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Full text of "Dictionnaire universel françois et latin : vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux, contenant la signification & la définition des mots de l'une & de l'autre langue, avec leurs différens usages; les termes propres de chaque etat & de chaque profession : la description de toutes les choses naturelles & artificielles; leurs figures, leurs espèces, leurs propriétés: L'explication de tout ce que renferment les sciences & les arts, soit libéraux, soit méchaniques, &c. Avec des remarques d'érudition et de critique; Le tout tiré des plus excellens auteurs, des meilleurs lexicographes, etymologistes & glossaires, qui ont paru jusqu'ici en différentes langues"

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DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL 

FRANÇOIS  ET  LATIN, 

FULGAIRE  ME  NT     APPELÉ 

DICTIONNAIRE  DE  TRÉVOUX. 


TOME    SECOND 


BOU=CRA 


DICTIONNAIRE 

UNIVE  RSEL 

FRANÇOIS  ET  LATIN, 

VULGAIREMENT     APPELÉ 

DICTIONNAIRE    DE    TRÉVOUX, 

Contenant  la  Signification  Se  la  Définition  des  mots  de  l'une  ôc  de  l'autre  I.ano-ue  2 
avec  leurs  différens  ufages;  les  termes  propres  de  chaque  Etat  v^  de  chaque  ProfeiTion  : 
La  Defcription  de  toutes  les  chofes  naturelles  ôc  artificielles  ;  leurs  figures ,  leurs  efpèces , 
leurs  propriétés  :  L'Explication  de  tout  ce  que  renferment  les  Sciences  &  les  Arts ,  foie 
Libéraux ,  foit  Méchaniques ,  SCc. 

AVEC  DES  REMARQUES  D'ÉRUDITION  ET  DE  CRITIQUE; 

Le  tout  tiré  des  plus  excellens  Auteurs  ^  des  meilleurs  Lexicographes ,  Et\molopiftes 
ÔC  Glojffaires  ,  ^ui  ont  paru  jufqaici  en  différentes  Lan  gués. 

NOUVELLE    ÉDITION. 

Corrigée    etconsidérablement   augmentée. 
TOME      SECOND. 


A   PARIS. 

PAR  LA   COMPAGNIE   DES    LiBRAIRES   ASSOCIÉS. 


^iiraiBaMMB— BwaMaw 


CïM^^tKgrti-»<nrj-it—  iiiHMJinni    ||MM<||||  i|||if  im,!  bi  |   <!BW||  m  I llll i il f  I W ITTIB^ 


M.  DCC  LXXI. 

AVEC     APPROBATION      ET    PRIVILEGE    DU    ROI 

fi/ 


^  A'JAMSf-l.i/ 


IT/I' 


V 


J^l -^ 


UNI  V 

CONTENANT 


SEL, 

TOUS  LES  MO 


DELA 


•sr~^ 


DES  SCIENCES  ET  DES  ARTS, 

t 

Avec  les  Termes  Latins  qui  peuvent  y  convenir. 


Suite   de  la  Lettre    B. 

B  OU  ^  BOU 


OULEVART.  r.  m.  (Quelques- 
uns  écrivent  Boulevard  )  terme 
d'ancienne  tbrtirication  -,  lyno- 
nyme  avec  baflion ,  qui  eft  feul 
en  ufage  aujourd'hui  dans  l'art 
militaire.   Koye^t  Bastion. 

A  Paris  on  appe\[e  Boulevart , 
le  terrein  du  grand  Baftion  çle  la 
Porte  faint  Antoine  -,  &;  cette  partie  a  donne  le  nom  i 
tout  le  rempart ,  c'efl:-à-dire  à  cette  promenade  plantée 
d'arbres  aurour  de  la  Ville.  Se  promener  fur  le  Bou- 
levcirt.  C'cft-là  que  les  Bateleurs ,  les  Farceurs ,  les 
Hiftrions  de  toute  elpèce,  amufent  ce  qu'on  appelle 
la  bonne  compagnie ,  &  la  populace. 

Nicot  dérive  ce  mot  de  boide-,  &  waer  mot  flamand, 
ou  du  picard  ward,  qui  (ignifie  garder  ,  coiilme  qui- 
diroit  défenfe  contre  les  boulets.  Turncbe  croit  qu'il 
vient  de  boules  vertes.  D'autres  le  dérivent  de  l'Ita- 
lien balaordo ,  ou  de  l'Efpagnol  balvarte ,  qu'on  a 
dit  auffi  dans  la  balTe  latinité.  Mais  Ménage  croit 
qu'il  vient  de  l'allemand  bolverk  ,  qui  lignifie  ouvra- 
ge de  poutre  ;  ^o/fignifiant  poutre,  Se  werk,  ouvra- 
ge :  ce  qu'il  a  dit  après  Hotman.  Du  Cange  le  dé- 
rive de  burgwart ,  quodburgumfervat  6*  tuetur.  Les 
Grecs  modernes  ont  fait  de  ce  mot  leur  BoAs/jos, 
IJC?  Ne  pourroir-on  pis  dire  tout  iimplement  que  Bou- 
levart  vient  des  mots  boule ,  corps  fphcrique  avec 
.    lequel  on  joue  j  &  veri  j  ver4ure ,  gazon.  B«ukyArt , 
Tome  Ily 


gazon  où  l'on  joue  à  la  boule.  On  a  dit  dans  la  fuite 
Boulevart  ;  mais  le  peuple  a  confervé  l'ancien  mot , 
&c  prononce  encore Boulevert.  Je  crois  avoir  vu  cette 
étymologie  quelque  part. 

Boulevart  ,  fe  dit  lîgurément  des  places  fortes  qui 
couvrent  tout  un  pays ,  &  qui  en  défendent  l'entrée 
aux  ennemis.  Propugnacula.  Rhodes  étoit  autrefois 
le  boulevart  de  la  Chrétienté.  Le  Tygre  &  l'Euphrare 
font  les  deux  puiifans  boulevarts  de  ce  Royaume. 
Vaug. 

BOULEVERSEMENT,  f.  m.  Grand  changement  qui 
met  toutes  chofes  en  défordre,  renverfement.  Ever- 
Jio ,  £/?y?«r^^«o.  Une  mille  qui  joue,  caufe  le  ^oa/^-- 
verfement  d'un  remparr.  Au  figuré ,  Les  nouvelles 
hétéiies  caufenr  un  grand  bouleverfement  dans  l'or- 
dre ,  dans  la  difcipline  de  l'Eglife. 

gs^BOULEVERSER.  v.  a.  Renverfer  entièrement,  rui- 
ner ,  evertere.  La  tempête  a  tout  bouleversé.  Le  trem- 
blement de  terre  a  iouleverfé  la  ville  &  les  envi- 
rons. 

