc limple ,
je ferai conféquemment chargé des dettes de la fuc-
ceHion. Couj'equenter.
tfT CONSÉQUENCE , f. f. conclufion , lignifie en
général une dépendance d'idées, dont l'une eft la
fuite de l'autre. Confecutio -, confequentia. La plia-
part des gens font plus portés à aquiefcer à des preu-
ves de fentiment, qu'à fuivre le fil d'un infinité de
conjéquences enchaînées avec méthode. Bayl, Un
dogme (i abftrait ne peut être compris que par un ef^
prit accoutumé à fuivre un raifonnement de consé-
quence en conséquence . S. Evr.
fjcr Conséquence fe dit en Philofophic dans une fî-
gnification plus étroite,pour marquer la liaifon d'une
propofition avec les prcmiiiés dont on l'a tirée :
d'où il eft évident qu'il n'cft pas nécefTaire que les
prcmillcs foient vraies, pour que la conséquence foie
bonne , parce qu'elle peur être rrès-bien tirée de
propofitions faujfes. Or , la confequence n'eft que
la liaifon de la propofition déduite avec celles
dont elle eft déduite. Ainliil y a liaifon , ou il n'y
en a point, c'eft-à-dire, que Iz. confequence eft bien
ou mal déduite •, 6c dans ce cas on l'accorde , ou on
la nie , mais on ne la diftingue point. Il eft évident
encore que la confequence eft bonne ou mauvaife ,
mais qu'on ne peur pas dire qu'elle eft vraieou f'aufîe
Voyci Conséquent, Conclusion, Sv llogisme.
gCT Conséquence fe dir encore de la fuite des chofes
des fuites qu'une adion ou une chofe peut avoir.
C'eft par la rail'on que l'homme voir les conjéquences.
Fer rationem homo confe^^ueniia ctrmt. Ciccron en-
tend qu'à l'aide de la railbn l'homme découvre la
fuite des chofes. Cette chofe peut avoir d'cttmges
confequences.Ex eâ re confequi, nafcipofjunt. Exem-
ple d'une dangcreufe confé-^ucnce. On dir dans ce
fens qu'une chofe tireroit à confequence , pour dire ,
qu'il f'eroit à craindre que d'autres ne s'en prévalut
l'cnr.
ÇCF Conséquence fe dit aufTi dans le fens de confîdé-
ration. Gravis , ma<^ni momenti , ponderis. Ainfil'on
dit un homme de confequence , de peu de confe-
quence. Un emploi , une place de confequence. Une
affaire de nulle conjéquence. Une terre de confe-
quence.
ffT Conséquence, ( Sans ) façon de patler adver-
biale , dont on fe ferr en divers fens. On le dit quel-
quefois pour marquer qu'il ne faut pas prendre à la
rigueur ce que dit ou fait quelqu'un accoutumé à dire
ou à faire ce qui lui plaît, fans aucun inconvénient i
qu'il ne faut pas fe formalifi:r des libertés qu'il prend.
Tout ce qu'il vous dit eft fans confequence , vous ne
devez pas vous en fâcher.
irr En marlères de galanteiic , quand on dit qu'un
homme eft fans confequence: on entend que fon âge
& fa réputation le mettent à couvert de tout foup-
con.
Dcr Dans le difcours ordinaire , un homme fans con-
fequence, eft celui qui mérire fi peu de confidération,
qu'on ne doit pas prendre garde à les difco urs.
§Cr On le dit auffi en parlant de certains privilèges
qui font tellement attachés à certaines perfonnes ,
que les autres ne peuvenr pas fe prévaloir de ce qu'on
fair pour elles. Les honneurs qu'on lui a rendus dans
telle occafion , font fans confequence poui d'autres.
Ip' On dir qu'une grâce eft fans confequence ; pour
dire, qu'elle ne doit pas être prife pour exemple.
Exemplum ex aliquâ rejumere, capere.
0Cr Conséquence , ( En ) Autre façon de parler ad-
verbiale , qui lignifie par une fuite néceflaire, natu-
relle. Comme la matière n'agit au'en confeqiunce des
M M M m m ij
82.8
C O M
loix que Dieu a établies ,il en connoît tousles effets,
^ On dit aulfi , j'ai reçu votie lettre , &c j'agirai en
confcijvcnce , ou avec un régime, en conja^uaice
de ce que vous me mandez , en conjcquejice de vos
ordres ■■, pour dire, coniormément,
|p= CONSEQUENT , 1". m. ou adj. pris fubftantive-
ment , terme de Logique , par lequel on dcligne la
ieconde partie d'un argument appelé cnthymcme.
Co7iJ'e.j'uent. Un enthymème eft compolc de deux
propolitionsjdont la première s'appelle a/uécédent,Sc
la Ieconde confe^juera. C'eiT: la propoiition qu'on dé-
duit ou qu'on' infère de l'antécédent, des prémifles
d'un railonnement,
it^Il ne faut pas confondre conséquent 8c conféquence.
Le confiqucnt eft la propofition déduite de l'antécé-
dent, prife matériellement ou abfolument. L^.con-
Jeqacnce eft la liailbn du confcqnent avec l'antécé-
dent. Dieu eft infiniment parfait; donc il eft infi-
niment bon. Si je conlidère cette propofition, Dieu
eft intîniment bon, f mplcment félon la chofe qu'elle
exprime, c^^unconjïquenf.Sï je la conlidère en
tant qu'on la conclut de celle-ci. Dieu eft infiniment
pari'\iit,en tant qu'elle exprime la liailbn qui fe trouve
entre ces deux propolitions ; c'eft une conféquence,
|Cr Le conséquent peut être vrai , quoique la
conféquence Ibit mauvaife. Si Je dis , par exemple ,
tour cercle eft une figure ■■, donc il eft rond , ce con-
féquent donc il eft rond, eft vrai , puifque le cer-
cle eft une figure ronde ; mais la conféquence eft mau-
vaife 5 c'eft- à-dire , qu'il n'y a point de liaifoh entre
le ccnféquent & l'antécédent ; c'eft-A-dire, de ce que
- le cercle eft une figure ; on ne peut pas inférer que
ce foit une figure ronde. Voye^;^ Conséquence.
IJQ^On ciiftingue le co^yc^^r/^nr lorfqu'il eft' équivoque,
& fulceptible de dei'^ fens dans l'un dcfquels il eft
vrai , &: faux dans l'autre. Dans le fens vrai du con-
jéqiient , on accorde la conféquence , c'eft-à-dire ,
qu'on convicnr. Le conféquent eft bien déduit de
l'antécédent en le prenant dans tel fens : dans le fens
faux du conféquent , on nie la conféquence , c'cft-à-
dire , on nie qu'il y ait conféquence ou liailbn entre
l'antécédent & le conféquent , entendu dans tel fen<;-,
maison ne diftinguc jamais lu confequence,p3iïce qu'il
y a liaifon entre l'antécédent 3c la conféquence , où
il n'y en a point. Dans le premier cas la conféquence
eft bonne; dans le fécond elle eft mauvaife ; mais on
ne doit pas dire qu'elle eft vraie ou faulle.
f^ Conséquent, en termes de Mathématiques , fi-
gnifie le fécond terme d'une railbn, d'un rapport.
Dans le rapport de /^ .\ c , la grandeur c eft le
conféquent. Voyez Rapport , Raison , &c,
CONSEQUENT , ENTE , ad], qui agit , qui rai-
fonne confcquemment , avec jufteUc. Les Poètes ne
font pas toujours fort confequens : ils difent le pour
& le contre, félon que l'imaginarion le leur pré-
fente ; & comme ils ne penfent pas d'ordinaire par
principes, il ne faut pas s'étonner s'ils fe condam-
nent quelquefois eux-mêmes , fans s'en appercevoir.
M. DE LA Motte. Dijc. fur Homère, M, l'Abbc
Houtteville , dans l'éloquent difcours qui précède
Ton Traité de la Reliffion Chrétienne ■, prouvé par les
faits , parle en ces termes de l'Apôtre Saint Paul :
à juger de lui par les ouvrages, c'étoit un gcn'e fu-
périeur , vif , folide, co/;/è.///^«f ,& lumineux. Pre-
nanr toujours le plus haut point de vue , ils'élevoit
jufqu'aux premières vérirés. De-là toutes leurs fui-
tes, toutes leurs branches le montroienrà lui , ran-
gées comme par ordre , & perfonne auifi n'a jamais
fi'bien fair voir les conclulîons renfermées dans leurs
principes. On peur voir par ces deux exemples
cirés avec un peu d'étendue , quelle eft la figni-
ficarion S; la force du terme conféquent , qui pa-
roît heureufement inventé. Si Defcartcsfe trompa,
ce fut au moins avec méthode & avec un efprit con-
féquent. On appelle efprit géométrique , l'efprit
méthodique & conféquent. Lettres Philofopliiques.
Pour fuivre Defcartes &; Newton , il faut un efprit
préparc par des connoiflances préliminaires , ^ui ne
CO M
font pas communes , un efprit pénétrant, judicieux,
conjequent , qui n'a pas cte donne a tout k u.onae.
Otj.fur les ter. mod. t. i^ , p- i^o, L,Lmc co,je-
quent, efprit conjequent, eft une expr^iiion lus-
jufte & très-ufitcc. Le FreJervatiJ , oiit.iui..jue des
Olfervations fur les Ecrits mod. p. it>.
Conséquent , ( Par ) adv. donc, conféquemment ,
par une fuite néceiiaire, ouranonnable. id^o,i'^i.iur,
at^jue ade'o , ob eamreni , itaque. Le loleil cciaire,
par conféquent il eft jour. Si l'on agit bien dans les
aifaires publiques , on orfénlcra ks hommes: lil'on
y agit mal, on oifenfera Dieu , ôcpar conjequent on
ne s'en doit point mêler. Port-R.
Cette façon de parler adverbiale fc met quelque-
fois abfolument dans la converiàtion , &: alors on
foulentend la conclufon qui réiulte naturellement
de la première propofition. Vous m'avez donné vo-
tre parole , & par conjequent ; pour dire , & par
conjequent vous êtes obligé de la tenir. Acad. Fr.
Mauvaife locution.
CONSÉRANS ou COUSERANS. ( Le ) Contrée de
l'rance , dans la Gafcogne , cnrre le Comté deFoix
au levant , celui de Comminges au nord (?i au cou-
chant, & la Catalogne au midi. Conjoranni , Con-
Jbrannus ager. Ce nom vient de celui de lés anciens
habitans nommés Conforannicns. Pline en parle ,
L. ly, ch. ifj. Leur ville eft appelée dans les ancien-
nes notices la Cité des Conloranniens , Conforan^
norum civitas \ c'eft la cinquième des douze villes
de la Novempopulanie. Aujourd'hui elle s'appelle
S. Lizier ou Lezier de ConJerans. Fanum S. Licerii
in Conjorannis. C'eft un Evêché fuftragant d'Auch,
Le ConJerans a eu titre de Comté. JeanArnaud a'Ef-
pagne j chef de la mailbn de Montelpan , le polîéda
avec ce titre. De lis defcendans il p :iîa à Elchivat,
Comte de Bigorre , dont Simon , Comte de Mont-
forr, fon oncle hérita. Ce dernier céda eniuite Ibn
droit .à Thibaut VII , Roi de Navarre. On prononce
communcmcm Cvnji.rans , &: quelquefois Cojerans
en Gafcogne. M. de Marca, dans fon Hijl. de t>earn^
L. I , ck. 5 &: fj , écrit toujours ainfi. Le Comcnge
& le Cojerans confinent avec les trois Cités de Toii-
loufe , de Carcalîbnne & de Narbonne, fuivant l'an-
cienne étendue qu'elles avoicnt du temps de l'Em-
pire Romain. De Mapca. La Capitale du ConJerans
crt appelée S. Lezer , à caulc de Glycerius , Evêque
de Coi.fr ans , recommandable par fa fainteté. Id.
CONSERVATEUR, f. m. celui qui conferve. Con-
Jervator. C'eft Dieu léul qui eft notre conjervateur.
Le Roi eft le conjervateur de la fociéré.
Conservateur, (Juge ) eft celui qui eft érablipour
conferver les Privilèges accordes à certains Corps,
ou qui a une commilfion pour juger de leurs diffé-
rends. Judcx Conjervator. Les appellations des or-
donnances des Co7iJérvateurs refforti lient au Parle-
menr. Il y a à Lyon un Juge Conjervateur des Pri-
vilèges des Foires de la ville. Le Prévôt de Paris eft
J hge Conjervateur des Privilèges de l'Univcrfité.
Cette qualité fut annexée à fa Charge par Philippe
de Valois en 1 540. Il y a d'ordinaire deux Conjérva-
teurs dans chaque Univerfité ; Iq CoTifervateur des
Privilèges Royaux, c'eft-à-dire, ceux qui ont cré
accordés par les Rois , & le Conjervateur des Privi-
lèges Apoftoliques, c'eft-à-dire, (^e ceux qui ont
été accordés par les Papes aux Univerfités. Le Con-
fervateur des Privilèges Royaux connoîr des caufcs
perfonnelles & mixrcs des Régens, des Ecoliers,
& des Suppôts de l'Univerfité , 6c même du poilèf-
foire des bénéfices. Le Confervateur Apoftolique coftJ
noît des matières fpiriruelles entre perfonnes Ecclé-
fiaftiques. Si le Pape délègue des Juges Confervateurs
pour quelques caufes particulières, ils doivent être
Eccléfiaftiqu°s, & commis pour choies qui concer-
nent les Ecclélîaftiques.
On nommoit autrefois des Confervateurs des
Traités de paix, ou des trêves qui fe fàifoient en-
tre les Princes. Ils dévoient être Juges des infrac-
tions (jui le feroient aux Traités , & étoient changés
C O M
d'en foire faire fatisfadion. Cctoit un ancien ufajp
en France , & dans les pays circonvoifins , où .t
lieu qu'aujourd'hui on s'adrclîë à des Princes ctrai
gers pour être garants des Traites , c'ctoient k
tèudataircs des Princes mcmes qui l'ctoient de p,:.
&c d'autre , & qui s'obligeoient même ibuvent
i'c déclarer contre leur propre Seigneur , au c.
qu'il violât le Traité. P. Daniel. T. 11 , p. i^/
Sous Louis XI, cet ufagc tut encore oblervc .:i
Traité de Lens.
Conservateur. ( Grand ) Nom d\ine dignité dai-
i'Ocdre de Malte. La charge de Gr.uiJ ConJer\'ariui
eft attachée à la Langue d'ArraL^on. Vertot. Le
Gtmà fonfjivauur àc Malte c\\ le Confervateiu
du trélor commun dont il doit empêcher la diifi-
pation, & faire la diftribution néceUaire. Il pear
être Chevalier ou Chapelain & Servant. On l'ap-
pelle :i\il\\Co!2Jervacciir géncral.Le Confcrvaisia 2:c-
néral eft change à chaqlie Chapitre général. lia J'nc
efpece dlnlpedcur qu'on appelle le Prud'homme
du Coiifefvateur.
IP* Conservateur des Hypothèques efî un OfÉcier
delà grande Chancellerie, qui garde les rôles d s
oppolitions qui Te font au Iceair, aux lettres de ra-
nfication de la vente des rentes lur l'Hôtel de Ville
CONSERVATION, f. f. adlion par laquelle une
choie eft conlervce , l'efFet qui rel'ulte de cette ac-
tion, Co7ifervano , falus. On doit préférer là con-
jervanon de l'honneur à Celle des biens. Dès que
l'un des membres eft en péril , tous les autres con-
courent à fa tonjervation-, fans avoir beloin des or-
dres delà raifon & de la volonté. P. Dan. Si l'on
ne peut pas remonter jufqu'à la fondation des Etats,
pour en rcpréfentet la conftitution originaire , l'on
ne peur contefter que Izconfervaùon mutuelle n'en
ait été le motif univerfel. Ben. Le corps follicite
faiis celfe l'ame à la recherche des chofcs nécc.Taircs
à fa conj'nvation. Maleb. L'attachemeiit des hom-
mes pour la vie les a rendus vigilans pour leur con-
fervauon , Se les a. appliques à \iifcerner les chofes
qui peuvent hâter ou reculer la mort. Le Cl. On
doit fuppofer que c'eft une convention tacite, que
les hommes ne fe font afîémblc; en fociétc que pour
îcur confervaiion commune. S. Ëvr.
Conservation fe prend particulièrement pour l'ac-
tion par laquelle Dieu coni'crve toutes chofes. ylc-
tioconfervativa , ccmferv.ms. Quelques Philofophes
difent que la confervation des chofes n'cft autre
chofe que la continuation dé raClion par laquelle
elles ont été produites. Sans la confervation tous
les êtres retomberoient dans le néant. Voyei Con-
server,
CoNsr.RVATioN , terme d'Antiquaire Médaîliifte. Il
fignifîe le bon état , la perfedion , l'intégrité d'une
médaille , que le temps n^a point ufée, n'a point
rongée ; dont toutes les figures , tous les trais , toute
l'infcription , toutes les lettres l'ont bien cônfervécs.
Integritas. Les médailles dii Cabinet du Roi, font
d'une confervation charmante. Une belle conferva-
tion. Il y a diffcrens degrés de confervation , une
confervaiion plus , ou moin: belle. Voilà une mé-
daille d'une grande confervation. Celles-ci font en-
core d'une aiîez bonne Confervation.
ff? Conservation de Lyon , juridiétion établie en
la ville de Lyon, pour la confervation dos Foire:
de certe ville , & pour juger de toutes les contefta-
tions qui naiifent à l'égard du Commerce oii des
payemens .à faire àu>: échéances des quatre Foires
de Lyon , de tout ce qui a rapport au commerce ,
lettres de répi , banqueroutes* faillites , déconfi-
tures , &c. ce Tribunal juge en dernier relfort , juf-
qu'à la concurrence de 500 livres , & au delfus de
cette fomme, les Sentences font exécutées pat pro-
vifion , dans toute l'étendue du Royaume , fans
qu'il foit befoin de vifa ni pareatis.
CONSERVATOIRE, f m. Hôpital fondé à Rome
par le Cardinal Baronius , pour y retirer de pauvres
filles orphelines. Confervatorium Certe maifon f u
bâtie proche l'Eglife de Sainte Euphémie, & s'ap-
C O N 8î5
f pelle le Confervatoire de Sainte Eupîiémîe. Lés On^
phjlmes de Samte Euphémie font élevées dans IcuÈ
tonjervumrefons la direction de quelques femme»
picufes.P, Helyot , T. Fil, p. 107.
.onservatoire , f m. Maifon où l'on retire des fille<.
bc des icmmes pour les préferver de la dcbaUche.
Conjervatorium. Il y a de ces Conferv Moires ert
itahe. Le Lonjervacoire de la Splendeur des Vicrcres
a NapleS. °
:onservatoire, f (.c^i la même chofe que Con-^
(Cl vation, Tribunal , fiège d'un ConfervateUr des
Droits de quelque Corps , comme d'Une Univcrfitéj
tonjervatorinm ,<:onfervatio. Juçes Mai^iftrats aiî
Bailliage, Confervatoire & Siéue' Prélidiai. Un ar^
rctdu Confeilde 16^^ dit: Vu la requête conte^
nant qu'ils exercent la juftice au (iège de la Cè-i^
Jervatoire, Bailliage & Préfidial. OÎl trouve dans
urt procès-verbal d'éleélion de i^CS ,que le Lieu-
tenant à la Confervarion prenoit le titre de Lieu-
tenant-Gcncral .à la Confervatoire > & qu'il avoic
un Lieutenant particulier. Delambon,
CONSERVATRICE, f t\ celle qui conferve , quî
garue , qtii ptend foin des chofes qui lui l'ont con-
fiées, aw/in^^/r/.r. Cette Dame eft \:i confervatrice
du bien de certe Abbaye. Nousavon-, bien de To-
bligation à cette Princelfe , c'eft notre conferva-
trtce. ■^
Cox'servAtrice , furnom qu'on donnoit à Junon , &
lous lequel elle eft défignée dans les médailles pac
un cerf, parce que de cinq biches aux cornes d'or ;^
& plus grandes que des taureaux , que Diane poUr=
fuivoit un jour dans les plaines de la Thelfalie , elle
n'en prit que quatre , & la cinquième qui fut fauvée
par Junon , devint le fymbole de cette Décile ,
lous le nom de Junon Confervatrice. Servatrix.
CONSER.yE , f. f. confiture fêchc qui fe fait de plu-
sieurs pâtes , ou fruits , ou fleurs , ou de racines ,
le tout mêlé avec une certaine quantité de fucre
poiir les rendre plus agréables au goût. Flores, fruc-
tus\jaccharo conditi. Covferve de rofes, Rofœ fac^
cbaro conditœ , &c. d'orange , de citron , de pifta-
ches , de grenade. Les Médecins , fous le nom dé
conjerve, comprennent toutes fortes de confitures
de fleurs , de fruits, femences, racines , ccorcesi
feuilles , foit liquides , foir fèches , faites avec dii
fucre ou du miel , pour conferver long temps lés
qualités des fmples.
Conserves, en termes d'Optique, fe dit de certaine
elpèce de lunettes qui ne groifilfent pas les objets,
mais qui affoiblilîcnt au contraire la trop grande
lumière qui en rejaillit , & qui pourroit oifenfer
la vue. Les gens fur l'âfre (c fervent de ces lunettes,
Conjpicillium tuendis & confervandis ocnlis adhi-
bitum.
CoNS ERVE , en termes de Marine j fe dit des vaifleaus
qui votit en mer de compagnie pour fe défendre ,
s'éfcorter & fe f courir les uns les autres. Fœderatce
naves , curfum eiimâem tenentes, H eft parti dix:
vajlfeaiix qui vont de conferve. On dit aulîî dans le
même fens j aller de flotte, ou bailler Cap à un au-
tre vailfeau , ou l la flotte; On dit dans le mémd
fens que deux vaiffeaux font de conferve ; pour dire,
qu'ils font toute enfemble. Acad.'Fr.. Les Navjr;,'s
chargés de marchandifcs de prix font obiii'-cs dt
Inarchcr de flotre, de fa're conferve, de faire cap , 8i
de^ s'attendre les uns les autres , & ne doivent
point partir qu'ils n-' Ibient du mo'ns quatre. Ils
doivent élire entr'cux un Vice-Amîr.il , ^ faire
ferment de s'entre -fecourir , fuivant les Ordon-
nances de la Marine. Naves itineris fociœ.
Conserve , en terme de Fortification , eft la m*me
chofe que ce qu'on appelle cuntre<:;arde. Pmfldinm.
Conserve ,eftaulli un réfervoir d'eaux , pour 1 s dif^
rribuer par des aqueducs. Receptaculum , caJleUurn,
felo'i B'ihée.
CONSERVER , v. a. fp- par rapport à Dieu , c'eft
foùtenir les chofes qu'il a tirées", du néant, em-
pêcher qu'elles ne rentre dntans le néant, fait que
cette adion foit une création continuée , renoii->
8jo CO N
vellce à chaque inftant , comn-.e le prétendent quel-
ques Philolbphes, Ibit que dès la cccaticn même,
Dieu aie donne à chaque être la faculté de conler-
ver loa cMifcence , dans laquelle il le laifle prclcvc-
rer, iulqu'à ce qu'il juge à propos de le détruire
par un acte auHi poiîtit' que celui de la création ;
opinion qui ne répond pas ailéz à l'idée que nous
avons de la Souveraine puiflance de Dieu , tk paroit
rendre rhommc indépendant , &c anéantir la pro-
vidence. Quelle que ibit cette aélion , les créatures
n'exiftent que parce que Dieu les a tirées du néant ,
elles ne perléverent dans leur exiftcnce que par
une volonté efficace de Dieu , de par une opéra-
tion qui inHue direélement fur leur exiftence
continuée. Confervare.
^T Conserver, par rapport aux créatures , c'efl: ap-
porter tout le loin néceliaire pour ioûtenir Ion
exiftence , ne rien faire qui puiflé la détruire ou l'al-
térer, & faire de fon mieux pour exifter le plus
long temps qu'il cft poOible. Nous avons tous un
delîr naturel de nous conferver, S.Lvk. Ceft une
des loix principales de la nature. C'elt un traité
que nous avons fait avec la Société par les rap-
ports que nous avons contradés avec elle ,' rap-
port que nous ne pouvons plus difîbudre fans in-
juiiice. Conferver , par rapporr aux choies qui font
à notre ufage, c'eft apporter tout le foin néceflaire
pour empêcher qu'une chbfe ne fe gâte , ne dépérif-
fe. Conjemr fes habirs , les meubles , des fruits.
On le dit avec le nom perfonnel ; pour dire, que
les choies durent , ou ne durent pas beaucoup ;
qu'elles périflent ou fe corrompent bien vite. Les
vins fumeux fe confervent long tem.ps. Les fruits
d'été ne fe co7ifervent pas. Vin qui fe cojiferve
long temps. Vinum pererme.
On dit d'une femme qui eft encore belle , quoi-
qu'un peu âgée , qu'elle fe confervs bien , qu'elle
a bien coiifervé fon teint ; & au contraire d'un
homme qui cft malade pour faire fouvenr des
excès , qu'il ne fe conferve point. La fanté eft un
bien lî précieux , qu'on ne fauroit trop fe co7i fer-
ver , ni trop fe ménager. Curare valetud'mem.
On dit, cowjèrver fes terres , les terres des autres,
fon pays , &c. c'eft en général les garantir de tout
ce qui peut y apporter quelque dommage.
Conserver fe dit aufli en chofes morales Se fpiri-
x\it\\z'i.'Se<vare,covfervare t tueri. Cet homme a
conferve Ion bon fens , fa mémoire jufqu'à fa der-
nière vieillefle. Il a conservé fon crédit , fon auto-
rité, les droits, ^c. empêcher qu'on y donne at-
teinte : il a confirvé fon amour, fa colère, fa ven-
geance, fon orgueil, &c. Conferver fon honneur,
fa répuration , maintenir fans aucune râche.
Je ne m'étonne point , qu'en ma. tendre jeuneffe.
Mon cœur des paffions ait fuivi la fureur ■■,
Mais ce quime furprend ,c^efl de voir m.on erreur
Se Cox\iziv^x dans mavitilleffe, L'Ab, Têtu.
On dit aullî , qu'un homme s'eft conferve en-
tre deux partis \ pour dire , qu'il eft demeuré neu-
tre , également ami de l'un & de l'autre.
IJ3" Conserver, en patlant des troupes , eft oppo-
fé à licenticr : à la paix on licentia tels & tels ré-
gimens , on n'en confervac^ue tant.^oy^^LicENTiER.
Conserver. En tetmes de Marine. On appelle con-
ferver un vaifleau , le fuivre de près, ne le point
pierdre de vue. Le grand venr & l'agitation des
vagues m'obligèrent de co7//irvtrr ces trois vailleaux
pendant deux jours ; au bout defquels j'étois fur
le point de hazarder un combat inégal. Du Guay-
TROuiN. Nous découvrîmes pendant la nuit une
flotte de trenre voiles , nous la confervâmes juf-
qu'au jour. Id. Pendant la nuit un vaiifeau pafla en-
tre mon camarade &c moi : nous revirâmes fur lui ,
& le confervâmes jufqu'à la pointe du jour. Id.
Conserver , au jeu de Triétac , c'eft pouvoir jouer fon
coup fans dégarnir aucune des cafés qui forment
le plein. Autant de fois qu'on conferve , on doit
C O N
marquer quatre ou lix points avant que de jouer
fon coup. On marque lix points, quand oncoyijer-
ve par agublet , &'. quatre, quand on conferve par
(impie. Lonjerver par impuidancc. On conjervc par _
impuiliance le plem du petit ou du grand jan , du
jan de retout, &. de la pile de mifcre, quand on
ne rompt pas faute de pouvoir joiier. On marque
également comme li l'on conjervoit en jouant ,mais
l'adveriaire marque deux points pour chaque dame
non jouée. Conferver par privilège. Quand un
joL:eur a fon jan de retour plein , 6^: toutes fes da-
mes dedans , s'il fait un coup qui pourroit être
joué par les dames furnuméraires , lî le tablier
avoit une fiche de plus , il conferve par privilège ,
il prend le bord du tabliei pour une flèche , & y
met la dame ou les dames furnumicraircs. C'eft le
privilège du jan de retour.
CONSERVE ,,EE. parr, Confervatus , fervatus.li a
les ufages & la lignification de fon verbe.
Outre cela conferve eft un terme de Médaillifte,
qui fe dit des médailles antiques , que le tem.ps
n'a point ufées , rongées , gâtées , qui font entières ,
dont les figures font bien marquées , fe diftin-
guent bien. 11 eft oppofé à frufte. Integer , incor-
ruptus , illtefus. Cette médaille eft rare , c'eft dom-
mage qu'elle foit fi mal confervée. Cette autre
plus commune eft aufll mieux confervée. Il y a
des Empereurs , donr les médailles font prefque
toujours bien confervees , & d'autres dont les mé-
dailles le font communément très-mal. Cela vient
apparemment de la qualité &: de la fonte du mé-
tal. L'or eft toujours bien conferve , & l'argent prêt
que toujours ; mais le bronze eft fouvent frufte.
On le dit de même des tableaux qui ont encore tout
leur éclat.
CONSÉVIUS , f. m. terme de Myrhologie. Nom
d'un Dieu des Romams. Conjivius. C'étoit le
Dieu qui préiîdoit à la conception des hommes,
dit Tertullien , ad Islation. L. II, c. 1 1. C'étoit
le même que Janus; car Macrobe , Saturn, L. I,
c. 9 , dit que Janus s'appeloit Conjivius, Se que ce
nom lui venoit à confcrcndo , parce qu'il préfîdoit
à la conception , confcrcndo , id eji , à propagine
oencris humani quce Jano aucîore conferitur ; ou
commie parle Tertullien, qui confationiius concu-
hitalibus profit.
CONSÎDENCE, î.?. ternie dogmatique, qui fe dit
de l'affaiifement , & de l'abaifîement des chofes
appuyées les unes fur les autres. Sedimentum.
Perr. Efj. de Phyf Ainli lorfque les parties de l'eau
qui font élevées dans les vagues s'abailfent pour
revenir à leur niveau , on dit que cela fe fait pat
confidence.
CONSIDÉRABLE , adj. m. & f. |tcr Clarus ,fpecl.ttus ,
injïpiis , qui mérite d'ètte confidéré ; qui mérite
de l'attention par fa qualité ou par fa quantité ;
dans l'ufage il paroît fynonime à grand -, mais il y
a des occalîons où ils ne pourroientpas figurer l'un
pour l'autre. Un Prince eft un homme conjidira-
ble , tient un rang confiderable. Voltaire eft un
grand Pcëte , fa Henriade eft nn grand ouvrage.
Voye-^ Grand. Il y a des gens qui ne cherchent
à s'élever , que pour fe rendre conjîder allés par le
mal qu'ils pourront faire. S. Real. Cette fomme
n'eft pas allez confldérable pour entreprendre un
procès. Les mauvais fuccès de l'Amiral de Chaftil-
lon ne le rendoienr pas moins redoutable à fes en-
nemis, ni moins conjideratles. ceux de fa faction.
Cail. Si les hommes défendent l'innocence op-
primée , ce n'eft que pour fe rendre conjidérablcs
par la profeffion apparente de quelque vertu que
tout le monde révère. Maleb. Cer homme eft charge
de tant d'or , qu'il eft la partie la moins conjidéra-
ble de lui-même. Id.
CONSIDÉRABLEMENT, adv, d'une manière con-
fidérable. Plaide, maxime. Il a été léfé conjidéra-
blement en ce traire. Il augmenta confidérablement
le prix des monnoyes. Maucroix.
CONSIDÉRANT, ANTE , adj. qui eft circonfpedl.
C ON
^uî ptend garde a toutes les circonftance* , à tou-
tes les bienleances d'une adtion. Conjidcratus , pru-
dens , circumfpecius. Cet homme ell: tore confidc-
rant y il rcconnoit les iervices qu'on lui rend. Ce
mot le dit peu , & jamais hors du dilcouts tamilier.
CONSIDÉRATION , 1". f. adion par laqu jil.i on con-
/îdérc , on examine la nature , le mérite d'une choie.
Confihratio , contcmplatio. Il n'y a rien qui ne
mérite une grande conjidcraùon. Il ne faut pas ju-
i-er d'un homme par une feule adlion -, mais par
la confideration de toute fa vie. S. Evr. Dès que
l'on le renferme dans la confideration de foi-mê-
me , & que l'on ne dilTipe point fes réflexions
fur les autres , il eft plus aifé de le prcfcrire une
conduite raifonnable. Abad.
ilfF CoKsiDÉB-ATioN fe dit aulfi pour vue, raifon,
motif, Tiiiio, rejpeclus--, des confidcr aùons parti-
culières m'ont empêche de faire cela. Par des confi-
dcraiions d'honneur & d'intérêt. Les convenions
qui fe font par des vues , & par des confidirations
mon laines, ne font ni fncèresni folides. Le Roi
mec dans tous fes Edits : A ces caufes & autres
coJifideratLOiis , à ce nous mouvant , &c.
G0NSIDÉ5.AT10N fignife encote, réflexion, _|(Cr atten-
tion dans fa conduite , manquer de conjidir ation ,
avoir de la conjiduranon , un imprudent agit fans
confi'dcr.ition.
fCr Considération, tatio , refpecîtis , attention
léflcchie & mcfurée avec laquelle on témoigne,
dans les diifétentes occafions qui fe prefentent,la
diftinction & le cas qu'on tait de quelqu'un. Cette
efpèce de confideration efl une fuite de l'eftime
ou du devoir. L'efprit du monde veilt qu'on ait
de la confideration pour la qualité &^ les gens en
place. C j n'efl: pas entendre fes intérêts ,^ que de
négliger de donner des marques de confideration
aux perfonnes dont on a befoin dans fes affaires
ou donc on efpère quelque fervice^ M. L'Abbé
Girard. Voye:^ Circonspection , Égards , Mé-
nagement.
|a° Considération fignifie auflfl l'eftime, la répu-
tation que méritent les bonnes qualités , ou que
la dignité & les charges attirent, Acad. Fr. Le
mépris de la fortune n'étoit dans les Philofophes
qu'un chemin détourné pour aller à Xi confideration
qu'ils ne pouvoient avoir par tes richclfes. Rochef.
Je veux mettre tout en ufage pour donner de la
confiider ation. S. E\ R. Un homme de grande con-
fideration , qui n'a nulle confideration dans le
monde. Malgré l'autoiité de l'Académie , il paroît
que ces deux mots confideration & réputation pré-
fentent des idées différentes. La confideration eft
attaclice à b pbc, aux dignités, aux richefles ,
en gérerai au befoin qu'on a des gens à qui on
l'accorde. La réputation eft le fruit du l'Hérite Si
des talens. L'Auteur de Cinna avoir de la répu-
tation. Un fût opulent a de la confideration , on
peut avoir befoin de lui. Un homme élevé à une
1 place éminente , dont il eft incapable , a de la con-
fideration fans réputation.
Considération , terme de politefle qu'on emploie
en parlant, ou en écrivant. Le terme de refpcd:
eft toujours bierférnt à un homme en parlant à
une Dame. Celui de confideration ne peut être
mis en ufage qu'avec les inférieurs. J'ai bien de
la confideration pour vous. Il y a beaucoup de
gens qui nbufent de cette façon de pailer: les uns ,
parce qu'ils n'en favent pas la véritable f gnih'ca-
non;Ies autres, pour faire connoitrc leur préten-
due fupériorité à eeux auxquels ils l'appliquent.
Mots à la mode.
Considération fe dit encore , pour confcqucn-
ce, importance, poids. Momentum, pondus. Elles
fe rendirent avec trente autres villes de moindre
confideration. Abianc. C'eft une autorité qui
n'eft pas de petite confiider ation. Pasc. Tous ces
arguraens ne font d'aucune confiidiration à mon
ésrard
CÔNSIDÊREMENT , adv. d'une manière prudenie
& cîrconfpedle. Cûnfideratè , circumfpeàc y priiden-
ter. II a agi en cette affaire fort confiderément:
CONSIDERER , v. a6l. obfervcr , regarder avec
attention. Confidcrare , contemplari. On ne peut
trop confidérer les metveilles de la nature. Vous
ne conjidere^ pas allez le travail de ce tableau ,
& le nombre des figures.
§C? Il fignifie aulîî , examiner avec attention quelque
chofe pour nous corriger plus fùremcnt de nos
fautes, il faut nous les taite confidérer dans les
aiictes. S. Real. Il ell peu de fpectacle plus agtéa-
ble aux yeux du fage , que de confidérer la con-
duite des hypocrites , dans les occafions où leuc
intcrer ne s'accorde pas avec la confçience. Id.
Considérer fignifie encore pefer une choie, en faire le
cas qu'elle miiniz. Fonder are , attcndere ad.Uhova-
me ne confiiiere ^:is aflcz fon néant & la grandeur
de Dieu. Nos palTions nous enttaînent avec tant
de rapidité , qu'elle ne nous permettent pas de con-
fidérer nos fentimens à loifit. S. Real.
Considérer fignifie aulfi avoir égard à quelque chofe-
Un bon Juge ne doit confidérer ni la faveut , nii
la qualité des perfonnes , mais feulement le bon
droit. Confidere^ les bons feivices qu'il vous a,
rendus. Ac, Fr.
IL fignifie encore eftimer une chofe pour fi
valeur , pour foh mérite. jEfiimare , magni facere.
Les hommes ne confiderent la vertu que félon les
fujets où elle fe trouve , & point du tout en elle-
même. S. Real.
Il fignifie aulfi avoir de la cdnfidération pouc
quelqu'un , en faire cas. On dit c'eft un homme
que je confidere beaucoup ; mais cela ne fe die
qu'en parlant de fes inférieurs. Ac. Fr.
Considérer. (Se faire) C'eft par fa conduite ou pac
fes talens s'attirer de l'eftime & la confideration
de la part des autres. Cet Officier fe i^xw. confidérer
à l'armée par Jbn courage & fon intelligence.
CONSIDÉRÉ , ÉE.part. Confideratus,' fpeciatus, per-
penfus. Au Palais on fe i'ert de ces formules , la
conclufion des Requêtes commence toujours par ^
ce confideré , Nofleigneurs. Les Arrêts peu avant
le difpofitif , difenc toujours , le tout vCi & con-
fideré.
CONSIDIA. f. f. Nom' ptopte d'une famille Romai-
ne. Confidia gens. La famille Confiidia. étoit plé-
béienne. Ses "médailles portent le prénom de Ç.
Cajus , èc le furnom de Fœtus. Paeti. Il y a auiïî
fur les médailles un Confiidius adopté par ua
Nonius, qui, en vertu de fon adoption,porre le nom
deConfidiusNonianus. ConsidiiNoniani. Voye^^
les familles de Patin , p. 80.
CONSIGE. f. f. En Provence , dans les Bureaux:'
pour la réceprion des droits du Roi , elle fignifie
la fomme que l'on configue pour caution. Ainfi l'on
dit : Il eft rcfté entre les mains des Commis cent
écus de confige : la confige a été de deux cens
livres.
CoKsiG-E ou CoNsiVE. On appelle à Lyon Livre
de confige , !'• livre du Maître des Coches , fur
lequel ilconfigne, &: entegiftre les balles de mar-
cliandifes dont il fe charge, pour en faire la
vo'rure.
CONSIGNATAIRE , f. m. dépofitairé d'un fomme
Config-née. 5ey«fy?er, depofitorum cujtos , depofita-
r/ttJ.'Quand la diflficulté des parties eft levée, on
s'adreflê au confi^^ndtaire , pour délivrer les deniers
à celui à qui ils apparciennenr.
CONSIGNATION, f f. dépor d'une foiiime d'ar-
gent, de billets ou papiers, tait par autorité de
Juftice entre les mains d'un Officier public établi
pour recevoir ces fortes de dépots. Depofitum. De-
pofitio. Les Receveuis des Confignations du Parle-
ment, du Châtelet , €'c. font des dépofitaires pu-
blics établis pat autotité du Roi & de la Juftice.
CovsTGNATioN fignifie auiîl ce que l'on configne,
ou ce qu'on met en dépôt. Depolhum , res depo-
jita. On met deux ou trois confignations entre les
C ON
mains du Buvcticr , pour faire y.i^Oi im procès
de i^rands Conimiilaires. Cliaque coTiJignaUon eft
de quatorze ccus Se demi pour chaque heure dd
vacation. On appelle demi-cori/ig?iaiioTi , celle qui
fe fait pour juger au Conlcil une aliaire par for-
clufion. On fait auifi des conjîgnciiuns entre les
mains d'un ami pour une gageiire , pour une partie,
&c. Le Greffe des conJig:iaUons eft un gouffte,
ou une mer qui re<^oit les eaux de tous les fleuves ,
& qui ne les rend pas. La Bruv-
§3" Ce mot vient de covjignare qui fignifie cacheter ,
à cauie qu'anciennement on ne donnoit pas par
compte l'argent qu'on dcpofoit, mais dans dss
facs où l'on appofoit Ion cachet : quoique nous
n'ayons pas reçu cet uftge, nous avons toujours
donné le nom de co-njiyia.iion à tout dépôt ja-
dicaire.
ter Consignations (Les) fe faifoicnt autrefois au
Greffe. Elles le font aujourd'hui entre le mains
du Receveur des conjignations à qui de certains
Droits ont été attribues par différentes Déclara-
tions : de forte qu'aucune conjianation ne peut être
faite par ordonnance du Juge , en d'autres mains
qu'en celles du Receveur des covjignatioris,
Se? On appelle les conji^nations le Bureau établi
pour recevoir les dépôts qui s'y font par aurorité
de Ju!Hce. Porter fon argent aux conjig^n liions.
Consignation , terme de coutume. C'efi: le rem-
placement de la dot de la femme fait 6c ftipulé
par le contrar de mariage fur tous les biens du
mari. Oppi<^ne^ata pro uxoris dou mariti bona.
Par l'art. 3<î5 de la Coutume de Normandie, la
dot de la femme , lorfqu'il n'y a point de conjjg-
naîion , fe reprend fur les meubles, 5c au détàut
des meubles fur les conquêts.
CONSIGNE, adj. m. & f. terme d'Algèbre. Qui
a les mêmes lignes. Ce mot a été inventé par M.
de la Loubère dans fon Traité de la Rcfolution
des équations , pour fignifier des termes d'équa-
tions qui ont leS mêmes lignes , c'eft-à-direj qui
ont tous deux ^ j ou tous deux — , ou tous deux
-+ & — ■ , ou — & -h . En un mot, qui ont les
mêmes lignes & dans la même difpofition. Son
contraire eft dilîlgne , qui fe dit des termes des
équations qui ont des lignes différens. Si,niliJïgno ,
ou ji^nis Jimilitus a^eclus, — i b -+ a clt con-
Jî^ne au refte ajouté , qui efl — 7 b 4_ a*. La
LouBERE. Le deuxième période eft confiant au
premier. Id. En ce cas-là le deuxième période qui
commencera par le rcfte -+42 — 9 b fera con-
fi3.ne au premier. Id. M. de la Louberc fait tou-
jours gouverner à ces adjedtifs le nom fuivant avec
la particule a'^ , c'eft-à-dire, comme l'on parle
communément, qu'il leur fait régir le datif; on
pouroit au lieu à! au mettre i*; , & leur faire régir
le génitif, & dire l'un eft cow/?£f.7e ou dilligne de
■ l'autre. 03" On ne fe fert point des termes coiijigne
Se diiïîgne.
Consigne, f. f. terme de guerre. Avis, indruftion
que l'on donne à un foldat , à une fenrinelle , de
tout ce qu'il doit faire & obferver dans le pofte
où on le place. Ainionitio , inflraccio , iocumentum
vigilix âitum. Le Caporal eft charge de difiribuer
avec exaélitude la confiine aux fentinelles qu'il po-
fe en fadlion. Bomb. Une fentinetle doit lur toutes
chofes écouter attentivement la co«^o-;2e qui lui eft
donnée, afin de s'en fouvenir & de l'exécuter pré-
cifément. Id. Il faut que la fenrinelle qui va être
relevée dife mot à mot à celle qui la relève, tout
ce qu'il y a à expliquer fur la confiine, tant de jour
que de nuit. Id. Le Caporal de confias. Voyez
Caporal.
Consigne eft encore dans les places de guerre un
particulier ou commis pofté près de la barrière de
chaque porte , pour examiner tout ce qui entre ,
& fonder toutes les voitures, écrire le nom des
Etrangers , & où ils vonr loger , afin d'en rendre
compte tous les foirs au Commandant de la place.
Bomb. Lorfqu'il n'y a point de confions à la porte ,
C O N
c'efl: aux Caporaux à vifiter les voirures quî fe pr^-
fentent pour entrer , &: à fondtr les chariots char-
gés de fourage > &c. Idem. ,
CONSIGNER, v. a. dépofer une fomme, la mettre
en dépôt entre les mains de la Juftice ou de quel-
que particulier , en attendant qu'on la délivre en
temps & lieu , à qui il appartiendra. Deponere. Ofi
conligne l'argent conteftc entre les mains des No-
taires , Greffiers , ou du Receveur général com-
mis à cet elièt. Quand on a fait des offres raifon-
nables qui ont été refufées , on demande permif-
fion de conjipier fon argent.
Consigner le dit auffi des papiers , des cédules
qu'on dépofe entre les mains d'un ami , pour les
garder julqu'à uft certain temps convenu ; ou d'un
Greffier , quand il eft ainfi ordonné par le Juge.
On dit conjîgner en papier ; pour dire , don-
ner un billet , portant obligation de là fomme
qu'on doit conjigner. Acad. Fr.
Consigner , terme de commerce, fignifie remettre &
adrcffer. J'ai ordonné de conjigner cz ballot à vo-
tre Commiflionnaire ; c'eft-à-dire , de le lui re-
mettre.
Il fignifie encore enregiftrer des marchandifes
fur les livres des MefiTagers , &; autres Voituriers
publics.
Consigner fe dit auflî en parlant des fommes qui
ne font pas encore dues. On to;r/^o72e les vacations
des Commiffaircs qui doivent juger un procès , les
falaires des arbitres. On a consigne l'argent , les frais
d'une partie de divcrtiflèment , pour la rendre fûre ,
afin qu'on ne manque pas de s'y trouver.
Consigner ia dot, en terme de Coutumes , c'eft
la remplacer fur tous les biens du mari, Oppigne-
rare pro uxoris dote mariti ^o/î^. Parla Coutume
de Norm.andic, les intérêts de la dot, loriqu'elle
eft confignee , courent du jour de la mort du mari.
Consigner , terme de guerre , c'eft avertir une fen-
rinelle , inftruire un foldat pofé dans un pofte , lui
ordonner ce qu'il doit faire fur telle ou telle chofc,
en tel ou tel caskj le charger de quelque chofe. AÏ-
monere , docere , pracipere. Aux portes des Com-
mandans il eft conjigne de laiiîcr paflér -, aux por-
tes des magafins , & fur le rempart il doit être
ccnjigné de ne laiffer paffer perfonne après la re-
traite battue , à l'exception des rondes & des pa-
trouilles. BoMB. Dès que le détachement pofera
les armes, à l'inftant le Caporal mettra une fenri-
nelle pour garder l'entrée du pofte , & lui cott/ï-
gnera les armes. Id.
IP" On dit figurément covjigner quelqu'un à une
porte, ordonner qu'on ne le lailîc point entrer 5
&: quelquefois donner ordre qu'on le laifie entrer,
03° Consigner à la poftcritc , conjigner dans fes
écrits un événement pour en conferver la mémoire i
phrafes barbares, purement latines. Conjignata pU'
tlicis litteris /némoria , événement dont on a fait
mention dans les regiftres publics. Conjignata in
animis notiones : notions gravées , empreintes dans ^
les efprits. Litteris conjignatum , mis par écrit.
|]C? Consigné , ée. part.
$J- CONSISTANCE, f.f. mieux que conjz/lence,
état de perfedion dans les 'chofes qui font fulcep-
tibles d'accroiffement & de diminution : temps
pendant lequel elles font dans leur plus grande
vigueur, fans augmentation ni dépériffement. Figor»
roiur.Lcs animaux , les arbres, &c. ont leur état d'ac-
croiffement, de conjijiance , & de dépériffcment. Un
arbre qui a pris tout l'accroiffemenr dont il étoit
fufceprible , eft dans fon état , dans fon âge de con-
Jifiance ; après ce temps il eft fur le retour , il com-
mence \ dépérir , à décliner. Voye^^ Accroissement
& les articles relatifs.
|C?CoNSisTANCE,termedePhyfiquc,état du corps dans
lequel les parriesqui le compofent font tellement liées
entr'ellcs, qu'elles réfiftent plus ou moins à leur fé-
paration. Firmitas yjirmitudo.h^ conjijiance exprime
de la diificuité à féparer les parties çominijes : la con-
tinuité
CON
tinuité ne prcfente l'idée que de contiguïté. Les
lîmples taffetas n'ont point de coiijîjtuuc-c. Le bois
a pins de conjijidnci. que la cire i k marbre plus
que le bois. P'ay^i Cohésion.
1^ Consistance fe dit encore pont exprima un
certain degré de folidité qu'acquièrent ks ciioies
fluides lonqu'clles deviennent cpaiilcs. Denfitio ,
fpijjitudo. Ainfi l'on dit que de la gelée, des con-
iitures, de la bouillie, &c. n'ont pas allez de con-
Jijiance , ont trop de corJî^Unce ; cet opiatc , cette
compoiition doit avoir un certain degré de con-
Jijtance ; faire bouillir des drogues jufqu'àco/2/^f(Z/2-
ce de i'yrop.
§Cr Dans les chofes morales , on dit qu'un efpritn'a
point de conjijtance ; pour dire, qu'il n'eft pas ferme
dans fes réiolutions. Les choies de ce mond: n'ont
point de conjijlancc -, pour dire , n'ont point de
ilabilité , font ilijcttes au changement. Les affai-
res de Rome fembloient avoir pris quelque con-
Jijiance , paroiifoient dans une lîtuation à ne pas
changer litôt,
^IZT Consistance , en termes de Jurifprudence » fe
dit de la totalité d'une choie , la totalité des par-
ties qui la contiennent dans fon intégrité. Dans ce
iens on dit la conjijtance d'une fucceilion , tout ce
qui la compofe. La cojijijhmce d'une terre, d'une
Seigneurie , c'eft-à-dire , le fol , les droits , les re-
devances qui lui appartiennent. Il faut favoir la
coiijîjtance d'une fuccclfion , en connoître les effets
& les dettes , avant que de lé porter héritier pur
& fimple. Dans une déclaration , on donne un état
de la conjijiance d'une terre.
fa=- CONSISTANT, ANTE , qui confifte. En jurifpru-
dcnce , on dit une terre conjîjlante en bois , en
prés , en rerres labourables. Conjians. Voyez l'ar-
ticle précédent.
^3" Consistant, en termes de phyfique , qui a un
certain degré de folidiré. Corps conjïjians , c'eR-à-
dire , fixes & folides , par oppolîtion à fluides. Koy.
Consistance, terme de phylique.
^3° CONSISTER, v. n, qui le dit de l'état d'une chofe
confidéréequantà fa nature,à fesqualirés,à fes pro-
priétés. Canjijlere^ contineri , Jiare^Jitum, pojitum
ejje. La perfection Chréritnnc co/z/zy?^ dans la cha-
rité. L'att de régner conjijie à favoir bien difllmu-
1er. La Juftice conjijie à rendre à chacun ce qui
lui appartient. Le pouvoir des Rois ne conjijie
que dans l'amour & dans la foumilîlon de leurs
Sujets. Il y a des pallions malignes dont tout l'agré-
ment conjijte dans la douleur d'autrui. S. Real.
La beauté conjijie dans la proportion des patries.
La vie de l'hon me conjijie dans l'union du cotps
avec l'ame. La véritable bravoure ne conjijie point
dans une cniète infenlîbilité des dangers. S. Real.
i^ Dans ce léns , en parlant de ce qu'il y a de
principal & de plus important dans une affaire ,
dans une queftion , dans une difficulté , on dit ,
le tout conjilie à (avoir. AcAD. Fr.
Consister lé dit auHi de l'état d'une chofe confî-
dérée en fes patries. Con//ûre , contineri , conjijiere.
Toure la Loi conjijie en deux points , à aimer Dieu
fur toutes choies, & l'on prochain comme foi-mê-
me. Cette armée ccijijte en tant de bataillons , &
tant d'efcadrons. Tout l'on revenu conjijie en mai-
fons , &; en rentes. Cette maifon corflie en une
cour , tant de chambres , cave & grenier. Cette
ièrme confjle en tant d'arpens.
On dit , que la vertu conjijie dans le milieu -,
pour dire , qu'il faut garder la modération en
tout.
CONSISTOIRE , f. m. §Cr Confeil du Pape ,
allémblée des Cardinaux convoqués par le Pape,
pour les confultcr & demander leur avis fur quel-
ques aflF'aires importantes. Sacrum Pontijicis Con-
JHium, Confijiormm. C'eft le premier Tribunal de
Rome &: la Jurididion la plus majeftucufe de la
Cour du Pape. Le CorJijtoiTe ne s'afîcmble que
quand 'il plaît au Pape de le convoquer. Le Pape
, __',/: i„ }-uj yjj Trône fort élève, couvert d'écai-
CON §jî
îate , & fur un fiège de drap d'or. Il a à droxté
les Cardinaux Prêtres & Evêques , & à gauche les
Cardinaux Diacres. Le Conjijioire public s'aHémble
dans la grande fale du lalais Apoftolique de S.
Pierre , où l'on reçoit les Princes & Ambaffadcurs
des Rois. Le Pape eft en lés habits Pontificaux.
Les autres Prélats , Protonotaites , Auditeurs de
Rote, & autres Officiers, font audi fur les det^rés
du Trône. Les Courtifans font aflis à tetre. Iles
Ambaliàdeurs des Rois font au côté droit du Pape;
les Avocats Fiicaux & Conliftoriaux derrière les Car-
dinaux Evêques. Là fe plaident des caufes judiciaires
devant le Pape.
Le Conjijioire fecret fe tient en une Chambre pins
fccrLrte qu'on app. Ile la Chamhre du Papes^ai, où
le Pape pour tout Trône a un liège qui n'e'ft élevé
que de deux àcgic%. Conjilu PontijicLi Conclave je-
crctius. 11 n'y demeure que djux Cardinaux dont
il recueille les opmions , qu'on ap^iflle jentences.
En ce fens on dit , que le Pape a t.-nu Conjijt ire.
On n'expédie point de Bulles d Evêchcs , ni d'Ab-
bayes qu'elles n'aient palfé par le Conjijioire , SC
qu'ell- s n'y aient été propofées.VAVRE , en fon Ilij.
toife de la Cour Romaine. Du Cange dérive ce mot
de corjijiorium , locus ubi conjijitur , qui s'efl dit
premiercmcnr d'un veltibule , d'une galerie , oU
d'une antichambre où les Courtifins attendent
qu'on leur ouvre ■■, ainii dir ,i cor.jijienu muLtitudine.
11 s'eitdit aufli du lieu où le Prince fortant de fâ
chambre venoit donner audience. Et depuis on l'a
dit généralement des lieux où le Prince tenoit Con-
feil pour délibérer fur fes affaires , ou juger les
procès. On a appelé Conjijioire , le lieu où s'alfem-
bloient les Prélats 6i les Prêtres fur les afîàires fur-*
venantes. Et enfin , ce mot s'eft appliqué à l'Afîém-»
blée des Caidintiux.
Consistoire , dans le Droit Romain, fîgnifîe , ou
le lieu où l'on ttaite des affaires publiques , ou le
lieu où l'on rend la juftice.
Consistoire s'eft dit autrefois du Confeil des Empe-
reurs , & on le dit encore en parlant de ce tems-là«
Conftantin fît venir le Donatifte Cécilien & lés
accufateurs dans fon Conjijioire ; car c'eft ainlî que
l'on nommoit le Confeil où l'Empereur traitoit les
affaires les plus importante» , & où iljugeoit lui-
même. Fleury. De-là vient que pluiieurs appellent
en latin le Confeil d'Etat de nos Rois , Sacrum
Conjijiorium , Regiup Conjijiorium. Ainfi M. PaA
chai , Conléiller d'Etat , a intitulé fon ouvrage
des Couronnes-: 'C^î; o/i Pajclialii , Régis in jacro
Conjijiorio ConJiUarii , & apud Rxtos Legati , Co-
Tonœ. D'autres dilénr Sacri Conjijiorii Cornes ,p3ij:-
ce qu'on appeloit ainfi les membres du Confijioira
des Empereurs.
Consistoire fignifie aufTi , parmi ceux de la religion
réformée , un Confeil ou une allémblée compofée
des Miniftres & des anciens de leur Seéle , pour
régler leurs affaires , leur police &: leur difcipline»
Calvinijiarum Conjilium. Le Miniftre en femainê
y préfide. On a mandé cette fille au Conjijioire
pour recevoir corre(3:ion de ce qu'elle a été au bal.
On dit fîgurément Conjijioire , de toute alfem-
blée & de tout Confeil , en ftyle familier , comi-
que , ou burlefque.
Tout eji fait pour Louis , ù dans leur Confîftoire,
Les Dieux ont rejolu de juiyre jcs dejirs. Nouv«
CHOIX CE VERS.
§CTConsistoire de la bourje, C'eft àTouloufe le lieil
où les Prieur & Confuls des marchands de cette
ville s'alfemblent pour y tenir leur Juridiélion ou
traiter des affaires relatives au commerce.
^ CONSISTORiAL , ALÈ, adj. qui appartient,
qui a rapporr au Conliftoire du Pape. Loijijtoria-
iis , ad Jacrum pontijicis Conjijiorium pi.runcr.s.
Matière conjijioriale. Officiers conjtj.oriaux , ju-
gcmens corjijtoriaux , bénéfiee conj/jwrial. On
nomme ainli tout bénéfice dont les bulles font de-
NNNnfi
S54 G ON
mandées Sc expédiées pat la voie du Confiftoire.
Les Abbayes , les Evethcs lont des bénéfices con-
(iitonaux à la nomination du Roi : &: ceux qui y
lont nommes , lont propoles au Pape en pein con-
lîftoire,pat le Cardinal protedteut , qui, la veil-
le , donne aux Cardinaux du Conlilloitc des mé-
moires qui expriment le genre de vacance , le nom ,
furnom , qualités & capacités de l'impétrant. Les
buUesdoivent être obtenues dans neutaiois. Quand
celui qui a été nommé a reçu fes bulles , il ie
fait lacrer , & enlliite il prête ferment de fidélité
entre les mains du Roi. Pour faire ceiiér la ré-
gale , il faut que le ferment de fidélité Ibit ré-
giftré à la Chambre des Comptes, Ces bcncfic.s
croient autrefois éleétifs ; mais par le concordat
qui abolit les élections , ils lont conférés par le
Pape fur la nomination du Roi,
11 y a des Avocats & autres Officiers conjîfio-
riaux. Les Avocats conjijlonanx ont de beaux pri-
vilèges -, comme de donner des lettres de docteur
in iitroque jure , Sec.
CONSISTORIALEMENT , adv. en Confiftoire , fe-
Ion les règles du Confiftoire. hi Pontificll Conjilii
conventu , ex formula Pontifiai conventus. Cela a
été réfolu conjîftorialement.
CONSISTORIALITE, f. f. qualité de celui qui eft
confiftorial , ou la forme obfervéc dans les expé-
ditions du Confiftoire. Encvc.
CONSIVE, f. f. nom de divinité paycnne. Conjl-
va. C'ctoit la Déelfe des biens de la terre , de mê-
me qu'Ops , Rhéa & la Terre. Ses fêtes qui tom-
bent le 15 d'Août , s'appeloient Opecojiva , Voy.
Varron , De L. Lat. L. V. VoUius , de IdoL.
L. II , c. 58, à la fin.
Ce nom vient de conferere , confero , confevi ,
planter,
CONSOLABLE , ad), m. & f. qui peut être con-
folé. ConfoUbUis. Elle n'eft pas confotatle de la
mort de fon galant. ScAR. On ne le dit guère
qu'avec la négative.
CONSOLANT/ANTE, ad), qui confole. Confolans ,
conjb/ailouem affi.rens , plenus fol. nia. Un tefta-
ment à notre profit eft une choie fort co7iJolante.
Ce que vous me dites-là n'eft guère conjolant.
fer CONSOLAT , f. m. te me de coutume. Ceftainfi
qu'on appelle à Gap un droit qui fe lève fur les
blés qui font f xpofcs au marché.
CONSOLATEUR, f. m. qui confole, qui modère
la douleur. Confolator. Dieu eft le grand confoLt-
teur des affligés. Paimi les chrétiens , le Saint-
Efprit eft appelé le confolateur , Telprit confo-
lateur.
CONSOLATIF , IVE,adi, m, & f. La gazette qui fe
diftribue à Paris tous les famedis , eft une chofc fort
récréative & fort confolative audl , entant que cette
babillarde ne dit jamais de mauvaifes nouvelles.
Gui Patin. Expreffion pafTable pource temps là.
03" CONSOLATION , f. f, foulagcment qu'on don-
ne à l'afflidion de quelqu'un \ difcours qui tend à
adoucir , ou dans lequel on fe propofe de modérer
la douleur ou la peine des autres. ConfolaUo ,fola-
tium. Donner, apporter, recevoir de la confolation.
Ecrire une lettre de lonfolation. L'homme , dans les
accidcns imprévus qui^lui arrivent , dont il teint de
n'être point ébranlé , ne reçoit bien fouvcnt d'au-
tre confolation que de fa vanité. M. Esr. L'ami-
tic adoucit toutes les douleurs , & fait que dans
les plus grandes infortunes on trouve la confola-
tion. S, ÈvR. Combien de miférables à qui il ne
tefte d'autre confolation que celle de redire en-
nuieufement leur mifère ! Fléch.
Q^ue de fots complimens de confolation,
Qui font furcToit âaffliclion ! La Font.
fer CoNSotATioN fe dit aufTi d'un vé-rirable fujetde
joie. C'eft une grande confolation pour un père de
voir fes enfans fe porter au bien.
Consolation , en termes de dévotion ôc de fpiritua-
CON
lîté , fîgr»ifîe une certaine joie de l'ame dévote ,
un mouvement intérieur damour & d'cfpcrance.
Ceux qui ne veulent nourrir leur dévotion que de
confolation &c d'efpérances, envifagcnt Dieu com-
me pcre , & cfoyent n'avoir rien à faire avec lui
comme juge. FlÉch. Les fpirituels , lorlquc ks con-
folations leur manquent , tombent dans ce qu'Us
appellent aridité & fécherelle. S. Evr.
^CT Consolation fe dit auili des chofes & des per-
fonnes qui confolent. La philolophie , les livres ,
font toute fa confolation. Dieu eft notre corijola-
tion. Sa fille eft ion unique confolation.
Consolation , dans YHijioire Ecclcfi.ijiiijue , eft une
cérémonie que les Manichéens Albig.ois lubfti-
tuoient au Sacrement de Pénitence &. au Viatique
à l'article de la mort. Ils ptétendoient que tous
les péchés étoient remis fans confcllion ni fatif-
fadion par cette cérémonie ; pourvu que le Mi-
niftre qui la faifoit , ne fut point en péché mortel.
Conjblatio , manuum impojitio. Elle conliftoit à
réciter le Pater nojier , &à recevoir rimpofidon
des mains de leurs Docteurs, qu'ils nommoienc
leurs Dodeurs Prévôts , Prœpojïti , Evêc]ucs ou
Diacres , & en général Ordonnes , Ordinati. Celui
qui faifoit cette cérémonie , avant que d'impofet
les mains , les lavoit fur la tête du pénitent, fur
laquelle il mettoit aufli le livre des évangiles , &
diibit fept fois le Pater , avec le commencement
de l'évangile de S. Jean. Selon ces hérétiques , roue
le fecret du falut confiftoit à faifir heureufement les
derniers momens de la vie , afin d'y dire limple-
ment le Pater nvfler , & recevoir l'iiiiyjgfîrion des
mains , que leur taifoient leurs DoeT:eurs , & que
l'on noaimoit parmi eux la confolation. Ccmfolés,
en effet , avec ce viatique de tout ce qu'une mort
prochaine & une confcience bourelce de crimes
peuvenr caufer d'inquiétudes , ils mouroient tran-
quilles , fur - ce dans les flâmcs , & auroient acheté
la conjolation au prix de tous leurs biens. P. FoN-
TtNAY. Koye^ au mor Parfait.
On dir proverbialement que la conjolation des
malheureux , c'eft d'avoir des (emblablcs.
|Cr Consolation , terme de jeu de cartes. A l'homi-
bre,au quadrille, fi-c. celui qui a demandé à jouer.
Se qui perd , diftribue aux joueurs un tribut con-
venu qu'on appelle confolation.
CONSOLATOIRE, adj, m. & f, propre à confoler.
Confolator i us. Il ne fe dit qu'en cette phrafe , épi-
trc confolatoire , difcours confolatoire. Il eft vieux.
CONSOLATRICE , celle qui confole. La Sainte-
Vierçrc eft appelée dans les WirnicsldiConfolatrice
des affli2;és. Confolatrix a^iclorum.
CONSOLE , f. f. pièce d' Architecture , ou de me-
nuifeiie , qui eft en faillie , qui fert à foûtenir
quelque bu fte, quelque vafe, ou quelque poutre,
ou petite voûte , ou corniche. Prothyris. On les
appelle aufli rouleau± , ou mutiles , modillons ÔC
corbeaux ; &: il s'en fait de plufieurs fortes de fi-
gures. Confole f? dir aulfi de la partie d'une pièce
de bois qui eft coupée en pointe , ou en dimi-
nuant par le hont., Ancon. On appelle confole adof-
fée en'ferrurrerie, un petir enroulement , en manière
Aç ào\\h\ç%confoles. Lz confole awec enroulcmens,.
eft celle qui a des volutes en haut & en bas. La
confole arrafce eft celle dont les enroulemens affleu-
rent les côtés. La confole gravée eft celle qui a
des gravures. La conjole plate , celle qui eft en
manière de corbeau , avec des glyphes & goûtes.
Confole en encorbellement , celle qui fert à porter
lesménianes & les balcons, 6; qui a des enroule-
mens & nervures, qui la diftingucnt du corbeau.
La confole coudée eft celle dont le contour en ligne
courbe eft interrompu par quelque zn^lc. Confole
renvcrféc , celle dont le plus grand ornement eft
en bas. Confole rampante , celle qui fuit la pente
d'un fronton pointu,pour en foûtenir les corniches.
Souvent on entaille des confoks fur les clefs des
arcades.
On appelle aufli confole , un enroulement de fet
CON
en fotme de confole fenverfce qui fe met au ccm-
mcncemenc & au bas d'un eicalier devant le pre-
mier polets , pour appuyer & affermir la balullra-
de-, ou contre des piliers déportes ou de clairevoie
de fer pour affermir.
^fT Consoles , terme de Charron. Ce font deux mor-
ceaux de bois quarrés qui l'ont enchairés dans des
mortoifes faites au lifoir de devant , & qui fer-
vent à fupporter la coquille. Encycl.
Console , terme de Botanique. On fe fert de ce ter-
me en Botaniq.ue pour exprimer les bafes des feuil-
les de cerraines plantes qui font taillées en confo-
le. DicT. DE James.
CONSOLEMENT , f. m. vieux mot. Confolation.
CONSOLER , V. a. adoucir le chagrin , la triftefle ;
foulager l'aftlidion de quelqu'un , foit pat le dif-
cours , foit par quelque autre moyen. Confolari ,
alicujus dolorem confolando Uvare. Le temps con-
fole de toutes douleurs. La Philofophic confole
ceux qui font capables de réflexions. Nous nous
confolons quelquefois par fbiblcflè des maux dont
la raifon n'a pas la force de nous confoUr. Rochef.
C'eft un artifice pour confoler un affligé , que de
comparer fa mifère à une plus grande. Le tem-
pérament aide bien à la raifon à fe confoUr.
B. Rab. On fe peut confoler de tout quand on
eft médiocrement fage , ou médiocrement fou. Ch,
DE Mer.
Iris me confoloit de tout ^
Et rien ne me confole d'elle. La SABt,
Sur les ailes du temps , la trifieffe s'envole ;
On fait beaucoup de bruit , & puis on fe conlble.
La Font.
On dit , confoler les affligés efl une des fept
CEUvres de miféricorde. On dit encore, quand on
nous menace de la perte d'une chofe dont nous
ne nous foncions pas beaucoup : il s'en faudra con-
foler ; j'en ferai bientôt confole.
I^T Corneille , dans les Horaces a dit , confoler
contre les infortunes , cela n'cft pas François ; on
confole du malheur ; on s'arme contre le mal-
heur. VoT.
CONSOLE , EE. part. pa/T. &: adj. Confolatione
recreatus.
Combien de fois , de douleurs accablé ,
Par tes foins gcnéreux me vis-je confole 5 Vill.
jCONSOLEUR , f. m. vieux mot , ou mot fait par
Marot pour avoir une fillable de moins §£ faire
fon vers. Confoiateur, Confolator.
Qui te fut confoleur ,
Pour fupporter maintenant ta douleur ?Mak.
1^ CONSOLIDANT, ad). & C. m. terme de Chirur-
gie par lequel on défigne des médicamens qui , pu-
liiîant avec une chaleur & une force modérée ,
attirent ou chalîent la corruption des plaies , af-
fermit &c cicatrife les parties divifées. Les baumes
font des confolidans , des médicamens confolidans.
CONSOLIDATION, f. f. terme de Chirurgie , qui
fe dit de l'ai^lion par laquelle la nature réunit les
os fradurcs , ou les lèvres d'une plaie. Congluti-
natio , cicatrix. Cette plaie eff dans une partie qui
fera que fa confolidation fera longue.
Consolidation eft aufTi un terme de Jurifprudence,
qui fignifie la réunion del'ufufruit à la propriété que
l'on avoir déjà d'un héritage -, ce qui arrive par
la mort de l'ufufruitier. Confolidacio. Forger em-
ployé le mot de confolidation pout fignifier l'union
des dixmes à un fîet noble. L. Il, p. 17
CONSOLIDE, f f. Plante mcdccinale qu'on appelle
à préfent con fouie. Voyez Consoude.
CONSOLIDER , V. a. réunir , rejoindre , rafermir.
Conjnhdare. On ne le dit au ptopre qu'en Chihir-
gie. Les baumes confondent les plaies. On dit
qu'une plai? fe confolide , lorfque la chair vive com-
inence à croître, & que la plaie fe reterme. 5c-
lidefcere , folidari. La partie nerveufe du diaphrag-
CON êjf
lîie étant bleflee, rte fe peut corifolider ^ hon plai
que les inteftins grêles , le cœur, le poumon, le
foie , l'eftomac , le cerveau , &c. On dit figutémcnt
confolider une union , confolider un traité. ffT En
Jurifprudence , on dit confolider l'ufufruit à la pro=^
priété ; c'eft-à-dire , réunir , ce qui arrive par la
morr de l'ufufruitier. Confolidare^
Consolidé , ée. part.
CONSOMMATEUR , f. m. terme théologiquc. Pcr^
feclor. Il ne fe dit qu'en certaines phrafes confa-
crées. Jesus-Chrit eft l'ailteur &c le confommateuf
de notre foi. FEN.C'eft-à-ditejil a achcvé,ilaaccom-
pli lemiflère de notre foi", confirmé nos efpcrances.
Cette exprefUon eft plife de l'Epitre aux Hé*
breux , XII. i. où Saint Paul dit : jetant les yeux
fur Jefus l'auteut & le Confoml-nateilt de la foi.
§CF Consommateur fc dit aufll dans l'ordre civil des
citoyens qui confumént le produit des terres. Plus
il y a de confommdteurs dânS un Etat , plus cet
état eft puidanf, mais par la même raiibn , beau-
coup de confommatioh fiitô pat un petit nombre
de confommateurs , eft une corrofion continuelle ,
Se toujours croillante , du nerf de la population.
L'Ami des hom.
CONSOMMATION, f. f Ce terme a chez nous
plufieurs acceptions. Quelquefois il eft fynonime
à accompliflement , fin , confummatio , peifeclu «
ahfolutio, L'Incarnation a fait la confommation de
toutes les prophéties, La confommation d'une af-
faire , d'un ouvrage, gCT C'eft dans ce fens qu'on
dit qu'un coUateui ne peut plus revenir après fa
nomination , après la confommation de fon droit.
^fT C'eft auiîi dans Ce fenS que l'on dit la confom-
mation du mariage , l'union charnelle du mari &
de la femme , après la bénédidion nuptiale , union
qui fait que le mariage ne peut plus être difîbus
que par la mort d'un des deux conjoints.
Dcr Consommation fe dit aufll de l'emploi , du fté-
quent ufage des chofes qui fervent à l'entretien
de la vie ou de la fociété , comme les vivres , les
denrées , & qui fe détruifent par l'ufage. Confump~
tio. On devroit dite confomption ou confummation ^
mais par abus on dit corifommation en plufieurs
phrafes. Il fe fait dans Paris une grande confom-
mation de blés , de vins , de fouragcs , d'étofes*
Il fe fait une grande confommation de poudre
dans une bataille. Les Fermiers des Aides ont in-
térêt qu'il fe faffe une grande confommation de
denrées. Ce malade ne pourra pas faire la Conforn-
mation de l'hôftie,
^Zt On dit auffi la confommation des fiècles , 5r dans
ce cas , le mot de confommation eft fynonime à
fin; la fin , la deftru6lion du monde: ou bien il
fera fynonime à accompliffement , parce que fi la
confommation des fiècles eft la deftru(5lîon de pli'-
fleurs chofes , elle eft auffi l'accomplilfemcnt 6c
la perfeélion d'une infinité d'autres.
^T C'eft auffi dans ce fens qu'on dit en marine qu'un
écrivain doit tenir régiftre de la confommation ;
c'eft-à-dire , des cordages , voiles , poudre , balles ,
& en un mot de tout ce qui eft employé au fervi-
ce du vaifîeau.
03" Consommation, dans le terme de commerce » eft
fynonime à débit , diftribution des marchandifes.
Quand le commerce ne va pas , les marchands
difent qu'il n'y â pas de confommation.
CONSOMMÉ, f m, bouillon fucculent qu'on tire d'une
viande gC? long temps bouillie , & qui a dépofé
la plus grande partie de fes fucs dans l'eau. Suc-
cus ex decoclis carnibus expreffus. On lui a donné
un confommé très-nourriffant.
CONSOMMER, v. a. ufer , diffiper des denrées,
des provilîons néceflaires à la vie. Confumere , abfu-
mere , effundere. Une groflc garnifon confommé en
peu temps bien des provifions '.'hors Ces fortes d'exem-
ples , où 1'- mauvais ufage a prévalu fur le bon , il
faut fe fervir de confumer , quand on veut fignifier
détraire , anéantir , &C. & c'eft auffi la décifion de
l'Académie,
N N N n n ij
2^6 CON
§CF CoiisoMMER (Faire) de la viande , c'eft la faire
bouillir allez long temps, pour que les lacs qui en
Ibnt exprimes forment une eipèce de gelée avec le
bouillon, Succum ex âicoclis carnibus cxprimere. 11
faut faire confommer la viande pour faire de la gelée.
LcsChimiftes ne peuvent tirer des e/fenccs des corps
que les fubftances ne foient entièrement conjomme.es.
Consommer lignifie aulfi achever , finir, terminer.
l'erficere , ahjulvere , coiifummare. Il faut conligner
encore quatre vacations pour confommer , pour taire
juger cette affaire. Jesus-Christ dit en mourant
qiie tout étoit coiifommé ; pour dire , que toutes les
Prophéties étoient accomplies.
Consommer lignifie , dans le même fens , venir au
dernier but du mariage. Un mariage n'efl point par-
fait , julqu'à ce qu'il loit confomme.
Consommer, en termes de Jurifprudence Canonique,
liç^nifie remplir fon droit. Un Collateur confomme
fon droit, quand il confère un bénéfice a une per-
fonne , quoiqu'indigne.
gCF On ne dit point confiimer pour conjommer, Per-
fonne ne s'avife de dire confumer le mariage, une
vertu confumee : l'abus eft de dite par- tout conjommer,
même dans les cas où il faudroit dire confirmer ; par
exemple , confommer l'on bien , l'on patrimoine. On
dit de même, prelque par-tout , conjommer la Sainte
Hoftie. Il faut abfolument dire conj'unier. Le Prêtre
confomme le Sacrifice , &: conjume l'Hoftie. Cet abus
s'elt gliUc dans plulicurs autres phrales. Bien des
gens difent indifféremment conjommer & conj'umer
fes forces , conjommer & conj'umer Ion bien. Néan-
moins confommer ne veut point dire cela, mais ac-
complir , comme quand on dit confommer le ma-
riage , une vertu confommée, Conjunier , c'ell dé-
truire , anéantir un iujet. Confommer , c'eft le met-
tre dans la dernière perfeélion.
CONSOMMÉ. ÉE , part. & adj. Perfeaiss, ahfolutHS,
confummatus ou conjumtus , abfumtiis.
Consommé lignifie encore partait, très-profond. Pt 7-
fecius , cumulatus , in aliquà re yerjatifjimus. C'ell:
un ho'mme confomme en vertu, enfcicnce, en expé-
rience. Toute la gloire qui peut rendre un Evêque
confomme dans les foufftances , étoit renfermée en
la perlbnne d'Ozius. Herman. Le Politique le plus
confomme n'auroit pu prendre de plus juftes melures.
S. EvR. S. François de Sales étoit un Sùr\x. confomme
dans la vie inrcrieure &; contemplative. Flnel.
C0NSOMPTIF,IVEouCONSUMPTIF, IVE, adj.
terme de Médecine & de Chirurgie , qui fe dit des
rem.cdes qui ont la force de confumer les humeurs
ou les chairs. ConJ'umpnvus , a, um. Les pierres à
cautère , l'eau phagédénique font des remèdes con-
Jbmftifs.BuKLET. Acad, des S. i-joo. Mêm.p. izi.
On dit auffifubftantivement, des confomptij's , pour
des ïcmèdes confomptifs , comme on dit des deifica-
tifs , des lénitifs , &c.
CONSOMPTION , f. f. c'eft le même que confom-
mation \ &c il le dit prefque des mêmes choies qui le
confument. ConJ'umpcio. Il fe fait une grande con-
Jbmption de vivres dans cette maiibn , dans cette
ville. La confompùon des efpèces Sacramentelles
dans l'Euchariftie, Le Critique du Dictionnaire de
l'Académie foûtient qu'on ne doit point confondre
ces deux mois , confompùon Sa. confommation. Voyez
Ccnsommation & Consommer.
Consomption eft auffi une certaine maladie de lan-
gueur , |J3° efpcce de phtilie fort ordinaire en An-
gleterre , qui confume & deflcche le poumon, les
entrailles, &: caufe enfin la morr. Confiimptio, On
croit qu'elle eft caufée par la vapeur du charbon de
mine qu'on brûle en ce pays.
CONSONNANCE , f £ terme de Mufique , union ,
convenance de deux Ions , l'un grave , & l'autre ai-
gu , qui fe mêlent avec une certaine proportion , cn-
forte qu'ils font un accord agréable à l'oreille. Con-
vcnieniia , conjbnantia. Confonnance mixte. Conjhn-
■ 72rt«<:e parfaite , imparfaite, doublée, triplée, &c.
L'uninbn eft la première des cofz/owzawc^j. La fé-
conde confonnance eft l'oil^avc. La troifième, la
CON
quinte , & cnfuite la quarte , les tierces & les
lixièmes majeures &c mineures. Les -autres lontks
doubles ou répétitions de celle-là. Il n'y a eue
fepc ou huit confonnances limplcs.
Les conjonnances majeures font celles quifurpai-
fcnt les mineures d'un demi-ton. Les conjonnances
mixtes lont celles qui ibnt tantôt majeures & tantôt
mineures. Lancelot. Les quartes & les quintes
font les confonnances les plus conlidérables. Ir», Les
confonnances parfaites font l'uniHbn , l'oftave Se la
quinte , & leurs répliques.
Nivers, dans fon Traité de la compojîtion de la.
Miijùjue , rejette l'unilfon du nombre des conjon-
nances, parce que toute confonnance e{k entre des
tons diflerens en nombre & en efpèce \ mais l'ufage
a prévalu. Le même Aureur diftingue deux fortes
de conjonnance , les parfaites &; les im-parfaites. Les
parfaites , font la quinte &: l'odave. Les imparfai-
tes font , la tierce & la lixième , qui le divilent en
majeures èc mineures.
Plullcurs anciens Mulîciens ne mettoient point
l'uniUbn au nombre des conjonnances , parce qu'ils
rcgardoient la conjonnance comme un mélange
agréable de fons diliémblables , graves & aigus, qui
frappent doucement l'oreille. Les conjonnances fe
divifcnt en limplcs & en compofées : les confon-
nances (impies font celles en la proportion defquel-
les les deux extrêmes font tellement ordonnes cn-
tr'eux , que telle proporrion ne peut être divifée par
un terme mitoyen : les conjonnances compofées font
celles qui peuvent être divifées en une autre propor-
tion par un terme mitoyen. P. Parran. Toute con-
jonnance eft parfaite ou imparfaite; les parfaites
font trois, l'uniffon , le diapcnte , &: le diàtefîh-
ron : elles font parfaites , parce qu'elles ne fauroient
recevoir de changem.ent , ou altération , lâns quel-
que mauvais effet-, les imparfaites font le diton, le.
Icmi-diton, l'éxachorde majeur , & l'éxachorde mi-
neur : on les nomme imparfaites , parce qu'étant
comparées aux autres, elles ne font pas fi parfaites,
&: parce qu'elles peuvent recevoir quelque altéra-
tion, en diminuant ou en augmentant. Id. C'eft l'o-
reille qui doit faire le rapport des fons à la raifon ,
afin qu'elle juge de la bonté des accords , & de la
jurtelfe des conjonnances. Lancelot.
Consonnance diffonnante. T ont zccond difîbnnant ns
peut être compolc que de l'union des confonnances ;
& c'eft de la comparailbnque l'on fait de deuKco::-
Jbnnances prilés en particulier dans un accord que is
forme la diifonnance ; ainfi dans l'accord de la fcp-
tième , compofé de l'union de deux quintes & de
ttois tierces l'on trouvera que les deux fons extrê-
mes font diflbnnans entr'eux , puisqu'ils ne font ni
quinte, ni tierce enfemble, Si qu'ils fonr au con-
traire feptième ou féconde par renverlêmcnt. Il ne
faut pas examiner feulement les intervalles qui fe
trouvent entre la balle & les autres fons d'un accord,
fans avoir égard aux différens intervalles que tous
les fons peuvent former enfemble en les comparant
les uns aux autres , de forte que l'on prend quelque-
fois pour co;?yo/zn^«r un fon qui eft en effet difîbn-
nant. Par exemple, dans l'accord de la petite fîxte , ii
ne fe trouve que ttois conjbnnances qui font la tierce,
la quarte & la fixte ; mais (î l'on confronte la tierce
avec la quinte , l'on trouvera que ces deux fons for-
ment diflbnnance enfemble. Pareillement dans l'ac-
cord de la grande fixte, il fe ttouve trois confonnancesy
qui font la tierce,la quinte &: la fixte,où l'on trouvera
encore une diflbnnance entre la quinte & la fixte.
Donc ces confonnances font dilTonnantes entr'elles,
&:ilnerefteplusqu'àravoir diftinguercelle qui forme
la di[fbnnance,ct qui eft facile, en rapportant ces ac-
cords à leur fondement , où l'on verra que dans l'ac-
cord de la petite fixte c'eft la tierce qui forme la dif-
Jbnnancc&c que dans celui de la grande fixte c'eft la
quinte -, puifque cette tierce & cette quinte font en
effet la feptième du Ton fondamental de l'accord delà
leptième,dont ces deux dernières dérivent. Rameau.
Pour connoître les confonnances qui doivent être
C O N
prcfcrées lorfqu'il s'agit de les doubler, il n'y a qu'à
compter les confonnances par ordre : ainli , l'odtavc,
la quinte , la quarte , la tierce & la lixte , pour iavoir
diftinguer que l'on doit préférer l'oétave a la quinte ■■,
8c ainii de fuite, en remarquant que l'odave eft dcja
une réplique , & que dans l'accord conjonnant de la
lîxte , l'octave de la tierce ou de la lixte eO auHi
bonne que celle de la bailè.lD.^^oyf^DissoNNANCE.
CoNSONNANCE, en terme de Grammaire, fe dit au/Ii
des cadences femblables, |^ de la reifemblance des
fons des mots dans la même phralc. Confonannaji-
miluer iefmens.Q^ qui rend quelquefois une longue
Poclîe françoife cnnuyeule, ce (ont les rimes qui ont
trop de confonnances , ou de mêmes chutes. Les
confonnances font vicicules dans la Proie irançoile ,
quoique les latins en taflênt une figure qu'ils appel-
lent of<oic,Ti},evlot. IJCF Comme la rime entre dans le
mcchaniime de nos vers françois, nous ne voulons la
voir que là, & l'oreille efl: frappée délagrcablcment
quand deux mots qui ont le même fon , le trouvent
l'un auprès de l'autre ; comme fi je dilbis , lorlque
deux mors qui ont le même fon , fom l'un auprès de
l'autre. Il faut , difent Vaugelas & Bouhours , évi-
ter en Profe , non-feulemènt les rimes , mais encore
les confonnances des mots ; comme celle qui le
trouve entre Soleil & immortel. Les confonnances
font autorifées dans nos proverbes.
CONSONNANT , adj. terme de Mu/ique. On le dit
des tons , ou des intervalles. Il y a des intervalles
confonnans : il y en a de dilfonnans.
CONSONNE. Quelques-uns difent CONSONNAN-
TE.adj. & f. £ Lettre qui ne produit point de fon toute
knlc.ConJonnans. Lïconfonne, félon la Grammaire,
efl: une lettre qui ne produit de fon qu'avec une au-
tre qui doit être voyelle, oudipthongue; &: c'efl: de-
là que lui vient l'on nom de confonne , qui veut dire
une lettre qui rend un fon quand elle efl: jointe avec
une autre . qux fonat cumalia. Une confonnne , fé-
lon la Philofophie , n'cft autre chofe que la modifi-
cation du fon qui fe fait par le moyen des organes
delà voix : ainfi les fons marqués par ces caraéfèrcs ,
a-,e,i,o,u-,ai^auy &c. ien , eau , y eu , &c.
font autrement modifiés quand on dit ab , ou i>a ,
que quand on dit ac, ou ca, ad, ou da , &cc. & ces
modifications s'appellent conformes , lettres con-
fonnes.
Les lettres de l'Alphabet font divifces en voyelles
& en confonn-es. Il y a des confonnances doubles ,
comme Vx dans le mot axiUaire, le .•; en grec -, d'au-
|j|, très liquides , comme /, r,m,n; d'autres muettes ,
P comme è>, d , &:c. qui ne font aucun fon fans voyelle.
La divifion la plus naturelle des confonnes efl: celle
que font les Grammairiens Hébreux , qui ont été
imités en cela par les Grammairiens des autres lan-
gues Orienrales & favantcs. Ils divifent les confon-
nes en cinq clalîês , par rapport aux cinq organes
principaux de la voix , dont chacun contribue avec
les quatre autres, mais plus que les quatre autres ,
à certaines modifications qui font cinq efpèces gé-
nérales de confonnes.Ch^qus efpèce ou chaque clafle
renferme plufieurs confonnes , qui réfultent des dif-
férens degrés qu'on diftingue dans la même modifi-
carion , ou dans les mouvemens des mêmes organes:
ces organes font le gofier, le palais , la langue , les
dents & les lèvres. Les cinq efpèces de confonnes
fonr , les gutturales, les palatiales , les linguales ,
les dentales ou les fifflantes, & les labiales.
On compte dix-fept confonnes dans la langue
françoife, qui font ^, Cyd,f,gyk,l,m,\,
pi q ■• r, s, t, Ar,{, auxquelles il en faut ajou-
tter trois autres, qui font Vh afpirce , l'y confonne^
* & l'v confonne ; ce qui fait en tout vingt confonnes :
une gutturale , k afpirée , comme dans les mots
héros , hallebarde : cinq palatiales , qui font c dur ,
comme on le prononce devant a, o,&cu\g,j con-
foTine , A , & y. On peut les remarquer dans les mots
fuivans , caverne , colère , curiofitè ; gendre , g/ra«-
dçle, garantir i goblet , guerre j kaïendes ; quatre
C ON 8^7
de la langue , qui ïont,d, l ,n ,t: quatre dentales,
dont les trois dernières font (iftlantes, r,s,x 7 •
cmq labiales , qui font, ^ , /, //2, ^, v confonne."
11 faut remarquer fur cette divilion des confonnes :
10. Que quoique le ç Ibit modifié de trois manières
différentes, lelon qu'il ell devant Va & Vo, ou de-
vant 1'^ & l'i, ou devant 1'« , il efl toujours confonne
du palais, zo. Que le; confonne ne diffère que pour
la figure & le caraéfère , & nullement pour la pro-
nonciation du o' devant e ou /. 50. Que le A n'a point
d'autre prononciation que celle du c dur. 40. Que le
q a deux prononciations , l'une dure & ferme , par
où il reifemblc pour le fon au A &: au c dur , comme
dans \f~,mot% qjiand, querelle, quatre, quolibet, Sec.
&: une autre un peu plus douce, qu'il a quand il efl:
imvi à'ue , ou à'ui, qu'on prononce mouillés ,
comme dans quelle , quille. 50. Que quoique la pro-
nonciation du q paroiflê différente dans quand Se
dans quadrupède , elle efl: en effet la même ; la diffé-
rence apparente vient de ce que Vu ne fe prononce pas
dans quand, & qu'il a le fon àel'ou dans quadra<yé-
gune^ quadrupède , &CC. mais dans toutes ces occa-
lions le q eft toujours une lettre palatiale. 60. L'j a
deux fons ; l'un dur , qui efl- un fifflement rude , &
fon propre fon, l'autre doux, par lequel elle reflém-
ble au i ; elle prend ce fon quand elle efl: entre deux
voye!les,commc dans les mots vafe,maifon,a/ine,Scc.
70. Vx renferme deux lettres dans le fon qu'elle fait
entendre : favoir , un c dur ou un A: , & une s ou un
autre c, tel qu'on le prononce devant é- ou i; ainfî
les mois Alexandre ou Alexis , fe prononcent com-
me s'ils étoient écrirs Alecfmdre, Aleccis, ou Alec-
fis.So.Lec devant un ^, ou unz,n'efl: point une
confonne du palais, mais des dents , parce qu'il perd
alors fon propre fon pour prendre le fon fifîlant de l'i-.
M. l'Abbé de Dangeau trouve aflèz railbnnable
la divifion des confonnes que les Grammairiens hé-
breux ont inventée , mais il n'cfl: pas tout-à-fait de
leur avis fur le partage qu'ils en ont fait. Pour trou-
ver une divifion plus naturelle & plus jufle des con-
fonnes, il n'a poinr d'égard à leur figure, ou au ca-
raiffère qui les repréfente , 'il ne coniidère que leur
fon, ou la modification qu'elles donnent au fon :
fur ce principe il trouve cinq confonnes labiales, qui
font b ,p ,v confonne , fSc m : cinq palatiales , qui
font ^, t, g, k,n: quatre fiftlantcs , qui font s , ^,
i confonne, ch : deux liquides , l&cr : deux mouil-
lées , qui font gn , ou le fon qui commence la
féconde fyllabe d'ignorant, & deux // mouillées ,
ou le fon qui commence la dernière fyllable de
bouillon; ^ Vh qui fert à marquer l'afpiration, ce
qui fait dix-huit confonnes, & une afpiration. Il re-
remarque enfuire les choies fuivantes. 10. Que Vm
& Vn font deux confonnes nafales , Vm un b paflc
par le nez, & Vn un d au/fi paifé par le nez -, en effet,
ceux qui font fort enrhumés prononcent banger pour
manger, Scjedefaurois pomje nefaurois. 1°. qu'en-
tre les confonnes il y en a de foibles & de fortes \ les
foi blés font, <J, v,d, g, ^,j ; les fortes fonr ,/. ,
/, t, k, s, ch: elles différent en ce que les foibles
font précédées d'une petite émifîîon de voix qui les
adoucit. On peut ajouter que quand on dit qu'une
perfonne parle du nez , on doit entendre cela dans
unfens tout différent que celui que préfentcnt ces
paroles; car alors le nez concourt moins à la pro-
nonciation,quc fi l'on ne parloir pas du nez; puifque
l'air qui ne peut paffer librement par le nez efl: ren-
voyé dans la bouche, où il forme un fon obtus,
qu'on appelle fon nafal.
De tout ce qu'on vient de dire, on doit condure
qu'il n'y a plus de confonnes dans une langue que
dans une autre , que parce qu'il y a plus de modi-
fications de fon reçues par l'ufage , &z établies dans
une langue , que dans une autre; car tous les hom-
mes ayant les mêmes organes , ils peuvent for-
mer les mêmes modifications : ainfi c'efl: feukmen: à
l'ufage, & nullement à la nature, qu'il faut attri-
buer que les François n'aient point le e d^s Grecs
Quietk Anglais, kc/i des Allemands tul qu'ils le
8^8 CON
prononcent dans ich & dans euch , Vain & le hhtth
des Hébreux , ou les conformes femblables des autres
langues orientales ; que les Chinois n'aient point
d't ; que les Iroquois n'aient point de conj'onn^s h
bialcs , que les Hurons aient beaucoup d'afpirations ■■,
que les Arabes & les Géorgiens aient beaucoup de
confonncs doubles ; ce qui vient de ce qu'ils font con-
courir fortement plufieurs organes à la modifi-
cation d'un Ton , au lieu que les François n'y em-
ploient ordinairement d'une manière forte & bien
fenfible qu'un feul organe , &c les autres que foible-
ment.
Il eft encore vifible que dans toutes les langues ,
les lertres gutturales ou les afpirations , font de
véritables conjonnes , puifque le gofier modifie au-
tant le l'on que le palais , la langue ou les lèvres.
Enfin , pour trouver toutes les confonnes qu'il
peut y avoir dans toutes les langues qui ont été
en ufage , ou qui peuvent être formées , il n'y a
qu'à oblervcr toutes les modifications qui peuvent
arriver au ion de la parole , & l'on aura par ce
moyen-là toutes les confonnes qu'on peut imaginer.
Les langues du Nord écorchent le gofier de
ceux qui parlent , & les oreilles de ceux qui écou-
tent. Toutes leurs conjonnes entafTécs les unes llir
les autres , font horribles à prononcer , & ont un
fon qui fait peur. Bouh. Il y en a qui attribuent
cela au froid du climat , qui ne laifle pas un mou-
vement libre aux organes.
CoNSONNANTE eft aulli un un grand inftrument de
Muiique nouvellement inventé par l'Abbé Du Mont,
qui participe du clavecin &: de la harpe. Son corps
eft comme un grand clavecin poie à plomb fur
un piédeftal , qui a des cordes des deux côtés de
fes tables , lelquelles on touche à la manière de
la harpe.
CONSORTS , f. m. pi. terme relatif, qui fe dit au
Palais, de ceux qui font engagés dans la même affaire
civile , qui y ont un intérêt commun. Conjors ,_fo-
£ius,\Jn Pourfuivant criées pourfliit tant pour luique
pour fes conforts , pour ceux qui] font créanciers
comme lui^de la même pcrfonnc. Cet héritier exerce
les droits du défunt, tant pour lui^quc pour les
conforts & cohéritiers. On difoit autrefois d'une
femme à l'égard de fon mari , qu'elle étoit fa lé-
gitime époufe & conforte. Du Cange dérive ce
mot de confortes, qui fignific desvoifins, poiTef-
feurs d'héritages qui fe touchent les uns les autres ;
fuppofant que ces héritages avoient été autrefois
diftribués par le fort , & que ceux qui en avoient
eu de contigus , avoient eu la même fortune.
CoNSORT , nom d'une Société du Tiers Ordre de
S François, établie à Milan en Italie. Confor-
tium , Congregatio Fratrum de Psnitentia, On con-
fîoit aux Frères & Sœurs du Confort le foin d'exé-
cutet toutes les œuvres & les legs pieux que les
Fidèles faifoient en faveur des pauvres & des af-
fligés. Dans la fuite , craignant qu'on ne les foup-
çonnât de fe les attribuer , ils remirent ce loin en-
tre les mains de quelques laïques de Milan. Mais
l'expérience ayant appris que ces Frères & ces
Sœurs du Confort s'en acquittoient avec plus de
fidélité , les Milanois, l'an 1477, fupplièrent Sixte
IV d'ordonner à ces Tiercaires de reprendre la
diftribution de ces aumônes, Wading ne dit point
ce qui fut réglé, ni ce que devint cette Société.
Voye? cet Auteur à l'an 1477 , nombre 4(î , & le
P. Heiyot , t. j ■, ch. 4j.
CONSOUDE. f. f. On difoit autrefois Confyre.Co7z/ÔK-
de eft un nom qui fe tire de la propriété qu'on attri-
buoit à plufieurs efpèces de ce genre pour confolider
les plaies, tant internes qu'externes. On diftinguoit
autrefois ces plantes en grande , moyenne & petite
Confonde , 8c Confonde Royzlc. La grande Confonde ,
fymphytum ou Confoiida major , croît dans des en-
droits humides. Ses racines font groffes comme le
doigt, cafTantes, noirâtres en dehors , blanchâtres
en dedans, vifqueufes, & fades au goût. Elles
jpoufTent des tiges hautes de deux à trois pjés ,
CON
quelquefois plus velues , ailées & garnies de feuilles
alternes , longues , étroites , velues , &; de la fi-
gure de celles d'Année, mais verdâtres des deux
côtés , & beaucoup plus étroites. Celles qui for-
tent mimédiatement de la racine font à peu près
de même : fes fleurs , qui viennent pr.r bouquets
aux extrémités des tiges &: des branches , font des
tuyaux cylindriques , ouverts par leurs deux bouts ,
longues de plus de demi-pouce , légèrement cchan-
crécs à leur ouverture fupcrieure , &: de couleur ou
blanche , ou pâle , ou jaunârre , ou purpurin clair ou
purpurin plus foncé. Ces fleurs font foûtenues par
des calices verdâtres , à cinq pointes , & du milieu
defquels s'élève un piftil qui enfile la fleur , & qui
eft garni à fa bafe de quatre embryons, qui de-
viennent autant de femences femblables à des têtes
de vipère. On emploie en Médecine les racines de
la grande Confonde pour les crachcmens de fang , &:
pour les dyfléntcries -, elles entrent dans les tifannes
vulnéraires ôc adoucillantes. On appelle Confonde
moyenne , la Bugle. Voye^ Bugle. On donne le
nom de petite Confonde à la pâquerette, à la bru-
nelle. Voye^ PAQtTERETTE. Et celui de Confonde
royale, Confo/ida rega/is , à cette efpèce de pié
d'alouette qui vient communément dans les champs,
&c qu'on nomme à préfent Delfhininm fegetnm.
Voyez PiÉ d'Alouette.
CoNSouDE Saraine , eft une efpèce de verge do-
rée, qui a fes tiges cannelées, hautes de deux ou
trois coudées. Ses feuilles font longues , femblables
à celles du Saule , un peu dentelées & liffês.
Ses fleurs font radiées , de couleur jaune , difpo-
fées en épi le long des tiges. En latin virga au-
rea angujlifolla [errata ou Jb/idago Saracenica. On
fe fert en Médecine des feuilles , qui ont aftrin-
gentes, amères, defîlccatives & vulnéraires. Elles
font bonnes pour mondifier , & pour guérir les
ulcères malins.
|Cr CONSPIRANT, ANTE, ad}, terme de Mecha-
nique. Les Puitibnccs confplrantes ou concourantes
font celles dont les dirciSlions ne font pas oppofées ,
& qui concourent plus ou moins à produire le
même effet. On ne devroit même appeler Puif^
fnnces conff hantes , que celles qui agiliént fuivant
la même dircâ-ion.
CONSPIRATEUR , C. m. qui ne fe prend guère qu'en
mauvaife part, & fe dit de celui qui forme une
confniration ou qui y a prrt, foit dans le defîein foie
dans l'exécution. /^ciy''{ Conspiration. Cor^juratus.
Quelques Auteurs prétendent qvicconfpirateur n'cft
pas encore bien établi, cependant l'Académie l'a-
dopte y & Corneille a dit :
A'o/z , jamais d'affafjin ni de confpiraieurs
N'attaquèrent le cours d' une Ji belle vie.
CONSPIRATION, f. f. Union de plufieurs perfonnes
mal intentionnées contre l'État , contre les Princes ,
contre les perfonnes publiques. Confpiratio. Tramer,
faire, former, conduire, découvrit une confpiration.
Voyez au met Conjuration , les différences rela-
tives qui fe trouvent entre les mots. Complot,
Conspiration, Conjuration.
(KJ" Conspiration fe ditaufîi, mais toujours en mau-
vaife part , de l'intelligence de plufieurs perfonnes
réunies pour un même defTein lans aucun rapport à
l'État ni au Gouvernement. On fait une confpiration
contreun Auteur. \\ y Ql une confpiration, on a fait
une confpiration pour lui faire perdre fon procès,
pour le lui faire gagner , pour lui faire avoir, pour
lui faire perdre une charse. Il y a entre les hommes
une efpèce de confpiration à fe diiTimuler ce qu'on
penfe les uns des autres. Nicol.
^ CONSPIRER, V. n.être unis d'efptitSc de vo-
lonté pout l'exécution de quelque defTein. Conf"
pirare. On le dit en bonne ou en mauvaife part ,
félon que le deffein eft bon ou mauvais , louable
ou blâmable. Confpirer au bi^n public. Tous conf-
pirent à fa fortune , à fa ruine. Brutus & Caffius
confpirèrem contre Ccfar, pour rendre à la Ré-
CON
publique /on ancienne liberté. On eonfplrok f*ou-=
vent contre les Empereurs Romains.
Du rang qu^ vous tene:^. Confus , dêfefpéré »
Pour vous en dépouiller j' ai cent fois conrpiré.
§CF On dit aâ:ivement confpirer la perte , la mort
de quelqu'un. Il iemble qu'ils aient confpire la
ruine de l'Etat.
03" Ce verbe employé abfolument fe ptend tou'
jours dans un lens odieux pour défigner un com-
plot formé contre le Souverain , contre l'État, contre
les perfonnes publiques. On fut averti que l'on conf
piroit dans telle ville, dans telle province.
fp" On le dit neutralement dans un fens figuré des
chofes qui concourent , qui conttibuent au même
effet. Tous les événemens feniblent confpirer à la
gloire du Souverain , au bonheur de l'État.
Jettez les yeux fur cette Province , que la guerre
&: la fécherefle ont dcfolée , enforte que le ciel
& la terre femblent avoir confpire fa ruine. Flech.
C'eft à la Cour que les pa/fions s'excitent , & confpi-
rent toutes contre l'innocence. Id. Toutes chofes
confpiToient à la fortune du Cardinal de Riche-
tîieu ; (eut confpiroit à fon avancement. Les vœux
fdu peuple confpirent à la gloire de leur Prince.
Je vois que lafagejje elle-mîme t'infpire :
Avec mes volontés tonfentiment confpire.
Racine.
Tout confpire, Madame ta mon contentement.
Mol.
Conspiré , ee. part.
CONSPUER, v. a. cracher fur quelqu'un. Confpue-
re , fpuere in aliquem. Et au figuré méprifer quel-
qu'un d'une façon marquée. Il n'eft d'ufage que
dans le ftyle burlefque. ' .
•CONSPUE , EE. adj. & part. Couvert de crachats j
liftlé , méprifé , mocqué. Pour confoler le Poète
confpué du mauvais accueil du Parterre , il lui
donne deux mille écus de penfion , & lui en paffe
le contrat chez un Notaire. Ohferv.fur les Ecrits
mod. II eft à propos de remarquer que ce mot n'eft
point de l'Auteur de Gil-Blas , quoiqu'il fe trouve
dans l'extrait qu'on donne ici du /F' Tome, Il
faut dire au(Ii , pour la juftification de l'Auteur
des Obfervations , qu'il l'a mis en italique. Au
telle , il n'eft pas du bel ufage , & ne peut paiîer
que dans le ftyle familier.
Et tout leur faoult ayant bernée hué^
Croquignolé , foufieté , confpué. R.
CONSTABLE. f. m. Nom d'homme. Conflabilis. S.
Confiâhle , Abbé de Cave , près de Salerne , mou-
rut l'an 1 1 24.
CONSTAMMENT , adv. d'une manière certaine &
; indubitable. CertiJJimè , indubitanter , haud dubie.
■ Il eft conflamment vrai que le tout eft plus grand
que fa partie.
Constamment , fignifie auflî , d'une manière uni-
forme , invariable , toujours égale , & qui ne change
poinr. Conjlanter. Le foleil achève fon cours cm-
Jlamment en 5(^5 jours.
Cefè aux gens mal tournés , c'eji aux Amans
vulgaires ,
A brûler conftamment/)oz/r des beautés féveres.
Mol.
II fignifie auiTi , avec fermeté. Les Martyrs ont
enduré conflamment les cruaurcs des Tyrans.
CONSTANCE, f. £ qualiré , force de l'ame que les
circonftances ne font point changer de difpolition.
Voye:^ Fermeté.
M. de La Chambre dit que la confiance eft une '
pafllon /impie , qu'il définit un mouvement de l'ap-
pétit, par lequel l'ame s'affermit, & fe roidit
CON
Î5t
pourrefifter âux maux qui l'attaquent. Conflantiat
aninn Jirmitas. La cunjiance des Stoïciens les en\*
pêhoit d'avouer que la douleur frit un mal. Un
coup fi capable d'abattre les plus grands couracres,
n'cbranla point fa conjtance. P. d'Orl. Il y a plus
de conjlance à ufer fa chaîne , qu'à la rompre. Mon r»
Polhdonius , que Ciccron appelle le plus grand des
Stoïciens , louflrit aulli impaciemment qu'un homme
du Vulgaire, & la goutte fut l'écueil de là con-
fiance, S, EvR. Le méptis de la mort dans Pé-
trone n'étoit point la confiance forcée de Sé-
nèque , qui a befoin de s'animer par le fouvenic
de fes préceptes. S. EvR. La confiance de ces il-
luftres Payens qui fembloient mépiifer la mort,
venoit non d'une force vertueufc , mais d'un ftra-
tagême de l'amour propre , qui occupoit leur ef-
prit de toute autre chofe.
Redouble^ vos eforts ; le temps , votre coït-*
ftance
De vos profonds ennuis vaincront la violence^
_ Les anciens avoient f it de la confiance une Di-
vinité qu'ils repréfentoient fur leurs médailles fous
la figure d'une femme en habit militaire , le cafque
en tête, une pique à la main gauche , & portant
la droite julqu'à la hauteur du viiage , en élevant
un doigt j ou bien elle tient la pique de la main
droite , & une cotne d'abondance de la gauche.
Constance fignifie^ perfévérance dans le bien, dans;
quelque attachement , dans l'exécution d'un delfcin
ou d'une refolution. Ce n'eft pas affez que d'en*
treprendre de grands deileins , il les faut pour-
fuivre avec conjlance ; 6c ne fe i-oint rebuter par
les premiers revers. Get:e femme n'a pas accoa'
tumé de laffer la confiance de fes Amans , ni de
les faire mourir de défefpoir, Balz. L'atta-
chement à la Religion qui prend le nom hono-
rable de confiance pour la bonne caufe dans un
parti , s'appelle opiniâtr.-té dans le mauvais parti,
Vous avez éprouvé ma cmftance par vos ri<jueurs ,
& vous m'avez fait faire mes preuves de fidélité»
B. Rab.
La co nftancc , & la foi , ne font que de vains noms
Dont les laides , & les barbons ,
Tâchent d'embarraffer la jeuneffe crédule,
Des-HouI^
La conftance efi une chimère
Qui ne fait qu'amortir les plus ardens dcjirs.
VlLl,
tfT La confiance , dit M, l'Abbé Girard , empêche
de changer , & fournir au cosur des reifources
contre le dégoût & l'enn li d'un même objet s
elle tient de la perfévéran(n; & fait briller l'attache-
ment.
§3" La fiabilité empêche de varier , & foûtienc
le cœui contre les mouvem.-ns de légèreté & de
curiodté, que la diverfité des objets pourroif y
produire : elle tient de la préférence & juftifie le
choix.
|CF 1.2. fermeté empêche de céicf , U donne au CœuC
des forces courre les attaques qu'on lui porte : elle
tient de la réfiftance , & répond un éclat de vie-
to're^
^ Les petits maîtres fe piquent aujourd'hui d'être
volages , bien loin de fe piquer de fiabilité dans
leurs engagemcns. Si ceux des femmes ne durent
pas éternellement , c'eft moins par défaut de con-
fiance pour ce qu'elles aiment , que par défaut de
fermeté contre ceux qui veulent s'en faire aimer.
Constance eft au(ÏÏ un nom propre de femme ,
que plufieurs Princelles ont porté, non-feuhment
de la fimille de Conftantin , mais en France ôi
en Efpagne. Conftantia, On retient au(Ti fouvent
le mot latin Corifiantia, Vlmpét^ttice Confiantia 3
étoit: femme de ticlnius , Se Osiit de Conftaniia »
840 C O N
fille de Conftantius Chlorus. La bonne Reine Con-
fiance penfoit être bien obligée au Roi Robcrc
fon mari , de ce qu'il avoic tait mention d'elle en
l'hymne qui commence , O Con/lantia Martyrum l
Mascurat.
Constance, ville du Cercle deSuabeen Allemagne.
Confiantia, Quelques Géographes prétendent que
Conjtance efi; l'ancienne Gannodurum , que d'autres
placent à Zurzachou , à Laufcnbourg. Conjtana
efl: une ville grande :<«: riche , lur le Rhin : elle
porte les titrè"s de ville Impériale &c de ville libre.
Il y a à ConjUncc un Evêchc lliffiagant de Mayence.
Il y a été transféré de Windifch ou Windinilla,
ruiné en 594 par Childebert II, Roi de France.
De tous les Conciles de Conjiance , le plus cclèare
eft celui qui fut aflcmblé en 141 4 & dura jiu-
qu'en 1418. On l'imprima à Francfort l'an 1700
en lix petits volumes in-folio, avec l'Hirtoirc, Si
d'autres pièces qui 1^ concernent. L'Evéché de Con-
fiance , Conjtantienjîs Epifcopatusy etl un d.s États
du Cercle de Suabe , aux environs des lacs de Con-
fiance ^ dt Zell, &■ aux confins de la Suiile. L'E-
vêque de Conjiance , Prince de l'Empir-. , Souve-
rain dans fon Evêchc , ne l'eft plus de la ville de
Confiance , & réfide dans le fauxbourg , nommé
Percrlingen ou Petershaufen , de l'autre côté du
Rhin. Voye^ Imhoff Not. Imp. L. IJI , c. 9. Le
lac de Confi.ince > qu'on nomme aulli , mais rarement
en France, Bodenzée, s'étend du fudeft au nor-
doueft , entre la Suabe & la Suiile.
CONSTANT , ANTE , adj. ce qui eft certain , in-
dub!tnble..C(;r/«J , induhitMus , haiià dubius. 11 eft
confiant que deiixôc deux font quatre. Il palle pour
confiant qu'on a battu les ennemis; pour dire, on
le tient affùré. Il eft confiant qu'il y a dans les
hommes une idée naturelle de bienicance. S. Real.
f^t Constant i"e dit au/li de celui qui a cette qua-
lité de l'ame que les circonftances ne font point
changer , qui perfévère dans fon arrachement au
niême objet. Confians, Celui qui fera confiant juf-
qu'à la fin, obtiendra la couronne du ciel. Conf-
iant dans fes dedeins , dans fa foi , dans fon amour.
Efprit confiant , qui ne change point; ferme , qui
recède point •, zwe^r^zw/^^/e, qui réfifte aux obila-
des ; inflexible , qui ne s'amollit point. Confiant en
amitié , ferme dans le malheur , inébranlable aux
menaces , inflexible aux prières. Les coquettes
fe moquent des paillons héroïques , & félon leur
goût , la perfévérance d'un amant confiant eft une
langueur trifte & ennuyeufe. S. EvR. Moitié par
habitude , moitié par honneur qu'on le fait d'être
conjlant -, on entretient long temps les miférables
reftes d'une pafîlon ufée. Id. Une conduite confim-
H & réglée, qui eft l'ouvrage de la raifon , eft plus
louable que ces a(5lions d'éclat, qui ne font que les
effets du hafard. P. Rap.
U honneur de paffer pour conftant.
Ne vaut pas la peine de l'itre,
ffT Constant confidéré comme fynonîme a du-
rable. Ce qui eft confiant ne change point -, il eft fer-
me par fa réfolution. Ce qui eft durable, ne cefle
point; il eft ferme par fa folidité. Syn.Fr.
Il n'eft point de liaifons durables entre les hom-
mes , fi elles ne font fondées fur le mérite & fur
la vertu. De toutes les paffions , l'amour eft celle
qui fc pique le plus d'être confiante & qui l'eft le
moins.
H^" Constant fe dit figurément de toutes leschofes
qui ne changent point, ou qui font long temps les
mêmes. Fortune confiante , état confiant , profpctité
confiante.
On dit au Palais, pendant & confiant le mariage ;
c'eft-à-dirc , pendanr le cours & la durée du maria-
ge. Durante-, perflante matrimonio,
CONSTANTE , (Quantité. ) terme de géométrie &
d'algèbre , qui fe dit des quantités qui demeurent
toujours les mêmes par oppofiîion à d'autres quan-
CON
tîtcs variables , qui croiflent ou dccroilTent tou-
jours. Confians. Ainfi le demi-diamètre d'un cercle
eft une quantité confiante , ou la confiante , parce
que pendant que les abfilfis & les femi-ordonnées
croiflénr, il demeure toujours le même. Tout ce qu'il
y a ici à faire , c'eft de fubftiruer dans la formule
générale les valeurs de y&dev, trouvées en x
Se en confiantes par le moyen des courbes données,
Varign. Acad. i6()^. Mem. p. 55.
CONSTANTIN , f. m. nom d'homme. Cotfiantinus.
Confiantin le Grand eft le premier Empereur Chré-
tien , devenu odieux aux Romains par fon atta-
chement à la religion chrétienne qu'il avoir embral-
fée; ce Prince rétablit la ville de Byfancc , qui de
. fon nom fut appelée Conftantinople , & y établit
le fiège de fon empire.
Les Chevaliers de l'Ordre de Confiantin , appe-
lés aufTi Dores , Angéliques & de faint George. Voy.
au mot Angéliques, où nous en avons parlé, ^oy.
auiîi le P. Helyot , Hilt, des Ordres Religieux ,&c.
P.L C. 15.
CONSTANTINE , nom de ville. Confiantina, Ville
capitale de Numidie en Afrique , nommée autrement
.Cirthe > qui , fous Conftantin le Grand , prit le nom
de Conftantine. Les Evêques d'Afrique écrivirent à
Conftantin (en^i(î, ) que les Donatiftes s'étoicnt
emparés de l'églife , que lui-même avoir fiir biuir
pour les Catholiques dans la ville de Cirthe, ca-
pitale de Numidie, nommée alors Confiant.ine de
fon nom. FtEURY./^oye^ Marmol , livre FI , chap,
i3.
^fCt ConstAntine eft encore une ville de PhéniciCi
ainfi nommée par le même Empereur Conftantiiî
le Gra-id. Confiantina.
,ÇT CoNSTANTiNE eft auflî une province de Barba-
rie en Afrique , appelée autremcnr par les anciens
la nouvelle Numidie. C'eft aujourd'hui une provin-
ce d'Al i-er, qui a la Mediterrannée au nord , au le*
vant le royntm' de Tunis j au midi le Biledul-
gcrid , Si au co :chant le Sufegmar.
CONSTANTINIEN , ENNE , adj. qui appartient à
Conftantin, qui vient de Conftantin. Confiantinia-
nus , a , um. L'Ordre Cunfiantinun eft un Ordre de
Chevalerie que l'on juctend avoir été inftitué par
Conftantin. Voy. le P. Honoré de Sainte M.irie>dans
fes Dijfirtations hifiori^ues & critiques iar la Che-
valerie ancienne Si moderne. Ce fat par le canal des
Angeli de Drivafto , que l'Ordre Lonjt.intincen paf-
fa en Italie. Les preuves juftificativcs de kur Che-
valerie Confiantiniennc qu'ils produilirent à Rome,
futenr enrégiftrccs au Vatican. Callifte II, approu-
va cet Ordre. Pic II, Sixte IV, Innocent VlII, Paul
III , LéonX, Paul IV, ClémentVIII , UrbainVIII SC
quelques autres Papes en firent autant. Jean-André
l'Ange, dernier Grand-Maîrre , transféra tous fes
droits Si toutes les prérogarives attachées au titre
de Grand-Maître à François I, Duc de Parme. L'adte
fur expédié .à Venife le 27' Juillet KÎ577 , &i deux
ans après confirmé par un bref d'Innocenr XII ,
Si un cdit de l'Empereur Léopold. En i7oi,Clé-,
menr XI ratifia par un décret le bref d'Innocent
XII. Fove^ l'Aureur ciré ci-defllis ,DifJertation cin-
quième. Pluiieurs Eglifes bâties par Conftantin ont
porté le nom de Confiantiniennes.
CONST.\NTINOPLE, Confiantinopolis , \\l\c de
Turquie en Europe , dans la Romanie , fur une
perite langue de terre , qui s'avance vers la Na-
tolie , dont elle n'eft féparée que par un canal ,
qui n'a qu'un mille de largeur. C'eft l'ancienne By-
^ance. Voyez ce nom. Elle ne porte celui de
Conftantinople que depuis l'an 330. Conftantin
s'éranr rendu odieux au Sénat Si au peuple ido*
lâtre de Rome , par le mépris qu'il faifoit de l'ido-
lâtrie , fe dégoûta de cette ville , S-: réfolut d'en bâ-
tir une autre qui pur lui être comparée , & d'y éta-
blir fa réfidence. Dioclérien avoir déjà voulu le fai--
re à Nicomcdic.Conftantinvoulut d'abord bâtir près
de l'ancienne Troye. Il y Jeta des fondemcns , Si
C ON
Commença à élever les murailles ; mais étant
venu à Byzance,il fut charme de la merveilleule
luuation , il changea de dcilèin , & rélblut de bâtir
en ce lieu la ville\u'il méditoit. Cependant, par-
ce que Conftantin la prit lut Licinius, quelques-
uns ont dit qu'il l'avoit rebâtie comme un mo-
nument de la victoire. En effet il commençai y
faire travailler peu après j c'eft-à-dire , l'an 31^,
& il la fit folennellement dédier l'an 5 50, indiCtion
troilieme, le lundi 11 de Mai l'an 1080, depuis la
fondation de Rome , & par coniéquent l'an jjSi ,
après la fondation de Byzancc, s'il eft vrai qu'elle
fut bâtie par Byzas , Roi de Thrace , la troilieme
année de la trentième olympiade , qui eft l'an ^9
de la fondation de Rome. Cette nouvelle ville fut
appelée en grec , qui étoit la langue du pays ,
Ko>s-«»r(i-» !to'A(ç Ville de Conjtanùn. Delà fe fit en
latin ConjiantinopoUs , & en françois dans la
fuite , Coj.jiantinople. ^C? Conftantin ayant dans la
fuite divilc les États en Empire d'Orient &: en Em-
pire d'Occident , Conflantinople fut la capitale de
l'Empire d'Orient , & elle a lublifté auffi fous -jG
Empereurs , jul'qu'à Conftantin Palcologue , détro-
«é par Mahomet II , en 145 3 j qui en lit la capita-
le de l'Empire Ottoman. L'Archevêque de Conjtan-
tinople n'a eu le titre de Patriarche qu'au premier
Concile de Coujiantinopk en 585. Nous avens beau-
coup d'anciennes monnoics de bronze fort petites,
fur lefquellcs on voit d'un côté un bufte de temme
armée d'un calque & d'une cuiraOé, avec une efpcce
(defceptreà gauche qu'elle tient droit de la main.
L'infctiptioncftCoNSTANTiNOPOLis.Aureverseftun
Ange qui de la main droite tient un fceptte lémbla-
ble à celui de la femme , &: appuie fa main gauche
fur un bouclier qui porte à terre : à les pies adroi-
te, il a une pouppe de navire , & quelquefois une
branche de palme. Dans l'éxergue plc , ou eoN , &
une ou deux étoiles, îrp , & une étoile , ou quel-
ques autres lettres; car il y en a de bien des for-
tes. Conjiantmople fût auffi nommée la Nouvelle
Rome. Sa dédicace fe célébroit tous les ans com-
me un Jour de fête , par des jeux Iblennels. L'en-
ceinte des nouveaux murs ne fût que de quinze fta-
des , qui font environ' trois quarts de lieues; mais
elle fut augmentée par les Empereurs fuivans. Conf-
tantin y attira des habitans de l'Ancienne Rome
& des Provinces, &: lui donna de grands revenus,
tant pour l'entretien des bâtimens, que pourla nour-
riture des Citoyens. Il y établit un Sénat des Magif
trats , & des Ordres du peuple, de même que dans
l'Ancienne Rome. Elle étoit divifée , comme celle
là, en 14 régions ou quartiers, & ornée des mêmes
fortes d'édifices publics,hormis lestemples.il y avoit
plulieurs places environnées de galeries couvertes ,
deux Palais pour l'Empereur ; un cirque ou hippo-
drome pour les courfes des chevaux ; des flades ou
carrières pour les courfes à pié ; un amphithéâ-
tre pour les combats des bêtes ; des théâtres pour
les autres fpeéVacles ; plufieurs portiques pour les
promenades , des bains , des aqueducs , des fon-
taines en grand nombre -, un capitole , où les Pro-
felfeurs des Arts avoient leur auditoire ; un pré-
toire, & plufieurs baliliques , où l'on s'affembloit
pour les a.'îaires ; des greniers publics ;& fur-tout
il fît confacrer à Dieu tous les temples. La prin-
cipale Eglife fût dédiée à la Sagefle Eternel-
le , & eut le nom de Sainte Sophie , qu'elle gar-
de encore. îl yen eut une des douze Apôtres, d'au-
tres de Sainte îrcnc, de Sainte Èuphémie, de S.
Mocius, de S. Procope , deS. Acace,de S. Aga-
thonique , de S. Diomcde , de S. Jean l'Evangé-
lifte , de S. Michel , &Ci II y mit auffi une très-belle
bibliothèque.
CoNSTANTiNOPLE cft la plus belle ville du mon-
de par fa fitustion , & pour fes vues. Son port paf-
fe auffi pour être le plus beau & le plus lut du
monde.
Le plan de cette grande ville eft triangulnire. Le
côté du port efi: long de 4 milles , celui de l'HcUef-
Tome IL
C O N
84 f
pont d'autant , & le côté de la terre efl; plus grand
d'un mille que les autres. Le ferrail qui eft un petit
triangle de deux milles de circuits, compris dans la
ville , eft au bout du promontoire chryfocéras ,;
qui le nomme aujourd'hui la pointe du ferrail , où k:
joignent le« deux premieis côtés , qui lui font com-
muns avec les murs de la ville. Les bâtimens en
font reculés jufques fur le haut de la colline, & aii •
deiîùs des jardins qui s'étendent jufqu'au bord de
la mer. L'apparence extérieure n'en eft pas bien bel-
le, parce que l'architeélure n'en eft pas fort ré-
gulière, Sd que ce font dcsappartemens détachés en
forme de pavillons &: de dômes. Du côté du port
font les portes fecrettes , qui ne fervent qu'à l'ufa-
ge du Grand-Seigneur & de fes femmes , & les rb-
mifes de fes brigantins & de fes caiques. Il y à au/Iî
fur le rivage un de ces pavillons que les Turcs
appellent Kiosk , foûtenit de douze belles colon.*
nés de marbre , & enrichi d'un fuperbe lambris
peinr à la pcrfanne , où le Grand-Seigneur vient
çuelqucfois prendre l'air, & jouir de la Vue du
port. Du côté de l'HcUerpOnt , en allant vers les
lépt tours, qui font l'angle qui regarde le midi &
le couchant, il y a une fontaine que les Grecs ont
en fi grande vénération , que le jour de la TranP"
figuration ils n'en font pas boire feulement à cçux
qui font travaillés de la fièvre ; mais ils les enter-'
rcnt encore dans le fable CjUi eft autour, croyant-
par ce moyen , les foulager de leurs maladies^
La grande porte du ferrail eft du côté du feptcn-
trion, gardée par des Capidgis. Sainte Sophie en
eft fi proche , que la facriftie , qui fervoit autre-
fois à cet augufte Temple , feit maintenant de ma-
gafin d'armés. Dans la première coût du ferrail , on
la voit à main gauche , 5c les infirmeries du ferrail
vis-à-vis de l'autre côté.
De cette cour on entre dins une plus grande ^
dont la porte eft gardée avec le plus grand foin , &c
elle conduit au Divan par une belle allée d'arbres.
Le trélbr du Grand-Seigneur eft à main gauche ^
anffi bien qu'une fontaine où l'on fait couper la
tête à tous les Bâchas que le Giand-Seigneur faie
mourir publiquement.
Un peu au-delà de Sainte Sophie , dont nous
parlons au mot Sophie', font les logemens des Dt^e-
bedgis. Il y a auffi une vieille tout , qui étoit autre-
fois un Temple de Chrétiens fort obfcur ; en y tient
des bêtes , lions , &c. En allant a la Mofquée neu-
ve qui eft près de ce lieu, on voit dans une peti-
te rue rrois grandes colonnes de marbre blanc, dif«
pofées en triangle. Les Chrétiens du pays tiennent
par tradition , à ce que Nicéphote rapporte , que
Conftantin fit ériger rrois croix de bronze fur ces
trois colonnes , & qu'en chacune il fit graver fé-
parément un de ces trois mots: ihsoïs XPi:ros
NIKA Jefus-Chri/i furrnonte , & ils en racontent-
beaucoup de choies merveiîleufes qu'on peut voie
dans Du Loir, /^. 51 &; si.
La Mofquée neuve qu'ils appellent Yn<Tfn thefl-
chii ou D^iami , eft bâtie fur le haut d'une des
fppt collines, qui fofit comprifes dans les murs de
Confiantinople. Son plan n'eft pas moins grand que
celui de Sainre Sophie , qui a été le modèle de ion
bâtiment comme de tous les aùttes. Quatte gros
piliers ronds foûtiennent le dôme , &r tout auteur
des murailles , quantité de colonnes appuient une
petite galerie qui n'a pas plus de fix pic5 àc large„-
Les murs jufqu'aux galeries fonr revêtus de pièces
de faconde porcelaine, & il y a une grande quan-
tité de lampes, de chandeliers , de boules de verre,
de petits va'iTeaux, de galères & d'autres choies
fufpendues. Pour y entrer il faut pafTer pat un cloî-
tre carré oui a une fontaine au milieu, (5.: dont les
galeries font couvertes de plufieurs dômes foûte-'
nus de 2(j colonnes de marbre iafpé,quiont bieit
lo pies de haut.
La principale porte de cette Mofouée regarde
l'Hippodrome des GrecS. Ccrt' place fe nomme
Jme\ d'in y c'eft-à-dire, Place des chevaux, paro®
'' . 000 00
O
4^ G Q N
G l'-lk fert encore aujourd'hui à les exercc^r , & cr-
dinaii-ement les vendredis, ks jeunes Spahis cou-
ranr à toute bride, y lancent la zagaic. Elle a bien
quatre :\ cinq cens pas de long, & cent cinquante
de larc-e II ne s'y voit pour toute antiquité qu un
bel obelildue d'une feule pierre mifte , de la hauteur
de plus de 30 coudées , enrichie de lettres hiérogly-
phiques , & élevée llir quatre boules de ir^arbre tres-
rin ily a encore deux colonnes, l'une de marbre
& l'autre de bronze , qui eft tiite de trois lerpens
entortillés , dont la tcteavec la gueule ouverte font
le* chapiteau. Les bains &c l'hôpital de la Molquee
neuve font très-beaux , Se il n'y a qu'un turbe dans
lequel ell enterre Sultan Aehmet , qui l'a bati , &c
toute fa famille. • , ,,»
Le ferraildesZulufdgiles eft a un des coms de 1 At-
meydan. Au delà de la^Mofquée neuve font les deux
■ Bézeftins , ou marchés , le vieux & le ncur. Près de-
là eft la place où fe vendent les eiclaves : on la
nomme ^«m ^a^^ri , c'eft-à-dire, /e marché des
femmes, parce qu'il s'y vend plus de femmes que
"d'hommes. Non loin delà eft la Mofquee du Sultan
Bajazet,plus petite que ks autres, mais qui a pour-
tant toutes fes appartenances , excepté des turbcs.
Elle eft fur le haut de la colline proche du vieux
ferrail,oùronmet les veuves des Grands-Seigneurs,
Il y a une grande place auprès de cette Mofquée ,
où les bateleurs font leurs tours de gobelets èc de
mains. Dans une longue galerie qui tait un des cô-
tés de cette place on vend toutes fortes de gentil-
leffes , comme on fait à Paris au Palais , excepté des
rubans , parce que les Turcs n'en portent point.
Le milieu de la ville, d'où l'on peut avoir en-
tièrement la vue du port qui n'en eft pas éloigné ,
eft fur l'éminencc de la colline, où Sultan Suley-
man , l'Alexandre des Turcs , a tait bâtir une Mof-
quée. Elle eft plus belle que les autres , parce qu'el-
le eft plus femblable à Sainte Sophie , & entre tou-
tes les riches colonnes qui font dedans , il y en a
quatre de porphyre d'environ 50 pies de haut.
Son cloître n'eft pas moins grand que celui de la
Mofquée de Sultan Aehmet. Il y a deux colonnes
de moins -, mais cela eft ilippléé par la beauté du
marbre fin &: jafpé dont elles font faites , & par
l'artifice de la fontaine qui eft au milieu. Les bains
& l'hôpital répondent pareillement à la grandeur
de celui qui les a bâtis , lequel eft enterré dans un
turbé , &; la femme dans un autre.
Dans une rue prochaine qui eft belle &: large ,
on vend les arcs & les carquois. Au bour de cette
rue eft une des fept mofquées , qu'ils comptent pout
royales , quoiqu'elle n'ait été bâtie que par le fils
de Suleyman , d'où vient qu'elle porte le nom de
Chaliade , qui fignifie fils de Roi , 6c de l'autre
côte de cette mofquée , font les vieilles chambres des
JanifTaires , qui font les logemens de ceux qui de-
meurent dans Cojifinminople , & qui ne font pas
mariés. Il y a deux colonnes proche de-là fort re-
marquables : l'une qui s'appelle irûlée , parce
qu'elle l'a été depuis peu , & qui , fans la bafe & le
chapiteau, eft faite de huit pierres de porphyre,
qui étoient fi bien jointes avant le feu, qu'on les
croyoit d'une feule pièce , parce que les afi'embla-
ges que le feu a fait paroître , étoient cachés par
des branches de laurier qui font taillés defl'us ; la
féconde appellée /ii/Zoriiz/^, eft où fe tenoit autre-
fois le Marché des femmes. Les Turcs rappellent
Dykili-Tach , c'eft-à-dire , Pierre plantée. Elle a
bien 60 pies de haut , fur un piédeftal qui en peut
avoir fix. Une expédition d'Arcadius eft taillée en
bas relief , de figure mal faire , & celle de cet
Empereur qui l'aYait drefler étoit autrefois dcfllis.
L'cfcalier en eft merveilleux , régnant dedans tout
du long comme une coquille de limaçon , quoi-
qu'elle" n'ait que douze pies de diamètre au plus.
Un peu au-delà, & aflez près de la porte San-
mathia , dans un lieu qui appartient aux Armé-
niens , nommé Solimonaftir , il y a une grande falle
où l'on voit encore plufieurs portraits de Saints ,
C ON
& où Ton dit que fat tenu autrefois un Synode;
Les fept tours , nommées en Turc Yedikoulle ,
ri'en font pas fort éloignées. Elles font un des an-
gles du plan de Conjtantinople , Se les Grands-Sei-
gneurs y ont mis autrefois leur rrelbr ; à préfent ,
elles ne fervent plus que de prifon aux perfonnes de
confidération & aux Etrangers principalement.
En approchant de l'autre angle de la ville, qui
eft au bout du port, l'on rencontre des aqueducs ,
& fur i'éminence de la colline qtîi règne tout du
long , Sultan Méhémet a fait bâtir une mofquée ,
à laquelle il a donné Ibn nom. Le cloître en eft
aflez beau -, le refte n'eft pas magnifique. Entre les
turbés qui y font , on voit celui de Sultan Muha-
mct , & d'une Sultane qu'ils difent avoir été Prin-
ceife Francùife , &: c'eft de là que vient la railbn dé
l'alliance, dont le Grand-Seigneur donne la qua-
lité au Roi de France , qu'il appelle fon frère, La
mofquée du Sultan Selim eft proche du port
& moins grande que les autres royales. En allant
de cette mofquée aux murs de la ville , on rencon-
tre deux grandes places de citernes , il y a une
ttès-belle Eglife des Grecs , qui étoit autrefois la
Patriarche de Coiijlantinople.
L'on voit encore près delà , du côté du Boi^
phore , entre la porte qu'ils appellent Egri & celle
d'Andrinopîe , un refte de vieux bàtimcns que \z%
Grecs & les Turcs dilent avoir été le palais du
grand Conftantin ; ce qui ne paroît pas vraifem-
blable , l'endroir étoit ttop petit pour loger un
Empereur &: fes Officiers. L'Eglifepatriarchale des
Grecs eft au-dcçà du palais de Conjlantinople , en
approchant du port èc de la mofquee du Sultan
Selim , dans le quartier que les Turcs appellent
Balat, Se que les Grecs appeloient Ki/Hj^iç , parce
que c'était le parc où les Empereurs fe divertiffoient
à la chaîîe. Depuis l'angle qui eft lur le port jul-
qu'aux fept tours , qui eft le côté de la terre, les
murs de la ville font triples , avec de groflès tours'
diftantes les unes des autres environ de 100 pas.
ConJiantinopU n'a qu'un fauxbourg, qui eft un peu
au-delà de cette porte au fond du port , & au bas de
la colline qui règne tout autout , où l'on fait & l'on
vend des vafes de terre figillée. Il s'appelle Ay-
venfari vulgairement , & je crois que proprement
c'eft Yupunghifari, c'eft-à-dire, la fortereflè d'Yup,
que les Turcs tiennent pour un de leurs plus célè-
bres Prophètes & un des plus vaillans Capitaines,
qui , ayant combattu pour leur Religion , fe foit
fignalé en ce lieu-là. Il y a une mofquée qui , au
lieu de fontaine au milieu de fon cloître , a une
tribune de marbre élevée fur des piliers de même
matière , où le Grand-Mufty ceint l'épée au Grand-
Seisrneur ; ce qui eft comme la cérémonie du fa-
credes Rois parmi les Chrétiens.
Pour tourner de l'autre côté du port , il faut
pafler une petite rivière qui vient fe décharger
dans la mer après avoir arrofé une très-agréable
prairie. Énfuire on rencontre une maifon de plai-'
fance du Grand-Seigneur , qui eft bâtie fur le ri-
vage du port , & eft appelée Aym-ferray, c'eft-à-
dire, le Serrail des miroirs , parce qu'elle eft per-
cée en tant d'endroirs , qu'il femble que les mu-
railles ne foient que des glaces de miroirs. L'(E-
meydan , c'eft-à-dire , la place des flèches eft der-
rière les murs de ce Serrail , Se les Turcs s'exercent
en ce lieu à tirer de l'arc. Il y a des colonnes de
marbre avec des infcriptions qu'on y a mifes pour
marquer les beaux Se les grands coups. Proche de-
là , & parmi les cimetières des Turcs , eft une tri-
bune où ils viennent en procefTion faire leurs priè-
res, lorfque la pefte règne à Conflandnople. Un
peu au-deçà du ferrail des miroirs ,il y a des paux
plantés au travers du pont, pour marquer l'en-
droit iufqu'où les grands vaiifcaux peuvent avoir
fond. Plus bas, où le port s'élargit , eft le quartier
de l'arfenal de la marine, appelé Caffiin Bachi.
Les galères du Grand- Seigneur y vont Jeter l'an-
cre. \\ y a fix-vjngt rcmifes au rivage , feus le
C O N
quelles on iabrique des galères neuves , & on en
tire celles qro l'ont déiarmces pendant l'hiver , &:
durant que les Forçats l'ont dans le lieu que les
Chrétiens appellent bain , je ne Tirais pourquoi ;
puil'que c'eft véritablement une pnl'on. Ceft dans
cet arl'enal que le Capoudan Jiacha , qui cft l'A-
miral de la Porte Ottomane a la juridiélion , & où
il traite des aHaires appartenantes à là charge. Du
Loir , /?. 40 , 66, Quelques-uns regardent Galata &c
Pcra comme un fàuxbourg de Conjiantinople ; nous
j en parlerons à leur place. Pera ëc Galata Ibnt de
l'autre côté du port. La mer de ce port 'èc du
Bolphorc eft li tranquille, qu'on la palfe lut des
petites nacelles appelées perme^. Voyez ce mot.
Le trajet de ConllantinopU à Scuciiri n'ell que d'un
mille. Voye^ Scutari.
Ditîerence du méridien de Conflantinople à ce-
lui de Paris , x^, 46', 14", orient, ou z6o , 3 j', 50".
Salongitude ^6", 14', 50". Sa latitude 41", o',o".
Cassini.
Il y a plufieurs autres defcriptions , tant ancien-
nes que modernes , de la ville de Conjtantinople,
On peut voir Codin , Grec anonyme , qui vivoit
fous Alexis Comnène, M. du Cange, 6c les deux
tomes qu'a imprimé le P. Banduri , fur Yhijioirc
de Conjtantinople , aufll-bien que les quatre Livres
de Gyllius , & les Voyages de P. de Valle , le
Voya<xe du Levant de Thevenot , C. 16 , ij , 19,
il. D'Herbelot , au mot Cojîhantinach , 'Vigénere ,
îllujlr. fur Chalcondyle , p. 318 & fuiv. 32.5 6«
fuiv.
(pr CONSTANTINOW, petite ville de Pologne,
dans la "Volhinie , fur la rivière de Slucza.
CONSTATER , v. a. vérifier Im fait , le rendre conf
tant &c certain , établir la vérité d'un fait par des
preuves convaincantes. Probare, confirrnare veri-
tatem rei. C'eft un fait que les Phyficiens ont conf-
taté par des expériences. Mém. de Trév. Juillet
1-J2.6. Je n'ai pas envie, pour conjlater ce fait ,
du nioins pour l'éclaircir , d'aller m'enfoncer dans
une bibliothèque avec une foule d'Interprètes , de
Commentateurs , de Critiques , qui peut-être après
avoir employé bien du temps, me lailTeroient en-
core dans le doute où je fuis. Merc. J'^o/if 173 5.
Il y a cette dilïcrence entre la preuve & l'ampli-
fication, que la preuve eft pour érablir une vérité,
ou pour conftater un fait , &: que l'amplification eft
pour exagérer ou pour confirmer l'importance de
la vérité "ou du fait en queftion. M. l'Abbé Colin,
ffj Constaté , Ée , part. Fait confiaié.
Constellation, f. f. aHemblage , amas de plu-
fieurs étoiles que les Anciens ont appelé du nom
de quelques animaux , comme le Dragon , la gran-
de Outfe , la petite Ourlé , le grand Chien , &c.
ou de quelques autres chofcs qui leur étoicnt
connues , comme la Balance , les Gémeaux , le "Vei-
fcau, &c. Signum calefle ,Jidus ,Jignum. Les An-
ciens ont divifé le Firmament en plufieurs parties
ou conjiellations , en réduiiànt plufieurs étoiles
fous la repréléntation de quelques images , afin de
foulager l'imagination &c la mémoire , pour en
faire retenir & concevoir le nombre & la difpolî-
tion , même pour en connoître les propriétés & les
prétendues influences. C'eft dans ce fens qu'on a
dit: cet homme eft né fous une heureufe conjlel-
lation , c'eft-à-dire , fous une heureufe difpofition
des corps céleftes-, pour dire , qu'il eft heureux ou
malheureux. Les Anciens ont divifé le ciel en 48
confhUations , qu'ils <jnt appelées ajlérif/nes, dont
il y en a iz qui forment les figues du Zodiaque ,
&c les Modernes y en ont ajouté 11, qu'ils ont
jj^' obfetvées veis le Pôle Antardtique. On tient qu'A-
naximandre eft le premier qui a divifé le ciel en
conflellations vers la 58' olympiade. Les douze
conjiellations qui font dans le Zodiaque s'appel-
lent les douze fignes.
Toutes les conftellations , & principalement cel-
les de l'ccliptique, ont changé de place depuis les
cbf«iYation$ des plus anciens Aftroaoiîies,Lacc;{/^
CON 84J
tellation du Bélier , par exemple , qui paroiflbit du
tcms d'Hipparques dans la commune léétion de
l'ccliptique & de l'cquatcur, n'a laiflc que fott
nom dans cette région du Ciel : car préfentement
elle paroît avancée jufqucs dans le lieu où ctoit au-
trefois celle du Taureau ,& celle-ci a pris la place
de la conlkllation des Gémeaux , laquelle occupe
actuellement le lieu où les Anciens ont placé !'£«
creviife.
CONSTELLE, EE, ad), mis au noihbre des conf-
tellations , des aftrcs. Relatus in ajtra, inter Jidera.
LTn Poète s'eftfervi de ce mot dans une pièce ba-;
dine , fur la mort d'un chien.
Maintenant chofe étrange -, // ejl froid comme glace i^
Car il ejt mort. Grand bien lui faffet
Puiffe-t-il être conftellé,
C'ejî-à-dire , tien infialé
Au ddffus du figne d'Hercule ,
Dans le ciel de la Canicule.
NOUV. CHOIX DE VERS,
Constellé , ée. adj. Ce qui a été fait fous une cer*
taine conftellation. Une figure conflellée. Un an-
neau conftellé. Une pierre ' conjtellée. Les talilmans
font des ligutes conjtellée s •■, &c Borel aifûre même
dans les Etymologies , qu'il vient d'un mot perfan
qui fignifie gravure conjtellée.
Autrefois on portoit des bagues conjte/lées ■■, c^eû'
à-dire, ornées d'étoiles. Pétrone ditqiie Trimalcion
en avoir une femblable. Pline Se Trébellius Pollio
parlent de ces anneaux conjtellés , comme le rap-
porte François Nodor -, & Scaliger alTure qu'il en
a encore vu à Marléille. gCJ" La fuperftition atta-
choit des propriétés merveilleufes aux anneaux
conjielles. Conjlellatns. Ce mot latin fignifie pro-
prement , garni d'étoiles. Conjlellati ialthei , bau-
driers ornés d'étoiles en broderie.
CONSTER , V. n. impcrlbnnel. Etre certain & évi-
dent. Conjtare. Il ne fe dit guère qu'au Palais. II
conjle par les pièces produites , que le fait eft véri-
table.
CONSTERNATION , f. f. accablement , abattement
de courage, caufé par un malheur, ou une cala-
mité publique. Conjlernatio. C'eft félon M. de la
Chambre, un mouvement de l'appétit, par lequel
l'ame fe relâche & s'abandonne .à la violence du
mal. Le même Auteur met la confernation au
rang des palfions fimples.
ÇC? C'eft proprement le dernier degré de frayeur
dans lequel on eft jeté par l'attente ou la nouvelle
de quelque grand malheur. Ce mal arrivé , caufe
de la douleur \ la confternation eft l'effet du mai
que l'on craint. La perte d'une bataille répand
la confternation dans tout un pays -, on en craint
les fuites. - ' ,
§Cr Vétonnement , dit M. l'abbé Girard , eft plus
dans les fens , & vient des chofcs blâmables ou
peu approuvées. Lay}^ r/ri/è cft plus dans l'efprir ,
& vient des chofes extraordinaires. Voye^ ces mors.
La confternation eft plus dans le cœur , & vient des
chofes affligeantes.
^CJ" Le premier de ces mors ne fe dit guère en bon-
ne part -, le fécond fe dit également en bonne Sc
en mauvaife part -, & le troifième ne s'emploie
jamais qu'en mauvaife part. La beauté d'une femme
ne caufe ^o\nt à' étonnement,&ci\ laideur produit
quelquefois cet effet. La rencontre d'un ami com-
me celle d'un ennemi peut caufcr de la furprije.
Un accident qui attaque l'honneur ou qui dérange
la fortune , eft capable de jeter la confternation.
gCT Vétonnement fuppofe dans l'cvéncment qui le
produit une idée de force -, il peut frapper jufqu'jl
fufpendre les fens extérieurs. La. furprife y fup-
pofe une idée de merveilleux ; elle peut aller juf-
qu'à l'admiration. La confternation y en fuppof»
un de généraUtéj elle peut pouflèr la fcnfibilité»
jufqu'à un entier abattement. Les cœurs bien pla-
cés foat toujouis «tonnés des perfidies , quelque
0 00««ij
844
CON
fréquentes qu'elles foient. Le peuple eft fufpns de
beaucoup d'cftets naturels , dont il enrichit la lifte
des miracles &c des Ibrtilèges. Dans les calamités
publiques &: dans les maux prelians , on cft conf-
terné, parce qu'on manque de rcfîburces, ou qu'on
fe défie de celles qu'on a. Le parfait Chrétien &
le vrai Philofophe font à l'abri de toute conjter-
naùon , parce qu'ils connoiilent la fupcriorité de
la Providence Se des caules premières dont ils ref-
peftcnt les delfeins &c les effets par une entière
Ibumiilion.
pONSTERNÈR , V. a. mettre dans la conftcrnation,
abattre , faire perdre courage. Conjlernare. A la
mort d'Alexandre tous les Capitaines & fes Soldats
furent concernés. Btutus fut consterné par l'appa-
rition d'un Ipedre. La prife de cette ville a cons-
terné toute la Province. Pendant que les âmes vul-
gaires étoient conjlernées , le héros failbit paroître
un courage intrépide. II avoir un air (i effaré &; fi
conjierné , qu'il étoit aifé de s'appercevoir qu'une
crainte exceirive le troubloit. M. Scud,
Consterné, ée. part. Si adj. Conjlernatus.
CONSTIPATION, f. f. C;^- état de celui qui cft
conftipé , rétention des exctémens caulcc par leur
féchereffe & leur dureté. C'cft proprement le con-
traire de la diarrhée. Alvus adjtriSa. Alvi adjlric-
tio. Il y a une conjlipation naturelle qu'on ne peut
regarder comme une incommodité. On voit des
gens qui ne vont à la felle que tous les cinq ou
fix j'ou rs , & qui jouiflént d'une fanté parfaite. Dans
la coîijlipation contre nature , on fait ufagc des
émolhens , de lavemens , & quelquefois de bains
froids.
PONSTIPER , v. a, durcir le ventre , le rcfferrer de
telle fbrte , qu'on ne peut aller librement à la felle.
Alvum adjiringere , contrahere. Courir la porte ,
manger des nèfles , des coins , font des chofcs qui
conjlipent , qui empêchent d'aller à la felle.
Constipé , ée. adj.
CONSTIPE eft quelquefois fubftantif. Cet homme
eft chagrin , il nous a montre un vifage conjlipé,
Trijlis , morofus , tetricns. Il a la mine d'un conf-
tipé. Ablanc.
CONSTITUANT , ANTE. adj. & fubft. Qui confti-
tue un Procureur -, qui crée , qui établit une rente.
Conâituens. Le conjlituant a donné à N. pouvoir
de pourfuivrc , appeler , iubroger , &c. Cette rente
ne fera point rachetable fans avertir la Damecow/-
tituante urt mois auparavant,
'Constituant , ante. part, du préfent, & adj. Ce
quiconftitucj ce qui compofe un être, un corps,
Conjlitums. Nous avons trouve qu'en fcparanr &
volatilifant l'efprit acide après la diffolution des
parties conllituantes du fel par le feu , les parties
d'air changent en grand nombre de l'état fixe à
l'état élaftiquc. De Ruffon,
CONSTITUER, V. a. (fT qui fe prend dans des figni-
iîcations différenres , relativement à plufieurs chofes
unies enfemble, & qui , par leur union , formenr
un tout dont elles font partie. C'eft compofer un
tout. Conjlituere. Ce terme eft aufïï relatif aux at-
tributs d une chofe. C'eft le mélange des élcmens
qui conjHtue tous les corps. Il eft impofïïble qu'un
concours fortuit d'atomes conjlitut un corps par-
fait, un corps animé. L'amc Si le corps conjlituent
l'homme. Ce qui conjîitue la vertu, c'eft, t'c. ^tr-
ius confiât ex , SCc. Corpus confiât ex alimentis.
^CT On le dit figuicment des parties qui compofent
un corps politique. Les Ducs Se Pairs, les Préfî-
dens , les Confejllers confiituent le Parlement.
ÇrT Constituer, en ftyle didadfique, eft quel-
quefois relatif au lieu , au point où une choie eft
placée ; & fouvent il eft fynonime à faire confii-
tuer.Ponere , canfiituere , hcare, CopcTnic a confii-
îué le foleil au centre du monde. Les Philolbplies
païens confiituoient le fouverain bien dans la pof-
reffion de la vertu. Les Chrétiens le confiituent , le
font confifter dans la vifion béatifîque de Dieu ,
en extirpant tous les dcfirs , Si en dépouillait
C ON
l'homme de toute volonté -, il eft dangereux dé 1«
eonfiituer dans l'indolence & dans l'inaétion. Boss.
j^3° Constituer cft quelquefois relatif au porte,
à la dignité , & fynonime à établir, confiituere ,
infiituere. Le Roi a corifiitué un rcl en dignité.
Qui vous a ccnfiitué 'jiv^c lutlfraclî Je i'zi consti-
tué mon Procureun
Constituer. Procureur -, en termes de Palais, c'eft
donner charge à quelqu'un de défendre en Jufticc
une cauie , ou lui donner pouvoir d'agir en des
affaires générales Se particulières.
On dit auHI eonfiituer un homme prifonnieri
pour dire , le mettre en prifon, Aliquem tn carce-
rem comping^re , trudere.
Constituer figiiitic aulfi , afTigner , créer, établir
une renre, une penfion. Ce7?/Zir«ere, infiùtuere. On
confiitue les rentes au denier 14, au denier 20,
Quand on confiitue des rentes, on aliène le fonds.
Les penlîons ne le peuvent eonfiituer llir des bé-
néfices ians le confentement du Patron laïque.
Confiiiuer une dot, l'établir. Confiituer une fbm-
me , un héritage en dot , afligncr une dot fur une
fomme , fur un héritage.
Constituer quelqu'un en frais, en dépenfes , caufer
de la dépenlc , des frais. On a abrégé plufieurs pro-
cédures qui cojijtituoient en frais les parties. Il fi-
gnilie encore , former une demande. Il s'eft confii-
tue incidemment demandeur par fes défenles pour
une telle garantie , pour fon rembourfement. Cb/z/-
titucre je , infiituere fe.
CONSTITUÉ , ÉE. part. Il a les fignifîcations de fon
veibe. Tout conftitué de telles parties. Homme
conjiitué en digniré. Rente confiituée. Procurent
confiitue.
^CT On dit qu'un homme eft bien confiitue , qu'il
a le corps bien conjiitué ; pour dire, qu'il cft de
bonne complexion. f^oye^ ce mot. On dit dans
un fens contraire qu'il eft mal coifiitué.
^f3' CONSTITUT, f. m. terme de Jurifprudence,
reconnoiffance qu'on pofsède naturellemenr Se
corporellemenr , fans aucun droit de propriété ou
de pofleffion civile , une chofe , au nom d'un autre
qui nous en a donné la jouiiTance fous cette con-
dition. Conftitutum. Ferr.
§C? Cette claufe de confiitut fe met ordinairement
dans la donation ou dans la vente d'un fonds ,
avec réfervc de l'ufufruit , pendant la vie du do-
nateur ou du vendeur ; par exemple , un dona-
teur abandonne la propriété de fes biens à un autre ,
Se déclare qu'il ne veut jouir de l'ufufruit qu'il
s'eft rcfervé , que par un confiitut de précaire , c'eft-
à-dirc , par fbuffrance , Se comme par emprunt.
CONSTITUTIF, IVE. adj. Qui conftitué, qui éta-
blit quelque chofe. Il fut ordonné à l'Evêque de
rapporter dans trois mois les titres confiitutifs de
certe redevance. Hifi. de tEgl. de Meaux , Tom.
/, pag. 5 3^-
jJCT On le dit aufTi en Phyfique de ce qui conftitué
efTentiellement une chofe. La divifîbilité eft une
propriété conjlitutive de l'étendue.
CONSTITUTION, f. f Etabliflement , ordonnance,
règlement qui fe fait par autoriré du Prince ou des
Supérieurs. Conflitutio , decretum. Les Coiifiitutions
des Empereurs font dans le corps du Droir Ro-
main -, celles de l'Eglife dans le corps du Droit
Canon. Les Fondateurs des Ordres Religieux ont
fait approuver par les Papes les Confiitutions , les
règles de leur Ordre.
fKT "Constitution du Prince eft tout ce que le Roi
veut avoit force de loi. Le droit de faire des loix
eft le principal effet de la fouveraineté Se fon ca-
raélère efTcntiel. Parmi nous , comme chez les
Romains , les Confiitutions du Prince font ou gé-
nérales ou particulières.
0Cr Les Confiitutions générales règlent principale-
ment ce qui eft de droit public , elles établiffent la
Jurididion des Magiftrats Se des Juges , Se règlent
quelquefois auflî les droits des particuliers.
^ft II y a trois fortes de Confiitutions généiaîes.
CON
Les Ordonnances , les Edirs 2c les Déclarations.
y^oy^i ces mots.
fCF Les conjîitucions particulières font celles qui ne
ie publient point & qui ne regardent que les per-
fonnes , les Compagnies &C Communautés qui y
font nommées , enlbrte qu'elles n'ont point force
de loi à l'égard de routes autres.
^Cr Tels font les Refcrits, les Lettres de Jufllion ,
les Lettres-Patentes , & les Arrêts du Confeil d'E-
tat. Voyei^ ces mots.
Constitutions Apojlollqiies. C'eft un recueil de rc-
glemens attribués aux Apôtres. Conflituùones Apo-
jiolica. On ne connoît point l'Auteur de ces Con-
jiicutions. Tous les Savans conviennent qu'elles
font fuppofées , & S. Clément n'en eft pas l'Au-
teur. Elles font divifées en 8 livres. Elles contien-
nent un grand nombre de préceptes touchant les
devoirs des Chrétiens, & particulièrement tou-
chant les cérémonies 2c la difcipline de l'Eglilé.
Constitution fe dit audi des décilions que font les
fouverains Pontifes fur les matières qui regardent
la Foi & les moeurs , 2c des règleirvens qu'Us font
pour la difcipline Eccléfiaftique. On appelle ab-
folument la Confiitution , celle du Pape Clément
XI, qui commence par le mot Uniaeiiitus. Il y
a des Conjlitutions en forme de Bulle , & d'autres
en forme de Bref. Pour favoir en quoi confifte la
différence de ces deux fortes de Conjïitutions.
Voyez Bref & Bulle.
^3" Constitution , relativement à l'Empire d'Al-
lemagne, fe dit de l'état du Gouvernement de ce
vafte corps , &: des loix générales qui fervent de
règle à tout l'Empire. Melchior Haiminsfeld Gol-
<lat a fait le recueil de ces loix générales fous le
titre de Collatio Conjlicmionum Imperialium. Chri-
ftophe Strinius a fait un Traité des Conjlitutions
Impériales, intitulé Nomothejia Romano-Germa-
nica.
Constitution , en termes de Jurifprudence, eft aufli
un établilfement , une création d'une rente , d'une
penlîon , d'une charge , d'une fervitude fur fon
■foien , fur fon héritage. Pecuni<z i?i prcedio ,fundo
collocatx annuapenjio. Quelque ancienne que ibit
\2. confiitution d'une fervitude , il en faut rapporter
le titre. La confiitution d'une penfion fur un bé-
néfice doit être approuvée par le Pape.
On appelle ablolument & par excellence , con-
fiitution , les rentes créées à prix d'argent. Un Mar-
chand perd fon crédit fur la place , quand il met
fon bien en confiitutions. Tout le bien de ce bour-
geois eft en confiitutions.
gCT Constitution de dot. Adle qui établit ce que
les futurs époux apportent en dot. Dans les pays
coutumiers , où il n'y a point de paraphernaux,
tout ce qu'une femme apporte en ménage forme
fa dot. Dans les pays du droit écrit, il n'y a de
biens dotaux que ceux qui font nommément con-
ftitués -, les autres font réputés paraphernaux. Voye:^
ce mot.
gCT Constitution de Procureur. C'eft un a<5le par
lequel un Procureur déclare au Procureur de la
partie adverf^ qu'il occupera pour celui qui le con-
' ftitue.
|Cr Constitution d'un nouveau Procureur a lieu
quand le Procureur d'une partie eft mort. En ce
cas fi celui pour qui il occupoit n'en conftitue pas
un autre , la partie adverfe le peut alUgner en con-
fiitution de nouveau Procureur.
|tcr Constitution de précaire. Voyez Constitut.
Constitution, en Philofophie, fignifie aflemblage
de plufieurs parties pour faire la compofition d'un
tout. Compojîtio. Nous voyons encore le monde
comme il étoit dans ia première confiitution : c'cft-
à-dire, l'ordre &la fituation des parties du monde
entr'elles. Sa confiitution ne peut provenir que
d'une figefle infinie. La confiitution de nos Opéra
doit paroître bien extravagante à ceux qui ont le
bon goût du vraifemblable. S. EvR. On dit qu'un
, homme eft de bonne aonfiitution , lorfqu'il eft bien
CON
Ht
compofé, qu'il eft fain & robufte -, qu'il enduire le
froid , le chaud , la fatigue , lans Cn ctie incom-
modé. Firma corporis confiitutio. Dans ce lens il
eft fynonime à tempérament, complexion. Rien
n'altère plus la confiitution du vifage , que les cm-
portcmens de la colère. Fel. Déranger la confiitution
naturelle d'un corps , BuRETrrs ," ^,:.z</. djsB.L.
c'eft-à-dire, l'ordre, l'arrangement de fes parties.
CONSTITUTIONNAIRE. f. m. 2c f. C'cft le nom
que l'on donne à préfent à ceux qui fe ioumctient
à. la Conftitution Unigenitus. Voyez Molinistes ,
Jansénistes.'
CONSTRICTEUR, f m. terme d'Anatomie, qui
ferre, qui reflcrre. Confiriclor. Epithète que les Ana-
tomiftes donnent à deux mufcles du nez. Les con^
firicleurs font deux mufcles du nCz internes , &:
caches fous la runique qui rêver les narines : ils font
petits & membraneux \ ils naiflént de la partie in-
terne de l'os du nez , 2c s'insèrent a. l'aile inté-
rieure de la narine pour la relferrer. Dionis.
On donne encore ce nom à un mufcle qui en-
toure les lèvies de fes fibres, qui font orbiculaires ;
de forre que quand il agit , il les ferre & les fronce ,
comme quand on veut baifer quelqu'un. C'cft pour-
quoi il eftauilî appelé Ofculatorius^hzïkvn.HKKKis.
Il y a auffi des confiricleurs du vagin , de la veffie , du
pharinx , &c. dont les fonétions font les mêmes.
^ CONSTRICTION , f. f. terme de Phyfique , ref- .
ferrement des parties d'un corps : état d'une chofe
qui éprouve ce reiÇerrement de parties. Conflriclw ,
afiriclio. Lti condenfation eft une fuite de la coti-
firiciion des parties.
CONSTRINGENT , ENTE , adj. qui refierre. L'ab-
fintc eft une herbe chaude , confiringente 2c corro-
borative. Alimens conjlringens
^ CONSTRUCTION, f. f. difpofition, arrange-
ment des parties d'un bâtiment. Confiruciio.Confiruc-
tion belle 2c folide. Philibert de Lorme fut chargé
de \-xconfiruclion de l'ancien palais des Thuillcries.
Construction de pièce de tra.it. C'eft le dévelop-
pement des lignes ralongées du plan par rapport
au profil d'une pièce de trait.
§3" Construction fe dit , en termes de Marine , de
l'art de bâtir des vaiifeaux. Cet homme entend
bien la confiricciion des vaiifeaux.
Construction fedit, en parlant des problêmes de
Géométrie & d'Aftrologie, delà figure qu'on trace
2c des lignes qu'on tire pour réfoudre un problême.
Les Auieurs font différens fur la confiruclioji du
diême célefte. L'égalité des lignes ou des côtés
de ce triangle eft démontrée par la confiruclion.
En termes d'Algèbre , confiruclion des équations
eft l'invention des lignes ou figures, qui puiflenr
démontrer que l'équation , la règle ou le rhéorcmc ,
eft vrai géométiiquement. Ces confiruclions font
fouvent d'un grand ufage pour réfoudre , ou pour
éclaircir les équations algébriques. Harris.
§CF Construction fe dir, dans un fens figuré, en
parlant des ouvrages d'efprit , pour déligncr l'ar-
langement , la difpofition des patries. Conjlru&io ,
firiiclura. La confiruclion de ce poëme , de cette",
pièce n'eft pas régulière , n'eft pas heureufe.
0CrOn leditaulfidans un fens métaphorique, en gram-
maire, pour dcfigncr l'arrangement des mots fui-
vantles règles & l'ufage de la langue. Confiruclio ,
firuclura verliorum.W y a quelque chofe qui manque
dans la confiruclion de cette phrafe. Cette confiruc-
lion eft louche , c'eft-à-dirc , que les mots font pla-
cés de façon, qu'ils fcmblent fe rapporter à ce qui
précède , pendant qu'ils fe rapportent à ce qui fuit ,
de même que les louches fcmblent regarder d'un
côté pendant qu'ils regardent de l'autre. Confiruc-
tion vicieufe , quand l'arrangement n'eft pas con-
forme aux règles , à l'uiage.
^3" On dir confiruclion pleine , quand on exprime
rous les mots dont les rapports fucceffifs forment
le fens que l'on veut énoncet.
QonsT'u.vcTioti elliptique , lorfque quelqu'un de ces
mots eft fous entendu. Il n'y a point de langue
84^
CO N
dont la confiruclion foie plus Imiple & plus facile
que celle de la langue han(^oile. On ny trouve
point de ces inverlièns qui caulent tant d'embairas
& c;\nt d'oblcuritc dans la languclatine. Elle cpaigne
à l'cCpiit julqu'aux moindres efforts ; le nomina-
tit" précède toujouis le verbe -, & le verbe marche
toujours devant les cas obliques qu'il régit. Elle
expole les penfées dans le même ordre que l'ima-
irination les a conçues i & cette cofifiru&ion na-
turelle ne fatigue point le lecteur, Gill. La langue
francoife eft peut-être la feule qui fuive l'ordre
naturel dans la conjlruclion. Les Grecs & les La-
tins iinilîênt le plus fouvent leurs périodes par où
le bon fens veut qu'on les commence. L'élégance
de leur langue confilte en partie dans cet arran-
gement bizarre , ou plutôt dans ce défordre , &
cette tranfpoliùon étrange de mots. S. Evr. L'une
des beautés de la langue francoife , c'eft la coji-
jiriuiion direéfe , laquelle fans cloute eft préférable
.à la coiifirucUon renverfée &i tranfpofce des Latins.
Charp. Les parties du difcours fe peuvent lier en-
femble ou par une confiruclion limple , lorfque tous
les termes ibnt placés dans leur ordre naturel -, ou
par une coiijirucïion figurée, lorfque s'éloignant
de cette fimplicité , Ton ufe de certaines expref
fions plus courtes & plus élégantes. Or, ceux qui
excellent dans l'art de la Grammaire rappellent
aifément cette conjtriiclLon figurée aux loix de la
iimple , & remarquent bien , que ce qui paroît con-
firait fans aucune règle , &,pat un ufage arbitraire
de la langue , lé peut réduire aux loix générales de
la confiruclion ordinaire. Port-Pv,
CONSTRUIRE, v. a. Je confirais , nous conjîrui-
J'ons , je confiruijîs , j'ai conjlruit , je conjiruirai ,
^u'il coTifiruije , que je conjtruijijfe. Il lignifie , bâ-
tir 5 édifier , élever un bâtiment. Corijiniere,', Il en
coûtera cent mille écus pour conflruire cette Eglifc.
Il a fait conjiiuire deux pavillons .inx deux bouts
de fa maifon. Construire ijn Palais. On dit auHi ,
conjlruire \\n vailfeau , un bâtiment de mer.
Construire le dit aulTi en Géométrie & en Aftro-
logie. Conflruire un thème célefte. Il faut con-
jlruire un problême , avant que d'en faire la dé-
monitration. Conjlruire , dans cette acception , li-
gnifie ttacer la figure , tirer des lignes , faire toutes
les opérations relatives au but qu'on fe propofc.
Construire , en termes de Grammaire , fignifie au
figuré 5 arranger les mots fuivant les règles ^ l'u-
lage de la langue. y'oye:( Construction.
Cette période eft bien conjlruite, toutes les règles
grammaticales y font bien obfcrvées.
^C? Construire fe die auill figurément en parlant
des ouvrages d'efprit. C'eft en difpofer , en ar-
ranger toutes les parties. Pour bien conjlruire un
poème, il lâut beaucoup d'imagination &i de ju-
gement. On a vu éclore différens ouvrages très-
utiles fur l'état militaire , entr'autres celui de M.
le Chevalier FoUard , livre curieux &: très-eftimable ,
bien qu'allez mal conftruit. Obferv. fur les Ecr.
Mod, Pertharite , Tragédie de Corneille , eft une
pièce mal conjlruite , mais pleine de beaux traits. Id.
Construit, ite. part.
CONSUALES , adj. & f. f. pi. terme de Mythologie.
Conjualia, Confuales ludi. Fêtes à l'honneur du
Dieu Conlé ou Confus , c'eft-à-dite , Neptune.
On y faifoit une cavalcade magnifique , parce que
Neptune pafîbit pour avoir donné le cheval aux
hommes. De là lui vtno\x. (on (innom A' Equejlrc ,
t^-rcaç. On dit que c'eft Evandre qui inftitua cette
Fête. Romulus la rétablit enfuite fous le nom de
Confus, parce que ce Dieu lui avoit fuggérc le
deiléin d'enlever les Sabines. Car Romulus ayant
inftitué les jeux Confuales , y invita lés voifins , &
ùt fervit de la folennité des factifices 5c des jeux
pour enlever les Sabines , qui étoient venues à la
cérémonie. Pour y attirer plus de monde, il avoit
répandu de tous côtés qu'il avoit trouve un autel
caché fous terre , qu'il vouloit confacrer en faifanc
des facrificcs au Dieu à qui cet autel avoit été érigé.
C ON
Ceux qui prétendent expliquer les myftèrcs de la
Théologie payenne difent , l'autel caché fous tcire
eft un fymbole du deiléin que Romulus avoit d'en-
lever les femmes de lés voifins. Il eft parlé des
Conjuales en plulicurs endroits du Calendrier Ro-
main. Les Conjuales étoient du nombre des jeux
que les Romains appeloient jacres , parce qu'ils
étoient confacrés à une Divinité. Foyei Varron ,
Fejlus , Tue-Live , Flutarque , Kofinus , le Calen-
drier Romain, &:c. Dans les commencemens ces fêtes
&: ces jeux ne diftéroient point de ceux du Cirque ;
de là vient que Valere Maxime, L. ll^\c. 4, dit
que l'enlèvement des Sabines fe fit aux jeux du Cir-
que -, &: Servius , Enéïd. L. FUI , v. 6^y6, aux Con-
j'uales. On couronnoit & on laiflbit repolér les
chevaux & les ânes ces jours-là , parce que c'é-
toit la fête de Neptune l'Equeftre , dit Plutarque ,
Rom. quafi. 48. Feftus écrit que ces jeux fe célé-
broient avec des mulets , parce qu'on croyoit que
c'etoit le premier animal qui ei^it feivi à traîner
le char. Servius dit que les Confuales tomboient
au i^^ d'Aoiit -, mais Plutarque & Denis d'Hali- .
carnalTe les mettent au mois de Mars. Ces fêres
diffèrent de celles qu'on appeloit Neptunales ,
Nepiunalia. Voyez Vossius , de Idolol. Lil>, /,
c. 15. Viiîencre fur Tire-Live.
CONSUBSTANTIALITE , f. f. terme de Théolo-
gie , unité , égalité , identité de fubftance. Confub-
'jtanti.ilitas. C'eft le mot dont on fe fert dans l'Ecole.
Le nœud de la difpute entre les Orthodoxes fie
les Ariens , confiftoit dans la confubjlantialité du
Fils avec le Père.
CONSUBSTANTIATEUR , TRICE. f. m. & f. Ce-
lui ou celle ,qui croit le Veibe , le Fils de Dieu
conùibftantiel à fon Perc. Qui Filium Dei ttioimit,,,
confubflancialem Fa tri ejfe crédit , docet. Apres que
le Concile de Nicée eut trouvé le mot de con-
fubftantiel , qui fetmoit la porte aux équivoques
des Ariens , ils n'appelèrent plus les Orthodoxes
que Homoufiens , c'eft-à-dire , confubftantiels ou
Confuhjlantiateurs. Hélas ! comme nos frères nous
appellent quelquefois Tranfubjlamiateurs dans
leurs Ecrits. Peliss.
UCT Cet Auteur veut faife voit que les Reformés
donnent aux Catholiques des noms odieux , à l'exem-
ple des Ariens. Mais le mot homoufiens eft - il
exaélement rendu par celui de Conjuhflantiateurs.
ÇCr CONSUBSTANTIATiON , f. f. teime dont fe
fervent les Luthériens pour exprimer leur croyance
fur la préfence réelle de Jéfus-Chrift dans l'Eu-
chariftie. Voye^ Impanation. C'eft la même choie.
0Cr CONSUBSTANTIEL, ELLE, adj. terme de
Théologie , dont on fe fert en patlant des per-
fonnes de la Trinité, pour faire entendre qu'elles
n'ont qu'une feule & même nature. Ejufdem cuin
altero fubjlantitz, ccnfuhflamialis, C'eft le mot qui
eft en ufage dans l'Ecole. Le Fils de Dieu eft con-
fubflantiel au Père. Ce terme fut choili & adopté
par les Pères du Concile de Nicée , pour expri-
mer la Dodrine de l'Eglife avec plus de précifion,
& pour fer vir de barrière &; de précaution contre les
erreurs & courte les furprifes des Ariens. Le terme
de confuhflantiel étoit en ufage parmi les Pères de
l'Eglife pour exprimer ce que nous croyons delà Di-
vinité éternelle duFilsde Dieu, avant que PlotinôC
Jamblique fuffent au monde -, & s'il fe trouve dans
les Ouvrages de ces Philofophes quelque chofc de
femblable à ce que les Chrétiens onr dit , c'eft de la
doctrine des mêmes Chrétiens qu'ils l'ont pris. P.
Baltus. s. Denis d'Alexandrie , dans fa lettre contte
P.aul de Samofate , nous apprend que les SS. Pères
qui l'avoient précédé , avoient appelé le Fils de Diçu
confutjtantiel à fon Père. Id.
Le même Père s'en étoit; encore fervi , en par-
lant du Verbe , dans l'Apologie qu'il envoya au
Pape. Le Concile de Nicée l'employa pour cou-
per pié à toutes les vaines fubtilités des Ariens qui
avouoicnt tout, excepté ce que fignifie le mot
♦>oaVi»î , confubjituuii/ ;çu ils alloient jufqu'à i«-
C O N
connoîcre que le Fils étoic véritablement Dieu ',
mais ils nioient qu'il fiit un même Dieu & une
même ilibftance que le Perc. Aulïî fîrent-ils tou-
jours tout ce qu'ils purent pour abolir l'ulage de
ce terme. On pcrfccuta les dcfenfeurs du confuù-
jiamiel; Conftantius fit tous les efForts pour obliger
les Évêques à fupprimer le térm-e de conju/'jia/i-
tid ; mais la vérité triompha , & ce terme a été
maintenu dans les fymbolcs.
Sandius prétend que le terme de confubfiantiel
ctoit inconnu avant le Concile de Nicee, A4ais on
l'avoit déjai propole au Concile d'Antioche, le-
quel condamna Paul de Saniofare , en rejettanc
pourtant le mot de confuhjlantiel. Courcelles au
contraire a foîitenu que le Concile de Nicée avoir
innové dans la doélrine , en admettant une cx-
prelîîon dont le Concile d'Antioche avoir aboli
rura£:çe. Il eft vrai que le mot de conjubjlantiel iwx.
toujours recueil des Ariens , parce qu'il attaquoit
l'erreur dans fa Iburce , & qu'il prévenoit toutes
leurs diftindions &: toutes leurs fubtilités. Selon
S. Athahafe le mot de confuhjiantiel ne fut con-
damné par le Concile d'Antioche , qu'en tant qu'il
renferme l'idée d'une matière préexiftente , &: an-
■■térieure aux chofes qui en ont été formées \ &
que l'on appelle coejpntiel/i's. Or , en ce fens le
Pcre & le Fils ne- i'oni point confuéjiaruie/s ^i p^iKe
qu'il n'y a point de matière préexiftente. L'heu-
ireufe fécondité de la langue grecque, accoutumée
aux mots compofés , fournir aux Pères de cette
iainte Aileiiiblée le mot d'komoou/los oVo«V/oç , c'efl-
à dire, coyifutfiaTuicl au Père ou de même Ilib-
ftance que le Père , qui fermoir la porte aux équi-
voques des Ariens. Quel bruit ne firent-ils pas dans
tout le monde Chrétien pour le foule ver contre la
nouveauté de ce mot pris , difoient-ils , de la taufle
fagef'e , inconnu aux Apportes , & aux tirois pre-
miers fiècles de l'Eglife ? Ils n'appelèrenr plus les
Orthodoxes qn' Hcmooujiens , c'eft-à-dirCj Confuù-
ftantieh ou Confuhjhwtiateurs.
CONSUBSTANTIELLEMENT , adv. d'une maniè-
re confubltantielle. Confubjtantialiur . C'effc le mot
dont on fe fert en Théologie. Le Fils eft confuhj-
tamieUement un avec le Père.
gCF CONSUEGRE , ville de la nouvelle Caftilk ,
en Efpa<rne , à dix lieues de Tolède.
CÔNSUETUDINAIRE. f. m. & f. Quia coutume
de faire quelque chofc. Affuetus aliquid facere ,
folitus aliquid facere. Ce mot n'eft point dans l'ufa-
ge ordinaire de la langue. Pontas s'en fert dans
l'on Dictionnaire des cas de conscience.
CONSUIVIR. V. a. Mot du vieux langage , qui
fignifioit attendre 3 attraper. On trouve aiiifi con-
fuivre.
CONSUL, f. m. §3" L'un des Magiftrats qui avoir
la principale autorité dans Rome ; le premier de
îa République, quand il n'y avoir point de Dicta-
teur. Conjul. Les Confuls étoient les chefs du Sé-
nat , commandaient les armées , & Jugeoient fou-
verainement des différends entre les Citoyens Ro-
mains; mais parce qu'ils abufèrent de leur pouvoir ,
il fur permis par la loi Vakria d'en appeler au
peuple , fur-tout lorfqu'iî s'agiflbit de la vie d'un
citoyen. Dans la fuite , les Confuh étant trop oc-
cupés des affaires générales de l'État , ou à Rome,
eu à la tête des armées , on créa d'autres Ma-
2;ifl:rats pour rendre la juftice au peuple à la place
des Confuls.
Les Romains , depuis qu'ils eurenr chafTé leur
Roi , furent gouvernés par des Confuls qui furent
établis l'an Z44 ou 245 de la fondation de la ville ,
ainli appelés à confulendo. Brutus & Collatinus
lurent les premiers élus par l'aflémblée du peuple.
On défignoit les années par les noms des ConJ'u/s.
Quand l'un des Confuls mouroit dans le cours
de l'année de fon confulat , on en élifoit un autre ;
mais on continuoit à donner à l'année le nom
de celui qui avoir eu le confulat ordinaire ; c'cft-
iVdire , celui qui avoit été élu au mois de Jau-
G t) N
847
vîer. On ne pouvoit être Conful qu'à 43 ans. IJ(
y eut encore des Confuls du temps des Empereurs^
mais ce n'étoit plus Ibus eux qu'un titre honorable ;
cependant ils atfeiftèrent de conferver cette dignirç
comnîe un refte de liberté. Enfin ,, il s'éteignit in^
feniiblement au temps de Juftinien ; enibtre que
depuis lui, aucun Empereur n'a fait des Confuls,
& n'en a pris la qualité. Bafile eft le nom du derr
nier Conful marqué fur les Fajtes-Confulaires , eit
l'année ',41. Cette dignité étoit alors tellement
avilie , qu'on la conféroit aux dernières peribnnes
de l'Empire. L'Empereur Juftin la voulut rétablir
Z5 ans après , &: fe créa lui-même Conful'^ niais
ce deffein n'eut pas de fuite. Caligula fit délîgner
Co/i/«/ fon cheval.
Depuis l'établiflémenr de la République , èc le
coaiulat de L. jun. Brutus & de L. Tarq. Collât,
auquel Valerius Publicola fut fubftitué , jufqu'au
confulat de Bafile , c'eft-à-dire depuis l'an, 144 ou
245 de la fondation de Rome , J09 ans avant Je-
fus-Chrift , jufqu'à l'an 12.93 '^^ ^^ fondation de
Pvome , 540 après Jefus-Chrill: ■, pendant 1049 j on
compta les années par les Confuls ; mais depuis
l'année 540 de J. C. que Balile éx.oit Conful , nous
ne trouvons plus de Conjuls ni de confulars faivis.
On compta dans la fuite par les années du régna
des Empereurs , & par les indiétions. Cependant
les années qui fuivirent le confulat de Bafile font
encore marquées quelquefois ainfi ; poji confula-
tum BaJîUi 1,2, &c. jufqu'à la 25'. Voyez, les
Fajies Confulaires imprimés à Amfterdam en 1705: l
fiar M. d'Almeloveen , Jurifconfulte hollandois.
Dans cet eipace de temps , cet Auteur , compte
1060 Confuls , fans parler des Confuls fubftiîués ^
fuff'ecli. Cependanr , de l'an 509 avant J. C. juf-
qu'à l'an 541 dé J, C. il n'y a que 1049 ans. Sic
conféquemment 1049 conlulats ; encore fait-il com-
mencer les Confuls l'an 244, de, Rome , quoi-
qu'ils n'aient commencé qu'en 245 j félon Tite-
Live i qui ., à la fin de Ion premier livre , die
que le Gouvernement des Rois dura 244 ans.
Les confulats perpétuels des Empereurs d'O-
rienr , qui coiripoiént les fades Byzantins , com-
mencerenr l'an de J.C, 5^7, & finirent l'an <?(j8 3
avec la dernière-^nnée de Conflians , petit fils d'Hé-
raclius. Conftantin Pogonate youlut que le confu-
lat fut inféparable de l'Empire , ce qui dura juf-
qu'à Conftantin Porphyrogénète, Dans cette for-
me de gouvernement , l'Empire & le confulat
étoient fi étroirçment unis , que l'Impératrice Irène
voulut prendre le confulat ,' lorfqu'elle fut Ré-
gente. Les Empereurs françois , ceux d'Italie , &;
les Princes Sarrazins , qui commandoient en Ef-
pagne , ayant pris le confulat , comme les Empe-
reurs de Confianrinople , ceux-ci méprifèrent ce,
titre , & le quittèrenr parce qu'il étoit devenu
trop commun ; de forte qu'il ne relia plus qu'aux
Magiftrats des villes , & à certains autres Offi-
ciers 3 ce qui arriva vers l'an 900. Voye:^ le P.
Pagi dans fa Differtation Hypatlque , ou fur le
confulat.
Sous les Empereurs , il y avoit des Confuls or-
dinaires , des Confuls honoraires , & des Confuls
fubrogés 5 c'eft-à-dire , mis à la place des ordinai-
res , ou par la mort ou autrement. Il y en eut
aufTi de cette dernière forte dans le temps de la
République. Ceux qui ont donné des liftes des
Confuls, fonr Tite-Live & Tacite, Dion Caffio-
dore, Idatius.un Anonyme imprimé par le Car-
dinal Noris, Onuphri.us, Panvinius dans fes Faf-
tes Confulaires , Pighius , le P. Petau dans fon
XIIP liv. de Doclrina. temporum , &c]a.nion d' A-
meloveen , Jurifconfulte hoUandois , en 1705,
avec des notes.
CoNsut fe dit auffi , dans les Auteurs du moyen âge ,
pour Comte , & Procoriful ou Fice-Conjul , pour
Vicomte ; ainfi que M. de Macca l'a montré dans
fon Hill dg Bearn. L, llh c 3« P^t plufieurs Au=:
84S
CD N
tcui-:5, & boancoup d'exemples. Epelman a fait la
même remarque dans l'on GtoJJaire.
Consul iis^nifie aull! les principaux Officiers d'un
bourg ou d'une petite ville dans les provinces
méridionales de France > qui ont foin des affaires
publiques de la communauté, comme les Eche-
vins en d'autres endroits. Ce font les Confuls qui
règlent les impoiitions , les logcmens de gens de
guerre , &c. Voyez les notes de Durand fur les
Origines de C/ermoni en Auvergne , p. i^&i iqi.
Lcs^''Echevins y ont été appelés d'âhozd Conjuls ,
5c jufqu'en 155^.
Consul fe dit aulH des Juges qui font dus entre
■ les marchands pour régler les affaires du com-
merce, fuivantles privilèges à eux accordés. Char-
les IX érant un jour entré dans la Grand'Cham-
bre du Parlement de Paris , &: ayant ouï pronon-
cer lur un différend qui étoit entre deux mar-
chands qu'on envoya hors de Cour & lans dé-
pens, après avoir confumé dans une pourfuite de
dix ou douze années , le meilleur de leur bien ,
fut fi fenfiblement touché de voir que les longueurs
de la chicane , en ruinant les marchands , dctrui-
foicnt le commerce , qu'il fit un édit au mois
d'Oclobre , l'an 15^5 » P^"^ l'^'5"el il érigea dans
les principales villes du Royaume , comme il y
en avoir déjà dans Marfeille & dans Rouen , des
jurididions particulières de Juges Confu/s , tirés
du corps des marchands , où l'on décidâr promp-
temenr les différens qui arrivent fur le commerce,
D'auttes difent que cette juridiélion fut établie
d'abord à Paris en 15^5, & puis en ij<f<J,parun
édit général, dans toutes les bonnes villes du
Royaume. Il y a un titre dans la dernière ordon-
nance de 1675 , qui segle la Jurididion des Ju-
ses-Confuls. Les Confuls jugent des affaires de
marchand pour le fait du négoce , dont ils fe
mêlent feulement. Les fentences des Confuls por-
tent contrainte par corps. A Paris il y a un Juge
ëc quatre Confuls. En d'aurres villes , il n'y a qu'un
Juge & deux Confuls. Ils Jugent en dernier ref-
fort , jufqu'à la fomme de 500 livres , fuivant
l'article 8 de l'édit de création. Dans les Parle-
mens de Rouen &C de Touioufe , au lieu de
Juges & Confuls , on les appelle Prieurs & Confuls.
ConsVl eft auHi une office établi "en vertu de com-
milfion du Roi , dans toutes les échelles du Le-
vant , ou autres villes de commerce , pour faci-
lirer le négoce , protéger les marchands de la na-
tion, ^CF & juger roussies différends qui naifTcnt
entre les marchands françois , en fe conformant,
tant en matière civile que criminelle , aux capi-
tulations faites avec les Souveiains des lieux de
leur Gtabliflement.
|Çr Les appellations des jugemens des Confuls :,
tant aux échelles du Levant , qu'aux côtes d'Affii-
que & de Batbarie , fe relèvent au Parlemenr
d'Aix , & les appellations des jugemens des autres
Confuls , au Parlement le plus proche du confulat
cù les fentences ont été rendues.
0CF En matière criminelle , quand il n'échet aucune
peine aftliclive , ils peuvent juger définitivement ,
pourvii que les jugemens foienr rendus avec les
députés, & quatre notables de la nation.
^ S'il éehet peine afllidive , l'iiiftrudlion faite ,
ils font tenus d'envoyer le procès avec l'accufé
• dans le premier vailfcau faifant fon retour en
France , pour être jugé par les Officiers de l'ami-
rauté du premier port où le vaiileau fera fa dé-
charge.
L'Ordonnance de la Marine veut qu'un Coriful
foit âgé de trenre ans , & que tous les aéles e::pé-
diés en pays étrangers ne faflent point de foi
en France , s'ils ne font légalifés par les Confuls.
Il y a des Confuls à Alep , à Alexandrie, à Smir-
ne , à Soïd , à Tripoli , à Alger , &c. Le Conful
du Caire eft celui qui tait le trafic du féné qu'on
vend en Europe. Le nom de Conful efl demeuré
à des Juges de la Mariae , lequel , chez les Au-
CON
teurs du moyen âge , fignifie un Juge ordinaire ,
audi-bien que celui de Comte, ainh qu'a remar-
qué d'Argentré en fon Hi foire de Bretagne, &
M. de Marca en celle de bearn.
Consul fe dit du chef de l'Académie de Florence.
Le Jurifconfulte Altoviti fut fait Conful de cette
Académie en 17^5.
Onditaudl Vice-Conful, Vice-ConfuUs pro Con-
fule. Il y a des Via-Confuls à Lcopoli & à la
Carale. L'Ambafladeur du Roi à la Porte ordon-
na au Conful de Smyrne d'envoyer inccffamment
à Scib im Vice-Conful. Jean Toubeau , Impri-
meur Libraire , & ancien Juge Conful de la ville
de Bourges , a fait les inftitutes du droit con-
fulaire , la Jurifprudence du droit des mar-
chands. C'eft un commentaire fur le droit établi
par Charles IX , &; fur les ordonnances qui le
concernent, dans lequel il eft rraité des droits,
rities d'honneur , & prééminences des Juges-Co/z-
fuls.
CONSULAIRE , adj. Qui a palfé par la charge de
Conful. Conful.iris, Ciccron a été homme confulaire.
^fj" On le dit aulii de ce qui appartient à la dignité
de Conful, de ce qui y a rapport. Dignité con-
fulaire. Province confulaire , qui étoit gouvernée
par un homme confulaire. Famille conjulaire y o\i
il y avoir eu un Conful. Age confulaire , où l'on
pouvoit parvenir au confulat, lavoir à 43 ans.
f^F Cette loi fut enfreinte par Céfar , qui nomma
Conful Dolabella , n'érant encore âgé que de 15
ans. Les Empereurs qui vinrent après lui , firent
des Confuls qui n'avoient pas même de barbe,.
Des enfans , avanr même qu'ils euffent Tufage de
la parole , furent désignés Confuls.
On donna même ce titre à des gens qui , fana
avoir exercé le confular , jouilfoient du rang &
des maïques de cette dignité. Mais leur rang étoit
dcfîgné par le mot de confularicas.
On appelle médailles confulaires , les médailles
qui ont été frappées pendant que la République
romaine éroit gouvernée par des Confuls. Golt-
zius en a fait un recueil par ordre chronologi-
que. Urfain a difpofé les médailles confulaires pan
l'ordre des fomilles romaines. Les curieux n'ont pu
alfembler que 1057 médailles confulaires , qu'on
rapporte à 178^ familles romaines. M. Parin a expli-
qué ces 1037 médailles confulaires. Quoiqu'on
leur donne le nom de confulaires , il ne s'enfuit
pas qu'elles aient toutes été battues par l'ordre
des Confuls : c'eft feulement pour les diftinguec
de celles que les Empereurs ont fair fabriquer j
6C cela marque l'état de la République.
Cgnsulaib-e fe dit aulfi de ce qui regarde les Juges
Confuls. L'aétion d'un marchand conrre un bour-
geois n'eft pas un fair confulaire. Quand un mar-
chand eft mal dans fes affaires , qu'il fait ban-
queroutte, &: qu'il ne forr point de fa maifon,
de crainre d'crre pris & mis en prifon , on appelle
cela à Paris , par métaphore , avoir la goutte con-
fulaire. Un tel ne fort point , il a la goutte con-
fulaire. Il -eft familier. Billet confulaire dont on
peut poutfuivre le payement aux Confuls , & qui
emporte la contrainte par corps. Dette confulaire-,
pour laquelle on peur êtte alligné par devanr les
Juges - Confuls. Juridiction confulaire , qui e!l :
exercée par les Juges-Confuls. Matières , affaires
confulaires , dont les Juges-Confuls doivent con-
noître. Jugement confulaire , émané de la juri-
didion des Confuls , & dans l'ufage ordinaire ,
condamnation ae ce ttibunal , qui emporre la
contrainte par corps. En rerme de blàzon , on
appelle une hache confulaire , celle qui eft entou-
rée d'un faifceau de'Verges , telle qu'en avoit une
dans fes atmes le Caidinal Mazarin \ Se telle qu'en
portent aujourd'hui les La Porte-Mazarin , Se les
Mancini-Mazarin.'
Consulaire, f. m. Confularis. Nom d'un Officier de
l'Empire Romain. On appcloir confulaires les Gou-
Yerneurs de certaines Provinces. Il y avoit quinze
confulaires
C ON
'Confulaîres en Orient, cinq en Afie , trois dans le
Pont, deux dans la Thrace , trois en lilyrie , huit
en Italie , deux en Afrique , trois en Elpas^ne , lept
«ians les Gaules , deux en Pannonie. Voye:^ les
Notices de l'Empire. L. Cœlius Rufus avoir été
Confidaire de la Campanie & de la Pouille. De
TiLLEMONT,
GONSULAlREMENTj adv. à la manière des Ja-
ges-Confuls. Conj'ular'aer . Cette demande a été
jugée coiij'ulairemenf-, c'eft -à-dire , luivant les maxi-
mes des Juges-Conllils , dont les fcnterices font
exécutoires par corps & par proviiion.
CONSULAT , f. m. dignité de Conful , ou le temps
que dure cette magiflratuie. Confulatus. Le Ccn-
fulat étoit fort brigue chez les Romains. Marins
eft parvenu jufqu'au Ylle Consulat. La conjut-a-
tion de Catiiina fut découverte fous le Conjulat
de Cicéron, Voyei^ le commencement & la fin du
Conjulat i & le nombre des Conjulats , au mot
Consul.
Consulat eft aufTi la charge de Conful , & le
temps qu'elle dure , foit dans les ptovidces , Toit
dans les villes de commerce. Quand on a exercé
le Co7:julut des Marchands , on peut parvenir à l'é-
chevinage. Les Confuls, dans les nations étran-
gères , ont un greffe qu'on appelle la Chancellerie
du Conjulat, Tous contrats maritimes &C polices
d'a/ilifanctS , peuvent être palîcs en la Chancel-
lerie du Conjulat , fuivant la dernière Ordonnan-
ce de la 'Marine.
Consulat s'eft dit aufïî pour échevinage , comme
Conful s'eft dit pour Echevin. Le changement du
- Con/i.-/at en échevinage, fe fît pat la Reine mete
des Rois , eh l'an 155«^ , & fut confirmé par le
Roi Henri II en la même année,- Savaron ,
Oria;. de Cl er mont,
CONSULTANT; f. m. & adj. Homme expérimenté
que l'on confulte au befoin , dont on prend l'avis.
AdvQcatus de- jure conjultoribiis refpondens. Il ne
fe dit guère que des anciens Avocats &c Méde-
cins. Avocat conj'ultant , Médecin conjultant. Il eft
«du nombre des confultans.
Ecoute:^ tout le monde djjîdu confultant ,
Un fat quelquefois ouvre un avis important.
BoiL.
CONSULTAT, r. m. Confeillet-CommifTaire. Le
Pape ( Jean XXII ) pour lever tout fcrupule à fes
Confuhats, fufpendit cette défenfe ( d'expliquer au-
trement qu'à la lettre la pauvreré de J, C. ) Juf-
qu'à fon bon plailir , par une bulle du i6 de
Mars 1322. Fleury.
Consultât, c'eft le nom qu'on donne à un comp-
te qu'on rend tous les vendredis au Roi d'Efpa-
gne de tout ce qui s'eft pafTé , de tout ce qu'on
a réglé & jugé dans tous fes Confeils pendant le
cours de la femaine. Comme tous ces Confei's
fe tiennent dans difféfertes falles du Palais du
Roi , & qu'elles font difpofées de manière qu'il
peut voir & entendre , par des jaloufies , tout
ce qui s'y fait & s'y règle , cela engage tous les
Confeillers d'état à s'obferver dans les Jugemens
qu'ils rendent ; mais de plus , ils font obligés
tous les vendredis au confultat,
^ CONSULTATION , f. f. conférence que l'on
tient pour confulter fur une affaire, fur une mala-
die. Cor;_//</r(ino. Les Avocats, les Médecins ont été
long tems en confultation. Ils n'ont tien réfolu
après une \on3,ue confultation.
|fCr Ménage obferve qu'on dit ordinairement con-
fultation à l'égard dés Avocats , & confulte à l'é-
gard des Médecins , Se que le mot vient de con-
fulta , latin , qu'on a dit pour confuhatio. L'ufa-
ge a prévalu contre la décifîon de Mcnaae , &
l'on dit également confultation d'Avocats , cin-
fultation de Médecin";. Le mot de confulte n'eft
plus guère d'ufage que da^s les provinces.
.CoNSTHTATioN fe dît aufTi figurcment desconféïen-
Tome H.
C ON
^A^
■ ces que nous tenons intérieurement avec rious-mê-^
mes fur ce que nous devons , o\i ne devons pas
faire. L'avarice préfide à toutes les conjultatwns
du cœur d'un avare. Claud.
Consultation eft auili un réfultat de délibétation
& de l'avis qu'on a ptis en confultant. Summa.
conjultationis \ id quqd. in confultatione , dcliiera-
lione decretum , conjtitutum , conclujum eft. On a
voulu avoit une confultation par écrit lur certe
difficulté. Au Parlement de Boutgogne , les parties
produifent de part &: d'autre parmi leilrs pièces ,
les conj'u hâtions de leurs Avocats.
îfT Consultation fe dit non feulement de l'avis
qu'on donne , mais encote de celui qu'on d mande :
&c l'on dit fort bien , lépondre à une confultation^
Confultation , avis demandé , confeil donné.
§3° On appelle au Palais banc des conj'ultaticns ,
pilier des confultations , chambre des confulta-
iions , les endroits où l'on ttouve les Avocats
conlliltans, & où l'on va les confulter au Palais, ■
ÇCF On appelle confultations de charité , celles que
donnent gtatuitcment à la bibliothèque des Avo-
cats , un jour de la femaine , lix Avocats nommés
pour cela , qui ont au moins dix ans de Palais j
& un plus jeune , charge de faire le rapport des
qucftions &:.de rédiger les confultations.
^fT Droit de confultation , c'eft un droit qu'on paffe
en taxe aux Procureurs , dans leurs mémoires de
frais j dans le cas où ils ont confulte , ou font
ccnlcs avoir confulte un Avocat. Jus confulta-
tionis.
CONSULTATIVE, adj. f. Le genre mafculin n'eft
point en ulage. Avoir voix confultative , c'eft
avoir droit de dire fon avis dans quelque com-
pagnie, mais fans que l'avis foit compté dans les
déHbérations de la compagnie. Dans les conciles,
les ÈvêqueS ont voix délibérative , les Dodleurs
n'ont que voix confultative On n'eft pas obligé
de fuivte le fentiment de ceux qui n'ont que voix:
conjultative dans une AfTemblce , dans un Confeil ,
quoiqu'i's aient droit de le dite.
§3° CONSULTER , v. a. demandei , prendre confeil
de quelqu'un. Confulere aliquem, in conflUum ad-
hibere; conjilium ab aliquo petere. Un plaideur con*
fuite font Avocat pour fe défendre on pour agir con-
tre fa partie. Un malade confulte fon Médecin pc<ur
favoir ce qu'il doit faire relativement à fa fanté. On
confulte le Devin pour découvrir ce qui eft caché.;
On confnltoit les Oracles pour favoir ce qui devoit
arriver. Saùl confulta la Pythoniffe & l'ombre de
Samuel, pour favoir le fuccès de la bataille qu'il de-
voit donner. Les Payens ne faifoienr aucune entre-
prife fans conjulter les Oracles , ni tes Perfans & les
Indiens far^s conjulter îesAftrologues. On confulte les
Cafliiftes fur des cas de confcience. O i devroittou-
jours demander avis à des gens expérimentés dans
un art, fur les difficultés qu'on a dans des circanftan'
ces épineufes. Confulerâ aliquem confilium ab aliquo
petere , aliquem in confilium aihibere. Il eft nWè con-
fulter [a donation à des Avocats. Il a appelé des Mé-
decins pour confulter fur fon mal. Il eft al?é conful-
ter les Cafuiftes de Sorbonrte fur un fcrupule de conf^
cience. Il a lonTtemps confulte , conféré avec les
amis s'il devoir ie mat ier On dit , confulter l'Otaclé^
Confulter les Devins. Conjulter le Prince. Abi ancv
Le Sase confulte quelquefois les hommes les moiriS
jntelligens. Morale de Confucius.
Il femble que le Roi dans ce choix d^ importance
Ait daicrné tous nous confiilter.
Et fans ufer de fa puiffance , .
N'ait fongé qu'à nous contenter.
Nouv. CHOIX DE "7ers^
^fT On d't en et ('^ry'5 confulter les Aftres, confulter
fes livtes , chercher dans fes livres le parti qu'on doit'
prendre.
ftF Dans un fens figuré, confulter fon devoir , fâ
eonfcknce j fes forces : examiner avec attention fi ie
ï>PP,pp
gyô C O N
devoir , la confcience,les forces permettent de faire
ce qu'on le propole. On doit exculer le crime com-
mis dans le mouvement de la colère, tic ians avoir
confulu la railon. M. Esr. Ce bon mari ne loue &
ne blâme rien ians avoir cunjuhi les yeux 6c le vi-
iage de la femme. La Bruy. Chacun conjuhe tou-
jours ion intérêt , quand il s'agit de eeux d'autrui.
Vaug.
Pronoticeipar vous-même , & ne con(\.ûx.txpas
Des cœurs nitércjfes à troubler vos Etats.
CAnSTRON.
Quand je confultois la nature ,
Je ne peiifois qu'à me venger. L'
Aebé têtu*
^3* On dit de même , qu'une femme confulte ion mi-
roir, fur la manière d'étaler les appas qu'elle prend
fur fa toilette. Les appas viennent de ces grâces cul-
tivées que forme un (idèle miroir <ro/?/«//£ avec at-
tention , ôc qui font le travail entendu de l'art de
plaire.
^fr Dans le fty le familier, consulter fon chevet , fe
donner le temps de délibérer , palier la nuit avant
que de fe déterminer.
Consulter s'emploie ablblument pour délibérer en-
femblc.
Les Médecins ont consulté fur fa maladie , les
Avocats fur fon affaire.
1^ Consulter le dit aulTi de la chofe fur laquelle
on demande avis. Consulter une alîàire , une mala-
die. Dans ce tens il le dit aulîi aulii pallif. Cette af-
faire a été confultieznx meilleurs Avocats. Acad.Fr. 1
Consulter fignifie aulli délibérer avec foi-méme ,
être irréfolu ^ incertain quel parti on doit choifir.
Confultare , deliberaré. Il confulte encore en lui-
même s'il achètera cette charge.
Lorsque vous covSwlizzfivous deve^ vous rendre ,
Hélas ! vous êtes tout rendus, Vill,
Consulté, ée. part,
CONSULTEUPv , f. m. terme de Capucin. Confultor.
Celui qui donne avis au Général. Il y a d'autres Or-
dres Religieux où ce terme eft en ulage , pour li-
gnifier ceux que le Supérieur choilît pour les con-
fulter, pour prendre confeil d'eux, pour écouter
leurs avis : ces confulteurs doivent écyre en certain
temps au Général , èc lui rendre compte des af-
faires.
,CoNSULTEUR du S. Office. On donne ce nom aux Théo-
logiens que le Pape commet pour examiner les livres
DU les propolitions qui lui font déférées , ou pour
donner leur avis fur quelques matières qui regardent
la foi ou la difcipline.Cow/K//or.Les confulteurs n'ont
point voix délibérative dans les Congrégations. Ils
y rendenr feulemenr compta des livres ou propoli-
tions qu'on les a chargés d'examiner, & en don-
nent leur avis doctrinal,
CoNSULTEUR A' Etat , nom de Charge ou- d'Office dans
la République de Venife. Confultor Reipiibiicx. Ce
font des Jurifconlultes que VEtat confulte dans les
affaires difficiles. Il y a des confulteurs d'Etat en
matière Ecclcfiaftique & des Confulteurs à' Etat en
matière civile , comme on le peut voir dans le Rac-
colti J'Opufc. T. XIF, p. 58.
CONSULTRICE, f f. Conjultrix.CtUt qui confeille,
ou que l'on confeille. PoMEY,
CoNSULTRicE , f f. nom en ufage dans la Congrégation
des filles & veuves appelées Dimeffes , ou Modcjîes.
Confultrix. Dans cette Congrégation deux mailbns
voilines élifent tous les ans une Supérieure, deux
Ajutantes , ou majeures, pour chaque maifon, qui
doivenr avoir demeuré au moins trois ans dans la
Congrégation, & qu'on appelle aulfi Co«/«/;ricfj.
P. HÉLYOT, T. FUI, p. II.
CONSUMANT, ANTE, qui confume. Confumens.
Un feu. confumant. Il y a des plaies qui demandent
des remèdes confumajis , ou cauftiques.
Ucr CONSUMER , V. a. détruire , réduire à rien.
Confumere , abfumere. On le dit au propre, particu-
iièrement du feu qui détruit pai une adion vive &
C O N
rapide , Se aii figuré, du temps & des maux dont les
progrès font plus lents. Le teu confuma une partie
du bâtiment. La viélime fut conjumee par le feu.
Le temps confume tout. Tempus edax rerum. Le
temps qui coiijume les marbres les plus durs , peut
venir à bour de la réliftanee laplusobftince. S. Evr.
Il aune fièvre lente qui le coujume. Le mouvement
le plus délicat de l'amour, c'eft la langueur, qui,
comme une flamme fccrette nous confume douce-
ment. S. Evr. Le feu de l'amitié échauffe le cœur
fans le confumer. Pourquoi vous lailfez-vous con-
fumcr aux chagrins & à la triltelfc: |]CJ On le ditaullî
avec le pronom perlbnnel. Cette femme fe confume
en regrets lupertlus. Exedi. Les filles de Darius fon-
doient en larmes , 6c fe confumoient d'ennui. Vaug.
C'eft un amant difcret , qui fe laiflera plutôt confu~
mer que de fc plaindre. Le Pays.
N'allé^ pas fur des vers fans fruit vous confumer,
]^i prendre pour génie un amour de rimer. BoiL.
Vaincu, chargé de fers , de regrets conÇnmc ,
Jefouffre tous les maux que f ai fait devant Troye,
Rac.
0^ Consumer fe dit encore des chofes qui fe détrui-
fent par l'ufage. Confumer Ion bien. Ion patrimoine.
Abligurire. Confumer fon bien en débauches, en
folles dépenfes. L'Efpagnol dit en proverbe que les
Juifs confument leur argent en Pâques , les Maures
en noces , & les Chrétiens en procès. Le Piètre
confume la Sainte Hoftie.
Dans cette acception on dit abufivementron/ôm-
mer \ &; cet abus paroît autorifc pat l'ufage. fl
Consumée, ée, part.
CONSUS ou CONSE, f. m. terme de Mythologie,
faux Dieu des anciens Romains. Co/i/z/j. C'étoitle
Dieu des Confeils. On prétend qiw;c'etoit Neptune,
Dieu des cholescachées.llavoit à Rome dans le Cir-
que un Temple , en un lieu couvert & caché , pouc
montrer que les confeils doivenr erre lècrets. Pour la
même railon nos anciens Auvergnacs facrifioient au
Dieu confus , dans des bocages épais Se bien touffus,-
Savaron. Orig. Ses fêtes s'appeloient Confualia,
ffj' C'eft pendant la célébration de ces fêtes que Ro-
mulus&; lès compagnohs enlevèrent les filles des Sa-
bins. Voye{ Consuales. On l'appelle aulft AV/n/ne
Equejire , Neptunus Equeftris, Tite-Live , Liv. L
Plutarquedans la vie de Romulus •, Tertullien de
fpeclaculis, c. 5 . Scrvius fur le Vllh Liv, de r Enéide y
Volfius , de Idololatr. Lib.I, c, 15. Vigencre , fur T.
Live, T.l, p. 793 , 9(^5.
fKFCONTACT, f. m. ( Prononcez le dernier c, } rerme .
Didactique, fynonime d'attouchement. Etat rela-
tif de deux chofes qui fe touchent. Contaclus. Le
conta tf de deux Corps , efl l'application immédiate
d'un Corps fur un autre.
^fT En Géométrie on appelle point de contact^ îe point
où une ligne droite touche une ligne courbe , tel
que le point où la tangente touche le cercle, oir
bien où deux lignes courbes fe touchent. Deux glo-
bes parfaiten>ent ronds ne fe touchent que dans un
point qui s'appelle point de contact.
CONTADIN , f. m. Payfan , habitant de la campagne »
de l'Italien Contadino qui fignifie la même chofe.
A raide , Contadins , aux armes ,■
Leur difoit-il , c'eft tout de bon :
Au toup,vous dis^je,au loup, il m' emporte un mouton.
Mais il a beau crier, on rit defes alarmes, La Font.
CONTAGIEUX , EUSE , adj. qui fe communique
par contagion. Coniaaiofus. La petite vcrole,la pcflc,
la ladrerie , font des maux contagieux. II y a aulfi des
fièvres contaç^ieufes.
^fT Les maladies contasieufcs fe communiquent, ou-
par un contait immédiat, ou par celui des habits,
ou de quelque corps infedlé , ou par le moyen de
l'air qui tranfmet les fsiîiences morb jfigues. Ce mot ,•
C O N
alnfi que contaJl-, vien: Accomingere, toucher. Con-
tagion , maladie qui ic communique pat rattoiiclic-
menr, Ibit immédiat, Ibit médiat.
Contagieux lé dit ligutément du vice, de l'erreur,
de l'héréiie , de la rébellion , & de toutes les mau-
vaifes choies qui lé' donnent & fe communiquent par
fréquentation & par exemple. Vous diriez que Ton
malheur a été contagieux à toute la famille. Il cfl:
difiicilcdc fe remplir de l'efprit Eccié(ia;liquc dans
le commerce du monde , & de confervcr fon inno-
cence dans un air fi contao-ieiix. Herman. Si vous
^voulez vous guérir de l'amour, éloignez-vous de
'ceux qui aiment :lear commerce cil lïop cont.isUt:x.
S. EvR. "
Et je n'avois pas cru l'amour contagieux ,
Lorfque,fans y peT2fcr,jc le vis dans fcs yeux. La Sitze.
^p°CONTAGION , r, m. qualité d'une maladie par
laquelle elle peut pa.Ter du iujet affeélé à un fujet
fain , & y produire une maladie de la même cfpcce.
Contdgio. Communication d'une maladie maligue.
La fièvre maligne fe prend par contagion.
|CrCe mot eil fouvent employé pout iignificr la peîlc.
Foyci ce mot. La contagion règne dans tel pays. La
contagion a quelquefois dépeuplé nos provinces.
' ^Cr En ce fens , on le dit figurément du vice & auttes
chofes peinicieufes. L'héréfie eft une contagion. On
le dit de toutes les mauvaifes chofes qui fe commu-
niquent par l'exemple & par la communication avec
ceux qui en font mizù.k%.'L^ contagion de l'héréfie,
des mauvaifes mtieurs. Le choix des compagnies ell:
eirenticl pour les Jeunes gens, parce que les hommes
vicieux infectent ordinairement de leur contagion
ceux qui fc trouvent Ibuvent en leur compagnie.