^fT  Bouleverser  ,  fignifîe  quelquefois  càufer  un  de- 
rangement  général ,  mettre  fens  delfus  defTous.  Dif- 
jicere ,  permifccre  omnia.  Ils  ont  tout  bouleverfé  dans 
mon  cabinet  pendant  mon  abfence.  Bouleverfer  les 
meubles  d'une  maifon. 

go*  Au  figuré,  bouleverfer  fignifîe  mettre  en  défordre. 
Turbare ,  evertere ,  pertundare.  Cette  banqueroute 
a  bQukvirfé  fes  aflaise».  Ce  faâjeux  a  bouleverfé, 


2.  BO  U 

l'Etat,  a  cmCà  de  grands  dclbrdres  dans  TEtat.  Cette 
nouvelle  lui  zboilUverfi  l'clprit,  acaulc  une  grande 
akéiation  dans  fon  efptit- 

Bouleversé  ,  ée.  part. 

BOULEUX.  f.  m.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle  un  cheval 
trapu  &  propre  à  des  icrvices  de  tatig;ue.  Ce  cheval 
eft  un  bon  houleux.  On  dit  aulU  au  figure  ,  en  par- 
iant d'un  homme  d'un  génie  borné,  mais  qui  tait 
bien  fon  devoir  dans  l'occafion ,  que  c'clt  un  bon 
houleux.  Il  cft  familier. 

BOULI.  f.  m.  Sorte  de  pot  où  les  Siamois  préparent 

leur  thé.  .    , ,    ,    i     •     /^>„n- 

irr  BOULTANUS.f.  m. Terme  de  Mythologie.  C  elt, 

félon  le  P.  de  Longueval ,  dans  fon  Hift.  de  1  Eghle 


BOU 


d'une  faude 


Divinité 
avoit  un 


Gall.  t.  I,  p.  195  >  le  "°"^  .     ,, 

honorée  à  Nantes,  en  Bretagne,  ou  elle 
temple  fameux,  qui  fut  abattu  ,  comme  on  le  croit, 
vers  l'an  519,  fous  le  règne  &  par  l'autontc  du  grand 
Conftantin.  Il  y  a  quelque  temps  ,  dit  ce  1ère, 
à  Nantes  une  inlcription  en  1  hon- 


que  l'on  tiouva  .. .  , 

neur  de  cette  Divinité  ,  conçue  en  ces  termes  -.r^u- 
mini  Juirufîor.  Deo  Bouljano  M.  Gemel.fecundus  6; 
C.  fedat.  fiorus  a?wT.   Vicarior.  portens.  tribunal. 
C.  M.  locis  ex  Jfipe  conlata  pofuerunt.  Cette  inl- 
cription a  beaucoup  tourmenté  nos  Savans.  Nous 
croyons ,  ajoute  le  P.  de  Longueval ,  que  ce  Dieu 
Boulianus  eft  le  même  que  le  Dieu  Janus  des  Latins , 
au  nom  duquel  on  ajouta  le  nom  celtique  boul,  qui 
fignifie  orhb.  Ainfi  Bouljanus  fera  le  Janus  du  monde. 
On  allure  en  effet  qu'une  ancienne  figure  de  ce  Dieu 
le  repvcfentoit  à  trois  faces ,  pout  lignifier  lans  doute 
les  trois  parties  du  monde  qui  étoient  alors  connues. 
Boul,  fignifie   encore  chez  les  Bretons  un  globe. 
Rien  de  mieux  imaginé-,  rien  de  plus  plaufible  que 
cette  explication  -,  mais  malheureufcment  Bouljanus 
eft  un  Dieu  imaginaire ,  &:  l'infcription  n'eft  pas 
abfolument  telle  que  le  P.  de  Longueval  la  rapporte. 
Au  lieu  de  Numini,  il  faut  lire  Numinihus  :  Fol. 
Jano  ,  au  lieu  de  Bouljano  ;  Secudus ,  au  lieu  de/e- 
cundus:  Ficanor,  au  lieu  de  Ficarior:C  M.M  lieu 
de  C.  M.  Ainfi  il  faut  interpréter  Deo  vol.  Jano,  par 
ces  mots ,  Deo  volente  Jano ,  fous  le  bon  plaifir  de 
'    Janus  :  voici  en  deux  mots  tout  le  myftcre  de  cette 
infcription  ;  elle  fut  faite  pour  apprendre  à  lapofté- 
rité  que   les  habitans  de  Nantes  confacrerent  leut 
tiibunal  aux  Dieux  des  Empereurs ,  c'eft-à-dire ,  à 
Jupiter  &  à  Apollon  -,  mais  après  avoir  invoqué 
Janus ,  félon  la  coutume  Payenne ,  afin  que  leur 
offrande  pafsat  par  lui  aux  Dieux  de  l'Empire.  Foyei 
une  explication  de  cette  infcription  par  M.  Travers , 
Prêtre ,  Dodeur  de  Nantes,  dans  les  Mém.  de  littér. 
Se  d'hift.  recueillis  par  le  P.  Defmolets  de  l'Oratoire. 
L'infcription  y  eft  ainfi  traduite  :  Aux  Dieux  des 
Empereurs  :  de  l'agrément  du  Dieu  Janus.  M.  Ge- 
melius  Secudus  &:"C.  Sedatius  Fiorus,  de  l'argent 
contribué  ,  ont  bâti  dans  la  place  du  commerce  le 
tribunal  des  affaires  des  habitans  du  Port. 
BOULICHE.  f.  f.  Grand  vafe  de  terre  dont  on  fe  fert 
fur  les  vailfeaux.  Amphora ,  metreta.  On  enduit  les 
toulichesàe  goudron ,  &  on  y  met  du  vin  :  cela  lui 
donne  le  même  goût  que  s'il  y  avoit  du  quinquina 
infufé.  Lettre  écrite  de  Panama. 
BOULIER,  f.  m.  Terme  de  Pêche.  Ceft  un  filet  fait 
comme  une  feine ,  dont  les  pêcheurs  fe  fervent  fur 
les  côtes  de  la  Méditerranée  ,  5c  qu'ils  tendent  aux 
embouchutes  des  étangs  falés.  Rete. 
^  BOULIEU.  Petite  ville  de  France,  dans  le  haut 

Vivarais ,  proche  d'Annonay. 
BOULIMIE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Ceft  une  mala- 
die qui  caufe  une  faim  défordonnée.  Plufieurs  furent 
travaillés  de  la  boulimie.  Aelanc.  Les  Tranfaélions 
Philofophiques ,  N.  1^4-  P-  59^-  ^  ^om.  III.  p.  1 1 1 . 
parlent  d'un  paylan  malade  d'une  boulimie  furieufe 
dont  il  guérit  entendant  plufieurs  vers  de  lalongueur 
&  la  groflêur  d'une  pipe  à  fumer  -,  après  quoi  fa  faim 
diminua  peu  à  peu ,  &c  revint  à  un  appétit  ordinaire. 
Ce  mot  vient,  félon  Futetiére,  du  grec  «»5 ,  de  de 
fnfu\  ,  qui  lîgni^ent  èceuf  &  faim  :  c'eft  -  i  ^  dire , 


avoir  faim  ,  être  affamé  jufqu'à  manger  un  bœuf; 
^  mais  ce  n'eft  pas  le  fentiment  de  Jof.  Sca- 
nner ,  5b  ,  dit  -  il ,  apud  Grœcos  intendit ,  K/EiiA.>tos , 
ifSuM'/ii»,  ingens  famés  à  refrigeratione  vsntricnli 
contracta, fie  apud  Latinos particulavc,  ut  in  vehe- 
mens ,  &  aliis.  Remarq.fur  la  Sat.  Ménippée.  Cette 
maladie  dépend  de  l'abondance  ou  de  l'âcreté  des 
fucs  digeftifs  qui  irritent  les  inteftins. 