La contagion ne s'ctoit point encore répandue "dans
les Ecoles publiques. Maucroix. Il eft devenu mé-
chant , débauché par contagion. Les gens heureux
fuient les milerables , il femble qu'ils craignent de
le devenir par contagion. S» EvR.
CONTAGIONAIRES ou ANTICONTAGIONAI-
Ri£S, f". & adj. m. pi. mots qu'on a faits dans ces der-
niers temps , pour dcfignet les Médecins qui fbûte-
ncjicnt que la pefte fe communiquoi: par conngion,
& ceux quidifbient qu'elle n'étoit pas contagieufe.
CONT AILLES, adj. f. pi. Les foies contailles font du
nombre des bourres de foie , qui font les foies de la
pl:!S baffe qualité.
CO:\TAMINATION, (. î. vieux mot, fynonime de
f b u i ■ 1 u re. Co ntamin atio.
CONTAMINER, v. a, fouiller , tacher , gâter, Co;:-
ic ir.uiare. Ce mot eil vieux &: hors d'ufage.
CoKTA7.ri>;E , ÉE, part. Souillé.
CONTAUT , f m. terme de Charpenteric , pièce de
bois au deffus de l'enceinte, ou cordon d'une galère,
hrate de 1 5 ou 14 pouces , qui va en diminuant de-
puis le milieu vers les extrémités de la proue &: de la
porippe.
TiCFCONTE. f m. C'ell en général le récit d'une avan-
ture vraie ou faiiuleufe, férieiife ou plaifantc, 'foit
env£rs,fbit en profe. On le dit plus communément
d'une hiftoire faufTe & courte , qui n'a rien d'impof-
lible. Ficta , commentitia narratio , fabula. Les
Ccv/rej- d'Ouville, d'Eutraper , de Bonaventure des
Périers , de la Reine de Navarre. La brièveté efl:
r.-ime du conte. La Font. Efbpe a fu envelopper la
vérité dans là fable •, il faut beaucoup d'art pour dé-
guifer ainfi en petits contes les inftruélions les plus
importantes de la Morale. Fonten. C'efl le propre
d'yn grand efprit 'otfqu'il commence à vieillir & à
décliner , de fe plaire auxfo/zrej & aux fables. Bo:l.
Il faut toujours quelque choie de piquant dans les
contes. S. E VR. Il y a bien de l'adrcfie à faire un conte
de bonne grâce. Il entend bien à broder un conte.
U:ie morale nue apporte de V ennui ;
L,e conte fait pa(feT le précepte avec lui. La Font.
§3" Conte , ( Un ) dit M. l'Abbé Girard , eft une
aventure feinte & narrée par un Auteur connu. Uns
CON 8yi
fable eft une aventure faufTe divulguée dans le public»
& dont on ignore l'ori-ine. Un Roman eft un com*.
pofé & une fuite de pluiicurs aventures fuppolecs.
Le mot de conte eft plus propre lorfqu'il n'cft quef-
tion que d'une aventure de la vie privée.
CiG^ Les contes doivent être bien narrés; les failcs
bien inventées 5 & les Romans bien fuivis. /^ovt^
Fable et Roman. r .
ifT Conte fe dit aufîî des hiftoires plaifantes, vraies
ou faulfes , que l'on fait dans la converfation pour
aniufcr, railler, médire, &c. C'eft un cunte iait à
plailii : on fait d'étranges contes de cette femme-là,
ffF Conte fe dit encore de tous les difcours i.uitilcs,
qui n'ont aucun fondement ni appatence de vérité.
Tout ce que vous me dites-là n'clt qu'un conte ., l'ont
des contes en l'air. Falulœ. Voltaire , dans fés. re-
marques fur ce vers de la Tragédie d'Heracliv.s ,
Tit fais après cela des contes fuperfius ,
obferve que cette expreffion , contes fi:perj:::s , eft
ignoble -, quoique les expreffions les . plus iimples
deviennent quelquefois les plus tragiques par la
place où elles ibnt, ce n'eft pas en cet endroit , c'cft
quand elles exprimenrun grand fentiment.
Conte fédir proverbialement, en ces phralés. Ce font
des contes de vieilles , dont on amule les eni'ans; des
contes à. dormir debour,de peau d'âne^de lacicogne,
de ma mère l'Oie. Un conte violent, un conte jaune,
un conte bleu , &c.
tfj- CONTEMi^LATEUR, TRICE. f celui, celle qui
contemple , particulièrement par la penfce , par les
yeux de l'efprit. Contemplccor , contempUitrix , Spc-
culator , Spcculatrix. Contemplateur des merveilles
de Dieu , des fecrets de la nature.
^ CONTEMPLATIF, IVE, adj. fouvent employé
flibftantivement.Ce terme dcfîgne celui qui s'attache
à contempler parla penfce.. Conicmplator. Philofb-^
\A\t contemplatif. Je me fuis formée l'idée d'un ci;«-
templatifcomivi^ d'un pareffeux quis'obfcrve conti-
nuellement, qui s'ennuie fort ; & qui ne divertit
guère les autres, M. icup. Un cfptit contemplatif
eft d'ordinaire rêveur & mélancolique.
ICF Contemplatif, en termes de Théologie myfti-
que , exprime l'état de celui dont l'amc eft unie à
Dieu d'une manière intime. Rctum divinarum ,.cg:-
lefiium conteniplator. Vie caïnemplative , çsWt q\iï
fe paffe dans la Méditation & dans l'Oraifon, Elle
eft oppofée à la vie ndlive. il y a des contemplatifs
qui lé rcpaiffcnv de l'idée piéfbmptuculé d'une ptr-
fcè-tion imaginaire : gens qui toujours unis à Dieu ,
.1 les entendre , &; rerranchés dans la partie fupé-
ricure de leur ame, ne daignent plus régler les mcu-
vemens de l'inférieure, 6i la laifîént en proie aux
pallions. Les co7iîf;«/'/i7/i/i fe prétendent élevés à la
plus fublime orailbn , &: à la pratique de l'amour de
Dieu le plus parfait. Fenel. Un contemplatif -c^itcnà
l'impulfion divine dansl'inaftion. Boss. La vie myf-
tique 8c contemplative eft Ci proche de l'illufion du
fanatifme, qu'il ePi prefqu'impofliblc de marquer les
juftes limites qui les fe.parent, Id. Les exraiés con-
templatives des Myftiques font quelqueibis plutôt
des folies d'Amans inienfés , que les pieui ravifîç-
mens d'un amour divin. In. Les pieux contemplatifs
font l'objet de la raillerie de ceux qui ne fentent pas
les opérations internes du Saint-Efprif. leurs extafes
& leurs raviffemens pafîént pour des viiions dans le
monde. Fentl. Le ftyle des contemplatifs eft hyper-
bolique & fiçruré. S. EvR. L'mdiiîcrence univer-
lelle ,& l'anéàntifrcmcnrde toutes fbrtes de fouhaits
& de défîrs,fûnt l'eiience de la vie contemplative. Id,
CONTEMPLATION, f f. ^ Dans l'ufage ordinaire
ce mot eft fynonime à méditation & lignifie l'ap-
plication de l'efprit par laquelle il s'attache à réRé-
chir , coniSdérc-r
bi a
admirer les merveilles de
Dieu & de la nature. CoMcmplatio, Un Philbfo-
phe toujours dans la contemplation ne defcend guè-
re aux détails de la vie, La contemplation des- ou<-
vrages de Dieu nous remplît d'tidmirarit^.T.-.r;
iCJ On le dit de l'aélion par laquelle on conftdèrr.
FPPppij
8^2 C O N
foit des yeux du corps, Toit des yeux de rcrptlt.
Contemplation des choies Divines. Contemplation
des corps ccleftcs.
ftrCe mor lîgnihe , particulièremeni: en philorophie,
radion de- fixer un même objet dans l'on entende-
ment , de l'envilager fous toutes ies faces diUcren-
tes, pour en acquérir une connoidance exacte.
> Contemplation , en termes de Spiritualité fie de
Tliéologic myftique , eft une vue de Dieu ou des
choies divines , limple , libre , pénétrante , certai-
ne , qui procède de l'amour , & qui tend à l'a-
moiir. 1°. Cette vue eft limple. Dans la contem-
plation l'on ne railbnne point comme dans la mé-
ditation. 1". Elle eft libre , parce que pour la pro-
duire, il faut que l'ame foit aflîanchie même des
moindres péchés, des afFetlions déréglées , de l'em-
preflément &: des foins inutiles &: inquiétans. Sans
cela l'entendement eft comme un oifeau qui a les
pies liés , & qui ne peut voler , (î on ne le met en
liberté. 3°. Elle eft claire & pénétrante ; non pas
comme' dans l'état de gloire, mais aux prix des
connoillances de la foi qui font toujours obfcures.
Dans la méditation on ne voit les choies que con-
fufément , comme de loin , & d'une manière plus
fcche. La coiuemplation nous les fait voir plus
diftinftem.ent , &: comme de près. Elle nous les
fait touclier , fentir , goûter , expérimenter dans
l'intérieur. 4°. Elle eft certaine, parce que fon ob-
jet font les vertus furna-turelles , que la lumière
divine lui découvre , & lorfque cette manifeftation
fe fait immédiatement à l'entendement , elle n'eft
point fujette à l'erreur. Quand elle fe fait ou par
les fens ou par l'imagination , il s'y peut quelque-
fois mêler quelque illulîon. j". Elle procède de l'a-
mour & tend à l'amour. C'eft l'emploi de la plus
pure & de la plus parfaite charité. L'amour en
jl eft le principe, l'exercice en eft le terme.
Les Myftiques nomment la contemplation un
regard (impie & amoureux fur Dieu prcfent. Fen.
La contemplation confifte dans des aftes fi fimples ,
li direéls, fi uniformes & fi paifibles , qu'ils n'ont
rien de marqué par où l'ame puiflè les diftinguer.
L'ame dait être entièrement paîïive à l'égard de
Dieu , en forte qu'elle Ibit dans un repos conti-
nuel, fans fecoulTe &: fans agitation : de-là vient
qu'on l'appelle une oraifon dzjilcnce & de quiétu-
■Je ; en forte qu'elle doit être exempte de toute
l'adlivité des âmes inquiètes , qui s'agitent pour
fentir leur opération. Id. La contemplation la plus
fublime doit être fubordonnce à la fcicncc Théo-
logique , & aux règles de l'Eglife. Boss. La contem-
plation n'eft ni un raviilément,ni unlaififTement,
ni une (ufpenlion extatique de toutes les facultés
de l'ame : l'état de contemplation palfive n'eft
qu'une paix & une fouplefle infinie , pour fslahîêr
mouvoir aiix impretrions de la grâce , & pour
mieux fentir l'impulfion divine. Fenel. Les Con-
tem.platifs difent que les favans font moins difpo-
fés à la contemplation , que les ignorans , parce
qu'ils ont moins de foi & d'humilité. Boss. La
contemplation eft TexerciCe du pur amour. Fenel.
Contemplation , ( En ) lignifie , en termes de con-
trats & de traités , en conlidération. Hatita ra-
tione , propter , oè. Cette donation lui a été faite
en contemplation de l'alliance qu'il faifoit avec le
donateur. Les deux Rois ont relâché de leurs pré-
tentions en contemplation de la paix. En con-
templation de ce mariage , le père a donné , cé-
dé , &c. Je fais cela en contemplation de fa prière.
Le Maître.
Contemplation , terme de Médecine, c'cft un
nom qu'on a donné à la cataleplie , parce que
ceux qui en font attaqués , paroilîcnt immobiles &
contemplatifs. Vove^ Catalepsie.
CONTEMPLATRICE. Vovei Contempi ateur.
CONTEMPLER , v. a. attacher fon efprit , ou fa
vue , fur quelque objet , pour le confidérer avec
attention. Contemplari , fpeculari. Quand on con-
temple le ciel , ies aftres , les merveilles dç ia n»'
C ON
ture , on ne fauroit s'empêcher d'admirer la fa-
ge(Tè du Créateur. Contempler les perfections divi-
nes. Ce jeune homme à force de contempler cette
fille , en eft devenu amoureux : il ne fe laflc point
de la contempler. Le plus grand plaifir d'un hom-
me orgueilleux , c'eft de contempler l'idée qu'il le
forme" de lui-même , &i fe relever à fes propres
yeux. NicoL.
Seigneur , je n^ai jamais contemplé qu'avec crainte
L'augujie Majijiefur votre front empreinte, Rac.
On l'emploie auffi abfolument & fans régim»,
alors il eft fynonimc à méditer. C'eft un homme
qui pafic i'a vie .à contempler.
Contemplé , ée. part.
Ces mots viennent de templnm. On appeloit de
ce nom un endroit d'où l'on pouvoit regarder de
tous côtés , ou un lieu qu'on pouvoit découvrir
de tous côtés. §3" C'étoit un efpace de terre de-
couverte , où les augures contemploient le vol des
oifeaux , après l'avoir confacré par certaines pa-
roles. Voyei_ Varron.
^ÇT CONTEMPORAIN , AINE , adj. qui eft du
même temps. JEqiialis ^ejttfdcm temporis. Ces deux
Auteurs'lbnt contemporains. \.z Reine Elifabeth & la
Reine Marie Stuart étoient contemporaines. Socr?.-
te , Platon , Ariftophane croient contemporains.
^fT On appelle auteurs contemporains , ceux qui
ont écrit l'hiftoire du temps où ils vivaient.
^fj" On dit fubftantivement , c'eft mon contemporain.
On met les anciens bien haut pour faire dépit à Tes
contemperains, Fonten.
CONTEMPTEUR , f. m. qui méprife. Contemtor. II
ne fe dit guère qu'en cette phrafe. Les libertins
fon contempteurs des loix divines & humaines. La
Bruyère lui a donné un ufage plus étendu , quand
il a dit : Uni de goût & d'intérêt avec les contemp-
teurs d'Homère , il attend paifiblement que les
hommes détrompés lui préfèrent les Poètes moder-
nes. Il a dit auflî contempteur de la vertu. Ainlï
il n'a point eu d'égard à la remarque de Vaugelas ,
qui condamne ce mot comme hors d'ufage. Danec
& Richelet ne le mettent dans leurs Dictionnaires
que pour le condamner aufli ; cependant beaucoup
de Ptédicateurs emploient ce terme. Le Père de
l'Aubruflel a dit : ces Critiques téméraires con-
tempteurs de la tradition, 6'c. M. l'Abbé Des Fon-
taines s'en ferrojt/ouvent. Ce mot eft ulîté dans
le ftyle foûtenu.
CONTEMPTIBLE , adj. m. & £ vieux mot , qui fi-
gnifioit vil , méprifable. Contemnendus,fpernendus ,,
defpiciendus , afpsrnandus. Vaugelas condamne
ce mot qui eft aujourd'hui peu ulîté.
CONTENANCE , f. f. capacité d'un vailîeau , éten-
due d'une chofe. Capacitas. Il faut qu'un muid de
vin , mefure de Paris , foit de la contenance de 140
pintes. La contenance de cette terre eft de tant d'at-
pens , de tant de fetiers de femence.
1^ Contenance , f. f. manière de fe tenir, pofture,
difpolition où l'homme met les membres de fon
corps. C'eft une habitude du corps , relative à cer-
taines circonftances , qui marque qu'on a vraiment
les difpolîrions , foit dans le cœur , foit dans l'ef-
prit, convenables à la polîtion où l'on fe trouve.
Viiltus , totiuj'que corporis hahitus. Les Rois , les
Magiftrats , ont une contenance çrave & (crieufe.
Les fots,les gens qui n'ont point vu le monde, ne
favent quelle contenance tenir. L'Orateur Jeta d'a-
botd les yeux fur fon auditoire , pour aflTirer fa
contenance. S. EvR Sénèque eft un fanfaron qui
tremble à la vue de la mort , & qui ramalTe toutes
fes forces pour aflùrer fa contenance. Id. §3* La
contenance eft différente fuivant la différence des
états. La contenance d'un militaire n'eft pas celle
d'un Magiftrat. La contenance n'eft nécefîaire que
dans l'exercice des fonctions de fon état , mais
on doir toujours avoir du maintien. Le maintien,
eft pour la Société ; ia (iontf/ia/zce pour la repré^
(emaùoo,
CO N
^d" N'avoir point de contenance , ne favoir quelle
poftiiretenir. Pctdte contenance. Ceûci: toat-à. coup
d'avoir la contenance naturelle par quelque cir-
conftance qui dcconcerte.
1^ On dit audi qu'on porte une choie put contenan-
ce , pour fervir de contenance ; pour dire , qu'on la
porte fans belbin , fans ncceffitc , & feulement
pour le bon air /pour la bonne grâce.
^fT Contenance, dans le (cns figuré , fignine
bon ordre , fermeté , réfolution. Si les Stoïciuis-
n'étoient pas in'eniîbles à la douleur, ils faifoienc
du moins bonne contenance. S, Evr. On aborda
les ennemis qui faifoient bonne contenance ^ qui
attendoient le choc de pié ferme. La contenance
des bataillons & des efcadrons parut terrible.
Ablanc. Il cpioit la contenance des ennemis. Id.
Pendant que les troupes fe mettoient en bataille ,
il s'ctoit attaché à reconnoître la contenance des
Efpagnols. Rel. des Camp, de Roc. Curion , qui
vit leur contenance , fe confirma dans l'opinion
qu'ils fuyoient.
CONTENANT , ANTE , adj. & f. terme didadtique ,
qui contient , qui renferme en foi. Capiens , conti-
nens , compleclens. Voilà trois comptes que je vous
rends co/zre/zrtnj chacun tant d'articles. Lamefure
eft la partie contenante , & la liqueur eft la chofe
coni;enue. Le contenant cfl toujours plus grand
que le contenu.
CONTENDANT , ANTE , adj. concurrent , com-
pétiteur , qui afpire à quelque chofe , qui la dif-^
pute contre un autre. Ils croient trois contendans
qui afpiroient .à cette charge, s. ce parti. Competi-
tor , rivalis. Il y avoir trois parties contendantes ,
pourvues de-la même Cure. Il eft pour l'ordinaire
emplové fubftantivement.
^ONTENDRE , vieux v. n. difputer. Contendere.
Ornant à chanfons tu y tefognerois
De Jî grand art , s'en venait à contendfe j
Q^ue i^uandfur Pan rien tu ne gagner ois ,
Fan dejpis toi rien ne pouroit prétendre.
Marot,
On difoit auHli Contencer & contcncier , ainfi
que contens ■■, pour dire , débat. Il ne nous eft refté
de ce vieux mot que Contentiuux & contention.
CONTENDS , f. m. vieux mot , contention , difpu-
te. Conte-Jtio , fixa.
CONTENIR , V. a. Je contie-ns , j'ai contenu , je
contins ,je contiendrai , que je continue. Compren-
dre , renfermer en foi une ««taine quantité ou
étendue. Continere , capere , complecli. La toife
contient f.x pies , le pié douzcpouces. Le pouce
contient douze lignes. Un arpent contient cent
perches. Les corps fublunaires font ceux qui
font contenus dans le concave du ciel de la
lune.
Contenir fe dit auffi figurément , en parlant des
divifions & des fubdivifions. Le genre contient fous
foi les cfpèces , & les efpèces contiennent les indi-
vidus. Ce volume contient tant de livres. Ce livre
contient tant de chapitres. Ce chapitre contient tant
de fettions.
Contenir , fe dit auffi des chofes vifiblcs & invifi-
bles qui entrent en la corapofition d'une autre.
Le moindre grain de fable contient un très-grand
nombre d'atomes. L'aimant contient en foi plulieurs
propriétés; Ce mot contient , enferme un grand
fens. On appelle l'homme un microcofme , parce
qu'il contient en abrégé toutes les merveilles du
monde. Dieu vouloir faire adorer fa grandeur aux
hommes en le',ir faifant connoîtrc fes Ouvrages, &
ce qu'ils contiennent. S. Cyran.
fer Contenir lignifie audî retenir danî certaines
bornes. Ces digues ont été faites pour contenir les
eaux.
fer Dans le fens figuré , on dit contenir dans le de-
voir , dans Vobci{\'a.nce.Coerccre,reprimere.
■■^^ On le dit abfolument, On ne peut le contenir.
CON gyj
|Cr On dit ailllî contenir fes pa/Iîons » les icptirticr,
Contenir , avec le pronom pcrfonnel , lignifie aufl] ,
réprimer fes pallions , les modérer. Coercere , re-
primere , refr&nare motus animi , Coercere fe, re-
primere , &c. On a de la peine à fe Conrenir'dâns
les premières émotions de la colète. La chafteté
& la tempérance font des vertus qui confiftent à
(e contenir dans l'ufage des femmes & du vin. Ce
jeune homme eft un emporte qui ne fe contiendra
jamais dans les borhes de la raifon , de Ion devoir,
0a° Contenir (Sf ) fignifie aulfi s'abftcnir des plaifirs
de la chair -■, ou des chofes qui peuvent ctre préju-
diciables à la lanté. Tout le monde n'a pas la Ibr^
ce de fe contenir. Les Médecins lui' ont défendu
l'ufage du vin ; mais il a bien de la peine x fe cow
tenir. Il eft plus facile de s'abftenir que de fe conte-^
nir. AcAD. Fr.
Contenu , ue. part.
CONTENT , ENTE. adj. ffT contentas , eft auvent
regardé comme fynouime à fatisfait , & donné
comme tel dans nos Diétionnaircs. Ils ne fe ref-^
fcmblent pourtant que par une idée générale , erl
tant qu'ils dcligrient le plailîr de jouir de quelque
chofe. On cil fatisfait , dk M. L'AbeÉ Girard j
quand on a obtenu ce qu*on fouhaitoit. On eft con-
tent , lorfqu'on ne fouhaite plus. Satisfait fe dit
ordinairement des pallions : il arrive fouvent qu'à-
prcs s'cnc fatisfait , on n'en eft pas plus content.
La poflelTîon nous rend x.o\.\\om% fatisfaits , triais
il n'y a que le goût de ce que nous poffédons qui
puiflé nous rendre contens.
^3" L'homme content eft proprement celui qui jouit
tranquillement de ce qu'il polTcde. Il n*eft pas né-»
celîaire d'avoir défiré pour être àontent , on eft con-
tent de ce qu'on a, on eft content de peu. Voyef
Contentement.
Qui vit content de rien , poflede toute chofe.
BôiL. Iln'eft pas même au pouvoir des Dieux dé
rendre l'homme content. M. SctfD. Il faut de l'a-
dtellc & de l'invention pour être àontent ; i*l y a
plus de myftere qu'on ne penfe. Ch. de Mer.
Qu'heureux ejl te mortel qui du monde ignoré ,
Vit content de foi-^méme en un coin retiré !
Bon.
Ce mot vient du latin contlnens , de contineo..
Celui qui eft content i fe contient en quelque ma-
nière , parce qu'il ne fouhaite plus rien,
CG" Content fè dit par extenfioti de l'air, du vifa-
ge \ avoir le vifagc content, faire paroître fur fon
vifage le contentement qui eft dans" le cœur , ce
fentiment qui rend l'ame tranquille.
Content fe dit aiifîi de celui qui approuve quelque
chofe. Si vous voulez acheter ma rente , j'en fuis
content. Cet ouvrier n'eft pas content du payement
qu'on lui a fait. Ce Courtifaii n'eft pas. content de
l'accueil qu'on lui a fait à fon arrivée. Perfonne n'eft
content de ceux qui ne font contens de perfonne.
La BrWy. Ce Prélat refufoit fi obligeamment ,
qu'on étoit du moins content de la politelTe de fes
manières , fi on ne l'étoit pas de fes raifons. P.
Gail. C'eft de François de Harlay , Archevêque de
Paris , que cela a été dit avec juftice. Je fuis con~
tent de tout foulTrir pour la caufe de Dieu. Arn,
Les gens qui paroilfent fi contens d'eux, ne conten*
tent guère les autres. Bell.
Contente de périr , s'il faut que je périffe i
J'irai pour mon pays m' offrir en facrifice.
Racine.
On dit en de fens à celui qu'on ne tient pas compte
de fatisfaire , fi vous n'êtes pascow/e«r , prenez des
cartes. On dit aulTi d'un homme qui a bonne opi-
nion de lui , d^u'il eft bien content de lui-même ,
qu'il t^ content de fa petite perfonne.
CONTENTEAiENT , f m. tfT joie , plaifir , dit le
Dictionnaire de l'Académie,^ Le contentement n'eft
8y4 COU
po-.nc tcviu cela, il tcscvcle pvoprement l'uncneur
du cci:«r -, c'ea un iencimcnt qui rcP.a amc tran-
c^iWicLaioïc regarde. pardcuUcrcmcrA la demonl-
màon extérieure , c eft une expreil.on^exrcvieure
qui airkG quelquefois l'eiprit. La J^r.i^cno/z regar-
de pîusles pallions,, c'eft un retour lur le lucccs
dans lequel on s'applaudit. Le pLuJir regarde prm-
cipalemenc le goût ; c'ei!: une la.iauon gracicule
dont les fuites peuvent quelquefois être deiagrea-
bles.S YN. Fr. A/nmifud forte commti tranquiLluas.
|t? CoNTENTEMEKT (Lf) cft uu fentlmcnt qui rend l'a-
me tranquille dans la polielilon de ce qu'on a, ians
rien délirer de plus. Il eil difficile qu'un homme
inquiet & turbulent ait jamais un vrai contenu-
jjicnt. La plupart des hommes font gens de bien ,
plus pour l'honneur de le paroîtve , que pour le lo-
lide conumement de l'être en eifor.
On dit , contentemera pade richefie -, pour faire
entendre que ce fentiment qui rend l'ame tranquil-
• le ,• eft le plus grand de tous les biens.
Qwi nous verra ? perfonne , je l'ajfure ,
Qiiitte après tout a perdre la gageure ;
Le grand malheur l en mcnrrei-vous de faim .
Contentement /--.rj/I- rich.ffe enfin. P. nu Cerc.
On dit populairement , ce n'eO: pas contentement;
pour dire, cela ne fuffit pas. On n'a donné que tant
a cet ouvrier , ce n'cft pas contentement.
Le mot de contentement appliqué au monde , dc-
liç^ne fes amufemens , fes plâiiirs. Les contentemens
de ce monde paffent comme une ombre. La foli-
tude ne donne point ces contentemens exquis que
l'on 2;oûte dans une haute élévation de la fortune.
Otleclamentam , voluptas. ^
CONTENTER , v. a. rendre quelqu'un contefit. ra-
cere ut aliqnis contentus fit. Expkre animum , de-
'iderium aîicujus. Il faut peu de c hofe pour cont^n-
''ter un homme lage. Quand on veut contenter tout
le monde , on ne contente d'ordinaire perfonne. S.
EvR. Il y a tant d'efprits de travers dans le monde ,
que ce icroit renoncer au bonfcns, que de fongcr
à les contenter.
ffT Contenter fc joint fouvent avec le pronom per-
fonncl 5 fe contenter de fa fortune , de peu.
La vertu fe contente & vit à peu de frais. Bon,
Toutfe détrnit:,toutpaffe,& le cxur le plus tendre
Ke peut d'un mzme otjet fe contenter toujours.
S. EvR.
Contenter , en parlant des pafîîons , figniiîe ,
remplit les délirs &C les fouhaits. Explere aîicujus
dejîderinm, aniimim. C'eft un homme infatiable,
qu'on ne peur jamais contenter. On dit en ce iéns,
contenter fes pallions , fes appétits -, pour dire , ne
leur refufer rien , en fuivre les mouvemens. Con-
tenir fa vanité , fon ambition , fa curiofitc. Tou-
tes les Içienccs humaines, ne Içauroicnt contenter
Jcs dcfivs de l'homme. Maleb.
Pour contenter fes frivoles déjirs ,
L'homme infenje vainement fe confume ;
Il trouve l'amertume
Au milieu des plaijirs. Rac. . ,
On l'applique de même aux Iéns. Cette mu(;qnc
contente l'oreille. Ce fpecla'clc contente les yeux.
Dans ce fens il eft comme fynonime .à plaire.
On dit aufil qu'une preuve , qu'une raifon ccn-
tcntent ", pour dire ,que l'efprit ne demande rien de
plus.
'Co'.JTENTER fîgnifie encore, appaifer , faire tp.i-
rc en donnant quelque chofe. Satisfacere alicui ,
placare . mitigare aliquem. Contente^ cet enfant ,
donnez-lui ce qu'il demande. Il faut contenter les
fietits Créanciers, pour empêcher qu'ils. oe crient.
C ON
Les mutins ne quitteront point les armes, fi on ne
les contents,
^fT ContenteRj employé avec le pronom perfonnel,
fignifie en demeurer à un certain point ; ne vouloir
ou ne pouvoir pas en faire davantage. Sufficere. II
ne le contente pas de trahir fa confcicnce par de
faux fermens , il a encore pratiqué de taux témoins.
Je me contente de vous humilier , 6c je ne vous veux
pas perdre.
Il eft aifé de voir que dans ces différentes ex-
ceptions , le mot contenter coniérve quelque cho-
fe de l'idée principale qu'il préfente.
CONTENTÉ , EE. Part. &: adj. Cui factum ejifutis,
expletus ,fatiatus.
CONTENiiEUSEMENT, ad v. avec grande con-
tention 6i opiniâtreté. Contentiofe. Cette queition a
été agitée &C jugée fort contentieufement , elle a cic
débattue avec chaleur.
CONTENTIEUX , EUSE , adj. litigieux , qui cfî:
en contcftation , ce qui fait l'objet d'une con-
tcftation. Litigiojus , controverfus , controverjiojus.
On donne la recréance d'un bénéfice contentieux
à un Régalifte. On dit plus ordinairement béncf.-
ce en litige , que bcncricc contentieux. Cet Avocat
n'allègue que des faits contentieux , dont on ne
demeure point d'accord. Il y a grand nombre d'arti-
cles ccz/rair/ef^-v avec les Religionnaires. Je n'ai pas
deifcin de recueillir lesfentimens contentieux d'une
ennuyculé controvcrfe. FlÉch.
Contentieux , euse , fe dit auHl de celui ou
de celle qui aime .à difputcr , à contefter. Pugnax ,
contentiojus. Je n'ai jamais vu d'efprit plus co::-
tentieux , d'humeur plus contentievfe. Les hommes
contentieux ont plus d'ardeur à foûtenir leurs er-
reurs , que les Sages à défendre la vérité. Port-R.
La Thcolopie eft une içience contentieufe, S. Evr*
On appelle Juridùlwn contentieufe, celle qui a
pou.oir de juger les diticrens des parties qui con-
teftent. Tribunal apud quod controverf.x dirimun^
tur. Les Tréforiers de France n'ont point de 7«/.'i
diction contentieufe ,\\%TiÇ. fdnr Juges que de la li-
gne de compte.
On diftingue deux forres de Juridiélions ecclc-
fiaftiques; la Imià-'v^ion contentieuÇe eft oppoféa
à la Juridiction graticufe. La Juridiétion con-
tentieufe eft celle qui inliige des peines. Le"; Offi-
ciaux font revêtus de la Juridiftion contentieufe ;
les Grands-Vicaires ont la gracieufe.
CONTENTIF , adj. Continens terme de Chirurgie..
On appelle bandage ccntentif celui qui ne fort qu'à
retenir les médicamens iiir une partie malade. Il
s'applique à toutes les parties du corps. Son nom
vient du latin continere , contenir, retenir, cmbraf-
fcr. Col de Villars.
Contention, f. f, dïfpute, débat, conteftat'cn.
Controverjia,rixa. ïl eft ennemi des contentions;
il fuit les contentions. Il furvint une contention cn-
tr'eux. De peur que la contention n'allât trop loin,
il tut permis de les féparer. Aelanc. Je n'aimcrois
pas ce mot.
On le dit aufli pour exprimer la chaleur, la vé-
hémence dans la difpute. Contentio. On difpura de
part & d'autre avec beaucoup de contention.
ffT Contention d'efprit , grande applicàtioni Irn-
gue , forte & pénible application d'efprit. Ammi
contentio. îl travaille à cela avec une grande con-
tention d'efprir. Il y a des chofcs qu'on ne faiiit eue
pàï la contention d'efprit. La trop grande contention
d'^cipric altère la fanté.
ÇC? CôNTrNTioN dit plus qu'application. Elle fup-
■' -pcfe des effets réitères.-
•^fF Contention fe ditaulTi, dans le même fens,d'una
forte application des organes. Contention de
roreille , &c.
CONTENTOR , f. m. terme de pratique , c'eft un
droir de reg'irre qui apparti-ent aux Audienciers K
Contrôleurs des Chancelleries, dontil eft fait men-
tion dans l'Edit du Roi Henri 11. de l'an ijf i.
CONTENU 3 f. m. terme didaétique: Ce qui eil rcnr.
c o
fermé dans quelque chofe , contentum. Le conte-
nant eft plus grand que le contenu.
Il iignifîe auili ce que contient un écrit , un dif-
cours : j'umma. Voici le contenu de l'Arrêt. C'cll
tout le coraenu de cet inventaire,
CONTEOR, 1", m. terme de coutumes. L'ancienne
coutume de Normandie parle amli àw conttor . Cil
e(t appelé Conteor que aucuns établit pour conter
par lui en Cour. C'eft la même ehofe que conteur.
Voyez ce mot.
CONTEOURS , r. m. pL efpèce de Farceurs ou Ba-
teleurs qui étoient en vogue avant le règne de Fran-
çois I, & qui chantoient, jouoienr des inftrumens ,
réciroient des vers. A^oye^CoMiRS.
CONTER , V. a. faire une narration, faire un conte ,
vrai ou faux, férieux ou plaiCant. Narrare. La prin-
cipale qualité d'un Hiftorien , c'eil de conter bien &
nettement ; d'un Avocat , de bien conter fbn fait ,
comme la chofe eft arrivée. LesVoyagcurs ennuyent
fouvent en contant leurs aventures; un Plaideur en
contant fon procès. On dit des femmes de mon âge ,
qu'elles aiment à conter les liifloires de leur temps.
P. DE Cl.
On nous a conté de plaifantes chofes de ces
nouveaux mariés. On dit familièrement, il nous
a conté de fil en aiguille route cette hiftoirei pour
dire, avec toutes fes circonftances. On dit prover-
bialement, conter des fagots ■■, pour dire, c««/£r des
chofes incroyables ,■ ou inutiles. Nugas garrire ,fa-
bulas ,fomnia.
Oui, oui, vous nous contez une plaidante hifloire.
Je conte jujlement ce qu'on verra dans peu. Mol.
On dit aufîî.co/zrcr fleurettes ; pour dire, cajoler
une femme :& abfolument il lui en conte ; pour di-
re, il lui en veut , il en eft amoureux. Procari.
On dir dans le même fcns , qu'une femme s'en
fait conter, pour dire,qu'elle aime qu'on lui en contJ,
qu'on la cajole.
Elle aima mieux , pour s'en faire conter j
Prêter l'oreille aux fleurettes du Diable,
Qiie d'être femme & ne pas coquetter. Sar.-
Conté , ee. Part.
CONTERIE , f. f. efpèce de raflade , grofle verrote-
rie , qui fe fait dans les Verreries de Venife. Les
Nègres & les Sauvages ornent leurs capots de ces
■ cordons , & en font une efpèce de broderie.
^CF CoNTESSA , petite Ville de Turquie en Europe ,
dansla Macédoine,fur la Côte de l'Archipel.
CONTEST , f. m. nom d'homme. Contextus. 0:l pro-
nonce comme s'il y avoir Contes, Saint Contc/i fur
Evêque de Bayeux,& fucceflcut de Saint Manvieu.
Mefïieurs de Sainte Marthe , qui nomment mal
Contejlus , le placent entre Saint Manvieu & Saint
Visor. Chastelain.
ICrCONTESTABLE , adj. de t. g. qui peut-être coh-
tefté. Quod in controverjiam adduci poteji. Contro-
verjîofus. Maxime contefiable. Cela n'elt pas con-
tejiahle.
CONTESTANT , ANTE , adj. qui conrcftc , qui
aime à Contefter. Contendcns ,concertans , /itigans,
contentiofus. C'eit un efprit aigre & contenant, qui
bannit la paix de la converlation. La mort d'une
des parties contenantes met le procès hors d'état.
Scarron,dans fa Ùefcription des plaijirs des champs
Elifées , dit que :
Quife plut à tutter y lutte ;
Qui fut Conteftant y difpute,
^fT On dir fubftantivement , chacun des contef-
tans.
|CrCONTESTATION,r. f. différent, démêlé , difpu-
te, débats, querelles, procès,tous mots que l'on don-
ne ordinairement pour iynonimcs -, mais tous dif-
tingués les uns des autres par une idée particulière.
Le fujer du différent, dit M. l'Abbé Girard , eft
une chofe prêche &c déterminée fur laquelle on fe
Co M y^-f
contrarie , l'un dilant oui Se l'autre non. La concur-
rence des intérêts caulc des diffcrents entre les par-
ticuliers. Le fujet du démêle eft une choie moins
éclaircic,dont on n'eft pas d'accord,& fur laquelle on
cherche à s'expliquer,pourfçavoir.à quoi s'en tenir,
L'ambition caufe des démêles entre les Puillances.
Difpute le dit ordinairement de la converfatiori
de deux perionnes qui fonr d'avis différent fur là
même matière. La contrariété des opinions produ:*
des dijputes. L'aigreur des efprits elt la Iburce des
querelles. La querelle eft une difpute dans laquelle
il fe mêle de l'aigreur. Débat paroît lignifier une
conte fation tumultueufe entre plulieurs perionnes,
Voye-^ tous ces mots.
Contestation eft un démêlé entre deux pcrfonnes
confidérables fur un objet imporrant, ou entre deux,
particuliers pour une affaire judiciaite, Contentio ,
concertatio. Contejïation entre deux Souverains ,
fur un article d'un traire; entre deux Seigneurs fur
la chafle -, enrre deux voilins, lur les limites de kurs
héritasses.
Contestation , en termes de Palais, fe prend ordi-
nairement pour querelle, procès. On appelle con-
tejiation en caufe , le réglemenr ou l'appointement
fur les demandes ou dcfenlés en matière civile , &C
la confrontation en matière criminelle. Interpofi-
tum acloris petitioni & inficiationi defenjoris ,y/:-
dicis decretum. On ne pjur plus demander le ren-
voi d'une affaire , quand il y a ew contejtation en
c/ZK/è. Par la clôture d'un procès- verbal, on don-
ne ade aux parties de leurs dires , rcquilitions &
contcjiations.
Contestation , dans l'ancienne Liturgie Gal-
licane , c'ctoit la partie quirépondoit à ce que nous
appelons aujourd'hui Préface. Elle fe nommoii
encore , Illation &z Immolation. La contelîation con-
tenoit en abrégé l'f xplication du myftère , ou la vie
du Saint que l'on honoroit , & elle changeoit à
chaque mefle comme les autres orailbns. Elle com-
mençoit, comme aujourd'hui la Préface, par ces
paroles : Surfum corda ; c'eft-à-dire , Eleve^-vos
cœurs; & finiffoit par le trifagion ; c'eft-à-dire, par
le Sanclus , répété trois fois , Saint, Saint , Saint.
CONTESTEjf.f. terme de Palais,procès,conteftation,
Li's,contentio, controverjia. Ce mariage, n'eft pas af-
ffiré, il eft en contejie , on le plaide. Les Juges font
partagés, Scfont en contejie fur leurs opinions. Hors
ces fortes d'exemples , le mot de contejie n'eft: plus
en ufage.
La mai fon à préfent , comme fçave^ de refie ,
^u bon Monjteur Tartuffe appartient fans contefter
MoL.
CONTESTER , v, a. avoir des conteftations , Ibit en
juftice,foir aurrement. yoye^ Contestation. Cop-
tendere , concertare cum aliquo de re ,fuper re ati-
qua. Les Honnêtes Gens ne conteflent guères en-
lemble. On\\.\i contejie ^3. qualité d'héritier,- d'en-
fanr légitime. Contêjler une propolîtion , l'article
d'un compre. Ces deux Officiers lé contejlent le pas.
Un Romain ennuyé d'un flatteur , qui ne celfoit de
lui applaudir,s'ccria tout en colère, contefle-moi du
moins quelque choie , afin de faire voir que rtous
fommes deux.CHEV.il y a des gens fi décififs qu'il eft
inutile de contefter contf eux , parce qu'après avoir
bien contejie , il faut toujours qu'il le trouve qu'ils
ontraifon, &; que les autres ont tort. Nicol. Mé-
nage dérive ce mot de contrajïare, ou de contejtarg;
dont a fait contejtation.
Contester plus amplement , terme de Palais ,
eft procéder en vertu d'un Jugement qui a réglé
certains chefs, & qui a ordonné fur un ou plulieurs
autres , que les parries contejieront plus ample^
ment, ^ ^
CONTESTE , EE. Parr. On appelle au Palais une cau-
fe entière & non contejîée, celle que l'on peut faire
renvoyer, fur laquelle il n'y a point eu de règle-
ment , ni de plaidoirie,
CONTEUR , EUSE. f. ra. 5: f, celui gui conte, Faba^
2)6 CON
/ -„„,A«r ^trr II eft du ftyle favnilieri 5c quand
IrivXef^, il ?e prend .oujou. de sau-
vai ea«, pour dcilgner ceux qui promettenr beau-
co p q^ ne dirent rien de vrai , de lohde ou de
Sx Ne vous fiez pas à cet homme-la , ce n d\
^X ;o«l;vr. Je vieillis /puiique je Uns conuur
de fleurettes. Scar.
Si l'on voidoit à chaque pas
Arriter un conteur d'hiJMire,
■ -Un-auroit jamais fait. La 1-ont.
On appeloit autrefois Conteurs, on Conuors ,
en cLuours, les gens qui inventoient des conte
a"rc blés , qu'ils alloient chanter ou recite._.ans
ksmaifon; des Grands-, &c ils difteroient des Trou-
ver es, Vocits du même temps, en ce que ceiix-ci tai-
foicnt leurs compolkions en runes , & les Lonteors
en proie. Narraior. ^ „
On appelle proverbialement & bahement Con-
teur de fagots, un homme qui conte des bagatel-
les 6c des "niaiieries. Acad. Fr.
CONTEUR, i". m. terme de Coutumes. Le cont.ur
eft le même qu'on appeloit ro«/.or dans les temps
plus recules. Ceft l'Avocat ou le Procureur , que
l'on a établi pour narrer & réciter le fait aux Ju-
o-es. V oye7 Conteor. t-i - i •
â:FCONTEXTE,f. m.mot ufité parmi lesTheologiens
& formé du latin co72;^A-/«5 , mais équivoque. 11
fianifie quelquefois dans leurs écrits le texte des
écritures, d'in Auteur, d'un père. Quelquefois il
ficnific cette partie de l'écriture fainteou de tout
autre livre qui le trouve avec le texte , (oit devant ,
foit après , Ibit entremêle, Se alors c'eft proprement
uneG/o^.ENCYC.Il faut quelquefois conlultcr lefo«-
/cT/e, pour entendre parfaitement le lens du texte.
rcCFCONTEXTURE,f. f. difpofition ou arrangement
d-s parties , enchaînement des parties difpolees les
unesparrapportauxautres,&tormantuntoutioitna-
tiuelfoit artificiel. La cow/exw/re des fibres , la con-
texture d'une ch/inei il eft pourtant plus approprie
aux ouvrages de la nature. Textura , coutextura.
La contexture des fibres , des chairs, du cerveau ,
des parties de la rétine , font des choies qu on ne
fcauroit allez admirer. La conftitution & la pro-
priété d'un mixte , confiftent dans la dofe exacte &
dans l'arrançement & la comexture de les princi-
pes. Acad. des Sc.iyoi ,/^'/^./'- ^9- .
SCr II a une lignification plus générale que /i^« qui
paroît exprimer plus particulièrement la dilpofition
des parties qui naît de l'ourdillàge. Le tijfu de la
peau , du drap , fi'c.
On dit auflTi, dans le figure , la contexture d un
diicours , d'un Poème , en parlant de la fuite, de
l'arrangement , de la difpolition de fes parties. Je
fens avec déplailif toutes les fautes qui lont dans la
conid.vrwre de cette pièce. Volt.
CONTI , bourg de France en Picardie. Conciacum.
Conti a le titre de principauté , & eft fitue lut
la Selle , dans l' Amiénois. C'eft de ce bourg que
les Princes de Conti ont pris leur nom. _
Conti ou Conty , nom d'une branche de la Nxaiion
Royale de Bourbon. Con/fw^. La branche de tonti
vient d'Armand , Prince de Conti , fils d Henri II ,
Prince de Condé , & frère du Grand Conde. Le
Prince, de Conti. On dit aulfi en Poche , c\- en
ftyle Oratoire, Conti , tout coutt , pour le Prin-
ce de Conti.
Conty n'eftplus ; 6 ciel! fes vertus , fan courage,
Sa fublime valeur, fon ^èle pour jon Rot ,
N'ont pu le garantir ; au milieu dejon âge ,
De la commune loi. Rouss.
La maifon de Conti, la branche de Conti l'hô-
tel de Co;2/i à Paris. Bourlon-CoTiti , celfcdansia
Maifon Royale de France la branche de Conti.
CONTIGN ATION , f. f. CP" terme de charpenterie ,
aflemblai^e de pièces de bois deftinées à porter des
fardeaux\ planches , toits , fi-c. contignatio.Dzns les
bâtimens & les contisnations ordinaires , les pie-
ces de bois font chargées dahs toute leur Ion-
C ON
sueur Se en diffétens points. Mem. de F Acad. 'des
Se. 1740 >/'• 4^5- , ,,
lier Quoique ce mot ne paroide propre qu a la conl-
truction des mailbns , on l'a employé pour expri-
mer l'allémblage des pièces d'un inftrument altro-
nomique, qui lervent a le rendre fixe , ftable, folide.
CONTIGU , UE ,adj. terme relatif , qui le dit des
chofes qui font î\ proches , qu'elles fe joignent ,
qu'elles le touchent. Conii'^uus. Toutes les mai-
fons de l'ancienne Rome étoient ilblées , Ôc n'é-
toient point curitigues. On l'ctablit Gouverneur
des peuples coniïgus à cette Province. Vaug.
ItT Ce mot a la même fignification en Phyiîque ,
Se fe dit des parties d'un corps qui fe touchent
les unes 8c les autres , mais fans être liées enfcm-
ble , enforte qu'il ne faut aucun effort pour les
féparer. Les parties de l'eau font contigues.
ft? En Géon-.étrie , angles coniigus ou adjacens
font ceux qui ont un côté commun.
CONTIGUÏTE , f. f. voifinage de deux chofes qui
fe joi"-nent , qui fe touchent. Continuitas. La con-
ti'yum de ces deux maifons a été caufe qu'elles ont
péri par un m.eme incendie.
CONTINENCE , û f. vertu par laquelle on s'abf-
tient des plaifirs' de la chair , ou qui fait qu'on
modère les appétits charnels. Continentia, Le ma-
ria'^e eft un remède à la fragilité de ceux qui
n'ont pas le don de continence. Les religieufes
obfervent une exadle continence. Les Romains ont
loué Scipion d'une grande continence. En entrant
dans le cloître , il faut immoler fes fens à la dure
loi d'une continence perpétuelle. C. B. Les loix de
la continence font plus favorables aux hommes
qu'aux femmes , parce que ce font les hommes qui
les ont faits contre les femmes. Le Mait. On
voit en Hollande , je ne fai quelle vieille tradi^
tion de continence , qui pafie de fille en fille ,
comme une efpèce de religion. Saint Evr.
^J- La continence confifte à s'abftenir des plaifirs
de l'amour. La chafteté confifte à ne jouir de ces
plaifirs, qu'autant que -la loi le permet , 8c de la
manière qu'elle le permet. La continence eft le
fruit d'une viéf oire remportée fut foi-même.
CONTINENT, ENTE, adj. qui a la vertu de continen-
ce. Cominens. Selon Ariftote , celui qui n'a point de
befoins n'eft pas continent. Il faut des combats con-
tre la chair Si contre les fens pour être continent.
Il faut être continent même dans l'ufage du mariage.
CONTINENT, ENTE. f. m. £< f. Voy. Encratites..
CONTINENT. 1". m. rerme de Géographie , grande
étendue de pays qui n'eft ni féparée ni interrompue
par les mers. Cominens terra , continens. On le dit
par oppofition aux îles. On tient que la Sicile a
été autrefois détachée du continent d'Italie. On di-
vife d'ordinaire la terre en deux grands continens;
l'ancien Se le nouveau.
L'ancien continent eft celui que nous habitons ,
&c qui comprend l'Afie , l'Europe & l'Affrique.
Le nouveau continent eft l'Amérique Si les rerres
nouvellement découvertes. Il eft néanmoins allez
probable que l'Amérique n'a pas été inconnue aux
anciens. On ne fait point encore fi l'Amérique
n'eft pas jointe à l'Afie par le Nord , & fi ce n'eft
pas un feul continent. Quelques Géographes font
encore deux continens des terres auftrales bc des
terres feptentrionales ; mais fans raifon , car les ter-
res auftrales font manifeftement des Iles ou une Ile :
S: pour les terres feptentrionales , fi ce ne font pas
des îles , c'eft la jondion de l'Afie Se de l'Améri-
que -, Se loin d'être un nouveau continent , elles
n'en font qu'un de l'Amctique Se de l'Afie. ^
On appelle l'ancien continent , continent fupe-
rieur , parce que , félon l'opinion du Vulgaire, il
occupe la partie fupérieure du globe. L'Afl-rique
eft un grand continent qui n'eft attache a lAlie
que par un ifthme. Les Efpagnols ont conquis ks
îles avant que d'entrer dans le continenj. On n'eft
pas encore certain fi le Japon eft une Ile , ou un
.■,«;,««, CONTINGENCE,
)
■C O N
GONTiNGENCE, f. f. cafualité, événement incer-
tain qui arrive par hazard. Eventas fonuitus. Ce
mot n'efl: guère en ufage qUe dans les phrafes iiii-
vantes. Une affaire peut réuffir bien ou mal, fui-
yant la diyerlc conti?ige;ice des choies , leur dif-
férente conjondlure. Cela n'empêche pas la contin-
gence. Vokt-K. Un angle de contingence , cA, en
termes de Mathématique , celui que forme une li-
gne droite avec une ligne courbe qu'elle touche ;
ou celui que font deux lignes courbes qui ié tou-
chent. Co7itaclus.
CONTINGENT, ENTÉ. adj. & fub. ^ Ce qui n'cft
pas ncceilaire , ce qui peut être ou n'être pas , ce
qui peut arriver ou n'arriver pas, /^oy<?{ Nécessaire,
Comingens , fonuitus. Tous les événemens humains
ipnr contin^ens. On appelle , en termes de l'école ,
futur contingent , ce qui peut arriver ou n'arriver
pas -, & propofition contingente >, celle qui énonce
une choie qui peut être ou n'être pas. Les ,So-
ciniens foûtiennenr que Dieu ne peut prévoir les
futurs comingens , parce qu'ils dépendent du mou-
vement de la libre volonté, Jur,
Contingent, terme de commerce & de Palais. 0'\
emploie ce terme en parlant des compagnies. Il lé
dit de la part & porrion qu'on a dans chaque com-
pagnie, du fonds que chaque intérelîc doit fournir
dans la Ibciété , de la portion que quelqu'un peut
prétendre dans un partage. Portion contingente.
'Contingent le dit'auflî du profit qui revient à cha-
que intérelTé par le compte de répartition , il ié dit
aufli de la parr des frais communs d'une fociété,
'IJCr Contingent fe dit dans le même fens des dons
gratuits que les Provinces ou le Clergé font au Roi.
C'eft la portion que chaque ville d'un pays d'états
ou chaque dioccfe doit payei ; en général , c'clt la
part que chacun doit recevoir , ou la part que
qhacun doit fournir. Pars illa qiiœ fpeclat aliquem ,
quo!. ai alicjxzem attinet. Il a payéfon contingent
de cetre impolirion. J'ai traité de ma part contin-
gente en cette lucceilion , de ce qui pourra m'en
revenir , pour éviter l'embarras des procès , des
partages,
|)CF C'eft ainfi que l'on ditj que lorfque l'Empire eil:
engagé dans une guerre qui regarde ou l'Empe-
reur ou le Corps germanique , chaque Prince d'Al-
lemagne doit fournir pour Ion contingent , tant
d'hommes , d'argent & de munitions,
tfT CONTINU , ÛE, adj, fe dit ert général de tout ce
quia des parties rangées les unes auprès des autres ,
qui ne laiilénr aucun intervalle entre elles •■, entre
lefquellcs on rie peut rien placer , qui né font point
aéluellementdiviféeSi mais liées eniémble, & feu-
lement divilîbles , en quoi le continu diffère du
contigu dont les patties fe touchent à la vérité , mais
font aéluellement fépatces les unes des autres.
Contintius.
IJCT Ainfi , continu fe dit du temps & des aélions
qui fe font tout de fuite , entre lefquelles il n'y
a point d'intervalle , & des chofes qui font liées &
unies , ou que l'on regarde comme liées & unies.
Î^J" Il peut y avoir de l'interruption dans ce qui eft
continuel; maià ce qui eu continu n'en fouffre point;
de forte que le premier de ces mots marque pro-
prement la lorigueut de la durée , quoique par in-
tervalles & à diverfes reprifes ; & le fécond marque
Simplement l'unité de la dutée ihdépeiidamment de
3a longueur on de la brièveté du temps que la
chofe dure; Pcrpetuus. Ainli l'bn dit un jeu con-
tinuel, des pluies continuelles , une fièvre conti-
nue , une balle continue , lorfqu'elle ne celle point.
Le couis des aftres eft un mouvement réglé &:
éontinu. Un rravail continu fatigue & épuife l'ef-
prit. Depuis que le Poé'te commence à raconter
fon fu;ct , Si qu'il met lés perfonnages fur la fcè-
re , il doit rendre fon aélion tellement continue
jufqu'à la fin , qu'on ne voie jamais fes perfon-
nages oilifs fi en ïepos. P. le Bos's,
Ç3" 'On divife la quantité en difcrètc & en continue,
SCF" La quantité continue eft î'étendUe des lignes , des
furftces , des foUdçs- C'eft l'objet de la Géométrie,
Tome IJ,
CON 8f7
^^ La quantité difcrke , c'eft les nombres qui foni"
ie fujet de l'arithmétique.
^ Continu fe dit aulfi fubftaniivemeht. On dit en
Philofophie que le continu eft divifible à l'infini;
Voy: Divisibilité.
Une proportion continue , en Mathématique i
eft une proportion qui ne contient que troi^ rcr-
mes , comme i , 4 , 8 -, |p> c'cft-à-dirc , dans la-
quelle le conféquentde la première railbri eft ra^i-
técédcnt de la féconde , comme 1,4,; : 4,8,
En tetmes de mufique , oh appelle bafj'e conti-
nue ^ la balfe qui joue toujours, foit pendant Jfes
récits , foit pour foiitenir les chœurs.
En termes de médecine , on appelle^èire conti-
nue , celle qui agite toujours le malade, 8c dont
on ne connoît les accès que par les redoublemcns,
IJC? Continu , en termes de Palais , fe dit d'une pro-
longation que l'on fait à Une compromilllon dont
le temps eft expiré. La compromilîion étoit finie i
mais nous avons fait un continu.
CONTINUATEUR, f, m. Celui qui continue un ou-
y rage qu'un autre a commencé, Perfeclor. Brbvius a
été le contin.uateur de Baronius.
lia- CONTINUATION, f. f Continuatio. Ce moé
lignifie également l'aélion par laquelle on conti-
nue ce qui eft commencé \ la durée fans interrup-
tion de la chofe continuée , 8: la chofe même
que l'on continue. Ainfi l'bn dit la continuation
d'un ouvrage ', la continuation de la guerre , & la
continuation d'une muraille , la continuation des
annales de Baronius.
§3" On dit en Phyfique tontinuation du moUveinenr, '
de cette loi de la nature par laquelle un corps
qui eft en mouvement cotinue de fe mouvoir dans
la direclion , & avec le mouvement de vîtelTe
qu'il a rsçue , jufqu'à ce qu'une caufe nouvelle
l'oblige à changei: d'état. Règle cettaine & évi-
dente ; parceque le corps étant indiffèrent, non
feulement au repos oli au mouvement , mais en-
cote à telle eu telle diredion, à telle ou tellevîte fle,
il doit néceifairement demeuter dans l'état où il eft
jufqu'à ce qu'une caiîfe extérieure l'eri fafié Ibrtiri
ifT Continuation & continuité confidércs dans
une fignification fyncunime.
Ç3" Continuation eft pour la dutée & continuité
pour l'étendue. On dit la continuationd'un tra-
vail , d'une aélion ; la continuité d'urt efpace &
d'une grandeur. La continuation d'une même con-
duite , d'un même édifice. Syn. Fr.
1)3* Le mot de continuation défigne néce fiai rem eijr
le rapport d'une chofe avec ce qui la précède. Orl
donne la continuation de l'ouvrage d'un autre s &
la luire du fien ; en continue ce qui n'eft pas ache-
vé : on donne de la fuite à ce qui l'eft.
Continuation de communauté , n'eft autre chofd
que la fuite de cùmanUnauté qui étoit entre les
père & mère avant la mort de l'un d'etix , & qui
continue entte le furvivant 5c fes enfans , faute
par le furvivant des père & mère d'avoir fait in-
ventaire après la morr du prédécédé , & de l'avoir
fait clore.
IfT C'eft une règle certaine que route ëothl-nunaut^
finit par la mort d'un des alfociés ; mais conrrç
le dtoit commun , nos coutumes ont fagement in-
troduit la continuation de comrnunauté , ou en
ont fait une nouvelle forme , à caufe de la fuf-
picion du recelé & divertilfelnent des effets de la
com.munauté par le furvivant. Ainfi l'on a Jugé à
propos , pour obliger le furvivant des père & mère,
d'établir cette continuatinn de communauté , ou
de faite faire l'inventaire requis d.tns ce caspout
la confervarion du bien des mineurs incapables de
veiller à leurs droits.
Ift CONTINUE , f f. durée fans interruption. Vieux
mot qui n'eft plus eii ufage que dans cette phra-
fe adverbiale. A là.continite , on ttavaille d'abord
avec ardeur , mais oh lé ralentit bientôt ; & à la
continue , oti fe lall'e -, pour dite à la longue , à
force de continuer. L'expreUlon n'eft pas noble*
COTINUEL > ELLE. adj. qui dure long temps &i
QQQciq
8y8 CON
à diverfes reprifcs. Continuiis. Il fe pafle dans l'ef-
prit de l'homme un retour contimicl de la nature
, à la rclitrion , & de la religion à la nature. S.
EvR. Les Tyrans vivent dans une continuelle in-
quiétude. Les pluies continuelles ont tait de grands
ravages. Il n'y a peint d'ai.;rcmcnt à l'cprcuve
d'une lamiliarité continuelle. S. EvR. Les elprits
y qui font dans un mouvement continuel , envila-
gent les choies différemment lelon qu'ils fe tour-'
nent. Id. Notre vie n'efl: qu'un changement con-
tinuel de lujettions différentes. S. Real.
@Cr Ce terme, comme nous l'avons obfervé au mot
continu , marque proprement la longueur de la
durée ; mais il peut être relatif à la durée toute
entière du temps , comme quand on dit : les aftres
font dans un mouvement continuel; ou il exprime
leulement une partie indéterminée de cette durée ;
comme quand on dit ; certains hommes font dans
un mouvement continuel. Or , il elt évident que
dans ces deux exemples , le mot continuel mnïquQ
qu'il n'y a aucun inftant dans la durée conlidércc
ibus ces deux points de vue différens, où la choie
dont on parle ne lliblilte pas ; quoique dans le fé-
cond cas ce foit par intervalles &: à diverfes re-
prifes -, ainfi ,il peut y avoir de l'interruption dans
ce qui eft continuel. Koye^ encore Perpétuel.
CONTINUELLEMENT, adv. fans interruption ,
fans relâche. A£iduè , continenter , Jine intermij-
Jione. Cette femme crie , tempête , querelle conti-
nuellement. Qu'y a t'ii de plus incommode qu'un
homme qui n'cft occupé que de lui , ^' qui s'ad-
mire continuellement 2 NicoL. Rien n'eft plus dou-
loureux à l'amour propre que de fe voir mourir
continuellement , & de ne fcntir la vie qu'à me-
iure qu'on la perd. Abad. Il y a des amis iî
languiflans, qu'il faut continuellement les poufler
par l'intérêt de leur gloire. S. Evr.
(^Cr Ce qu'on fait toujours , dit M. l'Abbé Girard ,
fe fait en tout temps 6c en toute occafion. Ce
qu'on fait continuellement , fe fait lans interrup-
tion S: fans reLîche.
Il faut toujours préférer fon devoir à fes plai-
Jirs. Il ell: difficile d'être continuellement appliqué
au travail. Pour plaire en compagnie , il faut y par-
ler toujours bien , mais non pas continuellement.
CONTINUEMENT , adv. ( Prononcez continûment.
On peut même l'écrire fans E. ) d'une manière
continue. Il travaille continuement , c'eft la même
chofe que continuellement.
Continu & continuement différent de continiiel
Si continuellement ; en ce que continu &C conti-
nuement le difent des choies qui ne font pas di-
vifées ni interrompues depuis leur commencement
jufqu'à la fin , &: que continuel &C continuellement
fe difent auffi de celles qui font interrompues ,
mais qui recommencent fouvent Si à peu d'inter-
valles. AcAD. Fr.
Continuer , v. a. pourfuîvre une chofe commen-
cée. Continuare , perfequi. Il continue fon Hiftoire
depuis Charlemagne juiqu'à préfenri Continuer un
Poème, fes études, fon voyage. Continuer ktVire
quelque chofe , à bâtir. Continuer d'écrire.
5J3" Continuer , dans la fignification de ptolonger.
Continuer un mur , une galerie , une terrafîe. Il
faut continuer cette allée jufqu'à tel endroit. Pro-
ferre , procedere.
Ç^ONTiNUER fedit auflî à l'égard du temps. Se figni-
fie proroger , faire durer plus long temps. Proro-
^ure. On a continué la jouifîance de cette ferme
pour trois ans. On a continué ces Echevins , ces
. Marguilliers dans leurs charges pour deux ans.
On Continua le Confulat .à Quintus Fabius , pour
avoir fubjugué entièrement l'Etrurie.
On dit de même continuer un bail à un Fer-
mier , à un locataire , continuer à quelqu'un fa
penfion. C'efl: en général copferver quelqu'un dans
la pofition d'une chofe. Je vous prie de me con-
tinuer vos bienfaits.
Continuer , lignifiant pourfuivre ce qu'on a
CON
{p"
commencé , s'employe auflî abfolument. Je ne puis
ri ne veux continuer. Continue:^ , je vous prie , \
à m'éctire , de m'écrire.
§Cr Continuer lignifie quelquefois durer, ne pas
uler , ik alors il tif neutre. La pluie , le mauvais
temps continue •■, la guerre continue entre les Po-
lonois & les Turcs. Cette plaine continue juiqu'à ,
&c. s'étend. Patct plamties in longitudinem.
Continué , ée. parr. paif. & adj. Cohtinuatus.
0Cr CONTINUITÉ , f f. lignifie en général ,
fuite , liaifon des parties pofécs les unes auprès des
auttes , entre iefquelles on n'en peut placet d'au-
tres. Continuitas,
03° Quelques Phyfîcicns entendent par continuité ,
la cohélion immédiate des parties qui forment un
tout. Quand les corps durs ne le font qu'à caulè
que leurs parties fe touchent , en quelques endroits ,
l'on ne fauroit les écarter tant foit peu qu'on ne
leur faffe perdre toute leur continuité. Roh. Vo-j.
Cohésion , Continu , contigu.
§3" En Chirurgie J on appelle folution de continuité ^
la divifion qu'une plaie fait dans un corps. En
Philofophie , on appelle loi de continuité , la loi
fuivant laquelle rien ne fe fait par faut dans la.
nature, & fuivant laquelle aucun changement ne
s'exécute que par degrés infenlibles. On ne va
d'un endroit dans un autre, qu'en parcourant la
chemin qui eft entre deux.
§3" Continuité efl auffi fynonime à durée conti-
nue. La continuité du travail fait iiiccombet. La vie
des bienheurcuxefl: une continuité ds contemplation-
& d'amour. Boss. Continuatio , continuitas.
§3" Continuité , en matière de Littérature & de"
Belles- Lettres. Par rapport au difcours , c'efl: la
connexion entre toutes ies paities. On ne peut
juger d'un difcours fans en voir toute la conti-'
nuité. Connexio.
?fT Dans un Pocme dramatique, c'efl la liaifon qui
doit régner entre les différentes fcènes d'un même
aclc.
Dans un Poëme épique , l'aélion doit avoir de
îa continuité dans la narration , quoique les évé-
nemens ne foient pas continus. P. L. Boss. Le
Poète , en retranchant les incidens languiflans ,
Scies intervalles de temps vides d'adlion, qui en
empêchent la continuité , rend au poème cette force
continue qui le fait par tout couler également. Id,
CONTOBABDITE , l". m. & f. nom de fede. Con-
tohabdita. Les Contohahdites étoient des hérétiques
du VI' fiècle , dont Nicéphore Callifte nous a
confervé la mémoire dans fon L. XVIII , C. 45).
Leur premier chef fut Sévèie d'Antioche , auquel
fucccda Jean le Grammairien , furnommé Philo-
ponus , & un certain Théodofe. Leurs Sedateurs
furent appelés Agnoètes , Théodoliens. Une par-
tic de ces hérétiques , qui ne voulut pas recevoir
un livre que Théodofe avoir compoic fur la Trinité,
firent bande à part, & furent appelés Co/zw^tz^iii-
tes , de je ne fais quel lieu que Nicéphore ne nom-
me point, & qui étoit apparemment celui où ils
tenoient leurs affemblées. Les Contobab dites ne
recevoient point d'Evêques. C'efl: tout ce que cet
Hiftorien nous en apprend.
Je ne fai pourquoi Baronius , à l'an j 5 5 , les ap-
pelle Concobabditz \ beaucoup moins où les Au-
teurs du Moréri , qui citent Nicéphore & Baro-
nius , ont pris le nom de Caucob ar dites , qu'ils
leur donnent. Les éditions de Nicéphore , & fur
tout la belle du P. Fronton du Duc , portent tou-
tes conflamment KevT8/3af^iT«; Contobahdites,
Ip- CONTONDANT , ANTE. adj. Quelques-uns
écrivent contondant. Terme de Chirurgie , par
lequel on défigne ce qui blelTe , en faifant des
contulions , fans percer ni couper. Contundens.
Un bâton , une maffe , (fc. font des inftrumens
contondans. Foye^ Contusion.
IfJ- CONTORÈSE ,nom qu'on a donné à des héré-
tiques albiQ;cois.
^ CONTORNIATE , adj. terme d'Antiquaire ^.
CON
pat lequel on défigne des médailles de <!liîvre ,
terminées dans Iciiv circontétencc par un cercle
d'une ou deux lignes de largeur , conrinu avec le
métal , quoi qu'il femble en être détaché par une
rainure aflez profonde , qui règne à l'extrémité
du champ de l'un &c l'autre côte de la médaille.
Les médaillons concorniaces font ainfî appelés ,
à caufe qu'il femble que les bords ont été travaillés
au Tour* Ce qui nous refte de médaillons conior-
niates, femble avoir été fait vers le même temps.
Le P. Hardouin croit que c'efi: au treizième ficelé
qu'ils ont été fabriqués i les autres Antiquaires re-
montent jufqu'au cinquième. Contorniatus nuthmus.
Ces médaillons font appelés comorniates du mot
Italien , qui marque la manière dont ils font frappés ;
favoir; avec une certaine enfonçure tout au tour,
qui lai/Te un rond des deux côtés, & avec des figu-
res qui n'ont prefque point de relief en comparaifon
des vrais médaillons. C'eft un ouvrage né, comme
je crois, dans la Grèce, dont on fe fervoit princi-
palement pour honorer la mémoire des grands
hommes, & de ceux qui avoient remporté le prix
aux jeux publics. Tels (ont ceux qui relient d'Ho-
lîiere , de Solon ^ d'Euclide , de Pythagore , de
Socrate, d'Apollonius Thyaneus , & deplulieurs
Athlètes , dont les vicloires font marquées par des
palmes & des chariots à deux ou à quatre chevaux.
P, JOBERT.
^CT Contorsion, f, f, mouvement violent, procé-
dant d'une caufe interne qui tord quelque partie
du corps , & la tourne hors de fa fîtuation naturelle.
Dijlorjîo. La colique caufe de cruelles contorfions.
A voir la contorjion générale de tous les membres,
ne diroit-on pas qu'il eft pofîédé ?
gcr Contorsion fe dit auiïi des grimaces & des
poflures extraordinaires que certaines perfonnes font
quelquefois en parlant avec véhémence , ou qtiand
ils font embarra/rés. Ce Prédicateur fait des con-
torJionSi
lion je ne hais rien tant que les contotfîorlî
De tous ces gr ands faifeur s de protestations.
^T Contorsion en Peinture fe dit des attitudes ou-
trées , quoique polTibles , foit du corps , foit du
vifage. Le Peintre en voulant donner de l'exprefTion
à fes figures , ne leur fait faire Ibuvent que des con-
torfions, Encyg.
Contorsion ié dit auflî figùrcment. Il arrive raremerit
qu'un Orateur fe tire d'une antithèfe à plufieurs
membres, fans donner quelque co«/or/zo« à la vé-
rité, pour l'ajuder à fa figuie, Port-R,
Contorsion fe prend paillvement pour l'état d'une
chofe, par exemple, d'un membre qui eft de tra-
vers, Difiortio. La contorfion du cou ell caufée,
félon M. Nuck, par le relâchement ou la paralyfie
d'un des mufcles inalloïdes -, d'où il arrive que fon
antagonifte , dont la puiffance n'efl plus contreba-
lancée, fe contrarie avec toute fa force ,& rire
la tête de fon côté. On ne peut , félon lui , remédier
trop promptement à cette maladie -, & l'on doit
dès le commencement employer des linimens ca-
pables de ramollir & de relâcher les fibres , & les
appliquer non feulement fur le mufele qui ell en
contracflion , mais principalement fur le mufele re-
lâché & paralytique. Jour, des. Sav. Dans la con-
torfion du cou , ce n'efl pas le mulcle qui ell en
contraction qui efl: proprement la partie malade ,
mais le mufele relâché & paralytique.
CONTOUR , f m. ligne qui termine une figure ,
& qui en marque la forme. Ambitus , circuitus.
UCT Ce terme efl parriculièrement ufité en Pein-
ture & en fculprure. Le contour d'une figure efl
ce qui termine la figure ou les parties d'une figure ,
& leur donnent le tour qu'elles doivent avoir \ les
traits qui la terminent & qui la renferment en tous
fens. Cette figure a de beaux contours ^ ils font
hardis , bien entendus, bien defïinés, bien pro-
noncés, peut dire, qu« les membres de h figure
CON
f^
font defTînés avec art , avec juflefTe. Les contùUrs
doivent être flamboyans , on des , coulans , grands
6*: prefque imperceptibles au toucher. Ce Peintre
entend bien les contours , réuflit dans les comourst
Voyez Contourner.
0CF On dit de même le contour d'une colonne, lé
contour d'un dôme.
IJCr Contour fe dit généralement de toutes fortes
d'enceintes. Le contour d'une foret, le contour
d'une ville, La ligne fondamentale d'une fortifica-
tion marque les difïerens contours & les angles
d'une place.
Contour, f^oyei CuNTURi
CONTOURNÉE, adj. f. terme de Conchyliologie.
C'eft une coquille appelée autrement Turi>inée i
dont la figure tourne au moins une fois dans toute
fon étendue , &c s'élève en fpirale. Une coquille peut
être contournée fur foi obliquement fuivant fa lon-
gueur , contournée fur foi perpendiculairement fui-
vant la niême longueur , contournée fur foi en
travers,
CONTOURNER , v. a. marquer une figure fuivanit
fes divers contours. Suo circuitu atque ambitufi-
guram ddineare , dejcribere , defignare.
Contourner fignifie encore, donne'r de la grâce &
de l'art à ce que l'on defïine à la main -, comme aux
enrrfilemens. Circuitus atque ambitus rei cujujpiani
belle calamo delineare , adumbrare. Mal-contournef
eft oppofe à contourner pris en ce fens.
Contourner , terme de peinture ,- faire les contours
des figures que l'on peint. Formare i conformare.
Les contours des figures font paroître une plus
grande connoiffance du delfein que les lumières &
les ombres i ainfi il eft plus excellenr de favoiif^r
bien contourner les figures , que de favoir donner
les jours Se les ombres. Du Charmois.
Contourner , arrondir , rendre bien rond. Rotundd-
re. Les ouvriers en porcelaine font fort habiles à
la Chine à bien contourner leurs vafes ^ de quelque
grandeur qu'ils foient. P. le Comte.
Contourner fignifie aulîî , tourner d'une rnànière
oblique. Convertere , obvertere. Le globe tetreftre
fut non feulement fracaffé par le "déluge j mais
ébranlé, & contourné, en forte qu'il efl expofe'
obliquement au folejl, S, EvR. Cela eft-il intel-
ligible i
Contourné, ée. part,
gO" Il fe dit au(Tî de ce qui eft de travers. Une tail-
le contournée. Des jambes contournées.
Contourné, en termes deBlafon, fignifie, tourne
du côté gauche , ad finiflram j'cuti partem converfusi
obverfus. Un animal qui doit avoir régulièrement
la tête tournée du côté droit , s'appelle"c07zwwr;te' ,
quand elle eft .à gauche. Un cafque contourné eft
celui qui n'efl pas vu de front mais tourné à gauche ;
c'eft une marque de la moindre noblefle,
CONTOURNIATE , adj. terme d'Antiquaire. Foye^
Contorniate qui eft plus ufitc.
CONTRABOUT , f, m. terme de Courûmes i c'eft
un héritage appartenant à un homme qui prend
à cens & à rente, & qu'il affedle & hypothèque
outre la chofe qui lui eft acenfée , pour la fureté'
de la rente , ou du cens.
GONTRACT. Foyei Contrat,
CONTRACTANT , ANTE , adj. c. prononcez îe'
dans ce mot, & dans tous ceux qui liiivent. Co/z-
trahens Ciim aliquo , pacifcens. Celui ou celle qui
contra6le. L'aéle demeure entre les mains de quel-
qu'un des contraclans. Pat. 11 faut que les Notaires
fa/fent figner les minutes des contrats aux parties
Contractantes , ou qu'ils faffent mention des caufes
pour lefquelles elles n'ont point figmé.
CONTRACTATION , f, f. Tribunal établi en Èfpa--
gne pour les affaires & le commerce des Indes
Occidentales. II tient fes feanccs à Cadix,
CONTRACTE , terme de Grammaire, qui fe àXt
^ quand deux voyelles fe joignent en une, & fonf
l la fylla'be longue. Duarum j'y llab arum in unaffi-
1 contrculio. Les Grecs ont quantité de verbes coii-^
QQQ.q^ij
26o
CON
tracles , comme «-o.i» x»i£,facio, /3.«« ^,c',clamo xf«'i"
CONTRACTER , v. a. faite un contrat , une conven-
tion. Contrahere cum aiiquo , pacifci. , paclionem
facerc. Contracter un Mariage, une Alliance.
iCr On le dit auilî ahi'olumcnt. Contracler avec quel-
qu'un, contracter par devant Notaires. Les Reli-
gieux, les mineurs, les furieux, les interdits, les
femmes non autoriiées par leurs maris , font in-
capables en France de contracter. On contracte plu-
tôt avec les biens qu'avec la pcrfonne , & l'on afiure
■ fon argent plus fur les héritasses que fur la bonne
foi de" ceux avec qui l'on contracte. S. Evr.
On dit auffi contracter des dettes -, peur dire,
s'endetter, faire des dettes. jEs atienum contratiere.
Contracter fe dit aulfi figurément en parlant d'ac-
quKitions motales , & des engagemens tacites de
la focictc civile. ^3^ Dans cette acception on le
dit des habitudes qui s'acquièrent par des adions
réitcrceçico/2;riZf7t.T une habitude bonne ou mauvailei
des maladies qui fe gagnent par contagion ou au-
ttemenc ; & des liaiions qui fe forment entre deux
perfonnes pat l'habitude de vivre enicmble. On a
de la peine à fe défaire des habitudes qu'on a
contractées. Il a contracte une maladie à l'armée.
Morkiun contratiere , concipere. Nous ne devons
contracter amitié qu'avec ceux dont les mœurs nous
font connues, amicitiam junsere. Il y a une obliga-
tion naturelle qui fe contracte entre le père & l'en-
fant, entre le fuja & le Souverain, qui les oblige
à plufieurs devoirs les uns envers les autres. Foyei
Obligation , Devoir.
UCT Contracter, terme de phyfique, fignifie con-
depfer, relîcrrer les parties d'un corps, & les ré-
duire à un moindre volume. Contratiere. C'eflTop-
polc de dilater, raréfier, &c. A l'cgard de toutes
les liqueurs oléagincufes ou fpiritueufes , la gelée
les contracte : il n'y a que l'eau qu'elle dilate , dit
:M, Boyer de Ptcbandie, d'après ri Jjai des effets
de Pair fur le corps humain de M. Arbuth.ut,
qui s'efl: fervi fouvent de ce terme. Le froid produit
le fcorbut par l'i^rritation & rinflan.mation des par-
ties qu'il con/rrtr7e. Une des principales qualités du
froi4 eft de contracter avec violence les vaiflcaux
du torps. Préf. de la Traduct. des vertus de l'iùui
de M. Smitti. L'Eau appliquée extérieurement,
étant plus froide que l'air , doit contracter les vaif-
fe'aux de la peau. Idem.
Contracter , (Se) terme de Médecine , fe retirer ,
■ fe raccourcir. Cmtratii. Quand un mufcle fe relâche
& devienr paralytique , fon antagonifte fe contracte'
de toute fa force , & tire de fon côté la partie à la-
quelle iT efl: attaché.
Contracté, ée. part.
CONTRACTION , f. f. terme de Grammaire , ré-
duction de deux fyllabes en une. Contraciio gemincz
fyllalcz .in unam. La contraction eft fort en ufage
chez les Grecs, qui ont des noms, & des verbes
.contraéles , comme AzKo^-fÉ.îr;, Démoftliène : au
génitif àry.arSivsi; , ou Ar^-.o!r«ïii«5 , de Demojlh'ei'.e ;
iraiiu waV , umbulo , je marclie , je me promène j
«•ar£f7<5 ■a«7t/ç, ambjilas y tu te promènes, ifc. En
François 'on en ufe en certains mots , comme_/^oz/-
ler , baaillcr , paon , où on prononccyé/^/er , bâil-
ler , pan.
gCJ" Contraction , terme de Médecine , raccourcifîe-
ment qui arrive aux nerfs, aux raufcles lorfqu'ils
viennent à feretirer.N^i.TvorKTO contractio.Liconvnl-
lîon efl: une contraction des nerts. La contraction du
cœur, f^oye:^ Cœur.
^CT Contraction , terme de phyfique, lynonime
à condenfation. Reflerrement des. parties d'un
corps par lequel il devient d'un moindre volume.
Kov<?ç Condensation.
^ CONTRACTUEL , ELLE , adj. terme de Jurif-
- prudence. Ce qui fe fait par contrar , ce qui dérive
d'un contrat. Partitius. Uneinftitution, fubftitu-
.tion, fucceffion contractuelle , eft celle qui eft ré-
glée , ftipulée par contrat de mariage , ou autre
CON
a(5fce entre vifs. Un héritier contractuel eft celui qui
eit appelé par contrat à la fucceiiion.
Quelques Auteuts ont prétendu trouver l'origine
des inftitutions con/rût?«e//ei dans les loix Ripuai-
res, ou dans un Capitulairc de 8;o. Ces Auteurs
ont pris dans ces endroits une inftitution ordinaire
d'héritier pour inftitution contractuelle ; mais dans
le chapitre de Matrimonio ad Marganaticam con-
trado , Boniface VIII autorifa en 1219 la renoncia-
tion faite avec ferment par les flics , aux fuccclllons
de leurs pcres. En France on n'a reçu que dans les
derniers fiècles , félon M. De Lauricre, les pades
fur les fiiccelfions futures. Ils étoient en ufage du
tems de Maiver , vieux Praticien , & de la rédaélion
de la Coutume de Bourbonnois en 1495. On en
confirma l'ufage dans les Coutumes delà Marche,
d'Auvergne , &c dans les nouvelles Coutumes de
Bouibonnois. On a reçu prefque en même tem.s
les déclarations d'aînés ou d'héritiers principaux
dans l'Anjou , le Maine , la Tourainc , le Laudunois
& la Normandie : enfuite on les a admis de même
que la renonciation des files dans la Coutume de
Paris , & dans toute la France , quoiqu'il n'y eiit
fur ce fujet aucune difpcfition dans les loi.x des
diftcientes Provinces du Royaume. Telle eft l'ori-
srine fle l'inftitution contractuelle. L'inûitution cow-
)raciuelle eft un don irrévocable de fucceiiion ou
d'une partie de iucccilîon , faite par contrat de
mariace au profit de l'un des deux conjoints , oU;
des enfans qu'ils doivent avoii enfemble. De Laur.
On dit aufli héritier contractuel. L'aîné noble ,
marié, comme héritier prirc-pal , peut renoncer
.aux luccclfions ab inttjiat de lés père &c merc , Sc
être en même tems héritier ccntraSnel , donataire
entre -vifs , 8i légata'te univerfel ou particulier."
Car on ne peut obliger l'héritier contracinel au rap-
port lans détruire l'inftitution, & s'il n'eft point
obli2;e au rapport, quand il n'eft qu'héritier co;z-
traciuel, on ne peut pas non plus l'y obliger, quand
il prend la qualité d'héritier univerfel & de Icga-
' taire particulier. Id. Il y a des lubftitutions con-
■ traauelks diredl;es , & des ilibftitutions contracxuel-
les obliques. M. Vullbn , Confeiller au Pari, ment
de Grenoble, donnaen i(>6c) un livre irititùlé-
Qucftions fîngulières de Droit fur les Eledione
d'héritiers contractuels & teftamentaires. •L'inftitu."
tion contractuelle eft l'inftitution d'un héritier par
contrat de mariage. Non-feulcmenr les. pères &
les mères peuvent inftituer leurs enfans en les ma-
riant , mais les Etrangers le peuvenr aûfîi. Pour
la validité de ces inftitutions , il eft néccflaire qu'el-
les foient faites par un conttat de mariage , & au
profit de l'un des conjoints , ou de leurs enfans §i
defcendans. Institution au Droit Fr. fecqnde edit.
tom. z ,p. i^; , KÎ4. Les inftitutions contractuelles
& les difpofitions à caufe de morr qui fero^ent
faites dans un contrat de mariage, même par des
collatéraux ou par des étrangers , ne pourront être
attaquées par le défaut d'acceptation. Ordonnance
du mots de Février 173 1 , fur les Donations , ar-
ticle I ; .
CONTRACTURE, f. f. terme d'Archiredure , re-«
trécirtémenc .ou diminution qui fe fait dans la
' partie fupérieure des colonnes. Contraciio-, con-
tractas. . ■ ■
§cr CONTRADICTEUR , c'eft littéralement celui
qui contredit. P^oyei ce mot. Q^ui contradicit , ad-
verfarius, adverfaton Un iî beau projet n'auroit
dû trouver que des Approbateurs, il a trouvé' des
; Contradicteurs. Mem. de Trév. en parLanr du pro-
■ jet de M. Swift:, -d'une Académie anglaifc, forme
fur celui de l'Académie françoife. Cet avis-a eu
i beaucoup de Contradicteurs.
^tcr En Jurifprudence, Contradicteur , légitime Cc»«-
tradicleur, fe dit de celui qui a irtérêrou qu.inté
pour contredire. Les Procureurs .o-é-^crnux font lé-
gitimes Contradicteurs dans les affaires nui inté-
reffent le Domaine , les mineurs , les gens de main-
morte , &c. Un inventaire de. nùiieurs doit être
CON
fhit avec le fubrogc tuteur , qui eft le légitime Con-
tradicîcur.JJn Airct rendu contre le Fermier, n'o-
pcre rien contre le Maître , parce qu'il n'elt pas
un légitime CaitradicieuT.
^3" On ciit , en termes de Palais , qu'un a6le eft fait
fans Contr adicleuT ^ quand il eft par défaut, ou que
les parties intcrrifées n'y ont pas été appelées.
-. |!CF CONTRADICTION, f. f. oppolition. Contni-
■duiio. En termes de Pliilofophie , contradiclioii ,
iîgnifie incompatibiHcé , oppolition de deux idées
qui ne peuvent pas fubfifter enfemble , qui affir-
> ment 8c nient la même chofe en même temps. Etre
& ne pas erre implique coritradiclion. Repu^nantiii.
Si le monde s'étoit fait lui-même, il eut été avant
que d'être : ce qui renferme une contradiclioii.
Aead.
^fj" il y a contradiction entre deux propofî rions ,
quand elles fort tellement oppolées l'ime à l'autre,
qu'il eft impoUîble qu'elles foient vraies toutes
deux en même temps ; quand l'une affirme préci-
fément ce que l'autre nie. Voye^^ Contradic-
toire, Proposition.
^S- Contradiction, en'morale; Ce mot pris dans
un fens plus étendu , comme on le prend dans l'u-
fage ordinaire , annonce (implement une oppohtion
aux lentimens & aux difcours de quelqu'un ; tout
jugement oppofé .4 un autre jugement dcja porré ,
publiantes jeraenticz , dijcrepantia , diverjîtas opi-
7i:cnum. On appelle cfprit de contradiàiaii , un
homme qui, pour l'ordinaire , n'eft pas de Tavis
dos autres. Qui ^ nt plurimùm, ah aliis, ou alio-
Tiun opinicni diffeniit. Ceux qui ont un elprit de
contr adiciion conf'dèrent peu les raifons qui les
poirroient pcrfuadet , & ne longent qu'à celles
qu'ils pourroient oppofer : ils Ibnt toujours en
garde contre la vérité, & ils ne penfent qu'aux
moyens de la repoufler & de l'ob curcir. Port-R.
Ce qui rrnd les Grands fi impatiens à la moindre
contrudiclion de leurs inférieurs , c'cft qu'ils ne
peuv^nr Ibuffrir que ces gens qu'ils regardent avec
mépris , prétendent avoir autant de jugement &
de raifon qu'eux. Id. La dclicarefle de l'efprit hu-
main va Jnfqu'à ne pouvoir Ibuli'rir de concradic-
tim. De Vill.
f^ Dans une lignification plus étendue encore, il fe
lit à peu près dans le même fens de toute objection,
d- tout obftacle que l'on oppofe à quelqu'un. Ce
r'.ft pas à nous d'examiner pourquoi Dieu a expofé
l's myftères de la Reiio-'on aux contrad cîions de la
raifoi^. C'eft le 'ort des bons Livres, de trouver des
contr adiclions. S. Evr, Il ne faut point mettre trop
directement la raifon & la foi en contr adiciion.
Claxid.
CONTRADICTOIRE, adj.^ terme du ftyle dida-
éti'î'je , d'ulaire en philorO[3hie& en jurifprudence,
iîgnifie en général , qui conrredit. Contraiicens ,
contr adiclorius. Il eft impodible que deux propo-
lîtions contrahcljiTcs foient toutes deux vraies.
Les propo(itio'^s contr adicloires en général font
celles dont l'une affirme & l'aurre nie la même
chofe du même fujet , co"fidcré fous le même rap-
port ou la même qualité. Car en général les propo-
lit'ons contr adicloires ne font pas celles qui font
oppo'c s en quanriré & en aualité , puilque les pro-
poft'OPS contradiSoires non univerfelles , mais
particulières, comme, l'Empereur eft mort , l'Em-
pereur n'eft pas p-ort, ne font pas comprifes dans
cette définition", n'ayant point de quantité.
Pour que deux propofitiois foient vérirable-
mçr\i contr adicloires , il faur qu'elles foient oppolces
en quantité S; en qurliré-, c'cft-à- dire , qw l'une
fo;r univerfelle &: l'aurre particulière , c'eft l'oppo-
fit'on de quantité; ?< que l'une foit affimative &
l'autre négative; c'eft l'oppofition de qualité,
comme celles-ci: Tout iifa^e du vin & de Tarrrent
ejl mauvais, elle eft fani;f\ QueLjue ujaae d'i vin
& de l'argej.t n'ejt pas mauvais, elle eft vraie. Il
. faut de plus que l'une affrme, <*?; que l'autre nie
la m.ême chofe , du même fujet confidcrc dans les
CON
Sd'î
j mêmes circonftances, s'il ne s'agit pas d'un attribut
eilentiel ; car on n'a point d'égard aux circonftances
dans les attributs cliêntiels ,^puifquc chaque chofe
a toujours fon cifence : c'eft ce que les Logiciens
expriment en ces tctmes , affirmare & negure idciri'
de eodjni, ficundnm idem. On peut faire^audà des
propohtions contradictoires fur un lujet parriculicr,
comme un individu: on les appelle propolitions
fingulicres contradictoires , comm,- Pierre cjijujle,
Pi-rre n'^Jipas jiifie. Pour que ces deux propi^litions
foient contradiaoires , il faut confidérei: Pierre
dans le même temps , fans quoi elles pourroient
être toutes deux vraies, puifqu'il y a eu un temps
où Pierre a ct.cjujie,&c ui autre où il a êxà pécheur.
(fT On appelle aulfi termes contradictoires , des
termes diredemcnt oppofés l'un à l'autre. Oui èc
non , tout &c rien font des termes contradiaoires.
Au Palais il le dit des jugemens rendus parties
ouies à l'AudicncejOU furie vu de leurs produdions,
ïfT de tout ce qui eft tait en préfcnce des parties in-
téreflées.' Un inventaire, un procès verbal de vi-
fite , |font contradictoires , lorfque toutes les parties
y font préfentes,' ou que du moins quelqu'un y fti-
pule pour elles. Un jugem.ent par défaut eft oppofé
au iugem?nt contradictoire. On ne peut revenircon-
trt les jugemens contradictoires par oppofition ; il
n'y a que la voie d'appel , en première inftance ; ou
de la _Rf quêre-Ci vile , en Cour Souveraine ; ou de
la calfarion , au Confcil privé.
CONTRADICTOIREMENT, adv. d'une ir.anièrc
contradictoire. Contrario ac pugnante J'enfu. Tout
ce qui femble corirraire , n'eft pas pour cela contra»
dictoirement oppofé.
On dit au/fi au Palais , un Arrêt rendu contradîç-
toirement , qui a été rendu ?fT après que toutes les
parties ont été ouïes, ou après qu'elles ont produit.
On le dir par oppofirion aux jugemens rendus par"
défaut. Latum , dicta utrin^ue caufd , judicium.
CONTR AlGNABLE,adj. m. & f.gCT terme de Palais.
Qui peut être forcé par quelque voie de droit à faire:
quelque chofe. Qui adtùhità vi cogi poteft. Les férfi-
mes en piiiiTance de mari , les feptuàgénaires , les
Prêtres &: Diacres, ne font point contrai%nables par
corps. UCF II faur en exceprer les marchandes pn«
bliqiies, pour leur négoce ou pour ftelliônnat procé-
dant de leur fait. Hors delà ce mot n'eft point en
u fa ge.
ip^CÔNTRAINDRE. v. a. Je contrains. Je contr ai-
gnis^^'^xi contr aint,)c contraindrai-, q\.\c]s contraigne,
que je contr ai^niffe , contraignant. Obliger , forcer ,
violenter, C'eft ainii qu'on nous préfente ces quatre
mots,comme pouvant figurer l'un pour rautre,quoi-
qu'ils ne fe re/femblcnt que par une idée générale &
commune ,& qu'ils aienr les uns & les autres une
idéeacceffoire & particulière qui les diftingue & les
caraétérife.Ils expriment tous, une adtionqi\i donne
plus ou moins atteinte à la liberré. Celui de con^
trainte , dir M. l'Abbé Girard , femble mieux con-
venir pour marquer une atteinte donnée à la liberté
dans le temps de la délibération, par des oppofitions
gênantes, qui font qu'on fe détermine conrre là pro-
pre inclination, qu'on fuivroit Ç\ les ir.oyens n'en'-,
étoient pas ôrcs. Cogère. Voyez les autres mors. Le
fexe le plus foible & le plus docile eft celui qui
aime le moins icnt contraint. Dieu n'a pas voulu
contraindre uouc liberté. C'cft touiours un mal de.
contraindre au mal, & toujours un bien de contrain- '
dre au bien. L'erreur n'a pas dro:r de contraindra '■,
c'eft un privilège réfervé à la vérité. Jur. On le con-
traignit àz , ou à faire relie chofe. La ncceiîité co«-
tranit la loi , contraint Ac" palfer par delfus la loi.
Ce mor vi^nrdu latin conJtrin<rere.
§Cf Contraindre feditauffientermesdePalais^pout
dire, forcer par Juftice , par quelque voie de droit
à faire quelque ciiof-. Si vous ne me payez pas , Je
vous ferai contraindre. Il fera contraint par toutes
voies dues &: raifo'inables , par faifie & exéGution de
fcs biens , par corps.
§CrCoNTRAiNT£ fignifie quelquefois feplementobli-'
S6^
CON
CON
get quelqu'un à quelque forte de retenue, qui l'em- (
pêche de taire ce qu'il voudroit , ce qui Icroit de fon
goût. Vous voulez aller en tel endroit , je ne pré-
tens pas vous contraindre.
Ip- On le dit , à peu près , dans le même fens , pour
prcifer, gêner, incommoder. La religion nous con-
traint , & ne nous aflujettic pas allez. S. EvR. L'am-
bition contraint quelquefois l'amour, & ne l'ccouffe
guère.CoB-N, Il n'efl: pas jafte que la femme foitcow-
trainte fous le joug d'une cxadle ridélitc, tandis que
l'époux prodigue ailleurs fon amour conjugal. S.Ev.
Un bienfait tft une chaîne délicate qui lie notre cœur,
& contraint ce beau feu Si ces hcureufcs hardieilcs ,
fans quoi l'orateur eft froid &: languiiram. Id. En
Poëfie la rime contraint fouvent la railbn.
|p° Contraindre, dans un fens rigurc , fynonime
de ferrer , mettre à l'étroit. Cette chaufTure lui con-
traint les pies. Stringere, promere.Czt habit le con-
traint fi fort, qu'il n'a pas fes mouvemens libres. Il
vouloir agrandir fon jardin , fa maifon -, mais il eft
contraint par la montagne , par le grand chemin.
An^ujiari.
|Cr Contraindre, ( Se ) fe gêner, fe retenir , fe
faire violence, réprimer cerrains mouvemens. Con-
tinerefc , reprimere fe , coérccre. Tout libre qu'il eft,
il fait fe cowrrainire quand il en eft befoin. Il faut
fe contraindre devant fes Supérieurs. La peine de le
contraindre ne doit point paroître fâcheufe, quand
il s'agit d'éviter un mal qui arriveroit pour s'être
donné trop de libertés
ffj" Contraint , ainte. part. Foyei le verbe. C'cft
proprement celui dont la liberté eft combattue par
des oppofitions gênantes, qui font qu'il fe détermine
contre fa propre inclinarion , qu'il fuivroit ,fi les
moyens n'en étoient pas ôtés. C'eft pour cela que
nous n'aimons pas à être contraints,
ffT Contraint, ainte, adj. (ignifie gêné : dans ce
fens il eft oppofé à naturel. Air contraint, Pofture
contrainte. Il a l'air contraint dans tout ce qu'il fait,
Toto corporis habita minus facili , parum ad natu-
jam accommodato. Un gcfte contraint eft un grand
défaut dans un Orateur. Gejlits minime nativus. Le
foin qu'on prend de plaire donne un air contraint ,
& je ne fai quoi d'étudié qui rend encore plus défa-
gréable. Ch. de Mer. L'air grave & contraint des
Hfpagnols fait qu'il n'entre aucune familiarité dans
leur commerce. S. Evr. Quand on a t'efprit libre ,
tout ce qui eft contraint , tout ce qui eft cérémonie
eft ennuyeux. M. Se. On ne perd que dans le com-
merce du monde cette contenance embarraffée, &
ce tout contraint qu'on prend dans le cabiner &
dans la folitude. S. Evr. ^fT On le dit fîgurément
du ftyle , du difcours , des ouvrages d'efprir. Vers
cowf rai/if j, ftyle, difcours contraints. Toux, zt qui
eft contraint déplaît , parce que tout ce qui eft cofi-
traint n'eft pas naturel , &: il n'y a que le naturel qui
ait droit de nous plaire. Voye^ Naturel.
1^ Contraint fe dit aurtl pour ferré, mis à l'étroit.
Il eft contraint dans fes habits , dans lés bottes. La
rivière eft contrainte pat ces deux pointes. Coarcla-
tus, in augujlum conclufus.
IJCT En mufique , on appelle balTe contrainte , Celle à
laquelle le composteur aflujcrir les aurres parties ,
êc qui fe répère ordinairement de quatre mefures en
quatre mefures. Foyei^Ass^.
§Cr Contrainte, f. f. atteinte portée .à la liberté dans
le temps de la délibération , par des oppolkions gê-
nantes , qui font qu'on fe détermine contre fa propre
inclination. Fis.hz cœur s'oppofe, 8c fe foulcvc
naturellement contre la contrainte, S. Evr. Il faut
accoutumer les cnfans au refpeéï: par raifon , & non
par force. Il y a je ne fai quoi de fervile dans la con-
trainte bc dans la rigueur. Mont. La force & la cor>
irainte ne fervent qu'à endurcir la confcience , & à
déraciner la piéré du cœuf des hommes. Claud.
Nous avons tant d'amour pour la liberté, que ce qui
nous clt aifé , quand nous Icfaifons fans contrainte-,
BOUS devient infupportablc fi nous y fommes forces.
Ch. de Msb.. La confiance qu'il prenoit en môî", me
faifoit prendre des rcfolutions plus auftères qu'au-
cune contrainte n'auroit pii faire. P. de Cl. C'eft une
nullité à un conrrat , d'avoir été fait par contrainte.
Contrainte , terme Dogmarique , violence qui eft
faite à la liberté par un principe extérieur, ou qui
eft hors de nous. Coacïio, Pour être véritablement
libre , il ne fuffit pas d'être exempt de contrainte ^
îl faut auflî l'être de néceinté. La volonté ne fouffre
jamais de contrainte dans fes propres aélions , car
elle veut toujours ce qu'elle veut. Voyet^ Liberté.
Contrainte fe dit aulfi de la retenue que la confidé-
ration & le refpeét nous obligent d'avoir. A la table
des grands, on eft dans une grande contrainte , dans
une grande retenue. L'épanchement de cœur que
permet l'amitié eft d'autant plus fenfible , qu'il a-
doucit la contrainte du monde, où l'on eft toujours
en fpeftacle. Sous prétexte d'obferver les bienféan-
ccs , il ne faur pas vivre d'une manière gênante , ni
fe tenir dans une contrainte mélancolique. Bell.
Tout ce qui a l'air de contrainte^ eft extrêmement op-
pofé à la liberté natutelle des François. Id. La vertu
eft naturellemenr auftère , par la contrainte qu'elle
impofe au cœur , en réprimant fes défirs. P. Rap.
JJ amour fuit la contrainte
De tous ces noms que fuit le refpecl & la crainte^
Rac^
I §cr Ce mot convient etiCore quand il eft queftion
d'exprimer la gêne où l'on eft quand on eftrrop ferré
dans fes habits. Votre habit , vos fouliers vous font-
trop éttoits , vous devez être dans une grande con-
trainte , comment pouvez- vous fouffrir cette con-
trainte î Acad. Fr.
On le dit aulfi en parlant du ftyle,du langage. On
fe dégoûte bientôt d'une certaine contrainte de lan-
gage , que l'on tâche de faire reffembler au naturel ,
tour étudié qu'il eft. Val. Un Auteut doit prendre
garde à ne pas étouffer fon propre génie fous la co/z-
trainte de l'imitation. Il lui échappe quelquefois (à
M. la Duchefle du Maine ) des produélions d'un
goût favanr & délicat , où fe font fentir à la fois la
fineflé & la nouveauté des penfées , le charme de
l'cxprelîion , & fur tout cet air aifé , libre des con-^
traintes de l'art. Rare préfent de la nature, que ne
fupplée point le plus profond favoir. Mariotte.
1^ Contrainte, en rermes de Pratique , exprime
toutes les voies que l'on peut employer pour forcer
quelqu'un à faire une chofe .à laquelle il eft oblige
ou condamné. Il lignifie auifi le ritre même qui donne
le droit d'ufer àz contrainte , jugement, ordon-
nance. Acte en vertu duquel on peut forcer quel-
que chofe. Potefias cogendi alicujus ad faciendum
alijuid per fententiamjiidicis data. On a mis la con-
trainte entre les mains desSergens.On a délivré des
contraintes pour le payement de ces taxes. Tcrus les
exécutoires de Juftice font des contraintes, L'Or-
donnance de Moulins avoit introduir une contrainte
par corps après les quatre mois : elle eft abolie à l'é-
gard des dettes civiles par l'Ordonnance de iiîiSt,
excepté pour les dépens au defllis de loo liv. Il a
fallu obtenir une contrainte pour faire fortir ce lo-
cataire d'une telle maifon. Foye:^ Corps.
Contraire, adj. m. Se f. terme relatif, fe dit des
chofcs qui ont une nature, ou des qualités entière,
ment différentes &; oppofées , qui fe détruifent l'une
l'aurre. Contrarias. Les corps fe compofent & Ce dé-
truifent par les qualités contraires des élémens. Le
feu eft contraire à l'eau , le blanc au noir.
Contraire fe dit auifi en chofes morales, dans la fî-
gnification d'oppofé. Les Commentateurs fe don-
nent la torture pour accorder les loix, les textes cor!'
traires qui fe détruifent. Cer Auteur eft contraire i
lui-même ,il fe contredir. ylfe ipfo dijfentit. Scot &
S. Thomas font prefque toujours d'un avis contraire.
Les doutes & les incertitudes font les effets d'une
confcience agitée par des mouvemens contraires,
Pa;on. Cet homme m'eft toujours contraire. Ils
CON
font toujours contraires l'un à l'autre > d\in parti
oppofc.
fer On dit en ce fens , avoir le vent contraire , ad-
verfo uti venta , lorfqu'il eft oppofé à la route qu'on
veut tenir, qu'il n'eftpas favorable à la navigation ;
& avoiir la fortune contraire , quand elle ne nous fa-
vorife pas.
ffT Contraire, dans la fignifîcation de nuifible,
préjudiciable. Noxins , nocens , nociviis-, infejius. 11
~y a des alimens contraires à certains tempcramens.
L'ufage du vin efl; contraire à certaines petlbnnes ,
ic falutaire à d'auttes. Prelque tous ks remèdes font
contraires à la poitrine. Tout excès elt contraire ilà
fan ré.
|CF En Jurifprudence on appelle faits contraires, des
faits oppofcsles uns aux autres, comme quand le
demandeur & le défendeur prétendent qu'ils ont ,
l'un à l'exclufion de l'autre, la propriété d'une choie.
On dit que les parties font appointées en faits con-
traires , quand on leur permer de faire preuve rel-
pedive de leurs fairs. Contredits en faits contraires,
les écrirures qui contiennent ces preuves.
§3" On dit encore défenfes au contraire , quand on fe
réferve à alléguer en temps & lieu des raifons con-
traires aux prétentions d'une autre perlbnne.
fCF En logique , on appelle propofitions contraires ,
celles qui ne font point oppofces en quantité , c'eft-
à-dire, par rapport à leur étendue ( ^oye^ étendu),
mais feulement en qualité , c'eft-à-dire , par rap-
port à l'affirmation & à la négation. Par exemple ,
tous les hommes font juftes ; nul homme n'efi: jufte.
Deux propofitions contraires peuvent être toutes les
deuxfauffes , mais ne fauroiem erre toutes les deux
vraies. Elles diffèrent des propolîrions contradiétoi-
res. f^oye:^ ce mot & oppofition des propoîirions.
§Cr Contraire s'emploie aufli iubftanrivement pour
iîgnifier une chofe oppofée. Vous faites le contraire
de ce que vous avez promis. Contra ac,contrà atque,
contra quatnpromiferas. Y OU.S foûtenezcela; jeloii-
tiens le contraire. Contraeo.Je vous prouverai le con-
traire quand vous voudrez. La raifon humaine eft fi
foible, qu'elle croit également les deux contraires.
Contrarias partes amplecîi.
gCr On dit tamiliéremsnt , aller au contraire d'une
choie, s'y oppofer, contredire. Puifque vous voulez
partir , perlbnne n'ira au contraire.
ffj' Contraires, en termes de l'École , fe dit dans
une lignification plus précife des qualités qui font di-
reélement oppofées fous un même genre , qui ne
fauroienr erre enfemble dans le même lliie't, qui s'en
excluent mutuellement, comme le froid & le chaud,
le {'ce & l'humide , le dur & le fluide , &c. le froid
& le chaud font àç\i^contraires. Calor & frigiisj'uut
duo contraria. Le feu eft le contraire de l'eau. Ignis
aqiiœpugnax.
Contraire , en ce fens , eft un terme Dogmatique ,
qu'on emploie en Théologie , au Palais , en Philo-
fophie , en Rhétorique. Par la raifon des contraires.
A contrario. Puiique les gens de bien font iauvés ,
par la raifon des contraires , les libertins feront dam-
nés. Si les corps dont la fupcrficie eft âpre & rudc'ne
Tcnvoienr point de lumière , les corps polis doivent
par la raifon des contraires la réfléchir. Si un père
deshérite fes enfans lorfqu'ils l'ont outragé, on doit
préfumer pat la raifon des contraires qu'il ne l'a pas
fair , s'ils ne lui ont jamais manqué de refpeft. Le
Père Bourdaloue a employé avec fuccès dans fes fer-
imons cette manière de prouver par la raifon des
contraires.
§3" Contraire, ( Au ) adv. tout autrement , d'une
manière oppofée. Vous direz qu'il étoit parri ; au
contraire , il paflera ici l'Eté. Tant fans faut que cela
foit comme vous le dites, qu'<z« contraire, ôcc. Tan-
tàm ab efi ut è contra...
ÇONTR'APPLËGEMENT , f, m. terme de Coutu-
mes , c'eft une oppofition aux applégemens , ou
complaintes de celui qui veut rentrer en poflcfllon
d'un héritage.
■ÇONTR'APPLEÇER , tecmç de Coutumes , c'eft de
CON 86-J
la part d'un homme iaii! d'un héritage dont il jouir,
s'oppoler aux complainrcs de celui qui veut rentrée
dans l'héritage.
IfT CONTRARIANT , ANTE . adj. qui eft d'hu*
meur à contrarier , à dire ou faire le contraire de ce
que les autres difent ou font. Diffentiens ab aiiis,
repugnaic. Efprit contrariant. Humeur contrariante»
C'eft l'homme le plus contrariant que je connoiife.
§3* On décide dans le grand vocabulaire que ce mot
s'emploie auHi fubftantivement. Ce contrariant la
pefécute. N'en croyez rien , fi vous voulez parler
correctement.
IJCrCoNTRARiANTauncfignification plus étendue que
contredifant. Il paroît auili marquer un peu d'humeur,
|Cr En Angleterre on appelle contrarians ceux qui
prirent patti avec le.Comte de Lancaftre contre le
R(t)i Edouard II. Le crédit dont ils joui/foient fit
qu'on n'ola leut donner le nom de rebelles.
CONTRARIER , v. a. dire ou faire le contraire de ce
que les aurres dilént ou font. Adverfari, repugnare
a/icui.Les VhWoCophesic contrarient en toutes chc-
fcs,(buvent ils fe contrarient eux-mêmes. Les grands
Seigneurs ne veulent point être contrariés.Cet boni-
me contrarie tout, & abfolument ne fait que contra-
rier.
Contrarier, fignifieaufTi, s'oppofer|p" à quelqu'un
dans lés delfeins, dans l'es volontés. Adverfari ,ob-
Jiare , ohjijlere. Il me contrarie dans rout ce que je
veux entreprendre , dans tous mes deifeins.
Contrarié, ée. part.
On dit fur la mer, être contrarié par le vent ; pour
dire , avoir le vent contraire à la route que l'on veut
tenir.
CONTRARIETE , f. f. combat , oppofition entte des
choies contraires. Repugnantia , dijcrcpantia. Il fe
dit tant au propre qu'au figuré , de rout ce qui a été
dit ci-deiius des choies contraires , des vents , des
élémens , des qualités, desloix, des palfages, des
avis , ùc. A moins que la foi n'affiijétiile notre rai-
fon , nous paffons la vie dans une contrariété, per-
pétuelle de fentimens : à croire, & à ne croire'poinr.
S. EvR. L'efprit de l'homme , s'ctant révolté con-
tte Dieu , fes fens fe font lévoltés contre lui ; & de-
là viennent ces contrariétés que nous lentons en
nous-mêmes , & cette guerre continuelle que nous
fbmmes obligés de Ibûtenir contre nous-mêmes.
ElÉch. La contrariété de fentimens fait naître une
certaine aigreur, qui engendre de raverfion,& quel-
quefois des querelles. Bell. Il n'y a point de fym-
pathie qui ne foit mêlée de quelque contrariété,
S. EvR. Où eft l'homme fi unilbrme,qui ne lailfe voir
de l'inégalité & delà co«r^r/e/e' dans fes ad;ions î
Id.
Contrariété , en termes de Palais, fe dit de l'allé-
gation des faits contraires, fur lefquels on donne
un appointement de contrariété poaï permettre aux
parries d'en faire preuve, chacun de fon côté.
On appelle aufli 'contrariété d'arrêts , deux arrcrs
qui font rendus en diffcrents tribunaux entre mêmes
parries , &fur le même fait , qui ont des difpofitions
conttaires ■■, & en ce cas-là la connoiffance en eft at-
tribuée au Gtand-Confeil.
§3" II faut remarquer que, pour que l'onpuifie fe pour-
voir au Grand-Conleil en contrariété d'arrêts , il faut
que ces arrêts foient rendus fur les mêmes demandes.
Contrariété fignifie aufîi obftacle , difficulré qu'on
trouve en la pourfuire de quelque chofe.f^Dans ce
fens , il s'emploie plus ordinairement au pluriel.
Mora, difficu/tas, impedimentum. C'eft un beau def-
fein que la réforme de la cljicane , mais on 'a à
elfuyer bien des contrariétés dans l'exécution. Cette
propofirion , cette affaire a paffé après bien des con-
tradictions.
§a- CONTRASTE, f. m. Ce mot fignifie différence ,
oppofition qui fe trouve enrre certaines chofes. On
le dit parriculièrement en Peinture , en Architec-
ture, è'c. Les contrajies Ce donnent du relief jpat;
ieur oppoiiîion^
ts^
C ON
C ON
i
Pour le divorce qu'amènent
Ces contraftcs douloureux ,
Où les eUmens reprennent
Tout ce qu'on a reçu d'eux ,
Referve^^ ce front tranqudle.^^^ c.s-Moul.
Comment le C. de V. fcra-t-il pour concilier des
tontruHes aufli bizarres &c au.li diamctra ement op-
pofcsî'NoRM. Des contrajtes dianTCcralemcnt op-
polcs ! Concilier des contrajhs ! Quand on veut
taire des métaphores, il faut les taire Iclon la na-
ture des choies. Les contrats ne lont point faits
pour être conciliés, ce ne lont point choies a être
conciliées , ce font chofes au contraire a refter tou-
)oms contr.:Jies , toujours oppofées , pour produire
leur effet, qui eft de le donner du relief parleur
oppofition. Gardons-nous de tout ce néotcrilme mal
entendu. On concilie des contradictions, on ne con-
cilie point des contrafies.
Contraste , en termes de Peinture Se d'Architefture,
' ie dit de la différente polition des figures , qui
donnent de la variété dans un tableau pat les dif-
férentes attitudes : comme lorlque dans un grouppe
de trois figures , l'une ie tait voir par devant ,
l'autre par ^derrière , & la troihcme par le cote ,
on dit qu'il y a du contrafie. Cd\ l'oppohtion
foit entre le caradère des ligures , foit entre les
paities d'une même ligure, foit entre les couleurs.
Status, habitus , ftus , gefius , varutas. Le /o«-
trajîe eft la plus ç^rande beauté d'un tablau. M. de
ï^iles , dans Ion Cours de Peinture , définit le
contrajle , une oppofition des lignes qui forment
les objers par laquelle ils fe font valoir l'un l'autre.
Ce Peintre entend bien le contrap. Il faut ob-
server le contrap dans les figures : c'eft ce qui
donne de l'ame , de l'énergie au fujet , de l'ame
& du mouvement à toutes les parties d'une com-
pofition. ^
fKF Hn Littérature , on dit contrap de pallions ;
pour dire, combat de pallions, paffions oppofees.
Il y a dans cette Tragédie un contrajîe de pallions ,
qui fait un très-bel effet. Acad. Fr. P^oyei Passion.
|13" On dit de même contrap de caradères , de fen-
' timens -, oppofition de ca'radères , de fcntiment.
ÊCr En Mufique , on dit qu'il y a contrap dans une
pièce , quand le mouvement paflé du lent au vite ,
du vite au lent -, lorfque le diapafon de la mé-
lodie paffe du giave à l'aigu , de l'aigu au grave -,
lorfque le chant paffe du doux au fort , du fort au
doux , &c.
Ce mot vient d'Italie , & il ell tiré du latin con-
traliarAo : c'e^ le fentiment de M. Huer.
ÊCr CONTRASTER , v. a. terme de Peinture &
de Sculpture , taire un contrafte , varier les cou-
leurs , la difpofition des objets , le caraïaère , les
attitudes- des fiffures. Variare fitum , ptum -, ha-
hitum , gejiurn. 'il n'y a qu'un habile Peintre qui
fâche contrajler les figures , contrapr les têtes , &:
leur confervet un air naturel.
Contraster fe dit aulTi d'une figure, lorfque dans
fon attitude les membres font oppofés les uns aux
autres , qu'ils fe croifent , ou qu'ils fe portent de
différens côtés. Cette figure eft bien contrape.
De Piles,
etr Contraster eft aulTi neutre. Ces figures con-
traftent bien enfemble. Cette fiïure ne contrap
pas bien avec celle-là. Cette tête contrap bien
avec l'autre.
On dit figurément, en parlant d'un Poème ,
que le Poëte^ a bien contrap fes perfonnages , que
tels & tels caractères contrapnt bien enfemble.
Acad. Fr. 1-740.
Contraster ,■ en Architedure , fignifie éviter lare-
pétition de la même chofe , pour plaire par la va-
riété , comme on a fait à la grande galerre du
Louvre , où les frontons font alternativement cin-
trés & angulaires.
Contraster fe trouve auffi dans Pomey pour dé-
battre, quereller. Jltercari, contendere, rixar h
Mais dans ce fens il n'eft point ufitc.
Contrasté , ée. part.
'Xr CONTRAT, f. m. Dans le Droit françois , c'clt
toute convention faite entre deux ou plUlieurs per-
fonnes , par laquelle toutes s'obligent réciproque-
ment l'une envers l'autre , ou une feule d'entr'-
elles s'oblige envers les autres, à donner ou à
faire quelque choie qui n'cft point contraire aux
loix ni aux bonnes mœurs. Paclum , paclio , con-
ventum, conventio. Les Jurifconfultes fe fervent
aufli de contraclus. Les ventes, échanges-, dona-
tions, baux &: tranfaclions , font diverfes efpcces
de contrats. Dans le mariage , il y a le contrat ci-
vil , qui eft le confcntement des parties -, & le Sa-
crement , qui eft la bénédidion du Prêtre. Dans
le Droit, on diftingue les contrats de bonne foi,
d'avec ceux qui font de Droir étroit & de rigueur.
C'eft une maxime de Droit , que d'un contrat nul
on ne doit aucuns droits Seigneuriaux. Tout
contrat qui peut être caflé , n'eft pas pour cela nul
de droit. Les contrats nuls de droit, font ceuS
que la loi défend de faire , & qu'elle déclare nuls
en cas qu'ils Ibient faits ; tels font les contrats faits
avec des mineurs fans décret , ni autoriré de Ju-
ftice , les aliénations des biens d'Eglife fans les for-
malités requifes , la vente qu'une femme mariée
fait de fes biens fans autorité de fon mari. Le con-
trat gracieux n'eft point fujet à vente durant la
gtace. On dit que les contrats au commencement
îbnt volontaires , mais quand ils fonr paffés , ils
font nécclTaires -, pour dire , qu'on eft libre de les
fkire, & qu'on eft obligé de les garder quand ils
font faits- , .
Contrat fignifie aufll l'inftrument par cent qui
ferr de preuve du confcntement donné , & de l'o-
blii^ation pallee par les parties. Les contrats ne
ponent hypothèque que du jour qu'ils font partes
ou reconnus par devant Notaires. On a fair grof-
foyer ce contrat , Se on l'a fait fceller. Il faut faire
infinuer les contrats de donations , faire ratilier
en majorité les contrats faits par les mineurs. Toute
la bonne opinion qu'on peut avoir du plus hon^
nète-homme du monde, n'eft point bleffee paf
les précautions d'un contrat. S. Evr. «
Les connais font la porte
Par où la noife entra dans l'Univers.
La Font,-
Contrats, (Les )& tous les ades volontaires chez
les Romains , croient écrits par les parties mêmes
ou par quelqu'un des témoins ou par un Secrétaire
Ecrivain domeftique de l'une des parties , que l'on
nommoit ^iotaire , maïs qui n'étoit point homme
public, comme aujourdh'ui chez nous. Cet ulage
paffa dans les Gaules avec la domination romaine,
& continua fous nos premiers Rois. Les anciennes
Formules de Marculphe , & celles qui ont depuis
été recueillies par d'autres Auteurs, nous en rendent
un témo's;nage qui ne peut être fufped. Le Ma-
giftrat auquel ces Ecritures éroient enfuite appor-
tées , & qui leur donnoit l'autorité publique ea
les recevant au nombre des acTies de fa Juridic-
tion ,d^wdf acla.tn faifoirênfuite délivrer aux par-
ties des expéditions écrites & fcellées de Ion fecau ,
par fes Clercs ou Greffiers domeftiques. Nos Rqis
appliquèrent à leur domaine ce qui étoir payé pout
ces expéditions -, le Maçiftrat étoit chatge d'en
rendre compte. Saint Louis, voulant debarralTer
le Prevôr de Paris de rout ce qui pourroit avoir
quelque rapport à la finance , créa foixante No-
taires en titre d'OfSce , pour recevoir tous les actes
volonraires de fa Jurididion.
Contrat de direction , eft un contrat qui , fur 1 a-
bandonncment des biens , qui a été fait par un dé-
biteur .1 les créanciers , fe palTe entr'eux , par le-
g^uçi, pour çmpêçhei 9iUS les bieus nefoientcon-
C O N
filmes en frais , ils conviennent qu'ils foient ven-
dus entr'eux à Tamiable.
Contrat mohatra. Les Cafuifles donnent ce nom
au gain illicite que font les Marchands , en ven-
dant leurs marehandifes à plus haut prix qu'elles
ne valent , & en les faifant enfuice racheter pour
leur compte , par des perfonnes interpofées , à plus
bas prix qu'ils ne les ont vendues. Voyc^ Mo-
hatra.
En termes de Marine , on appelle un contrat
à la. grojfe ( on foufentend aventure ) ou à retour
de voyage. , une efpèce de focictc entre deux par-
ticuliers , dont l'un envoie des effets pat mer , &
l'autre lui fournit une fommc d'argent , à condi-
tion on de la retirer avçc un certain profit en cas de
bon voyage i & de la perdre , i\ les effets pcrilîènt.
Foyei les autres efpcces de contrats fous leurs
noms particuliers.
IJCr Dans une lignification plus étendue, contrat
fe prend quelquefois pour toute convention faite
entre deux ou plufieurs perfonnes. Dans cette accep-
tion on dit contrat verbal , cowrr ^/tacite. Acad.Fr.
CONTRAVENTION , f. f adlion par laquelle on
contrevient à une loi,^à une ordonnance, à un arrêt ,
à un traité , à un contrat qu'on a fait. Legis , edic-
ti , prornijjî violatio ; peccatum adverfum legeni ,
ediclum , fidem datam. On n'eft pas affez févcre \
punir les contraventions aux contrats & aux loix.
Les peines portées en cas de contraventions ne
paffent fouvent que pour comminatoires. On ap-
pelle comme d'abus quand il y a contraventions
aux Saints Conciles & aux anciens Canons. 'Lti con-
travention au Concordat, donne lieu à l'appel
comme d'abus. Fevret.
Ce mot^ fe prend au Palais dans une lignifica-
tion plus étroite: il lignifie alors inexécution d'une
Ordonnance. Contravention dit moins que préva-
rication ; contravention n'eft qu'un effet de né"-li-
gence ou d'ignorance.
gcr Contravention fe dit particulièrement des'
fraudes qui font coramifes au préjudice des droits
du Roi.
CONTRAYERVA , f. m. plante qui croît en Char-
cis , Province du Pérou. On fait ufage en Mé-
decine de fa racine. Elle eft rougeâtre'en dehors,
blanche au dedans , nouée Se fiijreufe. Son goût
eft aromatique , accompagné de quelque acri-
monie.
Ce nom qui eft efpagnol , compofé de contra ,
contre, & yerva , proprement herbe y fignifie
contrepoifon, à caufe que les Efpagnols appellent
yerva y l'ellébore blanc, du fuc duquel les Chaf-
feurs cmpoifonnent leurs flèches dans ce pays-là.
CONTRE , prépofition. Quand elle eft relative , elle
fignifie oppofition. Contra, adverjus , adverfum
in aliquem. Il plaide pour un tel , demandeur ,
contre un tel, défendeur. Les Chevaliers com-
battoient autrefois contre tous vermns. Les Au-
teurs écrivent fouvent les uns contre les autres.
Si Dieu eft pour nous , qui fera contre nous >
Contre fe dit prefque en même féns de l'enrière
différence qui eft entre les chofes , ce qui fait
qu'elles fe choquent, qu'elles fe détruifent. Le
(c:c combat contre l'humide , l'eau contre le feu.
Il parle contre lui - même. Cette raifbn fait contre
vous.
§3" On dit figurément élever autel contre autel ,
faire un fchifme dans l'Eglife \ de quelquefois op-
pofer l'autorité d'une perfonne puiffante à l'au-
torité d'une autre qui ne l'cft pas moins.
fC? On dit proverbialement , c'eft le pot de terre
contre le pot de fer , en parlant d'une perfonne
fans crédit , fans force , qui a affaire à un autre qui
en a beaucoup.
Contre fignifie encore , au préjudice , fans avoir
égard. In , contra , adverfum aliqueni , nullâ ha-
bita rations alicujus. On cafle tous les ades qui
font faits contre & au préjudice des défenfes des
Juges. Il a fait cette entreprife contre tout droit
Tome II,
CON 26 f
& raifon. Cela s'eft paffé contre mon avis. On nô
peut pas venir contre fon fait, faire une c'iofe
contrau-e a ce qu'on s'eft obligé de fUire. Les lucres
font homicides s'ils fbnt mourir quelqu'un eortrc
les loix. Pasc.
Contre fe dit aufîi en chofes morales & fpirituelles.
lldircela contre fa penfée. Il parle contre fa con-
icience , contre le bon fens.
^ Contre , malgré : on agir contre la volo.-.t/- od
contre la règle , & malgrè'lcs oppofitions.
§C? L'homme de bien ne fait rien contre fa con-
fciencc. Le fcélérat commet le crime mahrc la pu-
nition qui y eft attachée. "
fCF Les valets parlent fouvent contre les intentions
de leurs maîtres & malgré leurs défenfes.
IP" Il eft plus aifé de décider contre l'avis & le
confcil d'un fage ami , que d'exécutet malgré la
force & la rcfiftance d'un puifîànr ennemi. La ve-
nte doit toujours erre foîitenue contre les raifon-
nemens des favans , & malgré les perfécutions deS
faux zélés. Syn. Fr.
^ On dit figurément , dans le ftyle familier , allée
contre vcnr & marée , s'embarquer dans une af-
faire malgré toutes les difficultés , malgré les avis ,
les confeils, &c.
IK? Au jeu de la Bête , on dit faire contre , lorf-
qu'un des Joueurs faifant jouer , un des autres dé-
clare enfuite qu'il joue aufll. Celui qui fait co/«re,
s'il perd, petd le double de ce qu'il auroit
gagné.
ter On appelle fubftantivement le contre , le fécond
des Joueurs qui fait jouer. Le contre paye double.
Il faut nuire au contre , le faire perdre , fi l'on
peur.
1^ On dit encore fubftantivement le pour & le
contre d'une affaire, d'un projet ; pour dire, le
fort &: le foible , les raifons qui fbnt pour &: contre.
Soutenir le pour & le contre. Difputare verbis in
utramijue partem, in contrarias partes.Nous avons
eu une feuille périodique intitulée le pour &C
contre.
%Ç3' En termes d'Efcrime , parer au contre , c'eft pa-
rer en dégageant. Si votre adverfaire dégage en
alongeant l'eftocade de quatre, vous dégagez &C
la parez de tierce ; & fi l'eftocade eft de tierce,
vous la parez de quarte.
|fc? Contre , f. m. terme de Formier , inftrumenc
long, large & peu tranchant dont fe fervent les
Formiers pour fendre leurs bois. Encyc.
ifT Contre entre dans la compofition de plufieurs
yiots de la langue , comme on le verra par les ar-
ticles fuivans.
CONTREABLE , adj. du vieux langage , con-
traire.
CONTRE-ALLEE, (. f. allée qui en accompagne
une plus grande , dans toute fa longueur. Allée
latérale & parallèle à une allée principale. Voilà
de belles contre -allées. Cezzz contre- allée eft fore'
agréable. Liger.
CONTRE-AMIRAL, f. m. eft l'Officier qui com-
mande l'arrière-garde ou la dernière divifion d'uixe
armée navale. Ultimce. claffis divifioni imperans.
Ce n'eft poinr un Officier en titre , mais le plus
ancien des Chefs d'Efcadre qui en fait la fondfion.
En Hollande, le Contre-Amiral eft un Officier
des armées navales de Hollande. C'eft au Contre-
Amiral à avoir foin , que durant la nuit , les vaif-
feaux gardent leur ordre, en naviguant, pour ne
fé point rencontrer.
|KF'On le dit auifi du vaiffeau commandé par le
Contre- Amiral. Il fervoit fur le Contre- Am.irat.
Le pavillon du Contre- Amiral eft blanc, de fi-
gure carrée, & s'arbore à l'artimon.
CONTRE- APPEL, en termes d'Efcrime , appel op-
pofé à celui que l'adverfaire a fait , quand on op-
polé à l'ennemi finelîe contre fineffe , & qu'on fait
un mouvement tout oppofé ; comme s'il fait un
RR-Rrr ^
266
CON
CON
appel d'engagement à l'épce pat le dcdatr; , on
lui en fera un conuraire pat le dehors. Fi(ia ac
fimidat.t adverfarii petitio.
CONTRE-APPROCHES , f. f. pi. terme de l'Art
militaire. Ce l'ont des lignes ou des travaux que
font les affiégcs -, quand ils viennent par tran-
chées rencontrer les lignes d'attaque des alllcgeans.
Aih'-rjk foljx cajirenfes.
j^ CONTKE-AUGMENT , f. m. terme de Jurif-
prudence» Gain de fervice en faveur du mari fur
la dot de la femme. Il n'a lieu qu'en vertu d'une
ftipulation exprellè j excepté dans quelques cou-
tumes.
CONTREBALANCER ou CONTRE-BALANCER,
V. a. égaler avec des poids, enforte qu'un des cô-
tes de la balance ne l'emporte pas fur l'autre ;
mais il n'eft en ufage que dans le fens figuré , & fi-
gnifie j IJCF" compenfer unechofe par une autre. On
le dit en parlant de la proportion qui eft entre des
choies oppofées , en matière de morale, Ccmpen-
j't.re , aquare. Ses bonnes qualités contre-balan-
ccnt fes défauts. Le mal qu'a fait cet homme-là
contre-balance bien les fervices qu'il a rendus.
Vous jugerez fi des aftes de cette nature peuvent
contrebalancer trois ou quarte ac^es d'une foi ir
réprocliable. Pat ru. Il voulut contrebalancer cette
perre par la prife d'une ville. Histoire de Louis
XIV.
CONTREBANDE, f. f. On défigne par ce mot tous
les effets , toutes les marchandifes dont le com-
merce eft défendu par l'ordonnance , par les loix.
Merces interdiclce. Les marchandifes de contre-
lande font fujettes à confiication. Entie les mar-
chandifes de contrebande , il y en a d'entrée ,
comme le fel, l'huile de poiflbns étrangers, &
quelques dentelles ou étoffes. Il y en a pout la
foitie , qui font l'or & l'argent monnoyé ou non ,
toutes fbttes d'armes , de munitions qui fervent
à la guette ou à la navigation , les chevaux de
prix, le papier,l'acier, fer, mitraille, cuirs, cires,
fuifs , filafles , &c.
^fj" Contrebande & fraude confidérées dans une fi-
gnification fynonime.
gC? Contrebande fe dit du commerce ou tiafic
de toutes mardiandifes ou denrées prohibées par
l'Ordonnance du Prince , favoir des marchandifes
éttangètes dont l'entrée eft prohibée, & de quel-
ques denrées nationales dont la l'ortie n'eft pas per-
mife.
^fT La fraude confifte à éluder le payement des droirs
impolcs fur les marchandifes nationales ou étran-
gères , foit dans la confommation intérieure , foit à
l'impottation & exportation.
On dit, faire X^l contrebande ; pour dire , faire
commerce de marchandifes de contrebande.
Ce mot vient de l'italien contrabando ; c'eft-
à-dire , contre , maigri le ban Se publication des
dSfenfes.
Contrebande, terme de Blafon , qui fe dit lorf-
qu'une bande eft divifée en deux patries , qui font
deux demi-bandes , qui font de différons émaux ,
& dont l'une doit être régulièrement de méral ,
6c l'autre de couleur.
On appelle la barre une contrebande , parce qu'elle
-coupe reçu dans un fens contraire & oppofé :
Tœnics à dextro latere ad Jînijlrum ducla &
alternatim oppojîta. On appelle aulTi contre-che-
■yron , contre-pal, & autres pièces honorables de
l'écu , lorfqu'il y en a deux de même nature qui
font oppofées l'une à l'autre , en relie forte que
le métal foit oppofé à la couleur , & la couleur
au métal : & on appelle un écu contre paie ,
contre-fafcé , conire-componné ■> contre-breteffc ,
contrebande , 6* contre-barre , quand il a les di-
vifions ci-defTus -, contr'écartele , quand un des quar-
tiers de fon écarrelure eft derechef écartelé. On
dit de même contre-jleuré , contre-potence , contre-
varié , quand les figures font altetnces & oppo-
sées , & quand le métal répond à la couleur. On
(
appelle aufTi les animaux contte-pajfans , Iorf*quÔ
l'un paffe d'un côrc , & l'autre de l'autre.
CONTREBANDIER , ÈRE. 1. m. & f. Celui ou celle
qui fait la contrebande , qui vend des marchan-
difes de contrebande. Mercium vetitarum mcrca-
tor. Il eft prefqu'impolfible de détruire les Faux-
fauniers Se les Contrebandiers. Cm. de Rior. Il y
a dans les Ordonnances des peines décernées contre
les Contrebandiers,
CONTREBARRE, f. f. terme de Blafon, barre di-
vifée en deux demi-barres , dont l'une eft de mé-
tal , & l'autre de couleur.
CONTREBARRE , adj. m. terme de Blafon , qui
fe dit d'un écu où il y a une ou pluficurs con-
trebarrcs.
CONTREBAS , adv. de bas en haut. C'eft l'oppofé
de centre-haut. On le dit principalement en Ar-
cbitedute. Contre-bas marque la direftion de bas-»
en-haut. Ab imo ad jummum. Et contre-haut la
direiffion de haut en-bas. A jiimmo ad imum.
CONTRE-BASSE, r. f. groflé Baffe de violon ,ftir la-
quelle on joue ordinairement la partie de la Baffe,
une oétave plus bas que fut la Baffe de violon
commune.
CONTRE-BATTERIE, f. f. terme d'Arr militaire:,
eft la battetie d'une paitie qui eft oppofée à celle d^
l'ennemi. Si fur-tout celle qui tache à démonter fon
canon. Tormenta bellica tor mentis oppojîta, ob-
jecla , adverja ; machina, machinis oppo(itm.
On appelle fîgurément contre-batterie , les pré-
paiatifs qu'on fait , des moyens qu'on prépare
pour fe défendre de fon côté , conrre les attaques
& les menées d'un adverfaire en quclqu'afFaite que
ce foir. Injîdiiz injidiis oppojita. Il faifoit cela pouf
ralentir les efforts du Pape , & dreffer une contre"
batterie dans fes Etats. Mezeray.
CONTREBIAIS. f. m. J'en fais qui j pont ne pas
tombei dans cet amour propre , ofit été les 'plus
injufles du monde à contrebiais. M. Pascal,
1^ CONTRE-BISEAtJ. f. m. Dans les jeux d'Or-
gues qui font de bois , c'eft une pièce de même
matière , ajuftce au bas d'un tuyau , pour en fer-»
mer entièrement l'ouverture, Encyc,
CONTRE-BITTE , f. f. terme de Marine, Les contra-
bittes font des courbes qui appuient, foûtiennent
5c affcrmiffent les bittes.
CONTRÈ-BOUTANT , f, m. pièces de bois qui
pouffent i^ atboutent, ou pillieis de pierre qui
font le même efîet, C'eft la même chofe qu'arc-
boutant qui eft plus ufité."
CONTRE-BOUTER , v. â. contre-tenîr la poufTée
d'un arc ou d'une plate-bande , avec un pilier ou
une étaie. C'eft la même chofe qu'arc-bouter.
(^ CONTRE-BRASSER , V. a. terme de Marine,
c'eft après que les voiles font braffées & orientée»
d'un bord , les braffer vivement à contre-fens,
CONTRE-BRLTESSE, f. f. terme de Blafon, ran-
gée de créneaux de différent émail fur une même
fàfce , bande , barre , pal , &c.
CONTRE-BRÉTESSÉ , EE,ad). terme de Blafon,
qui fe dit de l'écu & des pièces qui ont des con-
tre-bréteflè's. Un écu contre-brétejfe , une fafce coa-
tre-lréteffee. On dit aufli contre-bretécké.
CONTRE-BRODÉ , f, m. ou plutôt adj. ptis fuhftan-
tivement , efpèce de rafTade blanche & noire , dont
les Européens fe fervent dans ks échanges qu'ils
font avec les Nèa-rcs des cotes d'Afrique.
ÇCr CONTRE-CÀLQUER , v. a. terme de Gra-
veurs , ttacei une féconde fois les traits marqués
d'un deffein calqué , aiîn que l'efîampe fe rrouye
dans le même fens que le tableau ou le deffeitt
otiginal.
^3" Contre-calque, ÉE.part.
Ip" CONTRE-CAPION , f. m. terme de Marine ,
pièce de bois qui fert de doublage au capion da
proue , ou au capîon de poupe.
CONTRE-CARÈNE, f. £ terme de Marine , c'eft la
pièce oppofée à la carène , dans la ccnftruélion
4'une galère. Trabes cari/us ojpjjita, La carène,»
CÔM
l'égard des galères, eft là même chofc que la quille
à l'égard des vai/Teaiix.
CONTRECARRER , v. a. s'oppofer diredemenr aux
delkins de quelqu'un , à les vues, à les projets,
à les lentimens , le mortifier en failancle contraire
de ce qu'il veut, Alicùi adverfari palàrn. Ces deux
Magiftrats font rivaux , ils fe contrecarreni en tout.
ïl voulut faire ces nouvelles troupes ,a/in de con-
trecarrer les vieilles. Vaug.
Cela lui arrive tous les jours , & il ne lauroic
vivre fans me contrecarrer. R. Ce mot vient de
car a. , vi^e.
CONTRE ART, f. m. terme de Blafon. Parties
d'un écu comr'ccartelé. Partes fcuti comrajuajn-
partiti.
CONTR'ÉCARTELÉ , ÉE , adj. terme de Blaon. On
le dit d'un quartier d'un écu , quand il eft lui-mê-
me écartelé.
CONTR'ÉCARTELER,v. a. terme de Blafon, di-
vifer en quatre quartiers un des quartiers de i'ccu
qui-eft déjà écartelé. Contra.iuadnpartiri.
^ toNTR'ECHANGE, f. m. fynonime d'échan-
ge. Commuiatio. Je lui ai donné une maifon en
contr'echans^^e,
rr CONTRE-CHARGE , f. f. terme de Rubanîer ,
c'eft la pierre que l'on met au bout de la corde des
contre-poids. Encyc,
CONTRE-CHARME , f. m. cJiarme contraire , qui
détruit ou empêche l'effet d'un autre charme.
Jdverfum incantamemum. Voyez Charm£
CONTRE-CHASSIS , f. m. chi/fis de verre ,'ou de
papier que l'on met devant un châifis ordinaire.
Voye^ Châssis.
CONTRE-CHEVRON, f m. terme de Blafon, che-
vron oppofe à un autre chevron de différent émail
CONTRE-CHEVRONNE, adj. terme de Blafon,
qui fe dit d'un écu qui a un ou plaileurs contre-
chevrons.
CONTRE-CLEF , f. f. terme d'Architedure , c'eft un
vouloir joignant la clef à la droite ou à la gau-
che. FrÉzier. Cuneus vicinus clavi.
<CONTRE-C(SUR , f. m. le fond d'une cheminée en-
tre les jambages & le foyer. Focns. C'eft au.li une
plaque de fer ornée de fculpture , qu'on met an mi-
lieu de la cheminée pour conferver le mur , &: ren-
voyer la chaleur.
CoNTRE-cŒUR, cfpèce de naufée qui donne des en-
vies de vomir. Si ce mot s'eft dit, on \m le dit plus.
Contre-cœur, (A) adv. contre fon inclination, à
îegret.^orrî, gravatè, œgro anima. La fièvre l'a li rott
dégoùré , qu'il ne mange quM contre-Ccur. Il ne
s'eft réfolu d'aller à cetre expédition qu'à contn-
cxur.
CONTRE-COMPONÉ, ÉE, ad?, m. & f. terme de
Blafon. Contra-compofitiLs. On dit fafcé d'or & de
fable 5 à la bordure concre-compon:e de mime ;
c'eft-à-dire , l'écu étant fafcé d'or & de fable , 5c les
compons de fable , aux fafccs d'or.
'^ CONTRE-COUP , f. m. réT-xion , répercualon
d'un corps fur un aarte. Reperchffus , repercu{fi>.
Le boulet alla contre le rocher, &: le tua du con-
tre-coup.
'^ On le dir au billard , lorfqu'une bille , ayant été
frappée par une autre , revient enfaite frapper h
première. Reciproca percujjio. Ce contre-coup m'a
été favorable.
gC? On appelle auifi contre-coup , l'imprefTion qu'un
coup fait à une partie oppofée à celle qui a été
firappée. Le contre-coup eft quelquefois plus dange-
reux que le coup.
#3" En parlant du crâne j le contre-coup eft une fente
ou fêlure du crâne , faite dans la partie oppofée à
celle qui a reçu immédiatement le coup. Reper-
cuffus. Les anciens Médecins parlent de cette frac-
ture, comme d'une chofe non-feulemenr polfible,
mais qui arrive fouvent. Ils prétendent que c'eft
l'air du dedans de la tête , qui , étant pouTc à la
partie oppofée par le violent e.Tort du co ip , fiit
fendre cet endroit-là plutôt que l'autre. Ils app.'l-
lent cette fraéturc^ contre-fente , 6tl c6tttrc-fo)u-
re. C^uclqucs Médecins modernes foûtiennent au.
contraire , que le contre-coup eft une chimère , &
qu A ne iauroit arriver. Leur raifon eft que le crâne
ctant compolé de plufieurs pièces. Je coup doit
être amorti , & qu'il n'en eft pas ici comme des
pots de rcrre, qui par une vertu élaftique fe fêlent
ou le ca/knr quelquefois à la partie oppofée à celle
qui a cte frappée. Mais un grand nombre d'exem-
ples journaliers prouve que le contre-coup eft une
chofe très-récllc, & qu'il lé fait non-feulement de
devant en arrière , mais encore d'un côté de la tête
a l'autre. On peut voir fur cela \zi Opérations d»
M. Dionis, , . .
Dans les blellures du crâne , il faut prendre
garde au contre-coup , c'eft là où le forme l'abcès.
Contre-coup le dit ligurément du malheur de oucl-
qu'un, lorlqu'il retombe, ou qu'il porte fur un au-
tre. Quand un Favori eft difgracié toutes les créa-
tures s'en relléntent par contre-coup. J'ai fenti juf-
qu'au fond Je l'ame , le contre-coup de votre dou-
leur. CosTARD, Il y a des louantes qui font voir
par contre-coup des défauts en ceux qu'on loue.
La RocH. Le contre-coup retombera fur vous : cela
reviendra lur vous par contre-coup. In te recidcty
in te rcdundahit.
CONTRE-DANSE , f. f. fotté de danfe moins :?rave
que les anciennes, & où plufieuis pcrfonnes^fiffu-^
rênr cnfemble , de manière qu'elles font les mêmes
mouvemens chacune de leur côté. Le bal com-
mence par des menuets , & finit par des contre-
danjes. Le goût des contre-danfes a fait négliger Se
oublier les anciennes danlés.
Les contre-danfes font de petites danfes fîo-urées
qui fé ctanfcnt à plulieurs perfonnes & avec'beau-
coup de mouvement. Les contre-danfes Çom prefque
toutesdes gavotcs qui lé danfent d'un air familier
& badin ; mais dont les figures s'exécuten: avec
tant de rapidité , qu'elles échauffent extraordinai-
remenr. Les danfes réglées ne fonr prefque plus
d'ulage. On commence le bal par quelques-unes ,
& puis on donne dans les contre- danjes qui
lonr plus du goût des François , & quelquefois
Ton continue pendant toute la nuit. La chaîne ,
la chaife, la joloulie , les rats, la chriftine, les
cotillons , &c. font des contre-danjes. Comme le
nombre n'éroir pas grand , on quitta les danfes
trançoiles pour fe mettte aux contre - danjes.
Mcm. du Cimte de Grammoi.t. Dès que l'Iieure
des contre-danfes fut arrivée , fon coufin Hamilcon
eut ordre de la mener. Id.
ft? CONTRE-DÉGAGEMENT, f. m. terme d'ef-
cnme , aclion de dégager dans le même temps que
r..rnemi dr<ra?c.
CONTRE-DÉGÀGER , terme d'efcrime. Il fe dit
lorfque la partie dégage , & qu'en même temps
vous faites aulïî un dégagement , en forre que les
épces fe trouvent engagées comme auparavant. En-
fes vicifjîm expedi.endo impedire.
f3~ CONTREiDIRÉ, v. a. qui fe conjugué par-tout
comme dire , excepté à la féconde perfonne du plu-
riel du ptéfcnt de l'indicatif', où l'on dit, nous
contredifons , vous contredirez , & non pas volls
contredites. Dire le conrraire. Contradicere. Contre-
dire une propofîrion , contredire quelqu'un : &■ ab-
foiumenr aimer à contredire. L'efprit de pédanterie
met ("on plus grand plaifir à chicanner les a«res
fur les plus petites chofés , & à contredire tout
avec une baffe malignité. Pôrt-R. L'impatience
qui nous porte à contredire les autres tvcc chaleur,
ne vienrque de ce que nous ne foulFrons cu'avcc
peine qu'ils aient des fcntimens diiFerens des nô-
rres. Nicol.
ter II eft ■3s.vS\ réciproque. La plupairt des Auteurs
fe contredifent les uns j les autres, ^yï- invicem dif-
fentire , diverfa fentire. Il y a dans les hommes
une humeur maligne qui les porte à fe contredire
les uns les autres. Il eft encore réfléchi. Se contre-
dire ^tw en contradiction , n'être pas d'accord
R R R r t jj
262
CON
avec foi-même , dire ou écrire des cliofes contrai-
res à celles qu'on avoir dites ou ccnx..s. DijJcnUre
à Je ipfoijecum pugiiare , pugnantia. lojui. i'tenez
donc garde à ce que vous ducs ; vous vous contre-
difei à tour moment. Un rémoin qui le conindit
n'cft pas reccvablc.
ffr Contredire , en rermes de Palais , c'eft faire
des écritures [lour combattre les pièces de la par-
tie advcrfe, & les introductions qu'elle en tire,
& généralement pour rct'urer 6c détruire les rai-
fons & les moyens dont elle fe ferr. Confutare.
Voyez Contredits
CONTREDISANT, ANTE , adj. qui fe plaît à
contredire. Repiignax. Efprit conncdifant ■, hu-
meur contredi jante. Je connois un homme li con-
tredifant , qu'il dilpute toujours, qu'il cefle de
vouloir ce qu'il veut, dès qu'un autre le veut
comme lui ; qu'il quitte fes propres ("cntimens , dès
qu'il efl; venu à bout de les periuader à quelqu'un ,
de peur d'être de l'avis d'un autre ; & qui chalie
enfin la paix de toutes les converfations. M. Scud.
Cette delcription d'un comredijant en fait la défi-
nition. Les coîitredifans qui ne s'emportent point
jufqu'à tioublet la paix, font encore moins en-
nuyeux que ces complailans qui demeurent d'ac-
cord de tour. Bell.
On le dir au Palais de ceux qui fourniffent des
contredits. Adverfarius. Les premiers coniredifans
ont l'avantage. Il n'y a darrs les criées que trois
contredijans -y le pourfuivant , le faifi , le plus an-
cien des oppofans.
CONTREDIT , ITE , patt. c'efl: le cata6lère des œu-
vres de Dieu d'être ainlî contTeiitcs ,& nous n'en
devons jamais attendre un plus heureux fuccès ,
que lorfqu'il y a moins lieu , félon les vues hu-
maines, de l'efpérer. BotTRDAL, Exh. T. /,/'.519.
CONTREDIT , f. m. allégation cortraire , réponfe
contre ce qui a été dir. Controverjia. Ce que vous
dires ne peut recevoir aucun contredit. Cela eft
fans contredit. Les circonftances les plus décifives,
& les moins fujerres à contredit. Norm. On dit
que tout a lieu jufqu'à contredit.
g^ Contredit, (Sans) façon de parler adverbiale ,
qui équivaut à certainement , fans difficulté, fans
oppofition. Sine rontroverjla. C'étoit fans contredit
le premier homme de Ion fiècle.
"Contredit eft auflî une réponfe qu'on fâîr à quelque
pièce que produir une partie dans un procès , ou à
rinduulion qu'elle en tire. Confutatio. C'eft un
bon contredit contre une donation , qu'un défaut
d'infmuation.
<2ontredits , au pl. fe dit d'une pièce d'écritures
qu'on fournit dans les procès pour combarrre les
pièces de la partie adverfe, S^ contredire toutes les
inductions qu'elle a tirées dans fon inventaire de
produdtion. On a appoinré les parties à cctire ,
produire , bailler contredits & falvarions.
CONTRÉE, f. f. ffT Ce mot fe prend dans une ac-
ceptation générale pour une étendue de pays indé-
terminée. Regio. ^On dit en ce fens qu'un homme
a parcouru ^\\x(\tvLts contrées , qu'il a voyagé dans
toutes les contrées de l'Europe. Chaque contrée a
fes mœurs & façons de faire, parriculicres. La Zone
Torride eft inhabitable, à caufe des ardeurs du fb-
leil qui brûlent & qui defïechent ces vaftes con-
trées. S. Ev.
Fils du puijfant Atrée ,
Vous pofféde^ des Grecs lu plus riche contrée.
Racine.
'^fF Le mot contrée fe prend plus fonvent pour un
petit pays faifant partie d'un plus grand , & qui a
fes bornes & fes limires. C'eft ainfi que l'on dit que
le pays de Caux , le Vexin , &c. font des contrées
de Normandie. Traclus.
^Cr On dit à peu près , dans le même fens , ce gen-
tilhomme a le plus beau château de la contrée ,
CON
c'cft-à-dlre , du voifinagc , des environs. Viclnia ,
circumjecia loca.
Ce mot vient de la prépofition contra. S.Odcric •
qui mourut en 1 5 5 1 , dit contrat a , une contrée. C. 1 ,
dejon l^oyage des Indes , imprimé par hollandus >
» Jan.T, l,p.^U. ScMart.T. Il,p. 141, C.Les Bollan-
dilles dilent que ce mot s'cft forme de conierrata,&c
qu'il fîgnifie un territoire , un diftridl; où il y a plu-
fieurs bourgs & villages que l'on appelle terres,
urr<z i de même que commarca , s'eft dit de l'alfem-
blage de plufîeurs bourgs & villes qui font dans
les mêmes marches , marcas c'eft-à-dire , dans les
mêmes limites. Ils difent néanmoins encore à l'en-
droit cité , & au Ille T. de Mars , p. lo^ , E , que
eontrata fe prend dans un fens plus étroit pour
une rue , ou un quarrier , dans une ville.
CONTR'ÉCAILLE , f f. fp* contre la difpofition
naturelle des écailles. Quand on écaille une carpe,
il faut la prendre à contr' écaille , à rebours de ré-
caille. Adverjis fqiiamis. Pendant que j'étois aux
Indes , dans la côte de Malabar , on vint un jour
m'avcrtir qu'un crocodile s'étant un peu trop éloi-
gné de l'eau, le rrouvoit égaré dans un chemin
enrre deux haies. J'y allai aufTi-tôt avec un Fiançois
& quelques-uns de nos domeftiqucs, qui s'armèrenr
de moufquets &; de lances. Ils lui tiièrenr d'abord
quelques coups qui ne firent aucun effet, parce
que les balles glilfoient fur les écailles, &c ne les
perçoient pas. Dans la fiiite , on réulïîr mieux , &:
en tirant en contf écaille , on le blefla , & nous
vîmes patoîrre du fang. Cer animal qui nous avoir
d'abord regardé atttentivement fans bouget de fa
place , parut étonné par le bruit que l'on fit ,& par
les premiers coups qu'on lui tira ; mais quand il
fe fentit blefTé , il courut l'efpace de quarante ou
cinquante pas avec précipitation, & fit un grand
bruit avec fes dents , hauffant fa mâchoire fupé-
Tieure , & frappant fur l'inférieure qu'il a im-
mobile. Enfin il s'arrêta dans la plaine , où on
acheva de le tuer à coups de lances. M. Dellon ,
tome I de fes Voyages , p. 72 , 75 , ch. 10.
COKTRE-ECHÂNGE. Voyei Contr'échange.
CONTRE-ENQUETE ou "CONTR'ENQUETE , f.
f. Enquête oppofée à celle de la partie adveife.
La règle veut que dans le civil , en permettant à une
partie de faire fon Enquête , on permette à l'autre
partie de faite fa Contre-enquête. Caufes célèbres ,
tome ^,p. 1,1^.
CONTRE-ÉPREUVE ou CONTR'ÉPREUVE, f. f.
eft une image qu'on tire fur une autre fraîchement
imprimée 6c qui marque les mêmes trairs , mais à
rebours , le côté droit paroiffant à gauche, ^fj" Le
noir de l'eftampe qui n'eft point encore fec , fe dé-
tache de l'épreuve, s'attache à la feuille du papier
blanc, ôc donne le même deffm , mais plus pâle,
& en un fens contraire , le côté droit paroiffant à
gauche. Imago juper recenlem é typo imaginem al~
teram expreffa.
CONTRE-ÉPREUVER, ou CONTR'ÉPREUVER^
V. a. tirer une épreuve fur une autre épreuve , lorf-
que cette autre eft encore toute fraîche. Super re-
centem è typo imaginem , alteram imaginem expri-
mere.
CONTRE-ESPALIER , ou mieux , CONTR'ESPA-
LIER, f. m. terme de Jardinier , c'eft la plateban-
de oppofee à l'efpalier. C'eft une rangée ou file
d'arbres fruitiers, ou de feps de vigne, attachée
contre un petit treillage à hauteur d'appui, à quel-
que diftance de l'efpalier , avec lequel il forme
une allée. Ordo arborum exaRcc brevitatis appli-
citis muro arboribus ex adverfo pojîtus. On le dit
aufTi des arbres que l'on met fur le bord d'un caicé.
qui eft le long d'une allée , &: auxquels on donne
la même figure qu'aux efpaliers , en les pali(rant,&:
les attachant à un treillage fait exprès. Confertœ ra-
mis arbores. P. Rapin.
'\fT On donne le nom de contr'ejpalier aux arbres
ainfi difpofés , parce qu'ils font ordinairement op-
pofcs aux efpaliers appliqués contre les murs. Les
CON
arbres en ccntr'efpaliers font conduits de la même
façon que ceux en elpalier , h ce n'efl qu'on les tient
plus bas , & que d'ailleurs ils prcfentcnt deux faces.
1^ CoNTRt-ÉlAMBORD. Voye^^ CoNTRESTAMBORD.
%T CONTRE-ÉTRAVE. Voye^ CoNTRESTRAVE.
CONTRE-EXTENSION , f. f. terme de Chirurgie.
Contra, - extenjio. Acîlion pat laquelle on retient
une partie luxée ou fradlurée, contre l'extenfion
qu'on fait pour la remettre dans fa lituation naturel-
le. Col de Villars.
|D- CONTREFACÉ. A^oy^^ Contrefascé.
CONTREFAÇON , f. f. fraude qu'on fait en con-
trefaifant ou l'imprellion d'un livre , ou la ma-
nufadlure d'une étoffe , au préjudice de ceux qui
en ont le droit & le privilège. On dit d'un Mar-
chand ou d'un ouvrier, qu'il a été mis à l'amende
pour contrefiçon.
CONTREFACTEUR, f.m. terme de Libraire. Ce-
lui qui imprime un livre dont un autre a le pri-
vilège.
CONTREFACTION, f. f. fignifie la même chofe,
& fe dit plus particulièrement de la réimpre/lion
d'un livre , entteprife par un autre Libraire que ce-
lui qui en a obtenu le privilège. Toures les con-
trefaclions de livres importans, ont été jufqu'ici fort
mauvaifes , & n'ont point téuffi au gré de ces En-
trepreneurs , qui fe font un jeu de mettre la faulx
dans la moi/Ton d'autrui, Ohj'.fur Us Ec. Mod,
CONTREFAIRE, V. a. copier, imiter quelque cho-
fe , & tâcher de la rendre femblable. Imitando ef-
Jingere , exprimere. Ce bouffon fçait fort bien con-
trefaire toutes fortes de perfonnes. Combien de
gens fe font trouves engagés dans la paillon qu'ils
ne faifoient que contrefaire ? Nicol. Ce fauflairc
fçait contrefaire toutes fortes de feings & d'écri-
tures. Eft-il poffible que le Démon ait le pouvoir
de bouleverfer les élémens, &C de contrefaire ziafi la.
Divinité. S. Evr.
^CT Contrefaire le fon de la flûte , le chant des oi-
fcaux , contrefaire la voix humaine. Vocem huma-
nam reddere,
^Cr Contrefaire fedit plus ordinairement enmau-
vaiie part \ pour dire , copier quelqu'un dans la vue
de le rendre ridicule. Imitando aliquem propina-
re aliis diridendum. Cette femme fe rend odieufe ,
elle contrefait tout le monde. L'habitude de con-
trefaireles autres efl; dangereufe.
1^ Contrefaire , dans !e commerce. On le dit par-
ticulièrement en terme d'Imprimerie & de manu-
fadlures. Faire imprimer un livre , ou fabriquer une
étoffe ou autre chofe au préjudice de ceux qui ont
le droit ou le privilège de le faire. Adulterare, imi-
tando effin^ere. Il a été condamné à une amende ,
pour avoir contrefait cet ouvrage.
fcyCoNTREFAiREjdans la lignification de déguifer.
Simulare. On contrefait fa voix , fa manière de par-
ler, pour n'être pas reconnu. Contrefaire Çow écri-
ture. On contrefait le libéral ou le brave pour faire
fa fortune \ il n'y a point de figures qu'on ne faf-
fe pour cela. S. Evr. Ceux qui contrefont les
vots , font dangereux ; & ceux qui contrefont les
braves , ne font guère à craindre. Speciem viri
boni prœbere , prxfe ferre.
ffT On dit en ce fens fe contrefaire , déguifer fon
cara6l;ère. On ne peut pasfe contrefaire long temps.
Il y a bien peu d'occafions où il foit permis de fe
contrefaire.
Ucr Ces trois verbes , contrefaire , imiter , copier ,
ont une idée commune qui eft celle de faire ref-
fembler; mais on imite ce qu'on ne peut égaler;
on copie ce qu'on ne peui imiter ; on contrefait les
perfonnes qu'on trouve ridicules.
§C? Contrefaire fignifie encore rendre difforme ,
défiguré. Deformare , deformem reddere. La pe-
tite vérole , les convulfions lui ont contrefait tout
le vifaçrc.
|Cr CONTREFAIT , AITE, part. U adj. imité, fal-
fifié, Adulteratiis , ficlus , cmentitus. Exemplaire j
contrefait. Seing contrefait. Le Sénat faifoit d'au- '
CON 8^9
tant plus de démonftrations d'amour &c de joie»
qu'elles étoient faullès & cancrefaites. Ablanc,
Tout ce qui efl: contrefait déplaît avec les mê-
mes chofcs qui charment lorfqu'clles font naturel-
les. La Roch.
Contrefait, difforme , mal -fait; qui a quelque
difformité de corps , foit naturelle , foit par une
mauvaife habitude. Dijiortus , deformis. Être con-
trejait , avoir la taille contrefaite. Il marche fi mal,
qu'il fcmble qu'il eft tout contrefait. Le Prince de
Condé, dans un corps contrefait , avoit une gran-
deur d'ame comparable aux Héroi de l'antiquité.
Mez.
CONTREFAISEUR,f.m. qui contrefait les gens,
qui imite leurs paroles , leurs geftes & leurs ac-
tions. Molière , dans fon Impromptu de Verfail-
les. Se. î , pag. 1 19 du 7^ tome de fes œuvres ,
édition de Paris , fait dire à Mademoifellc Hervé,
parlant de lui-même : point de quartier à ce con-
irefaifeur de gens. Il n'eft pas reçu.
CONTRE-FANONS , f. m, terme de marine , ce font
des cordes amarrées au milieu de la vergue du cô-
té oppofé à la bouline , pour troufler ou carguer
un côté delà voile. On les appelle autrement car'
giies lûulines.
CONTREFASCE , f. f. terme de blafon , c'eft quand
une fafce eft divifée en deux demi-fafces , dont
l'une eft d'un émail, & l'autre d'un autre émail ;
en forte que l'émail de l'un eft oppofé à l'émail
de l'autre.
CONTREFASCÉ, ÉE , adj. m. & f. terme de blafon ,
fe dit des pièces dont les fafces font oppofées.
Contrefafcé d'argent &: de fable de trois pièces. Faf-
ciis in tranfverfum duclis contraque alternatim po~
Jitis exaratus.
Ip- CONTREFENDIS , f. m. pi. divifions & fubdi-
viiîons des quartiers d'ardoifes réduits enfin en
portions minces , telles que celles dont on couvre
les toits.
CONTRE-FENÊTRE , f. f. double fenêtre , ou con-
tre - vent. Exterius fneflrce ojliiim.
CONTRE-FENTE ou CONTRE - FISSURE, f. f.
terme de Chirurgie , nom qu'on donne à la fiffure
qui fe fait par contre-coup à la partie oppofée à
celle qui a été frappée. On V^-^^cWt contre-fente ,
pour la diftinguer de celle qui fe fait à la partie frap-
pée qui s'i'fi'^cWc fiffure.
CONTRE - FICHE , f. f. ou liens, terme de Char-
penterie. Les contre-fiches font des pièces qui font
partie d'un affemblage de la Charpenrcrie ou cou-
verture des bâtimens , qui fervent à en lier d'autres,
& à les arcboutei & foûtenir, comme celles qui font
dans une maîtreffe - ferme , qui pofbnt d'un bout
fur le poinçon, & de l'autre foûtiennent la jambe
de force deifus. ÇapreoH. On s'en fert aulfi en plu-
fîeurs autres occafions.
CONTRE - FINESSE, f. f. fineffe oppofée à une au-
tre fineffe. On dit en ce fens , ufcr de contre-fi-
ne ffe.
|CrCONTRE-FISSURE,f. f. lamême chofe que
contre-fente , & même plus ufîté.
CONTRE- FLAMBANT, ANTE , adj. m.&f. ter-
me de blafon, qui fe dit des pièces oppofées , on-
dées & aiguifées en forme de flammes. On dit ,
d'argent à un bâton de gueule flambant , & con-
tre-flambant de dix pièces de racme.Contravilra/iSy
contra iaculans flammas.
CONTREFLEURÉouCONTREFLEURONNË,ÉE,
terme de blafon. Il fe dit d'un Ecu dont les fleu-
rons font alternes & oppofés,enforteque la cou-
leur répond au métal. Floribus utrinque diflivclus.
L'Écoffe porte d'or au lion de gueule renfermé dans
un double trefcheur fleuré , Si contrefleuri de mê-
me.
CONTR.EFORT , f. m. ou éperon., pilier de maçon-
nerie , mur contreboutant , appui de murs , ou
terraffes qui pouffent & menacent d'éctouler. An-
teris , eripna. Ces fortes d'ouvrages font bandé ; en
berceau , &; diftans les uns des autres pour fou-
870 CON
renir une muraille. Quand on bâtit <'ontre une
pente de montagne , il faut faire des conlrejorts , ou
des éperons bien lies avec le mur qui foûtient les
terres , à la diftance de deux toifes l'une de l'autre.
On s'en fort aufîi dans les mines.
|C? C'cftauiliun terme de fortification, qui fignifie
des avances dans le rampart qui prennent racine
au revêtement , qui font de la même matière , &
qui aident le revêtement à foiitenir la pouiîce du
rampart. Encyc.
Les Bottiers donnent aulfi ce nom .1 des pièces
que l'on coud par la tige pour rendre la botte plus
forte.
§CF Contrefort , t^rme de marine , c'eft la même
chofc que clé des étais. Voye^ Clé,
CONTREFRASER, terme de boulangerie. Foye^
Frasir.
CONTRE-FRUIT , f. m. terme d'Architedlute. On
appelle /r««, une diminution |tT du mur du bas
en hauL fur fon épailleur, de manière que le dedans
foit à plomb , & le dehors un peu en talus. On
appelle donc contre-fruit ■> Teffet contraire au fruit -,
c'cft-à-dire , que l'on fortifie le mur ou en dehors ,
ou en dedans , afin que le mur puiflè porter plus
de charge. Addltum muro firmamenturn.
■COMTRÉFUGUE, rerme de Mufique. ^oye^ Fugue,
où ce mot efl: explique.
CONTRE-GAGE , f. m, terme de Jurifprudence , ce
que l'on donne à un créancier pour fureté de fon
dû ■■, ou à un Seigneur , pour lui affûrer le paye-
ment de fes droits , en cas de fraude.
"ffT Contre-gage , terme de Coutiup.e , droit en
vertu duquel un Seigneur peut fe failir des biens
d'un autre Seigneur , ou de ceux de fes vaflaux ,
lorfque ce dernier a commencé à s'emparer des effets
du premier ou de ceux de fes vaflaux. Voye:^ Ra-
gueau dans fon Indice au mot Gage , qui cite deux
Arrêts du Parlement de Paris, rendus l'an 1181 &
1183 , contre les Comtes de Champagne &: d'Au-
xerre.
CONTREGAGER, V. a. prendre des fûretés de quel-
qu'un , avant que de s'engager avec lui , & de lui
accorder ce qu'il demande. Un Supérieur trouve
fort mauvais que fon inférieur veuille le contrega-
ger. Ac. Fr. 1-7 18. Ce mot a difparu de la dernière
édition, Se n'eft plus en ufage.
CONTREGARDE ou Conferve, f. f, terme de For-
tification , c'eft un ouvrage triangulaire en forme
de gros parapet, qu'on met au-delà du folié de-
vant la pointe & les faces d'un baftion. Additum
propuç^nflcuto prcefdium,munimentum.£.\\t diffère
de la demi -lune , en ce qu'elle cmbralfe le baf-
tion. La plupart des Ingénieurs l'appelle aujour-
d'hui enveloppe. On en fait principalement quand
le baftion eft fur une hauteur -, & c'eft par leur
iTioyen qu'on double & qu'on triple les baftions.
Ces ouvrages font très-propres à couvrir les parties
foibles d'une place.
L'ctymologie eft gardi : contre - garde , garde
oppofée .a garde ; c'eft-à-dire qui garde des deux
côrés.
Contregarde, en terme deMonnoie, eft l'Officier
qui tient le regiftre des matières qu'on apporte à la
Monnoic pour fondre. Materiez in monetam con-
f.cindce cufios. ^
0- CONTREGARDE , EE , adj. qui eft couvert de
contre-gardes. Les baftions contre-gardes du Ma-
réchal de Vauban , font d'une fort bonne dé-
ferîfe.
^ CONTREG ARDER , v. a. garder avec foin. Se
contremrder , fe renir fur fes gardes. Rabelais.
CONTR E-HACHER , v. n. terme de Graveur ou de
Deffinareur , c'eft dans un deflein où l'on a fait avec
la plume des ombres , & des teintes par les li-
gnes les plus égales & les plus parallèles qui eft
potTible , en pafTer de fécondes diagonalcment ,
afin de rendre ces ombres & ces reintes plus fortes.
Lineis parallelis diagonicas fuperducere.
CONTRE-HARMONIQUE, adj; terme de Géomc-
CON
trie. Trois nombres font en proportion èontte*
harmonique , lorfque la dilfcjence du premier Si
du fécond eft à la diiférence du fécond 5c du
troifième , comme le troifième eft au premier. Pat
exemple , 3 , 5 & ^ font des nombres en propor-
tion contre-haimonique : car z : i : : (î : 3. Encyc.
CONTREHÂTIER , f. m uftenfile de cuifme , qui
fe dit des grands chenets qui ont pîuficurs cram-
pons, fur lefquels on peut mettre plufîeurs bro-
ches chargées de viandes les unes au deiiùs des
autres. Uaiciis injiruclus utroque foci latere ca-
preolus. On fe Icrt dans les cuihncs des Grands Sei-
gneurs de contrehdtiers au lieu de chenets.
CÔNTREHAUT , adv. de haut en bas. A fummo ai
iniutn. Cela ne fe dit ffuère qu'en Architediure.
CONTRE-HERMINE , EE , terme de blafon , qui (z
dit d'un champ de fable moucheté d'argent. Atrct
fcuti area velUre pontico, argenteo dijiincia. C'eft
le contraire de l'hermûné qui eft un champ d'argent
moucheté de fable.
CONTRE-HURTOIR , &cfous-contre-hurtoir , f. m.
c'eft un des morceaux des bandes de fer, qui accom-
pagnent le hurtoir.
CONTRE-JAN , 1". m. terme du jeu de tridrac. Foye^
Jan,
Contre -Jan, de deux tables, ou de Mé:^éas ,
terme du jeu de triélrac. Le contre -jan de deux
tables fe fait lorfque votre adverfaire ayanrfon coin,
vous n'avez que deux dames abbatues en rout votre
jeu , dont vous battez les deux coins , Se comme
le coin de votre homme fe trouve pris, vous per-
dez quatre points par fimple , Se fix par doublet. Le
jan de deux tables ne doit point être forcé ni re-
cherché. Il y faut néanmoins prendre garde.
CONTRE - JAUGER , v. a. terme d'Architeaure.
Contre -jauger les aflémblages de charpenrerie ;
c'eft-cà-dire , transférer la largeur d'une mortoife
fur l'endroit d'une pièce de bois où doir être le
tenon, afin que le tenon foit égal à la mottoife. Car'
dinem cavo metiri.
CONTRE-INDICATION , f. f. terme de médecine.
Contra - indicatio, Connoiffance qu'on a par cer-
tains fignes, qui détournent Se empêchent de mef-
tr? à exécution les moyens que l'indication four-
nit pour la gucrifon des maladies. Par exemple,
la connoiffance qu'on a de l'extrême foibleflé d'un
malade , d'un bleffé , qui empêchent de tenter une
opération indiquée , eft une contre-indication. Cot
DE ViLLARS.
CONTRE JOUR, f. m. endroit oppofé au grand
jour , où la lumière ne donne pas à plein. Lux ma-
ligna , locus minime luminofus. Les femmes cher-
chent d'ordinaire le contre-jour.
IJCJ" On l'emploie pour l'ordinaire dans certe phrafe
adverbiale , à contre-jour , être à contre-jour ; voie
à contre-jour. Mettre un tableau à contre-jour. Ta-
bulam in malo lumine collocare,
CONTRE-ISSANT , adj. terme de blafon. Il fe dit
des animaux adofics -, ic dont la tête Si les pies de
devant fortent d'une pièce de l'Ecu. Contra emer-
gens.
CONTRE- JUMELLES, f. f. terme de maçonnerie,
ce font dans le milieu des ruifléaux des rues, les
pavés qui fe joignent deux à deux, &c font liaifon
avec les caniveaux &c les morces.
CONTRE-LAMES, f. f. pi. terme de Manufaflure,
ce font dans les métiets de faifeurs de gazes les
tringles de bois qui fervent à. tirer les lifîés , d'où
ils font aufïl appelés Tire-lijfes.
CONTRE-LATTE , f. f. terme de Couvreurs , qui fe
dit des lattes qui fe pofent en longueur entre les che-
vrons pour foûrenir les lattes qui font en travers ,
& qui portent les tuiles. PoJit(Z in longum régula
tranfver^s fujiinendis. Quand il y a deux chevrons
à la latte , on fait la contre-latte de la latte même.
Quand il y en a trois, il faut des contre-lattes de
fciage. Celle-ci eft de quatre à cinq pouces do
large. Se: d'un demi -pouce d'épaifleur , & fcrt à
couvrir en ardoifes.
C ON
CO NTREUTTER , V. a. couvrir un pm de Châr-
penre de lapes des deux côtés, pour Tenduire de
plâtre ou de mortier, Sirucluram. mauriariam rc-
gulis utrinque tegere , injtruere. On taxe la valeur
du mur de charpente latte & conïrelatté autant
qu'un gros mur.
CONTRELATTOIR , T. m. terme de Couvreur,
inftrument dont fe fervent les Couvreurs pour Ibû-
tenir les lattes en clouarit deflus.
CONTRE-LETTRE , f. f. écrit fccret & particulier ,
ade qui détruit un autre ad:e public , ou plus fo-
lennel , qui en altère , ou en diminue les chufes ,
qui y déroge , ou qui contient une déclaration con-
traire. ^rca/2iîyy;zgr^/;^<z aherius vim imminuens ■>
elevans , abrogans , refigens. gCT Si Titus , par
exemple, continue une rente au profit de Mivius ;
& que Mxvius , par un acte icparc , reconnoille
que la rente ne lui eft point due, & que fi le con-
trat a été pafTé à fon profit , ce n'a été que pour
lui faire plaifir.
■^ On voit par là qu'il y a une grande différence
entre la contre-lettre Se la déclaration au profit d'un
tiers. La contre - /ettre détruit entièrement le con-
trat ou i'ade , & fait connoître qu'il n'efl: pas fé-
rieux. La déclaration au profit d'un tiers , ne dé-
truit pas l'adle fur lequel elle eft faite : elle fait feu-
lement connoître que le droit de la propriété du-
dit ade appartient à la tierce perfonnequi eft dé-
noncée dans la déclaration , Sc au profit de qui
elle eft faite.
^ Ici lettre eft prife pour un atfle obligatoire. Can-
tre-lettre^ , ade contraire à la lettre; contrat qui
en détruit un autre.
|Cr Les contre-lettresnt font foi que lorfqu^elles font
paffées par devant Notaires , ou reconnues en jufti-
cé ; autrement il dépendroit des parties de fe fervir
d'antidatés , au préjudice d'un tiers. Il y a bien des
gens qui mettent leur bien à couvert par des fauf-
fes obligarions , dont ils ont par deveis eitx les
contre-lettres. La coutume de Paris annulle tou-
tes contre-lettres qui font faites contre la teneur
d'un contrat de mariage. Ces padions particuliè-
res qui fe font fans la participation de la famille ,
& qui ruinent les claufes du contrat , font nulles
& prohibées. Il n'y a guère de cmitre-lettres qui
ne foient faites en fraude de quelqu'un , ou
contre la foi publique ; c'eft pourquoi elles de-
vroient être abfolumenr défendues. On approuve
les contre-lettres d'un fils à fon père , qui lui a pro-
mis un avancement trop confidcrable , pour lui pro-
curer un mariage avantageux.
CONTRELIGNÈ , f. f. eft^Ia même chofe que con-
tre - vdllation,
CONTRE-MÀILLË , CONTRE-MAILLER , ter-
me de Pêcheurs." On dit un filet contre-niaillé ,
c'eft-à-dire , un filet à mailles doubles,
CONTRE-MAÎTRE, f. m. rerme de marine, c'eft
l'Officier qui eft immédiatement au deflbusj du
Maître d'équipage , & qui a foin de viiiter le vaif-
feau , de le faire agréer , d'examiner s'il eft garni
de tous les apparaux néceffaircs pour le voyage.
Il fait aufTi exécuter les ordres du Maître, tant de
nuit que de jour , & commande fur le devant , fur
l'ancrage & fur le cabeftan ; & en l'abfcence du Maî-
tre , fuivanr les réglemens du ritre 5 du livre i de
l'Ordonnance de la marine. Elle l'appelle aulTi No-
cher. Son commandemenr eft depuis l'éperon ou la
proue jufqu'au mât de mifaine , icelui compris.
Proreta. Le fécond Contre-Maître eft l'aide du Con-
tre-Maître,
Contre - Maître. On appelle contre-Maître dans
les manufadlures confîdérables , dans les raffine-
ries , clui qui eft prcpofé par l'Entrepreneur, pour
avoir la vue fur tous le<: Ouvriers.
CONTRE-MANCHE , ÉE , adj. m. & f. rerme de
blafon , parri coupé & contre-manché de fable Ss
d'argent , de l'un en l'autre. Obverjis mutuo cuf-
pidihus infecfus.
CONTREMAND , f. m. vieux terme de pratique,
CON 87J
c'eft une excufe qu'on apporte pour faire remettre
ou différer un arîtgnation. Le contranand à\ffiï(^àé
l'exoine en ce que i». par le contremarid on pro"
pofe démettre l'aflignation à un jour certain, ÔC
par l'exoine on ne propofe pas de jour certain. î.".
Dans l'exoine on propofe une caufc qu'on affirme
véritable , pour remettre l'ajournement ; mais dans
le contremand on n'eft point oblige d'affirmer.
CONTREMANDEMENT, f. m. mandement con-^
traire à celui qu'on avoir envoyé , révocation d'un
ordre. Priori prœcepto prccceptiim polierius contra'
rium. Cet Ambaffadeur ell revenu , parcequ'il a
eu un contreniandement, Ort île dit plus contre-
mandement,m^h cuntre-ordre,tcwocMon d'.unordre„
^ CONTRE-MANDER,v. a. révoquer im ordre
donné. On le dit également des pcrfonnes &: des
chofes. Le Roi avoit mandé fon Parlement, il l'ai
cont're-mandé ; j'avois commande un dîner qui ne
peut avoir lieu , je vais le coutre-mander. Vous
avez demandé votre carroffe » vous pouvez le con-
tre-mander , Je vous mènerai où vous avez affaire.
Contre-mandé , ÉE. part.
CONTRE-MARC, f.4n. terme deCharperitiers, mar-^
ques ou traits dont ces Ouvriers fe fervent pour
marquer leurs bois , à mefure qu'ils achèvent de
les fiçonner , afin de les reconnoitre dans l'afieni-
blage. /^oyf^ Marc-fr^nc.
^ CONTRE-MARCHE, f. f terme de l'art mili^
taire , qui fe dit d'une armée qui fait une marche
contraire ou oppofée à celle qu'elle avoit com-
mencé , ou qu'elle paroiffoit vouloir faite. L'armée
avoit pris fa marche vers tel endroit ; mais fur le
- bruit qui fe répandit que l'ennemi avoit fait cer-
tains mouvemens , le général lui h"t faire une co«-
tre-marche ôrelle fe rabattit fur telle plOiCe.Defleclere
abincœpto itinere , feque alio verfum convertere^
Voyez Marche.
Contre-marche fe dit auffi fur la mer, lorfquc tous les
vai/feaux d'une armée, ou d'une divifion , étant fur
une même ligne, vontjufqu'à une certaine ligne der-
rière le dernier , pour revirer ou changer de bord.
On dit qu'une armée fait la cowrre-ra^zrc/^,?, quand"
tous fes vaiffeaux changentde roure lesunsaprès les
autres dans ié même point. P. Hoste, Jés.
Contre -Marche , eft un teime deCharpentier,qui
fe dit des marches d'un elcalier.
CONTRE-MARÉE , f. f terme de Marine , marée dif-
férente , oppofée à la marée ordinaire. Il y a des
contre-marées dans certains endroits refferrés de la
mer.
CONTRE-MARQUE , f. f. eft une féconde marque
qu'on feit fur un ballot , ou autres chofes , quand
plufieuis perfbnnes ont intérêt à la chofe , afin
qu'elle foit ouverte en prélence de tous. Addita
priori notez nota pojlerior.
On le dit au/Ii de certaines marques qui font né-
ceflaires aux pièces de vaiflclle d'argent , du d'étain
pour marquer qu'on en a fair l'e/iâi ^ou l'épreuve,' &
qu'elles font de la qualité pour laquelle on les
vend. Les Orfèvres mettent leur marque à la vaif-
felle d'argent ; & elle eft contre-marquée du poin-
çon de Paris , ou de la Communauté.
gO" Contre-Marque fe dit audi d'un fécond billee
que donne le portier d'un Spedacle. Celui qui
fort du Speftacle , prend une contre-marque afin
de pouvoir rentrer quand il lui plaît. TeJJera,
Contré-marque , terme de Médaillifte & d'Antî-s
quaire, c'eft une marque ajoutée à une médaille
long temps après fa fabrication, ^es contre-marques
pourroienr être prifes pour des défauts, parce qu'el-
les femblenr des difgracesartivées auïc médailles,
dont elles entament le champ , quelquefois du cô-
té de la tête, d'autres fois du côré du revers , par*
riculièremerir dans le grand & dans le moyen
bronze. Cependant ce font des beautés pour les
Savans , qui leur font rechercher ces fortes de mé-
dailles , dont ils reconnoillênt le changement de
prix , qui leur eft indiqué par ces contre-marque:,.
8y2 C O N .
comme nous en voyons à nos fous que le peuple
nomme Tappcs , à cauie du coup qui tau 1 coton-
cure qui y demeure. Les Antiquaues ne convien-
nent pas de la ligniticanon des caraderes que 1 on
V trouve. Aux unes , N. Prob. A d'autres , N. Carp .
Casr. Rm. Ant. Aug. p. joEEr.T. Il y en a dont la
con:rc-r:iarque eft la tête d'un Empereur -.j'en ai une
de Bithynicoù il y en a trois. ]'en ai vu d autres
avec une corne d'abondance. Pour celles ou Ion
trouve se , elles ne Ibuttrent point de diiîicultc.
Id. Il tint prendre garde à ne pas contondre les
monoi;rammes avec les contre-marques. La ma-
nière de les diftin2;uer eft ailée. Les cvutn^-marques
font 'toujours entoncces , parce qu'elles lonr frap-
pées après la médaille battue. Les monogrammes
battus en même-temps que la médaille y tont plu-
tôt un petit relief. Id. ,, V r
iC? Contre-Marque , en termes de Manège , te
dit d'une fauile marque imitant le germe de fcve,
que le maquignon fait adroitement dans une ca-
vité qu'il a creufée lui-irxme à la dent d'un cheval
qui ne marque plus , pour faire croire que ce che-
val n'a que fix ans. Signurn adulunniim equi den-
titus impreffum.
CONTRE-MARQUER , v. a. appofer une leconde
marque. Jlteram priori nota notam addere. Voyez
CoxNTRE-MARQUE. Contre-murquer de la vailklle ,
des médailles , des balots.
CONTRE-MARQUE , EE. part. Une médaille con-
tre-marquée. Les médailles contre-marquées
„ font
recherchées" des Antiquaires. Vaillélle marquée de
la marque de l'Orfèvre , £c contre-marquée du
poinçon de la Communauté.
CONTRE-MINE, Li. terne de Guerre, c'eft une
voûte , ou allée fous terre tout le long de la murail-
le , large de trois pies , 6c hjute de^ fix ,
avec plufieurs trous pour empêcher l'etlort
des mines. Contrarias , adverfus cumculus. Cet
te Ibrre de contre-mine n'elT: plus en ufage. Au-
jourd'hui c'eft un puits , une galerie , un ouvrage
fouterrain qu'on tait pour éventer lamine de l'en-
nemi , & en empêcher l'effet.
§CF On appelle aulli contre-mine , une mine prati^
quée fous les baftions & fous les dehors d'une place,
pour faire faurer les ennemis , en cas qu'ils vinflént a
s'y loger. A'oye^ Mine. En bâtiflani cette place, on
a faitune coritre-mine fous chaque baftion.
CoNTRE-MiNEjfigurcment , fignifie une adreilé qu'on
trouve pour empêcher qu'un autre ne nous faflé K
mal que nous favons qu'il a defléin de nous faire.
Meliori fraude retuja fraus. On ne le dit guère,
ou plutôt on ne le dit point.
CONTRE-MINER , v. a. faire des contre-mines. Baf-
tion contre-mine. Les dehors de la place lont cor.-
tre-minés. Cuniculos agere , cuniculis tranjverjis
hofiium cuniculos excipere. Voyez Miner.
CoNTRE-MiNER,fe dit au figuré. Loin de les favori-
fer , je ferois le premier i^ contre-miner toutes leurs
menées par les obftacles invincibles quel'honneur &
laqualité de premier Prince du fang me doit obliger
d'y former pour l'intérêt du peuple. Manifej.e de
M. le Prince Louis 11 de Conde.
CcNTRE-MINÉ , EE. part.
CONTRE-MINEUR, f. m. Ceki qui fait des contre-
mines. Amicularius,
CONTRE-MONT.adv.Onl'aietélespiéscowrre-OTOw/;
en haut , en l'air. Il eft vieux. Surjum ,furfurn verfus.
Il faut des chevaux pour tirer les bateaux à coritre-
mont , pour les faire aller contre le fil de l'eau
Adverjo jluminc.
CoNTRE-MONT , adv. à coutrc fens , contre le fens
naturel , mertant en haut ce qui doit être en bas
Contra quam natura fert ; Des graines plantée^
contre - mont , c'eft-à-dire , la racine en haut , ^^
la tige en bas. Inverfa femina. Dodart. Jcad
1700. Mem. p. 5 1. J'ai choifis fîx glands qui avoient
été pofcs contre-mont, c'eft-à-dire , le calice en bas
& la pointe en haut. lo.p. 51.
CONTRE -MUR 5 petit mut qu'on' applique à un au-
C ON
tre pour le fortifier , ou pour le conferver afin que
le voifin ne foutlre aucun dommage ni incommo-
dité des conftrudtions qui font auprès. Muro mu-
rus vL-verjus , murus muro jultus. Quand on iai:
une étable contre un mur mitoyen , il faut faire
un contre-mur de huit pouces d'épaifléur , & de
hauteur jufqu'au lez delà mangeoire. Art. i83
de la. Coutume de Paris. On y eft aulli obligé en
plufieurs autres occalions. M. Bullet remarque fur
cet article de la Coutume de Paiis , que le contre-
mur ne doit point êtie lié avec le vrai mur , parce-
qu'il n'eft fait c;ue pour empêcher que le vrai mur
ne Ibit endommagé , comme étant mitoyen , & il
le icroit s'il y avoit liaifcn & continuité.
|i3° CoNTRE-MUR , terme de fortifcation , c'eft un
mur extérieur bâti autour d'un mur principal d'une
Ville.
CONTRE-MURER , v. a. faire un contre-mur. Muro
murum addere , miirum muro munire. La coutume
oblige à centre-murer les foiîês d'un privé , les
âtrcs , ùc.
CONTRE-ONGLE , & mieux CONTR'ONGLE ,
à Conir'ongle \ expreifion adverbiale , terme de
challê , qui le dit pour fignifier au rebours , lorl-
qu'on a méjugé des allures du cerf , & qu'on a
pris le talon pour la pince. In cervinis vejligiis er-
ratio. Prendre le pié de la bête à contfcngle.
CONTRE-ORDRE , f. m, gC? & mieux contr'ordre ,
révocation d'un ordre antérieur par un ordre pof-
térieur. La même chofe que contremandement ,
plus ulîté ; donner, recevoir un contr'ordre.
CONTRE-OUVERTURE , Cf. & mieux Contfouver-^
ture , terme de Chirurgie , incifion qu'on fait à
une partie dans un endroit plus ou m.oins éloigné
d'une plaie. Cette opération eft quelquefois né-
ceflairc dans les plaies , pour décharger la matière
qu'elles contiennent, £c empêcher qu'elles dégé-
nèrent en fiftule. Contra-apertura.
CONTRE-PAL, f. m. terme de blafon , qui fe dit
lorfqu'un pal eft divifé en deux parties , dont l'une
eft d'une couleur ou d'un métal , & l'autre d'une
autre couleur ou métal , ce qui fait comme deux
pals oppofés l'un à l'autre. Quand dans un ecu il
y a un pal de cette forte j on dit qu'il eft con-
tre-palé. Fcyez ce mot.
CONTRE-PALE, EE , terme de Blafon , fe dit de
l'Ecu où un pal eft oppofé à un autre pal , en forte
qu'ils font alternes , & que la couleur répond au
métal. Contrapalatus. Contrepalé de gueules &
de fable.
CONTRE PAN , f. m. terme de Coutumes. L'ordi-
naire & coutumier contre-pan en quelques lieux ,
eft l'eftime du huitième denier de l'héritage donné
à cens , ou rente , pour venir au rachat conven-
tionnel.
ifT CONTRE-PAN , dans quelques Coutumes , fi-
gnifie la même chofe que contre-gage, & quelque-
fois hypothèque.,
CONTRE-PANÉ, EE. adj. terme de Coutumes. Ren-
te contre-panée , eft une rente fur contrepans &: hé-
ritages. Voye^ CoNTRE-PAN.
Ces mots viennent de contre , ^^: dep.ind; mot
de la l:n^ue Tudefque , qui veut dire gage.
CONTREPARTIE , f. f. terme de Mufique, qui^fe
dit de deux parties opolces. Imusfummo fonus op-
pofitus. Le deillis fie la bafle font deux contrepar-
ties. On le dit de chacune des deux parties confi-
dérée par rapporta l'autre.
Contrepartie d'un compte. C'eft , en termes de Ban-
que & de Commis aux Bureaux des Fermes du
Roi, le regiftre que tient le Contrôleur , fur le-
quel il couche &: enregiftre toutes les parties dont
le teneur de livres, fi c'eft pour la Banque, ou le
Receveur, fi c'eft pour les Fermes du Roi , charge
le fien.
Contrepartie, en termes de Marquettetie , fignifie
ce qui refte d'un defTm , lorfqii'on l'a évidé fur
les baquers de cuivre , ou d'étain , pour en faire
des ouvrages de rapport, & de pl3ca?e.
"^ CONTREPASSANT,
CON
CONTREPASSANT , adj. m. terme de Blafon, Il fe
dit de deux aminaux 1' n lut raiitte , dont l'un
paflè d'un côte , & l'autre de l'autre. Corura , ex
adverjo gradiejis.
CONTRÉPAS.SATION D'ORDRE , en termes de
commerce de lettres dj change , veut dire la même
choie que rctroceUlon, en termes de Pratique, La
contrdpafJa.tion d'ordre fe tait , lorlqu'un ordre a
éré paire au dos d'une Lettre de chani;c , par une
perlbnne , au profit d'une autre , &; que cette au-
tre redonne la même Lettre de change en payement
à celle qui la lui avoit déjà donnée , &; qu'elle palîe
fon ordre en la Faveur, de même que s'il le palfoit
au profit d'une troilicmc pcrfonne , qui lui payefoit
comptant le contenu en la Lettre de change.
CONTREPENTE. f. f. On appelle contrepente dans
le canal d'un ruiiîeau, ou d'un aqueduc , l'inter-
ruption du niveau de pente , qui Fait que les eaux
s'arrêtent, foit qu'on ait mal conduit le niveau ,
foit que TafFallfement du terrain en Ibit la caulê.
Declivitatis interruptio,
CONTREPERCER , v. a. pefcer dans un fcns con-
traire. Les ouvriers fe fervent de contrepoinçons
pour coutrepercer.Ex adveijo terekrare , perforare.
CoNTRFPFRtÉ , ÉE , part. Il a les lignifications de fon
verbe en François & en latin.
CONTREPESÈR , v, a. fcrvir de contre-poids , ce
qui le dir de route force qui lert à diminuer l'et-
fort d'une Force oppofce. On ne le dit prefque point
au propre.
Il fe dit aulTî au figure, pour contre-balancer, com-
penfer, iêrvir de contie.-ço\às,JEquare-,compe-.Jare.
Ces rai(bns-là font trop foibles pour contrepejer les
autres. Les fervices que je vous ai rendus contrepej'ent
tous les dons que vous m'avez Faits. Où trouve-t'on
des gens qui comptent de bonne foi , & qui ne
mettent dans la balance le plus léger déplailîr ,
pour contrepejer le fervice du plus grand poids î
S. EvR. Il eft peu ufité , même au figuré.
CONTREPESÉ , ÉE. part,
CONTREPETTER , v. a. imiter , contrefaire , être
finge de quelqu'un. CoTGRAVE. Le Recteur Roze ,
haranguant les Etats de la Ligue , dit ingénument
au Duc de Mayenne : << Vous avez beau faite le
M Roi, & contrepetter le Biarn ois en JEdits 8c Dé-
J9 datations, en Sceaux, en Gardes, en Grands
jj Prévôts & Maître des requêtes de votre Hôtel ,
» quand vous devriez crever & vous enfler gros
M comme un bœuf, comme fit la mère grenouille,
M vous ne ferez jamais (î gros Seigneur que lui ,
»> encore qu'on die qu'il n'a pas de grailfe fur tout
M fon corps pour paître une alouette. » Satyre
Mcn. in-%°. p. <)i Se 9 5.
fer CONTRE-PIÉ , f. m. terme de Vénerie , fc
dit lorfque les chiens érant tombés fur les voies
de la bête , prennent pour la fuivre le chemin
qu'elle a fait. C'efl: aller par où la bête eft venue ,
au lieu de prendre le chemin qu'elle tient. Pren-
dre le contre-pie de la bête, feram adverfa in-
dasine Jecîari , injccîari.
gCr On a tranlpovté cette exprelïîon du fens pro-
pre au fens figuré , pour lignifier , le conttaite. Con-
traria ratio , via. Vous prenez le contre-pié de
ce qu'on vous dit, le fens tout contraire. Infenfttm
contrarium accipere. Vous prenez le contrepie de
la véritable éloquence. Ab. Ce qui fait le plus fou-
vent qu'on déplaît , c'eft qu'on cherche à plaire ,
le qu'on en prend le contre-pié. Ch. de Mer. Tel-
le eft l'antipathie de l'homme pour la raifon, qu'il
ne manque jamais de prendre le contre-pié, S.
Real.
CONTREPLEGE, f. m. ou mieux contre-pleige.Tcr-
me de Pratique & de Coutumes. Siitvas. Un
contreplège eft un certificateur de la caution , dans
les pays ou Ja caution eft appelée pleige.
CONTREPLÉGER , ou plutôt contre-pleiger , terme
de Pratique & de Coutumes , c'eft cetcifier pout
la caution , dans les endroits où pleige figni^e
caution.
Tome II,
CON 87?
CONTRE-POIDS, f. f. Ce qui eft mis pour contre-
p 1er. Sacoma , ccquipondiu/n. Le contre-poids d'une
horloge. Libranuntum. C'eft un petit poids qu'on
attache a l'extrémité du cordon du poids , afin que
le cordon s'accroche fueccliivcment aux petites
pointes qui font fur le cercle que le poids doit
laire roarncr. Les Danfciirs de corde fe fervent de
contre-poids pour tenir leur corps en équilibre.
|Cr Contre-poids fe dit en général de toute for-
ce qui lérr à diminuer l'effort d'une force contraire,.
Tantôt il eft égal à la Force qui lui eft oppofée,
tantôt plus grand , tantôt plus petit. Il eft d'ufage
dans plulîeurs arts &: métiers.
Contre-poids , en termes de Manège , fc dit de
cette liberté d'allîette du corps que garde le ca-
valier pour demeurer toujours dans le milieu de la
ielle fans pencher de côté ni d'autre , quelque mou-
vement que faife le cheval, Libr amcntum cor-^
ports.
Contre-poids , fe dit aulfi au figuré , |tCF des qualités
des choll-s qui fervent à en contre-balancer d'au-
tres-, fa lâcheté fert de contre-poids .i fon inlblcnce.
La vie de l'homme eft mêlée de profpcrité & d'ad-
vcrlitéj fans un tel contre-poids ^ cette élévation le
rendroit horriblement vain , ou cet abailfement
le rendroit horriblement abjedl. Pasc. La crainte
, de la mort rabar l'orgueil , & fcrt comme de con-
tre-poids pour rabailfer le penchant que l'homme
a à s'élever. Nicoi.. L'avarice fert quelquefois de
contre-poids \ la cruauté des Barbares. Boun.
CONTRE-POIL, ^CTfens contraire à ladifpolition
naturelle du poil , rebours du poil. Capillus ad'
verjus. Vous prenez le contre-poil.
xfT CoNTRE-poiL, (A) façon de parler adverbiale,
faire la barbe à contre-poil , ctiiUer un cheval à
contre-poil.
^Cr On le dit dans le même fens des ctofTcs. Les
Tailleuts ne doivent pas employer le drap à co«-
/re-z'OiV. BrofTer un chapeau à contre-poil •■) du fens
conrraire à celui dont le poil eft couché, pilis
adverjis.
CoNTRE-poiL fe dit aulTi au figuré j'" dans le ftyle fa-
milier feulement. Cet homme ptend toutes chofes
à contre-poil , au rebours, contre le fcns ordinaire.
Rem contra accipere quàtn par fit. Damon eft bon
homme ; mais il ne faut pas le prendre à contre'
poil.
Un efprit à contre-poil ; pour dite, un efprit qui
penfe tout autrement que les autres, & qui fe plait
à contredire.
CONTREPOINÇON , f. m. c'eft un poinçon don
difFérens ouvriers fe fervent pour contrepercer les
trous , pour river les pièces. Il y a des contrepoin-
çons barlonsrs , il y en a de carrés, Voye:^ Poinçon.
CONTREPOINT, f. m. terme de Muliquc. Nota-
rum muficarum aliarum citm aliis compofitio. C'eft
en général toute compofition qui fait harmonie •■»
mais plus particulièrement, c'eft un ou plufieurs
chants différens compofés fur un fujet donné. Com-
pofitio harmonica. On dit contrepoint afFeJlé , boi-
teux ou à la boiteufe, compofé, coloré, délié,
libre, diminué , fimple i co/zfre/jow/ au delTus ou
au delTousdu fujct; contrepoint double , entrelacé,
fait fur le champ , figuré, V\.çm\ \contrepoint fu-
gué , délié , lié , obligé , fyncopé -, contrepoint
obftiné, afFccîlé, fimple , fur le livre, &c. Le con-
trepoint fimple eft la plus fimple des compofitions
de mufique , qui fe fait note contre note , quand
une note de la bafle répond .à une note delÏÏis ; &
cette mulique s'appelle faux-hoiirdon. Le contre-
point figuré , compofé ou diminué , eft quand on
fe fert de notes de diffctente valeur pour les op-
pofer les unes aux auttes dans de différentes par-
ties, de forre que 2, 4, 8 ou i(î notes d'une par-
tie , répondent à une feule de l'autre qui eft
chantée en même temps ; ce qui fait .la pleine
mufique &: les fyncopes. Le P. Paran appelle contre-
point pre^e ou étroit-, une compofition favantc ,»
Se étroitement obfervéc , où les con Tonnantes fouc
SSSss
874 C O N
lices & n'iêlces avec les diflbnnante^ nvcc art -, con-
trepoint large , celui où l'on n'obfcrve pas fi exac-
tement ces chofes ', & contrepoint mêle , celui où
l'on Te lert tantôt du contrepoint large , & tantôt
du contrepoint ferré ou étroit. On appelle contre-
point au defllis, quand on met le fujct à la taille
ou à quelque autre partie fupérieurc \ Se la baffe
ou les autres parties qu'on fait au delfous , s'ap-
pellent contrepoint au delfous. Si le contrepoint le
tait fans aucune note fyncopée , c'eft un contrepoint
libre &: délié -, s'il y a plufîeurs fyncopes , on l'ap-
pelle lié, ou f y ne api ou entrelace; ii l'on fait des
fiigucs ou des imitations, c'cft le contrepoint fugué \
s'il cd: fait de manière qu'on le puillè chanter au-
delfous de l'on fujet fans gâter riiarinonic , c'ed: le
contrepoint double, &c. Il y a une infunté de ma-
nières àt contrepoint.
Parmi les gens de l'art , oA entend par le mot de
contrepoint une Muiîque conipofce fur un iùjer parti-
culier, qui fe tire ordinairement des chants de l'c-
glife. Rameau.
Ce nom de contrepoint vient de ce qu'on (c fcrvoit
autrefois de points au lieu de notes.
CONTREPOINTE. Voye^ Courte-Pointe.
Ip-CONTREPOINTER , v. a. piquer des deux côtés,
avec du fil ou de la foie , des ouvrages de toile , de
tafretas. Âcu dejifèpun^ereex iitrâque parte. Contre-
pointer une jupe , une couverture.
On le dit aulfi d'une batterie qu'on oppofe à une
autre. Contrepointer du canon.
fCJ" Contrepointer , dans le feiis figuré , lignife
être d'avis , de fentiment contraire , contre-dire ,
contrecarrer. Vous ne deviez pas le contrepointer en
cela. Vous le contrepointe:^ en tout ce qu'il dit. Ad-
verfari , contradlcere. Toutes les fois qu'ils font en-
femble, ils fe contrepointent.
CONTREPOINTE, ÉE.part. Il a les fignifications de
fon verbe , en latin comme en françois.
Contrepointé, terme de Blafon, quia poinre con-
tre pointe. Cufpidiius , invicern , mutuh oivcrjis.
Il porte d'argent à deux chevrons contrcpointcs d'a-
zur.
CONTREPOINTIER. f. m. Pomey dit CONTRE-
POINTEUR. C'cfl: une qualité qu'on donne aux
Marchands Tapiiliers dans leurs Lettres , à caufc
qu'ils font des matelats , des contrepointes, Stra-
gtili compunaendi opifex.
CONTRE-POISON, f. m. Antidote , remède qui em-
pêche l'efret du poifon, ^,'2//i/o/«/;2 > Antidotiis. La
Thériaque, le MithidtateSi l'Orviétan, fontd'ex-
ceilemcontre-poifons. Les contre-poifons , font ou
communs , ou fpécifiques. Les contrepoifons com-
muns, font l'angélique , la rue, le chardon béni ,
le vincétoxicum , la fcabieufe, le didlame , la fcor-
fonère 9 la zédoairc, les citrons , le bézoard , la
corne de ccrf,^^. Les fpécifiques fonr,récorce de ci-
tron , qui eft le contre - poifon de la noix vomi-
que ; la thériaque,de la morfure de la vipère ; l'huile
de fcorpion, de la morfure des fcorpions \ l'huile de
pignons, de l'orpiment ; la gentiane, de la ciguë, &c.
Linder , Médecin Suédois . dans fon Traité de Vc-
jienis , dit qu'en toute maladie , &: mauvaife difpo-
fition putride , foit qu'elle vienne de la morfure des
animaux venimeux , ou d'un alcali formé pat putrc-
fadlion , il faut avaler du vinaigre, ou fimple Se pur,
ou diftillé , ou avec du miel en forme d'oximel , ou
avec de l'oignon de fquille; que c'cft-Ià un excel-
lent contre-poijon , qui , par fon acidité corrige les
alcalis vicieux , diflbut la coagulation des humeurs,
& les met en état de pouffer le venin dehors -, que
les auttes acides ont à peu près le même effet , com-
me les efprits de virriol , de nitte , de ibufre.
Contre-poison fe dit auiri au figuré. Ce livre eft le
contre-poijon des nouvelles héréfies. Il n'y a point de
meilleur con/re-/'o//Ô7: pour les héréfies, que celui
que l'on rite de la parole de Dieu , & des dccifions
de l'éo-life.
CONTRE-PORTE, f. f. Seconde porte qu'on fait pour
C O N
fe mieux dcfendie contre l'ennemi. Ohverja in urhc,
arec porta ; ou double porte qu'on lait pour fc dé-
tendre du vent, Obverja in conclavijanua. Celle-
ci le fait ordinairement d'étoffe.
CONTRE-PORTER , v. a. vendre des marchandifes
en les portant chez les bourgeois, au li-u de tenir
une boutique. Mercesper domos ojnatim circumferre. •
Par les ftatuts de la plupart des métiers , il eil dé-
fendu de contre-porter.
CONTRE-PORTEUR , f. m. celui qui porte les mar-
chandifes par les rues pour les vendre. Circitmfora-
neiis propola. Oh a depuis appelé Colporteurs les
Contre-porteurs , parce que leurs marchandifes font
fouvent dans une manne qu'ils portent à leur cou. Jl
eft détendu aux Colporteurs de vendre par la ville
aucune toile ni étoffe neuve,
Pafquier prétend que le mot de Contre-porteur
cfl: corrompu de Colporteur : mais je ne fais fi l'un Se
l'autre ne fignifient pas proprement & à la lettre ce
qu'ils défignent , les Contre-porteurs ou Colporteurs
ayant accoutumé d'appuyer contre l'cftomac le pa-
nier qui leur pend au cou. li fe peut pourtant que
CoZ/ior/^v/r eft plus ancien que ra:.;trc mot , puifque
Rabelais s'en étoit fervi. Rem. fur la Sat. Men.
CONTRE-POSÉ, ÉE, adj. m. & f. terme de Blafon.
Il fe dit de deux pièces pofées d'un fcnsditlcrent ;
par exemple , deux dards , dont l'un a le fer en bas ,
l'autre en haut. Contra pojitu s.
CONTRE-POSER , v. a. terme de teneurs de livres
en parties doubles , quifignifie mal porter ou mal
pofer un article dans le grand Livre , foit au débit ,
foit au crédir de quelque compre.
CONTRE-POSEUR , f, m, terme de Maçon , c'eft
celui qui aide au pofeur de pierre ; c'cft-à-dirc , à
celui quimct la piciie en place d'alignement 6: à
demeure. Struclcris in collocandis lapidil us adjutcr,
CONTRE-POSITION, f. f. Avoir fait une contre-po-
Jîtion, c'eft avoir porté mal-à-propos dans un compte
du grand Livre un article ^-our un autre.
CONTRE-POTENCÉ , ÉE , adj. m. &: f. terme de
Blafon. Il fe dit de plufieurs potences pofces diverse-
ment ; l'une , le bois de traverfe en haut , & l'autre
en bas. Contrapatibulatus.
CONTR'ÉPREUVE. f. f. Voye^ Contre-Épreuve.
CONTR'ÉPREUVER. Voye\ Contre-épreuver.
CONTRE ^PROMESSE. "C'eft une déclaration de
celui au profit duquel une promcffe eft faite, qui
l'annulle , en conillfant qu'elle eft fmuiée , & qu'il
ne prétend point s'en fervir. C'eft la m.êmc chofc que
la contre-lettre. Adverjiim chirographum quo irri-
tum declaratur aller nm.
CONTRE-QUARRER. Vove:^ Contre-carrer.
CONTRE-QUEUE-D'ARONDE , terme de Fortifi-
cations , eft un dehors ou ravelin fait en tenaille ,
plus large du côte de la place que vers la campagne.
On s'en fert quand on veut couvrir une grande cour-
tine. Propugnaculurn exteriusforcipisinjpeciem ex-
truclum.
CONTRE-QUILLE , terme de Marine. Voyez Car-
LiNGifE ouEscARiiNGUE , c'eft la même chofe.
CONTRE-RAMPANT , ANTE. adj. m. & f. terme
de Blafon. Il fe dit de deux animaux rampans , dont
l'un eft tourne vers V:iinx:c.Repens & olverfus.
CONTRE-REMONTRANS , contra-remonjhantes.
C'eft le nom qui fut donné en Hollande en Kîii ,
aux Calviniftes quis'oppofèient aux Arminiens, qui
furent appelés remontrans , remonflrantes , à caufe
d'une remontrance , ou Requête qu'ils préfentèrent
aux Etats. Ct\.te remontrance , remonjlrantia ,fpoz-
toit entr'autres chofes qu'on reverroit la Confeilîoii
de Foi &: le Cathéchifme, marquant en même-temps
les raifbns de leur demande. Les Calviniftes dépu-
tèrent à la Haye fix de leurs Miniftres , qui préfen-
tètcnt aux Etats une contre-remontrance, contra-re-
monjlrantia , & c'eft de-là que font venus les noms
remontrans & de contre-remontrans.
'-p- CONTRE-RETABLE, f. m. C'eft ainfi qu'écrit
Davilcr , mieux que CONTRETABLE , terme
d'Architeiture.C'eft dans la décoration d'un autel.
C O N
le fond en forme de lambris , où l'on met un
tableau , ou un bas relief , &: contre lequel le
tabernacle efl ado/îc. Lignca com pages atafiimino in
Teccjfu impoJita,cui tJ-bernaculum obvenitur.
CON f RE-ROLE. Voye^ Conti^Ôle.
CONTRE-RONDE, f. f; C'cft une féconde ronde ,
qui le fait par une route oppofée à la première, pour
obferverii les foldats font bien leur devoir. Alura
per contrariam viain vigilidrum lullratio.
CONTRE-RUSE , f. f. ou CONTRE-FINESSE.
Rufe oppofée à rufe , pour fe défendre d'un piège
d'un ennemi. Dolus dolo retufus.
CONTRE-SABORD , f m. terme de Marine , fenêtre
qui fert à fermer le fabord. Les comre-fabords s'ap-
pellent auffi Mantclets.
^ CONTRE-SAILLANT, ad), terme de Blafon ,
qui fe dit de deux animaux qui femblcnt fautcr,ens'c-
carrant l'un de l'autre, direélement en fens contraire.
CONTRE-SALUT , terme de Marine , marque de ref-
pea , de défërcnce qu'on donne à celui de qui on a
ctéfaluc : adlion , manière pat laquelle on rend le
falut , en faifant tirer certain nombre de coups de
canon , &c. Refalutatio.
CONTRE-SANGLON, Hm. petites couttoies de cuir
clouées aux arçons delà felle pour y attacher les fan-
gles d'un cheval , ou d'autres bctcs de fomme. Cor-
Tigia.
CONTRESCARPE , terme de Fortifications , hVne
qui termine le foifé de la campagne. ffT C'elt la
pente du mur extérieur du folle ,^celle 'qui regarde
la place , & non pas celle qui regarde la campagne ,
comme le difent les vocabuliltes". Ceft le talus ou If
penchant que l'on donne au bord d'un foffé pour foù-
tenir la terie de la campagne , de peur qu'elle ne s'é -
boule dans le folle. Fojjx declivis crepido, crepidini.s
ou marginis acclivitas , declivhas in parte foffcs ex-
timâ. L.d.iontrefcarpe eft le long du folle de'la'place,
&_du côté de la campagne. On comprend quelque-
fois ibus ce nom le chemin couvert & le glacis. Etre
loge fur la comrefcarpe , c'efl: être logé fur le glacis ,
ou fur le chemin couvert. On a percéla contre] carpe.