BOULIN,  f.  m.  Petit  trou  qu'on  dilpofe  tout  autour 
d'un  colombier  pour  y  nicher  des  pigeons;  c'eft  l'en- 
droit où  ils  font  leurs  œufs.  Un  colombier  à  pied  a 
quelquefois  jufqu'à  douze  cens  boulins. 

On  appelle  auffi  Boulins,  des  pots  de  terre  faits 
exprès  pour  fervir  de  retraite  à  des  pigeons. 

Boulin  ,  en  termes  de  Maçonnerie,  cft  le  trou  qu'on 
fait  à  un  mur  pour  recevoir  les  pièces  de  bois  qui 
portent  les  échafaudages.  On  appelle  aullî  Boulins , 
les  pièces  de  bois  qu'on  met  dans  ces  trous  pour 
foutenir  l'échafaudage. 

BOULINE,  f.  f  Terme  de  Marine.  C'cft  une  corde 
aniarce  vers  le  milieu  de  chaque  côté  d'une  voile  , 
qui  fert  à  la  porter  de  biais  pour  prendre  le  vent  de 
côté  ,  quand  on  ne  l'a  pas  en  poupe  ou  de  quartier. 
Felum  oblique  ohtentum.  La  bouline  de  revers  ,  eft 


celle  qui  eft  larguée  6c  fous  le  vent.  Le  vent  de 
bouline ,  eft  celui  qui  eft  éloigné  de  cinq  pointes  , 
ou  aires  de  vent  de  celui  de  la  route.  La  bouline 
grajfe ,  eft  le  vent  qui  s'en  éloigne  davantage  de  fii 
à  fept  pointes.  On  dit ,  aller  à  la  bouline ,  ou  tenic 
le  lit  du  vent,  quand  on  eft  porté  d'un  vent  de  biais, 
<\\x\  femble  contraire  à  la  route ,  en  fe  fervant  de  hou- 
Unes  hâlées  &  roidies.  Obliquo  vento  navigare  ;  pe- 
demfacere.  On  le  dit  aulll  figurément ,  pout  figni- 
fîer  ,  Biaifer ,  n'aller  pas  droit  dans  une  affaire  :  mais 
cela  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

Courre  la  bouline.  C'eft  un  châtiment  qui  fe  pra- 
tique fur  mer.  L'équipage  fe  r;^nge  en  deux  haies  de 
l'avant  à  l'arrière  du  vaiffeau.  Chaque  matelot  tient 
une  cotde ,  ou  gatcette  à  la  main.  On  fait  pafTer  le 
criminel  deux  ou  trois  fois  entre  ces  deux  haies  de 
matelots,  qui  lui  donnent  chacun  un  coup. 
Hâle-Bouline.  f.  m.  Ce  motfe  trouve  dans  Pomey. 
C'eft  un  nom  de  raillerie  que  l'on  donne  à  un  ma- 
telot qui  n'eft  point  encore  expérimenté.  Tu  n'es 
qu'un  hâle-bouline. 
BOULINER.  V.  n.  Aller  à  la  bouline ,  prendre  le  vent 
de  côté.  Obliquo  vento  navigare.  On  appelle  aufïi 
cette  manière  de  naviguer,  louvoyer. 

On  commence  à  dire  figurément,  Bouitner  ',  pouc 
dire,  biaifer  dans  les  affaires,  n'aller  pas  droit, 
trouver  quelque  détour ,  ou  cchapatoire.  Cela  elî 
bas  &  du  ftyle  familier. 
BouLiNER.  V.  a.  Terme  de  gens  d'armée,  qui  fîgnifîe, 
voler  dans  le  camp.  Furari.  Il  a  perdu  au  jeu  tout 
ce  qu'il  avoit  bouline.  Ce  foldat  fe  fera  pendre ,  W 
s'amufe  à  houliner.  Il  eft  populaire. 
Bouline,  ée.  part. 

BOULINEUR.  On  prononce  Boulineux.  f.  m.  Ce  moft 
fe  dir  des  foldats  qui  volent  dans  le  camp.  Fur  y'ia- 
tro.  C'eft  un  boulineur.  On  pend  tous  les  houlineurs , 
quand  on  les  attrape. 
BOULINGRIN,  f.  m.  Terme  de  Jardinage,  C'eft  un 
mot  purement  Anglois ,  qui  fignifie  un  ga^on  fur 
lequel  on  joue  à  la  boule.  Area  cefpititia.  On  l'a  die 
en  France  d'un  jardin  vert,  &  orné  de  palifîades. 
On  a  nommé  ainfi  le  Boulingrin  de  S.  Germain. 
On  l'a  dit  auifi  d'un  parterre  de  pièces  de  gazoa 
découpées,  avec  une  bordure  en  glacis ,  qu'on  prend 
foin  de  tondre  fouvent,afin  d'entretenir  l'herbe  tou- 
jours courte  6c  verte.  On  fait  des  boulingrins  de 
plufieurs  manières.  Cette  efpèce  d'ornement  de  jar- 
din vient  d'Italie.  Liger. 
Ç3"  Les  boulingrins  iîmplesfont  de  gazon,  fans  au- 
cun ornement. 
ffT  Les  boulingrins  compofés  font  coupés  en  corn- 
partimens  de  gazon  ,  mêlés  de  broderies ,  avec  de$ 
plates-bandes  &  des  arbriffeaux. 
BOULINGUE»  ou  hoaringej  f.  f.  Terme  de  Matin*. 


Bo  tr 


BO  IT 


Vdum  ai  ipfa  carchejia.  intentum.  Petite  Voile  au 
haut  du  mât. 
BOULINIER.  f.  m.  On  dit  d'un  vaifTeaU ,  qu'il  eft 
bon ,  ou  mauvais  boulinier ,  loifqu'il  va  bien ,  ou 
mal  à  boulines  hâlces.   J^avis  excipUnio    oblique 
vento  apta. 
BOULINIS ,  ou  BOULIGNIS.  f.  m.  Monnoie  de  cui- 
vre qui  fe  fabrique  à  Boulogne  en  Italie.  Elle  y  tient 
lieu  de  fous ,  &:  dans  les  achats  &  ventes  on  y  mar- 
chande par  bonlinis ,  comme  l'on  fait  en  France  par 
fous.  Les  boulhùs  valent  4  quadrins ,  c'ell-à-dire , 
la  bajoque  de  Rome,  qui  a  cours  en  concurrence 
avec  eux ,  à  caufe  que  Boulogne  eft;  terre  Papale. 
Leur  nom  vient  de  la  ville  où  ils  font  frappes. 
BOULOGNE.  Ville  archiépifcopale  de  l'Etat  de  l'E- 
glife ,  en  Italie  ,  fur  le  Reno.  Bononia.  La  fituation 
•    de  cette  ville  eft  charmante ,  &  fon  terroir  lî  abon- 
dant en  toutes  fortes  de  biens,  qu'elle  en  a  pris  le 
nom  de  Boulogne  la  GraJJc.  Il  y  a  à  Boulogne  une 
Académie  très-fameufe   pour  les  études  de  Droit, 
honoré  II ,  Luce  III  ,  Grégoire  XIII,  Innocent  IX 
&  Grégoire  XV  croient  de  Boulogne.  La  même  ville 
a  donné  la  naiifance  aux  Carraches ,  au  Guide ,  au 
Dominicain  &:  au  Guerchin.  T.  Corn,  Boulogne  eft 
la  féconde  ville  de  l'Etat  Eccléliaftique.  Le  Légat  de 
Boulogne  eft  un  Prélat  que  le  Pape  y  envoie  pour  la 
gouverner.  Boulogne  a  le  privilège    d'envoyer  au 
Pape  un  Ambaffadeur  pour  fe  maintenir  dans  fa  li- 
berté &  dans  fes  droits.  Idem. 

Il  y  a  une  Hiftoire  de  Boulogne  écrite  en  Italien 
par  Gafpar  Bonbaci,  qui  remarque  plulîeurs  cir- 
conftances  qui  ne  fe  trouvent  pas  dans  les  autres 
hiftoires  de  Boulogne.  Agnechius  ,  Archevêque 
d'Amafîe ,  a  fait  auflî  un  Traité  de  la  fondation  de 
la  ville  de  Boulogne.  Cette  ville  a  été  long-temps 
connue  fous  le  nom  de  Feljîne ,  foit  qu'elle  ait 
reçu  ce  nom  d'un  Roi  d'Etrurie  nommé  Feljinus , 
qui ,  comme  l'écrit  Dempfterus  ,  la  rétablit  long- 
temps après  la  première  fondation  que  le  Roi  Cel/i^ 
nus  en  fit ,  dit-on  ,  mille  ans  avant  la  fondation 
de  Rome  •,  foit  qu'on  l'ait  ainfi  nommée ,  parce 
qu'elle  a  été  autrefois  la  forterefle  de  tout  le  pays , 
qui  en  langue  vulgaire  &  ancienne  ,  étoit  exprimée 
par  le  terme  de  Feljina.  C'eft  le  fentiment  d'Agne- 
chius ,  qui  ne  rcconnoît  parmi  les  Rois  d'Etrurie , 
ni  de  Feljïnus  ,  ni  de  Bonus  ,  à  qui  quelques-uns 
ont  cru  qu'elle  devoir  le  nom  de  Boulogne.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  c'eft  pour  cela  que  le  Comte  Carlo 
Malvafia  a  intitulé  fon  Traité  des  Peintres  de  Boii- 
logne  ,  Feljine  Pittrice  ,  car  cette  ville  s'eft  fort  dif- 
tinguée  par  cet  att  ;  &  l'Ecole  de  Boulogne  paffe 
fans  contredit  pour  une  des  plus  célèbres  -,  plufieurs 
difent  pour  la  meilleure  de  toute  l'Italie. 

Quelques  -  uns  écrivent  Bologne  ;  &  c'eft  l'u- 
fage  le  plus  général  pour  la  ville  d'Italie ,  &  la  pierre 
qui  en  porte  le  nom.  Boulogne  eft  à  29°.  8'  3  3".  de 
longitude,  &  44°.  29'.  55".  de  latitude.  Manfredl 
&  Stancarl.  Selon  le  P.  Riccioli ,  elle  n'a  de  lati- 
tude que  440.  29'.  30".  Sa  longitude  eft,  félon  Hofî- 
fnan,  350.  55'.  &:  fa  longitude  43".  52'.  Falfoni , 
Chanoine  Flégulier,  a  donné  en  Italien  des  Mé- 
moires hiftoriques  de  l'Eglife  de  Boulogne  &  de 
fes  Pafteurs,  à  Boulogne  1(^49.  in-40.  &  nous  avons 
deux  ouvrages  de  Sigonius  fur  ^o?//og«e  i  l'un  ,  Z>e 
Rébus  Bononienjibus;  &  l'autre.  De  Epifcopis  Bono- 
nienjibus.  Il  y  a  aufli  Hijiorie  Bolognefe  de  Fi:^am, 
&  deux  volumes  d'Alidofi,  qui  ttaitent  de  tous  les 
hommes  célèbres  de  Boulogne, 
Pierre  de  Boulogne  ,  &  mieux ,  Pierre  de  Bologne. 
Lapis  lucifer  Cafciarolanus  vel  Bononienjis.  C'eft 
une  pierre  petite ,  grife ,  pefmte ,  tendre  &  fulfu- 
reufe  ,  de  l'épaifleur  à  peu  près  d'une  noix ,  &  dans 
laquelle  on  trouve  une  cfpèce  de  criftal ,  ou  de  taie  , 
quand  on  la  rompt.  Elle  fe  trouve  aux  environs  de 
Boulogne  en  Iralie ,  &  c'eft  de-là  qu'elle  a  pris  fon 
nom.  II  y  en  a  cependant  encore  en  d'autres  lieux  , 
comme  au  pied  du  mont  de  Palerne.  C'eft-Là  qu'un 
Cordonnier  ,  nommé  Vincen^o  Cafciarolo  ,  ayant 
ïamafle  de  ces  pierres  >  Se  les  ayant  portées  chez 


? 


lui ,  &  mifes  au  feu  dans  l'efpcrance  d'en  tirer  de 
l'argent-,  au'lieu  de  ce  qu'il  atteUdoit,  il  découvrit 
ce  phénomène  admirable ,  &  la  propriété  qu'elles 
ont,  qui  confifte  en  ce  que  quand  on  les  a  expo- 
iëes  à  la  lumière ,  elles  la  retiennent ,  &  luifenr  en- 
fuite  dans  les  ténèbres.  fjO^  On  fait  calciner  cette 
pienc  au  feu ,  après  la  calcination  on  l'expofe  à  l'air^ 
afin  qu'elle  s'imbibe  de  lumière.  Cette  efpèce  de 
phofphofe  tranfporté  dans  un  lieu  obfcur ,  doit  être 
lumineux.  Malpighius  dit  qu'un  certain  Zagonius 
avoit  trouvé  l'art  de  faire  avec  \z pierre  de  Boulogne 
des  ftatues  &  des  peintures ,  qui  brilloient  dans 
l'obfcurité  ;  mais  il  ajoute  qu'il  étoit  mort  fans  avoir 
découvert  fon  fecret  à  perfonne.  Tranfacl.  Pliilofi 
n.  zi.p.  375  n.  i^^.p.  842.  &  Tom.  III. p.  346'. 