On a attaqué , on a ihfulté la contrcfcarpe. On àt-
^taqua la contre/carpe la nuit du 6 au 7 du mois. La
'contre/carpe fut prile ,fut emportée après un com-
bat opiniâtre de deux heures. On fe logea fur la
contre/carpe^
ÇÔNTRE-ESCARPÉ , EE. adj. Prœruptus , abrup-
tus , a. Ce chemin dure deux bonnes lieues fur un
roc contre-escarpé. On voit en bas la mer , comme
un précipice , & au defllis les rochers s'élèvent (î
haut , que de part & d'autre ils font effroyables.
Du Loir, p. 559.
ÇONTRE-SCEL * f m. terme de Chancellerie , c'eft
un petit fceau qu'on applique à gauche des Lettres
fcellées fur un tiret ou lacet qui" attache les pièces
quiontfervi de fondement pour les faire palier au
fceau 3 afin d'empêcher qu'on ne les détache. Sigil-
lum figillo ex adverfo pofitum'. Les commillions
qu'on obtient pour l'excciition des Arrêts y font at-
tachées fous le contre-fcel. Les quittances de finance
& procuration adrejignandum doivent êtte attachées
fous le contre-fcel Aqs provifions. On commença d'a-
jouter le contre-fcel i qu'on appeloit d'abord le Sceau
du fecret, du temps de Louis le Jeune. D'abord ce
n'étoit qu'une fimple figure d'un aigle , d'an lion ,
d'une fleur , ou de quelque tête humaine , appliquée
fur le derrière du Sceau : ce qui lui a donné le nom
de contre-fcel. Depuis on y a mis des éculTons. Celui
de Louis le Jeune étoit alors d'une feule flcur-de-
lys. On a fouvent repréfenté ce contre-fcel cvi forme
de rofe, parce qu'elle éroit chez les Anciens le fym-
bole du fecret, d'où eft venu un proverbe qu'on di-
P ' foit autrefois , Datumfub rofâ; ce qu'on dir main-
tenant fous la cheminée,^ parler fecrettement. Quel-
ques-uns prétendent que c'eft a l'imitation de ces
rofes qu'on a fait des colliers des Ordres de Cheva-
lerie, & tous ces ornemcns ou marques d'honneur
qu'on a mis autour de l'Ecu qui ont pu fe tourner en
rond, comme la jarretière d'Angleterre , les corde-
CON §7^
lières , les guirlandes de feuilles & de fleurs,ies coua
ronnes d'épines , &c.
|p° pn appelle encore contre-fcel, un fécond fceail
quun Juge appofe fur des efretsfcellcs par un autre
Juge, lorfqueplufieurs juridictions différentes pré-
tendent avoir droit d'en faire inventaire ou d'y être
appelées. Les effets des comptables peuvent , après
avoir été icellés du Sceau du Chatelet , et* contre-
fcellcs par la Chambre des Comptes.
CONTRE-SCELLER, v, a. appliquer le contre-fcel,
Adverjum Jîgillo Jigillum apponere.
CoNTRE-scELLÉ , ée. part. & adj. Sigillum habens fi-
t^illo ex adverfo appojuiim.
CONTRE-SEING, f m. Signature de celui qui contrc-
%ne , au deffous de celle du Supérieur. Le Mande-
ment d'un Evêque porte le feing du Prélat , & lé
contre-feing de Ion Secrétaire. Certe Patente porte
fiing & contre-feing. Ce qui fepeut dire de tout es
quieftcontre-figné.
?)CrCONTRE-SÉMPLER,v.n. terme de manufadlure
en Soie , c'efl: tranfporter un deffein déjà lu fur utl
Jemple, dans un a.inîcfemple, fur lequel il n'y a rien»
fans fe fervir du miniftère de la lifeufe. Encyc.
(CFCONTRE-SENS , f m. fens qu'on donne à un mot,
à un difcours lorfqu'on le prend dans un fens con-
traire à celui qu'il a naturellement. Contrantes fen-
fus. Quand le difcours rend une autte penfée que
celle qu'on a dans l'elpiit , ou que l'Auteur qu'on in-
terprète y avoit, c'eft un contre-fens. Je vous ai bien
expliqué ma penfée, & vous avez pris le contre-fens^
Les traduiiteurs font fujets à faire des contre-fens»
Verba in contrariumfenÇum detorquere.
gcrCoNTRE-sENsfe dit aulli ctt parlant dcs étoffcs & aU-
très chofes.pour matquer qu'elles ne font pas du fens
& du côté qu'elles doivent être. Mon tailleur a pris
le contre-fens de l'étoffe.
fR?On l'emploie plus ordinairement adverbialementj,
& fouvent dans un fens figuré. Cet homme a l'efprit
mal fait, il prend tout à contre-fens & à rebours»
Les contre-vérités font des chofesqui fe doivent en-
tendre à contre-fens , dans un fens contraire. Notre
imperfeiftion nous fait prendre , pour ainfi dire, le
zèle des Supérieurs à contre-fens, & au lieu de l'ap-
prouver & de Taimer comme un moyen de fanétifi-
cation par rapport à nous, nous le condamnons, &
nous nous en choquons. Bourdal. Ex/i. T.I,p. 218,
Un fer frotté d'aimant attire un autre fer ; mais il
perd cette propriété lorfqu'il eft frotté à contre-fenSi
RoH.
CONTRE-SIGNER, v. a. ligner un ordre , ou une pa*
tente d'un Supérieur en qualité de Secrétaire, pouf
rendre la choie plus z\\i\\e.nùqut.Chirographuni chi'
rographo ex adverfo apponere. Les bievets du Roi
font contre- fignés au bas par un Secrétaire d'Etat.
Les provifions d'une Chanoinie font fignées par le
Collateut , & contreflgnées par fon Secrétaire , aufîî-
bien que les provifions des charges que donnent les
Princes. On étend fouvent ce mot à toute autre fé-
conde fignatute.
CoNTRE-siGNER fe dit auffi 'en ^patlant dcs Icttics quî
viennent des Bureaux des Miniftres , & fur l'enve-
loppe defquelles oA met leur nom & leur cacliet»
Contre-signÉ, ÉE , part.
CONTRE-SOMMATION , f. f. aélion par laquelle
une tierce perfonne appelée en garantie , en appelle
une autre en Juftice, qui eft aufîî obligée de la ga-^
rantirdela iliême pourfuite. Vadantis ad altérant
vadem appellatio. Quand une terre a paifé par plu-
fieurs mains fans être décrétée , elle eft fujette à plu-
fieurs fommations, & contre-fommations.
CONTRE-SOMMER , v. a. dénoncer \ fon garant une
d,emande en fommation , ou garantie, qui eft faite
par un nouvel acquéteur au dernier vendeur.^/»/>e/-
lationem à vadato faclam, alteri vadanti denunciare.
Un garant contre- fomme à foji vendeur toutes les
pourfuites qu'on fait contre lui. Les pourfuivans
criées contrefomment au faifi & aux créanciers les de-
mandes des oppofans , & fommcnt de leur fournir
des moyens pour les faire cefler.
S S S s s i)
§7^ C O N
fcoNTRE-èOMMÉ j ÉE, part.
CONTRE-SOMMIER, i'. m. Les Parchcminiers nom-
ment ain(i une peau de parchemin en colle , qu'ils
mettent entre le iommier &c le parchemin , lotlqu'ils
le raturent avec le fer.
CONTR'E S PALIER. Foye^ Coktre-espalier.
CONTRESTAMBORD , ou plutôt CONTRE-
ÉTAMBORD.f. m. terme de Marine, c'cfl: une
pièce courbe , triangulaire , qui lie l'etambord lut la
quille. /
CONTRESTR AVE ,& mieux CONTRE-ETRAVE,
f. f. terme de Marine , c'eft une pièce de bois courbe,
qui eft pofée au dellus de la quille & de l'etrave ,
pour les lier enfemble.
CONTRETABLE. Foye^ Contre-retable.
fp- CONTRE-TAILLES & TRIPLES-TAILLES ,
termes de Graveurs en bois , c'eft dans la gravure
en bois, des tailles croifces par dellus d'autres tailles,
ou la même chofe que les Graveurs en cuivre appel-
lent contre hachutes , ou fécondes & troiiièmes
tailles. Encvc.
CONTRE-TEMPS ou CONTRE-TEMS , f. m. temps
mal pris pout dire , ou faire quelque chofe.gCF Evé-
nement qui traverfe le fuecès d'une aiiairc , & qui
rompt les mefures qu'on avoit prifcs. Alienum tem-
pus. Il fe ttouve dans les affaires des contre-temps ,
qu'on ne peut prévoit. L'efprit humain par un contre-
temps perpétuel fait le bon Catholique quand il faut
être bon fujet , & le bon fujet quand il faut être bon
Catholique. S. RÉAi. Il eft des contre-temps qu'il faut
qu'un fage efliiie. Racine. Il fe dit plus^ fouvcnt
adverbialement. Prenez garde de parler à coritre-
temps. Une cnx.Teçn(t(3i\iZ3. contre-temps ne rcuilit
jamais. Prxpojierè , alieno tempore.
Contre-temps. C'eft ainfi que Molière a intitule une
de fes comédies , parce qu'il y inttoduit un jeune
homme qui , par plulieurs contre-temps , & par des
coups d'étourdi , rompt toutes les mefures qu'on
avoit prifes pour fervir fon amour.
CoNTRE-TEMPS , en tctmcs de manège, eft une me-
fure ou cadence interrompue en maniant , l'oit par
la malice du cheval j foit paû le peu de foin du
cavalier qui L^ monte,lorfquc le cheval continue des
ruades , au lieu qu'il devroit lever le devant.
Contre-temps , chez les maîtres en foit d'armes , fe
dit lorfque les deux ennemis s'alongent en même
temps : ce qui produit le coup fourre. Mutuapeti-
fio. Le contre-temps fe dit auifi , quand l'ennemi
prend un temps qu'on lui a prélenté à delièin par
quelque appel ou temps faux qui eft hors la mc-
fure afin de prendre le dcfliis ou le dellous , ou
de quarrçr fuivanc l'occalion.
Contre-temps , terme de danfe , §C? fe dit d'un
certain pas , lorfque le pié qu'on doit pofer étant
en l'air , on faute fur l'autre pié , avant que de
le pofer, TolUre pedem in altum , altero pede juj-
penfo , cui viJeretur injijlendum. Les contre-temps
du menuet tenfermcnt trois manières différentes de
fauter : l'une eft fautée avant le pas -, la deuxième
eft fautée après le pas , & la troilicme en faifant
le pas.
La première manière eft que lorfque vous avez
fîni votre pas de menuet ( & comme vous le fi-
niflez du pié gauche) il faut porrer le corps en-
tièrement deflus , &: approcher le droir auprès de
le première polîtion , puis plier delïïis le gauche,
& vous relever en fautant ; c'cft ce qu'on appelle
communément fauter à cloche-pié , Se c'eft fauter
avant le pas.
La 1= eft qu'ayant le corps fut le pic gauche ,
vous repliez une féconde deflus , & puis étant
plies , vous gliUcz le pié droir devant vous à la
quatrième pofition , & vous vous relevez deffus en
fautant , Se c'eft fauter après le pas.
La j": , enfin , eft que , comme vous avez le
corps pofé fur le pié droit, vous pliez deflus ap-
prochant le gauche tout auprès 5 puis en vous éle-
C O N
vant , vous le paflèz devant doucement , & voué
vous laiflez tomocr deflus en fautaat , ainfi c'eft
fauter en tahant le pas.
Mais quand vous comprenez bien ces trois temps
dilïcrcns, vous les faites tout de lùite , pour for-
mer votre contre-temps dans toute Ion étendue. Les
Dames doivent adoucir les contre-temps. Les cou-
tre-temps neconviennjntqu'à de jcunei pcribnnes ,
ôi à des perfonnes de moyenne taille.
hts contretemps lont de ces pas fautes qui ahi-'
ment la dame par les différences manières de les
faire.
Il y a le contre-temps de gavotte & le contre
temps en avant. Pour ij faire au pié droit , il faut
avoir le corps pôle lur la gauclic, étant pofé à la
quatrième polition , le droit dciriete le talon levé»
puis plier lur la gauche &c le relever en faurant
deflus : mais du même temps , la jamb: droite
qui étoit prête à partir , pâlie devant en fe por-
tant à la quatrième poliiion , &i lut la pointe du
pié , les deux jambes fort étendues ■, enfuite fau-
tant un autre pas du pié gauche en avant à la
quatrième polition , ce qui fait le contre-temps com-
plet. Il fe fait de la même manière en arrière. Il
occupe le même temps que le temps de bourrée
ordinaire.
Le contre-temps de côté fe fait différemment du
contre-temps en avant , fur-tout celui qui eft croué;
La différence eft qu'il faut plier fur un pié pour
le contre-temps en avant , & pour celui-ci on doit
pliet fur les deux. Si vous voulez faire un contre-
temps en avant du côté gauche , il fe .ait du pié
droit ayant les deux pies à la deuxième porition ,
le corps droit dans fon aplomb , 5c vous pli. z,
puis vous vous relevez en fautant. Mais comme
le mouvement que l'on prend pour fautet eft plus
forcé que celui pour s'elevcr en demi-coupé , ce-
la fait qu'en vous élevant , la jambe droite rejette
le corps fur le pié gauche , & elle refte en l'aix .
fort étendue à côté," & de fuite vous faites un pas
de cette même jambe en la croifant jufqu'à la cin-
quième pofition , en pofant le corps deflus ; puis
vous faites de fuite un autre pas du pié g2ucl\e
en le portant à côté à la deuxième pofition , ce
qui finit ce pas. Pluficurs le font foire comme le
contre-temps en avant. On fait aulfi de ces mêmes
contre-temps en tournante
CoNTRE-TEMPS de chaconne , ou contre-tenip s ouvert.
Il fe fait le pic gauche devant, & le corps pofà
deflus la jambe droite , s'approche derrière, & vous
pliez & vous vous relevez deflus en fautant fur le pié
gauche , & la jambe droite qui eft en l'air fe porte
a côté à la quatrième pofition , & le pié gauche
fe porte foit derrière ou devant à la cinquième po-
fition , ce qui en fait l'étendue.
Contre-têmps à deux mouvemens , ou contre-temps
talonne. Cette manière de contre-temps eft des
plus gracieules & des plus gaies i ce pas fe fait en
avant , en arrière & à côté , les uhs comme les au-
tres. Pour le faire en avant & du pié droit ,
ayant le gauche devant à la quatrième pofition ,
le corps pofé deflus, il faut plier & vous relever
en fautant fur le même pié , &c la jambe droite
qui eft derrière , fe palfe devant dans le même
temps que vous pliez, & fe tient en l'air fort éten-
due pendant ce premier mouvement ; mais vous
reprenez de fuite un fécond mouvement en pliant
fut le pié gauche , ce qui vous rejette fu-r le
pié droit en formant un jeté. Ainfi ce pas eft
compofé de deux mouvemens différens , lavoir,
plier & fauter fur un pié , & fe reicter fur l'au-
tre. Ce pas a pris apparemment l'épithète de talon-
né , de Bilon, fameux danfeur. Rameau.
CONTRETENANT , f. m. champion qui entra
en lice dans un tournois pour combattre celui qui
eft le tenant , qui avoit fait le premier défi. Op-
pugn itor.
On le dit aufll dans la diffute. Diiplcix s'eft
co
G Ô M
P
appelé le contretcnant de Vaugelas , dans ie li-
vre qu'il a écrie contre les remarques.
CONTRE-TERRASSE, f. £ tcrrailc élevée au-dcf-
Tus d'une autre terralle , pour quelque élcvacioii
de parterre , ou racommodement de terrain. Ter-
Tenus offgcr agereri cerreno itnpojitus:
CONTRÉ-TIRÊR , v. a. copier un deflein , un ta-
bleau , en obibrvant les mêmes traits &; mcdircs.
Exemplar aliquoil pingenao imiiari ., ce qu'on fait
par le moyen d'une toile fine , d'un papier huilé
ou autres matières rraniparentes , en marquant les
mêmes traits qu'on voit à travers. On le lait au/Ti
avec des inftrumens , comme avec le châiills , le
fînge , ou le prrallélograme des gcomctres.
On appelle aaiîi en Imprimerie contre-tir er ,
lorfque l'on tire une contr'épreuve fur une épreu-'
ve fraîchement tirée , & qu'on en imprime une
autre. Imaginem ah excuja recens imagine expri-
mere.
Contre-tiré , ée. part.
CONTRËTRANCHÉES , f. £ pi. terme de fortifi-
cation. Ce Ibnc des tranchées que l'on fait con-
tre les afliégcans , Icfquelles , par conféquent , ont
leur parapet tourné du côté des afliégeans. Fo^a
munita vallo ohjiientibus objecla. Elles font d'or-
dinaire enfilées de plusieurs endroits de la place,
afin d'empêcher les ennemis de s'en fervir , en
cas qu'ils s'en rendent les maîtres.
CONTRETRAVE. f. m. Pour l'explication ■^voye^^
CoNTRETRAVE.
CONTRE-VAIR , terme de Blafon , c'ell le con-
traire de Vair. Il fe dit des fourrures dont les
peaux font oppofées les unes aux autres , & com-
me elles peuvent l'être en trois manières, contre-
vair fe dit aulîi de trois façons. Si les bafes font
oppofées aux bafes , ayant argent contre argent,
& azur contre azur , on l'appelle (implcment
contre-vair ; mais fi les bafes font oppofées aux
pointes, on dit contre-vair en pointe, & fi les
pointes étoicnt oppofées aux pointes, on l'appellc-
roit contre-vair oppole en pointe.
CONTREVAIRE , EE. ad), terme de blafon , qui
fe dit d'un écu chatgé de contre-vairs. Ceft l'op-
pofé de vair , &: il fe dit quand le métal autre
que l'argent eft oppofc à l'azur. Contrapetafatus,
Contrevairé en pointes , Se contrevairê oppofé
en pointes. Voye^^ Contrevair où cela cft ex-
pliqué. La maifon du PlcfTis-Auger porte contre-
vairé d'argent & dazur.
CONTREVAL, vieux adv. en defceridant , en bas*
Deorfùm, C'cft le contraire de contrcmont.
Ce mot cft compofé de contra , contre , & val-
lis , val , vallée. Ce qui va contre la vallée , va en
defcendant.
CONTREVALLATION , f. f. terme de l'art mili-
taire. Contreligne ou fofl'é qu'on fait autour
d'une place afiicgée, pour empêcher les forties de
la garnifon quand elle eft forte. Fojfa munita val-
lo ^ otfell(Z urbi circumducla. Il eft bordé d'un pa-
rapet du côté de la place , & flanqué de diftance
en diftance.
CONTREVENANT , ANTE. adj. ordinairettient
employé fubftantivemcnr. Les fentcnccs qui con-
tiennent les défenfes , portent fouvent permiffion
d'emprifonner les contrevenans à ce qu'elles or-
donnent. Violator , vio/ata: rei cuji/fpiamreitSi
CONTREVENIR , v. n. faire quelque chofe contre
quelque loi , quelque coutume , ou quelque obli-
gation qu'on a contra(5i:ée. Legis fiatuta , pacfa ,
fœJus violare , perfringere. La procédure eft nulle ,
quand on contrevientà la dernière Ordonnance. Les
Infidèles contreviennent fouvent aux traités qu'ils
ont fait avec les Chrétiens. Le Roi fit punir févé-
remcnt ceux qui contrevinrent à fes ordres. Choisi.
Il contrevint aux ordres de l'Empereur. Ablanc.
CONTREVENT, f. m. grand volet qui s'ouvre &
fe ferme en dehors , & qui a toute la hauteur de
la fenêtre. Exterius fenejircz ojlium. On en met
fur - tout aux maifons de campagne , tant pour
■877
gabhtir les vitres des vents & de la grêle , que
pour les fermer & défendre les maifons des voleurs;
On appelle aufli contrevens i les pièces de bois
qui fervent à aliérmir les fermes contre la vio-
lence des vents ; quand les toits ont beaucoup de
, hauteur , on les met en croix de S. André.
CONTRE VENTER, v. n. c'eft mettre des pièces
de bois obliques dans les charpentes des bâtimens ,
pour rciîfter à Ifi violence des vents.
|t? CONTRE-VERGE , f. f. inftrument du métiec
des étoffes de foie. Baguette ronde , fans écorce, qui
fert à apprêter les verges quand il y a du poil , à
fixer les divers compofteurs dont on fe ferr au
métier, & à féparer le poil de la chaîne , pour don-
ner la facilité d'habiller les fils & de remettre. EncyCo'
CONTREVÉRITE , f. f, difcours évidemment faux
& oppofé à la vérité , fait exprès pour faire com-
prendre tout le contraire de ce qu'on dit ; par exem-
ple , en donnant des louanges à quelqu'un fur
des bonnes qualités qu'il n'a pas , on fait enten-
dre qu'il a les vices oppofés. Dire d'un poltront
que c'eft un brave , d'une femme reconnue liberti-
ne, que c'eft une Lucrèce, ce font des contreverites,
^ CONTRE- VISITE , f. f. féconde vifite des lieux
contentieux qu'une partie fait ordonner en juftice «
quand elle prétend que la première vifite faite à là
requête de fa partie adverfe , eft nulle ou vicieufe.
On appelle aufli contre-vijites , de fécondes vi-
fites de Police , ou de Commis, pour empêcher
les fraudes qui pourroient avoir été faites dans
les vifites fixées & ordonnées p>ar les réglemens.
CONTREUVE , f". f. vieuxmotqui fignifioit un conte
inventé , une fable faite à plaifir. On a dit auffi
controuvaille dans le même fens.
ÇCr CONTR'EXTENSION. Voyei Contre-exten-
sion.
CONTRIBUABLE^ adj. m. & f. terme de finances s^
qui doit fournir fa part de quelque impofitionou
dépenfe commune. Qiii defuo trihuere quidpiam tC'
netur. Les nobles ne font point contribuables pout les
tailles. Le rôle contient le nombre des contribuables,
CONTRIBUER, v.n. foi rniria part d'une im. oofitioti
ou déperifé commune. Contribuere,con ferre. Tous les
habitans doivent contribuer aux charges de ville.
Ces paroiiiiens cownYz/e«/à laconftrudion du pref
bytère. Dans ce fens, c'eft payer extraordihairemehc
une fomme pour quelque néceflité publique.
03° CONTRIBUER , en termes de guerre , fe dit en
parlant des fbmm'S que l'on paye aux ennemis
pour fe racheter du pillage & des exécutions mili-
taires. Pecuniam imperatant conferre. Tout ie pays a
contribué. Le Général a fait contribuer tout le pnys.
§Cr On le dit par abus des voleurs de rrand che-
min qui font contribuer les paffans. J'entrai dans
tme troupe d'hommes courageux qui fàifoient co/z-
tribuer les voyageurs.
^CF Contribuer fignifie encore aider j de quelque
manière que ce foit, au progrès, au fuccès d'une
entreprifè , à l'exécution de quelque projet. Ccw
ferre. Un hon me puiflant contribue à la fortune s
à l'avancement de fon protégé. Le foldar contri-
bue au gain d'une bataille. Contribuer de fcs de-
niers , de fes foins , de fon crédit , &c. Opes , vires ^
aticloritatem conferre ad alicjuid.
lîCF Contribuer fe dit encore d'un nombre de créan-
ciers qui doivent porter une partie de la perte qu'il y
a à fouffrir dans une banqueroute. Aliquid cède-
re de jure fuo , decedere. Quand il n'y a que des
effets mobiiiaires &c infuffifans pour leur entier
payement , ils font obligés de contribuer , de per-
dre fur leur dette à proportion de leur dû ; ce
qui s'appelle autrement, être payé au fou la livre ,
au marc la livre,
Contribué , ée. part.
CONTRIBUTION, f. £ payement que chacun fait
de la part qu'il doit porter d'une impoftior,ou
d'une dépenfe commune. Pecuniœ ccllatio. Il y a
des contributions forcées , comme celles des tailles
5c des ijnpots. Il y a des contributions volon taires 3
SyS CON
comme celles des frais pour taire réufîîr une af-
faire de communaiitc.
On dit que les voleurs mettent les pailans à
contribution ; peut dire,qu'ils leur font donner leur
argent , qu'ils les dévaliicnt.
Contribution lustrale. Collation iuftrale , impôt
qui le levoit autrefois fur les marchands. Collatio
iïijîralis. La troificme exemption que Conftantin
accorde aux clercs , cft de la contribution Inf-
trah , qui fe levoit fur les marchands. Fleury.
Cette contribution fc remit enfuite fur les clercs ,
car Gratien les exempta de nouveau. Foyc^ Col-
lation LUSTRALE.
^3" On appelle parriculièrement contributions ,
en terme de guerre , ce qu'on paye aux enne-
mis pour fe garantir du pillage & fe rédimer des
exécutions militaires. Tributum,vecligalimp.ratum.
Le Général a mis tout le pays à contribution ,
fous contribution. Payer , faire payer les contribu-
tions.
Contribution, en terme de Palais, fe dit du par-
tage des elFets mobiliaires du débiteur , qui fe
fait entte plufieurs créanciers , quand ces effets ne
font pas fuffilans pour les payer entièrement de
leurs créances : auquel cas il faut qu'ils peident à
proportion lur les fommcs qui leur font dues. On
a fait un procès verbal de contribution au fou la
livre. La contribution n'a lieu en matière hypothé-
caire , que quand il y a concurrence de privilège.
^C? Contribution aux dettes d'un défunt ; c'eft la
répaitition qui fe fait entré les héritiers de la maf
fe des dettes, afin que chacun d'eux en fupportc
la portion qui eft à fa charge , à proportion de la
paît qu'il a dans la fucceflion.
11 fe fait auiîî une contribution fur la met entre
îes aflureurs & les marchands alfùrcs ou les maîtres
de navire , quand il eft arrivé quelque perte ou
avatie, ce qu'ils appellent aulTi rétribution.
CONTRISTER,v. a6t. donner duchagrin,de l'afflic-
tion. Contrijliire aliquem , mœjlitinm alicui inferre,
La nouvelle de la mort d'une perfonne aimée co/z-
trijle beaucoup. Ce mot n'eft pas d'un grand ufagc.
fen terme de l'écriture-fainte , contrijler le Saint-
Efprit , c'eft retombei dans le péché , après avoir
reçu les grâces , les dons du Saint-Eiptit.
Contristé, eé. part.
CONTRIT , ITE. adj. Ce mot fe dit proprement
en terme de dévotion & fignifie proprement celui
qui a un grand regret de fes péchés par un pur
amour de Dieu , avec le vœu de remplir tout ce
qui eft néceflaire pour recevoir dignement le Sa-
crement de Pénitence. De peccatis admijfis vehe-
menter dolens , cum propofito cor.fitendi & fatif-
faciendi , dit S.Thomas. Dieu ne dédaignera pas
un cœur contrir & humilié , dit le Pfalmifte. S'at-
fliger d'un péché , &: en gémir , ce n'eft pas le
hair, comme le hait Dieu, qui n'en eft ni affli-
gé ni contrit. Boss.
Tu ne te plais , Seigneur , à d'autres facrifices ,
Qu'à ceux d'un cœur contrit.
Contrit , ite , fe dit auflî par une efpèce de
plaifanterie -, pour dire, trifte, affligé, mortifié. Il
étoit bien contrit de cette affaire.
CONTRITION , f. f. terme de Théologie , c'eft la
véritable douleur que fent un pénitent dansle regret
qu'il a d'avoir offenfé Dieu , caufé par un pur
amour de Dieu , &; par la feule conlidération de
fa bonté, fans faire réflexion fur la crainte des
fupplices que le péché mérite. Sunimus animi dolor
oh peccata adverfùs Deum infinité amabi/em com-
miffa , co/2tritio. Les Docteurs tiennent que la con-
trition fuffit pDur obtenir de Dieu mifcricorde ,
dans les occafions où l'on ne peut pas faire une
confelTion facramentale , &; qu'en cela elle diffère
de l'atttition. Il faut faite fouvent des aéles de
contrition.
CON
ifT Ce terme métaphorique vient du verbe conte-
rere , brifet j bioyer.
IJCF L'ufage l'a conlàcré , pour marquer l'état d'une
ame que le repentir déchire. Cette douleur en effet
brife , pour ainfi dire, les cœurs, & amollir la
dureté. Elle doit être intérieure , furnaturelle ,
fouveraine &c univerlélle. Il y en a de deux ibrres,
l'une parfaire, qu'on nomme fimplement contri-
tion , l'autre imparfaite, que les Théologiens nom-
ment attrition. La première eft une douleur & une
déteftation du péché , caufce par le mouvement
d'une charité parfaite. La féconde eft une douleur
& une déteftation du péché, caufce ordinairement
par la confidération de la difformité ou laideur du
péché , ou par la crainte du châtiment , & qui a
pour principe le Saint-Efprit qui n'habite pas encore
dans un cœut , mais qui l'excite & le porte au bien ,
( 5c par conféquent un amour de Dieu encore
foible. )
f3" La contrition parfaite réconcilie rhomtTse avec
Dieu , avant même qu'il ait leçu le factement de
Pénitence , en vettu du défit de recevoir ce là-
ctement.
(!Cr Si la douleur que caufe Vattrition eft accom.pa-
gnée d'une volonté fincère de ne plus pécher & de
i'elpérance du pardon-, bien loin de rendre l'homme
hypocrite &c plus grand pécheur , elle le difpofe à
obtenir la çrrace de Dieu dans le facrement de Pé-
nitence.
CONTROLE , C. m. c'eft un rcgiftre double qu'on
tient des expéditions , des adtes de finance &z de
juftice , pour en affùrcr davantage la confervation
& la vérité. Un rcgiftre qu'on tient pour la véri-
fication d'un rôle , d'un autre regiftre. Commenta- ■
rins , acla. Tenir , faire le conttôle. Toutes les quit-
tances de finance s'enregiftrent au Contrôle gcné-
lal. Il fe fait un contrôle du payement des rentes
de la Ville. L'Edit du contrôle des Bénéfices de
l'année \6^6 , contient des réglemens rrès-utiles ;
mais il a été tévoqué pour la plus grande partie en
l'année \6j^6. Le contrôle des exploits empêche
bien des antidates , des ftiponneries de Scrgcns.
On a des Commis aux portes, aux bureaux, qui
tiennent le contrôle des entrées.
îfF Contrôle des ouvrages d'or & d'argent, mar-
que ou poinçon que les Orfèvres & auttes font
obligés de faire appliquer fur tous les ouviages
d'oi & d'atgent , avant que de les mettre en vente..
Foyei Marque , Poinçon.
Contrôle eft auffi le droit qu'on paye pout ce con-
trôle. Le contrôle des exploits rapporre tant. Il
a acheté le contrôle d'une telle partie de rente fur
la Ville.
Contrôle fe dit aufll de quelques droits & impofi-
tions. On paye un droit de contrôle , quand on
taxe des dépens. Des contrôles pour des matques
de marchandifes.
fer Contrôle fignifie auflî l'office de celui qui tient
le contrôle. Le contrôle de l'Hôtel de Ville , le
contrôle des Finances, des Domaines & Bois , &c.
Quand on dit fimplement contrôk génétal , on
entend le contrôle génétal des Finances.
CONTROLER , v. a. tenir un contrôle , enregiftrer
des aéles de finance ou de juftice. In commentaria,
in acla referre. On ne délivre point de lettres de
Chancellerie , ni d'exploits , qu'ils ne ibient con»
trèlis. On contrôle toutes les quittances de finance
pout leur validité.
|C? Contrôler fignifie auffi faire mettre fur les
nouveaux ouvrages d'or & d'argent, la marque
ou poinçon qui fait foi qu'ils ont payé les droits
du Roi
Contrôler fignifie aufïi reprendre les paroles ou les
adions d'autrui, les critiquer, y trouver .\ redire.
Ar guère, vellicare,increpare,cenforid vir^ulànotare^
Il y a des gens incommodes qui conrrôlent toutes
les adlions des autres, qui ne rrouvent rien de bien
fait à leut fantaifie. Sous prétexte qu'il n'eft pas
permis de contrôler les ordres de la Providence,
C O N
nî de fonier les proibndears de fa ùgziTe , il ne
faut pas lui attribuei- une conduite injufte & biiarre.
S. EvR. Contrôler les adtions des Dieux. Aïs, Taiiez-
vous, ignorance, ce n'eit pas à vous à eomrôUr les
gens. Mol.
Car il contrôle tout ce Critique lélé ;
Et tout ce qu'il contrôle eji fort bien contrôlé.
Mol.
CONTROLE , EE, part, kdtt , contrôle , conduite
Contrôlée.
CONTROLEUR, f. m. Officier établi pour contrôler,
pour tenir le contrôle, & cerrifier que les choies
ont été contrôlées. Le Contrôleur G*cnéral des Fi-
nances. Le Contrôleur du marc d'or. Les Contrô.eurs
de^ la Chancellerie. Il y a aulli des Commis Cvn-
trôleurs d'Exploits , Contrôleurs aux portes , aux
bureaux.
fer Le Contrôleur Général des finances ed celui qui
a la diredlion & adminiftration de toutes les Wr^iw-
ces du royaume tant ordinaires qu'extraordinaires.
C'efl: lui qui contrôle & enrcgiibe tous les aiites
qui ont rapport aux finances du Roi.
Contrôleur i"e dit auifi chez le Roi, les Princes &
les Grands Seigneurs, des Officiers établis pour
régler ou ^certirier les dépeniés de leur mailbn.
Ahenœ. fiàel in gerendo muncre infpeclor. Les Con-
trôleurs généraux de la Mailbn du Roi. Les Con-
trôleurs & les Maîtres d'Hôtel des Seigneurs s'en-
tendent fouvent eniémbie.
Contrôleurs des actes, font des Commis pjrépofés
pour l'enregiftrement & le contrôle des actes de
Notaires & Tabellions royaux.
Contrôleur gênerai des rejies , eft un Oiïicicr de la
Chambre des Comptes dei'aris, créé pour faire
\£ recouvrement des reftes & débets des comptes
rendus à la Cliambre.
Contrôleur de la Marine , eft un Officier qui con-
trôle & obferve les marchés qui fe font dans un
arfenaj de îvlarine, tant pour les marchandifes &
provilions , que pour le falaire & le travail des ou-
vriers , & qui alfifte aux montres &: revues des
équipages avec le Commiffaire ordinaire. Rei ma-
ritimes infpeclor.
Contrôleurs des rentes. La première fonélionqui
efl: attribuée à ces Officiers par leur édit de création ,
c'eft d'être préfens lorfque les payeurs des rentes
font leur payement, pour en tenir le contrôle.
Contrôleur, euse , fe du aulfj figurémcnr dans le
ftyle familier des curieux & critiques , qui oblér-
vent les adlions d'autrui pour les blâmer &: les re-
prendre. Cerifor importunus. On a beau faire bien
on ne manque jamais de contrôleurs, ou de con-
trôleufes qui blâment la conduite des gens. Du
Cange dit qu'en la baife latinité on appeloit un
contrôleur , curiofus.
CONTROVAILLÉ , Ç. f. vieux mot, fable, ima-
gination.
CÔNTROVEPvSE , f. f. terme dogmatique, difpute
fur une chofe qui n'ell pas certaine , où il s'agit
d'opinions qui peuvent être fotûenues de part'&
1 d'autres. Controvcrjii. Les Aftronomes ne font
r plus en controverje fur le mouvement de la terre;
il efl: hors de controverfe. Sénèque a fait deux livres
âc-controverfes.
Controverse fe dit maintenant en un fcns plus
étroit, des difputes fur les matières de Religion
ffT qui ne font pas abfolument décidées par^l'E-
glife , ou fur les points de foi , entre les Catholiques
&: les Hérétiques. Etudier la controverfe, c'efl:-à-dire
les matiètes controverfées; prêcher iz controverfe ,
fe dit d'un Prédicateur qui difcute , éclaircit en
chaire les points contcftés entre les Catholiques tSc
les Protêftans. De re ad chrifianam fidem perti-
nente controverfia. On ne doit point craindre de
rtoubler la paix du Chiirtianifme par des contro-
verfcs, quand il s'agît d'établir les vérités de la
Religion. Rien n'efl: plus capable de ramener dans
COKf §7^
li butine voie ceux qui s'en font malheureufement
égares, que de favantes controverfes. Les ikrcti-
ques n'ont rien tant en horreur que ies controy^^jest
parce que nen ne fait mieux voir la ^auuciJ d-
leurs opmions , & ne dccrompe plus efficacement
ceux qui font dans l'erreur;
CONTROVERSE, ÉE, dilputé, débattu de part&
d autre. Controverjus. En rain les Galvinidcs prc-
tendent-ils faire du Purgatoire un point contro-
verje , depuis que l'Eglife a reconnu cette doCltmé
établie dans les Livres faints.
CONTROVERSISTE , f. m.- qui écrit , ou qui prêché
la controverle. Gontroverfi-irum de rébus adiidem
pertinemibus fcriptor. Les Cardinaux BeUânniii
& du Perron ont été de grands Controverj-ucs.
Tout le monde fe mêle d'être Controverjiite. L-s
Hérétiques ne font plus excufables de leurs é^are-
mens depuis que tant d'habiles ControverJiitS'lxcni.
ont faK Gonnoîtte la vérité. Le zélé des i^ontrovef-
Jijtes paife dans l'efprit des Hérétiques pour des
emportemens d'une ame ambitjeufe , qui allume la
dilcorde,& la dillénfion, pour fe rendre coniidé-
rablc ious prétexte de défendre la vérité. L'ardeur
des Controverjjies eft un elfet d'un amour véhément
pour les mtctets de la venté. Les Controverfltes
doivent moins ambitionner de ttiompher de ic-ir
adverlaire , que de l'erreur. Combien le zèle des
habiles Controverjijies a-t'il fait lentrer dans le iéin
de l'Eglife de bonnes âmes que Is feul malheur de
leur naiîlance tenoic engagées dàris l'erreur ! Tatit
de faintcs an-ves , réunies de bonne foi au troupeau
de J. C. font redevables de leur converiion a la fer-
veur des habiles Controverjijtes.
CONTROUVER, v. a. inventer une faufTeté, uns
impofture. Fingere , confingsre , comminifci. Cet
Avocat n'a plaidé que des faits controuvcs. Voilà
des çhofes controuvées pour l'endurcir. Il faut que
ce foit un démon , pour avoir controuvé une fi
noire calomnie. Il y a quelques gens qui croient
que controuver eft trop vieux pour s'en fervir»-
mafs il efl: certain qu'il peut êrred'ufage, pourvu
quon ne l'emploie pas fouvent ,& qLie""cû/z/r<;/,K,r
des mèiifonges efl: fort bien dit. Vaug.
=p" Ce mot a vieilli encore depuis Vaugeîas , & il
eft certain qu'on s'en fert peu aujourd'hui.
?ïrÇ?i>f ^*"°"^'^ ' "' P^"' P^^'^^^<=ommentitius.
^Ij CONTUMACEjf.ftcrmedeprocédure criminelle,
retus de comparoître , de fe préfenter au tiribunal
du Juge pardevant lequel on eft appelé pour crime,
C'eft ce qu'on appelle défaut dans le civil. Fadi-
momi dcfeclio , detraclatio. Être condamné par coti-
tumxce. Faire juger, purger \z contumace, It-iàit-^
fauts & contumaces font mis au néant , quand on
fe vient purger dans les cinq ans. Si le condamné
par contumace meurt dans les cinq ans , les patcn-,
font reçus à purger fa mémoire. La contumace n'eit
pr.s Toujours Une préfbraption que l'accufé foit
coupable. On condamne l'accufé par contumace,
nori parce que le crime eft prouvé, mais pire» que
l'accufé eft abfent. Le xMait. S. Athanafc aima
mieux fe iaifîer condamner ^p^x contumace i qnc de
fe préfenter; la railbn eft qu'un accule a olutôt de-
vant les yeux ce que les Juges peuv^ent , que ce
qu'ils doivent. Id. Par les loixRomaines on lie fal-
loir point le procès par contumace dans la premiè-
re année de l'abfence. On annotoit feulement lés
biens du fugitif, & s'il mouroit dans l'année, il
mouroit integri fîatus : mais après l'an expiré, il
étoit réputé coupable.
Ce mot vient du latin contumax , défobéiflanr-
tfT Contumace, adj. La même chofe que contumax,
II a été déclaré contumace ou contumix
rr CONTÙMACER , v. a. terme de pratique , inf-
truire la contumace, en pourfuivre l'inftruelion ,
donner les a/fignations, faire les pubiicationj &:
procédures néceflaires contre celui qui ne compa-'
roît pas. Vadimonii dsferti reum pre::unciare
judicare , aliquem ob difertiim vadimoninm jontem.
pronunciare. Il n'a point comparu pour être intcr-
88o
C O N
CO N
rogé fur faits èc articles, quoiqu'il ait étéafTignc
par trois t'ois, &c dûment contumace. Il s'eft laiHc
trompeter &i contumacer lans avoir olc paroître.
CONTUMACE , ÉE , part, jugé par coutumace , con-
damné par contumace. Dejerto vadimonio damna-
tus. Ayant été long temps pourûiivi &C contu-
mace. Fleury.
ffT CONTUM AX , terme de pratique , fynonn-ne de
contumace. On appelle ainli celui qui rcfule de
comparoître en Jurtice fur les aflignations qui lui
font données, f^adimonii deferior. Il ne fe dit qu'en
matiCre criminelle. Il a été déclaré contumax , &
comme tel déclaré atteint Se convaincu, &c.
Dans le Droit F.omain , contumax , eft celui
qui ayant eu trois fommations pour comparoître ,
ou une feule qu^on appelle peremptoire , & qui eft
équivalente aux trois autres , rcfufe de comparoître.
Contumax. Voyez Contumace.
Contumax fe dit aulfi en Théologie morale ou en
Droit canon, de celui qui ne fait point de cas des
Ordonnances de l'Eglifc , qui les méprife. Pour être
frappé de cenfure, il faut êtie véritablement co/z-
tumax, & pour être véritablement contumax , il eft
nécelfaire qu'il ait précédé au moins une monition
avec menace de cenfure , faite de la part d'un Juge
Eccléfiaftique, Contumax eft indéclinable , comme
beaucoup d'autres pris des langues étrangères. Il eft
purement latin, 6c fignifie opiniâtre, réfradaire ,
défobéiflant.
CONTUMÉLIE , f. f. vieux mot , qui fignifioit au-
trefois une vilaine injure, un honteux reproche.
Contume/ia.
CONTUMELIEUSEMENT , adv. injurieufement ,
outrageufemcnt.il eft vieux. Acad. Fr. 1718.
CONTUMÉLIEUX, EUSE, adj. qui dit de vilaines
injures , qui fair de honteux affronts. Contumeliofus
Il ne faut rien dire à cet hpmme-là -, car il eft lort
contumUicux. Ce mot eft: hors d'ufage.
CONTUNDANT, terme de Chirurgie. Voyei Con-
tondant.
, ^CONTUS , USE , ad), meurtri , froifle. Conmjus.
'• CONTUSION , f. f. terme de Chirurgie , meartrii"-
fure dans la chair ou dans les os, occafionnée par
une chute , un coup ou une comprellion violente -,
enforte que la chair eft endommagée , fans cepen-
dant aucune rupture extérieure, &: qui eft: fuivie
d'une cffiifion de fang de plufieurs petits vaifléaiix
rompus. Contujîo. Contufion interne , forte ou lé-
gère , lîmple ou compliquée. Plaie avec contufion,
CONVAINCRE, v. a. Je convaincs ,j'ai convaincu ,
je convai?iquis , je convaincrai., que je convaincue ^,
que je convainquiffe , je convaincrais. §3" forcer
quelqu'un par le raifonncnient , par des raifons
évidentes &: démonftracives de fe rendre à une vé-
rité qu'il ne comprenoit pas , ou de convenir d'un
tait qu'il nioit. Convincere. Il n'y a point d'opi-
niâtre qui ne fe laiffe convaincre par les démonftra-
tions de la Géométrie. Il a été convaincu de cette
vérité par le témoignage de fes yeux. Nous paflbns
la vie à croire , &; à ne croire point -, à vouloir nous
perfuader, fans pouvoir nous convaincre. S, Evr.
Rien ne fait mieux voir la foiblefle de la nature
humaine, qu'on foit convaincu de la raifon. Se
qu'on ne la fuit pas. B. Rab.
Convaincre fîgnifie aufll prouver un crime ou un
fait qu'on défavoue-, montrer par preuves authen-
tiques qu'un accufé eft coupable. Convincere ali-
quan crimine. Ce criminel eft atteint Se convaincu
d'aHâffinat. J'avois une fi grande confiance en vous ,
que vous auriez pu me trahir , fans crainte d'être
convaincu, Vill.
Cefl à des cœurs formés pour de faibles vertus ,
A fe croire innoccns , s'ils ne j'ont convaincus.
Breb.
CONVAINCU , UE , part. 03" Le ftyle de cette
formule que les Juges emploient dans les Sentences
criminelles , dûment atteint & convaincu , paroîr
aifez bizarre. C'eft plutôt le Juge , dit - on , qui
eft convaincu du crime , que l'accufé , lequel
dénie ordinairement le crime. Quand il en feroic
intérieuremenr convaincu , on ne peut pas Tac-
cufer , puifqu'il ne le manifefte pas extérieure-
ment. Il arrive même quelquetois que des inno-
cens font condamnes comme coupables , foit fur
de faurtes dépolitions, foit fur j des indices trom-
peurs. Il eft bien certain dans ce cas que l'accufé
n'cft point intérieurement cojivaincu du crime. Il
femble donc que la forme de déclarer un accufc
atteint & convaincu, ne conviendroit que dans le
cas où il avoue le crime, &: que quand il le nie,
on dcvroit feulement le rcputer coupable. Cepen-
dant on ne fait aucune diftindtion à cet égard , &
l'ufage a prévalu.
fCr CONVAINQUANT , ou plurôt CONVAIN-
CANT , ANTE , comme on écrit aujourd'hui , adj.
qui a la force de convaincre. Raifon convaincante.
Argument convaincant. Ratio probatijjïma, certif-
fima , argiunentum jirmijjimum. La dcpofition de
deux témoins non reprochés , pa(fe pour une
preuve convaincante. Les preuves de la Religion
font fi convaincantes , qu'à moins d'un aveugle-
ment volontaire , on eft obli2:é d'y foufcrire.
tfT CONVALESCENCE, f. i. éïat d'une perfonnequi
relève de maladie & recouvre infenfiblcment la
fanté , reprend des forces. Ab adverjd valetudine
recreatio. La convalescence eft un état où il fe faut
bien ménager. Le moindre excès peut caufer des"
rechûtes dangereufes. Prendre part à la convalej-
cence de quelqu'un.
CONVALESCENT , ENTE. adj. & f. qui relève de
maladie & recouvre infenfiblcment la fanté. Ex
morbo convalefcens. Les convalej'cens ont bon ap-
pétit, mais ils doivent manger fobremenr.
tfr CONVENABLE, adj. m. & f. décent, prop(^-
tionné , conforme. Ce mor exprime particuliè-
rement la confotmicé des allions avec les opi-
nions reçues , l'ufagc & la coutume, deux efpècc«;
de loix indépendantes de la raifon , dans ce qui
concerne l'intérieur de la conduite. Conveniens ^
cengruens. Il n'cft pas convenable à un homme
fage de faire telle chofe. Cette charge , certe com-
milllon ne vous eft pas convenable , n'eft pas con-
venable à votre rang , à votre dignité. Un grand
fervice demande une récompenfe convenable ^ aulîi-
bien à la perfonne qu'à l'aftion. Il faur que le dil-
cours de l'Orateur (oit convenable à celui qui parle,
à celui qui écoute , & aux circonftances du lieu Sc
du remps. S. Evr.
CONVENABLEMENT , adv. d'une manière conve-
nable. Convenienter , congruenter. On a traité cet
Ambafladeur convenablement à fa qualité.
^CONVENANCE, f. f. terme relatif aux chofcs,
&qui paroit exprimer le plus ou moins de confor-
mité, les différens rapports qu'elles ont entr'elles.
Convenientia. Mais comme ces rapports fe multi-
plient à l'infini, il eft bien diflficile de donner de ce
terme, une notion générale qui foit ^bien cxaifle, Sc
applicable à tous les cas.
^CT II eft quelquefois fynonime à conformité. Pour
bien parler des chofcs il faut fçavoir les convenances
& les différences. Le blanc & le noir n'ont aucune
convenance enfemble. Quelle convenance y eut-il,
entre l'offrande & celui qui la recevoir ? Godeau.
^CF Convenance exprime fouvent des rapports plus
éloignés, d'âge, d'érar , de fortune,de tempérament,
de caraiilcre & d'humeurs , &c, ; comme quand on
dit qu'il y a convenance entre deux partis qui fe ma-
rient. Garder Isi convenances dans ce cas , c'eft con-
fulter ces différens rapports.
§3° Convenance eft quelquefois fynonime à bien-
féance , commodité. C'eft ainfi qu'on dit qu'un tel
a fait une acquifition, un échange de telle terre par
raifon de convenance. Souvent auffi il exprime les
égards qu'on a pour les opinions reçues ; il n'y au-
roit pas de convenance ù en ufer de la forte.
^ On
1
C O N
gcTOn appelle, en morale, râifons de convenari::., cel-
les qui ibnt plaulibles & probables , & qui ne font
point démonllratives.
§CF On appelle proprement raifori de convenance ,
une railbn tirée de la néeeflitc d'admettre une cho-
ie comme certaine pour la perfcdiion d'un l'yftême,
d'ailleurs folide , utile & bieti lié; mais qui i'ans ce
point là le trouveroit défetlucux : quoiqu'il n'y aL
aucune raiibn de llippoler qu'il pêche par quel-
que défaut ertèntiel. Par exemple ,un grand ôc ma-
gnifique palais fe préfente à notre vue : nous y re-
marquons une fymctïic & une proportion admira-
ble : toutes les règles de l'art qui Ibnt la foliditc ,
la commodité & la beauté d'Un édifice, y font ob-
fervées : en un mot , tout ce que nous voyons du
bâtiment indique un habile Architede. Ne fuppo-
fera-r'on pas avec raifon , que les fondcmehs que
nous ne voyons point, font également folidcs &
proportionnes à la malfe qu'ils portent ? Peut-on
croire qu'un habile ArchitcCle le foit oublié dans
un point fi important. Il faudroit pour cela avoir
des preuves d'un tel oubli, ou avoir vii qu'en eiFet
les fondemens manquent, pour préfumer une cliofe
il peu vrai-fcmblable. Qui eft-ce qui lur la fimple
poiîibilité mctaphyfiquej qu'on ait négligé de pofer
cesfondemens,voudroit gager que la choie eft ainfi?
§Cr Le fondement général de cetre manière de rai-
Ibnner, c'eft qu'il ne faut pas regarder feulement
ce qui efl: po/lible , mais ce qui efl: probable ; ^'
qu'une vérité peu connue par elle-même , acquiert
de la vrai-femblance par fa liaifon naturelle avec
d'autres vérités plus connues. Ainfi les Phyficiens
ne doutent pas qu'ils n'ayent trouvé le vrai i quand
une hypothèfe explique heureufement tous les pi é-
inomènes ; & un événement, quoique peu cornu
dans l'hiftoirc, ne paroît plus doutcuS:, quand en
voit qu'il ferr de clé & de bafe unique à plufieits
autres évériemens très-certains;
^3" C'eft en grande partie fur Ce principe que rou-
le la certitude morale , dont on lait tant d'ufatie
dans la pliipatt des fçiences , auiïi bien que dans la
conduite de la vie , Si dans les choies de la plus
grande importance pour les particuliers , pour
les familles 6i pour la fociété entière.
ffj" Ces raifons de convenance font plus ou moins
forres à proportion de la néceflité plus ou moins
grande fur laquelle elles fe trouvent établies. Plus
les vues & le deflein de l'Auteur nous Ibnr connus,
plus nous fommes aifurcs de la fagefle & de fes
autres qualités \ plus ces qualités font parfaites ,
plus les inconvénicns qui réfultent du fyftêmc op-
pofé , font grands ; plus ils approchent de rabfur-
dé, Se plus aulTi les conféquences tirées de ces for-
tes de conlîdérations , deviennent prefTantes : car
alors , on n'a rien à leur oppoler qui les contreba-
lance -, & par conféquent c'eft de ce côté là que la
droite railbn nous détermine.
IpCT On appelle auilï raifons de convenance , des rai-
fons de pure bienféance , des égards pour les opi-
li_. nions reçues. Souvent nous n'allons pas chercher fi
K. loin les raifons de convenance , nous les trouvons
B dans une certaine complaifance pour nous-mêmes,
K dans nos goûrs , dans notre état , dans notre fan-
■' té , & qui pis eft , dans nos intérêts.
^fT On voir par là combien il eft difficile de don-
ner une notion exacte & précife de ce qu'on ap-
pelle convenance. Elle confifte , difent les Encyclc-
pédiftcs, dans des confidérations tantôt raifonna-
bles, tantôt ridicules, fur lefquellcs les hommes
font perfuadés que fur ce qui leur manque &: qu'ils
recherchent, Icut rendra plus douce ou moins oné-
teufe la poficiîlon de ce qu'ils ont.
Convenance s'eft dir autrefois pour accord. L'acftion
de convenir avec un autre de quelque chofe. Gom-
pojitio , concordia; concurdia reconciliatio. On dit
aulTi convenance , pour promeflè , paéle •, & tenir
le convenant-, pour dire, taire la chofe que l'on
étoit convenu de faire.
CONVENANCER , v. a. vieux mot j faire paélion ,
Tome 11,
GÔ N
Ui
demeurer d'accord par ftipulatioh ou autrcmeht
d'une chofe qui eft difputée entre les parries. Con-
venancer une fille ou une femme à futur mariage i
c'eft-à-dire fiancer. Convenance, ftipulé , d'une cer-
taine manière , coutume locale de la ville & ban-
lieue d'Amiens. Art. 4.
CONVENANT , ANTE, adj. fortable, bicnfcant,
Conveniens i congruens. L'amour ^ la galanterie ,
n'eft pas une chofe convenante à un vieillard. H
n'eft plus d'ulage.
CONVENANT , f m. terme fait de l'Anglois conve-
nant, qui eft fréquent dans les Auteurs qui onr écrit
l'hiftoire d'Angleterre. Il fignifie confédération *
ligue , alliance. Fœdus. On appelle convenant la
confédération qui fut faite en Ecofle en 1658, peut
changer les cérémonies de la religion. Le Parle-
ment d'Angleterre ligna le convenant en i(?45;
Convenant, ou convenant juré. f. m.'Ce mot s'éll
dit autrefois pour paélion > dit NicoD.
CONVENIR , V. n. je conviens , je fuis convenu ^js
convins , je conviendrai , ^^ demeurer d'accord ,
être du même fentiment. Confentire , fateri , con-
venire. Tous les peuples conviennent que les fii-
crilèges, les meurtres & les adultèrcs,lbnr de grands
crimes, ^^e conviens de tout ce que vous dites. Con-
venir d'experts, du tems, du lieu.
DCr Convenir fignifie auHi être conforme , avoir du
rapport , de la reîfemblance. Convenire ,congruere.
Les dépolirions des témoins qui conviennent foht
une preuve. Ce pafiage convient, a du rapport avec
tel autre.
Convenir fignifie auffi , être propre , fortable , bien-
fcanr. Convcnire , congruere. Cet homme eft
forr habile, une grande charge lui conviendrait
bien. Ces difcours ne conviennent pas., ne font
pas bienfcans à un homme de fa robe. L'inftintS
de la narure nous porre à ce qui nous convient i
& nous obligé de ramener roint à nous-mêmes. S.
EvR. Des mœurs fi rudes & fi grolfières conve-
naient à la République qui fe formoir, Id. II m'ot-
frir plufieurs chofes qui ne me convenoient pas*
'JCrCoNVENiR , dans cette acception, fe conjugué avec
l'auxiliaire avoir, ic s'cmploye avec la ptépofirion
à, au lieu que quand il fignifie demeurer d accord,
il fe conjugue avec être , &c s'employe avec la pré-
pofiridn de. Cette maifon m'a convenu ; &c je fuis
convenu du ptix.
03° Convenir , en matière de délibération , figiiî-
fie la même chofe qiie être à propos, être expédient,
& alors il s'em.ploye perlbnncllemenr. Convenire i
expedire , congruere. On fut long tems à délibérer
fur ce qu'il convenoit de faire en une telle con-
jondlure. On trouva qu'il convenoit de rafer la pla-
ce qu'on ne pouvoir défendre.
Convenir fe dit aulli , en Grammaire & en Logique i
pour marquer la conformiré. Il faur que le nom
fubftantif & l'adjedlif conviennent en genre , en
cas & en nombre. Convenire , concordare , con
gruere. Il faut que l'attribut convienne au fujet >
l'épithcte à la chofe.
Convenir i en termes du Palais , fignifie aflîgner
en Juftiee , former une demande contre quelqu'un.
Convenire i in jus vocare. Il aéré convenu t aifigné
en déclaration d'hypothèque.
^fj" Dans Rabelais convenir eft fynbnimé avec s'af-
fembler. Il eft tout latin, Convenire,
CONVENU, UE, parr, Congre(fus,commiffiis.Lts^yi'
perrs convenus , les arbitres convenus ont rapporté^
ont jugé, &c.
Convenu , ue , fe dit padlvefnent d'une chofe dôrit
on eft convenu-, arrêté, fixé, d.èitzm\nQ:. Ratus ,fi-
xus , unanimi conjenju receptus. Il y a près de 60
ans que le fcavanr Bofluer foùrenoit comme une
chofe certaine , avérée & convenue enrre toutes lés
parties, que ce jugement du livre de Janfcnius a
été rendu par le S. Siège, (S-c. Cette théorie n'eft
pas encore convenue de tour le monde. Phrafc
barbare & qui doit être bannie de la langue. On
^it : tout le monde ne convient point de cette
TTTtt
882.
CO N
théorie. Convtnii-,tn ce fens, a un rcgime,&: ne fe du
tout au plus qu'au Palais.
CONVENT. A'oj.-{ Couvent. _
CONVENTICULE , r. m. gO" petite aflemblce. 11 fc
. prend roujouts en mauvail'e parr pour une afîem-
blce illicite, irrcgulièrc, icditieule. Co«vt««c«-
lum. Les Occidentaux regardèrent d'abord le cin—
quicme Concile - Général comme un conv cnticuk
illicite. P. DouciN.
CONVENTION, i". f. IP" Convention , chez nous ,
eft le confentement de deux ou de plulieurs per-
Ibnnes fur une même choie , dans la vue de con-
tracter une obligation. Conventio , convcntum. Lq
confentement eft le principe de la convention.
L'accord eft l'eftet de la convention. D'un com-
mun confentement ils ont fait une convention qui
les met d'accord. Il y avoir chez les Romains deux
fortes de conventions , le paéle fmiple &c le con--
trar-, mais parmi nous, toute convention qui n'cft
pas contraire aux bonnes mœurs , eft contrat &
produit une obligation civile. C'eft d'après cette
diftinélion qu'il faut entendre quelques exemples
qu'on cite ici.
Toute convention faite entre les hommes , qui
n'eft pas contre l'honnêteté , & les bonnes mœurs ,
produit une obligation naturelle , qui fait que
les hommes font obligés de fatisfiire à ce qu'ils
ont promis. Instit. du Droit. Toutes les con-
ventions ont un nom ou une caufe j en ce cas elles
obligent civilement ôi naturellement ; ou elles font
fimples , fans nom &: lans caufe ; alors elles n'obli-
gent que naturellement. Nous avons fait enfcm-
ble une telle convention verbalement. Conventum ,
paSum, conventio , paclio. Une femme féparée de
biens agit pour répéter fes conventions matrimo-
niales. Ceft une convention tacite que les hom-
mes ne fe font affemblés en fociété que pour leur
confcrvation commune. S. Evr. Toutes les con-
. tentions entre un ufurpateur ,"& la narion qu'il
. fubjugue , font nulles de plein droir, parce que la
force'd'un côté , &c la néceUité de l'autre , en font
le principe. Id. En conféquencc de la convention
commune, qui tait le bien de la fociété, celui qui
la viole fe trouvant plus foible que le refte des
contradians , eft obligé de fubir la peine de la
loi. Maleb,
fer Conventions matrimoniales font celles qui font
portées par un contrat de màfiage , qui fervent de
loi dans la famille , 6^ auxqtielles les conjoints ne
peuvent déroger.
^fTOv^ appelleauffi conventions matrimoniales, les
difpofirions de la loi , dont les conjoints peuvent ,
après la dilfolution du mariage ou de la commu-
nauté, demander l'exécution.
flO" On dit quelquefois qu'un homme eft de diffi-
cile convention ; pour dire, qu'il eft peu ttaitablc.
minime traclabilis.
Convention , terme d'hiftoire , nom que les Anglois
ont donne à J'aflémblée extraordinaire du Parle-
ment, fans Lettres-Parentes du Roi , fiite en l'an-
née 1(589 , après la retraite du Roi Jacques II. Le
Prince & la Princefle d'Orange fureur appelés par
la convention pour occuper la place du Prince &
de la Princeife légitime que la révolte de leurs fujets
avoient obligé de fe rerirer.Laco«rc-«/wH hir auHi-
tôt convertie en Parlement par le Prince d'Orange.
CONVENTIONNEL , ELLE , adj. aéle qui a été
fait avec certaines conventions entre des parties.
Paclitius. En matière de faiiics réelles , on conver-
tit les baux conventionnels en baux judiciaires. Re-
trait conventionnel.
Dans la Congrégation des Barrhclémites , en Al-
lemagne, on a iait^un ferment qu'on appelle co«-
vcntionnel , par lequel on s'oblige .à ne point fe
fcparer du Corps de fon propre mouvement. Père
HÉL. T. Fin, p. iii. Les Prêtres , dits Bavthélé-
mitcs,en entrant dans cette Congrégation, prê-
tent un ferment qu'on appelle conventionnel., par
, lequel ils s'obligent .à ne point fe fcparer du Cor^s
CO N
de leur propre mouvement. P. Hél.
CONVENTIONNELLEMENT. adv. Ce motfe trou-
ve dans Pomey , pour fignifier fous , ou par con-
venrion. Ex ccnvento, ex pa&o.
CONVENTRI , ville au Nord de l'Angleterre , du
côté de l'Ecoffe. ,
CONVENTUALITE, f. f. Société de Moines qui
'vivent enfemble dans une maifon érigée en Cou-
vent. Societas religioja , familia. On a rétabli la
conventualité dans pluiieurs Prieurés qui pailbient
pour fimples ■■, c'eft- a-dire , on y a mis des Religieux
pour deliérvir le bénéfice. Par une déclaration du
6 de Mai i(Si5o , le Roi a décidé que la conven-
tualité ne pourra être prefcrite par aucun laps de
temps 5 quel qu'il puiifc être , tant qu'il y aura des
lieux réguliers fubiiftans pour y mettie dix ou dou-
ze Religieux, &c que les revenus des bénéfices l'e-
ront fuffifans pour les y entretenir. Conventualité
lignifie proprement ici l'état ou la forme d'une mai-
fon religieufe, ce qui établit , ce qui conftitue uns
fociété , une maifon religieufe , qui confiftc dans
la dilcipline religieufe.
CONVENTUEL , ELLE , adj. qui appartient au
Couvent, qui concerne le couvent. Religiojo catui^
conventui communis. Il fe dit premièrement de la
maifon qui eft habitée par des Religieux , &: qui
a des lieux réguliers. Les Prieurés conventuels ne
fe peuvent poifcder lans Bulles. Ils fe donnent à la
charge d'être Prêtre dans l'an. Il y a des Prieurés
aétuellement conventuels , d'autres qui le font feu-
lement par habitude , où il n'y a point et', de Re-
ligieux depuis 40 ans. Prioratus ccetu frequens ,
conventu injtrucius. S'il y a encore un feul Reli-
gieux, le Prieuré demeure conventuel aciu. Mais
s'il n'y en a point du tout , ils pallént pour lim-
ples, & s'obtiennent fous une lignature ordinaire.
Conventuel fe dit aufli d'un Religieux qui habite
aélucllement le couvent, à la diftimStion de ceux
qui n'y font qu'hôtes , ou paffagers , ou qui onc
des bénéfices dépendans de la maifon. Monachus in
eanobio hatitans.
Conventuel fe dit aufli du revenu du QoMStwx.Redi-
tus Religioji conventus, La mcnfe conventuelle eft
féparée "de l'abbatiale par un partage fait un tel.
jour. On a fait des unions des ofîices clauftraux à
la mcnfe conventuelle , qui l'ont fort augmentée.
On appelle auffi Melfe conventuelle , la grande
Melfc qui fe dir dans le couvent , où airiftc or-
dinairement toute la communauté des Religieux,
à la diiférence de celles qui fe chantent pour des
obits, ou des fondations, Miff'a totius conventùs
Conventuel , dans l'hifiolre du Monachifme , fe dit
d'une partie de l'Ordre de S. François. Conventua-
lis. Le nom de Frères Mineurs conventuels , ayant
été donné dès l'an i ijopar InnocentlV , à fous les
Religieux de l'Ordre de S. François quivivoient
en communauté , pour les diftinguer tant de
ceux qui lé retiroient dans des folitudes pour y
obferver la règle dans une plus grande perfeélion,
que de ceux qui étoienr hôres ou étrangers, on l'at-
tribuoit également à ceux qui étant portés au relâ-
chement , s'y oppofoient. Mais lorfquc Léon X,qui
ne put réufîir dans le defléin qu'il avoir de réunir
tout l'Ordre dans une même obfervance, eut don-
né par les Bulles de l'an 1517 , le nom de con-
ventuels à ceux qui perfiftenr à vivre dans le re-
lâchement ,& qu'ils voulurcnr jouir des privilèges
qu'ils avoienr obtenus de pouvoir pofléder des
fonds & des revenus , l'Ordre fe vir partagé en
deux corps , & on commença à diftinguer ces Re-
ligieux fous deux noms difFérens. Ceux dont nous
venons de parler, fous le nom de conventuels , &
les autres, fous le nom d'Obfervans. Ils ont cha-
cun un Miniftre général ; mais celui des Obfervans,
comme Miniftre'général de tout l'Or Jre, a la pré-
éminence ôc l'autorité fur celui des conventuels. Il
le confirme , & les conventuels doivent donner la
prcféance aux Obfervans dans les cérémonies J^les
a6le$ publics , comme il eft porte par la Bulle dç
C O N
Léon X,de l'an lîiy, &: par un concordat que
CCS deux corps firent enfemble le 8 Juillet de la
même année. Malgré les tentatives des conventuels,
tout cela a été confirmé pat un Décret de la Congré-
gation des Cardinaux, du ii Mars i<j3 i , & encore
du 12 Avril de la même année. Il y avoir en El-
pagne parmi ces conventuels des particuliers , qui ,
ne fe contentant pas des privilèges qui leur avoicnt
été accordes , avoienr en propre , des terres , des
maifbns &: des revenus , les uns fe diiant conven-
tuels-, & les auties clauftraux. Sous le règne des
Rois Catholiques, Ferdinand & Ifabelle, par les
ibins du Cardinal Ximénès , ces abus furent abo-
lis, & l'on ôta aux conventuels prefque toutes leurs
maifons, & on les donna aux Obfervantins. On fit
quelque chofc d'à peu près lemblable en France ,
en Allemagne & dans les Pays- Bas. /^oye{ le P. Hél.
T. VU, C, 22. Dominic. de Gubernatis , Orl^is Se-
raph. T. II , L. 9. Fortunatus Hofpitel , yînciquio-
ritas Franclfcana. Gabriel Fabet , fpeculurn Fran-
cif. Religion.
Il y a des conventuels réformés. On en diftin-
gue deux Congrégations, l'une inftituée en confc-
quencc d'une Bulle de Léon -, mais qu'on ne fçait
ni quand, ni comment elle fut établie. L'autre com-
mença fous Sixte V, par le zèle &: le foin d'An-
toine Calafcibare , de Bonavcnture de Partane ,
de Martin de Tauroraine & d'André de Novelle ,
Religieux conventuels. Sixre V confirma cette re-
forme par une Bulle 'de l'an 1587, voulant néan-
moins qu'ils fudént toujours unis avec les conven-
tuels , & qu'ils ne fillent qu'un même Corps fous
un même Général & les mêmes Provinciaux ; que
leur habit feroit d'une étoffe grolfière & de cou-
leur cendrée, le capuce en forme de grand camail,
avec la rofétte en rond , féparé de la tunique -, qu'ils
iroicnt nuds pies , & qu'ils auroient le choix de
porter des focques de bois ou des fandales de cuir.
Urbain VIII les iupprima , & les réunit aux con-
vetituels. Ils le maintinrent néanmoins dans le
royaume de Naplcs ; mais Clément IX ayant don-
né leur maifon de Naples aux DéchaufTés de S.
Pierre d'Alcantara , ils aimèrent mieux pafTer chez
eux , que chez les conventuels. Ainfi cette réforme
qui ne s'ctoit point étendue hors de l'Italie, n'y
fubfifte plus. Dominic. de Gubernatis, Orb.fera.ph.
T. II, L. 9. P. HÉLYOT , T. VU, C. 23.
Les Grandmontains fe font auffi appelés conven-
tuels. Voyez Collégiate.
CONVENTUELLEMENT , adv. ^ en commu-
nauté , félon l'ufage & les règles de la fociété re-
ligieufe. Ces Religieux vivent conventiiellement. In
fociétate. Conventuellement aflemblés au fon de la
cloche. On dit plutôt capitulairement en ce cas. Vo-
cati in confejfum.
^ CONVERGENCE , f. f, terme de Géométrie &
de Dioptrique. En Géométrie , c'eft l'état de deux
lignes qui vont toa'jours en fe rapprochant , de ma-
nière qu'étant prolongées, elles fe rencontreroient.
En Dioptrique, c'efl de même. La difpofition des
rayons d'un corps lumineux, qui approchent tous
les uns des autres julqu'à ce qu'ils fe réunifient en
un point. Convergentia. La dircélion qu'avoient
les rayons partis d'un feul point , lori'qu'ils ont
rencontré un fécond milieu, c'eft-à-dire, leur di-
vergence , leur parallélillne ou leur convergence.
AcAD. DES Se. 1 704. ffiji. p- 77. Il faut , pour con-
noître le degré de la divergence ou de la convergence
des rayons qui ont été rompus par une furface courbe
connoître le degré de fa courbure. Ibid. &fe<j. Ja-
mais les rayons d'un même point ne peuvent tomber
convergens fur une furface que par accident , c'efl-à-
dire, à moins qu'ils n'aient été déjà lompus pat une
autre furface qui ait changé leur divergence natu-
relle en convergence. Ibid./?, 80 Donner une con-
vergence plus forte , & faire avancer le foyer fur le
rayon. Ib. p. 80.
f3- CONVERGENT , ENTE. adj. tetme de Géo-
métrie & de Dioptrique. C'eft l'oppofé de di-
CON 883
vergent. On le dit en Géométrie des lignes qui vont
en le rapprochant continuellement , de façon
qu'étant prolongées , elles fe rencontreroient "en
quelque point. Et en Dioptrique on le dit des
rayons de lumière qui ont fouffert réfraélion
en pafîant dans un milieu plus denfe que celui
où ils étoient , en forte qu'ils fe rapprochent
pour tendre à un môme centre. Adunatus , con-
vergens. Les verres convexes & omphaloptres
rendent les rayons convergens ; les concaves les
rendenr divergens. Ceux-là s'approchent , &; ceux-
ci s'écartent de leui centre.
En quelque endroit que les tayons qui partent
de tous les points de quelque objet , viennent à
fe rencontrer en tout autant de points après avoir
été rendus convergens par réflexions ou par ré-
fraction , ils feront-là une peinture de l'objet ,
fur quelque corps blanc qu'ils viennent à tomber.
Newton. Opt. trad.
^fT Quelques Géomètres ont aufTi fait mention d'une
proportion,d'uneféric co«vérg««re.Ilsappellentainfi
celle dont les termes vont toujours en diminuant.
CONVERGER, V. n. terme d'Optique, qui fe dit
des rayons qui après avoir été rompus , s'ap-
prochent les uns des autres , & vont fe réunir
dans un même point. Accedere ad je inviccrn ; &
in unum puncîum tendere , convergera. Les rayons
homogènes qui venant de différents points d'un
objet , tombent perpendiculairement ou prefque
perpendiculairement fur une furface plane ou fphé-
rique , réfléchiffante ou réfringente , divergent en-
fuite d'autant d'auttes points ou bien deviennent
parallèles à autant d'autres poinrs , & cela avec
une entière exadiitude au fans aucune erreur fen-
fible. Newton. Opt. trad. Le point d'où les rayons
divergent ou auquel ils convergent , peut être ap-
pelé le foyer de ces rayons. Id. La lumière qui
part de différens points de l'objet fouffte de telles
réfradtions en paifant par les tuniques , & les hu-
meurs de l'œil , que convergeant elle fe réunit en
autant de points au fond l'œil , & y trace l'i-
mage de l'objet fur la rétine. Id. A pareilles in-
cidences du bleu & du rouge fiir la lentille , le
bleu étoit plus rompu par la lentille que le rouge,
de forte qu'il convergeait un pouce & demi plus
près de la lentille , &. par conféquent le bleu ell
plus réftangible que le rouge. Id.
Converge , ÉE. part. & adj. raffemblé en un même
point en'rapprochant. .T?^w/2(Z/«j, congre^atus , a.
La lumièie qui failbit l'extrémité violette de l'i-
mage, fut d'autant plus convergée, &c raffemblée par
une plus grande réftaétion , que ne le fut la lumière
qui compofoit l'extrémité rouge.NEWTON.O/?/-. trad.
CON VERS. ERSE. adj. C'eft un nom qu'on donne
en plufieurs couvens aux Frères lais qui n'ont point
d'Ordres , & qui ne chantent point au Chœur ,
mais qui fervent en divers bas offices de la mai-
fon. Rei domejiicce in cœnolno adminiflrator , ad-
minifler , laictis ■, converfus. Dans les premiers
temps , & jufqu'au onzième (îècle , on nomma Con-
vcrs , converji , c'eft-à-dire , convertis , cewa qui
cmbraflbient la vie monaftique en âge de raifon -,
Si ce nom les diftinguoit de ceux que leurs pa-
rens y avoient engagés en les offrant à Dieu dès
l'enfance , & que pour cela l'on nommoit oblats ,
0/?'/^// -, c'eft-à-dirc offerts. Dans le onzième ficelé
on commença à recevoir dans les Monaftères des
gens fans lettres , qui ne pouvoient devenir Clercs ,
& qui étoient uniquement deftincs au travail cor-
porel & aux œuvres extérieures , & on les nom-
ma Frères lais ou conversi C'eft ce qu'en dit le
Peie Mabilion , Sisc. VI, Bened. Prcef. Il, n.
II, Le même Auteur prérend au même endroit,
n. 90 , que Saint Jean Gualbeit , ' Inftituteur ' &
premier Abbé de Vallombreufe', cft auffi Tlnftitu-
teur des Frères convers , diftingués par état des
Moines du Chœur , qui dès-lors étoient Cleics ou
propres à le devenir.
Il les reçut pour aVoir foin' du temporel de fon
T T T 1 1 ij
884
C O N
Ordre. Les couver fes ne furent établies qu'après
ia mort. Elles n'ctoient pas Religicufes , comme
les convers ; mais lelon toutes les apparences
elles croient du nombre de celles qui le don-
noicnt en iervitude elles &: leurs defcendans à un
Monaftèrc. Celles de Vallombreufe jouiUbient de
leurs biens leur vie durant , s'il en faut croire Di-
dace Franchi &; quelques autres Hifioriens de cet
Ordre. Elles faii'oicnt néanmoins une efpcce de
profellion entre les mains de l'Abbé , & vivoient
comme en fociété fous robéillance des Supérieurs
de l'Ordre. P. Hél. T. V , c z8. S.Guillaume,
Abbé d'Hirfaugc , fut le premier qui établit des
convers en Allemagne dans le XP fiècle. Id. c.
5Z. Les Frères cowverj Bénédidlins de la Congré-
gation du Mont Canin s'appellent Frères commis.
Id. T, VI, c. 19. Un Frère converj ne peur pof-
féder des bénéfices. Une Sœur converfe, Admi-
jiijira , adjutrix , converfa Soror. ^
Ce mot vient du latin converfns. Quelques Au-
teurs les ont appelés /r^;rej barbati , parce qu'ils
laiiîbient croître leurs barbes , ce qui fe pratique
dans l'Ordre des Chartreux.
CONVERSABLE , adj. m. & f, commode , agréable
dans la converfation i qui a l'accès , l'entretien
doux & facile. Sociabilis , commodus. Il me femblc
qu'il n'y a plus de perfonnes converfables dans le
monde. Voit. Les Pcdans , les gens chagrins &
inquiets ne font guère converfabks. Ce mot efl:
hors d'ufage.
(fT CONVERSANO, ville duRoyaumedeNaples,
dans la province de Bari , avec un Evêché fuffra-
gant de Bari.
|Cr CONVERSATION , f. f. difcours matuels entre
deux ou plufieurs perfonnes fur les objets qui fe
prcfentent. L'entretien roule fur un objet déterminé,
& fe dit ordinairement de fupérieur à inférieur.
Serments communie jtio , colloquium , converjacio.
Voyez Entretien. La converfation efl le lien de
la fociété , c'eft par elle que s'entretient le com-
merce de la vie civile , que les efprits fe com-
muniquent leurs penfées , £c que les cœurs ex-
priment leurs mouvemens. S. Evr. La communi-
cation de penfccs & de fentimcns , qui fe fait par
le commerce de la converfation, efi: le plailîr le
plus doux de la vie raifonnable. Val. Comme
les livres ne parlent pas d'ordinaire comme on
parle en converfation , il ne faut pas aulfi patlcr
en converfation comme les livres. M. Scvd. C'eft
dans la converfation que nailfent d'ordinaire les
termes nouveaux : ils y demeurent Jufqu'à ce
qu'un long ufage leur faife perdre entièrement le
caratflère de la nouveauté. Bouh. Il faut ufer avec
beaucoup de réferve , dans la converfation même ,
des termes qui ne font que de naître ; les mots
&; les phrafes d'une langue étant à peu près coinme
les fruits , qui ne valent rien ni rrop mûrs , ni trop
verds. Id. h3.converfition a du rapport au gouverne-
ment populaire , où chacun a droit de fuiFrage ,
& jouît de la libellé. Balz. Lz converfation toute
feule peut donner l'agrément du langage. M.
ScuD. L'agrément de fon efprit le rendoit maître
de la converfatian dans tous les lieux où il étoit.
P. DE Cl. L'art de la converfation conliftc moins
à y montter de l'efprit , qu'à en faire trouver aux
autres. La Bruy. La converfation eft un com-
merce où chacun doir contribuer du fien pour le
rendre agréable. Bell. Il y a des malices ingé-
nieufes qui rendent la converfation plus piquante
& plus enjouée. S. Evr. Dans la converjation or-
dinaire , comme il ne faut rien dire avec étude ,
il ne faut auflî rien dire par hafard. S. Evr. Il
faut que la converfation foit un peu flatteufe avec
les femmes, & qu'il y ait je ne fai quoi de re-
tenu. Ch. de Mer. L'étude augmente les talens
de la nature -, -mais c'eft la converfation qui les
met en œuvre , & qui les polir. S. Evr. ff3' Le
ton de la bonne converfation eft coulant & na-
turel , il 0' eft ni pefant, ni frivole j il eft fans pc-
C ON
danterie , gai fans tumulte , poli fans aifeftation ,
galant fans fadeur , badin fans équivoque. Ce ne
font ni des diifcrtations , ni des épigrammes •, on
y raifonne fans argumenter -, on y plaifanre fans
jeux de mots s on y allbcie avec art l'efprit &
la raifon , les maximes 2c les faillies , l'ingénieufe
raillerie Se la morale aullère. On y parle de tout ,
pour que chacun ait quelque chofe à dite ; oa
n'approlondit point les queftions, de peur d'en-
nuyer ; on les propofe comme en partant , on les
traite avec rapidité , la précilion mène à l'élégance •■,
chacun dit fon avis, l'appuie en peu de mots , Se
n'attaque point avec chaleur celui d'autrui -, nul ne
défend opiniâtrement le fien -, on difpute pour s'é-
clairer , on s'arrête avant la difpute , chacun
s'inftruit , chacun s'amufe , tous s'en vont con-
tcns •, & le fage même peut rapporter de ces en-
tretiens des fujets dignes d'être médites en lî-
lence. R. Eft-ce là votre ton ; Foye:^ Caquet.
CONVERSE , adj. & f. f. terme de Géométrie. Con-
verfus. Une propofition eft appelée converfe d'une
autte , quand , après avoir tiré une conclulion de
quelque chofe qu'on a fuppofé, on vient dans
cette autre propofition converfe à fuppofer ce qui
avoit été conclu , & à en tirer ce qui avoir été
fuppofé. Pat exemple , on démontre en Géomé-
trie que fi les côtés d'un triangle font égaux, les
angles oppofés à ces côtés font aulli égaux : la
converfe de cette propofition eft , que fi les angles
d'un triangle font égaux , les côtés oppofés i
ces angles font égaux.
Converse, terme d'Aftrologie, direélion converfe.
Direclio converfa, C'eft celle qui eft oppofée à la di-
recftion direéte, c'eft-à-dire , que par la diretîlion
direéle , le Promoreur eft porté au fignificateur
fuivant l'ordte des lignes , & par la converfe il y
eft porté d'Orient en Occident , & contre l'oidre
des fignes.
§C? En Logique, on dit qu'une propofition cftco/z-
verfe d'une autre , lorfque de l'atrribut de la pre-
mière on fait le fujet de la féconde, & du fujec
de la première l'atttibut de la féconde. Cette pro-
pofirion, tout ce qui efi matière ejl impénétrable 3
eft la converfe de celle-ci : tout ce qui ejl impé*>^
nétrable efi matière. Voyez Conversion.
CONVERSEAU , f. m. teime de Chatpentier. Le»
converfeaux dans les moulins font quatre planches
d'un pouce & demi d'épailleur , pofées au deflus
des archures , deux devant , &: deux derrière.
CONVERSER , V. n. difcourir mutuellement fur àiî-
férens objets. Colloqui , fermonem conferre. Les
Chartreux ne doivent converfer avec perfonne.
Dans l'humeur où je me trouve, je ne dois plus
converfer avec les perfonnes vivantes. Voit, Con'
verjèr avec les gens de lettres.
C'ejl peu d'être agréable , & charmant dans
un livre ;
Il faut encore favoir & con'C'erfer & vivre.
BoiL.
Converser fe dit figurément , en parlant de la
lediure , de la contemplation. Les gens d'étude
converfent avec leurs livres , avec les Savans de
l'antiquité , avec les morrs. Verfari cum /ibris.
Les contemplatifs converfent avec leurs penfées ,
avec Dieu , avec les Anges. Secum , cum Deo , ■
cum Angelis verfari.
CONVERSIBLE. Foyei Convertible , qui eft
plus ufité.
Ip- CONVERSION, f. m. Cs mot déC^gns en gé-
néral l'idée d'un changemenr ; mais il a difTé-
rentes acceptions fuivant l'emploi qu'on en fait au
propre ou au figuré.
|CF Ce mot eft quelquefois fynonime à tranfmu-
tation. Converfio , mutatio. Les Payens ont ciu le#
converjîons , les métamorphofes d'hommes en ar-
bres, en fontaines, en pierres, en oiieaui, &c.
CON
Les Chimiftes chercheni: la converjion des métaux
imparfaits en or & en argenr.
§Cr II ie dit quelquefois d'un iîmple changement
de forme. La convdrjion des erpèces , des ccus vieux
en écus neufs.
Conversion, en Morale, fignifie retour au bien ;
changement , foit du cœur 1 l'égard des mœurs ,
foit de l'eiprit à l'égard des léntimens. Morum ,
in^iuiuorumque mutatio in melius. Dieu ne de-
mande pas la mort du pécheur , mais fa con-
verfion. L'éloquence & le zèle de ces Miillon-
naires ont fait grand nombre de converjions. L'E-
glife prie pour la converfion des Liiidcles. Le cha-
grin , la bienféance, la vanité, font plus àt con-
yerfions que la piété. FlÉch. Défiez-vous de ces
tempéramens fi bouillans , qui , des le premier dé-
iîr de converfion, afpirent aux vertus du premier
ordre ; ces hauts delfeins marquent plus de vanité
que de pénitence. De Vill. Si l'homme ne coo-
père point à fa propre converfion , il n'a pas bc-
foin d'agir ; il n'a qu'à attendre le S. Efprit. Boss.
C'efl: par la queftion de l'Eglife que commencent
& que finiffent toutes les converjions véritables.
Pélisson.
^ Je n'appelle converfion parfaite , que celle où
l'ame demeure bien affermie , fans être fujette
à ces incertitudes , qui rendent fa foi chan-
celante. BouRDAL. Exhort. Terne I , page ii8.
La Converfion de S. Paul eft une fcte qui fe
célèbre ie vingt-cinquième de Janvier.
^ Conversion, terme de l'art militaire, mouve-
metit qu'on fait faire aux troupes. Converfion à
droite, converfion à gauche. Quart de converfion.
Ce mouvement fiit tourner la tête d'un baraïUon
du côté où étoit le flanc. Converfiio. Le quart de
converfion fe fait à droit ou à gauche : s'il fe tait
à droit, l'aîle gauche part la première , & décrit
des quarts de cercle autour du iérre/ile : s'il fe fait
à gauche , l'aîle droite part la première.
Conversion fe dit aufïî en Logique des argumens
qu'on retourne, qu'on rétotque, qu'on fait voit
en un fens contraire , en changeant le fujet en
attribut , & l'attribut en fujet. Port-R.
Par exemple : le Catholique eft Ibumis en tout
à l'Eglife : celui qui ell fournis en tout à l'Eglife
eft Catholique. Il y a en Dialeélique deux fortes
de converfion. La converfion fimple &: la conver-
fion accidentelle , ou par accident. La converjion
limplefe fait en changeant le lujet en attribur, &
l'attribut en fujet , & confervant la même qualité
& la même quantité dans la propofîtion, comme;
un cercle efl: une figure ronde. Une figure ronde eft
un cercle. La convcrfiwn par accident eft lorfque non
feulement l'on change le fujet en attribut & l'attri-
but en fujet , mais que l'on change aulîi la quan-
tité de propofition. Ainfi tout homme eft un être :
quelqu'être eft un homme, eft une converfion
par accident. Les Logiciens reconnoiflcnr encore
une converfion par contrepofition , per contrapofii-
tionem. C'eft lorfque confervant la quantité & qua-
litéde la propofition, on change les termes finis
en infinis, ou les infinis en finis, comme tout
homme eft animal, donc tout ce qui n'eft point
animal n'eft point homme , ou bien, tout ce qui
n'eft point animal, n'eft point homme -, donc tout
homme eft animal. Ou bien : quelque homme n'eft
pas pierre, donc quelque chofe qui n'eft pas
pierre, n'eft pas homme. Ou au contraire : quel-
que chofe qui n'eft pas pierre, n'eft pas homme -,
donc quelque homme n'eft pas pierre. Voye:^ Ri-
card Lyucci è Soc. Jef.Curf.Philof. L.1F, Tract,
ch. 6.
CoNVERs^iON fe dit pour changement de penfée, d'i-
dée , d'opinion. M. Aftruc a dit en ce fens : Voilà
l'Achille qui doit opérer, félon eux, (les Anti-
contagionaircs ) une converfion générale. Si l'on
répond à cette objeétion unique , on a répondu
a tout, & la converfion eft manquéc.
IJcr On appelle en ilcthorique converfion, une cer-
CON 88y
taine figure qui confifte à terminer les divers mem
bres d'une période par les mêmes fons ; ainfi que
1 art de retourner ou de rétorquer un araumenr
ou de le montrer par des côtes oppofés , en chan-
geant le fujet en attribut, & l'attribut en fujet.
comme on l'a dit ci-devant.
|Cr On fait aufîî des converfions d'argumens d'une
figure a une autre , & des propofitions générales ,
aux particulières. Foyei Retorsion.
Conversion, en termes du Palais, fe dit du chan-
gement d'un ade en un autre. La converfion d'une
obligation en rente, Convcrfiwn d'appel en oppo-
sition , converfiion d'ajournement peifonnel en dé-
cret de prife de corps. La converfion des lettres
de défertion en anticipation. La converfion d'un
bail conventionnel en un bail judiciaire. On dit dé-
crets originaires & décrets par converfiion. Quelque-
fois on decrere originairement deptife de corps ,
quelque-fois cela ne fe fait que ^ns converfiion, c'ç.S\.-l-
dire, qu'un décrété afîigné pour être olii, faute de fe
préfcntcr, donne occafion de convertir fon décret
de priie de corps : mais ce décret n'étant que pat
converfiion, tombe & eft anéanti, dès que le dé-
crété comparoir.
En Arithmétique on dit , proportion par con-^
verfion de raijon. C'eft la comparaifon de l'anté-
cédent & du conféquent dans deux laifons égales.
CoIIano, comparatio. Ainfi comme il y a même
raifonde 2 à 5 que de 8 à iz, on conclut qu'il
y a même raifon de 2 à i , que de 8 à 4.
Conversion d'équations en Algèbre , c'eft lorfque
l'on réduira une commune dénomination une quan-
tité compofée d'entiers & de frat5i:ions. Par exemple ,
m -* ce r »
^ ~ l''^^ — - — ^- h 1- b : multipliez par d, alors
vous aurez d a —db ZZaa +~ c c-i- d h +. d b ,
& ce fera une converfion d'équarion. Harrjs.
CONVERSO, Ç. m. terme de Marine, eft la partie
du tillac d'enhaut qui eft entre le grand mât &
le mât de borfet, où chacun fe vifite & fait la
converfarion. Ce mot nous vient d-es Portugais.
CONVERTIBLE.adj. de t. g. terme de Logique, qui fe
dit d'une propofition fufceptible de converfe , ou de
deux tetmes qui préfentent précifcment la sr.ême
idée. Quoi converti potejl. Matière & impéné-
trable font des tetmes convertiè/es. Cette propo-
fition, tout ce qui eft matière eft impénétrable,
eft convertible en celle-ci : tout ce qui eft impé-
nétrable eft matière.
03" En termes de Commerce & de Finances , con~
vertib/e ié dit d'un bien, d'un eiîét qui peut être
changé contre un autre. Billet convertièle en at-
gcnt.
CONVERTIR , v. a. tranfmuer , faire changer
de nature à quelques corps. Convertere , mutare.
Jésus -Christ , aux noces de Cana , convertit
l'eau en vin. Dans la confécration , le pain & le
vin fe convertirent au vrai corps & au fang de
Jesus-Christ. Les alimens digérés fe convertifjenc
en notre fubftance. L'eau congelée dans les grot-
tes , fe convertit en ctyftal.
Convertir fe dit aufll des altérations & change-
mens qui fe font par la générarion & la corruption
ou autrement. Le feu convertit le bois en cendres.
Cette fauce fe convertit en huile. La glace fon-
. duc fe convertit en eau.
On dit aufïî d'un homme qui a changé fon bieti
de nature , qu'il a converti fes héritages en effets
mobiliaircs , qu'il a converti une rente au denier
18 , en une renre au denier 20; qu'un bail con-
ventionnel a été csKvem en bail judiciaire; qu'un
appel a été converti en oppofition.
Convertir fe dit aufTi pour changer, lorfque , fans
toucher à la narurc & à la fubftance de la chofe ,
on en change feulemenr l'ufage. On convertit les
vafes facrés en des ufages profanes, Mauc. C'eft
ainfi que les Proreftans'prétendent que le pain 5c
le vin de l'Euchariftie font feulement convertis .
§8^
C G N
parce qu'ils foin transïcrcs d'un ufage commun à
un uKige faint 6c facic.
gCJ" Convertir , en matière de religion &c de mo-
rakjlc dit tigurcmcnt pour tiiire changer de croyan-
ce , de lentimens & de moeurs i produire un chan-
gement dans la volonté du pécheur , en conlé-
quence duquel il fe repent de Tes fautes ,& le dé-
termine fmccrement à s'en corriger &c à les ex-
pier. ALiqucm ai tonam fritgem revocare ; f ravis
opinionibits imbutum querripiam religiom caihoUcce
TeJUtucre. Les Apôtres ont converti les Gentils à
la foi. Il y a tel Ecclclîaftique qui fe réjouit plus
d'avoir converti quelqu'un , pour la gloire qui lui
en revient , que pour le falut de la perfonne con-
vertie. Ben. Les Controvcrfiftcs doivent moins fon-
ger a triompher cie leurs adverfaires , qu'à les con-
vertir. Un homme ne convertit point un autre
homme ; c'eft Dieu qui nous convertit tous. Peliss.
^fT On le dit abfolument avec le pronom pcrlbn-
nel , le convertir , & s'entend toujouis d'un chan-
ffwnent de mal en bien. Ce débauché s'efl: con-
verti.
(fT On dit , dans le difcours ordinaire , convertir
quelqu'un , le faire changer d'opinion , de réfo-
lution.
Je l'ai converti fur ce point , c'eft-àdire , je l'ai
fait changer de fentiment. Je m'engage de le con-
vertir. On aura de la peine à le convertir.
^^ Convertir , en terme de Logique &: de Rhétori-
que j c'eft retourner , rétorquer un argument , le
montrer par des côtés oppofés , en changeant l'at-
tribut en fujct , &: le fujet en attribut. Cotiverte-
re , intervertere.
§CF On le dit auflTi des termes qui peuvent fe dire
l'un de l'autre. Etendue 5c divilibilitc font deux
termes qui fe converti_[fent. Tout ce qui efl éten-
du en longueur , largeur & profondeur, eft un
corps. Tout corps eft ce qui eft étendu en lon-
gueur j largeur ik profondeur. Voilà deux propo-
rtions qui fe conyertijfsnt-.
CONVERTI , lE. part. Il a les lignifications du
verbe. En matière de religion , ai> erroruni ca li-
gine ad verœ Jincerczqiiefidei lumen rêverons , dam-
natis hœreticorum dogmatibus ad ecclefia finum
regrcjjus , on dit au fubftantif, un nouveau con-
verti. On a établi plulîeurs communautés pour
les nouveaux convertis 6: les nouvelles converties.
On appelle aulîi les nouveaux convertis , !cs
mailbns 5 les communautés & congrégations, tant
d'hommes que de filles où l'on reçoit , & on
inftruit ceux qui veulent le faire chrétiens iS:
recevoir le baptême , ou les hérétiques qui veu-
lent le convertir , &: rentrer-dans le fein de l'é-
glife, & où on les inftruit pour cela de la doc-
trine catholique. Je viens des nouveaux conver-
tis , où j'ai vu deux juifs qui fe font inftruire
& fe difpofent au baptême. Voye^ Nouveaux Ca-
tholiques.
CONVERTIE, f. f. Nom que l'on donne à plulîeurs
communautés religieufes de filles qui , après avoir
vécu dans le monde avec trop de licence Se de
dérèglement , fe retirent dans le cloitre pour faire
pénitence. On les nomme autrement pénitentes.
Converfœ, Fœnitentes. Yoyez Pénitente.
Les converties d'Orviette font des filles qui fe
font retirées du défordre. Elles ont été fondées en
1662. , par Antoine Simonelli, Gentilhomme d'Or-
viette , èc ont les mêmes obfervances que les Car-
mélites déchauflees. Elles ont aulîî le même ha-
billement, mais au lieu de fandalcs ou albergattes ,
clle.^ ont des pantoufles allez hautes , &: leur voile
eft noir , doublé d'une toile blanche. Toutes les
autres converties fuivent la règle de S. Auguftin.
On donne aulFi ce nom aux femmes ou fil-
les qui re^'iennent de l'infidclitc , ou de l'hérélîc,
qui y ont renoncé , qui en ont fait abjuration ,
qui fe font hh catholiques •, & aux mailbns &
communautés où on les reçoit , &: où on les dil-
pofe au baptême ou à l'abjuration , où on les I
C O N
inftruit pour cela. Mais on ne dit point ce nom
feul , on y joint nouvelles. J'ai entendu le fermon ,
la mclfe aux nouvelles converties. On a mis cette
Dcmoifelle huguenotte aux nouvelles converties.
La Supérieure des nouvelles converties en eft bien
contente. On les appelle aufli nouvelles catholi-
ques. Voyez Nouvelles Catholiques.
CON VERTISSEMENT,f. m. terme de monnoies qui
fe dit lorfque l'on rond les vieilles efpèces d'or
ou d'argent, & qu'on les convertit en d'autres ef-
pèces de diuérent poids & valeur. En l'année
KÎ40 , on a fair un convertiflement de toutes mon-
noies étrangères ôc légères en louis d'or Se d'ar-
gent. Converjzo.
CONVERTISSEUR, f. m. Qui réulTit à convertir
les hérétiques. Qiii revocandis ad catholicam fi-
dem hereticis operam impertit, collocat. On appe-
lait le Cardinal du Peron le convertiffeur.
Ce mot a été employé fur-tout depuis la ré-
vocation de l'èdit de Nantes. Les écrivains calvi-
niftes , &: Jurieu principalement , le répètent
fans-ceflè. Ils appeloient ainli les catholiques qui
s'appliquoient , qui travailloient à la converfion
des huguenots ou calviniftes de France. On ne
devoir pas s'attendre que cet auteur , qui traite fi
mai les convertis , traitât mieux les convertijfeurs.
Arn. Celui-ci eft une efpèce de raillerie en par-
lant d'un converti, de joindre à cette qualité celle
de convertijfeur. Id. S'ériger en converti[/eur. Polit.
du Clergé. Ce n'eft pas qu'il loir bcfoin d'un
autre convertiffeur que celui-là. Fléch.
CONVEXE, adj. m. & f. Courbé , cinrré. On le dit
de la furface extérieure d'un corps rond , par op-
pofuion à la furface intérieure qui eft creufe ou
concave. Ccnvexus. Un miroir convexe fair voir les
obj.^ts plus petits , & un concave les fait voir plus
gros. Le verre fphérique convexe z'^ plus épais en
ibn milieu qu'en lès extrémités. Lorfqu'on plie un
corps dur, fes parties s'écartent du cbxk convexe -,
& fe rapprochent du côté concave. Roh. Scarron
a dit en plailàntant de lui-même.
Ma poit: ine eji toute convexe :
Enjinjefuis tout circonflexe •,
CONVEXITÉ , f, f. fuperfîcie extérieure d'un corps
rond , de ce qui eft convexe. Exterior gloti faciès ^
juperficies gloloja , convexa. La convexité du glo-
be de la terre fair que l'horifon fenlible ne palîe
pas 50 lieues. Les convexités des verres fphéri-
ques Ibnr ou égales ou plus grandes , ou moindres ,
refpeélivemenr à l'habitude qu'ont entre eux les
diamètres de leurs fpheres.
CONVICIER, V. a. vi«ux mot , dire des injures à
quelqu'un. Conviciari.
ffJ- CONVICTION, f. f. preuve claire & évidente
d'une choie. Rei alicujus inexpugnabilis probatio.
On a trouvé dans fes papiers la conviclion de fon
crime. On ne condamne point à mort , fans une
pleine conviclion de l'accule.
§C? On le dit plus fouvent de l'effet qu'une preuve
évidente produit dans l'efprit , c'eft-à-dire de la
connoilfance qu'on a qu'une chofe eft ou n'eft pas
fondée, fur des preuves évidenres. Ainli , conviclicn
&z perfuajîon ne font point fynonimes. Ce dont
on eft convaincu eft nécellàirement vtai : on peut
être perfiiadé d'une chofe faufle. Avoir une entière
conviéfion des preuves de la religion.
CONVIER, v. a. inviter à quelque repas, à quelque
fête, à quelque cérémonie. Invitare. On a convié
rous les grands du Royaume d'aflifter au fccrs
du Roi.
Ce mot vient du latin convitare , qui a été
formé de cum & vivere , c'eft-à-dire , vivre enfem-
hle. Men.
Convier lignifie aufli exciter, porrer à faire quelque
chofe. Cyrus convia les Athéniens à quitter l'allian-
ce de fon frère. Ab. L'Empereur Ferdinand conviai
Elifabeth de ne point k, féparat ds la créance des
G ON
Princes Chrcciens. Maucr. La nccenjtc des affai-
rés le convia à fe réconcilier. RôCb
Heureufe incertitude ! aimable obfcurité l
Par ou, la divine bonté
A veiller > àpricr Jans cejj'e nous convie-
L'Ab. Tétù.
Convier , v. b. vieui mot qui fîgnifîoit manger en-
lemble. Convivere.
Convié, ée. parc. Invitatus.
On le dit aulTi au lubftantif. C'eft un des con-
i'iés à la noce. Jesus-Christ a fait une parabole
des convies à Ion feftin , des conviés aux noces. Il
y avoir grand nombre de convies à une telle fcte.
C'ctoit un proverbe chez les Grecs : Je hais le
convie qui a de la mémoire , c'eft-à-dire , le convie
qui va révéler les Icerets de la table.
CONVIS , i". m. Se pi. vieux mot. Feftins. Zpulce.
Je cro^s que c'cit plutôt convici , & au plurier
convias , du latin convictus.
CONVIVANT. 1" m. Qui vit avec d'autres. Convi-
vens. Il y a dans la congrégation de S, Gabriel
en Italie , des convivans & des confluans. Les pre-
miers vivent enfemble. Les leconds ne vivent pas
enlembie > mais le rendeut à certains jours dans
un même li:u deftinc pour leurs aiîembices. Con-
viventi eft le mot Italien,
CONVIVE, i: m. Celui qui eft invité & qui afTifte
à un repas avec d'autres perlonncs. Conviva. Il
faut avoir un tel à louper^c'eft un bon convive. Il n'y
avoir que des convives choilis àcette rejoui/lance.
Convive , f. m. vieux mot, état des choies ; llcua-
. tion des affaires, Rerum fiatus, La Chronique de
Flandre, c. ip, dit, quand la Reine de France
fut leur co/zv/Vt ,& qu'ils avoient ordonné. Et c. 15.
S'il vous plait nous ferions monter aux échelles ,
fi l'aurions le convive d'eux. Jean de Mehun , en
fon Tejtament manufccit dit :
Les uns prennent les Rois $ & les autres les Roines . . .
Pourjçavoir la j^^crets des cœurs , & les convives,
fCr CONVOCATION , f. f. invitation , ordre, aver-
tiflement donné à plulicurs perionnes pour le ral-
lémbler , l'oit pour des arfaircs généraks , l'oit pour
des affaires particulières. Convocatio. On a fait une
convocation des Prélats pour tenir un Concile. Le
ban ôc arrière- ban Ibnt des convocations dtïi. no
bielle pour aller à la guerre. On r^ra la convo-
cation des États de lirct-gne , de Languedoc , au
deuxième du mois prochain.
Le Coni'eil ayant jugé nécclîàire d'afrembler les
États de Caftillc , on ne put jamais obtenir de
la Reine qu'elle lignât les lettres de convocatio/^.
FlÉch. Fie de Xim. L. U , p- i^i.
On le ditauHi de quelques airemblées de familles
ou de petites communautés. Ce mariage s'eit fait
à la hâte , il n'y avoit point de convocation de pa-
rens. L'élection de ce Marguiilier eft conteltée ,
parce qu'il n'y a point eu de convocation de pa-
loilliens.
Ce mot vient dU latin convocatio,
CONVOI. 1". m. Transport d'un mort , de la màifon
au lieu de la fépulcure ; ademblce qui accompa-
gne un corps mort qu'on porte au lieu de la ié-
pulture avec les cérémonies funèbres. Pompa fu-
Tubris : Vous êtes priés d'ailifter au convoi , l'er-
vice Si enrerrcment. Il y a deux lortcs de convois ;
l'un général , lorl'que tous les Ecclcfiaftiques habi-
tués d'une Paroille accompagnent un corps qu'on
porte en terre. L'autre s'appelle convoi de chœur ,
èc c'efl: lorlqu'il n'y a que les écclcliaftiqucs qui
compofent le chœur de la Paroill'e qui accompa-
gnent le corps.
|Cr Convoi, terme uficé dans l'art militaire pour ligni-
fier une quantité de provilions, de vivres , de mu-
nitions , d'argent , &c. elcortés par un corps de
troupes , que l'on fait pafl'er dans un camp ou
dans une ville alfiégée. Çommeaius. Préparer un
grand convoi»
dÔN 8S7
§3* On dît en ce l'ens battre un convoi,, c'cft^à-dirc
Teicorte qui l'accompagne. Attaquer , furptendre
un convoi.
On le dit auHi des navires de guerre qu'on
donne pour CiCorte à des navires marchands. Ort
appelle encore convoi , une Hotte de vailleaux mar-
chands , avec fon el'cocce.
Convoi de Bordeaux. Bureau du Roi établi en la
ville de Bordeaux, pour la perception des droits
qui fe levenr par met feulement , lut fix ou fept
fortes de marcliandifes , comme fur les vins , eaux-
dc-vie , prunes , ùc.
L'origir.e de ce droit vient de ce qu'ancienne-
ment , les bouigeois CJi marchands de Cordeaux j
pour la fureté de leur commerce , faii'oient des ar-
mcmens pour clcorter les vailfcaux qu'ils en •
voyoient iur Mer, & pour furvenir .à cette dé-
penfe , ils s'impoloicnt eux-mêmes certains droits
à proportion des marchandifes qu'ils envoyoient
& chargeoient fur les vailfeaux. Dans la fuite , le
Confcil ayant trouve plus convenable de donna
des el'corccs pour convoy' r les vaiifeaux marchands
Sa Majefté ordonna qu'il léroit établi en la ville
de Bordeaux , un bureau de convoi, pour la per-
ceprion de ce droit à fon profir , au moyen de
quoi Sa Majefté équiperoit & armeroit à fes frais i
les vailleaux nécelfaircs pour efcorter les vaifleaux
marchands qui appartiendioient aux habitans delà
ville de Bordeaux.
Convoi fe dit pareillement dii droit même dont
oii fair reccrte dans ce bureau.
Ip" CONVOIER. Voyei Convoyer,
CONVOITABLE. adj. m. & f. Qui peut être con-
voité & défiré. Expetendus ,deJideratilis.Vi n'y a
rien en ce monde qui foit véritablement convsi-
table , que la vertu.
Ce mot eft vieux , & ne fe dit plus qu'en riant»
CONVOITER , V. a. délirer ardemment le bien d'au-
trui. Alif^uid ardenter expetere , concupifcere. Il
eft défendu par le X^ commandement de convoiter
le bœuf ni l'âne de fon voiiin , ni aucune chofe
qui lui appartienne Ce mot n'eft d'ufage que dans
la Théologie morale , & il fuppofe tou'ours ua
objet illicite & défendu par la loi de Dieu, Ort
convoite la femme ou le bien d'autrui.
Ce mot vient du latin convotarè. Men. D'au-
tres croient qu'il vient de hait , vieux mot trah-
çois , qui lignifie joie ôc allesreffe.
Convoité , ée. part. Defidcratus , appetilus,
CONVOITEÙX , EUSE. adj. Qii convoite , qui
dedr." le biert d'autrui. Ce mot eft vieux & n'eft
plus en ufage. Appeiens , percupidus , ayidif-
Jmvs.
CONVOITISE, f. m. concupifccnce , defir de pof-
féder le bien ou la femme d'autrui. Cupiditas. La
convoitise des richclfi;s eft la foutce la plus ordi-
naire de tous les péchés. Dans les accès de la con»
voitife , fe jerer dans la neige pour rélifter aux ten^
tarions de la volupté charnelle. Bayl. La ^0»-
voitijé de régner eft la plus forte des pallîons.
Suivte fes convoitifes , s'abandonnet à (es convoi^
iifes , fe lailTer maîtrifer par fes convoitifes , domp-
ter fes convoitijes , S:c, Il eft hors de doute que
ce plurier eft ulité. Les exemples fuivans vont ea
convaincre. Que le péché ne domine donc point
dans votre corps mortel , enforte que vous vous
foumettiez à fes convoitijes. Bouh. Ep. aux Rom^
VI , II. Pour ceux qui apartienncRt à Jesus-
Chrit , ils ont crucifié leur chair av-c les vic-s Sc
les convoitifes. Id. Galat. V , 14. D'où viennent
les dillenfions & les querelles qui font patmi vous»
N'eft-ce pas de ceci , de vos convoitifes , qui font
une guerre dans vos membres î Id. £p. de i. Jacqé
IV I. Vous demandez & vous ne recevez pas ,
parce que vous demandez mal pour fournir à vos
convoitifes,
CON VOLER, V, n. terme de Palais. Il fe dit des
veuves qui fe remarient, Jd a/terum conjueium
(ranjire , ai fccundas » ténias nuptias con-
888
COH
volare.Vn fcirme pendant Ton année de Viduitc ,
ne doit pas convoler à de iccondes noces. La temme
ne peut pas avantai^cr Ton mari , quand elle i:onvo/<:
en ftcondes noces , de plus gtoile ibmme que celle
qu'elle lailîe à celui de fes enfans , à qui elle donne
le moins.
fCT On doit dire * convoler a de fécondes noces ,
convoler à un fécond mariage, & non pas convoler
en fécondes noces , quoiqu'on décide le contraire
dans le Di^. de rJcad. Pourquoi cette diftiniaion ,
convoler à un fécond mariagq i cwvo/^r enkcondes
noces î
Convoler fe dit auflTi quelquefois abfolument par
une efpcce d'ellipfe. Cette veuve ne fera pas long-
temps fans convoler. Elle a convolé. Il eft du ityle
familier, Ac. Franc.
CONVOQUER , V, a. faire aflembler par autorité
juridique. Convocare ,S>cc.l[ t:iuz convo^i^er exprès
tout le Chapitre , pour rendre valables les délibé-
rations importantes. Convoquer un Concile, les
Etats. Convoquer les deux femeftres d'une compa-
s^nie. On convoque avec quelques folemnitcs. On
le dit des aHemblées publiques : mais on convie ,
quand on fait des aflemblces particulières de pa-
rens, amis , &é.
Convoqué , ée. parr. Convocatus.
CONVOY , l^oyei CONVOI.
CONVOYER , vieux v. a. qui s'eft dit autrefois pour
inviter , attirer. Invitare , vocare.
Convoyer > V. a. accompagner quelque perfonnc ,
quelque chofe , foit pour lui faire honneur, foit
avec main forte pour fa fureté. Le corps mort de
cette Princelfe a été convoyé par un grand nombre
d'Officiers , jufqu'au tombeau de fes percs. Fune-
hrem alicujus pompam comitari. On a fait convoyer
'cette voiture d'argent jufqu'à l'armée, par deux
compagnies de Cavalerie. Convoyer des vaiHeaux
marchands fe dit d'un vailleau de guette qui les ef-
corte 5c prend foin de leur conduire. Perfequi com-
meatiim.
IJCr Convoyer n'a guère d'ufage que dans cette der-
nière acception.
Convoyé, ée. part.
Ce mot vient de convtare , comitari per viam,
CONVOYONS., Voyei Couvoyons,
CONVULSE , ÉE , adj. qui fouffte une convulfion ,
qui eft attaqué de convulfions. Convulfus , a , um.
La glotte convulfée. Dod. Acad. des Se. 1700.
Mém. p. 145. Des mufcles ^0/;^«//«^.
CONVULSIF , IVE , adj. terme de Médecine , qui fe
dit desmouvemens qui dépendent naturellement
delà volonté, 5c qui deviennent involontaires par
quelque caufe étrangère. Motus fpaticus , motus
qui contradicîione ricrvorum cietur , convuljus. Le
mouvement convuljîf eft une contraâlion qui fe
fait pat intervalles; en quoi il diffère de la con-
vulfion , qui eft une conrraétion continue. Quand
le principe des nerfs eft attaqué , il arrive des mou-
mens convuljifs. La tenfîon convulfive des folides
eft une des principales caufes qui détruifent l'équi-
libre qui doit être entre les folides &: les fluides.
JOURN. DES SaV.
CoNVULsiF fe ditauflî de ce qui caufe la convulfion ,
ou les mouvemens convuljifs. Les plaies des nerfs
font convuljives. L'ellébore blanc eft convulfif.
CoNVULSiF îiu figuré , fe dit des mouvemens trop em-
portés & trop" violens de la colère , ou de quel-
qu'autte pafllon. Motus animi impotens. Vos mou-
vemens convulfifs de fureurs me font craindre pour
votre raifon. S. Evr.
CONVULSION, f. f. terme de Médecine, c'eft une
contraction conrinue qui fe fait contre notre vo-
lonté des parties du corps , qui ont accoutume de
fe mouvoir fuivant notre volonté. Spafmus , con-
vulfio, contrario nervorum. Les maladies violentes
font mourir quelquefois avec de grandes convul-
fions.
CO N
UC?" Ort appelle proprement convulfion » un mouve-^
ment irrégulier 5c involontaire des mufcles , avec
fecouiîe & violence.
Convulsion fe dit figuiément des emportemens ,
efforts extraordinaires qu'on fait pour quelque
chofe. Animi impotentia , animi impotentis effrena-
tio. La feule vue d'un homme qui demande de l'ar-
gent à cet avate lui donne des convulfions. Moi..
Puifque les figures expriment les mouvemens de
notre amc , celles que l'on mêle en des fujets où
l'ame ne s'émeut point , font des mouvemens con-
tre la nature , & des efpèces de convulfions. Port-
R. Cet homme rit avec un emportement ridicule ;
fort accès va jufqu'aux convulfions. Bell. Les ani-
maux de l'humeur de notre fâcheux , font toujours
farouches , 5c il leur prend des convulfions fi fubi-
tes , que perfonne n'eft en aflûrance auprès d'eux,
Balz.
Et tandis que tous deux étaient précipités
Dans les convulfions de leurs civilités ,
]e me fuis doucement efquivéfans rien dire. Mol.
CONVULSIONNAIRE,f. m. malade agité de cbn-
vulfions.
go- CONVULSIONNAIRES ou CONVULSIO-
NISTES. On a donné ce nom à quelques fanati-
ques modernes dont la fecSe a commencé de nos
jours fur le tombeau de M. Paris. Ce fanatifme
déplorable fut rejeté avec unanimité par les ap-
pelans les plus éclairés ; de-là , les noms de Convul-
fionnaires &c à' Anticonvulfionrtaires. Tous les mi-
raculés étoicnt agités fur le rombeau de M. Paris
de convulfions les plus furprenantes , dont on peut
voir le détail dans un auteur npii fufpedl , M.
Colbert , Evêque de Montpellier , dans fon Ordon-
nance du II Nûv. ij'^ô. Ces convulfions, dit-il,
confiftoient dans des élancemens fubits , des trem-
blcmens Se des fecoufies violentes de tout le corps,-
des roulemens par terre , des bondiHemens fur le
pavé, des roideurs, des agitations efBrayantes de»
bras, des jambes, de la tête contre le pavé, des
extcnfions douloureufes , des friflbnncmens , des
grinccmcns de dents , des renverfemcns dans les
yeux, des contorfions dans ]eVifage,des mouve-
mens impétueux &: involontaires qui paroifibient
tenir de la fureur, des douleurs inexprimables,
des états d'infenfibilité 5c de mort apparente, des
cris affreux qui reflembloient à des mugiffemens,
des altérations , S>c quelquefois même des paroles
d'jmparience 5c d'emportement. Reconnoît-on ici
l'œuvre de Dicu.'^ Eft-ce de miraculés qu'on nous
parle , ou plutôt ne nous fait-on pas le récit des
plus furieufes poflèffions î
^j^Zt Le Cimetière fut fermé par ordre du Roi , au
mois de Janvier 17^1. Des maifons particulières
furent les théâtres où l'on conrinua de jouer en fe-
crer ces farces fcandakufes. Mais enfin les con-
vulfions ont eu le fort de toutes les nouveautés , Sc
font tombées avec le temps dans le difcrédit.
CONYZA , f f. plante. Foye-{^ Conise.
CONZA , petite ville d'Italie , au royaume de Na-
plcs , dans la principauté ultérieure , au pié de
l'Apennin.
CONZÉLATEUR , f. m. un des arcs-boutans d'un
parti. C'eft l'cpirhète que Girillaume Rofe donne
au Commiflaire Louchard, qui fut un des quatre
de la faélion des feize , que le Duc de Mayenne fit
pendre pour la mort du Préfidenr Brifîon. » Mon-
» fieurlc Lieutenant, dit-il, vous avez fait pendre
» vorre Argentier congélateur Louchard, & avez
» déclaré par confcquent pendables tous ceux qui
» ontafîiftéàla cérémonie de l'Ordre de l'union
» qu'on a baillé au Préfidenr Brillbn. » Sat. Mén.
in-8°. /. 8z.
§3" CONZIEU , petite ville de France dans le Bu-
i sey, à deux lieues de la ville de Bellay.
" COOBLIGE,
d o
c o o.
COOBLIGE , EE , adj. & f. qui eft obligé avec un
ou plulieurs autres dans un adle public. Spoiifores ,
vades quorum Jinguli in foliduin fpopondcrunt ,
commmii adjlri'dus vinculo. Les cautions iblidai-
res ibnt coobligées. Un débiteur peut choifir tel des
cooé/igés qu'il lui plaît pour le contraindre , &C la.il'-
icr en repos les autres. L'hypothèque ie divile entre
coobllgés , quand ils n'ont renonce au bénéfice d'or-
dre &c de divilion. L'Hommeau.
§CF COOMB. {. m. La même chofe que Comb,
f^oyei ce mot.
Ip- COOPÉR ATEUR. , f. m. celui qui opère avec
quelqu'un ; celui qui coopère avec un autre; celui
qui concourt avec un autre à la production de qucl-
qu'eifet jlbit dans l'ordre naturel , foit dans l'ordre
furnaturcl. Il ne i'e dit guère que dans les matières
de piété &: en Théologie. Rei alicujus efficiendx
adjutor yjocuis , coaperaior. Les Apôtres prennent
le titre de coopérauurs dans l'œuvre de notre régé-
nération. Nous Ibmmcs les coopcraceurs ds Dieu.
PoRT-R. Les coopiraicurs de la grâce.
CoopÉRATEUR , f. m. nom d'un Officier eccléfiaftique
en Allemagne , ou du moins en quelques diocèlcs
d'Allemagne. L'Evêque de Coire ou de Chure en
Suiflé publia un Mahdemerit l'an 1644, adrefle à
tous les Doyens, Chambriers , Curés , Coopéra-
teiirs &c Chapelains de Ion Diocèfe. P. Hel. T,
FIJI , p. 1 10. L'ordre dans lequel ces Officiers
font nommés , montre que les Coopérateurs font ce
que nous appelons Vicaires , qui réellement font
les CqopérateuTS & les aides des Curés.
COOPÉRATION , f. f. aélion de celui qui concourt
avec un autre pour produire un même effet. Operœ
communis coUatio , opéra mutuo coUata. La coopé-
ration de l'homme dans fa cônverfion , eft un ef-
fet de la grâce & de la volonté du pécheur. Dieu
ne nous lauve que par notre coo/'era/iOTZ.
COOPER ATRICE , f. f. celle qui agit avec Uh autre.
Bei alicujus perfi'-iendis focia & adjutrix. Vous
êtes par-là les Miniftres delà miféricorde de Dieu,
vous en êtes les Cooperatrices &: les Coadjutrices,
BoURDAL. £;!f/^. T,I,p. IC7,
COOPÉRER , V. n. opérer conjointement avec un
autre ; joindre fon adlion à celle d'un autre poUr
produire cnfemble quelqu'effet. Conferre operam ,
juvare aliquem. En vain donne-t-on des remèdes,
fi la nature n'cfl; afl'ez forte pour coopérer à la gué-
rifon du malade.
CoorÉRER fe dit fîgurément en chofes morales. L'hom-
me coopère à la grâce , c'eft;à-dire , qu'il répond
aux mouveméns de la grâce. Dieu n'approuve point
le crime en coopérant à l'aélibn du pécheur, il ne
fait que remplir la qualité de caufe première Çr
univerfelle en concourant avec les caufes fécondes.
L'homme coopère à fa cônverfion avec le Saint-
Efprir-, mais il ne coopère que par le fecours de la
grâce. Boss. L'adreflé feule ne fait pas les gens ri-
ches, il faut que la fortune y coo/J^re beaucoup.
Il ne feroit point parvenu à cette dignité , fi les
Puiiîances n'y avoient coopéré. On ne fe fcrt guère
de ce mot hors les matières de piété.
.COOPTATION , f. f. l'aftion d'aiîbcier , d'agréger.
Les Augures , les Pontifes étoient en polTeflion de
remplir les places vacantes dans leurs Collèges
par voie de cooptation. Domitius , Tribun du peu-
ple , fit paffer une loi qui transféroit au peuple le
droit de nommer à ces Sacerdoces. Par rapport au
Grand Pontife , on convoquoit dix-fept Tribuns
feulement , tirés au fort , & celui qui avoir la plu-
ralité des fuffrages dans cette aflémblée , étoit
coopté par les Pontifes. Le Tribun fit ordonner
que la même chofe fe pratiqueroit à l'égard de
toutes les auttes places de Pontife & d'Augure.
Crevier.
Cooptation. Dans les Univerfités , dans quelque
Corps i c'eft un terme dont on fe fert pour t^~
Tome n,
C ô p
u
ptîmet le pafTage fubit d'une Ùnîverfité où l'on à
pris les degrés , dans nne autre , fans y faire aucune
étude. C'eft une efpèce d'agrégation. Quoique
Monficur Couture ne fût Maître ès-Arts que de
Cacn , rUniverfité de Paris le choifit cependant -^
malgré fes ftaturs , pour Profeffcur de Rhétorique
au Collège de la Marche, par cooptation, voie
permiie dans les cas finguliers,& dont on fit ufage
pour la première fois en fa faveur. Il fut dans la
fuite Redeur de là inême Univeriîté. Obf.jur les
Ecr. mod.t, 1^ , p. 10 j , 100.
0C? Ainli la cooptation cfl: une efpèce d'agrégatioii
extraordinaire accompagnée de difpenfe.
COOPTER, v, a. afibcier, agréger, Ce verbe qui
vient du latin cooptare , n'eft pas encore fort en
ufage, mais il a été employé par M. Huer, qui,
en parlant de Pierre Halley , dit que l'Univerlitc
de Paris , par une faveur particulière , le coopta en
l'année 1 641. /^oje^ Cooptation.
COORDES , f. f. pi. vieux mot, citrouilles,
§Cr COORDONNÉES, adj. pi. terme de Géomé-
trie. On appelle de ce nom les abfciffes & les or-
données d'une courbe. Foyei Abscisses & Or-
données,
C O P.
COP,f. m, vieux mot, coup. On a dit auiîl coptef
coûter , pour dire, frapper , du grec xÔtVe.v , qui veut
dire la même chofe.
|fc? COPAÏBA. Foyei Cupayba.
IfT COPAHU, (Baume de) ^ojez Baume & Cu-
PAYDA.
COPAL , f. m. nom que les Mexicains donnent i
toutes les réfines & gommes odorantes, dont ils
diftinguent les différentes efpèces par un furnonl
particulier. Il y a une réfine appelée particulière-
ment de ce nom , qu'on apporte de la nouvelle Ef^
pagne ; elle eft fort blanche , reluifante , tranfpa-
rente , en grofles pièces qui reflêmblent au citron
confit , bien clair & tranfparent. Les Indiens s'en
fervent au lieu d'encens dans leurs facrifices. Cette:
réfine eft bonne pour les maladies de la tête : elle
échauffe, réfour & ramollit.
CoPAL eft aulli l'arbre d'où cette gomme découle. Le
copaleQ: un arbre dont il fbrr de la gomm-^.quf
répand une odeur auffi agréable que celle de l'eil-
cens. Let, cur. et Édif. T. XL
COPALXOCOTL ,f. m, arbre de la nouvelle Efpa-
gne, dont le bois fe^^coupe aifémenr , fans qu'il fe
fende jamais ; il n'eft pas fujer aux vers , &c approche
de la fenteur £<: de la faveur du copal. Ses feuilles reP
femblent à celles de nos cerifiers. Son fruit eit
doiix , mais aftringent: il eft femblable à de petites
pommes-, il en diftille une falive foit gluiineufe ,
laquelle étant appliquée, guérit la fièvre & les dé-
jeélions fanguinolantes. Les Efpagnols l'appellent
cerife "ommeufe. Ceraja gurnmofa.
COPARTAGEANT, ANTE, adj, qui partage quel-
que chofe avec un autre. Confors ,focius. Ils ne font
qaeuo'n copartageans zncttte fuccelfion. Un pro-
cès s'eft élevé entre les copartàgeàns.
COPAYBA. Voyei Cupayba.
COPEAU, f. m. menu, bois qu'on retranche , qu'ori
rogne d'une grande pièce , lorfqu'on l'abat & qu'on.
a taille ou qu'on h. hconne. Jljfula ,fegmen , feg-
mencum. Les pauvres gens fe chauffent des co-
peaux qu'ils ramafknt dans les bois , dans les at-
teliets. Les Marchands de vins éclaircifl'cnt leur viri
avec des co/ieawx que les Menuifiets enlèvcnravec
le rabot , & ils l'appellent vin de copeaux. On a dit
autrefois coupeaux.
Ce mor vienr du grec xi-rtn qui fignifie morceau
ou fra<^ment de quelque chofe que ce foir , du verbe
H'--' ■ , ccedo ,feco. «
COPEC, qu'on nomme aufTi Copique ^' Kopeké ,
f. m. monnoie qui fe fabrique & qui a cours en Mof-
covie. Le copec d'or vaut trente-neuf fols huit dg-
V V V V V
S^o C OP
ni»rs -, celui d'arsçent un fou quatre deniers de France.
COPEGHI. Dinar Copcghi. Voyez Dinaa.
COPEIZ, i". m. terme de^ Coutume , bois nouvellement
coupes.
COPENHAGUE, ville capitale du Royaume de
Dannemark , iicuce dans l'île de Zcelanae ou Sce-
landcjlur le détroit du Sund, vis-à-vis de l'Ile
d'Amagh , à laquelle elle eft jointe par un pont de
bois. Niifhia,Codania. Copenhague n'efl: pas ancien.
Un Evcquc de Rochild ht bâtir d.-ins le XiP- iiccle
un fort en ce lieu pour arrêter les Pirates; plulieurs
pêcheurs bâtirent leurs cabanes auprès de ce fort ;
on le nomma d'abord Stagelbourg, enfuite on lui
donna le nom d'Axcl-huys , à caul'e d'Axil Vidon ,
Archevêque de Lunden , qui contribua beaucoup à
l'orner vers l'an 1158. Enrin , parce qu'il y venoit
plufieurs marchands pour acheter le poilfon des
pêcheurs , on le nomma Hiohmaus haren , ou
Hafjen , c'eft-à-dire, Port des Marchands; de-là
s'ert fait Copenha£^um, & en françois Copenhague.
Le Roi y introduifit la Religion Luthérienne en
1555, malgré les Evcqiles qu'il chalïa. Il y a une
Univcriité à Copenhague, fondée en 14745 parChrif-
tiern I. Le port de Copenhague pafie pour être un
des plus beaux du monde.
Ditfcrence du méridien de Paris o" 41' 41" criait,
ou 100 15' 15". Longitude 30° 16' 35". Latitude 55°
40' 45". Cassini.
COPERMUTANT , f. m. terme relatif: chacun de
ceux qui permutent cnfemble un bénéfice; Commu-
tans. Il arrive fouvent que les deux Copermutans
fe trompent l'un l'autre.
^ COPERNIC , f. m. nom d'homme. Nicolas Co-
pernic, célèbre Aflronome , natif de Thorn, dans
la Pruffe Royale , & Chanoine de l'Eglife de War-
mie , propofa en 1530, la fameufc hypothèlé qui
a été généralement adoptée ^ excepté en Italie.
Voyant que le fyflême de Ptolomée étoit infoii-
tenable , il prir une route toute différente de la
fienne. Il plaça le foleil fenfiblement au milieu du
monde , &: il ne lui donna qu'un mouvement fur
ion axe, qui fe fait en vingt-cinq Jours & demi.
Au tour du foleil, il fit tourner, d'occident en
orient, dans des oibes fenfiblement circulaires , &
réellement elliptiques , Mercure en trois mois ,
. Vénus en huit , la Terre en un an , Mars en deux,
Jupiter en douze, & Saturne en trente.
0Cr Outre ces mouvemens périodiques , il donne
aux planètes principales, un mouvement d'occi-
dent en orient fur leur axe. Vénus achevé le fîen
en vingr-trois heures, vingr minurcs; la Terre en
vingt-trois heures cinquanre-fix minutes •, Mars en
vingt-quatre heures quarante minutes ; Jupiter en
neuf heures cinquante-fix minutes; Mercure &: Sa-
turne onr , comme les autres planètes principales,
leur mouvement de rotation fur leur axe ■> mais le
premier eft trop près , & le fécond efl: trop loin du
foleil, pour que les Aflronomes en aient pu fixer
le temps. Au deflus de l'orbe de Saturne, mais à
ime diftance prefque infinie -, Copernic place les
■étoiles fixes auxquelles il ne donne qu'un mouve-
ment fut leur axe.
^C? Voici donc en deux rnots tout le fyftême. 1°. A
peu près au centre du monde , c'ed-à-dire , à un
des foyers des cllipfes planétaires fe trouve le
foleil ; z". rellipfe parcourue par Mercure; 50. l'el-
lipfe parcourue par Vénus ; 40. l'ellipfe parcourue
par la Terre-, 5°. l'ellipfe de Mars j 6°. l'ellipfe de
Jupiter : enfin l'ellipfe de Saturne, Le refte du
Ciel cft occupé par les étoiles fixes.
^Cr On trouvera, fous diffcrens articles, l'explication
des phénomènes qui doivent réfulter de cet arran-
gement de? corps ce! efte?. ^oy£{ Système ,Cart£-
siANTSMi ^ les articles relatifs.
COPERNIC , f. m. terme d'Aftronomie , c'ell: le no^n
que les Aftrondmes donnent à la tache de la lune,
qui eft la onzième dans le catalogue du P. Riccioli,
On lui a donné ce nom en l'honneur du fameux
• Nicolas Copernic, l'un des plus gtaciiis Aflronomes
G OP
de f Univers. On trouve dans le DiFtionnaire les
noms de quelques taches de la lune , comme £r<i/-
thenes , Eudoxus j &c.
ffT Copernic eft aufli le nom d'un inftrument af-
tronomiquc inventé par M. Whifton pour calculer
&C reprcfcntcr les mouvemens des planètes pre-
mières & fccondaires. Encyc.
0CF Cet inflrument eft peu en ufage.
COPERNICIENS, f m. pi. partifans de Copernic,
ceux qui foCiticnnent fon hypothèfc aftronomi-
quc.
COPHTË bu COPTE , ancienne ville d'Egypte,
que les Arabes appellenr Gott,^ les Cophtcs , Kejï.
Les Arabes difcnt qu'elle a tiré ce nom de Col^t ,
fils de Mefra ou Mirfraîm , qui la lui donna. Quel-
ques Auteurs ont prérendu que c'cft dc-la que s'cft
fbrmé le nom à Egypte. Le P. Kirker cil de cet
avis. Voye^ fon (Edip. ALg. T. I , p. ^i & ^x, Hc
fon Prodromus Cop[, c. i.
CopHTE ou Copte , f. m. & f. Cophtus , Coptiis, noni
qu'on donne aux Chrétiens d'Egypte qui iont de la
feâ:e des Jacobites. Lesfentimens font tort partagés
fur l'origine de ce nom; car premièrement on l'écrit
différemment; les uns ài\^QX\iGophte jGophtus., les
aurres Cophtus , Cophte , d'autres Copte , Coptus ; Se
d'autres enfin Cophtue , ou Coptue , Cophtita ou
Coptita. Scaliger i dans fon Livre de emendatione.
p. 705 , prétend que ce nom vient de celui àt Copte y
Coptos , ville autrefois célèbre & fort marchande en
Egypte, &: métropole de la Thébaïde, dont il eft
fait mention dans Strabon & dans Plutatque. Le P.
Kirker le réfute dans fon Prodromus Coptus , c. 15
&; Scaliger lui-mêine change de fentiment ailleurs ,
comme nous le verrons bientôt. D'autres le dérivent
de Cahtim , fécond Roi des anciens Egyptiens; Jean
Léon , dans fa Defcription de P Afrique , & d'autres
après lui difenr que les Egyptiens appellent leur pays
Elehibth ou Chihth-, fans l'article; que ce nom lui
a été donné 'çizx Chibih , qui eft le premier Roi qui
y ait régné. Vanfleb j dans la Priface de fon Hi flaire
d'Alexandrie , dit que l'Egypte a été ainfi nommée
de Copt fils de Mitfraïm , &: petit-fils de Noé , qui
après avoir vaincu trois frères qu'il avoir, régna feul
dans rout ce pays. Tout cela font autant de fables;
Scaliger a penfé plus raifonnablement, quand i! a
dit que les Ethiopiens appellent l'Egypte Giptu &:
Gihetu , que les Egyptiens Mahomttans appellent
leurs Compatriotes Chrétiens Elehitth ; qui n'eft
rien autre chofe que Eleupti , & que ces noms fe
font formés de AirrnTOi: , par le retranchement de
la première fyllabe. Quelque vraifembiable qaefi^ic
certe érymdlogie , le P. du Sollier y trouve des dif-
ficultés. La ptemière eft , que le nom Grec de l'E-
gypte eft plus ancien que fon nom Egyptien. Pour
obviera cette difiiculté, il croit qu'on pourroit dire
que les Grecs ont fait leur Alyw'ia- du nom Egyptien
Gupti ou Gypti , en y ajoiitant le mot grec A.» pour
Va.}*, de forte que AiVutToç fut la même chofe que
Terra, Gyptiorurn, la terre des Gyptiens. Cela n'eft
point probable ni néceffaire. Il n'y a nulle preuve
que les anciens aient cré appelés Gypti ou Kupti ,
ou Copti ; & ce n'eft point un inconvénient que le
nom égyptien d'aujourd'hui foit plus récent que le
nom grec. Que les Grecs ayant été i\ long temps
maîtres de l'Egypte , & leur langue ayant été fi fort
en ufage , les Arabes furvcnant & trouvant AiVi>3-76? ;
^gV/'^w-f, établi pour le nom de ce pays, ils l'aient
abrégé , & dit Elehibth , pour Eleehibth, rien n'eft
plus faifable; aufli ce fentiment eft non-feulement
de Scaliger, mais auffi du P. iMorin, qui cite fur
cela le Talmud deBabylone ckms le Traite Megilla,
fol. 1 8 , ;?. I , où les Egyptiens font appelés Gypres -,
du P. Hardouin, cité par le P. du Sollier; Scàs
M. l'Abbé Renaudor. La feule raifon plaudble qua
ce Père oppofc, eft que tous les Egyptiens devroient
s'appeler Co/'/^/c'j,qu'il n'y a cependant que les Chré-
tiens; que parmi les Chrétiens mcmes,il n'y a que ce
les Jacobites qui portent ce nom ; qu'on ne le donne
point aux Melchites, Cela fait croire au P. du Sollier
C O P
que ce mot s'eft formé du nom Jacobite : par le re-
tranchement de la première fyllabe, on a fait Cob'ue,
Cobta , Copte ou Coplm, Il ne donne cepenaanc ceci
que comme une conjecture \ mais il faut avouer
qu'elle n'cft point méprifable, quoique le fencimenc
précédent paroilfe beaucoup plus vrai , car félon la
remarque de M. l'Abbé RenauJot , les vocabulaires
Cuphtes S< Arabes décident la diliiculré, traduifant
le mot AîVt/3-7«« 5 qui ligniHe Egyptien, Cophteon
Copie; & les Arabes, dans leurs Hiltoircs d'Hgypte,
dont il y en a un grand nombre , parlant des anciens
Egyptiens , les appellent Copies. Voyez le PoUier
Jélliitc , dans VAppendix ad AUxandnnos Patriar-
chas de Coptis Jacobitis , imprimée en lyoS , à An-
vers , à la tin de fon Traité des Patriarches d'Alexan-
drie , où il a rraité fort favammenc des commence-
mens des Jacobites, des mjears, des fentimens ,
des erreurs, d;s ries, des iacrjmens, des jeûnes ,
de la circoncilion des Coptes , &c. M. l'Abbé Re-
naudot , de U Fer p. de Lifoi , T. Jf^, L. I, c.y ik
10, Le P. HjI. HijL des Ordres Ke/ig.l, P. c, 8. Le
P.Vanneb, ffijioire de TEg/ife d"JLxandrie ,. im-
primée à Paris en iSyy , & dans la relation Italienne
de l'Etat préfent de l'Egypte, imprimée au même
lieu en 1671 , & dans la nouvelle r.lation d'un
voyage fait en Egypte , imprimée aulfi à Paris en
Les Cophtes font divifés en trois Ordres. Le Clergé
d'abord , puis les Laïques qui fe divilent en deux :
les gens conlidcrables, qu'ils appellent Mçbafckers,
mot Arabe dérivé de ii.',:] bajchcir , Nuntiavit -, &
qui figniiic Nujicius , d'où vient qu'ils appellent les
Evangéliftes d'un nom femblable î Le lecond ordr^
des Laïques eft; compofé des Artil'ans & de tout le
peuple. C'eftceque nous appelons le Clergé, la No-
bleiîe & le Tiers Etat.
Le P. Kirker, dans fon Prodromus Coptus , c. 1,
didingas les Cophtes des Coptes, ainli qu'il les ap-
pelle , & qui font les Coptes , ou Chtétiens Jacobi-
tes d'Egypte, dont nous venons de parler;& il pré-
tend que Copte eft un nom forgé par les Mahomé-
tans , qui appellent ainii les Chrétiens & les Moines
d'Egypte ; que ce nom iignifie coupé , circoncis : ce
qu'il fait bien remarquer , parce qu'il n? fe fouvienc
point d'avoir trouvé '««.o^ dans les anciens Auteurs.
Le P. du Sollier, Jéfuite, dans VAppendix qu'il a
mifc à la fin de fon Traite des Patriarches d'Alexan-
drie, Se dans laquelle il traite des Coptes ou Cophtes,
réfute le P. Kirker , & foûtient que dans les anciens
Auteurs on ne trouve pas plus Copte q'cic Cophte; que
ces noms font auifi nouveaux l'un que l'autre. Il
ajoute qu'il ne voit pas pourquoi les Mahomérans
appelleroicnt les Chrétiens d'Egypte par dcrilion
Coptes, c'eft-à-dire , circoncis, puifqu'ilsle font eux-
mêmes ; & que fi c'étoit un terme de mépris , il ne
conçoit pas comment la Chronique d'Alexandrie
leurdonneroitcenom ;que perfonne avant le P. Kir-
ker n'a fait cette diftintlion ; car Qaarelhius , qui
femble aulfi la faire , Liv. I, c, ^6, écrivoit en même
temps que ce Jéfuite ; qu'enfin on ne peut pas fup-
po'et que des leVJlI' ouIX'iiècletousles Chrétiens
Jacobites d'Egypte onr été appelés Cophtites , à
caufc de la circoncifion,puifqu'il eft probable que ce
n'efl: qu'au XÏPfiècIe, fous les Parriarches Macarius
&: Abul-Magfde , que la circoncilion a^été commu-
«ément rrçue , ou recommandée parmi eux , & que
Il elle fut pratiquée auparavant , ce ne fut que par
quelques parriculiers, & fans oblisration. Tout ceci
eft tiré de l'Ouvrage du P. du SolHcr , dont nous
avons parlé au mot Copthe ; 5c M. l'Abbé R^naudot
a fait enfuîte la même réflexion da".s le IK' T. de la
Perpét. de la Foi, Liv. I, c. 9 ,/>. --i. Autrefois dans
tout le Diocèfe ou Pattiarchat d'Alexandrie , il n'y
avoir qu'un feul Archevêque , qui croit le Patriarche
d'Alexandrie , qui n'avoit fous lui que des Evoques.
Les Grecs orthodoxes ont établi dans la fuite beau-
coup de Métropolirains. Les Jacobites ont confervé
l'ancienne forme de la hiérarchie. Ils n'ont encore
aujourd'hui d'Archevêque que leur Patriarche , qui
CO P 891
réfide ordinairement au Caire , & qui prend le titrc
d'Alexandrie. Il a onze ou douze Evcques Ibus lui»
L'Evoque de Diamette eft le leul quifoit appelé Mé-
tropolitain , & cela dans le Xir iiècle léulement. Le
rerte du Clergé , ou Séculier ou Régulier, eft com-
pofé des Ordres de Saint Antoine, de S. Paul Se de
S. Macaire, qui ont chacun leurs Monaftères. Ou-
tre les Ordres de Prêtrife , de Diaconat Si de Souf-
diaconat, les Cophtes ont auifi des Igoumenes , ou
Archimandrites, &: ils leur confèrent cette dignité
avec les mêmes prières Se les mêmes cérémonies que
les Ordres. Elle fait une diftnélion conlidérablo en-
tre les Prêtres ; & outre le rang &: l'autor. ré qu'elle
donne à l'égard des Religieux, elle compr.nd le
rang & les fondions des Archiprctres. Par un ulàge
de plus de fix cens ans , ii un Prêtre élu Evtque n'a
pas étr Archimandrite , on lui confère cerre dignité
avant l'Ordination Epifcopale.
La féconde perfonne du Clergé , & qui, après le
Patriarche, rient le premier rang parmi les Evcques,
eft celui qu'ils appellent Patriarche de Jcruiàkm,
qui , par un ancien droit , ou coutume qui a pafle en
loi , gouverne l'Eglife Copthe pendant la vacaAce
du fiége Patriarcal. Ce patriarche dejcrufalem rélide
au Caire depuis long temps , apparerfimcnt parce
qu'il y a trop peu de Cophtes à Jérufalem. Il y va feu-
lem.nt à Pâques, & tait quelques vilites dans la
parde de la Paleftine qui touche l'Egypte , & qui
reconnoîtfajuril'didion. Il n'eft proprement qu'Evê-
que du Caire ■-, Se il ne prend ce titre étranger , qu'a-
fin que le Patriarche d'Alexandrie rélidanf au Caire,
ne pui/îè y prendre aucuneautorité. Ce n'eft donc
point comme l'a cru M. Simon , le Patriarche d'A-
lexandrie qui porte aulfi le titre de Parriarche de Jé-
rufalem. Pour erre élu Patriarche, il faur avoir paiîc
toute la vie dans la continence , Se même être vif rs:;e,
&: l'on choifit prefque toujours un Religieix, C'eft
lui qui confère les Evêchcs. Pour êtreEvêque , il
faut être dans le célibat, & fi l'on a été marié , il
faut ne l'avoir été qu'une fois. Les Prêtres &: les Mi-
niftres inférieurs peuvent fe marier , mais on ne les
y oblige point, comme l'écrit fauifement Ludolph;
Se l'on en voit plulieurs qui paifent leut vie entière
dans le célibat, comme dans l'Eglife latine. Bien
plus , ils ne peuvent plus fe marier quand ils onr été
ordonnés, foit qu'ils ne l'aient point été avant leur
ordination , foit qu'ils deviennent veufs. Il y a une
infinité de Diacres-, Se on les ordonne fouvent dès
l'enfance. On n'élève aux Ordres Eccléfîaftiquesque
des Artilans Se des gens du peuple ; de là l'ignorance
où ils font. Se où les trouva le P. Roderic, Jéfuite,
Le refpedl des Laïques pour le Clergé, & des ordres
inférieurs dans le Clergé pour les fupérieurs, ne laiflb
pas d'êtte extrême Se confiant. Ils ont un Office plus
long même que le Romain , qui ne change jamais
en rien. L'Oîficc du Carême eft plus longqu'en au-
tre temps, & celui des Evêques l'eft plus que celui
des Ordres inférieurs. Ils ont trois Liturgies , qu'ils
changent félon les temps. La plus ordinaire eft de
Saint Bafile; les deux autres fonr celles de S. Gré-
goire de Nyffe §c de S. Cyrille, qui font beaucoup
plus longues. Le P, Vanfleb parle d'une Litu-gie
Grégorienne, dont ils ne fe fervenr que dans les fê-
tes de N, S. & dans quelques aurres des plus célè-
bres. Cet Auteur parle encore de douze autres Li-
turgies des Coptes , mais ce qu'il en dit paroit peu
sûr au P. du Sollier,
Il y a des Religieux Se des Religieufes Coptes, &
la pro'eifion Monaftiqueeften grande ePime parmi
eux. Pour y être reçu, il faut avoir la permiifion de
fon Evêque. Ces Religieux Coptes font vœu decha/i
tetc perpétuelle. Ils renoncenr à leurs parens & à
leurs biens, & n'en pofT-dent aucun. Ils habi-
tent dans les dcferts. Ils ne s'habillent que de laine j
ils fe ceignent d'une courroie ; ils ne mangenr point
de viande , fi ce n'eft dans la dernière néceffirc , &
font obligés même à retrancher de leur repas toutes
les viandes délicieufes. Se .i fe priver de routes les
fortes de nourritures fans Icfquollpt; le corps fe peut
V V V vv ij
892 COP
foCucnir.Ils partent leur vie en oraifons & au travail,
gc s'appliquent à la Icdntc de l'Ecriture Sainte. Us
dorment iur une natte cicndu: par terre , excepte
les Supérieurs Se les malades. Il ne leur elt pas per-
mis de quitter leurs habits , ni leurs ceintures , m de
dormir deux lur la même natte , ni proclie 1 un de
l'autre. Ils l'ont obliges aux Heures Canoniales, & le
prolternent tous les ibirs cent cinquante tois , la lace
Se le ventre contre terre, étendant L's bras en croix
Se les points fermés , Se taifant à chaque tois le li-
sne de la croix. Ils s'occupent à travailler a la cam-
pagne. Ils mangent à Sexte, Se à la rin du jour ; Se
s'ils ne font pas occupes a des travaux rudes, ils doi-
vent le contenter d'un leul repas, qu'ils font à None ,
ou à la fin du jour. Ils n'ont point de jeunes que ceux
de l'Eglile Copte. Ils ont beaucoup de Monalteres ,
dont le P. Hclvot parle dans l'on HijL des Ordres
Religieux , I.'P, c 8. Outre les Auteurs cites , on
peu^voir encore le Févrc, Traité de la. Turquie;
Quarefnius , Elucid. Terres Sauciez ; Thevcnot ,
Foyace du Levant, L. I ; le Monde de Davity ; 1'-^-
friquedc Marmol ; la Relation d'Egypte du P. Vanl-
kb i & le Foyage de la Terrî-Suinte du P. Eug.
Roger. Les Moines &: les Religieules Coptes loin
tous de li*lie du peuple. Ils ne vivent que d'aumô-
nes : ils mènent une vie fort dure , Se ne mangent ja-
mais de viande , fi ce n'eft dans leurs voyages, hors
de leurs Monaftères. Les Monaftères de Femmes
font proprement des Hôpitaux. Il n'y entre guère
que des veuves réduites à la mendicité.
LesMébafchers, car c'eft ainfi qu'il faut écrire ,
puifqu'il vient de T:?n & non pasMcbachers, avec
leP. duSollier, comme s'il venoit den:3a ou inn
( le P, du Bernât qui eft François en écrivant ainfi
dans fes letttes au P. du SoUier a voulu exprimer le
fon du w Arabe , qui eft le même que celui de notre
£h françois ; mais en l'écrivant ainfi , fur tout en la-
tin , on défigure ce mor -, duquel ceux même qui la-
vent l'Arabe , n'entendroient plus l'origine Se la li-
gnification ) les Mébafchers , dis-je , font la No-
blefle des Coptes , fi cependant on peut donner ce
nom à des gens qui ne font que les Fermiers Géné-
raux des Turcs & des pattifans d'Egypte. Ils font ri-
ches, pri-ndpalement ceux des douze premières fa-
milles , qui ont trouvé le moyen de rendre cet em-
ploi héréditaire dans leur famille. Le refte du peu-
ple eft très-gueux ; & les uns Se les autres font très-
ignorans, ceux-là parnégligence &: par mépris. Se
ceux-ci faute d'inftiuftion.
Le P. Roderic, au rapport de Sacchin, Hifl. Societ.
Jef. T. Il, L. IF, §. lio &luivans , réduit les er-
reuis Se les fentimens des Coptes à fix chefs. 1°. Qu'ils
répudient leurs femmes , Se en époufent une autre
du vivant de celle qu'ils ont répudiée, i". Qu'ils cir-
concifent leuts enfans avant le Baptême. 5°. Qu'ils
ont à la vérité fept Sacremens , dont les quatre pre-
miers font le Baptême, l'Euchariftie , la Confirma-
tion Se l'Ordre, mais que les trois autres font la
Foi, le Jeûne & rOraifon. 4°. Qu'ils nienr que le
Saint-Efprit procède du Fils. 5°. Qu'ils ne recon-
noilfcnt que trois Conciles (Ecuméniques , qui font
ceuxdeNicée, de Conftantinoplc Se d'Ephèle; Se
que dans celui de Nicée ils ont 84 canons , defqucls
il y en a deux qui ordonnent l'obéifiance au Pape
comme les Catholiques. 60. Qu'ils rejettent le Con-
cile de Chalcédoine, Se ne reconnoiflent dans Je-
sus-CHRiST,après l'union de l'humanité avec la Di-
vinité, qu'une feule nature, une volonté , une ac-
tion. Dans la difcipline 6c lesrits, il trouve qu'ils
pèchent encore en plufieurs chofes ; car , i". Ils
croient qu'il faut encore s'abftenir de manger du
fang Se des animaux fuffoqués. x°. Que le mariage
eft permis au fécond degré. Ils ordonnent des Dia-
cres dès l'âge de cinq ans -, &:4°.Enfin en plongeant
l'enfant dans les fonts de Baptême, ils répètent trois
fois la formule. D'autres ajoiitent encore quelques
abus , comme de croire qu'il y a un Baptême de fsu ,
. qu'ils donnent avant le Baptême d'«au , en appli-
-'-.guantun fer chaud fur le fironc , ou fur les deux
COP
joues. Voyez Jacobus de Fitriaco, Hifior. Orient.
C. 7<S -, ie Sanutas , L. HI , i^art. Flll , c. 4 j & le
P. du Sollier ,/?. li?.
D'autres retranchent de ces erreurs , & excufent
fur cela les Cophtes ; car, 1°. le P. Van fie b , qui
rraire fort exaétement du Mariage des Cophtes, p. H,
c. 51, 55 , 54 &: 55 , ne leur reproche rien fur le
chapitre du Divorce &; de la Polygamie limultanée.
S'ils pèchent en cela, c'eft dans la pratique , ce n'eft
point dans la doélrine. Ils enfeigncnt que le mariage
eft indiifoluble. Ils tolèrent à la vérité de nouvelles
noces aprèsle divorce; mais ils s'en excufent fur la
domination du Turc , Se l'impuiflance où ils font
de faire obferver les Canons fous ces maîtres. On
prétend encore qu'ils n'errent point fur la Procef-
fion du S. Efprit. Ce qui paroît de plus vrai , c'eft
qu'ils ignorent même cette difpute. M. Simon les
accule d'obferver le Sabbat : cela n'eft point vrai ;
feulement ils ne jeûnent point ce jour-là. S'ils ne
mangent point d'animal fuftbqué , c'eft dans quelT
ques-uns raifon de fanté , &c dans d'autres c'eft er-
reur -, mais erreur de quelques particuliets feulement,
qui croient que le précepte des Apôttes ^3. XF, 29,
oblige encore -, ce n'eft point le fentiment de la .
feéte entière. Le mariage au fécond degré eft un abus
introduir dans les mœurs , mais non point dans la
dodrine ; &: ainfi du refte.
Les Cophtes ont les fept Sacremens de l'E-
glile Catholique , comme on le peut voir dans le
P. du Sollier, yec7. /// -, & dans M. l'Abbé Renau-
dot , T. IF de la Perpét. de la Foi, L. I , c. 10.
La Circoncilion n'eft en ufage parmi eux que depuis
la conquête des Arabes Mahométans. Aucun Auteur
ne parle de la Circoncifion des Cophtes avant le
XII' fiècle -, Se jamais ils ne l'ont regardée , & ne la
regardent point encore comme nécelfaire.
Quant à ce que Roderic accule les Cophtes de
faite circoncire leurs enfans avant le Baptême ,
comme ce n'eft point par un principe de Religion ,
qu'ils circoncifent leurs enfans , on ne doit point
mettre cela au nombre de leurs erreurs ; le P,
Vanlîcb , dans fon HiJL de fEglife d'Alexandrie ,
ch.io, dit que la Circoncifion eft en ufage chez
les Cophtes , non par un commandement Judaïque ,
ni par un précepte de Religion , mais par une an-
cienne coutume qu'ils ont prife des Ifmaelites ,
comme le témoigne un de leurs Auteurs nommé Am-
ba Michel , Métropolitain dcDiamette.Ils tiennent
la Circoncifion comme une choie indifférente, Sc
ils croient pratiquer ce que S. Paul a écrit aux Co-
rinthiens, quand il dit: (lui vocatus fuerit ad fidem
& hahet pmputium non circumciùatur ,& qui voca-
tur & efi circumcijus , non revertatur adprœputinm,
c'eft-à-dire, félon leur explication, ceux qui de-
vienncrr Fidèles &qui font circoncis , qu'ils conti-
nuent à fe circoncire Se route leur poftéritc. Ls
même Père Vanll-.b , après avoir obfervé qu'ils cir-
concifent an lli leurs filles, ajoute : mais tune &
l'autre dt ces cérémonies fe fait par une femme Tur-
que dans un tain put lie , ou dans une maifon parti-
culière , fans y obferver aucune cérémonie religieufe.
Voyez encore ce qui a été remarqué là-delfus enpar-
lanr des Abilfins.
Pour le Baprême de feu qu'ils donnent, dit-on ,
par l'application d'un fer chaud , c'eft une fable qui
n'eft fondée que fur le rémoignage de Jacques de
Vitry , qui ne la raconre que fur le rapport des au-
tres , Se qui a mal pris &e attribué à tous les Cophtes^
ce qu'il avoit apparemment oui-dire de quelques-uns
feulement, quiavoient des marques de croix fur la
peau i comme quelques voyageurs de la Terre-Sainte,
même parmi nous , s'en font. Ce qu'on leur repro-
che par rapport à l'héréfie des Monophyfîtes , aux
Conciles qu'ils rejettent, à l'ordination des Diacres
dès l'enfonce , eft mieux fondé , &: n'eft que trop
vrai. Ils ne croient point avoir feuls la véritable Egli-
fe, mais ils en excluent les francs, c'eft-à-diic , les
Catholiques 5c les Melchites. Du refte , ils difent
COP
^uc depuis le Concile de Chalcédoîne & la divifion
«les Patriarches , chacun d'eux eft chef dans Ion
Eglile.
Les Cophtes ont fait en différens temps différentes
léunions avec l'Egiife Romaine ; mais en apparence
Seulement, & dans la néceilité de leurs affaires. Sous
Paul ly il parut à Rome un Syrien qui le dilbit en-
voyé du Patriarche Cofthe d'Alexandrie, & qui ap-
portoit de lui des Lettres au Pape , par lefquelles il
reconnoiffoir l'on autorité , & lui promeitoit obcif-
fance. Paul IVjCtant mort lut ces entrefaites. Pic IV,
qui lui fiiccéda, après s'être alfûré autant qu'il le put
de la vérité des lettres de l'envoyé par le moyen du
Conflil Vénitien du Caire , &: même avoir reçu de
nouvelles lettres du Patriarche plus iormellcs encore
que les premicres,& par lelqut lies il demandoit qu'on
lui envoyât quelqu'un avec qui il pût traiter de la
réunion de Iba Eglilé à l'Eglilc Romaine , le Pape
choilit le P. Roderic Jéliiite, qu'il fit partir en i jiîi,
avec la qualité de Nonce Apoftoliquc. Mais ce Jé-
iuite, après quelques conférences avec deuxCo/»A/ej
commis pour cela par leur Patriarche Gabriel , n'eut
pas toute la latisfaClion qu'il attendoic. Ils avouèrent
que dans la lettre écrite au Pape , on lui avoit donné
à la vérité la qualité de /'c;rc</ej/'£;rej, de Pajteur
des Pujieurs , de M.iitre de toutes les Eglifes ■■, mais
ils ajoûtètcnt qu'on ne devoir pas prendre à la ri-
gueur des term:s qui n'étoient que des civilités j &
que c'eft de cette manière qu'on a coutumc'd'écrire
à des amis. Ils dirent de plus, que depuisle Concile
de Chalccdoine , & rétabliffement des différens Pa-
triarches indépendans les uns des autres , chacun
étoit Chef Se iVLûtre dans Ion Eglife. C'eft ainli que
le Patriarche des Cophtes traita les envoyés du Pape,
après qu'il eût reçu du Conflil l'argent qu'on luien-
voyoit de Rome. Toute cette hiftoire efl rapportée
plus au long au Livre 11^'^ de CHijloire de la Compa-
gnie de Jefus , écrite par le Père Sachini, Jéiuite.
Copte ou CopHTE , (Le) ell l'ancienne langue des
Egypthiens mêlée de beaucoup de Grec. Le P. Kir-
ker eft le premier qui ait publié un Vocabulaire &
quelques Grammaires Cophtes. Il ne s'eft jufqu'à prc-
fent trouve aucun livre en langue Copte qui ne fût
des TradiLclions de l'Ecriture-S.iinte , ou des Offices
■EccLfiaJU-jues , ou d'autD'S qui ont rapport à. cette
matière, comme des Grammtires&c des Dictionnai-
res. Les caradtères de cette langue font purement
grecs. ;
Les Cophtes ne pari -nt pUi'i depuis longtemps
leur ancienne lanirue C'ti/Zi/tf, qui ne fe trouve que
dans leurs livres. On parle Arabe dans tout le pays.
Cette langue Cophte , qu- le Jcfuite Kirker prétend
être une langue matrice & indépendante de toute au-
tte, a été beaucoup altérée parla langue grecque.
Car outre qu'elle en retient encore les caradères un
peu changés , un très-gtand nombre de ces mots font
purement gr^cs. Ifaac Voifius, qui a pris pLiilir à
avancer des paradoxes, a prétendu , dans une de lés
réponfesà M. Simon , qu'il n'y a eu aucune langue
Cophte avant que l'Egypte tîit foumile aux Arabes.
Cette langue, félon lui, eft un mélange du grec
& de l'arabe-, le nom même de cette langue n'crant
point dans le monde avant que les Arabes fuflcntles
maîtres de l'Egypte. Mais cela prouve feulement ,
quecequ'onnommoirauparav.int langue égyptienne
a été appelé depuis Copte par les Arabes , & par une
corruption de langage. Il fe peut faire que les Arabes
aient apporté quelques mots de leur langue dans
l'ancien Cophte, ou Egyptien. On ne conclura pas
de là qu'il n'y avoit avant ce temps-là aucune lan-
gue Cophte ou Egyptienne.
C'eft ce que M. Simon a répondu à M. Voflïus
dans fon Hifi. Crit. des verrons du Nouveau Tejla-
ment , chap. i6\ & il ajoute en mcme-f'mps, que
les mots atabes qui font dans la langue Cophte peu-
Yent y avoir été avant que les Egyptiens tulîcnt fou-
rnis aux Arabes. Les anciens Gco^rinhes , dit il ,
aflûrentque la ville capitale de la Thébaïde , ap-
pelée Coptos , étoit le lieu où les Arabes , les In-
COP §95
dicns & les Ethiopiens apportoicnt l:urs marchan-
difes ; &c ainli il n'eft pas furprenant que le commerce
des Egyptiens avec les Arabes & les Ethiopiens ait
introduit quelquelques mots Arabes dans le Cophte
ou Egyptien. On trouve dans la Bibliothèque du
Roi plufieurs livres écrits en langue Copht.-. Mais ce
font des Vetfions de l'Ecriturc-Sainte, ou des livres
de leur Office Eccléfiaftique, Il y en a un dans la Bi-
bliothèque du Collège des Jciuitcs à Paris, qui con-
tient l'Evangile de S. Jean avec une verlion Arabe
interlinéaire. Pietro délia Valle, dans la lettre citée
ci-defîûs , dit que les Cophtes ont perdu entièrement
leur ancienne langue, dans laquelle ils ont feule-
ment quelques livres facrés , dilant encore la McfTe
en cette langue. Ej'olo hanno in ejja alcuni lilri fa-
cri , dicendo ancora la Mejfa in quella lingua. Il
ajoute que comme cette langue n'tft plus entendue,
tous leurs livres ont été traduits en Arabe , qui eft
leut langue vulgaire. C'eft pourquoi ils liiént deux
fois à la MelTe l'Evangile & l'Epitre , favo^r , une fois
en Copte,&c une fois en Arabe. Mais fi nous en croyons
le P. Vanflebdans faRclarion Iralienne de l'ctar pré-
fent de l'Egypte, les Cophtes célèbrent la Mellè en
Arabe, à la réiérve de l'Evangile, &; de quelques
auttes chofes qu'ils lifent otdinaircment en Cophte
& en Arabe. La Mejja celebrano in lingua Arabica,
eccetto lEvangelio & alcune altre coje che loliano
lesgere nella lingua Copia & Jraha.
COPHTIQUEou COPTIQUE,ad). m. &: f. qui appar-
tient aux Cophtes ou Copies. Cophticus , Copticus ,
a, um. Les Liturgies Cophtiques font celles dont fe
fervent ceux des Chrétiens d'Egypte , qui ne recon-
noi/fent qu'une feule natuie en J. C. & qui fe iont
féparés du temps de Diofcote. II y a tro's Liturgies
Cophtiques. La première eft attribuée à S. Bafile , la
féconde à S. Grégoire le Théologien . & la troifîcme
à S. Cyrille d'Alexandrie. Les Liturgies Cophtiques
ont été traduires en Arabe , à l'ufage du peuple, &:
même des Prêtres qui n'entendent pas à prélcnt la
langue Cophtique. Le P. Kirker prétend que la lan-
gue Cophtique eft l'ancienne langue des Egyptiens ,
& qu'on peut s'en fetvir pour expliquer les Hiérogly-
phes & les anciennes Infcriptions. D'autres dilVnt
que c'eft un mélange de Libyen , d'Arabe & d'Egyp-
tien , formé par le mélange de différentes nations
Barbares. D'aurres prétendent que cette largue n'a.
jamais été en ufage,&que c'eft un Jargon fait àpl:iifir.
L'abbé Renaudot , dans fa Collection des Liturgies
Orientales, croit que la \v^^\xt Cophtique s'eft for-
mée en Egypte de l'arcienne langue du pays,qu'elle
a reçu plufieurs mots tires du grec, fur tout pour les
matières qui regardent la Religion -, qu'elle étoit en
ufage avant que les' Mahométans fe fuffent rendus
maîtres de l'Egypte , comme il paroîr par d'anciens
Hiftoriens & par des manufcrits qui font datés du
Xle fiècle.
Cophtique ou Coptique, f. m. la langue des Coph-
tes , la langue Copthi.ue. Lingua Copthica. M. Re-
naudot foûtient que par le moyen du Cophtique on
ne peut expliquer les Hiéroglyphes. Il ne paroîr dans
le Cophtique ni tour ni inflexion arabe.
§3° COPIA , province de l'Amérique méridionale au
Popayan , entre les Piovinces de Cartama & de
Pozzo.
|Cr COPIAPO , ville maritime du Chili , à l'embou-
chure d'une rivière de même nom , fous le 509 d.
de long. & le 27 de lat. méridionale.
COPIATE. f. m. FofToyeur , qui fait les foffes pour en-
terrer les morts.Fe//'///». Dans les premiers fiècles de
l'Egliléjil y avoit des Clercs deftincs à ce travail. En
5 37 Conftantin fît une loi en faveur des Prêtres Co-
piates, c'eft-à-dire, les Foffoyeurs qui avoient foin
des enterremens. Il les exempte par un privilège
parriculier de la contribution luftrale, que payoient
tous les marchands. Fleitry. C'eft fous Confta-nin
que l'on commença à les appeler Copiâtes , c'eft-à-
dire , des Clercs deftinés au trnvail , du Grec , xô^tt
travail, qui vient de yW:- fcindo , ctzdo , ferio »
tundo. Auparavant ils s'appeloient Decani , & Lecli*
894 COP
carii , peut-être , parce qu'ils ctoient diviTés par di-
xaincs , dont chacune avoit une bière , ou litière
pour porter les corps. On leur donne ordinairement
rar.t; parmi les Clercs , Si même avant les Chantres.
On en trouve dans les Gaules Tous Honorius , mais
leur nom, qui cft tout Grec, fait juger qu'ils ve-
noient originairement de l'Orient, & peut-être de
rctabliilcment que Conltantin en avoit fait dans fa
nouvelle ville. Till£Mont , Hiji. des Emp. T. IF,
^fF" COPIE, f. f. Ce mot dont nous allons marquer
les différentes acceptations , fignifie en général un
double d'un écrit , d'un ouvrage. La copie doit être
fidelle & contenir , même les défauts de l'original.
Ce mot vient de copia dont on s'eft fervi dans la
balfc latinité dans la même lignification.
Copie fignifie ordinairement ce qui eft fait d'après
un original-, mais il y a des cas où l'on emploie ce
mot dans un lens tout oppofé pour exprimer le pre-
mier ouvrage même fur lequel on conduit le fécond.
C'eft ainfi que l'on appelle copie , la minute que
les Avocats gardent de leurs écritures, 5c les ma-
nufcvits d'un Auteur. Exemplum,exemplar.Y oysz
Copie , en Librairie &: l'Art. Copie & modèle de
■ M. L'Abbé Girard.
Ce mot vient de copia , dont les latins fe font
f^rvis dans la même fignification.
Copie fediten Jurifptudence, delà tranfcription d'un
adle en groffc ou en forme, qu'on réduit en moindre
volume pour le faire lignifier à une partie , ou pour
en garder un mémoire par devers foi. Dejcriptio ,
exemplum , exemplnr. Cette copie a été pril'e fur l'o-
riginal , coUationnée à Toriginal. Quelques anciens
titres ne font qu'en forme de vidimus, de copies col-
lationnées. Aujourd'hui les copies coUationnées ne
font point de foi, fi la collation n'en eft faite avec
la pattieintérefîce. Les Huiillers font obligés de laii-
(ci copie àç tous les aiîles qu'ils lignifient.
ÇjOvii figurée, çi\. \iï\t copie entièrement conforme à
l'original , non-feulement en la fubftance 5c teneur
de l'adle , mais encore en la difpofition des mots ,
des lignes, des pages ,dcs lîgnatures , &;c. Dejcriptio
exernplari archetypo penitùs , plane Jïmilis.
IJCT Ce terme efl: quelquefois oppofé à original: on
lignifie la copie d'un cxploirau défendeur ; quelque-
fois à minute , lorfque les aiiles fur lefquels la copit
efl: faite , s'appellent minutes, comme lesacSes no-
tariées , les écritures d'un Avocar.
§CT Les groffes & les expéditions font des copies ,
mais n'en portent point le nom. Foye^ leurs diffé-
rences aux mots Grosse & Expéditions.
Copie lé dit aullî de l'imitation qu'on fait d'un origi-
nal , Se fe dit particulièrement des tableaux , des
defleins Se des ouvrages de littératuie. Exemplum ,
exemplar. Les moindres originaux font plus efliimcs
que les meilleures copies. Ce bâtimenr n'cft que la
copie d'un autre qui eft à Rome. Tous les Poètes ont
voulu imiter Virgile ; mais toutes ces copies font de-
meurées bien au defîbus de l'original.
Copie fe dit auiTi d'une tradudlion. L« P. Bouhours
dit en parlant de fa Traduction du Nouveau Tejia-
ment , faite fur la Vulgate , n'ayant pas de dtoit de
rejeter le texte de la Vulgate, ou d'y changer rien
de notre autorité particulière, nous l'avons traduite
telle qu'elle eft v Se la traduétion que nous en avons
faite , eft une copie reffemblante , qui repréfente juf
qu'aux défauts de l'original latin , s'il étoit permis
d'ufer de ce mot en parlant du texte lacté.
Copie fe dir encore de l'ùnitation des aélions Se des
manières d'autrui. Les défbrdres de notre temps ne
peuvent être que des copies des fîècles paffés. S. Evr.
Copie , en terme de Libraires Se d'Imprimeurs , eft
le manufcrit , l'original d'un livre qu'on leur donne,
fur lequel ils impriment. Exemplar archetypum,mci-
nufcriptus codex , liber. Il fautenvoyet à l'Auteur
demander de la copie. Ce font les bonnes copies qui
ont enrichi ce Libraire.
On dit compter la copie; pour dire, juger com-
bien de feuilles il y auradans un manufcrit propofé ,
CO P
5e on appelle copies de chapelle , les quatre îxem»
plaires que les Compagnons retiennent pour leur
droit , Se qui fe rendent en le payant.
On dit d'un homme qui ne réudir pas à en imiter
un autre qui eft excellent dans fon genre , que c'eft
une méchante copie d'un fort bon original. On dit,
en ftyle familier, d'un homme finguiièrement ridi-
cule , que c'eft un original fans copie.
^3" Copie , modèle. Le fens dans lequel ces mots
font lynonimes , ne fe préfente pas d'abord à l'efprit,
dit M. L'Abbé Girard. Le premier coup d'œil qui
nous montre une copie faire fur un ouvrage qui en
eft l'original , Se un modèle fervant d'original à l'ou-
vrage , met entr'eux une différence totale. . . Mais
une féconde réflexion nous fait voir que l'ufage em-
ploie en beaucoup d'occafions ces deux mots fous une
idée commune , pout marquer également l'otiginal
d"après lequel on fait l'ouvtage , Se l'ouvrage fair d'a-
près roriginal.Co/'/£feprenanr,ainfi queOToiè/f,pour
le premier ouvrage fur lequel on conduit le fécond -,
Se modèle ié prenant, ainfi que copie , pour le fécond
ouvrage , conduit fur le premier ; de façon qu'ils
deviennent doublement Synonimes , c'eft-à-diie ,
qu'ils le font dans l'un Se l'autte des fens dont l'inf-
titution où la première idée fembloit avoir fait à
chacun d'eux fon partage , avec les différences fui-
vantes,
IJCTDans le premier kx\^,copie ne fe dit qu'en fait d'im-
prefllon. Se du manufcrit de l'Auteur fur lequel l'Im-
primeur ttavaille : modèle fe dit en toute autre occa-
fîon, dans la morale comme dans les Arts, L'épreuve
n'eft fouvent fautive,que patce que la copie l'cft auflî.
Il n'eft point de parfait modèle de vertu. Je crois que
les Arts Se les Sciences gagneroient beaucoup , fi les
Auteurs s'attachoient plus à fuivie leur génie, qu'à
imiter les /Hotfé/ej qu'ils rencontrent.
IJC? Dans le fécond fens, copie fé dit pour la peinture.
Modèle pour le relief. La copie doit être fidèle , Se le
modèle doit êtte jufte. Il flmble que le fécond de ces
mots fuppofe la rcffemblance avec plus de force que
le premier. Les rableaux de Raphaël ont de l'agré-
ment jul'que dans les mauvaifes copies. Les fimples
modèles de l'antique, qui font au Louvre, n'y fîgu-
renr pas moins bien que les originaux des pièces mo-
dernes.
COPIER , V. aift. tranfcrire un zCtt, un livre, un dif-
cours •, en faite un double. Defcribere , exfcribere ,
tranfcritere .
On le dit auflî des tableaux , des deffeins, des
batimens, des ftatues. Piciuram ex altéra exprimere,
falulam pingenio imitari. Copier un tableau de Ru-
bens , imiter un original.
Copier fignifie aufli imitet -, Se quelquefois dérobet
l'invention, le livre, le travail d'autrui. Imitari ,
dej'crihere , fuhfurari. La plupart des Auteurs ne
font que fe copier les uns les autres. Montagne fait
donner un air d'original aux chofes mêmes qu'il copie.
Maleb.
Copier fe dit auffi fîgurément des perfonnes. Se li-
gnifie les imiter , les prendre pour modèle. Imi-
tari aliquem. Ceux qui ne font pas nés dans un rang
jUuftre , Se qui veulent copier les Grands, les copient
mal, ils ne prennent que de faux airs de grandeur.
Rell. Les moindres agrémens qui font naturels ,
valent mieux que ceux qu'on affecte de copier des
autres. Bouh.
Apprenti tout au plus du c'elehre Molière ,
Tu devais copier fon noble caractère. Pradon.
|tT Dans cette acceptation où copier fignifie rendre ,
exprimer une chofe par l'imiration, les manières, les
aélions , le ftyle, ùc. ce verbe fé prend en bonne
parr. On dit qu'un Auteur copie ce qu'il y a de meil-
leur. Copier un ouvrage , c'eft le bien imiter. La
Bruyère a copié les mœurs de fon Siècle. On dit de
même qu'un Peintre copie la nature. On le dit de
même du Poète. fVyf^ Imiter , Exprimer, Ren-
dre,
c o p
1^ CopiPR (Se) Te dit dans un Cens défavorable, b'n
Pejinrc qui fe copie , eft un Peintre qui (c répète ,
q.ui n\-ftpas varié dans fcs attitudes, (on ton, &/.
Copier lignifie quelquefois, contrefaire les manières',
les gedes d'une perfonne, pour la rendre ridicule.'
Ahuuan imuando explodere , illudere.W a un grand
talent pour copier les autres.
Copié, éwp-an.lmitando exprcjfus; efficlus.
COPIERE , r. m. c'efl le nom que les Italiens donnent
a l'Oiîicier Porre-Barette.
COPIEUSEMENT, adv. d'une manière copieufe. Co-
-pios£\ aéundanter, cumulaù. Les gens du Nord boi-
vent copieusement. ^ Voyez aux mots , Bien ,
BEAUCOUP , ABONDAMMENT , leut différence. Voyez
auUi Copieux.
r? COPIEUX , EUSË , ad), term.e relatif à la quan-
tité , quand il s'agit des fonélions animales. Selle ,
évacuation copieufe. On le trouve quelquefois ap-
pliqué aux langues, La langue grecque eft plus co-
puuje que la latine. Mais il paroit déplacé. Copiofus.
Copieux iignîfie aufTi, en vieux ftyle, imitateur, celui
qui contrefait les geftcs , & les manières d'autrui
pour les tourner en ridicule. Imitator. Les copieux
de la Flèche en Anjou font plulîeurs fois cités dans
les Contes de Bonaventure Dejpériers.
fer COPJN, nom d'Hércfiarque. Copin & Quintin ,
chels des Hérétiques , nommés Libertins , s'effor-
çoient de répandre leurs erreurs dans le Brabant&
dans la Hollande, vers l'an 1525, Foye^ Libertins.
COPISTE , f. m. celui qui copie. Librarius. Les der-
niers Clercs des Procureurs font les Copifies.
Copiste. Commis qui copie dans un Bureau fous les
ordres d'un E)ireéteur;celui qui met au net les comp-
tes , les états , & autres expéditions qui concernent
fon Bureau ; c'eft propirement ce qu'on appelle Com-
mis aux écritures.
Copiste fe dit au/IÎ des Peintres, des Deirmateurs ,
des Architeéles, des Auteurs qui ne font rien qu'i-
miter les autres, & qui ne font rien de leur propre
invention,qui ne travaillent point de génie. Ficlurce,
tabula, imitator. Ce n'eft qu'un Peintre copiée.
|Cr En Littérature , il eft fouvcnt fynonime à pla-
giaire.
Copiste , Officier de Comédiens qui a foin de garder
les originaux des pièces pour copier les rôles Ts.: les
diftribuer aux KOitwK. Librarius, C'eft lui qui afTifte
aux repréfentations , qui fe met à une des aîles du
théâtre , & relevé l'Aéleur s'il tombe en quelque
faute de mémoire, Théat. Franc.
COPONIÀ j f. f. nom propre d'une famille Romaine,
Çoponiagens. La famille Coponià étoit originaire de
iTibur bu Tivoli. Elle n'étoit pas ancienne. Le
premier Citoyen Romain de cette famille fut T.
Coponius , grand-pere des deux Coponius , Titus
&: Caïus , qui vivoient dit temps de Cicéron , &
dont il parle , aufli-bien que de leur aïeul , dans fori
€>raifonpour Cornelims Balbus^n. 55. La famille
Coponia porte fur fes médailles une mafTue avec une
peau de lion & un arc , parce qu'elle étoit de Ti-
voli , qui étoit confacré à Hercule, C'eft la penfée de
M, Patin , p. 8i.
|cr COPOSIE, ville de l'Empire Ruffien, da ns l'In-
grie , à l'embouchure d'une perite rivière qui porte
le même nom. Long, 47°, 15', Lat, 59°, }(î',
COPOU, f.m. terme de relation. C'eft une efpèce de
toile la plus eftimée qui foit à la Chine , & qui fe
nomme Copou , parce qu'elle eft faite d'une herbe
que les gens du pays appellenr Co , qui fe trouve
■'■ dans la province de Fokien. P. le Comte.
COPOVICH-OCCASSOU , f. m. c'eft un arlare dont
parle Lac:, qui croît dans les Indes Occidentales.
Ses feuilles relfemblent à celles du poirier ,& fon
fruir que l'on appelle oumery, eft comme une groife
poire , & l'on en fait grand cas lorlqu'il a atteint fa
maturité. Ray , Hifi. Plant.
COPPA , f. m. c'eft le nom d'un caraélèregrec, figuré
chez les Anciens comme un P retourné ,"c'cft-à-dire ,
comme le Q des Latins. Les Grecs poftérieurs l'ont
marque conirne un G. Le nombre qu'il iîgnifioiV
dans les chiffres croit 90.
COPPAT{AS,r. m. Coppatias equus. On appelok
ainii un cheval qui croit marqué d'un coppa^C^^x on
avoir coutume de les marquer tous ou du coupa où
du (igma. ^oytç CoppÀ.
COPRENEUR,f. m. celui qui prend avec un autre
des terres , une maifon , des droits, des rente 6'c
a loyer ou à ferme. '
COPRONYME i f. m, furnortà d'homme. Copronjmus
C'eft le furnom que l'on donne à Conftantin VI= du
nom, Empereur de Conftantinople , fils de Léon
1 Ifaunque , & Iconoclafte comme lui. Conftantin
Copronyme fut couronné en 720, commença à régner
feul après la mort de fon père en 742 , & mourut
en 775.
Ce nom eft grec, & compofé de «V^». , fier eu s, iW«,
nomen. Cer Empereur fut ainlï furnommé , parce
que dans la cérémonie de fon Baptême lorlqu'on fie
les immerfions, il falit les facrés fonts, de fon ordure.
Voyei Cédrénus , Zonaras , & Maimbourg dan$
fon Hifioire des IconoclafieS,
COPROPRIÉTAIRE , f. m. & f. qui poffôde par indi-
vis une mailon , une terre , une Seigneurie, ou autre
immeuble. Qui cum altéra velcum pluribus alicujus
tel proprietarius eft. C'eft ainfi que s'expliquent leS
Jurifconfuites. Un bail d'une terre ainfi poifédée
n'eft point valable s'il n'eft fait par tous les copro-
priétaires ou en leur nom,
COPTE. 7^0^^:^ COPHTÈ.
C-OPTER , v, a, faire battre le barrant de la cloche feu-
lement d'un côté. Pulfare alternum talus àris carn--
pani. Copter Une cloche,
COPTIQUE, Foyei Cophtique.
COPULATIF , IVE, adj, qui joint , qui lie enfemble.
CopiUativus. Il ne fe dit guère qu'au féminin &:
en Grammaire des particules qui lient le difcours.
Et eft une conjonôtion copulative,
COPULATION,f,f. vieux mot,jon(flion du mâle avec
la femelle pour la génération. Coïtus , coïtio. On y
ajoure ordinairement charnelle. ^ Il n'eft guère
d'ufage que dans les procédures de l'Officialité , &
il fe joint ordinairement avec l'cpirhète charnelle.
La Copulation charnelle , hors le mariage , eft dé-
fendue,
M. Ménage s'en eft fervi même dans fon Hiftoire ds
Sablé, L. m. C. 16. p. 89, ouvrage férieux. Avanr le
Concile de Trenre, dit-il , la copulation illicite fai-
foit parenté juiqu'au fcptième degré , réduit par
ce Concile au fécond.
COPULE , f. f. ternie de Logique , c'eft la partie
d'une propofition qui joint l'attribut au fujet , o\i
le fujet& l'attriburenfemble. C'eft le verbe Etre qui
fair la copule dans toutes les propofitions. Dieu ell
infinii-nent bon ; l'ame f/inimortelle. Les iujets lont
Dieu , Vame : les attributs bon , immortel: & la co-
pi^le, le verbe eft; mais dans une propolition né-
gative, la copule joint-elle le fujet & l'attribut ? Oui,
parce qu'on la réduit à une propofirion affirmative,
en mertant la négation devant l'attribui:, par exem-
ple : la Religion n'eft pas dourcufe , elle eft invin-
ciblement démontrée ; l'Athée & le Déifte ne font
pas excufables. L'Athée & le Déifte font nort
excufables.
fO" Quelquefois la copule &c l'attribut font renfermés
dans un feul mor , mais il eft aifé de les féparer,
Pierre aime , pierre eft aimant. C'eft la même
chofe fi la propofirion eft renfermée dans un feuî
mor. Comme faime.
Copule, terme de droit, c'eft l'union Sfla joncaion
de l'homme avec la femme. CvpiiJa , coïtus. En
Juridiétion tant Civile qu'EccIcliaftique , on n'ap-
pelle point autrement cette jonétion que copule.
Les Cafuiftes fe fervent aufTi du terme de copule,
Lorfqu'une fille n'a confenti à la copule que fous
promeife de mariage , celui qui l'a faite i eft oblige
en confcience de l'époufet-,
89^
GO a
COQ.
c o a
It? rOO, Cm. forte d'oifeau domeftique, qiù eft
^e mâle de la pouk. Gallus. Un peu avant la pointe
du jour on entend le co? chanter. Notre-Seigneui
prédit à S. Pierre qu'il le renieroit trois tois avant
que le co./ eut chanté. Les poules pondent des
iuft fans avoir vu le co^ , mais ils lont intcconds.
cH. 45. 'p- ^30 ^ ^"'^- ^^' "'^•Z- ' 'P- '?° ' ''r '''k^ '
& dit avoir vu un œuf de coq , dans lequel au heu
de poulet il y avoir un ferpent forme. Dans les
Ephémérides des Curieux de la Nature , Decad. I.
A. III. Obf. 177 , Z'. 5 5^ . il eft P'irle à\m coq qui
en treize jours pondit dix œufs. Au même ouvrage ,
Decad. II. A. I. Ohf. 145, Z». 5 59' '^l^^" '7"<= 'l^^
dans l'efpace d'un mois en pondit iix. ht ObJ.iii,
p. 4z? , d'un autre qui avoir pondu trois fois, &
1 457, d'un oie mâle qui pondit aulîi. On trouve
encore de pareils exemples, Decad. III. A. V &
VI Orf. 1 58 , ;». 1 78 & Ohfv. i(S^,p. 574- On rap-
porte plufieurs raifons de ces productions, qu'on
peut voir dans une Diflertation de M. Sto terfoht
inférée dans fes Nouv. Lit. de Ix Aur Bal:. 1701,
p zio 8C fuiv. M. Stolterfoht a foupçonnc que
lés animaux aux quels cela arrivoit étoient herma-
phrodires, mais il n'en a aucune preuve -,& un
habile Médecin de Copenhague qui fit la direction
d'un de ces animaux n'en put trouver. Quant a
l'autre point, favoir, que de l'œuf d'un co^ il en
naît un bafiUc , SoHn , c 49. ^hcn , L. 1 ,del Hijt.
de^ Anim. c. i. Pline , L. FUI, c zi ,6c d'autres
l'afllirent. M. Stolterfoht en doute tort, & dit
qu'il n'a pu encore en avoir de preuve. Il avoue ce-
pendant que de la matière corrompue de ces œuh ,
il en peut naître plufieurs fortes de vermine , ou de
reptiles -, que cela doit arriver fur-tout dans les pou-
les, & par conféquent aulli dans les coqs , parce que
ces animaux mangent plus d'ordures & d'inleCtes
qu'aucun autre; que le germe de ces inleétes peut
paifer dans l'œuf de la poule , ou du coq ,,& y cclo-
re enfuite-, qu'on a remarqué dans les œuh différen-
tes fortes de vers -, & que c'eft un axiome parmi les
Médecins , qu'il n'eft rien de plus fujet a la corrup-
tion que les œufs, qu'ils font bons quand ils font
très-frais , mais que plus ils font vieux , plus ils font
mauvais -, & qu'il s'en faut abllenir comme d'un
poifon.
Coq. On dit proverbialement ; niauvaife maifon ou
le coq le taît & la poule chante -, pour dire , que
c'eft un mauvais ménage où la femme eft la maîtredc.
On dit autrement qu'il ne faut pas que la poule
chante devant le coq. On dit que bon coq ne fut
Jamais gras. . - r • j
Ménage croit, après Guyet, que coq a ctc tait de
cloccus,^ic de clocitare. D'autres croient que c'eft
un ancien mot gaulois , comme aflure Borel , auih-
bien que le mot de coquart , qui eft fouvent dans
Villon , qui lignifie un s,Ioricux fans fujet , comme
les enfans qui mettent des plumes de coq fur leurs
bonnets , & qui pour cela s'eftiment bien braves.
On dilbir aufli autrefois un bonnet à lacoquarde.
Il dit aulîl que ce mot pourroit venir de coccus , ou
cochenille, à caufe de fa crête rouge. Et enfin il dit
que ce mot vient du Breton co^, qui fignifie rou^e.
Bêçe a remarqué que c'eft le feul terme de la langue
francoife qui fe termine en q. Coq , félon le P. Pez-
ron ,' eft un mot celtique , duquel eft dérive non-
feulement le François coq, mais encore le nom
Il efl: certain que le mot coq eftceltiq^ie aufTi-
bien que bec : dans Suétone un capitaine eft nommé
Bcco , & il le traduit en latin par Rnftriim oalli.
Le coq eft le fymbole de la vigilance. On le donne
fur les médailles au Dieu Janus'SC à Mercure , -<iuel-
^luefols à Bacchus , parce qu'on le lui factifioit pour
la confcrvation des vignes. 11 marque aulli les com-
bats, la victoire. P. Jomeert.
On appelle le chant du coq , Galli cantus , le
point du jour, parc; que les coqs chantent en ce
temps-là , Se réveillcnr ceux qui dorment.
Coq de Bruyère, eft un coq fauvage qui vole bas,
& le prend à la palfée comme les beccallés. Il le
nourrit dans les bruyères. Gallus Jilvejtris.
Il y a des Auteurs qui diftingucnt entre coq
fauvage & coq de fois. Ils appellent coq fauva;rg
une efpèce de faifan particulier qu'ils difcnt fe
trouver dans les pays feptentrionaux. Et Belon
appelle coq de tois un oifeau plus gros que le taifan ,
qui a les plumes noirâtres, luifantes ôc changeantes,
& les fourcils très-rouges.
Coq lis:nifie aulîl le mâle de la perdrix. Petdix maf-
cula , perdix mas.
Coq d'Inde, prononcez Co-d'Inde , eft un gros
oifeau auHi domeftique , qui aies qualités d'un coq ,
6c qui a été apporté depuis quelque temps des Indes
Occidentales. Gallus Indicus. Il y a un coq Indien
qui eft différent de celui qu'on nomme coq d'Inde ,
qui a été apporté d'Afrique, où il eft appelé ano.
Jonfton l'apelle Gallus Perjicus , Hc Gelnei: &c Al-
drovandus , Gallus Indicus. Son plumage eft noir ,
&: il a un œil verdâtre, à la réferve du dos, dont
les plumes vers la racine font de couleur de gris
de noyer , & quelques unes blanches. Sa taille eft
d'un médiocre poulet d'Inde. Markgraviiis décria
un coq du Bréfil qui eft tout vert, & qui a fur la têrc
une crête ou panache de plumes noires. Quelques-
uns croient que le meleagris des Anciens eft notre
coq d'Inde. Le coq d'Inde eft fort goulu, il croît &
s'engraillé beaucoup , & quelquefois il s'en trotive
qui pèlent plus de vingt livres. Ses petits font fort
difficiles à élever, & le tettips un peu rude leà
tait mourir. Quand le coq d'Inde fe carre & fe pa-
vanne en étcndanr fa queue £c en étalant lés aîles ,
on dit qu'il fait la roue. Cet oifeau liait le roiu^c,
& fe met en colère quand il en voit. Il a le cou , la
tête & un grand lambeau qui lui tombe fur le bec j
tort rouges , quand il fe carre , mais quand il eft
dans fa pofture ordinaire , ces parties deviennent
entièrement pâles. Il y en a qui ont tout le champ
du pennage noir , avec un peu de blanc à l'extrémité
des grandes pennes. D'autres font gtifâtres ; d'autres
d'un^gris un peu rougeâtre. Ils ont unc.grolfe touffe
de poils rudes comme des crins au milieu de la
poitrine. Quelques-uns l'appellent la barbe du
Coq d'Inde. Sa femelle s'appelle Poule d'Inde,
Foyei Poule.
Àldrovand fait mention d'un Coq d'Inde , qui
a plutôt la rcfTemblance d'un Dragon que d'un Coq.
Son bec a beaucoup de rapport à celui des Perro-
quets ; il eft tout-â-fait courbé par le deflus , &:
entièrement rouge. Sa tête , fa poitrine &: fon ventre
font de couleur'de rôle fort clair , fa poitrine eft
fcmée de taches de couleur de rofe encore plus
lavée que le fonds ; Se au ventre elles font plus
grandes , & ttaVerfccs d'une ligne blanche. Il a deux
crêtes , la première eft de chair , &c placée proche dit
becj entre cette tache & le bec il y a une tache
longue qui eft bleue. L'autre crête eft compofée de
plumes jaunes très-petites, qui font proche de R.
première crête , &: s'élèvent fur le Ibmmet de la
tête, puis vont finir fur le haur du cou. Ses yeux
difpofés en long, comme ceux de l'homme ^ leur
prunelle eft noire , le cercle qui l'environne jaune j
& les fourcis noirs. II a des oreilles grandes & droi-
tes. Ses plumes font fort diverfifices de vert, de bleu,
de blanc , de couleur de rofe , & de rouille de
rouîre. Il adeux queues, une perite. Se une grande,
compofée de neuf e;randes pennes inégales, & dif-
férentes en couleurs, &c fur lefquclles on voit des
yeux en ovale , qui font rouges , ou blancs , toujours
bordés ou environnés de bleu : fes piesfonr rou-
ges, Se ornés de taches brunes. Il n'a que trois
doigts , doQt les ongles Se l'éperon font blancs. Le
dos
c o a
dos eft prcfque tout rouge , & marqué de taches
noires en forme de croiUant , &; travcrfée par le
mileu de taches blanches.
Coq de bois , en général , c'cft un faifan. f-'oye:^
Faisan.
-Coq de bois d'Ecoffe. He(5lor Boëtius rapporte que
l'on trouve en Hcoflc une elpccc de C'oy d^ion,
dont la chair cft approchante de celle du hùlan , &
qui eft de pareille grandeur. Il a le pennat;e noir, ik
les paupières extrêmement rouges •■, il vit de blé.
La Poule eft plus petite, & Ion pcnnage cil brun.
Le mâle a le cou , la poitrine , les aïljs & les cuiills
femécs de points rouges. La femelle efl d'un gris
cendié & diverfific de taches noires. Ils onf l'un
& l'autre les paupières & les foiircils garnis d'une
membrane tougc. Ces animaux le retirent dans les
brouHaiiles.
Coq de Marais d'Ecole , c'cfl: un oiléau que les
Ecoflbis & les Anglois appellent Coç de Marais.
Ils en font «rrand cas à caufe de la délicateiié de
fa chair. Il cherche pour l'ordinaire fa parure dans
les lieux marécageux. Son pennage ell roujlatre ,
ou plutôt jaunâtre , femé de points noirâtres , gé-
néralement par toutes les parties du corps. Ses
fourcils & les barbes qui lui tombent au dellbus du
bec, font compo.'cs d'une membrane rouge, com-
me celle de la plupart des Coqs de Bois. Il a les
jambes &: les doigts robuftes & faits comme ceux
des Faifans , ou des Coqs , excepté qu'il n'a point
d'ergor.
Coq iîgnifie figurément , en (lyle familier , urv no-
table bourgeois , ou habitant d'une Paroi/îe j qui
eft difringué par l'on crédit , par fes richcifes. I^ir
primarum ii-.rer juos partium. Un tel cfi: le Coq
de la Paroi Hc.
Coq fignifie aulfi une figure de Coq qui eft ordi-
nairement doré , & qui fe met fur la pointe d'un
clocher, ou d'une flèche d'Eglife , pour lérvir de
girouette , & faire connoître le charagenient des
vents. Inaurata ç^dlli fissura -, gallus,
CoQjcn termes d'Horloger , eft un petit treillis de
cuivre doré &: fort délicat, qui eft fur la platine
de deflbus d'une montre , oc Icrt de bafc à l'un des
pivots da balancier & en même temps à le cou-
vrir en entier , &c empêcher que rien n'y piiiife
_ toucher , parce que la moindre choie, en y toa^
chant ,eft capable d'arrêter la montre.
Coq , en termes de Marine , eft le cuilinier d'un
vailît.m. Coqîius.
Coq-a-l'âne , f. m. indéclinable, terme du ftyle fa-
milier qui fignifie un difcours ansiuite, lâns liai-
fon ; propos rompu dont la fuite n'a aucun rap-
port au commencemcnr: comme fi quelqu'un , au
lieu de fuivre un difcours qu'il auroit commence
de fon Coq > parloit foudain de fon âne , dont il
n'étoit point queftion. Aliquid alieuum ab repro^
pojita dicere. Ménage dit que Marot a été le par-
rain de cette façon de patler , & qu'il fit une Hpi-
tre qu'il nomma du coq-u-l'dne , enluite de la-
quelle pkdieurs Poètes ont ftft des Satyres qu'ils
ont intitulées de ce nom, où ils difoient plulieurs
vérités qui n'avoicnt ni ordre , ni fuite. Je ne puis
mieux comparer les Sonnets del Burchlcllo , qu'à
nos coqs-a-l'àiie , puifque chaque vers contient un
fensfépaté de tons les autres, fans aucune liaiion
aufîi-bien que le Commentaire fur iceux de Fr. Ma-
ria Doni , qui a voulu enrichir par fes extrava-
gances fur le texte , ubique enim arcna fine calce
eJi.MA<icVK. p. Z17.
Coq , ou Coq des Jardins , terme de Botanique. Cof-
tus hortcnjis , coflum hortenfe , menta. gr«^^. Plan-
te dont les racines fcnt femblables à celles de la
jr.ente , rondes Si chevelues. Ses tiges font hautes
d'une coudée ou d'une coudée & demie , bran-
chiies, d'un vert-pâle. Ses feuilles font de la mê-
me couleur , découpées fur les bords , d'une odeur
forte , d'un goût très-amer : elles reflemblent à cel-
les d<- la bétoine. Aux extrémitcs des branches vien-
nent l'-s flpurs , qui font jaunes ^ radiées. Ses fe-
TQme 11.
C O a
8^7
rtences foht petites j oblongues &: aplaties. Cette
plante eft bonne pour les crudités de l'eftomac »
pour le vomillémcrtt , pour la colique , pour la
cardirialgie & pour la puanteur de la bouche.
Coci, Ordre deCh-valerie. Il futinftituccn 11 14, par
un Dauphin tie Viennois, qui fut tiré par Claude
Polier d'un grand danger où il fe trouva en con>
butant contre les Anglois. Le Seigneur de Polier
fut le premier Chevalier de l'Ordre du Coq , que
le Dauphin nomma ainfi , parce que les Poli.rs
portent d'argent à un Coq de fable dans leurs ar-
mes. L'Abbé Bcrnardo Juftinani , T. I , c. ^ , de
fon Niji. des Ordres de ChevaLrie , parle en-*
cote d'un Ordre du Coq iiiftituc par un Pierre de
Montmorency. Voyei L'Ordre du chien.
!fT COQUARDE. f. f L'Académie écrit coc^ric; , &!
c'eftl'ufagc le plus ordinaire. Noeud de rubans qu'on
met au retrouHls du chapeau , dont les gens de
guerre font particulièrement ufage. Les fbldats
portent des coquardes d'une couleur ou de cou-
leurs diiférenres , félon les difïcrcns Corps.
Dans les habillemens de théâtre, on appelle co-
qîiarde, une efpèce de bouquet de plume qui s'é-
lève au deffus de la forme du chapeau du côté
du retroUffis. C'cft aux chapeaux des danllurs que
l'on met des coquardes.
Ce mot vient apparemment de Coq, Ces fortes
d'ornemens font des efpèces de ctcte , & les'Coyjr
ont des crêtes. De plus , on appeloit autrefois
bonnet .à la coquarde , les bonnets où les enianS
mettoient des plumes de Coq.
COQUARDEAU , f. m. vieux mot. Galant , difeuc
de douceurs.
^l (ignifie auffi jeune for , étourdi , ignorant»
Stultus , i^narus,
COQUARDIE, f. f. vieux mot. Avanture.
COQUART. f. m. Sot , benêt. Glof fur Marot.
Coquart , vieux mot , qui veut aire , Jafeur. De
co^uart on a formé caqueter. Coq eft le mot d'où,
tous ceux-ci , & même celui de coquart , tirent
leur origine , parce que ceux qui caquettent , ou qui
patient, beaucoup , font un bruit qui approche d«
celui que fonr les Coqs.
COQUATIER. t^oyei Coquetier.
COQUATRE , &: mieux , Cocâire , f m. Coq à demi '
châtré , à qui on a laiffé un des tefticules. Gallus
. m lie cajtratus.
COQUATRIS. f m. Quelques-uns croient que c'eft
le bafilic. Haython l'Arménien croit que c'eft le
crocodile , qu'on a ainfi nommé par corruption.
HuET,
COQUE , f m. ccorce dure d'une noix -, ccale , pciu
dure d'un oeuf. Ovi , nucis putamen. Cette noix
eft anghufe , on ne la peut tirer de fa coque. Il y a
des oeufs qui ont une coque dure , 8i les autres mol-
le. Manger des œufs à la co.jue , c'i.ft les manger
après les avoir fair cuire dans leur cojV/f, en trem^
pant dedans des mouillettes ou apprêtes. Les meiN
leurs poudriers ou horloges de fable fe font avec
des coques d'ceufs calcinées &: pulvérifées.
§Cr CoQUF. , coQîJiLLF. Conceptaculum. En parlant des
fcmences , dit M. Duhamel , on appelle coque,
les envelopcs qui font ptefque ovales, légères & dé-
liées. Sili^u.i, On dit vulgairement coquilles de
noix, de noifcttes , d'amandes, pour lignifier la
partie ligneufe du noyau-, ce qui ditfke beaucouj»
de la coque , conceptaculum ; ÔC la coque di.fcre de
la capfule uniloculaire , en ce que les panneaux en
font mousoi moins roides , comme à l'envclope
des frmenccs de Mouron.
Ménage dérive ce mot de concha , ?< de con~
chula, aulTi bien que lé mot de coquille. Ft le P.
Pezron prétend que coque eft un mot c 'Itique ,
d'où vient non-feulement coquille, mais auffi le
Grec y^'/f > concha.
Coque de Perles. Ce font de ccrtain'^s élévations ert
demi-rord , que l'on trouve attachées à la nacre.
Ce font des perles véritables que la mrurea atta-
XXXxx
.8^8
co a
chées à fa coquille. Les Lapidaires fcient les coques
de perles , éi de deux coques qu'ils ont l'adrellc
de joindre , ils en font une leule perle. 11 faur être
bien connoliieur pour s'appercevoir de l'ar-
rii'kc.
CcQUE de Vira Soie, Cefl: l'envelope où le ver ie
rcntcrme quand il veut iilcr.Certe coi^uc étant ache-
vée , le ver fc change en t'cve , & de t'cve en pa-
pillon .• cnCuite il perce fa co(jue pour en iortir.
Eomtycis foUiculus.
On ditproverbialcment & par reproche , qu'un
jeune garçon ne iair que fortir de la coque ; pour
dire, que ce n'efl: encore qu'un enfant. Àc. Fr.
Coque , en ternies de Marine , eft un faux pli qui
fc fait à une corde qui cft trop torlc. Kii^a.
Coque, en termes de Serrurier. Ce l'ont des pièces
de fer qui fervent à conduire le pêne d'une fer-
rure , & dans Icfquelles entre l'aubercn.
Coque de Levant , font de petits fruits ou baies
grolfes comme de gros pois, de couleur 'obicurc.
Elles contiennent chacune une femencc jaunâtre .
frir.l:le, dont la force fe diflipe en vicilliU'ant. On
s'en fert comme de la ftaphifaigre pour faire mou-
rir les poux. §3" On en jette auifi dans la rivière
pour enivrer les poiflbns & les prendre enfuite
plus facilement.
COQUEFREDOUILLE , f m. mot bas & burlefque ;
pour fignifier , l'elon Cotgrave , pauvre hère , /ra-
jcrablc , malotru ^ ou, félon l'Auteur du Di(5i:ion-
naire Comique , jot , fat , fans efprit.
UEfpagnol , ce Coquefredouille ,
■ f^ a toujours ai école, & perd toujours bredouille,
Desh.
L'Auteur delà. Fulminante , page 56, s'efl: fcrvi
de ce terme , en parlant des démêlés des Rois
Philippe Augufle £c le Bel avec les Papes. C'étoit ,
dit-il, un temps où la Religion Catholique étoit
fioriflante , mais la France portoit des hommes
mâles , &c non des coquefredouilles embéguinés.
Le Didiionnaire de Rimes de Richelet , pag, ^11,
où ce mot eft mal écrit Coquefredouille , l'expli-
que par /;r//or , moqueur , railleur-, mais ce n'eft
pas là le fcns de coquefredouille.
COQUELICOT , COQÛELICOC , ou COQUE-
LICOQ. {'. m. Le premier eft le meilleur & celui
que l'Académie a préféré. Efpèce de pavot fauvage
qui croît dans les blés , & dont la fleur eft rouge.
Erraticumpapaver. On l'appelle zuiïi ponce au. Voy.
Pavot , On fait une eau diftillée &c un fyrop
de fleurs de coquelicot,
COQUELÎNER , v, n. rerme d'OifclIerie , pour ex-
primer le chant du coq. L'on dit du coq coqueliner,
Faultbieb..
COQUELOURE. f. f. Pulfatilla, Plante qui a du
rapport avec l'Anémone , & qui n'en diffère que
par fes femences,qui font terminées par une queue
barbue. Il y a plufeurs efpèces de coquelourdc; la
- plus commune eft celle qu'on nomme Pulfati-lla
folio craffiore & majori flore. C. B. Saracine eft groflè
comme le doigt , longue, noirâtre , branchue, fi-
brcufc , amère & acre au goût. Elle donne des
feuilles découpées fort menu , foûtenues par des
queues ailez longues •, du milieu de ces feuilles
naît une tige lifle, arrondie un peu , velue , haute
de cinq .1 lîx pouces environ , & garnie quelquefois
de trois feuilles auffi finemicnt incifées que celles
du bas , & difpofces en manière de collet. Elle eft
terminée par une fleur bleuâtre ou pourpre , à lîx
pétales velues , rangées comme celles de l'Anémo-
ne. Le piftil eft chargé de quanrité de femences
ramaffées en tête & terminées par une queue bar-
bue -, &: il eft environne d'un grand nombre d'é-
ramines violettes qui porrent des fommets jaunâ-
tres. Cerre coquelourdc fleurit au printemps , & elle
croît dans pluiîeurs endroits du Royaume. Les au-
tres efpèces de coquelourdc dilE-rent de cellt-ci I
pat la couleui de leurs fleurs &: par leurs feuilles, I
COQ,
COQUELOURDE eft encore le noi\i que donnent
Icsfleuriftesà une plante appelée Lychus Coronaria.
Jaiiva , S<.c.
IfT COQUELUCFiE , C. f. vieux mot qui lîgni/îoit
capuchon. On dit ligurémenr & par allulion à la
coqueluche dont on le cocifbit , qu'une perlbnne eft
la coqueluche de la Cour , du beau monde , de la
ville -, pour dire , qu'elle eft fort en vogue ,& extrê-
mement à la mode. Ac. Fr. C'eft dans ce fens
que la Bruyère a dit au chapitre de la Socieié,
page i(j4 , des éditions 9 fr 10 , 6" page 15? 3.
du premier tome de l'édition de M. Cofje : " Si
j> à votre âge vous êtes û vif &: fi impétueux ,
» quel nom Thcobalde , falloit-il vous donner
)3 dans votre jeunelfe , &: lorlque vous cticz la co-
» queluche on l'entêtement de certaines tenmcs qui
j; ne juroicnt que par vous & fur votre parole î »
Quelques-uns prérendent que c'eft Bourlâult qui
eft malqué ici lous le nom de Théobalde. Il avoir
beaucoup d'clprit Se de vivacité. Boilcau déclare à
la fin de la remarque furie vers 6^ de fa neuvième
Epitre , que de tous les Aureurs qu'il a critiqués,
Boutlaulteft, à fon fens , celui qui a le plus da
mérite. D'autres croient que le Thcobalde de la
Bruyère eft Benferade , qui a été efi'cétivemcnt la
coqueluche de la Cour pendant plus de quarante
ans , & qui défendoit fes ouvrages avec un tel en-
têtement , que ceux même qu'il conTultoit , ne
pouvoicnt lui dire leur penfée , fans s'expofer de
fa part à d'étranges emportcmens. Voy. l'HiJlcire de
V Académie , Françoije , in- iz , 1730, tome x , p.
i<?7 & 16S.
Coqueluche , maladie contagieufe &: nialigne ,
qui régna en 1510, 15586c \^-]-].Cucullaris mor-
lus. C'czok une fluxion fur la poittine , accompa-
gnée de mai de tête, qui fit mourir beaucoup de
monde, Mczeray dit que fous Charles Vî , en 1414,
un étrange rhume , qu'on nomme coqueluche ,wui:-
menta toutes forres de perlb.nnes , & leur rendit la
voix lî enrouée , que le Barreau &c les Collèges
en furenr muets. Un Médecin nommé Vaicriola ,
dans V Apendice de fes lieux communs , dit que
ce nom lui fit donné par le peuple , parce que
ceux qui en étoient attaqués portoient une coque-
Inche , ou capuchon de Moine , pour fe tenir
chaudemement. Ménage Si Monet font du même
avis. Un autre Médecin , appelé le Bon, a écrit
que cette mala»die a été ainfi nommée à caufe du
remède qu'on y apporta , qui fut le loch de codion^
fait avec les têtes de pavot , qui font appelées co~
dion , ou têtes de coquelicot. On l'a aullî appelée
quinte. Cette maladie fe fait fentir de temps en
temps, elle fit de grands ravages en 1723 bc en
1753.
COQUELUCHER. v. n. Ce mot fe difoit autrefois
pour dire , être attaqué , travaillé , tourmenté de
la coqueluche. Cucullo morho laborare.
Pareillement m'avertis ,Ji tous ceux
De ton quartier ont été fi touffeux ,
Comme deçà on va coqueluchant,
COQUELUCHON , f m. Capuchon de Moine fuit
de grofle bure. Cucullus. Les uns font en pointe ,
Si les autres en rond.
CoQUELucHON le dit encore d'une efpèce de capu-
chon , donr les Pénirens ( Confrérie forr en vo-
gue dans les provinces au-delà de la Loire) fe cou-
vrent le vifage & la tête. Il eft formé d'un morceau
de roile carré , de la couleur du refte de leur habit ,
plié en diagonale, dont deux des côtés font con-
fus cnfemblc. Comme il leur couvre tout-à-fait le
vifage , on y prarique deux trous vis-à-vis les yeux,
pour qu'ilj voient à fe conduire.
D. de Vert dérive coqueluchon de cucullio , o\x
cucullus , & ceux-là du mot Gr:ec Koukoullion ■, Sc
de Kuklos , y.inXt; , un cercle , parce que le capuce ,
ou capuchon , ou coqueluchon , ferme en effet
€ O Ci
C G d
. lin cercle âctour du viiage.
COQUEMAR , 1". m. uRcnûle de cuifinc-, efpèce de
pet ayant une anie , qui fert à faire bouillir de
l'eau , £c à cuiie p'.uficurs chofes. Cocnma. Les Bar-
biers portent avec eux leur bafîin i-c leur coqucm.ir.
On fait des coqucmars de terrejd'étain /de cuivre,
d'argent.
Ce mot vient du latin ci/cuma , chaudière , ou
de cucumarium qui efl une forte de vafc ainfi appelé,
4juod. ventnm 'hal'--t magnum iiti cucumi's,
COQUEPLUMtT. \. m. Homme qui porte des plu-
mes fur Ion cliapcau. Batteur de pavé , fiérabras ,
fendcur de naftaux. Cotgrave ell le feul Lexico-
graphe de ma connoiilance,qui ait placé ce niot dans
fon Ditlionnaiie. L'Archevêque de Lyon , ou plutôt
■ l'Auteur de la Harangue (Nicolas Rapin) après avoir
fait voit que la_Ligue étoit compoice de quantité
de fcélérats & de vauriens ;, dit qu'il n'y veut
pas comprendre maints Gentilshommes , & autres
qui font du bois dont on les fait , ou du moins
qui en ont la mine , &: fe montrent vaillans coqiic-
plitmets fur le pavé de Paris. Satyre Méiiip. in-S".
page 6c).
COQUEREAU , f m. efpèce de petit navire.' Le P.
Léon.
COQUERELLE. f f. C'eft le nom qu'on donne dans
l'Abbaye de Remiremont à de certaines femmes ,
dont la foniiiion cft de garder les Chanoineiics
depuis rExrrcmc-Onélionjjuiqu'à leur enterrement.
La Doyenne du Chapitre a droit de nommer le
Solliciteur dti Chapitre & l'Ecolâtre , de placer
l'Infirmière & les Coquerelles, & les deftituer quand
il y a caufe. Amelot de la Hoits.
COQUERELLES, autrefois COQCJERÉES, f. f. ter-
me de Blaibn , qui lignifie de petites noifettcs dans
leurs fourreaux , toutes vertes , jointes enfembleau
nombre de trois , & relies qu'on les cueille fur les
noiferiers. AvclLince. Il y en a dans Técu des lieurs
de Montmagny. Pierre Huault de Montmagny ,
qui vivoiten ijoo, tige des Seigneurs de Bernay
en Brie, portoit d'or à là face d'azur chargée de
trois molettes d'éperon d'or, accompagnée de trois
bouquets de co.jitenllcs de gueules , deux &; im.
Quelques-uns tiennent que ce font des oignons de
fleur. I)'autces difent que ce foiit des vefliîs ou
bourfe? de l'alkakenge , qui ell une 'efpèce de fo-
ianum , faites comme des boutfes qui enferment
un grain rouge de la groffeur de l'anis de Verdun ,
dont on fe iert pour faire des bouquets en- hiver.
Ce dernier fentiment cft le meilleur. Dans Ic^ ti-
tres des Chevaliers de Malte du nom de Huault ,
de Vaires-BufTy &: de Montmagny , les coquerel-
les font appelées coquerées.
COQUERET. f m. Alkekengi. Plante que qilelqiies
uns appeloient autrefois alkekenge , ou alkeken-
gi. Ses racines fo-^t longues , noueules , genouil-
lées, traçantes, & poiUfent plulieurs tiges hautes
d'environ un pic , m.enues , rougeâtres , un peu
velues , mocleufes , noueules , & garnies à l'endroit
de leurs nœuds de feuilles, citernes -, plus gran-
des que celles de la morelle , dentelées fur les
bords , & foûtenues par des queues longues d'un
pouce environ. Des ailîelles de quelques-imes de
ces feuilles naiflent des fl?ars ordinairement feu-
les , allez grandes , blanchâtres , d'une feule pièce,
taillées en manière d'étoile , foûtenaes par un pé-
dicule d'un pouce de long. Le piftil qui s'élève du
milieu du calice , & qui enfile la^fleur, devienr
après fa chute une baie molle , de la grolfcur &:
delà couleur d'une cerife , & remplie de femen-
ces plates & blanchâtres. Cette baie eft renfet-
mée dans le calice , qui a pris alors la figure d'une
velfie rougeâtre. Les Médecins ordonnent cette
plante fous le nom dt foLinum halïcacahum. Ses
baies font d'ufage dans les maladies de la veflîe.
Il y a plulieurs autres efpèces de coqueret , mais
qui font étrangères. Celle qu'on nomme alktken<ii
fruclu parvo veniciL'ato , In fi. R. herl^, eft réputée
'%'^'^
Vencneule -, & plulieurs Botaniftes ont cru que c c^
toit le folaman fornniferiim maximum , ou la mo-
relle fomnifère des anciens. On n'oleroit ffe fervic
intérieurement de cette deri\ière efpèce , à" caufe
qu'elle jette dans des délires affreux -, on fe conten-
te fculcmefit de l'appliquer extérieurement 'pour
calmer les douleurs , &: pour procurer le fommeil.
COQUERICO, f m. chant du coq. Le coq cha'p-
ta coquenco. Théâc. Ital, dans la pièce intitulée
les Animaux raisonnables , on a fait ce rondeàiï
pour la poule.
Coquerîco.
J'entends Jitôt que je càquetle ,
Coquerico.
Autour de moi mon joli coq ,
Toujours ardent pour fa poulette ,
A chaque moment me répète
Coquerico. Théâtre de la Foire,
COQLTERIQUEk, v. n. tctme dont on fe fert pour
exprimer la manière de crier du coq. Les coqs
coqucriquem. Dans les campagnes on entend co-
queriqucr les coqs qui annoncent le point du jour.
COQUÊPvON , f. m. terme de Navigation. Quel-
ques-uns nomment ainli une petite cliambrc ou re-
tranchement qui cil: à l'avant des petits batimens.
On le nomme ainli , parce qu'il fert de cuifine.
COQUES, f. f. pi. terme de pêche. (Eufs de poif-^
ion de mer que l'on emploie pour amorcer les
filets , avec Icfquels on pêche les fardines.
COQUESIGRUE. f. f. Alcnage écrit coquecigrue,
Poiifon de Mer qu'on ^dit fe donner des clyllc-
res avec l'eau de la mer , que les anciens appe-
loient clyjîer. A Paris , dans les cabinets des cu-
rieux , on appelle coquecigrue , les coquilles de
Mer. Conchcc. Quelques-uns fe fervent de ce mot
pour lignifier quelque chofe de frivole ou de chi-
mérique. Commentitiurn qiiid. Vous nous contez
des coquefigrues, Garrire nugas , fabulas narrare.
Mon efprit à cheval fur des coquefigriies. S. Am.
On dit proverbialemenr qu'une chofe arrivera
à la venue des coqucjlgrues ; pour dire, qu'elle n'ar-
rivera jamais: un coq &: iix grues, eft le rébus de
Locfigrues.
Coquesigrue, terme de Botanique. Il faut dire foc-
ci^rue ; c'eft un fruit qui naît à un arbre. Cocci-
gria Theophrafli, Il eft gros comme un petit graia
de veffe & vient dans unB panache. Le bois fert à
teindre en jaune, & s'appelle /}///<?/.
?fr COQUET , ETTE, adj. quelquefois employé
fubftantivement. Qui cherche à plaire. On le dit
plus fouvent des femmes. Une femme coquette elt
celle qui cherche, à plaire, à paroître aimable à
plulieurs hommes à la fois , &: qui a l'art de fe les
attacher en leur failant efpérer un bonheur qu'elle
eft bien décidée à leur refufer. Mulier amatoriis
blandimentis dedita , procorum amans. Il ne fut
jamais d'homme plus coquet. Les coquettes tâchent
d'engager les hommes , & ne veulent pas s'enga-
get. Je ne puis fupporter ces coquets , qui em-
brafl'entdix ou douze intrigues fans aucun amour i
& qui fe font cent affaires fans en avoir une feule,
M. ScuD. Une femme co^7/e//<r fe foucie peu d'être
aimée -, il lui fufïit d'être trouvée aimable , & de
palier pour belle. Ce qui domine en elle, c'eft
la vanité & la légèreté. La Bru y. Les coquettes ne
cherchent en amour que l'occupation d'une in-
trigue , &: l'émotion d'efprit que donne la galan-
terie. Roc. Une coquette ne fe rend jamais fur la
palfion de plaire. Se fur l'opinion qu'elle a de fa
beauté. La Bruy. Une coquette veut avoir plulieurs
amufemens à la fois. Id. Les amans fidèles ont
de la peine à mettre les coquettes de profellion
au rang des gens d'honneur. M. Sctjd. Une co-
quette n'aime pas la perlbnne de fes amans , elle
n'en aime que les pallions. B. Rab. Voye^ Ga-
lanterie et Coquetterie. . ,
X X X X X ij
JOO
COQ_
COQ.
La prude donne plus de gloire ,
La coquette plus de plaijir, Id.
On dit aiifTi un efprit coquet , un air coquet.
Mcnage , apiès Pal'quier , dérive ce mot de coq.
Mais il vient plutôt de coquart , vieux mot tran-
çois, qui {\s,mi\c jâfeur , babillard.
Le mot de coquet , quand il eft lubftantif , eft
moins en uiage au malculin qu'au féminin.
COQUET, r. m. Petit bateau qu'on amène Je Nor-
mandie .\ Paris. Scapha.
COQUETEP>.,v. n. quelquefois ^Ol.V^kq \z coquet ,
la coquette. Se plaire à conter ou à écouter des
fleurettes. Amatoriis nugis indulgere. Les jeunes
taincans , les femmes galantes , ne font autre cho-
. ie que caqueter.
Eve aima mieux , peur s'en faire conter ,
Prêter l'oreille aux f.eurettes du Diable,
Que d'être femme & «t ;;^z^ coquecer. Saraz.
Et fi Jafon n'eut coquêté Médée ,
// n'eût jamais en Grèce rapporté
Cette toifon fifierement gardée. Id.
CoQUETER , fur la Mer , fc dit d'un homme qui ,
avec un aviron, mène un yailîcau par Ion arrière.
Re/Tip navem retroducere.
COQUETIER , f, m. marchand qui amxne ordinai-
rement à Paris des œufs , du beurre , des volail-
les ,/ du poiilbn de fomme , &c. Ovorum , biuy-
Ti ,volatilium pecudum piopola. Gallinarius de-
liacus. Dans le Traité de la Pologne , L. V ,T.
XXXlll" c. 8 , on les appelle Fruitiers , Coquetiers
&c Beuriers; leur communauté, dit-on, lut origi-
nairement formée fous le nom de Regratiers de
fruit. On y rapporte d'anciens Statuts que leur
donna Etienne Boileau , Prévôt de Paris, dans la
grande réforme qu'il fît de la police , par ordre
de S. Louis , environ l'an IZ58. Ceft le plus an-
cien de nos réglemens de police.
En quelques provinces , on dit coquaciers ou
cocatiers ■■, les anciens les nommoient déliaques.
Voye^ ce mot.
Coquetier eft auTi un petit vaifleau fervant à ta-
ble , fait en forme d'une falière , pour porter un
œuf à la coque. Vafculum ovo fujiinendo accom-
modatum.
COQUETTERIE, f. f. Affeiflation de plaire .à plu-
fieurs perfonnes à la fois -, dcHéin général de pa-
roître aimable , & de traîner après foi une loule
d'amans, hnmoderatum placendi jludium. La co-
quetterie eft le fond de l'humeur des femmes ;
mais toutes ne la mettent pas en pratique , parce
que la coquetterie de .quelques-unes eft retenue
par la crainte ou par la raifon. Roch. Après tout,
la coquetterie n'aboutit qu'à des manières enga-
geantes qui femblent dire tout , &: qui ne dilént
rien. M. Scud. Toute la vertu des femmes n'eft
qu'une habileté à cacher leur coquetterie, S. Evr.
Un cœur ufé par mille coquetteries n'eft pas ca-
pable d'une grande paillon. M. Scud.
§3=- Le manège de la coquetterie exige un difccrne-
nient plus fin que celui de la politefîe ; car pour-
vti qu'une femme polie lefoit envers rout le monde,
elle a toujours aflcz bien tait ; mais la coquette
petdroit bientôt fon empire par cette unitormitc
mal adroite. A force de vouloir obliger tous Ls
amans , elle les rebuteroit tous. Dans la focicté , les
manières qu'on prend avec tous les hommes , ne
laiflent pas de plaire à chacun : pourvu qu'on ioir
bien traité , l'on n'y regarde pas de li près fur les
préférences -, mais en amour , une laveur qui n'eft
pas exclulive eft une injure. Un homme fenlîble
aimeroit cent fois mieux être feul maltraité , que
carefle avec tous les autres , &c ce qui peut arriver
de pis , eft de n'être point diftingué.
COQUILLAGE , f. m. terme collectif. Poifibns tefta-
ces , couverts d'une écaille dure & toute d'une
pièce. ConchiS , conchylia , tejLi. Les huitves , les
moules , les tortues , les pourpres , fout des co-
quillages.
{jCT On appelle ces poifions tefuicés , parce qu'ih
font recouverts d'une matière dure conuiie une
terre cuite , un tell. Tejhi.
On appelle aulîi coquillage, l'écaillc où ces pçif-
fons font entcrmcE. Concka. Les curieux lent des
cabinets remplis de coquillages exquis. On trou-
vera dans Aldrovand y Eefner ù Fabius Colnmna y
tout ce que les anciens ont dit fur la matière des
coquillages. En iiîc)! , Lifter Anglois a publié un
in-folio rempli de planches , où font rcprciéntécs
les diverlés fortes de coquillages. Dans le prem.ier
ordre, il a i^n^i,c\c^ coquillages terreftres ; danslc
fécond , les coquillages d'eau douce , tant ceux
qu'on appelle turbin.ita , que les bivalvia. Il a
diipofé dans le troifième , toutes les coquilles de
mer ., les bivalvia èc les rnultivalvia ; &c dans le
quatrième , il a divifé en pluiieurs claffcs , les co-
quilles de Mer qu'on nonmie turbinata.
On trouve dans la terre & dans des carrières ,
en des lieux très-éloignés de la mer, &jufques fur
le fommet des montagnes , des coquillages folliles
Hc d'autres corps étrangers , qui onr fait , depuis
quelques années, le iujet de pluiîeurs diflertations
des plus habiles Naturaliftes. Foye^ Fossile &
DÉLUGE.
£Cr Piufeurs favans Fhyficiens, & particulièremeni;
M. Woodward, ont prétendu que les vaftes cou-
ches de coquillages , difpofées comme des lits de
marne ou de pierre en ditfcrens endroits , foit dans
les plaines , loit dans les racines des montagnes, &
même jufqu'à leur fommet , y avoient été ainli dé-
pofées par les eaux du déluge. Il eft cependant
difficile, de concevoir comment , dans un eipace
auiîi court que celui d'une année , les eaux du dé-
luge auroient pu former les longues chaînes de
montagnes, comme les Alpes, les Pyrénées & les
Cordillieres eu Pérou , dans lefqueJles on trouve
en beaucoup d'endroits de ces couches horifon-
talcs.
{tCJ* Quelques autres Phyficiens , mais en plus petit
nombre , prétendent que c'eft la mer feule qui a
formé ces vaftes lits de coquillages , que l'on trouve
<çuek]uefois jufqu'à une très-grande profondeur,
comme jufqu'à uiie très-grande hauteur. La mer ,
difent-ils, a couvert pendant une très-longue fuite
de fiècles toute la furtace du globe. Ce n'eft qu'a-
près une rrès-grande fuccedion de temps , qu'elle
a été réduite dans les bornes que nous lui con-
noiflbns. Comnie elle fe forme aujourd'hui des
rivages , des bancs , qu'elle détruit d'un côté pour
tranfporrcr de l'autre , qu'elle creufe dans certains
endroits , pour amonceler les débris dans d'autres,
elle la fait daris tous les temps -, c'eft ainfi qu'en dé-
pofant fucceirivemcnt des coquillages , des fables,
des débris , elle a formé en différens endroits de la
terre les montagnes, dont la hauteur & la vafte
étendue nous étonnent. Voye^ ce fentiment ,-ex-
pofé avec tous les charmes de l'éloquence , dans
VHifloire Naturelle de M. de Boffon, tom. 1.
M. Gerfaint, marchand de Paris , a donné, en
175Ô, un excellent ouvrage fur ce fujer fous le ti-
tre àz Catalogue raifonné des coquilles , Sec' avec
une lifte des principaux cabiners , &: une autre
lifte des Auteurs les plus rares qui onr traité de
cette matière. Cer ouvrage eft très- bien ccrir ,
avec goiit , avec jugement , & le plus inftrudif
que l'on ait fur ce ilijet.
On a donné dans les Tranjacllons philofophi-
ques de 1735 , /». ijf' , une nouvelle méthode de
divifer les coquillages félon leurs genres & leurs
efpèces , &: de les ranger dans les cabinets. Elis . |j
co a
eft Je M. Breym , dans un livre intitulé : Dif- \
fcnoiùa Phyjica, di PolyihcJamus. Godani , 1751. I
CO Q_
901
Elle peut être utile aux Naturaliftcs &: aux cu-
rieux, La voici.
Tubulus.
Monothalamia.
t
Cochlidium.
TubulofU,
Tefua.
P^afculofa.
Dentalia.
Entalia.
Solen iinivalvis laide^
Belemnites PrujJ,
Najitilus tenuis.
Auris marina.,
Nerica.
Cochlea.
Buccimim.
Murex.
Cajjis,
Cylindrurn, |k
Voliita.
Porcellana,
Ndutilus.
^ , , , ■ r, , 1 , ■ j Amnionia.
Polymalamia, Polythiiutmuim. -s j^i[uus.
Orthocerata,
Patdla.
Chanca.
Mytulus,
Tellen,
Pinna.
OJtrea.
Peclen.
Anomici.
PhoLis.
Coucha. Anatifcra.
Balanus.
Echinometra.
Echinoconos.
Eclïinocory^.
Echinanîhos,
Echinofpatageus,
Echinobrijlus.
Echinoj'dicus.
Simplex.
Compojita.
Lepas,
Coucha,
Conchoides.
Biilauus,
Echimis,
Coquillage fîrnifîe aufîî l'ouvrage fait de co-
quilles , comme on en voie dans les grottes ar-
tificielles, & dans les cabinets des curieux. Alors
c'efl: un arrangement de diverles coquilles. Opus
conchyUatum.
COQUlLLART , f. m. terme de Carrier. Cefl un
des bancs , ou lits de pierre de taille , qui le trou-
vent dans les carrières, où il eft ordinairement
le quatrième. On l'appelle co^juilUrt , à caufe
des petits coquillages dont il eft tout rempli.
COQUILLE, L f.couvcrture^ou coque des limaçons,
& des poiflbns que les Naturaliftcs appellent te-
Jiacés , comme les moules , pourpres , limas de
mer , &c. Coucha. La coquille d'un limaçon , co-
chlea , tCjQa. Bonnanus remarque que les animaux
à coquilles n'ont point de diverlité de Texe i qu'ils
n'ont point d'œuF, parce qu'ils n'ont point de
fang -, que s'ils ont quelque choie d'analogue aux
œufs , c'eft plutôt pour leur nourriture , que pour
, la propagation de l'elpèce. Voye^^ fon Traité ,
intitulé, Recreatio mentis & oculi in ohfervacione
animalium t.: (lace or uni , &c.
Les coquilles font d'une ou de deux pièces , ce
que l'on appelle univahes ou bivalves ; Se par
conféqucnt il ne dcvroit y avoir que deux clafles
générales. Cependant on en fait ordinairement
trois , patce que l'on divife en ^leux celle des
■univalves. On peut do"c appeler la première clafle
des univalves qui ne font pas turhinées , o i qui
ne forment nulle volute , en latin teflacex non
turhinata. La féconde clalfe eft celle des univalves
turhinées 01 turbinites , qui forment une volute ,
en latin te^acea mrbinata. La troifîème clatfe eft
celle des bivalves , tejlacea bivalvia , quoi qu'à
la prendre à la rigueur, les univalves de la fé-
conde claife puiflent être appelées bivalves, ainfi
que celles qui font à deux pottes ou battans ,
parce que l'animal de prefque toutes ces efpèces
a un opercule ou couvercule engendre avec lui,
& attaché à une partie de fa peau , comme l'ongle
l'cft à la chair , qui lui fert de défenfe , avec le-
quel il le ferme toutes les fois qu'il fe veut re-
tirer dans fon étui. La nature a ftit cette potte
ii jufte , & li bien proportionnée , qu'il eft impof-
fible d'appercevoir la moindre joinf.re quand l'a-
nimal y eft enfermé. On peut obferver la même
exaélitude dans les bivalves , qui ont des char-
nières fi liantes &li juftes , &dont les deux battans,
malgré leurs contours & leurs formes irrégulières ,
ferment avec tant d'exaiflitude , que l'Orfèvre
le plus adroit ne pourroit 'parvenir à cette pré-
cifion. Merc, de Fev. 175 5.
IJCr On appelle génétalcment coquilles multivalves
celles qui font compofées de plulieurs pièces, de
trois , de cinq , de douze , 6fc. Toutes les co-
quilles de terre font univalves^ Celles d'eau douce ,
univalves ou bivalves. Celles de mer font des trois
efpèces.
On appelle coquilles à oreilles , celles qui ont
deux pointes en haut, comme celles de S. Jac-
ques. Voici le nom des coquilles les plus tares &
les plus curieufes. La couronne papale , qui tire
fon nom de ia forme , &: qui fur un fond blanc
eft toute marquée de rouge. Tiara pontificia. La
plume , dont la blancheuf & les marques incar-
nates rangées avec fymétrie , font un (i bel effet.
Penna. VHebraïjue , qui a fut un fond blanc
comme neige, des marques noires comme dujayet ,
fort femblables aux caraiffcres Hébreux. H.braïca.
Le limaçon de U Chine , qui a fur du minime brun ,
une broderie verte & noire. Limax Jinicus. Le
drap d^or , qui a un tiflli admirable de jaune, de
brun & de blanc. Textile aureum. Le drap d'ar-
frent^ qui ne le cède point en beauté au drap
d'or. Textile ar<ienteum, ht léopard, qui eft tout
moucheté P ardus. Le tigre ou la coquille grife ,
502. COQ,
dont la moucheture eft encore plus bell?, Tigris y
Jeu coucha cineracta. Le ériançon , dont l'email
eft mêlé d'une manière charmante. Briancion, La
corne de cerf , qui a des taches noires l'ur un tond
blanc. Cervinum cornu. La corne geke , dont on
admire la diveriké. Gelatum cornu, La tannée ,
que pluiicurs tiennent pour la plus belle , à caule
du mélanine étonnant de Ion blanc & de ion tanné.
Itulva, La bourfe , ainli nommée à caulé de la fi-
gure, a une broderie mêlée de trois ou quatre
couleurs. Cr amena. Le cadran , que l'on appelle
ainli à caufe de la forme. Solariuw m.fnuaiiuin.
La chenille , paTce qu'elle rcHemble a cer inlècle.
Eruca. Il y a encore la fuféj , Peribolus. La Ne-
rite , Nentes ; le I.epas , Lepa/za ; VApporrays ,
Aj^wrays -, Ix Trompe, Tuba ; lo. CaJ'que, Gakx\
le" Nautile blanc-, NautiUs canduLi ; &C quelques
autres dont on voit le dedans , &; qui n'ont point
d'oreilles , s'appellent Vans ou Vannets.
Coquille fe dit aufîl de la coque ou couverture de
l'isnir". Ovi putamen. Des que le pouiTin clt ibrci
de Ta coquille , il cherche à béqueter. On dit aufli ,
une coquille de noix. Nucis putamen. Voyez
Coque.
^C? On dit proverbialement qu'un homme vend
bien fes coquilles, fait bien valoir i'es co^juilles ; pour
dire , qu'il fait bien faire valoir fes marchan.iiies ,
& tirer parti de ion travail.
On dit auHi proverbialement , rcnrrer dans fa
êoquille \ pour dire , lé rerirer d'une entierriié
téméraire ^ pour dire , qu'une perfonne cli: fort
jeune , on dit qu'elle ne fait -que fbrtir de la co-
quille. Ac. Fr.
§Cr En termes de Blafon on ne diftinguc les co-
quilles que pat leur grandeur. Les petites s'ap-
pellent coquilles de S. Michel, les plus grandes
s'appellent de S. Jacques.
IJCT Quelques-uns cependant prétendent que celles
dont on voit le dedans s'appellent Vannes.
lifT Coquille i/? «rtVrf, grande cyy«z7/t; plate, qui
a le brillant, la couleur &: l'éclat des plus belles
perles d'Orient.
Coquille fedit, en termes de Méchaniquej de la
partie d'un tuyau, fur laquelle porte une foa-
pape. Des foupapes de fonte parfairemenr bien
" faites & bien drcifées fur leurs coquilles, Ac. des
; Se. 1705. Hiji. p. 95. Les furfaces des foupapes
doivent être appliquées le plus exaélement qu'il
eft Doifible à celles de leurs coquilles.
■Coquille. On appelle auiTi de la forte , en termes de
Boutonnericj la lame ou feuille de métal j quia
été emboutie , & dont on couvre le moule de bois
du boiton.
Coquille eft audl un petit inftrument decuivre , dont
, fè fervent les Lapidaires pour tailler le diamant , Se
quelques autres pierres prccieufes.
Coquille, terme d'Architedure. C'eft une voûte
en quart de fphère ouverte , donr le pôle eft au
milieu du fond fur l'impoftc, duquel s'élèvent des
rangs de vouflbirs qui s'élargiffent comme les côtes
des coquilles jufqu'à la face.^Elle fert .à couvrir des
niches. Frézier.
Coquille eT- aulîi un ornement de Sculpture imité
des conques marines * on appelle coquilles dou-
bles , celles qui ont deux ou trois lèvres. Les Char-
pentiers appellent coquilles d'efcalier , le defîlis
des marches d'un efcalier à vis de pierre , lef-
quelles tournent en limaçon , &: portent leur dclar-
demenc. Cochleiz. C'eft le parement inférieur des
marches d'un efcalier tournant , délardées fa,ns ref
faut ou avec de petits reffauts. C'eft une iurface
hélicoïde. Frézier.
§Cr CoQini LE , rcrme de Charron, planche fcul^^e
en coquille, qui fert à appuyer le pié du »^0-
cl^er.
Coquilles à boulet , terme d'Artillerie. Ce font deux
coquilles qui fe ioisnent, & fe ferrenr enfcmble
quand on y coule le 1er pour former le boulet.
Cette jointure n'eft jamais fi jufte, qu'il n'en ibrse
COQ
; un peu de métal qu'on appelle barbe, & que l'on
/ caffe pour arrondir le boulet.
Coquille, en termes d'Anatomie, eft cette partie
de l'oreille interne qu'on appelle autrement le li-
maijon, Z-/>«cîa:. Voyez Limaçon. Quelques-uns ont
donné aufli le nom de coquille , de conque ou de
baflin , à une autre partie de l'oreille inrerne ,
appelée ordinairement la c ai jje du tambour. Concha,
Voyez Oreille.
Coquille fe dit encore de plufieurs ouvr;iges qui re-
préfentent la figure des coquilles. I^ pliiparr des
balfins, des fontaines, des cafcadcs , des gargouilles ,
font faits en coquilles. Des lièg» de rapilîéne faits
en coquille.Unc garde d'epée, une garde en coquille.
On appelle coqui/le,ce qui fert à lever le loquet d'une
porte parce qu'il eft fait en coquille. Les Orfèvres ap-
pellent auffi la coquille d'une plaque d'argent , la
coquille d'une anfe , d'une aiguière , parce qu'elles
reprélénient la figure d'une coquille. En général
les Ouvriers appellent coquille deux moitiés de
métal deftinées à être foudées enfemble : comme
la moitié d'une boule. On appeloit ^autrefois
coquille , une efpèee de coiffure de femme , qui
a donné le nom à la rue CoquiUi'ere où fc fai-
foienr ces fortes de coéfïures. Conchxta mulisris
mitella.
Coquille. C'eft le nom d'un Ordre de Chevalerie ,
inftituc par un Comte d'Hollande en 12,92.. Mo-
iréri dit que Thierri de Lynden 11^ étoit de cet
Ordre militaire , qui fut érigé en l'honneur de
S. Jacques.
M. de Thôu appelle les Chevaliers de l'Ordre
de S. Michel , inftitués par Louis XL ConchyJia-
tos Equités , c'eft-à-dire , des Chevaliers à coquille
ou des Coquillards.
Ce mot vient du latin Conchula , diminutif de
Concha ou de Conchylium. On appelle aufll l'Ordre
du Navire inftitué par S. Louis en \x6^. Ordre
du Navire & des Coquilles. Voyez Navire , &
r.Vbhé Juftiniani , T. II , c. 45.
COQUILLER , f m. colleélion de coquilles ou le
lieu où on les rafîémblé. Les coquilles qui con-
viennent le mieux aux curieux , font celles de la
moyenne cfpècc , dont on fait des fuites , 6c qu'on
range fur du coron avec art & intelligence dans
un cabinet compofé de tiroirs de différentes gran-
deurs , doublés de fatin blanc ou autre érofïé ,
avec compartimens. Ces cabinets s'appillrnt Co-
quilliers. Merc. Fev. 175^. Ces objets vous fbnc
familiers : le tout eft d'après le riche Coijuillier
que vous avez fî fouvcnt parcouru. Spccl. de la
Nat. Conchyliorutn tolltcîio, concharnm arca oU
cimelium,
ÇfZt Les Eventailliftes appellent aufîl to^rv/V/er, une
petite boîte divifce en plulîeurs cellules dans lef^
quelles ils placent les coquilles qui contiennent
les couleurs dont ils fe fervent.
COQUILLItRE. adj. f. Les Maçons appellent
des pierres coquilli'eres , celles dans lefquclles il fe
rrouve des coquilles. Les pierres coquillieres.qais
l'on trouve dans de cerrains lieux, font la preuve
que la mer inondoit autrefois ces lieux-là.
COQITILLON , f m. terme de Monnoies. Coqinlîon
d'affinage d'argenr, c'eft l'argent qui s'attache nu
bout de la canne en forme de coquille quard on
le rerire de la coup-elle. Quand l'argent a été bien
purifié &; affiné dans la coupelle, & qu'il pareîc
de couleur d'opale, on le retire avec une barre
tie fer en manière de grolfe canne , qu'on appelle
aufTi une canne. L'argent s'attache en forme de
coquille nu bout de la canne, quand il n'y refte
plus de plomb , & que l'argent eft pur & fîn -,
& par ce moyen on retire l'argent à plufîeurs fois
en coquilles de différenrcs grofleu»-? : on appelle
cette manière , retirer l'argent en coquillons.
BoiZARD.
COQUIMBO. Ville de l'Amérique m.érîdionale au
Chili. On la nomme aufîi la Serena. Elle diffère
du Kiéridien de Paris de 40, 54', ij" occid. ou
COQ
75° 5 55'] 4î"- Sa longitude eft de 18 jo, 31', ij".
Latitude du mcrid. 290, 54', 40".
CiCr COQUIN , INE , teime d'injure &c de mépris
qui iignifioit originairement un homme vil &c mé-
priiable. Nous le dilbns quelquefois comme fyno-
nime de lâche , infâme. C'ell: un coquin qui pour
le moindre intérêt trahiroit ibn ami. On dit d'une
tèmme qui lé proftitue , que c'eft une coquine.
Je révois cette nuit que de mal confumé ,
Côte à côte d'un pauvre on niavou inhumé ;
Mais ne pouvant jouQrir ce fâcheux voijînage y
En mort de qualité je lui tins ce langage :
Retire-toi , coquin , vas pourrir lom d'ici ,
// ne t'appartient pas de m' approcher ainji.
Coquin l ce me dit-il, d'une arrogance extrzme-,
Vas chercher tes coquins ailleurs , coquin toi-même:
Ici tous j'ont égaux , je ne te dois plus rien :
Je fuis fur mon fumier , comme toi fur le tien.
Patris.
Ce mot vient de coquus , comme qui diroit, il
ne bouge de la cuifine. En vieux trançois , on ap-
peloit coquine , un pot , ou marmite : d'où vient
que le vrai coquin eft celui qui luit les cuilines
d'autrui pour vivre. Plaute témoigne qu'on a donne
le nom de cocus à un larron ; &c Du Cange uit
que dans la bafle latinité on a appe é cocciones ,
des vagabonds qui hantent les foires pour dérober
les Marchands , & couper des bourlés. Les Jc-
fuites d'Anvers dilént aufîi qu'originairement le mot
coquin, coquinus , vient de coquus, cuiiinier , S>i
qu'il ne s'eft dit que des plus bas officiers de cui-
fine , & cnfuite des gens les plus vils & les plus
mépriiablcs. Jcl.i. SS. Mail, T. IV, p. 549. E.
^5° On dit communément d'une femme qui fe proi-
titue , que c'efl: une coquine. Ce mot ell quelque-
fois employé adjectivement dans le ftyle familier
ou bourgeois, comme quand on dit, métier co-
quin, vie coquine; povn àke, un métier, un gen-
re de vie qui plaît , qui accoquine , parce qu'il n'y
a rien à foire.
COQUIN. Coquinus. Le peuple de Liège a donné
autrefois ce nom à une Communauté établie à Liè-
ge par Lambert le Bègue , l'an 1150, qui donna
à ces Coquins une maiion & un fonds. Voye:^ Petr.
Cocus, Difo. Hilt. de Beguinar, Onff. & le P. Hé-
lyot, T. FUI. /3.
COQUINAILLE , f. f. terme populaire , troupe de
coquins , de gueux, Pomey. Fxx hominum , plebis
quifquilicz,
COQUINE, f. f. mot du vieux langage, qui figni-
fîoit un pot. Borel fait venir de-là le nom de co-
quin, qu'on donne à unmifcrable, comme vou-
lant dire : qui a belbin d'aller dans les cuifînes d'au-
trui pour vivre. On a dit auili Coquelle , dans le
même fens.
"COQUINER, V. n. faire le métier de coquin , gueu-
fer, PoMEY. Mendicare , mendicato vivere. 11 n'cfl:
pas d'ufage.
CÔQUINERIE , f. f, aeftion qui n'appartient qu'à
un coquin, Ignavum , pudendum facinus. Cet hom-
me a fait une grande coquinerie. Il eft auffi du fty-
le familier.
COQUIOLE. r. f.Fefiuca, on uEgylops. Efpèce de
Chiendent qui a pris ce dernier nom latin de ce
qu'on prétendoitque cette plante étoit bonne pour
la maladie des yeux appelée ^gylops. Les Anciens
croyoient que la coquiole n'étoit qu'un orge dé-
généré -, mais aujourd'hui l'on nie avec raifon ces
prétendues mutations. Daléchamp eft peut-être le
feul qui s'eft fervi du mot de coquiole,
COQUO, Garcix. Voyez Coco,
COR.
COR ) f. m. efpèce de calus ou de durillon qui fe
forme aux doigts des pies. Clavus , gemurfa. Les
cors viennent §fF d'une trop grande comprelfion
COR
iV
50 g
de la peau caufée par une chau/Ture trop étroite.
La peau fe détruit & forme un nœud. Il eft dan-
gereux d'appliquer fur ks cors des remèdes cor-
rofift.
CORjf. m. tromperie de chaflcur , inftrument de
cuivre tourné en plulicurs cercL-s, dans lequel on
fouitle pour faire un grand bruir qui anime & qui
rappelle les chiens & les challéurs. Cornu. On dit,
donner du cor , fonner du cor. On falloir autrefois
des cors d'yvoire.
Mais le coïfonne la retraite ,
Sous les eaux l'aflre du jour fuit, '
Un repas ruflique s'apprcte ,
Déjà le feu chaffe la nuit. Nouv. CH. de vers.
Les Chafleurs ont un petit cor qu'on appelle
huchet,qm eft un tuyau de cuivre recourbé fans au-
cun retour, étroit par l'embouchure , & large pair
l'autre bour. Il y a auffi des cors qui ont un retour
au milieu comme un anneau , qu'on appelle trom-
pes ; & des cors tortillés qui ont jufqu'à huit ou
neui: retours qui font plus en ufage dans les concerts.
Le grand cort^ de même figure que le huchcr, m.ais
bien de plus grand volume. On peut donner au cor
toute l'étendue d'une trompette. L'endroit pat où
l'on embouche le cor , fe nomme local , qu'on fait
d'argent , de cuivre, de corne , ou de bois. L'au-
tre extrémité , qui eft fort large , s'appelle le pa-
villon.
Il y a auHi de petits cors de la même figure,
dont fe fervent les Portillons , qu'ils portcntpen-
dus à leur cou. Les Vachers & les Bergers ont auf-
fi des cors qu'ils font de cornes de béliers ou ds
bœufs, dont ils coupent le petit bout po ir faire
l'embouchure , où ils ajoutent un petit b^ton de
fureau percé & cretifé, qui fert de portevent & de
bocal. Ces fortes de cors s'appellent propnment
cornjts-à-louquin. Lc^ Hébreux ie fervoient de ces
cors faits de cornes de bélier pour annoncer le Ju-
bilé , dont le nom Juéel fignifie lelier , corne de
bélier ,d'où eft venu le mor jubile.
On dit proverbialement, par une métaphore ti-
rée de la chaffe , qu'on a cherché quelqu'un à cor
& .1 cri ; pour dire , qu'on a fait toute la diligence
poffible pour le trouver. Omni fludiu ac diligentiày
remis velif^ue, ou velis equifque.
On le dit auffi de la pourfuirc d'une affaire qu'on
fait hautement & avec éclat. Omni contentione,
intentis animis ac viribus.
Cor , en termes de Chaffe , fe dit des pointes ou che-
villures fortans du marrein de la tête des cerfa
fur chaque branche au defîbus du furandouiller.
Cornuum cervinorum ramiili , rami. Un cerf
dix cors.
Cor de mer , coquille rude par dehors , unie Sc
blanche par dedans, larg» par le milieu , qui va en
pointe , & qui eft propre à recevoir la bouche , afin
de corner.
Cette coquille renferme une forte de poifîbn,
RoN.
CORACES , f. m. pi. terme de Mythologie. Minif-
très de Mithtas. Foye:;^ Mitrtaques,
CORACITE. f. f. Coracites. Pierre figurée. Elle efl
femblable à la couleur du corbeau.
CORACOBRACHIAL, adj. & f m. terme d'Ana.
tomie. Coracobrachialis mufculus. Le Coracnbra-
chial eft un mufcle long du côté interne de la
moitié fupéiieurc de l'os du bras , c'eft - .1 - dire du
côté qui répond direélemenr à l'hcmifphère de la
tête de cet os , ^: au condyle fiillant & interne.
Il eft attaché en haut à la pointe du bec caracoï-
de , entre les attaches du biceps & du petit pec-
toral , par un tendon qui en defcendant eft joint
par une adhérence allez étendue aux tendons de ces
deux mufcles. Enfuite il defcend tout charnu , gc
s'attache obliquement pat une extrémité élargie ,
mince & très-peu tendineufe à la partie moyen-
ne de l'os du bras , tout le long de la petite ban-
^04 COR
d.lette ligamenteufe, qui bride les attaches du grand
dorl'al rond. Il continue l'on attache au deHbus de
cette bandelette, & attenant le ligament inter-
mufculaire interne , auquel il eft auiîi un peu at-
tache, WiNSLOw. Ce mLifcie padc derrière le ten-
don du grapd pcdoral. Il eft un peu tcodu pour
donner paHage à un nerf". C'eft pourquoi , quel-
ques-uns l'ont appelé en latin perforatus Cajjcrii ,
c'eft-à-dirc , le mufcle percé de Callerius, Au-
teur, qui le premier en a donné une figure par-
ticulière. L'autre nom de ce muicle s'accorde avec
fes attaches. Id.
CORACOHYOIDIEN , f. m. ternie d'Anatomie.
Cora.cohyoïdicus.'Hoïw d'un mufcle qui prend Ion
origine de l'apophyle coracoïde de l'omoplate ,
& vient s'inlcrer à la partie inférieure &: latéra-
le de la bafe de l'os hyoïde , qu'il tire en bas
vers le côté. On le nomme aufil digaftrique, parce
qu'il a deux ventres à fes deux extrémités , & un
t»:ndon dans fon milieu , qui efl l'endroit où il
touche l'artère carotide , &(. "la veine jugulaire in-
terne. DiONIS.
Ce mot eft compofé de coracoïde , & de hyoï-
de, parce que le mufcle qui le porte, appartient
5c touche à ces deux parties du corps humain ,
dont nous donnons l'étymologie en leut place.
coracoïde , terme d'Anatomie. Coracoïiis. Qui
a la figure de corbeau. Nom grec compofé de
xifixy.*i Corheau , & de n'^o? foTine. C'eft le nom
que l'on donne à un apophyfe , parce qu'elle rel-
femble au bec d'un corbeau. La coracoïde efl: l'apo-
phyfe placée à la partie llipérieure du cou, & qui
s'avance au dedus de la tête de l'os du bras. La co-
racoïde aiïermit l'articulation de l'épaule, tH donne
oriî^ine à un des mufclesdu bras.
CORACOIDIEN , f. m. terme d'Anatomie. Nom du
fixieme des neuf mufcles du bras , ainfi appelé ,
parce qu'il prend fon origine de l'apophyfe cora-
coïde de l'omoplate. Cordcoïdicus. Le coracoidlen
va s'inférer à la partie moyenne &c interne de l'ha-
(ncrus ; il tire avec le peéloral le bras en avant.
DiONIS.
€ORACO-RADIAL,adi. & f. m. terme d'Anatomie,
qui fe dit d'un mufcle appelé autrement Biceps.
Cûracoradia/is. Le coraco-radial eft un mufcle ju-
meau , compofé de deux corps cornus, longs, plus
ou moins arondis , pofés l'un auprès de l'autre ,
le long de la partie anrérieure , 8i un peu interne
du bras. Ces deux corps ibni Icparés en haut , où
chacun fe termine par un tendon grêle. Ils font con-
tigus en dcfcendant,?^ fort unis en bas par un ten-
don commun & plus large. Les Anciens qui ont re-
gardé fes extrémités fupérieurei comme deux têtes,
lui ont donné le nom de biceps. C'ell par rapport
aux attaches que je l'appelle coraco-radiaL^ias-
j-ow. Il eft attaché pat l'un de fes tendons f ipé-
rieurs au bout de l'apophyfe ou épiphyfe coracoï-
de de l'omoplate , .à côté du tendon coraco-bra-
chial , qui lui eft fort adhérent. Id.
CORADOUN. Foye^ Corradoux.
CORAIL. Il fait coraux au pluriel, f. m. Plante ma-
ritime qui croît au fond de la Mer. Cor.tllum , co-
rallium. On en voit des arbrifleaux de la Ji.uiteur
d'un homme. Ils s'arrachent du fond de la Mjr
avec des crochets en forme d'ancres. Le P. Bo i-
hours dit avoir vu un collier de l'Ordre du S.
Efprit, fait d'une feule pièce à.t corail. Le corail
fe diftingue des Lithophyton & des Fuens , parce
qu'il eft tout pierreux. Quoique le corail paroiiie
au premier coup d'œil un petit arbrifieau dépouil-
lé des feuilles ; cependant cette conlîftmce pier-
reufe qui lui eft propre , comme aux Madrépores
& aurres plantes marines : Cette conliftance, dis-
je , Icmbloit fervir de preuve à plufieurs Philofo-
phes pour ne pas ranger le corail au nombre des
plantes , & pour le mettre dans un règne miicral,
c'eft-à-dire , de le croire une pierre qui n'avoir
point les prérogatives des végétaux , & qui ne
pouvoit fe multiplier par femences. Des obferva-
COR
tions faites depuis peu par le Comte de Marfigli
doivent convamcrc les plus incrédules; cer illaf- .
tre Phyiicien a découvert certaines parties qui IciU'
blent tenir lieu de fleur &: de f inenccs dans le
corail; £c il a trouvé que l'analyle du corail ré-
pond à celle des autres plantes marires , & à cel-
le des plantes de terre ; elles donnent les unes
& les autres un fel urineux. On peut ajouter à ces
obfervations , que cette régularité conilante dans
la figure du corail, qui eft toujours branchu , dans
fa fubftance qui eft la même dans tous les mor-
ceaux-, & que cette organifation qui fe trouve pa-
reille dans tous les pies du corail, foit par rap-
port à leur ccorce , qui eft toute remplie de cel-
lules qui fe communiquent les unes aux autres, &:
qui renferment un fuc laiteux , foit par leur iùr-
face extérieure , qui paroit toute cannelée ; tout
cela marque adez que le feul hazard ne peut point
avoir part à de lémblables produélions , & qu'il
n'y a qu'une ibmence qui puhîe produire des vé-
gétations auffi régulières. Le corail eft la plus no-
ble déroutes les plantes de la mer. Font, futtout
à caufe de fa couleur rouge, qui n'cft agréable que
quand on a emporté fon écorce ,5c qu'après l'avoir
poli avec Témeril.
On trouve des coraux de plufieurs couleurs ; or-
dinairement il eft rouge , rarement blanc ,,peu
fouvcn: feuille morte , couleur de rofe , ou in-
carnat. Ce qu'on appelle corail noir , appelé par
Diofcoride Jmipathes , n'eft que le tronc, ou quel-
que grofle branche de Litkophyton polie. Mémoire
dd l'AcAu. DES SciENC. ann. 1710. SuppL du Jour-
nal dfs Sçavans de. 1707. On voit auHî du corail
vert ; on en voit de jaune , de cendré , de ibm-
bre, &■ d'autre couleur mêlée, &c dont les extré-
mités des branches paroiflent vifîblement n'être que
du bois , & les autres étant changées en corail
blanc & rouge : ce qui montre qu'il fe forme peu-
à-peu d'un fuc pétrifiant, & qu'il ne rougit qu'après
avoir acquis fa pleine maturité , comme font les
fruits. Lorfque les branches font vertes , ou blan-
ches, c'eft une marque qu'il n'eft pas encore mûr.
Le rouge &: le blanc font les plus eftimcs. On tient
que le cor^^V eft plus rouge porré par un homme
que par une fVmme, & qu'étant porté par un ma-
lade,il devient pàl.-,livide&tout taché; de forte que
par le changement de ù couleur il avertir de quel-
que maladie prochaine On lui rend fa couleur en le
fufpendantfutdu famier,ou en le couvrantd; fcm;n-
ce demoutarde,ouen le lavant avec du pain mouillé.
La pêche du corail Ce fait en C-rrains temps de l'an-
née,& on le tire vers IcBaftion de France en Afrique,
& vers rifle de Corfe & de Majorque , à Tabarqus
& vers le Cap de Q licrs en Catalogne. Les ancien-
nes pêcheries croient la Mer Perfique, la Mer Rou-
ge, la Mer de Sicile & de Naples. On n'en trouve
point dans l'Océan. Le Père Kiiker dir qu'il y a
des forersentiètes de cor .«/dans la Mer Rouge. On
en voit des branches toutes mangées des vers com-
me du bois vermoulu. Les Japonnois font plus de
cas du corail que de toutes les pierreries. En phar-
macie , on fe fert de coraux mis en poudre. On en
fait des fyrops, on en tire des teintures , & il ferc
à plufieurs médicamens. On dit auffi que le corail
arrétf le fang , qu'il défend les maifons de la fou-
dre & qu'il en écarte les mauvais génies. Bouh. On
le nomme en grec en larin lithodendriim^zommc qui
A'noh pierre , arbre. Ganfius a écrir l'Hiftoire du
corail , & dir que c'eft un minéral qui végère. Les
Anciens l'ont auffi appelé ^orzonium, parce qu'ils
croyoient qu'il le pctrifioit à l'air comme à la vie
de la tête de Médafe. Le jus de citron tire la rein-
ture du corail, Se le fait devenir blanc comme nei-
ge , quand il y a trempé un jour ou deux étant
pulvérifé. Le corail z fervi de monnoie à quelques
peuples. M. Lemery le Père a découvert dans
cette plante pierreuie, dilîbure Se précipitée, des
particules de fer en aîîèz grande quantité. Hifi,
de /'AcAD. DES SciENc, 1711, On trouve dans
l'HiJi.
COR
/"ffiji. de PAcAD.D^s SciENc. 171 1 quelques expé-
riences faites par M. le Comte de Mariigli fur le co-
r^// fraîchement tiic de la Mer, avec ion ccorce.
Se le fuc laiteux qui lui fert de nourriture. C'eft
une plante trcs-abondantc en alcali. Le Comte de
Marfigli découvrit en 11707 les fleurs de corail; el-
les l'ont blanches , à huit feuilles , en très-grana
nombre fur toute la plante-, elles fortent de tous les
tubules de l'écorce , & y rentrent dans l'inftant
que l'on retire la plante de l'eau. Si on l'y remet,
elle refleurit tout entièie en moins d'une heure , ^
quelquefois elle fait pendant douze jours entiers ,
alternativement ces changemens dans l'eau & hors
de l'eau, après quoi les fleurs prennent la forme
d'une petite boule jaune, & tomb-nt au fond de
l'eau. Ces petites boules , lelon l'analogie des au-
tres plantes , devroient contenir la graine du corail,
cependant le Comte de Marfigli n'y a trouvé ni
graine, ni rien qui en approchât, mais feulement
un fuc gluant femblable à celui de l'écorce.
^fj" Les dernières obfer varions faites fur le corail poLï
M. Peyflbnnel , paroilTent prouver que le corail ,
ainîi que plufîeurs autres produirons que l'on a re-
gardées comme plantes marines , appartiennent
au règne animal , parce qu'elles font produites par
des inlééles de Mer. Il a découvert que les préten-
dues fleurs du corail obfervées par M. le Comte
de Marfigli , étoient de véritables infedles ^ qu'il
appelle orties coraUines.
On en fait d'artificiel avec du cinabre bien broyé,
dont on fait une couche fur quelque branche de
bois bien fcche , bien polie, imbue auparavant de
colle de gant. On la polit enfuite , & on y met pour
vernis une couche de blanc d'œuf^
On d't poétiquement des lèvres de cor ail l pour
dire , bien vermeilleS; Labra corallina.
Il y a en plufieurs Iles de l'Amérique un petit ar-
brifléau qu'on appelle bois de corail,pa.ïce qu'il por-
te une petite graine rouge comme du corail. Elle
croît par bouquets à l'extrémité de fes Branches ,
qui en reçoivent un grand luftre ; mais ces petits
grains ont une petite marque noire à l'un des bouts
qui les déiigure , leur fait perdre leur prix, félon
quelques-uns ; d'autres difent tout au contraire ,
que cette bigarurre de couleurs ne les rend que
plus agréables. On s'en fert à faire des braffelets.
C'eft ce qu'en dit M. LonvUlers de Poincy , Gou-
verneur pour le Roi de nos Iles Antilles , dans fon
Hiftoire-naturelle des Antilles, L. I ,C. IX, art. 4_
CORAIL de jardin , c'eft le nom que l'on donne au
piment, ou poivre de Guinée.
CORAILLE ou COURILLE, f. f. mot employé
pour Cœur, dans le vieux langage. Couralement
fe difoit alors pour cordialement. De mi qui l'ai
aimai couralement. On dit aulfi corcé , pour cœur
Se entrailles,
CORAILLER. v. n. C'eft le verbe dont on fe fert
pour exprimer le cri des corbeaux. Le corbeau co-
r aille. On dir aulli qu'il croate , & tous deux font
bons \ mais quelques-uns aiment mieux fe fervir
de corailler que de croa^er , à caufe du trop grand
rapport de ce dernier avec coajfer , dont on fe fert
pour exprimer les cris des grenouilles.
fCF Quoi qu'il en foir, le mot de corailler eft pref-
qu'inconnu , & croajjer eft feul en ufage.
CORAILLEUR, f. m. celui qui travaille à la pêclie
du corail,
CORAISCHITE , f. m. nom d'une famille , ou
Tribu principale de la ville de la Mecque , de la-
quelle on tiroir avant Mahomet les Adminiftra-
teurs & Gardiens du Temple. Mahomet éroit Co-
raïfchite, &c eut néanmoins les gens de cette fa-
mille pour fes plus grands ennemis. On ne laifle pas
néanmoins d'appeler de ce nom , tous les anciens
Arabes de la Mecque fes contemporains & fes
compagnons. D'Herb. Foyei auflTi Cartel ,au verbe
Ce mot vient de l'arabe «'llp, Coraifch , qui
To//ie 11,
c
O R
LV
5)05-
vient de l'arabe X3^~. , Karafcga ; colley, ad.uU
Jivit. ■*
CORAL , f. m. cfpèce de parc dans l'Amérique , &;
particulièrement i Cuba, l'une des Antilles, où.
les Efpagnols nourriffent quantité de porcs.
CORALiN,iNH. adj. ifr L'Académie écrit coraU
//;z,& c'eft arnli qu'il faut écrire. Qui a la cou-
leur ou les qualités du corail, rouge comme corail^
Coralhnus. On difoit autrefois en Poclie, bouchi
coralline, lèvres corallines. Ces expreffions onc
vielli , & ne l'ont plus en ufage.
Les Chimrft.'s tirent avec de la cire une teinture
coraline , toute la couleur du corail.
CORALINE. f, f. Coralina. Plante marine qui croît
fur les rochers dans le fond de la mer , &: qui eifr
pierreufe comme le corail, mais infiniment plus
petite, branchue, &:compofée de plus petites pic-
ces attachées les unes aux autres ; c'eft fur-rout pac
ces efpèces d'articulations qu'on peut la diftinguec
des autres plantes qui lui font congénères. Elle n'a
guère plus de deux pouces de hauteur. Elle eft ver-
dâtre , blanchâtre , ou purpurine. Elle a une odeuc
de marée , & eft d'un goût falé. On fe fert en Mé-
decine de la coraline, pour faire mourir les vers des
enfans. Il y a plulieurs efpèces de coraline : on les
prenoit autrefois pour de la mouife de mer. Elle
croît fur les rochers de la mer , fur les coquilles des
poilfons &fur le corail même, d'où vient le nom
de coraline.
Coraline eft auffî le nom que l'on donne au Levanç
à une chajoupe légère , pour la péché du corail.
CORAILLE, EE, adj. terme de Médecine &z de
Pharmacie, qui fe dit des remèdes où il entre du
corail. Cor allô un x tus , temperatus , a , um. De l'eau.
cie plantin bien foulée de nitre corail^. Breaio.st.
173 1 5/'- 179-
CORALLOIDE, adi. m. & f. terme d'Hiftoire natu-
relle. Qui reriémble à du corail; de l'efpèce du co-
rail. Coralloïdes. Plufieurs belles plantes cor^//oj'i^-i
& flexibles , de couleurs vives. Gersaint.
CORALLOÏDES. f f. pi. Ce font les femences du co-
rail blanc , quand il commence à végéter , & qu'il
n'a pas encore reçu toute fa perfeélion,
CORASMIN, INE, f m. Peuple d'Alie. Corafminiis,
a. Les Cofafmins croient illas, à ce qu'on prérend ,
des anciens Parthes , du moins au treizième fiècle-,
ils en occupoient le pays appelé Yrac A^emy ^
ou Hircanie Perfienne. D'autres les placeur dans le
Covarzem, proche de la Curfane: mais je ne fais;(i
ces Corafmins n'éroient pas plutôt originaires du
Royaume de Carizme , que Pcolémée appelle Co-
rajrnia , d'où ces Barbares , la plupau pâtres , &C
qui n'avoient guère de demeure fixe, pouvoienc
avoir paflé dans quelques-unes des provinces de
Perfe. Ces peuples. Païens de religion , cruels , féro-
ces &: barbares , parcoururent diferentes contrées,
fans pouvoir trouver de demeure fixe & allikée ,
ni aucun Prince qui les voulut foufFrir dans fes
Etats. Odieux aux Mahométans , comme aux Chré
tiens , à caufe de leurs brigandages & de leurs
cruautés , ils étoient regardés comme les ennemis
du genre humain. 'Vertot. Hifi. de Malte , L. ÎÏI,
Voyez encore la Bibliothèque orientale de M,
d'Herbelot.
IP" CORBACH , petite ville d'Allemagne dans U
Helfe , capitale de la principauté de Waldeck.
03° CORBAN , f. m. terme qui , dans l'Ecriture , îi-
gnifie oblarion faite à Dieu.
CoRBAN , cérémonie que les Mahométans font au
pié de la montagne Arafat en Arabie , près de Va,
Mecque. Ohlatio. Elle conlifte à égorger plufieurs
moutons, & aies diftribuer aux pauvres. RigauTj
de r Empire Ottoman.
Ce ihot eft arabe , &: originairement hébreu.
De 2ip, Karab , (\xi\ fîgnihe approcher, & a la
conjugaifon iphil , faire approcher , olftir , fe forme
VP"^ , Korban , qui fgnifie ojfrande , ablation,
CORBEAU, f. m. gCJ* oilcau de plumage noir, car-
nalficr , &: vivant ordinaireraenr de charogne, Cor^
y Y Y y y
^o6
COR
vus. Le corbeau ctoit parmi les Romains un oîfcau
funefte & de maiivaife augure, lur-tout lorlbu'il
paroiflbit à la droite , 8c du côté de l'orient -, la
corneille au contraire éroii un préfasc heureux ,
quand elle fe montroit à la gauche. Dac.
La femelle du corheau ne s'appelle point cor-
neille. La corneille eft une eipèce différente. Il faut
dire corbeau mâle , corbeau femelle. Corvus mas ,
corvus fccmina.
Le for^t;att ctoit confacré à Apollon, comme au
Dieu de la divination. Ce qu'Héfiode dit dans
Pline , L. yJI , C. 48 , que le corbeau vit neuf fois
autant que l'homme , eft une fable ,' comme Pline
en avertit ; mais on affûte qu'il vit jufqu'à cent ans.
Le corbeau Tentant fes petits corbillats affcz forts, les
chaffe de fon nid pour les faire parier ailleurs. On
dit qu'un homme eft noir comme un corbeau , par-
ce que le corbeau eft très-noir. Corvacinus.
On dit qu'on rend les corbeaux blancs , en les
expofant à la fumée du foufre , lorfqu'on les a pris
jeunes & dans le nid. Willoughby dit dans fon
Ornithologie , que \cs corbeaux naiffans , dûment
appliques , combattent le haut mal.
Afi'ftotc & Scaliger difent qu'il y a des pays où
l'on trouve des Corbeaux blancs. Olaiis Magnus
dit qu'il y en a quantité aux pays feptentrionaux ;
&: Gibb. Longolius dit que ce n'eft pas une rareté
de voir des corbeaux blancs en Norwège. Voffius
dit en avoir vu. Et dans un compte du Tréforier
du Duc de Bretagne, il y a pour un cayge à garder
le corbin blanc du Duc. IV'. L. Lobin, T. Il, pa'^'e
1471. Le froid peut produire , & produit véritable-
ment cet effet. A^oye^ Froid. On a ctu qu'ils con-
cevoient par le bec •, c'eft une erreur. P^oye:^ lur
cela , & fur beaucoup d'autres partioularités qui
regardent cet oifeau , Voffius au ch. 49 , 78 , 79 , 80 ,
81, 8i , 8 5 , 8(î , 89 , 5,6 , 97 , 98 , i/« Ul' Liv. de
idololatria.
On dit proverbialement : nourris un corbeau ,
il te crèvera l'œil -, pour dire , que ceux à qui l'on
fait du bien , nous font fouvent du mal.
Le corbeau a les yeux brillans & luifans. Son
bec eft très-robufte , de d'une dureté extraordinaire,
fort gros & aigu , un peu courbé & très-noir, pro-
pre enfin à caffer 8i rompre plulîeurs fortes de
choies , comme les noix &c les autres fruits duis ,
& à fe défendre des auttes oifeaux. Ce bec com-
mence à fc courber dès le haut. On a vu des cor-
beaux qui avoient le bec Silcs pies rouges comme
du corail. Il vit de tout ce qu'il rencontre. Il appro-
che beaucoup de rcfpcce des oifeaux de rapine;
car il arraque Ibuvent les autres oifeaux , quand
il eft prcffé de la faim. Il conftruit le plus fouvent
fon nid dans des trous de hautes tours , ou bien au
fommet de quelque arbre fort élevé , & fait non
pas deux œufs iéulemcnt , comme quelques-uns
l'ont écrit, mais jufqu'à quatre ou cinq, dit Arif-
tote. Il s'apparie , fait fon nid , & pond fes œufs au
mois de Mars , ainfi que l'affure Oppien. Il couve
l'cipace de 20 jours. Quand leurs petits font écios,
ils les abandonnent ; quelques-uns difent que c'eft
parce qu'alors ils font gris. On ne fait de quoi ils
vivent. Setvius dit que c'eft par oubli qu'ils les
abandonnent , mais que le mâle, par un inftin6t na-
turel , porte beaucoup de viande dans le nid pen-
dant que la femelle couve •■, que cette viande fe
corrompt, & engendre des vers , dont les petits fe
nourriffent pendant fept jours , après quoi com-
mcnçanr à noircir , le père & la mère les nourif-
fenr.
IL y a un corbeau rouge, pyrrhus corax , ou
corvus , que quelques-uns confondent avec le chô-
mas rouge , quoiqu'il foit d'efpèce différente. D'au-
tres le confondenr avec le grand pic noir. Il a, dit
Pline , le bec jaune tiiant fur le noir : il eft plus
petit que la corneille & que le chômas rouge : il eft
de la groffeur d'un périt chômas ou chouchette.
Ses jambes & fon bec font jaimes; du refte il eft
tout noir. Cet oifeau fe voit fréquemment dans les
COR
Alpes. On en voit aulîi eri Angleterre dans le pays
de Cornouailles ; ainfi il n'eft pas particulier aux
Alpes , comme Pline l'a cru. Il y en a auffi à Can-
die , en Suiffe , en Auvergne , dans le mont d'Or &
de ]mo.. Bellon dit qu'il y en a quantité dans les
îles de l'Archipel , &c le long des rives de la mer
Britannique. Sa voix eft très-haute &: aiguë , & fe
fait entendre de loin, il vit de toutes fortes de
grains.
Corbeau aquatique. Cornus aquatiUs ou aqiiaticus.
Il a le bec long & crochu par le bout. Il a le haut
de la mandibule fupétieure noir , le refte d'une cou-
leur compolée de jaune & de rouge. Proche du
bec, au commencement de fatcte, l'on voit de part
& d'autre une tache blanche. Les plumes de fes ai-
les & de ion dos font de couleur châtain; les bords
extérieurs en font noirs : tout le refte de l'oifcau eft
noir. Il a une peau jaune qui lui prend deffous le
bec , & va au côté de fes yeux. Les plum.es de fon
ventre l'ont blanches •, fes doigts & leurs membra-
nes font noirs, les plumes de fon dos font colorées
d'un verd noirâtre par les bords & par le milieu
d'un cendré clair & roux s le deffus du cou eft- cou-
vert de plumes noires 5c blanches , & le devant de
plumes noites & vertes. Ses aîlcs font très-longues
5: de même couleur que le dos , finon qu'elles
iônt plus touffes, &; mêlées d'un cendré luifant.
Ariftote dit qu'il fc perche fur les arbres , Si y fait
fon nid.
CoRBEAtj de bois. Il fait ordinairement fa retraite
dans les forêts , les montagnes déferres , les rochers
inacceffibles , les tours inhabitées , & y fait fon nid.
Les Lorrains l'appellent corneille de mer. Il eft de la
grandeur d'une poule. A le voir de loin , il paroït
noir par tout le corps ; mais fî on le coniîdère de
près, principalement lorfque les rayons du Ibleil
donnent fur lui , on y voit une couleur verte , qui
fait quelque diverfité dans le champ de fon penna-
ge. Il a les pies à peu près femblables à ceux d'une
poule , un peu plus longs. Ses doigts font coupés,
ians membtane ; fa queue n'eft pas fort longue :
il a une hupe qui tombe detrière (à tête , au moins
quelques-uns l'ont. Son bec eft rougeâtre & lon-
guet , & très-propre à entrer dans les ouvertures
de la terre, des arbres , des murs , &; dans tous Jes
trous des pierres , pour en tirer les vers & les in-
fcéles qui s'y retirent, & dont il fe nourrit. Ses
jambes font longues, 6c d'un rouge obfcur. Il aimiC
les fautcrelles , les grillons , les petits poiffons &
les grenouilles. Il fait fon nid ordinairement au
haut des tours qui tombent en ruine. Il fait dciut
ou trois œufs. Il vole très-haut , & arrive llir le com-
mencement de Juin. Les petits pris au nid , font
très-faciles .à nourrir, & s'apprivoifent aifément.
On dit que la chair de ces petits eft très-dclicatc.
Corbeau. ( Petit ) C'eft une efpèce qui fréquente les
eaux , & le retire dans les rofcaux , 011 il fait la nuit
un cii fort défagrcablc, & tel qu'un homme qui
vomit. On l'appelle en latin Nyclicorax , corbeau
de nuit. Il fait fon nid au haut des atbres , pond
deux ou trois œufs , & fe nourrit ordinairement de
poiiions. On difoit autrefois corbin. Le nom de
corbeau vient de corvus , & félon Charleton , Mé-
decin Angiois, de y-ôfa.%.
Corbeau , ( Le) ou Poifeau de Phcebus , eft le nom que
les Aftronomes donnent à l'une des quinze conftel-
lations méridionales.
Corbeau de mer , poiffon dont le dos eft d'un bleu
obfcur , les côtes rouges, le ventre blanc & la tête
grande. Ron.
Corbeau fe dir Igurément de ceux qui viennent ai-
'rierles maifons infeéfées de pefte,&: qui |JCF en-
lèvent les peftiférés , foir pour les porter à l'hôpi-
tal , foit pour les enterrer. On donne ce nom aux
Follbyeurs. Vefpillo.
Corbeau eft auffi un tetme de Marine qui fignifie un
croc de fer pour accrocher les navires de l'ennemi,
quand on fe bat. Corvus nauticus.
Le nom de corbeau fut auffi donné autrefois à
différences machines dâ<e-ùS#rè-' proFpres à défendre
les villes. L'une fut invôftcce par iirt nonïraé Diades,
une miivl {Sar les Tj^siiifls^ Qiiinc-Curee c'n parle,
Liv. I>^y c, i?, une aturc par^Cn. Uveliius. Vitruvc ,
Liv. X-i €. '19', api^e-l'la-tô pee-mier corbeau dlmolif-
feiir,en luin ^ cori'UP'demc/iioi' ^ & non. pas ; co/ -
Itau oaJiimoii.fpM-.U'V<ippelle encore rai/iffeur ■,
djprxj.Mor. D'autrss^' l'appellent grue. Polybeej
décrit un dans ion premier Livre , qui fut invente
par C' Daillius contrir-ia, flotte des Cartliaginois
C'étoit des e(pèc^-s de î^rapins ou de.ccocs pour
arponner ou attirer à foi. Gelui que détruit Q. Curce
fe lançcir avec une balifte. Ainli il y en avoir de
phi(icurs fortes. . n'.Mi'i
Corbeau , en termes rdff. Maçonnerie , lignifie une
grodè pierre de taille en faillie , <l"i fert. à foiirenir
une poutre. Moiuulus. On fait aulfi des corbeaux
de fer pour foûtenir quelques pièces de boiis.
En Architciiture , on appelle quelquefois tor-
beaux , les murules ou mod liions qui font dans les
corniches des colonnes, &; particulicrenienr dans
les doriques. Mutulus. C'ell un nom qu'on donne
auili aux confoles.
CoRBFAu , c'eft encore le nom d'une des conftella-
■ tions méridionales.
COR BEGEO, f. m. efpccc d'oifeau aquatique. Il y a
en Acadie , des marais & de perits étangs qui font
tous remplis de gibier , outardes , cravans, canards,
farcelles , oies blanches & griles, beccaifes , beccaf-
fmes , allouetres, cor/^egeos , &c beaucoup d'auues
fortes de bon gibier. Denis , F. U , C. 5.
CORBEIL. Cortolium. Quelques-uns , comme Vige-
nère, croient que c'efl: le Mctioj'cdum dont Cé/'ar
parle trois fois , 6c que d'autres croient être Melun.
On appelle auiTi CorbiiL Jojedum. C'elt une ville
de l'Jle de France, lur la rivière de Seine, à fept
lieues au dellus de Paris , à l'endroit où la petite
rivière d'EUbne ou d'Etampes , appelée Juines , fe
re;id dans la Seine. Le vieux Corbeil eft un lieu le
long du rivage d'Eifone où la Reine d'Ifembourg ,
ou Ingeburge, femme du Roi Philippe-Augufte ,
fit bâtir une maifon de plaifance dont on voit en-
core quelques vertiges , &: où elle fe rerira après
qu'elle eut été répudiée.
On dit proverbialement de ceux qui fe trompent
en prenant une chofe pour une autre, qu'ils pren-
nent Corbeil pour Paris.
Il y a une pêche qu'on nomme la pêche de Cor-
dez/, c'eft: une des luiir que la Quintinie condam-
ne, & qu'il rejette, comme moins bonne que les au-
tres , ou même comme mauvaife.
CORBEILLE, f, f. efpèce.de panier d'ofier |cr fer-
vant à différcns uf'ges. Il y en a de diifércntes
grandeurs &: formes. Corbis.Qn s'en ferr ordinairc-
înent pour mettre des fruits. Une corbeille couvcr-
■ te ; une corbeille découverte.
Ce mot vient de corbecula , diminutif de corbis ,
panier, qui fe trouve dans la balle latinité.
Corbeille fe dit auHi de ces petits paniers propres
&: galans où l'on mec des fleurs , dans lefquelles on
envoie des préléns.Cor/^«/(Z. Des corbeilles d'argenr,
de filigrane toute couverte de rubans, &c.
IJCF On'appelle ablblumcnt la Corbeille, les bijoux
que l'époux futur envoie dans une corbeille à la
perfonne qu'il doit époufer. Ac. Fr.
On appelle aulfi corbeilles, en Architeélure ,des
vaiffeaux qu'on met d'ordinaire fur la tête des fi-
gures cariatides , & quelquefois ailleurs , & qui
font chargés de fleurs , ou de fruirs , ou d'autres
ornemens. Caniprum.
CORBEILLES , f. f. p). Sont une efpèce de gabions
remplis de terre, cu'on met fur le parapet, pour
faire feu fur l'ennemi fars être vu de lui.
CORBETLLÉE, f f. %fT ce que peut contenir une
corbcillc.il m'a envoyé une cbrbeillee de fleurs ,
de fruits \ je doute que ce mot foit en ufage. On
dit une corbeille de fleurs , de fruits. Il m'a en-
voyé une corbeille de fleurs , une corbeille de
&uits.
,'C O Iv ^,0'1
• CORBcILLIER. f. m. Officier du Chapitre de l'Eglf-
fe d'Arig'ecs , qui aucretiàis diftribuoit 'Jé'pain de
Chapitre. A .preleat jls 'officienc aux Fétc^'doft-
bles , il y en a quatre. Le ^vand: ^Cbr~éei/lier «It le
chef du bas chœur, c'eft le Curé du Chapitre. Le
Bréviaire de ceux qui décèdent lui appartient. Ces
Prcbendicrs font immédiatement après Ids.GIianbi-
nes. _ ■ • . V ,
CORBiE , Nom de Iieu.,jCir>r^eza. JI y a la vieille' &
nouvelle Corbie. La vieille Corbie ^ eÛ une petite
ville de Picardie fiir la Somme , dans le pecirpays
appelé Santerre. -■-;.';:."■
L'Abbaye de Corbie eft iine ancienTier.&^arneiife
Abbaye deBénédiélins, fondée l'anô'isro j par lâinte
Batiide, femme de Clovis II. Les manufcrits de
Corbie ont paru lùfpeéls à gens qurn'avoienr point
de critique. ■ ;, -^ '. ,,
La nouvelle Corbie , eft une petite vrllé d'Al-
lemagne en Weftphaliefur le Wefer , dans le Dio-
cèié dcPaderborn , on l'appelle eir Allertand Cor-
Wcy , Corbcia. Il y a une Abbaye de Bénédictins
fondée en 811 , par Louis le Débonnaire ; les pre-
miers Moines qu'on y mit furent tirés AofCorbie en
Picardie ■, c'eft ppur cette raifôn qu'elle prit le mê-
me nom. Foyei Imhoff, Nut. Imp. L. lîl , c. ig ,
Adelhard, proche parent de Ch.irlcmagne , & Ab-
bé de l'ancienne Corbie , confeilla à l'Empereur
Louis de bârir en Saxe un monaftère , & d'expier
par cette bonne œuvre fes péchés. Adelhard fut
le premier Abbé die ce monaftère : il y mena quel-
ques-uns de fes Religieux , y établit lesobfervan-
ces qui fe pratiquoient à Corbie en France , ce qui
fît appeler le monaftère de Saxe , la nouvelle
Corbie.
CORBIERES, ou h vMéedeCorbieres , -petiz pays
de France dans le Diocèfe de Narbonné , & dont
la capitale eft Sejan. Vallis Corbaria. Charlema-
gne défit les Sarrazins dans la vallée de Corbieres.
CORBIEUeft un jurement un peu déguifé & adouci,
au lieu de dire , par le corps de Dieu,
Par le corps bicu
Tu me contes de grandes matières.
MARor.
CORBIGNY, ville de France dans le Nivernois ,
avec une Abbaye de Bénédiétins. Corbiniacum.
CORBILLARD , f, m. coche d'eau qui mène à Cor-
beil , petite vilL"à iépt lieues de \^ms. Fiatoriim
7iavigium tarifais Corbolium.
On appelle ironiquement un corbillard, un car^
roffe bourgeois , où l'on voit plufieurs pejabnnes
forr pre/fées.
gCT On donne ce nom chez les Princes aux^randg
carrofll-s deftinés à voirurer les ^ens de leur fuire
CORBILLAT. f m. C'eft le petit du corbeau. Carvi",
ou corvinus piilius. Voyez CorEeau.
CORBILLON, f m. panier à mettre des oublies,
étroir par le milieu , large par les exrrémirés. Cor-
bula. On a gagné le corbillon de cet Oublieur. On
le dit aufll d'un petit panier d'ofier , où l'on pré-
fente les balles dans un jeu de paume. On le dit
pareillement fur mer d'un panier où l'on mec
le bifcuit , qu'on donne à chaque repas pour un
plat de l'équipage. C'eft une efpèce de demi»baril-
lefeétroit par tn bas , large par en haur. On dit pror
verbialement & figurémenr , changement de cor-
billon , fait appétit de pain bénit ; pour dire, qu'il
y a une efpèce de ragoût dans le changement.
CoRBiLioN eft aulTi un petit jeu d'enfans où il faut
répondre en rimant en or:, Puerilis Indus cino in-
terrcgantibus vcx fubjicitur in on terminata. Ceux
qui ne fauroient rimer en on , ou qU'i trouvent
une rime qui a déjà éré dite , donnent un îjflo-e.
Je prétends que ma femme en clartés peu fublime.
Mime ne Cache pas ce que c''e(l qu'une rime :
Y Y Y y y ij
Qo8
COR
Et s'il faut qu'avec elle on joue au corbillon ,
Et qu'on vienne à lui dire àfontour , qu'y met-on?
Je veux qu'elle réponde , une tarte à la crème.
MOLL.
COR
/ CoRGEiET. Voyei Casaquin
CoRCELET. ^oye^ Corselet.
CORBIN , f. m. vieux mot , qui fignifioit corbeau.
Corvus. On difoit autrefois corlnner \ pour dire ,
d<Jrober ; faire le métier de corbin , ou de corbeau ,
déchirer ou tiret ce qu'on pouvoir attraper d'une
carcaflc. Furari ,fuhfurari, ckpere ,jurripcre. On
a auilî appelé au Palais Corbineurs , ceux qui ri-
roient la pièce des Plaideurs , &c ruinoient des
parties. Subbajilieanus vulturius. En général on ap-
pelle encore en plufieuis Provinces Corbineurs , les
gens qui trompent les autres par leur flatterie : ce
qui a été dit par allufion à la fable d'Efope , du re-
nard qui trompa le corbeau. Alieni fraudulentus
raptor.
Corbin (Bec de), eft une arme dont on fe fervoit
aurrefois à la guerre. Hajlx Jeu bipennis genus. C'é-
toit une efpèce de hallebarde. On appelle Bec de
corbin une compagnie de Gentilshommes de la
Maifon du Roi qui portent ces armes , &: qui ne
fervent plus qu'aux grandes cérémonies.
Corbin ( Bec de ) , eft auflî un inftrumcnt qui fert
aux Chiiurgiens dans leurs opérations , & particu-
lièiement à tirer des plaies le plomb & autres
corps étrangers. Inflrumentum Chirurgicum corvini
ro/iri in morem recurvum.
On appelle auifi Btc de corbin , certaines pom-
mes de cannes , dont un des bouts , ou tous ks
deux font recourbés. Ils font ordinairement de
porcelaine, de bois des Indes , ou d'or.
CORBINAGE , f. m. terme de Coutume. Pat ce mot
on entend difFérens droits i quelquefois c'eft un
droit en vettu duquel les Curés prétendent avoir
le lit des Gentilshommes qui meurent dans leur
Paroiflc : quelquefois c'eft mi droit annuel que le
Seigneur Châtelain prétend fut chaque bœuf qui
labouie la terre, ou fur ceux qui (ement les blés.
Ce droit a difFérens noms en diverfes Provinces ,
on l'appelle Carnage , Fromentage , Bladage ; &
en Latin Cornefagium , Boagium , Bovagium , Hor-
negildum-^-Carbagium. Voyez M. de Lauriere fur
Ragueau.
èORBINER , V. a. & n. vieux mot. Foye^ Corbin.
CORBINEURjf. m. trompeur , voleur. f«r , /<i/ro ,
deceptor. Voyez Corbin.
CORBIOIS. Le Cortiois eft le Territoire de Corbie.
Corbeïenjis ager , dans Valois, Not. Gall.p. 159.
CORBONDIER , f. m. vieux mot &: hors d'ufagc.
C'éioit un ancien inftrument de Mufique de la na-
ture du cor , dont on fonnoit dans les grandes
réjouiflances , & dont il eft pailé dans le Roman
des quatie fîls Aymon. Buccincegenus.
CORBULO. Afo/z/f Corbulo. Montagne fituée à douze
milles de Sienne en Tofcane.
Corbulo ( CAa?zozVî« Réguliers de Monte.) Congvc-
■ gation de Chanoines Réguliets, dont le premier
Monaffère étoit fitué fur le Mont Corbulo. Leur
Inftitutcur fut Piètre de Reggio. Il obtint d'Alexan-
dre VI , la permifTion de fonder cette Congrégation
fous le nom de Saint "Piètre dans l'Eglife de S.
Michel fut le Mont Corbulo. Elle fut confirmée
par Jules II , félon Raphaël de Volrerre,ou par
Leôn X , comme aflure Benc^t de S. Géminien ,
Chanoine de la même Congrégation , cite par Pen-
not. Leur habit confiftoit en une tunique grifc ,
fur laquelle ils mcttoient un rocher ,& fur le rocher
une aumufle , ou capuce. Le P. Bonanni fcmble
dire que certe Congrégation fubfifte encore , Hifl.
des Ord. Mon. Sr Relig. P. II, c. 37.
f^- CORCANG. Ville d'Afie dans le pays de la
Chorafmie dont elle eft la capitale , fur IcGihun.
CORCELET. f. m. La paitie de l'Infeéle la plus près
de la tête , celle qui eft propremenr fa poitrine
après la tête , fuit le cou , après le cou , le corcelet ,
& enfin le corps. Abrégé de l'HiJioire des Infectes.
CORCHIS. Gardes du Roi 4c Perfe , ou JanilTaires.
Satelles Régis Perfarum. Amba.ss, deFigueroa.
CORCHORE. f m. Cor^Aor/j.Plante dont la tige unie,
s'élève à la hauteur d'une coudée , Se dont les feuil-
les font alFez femblables à celles du cynocrambe,
ou de la mercuriale , mais un peu plus larges. Ses
gouHés font attachées à des pédicules foit courts;
elles ont quatre ou cinq pouces de long, elles font
marquerées de raies jaunâtres , pointues , divifécs
en long en cinq parties \ elles contiennent une pe-
tite femence d'une couleur cendrée , vifqueufe au
goût, angulcufe Sccopieufe, &c. Cette plante eft
ordinaire d'Egypte. Il n'y a point d'alimcns plus
communs & plus agréables aux Egyptiens que cet-
te plante, f^oye^ Melochia.
CORCULUS , f. m. petit infede aquatique , dont
parle Jonfton. Son corps , lorfqu'on lui a coupé la
tête & les pics, rcffemble à un périt cœur , d'où
ilatiréfon nom. Il a les yeux petits & noirs, &c
fix jambes , dont chacune a au bout deux petits
doigts.
"CORCYRE. Corcyra. île de la Mer Ionienne fur les
côtes de l'Epite. Elle a été appelée autrefois SicJ.e-
ria & Phceacia. Aujourd'hui fon nom eft Corfou.
Les Grecs difent qu'elle prit le nom de Corcyre ,
d'une Nymphe fille d'Afopus , qui s'appeloit Cor-
cyre , que Neptune viola dans cette Ile. Bochart ,
qn'ï , Ckan. Liv. I, c. 15. avoue qu'on ne fait pas
trop d'où vienr ce nom , conjeélure néanmoins que
ce nom eft Phénicien ; qu'il fîgnifie un pays tran-
quille , &: où l'on vit en repos. Ses railbns font
qu'en Aiabenp ,Karra, fîgnifie , fur-tout à la di-
xième conjugaifon , être en repos &c en lurcté. Il
le prouve par la verfion Arabe , Pfalm. 106 , z8, &
par celle de S. Jérôme , qui , Jug. yill , 10 , tra-
duir , être en carcor , par itre en repos. D^ plus,
rT^p^p, Karkara , fignifie dans Gigeius une terre
où Ton vit en repos. Enfin , dans Homère Odyfl' .
V. ICI. Nauficaa dit que qui que ce foit que les Phé-
niciens n'ofe aborder à cette île. VoycT;^ Corfott.
CORCYRtEN , ENNE. f m. & f. Coicyraus , a. Qui
eft de Corcyrc. La Ville des Corcyréens. Corn.
CORD , terme de Flcurifte. Anémone à peluche , ap-
pelée auttement Fiolet on cinq couleurs. Y.\\z3i\çs
grandes feuilles & la peluche rouge : fa fraiiê , ou
cordon , qui croîr plus qu'aux aurres anémones , de-
vient de couleur violette tiranr fur l'amaranthe,
peu de jours avant qu'elle défleurifîe -, fa rige ne fe
foûrienr pas bien droite, ce qui fait qu'on ncl'cf-
time guère. Morin.
CORDA , f. f. efpèce de groiTe ferge croffée & drs-
pée , toute de laine.
CORDAGE, f. f. C'eft le nom d'une danfe des An-
ciens qui étoit vive , gaie , & forr hfcive , & qu'on
ne s'avifoit guère de danfer que lorlqu'on étoit ivre.
Mcurfius en parle dans fbn Orcheftre , &: Pétrone
en dit un mot en palFant , fans dite ce que c'eft. Il
fait feulement plaindteTrimalcion de ce qucper-
fbnne n'a pris fa femme Fortunata poui danfer. Pcr-
fonne , dit-il , ne fcait pourtant mieux qu'elle cet-
te danfe que nous appelons la Cordace.
CORDAGE, f. m. tout l'appateil de cotde qu'il faut
pour un vaifFeau , ou pour un bâtiment , pour un
équipage de guerre. Grande quantité de cordes ;
nombre de cordes enfemble. Funium apparatus ,
copia. Il faur une infiniré de cordages pour faire
les manœuvres d'un vaifFeau. Le cordage étuvé , eft
le cordasse qui a pafFé par l'éruve , où il a refîlié
& jeté fon humeut aqueufe. Le cordage blanc , eft
le cordage qui n'a pas encore éré goudronné. Le
cordage goudronné en fil, eft le cordage fair de fil
de carrer , qui éroit goudronné avant d'êtne em-
ployé. Du cord^ige refair, c'eft du cor^iig's fait avec
des cordes qui ont déjà fervi. Quand on dit , un
cordage de douze pouces , c'cft-à-dire , un cordarie
qui a douze pouces de circonférence ; un cord-tge
de foixante fils , c'eft-à-diie , un cordage defoixan-
C O R
te fils de catret. On dit , cordage de rechange , cor-
dage moilî , cordage rague , cordage à deux torons,
ffT Cordage fe dit auHi d'une grofle corde toute
feule , ce cordage n'eft pas aflez fort.
Cordage efl: aulîi le mefuragc du bois de corde.
DeJ'ecli caiidicis menfura. Les Jurés Mouleurs de
bois font établis pour prendre garde au cordage ,
pour empêcher que le Marchand ne trompe le
Bourgeois fur le cordage.
CORDAGER , V. n. c'eft cprdcr , ou faire des cordes.
Fîmes torquere.
CORDE , f. f. ^ tortis fait ordinairement de fila-
ijiens de chanvre appliqués fortement les uns con-
tre les autres , fervant à différens ufages. Tunis , ref-
us.
On fait des cordes de plufieurs autres matières ,
de lin , de laine , de jonc , d'ccorce de tilleul &
d'autres matières pliantes & flexibles. Aux Indes on
en fait de coco , de Magnay, 5cc. Quand elle cft ex-
trêmement gjrortc , on l'appelle câble. Tunis nau-
$icus , rudens. Quand elle eft fort délice > on la
nomme ficelle. Funiculus , reflicula. Corde de puits ,
d'un bac. Echelle de corde. Voyez le Mémoire de
M, de Reaumur , ou M. l'Akbc Nolet , T, III, de
fes leçons de phyfique , on y trouvera de belles
remarques à faire lur les cordes. On fait aufli des
fangles de corde , des ponts de corde , des fouliers
accorde, qne les El'pagnols nomment <2//'<iro-^re.î ,
de dont on fait grand trafic aux Indes, jufqu'à en
charger des navires. Les enfans de Bramines por-
tent à cinq ans une petite corc/e au cou en manière
de chaîne d'or, & ils eftiment fi fort cette corde,
qu'ils la renouvellent tous les ans. Vie de Bram.
Ce mot de corde vient du Grec xh^' > 1"^ fignifîe
proprement un gros inteftin dont on peut faire
des cordes.
On dit proverbialement & figurcment : vous
verrez beau jeu fi la corde ne rompt ; pour dire ,
vous verrez des chofes-fort furprenantes dans quel-
que affaire , dans quelque entreprife , fi les moyens
dont on fe fert pour y parvenir ne manquent pas.
^3=" Corde fe dit aufTi d'un gros caWe tendu en
l'air , attaché par les deux bouts , fur lequel les
bateleurs danfent. D^nCcuz de corde. Funambulus,
fchcsnobatis.
lÙfT On dit au figuré qu'un homme danfe fur la corde ;
pour dire , qu'il eft dans une affaire pcrilleufe ,
dans une fîtuation incertaine & chancelante, dans
laquelle il peut fuccomber à tout moment.
pj" La corde d'un arc , d'un arbalète , eft celle qui
fait partir la flèche. Nervus , chorda. Tendre , ban-
der la corde,
fCT On dit en ce fens au figuré qu'un homme a plu-
fieurs cordes à fon arc , quand il a plufieurs moyens
de faire réufTir une affaire.
«Corde fe dit aufTi, en termes de jeu de paume , de cel-
le qui fe tend au milieu du jeu avec un filet qui
va jufqu'à terre pour arrêter les balles. Le joueur
qui ne fait pas palfet la balle par deflus la corde ,
perd un quinze. Mettre fous la corde. Funis. Et
on dit qu'une balle a pafTé à fleur de corde , qu'el-
le a firifc la corde, funem perjlrinaere ; pour dire ,
que peu s'en eft falu qu'elle n'ait été defTous.
On fe fert des mêmes phrafes en un fens figu-
ré ; pour dire , qu'un homme a penfé à être con-
damné , à perdre fon procès , qu'il n'a eu que ce
qu'il lui falloir de voix en juftice pour le gagner.
On dit aufTi qu'un homme a frifé la corde ; pour
dire , que peu s'en eft falu qu'il n'ait été condam-
né à être pendu. _
Corde, en parlant du drap,fe dit des fils dont il eft
tiffu. Filum. Quand le drap eft ufé , il montre la
corde. On dit fîgurément d'une fineife aifée à d'é-
couvrir. Cela montre la corde.
Corde fîgnifie aufTi le fupplice de la potence , parce
qu'on étrangle avec une corde les criminels qui font
pendus. Laqueus, rejiis. Ainfi on dit , il mérite la
corde , il fille fa corde , il traîne fa corde ; il n'y va
que de la corde , il a frifc la corde ; pour dire , il
COR
909
à penfé être pendu \ expteffion tirée du jeu cte pau-
me. Il eft échappé de la corde. Soufïrir le libciti-
nage des enfans, c'eft leur mettre la corde zu cou.
Faire amende honorable la corde au cou. On dit
auffi d'une légère faute , la corde & le fouet en
font dehors. On dit d'un homme très- fournis qui
vient demander grâce à fa partie , qu'il l'eft venu
fupplier la corde au cou. En ce fens , on appelle un
komme de fac & de corde, un fcclérat, un homme
qui mérite d'être noyé , ou pendu -, car autrefois on
enfermoit les criminels dans un fac pour les noyer.
On dit encore , quand on donne la queftion , ah
premier , au fécond trait de corde : c'eft quand o»i
met un tréteau plus haut pour étendre davantage
les nerfs du patient , qui eft fufpendu nvec de»
cordes. On le dit auffi des coups d'cftrapade,
ÇC? On dit proverbialement qu'il ne faut poiiit par-
ler jle corde dans la maifon d'un pendu , pour faire
entendre qu'il ne faut point parler de chofes dont
le reproche peut tomber fur quelqu'un de ceux
avec qui l'on eft.
En termes de Marine , on appelle corde de rete-
nue , une corde dont l'ufiige eft de retenir un far-
deau loiiqu'on l'embarque. On appelle encore ,
cordes de défenfes , de groffes cordes mêlées &; en-
trelacées , qu'on fait pendre fut les flal^cs d'an
vailTeau , pour le conferver contre le choc des au-
tres vaifTeaux.
Corde , terme d'Anatomie , fe dit d'un nerf qui eft
couché fur la membrane du tambour de l'oreille. '
C'eft une petire portion de nerf qui appartient au
tympan de l'oreille , & qui part du rameau du
nerf qui va fc diftribuer à la langue. DemoItrs ,
Acad. d'Ed. T. l,p. 185. Je dirai avec les autres
Anatoraiftes que la corde du tympan eft une pro-
duction ou un rameau de la branche maxillaire
inférieure , quoique je ferois plus porté à croire
qu'elle eft une branche de la portion dure de la
feptième paire unie avec la cinquième. La corde
du tympan prend le plus fouvent fon origine de
cette branche de la cinquième paire, qui va fe
diftribuer à la langue ; mais^e l'ai vfi fouvent fe
détacher du tronc'même qui fourni-t cette bran-
che qui fe porte à la langue , & celle qui entre
dans le conduit de la mâchoire inférieure. La
corde du tympan , dès fa naiffance, fe porte en
arrière & en dehors , étant enveloppée dans un
tifTu cellulaire jufqu'à ce qu'eUe entte dans la par-
tie offeufe de la trompe d'Euftachius. lu. p. ijç),
180. Chorda. Les Anatomiftes ne s'accordent pas
fur l'ufage de cette petite corde. Les uns veulent
qu'elle ferve à donner quelque fon à cette mem-
brane , comme fait celle qu'on met fur la peau
des tambouis ; 5c les auttcs prétendent que cette
corde n'eft autre chofe qu'une branche de la cin-
quième paire.
Corde , autre terme d'anatomie & de nouttice , qui
fe dit des mammelles des femmes qui donnent ^'
tetter. Dans les commencemens , avant que le lait
vienne abondamment par les bouts , il faut que
les cordes fe cafTcnt , c'eft-à-dire , que les pafl'ages
fe faffent.
Cordes à boyau , font celles que l'on fait de boyau
de mouton pour des raquettes. Nervus. On en ap-
plique aulTi fur des inftrumcns de mufique , le luth,
le thuorbe , le violon , la viole , la guitarre.
Chorda , fide4. Les anciens qui ne connoiffoicnt
pas l'ufage de ce^ cordes à boyau y fe fervoient de
cordes de lin.
Quelques-uns croient que le mot de corde vient
du grec -/M" , qui cft un nom que les médecins
donnent aux boyaux , parce que la plupart des
cordes des inftrumens de mufique , font faites
de boyaux defTéchés. On en fait d'autres de fil de
fer & de laiton , pour les épinettes , claveffins ,
pfaltérions & autres. Une corde faufTe, c'eft celle
qui n'eft pas unie , & qui rend de mauvais tons.
On a trouvé depuis peu , l'invention de charger
les c«rdxs à boyau pout rendre leur fon beau-
^IO
'€ 'O R
~ coup plus fort fans"eh 'changet le ton , cottiîrie
remarque M. Perriulh' ïl&s cordés' f^hê%^:à''ov iz^'iv
dans les clavcflîns , rerident an fou prefqu'Line fois
plus fort que celai des cor.^ji 'de cuivre. Une' cc^r-
de d'acier a le fou plus foiblc qu'une cûrd(i ,de
'' 'lafton , parce qu'il eft moins pelant '6c moijis ç^iic-
''■ ti1,e. La iixième corde 'des balfes .de viole ,'&:, 1/
'd'î^iènie des grands thuorbcs font faites de çô filets
'' 'àc boyau" •,'& il y en a qui ont julqu'à cent pieds
de long , qu'on' tord &; qu'on polit avec la prêle.
SCT' Outre les cordi's ii boyau dont oii vient de parler ,
' les boyaudicrs eh 'forit d'autres plus g'roflïères de
'' boyaux unis en 'filets , tortillés 5c: luYis'aVcc la prêle,
^iii fervent à fortiiîe'rou à mouvoir 'dc5_ machines.
Ç3° Oh a fait aifHf' 'des cordes de nerfs où plutôt
' de'ligamens&TÎde tendons qu'un à voulu fabf-
" tituer aux réffbr'ds des chaifes de pofte 6c des aû-
ftes voitur'es. n'paroît que cette nouvellcénven-
tion n'a pas eu le fuccès dont on s'ctoit flatté.
Corde , en termes de muilque, fignifie la note , ou
le ton qu'il fout toucher ou entonner, 8i fe dit
de tous les intetvalles de mufique. Nota, foniis.
La quinte à cinq cord.s ou cinq fons. On l'appelle
' dominante. La tierce s'appelle mididnte , & celle
par laquelle on finit , s'appcllcjÎTZii/^. Corde fignihe
' " aiuîî un accotd ;' c'eft dans ce l'ens qu'on dit : cette
"pièce a de belles cor./i'^, pour -exprimer les bcau-
j-.tés qu'on trouve dans lamélodie. Rameau. Il y a
"* ,«ians le mode quatre fons elfenticls , qu'on nom-
"''inè cordes : la corde fondamentale qui eft ordinal -
^'.'reiTient la finale, la tierce du delfus de la finale,
"■qu'on nomme médiante , la quinte au-defllis de
^ la finale qu'on nomme dominante, Se l'odlave qu'on
'"romme 'réplique. La corde principale eft celle qui
~'.fért de fondement aux autres. Monteclair.
CoRDES-AVALÉES , tcrme^ dc Mufique. Cfeft un ac-
■ cord du violon en quarte , au lieu que l'accord
"'ordinaire eft une quinte. Les habiles joueurs de
' . violon jouent à cordes avalées , afin de faire plus
V facilement des accords.
■■ On dit figurémcnt en ce fens , toucher la groflc
"\corde , quand on parle d'une chofe qui doit faire
_. du bruit , ou toucher vivement celui à qui on
parle. On d1r auffî , il ne faut pas toucher cette
corde-là -, pour dire,ne parlez point de cette affaire ,
'!_dc cette circonftance , de peur de choquer quel-
"'qu'un qui renverferoit tous vos defleins.
Corde de bois , c'cft une certaine mefure de bois à
brûler qui fe faifoir autrefois avec une corde. Men-
fitra defecli caudicis. Aujourd'hui on la mellire en-
tre deux membrures de quatre pies de haut , &
éloignés l'une de l'autre de huit pieds. Le mot
de corde eft le mot ufité parmi les marchands de
bois. J'ai vendu , diront-ils , cent cordes de bois
■cette femaine •, j'ai bien deux milles cordes de bois
dans mon chantier. Cependant le peuple de Paris
fe lerr ordinairement de voie ,.qui ne contient
qu'une demi-corde. Il me faut huit voies de bois
pour mon hivet ; c'eft- à-dire , il me faut quatre
cordes. Le bois de corde eft proprement le boi«
neuf qui eft oppofé à celui qui eft flotte, parce
qu'il vient par bateau , 8c que les marchands le
mefurent par cordes.
En géométrie, on appelle corde , la ligne droite
qui fe termine à deux points de la circonférence
d'un cercle , fans pafl'er par le centre, & qui di-
vife le cercle en deux partie^ inégales , qu'on ap-
pelle fegmens. La corde d'un arc eft la ligne droite
qui va de l'exrrémiré d'un arc de cercle à l'autre.
Linea. On l'appelle autrement fubtendinte. Les
cordes font marquées fur le compas de propor-
tion- On appelle corde du complément d'un arc,
ou demi-cercle, la corde qui foûtient le refte de cet
arc, ou demi-cercle. La corde s'appelle en latin chc.r-
da,o\-\ j'iib tendens chorum. Elle coupe à angles droits
la ligne tirée depuis fon milieu jufqu'au centre du
cercle. Elle eft à fon égard dans la même difpo-
fition que la corde d'un arc eft à l'égard de la
flèche 5 5c c'eft ce qui a fait nommer cette ligne
, &0 w
lî. corde &t l'arc,' si î'aiitre la Rèche At l'arc, fa-
g//Wj^plnmç,rïippenent les ancieri^ C^jcomettes. Le,
"mot de corde" z^ toujours dcmeuïé ; iiiais on ne
fç fert plus guère de celui de flèche. Ce que, les
Anciens appeloic;ht flèche ,s'appclle, maintenant le
lînus du 'coniplçinent ; la. moitié de la corde de
,lWè doublé' eft-' ce.'qû'on appelle inaintenant.le ,'fî-
nUs droit ', la différence de la flèche au rayon, 'bu
la ligne qui_-ya depuis la circonférence perpendi-
culairement Tur le milieu delà corr/t; 5 s'appelle fî-
nus vcrfe. La. corie d'un angle 6c la corde àt for^
complément au demi-cercle eft la même chofe. La
corde àc 50 degrés eft au/Ti 'la corde de 150. On
écrit toujoufs en 'françois ' corde fans h. Les grecs
écrivent y^ùih , 6c les latins chorda. ■ ' '-
En agricùltiire on appelle cor^/e, certaine dureté
qui vient au milieu de certaines plantes 8c racines.
Rigor , durities. Ces raves ne valent plus rien ,
elle ont des cordes. Condurefcere , obdurefcere. On
le dit de quelques pOiflbnj , comme de la lamproie ,
parce que dans une certaine faifon , lorfqu'elles
commencent à le paifer, elles durciflent , ?^ il s'y
forme-, comme dans les raves , une efpèce de corde.
Voyez au mot Corder,
Corde , en termes de manège , eft la grande loge
qu'on tient à l'entour du pilier où le cheval eft
attaché pour le dégourdir, ou'le faire manier. On
appelle aufîi les cordes des deux piliers , les lon-
ges du cavcfîbn , quand le, cheval travaille entre
deux piliers : ^ on dir qu'on le fait donner' dans
les cordes , pour le dreflér à erre bon fauteur.
Corde cablee , rerme ufité dans la chafie des oifeaux
S<. la pêche des poiilbns. C'eft une cor^t^ fembla-
ble à celle dont on le fert aux bareaux , laquelle
eft faite de trois cordons , compofcs chacun de
rrois autres. Dicl. (Econom. au mot Termes non~
vulgdires. .
On dit aulTi des chevaux , qu'ils font la corde \
pour dire, que par la refpiration, ils retirent la peau
du ventre à eux au défaut des côtes. Soleisel. On
dit encore que les chevaux ont une corde de farcin,
quand ils en ont bien des boutons de fuite , qui
font comme une corde. On le dit aufTi dans cer-
taines maladies vénétiennes.
Corde à/«/. Ce terme d'artificier fignifie ordi-
nairement les mèches de corde , 'dont on le fert
pour confervcr long temps une petite quantité, de
feu , 6c en allumer dans le befoin. On donne
auHî ce nom à une forte d'étoupille qui portele
feu plus lentement que les autres. '
Cordes feuillards. On nomme ainfi à Bordeaux
S:Z dans le refte de la Guienne , les cordes à relier
les futailles.
On appelle auflTi la corde d'une montre , une
corde de boyau qui fe range autour de la fulee ,
quand le refibrt eft bandé , quoi qu'on la TalTe pat
fois de fer ou de cuivre , SiC que ce loit une pe-
tite chaîne. Catella.
Corde {ans fin , terme d'horlogerie. C'eft une corde
dont les deux bouts font confus enfcmble , ^ dans
laquelle on renferme quarte poulies , quand on l'ap-
plique à une pendule à fécondes. Cette corde a
la propriété de ne point faire perdre le temps au
mouvement , quand on remonte le poids.
IJC? Corde , terme de jeu de billard. On appelle
corde deux clous placés fur les deux bandes des
côtés , en deçà defquels un joueur do'.r placer fa
bille pour commencer à jouer.
Corde ( Tabac en ) ; on appelle ainfi celui qui a été
cordé. Voycj^ Corder.
CORDEAU , f. m. petite corde. Il fe dit propre-
menr de ces longues cordes S<. menues qui fervent
aux Géomètres SiC Ingénieurs pour lever des plans ,
pour tracer des de/leins de bârimens , ou des for-
tifications -, ou de celles des jardiniers qui font
des parrerres , ou qui plantent des arbres en droite
ligne ; ou de celles des charpentiers avec lefquel-
les ils allignenr leur bois. Linea. Le maçon appel-
le ii§ne , ce que le jardinier appelle cordeau. On
COR
dit bancîer le cordeau \ tracer le long du cordeaw.
Cette allée , ce bâtiment , font tirés au cordeau.
Tirer une planche au cordeau , une allée , une
rue tirée au cordeau. Des alignemens tirés au
cordon.
Cordeau fîgnifie encore la petite cor^de avec laquelle
on étrangle ceux qui font condamnés à la poten-
ce. Rejiis , rcjiicula laqueus.
CORDEAU , i'. m. pi. en termes de pêche. Ce font
plufieurs morceaux de lignette , ou médiocre fi-
celle , qui .'"ont attachés de dirtance en diftance à
la corde de la ligne de fond,
CoRÔEAUx , terme de manufadure. Ce font aufli
des efpèces de liiières , que l'on fait à certaines
étoffes.
CORDEE , f, £ ficelles de fiX ou fept brafles ou plus,
À laquelle on attache , d'efpace en efpace , plu-
iîeurs petits hameçons avec quelque appât pour
prendre des anguilles , &c.
CORDELAT , f. m. étoffe de laine , qui fe fabrique
à Albi , & aux environs de cette ville de Lan-
guedoc.
CORDELE. Foye[ Cordelle.
CORDELER , v. a. tortiller quelque chofe en for-
me de corde. Cordeler les cheveux ou autres ma-
tières déliées, Tortjuere.
CoRDEiÉ, ÉE. part. pafT. & ad],
Leur longue chevelure en natte cordelée^
Et de trcffes d'argent & d'incarnat mêlée ,
Leur jlottoit fur l'épaule. P. Le Moine.
CORDELETTE , f. f. diminutif de corde. Funiculus.
Corde menue.
CoRDELETTEj terme de Conchyliologie. C'eftune élé-
vation ronde Se étroite, qui règne le long d'une
coquille entre les ftiles & les cannelures.
CORDELI , ad), terme de verrerie. Epithète que l'on
donne au verre , lorfquele four étant un peu froid,
il y aura dans le pot une partie du verre qui de-
viendra plus dure que l'autre , & qu'ayant pris
avec la canne , de l'une & de l'autre , on en aura
Ibuflé une pièce dans laquelle on appercevra com-
me de la ficelle , tantôt grode , tantôt menue. Com-
me ces traces font d'une qualité différente du relie
de l'ouvrage , elles le feront caffer. Encyc.
CORDELIER ^ f. m. Religieux de l'ordre de S.Fran-
çois , qui eft habillé de gros drap gris , avec un
petit capuce,une mozette ou chaperon , &; un man-
teau de même étoffe -, qui porte le foc ou fandale,
8i qui a une ceinture de corde où il y a trois nœuds.
Francifcanus cui apud gallos nonten eji à fane quo
c'niclus ejt. On l'appelle autrement frcre mineur.
Les Cordeliers font ainfi appelés à caufe de la cor-
de dont ils font liés : & ce nom leur fut donné
à la guerre de S. Louis contre les infidèles , à
laquelle les frères mineurs ayant repouffé les bar-
bares , quand le Roi demanda leur nom , on lui
répondit que c'étoit des gens*de corde liés. Les
Cordeliers font agrégés dans l'univérfité , Se reçus
dodteurs. Ils fuivent les fentimens, de Scôt qui tut
parmi eux un grand homme i>i un fubtil dodtcur.
On dit d'un homme peu fcrupuleux , qu'il a la
confcience large comme la manche d'un cordelier.
On appelleauffi la haquenée ou la jument des
Cordeliers , un bâton fur lequel s'appuient ceux
qui voyagent à pié. On dit auffi parler latin devant
les Cordeliers; pour dire, vouloir faire parade de
fa fcience devant ceux qui en fçavent davantage :
ce qui repond au proverbe latin. Sus docet mi-
nervam. Voyez origine du proverbe françois dans
les Heures perdues du Chevalier de Rior , p. 12.
CORDELIÈRE , f. f. Religieufc du même ordre
que les Cordeliers, &.' qui porte une femblable cein-
ture. Monialis francifcana.
CoRDtLiiîRE , en terme d'Architecture, eft un petit
ornement taillé en forme de cordes fur les ba-
guettes , ou un petit liteau qui fe met fous les
patenôtres, Funiculi variis nodis impliciti.
G Ô R $ î I
On appelle aufli cordelière , une petite treffé
de foie noire avec plufieurs nœuds .1 la diftance
d'un pouce , que les femmes portent quelquefois
au cou , en place de coller. Funiculi , bombycini;
CORDELIERE , efpèce de ferge rafe qui fe fabri-
que dans quelques endroirs de Champagne, particu-
lièrement à Reims \ elles font en partie" laines d'Ef^-
pagne , &; en parrie laines françoifes.
On appelle tm^i Cor délier es , entérines de bla-
fon, le filet plein de nœuds que les veuves ou
les filles mettent en guife de cordon , pour en-
tourer l'écu de leurs armes. Funiculi variis nodis
impliciti. La plûparr tiennent que l'otigine en vient
d'Anne de Bretagne. Cette Reine de France , époufe
de Charles VllI , qui commença à régner en 1485,
puis de Louis XII , qui lui fuccéda en 1498 , inf-
titua une efpèce d'ordre en l'honneur des cordcS
dont notre Seigneur fut lié en fa paffion , & pour
la dévotion qu'elle avoit à S. François d'Affffe ,
dont elle porroit le cordon. Elle donna à cerre or-
dre le nom de la cordelière ^ &c pour marque un
collier fait d'une corde à plufieurs nœuds entre-
lacés de lacs d'amour dont elle honora les princi-
pales dames de fa cour, pour le mettre autour de
leurs armes. M. Herman , dans fon Hifhire des or-
dres militaires , dit que cette Princeffe inftitua
cet ordre après la mort de Charles VIII , 6C
qu'elle prit pour devife : j'ai le corps délie , fai-
fant allufion au mot Cordelier , parce que la mort
de fon mari l'avoir affranchie du ioua; du ma-
nage ; mais cette cordelière fignifioit plutôt un
engagement qu'un affranchiffement de loix , dc
Herman a confondu apparemment cette Reine
avec Louife de la Tour d'Auvergne , qui , après
la morr de Claude de Moncaigu fon mari , prit
pour devife -.j'ai le corps délié, P. Hél, T. FUI ^
c. 68. Anne de Bretagne inftitua cet ordre à l'imi-
tation de fon père François , Duc de Bretagne *
qui en mit un pareil alentour de l'écu de fes
armes , à caufe de la dévotion qu'il avoit à S,
François d'Ailîfe, Claude Faucher, dans fes Origines
des armes , dit que la cordelière jadis fut com-
me la marque d'honneur que la Reine Anne de
Bretagne donnait à celles qu'elle choififfoit , ainjï
que le collier à coquilles jadis donne par le Roi
aux Chevaliers de l'ordre de S. Michel. Voyez fur
Cet ordre vrai ou prétendu , l'Abbé Juflin j T. Il y
C. 89 , /7. 845 , & Favyn, Hijt. de Nav. L. X ,
p. 524. & L. XFIII, p. 1170 j Mais Matthieu
CompaJn , Jéfuite , dit qu'on en a vu de plus an-
ciennes à Châlons fur des ornemens. Avant les
Cordelières , les armoiriers des hommes &c des ani-
mes s'entouroient de guirlandes , de feuilles ou de
fleurs , comme les images que les grecs & les ro-
mains nom.moient (îcmmata. Les religieux les ont
entourées de couronnes d'épines , ou de chape-
1ers & de patenôtres ; ce qu'a retenu encore l'or-
dre de Malte.
Cop-DELiÈRE , (La) nom d'un vaiffcau de Louis XII ,
l'Amital de i'a flotte. Ce vaiffeau avoit été bâti par
les foins la Reine , qui en avoit fait la dépenfe;
C'étoit un des plus beaux navires qu'on ait jamais
vu. En 1252, dans un combat naval contre les An-
glois, la Cordelière accrocha le Régent, le plus
grand de la flotte angloife , & ils furent tous deux
bridés fans qu'on ait fu par oîi le feu s'y croit mis.
^ CORDELLE, CORDEAU, petite corde. Ce
mot n'eft point d'ufage au propre. On dit quel-
quefois dans un fens figuré , attirer quelc^i'un
dans la cordelle ; pour dire , dans fon parri , dans
fa faétion. In focietatem , in partes fuas tra-
here. Il fe dit ordinairement en mauvaife parr. Les
Ligueurs répandirent un certain nombre de Bour-
geois des plus habiles d'entr'cux dans les provinces
&: les villes principales du Royaume , pour at-
tirer à leur cordelle les Catholiques les plus zélés,
& fortifier le parri. Vign. Marv.
Dans nos vieux Poètes cordelle fé prend pour
toutes fortes de liaifons, & ne fignifie pas tou-
^12
COR
jours une rocicté vicieule. L'amour me tient dans
fa cordelle , c'eft-à-dite , dans les liens.
On attire à fa cordelle
La flamme la plus Jidellc.
CoRi>Ei.LE, terme de Marine, corde de moyenne
gtoHeur avec laque. le on hâle un vaillcau d'un
lieu à un autre , ou qui iert à conduire une cha-
loupe de terre à un navire , lors qu'il eft dans le
porc , ou pour palier d'un cote de la rivière à
l'autre. Fiunculus nauticus.
CORDER , V. ad. taire une corde avec de la fi-
lafle , de la foie , ùc. Funem torquere , nectcre. Il
y a des matières qui le cordent bien mieux les unes
que les autres.
Corder du tois , fignifie mefurer une corde de bois.
Defcàum caudtcem metiri. Le bois iortu ne le corde
pas bien , li on ne le lait arranger.
Corder , en termes ci'Lmballeur,lier avec des cordes.
Nicii^re , cormccîere i vincire funièus. Il faut corutT
ces ballots.
Corder du tabac. C'eft tordre des feuilles de tabac , &
en faire une elpèce de corde.
Ip" Corder , ( Se ) v. récip. fe dit , en termes de Jar-
dinage , des raves èc de quelques autres racines ,
quand elles deviennent creules , & que leurs fibres
le durciflent : ce qui arrive lorfque la faii'on en cil:
paflee , & qu'elles commencent à monter en graine.
Indurefcere , obdurefcere. Alors on dit de ces forces
de racines, qu'elles fe cardent, qu'elles devien-
nent cordées , parce qu'en effet il y en a qui fo
durciflent au dedans, & tout du long , & forment
par-là une efpèce de corde. Il y en a d'autres qui
de charnues , &: folides qu'elles étoicnc , devien-
nent creufes Si filamenteufes , & leurs hlamcns
font autant de petites cordes , comme les raves ,
panais , betteraves, ô-c. Voici le temps que les raves
fe cordent. La fcorfonnère ne fe corde jamais. On
dit auffi des lamproies qu'elles fe cordent, parce
qu'iLy a un temps où il fe forme dans leur corps
une efpèce de cartilage qui prend depuis la tête
jufqu'à la queue , & qui teflemble allez à une
corde. Quand elles font ainfi cordées , il n'y a plus
que les pauvres qui en mangent.
CORDÉ , ÉE. part. palT. &: adj'^ Il s- la lignification
de l'on verbe , en latin comme en françois. Pline
appelle une racine cordée, lignofa radix. Liger.
En termes de Blafon , on dit des arcs à tirer &
des. inftrumens ds Mufique à cordes , qu'ils font
cordes , quand leurs cordes font reprcfentces d'un
a.utre émail. Cordis inpruclus.
En termes de Médecine , cordé fe dit d'une ma-
ladie vénérienne , appelée chaude-piflé : la chaude-
pilTe devient cordée par la malignité du virus ,
qui corrode la parrie inférieure de l'urètre.
C'eft une inflammacion & contraction Aw frœnuni
Se de la partie du pénis qui efl: au deflbus , la-
quelle rend l'éreClion douloureufe.
CORDERIE , f. f. lieu propre pour faire les cordes,
où on fait des cordes, & où on les garde quand elles
font faites. Funium texendorum officina. C'eft aulfi
l'art de les faire.
^ CORDES. Petite ville de France dans l'Albi-
geois, fur la petite rivière de l'Aurou.
CÔRDIA. Nom propre d'une famille de l'ancienne
P.ome. Cordia s;ens. La famille Cordiae^i peu connue.
Cicéron eft peut-être le feul Auteur qui parle d'un
Cordius. Sur les médailles , parmi lefquelles il y
en a deux ou trois affez communes , elle a le pré-
nom Mv. & le furnom rufus. Dans les médailles
de la famille Mutia on trouve cordi. Peut-être
que les Cordius n'écoient qu'une branche de Mu-
tins, & que MV fignifie Murius. Car il eft cer-
tain que la famille Mutia s'étoit divifée en deux
branches , donc l'une croient les Cordas , comme
on dit communément , ou plutôt peut-ctte les
Cnr/^ij:s , & l'autre les Scxvola.
CORDIAL , ALE , adj. qui réjouit le cccur , qui le
COR
fortifie. Cordi utilis , conveniens. Le vin vieux cil:
cordial. Les trois fleurs cordiales font celles debu-
glole , de bourrache &c de violette. Quelques-uns
y ajoutent les œillets Se les rofes. Les quatre eaux
cordiales font celles de bourrache , de buglofe ,
d'endive , Ôi de chicorée. Quelques-uns â']oucen:
celles du chardon bénit , de fcorfonnère , de mor-
Jus diaboli, de fcabieufe , d'oléille &: d'alleluya.
Poudre cordiale. Voyez PouuRE.
Cordial fe dit figurément de celui qui eft fincère ,
qui eft plein d'aifédion , qui procède du tond
du cœur. Ex animo amicus , vere bcn^volus , cor-
datus. On ne lauroir trop chérir un ami tranc &
cordial. Amour cordial. Atfedion cordiale. Ge-
nuinus , Jincerus.
Cordial, f. m. terme de Médecine. Remède con-
forratif qui ranime &: fortifie le cœur. Remedium ,
pharmacum cordi unie. Les cordiaux ont fauve ce
malade, & lui ont aidé à furmonter la malignité
du mal.
Cordial fe prend aulli au figuré pour un fecours , &
une confolation concre les afflidions de l'efprit.
Pr&filium, jolatium. Le chagrin ac la triftelié me
ron.i;;ent , quand je ne fuis point muni de ces fe-
cours agréables , qui me fervent de cordiaux contre
le venin de ces deux cruelles pallions. Balz.
CORDIALEMENT, adv. fincèrement , d'une manière
affedueufe & cordiale. Sincère , verè., ex animo.
C'eft un homme qui vous aime cordialement , 8C
du fonl du cœur.
CORDIALITÉ , f. m. amitié franche & finccre. Amor
verus , non jicîus , Jingularis. Ces deux amis vi-
vent enfemble dans une gtznàe cordialité. Parler»
airir avec cordialit'e.
CORDIER , f m. celui qui fait ou qui vend de la
corde. Refîio , rcjiiarius. On dir en r<iillerie, que
les Cordisrs çrasrnent leur vie à reculons.
{fr CO:iDIFÔRME, terme de Botanique, cordi-
formis, qui repréiénte la figure d'un cœur. On cic
aulîi , figuré en cœur.
CORDILIAS , f. m. eft une grolfe éroffe de laine
qui eft une efpèce de gros drap ou de bure. Le-
videnfa. Il en vient d'Efpagne & de Languedoc,
CORDILLE. f. m. C'eft le nom qu'on donne au
jeune Thon qui vient de fortir de l'œuf. Limaire
&C Fela/nide iom les autres degrés de grandeur de ce
poiffon , qui s'appelle cordille quand il vient de
naître.
CORDOANIER , f. m. vieux mot qui fe difoit pour.
Cordonnier , à caufe du cordouan , efpèce de cuic
venu de Cordoue en Efpagnc, dont on fait le
delÏÏis des fouliers.
CORDON, f. m. petits brins ou fils de chanvre ou
de corde, qu'on tortille pour en faire une plus
grolle corde. Funiculus , rcfiicula. Cette corde eft
compofée de trois , de quatre cordons.
Cordon fe die aulTi quelquefois de ce qui fert à
lier ou à entourer quelque chofe. Vinculum , cin~
gulum. Des cordons de fouliers. Des cordons de
bourfe. Des cordons de chapeau, de foie, d'or
ou d'argent. Le cordon de chapeau eft ce qui en-
toure le chapeau par le bas de la forme en de-
hors. Des cordons de caleçons. Des cordons a
pendre un miroir, des rablecces, des tableaux.
Cordon à la ratière. C'eft le nom que Ion donne à la
ganfe, lorfqu'elle a été travaillée fur un métier avec
la navette.
Cordon de chanvre. C'eft du chanvre prêr à fi-
ler , plié , & comme cordé en gros ou petits pa-
quets.
Cordon fignifie aufli quelquefois la lifière d'une étoffe.
Ce ternie eft parriculièrement en ufage dans les
Manufadures de Languedoc ,d'Auch, Montauban,
Bourdeaux &; Rouiîillon.
Cordon eft quelquefois une inarque de Chevale-
rie. On appelle un Cordon bleu , Eqidtum torqua'^
torum Ordmis Sancli Spirints vitta Ccerulea , celui
qui eft Chevalier de l'Ordre du S. Efprit , & qui
porte un ruban large de cette couleur ,au bout du-
quel
COR
quel pend la croix de l'Ordre. Le Cordon de S.
Michel cft mêlé de plulieurs coquilles d'émail.
Chaque Ordre de Chevalerie a un Cordon diric-
renr.
Cordon hku. Ce mot fe dit figurémcnt d'une per-
fonne d'un mérire diftinguc dans une Commu-
nauté. Fir infignis , vir ceUbris. Le Père tel efl
un Cordon bUu de l'Ordre.
On appelle auiFi , en tetmes de Dévotion , le
Cordon S, François , un certain cordon garni de
nœuds, que portent les Confrères de la ^Confré-
rie inltituéc à l'honneur de ce Saint. Cirignlum
Sancii Francijci. Les uns, comme les Corddicrs ,
les Capucins, les Minimes &: les Rccollets, por-
tent ce cordon blanc , & les autres , comme les Pi-
quepuces , le portent noir. Cette Confrérie du Cor-
don S. François a été inftiruée en mémoire des
liens dont Jésus-Christ fut attaché. Elle cft
compoiéc de plusieurs particuliers qui ne font pas
Religieux. Ces gens, pour gagner des indulgences,
font feulement obligés de' d'ire tous les .>ci!rs cinq
Pater & cinq Ave. Gloria Patri , & de porter le
Cordon que tous les Religieux peuvent donner ;
niais^ oui ne peut être béni que par les Supérieurs
de l'Ordre de S. François. On dit être du Cordvn
S. François. Avoir le Cordon. Porter le Cordon.
Donner le Cordon. Prendre le Cordon. Les Indul-
gences du Cordon S. François.
Les Frères du Cordon 's. François font dif-
ieiens du Tiers-Ordre de S. François , n'ont point
de règle, mais des ftatuts , U ne font point de
vœux. Ce fut_ le Pape Sixte V , qui inaitua à
AiUfe la Confrérie du Cordon S. François l'an
Ço-KDOT^ jaitrze. Nom de Chevalerie. L'Ordre du Cor-
don jaune. Les Chevaliers du Cordon jaune. Cet
Ordre fut inftitué par le Duc de Nevers , fous le
règne d'Henri IV, Roi de France. C'éroit une
compagnie de Chevaliers Catholiques 8c Héréti-
ques , qu'on recevoir néanmoins dans l'Eglife en
préfence des Curés. Pour cette cércmonicon pte-
noit un Dimanche , & après avoir ouï la MeHé j
■on fonnoit une cloche, & tous les Chevalier de
l'une & de l'autre Religion s'approchoient de l'au-
tel, &c prenoient des places fur des bancs , fans gar-
der de rang. Le Général ou celui à qui il en don-
noit la commilîlon , faifoit un difcours à celui cjui
demandoit le Cordon jaune , touchant l'Ordre qu'il
■ alloit recevoir. Ce difcours fini , le Grcitier lifoit
les ftatuts , après quoi le Prêrre qui avoir cé-
lébré la Mefle, ouvroit le livre des Evangiles ,
& le récipiendaire , un genou en rerre & fansépcc ,
mettant les mains delTus , promerroit avec ferment
d'obferver les ftatars , dont on venoit de lui faire
la leélure ■■, le Général , ou celui <à qui il en don-
îioit la comm.ifîion, lui mcttoit enfuite une épée
au coté & le Cordon jaune au cou , puis l'em-
braffbit. Le Duc de Nevers étoit Général. Les Che-
valiers écoient obligés par leurs ilatuts , de favoir
le jeu de la mourre. Il devoir y avoir un fond
pour aider le'^ Chevaliers qui feroient dans la né-
ceffiré. Il y avoir dans les ftatuts bien des chofes
ridicules & indécentes, Henri IV l'abolit en \6o6.
Cordon. En matière de blafon , les Prélars
ont chacun un cordon différent qui accompagne
l'écuilbn de leurs armes, & defccnd du chapeau
qu'ils portent pour cimier. Ce cordon fe termine , en
/e divifant & fubdivifant , en un nombre de houpes
- plus ou moins grand, félon leur dignité. Les Car-
dinaux ont un- cordon rouge d'où pendent de chaque
côté de l'écuiTon, quinze houpes de même cou-
leur , en cinq rangs, en cet otdrc : i , i , 3,4,
5. Celui des Archevêques eft de finople, ainfi que
les houpes , qui font au nombre de dix , en ruatre
rangs -.1,2, 3,4. Les Evêques l'ont auffi de
finople , & n'ont que fix houpes en cet ordre :
I , 1 S-c ? , & les Protonotaircs , qui l'ont auiïi de
finople, n'ont que trois houpes, i & 2.
Cordon , en termes d'Anatoraic, fe dit de l'ombilic ,
Torne II,
COR
913^
ou nombril de l'enfant , lorfqu'il eft encore dans
la matrice. Ce cordon eft de la longueur d'une aune
ou environ. Il va de l'arrière-faix jul'qu'au vcntrs
de l'en.ant , & renleinic quatre vaiiîcaux qui ibnt
une veine , deux artères & l'ouraquc. Ce cordon
icn a tortifier ces vaiifcaux , & empêche que l'en-
fant ne les rompe par les mouvcmens qu'il ian.
Il fait encore que l'enf^nr & l'arrière-faix puidént
ibrtir l'un après l'autre. Aufîi-tôr que l'enfant eft
né, on fait une ligature à ce cordon , à deux tra-
vers de doigt proche le ventre de l'enfant, &:
on le coupe au deffus de la ligature. Eniliite la
nature forme de ce qui en reftc le nœud que nous ap*
pelons nombril, tel qu'il eft dans l'homme par-
fait. . "
Cordon , en termes d'Architedurc , eft un arron-
diflcment, ou un certain rang de pierres qui avan^
cent , & qui marquent les diviiions d'une mu-
raille. Corona mitri. Le cordon marque oii finit la
muraille , &; où commence le parapet. Les murs
de cette place font élevés jufqu'au cordon.
Cordon , en Charpenterie , éft la hauteur de l'cn^
ceinte qui cft d'environ trois pouces , & qui em*
brade rout le corps de la galère.
Cordon , en Sculpture, eft une moulure ronde en
manière de tore , qu'on emploie dans les cornivhes
de dedans, & fur] laquelle on taille des (leurs ,
des feuilles de chêne ou de laurier continues ou
par bouquets , ou quelquefois tortillées de ruban*
Direclio , torus.
En Jardinage, on appelle cordon de ç^aion , un
rond de gazon de certn'.-ie largeur , qu'on emploie
dans les compartimens de parterre de gaïon. Or-
hiculus cejpiùcius. On s'en fert aulTi pour faire les
bords d'un ballin de fontaine. Les Fleuriftes difent
audl le cordon d'une anémone.
Cordon fe dit encore de tout ce qui ayant peu de
latgeur, & quelque érendue en longueur , ou fai-
fant un cercle , reifemble à un filet. Cingulum.
Autour de cet amas de viandes entaffScs ,
Régnait un long cordon d'alouettes prcffees.
BoiL.
On appelle auffi cordon ovx filet , ce qui règne
fur la*Hrconfércnce d'une monnoie.
CORDCNNER , v, a. mettre en forme de cordon,
tortiller pluficurs fils enfemble, FUum torqnere j
contexere. Cor donner fés cheveux. Cor donner de la
foie.
CORDONNERIE , f. f, l'art de faire des fouliers , &
le lieu où on les expofe en vente, Sutnna , tabsrnd
ftitrina.
CORDONNET, petit cordon de fil délié, qui fert à at-
tacher un rabar , ou à coucher fur les broderies
pour les relever , & en marquer le delfein. Con-
textus è fi/o funicnlus. Cordonnet d'or , d'argent *
de fil , de foie , &c.
CORDONNIER. , f. m. Ouvrier qui fait des chauP
fures en cuir , fouliers , bottes ou pantoufles. Su-
tor , calcearius Cordonnière , c'eft la femme d'un
Cordonnier. François Sforza , qui prit Milan , §:
qui épouiii la b.âtarde de Philippe Marie, D.:c
de Milan , avoir été long-temps Cordonnier. Rg-
CHEFORT. Benoît Baudouin, natif d'Amiens , fils
de Cordonnier , &: Cordonnier lui-même dans la
boutique de (on père , a fait entre aurres ouvrages
un Traire de Caîceo antiquo& myfîico , pour faire
honneur à 'on pren^ier métier, comme il le dé-
clare lui-même. Jean-Baprifte Gallo , Cordonrzicr
à Florence, nous a donné de beaux ouvrajrcs ert
fa la'igue , cntr'autres des Dialogues à l'imita-
tion de Lucien. De Vign. Marv.
Cordonniers, ( ^^rtr^j ) nom d'une Communauté
d'artifans Cc-.'onniers. Fratres Calcearii. Les Com-
munautés des Frères Cordonniers Sc Tailleurs éta-
blis en plufîeurs villes de France , prirent naijîanc3
à Paris par le moyen de Michel B'ich, Mai'rrc
Cordonnier , natif du Duché de Luxembourg, au
ZZ Zz2
^14 COR
Dioccfc de Trêves, Si par les conreils & les fc- .
cours que lui fournit le Baron de Rcncy , &c quel- 1
ques autres perlbnnes de diftintîtion & de piété.
Pendant le temps qu'il travailloit à détruire le com-
paçnonage, dont nous avons parlé en l'on lieu,
Mfde Renty ôc pluiieurs autres perlbnnes de piété
lui confcillèrent d'établir une Tainte (bciété de gens
<le la profeifion , qui , en»gagnant leur vie du tra-
vail de leurs mains , ferviilcnt Dieu en obl'crvant
certaines pratiques de dévotion , qui leur tuffent
communes. Le Baron de Renty , le jour de la Pu-
rification de la Sainte Vierge , l'an 1^41 , mena
Michel Buch, qu'on appeloit le bon Henri , &
qu'il avoir fait recevoir Maître Cordonnier , il le
mena,dis-je, au Curé de S.Paul, qui, avec fon
Vicaire , les ayant interrogés , déclara que leur vo-
- cation éroit bonne, èc que Dieu vouloir être ho-
noré & Icrvi par cette allbciation. Ainlî ce fut ce
jour-là que cette fociété fut réfoluc & formée.
Le Curé de S. Paul leur donna des rcgiemens.
M. de Renty fut déclaré leur protedeur. L'Ar-
chevêque de Paris approuva leurs réglemens. P.
H£lyot, t. nu, c. 15.
Ménage dérive ce mot de cor douanier , qui a été
fait de cordouan , efpèce de cuir qui vient de Cor-
doue. D'autres tiennent qu'il vient de corde , parce
qu'autrefois on faiibit des fouliers de corde. On fait
encore grand trafic en Efpagne Se en Amérique de
ces forres de fouliers , qu'ils appellent alpar»dtes.
On appelle auffi Cordonniers-, ies Artifans qui
font des cordons de chapeaux. Funiculorum textu-
res.
On dit ordinairemenr , qu'il n'y a que les Cordon-
niers de mal chauUcsi pour dire , que ceux qui tra-
vaillent bien pour aurrui , n'ont pas le temps de tra-
vailler pour eux-mêmes.
CORDOUAN , f. m. efpèce de cuir qui vient de Cor-
doue, & dont on fait le defTus des fouliers. Capri-
num corium. Il fe fait de cuir de chèvre pafle en tan :
ce qui le diftingue du maroquin , qui eft paflc en
Saille-
Cordouan , adj. qui eft de Cordoue, ville Epifcopale
de l'Andaloufie , en Efpagne.
Méprendra plus le bourdon pour P abeille ^
Ni les fredons du chantre Cordouan ,*"
Pour les vrais airs du Cygne Mantouan. Re.
GouDoUAN , Tour à l'embouchure de la Garonne en
Gafcogne, qui diffère du méridien de Paris de o-', 1 4',
17" occid. ou 30, 56', 4j". Sa longitude i^î», li',
45". Sa latitude, ou élévation du pôle 450,50', 10".
Cass.
CORDOUANIER , f. m. celui qui prépare Se pafle
les cuirs nommes Cordouans.
CORDOUE. Corduba. Ville Epifcopale d'Andaloufie
en Efpagne , fur le Guadalquivir, Cordoue eft une
ville forr ancienne , qui fût la patrie des deux Sénè-
ques & de Lucain. Cordoue a été plus de deux cens
ans Capitale d'un Royaume des Maures , & le fiêge,
de leurs Rois , dont l'on y voit encore l'ancien Pa-
lais ; une Mofquée qui paflbit pour la plus belle du
monde , à larélérve de celle de la Mecque , fiir au-
jourd'hui la Cathédrale de l'Evêquc qui eft fuffragant
de Séville. Cordoue fut reprile par ies Chrétiens l'an
1 1 î <î.
Il y a une petite ville Epifcopale du Paraguai , à
laquelle on a donné le même nom. Laér , L. XIF ,
c. lô , la met au 5 1' degré , 30 min. de latitude mé-
ridionale.
Cordoue, forterefle de ja Tucumanie , bâtie par Ju-
lien Sedenro , fous les ordres de Gomcz Zurita ,
Gouverneur de la Tucumanie , vers le milieu du
XVPfiècle.ElIe étoit fur les confins des Calchaquins,
peuples barbares dont elle arrêtoit les courfes. Del
Techo , L. / , c. 10 , Hijl. Paras;.
ÇORDZILER , f. m. garde du Roi de Perfe , Cufios,
Sdtelles Récris Perfarum. Les Maléozogles ayant at-
taqué 8c blelTé Ifmaël Sophi , les Cordiilers , qui
COR
étoient autour du Prince , fe jetèrent fur eux Si. les
mirent à mort : ces Cord^i/ers ibnt les Cardes de
Rois de Perfe , car ils le iervent de trois Ibrres de
gens en leurs armées : de Turcomans , qui ibnt ceux
qui ont des fiefs, & qui doivent fervir le Prince quand
il les m.ande, à peu-près comme notre ban &: arrière-
ban : les féconds font les Cori^i, Coridjchi, ou Cord-
!^iUrs , car on leur donne tous ces noms , qui font
ilipendiés, Si font la garde du Prince ; les troilicmcs
font les Auxiliaires des Provinces. A.Thomas.
CoRE ou Chore , f. m. Corus. Mefure des Hébreux qui
contcnoir dix baths , ou , lélon le P. Calmer , 298
pintes , ehopine , demi-fetier Se -tl^î^ de pouce
cube. Lorfque Dieu envoya des cailles pour la fé-
conde fois dans le camp des Hébreux, chacun en
amafla une fi grande quanriré,que ceux qui en avoicnt
le moins , en eurent jufqu'à dix cores. Norab. c. XI,
V. 52. Cette mefure s'appelle auffi chômer. Les Tra-
duéleurs de Louvain la nomment coron. Je donnerai
vingr mille corons de froment. Si autant de corons
d'orge. Paralip. ch. Il, v. 10.
CORÉE , f- f. ce mot fe trouve dans Pomey , pourfi-
gniner frefiure de bête. Ext:i,vijcera. D'autres di-
lent courrce. Ces mots ne font d'ufage que dans quel-
ques provinces.
COREE. Corea. La Corée eft une grande prefqu'îla
d'Afie qui a titre de Royaume , qui rient à la Chine
du côté du Japon. Foyei Martinius fur ce pays.
Corée , f. m. pié d'un vers grec ou larin , compofé
d'une longue bc d'une brève.
Corées , f.f. pi. fêtes en l'honneur de Proferpine ,
que les Siciliens honoroient Ibus le nom de Cora,
De x""^ ■> jeune 5c belle fille.
CORENTIN, f m. nom d'homme. Corentinus. S. Co-
rentm , premier Evêque de Quimper, éroir difciple'
de S. Marrin, par lequel on dit qu'il tût lacré : fon
Eglife Cathédrale l'ayant pris pour fon patron titu-
laire avec la Sainre Vierge, la ville s'appela depuis
Qttimper-Corentin , comme s'il en croit le fonda-
teur.
CORÉRIE , f.f. nom. qui, à la grande Charrreufe, fe
donne à la maifon d'en bas , où dem:urenr les Con-
vcrs. Coreria, Il y a des livres imprimés à la Corerie,
Corerice.
CORÉSIE, f. f. Co-ejia, terme de Mythologie, nom
que les Arcadi'-'ns donnoient à Minerve.
CORÉSIEN , ENNE , f. m. Si f. qui eft de la Corée.
Coreanus , a. Les Corejiens fonr idolâtres , Si ont
plufiairs Religieux Si pluficurs Monaftcres. Avant
que le Tartarc fc fût rendu Maître de la Corée , les
Coréficns fe plongeoient dans toutes fortes de dilîb-
lutions. Corn.
CORESSES, f. f. pi. on nomme ainfi à Calais les lieux
où l'on fait forer le hareng -, ailleurs on les appelle
Roudablcs.
CORÉSUS. Cm.Prêtre de Bacchus.Il y auneTragédie
intitulée^ Corv/ài , par M. de la Folfe.
CORRÉVÊQUE. Voye:^ Chorévêque.
CORÉYEN , ENNE , f. m. Si f. nom de peuple. Ce
font les habitans de la Corée, grande Pcninfule,
joinre à la Chine, du côté du Japon. On dit autli
Corcfitns. Le P. Crafiêr dans fon Hifioire du Japon ,
ccrir toujours Corcyen.
CORFIOTE , f. m. & i. Corcyrœus , qui eft de l'île de
Corfou. Les Corfiotes fonr prefquc rous Grecs fchif-
matiques. Ils fe donnèrenr l'an 1586 aux Vénitiens ,
qui, pour être maîrres S>c paifibles pofTelfeursde cette
île , paycrenr l'an 1401 , trenre mille ducats à La-
diHas, Roi de Naples , auquel Corfou appartenoit
auparavant.
Ce mot eft formé de l'Italien Corfioiti.
CORFINIUM, ancienne ville d'Italie, dans le p.iys
des Péligniens , aujourd'hui l'Abruzze citéricure.
Elle n'ét'oit pas loin de Sulmone -, elle eft ruinée.
Dans la guerre appelée 5ocw/^ , les alliés, Marfes ,
Samnites, Si aurres peuples d'Italie l'établirent leut
Capitale , Se le fiègc de leut Goavcrnemcnr, l'an de
Rome 66j , Si la nommèrenr Italique , comme la
commune Patrie Scia métropole de tous les peuple*
COR
4e ritalie ligues cnfcmble. Ils y tracèrent une grande
PLce 5c un Palais pour le Sénat à l'inltar de celui
de Rome. Ils eurent foin auffi de la fortifier , & d'y
amalîer toutes fortes de provilions , argent , vivre tk
munition de guerre. On croit que c'eft; le village ap-
pelé aujourd'hui San-Pelano. D'autres diient que
c'eft le village Pentin.i.
CORFOU, nom d'une Île nommée Corryre par les
Anciens ; CoTcyra. L'Ile de Corfoii n'eft Icparée de
i'Epire que pat un canal d'une à deux lieues de
largeur. Maty. L'air y eft bon, le terroir fertile en
vin , huile , citrons , oranges , &c. Les habitans de
l'Ile de Cor fou s'appellent Corfiotti. 1d. Foye:^CoK-
CYRE & CoRFIOTE.
L'Ile de Corfou pourroit difputer de Fortereflc
avec celle de Malte, Ci elle ctoit audi régulière , &c
on peut dire que ce font les deux portes de la Chré-
tienté. De plus la beauté de fon territoire eft autant
agréable & fertile , que celui de Malte eft ftériie
& ennuyeux. Du Loir , L. X , p, 556. Il y a bien
des chofes à apprendre fur cette famcufe Ile dans le
bel ouvrage de M. le Cardinal Querini, imprimé à
Brefle en 1758 , fous ce titre : Primordia Corcyra:.
Il fuffira de voir les Mémoires de Trcvoux , année
1759-
CoRFou eft aufll le nom de la capitale de la même
Ile. C'eft la feule ville qu'il, y ait , mais on y trouve
quantité de bourgs & de villages.
CORGEou COURGE, f f. termes dont on fefert aux
Indes Orientales dans le commerce des toiles de
coton , pour lignifier une certaine quantité de pièces
de toile, hzcorge eft de vingt pièces.
CORGIE , f. f. vieux mot. Verge ou fangle de cuir.
On difoit audi courne. C'eft delà qu'on a dit une
ejcoiirt^ce,
CORIACE, adj. m. & f. qui eft dur , & qui tient du
cuir. Caro dura , d^ntibus non cedcns. Il ne le dit que
des viandes cuites qu'on mange avec peine , qui fe
divifent avec peine. La vache eft fort coriace.
On dit figurément , dans le ftyle familier , d'un
homme avare , dur , difficile , &: dont on a de la
peine à tirer quelque chofe , que c'eft un homme
coriace.
Ce mot vient du latin coriaceus .'Hicovi.
CORIAMBE,f. m. C'eft un terme de profodie grecque
fi<;lai;ine,qui lignifie le pié d'un vers compofé de deux
brèves entre deux longues , comme hijtoricz. Il s'ap-
pelle Cor/iîOT/^4f à cauie qu'il eft compofé d'un Corée
& d'un ïambe.
CORIANDRE , f. f. fe prend le plus fouvent pour
la fcmence d'une plante ombellifère, dont nous al-
lons parler.
Coriandre. Coriandrum. Plante annuelle , qui a pris
fon nom de fon odeur , qui eft aulîî dclai^rcablc que
celle de la punaife,loriquc cette plante eft- verte. On
feme des champs entiers de corAz/z^rcdans plufieurs
endroits du Royaume. Sa racine eft menue, fibreuie,
blanchâtre. Sa tige eft haute de deux pies environ ,
quelquefois moins, lilîe, glabre, arrondie, raoel-
leule , branchue, & gSrnie dans le bas de feuilles
larges , découpées en quelques fegmens , dentelées
fur^leurs bords, &: pareilles à une portion de feg-
mens de la feuille de perfil , mais un peu arrondies,
d'un vert gai, & d'une odeur très-dcfagréable. Celles
du haut font finement découpées , &; imitent celles
de la camomille ; Textrcmité des branches & des
tiges eft rerminée par des dentelles de fleurs blan-
châtres ; à cinq pétales inégales & fleurdclifées. Le
calice qui foûtient ces fleurs devient un fruit com-
pofé de deux graines rondes -, & il arrive fouvent
qu'une des deux avorre. Cette graine pour lors eft
plus ronde, fétide lorfqu'elle eft fraîche, mais agréa-
ble étant deiféchée. On ne fe fert que de la coriandre
ieche , elle eft ftomacale , cordiale & carminative.
On forme des dragées avec la coriandre, dont on fe
fert pour exciter l'appétit &: chafler les vens. Les An-
ciens ont cru que le ius de coriandre étoit dangereux,
& faifoit perdre le fens , K même la vie : mais les
Modernes en ufcnt en plufieurs remèdes. La manne
c
O R
9i\
qui nourrit les Hébreux dans le défert rcflcmbloit "^
la graine de coriandre.
Quelques-uns font venir ce mot de x^V'- 5 qui fi-
gnifie une punaije , parce que fes leuilles fententfla
punaife. D'autres lelont venirdu mot Grec K'>fr. , qui
fignifie [2Lprunelle des yeux , &: de ^.4f>»» , hominumt
parce que la coriandre alfoiblit la vue.
ffs" CORIARIA , petit arbtiffeau qui croît aux en-
virons de Montpellier , & qui fert à tanner les
cuirs.
%fT CORICÉE. Coriceuni, pièce des Palcftrcs anciens.
Les Grammairiens ne conviennent pas oc la lignifi-
cation de ce mot. Ceux qui le font venir du mot
grec ».0(1--;, jeune fille , prétendent queCor/c^/zmctoic
le lieu où les jeunes filles s'excrçoicnt à la lutte & à
la courfe. Quelques-uns le font venir de x^if ■> die-
veux , & difcnt que c'étoit un lieu deftiné à taire le
poil. Mercurial, fans s'embarrafiér de l'étymologie,
dit que c'ctoit un lieu où l'on ferroit les habits de
ceux qui s'exerçoient dans les Paleftrcs , ou qui
febaignoienr.Baldus dérive le motcor/ct/iw du mot
grec x'-^^'X'^'^ ? qui fignifie baie ou creu ; &: dit que
c'eft un jeu de longue paume & de balon , pièce né-
ceifaire dans un Paleftre. Cette explication paroît
préférable. Ant. Grec, et Romain.
CORIE, f f. terme de Myrhologie. Les Arcndiens,
dir Cicéron , appcloicnt de ce nom la Minerve ,
fille de Jupiter & de Coriphe, une des Occanides,
6-: la regardoicnt comme inventrice des Quadriges.
CORINTHE , Corinthus , ville de Grèce , dans lePé-
loponnèfe , ou la Morce , près de l'Ifthir.c , ou de
la langue de terre quijointlcPcloponnèfeà la Grèce,
entre le Golfe de Lépante &: celui i.VEne,h\:i.Corin:he
fut fondée par Sifyphe filsd'Éole, ou fclon Patercu-
lus , L. i , c. -j , environ cent ans après le Sac de
Troye, par Halètes , fils d'Hippotes, & lefixième
des Héraclides depuis Hercule leur chef. Homcre
en parle , I/iad. L. 11 , v. 570. Elle s'appela d'abord
Ephyre, dit Patcrcuius. On croit qu'elle prit le nom
Curinthe , de Corinthe fils de Marathon, ou , félon
d'autres , de Pélops , qui larctablit. C'a été une des
plus importantes villes de la Grèce. Elle eut d'abord
des Rois : eni'uite elle fe fit république. Lucius Mum»
mius la prit pour lesP^omains, & la pilla l'année
même que Scipion détruifjt Carthage , c'eft-à-dire,
l'an de Rome 60-/ ; 5c par conféqucnt 147 ans avant
Jesus-Christ. Elle fublifta, félon Paterculus,8 5 1 ans.
Le feu que le Conful Mummius y fit mettre en la
réduifant en cendre, fondit toutes les ftatues , &: les
ouvrages de , diftcrens métaux , qu'il y avoit en
très-grande quantité •, Se ce mélange de tous ces dif-
férens métaux fondus enfemble produifit l'airain de
corinthe, fi eftimé chez les Anciens. Jules Célar la
rétablit , & du temps de S. Paul elle étoit encore flo-
rilfante. Etienne dit qu'elle s'eft appelée Epope ,
Pagos Ephyta , Heliopolis , & Acrocorinthus. Ce
dernier nom ne fedonnoit proprement qu'à la cita-
delle •, elle étoit fi élevée , ôc d'un accès fi difficile ,
qu'il avoit palfé en proverbe de dire des chofes diffi-
ciles. Il n'eft pas permis à tout le monde d'aller à
Corinthe. Non omnibus licct adiré Corinthum. C'é-
toit proche de Corinthe que fe faifoient les jeuxlfth-
miques. /^ciyf{ Vigenere fur Céfar. Quand cette ville
fut Chrétienne, elle devint le Siège d'un Archevê-
que fournis au Patriarchat de Conftantinople. Dans
la fuite elle fut foumife aux Vénitiens , par la con-
celTion que leur en firent les Defpores. Elle obéit au
Turc depuis 1458, que Mahomet II la prit aux Vé-
nitiens.
Après \\v\vmx\\\x%Corinthe fut loo'ans fans être ha-
bitée. Elle a été deux fois le théâtre des cruautés d' A»
murât II, & de Mchcmet lîn fils. Ces Ottomane
l'ont tellement ruinée, qu'elle ne contient pas vin!;E
maifons , encore ne font-ce que desmazures. Je n'y
ai rien vu de plus enrier que II colonnes , qui n'ont
aflûrément fubfiftc , 'que parce qu'elles n'ont pas de
beauté. Elles ne font que de grofiiés pierres -, & je
pcnfe qu'elles ont été faîtes avant que les ordres de
î'Architedure fulfent inventés. Elles ont pour le
Z Z Z z z jj
5>l<^
COR
COR
moins 5 pies de diamètre, & n'en ont pas lo de hau-
teur , & pour chapiteau il n y a deffus qu'un limpie
cordon tait comme un bourlct. Elles ibntii vieilles,
^ciu'elles font toutes rongées par le temps, ôi ne Tont
qu'à 1 5 pics les unes d- s autres
On voit afiez proche de ces colonnesun refted'E-
glile dont la vouce & les murailles Ibnt tcvètucs de
brique, & les inlcriptions qui lont en dedans lut un
pilier nous en pourroient apprendre quelque choie,
fi elles n'étoient tcikmertt eltacées, qu'il eft impol-
fiblc de les lire.
Dans un champ voiiîn de cette Eglife , j'ai remar-
que une groliè tète de matbie blanc tout-à-tait gâtée
8: mcconnoidable, & une table de pareille maricre,
fur laquelle ctoit taillée en bas reliet",d'une Iculpturc
admirable, un refte de bataille, dont le principal
perlbnnage eft un jeune cavalier armé à la Romaine ,
grand à demi-nature.
Ce morceau efl. tout ce que je vis dans Corinthe qili
me pût fatisfaire après la vue de la fîtuation qui eft
merveillculc. Elle efl: à un quart de lieu de la mer lur
une colline faite en amphithéâtre , dont les degrés
vont infenliblement fe rendre au port Léchée , où il
y a encore une tour qui fervoit de fanal autrefois.
Pour VAcrocorinthe , au pié duquel la ville éroit ,
ni les Romains ni les Turcs ne l'ont pas détruit. C'eft
un rocher fort haut, qui a deux pointes &: uneForte-
refle bâtie deflus , que tiennent les Turcs , & qui ell
inacceiîîble de tous côtés, fi ce n'eft de celui du port
Cenchrée qui fait la meilleure partie de la ville. Les
Turcs ont peuplé le refl:e de Nègres. Du Loir , Let.
X -, p. 54i , 343-
Auprès de Corinthe efl: un bois de Cyprès que les
Anciens appeloient Craneum, vers lequel étoicnt
autrefois les fépulchrcs de Lais &: de Diogène le Cy-
nique. On nous dit qu'il y avoit encore dans ce bois
un grand bâtiment de marbre blanc ruiné , qui pour-
roit être le temple de Bellérophon, ou celui de Vé-
nus de Ménalide.
Le territoire de Corinthe n'cft pas moins fertile
qu'agrcable. Son golfe lui fcrt de canal , m'ayant
pas plus de 8 à lo milles de large, fi ce n'eft en
quelque endroir , comme vers Crhfa , où il s'étend
un peu davantage. Sinus Corinthiacus,
Corinthe , f. f. efl: aulJi le nom d'une forte de
raifin , dont le gtain eft petit, fetté & fort bon.
On l'appelle raifin de Corintlie , & le corinthe. Le
chalfclas , le cloutât &: le corinthe , font de bons
raihns. La Quintin. Raifin de Corinthe , petit
raifm à grain menu , qui a l'eau fort douce & agréa-
ble-, il y en a de deux ou trois couleuts. Id. Le
corinthe blanc efl: un raifin fort doux , les grapes
en ibnt petites 5c longues, les grains en Ibnt me-
nus , très-prelfés , & n'ont point de pépin , le rou-
çe n'eft pas meilleur que le blanc. Id.
CORINTHIE , f. f. terme de Fleurifle , tulipe jaune-
doré , blanc i>i rou2;e.
CORINTHIEN, ENNE, f. m. ^Sc f. qui eft de Co-
rinthe. Corinthius , a. S. Paul écrivit deux lettres
aux Corinthiens que nous avons encore , &: qu'on
cite , première Epitre aux Corinthiens, ou pre-
mière aux Corinthiens -, féconde Epitre aux Co-
rinthiens, ou i'ewizmcni féconde i2K,v Corinthiens.
La première Epitre de Saint Paul aux Corin-
thiens fut écrite l'an 57 de Jesi^s-Christ , 24 ans
après la pafîion de J. C. Poi^-x-R. La féconde eft
aufli à peu-près du même temps.
Corinthien, ad), m. L'Ordre Corinthien eft le qua-
trième des cinq Ordres d'Architeéturc. Corinthius ,
Corinthiacus. C'eft le plus parfait de tous , & le
chef-d'œuvre de yArchireél:urc. Le chapiteau Co-
rinthien eft orné de feuilles d'acanthe recourbées.
Villalpand dit que ce font des feuilles de pal-
mier imitées fur celles du Temple de S.alomon.
On prétend que l'invention de l'Ordre Corinthien
eft due à un Sculpteur Athénien nommé Calima-
que. Vitruve en rapporte l'hiftoire dans ibn i^ua-
trieme livre, c. i. Mais Villalpand traire cette hif
loire de fable. L'Ordre Corinthien a bien des cho-
fes qui le diftinguent des autres. Son chapiteau eft
orné de deux rangs de feuilles & de huit vo-
lutes , qui en foutiennent le tailloir ; fa colon-
ne a dix diamètres de hauteur , &: fa corniche des
modillons. Vitruve remarque, dans le même cha-
pitre, que l'Otdre Corinthien n'a point d'ordon-
nance propre &: particulière pour fa corniche , ni
pour fes auties ornemens , puilqu'il prend fes mu-
tulcs ou modillons des triglyphcs de l'Ordre Do-
rique , & il tient de l'Ordre Ionique la fculpture
~ qu'il a dans les friies , comme auili fes denticu-
l.s&fes coiniches. Depuis Vitruve on a change
quelque choie à l'Otdre Corinthien , & ians parler
du Corinthien moderne , qui eft une clpèce d'Or-
dre compoic , nous ne trouvons point dans tout
ce qui nous refte d'ancien Corinthien fait depuis
Vitruve, les proportions exa(5les qu'il matque dans,
ibn livre.
COR ION , f. m. vieux mot. Attache de cuir , du la-
tin Corium-y cuir. Il eft dans Froiflard , /. 3.
CORIS , f. f. nom qu'on donne à pluùeurs plantes.
La coris de Matthiole , el1: une efpèce de mille-
pertuis : elle pouHe des tiges de la grandeur du,
thvm & rojîîeâtics. Ses feuilles font iemblables à
celles de la bruyère , & oppoices le long des tiges»
Ses flcuts ibnt jaunes , compolces de cinq feuil-
les difpoieas en rolé. 'Coris luteu, ou hypericoides.
La coris bleue de Montpellier jette pluiieurs bran-
ches aifez dures , droites , rondes , de la hauteur
d'une paume , ou d'une paume & demie : elles
font garnies de beaucoup de feuilles qui re/iem-
blent auiii à celles de la bruyère , & qui ibnt ar-
rangées tout de même. A la cime de ces branches ,
il vient des fleuts purpurées, ou qui tirent fur le
bleu , Ss. qui ibnt fort belles. La racine eft groiîe,
longue &i de couleur rouge, Coris cxrulea mariti-
ma , ou Monfpeliaca. Il y a encore une elpèce d'eu-
fraife qu'on appelle coris jaune de Montpellier ,
dont la tige eft mince, ligneuie , pfefque rouge &:
quarrée. Ses feuilles relfemblcnt à celles du lin ou
de rhydbpe. Ses fleuts ibnt jaunes. Euphrajia pra-
tenfîs lutea. Voyez Cauris.
CORIS , f. m. Coquille qui n'eft guère plus grofTe
qu'une petite olive , & qui en a la figure , elle
fcrt de monnoie à Siaméc autres endroits des In-
des. Abbé de Choisy. La Compagnie des Indes en
fait commerce
CORISTEN , INE , ou CHORISCHITE, f. m. & f.
Nom d'une Tribu des Arabes. Coriflenus , a. Corif-
chita. Les Corifens ou Corifchites étoient la plus
noble Tribu de l'Arabie.
CORLIEU , ou COURLIS , ou CORLIS , f. m.
Oileau de rivière , gris & marqué de taches rou-
ges (Se noires , qui a les jambes longues, le bec
long & courbé -, eipèce de macreufe. En latin c/o-
rius , numenius , arquata , crex , corlinus ou cor-
livus. Les Atabes appellent auffi cet oiieiu corll.
Le françois 5-: l'arabe ont été faits de la voix de
cet oiieau. Ménage. BelQU croit que c'eft le mê-
me oifeau qu'Arifl:ote nomme sAo^ioç dans Athénée ,
L. II. c. II. Antiphanes le met au nombre
des mets les plus exquis de la Gtèce. De la
Mare. Les Corlis font plus gros que les vanneaux.
Ils ont le bec long d'un demi-pié , & courbé en
faucille. Ils ibnt plus recherchés que les vanneaux ,
parce qu'ils Ibnt plus rares. C'eft un très-bon man-
der, quoique leur chair fente un peu la fauvagine.
De la MarFjT/-. de Pol. L. V, T. XXIIUc. 1, §. 29.
Les jambes du Corlis font longues, ibn' corps
eft brun ou cendré , l'extrémité de iés doigts efl:
noirâtre. Ils font féparés -, mais il y a une mem-
brane qui les joint par le commencement , qui
delcend de part & d'autre proche des doigts , Sc
les élargit par en bas. Ses ongles font ttès-noirs;
fon bec eft long de huit pouces , ou environ ; il
va quelquefois jufqu'à neuf pouces ; après trois
doiçts de diftance de la tête il commence à fe cour-
bei\ Sa couleur eft noire. Ses plumes tirent furie
bruni mais elles ibn: diverliiiées&maTquetcîs. Gel-
COR
les qui font entre les aîles & le dos Tont fort Iiiî-
iantes , comme des poils de foie ; par le milieu
elles l'ont noires ; autour , cil js font rouiîeâtrcs par
intervalles. Son cou cil long de (ix doigts. Sa cou-
leur a plus de brun Se de cendre que de blanc.
Sa plume efl: très-douce , les plumes de fa queue
font longues de cinq doigts , & dilbinguées de ta-
ches blanches & noires par intervalles, il a des
taches noirâtres à la poitrine , autour defqucllcs
, les plumes font rougeâtres ■, les extrémités des pen-
nes font noirâtres. Le ventre & le de fous des aîies
ibnt blanchâtres. Ses aïles font grandes & diver-
lîfiées de noir , de blanc & de brun.
Cet oifeau cft d'un goût merveilleux. Il a la
moitié de la cuiife au delfus du genouil dénuée de
plumes , ainfi que la plupart des oifeaux de ma-
rais. Les Cor/;<;//A- volent en troupe, & font leur
pâture dans les prés de la verveine qu'ils y rencon-
trent. Ils font quatre œufs , qui font de couleur
pâle , & couvent au mois d'Avril,
tp^ CORLIEU de plaine. Foy^i Courlis.
|Cr CORLIN , ville d'Allemagne dans la Pomcra-
nie ultérieure. Elle appartient à l'Evêché deCam-
min;
CORME , C. f fruit fort acide &c acre , qui efl; fait en
forme de pctirc poire fiuvage , tlont les Paylâns
font de la boilfon , & dont on ne peut manger ,
qu'elles ne foient tout-à-tait mûres , c'eft-à-dire ,
qu'elles ne foienr molles & noirâtres. On l'appelle
autrement/orife , f,rtum-, d'où Ménage prétend que
le mot françois eft dérivé. Voye:^ Sorbe.
CORMERY, petite ville de France en Touraine , fur
l'Indre , à trois lieues de Tours, avec une Abbaye
de Bénédiétins. Cormeri.icum.
CORMETY , f m. nom que les Turcs donnent à la
Cochenille.
CORMICI, petite ville de France en Champagne,
dans le Remois , à quatre lieues de Reims. Cul-
mifciacum.
CORMIER , f m. grand arbre qui porte des cor-
mes, & qu'on plante d'ordinaire dans une terre à
blé. Sorbus. Lé cormier eft un bois propre à faire
des fufeaux pour les rouets , & bnterncs des mou-
lins , qui fe doivent débiter ou fendre de quatre
pouces en quatre. On en fait auifi les outils des
Menuiliers j car ce bois eft cxrrêmctrient dur & ferré.
On dit qu'un ais de cormier mis dans un tas de
blé , en chalfe toutes fortes d'infeCtes. Aldrovan-
Dus. Voye^ Sorbitr..
Il y a dans les Iles Antilles un arbre qu'on ap-
pelle cormier , parce qUe fon- fruit a le goîit de la
corme. Il cft bien différent du cormier qu'on voit
en France; car il ell d'une hauteur exceillve, &;
forr beau à voir , ayant de belles feuilles & plu
fleurs branches qui les accompagnent. Il po''te un
fruit agréable & rond comme une cerife. Ce fruit
•eft de couleur jaune , tacheté de petites marques
rouges , &: qui tombe de lui-même lorfqu'il eft mûr.
Les oifeaux en (ont fort friands. Rochefort.
CORMIÈRE,f m. terme de marine, C'eft la der-
nière pièce de bois au plus haut de la poupe , qui
étant artemblée avec le bout iupérieur de l'ctam-
bord , forme k bout de la poupe. Fiiypis pro-
duclio. On l'appelle auHi trepot y ou alonge de pou-
pe.
CORMORAN , f. f oifeau aquatique , qui appro-
che de la figure du corbeau , ou du pélican de
Mer , félon quelques autres. Philacrocoran , cor-
vus aijuaticus. Il a le bec long auHî-bien que le
cou , & le pié plar. On l'appelle auffi corbeau pé-
cheur , ou corbeau marin. Il eft fort glouton , &
grand deftruéfcnr de poiffon. Le cormoran avale
de gros poiflbns à caufe qu'il a le gofier fort lar-
ge. Il eft de la grandeur d'un chapon; fon bec cft
long, aigu & rougeâtre. Son plumage eft noir ou
gris fort brun -, un peu verdâtre par les aîles \ mais
au deffous du cou & du ventre il a des plumes
blanches bordées de noir. Sous les grandes plumes
. jj a Un duvet gris fort fin , comme le cigne ; mais
COR 517^
celles de la tête & du cou font épaiflès & menues
comme de la frange. On prépare fa peau comme
celle des vautours pour échauffer rcftomac. Son
bec par les côtés eft gris ^ rougeâtre. Il eii noir
par dcffus , long de trois pouces ," crochu & poin-
tu. Sa tête eft prefque route dénuée de plumes ,
& couverte d'une peau qui a beaucoup de reiicni-
blance à de la chair. Il lui tombe des poils du coa
comme une jubé , & de même que l'on en voit
aux chapons. Ses pies font de même , hormis qu'ils
font mêlés de quelques plumes doiées, & qu'ils l'ont
plats.
Les cormorans font leur nid fur les arbres, S<: tien-
nent leur perche fur 1- bord des étangs , ou le long
des eaux falées. Agricola dit qu'ils le tranlpoctent
en hy ver aux lacs Seaux rivières qui ne gèlent point.
Il jette en l'air le poiffon qu'il a pris pour le re-
cevoir dans fon bec par la tête, & l'avaler plus com-
modément. On s'en fcrt pour la pêche, en lui met-
tant un anneau de tti au bas du cou , par le moyen
duquel on lui fait rendre le poiffon qui eft demeu-
ré dans fon œfbphagequi eft fort large. Il a les yeui
petits , les pies courts , noirs & luifans, couverts
d'écaillés dont les doigts font joints par des mem,-
branes picotées comme du chagrin. Le plus grand
doigt a cinq os ou phal.-inges , celui d'après quatre,
le troiliême trois , le quatrième deux. Il a des on-
gles crochus &: pointus, dont le plus grand eft le
dentelé. Il eft le feul des plongeons qui fe perche
fur les arbres , félon Ariftote. Les Médecins appel-
lent ce gente A'o\(c2U palmipèdes. Lâchait Ae% cor-
morans n'eft pas fort exquilé , ni fort délicate.
Ménage dérive ce mot de corvus marinus , &C
ajoute que les anciens Gaulois diloient mon , pour
lignifier la mer. Aïbczt le Grand l'appelle car/o aijua-
ticus.
Il y a une autre efpèce de cormoran d'une taille
plus petite que l'oie. Son bec eft large , l'extré-
mité en eft pointue. Il a des dents très-aigii:s , &:
en quantité. Sa couleur eft comporée de blanc èc
de jaune qui tite fur le roux , ainli que ces pics.
Sa poitrine eft blanche. Toutes les autres parties
l'ont diverlîfiées.
On parle encore d'un autre oifeau de la même
efpèce , ou approchant , appelé Mvrplux -,6: tn Al-
lemagne Scholaclieren, Il cft noir -, fon bec eft den-
telé comme une fcie , &: fort robufte -, fes orgies
forts. Il plonge dans l'eau , &: pêche de grands
poiffons , fur-tout les anguilles. Ces oifeaux le met-
tent en troupe pour faire leurs nids , S: les conf-
truifent fur des atbres forr élevés proche des eaux;
Ils nourriffent leurs petits de poiîî'ons. Leur fei te
delsèche & fait mourir les branches des arbres fur
lefquelles ils fé mettent, ainfî que le héron. Ils ont
le ventie & la poitrine cendrée. Leur vol eft très-
lent. Les Allemands les appellent oies aux anguil.
les. Probablement ce n'eft autre choie que notre ccV'
moran.
A la Chine , on élève des cormorans à la pêche i
comme nous dreffons ici les chiens , ou mtmelcs
oifeaux à la chalfe. Un Pêehcur en peut facilement
gouverner cent •, il les tient perches fur le bord de
l'on bairnu , trancuillcs , attendant l'ordre avec pa-
tience , juf'qu'à ce qu'ils ibient arrivés au lieu de la
pêche. Alors, au premier fîenal qu'on leur donne ,
chacun prend l'effor , 6.: s'envole du côté qui lui cft
alligné. C'eft une cholé fort agréable que de voirccm-
me ils partagent cntr'eux toute la largeur de la ri-
vière ou de l'étang. Ils cherchent, ils plongent &
ils reviennent cent fois fur l'eau , jufqu'à ce cu'i's
ayent trouvé leur proie ; alors ils la fniffl'ert avec
le bec par le milieu du corps, 6^: la pcrrrrt incon-
tinent à leur maître. Quand le po'fion ( ft ticprros,
ils s'ertr'aident mutuellement ; l'un le prerd par
la queue ^ l'autre par la tête , S' ils vortai.lïî de
con pagnie jn'cu'au bateau , cù en Icrr prcfrrte
de longues r.inn s Ils s'y perchent avec leur poif
fon qu'ils i^'abandonnent que pour en aller cher-
cher un autre. Quand ils l'ont bien las , on les laiflè
5ii8
COR
repofer quelque temps -, mais on ne leur donne a
mangei- qu'à la fin de la pechc , durant laquelle ds
ont fe golier lié avec une petite corde , de peur qu'ils
n'avalent les petits poiilbns , 5c qu'ils n'aient plus
envie de travailler. P. le Comte.
On appelle ordinairement cormor^z/?, un homme
cxtrcmcmcnt fec &c maigre.
CORNAC, i". m. terme de relations. On appelle
aux indes le Condudeur de l'Éléphant cor/iuc. il
eft adis fur le cou de l'animal , & tient en i'a main ,
au lieu de bride , deux crochets de fer de diife-
rentes grandeurs, dont il fe lert pour le faire aller
où & de manière qu'il lui plait. Le moindre de ces
crochets eft celui qui lui fcrt le plus ordinairement",
il en frappe légèrement l'Éléphant au front, pour
le gouverner. Ainii cet animal a toujours à la tête
une playc ouverte & fanglante. Lorlque l'Eléphant
refufe d'obéir , 5i qu'il y a du danger qu'il ne le ré-
volte , & ne falié du délbrdre , ce qui arrive
principalement quand il ell en chaleur, le cornac
le frappe avec le grand crocher : par ce moyen , il
le ramène à fon devoir. Voyages de Dellon , t. i.
c. 16 ^ p. 110,
CORNACHINE, f. f. terme de Pharmacie. C'cft une
poudre purgative compofée de Icammonée, de crè-
me de tartre , & de diaphorétique minétal. Elle eft
ainlî appelée du nom de fon Auteur, Cornachinus ,
ProfefTeur en Médecine à Pile.
CORNADOS , f. f. petite monnoie de compte , dont
■ on fe fert en Efpagne. C'clt la quatrième partie du
maravcdis -, à peu-près comme en France , les' pires
6c les demi-pites font les diminutions du denier.
CORN AGE, f.m. rerme de coutumes. Droit quilTTeft
dû à quelques Seigneurs,princi paiement dans IcBer-
ri, pour chaque bœuf qui laboure la rcrrc dans leur
Seigneurie, par ceux qui fèment du blé l'hyver.
On'appelle ce droit cornags , parce que les bœufs ,
fonr des bctes à cornes. Le droir de carnage eft la
même chofe que le droit de coiage.
CO'i^.NAÎLLER , v. n. terme de Charpentier. On
dit qu'un tenon cornaille dans une mortaife , quand
il n'y entre pas carrément , 6c qu'il n'a pas été bien
dégauchi. Noti quadrare.
CORNALINE , f.. f. pierre précieufe qui n'efl: pas
diaphane. On fait des bracelers de cornaline , des
cachets , &c. Onyx corneola. Il y en a de blanche ,
& de rouge tirant fur l'orangé. Elle eft eftimée pour
fa dureté. Les plus belles gravures de l'antiquité ,
tant en creux qu'en relief, font fur la cornaline ,
particalièremenr llir la rouge. Elle fouffre la vio-
lence du feu , 5c l'on peut peindre delîlis en émail ,
■ comme fur une plaque d'or ;5c certe peinture prend
au feu tout le poliment 6c l'éclat qu'on peut fou-
haiter. Les plus grands morceaux qui s'en trouvenr
n'excèdent point trois pouces de haur. On l'appelle
auHl carneol ou corncole. Les Italiens l'appellent
corniolos , de corno, corne, à caufe qu'elle reflemble
à la corne.
CORNARD , f. m. Cocu , terme injurieux qu'on don-
ne à celui dont la femme eft infidelle. Corriica,
Quelques-uns croienr que ce mot ^ient des habits
de fous , qui portoienr autrefois des cornes , parce
qu'on accufe de fottifes , ou de folie, ceux qui fouf-
frent le libcrrinage de leurs femm.es. Borel dir qu'il
vient de cornettes de femme , 5c qu'on a dit qu'un
homme qui obéiiîbit à fa femme portoit la cor-
nette j comme on dit de celle qui eft la maîtrefll-
dans la maifon , qu'elle porre le haut-de-chauflc.
Ce mot eft bas. Le même Borel , fur le mor cornard,
qui veut dire fot en vieux langage , dit que cor-
TZizri a été formé de co;2^Cii,^ù" qu'on a dit c(,r-
Tiard pour conard , parce que ceux dont les épou-
fes font infidelles font méprifés ?>: regardés comme
des lots.
CORNARD , l'Abbé des Cornards : Ablas Cornar-
dornm , dans la balle latinité, lignifie celui qui
étoit choifi pour prclîder à la fête des fous. Voy.
FÊTE DES Fous. M. l'Abbé le Bœuf penfe que le
mot de Cornard pourroit être dérivé des Joueurs
COR
de cornet ou d'autres inftrumens femblables , Se
que l'Abbé des Cornards pouvoir être le chef
des MeiuJLriers , Ccrneurs éc autres Joueurs d'in-
ftrumcns. Jean Régnier fe fert du verbe corner.
Encore vouldroye bien avoir
Des Mcncjirias trois ou quatre ,
Qui de corner feiffent devoir
Devant le corps pour gens esbattre.
Cov.^Av.D, Keratophorus. Ce mor fe rrouvedans le
même léns qu'on le dir dans la plupart des lan-
gues modernes, dans une épigramme grecque de
Lucilius S<. dans Artémidore.
CORNARDISE, f. f. Condition, qualité, état de
l'i-.omme dont la femme eft infidelle. Ce mot fe
trouve dans Rocheiort. S'il eft reçu , ce ne peut
être que dans le ftyle bas. La cornardife eft un
caractcrc qui ne s'eifece j'amais. Rochef. Mon-
ragne avoir dit avant lui : le caraéf ère de la cor-
nardiji: eft indélébile , p. 870.
CORNARTISTE , f. m. èc f. Nom de fed:e. Cor-
nartianus , cornurtianes. Les Cornartijtes font
des Proteftans difciples de Cotnhait , ou Corn-
herr , Secréraire des Etats de Hollande , qui fut
une efpèce d'tnthouliafte.
CORNE , f. f. partie dure que pluiieurs animaux
ont à la tête ôc qui leur fert de défenfe. Cornu.
Les bœufs ont deux cornes qui leur fortenc
de la tète , avec lefquelles on les attache au joug.
Les chèvres , les boucs , les vaches onr des cor-
nes. Le Rhinocéros, les licornes n'ont qu'une
corne. On tient qu'il n'y a que les feules bêtes
à pié fourché qui aient des cornes. Le bubale
a les cernes rournées en rond l'une vers l'autre.
Le daim des Anciens les a crochues en devanr,
6; le chamois en arrière. Les béliers les ont tour-
nées en ligne fpirale. En 787,1e Concile de Cal-
cuih en Angleterre défendit d'offrir le faint Sa-
crifice dans des Calices 6c des Patènes de corne.
La coutume de boire dans la corne d'un animal
à quatre pies a duré long-remps dans le Sep-
rentrion. Foye^^ Vossius , de Idol. L. III, c. 71.
Carn , ou Corn , une corne , eft un mot Celtique,
Pezron. Ce nom, aufîi-bien que le latin cornu ^
vient de l'hébreu flp , keren , corne.
On appelle un troupeau de bêres à corne, un trou-
peau de bœufs , de vaches , ou de chèvres feu-
lement. CornutiS bejlice.
On fair pluiieurs ouvrages de corne , comme des
peignes , des lanternes , des demi-cercles divifcs
6'c. Des chapelets de corne de bufle.
Corne de cerf , lignifie chez les Ouvriers ce qui
s'appelle le bois de cerf chez les Chalîèurs. Cer-
vinurn cornu. On fait des manches de couteaux
de corne de cerf. La raclure de corne de cerfeti.
aftringente. On en fair de la gelée , qu'on ap-
pelle gelée de corne de cerf.
QOKiii de cerf, f. f. Coronopus , f, m. plante qui
approche beaucoup du plantain. Sa racine eft
groflc au plus comme "le petit doigt, blanchâtre
6c un peu afttingenre au goût. Elle pouffe phi-
fieuts feuilles couchées fur terre, difpofces en rond,
6c elles font oblongues , étroires , incifées fur
leurs bords allez profondément ; en forte qu'el-
les relfemblent en quelque manière par leurs de-
coupures au bois d'un cerf , d'où vient aulfi le
nom qu'on a atribué à route la plante. Du milieu
de fes feuilles fortent un ou plufieurs épis longs
de quelques pouces , S<. garnis de fleurs 6c de
femences pareilles à celles du plantain ; on ne
diftingue auffi ces deux plantes que par leurs
feuilles , qui dans le plantain font entières , &c
déchiquetées à la corne de cerf La corne de cerf
croît communément à la campagne : on la cul-
tive dans les jardins, où fes feuilles deviennent
plus grandes , plus charnues , plus tendres , &
propres à erre mangées en lalade. Coronopus hor-
tenjis , ou cornu cervinum, La graine de la car-
COR
Hè de cerf eft une des plus menues que nous
ayons: elle efl: longuette & de couleur minime
fort obfcure , elle fe'forme dans une manière de
queue de rat. La Quint. La corne de cerf iie le
multiplie que degraine. Id.
Coionoptis vient de j-.o/>^'»o , corneille ,&:«■«, pié ,
comme qui diroit pîé de corneille 5 car on a
cru trouver quelque rellemblance entre les feuil-
les de cette plante & le pié d'ilne corneille. Il
y a d'autres cfpèces de corjie de cerf.
Corne , en termes de Cllaife , fignirie la tête du
chevteuil. Capriniim capiu.
Corne fe dit audî des petites pointes qui fortent
de la tête du limaçon & d'autres femblablcs bê-
tes. Les limaçons montrent, font fortir, reifetrent
leurs cornes.
Les ducs , efpcce de chathuans , ont aufll de pe-
tites toui'fcs de plumes fur la tète, qui leur tien-
nent lieu de cornes.
CoRNn, en termes de Manèf^e , cft un ongle dur,
& épais d'un doigt, qui règne autour du jabot
du cheval , & qui environne la Ible !k le pic :
c'cfl: là où on broche les doux quand on les ferre.
l/r.gu/a. On met du furpoinr à la corne du pi^ des
chevaux , quand elle eft fèche , ou ulce. Oh le dit
auffi de la partie dure des pies de plufieurs au-
tres animaux . comme miiicts, ârics , élans, &c.
On dit en maréchallerie, donner un coup de cofne
à un cheval-, pour dire, le faigner au milieil
du^ troilième ou quatrième cran ou fiUon de la
mâchoire fupcrieure : ce qu*on fiit avec une cctne
de cerf, dont le bou: efl: fort affilé & pointu.
Cornu f.inguinenl ellcere.
Corne , en termes d'Anatomie , fe dit de quelques
parties du corps. Les cornes de la matrice font
deux émincnces, qui font à fes deux côtés, &
où s'attachent les deux ligamens inférieurs de là
matrice , que l'on nomme les ligamens ronds.
De Ces deux Cjrnes , ou cminences j l'interne
efl: parfemé de beaucoup de petits pores & de
petits vaiffeaux qui difl:illent tous les mois le
iang , qui doit être évacué , qu'on appelle les
mois ou menllrues. Les Médecins, & Dioclès le
premier, ont appelé cornes ces deux extrémités
du corps ou du fond de la matrice , p.uce qu'el-
les re/lémblent aux cornes nai Hantes d'un mou-
ton. Elles font plus apparentes aux bêtes qu'aux
femmes.
J^es cornes de l'os hyoïde font fes parties latérales,
compofées de quatre petits os \ car cet os eft
compofé de cinq os \ le plus gros qui eft au milieu
cft fa bafc , à laquelle deux autres petits os font
attachés un de chaque côté, & deux très-petits
os font joints aux extrémités de ces derniers. Ce
font ces quatre perits os qile l'on appelle les
cornes de l'os hyoïde.
Corne à amorcer, efl: une corne de bœuf qu'on
emplit de poudre fine pour amorcer les canons.
Corne de vergue-, en termes de Marine, efl: une
concavité en forme de croiflant , qui cil au bout
de la vergue de la chaloupe , dans laquelle entre
le haut du mât , lorfque la voile efl: appareillée.
Cavus antennciruin.
Corne de bélier ^ fe dit , en Architedure , des
volutes qui fervent d'ornement aux chapitaux
des Ordres Ionique & Compofite. Foluta, hélix.
On appelle aulll cornes d'un chapiteau , les qua-
tre coins du tailloir. Abaci cornua. On appelle
auflî corne de bœuf , ou corne ds vache , une por-
te , ou une fenêtre de biais. Cela fe nomme au-
trement biais pafTé. La corne de vache eft auill
une efpcce de voûte en cône tronqué , dont la
d'teéfi n des lits ne pafle pas au fommet du
cône. FrÉzier. Vaccintim cornu.
Corne d' a.bondance , en termes de Poëfie & de
M/thologic , cft une corne d'où fortoient toutes
chofes en abondance, par un privilège que Ju-
piter donna à h nourrice , qu'on a feint avoir
été la chèvre d'Amalthée. Cornu copia. Le ■ vrai
COR
^i^
fehs de cette fable cft, 4«'il y à un terroir cri
Lybie en figure de corne de bœuf, fort ïenlld
en V n de truits exquis , qui fut donné par la
Roi Ammon à fa fille Amalthée , que les Poète»
ont feint avoir été nourrice de Jupiter, voyer
Abondance; Dans rArchiteaure & la Sculpture
corne d'abondunce eft la figure d'une grande cor-
ne, d'où Ibrtent des fleurs, des fruits, des ri-
chclfes.
Sur les médailles les Cornes d'abondance k donlienï
à toutes les Divinités, aux Génies &: aux Héros,
pour marqu.r les richefiés , la félicité & l'abon-
dance de tous les biens , procurée par la bonté
des uns, ou par les (oms & la valeur des au-
tres. Quclquelois on en met deux, pour marquct
une abondance extraordinaire. P. Jobfrt.
On appelle corne d'abondance figurément & famî»
lièrement, celles d'un mati dont la femme cft
entretenue par un riche galant, qui fait beau-
coup de bien à la famille.
Corne , ou crudité de cuir , fè dit chet leS Tan-
neurs , d'une certaine raie blanche qui paroît dans
les gros cuirs tannés, eh, les fendâht par le mi-
lieu , ce qui (ait connoïtre qu'ils n'ont pas été
fuffifamment nourris dans le plain & dans le ran.
Corne d' Ammon , terme d'hiftoire naturelle. Efpè-
ce de pierre roulée, noueufe , de couleur cen-
drée , êc recourbée en forme de corne de bélier i
telles qu'étoient celles que l'antiquité donnoit à
Jupiter Ammon. Ammor.is cornu. On difpute fî
la corne d' Ammon eft Un foililcj ou un nautile.
M. Camératius prétend que c'eft un foffile, que
l'on en trouve en grand nombre dans la terre,
ce fur de hautes montagnes ; au lieu qu'on n'en
trouve que rarement fur'lcs bords de la mer. M.
Wodward, dans fon Hijioire naturelle illiijîrée
& augmentée, foûtient que c'eft un co^uillaoe du
nombre des nautiles ; qu'il a été formé dans la
mer, & tranfporté delà par les eaux du déluge
dans les terres d'où on le tire -, que fi l'on ri'eti
voir que rarement au bord d^ la mer, c'eft que
les coquillages & les auttes corps attachés au
fond de la mer, relies que doivent être pref-
quc toutes les tfpèces de cornes d' Ammon , n'en
pourroient être arrachées que par des tempêtes j
qui les poulléroient enfuite vers le rivage ; que
les tempêtes les plus violentes n'agitant jamais le
fond de la mer, ainli que les Plongeurs en font
toi , il n'eft pas ûirptenant qu'elfes n'en déta-
chent aucuns des corps qui s'y font fixés ^ mais
que d ris le boulev^rfcment du globe terreftre:
arrivé par le déluge , les cornes d' Ammon, ainfi que
mille autres ptoduClions de la mer , ont pi^ï être
portées du fond des eaux dans les lieux où elles
fc trouvent préfentement.
La corne d' Ammon eft de différentes grofîeurs i
elle fe trouve en pf.ifieurs liaix d'Allemagne. Elle
eft grande comme la main -, &: il y en a qui pefent
jufqu'à trois livres. Les autres font grolfes comme
une noix. Cetre corne ctoir autrefois confacrée
à Jupirer Ammon, d'où elle a pris fon nom >
cornu Ammonis; fi ce n'eft plutôt de îa figure >
comme nous l'avons infinué au commencement.
J'en ai vu qui avoient été ttouvées en France
au fommet d'une montagne s où il y en a beau-
coup. Ell^s étoient longues d'un bon doigt j ou
trois pouces , rondes mais ayant des côtes : La
plus grande avoit environ fix lignes de diamè-'
tre à fon plus gros bout ; elle alloit toujours en
diminuant jufqu'à l'autre bout. Leur envelope ex-
térieure étoit couleur de plomb ,- &c même une
elpèce de matière de plomb. Le dedans reifcm-
bloit à une matrice de diamant qui en conte-"
noit plufieurs fur les faces defquels & dans leurs
Jointures paroiffoient de petits grains ou paillet-
tes d'or. On les porta i la Mj'-'noie d? Paris,
pour en faire l'épreuve , à laquelle i'afiiftai.- On
en mit une afiêz grodc dans un mortier, Si. on
l'y pila , & la réduilit eh pouifière ; après quoi
■^zo
CO R
on mit dans le morciei: de Tenu que 1 on rc,et-
toit en penchant &c remuant doucement le moi-
ticr , ce que l'on El )ufqu'à ce que l'eau eut em-
porté toute la poullicre ; après quoi on trouva
au fond du mortier un petit grain d'or, quy tut
éprouvé à la pierre de touche , ëi juge de 1 or
excellent , & pour me iervir du terme de 1 U^h-
cier de la Monnoie, de l'or de Ducat. Cepen-
dant les Officiers de la Monnoie convinrent que
pour en bien juger , il eût fallu en avoir une
quantité allez grande pour les mettre au ieu &
à la coupelle. r s , ■,
Corne de S. Hubert, nom d'une efpscc de coquil-
lage de mer. SanUi Huherti cornu.
Corne eft aufll un terme de fortification. L'ouvra-
ge à cornes cft un dehors fort étendu & avance
pour couvrir une courtine, ou un baftion. 0/'«i
cornutum,propugnaculnm cornutum. Il cfl: tait de
deux flancs défendus de la place à la portée du
moufquet. Sa tête fortifiée d'une tenaille , ou de
deux derai-bàftions joints par une courtine.
Les côtés font ordinairement parallèles. 11 y en a
pourtant qui font plus ferres vers la place , qu'on
. appelle à queue d'aronde; d'autres plusctendus,
qu'on appelle à contre-queue d'aronde , félon
qu'on veut couvrir un plus grand ou un moin-
dre endroit de la place. Quand les côtés ioxM
trop longs, on y fait quelquefois des épaulemens
pour les flanquer.
Corne fisnifie auffi ce qui.ell angulaire & poin-
tu. Cornu. Dans le rituel on diitingue la corne
droite de l'autel , de la fcneftre. On dit aufîi Ls
cornes du Croillant, quand la nouvelle lune,
commence à paroître. ^CF Dans un bonnet car-
ré, tel que le portent les Eccléiiaftiqucs , les
Dodeurs, les Gens de Juftice , on appelle cornes
certaines petites crêtes qui s'clcvcnt fur le bon-
net. Bonnet carré à trois , à quatre cornes. On
prend un bonnet carré par une de fes cornes.
La corne d'un échaudc, d'une talmoufe , fe dit
aufll d'un des angles, d'une des pointes, d'un
échaudé , d'un pain , d'une patiderie faite à angles.
. Corne, en termes de l'écriture, fignifie honneur,
gloire , exaltation, puiflance , force. Cornua. Moiic
eft fouvent peint avec des cornes , qui étoicnt
des rayons de lumière qui parurent fur la tête
en defcendant de la montagne de Sinaï. On dit
prefque en ce fens , qu'un homme levé mainte-
nant les cornes, qu'il commence à montrer les
cornes, quand il revient en honneur, en crédir,
en autorité , après avoir efluyé quelque mauvaife
fortune. On a pris en latin cornua dans une
lignification à peu-près fcmblablc , JJJit cornua
pauperi, dit Horace i c'eft-à-dire , lui donne du
courage , de la force , de la hardieiîe , de la
confiance.
Corne fe dit en un fens tout contraire , quand
on montre à quelqu'un les deux doigts écartes en
forme de cornes , ou pour marquer une honre ,
ou quelque infamie, llludere alicui. Tout le monde
le montre au doigt , lui fait les cornes. C'ell en
ce fens qu'on fait porter les cornes à un homme ,
quand on le dcshonore,en fubornant fa femme , en
la rendant infidelle. Voilà un hardi maraut , de
Touloir planter des cornes à Jupiter. Adlanc.
M. Dacier a obfervé que cette idée infamante at-
tachée aux cornes , croit inconnue aux Anciens.
Corne en termes de Blafon , fe dit d'une cfpcce
. de bonnet pointu qui eft rouge &: bordé d'or ,
que porte le Doge de Venife pour marque de fa
dignité. En ce fens il eft mafculin , & on dit le
cerne. P iléus cor nu tus.
Corne fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit d'un homme lurpris de quelque nouvelle , de
quelque accident extraordinaire , qu'il eft aiiiri
étonné que fi les cornes lui venoient à la_ tête.
On dit d'un homme qui a mal entendu, qu'il en-
tend de corne , qu'il a mangé de la vache. On
dit d'une viande qui eft dure , que c'eft de la corne ,
COR
qu'elle eft dure comme de la corne. On dit qu'on
prend les hommes par les paroles , &c les bêtes
par les cornes. On dit auffi d'un goulu qui maiv
ne vite , qu'il n'a pas beibin qu'on lui donne
un coup de corne pour lui donner de l'appént.
On dit d'un fatyrique qui a donné quelque trait
piquant à quelqu'un , qu'il lui a donné un coup
de corne.
CORNÉE, f. f. terme d'anatomie, nom qu'on donne
à la partie antérieure de la membrane fclérotide,
qui eft la première des membranes propres de
lœil. Ccrnea. Elle a été ainfi appelée , parce quelle
reiîcmble à une feuille de corne tort mince,
qu'elle fe lève par écaille comme la corne , &c
qu'elle eft tranfparente pour donner pafliige à la
lumière. Le rcfte de cette membrane eft épais
& opaque ; il retient le nom de fclérotide , c'eft-
à-dire, dure.
Cornée , terme d'Artificier , qui fignifie une cuille-
rée de matière ccmbuftible qu'on verfe dans le
cartouche avec une cfpèce de cuiller cylindrique ,
de corne, de cuivre, ou de 1er blanc, donc la
capacité eft proportionnée à la grolfeur 'de la
fufée, f^ au diamètre intérieur du cartouche,
afin qu'on ne mette à chaque reprife de la char-
ge qu'on doit battre Se fouler à coups de maii-
fcts, que la quantité convenable pour qu'elle le
foit fortement & également. . ■ r-, a
Cornée, ad), f. lune cornée , terme de Chimie. C'eft
la précipitation de l'atgent en forme de caillé blanc,
que l'on a expofé au feu , & qui eft formé de quel-
qucs gouttes de la diflblution des criftaux de fel de
fuccin , verfées dans une diflblution d'argent par
l'efprit de nitre. Hijl de PJcad. des Sc.,\-^x,p. 50.
CORNEILLAN, petite ville de France dans l'Ar-
magnac.
CORNEILLE, f. m. nom propre d'homme. Corneuus,
Ce n-iot eft latin , & s'eft formé de Cornélius. On le
dit du Centenier , dont le baptême eft rapporté eux
Atles des Apôtres C. X. Corneille Centenier,
homme jufte Se craignant Dieu , félon le témoignage
que lui rend toute la nation juive ,<£'c. Port-R. On
le dit aulTi des SS. du Nouveau Tt/lament qn'i ont
porté ce nom , comme Corneille , Patriarche d'An-
tioche au I^ fiècle. S. Corneille Pape , qui fuccédaà
Saint Fabien l'an 251. Mais quand on parle des
anciens romains : il faut dire Cornélius , &c non pas
Corneille. Cornélius Fufcus , homme de grande
nailJancc , &: dans la vigueur de fon .âge , lut l'un
des principaux flambeaux de certe guerre. D'A-
BLANc. Cornélius Laco, Chef des Cohortes Pré-
toriennes , & l'un des Miniftres de Galba. II ne faut
donc pas dire Corneille Afina. Il faut cependant
excepter Corneille Tacite, qu'on appelle toujours
ainfi , d^ jamais Cornélius. La famille des Cornélius,
Gens Cornelia. Voyez Cornelia.
CORNEILLE, f. f. oifeaude la couleur d'un corbeau,
mais de moindre grofiéur. Cornicula , cormx^àxL
o-rcc K»p<«'... Il y a^aulfi une corneille picotée de
blanc , qui eft fort goulue , ^ qui vit de grain , qui
dérobe la monnoie': ce qui la fait appeler par les
latins monedula. Ceux qui croient que la corneille
eft la femelle du corbeau fe trompent : ce font des
oifeaux d'efpèce diférente. Ménage. M._ Ménage,
dans lés Juris Civilis amœnitates , prétend que
Gracculus ne fignifie point un geai, mais une cor-
neille. Il n'y a point de pays au monde_où il y air
tant de corneilles qu'en Angleterre. L'humidité de
fon terroir ena-endre quantité de vers, dont ces
oifeaux fe nourriflent. Rochef. Ce que l'on dit après
Hcfiode de la longue vie du corbeau 6; de la cor-
neille, eft une fable -, On dit cependant qu'elles
vivent jiifqu'à cent ans. Voyei Voss. de Jdolol. L.
III, c. jc),^6, & c)S où il parle des corneilles.
Viroile dit que la cor/z^f//^ prélage , ou annonce la
plufe avec une voix enrouée. Elle eft chez le? an-
ciens le fymbole de la concorde ; les nouveaux
mariés avcient courume de l'invoquer; félon les uns
elle étoit de bon augure , & de mauvais félon ks
autres.
COR
autres. La corneille avertie des malheuts à venir. La
Font. Ily a en Angleterre beaucoup de corneilles
toutes blanches. Morton, Hijt. nat. de Nor-
thampton.
Corneille emmentelée , eft celle qui eft en partie
noire , en partie grife , qui a la couleur depuis le cou ,
jufqu'à la moitié du corps, diiférente du rcfte.
Cornix partira atri, par dm. cinerei coloris.
Il y a piuiieurs autres cfpèces de corneilles, La cor-
neille de bois , appelée Freux , Graie , ou Groffe.
Cornix frugilegu. La corneille bleue , cornix ccerulea ,
quife voit en Mifnie, ou en Allemagne. C'eft un
oiieau vorace qui n'efl: recommandable que par la
beauté de Tes couleurs. Son bec efl, noir , les cuiiles
brunes & courtes. Il a du bleu à piuiieurs endroits
de Ton pennage ; favoir à la queue, aux ailes , à la
tête , aurour du croupion , à la partie de defllis. Par
endroits il eft couvert , en d'autres il eft mêlé d'une
couleur verte. Le dos , le cou ik le devant font bruns ,
les grandes pennes des aîlcs l'ont noires. Corneille
de mer. Voyei Corbeau de bois.
Il y a dans la Fauconnerie du Roi, des oifeaux
& des Officiers pour le vol de la corneille.
On dit figurémenc d'un Auteur qui a fait quelque
Ouvrage en ramalfanr ou en dérobant les penfces
des autres, que c'eft la corneille d'Efope, ou la
corneille d'Horace, par allulion à la fable qu'ils
rapportent de la corneille, qui fe trouva fans plumes,
quand les autres oifeaux eurent repris celles qu'elle
Jeur avoir dérobées pour fe parer. La Fontaine dit
dans fes fables que ce fut au geai que cette avanture
arriva.
La corneille eft le fymbole d'Apollon , le Dieu
des Devins. Politien , dans fes Mifcellan. c, 6-j.
Quand elle eft perchée , elle marque la foi conju-
gale. P. JOBERT.
jCoRNEiLLE , terme de Botanique , f. f. Lyjîmachia.
Plante qu'on appelle encore Lyfimachie. On en
connoît piuiieurs efpèces ; la plus ordinaire eft
celle qu'on nomme Lyjîmachia. luiea major ., forte
Diofcoridis. C. B. & qu'on ttouve au bord des
luiffeaux & dans les endroits humides. Sa racine
trace conlidérablement , & donne piuiieurs titres
qui font d'abord rougeâtres, & qui s'élèvent à la ■
iauteur de trois à quatre pics , un peu velues ,
cannelées & noueufes par inrervalle , de ces nœuds
naiflent trois, quatie, raremenr cinq feuilles , qui
environnent la tige ■, elles font plus ou moins larges ,
fuivant la bonté du terroir; pareilles en quelque
manière par leur figure à celles du faule ordinaire,
un peu plus larges, d'un vert-blanchâtre. L'extré-
mité des tige<: eft branchue , & eft garnie de bou-
quets de fleurs jaunes , d'une feule pièce , découpées
affez profondément en cinq parties , à peu-près
de même grandeur que celles du millepertuis, &
ibi!itenues par un calice verdâtre à cinq pointes , du
milieu duquel s'élève un piftil qui enfile la fleur , &
qui devient un fruit l'phérique de la grolfeur & figu-
re d'un grain de coriandre. Ce fruit s'ouvre .à fa
pointe en plufieurs parties, & il contient plufieurs
iemences dans fa cavité. Cette plante porte le nom
de Lylimachus , qu'on prérend avoir été fon pre-
mier inventeur. La corneille eft aftringente. On
a^fure fur plufieurs expériences , que l'on prétend
certaines , que le jus de la corneille veric fur les
plaies les plus dangereufes , les guérit en très-peu
de temps.
CORNELIA,f. f. nom propre d'une famille des an-
ciens Romains. Cornelia gens. La famille Cor/)^A^
étoitune des plus grandes, des plus illuftres S< des
plus étendues de Rome. Elle avoit plufieurs bran-
ches, les unes Patriciennes , & les autres Plébéien-
nes. Les Patriciennes éroient les Blafions , les Len-
tulus, les Scipions., les Cinna, les Sifenna, les
Sulla, les Coifus, les Metula, les Dolabella &
les Céthégus. Il y a beaucoup de médailles de la
famille Cornelia , la plupart des Lentûlus. Il ne
faut point dire la famille des Cornéliens , comn'ie
on fait dans le Moréri, mais la famille Cornelia i
Tome IL
COR
pz I
nos Antiquaires parlent toujours ainfi. On peut
roDM^'s'ii" ^ornchus, la famille des Corneuus.
^. /1 , • '• *• "°"^ V^o^'^t de tcmmc. Cornelia.
Celt le fcminm de Corneille ou Cornélius, & les
noms des femmes de la famille Cornelia.
Et je ne puis au calme abandonner ma vie ,
Ou craindre des périls , qu'aj^ronte Cornélie.
Brebeuf.
Nos Antiquaires & nos Médailliftes difenr auiïî
fouvent Cornelia : on ne dit même Jamais autre-
ment, quand on y joint un autre nom, Cornelia
Salonina , & non pas Cornélie Saloniria , quoiqu'on
dife communément Salonine tout fcul.
CORNELIUS , CORNELIA. Voye^ Corneille ,
Cornelia, Cornélie.
CORNEMENT , f. m. maladie d'oreille qui fait
cr&ire au malade qu'il entend toujours un bruit de
cornet. Tinnitus aurium. Le cornemem d'oreille
vient ibuvent d'obftruélion. Ce mot n'eft plus en
ulage. On dit tintement d'oreille.
CORNEMUSE, f. f. inftrument ruftique dont fe
Icrvent les bergers pour faire danfcr. Uter j'ym-
phoniacns , utriculus, La cornemufe eft la même
chofe que la chalemie , à la réferve que la chalemie
n'a poinr de petit bourdon. La cornemufe a deux
parties. L'une eft la peau de mouton qu'on enfle
comme un ballon par le moy-n d'un porte-vent
qui eft ente fur cette peau, qui eft bouché pat une
foupape. L'autre partie confifte en trois chalumeaux
ou flûres. L'un s'appelle le gros bourdon, & le
fécond petit bourdon , qui ne font fortir le vens
que par leurs patcs ; & le troifième chalumeau eft
fait à anches , & on en Joue en ferrant la peau fous
le bras, quand elle eft enflée, & en ouvranr & fer-
mant avec les doigts les trous dont il eft percé , qui
font au nombte de huit. Le petit bourdon a un
pié de long , le porte-vent fix pouces , le chalu-
meau treize pouces, y compris fon anche, lefquels fe
brifent & fe divifent par les nœuds , pour être plus
portatifs. Sa peau eft d'un pié & demi de long, &:
de dix pouces de large: ce qui eft pourrant arbi-
traire. La cornemufe a trois oélaves d'étendue. La
cornemufe fert de de/fus aux hautbois du Poitou.
On dit proverbialemenr & baffement, quand la
cornemufe eft pleine, on en chante mieux & plus
volontiers.
^ CORNEMUSÊUR, f. m. qui Joue de la c<jr/2^-
muje. Rabelais s'eft fervi de ce mot. On ne le dit
plus. ,
CORNEOLE , f. f pierre précieufe ^oye^ Cornaline.
CoRNÉoLE ou CoRONÉOLE , f. f. plaure , efpèce de
genêr , qui rampe prefque toujours fur rerre. Sa
racine eft ligneufe. Ses feuilles naiflent alternes le
long des branches -, elles font minces , longues, fem-
blables à celles de l'hyflbpe. Sa femence eft petite,
de la figure d'un petit rein , &: renfermée dans une
gouflé platte. On l'appelle auiîi flair â teindre , ou
/lerbe à jaunir , parce que les Tcinruricrs s'en fer-
vent pour teindre les draps en jaune, & s'ils les
plongent auparavant dans If paftel ou guède , ils
les teignent en verr. En Larin genijîa tiruloria
Germ.tnica.
fCF" CORNER , V. n. fonner d'un cornet, d'une
corne. Cornu cancre. Les vachers cornent pour raA
lémbler les vaches qu'ils mencnr aux champs.
§Cr On dit en ce fens d'un homme qui fonnemal
du cor , qu'il ne fair que corner.
|G° Corner fignifie aufli parler dans un corner pour
fe faire entendre à un fourd. Il faut lui corder aux
oreilles pour fe faire entendre. Aurem alicui
perfonare.
(fT On dir aéfivcmenr, mais dans le ftyle familier
feukmrnr , corner une chofe , une nouvelle par
tour, par toute la ville, avec imprudence & im-
portun i té. ^/it/z/i^/ /W(Z/« & ubiquejérere, diffemi-
mre, evulsare. On avoit fait cette confidence en
fecret, il l'eft allé corner par-tout.
A A A A a a
522.
CO^
Lafiivre de parler me brûle & me confumey
Etfe n'eTig,iuns point, que pendant, quinie jours
Je ne L'aille corner dans tous les carrefours. R.
f:T En termes de chaiTe, corner les chiens, Tonner
du cor pour les exciter ou pour les rappeler Voye^
Cor, Corner requête, ibnner du cor pour obliger
les chiens à requcter de nouveau la bcte , lorlqu'ils
font en défaut.
|Cr On dit encore neutralement , corner aux oreilles
de quelqu'un, lui fuggérer quelque choie avec im-
porcunité. Il elt venu'à bout de le faire rcfoudre à
cela , à force de lui corner aux oreilles.
%fT On ditfigurément que les oreilles cornent , quand
on a des bourdonnemens d'oreilles. TiH«/«n/ aures :
& que les oreilles doivent avoir bien corne cà quel-
qu'un ; pour dire , qu'on a fort parlé de lui, *
IJC/" On dit encore figurénient , en parlant d'une^er-
fonne qui entend de travers, que les oreilles lui
cornent. Toutes ces phrales font proverbialesôc
familières.
CORNET, f.m. petit cor de chafle qui eft de cuivre ,
qui n'a quelquefois qu'un demi-cercle. Cornu. Quel-
quefois il a plufieurs tours ou cercles pour faire cir-
culer la voix.
Cornet fe dit d'un petit cot fait de corne , qui fert
à augmenter le cri ou le fon de la voix. Un cornet
de vacher eft fait d'une corne de vache. Cornu paj-
toritium. Un cornet de Vo?t\\\or\, cornu veredarn,
lui fert à donner de loin le fignal pour qu'on lui
prépare des chevaux. Il faut un cornet pour parler à
gCT celui qui a l'oreille dure. Le fon fe confcrve
dans ces initrumens, parce qu'en traverlant leurs
parois , il ne peut fe répandre circuiairement Se le
fon ainfi rai-nailc, frappe l'organe avec plus de force.
Foyei Porte-Voix.
fp- En termes de Blafon , on reconnoît trois fortes
• de cornets , les uns tout limples, fans viroles , atta-
ches , ni autres garnitures , Cornu mutilum ; les
autres font mornes & viroles , armillatum ; d'autres
font enguichés, cornu cujus os alterius coloris eji\
çenàas, pendu lu m ; attachés ou liés , ligatum, Ev
toutes ces garnitures font fouvent de diiférens
émaux.
Cornet eft autu un inftrument de guerre des An-
ciens. Cornu. Végèce , L. II. c. ii , nous apprend
que les Légions avoient des trompettes , des cornets
■ Se des buccines i que lorlque les cornets fonnoient ,
il n'y avoit que les Enfeignes qui obéifToient, & non
les foldats ; que quand les Enfeignes dévoient mar-
cher feules lans les foldats, on ne fonnoit que des
cornets, comme on ne fonnoit que des trompettes
quand il étoit queftion de faire marcher les foldats
fcuîs , fans leS drapeaux , pour quelque faélion ou
quelque ouvrage", que c'étoient les cornets & les
buccines qui fonnoient la charge ôcla retraite -, &
que pendant le combat les trompettes & les cornets
fonnoient cnfemble, Foye^ Vigenère fur Céfar ,
fol. 179. col. 4.
Cornet à bouquin, inftrDment de Mufique qui fert
à foûtenir un grand chœur dans un lieu vafte &
étendu , comme dans les Cathédrales. Muficum ,
fymphoniacum cornu. Le cornet à bouquin ell: une
efpèce de grande flûte qui a fépt trous , dont le
fcptième eft inutile. Il y en a de tous droirs ,
faits d'une feule pièce de bois de cormier ou de
. prunier. D'autres font courbés Se de deux pièces.
On les couvre de cuir pour les conferver. Le deffus
eft de deux pies de long , & la balle de quatre.
Le diamètre de fa pâte eft d'un pouce, celui de
fon bocal d'une ligne, & celui de chaque trou de
quatre lignes. Il a l'étendue d'une odave. On peut
jouer fur" le cornet jufqu'à cent mefures fans ref-
pirer , parce qu'il dépenfe moins de vent qu'on
ne fait avec la bouche , par la refpiration ordi-
naire.
Cornet eft aulTi un des principaux jeux de l'orgue.
Il y a le grand comH , qui a cinq tuyaux fur tou-
CO N
che, & dîx-neuf touches parlantes fans les diefès.
Le petit cornet eft un jeu qui a un troificme cla-
vier féparé de celui du pofitif & du grand corps
de l'orgue, lequel on appelle auflTi cornet féparé ,
&c n'a -que dix-neuf touches qui jouent. Il a cinq
■rangs de tuyaux lut marche. Le premier eft bouché,
■& eft à cheminée d'un pié de long. Le fécond eft
auili d'un pié, mais ouvert : le troilième d'environ
huit pouces & demi : le quatrième d'un demi-pié,
&c le cinquième de cinq pouces ouverts , & on les
accompagne du bourdon & du preftant : ce qui fait
fept tuyaux.
Cornet d'eco/ , eft un autre jeu qui a un quatrième
clavier féparé dans les grandes orgues , qui a audî
cinq tuyaux fur marche , Hc dix-neuf touches qui
jouent.
On appelle aulIi cornets, pIufTieurs petits vaif-
feaux qui font ordinairement de corne. Un cornet
pour jouer aux dés & au triiflrac. Pyrgus, fritil-
lum. Reptéfentez- vous l'inquiétude d'un joueur
qui voit fa mort ou fa vie Ibrtir de fon cornet.
BoiL.
Un cornet d'écritoire, eft la partie de l'écri-
toire où on met l'encre. Scriptorium corna , atra-
mentifcriptorii vafculum. Un cornet de corne. Un
cornet de plomb , de cuivre , d'argenr. Vafculum
corneum , ccreum , argenteum.
On dit aulîl d'es cornets de papiet , lorfqu^on
tortille du papier en pointe pour y enfermer quel-
que chofe. Papyraceus , chartaceus cucullus. Ua
cornet de dragée, un cornet de poivre. Les Ca-
nonniers ont aulfi àtî, cor7iets pour tenir le pu!-
vérin de l'amorce , fait d'une grande corne de
bœuf.
Cornet, terme de Mohnoie , cornet d'eflais d'or j
c'eft un bouton d'or tiré des coupelles , que l'oa
bat f.ir le talfeau ou enclume , afin de l'étendre &£'
de le rendre mince autant qu'il le peut être , c'eft-
à-dir: , environ de la grandeur d'un grand fou ,
& 10 lié enfuite en manière de cornet, fans le
prefler. Auri volumen.
Cornet à ventonfer , c'eft iln inftrument dont on fe
fett pour appliquer des ventoufes. Cucurtita Chi-
rurgica.
Cqrnet de fayance ou de porcelaine. Vafa ficîilia fa-
ventina owporcelana quce fritilli figurant iniitantur.
C'eft un vaifleau de fayance ou de porcelaine, quî
eft fait en forme de cornet à jouer , &; dont on fe
fert pour parer les coins des cabinets ou de ceux
des cheminées. Les cornets de porcelaine font
bien plus chers que les autres.
Cornet A'épice , en termes de Marine , eft une ef-
pèce de broche de fer dont on fe ferr pour épicec
une corde.
Cornet de mât, rerme de Marine, eft une efpèce
d'emboîtement de planches vers l'arrière du mât de
divers petits bâtimcns, où s'emboîte le pié du
mir.
Cornet eft au(Tî une efpèce de pâtifTerie faite de
farine & de fucre , qu'on cuit entre deux fers com-
mî une gauifre, & qu'on tortille en forme Ae cor-
net d'épice, de cornet de dez. Libi genus pyrgi in
morem conformatum. Les cornets de métier pour
le peuple fe font feulement avec du miel.