Boulogne,  Ville  épifcopale  de  France,  en  Picardie  j 
capitale  du  Boulonois.  Bolonia.  On  trouve  Bolonict 
dans  des  fiècles  poftérieurs.  On  croit  que  Boulogne 
eft  le  Gefforiacum  Morinorum.  D'autres  l'appellent 
auJîi  Morinorum  Navale.  M.  Bately  ,  Archidiacre  de 
Cantotberij  après  avoir  montré  que  le  port  appelé 
Riuupiiz,  ou  Céfar  débarqua,  eft  le  ttrrain  qui 
s'étend  entre  Richborroug  &  Recuver,  en  infère  que 
Vlccius  Portus ,  où  il  s'embarqua  pour  pailêr  dans 
la  grande  Bretagne ,  eft  Boulogne ,  parce  que  le  bras 
de  mer  qui  étoit  entre  deux,  n'avoit  que  40  milles 
de  largeur  félon  Céfar.  Dans  la  carte  de  France  faite 
par  M.  de  Lifle ,  la  longitude  de  Boulogne  eft  en- 
viron de  150.  &:  fa  latitude  de  50''.  environ  40'.  & 
félon  M.  Caffini,  cette  ville  eft  à  20°.  5',  26".  de  lon- 
gitude ,  &  490.  16',  41",  de  latitude. 

^  BOULOGNE  ,  Bolonia.  Petite  ville  de  France  , 
en  Gafcogne  ;  félon  Baudrand  dans  l'Armagnac ,  Se 
félon  de  Lifle  à  l'extrémité  occidentale  du  bas 
Comminge ,  fur  la  Gimone. 

BOULOIR.  f.  m.  Terme  de  Maçonnerie.  Inftrument 
de  bois  dont  les  Maçons  fe  fervent  pour  remuer  con- 
tinuellement la  chaux  quand  ils  l'éteignent ,  c'eft-à- 
dîre ,  quand  ils  l'ont  mife  dans  l'eau ,  &  pour  la 
mêler  enfuite  avec  le  fable  &  faire  le  mortier.  M.  Du- 
hamel l'appelle  en  latin  Tudiculus ,  ou  contus.  Le 
bouloir  eft  compofé  de  deux  parties  ,  une  tète  &C 
fon  manche.  La  tête  du  bouloir  eft  un  morceau  de 
bois  de  fix ,  fept ,  ou  huit  pouces  de  long ,  fur  trois 
ou  quatre  de  large ,  plat  d'un  côté  &  en  talus ,  ou 
talus  rond  de  l'autre.  Du  côté  qu'il  eft  plat ,  il  eft 
emmanché  d'un  bâton  d'environ  fix  pieds  de  long. 
C'eft  avec  le  côté  qui  eft  en  talus ,  que  l'on  broie  ia 
chaux  qui  s'éteint ,  &  que  l'on  remue  la  chaux  &: 
le  fable  pour  les  mêler  &:  faire  le  mortier.  Il  faut 
remuer  long-remps  la  chaux  avec  le  bouloir  ,  pour 
qu'elle  foit  bonne. 

iCT  BOULOIR.  Chez  les  Orfèvres  en  grofferie ,  eft; 
un  vafe  de  cuivre  oblong ,  avec  une  queue ,  dans  la- 
quelle on  déroche  les  pièces.  II  eft  auiïi  à  l'ufage 
des  Monnoyéurs. 

BOULON,  f  m.  Terme  de  Charperiterie  &  de  Cha- 
ronnage.  Grofic  cheville  de  fer  qui  a  une  tête  ronde  y 
&  qui  eft  percée  &  arrêtée  par  l'autre  bout  avec  une 
clavette.  Clavus  trahalis.  II  fert  à  attacher  des  pou- 
tres, des  titans  de  charpente  .à  un  poinçon,  à  fou- 
tenir  le  fléau  d'une  porte  ccchère  ,  fur  lequel  il  eft 
mobile.  Il  y  a  aufïi  des  boulons  qui  ont  des  têtes 
rondes  à  leurs  deux  extrémités ,  comme  ceux  qui 
attachent  les  arc-boutans  d'un  carroffe  aux  moutons.- 
On  appelle  auïli  boulon  ,  la  maflê,  poids ,  ou  pefoiï 
de  la  balance  Romaine. 

Boulon  ,  eft  aufli  une  pièce  ronde  de  fer  ou  de  cuivre  j 
qui  fcrc  de  noyau  pour  faire  les  tuyaux  de  plomb 
fans  foudute.  Elle  eft  un  peu  plus  longue  que  le 
moule,  &  delà  groffcur  que  doit  être  le  diamètre 
du  dedans  du  tuyau. 

Boulons  ,  en  termes  d'Artillctie,  font  des  branches' de 
fer ,  c'eft-à-dire ,  les  deux  plus  longues  &  plus' 
groflcs  pièces  où  pofe  le  canon. 

BOULONNER,  v.  a.  Arrêter  une  pièce  de  charpen-^ 
teric  avec  des  boulons.  Il  faut  boulonner  cette" 
poutre.- 

A  '' 


4  B  O  U 

i^  BOULONNÉ ,  EÉ.  part. 

BOULONOIS.  f^oye:^  BOULENOIS. 

BouLONOis,  OISE.  f.  m.  &  f.  Bononienjis.  Qui  efl  de 
Boulogne  en  Italie ,  ou  du  pays  dont  Boulogne  eft 
la  capitale. 

BouLONOis ,  f.  m.  Bononienjîs  ager.  Petite  province  des 
Etats  de  rEglilc  en  Italie ,  qui  a  Je  Fcrrarois  au  nord  , 
la  Romagne  propre  à  l'orient ,  la  Toicane  au  midi ,  & 
le  duché  deModcneà  l'occident.  Il  a  pris  fon  nom 
de  Boulogne  la  capitale.  Les  Italiens  l'appellent  Bo- 
lognefe.  Davity  èc  le  grand  Atlas  le  nomment  Bou- 
logriois  ;  Maty  Boulognois  ,cu  Bonlonois  ;  M.  Cor- 
neille Boulenois  feulement. 

BouLONoisE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  dont  les 
grandes  feuilles  font  blanches  à  fond  incarnat,  fa  pe- 
luche entremêlée  de  blanc ,  d'incarnat,  &  de  citron  : 
elle  demeure  long-temps  en  fleur.  Sa  peluche  efl:  fort 
bien  rangée.  Anémone  Bononienjîs.  C'eft  aulfi  le  nom 
d'une  tulipe  rouge,  pâle  &  blanc.  Morin  CuU.  des 
fleurs. 

"BOULOUB  ACHI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Capitaine 
des  Janiflâires.  JaniJJ'ariorum  O/z/z/r/o.  AUoientdeux 
à  deux  les  Bouloubachis  ,  ou  les  Capitaines  des  Ja- 
niflâires ,  avec  leurs  grandes  plumes  fur  le  turban.  P. 
Dan.  Hifl.  de  Barb. 

BOULU ,  UE,  adj.  Ce  mot  eft  du  petit  peuple  de  Paris, 
qui  dit  châtaigne  boulue  ,  pour  châtaigne  bouillie. 
Elixus, 

BOUNE.  f.  f.  Vieux  mot.  Borne.  Du  grec  Bï««; ,  Co- 
line  ,  éminence.  On  a  dit  aufll  Bourne. 

BOUQUE.  1".  f.  terme  de  navigateur  des  ifles  de  l'A- 
mérique ,  qui  fignifie  proprement  une /1^:^^,  ou  entrée 
paflage  étroit ,  d'où  eft  venu  embarquer  &  débouquer. 
l^oy.  ces  mots. 

BOUQUER.  V.  n.  Baifcr  par  force  Ce  qu'on  préfente- 
Ce  verbe  ne  fe  dit  proprement  qu'en  parlant  d'un  fin- 
ge  ,  lorfqu'on  le  contraint  de  baifer  quelque  chofe. 
Ce  linge  a  eu  bien  de  la  peine  à  bouquer.  Faire  bou- 
quer  un  linge.  On  dit  auHi  à  un  linge  -,  Bouque^  cela  \ 
&  dans  cetre  phrafe ,  Bouquer  eft  employé  active- 
ment. 1^  On  le  dit  au  figuré  ,  mais  dans  le  ftyle  fa- 
milier ou  populaire,  pour  dire  faire  malgré  foi  quel- 
que aâ:e  de  Ibumillion.  Invite-,  ccgrefacere.  Il  a  rclîfté 
long-temps ,  mais  à  la  fin  il  a  tallu  bouquer ,  céder 
à  la  force. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  buccare ,  qu'on  a  fait 
de  bucca  ,  qui  fignifie  joue. 

BOUQUERAN.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  une  forte 
d'étoffé,  qu'on  croit  avoir  éré  faite  de  poil  de  chèvre , 
comme  le  camelot  eft  fait  de  poil  de  chameau. 

BOU  QUET.  f.  m.  Aflémblage  de  fleurs  arrangées  &  liées 
enfcmble.  Florum  fafciculus.  Un  Bouquet  de  fleurs 
d'orange ,  de  rofcs. 

BOUQUET.  On  dir  qu'une  Dame  a  le  bouquet;  pour 
dire ,  qu'elle  eft  la  Dame  du  Bal ,  qu'elle  en  reçoit  les 
honneurs.  Acad.  Franc. 

Ce  mot  vient  de  bofcetum.  Guichard  dit  de  p^it , 
abak ,  qui  fignifie  lier ,  d'où  en  lifant  par  tranfpofition 
Kpa  ,    s'cft  fait  bouquet. 

Bouc^UET ,  fe  dit  aufll  des  fruits ,  &  d'autres  chofes 
liées  enfemble.  Voilà  un  beau  bouquet  de  poires  , 
un  beau  bouquet  de  plumes.  On  dit  aufll ,  Bouquet 
de  diamans ,  bouquet  de  pierreries  ,  bouquet  de  per- 
les. En  cuifine  ,  bouquet  de  fines  herbes.  ^fT  On  em- 
ploie ce  terme  en  Botanique  dans  le  même  fens.  On 
tiit  que  les  fleurs  de  telle  plante  font  raflémblécs 
par  bouquets.  On  s'en  fert  aufll  à  l'égard  des  feuilles , 
&:  l'on  dit  qu'elles  naiflent  par  bouquets ,  fafciaiim; 
pour  dire  ,  qu'il  y  en  a  plufieur?  raflemblées. 

Bouquet  de  cheveux ,  petite  touffe  de  cheveux.  Cette 
femme  n'a  qu'un  bouquet  de  cheveux.  On  dit  de 
même  qu'un  homme  a  la  barbe  par  bouquets  ,  quand 
il  n'en  a  que  de  petites  touffes ,  par-ci  par  (à. 

On  appelle  aufll  Bouquets ,  les  repréfentations  de 
fleurs  liées  enfemble ,  qu'on  fait  dans  des  tapiflé- 
ries,  dans  des  peintures  de  panneaux  de  menuife- 
ries  ,  &:c. 

"ouq.uET  d'émail.    Ce  font  des  fleurs  ar,tifiQeUes , 


BOU 


que  les  EmalUeurs  font  avec  des  émaiis  de  diver- 
fes  couleurs. 

On  appelle  aulTi  Bouquet ,  un  petit  bois  qui  eft 
dans  un  jardin  de  plaifance.  Nemus  ,Ji!vula. 

BouQ,uET.  Terme  de  Rivière  &  de  Charpenterie.  Tigil- 
lum.  Les  deux  bouquets  d'un  bareau  font  deux  piè- 
ces de  bois ,  faifant  enfemble  cinq  pieds  de  long  , 
fervant  à  lier  la  matière-feuillie  ,  c'cft-à-dire  les  cô- 
tés ,  avec  les  deux  courbes  de  devant.  Caron. 

Bouquet  ,  eft  aufll  un  fer  dont  fe  fervent  les  Do- 
reurs ou  Relieurs  pour  appliquer  le  bouquet  dont 
ils  ornent  le  dos  d'un  livre  relié  en  veau. 

Bouquet  ,  fe  dit  aulfi  parmi  les  Maquignons ,  de  la 
piaille  qu'ils  mettent  à  la  queue  &  aux  crins  des 
chevaux  qu'ils  veulent  vendre. 

Bouquet,  fe  dit  figurément.  Le  bouquet  facré.  Bou" 
quet  fpirituel ,  fe  dit  de  quelque  penfée  ou  affec- 
tion ,  quelque  mot  court  &  vif  qui  renferme  ce 
qui  a  le  plus  touché  dans  l'oraifon  mcnrale  ,  & 
qui  fert  à  nous  élever  à  Dieu  pendant  la  journée  , 
&  à  nous  rappeler  le  fruit  de  l'oraifon  &  les  fain- 
tcs  vues  que  Dieu  nous  y  a  données.  Les  Spiri- 
tuels difent  qu'il  faut  toujours  à  la  fin  de  l'orai- 
fon fe  faire  un  bouquet  fpirituel  \  qu'il  faut  de  temps 
en  temps  pendant  le  jour  flairer  le  bouquet  fpi- 
rituel ,  c'eft-à-dire  ,  fe  rappeler  ce  mot ,  cette  pen- 
fée. Sertum  fpirituale.  Il  faut  abandonner  ce  mot 
aux  myftiques. 