Cornet de pourpre , eft une efpèce de pourpre 011
de poirtbn fervant aux teintures , qu'on appelle au-
trement porcelaine. En Latin buccina , en Grec,
KTi^vy.
à caufe de fa figure.
Cornet , f. m. terme de Conchyliologie. Voyei^
Volute.
gcr CORNETER. v. a. Ce mot s'eft dit pour ven-
toufer. Cucurbitulam admovere.
CORNETIER, f. m. ou refendeur de cornes. C'eft
un artifan qui refend les cornes de bœufs , qui les
redrefle avec cies fers chauds & autres inftrumens ,
& les revend aux peigniers , pour en faire des pei-
gnes , &: aux Patenôtriers pour en faire des chape-
1ers. Seclor cornuum.
CORNETTE , f, f, ce mot fe difoit autrefois de
COR
toute forte d'habillement de tête -, &: on appeîoîc
cornetu de Moine , leur capuchon ; cornette d'A-
vocats , de Dodleur , le chaperon qu'ils portoicnt
autrefois fur leur tête. Capitis tegumemum. La par-
tie de devant de ce chaperon , ou bourlet , s'en-
îortilloit fur le haut de la tête , & ce nom lui vient
de ce qu'après avoir fait quelques touis , les extré-
mités ibrmoient fur la tcte comme deux petites
cornes. C'eft encore maintenant une marque de
magiftrature , & on la porte pendante lut l'épaule ,
& le chaperon par derrière , comme les ConHils ,
ou Echevins en quelques endroits. Epomis. Le Do-
ge de Venifc porte au/fi une cornette , qui cft
un bonnet fait en pointe. On tcgardoit comme un
grand dcfordre en 149.5 , que les Eccléliaftiques
commençaient à la manière des Séculiers , de por-
ter des chapeaux fans cornettes. II fut ordonné qu'ils
auroient des chaperons de drap noir , avec des cor-
nettes honnêtes, & que s'ils étoient trop pauvres,
ils auroient du moins des cornettes attachées à leurs
chapeaux , & cela fous peine de fufpenfion , d'ex-
communication , & de cent fous d'amende. Lo-
BINEAU, T./, p. 845;,
Cornette ne fe dit plus maintenant, en langage or-
dinaire , que des coeffes, ou linges , que lesVemmes
mettent la nuit fur leurs têtes , & quand elles font
en déshabillé. Linea mulieris mitella. On l'appelle
cornette , des deux bouts de cette coëffure ,
qui reifemblcnt à des cornes.
Vous ave:^ de riches manteaux ,
Vous ave:^ de belles cornettes ,
Vous faites d'affiquets nouveaux
Toujours d'inutiles emplettes :
Mais dejeunejje , Iris , i embonpoint & d'attraits ,
N'en fereT-vous ramait ?
N'en ferei-vous jamais
COULANGE.
CORNETTE , en termes de Guerre , efl: un ctendart
de Cavalerie , ou de Dragons. Equcflris turmx ve-
xillum, La cornette efl: un ctendart carré , qui fe
porte au bout d'une lance par le troilième Offi-
cier de la compagnie. Celle de la Mefl:re de Camp
eft blanche. C'efl: pour cela qu'on appelle le pre-
mier régiment de Cavalerie légère , le régiment
de la cornette blanche. Dans les compagnies de
Chevaux-Légers , de Dragons & de Mouicjuetai-
res , il y a des cornettes.
Cornette , f. m. Officier de Cavalerie ou de Dra-
gons qui porte l'étendart de la compagnie, & qui
la commande en l'abfence du Capitaine , & du
Lieutenant. Turmœ vexillarius. Ce mot vient à cor-
nu , parce qu'on met les cornettes de Cavalerie fur
les aîles , qui forment une efpèce de pointe , ou
de corne de l'armée. En ce fens il efl: maculin.
Cornette fe prend aullï quelquefois pour la com-
pagnie entière qui marche fous la Cornette. Equi-
tum turma. On a levé trente Cornettes de Cava-
lerie •, pour dire , trente compagnies. On leva
quinze cor^^'W^j'. P. Daniel.
Cornette , en termes de Marine, efl le pavillon du
Chef d'efcadre , qui eft carré & blanc. Vexillum
navale. Il le porte au mât d'artimon, quand il eft en
corps d'armée, & au grand mât , quand il com-
mande en chef. Le battant de la cornette doit avoir
quatre fois la hauteur du guindant. Elle doit être
fendue par le milieu des deux tiers de fa hauteur.
Cornette , en termes de Fauconnerie , eft la houppe
ou tiroir de deflus le chaperon de l'oifeau. Apex.
Cornette eft auffi le nom qu'on donne à une forte
de fer. Le fer cornette a huit ou neuf pics de long,
trois pouces de large , & quatre à cinq lignes d'é-
paifleur.
Cornette eft aufTl une forte de fleur fauvage, qui
croît parmi les blés quand ils fonr mûrs , & qui ref-
femble à la violette. Il y a auffi des cornettes culti-
vées , & ces ibttes de cornettes font fimples , dou-
bles , violettes , incarnates , panachées , en un
mot, déroutes couleurs. La cor/z^we , comme un
COR 9ij
arbriffeau , a plufieurs petites branches , qui portent
quantité de fleurs faites comme les godets des clo-
chettes double?. Elle eft violette par les bords , &
tire au rouge : elle a une bonne odeur \ &; com-
me elle vient de graine , on la rcfème tous les ans,
Morin.
CORNEVILLE. Abbaye de Chanoines Réguliers ,
iituée fur la Rile , deux lieues au dedlis du Pont-
Audemer , Se ibndcc en 1 145. Dejcript. Gco^r. ù
Hiji.de la Haute-Norrn, t. 1 , p. ^ic^,
CORNEUR , f. m, celui qui corne.
La nuit venue , arrive le Corneuï.
Il leur cria d'un ton à faire peur. . . . ♦
La Font,
Mais quajidvcrrei Chanfonniers , faifeur s d'Odes t
Rauques corneurs de leurs vers incommodes >
Dire^ alors en voyant tel gibier ,
Ceci paroit citoyen du bourbier.
VotTAIRE.
CORNICHE , f f. IfT ornement d'architedture , en
faillie , qui eft au deffus de la frife , & qui fert de
couronnement à toutes fortes d'ouvrages d'architec-
ture. Corona. La corniche fe mefure depuis la fri-
fe jufqu'à la cymaife inelufivemenr. Les piédcftaux
ont aulfi leurs corniches en faillie. La corniche eft
dilferente félon les cinq ordres d'Archireéhire. La
corniche Tofcane , eft celle qui a le moins de mou-
lures , & qui eft fans otnemens. Tufcana. La corni-
che Dorique , eft celle qui eft ornée de mutules ,
ou de denticules. Dorica. La corniche Ionique ,
eft celle qui a quelquefois fes moulures taillées d'or-
nemens avec des denticules. lonica. La corniche Co-
rinthienne , eft celle qui a le plus de moulures , de
modillons, quelquefois des denticules, Corinthia.
"Lx corniche Compojïte , eft celle qui a des moulu-
res taillées, des denticules , & des canaux fous fon
plafond. Compojita.
On appelle Corniche de couronnement , celle
qui eft la deinière d'une façade , qu'on nomme en-
tablement, ôcfur laquelle pofe l'égoiit, ouchêneau
d'un comble. Ornamenta, Corniche d'appartement ,
toute faillie qui dans une pièce d'appartement ferc
a en foijtcnir le plafond ou le cintre , & à couron-
ner le lambris de revêtement. Projecîura. Cornichs
architravée , celle qui eft confondue avec l'architra-
ve , la trife en étant fupprimée, Junclum coroncz
epiflylium. Corniche mutilée , celle don: la faillie
eft retranchée &: coupée au droit du larmier , ou
réduite en plate bande avec une cymaife. Corona.
mutila projcclurà carens. Corniche en chamfrein ,
celle qui eft la plus fmiple , &: qui n'a point de
moulures. Corona pura. Corniche continue , celle
qui dans toute fon étendue , & fes retours , n'eft in-
terrompue par aucun corps, &C rentre dans elle-mê-
me. Continua, Corniche coupée , celle qui ne régne
pas de fuite , mais qui eft interrompue dans Von
cours par quelque corps. Secla , interrupta. Corni-
che circulaire , celle du dehors , ou du dedans de
la tour d'un dôme. Circularis. Corniche cintrée ,
celle qui dans fon élévation eft tournée en arcades.
Arcuaia. Corniche rampante , celle d'un fronton
pointu. Acclivis. Corniche de placard , celle qui
couronne la décoration d'une porte, ou d'une croi-
fée de menuiferie , ou de marbre. Corona plana.
Corniche volante , toute corniche de menuiferie
chamfreinée par derrière, qui fert à couronner "un
lambris , ou .à foûtenir un plafond.
Corniche fe dit auiîî de toutes ces petites faillies
qui avancent en maçonnerie Si en menuiferie ,
quoiqu'il n'y ait point de colonnes. Ornamenta.
La corniche d'une cheminée. La corniche à'\in. buf-
fet , d'une armoire. Corona.
CORNICHON , f m. petite corne. Corniculum. Cet-
te vache n*a encore que des cornîihons. Il fe dit
aulfi des chevillures du cerf.
AAA A aa ij
^24-
COR
On appelle aufli coniichons , de petits concom-
bres que l'on coupe avant qu'ils parviennent à une
certaine groilèur , &i qu'on tait confire avec du
fe\ Se du \inz\2;vc.J i-oruvus ciicumis & cornu in mo-
rem incurvuslU^ici dit que Pline appelle les corni-
chons , cornicula.
On appelle encore cornichon , au jeu de boule ,
une i^roH'e boule que l'on jette la première, pour
lervir de but. Glohulus metix. inj'crvuns. Ce terme
eft apparemment en ulage dans quelques Provm-
ces. On dir ici but , boule lervant de but. ^ _ _
CORNICHON va devant, forte de jeu, a qui ira
plus vite en ramadant quelque choie-, & comme
dit Montagne-, parmi t.int d'admirables aCHons de
Scipion l'ayeul , il n'eft rien qui lui donne plus
de orace que de le voir nonchalamment & puérile-
ment baguenaudant , amafler & choifir des coquil-
les, &: jouer à cornichon va devant , le long de la
marine avec Lxlius fon ami intime. Montagne,
L.I,C. I ^ Mascur. p. 447-
CORNICULAIRE. 1". m. Cornicu/arius. Nom d'un
Officier de guerre chez les Romains. C'étoit com-
me le Lieutenant du Tribun miliraire, qu'il ibu-
lageoit dans l'exercice de la charge. Les Cornicu-
laires failbient les rondes à la place des Tribuns ,
vUitoient les corps-de-garde , & ils croient à peu-
près ce que font aujourd'hui les Aide-Majors dans
nos troupes. Le nom de Corniculaires tut donné
à ces Officiers , parce qu'ils avoicnr un petit cor ,
corniculum , dont ils le lervoient pour donner les
ordres aux Ibldats. Suétone , dans le Livre des
Grammaivicns illujlres , Valere Maxime , L. f^l , c.
I , & pUifieurs autres Auteurs , parlent des Corni-
culaircs : il en cft aulli parlé dans le Droit.
On trouve aulfi dans les Notices de l'Empire
un Huilîîer , ou Greffier , nommé Corniculaire.
5on office étoit d'accompagner par tout le Juge ,
& de le lervir ■■, d'écrire les'léntences qu'il pronon-
^oit. Exccptor , Commentarienjis , Cornicularius.
Voyez GoDEFROY y«r la L.io , Theodof. de Cohort.
de Jurer fur Symmaque , L. X, ^pii''^^ 5^-
(tr Les Corniculaires , cornicularii , étoient une
forte d'Huilllers qui le renoient à l'un des coins du
parquet, où le magiftrat rendoit la Juflice , pour
empêcher que perfonne n'y entrât. Cornicularii ,
(]ui.a cornihus fecretarii pmtorianipneerant. Ant.
Grec. & Rom.
Ce nom , pris au premier fcns , vient , félon Sau-
maife, de corniculum, qui lignifie le cimier d'un
calque -, & en elfet Pline nous apprend qu'on mer-
toit fur les calques des cornes de fer , ou d'airain,
& que cela s'appeloit cornicula. D'autres le tirent
du petit cor qu'avoir cet Officier. Cela efl plus vrai-
femblable. Dans le fécond fens , on prérend qu'il
eft dérivé de corniculum , un cornet à merrre
de l'encre.
CORNIER , ad), m. terme qui fe dit des pilaftres qui
font l'encognure d'un bâtiment , ou qui font dans
un angle. Angulata parajiatarum commi(fura. On
le dit'aulll des poteaux , ou grandes pièces de bois
qui font dans les angles des panneaux de charpen-
teric. Ang;ulare lignum , angularis tignorum com-
mi(jura. Les Selliers appellenr aulTî corniers , les
quatre ' quenouilles ou pilliers qui foûtienncnt
l'impériale d'un carrolle.
CoRNiER , en termes des Eaux & Forêts , fe dit des
chênes &: gros arbres qui Ibnr choifis &c marqués
par autorité de Juflice , pour marquer les bornes
des ventes &: des coupes de bois , tant taillis que
de haute futaie. Ils font d'ordinaire dans les angles
des plans &: figures que font les arpenreurs de ces
coupes , 8i s'appcllenr//t;'j corniers. Arborant cx-
(ionis terminus , flipes.
On appelle en Charpentevie le canal de tuille ,
«u de plomb , qui ell le long d'un angle de deu\
toits , ou bâtimens , \3. jointure cornière. Imbricatis
& an^ulares. compluviorum coUiquice.
ÇoRNiER. Arbre. Vose^^ Cornouiller.' •
CORNIÈRE, f. f. terme de Blalbn., cjui fignjiîe un
COR
anfe de pot qui le trouve dans plufieurs Ecus , &
entre autres dans celui de Lïle-Adam, Prévôt de
Paris. Anjula.
Cornière , terme de Marine. Les cornières font ce
qu'on appelle auHi alonges de poupes , qui font les
dernières pièces de bois qui font pofécs fur l'arrière
vailfeau , Se qui forment le haut de la poupe. Sum-
ma & extrema pupi'is.
CORNIERES, f. f. pi. terme d'Imprimerie. Ce font
quatre équières de fer attachés aux quatre angles
de ce qu'on appelle le coffre dans la prelfe des
Imprimeurs , pour y tenir la forme par le moyen
de quelques coins de bois.
Ce mot vient de corne , qui a lignifié un angle;
car on dit encore la corne droite de l'autel , à caufe
qu'autrefois on mettoit des cornes ou des anles à
ces angles afin de le tranfporter ou le faire mou-
voir plus facilement : & c'efl; pour cette raifon que
Moïle en fit mettre à l'aurel des parfums. Dans le
Blalbn ces anfes de fer qui étoient aux cornes des
autels, ont retenu le nom de cornières.
CORNILLAS , 1. m. le petit d'une Corneille. Corni-
cis pu! lus.
CORNIOLE , f. f. plante. Voyei Tribule aquati-
que , c'eft la même chofe.
gcr CORNIPETE , ad), qui donne des coups de
corne. Rabelais. De cornu &c petere.
CORNO , f, m. ou CORNE. C'eft le nom du bon-
net ou roque du Doge de Venife. Le Doge n'ote
jamais fon corno , qu'au moment de l'élévation de
l'Hoftie , ou lorfqu'il reçoit vifite d'un Prince du
fang Royal , ou d'un Cardinal. Misson. En Italie
nuT ne met la couronne fur fes armes -, le Doge
feul y met la Couronne Ducale , qu'on appelle
autrement le corne.
CORNOUAILLE. Cornubia. Province d'Angleterre,
ainfi appelée , dit-on , parce qu'elle a la figure
d'une corne , qui n'eft point recourbée. Cette Pro-
vince eft baignée au midi par la mer de Bretagne ,
& au nord pa"r celle d'Irlande. La Corncuaille eft un
pays fort fertile. C'eft dans la Cornoudille que font
les plus riches mines de l'étain fin. II n'y a point de
villes dans ^Q\^\.t\^Cornouaille. La Cornouaille eft
pleine de montagnes. Les anciens Bretons s'y main-
tinrent contre les Anglo-Saxons. Edouard III l'érigea
en Duché -, &: depuis'ce temps-là , ç'à toujours été un
des apanages du fils aîné des Rois d'Angleterre.
Le Cap de Cornouaille, Cornubitz caput, ou com-
me on l'appeloit ancienncmment , Bolerium , Sc
Antivefieum promontorium. Cap d'Agngleterre le
plus occidental de la Cornouaille , Sr.même de toute
l'Angleterre. C'eft pour cela que les Anglois le
nomment Ldnd Ends , c'eft-à-dire , Bout de la
terre.
Cornouaille, en France. C'eft l'Evêché de Quim-
per-Corentin. Curiofolitum ager , Curiofolittt, dans
Pline CurioJ'ulites, ou Curiofuelites ; Cornu Galliœ.
Ce pays eft fur la côte métidionale de Bretagne du
côté de l'occident. Quimper-Corentin eft la prin-
cipale ville du pays de Cornouaille. Baudrandaux
mots Cornouaille & Quimper.
Cornouaille fe dit figurément & burlefquement
du pays habité par les cornards. Il y a des fous qui
veulent à toute force que le Parlement leur donne
des Lettres-Patentes de Bourgeoifie dans le pays de
Cornouaille. Ecole du Monde. Gareau , en parlant
de fa femme dans la dernière Scène du Pédant
Joué , dit: Par ma fiquettc , al me boutit à cor-
nnaille en tout bian & tout honneur. C'eft vrai-
femblablement de-là que M. le Noble a tiré cette
exprelfion , ou de l'une des deux Provinces qui por-
tent le nom de Cornouaille , la premièrecn Angle-
terre , ^ l'autre en France , dans la balfe Bretagne.
CORNOUILLE, f. f. fruit rouge & acide qui croît
fur le cornouiller , & qui miirit en Septembre.
Corniim. Les Cornouilks font raffraîchiflantes ,
dcfficatives & aftringentes. On s'en fert dans la dyf-
fenterie & dans la diarrhée. On en fait une gelée
femblable au cotignac , qu'on confit avec dufucre ,
COR
Sz qui eft fort bonne pour reflèrrer. On les confît
audi dans la laumiire comme des olives,
CORNOUILLER, f. m. arbre qui porte des cor-
nouilles. Cornus. Il y en a un mâle & un femelle ,
1^ iliivant le langage ordinaire i mais il eil évi-
dent que cette diitinCtion eft mal appliquée ici ,
puifque chaque cfpèce , comme on va le voir, eft
mâle &: femelle tout euLmble.
Le cornouiller mâle eft un arbre aflez haut &
fort branchu ; fon écorce eft rougeatre , cendrée ,
fon bois eft blanc , ferme , folide & dur; fes fleurs
viennent par petits bouquets, elles lont petites,
toutes jaunes, compofécs de quatre à cinq pétales
pointues ; fes fruits qui viennent enluite font ova-
les, approchant des olives , verts au commence-
ment , &: d'un goût acerbe ; mais en mîiriifant , ils
deviennent rouges comme du fanffj&aiffre-doux :ils
renterment un noyau ofleux qui > ft très-dur , divi-
fé en deux loges , qui renferment chacune une fe-
mence ou amande oblongue ; fes feuilles relfem-
blent à celles du pomm'er commun , ou du coi-
gnier; elles font fort delficatives , &c propres à fon-
der ks plaies. On emploie le bois de cornoidlkr ,
à caufe de fa dureté, à faire des roues de moulin.
Il faut prendre garde à ne pas mettre des ruches
de mouches à miel auprès de cet arbre •, car fi elles
goiitent i"a fleur , elles prennent un flux de ventre
dont elles meurent. Ce mot vier t de cornu , c rne ,
à caufe que le noyau de cornouiller eft très-dur.
hç cornouiller femelle a fes feuilles femblables à
celles du mâle : fon bois eft dur & oifenx , ne cé-
dant pointa celui du mâle; f-s verges font plus
minces , fort-S & nouées -, fes fleurs Ibnt en om-
belles odorantes , blanches , compofées de quatre
pétales i fes fruits font drs baies grofles comme des
pois, vertes d'abord , puis noirâtres. Elles font de
très-mauvais goiit. Cornus femina ou virgaj.tngui-
nea.
^fT On diftingue plufieurs autres efpèc?s de cor-
noiiil'ers , qui diffèrent, ou par la culture, ou par
leurs fleurs , ou par leurs fruits.
CORNU , UE , adj. qui a des cornes. Cornutus, Le
bœuf, le bouc , lont des animaux cornus.
Les for it s en trembler cnt ■,
Faunes cornus vers leurs trous s'envolèrent. R.
ffy CoRNiT fe dit figurcment de plufieurs chofes qui
ont des ongles ou des pointes. Un pain cornu; une
pièce de tetre cornue. Parmi le peuple, on donne
quelquefois cette cpithète à un cocu.
En Logique ,on appelle un dilemme, argument
corTZW, parce que les deux parties dont il eft com-
pofé , prelfent également l'adverfairc. Utroque
ferit. Argumentwn cornutum. Par exemple , un
Général qui a ôté à fes foldats les moyens de s'en-
fuir, leur dit , pour les engager à fe bien battre :
il faut vaincre ou mo'irir.
On dit proverbialement & figurément : à mal
enfourner, on fait des pains cornus; pour dite,
qu'il faut bien commencer une aîfaire , pour en at-
tendte un bon fuccès. On dit aulfi métaphorique-
ment ; qu'un avis eft bien crnu ; pour dire, qu'il
n'eft guère raifonnable. ^fj' Des raiibns cornues \
des raifonnemens cornus \ de méchantes raifons ;
des raifonnemens qui ne concluent point : des vi-
fions cornues , des idées folles ôi exttavagantes.
Tout cela eft du difcours familier, lllepidus , alfur-
dus.
J'aime mieux mettre encor cent arpens au niveau ,
Q^ue (f aller follement égaré dans les nues
Aie lajferà chercher des vijîons cotnues. Boit.
Cornu , f. m. terme de monnoie. Cornutus. Petit cor-
nu ,parvus cornutus. Monnoie de France que l'on
battit fous Philippe IV. Il y avoit des cornus pa-
tiiis. Les premiers pefoient 2.1 grains, £c avoient
COR ^25-
î deniers 18 grains de loi, & valoient i denier
tournois. Les autres étoient de zo grains fie de j
den. 1 1 grains de loi , &c valoient un demcr parilis.
Voyc^ du Cange , au mot Moneta.
CORNU AU , f. m. poilfon de mer qui reffemble
beaucoup à l'aloie , & qui remonte la Loiie avec
elle , mais un peu plus court , & qui n'eft pas li bon
à mangei. Les paylàns &: artilans en man.,cr.t pen-
dant toute la fahon,
CORNUE, Li. terme de Chymie eft un vailfeaa
de terre , ou de verre, qui a un cou recourbé au-
quel on joint un récipient. Ampulla cornuta.
Lorfquelle eft de verre on la lutte, c'eft-à-dire,
qu'on l'enduit de pâte de l'épaiUéur d'un pouce,
afin qu'elle puiffe rélifter au feu. La cornue fert à
tirer les efprits fie les huiles des bois , des gommes ,
des terres minérales , & des autres chof-s qui exigent
un grand feu. On l'appelle autremenr reforte ou
matras courbe,
CORNUELLE,!". f. planre. Foye^ Tribule aquati-
que : c'eft la même choie.
CORNUET,f m. forte de pâtifléric avec un peu de
lavande , & qui a été ainii nommée , parce qu'elle a
la figure de deux petites cornes , difpofces en com-
pas à demi ouvert. Elle eft en ufagc dans quelques
endroits de la Champagne , où l'on en mange, fur-
tout pendant le Carême. Les cornuets font excel-
I ns , dépecés dans la faucc de la carpe à l'ctuvée,
CORNUFICIA, nom propre d'une famille Romaine,
Cornuficia gens. La famille Corni.ficia étoir une fa-
mille 1 lébéïenne, parce que l'on trouve Quintus
Cornuficius fur les médailles pour JunonConferva-
trice,i'o//«<ï.M. Patin conjethire que cette famille
étoit peut-être originaire de Lanuvium , aujour-
d'hui Civita LivinLd , où Junon ConféLvatrice,/tt-
no SoJ'pita, étoit honorée.
CO'IO , ['. m. droit qui le paie au Roi d'Efpagne , poar
l'or & l'argent qui lé tirent des mines du Chily §c
du Pérou.
\fT CoRo, ville de l'Amérique méridionale, capi-
tale de la province de Venezuela ,dont on lui don-
ne quelquefois le nom. .
COR-OGNE, ville d'Efpagne, dans le Royaume de
C^V\cc. Cor unna, Crunna. Le pott de la Corogne eft
tort bon. Quelques Géogtaphes prennent la Corogne
poar ['ancien Coronium, appelé auHi Adrohicùm;
d'autres pour le Flavium brigintium des Anciens,
II faut éciire & prononcer en françois Corogne,
quoique quelques-uns de nos Auteuts cciivent com-
me en efpagnol , Coruna ou Corunna.
COROLITIQUE. adj. m. &: f En Architedure, on
appelle colonne corolitique , celle qui eft ornée de
feuillages, ou de fleurs tournées en ligne fpirale à
l'entour de fon fut , ou par couronnes ou par fef^
tons. Intextafrondibus autfioribus columna.
IJCr COROLLAIRE, f. m. Le mot latin coroUarium
lignifie proprement le par-delfus , ce qu'on donne
outre le poids &: la mefure. Corollaire eft un terme
didaélique, qui lignifie ce qu'on ajoute par furabon-
dance , pour augmenter la force des raifons dont on
s'eft lérvi pour prouver une propolition , & qui fuf-
fifoient par elles feules. Il ferr .à renchérir. Ainfi l'on
dit à toutes les raifons qu'on vient de détailler. On
peut ajouter pour corollaire, ^c.
§C? Le mot corollaire a une lignification particulière
en Mathématique , & fignifie proprement une con-
féquence qu'on tire d'une ou de plufieurs propor-
tions démontrées.
gCT COROLLE, f. f. Corolla. Terme de Botanique,
pétale ou neétarium , feuille des fleurs qui envelo-
pe immédiarement les oiganes de la fructifica-
tion. Voyei PÉTALE, Nectarium.
§3* Corolla œqualis ,\o'i:{'c[\^ç les pétales, qui fotment
une fleur , font égaux & qu'ils ont une même figu-
re. Corolla inaqualis , lotfque les pétales font de
même figure , mais de grandeur inégale.
^fT Corolla regularis , lorfque les pétales fe reflem-
blent , ^ irregularis , lorfque les pétales du lymbe
ibnt difïetens en grandeur, figure & proportion.
^z6 COR
§0=- CoroUula de Linnxiis efl; la même chofe que le
fleuron & demi-fleuron de Tourncfort,
COROMANDEL. La côte de Coronuindd eft une
partie de la côte orientale de la Pcninllilc de Tlnde
deçà le Gange. CoTomandelis , Coroinanddls ora , i
Coromanddis rcgimm. Quelques-uns dilent Coro-
rtidndelQM Corohandcr ,m:^ii ce dernier mot n'eft
point en ufage , au moins en notre langue.
CORONAIRE , ad), terme d'Anatomie, épithète
qu'on donne à deux artères qui prennent leur ori-
gine de l'aorte, & qui portent le fang dans la fub-
ftance du cœur : elles l'environnent par fa bafe
comme une couronne , d'où vient qu'on les a ainii
appelées. Coro/2«r/«J. Il y a auHî une veine répan-
due iur la partie extérieure du cœur , qu'on appelle
coronaire: elle efî; faite de pluficurs branches qui
viennent de toutes les parties du cœur , & va le ren-
dre à la veine cave , où elle reporte le refte du fang
qui a été apporté par les artères coronaires. Lz coro-
nairejiomachiijue efl: une veine qui s'infère au tronc
de la veine fplénique , qui , en fe réuniflant au mé-
fentérique, fait la veine porte. On doit à Barthéle-
ini Eufliache , natif de San Sévérino en Italie , la
découverte de la valvule qui efl: à l'orifice de la
veine coronaire,
CoB-ONAiRE , f. m. Officier de Jufl:ice en Angleterre,
dont la fonclion efl: d'examiner avec douze aliiltans
de lapart delà Couronne, fi un corps que l'on a trou-
vé mort a été tué & aflàifiné , ou s'il efl: mort de fa
belle mort. Boyer. C'eft-à-dire , de mort naturelle.
Spelman l'appelle en latin Coronator ; & la vie de
S.Richard, Evêque de Chîcelter , écrite par Rodul-
phe Bocking , Dominicain , Confefléur du Saint ,
Coronarius ; en anglois Coroner.
Ce mot vient de couronne , & s'ed: donné à cet
Officier, parce que c'efl:un Officier de la Couron-
ne, qui exerce fa charge de la part de la Couronne,
c'efl:-à-dire, de l'Etat , du Public.
CORONAL , ALE , adj. terme d'Anatomie , qui fe
dit de l'os du front , qu'on appelle Vos coronal ou
frontal, ou Vos de la poupe, Coronarius. On ap-
pelle audî //m^r^ coronale, la jointure de l'os du
front avec les os pariétaux , parce que c'ell en cet
endroit, qu'on pofe les couronnes.
CORONÉ , f. m. terme d'Anatomie , qui fignifie une
éminence pointue de l'os. Apex. Il y en a de plu-
iieurs fortes auxquelles on a donné des noms diffé-
rens jfuivant la diiference de leurs figures. Il y en a
une à l'os pétreux , appelée ftyloïde , parce qu'elle
efl faite comme un fl:ylet ; une autre appelée maf-
toïde, parce qu'elle tefremble à un mammelon -, une
autre qui efl: à l'omoplate, appelée coracoïdc, parce
qu'elle reflerable au bec d'un corbeau. Enfin , il y en
a. à l'os fphénoïde , qu'on appelle ptérigoides , parce
qu'elles ont la figure des aîîes de chauve-fouris.
CORONER , f. m. nom d'un Officier de Juftice en
Angleterre. Voye:;^ Coronaire.
CORONILLE , f. f. arbufl:c ou petit arbriflcau qui
poufle des branches ligneufes5c dures. Coroni//a.
Ses feuilles font petites , oblongues , charnues ,
rangées ordinairement cinq ou fept fur une côte.
Ses fleurs naifTent aux fommités des rameaux , pe-
tites , légumineufes & jaunes. Il leur fucccde des
gonfles afléz déliées, compofées de plufieurs pic-
ces prefque cylindriques, articulées bout à bout,
& renfermant chacune fa femence oblongue, noire,
d'un goût défagréable. Elle croît aux lieux fablon-
neux , &: principalement en Efpagne , où on l'ap-
pelle Coronilla del Rey. Ce nom de coronille lui
vienr de ce que fes fleurs font difpofées en manière
de petite couronne. On fe fert de ces fleurs pour
amollir , pour réfoudre & pour chafler les vents.
On en met dans les lavemers , dans les fomenta-
tions 8* dans les cataplafmes. Lémery.
CORONIS, f. f terme de Mythologie. Paufanias
parle d'une Déefle de ce nom honorée à Sicyone.
Elle n'avoir point de Temple, mais on lui facri-
fioir dans celui de Pallas.
CORONOIDE, adj. ra. & f. terme d'Anatomie co-
COR
ronairc , femblable à une couronne. Coronoïdes.
L'apophyfe coronoïde. La caufe de ce que la bouche
ne peut fe fermer , quand la mâchoire efl: luxée, efl:
que l'apophyfe coronoide gliffe fous la racine anté-
rieure de l'apophyfe zygomatique, Se qu'elle eft
preflée contre cet os. Pour réduire cette luxation ,
il taut preflcr par quelque moyen , l'apophyfe co-
ronoide contre l'os de la mâchoire fupéricure. Dem,
Ac. d'Ed. T. I, p. \-j6 , 177.
Ce mot efl: compofé du mot latin corona , cou-
ronne ,&: du mot grec liiV, , forme , figure coronoide,
qui a la forme , la figure d'une couronne.
COROSOL , f. m. fruit de la groifeur d'un melon ,
qui fe trouve dans les Antilles, & qui eft un peu
pointu &; recourbé par le bout d'enbas. Il al'ècorce
verte , lilfée &C aflez épaifle -, & il femble qu'on ait
pris plaifir à j:racer de petites écailles delTus avec
une plume Sc'de l'encre. Au milieu de chacune de
fes écailles , il y a une petite pointe de même ma-
tière que l'écorcc. Ce fruit efl: attaché au tronc aulîi
bien qu'aux branches. Toute la chair eft d'une
blancheur de neige , quoiqu'elle foit un peu filaf-
feufe. Elle fe fond dans la bouche , 8c fe réfoud en
une eau qui a le goût de la pêche. Il eft relevé par
ime petite aigreur fort agréable, & qui rafiraîchic
extrêmement. C'eft un des plus excellens fruits de
toutes ces Iles.. On y trouve plufieurs graines noi-
res , liflees & marquées de petites veines d'or. L'ar-
brilfeau qui le porte eft femblable au laurier , tant
pour fa grandeur que pour fes feuilles. Les François
l'ont appelé corofol ou corojfolier , à caufe qu'il a
été apporté d'une Ile que les Hollandois , par qui
elle e(t habitée , appellent curaçao ou curaffaro.
COROT , f. m. vieux mot , courroux.
COROURE , f. m. efpèce de monnoie de compte ,
dont on fe lert dans plufieurs endroits de l'Orient ,
particulièrement dans les Etats du Mogol , pout
calculer les grandes femmes , comme on fait en
France de millions & de milliars.
COROZA , f. m. poiflbn furieux qui fe'trouve dans
la mer qui eft entre le cap de Comorin , les Baiies
de Chilao & l'Ile de Zéilan , & que l'on appelle
La Pefcaria délie Perle , à caufe de la pêche des
perles qui s'y fait entre les mois de Mars & Avril,
Ce poiflbn a deux rangs de dents affilées Se fort lon-
gues autour de la langue , avec lefquelles il coupe
le bras & la cuifle d'un homme. Les Plongeurs fe
fervent de Magiciens pour fe mertre à couvert de
ce danger , fi l'on s'en rapporte à Vincent le Blanc;
COROZAÏN qu'il faut prononcer en quatre fyllabes,
ne faifant point un diphtongue de 3.ï.Coroiain. An-
cienne ville de la Galilée, dans la Terre-Sainte.
C'éroir une des villes delà Décapole, fur le bord
du Jourdain , à l'endroir où il entre dans le lac de
Tibériade , vis-à-vis de Capharnaum. Coroiaïn étoic
de la demi-tribu de Manaffé , établi au-delà du
Jourdain. J. C. prêcha & fit beaucoup de miracles à
Coroiaïn. Malheur à roi, Coro^iii'n , malheur à roi,
Betfaïde : car fi les miracles qui ont été faits chez
vousavoient été faits dansTyr& dans Sidon, il y a
long temps qu'elles auroient fait pénitence avec
le fac & la cendie. '^ova.Matth. XI, 11. Le Port-R.
écrit aufîi Coroiatn,5c non pas Corofaïn , comme M,
Corneille. Le grec de l'Evangile l'appelle Coraiin.
Drufius, fur S. Matth. XI, ii , dit que, félon
quelques Auteurs, ce nom fignifie hoc myjlerium
meum , & qu'il eft compofé de l'adverbe de com-
paraifon rd , Choh , qui fignifieyTc , & fe rend quel-
quefois par hoc , & de fn , myjlerium meum ; mais
il n'approuve pas. Se avec raifon, qu'on néglige le
^, uun, qui eft à la fin. Il blâme encore ceux qui ,
comme Ortelius , mettent une /w à la fin , Coroiaïm,
au lieu d'une n,
CORPORAL , f. m. terme de Liturgie , linge facré ,
fin Se délié , qu'on étend fous le calice en difant Ja
Méfie , pour recevoir les fragmens de l'hoftie , s'il
en tomboit quelques-uns. Corporale. Le Corporal
étoit autrefois une grande nappe qui couvroit tout
l'Autel. Le Corporal doit être de toile de lin , ou
COR
âc chanvre fans aucun ornement, fi ce n'efl: vers
les bords. Il y en a q,ui difenr que le Pape Eufèbe
a le premier ordonne Tulage du Corporal; d'autres
difent que c'ell Saint Silvellre. koye^i Alcuin ,
Burchard , Gavantus, Polidore Virgile. Philippe
de Cominesditque le Pape envoya'au Roi Louis XI
le Corporal fur lequel chantoit Monleigneur Saint
Pierre. C'ctoit la coutume de porter un Corporal
aux incendies , &: de l'élever contre le feu , pour
l'éteindre. Fdyei D. Mabillon , Acîa Sanci. Ben.
fœc. FI, p. I, prxf. §. F, n. ^6 , èc Aimoin , L 1,
de Mirac. S, Benedicii , C. 9.
Ce mor vient de corpus, corps, dont on a fait
corporale, comme de peÛus , pectorale , Se humer aie
de humérus. On a donné ce nom à ce linge, parce
que c'eft fur ce linge que fe met, que repofe le
Corps de Notre Seigneur pendant le facrifice de la
Meiîé. Au relie , ce mot cft très-ancien. Oa le
trouve dans tous les Ordres Romains, dans le Sa-
cramentairc de S. Grégoire , dans Saint Ifidore ,
Epifi. penult. dans les Capitulaires de nos Rois de
l'an 810, n. 4^1 du Z,/vr^ Vlïl , dd.ns Amalari s,
L. III, C. 19. Dans le Rir Ambroiien on l'appelle
ie linceul, Syrzdon, parce qu'on le regarde comme
le linceul dans lequel N. S. fur enfeVeli.
^T Le peuple appelle Corporal un bas Officier de
guerre qu'on appelle plus communementCfrjCor^/.
Corporal eft condamnant l'ancien nom qui a été
formé de celui de corps de garde , parce que ce bas
Officier y commande au défaut d'autres Officiers.
Ce mor eft rire du françois , au lieu que celui de
Caporal qu'on y a fubftitué , & qui eft feul en
uiage parmi les honnêtes gens , eft pris de la langue
italienne. Voye^ les Dial.jur le nouveau langage ,
pag. iTi.
tORPORALlER. f. m. C'eft la boîte où on ferre
les corporaux qu'on met fous le calice. Corpora-
lium tlieca.
CORPORATION, f! f. fCF Corps politique , efpèce
de communauté dont tous les membres ne formenr
qu'un corps, qui ont un fceau commun, & qui
font qualifiés pour agir, acquérir , attaquer ou être
attaqués en juftice au nom de tous. On a levé
dans la corporation de Briftol cinq cens giiinées
. pour les frais du repas , & l'on paroît difpole à
. ne rien épargner pour rendre la fête brillante.
C'eft un mot anglois qui ne feroit pas mal dans
notre langue , ^fT d'aurant plus que nous n'en
avons point qui y réponde exaélement. Le mot de
communauté dit moins. M. Skiner harangua le
Prince d'Orange à Oxford aU nom de Incorporation,
Le Pour^ et Contre.
tORPOREITÉ , f f. terme Didadique , qualité de
ce qui eft corporel , qui conftitue un Corps. Corpo-
reitas. La corporéité deDieu étoit l'erreur capitale des
Anthropomorphites. Pluiieurs Anciens ont cru la
<ror/7ore//é des Anges. Tcrtullieneftforr éloigné de
tenir la corporéité de Dieu. Il eft manifefte que par
corps , il n'entend autre chofe que fubftance. Les
Mahométans reprochent aujourd'hui auxSamaritains
d'admettre la corporéité en Dieu. D'Herbelot»
'CORPOREL , ELLE , qui a un corps. Corporeus,cor-
^ poratus , corporalis, La fubftance fe divife en corpo-
relle, & fpiiituelle. Les objets corporels nous occu-
pent malgré nous , parce qu'enrrant par les fens , ils
fonr une impreffion plus réelle. Jaq, La fubftance
qui penfe eft trop au dcffus de la fubftance corpo-
relle, pour décider qu'il n'y a d'autre différence cn-
tr'elles qu'une modification, ou ime fituation diifé-
renre des parties. In.
fCF Corporel fe dit auffi de tour ce qui eft relarif au
corps, confidéré fous cette relation. Qualités corpo-
relles-, peine corporelle , &c.
On appelle plaifirs corporels , ceux qui n'affedcnt
que les fens , à la dillimSiion des fpirituels , qui fe
font fentir à l'ame.
CORPORELLEMENT , adv. à la manière du corps ,
d'une manière corporelle, qui a rapport au corps.
Corporum OTor^. Les Jurilconfultesdilént corpor aliter.
C O R
^27
Jesus-Christ eft réellement S<. corpcrelleme'm dan'»
le Sacremenr de i'Euchariftie. Dieu s'efr abaiflc yii-
qu'à l'homme , il nous a parlé corporellement te (jn-
liblement , lui, qui par fa nature ne parle point, &
ne fait que vouloir', &: que penfcr. Peliss. Purir
coiporeilement. On a pris policilion de ce bcnciice
réellement , corporelkmcnr. &; de fait.
CORPORENCE. f. f. Madame du Noyer a emploVé
ce mot pour CORPULENCE.
CORPORIFICATION. On dit auffi CORPORÏSA-
TION , f f. terme de Chimie. C'eft une opération
qui redonne aux clpntslemêmc corps , ou du moins
approchant de celui qu'ils avoient avant leur l'pi-
ritualifation. Redintegratio corporis.
CORPORIFIER. V. a. On a dit auffi CORPORISER ;
fixer & réduire en corps. In corpus cogère. Il cft dif-
ficile de fixer & de corporifier le mercOre.Lesfels vo-
latils le peuvent ramallér Hc corporifier.
0Cr C0RP0RIEIER lignifie auHi donner ou fuppofer
un corpsàcequin'enapoinr.ll y a eu des hérétiques
qui çorporifioient les Anges, Angeles corpmcos , cor-
poratos efje exijtimaianr.
CORPORU, U£, adj. vieux mot qui lignifie une
chofe qui donne beaucoup de prife , & a beawcoup
de corps. Les navires fonr pluséminens & plus cor-
porus que les Galères. M. Du Bellay,
§CrCORPS, f. m. fubftance ércndue, purement paffive
d'elle-même j capable de tou'rc forte de mouvement,
déforme & de figure. Elle eft compolce, fuivantles
Péripatéticiens, de matière, de forme 5i de priva-
tion : fuivantles Epicuriens f: autres Corpulculaires^
d'arômes entrelacés, accrochés les uns aux autres : i'ui-
vantles Cartéfiens 5 d'une certaine portion d'éten-
due. Corpus. Voyez Elément, Pp. incipe , Étendue.
Ce qui conftitue le corps phylique , ce font les
trois dimenfions , longueur , largeur &: profondeur.
M. de Ville imprima en 1680 à Paris un Traité fur
le jéntiment de Dejcartes , touchant l'cjjence & les
propriétés du corps , où il montre qu'il eft oppofé à
la doétrine de l'Eglife ; que ce font les mêmes prin-
cipes que ceux de Calvin & des Calviniftcs ; que ces
hérétiques en concluent qu'il eft impoffible que le
Corps de J. C. foit dans I'Euchariftie de la manière
que l'enfeigne l'Eglile Romaine ; &: que la conclu-
lion de Calvin feroit bonne , û le principe de Del^
cartes étoit vrai. La pénérration des corps eft abfurde
dans l'opinion des Cartéfiens. C'eft <à eux cà accorder
cette doiftrine avec ce que la Foi nous oblige de
croire du myftère de I'Euchariftie. Il eft aujourd'hui
des Philoibphes qui fe perfuadcnt & qui tâchejit
de periuadcr aux autres qu'aucun de nûus n'eft fiir
métaphyfiquement qu'il y ait des corps hors de nous ,
parce que, difent-ils, il fe peut faire abfolument &:
au moins par miracle, que les fenîations que nous
en avons foient dans nous-, fans qu'aucun corps les
ptoduife, & par l'opération de Dieu, qui excite en
nous ces perceptions. Il eft clair que ces prétendus
Philofophes ne devroient pas s'en tenir aux cor^'j,
& que s'ils penfent conlcquemment, ils doivent y
ajouter les âmes, & généralement tout ce qui exifte
hors de nous, & notre propre ^or/?^ ; & toures les
âmes que nous imaginons exiiter dans ces hommes
que nous croyons voir & entendre. Car je ne juge
que cet animal que je m'imagine voir & enrendrè ,
eft un ànimlai raifonnable ou un homme, qile par les
raifonnemens & les opérations fpiricuelles, que je
ih'imagine lui entendre faire; or Dieii peut au/li-
bien mettre en moi cette fenfation ou cette percep-
tion , qu'il y peut mettre celle du corps dans lequel
je luppofe qu'eft cette ame. Ainfi ces favans Philofo-
phes prétendent queje ne fuis fur métaphyfiquement
que de l'exiftence de mon ame , & qu'à l'égard de
tout \c reftc , rout ce que je ctois être dans l'Univers
corps & âmes , n'exifte & n'exiftera peut-être Jamais,
&: que ce n'eft qu'une illufion. En convenant avec
eux que dans le cas particulier où je puis ne pas être
fur méraphyfiquemeht qu'un autre être exifte hors
de moi, on ne peur s'ern pêcher de leur montrera qUe
s'ils reconnoilfent un Dieu , leur ptopofitiôrt g-éné-
c?z8 COR
raie, comme ils l'avancent , eft faufTe , abfurde , té-
méraire, & qu'elle détruit ce Dieu qu'ils prétendent
reconnoitre. Car s'ils avouent qu'il y ait un Dieu,
ilsreconnoiUént un être inrinimen: pariixit , infini-
ment bon, infiniment vrai, qui n'elt point un fourbe,
5c qui , comme il ne peut le tromper lui-même , ne
peut auffi tromper perlbnne. Cependant li de tout
ce que je crois voir au monde , enrendre , iéntir ,
il n'en eft tien , h rien de tout cela n'exilte, fi de-
puis zo , 50 , 40 , 50 , <Jo , 80 ans , & plus que je
crois voir ces choies , les fentir , les entendre , je ne
les vois , ne les entens , ne les fens point , celui qui
me les fait voir , fentir, entendre , qui excite en moi
ces perceptions , qui à chaque moment de ma vie
m'abufcnt , me trompent, me font illulîon, n'eft
point un Dieu , & il faut ou renoncer à Dieu , ou
renoncer à la propofition générale.
Et en efRtjquoique dans un cas particulier il puiffe
le faire que l'être que je crois cxifter hors de moi , n'e-
xille poinr -, il ne peut le faire néanmoins que l'état
dans lequel le Créateur m'a mis , toit un état perpé-
tuel d'iliufion, & que généralement ou prefque gé-
néralement ce que je crois voir, entendre, fentir hors
de moi , n'exifte nullement , que dans tous les mo-
niens depuis le commencement de ma vie jufqu'à la
£n, ou du moins prefque toujours, &c pour ainfi dire
habituellement &; par état , toutes ou même prefque
toutes mes perceptions ne foient que des Ululions ,
des tromperies. Cela, dis-je, ne peut fe faire, &
j'en fuis aufÏÏ fùï que je fuis fur que Dieu eft in-
finiment bon , vrai , fage , qu'il n'eft point un tourbe
ni un trompeur ; j'en fuis donc métaphyliquemcnt
{ûr. Et à quelle fin raifonnable & fage Dieu pourroit-
il en ufer ainfi 2 Et fi cette doélrine perverfé alloit
s'introduire , où en feroit la religion , &C que devien-
droient fes preuves î
^C? Le corps naturel & fenfible , c'eft-à-dire , en
tant qu'il eft formé par les caufes naturelles , & re-
vêtu des qualités fenfibfes, eft l'objet de la Phyiique.
Lecor^iconfîdéré par rapport aux trois dimenlions
eft l'objet de laGéométiie.
Les cor/'J naturels font animés ou inanimés, ^'oyt^
Ame.
Corps , à l'égard des animaux , fe dit de ce qui eft op-
pofé au principe de la penfée , à l'ame. C'eft cette
partie de l'homme & des bêtes qui eft compofée de
chair, d'os , de nerfs , &c. qui eft matérielle. On ne
peut affez admirer la Providence dans l'arrangement
des corps , & dans les différens organes qui compo-
fent la machine des animaux. Que d'ordre, que de
reflbrts , quede liaifonsl Maleb. L'ame n'eft point
la forme du corps humain ; bien loin que la vie ani-
male foit dépendante de l'ame , parce qu'elle ceflé
dès que l'ame en eft féparée, il arrive au contraire
que la demeure de l'ame dans le corps eft dépendante
■de la difpofition du corps , & qu'elle ne s'en fcpare
qu'après que l'ordre du corps eft interrompu. Roh.
L'ame & le corps font trop difproportionnés , pour
que les penlees de l'ame cauient des mouvemens dans
le corps : ainfi ces mouvemens réciproques ne pou-
vant être la caufe direéte l'un de l'autre , ils en font
l'occafion , ou la caufe occafionnelle. Dieu , à l'occa-
fion d'un mouvement du corps, imprime une penlce
à l'ame ; & de même .à l'occafion d'une penfce de
l'ame , il imprime un mouvement au corps. Par
conféquent Dieu eft comme le médiateur de tout le
commerce entre l'ame & le corps. C'eft toujours
Defcartesqui patle félon fes principes, & dont les
confcquences font terribles. L'union entre l'ame &le
corps eft fi étroite,qu'il ne fe paflê rien dans le corps
dont l'ame ne foit aulTi-tôt avertie. Val. Les Stoï-
ciens entreprirent de perfuader que les intérêts de
leur propre corps leur étoient indifFérens , & ils fe
retranchoient dans la partie fpirituelle d'eux-mêmes.
Sonefprit, malgré le poids des années &: des affai-
res , aconfervéfa force & fa vigueur dans les ruines
mêmes de fon corps. FlÉch. Dans la machine du
corps de l'animal les Auteurs de la trituration com-
parent le cerveau à l'arbre du prelfoir , le cœur au
COR
pifton, les poumons aux foufflets, la bouche à la
meule & aux pilons, l'eftomac au prefroir,les boyaux
au réiervoir, ou à la meule. Nigrilbli , dans fes con-
JideraUons jur La gerieration des corps vivans , traire
au long des caulés de la formation de nos corps , èc
de leur organilation.
§0° Le mot de corps , dans cette acception , peut être
confidére fous diiférens points de vue, & devient
fulceptible de différentes épithètes.
§C? L'homme eft compofé de corps & d'ame, du corps
& de l'ame. Coiuiatex mente 6* corpore Jimul unitis.
Quand l'ame eft fcparéedu corps , le corps s'appelle
cadavre.
0Cr Le corps confidére par rapport à la taille , à la
conformation ou à la figure, eft d'une taille petite,
moyenne ou grande , d'une conformation bonne ou
mauvaiié , d'une figure gracieulé ou défagrcable.
^J" Le corps confidére par rapport aux exercices dont
il eft capable , a plus ou moins de facilité à s'acquit-
ter de certaines fondtions-, facilité qui dépend de la
difpofition des parties organiques , & rél'ulte de la
concurrence accidentelle des caulés phyliques. Le
corps eft fou pie , dénoué , agile , ùc. ou il a les
qualités contraires.
'^fT Confidére par rapport à la fanté , il eft bien ou.
mal conftitué , forr, robufte, rigoureux, foible ,
fluet, délicat. Cor/75 exténué, cacochime , d'une
mauvaife pâte.
tjCJ" Dans la lutte , dans les combats, on fe prend, on
fe faifit corps à corps , on fe bat , on lutte corps à
corps.
|tT On dit encoie gagner quelque chofe à la fueur de
fon corps , c'eft-à-dire , en travaillant beaucoup.
Traiter durement , délicatement fon cor/'J. Faire des
folies de fon corps , en parlant des perfbnnes da
fexe , la même chofe que s'abandonner ; ftyle fami-
lier. A corps perdu , façon de parler adverbiale , qui
fignifie fans crainte du danger. Il fe jeta à corps
/7er</« dans la mêlée-, à (on corps défendant, mieux
qu'en fbn corps défendant. Faire une chofe à fon
corps défendant , contre fon gré , pour éviter un
plus grand mal.
Mais Fà^e dans fon ame a mis ce :^è/e ardent.
Et fon Jait qu'elle eji fage à fon corps défendant.
Mol.
03" Corps fe preijd aufTi par oppofition à l'efprit. On
dit, en ce fens , les plaifirs du corps ; pour dire , les
plaifirs qui n'affeéf cnt que le fens. Si l'homme n'a-
voit point péché, l'ame 8c les corps ne feroicntpoint
importunés par des defirs déraifbnnabics. Port-R.
Il eft beau qu'il fe trouve dans le Chriftianifme des
âmes fi détachées de la terre & d'elles-mêmes, qu'el-
les lémblent indépendantes du corps auquel elles
ibnt attachées , &c qu'elles traitcnr comme leur ei-
clave. Aead. Le corps tyrannife l'ame. Maleb. La
rébellion du corps dont nous fommes les efclaves,
vient du péché.
Quoi ! vous ne 'goûte^ pas
Cette union des cœurs où le corps n'entre pas î Mot
Ce n'ejiqu'à fefprit feulque vont tous les tranfports;
Et fon ne s' apperçoit jamais qu^on ait un corps. Id.
03" Corps , en termes d'Anatomie, fe dit de plufieurs
parties du corps de l'animal , que l'on défigne alors
par des cpithères particulières. C'eft ainfi qu'on dit ,
le corps calleux , les corps cannelés du cerveau , les
corps caverneux de la verge , le corps glanduleux du
foie , les corps mamillaires des reins , les corps pa-
pillaires de la langue , &c ; pour dire , une matière ,
une flibftance calleufe , les îubftances cannelées du
cerveau , &c.
fP? Corps fe dit aufîî de la partie du corps humain qui?|
eft entre le cou & les hanches. On dit, en ce fens,
un corps bien fait. Avoir le corps de travers. Il a le
corps bien fait , mais les jambes trop courtes.
fj3" On le dit plus particulièrement du tronc , delà
capacité du corps, PeSus , flomachus , thorax , ven-
ter.
COR
ter. ÎI â eu le corps perce de trois balles. Cet hoitime
eft fort gai quand il a une bouteille de vin dans le
corps, II fut tué d'un coup d'épée au travers du corps :
il fut ouvert, on lui tro'.iva un abcès dans le corps.
Les Médecins divilcnt le corps en trois ventres , ou
capacités, qui font la tète , le thorax, & le bas-
venrre. Ils appellent le rcfte les membres , ou les ex-
trémités. Les Maîtres en fait d'Armes divifent le corps
en trois parties, la haute comprend la tête , la gorge
& les épaules; la moyenne, la poitrine , i'cifo.nac
& le ventre fupérieur -, & la balle eft le ventre infé-
rieur, & au defîbus jufques vers les cuifles.
On dit fîgurément en ce fens , il faut voir ce que
cet homme a dans le corpj; pour dire, tacher à dé-
couvrir fcs fcntimens , fes opinions, ouluitàterle
pouls fur fa bravoure. Jfeclus animi , peniùorcs
COR
525)
animi receUus,
■.cffii
Corps glorieux fe dit de l'état d'un corps qui eft
dans la gloire célefte. Le corps glorieux ell im-
pailible.
On dit abufivcment & fimilièremcnt en parlant
■d'une perfonne qui eft long-temps fans éprouver
les befoins corporels , que c'eft un corps glo-
rieux.
Corps fe dit pour homme , perfonne j comme
en latin caput ; mais il ne fe dit que dans le ftyle
ou populaire ou familier , voilà un plaifant corps.
O le plaifant corps ! Lepidum caput ! Il ne fe dit
guère qu'avec plaifant , & le Traduéleur Fran-
çois du Speélatpur Anglois n'a pas bien fû Tu-
fage , quand il a dit, qu'il avoit entendu qu'on
dilbit de lui , voilà un bizarre corps ; il falloir
dire un bizarre perfonnage.
^CJ" On dit auiîi d'un homme qui n'a ni efprit ni
vigueur , que c'eft un pauvre corps.
Corps fe dit aufll des habits, des armes qui fervent
à couvrir certe partie du corps qui va du cou juf
qu'à la ceinture. Il faut ert'iyer ce corps de pour-
point, ce cor/' j- de jupe. Thorax, tuniciz thorax.
On dit un corps de cuiralfc , en parlant de la cui-
rafle même fans les armures des bras & des cuifles.
Lorica,
On dit , en termes de Palais , qu'un homme s'eft
obligé corps & biens ; pour dire, qu'il s'eft fou-
rnis à tenir prifon faute de payement. L'Ordon-
nance de i'^ôj a abrogé les contraintes par corps
après les quatre mois , pour les dertes civiles. On
peut feulement contraindre par corps nour dépens
civils , lorfqu'i's excèdent loo livres. Une femme,
bien qu'il femble qu'elle ne puilfe engager fa per-
fonne qu'à fon mari , eft prennbi? par corps , lorf-
qu'elle fair un commerce difti'tdï & féparé de ce-
lui de fon mari. On a j'tgc la contrainte par corps
pour intérêts réfiltans d'un procès criminel contre
une femme. C. B.
Un décret de prife de corps eft une Ordonnance
d'un Juge pour prendre prifonnier un criminel.
Décréta rei comrrehenjîo. On dit auifi une confif-
cation de corps & de biens : c'eft une fuite d'une
peine capital'. Une féparation de corps ik. de biens,
c'eft la réparation d'habir.nion qu'on accorde aune
femme confe (b-> mpti à caufe de (eijevices. Un
Geôlier répond d'un prifonnier qui eft à fa garde
corps pour corps.
^3" Corps (ignifie quelquefois corps privé de la vie ,
cadavre. Ouvrir , embaumer , enterrer un corps ,
jetter de l^eau bénite fur un corps. Diflcquer un
corps, faire l'anatomie d'un corps.
On dit dans la même lignification corps mort.
Cadaver. L s Juges font des procès-verbaux de
rét;'t des corps morts qu'ils enlèvent. Tertullien
a écrit un beau Traité de l.i rejurccllon des corps.
Quand les corps ne pourirtént point , on tient
en Occident cela pour marque que ce fonr des
corps .r-lorieux -, en Orient pour une marque qu'ils
font réprouvés , comme il paroît dans le Rituel \
des Arméniens, •
Tome II,
Que de corps emajfés ! que de membres épars ,
Privés dcjépulture !
Grand Dieu ! tes Saints /ont la pâture
Des tigres & des léopards. Racine.
Corps fe dit auffi des chofes qui ont plus de force,
de conlîrtance , de folidité que d'autres. Les ctoftca
qui ont bien du corps durent plus que les autres.
Panniis crafjior. Un papier qui n'a guère do corps
eft fujet à boire. Papyrus tentas. Les vins qui
ont bien du corps fe gardent plus long-temps.
'ifT Corps fe dit auifi , dans un fens figuré, de ce
qu'il y a de principal dans les ouvrages de l'art ,
de ce qui eft comme la bafe , le fondement -, la
principale partie fur laquelle pofent les autres ,
&: qui font à fon égard ce que les membres fonc
à ^ l'égard du corps. Le corps d'un navire eft le
bâtiment confidéré fans les ponts , les mâts , les
voiles , les cordages , les agrès. Un corps de car-
ro/fe eft la partie qui cil fufpendue. Un corps de luth,
eft la partie creule , confidcréc fans manche. Le
corps d'un édifice eft la grofTe maçonnerie prilè
fins la charpentcrie , la menuifcrie.
%fT On dir \z corps du folcil , d'une planète , iSr ;
pour dire , fon globe ou fon difque. On a dé-
couvert des taches dans le corps du foleil. On
voit des éminences & des creux dans le corps de
la lune.
Corps fe dit aufTi d'un bâtiment de fond en comble,
foit qu'il foitfépaté ou joint avec un autre. jEdium
rcgio , membrum. Il y a deux corps de logis dans
cette mailbn qui font joints par une galerie. Il a
loué un corps d'Hôtel féparé. En Italie on fait les
corps de logis doublés , à caufe de la chaleur ■■,
& en France, à caufe de la commodité. Il a fàic
bâtir un avant-cor/>j en fa mailbn , qui en faic
un grand ornement.
En Architedture , cor/jj fignifie encore toute par-
tie qui avance, &; qui excède le nud du mur ,
& qui fert de champ & de fond à une décora-
tion. On appelle corps de fonds celui qui porte dès
le bas d'un bâtiment avec empatemens & re-
traite.
Corps fe dit aufïî figurément de pluiîeurs chofes
ramaffees enlém.ble : premièrement de ce qui eft
enfermé en quelque enceinte. Le corps d'une ville,
d'une fortcreffe , c'eft- à-dire , la place elle-même
confidérée fans les dehors , fans les ouvrages qui
l'accompagnent. Pars urbis , arcis intima , urts
ipfa. On n'avoir attaqué Jufqu'ici que les dehors ,
maintenant on eft attaché au corps de la place.
Arx ipja. Ce petit fort eft hors de l'enceinte des
murs , &: détaché du corps de la place.
Corps fe dit auffi de plufieurs Ouvrages de même
nature , qui ont été recueillis , joints ^- reliés en-
femble. Corpus. Gratien a recueilli les Canons de
l'Eglilc , & en a fait un corps , qu'on appelle le
Corps Canoni.jue. Le Corps du Digefte , du Code,
& des Inftitutes. On a fait un corps des Poëtcs
Grecs , un de quelques Hiftoriens Romains. Du
Ch^ne a recueilli en un corps quantité de vieux
Hiftoriens François.
Corps de Doctrine, eft la même chofe que Syftême.
C'eft un amas de principes & de conclufîons qui
renferme ce qui fe peut dire, & ce qu'on doit la-
voir fur un fujet , fur une queftion.
On appelle le co'ps du livre, ce qui eft en ef-
fet le principal &: la fubftance du livre, à la di«
ftin(5lion des Préfaces , Exordes , Epilogues , Glofes j
Commentaires & Annôrarions qu'on y insère, Se
qu'on y mêle quelquefois. On dit aulfi d'une pièce
de théâtre que le corps en eft fait , quand on en
a fait le defîein , la diftribution , & qu'il n'y a plus
que les vers à faire.
En matière de devifes , on appelle le corps , les
figures qui en font le fujet : ce qu'on a peint pour
marquer la penfée ", & Wime c{i le mot qui donne
l'explication,
BBBBbb
^^o COR
Corps de délit , eft l'exiftence d'un délit qui fe ma-
nifefte cvidemnient , de manière qu'on ne peut dou-
ter qu'il n'ait été commis.
Il faut qu'il y ait un corps de délit qui foit
conftaté , avant qu'on puiilé condamner un homme ,
qui ilir de iimples prélbmptions , quoique très-
foLces , leroit accule d'avoii commis un crime.
En termes de Chirurgie , on appelle corfs étran-
ger ou corps étrange tout ce qui lurvient au corps
de l'animal contre "la nature , Ibit qu'il vienne de
dehors, comme le plomb, la bourre, uneécharde,
&c. Les corps étranges empêchent la conlblida-
tion des plaies.
En termes de Manège, on dit qu'un cheval a
du corps , quand il a beaucoup de boyau , beau-
coup de flanc , quand il a les côtes amples &
longues : & on dit qu'une telle nourriture fait bon
corps ; pour dire , le rend lain &c vigoureux ■■, qu'il
a tait corps neuf, lorfqu'il a été bien purgé , qu'on
1*4 mis à l'herbe. Cette dernière exprcllion fe dit
auiii d'un homme qui a eu une maladie qui a con-
fumé toutes Tes mauvaifes humeuts , ou qui a été
bien purgé.
Corps de Pompe , tetme de Méchanique. C'eft la pat-
tic la plus groHe du tuyau de la pompe , où le pi-
llon agit.
0CF Corps fe dit encore, en un fens figuré, de l'union
de plufieurs perfonnes qui vivent fous le même gou-
vernement & fuivent les mêmes loix , les mêmes
coutumes Un R.oyaume, un Etat eft un corps po-
litique. L'Eglife ed: un corps dont Jesus-Christ
eft le Chef invilible , Se dont nous fonimes les
membres.
§C? Dans cette acception , le mot de corps fe dit plus
particulièrement de certaines compagnies qui exif-
tcnt dans l'Etat fousTautorité publique. Ordo , cor-
pus,cœtiis. Cezte fage compagnie ne crut pas qu'il fût
de la dignité de fon corps de fe lallfer émouvoir par
les railleries. S.Evr. Dieua établi un ror/'j." vilîble ,
qu'il anime de fon efprit, & dans lequel il confervera
toujours la vérité. PoRT-R. Les Etats font compofes
du corps du Clergé , du corps de la Noblcife , du
cor/jj- du Tiers-Etat. Le Parlement, les Cours Sou-
veraines marchent en corps de Cour. On dit gé-
néralement des compagnies aflemblées , que ce font
des corps politiques.
On dit aulli le corps de ville ; pour dire, les
Officiers de la ville , qui font le Prévôt des Mar-
chands , les Echevins &c les Confeillers de ville ,
& le Procureur du Roi. CiviUs Magiflratus.
Les lix corps des Marchands à Paris, ce font
les Merciers, les Foureurs , les Epiciers, les Dra-
piers , les Bonnetiers & les Orfèvres. Les Mar-
chands de vin prétendoient faire le feptième corps.
Corps fe dit auffi de toutes les autres Communautés.
Le corps de l'Univerfîté. Acaiemia univerfa. Le
corps de Sorbonne , du Chapitre de Paris, Ils font
aflémblés en corps de Chapitre. Ce Docteur efi:
un des premiers hommes de fon corps. Les Curés
de Paris ne font point corps. Societas , corpus.
En termes de Géométrie , on appelle les corps
réguliers , ceux dont toutes les faces 5c les an-
gles font égaux. Ils ne font qu'au nombre de cinq :
le Tétraèdre compofé de 4 ttiangles , l'Odlaëdre
de 8 , l'Ifocaëdre de 10 triangles, le Dodécaèdre
de II pentagones, & le cube de 6 quartes.
Corps de Chriji , nom d'un Ordre ou Congréga-
tion Religieufe, Voye^ Christ. Grégoire XIII ,
fur les inftances qui lui furent faites par D. Jean
Baptilte Vallati de Folignf, pour lors Général,
réunir cet Ordre à celui du Mont Olivet. P. Hé-
LYOT , T. FI , C. IJ.
Corps, en ternaes de Guerre, lignifie un certain nombre
de Soldats , tant de pic que de cheval , unis &
marchans enfemble fous un Chef ■■, on a fait fortir
les garni fons pour en faire un corps d'armée. Exer-
citiis , agmen. Des troupes rangées en bataille font
divifées en trois corps. Tripurtiuo. L'avant-garde ,
l'arrière-garde , ôc le corps de bataille. Prima
COR
acies , pojlrema , noviffima acies , média actes. Le
corps de bataille, tant i.;r mer que fur terre , eft d'or-
dinaire la divifion du Commandant , laquelle fait
le milieu de la ligne. 11 y a auHi le corps de ré-
ferve , &c des corps détachés. Sutjidium , j'ubjl-
diariiz cohortes , fiiljidiarii.
Corps fe dit auifi des Régimens. Toute la Cavale-
rie fe divife en Compagnies franches , & en corps
de Régimens , qui lont plufieurs Compagnies , fous
un même Chef. Equitatus. Les premiers corps
d'Infanterie font les Régimens des Gardcs-Fran-
çoifes & Suilfes. Après marcheur les fix vieux
corps , qui font les Régimens de la plus an-
cienne création \ lavoir, Picardie, Piedmont ,
Champagne , Navarre , Normandie 8i la Marine,
Enûiite ibnt les fix petits vieux corps , qui ont été
établis peu de temps après, Pedejiris exercims ,
acies , peditatus.
Corps de garde , eft un pofte où on met des Sol-
dats qui veillent à garder une porte, un palfage,
un travail , & à tenir en fureté un quartier , un
camp , une place , Jîatio ; & on le dit tant des
Soldats qui y font poltés , & qu'on relève de temps
en temps , que du pofte même , foit qu'il foit à l'air ,
foit qu'il foit à couvert, Excuhicz , excubitores.
On avance un grand &: petit corps de garde bien
loin devant les lignes , afin d'être plutôt averti
de l'approche des ennemis. Le corps de garde d'un
vailîêau , eft la partie qui fe trouve fous le gail-
lart de l'arrière.
On appelle mots de corps de garde-, railleries
de corps de garde , plaifanteries de corps de garde \
des mots , des railleries , des plaifanteries grof-
fières , balles , impudentes.
Corps de garde retranché , petit corps de garde re-
tranché. C'eft un réduit pratiqué dans la gorge
d'un baftion , d'une demi-lune , d'un ravelin , (fc.
couvert d'un parapet , & environné d'un folfé , où
les Soldats fë retirent lorfqu'ils ne peuvent foû-
tenir l'aflau'c de la demi-lune. On pratique quel-
quefois de ces corps de garde dans le folfé. Alors
on creufe en terre un efpace à contenir un cer-
tain nombre de Soldats , qu'on relève d'un pa-
rapet où il y a de petits créneaux ou embrâfures
pour tirer.
Corps. ( Gardes du) font les quatre Compagnies
de Cavalerie qui fervent à garder le Roi. Régis
Jiipatorcs , corporis cujiodes. Et en général , Offi-
ciers du Corps, font ceux qui fervent auprès de
fa perlbnne facrée. Le carrolîe du Corps , le Co-
cher du Corps.
Corps , en termes de Fondeurs de caradtère d'Im-
primerie , fe dit tantôt d'un corps entier de ca-
raêlères, tantôt du corps d'une feule lettre.
CoRPs-/«or/, noni que les Matelots donnent à u" 3
pièce de bois mile de travers dans la terre , cC
où tient une chaîne pour amarrer les vail-
feaux.
Corps fe dit proverbialement en cette phrafe , on
l'a enlevé comme un corps faint. Voyez l'origine
de ce proverbe aux mots Banquier , & Caorfin,
Il y a plufieurs autres façons de patler où le mot
de corps entre , tant au propre qu'au figuré , & qui
font en quelque forte proverbiales. Par exemple ,
on dir] d'un homme qui travaille beaucoup , mais
dont le travail eft ingrat , qu'il fe tue le cœur &:
le corps. On dit qu'il fait litière de fon corps ;
pour dire , qu'il', ne s'épargne point : & qu'il fait
bon marche de fon corps ■■, pour dire , qu'il s'ex-
pofe facilement à toutes fortes de dangers. On
dit qu'un homme a le diable au corps •, pour dire,
qu'il eft méchant Sc furieux. On le dir aulfi pour
fignifier qu'il a beaucoup d'efprir & d'invention.
Je ne fai où il prend tout ce qu'il dit Se tout ce
qu'il fair , je crois qu'il a le diable au corps. On
dir d'un homme qui n'a ni efprit ni vigueur, que
c'eft un pauvre corps. Le pauvre corps ! On dit
aulli d'un homme tnalicieux , que c'eft un malin
COR
iorps -, & d'un homme plaifant & facétîeux , que
c'efl: un drôle de corps. On dit , cant que l'ame
me battra au* corps ; pour dire , tant que je vi-
vrai. On dit qu'un homme n'eft pas traître à Ion
i:orps ; pour dire , qu'il le traite bien , qu'il fait
bonne chère ; &: au contraire, qu'il cft ennemi
de fon corps •■, pour dire , qu'il fe donne trop de
peine, qu'il le refufeles chofes nécelliires. On dit
qu'un homme gagne Ion pain à lafueur de (on corps-,
c'eft-à-dire , qu'il vit de fon travail, ou de. Ion
induftrie. On dit plus ordinairement , à la fueur
de ion front : phrafe tirée de l'Ecriture, Gcn. III,
19. Infudore vultus tid vefceris pane. On dit qu'un
homme a fait corps neuf -, pour dire , que fon
corps s'efl: tout renouvelle par le rétabliflement de
fa fanté , à caufe des nouveaux alimens qu'il a pris.
On dit aulli des chevaux qu'on a mis à l'herbe ,
qu'ils ont fait corps neuf.
gCr On dit encore proverbialement & fîgurément ,
prendre l'ombre pour le corps ; pour dire , l'appa-
rence pour la réalité. On dit encore que l'envie fuit
la vertu , comme l'ombr-e fuit le corps.
tfT CORPULENCE, f. £ CorpuUntia. Volume du
corps , taille, état du corps confidéré , par rapport
à fa grandeur & à fa grolTeur. Un homme d'une
grofle, d'une grande corpulence. Les gens qui font
d'une grofle corpulence font fujets à plulîeurs in-
cpmmodités.
Sur le Commet de ce pulffant s,lobuls , ( un bol )
Je vis s'affeoir la Dée[je Santé ,
jlu teint vermeil, à ferme corpulence
A la dent Hanche , à F œil plein de gaieté ;
Et telle enfin qiCauJiecle d'innocence
Toujours les Dieux l'accordoient aux humains.
NOUV. CHOIX DES VERS.
^fr En Médecine, il efl: fynonime à obé/ité , & mar-
que l'état d'une perfonne trop graffe. Obefitas.
On dit auiTi , un homme de petite corpu-
lence.
CORPULENT, adj. Ce mot fe trouve dansPomey,
pour lignifier un homme qui a de la corpulence.
Obejus , corpulentus,
CORPUS, f. m. C'efl: ainfi que le peuple appelle
le pain à chanter fur lequel on peut fai^e la Con-
lecration,
CORPUSCULAIRE, adj.m.&f. qui eft relatif aux
corpufcules. La Phylique corpiifculaire eft celle qui
prétend rendre raifon de tout, pat le moyen des
corpufcules ou atomes ; qui cherche à expliquer les
différons phénomènes par la configuration , la dif-
polîtion & le mouvement des parties des corps.
£ffècïus naturœ per corpufcula explicans. Si la
Médecine n'a pas marché d'un pas égal vers la
perfeftion , il faut s'en prendre à la Philoibphie
fcliolaftique , amie des querelles & des difputes j
à la Physique corpufculaire , fertile en imagina-
tions •, à la Chimie , &c. Journal de? Savans.
La Philoibphie corpufculaire eft fi ancienne , qu'a-
vant qu'Epicure & Démocrite , avant même que
Leucippe l'eût cnfeignée dans la Gièce , il y avoit
un Philofophe Phénicien qui expliquoit tous les
phénomènes de la nature par le mouvement , la
oonformation , la difpofition des petits corps de
matière , ainfi que l'antiquité nous l'apprend. Cette
forte de Philofophie pourroit donc être appelée
Pliilofophie Phénicienne , à plus jufte titre que la
Philofophie Epicurienne. Harris.
M. Boile a réduit les principes de la Philofo-
phie corpifculaire à ces quatre points. 1°. Il y a
une matière univetfelle, qui eft une fubftance éten-
due , impénétrable & indivifible , commune à tous
les corps , & capable de toutes fortes de formes.
20. Que pour former cette variété immenfc de
corps naturels , il eft nécefifaire que cette matière
ait du mouvement dans quelques-unes , ou dans
toutes fes parties qui peuvent être défignées ; cjue
COR ^9 £
j c'eft Dieu créateur de toutes chofes qui lui a nrt-
prn-ne ce mouvement ; & qu'elle a tout-es ^ s ma-
nières de directions & de tendances ou d'efforts
qui peuvent être. 30, Que cette matière doit être
actucllemeut divifée en parties, & que chacune de
ces parties primitives ou fragmcns , qu'on appelle
atomes, a fa grandeur & fon volume particulier,
comme auifi fa forme & fa propre figure. 40. Enfin ,
que ces parties étant de diffcrente's grandeurs &.
différemment configurées, elles doivent avoit des
rangs, des fituations , des pofitions différentes;
d'où naît une variété prodigieufe dans la compo-
lition des corps. Harris. Ceux qui oiit écrit de
la Philofophie corpufculaire font Lucrèce, Dé-
mocrite & Epicure dans Diogène Lacrce, Gaffendi
& Dernier.
|p°_Ce mot qui s'eft d'abord appliqué à la doc-
trine , s'eft enfuite appliqué aux perlbnnes , & l'on
dit également Phyfique corpufculaire de Phyficiens
corpufculaires. Il eft auffi employé comme fub-
ftantif. FoyeiKTOMiSTi.
CORPUSCULE , f. m. atome ; petit corps ou pe-
tite partie d'un corps. Corpufculum. Les corpuf-
cules ne font autre chofe qUc les parties les plus
déliées, & les plus fubtiles de la matière. Val.
Il eft certain que de tous les animaux , il fe fait
une émiffion de corpufcules , dont il fe forme une
efpèce de tourbillon qui circule autour de la cir-
conférence du corps d'où ils émanent. Id. Cet
écoulement continuel de corpufcules impercepti-
bles fe fait par la ti'anfpiration , &: par les efpa-
ces vides qui fe remarquent dans la contexture
des corps. Id. Il y a dans la nature , une infinité
de corpufcules , dont nous en appercevons quel*,
ques-uns avec le microfcope , & les autres fuient
la vue la plus fubtile. A le bi-en prendre , ces cor-
pufcules font la même chofe que les atomes de
Gaffendi , & la matière fubtile de Defcartes.
CORPUSCULITE. f. m. Philofbphe qui admet
les corpufcules , les atomes. C'eft la même
chofe (\\CAtomifle. Les Ariftotéliciens & les Cor-^
pufculites font toujours prêts à s'égorger fur ;ie
plein ou fur le vide , llir la matière & fur la for-
me -, fur les principes des corps , & fur le derniec
terme des décompofitions , & tout cela fans fruit.
Ils bataillent entr'euxfur la meilleure manière d'or-
donner la matière , comme s'il étoit queftion de
créer le monde , ou de le gouverner. Il eft fuit , il
va fon train fans eux. To«t leur lavoir tend donc à
remplir les écoles de difputes , dont il ne nous re-
vient rien. Spectacle de la N'attire , t.\, p. ^^6 ,
■^47-
CORRADOUX ou COURADOUX , f. m. terme de
Marine. C'eft l'efpace enferme entre les deux ponts
des vaideaux.
CORREAUX , f. m. pi. On nomme ainfi à Bordeaux
une efpèce de bateaux , dont on fe fert pour dé-
charger les barques & autres bâtimens de fel qui
fe mettent en coutume pour être raillés au large.
CORRECIER ou CORROCIER , vieux mot. Fa^
cher, courroucer quelqu'un. Poéf.du Roi de N'av.
CORRECT , ECTE , adj. où il n'y a aucune faute.
On le dit principalement de l'écriture & du lan-
gage, Emendatus , cajligatus , expurgatus , mefldis
carens.'fZzx. h\.\x.ç.\xx. elt fort correct ; fon ftyle, fon
difcours eft fort correct. Cette copie eft corretle , il
n'y a pas une feule faute. Ce peintre eft fort cor-
rect ; il deffine fott jufte. On appelle un defîein
correct , un delfein dont les parties font bien ar-
rêtées , & leurs coruours exadement femblables à
ceux que préfente la nature.
Dans ce mot , &: dans tous les fuivans , commu-
nément , & dans l'ufage ordinaire , on ne pro-
nonce point deux rr , mais dans un difcours foûre-
nu , oratoire, ou déclamatoire, on peut les faire
plus fenrir qu'on ne fait dans le difcours ordi-
naire.
CORRECTEMENT , adv. d'une manière correde.
B B B B b b ij
93
COR
Emendaù. Ecrire, parler , deffiner correnement ,
fans faure. .
CORRECTEUR , T. m. q^ii corrige. Correclor , ertien-
dator. Les Magiftrats de Police font établis pour
être les correïLurs & réformateurs des_ abus de la
Police , des mœurs dépravées des habitans.
Correcteur , nom de charge &: de dignité cnez les
Romains. Cétoit un Magiftrat que les Empereurs
envoyoient dans les Provinces , ôc dont parle
Treb, PoUion , dans la vie Ai Teirujue père , c. 15.
Vopifcus, dans celle d'Aurclun, c. 59 , Europe ,
L. IX, c. 9. Foyei encore Saumaile fur Solin , p.
2>o6' M. de Tillemont remarque , Hijl des Emp.
T r,p. 3<J3, qu'ils étoient ]uges ordinaires avec
les Confulaires & les Prcfidens. L. Celius Rutus
avoir été correcteur de la Tofcane & de l'Ombrie.
DE TlLLEM.
Correcteurs des Comptes , font des Officiers de
la Chambre des Comptes qui marchent entre les
maîtres & les auditeurs , & qui font rétablis pour
réformer les erreurs qui le font gliflees dans les
comptes , lors de leur premier examen. Regiarum
rationum cognitores. La corredion des comptes
le faifoient ordinairement par des clercs ,^ avant
que les corrcaeiirs fulîent érigés en titre d'office.
Charles VI, par fon édit de l'an 141 o , créa deux
correcîeurs , pour la révifion & correélion des
comptes. On en a depuis fort augmenté le nom-
bre. Koyei le Guidon des financiers , & les Anno-
tations du corrccleur Gelée. L'emploi de correcteur
des comptes n'etoit d'abord qu'une commiffion. En-
fuite il a été érigé en titre d'office.
Correcteur d'Imprimerie efl; celui qui relit & qui
corrige les épreuves des livres qu'on imprime.
Correcior , emendator. L'avantage d'un livre efl: de
pafler par les mains d'un bon correcteur.
Correcteur , en termes de collège, eft celui qui châ-
tie & qui fouette les écoliers par l'ordre du Ré-
gent ou du Préfet.
Correcteur eft auflî dans plufieurs couvens , le
fupérieur qui régit , & qui gouverne le couvent ,
& qui efl: maître de la dilcipline des religieux :
tel eft le correcteur des Minimes , auquel néan-
moins , depuis quelque temps les Minimes eux-
mêmes commencent à donner le nom de fupérieur.
Dans l'ordre de Grandmont , on donnoit auffi au
treizième fiècle , le nom de correcteur au fupérieur
de la maifon,
S. Etienne de Grandmont recevoir les difciplcs
qui venoient à lui , à condition qu'ils ne lui don-
neroient jamais le nom de maître ni d'Abbé ;
mais feulement l'humble titre de correcteur. P,
HÉLYOT, T. Fil, p. ^lU
A l'exemple de ce faint , les fupérieursdumême
ordre ont auflî porté le nom de correcteur. Le
correcteur du monaftcre de Vincennes près Paris ,
étoit le premier viliteur de l'abbaye de Grand-
mont , chef d'ordre , Se confirmoit auffi l'élec-
tion de l'Abbé avec les Prieurs de Bois Rayer ,
du Puits Chévrier , & de Detfends, P. Hélyot ,
U. p. 414. Guillaume Treynac , V^ Prieur de
Grandmont, réduifit fi bien les convers qui exer-
çoient l'office de correcteurs aufli bien que les
clercs , qu'il leur donna l'exclufion pour toutes les
fupériorités des maifons de l'ordre. Id. /?. 41 (>.
CORRECTIF ; f, m. fC? ce qui a la propriété de
corriger , de tempérer. Corrigens , emendans.
^fT On le dit figurément en grammaire de tout ce
qui réduit un mot à fa propre fignification , une
penféc à fon vrai fens , comme les adverbes , les
propoiirions , les épithètes qui fervent à modifier
& rempérer l'acception , & généralement de tout
ce qu'on emploie dans le difcouis pour faire paf-
fer favorablement quelque propofition ou quelque
expreffion trop forte & trop hardie. Par exemple ,
s'il efl: permis de parler ainfi , pour ainfi dire, &
autres femblables expreffions. Cette propofition a
befoin de quelque correctif. Un orateur ne doit
COR
point hafarder un mot barbare , ou nouveau , fans
quelque correctif, ou adouciflement.
gcr On le dit aufli en Morale de Ce qui réduit une
adion à l'équité ou à l'honnêteté.
Vous fçavez le correc?i/imporrant & néceflaire,
dont on à eu foin de nous prémunir , pour ne
pas abufer de cette maxime. Bourd Exlwrt. T. I ,
p. 207. La honte du Fils de Dieu eft comme le
modèle ou le correctif à& la nôtre. Id. // 5/^. 75.
Correctif fe dit aufli en Médecine, de ce qui
tempère & adoucit les humeurs &c les médica-
mens. Temperamentum. La graille eft le correctif
des fels acres qui s'engendrent dans le fang. L'ef-
prit de vin eft le correctif àc l'efprit de fcl. L'anis
eft le correctif à\x féné , il difllpe les flatuolités qui
donnent des tranchées,
CORRECTION , f. f. adion par laquelle en cor-
rige. Correctio , emendatio. Les Magiftrats font éta-
blis , les loix font faites pour la correction des
mcEurs. Les États , les Conciles s'afiemblent pour
la correction des abus , le rétablilîement de lar^
difcipline.
Correction , pureté de la bngue. Obfervation
fcrupuleufe des règles de la Grammaire. L'exadi-
tudc tombe fut les faits & fur les chofes -, la correct
tion fur les mots. |p" H fe pique d'une grande
correction. Son ftyle eft d'une grande correction.
Les Anglois n'étoient pas encore parvenus du
temps de Waller à écrire avec correction. Voltaire.
Ce qui conftitue une lettre bien écrite , neconfifte
pas feulement dans la correction duftyle , &'c>
MoNTCRlF.
gC? Correction fe dit aufli de ce que l'on fait pour
rcdifier un défaut. Dans ce fens , le mot de cor-
rection regarde toutes fortes de fautes , foit en fait
de mœurs , foit en fait d'efprit ou de langage. On
dit qu'un ouvrage, foit de l'efprit, foit del'arr,
a befoin de correction ; qu'il y a des chofes qui de-
mandent correction ; qu'une correction eft bonne.
Un cenfeur cherche à s'élever au defllis de celui
qu'il cenfure par la fupérioritéde fa correction. S,
EvR. On dit en ce fens , correction , en matière
d'Imprimerie , & l'on entend par ce mot , les fau-
tes corrigées fur une épreuve. Voilà la féconde
correction de cette épreuve.
Dans l'Imprimerie , on appelle auflî corrections ,
ce que l'on écrit à la marge , ou à l'interligne
d'une épreuve ou d'un manufcrit pour les corri-
ger. AcAD. Fr.
Correction fe dit auflî d'une fimpîe admonition ,
d'un avertiflement de charité ou d'amitié. Admo-
nitio , animadverjïo. La correction fratetnelle eft
condamnée par l'Évangile ; mais elle doit être faite
avec prudence & modeftie. Les Supérieurs quel-
quefois convertiffent la corrt-ffion chrétienne qu'ils
ont droit d'exercer en une dominarion mondaine,
qui fait perdre le refped qu'on avoit pour eux.
Des corrections indifcrètes font quelquefois plus
de mal , que le vice même qu'on veut corriger,
ViLL.
// faut mettre le poids d'une vie exemplaire
A ces corrections qu'aux autres on veut faire.
Moi.
Tous les dévots de cœur font aifés à connaître ;
Ils ne cenfurent point toutes nos actions ,
Ils trouvent trop (T orgueil dans ces correélions. Id.
Correction fignifie encore amendement , change-
ment de maf en bien de la difpofition du cœur ou
de l'efprit. Morum mutatio in melius. On a beau
ftire des prédications , on ne voir point de cor-
rection , le peuple n'en profite point.
^ Correction fe prend encore pour châtiment ,
punition , & pour le pouvoir de reprendre & de
punir. Animadverjïo, cafligatio. Ainfi l'on dit qu'un
père ufe de correction envers fes enfans , un maî-
tre envers fes domeftiqucsj & que les enfans font
COR
fous la correction de leur père , les valets Tous celle
de leurs maîtres. On ne peut pas empêcher le mal
que font ceux qui ne font pas Ibus notre corrcUlon.
Les pères ont droit de correclion fur leurs enfans ,
les maris fur leurs femmes , les maîtres Air leurs
domeftiques , mais modérément.
%fT On appelle maifons de correclion , des lieux où
font enfermées par autorité de juftice , des perfon-
nes de mauvaifcs mœurs, ou qui fe comportent mal.
Il y a des maifons de correction pour les hommes ,
&; d'autres pour les femmes.
Correction efl auifi un bureau où les correcteurs
des comptes travaillent Se réforment les erreurs qui
fe font gliifées dans les comptes. Correctio , emen-
datio. On a mis le compte d'un tel à la cor-
rection \ c'cft-à-dire , on l'a porté en cette cham-
bre pour le voir & le réformer.
Corrections de quartier , en terme de navigation ,
font les méthodes par lefquelles on corrige les
récries de la navigation.
Cos-RECTioN , en termes de pharmacie , efl: une pré-
paration du médicamenr , pour en diminuer l'ac-
tion trop violente , comme quand on calcine' le
verre d'antimoine avec un peu de falpêtre , ou
pour empêcher les tranchées , comme quand on
diffout du fcl de tartre dans l'infufion du féné.
Temferatio.
Correction eft auffi un terme de Rhétorique, Cor-
ref7/o. C'eft une figure par laquelle on condamne
fes premières exprelfions , &: on les corrige comme
trop foibles. La correction augmente &: amplifie
le difcours. La correclion eft touchante & pathéti-
que , quand elle eft bien faite. Je l'aim» 5 que
dis-je 5 aimer , je l'adore.
Correction de dejjein, terme de Peinture. Les Pein-
tres fe fervent ordinairem.ent de ce terme pour ex-
primer l'état du dedein qui eft exempt de fautes
dans les mcfures. Cette correclion dépend de la
juftelfe des proportions &; de la connoiflance de
i'anatômie. de Piles. ^fT C'eft l'exaifle obfervation
des proportions , & la jufte difpofirion des figures
qui rendent le deflein correél , indépendamment
du coloris. Raphaël s'eft diftingué jjans la correc-
tion du deffein.
On dit adverbialement , Cznf correclion , ou fous
correction , par civilité , ou par refpeét , pour cor-
riger & adoucir quelque chofe qu'on a dit de trop
libre , ou qui pourroit offenfer quelqu'un. Pace
tud, tuâ bond veniâ , Honos dur ibus fit.
Les Avocats , en plaidant , difent ,y(r«/ou fous
correclion de la cour , ou Amplement , fauf ou
Cous correclion. Tout paffe dans le ftyle du Palais.
Partout ailleuts , cette façon de parler eft bour-
^eoife.
CORRECTIONNEL, ELLE , adj. qui appartient à
la correélion. Ai correctionem pertinens. Juri-
diélion correctionnelle. Cela ne feroit point ma-
tière de la juridiction correctionnelle. Il y a des fau-
tes foumifes à la juridiClion correctionnelle , que
plufieurs Chapitres font en poflefTion d'exercer par
leur officiai.
CORRECTOIRE , f. m. nom en ufage chez les Mi-
nimes. Correuoriiim. Le Correaoire eft un livre que
S. François de Paule a fair pour fes religieux , &
dans lequel il a mis les pénitences qu'il faut im-
pofet dans fon ordre pour les tranfgtellions des
commandemens de Dieu & de rÉglifejSc les pré-
varications de la règle. P. Hélyot , T. Fil, p. 417.
Le Correcloire fut approuvé par Jules II. Le P.
Thuillier , Minime , a donné une tradudion de
la règle, du corre&oire 8c du cérémonial , avec
des remarques hiftoriques llir ces trois ouvrages.
]D. Ibid. p. ^3.4.
CORRECTRICE , C. f. celle qui corrige. Ce mot
eft nouveau. Danet. Emendcttrix.
Correctrice, nom que l'on donne à la fupcrieure
d'un couvent de Religieufes Minimes. Correcîrix.
La différence qu'il y a entre les correctrices des Re-
ligieufes Minimes & les Ccrredteuts des Religieux,
Cor 9^:j
c eft que les correctrices ne font élues que tous les
trois ans,& que les corrcéleurs doivent être élus tous
les ans. P. Hélyot, T. f^II, p. ^j^6. Ce mot fe dit àt
même^ dans le Tiers-Ordre de S. François de Paule*.
CORREGENCE , f f. l'office ou la dignité de celuii
qui eft régent conjointement avec un autre;, Ils
portèrent le P. Sirmond fon confeifeur à lui pro-
pofer la corregence pour Monfieur avec la Reine*
M. DE LA Châtre , dans fes Mémoires.
CORRÉGENT , f m. régent conjointement avec un
autre. M. de la Châtre , dans fes Mémoires , fe ferr
de ce terme. Son Alteife I^oyale perdant toute
elpérance d'être corregent.
CORREGIE)OR , f m. nom d'un Officiet de juf^
tice en Elpagne , & dans les pays fournis à l'Ef-
pagne. C'eft le premier Officier de jiiftice d'une
ville ou d'une province , d'une juridiétion ; Sé-
néchal , Bailli. Proitor. La juftice fe rend dans les
terres d'Amérique foumifes au Roi d'Eipagne. Le
Corrégidor en eft le chef. Il a fous lui plufieurs
Confeillers & Avocats. Mém. de Tr, Quelques-uns
appellent en notre langue , le corrégidor , Gouver-
neur -, mais ce font deux charges diftinguées. Oïl
tâchera dabord d'engager le Gouverneur & le
corrégidor à rançonner la ville. Mém. de Tr, Les
corregidors&c les Gouverneurs amaffent en très-peu
de temps de grands biens. Le dernier corrégidor
qui mourut à Guiaquil , laiila à fes héritiers plus
de 500000 pièces de huir. Ibid.
Corrégir , en Efpagnol , fignrfie corriger , châ-
tier, &i corrigidor proprement correcteur.
CORRÉGIO , petite ville d'Italie , Capitale de la
principauté de même nom dans le Modénois. Corre-
gium. Elle fe rendit auPrince Eugène en 170«? j
elle eft à quarte lieues de Modène.
CORRELAIRE , m, vieux mot , falaire , loyer.
CORRELATIF, IVE , ^ff terme qui marque une rela-
tion commune & réciproque entre deux cho-
fes \ qui dcfigne deux chofes qui ont rapport
entte elles , & qu'on confidère par ce rapport.
Le père & le fils font deux corrélatifs. Pater &
filius mutub fibi refpondent. La lumière & les té-
nèbres , le mouvement & le lepos font des termes
corrélatifs 8c oppofés. Sunt duo correlativa.
CORRÉLATION , f. f. relation commune & iréci-
proque entre deux chofes. Il y a corrélation entre
le père & le fils , entre la lumière &: las ténè-
bres. La nature de (fF la corrélation confifte dans
le rapport de deux qualités dont l'une ne peut fe
concevoir fans l'autre.
CORRÉSO , f m. nom d'un oifeaU de l'Amérique,
Le corréfo eft plus gros qu'une poule d'Inde ordi-
naire. Le mâle eft noir , &: a une huppe de plumes
noires fur la tête. La femelle eft d'un brun-obfcur.
Les corréfos fe rtourriflent de baies , & l'ont aifez
bons à manger \ mais on dit que leurs os font
venimeux", delà vient qu'on les brûle i ou qu'on
les enterre , de peur que les chiens n'en mangent,
CoRRÉso eft un mot Efpagnol , qui fignifie coriace.
Ip- CORRESPONDANCE , f. f relation que des
Marchands ont enfemble pour leur commerce.
Cet homme a des correfpondances dans toutes les
villes de l'Europe, entretient des correfpondances
dans les pays étrangers. Il eft en correfpondance
avec telles &: telles perfonnes.
Correspondance fe dit aulTi des perfonnes avec lef
quelles on entretient commerce de lettres. Ma
correfpondance m'écrit. Mes correfpondances me
manquent. Ac, Franc,
03=" Correspondance fe dit aufTi des différentes
liaifons , ou relations que des perfonnes ont enil-m-
ble. Avoir correfpondance de lettres avec quclqu'im.
commercium habere litterarum. Entretenir corref-
pondance avec les gens de lettres ; je n'ai aicune
correfpondance avec lui. Nullius rei ùommerciurn
mihi cnm illo eft.
ifT Correspondance fe dit encore pour confor-
mité , accord entre deux perfonnes pour certaines
chofes. confenfus , confenfio. Il n'^ a point de
$.?4 COR
correfpondance d'humeur , ni de fentimens entre
le mari &: la femme. Le père a trouve dans fon fils
une pariaitc correfpondance à les intentions. On
le dit de même des rapports que les êtres peuvent
avoir entr'eux. On le dit de deux idées , de deux
mots, de deux chofes , iorlqu'elles oftt un même
rapport avec une troilicme à laquelle on les rap-
porte.
§3" CORRESPONDANT , f. m. terme de commer-
ce. Marchand qui ell: en commerce réglé avec un
autre , par le moyen duquel il exerce Ion négoce
d'une Place à l'autre. Ncgociorum procurator. J'ai
écrir à mon correffondarn , -mon correjponda/u me
mande que, &c.
IJCT On le dit généralement de celui avec qui on efl
en Société dans un commerce réglé de lettres ,
foit ponr affaire , foit pour nouvelles. Je luis in-
formé de tous les événemens qui peuvent être de
«quelque coulëquence. Mon correfpojidam me
mande les cliofes avec autant d'exaditude que de
fidélité. Ille qui curn mihi litterarum commercium
efi , &CC.
§Cr CORRESPONDANT, ANTE, adi. qui s'appli-
que à des chofes qui fe correfpondent. Voyez ce mot.
, Angles correfpondans , lignes correfpondanles. Sihi
mutuo refpondentes.
^ CORRESPONDRE , v. n. répondre de fa part,
faire réciproquement de l'on côté ce que l'on doit.
Rej'pondere alicui in aliqua re. Les enfans ne cor-
rej'pondent pas toujours aux defléins de leurs pères
pour leur fortune , ou pour leur éducation. Les
Amans fc plaignent to4jjburs que leur Maîtrclîc
ne correspond pas à leur paillon. Faites ce que vous
pourrez pour cette affaire , j'y correspondrai de ma
part. Correfpondre à la grâce , aux infpirations
que Dieu nous envoie.
^fT Correspondre lignifie auili avoir du rapport,
de la conformité , de la proportion , fymétrifer.
Convenire , congruere. Ces deux pavillons fe cor-
refpondent , font fymétrie.
CORRIDOR , f. m. terme de fortification. C'cft
un chemin fur le bord du fofle en dehors, qui fait
tout le tour des Fortifications de la place. Imini-
tiens fofja: ponicus , via propier foffdm terreno ag-
gere teaa. On l'appelle autrement c/zt'OTi'racoavt'rf,
&: même ce terme cil plus ufîté, parce qu'il eft
couverr du glacis , ou efplanade qui lui fert de pa-
rapet. Le corridor ell large ordinairement de trois
ou quatre toifes.
Ce mot vient de l'Italien coridore , ou de l'efpa-
gnol coredor. Quelques-uns difent couridor.
Corridor, terme d'architeélure , eft une galerie,
étroite autour d'un bâtiment , qui conduit à plu-
lieurs chambres dégagées l'une de l'autre. Opcrium
iter ex altéra parte dormis in altérant.
^J- CORRIGER , V. a. c'eft en général reiftifier ou
montrer la manière de reélifiet les défaurs foit
en fait de mœurs , foit en fait d'efprit & de lan-
gage. Corrigere, emendare. On le dit des perfonnes
& des chofes , on ne corrige pas celui qu'on pend ,
dit Montagne : on corrige les autres par lui.
L'expérience prouve qu'on ne corrige perfonne ,
&C que l'exemple eft en pure perte. Prenez garde de
ne point irriter celui que vous voulez corriger : fi
vous le reprenez avec chagrin , c'eft le ftyle de la
haine , plutôt que de l'amitié. Vill. L'Evêque
doic cenfurer en père qui corrige , & non en en-
nemi qui fe venge. Herman. Là morale ne s'oc-
cupe qu'à corriger les déréglemens du cœur. S.
EvR.
Sans dire , comme vous , des injures aux gens ,
Molière a corrigé les vices de fon temps.
Pradon.
^C? On corrige les vices des hommes & les défauts
d'un tableau , d'un deflein, &c. J'avois fait le plan
de ma maifon , un tel me l'a corrigé , le maître cor-
rige les coHipcfitions de fes écoliers. On corrige
COR
rîmgrelTîon d'un livrg , on corrige les épreuves.
Voyei Correcteur , Correction , ÉpREuvEs.On
corrige une copie fur l'original.
ÇCF Corriger fe dit auffi en fait de mœurs & de
conduite , dans la lignification de réprimander ,
châtier. Cafiigure , animadvertere in aliquem. Les
fupérieurs font en droit de corr/§'<;r leurs inférieurs,
un père corrige fes enfans , un Prieur corrige fes
religieux , un régent corrige fes écoliers.
Corriger , fignifie auiTi tempérer. Temperare. La ref-
pirarion corrige, tempère la chaleur de la poitrine.
Corriger les humeurs peccantes. Il faut corriger la
crudité de l'eau avec un peu de vin. On peut cor-
riger l'influence des aftres malins. Bon.
1^ Ce verbe eft encore employé dans la fignification
de réparer. C'eft ainfi que l'on dit Corriger l'injuf-
tice du fort , de la fortune. Les latins on dit de mê-
me , corrigere curfu tarditatcm. Réparer fon retar-
dement à force de courir.
Non , il faut à tes yeux dépouiller l'artifice ,
Je fus de mon dejlin corriger l'injufice.
Racine,
CORRIGER, avec le pronom perfonnel , fignifie,
devenir meilleur, s'amender , fe défaire de fes dé-
fauts , de fes mauvaifes habitudes. Ad bonam fru-
gemfe recipere, in melius rnutari.Vcu de gensfont af^
fez raifonnables peur vouloir bien fe corriger. M,
ScuD.
Si-tôt que fur un vice ils penfent me confondre ,
Cefl en me corrigeant que je f ai leur répondre.
Bon,
On dit proverbialement,' Avocat, corrige:^ vo-
tre plaidoyé ; pour dire , changez de langage , par-
lez avec plus de circonfpedlion , plus de fagefîe ,
plus de vérité. Ce qui vient d'une ancienne formule
de prononcer des appointemens , qu'on obferve en-
core dans les Provinces où l'on ordonne que les
Avocats corrigeront & remettront. On dit aufli pro-
verbialement , corriger Magnificat à Matines; pour
dire , repramdre mal à propos. Ac. Fr.
03° Nous joindrons ici les remarques de M. l'Abbé
Girard fur la vraie fignification des verbes corriger ,
reprendre , réprimander que l'on confond fouvent
dans l'ufage ordinaire.
gCT Celui qui corrige montre , ou veut montrer la
manière de redlifier un défaut , celui qui reprend-
ne fait qu'indiquer ou relever la faute ; celui quî
réprimande prétend punir ou mortifier le coupable.
fSB' Corriger regarde toutes fortes de fautes , foie
en fait de mœurs , foit en fait d'efprit ou de lan-
gage. Reprendre ne fe dit guère que des fautes d'ef-
prit 5c de langage. Réprimander ne convient qu'à
l'égard des mœurs &: de la conduite. Il faut favoir
faire pour corriger. Peu de gens favent corriger :
beaucoup fe mêlent de reprendre : quelques uns
s'^viCenv^de^ réprimander fans autorité.
■CORRIGÉ , ÉE , part. Il a les mêmes fignifications
que fon verbe , en latin comme en francois.
CORRIGIBLE, ad), m. & f. Qui fe peut corriger.
Qui , ou quod emendari , corrigi potefl. Il n'eft
guère en ufage qu'avec la iK'gative. Cet homme n'eft
pas corrigible. Cette faute d'imprellion n'eft plus
corrigible , car la forme eft rirée à fonds. On le
dit plus ordinairement des mœurs.
CORRIGIOLE , ['. £ plante qu'on appelle autrement
renouée. Voyez Renouée. On l'a nommée corri-
giole du latin corrigia , courroie , à caule qu'elle
eft fi longue &c fi pliante , qu'on en pourroit faire
une courroie. Polygonum,
CORRIVAL, f m. vieux mor relatif, qui fignifioit
otiginairement celui qui tiroit de l'eau d'une mê-
me fou rce qu'un autre , qui la conduifoit par un
même canal pour la faire venir liir fes terres, & pour
cela avoir fouvent conteftation avec lui. Rivalis ,
(cmulus. Depuis on l'a dit de ceux qui ont les mt-
COR
mes prétentions , qui aipirent en même temps à la
mcme choie , qui aiment une même t'emme •, au
jourd'liLii il n'eft plus d'ulage. On dit rival dans la
même fignification.
CORROBORATIF, IVE,ad). terme de Médecine,
qui donne ou augmente les forces. Corroborant,
Tous les cardiaques ibnt cor roboratifs. Des tablet-
tes , des poudres , des potions corruboratives,
C0RR0B0B.ATIF cfl: aulfi quelquefois ilibftantil-". Phar-
maciim , mcdicamentuni corrotorans. Cet hom-
me a be.'bin de bons corroboratifs.
CORROBORER, V. a. fortifier une partie foiblc, ou
malade. Corroborare. Il y a plulicurs remèdes qui
corroborait les parties débiles. Il fe met quelquefois
abfolument. Le vin fert à corroborer. On le dit
principalement des alimens , fie de l'homme feule-
ment.
Corroboré , ée , part.
CORRODANT , ANTE , adj. le même que Cor-
rosif.
COR.RODER , V. a. ronger petit-.à-petit. Corrodere.
Il fe dit de la vermine à l'égard des grains. On le
dit aufîi des acides à l'égard des autres corps na-
turels , des humeurs malignes & des chofes qui par
une certaine acrimonie ou pat une qualité cau-
ftique rongent les patries des corps. Les vers cor-
Todait les blés , les étoffes. L'arlénic tue , parce
qu'il corrode les boyaux avec fes petits atomes aci-
des & pointus. L'eau forte corrode les métaux &
les ronge. Ce mot eft en ufage en Médecine , en
Chimie , dans les iciences naturelles , & dans quel-
ques arts.
Corrodé , ée. part.
%fj CORROI , f. m. façon que le corroyeur donne
aux cuirs pour les rendre propres aux ufages aux-
c|uels on les deftinc. Voye^ Corroyeur & Cor-
royer.
^CT CoRROi , en architedure hydraulique , fignifie
auffi un raaffif de terre glaife propre à tenir l'eau ;
en ce fens on dit , faire un corroi. C'eft par le
moyen des corrois que les bafTms & les fontaines
retiennent l'eau.
CORROI. Voyei CouRROi.
CORROIS,f. m. vieuxmot. Ordre de bataille. ^c/«.î,
acies injlnicla. Et l'Empeiètes Alexis les attendoit
à granz batailles , & à granz corroii de l'autre part.
ViLLEHARD , 112-%°,
On écrivoir aufTi conroy. La Chronique de Flan-
dre , ch. 7-'. Et tantôt fe mirent les François en
conroy. "Lq Traité manufcrir des Tournois des Che-
valeirs de la table ronde : & ainlî pat ceft ordre fe
mêloient tant qu'il y avoit de batailles ad ce que
les conrois eftoient aflemblés. Guill. Guyart.
Toute la. sent que H Roi a ,
Et qui s'ejt a lui arree ,
Se tient d'autre fart ferrée.
En conroi nul ne s'en ejioche,
Voyei Spelman 5i^ la Glofe de Sommerius fur les
Hifi. d Angleterre au mot corredium. Du Frêne ,
Gloffaire de Villehardouin.
CORROMPRE. V. a. Je corromps , je corrompis ,
j'ai corrompu , je corromprai , que je corrompe ,
que je corrompijfe. Altérer la nature de quelque
chofe , la gâter , la changer en mal. Corrumpere ,
vitiare. La fièvre en peu de temps corrompt touzç
la maffe du fang. La grande chaleur corrompt la
viande.
Corrompre , dans ce fens , avec le pronom perfon-
nel , fignifie , fe gâter, fe pourrir. Corrumpi, vi-
tiari. Les fruits d'cté fe corrompent , fe gâtent ailé-
rnent. Si le grain ne meurr , & ne fe corrompt
dans la terre , il ne fe multipliera point , dit l'E-
vangile.
Corrompre (îgnifie quelquefois , dans les arts mécha-
niques , changer fimplement la forme. Deformare.
L'emballage corrompt la forme d'un chapeau. La
COR
-V 9 ? T
couverture d'un livre le corrompt , lorfqu'il eft trop
manié. .
Corrompre fc dit fîgurément dans cette /îgnifica-
tion. unniutiire, adnhsrare. Les Hérétiques cor-
rompent les textes , les palfagcs de l'Ecriture , c'eft-
à-dire, les altèrent, les tronquent , les changeur.
Cet AvocTUcorrompt les Loix , les détourne dc'leuc
vrai fens. Lvrrompre \d.Loi du Seigneur. Pasc. Il
n'y a rien que la crainte & la flaterie qui corrom-
pent la vente de l'Hifloire. Du Rier.
Corrompre lignihe au(ii faire faire à quelqu'un une
chofe contie Ion devoir. Jliquem corrumpere, ali-
cujus jidem pretio labefictare. Le Gouverneur de
cctre place s'eft laiilc corrompre par argent. Les pié-
fens & la beauté corrompent les Juges. Quelque al-
cendant qu'on eût fur lui , on pouvoir le prévenir ,
mais non pas le corrompe. Fléch. Le plailir que
les pallions font à l'efptit le corrompent en Icut fa-
veur. Maleb. Les Leéteurs fontd'oidinaire gagnés
fie corrompus par les manières libres & naturelles
de Montagne. Id. Voilà des témoins qui ont été
corrompus & fubornés.
Corrompre toujours, dans le fens métaphyfîque, fi-
gnifie dépraver , changer de bien en mal. Depra-
vare alicujus animum , mores corrumpere. La beau-
té , toute innocente qu'elle cil , ne lailîe pas de
faire des coupables , ^ de corrompre les regards.
Flech. L'oiiiveté corrompt les plus généreux cou»
rages. S. Evr. La llatterie corrompt la vertu , & la
médifance la déctie. Fléch. Il y a du danger à re-
tenir dans le monde des âmes tendres & fragiles,
que la préfence des objets peut corrompre , Si qui
fepoutroient fanélifiet dans la rettaite. C B. Les
cajoleties de ce galant ont corrompit cetts fille, il
a ttiomphc de ion honneur.
Non , je ne fuis pas étonné ,
Que ton perfide cœur, au vice abandonné y
Corrompe ta raifon par de fa.ujjes maximes.
L'Abbé Tétu.
gCFCORROMPRE fe dit, dans lesAtts mcchaniques ,
avec le pronom perfonnel ainii qu'en parlant des
mœurs , du langage. Mon chapeau commence à fe
corrompre ; les mœurs fe corrompent ; la langue
latine commence à fe corrompre. Dans toutes ces
acceptions , le mot corrompre préfente l'idée d'un
changement de bien en mal.
On dit , en termes de l'Ecriture-Sainte , que toute
chair avoit corrompu fa voie -, pour dire , que rous
les hommes s'étoient abandonnés à toutes lottes
de ciimes. Acad. Fr.
Corrompre fe prend aufîi pour gâter , diminuer ,
troubler. Turbare , perturbare , imminuere.
Adieu donc , fi du plaijir ,
Que la crainte peut corrompre.
La Fontaine,
Corrompre eft auflï un terme de Corroyeur , qui
fignifie , faire venir le grain à un cuir de vache
par le moyen de la pomelle. Corrompre la vache.
CORROMPU , UE , part. & adj. Corruptus, depra-
vatus , adulteratus. Un mot corrompu par l'ufage.
Un lîècle corrompu &c dépravé. La raifon humaine
efl trop corrompue pour s'abandonnera fa conduire.
S. Evr. Les perfes abattus pat lamollefTe, &C cor-
rompus pat les délices , ne purent s'oppofer à la
chCire de leur Empire. Vaitg. Les hommes font tel-
lement corrompus , que ne pouvant les faire venir
à nous , il faut bien que nous allions à eux. Cette
erreur fe répandit en peu de temps par l'intL*Ili-
gence qu'elle ttouva dans les inclinations corrom"
pues des hommes. Nie. Une chair corrompue SC
pourrie.
Corrompu efl quelquefois fubftantif , & alors il fi-
gnifie , un homme débauché , & dont les maximes
& les mœurs font corrompues. Ceft un vieux cor-
rompu, ^^ Cette expreflion eft empruntée de ce
^-^^ COR
qui Te pafle dans la gangrène du corps , & tranf-
pontéeà l'état de l'anie -, ainli, dilent les Encyclo-
pédiftes , un cœur corrompu eft un homme dont
les mœurs l'ont aufli mal laines en elles-mcmes ,
i]u'unc fubRance qui tombe en pourriture ; & aull:
choquantes pour ceux qui les ont innocentes & pu-
tes , que le IpeClacle de cette lubftance , & la va-
peur qui s'en exhale , le l'eroient pour ceux qui au
roient les lens délicats.
CORROR , V. n. mot du vieux langage , pour dire ,
tomber. On trouve dans Villehardouin -.Je lau cor-
ror, pour le laillcr tomber. Ce mot vient du latin
cornière.
CORROSIF, IVE, adj. qui corrode, qui ronge les
parties lut lelquelles il eR applique. Voys^ Cor-
roder. Rodens, jlypùcus. Le vitriol calciné , l'alun ,
le iublimé &C l'arlcnic font corrcjifs , à cauie de
l'acrimonie de leurs parties. Tous les remèdes caus-
tiques font corrofifs, acres ^^ mordicans. Il efl: auili
fubftantif. Le Chirurgien a mis un corrojif for la
chair morte.
CORROSION , f. £ a^ion & effet de ce qui corrode.
Corrofio. On a vu en ouvrant ce corps , les marq'je?
du poifon pat la corrojion des parties. ftCT Ce
terme , ulité en Phylique 6c en Médecine , eft nc-
cellaire dans l'ulage ordinaire, & ne peut être
remplacé par un autre.
CORROYER , V. a. terme de Corroyeur, donner la
dernière préparation au cuir après qu'il efl lorti
de la tannerie. ^ Cette préparation conlifte à ks
•parer, repallcr , ratillér , adoucir &: à les renare
par-là phis propres aux diiïerens ulages auxquels
on les dcftine. C«riumj'utigtre, polire. Les Orien-
taux lavent mieux corroyer les cuirs que ceux d'Eu-
rope. Ils ks lavent mieux teindre , ratilTer, amollir
Se rendre plus maniables.
Corroyer fo dir aulll d'une préparation qu'on donne
à de la terre glaile , en la pétrifiant & la remuant
pour la rendre propre à retenir l'eau, qurmd on en
fait des bâtardeaux, ou des ballins de tontaine.
Suhiosre argillam,
^Cr On dit en ce fens, corroyer un baflln, un canal,
&c. Y foire un niallif de terre glaile pour retenir
l'eau.
Corroyer, en termes de menuiferie, fignifie préparer
du bois pour le rendre propre A mettre en œuvre
en toutes fortes d'ouvrages : c'eft le raboter &: l'c-
quarir à l'cquerre. Polire, levigare.
Corroyer le fer & l'acier , terme de Serrurier, c'eft
le battre à chaud , quand il fort de la forge prêr a
fondre -, l'étendre &: le plier plulieurs fois Tous le
marteau , afin de le purifier , & le rendre propre
à faire des rafoirs &c autres tranchans. Ferrum ca-
lens tundere.
Corroyer le mortier, terme de maçonnerie. C'eil
mêler bien la chaux Se le lable par le moyen du
rabot. Jrenâ calccm mifcere. Plus on corroie le
«lortier, meilleur il eft.
CORROYEUR , 1". m. artifan qui corroie les cuirs ,
qui leur donne la dernière préparation pour les
mettre en œuvre, qui les teint, qui les amollit, qui
les graille. Coriarii/s. Autrefois on écrivoit Si on
prononcoit Conroyeiir.
JPORRUDA ou CORRUDE , f. f plante qui eft une
efpèce- d'afperge , 5c qu'on af pelle afperge fcwvage.
Elle jette des verges dures , blanches &c ligneulés ,
qui croilîent à la hauteui d'un homme. Ses feuilles
fortent cinq ou fix d'une même pointe : elles font
■dures , courtes &c fort piquantes , de forte qu'on
devroit plutôt les appeler des épines. Ses fleurs font
petites , pâles , compofoes de fix feuilles &c d'une
odeur agréable. Elle croît patmi les haies 5: les
broulfailles. Jfparagus foliis aciitis ou corruda.
Les tiges de la corrude lâchent le ventre , Se font
uriner" La décoétion de fa racine prile en breuvage
eft bonne pour la difficulté d'uriner , la jaunillé ,
la douleur des reins Sr la fciatique. Voyei Aspergf.
|3° CORRUGATION, f. f état d'une choie ri-
dée. Rabelais s'eft fervi de ce mot.
COR
CORR.UMPABLE , adj. m. Se f. vieux mot. Cor-
ruptible. Corruptibilis , e.
CORRUPTEUR, f. m. f/CJ" Qui corrompt les au-
tres. Ce mot ne fe dit point au propre. En mo-
rale c'eft celui qui porte dans les mœurs des au-
tres la dépravation qui règne dans les liennes.
On le dit des mœurs , de l'efprit , du goiit. •
Corruptor. Les libertins font d'un dangereux com-
merce : ce font des corrupteurs de jeunelfe. Le
mauvais uiage eft le grand corrupteur des langues.
Il ne faut pas envelopper la bonté des choies
que l'on corrompt avec la malice des corrupteurs.
Mol. Les Déclamateuis ont été les premiets ccr-
rupteurs de l'éloquence. S. Evr. Epicutc a ban-
ni du jardin, où il philofophoit avec fes amis,
les corrupteurs de fa iage volupté. Id. C'eft un
corrupteur de jeunefle. Maucr. C'eft un inlignc
corrupteur de l'écriture. Id, Adulator. Voyez
C0R.RUPTRICE. ^
CORRUPTIBILITE, f. i. qualité |>0° par laquelle
un corps phylique eft fojct à corruption. La cor-
Tuptibi'.itè eft attachée à tous les corps. Hoc ha-
hent omnia corpora , ut corruptioni oboxui JiJit.
CORRUPTIBLE, adj. m. Se f Qui eft lujet a cor-
ruption. Corruptioni obnoxius. Tous les corps
fublunaires font corruptibles. Il n'y a que l'anis
railbnnable qui ne Ibit pas corruptible , parce
qu'elle eft Tpirituelle.
Corruptible fe dit aulfi au figuré , Si fignifie ,
qui fe lailfe Icduire Se entraîner à faire des cho-
ies contre fon devoir. Mais il eft plus en ulage
avec la négative qu'avec l'affirmative. Ce juge
n'eft pas corruptible.
Corruptibles, nom de Sedle. Voye^ Corrupti-
COLES.
CORRUPTICOLES , nom d'Hérétiques , ou d'une
Secte Eutychienne. Corrupticohz. Les Corrupticoles
font des hérétiques Eutychiens , qui commencè-
rent vers l'an 551 de Jelus-Chvift-, it. qui eurent
pour chef Sévère , faux Patriarche d'Antioche.
Cette Sedfe naquit en Egypte ; car Sévère s'étant
retiré à Alexandrie , y foutint que le Corps de
Jefus-Chrift étoit corruptible; que les Pères l'a-
voient reconnu; que le nier, c'étoit nier la véri-
té de la Paillon du Sauveur. D'un autre côté
Julien d'Halicainalfe , aurre Eutychien réfugié
audi en Egypte , Ibûtenoit que le Corps de Je-
fus-Chrift a toujours été incorruptible ; que de
dire qu'il croit corruptible , c'étoit admettre de
la diftincfion entre Jel'us-Chrift Se le Verbe , Sc
par conlequenr deux natures en Jellis-Chrift. Le
peuple d'Alexandrie fe partagea entre ces deux opi-
nions; Se les partifans de Sévère furent appelés
Corrupticoles , c'cft-à-dire. Adorateurs du corrup-
tible, ou de celui qui a été corrompu; car ce
inor eft formé de corruptus , corrompu , Se de
colo , j'honore , j'adore. Pour les Sediateurs de
Julien, on les nomma incorruptibles, ou Phan-
nfiaftes. Quelques Auteurs appellent aulfi quel-
quefois les Corrupticoles lîmplement Corruptibles.
Le Clergé ( d'Alexandrie ) Se les Pailîances fécu-
lières favoriibient Théodofe , homme de lettres ,
dilciple de Sévère , Se de la Secfe des Corrupti-
bles ; mais les Moines Se le peuple étoient pour
l'Archidiacre Gaïcn, difciple de Julien, S>c delà
Sedle des Phantaliaftes. Fleury.
IJCF CORRUPTION, f. f. changement confidcra-
ble dans la llibftance Se dans les qualités clFen-
tielles d'un corps, par lequel il celfe d'être ce-
qu'il étoit. Se devient un nouveau compofo ; un
œuf corrompu devient un poulet. Corruption dit
plus qu'altérarion. Voye^ Ce mot.
IJCF C'eft dans ce fens que le prennent les Philo-
fophes quand ils dilent que la corruption d'une
chofe elt la génération d'une autre. Corruptio
unius efl generdtio alterius.
f)Cr C'eft" une erreur de l'ancienne philolbph'e de
croire aue les inleules s'engendrent de corruption.
Voyez GÉNÉRATION.
ïfT Dans
COR
{k3* Dans le Cens vulgaire corruption exprime, ou-
tre fon idée principale, celle de dépravation,
de purréfadlion & de puanteur. La gangrené eft
la corruption des chairs. Les abcès viennent de
la corruption des humeurs. Ce cloaque infecte
tout le voifinagc par fa puanteur & fa corruption,
La pelle n'eft qu'une corruption de l'air, t^utre-
do , fœtor.
Corruption fe dit figurément de la dépravation ,
& du dérèglement des hommes , des abus , '6' da
mauvais ufage des chofes. Morum corruptela,
pravitas ; corrupti , depravati mores. Dieu en-
voya le Déluge , à caufe de la corruption géné-
rale qui regnoit fur la terre. La railbn , par la
corruption des hommes, eft réduite à fetvir à
l'injullice, & à juftifîer les pafTions. Maleb. C'eft
en vain que l'on crie contre la corruption des
mœurs , du lîècle &c des efprits. Il y a bien des
mots qui fe dilent par corruption , ou par un
vice de langage; pour dire, qu'ils ont été altérés.
Il y a dans la doctrine, dans la Juftice , bien de
la corruption , bien du relâchement. La corruption
de la Cour s'établit enfin comme une politelîe
dans les Provinces. Fléch- C'eft la corruption du
cœur qui fait l'incrédulité. De Vill. Les égare-
mens & la corruption de quelques nations , ne
forment pas le droit des gens. S. Evr. La foiu-
ce de notre corruption eft dans notre cœur. Abad.
Il fe dit aufli des changemens vicieux qui lé
trouvent dans le te;:te , dans un paflage d'un
Livre. Il y a corruption dans ce texte-là.
Corruption fignifie encore les moyens qu'on
emploie pour laire faire à quelqu'un quelque chofe
contre fon devoir. Corruptela, Les largefles de
Céfar étoient plutôt des corruptions que des li-
béralités. S. Evr.
CORRUPTRICE. ÇJ. C'eft le féminin de corrup-
teur. Celle qui corrompt , qui gâte, qui altère,
qui féduit. Corruptrix. La volupté eft la cor-
ruptrice du genre humain.
CORS , f. m. terme de ch%'Tc, La chevillure de
la tête d'un cerf Cervini cornu ramuli. Un cerf
de dix cors, c'eft un cerf de moyen âge.
CORSAGE , f. m. forme du corps humain depuis
les hanches jufqu'aux épaules. Corporatura , corpo-
ratio. Cette payfanne eft d'un beau corjage.
Gentil corfage & -. minois fait autour.
Nouv, CHOIX. DE Vers,
Ce mot n'eft plus guère en ufage qu'en par-
lant de la forme du corps d'un cerf.
Il fe dit aufli des chevaux : ce Cheval a un
beau corfage,
CORSAIRE , f. m. & quelquefois adj. Pirate , ecu-
meur de mer, celui qui court les mers avec un
vaiffeau armé, fans aucune commilîion, pour vo-
ler indifféremment les vaifleaux Marchands. Pi-
rata , prœdo tnariiimus. Barberouile croit un fa-
meux Ccrfaire. Ab. Quand on peut attraper un
Corfaire, il eft pendu fans rémiifion. Tous les
vaiifeaux Corjaires font de bonne prife. f/CT Sui-
vant le Dift. de l'Acad. Fr. Corfaire fignifie ce-
lui qui commande un vaiffeau armé en guerre ,
&C qui a une com.mifîion porriculière de quelque
puiiiance. Corfaire de S. Malo.
On ne devroit donner ce nom qu'à celui qui
n'a point de commiffion parriculicre , & qui ar-
taque également les vaifiéaux amis & ennemis ; mais
l'ufage a prévalu , & l'or appelle Corfaire celui qui
a une comminion du Prince pour courir fur les
ennemis de l'Érnr
Ce mot vient de l'Italien corfaro ■> qui a été
dit à Cor fis , ou à curfilus , ou ^ Caurfinis , ou
à Corycais. Ménage.
Corsaire fe dit aufli figurément de ceux qui ven-
dent trop cher leurs marchandifes, qui exigent de
trop grands droits, qui rançonnent ceux qui font
obligés de pafTer par leurs mains , & générale-
Tome IL
C O R 957
ment d un homme dur , inique , qui profita ds
tout pour s'enrichir. Durus , immifcricors. L^s
Hôteliers lont de vrais curfaires. Les Sergens
font de grands corfaires.
Endurcis-toi le cœur ; fois Arabe , Côrfaire'j
Engraife-toi , mon fis , dufuc des malheure:: x.
Bon.,
CORSE , Corfica. lie de la mer méditcrranée , fi-
tuce enrre les côtes de Gênes & l'Ilè de Sardai-
gne, dont elle n'eft féparée que par un can.-iî
de trois lieues de largeur. L'air y eft malfain, il
y a des montagnes qui la fcparent en deux par-
ties, dont celle qui eft au midi s'apptilc (Tût/J
de delà les monts -, &: celle qui eft au nord',
Corje de deçà les mont:. Cette île s'appela a'a-
bord Therapne, enfuite elle prit le nom de Cyr~
nus, ou Kyinus , fils de Battus , &- p tit-fils
d'Hercule. Pour celui de Corfe, il lui fut donné,
dit-on , d'une gardcufe de bœufs , dont un
bœuf pada de la rerre ferme dans cette île. Mais
félon Bocliart , Ckana:in , L. I , c. 31. les noms
Kyrnus , & Corfica , font phéniciens. Le premier
vient de n; keren , qui fignifie Corne , parçp
que cette île eft pleine de cornes, ou pointes de
terre, caps & promontoires, qui avancent dans
la mer ; & le fécond Corfuia , ou Corfs , vient
de la/ lin Char fi, qui fignifie, lieu plein de bois y
de^ forêts ■, parce qu'en eifct elle en éroit pleine.
L'ile de Corfe. eft à la P..cpublique. de Gènes.
Les Thyrréniens fonr les premiers maîtres qu'ait
eus l'Ile de Corfe. Dans la fuire les Carthaginois
s'en emparèrent, &c après eux les Romains. Au
Ville fiècle lès Sarrafuis la prirent. Les Génois
les en chafTèrcnt l'an 1 144], & l'ont toujours gar-t
dée depuis. La Baftie eft *la ville la plus confî-
dérable de l'île de Corfe. .....
Corse, f. Qui eft de l'île de Corfe. Corfus. En gé-
néral les Corfes Ibnt courageux , &c bons foldats.
Alphonfe d'Ornano , Colonel d'un Régiment de
Corfes, fervit utilement Henri III & Henri VI,
qui le fit Maréchal de France. Tean-Baptifte d'Or-
nano fon fils le fur aufft. Sanpietro Baftelica ,
père d'Alphonfe d'Ornano, Corfe & Colonel Gé-
néral des Corfes , eft un exemple mémorable de
la férocité naturelle de cette nation.
Les Corfes étoient autrefois un Régiment de la
Garde du Pape. Corfi. Ils furent ciifes en i<î6'4 ,
pour une infulte faite à l'Amballadeur de France.
Ce fut un article du Traité de Pife.
Corse eft auiTi un adj. Les efclaves Corfes étoient
autrefois reconnus parmi les autres à caufe de
leur grande ftupidiré , & de leur humeur farou.-
che. Les chevaux Corfes fonr forts, mais fou-
gueux.
CORSELET, f. m. petite cûiraffe que portoient les
piquiers. Levis lorica. Un corflet à l'épreuve.
Les Matelots étoient armés de corfelets. Vaug.
CORSET, f. m. corps de cotte fans manches, que
portent les payfannes , fur-rouc les nourrices.
Tunicx thorax.
Corset fe dit aufïi d'un petit corps , qui eft or-
dinairement de toile piquée , & fans baleine ,
que les Dames mettent lorfqu'elles font en desr
habillé. Voilà un joli corfet , voilà un corfe: b'ien
propre.
CORSÎN, f m. Corfinus. Nous difons S. André
Corfin , pour Corfini. Ce faint Evêque de Fiéfoli
ctoit de la famille des Corfini de Florence. Foys^
Caorcin.
CORSOIDE , f. f. Pierre figurée. Efpèce, d'Agate
par fa couleur, laquelle repréfente une tSte dont
la chevelure imite celle de l'homme.
^ CORTE , ville de l'île de Corfe , vers le mi-
lieu,, à vingr cinq milles de Calvi.
CORTEGE, f. m. fîC? Train nombreux ; tout cç
qui accompagne un Prince, un grand Seigneur*
un Ambalîadeur , dans quelque .pompe ou cérc-
C C C C c c
9 5g COR
monie publique, avec cartolfes , chevaux Se au- t
très choies, pour lui faire honneur. Honorijictu
comitaULS. L'Ambaffadeur de Rome allant à l'au-
dience a toujours un corùge fort nombreux ,
tant de fa fuite que de la Noblcfle qui l'accom-
pagne. Il y avoit trente carrofles à fon cortège.
ht mot de cortège fe dit proprement de la fuite
de quelque grand d'Italie, &c abulivement de la
fuite & du^ train de quelque Seigneur que ce
puilfe être , dans un jour de repréfentation ou
de fondions publiques. On diroit mal le cortège
d'un Souverain.
/// difoient voyant ce cortège ,
Foin de l'Ambaf'adeur de neige. Ben.
CORTELÏN. f. m. Cortdinus. Nom d'un Officier
de la Coût des Empereurs de Conftantinople.
C'étoient les (impies portiets du Palais, office
bas , & au deflbus de celui des Cortinaires , qu'il
ne faut point confondre avec ceux-ci. Voyei
Gretfei fur Codin , L,l, C. F, p. zio.
Ce mot vient de Corts , cortis . y.ipTi qui a fî-
gnific tente , & s'eft dit aufli de la Cour d'un
Prince. Gretser.
.COR.TES. f. f. pi. Ce mot eft purement efpagnol,
Se lignifie ptoprement les Cours, c'eft-à-dire , les
Etats. Comitia. Nous nous en fervons quelque-
fois en parlant des affaires d'Efpagnc.
CORTICAL, ALE.adj, Qui appartient à l'écorce ,
femblable à de l'écorce. Corttcalis , cortici funi-
lis. On fe fert de ce terme dans l'Anaiomie ^'
pour exprimer une fubftance qui entoure une partie,
comme l'ccorce encoure l'arbre. Il y a une par-
tie du cerveau qu'on appelle la fubftance corti-
cale , & autrement le corps cendre. La fubftance
corticale cd grisâtre Se forr molle. Dionis. Lo-Cab-
R3.nce corticale du cerveau fe nomme ainlî, àcaufe
qu'elle eft comme l'écorce du cerveau, qui l'en-
vironne de toutes parts. Ce n'eft autre chofc que
l'ailemblage d'une infinité de pentes glandes
rangées les unes auprès des autres. Id. Nous de-
vons à Archange Picolcmini, Fcrrarois , né en
iji^, la diftindion de la fublLmce du cerveau
en corticale ou cendrée j & en médullaire ou
calleufe.
CORTINAIRE , f. m. terme d'Hiftoire. Notn d'un
Officier des Empereurs de Conftantinople ', dont
parle Pachymère. Cortinarius. Les Cortinaires ,
dit le P. Poufine dans fon Glojjaire de Pachy-
mère , ctoient les Officiets de l'Empereur , qui
etoient toujours en-dedans de la cortine, c'eft-à-
dire, de la portière de la chambre de l'Empe-
reur , pour être toujours prêts à recevoir les or-
dres de l'Empereur i c'eft-à-dire, les HuiHîers de
fon appartement. Janitores, Le Comte des Corti-
naires étoit leur chef. Il ne faut point confon-
dre, comme ont fait quelques Auteuts , les Corti-
naires avec les Cortelins. Voye^ Codin de Offl
Confl. C. y, n. $o & $2,. Gretfcr fur Codin, L.
lyC. Si p. 110. Meurfius au mot ^c^r'và^iioç
Ce mot vient de Cortina , comme nous l'avons
indique cidcffiis , ou comme a ctu Gretfer , à l'en-
droit cité , de Cors , cortis , xifti > tent€ &c Cour
d'un Prince,
jjCr CORTINE , f. f. nom qu'on donnoit à Rome
à un trépié d'airain confacré à Apollon , & qui
étoit gatdé chez les Qiiindccemvirs. Ce qu'on
appeloit Cortina Ph ebi , étoit une efpèce de
fiège à trois pics, un ttépié , une machine foû-
tenue par trois pies, où s'aileyoit la Prêttelfe
d'Apollon pour rendre fes oracles.
CORTONE. Cortona , Corto , Cyrtonium. Ville de
Tofcane en Italie , dans le Florentin , fur les
confins du Pérugin. Cortone eft une fort petite
ville , mais ancienne & bien bâtie. L'Evêquc
de Cortone n'eft fuffrairant que du Pape.
CORTUSA. f. f. Plante. Voye^ OREILLE D'OURS.
CORU. f. m. Arbre des Indes Orientales qui ref-
COR
femble à Un petit oranger. Il a auffi fes feuilles
femblables , finon qu'elles ont la côte du milieu
plus grolfe , avec huit ou neuf autres nerfs qui
en fortent à côté. Sa fleur eft jaune, & ne fenc
ptefque rien. L'écorce de fa racine eft d'un vert-
claii , unie & déliée : cette écorce étant rompue i
ou entamée, rend beaucoup de lait plus vifqueux,
6: plus gluant que celui qui vient du niacer ,
d'un goiit fade avec quelque peu d'amertume.
Ceux du pays fe fervent de ce fuc contre tou^
tes fortes de flux de ventre, quoiqu'il foit fort
dcfagréable.
CORVEABLE, adj. fouvent employé fubftamive-
ment. Termes de Coutumes. Gens corvéables i '
font ceux qui doivent des corvées. Sujets ou vaf-
faux , tenus à ce titte , de faire quelques ouvra-
ges pour leur Seigneur. Anaarii,
CORVEE , f.^ f, fervitude , redevance corporelle ,
qu'on doit à un Seigneur dominant pour quelque
droit, ou héritage qu'on tient de lui à cette
chatge, Opits tributarium , Angarià. L'ulage des
corvées eft très-ancien en France. Parmi les Gau-
lois les payfans n'étoient pas moins fournis
à leurs Seigneurs que les efclaves à leurs maî-
tres : cette tyrannique coutume a duré fort long-
temps. L'Ordonnance de Louis XII, en 1499, "a
extrêmement modéré la rigueur de ces exadlions :
& comme les corvées font odieufes, on ne peut
les acquétit , même par la prefcriprion cenrénaire ,
il faut un titre pofitif. Les corvées font des fer-
vitudes qui ofl-enfent la liberré publique , &:
marquent les violences des Seigneurs fur leurs fa-
jets. Le Mait. §3" L'origine des corvées , je ne
parle point de celles qui ne font fondées que
fur la force & la violence des Seigneurs, vient
de ce que les Seigneurs anciennement ne con-
fentoient à l'affranchiffement des ferfs qui éroienf
dans l'étendue de leur Seigneurie , que moyen-
nant certaines redevances en argent, en grains
ou en corvées.
gCT II y a deux fortes de corvées , les réelles 5c
les perfonnelles.
ifT Les réelles font celles qui font dues par les
poifeUeurs des fonds , comme devoirs réels &
fonciers.
53" Les perfonnelles font celles qui font ducs au
Seigneur per fes fujets,à caufe de leur perfonne.
§;?■ Ceux qui ne font pas fujets d'un Seigneur
font exemts des corvées petfonnelles: les réelles
font dues par tous ceux qui pofledent des héri-
tages dans l'étendue de la Seigneurie , même fo^
rains , aulfi bien que pat les Gentils-hommes &
Eccléfiaftiques -, mais ils peuvent les faire faire
par un tiers. Les uns SiC les autres font exemts
des corvées perfonnelles.
Ce mot , félon Cujas & autres , eft dérive de corps t
quajr. corpus , aiu opéra corporalia , ou à cor-
pore vekendo. Mais Ménage le* dérive de curbada,
dont les Auteurs de la balle latinité fe font fer-
vis en cette fignification, parce qu'on fe courbe
en Travaillant i d'autres de courbe, qui fignifi©
deux chevaux qui remontent les bateaux fur la
Seine , parce qu'une courbe de chevaux fait une
bonne corvée. Ragueau le dérive avec plus d'ap-
rence du mot de corps , & de vée , qui eft un
vieux mot gaulois fignifiant peine & travail. Du
Cange dit qu'en la baflc latinité on les a ap-
pelées corvata , -curvatie, corveice , & courbicsy
eb quod prcejlentur ab Us quos horrrines de corpo-
re appellabant. On a appelé en latin une cor-
vée , manopera , quand elle confiftoir dans un
travail des mains , du corps; Se carropera, & en-
fuite corvata, quand on croit obligé de fournir
des voitures au Seigneur, & qu'elles confiftoient
dans des charrois.
Corvée, fe dit aulfi par extenlîon , de toute peine,
toute fatigue, ou de tout travail de corps , ou d'ef-
prit qu'on le donne comme à regret, en confidé-
I ration d'un Supérieur , ou d'un ami , fans en at-.
COR
IZiZi' ;''TP'''^'- Operofus lahor. Trouvez-
vo us que Jes xcmraes perdent beaucoup, à n'être
point appelées à ces corvc.s brillantes qu rendent
les hommes f, célèbres ^ Com. Le plai/ir qui fe pré!
fente dans un ordre fi égal la/le ailément , \\ L
v)cntcomme une ç...... Le C. .b M. J'ai du plaifir
de la corvée c^vCA vous a fait faire. Balz. Vous
m avez oblige de me relever d'une fi facheufe cor-
vee. Mait. Je vous donne de grandes corvées •
mais quiconque m'aime , ne le ffuroit évkerT '
qu 11 fait corvée ; pour dire , il fait cela avec rcpu-
c6r VETTF"'r f'^ "''^" '"^'^^ ^"'^^" P^ofi^-
cu'un mf r' ''^'" '^'. ^^^^"^ ^°"S"^ q-i "'-
quun mat & un petit trinquet ou niât d'avant.
Elle va a voiles & à rames. On s'en fert dans le
.nrmees navales pour aller à la découverte , & pou
tres-vite.La corvm. publique a apporté ;o pafla-
gers. Tout ce qui eft au deflbus de thi^t canons eft
Zl P ""'' ' ^. P'"^ ^^°'^ 1 8 , W , 14 , :!
deux ^âts' T°'" ' f«'" ,^°''''^^'" °"^ -" nioins
y.//. eft la même chofe que le Sloop de s^uerre
des Anglois. Ils s'en fervent comme de fréga es
légères. i>.-3<in.j
CORUNNADELCONDE, village d'Erpa<.ne C/u
d'Ar'ant"^' ''■^^''^ ^'^'^'^'^^ ^^Dou":' pSs
d Arande Cctoit autrefois une ville confiderable,
vi^,I. r. jj^ éclat de lumière. Vieux
CORWEY. Foy^^ Corbie la vieille
CORYBANTE , f. m. Coryèas. Nom des Prêtres de
Cybele , qui fautoient & danfoient au fon des
fliites & des tambours. Catulle dans ùm poème,
intitule Jtys, en fait une belle defcription , les
reprefentant comme des furieux. Maximus Tyrius ,
Urpo.i 22'= , du que ceux qui font pouflcs de
a fureur des Cory tantes , auflitôt qu'ils entendent
le fon d une flûte , font faifîs d'enthoufiafme , &
perdent 1 ufage de la raifon. Les Grecs fe fervent du
mot .-.fV."-'« cory/>ami/er ; pour dire, être
tranfporte , être poficdé du Démon. Quelques Au-
teurs difent que les Coryiantes ctoient tous Eunu-
ques; & c'eft pour cela que Catulle , dans fon poè-
me à^iys, parlant d'eux, ufe touiours de rela-
tifs & d cpithetes féminines : Coryé^ame eft la mê-
me choie que Curète. Voyez Curète.
Diodore de Sicile, £. ^,dit que Corybas , fils
de Jafion & de Cybèle , p,.<rant en Phryaie avec
fon oncle Dardanus , y inftitua le culte de^la mère
des Dieux ,&c donna fon nom aux CoryLintes , qui
font les Prêtres de la même Déeffe. Strabon rap-
porte , L. X, que quelques-uns difent que les Co-
Tybarites font enfans de Jupitei ^ de Calliope , &
les mêmes que les Cabires. Le mot Corylames
vient , difent d'autres , de ce que ces Prêtres mar-
choient en danfant, ^«oJ.o^.V/.ms e«,vw» Voss. De
Liolol. L. II^C. 5 :;
CORYBANTÎASME, f. m. nom que les anciens don-
noienta une maladie. CoritamiaJmus.Ccioh une
efpecede phrénéfie. Ceux qui en ctoient attaqués,
s'imaginoient avoir toujours des phantômes devant
les yeux. Ils avoient des tiutemens & des fiHemens
continuels dans les oreilles.Ils ne dormoient point,
ou /i quelquefois ils dormoient , c'étoit touiours
les yeux ouverts. On les nommoit du nom des Co-
rybantes, qui pafibient pour ne point dormir. On
prctendoit aufîi que ces Frénétiques avoient été
frappes de terreur par ces Prêtres de Cybèle. Foye?
Saumaise sur Solin. • '^
CORYBANTIER, v. n, mot dont Rabelais s'eft fcrvi
pour dire , dormir les yeux ouverts.
CORYBANTIQUES , adj. pi. m. On appeloit ainfi
quelquefois les myftères de Cybèle célébrés par les
Corybantes. "^
^ O S 0 2 Q
CORYCIDES ^ou CORYCICS. f. f. p,. Nymphes
qu, habitoient près du Mont Parnaflê.Leu non
eft^pns dune caverne de cette montagaea^pS
''^^efJr'r"'^' l"' ^^'^'"^,,'^- ^^ "- efpèce de
tumcterre, IL quon appelle en Efclavonie (plu
^-^l^^-corydalu.oufurr.ar.aluua.Voyi:Y^^^^^^^
COR YMBES,f pi. têtes ou fommités en forme de pe-
ms bouquets de grains de lierre,qui viennent au haut
les de la République des Lucres de Mars KÎ89,
an. 1 , dit que l'hyffope des Anciens n'a aucun
c^XTr" ^' "''"' d'aujourd'hui, & que l'an-
cien hyffope avoit des corymbes, au li.u que le
notre n'a que des épies m >^ ^^
rr CORYMBIFÈRES ( P.aktes ) , terme de Bo-
tanique. Corymbojct plantez , font celles qui por-
tent quantité de fleurs ou de fruits rafTemblcs en
bouquets^, comme la mille-feuille
CORYPHEE f m. terme dont on fi fert quelque-
fois dans 1 Ecole , pour fignifîerlechef&leprin.
Cl pal d une compagnie, d'une communauté, d'une
dodrine, dune Sede. Coryph^us. Ainfi Zenon a
e^eappelele Coryphée à^. Stoïciens par Cicéron,
Dans 1 ancienne tragédie , le chef de la troupe qui
compofoit le chœut, s'appeloit le Coryphée. C'étoit
ui qu, parloir par tout , quand le chœur fe mê-
oit al adion pendant le coûts des adtes , pour par-
er, & pour faire les fondions d'un perfonna^e de
la pièce. On a étendu depuis la fignification de
Coryphée au chef d'un parti ou d'un corps. Eufta-
che d Antioche eft appelé le Coryphée du Concile
de Nicee, comme étant à la tête des autres. H>^r-
MAN II vient d'un mot grec, qui lignifie le /o/tz-
met de la tae. •'
CORYZA, C m. Gravedo. Fluxions d'humeurs fé-
reufes& acres fur les narines. Coryza ed un mot
grec que les latins & ks françois ont retenu .
-^<« 11 %nifie une diftillation d'humeur crue
de la tête fur les narines. Cette maladie eft accom-
pagnée a une douleur de tête très-pcfante , ce qui
fait qu on 1 appelle en latin gravedo. Col de Vill.
COS.
COS,ou cous ou COUX, f m. terme de Cou-
tumes. Ce mot eft hors d'ufage , il fi>,nifie la même
chofe que cocu , c'eft- à-dire celui qui nourrir les
enfans d un autre comme les fiens , parce que fa
femme n'a pas été fidelle.C/.c«./\z/«^, de cucutiare,
terme de la balle latinité, qui veut dire, commet-
tre un adultère.
Suis-je mis dans la confrérie
Saint Arnoul le Seigneur des Coux J R. de la.
Rose.
COS, ou COSSE , terme de relations. C'eft une me-
iure de chemin dont on fe fert par toutes les In-
des , qui vaut une demi-lieue de France.
IK? Il y a une pierre appelée cos ou (jueux , cos ,
aurrcment pierre naxienne. Elle eft jaunâtre , quel-
quefois verte , blanche ou noire. Elle a le grain fin ,
& eltaffez dure, quoique compofce de d'eux cou-
ches, pour rcfifter aux outils de fer &: d'acier qu'elle
aiguife. On les frotte les unes d'huile , les autres
d'eau, quelquefois de fiilive ,d'oii elles ont pris le
nom d'Olearia: , a^uaria & falivariœ.
COSAQUE , f. m. & f. nom du peuple. Cofacus,
Ce nom , qui vient de cofa qui fignifie une chè-
vre en polonois , fut donné d'abord .à un ramas
de Ruffes hardis & prompts, qui tous les ans au
printemps quittoient leurs maifons , leurs femmes
& leurs enfans, & s'affembloient dans les îles qui
font à l'embouchure du Borifthèn'- , au de'fous
de Porowis , ou fauts de ce fleuve , ri'où vient qu'on
les nomma audî Zaporouski , on Znporaviens , &
Cofaques , à caufe de leur agilité. De ces îles qui
C C C C c c ij
94*3 C O S
leur fervoient de retraite , ils faifoient des cbiïtCes
fur toute la Mer noire , & dans l'Anatohe. Etienne
Battori en 1 57<î , "ut , pouvoir tirer de bons fervi-
ces de ces coureurs. 11 en fit un corps de quarante
mille hommes, auxquels il joignit deux mille che-
vaux lc<^ers -, d'où quelques-uns croient qu'eit ve-
nu le nom de Cofaques. Il les établit dans la bafle
Volhinie, & la ball'e Podolie, à condition qu'ils
détcndroient ce pays contre les Tartares , &i leur
donna la ville de Trcchtymirow pour place d ar-
mes , leur permit de le choifir leur General &
leurs Officiers , & leur alfigna pout folde la qua-
trième partie de fon domaine , delà vient qu'on
les appela Quariani , & Quartiam. Il leur don-
na des privilèges pareils à ceux des francs Archers
que le Roi Charles inftitua en l'année 1449. Ces
<:oJaques défendirent fi bien ce pays , qu'on y con-
duifit plufieurs colonies , qui prirent le nom de
Cofaques : &c ce pays fut appelé /es Terres des
Cofaques ou V Ukraine , c'eft-à-dire , /ro/2//t;r«. Les
Cofaques ont depuis fait payer bien cher aux Po-
lonois les fervices qu'ils leur avoient rendus. De-
puis la paix que fit avec eux Jean IV qui les avoit
battus étant Grand-Marcchal , ils font divifés en
trois Ordres -, les Cofaques fidèles qui fe fourni-
rent aux Polonois , & qui habitent la haute Vol-
hinie; les Cofaques Mofcovites qui pofiedent la
partie du Païatinat de Kiovie qui appartient aux
Mofcovites ; les Cofaques infidèles , ou rebelles .,
qui occupent les terres qui font entre le Boril-
thcne &: le pays des Tartares d'Oczakow. Korlun
ea leur capitale , & ils font tributaires du Turc.
Les Cofaques fuivent le rit grec.
COSCINOMANCE , ou COSKINOMANCE , ou
COSKINOMANTIE , f. f. divination qui fe fait
par le crible. On élève un crible fur quelque cho-
ie , puis après avoir dit quelques paroles , on le
prend de deux doigrs feulement ; on récite les noms
de ceux qui font fufpe(fts,& celui au nom duquel le
crible tourne,tremble ou branle,eft tenu coupable du
mal dont on cherche Va.ux.cw'i.Cofcinomantia. Thco-
crite parle dans fa troijième Idylle d'une femme
habile en coskinomantu , èc qui l'exerçoit. On dit
que cette forte de divination fe pratiquoit aulii
en fufpendant un crible par un fil , ou le pofant
fur une pointe de cifeaux,& le faifant tourner,
en nommant pendant qu'il tournoit les noms des
perfonnes fufpe6tes. Il paroît par Théocrite qu'on
s'en fervoit , non - feulement pour les perfonnes
inconnues, mais encore pour les fentimens intérieurs
& cachés des perfonnes que l'on connoiifoit. Il y
en a qui écrivent coffinomantia : cela efl: contraire
à rétymologie. roye{ le Tradu6leur de Peucer ,
qui s'eft trompe en difant de la cofcinomance ce
qui convient à l'Axinomance , & de l'Axinomance ,
ce qui convient à la cofcinomance.
|p° Ceft ce qu'on appelle aujourd'hui parmi le peu-
ple, tourner /« /dj , pratique aufTi ridicule que fii-
perftitieufe.
Ce mot vient de «oVxoov crible , & ftajrilc, divi-
nation.
COSCOMA , f. m. arbre qui fe trouve dans le royau-
me de Monomotapa,& qui porte un fruit iem-
blable aux pommes d'amour , tirant fur le violet.
Il eft de bon goût -, mais fi on le prend en quan-
tité, il purge violemment.
ÇOSCONIUS, COSCONIA, f. m.Bc f. nom pro-
pre d'une famille Romaine. Cofconia ^ens. La fa-
mille Cofconia eft peu connue : fes médailles font
en forr petit nombre, & les Aureurs en parlent peu.
On ne fcait fi elle étoit patricienne ou plébéienne.
ÇOSÉCANTE, f. f. terme de Géométrie.^ C'eft la
fécante d'un arc , qui eft le complément d'un autre
arc. Harris. La Cofécantt de 50 degrés eft la fé-
cante de (jQ degrés.
COSEIGNEUR. V. m. Il faut prononcer fortement
l'j. Terme relatif Celui qui poflêde une terre, un
lîef avec un autre , foit par indivis , foit en n'en
pofledant qu'une partie féparée. Ejujdem pradu
cos
CWn ahero Dominus , communls Dominas ejuf
dem pradii. Il y a fouvent procès entre les Coj^i-
eneurs pour les droits honorifiques. On dit aulfi
Confeianeur ; mais le premier eft plus ufité.
COOSKÏNOMANCE , ou COSKINOMANTIE.
Voye:^ CosciNOMANCE.
lïCjCCSiNUS f, m. terme de Géométrie. Lt Jinus
du complément d'un angle a 90 degrés. Le coji-
nus de 30 degrés eft ]e Jinus de 60 degrés
COSME, ou plutôt COME, f. m. nom d'homme,
dans lequel ilne faut point prononcer l's. Comas.
COSME , Chevaliers de S. Cômc &c de S. Damien.
Ordre Militaire , qui , félon l'Auteur de VHiJioire
des Ordres Monafiiques , [. i, n'a exifté que dans
l'imagination de quelques Ecrivains modernes , qui
prétendent qu'il commença l'an 1050. C'étoicnt ,
difent-ils ,des Hofpitaliers qui avoient des Hôpi-
taux à Jérufalem,& en d'autres villes delaPalcf-
tinc , où ils recevoienr & prcnoient foin des Chré-
tiens malades qui étoient venus de routes parts
pour tâcher de retirer les faints lieux des mains des
Infidèles. Ils s'employoient auHi à les racheter.
Jean XX , en confirmant leur Inftitut, leur ordon-
na de fuivre la règle de S. Bafile , & leur donna pour
marque de leur dignité un manteau blanc , fuir
lequel il y avoit une croix rouge, au milieu de
laquelle étoit un cercle , qui renfermoir les Images
de S. Côme & de S. Damien leurs patrons. Mène-
nius, & l'Abbé Juftiniani parlent de cet Ordre,
comme ayant vérirablemenr exifté. Foye^ encore
André Mendo , de Ordinibus Milit. Jos. Michie-
Li Tefor Milit. di Caval. Harman &; Scoonebec
d2.ns\z\xis Hifi. des Ord.Mil. SckP. Hélyot cite.
T./, C. H»/'- ^7^.
Chanoine Régulier de S. Côme. Canomcus Regu-
laris Sancli Cofmx Turonenjis. Les Chanoines Ré-
guliers de S. Come-lez-Tours , font du nombre de
ceux qui ayant trouvé la règle de S. Benoit trop
auftcre,la quittèrenr pour prendre celle de S. Auguf-
rin,ac onr pris leritre de Chanoines Réguliers. Leur
Eulife de S. Côme fut bâtie dans le onzième fiè-
cle par Hervé , Tréforier de S.Marrin de Tours ,
qui s'y retira , mais qui ayant eu ordre de reve-
nir , la fit donner aux Bénédidlins de Marmourier -,
maison ne fait point en quelle année le changement
de règle s'eft fait.
Saint Côme , à Paris, fignifie la Communauté, le
Corps de Chirurgiens de cerre Capitale. Collegium
Chirurgorum. Et l'on dit Chirurgien reçu à S. Côme,
c'eft-à-dire, pafle M= Chirurgien après les examens
& les épreuves réglées. Oculifte reçu à S. Côme.
Bandagifte reçu à S. Côme.
Il fe prend anifi pour l'Ecole de Chirurgie , ou
l'Amphithéâtre Anatomique, où fe font les cours
d'Anatomie, d'Opérations pour les Maîtres Chi-
rurgiens. Le cours d'Anaromie commencera bien-
tôt'à S. Côme. Cet Amphithéâtre eft tout proche
de la Paroiffe de S. Côme , & c'eft delà que ce
lieu , & le Corps qui y rient fes afiemblées,a pris
fon nom.
|!CrCOSMES,f. m. pl.Magiftrats qui étoient établis en
Crête pour mainrenir le bon ordre , ainfi nommés
du mot --éî-.o; , ordre.
COSMÉTIQUE , ad), m. & f terme donr les Mé-
decins fe fervenr en parlant des remèdes , des re-
cettes &: drogues qui fervent à rembellifiement du
vifage , & a entretenir le reinr h:\s.Pharmacum
tiiendtz formez comparatum. Dans les pharmacopées
il y a plufieurs rccertes & compofitions cofménques.
Les Indiens fe fervent de l'eau de noix Je cocos
étant encore verres , comme d'un grand cofméti-
^tt^qui embellit le teint des femmes.
Ce mot eft grec ..o-;«t«.; du verbe xotr^f»» or-
ner.
COSMIQUE , terme d'Aftronomie ^ qui a rap-
port au monde en général. On le dir des afpeds
des planètes. Cofmicus. Afpcd: cofmique , c'eft-à-
dire , par rapport à la terre-, une planète, p.ir
exemple , qui eft fur la defcente de l'afcendant, eft
»
c os
en carré d'une autre qui eft fur la pointe du milieu
du ciel ; encore bien que cette diftance (bit de plus
ou moins de quarante degrés , cet afpecit s'appelle
cofmiijue.
COiMIQUEMENT. adv. Lorfqu'on dit qu'un aftre
fe lève & fe couche cojmiquemenc ; c'eft qu'il fe lève
ou fe couche à l'inftant que le foleil fe lève : ainli
une étoile qui fe lève ou fe couche le matin , le
lève ou fe couche cofmiquement. Les Anciens dii-
tinguoient trois fortes de lever & coucher des aftres,
le Cojtnique-, VAclironique, & VHcliaque. IriJi.Ajiro-
nom. p. 575.
COSMOGONIE, f f. dcfcription de la manière dont
l'univers a été créé ou formé, La féconde partie
du premier tome des Réflexions critiques de Mr.
Fourmont fur les Hijlcires des anciens peuples dé-
veloppe la Cofmogonie,oa la manière dont l'univers,
félon Sanchoniathon , a été formé , ôC l'on fait
voir la conformité avec la cojmogonie de MoiVe.
Prévôt d'Exilés. La Genefe elt le feul livre digne
de foi fur la cojmogonie.
.COSMOGRAPHE , f m. Auteur qui a écrit , ou qui
enfeigne la ftruélure , la figure & la compofition
du monde. Cofmographus , qui defcribic aut dc-
fcripfii mundum. Munfter étoit un grand Cojmogra-
phe.
COSMOGRAPHIE, f. f. defcription du monde , ou
fcience qui nous enfeigne quelle efl: fa conftruélion,
fa figure ,& la difpolition de toutes fes parties. La
cofmol»gie raifonne fur la figure & la difpofition
des parties de l'univers & fur leurs différens rap-
ports. La cojmographie s'en tient à la fimple defcrip-
tion de ces parties. Cofmographia , mundi defcrip-
xio. La cojmographie a deux parties : l'Aftronomie
fait connoîtrc la conftrudtion des cieux & la dif-
pofition des aftres ; la Géométrie celle de la terre.
Ce mot vient du Gtec x^s-^.s , mundus , & de
'vtâ.(iiw , defcrilo.
COSMOGRAPHIQUE , adj. m. & f. qui appartient
à la Cormographie. ^d mundi defcriptionem perti-
Tiens , cofmographicus. Une carte cofmographique ,
c'eft une Mappemonde , une délinéation du monde
fur du papier, ou autre matière propre.
COSMOLABE , f. m. ancien inftrument de Mathé-
matique, qui fert à prendre les mefures du monde,
tant du ciel que de la terre. Cofmolatium. C'eft
prefque la même chofe que VÂJtrolate, Il eft aufTi
nommé Pantocofme , ou inftrument univcrfcl, dans
un livre exprès qu'en a fait Léon Morgard, Mathé-
maticien de Paris , imprimé en 16 \x.
Ce mot vient d'È /«Ônv, aor. i, de ^eti^Sii», accipio,
qui prend fes temps du verbe inufité A-'f*'.
gtCr COSMOLOGIE , f. f. Science des Loix générales
par lel'quelles le monde eft gouverné. Ce terme eft
formé des mots Grecs x ,- _, , monde , &c »0^,^, dij-
cours. Science qui difcourt fur le monde que nous
habitons.
f:T COSMOLOGIQUE , adj. qui appartient à la
Cofmologie.
COSMOPOLITAIN , AINE. f. m. & f. Cofmopolita ,
Cofmopolitanus. On dit quelquefois ce mot en ba-
dinant, pour fignifier un homme qui n'a point de
demeure fixe , ou bien un homme qui nulle patt
n'eft étranger. Il vient de xô(7-tt0£ , le monde , & ^0^'« ,
ville-, Se fignifie un homme dont tour le monde eft
la ville ou la patiie. Un ancien Philofophc étant
interrogé d'où il étoit -, répondit : je fuis Cofmopo-
iite , c'eft-à-dire, citoyen de l'univers. L'Auteur
inconnu d'un excellent Traité de Chimie , intitulé
Lumen chymicum , s'eft donné le nom de Cojmo-
politain.
On dit ordinairement Cosmopolite ; & comme
on dit Néapolitain & Conftantinopolitain , & non
pas Conftantinopolite & Néapolite , l'analogie de-
manderoit qu'on dît Cofmopohtain.
ffT L'ufage a prévalu contre la prétendue loi de l'a-
nalogie , 8c l'on dit aujourd'hui Cofmopolite,
COSMOS , f. m, breuvage que les Tartares font avec
COS 5?4t
du lait de jument» & dont ils ufent. Fotus Tana-
roTum equino lacle confecius.b3.C3.X.ây nous demanda
fi nous voulions boire du cojmos , & je m'en cxculai
pour lors. Fleury.
COSNEouCONE, petite ville de Franc: dans le
Catinois aux confins du Nivcrnois, lyr le bord de
la Loire , Se duDiocèlc d'Auxcrre pour le Ipirituch
Cojna, Conada , Conium, Condate; félon la Notice
de Valois. La coutellerie de Loue eft tftimcc. On y
faiioit autrefois du canon , Se d'autres grands ou-
vrages de fonre. Il y a encore une viUe'de ce nom
dans le Bourbonnois.
COSSARTS BROUN , f. m. pi. roilcs d: coton
écrues qui viennent des Indes Oricntaljs.
COSSAS , f m. pi. Ce mot n'eft en ulage que dans
les campagnes , au lieu de coffes , pour fignifier
la coffe qui enveloppe les pois , les fèves & autres
légumes. Siliqua. Les cojfjs de fèves brûles Se pul-
vèrifcs font employés en Médecine pour guérir la
gravelle.
Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de cofe ,
ou coeffe, qui eft le nom qu'on donne encore en
Balfigny au^ gouifes des fèves. Du Cange dit qu'en
la baife latinité on a dit coj/te, pour d\tz Ji'iquce.
CnssAs , f m. toile de mouifeline unie & fine, que
les Anglois rapportent des Indes Orientales.
|C? COSSE, f. f. Valva, On appelle ainfi les pan-
neaux qui forment les filiques ou les gouifes des lé-
gumes. On les appelle aulfi battans. On dit mal
coHas & écolfes. Ces mots ne font employés que
par les femmes qui vendent des pois.
On appelle des pois fans coffe , ceux qui ont la
coffi fi tendre Si fi mince, qu'on la mange avec les
pois fans les écolier. Pifa tenuioris teneriorifque Jî'
iiqux. On les appelle aufiTi/^oâ goulus.
Cosse , efpèce de graine de navette un peu plus
groHé que la navette ordinaire. On en tire une huile
qui eft bonne à brûler.
Cosse J eft aulfi une efpèce de fruit qui fe trouve
dans quelques lieux des côtes de Guinée, particu-
lièrement fur les bords de la rivière de Serre-
Lionne.
Cosse, terme de Parcheminier. On appelle du par-
chemin en coffe , ou en croûte , la peau du mouton
telle qu'elle fort de la mégie, c'eft-à-dire, dont on
a fait feulement tomber la laine ; on arrache le par-
chemin en cofje fur un chalfis qui s'appelle herfe :
là on le rature , & l'on en ôte routes les fuperfluités.
tfT Cosse fe dir auiri dans les ardoifières , de la pre-
mière couche que l'on rencontre , & qui ne fournît
qu'une mauvaife matière. Encyc.
Cosse, en termes de Marine, eft un anneau de fet
cannelé, & garni de petits cordages, pour confer-
ver les gros cordages qu'on fait palTer au tiavérj de
cer anneau. Annulus Jlriatus.
Il y a aulTi des coffes de bois que l'on nomme
Margouillets. Voyez Margouillet.
Cosse de Geneste. Ordre de Chevaliers. Il fut inf-
litué par S. Louis à la folennité de fon mariage
avec Marguerire de Provence. Il a duré jufqu'à
Charles VI. La devife de cet Ordre de la Coffe de
Genève éroit ce mot, exaltas humiles. Le collier
de l'Ôtdrc étoit compofé de Coffe degenefle , entre-
lacées de fleurs de lis d'or, renfermées dans des
lozançes cléchées , au bout duquel pendoit une
croix fleurdelifée.
COSSER , v. n. terme d'économie ruftique , qui fe
dit des mourons qui fe beurrent la rcte les uns con-
tte les auttes. Conifcare. C'ift un bon figne quand
les montons coffent au fortir de la bergerie.
COSSIQUE , adj. de t. g. terme d'Algèbre. On ap-
pelle nombres coffiques les nombres d'une pro-
grelTion géométrique-, laquelle commence par une
racine qui fait enfuite un carré, enfuite un cube,
un carré-carré, & ainfi de fuite à l'infini , en pafiànc
par rous les degrés ou puilfanccs. Quelques-uns
difenr queCo/i en italien veut dire Algèbre, &que
delà vient coffîque. Ce mot n'eft plus guère en
ufage.
^42- C O S
COSSON , f. m. charcnçon , calcndre ,^ ver qui gâte
les blés , l'ur-tout les pois , Ls tèves. Curculio. Feftus
le dit aiUJi des vers velus qui s'engendrent dans les
bois. En latin coQ'iu , coffcs , d'où le nom trançois
eft dérive, ou de cojtt , qu'on dit encore en Bajié-
Bretagne.
î^ CÔSSON , bouton de la vigne. Comme il y en
a toujours deux .à la même haut.'ur , le plus gros le
nomniw le mdUre-cojfon , & ibuvL-nt il n y a que lai
qui lé développe. Le petit lé nomme comre-cofon ,
tn\zi\n eu jto s , oa fuccurjus , parce que quand le
premier a péri , le fécond lé développe.
COSSU , UE. adj. qui lé dit des pois qui ont de
groHés cojfes. Pija dcnfx durx.jue Jilijucz. On dit j
fiç^urément & proverbialement d'un homme riche
6c qui elT: à Ion aife , qu'il eft co[fu , bien cojfu ; ou
d'un homme qui débite des menlbnges ou des im-
pertinences , qu'il en conte de bien CoJJ'ues.
COSSUTIU5 , COSSUTI A , f. m. & f. nom propre
d'une famille de l'ancienne Rome. Coffutla gens. La
famille Coff/nia a deux prénoms •, celui de Caïus , qui
ie voit fur les médailles ; & celui de Quintus , que
l'on trouve dans les infcriptions antiques. Elle a
aulfi deux furnoms fur les médailles ; celui de Saoula,
&c celui de Maridianus , qui marque apparemment
une adoption.
COST, ou COQ DES JARDINS, terme de Bota-
nique. ^'bv^{ CosTUs.
COSTA , montagne d'Auvergne en France. Elle efl:
près du Mont d'Or. Le haut de cette montagne eft
élevé de 850 toifes fur lafurface de la mer Méditer-
ranée. Maraldi , Aead.des Se. 1705 , M^m.p, 2.32.
COSTAL, ALE. adj. ufitc en Anatomie. Prononcez
Vs , quoiqu'on ne la prononce point dans Cojie. Qui
appartient aux côtes. Cojialis. Il y a huit vertèbres
que l'on appelle eojLiles ou plenrires , parce qu'elles
arriculent les côtes qui font tapidées intérieurement
de la pleure. Les vertèbres cojlales font les huit qui
fuivent la féconde, que Von noinmc axillaires ;
ainfi c'eft la troifième , la quatrième , fi'i:. jufqu'à la
dixième inclufivcment.
Ce nom vient du latin cofla , côte.
COSTAL ou COTEAU, f. m. On trouve ces mots
dans le vieux langage pour fignilîer auprès.
COSTE. Voyei Cote.
COSTEMJ. 'Foyei Côtîau.
COSTELETTE. J^oye^ Côtelette.
COSTEMENT, f. m. vieux mot, coud , dcpenfe.
Imper.fa , furnpcus. Et pai roit le cojtement aux Vé-
niliens. ViLLEHARD, «. ICI. Quelques Auteurs la-
tins du moyen âge ont dit citJiamemum.Dv Fresne,
GlofTcfur Fillehard.
COSTH, f. m. racine femblable au gingembre, de
laquelle on fe fcrt dans la compofition des parfums.
Il y en a de deux efpèccs-, l'une amère, que l'on
trouve communément dans le territoire de Schiras,
où on la nomme Cojt tdkh La féconde, doue? , qui
vienr des Indes, & qui s'appelle Cojih Schirin en
periien. Les grecs l'ont nommée Cojtos, 6c les la-
tins Cojius. C'eft une efpèce de gingembre fauvage,
& de zédoaria. Diofcoride en diftingue trois ef-
pèces -, l'Arabique, qui eft blanche -, l'Indienne, qui
eft noire -, 6-: la Syriaque , de couleur de buis , dont
elle a aulïl la pefanteur. Pline n'en diftingue que
deux ; la blanche 8c la noire. D'Herb.
COSTIFRE. Foyei Côtiere.
COSTON , f. m. tetme de Marine. Pièce de bois
dont on fc fert pour fortifiet un mât, auquel on le
Joint étroitement.
On dit auiri,en termes de Jardinage, eojions d'ar-
ti baux.'
COSTOYER. Foyei Côtoyer.
COSTUME , f. m. terme de Peinture. Ce mot eft
tout italien , mais il a palfé dans notre langue ; il
lignifie proptement «yi?f, coutume. On l'entend,
1°. de tout ce qui concerne les.ufaiics, les mœurs,
les habillemens , les armes , la phylîonomie & la
façon de vivre de chaque peuple ■, 2". de tout ce qui
regatde la Chronologie, l'ordre des temps & la
C OT
vérité de certains faits connus de tout le monde ;
30. de ce qui concerne ks bicnféances , le caraélère
&i les convenances propres de chaque âge & de
chaque condition i 4". enfin de tout ce qui regarde
la nature , la qualité &c la propriété cfltntielle des
élcmcns , des corps &c de toutes les choies natu-
relles. Les grands Peintres Lombards fe font plus
attaches à ce qui regarde la couleur , qu'à ce qui eft
du dclfcin , éc à ce qu''on appelle eojtume. Félib.
C'eft proprement l'art de traiter ou de peindre un
fujjt lùivant la manière qui lui eft propre, en fe
conformant aux ufages des difîcrers temps & des
diiicr ns lieux. Dans la defcription géographique
de la Chine , on trouve que la gravure des figures
mérite un éloge particulier. Outre la douceur du
burin , on y admire le goût & l'entente des figures
ii. formes Chmoilcs priies d'après nature avec une
parfaite intelligence du co/Z/zOTt" Chinois. Journ, de
Trev. Murs 1-7 \6. Nous écrivons & nous pronon-
çons eojtume •, les Italiens cojlumc.
COSTUS , f. m. plante des Indes Orientales dont les
Anciens ont décrit tro^s efpèces -, fiivoir Y Arabique,
qui eft blanc , léger & d'^ine odeur douce 8c
agréable ; l'Indique qui eft plein, noir & léger
comme la férule ; & le Syriaque qui eft pefant , de
couleur de buis , & d'une o leur forte. Cojtiis , Cof-
tum. Quelques modetnes croient que ces ccjtus font
la racine d'une même plante, 8c qu? leur différence
ne vient que de la diverfîté du cl'mat, ou de la
terre où ils croilfent. Le cjfius qn'o-^ trouve chez
les Apothicaires eft une racine de la rrodéur du
pouce , & quelquefois de deux , d'une couleur
blanche tirant fur celle du bu'S, d'une odeur aro-
matique &c d'un goût un peu acre , mêlé de quelq'ie
douceut & de quelque amcftum". Il y a une autre
efpèce de cojîus , qu'on apnelle cojius corticofus.
C'eft l'écorce d'un arbre, grife, rahof'ife & d1 ine
de fidûres en dehors, blanche au dedans, tin p-'U
plus épairte que la cannelle , à la^ i-Il- ell- ref-
femble pour la forme : elle eft aufTi fort aroma-
tique , & approche aifez du goût & d^s qualités
du véritable coftj's. Le cofius eft propre pour 1"s
maladies de l'eftomnc, du fo'e , de la mntr'c? &
des reins. On s'en fert dins la colique, dans les
obftruiftions & dans la paralyfie,
C O T.
COTANGENTE , f. f terme de Géométrie. C'eft la
tangente d'un arc nui eft le com^'lément d'un au-
tte arc. Harris. La coc.z/igente de 30 degrés, eft
la Unirence de So degrés.
COTANTIN. Contrée de la bifle-Normandie , dont
une partie forme une prefqa'Ile qui s'avance fur
l'Océan , & qui fait les pies de devant du chien
couché que repréfcnte la Normandie fur les cartes.
Conjiantienjis ager. Autrefois on écrivoit Caut.in-
tin , Conjiintin & Cout.intin , comme écrit encore
Maty j mais aujourd'Iiui il faut écrire &: prononcer
Cotmtin , quoique l'on dife Courancc. 'L'iCotantin
a lamerBritanniqueauSeprentrion & à l'Occident-,
le BeHiii à l'Orient , & l'Avranchin au Midi. Ce
pays prend fon nom de Coutance fa Capitale. Les
peuples de ce canton ont été premièrement connus
foas le nom de Romandui-, 5c depuis , félon Sanfon ,
fur la carte de l'ancienne Gaule-, & d'Ablancourt
en fa traduclion des Commémores de Cej.ir ,
Unelli -, Le Cotantin a eu anciennement titre de
Comté. S. Thomas étoit originaire du Cotmtin par
fa mère. Voye^^ au mot Thomas. Le Cardinal du
Perron &; S. Evremont étoient auflî originaires du
Cotantin. Belleforèt écrit Cofltntin ; & Charles de
Boutgeville , en fes Antiquités d^ Nciiflrie , au/fi-
bien que Dumoulin , dans ConHiJi. de Norm, Caf-
tent in.
COTE, adj. 5c f. f ( la première fyllabe eft brève.)
Quelques-uns écrivenr quote ; mais fes dérivés en
font changer l'orthographe. Partie d'un tout qui eft
COT
'dîvifé pour en diftribuèr à chacun Ta pah,lbit pour
îe gain , Ibit pour la perte. Pars. On a tait l'ailiette
de la taille, on vous en a donné tant pour votre
ico/e-part Capiti cuiliiet iniuui tributi pars. On a
partage le profit de notre fbciété , il m'en révient
tant pour ma cf/^-pairt.
CoTE-OTor/c cil la dépouille i la fuccefTion d'un Moine
qui vivoit hors laMenfc comniune, qui avoir quel-
que Bénéfice , ou quelque pécule, dont l'Abbé & le
Couvent héritent. Monachi extra nwnujleriiim mo-
rientis hercditas,
La Cote-morte des Religieux de Cîteaux n'appar-
tient point aux Abbés Commendataires , mais au
Moriaîlère,
Cote mal taillée. On dit dans le langage commun &
ordinaire , Faire une cote mal taillée ; pour dire ,
arrêter un compte, en rabatant quelque choie de
part & d'autre , &: lans l'examiner exaélcment.
Paclio arbitraria vel cum aliquo jiib damna.
|CF Cette exprefllon vient de l'ulagé bt\ l'on
ctoit autrefois; & où l'on elt encore aujourd'hui
dans quelques endroits , de marquer la quantité des
fbrnitures que l'on acheté à crédit fur des tailles ,
c'eft-à-dire , un morceau de bois iéndu en deux ,
dont chacun garde une moitié. Quand les entailles
faites avec le couteau fur ces deux parties que l'on
rapproche l'une de l'aurrc , ne fé rapportent pas ,
on dit que c'eft une cote mal taillée'.
On le die quelquefois abfolument. Chacun a payé
volontairement la cofe. C'eft en ce fens qu'on dit,
faire une cote mdl taillée; pour dire, régler une choie
incertaine &; embrouillée à une Ibmme liquide , fans
entrer dans la dilcuffion des particularités pour la
partager. PaFtio arbitraria^ non excuffa re. Dans ce
procès il y avoir bien des demandes de part & d'au-
tre , les Jiiges en ont fait une co/e mal taillés , S^
n'ont adjugé que telle fomme à un tel.
Cote, en termes de Palais , eft une lettre ou im chiffre
qu'on mer au dos d'une pièce menrionnée en un
inventaire ou en une produélioh , pour la marquer
& la diftinguer des autres, & la trouver plus faci-
lement. SUperfcriptus alicui codici numerus, vel
fuperfcripta littera. Cette pièce eft la troîfîème pro-
duite fous !a cote B.
Cote lignifie auffi la part que chacun doit porter &
payer d'une impofition , ou dépenfe commune. Im-
pojitum capitibus fmgulis tributum, exaclio capi-
tum. Ce font les ÀfTeeurs des tailles qui règlent la
cote de chacun des contribuables. Ce payfan a payé
fa core. Cet autre eft appelant de {-xcote. De cette
contribution chacun doit payer fa core-part. En ce
fens, & en celui de l'article précédent, ce mot
vient de quotas ou quot-, qui veut dire quantième
t)u combien ; & c'eft par corruption qu'on l'écrit
par un c , puifqu'on devoir écrire quote. Voyez
QùOTE.
COTE , f. f. terme d'Anatomie. Os long &c fait en
arc qui fert à former les parries latérales du rhorax.
Cojia. Les côtes onr leur arriculation dii côté du
dos avec les verrèbres. Elles finilîént antérieure-
ment par des cartilages qui leur fervent d'cpiphifes.
Il y a vingt-quatre ca/e5,- douze de chaque côté.
Tous les hommes n'ont pas le mènie nombre de
côtes, il y en a qui en onr plus que les autres , &
d'autres qui en ont moins, f^oyei l'Anatomie de
Bartholin, L. IF, C. 17. Les côtes fe divifent en
vraies & en fautes. Les vraies font les fept fupé-
tieures , que l'on appelle ainfi , parce qu'elles achè-
vent le cercle plus parfaitement que les autres , &
qu'elles touchent au fternum, avec lequel elles ont
une ferme articulation. Les cinq dernières s'appel-
lent fflK/ej coV^r^ , parce qu'elles font plus petites
Si plus courtes que les autres , & qu'elles ne vont
pas jufqu'au fternum , ce qui fait qu'elles n'ont
qu'une articulation fort lâche. Elles fe terminent
en des cartilages longs & mous , qui fe recourbent
en haut , &c s'uniflent"aux co;« lupérieures, comme
s'ils y étoienr collés -, excepré la dernière, qui étant
la plus petite de toutes n'eft point adhérente par
devant à aucune autre. Les côtes les plus hautes (but
plus larges que les plus balfes.
. On le dit aufli des animaux. Des côtes de
bœuf, de mouton, de baleine.
§Cr Eve fut' formée d'une côte d'Adam. C'eft poiit
cela que Boileau a dit en badinant.
Ce Marquis imbécile;
Croit que Dieu tout exprès , d'une côte nouveilc
A tiré pour lui J'eul une femme fidelle,
^fT Dans quelques phrafes le mot côte fe dit figu-
rément éc familièrement pour extraélion , def-
ccndans. Nous fommes tous venus de la côte
d'Adam. II fe croit de la côte de S. Louis , en
parlant d'un homme qui fe pique mal-à-propos
d'une haute nobleflè. .
03" Côte à côte adv. à côté l'un de l'autre. Mar-
cher côte à côte. On le dit quelquefois pour
marquer l'égalité des conditions. Commiffls late-'
ribus viam inire, ex xquo incedere. Deux Con-
feillers doivent marcher côte à côte,
Ç^ui déformais à la maltôte
Ofera difputer le rang ,
Depuis qu'elle va côte â côte ,
Avec tous les Princes dufang ? P. Le JaYo
Cette Epigranlme fut faite à l'occafion de la
capitition qui fut la même pour les Princes dii
fang , & pour les Fermiers Généraux.
On dit d'un homme , ou d'un animal très-mai-
gre , qu'on lui voit les cotes , qu'on lui compte
les c-ôtes.
On dit proverbialement &c populairement mefurer
les côtes -, pour dire , battre à coups de bâton , de
plat d'épée , de nerf de bœuf, ou de quelque
chofe qui plie en frappant.
, On dit prov. & fig. ferrer les côtes à un
homme , pour lignifier qu'on le preffe vivement,
qu'on le pourfuit avec chaleur , pour l'obliger à
faire quelque chofe. AcAd. Fr.
CÔTE fe dit aufTi , par refTemblance , de plufieurs
chofes étendues en longueur , & qui fbnt arron-
dies pour enfermer quelque chofe, CoJia. En ce
fens on dit les côtes d'un luth , les côtes d'un
melon, les côtes d'une carcalTé, qui eft une ef-
pèce cie bonibe,
CÔTE , en termes de Betanique , lignifie les arêres
relevées qui font fur le dos des feuilles. StaminUr,
Côte eft aufli le brin qui foiitient les feuilles de
ïaccacià, par exeinple- , & des autres feuilles
compofées. On appelle côte branckue celle qui
eft divilee en branches.
On appelle en Guienne , tabac (zns cotes ,
celui donr on ôte la nervure avant que de le filer j
on y deftine les meilleures feuilles , c'cft-à-dire ,
celles qui fbnt au milieu de la tige.
CÔTE de foie. Soie de médiocre qualité. C'eft ce
qu'on nofnine comrhunémeïit du fcapiton, ou du
fleuret,
CÔTE , en Architedure , font les lifteîs qui féparent
les cannelures fur le fût d'une colonne cannelée,;
Côtes de Dôme, ce font les faillies, qui excèdent
le nu de la convexité du dôme, & la partagent
feulemenr , en répondant à plomb aux jambeé
de k tour , & terminant à la lanterne : elles font
ou fîmpîes en manière de plarebandes , ou or-
nées de inoulures , comme la plupart des dômes
de Rome. Stria média inter geminas flriges.
CÔTES de Coupe, font des faillies qui féparent la
douelle d'une voûte fphérique en parties égales,
Cofla. Elles fonr quelquefois enrichies de com-
partimens. On appelle côteS de pierres , ou de
marbre , les plus longs morceaux qui fervent i
incrufter ; ils font étroits , & plus épais que les
fimples tranches.
En termes de Marine, on appelle côtes, ou mem-
bres de navire, les pièces qui font îoïntes à la
quille , & qui moment jufqu'au platbord pouE
compofer le corps du vajfleaur Elles fone de pla*
Q/LA. C O JL
fleurs pièces , 5c ont plulicurs noms, & confiftent
en varangues , fourcats , genouils & alonges.
fer CÔTE îii^nifie aufiTi les rivages Si les terres qui
s'étendent'^lc long du bord de la mer, Ora, httus.
La France a plus de cinq cens lieues de côtes.
Tel vailîeau a paru à la côie , lur la côte. Les
gens de mer dilenr toujours côte , ,& jamais riva-
ge , en parlant de la mer. On dit , la côte efl:
faine; pour dire, qu'il n'y a point de rochers.
Cote tacheule , dansereufe , pleine d'ccueils. Côte
fous le vent , c'ell la côte où le vent poufle le
vailîeau. Côte en écorre , eft une côte taillée en
précipice. Alongcr, ranger, râler la côte, c'cfl:
aller fur mer près de la cote. Etre jeté à la cote ,
cela fe dit de ce que la mer rejette fur les côtes.
Donner à la côte, aller à la côte, fe dit d'un
vaiffcau qui touche à côte , qui s'approche trop
près de la côte , qui périt pour toucher à la côte.
On dit qu'une côte court Eft-Oueft ■■, pour dire ,
qu'elle va d'Orient en Occident. Ji> Oriente ad
Occidentem. Du Gange dit qu'en la baîfe lati-
nité on a dit cojla maris ; pour dire , côte de la
mer.
On appelle Gardes-côtes , des navires armes en
guerre qui croilént fur les côtes pour les défendre
des Corfaires. Naves littoriuii , orarum ciijiodes. ^
hznoïXi as côte fe donne comme nom propre à
plulieurs pays fitués fur la mer. Cojîa rica , ou côte
r/c/^e, Province de l'Audience de Guatimaj.'à dans
la nouvelle Elpagne. Côte des Caftes ou Cafteric.
Côte des dents. Ora dentium , partie de la Gui-
née en Afrique. Ccte déferre , partie de la Cafre-
rie vers le Cap de Bonne-Efpérance , entre le
Cap do Infante , ou de l'Infant , & la rivière de
même nom. On donne le même nom^ à une par-
tie des Terres Magellaniques , du côté de l'O-
rient, entre la rivière de la Plata &: le port dé-
fîré. Côte d'or, Ora atirea, la plus grande &
la plus orientale partie de la Guinée. Côte de
Grain en Afrique , depuis les bords de Rio StÇ-
tos jufqu'au-delà du Cap des palmes. Côte de
Gènes en Italie. Côte de la Pêcherie, 5c non pas
de Pêcheries, comme dit Maty, & après lui M.
Corneille, Voye^ Pêcherie.
^ CÔTE fe dit encore pour le penchant d'une
montaç^ne, d'une colline. Declivitas. Audi l'on
dit une belle côte , une côte fertile & agréable.
Une côte plantée en vignes, en bois. Maifon
bâtie fur la côte, fur le haut, au bas de la côte.
§Cr Mi-cÔTE. Façon de parler adverbiale. Maifon
bâtie à mi-côte, &C non pas à demi-côte, fur le
penchant.
fp- CÔTE rôtie. Colline de France , connue par les
bons vins qu'elle produit. Ce nom lui vient de
ce que le foleil femble la brûler de fes rayons ,
& y mûrit les raifms d'une façon particulière.
^iZT CÔTE de S. André, ou funplemenr la côte.
Petite ville de Dauphiné , dans le Viennois , à
cinq lieues de Vienne.
'Cô-ïi.-rouge. Efpèce de fromage , que l'on tire de
Hollande , dont la pâte eft dure &C ferrée , com-
me celle du Parmefan d'Italie.
CoTi.-blanche. Autre forte de fromage de Hollande ,
qu'on nomme aufTi pâte molle, pour le diftin-
guer de la côte-rouge.
Cote , terme de Conchiliologie. Les côtes font des
élévations plates &: alongées que l'on voit fur cer-
taines coquilles, comme fur les peignes.
CÔTE , en termes de Charcutier , fe dit du boyau
de porc , qui fert d'envelope aux divers ingré-
diens qui enrrent dans la compofition du boudin
& des faucilles.
CÔTE , terme de Vannier. On appelle côtes , dans
les ouvrages de Vannerie , les nervures qui font
formées par l'entrelacement des menus olîers ,
autour des ofiers plus forrs , qui en font comme
la carcafTe. Les côtes d'une hotte , &c,
ffr COTE , f. m. partie droit ou gauche du corps |
<fc l'animal, depuis l'ailfelle jufqu'à la hanche.
COT
Lattis. Côté gauche, côté droit. On fe couche
fur le côté. Recevoir un coup d'épée dans le côté.
Le côté lui fait mal.
^3" CÔTÉ fe prend dans une acception plus géné-
rale de toute la partie droite ou gauche de l'ani-
mal. Boiter du côté droit , du côté gauche , des
deux côtés. Il eft perclus du côté gauche , de la
partie droite du .corps. Son ami marchoit à fon
côté , à fes côtés.
ffT On dit marcher à côté de quelqu'un , foit au
propre , pour dire auprès , foit au figuré ,
pour^dire , à peu -près fon égal. Quand Louis
fait la guerre, la viâoire marche roujours à fon
côté.
Moi-même fur fon trône à fes côtés afjife ,
Je fuis à cette loi , comme un autre , joumife.
Rac.
^ Molière marche à côté de Plante & de Tc-
rence. Dans le ftyle familier , fe tenir les côtés de
rire , rire à gorge déployée.
|Cr Et figurément , mettre quelque chofe du côté
de l'épée , mettre à couVeit quelque gain qu'on
a fait , quelque Ibmme d'argent. On le dit ordi-
nairemenr en mauvaife part d'un gain illégitime,
IJC? Côté lignifie encore endroit , je ne fai de quel
côté tourner. Qiiam in partem , &c. Voyez de quel
côté vient le vent. Dans un fcns figuré examiner
de quel côté vient le vent , c'eft examiner l'état
des afiùires pour fe déterminer &c prendre fon
parri en conféquence. Exprelfion proverbiale , &C
du ftyle famiher. Les Mages virent l'éroile du
côté d'Orient, Ab Oriente. Les Portugais ont
trouvé le chemin des Indes du côté de l'Occident,
Ab Occidente Ce Général a fait femblant d'aller
vers un tel lieu, mais il a tourné fa marche
d'un autre côté. Alio , aliorfùrh.
On dit par analogie \e côte droit , le côté gauclie
d'un bâtiment. Les bas côtés d'une églife font les
aîles bafles qui font à côté de la nef. Foye^ Bas,
CÔTÉ, en ce fens, fe dit non-feulement de ce qui
eft à droite &; à gauche , mais auifi de tout ce
qui eft autour , aux environs. Undique , unde-
cunque.Ccv.t ville eft aHiégée d'ennemis de tous
les côtés. Ce Prince eft environné de tous côtés
d'une foule de Courtifans. Un Surintendant ne
voir de tous côtés que des demandeurs & des
importuns. Ce malheureux eft pcrfécuté de tous
côtés par ces créanciers, par toutes fortes de maux.
Ciel! quel nombreux effain d'innocentes beautés
S'offre à mes yeux enfouie , & fort de tous côtés ?
Rac.
CÔTÉ , en terme de Marine , fe dit des flancs du
vailfeau. Latera. Stribotd eft le côté droit, bâ-
bord eft le gr.uche. On dit qu'un vahfeau a un
faux côté, lorfque le vaifleau a un côté plus fort
que l'autre. On dit aufTi , qu'un vaiffeau eft fur
le côté , lorfqu'il eft échoué fur les fables , & qu'il
eft plus penchant d'un côté que d'autre. On le
dit aulîi , lorfqu'on l'a tiré à terre pour le radou-
ber , &: qu'on a été oblige de le renverfer. On
dit auffi , mettre le vailfeau côté à travers , ou
mettre de travers , lorfque de gros temps on
préfente le côté au vent , & qu'on ne peut
pas porter à roure , ou lorfqu'on ne veut pas
avancer dans un parage dangereux , en lailTanr
aller le vaifleau à la dérive au gré des vents
& des marées. Oblique. Côté en' travers , fe dit
aufîî d'un vaifleau qui préfente le côté à une
forterefle pour la canonncr. On d;t encore
donner le côté , prcfcnrer le côté. Le côté du
venr eft le côté d'où vient le vent, côté fous
le vent , eft le côté où le vent porte le vaifleau.
Faux-côté, fe dit d'un vaifleau qui a un côté
foible, mal gariM,
On dit qu'on a mis trente bouteilles fur le côté ;
pour
C O T
pour dire, qu'on les a renverfées , couchées .1
terre après les avoir bues. Exhaurire. Cette bou-
teille ell: fur le côté ; elle eft vide. On a jeté
cet homme fur le câtS\ pour dire, qu'on l'a eni-
vre, Se obligé di fe coucher; & même on le dit
de ceux qu'on a tués.
ffj" On dit auffi figurément &c familièrement d'un
homme dont les affaires font en mauvais état ,
qu'il eft fur le côté , res inclinata. On le dit de
même d'un courtiian qui perd fon crédit.
On dit au manège, porter un cheval de côté,
pour dire, le faire marcher fur deux piftes,dont
l'une eft marquée par les épaules , l'autre pat les
hanches.
En Arithmétique on met d'un côté le divifeur , de
l'autre côté le quotient. Hinc , lUinc ; ex iina
exaltera pj.rte. Le pal divife les deux côtés de l'Ecu.
Utraqiu pars , iitrumque latiis.
^3" En géométrie , les côtés d'une figure fonr fes
lignes que forment fon périmètre. Le côté d'un
angle eft une des lignes qui forment l'angle.
^3" Le côté d'une puiffance eft iynonime à racine.
Voye^^ Racine, en géométrie.
^CFCôtÉ lignifie auflî partie d'une chofe, lesdifférens
fens, les différens biais dans iefquels on peut prendre
une chofe , & en parlant des étoffés , l'endroit &
l'envers. Toutes les étoffes ont le côté de l'endroit,
& le côté de l'envers : il les faut regarder du
bon côté\ il les faut couper de droit fil, & non
pas de biais , pour les couper du bon côté. Les
lunettes font voir d'un côté les objets plus grands ,
• & de l'autre plus petits. Il y a des perfpetlives
qui font voit d'un côté des objets agréables, &
de l'autre des monftres.
ffT On le dit , dans un fens figuré , des diffcrenres
manières d'examiner les perfonnes & les choies ,
des différentes faces fous lefquelles on peut les
confidérer ; ainfi l'on dit prendre une chofe du
bon , du mauvais côté. In bonatn , in malam partem
accipere y interpretari. Les envieux ne regardent
jamais les actions des hommes du bon côté. Ut
oportet ., ut decet. On l'a interrogé, on l'a pris
paf tous les côtés , partes in omnes , on n'a pu
tirer la vérité de fa bouche. Il eft impolfible de
corrompre ce Juge, de quelque côté qu'on le
tente. Ce paflage fe peut entendre également
bien des deux côtés , en quelque fens qu'on le
prenne. In utrumque fenfum accipi poteJl.On n'aime
point à être montre d'un côté ridicule. Beli,
Mais eut-on d'autre part cent belles qualités ,
On regarde les gens par leurs mechans côtés.
Mol.
Coté. tfT En Jurifprudence, lignifie ligne de pa-
renté. Parent du côté du père , du côté de la
mère. Côté paternel , côté maternel. Il eft héritier
d'un tel du côté du père. Les propres marernels
viennent du côté de la mère. Ex génère paterno ,
materno. On dit qu'un enfant eft du côté gau-
che ; pour dire , qu'il eft bârard. Spurius. Cette
façon de parler efî tirée du Blafon , parce que la
marque de bâtardife dans les Ecus eft une barre ,
ou filer, qui le taille ou divife, en prenant du
côté gauche au droit.
CÔTÉ ù ligne , font termes qui fe trouvent dans
les articles }i<j & 329 de la Coutume de Paris ,
qui expliquent quels font les parens qui font appe-
lés à la fuccelTion des piopres , dans cette Cou-
tume & dans les autres, qui par une difpofition
femblable gardent le milieu entre les coutumes
fouchères, &: celles qui appellent à la fucceflîon
des ptopres le plus proche parent du défunt , du
côté paternel ou maternel , fans avoit égard s'il
eft le plus proche du côté & li^ne de celui qui
a mis le premier les biens dans la famille.
CÔTÉ fignifie aufli un parti. ^CF Ainfi l'on dit être
du côté de quelqu'un , être dans fon parti. Stare
iii> , cum , ou pro aliquo ; partes alicujus tencre.
Tome II,
C O X S4T
Il faut fe ranger du coté le plus jufte , du côté
de la juftice , de la raifon. Se mettre du côté des
plus forts. Il eft neutre, il n'eft d'aucun côté, m
d'un côté ni d'un autre. Propenjior in neutram
partem. C'eft dans ce fens qu'on dit qu'un homme
a les rieurs de fon côté,
IfT A CÔTÉ eft quelquefois propofition , Sc quel-
quefois adverbe , & fignifie au côte , i droite ou
à gauche , & auprès. Se mettre à côté de quel-
qu'un. Donner à côté du but. Adverbialement
marcher à côté. Quand vous ferez arrivé en tel
endroit , prenez à côté. Donner à côté , au pro-
pre & au figuré, c'eft s'éloigner du but. Foyei
But.
1^ De côté , adv. de biais , de travers , oblique-
ment. Aller, marcher de côté. Votre manteau eft
de côté. Ce château n'a qu'une vue de côté. Re-
garder de côté y dans un fens figuré, regarder
avec mépris , ou avec colère. Limis oculis af-
peclare.
|p° Mettre une chofe de côté , la mettre en réfer-
ve , pour en dérober la connoiffance aux autres,
Seponere.
Haut-cÔtÉ , f. m. les côtés d'un mouton. Cofix
vervecine,
COTEAU , f. m. gCT n'écrivez pas côtau avec
Ménage. ColUculus, petite élévation de terre en
forme de colline , ou plutôt penchant d'une col-
line depuis le haut jufqu'au bas. Si le terrain
élevé en plan incliné au deflus du niveau de la
plaine , qu'on appelle coteau , a une certai-
ne étendue , il prend alors le nom de côte. Co-
teau planté de vignes. Coteaux agréables , ferti-
les. On a appelé l'Ordre des coteaux une certai-
ne fociété de débauchés délicats, qui ne vouloienc
du vin que d'un certain coteau. Et c'eft apparem-
ment eu égard à cela que la Bruyère a dit : qu'il
y a des grands qui fe laiifenr appauvrir & mai-
trifer par des Intendans , & qui le contentent
d'être gourmets ou côtexux , 8c d'aller chez
Thaïs , ou chez Phryné. Boileau en a auilî parlé
dans fes Satires , quand il a dit :
Sur-tout certain hâbleur à la gueule affamée ,
Et qui s'ejidit Profés dans l'Ordre des coteaux,
A fait , en mangeant bien , l'éloge des morceaux.
Voyez une Comédie fur ces coteaux faite par
S. Evremont qui étoit Coteau lui-même. Cette
Comédie eft intitulée : Les coteaux ou Marquis
friands. Il y décrit ainfi ces coteaux,
L É A N D R E.
Je crois qiCen eflimant la table de Terfandre »
Et celle de Léonte , on ne peut fe méprendre.
V A L E R E,
Cejl un Côreau.
O R O N T E-
Marquis , qui font donc ces Coteaux i
V A L E R E.
Ce font gens délicats , aimant les bons morceaux.
Et qui les connoiffant , ont par expérience
Le goût le plus certain & le meilleur de France î
Des friands d'aujourd'hui , c'eji f élite ù la fleur.
En -voyant du gibier , ils difent à l^ odeur ,
De quel pays il vient. Ces hommes admirables ,
Ces Palais délicats , ces vrais amis des tables ,
Et qu'on en peut nommer les dignes Souverains ,
Savent tous les coteaux où naiffent les bons vins }
Et leur goût leur ayant acquis cette fcience ,
Du grand nom de coteaux , on les appelle en France^
S. EvREMOiTT,
DDDDdd
^4^
-r-»
col
COTELETTE , f. f- petite côte. Cojîa. Il ne Te dit
qu'en ces phrafcs. Des côtMtus de mouton , de
cochon , de veau. On ne leur donne ce nom que
lor'que l'endroit où ibnt les cotes, clt Icpare de
l'animal , & que les côtes elles-mêmes lont icpa-
rces les unes des autres. ' . , •
Les cotckttcs de porc -, c'cd un ancien droit que
les Seiçrneurs de Bretagne levoient lur Icuis lujets.
LOBINEAU , T. / if- iO^- .
COTELEE r f lorte d'habillement des trançois ,
qui ctoit en'ulWe il Y ^ ^"^'^1.^^'^.^ l.ccles. Borel
croit que la cotelle étoit une elpece de julte-au-
corps. ., .
COTER V a. marquer une picce au dos ou une
liifîe d'un'chifre ou d'une lettre , pour la trouver
au befoin. Supcrfcriberc , infcribere. Ce (ont les
Notaires qui cotait &c qui paraphent eux-mêmes
les pièces d'un inventaire.
Coter ii^nifie aulfi marquer precifement. Scnptons
aliaqus verba afcne , profrre.lï tant nous cour
les textes où vous avez vu cette doctrmc. Co/cr
un chapitre, un verlet,c'eft marquer quel quan-
tième il eft. . /^, n. j ■
ItT Coter Procureur, terme de pratique. Ceit dé-
clarer par exploit que tel Procureur occupera pour
celui qui fait donner l'exploit.
Coté , ÉE. part. ïnfcriptus , juperjcrtptus. _ _
COTEREAU 1". m. Coterellus. Les cotereaux etoient
• des voleurs, des bandits, qui infettèrenr le Lan-
<ruedoc & laGafcogne dans le XIIc liecle , fous
Louis VII Les Cotereaux fe louoient comme les
Brabançons pour faire la guerre ,_ à ceux qui
vouloient tirer vengeance d'une injure , & rava-
eeoient tout le pays. Ccft pour cela qu on les
Ippeloit auin Brabançons ,- ôc peut-être que plu-
lieurs n'ctoient que Brabançons , c eft-a-dire des
avanturiers , des bandits. Foye^ Brabançon.
Ou plutôt les Cotereaux éroient les tantallins aes
Brabançons -, car les Brabançons qui croient fan-
tair.ns,s'appeloient Cotereaux , ëc ceux qui fer-
voient à cheval, i?o^'n>5. Le Concile de Latran
fous Alexandre III , en 1 179 > 1" appelle encore
Ari-oniens , Navarrois , Bafques & Triaverdins.
Mail ni ce Concile , ni Baronius ne diient point
qu'ils fuirent hérétiques ;& ils les diftinguent des
Cathares ou Patarins & Publicains. Le Concile les
condamne leulcment aux mêmes peines que ces
hérétiques. Comment donc certains Auteurs les
confondent ils 2 Favyn , Hijl. de Nav. ,Liv. Vil, p.
2 S(î dit que ces gens étoient appelés Coutereaux ,
d'un' vieux mot françois cotterie , c'eft-à dire , com-
pacrnie & fociété. Ce vieux mot françois fe du
encore au même fens. Favyn cent Couttereau &
Cotterie. Quelques-uns , comme Chameau , dans
Ion Hijt. de Berry , écrivent Cothereaux , mais fans
"'on' donna auiTi ce nom aux voleurs , depuis
une émeute où les paylans avoient paru armes de
bâtons ou de cotterets. _
COTEREL , f. m. forre d'arme ancienne dont il eit
parlé dans nos anciens Poètes.
COTERIE, f. f. C'eft un mot qui fe dit dans plu-
ficurs coutumes , qui fe dit des compagnies & fo-
ciétés de villageois demeurans enlemble , pour te-
nir d'un Seis^neur quelques héritages qu'on appel-
le tenus en coterie -, ce qui arrive particulièrement
parmi les gens de main-morte. Societas.
On appelle auffî coterie , un héritage chargé
d'une redevance roturière , qui eft une terre vile ,
5c une pollémon de main ferme -, ce qui eft op-
pofe au lieu noble xenu a fief Se à cens : 8c on
dit une terre cotière , un lieu cotier ou tenu cotiè-
rement ; homme cotier, ou tenancier cotier ,}p:it
oppofition aux hommes de fief ou cenliers. Pra-
dium veclicra/is annui plebeïo jure. Chofe cottere ;
tenant cotur , fief cotier , biens cotiers , héritage
cotier. . ,
Coterie fe dit aufTi parmi les artifans , d un )urè,
■ ou d'un maître de confrérie à l'égard de celui qui
C O T
eft en même charge -, d'un ouvrier & manœuvre
à l'égard de fon camarade.
Coterie , en termes de converfation ,Jfr fe dit par-
ticulièrement des petites fociétés où l'on vit fami-
milièremcnt ; de certaines compagnies de quartier ,
de tamillc, de parties de plaifir à certains jours
réiîlés. On fait fouvent coterie avec fes voilîns.
Deux années ne pailént point fur une même co-
/tw:lajalouliedelabeauté , ou d'autres intérêts
dérangent bientôt la République. La Bru. Ces
gens ibnt de même coterie. Il eft familier.
Cotterie s'eft dir autrefois d'une fociété de payfans
armés & révoltés qu'on appeloit cotereaux. Voyez
ce mot. C'eft de cette dernière fignification qu'eft
venu l'ufage de dire coterie pout fociété.
COTHUP-NE. f. m. C'eft une efpèce de (bulier fort
haut , ou une efpèce de patin élevé par des fe-
melles de liège dont le fervoient les anciens ac-
teurs des Tragédies fur la fcène , pour paroître de
plus belle taille. Il couvroit le gras de la jambe ,
& étoit lié fous le genou. Cothurnns. On dit que
Sophocle en fut l'inventeur. Vigenère dit que c'c-
toit de grands brodequins liécés , fjr lefquels les
Adeurs'des Tragédies étoient montés comme fur
des échalfes.
Cothurne le dit figurément du ftyle pompeux &
tragique. Ampull(z\ Jefquipedalia verba , jiilus in-
fia)us , masnificus , tragicus. Quitte ce langage
trafique , &; mets bas le cothurne. Ablanc. Alais
quoi , je chaufle ici le cothurne tragique ? Boil.
c'eft-à-dire je prends un ton trop haut &; trop élevé.
Euripide prenoit quelquefois le cothurne ; mais il
ne montoit pas fur des échalfes. S. Evr. Voila
des vers qui font dignes du cothurne. Ce Poète a
chaufle le cothurne ; c'eft-à-dire il s'applique à faire
des Trafjédies. ChaulTer le cothurne lignifie auili
jouer des Tragédies.
COTICE , f. f. terme de blafon , eft une efpcce de
bande diminuée , plus étroite , qui n'a que les
deux tiers de la bande ordinaire , qui n'occupe
que la quatrième ou cinquième parrie de l'ccu,
Tctniola,faJciola diagonalis. Elle fe pofe de même
biais , tirant de l'angle dextre du haut au fénef-
tre d'en bas. La cotCce fe met aulTi en barre , ti-
ranr du côté gauche au droit , comme le filet ds
batardife. Pithou les zpptWz frète aux , parce qu'eu
effet les frètes font des compofés de cotices Se de
conzte-cotices. Quand la cotice tient lieu de bri-
fure , on la nomme bâton. On appelle un écu
coûcé , quand tout fon champ eft rempli de dix
bandes de couleurs alternées.
COTIER , adj. on appelle en termes de marine ,
pilotes , cotiers , /ittorum , or arum pericus , ceux
qui ont grande connoiffance des côtes , des rades ,
des ports & rivages , par oppolitions à pilotes haw
iuriers , qui gouvernent les vaifleaux en pleine nficr,
& en prenant la hauteur des aftres. Il eft auffi Aibf-
tantif. Ce pilote eft bon cotier.
COTIER, 1ERE. Foyei ci-delfus Coterie, terme
de coutume.
COTIERE , f. f. fuite des côtes de mer. Il croifa pen-
dant deux mois fur telle côtière.
Les jardiniers appellent aulTi côtières , les plan-
ches qui font le long des murailles bien expofccs
& qui vont ordinairement en talus. Acclivis &
apricus pulvinus hortenfis , fecus murum. Ils met-
tent leurs belles tulipes dans les carreaux, & les
fimples couleurs dans les côtières.^
COTIEREMENT , adv. d'une manière cotiere , qui
eft différente de celle par laquelle on tient les
biens noblement, roy*? Coterie , terme de cou-
tumes. . . _
COTIGNIAC ou COTIGNAC. Cotimatum. Bourg
de France dans la Provence , que quelques Géogra-
phes prennent pour l'ancien Maittaromum. Co-
ti^niac eft fitué fur la rivière d'Argens , à trois
lieues de Brignoles , à l'Occident. Coti^nac tire
un gros profit des figues & des autres fruits que
l'on y prépare,
COT
COTÎGNAC. r. m. Confiture ou pire faite de jus de
coins & de ilicre. Le bon congnac le tait à Or-
léans. Cyioniatum , ou dlacynodues. Le cotignac
efl: aftringent Ç\ on le prend à l'entrée du repas ,
il fortifie l'éftomac , aide à la digcftion , garantit
la tête des fumées qui montent au cerveau après
avoir bu ; au contraire , s'il efl pris après le repas ,
il lâche le ventre infènfiblement , & peu-à-peu,
fans l'ofFenfer, Le Maire , Hijt. iOrl. p, 54.
Ce mot vient de ce qu'il eft fait ex malis co-
toneis. On l'a dit par corruption de coùgnat.
CoTiGNAc fe dit auïTi de la pâte ou gelée de quel-
ques autres fruits. On fait du congnac de gro-
feilles.
CoTiGNAC de Bacc/ius-, mot burlefque 5 pour dire, du
ftomage. Cajeus,
O doux cotignac de Bacchus >
Fromage que tu vaux d'écus ! S. Amant.
COTILLON , r. m. diminutif de coue , partie de
l'habillement des femmes. Petite Juppé de defîus.
On le dit particulièrement de celles des femmes
du commun. Tunicula, crocotula. On a trouflé Ton
cotillon pour lui donner le fouet. On dit qu'un
homme aime le cotillon , pour dire> qu'il aime les
femmes. Expreflîon populaire.
♦ Laitons la qualité t
Sous les cotillons des grifettes
Peut loger autant de beauté
Que fous les jupes des coquettes. La Fontaine.
Cotillons, f. m. pi. C'eft^le nom d'une contre-danfe.
Les cotillons fe danfent à quatre ou à huit per-
fonnes , & chacun fait Ion perfonrtage à fon tour.
Je veux que nous danfîons enfemble le rigaudon ,
la chafle , les cotillons , la Jaloufie , & toutes les
autres danfes nouvelles. Regnard.
Et je veux avec vous danfer les cotillons. Id.
Pour la danfe, je ne crois pas que perfonne l'é-
gale à danfer les cotillons. S. Didier. Aujourd'hui
on dit danfer le cotillon au fingulier.
COTINUS , f. m. plante. /^oye^^FusTET.