On  dit  proverbialement  d'une  maifon  ,  qu'elle  a 
le  bouquet  fur  l'oreille  -,  pour  dire  ,  qu'elle  eft  à  ven- 
dre :  ^  d'une  fille  5  pour  dire ,  qu'elle  eft  à  ma- 
rier. On  dit  auflfi,  donner  le  bouquet  à  quelqu'un  > 
quand  on  l'engage  à  donner  un  bal  ou  un  repas  à, 
une  compagnie  ;  &  rendre  le  bouquet ,  régaler  à 
fon  tour,  ceux  qui  ont  régalé.  On  dit  aulfi  ,  qu'une 
femme  fait  porter  le  bouquet  à  fon  mari  ,  quand 
elle  lui  eft  infidelle, 

BOUQUETIER.  f.  m.  Terme  de  Faïencier.  Vafe  de 
faïence  ,  où  l'on  met  des  fleurs. 

Bouquetier.  Ouvrier  qui  fait  &  vend  des  fleurs  ar-» 
tificicUes.  Les  Maîtres  Plumalfiers  de  Paris  pren- 
nent la  qualité  de  Bouquetiers. 

BOUQUETIÈRE.  l".f.  Celle  qui  fait  des  bouquets.  Cb- 
ronaria. 

Bouquetière  ,  fignifie  aulfi  celle  qui  a  le  droit  d'ex- 
pofcr  &  de  vendre  toutes  fortes  de  bouquets  de 
fleurs  naturelles.  Elles  font  appelées  maîtrelïès  Boil- 
queti'eres,  Chapelieres  en  fleurs.  Il  leur  eft  défendii 
de  fe  fervir  de  fleurs  d'Acacia ,  &  les  autres  fleurs 
qu'elles  emploient,  doivent  être  nouvellement  cueil» 
lies. 

BOUQUETAIN.  f.  m.  Bouc-etain,  Steinbok.  Ibex, 
Voy.  Bouctein. 

BOUQUIN.  f.  m.  Vieux  bouc.  Hircus.  On  appelle 
aulfi  Bouquins ,  les  maies  des  lièvres  &  des  lapins. 
On  appelle   figurément  un  vieux  bouquin ,    Un 
vieux  débauché ,  fort  adonné  aux  femmes. 

gC?  Dans  la  fable  on  donne  le  nom  de  Bouquins  aux 
fatyres ,  parcequ'on  les  reprélénre  avec  la  figure  de 
bouc  depuis  la  ceinture  jufqu'en  bas. 

Cornet  a  BouQuiN.C'étoit  autrefois  une  grande  flûte  de 

payfan.  Cornu  mujicum.  Elle  fert  maintenant  dans  les 

chœurs  de  mufique  des  Eglifes.  Voy.  au  wîo/Cornet. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  buccinum ,  qu'on  a  die 

pour  buccina. 

Ofi  appelle  aulfi  de  vieux  livres  dont  on  fait  pei» 
de  cas ,  de  vieux  bouquins.  Vilis  &  objbletus  codex. 

Ce  mot  vient  de  l'allemand  buck ,  ou  bouc,  qui  fi-, 
gnifie  un  livre  ,  &  parce  que  les  premiers  livres  im- 
primés nous  font  venus  de  ce  pays-là,  on  a  appelé  bou- 
quins les  vieux  livtcs.  Voyez  Naudé  dans  le  Mafcu- 
rat,  p.  1 71.  Lipfe  croit  que  l'Allemand  vient  duLatia 
buxus ,  parce  que  le  buis  fervoir  à  leur  reliure.  Le 
P.  Kirker  ,  Œd.  jEg.  T.  1.  p.  6 ,  en  rapporte  une 
ctymologie  plus  vraifemblable.  Il  dit  qu'on  ccri- 
voit  autrefois  dans  le  Septentrion  fur  des  tablettes 
de  hêtre ,  qui  dans  les  langues  feptentrionalcs  s'ap- 
pelle Buech,  buechbamub  ;  que  c'eft  de-là  qu'ils  ont 
aiiill  appelé  un  livre  buech  ,  §c  bûcher  au  pluriel. 


B  O  TJ 

Car  poiTT  l'ctymologie  de  Guichard ,  qui  le  tire  cîe 
l'hébreu  3113  ,  Catab ,  Ferire ,  d'où  en  tranfpofant 
les  lettres  s'eft  fait  naa ,  bacath^  &  de-là  en  grec 
■acxTo,;  &C  ^vxTK  ,  libelliis  ,  tabula^  epijlola  ,  duquel 
■B-ox^U  a  été  retenu  en  ïdiiin  piciacium  ;  ik  dont  s'eft 
formé  en  allemand  buch  ,  took  en  anglois ,  boeck 
en  flamand  ,  liber ,  quaji  fcriptum  :  poui  cette  éty- 
mologie  ,  dis-jc ,  elle  ne  paroît  pas  recevable  quant  à 
l'hébreu  ;  &  quant  au  relie ,  celle  du  P.  Kirker  eft 
plus  vraifemblable. 

Reprenons  unjlyle  nouveau , 
Laiffbns  la  langue  marodque , 
Bouquins ,  rentre^  dans  le  tombeau. 

)BoUQ.t;rN  ,  en  latin  Hirculus.  Efpèce  de  nard  bâtard. 
Voyez  Spica-nardi. 

On  dit  proverbialement  ,  fentir  le  bouquin  ; 
pour  dire  ,  léntir  mauvais.  Ce  mot  fe  dit  particulière- 
ment des  aiflclles  ,  lorlcju'il  en  fort  une  odeur  torte  , 
comme  celle  d'un  bouc.   Olere  hircum. 

BOUQUINER.  V.  n.  Chercher  de  vieux  livres  chez 
les  Libraires ,  ou  s'amufer  à  les  lire.  Veteres  ù  ob- 
folutos  libros  ac  codices  fcrutari,  vel'evolvere.  Il  y 
a  force  curieux  qui  ne  font  toute  leur  vie  que  ^0«- 
quiner.   Ce  mot  eft  familier. 

Bouquiner.  Se  dit  aufli  du  lièvre ,  lorfqu'il  efl:  en 
amour  ,  &;  qu'il  tient  fa  hafe.  Salnove. 

BOUQUINERIE.  f.  f.  Terme  méprifant  qui  fe  dit  d'un 
grand  ramas  de  citations  &  de  palfages  de  vieux  livres , 
ou  de  bouquins.  Au  nom  de  Dieu  trêves  de  partages  -, 
fc  puifque  tu  m'as  promis  la  ledture  de  ces  nouveaux 
titres  que  je  fuis  plus  envieux  de  voir  que  toute  ta 
^c;«y/.'/V;enV,  obliges-moi  de  m'en  faire  leéîure.  Masc. 

|ICF  BOUQUINEÙR.  f.  m.  celui  qui  cherche  de  vieux 
livres. 