COTIR , v. a. froiffer , meurtrir. Contundere. Il ne
fe dit guère que des fruits. La grêle a coti ces
pommes , ces poires. La Quinrinie prétend que
cotir ou cottir , Comme il écrit, eft un terme po-
pulaire Se barbare. Il eft au moins populaire &
peu nlîté , finon dans quelques provinces.
COTI, lE. part. Des fruits cotis. Contufus.Des melons
cotis j des pommes , des poires , des prunes coties,
COTISATION 5 f. f. divifion d'une fommequi doit
être payée par plufieurs , pour fçavoir ce que
chacun en doit payer pour fa part, Triiuti in
Jingula capita defcriptio. Les tailles , fubventions
& autres charges fe payent par les habitans , cha-
cun félon leur cotifation. Il s'eft fait une cotijation
dans cette paroiffe pour la fubfiftancc des pau-
vres, pour laquelle chacun s'ell cotile volontai-
reuxent.
COTISER , V. a. régler la part que chacun doit payer
d'une fomme qui eft à lever fur quelque commu
nauté. Tributum in provincias , in urhes , infami-
lias , in capita defcr ibère , indicere , imponere. Or
cotife les pcrfonnes à proportion de leur bien ,
de leur induftrie , de leur trafic. Chacun fe co-
tife de bon gré félon fes facultés.'
Cotisé , ée. part.
COTISSURE , f, f. Ce mot fe dit du fruit , quand
par fa chute ou autrement , il s'eftfroiifé , meur-
tri. Contujio. La cotiffnre fait pourrir les fruits.
La moindre cotiffure empêclie les fruits de fe gar-
der. Cotijpire n'cft guère plus ufité que cotir.
COTITÉ. Foyei Quotité.
COTON , f. m. cfpèce de bourre de laine ou de fi-
COT
9A-^
hfTe , qui environne la femence du cotonnier
Gojfypium ; Xyli bombix , lanugo.
Coton , fe dit aufli de l'arbre qui porte le coton oJ.
la iilaflè dont on vient de parler. On l'appelle
autrement Cotonnier, Voyez ce nom. Le coion
croiffoit autrefois feulement en Egypte ■■, &: les fa-
crificateurs s'en faifoient faire des robes. Main-
tenant il en vient en Chypre , .à Candie , en Si-
cile , dans laPouille , & fur-tout aux Indes , où on
en fait grand trafic. On fille cette matière ; &c Pline
appelle le fil qui en vient xilinuin. On en taie
de belles toiles de coton. On en fait aulfi des bas ,
des couvertures , des matelas , des tapifferies &:
toutes fortes d'ouvrages. On dit des toiles de coton ,
des bas de coton , &:c. Les belles indiennes ou
toiles peintes des Indes , font de coton. Les In-
diens fe fervent particulièrement de coton. Le coton
vient en groffes balles. On lit dans une nouvelle
Relation de la Chine , qu'il y croît quantité de
coton , & même de toutes fortes de couleurs.
Ménage dit que ce mot vient de cotonea , qui
fignifie la petite mouffe qu'on voit fur les coins ,
qui refîènible au coton. Mais Nicod dit que les Ara-
bes l'appellent cotum ou bombafum , d'où on a
fait coton & bombaiin. L'Arabe ait auffi Akoton,
L'inflammation qui paroît aux bleffures fur lef-
quelles on applique du coton au lieu de linge,
décide aflez de l'ufage qu'on en doit faire dans la
chirurgie. Leeuwenhœk , pour montret non-
feulement que le coton eft la caufe de cette inflam-
mation , mais encore comment il en eft la caufe ,
a obfervé avec le inicrofcope que le coton avoir
deux côtés plats ; d'où il conclud que chacune de
fes parties , comme il parle , a auffi deux côtés ai-
gus ; que ces côté'S aigus n'étant pas feulement plus
minces & plus fubtils que les globules dont les
filamens charneux font compofcs , mais ctartt en-
core plus fermes que toute cette chair globuleufc,
il s'enfuit que quand on applique du coton à une
bleffure ,fes côtés ne nuifent pas feulement aux glo-
btdes de la chair qui eft faine & entière , mais ils
coupent encore la nouvelle matière qui y abonde
pour produire de nouvelle chair , avec d'autarit
plus de facilité , que cette matière n'ayant pas
encore atteint la fermeté & la confîftence de la
chair, n'eft pas aflez forte pour réfiftet à fes at-
teintes ; au lieu que les petits morceaux de linge ,
dont ou fe doit fervir , étant compofcs de petites
parties rondes & fort ferrées les unes conrre les
autres, font , à caufe de leur grand nombre, une
maffe bien plus grande j & ainfî ne font pas ca-
pables de blefler les parries globuleufes de la
chair.
Ontroiivedans les îles Antilles une efpèce àzioton
ou cotonnier que les Sauvages appellent /7za/zow/o«-
akecha. Il croît de la hauteur d'un pêcher ; il a l'é'
corce brune , les feuilles petites , diviices en trois.
Il porte une fleur de la grandeur d'une rofe , qui
eft foûtentie par le bas fur trois petites feuilles
vertes &: piquantes qui l'cnfetrent. Cette flcur efl
compofce de cinq feuilles qui font d'un jaune-doré :
elles ont dans leur fond de petites lignes de cou-
leur de pourpre , & un bouton jaune qui eft en-"
toute de petits filamens de même couleur. Les
fleurs font fuivies d'un fruit de figure ovale , qui
eft de la groffeur dtine petite noix avec fa coqùe^
Quand il eft parvenu à fa maturité , il eft tout
noir par dehors , & il s'en trouve en trois endroits ,
qui font voir la blancheur du coton qu'il refferre
fous cette rude couverture. On trouve dans cha-
que fruit fept petites fèves qui font la femence de
l'arbre. Il y a une autre efpèce de coton , qui ram-
pe fur la terre , comme la vigne deftituée d'appui :
c'eft celle qui produit le coton le plus fin & le
plus eftimé.
Coton fe dit auffi du duvet qui vient fur quelques
fruits Se plantesjcomme furies coins & fur les bour»
geons de vigne, Lanugo.
D D D D d d ij
H^
COT
COT
Coton fe dit auflî ,mais figurément , du premier poil ^
follet qui vient au menton des jeunes gens avant la
barbe. Lanugo.
Et ne tarderont fes conquêtes....
Qu'autant que U premier coton ,
■Qui de jeunejj'e ejtle mejfage ,
Tardera d'are a fon vijage.
Et de faire ombre àfon menton, Malhep-be.
On dit proverbialement : Cela jetera un beau
coton ; pour faire", entendre qu'une choie mal en-
treprife produira un mauvais effet, &: qu'elle fera
dcfavantageufe à ceux qui l'ont commencée. Cette
façon de parler , quoiqu'elle ait pafle de la ville
jufqu'à la Cour , eft balfe & ridicule. Cail. On dit ,
Jctter un vilain coton ; pour dire , ne faite rien qui
vaille , en parlant d'un homme dont les affaires font
ruinées.
Coton, f. m. C'eft le nom qu'on donne en Amé-
rique aux petits d'un oileau qu'on appelle Diable
ou Diablotin. Les cotons font couverts d'un duvet
épais & jaune , comme les oilbns , & font com-
me des pelotons de graifle. Ils font plus délicats
que les Diables , maïs fi chargés de graillé , qu'ils
la rendent, comme s'ils croient pleins d'huile. La-
BAT. Foye^ Diable.
COTONINE. Foye^ ci -après Cotonnine , forte de
grôfle toile , & de pierre.
tp- COTONNER. v. n. Il fe joint toujours avec
le pronom perfonnel &: lignifie commencer à fc cou-
vrir de duvet , de bourre de coton. Flocculis Lanu-
ginofis perpergi. Le Diél. de l'Acad. l'applique aux
joues des jeunes gens qui fe couvrent du premier
poil follet. Ses joues fe cotonnent. Il fe dit peu dans
cette acception. On le dit plus ordinairement des
étoffes fur lefquelles il s'élève une certaine bourre.
Cette étoffe, cette toile fe cotonne ; &c des fruits,
pommes , poires , artichauds , &c. quand leur fubf-
tance devient moUaffe ôc ipongieufe comme du
coton. ^
COTONNE, E£ , adj. Qui tient du coton, qui ref
femble au coton. Goffipio fimilis , gojjipium refe-
rens. Les étamines du Chamœrododendros font
plus ou moins colorées de purpurin, mais blanches
& cotonnées à leur nailfance. Tournefort , Acad.
DES Se. \-;oj,,Mém.p. 34^. Le ciel étoit foit brouil-
lé ,& la lune étoit couverte de nuages cotonnés ,
qui empêchoient de voir bien diftindement les
taches de la lune. De la Hire. Ibid. p. 352.
COTONNÉ , ÉE , part. palf. & adj. Qui eft plein &:
couvert de coton. Floculis lanuginofis perperjus.
De toutes les fouirures , les plus communes à la
Chine , font celles de peau d'agneaux : elles font
blanches , cotonnées, & forts chaudes, mais pelan-
tes, &c. P. le Comte.
^^ On appelle cheveux cotonnés , des cheveux courts
&C frifés comme ceux des Nègres.
COTONNEUX , EUSE, adj. m.ollalTc & fpongicux
comme du coton. Il fe dit feulement des fruits &
des racines, qui commencent à s'amollir, &: n'ont
plus le même goîit ni la même faveur que dans
leur point de maturité. C'eft en ce fcns que l'on
dit , des raves cotonneufes , des pommes cotonneu-
fes, des pêches cotonneufes, des poires cotonneufes.
COTONNIER , f. m. Xylon, plante qui porte le co-
ton. Le Ct)/o«72fVr ordinaire. Xylon herbaceum,],
B. eft annuel. On le cultive à Malte & dans plu-
fieurs endroits du Levant. Sa tige eft haute , envi-
ron de trois à quatre pies , droite , velue , un peu
ligneufe, & prefque toujours branchue. Ses feuil-
le's font alternes , fie paieilles à celles du petit éra-
ble, mais moins fermes , plus velues &: plus blan-
châtres -, celles du bas de la plante font arrondies
& échancrces feulement en quelques endroits. Ses
fleurs , qui naillcnt aux extrémités des branches ,
font de la gtandeur à peu-près bc de la figure des
fleurs de la'mauveordinairei elles font jaunes furies
bords , pourprées dans leur fond. Le piftil , après
^Ue la fleur eft palfée devient un fruit gros comme
une petite noix, dwifé en quatre ou plulieurs lo-
ges , qui contiennent chacune plulieurs femences
enveloppées d'une lilalfe blanche qui eft appelée
coton.
Le Cotonier ,3.zbie , Xylon arboreum , J. B. dif-
fère du précédent par la grandeur de toutes fes
parties. Celui-ci eft très-fréquent dans ks Indes ,
& ne périt pas toutes les années : fa tige eft haute
de plulieurs pics , & donne des branches ligneules,
chargées de feuilles alternes, qui ne l'ont pas beau-
coup différentes de celles du Ricin. 11 n'y a pref-
que que la conliftance & la e .uleur qui ks diftin-
guent. Ses fleurs font jaunes , 6c du diamètre des
fleurs de la Mauve qu'on nomme rofe d'outre mer i
fon fruit eft plus gros , mais la femence & le coton
font tout-à-tait lemblabks au précédent.
Cotonnier fe prend encore pour L'Apocy n,qu'onnom-
me ainfi en Canada. Foye:^ Apocyn.
Cl.)TONNINE , f f. grollé toile , dont la chaîne eft
de coton , &; la trame de chanvre. On s'en ferr
pour les voiles des galères , & en certains pays pour
les petites voiles des autres vailfeaux.
Albâtre cotonnine , pierre précieufe , efpèee
d'agathe , commune en Italie. Il y en a un beau
tabernacle aux Carmélites de Lyon , fait à Floren-
ce en 1CJ84 , & donné par M. de Villeroy.
COTONNIS. f. m. pi. Les attlas cotonnis Ibnt des
fatins qui viennent des Indes Orientales.
COTONS , f m. pi. terme de marine. Ce font des
pièces de bois dont on fe fett pour fortifier un mât,
auquel en les joint étroircment.
ÇCT COTON AL , dans ks Indes, eft le Juge des affai-
res criminelles , Soubachi en Turquie , Daroga ou
Daruga en Perle. Une peut faite mourir perfonne,
qu'il "n'ait envoyé un Courier au Roi <, pour appren-
dre fa volonté fur le procès de celui qui mérite la
mort. Ce Cotonal doit répondre de tous les vols
qui fe font dans la ville. C'eft pourquoi il a des
Archers qui font des Corps-de-garde ,& qui y font
la vifite trois fois la nuit, à neuf heutes , à minuit
& à trois heures.
COTOYER , V. a. marcher à côté de quelqu'un. Ali-
cujus latus tegere. Le premier Echevin côtoie le Pré-
vôt des Marchands dans les cérémonies,
CÔTOYER fignifie auffi marcher le long d'une côte ^
d'un rivage, ou d'une autre chofe étendue en lon-
gueur. Oram légère , littiis radere. L'armée fut obli-^
gée de coroyer long temps la montagne. Les galè-
res côtoient le rivage , quand elles vont terre à
terre. Les côtes de Malabai font pleines de Corfai-*
res qui les côtoient fans ceflê,
CÔTOYÉ , ÉE , adj. en rermes de blafon ,'fe dit lorÂ'
qu'une bande , côtice ou barre , eft accompagnée
de quelques autres pièces en même fens , & en mê-
me nombre, égale des deux côtés la principale dcfi
pièces. Sïipatus.
COTRET , f m. falfceau de morceaux de bois de
moyenne groffeur , & liés par les deux bouts avec
des harres." Ligni fafciculus brevior. Uri bâton de
cotret. Un cotret de hêtre. On dit , châtter, des
cotrets; pour dire, en ôter quelques bâtons. Les
cotrets , foit de taillis", foit de quartier , doivent
avoir deux pies de longueur fur dix-fept ou dix-
huit pouces de circonférence. Ce nom a été don-
né à cette efpèee de bois , parce qu'il eft venu
d'abbrd de la forêt de Villers - Cojlerets , ou Col
de rets.
Ménage dérive pourtant ce mot du latin cof-
trettum j'qu'on a dit au lieu de conjiriclum , d'où les
Italiens ont fait confireto , à cauie qu'on les lie à
deux endroirs. D'auttes le dérive du mot Danois
got trehe , qui fignifie bon bois.
On appelle figutément & burlefquement des coups
de bâton , huile de cotret. On dit aulTi d'un hom-
me maigte & décharné, qu'il eft fec comme un
cotret.
On dit proverbialement : on vendra demain des
COT
cotrets à Paris -, pour fignifier , que demain ne fera
pas chommé , que c'eft un jour ouvrable.
M. Huer croir que le nom de çotrei pourroir bien
erre venu de la forer Cotia , qui éroit proche de
Compiegnc.
COTRON ou COTERON. Foye^ Cotteron.
COTTA , r. f. efpèce de meiurc de conrinence donr
on fe ferr aiix Maldives pour mefurer les cauris ,
c'eft-à-dire , cctre forre de perires coquilles qui fer-
vent de monnoie en quelques endroits de l'Afie ,
& prelque fur routes les côtes d'Afrique. La cotta
conrienr douze mille cauris.
Le Di<5t. Encyc. fair ce mot du genre mafculin.
Le cottd.
COTTE , f. f. partie du vêtement des femmes , qui
s'attache à leur ceinrure , & qui defcend jufqu'en
bas. Tunica, crocota. Il ne fe dit plus qu'à l'égard
des payfannes , oU perfonnes du peuple. Les Da-
mes de qualité l'appellent jupe. On dit encore à
l'égard des enfans; levez votre cotte ^ trouifez votre
cotte.
Ménagé après Scaliger , dérive ce mot du larin,
crocota , dont parle Cicéron , qui eft une efpèce
de jupe ou de robe de femmes , qui répond à ce
cjue nous appelons cotte 8c cotillon. Du Gange dir
que cota étoit un habillement propre aux Ecclé-
Jiaftiquesi
On appelle encore corps de cotte , le corps pi-
qué que les femmes porrent fous leurs robes , où
elles attachent leurs jupes & leurs cottes. Tu'nicce
thorax,
|tCF On dir donner là cotte verte , jeter une fille fur
l'herbe , en folâtranr avec elle.
Cotte d'armes , en rermes de blafon , fe dit d^un
habillemenr que metroient autrefois les Chevaliers
fur leurs armes , rant à la guerre que dans les tour-
nois , &c qui fe porte encore à préfent par les Hé-
rauts d'armes. Sagum. C'étoit un petit manteau qui
defcendoit jufques vers le nombril , ouvert par les
côrés avec des manches courtes, comme des man-
ches d'Ange, quelquefois fourré d'hermines & de
Vair , fur lequel s'appliquoienr les armoiries du
Chevalier, brodées en or 5c en argent, & avec de
l'étain battu émaillc de couleurs , d'où eft venu la
règle de blafon , de ne point mettre couleur fur
couleur , ni méral fur métal. Ces couleurs étoient
faites d'un étain battu & émaillé de rouge, de verd,
de noir &: de bleu ; ce qui leur a fait donner le nom
A'émaux. Ces cottes d'armes éroient volantes , &
Ibuvent diverfifiécs de plufieurs bandes de cou-
leurs différentes , alternes & mifes en divers fensj
comme les drapeaux font encore écartelcs, ondes
. & vivres. Ces fortes d'habits s'appeloient divifés ,
parce qu'ils éroient compofés de plulieurs pièces
divifées & coufues enfcmble , d'où font venus les
mots de fafce , de pal , de chevron , de bande , de
croix, dejautoir , de lofante, &:c. dont on a fait de-
puis les pièces honorables de l'Ecu. Les cottes d'ar-
mes & les bannières n'ont jamais été pcrmifes qu'aux
Chevaliers & aux anciens Nobles.
Cotte de Mailles , ou Jaque de Mailles , efi: auffi
une armure faite en forme de chemife , & tiflue de
petits anneaux de fer. Lorica hamis conjita.
Ip- COTTE - MORTE. Voyei Cote-morte,
COTTÉE , f. f. petit plongeon , efpèce de Canard j
Voye^ Petit Canard,
COTTER. Foyei Coter.
COTTEREAUX. f m. Voleurs , pillards & aven-
turiers , qui pilloient les Payfans , les Eglifes & les
Monaftères , qui furent défaits en Berri du tempsjde
Philippe Augufte , en l'an 116^ ,dont il eft fait fou-
vent mention dans les vieilles hiftoires. Pradones ,
Taptores. Ils ont été aufTi appelés Routiers & par les
" Auteurs latins Ruptarii , comme qui diroit Ecor-
cheurs. Voyez Cotereaux.
COTTERIE. Foyei Coterie.
COTTERON , f. m. petite cotte courte &: étroite,
çiu'on met par deflbus les jupes pour être plus
G O T ^v^9
chaudement en hyvcr, Tumcula , crocotula. Cotte-
ron de ratine , d'ouâtce.
COTTIENNES , furnom d'une partie des Alpes qui
eft entre le monr Vifo au midi , & le mont Ccnis
au feptentrion, &: comprend le mont Vifo, le mont
au col de la Croix , le mont Cenèvre Se le mont
Cénis. Elles féparent le Dauphiné du Piémont.
Alpes Cottiâ , ou Cottiana. Elles ont pris ce nom
d'un Seigneur de ce pays nommé Cottus ou Cot-
tius, dont Suétone parle dans la vie de Tibère, êc
à qui Claude donna le ritre de Roi l'an 44 de Jesus-
Christ. ^ovf{ ci-deifus Alpes.
COTTIER, ERE. Foyez Cotier.
COTTIÈREMENT. Foye^ Cotiérement.
COTTIMO , f m. terme du commerce de Mer , èà
ùfage dans les Echelles du Levarir. C'eft une impo-
iîtion que les Confuls , par ordre de la Cour , ou
du confenremenr des Marchands , impoiént à tant
pour cent fur les vaifléaux , foir pour le payement
de quelques avances , foir d'autres aifaires com-
munes de la nation.
COTTION. f. m. Cottio. Certains Pénirens, appelés
aurremenr Mangons , qui parurenr au VHP fiècle,
vagabonds , qui couroient le pays tous nuds , char-
gés de chaînes , fous prcrexte de pénircnce. Le Ca-
pitulaire d'Aix-la- Chapelle en 789 fous Chatle-
màgne , défend de foufiVir les Cottions.
COTTIR. Foyei Cotir.
COTTISSURE. Foye^CoTissuRi.
COTULA, f f. planre dont les feuilles font petites
comme celles de la camomille. Sa ileur eft couron-
née Ou liûe, fes femenccs font pLites en forme dé
cœur , 6y ailées j fon calice eft ordinairement etl
écailles. Dict; de James* On la dit vulnéraire & af-
rringente.
COTUTEUR. f. m. Celui qui a une rutelle conjoin-
tement avec un autre. S'il y avoit pldlîeurs tuteurs
nommés par l'aéle de tutelle , fans divifer leurs
fonélions, quoiqu'ils fuifenr convenus enfemble de
féparer la geftion , Se d'en exercer chacun la par-
tie, chacun des deux ne lailferoit pas d'être tenu
folidairement , tant pour la part qu'il avoit admi-
niftrée , que pour celle de fon Cotuteur. Injiitutiort
au. Droit François. La mère mineure de vingt-cinq
ans , ne peut être donnée pour tutrice à fes enfans ,
encore qu'elle ait été nommée tutrice par le tefta-
ment de fon mari, finon en baillanr un Cc///rf«r »
qui demeure ircfponfable folidairemenr de l'admi-
niftratian par elle faire duranr fa minorité. Auza-
NET.
^O'COTUY, ville de l'Amérique Septentrionale dans
l'île de S. Domingue , environ à foixante lieues dé
la capitale.
COTYLE , f. f. mefuré attiqiié pour les llqueùfsi
Cotyla. On a fupputé qu'une cotyle éroir égale à
Un demi-ferier Romain. On prérend que l'hémine
eft la même mefure que la cotyle. La cotyle Romai-
ne eft de douze onces pour quelques liqueurs que
ce foir. Savot. Si cela eft, il y avoit autant de diffé-
rentes cotyles , qu'il y a de liqueilrs qui fe ven-
deur ordinairement ; ce qui ne doit pas étonner i
puifqu'en quelques pays plufieurs mefures de diffé-
renres grandeurs ont le même nom lorfqu'clles con-
tiennent le même poids , quoique fousdiffcrens vo-
lumes. Fannius dit que la cotyle étoit la mêmecho^
fe que l'hémine, que c'étoic la moitié du fetier.
Àî cetylas, quas ,fi placeat , dixiffe Ucehit
Heminas , recepit geminas fextarius unuSi
Chorier , Hifî. du Dauph. L. U,p.\o\ ■> dit , qiiè
dans certe Province on appelle Cotovilli , & Co-
tillon , un por de rerre propre à renir de l'Iuiile j
du vin , de Kort/'/i:. Il ajoure néanmoins que la cotyle
éroir attribuée aux choies fèches , auili bien qu'aux
liquides , & que Thucydide dit en lih endroir deux
cotyles de vin i & en un autre deux cotyles dé pâin.-
Get Auteut écrit cotule j mais Ttilage eft de dire io^
^yo cou
tyle. Voyez ViGENÉRE Tur Tue-Live, T. I,p. 1550.
' Il parle de la cotyU.
CoTYLE, 1'. m. terme d'Anatomie , qui fe dit des ca-
vités extérieures des os qui font grandes , environ-
nées de bords épais, & dans leiquelles lont reçues
les têtes apophyfes des autres os qui y fonr attachés ;
comme celle qui efl dans l'os de Ja hanche , ou
ilchion, qui reçoit la tête de l'os de la cuiflê. Co-
tylcc. On l'appelle m&. acétahiile , c'eft- à -dire,
godet,
COTYLÉDON, f. m. terme d'Anatomie, qui fignifie ,
félon quelques-uns , l'orifice des veines qui ibnt ré-
pandues dans la cavité de la matrice, &: ibnt gon-
flées de lang : Si félon quelques autres , le placen-
ta même qui cft cave d'un côté , & convexe de
l'autre. Cotyladon. On donne à ce mot diverfes au-
tres explicarions. Quelques Modernes difent avec
plus de fondement , qu'il n'y a que les brebis & les
chèvres qui ayent des cotylédons ; & ils donnent ce
nom aux glandes qu'on trouve dans la matrice de
ces animaux , qui font creulés , & faites comme un
godet -, d'où vient que les Latins les ont appelées
acetabula.
Cotylédon, f. m. Cotylédon , ou Umbilicus Vcnerls,
Plante qui croît dans des endroits humides, dans
des fentes de rochers 5: far les vieilles murailles.
Sa racine eft tubéreufe , charnue , ronde , &; groffe
comme un pois; elle pouffe quelques feuilles char-
nues , pleines de lue \ arrondies en forme de badin,
creufesdans leur centre , où viennent aboutir leurs
queues. D'entre ces feuilles s'élève une tige arron-
die, menue , longue d'un demi-pié , garnie de quel-
ques feuilles anguleufes , rarement arrondies , &
qui ont leurs queues placées à leur marge. Le haut
de ces tiges eft un épi de petites fleurs verdâtres,
alongées en tuyau à cinq pointes , fans odeur. Le
piftil qui s'élève du fond de leur calice, taillé en
godet, devient un fruit compofé de pluiîeurs pe-
tites gaines membraneufes , longues de quelques
lignes , & qui en s'ouvrant dans leur longueur laif-
fent tomber une femence très-menue, en forme de
pou /fié re.
Cotylédon vient d'un mot grec qui fignifie une ca-
vité , ce qui convient en quelque manière aux pre-
mières feuilles de cette plante. On attribue au Coty-
lédon les mêmes propriétés qu'à la rhubarbe , & on
l'emploie aux mêmes ulages.
Il y en a une efpèce à fleur jaune , & qui a la racine
tubéreufe , dont les fcLiilles font vertes durant l'hi-
ver, &fe flétriflént au mois de Mai. On en trouve
la figure dans les Mem, de l'Acad. des Sciences,
COTYLOIDE , ad], terme d'Anatomie , qui le dit des
cavités profondes des os. La cavité cotyloïde de l'os
du fémur. Voye<^ Cotyle.
Ce nom vienr du grec Kotua» , melure des Grecs
appelée cotyle , & de eiJ'oç, forme, & fignifie, qui a
la forme d'une cotyle. Et on a donné ce nom à ces
cavités , parce qu'elles reffemblenr à la mefure des
grecs appelée cotyle. Quelques Anaromiftes écrivent
cotile , & cotiloïde", mais mal j en grec c'eftKorJ/ .
COTYTTÉES , f. f. pi. terme de Mythologie. Myf-
rères de la Déeffe Cotytto. Voye:^ l'art, fuivant.
COTYTTO , f. f. Déefié de l'im"pureté. Cotytto. Elle
étoit honorée à Athènes, où lés Prêtres , qu'on nom-
mo'iz Baptes , iui failbient des ficrifices noclurnes.
Probus croit qu'elle avoit été Comédienne ou Dan-
feufe , & que les Bapres , fes Sacrificateurs, imiroient
les mœurs de Cotytto par des dan lés lafcivcs. Ju vénal
en parle , Sat. II , r. 9 1 , &; Horace , Epod, XFII,
58. L'Abbé de MaroUes traduit Cotytto.
COU.
COU , f. m, on difoit autrefois: col , qui n'eft plus en
ufage qu'en (fT Poefie ou dans quelques phrafes
du langage ordinaire, pour éviter; par exemple,
la rencontre des voyelles. Ainfi l'on diroit col court,
&c non pas cou court. C'eft la partie du corps humain,
ou de plufieurs animaux , qui eft eiitre la tête & le
COU
tronc du corps , qui joint la tête aux épaules. Col-
lum. Les animaux qui n'ont point de poumons , ou
de voix, n'ont jamais de cou -y comme les poiffonsôc
les grenouilles. Sa partie extérieure par devant s'ap-
pelle la gorge , ou le gofier , & la partie fupcricure
de la gorge fc nomme le morceau , ou hpomrne d'A-
dam, Fauces, Le trou qui eft entre les deux clavi-
cules n'a pas de nom en françois ; en latin il s'ap-
pchsjugulum , &: en grec ^(p«-/« ; c'eft-à-dire, meur-
tre, parce qu'il cft fort aifé de tuer un homme parla.
Le derrière du cou eft appelé en latin cervix ; & le
creux qui eft entre la première & féconde vertèbre ,
s'appelle la nuque , & en latin fojfa , ima cervix. Cs
qui eft au dclîbus s'appelle le chignon du cou , 5c par
les Médecins epomis. Ses part'es latérales commen-
cent depuis le dellbus des oreilles, &s'appellent/7fl-
rotides. Ses parties intérieures font fcpt vertèbres ,
l'artère trachée , le larynx , les veines jugulaires , les
artères carotides , le nerf intercoftal , celui de la
huirième paire avec le récurrent, & plufieurs muf-
cles. Philoxène étoit un Philofophe fi voluptueux,
qu'il fouhaitoit avoir un co/^ de gru?, afin qu'il eût
plus long-temps le plaifir de goûter le vin & les
viandes.
On dir , qu'un homme a un cou de grue , quand
il l'a grêle & long. On dit d'un père qui flarte fes
enfans dans leurs vices, qui leur met la corde au cou.
On dit auHl pour aliiirer une choie , je veux avoir le
cou coupé', pour dire, j'y gagerois ma tête. Coupée
le cou , eft en France le lupplice des Nobles qui ont
commis quelque crime capital. C'eft féparer la tête
des épaules. Caput adjcindere , cervicts refecare, A
l'égard des Roturiers , on dit qu'ils feront pen-
dus par leur cou; pour dire, qu'ils léronr étranglés
avec une corde. 11 en eft tout autrement en Turquie,
où l'on n'étrangle que les gens de qualité,ou de quel-
que diftinclion •, au lieu que l'on n'y coupe le cou
qu'aux féditieux , au traîtres à l'Etat, & aux miféra-
bles. Et la raifon de cela eft qu'en général toute mort
où il y a ef^ufion de fang eft ignominieulé parmi les
Turcs. Du Mont. Foyages.On dk dn Diable,quand
il étrangle des Sorciers, qu'il leur tort le cou. On dit
encore, qu'un homme prend fej jambes à fon cou ;
pour dire, qu'il le rélbut à partir fur l'heure pour
laire quelque meflage , ou pour s'enfuir.
On dit auffi qu'une perlbnne a fauté an coti de quel-
qu'un -, pour dire , qu'il l'eft allé baifér , caredcr ,
embraflér. In alicujus amplexum ruere ; qu'une mère
a toujours fes enfans pendus à fon cou , quand elle
les careflé fouvenr. On dit auffi de ceux qui ont un
grand fardeau fur les épaules , qu'ils en ont chargé
leur cou. Cervicihus onus imponere.
On dit auffi qu'un homme s'eft rompu le cou ;
pour dire , qu'il eft tombé & qu'il s'eft blcfTé : & en
ce féns, on le dit figurément de la fortune, ou des
affaires. Ce marchanda tant fait de crédit, qu'il
s'eft rompu le cou , qu'il s'eft ruiné. On a rompu le
cou à ce pro'et ; pour dire , on y a mis tant d'obfta-
cles , qu'on l'a empêché de rcuffir. En voulant s'é-
Iev;r trop haut, l'on tombe , & l'on fe calfe le cou.
S. EvR. 11 n'eft point de mer fi pleine d'orages , ni
qui roule plus de vagues , qu'il s'élève de mouve-
mens dans une mulrirude , quand elle a la bride fut
le cou. Vaug.
Cou ié dit auffi de quelque partie des habits qui fe
mettent fut le cou , ou autour du cou. Le cou de ce
pourpoint, de cette chemife eft trop étroit, il étran-
gle, ThorucLS collare , amiculum. Un mouchoir de
cou, c'eft le mouchoir que merrent les femmes fiir
le cou pour cacher leur gorge. Tour de cou , cft un
gros linge qu'on met la nuit fur le cou de peur.de
s'enrhumer. CoUi amiclus , amiculum. On appelle
auffi un tour de cou une groflégance, ou treffe qu'on
coud au haut d'un manteau pour l'attacher.
Cou fe dit auffi par reffemblance de plufieurs chofes
qui font longues , menues ou étroites. Collum. La
cou d'une bouteille , d'un matras, ou iiiftrumentqui
fert aux diftillations de Chimie, qui a wxs. cou fort
long. On le dit auffi des paffages étroits qui font
cou
dans ks montagnes. Fauces. L'année a pa/fé le col
de Perçus pour entrer en Catalogne.
En termes d'Anatomie , on donne le nom de cou
ou col -y adirfercutes choies. Dans les os le cou efl: la
partie la plus étroite d'un os , qui d'étroit qu'il efl:
•dan? fon commencement, fe dilate peu-à-peu. Le
cou d'un os eli: placé fous une tète ; & le cou & la
ttte diffèrent en ce que la tête efl: prefque toujours
épiphyfe , Se le cou apophyie. Le cou de la matrice,
le cou de la veifie , le cou de la vciicule du iicl , font
des ouvcitures longues & étroites qu'ont ces parties.
Le conduit qui efl: depuis l'orifice interne jufqu'à la
principale cavité de la matrice , 6-: qui efl de la lon-
gueur d'un pouce , ou environ, s'appelle le cou court
de la matrice. Foyc^ Col.
On appelle en Anatomie , le cou du pié , la partie
la plus haute du pié de l'homme , & que les Méde-
cins appellent [e tarfe. Tarjus pedis. Voyez Tarse.
L'on ne à^ii cou du pU c[UQ. par corruption pour co//^e
du pié ; mais cou du pié efl plus commun , ou plutôt
le Icul que l'on dile dans l'ulage ordinaire. L'Aca-
démie écrit en un l'eul mot coudepié : & c'efl: ainii
qu'on le prononce le plus communément , au lieu
qu'il efl afléz rare à préfent d'entendre dire le cou
du pié.
Cou DE PIÉ , fe dit aufTi de l'endroit de la forme du
foulier qui répond au cou du pié de l'homme. Pars
calceitarjbpcdts rcfpondens. J'ai belbin d'une forme
qui ait le cou di pu fort haut.
Cou de Chameau y terme de Fleurifle : le cou de cha-
meau cft ainfi nommé , parce qu'en fleurilîant il pan-
che la tête , & courbe le cou comme un chameau. Il
eft autrement appelé Narciife à tête longue , ou
Narciiiè couronné. Il s'en trouve de trois fortes , de
blanc fimple, de double , & de blanc pâle. Le blanc
iimple étend fix feuilles , du milieu delqueiles s'é-
lève un godet, dont l'extrémité efl bordée d'un petit
trait rouge. Le blanc pâle a la fleur plus petite , mais
il porte au/Ti bien davantage , faifanc quatre ou cinq
fleurs fur chaque tige. Le blanc double , à caufe de
Ja plénitude de les feuilles & de l'on godet doré , orlé
d'une ligne rouge qui l'environne , enfermé d'une
couronne , peut juflement ctte appelé le Narciife
couronné. Il eO: de tous le plus beau & le plus efti-
mé. Plufieurs Fleuriftes nomment cette fleur Roj'e de
■ Notre-Dame. Dans toutes ces trois efpcces elle ne
veut pas avoit beaucoup de ioleil; ellefe plaît dans
un fonds de bonne terre graHé & détrempée, de la
profondeur de quatre doigts, un demi empan de
clifl:ance. Il la faut recouvrir avec la terre de potager
pour la faire plus facilement fleurir. On les tire tous
les trois ans pour en détacher les cayeux. Morin.
COUARD , ARDE, adj. & f. qui manque de hardieffc,
qui a de la lâcheté , de la poltronnerie. Ignavus.
C'efl un Couard.
Ce mot eft bas & vieux , il vient de ce qu'on re-
proche aux poltrons qu'ils s'enfuient la queue entre
les jambes, comme font les chiens. Car c'eft une
marque de timiJ.ité aux animaux d'avoir la queue
avalée. D'autres le dérivent de l'Allemand knhe hert^;
qui veut dire , cœur de vache ■■> d'autres de coyon ,
qui vient de ijuietus.
ffT COUARD le dit, en termes de Blafon, d'un Lion
qui porte fa queue retrouHce en deilbus entre les
jambes, Encyc.
§C? Couard , f. m. fignifîe l'extrémité faite en anfe ,
par laquelle on applique le manche à la faulx à fau-
cher. On le ferre fur le manche avec des coins &: une
virole.
COUARDISE, f. f. timidité, poltronnerie. Ignavia. Le
plus grand reproche qu'on puifle faire à un homme,
c'eft de l'accufer de couardije. On punit la couardife
pnr honte & par ignominie. Mont. Il eft bas.
COUBAIS. f. m. Efpèce de vaifleau du Japon dont on
ne fe fert que fur les rivières & les eaux internes.
On mer ordinairement fur un Cow/'^i^quaranre hom-
mes à ramer qui le font aller fort vite. Les Couhais
font embellis de divers ornemens, & d'une cham-
bre à l'avant qui s'élève en forme de petit gajliard. I
COU 5T1
j COUCH-ADASI , c'eft-à-dire, l'île des Oifeaux , pe-
tite ville de la Natolie. Avium injula. J'eftimerois
que le port d'Ephèfe auroit été celui d'une petite
ville, qui étoit peut-être Myus chez les anciens, &:
quin'cft éloignée que d'une demi-lieu du Méandre,
appelée par les Tm^^Couch-AdaJl , c'eft-à-dire,
l'Ile des Oifeaux , & par les Marchands étrangers ,
Scala Nuova. Du Loir, p. 55.
COUCHAGE, f. m. terme de Laineurou Applaineur.
Il (ignifie réparage.
COUCHANT , adj. m. & f. pi. terme de Géographie :
lefoleil couchant, c'eft le Ibleii qui defcend fous
l'horifon. Occidens , foloccidc/is.
f^ Couchant, Oueft, Occident, mots fynonymes.
Occident pour les Géographes \ ouejt pour les Ma-
rins -, couchant pour le dilcours ordinaire.
On dit qu'on adore plutôt le foleil levant que le
^ couchant ■■, pour dire , qu'on s'attache plutôt à la
fortune des jeunes Princes , qu'à celle des vieux , à la
puiflance nailîante,qu'à celle qui cft fur le déclin.
IJCT Couchant le dit fubftantivement pour la partie
occidentale de la terre. Du /t'van/jufqu'au couchant.
Entre le midi & le couchant, c'eft du côté du vent
Sud-Oueft.
C'eft quelquefois l'endroit où le foleil fe couche.
Maifon expofée au couchant. Le couchant d'Été.
Couchant ( Chien ) terme de Challéur. Chien qu'on
a drede pour arrêter les perdrix , & autre gibier, &c
qui le couche ordinairement fur le ventre quand il
les voit. Canis auceps. Voyez Chien. De là vient
qu'on dit figurément & balfement , qu'un homme
fait le chien couchant auprès de quelqu'un ; pour
dire, qu'il eft flatteur & fournis auprès de lui , pour
trouver l'occaiion de le furprendre , ou pour gagner
fes bonnes grâces , par fes carelîes & fes bafles fou-
miifions. Turpis adulator.
COUCHE, f. m. bois de lit : une couche à hauts piliers.
Leclus. Les Anciens faifoient des couches de cèdre ,
de citronnier. On en a vii une chez la Reine de bois
de Calemba d'un ttès-grand prix. Et quand on crie
à l'encan une coz/c/z£ , on n'entend vendre que le
bois du lit. Ménage dérive ce mot de culca, d'où
vient le diminutif f«/a/iZ : ce que dit auiïï VoUîus.
Couche fe prend auifi pour le lit entier ; mais en ce
fens il eft de peu d'ufage , à moins qu'on ne l'em-
ploie dans la Poëfie , ou dans quelques façons de
parler confacrées , comme la couche nuptiale , la
couche royale.
Couche fe dit dans les matières de piété pour un beau
lit , un lit magnifique. Lefoleil eft comme un époux
qui fort de fa couche. Maucroix.
CoucHi fe prend aufli figurément en Morale', pour le
mariage. Nuptice. On dit d'une femme , qu'elle a
fouillé la couche de fon mari , quand elle a com-
mis un adultète. Souiller la couche de quelqu'un ,
abufer de fa femme. On dit aulTi , les fruits de fa
couche ; pour dire, les fruits du mariage. Dieu a béni
leur couche % pour dire , leur a donné des enfans,
, Leclus genialis.
Les Dieux ne montrent point que fa. douleur les touche :
D'aucun gage , Narcijfe , ils n'honorent fa couche.
Rac.
Couche fignifl^auflî l'enfantement. Partus. Cette
femme a eu une mauvaife couche, a été fort malade
en accouchant , ou depuis qu'elle eft accouchée : c'eft
fa première couche. Une faiiffe couche, eft un accou-
chement avant tefme./-^oy?{ AccoucuEMENT.^ior-
tus,abortio. Les violens &: fréquens vomiUemens, les
coliques &: les tranchées violentes font faire de fauf^
fes couches. Une trop grande colère , une peur fii-
bite , une médecine forte , peuvent caufer une fauffe
couche. Une femme à qui une faujfe couche arrive ,
eft bien plus en danger de la vie qu'une femme qui
accouche naturellement. Mauriceau,
Couche fignifie encore la maladie , le rravail d'une
femme qui enfante , ou le temps qu'elle eft obligée
de gardée le Ut pourfe remettre , & pour reprendre
9S^
COU
{es forces. Puerperium. Cette femme eft robufte ,
elle n'eft que quinze jours en couche. Elle a fait faire
un beau lit pour les couches, il n'y a que deux jours
qu'elle elt relevée de couche.
On appelle les couches de la Fierge , une dévo-
tion à la Sainte Vierge , où on lui chante des Saints
neuf jours avantNoël. On dit auili que lapermiHion
de manger de la chair les ùmedis jufqa'à la Chande-
leur en certains Dioccfes, le donne en l'honneur des
couches iacrccs de la Vierge, On fait une cérémonie
à l'Eglile quand les femmes relèvent de couche , en
mémoire de la Purification qui fe failbit dans l'an-
cienne Lo,i après les couches.
^3" Couche eft auHi un des linges dont on enveloppe
les enfans au maillot , & que l'on change auHi Ibu-
vcnt que la propreté l'exige. Cunce, cunàhuLa. Il
faut changer cet enfant de couches.
COUCHE efl: auHi un enduit de couleurs," ou autre
choie liquide, molle, qu'on met fur quelque choie
pour la colorer, ou pour la rendre plus ferme 6c plus
unie. Il faut mettre la dernière couche de plâtre fin
pour rendre cette muraille bien polie , bien luilante.
Cor mm , cru/la, incrujiatio. Pour imprimer une toile
à peindre , il y faut deux couches de colle avant que
d'y mettre la peinture. On met deux ou trois cou-
ches de blanc de plomb fur du bois , avant la couche
d'or qu'on y applique ; une couche de vernis fur une
cane. Color inducîus, coloris induclio. On dit don-
ner la dernière couche à un tableau , il faut donner
Aewy. couches de couleurs à un plafond. Félib.
Couche le dit en Chimie des lits diffcrens des diffé-
rentes matières qu'on met alternativement les unes
après les autres , pour les faire mieux fondre ou im-
biber. On appelle cela zwiXi flratijication , oiijlra-
tumfuperjiratum : ce qui s'exprime par cette note ,
S, S, S.
IP" Couches //ir72«//èj , termes d'Hiftoirc naturelle.
On appelle ainli certains cercles ligneux que l'on
remarque quand on coupe horilbntalement un tronc
d'arbre, & qui marquent la crue de chaque année,
Voyei au mot Arbre , comment fe fait l'augmenta-
tion en grolîeur par le moyen de ces couches li-
gncufes.
IfC? Il faut remarquer que ces cercles ligneux ne font
pas toujours concentriques à l'axe, mais qu'ordi-
nairement ils s'en écartent plus d'un côté que d'un
autre. Quelques Auteurs ont penfé que c'ctoit prin-
cipalement du côté du nor*^ : pluiîeurs ont cru que
c'ctoit du côté du midi ; mais ils le font accordés à
dire qu'au moyen de cette excentricité de couches
ligneufes , les Voyageurs égarés y trouveroient une
boulîble naturelle qui les orienteroit , & l'on a en-
trepris de donner des talions phyliques de ce phéno-
mène utile.
03" Ceux qui prétendoient que les couches ligneufes
étoient plus épaifles du côté du nord , "appor-
toient pour railbn que le foleil ayant moins d'ac-
tion de ce côté , il s'y conferveroit plus d'humidité ,
ce qui devroit nécelfairement produire une augmen-
tation de ces couches ligneufes. Ceux au contraire
qui prétendoient avoir oblervc que les couches font
plus épaiifes du côté du midi, difbient que le foleil,
comme principal moteur de la fève, la déterminoir
à palfer plus abondamment de ce côté, Ainli chacun
trouvoit dans la Phylique des railbns fpécieufes d'une
choie qui n'eft pas. Le fait mieux obfervé déconcerte
entièrement leur fyfcême,
|Cr Nous avons reconnu, dit M, Duhamel, que les
couches font fouvent , & prefque toujours plus
épaifles d'un côté que d'un autre ; mais cela arrive
indiiTcremment, foit du côté du nord , foit du côté
du midi , de l'eft ou de l'oueft. Cette prétendue
boulFole efl donc lujette à bien des variations, qui
dérouteroient furieufcment un voyagent é^arc qui
vowdroit y mettre fa confiance. Mais elle eft bien
autrement fujette à erreur, puifque nous avons ob-
fervé que dans un même arbre la plus grande épaif-
feur des couches varie quelquefois de tout le dia-
mètre de l'arbre ; en forte que , fi auprès des racines,
COU
la plus grande épaiflèur le trouve du côté du midi -,
elle s'obferve fouvent auprès des branches du côté
du nord , ou vers toute autre partie de la circonfé-
rence de l'arbre. 11 eft aile d'apperccvoir la railba
phylique de cette inégalité d'epaillèur des couches
ligneufes, puif^^u'il cit clair qu'elle dépend de l'in-
fertion des racines &c de l'éruption des branches. S'il
fe trouve du côté du nord une grolfe racine, les cou-
ches ligneufes du bas de l'arbre feront plus épaifles
de ce côté-là , parce que la fève y fera portée avec
plus d'abondance. Si au contraire vers la cime du
même arbre , il fortune grolfe branche du côté du
midi, les couches ligneufes examinées en cet en-
droit , feront plus épaiifes de ce côté , parce que la
levé aura été déterminée à y couler plus abondam-
ment-, de forte que les variétés fans bornes qu'on
obferve dans la polition des racines 6c des branches,
en produilént d'auili conlîdérables dans l'épailîeur
des couches ligneufes, C'efl ainli qu'il arrive fouvent
que le merveilleux s'évanouit quand on obferve at-
tentivement la nature.
Couche , en termes de Botanique, fe prend pour le
fond du calice des fleurs à fleurons ôc à demi-fleu-
rons , & des fleurs radiées , du calice , dis-je, de ces
fleurs , fur lequel font pofées les femences, Calicis
fundus , ima pars.
On le dit auifi dans la cuilîne ordinaire. Pour
faire des foupes , des ragoîjts, des fyrops , il faut
mettre une couche de pain, um couche de fromage,
de pommes , &c. c'eft-à-dire, diflPérens lits.
Couche , terme de Boulanger, C'efl un morceau de
grolfe toile fur lequel on couche le pain au lait. Tela
crajjior excipiendo pani comparata. Les pains font
fur la couche.
Couche , terme de Tireur d'or , feuille d'or ou d'ar-
gent , qu'on met autour du bâton qu'on veut doter
ou arpenter. Braclea.
Couche , terme de Doreur fur cuir ^compolition d'eau.
Se de blanc d'œuf qu'on pof; fur le cuir avant que
de le dorer. Coloris induclio.
Couche , terme'de Tanneur ; ce font quatre ou cinq
cuirs qu'on met fur le chevalet pour être quiolfés ,
c'efl-à-dire , pour en faire fortir la grolfe ordure
avec la quiolfe. Pelles induclct pelle. Faire une
couche.
Couche , en termes de Charpenterie , efl la pièce de
bois qui le met Ibus une étaie qui fert de patin,
ainli nommée , parce qu'elle efl couchée de plat..
Tianuin inplanum collocatum.W y a des couches de
haut & d'autres de bas.
Couche d'ArquebuJier efl la partie du fût d'une arme
à feu qu'on approche du vifage, quand on veut
coucher en joue quelque choie. Ferrece fijtulce pof-
tica pars. C'efl ce qu'autrefois on appeloit crojfe
au moufquet.
Couche , en termes de Jardinage , efl une prépara-
tion iCT de grand fumier de cheval qu'on tripe
bien , & couvert d'environ un demi-pié de terreau ,
élevé de deux ou trois pies au delfus de la fuperfi-
cie de la terre, pour y femer des graines ou des
plantes délicates , &; qu'on veut avancet. Pulvinus.
0C? La couche chaude efl celle qui efl nouvelle, & qui
conferve encore fa chaleur qu'on efl obligé de lailîèr
évaporer pendant fept à huit jours avant que d'y
rien femer. On juge en enfonçant le doiçt dans la
couche , du degré de chaleur convenable pour
femer.
ffZT La couche tiède efl celle quî a perdu un peu trop
de fa chaleur , & qui a befoin d'être réchaufïèe-, ce
qui fe fait en répandant du grand ftimier dans les
fentiers qui font autour de la cowcAe, & que Ton
appelle réchauds.
|Cf Lsl couche fourde efl celle qui efl enfoncée en
terre , & ne s'élève point au deflus de la fuperficie
du terrain , compofce de fumier comme les autres,
mais ayant beaucoup moins de chaleur. On fe fert
auifi de cette dernière pour faire venir les cham-
pignons , & pour réchauffer des arbres plantés en
caille,
§:T Quand
cou
§3* Quand on craint la fraîcheur des njîts , on cou-
vre les couches de paillafrons &: de briie-vcnts.
Couche, entre les joueurs, eft le premier enjeu, ce
qu'on met d'argent d'abord fur une carte fans le
rcnvi. Dcpojîta à luforibus pecunia. Cs joueur efl:
faiîe , il ne renvie point , il ne prend jamais que fa
couche,
COUCHEE s f. f. gîte , lieu où l'on couche, particu-
lièrement en voyage. Manjio, Nous avons plus loin
à aller à la couchée , que nous n'avons eu à la dînée.
§3" Couchée fignifie au(fi le fouper & le logement
des voyageurs dans l'hôtellerie. Jl nous en a tant
coûté pour la couchie ■, ^o\xi àsit , pour le gîte &
pour le repas.
§Cr COUCHEMENT, vieux f. m. état d'une perfon-
ne couchée. Cubatus. Dict. de Charles Etienne.
ifT COUCHER , V. a. étendre un corps , ou le pofer
de niveau à terre ou fur une furface , félon la plus
grande de fes dimenlîons. In planum coUocare. Cou-
cher une pièce de bois , une fiblière , fur un fonde-
ment à rez-de-chaullce , pour élever defîus un pan
de charpente , la coucher de plat ou de champ.
Couches, fignifie aulfi abattre ce qui eft élevé, ou à
plomb, pour le mettre à fleur de terre. Sternere ,
projierrien , evertere. Il faut coucher par terre ces
arbres , les couper. En ce fens , on dit qu'un lutteur
a couché par terre fon homme; qu'un combattant a
ccwcAJ par terre fon ennemi, qu'ill'a coacAe fur Ij
carreau. La grêle, la pluie, ont couché les blés ; ,
pour dire , qu'elles les ont abatus & verfcs. On dit j
en ce fens , coucher un bouteille fur le côté ■, pour
dire , la vider.
Coucher tf« yo«e, fignifie mirer avec une arme à feu
ou de trait , pour tirer fur quelque chofe. Ferream
fi^alam in aliquem dirigere , coUinare. Il a couche
<"« ;o«c fon ennemi par trois fois,&: il n'a ofé lâ-
cher fon coup. En ce fens , on le dit au figuré de
ceux qui vifent à quelque chofe d'avantageux qu'ils
tâchent d'obtenir. AUquidj'peclare , ad ali^uid tzfpi-
rare. Il y a long temps qu'il couche en joue cette
iille pour l'époufer. Il couche en joue cette charge ,
il obf-'rve quand elle fera'vacante.
L i vil! i reoife ejî belle S^ jeune ,je P avoue -y
JDjm Alphonfe enpaffant peut La coucher en joue.
SCAR.
I^T' Coucher, ficrnifle auffi étendre tout de fon long
fur terre ou fur quelqu'autre chofe. S. Laurent fut
couché fur un gril. Sternere^ , proflernere.
{C? Coucher fignifie aulfi mettre quelqu'un au lit ,
l'aider à fe déshabiller. Alicui veflimentum detra-
hère ,a!i^uein in leclocollocdre. Les Valets-de-cham-
bre couchent leurs Maîtres. Les garçons de la noce
viennent coucher la mariée.
Coucher, avec le pronom perfonnel,fe dit particu-
lièrement des hommes & des animaux qui s'éten-
dent tout de leur long fur la terre. Procumbere
terrx , in terrant , jlerni terra , in terrant. Ge che-
val efl vicieux , il fe couche dans l'eau , il fe couche
au lieu d'avanc:r. E^uus cubitor. Ces troupeaux
étoient couchés llir le gazon. C'cfi: une erreur des
Anciens de croire que les éléphans ne fe couchent
point, & qu'ils n'ont point de jointures. Les cha-
meaux font drefîcs à fe coucher pour recevoir leur
charge,
ffT Coucher , v. n. fignifie être étendu pour pren-
dre fon repos. Coucher dans un lit , fur un matelat;
coucher fur la dure. A la ville on eft couché bien
mollement entre deux draps. A la guerre on fe cou-
che fouvent llir la paille, fur la terre. Avec le pro-
noTi perfonnel , il fignifie fe mettre au lit , s'étendre
fur quelqu'autre chofe. Se coucher fans fouper. Se
toucher f ir le trazon.
§CJ" CoTTCfîER , ( Se ) en A^lronomie , fe dit du foleil ,
des étoiles & dc": olanettes qui difparoilfent. Le fo-
leil fc couche , rft couché , c'eft-à-dire , defcend , ou
eft d?fcendu fous l'horifon, Oecidere,
Tome II „
COU 9U
§C5" On dit qu'un mouchoir de cou , une cravate >
un ruban , te. fé couchent hum; pour dire , qu'il*
pr.nn^nt un bon pli , &c qu'ils s'a^ullent comme il
faut fur la perfonne. On le dit auili de ce nui s'af-
faiffejdece qui d:vient plat. Depnrù , confîdere,
Lc-b plumes , les garnitures de rubans (é couchent ,
s'afFaifîent dans les temps humides.
Coucher fignifie auHi gîter , pafler la nuit en qucl-
qu'endroit. Cubare. La Vierge fut contrainte de
couclwr dani une ctable , parce qu'il n'y avoir point
de place dans les hôtelleries. Cet homme a couché
en ville , il a couché dehors , parce que les porres
étoient fermées ',11 a couché au cabarer, il y a paffc
la nuit à jouer ^ à boire. On dit en ce fens , coucher
à l'enfeigne de la lune , à la belle étoile ; pour dire >
coucher dehors, n'avoir point de gîte. Sub dio
pernoaare. On dit encore en ce fins , qu'une porte
a couche ouverte j pour dire, qu'on ne l'a point
fermée de toute la nuit.
On dit figur. & prov, qu'un homme a couché dans
fon iourreau comme l'épée du Roi , ou fimplemcnt,
qu'il a couche dans fon fourreau j pour dire , qu'il a
couche tour vêtu. On dit prov. que pour boire de
l'eau & coucher dehors , il ne faut demander congé
à perfonne. On. dit proverbialement', ceux qui n'en
vou iront pas , qu'ils fe couchent auprès , en parlant
de ceax qui refufent un ofî'te qu'on croit raifon-
nahlc.
Coucher fignifie atKfi avoir habitation charnelle avec
Une femme , foit de jour, foit de nuit savoir com-
merce avec elle. Concubare. Ces amans ont couche
long temps eûfemble avant que de déclarer leur
mariage.
Coucher, v. a, en termes de Jardinage, fe dit des
branches de quelque plante que ce foit qu'on in-
cline en terre; c'eft-à-dire, que l'on fait pencher
en terre, & que l'on couvre de terre pour faire
prendre racine. Il faut coucher les branches de ce
figuier, pour en faire des marcottes. Le farment
veut qu'on le couche pour en faire des provins.
Vineam in terram projiernere, propagare vîtes in
fulcos. Voyez Provin.
Coucher, en rermes de Tondeurs de draps , fignifie
ranger le poil fur la fuperficie de l'étoffe , après
qu'elle a été tondue à la fin.
Coucher fe dit auffi des enduits de couleurs qu'on
étend fur quelque chofe. Inducere. Il faut coucher
une telle couleur avant cette autie fur cette raenui-
ferie. Il faut coucher une feuille d'or , de l'émail fur
cette montre, coucher du vernis fiir cette carte.
C'eft un grand art de favoir bien coucher les cou-
leurs les unes après les autres.
Coucher , terme de jeu , fignifie mettre au Jeu , parce
qu'en effet on couche , on étend de l'argent fur une
table, fur une carte. Deponere in folium luforium.
Tiummos , pecuniatn deponere. On a couché d'abord
une piftole fur une carte , & on a renvié à la fia
julqu'à dix. Il eft grand joueur, il couche gros.
|J3" Dans ce fens , on dit figurémenr Sc familièrement
coucher gros,en parlant de ceux qui s'engagent trop^
qui promettent ou avancent des chofes au deffus
de leurs forces. Multa & praclara minari ,fibi mul-
tùm fumere. Il parle de faire agir les Puiflànces ; il
couche gros. Ce jeune homme ne demande pas
moins qu'une fille de cent mille écus en mariage,
il couche gros.
En termes de Manège, on dit qu'urt cheval fis
couche fur les voltes ; pout dire , qu'il porte la tête
& la croupe en dehors , comme lorfqu'en maniant
la droite , il a le corps plié & courbé , comme s'il
alloit à gauche. IncHnare.
Coucher /<z/»<7r<;, terme de Boulanger , c'eft mettre
le pain fur la couche-, c'eft-à-dire , fur un morceau
degroffe roile, où l'on mer le pain au lait, pouc
le faire gonfler & revenir, te l'enfourner enfuite*
CoUocare panem. Couche:^ ce pain.
Coucher , terme dc Chapelier. Coucher un chàpeauj
c'eft le mettre dans la feutrière avec le lambeau.
Coucher fe dit figurément des écritures, du ftyle>
E E E £ ce
5^)4-
c o u
Scribcre,fcriptis maniare. C'eft VlK". homme qui cou-
cheVxzv. par écrit, qui explique bien fes pcniccs.
Dans ce iens , il eCc vieux S: populaire.
CoucHHR,en Jurilprudencc &: en matière de comp-
tes, c'cft: employer, comprendre dans unacle ,dans
un compte. AlL.jidd verhi.s exprimcre.Ou ^couche
cette claufe exprelîement dans cette donation.La dc-
cilion de cjtte affùire eft conclue en termes formels
dans le texte de cette loi , dans les regiftres de la
Cour. Il a couche cela en recette, en dépenle , dans
les articles de Ion compte. On dit en ce Iens , qu'un
homme a été couché lur l'Etat -, pour dire, qu'il a été
mis &: employé (ut l'état , iùr le catalogue de ceux
qui doivent être payés de quelques gages , appoin-
tmicns , ■pcnhons , &c. .A Hcuj us jwrnen in rationcs
Refis l'Jjiendianus referre.
COUCftE, EE. part. On dit, il efl venu à foleil
couche ; pour dire , un peu après que le foleil eft
■couche. On dit de même avant & après foleil cou-
•ché. Anù on poji occafum Jolis.
On dit prov.& populairement, qu'en efl plus
couché que debout ; pour dire , que le temps que
dure la vie eft peu confidérable , en compalaifon de
celui qui la fuit. Acad. Fr.
Couché , en retmcs de Blafon, fe dit du cerf, du lion ,
du chien &; autres animaux. Caminga enFrife porte
d'or au ccxi' couché de gueules.
■^3" COUCHER , f. m. c'cft en général la manière de
fe tenir couché^ pofture dans' laquelle on fe tient
au lit, foit enfanté, foit en maladie. Cubatio,cu-
katiis.
'§:?" Coucher fe die à peu près dans le même fens
pour l'ulage du lir. On dit d'un homme qu'il eft dé-
licat fur le coucher. Quand on couche dehors , il
n'en coûte Tien pour le coucher.
Coucher fignifîe encore l'adion de celui qui cou-
che. On lui a interdit le coucher avec les femmes ,
à caufe de la foibleflè de fa poitrine. C'eft en ce
fens qu'on fe fert de cette maxime de Coutume :
au coucher fe gagne le douaire j pour dire , qu'il
n'eft point acquis à la femme , que le mariage ne
foit confommé. Concubitus.
fer Coucher fe dit non feulement de l'aélion de fe
coucher , mais encore du temps où l'on fe couche.
Ainfi l'on dit fe trouver au coucher de quelqu'un.
. Aflîfter au lever S: ^\x coucher du Roi. Apporter le
vin du coucher. On appelle à la Cour , le petit cou-
cher du Roi , l'efpacc de temps qui s'écoule depuis
que le Roi a pris fa chemife , & donné le bon foir
aux perfonnes de la Cour <\m fe trouvent préJen-
tes,iufqu'au moment où il fe mer au lit. On dit,
être du petit coucher du Roi. Etre au petit cou-
cher du^oi , oufimplemcnt au petit cowcwfr. Cela
fut dit au petit coucher.
^ Coucher fe dit auflî de la garniture d'un lit.
Matelas , lit de plume , (Sv. On dit en ce fens , un
bon , un mauvais coucher.
En termes d'Aftronomie , le coucher du foleil & des
aftres fe dit du tems où ils fe cachent fous l'hotifon.
Occafus. A l'égard des aftres , il y a trois fortes de
lever & de coucher \ le cofmique , le chronique
&: l'héliaque ou folaire. Le cofmique ou vérirable
eft quand un aftre fe couche en même temps que le
foleil monte fut l'horifon. Le chronique eil: quand
un aftre fe couche avec le foleil. L'héliaque ou cou-
cher apparent eft lorfque l'aftre entre dans les
rayons du foleil, &; en eft oiïiiiqué & eflàcé; en
forte qu'il commence à difparoîrre , & à céder d'ê-
tre vu.
$3" Coucher vient de cubare. Nicod. Ménage,
après de Valois , le dérive de collocare. Du Cange
eft de même avis , eh quoi nofmetipji in leclo coUo-
cemus.
COUCHETTE , f. f. petit lit qui n'a point de ciel , ni
de rideaux , ni de pilieis. Leclulus.
Tout ejî aux écoliers couchette & mattelas.
Un honnite homme en pareil c ils
Auroit fait un faut de vingt braffes. La Font.
COU
COUCHEUR, EUSE, f, qui couche avec un autre.
Lecli cornes , focia. Un mauvais coucheur eft un
homme qui empêche fon camarade de dormir. Con-
cubuor molejiiis , importumis.
V Amour efl un mauvais coucheur *,
Car la nuit fans ceffe il frétille. La Font.
Coucheur, f. m. terme de Papeterie, ouvrier qui tra-
vaille dans les Papeteries à renverfer les feuilles
de papier furies feutres, à mefure que les form.es
ou moules lui font préfentés par celui qui les a
plongés dans la cuve où eft la pâte.
COUCHIS , f m. c'eft la forme de fable d'un pic d'é-
paijfeur , qu'on met fut les madriers d'un pont de
bois pour y alfeoir le pavé: les poutres , le fable Sc
la terre tout enfemble qui font fous le pavé, Corium,
crufla ex arenario ^^fiatumen.
COUCHOIR , f. m. terme de Doreur , petit morceau
de buis fort propre , avec lequel on prend les tran-
ches d'or pour les appliquer fur les bords des li-
vres. Buxum applicandx braclece. idoneum.
COUCI-COUCI , fii^on de parler familière , qui fig^
nine tellement quellement. Il s'eft acquitté de cette
ccmminîon couci-couci. Qjioquo modo ■, utcumi^u^.
Puifje l'enfant fans merci
Vous forcer à rendre hommage
A quelqu'lris de village ,
Dont le Cizur fourbe & volarc
Vous aime couci-couci, Des-H,
Par vos bienfaits avons de quoi mander
Couci-couci-, mais item il faut boire."
Nouv. cH, de Vers.
Cette façon de parler vient de l'italien cofi, cojt,
qui (ignilie la même chofe.
COUCI. Codiciacum , Catujîacum , Coccium , Cocia-
cum. Bourg de l'île de France , enrrc Sohîbns & la
Fere -, il a donné aurrefois fon nom à l'illuftre Mai-
fon AzCouci. La tour deCo««a lyi pies de hau-
teur, & 505 de circonférence. Dom Dupleffis a
imprimé en 1718 , une nouvelle hiftoire de la ville
& des Seigneurs de Couci. La forêt de Coud. Silva
f^ofa^us.
COUCON, Voyei Cocon.
COUCOU , f. m. oileau dont le nona eft tiré de foR
chant. Cuculus. Il ne paroît &; ne chante qu'au
printemps.
Ip* Le Coucou ne fait point de nid s, il s'empare du
nid des autres oifeaux ,y met fon œuf, (car il n'en
pond qu'un )& l'abandonne. L'oifeau propriéraire
du nid, couve l'œuf du coucou ^^ prend foin du
petit lotfqu'il eft éclos. C'eft pourquoi les Anciens
ont fait du mot coucou , un terme d'injure & de mé-
pris. Ils appcloient coucou, un lâche , un ftupide,
un fot, qui laiffe faire aux autres ce qu'il doir faire
liii-même. Voffius dit qu'il met des œufs dans le
nid des autres , parce qu'il eft extrêmement froid ,
& qu'il n'a point allez de chaleur pour couver Se
faire éclorre fes œufs. Quelques-uns mettent le
coucou au nombre des oifeaux de rapine : c'eft une
efpèce d'épervier.
Albert, Ariftote & Avicenne, dîftinguent deux
différens genres des coucous , l'un grand , l'autre
petit.
Le grand coucou de la grande efpèce a le bec
aflez long, & prefque d'égale grandeur à celui des
ramiers, mais il eft plus gros , plus aigu , &: un peu
plus crochu. Sa partie de defïïis à l'extrémité eft un
peu courbée, & plus longue que la partie inférieure.
Celle de deilus eft noire", & celle de defTous de cou-
leur de corne. L'ouverture du bec avec tout ce qui
paroîr en dedans, & la langue, font Jaiînes. Les
narines font rondes & ouvertes j l'iris de l'œil eft
d'un^ jaune éclatant ; la prunelle eft brune, OU
plutôt noire. Toute la partie courbée en avanr,
tant celle qui eft cendrée que la blanche, eft dif-
tinguée de lignes, ©u plutôt de marques obfcures
cou
cou
«fiti S'écend.^nt en travers, & qui ne font pas con-
.linvies, mais entrecoupées. Le champ de Ion pen-
rags en général eft divetlifié d'une couleur noire &c
fte rouille, la plus grande partie des pennes blan-
chiment vers leurs extrémités. Les grandes 6c celles
■qui couvrent les grandes pennes, que les Fauconniers
nomment les témoins, l'ont divetliftées de lignes
bianclîes , également mifes par ordre par les bords,
l^our les grandes pennes des aîles , elles ibnt prei'que
Toutes noires, bl.mchiiiant toutefois au milieu de
patt Se d'autre des extrémités , qui s'étendent beau-
coup par delà le milieu de la queue, laquelle e(1:
au(fi divetfîhcc de blanc , de noir & de rouille, La
couhur noire paroît en chaque penne ,& compofe
deux lignes qui riniflént en angle au milieu, & lont
divilées pat diftances égales d'un bel ordre julques
au bout. Les côtés des pennes ibnt teints d'une cou-
] :ur de rouille. Il y a une ligne blanche qui coupe
îes pennes par le milieu. Toutes les extrémités des
pennes Ibnt blanchâtres. Ses jambes font fortgtêles,
& courtes, & peu proportionnées au rcfte du corps.
Ses cuiilcs Ibnt courtes & grêles , 8c l'os de la jambe
ell: à peine plus long que le travers du pouce. Elles
font couvertes par enhaut de poil blanchâtre, qui
tombe de fes cuiiîes par delà les genoux , lefquelles
iont teintes d\m jaune lavé & clair , ainli que les
doigts des pies , defquels il y en a deux devant , . &C
deux derrière.
L'autre grand coucou efl: de même grandeur que
le premier. Il a le bec plus long & plus courbe -, le
defilis en efl: noir , & le delfous de couleur de corne.
L'ouverture & le dedans du bec font entièrement
3. unies. Le cercle qui environne la prunelle de l'œil
e!l: d'un jaune refplendilfant , la prunelle noire.
Tout le deflbus de l'oifeau elt cendré, ou gtis-blan-
chàtre, tirant un peu fur le châtain, par les man-
teaux particulièrement-, car la tête, le defllis du
cou, éc le bas du dos, font entièrement d'un gris
cendré. Les grandes pennes, particulièrement les
deux plus grandes, s'étendent jufqu'au milieu de la
queue. Celles qui font vers le dos , font lémces de
marques blanches, qui font mifes par ordre en long.
Les dix pennes de la queue font marquées des deux
côtés du tuyau de taches faites en façon de cœur ,
qui font à un doigt d'intervalle, & compofent un
très-bel ordre , Se fort agréable à voir -, mais les
mêmes par leurs bords intérieurs ( excepté les deux
du milieu , Se tous leurs bouts ) font toutes marque-
tées de taches très-blanches. Son ventre, fa poi-
trine S: (on croupion, fon d'un cendre blanchâtre,
avec des lignes noires quilestraverfent , ainli qu'aux
autres oifeaux de proie. Ses jambes ibnt fort cour-
tes , Se couvertes de petites plumes jufqu'auprès des
pies, qui fonr d'un jaune très- couvert , Se envi-
tonné de tablettes, auHi-bien que les doigts des
pies qui fonr pareillement un peu jaunâtres. Le
plus grand des doigts des pies, c'eft-à -dite , celui
du milieu , efl un peu plus large vers le milieu , &
un peu creux, pour mieux ferrer. Ses doigts font
partagés devant & derrière , ainfi qu'au précédent.
Le coucou de la petire elpèce efl; fort lémblable
pour la grandeur de fon corfage à l'épervier , Se s'il
avoir le bec courbé , plufieurs y feroient trompés ,
tant leurs plumages ont de rapport. Il n'a pas plus
de chair qu'une grive -, fa voix eft très-haute. Cet
oifeau efl: fin Se avifé. C'efl: lui qui, fi-tôt qu'il a
trouve le nid de quelqu'autre oiléau, en caffe les
ceufs , les mange , &i v fait fon œuf à la place. Quel-
quefois trouvant le père Se la mère dans le nid , il
demeure au guet jufqu'à ce qu'ils partent. Il amafle
quelquefois jufqu'à un boiffeau de blé dans le creux
d'un arbre, pour pafler fon hiver. Il ne forr qu'à la
fîn d'Avril de fa cache , parce qu'il appréhende ex-
trêmement le froid. Il craint les autres oifeaux de
proie , principalement l'épervier , qui lui fait la
guerre & le tue lorfqu'il peut le rencontrer. On le
tient bârard d'épervier. Il Cz rcrire pendant les jours
caniculaires.
On dit que le grand coucou met fes œufs dans
^r
It? nid des pigeons ramiers, Jr le petit dans celus
du hochequeue Se de l'alouette, Se fur-rour dans
celui du verdon , curruca. Voyez fur cet oiiéau Se
fes propriétés VoUius, du Idolol. L. IJJ , C. 8i,
95, 98,
ÇC? Le concolT,étoit confacté à Jupiter, On dit que
ce Dieu , tranii de froid , alla ibus la forme de cet
G' l'eau le repofer fur le fein de Junon pour fe
réchauffer.
On dit figurément, qu'un homme eft coucou , ou
cocu 3 quand fa femme ne lui garde pas la fidélité
conjuirale.
En termes de Jardinage , on appelle coucou ,
une efpcce de frkilier qui fleurit beaucoup , Se qui
ne porte jamais de fruit. Fragaria Juri/is.
Coucou , terme de jeu, C'efl: le nom d'un certain Jeu
de carres, qu'on appelle ainli à Paris, Se kere ou
/laire dans plufieurs Province?. Voye^ ce mot , Sc
les règles du coucou dans le Livre de l'Académie
des Jeux,
Coucou. Plante Se fleur printanière. Voye^ Prime-
vère. C'efl la même choie.
|tlr CoNCY , ville de France en Picardie, entre Laon
Se la rivière d'Oyfe, Codiciacum,
COUDE, f, m, L'Angle extérieur qui fe fait pat le
pli du bras , Se le point où s'inclinent les deux 0$
qui le compoicnt, Cubitum , cutitus. Cette émi^
nence , fur laquelle on appuie le coude, a été appe-
lée par les grecs à^y.m , Se par d'autres i^^Upavi. Elit
efl: formée par la groflé apophife ou coude. Je lui
ai donné un coup de coude. Il fe dit au/fi de la
patrie de l'habit qui couvre le coude.
Il n'efl rien que le temps ne dijfoude ',
Vous étonner c'^-vous qu'un méchant pourpoint noir if
{yui m'a duré deux ans ,foit percé par le coude ?
ScARRi,
Coude, fe dit auffi d'un des os de l'avant-bras, qu'on
appelle l'os du coude, Ulna ou cubitus. Voyez
Bras,
Il y a aufTî le coude Ju pié, qui efl: le defïïis du
pié, que l'on nommerommunément par corruption
cou du pié ou plutôt coudepié.
Coude , en termes de Manège , eft une jointure au
train du devant du cheval , qui affemble le bout de
l'épaule avec l'exttémité du btas.
ff3' On le dit par analogie de plufieurs chofes qui
forment un angle exrérieur.
Coude , en termes de Vigneron , eft l'endroit où naît
le bois qui donne le raifin. Ce terme eft principale-
ment en ufage dans l'Auxerrois , où on élève leï
vignes fur une perche mife de travers, à la hauteur
d'un pié Se demi, fur laquelle /7t;rcAe on a coutume
de plier le fep lorfqu'il eft alfez haut pout y parve-
nir , & on l'y plie deforte qu'il fait une efpèce de
coude. Les Vignerons difent , lorfqu'on cbourgeon-
ne la vigne , il faut être foigneux d'ébourgeonnet
jufqu'au coude du fep. Liger.
On dit auiH le coude d'une branche d'arbre eti
termes de jardinage. C'eft l'angle que fait une bran-
che taillée immédiatement llii une autre, & fi court,
qu'il n'y refte pas le moindre ergor.
Coude lignifie aufli , chez les Architedes &: les Ma-
çons , un angle forr obtus que fait une muraille , un
chemin , & qui l'éloigné un peu de la ligne droirc.
Vous avez enjambé fur mon héritage par le moyen
d'un coude que vous avez fait en rebâtiffant notre
mur mitoyen. Le coude eft un jarret faillant. Voye:^
Jarret.
Coude, fe dit aufTi, chez les Artifans ,/a/rf coaif»
de ce qui fait un angle ouunrerour, foit par li-
gnes droites . foit pat lignes courbes. Ainfi on dit
le coude d'une équerre, d'un valer de menuiferie ,
d'une conduite ou tuyau de. plomb, de la branche
d'un mors de cheval , des finuolités des rivières , St
en plufieurs aurres occalions.
Coude fe dit de la tranchée au même fens que retour i
replif
E E E E e e il
cou
»a;. Qui ea ployé , qui fait un angle ,
il y a beaucoup
COUDE , EE
d'un ctvàc.Angulatus, indexai
d'outils qui font cuudcs.
COUDt-E , i". i'. mciurc dont ufoient les Anciens , &
fuitout les Hébreux, qui étoitpiile lut la longueur
oiu'nairc du bras de l'homme ucpuis le coude
juiqu'au bout de la main, %,uùuus. i^Ue avoir en fa
moyenne irrancieur un pie &: uix pouces de roi.
La plus petite n'avoit qu'un pie & cinq pouces : &
la plus gr.inae,ou Izcoudce tccomctrique, croît de
deux pi?s & d ux pouces .1e roi. Le Père Merlcnne
ftir la cuiwitfc; hébraïque d'un pie, quatre uoigts &:
trois lignes, par rapport au pic du Capitole. Héron
fait \icou Le gcomctriqu: d.' vingt-quatre ûoigtsi
& Vitruvc fait le pic des deux tiers de la coati^e,
c'eft-à-dire , de Jeize doigts. L'Arche de Noé avo't
trois c -ns coudics de long, cinquante de large , èc
tr:nre de haut ■-, &: la fenêtre croit d'une coucUe.
On dit ligurcmenr, avoir fcs coudées 'a^riz\^^%\
pour dire , erre au large , avoir liberté de bâtir , de
s'étendre, de fe promener, de tout faire fans être
çênc-, ni repris de perionnc. Laxo & hberiore uti
hco , fpatio. On le dit fur tout des libertés qu'on
P'-end a la table, quand on a fes coudrs fur la table ,
Se cv-iand on y eft alfis au large. On dit auJî , qu'un
homnic n'a qu'une coudre ; pour dire, qu û eft nain,
qu'il eft fort petit. Cutitalis. I
COUDELATTE, terme de Charpenterie. Ce font
dans la conftruCtion d'une galère , des pièces de
bois plus épaiifes pat les extrémités que par le
milieu , & qui reçoivent une longue pièce de bois
de quatre pouces en carré , qu'on appelle tapicre,
COUDER , V. a. terme de Tailleur. Faire le coude
d'une manche ; donner à la partie de l'habit qui
couvre le coude , la forme qu'elle doit avoir. CuHto
manicam nptare. Couder une manche de pourpoint ,
de jufte-aii-corps. Cette manche eft bien coudée.
ffX CoUDS!». fe dit généralement des choies qu'on
pliî en forme de coude. Couder une barre de fer;
couder une branche de vigne , la coucher ou plier
en anïle ohus.
COUDOYER , V. a.heurfer quelqu'un avec le coude.
Pu/fare aliquem cubito. Il coudoya ceux qui étoient
alEis au ■.■'tes de lui. Ablanc. Je coudoie les plus pto-
ches pour me faire place. Id.
COUDRAIE , f. f. lieu planré de coudriers. Coryktum.
En quelques lieux on l'appelle coudrette. On trouve
coi'Hrdi f. m. dans C. Etienne. On ne le dit plus.
COUDRAN, f m. compolition de certaines herbes
mêlées de plufieurs ingrédiens , dont fe fervent les
bateliers de Paris pour empêcher que les cordes ne
fe pourriflent. On dit plus ordinairement %oudron ,
qui n'eft autre chofe qu'une poix noire & liquide.
Pix liqnidi.
COUDRANNER, v. a. tremper une cotde dans le
co'idran.
COUDRANNEUR , f. m. ouvrier qui trempe les
cordes dans le coudran.
COUDRE, f. m. arbre qui porte des noifetces, Corutus.
Vovez Coudrier..
COUDRE, V. a. Je coudf, tu couds^ il coud, nous
coufons , &c. je coujis ,j'ai coufu ,je coudrai. Que
jecoufe^ que je cotijîjfe, je cmdrois. Joindre,a(Tem-
bler deux oupluficurs chofcî. avec du fil ou de la foie
ou quelqu'autre choie femblable, palfée dans une
aiguille , ou dans quelqu'autre ouril analogue à l'ai-
guille, poinçon, alêne, iic.fuere, confuere. Coudre
une chemife\ un habit , des boutons à un habit ,
des manchettes à une chemife. Les Cordonniers ,
les Bourreliers , coufent les cuirs avec les alênes.
Les Chirurgiens coufent délicatement les plaies.
Jupiter coufît le petit Baccus dans fa cuiffe. Bens.
On a dit autrefois coufer à l'infinitif-, & de-là vient
que quelques-uns difcnt encore je coufer ai , au
ftitur -, mais mal.
C*- mot vient de confuere. Nîcod. D'autres le
dérivenr de l'hébreu coût, qui lignifie du //. Ou
plutôt il vient de cufare , qui fe trouve dans la
même fignification au deuxième Livre de« miracles
COU
de S. Rerrln , C. 5. Cet ouvrage eft du commence'
ment du dixième iiêcle. De cujare on a fait coufre^
&c cnluite coudre.
Coudre fe dit figurément des paflaget d'Auteurs,
des hiftoites , & autres chofes qu'on ajoute IpJ" dans
les ouvrages d'efprit , qu'on adapre les uns aux autres
pour en former un tout. Quelques paflâges coufus
enfemble , tbrmoient tout fon dilcours. J'aurois
toujours des mots pour les coudre au befoin. BoiL.
afjuere. ]ufte Lipfe a fait un livre de Politiques , où
il n'a mis que des particules ^OMicoudre les partages
des Auteurs. "Defmarèts a dit dans les Vifionnaires.
Il ne faudroit qu'y coudre un morceau de Roman.
§Cr On dit figurément & familièrement qu'il faut
coudre la peau du renard avec celle du lion -, pour
dire, joindre la iufe à la force , la finelfe avec la pru-
dence. Conjbciare^
gCT Et en parlant d'une affaire défefpérée > d'un mal
arrive , ou prêt d'arriver , on dit dans le même ftyle
qu'on ne fait plus quelle pièce y coudre , c'eft-à-
dire quel remède y porrer.
Cousu , UE , part. palf. Se acij. Sutus , confutus.
En termes de Blafon , on a. pelle un chzi'coufu ,
quand il eft de métal fur métal , ou de couleur fut
couleur. Il eft expliqué à Chef. Quclques-UQS re-
tendent aux autres pièces honorables de l'Ecu.
IP" Courues (Finesses) de fil blanc. Feyei^Yua.sst
ET Fil.
g:j- En termes de Manège, on dit d'un cheval maigre
6c efflanqué, qu'il a les flancs coufus.
ffj" Et dans le langage ordinaire d'un homme exté-
nué, qu'il a les joues coufues. Un homme coufu
d'ccus , qui a bcaucoiip d'argent comptant. Couf*
de coups , couvert de bleffures,
|Cr On dit aulii d'un homme dont le vifage eft fort
marqué de petite vérole , qu'il en a le vifage tout
coufu. Un habit coufu fur quelqu'un , qui prend biea
la taille, bien jufte. Bouche coufue. Ne dites mot.
gardez le iîlence. La plupart de ces expreiîîons fi-
gurées ne font que du ftyle familier,
CÔUDREMENT. f. m. Les Tanneurs difent : met-
tre les cuirs en coudrement '; pour fignificr , les
mettte étendus dans la cuve avec de l'eau chaude &
du tan , pour les rougir -, ce qui s'appelle les brafTer ,
ou coudrer, pour leur donner le grain.
COUDRER, v. a. ou bralTer les cuirs. C'eft les re-
muer , en tournant pendant un certain temps dans
la cuve avec le tan 5c l'eau chaude pour les rougir,
COUDRETTE ou COULDRETTE , f. f. vieux
mot. Coudraie. Lieu pi anrc de coudriers. Coryletum.
Il fe dit encore en quelques endroirs.
COUDRIER ou COUDRE , f. m. arbre qui porte
des noilettes, 5c qu'on appelle autiemcnt NAfettier,
Corylus Voyez Noisettier.
On trouve dans l'île de la Guadeloupe un arbre
que les habitans nomment coudrier , à caufe qu'il
jette dès fa racine plufieurs bn.nches qui s'étendent
comme celles de cet arbriif-au. Ses feuilles font
femblables à celles du laurier-thym , rudes pat
dedbus & liflcs par defTas. A l'exrr^mité de ks
branches il potte de petites queues lo-^gues comme
le doigt, fort me-'ues, & toutes environnées de
petits firuits blancs ^ rouges, f-brr délicats , 8c de la
grofleur des grofeilles rouges, do^t Us ont prefque
le goiit. Ses feuilles ont une p'-iiriété merveilleufe
pour la gucrifon des vieux ulckes. Le de^us de
ces feuilles les nertoic , les rend vermeilles, &
mange les chairs baveafes; 8c quand ils font dans
cet état, le defTous de la même feuille ach.-ve en fore
peu de remps de !fs suérir.
COUDROT ou CAUDROT , Ville de Franc? en
Gafcogne , fur la Garonne , entre la Reoh Sx. Saint
Macairc.
COUÉ, i.E, adj. vieux terme d- ChafT-, qui f? dit
des animaux à qui on n'a point ôté la queue. Cnw
datus. Son compofé 8c contraire eftecowtf. Ctuii
truncus. On appelle les Anglois <:f)K«, parce qu'en
509, ceux de Dorchcfterattach'^'rent desgrenouillî«
pat dérifion au derrifirc de celui que le Pape Gté»
cou
goire leur avoit envoyé pour leur prêcher TEvan-
gilc : en punition de quoi , conime on le conte ,
ceux de cette province naiflent avec une queue par
derrière , ce qui les a fait appeler Anglois coues,
COVENDEUR. , f. m. qui vend avec un autre une
chofc poUbdce en commun. Ménage , dans Tes
Ohfervationsfur la langue Françoijè ^ décide qu'il
faut dire covendeur , & non pas convendeiir,
COUENNE , f. f. greffe- peau qu'on lève de dc/Tus le
lard d'un pourceau. Suil/a cutis.
Ce mot vient de cutaneus. Nicod. II y en a qui
écrivent coene , fur quoi M. Huet remarque que
dans la langue de Galles cenn veut à'ucpeau^ cuir.
Couenne fe dit par dérifion de la peau des perfonnes ,
quand elle eft fort grolTe, & fort vilaine, & on dit
popu-lairement en menaçant, je lui frotterai la
couenne ; pouc dire, je le batttai bien.
COUENNEUX , adj. les Médecins appellent un fang
couennenx , celui fur la furface duquel il fe forme
une efpèce de peauépaifTe qui reflemble aflèz à une
couenne.
COUENQUE. Vo-^ei CUENÇA.
COVENTRE ou'COVENTRI. Coventria. Ville
Epil'copale d'Angleterre fous l'Archevêché de Can-
torbcry , dans la paitie fepîentrionale du Comté de
Bar\i/ik.
Hospitalier de S. Jean-Baptiste de Coventri.
yoye^ JtAN.
COVERSÉ , adj. Sinus coverfé. Ce terme ne fe trouve
point dans nos Géomètres ; mais les Anglais s'en
fervent , ainfî qu'il paroît par le Didlionnaire des
Arts de M. Harris , au mot Coverfedjinus. Le finus
coverfé efl le tcftant d'un diamètre après qu'on en
a ôté le linus verfé , ou la flèche. Harris.
COUET , f. m. terme de Marine , qui fe dit de
quatre grofles cordes amarrées au bas des voiles,
deux à la grande , & deux à la voile de mifaine ,
les unes & les autres vers l'avant du vaifleau. Elles
répondent aux écoutes qui font amatrées vers l'ar-
rière dans les mêmes points. Elles fervent à faire la
manœuvre de ces voiles , félon qu'on les largue ou
qu'on les hâle , c'eft-à-dire , qu'on les lâche ou
qu'on les bande du côté dont on a befoin pour re-
cevoir le vent, On appelle amurer , faire la ma-
nœuvrf^ Aç'icouets. Et d'autres coefte ou coetce.
COUETTE , f. f. Quelques-uns dilent Coite. Lit de
plujiie qui fert à garnir une couche. Culcinaplumea.
Chorier . H'-jL de Dauph. L. Il, p. 94, dit que le
peuple ( ""^ Dauphiné ) les appelle entres , d'un
nom plus conforme à celui qu'elles ont première-
ment eu , culcitra ; que l'ufage des couettes efl: une
invention dcî Gaules, Si qu'il ne faut pas s'ima-
giner fur leur nou, que ce foit celle d'un autre
peuple.
^3" Ce mot efl: vieux Sc ne fe dit plus que parmi le
peuple. On dit /// de plume.
Couette , chez les Artifans , efl: ce quon appelle
autrement crapaudine & grenouille. C'efl: une pièce
de métal creufé en rond , fur laquelle tourne le
pivot , ou le gond d'en bas d'une porte cochère ,
ou d'une éclufe. Cavus cui cardo verfatilis incumbit.
COUETTEUX, adj. vieux mot. Convoiteux.
COUPLES, f. f. pi. C'eft ainfi qu'on nomme les
balles , dans lefquelles oh apporte le fené du
Levant.
COUGAT , f. m. nom d'homme. Cucuphatus, Voyez
CoTTOtTENFAT.
COUAGE, ou fève puante, f. f. C'eft une efpèce de
/erf qu'on nous apporte des Indes Orientales, où
l'on en fait ufage dans l'hydropifie. Phafeolus lurra-
tenfls.
COXJHAN , f. m. la graine de couhan. Voyez Cermin.
C'eft chouan au'ilfaut dire. Voye^ Chouan.
CCUHOYARN, r. m. nom d'homme. Conhoyarnus.
S. Couhovarn ctO't Moine de Redon au Diocèfe de
Vamf-s m Titetagne , Province de France. La vie de
ce Saint , Ci mort & 'es miracles , font au quatrième
, charitre de la vie des SS. Moines de Redon , qui
foat le fécond Uvrt de la vie de S.C«uvoyon,doan(:e
COU 9T7
par Dom Mabillen dans fcs /îècles Bcncdietins , i
l'an 868 de N. S. Chastelain ; c'eft-à-dire , dan*
les Aéla Siin&. Bened. Sac. IX.
^^ ce UlER, f. m. terme de Rivière, grofle corde
que l'on attache à terre pour empêcher que le der-
rière d'un bateau ne s'en éloigne, fur tout dans le»
gros temps. Encyc.
COUILLARD , f. m. vieux mot. C'eft la corde qui
tient la grande voile à la grande attaque du grand
mât.
Couii.LARD,en termes de Charpenterie,fc dit de deux
pièces de bois qui entretiennent les trates qui fépa-
rcHt la cage d'un moulin de la chaife qui eft au def-
fous. Les deux couillards ont chacun trois pies de
long. Caron.
CouiLLARD fe difoit auflî autrefois pour une ma-
chine de euerre propre à jeter des pierres.
COUILLAÙT , valet de Chanoine de l'Eglife Ca-
thédrale d'Angers. De Colliberti.Y oycT. là deflus les
Origines de la langue françoife de M. Ménage.
COUILLON de chien. Plante. Foye[SxT\Kio^.
COVIN. f. m. Currus roflratus. Sorte de charriot donc
les Gaulois & les Anglois fe fervoienr autiefois. Les
Covitis étoient descharriots armés & propres à com-
batrie : on pourroit les appeler en \zt\nfalcaticur'
rus.
COUINE , f. f. vieux mot qui s'eft dit d'une fuite de
perfonnes , & qui vient de queue. On a dit aulïi
Couvine.
COUIS , f. m. efpèce de febiile dont on fe fert dans
les Iles françoifes de l'Amérique à la place des fe-
billes de bois ordinaires,qui font en ufage en France ^
cette febiile fe fait avec le fruit du callebafller.
COUIT, qu'on nomme au/fi Gun^. Sorte d'aune donc
on fe fert à Moka pour mefurer les toiles & lep
étoffes de foie : elle pot te 14 pouces de long.
COULADOUX , f. m. pi. terme de Marine. Corda-;
gcs qui tiennent lieu fur les galères des rides de hau-
bans.
COULAGE , f. m. terme de Négoce, de Commerce-
C'eft la perte, la diminution qui fe fait des liqueurs
qui s'écowlent des vaifleaux où elles font enfermées.
Fluxus. Marchandifes fujettes à coulage. Dans le
commerce de ces fortes de Marchandifes,on compte
tant pout le coulage.
COULAMMENT, adv. d'une manière aifée, coulante.
II ne fe dit guère que des paroles qui n'ont rien de
rude à l'oreille , qui viennent naturellement à la
fuite les unes des auttes , qui coulent facilement ,
comme de fource , ou de la bouche d'un Orateur ^
ou de la plume d'un Ecrivain. Cet homme parle,
écrit coulimment. Fluit leviter oratio.
COULANGE. Cûlangia. Coul-ange la Vineufe , eft un
Bourg de l'Auxerrois près de la rivière d'Ionne ,
renommé par fes bons vins Colingia vinetorum. Cou-
lange fur lonne eft un autre bourg à cinq lieues dik
précédent. Colangia ad leannam.
ItCF COULANT, ANTE, adj. qui coule aifémenc,
Fluens. On dit au propre , un ruifleau coulant. Au
figuré, un ftyle coulant, qui n'a rien de rude, de
raboteux. Molle dicendi genus. Des Vers coulans ^
aifés , naturels , agréables à l'oreille. Une veine
coulante. L'arrangement du difcours le rend plus
coulant & plus agréable. Charp,
jJCT On dit aulfi un vin coulant^ agréable à boire,
& qui paffe ailement. MolU vinum.
On appelle auflî un noeud coulant , un nœud qui
fe fetie S: fe deflerre fans fe dénouer. Nodus fiueiis.
En termes de Marine, on appelle manœuvres cou-
lantes ou courantes , les cordes qu'on manœuvre i
tout moment , comme celles qui tiennent les voiles,
par oppofition aux manœuvres dormantes , qui font
îîxes ic arrêtées , comme les haubans qui tiennent les
m.its.
COULANT, f. m. C'eft un otnemcnt de diamans que
les Dames portent au cou , compofé d'une croix , Sc
d'un gros diamant, qui f; met à quelque diftanceatt
dcifus de la croix , &; qui coule dans la ganfe à la-
oy8 COU
quelle la croix eR attachée. Ceft proprement ce gros
diamant que l'on appelle coulant.
Coulant i'un Tour , cft la pièce qui fixe le fupport -,
k coulant d'une machine à fendre fixe la frai(e.
^ C:hcz les Boutcnnicrs , on appelle coulant un
morceau de bois arrondi par les bords ôc percé en
travers; quand il eft couvert, il lert de novud aux
cordons de canne, démontre, aux guides de che-
vaux , f'C. K-tT r c
COULDR AI , vieux mot f. m. ou CXDULDRAIE, f. f.
Fove:^ CouPRAiE.
COIÎLDRETTE. roy<?{CouDRïTTE,
•COULE, r. i. terme de Bernardin &: de Bénédi6tm.
Pallium. Il y a de deux fortes de cok/cj, une blanche
oui efl: un habit fort ample , & dont les Bernadins
ie fervent dans les cérémonies , Se lorfqu'ils aiîif-
ftent à l'office. L'autre cou/f eft noire, & eft aufli
x\n habit fort ample dont les Bénédidins lé fervent
feulement dans les villes , Si lorfqu'ils vont par les
rues. Foyei fur la forme de la coule le P. Mabillon ,
Jcla SanB. Bened. Sœc.lV , p. i , Pref. «.19";. Il
prétend que la cou/e eft la même chofe que le Sca-
pulaire. L'Auteur de VJpologie de l'Empereur i
U.-nri IV , diftingue deux fortes <le coule. L'une
eft une robe , ainfi' appelée , parce qu'elle a un ca-
puchon. Cucullus. C'eft une robe qui dcicend juf-
qu'aux talons , qui a un capuchon & des manches,
&:qui,quand elle eft étendue , aîa figure d'une croix.
L'autre coule , euculla altéra , qui fert pour le tra-
vail, eft le fcapulaire ainfi nommé , parce qu'il ne
couvre que la tête & les épaulés -, t<. il dit en avoit
vu une qui ne defcendoit que jufqu'aux reins , S: qui
n'alloitdes deux côtés que jufqu'au bout des épaules;
& c'eft-là proprement, dit-il, le fcapulairc. Dom
Mabillon traite encore plus particulièrement de la
coule dans la Préface des Acla Sancl. Bened. Sisc. V.
■ 77. 59 &'f!tiv.
Ce mot cou/e s'eft formé du latin ccuHa, en con-
fondant les deux premièr°s fyllabes en une , parce
. qu'elles font la même fyllabe répétée deux fois.
CouiE. Ce mot eft auffi en ufage parmi les Bernar-
dines. C'eft une forte de grand habit de chœur,
qui eft blanc , &: qui a de grandes manches.
^CT COULÉ,terme de Mulique, ie coulé fe fait lotfque
la voix ou les inftrumens palfent d'une note à une
autre , en faifanr une efpèce de liaifon enrre ces
notes; lorfqu'au lieu de marquer chaque note, on
en pa.'fe deux ou plulieurs fous la même articulation,
en piolongcant l'expiration ou le mouvement de
l'atchet. La trop grande quantité de coulés dans la
Mufique efféminé le goût. Montecl.
Ce fubftantif eft formé de coulé , participe du
verbe couler.
Coulé eft aufïi un pas de danfe. Faire un coulé. Voyez
Menuet et couler.
^ COULÉE , adj. f & f. terme de Maître à écrire.
Il y a une forte d'écriture qu'on nomme coulée ,
écriture coulée. C'eft un caradère penché , tracé
affez rapidement , avec des liaifons de pié en
tête.
Coulée, f. f. terme de Marine. C'eft un adouciffe-
ment qui fe fait au bas d'un vaifieau entre les ge-
noux Se la quille , afin que le plat de la varangue
paroifTe moins , Se que l'eau coupée par la proue
coule, glilfe Se s'échappe plus doucement jufqu'à
la pouppe. Declivitas.
^3" Coulée fe dit aufTî dans les grofle/ fôrges de
l'endroit par où s'écoule la fonte con|cnue dans
le creufet. Effluvium,
ffT COULEMENT , f m. ir,ouvcment des fluides
fuivant leur penre. Fluxus , jluxio. Ce mor n'eft
pas reçu. On ne dir poinr un trow/cw^/zr de fang ,
un coulement de pituite. C'eft dommage. Il exprime
très-bien le mouvement des corps fluides ; Se il
me femble qu'on diroit avec grâce , le vent con-
fifte dans un coulement d'air vers un certain en-
dtoit.
Coulement , terme de Maître d'Armos. Il confifte à
COU
giifler Se à avancer au même temps. Faire un cou.
iement d'épée. Liancourt.
COULEF.. V. n. Qui exprime le mouvemenr de tous
les Huidcs fuivant une pente naturelle. Il ie dit
premièrement du cours ordinaire des eaux. F hier e,
manare. Les rivières coulent ordinairement vers le
Nord ou vers le Midi. Il y en a quelques-unes ,
comme le Danube, Se le fl.nive de S. Laurent,
qui coulent d'Occident en Orienr. Les gelées em-
pêchent que les rivières ne couUnt. Le Pénée coule
.à l'ombre entre les foiêts délicieufes qui bordent fe«
rivages. Vaug.
Ce mot vient du mot latin colare , qui fignifie ,
faite pailèr une liqueur par quelque linge.
On le dit aulfi des humeurs, Se des fucs en-
fermés dans les vaiffeaux des corps animés, lorf-
qu'ils montent , qu'ils deicendent Se qu'ils cir-
cu-lenr. Le fang coule des artères dans les veines ,
Se des veines dans les ventricules du cœur. Né-
ron fit couler des totrens de lang. S. Evr. Si Dieu
remue fon bras par le cours des efprits animaux ,
c'eft Dieu qui fait couler Se agir ces petits corps.
Malee. Les rhumes, les fluxions ■coulent du cer-
veau , félon le fentiment des Anciens. Les larmes
coulent par les yeux , la fucur par les pores. Le
fuc qui nourrit les végétaux row/c Semonue le long
de leurs fibres.
§Cr Couler fe dit auflTi avec le pronom des autre-s
fluides. Penetrare, pervadere , permeare. L'air fe
couler travers de fort petites ouverfjres, La ma-
tière fubtile fe coule dans tous les corps. La lu-
mière fe coule Se traverfe le verre.
ffT On dit aufifi figurément que le temps coule j
pour dire , qu'il pafle promptcment. Ahire , ef-
jlere. Les joufs , les années coulent infenfiblemenr.
Celui qui eft comblé de joie trouve que le temps
lui échappe , Se qu'il coule avec trop de précipira-
tion. Maleb.
IJttT Couler , terme de Chandelier. On dir que la
chandelle coule , quand on y a mêlé du fuif de
poutceau , qui n'a pas affez de confiftance pour
Ibûtenir celui qui eft fondu , Se qui fcrr d'aliment
au feu de la mèche , ou bien quand quelque bout
de la mèche eft tombé fur les bords , Se les a fon-
dus. De fil/ ère , liqiiefieri.
^3" On ciir aufTi des chofcs foîides qu'elles coulent:,
pour dire qu'elles s'échappent Se qu'elles tombent,
quand elles trouvenr de la penre. Loti, eÇîuere, Il
a coulé de deflus cette grange rrois chevrons qui
n'étoient pas bien chevillés. L'échelle a coulé fous
lui. Une tuile coula, d'un toit, Se lui tomba fut
la tête.
§Cr On le dit particulièrement des corps folidcs ré-
duits en poudre , du fable , des grains , &c. Le blé
coule par un rrou du fac. Le tem.ps humide fait
que le fable de cette horloge ne coule pas.
Coulep. , V. a. fignifie filtter , faire paffer une chofc
liquide à travers un linge, du fable, 6'c. gluant,
plus fluide. Colare , percolare. On coule l'hippo-
cras par la chauffe, le blanc d'œufparle papier
gris , le mercure par le chamois , pour les épurer.
Quand l'encre eft rrop épaiffc , on y met de l'eau
pour la faire couler.
Couler , en Chymie , fignifie aufli vcrfer de l'eau
fur des cendres , ou des terres , pour en tirer les
fels , foit des minéraux , foit des végétaux. Infun-
dere. Le falpctte fe fait à force At couler de l'eau
fur les terres nirreufes , qu'on fait enfuite éva-
porer , quand elles font imprégnées de leurs féls.
La lefTive ordinaire fe fair en coulant de l'eau
chaude fur des cendres de bois neuf ou des cendrés
gravelées , qui en détache les fels qui blanchiffent
le linge.
CouLER^à fond un vaifTeau, terme de Mâtine, c'eft
le percer à coups de canon dans les œuvres vives,
ou l'ouvrir en quelque aurre manière que ce foit,
pour y faire entrer l'eau Se le fubmerger. Dépri-
mer e., demer^^ere. Les Capiraines fonr quelquefois
couler à fond leurs chalouppes , pour ôter aux Ma-
cou
teiots l'efpcrance de fe fauver. On dît abrolument ,
qu'un vaifleau coule à tond, quand par quelque
accident que ce Ibit , il s'y eft fait des voies d'eau
qu'on ne peut épuifer. On dit pareillement , couler
bas; pour dire, enfoncer & faire périr un vaidcau.
On dit au conrraire , qu'un muid coule, quand il
ne joint pas alfez bien, pour contenir la liqueur
qui y efl enfermée. Defiuit. Couler à. ior\à, eft plus
ordinairement adif , & couler bas cft neutre , félon
la remarque du P. Hofte fur ce mot. |Cr Un vaif-
fean coule bas , quand il s'y fait une voie d'eau
à laquelle on ne peut remédier.
i^ On dit figurément couler quelqu'un à fond dans
la diipute , le réduire .à ne favoir que répondre.
On le dit de même , en parlant de la fortune ,
couler quelqu'un à fond, ruiner fa fortune, fon
■crédit.
'■CovviT. à fond. Ctttt manière de parler efl d'un ufage
fréquent dans les atmées de teire : elle fe dit en
particulier de la Maifon du Roi, Couler à fond ,
c'eft prendre tous les corps l'un aptes l'autre pour
-les nnployer tous. Dans les détachemcnsSc autres
emplois, on comm.ence par les Gardes du Corps,
■eniuite les Gendarmes de' la Garde -, après les Che-
vaux Légers, ainfi de tous les auttes corps qu'on
coule à tond , puis on recommence. Le P. Daniel
fe fert fouvent de cette phrafe dans Ibn Hijioire de
la Milice Françoije.
Couler, en termes de Fonderie. On à\t couler une
pièce de canon -, c'eft en fondre le inetal &: le faire
paifer , le faire couler dans le moule. Voir couler ,
-faire couler la gueufe , c'eft faire couler le fer fondu.
Li^uefacere & dijfuudere. Couler en plomb, c'eft
xenipi jr de plomb des joints de pierre , des marches
de perron à l'ait , fceller avec du plomb des cram-
pons de fer ou de bronze.
^C? CoHLER une glace, c'eft en faire couler la ma-
tière fondue fur une table préparée exprès.
On dit neutialement , en pariant d'un ouvrage
de tonte qu'on a Jeté en moule, que la ftatue ,
que la cloche a coulé ; pour dire , que le métal s'cft
échappé par quelque fente faite au moule.
Coui FR , en termes d'Agriculture , fe dit auflî nen-
traiement des fruits qui ont fleuri & qui n'ont pas
noué. Roraiior2e dejluere. Là vigne a coulé; c'eft-
à-dire , que la vigne étant en fleur , il cft furvenu
des pluies froides , qui ont empêché le raifin de
fe former, f^cyei Fleur, Étamines, Sommets.
CoiTLER lignifie encore dans un fens figure faire
paflcr quelque chofe avec adreffe en quelque
lieu. Jvjinuare , inducere aliquid. Cet Amant a fu
couler fbn poulet par le fecours d'une confidente.
Ce Plaideur a gagné fa caufe , parce qu'il â fait
■couler quelque argent dans la main du Secrétaire.
Le Notaire a fait couler cette claufe dans ce tefta-
ment en faveur d'un de fes amis. Les Coupeurs de
bourfe ibnt adroits à couler la main dans la poche.
tfT On le dit , dans le commerce, des mauvaifes mar-
chanàifcs qu'on fait paflet à la faveur des bonnes.
Ce Marchand a coulé quelques mauvaifes pièces
de drap parmi celles qu'il m'a livrées. On ne fait
guère de payement qu'il ne s'y coule de mauvaifes
pièces.
Couler , prcfque en ce fens , fe dit de gCT ceux qui
partent fans faire de bruit , crainte d'être apperçus ;
6: dans ce cas , il peut auffi fe mettic avec les
pronoms perfonneis. Injînuart fe , irrepere. Ce
ptilbnnier s'échappa à la faveur de la foule où il
fe coula. La nuir eft favorable aux fecours qu'on
veut faire couler dans une Ville afîiégée. Il a coule
le long du mur.
■ Il fignifie auflî paffer un défilé , foit un .à un ,
foit en petit nombre. Irrepere , fuhrepere , otrepere.
Coulez-vous les uns après les autres dans cette porte,
dans ce mauvais pas.
On dit qu'un rafoir coule bien -, pour dire , qu'il
rafe doucement , légèrcmenr, qu'il n'cft point ru-
de. A CAD. Fr.
ÇX On dit des bons vins , qu'ils coulent agréable-
COU
9S9
mJht ; pour dire "qu'ils flattent le palais , qu'oà
les boit avec plaifir.
liCrCouLER fe dit encore dans un fens figuré , en par-
lant du difcôurs , du ftyle ; pour dire', qu'il ne s'y
trouve rien de dur , de raboteux -, rien qui ne flat-
te agréablement l'oreille; rien qui ne foit écrit
ou dit natiu-ellement & d'une manière ai fée. C'eft
amù qu'on dit d'une période, d'un vers , quils cou-
lent bien, qu'il ne s'y trouve rien qui bleifc l'orclle.
Cela coule de fource , c'eft-à-dire, cela eft dit*
écrit d'une manière aifée , natutelle. *
tfJ' On le dit encore de ce qui eft fait. On dit con-
formément au génie , naturellement , de l'abon-
dance du coeur ; il dit des choies fort coniblantes,
cela coule de fource.
^ Couler fc dit encore de la manière dont le dif-
côurs doit marcher. La nartation doit couler ma-
jeftueufement , comme les grands fleuves, &; non.
pas avec rapidité comme les tortens. S. Evr,
?]Cr On s'en lért auffi pour marquer l'abondance.
Bon Dieu ! comme che^ vous les vers s'en vont couler.
BoiL,
fleur eux , dit-on , le peuple fiorijfarit
Sur qui les iien:> de Dieu coulent en abondance.
Couler , en termes de danfc , fignifie porter fa jàm-
b? doucement , iégérement & à /leur de terre, fans
prefque marquer les cadances. Crus movere molli.-
^T ' f'^/''^'? leviter crurc perjiringere. La danfe con-
fîfte à favoir bien couler , coapev'&c pirouetter.
le? On dit auîFî acftivemcnt , couler un pas , le mar-
quer légèrement. Pliez Ôc couk^ votre pas.
Couler, en termes de Mufiquc, fe dit d'un certain
mouvement doux & lié que l'on donne aux inftru-
mcns par le moyen de l'aichet, quand ils en ont,
ou pour les touches de claveffins , des orgues, ou
par la manière de ménager l'air dans la voix humai-
ne, ou dans les inftrumens qui fe jouent aveclabou.
che ; couler & tirer font deux chofes différen-
tes ; paï exemple , quand on veut couler en jouant
de la viole, il n'y a que les doigts qui doivent
agir, & l'archet ne doit point quitter ïz.% cordes:
mais quand on tire deux fois , ou deux notes, il faut
foulever l'archet à la moitié environ de fon coups,
& le remettre au'Fitôt en continuant le même coup,
& non pas en recommençant à tirer. Rousseau.
UC? Couler une note ou plufieurs , c'eft les pafTer
légèrement , pafîer de l'une à l'autre , foit avec la
voix , fbit avec les inftrumens , en fàifant une efpè-
ce de liailbn entre ces notes. Voyei Coulé-,
^ Couler après , terme dû jeu de billard , fe dit
Jorfqu'un Joueur fait entrer la bille de fon adver-
f'.iirc^ dans une bloufe , & que la fienne tombe dans
la même bloufe, in cavum delabi.
Coulé , ée , part.
COULETAGE,f. m. terme de Coutumes. C'eft un
droit qui fé prend en quelques endroirs fur toutes
les marchandifes qui fe vendent. Couletage eft la
même chofe que courtage.
COULETIER oiï COULTIER , f. m. terme de
Coutumes. C'eft la même chofe que Courtier.
CCTCOULETTE , f. f. termî de Rubanier. Petite bro-
che de fer fervant à merrre dans un rocher de foie
ou de fil que l'on veut furvider fur un aurre.
l^fT COULEUR , f. f. On peut confîdérer la couleur
comme une propriérc de la lumière des corps qui
la renvoyent & nous affedent de telle ou telle cf^
pèce de couleur , en produifant fur nos orp-anes tels
ou tels cbraTlemens , ou comme une f'nfat'on par-
ticul cr:- de l'ame qui eft une fuite de cet ébranle-
ment. Color.
§Cr II eft évident quel» mot fo«/v/r, pris dans cette
dernière àccen'on pou une modification d^I'amej
ne peut appnrtenir an corps; que la cnuleur que morl
ame nnp-^rcoit, n*eft poi'n dans l'olrctcolorc. C'eft
aux M"tap'iyfici?ns à expliquer comment l'anie j en
vertu des loix de fon union avec le corps , s'accoiis
p/^o cou
tume à rapporter aux objets extérieurs , à des rubf-
tances ni-aLcncliCs &uivi:iblcs, les in-opres ll-nla-
tions qui n.- peavcnt appartenir qu'à une iubflance
lpi.it.iclle & . nvle. l^oy^i Malebb-AWCHE.
go* t)n ciu.-n.i i)ac couleur une i";niAtion de l'amc
cxcitce piL- i'a^t'on ac Li lamici-e Uir la recine, &
d ifcrentc,, luvant le dhictcnt d.'-re de rctrangi-
b'iuc de la lumière , & la vitede ou la tTtandcar de
les parties , ou limplcmcnt l'iniprciiion que tait lut
l'oEil la luraiérj r^acchie & aioditicc pat la^lurïac
des corps , qui les i.iit paroittc rouges , jaunes ,
bkus , Oc.
^ Dans .c y^ôme des Cartcfiens , k lumière elt un
co'p^ panaitenient homoiiènc, Scie même rayon
de Kimière di.tecemuvjnt modifie, c'elt-à-aire , dii-
tcrtniiment réfléchi a nos yeux , tantôt avec plu>,
tantôt avec moins de torce , donne des cjuUun
d'une tfpèje di.fcrente. Le lentiment des couUnn
cfl: en nous , dit D 'icart-s ; elles ne font que des
di Icienees de la lumiète réfléchie i & cate di.te-
r.hcc vient de h diveriitc de la iuriace des corps ,
qui renvoycnt diverl'cment la lumière.
ffT Les objets font invilibles par eux-mêmes , dit Ma-
lebi-anclie. Nous croyons Ijs voir, parce que la dilFc-
rente riillire de hur ùrface rcflechiflant divcrll-
ment, la lumière -lait en nous divers f ntimens de
couUiLT que nous leur attribuons. Cependant les
couleurs ne font que des fentimens de la part de
rame;&dela part du corps , ce ne font que des
vibrations plus ou moins promptes de la matière
éthérce.On doit ajouter que de la part des corps la
couleur c^ la dilpofition de leur lliriace; & com-
me la furface efl difpofée différemment dans les
corps , les corps ne font pas de même couleur. Ce
fyftème dont nous avons occaiion de parler dans
diiferens articles de ce Dictionnaire, efi: abandonné
de prefque tous les Phyficiens depuis le célèbre
Nexyton.
fCT L'exp'ication des couleur s tW. wn des points où
triomphe la phyfique de ce grand homme.
Çcr Suivant NcNX'ton , la lum'ière n'efl: pas un corps
fimplc ce homogène , c'eft-à-dire , un corps compo-
fé de parties Icmblables enttc elles , comme dans
le fyftcme de Defcartcs , mais un corps mixte &
hctcrogcne , c'cfl-à-dire , un corps compolc de par-
ties ditrctenrcs les unes des autres : c'eft un com-
pofé de di.'îcreites couleurs.
IP" Les rayons d i foleil ont d'eux-mêmes les fept
couleurs , que l'on nomme primitives , c'eft-à-dire,
le rouge , l'orange , le jaune , le vert , le bleu ,
l'indigo & le violet. Les rayons des différentes coû-
te urs^ onz diiférens degrés de refrangibiliré & de
ré.^cxibilitc. Le rayon violet eft celui qui de tous
les rayons elt le plus rcfrangible & le plus réflcxi-
ble -, 5: le rayon rouge celui qui de tous les rayons ,
cfl: le moins rcrrangible & le moins rcfléxible. Les
autres font plus ou" moins réfraneibles & rcflcxi-
bl'-s,fuivai''t au'ils font plus ou moins près du rayon
violet. Ces rayons une fois fcparcs & obfervcs à
pnrt, confervent confl:amment leur couleur origi-
naire, fans qu'aucune réfraction ou réflexion ou
rnêlange d'ombre puifle l'altérer. Voye^ au mot Ré-
fraction , les Expériences de Newton , qui ptou-
vent la vérité de ces principes.
fiT C'eft donc de cetre différence de réfrangibilitc
^ de rcfléxibUitc que dépend la différence des cou-
leurs ; d'où il s'enfuit que toutes les couleurs qui
exiftent dans h nature , fort relies que les doivent
produire les quaiirés colorifîques Se originales des
rayons dont la lumière cfl: compofée; &: que fi
la lumière ne confiftoit qu'en rayons cgalemenr
tcfrangibles , il n'y auroir qu'une feule couleur
dans le monde , &: qu'il fcroir impofTible d'en pro-
duire une nouvelle, ni par réflexion, ni par rc-
fraiftion.
Ç:T Le mélange des fept couleurs primitives forme
le blanc. Ainfi un corps paroît blanc , lorfcu'il ré-
fléchir rnus les rayons de lumière fans les dccom-
pofer, f^jef Blanc,
COU
IP* L'abfence de tontes les ccwfc/rj primitives, fsr-
me le noii. Ainli un corps paroît noir, lorlqu'ilne
réfléchit aucun rayon de lumière. Foye^ Noir.
?Cr La réflexion d'un icul rayon primitif, cfl la caufa
des couleurs primitives que nous remarquons dans
les corps , c'eR-àdire , que les corps paroiffent diiTé-
remment colorés , lliivant qu'ils rcfléchiflent les
rayons d'une certaine couleur , & abforbent les
autres. Ainfi un corps paroîtra parfaitement rouge,
lorlqu'il ne rcdcchira que les rayons rouges; jaune ,
quand il ne réfléchira que Ls rayons jaunes, 6'C.
IjCr Les couleurs que l'on nomme fecondaires, ne
font formées que par la réunion de quelques rayons
primitifs. Si un corps réfléchit les lajons rouges
■& les rayons orangés , il aura une couleur fecon-
daire, qui tiendra' comme le milieu entre le rouge
6c l'orangé, ou pour mieux dire , qui participera
& du rouge & de l'o'angc.
gO" Il Y a un nombre infini de couleurs compofées,
c'eit-a-dirc , qui réfalrenr de leurs divers mélanges,
en les prenanr deux à deux, trois à trois , quatre
à quatre, &c. & en combinanr encotj ces rcl'ultatî
les uns avec les aufes pour en former de no veaux
mélanges , qui par les règles des combinailons noas
en donneront encore un plus grand nombre à l'in»
fni.
^CT On app-Ue auffi coK/cwr les drogues , les corps
folides qui f.rvent aux Peintres & aux Teinturiers
pour faire paroître ces couleurs. On dit en ce llnn
mêler , broyer , préparer, appliquer les couleurs. Ce
Peintre manie bien les couleurs. Adoucir, amortir,
ranimer , réhauflêr , relever les couleurs. Merrre un
plancher en couleur. Avant que de dorer un lambris,
il faut le mettre en couleur.
gCT M. de la Chambre , en blâmant la diftindioft
que font les Philofophes des couleurs , en couleurs
réelles , &C en couleurs apparentes , dit que toutes
les couleurs font réelles, & qu'il faut les divifer en
^couleurs fixes , attachées & adhérentes à leurs fujets,
8c en couleurs mobiles.
ÇO" Jl y a des couleurs fimples , telles que font les
cinq couleurs matrices des Teinturiers , dont tou-
tes les autres dérivent. Il y en a de corapofces 5 fça-
voir,lebIeu, le rouge, le jaune, lefiuve, ou cou-
leur de racine , Se le noir. A l'égard du vert ,^ il n'jr
a point dans la nature de drogue qui ferve à tein-
dre en cerre couleur ; mais on teint les étoffes deux
fois,d'aboid en bleu , Si puis en jaune, & elle»
deviennent vertes. Du mélange des premières co;^-
/eurs , il s'en fait un grand nombre , comme le
violet , le gris de lin , &c. expliquées à leur or-
dre.
On appelle auffi couleurs Jîmp les , celles qm fer-
vent aux Enlumineurs 6c aux Peintres , qui vien-
nenr des végcraux , 5c qui ne peuvent pas fbuffrit
le feu , comme le jaune fait de fàfran ou de graine
d'Avignon , la laque 6c autres teintures extraites
des fleurs. Color nativus. Les autres fonr minérales,
qui fe tirent des métaux , Se qui fouffrent le feu ;
ce font les feules propres à faire l'émail. Co/or facîi'
tius. Ainli on tire de l'or Se du fer, le rouge ; de
l'ars^ent , le bleu ; du cuivre , le vert -, du plomb,
le blanc ou la ccrufe , quand il eft dilfous avec le
feul vinaigre ■■, mais quand la ccrufe a éré cuite dans
le fourneau , elle donne du mafficot , Se du miniura
quand elle efl: pouHce davantage au feu.
Les Peintics diftinguentaulTi les couleurs en lé-
gères. Se en pefantes. Sous le blanc, on comprend
toutes les couleurs légères. Color languidus , lan-
guefceus , evanidus. L'outtemcr efl mis au rang des
couleurs légères. Sous le noir on comprend routes
les couleurs peCzmes terreftres. Color jatur , aujU-
rus,pre{fus , nuHlus. Le brun-rougc , la rcrre d'om-
bre , le vert -brun Se le biftrc, font les couleurs
les plus pefantes après le noir. Les Peintres ap-
pellenr aufTi couleurs rompues, les couleurs trop
vives, qui aflbibliffent par leur mclanre d'nurres
phis fon.bres. Color vividus , acutus. On dit^ que
l'azur d'outremer eu rompu de laque Sie d'ocre
jajne>
c o u
jaune; pour dire,qu'il y entre un peu de ces couleurs.
Les couleurs rompues i'ervent à l'uni'oa & à Taccôrd
des couleurs , loit dans les tournans des corps ,
fbit dans leurs ombres. 'On appelle couleurs jicyees ,
celles qui s'affoibliflent iniènliblement, comme font
celles qui ionrent les nuances : & on appelle un
ton de couleurs , un degré de couleurs , par rap-
port au dair obfcur. Languefcdns , evanidus. Le
Géorgien s'eft rendu admirable par le maniement
& la beauté des couleurs. Quand en dit en Pein-
ture que les couleurs font bonnes , cela tic fignifie
pas que les couleurs foicnt d'une meilleure ma-
tière que d'autres , mais que le choix de la diftri-
bution en eft meilleur , & que la rencontre des
unes auprès des autres en eft plus excel'.ente.
Les couleurs changeantes ibnt celles qui dépen-
dent de la iituation des objets à l'égard de là lu-
mière , comme celles des taffetas changcnns , de la
gorge des pigeons, &c. Colvr v^ri»ï/7j. Néanmoms
quand on regarde attentivement avec un bon mi
crofcopc les plumes de la gorge du pigeon , on voir
que chaque fil de fes plumes eft compofé de plu-
lieurs petits carrés alternativement rouges & verts ^
& ainii ce font des couleurs fixes. Le Père Kirket dit
que les couleurs changeantes qu'on voit for ces plu-
mes de pigeons & de paons , viennent de ce que les
plumes font diaphanes , & d'une figure iémblable à
celle des triangles de cryftal , ou prifmes de verre ,
qui étant oppofcs à la lumière , font voir des iris.
Les couleurs fixes & permanentes , ne fe font point
par des rcfraétions , comme les changeantes , mais
par le pafîage di'redl de la lumière \ travers certains
corps , foit en les traverlant entièrement , foit en
réfléchiflant lut quelques-unes de leurs parties in-
ternes , ou après avoir un peu pénétré les fliperfi-
cielles. Il y a deux ordres dilfcrens dans les couleurs
pour paiîèr du blanc au noir. L'un eft le blanc , le
jaune , le rouge &: le noir. L'autre eft le blanc ,
le bleu, le violet & le noir. C'eft la doè1:rine de
Mariotte dans l'excellent livre que nous avbns cité
ci-de/lus.
I^T Couleur eft quelquefois oppofée au noir, par-
ce qu'en effet le noir n'eft pas une couleur , à cau-
fe qu'il abforbc to':te la lumière , &■ qu'il n'en ré-
fléchie aucune partie. (To/or^r/ij. En ce fens on dit
que les gens tie guerre &: les Courtifans portent
des habits de couleur , & que les gens de Robe
te d'Eglire. en portent dé noirs.
Hn approchant de ce fens, on appelle couleur
haute , couleur rude , couleur forte ., grave , color
fioridui , couleur éclatante , fplendidus , couleur
claire, acutus, celle qui refléchit à nos yeux plus
de rayons de lumière , comme la couleur de cerife ,
la couleur de feu , l'incarnat. Et au contraire, on
appelle couleur douce , fbmbre , morne , trifte, mo-
dcfte, celle qui en réfléchit le moins , comme le
giis de lin , feuille - morte , couleur d'olive , cou-
leur de penfée , &c.
Couleur d'eau. C'eft cettain brillant violet qu'ac-
quiert le fer bien poli , quand il a palle au feu
dans un certain degré de chaleur. C&ruleum ferrUm,
Cxrulei fer ri color.
^ Couleurs amies, terme de Peinture. De même
cu'il y a dans la Mufique des fons accordans &
des fons dircordans,il y a dans l'Optioue des cou-
leurs amies Se àei couleurs ennemies. D:^s couleurs
amies qui femblent fe rechercher pour s'embellir
mutuellement i des couleurs ennemies , jaloufcs ,
pour oinfi dire, de la beauté les unes des autres ,
& qui femblent fe fliir. C'eft ce qu'on fuppofe natu-
rcU ment,quand on appioche la doublure de l'étof-
fe , pour voir fi elles ibnt bien aiîorcies.
|Cr Mais il faut obferver qu'il n'y a point de couleurs
fi amies , qui étant affemblées fur le même fonds ,
n'ayent be'b'n de quelque autre couleur moyen-
ne , qui les fépare un peu , pour empêcher que leur
union ne paro'fîe trop brufque ; ni de couleurs fi
e!Tir miet- , que l'on ne puifle les réconcilier cnfem-
ble par la médiation de quelque autre > comme
Tome Ile
C o u
'9iï
par une amie commune. C'eft dans ces deux poinr;
■que confifte la perfection de la Peintute.
Nuance de coulars', eft une cettaine difpofition
■de la même couleur inêlangce, & montant par de^
grés depuis le plus c'.ur julqu'au plus obfcur. Colo-
'rum nexus\ Leurs notns iVronc expliqués à leur
ordre.
03" Couleur posante , celle qui change promptc-
ment & fe flétrit à l'air,
§3° Couleurs rompues , mélange de deux ou phi-
fieurs couleurs -, qui tempère le ton de celle qu?
paroît principalement. On dit qu'un tableau eft de
bonne couleur , non, parce que les couleurs en fbnr
plus exquilés, mais parce que le choix dans la diftii-
^■>utiOH en eft meilleur,
fîCF" Belle co«/<??/r,fvnonime à bien colorié'.
^fj' Il y a une grande différence entre couleur & co-
ioris. hes couleurs font des matières molles & liqui-
des qu'on employé pour peindre. Le coloris eft l'ct-
fet qui réfulte des couleurs , lorfqu'elîes font em-
ployées. Couleurs tendres, amies, fières,f6ndues. Le
ton , l'harmonie, l'union 6c l'amitié des couleurs^
DicT. DE Peint-, ^oye^ encore Coloris'.
Couleur fe dit ailfifî de la difpbfitioli dn 'teint, nà
vifage &: des chairs. Color. Les gens qui fe porrent
bien oiit la couleur vermeille. Cette femme a de
belles couleurs. Bonne , mauvaife couleur. Couleur
pâle, bl'cme, plombée. Les Efpagnol-s ont la couleur
olivâtre. Quand la gangrène paroît , elle reild la
chair de couleKr livide.
On le die aùifi des altérations qui furviennent ait
vifage par les mouvemens inréricurs d; l'ame , pat
quelquecaufe natutelle ouaccidentelle.LTn reproche
fondé fait à uh homme, Ife fait Changer de couleur i
il rougit de honte , ou pâlit de colère. La couleur
lui a monté au vifage ; pour dire , il a rougi. La cou-
leur que la colère imprime fur le vifage , eft fi na-
turelle , & lî attachée aux émotions intérieures de
l'ame , qu'il eft difficile d'empêcher les diverfeS alté-
rations qu'elle caufc. Félib.
Qiielle étranne pîîeu'r ,
T>e fou teint tout à coup efface la oouîeur !
Et fon vifage fans couleux ,
'Faifoit connoitre que fes plaintes
Etoient moindres que fa douleur, Malh.
03° On appelle pâles ceuleurs , une thala-die déjeu-
nes filles qui leur rend le teint pâle & jaune, c'efi
ordinairement le figne de la flippreffion d-s rè-
gles , &: de la cacochymie même dans les deux fexcs;
Chlorojîs. Voyez ce mot.
CouLEUïf-fe dit encore des changemcrs qui arrive?lt
à diflerentes chofes par la différente cuiflbn &-appli-
cation du feu & fur-tout en Chymie pour marquée
la couleur que ces cliofes doivent avoir quand e!ies
font cuites à propos. Cp pain , ce rôt eft cuit , mais
il n'a pas encore aflcz de couleur. Les Chymiftes
admirent les changemens de couleurs qui ié font
dans les métaux , & cherchent fur-tout le bcail
rouge , le beau citrin , qui fbnr les couleurs de la
Benoîte. - • .
Couleur , en termes de Fleuriftc , fe dit d'une tulipe
qui n'eft que d'une couleur , dont la plus fantafque
eft la plus eftimée. Unicolor, On a mis les pana-
chées dans ces carreaux ; multicolor ; & les couleurs
fbnt dans les les coftières.
Couleur de {eu , rerme de Flcurifte. Nom qui fe
donne à une efpèce d'anémone , à caufé d£ fS
couleur.
{CJ^On appelle couleur , aux jeux de cartes , le pique ;
le tièfle, le cœur &: le carreau. Ainfi l'on demandé
de quelle couleur eft la triomphe. J'ai dans mori
jeu des quatre couleurs. J'ai écarté une couleur en-
tière, je renonce à telle co///t;«r.
^iCT Au médiateur, on appelle couleur favorite , ce\\l
qui eft la première tirée au hazard , & qui don n<*
certains privilèges à celui qui joue en cette cdù-
FF FF ff
riét
C 0 tj
îeiir , comme d'avoir la prclcrence Cat celui qui
dcmaiulc à jouet dans une autre couleur.
ter Au Lanlquenec, prendre coukur -, c'eft entrer
au jeu 5c couper. Quand quelqu'un arrive, & que
le coup eft achevé , on demande , voulez-vous
prendre couleur ? n. r j'
fp=- Dans un fens figure prendre couleur , c'cit le dc-
' cider , fe déclarer. Reprendre couleur , rentrer en
faveur, rétablir fa fortune.
ïfj- On dit aulfi d'un homme qui, après une longue
retraite , reparoît dans le monde , ou revient à la
Cour , qu'il a repris couleur. Ces cxprelfions fi-
gurées ne font que du ftyle familier.
Couleur fe dit figurément des ornemens , des ap-
parences ou des prétextes dont on couvi'e , ou
dont on déguifc les chofes.'Co/or , figura. Scnèque
a tant de peur qu'une belle penlée n'cchappe à
fes Leéleurs , qu'il la pare de toutes les couleurs
qui la peuvent rendre brillante & agréable. Bouh.
Ce font nos pafî'ions qui donnent la couleur &<- la
teinture à tous les objets : ce font elles qui pré-
lident à toutes les confultations du cœur. Claud.
Ceux qui ontde l'efprit, peuvent donner des cok-
ieurs & des apparences à tous les partis qu'ils en-
treprennent de foûtenir. Mont. Démorihène avoir
de grandes expreifions , des couleurs vives 5: écla-
tantes , &: des traits pénétrans. P. Rap. Les pal-
lions obfcurciflent prefque toujours la vérité , & ne
îa lailfent paroitre que lorfqu'elle eft teinte de fes
fauffes couleurs. Maleb. Il ne faut point tarder
la vérité par des couleurs fenfibles , qui , en la ren-
dant plus délicate, lui ôtent fa force. Idem. Le
peuple ne tient pour l'erreur que fous l'image &;
fous les couleurs de la vérité. Bail. La vtaie élo-
quence ne fe pare jamais de cw/f^/ri empruntées :
c'eft par les traits de fa beauté naturelle qu'elle
charme , & qu'elle perfuade. S. Evr. Repréfciitcz
avec toutes les couleurs de l'éloquence les fup-
plices que doivent fouftrir éternellement les damnes.
Bouh. Xav. J , IP^.
IJC? Dans cette acception, il fe prend quelquefois
plus étroitement pour une raifon apparente dont
on fe fett pour couvrir & pallier quelque men-
fonge , ou quelque mauvaife adion , afin de per-
fuader ce qu'on defire. On donne .à cela une fort
mauvaife couleur. Il fait donner une couleur fpé-
cieufe à ce qu'il fait de mal. Le menfonge fe re-
vêt des couleurs de la vérité.
J'inventai des couleurs, j'aidai la calomnie.
Racine.
Couleur, en termes de Blafon , eft une des prin-
cipales défignations des pièces de Técu. Color. On
n'en admet"^ que cinq : gueules, c'cft le rouge.
Miniatus , coccineus , ruber. Azur, le bleu. Ca-
ruleus. Sinople, le veu. Prajinus , viridis. Le
fable , le noir. Jter , niger. Le pourpre eft mé-
langé de gueules &: d'azur. Purpureus , violaceus.
Leurs fignifications feront expliquées à leur ordre.
C'eft une maxime, qu'il ne faut point mettre co;/-
leur fur couleur , ni métal fur métal. On tient que
ce fut un certain (Bnomalis qui inventa la diftinc-
tion des couleurs pour les diverfes Quadrilles des
combattans aux Jeux Circenfes : le vert pour ceux
qui repréfentoient la terre , & le bleu pour ceux qui
repréfentoient la mer.
Les différentes couleurs, en termes de Rubrique,
fervent à diftinguer les myftères &: les ietes que
l'Eglife célèbre : elle ne fe fert régulièrement que
de "cinq couleurs , qui font le blanc , le rouge , le
vert, le violet & le noir : il n'y a pas long-temps
que la couleur violette eft en ufage en France ,
comme on en peut juger par les ouvrages de Du-
rand. La couleur blanche eft employée pour les
myftères de Notrc-Seigneur , excepté le Vendredi-
Saint , pour les Fêtes de la Sainte Vierge , celles
des Anges, celles des Confeileiirs , celles des
Vierges^ & des autres Saints Se' Saintes qui n'ont
CÔÛ
pas foufFert le maityre. La couleur rouge eft pouf
les myftères S>c les folennités propres du S. Elprit ,
pour les têtes des Apôtres, excepté S. Jean, &:
pour celles des martyrs. La couleur verte tft la
couleur propre du temps depuis la Pentecôte jus-
qu'à i'Avent , & depuis l'Epiphanie jufqu'à la Sep-
tuagéfimc. La couleur violette eft en ufage I'A-
vent , le Carême , aux Quatre-temps , aux Vi-
giles , aux Rogations & aux Meifes votives qui fe
difent à l'occafion ds la guerre. La couleur noire
eft pour les Morts & pour les cérémonies qui les
regardent. Dans le Diocèfe de Paris, la couleur
rouge eft employée pour la fête du Saint Sacre-
ment , &c la couleur verte pour les Confelfeurs
Pontifes. Dans le Diocèfe du Mans , on prend des
ornemens de couleur rouge le Vendredi-Saint. Les
étolFes d'or & d'argent , & les broderies d'or ou
d'argent , quand elles couvrent entièrement le fonds ,
s'emploient pour toutes les couleurs , dans quel-
que folennité que ce foit. Saint Louis avoir tou-
jours en Paleftine des ornemens précieux de di-
verfes couleurs , félon les fêtes 3c les folennités ,
& en prenoit un foin particulier. C'étoit donc alors
lin ufage reçu que le changement des couleurs
félon les Fêtes. L'Eglife Grecque a eu auffi l'ufage
des couleurs différentes pour différens temps & ditle-
rentes Fêtes. Le rouge étoit dans ce rit la couleur
du Carême, & pour les Offices des Morts. Voye^
le P. Goar fur Godin , /?. 84 , AV. 9 &: 10.
Couleurs , au plur. fe dit auffi des livrées que quel-
qu'un affedte & choifit pour fe diftinguer d'un
autre , & pour fignifier quelque paffion. Injîf^nia.
En ce léns il vient du Blafon & de la coutume des
anciens Chevaliers , qui dans les tournois , armés
de toutes pièces , n'étoient diftingués que par leurs
habits , plumes & rubans de diverfes couleurs ,
qui étoient ordinairement celles de leurs Maî-
treflés , Se qui étoient le fymbole de quelque qua-
lité de leurs paflîons. Delà eft venu le blafon
des couleurs, auquel on a attribué diverfes figni-
fications qu'on trouve dans les livres de la Science
Héraldique. Et comme les Chefs de ces tournois
faifoient habiller toutes leurs Quadrilles de même
parure, cela a fait qu'on a appelé couleurs les ha-
bits que les perfonnes de condition donnoient
à leurs gens de livrée. Ainfi on dit que le bleu ,
c'eft la couleur du Roi, le vert, la couleur delà
Maifon de Lorraine, &c. On appelle propre-
ment Gens de couleurs les Pages , Laquais , Co-
chers & Suifies. Et quand on dit abfolument ,
qu'un homme a porté les couleurs , on entend
qu'il a été Laquais. On dit mieux , &c plus or-
dinairement, porter la livrée.
Tel aujourd'hui triomphe au plus haut de la roue.
Qu'on verroit de couleurs tiiarrement orné.
Conduire le carro£e , où Von le voit traîné. Boil.
Le mot de couleur vient du latin color, qui
vient du verbe grec xP" i color 0 , je donne la.
couleur.
|CJ" Coulîvrée. Voye:^ Couleuvre.
COULEVRENIER ou COULEVRINIER ,_ f. m.
ancien nom d'une milice en ufage au XV" fiècle
en France. Les Coulevreniers hauront le hauber-
geon à manches, gourgerin , falade &:placart de-
vant ( fe havoir le peuvent ) dagues & efpées
tranchans, à une main. Gollut, Mém. de Bourg;,
L. X, c. ^6. Les gaiges de l'Archier, de Coule-
vrinier , & du Picquenaire à pic, feront de quatre
francs par mois. Id.
COULEVRINE , f. f. pièce d'artillerie fort longue ,
& qui porre bien loin. Tormentum à culuhro dic-
tum. Son calibre eft de quatre pouces dix lignes
de diamètre. Son boulet eft de 16 lignes & de-
mie. Selon Diego Ufano , la coulevrine légirime
a 51 calibres de long, tire 20 livres de fer avec
12 livres de poudre." La bâtarde, qu'on nomme
autrement yer/Jfn/f/z , a 17 calibres, tire 24 livres
de fer avec 14 livres de poudre. E: l'extraordi-
cou
naîre, qu'on appelle auiTi pajfemur , a 40 calibres,
& tire 16 livres de fer avec 1 1 livres de poudre. La
double couUvrine légitime a } i calibres de long ,
tire 48 livres de fer avec 14 livres de poudre, La
bâtarde , qu'on appelle autrement biifuic, a 2.6 cali-
bres , tire 18 livres de ier avec 14 livres de poudre.
L'extraordinaire , qu'on appelle autrement dragon
volant, a 39 calibres, rire 31 livres de fer avec
19 livres de poudre. La demi-coulevrine légitime
a 3:5 calibres, tire 10 livres de fer avec 8 livres de
poudre. Hanzelet , en fa Pyrotechnie. On l'ap-
peloit autrefois un demi-canon.
Ménage dérive ce mot du hein colubrina. D'au-
tres le font szmtAz coluber -, couleuvre , ferpenc ,
à caufe de la longueur de ces pièces d'artillerie ,
ou des ravages qu'elles fonr.
On dit fîgurément , qu'un homme , qu'une
terre efl: fous la coulcvrine d'un autre , quand il
eft tellement dépendant d'un plus pniilant , ou
que fa terre efl: li proche des lieux où il a au-
torité , qu'il efl: obligé d'avoir toute déférence
pour lui , de fe tenit fous fa protection, ALcujus po-
tejiati , imperio olmoxius.
^ COULEUVRE, f. f. efpèce de reptile du genre
des ierpens. Nous appelons couleuvre, la plus
grande efpèce de nos ferpens. Voye:^ Serpent. Co-
Inber , colubra.
En termes deBlafon , on l'appelle guivre ou
gyvre. La gyvte de Milan. La gyvre dans les ar-
moiries efl: une grofle couleuvre qui vomit un en-
fant nud , la tête de l'enfant paroît. On l'appelle
auffi bijfe , colubra ijifantivoma , boa. Les armes
de Milan font d'argent à une guivre d'azur , à
l'enfant iflant de gueules , couronnée d'or.
I! y a aux Molucques des couleuvres de trente-
deux pies de long , qui fe pendent aux branches
des arbres qui fonr fur le chemin , & de là fe lan-
cent fur les hommes & fur les bêtes fauves , &
après leur avoir fait trois ou quatre tours autour du
corps , leur caflcnt les os , & les dévorent.
Il y a dans la Caroline de couleuvres fonnantes i
voici la defcription d'une de ces couleuvres , qui
a été appoitce de ces pays-là en Angleterre , &
qui efl: entre les raretés qui fe voient dans la galeiie
du Collège de la Société Royale. Cette couleuvre
efl: longue de quatre pies -, il y en a de beaucoup
plus grandes. Le corps par le milieu efl: de la grof-
feur du poignet , d'une couleur mêlée de gris-vert
& jaunâtre , rayé & agréablement marqueté de
taches rondes & en lozanges. Depuis plu? de neuf
mois que cette couleuvre efl: partie de la Caroline
fon pays natal , on ne s'efl: pas apperçu qu'elle ait ni
bu ni mangé. C'eft le plus venimeux de tous les
ferpens. Elle a deux dents longues , aiguës , & re-
courbées en dedans , à la mâchoire d'en haut ■-,
mais elle n'en a point à la mâchoire d'en bas. Le
bout de fa queue efl: à peu près de la longueur
&C de la largeur du pouce, mais moins épais -,
& pour peu qu'on y touche , cela fait le même
bruit que feroient cinq ou (ix grains de menu plomb
dans un petir fac de vélin (ce &C dur. Et c'eft
ce bruit qui l'a fait appeler couleuvre fonnante.
Ce reptile croit confacré à Efculape. Et comme
ce Dieu s'étoit caché pluiîeurs fois fous fa figure ,
on éleva des temples à la Couleuvre à Rome & à
Epidaure.
Couleuvre. C'efl: une efpèce de fac dont les Amé-
ricains fe fervent pour preflcr leur Manioc. La cou-
leuvre eft faire de rolcaux refendus, ou de branches
de latanier natées & treflces enfemble comme fe-
roient des bas de coton. La couleuvre a iix à fept
pies de long , 5: quatre à cinq pouces de dia-
mètre quand" elle eft vide -, mais le manioc qu'on
y met , & qu'on foule à mefure , augmente le dia-
mètre , & racourcit fa longueur. On pend enfuire
la couleuvre , & l'on y attache un poids au bas.
On dit qu'un homme a bien avalé des cou-
leuvres , lorfqu'on a dit ou fait devant lui plu-
COU 5»^5
fieurs chofes fâcheufes , qu'il fe peut appliquer ;
qu'il a eu bien des chagrins &: des dégoiits fans
oler s'en plaindre.
COULEUVREAU , f. m. diminutif de couleuvre.
Petit de couleuvre. Muwr coluber.
COULEUVRÉE , f. f. mieux que COULEVRÉE ,
plante rampante qui s'étend fort loin par des bran-
ches menues & feuillues , qui fert à couvrir des
berceaux de jardin, hzcouleuvrée eft femblable à
la vigne par les feuilles, les bourgeons 6i les vrilles
avec lefquelles elle s'attache à tout ce qu'elle ren-
contre. Ses fleurs , difpolcc-s en grappe , font bla-
fardes , &c faites en forme d'étoile. Son fiuit eft
vineux , &c compofé de grains femblables à ceux
de la morelle , qui en miiriffant fe changent de
verts en rouges, & quelquefois en noir. Sa ra-
cine eft grande & groife plus que la cuhlè d'un
homme , longue d'une coudée , féparée vers fa
queue , ôc pleine de plulieurs verrues vers fa tête j
au refte cendrée par dehors , & blanche par de-
dans, pulpeufe, vineufe , d'un goût amer, acre &
aftringent , avec un Jus gluant 6c une odeur forte.
Il y a auffi une coulcuvrée noire , que quelques-
uns appellent tan , 5c en latin vitis nigra ou uva
taminia , dont on mange les premiers bourgeons
en falade comme des afperges. On appelle autre-
ment la couleuvrée , colubrine ou feu ardent , &
en latin bryonia , vitis alba , viticella , £/?-
lûthrum.
Il y a une efpèce de ferpentaire qu'on appelle
coulcuvrée , qui a fes feuilles attachées à une
longue queue , qui produit plufieurs riges feuil-
lues , à la cime defquelles fortent des fleurs her-
beufes &: une graine en forme de grappe. Toute
la plante eft blanche , comme fi on î'avoit iau-
poudrce de folle farine ; d'ailleurs fort polie &
li/fe. Sa racine eft forte & groffe , de couleur fi-
franée & éparpillée çà & là. Matthiole, Des
Charlatans s'en font fervis pour contrefaire les
mandragores , & les expofer au public. Foye^ Man-
dragore.
COULEUVRINIER , (. m. dans les Preuves de VHi(i.
de Bretagne , T. Il, p. 1350, il eft fait mentioa
de Couleuvriniers à. main. Voyez Coule vj(,e-
NIER.
|CT COULIERES , terme de rivière , pièces de bois
placées fur un train & fervant à tenir fa branche
en état. Encyc.
ICr COULIS , f. m. jus d'une chofe confommée à
force de cuire , & tiré par expreffion à travers un
linge , une étamine , un couloir , ùc. Coulis gras ,
coulis maigre , coulis de perdrix , de pigeons , de
gelée , d'écreviffes. Succus colatus , percolatus.
Coulis, (Vent) eft un air qui pafTe à travers les
fentes des portes , ^ des fenêtres & des cloifons
dans quelque lieu fermé. Ventus per rimam inj'~
piratus. Il eft ordinairement froid , perçant &
dangereux. En ce fens il eft adjctStif.
Coulis , en Maçonnerie , eft du plâtre gâché clair ,
pour remplir les joints des pierres, & pour les
ficher. Cypfum dilutius.
ÇCJ" COULISSE, f. f. longue rainure dans laquelle
eft enfermé un corps mobile , un châffis , une fe-
nctie , &c. Et dans laquelle on le fait couler , aller
& venir, monter & defcendre. Canaliculus. La
coulijfe d'un châffis , d'une jaloulîe : la coulijle
d'une herfe. Les perfpedivcs de machines fe meu-
vent par des couliffès. Les inftrumens de Mathé-
matique ont la plupart des couliffès où fe meuvent
des boutons , des pinnules , & autres choies qu'il
faut approcher, ou éloigner en plufieurs opéra-
tions. Il y a dans les Arts mille chofes qu'on
appelle couliffès , parce qu'étant appliquées , l'une
contre l'autre , on peut leut donner du mouve-
ment en les tirant , alongeant , 6'c,
0Cr On le dit auffi du cotps mobile, du volet qui
va & vient dans ces rainures, &: dont on f'c fert
pour fermer. Fermez cette couliffe^ Foricula per
canaliculos duciilis,
FFFFff ij
o^4 COU
Coulisse , terme d'Horlogcïie. Cc(\: un dcmi-
cetcle fous lequel le râteau du rcflbic Ipiral le peut
mouvoir. rn- f
En termes de Théâtre , on appelle couhl/ti 1 cf-
pace qui eft entre les pilailres qui ibnt aux deux
côtes du Théâtre , & qui fervent a la décoration.
C'eft par les coulifei que les Adieurs s'introduiicnt
fur le Théâtre , & qu'ils en fortent. On donne
encore par extcnfion le nom de coulijfe à l'elpace
qui eft derrière les pilaftres , &c aux pilailres mêmes.
Cet Aéteur eft entré par une des couliffcs du de-
vant du Théâtre , & eft relforti par une du fond.
Cette Actrice étoir appuyée contre une des cou-
lijjes. L'Auteur , le Poème à la main , s'aifit dans
les couli[fcs à portée de foaftler. Ce mot vient de
ce que dans les changcmens de décoration on en
fait couler une nouvelle fur celle que l'on veut
cacher, ou en faifant couler celle de deflus, afin
d'en découvrir une autre qui eft deflbus. Les pe-
tits maîtres vonr dans les couliffes courtifer les
Héroïnes de Théâtre , ou pour lorgner à leur aile
les belles qui font dans les loges. La ville eft
bonne , & l'on y rencontre fouvcnt des fujits
qui valent bien les Princelfcs de coulijfes. Le
Sage,
Et méprifans de vains lauriers ,
Bornent tous leurs exploits guerriers
A lorgner dans une coulilîc
(Quelque belle au tendre regard;
Laquelle au(fi n' efl pas novice
A contre-lorgner déjà part. Regnard.
Coulisse, terme de Blafon , qui fe dit d'un château
& d'une tout qui ont laheife ou la coulijje à la porte,
Cajiellum cataruclâ , porta injiruanm.
Les Imprimeurs appellent coulijje de galce , la
pièce de bois fur laquelle le Compoiîteur arrange
fes lignes, Tahella hinc & illinc per canalem duclilis,
tfr CÔULISSOIRE, f £ petite écouenne dont les
faâieurs de mulette le fervent pour crcufer les cou-
liffes des Bourdons. Encyc.
UCT COULOGNE , petite ville de France , dans la
Gafcogne Touloulaine, à fcpt lieues de Touloulè ,
en allant vers Leytoure.
fp- COULOIR, f. m. C'eft ainli qu'on appelle un
petit vailfeau dont on le fert pour couler le lait à me-
fure qu'on le tire. Colum. C'eft une efpcce d'ecuelle,
ordinairement de bois , qui au lieu de tond, a un
morceau de linge à travers duquel le lait paife.
ft? Couloir fe \lit, en architectuic, d'un palfagc
de dégagement d'un appartement à un autre. On K
dit particulièrement en maiine , pour exprimer le
palfage qui conduit dans les chambres du vailîcau.
Iter ab uno loco in alium pervium. On dit auilî Cii
marine, courier & couîoir.
^fT En anatomie , on donne ce nom aux vailfeaux
qui contiennent les liqueurs du corps humain. Les
couloirs de la bile. A^oy^^; Vaisseaux , terme d'A-
natomie.
COULOIRE. f f. PafToire, vailfeau troué pour faire
palier une liqueur, pour faire égourer ce qui eft
trop humide , fîCT ou le fuc de quelque fubftance
acide que l'on reçoit dans un autre vailfeau pour en
faire un coulis , une fauce , &c. Une couloire d'A-
pothicaire. Une couloire de preflbir. Colum.
COULOMB , f. m. pigeon. Cohunhus. C'eft un vieux
mor.
gCJ" COULOM - CHA , nom que l'on donne en
Perle aux Gentilshommes que le Roi envoie aux
Gouvetneurs des Provinces , aux Vice-Rois , ,5
autres per'bnnes conlîdérables. Ce mot lignifie ef-
clave du Roi , non qu'ils foient efclaves , mais pour
marquer feulement qu'ils font entièrement dévoues
au fervice du Souverain. Ce font laplûpnrt des en-
fans de qualité , élevés dès leur jeunelfc à la Cour,
pour s'y rendre capables des plus grands emplois.
Le Roi les envoie porter fes préfens ou fes ordres aux
Gouverneraens, Celui vers lequel ils font envoyés
COU
doit leur donner un riche habit à leur arrivée , & un
prêtent convenable à leur qualité , quand ils s'en re-
tournent. Souvent même le Roi taxe le prêtent qu'on
doit faire à ton Coulom-cha : dans ce cas on eft
obligé de le payer d'abord , comme une dette , &
de faire encore des libéralités félon le mérite de
l'envoyé , Si le crédit qu'il a à la Cour. Chardin.
Voyage de Perje.
COULOMMIERS , petite ville de commerce , agréa-
blement fituée à treize lieues de Paris , & à quatre
deMeaux entre l'Orienr & le Midi. Elle eft afîife fur
un bras du Grand-Morin , qui forme en cet endroit
une île alfez étendue, oîi Catherine de Gonzagues ,
Duchclfe de Longueville , fit bâtir au liècle palféun
magnifique château. Il y avoir là un Prieure confi-
dérabk fous le nom de Stc Foi, & de la dépen-
dance de l'Abbaye de Conques. Il eft maintenant
fécularifé. Hijh de rEgliJe de Maux , tom. \,p. n^.
COULON , i". m. vieux mot qui lignifioit/^zo-c-ow. Co-
lumhus. Le Roman de la Rôle dit , fimple ctoit
comme font coulons. On fe fert encore de ce mot en
quelques endroits , comme en Artois.
COULPE , f f. terme de dévotion. Tache du péché
qui prive le pénitent de la grâce de Dieu. Culpa.
Les Théologiens diftinguent deux choies dans le
péché; la. coulpe , qui eft remife au Sacrement de
Pénitence ; & la peine qui demande fatisfaétion. La
charité parfaite emporte la. coulpe Se la peine.
CouLPE le dit fur tout dans les Monaftèrcs où les Moi-
nes difent leurs coulpes au Chapitre , c'eft-à-dire ,
qu'ils avouent publiquement devant leurs frères af-
femblés les fautes qu'ils ont commifes. On leur dit
quelquefois aulfi leur coulpe, c'eft-à-dire, que l'Abbé
ou le Supérieur les en avertit , les en reprend en pu-
blic. Dans les Monaftères de Filles , on dit auHî fa
coulpe. Il eft vilible que coulpe vient du latin culpa.
Quelques Jurilconfultes françois fe fervent aulfi
de ce terme , en expliquant les efpèces différentes
de fautes que peut commettre le locataire ; par exem-
ple , pour être refponfable , ou non, du dommage,
ou de la perte de la chofe. La première eft lata culpa,
une ignorance groUlère , une extrême négligence.
La féconde , culpa levis\ une coulpe légère. Latroi-
fième , culpa levi(Jima\ la coulpe u^:s-\(i^hK'^. H , M.
COULT , f, m. efpèce de bois qui fert à la Médecine,
& à la Marqueterie, Il croît dans la nouvelle E(-
paffne,
COULURE, f. f acftion par laquelle une chofe coule.
Fluxus. Il nefe dit guère qu'en ces phrales. Cequ~
les Fondeurs craignent le plus, c'eft la coulure du
meta' hors de leurs moules. La coulure eft In por-
tion du métal qui s'échappe du moule quand en
jette la pièce. La coulure de la vigne eft ce oui ar-
rive quand la fîeur de la vigne qui doit former le
grain de railin, au lieu de fe nouer à la grappe, s'en
détache, &; coule à terre par quelque mauvais temps.
Rcratio.
^C? La fève interrompue dans fon mouvement par
quelque caufeque ce foit , cetle de nourrir les fl:urs
qui tombent fans donner de fruit : ou bien , fi pen-
dant la fleur de la vigne il furvient une pluie ahon-
d.mte qui emporte les ibmmets & la poufïière qui
eft néceflaire pour féconder les plantes. ( Kovc^
Examines & Sommets.) La vigne co«/^, point de
raifin. C'eft la même chofe pour les blés quand ils
font en fleur.
COULURES , f. f. pi. termes de Pécheurs : ce font
les deux longues cordes de crin qui bordent le haut
&' le bas de leut feine , où l'on attache les lièges
pir en haut, & les pareaux ou cailloux par en bas.
COUODO , f m. mefure de Portugal , qui contient
deux aun°s & un quart de Hollande : cette aune fai-
fant cimrrefeptièmes de l'aune de Paris,
ï:^" COU'^. f. m. Choc, mouvement plus ou moins
violent a'un corps qui tombe fut un autre, Impreflion
que fait un corps lut un autre , en le frappant , le
p-rcant, le divifant, ùc. Iclus. Coup de pié, de
poingj d'cpcc, de piftolet. Donner un gtand, ua
cou
petit ro///7. Recevoir, détourner, parer, efquiver
un coup,
Mcnag'e dérive ce mot du latin colpus , qui le
trouve dans cette iîgiiification dans la Loi Salique ,
qu'on prétend dériver du mot grec x.ii7rlc^ , c'eft-
à-dire , ferio. En vieux françois on difoit , copier
ou cobttr ; c'eft-à-dire , frapper. Du Cangc après
Wendendelin , dit que co/^Ki ell un diminutif de
colaphus. Et colaphus le prend dans la Loi Salique ,
Tit. 45 , pour un coup , & s'y met pour lignifier les
coups de t'ouec dont on punit un enclave coupable -,
& co'pus qui s'y trouve auili , Tit, lo, s'y prend à
peu près dans la même lignification. Voye:^ le Glol'-
îaire lalique de Chiftlet à ces deux mots.
On dit qu'un homme vaaux cow/jj tête bai iTée. In
plaidas,, ïnvulmra rucn; pour dire, qu'il vaaux
occalions, au combat ; qu'il ellliie les coups de ca-
non & les autres dangers ; qu'il va faire le coup de
piftoleti pour dire, qu'il va défier l'ennemi, qu'il
va elcarmoucher contre lui, Sclopeto hojlempctere,
La vicloire , & la nuit plus cruelle que nous ,
J^ous excitaient au meunre,& cùjifonàoiejit nos cou ps,
Racinf.
On dit ironiquement & populairement de celui
qui a été battu , qu'il a été le plus fort, car il a
porté l' s coups; & d'un homme qui efl; (ûr l'âge ,
que les plus grands coups font rués.
En termes de Marine & de Guerre , on dit , une
falve de tiwt àz coups de canon j pour dire, faire
un lalut de mer ou militaire en déchargeant l'ar-
tillerie 6c fes armes, Emijjio. Un coup de mer -, c'ttt
le choc violent d'une lame d'eau contre le vaifîeau
dans un gros temps. Commoti maris jlucius major.
Ui. coup de vent., fe dir du gros vent, de la tem-
pête. Vehementior ventijLutus , temperas. Donner
un coup de siouvcrnail, c'efl pouHeravec violence le
gouvernail à basbord , ou à flribord. Gubernaculi
impuljus , impuijio. Avoir des coups de canon à
Peau., c'efl les avoir dars la partie du vailleau qui
entre dans l'eau. Coups de canon en bois., c'efl: les
avoir dans le corps du vailfeau qui eft hors de l'eau.
Coup de partence , eft un coup de canon tiré fans
balle , pour avertir qu'on va partir. Coup fe dit aulTi
de la quantité de pouire qu'il faur pour charger une
srmeàfeu. lia quatre coz^pj à cirer, c'eft-l-dire, il
a quatre fois la quantité de poudre qu'il fuit pour
tirer.
1^ On appelle cow/' de partence., ]c coup de canon
qu'on tire quand une flore ou un vailfeau part. On
tira le coup de partence à la pointe du jour.
1^ Coup fe dit aulfi de la marque des coups qu'on a
reçus. Plas;a , vu/nus. On dit qu'un homme eft
tout couvert de coups , percé de coups. Fulneri-
hus confvffus. Donner des coups de bâton à auel-
<:[u'ur). Fujiem alicui impingere. Il y a à la Chin:
une infinité de gens , dir le P. LeComre, qui ne
vivent que àzcoups debâton,c'eft-à-dire,qui,pourde
l'argent prennent la place des coupables que les
Mandarins condamnent à la baftonade.
On appelle coup de feu, la blelfure faite par une
arme à feu.
On appelle le coup de grâce , celui que l'exécu-
teur donne aux patiens fur l'eftomac pour l'empê-
cher de languir long-temps ;& figurémenr, le der-
nier coup qu'on porte à quelqu'un pour achever de
le perdre.
On appelle un coup orbe, un coup fait par un
infiniment contondant , qui fait une conrufion fur
la chair , fans ouverture. Contufio. Un coup d'eflra-
macon , un grand co///? qui fe fair par le tranchant
d'un coutelas, Vulnus, plar'a.JJn coup fourré , le
ccrp réc'proque que deux ennemis fe portent en
même-temps. Mutua ruinera.
On dit fîçurément &: familièrement , porter un
cc'/p fo'.irré à quelqu'un, lui rendre en fecret un
rnnuvais office.
fer On appelle coa^ de fan^i répanchemcnc fubic
COU
9^1
qui fe fait dans le cerveau par la rupture de quel-
ques vaifleaux fanguins.
IJCr Couple dit aulH d'un mouvement impétueux ,
tel que celui du vent, ^^oye^ Coup j terme de Ma-
rine.
^^3" Coup defoleil. Imprelfion violente, fouvcntmor-
telle,que fait unjoleil irdenx. fur ceux qui y font ex-
pofcs.Un tel a eu un coup de j'oleil, a été frappé d'un
coup de foleil. Cet accident arrive ordinairement
lorfqu'il vient à fortir de deflbus un nur.ge, & darde
fes rayons fur quelque partie du corps découverte.
IJC? Coup de tonnerre , bruit qui accompagne ou qui
fuit une éclair. Tonitru^ tonitrui fragor. On le
dit aufTi de l'adlion du tonnerre. Ictus fulmmum. Il
a été tué d'un coiip de tonnerre. Voyez Tonnerre.
0C? On dit ironiquement ôc familièrement d'une pet-
fonne qui divulgue tout ce qu'elle fait, qu'elle eft
fecrette comme un coup de tonnerre , ou comme un
coup de canon.
En termes de Fauconnerie , on dit que Toifeau a
pus coup , lorfqu'il s'efl heurté rudement contre fa
proie , ou contre quelqu'autte chofe, Frcedam ad-
verfo pecîore impetere. Quand i'ôifeau a pris coup ,
faites bouillir dans du vin de la fauge , de la mente ,
du pouliot & de la guimauve , & étuvez de ce vin
avec une éponge le lieu malade , jufqu'à ce que
l'oifeau fue ; puis mettez fur ce même endroit de
l'encens en poudre , de la guimauve , mêlés dans
du blanc d'œuf , après eliliyez l'oifeau au feu ,
S: le tenez chaudement , & faites cela deux fois le
Jour , jufqu'à ce que l'oifeau foit amendé.
Coup fe dit aulfi des opérations légères, qui fe font
fur un corps pour le guérir , pour le loulager de
quelque incommodité, 11 lui faut donner un coup
de lancette ; pour dire , . il le faut faigner. Un coup
debiflouri', pour dire, il lui faut percer quelque
apoftème , couper quelques chairs, Venam , apotie-
ma, carnem incidere. Un coup de rafoir -, pour dire ,
il le faut rafer, Kadere.Xin coi:p dépeigne-, pour
dire, il le faut peigner. Peclere. On dir aulîl , donner
un coup de corne à un cheval, Vove^ Corne.
Coup fe dit aulfi des aclions qui fe réitèrent, & lignifie
fuis. Un homme lobre ne boit que deux ou trois
coups à l'on repas. Semel , bis, ter , frc. Ce tour
efl difficile à faire, à deviner, je vous le donne en
dix coups.Xin canon en batterie tire douze à quinze
coups par heure. Paifc pour le coup ; pour dire, je
pardonne pour cette fois-ci. Hàc vice, gCJ" On dit
donner un coup d'oeil fur quelque ouvrage , y jeter
les yeux. Jntuitus, Cette mailbn plaît au pr miec
coup d'œil ; fon premier afpedl fair plailîr. Cer hom-
me à le coup d'œil excellent, il connoît d'abord tout
ce qu'il lui importe de lavoir. On dit aulfi , faire
d'une pierre deux coups ; pour dire, tirer deux avan-
tages d'une même adlion. Und atque eâdem operd
aliijuid facere , ou pour rendre ce proverbe fran-
çois par un autre larin. Duos parietes de eâdem fi'
delid dealbare: On dit d'une atlion qui ne fait ni
bien ni mal •, c'efl un coup dans l'eau , un cou perdu.
Ictus vanus , irritus , inanis. On dit encore, don-
nez un coup de pié , un coup d'éperon jufques-là j
pour dire , allez vite jufqu'à un tel endroit, Fropera
alijuo.
Coup fe dit aufTi des aélions quife font promprement.
Ce Capitaine a dix mille hommes prêts à s'armer au
premier co/z/J de tambour. Ad tympani fonuni. Les
voleurs s'amallent avec un coup de (\^ex.Ad Jibilum,
Un Financier peut être ruiné d'un coup de plume,
Duclu calami : On donne bien des coups de chapeau
à celui qui peur faire du bien ou du mal -, c'efl: à-
dire , ovAe i-iXwe. Salutatio. Exprelfion bourgeoile
& familière. On dir d'un homme qui ne prend point
de parri , qui n'efl-là que pour juger des coups. Mé-
dius rerum utrinque fpeclator otiofus.
Coup fignifie quelqu'^fois tour fubtil , adrefTe, promp-
ritude à faire quelque choie, Solertia, indujiria ,
fraus, dolus , &c. Voilà un coup de Rn matois,
d'un chicaneur.Ce coupeur de bourfes a eu bientôt
k
^66 COU
fait Ton coup. Cet homme vous a trompé , ce font
de Tes tours , de l'es coups ordinaires.
Coup fe dit audl des actions , ou des ent reptiles
hardies, des complots, ou des deileins extraordi-
naires , (bit en bien , ibit en mal. Opus , facinus ,
Tcs maximi adrerumf mmam momenti. I-a prile de
la Rochelle fut un coup d'Etat. La paix de Cafal lut
un coup de tctc, & quelques-uns ont ajouté un coup
de chapeau , parce que M. Mazarin qui la fit en de-
vint Cardinal.
^3" Coup d'état ( Un ) efl: un coup utile au bien
public. Un co/ZjP de tète , un coup d'un grand juge-
■ ment. Quelquefois auili par coup de tête , on en-
tend une action étourdie. C'eft dans ce fens qu'on
dit , voilà un coup de la tête.
|p= Coup d'état , coup de partie, dans le fens figuré ,
fi2:nifie une adion qui décide du fuccès d'une arfairc.
Coup de Maître , coup d'habile homme.
Mes pareils à deux fols nefe font point connaître.
Et pour leurs coups d'efai veulent des coups de maître.
On dit au contraire, l'adion de Caton fut blâ-
mée , parce que c'étoit un coup de défcfpoir. Ctt
homme eft un traître , capable de taire un méchant
coup. Malum facinus. On lui a fait manquer un beau
coup.
Ha \Jipour un moment vous poiivîe^ voir vous-mime ,
Pour i^uels coups on fe fert de votre nomfuprime.
Campistron.
Coup, fe dit encore des efforts , & des tentatives
qu'on tait pour venir à bout de quelque choie. Co-
natus.
Ils veulent aujourd'hui qu'un mime coup mortel ,
Abuliffe ton nom, ton temple, ton autel. Racine.
Coup d'ejfai, premier ouvrage d'un homme en quel-
que art , première épreuve qu'il fait de ce qu'il lait
en cet art. Primum opus , primum artis tentamen ,
ou tentamentum. Artis ou doclrince fpecimen. Il
faut l'exculér , s'il n'a pas li bien réulli, c'eft ion
coup d\'ffai. Pour votre coup d'effai , vous avez fait
un coup de maître.
Lorfjue pour coup d'ellai de tes nobles exploits ,
On te voit entaffer vicloire fur vicloire ;
Que par cent actions tu ternis la mémoire
Des plus grands Conquérans & des plus fages Rois.
R.EGN. DES MAR.
ffF Coup d'effai, coup de Maître , dit Voltaire dans
fes remarques fur le Cid , termes familiers qu'on ne
doir jamais employer dans le ftyle tragique.
|Cr Corneille a dit dans Heraclius. . le bras qui fait
fes lâches coups : on ne fait point des coups. On dit
dans le ftyle familier, faire un mauvais coup , mais
jamais faire des coups,
^3" Corneille a fait encore un mauvais ufagedu même
mot dans Rodogune , en difant rompre le coup. On
ne rompt point un coup : on le pare , on le détourne,
on l'aftbiblit , on le repouflé. De plus, on prononce
ces mots , comme rompre le cou. Il faut éviter cette
équivoque. Si l'exprelfion , rompre un coup, eft
prifc des jeux , comme par exemple , du jeu de dez,
où l'on dit rompre le coup, quand on arrête les dez
de fon adverfaire, cette figure alors eft indigne du
ftyle noble.
^3" Qovv de Jarnac , coup moxr.ç\ & imprévu. Il lui
a donné un coup de Jarnac, le coup de Jarnac : ce
qui le prend toujours en mauvaife part , pour un
tour auquel on ne s'attend pas, qui ruine quelqu'un,
ou détruir la fortune , par allufion au Duel où Jar-
nac tua la Châtaigneraie par un coup imprévu.
On dit figurément & familièrement, cet homme
a un coup de hache ; pour dire , qu'il a un grain de
folie.
Coup fe dit aulfi des événemens extraordinaires qui
font des effets de la Providence , .de quelque caufe
COU
inconnue , de la fortune, du hafard. Le fuccès de 1»
bataille gagnée par Charles Martel fut un coup du
ciel. Divuiitu.,faclum eji,&c. On le dit, en ce fens,
de tous les événemens merveilleux qu'on ne doit pas
attendre natutellement. La mort du Roi Henri II
fut un grand coup de malheur. Fatali cajii contigit.
L'élévation & la chute de Séjan furent des coups de
la fortune. Ce brave eft allé exécuter une entr-jpiife
fore dangereufe, c'eft un grand coup de hafard s'il en
écha.ppe. Cafus. Les Grands font bien plus cxpofés
aux coups de la fortune que les autres. Fortuncz ca-
Jlbus obnoxius. Maleb.
Vous vous trouble:^ beaucoup ,
Mon cceur n'ejl point du tout ébranlé de ce coup. Mol,'
Coup de Théâtre, en termes de Poëfie dramatique , eft
un événement lurprenant qui frappe tout d'un coup
l'efprit , parce qu'on ne s'y attendoit pas. Il y en a
de deux fortes , une d'aétion , l'autie de penfée. La
première a plus de force que la feconde.On en rrouve
deux exemples dans Molière ; la Scène de Valere
amené à Ifabelle par fon tuteur même , dans l'Ecole
des Maris ; îk dans George Dandîn , l'aélion d'An-
gélique qui fait lémblantde lé tuer. Voyez les Ob-
ferv.fur la Com. & fur le Génie de Molière de M. Rie-
coboni.
Coup s'emploie aulTi en toutes fortes de jeux, tant
pour la répétition de l'action , que pour la manière
de jouer , &: pour certaines rencontres qui fe font
dans le jeu. Il a fait au Piquet un coup de 8o points.
Numerum oclo^ejimum explevit. A la boule , il a
mis un coup fur le but. Hccjît in meta. A la Paume,
il a fait un coup de grille , de dedans ,de tambour,
PiLim in fenejtram , in tympanum trufu , impulit ,
d'arrière-main , aversâ manu pilam hidere. Aux
dés, coup de dés, tefferarum jaclus. On entend
par coup de dés les différentes combinaifons que
les dés peuvent amener. lia fair un beau co/z^p de
dés , il a tait un coup de râtle. Jaclus veneris. Au
Triiilrac coup & dés , pour fignifier que le caup que
l'on joue pour voir qui aura le dé fert aulli de coup
pour le jeu , en forte que celui qui a le dé marque.
Aux Dames , il a fait coup de deux , de trois. Scru-
pos , latrunculos duos uni eâdemque operà cepit ,
abjiulit. On dit aulFi , il a le coup fur lui ; c'eft-à-
dire , qu'il ne gagne que parce que c'eft à lui à
jouer , Fîcit quia lufu prior. Il a un coup lûr ;
pour dire , il a beau jeu , un moyen de gagner in-
failliblement. 5e«i , feliciterqueludere.On dit aulfi,
voilà un coup de partie ; pour dire, qui donne un
grand avantage, d'où dépend le gain delà partie:
ce qui le dit au figuré dans toutes les affaires férieu-
fes , lorfqu'on a quelque préjugé pour foi , ou qu'on
a des avantages , des facilites de les taire réuHir,
Opus , facinus , res egregii ad rem alîquam momenti.
On dit aufli un coup de filet ; pour dire , le jet da
filet dans l'eau pour prendre du poiflbn. Retinm
jaclus. Au premier coup de filet ils prirenr une in-
finité de gros poilfons. On dit aulfi figurément ,
voilà un bon coup de filet , quand on lùrprend
plufieurs perfonnes , ou quand on réulTit en quel-
que chofe d'avantageux.
Coup carreau jeu de Trictrac , quand les nombres
font tellement placés pat rapport au plein qu'on
veut faire , qu'il faut amener des nombres pairs
pour remplir.
Coup du Roi , terme du jeu de Billard. Il fe dit
lorfque la bille de l'adverfaire eft immédiarcmcnt
au delfus d'une des bloufes du milieu, & qu'on
poulfe la lienne contre la bande du bout, afin qu'en
revenant elle la frappe par derrière , &: la falTe au
milieu. Coup de cul , eft audl un terme de billards
il fe dit lorfque la bille du joueur frappe celle de
fbn adverfaire par derrière. Pofiica perçu ffio. Coup
de trois , c'eft lorfque l'on manque à frapper , Sc
que l'on fe perd, ou en fautant ou en coulant dans
la bloufe. Coupiec , eft un coup qui le fait en frap-
pant du billard contre la bille , & le retirant aufli-
cou
jtôt, au lieu que dans l'oMinaite on pouffé h
bille, & on la conduit avec le billard. On joue à
coi/p lec de crainte de billarder. Lorfque la bille
tient du fer on ell obligé de jouer à coup lec ou de
f bricole.
Coup Ce dit fîgurément de ces affligions imptcvues
qui font comme des traits qui nous percent le cœur.
Fanejlus , facalis > infelix cafus, La nouvelle de la
mort de fa femme fut un coup mortel pour lui.
Quand ce favori apprit la nouvelle de fa dilgrace,
.- ce fut un coup de foudre qui l'abattit.
^fT On dit 5 dan"; le même fens , un coup de maflue ,
événement imprévu , étonnant , accablant , &c.
Cette nouvelle a été pour lui un coup de malluc.
Coup de foudre eft plus noble.
Coup fe dit auHi des atteintes &; des blefllires que
caufent les pallions. Icius ,plaga , vulnus.
Non , mortels d^pUiJîrs ,je ne crains point vos coups.
Voit.
':Ah ! de quel coup me percez-vous le cœur ?
Racine.
Le chagrin me dévore , 6* mon ame abattue ,
Sans force , fans Jecours , cède au coup qui la tue,
La Suze.
L'amour me fait fentir fes plus funejles couçs.
Racine.
Vos regards font mortels , leurs cou^sfoniredoutabhs.
Id.
Coup fe dit encore figurément des traits fatyriques ,
ou des attaques qui fe font par le difcours. Petitio,
iclus j malediclum. Cette femme donne toujours
quelque coup de bec à fa rivale. Ce Satyrique don-
né toujours quelque coup de dent , quelque coup
de pinceau à Ion ennemi.
On dit , en Morale , qu'une chofe porte coup ;
pour dire , qu'elle eft importante , qu'elle tire à
confcquence. Opus , facinus aliquod magni mo-
memi , &c.
On dit , en Maçonnerie , qu'un mur prend coup;
pour dire , qu'il fait ventre , qu'il n'eft plus .à
plomb. Cafum , ruinam minari.
Coup fe prend auill adverbialement. Une ville
en Suifle eft fondue towK.-a.-coup , en un moment.
Repente , fubitb. Perfonne ne devient fcélérac tout
d'un coup, S. REAL. Nenio repente fuit turpifjimus,
ïl lui vint cette année deux fuccelfions tout-d'un-
coup ; c'cft-à-dire, en même-temps, Eodem tempote.
Tout-à-coup marque mieux que tout-d' un-coup ,
que la chofe eft arrivée brufquement ; & dans l'inf-
lant même , & qu'il y a de la furprife ; c'eft pour-
quoi il ne faut pas les employer toujours indiifé-
remmenr. Comme on ne va pas tout-d'un-coup à
la corruption entière , il y eut un paffage de l'hon-
neur à l'intérêt. S. EvR. Le plus grand mal dans le
tcnverfement des grandes fortunes , c'eft qu'il arri-
ve tout-a-coup, PoRT-R. Souvent les malheurs font
epchaînés & arrivent coup fur coup ; c'eft-à-dire ,
immédiatement l'un après l'autre. A ce coup il fe
faut réjouir ; c'eft-à-dire , en cette occafion. Nunc
Autcm, Cela ne vient qu'après coup ■■, pour dire ,
quand on n'en a plus que faire , quand on fait déjà
une chofe. Prccpoftere. Il a tiré , il a joué à coup per-
du , nullum infcopum iclum dirioens ; c'eft-à-dire ,
fans vifer à aucun but certain. Il arrive à rous coups \
c'eft-à-dire , fort fouvent , £'c. Jîngulis momentis.
§3* Coup. (Encore un) Façon de parler dont Racine
fait fouvent ufage, condamnée par Voltaire com-
me trop familière & prefque bafle. La critique
n'eft-elle pas un peu trop rigoureufe. On s'en ferc
principalement lorfqu'on répète avec vivacité ce
qu'on a déjà dit •, encort' K/z coiip,]e vous dis que
cela n'eft pas vrai. Iterùm.
CûupSc a Coup s'eft dit autrefois adverbialement pour ,
^^7
à ptélenc , en ce moment. Nunc , hoc ipfo tem-
pore.
tfT COUPABLE , adj.de t. g. fouvent employé fubf-
tantivement , qui a commis une faute , un crime \
une mauvaife aclion. Sons , nocens. Il femble que
la juftice de Dieu ne peut permettre que l'in-
nocenr ferve de viétime pour expier le crime des
coupables. Cl. Celui qui boit 6c mange indigne-
ment ce pain , fe rend coupable du iàng du Sei-
gneur. Pi:liss. Celiù qui fe fent coupable , f^\.en<i
pour lui tout ce qu'on dit. S. ReAl. Nous dimi-
nuons l'idée de nos défauts en les regardant com-
me communs à bien d'autres , & en nous cachant
dailsla foule des <:o///;^/^/dj.NicoL. J'avois tropd'in-
térct moi-même à votre innocence pour en dou-
ter, & li je vous avois trouvée coupable ffen euf-
fe été bien puni le premier. Voit. Un coupable
puni eft un exemple pour la canaille 5 un inno-
cent condamné eft l'affaire de tous les honnêtes
gens. La Bruy. La bonne foi qui accompagne l'i-
gnorance excufe le coupable , èc ôte lin degré d'a-
trocité.
L'abfcnce des remords efl dans un cœur coupable.
D'un Tyran achevé la marque indubitable.
QUINa
Une coupable aimée eft bientôt innocente,
MOLL»
De rintérét du Ciel pourquoi vous chargez-vous ? .
Pour punir le coupable a-t-il befoin de vous ?
Id.
IP" Corneille a dit dans jy^râc/iW.
// confpira lui feul
Mon nom feul efi coupable j
ItO* On ne peut pas dire qu'un nom a confpiré j
bien moins encore qu'il a confpiré feul : mais ,
mon nom feul ejl coupable , eft , dit Voltaire , une
très-noble hardieflé d'exprellîon.
I^ Coupable fe dit , en jurifprudence , d'un ac-
cufé convaincu. L'accufé ne peut être qualifié
coupable ou criminel , que quand il eft convaincu
du crime q l'on lui impute ; jufque-là il n'eft ^a'^c-
cufi.
On dit proverbialement que l'innocenc pâtit
fouvent pour le coupable , le bon pour le mau-
vais.
COUPANT , ANTE , adj. qui coupe , qui tranche,
Secans , incidens. Les Chirurgiens rapportent que
cette plaie a été faite par des inftrumens coupans
& tranchans.
Coupant , f. m. pièce d'or ou d'argent du Japon,
C'eft aufli un petit poids , dont on le fert dans l'île
de Bornéo , pour pefer les diamans.
COUPANS. Ce mot fe ttouve dans Pomey , pour li-
gnifier les bords des deux côtés de l'ongle du fan-
slier. Apraricefolece. cultellata latera,
COUPARA. f. £ Efpèce de Laque.
COUPÉ , pas de danfe. Voyez Coupe participe.
COUPE , f f. féparation d'un corps folide , continu
en plufîeurs parties. Cafio , cœfura.
Coupe fe dit auffi de cette même féparation qu'on
fait pour effayer & découvrir la bonne ou mauvaife
qualité d'une chofe qu'on coupe. Je ne veux ache-
ter les melons qu'à la coupe. On connoît la bonté
du drap à la coupe. On n'a pu découvrir la faufletc
de cette monnoie qu'à la coupe.
Coupe lignifie auffi l'art & la manière de tailler les
pierres & plufîeurs autres chofes. Secîio. Le Père
Déran , Jéfuite , a fair un beau Traité de la Coupe
des pierres, Philibert de Lorme en a auffi écrit
moins amplement. ItT Les pierres fe caffenr à la
coupe , fi on n'entend bien la coupe. On le dit auffi
de l'endroit par où l'étoffe eft coupée, cette étoffe
eft belle à la coupe. On dit auffi qu'une écoifg cû
y6% COU
dure à la couve , qu'elle rcfifte au cifeau. Les Scul-
pteurs dilenc auHi , la coupe du bois; cC les Gra-
veurs , la coiife du cuivre ; de les Cordonniers , la
coupe du cuir , en parlant de l'art de les tailler.
gCT La Coupe d'une pierre , en atchitcClure , eft la
direClion d'un lit ou d'un joint perpendiculaire à la
flirface droite ou courbe de la douelle ou de la tê-
te d'un voufroir , mais oblique au plafond dans
les plate-bandes.
^ Coupe lignifie auiTi quelquefois rinclinaifon des
joints des vouilbirs d'un arc &: des claveaux d'une
plate-bande. On dit dans ce lens donner plus ou
moins de coupe.
ffT Cov p-E des cheveux, terme de Perruquier, ma-
nière de les tailler 6c de les ctager.
|Cr Coupe d'hahits , t?rme de Tailleur , manière de
tailler toutes les pièces qui entrent dans la compo-
fition d'un habit. Un tailleur doit avoir la coupe
bonne.
fC? Coupe , dans les manufadures de lainage , fe
dit de chaque tonture que les tondeurs donnent
aux draps.
Coupe, dans un fens prefque fcmblable , ie dit en
termes d'Architecture &c de Charpenterie , de la re-
ptéfentation d'un édifice, d'un bâiiment de terre,
ou de mer. Coupe perpendiculaire d'une Eghie ,
d*un corps de logis , d'un vaifleau, d'un moulin
à vent , &c. Coupe horizontale.
Coupe fignifie aUfll la quantité de bois qui eft defti-
né à être coupé , 6c le remps propre à la taire, de-
fura , fe&ura , ae/io , fc cl io. La. coupe de bois ne fe
doit faire qu'en hiver 6c hors de la lève. Les coupes
de taillis le font de neuf en neuf ans : lelon la
bonté des terres , on les partage en coupes ré-
glées. Voilà des bois qui font en coupe. Les Maî-
tres des Eaux & Forêts ont jugé une telle coi/pe
de bois
Coupe fe dit auffi de cette divilîon des cartes qui
fe fait en deux parties par celui qui eft au côté
gauche du joueur qui les a battues. Divijio. On
voit des joueurs qui croient que certaines ^ens ont
une coupe malheurcufe, qui ne veulent point être
fous leur coupe. Ils appellent une coupe foircufe ,
celle qui n'eft pas nette , 6c dont on laiffe échap-
per quelques carres en coupant.
^CFDans ce fens, on dit figurément &: familièrement ,
être, fe trouver fous la coupe de quelqu'un, être
dans fa dépendance, être expofé aux effrts de l'on
reffentiment; vous tomberez quelque jour fous ma
coupe , je vous revaudrai cela.
fer COUPE, f. f. Talfe , vafe ordinairement plus
large que profond , lérvant à boire. Pater a , cnuer ,
poculum , cuppa , calix. Ce mot eft noble ,
■ Ôc rcfervc aux chofes facrées èc au ftyle fublime.
Un calice doit avoir tout du moins fa coupe d'ar-
gent ; le pié peut être d'étain.Les Prêtres anciens
prenoient la coupe poui faire leurs facrifices , leurs
libations. Soctate prit hardiment la coupe où étoit
le poifon qu'on lui avoit préparé. La coupe en-
chantée de l'Ariofte , où l'on éprouvoit la fidélité
d'une femme. "Ldi coupe des pécheurs répand fur lés
bords une liqueur trompeufe. Aead,
Le neclar efl verfé dans la céiejle coupe.
Racine.
Ce mot vient du latin cuppa , ou cupa , qui
fignifie la même chofe , 6c qui vient du verbe ca-
pio , propter capacitatem. Ce mot eft très-ancien
dans la langue. Dans la vie de fainte Geneviève ,
imprimée par Bollandus , t^ qui eft peut-être celle
que PapiriusMalîon dit avoit été écrite dix-huit
ans après la morrde la Sainte, on appelle ce vafe
cupa^ ou cuppa.
Coupes. (Fêtes des ) Démophon , Roi d'Athènes,
voyant Orefte chargé d'un parricide , ne voulut
ni l'admettre à fa table , ni pourtant l'éconduire.
Il s'avifa donc de le taire fervir féparcment - 6: pour
juftifier cette efpècc d'affront , il voulut qu'on fer-
COU
vît à chaque convive nne coupe particulière , con-
tte l'ufagc de ces temps-là , où tout le monde bu-
voit dans la l'acmé coupe. En méirioire de cet événe-
ment , les Athéniens établirent une tête , où l'on
faifoit la m.cme chofe dans les repas.
Coupe fe dit d'un Calice où l'on confacre le fang
de Jesus-Ciirist. Le Concile d'Alexandrie , en jul-
tifiant S. Athanafe fur le calice d'Ichyras dit, puif-
qu'il n'y avoit point là d'Eglife , ni de Prêtres
pour facrifier , &; que le jour ne k- demandoir pas,
comment y auroit-on brifé une coupe myftiqueî
Il y a quantité de coupes dans les mailbns ,
6c dans le maiché -, on les brife fans impiété ; mais
c'en eft une de brilét v'olonrairement la coupe
myftique ; elle ne fe trouve que chez les Prêtres
légitimes : vous avez droit de la préfenter aux
peuples , &c. Fleury.
Coupe , en termes de Religion , fert quelquefois à ex-
primer la communion fous l'efpèce du vin. L'E-
glife a eu de bonnes raifons pour ûter la coupe aus
Laïques. On accorde la coupe aux Rois , le jour de
leur l'acre. On appelle coupe de calice , la partie du
calice où l'on verlé le vin pour la communion.
CoiTPE , pris figurément ic dans le langage de l'Ecri-
ture, fignifie , le commerce , la liaiion , la reflém-
blance de mœurs avec quelqu'un -, parce que ceux
qui boivent de la coupe , ou dans la coupe d'un
autre , vivent avec lui , ont des liaifons , de la com-
munication avec lui ; ainfi boire dans la coupe de
l'impie , c'cft être impie.
// hoit dans la coupe infernale ;
Et l'épais venin qu'elle exhale
Dérote le jour àfesyeux.
NOUV. CHOIX DE VERS.
CouPE,tîrme d'aftronomie.On donne le nom découpe^
OU de v.ife , ou de tajfe , à l'une desConftellations
méridionales.
Coupe , en Sculpture , eft une efpèce de vafe moins
haut que large , avec un pié, qui fert à couronner
quelque décoration. Vofculum, Architeclonici ope-
ris orniimentum.
Coupe eft aulfi un petit baffm de fontaine fait d'une
pièce de marbre , ou de pierre, qui étant pofé fur
un pié , ou une tige dans le milieu d'un grand baf-
fin , reçoit le jet ou la gerbe d'eau qui tombe pour
formel; une nape. Crater.
Coupe où Coupole , terme d'Àrchiteélure. C'eft I2
haut du dôme d'une Eglife. Tholus. La coupe de
cette Eglife le Voit de loin. La coupole de cette
Egii'e eft bien peinte.
COUPE-, adj. vieux mot qui fignifioit cocii.
Car ptiif.iue vous m'ave:^ fait coups ^
Je vous ferai de tel pain joupe.
Gloss. du Rom. de la Rose,
L'Auteur du Supplément au Gloflaire du Roman
de la Rofe, dit que coupe eft un adjectif mafcu-
lin 6c féminin, par apocope de c>ureau , qui
fignifie cocu. Paîquier prétend que coupeau vient
de coupe , c'cft-i-dire , infidcliré dérivée de coulpe
faure : &c l'on dilbit ta femme t'a fait conpe ;
pour dire , cocu. Nos anciens difoient au fémi-
nin coupe &C accouple dans la même fignificat'on.
COUPEAU. f. m. Sommet d'une mortasne. Men-
tis cacumen , vertex , jw^um. La première choîe
qu'on apperçoit en mer, ce font les coupeaux
des montagnes. On appelle le Parnafîê la mon-
tagne au double coupeau. Il vieillit.
Coupeau , pris pour fommer , vient de coppa , qui
fignifie la même choie en langue de Galles. Ht'et.
Coupeau fignifie encore un éclat He bois , ou
même de pierre. Afjula, Dans ce fens on dit
copeau.
On appeloit aufTi autrefois coupeaux , on coupeaus ,
ceux qui fou^tcnt l'infidélité de leurs femm.es :
ce qui viept , félon quelques-uns , qubd fux uxo-
ris
cou
ris copiam facianc. Mais Pafquier dit que ce mot
vient de coupe , qui fîgnifioit autrefois infidéli-
té ; Se l'on dilbit d'abord , ta femme t'a fait
coupe ; pour dire , couveau.
COUPE-BOURGEON ,' f m. petit animal de la
groiîèur d'une lentille. On l'appelle Coupe-bour-
geon , parce qu'il ronge les jeunes jets des ar-
bres fruitiers. On l'appelle autrement lifet.
COUPE-CERCLE, 1". m. cft un inftrument qui fert
à couper du carton circulaircment pour faire des
fphères & autres pièces qui fervent a l'Aftrono-
mie & à la Géométrie. Les compas à quatre
pointes en ont toujours une tranchante qui s'ap-
pelle le coupe-cercle.
COUPE-CU , ou COUPE-CUL. f. m. C'eft le
plus malheureux coup du jeu de Lanfquenet, quand
celui qui tient les cartes amène la Tienne la pre-
mière , & perd toutes les autres où il avoir
couché de l'argent ^ & alors on dit que celui
qui a coupé, lui a donné un vilain coupe-cu.
On dit aulli adverbialement, Jouer une partie à
coupe-cu. Ce mot ne le dit prel'que plus, on dit
plus ordinairement coi/pe-gorge , dans quelque
jeu que ce Ibit , quand on ne veut plus jouer ,
ni être obligé à donner revanche.
COUPE-GORGE , f. m. Lieu où l'on vole , où
l'on allalline . les gens , où il eft dangereux de
palier à caufe des voleurs. Cxdibus infamis locus.
Les vallées des Mores , de Torfou , fur les
chemins de Chartres & d'Orléans , ont été ap-
pelées des coupe-gorges. Il y a eu des hôtelle-
ries appelées des coupe-gorges , à caufe que les
miîtres y airaifinoient , ou y laiffoient airaffiner
leurs hôtes.
C0UPE-GOB.GE fe dit aulfi des boutiques des Mar-
chands où l'on vend trop cher , des maifons où
l'on eft rançonne & mal fervi , & généralement
de tous les endroits où il fe commet des injuf-
tices. Tdberna in quibus merces jujio pluris vie-
neunt. N'allez rien acheter chez un tel Marchand ,
c'eft un coupe-gorge. C'eft là un méchant ca-
baret, un vrai coupe-gorge. Le monde eft un
£oupe-gorge , il n^y a que fraude &c trahifon. S.
EVR. ^
Coupe-gorge, en termes de Marine, "e dit des
courbes de charpenterie qui forment la go^ge
du vaifleau , & s'élèvent infeniiDlement en arc
vers l'ctrave &c fous l'cperon. Les Charp::ntiers
les appellent gorgeres , &c les Matelots coupe-
<Tor"es , au lieu de dire courbes de gorges.
CouPE-GORGE , f. m. Terme de jeu de Lanfquenet.
C'eft la même chofe que coupe-cu -, mais il eft
plus ufité. Le coupe-gorge eft le plus malheureux
cour de Lanfquenet. L'un s'emport ; , l'autre dé-
chire les cartes ; celle-ci les mord, l'autre les
écrafe ; elle maudit la couleur , fe défefpère du
coupe-gorge. S. Evremontiana.
// a fïu trente fois coupe-gorge aujourd'hui.
Regnard.
Vingt fois le coupe-gorge , & toujours premier
pris. Id.
COUPE-JARRET, f. m. Bretteur, aflalTm, qui ne
porte répée que pour battre , alt^ifiner &c fiite
infulte aux autres. Sicarius , grajjacor. C'eft un
fcélérat qui fe fait accompagner d'une douzaine
de coupe-jarrets.
COUPELLE, f. f. terme d'affineur. Manière de eu
de lampe-, petit vaifleau plat, & un peu creux,
préparé pour eflayer & pour purifier l'or & l'ar-
gent. Ces coupelles d'affinage font compofccs de
cendres bien lelfivées , deflalées , fèches , battues
& tamifées. Ces fortes de coupelles font aulfi
appelées cafjes , ou cendrées. Et ainfi ces trois
termes font fynonymes , &: lignifient la même
chofe. BoizARD. ^zr Cependant la grande cou-
pelle , où l'on fait en grand ce qui fe fait en
Tome JI,
G O IJ 5<f9
petit dans la petite , porte particulièrement le
nom de ca/fe, & diifcre de la petite, non par
les matières dont elle eft laite, mais par fa
cc^uv.rture & fon fourneau. Pour affiner l'or &;
l'argenr on met une coupdle à un reu de réver-
bère, & on y met du plomb à proportion de
la quantité 6c de la qualité des matières à affi-
ner. Quand le plomb a bouilli quelque temps, on
jette les matières dans la coupelle, ce qui s'ap-
pelle charger la coupelle. Ce plomb s'imbibe
dans ce crcufet, ou s'évapore i &: il emporte
avec lui l'impureté du métal. Auro argeinoque
excoquendo catinus,
IJC? Pour l'intelligence de cette opération , il fauc
remarquer enpaifantque tous les métaux , excepté
l'or & l'argent , fe vitrifient aifément avec le
plomb.
On appelle or de coupelle , & plus commu-
nément, or d'elfai , l'or qui approche davan-
tage de 14 carats , qui eft le plus haut titre de
l'or. L'argent de coupelle eft l'argenr à 1 1 deniers
25 grains.
Coupelle eft auffi une efpèce de poelc de cuivre ,
ou de fer blanc , dont fe fervent les Canonniers
pour emplir les gargouHes de poudre.
On dit figurément qu'un homme a paflé par
la coupelle, quand il a fubi un très-févere exa-
men , quand il a été bien faigné & bien purgé
après une grande maladie , comme on examine
£c on purge les métaux par la coupelle. Faire
paflèr un ouvrage à la coupelle, Vign. Marv.
Coupelle sèche. C'eft une coupelle faite de terre
de creufet , qu'on appelle de la forre , parce
qu'elle ne s'imbibe pas à caufe de la matière.
Les Affineurs s'en fervent pour adoucir avec le
falpêtre & le borax , lorfqu'ils ont affiné avec
l'antimoine.
COUPELLER , V. a. palfer de l'or & de l'argent
à la coupelle. Aurum catino excoquere. Ce n'eft
pas un examen fuffifant que la pierre de touche ,
ni la coupe par le burin -, pour juger fureraent
de la bonté d'un or, il faut le coupcller.
Coupelle , ée. part. Excoclum in catino aurum ,
argentum.
COÙPE-PÂTE, f. m. terme de boulanger. C'eft
un inftrument de fer, avec un rouleau au haut,
& qui eft plus délié &: plus large que la pau-
me de la main , duquel on fe fert pour couper
la pare.
gCF Les Patilliers fe fervent auffi de coupe-pâte. Ce
font des moules fcrvant à couper la pâte de la
grandeur que l'on veut.
Ip- COUPE-QUEUE, f. m. inftrument dont fe
fervent les Mégiilîers pour couper les queues
des peaux qu'ils veulent paffer en mégie. Encyc,
COUPER , V. a. féparer avec un inftrument tranchant
un corps continu & folide , en deux , ou plulieuts
parties. Secare , difjecare , refecare , incidere , cœ-
djre , fcindere. On cotipe les blés avsc une fau-
cille. On coupe l'herbe avec une faulx. On coupe
les arbres avec une coignce de la ferpe. Le la-
boureur coupe la terre avec la charrue & le cou-
rre. Couper du pain , de la viande avec un cou-
teau. Un fanfaron dir en menaçant , qu'il coupe-
ra bras Si jambes à quelqu'un ; pour dire , qu'il
fera routes fortes de mauvais traitemens : &c au
figuré , on dir qu'un juge a coupe bras ÔC jambes
à une partie ; pout dire , qu'il lui a fait tout le
tort qu'il a pu. Malè excipere , malè habere , ma-
ie muhare aliquem. On dit aulfi , couper la bout-
fe à quelqu'un , fCT dans le fens propre, c'eft lui
voler adroiremenr fa bourfe , ce qu'il a fur lui j
figurément , c'eft tirer de l'argenr d'une perfon-
ne qui n'a pas beaucoup d'envie d'en donner.
Emunsere ali./uem argento , diminuere alicui pe-
\ cuniam. Il s'eft lallfc couper la bourfe pour avoir
la paix. ^
^CF COUPER fignifie quelquefois tailler fnivan
I les règles de l'art. Ce tailleur eft adroit ; il fai
G G G G gg
^yO COU
bien couper un habit. Cet ouvrier entend bien j
à couper les pierres. Ce Icjlpteur coupe bien le ^
bois. On dit aaiîî couper des louliers, des pan-
toufles , des bottes.
Ce mot vient du grec t^^lcn qui lignifie la mê-
me cho;e, iclon Nicod , après Buace. D'autres
le dérivent dj latin cj-pulare , qui le trouve
dans la balle latinité au mcme iens de couper.
Voyez la Loi bali^^ue ^ Tit. 2:. §. J. la m de
S. i/rjmcLTe , c. 1. n. 5. ^aa SS. Aprii. T. 11.
p. 566. D. Voilius L. IF, de Vitiis Jirm. dérive
capularc de capulus ; mais les Bollandiiles à Ten-
droit cité p. 567. B- n'approuvent point cette
ctymologie, parce que capulus vient de cap:o,
iîc;nificat!on qui ne convient nullement à celle
de capuUre , qu'ils aiment mieux tirer de l'alle-
mand Cdfpen , qui veut dire fendre en frappant
d'une coignee, d'un couteau, d'une épee, &c.
Il fis^nfne auilî , interrompre un ordre , une
fuire , un rang de penbnnes , ou de choies , en
mettant quelqu'un ou quelque choie entre. In-
icTTumpere , drud^re. Les Pairs de France , dans
leur Mémoire au jeu Roi , difent : L'autre ch;r'
dont nous oi'ons nous plaindre à A'. M. c'eil
qu'il y a un Confeiller au bout de chaque banc
des Princes du Sang &: des Pairs , & quainii
nous nous trouvons coupis par eus , qui ne laa-
roient opiner à la place où ils font , & par
confcquent ils ne l'ont pas à leur place. Et dans
la Requtie preferacc a Louis XV ; lorfque les
Pairs l€ font trouvés en afléz grand nombre ^ux
fcances des bas lièges , pour remplir les bancs
qui forment le premier rang du parquet intérieur ,
ils ( les Préfidens ") ont aÀclé de placer à l'ex-
trémité de chaque banc un Confeiiler, qui fe
trouvant au milieu des Pairs , qui font à fa droi-
te Se à fa gauche , interrompt & coupe l'ordre
rie leur féance. Il arriveroit même que dans la
fuite 5 lî le Royaume étoit aflez heureuï pour
voir des Princes de vone Sang augufre en allez
grand nombre pour occuper plus d'un banc ,
les Conl'dilers les couperaient, & par conféquent
fe placeroient au defiiis de quelques-uns d'eux.
SfT COUPER chemin à quelqu'un , fe metrre fur
'fon chemin au devant de lui, pour l'errpccher
de païTer, & figurément , couper chemin à un mal ,
en arrêter le cours.
|CF Couper quelqu'un , le devancer , prendre les
devans. Son carrolîé nous coupa. Pravertere ,
pr averti. Couper par le plus court, par le plus
court chemin, prendre le chemin le plus court.
Ccupe^ par ce l'entier, vous arriverez plutôt.
gCF En termes de chalfes , on dit qu'un chien cou-
pe., quand il veut gagner la tête de la meute,
anteire , ou quand il quine la voie de la bête
pour la devancer-, ce qui eft un déiâut.
f;Cr En termes de guerre , couper les ennemis , c'eft
fe porter entre deux parties de leur armée, pour
les empêcher de fe rejoindre , ou entre leur ar-
mée 8c la place qu'ils couvrent .. pour les empê-
cher d'y entrer. Dans le même fens couper la
cemm.unication d'une ville , d'un quartier , fe pof-
ter de manière qu'on ne puiife y envoyer du fe-
cours.
^CJ" Couper, les vivres , fermer les avenues pour
empêcher qu'on ne porte des vivres, des muni-
tions à une armée, à une ville afliégée. Lommea-
îum hoflittis, ou hoftes commeatibus intercludcre :
au figuré co::per les vivres à quelqu'un , lui re-
trancher les moyens de fubfifter.
^3" Couper, les eaux à une ville, couper les ca-
naux qui y portent de l'eau.
Couper les Ions, terme de Mulîque. Sonos alrum-
pere , c'eft ne pas, traîner ou alonger certains
fons , & ne les continuer qu'autant de temps
qu'il feut pour les faire entendre , en forte qu'il
y ait quelque filence cr.rre chaque fon. Cette
manière de couper les fons fait fouvent un bel
effet dans les exprefiions de doiileurs , pour ex-
COU
primer des foupirs & des fanglots, dans les ex-
prellions d'ctonnement & d'admiration , dans les
cérémonies magiques & teiribles. De Brossard.
En tetmes de moiuioie on dit couper des la-
mes en flans. Quand les lames, foit d'or, foit
d'argent , foit de cuivre , font à peu près de l'e-
paiileur des efpèces à fabriquer , on en coupe
des morceaux avec des inftrumens de fer , en ma-
nière d'emporre-pièce appelés ccupcirs. Ces mor-
ceaux font de la grandeur , de l'epaiflêur , de la
rondeur , & à peu près du poids des efpèces à
fabriquer , & font nommes pans jufqu'à ce que
l'efiigie du Roi y ait été empreinte. C'eft là ce
qui s'appelle couper les lames en flans.
En terme de jardinage, on dit couper en pic
de biche ; pour dire , couper de biais. Otlijue
Jeca.re , incidere. Couper une branche à l'épaif-
feur d'un ecu , c'eft couper certaines branches
qui défigurent l'arbre, obfervant néanmoins de
lailfei la paitie du côté du vide qu'on veut
remplir , plus élevée que l'autre ; Se la fève par
cette taille donne par l'œil qui refte une branche
qui fe porte où l'on veut qu'elle foit. Amputare
ramum ad primum ocelium. Couper en moignon ,
truncare , c'eft couper une branche raifonnable-
mient grolfe à trois ou quatre doigts de longueur.
Couper en talus, c'eft la n'iême < hofe qu'en pié
de biche. Ollique amputare. Couper carrément,
c'eft couper de forte que la taille foit bien unie
&: bien égale , sfin qu'il fe forme tout autour
trois ou quatre branches bien placées Se bien dif-
pofees pour faire un bui.Ton bien rond , bien ou-
vert, & également garni; car cela fe pratique à
l'égard des builfons. Voye:;_ la Quintinie & Li-
ger au mot Couper.
Couper lignifie encore entamer quelque chofe ,
y faire quelque ouverture. Incidere, Cet homme
s'eft coupé au doigt. Cette piftole eft douteufè ,
elle a été fouvent coupée. Voiîn un vent de Notd
qui coupe commue un rafoir, c'eft- à-dire, il en-
tame , il fait fendre la peau. Le froid gerce , lait
que la peau fe coupe. Urere. Couper dans le vif,
fe dit d'un Chirurgien qui , en faifant fon opéra-
tion, co^t^ jufque dans la chair vive.
On le dit au figuré pour dire ; toucher à ce-
qui eft le plus fenfible.
Couper, terme d'efcrirae. On coupe fur la pointe
& fous poignet , au lieu de dégager. Il eft très-
difficile de parer une botte coupée fous le poi-
gnet.
?C? Couper fous le poignet , c'eft dégager par
delfous le poignet de l'ennemi , au lieu de dé-
gager par defl'ous le talon de fa lame , & couper
fur pointe , c'eft porter une eftocade à l'ennemi
en dégageant par defius la pointe de fon épce.
On dit auilî, en termes de Manège, qu'un che-
val fe ccupe , quand par l'un de l'es fers il enta-
me la peau d'un de fes boulets. Incidere. On dit
auffi, couper le rond , ou couper la volte, quand
un cheval change de main en travaillant fur les
voltes.
Couper un cheval , c'eft le chitrer. Caftrare On
a été obligé de couper ce cheval , parce qu'il
ruoit & mordoit. On le dit auffi de quel-
ques auties animaux , & ce terme eft plus honnê-
te que fes fynonimes.
Couper s'emploie auifi , en parlant de divers fup-
plices par lefqueis on mutile les corps des crimi-
nels. Amputare. En France on coupe la tête aux
Gentilshommes avec un coutelas. Pracidtre cervi-
ces, refecare. En Anglctterre on la leur coupe
avec une doloire fur un billot. On coure le poing
aux parricides , aux meurtriers des Princes , de
leurs parens, de leurs maîtres, & av.x facrilèges.
CoiTPER la gorge fignifie, tuer , maifacrer. 7z/?a/<î-
re. On coupa la gorge à tous les François au
temps des Vêpres" Sicilienne-:. Ce voleur a été
roué pour avoir coupé la gorge à pluheurs paf-
fans. Se couper la gorge avec quelqu'un , fe bac-
G ô tî
G 0 tî
be en duel avec lui. Je veux itic couper la gor-
ge avec vous.
En ce lens oti dit figurcment j qu'on coupe la
gorge à quelqu'un , quand on lui caufe quelque
dommage confidcrable. Grave detrimencum aferre :
on peut Te lervir du mot jugulare , en ajoutant
la particule quaji. On coupe la gorge aux entans ,
quand on ne les inftruit pas bien , quand on
les laifl'e vivre dans un plein libertinage. Vous
lui ôtez cet emploi, vous lui coupe[ la gorge.
Le Juge a coupé la gorge à cette partie , en lui
ftifant perdre ion procès. On coupe la gorge dans
cette hôtellerie , on y rançonne lès paflans. On
dit auffi d'une raifon peremptoire & déciiive ,
qu'elle coupe la gorge à un adverlaire , lorfqu'il
n'a rien à y répondre.
Couper fignifie au/fi divifer un pays. Dijfociare ,
dividere. L'Appennin eft une chaîne de montagnes
qui coupe toute l'Italie. La France eft coupée &c
arrofée de plulieurs rivières. La Flandre eft coupée
d'un nombre infini de toflcs 6c de canaux. Foye^
ci-defllis comme il ie dit des personnes & des
rangs , ou luites interrompues , à peu près en ce
^ même fens.
Couper Te dit figurértient en chofes Tpirituelles &:
morales. Abrumpere. Vous avez coupe le nœud que
vous ne pouviez délier. S. Real, On dit qu'un cri-
minel ie coupe en Tes réponfes , quand il fe contre-
dit , ou quand il varie, Pugnantia loqui ; qu'un Ora-
teur coupe fon ftyle-, qu'un Poète coupe les ftances ;
pour dire, qu'il y fait plufîeurs diviiîons, Concidere,
concifus jtylus ,concifaoratio. On dit en ce fens,
couper court -, pour dire , abréger , s'expliquer en
peu de paroles. Refcindere oraiionem ,finern,mo-
dum orationi imponere. On dit , couper la parole à
quelqu'un ; pour dire, l'interromprCv^V/^Ke/w inter-
pellare. La douleur, les foupirs, les fanglots lui
coupoient la voix ■, pour dire, l'empêclioient de par-
ler, inrerrompoicnt fon difcours. hitercludere
On dit aufîi figurément & familièrement, to//-
per l'herbe fous les pies de quelqu'un ; pour dire ,
lui faire perdre quelque avantage , le fupplanter.
Spem alicu'jus , expeclaùonem infringere , praci-
àere , detrimentum afferre. On dit auiîi , qu'on s'eft
coupé de l'on couteau , ou qu'on s'eft coupé la gor-
ge, quand on a lâché quelques paroles, qui enfuite
portent un grand préjudice, Suo fe gladio confo-
dere.
On dit qu'on coupe la racine d'un procès , quand
on en ôte la fource, ou ce qui le caufe, ou qui le peut
fomenter. Couper pié à un mal , à un abus ; en ôter
la caufe.
Couper le cable , couper les mâts , termes de Marine ,
c'eft couper le cable fut les bittes ou ftir l'efcubier ,
& le laider aller à la mer; ce qui fe fair par com-
mandement à l'égard du cable , lorfqu'il faur appa-
reiller promptement pu par nécelFité ; & à l'égard
des mâts , aulÏÏ bien que des cables, lorfque la tem-
pête prelFe , & qu'on craint de choquer contre d'au-
tres vaifléaux.
^CF Couper la lame , fe dir, en termes de Marines ,
quand la pointe du vaifleau fend le milieu de la
larrie , c'eft-à-dire , les flots ou la vague , & pafle
au travers. FluRum dividere. On dit dans ie même
fens d'un nageur , qu'il coupe l'eau.
Couper , c'eft aullI un terme de Mcfureur , qui figni-
fie racler avec la racloire une mefure , lorfqu'ellc
eft pleine, Prœcidere. Il y a des lieux où l'on en
talTe les mefures , &c d'autres où on les coupe. Quand
on vend à couper la mefure , il ne peut plus y avoir
de difpute.
Couper le poil , terme qui eft' en ufagc chez les Car-
deurs & parmi les Chapeliers.
Couper /e grain, ternie de Corroyeur , c'eft former
fur la fuperficie du cuir qu'on corroie , du côté de
la fleur, ces pérîtes figures entrecoupées de tous
fens , à angles inégaux , que l'on voit fur les veaux
& vaches retournées -, ce qui fait une efpèce de
grains,
_^7î
Couper du vin , c'eft mettre , mêler plufieùrs fortes
• de vins enlémble, Vina rnifcere.
5cr Couper fe dit, dans le mente fens , de difFércris
fluides! Couper un fluide avec un autie ,les mêler ,
tempérer l'un par l'autre. Couper fon vin. Fimm
aqud temperare. Y mettre de l'eau.
Couper fe dit, en termes de Jeu, d'un paquet de
cartes qu'on fépare en deux , après que celui qui
les rient les a bien mêlées. Dividere. On dit encore
couper , pour voir à qui fera , lorlque chacun prend
un paquet de ces carres , &: qu'il montre celle qui
eft à découvert , dont la plus hante commande^
J'ai coupé un as, & vous n'avez qu'un dix. On Iç
dit au (Fi, quand fur des cartes qu'on jette, on ert
met une plus haute pour gagner la main , ou même "
lorfqu'on en met une plus balFe , pourvu que iélori
les règles du jeu elle doive l'emporter ; ainfi couper'^
en ce fens , peut être expliqué ainfi , mettre une
triomphe fur les carres qui ont été jouées. Il a coupl
d'un roi , d'une triomphe , d'un matador , d'une
carte qui eft hoc. Au Lanfquenet , couper fe dit de
ceux qui tiennent la carte. Je n'ai pas le temps de
couper aujourd'hui , je vais feulement carroter quel-
ques piftoles.
Couper ck, terme de Joiieurs , fignifie fe retirer
après qu'on a gagné , & fans donner la revanche à
fon adverlaire qui a perdu -, n'attendre point qu'il
foit raquirté. Ne plus tenir jeu , le quirier , aban-
donner prife, fe retirer tout-à-coup , planter là ce-
lui avec qui l'on joue, DicT,CoMM, Il n'y a point
de perdant qui ne trouve mauvais qu'on lui coupe
eu, AUquem redintegrandi lufûs expeclatione fruf-
trari ; alicui repeiendi lujàs facuUatem adimere j
part-im ludo pecuniam auferre, necvelle iterum ludo
cpmmiuere. Cilrn viclor Jis , nolle ludum repetere a
cominiidre ; ludum dbrumpere.
Qu'ils fe gouvernent comme au jeu i
Quand on leur coupe eu , qu'ils modèrent leur feu %
Et fans examiner fila ckofe efîpermife ,
Que celui que l'on quitte , au lieu de s'offenfer,
Nefonge qu'à recommencer
Avec un antre une reprifei
En termes de Paume , on appelle couper un coups-'
qnand on poulie la balle avec la raquette inclinée j
en forte qu'elle roule au lieu de rebondir. Obliqua
feticulo pilam impellere.
En termes de dés, cott/'erles dés, c'eft les jeten
fur la rable en retirant le cornet, de manière qu'ils
ne jjartent point de la place.
En termes de danfc , on appelle couper un pas -,
quand on fait un petit faut en pliant un pié , tandis
qu'on paiTe légèrement Fautre par delFus. Sic altC'
rum crus infleclere , ut extenfo altero procédas ,pro-
grediare ; inflcxo altero crure-, molliter incedere „
gre[fum frangere. ...
En termes de Blafon , on appelle couper un écu j
quand on le divife en deux parties égales , diamé-
tralement par une ligne parallèle à l'horilbn , &: eni
même fens ou difpofition que la fafce. Scutum bifa-^
riàm tranfverfè fecare. Cet écu étoit coupé de
gueules & de fable, De-là vient qu'on dit que deux
couleurs fe co«jO^«/ ,'lorfqu'elles font fort différen-
tes & fort vives , &: qu'elles n'ont aucune nuance
ou couleur douce qui les joigne.
En termes d'Architeélure , couper une pierrej
c'eft ôter de fon lit , ou de fon parement plus qu'il
ne faut , en forte qu'elle ne peut plus être pofée à
l'endroir oùelle étoir deftinée.
Couper du trait , en termes d'Architedrure , c'eft
faire un modèle en petit avec de la craie ou du
plâtre , du bois , ou autre chofe facile à couper ,
pour voir la figure des vourtbirs , & s'inftruirc dans
l'application du trair de l'épure fur la pierre par le
moyen des inftrumens , comme cherches , pa-
meaux , biveaux & équerres dont on fe fert en
grand. Frézier.
En termes de Maçonnerie, cow/'er le plâtre , c'eft
G G G G g g Ji
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91''
iaiie les moniures de i^lâtie à la main & a l'ounî.
En termes de Sculpture, couper le bois, c'eli
tailler des ornemens avec propreté, couf^r in bois
fe dit pliitôt des ornemens que des hgures.
En termes de Gravure, on dit, bien couper \c
cuivre, c'eR-d-dire , bien graver, faire des traits
hatdis,& graves également Telon le fort & le toible.
On dit^encore ," en matières d'étoftes, qu'elles fe
coupent , quand elles fe tendent ou le callcnt dans les
plis pour n'être pas aiîéz moëlleules. hiciài.
On dit taire couper l'on carroUè lorCqu'un
car-
tofle a deux fonds &: qu'on en tait retrancher un.
Currumanteriore,parudecunare.
gCF Coii?ER, en peinture, trancher, fe dit d'une
couleur forte mife près d'une autre fans adoucif-
fement , fans aucun partage d'une couleur à l'autre.
COUPE, ÉE, part. paff. & adj. Onappelleun ftyle
coupe , un langage bref & laconique, dont les pé-
riodes Ibnt court^es^ peu lices. CunciJ us. LoïCquc le
fujct qu'on traite demande du feu & du mouve-
ment -, les périodes coupées font à propos , parce
qu'elles ont je ne fai quoi de vit& de n.âle , qui cft
un des plus grands ornemens du langage. Vous
voyez des chofcs coupées dans Scneque qui ont
l'air de iéntences , &: qui n'en ont pas la folidité. S.
EvR. On dit des vers coupés , des ftances coupées ,
<juand il y a certaines diviiîons au milieu des vers
& du coupler, quand les repos y font oblérvés.
On Tippelle, point row/'d, une eipcce de dentelle
faite avec des feuilles pointues. Un carroifc coupé ,
qui n'a qu'un fond fur le derrière. Anteriore parte
immmutus ^dccurtatus.Vn che\2il coupé, un hon-
gre. Cr.jiratus.
|cr CouiÉ , ( Pays) traverfé de canaux ,de rivières,
de montagnes , &c.
Coupé. ( Lait ) Les Médecins appellent ainfi toute
efpèce de lait , de la dofe duquel on a retranché
une partie que l'on remplace en y fubftituant quel-
. que liqueur appropriée aux circonflancesde la ma-
ladie. Quand l'u'age du lait pur donne des maux
d'eltomac , il faut le couper avec la moitié d'eau de
café. Le lait co/z/'e avec de l'eau d'orge eft plus lé-
ger, il pafle mieux.
Coupé , en termes de Blafon , fe dit d'un ccu divifc
parle milieu , &: en deux parties égales de droite
à gauche par une ligne parallèle à l'horifon , ou
dans les fens de la fafce. Scutum tranjecium hifi-
riars). On le dit audl des pièces honorables , ^ mê-
me des animaux 5c des meubles qui chargent Tccu,
quand ils font divifés également dans le même
fens, en forte toutefois qu'une partie foit de cou-
leur, l'autre de méral. On dit auffi coupé des tètes
de loups , de fangliers , &: autres animaux ou oi-
feaux , même de' leurs pies & autres membres ,
quand ils paroiflènt féparés du corps nettement,
fans y laiflèr ni poils ni plumes , comme il en pa-
roît à ceux qu'on appelle arraches. Et on appelle
cow/e de l'un dans l'autre , quand fur un écu ainfi
coupé il y a un animal ou autre pièce , ou meuble
brochanr fur le tout, qui efl: pareillement coupé,
en forte que l'émail du chef fe trouve en la pointe ,
& réciproquement celui d'en bas, fe trouve en
haut. Coupé , fe dit encore des pièces honorables de
l'ccu qui ne touchent point les extrémités de l'écu.
Elles s'appellent coupées, quand il s'en faut beau-
coup qu'elles n'en approchent , comme on les ap-
pelle aléfces , ou alaizées , lorfqu'il s'en faut peu.
^fT Coupé, terme de Botanique , déchiré ,confi///j.
Ce terme convient aux feuilles &: aux pétales.
^rve{ ces, mots.
C OU P É , ÉE , en termes de filou , fe dit des cartes
rosnérs, roA'/'eV.f par les bords , en forte que dans le
même jeu il v en ait de plus larges &: de plus étroi-
tes. Les filous en tirent avantage , foit pour les
connoître, foit pour fe faire tomber celles qu'ils
veulent.
On dit proverbialement , pain coupé n'a point
de maître.
CoupÉ, f. m, pas de danfe, mouvement par lequel
COU
on fe jette fur un pié , en pafTant l'autre devant où.
derrière. Jnjlexio cruris alterius , dum altcrum ex-
tenjuin moLliter incedit. Le Maître à danfer dit à
fon difciple , coupe[ , ou faites un coupe. Ce nom
parricipe &: adjcdif de lui-même eft devenu fub-
ftanrif , en retranchant le mot àt pas. Le coupe or-
dinaire clt compol'c de deux pas ; lavoir , un demi-
coupe & un pas glilfé. Rameau. Le gliflc doit être
plié à propos , élevé en cadence , & foiitenu gra-
cieulèmenr. Id. On le fait de différentes manièresj
le changement ne conlîfle que dans le fécond pas.
Le premier eft toujours un Acmi-coupe. Id. Il fe fait
une efpèce de coupé que l'on noiTime g/iJfade.Yoycz
ce mot.
gCT Coupé , en Mufîque , fe dit,, quand au Heu
de faire durer une note toute fa valeur , on la
frappe par un fon fec & bref , au moment qu'élis
commence, palfant en fîlence le rcfte de fa durée.
gCr COUPER, ville de l'EcotTe méridionale, d.ans
la province de Fite, fur la rivière d'Eden.
COUPERET , f. m. inftrument tranchant , large & 4
pelant, propre à couper des choies dures. Cu.'ter *
grandior. Il fert particulièrement à la cuilîne & à
la boucherie pour couper les viandes, pour faire
des hachis. Il fert aulli aux Mcnuifiers pour fendre
du menu bois , pour faire des chevilles, des coins
& autres chofcs.
Couperet , terme d'Emaillcurs. Les Emailleurs appel-
lent aulîl de la forte , un outil d'acier qui leur fert
à couper les canons ou filets d'émail,
COUPEROSE, (.(. vitriol, minéral qui fe trouve
dans les mines de cuivre. La coupcrofe verte eft le
vitriol romain. La coupcrofe bleue eu le vitriol de
Chypre. Il y a auHl de la couperofe blanche. La cou-
peroje fert à faire l'cau-forre commune , de l'encre.
Scutorium atramentum, &cc. Chalchantiim. L'opi-
nion commune cft eue la couperofe ne diffère
pas du chalchantum , & que c'eft une efpèce de vi-
triol. Quelques-uns difent que ce minéral eft le
chalcitis des Anciens. La terre du Valentino's en
Dauphiné , dans la Patoifle de Larnage ,en produit
abondamment. Chorier , Hi(i. de Dauph. L. I,p^
jï. Elle fert aux Teintutieis. Gaudin l'appelle en
latin , chalchantum &■ futoriu7n atramentum.
Ménage dérive ce mot de l'allemand kupfervnf-
fer ,fuivant l'avis de Saumaife, D'autres de ciipri-
rofa , car en efTct on le tire des mines de cuivre
rouge, qu'on appelle aulTi rôfette. h^ couperofe eft
proprement^ le fel de la pierre pyrite.
COUPEROSE , EE , fe dit particulièrement d'an,
vifage rempli de boutons , de rougeurs, & autres
chofcs qui le rendent défagréable. Os puflulis U~
ventihis afperfum.
il fe dit aufll des perfoanes. Cet homme eft tout
couperofe.
COUPE-TETE , jeu d'cnfens , où les uns fe tiennent
courbés , & les autres fautent par deifus.
On dit figurément & baficment , qu'on a joué à
coupe-téte ,c\{x-:i.nà après quelque fcdition ou révol-
te , on tait trancher la tête à plufîeuts des criminels
qu'on a pris.
COUPEUR , EUSE, f. qui coupe. Secior ,feclrix. Oà
le dit dans les phrafes fuivanres.
Coupeur , euse , Vendangeur qu'on loue pour coupef
& détacher les raifîns des feps de la vigne. Vinde-
miator. Il me faut tant de hottcurs & tant de cou-
peurs.
Coupeur de bourfes , ^fT fynonime à filou, celui
qui coupe la bourfe , qui vole adroitement l'ar-
gent, les bijoux &: autres chofes qu'on peut avoir
fur foi. Zonarius fecîor, jeclrix. Cr umenarum fecior.
(ÎZT Coupeur de poil , chez les Chapeliers , ouvrier
qui coupe le poil des peaux , afin de pouvoir l'ar-
conner de l'employer à faire des capades.
Coupeur , terme de Lanfquenet. On appelle coupeurs
ceux qui tiennent les cartes. Nous étions dix cou-
peurs.
Coûteuses de feui/Ies , f. f. pi. fortes d'abeilles qui
font leurs nids dans la crête des lîllons , dans les
C ÔtJ
jatdin's & dahs les terres unies. Elles couvrent ietirs
étuis de rouleaux de feuilles d'arbre ou de plante ,
qu'elles coupent avec les dents. Abrégé de l'iiijt,
des Infecles.
COUPIS , toile de coton A carreaux , que l'on ap-
porte des Indes Orientales, particulièrement de
Beni^ale.
COUPLE , f, f, lien avec lequel on attache les chiens
de chafte deux à deux. Canum copuln. La couple ert
rompue.
Couple fe dit aùffi de deux chiens attachés enfem-
ble. Une couple de lévriers. On le dit par exten-
fion de deux ailttes chofcs de même elpcce qu'on
joint enfemble. Il lui faut donner une couple d'c-
cus pour Ton falaire. Duo nummi. Il a apporté pour
fa part une couple de bouteilles de vin. Geminx
amphora. Il lui a fait préfent d'une couple de pi-
geons. Columbarum par. 'M.cn^i^ç a décidé que le
mot de cow/j/^ en ce fens ctoit mafculin : mais quel-
les que puilîent être fes raifons , Tufage étant con-
traire à fa décifion , il faut le faire féminin ; & c'cft
aufli le fentimcntde l'Académie Françoife, qui dit
une oouple d'œufs , bina ova 5 une couple de cha-
pons , hini capones ; une couple de boîteS de confi-
tures. Il faut cependant convenir que quelques
gens difcnt quelquefois' un couple.
Ce mot vient de copula. Nicod. Du Cange té-
moigne qu'on a dit cupla dans la baiFe latinité dans
le même fens.
Quand les chofes qui font de même efpèce vont
néeefîairemcnt deux enfemble, comme les fouliers,
les bas , les gans , on fe fert du mot Aç paire , & non
pas du mot de couple. On parleroit très -mal lî on
difoit une couple de fouliers , (S-c. Il faut dire une
paire de fouliers , &a
CotJPL* fedit de deux perfonnes unies enfemble, ou
par amour, ou par mariage; mais alors il eftmaf
culin. Far. Heureux couple d'amans : Par ainantum.
Malherbe. Couple ingrat & perfide. Corn. Voiture
a néanmoins fait couple féminin en ce /ens , quand
il a dit , on mit dans la couche nuptiale , la belle
toupie lans égale. Mais il ne doit point être imité.
§Cr Ain'i pour établir une règle générale fondée
fur l'ufage, on peut dire que le mot couple eft du
genre mafculin quand on parle de l'efpèce hu-
maine 5 & du genre féminin dans tous les autres
cas, même en parlanr des animaux. Heureux cou-
ple d'amans. Une couple de pigeons \ une couple
d'œufs*
Et ce couple charmant ;
S'unit long temps , dit-on , avant le Sacrement.
BoiL.
Je vais d'un coup de pinceau
Peindre ce cousit Ji beau. Pélisson.
En Vénerie ,on appelle couple 03" le lien avec
lequel on attache deux chiens de chaffc enfemble.
Canum copula. Ces chiens ont rompu leur couple.
^CF En termes de Blafon , couple eft un bâton d'un
derai-pié , auquel pendent deux attaches dont on
fe lert pour coupler les cliiéns.
Couple , en termes de Marine , lignifie les côtes d'un
navire. L^rera; parce qu'elles font toujours appa-
riées &: jointes enfemble, & font d'égale grandeur
quand elles font également éloignées de la princi-
pale côre.
COUPLER , V. a. attacher des chiens deux à deux
avec une couple. Fenaticos canes copulare, copula
coTiJlringere.
03" Coupler fe dit auffi des perfonnes, lorfqu'ôn
en loge deux enfemble dans les maifons où les lo-
gemens font marqués par les Maréchaux des logis.
Il n'y avoir pas où loger tout le monde féparé-
ment , on coupla les Officiers de la Maifon du Roi.
AcAD. Fr.
Ceux qui cherchent l'origine de tous les mots
dans la langue hébraïque , diient que coupler , copu-
C o tl §7
tafé , vient de caphal , coupler , Joutlei- , joindre
enfemble : c'eft le fentiment d'Adtien Schieck.
Couplé ,^ée. part. Koye:^ le verbe.
COUPLE , EE , adj. qui s'eft dit autrefois pbut aic-
couplé , joint , aflbcic. Junclus , fociatns >, confo-
ciatus , rt, um.
Toutes chofes
Qui , lors étoient enfemble mal couplées ,
Et l'une & C autre en grand difcord troubliez;
Mar;
COUPLET j f. xn, dîvifîon de Vers qui fe fait datis une
Hymne, dans une Ode. gCTCeft la même chofe que
ftrophe. Stance dans une Chanlbn. Dans une Chan-
fon , c'eft un certain nombre de Vers , qui font le
tout ou partie de la Chanfon. Strophe. Cette Chan-
fon , cette Hymne eft compolce de tant de couplets^
On le dit aulfi des Pfcaumes , & des Profcs qu'on
chante à l'Eglife. Le premier cowp/tv de Magnificat^
Verjiculus. Le dernier couplet du Ficlimx Pafchali
laudes. A l'égard des Odes & des Stances , ces divi-
iions font plus ordinairement appelées Strophes. Le
mot couplet vient du latin copula.
fCF Couplet fe dit auffi en Mufique des difFérenteé
variations d'un même air , auquel on fait quelque
changement fans défigurer le fond de l'air.
Couplet (îgnifie auffi un fufil brifé , dont le canon
eft de deux pièces , qui fe ra/îêmblent par le moyca
d'une vis. Les couplets font défendus , à caufe qu'ils
fervent aux payfans pour aller de nuit à la chafle.
Couplets fe dit auffi des fiches à doubles nœuds , bti
charnières qui fervent de pentutes pour les portes &"
pour les fenêtres, parce que ce font deux pattes dé
fer à queue d'aroride , unies par deux charnières. In-
fert£ mutuo fbula.
COUPLETER , Vi a. inaltraiter quelqu'un dans des
couplets de Chanfon, faire des Chanfbns courre lui.
On fit ce mot dans le temps des fameux couplets ^
attribués à Rouffeau.
i7n certain guerrier coupleté i
Pour rabattre fa vanité ,
Se vengea defon P^audeville
Canne en main. Anti-R"*^*,-
Plufieurs<ron;j/f;;j parlèrent à R** fur un ton fî
vif, & fi prêt d'eii venir au châtimertt, qu'il dcfa-
voua fes couplets. Quelques coupUtés perdant pa-
tience , le.chanfbnhèrent à leur tour. Id.
ffT COUPLIERES , f f. pi. terme de Rivière , elï
un affemblagè de huit roucttes bouclées par uii
bout, où elles formentune efpèce de nœud coulant;
On s'eri ferr dans la conftruiflion des trains, pouc
retenir la branche d'un train fur l'attelier,
COUPOIR , f", m. eft un outil de fer tranchant & bîeiî
acéré , dont on fe fert dans les monnoies pour cou-
per les flans avant qije de ks maiïquer. Ferrum inci-
dins aiirum. C'cft une efpèce d'emporte-ptèce qui
coupe les lames en rond de la grandeur des cfpèces.
Il eft compofé de deux morceaux d'acier fort ttan-
chans pofés l'un fur l'autre, dont celui de dcflbuS
eft un peu creux , & repréfcrite un mortief , Se celui
de deflus un pilon. Ilscoupent en rondeur le lingot
de métal qu'on met entre deux,
CoupoiR , en termes de Chandelier , fîgnifie l'inftru-
ment avec lequel on rogné le cul des chandelles
communes ; c'eft-à dire , de celles qui font faites
à la broche. On fe fert du coiipoir dans pl'ufieurs Arts
&• Métiers.
COUPOLE , f f terme d'Architedlute, venu d'Italie;
c'eft une voûte fphéïiqUe , ou le haut du dôme d'une
Eglife ronde, faite en forme d'une coupe renverfécc
Tholus. La coupole du Val-de-Gtace , de l'Aflbmp-
tion.
C'eft auffi rintcrieur,la partie concaive d'un dôme»'
Cette coupole eft bien peinte.
Ce mot vient de la baffe latinité, oùl'onadîÉ
cuppula , autrement tholus , ou fornix , d'où- Jey
>74 C O tl
Italiens ont fait leur cupola , dans le même feris.
COUPON , r. m. petite pièce de toile de deux ou
trois aunes, qui lemble retranchée d'une plus grande,
& qui l'ert quelquefois en effet. Reliclum panni fruj-
tum. Il y a aulll des coupons d'étoffe, ^ On appelle
particulièrement coupon un petit relte d'une pièce
d'étoffe ou de toile.
Coupon , chez les Marchands de bois flotté , eft une
certaine quantité de huches lices enfemble , avec
des perches & des rouettes. Il faut dix-huit coupons
pour former un train de bois flotté.
Coupon d'acUon , cfi; une portion de la dividende
d'une aùlion. Ce terme, en ce fens , a été inconnu eri
France jufqu'au règne de Louis XV, dans l'établiffe-
fnent desadions de la Compagnie deslndes,qui fuc-
cédèrent aux adions des Fermes du Roi, prefqu'auf-
iitôt fupprimées qu'elles furent créées. Ces adions
remirent les coupons en vogue & en crédit -, & ce fut
afors que l'ufage en fut entièrement affermi dans le
commerce des adions. Il faut donc fuppoler ou fa-
yoir que chaque dividende ou répartition d'adion
donne à un adionnaire & lui rapporte un profit pat
an , & cette adion eft divifée en deux coupons. Ces
coupons ont été inventés pour faciliter le payement
des dividendes , & épargner à l'adionnaire le foin
de faire dreffer des quittances à chaque demi-année.
Chaque coupon d'adion a une empreinte du fceau
de la Compagnie; enforte qu'une police d'adion
pour trois années a fept fceaux.On peut négocier les
coupons d'adions , comme les adions mêmes.
Du Cange le dérive de colpo , qu'on a dit dans la
baffe latinité dans la même fignification, tiré du grec
xôwffflv , qui lignifie morceau , ou fragment de quelque
choje.
^fT COUPURE , f, f. Solution de continuité , divi-
lîon qui refait dans un corps continu par un infttu-
ment tranchant. Cizjio , incijio , cxfura. Votre Bar-
bier vous a fait une coupure à la gorge. La coupure
de cette étoffe n'eft pas de droit fil. Je me fuis fait
une coupure qui va jufqu'à l'os.
Coupure , en termes de Guerre , fe dit des retranche-
mens , foffés , paliffadcs , &c, qui fe font dans un ou-
vrage derrière une brèche > pour s'y défendre. Fojfa,
Ce m.ot eft d'un grand ufage dans l'art militaire.
On fait des coupures aux reiranchemens d'un camp,
aux lignes de circonvallation & de contrevallation.
Elles fervent pour aller & venir , pour faire des for-
ties fur l'ennemi. On a loin de les fermer d'une bar-
rière. On fait auffi des coupures pour arrêter la ca-
valerie en rafe campagne. On fait des coupures pour
faigner une rivière, un marais.
COUQUEFAT & COQUENFAT. ^oye^ Cucufat.
^fT COUR , f. f. efpace , portion de terrein décou-
vert , enfermé de murs ou enrouré de bitimens ,
placé ordinaitement à l'entrée d'une maifon , d'un
hôtel , d'un palais , dont il fait partie. Arca. Cour
de devant , ou avant-co«r : cour de derrière , ou in-
térieure , entourée de corps de logis. Cavcedium , ou
cavum cedium. Cour des Cuifines du Louvre. Petite
COUT à fumier. Cette chambre a vîie d'un côté fur la
cour , de l'autre fur le jardin. On appelle baffecour .î
la campagne , celle où l'on nourrit la volaille &
les beftiaux, A la ville , c'cft le lieu où font les écu-
ries , les remil'es, les équipages , & le logement des
bas domeftiques. Cohors , chors. On appelle nou-
velles de la bajfecour , des nouvelles qui fe débi-
tent par des gens mal inftruits , & peu éclaiiés. Dans
les belles maifons de campagne, il y a auffi une avant-
cour , qui eft un lieu fermé de murailles couvert de
gazon , qui eft au devant de la principale cour du
château.
Nicod dérive ce mot du larin coJiors^qWÎ fe trouve
dans plufieurs Auteurs en la même fignification. Et
Ménage dit qu'il vient de cortis , & non pas de cu-
ria. Ce mot cohors ou chors , fignifioir ordi-
nairement ce que nous appelons cour de Tnaifon.Elis
ctoit ronde , S<: a donné le nom à la troupe des fol-
dats qu'on a depuis appelée cohorte,qm faifoit partie j
d'une Légion. En Picardie &C en Baffigni on appe- '
CO U
loit court , le château du Seigneur; & on difoit ^ ]c
m'en vais à la court d'un tel ; pour dire , en fa mai-
fon , en fon château -, & dc-là vient que la plupart
des noms des villages fe terminent en court. Voyez
Court.
Cour de Col/ège. Ccd Une grande place qui eft dans le
Collège , & où les Ecoliers jouent &c fe divertiffent.
Area.
^ft Cour , fe dit auflî du lieu où eft un Souverain ,
ôc de l'a fuite. Dans cette acception la Cour eft com-
pofée des Princes ôi Princeifes , des Miniftrcs , dcS
Seigneurs & des Ofliciers attachés par leurs places
auprès du Souverain. Aula. Un Courtifan doit étte
toujours à la Cour , ou aller fouvent à la Cour. Les
Cours feroient déferres , & les Rois prefque feuls y
fil'on croit guéri de la vaniré de l'intérêt. La Bruv.
C'eft à la Cour que les paffions s'excitent , & conP
pirent contre l'innocence. Fléch. La fourberie paiîs
pour une vertu à la Cour. Arn. La Cour eft un extrait
de tout le Royaume : tout ce qu'il y a de plus fin &:
déplus pur s'y rencontre. S. Evr. Remarquez qu'il
y a bien de la différence entre un homme , ou une
femme de Cour , &: un homme ou une femme de la
Cour, Une femme de Cour eft d'ordinaire une femme
d'intrigue. Mais une femme de la Cour , eft une
femme que fa naiffance , ou fes emplois attachent
à la Cour. Bouh. L'efprit d'une femme de la Coured
plus adif que celui d'une Payfannc, Port-R. Il a
écrit en Cour, il eft bien en Cour : ces expreffions ont
vieilli , & Vaugelas les condamne dans fes remar-
ques. Il faut dire , il a écrit à la Cour , il eft bien â
la CouT^
Selon que vous fer e^^ puiffant ou mi [érable ,
Les jugemens de cour vous rendront blanc ou noir;
La Font.
Ne voife au bal qui n'aimer a la danfe,
Ny au banquet qui ne voudra manger,
hly fur la mer qui craindra le danger,
Ny à la Cour qui dira ce qu'ilpenje. Pybrac
Nefoye^ à la Coiit ,JÎ vous voule:^y plaire ,
Ni fade adulateur > ni par leur trop Jincere.
La Font,
Ce nom , en ce fens , vient félon le Jéfuite Gret-
fer , Obfer. L. II, C. 6 , in Codini , C 5 , de cortis
ou curtis , >!.ip1>, , qui a fignifié une Tente, qui s'ffl
pris aulfi pour toute la cour d'un Prince, d'où s'eft
Biiz courtoi/ie , & en Allemand <:or/^cA , qui veut
dire coiirtoifement , poliment. Il y a dans les Lciix
des Allemands un titre De eo qui in curte Régis fur-
tum commiferit ; un autre. De eo qui in curte Ducis
hominem occiderit. Cour s'eft dit en France pour le
Château d'un Seigneur. Voye^ ci-deffus leS étymo-
logies. Curtis eft un nom Romanefque , ou fait du
latin cohors ou chors , par les Gaulois ^ &: cohors ou
fAorj, viennent du grec xh^i'^- ^oye^ au/fi Chiflet,
Gloff. Salicum,
^3" Cour céUjle , en ftyle de dévoticm & de Poëfie ,
fynonime de paradis. Aula cœlejlis.
|C?J Le mor de coMrfe pirend particulièrement pour le
Roi & fon Confeil. C'eft dans ce fens qu'on dit, at-
tendte, recevoir des ordres de la Cour. La Cour a
dépêché des coùriers , &c. un tel eft bien à la Cour.
Cour fe prend encore pour rair,la manière de vivre de
la Cour. Aulicorum mores.
Cet homme fur bien la Cour ; il a bien pris l'air
de \diCour. Il Ait toutes les intrigues de laCbwr.Cet
homme n'eft plus à la mode, il eft de la vieille Cour.
Un homme qui fait la Cour eft maître de fon gefte ,
de fes yeux, de fon vifage, fourir à fes ennemis,
contraint fon humeur, dcguife fes paflîons , dément
fon cœur , parle & agit contre fes fentimens. La
Bruy. Je ne fuis point la dupe de ces hypocrites de
CoKr, qui prêchent les autres fur la retraite. S. Evr,
Un homme de Cour , efl: un homme fouple , adroit :
mais faux & artificieux , & qui met tout en ufagc
cou
pouf parvenir à Tes fins, Bouh. Aulicus. Balzac ap-
pelle les gens de Cour , des Renards -de Cour. N'cV-
pérez plus de francliife, ni de candeur d'un homme
qui s'cfl: livré à la Cour, & qui fecrettement veut faire
fortune. La Bruy. Les jurifconlultes de Cour , tou-
jours bien alîbrtis de maximes Hatceufes , ne man-
quèrent pas d'étaler leur éloquence mercenaire.
Tour.
On appelle Evalue de Cour , un Evêque attaché
à la Co:/r , qui ne rc(îde point, qui brigue la faveur.
L'Auteur de trois vohu-nes intitules /'£vc|/?/e Je Co?/r,
oppole un Evêque de Cour , à un Evêque Apofto-
lique.
On appelle, eau bénite de Cbz/r, les vaines pro-
medes , les carclîes trompeufes , & les complimcns
tels qu'en font les gens de Cour. Amis de Co?/r , des
amis lur qui on ne peut guère comprer. fp" Eiprit
de Cour, expreffion employée par Corneille dans
Rodogune , pour un ejprù de Cour , & nourri chci
les Grands-, c'eft Clcopatre qui parle ainfi. Ce n'efl:
pas là , dit Voltaire , le langage d'une Reine. E/pric
deCour efl une expreificn bourgeoife.
Ctr On dit proverbialement d'une maiibn où chacun
veut commander, que c'eft l^Cour du Roi Pétaut.
fer Avoir bouche à cour chez le Roi , chez un Prince,
c'efl avoir droirdemangeraux tables entretenues par
le Roi, par le Prince. Tel Officier a des appoin-
remens coniidérables , & bouche à cour.
^ Cour fe prçnd encore pour la fuite d'un Prince ,
quoiqu'il ne foitpas fouverain d'un grand Seigneur :
il eft de la cour d'un tel Prince. Les petites cours ont
leurs intrigues auili bien que les grandes,
|!Cr Cour fe prend encore fouvent" pour les refpeds,
les alliduités qu'on rend à quelqu'un, .à un Supérieur,
à un Seigneur. Ohfequium , officiofafodalitas. Faire
fa cour au Roi , aux Miniftres , aux Grands.
§3" On dit de m.ême , faire la cour à une femme , pour
marquer les foins qu'on prend pour lui plaire. Af-
feciari , blandiri ,pa/pari mulieri. Il y a long temps
qu'il t'ait Is. cour à cette veuve.
IJCT Dans cette acception , faire la cour à une femme,
efl: une expreffion bannie du ftyle tragique j Vol-
taire , dans fes remarques fur Nicomede.
^fr Faire la cour de quelqu'un , lui rendre de bons
offices auprès de quelqu'un. Vous avez befoin d'un
tel , je lui ai bien fait votre cour.
^ Cour. ( Hifi. ancienne. ) Curia. Selon Feflus , c'é-
toit le lieu où s'afîembloient ceux qui avoient foin des
affaires publiques. Mais G^r/rî, chez les Romains,
fîgnifioir plutôt les perfonnes qui compofoient le
Confeil, que le lieu où fe faifoit l'aflemblée, parce
que ce lieu n'ctoit point certain : le Sénat s'ailem-
blant, tantôt dans un Temple,tantôt dans un autre.
Il y avoir néanmoins de certains lieux appelés O/r/iî,
comme Curia HoJlUia , Curia Calahra , Curia Sa-
liorjim , Curia Pompei, Curia Augujli : mais on ne
iait pas trop ce que c'étoit. Ces cours étoienr de
deux fortes -, les unes où les Pontifes s'afTemblcicnt
pour régler les affaires de la Religion : on les appe-
loit d'un nom général Curies veceres. On encom-
ptoit quatre 5 Forienjzs, Ravia Vellenfis & Ve-
litia, qui croient dans le dixième quattier de la
ville -, les autres où le Sénat s'aiîembloit pour les
affaires de l'Eat. Ciirix uhi facerdotes res divinas
curarent, ut curia veteres : & ubi Senatus ku-
manas, ut ciiria hofti/ia, àitYanon.
Cour lignine auffi le lieu où les Juges exercent leur
Juridiélion. Curia , Senatus, Ce procès a été jugé
en la Cour de Parlement , en la Cour des Pairs en
pleine audience. On prononce dans les Arrêts ,
hors de Cour.
0Cf" On donnoit autrefois le nom de Cour à tous les
Tribunaux , Se l'on difoit Cour du Seigneur , Cour
d'Eglile, ( nom préfentement réfetvé aux Juridic-
tions Souveraines ). C'eft dans ce fens qu'un Juge ,
même inférieur, mer les Parties hors de Cour , les
renvoie , & les met hors de procès. ( Foyei hors
de Cour. )
^G" Dans les Coutumes , il efl: parlé de la Cour féo-
COU 97Y
dalc , où les vaffaux des Seigneurs font Juifés. Cour
foncière, la Balfc-Juilice pour les droits Vonciets.
tWr perlbnnclie , celle où les Parties doivent com-
paroître &c procéder en perfonne.
D;3' Ravoir la Cour, c'efl: obtenir le renvoi d'une
^ caule. Rendre la Cour ,i fes hommes , c'eft renvoyer
les Parries en la Jullice de fes valîàux.
Cour fe dit audi du pouvoir de juger. Dans les Ar-
rêrs de renvoi du Confeil , le Roi\iit qu'il attribue
aux Juges par lui délégués route Cour &c Juridic-
tion, pour connoître d'une affaire.
§Cr Cour , iiège de Juftice , alfembléc de Juges.
Curia. Les Cours fe diftinguent en Cours Souve-
raines & en Cours SubalrermW! Cour Souveraine ,
eft une Cour fupérieure , qui , fous l'autorité du
Roi, connoît des différens des particuliers fouve-
rainement & fans appel , & dont les jugemens ne
peuvent être calfcs que par le Roi en Ion Conleil.
Superiores Curiœ. Comme (ont les Parlcmens, le
Grand Confeil, les Chambres des Comptes, les
Cours des Aides & la Cour des Monnoies de Paris,
_& Meilleurs des Requêtes de l'Hôtel , quand ils
jugent au Souverain. Voye^ tous ces articles,chacun
à fa place.
Les Cours fe diftinguent en Souveraines : ces
Cours Souveraines font indépendantes les unes des
autres, &: elles font également puilîàntes dans l'é-
tendue de leur refforr. Les autres font fubaltetnes ,
ou intérieures , comme celles des Prélidiaux &
Sièges Royaux ,qui ne jugcnr point fouverainemenr
& fans appel. Elles fe diftinguent audl en Cours
Laïques &: en Cours Ecclc/iaftiques ou d'Eglile.
Inferiores Ctirice. On dit aulfi , la Cour de Rome,
en parlanr des lettres qui s'expédient en Chancel-
lerie & en la Pénitencerie de Rome. E^omana,
Curia.
Il y a quatre principales Cours en Angleterre ,
qui fubliftent encore aujourd'hui , 6i qui ont été
établies par l'ancienne coutume du Royaume ; plu-
tôt que par aucun ftatut ", feulement de temps en
temps elles ont tenu leur conftiturion par les aCies
de Parlemens. Ces Cours font celles du Banc du
Roi , celle des^Plaidoiers communs , celle des Fi-
nances ou de rEchiquier,& celle de la Chancellerie.
Cour Jt- Chrétienté. C'eft ainli qu'on appeloit autre-
fois la Jurididlion des Evêques. Epijcop.ilis Curia,
Certe Juridiélion embraffoit toutes fortes d'affaires.
L'Evêque,par fon Officiai ou par lui-même > quand
il, vouloir, connoiffoit de toutes les chofes où
l'Eglife avoit intérêt -, il connoiffoir de plus , des
marchés avec ferment , des mariages , des tefta-
mens, desfacrilèges , du parjure, de l'adultère , &
généralement de routes les adions où il peut y
avoir du péché. Lf Gendre. Bien des chofes avoient
contribué à établir & .à étendre la Juridiélion
des Prélats ; le crédit que donne leur place ,
le refpeél qu'on avoit pour eu-x , leurs vertus ex-
traordinaires , &; leur capacité beaucoup plus gran-
de en ce remps-là que n'étoit celle des l'éculiers ,
qui ne fçavoient la plûparr ni lire ni écrire. Id. Le
crédir des Papes qui Ibûtenoient cette Juridiétion,
étant venu à diminuer, les Evèques qui les exer-
çoient , n'ayant plus la réputation où éroient leurs
prédécefîeurs ; d'un autre côté , la nobleffe s'érant
ennuyée d'être foumile , comme le peuple , à la
corredion des Prêrres -, enfin , les laïques s'éranr ap-
pliqués à l'étude des loix , pour participer au pro-
fir que rapporrent ordinairemenr les affaires liti-
gieufes , la Jutidiélion féculi:re a rcllement pris le
deffus , qu'elle a prefqif abforbé la Jurididlion deS
Evêques. Ce changemenr arriva rard. Pendant
plus de mille ans , ni Duc , ni Comte , ni Cen-
renier , n'eut ofé entreprendre fur la Juftice de l'E-
glife. Id.
Cour Majour , comme on prononce en Gafcogne ,
ou Cour majeure , comme il faur dire en François.
Cour Souveraine de Bearn , qui étoit en ufige du
temps du Comte Centulle IV , pour juger fou-
verainemenr les procès des habitans de Bearn. On
^7^ COU
VTippelokzuCTi CûurpL'/ilère. Curla. fiipremaBear- i
ncnjis. Suprimus Bcarncujis ditionis Sinatus,
Les grandes afl-aires qui regardoienr i'intcrët gé-
ncr:il du pays y étoient réiblues ; & la dccilion
des caules particulières s'y failbit ibuverainement
par le Seigneur , avec les Evêques &c ies Vallaux ,
ou par ,ceux d'entr'eux que les parties élilbient ,
Se qui font appelés les Jurais de la Cour , dans
le for de Morlas , &: dans les anciens titres la-
tins, Conjuratons & Ugitimi procures. L'origine
de cette Cour doit être prile des loix Romaines
du Code Thcodoiîen , Tuivant lelquelles les Gou-
verneurs adembloient les principaux de la Pro-
vince pour faire îïls rcglemens néceflaires , ce que
les Romains appellent agcre fora & conventus ■, Ss.
en ces aflcmblces , ils rendoiént juftice avec le
confeil de leur Afleiîeur. Mais plus particulière-
ment on apprend par VEdit d'Alaric , Roi des Vi-
ligoths , qui coniirme ce Code , que la publica-
tion en fut arrêtée avec l'avis des Evèqucs, &: des
principaux députés du Royaume , de même que
les loix Vifigotiques furent ordonnées depuis pour
l'Elpagne , par le Roi Rechefvind , de l'avis des
Evêques &: des Seigneurs de l'on Palais ; & en la
première & féconde race de nos Rois , les gran-
des caufes furent jugées , & les réglemens faits
avec l'avis des Evêques Ss. les premiers Vaflàux du
Royaume. De Marca, Hiji. de Bearn, L. IF ,
C. 17. L. F , c 5. Cet Auteur décrit l'ordre ob-
fervc en la tenue de cette Cour , L. FI , c. 25. Elle
fur fuprimée du temps du Roi Jean , &: de la
Reine Catherine de Navarre environ l'an 1490,
le Confeil fouverain lui ayant été llibftitué. Id.
Cour plcniere. On appelle ainli ces magnifiques af-
femblées que nos anciens Rois faifoient à Noël &:
à Pâques , ou à l'occafion d'un mariage ou d'un
autre fujet de joie extraordinaire , tantôt dans un
de leurs Palais , tantôt dans quelque grande ville ,
quelquefois en pleine campagne \ toujours en un
•lieu commode pour y loger les Grands Seigneurs.
Tous croient invités à cette adêmblée , & obligés
de s'y trouver. Le Gendre. Les Rois portoient
dans les Cours pUnières un fceptte à la main &
une couronne fur la tête, Id. Cet Auteur en dé-
crit les cérémonies dans fes Mœurs des François ,
p. 25 , 6" fuiv. Les Cours plcràer es furent plus
fréquentes ibus les Rois de la féconde race , qu'elles
ne l'avoicnr encore éré. Elles étoient magnifiques
fousCharlemagne. Cette magnificence alla toujours
en diminuant depuis le règne de Charles le fim-
ple. Son fils &; fbn petit fils avoient fî peu de
revenu , qu'ils euffent été incommodés de tenir de
ces Cours plcnïeres.W\i'^\.\<c'i Capet les rérablir, Ro-
bert continua. Tout modefte qu'étoit S. Louis
dans fes meubles, table & habits, il outroit la
fomptuofité en ces jours de cérémonie. Il s'en fal-
loir néanmoins beaucoup que ces nouvelles Cours
pUnieres eulîent la majefté & le luftre des ancien-
nes, parceque les Comtes & les Ducs devenus Prin-
ces fouverains,enconvoquoient d'aurres chez eux,&:
déd'aignoient de fe trouver à celles qu'indiquoient
les Rois. Id. Sous Charles VII , plus de Cours
plénieres , les grandes fbmmes qu'il en coûtoitpour
les tenir , fuTent caufe qu'on n'entint plus. Id.
Cour Royite, c'étoit la même chc)ie que Cour pU-
ni'ere , dont nous venons de parler. Les Rois y
paroiflbient la courone fur la tête , c'eft pourquoi
on les appeloir auffi Cours couronnées. On les
nommoit encore Cours folennelles , fêtes royales.
Cour Rovale , rcrmc de Flcuriftc. C'efl un œillet
brun & blanc , régulièrement panaché : fa fleur eft
grnfle i*^ large , fa plante vicoureufe. Morin.
COURABLE , adj. terme de chaffe. Il fc dit en par-
lant des bêtes de chaffe , & veut dire celle qui peut
être courue, qui eft bonne à courre. La raille du
lièvre , & celle du cerf font les plus éloignées
de la proportion des bêtes courahles. Salnoue.
COURADOUX , f m. rerme de Marine , que quel-
ques-uns féparent en trois mots ; Cour à doux, Cell
COU
l'efpace qui eft entre deux ponts. Dans une ga-
lère c'eft le lieu où couchent les ibldats.
gC? COURAGE, i. m. Animus. Ce mot efl regarde
comme iynonime à valeur :, intrépidité , cœur , bra-
voure. Mais on peur dire que le courage eft une
ardeur de l'ame qui nous rend impariens d'atta-
quer , nous fait entreprendre hardiment & fans
craindre la difiiculté. Cœur , courage & valeur ont
plus de rapport 3. l'action que les mots bravoure,
intrépidité , qui en onr' davanrage au danger. Le
courage tait avancer; mais il ne faut pasque le
courage nous détermine toujours à agir. M. l'Abbk
Girard. .5y/2. Le courage n'eft louable que quand
il eft accompagné de prudence. Ben.
zfT II fc dit des animaux hardis , comme font les
lions, les fangliers , les chiens , les chevaux, les
aigles. Ce chien a bien du courage. Le lyon eft
celui de tous les animaux qui a le plus de courage.
Ac. Fr. Du Cang.- croir que ce mot vient de
coragium qui eft dit de ce que l'on demande, de
tout fon cœur. Joanncs à Janua le dérive de cor
& ago. Corragio , en Italien , veut dire la même
chofe que courage en François.
Courage eft aulli une force ou une vertu qui élevé
l'ame , &: qui la porte à mépriler les périls , à
foiitenir les malheurs & les revers de la for-
tune, ou à IbufTrir les douleurs avec conftance &
avec fernreté : c'eft cette vigueur néceffaire à l'ame
pour exécuter des adions vertueufes , qui , par
des obftacles qu'il faut braver , feroient imprati-
cables à des coeurs pufiUanimes. Magnanimitas,for-
titudo , magnitudo animi , conjîxntia. Quand la
fortune -fe mer à perfécuter quelqu'un , elle vient
à bout du plus ferme courage. S. Evr. La mi-
fcre & la mauvaife fortune abattent le courage.
PoRT-R. Rien n'a jamais égalé ce courace pai-
fîble , qui , fans faire effort pour s'élever , s'eft
trouvé par fa naturelle fimation au deffus des ac-
cidens les plus redoutables. Boss. On n'admire
rien tant qu'un homme qui fçait être malheureu.x
avec courage. Racine. C'eft un fpei5lacle indigne
de voir le courage d'un Héros , amolli par "des J
larmes & par des foupirs. S. Evr. Le propre des
grands courages eft de méprifer la mort , & non
pas de haïr la vie. Vaug. La philofophie me doit ]
mettre les armes à la main pour combattre la for-
tune , & me roidir le courage pour fouler aux
pies les adverfités humaines. Mont. Son cou-
rage mal affermi , & déjà ébranlé par tant de dif-
grâces , fuccomba à cette dernière attaque. S.Evr.
Un moment a changé ce courage inflexible,
Raciîie.
gO" Les Poètes emploient quelquefois ce mot pour
-ejpru. Aigrir les courages pour les efprits , dans
Cinna. On peur encore , dit Voltaire , fe fervir da
mot courage dans ce fens.
ÇCF Le mot de courage eft quelquefois déterminé en
mauvaife part parles épithèrcs qui l'accompagnent.
Ainfi l'on dit un toible courage , un courage moi' »
un courage brutal. Animus angujlus , demijjiis ,
fero.x , &c.
Içj' Courage fe prend quelquefois pour affedion.
Servir quelqu'un de grand , de bon courage. Il
n'a pas fait cela de bon courage. Liéenter , /léenti
animo. Mauvais ftyle.
ICT Quelquefois pour fentiment , pafTion, dureté,
cruauté. Il n'a fçu vaincre fbn courage. Si j'en
croyois mon courage, je t'étranglerois. Ingrat , au-
ras-ru le courage de m'abandonner î Je fus Tou-
ché de fes pleurs , 8c je n'eus pas le courage d'in-»
flilter à fa milêre. Médée eur le courage de dé-
chirer fes enfans. Arrée eut le courage de faire
manger .à Thyefte fes propres enfans. Toures phra-
fes bannies du ftyle noble, grave & férieux.
ffT On dit famil'ièrcment tenir fon cour âge , çtxM-
ter dans fon re/fentiment , dans fon dépit , dans fa
haine, dans fa colère. Il avoir juré qu'il pe la ver-
roit
cou
roit jamais , il n*a pas tenu fon courage. Acad.
Fr. Mauvais jargon , même dans le ftyie familier.
Courage le dit ablblument fJCF comme particule
ou interjetlion exhortative. Macle au vocatif lin-
giilicr , Se maal pour le pliirier , de l'ancien mac-
tiis , pour magis actus. Allons , ferme , courage.
M.iae virilise , macie virtute ejio , macle animi ou
animo. Allons , courage , point de foibleile. Macli
efle pucri-> macli virtute ejle.
COC/RAGEUSEMENT, adv. d'une manière cou-
rageule. Fortiter , (trenuè , animosh , viriliter. Les
François fe battent touiours fort coiirageufement.
L'Orateur doit le détacher courageujement de tous
les intérêts qui le pourroient engager à une flatc-
rie fervile. S. Evr. Il faut peut-être plus pour lup-
porter coiirageufemcnt les accidi-ns & les calamités
de la vie , que pour faire de grandes & éclatantes
adrions. M. Es p. Il a courageujement triomphé de
tous Tes maux. God.
COURAGEUX , EUSE , adj. qui a du courage. Ani-
mofus , magnanimus. Le lion eft courageux. Les
Gentilsliommes font plus courageux que les au-
tres. Ils font d'une race d'où il y a peu de gens
qui ne Ibient braves &c courageux. Comines Men.
En voulant peindre un homme hardi & coura-
geux, il ne faut pas le peindte furieux ôc info-
lent. Fel. Il n'y a que la toi qui puiiTe infpirer un
mépris courageux des faux biens. S. Evr.
COURAMMENT , adv. tout courant , rapidement ,
avec facilité. Facile , expedite. Lire , écrire cou-
ramment.
Ce mot vient du latin currenter , qui n'eft point
en ufage.
COURANT , ANTE , adj. qui court. Currens. Chien
courant. Voye^ Chien. Eau courante , eau vive
qui coule toujours. jli,ua jluens , projiuens.
§Cr On dit fîgurément intérêt courant , celui qui
court actuellement , qui n'efl: pas encote échu ,
par oppolîtion aux anciens arrérages. Foye:^ Inté-
rêt , Arrérages. Année courante ,mo\$ courant.
Prœfens , qui niinc agitur , volvitur. Dans le Com-
merce on dit (implement le quatre, le cinq du
courant. Monncie ccurante , qui a cours , qu'on re-
çoit dans le commerce. Monœta cornniunis , quœ.
in ufu ejL Prix courant , prix commun de ordinai-
re des denrées. Pretiumxommune, Acheter au prix
courant.
' IJCF Toife , aune courante , mefure d'une chofe ,
d'une rapiflèrie, par exemple , fuivant fa longueur ,
fans avoir égard .à fa haurcur, ce qui efl: oppofé
à la toife ou à l'aune carrée, nienjio in longum.
L'aune courante de cette tapifferie vaut tant.
|CF Écriture courante., qu'on trace vue. Les Chinois
ont auffi une écriture courante , dont les traits plus
liés & moins diftingués les uns des autres, don-
nent la facilité d'écrire plus vite. On la nomme
pour cela lettre courante. P. Le Comte.
fKF En termes de Marine , manœuvres courantes ,
la même chofe que manœuvres coulan tes. Voy.
ce mot.
JC? En termes de Blafon , courant fe dit des ani-
maux qui courrenr. Currens. D'azur à deux cerfs
courans d'argent
^ COURANT, f. m. Le courant de l'eau & le
fj de l'eau. Termes fynonimes. Aller fuivant le
courant de l'eau. Secundo amni ,jîuvio.
^fT Un courant d'eau , dans l' ufage ordinaire , efl:
un canal , un ruifleau qui cour'. Fluentum , pro-
fiuens. Ce courant d'eau fulïit pour faire moudre
des moulins,
X/n agneau fe dé f altérait
Dans le courant d'une onde pure, La Font.
• Le grand courant de la rivière fe dit du bras
de la rivière le plus large & le plus rapide.
ffC? En Hydrographie ,on entend par ce mot le mou-
vement d'une certaine quantité d'eau plus ou moins
confidérable , fuivant une certaine dired;ion.
Tome IL
f>T
COU 977
i^ En termes de Marine , on appelle aînfi les mou-
vcmcns des eaux de la Mer ; mais particulière-
ment certains endroits de l'Océan , où la Mer a
un cours plus ou moins rapide , foit dans toute
fa profondeur , foit à une certaine profondeur fcu-
lemenr , au lieu qu'à quelque diftance , elle paroît
n'en point avoir du tout , ou môme en avoir un.
tout oppolé. Projluens aquarum curfus.
(fT Quelquefois le mot de courant efl fynonime à
Marée ; mais il . y a des Mers où , comme on
vient de le dire , l'eau court vers un des points
de la Bouffole , ce qu'on n'éprouve point avant
que d'arriver en ces endroits là , ni dès qu'on
les a palTés.
^fT II y a des courans naturels & généraux , qui
viennent d'une caufe conftante & unifotme ; d'au-
tres accidentels & particuliers, qui viennent de ce
que les eaux étant poulfécs contre des promon-
toires, ou dans des golfes & des détroits où elles
n'ont pas adlz de place pour s'étendre , elles font
forcées de reculer, &: troublent par ce moyen le
flux ordinaire de la Mer.
Les courans fous l'Equateur font 'îx violens , que
les vaiffcaux peuvent aller promptement d'Afrique
en Amérique ; mais ils empêchent ablblument qu'on
revienne par le même chemin , de Ibrte qu'il faut
remonter jufqu'à 150 degrés par les brifes , ou
des vents d'abas pour revenir en Europe. On ar-
tribue aulFi à cette caufe les violens teHux du dé-
troit de Magellan , parce qu'on croit que les cou-
rans de la Mer du Sud & celle du Nord s'y entre-
choquent. Il y a des courans qui portent vers le
vent, d'autres qui portent contre le vent. Etee em-
poté par les courans , être porté par le courant.
Nous nous ibmmes trouves fort près d'une roche
où le courant nous portoit. De Choisi. Au décroit
de Gibraltar , les courans portent prefque tou-
jours vers l'Eft pour entrer dans la Mer Méditer-
ranée. Les courans portent aulll ordinairement à en-
trer dans la Manche. Il y a encore de fameux
courans dans le canal de Mozambique , qui font
quelquefois faire aux vaiifeaux le double de che-
• min qu'on avoir eftimé , & principalement en al-
lant vers l'Efl:. Dans toutes fortes d'endroits éloi-
gnés des côtes, il e(t aflêz ordinaire que. les cou-
rans portent du même côté que le vent. Bouguer.
Courant , terme de Charpenterie. On dit courant de
comble \ pour dire , la longueur du comble , le
comble coniidéré dans fa longueur , lorfqu'elle eft
beaucoup plus grande que fa largeur.
On dit iigurcment. Le courant du marché ; pour
dire , le prix que le vendent les dentées commu-
nes , pretium. On appelle le co«ra;zf des affaires ,
les afl^ires ordinaires , par oppolîtion aux affaires
extraordinaires qui furviennent. On dit \q. courant
du monde ; pour dire , la manière ordinaire du
monde. Acad. Fr. Se laillcr aller au courant du
monde.
ifT Le courant , en matière de renres , figniiîe le
terme qui court , je vous tiens quitte de tous les ar-
rérages échus , pourvu que vous me payez le cou-
rant. Dans les quittances on met la claufe , fans
préjudice du courant.
§Cr Courant , ( Tout ) adv. très-vîte , fans peine ,
facilement. Allez tout-courant , curjim, en tel en-
. droit. On vend ce livre dix écus tout-courant j
pour dire , on en a un grand débit à ce prix-là. Cet
écolier lit tout-courant ; pour dire , fort vite &c fans
héliter. Il gagne cet homme -là aux échecs tout-
courant , c'eft-à-dire , il fait mieux jouer que lui.
Tout cela n'eft pas élégant.
COURANTE, f. f. terme de Mufique & de Danfe.
Car on appelle courante , tant l'air , que les pas
qu'on fait defllis pour la danfer , &c même les pa-
roles llir Icfquellcs on a mis un air de cette mefure.
Par rapport à la Mufique c'eft une pièce de Mufi-
que , d'une mefure rriple ou mouvement ternaire.
Currens faltatio. L'air de la courante fe note ordi-
H H H H h h
^.
978 C O TJ
nairemenc en triples de blanches, avec deux reprifes
qu'on recommence chacune deux fois. Elle com-
mence &c finit , quand celui qui bat la mellire baif-
le la main ; au contraire de la iarabandc , qui finit
ordinairement quand il la lève.
Par rapport à la Danl'e, la Co//;'.-?«/^ cft la plus
commiine de toutes les dan (es qu'on pratique en
France, qui fe fait d'un temps, d'un pas, d'un ba-
lancement & d'un coupe. La courante reçoit aulîi
plufieurs autres pas. Autrefois on en faucoit les pas ,
&c en ce point elle étoit différente des balîes dan-
fes , &dcs pavanes. Il y a des courantes lîmplcs ,
t^ des courantes figurées , qui le danfent toutes à.
deux peribnnes.
Ma franchile a danfé la courante. ExpreUlon co-
mique & hurlefque ; pour dire , j'ai perdu ma fran
chife. Elle eft de Molière. . .
CouRAi--TE fe dit aufll baflement du flux de ventre ,
à caufe qu'il faut courir aux néceffités, Alvipro-
fr/viurn.
COURANTIN , terme d'Artificier. Fufée dont onfe
fert dans les jours de rcjouiflance , & dans un feu
d'artifice , pour parcourir une corde tendue , &;
bandée en l'air 6c porter le feu d'un lieu à un au-
tre. On met d'ordinaire le iourantin dans une li-
gure d'ozier qui repréfente un homme , ou quel-
que animal , & cela forme quelquefois un combat
en l'air , entre ces figures.
COURAP , f. m. Nomque les Indiens donnent à une
maladie que Bontius nous apprend être ttès-com-
mune à Java , & dans d'autres contrées des Indes
Orientales. C'eft une efpcce de herpe ou gale qui
paroît ordinairement aux aiflclles , à la poitrine ,
aux aînés &: au vifage. Dict. de ] amfs.
COURATIER , f. m. ancien terme dont on fe fer-
voit pour exprimer ce qu'on appelle aujourd'hui
Courtier. f\Y^l ce mot
COUR AU, f. 'm. petit bateau dont onfe fert fur la Ga-
ronne à charger les 2;rands bateaux.
COURBARI ou COÛRBARIL, f. m. arbre d'Am.éri-
que qui s'élève fort haut , & dont le bois eft dur ,
rougeâtre , & bon pour la menuiferie. Son tronc &:
fcs branches font couvertes d'une écorce épaiile ,,
rude, inégale Se brune. Ses branch{:s font longues
& fort ramifiées. Elles font chatgées de feuilles gla-
bres , pareilles à celles du laurier, mais d'un vert
moins foncé , fans aucun goût aromatique. Elles
viennent au nombre de deux à l'extrcmitc de cha-
que queue. Ses fleurs naiflent par bouquets alfcz
confidérables , & difpofcs en manière de pyramide.
Elles font légumineufes , purpurines , Se donneur
des gonfles fort grolfes , aurcs , aplaties , dont les
cofTes font fi étroitement unies, qu'on ne fauroit
les féparer , & dont l'intérieur eft rempli d'une
fubftance qui étant féchée eft toute fibreufe , foyeu-
fc & mêlée d'une poudre ou farine douce & jaunâ-
tre. Cette flibftance enveloppe des fcmences un
peu ovales, groHês, dures , noirâtres au defîlis ,
blanchâtres en dedans. Il découle de cet arbre une
gomme réfine fort ttanfparente , d'affez bonne
odeur lorfqu'on la met au feu. Pifon , en parlant
de cet arbre fous le nom de Jetaiia , dit que cette
refine eft nommée Animé chez les Portugais. La
réfine qu'on Vend aujourd'hui pour gomme Copal ,
& qu'on employé dans les beaux vernis , n'tft pas
différente de l'Animé des Portugais. Le Courhari
eft commun dans nos îles Antilles. Voye::^ Plum.
du Tertre-, Rochef. Hernand.
On a trouvé à quelques-uns de ces arbres des
morceaux de gomme gros comme le poing , mais
dure , ttanfparente , & claire comme de l'ambre ,
qui ne fe diffout ni à l'eau , ni à l'huile. Cette gom-
me eft de bonne odeur , 5i quand on la brijle , el-
le exhale une fumée fort agréable. On fe lert ordi-
nairement du bois de cet arbre pour faire les rou-
leaux des moulins à fucrc. C'eft quand il eft vieux
qu'il rend de la gomme. Quelques Indiens en for-
ment des boutons de différentes figurés , dont ils
font des iirr.cclets , des colieri & des pendans cl'o-
C
o u
rellle, qui font beaux , luifans , 5i fentent fort
bon.
CouRBARi fe prend quelquefois pour la gouffe de
l'arbre qu'on vient de décrire.
COURBATON , f. m. terme de Charpentcrie. Les
courbatons font des pièces de bois courbées pref-
qu'à angles droits dont l'ufage eft de joindre les
membres des côtes du haut des vaiflcaux à ceux
de dedans -, comme auffide lietles alongcs aux ba-
rots, Tlgnum incurvum. Courhaton de beaupré ,
eft une pièce de bois qui fait un angle aigu avec
la tête du mât , au bout duquel il y a un petit
chouquet où l'on paflé le pertoquet du beaupré.
Courbatons de hunes. Voyez Taquets. Courbatons
de l'éperon , font ceux qui font la rondeut de l'é-
peron depuis la flèche fupérieure jufqu'au premier
porte-vergue.
Courbatons fonr aufll de fortes pièces de bois at'
tachées fur la fourrure d'une galère, pour fervir de
contre-forts.
COURBATU, UE. adj. C'eft ainfi qu'on appelle' urv
cheval qui n'a pas le mouvement des jambes bien
libre. Un cheval courbatu eft celui qui a été fur-
mené , dont la refpiration n'eft altérée que par l'ex-
cès du ttavail. Il devient aufli courbatu , lorfqu'il
eft trop échauffé , ou plein de inauvaifes hu-
meurs.
§CF On obferve dans le diélionnaire de l'Académie
Françoile , que courbatu fe dit quelquefois des per-
fonnes. Je me lens tout courbatu. Si Cela e:ft,il eft
au moins d'un ufa^^e bien rare. . .
§CF COURBATURE, f. f. terme de Maréchallerie;
maladie du cheval qui n'a pas le mouvement des
Jambes bien libre, ^(oyt;{ Courbatu. SoJeifeldit que
la courbature eft une chaleur érrangei'e caufée par
les obftruCtions qui font dans les inteftins & dans
le poumon , ce qui donne les mêmes fignes que
la pouffe . Le poux , la moive &la courbature font
trois cas rcdhibitoires qui annullent la vente du
cheval. On en eft garant neuf jours , parce que ce
font des dél'auts qu'on peut cacher Jufqucs-là.
COURBATURE , f. f. fe dit quelquefois en parlant
des hommes , pour fignifier une laffitude douloU-
reufe. Sa maladie commença par >me courbature,
AcAD. Fr.
COURBE, adj. m. & f. §0" oppofé .à droit.La ligne
droite , dilént les Géomètres , eft la plus courte
mefure entre deux points donnés. La ligne courbe
eft celle qui n'eft pas le chemin le plus court d'un
point à un autre , ce fetoit embrouiller des notions
aufîl fimples que de chercher à les expliquer. Cur-
vus. En Géométrie il y a des lignes courbes régu-
lières , comme le cercle , l'ellipfe , la parabole
& l'hyperbole ; d'autres irrégulières, comme lacon-
choïde, la cycloïde , l'hélice, quoiqu'elles fe puif-
fent tracer avec art j d'autres tout-à-fàit irrégulières ,
comme celles qu'on fait au hazard avec la plume,
ce qui fe dit de tout ce qui eft tortu.
COURBE fe dit f ubftantivement , en termes de Géo-
métrie Se génériquement, pour ligne courbe. Curya..
Ce qui fait voir que cette courbe eft ici une fécon-
de parabole du cinquième degré. Varign. Acad.
des Se. i6ç)Ç). Mém. pag. 57. Cette courbe doit êtte
ici une parabole ordinaire. Id. Ibid. Cette courbe
générative fe trouve êtte telle ou telle ieClion co-
nique.
Il y a deux fortes de courbes , les géométriques
& les méchaniques. Les courbes géométriques font
celles dont on peut exprimer & déterminer la na-
ture par le rapport des ordonnées &: des abfciifes ,
qui font les unes &: les autres des grandeurs finies.
Les méchaniques font celles dont on peut expri-
mer ainfi la nature , parce que les ordonnées
&: les abfcifles n'ont point de rapport réglé.
Les fedtions coniques font géométriques. La
cycloïde, lacilfoide, la conchoïde font méchani-
ques. Acad. des
j>c. 1704,
h:,
p. 115.
Courbe logarithmique , terme de Géométrie. Curva.
lo"irit.hmitlca, La courbe que l'on appell-a logarith.
CO If
mique eft telle, que û l'en prend fes àhfciïTe^ en
progrertion anthiiictique , fcs ordonnces feront en
progreilion gcomctrique, & de là vient ibn nom.
AcAD. DEsSc. 1(^04.;,. 56.11 y a une fpirale loga-
rithmique, M. Varignon en a trouve cinq "ou
M nouvelles, f^oy^i les Mémoires des Sciences ,
1704. Ce qui fait qu'une fpirale eft logarithmique,
c elt que quelques unes des grandeurs qui la com-
pofent fuivent l'une des deux progreflions , tandis
que les autres grandeurs fuivent Vautre Ie Mi/i
P- 57. ■ -^ '
Ce mot vient du latin curviis.
Courbe, en termes de Charpenterie, eft une pièce
de bois coupée en arc , dont on fe ferr pour faire
les cintres les toits des dômes ronds , des genoux
de navire , les liens & lese/îèliers. Tignum ,Ucillum
mcurvum. Il y a des chevrons cinttcs , ou faits de
courbes ; des coiir/'es qu'on appelle de cul de four.
Courbe rampante, c'eft le limon d'un efcalier de
bois a vis , bien dégauchi iblon fa cherche ram-
pante.
CouREE , ternie d'Architeaure. Ligne courbe. Curva.
Il y a en Architeéture deux efpèces de courbes , les
unes planes, lesautres à double courbure. Les cour-
tes planes , font celles qu'on peut exaétcmcnt tra-
cer (ur un plan ,lc;quelles fe rcduifent pour l'ufa-e
de la coupe des pierres aux ferions coniques & aux
ipirales. Les courbes à double courbure font celles
qu'on ne peut tracer fur une furCice plane qu'en rac-
courci , par le moyen de la projedion ; telles font
la plupart des arrêtes des angles des entoncemens
des voûtes , qui fe rencontrent. Frézier
Courbe , terme d'Horlogerie. La courbe 'd'une pen-
dule d'cquation ,e;l; une pièce en forme d'cllipl-e,
qui rentre dmx fois fur elle-même.
Courbes d'arcajje , en termes de Marine , font des
pièces de Iiaifon aflèmblées dans chacun des angles
delà poupe, d'un bout contre la liife de hourdi ,
& en retour contre les membres du vaifl'eau.
Courbes Jt fo^^re-arc^T^^. Ce (bnt des pièces de bois
polées en fond de cale, &attachées du bout d'en bas
fur les membres du vaiffeau, & par en haut arcbou-
tces contre l'arcaffc. En général les courbes pren-
nent le nom des chofes aufquelles elles font em-
ployées. Courbes du premier ^pom, courbes du haut
pont , courbes de la clef des érains , courbes de la
iainre-barbe , courbes de la dunette , courbes du
château d'arrière, co//; /5« de bittes , courbes d'écu-
bier ; on appelle au/Ii courbes à équerre, courbes à
faufle équerre , des courbes qui ont la figure , la fi-
tuation exprimée par ces mots.
Courbes de r^orge , & par corruption coupe-gor^e ,
ci-de)fus expliqué au mot cotf/je. * °
Courbe , en termes de Manège , efl: une tumeur dure
& calleufe qui vient en longueur au dedans du jar-
ret du cheval. Tumor duriis ,callofus.
Courbe , f f. en termes de rivière , fe dit de deux che-
vaux accouplés qui fervenr à remonter les bateaux
fur les rivières. Eijuorum copula. Il faut dix ou
douze courbes de chevaux pour remonter ce bateau
fbncet.
|^_On appelle encore courbe fur les rivières, une
pièce de bois arrondie, placée des deux côtés d'un
bateau foncct, tant derrière que devant , fur lei-
quelles on ferme les cordes du bateau.
COUR BEMENT. f. m. L'adion de courber. Curva-
tio, ir.Jiexio. Le courbemeni d'un arc. Tachard.
Il n'eft pas ufité.
COURBER , v. a. mettre hors de la ligne droite ,
^fT donner des direélions différentes' aux parties
d'une chofe. Cor/r/»i?r une pièce de bois , (S'c. Cur-
yare, infleclere II faut courber cette voûte en arc,
en plein cintre; il feroit trop dangereux de la faire
toute droite. Courber une règle.Le srand âge l'a
courbe.
Il s'emploie quelquefois neutralement. II cour-
boit fous le faix.
On le dit auffi avec le pronom pcrfonnel. Qtr-
v> O U 97 9
varl , Inèurvari , Il faut fe courber pour pa/fer r-r
un guichet de prifon , il commence à fe courb.r.
Linfolem devant moi lie fe ccinha jam.iis.
Racine,
COURBÉ , ÈE, p:in.Curvatus, infiexus. Il eft devenu
bolîu pour s'être tenu trop long-temps courbe. Le
fardeau des ans & des fatigues a rendu ce vieillard
tout courbé.
Tandis que libre encor , malgré les deftinées ,
Mon corps n'eji point co\x\.hè fous le faix des années.
BûIL.
Courbé , en termes de blafon , c'eft la fituation des
dauphins , & des bars , qui ne s'exprime pas , par-
ce que c'eft leur pofturc propre &c naturelle. On
le dit des fafccs un peu voûtées en arc.
COURBET, f. m. C'eft la partie d'un bât de mulet,
qui eft élevée en forme d'arcade fur les aubes. Cur-
vatura, Pomey.
COURBETTE , f. £ terme de Manège. C'eft un faut
médiocre du cheval , ÇfT qui lève égalemenr les
deux piés de devant en l'air, & les rabat auffitôc
en élevant ceux de derrière. SurrcFas ahcrndtim.
cruribus^ numcrofus inceffus. On dit, manier un
cheval à courbettes , le mettre à l'air des cour-
bettes.
On appelle courbettes les révérences qu'on eft
forcé de faire dans de certaines occalions , comme
dans la follicitatlon d'un procès. On eft obligé de
faire mille courbettes à des gens qu'on n'a Jamais
vus , ou que l'on connoît quelquefois pour n'être
pas dans nos intérêts. Expreflîon du ftyle familier.
On dit figurément & bafTement , qu'on fait allcc
un homme à courbettes , lorfqu'on a plein pou-
voir fur lui, qu'on le gourmande , qu'on lui fait
fahe les choies de haureur. Aliquem cum impcrio
fieclere.
COURBETTER , v. n, faire des courbettes. Mon
cheval ne fait que courbetter. Surreclis altcrnatim
cruribusnumerosi incedere. Il faut dire, faire des
courbettes , aller à courbettes.
COURBUPvE, f. f. inclinailbn d'une ligne en arc •
état , qualité de la chofe courbée. Curvatura , cur-
vamen , curvatio. La Courbure d'une voûte eft ce
qui fait fa force.
COUPvCAILLET , f. m. le cri que font les cailles,
Coturmcis fibiLus. C'eft auffi un petit fiftiet qui
imite le cri des cailles , &: qui lert d'appeau pour
les attirer, Aucupis fiflula quâ coturnices illicit. Il
eft fait de cuir qui fe pliife en rond , s'étend , & qui
fe reflerre pour former ce bruit. On a porté autre-
fois des habits , des chauffes faites en courcaillet ,
parce qu'elles étcient pliffées de la même manière
que cet appeau.
COURGE , f.m. terme de Vigneron. Il fe dit du bois
qu'on laiffe à la taille.
COURGE , EE , vieux adj. qui s'eft dit par abrévia-
tion & corruption pour courroucé , fâché. îratusy
indignatus , a , um.
COURCELLE , f. f. petite cour. Les experts des bâti-
mens fe fervenj: dece terme dans leurs rapports. Les
cours &: cour celles joignantes ; pour dire , les grandes
cours & les petites qui font auprès.
COURSER , fe courfer. Mot du vieux langage , fe
fâcher , fe couroucer.
COURCIER , f. m. place à l'avant , & au milieu
d'une chaloupe, où l'on pointe une pièce de canon.
Cela ne fe dit proprement que des galères. Locus in
triremi librando tormento deftinatus. Voyez Cour-
sier.
COURCIVE, f f, terme de Marine. Demi-pont que
Ton fait de l'avant à l'arrière des deux côtés de cer-
rains petits bâtimens qui ne font point pontes.
COURÇON, f. m. tetme d'arrillerie. Pièce de fer
longue qui fe couche tout du long des moules des
pièces , 6c cjui fert à les bander ou à les fcfrer.
HliHHhh ij
<,8o COU
CouRçoN eft auffi le nom qu'on donne a une forte
de ter. Le fer de cour^on eft par gros morceaux de
deux , trois S£ quatre pics de long , 6c de deux
pouces &: demi en quarrc.
fer On appelle encore courçon , le boiî qui na pas
la longueur marquée par l'Ordonnance. ^
On donne encore le même nom a des pièces qui
relient dans les jivières de quelques batardeaux
qu'on y a faits , & qui bleifent quelquefois les ba-
COUREAU , f. m. Vieux mot françois , qui fignifioit
• harr^3 , coulips & verroux. Feclis , pejfu/us. On le
trouve en pkdicurs Coutumes , & il le du encore
dans les Provinces, aufli bien qaeceurou. Ce mot
vicn de courir.
On appelle aufll coureau un petit bateau de la
Garonne qui fert à charger les grands
GOURÉE, COUROT, S/ COUROL, termes de
Marine. Compohtion de fuif, de foutre, de refinc
Se de verre pile, donr on frotte les vaiifcaux pour
les mettre en mer, ou pour faire un voyage de long
cours , pour conferver le bordage. Pice , jebo, jul-
vhure, refind, navem nnire.Q_Mnd on dit, fuiver
un bâtiment, c'eft lui donner la courée. Puare.
CoûRÉE fe dit en quelques endroits pour une treilure
de mouton. Fifcer a, inujîina. C'eft la même choie
que Corée.
f3- Ces mots courée & corée ne font d ufage que
dans quelques Provinces parmi le peuple , pour
défigner une freffure. . i r ■
|Cr COU RESE. CKrr«z^. Rivière de France dans le Li-
mofin , qui a fa fource près de Tulle , palle à Brive,
& fe jette dans la Vcsère.
COURET. royf{ Courée.
COUREUR, f. m. Léger à la courfe , qui fe pique
de bien courir. Curjbr , fladiodromus. Aux ]eux
Olympiques il y avoir des Lutteurs , des Counurs
& autres gens excellens en toutes forces d'exercices.
Coureurs , en teimes de Guerre , font des Cavaliers
détachés pour battre l'cflrade , pour aller aux nou-
velles & à la découverte des ennemis. Speculatores,
exploratores, antecurfores. On le dit aulli de ceux
qui font la petite guerre. , , ,
Coureur, en termes de Manège , eft un cheval de
felle propre pour la courle , & particulièrement
pour la chaffe. Equus curfor. Ce Seigneur a une
vingraine de coureurs dans fon équipage de chalîc.
On appelle coureur de bague, coureur de retes,
celui qui court la bague , les têtes , qui eft propre
pour cela. Voye^ ces mots. ^
fp" On appelle auffi coureur , un homme qu on
trouve rarement chez lui, qui va, qui vient , qui
eft fouvent en ville ou en voyage. Vagus , erro ,
errahundus. C'eft un coureur perpétuel qu'on ne
trouve jamais à la maiion.
Coureur fignifie auffi un inconftant en amour , qui
en va conter à toutes les femmes. Levis , inconjUins,
varius Une Dame de mérite veut de l'attachement ,
& ne fauroit aimer un coureur.
gO" On appelle cowrez/r^ d'inventaire, ceux qui font
dans l'habitude d'aller aux inventaires. On dir fami-
lièrement dans le même fens , coureur de fermons ,
d'indulgences , de concerts , &c. Affiduus m men-
Çarum affecla , qui courr les bonnes tables. Cou-
reur de Bénéfices , celui qui eft âpre à chercher des
Bénéfices , qui envoie en Cour de Rome pour ob-
tenir des provifions ou par mort, ou par dévokit.
Dom Diesio Lucifugue de Quevedo étoit un coureur
d'aventures nodlurnes , & on l'appeloit le coureur
de nuit. Nûclurnus , noclambulus, nociivagus, nociua-
hundus. . n
Coureur fe dit auffi d'un jeune homme qui elt aux
gardes d'une perfonne de qualité, pour aller a pic
dans tous les lieux de la ville où on l'envoie , &
pour en rapporter promptcment des nouvelles.
Curfor. Ce n'eft que depuis peu qu'il y a des cou-
reurs en Franc-, &: c'eft une mode venue d'Italie.
On appelle chez le Roi , coureur de vin , cerrain
Pfiicier qui porte à là fuite du Roi , à la chalîe 6c
COU
ailleurs, du vin , de l'eau &: de quoi faire collation,
COUREUR de bois du Canada. Ce font les habitans
de ce pays , François de nation ou d'origine , qui
vont trafiquer ac pelleteries avec les Sauvages, amis
de la nation françoife.
IP" COUREUSE , f. f. Ce mot ne s'emploie plus
dans la fignification de coureur. L'idée acceflbirc
que nous y avons attachée , tait qu'il eft toujours
pris en mauvaife part , pour fignificr une femme
ou une fille proftituée. C'eft um courtuje , une in-
fâme. Vénus n'cft plus la mère des tendres amours,
c'eft aujourd'hui une coureuje & une eiironcée , qui
fe proltitue à tout le monde. G. G. On dit dans le
même léns , une coureuje de pont-ntuf , de rem-
parts. Les latins les appcloient, Vug,i femina, va-
gahunda , projiibulum.
COURGE , i. f. Lucurbita loKg.i folio molli , flore
â//'0. Plante qui eft du mên;e genre que la caleballe;
elle n'en diffère que par la figure de (on fruir qui eft
alongée. Voye^ Calebasse. Il y en a de cultivées
& de lauvages. Les courges de jardin qu'on m.mge
font de trois Ibrccs , longues, rondes & plates,
mais ne diffère, nt que par la figure. Matthiok die
qu'on en peut changer la forme p;.r art, en choiiii-
fant les graines : Si que celles qui font le plus près
du cou tont venir les longues , celles du milieu les
rondes , & celles des côrcs les courtes & les plates.
Que lî on veut avoir de groffes courges , il en faut
planter la graine fens deîïïis dcllbiis. flO" Si Mat-
thiole dit cela , l'expérience prouve le concraire»
La femence de courge eft une des quatre grandes
femences froides.
II y en a qu'on nomme courges d'Inde , parce
qu'elles font venues des Indes occidentales , qui fe
confervent toute l'année , qui font de diifcrente
grandeur , forme & couleur , mais de même tem-
pérature que les nôtres. Leur feuille eft fcniblable
à celle de la vigne , leur queue & leurs larmens
gros , âpres &c velus , leur fleur femblable à celle
du lis , Se leur graine a une amande plare. La co-
loquinte eft une efpèce de courge fauvage. Co/o^
cynthis.
Courge fe prend le plus fouvent pour le fruit. On
mange la courge apprêtée comme le concombre.
Courg"e fignifie auffi un bâton qu'on met fur l'épaule,
aux deux bouts duquel on attache des fe.iux pour
porter de l'eau dans les ateliers. Baculus fujiinendis
utrinquejitulis.
Nicod croit que ce mot eft corrompu de courbe ,
& eft ainfi appelé à curvitate.
Courge , en Architedlurc, eft une efpèce de corbeau
de pierre ou de fer , qui porte le faux manteau
d'une ancienne cheminée , Mutulus.
COURGIE , f. f. Vieux mot qui veut dire fouet , 5c
qui eft la même chofe que Corgie.
COURIER , f. m. ( l'Acad. écrit courrier ) Poftillon
qui fait métier de courir la pofte , de porter des
dépêches. Curfor, veredarius. Il a été dépêché un
Courier extraordinaire pour cette affaire, parce que
l'ordinaire étoit parti. Il y a des ofEces de Couriers
du Cabinet , le Maître des Couriers.
ffj" On appelle Courier du Cabinet ceux qui portent
les dépêches du Roi ou de fon Confeil.
sfT On appelle auffi courier tout homme qui court
la pofte , quoiqu'il ne porte aucunes dépêches,
Voye[ Poste.
L'antiquité a eu auffi fes couriers ; elle en a eu
de trois (brtes : des couriers à pié , que les Grecs
appeloient hemerodromi , c'eft- à-dire couriers d'un
jour. Diarii curfores. Pline, L. //, c. 71 , f^U , c. io„
Cornélius Nepos , L. / , c. 4. Ccfar , Comment»
L. Fil, c. ; , parlent de cerrains de ces couriers
qui avoienr fait 20 , 30 & ;(î lieues en un jour , &:
Jufqu'à 40 dans le Cirque pour remporter le prix;
des couriers à cheval qui changeoient de chevaux
comme on fait aujourd'hui. L'ufage des couriers eft
même beaucoup plus ancien. Xénophon l'attribue
à Cyrus, L. FIU de la Cyropédie. Hérodore ,
L. FUI, c. f)7 & p8 , dit ^u'il étoit ordinaire chez
coir
les Perfes , 5c qu'il n'y a rien dans le monde de
plus vice que ces fortes de MefTIigers. Il ne paroît
pas cependant qu'ils couruifent, car ils ne chan-
geoienc de cheval qu'au bout du jour. Cyrus , dit
Xcnophon , examina ce qu'un cheval pouvoir faire
de chemin par jour ; & à chaque journée de cheval
il fit bâtir des écuries , y mit des chevaux & des
gens pour en avoir foin. II y avoir auifi dans cha-
cune de ces polies un homme qui , quand il arrivoit
un Courier , prenoitle paquet qu'il apportoit, mon-
toit fur un cheval frais , &c tandis que le premier fe
tepofoit avec fon cheval , il alloit porter les dé-
pêches à une journée de là , où il trouvoit un
nouveau cavalier qu'il en chargeoit, & ain/i de
même jufqu'à la Cour. Hérodote dir précifément
la même chofe des Perfes en général ; ainfi c'étaient
plutôt des meflagers que des couriers. Les Perfes
appeloient cette forte de courfe aVv*/"!»", Ans^a-
i%ium , peut-êrre de "i;0 qui en Hébreu iigni(ie
diffluxit , diff'udu, effudit fe. Ces couriers alloicnt
jour & nuir.
Il n'ell pas iîir que les Grecs ni lesRomains,avant
Augufte, aient eu de ces fortes de poftes réglées',
mais il eft fur qu'ils ont quelquefois couru en chan-
geanr ainli de chevaux ; rémoin Gracchus , dc>nt
parle Tite-Live , L. XXXFll , £. 7 , &: Vibullius ,
<ionr parle Céfar, De Bello Civili , L. 111, c. 11.
Augufte fut le premier qui établit des poftes ré-
glées; mais on couroit en char. On courut enfuite
à cheval , comme il paroît par Socrace , L. FUI.
<le fon Hiji. Eccl. c. 157. Il y avoir des chevaux pu-
blics entretenus pour cela : &: il parle d'un courier
nommé Palladius fous Théodofe , qui alloit de
Conftantinople aux confins de la Perfe en trois
jours , & revenoir de même. C'étoit faire environ
60 lieues par jour. Je ne trouve point en quel
temps ces couriers à cheval commencèrenr dans
l'Empire Romain.
Les couriers des Turcs changent aufli de mon-
ture , mais en prenanr le cheval frais du premier
qu'ils trouvent en chemin , Sc le contraignant de
prendre à la place le leur qui eft recru. Ghalcond.
X. IX, c. 14.
Au lieu de couriers , on s'eft fervi & on fe fert
encore de certains animaux pour porrer des nou-
velles. Un Roi d'Egypte avoir, dit-on, une cor-
neille dreffée à porter fes lettres où il vouloir. En
Orient , à Tyr , à Alcp , on fe fert de pigeons.
Voyei le voyage du P. d'Avril , &: ci-defTus au mot
Alexandrette. D'autres fe font fervis d'un chien,
d'aurres d'hirondelles. Foye^ Pline, L. X, c. 24,
33 <£• 55 , & Oforius , HtjL Liifit. L. III.
CouRiïR, Curfor, fe rrouve aulfi quelquefois dans le
moyen âge pour coureur , gens que l'on envoie de-
vant loi pour découvrir les chemins , ou examiner
s'ils fonr sûrs , & quelquefois pour un laquais , un
valet de pié. Voyez le Glo[faire de Cédrenus par
Fabror , au mot Kaioe-oin-,
Courier s'cft aulfi dit autrefois pour Cellérier , dit
de S. Julien, dans fon Origiiie des Bourguignons ,
apparemment parce que fon devoir éroit de courir
& aller çà & là pour les affaires remporelles, tandis
que les autres étoienr rranquilles à l'office.
Courier éroit aulîi une charge dans la maifon des
Prélats féculiers, &: cerre charge étoir confidérable,
comme on en peut juger par la qualité de ceux qui
la polfcdoient. Correarius, Conrearius, Courrerius.
Gui de RofTiUon étoir le courier de la ville de
Vienne l'an i ^ 57 ;&: l'Archevêque Bertrand de la
Chapelle ayanr inccrdir Sibond de Ciermont de
l'Office de Miftral , il commir pour en faire les
fondions le même Gui de Roffillon. Jean Feuche-
rand l'étoit l'an 1381, & Pierre de Bufferent l'an
1385. Les fondions du courier étoient de tenir la
main à l'exécution des ordres & des réglemens de
l'Archevêque. Le courier avoir beaucoup de parr au
gouvernement, car il renoit lieu de Bailly pour
l'Archevêque , & dans une rranfadion faite entre
Bertrand , Archevêque d'Embrun , &: Gui XIII ,
COU
981
Bâuphin , le courier de l'Archevêque eft oppcfé
au Bailly du Dauphin , nommé le premier , & ap-
pelé Juge comme lui. Dans un Regiftrc des Ar-
chives de la ville de Vienne , te courier eft appelé
Vicegérent , Correxrius , feu Ficegerens. Le courier
en effet étoit Lieutenant de l'Archevêque au tem-
porel de l'Arehevêché. La qualité en eft dortnée;
dans un Regiftre à Antoine, Seigneur de GroUée ,
qui eft appelé Noble & puiffanr homme. Nobilis &
potens vir Dominus Antonius à Groloa , Miles ,
Correarius Fiennx, locum tenens Domini Archi-
epifcopi in temporalibus. Les Princes laïcs avoient
aulfi leur courier. Guyonnet de Tochelow croit
courier de la Cour temporelle de Vienne l'an \%\6
pour l'Archevêque , &: Renaud de Morel pour le
Dauphin. Enfin cette charge , quoique diviféc , a
duré avec honneur jufqu'au XVI' fiècle ; car l'ait
15 10, Pierre de Martel, Genrilhomme d'ancienne
noblefle , l'excrçoir encore dans Vienne. Il eft vrai
qu'infenfiblement ce qu'elle avoir d'éclat s'eft éteint
après lui. Chorier , À///, du Dauph. L. XI, p. 864,
En un mor courier eft le nom que l'on a donné
aux Procureurs ou Intendans des Evcqùcs , Abbés ,
Prieurs & Communaurés Eccléfiaftiques. Il eft en-
core en ufage dans ce fens à la Grande-Chartrcufe ,
où celui qu'on nomme le courier eft proprement le
Procureur de la Maifon. Valbonnet, Aïem. pour
l'Hifl. du Dauphiné i Difc. F, c. 4.
Il y a lieu de croire que l'Officier de l'Evêque
nommé Conrearius , Jîve Courrerius , n'eft point
différent de celui qui fe préfente en plufieurs en-
droits du Confulaire de l'Églife de Grenoble , fous
le nom de Procurator Epifcopi. Id.
Le Courier éroit le fécond Magiftrat de la ville
de Vienne •, l'Official en étoit le premier : celui-ci
avoir la connoiffance des matières qui apparte-
noient à la Juridiélion Eccléliaftique ; & le cou^
rier exercoi&la Jurididion purement laïque Sc
remporelle. Tous deux étoient établis par l'Arche-
vêque , & leur autorité étoit une émanation de la
Tienne. ïd, Tom. Il, p. io8.
L'emploi de cet Officier ne fe botnoit pas K
veiller aux intérêts de ceux qui l'avoient commis j
il faifoit quelquefois les fonétions de Juge , ou
même celles de Procureur Filcal. Valbonnet , ibidt
M, le Préfident Valbonnet , à l'endroit cité ,
écrit que c'étoit en qualité d'Abbé de S. Bernard
de Romans , que l'Archevêque de Vienne avoir un
Courier qui exerçoir fa Juridiélion dans la ville ^
que fes fondions étoient forr limitées , & ne con-
fiftoient prefque qu'à renit la main à l'exécurioii
des Jugemcns , ôi à la punition des criminels après
leur condamnarion j à quoi fe rapportent afîéz
celles de Vicegérenr, ou de Lieurenanr de l'Ar-
chevêque pour le remporel ; qui étoient des litres
que le courier mertoit quelquefois dans fes quali-
tés , comme on l'a vu ci-deifus. Dans le procèi
que l'Archevêque de Vienne eur à la Cour du Pape
en 1359 conrre le Dauphin Humbert , il prétend
que ce font encore des droits de fon courier, d'in-
former de roures fortes de crimes , & de faire mer-
tre les criminels dans fes priions , d'établir des
gardes pour la sûreté de la ville , & d'avoir inl-
peélion fur tout ce qui regardoit la Police.
Le courier de l'Evêque de Grenoble avoir une
autre prérogative. Il pouvoir convoquer l'arrière
ban & les milices , & faire mcrtre les habitans de
la ville fous les armes au nom de l'Evêque , comme
il paroir par une afTîgnarion donnée au crieur public
en 1337. Valbon.
Il y avoir aufTi un courier entre les Officiers de
Juftice de l'Archevêque & du Chapirre de Lyon ,
&c cette charge y éroir aufTi confidérable , puifque
l'on ne rrouve que des Gentilshommes qui l'aient
exercée. Ils avoienr auffi leurs couriers dans leurs
principales rerres. Ces couriers avoiear leurs Lieu-
rcnans. Cer office éroir annuel. Foye:^ le P, Ménef-'
trier , Hiji, de Lyon ,/'.555) 6" fuiv.
cou
cou
Jeiiis comniilllons ,& qu'ils envoyoïcnt par- tout oi,
ils avoient des ordies , des lettres , des avis , de^
nouvelles à porter ou à quérir. Les Empereurs ci
eurent auHi , & dans l'Empire de Ccnftantino-
ple on les ippclzCurJ or es. 11 y eut audi dans le-
premiers temps des Couriers dans l'Eglile. Curjv-
rcs. Ils ctoient chartjes , dans le temps de la perle
cution, de porter les lettres des Lveques, Se a'aver-
tir les Fidèles du temps &: du lieu où le devoien
faire les aHemblces pour célébrer les faints Myftè-
res. Cell à ces Couriers de la primitive Egliic
qu'ont (accédé les Couriers Apojtoli^^ues. Lear de-
voir cft d'avertir les Cardinaux , les Ambaffadeun
&: les Princes du Trône , de le tioL-vej; aux Con-
liftoires, aux Cavalcades èc aux Chapelles que tient
le Pape. Leur habit d'ordonnance eft une robe vio-
lette , & ils portent un bâton d'épine en main
Chaque Cardinal eft obligé de leur donner audien-
ce fur le champ , en quelque état qu'il foif, & ii
les écoute debout & à découvert. Le Courier lu
parle un gcnouil en terre. Aux Ambailadeurs ôv
aux Prince^s du Trône, ils ne mettent point de gc-
nouil en terre. Ils convoquent encore le lacré Col
iège & les quatre Ordres Mendians aux obf.'que^
. d'un Cardinal. Ils adiftent aux Cavalcades où le
Pape le trouve , Se entourent la litière montée lu;
des mules , vêtus de leurs robes violettes , &: por-
tant en main une malîe d'argent. C'cft eux aulfi qu
ont loin d'afficher les Bulles , les Décrets , les Coni-
titutions du Pape aux portes de S. Jean de Latran,
de S.Pierre de Rome, du Palais de l'Inquilition
&: de la Chancellerie Apoftolique , 5c au champ de
Flore. Ils font dix-neuf. Il y en a un qui, pendant
trois mois , exerce rofSce de Maître, comme au-
trefois dans l'Empire parmi les Couriers Palatins ,
Curforcs Palatini,\\ y avoit le Prévôt des Couriers ,
Prœpojïtus Curforum , comme on le voit fur d'an-
ciennes infcriptions. C'eft au Maître iéul des Cou-
riers que font adrcflees les commiiHons lignées par
le Pape , ou par le Cardinal Préfet de la iignature de
Juftice. Foyei Piazza , Eufeèoiog. Rom. Trcicl, IL
chap. \6.
Au refte il faut dire en notre langue , Ccz/rùr
' Apofiolique , & non pas Curfeur Apofiolique , com-
me font les Auteurs du Morery. Toutes les tra-
duélions françoifes que j'ai vues des Bulles ou Conf-
titutions des Papes difent Courier , à la rcferve
d'une , qui dit Curfeur.
Il y en a aulfi qui lignent Courier de N. S, P. le
Pape , & de la fainte Inquijition ; en latin , Santif.
D. N.Papx, &fancliff. Inquijîtionis Curfor ; ce que
la traduélion de la Cenfure du Catécliifme de la
Grâce appelle HuiJJîer de N. T. S. P. & de lafain:^
Inquijiùon. Cela ne fe trouve qu'aux Décrets de l'In-
quilition.
COURIÈRE fe dit poétiquement de l'aiirore qui vient
annoncer le jour. Lucis pmnuncia. Et de la lune,
qu'on a appelée , la courière des mois , l'inégale
courière des nuits.
Déjà des fombres nuits la changeante Courière
Trois fois avoit fourni fon ohfcure carrière. P. Le
Moine.
fer COURIR & courre, v. n. quelquefois aciif. Aller
de vîteiTe pour avancer chemin. Il fe conjugue de la
manière f.iivante. Je cours , tu cours , il court. Je
courais. J'ai couru , je courus , je courrai. Je cou-
Tois. Cours , qu'il coure , que je couruffe. Currere.
^3° Il ne faut pas fe fervir indifféremment de courir
èc de courre. Ce dernier n'a lieu que dans quelques
laçons de parler que Tufaee a autorifées, comme
quand on dit courir ou courre le lièvre ; courir ou
courre la bague, 8c dans quelques autres occalîons
dont nous parlerons plus bas.
fer Courre , dit M. l'Abbé Girard , eft un verbe
adlif. C'eft pourfuivre quelqu'un pour l'àttraprr.
Courir cil un verbe neutre. C'eft aller fort vite pour
avancer chemin.
ffT On dit courre le cerf; courir à toute bride ; &
il me lemble que ce ne leroit pas mal de dire , que
pour courre les bénéfices & les emplois , il faut cou-
rir aux ruelles & audiences.
03" Excepté CCS cas , 5c ceux dont nous parlerons ,
on doit toujours dire courir , ôc l'on peut même
s'en feivir par tout où l'on a le moindre doute.
En difant courre , on peut faire une faute ; en di-
fant courir , on n'en lait jamais. C'eft un homme qui
court bien , il court comme un Bafque. Il coun à
toutes jambe, , a bride abattue. On y court comme
au feu , comme à la noce. Concurritur. La more
étant la dernière de toutes les chofes , c'eft bi n af-
fez qu'on aille à elle d'un pas allure > fans que l'on
y coure. Vaug.
Oui toujours un amifcait pl.iire quand il aime ;
AuJLCOurs d'un ami , toujours prêt à courir.
Il ne garde Jes biens que pour le fecourir.
Que dit-il , quand il voit avec la mort en trouffe
Courir cke^ un malade , un affajftn en horUe ?
BoiLEAU.
Quand les Officiers de la Porte vonr prendre féaa ■
ce au Divan , ils n'en approchent qu'en ourant,
y ayant des Capidgis qui crient à ceux qui mar-
chent d'un pas trop lent -.feghyrt , qui lignine cours^
voulant faire entendre par cette précipitanonavec
laquelle tous valets en Turquie approchent leurs
Maîtres quand ils fonr appelés , la prompte obéil-
fance qu'on doit aux coramandemens de la juftice.
DU Loir.,/). 78.
Courir pris adiivement lignifie, pourfuivre avec del^
fein d'artaquer. h:fequi-, perfequi. Courir quelqu'un
pour le prendre. Courir quelqu'un l'cpée dans les
reins.
Courir fe dit, en ce fens , des incurfions , hoftilitcs &
ravages qui fe font à main armée. Pradari. Cette
garnifon vient de courir jufqu'à nos portes. Les
Corfaires vont courir les Mers, Les troupes ont cou-
ru cette Province.
Courir fe dit aufli des courfes qui fe font par jeu &
par tjisxcicc. Decurrere , fiadium currere. Alexan-
dre ne voulut pas courir aux jeux Olympiques : â
moins que des Rois n'y courulfcnt. Dans les Acadé-
mies on court la bague , les têtes , le faquin. Equcf-
tri ad annulum trajicicndum decurjione ajLire. En El-
pagne on court les taureaux. Courir une lance.
Courir 0« Courre, entérines de Chaiîe , fignifie ,
pourfuivre le cerf, le lièvre , le chevreuil. Perfequi,
feclari. LaiJîer courre\ç% chiens , c'eft les découpler
après la bête ; & l'on appelle le Liiffer courre le
lieu où l'on découplé les chiens , en fàifant un fiibf-
tantif des deux infinitifs-, on dit encore d^ln pays
commode pour la chaîle , que c'eft un beau courre.
Courre un cheval dans les manèges, fignifie, foire
galopper un cheval de toute fa force , le faire courre
à bride abattue , étant monté defTus. E^ujis habe-
nis a^itare^ concitare. Vous avez trop couru ce
cheval , c'eft-à-dire , vous l'avez outré , fait courir
trop vite & trop long tems.
Courir fismifie encore , voyager , aller çà 5c là , par-
courir. Pere^rinari , errare , vagari. Cet homme
a bien couru par mer 5c par rerre. Il a couru l:s
quatre coins du monde. On dit en ce fens qu'an
homme a bien couru le monde , ou fimplement
qu'il a bien couru: pour dire, qu'il a beaucoup voyn-
gé. On dit des g?ns inquiets , qu'ils courent de tous
côtés, Se cependant qu'ils ne viennent d'aucun en-
droit, 5c ne vqnt nulle part. La Brut.
L'infenfé qu'il était
S'en alla follement , & croyant être un Dieu ,
Courir comme un bandit qui n'a ni feu ni lien.
Boii..
cou
fCFOn dit famîlicremcnt donner à courre A quelqu'un,
le Tnettre dans la nécelfité de faire bien des pas
tyT On dit d'un homme qui a i'efprit troublé juf'-
qu'à être extravagant , qu'il ell fou à courir les
rues , à courre les champs.
^fT En ftyle populaire , courir la prétentaine. Aller
ians s'arrêter. Courir ou courre le guilledou , aller en
débauche.
Courir , en termes de marine , lignifie , faire rouie ,
gouverner, porter le cap du côté où l'on veut aller.
Excurrere. Ce vaiflêau a courte deux Jours fous un
»iême rumb , fous un même méridien. On appelle
Courir des bordées diiférentes, quand on eft obli-
gé à louvoyer & à faire divers reviremens. Courir
ou coarre à l'autte bord, c'eft cingler à un rumb
de vent oppofé à celui que l'on fait. Quand on ré-
pond à la qaeftion , où court-il, qwi veut dite,
quelle route tient-il ? // court comme nous ; c'eft-à-
dire,il fait la même route que nous. Courir Nord
c'cfl; aller au Nord ; courir Sud , c'eft aller au Sud ,
ou du Sud au Nord.Cb/zrir en longitude , c'eft aller
del'Eft à l'Oueft, & de l'Oueft A. l'Eft. Co.vnr en
latitude , c'eft cingler du Nord au Sud , eu du Sud
iu Nord.On dit qu'unvailfeau a couru fur fon ancre ,
lorfqu'étant pou/fé par le vent , ou par le courant
de la mer , il a été porté vers l'endroit où l'ancre a
mouillé. Courir terre à terre, ou cabottcr, c'eft aller
le long de la côte. Courir la mer , c'eft aller en h ui-
te mer ■, c'eft aufîi aller , venir , faire diverfes cour-
fes fur mer pour butiner. Courir le bon bord , par-
mi les Corfaires , fignifie attaquer les vaifleaux mar-
chands dont la prifc peut enrichir. Dans le ftyle fi-
guré &: famdlier , courir le bon bord , c'eft fréquen-
ter les mauvais lieux. Courir bord fur bord, c'eft
louvoyer tantôt d'un côté , tantôt de l'autre en
chicannanf le vent quand il eft contraire , ou en
attendant un autre vaifleau dont on ne veut pas s'é-
loigner.
Courir au plus près, terme de Marine , c'eft aller
autant qu'il eft poiîîblc , contre le vent : ainfi fi le
vent eft au Nord, on peur aller au Oueft-Nord-
Oueft, où en changeant de bord , à l'Eft - Nord-
Eft.
Courir fe dît auffi des terres , des rochers & des côtes
qui s'étendent félon tel air de vent. Vers^ere , pro-
(cndi. Cette côte court Eft-Oueft', c'eft à-dire , va
<iroit d'Orient en Occident. Ces rochers courent
5ud-Oucft environ tiois lieues ; pour dire, s'éten-
<ient depuis le midi jufquà l'Occident. Le Caucafe ,
ou le Taurus,eft une longue fuite de montagnes qui
'<ourt par le milieu de l'Afie du Couchant à l'Orient.
■ Chevreau.
Courre la bouline. Châtiment fur mer. On fait paf
fer le criminel au milieu de rout l'équipage rangé
en haie des deux côtés , de l'avant à l'arrière , &;
chacun lui donne un coup de corde.
1|3" Courir, terme d'Efcrime. C'eft avancer fur fon
ennemi. Urs,ere aiverjariiim.
Courir le bal, aller de bal en bal. Courir]cs
luelles , aller de vifitc en vifite chez les Dames, f^ir-
gineos cxtus , circulos confeclari.
([f3" Courir ou Courre fus à quelqu'un. C'eft un
ftyle d'ordonnances &: de .déclarations , fe jeter fur
lui , l'arrêter , le tuer. Tout le monde lui court fus.
Il a paru une déclaration qui enjoint de courir fus
l'ennemi.
Courir fignifie aufiTi , fréquenter certains lieux , y
aller fouvent. Sequi , feÛari. Les curieux de ta-
bleaux , de bijoux , courent les inventaires. Les dé-
vots courent les fermons. Les galants courent le bal,
les ruelles. Les Muficiens courentles concerts. On
dit en ce fens , on court un tel Prédicateur. Cet
homme eft fi agréable , que toutes les Dames le
courent. Il ne tient pas à moi que je ne voie Ma-
dame une telle. C'eft afiez qu'elle vous aime pour
me la faire courir , mais elle court après quelqu'au-
tte ; j'ai beau la prier de m'attendre , je ne puis
parvenir à ce bonheur. Madame de Sev.
^3- Courir fe dit encore de certaines chofes qu'on
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fait vîtç , avec précipitation, Lifez aoucement:.,
l'ie courei pas. Gela eft écrit en courant, 'Çu'rjîm. fi
ne faut pas co:<','7> en di.^ant fes prières. • • ,.,.
{?3*CouRiR, dans la fignific.uioi'» de couler ,'fe dit cv,-
tore pour exprimer le Hiouvemcnt des chofes flui^
des, des ruiiîèaux, des rivières , du fang, ùc,
Fluerc. L'eau qui court eft la plus faine. Le fang
court dans les veines. Je fens une humeur qui rti«
coî/r/ dans la tête, -'•:..
Courir fe ditaulfi duxei-nps & des chofes qui fe fuc-
cèdentjou qui coulent l'une après l'autre. Fluerc\
volvi, C'eft le mois qui court , l'année qui court;
pour dire , le mois , l'année préfente. Le ternp"^ de
fon baniii/fement a couru d'un tel jour -, pour dire ,
a commencé un tel jour. On le dit aulll des inté-
rêts qui courent du jour de la demande en juftice'.,
du jour de la conftirution; pour dire , qu'ils font
diis dès ce temps-là. On dit auffi qu'une homme
court fa quarante-cinquième année, court fon an-
née,climadiérique; pour dire qu'il cftparvenu à ces
âges-là. Decurrere.
Co'jRiR fignifie àu(Ti être en vogue , être reçu , -ipr
prouvé. In ufu elj'e , recipi ab omnibus. Il faut fui-
vre la mode qui court. La monnoie qui court, ■
Courir fe dit aufii de ce qui fe publie , de ce qui fe
répand , de ce qu'on fème dans le monde , de ce
qu'on f^it par les mains, ou par la bouche de plu-
fieurs perfonncs. Il court un bruit. Rumor efi, jpur-
gitur^manat. Vous 'verrez courir de ma façon , dans
les belles ruelles, deux chanfons. Mol. On a fait
co?/rir un manifefte fur la déclaration de la guerre.
On a fait courir un libelle contre Thoneur de cet-
te partie. Répandre dans le public j ks chanfons
qui courent par la ville.
IjCr On dit de quelqu'un qui cherche de l'aigent à
emprunter, que fon billet court chea les Notai-
res , & que ces billets courent fur la place , pour
dire qu'on cherche à s'en défaire.
^y On fait courir des billets , le billet , pour aver-
tir ou aflembler des gens qui ont intéiêt à quelque
affaire. , , • .
f^ On fait crz^'ir le billet , pour avertir, des chofes
volées ou perdues. On dit auffi , faire courir une
fanté, pour dire, la faire boire à la ronde. Propi-r
nando cuipiam pateram circumfcrre. On dit auflî »
qu'il court bien des fièvres, des maladies; pour
dite , qu'elles font bien communes que plufieurs
gens en font attaqués.
^fT Dans les délibérations, on dit l'avis, qui cour;.;
pout dire le plus fort, celui qui à plus de voix.
On dit, faire courir la voix-, pour dire, de^-
mander les avis à ceux qui compofent une afTeiU;
blée, AcAD, Fa. ,,, . .
QovKiK-franc i terme de négoce d'argent, qui fç
dit lorfque les Agens de banque ne prennent rien
pour leurs falaires des Lettres de change qu'ils font
fcurnit pour de l'argent comptant.
Courir , en termes de Manufaifture de draps , on
dit que les fils courent , lorfque l'étoff; n'eft pas
aflez remplie de trame, ou qu'elle n'eft pas fu/ii-
famment battue. > ,
Courir la poule , terme de jeu de Triii^rac. Lorfqu'on
eft quatre ou cinq joueurs , & qu'on n'a qu'un feul
triftrac , on peut courir la pouls , 'pour que chacun
s'amufe : on tire au forr pour le rang, chacun met
un petit enjeu , & celui qui peut gagner uo couc
contre chacun des autres ,>irc la poule ; mais quand
celui qui a gagné quelques tours en perd un , ceux
qui n'ont pas encore joué, jouent fucceflivemcnt
contre le dernier vainqueur , après quoi les pre-
miers vaincus reviennent fur les rangs, le premkc
de tous , met un fécond enjeu fur la poule, joue
fa partie , & chacun y pafle à Ton tour , en fournif-
fanr fon enjeu , pour groilir la poule , jufqu'à ce
qu'un des concurrens ait vaincu tous les autres ,
fans interruption. A chaque fois 'qu'un ^ ancieri
vaincu fe remet au jeu, il grofîit toujdurs b i^oulè»
elle devient par-là très-conlidér.-^.bk , pûifquoiî ?.($
584
cou
fouvcnt des femaines Se des mois entiers à courir
la même. , ,v
Quand on veut abréger, on n a qu a convenir
que celui qui gagnera un tour contre chacun des
autres avec ouVans interruption, retirera la poule.
Alors on peut ordinairement hnir dans une leance
un peu longue. L. S.
Courir le dit aulfi figurcmenr en chofes morales.
Currere. Quand Dieu a rél'olu de perdre quel-
qu'un , il le laiile courir aveuglément au précipice.
Sherlock, On court à. la railbn , 6c on cherche
la vcrirc par les doutes &: par la dilpute. Balz.
Il ne faut pas s'ctonner que tant de gens courent
après la fauflc gloire -, puifqu'il en eft fi peu qui
connoiflent la véritable. Ab. de S. R. Si les Ef-
pagnols ne courent point au péril , c'eft moins par
timidité que par prudence. S. Ea^r. Il faut Ibrtir
de la carrière de la fortune , quand on ne fe lent
pas propre pour y courir.
Combien de gens voit-on d'une ardeur non com-
mune ,
Par le chemin du ciel courir à leur fortune ?
Mol.
On dit qu'un homme court une belle fortune 5
pour dire, qu'il eft en belle pafle : qu'il court à
i'Evêchc , au chapeau de Cardinal , au bâton de
Maréchal ; pour duc, qu'il y afpire, & qu'il y
a apparence qu'il y peut parvenir -, qu'il court à
la gloire ; pour dire, qu'il n'eftime que l'hon-
neur , que le prix de la vertu. On dit , qu'il court
à l'hôpital, à fa ruine, à fa perte j pour dire,
qu'il conduit fes affaires de manière à fe perdre,
à fc ruiner proniptcment. Ruere in exitium ,
in Tuinam. Courir à l'hôpital eft familier. On dit
aufTi qu'un homme coiirt hafard , court fortune ■■,
pour dire , qu'il lui peut arriver du bien t<. du mal.
Subire periculum , akam.
Votre honneur avec moi ne court point de hafard.
Et ri a. nulle difgrace à craindre de ma part.
Mol,
On dit encore , qu'un homme veut bien courir
tifque de quelque choie , quand il la prend à fes
périls ^: fortunes -, qu'il veut bien que la perte
tombe fur lui. On dit encore , qu'un homme a
bien couru des fortunes en fa vie ; pour dire , qu'il
a bien cifuyé des périls, des dangers.
|iCr Courir après les honneurs, après les richefles ,
&c. les regarder avec ardeur. Honores , divitias e.x-
petere , concupire. Courir une charge , un béné-
fice , &c.
§0" Courir un bénéfice, lignifie aufli, envoyer un
Courier à Rome ou à celui qui a la nomination
du bénéfice pour être le premier à le demander.
On dit aulTi courre un bénéfice. Voye^ Courre.
|tT Courir fur le marché de quelqu'un. Dans le
propre , c'eft enchérir fur lui pour emporter ce
qu'il marchande. Au figuré , c'eft vouloir empor-
ter fur lui une chofc à laquelle il a prérendu le
premier. On dit aulTi courir fur les brifées de
quelqu'un , expreffions familières.
^Cr Courir après fon argent , continuer à jouer ,
regagner ce qu'on a perdu. Proverbialement cou-
rir après fon éteuf , fe donner bien de la peine
pour recouvrer un bien qu'on a laifle échapper.
Je me fuis payé par mes mains pour ne pas cou-
rir après mon éteuf.
Couru , ue. part. Il a la fignification de fon verbe en
latin comme en firançois.
COUR-LAYE. f. f. C'eft une Jurididion féculièrc
oppofée à la Juridiiilion Ecclcfiaftique.
COURLIS ou COURLIEU, f. m. efpèce d'oifeaa
aquatique qui a un grand bec façonné en fau-
cille, C/orf«J 5 parce qu'en volant il prononce cor-
c ou
lieu. Voyez Corlieu. Il y a le courlis de plaine qui
eft plus grand Se plus gros que la perdrix , & plus
haut monté fur lés jambes. Sa tête eft pUn grande,
plus gfoilé , & autrement faite , auiîl bien que le
bec qui eft plus long. 11 court de grande vîtciîe ,
il fe plaît particulièrement dans les plaines Si les j
terres iabouiécs. Cet oiieau ne chante point, mais 1|
il fait un cri, ou plutôt une forte de iifflcment,
que l'on entend de très-loin. L'on en voir en Ef-
pagne & en Sicile , dans les montagnes où croiifent
le nard & le romarin ■, on en voit auIli en France.
Ils font leurs nids de même que la perdrix -, leur
chair n'a pas moins de bonré ni de délicatelfe que À
celle de cet oil'eau. Si l'on en veut nourrir , il "
faut leur ajufter une petite loge, dans laquelle ils
le puinént rerirer, & y même du gravier Se des
pierrailles , S: quelque rouffc d'herbe , parce qu'ils
fe rerirenr volontiers entre les pierres. Ils ne font
pas difficiles à nourrir, parce qu'ils mangent toutes
fortes de grains.
0CF COUP-OI , f. m. teime de Marine , fynonimc J
à CouRÉr & COURET. 1
■^ COUROIR , f. m. terme de Marine. Paflage
étroit pour aller dans les chambres.
COURUNDI, f. m. grand arbre toujouis vert, qui
croît aux environs de Paracaro , & dans les Indes
Orientales. Le fuc exprimé de fes feuilles , pris dans
du lait chaud, guérir la diarrhée Se la dyllenterie.
Les amendes de fon fruit, préparées de la même
manière , produifent le même effet. Ray. Hifi.
Plant.
COURONNE, f. f. C'eft une marque de dignité :
ornement que les Rois & les Souverains mettent
fur leur tête pour marque de leur pouvoir abfolu.
Se fur tout dans les grandes cérémonies, Corona.
L'antiquité la plus reculée ne déféra les couronnes
qu'à la Diviniré. Bacchus fut un des premiers qui
s'en para : après, les Sacrificateurs en mirent fur leurs
têtes. Se fur celles des victimes. Arhénée, L. XV ,
6e Q. Fabius- Pidor , £. / , dii'enr que Janus eft
l'inventeur des couronnes , que c'eft lui qui s'en \
fervit le piemier dans les facrifices. Mais Pline , ■
L. XVI , c, 4 , dit que c'eft Bacchus. Phérécydes ,
ciré par Tertullien , de Coron, c. 7 dit que Saturne
e-H; le premier qui fe foit couronne 5 Diodorc , que
ce fut Jupiter après fa vidloire fur les Titans i
Léon l'Egyptien, qu'Ilis fe couronna la première
d'cpics de blé dont elle avoit appris l'ufage aux
hommes. Il ajoute que Claudius Saturnius avoit
compofé un livre des couronnes , où il rraitoirde
leur origine, de leurs caufes, de leurs efpèces , Se
des cérémonies qu'on obfervoit à cet égard.
Les premières couronnes n'étoient qu'une ban-
delette dont on fe ceignoit la tête , Se qui fe lioit
par derrière , comme on le voit aux têtes de Ju-
piter qui font fur les médailles. Voyez-ie fur
celles des Ptolomées d'Egypte. Les Rois de Syrie
font aulïi fouvent couronnés de même. Quelque-
fois on les faifoit de deux bandelettes •, enfuite on
prit des rameaux de differens arbres ; puis on y
ajouta des fleurs ; Se Tertullien, à l'endroit cité,
écrit qu'il paroiffoir par le Livre de Claudius Sa-
turnius qu'il n'y avoir aucune plante dont on
rit\xiiz.\tàz^ couronnes. Pline, L. XXI , c, ^ , dit
que P. Claudius Pulcher fut le premier qui mit
aux couronnes une perire lame ou bande de mé-
tal. Les Rois Macédoniens de Syrie font les pre-
miers qui portèrent fur les médailles la couronne
rayonnante , radiata. Les couronnes des Dieux
étoient dirfetentcs. Celle de Jupiter étoit de fleurs ;
elle eft fouvent de laurier fur les médailles ; celle
de Junon , de vigne ; celle de Bacchus , de vigne,
de raifins , de pampres , de branches de lierre char-
gées de fleurs Se de fruits ; celles de Caftor , de
Pollux Se des Fleuves , de rofeaux -, celle d'A-
pollon de rofeaux ou de laurier ; celle de Sa-
turne , de figues nouvelles & fraîches ; celle d'Her-
cule , de peuplier ; celle de Pan fe faifoit de pin
ou d'yèble ; celle de Lucine, de didame j celle
des
des Heures , de fruits propres de chaq-ue raiion 5
celles des Grâces , de branches d'olivier , aulH-
bien que celle de Minerve ; celle de Venus , de
loles ; celle de Ccrès , d'épics , auffi-bien que celle
d'Ifis ; celles des Lares, de myrte ou de roma-
rin , &c.
Non-ieulcment les couronnes farent employées
pour les ftatues & les images des Dieux , pour
les Prêtres dans les Sacrifices » pour les Rois
& les Empereurs j mais encore on couronnoit les
autels j les temples , les portes des maifons , les
vafes facrés, les vidlimes, les navires, ùc. les
Poètes , ceux qui remportoient la vidoire dans les
jeux folennels , les gens de guerre qui le diftin-
guoient dans quelque adlion.
Eufcbe de Célarce commence ainli le panégy-
rique qu'il fir à la dédicace de l'Eglife de Tyr'en
315. O ! Am.is de Dieu & Pontifes, qui portez
la fainte tunique , & la couronne célefte de gloire ■■,
paroles qui montrent que les Evcques avoient des
habits particuliers & des ornemens , au moins dans
l'Eglile , &: pour les faints myRères ; d'autant
plus qu'il eft fouvent parlé de leur couronne. Euseb.
L. X, c, 5.
Les Empereurs Romains ont quatre fortes de
couronnes fur les médailles. 1°. Une couronne de
laurier. 1°. Une co«ro/z«e rayonnée. 30. UnecoK-
Tonne ornée de perles , 5c quelquefois de pierre-
ries. 40. Une efpèce de bonnet à peu près fem-
blable à un mortier , ou au bonner que les Princes
de l'Empire mettent fur leur écu.
En France , les Rois delà première Race îz con-
tentoient d'ordinaire d'un diadème d'or : quelques-
uns portoient une couronne \ '^omxt. ^ ou radiale,
à la manière des Empereurs Romains , comme on
le peut Voir fur les médailles du bas Empire \ car
les Empereurs de la race des Ccfars ne portoient
qu'une couronne de laurier. On remarque fur les
monnoies fabriquées fous la féconde Race, que la
tête des Rois eft toujours couronnée de lau-
rier. Louis VI & Louis VII , delairoîfième Race
portent une couronne faite en forme de bonnet
carré , avec des fleurons ou des fleurs de lis aux
extrémités. Le Blanc. Charlemagne fir faire une
couronne d'or enrichie de pierres précieufes , &
rehauiféc de quatre fleurons. On la garde dans le
tréfor de S. Denis. ,Sous la II Race , c'étoit la cou-
tume que les Rois dans les grandes fêtes paruf-
fent à l'Eglife avec leurs ornemens Royaux , la
couronne fur la tête , le fceptre à la main , Z'. re-
vêrus d'un manteau Royal. P. Daniel. Dans le
onzième fîècle ils la recevoient de la main des
Evêques. Ainlî Yves de Chartres témoigne , Ep.
66, 6-!, 84, que le Roi Philippe reçut une fois
à Noël la couronne de la main de l'Archevêque
de Tours , & une autre fois à la Penrecôte de
quelques Evêques de la Province Belgique. Ce qui
n'avoir rien de commun avec le Sacre , puifque
Philippe avoir été facré à Reims l'an 1059, par
l'Archevêque Gervais, & que le Sacre ne fe fai-
foirpas deux fois, mais une fois feulemenr au com-
tncncement du règne. On met fur la tête des Rois
cette couronne quand on les facre. Il n'y a que
les Rois & les Souverains qui aient droit de por-
ter la couronne fur la tête. Les anciens Ducs ,
Comtes & Pairs , ou ceux qui les repréfentent au\
Sacres des Rois , en porrent auifi pendant la fo-
lennité feulement. On croit que Charles le Chauv.
eft le premier de nos Rois qui ait accordé la cou-
ronne aux Ducs , parce que nos annales difcnt
qu'en ^-/6. étant revenu de Rome à Paris , il v fir
BofoH fon beau - fcèr» Duc de cette Pro-
vince , en lui mettant fur la tcte une couronne
Ducale.
Tous tes Rois ont une couronne }
Tous ne la Javent pas porter ;
Tous au pouvoir qiCelle donne
Nefaventpas réjîjîer, CoohAV.
Tome II,
Si vous n^aVe^ pas la couronne ,
C^eji la fortune qui la donne ,
lljujpt de la mériter, S. EvR.
Du Cange dit que l'Empereur recevoir une triple
couronne : la première d'argent en Allemagne , là
féconde de fer dans le Comté de Milan ", & la
troifième d'or en divers lieux : & que l'Empe-
reur Frédéric I eut cinq couronnes d'or , la pre-
mière à Aix-la-Chapelle ; pour le Royaume de
France; la féconde à Ratilbonne , pour celui d'Al-
lemagne j la ttoifième à Pavie , pour celui de Lom-
bardie , la quatrième à Rome pour l'Empire Ro-
main ; 6c la cinquième à Monza fur le Lambro
dans le Milanois , à rrois lieues de Milan, pour
le Royaume d'Italie. Au couronnement de Charles-
Quint on apporta d'abord la couronne de fer qui
eft celle du Roi des Lombards , que les Empe-
reurs recevoient anciennement à Milan , &: puis
enluite la couronne d'or qui eft celle dts Empe-
reurs Romains. La Princefle Théodelinde de Ba-
vière ayant fait renforcer d'un cercle de fer Isl cou-
ronne d'or qui fut mife fur la tête d'Agilulphe
Roi des Lombards fon époux .à la cérémonie de
fon couronnement , qui fe fit à Milan l'an 590 ou
591 , les Empereurs dm pris de là , félon quel-
ques Auteurs , la courume de prendre une cou-
ronne à leur inauguration , en qualité de Rois
des Romains , qui ne s'appelle plus que la cou-
ronne de fer i à caufc du cercle de fer qui cfe
dedans.
Gélior, dans fon Indice jirmorial , tient que
ce mot de couronne vient de corne , parceque les
couronnes anciennes étoient en pointes , & que
les cornes étoient des marques de pui/fance i dz
dignité , de force , d'autorité 8^ d'empire : &c dans
laSainre Ecriture les dotnes font fouvent prifes pour
la Dignité Royale. Corne 6c couronne en hébreu
font expliqués par le même mot. Couronne coro-
na , vient des Celtes j qui difent Curum 8c Coron,,
Pezron. L'invention des couronnes eft attribuée
par quelques Auteurs à Janus , parce que plufieurs
monnoies de Sicile &c d'Italie avoient fur le re-
vers l'empreinte d'une couronne 6c de f autre côté
un Janus à deux têtes, comme le dit Athénée.
Charles Pafchal, Confeillcr d'Etat, a fait un fa-
vant ouvrage latin en X livres , de Coronis , iin-
primé à Paris //2-40. en i<j 10 , Se M. Raudelot j dans
VHifloire de Ptolomêe Auletes , a fait beaucoup
de remarques échappées à Pafchal. M. Du Cange
a fait une lavante 6c cutieufe Dilfertation fur leS
couronnes de nos Rois. Un Allemand, nommé
Shmei^ell , a fair un Traité fur les couronnes Roya-
les, tant anciennes que modernes.
Couronne antique. C'cft une couronne formée pat
une feuille tournée en cercle, &c découpée en
grandes poinres jufque vers la bafe ou cercle qui
entoutie le front , telles que font les couronnes
des Princes d'Iralie. Il y r». des efpèces d'amaranthe j
qui ont les étamines découpées en couronne anti-
que. DicT. DE James.
Couronne, en termes de Blafon , fe dit aulTi delà
repréfentation de ces ornemens qu'on met pouC
timbie aux armoiries , pour marquer la dignité des
perfonnes. Elles font même plus anciennes que les
cafques ; 6c c'étoit autrefois une marque de Che-
valerie , 6c un fymbole de viiftoire 8c de ttiomphe*
On appelle couronnes rayonnées , ou à pointes j
celles des anciens Empeteurs , qui avoient douze
pointes , qui repréfentoient , dit-on , les mois de
l'année. Corona radiata. On appelle couronnes per'
lées ou fleuronnées , celles qui ont des perles, des
fleurons d'aches ou de perfil , comme étoient au-
trefois prefque toutes les couronnes , même celles
des Souverains , qui n'ont été mifes fur leurs
écus que depuis environ deux cens ans, Corona
gemmata , florida. Il y en a de plufieurs fortes.
La couronne paprika eft compofée d'une tiare,
XlIIii
^^6 COU
Ss. crâne triple couronne quf environne la tiare >
laquelle a deux pendans , comme la mitre des
Evcques. Ces trois couronnes reprcientent le Pape
com.me Souverain Sacrificateur , comme Juge fu-
prême , & comme le i'eul Légiflateur des Chré-
tiens.
Celle de l'Empereur efl un bonnet ou tiare
avec un demi-cercle d'or , qui porte la figure du
monde, cintré &; fommé d'une croix. Elle fait
voir l'on bonnet entr'ouvert ilir les deux côtés de
fon cintre, & elle a par le bas deux fanons ou
pendans , comme les mitres des Evëques.
Celle du Roi de France efl un cercle de huit
fleurs de lis cintré de fix diadèmes qui le ferment ,
&c qui portent au defllts une double fleur de
lis , qui eft le cimier de France. Le Roi Charles
VIII efl le premier qui l'a porté fermée. François I ,
l'a portée fouvent ouverte. Mais depuis Henri II ,
tous les Rois de France , &: même ceux des aurres
Royaumes , l'ont porré aulfi fermée : ce fut Charles
VII qui le premier mit la couronne fur l'éculfon
des fleurs de lis.
Celle du Rûi d'Efpagne e(l rehaufifée de grands
trèfles refendus , que l'on appelle fouvent hauts
jleurons , & couverte de diadèmes aboutiffans à
un globe furmonté d'une croix. Philippe II a été le
premier des Rois d'Efpagne qui air porté la cou-
ronne fermée en qualité de fils d'Empereur.
Celle du Roi d'Angleterre efl rehauflce de quatre
croix de la façon de celles de Malte , entre Icf-
qucUes il y a quatre fleurs de lis. Elle efl couverte
de quatre diadèmes , qui aboutiiîent à un petit
globe fupportant une même croix.
Celles de la plupart des autres Rois font de
hauts fleurons ou grand trèfles , & aulîi fermées
de quatre, fix ou huit cintres , ou diadèmes, &c
fommées d'un globe croifé.
Celle du Dauphin de France efl de même que
celle du Roi , à la réferve qu'elle n'eft fermée que
de quatre diadèmes, formés par quatre Dauphins.
Celles des Enfans de France font ouvertes par le
haut. Se ont feulement les huit fleurs de lis. Les
Princes du Sang Royal portent feulement quatre
fleurs de lis , entre lefquelles font des fleurons.
Bonifâce VIII efl le premier des Papes qui a mis
trois couronnes fur fa tiare. Ce n'efl que depuis
cent ans que les Evcques Comtes ont mis des cou-
ronnes fur leurs armoiries.
Le Duc de Savoie , qui fe qualifie Roi de Chy-
pre , porte fa couronne fermée de deux demi-cer-
cles couverts de perles , & au de (fus un globe fur-
monté de la croix de Saint Maurice , qui efl
tréflée.
La couronne du Duc de Florence eil ouverte ,
Se rehaufTée de deux fleurs de lis épanouis , & de
pointes &c rayons aigus à la façon des couronnes an-
tiques.
Celle des Archiducs a un feul demi-cercle en
cintre, garni de perles , qui porte un globe croifé,
6c efl relevée de huit hauts fleurons enfermans un
bonnet rond d'écarlate.
La couronne des Eleifleurs de l'Empire efl une
efpèce de bonnet d'écarlate , & retroufle d'hermi-
nes, diadème d'un demi-cercle d'or , tout couvert
de petles , fommé d'un globe furmonté d'une croix
d'or , que quelques Souverains d'Allemagne s'attii-
buent aulll.
Les Républiques de Venife Se de Gênes ont
aufll des couronnes fermées , <à caufe des Royau-
mes de Chypre Se de Sardaignc.
Les Seigneurs qui ont des terres en princi-
pauté , portent la couronne à l'antique ■, un cercle
d'or rehauflè de douze pointes ou rayons aigus.
La couronne ducale efl toute de fleurons à fleurs
d'ache , ou de perfil.
Celle des Marquis efl moitié fleurons & moitié
perles alternés.
Celle des Comtes efl de perles fur un cercle d'or.
On les appelle perles de compte , parcequ'on ne
COTÎ
les vend pas au poid'; ni à l'once j maïs félon lent
nombre. -
Celle des Vicomtes efl compofce de neuf perles ,
de trois en trois entaflccs l'une lur l'autre.
Celle des Barons efl une efpèce de bonnet avec
tortil ou des tours de perles en bandes fur le
cercle.
Les Vidâmes portent aufTi des couronnes qui
font d'or , garnies de perles , rehauflces de quatre
croix pâtées , qui marquent qu'ils ont été érigés
pour erre les appuis de l'Églife.
En Italie , nul ne met la couronne fur fes armes,
6c le doge de Veniie feul y met le bonnet Du-
cal, qu'on appelle ordinairement /e corne. En Al-
lemagne toutes les couronnes des dignités lont
également faites de feuilles de perhl &. à bas fleu-
rons. Les couro72nes ne (onz pas des preuves d'an^
cienne noblelfe , & ceux qui les portent n'ont
pas ce droit en qualité de Gentilshommes , mais
feulement comme étant Seigneurs des terres qu'ils
pofledent, qui ont titre pour les porter.
Le P. Méneftrier, dans les Origines desornemens
des armoiries^ prétend que c'ell par les monnoies
que s'efl introduit l'ufage de couronner les écul-
fons ; que l'on commença fous Charles VII à faire
des gros dont le revers étoit une co///o72/2e , .eus
laquelle il y avoit trois fleurs de lis fans écuflbn •■,
que fous Charles VII , on mit la couronne fur l'é-
cuffon de trois fleurs de lis dans i'ccu d'or , Se
qu'on a toujouts contmué depuis ; qu'avant ce
Prince, on ne fçavoit ce que c'étoit^que de cou-
ronner les écuflons, parce qu'ils étoient ordinai-
rement penchés ; qu'aucun noble Vénitien , en
quelque dignité qu'il ibit, ne peut mettre unecow-
ronne fur fes armoiries -, que M. le Prince Henri
de Condc efl le premier des Princes du fang qui
a porté la couronne purement de fleurs de lis ; que
ce n'efl que depuis loo ans que les Evèqucs qui
font comtes ont mis des couronnes fur leurs ar-
moiries.
Couronne efl aulïl un ornement donr on charge
les écus des armoiries. L'écu de Suède c(l chargé
de rrois couronnes , pour marquer la Suède , la
Norwège Se le Dannemark. La ville de Cologne
porte aulfi rrois couronnes , en mémoire des trois
Rois qu'on prétend y être enterrés. Plufieurs villes
d'Efpagne portent aufli des couronnes par con-
cefîions des Rois.
CouE-ONNE fe prend auflt figurément comme fyno-
nime à Royaume & à la qualité de Souverain.
Reonum. Nous fommes venus pour lui ôter la cou-
ronne. Agathocle , fils d'un Potier , parvint à la cou-
ronne. Cette maifon prétend à la couronne de Cal-
tille. Charles V renonça à la couronne y abdiqua
l'Empire. On paye un droit pourle joyeux avè-
nement du Roi à la couronne. La couronne de
France n'efl point héréditaire -, elle appartient au
premier Prince du fang par la loi du Royaume ,
fans qu'il foit héritier , ni obligé aux dettes de
fon prédécelfeur. Louis VIII , quoiqu'il ne gou-
vernâr pas par lui-même , a été l'un des plus ja-
loux des prérogatives de fa couronne. P. d'Orl.
C'efl un crime impardonnable que d'avoir touché
à la couronne , Se avancé la main pour la iaiiir.
De Larrey.
La plus telle couronne.
N'a que de faux brillans dont l'éclat L'environne,
' , Corn,
Plus la haute naiff'ance approche des couronnes ,
Plus cette grandeur mime ajfervit nos perjonnes, Id.
On dit traiter de couronne à couronne , pour
dire , trairer de Souverain à Souverain. On le dit
auffi figurément Se par manière de raillerie , en
parlant des perfonnes particulières, lorlqu'un in-
férieur veut trairer avec fon fupérieur , comme
s'il étoit fon égal. Acad. Fr,
o V
Couronne fîgnifîe aiiffi le corps de l'Etat teptcfenté j
par le Souverain. Regnum. Il y a eu fouvent rup-
ture entre ces deux couronnes. Les biens de la
couronne font inaliénables , & avec le temps font
réunis à la couronne. Le Prince eft indirpenfa-
blement obligé de maintenir les droits de la cou-
ronne , dont il n'eft que le dépositaire. Le Rgi
d'Efpagne a perdu un des plus beaux fleurons de
fa couronne , en perdant la Hollande. Le Connc
table , le Chancelier , font des Officiers de la
couronne. Les Secrétaires du Roi fe dilent Secré-
taires de la maifon &; couronne de France , &
des finances.
Couronne Royale, Ordre de Chevalerie. Ordo mi-
litarisa corona re^ia nuncupatus. On prétend qu'il
fut inilitué par Charlemagne. Les Chevaliers por
toient inr l'eftomac une couronne en broderie d'or.
L'Abbé Juftiniani en parle, T. 1 , c 14, & le P.
Hélyot, F. I , c. 33,/'. 171. Cet ordre s'appelle
l'ordre de la couronne , ou les Chevaliers Frifons
ou de Fril'e -, il fut inftitué l'an 8oz. Ils por-
toient une couronne impériale dorée fur un habit
blanc. Voye^ Frise. Cet ordre n'a exlftc que dans
l'imagination de quelques écrivains modernes.
Foye^ le premier tome de l'Hijioire des Ordres
Religieux par le R. P. Hélyot ■■, mais il y a eu
un véritable ordre de la couronne , inftitué par
Êngucrrand VII , Sire de^ Couci , & Comte de
SoiHbns. Foye^ Dom Duplelfis , Hijl. de Couci ,
p. 88 , 89.
Il eft tait mention de cet ordre dans des let-
tres de confirmation que Louis , Duc d'Orléans ,
accorda aux Pères Céleftins de Villeneuve , après
iqu'il eut acheté la terre de Couci , & le Comté
de Soiflbns. Ces lettres font inférées dans le Cartu-
laire de la Chambre des comptes de Blois, de l'an
."397 :> fol. 54. v°. Il le trouve un fceau de ce
Prince à là Chambre des Comptes de Blois où il
eft repréfenté , tenant une couronne renverfée , at-
tachée au bras droit à une courroie paiice dans une
boucle. On voit aulfi fes armes au château de Blois
&c à l'Hôtel de Ville, au bas defquclles il y a aullî
une couronne renverfée. Cette couronne pourroit
être la marque de l'ordre de la couronne , infti-
tué par Engucrrand de Couci , que le Duc d'Or-
léans auroit confervc après être devenu Seigneur
de Couci & de Sdiffons. P. Hélyot, T. FUI,
C. 39.
Couronne fe dît , par extenfion , de plufieurs orne-
mcns qu'on met liir la tête pour marques d'hon-
fteur ou de réjouiifance. Corona, Conftantin mit,
pourairifi dite, la couronne (\xï\^ tête de l'Églife.
Herman. On donne aux guerriers des couronnes
de laurier j aux amans, de myrrhe •, aux'; buveurs ,
de lierre. Les bergers portent des couronnes de
fleurs dans leurs fêtes. Quand l'Ariofte eut reçu
la couronne des mains de Charles V , il fut fi
tranfporté , qu'il courur toute la ville , plus fu-
rieux que fon Roland. Henry Lorit ayant été cou-
ronné par Maximilien I , recevoir les étrangers
qui le venoient voir dans une falle magnifique
affis dans un fauteuil qui lui fervoit de trône , la
couronne fur la tête , fans leur faire l'honneur de
leur dire un feul mot.
Chez les Romains , il y avoir diverfes couronnes
poui récompenfer les exploits militaires. Jl^i cou-
roTine ovale étoit la première -, elle étoir faite de
myrte, & fe donnoit aux Généraux qui avoienr
vaincu des ennemis indignes d'exercer la vaillance
romaine , Se à qui on décernoit les honneurs du
petit triomphe appelé oy^/io/z. Ov^Z/j. La féconde
croir la navale ou roflrale , qui croit un cercle
d'or relevé de proues éc de poupes de navires qu'on
donnoit au Capitaine ou foldatqui , le premier
avoir accroché ou fauté dans un vaifleau ennemi.
Navalis vel rojlrata. La troifième , nommée val-
iaire ou caflrenfe , étoit aulîi un cercle d'or re-
levé de paux oit de pieux , que le Général don-
noit au Capitaine ou foldat , qui le premier avoir
C Ô Xj ^Sj
franchi le camp ennemi , &c force la palKTadei'
Fallaris , cajirenjis. La quarrième, wz/ra/t;, étolE
un cercle d'or crénelé, qui fe donnoit à celui qui,
le premier avoir monté fur la muraille d'une ville
aifiégée , &: y avoir arboré l'étendatt. Muralis,
C'eft auflî iiir les médailles , l'ornement des Gé-
nies & de Déités qui les protègent. C'eft pour-
quoi Cybèle , la Dcefle de la terre , & rous les
génies particuliers des Provinces & des Villes ,
portent des couronnes tourclées. La cinquième j,
civique, étoit faite d'une branche de chêne vertj,
qui fe donnoit à un citoyen qui avoir fauve la vie
à un autre citoyen dans une bataille ou dans un
affaut. Civica, Elle étoit fort eftimée , & fut même
donnée à Augufte , & il en fut fait des monnoies
avec cette devife , oh cives fervatos. On la don-
na aufll à Ciccron après qu'il eut découvert la
conjurarion de Catilina. La iixièrae étoit la triom-
phale faite de branches de laurier , qiii fe don-
noit au Général qui avoir gagné quelque baraille ,
ou conquis quelque province. Triumphalis. On la
fît d'or dans la fuite. La feptième étoit VohJiJio-
nale ou gr aminée , parce qu'elle fe faifoit de gra-
mcn , ou des herbes qui fe trouvoient fur le ter-
rain. Objldionalis vel graminea. Elle fe donttoic
aux Généraux qui avoienr délivté une atmée ro-
maine affiégée des ennemis , & qui les avoienr
obligé .à décamper. La huitième étoit auili une
couronne de laurier , que les Grecs donnoient aux
Lutteurs , & les Romains à ceux qui avoient mé-
nagé ou confirmé la paix avec les ennemis ; c'é-
roir la moins eftimée. Laurea. Les couronnes ra-
diales fe donnoient aux Princes , lorfqu'ils éroicnr
mis au rang des Dieux , foit devant, foit apl'ès
leur mort ; cette forre de couronne n'érant pro-
pre qu'à des Déités, dit Cafaubon , je ne préterts
pas néanmoins faire de cela une maxime conftante;
mais aucun Empereur vivant ne l'a prife avant
Néron. Les couronnes Athlétiques étoient defti-
nées à couronner ceux qui remportoient le prix
aux jeiix publics. On voir la couronne d'ache des
jeux iftmiens fur une médaille de Néron. Adrien ,
en faveur d'Antinous, en fit faire une de Lotus à
laquelle il donna fon nom Antinoeia j qui fe
trouve fur des médailles. Il y a des couronnes
Sacerdotales ou Pontificales pour les Prêtres. Les
Déités ont des couronnes particulières, Bacchus
eft couronné rantôt de pampre, rantôt de lierre. Her-
cule en porreune d'un feuillage femblableau lierre.
Ccrès en porte une d'épics de blé. Flore en porte
une de fleurs. P. Jobert. Jupiter eft couronné
d'un diadème , ou de laurier. Enfin , on fe cou-
ronnoit de fleurs , de rofes , & fur-roiu de myrrhe
& de lierre dans les feftins & dans les parties
de divertiffemens , tant chez les Grecs que chez;
les Romains , comme on le voit fi fouvent dans
Anacréon & dans les autres Poëres. Quoique tous
les noms des couronnes dont nous avons parlé
foient latins , nos antiquaires & nos médaîUiftes
ne font point de difficulté de s'en fervir , ils les
emploient tous , & ils font devenus François, /^oy,
les Sciences des médailles , par le P. Jobert , Jé-
fuite ,p. Kjp & fuiv. de la dernière édition.
Sur les médailles , les couronnes des Empereurs,
depuis Jules Céfar , fonr ordinairement de laurier j
le droit de les porter lui fut accordé par le Sé-
nar , & depuis conrinué à ks fucceOeurs, Juf-
tinien eft le premier qui a pris une efpèce de
couronne fermée , qui tantôt eft plus ptofonde eti
forme de bonner , Si tantôt plus plate , appro-
chanr du mortier de nos Préfidens, excepté qu'il
eft furmonté d'une croix , & fouvent bordé de per-
les .^ double rang. C'eft ce que M. du Cange ap-
pelle Camelaucium.
En rermes de Théologie , on dit la couronne
de gloire , ou la couronne du ciel; pour dire la béa-i
titude éternelle. Corona glorice , corona ccelejlis. La
couronne du Martyre •, pour dire la récompenle
certaine qui eft due aux Martyrs. Laurea Marcy^
I II I i i ij
5^8 COU
mm. Voyez le Jclliirc RolVeid dans fon favant
Onomajiicon. On onie aiiiii la tête des faints d'une
couronne de rayons , quand ils font canonilcs. Co-
rona radiata. Les Hiftoriens parlenc de la couron-
ne d' épines dont Jeûis-Chrifl: ùu couronné. Corona
fpineu. Ils alUuencque Baiidoum, Empereur des La-
tins à Conftantinoplc , en fit un prélcnt à Saint
Louis , qui la ht tranlporter en France avec beau-
coup de pompe & de ccrcmonic. Il en diftribua
dévotement quelques morceaux aux cglifcs qu'il
afi-eélionnoit. On la conlervoit avec véncration
dans la Chapelle Impériale à Conitantinoplc. Ce-
pendant aucun Auteur plus ancien que le XIP
Hccle n'en a parlé. Cet Auteur affirme qu'elle lub-
iiftoit de l'on temps , & que les épines en étoicnt
toujours verres, Hîst. de S. Louis. S. Louis dé-
gagea à les frais la couronne d'épines de N. S. 5c
un morceau confidérable de la vraie croix , & d'au-
tres précieules reliques , qui avoient été engagées
par Baudouin , Empereur de Conftantinoplc , pour
une trèsgroiFe fomme d'argent. La couronne d'épi-
nes fut quelque temps après apportée en France,
& placée dans la Sainte Chapelle , où l'on la garde
encore aujourdhui , comme un des plus riches tré-
fcrs qu'il y ait dans le monde. P. Daniel, T. i,
p. 30, Elle eft enfermée dans une chafle qui eft
derrière l'autel , foiitenue de quatre colonnes.
Quelques auteurs , après Clément Alexandrin ,
prétendent qu'elle étoit de ronce , ex rubo. D'cu-
tres, qu'elle étoit de burgcpine , ou nerprun, i?;e
rhamno. D'autres , d'épine blanche , & d'autres ,
de jonc marin. Ceux qui l'ont vu à la Sainte
Chapelle font de ce dernier fentimenr.
Couronne le dit auill de la tonfute cléricale que
l'on fait fur le haut de la tête des Eccléfiafi:iqucs.
C'ell un petit rond de cheveux qu'on raie au Ibm-
met de la tcte , qu'on fait plus ou moins grand,
félon la dignité des Ordres qu'on a reçus. Corona
Clencorum. Celle de Clerc eft la plus petite. Celle
des Prêtres Si des Moines elt la plus grande.
Une coxironne monacale. La couroime cléricale
ii'étoit autrefois qu'un tour de cheveux, qui re-
préfentoit véritablement une couronne \ on le re-
marque aiicment dans pluheurs ftatues & autres
monumens anciens. Quelques Religieux la portent
encore ainii , comme ceux de S. Dominique Si
de S. François. Grégoire de Tours dir que S.
Pierre Apôtre fut Auteur de cette couronne , en
mémoire de la couronne d'épines de N. S. On
appelle en quelques rituels la première tonfure ,
Benedi&io corona. Voyez Ratrame dans fon /i'
Livre contre les Grecs -^ c, 5 , où il piarle de la cou-
ronne cléricale. Anciennement on coupoit les che-
veux .en forme de couronne aux Religieulés Se aux
Vierges qui fe confacroient à Dieu. Il y en a
un exemple du feptième fiècle dans VHiftoire des
Chunoinejfes de A'iye//e, Voyez le P, Héi.yot ,
T. FI, C.54.
Couronne , en termes d'Anatomie , c'efl: la bûfe du
gland. On remarque autour de la couronne , des
corps gros comme une (o\p fine de porc , longs
d'une demi-ligne, défigure prcfque cylindrique ,
pofés parallèlement fur cette couronne , félon la
direélicn du gland , Si éloignés les uns des au-
tres d'un tiers de lisne. C;n entrevoit .à l'extré-
mite poltcrieure de chacun des corps , un petit
trou par où j'ai fouvent fait fortir une matière
blanche S: épaifle , qui, en fortant, fe forme en
filets , comme celle qu'on exprime des glandss des
paupières. Ce qui prouve évideniment que les pe-
tits corps de la couronne du gland ibnt des ailan-
des, auflî bien que celles des paupières , Si non
pas des mamelons de la peau gonflés , comme quel-
ques-uns croient , puifqu'il ne forr aucune ma-
tière par les mamelons de la peau. Littre , Acad,
des Se. 1700. Mèm , p. 508.
Couronne eft aufïl un petit chapelet qu'on dit à
l'honneur de la Vierge , qu'on appelle la couronne,
Corona Beata Virginis.
COU
En termes de guerre , on appelle ouvrap i.
couronne , ou ouvrage couronné , ou couronnement ,
des dehors avancés vers la campagne pour éloigner
l'ennemi , &C couvrir d'autres ouvrages de la place,
Opus coronacuin. Cet ouvrage eft compofc de deux
demi-baftions aux extrémiités , d'un baftion entier
au milieu , avec deux courtines.
Couronne, en termes d'Architecture, fe dit de la
partie plate, fupérieure, 6c la plus avancée delà
corniche , qu'on nomme autrement larmier , gout-
tière , ou mouchctte. Corona.
Couronne, terme de Charpcnteric Si d'autres Arrs.
On appelle couronne de pieu , la tête d'un pieu qui
eft fouvent garnie d'un cercle de fer , pour l'empê-
cher de s'éclater quand on l'enfonce.
Couronne, en Géométrie, eft un plan tetminé ou
enfermé par deux circonférences parallèles de cer-
cles inégaux ayant un même centre , ix. qu'à caufe '
de cela on appelle cercles concentriques, Circull
quitus commune centrum eji.
Couronne , terme d'Aftronomie. Corona, Il y a deux
conftellations de ce nom. La couronne feptentrio-
nale , eft une conftellation de l'hémifphère fepten-
trional , compofée d'environ vingt étoiles. La cou-
tonne feptentrionale eft entre le Dragon , Hercule ,
le Serpent ^ Bootes : cette couronne eft un amas
d'étoiles en forme de couronne. La couronne méri-
dionale , eft une conftellation de l'hémifphère mé-
ridional , compofée de treize étoiles.
En termes de Verrerie, on appelle couronne.,
une efpèce de petit dôme qui porte fut les arcades
du four. Tkolus,
Couronne foudroyante , c'eft une couronne remplie
de feux d'artifice, dont on fe fcrt dans les fièsjes
contre les ennemis. Corona fulminea.
Couronne, petite monnoie d'argent d'Angleterre,
que les Anglois nomment Crowon, & que les Fran-
çois prononcent Corone ; c'eft coramequi diroit à
Paris un écu blanc. La couronne vaur cinq fchelings ,
c'eft--à-dire , trois livres 1 5 fous de France.'
CouF-ONNE , c'eft aufll une monnoie d'argent de Dan-
nemarck.
Couronne , terme de Papetier , papier qui a pour
marque une couronne. Papyrus corcme Jîgno im-
prcff'a. Donnez-moi du papier à la couronne
Couronne, en teimes de Manège, eft une marque j
qui demeure à un cheval qui s'eft fi fort bleiîé au ,,i
genou, que le poil en eft tombé, foit par chute,
foit autrement
Couronne eft auffi la partie la plus bafle du paturon
du cheval qui règne le long du fabot , qui le diftin-
gue par le poil, qui joint Si qui couvre le haut du
fabot. Eqiànce fuff}aginis corona.
Couronne , en termes de Fauconnerie, eft le duvet
qui couronne ou environne le bec de i'oifeau à l'en-
droit où il fe joint à la tête. Faultr, Rojlri orbicu'
lus , corolla.
Couronne, en termes d'Orfèvre, eft la partie d'une
lampe d'Eglife qui porte le verre. Circulus.
Couronne ardente , terme de Fleurifte, tulipe blan-
che de par le milieu de couleur d'agriote -, printa-
nière. Morin.
Couronne //K/?tT/a/^. Plante à qui onadonné ce nom,
parce que fes fleurs fonr difpolees , pour ainfi dire , .
en couronne furmontée d'un bouquet de feuilles. Li- 1
lium perjicum , Corona imperialis. C'eft une plante *
bulbeufe qui a fes fleurs pareilles à celles du li., ordi
naire. Sa racine eft une bulbe épailîe, arrondie,
blanchâtre , compofée de plufieurs membranes ou
tuniques collées les unes fur les autres ; & d'une
odeur dclagtéable \ elle pouffe quelques feuilles
approchantes de celles du lis blanc. Entre ces feuilles
s'élève une tige grofle comme le doigt, arrondie,
lavée d'un pourpre foncé , haut de trois pies envi-
ron , Si garnie de feuilles placées fans ordre ix plus
petites que celles du bas. Ses fleurs ne différent de
celles du lis blanc que par la couleur S<: par la fi'gure
du fond de ces mêmes fleurs. On trouve le plus
fouvent fix pétales à chaque fleur, Si ces fleurs font
C Olî
"ïonjours penchées & difpofces en manière âe cou-
ronne à rextrcmitc de la tige, qui eft ilirmontée par
un toupec de t'euilles plus larges que celles de la
tige. Le piftil devient un fruit divilc en trois loges
qui renferment chacune deux rangs de fenicnce. 11
y a des Courcnncs impériales à fleurs jaunes & à
fleurs rouges, celles-ci font les plus ordinaires.
Celles qui donnent double rang de fleurs , ou des
fleurs doubles, font les plus rares.
Cette plante fleurit au mois d'Avril. Elle eft en-
core appelée le Lis Royal ; fcs fleurs reflèmblent à
des lis, bien qu'elles n'aient pas les bords renverfés,
& qu'ils ne s'écartent pas tant à l'ouverture. Elles
ne viennent pas toujours dans un nombre égal ,
quelquefois il en fleurit peu , & quelquefois beau-
coup. L'ordre S<. l'arrangement de Ton tout change
au/li-bien que la couleur de fes fleurs. Il y en a à
un, à deux &i à trois étages. Chaque feuille de
Cette fleur -a dans le fond une certaine humeur
aqueufe , qui forme comme une perle très-blanche ,
qui dillille peu à peu des gouttes d'eau très-nettes
Si très-claires, Voye:^ Morin , de la Culture des
fleurs. La couronne impériale ne veut de foleil que
médiocrement , une terre à potager , la profondeur
&. la djftancc de quatre doigts. Comme l'oignon
n'a point de robe, & qu'il eft fort tendre , il ne faut
îc 1-ever de terre que pour en détacher les cayeux i
ce qui fe fait au mois de Septembre ; & on les
replante auiri-tct. Si on les veut tenir hors de terre ,
il faut les ferrer dans des boîtes &c les enveloppe r
dans du papier. Morin.
Dans un Recueil de Differtations critiques fur
des endroits difficiles de l' Ecriture , &c, imprimé à
Paris en 171 5", l'Auteur montre dans la /i' DiJJer-
tation que li c'cft une fleur qui fe voit au revers de
quelques médailles d'Hérode I, c'eft une fleur de
couronne impériale ; que la couronne impériale eft
ïe Lis de l'Ecriture, ou le \V}^W des Kcbreux , qui
croiiibit dans la Terre-Sainte ; qu'elle nous eil:
venue de Perfe ; qu'on l'y appelle Tliufai •■, que ce
font les Turcs qui l'en ont apporté ; & que de
Conftanrinople elle a paflc dans ces pays-ci ; que
les Arabes ont porté fon nom en Efpagne, & l'ont
donné au Lis qu'on y appelle Acuccna; que le
Thujai des Perfes eft le Lis Royal des Anciens, &:
que le Lis Royal eft la couronne impériale; que
c'eft le liiunn repandum de S. Jérôme dans la Vul-
gate ; & enfin que l'eau qu'elle diftille eft la myrrhe
que Salom.on dit diftiller du fflu; ou du Lis des
Hébreux. Cant. v. 15. Voye^!^ cette Diflertation.
Couronne, en termes de Phyiîque, fe dit d'un mé-
téore qui paroît en forme de cercle lumineux autour
du Ibleil Cv de la lune, quand leur lumière eft ré-
fléchie fur des nuées médiocrement épaiifcs. Corona,
Les couronnes font oïdinairement de quatre Si cinq
degrés de diamètte; mais quand le ciel eft fercin,
elles en ont jufqu'à 45. Elles font terminées à l'ex-
térieur par une couleur rougeâtre-obfcur. A l'in-
térieur elles tirent un peu fur le bleu. M. Mariotte ,
dans fon îF' E(fai de Phyjique^àit que les grandes
couronnes qui fe voient autour dufoleil & de la lune
font cauf;es par de petits filamens de neige médio-
crement tranfparents, qui ont la figure d'un prifme
triangulaire équilatéral.
Couronne, en termes de Jardinage, fe dit de certaines
groflcs branches à l'extrémité 5: autour defquelles
font crues plufieurs autres petites branches par la
malhabileté de ceux qui conduifent les arbres : alors
on dit ironiquement , voilà de belles couronnes.
Cer arbre ne manque point de couronnes, Liger.
Arlor téne coronata,
^fT On emploie aulTi ce mot dans les defcriptions
de Botanique. Coronula, petite couronne en (oïmc
de godet qui s'obferve au bout de quelques femen-
ces. Cette partie forme un calice propre à chaque
fleuron.
^CF II y a auflî une manière de greffer, que les jardi-
niers appellent greffei en couronne. Voyez Greffer.
Couronne d'Ethiopie , nom d'une des efpèces de
COU ^e^
cùquiilages marins. Corona JEtUopicR. Une cou~
ronne d'Ethiopie brune. Gers.
Couronne Papale^ nom d'une efpèce de coquilles.
Voyc[ Coquille.
COURONNEMENT , f. m. cérémonie dans laquelle
on met la couronne fur la tcte des Souverains. Co-
rona: impojitio , P^ev:^is inaugaratio. Voyez iUr le
couronnement de nos Rois Du Tillet , 'êcLymnœus j
/, 11, C. 4. Charles-Quint ,à fon couronnernent
parut d'abord fous l'habit d'un Chanoine de Sainte
Marie de la Tour de Rome ; enfuite il prir l'habit
religieux de Diacre , & enfin il fe revêtit de fes ha-
bits impériaux. Ce fut foiis ce dernier habit qu'il
fut facré. Larrey. Les cérémonies anciennes & mo-
dernes du couronnement des Rois de Hongrie fonc
décrites dans la Vh partie de l'Hijloire des Trou-
bles de Hongrie, imprimée à Paris en 1688,
Le couronnement de la Sainte Vierge , eft line
cérémonie pratiquée le jour du Samedi faint dans
l'Ordre des Servîtes. Calîifte III & Innocent VIII
permirent aux Religieux de cet Ordre de célé-
brer le même jour une melfe- folemnelle. Pie V
abolit cette pratique. P. Hélyot , T. 111 , p. 5ot,
CouRONNEAiENT , en termes d'Architcéltute , eft la.
partie llipérieure du bâtiment, qui termine un ouvra-
ge. Coronis. On appelle auiïi couronnement d'une
voûte , le plus haut de l'extrados d'une voûte , pris
au vif de la clé. Tejiitiidinis concliijurai
Couronnement , en termes de Marine , fe dit dit
haut de la poupe d'un vaifleau , où font les orne-
mens dejnenuiferie, & de fculpture, pour l'era-
belliffement de l'arrière. OrndÊmnta , coronis.
Couronnement, en Serrurerie, eit un grand morceau
de fer à jour qui fert d'ornement au deffas d'une
porte de clôture de choEurj^4'Eglife , ou de cour ,
ou de jardin. Coronis , ornamenta. Il eft compofé
d'enroulemens , de feuillages , d'armes , de chiffres s,
&c. Les Serruriers appellent auffi couronnement de
ferrure , certains ornemens qui fe mettent flir l'écuf-
fon , & au deffus de l'ouverture. En général cok-
ronnement àiïaXt^ Arts , fedit de quelque partie de
l'ouvrage qui eft au defllis des autres,
^fT Couronnement du chemin couvert, C'eft dans
l'attaque des places , le logement qu'on fait fur la
haut des glacis , qui enferme ou couronne toute
les branches du chemin couvert du front de l'at-
taque. Encyc.
Couronnement , en termes de Jardinage , eft la mê-^
me chofe que couronne. Cet arbre étêtérepoufîéra
du tronc , au dcffous de l'endroit où il avoit pouffé
fes branches , un grand nombre de jets ou au cou-
ronnement , ou vers le couronnement. Don art ,
Acad, des Se, 1700. Mém. p, 139. Le maronnier
d'Inde poulie du couronnement , & l'orme près du
couronnement. J'ai coupé ç)6 jets au couronnement
d'un maronnier d'Inde dede'ux pouces de diamèrre.Ioi
Couronnement eft auffi un terme d'Accoucheur &
de Sage-femme, C'eft l'entrée extérieure de la ma-
trice, Uteri ora exterior. On appelle cette entrée
couronnement j parce qu'au momenr que la femme
accouche , cet endtoit entoure la tête de l'enfant
en manière de couronne. On dit , l'enfant eft au
couronnement.
^fT II ne faut pas imaginer qu'il y ait aucune partie
du corps humain qui s'appelle ainfi ; c'eft une po-
fition de l'enfant, lorfqu'il eft fur le point de ve-
nir au monde , dans laquelle l'orifice de la matri-
ce lui cmbrafle la tête.
Couronnement fc dit figurément de la pe.rfei5lion
d'un ouvrage, Coronis , operis perfeclio , abfolutio^
Cette dernière a6lion qu'il fit fut le couronnement
de l'œuvre, C'eft le couronnement de la dodlrine.
Pasc.
COURONNER , v. a. mettre une couronne fur k
tête. Alicui coronam irnponere , aliquemcoronare,
Regem inaugurare. On couronne le Roi , lot fqu'on
le f.icre. Pétrarque , voulut être coKrowne à Rome
dans l'endroit même où l'on a coutume de courons
nerlcs Empereurs,
99^
COU
Couronner lignifie aufli, donner un Royaume , faire
Roi ou Reine. Rage/n vd Reginam facere. Une
Reine qui cpoufe un Prince le couronne , le fait
Roi : de même un Roi qui époule une femme ,
quelle ou'elle foit , la fait Reine : cela n'eft pas
toujours vrai, le Prince Georges de Dannemark ,
n'étoit pas Roi d'Angleterre , quoiqu'il eût épou-
fc Anne,1fiile du Roi Jacques Second , & recon-
nue Reine d'Angleterre.
Le fier Jjfuerus couronne fa captive ,
Et le Perl'.m Cuver be efl aux piés d'une Ji
EtlePerjaaj'uperbe efiaiixpi
uive.
Racine.
Couronner fe djt pour environner. Circumdare ,
circumjl'pire. L'he de Sancien a un très-beau port
tout co«ro«7Z£: de montagnes. Bou H. ^^v. L.VI.
Couronner fe dit fimplement pour orner , embel-
lir. Ornare.Se couronner. Ornare Je , efnlgere -.moÂs
c'eft Toujours par quelque refferablance à une véri-
table couronne.
La nuit: d'après cette temphe y
Le Ciel y favorable à nos vœux ,
Se couronna des plus beaux feux
Qu'on eût jamais vu fur fa tète.
P. Le m.
Couronner fe dit autfi de la gloire dont la Majcflé
Divine eft environnée de toutes pzits.Circumdatus ,
fulgens gloria. *
O Dieu , ^ue la gloire couronne ,
Dieu , ^'«d la lumière environne.
Racine.
Couronner fe dit auflî des couronnes de fleurs qu'on
met fur la rcte en des fêres & des rcjoui/rances. Co-
ronare. Dans cette fête paftorale les Bergers & les
Bergères furenr couronnés de fleurs. On couronnoit
les vidimes de fleurs dans les anciens facrih'ces. J.C.
fut couronné d'épines. Alexandre couronna le tom-
beau d'Achille.
Couronner fîgnifie aufll , mettre une couronne fur
des Armoiries. §3" Graver une couronne pour or-
nement , ou pour marque de dignité. Coronam
fcuto addere , fcuto coronam imponere , fcutum
coronâ ernare. li z couronné fonEcu d'une couron-
ne de Comte.
Couronner fîgnifie figurément , récompenfer par des
marques d'honneur , ou autrement. Mercedem labo-
Tum'tribuere, perfolvere , dare. Les éloges & les
panégyriques font faits pour couronner la vertu.
Les Martyrs &: les Saints feront couronnés d'une
gloire éternelle. L'innocence de cette fille a été re-
connue , & a été enfin couronnée par les récompen-
fes qu'elle a reçues. Dieu couronne en fccret l'inno-
cence des juftes. PoRT-R. L'amour ne manque guè-
re de couronner ceux qui lui font fidèles. Voit.
Quelle apparence que Dieu ait voulu fe cacher à
cette fuite d'excellens hommes , qu'on nomme
Saints , dont la, courfe s'cft paffée à méditer fa pa-
role jour & nuit , &: à fuivre non-feulement fes pré-
ceptes , mais fes confeils , par une vie femblable à
celle des Anges , couronnée quelquefois d'une mort
encore plus précieufc à fes yeux ? Péliss.
Ma vertu pour le moins ne me trahira pas :
On la verra brillante au bord du précipice ,
Se couronner de gloire en bravant lefupplice.
Corn.
Un arand cœur cède un trône , & le cède avec gloire ;
Cet effort de vertu couronne fa mémoire. Id.
Ses vertus feront couronnées. Racine.
Le célèbre RoufTeau a dit couronner des vœux ,
pour remplir , fatisfaire des défîrs.
C ou
Mais Monjieur votre père-, ami de fon argent j
A couronner vos vœux efl un peu négiigint,
{fT Couronner fe dir figurément, pour apporter
la dernière perfeClion. Ferficere , abfolvere. Il a
couronné fa vie par une fin giorieufe. Finir glorieu-
fement. La vidT:oire s'avançoit à grands pas , pour
couronner fes triomphes. Yaug. Cette adlion coïc^
ronne toutes les autres.
On dit proverbialement que la fin couronne l'œu-
vre -, pour dire , que la vertu parfaite doit perfé-
vérer juiqu'à la fin. Finis coronat opus.
Couronner , en terfnes d'Arc'nitedure , c'eft terminer
un ouvrage ou une décoration, avec amortilîje-
ment. Coronidem , fajiigium , apicem operi im~
ponere.
ffj' En termes de Jardinage , on dit que des arbres
fe couronnent , quand ils vieilLiifent & qu'ils fe deP
fèchent par la rcte.
Couronné , ée , part. Coronatus.
Au def.r de régner fans cejfe abandonné ,
Tout lui déplaît ici , n'étant point couronne.
Campistron.
Couronné , en termes de Blafon , fe dit des lions ,
du cafque &: des autres chofes qui ont une cou-
ronne, Coronatus.
On appelle les Tttcs couronnées , les Rois &
I Empereur. Reges. On met la République de
Venile au rang des Tctes couronnées ,3. caufe du
Royaume de Chypre fur lequel elle prérend
avoir dro't pour l'avoir long- temps poffcdé.
On appelle une plaine couronnée de montagnes ,
quand elle en efl: environnée. Continuis montibus
cincla planities.\jxs\\\Q de Rhodes efl: couronnée
de divers petits coteaux. Les écus d'or de France
ont été appelés autrefois couronnés ^ & c'eft un
nom qu'ils retiennent encore chez les étrangers,^
§CF En termes de fortification , on appelle ouvra-
ge à couronne , un ouvrage avancé vers la cam-
pagne , en forme de couronne , pour défendre les
approches d'un place.
On dit, en termes de Jardinage, qu*un arbre
eft couronné ; c'eft-à-dire , qu'il eft fur fon re-
tour , & qu'il ne pouffe plus de bois qu'à l'ex-
trémité de Ces branches. Vetula arbor.
On appelle cheval couronné ^ un cheval qui
s'cft fouvent blcfîe aux genoux en tombant, &
à qui le poil du genou eft tombé.
COURONNÉE , f. f. forte de rime ancienne. La
rime étoit formée fur les derïiicres fyllabes ré-
pétées du pénultième mot de chaque vers; En
voici un exemple tité de Marot :
La blanche colombelle belle ,
Souvent je vais priant criant •■,
Mais deffous la cor délie d'elle ,
Me jette un œil friand riant.
COURONNURE, f f. terme de ChafTe, qui fe
dit de fept ou huit menus cors au fbmmet de
la tête du cerf rangés en guife de couronne.
, Cervini cornu coronatus apex.
COUROU , f. m.^ Monnoie de compte , dont on
fe fert dans les États du Grand Mogol. Le courou
de roupies fait cent mille lacks de roupies , &
le lack cent mille roupies.
COUROUK , en Perfc , eft une défenfe de fe rroiP
ver lur le chemin , par où le Roi doit paffer avec
fes femmes. Tous 1^$' hommes font obligés d'a-
bandonner leurs maifons , 6c de s'enfiiir dans iirt
quartier éloigné , ou à la campagne. Si un hom-
me ofoit feulement les regarder, il féroit puni
de mort. Les Rois de Perfe exercent encore cette
tyrannie de faire de temps en temps Courouk de
volailles , de poiffons , & autres denrées de leur
goût i & quand il y a Courouk de quelque cho-
COI?
fe, perfdnne ne peut en vendre, fi ce n'eft pour
le Roi. Thevenot , Voyage du Lev, cité dans le
MORERI.
COUROÙ-MCSLLI , f. m. Arbrifleau qui s'élève à
la hauteur de quatre ou cinq pies, & qui croît
aux environs de Baypin , & dans d'autres con-
trées fahloneufes, voifînes de Cocliin , dans les
Indes Orientales. Son écorce & la racine bouil-
lies eniemble dans du lait de vache, pafTe pour
un antidote contre la morfure des lerpens. On
fait avec l'écorce broyée dans de l'huile un Uni-
ment qu'on dit être bon pour la goutte. Son
fruit efl: une baie noire , luifante , '& fucculen-
k , acide , & très-dclicieufc au goût, Ray , Hijl.
Plant.
COURRATIER. f. f. Ce mot fe trouve dans plu-
iieurs Coutumes , il veut dire médiateur , entremet-
teur. Sequejter.
COURRE. Foyei Courir.
COURREAU, f. m. vieux mot qui a fignifié une
barre , une coulifle. Marot a dit dans Ygs Pleau-
înès:
D'avoir jufqu'aux courreaux rompu d'airain
les portes.
COURRIER. Voyei Courier.
COURROI , f. m. le dit de l'apprêt ou façon que
l'on donne au fable, dont les Fondeurs leVervent
pour jeter ou couler leurs légers ouvrages.
CouRRoi ou CoRRoi. Éu Picardie , particulière-
ment .à Amiens, on appelle courrai , un certain
rouleau ou efpcce de métier , Tur lequel on rou-
le des étoffes de laine , lorfqu'elles viennent de
la teinture , & qu'elles font lèches. On nomme
auffi Courrai , l'Ouvrier qui donne cette façon.
-COURROIE, f. f. lanière de cuir, morceau qui
eft coupé en longueur , & avec peu de largeur.
Corrigia. Les courroies d'un carroife , d'une felle.
Ce mot vient de cuirroie , parce que la courroie
étoit faite d'une roie oii longue pièce de cuir.
D'autres le dérivent du latin corrigia^
On dit en ce fens , faire du cuir d'autrui lar-
ge courroie \ pour dire , être libéral de ce qui ne
nous coûte rien. Ce proverbe vient d'une fable ,
où l'on feint que le renard étant Médecin du
lion malade, lui ordonna de fé ceindre les reins d'une
ceinture tirée de la peau du loup ; après quoi il
coupa au loup une longue & large courroie de
fa peau , lequel en hurlant s'en plaignit en ces
termes : que vous faites du cuir d'autrui large
courroie. Le latin dit , de alieno corio ludere.
On dit aulfi , alonger ou étendre la courroie \
pour dire , étendre l'es dtoits, fes fonctions, un
peu plus que de raifon , ajouter quelque chofe
de fon crû à une conte , à une hiftoire , à une
réponfe qu'on rapporte.
COURROUÇA , f. m. arbre de nos îles de l'Amé-
rique. Les habitans de la Guadeloupe difent
qu'un Gafcon l'ayant trouvé fi dur , qu'il émouf-
foit toute fa hache , la jeta au pié , en difant
qu'il étoit courrouça , nom qui lui eft demeuré
depuis. C'eft un arbre, gros, droit Se fort hauf,
fon écorce eft noire: l'aubier en eft rouge, &le
cœur de l'arbre d'un violet fi brun , qu'il fcmble
quafi noir comme de l'ébène. Il y a au bout de
fes branches comme des grappes compofées de
certaines goulTes rondes , dans chacune defquelles
eft emboîté un fruit prefque rond , moitié rouge
& motié noir, gros comme une balle de mouf-
quet. Les Aras & les Perroquets font forts friands
de ce fruit quand il eft vert. Quand il eft fec
il devient trop dur. P. Du Tert.
COURROLTCER, v. a. mettre en courroux. Ad
iracundiam aliquem provocare , dliquem ira ajfi-
cere , exafperare aliquem , jlomachum alicui mo-
vere. Au temps du dcUiçe les crimes des hom-
mes avoient courroucé Dieu. Ce mot vieillit ; ce-
pendant, félon Vaugelas, l'on s'en peut encore
COU
5>5i
fervîr quelquefois , & de bons Autenis approu-
vent courroucer quelqu'un. Il eft bien placé
dans le ftyle foûtenu. Il fe dit aufli avec le
pronom perfonnel, fe courroucer contre quel-
qu'un. Alicui irajci,juccenfere. Dieu fe courrou-
ce contre les médians. Foye^ Courroux.
Cejl contré le péché que fon cœur fe courrbucei
Etl-intérit du Cieleji tout ce qui le pouffe. Moi-
Mais courroucer eft parfaitement beau dans le
figuré. Il y a même quelque chofe de grand &
de noble , & fignifié, être agité. La mer fe cour^
rouce. La mer étoir terriblement courroucée.
Courroucé , tE^ Part.
COURROUX, ou COUROUX. f. m. Iracundia.
C'eft une agitation impatiente contre quelqu'un
qui nous obftine , qui nous olfenfe , ou qui nous
manque dans l'occafion. Ce mot dit une palfion
qui dure moins que la colère , mais plus long-
temps que l'emportement. Le courroux enferme
dafis fon idée quelque chofe qui tient de la fu-
périorité & qui refpire hautement la veaigeancé
ou la punition. Il eft aulfi du ftyle plus empou-
lé. M. L'Abbé Girard.
On n'emploie point courroux au pluriel. En le
prononçant , on ne fait point fentii de double r.
Souvent le courroux n'a d'autre mobile que
la vanité qui exige fimplement une fatisfadlion ,
6c parce qu'il agit alors plus par jugement que
par fentiment , il en eft plus difficile à appaifer„
M. L'Abbé Girard.
^fT Mr. Dacier condamne l'exprelTîon des deux
vers fuivans comme étant trop enflée & trop
peu naturelle.
§CF Ce fang qui tout verfé fume encore de courroux
Defe voir répandu pour d'autres que pour vous.
Corn.
Scuderi , dit M. de Voltaire , ne reprit point
ces hyperboles poétiques , qui n'étant point dans
la nature , aftbiblifient le pathétique de ce dif-
cours. C'eft le poëte qui dit que ce fang fume
de courroux; ce n'eft pas afiTûrcment Chimène ;
on ne pailc pas ainfi d'un père mourant. Scude-
ri beaucoup plus accoutumé que Corneille à
ces figures outrées & puériles , ne remarqua pas
même en autrui , tout éclairé qu'il étoit par l'en-
vie , une faute qu'il ne fentoit pas dans lui-même.
f3" Le mot courroux fe dit au/fi de quelques ani-
maux nobles & féroces. Le courroux du Lion,
du Taureau j&c.
Courroux fe dit figurément des clidles inanimées:
comme le courroux de la mer , des vents , de
l'orage. Iratum mare , ira maris, §3" On die
poétiquement le courroux de Neptune , le cour-
roux du ciel. Ce monftre que l'enfer en cour-
roux a vomi.
Céfar qui fe répond & des Dieux , & du fort i
De la vague en courroux rédoute peu l'effort,
BrEBo
COURROY. Voyei Corroi.
COURROYER ou CORROYER , v. ad. fe dît
dans les Manufactures de lainage de Picardie i
particulièrement à Amiens , d'une façon que l'ou-
vrier , nommé Courrai , donne aux éroifes au
retour de la teinture , êc lorfqu'elles font lèches.
I^ôyef Corroyer.
COÛRROYEUR. Vo^e^ Corroyeur.
^ COURS, f. m. Curfus. Terme relarif ail mou-
vement. Efpace que patcoutt un corps par uri
mouvement progielTif. On le dit premièrement des
mouvemens réels ou apparens des corps céleftes.
Le cours du Soleil & des Aftres eft ccirtain &:
périodique. Le Soleil fair fon cours dans l'ËcUp-
tique en 365 Jours, fix heures, quelques minutes
€)^z COU
• moins. L'Adronomie efl; la fcience qui
à connoicre le cours des corps ccleftcs.
COU
enfeigne
Ces voûtes claires & folides ,
Ces beaux deux au front a^uré ,
Qui font dans leur cours mejïirè.
Et Ji légers & Ji rapides.
D'une puijjante voix annoncent le pouvoir
Du i>eigneur qui les fait mouvoir.
GODEAU.
Cours Te dit auiïi d'un long voyage fur mer, en
des pays éloignés, Ainfi les voyages des Indes
font appelés des voyages de long cours, Longa
navigatio , longa navigationis curfus. Ces vail-
l'eaiix font armés en cours , pour courir fur les
ennemis. Excurjîo.
Cours fignifie auifi le fillage, la route du vaifTeau.
Iter , via , curfus. Ces deux bâtimens ont fait le
même cours , ont fuivi la même route ; il ne leur
eft rien arrivé qui air arrêré leur coursy qui ait
empêché leur navigation. Faire le cours , c'efl:
aller en mer avec des vaifTeaux armés en guerre
pour courir fur les ennemis , ou fur les corfaires.
Les Malouins s'entendent bien à faire le cours ,
ont toujours des vailfeaux en cours. Faire le cours ,
c'eft mettre en mer des vaiffeaux armés en guer-
re, pour combattre les Corfaires.
Cours efl auHl un lieu agréable où eft le ren-
dez-vous du beau monde pour fe promener à
certaines heures; & fe dit tant du lieu, que de
railèmblce qui s'y trouve. Amhulatio , ambula-
crum. Le cours de la Reine à Paris eft un lieu
planté de pluficurs rangs d'arbres fur le bord de
la Seine , !ous la régence de la Reine Marie de
Médicis. Le cours du Mardi-gras fe tient aux
Fauxbourg Saint Antoine. Le cours de Vcnife eft
fur l'eau , & en gondoles.
Cours fe dit particulièrement, de la pente ou du
mouvement naturel des corps fluides. ProfLuens
curfus , fuxus , lapfus. On a changé le cours
de cette rivière , on a détourne fon cours , on a
fait abattre toutes les conftrudlions qui arrêtoicnt
le cours de l'eau. Le cours , de la Saohe efl: li
lent , qu'on a peine à s'en apperccvoir. Ceux que
le cours d'une rivière defennuie , ne s'ennuyoient
guère apparemment. Mr. Es p.
Cours fe dit encore de la rourc que prennent les
humeurs renfermées dans le corps des animaux.
Fluxus. Les humeurs détournées de leurs cours
ordinaires caufcnr les rhumarifmes.il faurque le mal
ait fon cours, il faut lui laiffer prendre fon co?/aj
par-là; pour dire, qu'il faut laiffer décharger la
nature. La moindre férofîté peut empêcher les
efprits animaux de couler; la moindre alrération
en peut retarder ou précipiter le cours. Val.
IJCr Cours de ventre ,j?y.v de ventre , devoiemcm ,
termes fynonimes.
Cours fe dit encore de la durée ou du progrès
des chofes. Fitœ fpatium , curfus. Le cours de la
vie des Patriarches fut limité à 120 ans après le
Déluge. Le cours des années fair périr les plus
beaux ouvrages. La mort interrompir le cours
des victoires d'Alexandre. Augufle fut forr paiii-
ble durant le cours de fon règne. Par un enchaî-
nemenr de caufcs inconnues , mais déterminées
de tout temps , chaque chofe marche en fon rang,
& achevé le cours de fa deftinée. Vaug.
Que le cours de fes ans dure autant que le
di la Seine & de la Loire. S. EvR.
cours
Cours fe dit aufTi quelquefois de l'étendue des
chofes , en longueur feulement fans avoir égard à
la haureur. Longitudo. Certe tapiflerie a zj au-
nes de cours. La rivière de Saint Laurent a 800
lieues de cours depuis fa fource jufqu'à fon em-
bouchure.
Cours fe dit figuréraent , de la fuite Se du train-
que prennent les afîâires-, & du progrès des opi-
nions. Curfus. Il faut voir quel cours prendra ce
procès. Ce deffein doit rcufTir fuivanr le cours
ordinaire du monde. Le Prince , quand il s'agit
de multiplier , ou de hâter fes bienfaits , veut
que rien n'en trouble Se n'en interrompe le cours.
Tour.
De combien de foi/pirs interrompant le cours,
Ai-je évité vojyeux que je cher chois toujours ?
Rac.
De nos d^Jîrs errans rien n'arrête le cours ,
Ce quiplaît aujourd'hui , déplaît en peu de jours^
S. EvR,
Pleurons & gèmîffons , mes fidèles compagnes ,
A nos fanglots donnons un libre cours.
Rac,
Sa flamme à tout moment peut prendre un autre
cours. Corn.
Le même a dit de la Juflice ;
Son cours lent & douteux fait trop perdre dé
larmes.
II faut arrêter le cours de cette héréfiCj de
cette fcdition ; pour dire , empêcher que le mal
ne croiife davantage. Ire obviam , cccurrere rnalo,
hœrefî , feditioni. On dit , couper cours à quel-
que choie 5 pour dire , y mettre fin ou la tran-
cher , l'expédier.
On appelle le cours du marché , le prix com-
mun que valent les chofes en un certain joue
du marché. Commune mercis alicujus pretium.
Cours fe dit aufîi du débit, quodhabet , invcnit,
emtorem , quod facile venditur , ou du cas que
l'on fait des chofes qui font en vogue. Pretium.
De ce qui eft à la mode & dans l'ufage com-
mun. Quod in ufu efl. Les Ballades , les Ron-
deaux n'ont plus de coiirs comme autrefois. Les
chanfonnettes , les hiftoriettes , efl ce qui a le
plus de cours. Ces monnoics décriées n'ont plus
de cours. On a beau décrier les denrelles d'or
& d'argent, le luxe des femmes leur donnera
tou)ours du cours. Ce livre a un grand cours.
On le dit à peu-près dans le même feus du
crédirou difcrédir que les billets d'un marchand,
d'un banquier, (S-c. ont dans le commerce, &dc
la faveur que prennent ou perdent les difFérens
effets introduits dans le commerce.
Cours fe dir auffi du recueil, de la compilation
des Loix &: des Canons. Collcclio, Le Cours Ci-
vil eft le recueil des Loix Romaines, compile
par l'ordre de Juftinien. Corpus Civile. Le tours
Canonique eft le recueil du Droit Canon qui a été
compilé par Gratien , &c. Corpus Canonicum.
COURS fe dit aufli du temps qu'on emploie à ap-
prendre les principes d'une fcience. Curfus , cur^
riculum. On dit qu'un écolier a fait fon cours
en Humanités, en Philofophie , dans les Ecoles.
Un cours de Philofophie confifte en Logique,
Phyfîque, Métaphyfique 5.: Morale Un cours de
Théologie , de Médecine. On étudie un cours
de Théologie, de même qu'un fyftème de phi-
lofophie , pour s'exercer .à la difpute. S. EvR.
On appelle auiTi cours., les livres imprimés
qu'on fait fur principes généraux des feiences,
& ce qui eft le plus néceifaire d'en favoir. G/r-
fus. Ainiî on appelle le cours de Chimie , le
cours de Mathématique du P. Defchales ,
d'Hérigone , ùc.
IjfZr On le dit non feulement des élémens & des
principes d'une fcience rédigés par écrit, mais
encore de ces mêmes principes démontres en pu-
blic p;ir des expériences. Faire un cours de Chi-
mie chez M. Rouelle; fans doute parée qu'on y
parcoutj
c o u
parcourt tout ce qui appartient à l'objet qu'on
y traite. ,
COURS ECCLtSIASTIQUE. Ccft le nom qu'on
donnoit autrefois à l'Office Divin j'que l'on nom-
me aujourd'hui Heures Canoniales , ou Bréviai-
re. Ciirjuf Ecclejiajîicus. Voyez les Conférences
Eccléiiaftiques de Luçon , Tom'. XII.
Cours en Architeélure. On appelle cours d'ajfife ,
un rang continu de pierres de niveau, & de mê-
me hauteur dans toute la longueur d'une façade,
fans erre interrompu par aucune ouverture.
Continuata lapïdum ad libellam Jiriicîura. Cours
de pUnclie ,'ia. continuité d'une plinthe de pier-
re ou de plâtre, dans les murs de face, pour
marquer la iéparation des étages, Continuata
plintki JiruHura. Cours de pannes , une fuite de
plulieurs pannes bout-à-bout dans le long pan
d'un comble. Tympanorum or do continuatus.
Cours, terme de Coutume. Le cours en Brclfe eft
une rente d'œufs, de poulets, de chapons, de beurre,
de fromage , é-c. qui eft due au maître par le gran-
ger à proportion de ce qu'il nourrit de poiiles ,
de vaches , ùc. Cette rente s'appelle cours , parce
qu'elle eft allîgnée fur les chofes qui viennent de
la bade-cour.
CicuRS de chardon, terme en ufage dans les Manu-
faétures dé lainage. Il lignifie la même chofc que
yoie de chardon.
COURSE , 1". f. mouvement d'un homme ou d'un
animal , par lequel il précipite fes pas : efpace de
chemin qu'on parcourt en ié tranfportant avec vî-
tefle en quelque lieu. Curj'us. Les daims font fort lé-
gers à la courj'e. On fait par exercice & par divertif-
fement des courfes de bague, de faquin, de la quin-
tziue.Ecjuefiris decur/io adtrajiciendum annulum ,
ad, 8cc. Les joutes & les tournois font des efpèces
de courfes. Les courfes de tête font nouvelles en ce
Royaume, mais elles font d'un ufage plus ancien
en Allemagne, pour s'exercer à courre des têtes de
Turcs & de Maures, & recourre les têtes de leurs
/bldats que les Turcs ont coutume d'enlever.
Sous /es yeux d'un Centaure habile ^
De fa valeur le jeune Achille ,
Fit éclater les premiers traits.
[ Jl prenait les Cerfs à la courfe !
lldomptoit la Lionne & l'Ourfe
Avant qu'il fecourùt les Grecs.
NOUV. CH, DE VIRS.
ÇovKSt pul/i^jue , c'étoit chez les Romains ce que
nous appelons voiture publique. Curfus publicus ,
veclura publica. Conftantin fournit libéralement
aux Evêques les voitures, ibit de chevaux, fcit pour
la commodité de ceux qui voyageoient par ordre
du Prince. Fleury, L.ll.
Course fe dit aufli du mouvement des fleuves & des
rivières, &: du chemin qu'ils parcourent pour tranf-
porter leurs eaux d'un lieu à un autre. Curfus ,
lapfus.
Comme d'une cowxÇc fidelle
Les fleuves par divers canaux ,
Apportent à la mer le tribut de leurs eaux ,
Et fans y rien changer fe confondent en elle;
Ainfi L'ab. Tetu,
Course fe dit auffi du mouvement réel ou apparent
du Soleil &: des Aftres. Curfus. Quand le Soleil eft
fur les bords de l'horifon, on dit qu'il va finir fa
coîirfe ; pour dire , que le jour va finir. La courfe
fi régulière des Aftres prouve qu'il y a un premier
moteur. Le Vassor.
Depuis que du Soleil la courfe mefurée ,
Se finit tous les ans , fans finir fa durée. Breb.
Les Poètes difent aufll la courfe vagabonde d'un
ruiifeau.
Tome H,
COU
993
Le Tibre écumeux & bruyant ,
, . , De fa courfe fougueufe étonne fon rivagi,
'-' -c;:;
On le dit figurément du cours de la vie, & de
plufieurs auttes chofes; &, alors il lignifie, durée, .
progrès , route. Curfus , fpatium. Il a heureufe-
ment terminé fa courfe par une mort glorieufe. Rien
ne peut arrêter le temps dans fa courfe précipitée.
Quelle apparence que Dieu ait voulu fe cacher à
cctre fuite d'excellens hommes, qu'on nomme Saints,
dont la courfe s'eftpailce à méditer fa parole jour &
nuit V Peliss.
La courfe de vos jours eflplus qu'à demi-faite.
Racine»
Je prévois trois ou quatre inconvéniens & puif-
fantes barrières qui s'oppoléront à votrecoz/r/i;.
Pasc,
Mais qui peut dans fa Courfe arrêter ce torrent ?
Achille va combattre, & triomphe en courant.
Racine.
Quelquefois dans fa courfe un efprit vigoureux ,
Trop refferré par l'art fort des règles prejcrites.
BoiL*
Course fe dit auffi des voyages , &de ce qu*on donna
pour récompenfe, pour les frais de voyage. Ce na-
vire qui a été au Levant a été deux ans'à fiire fa
courj'e. Navigatio. Ce Marchand a fait pluiieurs
courfes en rouies fortes de pays , il a été mal payé
de toutes fes courfes. Peregrinatio. On taxe 500 écus
pour la courfe d'un Courier extraordinaire de Paris
à Rome.
COURSE. Vai/Teau armé en courfe; c'eft un vaiffeail
armé par des particuliers pour courir fur les enne-
mis de l'Etat , pout interrompre leur commerce èc
leur navigation.
IP" COURSE fe dit aufîî du temps qu'un vaifTeau
met A aller d'un lieu .à un autre, fur-tout dans les
voyages de long cours.
Course fignifie auifi , incurfion, invafion fubite, aâie
d'hûftilité. Les Tattares ont fait quelquefois des
courfes jufqu'en Moravie. Les galères de Malte font
en courj'e, vont faire des courfes jiîfqu'aux Darda-
nelles.
En termes de Serrurerie,on dit, donner courfe à un.
pêne ; pour dire , le faire fortir & avancer.
Course, faire une courj'e, terme en ufage chez les
brodeurs. C'eft aller travailler chez les maîrres,
pour faire voir qu'on eft capable d'être reçu à la
maîtrife.
Course, tiret à la courfe, terme d'Emailleur. C'eft:
tirer l'émail en longs filets après qu'on l'a puile li-
quide dans la cuiller , où il eft en fufion avec le
cryftallin,
Course ambitieufe. En matière bénéficiale, on ap*
pelle ainfi la rétention des dates faite en Cour de
Rome , avant la mort du titulaiie du bénéfice. Ces
fortes de courfes font défendues par les Canons ^
&: celui qui retient des dates ptématurément , de-
vient indigne du bénéfice.
COURSIE ou Coursier, f, m. terme de Marine.
Forus. Partage qui eft entre les bans des forçats fut
une galère depuis la poupe, où fe met le Comité
pour les faire ramer. Toute la Chiourme fe rangea
fur la courfie de la galère. Du Loir , /;. 290.
COURSIER , f. m. terme de Marine , eft un gros
canon d'une galère qui rire par - defTus l'éperon, il
eft ordinairemenr de fonte verre. Tormentum majus .
C'eft auffi une place à l'avant, & à l'arrière du vaif-
feau où l'on met le canon en batcrie. Le cour fier eft
encore une efpèce de rue dans la galère, large d'un
pié & demi , fur laquelle on va d'un bout à l'autre.
La même chofe que courjie.
I Coursier, terme de manège, çrrand cheval propre
KK K K k k
^94' G O U
pour la courfe 5c les combats. Equus belUtor. Les
bons courCurs viennent de Naples. On ne fe fert
cruère de ce mot que dans le ftyle eleve , ou aans la
Poëfie Ce jeune Héros ne ptenoit plaihr qu'a domp-
ter nn courjier, & à le couvrir de lang Se de pouf-
fière dans les combats. S. EvR.
Son courfier écumam fous un maître intrépide,
Marche tout orgueilleux de la. main qui le guide.
Boa.
■ Infiruit dans l'art par Neptune inventé, ^
Rendre docile au frein un eoutliet indompté.
Racine.
Aujfitôt Phaéton prend les renés en main ;
Les courriers du Soleil à fa voix font dociles. BoiL.
COURSikRE, f. f. terme de Marine, qui fc dit d'un
pont-levis, &: couvert depuis le gaillard jufqu'au
château de proue , fervant pendant le combat ppui
la prompte communication d'une partie du vaiileau
à l'autre. Forus. On l'appelle le pont de courjière,
COUllSON , f. m. terme d'Agriculture , c'eft la bran-
che de vigne taillée & racourcie à trois ou quatre
yeux. Pollex , cujtos , refex , palmes prtzfdiarius.
Ainfi on dit : il e(t Ibrti trois ou quatre belles bran-
ches du courfon de l'année. Le courfon de l'année a
donné de fort belles branches. Les règles de la taille
des vignes demandent qu'on laifVe toujours un cour-
fon pour renouveller le lep , au cas qu'il vienne à
manquer ; & ce courfon le laifle toujours au pié du
fept. LiGER.
CouRSON lé dit aufli des arbres, quand la branche de
l'année précédente en ayant pouffé trois ou qua-
tre fort belles, on eft obligé de n'en conferver
qu'une d'une grandeur raifonnable , c'eft-à-dire ,
de cinq ou fix pouces. La Qoint. Il lé fait imman-
quablement aux moignons &: aux courfons , une dé-
charge de levé , qui produit des branches favora-
bles, &c. Idem. |Cr C'eft pourquoi on conferve
quelquefois des courfons pour remplir un vide , ou
pour faire Ibrtir quelques branches bien placées.
fp- COURT , COURTE, adj. 5r^vi\î. Terme relatif
à la quantité de l'efpace 6: du temps. Il lignifie qui
a peu d'étendue ou peu de durée. Il eft oppofé .i
long.On alonge ce qui eft court. M. l'Abbé Girard.
Habit court. Cheveux courts. La perdrix a la chair
uès-courte. Ceriiés à couru queue. Il a le cou tiès-
court.
§3" Ce mot vient du grec xi/>7«5 NieoD. Ménage le
dérive du latin Curtus.
|p=" On dit d'une perlbnne qu'elle eft courte, lorf-
qu'elle a la taille petite 5i entaflee. Il eft gros &
court-, &CC. AcAD. Fr.
fc? On dit qu'un homme a la vue cowrfe -, pour dire ,^
qu'il ne voit pas de loin.
Ip" En termes de chaffe, on dit longue levretfe, &
court lévrier.
|p=" On dit aulfi dans le fens figuré, vous avez les
bras trop courts pour arteindre là. On dit aufli, c'eft
là le plus court pour vous , c'eft là votre plus court.
Le chemin le plus court, ou fimplement le plus
court, pour lignifier le moyen de terminer plus
promptement quelque chofe.
^CT On dit aulTi être court, fe trouver court d'argent
ou de quelque chofe que ce foit ; pour dire, n'avoir
pas alfez d'argent, ou de quelque chofe que ce foit.
Il vouloit acheter cette terre , mais il s'eft trouvé
coz:rt d'argent.
{J^'CouRT k dit encore figurément en parlant des cho-
ies fpiriruelles. Parumperfpicax , hehetior , obtu-
fus. Cet homme a l'intelligence courte, des vues
courtes. Il a eu la mémoire courte, il eft demeuré
au milieu de fon fermon. Fallax, hebes. La pré-
voyance , la prudence humaine eft trop courte. Mi-
nus faaax , minus perfpicax,
^3" Court lignifie auHi qui a peu de durée : cette
faulfe nouvelle a donné une courte joie. Gel hoinnie
GÔ U
a la courte, haleine. On appelle les jours d'hiver, les
jours courts. Harangue courte &: bonne. Vie courte
& bonne, fi-c. Acad. Fr.
gC? On dit proverbialement courte ptière pénètic
les Cieux.
Court eft un nom que les Anatomiftes donnent à cinq
ou lix mulcles du cotps humain. Le 4« mufcle du
bras eft appelé le court , parce qu'il eft plus court ;
que le 5«. Il prend fon origine de la partie polle-
rieure & fupérieure de l'humérus, Hc va s'inférer à
l'olécrane comme le précédent. Dionis^ Le 5' cies
extenfeurs du carpe s'appelle auHi le court , patce
qu'il eft plus court que le fécond 3 qu'on nomme le
long. Il prend fon origine de la partie la plus baffe
de l'humérus , & étant couché le long du rayon ,
va paffer fous le ligament annulaire, & lé terminer
à l'os du carpe qui foûtient le doigt du milieu.Quel-
ques-uns ne le diftinguent pas du Itcond , & les ap-
pellent bicornis , ou radiale externe. Ceux qui le?
diftinguent , le fondent fur ce qu'ils ont deux origi-
nes àc deux infertions , & que leurs corps fe peu-
vent fcparer. Le court eft encore le troifîème des
mulcles extenfeurs du pouce, ainfi appelé par op-
pofition au fécond , qui eft & que l'on nomme le
long. Ils ont tous deux la même origine , qui eft la
partie fupérieure Si externe de l'os du coude. De- l.i
celui-ci palfant fous le ligament annulaire, va s'in-
férer au troifîème os du pouce , qu'il lérr à étendre.
Le fécond des mufcles fupinateurs du rayon eft un
autre mufcle appelé court, pour le diftinguer du
premier , nommé le long. Il a fon origine à la partie
inférieure du condyie inférieur & externe de l'hu-
mérus , & tournant autour du rayon , va de derrière
en devant s'inférer en fa partie fupérieure & anté-
rieure. Ce mufcle avec le long fait tourner la main ,
en forte que la paume regarde en haut. Le 6^ & le
V; des mufcles péroniers de la jambe s'appellent auili
le long & le court. Celui-ci prend fon origine à la
partie inférieure du péroné, & va s'inférer à l'os du
métatarfe, qui foûtient le petit doigt. Ces mufcles
tirent le pié en arrière.
Court, adv. d'une manière abrégée & courte. Brevi-
ter. Cet Avocat a coupé trop court en cet endroit j
de fon plaidoyc. '
Ip* Pour faire court, pour couper courte exprelTion
familière ; pour dire, la chofe en peu de mots, en
paffant fous filence bien des choies qu'on pourroit
dire ; ut multaprxteream , ut paucis abfolyam.
Ilfoupe , il crève , on y court-.
On lui donne maints clyfleres.
On lui dit , pour faire courr :
Qji^tl mette ordre àfes affaires.
La Fontaine,
Pour faire court , la grenouille tropfière ,
Foulant s'enfler , éclate comme un verre.
Ghev. de s. Gilles,
Quand on lui a fait cette objection, il eft de-
meuré co7/rr, il n'a fçu que répondre. Celui qui ne
va au bien que pour la réputation,s'arrête tout court
dès qu'il n'a plus de témoins. S. Evr. Prendre un
Marchand de court, c'eft lui demander le paie-
ment d'une lettre de change, d'une obligarion»
d'une dette ,• lorfqu'il a peu ou point de fonds dans à
facaiffe. Ce Marchand a fair banqueroute, parce i
qu'on l'a pris de court, que fes créanciers l'ont
trop pKd'é. Repente, fubito.U faut tenir les fem-
mes de court, veiller fur leurs aélions, leur don-
ner peu de liberté. Il avoit été tenu de court par fon
père. On dit dans le même fens, tenir la bride
courte à quelqu'un. Arcliùs atque feveriàs aliquem
habere , coercere. Les chevaux neufs fe doivent tenir
de court. Un cocher qui tourne court, eft en danger
de verlér. Jn vefiizio ipfo, in loco angiifliore.La
Orienranx chevauchent coKr/; pour dire , n'alon-
gent pas leurs étriers tant que nous. On dit au/Ii ,
couper f(?«r; à quelqu'un-, pour dire, l'interrompre
cou
Se ne le vouloir pas écouter long-temps. Loquen-
Itn iili^usm occuparst interpeUarc. Oi\ dit aulji :
je reviens tout court \ pour dire , je ne m'arrêterai
point au lieu où je vais. 11 tourna court fur l'Infan-
terie. Ablanc. Stitim, repenti. Quand nous dii'ons
en France, le Roi, tout court, nous entendons
parler du,R.oi qui règne. Vkvc.Nouv. Rem. On dit
auifi, ^flonlieur, tout court, fans ajouter de nom
ni de qualirc, coinme quand on parie du Frère du
Roi , ou du' Maître de la maifon. Nul/o adjcclo vo-
caéu/o.
CouitT fc «iic proverbialement en ces phrafes. Les plus
courtes folies font les meilleures ; pour dire, que
c'ert une fagefie de fe retirer d'une mauvaife affaire
cà l'on s'eft engagé. On dit audi : favoir le court &c
le ion'i: d'une affaire i pour dire, en avoir dccou-
' rert toutes les particularités. On dit aulli d'un
homme qui e(l peu dévot , qu'il fait courte Mclié &
long dîner. On dit auHl d'un homme qui n'a pas
alfez de tbrce pour achever une affaire, une entre-
prife, que fon épée eft courte pour y atteindre i
qu'il a les bras trop courts .^ qu'il s'eft trouvé trop
court d'un point. On dit aulli d'un homme a
donné à fes plailirs, qu'il veut mener bonne vie &
courte. On 'dit auHi, tirer au court -bâton-, tirer
à la c*«r/e-paille. ^oy«f plus bas ce que c'eft. Ou
dit d'un homme qui n's. pas réuifi en quelque nc-
geciacion , qu'il s'en eft: retourné avec fa courte
honte. Oa dit auili qu'un homme a été pendu haut
&: court; pour dire, que fon procès lui a été bien-
tôt fait, qu'on l'a pendu au premier arbre, ainiî
qu'on fait à l'armée. On dit encore,à vaillant homme
courte cpée. On dit d'un homme adroit & induf-
trieux j que l'herbe -fera bien courte, s'il ne trouve
à brouter', pour dire, qu'il trouvera à vivre par-
tout.
CO'JP.TAGE, f. m. profefTion de celui qui s'entre-
met de faire vendre , acheter , échanger des mar-
chandifes, ou de faire prêter de l'argent, Ars proxe-
■netica. Voyez Courtier.
Ce mot vient de courre ou courir , parce que le
*" courtm le fait par plufit-urs allées & venues.
CoiTXTAGE- fignifîe aulîî le droit, le falaire qu'on
donne à ceux qui exercent le courtage. Jus proxe-
netorum, on proxeneùcum. Les Marchands don-
nent un quart pour cent à ceux qui leur négotient
leurs lettres fur la place.
Cotîi'-TAGE, droit d'aides qui fe paye aux Officiers
Jaujeurs Si Courriers à chaque fois que le vin eft
vend'' , ou qu'il change de main.
COURTAGE de Bourdeaux, droit qui fe perçoit par
mer fur routes fortes de marchandifes. La recette
du droit de courtage appartenoir originairement à
la ville de Bourdeaux, qui vendit ce droit .à qua-
rante pirticuliers qui élifoient entr'eux un Rece-
veur pour en faire la perception. Mais en kîSg ,
Louis XIV tir la réunion de ce droit au Bureau de
Convoi & Comptablie de Bourdeaux ; & pour dé-
«^ommager les particuliers qui en jouiifoient, il
leur accorda des provifions de Courtiers Royaux ,
&: en rendit les offices héréditaires. C'eft pour cette
raifon qu'en fopprimant les charges des Agens de
chantée & Courtiers dans tout le Royaume, on en
excepta celles de la ville de Bourdeaux. Edit de
COURTAUD, AUDE, adj. & f. m. ce qui eft court
& ncourci. Celui ou celle qui eft d'une taille courte,
grcfle 5c entaflee : il eft du ftyle familier.Gros cour-
taud, groffe courtaude.
En termes de Manège , on appelle courtaud un
cheval de moyenne taille à qui on a coupé la queue
&^ les oreilles. Equus caudà auribufijue mutilus. Il
étoit monté fur un courtaud. On appelle auffi
chien courtaud, celui à qui on a coupé la queue.
On appelle proverbialement cowr/aa^ de bouti-
que, un garçon marchand, un ar'rifan, un homme
du peuple qui travaille en bourique : ce qui vient
4e ce qu'autrefois tous les gens confidciables de la '
COU
5>95'
ville portoient des habits longs ; il n'y avoit que le
peuple Si les artifans qui fuflênt habillés d'une robe
qui ne defcendoit point plus bas que le genou : &C
on les appeloit ainli, à caufe que leurs habits
étoient courtauds. Tabernarius adininijler.
O Paris ! ô ville fupcrbe!
O qu'ilm'ejl doux de te quitter !
J'aime bien mieux marcher jur C herbe,
Qucjur ton pave me crotter.
Lorjqu'un vilain courtaud me pou^'e
Et me jette vers le ruijjeau ;
Ou qu'un carroffe m'eclaboujfe ,
Chargeant de mouches mon manteau.
P. DU Cerc,
On dit auffi qu'on a étrillé quelqu'un en chictl
courtaud, qu'on l'a frotté en chien courtaud, pour
dire qu'il a été battu outrageufement,
Coquillard dans le monologue des perruques
dir:
Pah'eurs & revendeurs de pommes ,
Ont longues robes de cinq aunes ,
Au^i-bien que les Gentilshommes.
Ce qui confirme l'étimologie du mot courtaud
rapporté ci-deffus. Quelques-uns écrivent courtaut,
mais on ne dit point courtaute au féminin.
Courtaud eft auffi' un inftrument de Mufique, èC
une efpèce de fagot oubaffion racourci , qui fert de
balfe aux mufettes. C'eft un gros morceau de bois
cylindrique, donr quelques-uns font de grands
bourdons de Pèlerins. Il eft percé de rout fon long;
par deux rrous qui fe communiquent, par lefqueis
le vent defcend d'abord, & puis remonte, à caufe
qu'il eft bouché par en bas,
COURT AUDER , v. a. couper la queue. Il n'eft ea
ufage qu'en parlant des chevaux, & on dit, faire
courtauder fon cheval.
Courtaudé\ ée, part.
COURT-BÂTON. Ce mot ne fe dît qu'en cetts
phiafe , tirer au court-bâton , qui veut dire , dif-
putet avec chaleur quelque chofe à quelqu'un. Li-
tigare,contendere cum aliquo, on peut ajouter acri-
ter, ou quelque mot femblable.
COURT-BOUILLON , f. m. manière de faire cuire
certains poiifons , comme les carpes, les faumoriiS ,
les brochets : ce qui fe fait avec du vin , du laurier ,
du romarin , du fel & des épices ; après quoi on les
fert à fec dans une ferviette , ou on les mange à la.
fauce àT'huile, au vinaigre & au fel. Modus co-
qucndi pifces in vino cum arwnatis.
On appelle àzvon-court-bouillon la même manière
de les apprêter, mais on les lért avec un peu de la
lauce où ils ont été cuits.
Ces bonnes filles fi vantées.
Qui d'un pareil ejpoir flattées ,
Mirent leur père au courr-bouillon ,
Pour lui rendre fon vermillon ,
Se trouvèrent bien attrapées. P. du Cerc.
COURT-BOUTON , f. m. cheville de bois à demi-
équerre, qui fert à lier les bœufs avec un ombles
ou anneau de bois rortillé au bout du timon.
fir COURTE-BOTTE, f. m. terme populaire & de
mépris-, pourdire,petit homme.Breviorisflatuneho-
mo,homunculus. On fe moque du courte-botte, la.
queue lui pend au petit courte-botte, Caudam trahit
homuncio. On attachoit une queue par-derrière à
ceux donr on vouloir fe moquer.
COURTE-BOULE, f. f. C'eft ainfi qu'on appelle un
jeu de boule , dans lequel il faut pouffier la boula
avec un peu de force & beaucoup d'adreffe, parce
que l'efpace en eft fort court & fort limité. Globu-
lorum ludus angufio fpatio circumfcriptus. Jouer â
la courte-boule.
COURTE-HALEINE» f. m. maladie qu'on nommé
KK.KK.kkij
f 9^
C O II
y
autrement l'aJI/ime. Avoir la courte-haleine , c'eft-
à-dirc , être aftlimatique, /'oyf^ Asthme.'
|Kr COURTELIN, ville de France dans la Beauce, à
trois lieues de Chàceaudun.
-COURTEMENT, adv. brièvement , en peu de mots.
Termofiris raconroit li bien les choies pailees , qu'on
croyoit les voir \ mais il les raconroit courtement ,
^jcimaisles hiftoites ne m'ont lalle. TélÉmaque.
Ce net n'cft point ailleurs.
COURTENAY, petite ville de France dans le Gâ-
tinois , qui a donné fon nom à l'illurtre Maifon de
Couricnay ^ à-: laquelle l'ont ibrtis trois Empereurs
de Ccnflantinople, & qui delcendoit de Pierre I.
du rom , fils de Louis le gros Roi de France ,
& d'Adélaïde de Savoie. Curtiniacum , Conenia-
atm^ Curtinacum, Curtinetum.
COURTE-PAILLE , f. f. jeu qui confifte à choifir au-
tant de brins de paille que l'on eft de joueurs. Ces
brins de paille qu'on tient cachés dans la main , en
" forte que l'oniVen laide voir que l'un des bours,lbnt
de diiicrentes \ox\s.u.e\iis.Ludus quopaleœ aiiez aliis
longiores ac hrevwres forte ducuntur. Celui \qui
tire la plus courte g-agne ou perd , félon que l'on
eft convenu. Tirons à la courte-pailk à qui payera
lefonper,
COURTE-PAUME, f. f. C'eft un jeu de paume dans
lequel il ne iàut pas employer beaucoup de force
pour poufler la balle jufqu'au bout de l'clpace où
l'on joue. Ludus piltz angujlo in /patio conc/ufus.
Tout confifte en adreffe , ibit pout relever la balle ,
-*îfoit pour la renvoyer. Il y a pourtant de certaines
occafions où l'on pou fie la balle de toutes fes forces,
■ mais c'eft ou pour lui faire faire plufieurs bricoles
■ contre les murailles , ou pour la faire revenir par
réflexion jufqucs vers la corde. On l'appelle courte-
■ paume, pour la diftinguer de la longue paume où
l'on joue dans un efpace plus étendu &: découvert.
Voye:^ Paume.
COURTE-POINTE ou CONTRE-POINTE, f. m.
C'eft une couvertute de lit faite d'une étofte dou-
ble, qui eft piquée point contre point -.on garnit
l'entre-deux des étoffes de cotton , de ouatte , ou
d'autre choie femblable pour l'hiver. Celles d'été
font plus légères. Stragulum acupunclum.
Ce mot vient de contrepointe \ du latin contra Sc
punclum , parce qu'autrefois ces couvertures étoient
piquées. On appelle encore ceux qui les font Con-
trepointiers. Du Cange. D'autres dilént qu'il vient
de cukitra puncla , qui lignifie une couverture pi-
quée -, en changeanr / en r , comme il arrive fou-
vent. C'eft !c iéntiment des BoUandiftes. A&a SS.
Maii, T. VU, p. 81-', où ils n'approuvent point
l'étymologie de du Cange.
M. de Valois croit du fentiment des BoUandif-
tes -, mais il railbnne un peu différemment. Culcita,
dit-il , lignifioit proprement un lit de plume , & non
pas une couverture-, néanmoins il n'a pas laiflé de
fe prendre pour couverture piquée , à caufe qu'on
les remplit de hine ou de coton , à peu près comme
les matelas. Foyei le Valejiana,p.^9, ; mais quoi
qu'il en (bit de l'origine de ce mot , l'ufage eft de
dire courtepointe.
|CF COURTEZON , petite ville de France , en Pro-
vence , dans la principauté d'Orange , à deux lieues
d'Orange.
COURTI , f. m, terme de Blafon. Ce terme eft vieux.
Il fignifioit autrefois la tête d'un More lorfquelle
avoir un collier d'argent.
COURTIBAULT , f. m. eft un vieux mot qui figni-
fioit autrefois une tunique ou challible courte "que
portent les Diacres &. les Sous-Diacres en officiant :
on l'appelle encore de ce nom en Berri-, & il fc
trouve dans Rabelais & autres Auteurs. Dalmatica.
Ce mot , félon Nicod , vient de curta tihena ,
parce que ce fut un Tebenus d'Arcadie qui en fut
l'inventeur. Ménage le dérive de curtum tibiale \ &
M. Huer de cnrtus hulteus.
COURTIBAUT, f. m. terme bas & populaire. Le
C o u
peuple donne ce nom aux gens qui font trapus & de
petite taille.
COURTIER , 1ÈRE. f. m. & f On difoit autrefois
Couratier , qui s'entremet pour faire faire des
ventes ,cles prêts d'argent. Froxeneta,proxenetrix.
Il y a des Courtiers établis en titie d'office , pour
négocier les prêts qui le font llir la place du Chan- j
ge , qu'on nomme Agens , procuratores. Voye? \
Agents.
Les Courtiers de chevailx de la marchandife
par eau , font des Officiers de ville établis pour la
navigation , qui ont foin de vifiter les chevaux pour
le montage des coches Se des bateaux, de biller les
cordes , & d'obliger les Voituriers à réparer ou
dépecer les bateaux qui ne fetont pas en état de
faire voyage. Il y a d'autres Courtiers de chevaux
qui fe mêlent de faire vendre des chevaux
Les Cou,rtiers de iél Ibnt des Officiers desGabel-
les qui alliftent au grenier , Se fournilfent lesmi-
nots aux Mcfureurs , Se les toiles & bannes pour
mettre fous les minors.
Les Courtiers de lards &c de graifles , font des
Officiers de ville établis pour décharger , empiler,
& Tifîtet les marchandifes dans les places où elles
fe vendent, & qui font refponfables envers l'ache-
teur de la bonté de la marchandife , &c envers le
vendeur du paiement du prix. On les appelle danà
le nouveau Traité de Police Courtiers eu Viliteurs
des chairs , lards & grailles de porcs.
Les "JuTcs Courtiers de vins fut les ports , font des
Officiers de ville , dont la charge eft de goiker les
vins , pout connoître s'ils ne font point chargés
d'éau ou d'auties mauvais remplages. Ils doivent
avertir l'acheteur fi le vaifleau ne "contient pas la
jufte moilbn fuivant la marque appofce pat le Jau-
geur.
Chaque Corps de Marchands a fes Courtiers ,
qui font nommés par fes Maîtres & Gardes. Il y en
a auifi chez les Manufacturiers.
Ce mot vient de Corraterius , qu'on a dit dans
la baffe latinité en la même lignification. On les a
appelés auffi Cnrritores Sc Curfores.
On appelle par raillerie , Courtier ou Courtière
de mariage , ceux qui fe mêlent de faire des ma*
riages.
COÙRTIES ou COURTIL, terme de Cordier,
champ propre à mettre du chanvre.
COURTIGE , f. m, terme en ufage à Marfeille & dans
le Levant, pour lignifier ce qui manque fur la lon-
gueur que doivent avoir les étoffes.
COURTIL, f. m. peritcoui ou jardin de campagne
qui n'eft point fermé de murs ; mais feulement" de
haies, de fagotage , ou de folfés. C/iors , cokors. On
le dit aufTi des balles cours où l'on fait le ménage de
la campagne. On le dit aufîî en quelques lieux des
jardins.
|XF Ce mot eft vieux , Se n'eft plus en ufage que dans
quelques Provinces parmi les gens de la campagne.
Ce mot vient de cortile, latin diminutif de cortis,
MÉNAGE.
COURTILLE,f. f. lamêmechofe que couttil, un jar-
din, un enclos. Ckors , hortus.C'eH un vieux mot
qui fe trouve dans les anciens titres , Se que quel-
ques lieux , qui ont depuis été bâtis , retiennent en-
core. II y avoir autrefois proche Paris les Courtilles
de S. Martin , les Courtilles du Temple. Ces Cour-
tilles étoient des jardins champêtres, comme font
nos marais d'aujourd'hui.Le village qui a été bâti fur
une partie de la Courtille du Temple en a rerenu
le nom. On fe fert encore en Picardie de ce mot de
courtilles dans ce même iens. De la Mare , 7>. de
laPol.Liv.I,T.FI,c.^.
On dit proverbialemenr , du vin de la Courtille ,
ou du vin de Courtille ; pour dire , de mauvais virt -,
parce que les treilles des jardins ou courtilles n'en
produifent jamais de bon.Io.
COURTILLIERE , f. f. efpèce d'infedle qui fe forme
dans le fumier de cheval. Il eft d'ordinaire long de
deux pouces , jaunâtre. Il ronge le pié des mclonS,
c o u
'des laitues i&cl II a plulIcLirs pics , & marche afTcz
Vite. Il n'y a rien que les Jardiniers ne tentent pour
attraper les courtilùres , parce qu'elles font beau-
coup de dégât. GriLlo-talpa. Oh a donné ce nom à
cetinfedle, parce qu'il fait un grand bruit comme
celui du grillon , & qu'il refte fous terre comme la
taupe.
§3° On prétend que pour faire périr les courtlUieres ,
il n'y a qu'à fuivre avec le doigt la trace qu'elles
font 5 tiace qui eft prefqu'à fleur de terre , jufqu'à ce
qu'on trouve un trou qui defcend perpendiculai-
rement j c'eft la retraite de l'infcde. On pre/l'e le
plus qu'on peut du doigt la terre contre les parois
de ce trou, afin qu'elle ne s'écroule point; enfuitc
on verfe dans ce trou , deux ou trois goûtes d'huile
quelconque i puis orr remplit le trou d'eau. Bientôt
on voit fortir l'animal qui vient mourit fur le bord
du trou , à moins qu'il ne foit étouffé fur le champ
fous terre. Extrait, des Annon. de 1759.
COURTINE, f, £ terme de Fortifications. C'eft la par-
tie de la muraille ou du rempart qui eft entre deux
baftions ,& qui en joint les flancs. Jgg^ris inter duo
propiignacula fions , faciès , vuls^o cortina. Quand
l'ennemi attaque les dehors , il faut faire un grand
feu fur la courtine ; c'eft-à-dire , tirer par toute l'é-
'tenJue de la courtine.
Du Cange détivece mot du latin cortina -, quafi
minor cortis , ou petite cour de payfan entourée de
murs : & il dit que par imitation on a ainfi appelé
les murs &; parapets des villes qui les renferment
comme des cours. Il dit aulîl que les courtines ou
rideaux de lit &: les voiles qui renferment les autels ,
ont pris leur nom de la même origine : il affure qu'on
a appelé cortis , la tente du Prince ou du Général
d'armée ; & que les gens qui la gardoient ont été
appelés Cortinarii , Cor ti Uni & Curtifani, d'où l'on
a fait le mot de Courtifans. Voyez aufli Meurfius
dan s fon Gloffaire , au mot Kop-rUx , & le Père Pouf-
fmc , Jéùiite , dans fon Gloffaire fur l'Alexiade
d'Anne Comnens qui le fert de ce mot que les Grecs
or t ptis des Latins,
On appelle aufîl le feu de la courtine , la ligne
de délenfe qui commence à une partie de la cour-
tine , lorfque cette partie , qui va jufqu'au flanc ,
fert aulîi de flanc pour défendre la place du baftion
oppol'é.
Courtine, dans l'Architeélure civile , fe prend poijr
une des façades d'un biriment , comprife entre
'deux pavillons. Mûri duas inter turres frons , fa-
ciès,
jCoui^TiNE /îgnifîe auflî des rideaux de lit. Leclivelum.
Mais en ce fens il eft vieux. On le dit feulement à
l'Eglile , des rideaux qui l'ont des deux côtés de
l'autel.
Courtine , en termes de Marine , eft un filet qui fe
tend fur les fables que la mer couvre & découvre
par lôn flux & reflux. Retis genus. Il eft fort en ufa-
ge fur les côtes de Normandie.
CÔURT-J OINTE, f. m. terme de Manège, c'eft le
nom qu'on donne au cheval qui a le paturon court,
qui a les jambes droites depuis le genou jufqu'à la
couronne. Equus brevioribus fuffraginibus. Les
chevaux court-jointés fatigiijent mieux que les longs-
jointés , mais ils ne manient pas fi bien.
En Fauconnerie , on appelle un oifeau court-join-
té , quand les jambeS font de médiocre longueur.
COURTISAN ,f. m. homtne qui fréquente la Cour ,
qui eft à la fuite du Roi. Aulicus, Ce Seigneur eft
un fage Courtifan , un habile, un rnfé Courtifan.
Les Courtifans ne doivent pas dire tour ce qu'ils
penfent. Les Courtifans ont un maître à adorer, & la
fortune,cctte birarre,qui fe joue d'eux inceflamment:
ne font-ils pas plus'miférables que nous autres ber-
gers , qui n'avons à craindre que les vilains jours 't
B. Rab. Les Courtifans font les parafites des Rois.
Ac. Tout ce qu'il y a de bifarre dans l'amour, ne
ie peut trouver en aucune autre pafîion , qu'en
celle des Courtifans pour leur Prince. M. Scud. Il
y a une grande dificrence entre les Courtifans de
C O tJ -99^
bonne foi , qui aimcnr le Prince , &'îes Courtifans
inrcreflcs , qui ne cherchciit que la fortune. Id.' Les
Philofophes appellent, les aifujettiffemens de -11
Cour, ks'mijcres des Cotlnifans. Bail. Le per-
fonnage des Courtifans demande un efprit bien
fouple & hàen rafiné. S. Evr. Les Courtifans regar-
dent les gens de Province & les Savans avec "dé-
dain , &: avec pitié. Mont. Les Courtifans font com-
me les enfans de tribut, qui ne reconnoifTenr point
de païens ; charmes de la Cour , ils ne penfent qu'à
fatisfaire leur ambition. Ch. DE Mer. Il commença
dès lors à faire voir qu'il n'eft pas pofTible d'accoV-
dcr le devoir d'un bon Courtifan , avec les obliga-
tions d'un véritable Chrétien. P. Verj.
Les Courtifans m font que dejirnples r efforts :
Sont ce qu'il plait au Prince j ou s'ils ne peuvent l'être
Tachent au moins de le paraître ;
Peuple caméléon , peuple Jinge du maître. La Font.
Courtisan fe dit en général de ceux qui font exad:s
,1 rendre des foins & des devoirs : ou en particulier
de ceux qui rendent des refpedls , ou des afliduités
à de Grands Seigneurs pour en obtenir quelqu'a-
vantage.^/iVwœ gratiz captator. Ceux qui ont bien
des emplois à donner, à procurer, ne manquent
point de Courtifans,
On nomme aufîi Courtifans , les Amans des Da-
mes , ceux qui leiK comptenr des fleurettes. Procus,
Cette femme riche a beau être laide , elle ne man-
que point de Courtifans qui la veulent cpoufer.
U^T COURTISANE , f. f, nom que l'on donnoit aux
femmes publiques chez les anciens Grecs &: Ro-
mains. On les appelle encore ainfi en Iralie. On
donne le même nom chez nous aux femmes livrées à.
la débauche publique , mais qui font un peu confi-
dérables , & qui mettent tm air de décence dans un
métier qui n'en eft guère fufceptible. Les Courti-
_/iz/?e^ font un peu moins méprifables que les Cou~
reufes. Meretrix. Laïs étoit une fameufe Courtifane,
qui demandoit dix raille écus à ceux qui vouloient
pafler une nuit avec elle. Venife eft le lieu du mon-
de où il y a le plus de Courtifanes : on dit même
qu'il y a 150 ans que le Sénat qui les avoit chaflees,
fut obligé de les faire revenir , afin de pourvoir à .
la fureté des femmes d'honneur , & d'occuper la
Noblefîe , de peur qu'elle ne méditât des nouveau-
tés contre l'Etat. C'eft pourquoi le peuple regarde
les Courtifanes avec plus d'envie pour leur fortune,
que d'horreur pour leur conduite. S.Didier. Elle
répondit fîèremenr que la toilette & les ajuftemens
d'Cine Courtifane n'étoient pas propres à une reine.
Fléch.
COURTISER , V. a. flatter quelqu'un , ^ lui faire
la cour pour en obtenir quelque chofe. On dit
dans le même fens courtifer les Dames. Alicujus be-
nevolentiani. , gratiam captare , aucupari.ll y a long
temps que ce jeune homme courtife cette veuve.
On courtije ce vieillard, pour être mis dans fon
tcftament. Ce verbe ne s'emploie ordinairement
que dans le ftyle familier -, cependant M. de S. Real
s'en eft fervi avec grâce en parlant des affaires de
Marins & de Sylla. Marius commença donc à coar-
tifer le peuple , & à déclamer contre le luxe & l'of
gueil infupportable des Sénateurs. De S. Real.
Pafquier remarque que le premier qui s'eft fervi de
ce mot eft Olivier Maigny.
Les Achilles & les Théfces ,
Là-bas fous leurs trifies lauriers.
Ne font ni plus grands , ni plus fiers ,
Ni leurs ombres plus courtifées. Voit,
On dit fîgurément qu'un homme courtife les Mu-
fes , les neuf fœurs ; pour dire, qu'il aime à faire
des vers , qu'il s'applique à la Poëfie. Studiofus Poe-
feos.
Courtisé, ée. part.
COUKT-MANCHER, v. a. terme de Boufherié
99^
c o u
C eft rapprocher le manche d'une épaule de mou-
ton du gros de l'cpaulc, pour la parer. Les bouchers
ont des brochettes de bois , qu'ils appellent bro-
chettes à court-inancher.
COURTOI.S, OJSE ,adj. qui a des manières hon-
ncres & agréables , qui iàit un accueil doux &;
gracieux à tout le monde. Comis , humcinns , ur-
tanus. La marque d'un lionnetc homme , c'ell d'ê-
tre courtcis. Un brave Cavahir ctl connais aux
DameSr Ce mot a vieilli , & n'eft plus du bel ul'age.
Bouiî, M. Ménage s'en e(l pourtant lervi.
Il tji civil , acco fiable ,
Doux 5 lenm , courtois , afable. MÉN.
Les Italiens dilent conèfe. Il vient de Corte y
Cf/c/, parce que ks gtns ue Cour l'ont plus civils
que les autits. C'cft ainli , 6c pour la méuie raifon ,
qiic dsnsla balît larinite, on trouve de CV/r/tz iLour,
curialiter , car i-tliidi 5: curiahjjimus , pour ligni-
fier de l'honnêteté, de la politeilê, des manières
ap-rcables, de la bcntc. Bollanuus , Acia. SS. Fttr.
T. III , f. loi ^D. & j).io^ ,A. On ditprovcrbiaie-
irent , que \
Doux & courtois lar.«a^e
Vaut. miLhx ^jic riche hcntage
Pour figni.lerque Ln politeïTe , l'honnêteté valent
mieux que ksrlchciles.
CCURTOÎSLS 5 ( Ar MES ) armjcs oui ne lauroienr
b'eircr. y/7/;?a oljiuja ,reti:ja ■, hchctcua^ itinocen-
iidi nnoxia. Les armes connoifcs font opipolécs aux
aim^s à outrance. Dans les tournois, on ne le fervit
d'abord que d'armes co/.T/ci/^i, il n'y avoir point de
fer au bourdes lances, ni de pointes aux cpces :
mais on crut dans la fuite qu'on ne marquoit point
de va,lcur dans des combats où il n'y avoir poinr de
péril jc'eft pourquoi on fe iérvit bientôt des armes
a ourrance , qui ont fouvent enfanglanrc la carrière
& CGÛcé la vie aux R.ois mêmes. Journ. des Sav.
I-'2.I . p. I07.
COURTOISEMENT , adv. d'une manière courtoife
Se civile. Ccmiur , urhane , humaniter. Ce Prince
l'a reçu fort courtoifement, lui a parlé fort cour-
toij'cnum. 11 efi vieux
COURTOISIE 5 f. f. civilité, honnête accueil. Comi-
tas y urbanitas , humariuas. Les grands gagneur le
cœur de rous leurs fujcrs par la courtcijïi' , par la
douceur ce l'accueil qu'ils font .à leurs inlcricurs.
Mêlons js'il fe peut ,1a csurtcijù avec la guerre.
Balz, On ne le dir plus guère.
Courtoisie f gnifie auHi un bon office, plaifîr qu'on
rend volontairement à quelqu'un fans y être obligé.
Humaniiiis , beriificirim. Je tiens cette faveur de la
courtijifie d'un tel. J'attends ce plaif r de votre cour-
U:ijîc, de votre humeur obligeante. On le dit peu-
ffr En termes de Fauconnerie , ta're la courtoise aux
autours , c'eft leur laiflcr plumer le gibier.
COURTON. f. m. C'cfl: la troif cme des quatre fortes
de filaflé que l'on tire du chanvre i les aurrcs fonr
le chanvre , la irllaiTc & l'éroupe ; le courton cfl: ainfi
nommé , de ce qu'il eft très-court. C'eft la plus
m^uvai'e fillaffe après l'éroupe.
COU- TPENDU , COURPENDU , CAPENDU. f.
m. Tous CCS mots fe difenr ; mais les deux ptemiers
font les plus uftés. Malum curtipendium. Efpèce de
^omme , à qui l'on avoit voulu changer fon ancien
nom pour lui donner celui de bardin. Il eft rout-
à-fait de figure de pomme, 6c d'une grofléur raifon-
nable ; il efr gris-rouflâtrc d'un côté, & afléz char-
gé de vermillon de l'autre ; la chair en eft très-fine ,
& l'eau très-douce ôr fort agréable-, on en mange
depuis le mois de Décembre jufqu'en Février &:
Mars ; mais il ne lui fiur pas donner le temps de
devenir trop ridée , parce qu'alors elle eft infipide.
Le courtrendu eft une rrès-jolie pomme. La Quint.
Cerre pomme eft airfi nommée , parce qu'elle a la
queue fort courte. Urobrachys. Il y a deux fortes
COU
de courtpcrdu ; l'un gris & l'autre rouge , dit muf-
que , ou pomme de ijchn.
Ce mot fe dit auiii ac l'.ubre ou du pommier qui
porte ce Iruit. J'ai fair planter cjuatrc courtptndus t
deux de chacuc eipèce.
§C? COURT-PLIS , i; m. terme de A latine. C'eft
dans l'aunage des toiles à voile -, tout pli qui i
moins d'une aune. Encvc.
COUi<.TS-JOURS , terme deNcgocians en change.
Une lettre de change à courts-jours , c'eft une let-
tre de change qui n'a plus que quelques jours pour
être échue. On dir tirer ou remettre à courts-jours ,
lorl'qu'on veuttiier ou remettre une lettre de chan-
ge qui foit bientôt échue.
COURTRAY. Cortracum , Cortoriacum. Grande ville
des Pays-Bas , dans la Flandre Walone , fur la Lys.
Parlattèvede 1684, les François démantelèrent
Courtray tx\. le rendant.
COURTRÉSIS , petit pays de la Flandre Walone ,
qui eft de la dépendance de Courtray -, territoire
de Courrtay. Fagus Cortoriacenjis, VAioii , Not,
Gall.
COURVEE. Voysi Corve'e.
COURVETTE ou CORVETTE qui eft plus ufité,
f. f. terme de Marine , eft une efpèce de barque
longue qui n'a qu'un màr & un petit tranquei , &
qui va, à voiles &; à rames. Scapha longior malo in-'
Jita ,malo corkita ir.jirucia.. Il y en a d'ordinaire à
la fuite d'une armée navale pour aller à la décou-
verre, &' pour porter des nouvelles.
et? COUPv VILLE, perire ville de France, dans le
Perche , fur la rivière d'Eure , à cinq lieues de
Chartres.
COUS ou COYER , f. m. pierre à aiguifer ( vient
de cotis. ) On appelle auHl coyer le fabot perce ,
qui diftille de P. nu fur la pierre.
On appelle fcyer en baHè Norm^andic , un petit
vaiffeau de bois ou de cuivre rond , gc dont le tond
fe termine en pomte, dans lecuel les Faucheurs
mertent leur pierre à aisuifer. Jh le portent à leur
ceinture, à l.rquelle il eu attaché par un crochet
qui tient à ce vailicr.u. Ce mot a été fait de cotia^
nvw, formé de cos , coris. On le nomme encore
aurrement buhau ou buhot. Addition à l'Etym. de
COUSIN, INEjf.m, &f. terme relatif & de paren-
ré , qui fe dit de ceux qr.i font iflus de deux frères.
Patrueiis , frater p.itruelis , joror patruelis. Il (z
dit auHi des enfans de deux Cœurs , ou d'un frerc
&: d'une fœur. Corfoirinus , conjobrinn. Dans la
première génération , ils s'appellent confins ser-
mair2s\en la féconde , i/fus de germains; en la
troiiicme & quatrième , on les appelle coujins au.
troijizme & au quatrième degré. Sobrinus ^Jobriniu
Dans la primitive Eglife , il étoit petmis à un cou-
Jin germain d'époufer fa confine germaine, c'eft-i-
dire , aux enfans de deux frères , pour empêcher
ou'on ne s'alh'ât dans les familles païennes. Mais
Théodofe le Grand défendir les mariages cnrre cou-
fins germains, fous peine de mort, liir ce prérexte
de bienféa"ce , que les coufiines germaines tien-
nent lieu de fœurs à l'égard de leurs confins ger-
mains.
Ce mot vient de confanguineus. Nicod. Mais
Ménage le dérive de congenius ou congeneus , com-
me qui diroir ex eodem zenere.
Cousin, parenr. Les Ecoflbis fe fonr rous confins du
Roi. Apol. pour Hérodote de rEdit. de 17^5,/. i , c.
3 j/». iT. L'orgueil & la fierté de la Nation peuvent
avoir donné lieu au proverbe : Un temps fiir que la
France fe rrouvoir fort bien du fecoufs d'Ecofîe
contre les Anglois ; &: alors à rour aurant de Sei-
gneurs ou de Gentilshommes Eco/îbis à qui le Roi
écrivoit ; ou qui pa/Toient les mers pour le fervir,
il donnoir libéra!em?rr le ritre de confln. Encore
nu'ourd'hui, d'un homme forr vain , on dir cu'i l'en
croire , le Roi n'eft pas fon coiifi.n. Note de M. Le
Duchat.
Cousin Paternel Ç.c dit des confins qui font iiTus 4es
GÔ tJ.
^arens du côté du ^iere ; Patrue'Iis. Coujin matetncl ,
de ceux qui (ont; ili'us du côte de la merè. Amitimis,
, amitma.
Cousin efl: aufTi un terme d'honneur que les Rois
donnent aux Princes de leur lang, aux Cardinaux ,
à des Princes étrangers , & aux principales perlbn-
nés de leurs Etats qu'ils veulent honorer. Cugnatus.
Le Roi traite les Ducs & Pairs , les Maréchaux de
France de confins. Le Roi donne la qualité de cou-
fin aux Archevêques , quand il leur écrit \ mais il
n'en honore pas les Evêques.
Cousin cil; encore un nom que fe donnent les parti-
culiers en témoignagne d'amitié. Amicus. Si vous
faites cela, nous ne ferons pas confins , c'eft à-dire ,
nous ne lérons pas amis. Ces deux hommes ne vont
Jamais l'un lans l'autre , ils font grands confins.
Cousin fe dit auifi , en dyle burlefque , des ccorni-
fleurs de campagne, qui , fous prétexte de parenté
ou d'amitié , vont manger Chez les gentilshommes
du voihnage. Farafiti. Pluiieurs font obliges de
vendre , de quitter leurs terres , parce qu'ils font
mangés de confins,
^fT A Bourges , on appelle confins de la Fête-Dieu ,
ceux qui vont dei'cendre & loger chez quelqu'un
fous prétexte de parenté, le jour de la Fête-Dieu,
pour y voit la procelîion •, & confins du Sacre , ceux
qui viennent à Angers voir la même proceilion
qu'on appelle Sacre,
Cousin fignifîe un chanteau long qu'on faifoit ci-de-
vant , quand on rendoit le pain bénit, pour en en-
voyer des parts aux parens 5c aux amis, parce que
le chanteau de l'Eglife ne fuffifoit pas , & n'étoit pas
lî bien éto.'fé , ni fi délicat. Libum placenta. On fai-
foit honneur à fes amis en leur envoyant Axicoufin.
Cousin , en termes de groffc forge. Les Maîtres de
groiîe forge appellent le gouverneur du fourneau,
le fendeur , i'affineur , le marceleur & les aurrcs
Forgerons, co«j'?nJ. Ils difent que dans les forges,
ils font tous Confins , le Maître eft coufin comme les
autres. , .
Cousin, Ijcr petit infeifte , fotte de moucheron a/Tcz
conuu par fon bourdonnement, & par la piqûre
qu'il fait. Q/Ux, Les coi fins & les mouches ont (ix
grandes jambes , n'ont point de cou, & ont une
trompe qu'ils allongent & retirent, par le moyen
de laquelle ils fuccent le fang des animaux & les
autres liqueurs dont ils fe nourriffent. |C Le meil-
leur remède contre les piqûres des coifins , c'efl de
laver la plaie auffitôt qu'on a été piqué , avec de
l'eau ou tout autre topique cmoUient & ralFraî-
chiflant, afin de prévenir ou de diminuer au moins
l'enflure Se la démangeaifon.
En Amérique , on efl: tellement affligé de confins^
qu'on ne fauroit dormir à l'air, ni avoir aucune
partie du corps découverte. Pour s'en défendre , il
faut fe fervir d'une coufmière: précaution qu'on
prend dans tous les pays chauds. Pour les faire for-
tir d'une chambre , il faut mettre une lumière au
dehors , ils y accourent , & puis on ferme prompte-
roent toutes les fenêtres. ^
Ménase dérive ce mot de culcihus , formé de
culex.
Cousin fe dit proverbialement en ces phrafes. Tous
Gentilshommes font c:oz//?«j ,& tous vilains ,■ com-
pères. On appelle du mauvais vin dans un logis, du
chaffc-confin. On dit dans le ilyle familier , fi telle
fortune m'arrivoir , le Roi ne feroit pas mon cojtjln ;
pour dire , je m'eftimerois plus heureux que le Roi.
AcAD. Fr.
COUSINAGE, f. m. Parente ^^ entre coufin -, on
le dit auffi de l'aflemblce des parens. Cognatio.
Cet homme vous traite de coulin , dites-moi de
quel côté vicni ce coi/finage. Le coifinage efl; bien
fouvent un prétexte pour fe voir fans fcan<Iale.
Pour les noces de petites gens on aflemble tout le
covfimaoc. Ce mot n'eft que du ftyle familier.
COUSINER , V. n. s'aller vifiter comme confins , ou
amis. Cognatosfe mutub vocare & invifere. Un tel
confine avec un tel, Ce Hobereau ne vit qu'en ceu-
G b II
/?
finant chez l'un , chez l'autie. Il n'y a guère que lei
Provinciaux qui confinent : ce terme de familiarité
n'eft point en ufage à la Cour.
^fj' Le Dui. de l'Àcad, Fr, en fait àuffi uli verbe ac-
tif, un tel vous confine , de quel côté efl;-il votre
coufin î
COUSINETTE ou COUSINOTTE , H f c'eft le
nom d'une efpèce de pommé qui. approche de \i.
calville , & qui fe garde jufqu'en Février. Son eau
eft d'abord fort aigre, la queue eft longue & fort
menue. On l'appelle autrement petite êalville d'é-
té. La Quint.
^ COUSINIÈRE , f. f. forte de eafe dont on en::
toute un lit , pour fe garantit des coufins j pré-
caution ncceifaire dans lès pays où il y a beaucoup
de ces infecfes.
COUSINIÈRE , nombreufe parenté , comme elle
eft ordinairement dans les petites villes , où pres-
que tous les parens , ne fuflént-ils parens qu'ail
dixième degré , fe traitent de coulins.
Je n'ai fait de Paris ici presque qu'un faut
F^t n'y croyois jamais arriver a({e:^tôt.
J'arrive , & n'y fiiis pas une journée entière ,
Qu'ahymé tout d'un coup dans une coulinière ,
Je penfe , tantjefouffre & d'efprit & de corps ,
Que jamais ajjei^tôt je n'en ferais dehors, ,
Du Cerceàt/:;
COUSOIR , f. m. terme de Relieur. C'eft urie ma-
nière de petite table , fur laquelle on coud dés li-
vres qu'on veut relier.
0Cr GOUSSE, Rivière d'Auvergne, qui a fa fource
dans les montagnes , palfe à IfToire, 6c fe perd daos
l'Allier. -
COUSSIN, f. m. efpèce d'oreiller, ou de carreau,
qu'on emplit de plume , de boutrc , ou autre ma-
tière molle &: élaftique, pour être aifis pu couche
plus doucement. Pulvinus , pulvinar. On ne s'ert
fert guère que pour dire un carreau qui fe met fut
un fiége , ou une chaife. Cail. Le Père Bouhours
dit pourtant que le Sultan avoir accoutume de
s'aiîéoir fur des couffins.
Et fon corps ramage dans fa courte groffewtji
Fait gémir les couilinsjous Ja molle epaiffeur.
BOIL.
Ce mot vient de l'Allemand kufferi , ou htffin ^
fignifiant la même chofe. C'eft le fentiment de "Bol-
iandus , AU, SS. Febr. T. III , p. loji Sur le mot
Cu£inus , ou Cujfio , qui fe trouve dans k même
fens dans un Ecrit de S. Angilb' rt. Onrrouvedans
quelques Auteurs cz(^«z/i- bccufjinûm ; pour dire,
couffin.
On le dit proprement de ce qu'on ihet fur les
fiéges de carrofle. Ils font de cuir remplis de plu-
me , & couverts par deifus de la même étoffe dont
le carroffe eft garni. On appelle plus ordinairement
carreaux les couffins qui font fur les fiéges , ou fuc
lefquels on fe met à genoux.
On appelle auffi un couffin pour courre la porte ,
ou couffinet, une efpèce de petit matelas piqué ÔC
mollet qu'on met fut une felle ; Si pareillement
celui qu'on attache derrière la felle du cheval pour
porter une valife , ou fur le garrot ou ppitraiî
des chevaux de carroffe , pour empêcher que le hàt-
nois ne les blelTe.
COUSSIN ou COUSSINET, terme d'Horlogerie;
Pièce raraudée qui fait moitié de la filière double.'
Coussin. Les Doreurs fur cuir appellent ainfi un petit
ais couvert d'une peau de veau , fous laquelle il y
a du poil de cerf, & fur laquelle on coupe les tran-
ches d'or.
Coussin deCanon , terme d'Artillerie , c'eft un gros
billot de bois pofé fur le derrière de l'afFût , & qui
en foùtient la culafTe, On l'appelle aufli chevet dà
canon.
) Coussin d'Amburrc » en terme de Marine, fe dk
looo cou
d'un dira de bitorc , que l'on met fur le platbord
du vaiireau , où porte la ralingue de la voile pour
l'empêcher de fe couper. CouJJln fe dit encore d'un
pareil tilTu que l'on met fur le mât de beaupré , &
îiir les cercles des hunes pour le même ula^e.
COUSSINET,!", m. diminutif. Petit cou fTm.Pz/ZvzV-
lus. On met des coujjinets pleins de choies odori-
férantes fur les lits.
Coussinet à Mouj'qiietaire. C'eft un cou (fine t q\it le
-Soldat plaçoit autrefois fous fa bandoulière, à l'en-
droit où il porte le moulquet. Il y a aulîi des couf-
(inets que Ton met fur le garot des chevaux de car-
rolfe , de peur qu'ils ne le blelfcnr en cet endroit-
là. Les Doreurs fur bois ont des coujjinets pour tail-
ler leur or &les Graveurs pour foûtenir les plan-
ches qu'ils graveur.
Coussinet efl: auHi la première alïîfe qui porte la
rampe des piédroits des voûtes rampantes. Pulvi-
■rms. On l'appelle fommier dans les croifées , ou
portes. Le coujjînet , ou premier voulfoir d'une
voûte en arcade , a un lit de niveau , & celui de def
fus en coupe en pente pour recevoir les fuivans ,
auxquels il ferr d'appui. Frézier.
EnArchireélure on appelle coufflnet l'ornement du
chapiteau Ionique entre l'ove & l'abaque , qui ferr
à former les moulures. Pulvinus. On l'appelle couj-
jînet , parce qu'il repréfcnte comme un oreiller
prefle par la charge qui eft delfus , & qui eft roulé
& arraché d'une courroie. C'ell aulfi un nom qu'on
donne à l'impofte.
CoussiNET.On appelle ainlî , en termes deCouvreurs ,
des rouleaux de nattes de paille , que ces ouvriers
attachent au detfous des échelles , dont ils le fer-
vent fur les couvertures des bàtimens. Echelle à
coujjinet , eft une échelle où font attachés un , ou
deux de ces rouleaux.
gCF CoussiNiT , terme de bottier , petit fac plein
de crin ôi piqué , qu'on met à la genouillière des
bottes , pour empêcher qu'elles ne blelfent.
Coussinets de Mamis , f. m. pi. Plante qui pouffe
plufieurs tiges menues comme des fibres , foibles ,
d'un rouge-brun , fe couchant & fe répandant au
large fur la terre , revêtues de feuilles femblables
à celles du ferpoler , mais plus petites , dures ,
vertes en deflùs , vert-cendré en delfous, à queue
fort courte , rangées alternativement le long des
tiges. Ses fleurs nailfent aux fommités des branches.
Elles font découpées en quatre parties pointues,
purpurines , avec plulteurs étamines qui jointes au
piftil , font enfemble comme un corps pointu. Il
leur fuccède des baies prefque rondes ou ovales ,
rougeâtres ou jaunes-vcrdâtres , marquetées de
points rouges , ornées d'un ombilic purpurin , for-
mé en croix , d'un goût acre : ce qui a fait nom-
mer cette plante en latin Oxycoceum. Elle croît
dans les marais & dans les autres lieux humides &:
ombragés. On prérend que les feuilles , les fleurs
& fes baies arrêtent le vomllfement & rclîftent au
venin.
COÎJSSINOTTE , f f. nom de pomme. Foye^ Cou-
SINETTE.
COUSSON , (. m. terme d'Agriculture. Nos Villa-
geois ( de Dauphiné ) appellent ainli une vapeur
chaude qui brûle les bourgeons les plus tendres des
vignes, quand elles commencent à poulfer. Cho-
KIER , Hifl. de Dauph. L. Il , p, loi.
Ce mot vient du Grec Kaua-o-, , ou xài/yu , qui li-
gnifie ardeur. Id.
ffT Rabelais appelle Couffon un morceau de linge
quarré qu'on met fous l'ailîelle aux cnfans.
^ COUSSON ou COSSON , (LE ) petite rivière
de France en Sologne qui vient d'auprès de Gien ,
& fe jette dans la Loire au deiîbus de Blois.
COUSTANGE , f. f. vieux mot. Coût, On a dit ,
faire coujlange à un autre -, pour dire , lui caufer de
la dépenfe.
COUSTIERES , f. f. pi. terme de Marine , foiu de
gros cordages qui foûriennent les mâts d'une
galère , 5c lui f&rvent de haubans, L'arbre de Mef-
COU
ttea cinq co«/?ièrM à chaque côtér-5ç le trinquet
rrois
-'.' O;
COUSTILLARDE , f f. vieux mot , efl: une plaie ou
balafre par une dague , ou long poignard qu'on
appeloit autrefois fow/W/e , parce qu'on les portoit
fur le côté-, ou de coujhl , qui fignifioic autrefois
couteau . de on appeloir Coujiillhrs , ceux qui por-
, toient la couftille d'un homme d'arme , t?c qui le
tenoient près de lui , comme remarque Faucher,
On dit encore des affalfins & brerreurs , qu'ils onr
donné plufieurs coujiillades à quelqu'un , quand ils
lui ont tait plulieurs blelfures, fur-tout au vifacre,-
PLuj^a luculenta.
ffT COUSTILLIER. f m. Ecuyer qui porta les ar-
mes à côté de fon maître. Armiger. Nicod.
'COUSU , UE , adj. & parricipe du verbe coudre.
Ce qui eft attaché à un autre avec du fîl , de la foie ,
&c.Sutus, confuius. Voilà un habit, des o-anrs '
des ibuliers coujus bien propremenr.
Ip" En rermes de Manège , on dit d'un cheval mai'-
gre & efflanqué qu'il a les flancs coujhs , parce
qu'Uyalî peu d'épailfeur, qu'ils paroiifenr confus
enfemble. M^cer , ntacilentus.
%T On dit dans le même fens d'un homme exténué,
qu'il a les joues coufues.
Cousu lignirie encore cicatrifc , rempli de couture*
fur la peau , qui marquent des veftiges de plaies du
d'ulcères guéris il y a long temps. ï'icatricofus. U
n'eft que du ftyle familier".
On dit, en termes de Manège , qu'une homme
eft coufu dans la Telle ; pour dire , qu'il n'en bran-
le pas , qu'il femble y être attaché. Injidens equo
frmiter
Cousu ou Chef coufu , fe~ dit en termes de Blafon.
Voyei Coudre.
Cousu fe dit figurément des paroles & des parties
d'un difcours , joint , uni enfemble , ajuHé. Confu-
tus , a, um. Cet Orateur nous a fair un difcours
pitoyable ; ce ne font que des paroles mai coufues
enfemble. Un fatras de partages mal coufus enfem-
ble. Des penfées même aflez" belles , pillées çà-Sc-
là , mais mal aflbrties &: mal coufues enfemble ,
fans fuite , fans jugement , fans raifon.
Cousu fe dit en ces phrafcs familières. On appelle un
homme tout coufu de piftoles, celui qui en a beau-
coup , par allulion à la manière des avares , qui cou-
fenr leur argent dans leurs ceintures , dans leurs
habits , pour le mieux cacher & garder. Oui de
pareils difcours , & les dépenfes que vous faires ,
feront caufe qu'un de ces jours on me viendra cou-
per la gorge , dans la penfée que je fuis rout coufu
de piftoles. Mol. On appelle des h'nefles coufues de
fîl blanc , celles qui font grolfières & aifces à dé-
couvrir. On dit aulîî bouche coufue en parlant à
quelqu'un à qui l'on recommande de garder un fe-
cret ; ne parlez point , hanche cotifue.
COUT, f m. prix de la choie qu'on achète , ou ce
qu'on eft obligé de dépenfer pour l'acquérir, pour
la conftruire , ou pour l'entrerenir. Sumtus , im-
penfa. Les bàtimens font de grand coût. L'artille-
rie , les équipages de mer, font de grand coût à
l'Etat. Ce mot eft vieux dans la langue , & y eft
palfé tout pur du Celtique , ou Bas-Breton , où il
lîgnifîe la même chofe. Mazarin fut en compagnie
du Cardinal Colonne étudier à Alcade de Héna-
rès , où il demeura dix-huir mois à fes propres coûts
&c dépens. Mascur.
On dit, en termes de Palais , rembor.rfer les frais
& loyaux coûts ; pour dfre , ce qu'il en a Ié3:iri-
memcnt coûté à acheter une chofe ; comme en ma-
tière d'hérirage , c'eft outre le pris , les lods &
ventes , les frais du contrat ,1e payement des char-
ges , &c. On dit en ce fens , le coût en fait perdre
le goûr; pour dire, qu'il fe faut pa/fcrd'unechofe,
quand on n'a pas le moyen de l'acheter.
COUT D'ASSURANCE , f. m, terme de commerce
de mer. Foye^ Prime d'Assurance.
COUTAGE , f. m. vieux mot , qui veut dire la même
chofe que coût. VoyetCi mot.
COUTAOE
cou
CoTjTAGE OU CousTANCF , f. m. cii'oit des Seigiiciirs
iur leurs Vallaux ou Sujets. Cotagium. Il étoit en uia-
ge en Bretagne dès le XII'- licclc. Lobineau , Hiji,
diBrct. r. /,/?. 281, & 7. //, /7. iiîi.
COUTANCE , Ville de France dans la bafle Norman-
die , capitale du Cotantin , auquel elle a donne ce
nom. Conjiamia. Cajira. Quelques-uns veulent que
fon propre nom Ibit ÇonjtantKZ , arum plurier , par-
ce qu'elle étoit divifce en deux, ou Flavia Conj-
tantla. Plufieurs Savans veulent qu'elle ait été ainii
appelée , parce que ce fut d'abord un Camp de
Conltantius Chlorus, père du Grand Conftantin ,
qui dans la Tuite eft devenu ville. M. Huet eft de
ce l'entiment , dans fes Origines de Caën , c. III \
M. Corneille au mot Cotantin, ptétend, fur un paf-
fage d'Ammien Marcellin,qui dit que laSeine Te dé-
charge dans la mer , /jro/je cajira Conjlantia , que
ces Cajcra Confiantia , ou ce Camp de Conftantius ,
efl: tout le Cotantin, & non pas Coutance feule,
mais on n'a jamais appelé Camp, C^y/r^ , un pays
entier ; mais des lieux fortifiés , qui dans la fuite
font devenus des villes. D'autres prétendent que ce
nom lui fut donné à caufe de fa confiance à rélîfter
aux Romains. D'autres veulent que ce foit le Coft-
dix d'Ammien Marcellin. D'autres difent qu'elle fut
ainfi appelée à l'honneur de l'Augulte Conftantius ,
petit fils de Conftantius Chlorus , & frère de Conf-
tans , pour qui l'on y avoir érigé quelque arc de
triomphe , ou quelque autre monumenr. D'autres
enfin l'appellent Augufta Rornanduorum ^ & difent
qu'elle étoit la Capitale du peuple appelé Roman-
dui , & enluite de ceux qu'on nommoit Unelli , ou
Venelli, &C qui fuccédèrent aux Romanduens. On
trouve dans la Carte de Peutinger Conjlantia Crou-
ciaconum , Ss. dans Ptolomée Conjlantia Crocitano-
Tum yenetorum. On la trouve auflî nommée Conf-
tantina «r/'J.Elle eft fous le kj», 5', 55;" de lon-
gitude , & fous le 49° , z' , jo" de latitude. La diffé-
férence de fon méridien .à celui de l'Obfervatoire
de Paris eft de oh, 15', 10" occid. ou 3", 47', 15".
Cass. Plufieurs Auteurs onr cru que cette ville avoit
été bâtie par Pvomus , ou Romaiis, l'an du monde
ijio. Coutance z^ un Evêque fort ancien. S. Lo ,
cinquième Evêché de cette ville , aflifta l'an 54(î ,
au cinquième Concile d'Orléans. M. Daireaux de
Vendôme a fait des recherches très-curieufes pour
l'Hiftoirc de Coutance & du Cotantin. M. Corneille
écrit Coutançes: mais M. Huet &: plufieurs autres
ne mettent point d'^ à la fin.
COUTANT , adj. m. fe dit en cette phrafe,|Cr le prix
coûtant , je^vous le donne au prix coûtant , au prix
qu'il m'a coûté.
COUTEAU, f. m. uftenfile fervant à la table, fait
d'un fer accré, tranchant d'un côté, qui fert prin-
cipalement à couper le pain, les viandes. Culter.
Cette viande eft tendre au couteau. Ce fruit eft
mûr , il eft doux au couteau.
Ce mot , couteau , vient du latin , cultellus ; &
fi l'on en croit le P. Pezron cultellus , un couteau ,
eft tiré du celtique , coutel, ou goutel. Il faudroit
qu'il fut bien prouvé que coutel ou goutel eft celti-
que , & qu'il ne vient pas de cultellus.
Il y a plufieurs fortes de couteaux : un couteau
de poche , qui a fa gaine : un couteau piant à une
jambette : couteau de cuifine , de boucher , pour
couper la grolfe viande. Les couteaux pointus ,
qu'on nommz baïomiettes , font défendus. En Italie
on ne fe fert que de couteaux arrondis par le bout.
On appeloit les facrés couteaux chez les Payens,
ceux qui leur fervoientà égorger des vidimes. Frap-
pe, je tends le fein à tes (acres couteaux. Dans
le temple de la Mort , de Habert.
Minijire , pour qui fe prépare
Cet autel , ce fatal bandeau ,
Déjà dans une ^nain barbare ,
J'apperçoislefacré couteau.
Nouv. CHOIX DE Vers.
CoUTEAiT fe dit auffi d'une courte cpée de ville >
Tomt II,
COU looi
qu'on porte feulement pour parade. G/iZf/iwj. Lorf-
qu'il fut attaqué, il n'avoit qu'un petit couteau. Ils
fe font battus avec armes inégales , l'un avoit une
longue épéc , l'autre n'avoit qu'un couteau. On dit
qu'un homme eft un couteau de Tripière, quand
il dir du bien &: du mal de la même perfonne ,
qu'il flatte les deux partis contraires. |^ Expref-
fion baife & figurée. Le couteau de tripière eft un
couteau qui rranche des deux côtés.
Couteau de Pie , eft un outil de Cordonnier fervant
à couper le cuir , qui eft tranchanr & arrondi en
demi-ccrcle^, & dont le manche eft fait en poignée.
Scalprum,
Les Juifs ont fait quelquefois la circoncifion de
leurs enfans avec un couteau de pierre, Cultellus la-
pideus. On fait des couteaux d'ivoire , dont les
Secrétaires ié fervent pour plier plus proprement
les lettres. Cultellus eburneus.
Dans le Manège, on appelle un couteau de cha-
leur, un morceau de faulx avec lequel on abat la
fucur des chevaux , en le coulant doucement fut
leur poil.
Couteau de feu , eft un inftrument de Maréchal en
forme de couteau , fait de fer , pu de cuivre. Cul-
tellus ignitus. Il eft long d'un pié , épais par le
dos 5 & mince de l'autre côté. On le fait chauffer
dans la forge, &: il fert à donner le feu aux parties
malades des chevaux qui en ont beibin.
Couteau de Charpentier. Les Charpentiers ont tou-
jours un couteau avec eux , dont ils fe fervent au
lieu de compas , pour tracer les lignes fort fines.
Couteau fourd. C'eft un inftrument dont fe fervent
les Corroyeurs dans l'apprct de quelques-uns de
leurs cuirs i on le nomme autrement Boutoir. Il a
deux manches ,"un à chaque bout , & le tranchant
en eft fort émoullèj c'eft d'où vient fon nom.
Couteau à revers, ou Echarnoir. Outil de Cor-
royeur,dont le tranchant eft un peu renverfé.On s'en
fert pour écharner les peaux de vache.
Couteau à (io/er , terme de Gantier. C'eft un outil
d'acier qui fert à dolec les étavillons", c'eft-à-dire,
amincir , ou parer les morceaux de cuir déjà dif-
poiés à faire les gants.
Couteau à e/^ez/r^r ou cotr/^^w de rivière, terme de
Chamoifleur &: de MégiiTier.
03" Morceau d'acier large , aminci pat le coupant ,
avec un manche à l'autre bout, dont les Relieurs
fe fervent pour amincir les couvertures des livres y
afin qu'elles fe collent mieux fur le carton.
Couteau à hacher. C'eft un couteau à lame courte
& un peu large , dont fe fervent les Doreurs fur mé-
tal , pour faire des hachures fur le cuivre ou fur le
fer , a vant de les dorer de ce qu'on appelle Or ha-
ché.
Couteau à chapiteau. Les Charpentiers nomment
ainfi une efpèce de couteau qui fert à éguiler 1»
pierre noire, avec laquelle ils marquent ou tracent
leur ouvrage.
Couteau à tailler. Outil de Fourbifleurs , dont ils
fe fervent pour faire les hachures , fur lefquelles
ils placent le fil d'or ou d'argent , quand ils veu-,
lent damafquiner un ouvrage.
Couteau à refendre. C'eft un petit outil de Four-
biffeur , du nombre de ceux qu'on appelle Cife-
lets. On s'en fert à refendre des feuilles qu'on
a gravées en relief fur l'or , l'argent , ou l'acier.
Couteau à tracer. C'eft un des cifelets des Fourbif-
feurs, avec lequel ils rracent Sc enfoncent un peu
les endroits où ils veulent pafler quelqu'un de leurs
cifelets gravés.
Couteau à fcie. Efpèce de fcie à main , dont fe fer-
vent les Maçons & les Tailleurs de pierre.
Couteau à trancher. Ternie de Menuiferie , de pla-
cage &c de marqueterie.
Couteau à mèche, terme de Chandelier. C'eft l'info
trument qui fert à couper de longueur le coton ,
dont on feit la mèche des chandelles.
Couteau à travailler. Outil de Vannier.
CouTEAy à débiter. Les Boulangers fe fervent de ce
LLLLU
I00 2, COU
coûte ju, pour coupei: en morceaux le gros pain
qu'ils vendent en détail & à la livre.
Couteau. Inftrumenc de Chirurgie. Il y en a de qua-
tre fortes. Le couteau courbe & le droit pour les
amputations ^ le couteau lenticulaire pour le tré-
pan ; le couteau à crochet pour l'extraction du tot-
tiis mort dans la matrice. Voye^ le Dict. de M.
Col de Villars.
Couteau de chajje. Epée courte que portent les
Chadeurs pour couper les branches dans les bois.
^^ On dit rigurément, mettre le couteau à la gorge
à quelqu'un pour lui taire faite une choie , lui taire
violence. Fini inferre. Cette nouvelle lui a mis le
couttaii dans le cœur, a été un coup de couteau pour
lui , l'a fenliblemeni; affligé; Plag.mi inferre. On dit
au/îl, que des gens aiguil'ent leurs couteaux ; pour
dire, qu'ils fc préparent à ie battre , à fe querel-
ler, à fe difputer. Gladios acuere. Et qu'ils vont
)ouer des couteaux; pour dire, qu'ils font prêts à
en venir aux mains. Ai manus , ad arma venire.
Je me contente de lavoir danfer &; jouer de la flûte ,
& quelquefois des couteaux. Ab. J'en fuis , & j'y
jouerai comme il faut des couteaux. Scaîi.
On dit auft'i au jeu de cartes, quand un hom-
me a voulu couper une carte, & qXi'un fuivant a
coupé au deffus de lui , que l'on couteau n'ctoit pas
a/ll'Z fort.
On dit qu'un homme eft le couteau pendant d'un
autre ; pour dire , qu'il efl toujours à ces côtés , qu'il
le fuit, l'accompagne par-tout, par allufion aux gens
qui portoicnt autrefois leur' couteau pendu à la
ceinture, comme le font encore des Cuiliniers ,
des Charcutiers , des Bouchers , ùc,
Oii dit auHi , que des hommes font aux cpées
& aux couteaux , tirés -, pour dire , qu'ils font en-
nemis jurés, qu'ils font prêts à le battte , à fe nuire
l'un à l'autie. On dit mettre un couteau fur fable j
pour dire , fe préparer à faire grande chère. Epu-
lum apparare. On dit encore d'une'pièce de drap
dans laquelle on a taillé un habit, & qu'on a en-
tamée , qu'on a mis le couteau dedans.
On die proverbialement aux enfans qui demandent
quelque chofe qui n'cfl pas de leur compétence : on
vous en donnera des petits couteaux à perdre.Toutes
ces exprclfions font familières ou populaires.
Couteau , f. m, terme de Fauconnerie. C'ell: la pre-
iTiière penne des aîles aux oifcaux de poing. Ces
plumes n'ont des barbes longues que d'un côté, &;
des courtes de l'autre ^ elles fe terminent en pointe,
& ainfi lellemblent en quelque forte à un couteau.
Prier alcepenna. Les grandes pennes Sclescouteaux
de la frcfaie font noirs. Les plumes de l'orfraie qui
couvrent les grandes pennes & les couteaux ont des
taches blanches à leurs extiémités.
COUTEAUX. On appelle à Conllantinople , pre-
miers couteaux, les peaux de bœuf ou de vache,
qu'on lève de defTus ces animaux , depuis le mois
de Juin jufqu'au mois de Novembre. Ce font les
meilleures de toutes.
COUTELAS , f. m. épée de fin acier fort tranchan-
te, d'un côté feulement, large, & qui va un peu
en fe courbant. Acinaces. On tranche la tête en
France avec un coutelas. On prétend que le cou-
telas d'aujourd'hui eft uneefpèce de cimeterre affez
femblable à celui dont fe fervoient les Mèdes, les
Parthcs , les Perfes.
CouTELAs,en termes de Marine,fe dit des petites voiles
qu'on attache de beau temps à côté des grandes ,
qu'on appelle autrement bonnettes en étui. Fêla mi-
nora.
COUTELAS, f, m. Poiflbn. Foye:^ Espadon :c'eft
la même chofe.
COUTELIER, f. m. Celui qui fait ou qui vend des
couteaux. Cultorum faber. Sa femme eft appelée
Coutelière. Fabri cultorum conjux. Par un édit de
ïS66, il eft^ défendu aux Couteliers de fabriquer
&. débiter des bayonnettes , poignards , couteaux
en terme de poignards, dagues , épces en bâtons ,
COU
£'c. & de fe retiret dans les Collèges 5c autres fem-
blables Communautés,
Quelques-uns écrivent Coujîeliers , c'étoit l'an-
cien ufagc ; aujourd'hui on écrit couteau Se Cou-
telier.
COUTELIER, terme de Conchyliologie. C'eft le nom
d'un coquillage qui s'appelle ainli , parce qu'il eft
dans fa coquille comme un couteau dans fa gaîne.
Cette coquille eft ronde &; compofée de deux par-
ties femblables .à deux moitiés d'un cylindre creux,
jointes de chaque côté par une membrane qui leur
permet de s'écarter un peu ou de fe rapprocher.
Le Coutelier fe tient toujours debout Se perpendi-
culairement dans cette gaîne, &c n'a point d'autre
mouvement que celui d'entoncer un peu dans le
fable, ou de s'en retirer; ce qu'il fait par le moyen
d'une efpèce de jambe qu'il fait fortir à fon gré
par le bas de la gaîne. Ce coquillage appréhende
fort le fel , & il eft furprenanr qu'un animal qui
vit dans l'eau falée ait tant d'averfion pour le fel.
ffi/i. DV.i'AcAD. DES Se. 1718./'. 1 5 , d'après M. de
Reaumur. Foye^ Manche de Couteau.
COUTELIÈRE,f.f. étui où onmerplufieurs couteaux,
Cultorum theca.Sï j'achète les couteaux, je veux
qu'on me donne apHî la coutelière. Ce mot eft vieux
& fe dit peu.
COUTELÎNE, f. f. Groffe toile blanche ou bleue
faite de fil de coton , qui vient des Indes Orien-
tales , particulièrement de Surate.
COUTELLERIE, f. m. Ce terme fe prend pour le mé-
tier de Coutelier , l'art de faire des couteaux ,
cifeaux & autres ouvrages , & généralement pout
les ouvrages que font & débitent les Couteliers.
Cultorum ojjicina. Les artifans de Moulins font fore
experts en coutellerie. Il fe fait un grand débit de
coutellerie à Chàtclleraud.
tfT COUTER, V. n. terme relatif au prix qu'une chofe
eft vendue. Etre acheté un certain prix, Conjiare,
On dit qu'une chofe cow^e peu , beaucoup. P<im,
magni conflare. Qu'elle ne co/z/e guères, qu'elletozz-
/^ trop , plus qu'elle ne vaut. Combien vons coûts
cela ; Quanti confiât , quanti emijti ? La victoire
nous coûte bien du monde. Conjiat Victoria pluri-
morum morte. Le blé eft ramendé , il ne coûte plus
que tant. Il en faut avoir quoi qu'il cow/e. Eft-il né-
celîaire d'acheter des perruques , lorfqu'on peut
porter des cheveux de fon crû & qui ne coûtent rien?
Mol.
Coûter fignifie aufifi obliger à de grandes dépenfes.
Conjiare. Les procès l'on ruiné , lui ont coûté tout
fon bien. L'exercice de la paume coûte beaucoup.
Un équipage coûte beaucoup à entretenir dans
Paris.
Coûter fe dit auflî figurément en chofcs morales &
fpirituelles , de ce qui caufe de la peine ou de la
douleur. Stare, Cette perte lui a bien coûté des
larmes & des foupirs. Cet homme n'a pas le gé-
nie facile , fes vers lui coûtent beaucoup. Pour pu-
nition de fa faute , il lui en coûte un mois de pri-
fon. Ne tenons pas nos fermens, je vous prie, il
coz/r^ trop de les obferver. Les vieillards aiment à
conter les hiftoiresdeleur temps , parce que quand
l'efprit a perdu fa force , il aime à dire ce qui ne
coûte rien à penfer. S. Evr. C'eft acheter trop cher
le ménagement de nos intérêts , lorfqu'il en coûte
des balfelles. Id. Son amitié coûte cher , en par-
lant d'une perfonne dont il faut efluyer les capri-
ces & les méchantes humeuis. On achète les chofes
bien cher, quand -il en conte un repentir. Idem.
// me coûte affé^ cher , Pingrat , pour être à moi.
Et tel mot , pour avoir réjoui le Lecteur ,
.//coûté bien fouvent des larmes à l'Auteur.
C'eft à ceux-là à combattre qui peuvent mourjt
fans qu'il en coûte rien qu'à eux -, mais vous donc
la vie renferme la deftinée de tant de monde , vous
ne devez point courir au danger. Bouh. La tran-
quillité publique entretenue vaut mieux que ces vie*
cou
cou
îoîres qui counnt d'ordinaire tant de fang & tant
de larmes. FlÉch. Rien ne coûte plus que ce qui
paroît n'avoir rien couu : je veux dire cet air fimple
ifc naturel , mais noble Se poli, en quoi notre lan-
gue efl: iî différente des autres. Bouh. Le nécel-
faire d'une langue ne coûte guères, mais les déli-
catelles font difficiles. Ch, de Mer. L'efprit n'cfl:
point piqué agtéablement, quand il lui couu trop
4e peine à démêler l'obfcuritc d'une penfce. Bouh.
Aprèsles noirs forfaits que votre amour vo«.vcoute,
Votre ame doitfrémirde la paix qu'elle goâte.Qvi.
De tant de duretés que f étale à regret ,
Chaque mot à mon caur coûte unjoupir fecret.
Corn.
Et quand par mts efforts je pourrais P attendrir ,
' Mesjoursnevalentj)&intqu'ilm''en coûte unjoupir.
Campistron.
CouTîR fignifîe auffi faire une chofe à regret , avec
répugnance. jEgré ferre aliquid. On peut auiîi fe
' fetvir du verbe conjîare bcfiare. Jamais réfolution
n'a tant coûté à prendre. Voit. Quand il faut qu'un
honnête homme faife des foumifïîons , flatte les
Grands , tout lui coûte. Quand il faut letvir fes
amis, tienne lui co'«/«. On dit aufll d'un prodigue,
que l'argent ne lui coûte rien. On dit en amour;
Tout efl doux , rien ne coûte ,
Pour un cœur qui fiait aimer.
On Le dit aufll des autres chofes dont on efl:
mauvais ménager. Ce Capitaine expofetrop fesfol-
dats , la vie des hommes ne lui coûte guère. La pei-
ne de fes valets ne lui coûte rien. On dit prover-
bialement qu'une chofe coûte plus cher qu'au mar-
ché -, pour dire , qu'elle coûte trop cher. On dit ,
dans le même fens, qu'elle coûte poil & bourre.
COUTERIE , f. f, terme d'hifl:oire eccléiiaftique.
Otf.ce de Coutre, Officier inférieur dans une Eglifc.
Office de Sacrift:ain, de celui qui gardoit les or-
nemens d'une Eglife. On l'appeloit anfTi Cufl:odie.
Cuflodia. La Cuftodie ou Couterie de l'Eglife du
village de LampernefTe n'étoit qu'unOffice de Clerc
fuivant le Curé. Differt. fur l'Abbé de S. Berlin ,
p. zi(i. Cet office conliftoit ii gatder les clés de
l'Eglife & du ttéfor , à prendre foin du luminaire ,
&à enttetcnir les lampes, à ouvrir les portes, à
fonner les cloches. Ib. /7<i£^. 117.
COUTEUX , EUSE. Qui coûte beaucoup : fait à
grands frais : qui engage de la dépenfe. Une ma-
chine ttès- couteuje. La manière la moins couteufe
de mettre en terte le jeune plant, e(t d'y employer
la charrue. Specl. de la Nat. Le goût des tableaux
eft coûteux.
U3" Ce mot marque toujours une valeur confidéra-
ble , quand il eft employé feul.
COUTIER , f. m. Ouvrier qui fait des outils. Cul-
citarum opifex. Les Maîcies TapifTiers. prennent
dans leurs letties & ftatuts la qualité de Contre-
pointicrs ncuttés & Coutiers.
COUTIÈRES , f. f terme de Marine. Ce font de
groffes cordes qui foûtiennent les mâts d'une galère.
& lui fervent de haubans. Funes nautici,
COUTIL. Quelques-uns difent COUTIS , f. m. toile
faite de fil , fort déliée , & fort prefTée , qui fert à
faire des tentes , à renfermer de la plume pour fai-
re des lits , des traverfins & des oreillers , parce
qu'elle eft extrêmement forte & ferrée. Telafiliden-
Jioris. Les coutils doivent être faits de bon fîl de
chanvre & fans étoupe. Ils font maïqués à huit ,
neuf & dix raies, qui ont leurs longueurs & largeurs
ordonnées par les ftatuts des Tapifïïers, félon les
villes où on les fabrique. Ceux de Bruxelles font les
plus eftimés.
Quelques-uns dérivent ce mot de culcitra. Vi-
gcncre fur Céfar dit ^u« a^ml fe dit en latin Çaditr'
lOOJ
cum , à caufe qu'il s'en faifoit anciennement de fort
bon .1 Cahots ÔC dans le pays de Quercy.
On appelle coutils de brins ou grains groj/iers,
les gros coutils , dont on fe fett pour garnit Ict
chaifcs 6c autres meubles.
COU TILLE, f. f. arme offenfive dont fe fer voient
quelques foldats François au XV' fiècle &c vers le
remps de Charles VII. Cultellus, C'ctoit une cfpèce
d'cpce dont il eft fait mention dans nos anciens HiC'
toriens Ibus le nom de cultellus. Elles étoient plus
longues que les épées otdinaites,& ttanchantes de-
puis la gatde jufqu'à la pointe , foit menue & à trois
faces ou pans. P. Daniel. T. II,pag. 1174, liyj.
Voyez Lobineau, HiJL de Bret. T.I,p. 5(^5. Il y
en a qui éciivent coujiilles.
COUTILLIER, f. m,c'cft-à-direfortvtai-fcmblablc-
ment , un foldat qui fe fetvoit d'une coutille. P. Da-
N I KL , T. Il , pag. 1 174. Cuflos , Satelles , Latero ,
MlUs armatus cultello , Cultdlarius. Chaque lan-
ce ou homme d'aimes des compagnies d'otdon-
nance qu'établit Châties VII,devoit êtte payé pour
fix petfonnes, lui-même compris dans ce nombre,
dont trois feroient Archers à cheval , un Coutillier
8c un Page ou Valet. Id. C'eft apparemment la mê-
me chofe" que les Cotilleurs qui fe trouvent parmi
les Officiers de la maifon du Duc de Bretagne.
LoBiN. T. II y p. 1371. Les règles de la Milice du
Duc de Bourgogne Charles , rapportée par GoUut,
Mém. des Bourg. L, X, c. ^6 , pottent que les Hom-
mes-d'armes autont long cftoc , roide Se légiet ,
couteau taillant , pendant au féneftte , du côté
de la felle ; feront montés de trois chevaux , donc
l'un fera fuffifant pour courre & rompre lance ,
qu'il ait chauftcin & plumas , & aulli bardes , s'il
en*peut recouvrer : les deux autres chevaux ne foienc
mendres du prix , l'un de 30 ccus & l'autte de 10
écus pour portet leur Page & Coutilkr ', lequel CoU"
tiller foit habillé de btigandine ou de corfet, fendu
au côté à la façon d'Allemagne ; gorgerin , falladc ,
flamatds, faites ou brayers d'Archier ; de avant-
btas à petites gardes 8c gantelets , javeline à atrêts
1 légière , & la plus roide qu'il pourra trouver pour
la couchier au befoin , & foit fournie de bonne épce
&: dague longue, ttanchante à deux côtés. Le même
GoUut dit , c. 98 , les Chefs d'efquadrc & leuis
Lieutenans havoient chacun un ÇoutilLr d'aime
payé par le Duc , faifant en tout le nombre de
douze Coutillers -, la charge defquels étoit d'aller
avec le Fouvtier de la garde pout prendre les logis.
Deux d'iceux , pour efquadrç , de drefTer le logis
pour leur efquadrc , & le tieis retoutnoit au-de-
vant pour guider & conduire l'efquadre en foa
logis.
Il y a apparence que le nom de coutillier a été for-
mé du nom de coutille, comme on a formé les noms
de Piquiir , Grenadier , Fufilier , Canonier , Cara-
binier , &c, des noms de Pique , Grenade , Fujil ,
C.tnon , Carabine , &c,
COUTON. f. m. C'eft le nom d'un arbre qui croît au
Canada , & qui eft afTez femblable à notre noyer.
Cet atbtc eft remarquable par le fuc qu'il donne ,
en y faifant des incifions. Ce fuc eft très-agréable au
goût, &: on le picndioit pout du vin d'Orléans. .<4fr-
bor viniferajuslandijîmilis.
COUTONNINE. FoyeiCorovuim. C'eft ainfi qu'il
faut éctire.
COUTRAS, Corterate , petite ville de France dans le
Périgord , remarquable par la vidloire qu'Henri Roi
de Navarre, depuis Henri IV, Roi de France, &c.
y remporta en 1 587. Elle eft fur la Dotdogne à n<î
lieues de Patis.
COUTRAU. La poire de coutrau, efpèce de mauvaife
poire, appelée autrement de S.Gilles. Elle fe mange
au mois d'Août. La Quintinie.
COUTRE , f. m. grofife plaque de fer tranchant atta-
chée à un des côtés de la charrue pour fendre & ver-
fer la tsnc' A ratri culter, dens, dentale. Il diffère du
foc , qui eft une autre groffe pièce de fer pointu qui
commence l'ouyeiture de la terre. Les Poètes buco»
iLLLlIi/
Î0 04
cou
liques fe rcrveni fouvent de cette épithcte, If s con-
tres tranchsns.
CoUTRE efl-autfi un nom que l'on donne en plufieurs
Efflilcs à celui qui a loin de Ibnner les cloches, & de
garder les clcs de l'Egliie. TempU foribus, arique
campano prapojltus,
M. Chaftelain remarque fort bien quecoKfrf eft la
même chofe que £K/fer , ou plutôt Kufier en alle-
mand-, mais ce qu'ilajoùten'eft pas vrai, que ce nom
vient de cujiode ablatif de cujios , gardien , Si que
coût-re eft à peu près comme Tréforier ; car Kujier
eft un mot purement teutonique & franc , & peut
être aulîi celtique , qui iignilîe celui qui orne , qui
pare , comme il paroît par nos anciens mots ac-
couJlreT &c accoujlrement. Ainfî ceUtre eft propre-
ment celui qui a loin d'orner , de parer TEglife , le
Sacriftain.Koy^^ encore AccousxRER.Ménage dans
fon mil. de Sablé , Liv, II, c. 3 , />. 2(î, remarque
que dans l'original de la fondation du prieuré de
Soulclmeson lit cK//om, ic que dans la lifte des
Chanoines de la Métropolitaine de Mayence, il y a
de même cujior pour cujios; & que c'eft de là que
s'cft lait le mot de coàtrc pour cuftos Ecclejitz dans
l'Eglife de Reims ; Se dans celle de S. Quentin, pour
confervator EccUJix. îl ajoute , L. IX, c.%, p.i^i,
que cujior s'eft dit pour cujios , comme arbor pour
arbos ; mais on n'a point terminé en or les noms en
«j dans la baffe latinité , l'étymologie alleniande
paroît plus convenable.
COUTREMINE. f. f. C'eft la même chofe que Ca-
femau,
COUTUMAT, que quelques-uns prononcent Con-
tumat. f. m. Il fe dit en Guienne, particulièrement à
Bayonne , des lieux où fe paye le droit de Coutume.
COUTUME , f, f. rrainxic vie , ou fuite d'aclions or-
dinaires , qui étant plufieurs fois répétées donnent
une habitude , ou facilité de les faire quand on veut.
ConJ'uetudo , mos , ujus. La coutume adoucit les cho-
fes les plus rudes , 5c apprivoife Jufqu'aux maux.
Ablanc. Le péché s'établit par des coutumes qui de-
viennenr des néceifités , &: par des complaifances
dont on fe fait de miférabics devoirs. FlÉch. Les
femmes aiment mieux pleurer par coutume , que fe
confolçr par raifon. Malh. Les impreffions de la
coutume & de l'éducation entraînent la plupart des
hommes , qui ne dograatifentque fur ces vains fon-
demcns. Nous nous endurciflbns à tout par la cou-
tume \ elle endorr notre fcnciment à la fouiftance.
Mont. Combien voit-on de Chrétiens courir à l'E-
gliie, moins par dévotion & par devoir, que par
coutume & parbienféance.pLÉcH. hz coutume îoxmc
notre train de vie , & diverfifîe notre nature comme
il lui plaît. Mont. La coutume nous entraîne, & nous
mettons au rang des vérités les erreurs qui font de-
venues publiques. Charp.
(Jcy Coutume & habitude dans une fignifîcation fy-
nonime. La coutume a rapport à l'objet -, elle le rend
familier. Vhatitude a rapport à l'adlion ; elle la
rend facile. La coutume ou l'accoutumance naît de
l'uniformité. L'habitude de la répérition.
Ce mot eft dérivé à confuetudine, par contraclion.
Du Cange dit , qu'en la balfe latinité on a dit cuj-
tuma, cujiumarius , bccujlumare.
^fT CouTXTME fe dit auffi ligurément de ce qui ar-
rive ordinairement aux choies inanimées. Les pierres
nouvellement tirées de la carrière, ont coutume de
fendre à la gelée.Cette cheminée a coww/;i£ deiàuTier.
Les arbres ont cow/«*ïf de pouffer au prinremps. Les
Rolfignols ont coutume de chanter au mois de Mai.
Le mot de coutume , quand il fe trouve joint au verbe
auxiliaire , comme il l'cft dans les exemples de cet
article , s'exprime en latin par le vti\>tfolere.
On dit abfolumenr, il en u(è comme At coutume.
Il eft plus gai que de coutume. Solito lœtior.
Coutume fe dit aulfi des mœurs, des cérémonies , des
façons de vivre des peuples qui ont paflc en ufage ,
pu en force de loi. Injiitutum, confuetudo. Les rela-
tions des Voyageurs nous apprennent d'étranges
- coutumes des peuple» éloignes. Ils font préoccupes i
COU
de la bonté de leurs coutumes , comme nous des ■
nôtres. Philon Juif, dit que Dieu n'a permis la coa- f
fullon des langues , &: ladiverlité des coutumes, que
pour la punition du genre humain. S. Chryfoftomc
com.pare la coutume aux fucceifions : elle transfère k
la poftérité un ufage héréditaire.
Coutume, prefqu'cn ce léns, fe dit des chofes qui
étoicnt d'abord volontaires, & qui font d; venues
nécelîaires par l'ulage. Mos , uJus , conJhaudo.'L'cs
étrennes font palTees en coutume. Les préfens qu'on
fait aux nouveaux mariés , que font les Officiers à
leur réception en des charges , font dûs , parce qu'ils
ont palfé en coutume.
^3" Ce que la plus grande partie des gens pratique ,
dit M. l'Abbé Girard , eft un uja^e. Ce qui s'eft pra-
tiqué depuis long temps eft une coutume. V'jJ'age
paroît être plus univerfcl ; li coutume plus ancienne,
IJCT L'ulage s'introduit &'s'étend,Lafoww«£s'établit Sc
acquiert de l'autorité. Le premier fait la. mode , la fé-
conde forme Phabitude. L'un & l'autre font des ef-
pcces de loix , entièrement indépendantes de la rai- J
fon dans ce qui regarde l'extcrieuT de la conduite. " '
âS" 11 eft quelquefois plus 1 propos de fe conformer
à un mauvais zijit!;e, que de fe diftinguer, même par
quelque chofe de bon. Bien des gens fuivent ia cou-
tume dans la façon de penfer , comme dans le céré-
monial ; ils s'en tiennent à ce que leurs mères & leurs
nourrices ont penlé avant eux.
gCJ" CouTUME,dansle droit Romain, eft un droit non
écrit, introduit par l'ufage , du tacite cuafentement
de ceux qui s'y ibnt volontairement foumis; &c cet
ufage, après avoir été obfervé pendant un temps con-
fidérable a foroe & aurorité de ioi.Nam diuturni mo-
res conjenju utentium comprobati legem imitantur.
^3" La coutume imite la loi , en ce qu'il lui arrive fou-
vent d'introduire un droit nouveau. Elle interprête
la loi , lorfqu'clle lui donne des extenlîons ou de»
modifications convenables pour la conferver autant
qu'il eft podible, Optima le^um interpres conjue-
tudo. Elle abroge quelquefois la loi par un non-ufage
de la loi j & par un ul'age contraire qui lui fuccède:
non qu'elle l'oit fupérieure à laloi , qui prévaut tou-
jours fur elle dans lesjugemens : maislaloi ccflant
d'être en vigueur & s'anéantiifant d'elle-même par
un non ufage , la coutume qui eft reçue en fa place,
paroît avoir détruit & abrogé laloi.
^3" Voilà ce que les loix Romaines ont entendu par
coutume, &: l'autorité qu'elles lui ont donnée. Ce
que nous pouvons appliquer à ce que nous appelons
ufage. y'oyei ce mot.
^fT Suivant notre droit François, Xz coutume eft une
loi écrite , à laquelle le Roi donne la forme & 1«
caradlère de la loi, dont les dilpofîtions font déter-
minées & arrêtées par la reconnoiifance & le con-
fentement des habitans d'une province.
^fT Ce concours , du confentement du peuple avec
l'autorité du Roi pour fixer & déterminer les
coutumes & leur donner le caraélère de loi , ne
porte aucune atteinte à la puiffance légillative qui
réfide dans la perfonne du Souverain, puifque c'eft
le Prince qui fait la loi , qui nomme les Commiffai-
res , auxquels il donne pouvoir de rédiger par écrit
les coutumes,^ que les députés des États n'y affiftenc
que pour raifon des ufages de la province, danslef-
quels ces députés demandenr au nom des trois or-
dres d'êne maintenus. §C? Ainfî ce mot coutume li-
gnifie proprement le droit particulier ou municipal
établi par l'ufage en certaines provinces, qui a force
de loi depuis qu'il a été rédigé par écrir. Jus muni-
cipale , moribus conjlitutum. Jus antiqui moris. Les
coutumes font fouveraines dans leur reflbrt. Ls
Mait. Les coutumes font réelles, 5: font renfermées
dans les limites de leur rerritoire. Il y a auilî des cou-
tûmes locales , qui font en ufage dans des lieux ou
Seigneuries particulières.
La coutume de Normandie eft appelée \d.Jage cou-
tume. La coutuw.e de Paris ferr de règle pour toutes
les autres coutumes quand elles n'ont point de dif--
pofitiojis contraires. Du Moulia , Sfc, ont com-X
cou
mente la cautuint dePariszBuridan celle de Reims :
d'Argentié celle de Bretagne : L'Abbé & Ragueau
celle de Bèiri : Chaflanée celle de Bourgogne , &c.
On appelle auffi un pays accoutume, par oppori-
tion au pays de Droit écrit , celui qui eft régi par
unecoutume particulière. Ceftun point de coutume,
un article , une queftion de coutume. M. Catheri-
not , Avocat du Roi à Bourges , a fait une dilTcrta-
tion pour montrer que les coutumes ne font pas de
droit étroit.
On dit auffi , Aiivant les us & coutumes du pays,
les us &c coutumes de la mer. Voye:^ Us.
Les Gaulois, au rapport de Célar , L. I , de Bell.
Call. avoient leurs coutumes particulières qu'ils ont
toujours conlervées-, & il flit impoflîble aux Ro-
mains de les gouverner par d'autres loix. Il n'y eut
que les Provinces voilines de l'Italie qui futent for-
cées de recevoir les loix Romaines.
On ne convient pas trop en quel temps s'efl: intro-
duite cette diverfité de coutumes , qui règne dans
les diverfes Provinces de France. Il y a bien de l'ap-
rence que les Romains, après la Conquête des Gaules
impofèrent aux vaincus la néceflîté de s'afîujétir aux
loix Romaines, Mais dans la décadence de l'Empire,
■& lorfque les peuples venus du Nord, ou fortis d'Al-
lemagne , inondèrent la Gaule, ils apportèrent une
grande confufion à cet égard. Quelques-uns préten-
dent qu'on fe régla encore long temps par le Droit
Romain, parce que ces nations barbares ignoroient
même jufqu'à Tufage des lettres & de l'écriture -, en-
/brte qu'ils n'avoient aucunes loix fixes , & qu'ils ne
le gouvernoientque par certains ufages , qui le con-
icrvoient parmi eux par tradition. Les François fu-
rent les premiers qui rédigèrent des loix par écrit ,
après qu'ils eurent pafle le Rhin : on n'attribue pour-
tant la publication de la loi Salique qu'.à Clovis v 8c
avant lui les Vifigoths, ibus leur Roi Evarick , qui
tenoiti'aCour à Touloufe, avoient déjà publié quel-
ques loix. Cette loi Salique fut fort augmentée par
les fucceileurs de Clovis ; & Charlemagne y ajouta
plufîeurs articles , & la fit rédiger dans un meilleur
ordre. Ainfi les François obfervoient la loi Salique,
& les Capitulaires de Charlemagne, de Louis le Dé-
bonnaire & de Charles le Chauve.Pour les Romains,
qui étoient demeurés dans les Gaules , & les an-
ciens Gaulois , ils confervèrent l'ufage des loix Ro-
maines. On tient m.ême que fous les Rois de la pre-
mière Race le Droit Romain étoit la loi générale ,
& que l'on n'y dérogeoit à l'égard des François, que
dans le cas où leurs nouvelles loix contenoienr quel-
que chofe de contraire. Les Eccléfiaftiques fur-tout
obfervoient le Droit Romain , & la langue latine
croit celle des Tribunaux où l'on rendoit la Juftice.
Pour les Bourguinons , & les Vifigoths , qui occu-
poient la partie méridionale de la France , ils s'en
tenoient toujoursau Droit Romain.Sous la II' Race,
les François firent prévaloir les loix civiles & Ec-
.eléfiaftiques de leurs Rois, & le Droit Romain com-
mençoit à être aboli : ce fut alors que le droit cou-
tumier prit naifiance ■■, mais !a folbleffe des derniers
Rois Carlovingiens produifit une nouvelle confu-
fion ; car les grands Seigneurs ayant ufurpéla Sou-
veraineté , chacun d'eux s'arrogea auflî le pouvoir de
faire des loix. Ils firent des conftitutions dans l'é-
tendue de leur territoire , & c'eft de là fans doute
qu'cft venue la diverfité des coutumes , qui eft fi
grande dans le Royaume. Avant Louis VII , il n'y
avoit en France ni Juges ni loix. Le Seigneur d'un
lieu en étoit la loi bc le Juge. Le Roi & les grands
s'étant trouvés vers ce temps-là incommodes de la
dépcnfe qu'ils avoient faite aux Croifades , aux
Cours plénières , & aux Tournois , propofèrenr aux
villes & aux bourgs qui étoient de leur dépendance
de fe racheter pour de l'argent. 'Cette propofition
fut à la fin acceptée de tout le monde. Le peuple
alors devenu libre , demanda des loix , chaque Sei-
gneur en donna de pkr, ou moins favorables, félon
le parti qu'on lui faifoit. De là vint cette multi-
tude 4? tiWtHmfs ^ue r«ii voit encore aujourd'hui
COU Ï005'
dans les villes , bourgades & villages. Le Gindre.
La première rédadtion de toutes les coutumes de
France par autorité publique fut faite fous Charles
VI , au rapport de M. Rouillard.La féconde rédac-
tion fut faite en conféquence de l'Ordonnance de-
Charles VII, donnée au mois d'Avril 145:5 , au
Montil-Ies-Tours. Et en l'année 1577, les États af-
femblésàBlois demandèrent la réformation des coU'
tûmes. Cela fut exécuté en 1585. Pour hi coutume
de Normandie. Voyez IHifl. des Rois Jean^ Char"
les r, FI , Fil, par M. l'Abbé de Choifi. Foye^
audi M. Bruneau, dansfon Traité des Criées, oii
il donne une table chronologique des coutumes ,
& marque en quelle année chaque coutume a. été
rédigée.
Coutumes fouchères, font celles qui veulent que pout
fuccéder à un propre , on foit defcendu en ligne di«
recle de l'acquéreur , c'eft-à-dire , de celui qui a ac-
quis le premier l'héritage, & l'a mis dans la famille,
lequel d'acquêt qu'il étoit en fa perfonne, eft de-
venu propre à ceux de la famille, auxquels il eft
échu par les moyens qui font les propres.
Coutumes locales , font celles' qui font particulière-
ment oblervces dans un certain lieu , & qui ne
le font pas dans vous les endroits où s'étend la cou-
tume générale du lieu.
CouTUME,en Angleterre,fignific ce que nous appelons
en France Douane.
Coutume fe dit auffi d'un droit qu'on paye ordinaire-
ment comme une efpèce de péage aux paflages des
villes , & le plusfouvcnt à l'entrée des bailliages èc
Vicomtes, pour l'entretien des ponts 5c partages
dont on ne connoît point l'origine ni l'établiiTèment.
Jus moriius con^itutum^in mor^ pojitum. On met un
morceau de bois rourné & attaché au bout d'une per-
che , pour fignal aux Voituriers qu'il faut payer ce
droit ; & on l'appelle hillot ou lillet , furquoi oa
a fait ces vers :
Ce iillot fufpejidu qui à l'air fe confume ,
Avertit le Marchand d'acquitter fa coutume.
On appelle en quelques lieux petite coutume , le
payement d'un denier pour bœuf; & la grande cow
tume , celui de quatre deniers. Les Eccléfiaftiques
appelèrent autrefois louable coutume , les droits que
le Clergé levoit fur les gens d'Eglife , comme déci-
mes, annates, déports, proficiats , fi-c. contre lef-
quels Paquier a fait de fortes invedives. On a ap-
pelé coutumes EpiJcopaUs , certains deniers ou
tributs qu'ils taifoient payer à Pâque.
Le mot de coutume fe prend auflî dans le droit
Canon pour de certains droits que les Evêques cxi-
geoient des Eccléfiaftiques & des Moines dans leurs
viiites. Ils les appelèrent droits de procuration ou
<le coutumes -.comme ils ne fe contentoient pas des
droits ordinaiies, les Moines ont fouveiit adreflc
aux Papes leurs plaintes , pour avoir quelque modé-
ration. Le Pape Clément V jugea à propos dans le
Concile de Vienne d'apporter le remède néceiîaire
à ces excès. Il y fut arrêté que les Evêques dans les
vifites des Monaftères n'exigeroient que ce que le
droit commun ou fpécial, Xzçoutume ou le piivilège
leuraccorderoierit. A^oytf^ les Clémentines au titre
de Cenjibus , exaclionibus ù procurationibus.
Coutume a fignifié autrefois un revenu annuel en blé,
vin & autre chofe payable au Seigneur qui avoir
donné l'héritage à cette condition. Ainfi on dit ,
prendre un hérirage à coutume \ pour dire, à cer-
taines charges fpccifiées , ou félon l'ufage ordinaire
des lieux. On appelle au(îi droits des coutumes, d'au-
tres fortes de droits établis par les Seigneurs dans les
marchés fur les denrées pat l'ufage & la coutume des
lieux.
Coutume fe dit proverbialement en ces phrafes. C'eft
la coutume de Lorris , où le battu pave l'amende: ce
qui fe dit , quand un homme qui a fujct de fc plain-
drcj eft encore cond»ranc. Cet «iticle ne fe trouva
lOo^
COU
point dans la coutume de Lortis , maïs bien dans un
vieux titre de l'an 1448 , qui cft une confirmation
des privilèges de Lorris , faite par le Roi Philippe,
où il eft dit que quand quelqu'un des combattans en
gage de bataille étoit vaincu , le pleige étoit oblige
de payer cent douze l'ois d'amende •, ce qui ne le
fiifojt point dans tous les autres lieux en dcfemb'.a-
bles combats, C'eft une remarque qu'a fait Pafquier,
mais d'autres ajoutent que cela avoit aufli lieu en
d'autres endroits , comme on voit dans la vie des
Evcqucs de Mets, en un temps où tous les différends
fe vidoient en champ de bataille , &c à coups de
main j & alors les battus payoient l'amende. Mais
quelques-uns diient que c'eft la mauvaile intelligence
de ce proverbe qui caufc de l'ctonnement ■■, car la
loi voulant que ceux qui battent les autres /oient
punis, elle s'eft expliquée en ces termes , qui tien-
nent de l'apoftrophe -, Le bas-tu paye l'amende.
yoyei^ Coquille , Hiji. de Nivernois , p. 174. On
dit une fois n'eft pas coutume. Il ne faut pas perdre
les bonnes coutumes, Acad. Fr.
COUTUMEPJE , f. £ terme de Coutumes. Dans
les coutumes où ce mot fc trouve , il veut dire la
même chofe qu^ péagerie , c'eft-à-dire, la levée des
péages, des droits qu'on impofe. Fecligalium cxac-
tio. Ce mot liiçnific aaffi l'étendue de la Seigneurie
dans laquelle un Seigneur perçoit le droit de cou-
tum.c ou pc3?e.
COUTUMIEll , lERH , qui a coutume défaire quel-
que chofe. 5't/Ari/j , confuetus , de more .^ ex more.
Il eftcoutumitr de s'aller promener' tous les matins.
Les femmes font coutumieres d'être galantes. Il eft
vieux. On dit , il eft coutumier du fait ; il n'eft pas
coviumier du fait ; pour dire , il acourume , ou n'a
pas coutume de faire une telle chofe : tout cela n'eft
bon que dans le ftyle familier.
Coutumier , iere , adj. qui fe dit quelquefois de ce
qui eft ordinaire , accoutume. Confuetus. Mais il
n'eft guère en ufage qu'au féminin & en Poelic,
La lune eji coutumière
De naître tous les mois. RoN.
Corneille a dit dans Polieuéie :
Et mes yeux éclairés de plus vives lumières ,
Ne trouventplus en eux leurs grâces coutumieres.
COUTUMIER, f. m. fignifiele volume où font conte-
nues les Coutumes d'une Province, ou le recueil de
toutes les Coutumes de France , tant générales
que locales , c'cli-à-dire , des lieux particuliers ,
comme celles de Gifors , Andely , Cacn , Bayeux ,
Vernon , Langres, fi'c. Volumen juris moritus corif-
tituti. Le grand coutumier de Normandie a été d'a-
bord imprimé'& commenté par Guillaume Rouillier
d'Alcnçon en 15 59.
On appelle auffi pays coutumier , le pays qui fe
régit par la coutume , par oppofition aux pays de
Droit écrit, qui fc régit par le Droit Romain ,
comme le Languedoc , le Lyonnois , &c. Jus non
fcriptum , jus in more pojîtum. Le Droit com-
mun de la France coutumière doir fervir de loi.
Patru. Voye[ les Injiitutes coutumieres de Loifel.
Coutumier a fignifié auffi autrefois les fujetsd'un Sei-
gneur féodal non nobles IgnoUlis , pleleïus. Ainfi
on a appelé perfonne coutumière, vilain coutumier,
homme , femme & fille coutumière , fujets étagers
& coutumier s , ceux qu'on a voulu nommer rotu-
riers : & on appelle bourfe coutumière , l'achat que
faifoit un roturier d'un héritage noble ou non :
amendes coutumieres , les amendes taxées par la
coutume, ou arbitraires; Scondifoit, partager un
héritage coutumier ement , par oppofition à un par-
tage qui fe faifoit noblement : ce qUi eft fort fréquent
dans les Coutumes de France.
On appelle auffi coutumiers &c coutumes , les
ufagers & les ufases de bois, pacages ou panages.
■COUTUMiiREMENT, adv. terme de Coutumes.
COU
Cet adverbe , dans les Coutumes d'Anjou & da
Maine , marque la nature des biens qui ne font pas
nobles. Coutumierement eft oppofé à noblement , SC
marque la différence qu'il y a avec (X qui le partage
noblement.
Montagne a employé ce mot pour ordinairementc
||3* COUTURE , f. f. jondion de deux choies atta-
chées enlemble avec ftu fil , de la foie , ou autre
chofe, par le moyen d'une aiguille, d'une alêne, ^c.
Suturu. Quand on veut qu'une chofe tienne bien, il
faut y faire une double couture. Rabattre la couturcy
c'eft coudre une féconde fois en rabattant les bords
d'une chofe coufue les uns furies autres. On appelle
des draps fans couture , ceux qui font faits d'un feul
lé de toile qui eft fort large. La robe de Notre Sei-
gneur étoit fans couture , Se ne put être divifée.
Couture à l'Angloife , couture à points par defluSj&c.
Couture fe ditauîfi de l'art de coudre, & de la dé-
licatefle du travail, y^rs futum , Arsfuend?. On a
mis cette fille chez une Maurelfe pour apprendre la
couture, La couture des gants d'Angleterre eft plus
propre _que celle de France.
Couture eft aulfi un terme d'Auguftin , qui fîgnifie la
lieu où l'on fait des habits. Sartoris officinu.
Couture fîgnifie auifi la cicatrice , la marque que
laiflent fur la peau les plaies & les ulcères qui ont
été autrefois guéris. Cicatrix. Cette fille a eu la pe-
tite vérole, il lui eft refté phiilems coutures furie
vifage. Cet Officier a reçu pluiicurs blcffurcs à l'ar-
mée , on en voit encore les coutures.
Couture , en termes de Gharpenterie marine , eft k
diftance qui le trouve entre deux botdages d'un vaif-
feau , & que l'on a calfatée. Co«/«r<; ouverte, (a
dit lorfque l'ctouppe qui avoit été mile entre les
deux bordages s'eft échappée.
Couture, terme de Plombier. Manière d'accommo-
der le plomb fur les ouvertures. Commij^ura. Les
Plombiers couvrent quelquefois fans Ibuder les ta-
bles de plomb, nuis feulement avec des coutures,
c'eft à- dire , que le plomb eft retourné l'un fur l'au-
tre, & attaché avec des clous pour empêcher qu'il
ne fe rompe par la chaleur , ou par le froid.
Couture lé dit auffi de quelques lieux particuliers
abufivemenr , au lieu de culture. La Couture Sainte
Catherine à Paris. L'Abbaye de la Couture au Mans.
En ce fens, il vient de cultura, qui a fignifié un
champ cultivé. Voyez Culture.
On dit figurcment , qu'une armée a été défaite à
plate couture ; pour dire , entièrement & fans ref-
fource. Penitus, adinternecioncm.
COUTURERIE. (. f. Ce mot fe trouve dans Pomey
pour figniher le lieu où les Couturiers travaillent.
Sartoris officina. Il eft en ufagc dans quelques mai-
fons religieufcs.
COUTURIER, f. m. Tailleur de village, ou celui qui
travaille dans les villes, & qui n'eft poinr Maître,
m.ais qui raconte des habits pour des Fripiers , ou de
pauvres gens. Sartor , Sarcinator.
Couturier , terme d'Anatomie. C'eft le premier des
mufcles abdudleurs de la jambe , ainfi appelé , parce
qu'il fait plier la jambe en dedans de la manière que
font les couturiers pour travailler : on le nomme au-
tremenr le long. Il prend fon origine de l'épine fupé-
rieure Si antérieure de l'os des iles , & va S'inférer
obliquem.ent à la partie interne & fupérieure du ti-
bia qu'il tire en dedans. DiONIS.
COUTURIERE , f. f. femme autorifée a travailler x
différens vêtemens en qualité de membre d'une com-
munauté. Couturière en habits , Couturière en corps
d'enfaHt , Couturière en linge , Couturière en garni-
tures.
COUVAIN. C. m. Le couvain ou couvein , comme l'é-
crit la Quintinie, eft la femence des punaifes. Les
punaifes de jardin laiffent leur couvain fur les bran-
ches 5c fous les feuilles des arbres. Ce couvain ae
paroît d'abord qu'une poufllcre /aie & rouflatre que
les punaifes jettent en automne ; mais les chaleurs
de l'été fuivant le font croître & enfler juiqu'à la
groffeut d'une lentille , Se pour lors il cclôt & fait
cou
d'autres punaiies. Les fourmis chefchent avec avi-
dité le couvain des punaiies ; c'cft pourquoi les jar-
diniers ont beaucoup de loin d'en nettoyer leurs ar-
foriiîèaax , & principalement les orangers , foit avec
leurs doigts , ou avec des broiles ; tant parce que
ce couvain les rend fales , hideux & mai-propres ,
que parce que cela y attire les fourmis , qui desho-
norent ces beaux arbres , dont ils rongent toutes les
feuilles, & parce qu'ils ont obfervé que ces animaux
ceflcnt de les attaquer dès que le couvain des punai-
fes enefl: ôté.
COUVÉE , î. f. totalité des œufs qu'une poule couve
en même-temps. Incubationis, incubitùs, incuhacàs
uniiis ova. Malpighi , favant Boulonois , a eu la
curiofîté de caffer plufieurs fois tous les œufs d'une
couvée à demi-heure l'un de l'autre, & de voir avec
tinmicrofcope tous les changemens qui s'y faifoient
juiqu'à ce que le poulet fiit éclos : il en a donné au
public des figures fort bien gravées. Il y avoir tant
d'œufs à la couvée. On le dit auffl des œufs de toute
forte d'oifeaux.
Couvée , fe dit au/ïî des petits q"bi font éclos de ces
œufs. Pullatio , pullities. La poule ic toute fa
couvée.
Couvée lignifie figurément une mauvaife engeance.
Mala proies , malafoboles. Le pete , la mère , toute
la couvée n'en vaut rien. Quelle joie de voir partir
une couvée de Provençaux, tels que vous me les nom-
mez! Madame de Sév, Il eft familier.
COUVENT, f m. On difoit autrefois Convent , com-
r.'r on le prononce encore dans fes dérivés. Monaf-
tère de Religieux de l'un ou de l'autre lexe. Mailbn
Religieufe où fe retirent des perfonnes de l'un ou
l'autre fexe pour y vivre dans la retraite & dans la
pratique de la vertu. Monafierium, cœnoéium.Yau-
gelas veut qu'on écrive Convent, parce qu'il vient du
mot latin convcntus , èc qu'on prononce Couvent,
Mais tout le monde piononce & écrit Cbz/ven/.MÉN.
Corn. Les Convens font autant de citadelles où la
pudeur trouvera un afile contre le dérèglement & la
corruption du iiècle. S. Louis aimoit le filence & la
retraite du Couvent, Port-R. Il faut que le Couvent
foit le choix du cœur , & non pas une néceiîité.
S. EvR.Ilfaut au moins trois Religieux pour établir
un Couvent -, mais un feul en conferve le droit & le
titre. Entrer au Couvent, fortir du Couvent j c'ell
prendre ou quitter l'habit d'un Coz/yfn/.
Ahlfouffrei qu'un Couvent , dans les aujléritîs ,
Ufe les trijles jours que le Ciel m' a comptés. Mol.
Couvent lignifie auffi le Corps ou la Communauté des
Religieux , ou Religieuics qui habitent ces Mailbns.
Relih-ofa familia. Tout le Couvent a été alîemblé ca-
pituiairement au fon de la cloche. Les procès s'in-
tentent au nom des Religieux , Prieur & Couvent.
On dit , en menaçant une fille défcbéiffantcqu'on
la mettra dans un Convint; pour dire, qu'on la fera
Religieufe malgré elle , qu'il faut qu'elle époufe le
pr.tti qu'on lui propofe , ou un Couvent.
Couvent dans l'Ordre de Malte eft le lieu où eft le
Maître ou fon Lieu;enant , TEglilé , l'Infirmerie , &:
les Auberges , ou les huit langues.
COUVER , V. a. fe dit des oifeaux màles ou fe-
melles qui fe tiennent fut les œufs pour les échauf-
fer, jufqu'à ce que les petits foient éclos. Ovafovere,
ovis incuhare , Sedere in ovis. Les pigeons couvent
plufieurs fois l'année. C'eft une erreur populaire de
croire que les tortues cowvewf des yeux; elles cou-
vrent feulement leurs œufs de fable , & le foleil part
fa chaleur les fait éclorre.
IffT On le dit quelquefois abfolument. C'eft la faifon
de mettre les poules couver , où les oifeaux cou-
yent.
CemotvientdecK/'^re.NicoD.DuCange'ditauffi
qu'il vient de cubareova.
3^ On dit figurément, mais dans le ftyle familier
feulement , couver quelqu'un des yeux , avoir les
COU
Î007
yeux attachés fur lui, le regarder avec affecT:ion, avec
tcndrc/fe &; complaifance,"& fans pouvoir s'cnlafièr.
Oculos in nlifuem deponere ; haut ire oculis , oculis
hizreri. Elle aime fi fort fon fils, qu'elle le couv^ des
yeux.
fer Couver fedit au figuré \ pour dire , tenir ca-
ché, oc fe prend prelque toujours en mauvaife parc
Couver un deffein, le tenir renfermé dans fon amc
jufqu'au moment de l'exécution. OciTif/zart'. La con-
duite de ces Princes fait croire qu'Us couvent quel-
que grand deffein dans leur arae. Dans ce fens, il eu:
encore zQàî,
^fT On le dit au neutre dans la même fignificatiofi des
chofcs qui demeuient long temps cachées , &qui fe
découvrent enfin. Le feu a long temps couvé fous la
cendre,& puis l'incendie a recommencé. On croyoit
fon amour éteint; il a long temps couvé dans fon
cœur fans paroître. Cette confpiration a couvé long
temps avant d'éclater. Latere, occultàri.
Il eft quelquefois réciproque. Il ié couve là-defTous
je ne lais quoi.
^^ Ce verbe a une fignificaticn particulière parmi les
femmes du peuple qui rfiettentlbus leurs jupes une
petite chaufîretteavec du feu pour fe tenir chaude-
ment pendant l'hiver : ce qui s'appelle couver. FocOp,
focu/o injidere , incuhare.
Couvé, ée. part. & adj. Fotus.
COUVERCLE, f m. Ce qui fert pour couvrir , pouf
fermer quelque vailîéau. Operculum. Le couvercle
d'une boîte, d'un ccfffte , d'un cuvier , d'une ai*
guière. Dalibray a dit dans la Métamotphofe de
Montmaur en marmite ;
Le cou di fon pourpoint s'élargit en grand cercle ,
Son chapeau de Docteur s'applatit en couveicle.
Ces deux vers font remarquables en ce que les
deux feuls mots terminés en ercle , qu'il y ait dans la
langue françoife , s'y trouvent heureufement placés
pour rimer enfemble.
Ce mot vient du latin cooperculum , qui n'eft pas
de la bonne latinité.
COUVERSEAU , f m. terme de Charpenterie. Les
couverfeaux font quatte planches d'un pouce , ou
d'un pouce & demi d'épaiffeur , qui font au deilbus
des achures d'unmoulin.
COUVER.T , f m. lieu à l'ombre, lieu planté d'arbres
qui donnent de l'ombre. Urnbrojus locus. Il y a
bien du couvert dans cette mailbn : un beau couvert
d'arbres.
Ce mot vient du latin coopertus.
CoTTVERT fignifie aufîi logement où l'on eft à l'abiî
des injures du temps. Teclum, Ce Religieux a été
demandei le couvert pour une nuit en ce château.
Iln'avoit que le cowver/ à l'Hôpital , & il falloic
que pour vivre il mendi.û fon pain de porte en porte.
BouH. Fie de S, Ign. Liv, IL
Couvert fignifie auffi la nappe , la couverture de la
table, encore plus particulièrement ce qui fert à cha-
cun des conviés , comme l'affiettc , la ferviette, la
cuillei , le couteau & la fourchette. Menfœ ap'
paratus , ornatus. On a mis le couvert dans cette
falle. Ce Seigneui tient une table réglée de douze
couverts. Duodenis capitibus menjam injlruit.
^fT On appelle encore couvert un étui garni d'une
cuiller , d'une fourchette & d'un couteau. Il porte
fon couvert à la campagne.
COUVERT, ERTE. adj. & part. Ce qu'on ne voit pas,
qui eft caché par un autre corps.ÇCjCe terme préfente
à l'efprit l'idée d'un voile qui cache , qui dérobe une
chofe à la vue. Teclus , velatus , opertus , adopertust
coopertus , nubilus , caliginofus. Le Ciel eft cou-*
vert de nuages. Une carte couverte eft celle fur la-
quelle on a jeté une autre carte. Le feu eft couvert ;
Tout le monde eft couché. On dit en ce fens , qu'un
pays eft couvert , quand il eft rempli de bois. Il eft
dangereux de paffer dans les Ardcnnes , c'eft un pays
trop couvert^
ioo8
COU
Couvert fc dit aufli comme fynonime à vctu ^
paré. Inducus , vefluus. Les Savans l'ont d'ordi-
naire déciiircs & mal couverts. Cet homme a des
laquais atuli bien couveru que des Gentilshom-
mes. Dans ce lens, le mot de couvert n'efl: point
du bel ul'age. Il faut maïcher bien couvert , bien
vêtu pendant le froid , de peur du rhume.
Couvert le dit auHi hypcrboliquement des chofes
qui ibnt en quantité , en abondance l'ut une autre.
irittàus , coopertus, opertus. 11 avoitun habit tout
couvert de broderie. Cette mariée étoit toute cou-
verte de pierreries. Le corps de Job croit tout
coz/vt-;-/ d'ulcères. Il ctoït couvert de lueur. Aelanc.
La rivière étoit couverte d'arbres. 'Vaug. Je l'ai
trouve couvert d'une affreufe poulfière. Rac.
Couvert fe dir aulfi des teintures fortes & foncées
qui tirent fur l'obfcur. Color otfcurus. Ce bleu
èft un peu trop couvert , & n'eil: pas aflez clair.
Le vin de brie eft trop couvert , eft d'une cou-
leur trop chargée. Vinum nigrum.
Couvert , en termes de Manufaélures de lainerie ,
fe dit des étoffes qui n'ont pas été tondues d''af-
fez près.
Couvert 5 en termes de Guerre, fignifîe défendu,
lieu où on eft en fiireté. Tutus , defenfus. Ce
baftion eft couvert d'un ouvrage à corne. Ce camp
■eft couvert d'un marais 6c d'un bois. Ce rampart
eft couvert d'un parapet. On appelle par excellen-
ce le corridor , le chemin couvert , parce qu'il a
pour parapet le glacis de l'efplanade. La frontière
eft couve/ le par de fortes places.
Couvert, en termes de Palais, fe dit des chofes
contre lefqucUcs on a de bonnes défenfes. Cette
demande eft couverte par un compte , par une lon-
gue prefcription.
En teimes de Mulîque , on appelle parties cou-
vertes ou mitoyennes, celles qui tiennent le mi-
lieu entre le dclfus & la bafl'e.
Couvert fe dit figurément en chofes morales. C'eft
un fcélcrat qui eft tout couvert de crimes , qui
eft noté en juftice, couvert d'infamie. Opertus, cvo-
pertus. Il revient couvert de honte & de rifée.
BoiL. Pudore fufujus.
Couvert ou de louange ou d'opprobre éternel,
%fT Vers de Cort^eille dans Héraclius. Cela n'eft pas
François, dit "Voltaire, il faut d'un opprolre éternel;
d'opprobre eft ici abfolu & ne fouftre point d'épi-
ihète \ & on ne peut dire couvert de louange com-
nie on dit couvert de gloire , de lauriers , d'op-
probre, de honte. Pourquoi? c'eft qu'en e.fet la
honte, l'opprobre, la gloire, les lauriers fembknt
environner un homme , le couvrir. La gloire cou-
rre de fes rayons ; les lauriers couvrent la tcte ;
la honte , la rougeur couvrent le vil'age ; mais la
louange ne couvre pas.
|C? Corneille a donné au mot couvert une ligni-
fication qu'il n'a pas dans ce vers de l'on Héra-
clius.
§CF II tient ( le ciel ) en ma faveur leur naiflance
couverte , en parlant des deux Princes. Couvert
n'eft pas le mot- propre, dit "Voltaire; il ne veut
pas dire incertain , obfcur.
On appelle aulH un homme couvert , celui qui
n'eft pas communicatif, qui eft caché. TeÉlus. Conf-
iance étoit d'un efprit couvert Se dilfimulé. Her-
MAN. Les gens qui négocient, doivent être cou-
verts , &c ne découvrir pas leurs fentimens. Ce
Seigneur , pendant les troubles s'eft tenu clos &
couvert , il n'a point pris de parti. Il vaut mieux
d'être eftimé lîmple pour être lincère , que de fe
tenir couvert fous les fubtilités d'une dangereufe
prudence. Ben. Il y a une inimitié couverte, c'eU-à.-
dire, cachée entre ces deux hommes.
Couvert fe dit encore figurément en ces phrafes ,
parler en paroles couvertes , c'eft-à-dire en paroles
ambiguës , qui cachent un autre fens que celui qui
fe préfente dabord , fans expliquer la chofe net-
COU
tement. Teêlis verbis. On appelle mots couverts,
des paroles honnêtes qui en font entendre d'obf-
cènes. AmUgua verbab objcœnurn jenfum celantia.
Couvert ( a) adv. caché , à l'abri, en fureté. Tutus,
munitus , defcnj'us ab aliquare. In tuto ponere. Cet
homme a gagné du bien , il eft à couvert de la
néceUité. Il s'eft retiré dans un monaftcre pour
être à couvert de l'orage. Il a mis à couvert rout
fon bien fous des noms empruntés , pour dire ,
l'a caché , il l'a m.is en fûr'jté. Il y a des villes
où l'on marche toujours à. couvert , où on ne
craint pas la pluie. Cette rivière met le camp à
couvert des ennemis. Cette éminence le met à
couvert de leur canon. Cette pièce nous met à
couvert de rout procès. On l'a obligé d'cpoufer .
la fille qu'il avoit abufée , pour mettre fon honneur
à couvert. On dit aulTi ironiquement d'un homme
qu'on a mis en prifon , qu'on l'a mis à couvert.
L'envie & l'ambition fecrette qui rongent les
dévots , vont toujours à couvert de leurs pieufes
intentions. Bell. Le faux zèle fait bien mettre fes
pallions à couvert de la raifon. Maleb.
^fj Ce mot à couvert, difent les Encyclopédîftesj
prcfente l'idée d'un voile qui dérobe : <i /'«^ri ,
l'idée d'un rempart qui défend. On fe met à
couvert du foleil , &: à l'abri du mauvais temps.
§3" On a beau s'enfoncer dans l'obfcurité, tienne
met à couvert des pouri'uites de la méchanceté-,
rien ne met à l'abri des traits de l'envie.
gC? En termes de Blafon , on appelle couvert , un
château ou une tour avec un comble.
On dit proverbialem nt , fervir un homme
à plars couverts ; pour dire , lui faire un myftère
de quelque choie , lui cacher une partie du fe-
cret d'une affaire , lui faire une dem.ie ou une
faufle confidence, lui rendre fecrettement de mau-
vais offices.
COUVERTE , f. f. terme de Marire du Levant,
qui lignifie ponr ou tillac. Furi. Ou dit qu'un
vailfeau porte couverte , quand il eft ponté. On ap-
pelle Couverte de Tiicocelle de proue , un cer-
tain cfpace qui règne vers l'arbre du trinquet , &:
vers les r.mbades : on y charge aulfi l'artilleiie.
Couverte, f. f. terme de Fauconnerie. Les deux
grandes pennes du milieu de la queue font ap-
pelées les couvertes. Dus: majores penna. in mediâ
avis caudàjua. Les autres , fçavoir les premiers
de chaque côté ," font appelées les premières du
coin ^celles qui luivent les deuxièmes du coin,
& ainli des autres. Vol à la couverte fe dit, en
termes de Fauconnerie, lorfque l'on approche le
gibier à couvert de quelques haies. Voye^. Vol.
Couverte. C'eft dans les manufatflures de porce-
laine , de fayance & de terres fines , l'émail dont
eft revêtue la terre mife en œuvre. La pâte d'une
bonne potcelaine doit être fans fels , & la cou-
verte fans métaux.
Dans quelques Provinces, couverte fe dit pur
couverture de lit.
COUVERTEMENT , adv. d'une manière couverte,
fecrette , cachée. Tehe , occulte , clam , abfconditè,
latenter , tacite. Il lui a fait ce reproche couverte-
ment , en paroles couverres , & à demi mot. Cet
Agent négocie fort couvertement,
COUVERTURE, f. f. Ce mor pris en général pré-
fente l'idée d'une chofe qui s'étend fur une autre
pour la cacher , la conl'erver ou l'orner. Teg/nen
tegumentum , operimentum , amiclus , tecium.
Couverture de lit , pièce d'étoffe qu'on étend fur un
lit pour fe- garantir du froid. Lodix ,Jlragulum ,
fafcta lecli. Il y a des couvertures à poil, d'au-
tres à ploc. Des couvertures piquées. Il n'a pour
toute couverture que fa courtepointe. Faire la coa-
verture , c'eft préparer le lir, replier le drap & la
couverture pour fe coucher. On appelle nufTv cou-
verture une pièce de laine dont on enveloppe des
enfans en maillor , ou que les payfans mettent fur
leur tête en guife de cappe pour fe garantir de la
pluie.
Ce
c o ir
Ce mot vient de coopercura.
On appelle auffi couverture , les pièces d'étoffe
q'i'on met fur les mulets , non pas tant pour les
garantir de la pluie, que par ornemenr pour mon-
trer à qui ils appartiennent par les écuffons & bro-
deries qu'on y met deJTus. Stragulum. On en fait
audi de parade dans les entrées & les grandes
cérémonies. Quelques-uns appellent afîcz mal cou-
verture , l'étoffe , la tapiflérie qui fert à couvrir
des chailes & autres meubles.
Couverture l*e dit auflî des peaux que les relieurs
mettent llir les livres quand on les relie. Teamen ,
tegumcnturn , tegumen. Une couverture de veau ,
de maroquin , de parchemin , de papier marbré.
Cet homme ne connoît les livres que par la cou-
verture. Une faufle couverture , c'eft une pièce de
bafane , ou de parchemin , qu'on met fur la vraie
couverture pour la conferver.
Les ferruriers appellent couverture de la ferrure,
la pièce de fer qui en couvre les gardes ; ce qu'on
nomme aufli foncet. Opertorium,
Couverture lignifie au/fi le toit des maifons , ce
qui défend ie dedans des injures de l'a'r. Teclum,
Une couverture d'ardoife, de tuile , de plomb , de
bardeau , de chaume. Une couverture à claire voie
eft celle dont les tuiles font peu preffces , comme
fur un appentis qui ne doit pas fubfifter long-temps.
Les couvertures d'Orient font toutes en platefor-
me. Les couvertures à la manfarde font des toits
dont la charpente efl brifée , qui fait un angle,
ou deux faces de chaque côté. On affeéle dans
les bâtimens modernes d'emjpêcher qu'on ne voie la
couverture.
On dit au/fi d'un parapet , d'une colline, qu'ils
fervent de couverture à un logement, à un camp j
pout dire qu'ils les mettent à couvert des ennemis ,
qu'ils fervent de défenfes. Propugnaculum.
Couverture de fanaux , termes de Marine. Ce font
des baquets ou autres chofes qu'on mer fur les fa-
naux lorfqu'on les ferre , pour les conferver &
empêcher qu'ils ne fe gâtent. Operculum.
Couverture fe dit figurément en chofes morales , &
lignifie prétexte pour couvrir , pour déguifer un
deffein, pour excufer une faute. Simulatio , cdufa ,
prœtextus. La dévotion fert de co?/v^r/?/rt' aux hy-
pocrites pour faire bien des méchancetés. C'efl:
pour fervir de prétexte & de couverture .à l'avarice
& à l'ingratitude. Patru. Un mari fert de cou-
verture à une femme adultère.
COUVERTURIER , f m. marchand ou artifan qui
vend ou qui fait des couvertures. Stragulorum ,
lodicum opifex.
COUVET , f. m. pot de terre ou de cuivre avec
une anfe que les pauvres femmes rempliflént de
feu , &; mettent fous elles l'hiver. Jgniculum. Ce
mot n'eft connu que parmi le petit peuple.
COUVEUSE , f. f. poule qui couve , qu'on garde
dans une métairie pour couver. GallinaincuSans,
C O U V I , adj. œuf qui eft à demi couvé par
la poule , ou gâté pour avoir été gardé ttop
long temps. Ovum incubatione vitiatum. Sancho
Panfa fut traite avec une omelette d'œufs couvis.
COUVIN , nom d'une petite place du pays de Liège.
Convinum. Couvin eft iîtué entre Rocroy & Ma-
riamon.
COUVINE , f f. Ce mot qui étoit autrefois en
ufage , veut dire queue. Dame à grand couvine ,
dans les vieux Auteurs , eft une Dame qui a une
longue queue à fon habit.
COUVIVER , v. a. vieux mot. Flater,
COUVOYON , f. m. nom d'homme. Covoyonus ,
Comvoyo. S. Convoyon , que nous prononçons
couvoyon , de même que Mouchi , Moutier , Cou-
vent Coutances étoit fils d'un Gentilhomme de
Bretagne, & fut premier Abbé de S. Sauveur de
Redon en Bretagne, l^oye^ Ga//ia Ckriji. T. IF^ ,
au mot rotonum , & Bailler au vingt-huitième de
Décembre , & le Martyrologe de M. Chaftelaiii au
cinquième de Janvier ^ p, ç,x fi- fuiv.
Tome IL
COU ioo9
COUVRE-CHEF , f m. coçffure dont les femmes
de village fe fervent en piuiicurs endroits, com-
me en Normandie , Picardie , &c. Rica. Elle cil:
faite d'un morceau de toile empefée & tortillée,
dont elles entourent leur tête.
On appelle auffi de ce nom , tout ce qu'on met
fur la tête & fur le vifage pour les couvrir, rant
aux hommes cju'aux femmes. Capitis tegmen , te-
gumcntum. L'Ecriture nous apprend que l'on mit
un couvre-chef <\ix. la rête du Lazare & de Jcfus-
Chrift , lorfqu'on les enfevelir. Philotas avoit lea
mains liées derrière le dos , & la tête voilée d'un
couvre-chef Vaug,
Couvre-chef , f. m. c'eft une partie de l'habillement
de l'Abbede&de la Secrète de Remiremont , qui
ont feules droit de le porter. Ceft une efpèce de
linge qui s'appelle co«vr^-cAe/", quoiqu'elles ne le
mettent pas fur leur tête. Il s'attache feulement
derrière la tête , & les deux bouts viennent join-
dre la petite barbette qui leur couvre le fein en
manière de guimpe , puis elles mettent fut leur
tête deux gtandes coëffes, l'une de taffetas, dont
les deux bouts fe nouent fur la barbette & la ca-
chent en patrie j & l'autre de gaze ou crêpe, qui
pend par derrière : le couvre-chef n'eft que de la
haureur de la perfonne, rombant par derrière juf-
qu'à terre , & eft couvert d'une gaze noire. P. Hé-
lyot. t. fi , p. 415.
Couvre-chef, terme de Chirurgie. Fafcia cuculLita.
Bandage dont on fe fert pour envelopper la tête.
Il y en a de deux fortes , l'un grand , l'autre petit.
Couvre-chef fe dit aulli quelquefois en riant S<. dans
le ftyle burlefque , pour fignifîer tout ce qu'on
met fur la tête d'une perfonne' pour l'accabler.
Jupiter fit à Thyphon leur grand chef.
D'une montagne un couvre-chef. Scar.
COUVRE-FEU , f. m. inftrument IfT de fer ou
de cuivre qu'on met fur le feu pour le couvrir &le
conferver pendant la nuit. Foci operculum.
Couvre-feu, fignal de retraite qu'on donne dans:
les villes de guerre pour fe coucher , pour avertir
qu'on ne forte plus. Signum vefpertino receptui.
Par une Ordonnance de Philippe de Valois , il pa-
roît qu'on fonnoit le couvre-feu au fbit & au point
du jout -, & qu'à Laon on fit dépendre la cloche
du beffroi pour punit les habitans d'une (édition
qui étoit arrivée. Pafquier dit qu'on appeloir au-
rrefois le couvre-feu ou cour feu , & par corruprion
carfou , ou félon d'autres , gârefoit , pout avertir
de lé mettre à couvert des da^auchés H des vo-
leurs de nuit. On l'appelle en Gafcogne chafj'e-
ribauds.
CouvRE-FEU , f m. nom de la cloche qu'on fon-
noit en Angleterre tous les foirs au commence-
ment de la nuit. Cette coutume &.: le nom de
cette cloche vinrent de Guillaume le Conquérant,
qui ordonna fous de rigoureufes peines qu'au fon
de la cloche , qui fonnoit à fept heures du foir ,
chacun fe tînt renfermé dans fa maifon , qu'on
éteignît les chandelles > & qu'on couvtît le feu.
UCT Ceux qui manquoient d'exadlitude dans Tob-
fervation de cette loi,étoient rigoureufement punis.
Le couvre-feu fut aboli par Henti II.
§Cr Le couvre-feu étoit une police ecclélîaftique ^
autrefois en ufage dans les cloîtres. Cette cou-
tume s'obferve encore aéluellement dans quelque*
endroits. Dans l'églife cathédrale de Paris , on
fonne tous les foirs à fept heures le couvre-feu ,
& la cloche qui fonne le fignal , porte aufli le
nom de Couvre-feu.
COUVRE-PIÉ , f. m. efpèce de couverture qui ne
s'étend que fut une partie du lit , & qui fert à
couvrir les pies. Les couvre-piés font ordinaire-
ment de toile ou de taffetas piqué & garni en-
rre deux d'aigredon , ou autre chofe propre à don-
ner de la chaleur.
M Al M M m m
loio cou
COUVREUR , f. m, artifan qui couvre les maîfons.
Qui domos operic , qui cedium tecla munit adverjus
imbres. Il y a des couvreurs en ardoifc , en tuile ,
en chaume.
On dit populairement à bas couvreur , la tuile
eftcadce, quand on commande à quelqu'un de dcl-
cendre d'un lieu où il eft monté.
Couvreur de flacons. C'cft un des noms que pren-
nent dans leurs ftatuts les maîtres marchands ver-
rier; & fayanciers de la ville & fauxbourgs de
Paris.
COUVREUSE, r. f. femme ou veuve de couvreur.
CouvREUSE , celle qui couvre de paille certaines
chai Tes. Qucc jcllas incernit paleâ.
COUVRIR , v, a. mettre un« chofc fur une autre ,
ou devant une autre. Operire , cooperire , iegt:re ,
contegere , amicire , adoperire , inugere , obliger e ,
prxtexere. Ce mot a divers ufages , fuivant fes
diverfcs applications. Il vient de cooperire. Nicod.
Couvrir fe dit premièrement des chofes qu'on met
fur les autres pour les conferver , pour les garan-
tir des injures de l'air. Couvrir une maifon , une
cglife , c'cft y mettre le toit , de peur qu'il n'y
pleuve , & la couvrir de plomb , d'ardoife , de tuile ,
de bardeau , de chaume. On couvre de paille &
de recoupes de pierres les murs imparfaits dans
les atteliers pour les garantir de la gelée. Les jar-
diniers couvrent de paillaflbns leurs couches de
fleurs & de plantes nouvellement levées pour leur
ôter le trop grand foleil , ou les préierver du
trop grand froid.
Couvrir fîgnifie auffi cacher, empêcher qu'on ne
voie. Tegere, operire ,abdere , ve/are. Adzm , après
fa faute , fe vit obligé de couvrir fa nudité. On cou-
vre toutes les images d'un voile pendant le carême.
Il a enfoui fon tréibr , il l'a couvert de rerre. Le
ciel fe couvrit de nuages , &c nous menaça de
rempête.
Couvrir fe dit auiTi de ce qu'on met fur un autre
corps pour le tenir chaudement ou proprement.
Operire. Il faut bien couvrir ce malade durant
fon friffon. Le Prêtre couvre fon calice avec le
voler. Couvre^ ce pot de peur des mouches. Oper-
cule tegere , operculare. En ce fens , on dit fe cou-
vrir; pour dire , mettre fon chapeau fur fa tête. Pe-
tafo ,pileo caput tegere., operire. Les Grands d'Efpa-
gne fe couvrent devant le Roi. Vittorio Siri ,
dans fon IV^ volume , dit que jufqu'au règne de
Louis XII , on fe couvroit devant les Rois de
France , & qu'on fe découvroit feulement quand
on errtroit dans leur chambre , quand ils parioient
à quelqu'un, ou quand ils buvoient à table , cat
alors tout le monde mettoit le chapeau bas , &
après on le remetioit fut fa tête avec une pro-
fonde révérence.
§Cr Couvrir , dans la fignification de revêtir. Cou-
vrir les pauvres.
§Cr Couvrir fe dit encore dans la fignification de
charger , mertre une chofe en grande quantité
fur une autre. Couvrir la table de plats , de mets.
Menfam onerare , injlruere dapibus , epiilis. Cou-
vrir la campagne de gens de guerre , la mer de
fes vaifleaux. Couvrir de pouflicre. Il étoit tout
couvert de blcffures. Onujlus vulneribus.
Seigneur , toute la mer ejî de vaijfeaux couverte.
Rac.
|C^ Couvrir fe dit dans un fens approchant de ce
qu'on met pour orner la chofe fur laquelle on
l'applique. Tegere , operire , injlernere. Il a fait
couvrir tous fes livres de maroquin , tous fes (îègcs
de velours , couvrir fon plancher d'un riche tapis \
couvrir un habit de galons d'or , de broderie. Au
printemps , la terre i'e couvre de fleurs.
Couvrir , en termes de Guerre, fignifîe mettre quel-
que corps au devant de loi pour fe défendre de
l'ennemi , ou lui faire quelque obftacle qui l'em-
pêche d'approcher, Tueri , deffendere , munire.
COU
Dans les villes on fe couvre par des parapets , des
remparts , des murailles. Ce ravelin, cet ouvrage à
corne couvroit toute la couttinc. Les cafcmates fe
couvroient autrefois par des qrillons. Dans les
campemens on le couvre d'un bois , d'une rivière ,
d'un rideau. 11 fc couvrit d'un ruiUcau pour n'être
point furpris par les ennemis. Il couvrit fon aîle
gauche d'une chaîne de montagnes, C'eft fe porter
près de ces chofjs , d'une manière qu'on ne puiilè
être attaqué que difficilement de ce côté là. Dans
les fièges on le couvre de gabions , de chandeliers,
de mantelets , d'épaulemens. On dit d'une place
forre , qu'elle couvre tout un pays , toute une
frontière. Un combattant lé couvre de fon bou-
clier, de fon épée. Le Prince Philippe qui n'avoir
que quatorze ans , couvroit le Roi Jean fon père à
la bataille de Poitiers. Du Tulet,
Couvrir fignitie encore, en termes de Guerre , ca-
cher , empêcher que l'ennemi ne s'apperçoive de
ce qu'on a deifcin de faire, Tegere , occultare ,
dijffimulare. Er c'eft en ce fens qu'on dit , couvrir
la marche d'une armée , couvrir la marche des
troupes. Ab,
En rermes de Palais, couvrir fignifîe apporrer
quelque défenlé , quelque exception peremptoire.
Tueri , defendere , tutari , reparare. La fin de non-
recevoir, la prefcription vous couvre de la demande
de votre partie. Un arrêt de compte , une tranf-
aélion , couvre les aélions & demandes qu'on
pourroit faire pour le palfé. Un mariage fubfé-
quent couvre le défaut de nailfance desenfans. Se
les rend légitimes. Les faux 5c doubles emplois ,
les erreurs de calcul ne fe couvrent jamais , ni par
arrêts, ni par tranfaclions. Quand on apporte de
méchantes excufes , on dit proverbialement &
figurément qu'on fe couvre d'un fac mouiiic.
En Jurifprudence féodale , on appelle couvrir uri
fief ou un arrière-fief, quand le vaflal a fait la foi
6c hommage , ou a offerr de la faire pour l'ouver-
ture ou mutation du fief avenu , 8ç pour en pré-
venir 6c empêcher la faifie. Couvrir le feu de fon
Finarier , c'eft de la parr du Seigneur de fief mettre
au ban , 6c failîr , quand fon fujer ne lui paye pas
fes droits.
Couvrir, terme de jeu , fignifie mettre de l'argent
fur une carte, ou tenir ce qu'un autre a mis deffus.
Deponere. On le dit encore d'une carre qu'on met
fur une autre en jouanr les cartes, Tegere , operire.
ÇC? Couvrir un momon , accepter , recevoir le
défi d'un momon, Voye^ Momon,
^fT On dit auHi couvrir une enchère, enchérir au-
deifus de quelqu'un ; &c populairement couvrir la
joue à quelqu'un, lui donner un fouftlet. Alapam^
colaphum ducere alicui , incutere , injligere , in-
fr ingère.
Couvrir , en termes de tridlrac. On ne dit pas feu-
lement couvrir une dame , mais on dit aulfi à un
joueur couvre^-v OMS , ôc il dit lui-même, je me
couvre •, pour dire , je couvre une de mes dames
qui éroit découverre. Couvrir une dame, c'eft met-
tre une dame fur une flèche , où il n'y avoir qu'une
demi-cafe, Ainfi dame couverte &c café c'eft la même
chofe , comme dame découverte Se demi-cafe eft la
mêmechofe.Lcs dames ne fe couvrent pas au triélrac
comme au jeu des dames en les mcrrant l'une fur
l'autre , mais l'une devanr l'autre. On appelle faire
la demi-calé , couvrir ou fe couvrir , parce qu'une
dame qui pouvoir être bartue étant feule , ne le
peut plus être étant couverre d'une autre dame. L. S.
Couvrir. Les Marchands Verriers difenr, couvrir
un flacon, couvrir une boureille ; pour dire, iiire
par-defîus cet entrelacement d'ofier fin Se plat qui
fert à les conferver.
Couvrir fe dit aufli des animaux qui s'accouplent
pour la génération. On choifit de beaux étalons
pour couvrir les cavales dans les haras. Ccrte épa-
gneule a été couverte d'un fort beau chien. Marem
pati.
Couvrir fe dit figurément en chofes rtmrales. Ui»«
i
cou
CRA
loi r
lâche aéiîon couvre un homme âCinÇimic, Pudore ^
dedecore ju^undere. Ce Capitaine le couvrit d'nviQ
honte éc.rncUe pat ia révolte. Ce Conquérant rj-
vint triomphant , tout couvert de gloire, de lau-
riers. ClaruSi zV/«y/ri,f. Il n'elt point de gloire dont
on ne doive vous couvrir. Al. Scud. f^oy<;^ Cou-
vert.
Couvrir fe dit aufTi fîgurément pour cacher , dcgui-
/er , voiler , dérober à la connoiflance des hommes.
Tegere , occulcare , dijjîmulare , vélum obtendcre ,
prxtendere, pneicxere. Les hypocrites Ce couvrent
du manteau de la dévotion pour cacher leurs crimes,
pour couvrir leurs défauts. Cet homme efi: tort
adroit , il Tait bien couvrir ion jeu , l'es dcfTeins , Ta
marche. Cet amant eft fott difcret , il a bien couvert
juCqu'ici ia p.Ulion. Ils couvrent leur prudence hu-
maine & politique du prétexte d'une prudence di-
vine 8: chrétienne. Ceux qui conteftent les miracles
modernes font des profanes , qui couvrent leur in-
crédulité du itre fpécieux de bon fens. Vous ne
pouvez digérer que Ton ait levé le voile de defîus
le fond d'iniquité que vous alïedlez de couvrir du
prétexte de zcle. S. EvR. Quand nous aimons quel-
qu'un, notre palfion couvre tous fes défauts. Maleb.
Envain vous vous couvrez des vertus de vos pères.
BûlL.
CouvsRT , EB.TE. part. Voyei ci-iejfus,
c o w.
COWALAM , f. m. grand arbre qui croît au Malabar,
& dans l'Ile de Ccylan, Son fruit relfemble à une
pomme ronde ; il eft couvert d'une écorce épaifle
& verdâtre , fous laquelle on en trouve une autre
dure, ligneufe &: renfermée dans une fubftance vil-
queufe , humide , jaunâtre , acide & douceâtre ,
dans laquelle font des graines plates , oblongues ,
blanches & pleines d'un fuc tranfparent & gom-
meux. Lorfque ce fruir eft mûr , les habitans de ces
contrées le mangent & le trouvent délicieux. Leurs
Médecins fe fervent dans la diarrhée de fon fruit
vcrr conlervc dans du miel ou dans du vinaigre ; &
c'eft encore un des remèdes auxquels ils ont recours,
& même avec beaucoup de fuccès dans la dyiîen-
terie. Ray, Hijt. plant.
COUX , f. m. vieux mot qui lignifie cocu.
Par vous fuis à honte livré;
Par vous , par vojlre Iccherie ,
Suis-je mis en la confrérie
Saint Arnoul le Seigneur des ceux j
Dont nul ne peut être rcfcoux.
T Rom. de la Rose,
Saint Gengoux en Bourgogne eft regardé comme
ïe patron de cette confrérie , à plus jufte titre que
S. Arnoul à Metz. Supl, au Gloff. du Rom, de la.
Jiofe, au mot Coux. Voye:^y aujfi S, Arnoul, Ze-
<:Ae?/e, que Nicot écrit /icAtr/t' , figniiîe friandife ,
bonne chère.
COUY , f. m. terme de Relation. Dans nos îles de
l'Amérique on appelle ainfi une moitié de calebafle.
Dimidium cucurbitce , dimidia pars cucurbitce. Le
Médecin Nègre prit un coz/y,c'eft-à-dire une moitié
de calebafle , où il y avoit du feu, il mit de la gom-
me deflus, & encenfa l'idole. P. Lab. On cueille les
pois, les graines & autres menues denrées dans des
couys. Les Nègres recueillent les graines de Rou-
cou dans des couys. C'eft dans des couys que les
femmes des Caraïbes préparent du roucou avec de
l'huile de carapat, pour en peindre leurs maris.
Le P. Lab.
|Cr COUSIN ou COUZIN , ( LE ) rivière de France
dans la Bourgogne , qui a fa fource dans l'étang
de Chara ^'^anx, Bailtiap-e deSaulieu ; & après avoir
arrofé qielques villes, fe jette dans la Cure, dans
le Nirernois,
C O Y.
COY, COYE. Voy eiCoï.Coiï.
COYI.MBOUÇ, f. m, efpèce de coffre dont on fe
fert dans les Iles , principalement quand les habi-
tans appréhendent d'être pillés par les ennemis. Les
coyemboucs iont compofés de deux cak-balfes d'ar-
bres dont on a été de chacune la quatrième ou la
cinquième partie. On abouche ces deux callebafle*
les unes contre les autres , comme le delllis &: le
defibus d'un cncenfoir. Quand le coycmhouc eft rem-
pli de ce qu'on y veut mettre, on lie &; ferre le
delfus & le deflbus avec de la ficelle de Mahot ou
de Pite , & l'on pend le coyembouc dans les arbres
qui ont de grandes feuilles , jufqu'à ce que les en-
nemis fe foient retirés. Le P. I^ab. t. 2.
COYEMENT. roy^ç Coiment.
COYAU. f m. Petite pièce de bois entaillée fuf la,
roue d'un moulin, qui fert à foûtenir l.s aubes ou
petites planches fur Icfquelles l'eau fait fon im-
predîon pour faire tourner la roue.
On le dit aulfi en Charpenterie , d-rs petits bouts
de chevrons qui font fous la couvecture d'un toît ,
& qui la portent jufqu'à l'endroit ncceflaire, juf-
qu'au bord de l'entablement pour la pente & ia
chute des eaux. Ces pièces de bois s'appellent ea
pluljeurs lieux chaulâtes, Dcli^uia.
COYERS. f. m. Pièces de charpente , ou chevron?
pofés en diagonale fur le toît d'une maifon , ou
dins l'enrayeure d'un -comble, Sc qui répondent,
fous l'arêtier. Colliqnits,
COYON. Voyei Coïon,
COYONNER. Foyei Coïon>jer.
COYONNERIE. Foyei Coionnerie.
C O z.
COZOQUOIS , OISE. Nom d'une Seûe hérétîque,
dont nous avons parlé au mot Bagnole, C'eft la
même chofe.
CRA,
§:? CRABE, f. m. PoifTon de mer , du genre de«
animaux cruftacés, reflemblant alfez à une araignée.
Cancer.
^fT On en diftingue plufieurs efpèces. Il y en a même
d'eau douce. Cancer fiuviatilis,
gcr On voit dans les Antilles des crabes ■v\o\tz^, de
blancs & ceux qu'on appelle dans le pays tourloiirou.
Il y en a auffi qui font une efp'c; d'écrevilfe am-
phibie dont fe nourrhfent les habitans. Amphibium
cancri chenus. Les crabes fortent des bois au mois
de Mai pour s'aller baigner dans la mer , & y Jetec
leurs œufs. Ils font pour lors en li grand nombre
dans la campagne , qu'on ne fauroit mettre le pié à
terre lans en écrafer quelqu'un. Dans leur marche
ils fe divifent en plufieurs bataillons longs d'une
dcmi-Iieue , & larges de cinquante pas. Ils ont
deux tenailles ou mordans fort dangereux , donc
ils font un fi grand bruit, qu'il femble que ce foienc
des corfelets ou talfettes d'un Régiment de Suifles.
On en voit en Syrie , & particulièrement à Alep ,
qui fortent de la rivière , & montent au haut des
meuriers blancs, pour manger les meures.
Crabe , en quelques pays auprès de l'Efpagne, fe dit
pour chèvre. Capra.
Crabe, f. m. Sorte de bois qui vient de l'Amérique,
dont on fait un affez bon commerce à la RochelleJ
CRABTER. , f. m. efpèce de héron qui fe rrouve dans
les î'es de l'Amérique. On l'appelle cr^^/er , parce
qu'il vir de crabes.
CRAC. Terme populaire indéclinable , & fans aucun
genre, qui fe dir en parlant du bruit que fait le
bois quand il travaille ou quand on le rompt , SZ
en général tDUs les corps durs , kc% 8c folides qu'on
divifc ou qui éclatent avec violence. Fra<^or. J'en-
tendis crac , cra: , &: c'éroit une folive qui éclatoit.
Ses fouliers font neufs , ils font cric - crac. Ce mot
M M M M m m ij
C R A
I0I2
eft familier , & l'on ne peut s'en fcrvir qu'en ba-
dinant. Il eft formé par le Ton que fait la choie ,
comme celui de pouf. Si autres lemblables.
Il y en a qui dérivent ce mot de l'hébreu piV
Kara<r, c'eft le fentiment de Schiek , mais il eft
bien plus naturel de dire que crac &c craquer font
des mots formés du bruit éclatant que font certaines
chofcs qui fe rompent , fe fendent avec violence ,
qui travaillent , qu'on déchire.
Crac fe dit auffi populairement de tout ce qui fe fait
■ avec promptitude & tout d'un coup. Sutito, repente
continuo. Crac, le voiLi dans le tombeau. Scar.
Crac , f. f. en termes de Fauconnerie , eft un certain
mal qui vient aux faucons.
Crac , forte d'interjeâ:ion dont on fe fert lorf-
qu'uné perfonne dit quelque chofe un peu fujevte
à caution , &: raconte quelque hiftoire outrée , fa-
buleufe ou impolfible , ou lorfqu'elle vante fon
mérite ou fon extraction.
CRACHAT, f m. Salive, excrément qu'on vide par
la bouche. Spiuum ^fputus. ^fj" Les Médecins don-
nent le nom de crachat à toutes les matières éva-
cuées par la bouche, en confcqucnce des mouve-
mens & des fecouifes de l'expeftoration. L'écoule-
ment contre nature de la falive s'appelle/a/zv;z/zo«.
L'Evangile de S. Marc a été regardé par plufeurs
comme un abrégé de celui de S. Mathieu -, mais cet
abrégé , fi l'on veut l'appelet ainfi , rapporte quel-
quefois des circonftances que S. Mathieu avoit
omifes, comme on le peut voir, par exemple, fur
l'aveugle guéri avec du crachat , &c. Péliss. L'exa-
men des crachats dans les Phthifsques eft d'une
grande importance ; & Bennet , Médecin Anglois ,
s'y eft fort attaché dans fon Livre intitulé Tatido-
rum Theatrum.
On dit qu'une maifon eft bâtie de boue & de
crachat , quand elle eft bâtie de méchans matc-
ihux.ConfcIa luto domus. Ondk hyperboliquement
d'un malheureux , qu'il fe noyeroit dans un crachat,
CRACHEMENT, f. m. Adion par laquelle on crache.
Excreatio , fcreatus. Les pulmoniques , les enrhu-
més font incommodés d'un crachement perpétuel.
Le crachement de fang eft un figne que le poumon
eft ulcéré. Voye^ Hemophtysie.
CRACHER, v. a. Vider par la bouche la falive fiC? &
les autres matières qui fortenr de la trachée-artère,
de la gorge , &c. Spuere , defpuere , expuere , tx-
creare ,fcreare. Cracher du fang. Il a craché du fang
tout pur. Cracher fcs poumons, fon poumon. Il a
mis dans fa bouche une dragée où il y avoit du
chicotin , il l'a crachée fut le champ.
ItT On dit proverbialemenr qu'un homme crache du
coton •, pour dire, qu'il a bien foif , &; qu'il crache
blanc. Sicco fpuit ore.
ItT On l'emploie auHi abfolument. Cet homme ne
fait que cracher. Il a craché toute la nuit. Il crache
au nez , il écarte la dragée. Spuit in os. Scaligcr
dérive ce mot du verbe ïaùnferacere, quife trouve
dans les Auteurs. D'autres difent qu'il été fait par
onomatopée du fon qu'on fait en crachant. Mén.
Cracher au nez , gCT cracher au vifage-, traitement
humiliant. Confputare aliquem , fputis confpnrcare,
eonfpergere. Un des plus grands outrages que J. C,
fouffrit en fa paffion , c'eft que les Juifs lui cra-
chcient au nez.
^CF On dit figurément & familièrement cracher des
injures, dire beaucoup d'injures.
-g:? On dit provcibialement &: en badinant cracher
du grec, du latin, parler grec ou latin mal-à-pro-
pos" Defmarets a dit d'un Poète ridicule, dans fcs
yijionnaires :
Toutefois iVcrachoit du creux de fes poumons ,
L'Èpode , l'^ntiflrophe , &' cent autres Démons.
Ne dites plus , s'il vous plaît , cracher des Sen-
tences , cracher des apophthegmcs •, le mot cracher
n'eft pas aflez beau pour en tirer des images & des
métaphores. Balz.
C R A
On dit provcibialement &c populairement, qui
crache contre le ciel , il lui retombe fur le vifa-
ge •, pour dire , qu'on eft châtié quand on invec-
tive contre les Puiffances. On dit aufîi , faire
cracher au badin; pour dire, obliger quelqu'un
à contribuer à quelque dépenfe.
§3" Cracher, V. n. terme de fonderie, fe dit d'un
moule qui rejette une partie du métal en fulîon.
Ce moule, a craché.
CRACHÉ, EE. part. On dit populairement d'un en-
fant qui reflemble fott à fon père, que c'eft le
père tout craché. Puer ijte emnimodo patrijjat.
Voilà déjà un petit Grichar tout crache. Le
Grondeur , Com.
CRACHEUR , EUSE. f. Qui crache fouvent. Spu-
lator , fcreator. Les cracheurs & toufleuts font
gens incommodes dans une aflemblée.
CRACHOIR , C. m. forre de vafe qui fert à rece-
voit les crachats des perfonnes incommodées
^3" ou en fanté. Vafculum , fputis excipiehdis.
Ce font de petites vafes d'argent, de fayance
ou d'autre matière.
On donne auili le nom de crachoir , à une cf-
pèce de petite boîte ians couvercle , ou d'auge
de bois remplie de chaux vive ou de fable qu'on
met dans les Eglifes, dans les cabinets , dans
les buieaux , dans les endroits où l'on s'aifemble ,
afin qu'on crache dedans.
En Hollande où l'on ne peut fouffrir de cra-
chats fur les planchers , les crachoirs font fort
en ufage,
CRACHOTEMENT, f. m. action de crachoter
ou de ctachet fouvent. Cet homme a un cracha*
tement continuel.
Elle forrit un jout qu'il geloit , & qu'il fàifoit
un vent fec & piquant, ce qui lui procura une
légère fluxion fur le vifage , fie un crachotement
de matière fércufe. Ac. d'Edimb, T. I , p, 6^.
CRACHOTER , v. fréquentatif. Ciacher peu &
fouvent. Spntare,
^ CRACKOW. Petite ville d'Allemagne , dans
la baffe Saxe , au Duché de Meckelbourg.
CRACOVIE. Cracovia. Cracropolis. Quelques Géo-
graphes l'appellenr Carrodunum , ville de le pe-
tite Pologne , fîtuée fur la ViftuUe. Cracovie
fut bâtie pat Cracus , ou Crac I , Duc ou Prince
de Pologne , élu l'an 700 de J. C. & c'eft de
lui qu'elle a pris fon nom. Cracovie eft grande-J
belle , riche & bien peuplée. C'étoit auttefois le
féjout des Rois de Pologne. Elle a une Univer-
lité , un Evèché , dont l'Evêque eft fufFragant de
Gnclhe , Duc de Sibéiie , Chancelier né de l'Uni-
verfité, & ptemier Evêque du Royaume. Il y a
auffi un Palatinat & une châtellenie , dont le
Caftellan a depuis 1105. le privilège de précé-
der tous les Palatins de Pologne. Cracovie s'ap-
pelle la Rome de Pologne , & fon Académie ,
la ville de Sorbonncj parce que Cazimir I qut la
fonda en 13(^4, fit venir des Doéleurs de Sor-
bonne pouf commencer cet établiffement. Craco-
vie difR-re du méridien de Paris de ih , 10', o"
orient, ou 17° , 50', o". Sa longitude eft 370, n',
20". Sa latitude 50°, 10', o". Cassini.
CRAIE , f. f. forte de §C? pierre calcaire , plus
ou moins friable , ordinairemenr blanche & pro-
pre à marquer. Creta , à caufe de l'Ile de Crète ,
aujourd'hui Candie , où il y en a une grande
quantité. On en trouve auffi beaucoup en pJu-
fieurs autres pays. Quelques Médecins la défini)!
fent , une terre minérale , blanche , emplaftique
&: polychrefte. Ils difent qu'elle eft mêléç de
beaucoup de patties de fel , de foufre Se de mer-
cure. ^JF Quelques naturaliftes attribuent la for-
mation de la craie à la dccompofîtion du Silex ,
parceque les pierres à fufil noires fe trouvent or-
dinairement dans des couches de craie , en-
vironnées d'une écorce qui y reffemble affez.
D'autres prétendent que la craie eft formée des
débris de coquilles , par;e qu'on découvre tou-
C R A
jours dans îa craie des vertiges de coquilles qui
en forment le tiffii. Il s'en produit dans toutes les
paitjes du monde , & en particulier l'île de Ru-
ga & celle d'Ufedom dans la Poméranie font
très-fertiles en craie. Quelques Médecins ne croient
pas que la craie mérite d'avoir place parmi les
remèdes ; d'autres prétendent qu'elle a de très-
bons effets, & qu'on en ufe avec fuccès dans
plufieurs maladies , telles que Ibnt les fièvres ,
même malignes , les maladies qui viennent de
quelque intempérie particulière , les douleurs,
les obftrudions des parties, des vaifleaux, ou
des pores , le flux des humeuts utiles ou inuti-
les qui fortent du corps, les tumeurs, les plaies ,
les ulcères , les vices de la peau , l'épilepfie , la
difficulté de retenir les urines. Les ptincipales
propriétés de la craie font d'abforber, de chan-
ger , &c. Abforbendi , invertendi , futur andi^
&CC. Au/îi l'emploie-t-on comme un alcali ou
abforbant terreux.
Quelques Auteurs en font trois efpèces : de
blanche , de verdâtre & de noire. Il n'y a que
la blanche dont on fe ferve dans la Médecine :
elle efl: deflcchante, déterfive & eniplaftique i &
étant appliquée au dehors , elle deHeche & cica-
trice les plaies &: les ulcères. On s'en fert auffi
ciuelquefois intérieurement contre les ardeurs de
l'eftomac. Elle fert encore à blanchir la vaiflélle ,
les cuirs , les draps , &c. Toute la ville de Reims
cft bâtie de craie. Ce qui fait la bonté des vin'î
de Champagne , c'efl: qu'ils viennent fur des col-
lines de craie. Il y a quelques pierres rouges
& noires dont les Artifans fe fervent pour mar-
quer^ leurs mefurcs , qu'ils appellenr aufli craies.
CRAIE de Briançon. Efpèce de pierre allez ap-
prochante de la nature du talc , à la réferve
qu'elle n'eft pas fi ccailieule , Se qu'elle efl: plus
dure.
Craie rouge. Efpèce de bol Arméniert ,. commun ,
mais en tout inférieur au véritable bol d'Armé-
nie , étant très-frêle &c très-aifé à tompre. La
meilleure croît en Egypte & autour de Cartha-
ge : on en trouve aufli aux Indes Occidentales.
^C? Les tailleurs fc fervent de la craie de Brian-
çon pour tracer des lignes fur les étoffes. Elle
fte de peu d'ufage en médecine & ce n'efl: qu'im-
proprement qu'on lui donne le nom de craie,
§S? Il y a plufieurs autres efpèces de craie qui ne
différent les unes des autres que par leur cou-
leur & quelques qualités accidentelles.
Craie , terme de Marine. Nom que l'on donne à
des vaifleaux Suédois & Danois j qui portent
trois mâts fans huniers.
Craie fe dit abfolument pout la marque de craie
que les Maréchaux des Logis , ou Fourriers du
Roi mettent fur les portes des maifons, pour
figne qu'elles doivent fervir au logement de cer-
taines perfonnes. Creiatus , cretâ notatus. Il y a
tant de maifons fujettes à la craie en une telle
ville.
Craie , f. f. terme de Fauconnerie. C'efl: une ma-
ladie des oifeaux appelée la pierre , ou la craie.
L'on reconnoît que î'oifeau a la craie , quand il
a les yeux & les pies enfles , & qu'il les frot-
te du haut de fon aîle : alors les deux veines
qui font entre fes yeux pouflent fort , fes naril-
les font bouchées. Il levé la queue deux ou trois
fois avant que de pouvoir émeutir , & quand il
veut émeutir , il fait fon , comme petits pets , &:
• fon émeut efl: liquide & comme eau ttouble , &£
quelquefois vifqueux comme de la chaux endur-
CIC
fJC? CRAINBOURG ou KRAINBURG. Ville
d'Allemagne dans la Carniole, fur la fave.
CRAINDRE , v. a. a au préfent de l'indicatif je
crains \ 5i non je crair:. Y avg. Corn. A l'impé-
ratif crain , ou crains , qui efl: le meilleur. Il y
en a cependant qui difent qu'on ne doit pas
mettre d's à la fin de la féconde perfonne du
CR A
ÎOîî
préfent de l'impératif; v/.?«-ça , croz-moi, &c
io, je crains, tu crains, il craint, nous crai-
gnons , je craignais , je craignis , j'ai craint , je
craindrai, que je craigne, ijue je craigniffe , je.
craindrais. Prouver un fentimeiu de' crainte.
Voyez crainte. Timere , mctuere , in metu effe ,
vereri, tremere formidare , extimefcere. Un brave
ne craint ni la mort ni les dangers. Il efl plus
iûr aux Rois de fe faire craindre , mais il efl plus
doux de fe faire aimer. Celui que beaucoup de
gens craignent, a audl ncceffaircmcnr beaucoup
/ de gens à craindre. S. Evr. S'il y a des craintes
\ foibles & puériles, il y en a de jufl:es, & celui
qui ne craint rien , n'eft pas raifonnaWe. M.
ScuD. Rien n'eft plus ennuyeux que cette vie
tiède, qui fans rien craindre, & fans rien défi-
rer, n'a rien de feniîble. S. Evr. On craint de
fe connoître, parce qu'on n'cft pas 'tel qu'on der
yroit être. Fléch, Il y a tout à cfpcrer , & rien
a craindre quand on {e rrompcroit à croire qu'il
y a un Dieu-, & au contraire tout eft craindre,
& rien à efpérer dans le parti du libertinage,
Jaq. Comme il y a de la foibleflc à craindre
fans fujets , il y a aulli de la prudence à craindre
avec raifon. M. Scud.
Je ne craignoii que vous , vousne craignez que moi;
Et puifqu^il faut ici parler de bonne fui,
C'etoit avec raijbn que jaloux l'un de l'autre ,
Vous craigniez 7720« pouvoir , que je c'raignois Is
vôtre. Campistron.
§3" Une faut craindre rien , quand on a tout à crain-
dre. Corn.
§CJ" Cette fentence paroît quelque chofe de con-
tradiétoire : elle eft cependant au fonds d'une
très-grande vérité. Elle fîgnifie qu'il faut tout ha»
farder quand tous . les partis ibni; également
dangereux. Il eut falu , je ctois> éviter le jeu de
mot & l'antithèfe.
Ménage dérive ce mot de cremere , qu'on à
dit vraiièmblablement pour tremere. Il rémoigne
que les vieux Auteurs ont dit cremir, cremeur 6"
créméteux , pour craindre, crainte & craintif.
Crainte fe dit aufli des chofes inanimées , quoi-
qu'elles ne foient fujettes à aucune paffjon & fi-
gnihe alors qu'une chofe cft contraire à une autre,
Abhorrert. Les oranges craignent la gelée. Les
fleurs, le teint, craignent le hâîe. Le feu craint
'l'eau. On dit figurément qu'un bon vaifleau ne
craint que la terre &: le feu ; pour dire , qu'il
n'y a rien à craindre pour ce vaifieau , que
d'échouer ou d'être brûlé. Ac. Fr.
On dit d'un homme craintif ^. qui craint tout,
qu'il craint la touche , la réprimande : & au
contraire d'un emporté , d'un libertin qui ne
craint rien, qu'il ne craint ni Dieu , ni Diable.
Craindre lignifie auiîi s'abftenir , fe retenir p.ir
refpedl , par amour , par honneur , de faire quel-
que chofe. Cavere , timere, refugere. tJn homme
de bien craint d'oflenfer Dieu , parce qu'il eft
bon. Cette femme aime- tant fon mari > qu'elle
craint fans cefle de le fâcher. Il craint de bief:
fer les oreilles chaftes. Il craint de choquer leî
loix de la bienféance , de la Grammaire.
Craint, ainte. part. pall". & adj. Formidatus. ,
CRAINTE , f. f. ^ agitation , inquiétude de l'ame
occafionnée par la vue d'un mil qui nous me-
nace , ou donr nous nous croyons menacés. M.
de la Chambre définit la crainte , un mouve-
ment de l'appétit, par lequel Tame fe retire, 5;:
fuit avec précipitation le mal qui vient, fondre
fur elle: félon cet Auteur, la crainte eft une
palfion iimple. Timor. La crainte relTerre le cœur ,
& l'affoiblit par l'apprchenfion du mal qui le me-
nace \ c'eft ce qui fait que toute la chaleur éranc
contrainte d'ûccourir au fecours du cœur , le vi-f
fage devient pâle, FÉLfB. Je ne faurois fdufïrit
I O 14-
'K^ i-V
A
le héros de Virgile, il ne fournit que des lar-
mes Se des crainies à tous les pcrils qui ("e prc-
ientent. S. Evr. La crainte tft un mouvement h
fubit, qu'elle ne laiflc pas toujours la railbn li-
bre. S. Evn.. Voyez ceux qui l'ont pofledcs de
la crainte, ils ont une râleur mortelle llir le vi-
fage , & un air fi effaré & li conllerné , qu'il eft
aifé de connoitre qu'une craime excci^ive les
trouble ; iur-tout quand cette crainte va jufqu'à
l'cilToi, elle les tranfit,^ les rend immobiles. M.
tle ScuD. La crainte qui eft une folblcife , tait
en bien des occalions une partie de la prudence.
Bell. La lageffe lait s'élever au delîus des craintes
&: d.'s complailances humaines. Fléck. La crainte
ti'ainandir pas feulement les maux, elle les mul-
tiplie ; elle va même au devant d'eux , & en in-
vente de faux. M. Scud. La crainte de la mort
eft plus forte que tous les raifonnemens qu'on
fait centre elle. Nicol.
|Cr On craint , dit M. l'Abbé Girard , par un
mouvement d'averfion pour le mal , dans Tidce
qu'il peut arriver. On appréhende par un mou-
vement de dcllr pour le bien , dans l'idée qu'il
peut manquer. On redoute par un fentiment d'cf-
time pour l'adverfaire , dans l'idée qu'il eft fu-
périeur. Ona. peur par une foibleife d'efprit pour
ie foin dç fa confervation , dans l'idée qu'il y a
du danger,-
^CT Le défaut de courage fait craindre : l'incertitu-
dc du faccès fait appréhender. La défiance des
forces fait redouter, lés peintures de l'imagina-
tion font avoir peur.
^3" Le commun des hommes craint la mort au-
deilijs de tout ; les Epicuriens craignent davan-
tage la douleur ; mais les gens d'honneur pen-
fent que l'infamie eft ce qu'il y a de plus à
craindre.
Cf-ainte , terme Thcologiqae. Aimer Dieu , & crain-
•dre Dieu , font des termes fynonimes dans l'E-
criture. Les Théologiens néanmoins diftinguent
trois fortes de crainte ; favoir , la crainte mon-
daine, la fervile Si- la filiale. La mondaine eft
celle qui conlidcre plus la faveur du monde ,
que celle de Dieu. Quand on ftiit le péché à
caufe des peines~que Dieu prépareà ceux quille
commenrpt , & non pas parce qu'il lui déplaît,
cette crainte s'apfdle fervile. Il y a divers de-
grés de ceac crainte; il y en a une qui eft pu-
rement Icrvile & criminelle, & elle vient de la^
préférence qu'elle donne à la peine par-def!us le
péché , le coEur étant d'ailleurs attaché au crime.
Il y en a une autre qui n'cft point criminelle ,
&c qui peut être au contraire un commencement
de vertu. Cela arrive lorfque le cœur d'un hom-
me n'a point d'9.vcrfion comte la vertu , 8c qu'il
commence h. l'aimer : mais il n'en eft pas '■ncore
a charmé , ni fi dégoûté des plaifirs du péché ,
qu'il n'y eût une grande pente, s'il n'étoit dé-
tourné par l'horreur de l'enfer. Plufieurs Théolo-
giens confidèrent cette crainte comme un premier
pas bc une entrée dans la piété , âc comme un
commencement du véritable amour de Dieu.
Elle peut fcrvir , félon eux, de difpofition pour
•obtenir la grâce par le Sacrement de Baptême ,
ou de la Pénitence. On nomme crainte filiale
celle qui eft propre de l'ame Chrérienne, & qui
nous éloigne du péché, parce que nous appré-
j^endons plus que la mort de déplaire à Dieu ,
£i; que rien ne nous feroit plus fâcheux que de
manquer à tout ce qu'il défire de nous.
|Cr Toute crainte ne bannit pas du cœur l'efpérance
chrétienne-, ]a crainte filiale qui porte à s'abftenir
du péché , non feulement dans la vue déviter la
damnation , mais encore par l'amour de la juftice ,
qui le défend, non feulement n'eft point incompa-
tible avec l'efpérance ; mais même elle la fuppofe.
La crainte fmplement fervile ne l'exclut pas non
-plus, mais la crainte fervilement fervile ne laifle
(J K A
qu'âne cfpcrance bien foible dans le cœur qu'elle
r.nime.
§3" Crainte en droit , eft un mouvement de l'cf-
prit caufé par un péril prcfent ou qui peut arriver
La criu'rzre légère , metits lévis , eft celle qui fe ren-
contre dans l'clprit d'un homme timide; comme
idi crainte At déplaire -à quelqu'un , d'encourir fa
difgtace. La crainte grave , mctus gravis , eft celle
qui peut atîédcr un homme intrépide , commue la
crainte de la mort , deia piifon , de l'infamie , fi**:.
|Cr La crainte que le refped infpire aux enfans en-
vers leur père , qu'on appelle en droit timor reve-
rentialLs, n'eft pas une crainte grave -, c'eft pour-
j quoi le mariage contraélé par un fils 6n conféqucn-
ce d'une telle crainte, eft valable, parce qu'elle
n^'exclut pas le confentement.
§3^ La crainte grave eft une jufte caufe de reftitution
contre ce qu'elle nous a fait faire malgé nous à no-
tre délavantage.
Crainte de, ('De ) Conjondiion. De peur de. Ne.
L'orgueilleux n'approuve rien de crainte de fe fou-
mettre. Le P. Rap,
On dit autfi Amplement , Crainte d'accident ,
crainte de pis. Il eft du ftyle familier. Acad. Fr.^
Cr-Ainte en Mythologie. Il y avoit des Divinités
chez les Anciens que nous pouvons appeler crai>2/<r
en notre langue, mais qui palfoient pour des Dieux,
-& non pas pour des Dceill-s , parce que les noms
latins qui fignifient la peur ou la crainte ne font
pas féminins comme en François , mais mafculins.
Ces noms fonr Metus , Timor , Pavor. Nous par-
lerons du Dieu Pavor au mot Peur \ nous allons
parlet ici des deux autres. Les Poètes mettent le
premier , Mctus , au nombre des compagnons de
Mars , & en font un Génie de fa fuite , témoin
Stace. Theb.L. I^c.x-j.
Le Dieu que l'on appeloit Timor ctoit aulfi un
des compagnons & de la fuite de Mars. C'étoic
une Divinité infernale. Pour obtenir de ce Dieu
qu'il ne fût point nuifible , on lui facrifioit le chien
& la brebis. Plurarque dit que ce Dieu avoir im
temple à Lacédémone. La politique fit mettre la
crainte entre les Dieux. Quand on craint l'autori-
té légitime &: les peines auxquelles elle peut con-
damner, on la refpeâ:e,on n'entreprend riencon-
tr'elle. De plus on voyoit que tout , même les plus
grands cœurs, croient fournis à la crainte; que le
plus brave pâlit en pienant fes armes, que le foldat
le plus brutal tremble au lignai du combat , que
le Chef le plus intrépide rcffent les atteintes de
la crainte avant le choc des armées , que l'Ora-
teur le plus éloquent ftémit quand il s'aprcte à par-
ler en public ; qu'enfin la crainte produit fouvent
la valeur &; fait des braves. Chez les Romains , T.
Hoftilius mit la crainte au nombre des Divinités :
mais avec cette différence, que lés Romains qui
l'avoient jointe à la Pâleur y la révcroient fous l'i-
dée d'une padîon fervile , foible & balTe , non
point comme le fentiment louable d'une ame bien
née. Quelques Auteurs croient que les Payens
avoient pris le culte de la crainte dans les livres
faints mal-entendus. En effet , il y eft fouvent par-,
lé de la crainte de Dieu &: des effets ^excellens
qu'elle produit -, & dans la Gencfe XXXI , 54.
Jacob jure par la crainte defon père Ifaac , '7n£33
vas pryi. f^oye^ fur tout ceci Barthius , fur
la Thél-aïde de Stace. L. III , v. 66 j. Alex, ab
Alexandre. Génial. Dier. L. I, C. i^. Rivet fur la
Gencfe XXXI , <; 5 .
Marot décrir ainfi !a crainte , dans fon Epîrre
à Madame la Ducheffc d'Alençon Se de Berry , in-
titulée, le Dépourvu.
«
Mais toiitfeudain , Dame très-vertueufcy
Vers moi s'en vint une vieille kideiife ,
M:igre de corps , & de face Hefmie,
QUfe difoit de fortune ennemie :
Le cœur avait plus froid ûue glace , oumarhre ,
Le corps tremblant comme la feuille en l'arbre.
C R A
Lts yeux kaijfést comme de peur ejlrainte >
Et s'appelou par fon propre nom crainte.
Marot.
C R A
îoîf
CRAINTIF, IVE, fujet à la crainte. Timidus , me-
ticulofus. Il fied bien aux femmes d'être crain-
tives. Les moutons , les cerfs , font des animaux
. craintifs. La crainte fi décriée a trouvé des hommes
artez craintifs pour lui bâtir des temples. M. Scao.
La prévoyance trop craintive fait fouvent que
croyant tout perdu , on ne fait rien pour fe fau-
ver. M. Scup. Gomme je refpedle volontiers ce
que j'aime , je veux qu'on foit un peu timide &
craintif en amour. Mont.
CRAINTIVEMENT , adv. timidement , d'une ma-
nière craintive. Timide , pavidè. On marche tou-
jours la nuit craintivement dans les bois , dans
les pays qu'on ne connoît point. Ce mot ne fe dit
point, ou s'il le dit, il n'eft pas du bel ufa^e.
CRAM AILLER , f. m. terme d'Horlogerie. C'eft
un râteau denté en rochet , qu'on emploie .à cer-
taine méchanique , comme .à des cadratures de ré-
pétition.
CRAMANI, f. m. terme de Relation. C'crt: aux
Indes le premier Juge d'une ville. Le Cramani de
Tarcolan , nouvellement Chrétien , conlulta mes
Catcchiftes fur la conduite qu'il devoit tenir. Let.
CuR. & Edif. t. XI. Le Cramani vint alors me
témoigner la part qu'il prenoit à ma difgracc.
Id. f. XI.
^fF CRAMOISI, f. m. forte de teinture qui rend
les couleurs où on l'emploie plus vives & pkis du-
rables. On dit en ce fens , étoffe teinte en cra-
moiji.
gCF Ce mot efl: auffi adjeiftif. Velours cramoiji, rouge
cramoiji , foie cramoijie. Alors il défigne ce qui eft
teint en cramoiji. C'eft en général une excellente
teinture qui conferve fa couleur malgré les injures
du temps, & qui rehauflé beaucoup l'éclat de l'é-
toffe qui en eft teinte. Les étoffes qu'on veut teindre
en cramoiji ■, après avoir été dégorgées de leur fa-
Von &; alunées fortement, doivent être mifes dans
lin bain de cochenille, chacune félon fa couleur.
Les couleurs qui ne font pas cramoijies font appe-
lées couleurs communes ; & les couleuts cramoijies
font celles qui fe font avec la cochenille. Ainfi on
dit , de l'ccarlate cramoijie , du violet cramoiji.
Matliiole dit qu'il y a bien de la différence entie
notre cramoiji & le cactus des Grecs : & que le
kermès n'eft autre chofe que la graine dont on teint
en écarbte , qui eft , dit-il , ce qu'on trouve attaché
aux racines de la pimprenelle : mais il fe trompe,
&: la graine d'écarlâte ordinaire eft la graine du
chêne vert.
Cramoisi fe dit abfolument d'un rouge foncé. Voilà
un beau cramoiji.
Ce mot vient de l'arabe kermejî^ qUi a été fait
de kermès , qui fignifie rouge. On trouve dans la
plus baife latinité , cremejinus , cramoifinus , 6"
carmojinus , vellutum cremejinum , A3. SS. Mart.
T. III , p. 807, F. que les Bollandiftes défîniffcnt
Paniius fericus Crémone textus, c'eft-à-dire , étoffe
de foie faite à Crémone"; inlinuant c[\xt Cramoiji
vient de Crémone , & eft mis pout Crémonois.
On dit figurément & proverbialement , qu'un
homme eft foten cramoiji \ pour dire, qu'il eft for
au dernier degré , Se que fa fottife eft telle , qu'elle
ne s'effacera point , quelque chofe qui arrive. Il
eft laid en cramoiji.
CRAMOISIE , f f. terme de Fleurifte. Anémone à
peluche , qui eft d'un rouge-brun velouté, & dont
la peluche eft fort bien rangée. Morin , Cuit,
des FI.
CRAMPE , f. f. efpèce d'engourdiffement , ou de
convulfion qui fait tetiter ou étendie les doigts
des mains & des pies & les jambes , avec une
violente douleur qui n'eft pas de durée & que le
iîmple frottement djffipe. Conyuljionis fpecies
^uâ Jape manuum pedumque digiti ,nonnumijuarn
& crura , vel extenduntur , veL in Je contrahun-
tur Jummo curn dolore , Jed eo hrevi , ù qui fric-
tione jold mitefcat, Fern.
§Cr Ces contradions convulfives ne fc font guère
fentir que dans les mufcles du pié &: de la jam-
be. Il lui prit une crampe en nageant.
Ce mot vient de l'allemand krampff^ lignifiant
Ja même chofe.
03° On le prend adjectivement dans ce mot. Gout-
te-crampe , efpèce de goutte fublte , ou de con-
vulfion ttcs-douloureulè qui prend au nerf de la
jambe , & qui n'eft que momentanée.
Crampe eft auffi un engourdiffcment qui prend
au jarret des chevaux , qui leut fait traîner la
jambe , ôi qui fe diiîîpe par le mouvement. Tor'
por. . .
Crampe eft auffi un crampon de fer dont la tête .
eft arrondie.
CRAMPON, f. m. pièce de fer qui a les extrémi-
tés recourbées , qui fert à attacher des pièces
de bois , & à retenir des pierres les unes avec
les autres dans la confttuclion des b.âtimens en pier-
res. Lamina ferrea immiffà utrinque citfpide duo
faxa aut ligna confiringens. Les gonds qu'on
fcelle en plâtre font à crampons. Ces piètres fe
tiennent avec des crampons de fer fcellés en
plomb. Les crampons de verroux , de ferrures y
&c. font les petits morceaux de fer dans lefquels
coulent les verroux Se les pênes des ferrures , &
qui les attachent .à la targette ou à la feirure.
i/nca Jibula , confibula. Quelques-uns croient que
ce mot vient par corruption de agrahon , ou de
l'Italien rampone , qui fignifie la même chofe.
Crampon eft auffi un terme de Sellier , qui Signi-
fie un petit morceau de cuir qui eft en formé
d'anneau , & qui eft fur le devant de la felle
pour attachei les fourreaux des piftolets.
Crampon eft auffi un terme de Maréchal. C*eft le
renverfement de l'éponge du fer du cheval, ou la
manière de renverfer cette éponge : c'eft un bouc
de fer recourbé qu'on fait exptès auic fers , quand
on Veut ferrer les chevaux à glace, Equinca Joletê
auricula. Crampons, oreille de lièvre.
CrAmpon, en termes de Blafon , fe dit des petits
motceaux d'acier ou de fer , qui fervoient autre-
fois à mettre au bout des échelles pour efcalader les
villes. Uncum utrinque ferrum.V\w\\ti\ïS allemands
en ont chargé l'écu de leuis Armes. Il eft fait ea
foime d'un Z , pointu par les extrémités.
CRAMPONET . f. m. Anfa. Diminutif de crampon,
petit crampon. Les cramponets fervent à tenir les
verroux & les tatgettes lut leurs platines, ou à les
attacher fur les portes & croifées de menuiferie.
Daviier.
CRAMPONNER, v. a. lier, ferrer, attacher avec
des crampons. Laminis ferreis utrinque infixis ali~
quid conjtringere. Cramponner une pièce de bois.
0Cr On l'emploie avec le pronom perfonnel. Se cram-
ponner à quelque chofe, s'y attacher fortemenf
pout ne point lâchet prife. Il fe cramponna fi fort au
bateau , qu'on ne put l'en tirer.
CRAMPONNER les fers d'uii cheval , y_ faire des
crampons. Et cramponner un cheval, le ferrer avec
des fers cramponnés , recourbés par le bout , afin
qu'il fe tienne pins feime fur la glace.
CRAMPONNÉ , ÉE. part. On dit , en termes de Bla-
fon, une croix cramponnée., des macles cramponnées ,
quand leurs extrémités font recourbées comme cel-
les d'un fer cramponné,ou zy uni une demi-potence.
Recurvus.
On dit populairement qu'uri animal a l'ame
cramponnée, ou chevillée dans le corps; pour dire,
qu'il vit long-temps , qu'il conabat long-temps
contre la mort.
CRAN , f. m. petite entaille qu'on fait dans un coips
dur pour arrctet ou accrocher quelque chofe. Inci-
fio , incifura , crena. Les roues des montres entrent
dans les crans des pignons, Il faut hauffcï la Ciê'^
Ioi6
CR A
maillère d'un cran. Les Podomètres à chaque pas '
t]u'on fait avancent d'un cran.
Cran, en termes de Manège, fe dit des inégalités
ou replis de la chair, qui font comme des lillons pô-
les de travers dans le palais de la bouche du cheval.
• Crente. Il faut donner un coup de corne au troiiicme,
au quatrième craji de ce cheval , pour le laigncr.
En termes de Marin';, mettre un vailleau en cran,
c'eft le mettre l'ur le côté pour le caréner, ou i'uiver.
Navem in latusjlatuere. Voyez Carenf,:'..
CRAN. Ce mot,en termes d'Imprimerie, lignifie cette
petite profondeur , ou canal qui eft vers le bas de
chaque caractère , & qui le fait dans la fonte même.
On dit figurcment &; familièrement haulll-r ou
ballfcr d'un criZ«-, pour dire, augmenter ou dimi-
nueï. Sa fortune , fa réputation , fa fanté ont baille
d'un cran, c'eft-à-dire , diminuent, baillent ou
commencent à diminuer.
gcr CRAN, nom du Raifort fauvage. Voyei Raifort.
CRANCELIN ou CANCERLIN , f. m, terme de
Blafon, qui fe dit d'une portion de couronne po-
fee en bande à travers un écu , qui fe termine à les
deux extrémités tant du côté du chef, que de la
pointe.
CRAND, f. m. terme de Coutumes, fiiretc, all'û-
rance. CrandAc àznzs,. Grand femble auHî lignifier
ce qui eft ^icx.c.Creduum.
CRÂNE, f. m. terme d'Anatomie. Alfemblage de
plufieurs os , boîte oHeulé qui couvre & qui ren-
ferme le cerveau , le cervelet &: la moelle alongée.
Cava, cavaria. Le crâne fe divife en deux tables ,
qui font comme deux lames appliquées l'une fur
l'autre , entre lefquelles il y a le diploe, qui ell une
fubftance mcélleufe , pleine de cellules de diffé-
rente grandeur. Il eft percé de plufieurs trous qui
donnent palfage à la moelle de l'cpine, aux ncr^<; ,
aux artères & aux veines. Sa figure eft ronde & un
peu longue; car elle avajice par derrière , & s'aplat-
'• tit par les deux côtés vers les temples. Il eft com-
pofé de huit os , qu'on appele/ro/rw , qui font l'os
du front , celui de detrière la tête , les deux parié-
taux , & les deux des temples. Dans les émincnces
des os des temples eft contenu l'organe de l'ouie
avec les quatre oflelets qui y fervent ; favoir, l'é-
trier, l'enclume, le mailler & le circulaire. Outre
cela il y en a deux communes, le fphénoïde & l'erh-
moïde , qui font expliqués à leur ordre. Le cr<i/ze a
quatre futures communes qui le divilént d'avec la
mâchoire. Il en a de propres, dont il y en a trois
vraies, la coronale , la fagittale , ^ la lambdocde.
Il y en a trois faufles , qu'on nomme 3lU'X\ fjuam-
meufes , ou. temporales , qui font aulfi expliquées à
leur ordre. Velfchius, dans fes Oèfervanons de
Phyjique & de Médecine, parle d'un homme dont
le crâne fe trouva aptes fa mort épais d'un doigt ,
& fans future, & qui néanmoins ne s'éroit jamais
plaint de maux de tête pendant fa vie.
Ce mot de crâne eft dérivé de >^o«uo? , mor Grec
qui fignifie, ga/giî, armet,o\i mor ion, parce qu'il
fcrtà défendre le cerveau comme un cafque. icfccut, ,
Cranium, le crâne, vient du celtique Crcn, qui
eft ainh nommé à caufe de fa rondeur. Pezron.
CRANEQUIN, f. m. tetme de l'arr Militaire, inf-
trument de fer donr onfe fervoit autrefois en France
pour bander l'arc. On l'appelle autrement pié de
Fiche.
CRANEQUINIER. f. m. C'eft le nom qu'on donnoit
autrefois à certains Arbalétriers à pié & à cheval ,
qui porroient des arbalètes légères faites première-
ment de bois , puis de corne, & enfin d'acier. El-
les fe bandoienr avec un bandage de fer attaché à
la ceinture, qu'on appeloit crans^uin ; d'où eft
venu ce nom , que Philippe de Commines croit
être allemand. H y avoir autrefois un Grand Maître
des Arbalétriers & Cranequiniers , à la charge du-
quel le Grand Maître de l'Arrillcrie a fuccédé.,Dans
les auteurs larins on les appelle Cren/iiVz^inV. Voyez
les Rem. fur la Sat. Mén.
CRANGANOR, Cranganor , Ville des Indes Otien-
C R A
taies dans la prefqu'Ile de deçà le Gange, capitale
d'un Royaume de même nom, qui appartient au
Roi de Calécut •■, elle eft fur la côte de Malabar ; elle
a un Archevêché , &: il y a plufieurs Chrétiens de
S.Tliomas. Les HoUandoisont pris Cranganor aux
Portugais , qui en éroienr aurrefois maîtres. Foye^
Maff'ee, Ihji. Ind. L.II. Jarric. L. FI, C. 14. &
Gorea , de Frogr. Eccl, L , II. c. 1 9.
CRANOSTAW , pcrite ville de Pologne dans la Ruf-
fie rouge , fur la rivière de Wieperrz.
CRANSAC. Ce lieu eft dans le bas Rouergue •, les
eaux minérales qui en porrent le nom n'ont aucune
odeut lénfible , leur faveur eft un peu acre & vitrio-
lique. Douze onces de ces eaux ont donné pat l'é-
vaporarion dix-huit grains d'un fel gris riranr fur le
blanc , d'un goûr falé & Icgcremenr virriolique. On
les regarde comme apéririves & purgarives , & on
les emploie avec fuccès dans les maladies prove-
nanres d'obftrudion. Hijt. de l'Acad. des Se. année
1705, p. 67.
CR AON. f. m. Credo Andegavoriim. Le Craon eft une
rivière d'Anjou.
Craon. Credo , Credoniium , perire ville de France
fur l'Oudon dans l'Anjou, -Se non poinr fur le Craon,
comme l'a cru Maflbn , qui dir qu'elle rite fon nom
de cette rivière.
CRAONOIS, Credonenjis ager , prononcez Cranois ;
plufieurs même l'écrivent ainfi : territoire de Craon.
Valois, Notit. Gai. p. Kîi. Pagus, on âge r Cra-
tumnenjis'-
CRAPAUD, f m. animal venimeux dont la figure
approche de la grenouille, excepté qu'il fe traîne,
&: que la grenouille faute. Biifo. Le crapaud n'a
point de dents, & ne lailfe pas de mordre dange-
reufement avec fes babines. Il jette fon venin par fon
urine, fa bave & fon vomillemenr fur les herbes,
& particulièrement fur les fraifes & les champi-
gnons, dont il eft fort friand. Le plus dangereux
crapaud eft celui qu'on appelle Crapaud verdier, ou
grai£ei, ou raine ver de, en Larin^ayô. J! îe gonfle
pour jeter plus loin Ton urine fur les herbes, qui
n'eft pas moinsvenimeufe que le napellus. Son fang
eft mortel , de même que la poudre qu'on en fait.
On dit que les crapauds ï'otcsni les petits oifeaux &
les belettes à fe jeter eux-mêmes dans leurs gueules.
On dit la même chofe de quelques ferpens-,mais cela
eft fort fufpeèf.Lc crapaudz pour ennemi lebullard,
qui le dévore fans qu'il lui arrive aucun mal. Rond.
Les canards mangenr aulfi des crapauds, fans en
relTenrir aucun mauvais effet. Ces obfervations, &
quelques a.uttes paroilTent rendre fufpeile la qua-
liré vénéneule du crapaud. Mais d'un autre côré U
y a tant de faits conttaires , & qui paroilfent dé-
montrer l'exiftence de ce venin, qu'il y auroit aa
moins de l'imprudence à s'expofer au danger.
Quelques-uns onr cru que les Rois de France
avoient eu d'abord pour armes rrois crapauds; c'eft
une fable. Sous le règne de Pharamond les Francs
s'habiruèrent fur les rives du Rhin , &. des marais
de Weftphalie , où font les Duchés de Clêvcs,
Gueldres, Juliers , la Frife , la Hollande, la Zé-
lande & le Brabant, près de Cologne 5c de Liège,
où font les Ribarols. De cette demeure en ces lieux
aquatiques & marécageux ils furenr appelés Riba-
rols , bu Ripuaires , h. de-Ià eft venue la fable de
ceux qui ont cru que Pharamond porroit en armes
l'écu d'argent à nois crapauds de fable, parce que
ces animaux fonr aquariques. De-là encore le fobri-
quer de crapauds-ka.nchozs , que les Flamands &C
les Walons donnent aux François. Favyn , Mijl. de
Nav. L. Fil, p. 599.
On trouve dans la vie de S. Pierre Céleftin ,
crapollus , comme fi ce mot venoir de crapok
Voyez A&. SS. Mali , T. IF, p. 42-?. -?".
On dir ironiquement & proverbialement, qu'un
homme eft chargé d'argenr comme un crapaud àt
plumes -, pour dire, qu'il a peu d'argenr. On dit en-
core, qu'un homme faute comme un crapaud-,
pour dire, qu'il n'eft pas léger & difpofé. On dit
figurcment
CR A
figurémcnt d'un homme fort laid, c'efi un vîhin
crapaud.
11 y a une ef^ièce de poire qu'on appelle crapaud,
ou poire de crapaud. Elle mûrit en janvier , & la
Quintinie la compte parmi les mauvaifes poires.
CRAPAUDAILLE, f. i'. par corruption dumottr<;-
podaille. Crcpon , fotte de crêpe ou gafe fort légère
&: foft claire. La coëffe de defTus des filles de l'u-
nion Chrétienne eft de taffetas noir , celle de dcf-
fous eft d'étamine, de ibie, ou de crapaudaïUe.
V. HÉLYOT , T. rlîl, C. 20. FoyeiCKÉvon.
CRAPAUDIÈRE, f. f. lieu où il y a beaucoup de
crapauds.On appelle figurément crapauâùre un lieu
bas, humide, fale & mal-propre.
^ CRAPAUDINE, Cf. pierre prccieufe que le vul-
gaire dit fe trouver dans la tête d'un vieux crapaud.
Batrachites. Elle eft de couleur grife tendant fut le
louge, convexe d'un coté, plane ou concave de
l'autre. On la trouve dans les champs, Pierie d'Ap-
pone, dit le Conciliateur, en fait grand état, &
les Médecins croient qu'elle réfifte aux venins.
?''oye{-CRAPAUDINE , PÉTRIFICATION.
Crapaudine , en termes de Manège , eft une crevafle
qui fe fait au pié d'un cheval par les atteintes qu'il
fe donne avec fes fers, Fijfura in craponis equinx
fuffraginis.
Crapaudine , eft aufîî une pièce de métal , de fer ou
de cuivre, dans laquelle entre le pivot liir lequel
tourne une porte cochère , celle d'une éclufe , ou
qKelque fardeau qu'on fait tourner en rond. On l'ap-
pelle audi couette. Voyez Couette.
lO^Chez les Diamantaires , on appelle crapaudine une
malle de fer au milieu de laquelle il y a un trou
dans lequel toiirne un pivot.
ffT On appelle encore crapaudine une plaque de fer
ou de plomb , peicée de plufieurs trous , ou limple-
iTient une grille de fil d'archal qui fe met à l'entrée
d'un tuyau de baflTm , de réfervoir & pour empêcher
que les crapauds & les ordures n'y entrent.
Crapaudine. Sideritis. Plante qui croît dans des
lieux incultes. On la diftingue des autres plantes à
fleur en gueule par fes fleurs qui font difpofées en
anneaux , ou verticiiles , & par étage le long des
tiges & des'btanches. La crapaudine ordinaire onji-
deritis hirfuta procumbens , C.B. a fa racine vivace >
ligneule , & pouffe quelques tiges longues de deux
pies environ , branchues , velues , carrées , menues ,
chargées de feuilles oppofées deux à deux. Ces
feuilles font velues , femblables en quelque manière
aux feuilles de la petite fauge , mais plus obtufes ,
moins épaiffes , fans odeur particulière, crénelées
fur leurs bords plus ou moins, fuivant leur âge,
& bien moins blanches. Les branches & les tiges
font terminées par des verticiiles de fleurs éloignes
les uns des autres plus ou moins. La fleur eft taillée
en gueule d'un blanc tirant fur le jaune , & tachée
de quelques points de couleur de pourpre obfcur.
La lèvre fupérieure eft relevée & retrouffée , & l'in-
férieure eft divifée en trois parties. Son calice eft
un tuyau velu , à cinq pointes , & qui renfentie
quatre petites femences noirâtres. On trouve en
Efpagne &: dans les Alpes plufnurs efpèces de cra-
paudine. On a cru <me le nom àtjideritis avoir été
donné à cette planté , parce qu'on avoir remarqué
en elle une qualité vulnéraire, & propre pour les
blefliites faites par le fer.
CRAPAUDINE ou Garatroine, f. f. gCT pétrification
Bufonites lapis , chelonites , Batrachites. Pierre
argilleufc repréfentant un crapaud ou une gre-
nouille de builTon. Sa couleur eft verte -, elle eft
creufe &: reprcfente un œil , avec un cercle blanc
&■ noir. Sa figure en calotte l'a fait nommei crapau-
dine. Il y en a deux efpèces : l'une ronde , creufe &
convexe, formant une petite calotte fort polie;
l'autre oblorgne , toutes deux de couleur grife,
verdnT" , cuelquefois blanche ou noire & marquée
de râches rouflatres. On les découvre fut les ro-
chers, les montagnes. On le dit des dents pctri-
Éées d'un poilTon noitimé le Grondeur.
Tome IL
C R A
Î0Ï7
|C? Ceft un» erreur de croire que ces petites pierres
fortent des tètes de crapauds & des grenouilles. La
crapraudine eft un follile
Crapaudine, efpèce de poire, qui vient au mois
d'Août, bc qu'on appelle autrement Giife-bonne ,
ou Ambtette d'été. La Quint, la met au nombre
des poires médiocres.
Crapaudine , rermede Cuifinier & de Traiteur, Dc?s
pigeons à la crapaudine , font des pigeons préparés
de la manière qui iliit. On les fend fur le dos du
haut en bas , on ouvte &c on écatte les deux patries
fans les féparer, on les ccrafe & on les aplartit, on
les faupoudre de fel &c de poivre , on les fait lotir
fur un gril , Se on les mange avec uij peu de verjus
ou de vinaigre, ou une fauce piquante.
CRÀPONE , Ç. f. terme d'Horlogerie. Lime bâtatde>
faire dans une ville de ce nom.
^CT Crapone, petite ville de France en languedoc,
dans le Vêlai ; il y a une aurre petite ville de même
nom en Auvergne fur une rivière qui fe jette dans-
l'Allier. Et un Canal en Provence quiferr feulement:
à faire tourner quelques moulins & a fertilifer le*
campagnes par où il pafîe.
CRAPULE, f. f. vilaine & continuelle débauche de
vin , ou d'autres liqueurs qui enivrenr. Crapuià.,
Les peuples du Nord font forcfujets à la crapule,
à. une perpétuelle ivrognerie. Un grand s'cnivts-
de meilleur vin que le peuple; c'eft la feule diffé-
rence qu'il y a dans fa crapule. La Brwy.
§CT Ce mot ne s'eft appliqué d'abord qu'à la débau-
che habiruelle du vin. On le dit aujourd'hui de
toure débauche habituelle & exceffive dans le
manger , & principalement en matière d'amour. I£
femble que quand on dir qu'un homme vit dans la.
crapule , on attache à ce mot l'idée d'un homme
entraîné par l'habitude qu'il a contractée de boire
te de manger avec excès , & de fe livrer de même
aux plailirs de l'amour , fans choix dans les objets,
fans modération dans la jouiifance.
Ce root vient de xpxiTrâxv , de x«^« , caput SC
Ki.x?,£ii, vilrare , exagitare.
CRAPULER, V. n. vivre dans la crapule. Voyes^ Cc
mor. Crapulx indulgere. Cette fièvre lui eft venue
après avoir long-temps crapule, avoir fait des excè»
de vin. Ce mot eft du ftyle familier.
CRAPULEUX , EUSE , adj. qui aime la crapule.
Voyei Crapule.
CRAQUE , rcrmc d'Horlogerie, dont on fe fert pour
dire qu'un reilbrt commence à fe caffer.
CRAQUELIM , f'. m. prononcez Craclin. Pitifferie
fort fèche qui eft faite ordinairement en forme
d'une écuelle , & qui craque fous la dent en la man-
geant. Libum. Il y a des gens qui confondent les
craquelins avec les échaudés. Ils n'en diffèrent guère
que par la forme.
CRAQUELOT , f. m. on nomme ainfî le hareng for ,
quand il eft encore dans la primeur.
CRAQUEMENT , f m. bruit que font les corps dur*
& fecs , en fe frottant violemment , ou en s'éclatant»
Fragor , crepitus. J'ai enteiidu le craquement de
cette poutte. '
Craquement fe dit aufTi dû bruit que font les dents
lorfqu'on les preffe violemment les unes contre les
autres. Craquement de dents. Dentium crepitus.
CRAQUER , V. n, §cr produire le bruir que fSnt
les corps durs & fecs quand on les frone les uns
contre les autres , ou qu'ils éclatent. Crepare , &C
crepitare. On a donné la queftion fi fotte à ce pa-
tient , qu'on e'ntendoit craquer fes ôs. La menuiferie
craque quand on y a employé du bois ttop verd»
On dit ce mot des ouviages de charpenterie , on
le dit d'un vaiffeau bartu de la tempête. Tout le
vaiffeau craquait en fes membres. Ce lit craque. La
croûte craque fous la dent. •
Craquer fignifîe auffi , dans le ftyle populaire , men""
rir , habler, fe vanter mal-à-propos. On n'cftirae
pas un homme qui ne fait que craquer.
Ce mot vient de l'Allemand Arrtc/:^», fîgnifîant
la même chofe, Schicck le dérive de hharack 3
NN N N n n
n
ioi8 C R A .
mot hébreu qui lignifie faire du bruit des dents.
Frendere, jiridure dentihiis.
Craquer, v. n. le dit en Fauconnerie ou Oiielerie
du cri des grues & du bruit qu'elles font en terraant
leur bec. On die des grues craquer & trompeter.
La grue craque. Je viens d'entendre craquer une
grue. Faultrier.
CRAQUERIE , f. 1'. menterie, hâblerie , terme popu
laire.
CRAQUÈTEMENT , f. m. Ce mot le dit des dsnts ,
& lignifie une convuHion des mulcics des mâciioires.
Degori. Deruiurn crépitas.
CRAQUETER , V. n. craquer Ibuvent & avec petit
bruit. Crepitare. Les bois de hêtre , de bréfil craque
tent quand on en brûle. L'air qui le dégage du dois
où il eft enfermé, craqueté en fortant. J'entends
craqueter le tonnerre. Théoph. On le dit peu.
CRAQUETER , v. n. c'eft le terme dont on le fcrt
pour exprimer le cri de la cigogne. La cigogne
craqueté. On a entendu craqueter les cigognes.
CRAQUEUR, EUSE, f. m. & f. celui ou celle qui
ne tait que mentir & fe vanter fauilement. Il le dit
d'un menteur qui a toujours à conter quelque
hiftoire raite à plaifir. Il étoit aulEi craqueur que s'il
avoir été nourri fur les bords de la Garonne. M. du
Noyer. Il efl: populaire.
Ék CRÀSE ou'SYNERESE. f. f. terme de Grammaire.
*^ Fii'-ure par laquelle on joint deux fyllabes en une ,
Crajis , comme dans ce vers de Virgile.
Oi^h^i Calliopea , Lino formofus Apollo. Ecl. iv ,
V. 57.
Il y a crâfe au mot Orphei , qui n'efl: que de
deux fyllabes dans ce vers. Ka-/», pour »«< .«-/^
& moi, en Grec-, l'honneur, l'amour , pour k
honneur , le amour , en italien ; e"l dcjir , e'imer-
to , S>c le dejïr & le mérite , en françois, pour e il
dejir , & il merto.Jl y en a qui diftinguent la crâj..
de la fynerèfe. Il y a crdfe , félon eux , lorfque ki
voyelles le confondent , fe mêlent , & qu'on en
retranche quelqu'une , comme il arrive dans le;
exemples qu'on vient de raporter , hormis le pre-
mier. Il y a une fynerèfe lorfque deux ou plulieurs
voyelles au lieu de faire plufieurs fyllabes n'en font
qu'une, comme dans le premier exemple Orphei,
&r dans les mots François Caën,Laon, Faon, &c.
Ces notions font plus conformes à l'étymologie
des noms de crdje , &c de fynerèfe.
Le nom de crdfe vient dcxfànç , qui veut dire
rnéla/:cre.
|Cr Crâse fe dit aiilEi en Médecine de l'état naturel
du fang , dans lequel fes principes font mêles &
unis comme ils doivent l'être , fon oppofé eft dif-
crdje, mélange vicieux des principes diflerens dont
le fang eft compofé.
CRASPEDON. f. m. Kp«r5r.'^.v . Maladie de la luette ,
dans laquelle cette partie pend fous la forme d'une
membrane oblonguc & foible. Aretée , de caujis &
fig. Acut. Lib. I , cap. 8.
CRASSANE ou CRASANE , mais il faut prononcer
rS forte , f. £ Sorte de poite. La craffane a la chair
beurrée, tendre , délicate , avec une eau douce,
liicrée & de bon goût , &C un peu de parfum. La
Quint. Bien des gens la nomment Bergamorte cra-
fane ; Bergamotte , à caufe de fa chair , & crafane ,
à caufe de fa figure , qui paroît comme écrafée. Il
me femble qu'il lui conviendroit mieux de porter
le nom de Beurrée plat; car elle eft alTez de la na-
ture & de la couleur du Beurrée ; cependant elle
en eft différente par fa figure plate: elle eft à peu
près de la forme des Melîire-Jean : le fond de fon
foloris eft verdâtre , jauniflant en matutité , & pref-
que tout chargé de rouiîcurs : la q\ieue en eft lon-
gue , médiocrement grolTe , courbée & enfoncée
comme celle des pommes. La peau en eft rude : la
chair extrêmement tendre & beurrée, quoiqu'elle ne
foit pas rou'ours fort fine. L'eau en eft aulfi abon-
dante que celle des fameux beurrées j & renchérit
CR A
fur eux par une âcrerc un peu trop grande. Dans utt
terrain un peu gras &c humide elle n'a pas ce défaut.
Elle lé conlcrvc un mois entier en maturité , elle
ne mollit jamais ; mais elle pourrit comme toutes
les autres poires. La Quint. Les crafjanes deman- .
dent un terrain raifonnablcment humide Id,
0CFCRASSE , adj. de t. g. mais qui n'a d'ufage qu'au
féminin. Il eft fynonime d'épais , grollier -, humeur
craj/e, matières craffes. Ce font les humeurs craffes
qui font des obftructions dans le corps , qui caufent
la plupart des maladies. La Chimie s'applique à fé-
parer des corps les parties les plus fubtiles d'avec
les plus craffes.
On dit rigurément, une ignorance craffe ; pour
dire , extrême , grolfière , inexcufable. Summa igno-
rantia. Un Auteur peut être accule d'une ignoran-
ce craffe , quand il ignore les principes de la ma-
tière dont il traite.
CRASSE , f. (. ordure qui s'amafle fur la peau , foie
par les petites parties qui s'en détachent , foit par
la poudre ou autres faletés qui viennent de dehors
qui s'y attachent. Squalor , p&dor , itluvies , Jitus.
Les étrilles fervent à ôter la craffe du poil des che-
vaux , les bains pour ôcer la craffe du corps , des
jambes. La craffe n'eft aurre chofe que la férolité
qui Ibrr par la tranfpiration , ou par' les fueurs,
delléchée fur la peau , & mêlée de faletés étran-
gères. f)3* Elle eft capable de produire plulieur«
maladies , clous , gale , &c. qu'il eft aile- de pré-
venir par les bains.
Crasse le dit encore plus particulièrement de l'ot"
dure qu'on tait tomber de la rète en fe peignant,
Furfures capitis.
Ce mot vient du grec yfi<rT»i , fignifiant fordes
in velleribus.
Les Médecins appellent aulfi craffe , l'ordure
qui vient fur la langue aes rcbncirans.
■CT Les Fondeurs appellent craffe des métaux , l'or-«
dure, l'écume qui tn forr quand on les. fond.
tfs" Les Ouvriers en méraux appellent Cricore craffes
- ou pailles, l'écaillé qui le détache au métal chaud
quand on le bat fur l'enclume.
Crasse fe dit aulfi de la poudre, de l'ordure qui s'ell
attachée fur d'autres corps. Pulvis , fordes. Ce ta-
bleau eft plein de craffe , il le faut n -ttoyer & ver-
nir. Ces habirs , ces meubles fonr pleins de cra^e j
il les faur bien vergeter &: dcgraiHer,
Crasse , fe prend quelquefois pour malpropreté. Sor-
des , immu'ndities. 11 y a des gens qui aiment \'xcraf-
fe , Se d'autres la propreté. On a fait une farce da
Baron de la craffe.
IJCT Crasse fe prend quelquefois pour avarice for-
dide. Il a toujours vécu dans la craffe. Acad. Fr.
Crasse fe ditfigurémenr de ce qui eft méprifable.
Les Chinois fe figuroient les autres hommes comme
des nains & de petits monftrcs,qui avoient ete je-
tés fur les exrrémités de la terre comme la craffe &c
le rebut de la narure. P. le Comte. On dit aullî
qu'un homme eft né dans la craje ; pour dire ,
qu'il eft d'une nailfance rrès-bafle.
Crasse fe dit parriculièrement de la faleté des gens
de Collège , tant au propre , en parlanr de leurs
perfonnes , qu'au figuré , en parlant de leur man-
que de politelfe , de leur 3;ïoiïièïezé. Inurbanitas ,
rujiicitas. Il y a des gens fi ruftiques , qu'ils ne fe
peuvenr jamais défaire du pédantilme & de la craf-
fe du Collège. L'étude immodérée engendre une
craffe dans l'efprir : il faut que la converfation l'é-
pure & le rcdreOe. S. Evr.
CRASSEUX , EUSE , adj. mal propre , couvert de
craflê, Sordidus , immiindus , fquallidus. Vifage
craffeux , mains craffeufes. Il a des hab'M'i cr affeux ,
vilains, crottes, &c. On dit aulfi craffeux, pour
fordidement avare. HG" Il eft quelquefois pris fubf-
tantivement. C'eft un craffeux ,\'\h\n cpaffsux.
Ce mot vient du latin craffus , félon quelques-
uns.
CRAT^OGONUM , f. m. plante dont parle Diorco-
ride, C'eft uaeef^èce'demelampyrum , ou blé noir.
C R A
En latin , inelampyrum luteum latifolium , ou cra-
txogonum vulgare. Voyez Froment.
CRATÉE , f. f. terme de Mythologie , DéefTe des Sor-
ciers &: des Enchanteurs , lelon Hoinère , mère de
la fameuie Scylla. On croit que c'd\ la même
qu'Hécate.)
Cratée ou Cb-étée. f. m. Roi de Crète , félon la My-
thologie. Il étoit fils de Minos & de PafiphaériUe du
SoleiL II partagea la Souveraineté avec Deucalion
fon frère , & fut tué par Ion propre fils , ainfi que l'O-
racle le lui avoir prédit. Althéménès qui étoit ce fils,
voulant prévenir ce malhtur s'exila lui-même, &c il
retira à Rhodes. Le chagrin que l'ai-ilènce d'un i:
bon Als caufa à Cratée, l'obligea de l'aller chercher.
Il équipa un vaiUcau pour ce lu jet, & aborda à l'île
de Rhodes. Les habitans, croyant que c^étoient des
ennemis , prirent les armes. Althéménès y accourut
comme les autres , & tira une flèche fur le plus
. apparent, qui étoit fon père, & le tua. Ce malheu-
reux fils ayant reconnu fon malheur , pria les Dieux
de ne le laifler pas furvivre à fon père. Il fut exaucé,
la terre s'ouvrit Se l'engloutit.
CPvATERE , pour dire coupe , n'cft plus en ufage que
dans l'Univerfité de Paris.On dit les craures de Sor-
bonne , les cratères du Collège de Navarre. Ce l'ont
des coupes d'argent en tormc d'écuelles fans oreil-
les. Celles du Collège du Cardinal le Moine font
grandes, & en forme d'un chapeau qui a les bords
abaiiîes. De M^ziriac, da;is Çon CoinrmntMre fur
la Lettre de Brijeis a Achille, fait une critique exacle
du mot crater, qui eft dans les Auteurs grecs , &c
qui a été mal traduit, fclon lui, par Vigenère &
par Amyot. Crater , dit-il , étoit un gtand vaiffeau
dont on ne fe fervoit point pour boire -, mais feule-
ment pour y mêler l'eau avec le vin , dont on de-
voit boire pendant le repas j & de ce vaiifeauon pui-
foit le vin ainfi mêlé avec des coupes •, ou première-
ment ils en verfoient dans des pots & dans des cho
pines , & de-là dans les tafles. Ce qu'il prouve par
quelques vers de l'Iliade d'Homère, & il ajoïite
qu' Amyot a commis une faute dans tous les endroits
de Plutarque où il eft parlé de cette forte de vaif
feau, l'ayant pris pour une coupe. Il vaudroit mieux,
dit de Méziriac , retenir le mot de crater , ou l'ex-
pliquer par quelque périphrafe, que de mettre une
chofe pour une autre.
CRAU. Crava, Carnpl Lapidei. Petit pays de Pro-
vence, entre la faulfe Crapone, & la branche orien-
tale du Rhône. Ce pays eft li plein de pierres, qu'on
n'y voit pas un pouce de terre , quoiqu'il n'y en ait
point dans toute la Camargue , qui n'en eft fcpa-
rée que par une branche du Rhône. On a fort cher-
ché la caufe de cette différence fans la trouver. On
ne laiife pas d'y femer du blé en quelques endroits ,
&C il vient entre les pierres une herbe très-nourrif
fante pour les beftiaux. De Valois , Notit. Gall.
/;. 115 ,en parle, & rapporte tout ce que les an-
ciens en ont dit. Il écrit la Crau, ou las Craux. On
l'appelle Champ Hctculien. Bouche, Hift.de Pro-
vence y L. I, C. IV, §. ^ Hercule, dit la fable, com-
battant contre Giron le Géant, fils de Neptune, &
manquant de flèches, invoqua Jupiter, qui lui en-
voya une pluie de cailloux. Ce font les cailloux dont
eft couverte l'île de la Crau , à l'embouchure du
Rhône, campagne que Pline appelle un monument
des combats d'Hercule.
Ce mot Crau vient peut-être de «p«^» , q,ui veut
dire crier ; ou crau s'eft dit comme grau , ou gra-
vier. Gave , en Provençal fignifie gravier. Ce font
appatei-nment des noms celtiques, comme l'infinue
Cambden , qui dit que craig , en langue britanni-
que, fignifie une pierre. Bouche.
CRAVAN,f. m. vilain coquillage qui s'attache
au fond d'un vaiffeau qui a été long temps à la
mer.
CRAVAN. Oifeau aquatique, qui reffemble beaucoup
au canard fauvage pour la grandeur &: pour la figure,
dont le plumage eft noir ,' un peu bafanc , en latin
CR A
ïoïf
(inas mufcaria, parce qu'il prend les mouches quî
volent fur l'eau.
Cravan. Ville. Foye^ Crevan.
CRAVATE. Nom de peuples. Cordas, Chrovàtus ^
Croatus. Les Cravates font les Croates, ou peuples
de Croatie. Voyez ces noms , &c les articles fuivans.
Cravate , f. m. efpèce de cheval qui vient de Croa-»
rie en Allemagne, qui ordinairement eft fort vite.
Eqaus Croata. Les Cravates battent à la main , &
portent au vent. Ils ont l'encolure haute , & tendem
le nez en branlant la tête.
Cravater, en termes de Guerre, corps de Cavale-
rie étrangère , commandé par un Colonel. Croatie
équités. Ih kivtm d'enfans perdus dans les. batail-
les , de batteurs d'cftrade dans un camp à aller en
parti , à enlever des quartiers , &c.
'^fT Pour parler régulicrement,il faudroit dire Croate^
Voiture même avoir écrit ainfi : mai"s depuis il s'eft
toujours fervi du mot Cravates, &. l'ufage général a
prévalu de dire & d'écrire Cravate.
$3- CRAVATE, f. f. linge qui fe met au tour dut
cou; toile fine qui fait pluiieurs tours autour du
cou , fe ncfUe par-devant. &c dont les deux bouts
pendent fur la poitrine. Cœjîtium colla circumvo-
lutum, nodoqae fub mento conjiriclum Une cravate-
de moufleline, de taffetas. La mode de cetajufte- ^
ment eft de iii^-,6 ; elle nous vint d'Allemagne.
On en attribue la première invention aux Croates,
qu'on appelle ordinairement Cravates.
ffT On ne porte plus guère de cravates. On leur
a fubftitué les tours de cou.
gO" On a aufTi appelé cravate , une efpèce de touc
de cou que les femmes portoient autour de leur
robe , qui faifoit le tour de leur fein & de leurs
épaules.
tfr En termes de jeu de Trièfrac , la cravate eft une
marque que l'on met à fon ficher, pour montret
qu'on à la grande bredouille. Voyei Bredouille»
|Cr CRAULANT, ANTE , part, du vieux verbe
neutre , crauler , branler , tomber. Poëfies du Ros
de Navarre.
CRAYE. f. f. Voyei Craie.
CRAYON , f. f. petite pierre , pâte ou matière
colorée , qui fert à marquer , écrire , deffiner , pein-
dvc au paftel. Stvlus ex plumbo , ex hcematife
ujîo , ex carbone. La terre rouge appelée Rubrica.
Ltminata feu terra fynopica , fe nomme en françois ,
crayon rouge q\\ fanguine. Sa couleur eft unie, quel-
quefois tachée. On s'en fert pour delTmer. On en tire
des carrières deCappadoce. On fait du crayon noie
avec du charbon de faule & avec de la mine de
plomb. On en fait qu'on nomme, paftel , avec de
la pâte de toutes fortes de couleurs. On écrit avec
du crayon fur des rablettes. On marque avec du
cray&n des endroits d'un livre qu'on veut retrouver.
Il y a une des pointes du compas qui lerr de porte
crayon.
Crayon fignifie au/Ti les portraits , les defleinS
qu'on fait avec le crayon. Opus rubricâ , plumbo ,
carbone adumbratum. Les crayons êi<i du Moutier,
de Nanteuil, ibnt fort eftimés. Ce Peintre a fait
le crayon d'un tel
irr On le dit figurément de la defcription qu'on
fait d'une perfonne. Vous nous avez fait un fidèle
^rayon de cet homme-là , vous nous l'avez bien
(jépeint.
fKT Crayon fignifie aufli le premier deflein ; la
"* première ébauche d'un tableau qu'on trace avec du
crayon. Adumbratio, deformatio.llrCz encore faic
qu'un crayon de ce tableau. Cen'eft là qu'un crayon
groHler j^in léger crayon.
#Ï3=- On le dit dans un fens figure des ouvrasses d'cf-
prit. Cette pièce n'cft pas achevée : ce n'eft encore
qu'un crayon , un premier crayon.
frj- On dit aulîi figurément que l'homme eft un fojj;
î 020 C R A
■ble^Myon de la Divinité-, pour dire qu'on en voît i
en lui quelques traits ■■, imago.
$CT Crayon le dit, en termes d'Agriculture, d'une
<erre dure , blanchâtre , tout-à-fait ftctile. Terra ,
cretcfa. Elle Te trouve au-dedbus de la bonne terre , j
quelquefois allez proche de la luperficie, en forte l
-que le folcil pénétrant trop tôt la bonne terre , al-
tère & brûle les racines des arbres qui tracent, c'eft-
à-dire qui s'étendent en rampant fur ce lit déterre
dure où elles ne peuvent pénétrer.
'CRAYONNER. V, a. Tracer , marquer avec du
crayon. Plumhoy carbone , rubricâ adumbrare , de-
lineare. Cela cft crayonné de la main d'un tel.
Crayonner une tête, un bras, é-c.c'eftles deiriner
avec du crayon.
1^ Crayonner fignifie auflî delîiner groflièrement ,
tracer les premiers traits, Infor mem op^ris fpeciem
dejïgnare. Cela n'efl: que crayonné.
fèCT On le dit au figuré, dans le même fens qu'on dit
peindre quelqu'un, le blafonner, en dire du mal.
Ces Meflîeurs k crayonnent maintenant à leur mode.
C R A
Masc. Dans ce fens , il n'eft que du ftyle familî er.
Crayonné , ée. part.
CRAYONNEUR, f. m. qui crayonne. Les nouveaux
cara6lères de Corneille , Racine , la Fontaine, dans
l'édition du Temple du goût, font autant de beau-
tés nouvelles. Il n'y a qu'une certaine ame d'Au-
gufte &c de Cinna qu'on ne rcconnoît pas pour
l'ouvrage de Corneille , qui étoit véritablement
peintre , ôc non pas crayonneur. Pour et contre.
Ce Corneille qui crayonna
L'ame d'AuguJle & de Cinna.
»
tft CRAYONNEUX , EUSE , qui eft, qui tient de I*
nature du crayon. Le frêne qui s'emploie à faire des
elîieux , des charrues , des rames , des perches ,
des échalas , & bien d'autres inftrumens, ne réulfic
point dans les rerres dures, froides, argilleufes,
crayonneufes ; mais il viendra vue , & s'élèvera pro-
digieufement en plaine , dans une terre légère, ôC
peu profonde. Spect. de la Nat,
F/iV BV TOME SECOND.
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