^T  BOUQUINISTE,  f.  m.  Celui  qui  les  vend  ou  qui 
les  achète* 

BOURA.  f.  f.  Sorte  d'étoiFe  foie  &:  laine. 

BOURACAN.  f.  m.  On  difoit  autrefois  Baracan. 
Gros  camelot  ,  ou  étoffe  tiifue  de  poil  de  chèvre. 
Pannus  è  caprinis pilis  contextus.  Le  Bouracan  ne 
fe  foule  point  -,  on  le  fait  feulement  bouillir  dans 
l'eau  claire  à  deux  ou  trois  reprifes ,  enfuite  on  le 
calendre. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  baracane.  MÉNACE.D'au- 
tres  le  dérivent  de  varocino ,  ou  varonico  ,  parce  que 
c'étoit  une  étoffe  qui  étoit  particulièrement  propre 
à  vcrir  les  hommes  ,  que  les  Efpagnols  nomment 
varones.  Du  Cange  le  dérive  de  barres  ,  parce  que 
Imirs  *ils  ou  leurs  liffes  repréfentent  des  barres. 

BOURACANIER  )  ou  Baracanier ,  f.  m.  Ouvrier  qui 
fabrique  les  Bouracans. 

^  BOURACHE.    roy.  Bourrache. 

BOURACHER.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  l'on  dôniie  à 
Amiens  aux  ouvriers  qui  travaillent  à  Certaines  étof- 
fes ,  comme  raz  de  Gènes  ,  &c. 

BOURASQUE.  Foye^  Bourrasque. 

gC?  BOURBE,  f.  f.  Terre  imbibée  d'eau.  Canum.  Ort 
le  dit  particulièrement  de  la  fange  de  la  campa- 
gne ,  du  fond  des  eaux  croupiffantes  ,  des  étangs 
èc  des  matais.  Le  poiffon  qu'on  pêche  dans  les  étangs , 
fent  ordinairement  la  bourbe. 

Nicot  dérive  ce  mot  du  grec  sào/Bo»»? ,  fignifiant  la 
même  chofe.  Etienne  Guichard  allant  plus  loin  à  fon 
ordinaire,  prétend  que  de  nT3 13"  ,  abarboura,  qui 
vient   de  Ti>^ ,  cojijunxit ,  &  fignifie  ,    macula  fie 
appellata  quoi  fit  lïvorifimilis  ,  &  félon  les  Gram- 
mairiens hébreux  ,  macula  livoris ,  une  tache  livide  , 
color  ex  pallido  nis^refcens  ,  couleur  d'un  pâle  noi- 
râtre ,  que  de-là ,  dis-je ,  a  été  formé  en  grec  eûp^opoi , 
Se  bourbe  en  françois ,  &  borra  en  efpagriol. 
BOURBELIER.  f.  m.  Terme  de  Chaffe.  C'eft  h  par- 
tie du  fanglier  ,  qu'aux  autres  animaux  on  nomme 
poitrine  ,  8c  aux  cerfs  la  hampe.  Pecîus.         :a 
BOURBEUX,  EUSE,  adj.  Qui  eft  plein  de  bourbe. 
Qcnofiis.  Un  ruiffeau  bourbeux ,  un  gué  bourbeux. 
Il  fe  dit  aulïï  de  ce  qui  vit  dans  la  bourbe.  On  lit 


B  OU 


■/ 


dans  la  fable  des  grenouilles  traduite  du  latin  du  P- 
Comraire  : 

Déjà  ces  infectes  bourbeux 
OJbientfortir  du  marécage  , 
Et paroijfajit fur  le  rivage^ 
Faifoientfuir  les  troupeaux  quipaiffoient  auprès  d'euX' 

BOURBIER  ,  f.  m.  Lieu  plein  de  bourbe  où  l'on  en- 
fonce ,  &  dont  on  a  peine  à  fe  retirer,  dcnofa  lacuna. 
Les  chariots  pefans  demcutoient  la  plupart  enfoncés 
dans  des  bourbiers.  Vaug. 
Bourbier  ,  fe  dit  figurément  des  embarras  où  l'on  fe 
trouve  ,  des  affaires  hicheufes  dont  on  a  peine  à  for- 
tir.  Res,  locus  dificilis  ,perichlofus.  Il  aura  bien  de  la 
peine  à  fe  tirer  de  ce  bourbier.  Expr.du  ftyle  familier. 
Ucr  BOURBILLON.  Terme  de  chirurgie  &  de  ma- 
réchallerie.  Pus  épaiffi  qui  fort  d'une  plaie ,    d'iin 
apoftcme  ,  d'un  javar.    Pus ,  fanies.  Un  clou  ,  un 
javar  eft  bientôt  guéri ,  quand  le  Bourbillon  eft  forti. 
BOURBON.  Nom  de  pluficurs  lieux.  Borbonium. 
Bourbon  l'Archambaud  Borbonium   Archambaldî, 
Ville  de  France  ,  dans  le  Bourbonnois ,  airtft  appelée 
d'Archambaud  fon  Seigneur.  Bourbon  n'ctoit  d'a- 
bord qu'une  Baronnie  qui  fut  partagée  entre  deux 
frères,  Archambaud  &  Anfeaume  ^ils  curent  cha- 
cun dans  leur  partage  une  ville  nommée  Bourbon  , 
ce  qui  fit  que  tous  deux  prirent  le  titre  de  Barons 
de  Bourbon.  Bourbon  l'Archambaud  paffa  dans  la 
Maifon  de  France  par  le  mariage  de  Bcatrix ,  hé- 
ritière de  Bourbon  avec  Robert ,  Comte  de  Cler- 
mont,    fils  de  S.  Louis  en   1327.  Bourbon  l'Ar^ 
chambaud  fut  érigé  en  Duché  par  Charles  le  Bel 
en  faveur   de  Louis    de  Clermont ,    furnommé  h 
Grand,  fils  de  Robert  &  de  Bcatrix. 
Bourbon    r Archambaud   eft    fameux   par    fes    bains 
chauds,  qui  font  les  plus  fréquentés  qui  foicnt  en 
France.  Dans  l'ufage  ordinaire  on  dit  Bourbon  tout 
court ,  fans  ajouter  l'Archambaud  ,  quand  on  parle 
de  cette  Ville,  les  eaux  At  Bourbon,  les  bains  de 
Bourbon  ,    le  voyage  de  Bourbon.  Les  Médecins 
m'ordonnent  d'aller  à  Bourbon  ;  on  confeille  à  ce 
malade  de  prendre  les  eaux  de  Bourbon, 
Bourbon  Lancy  ,  Borbonium  Anfelmi ,  on  antiqui, 
primogeniti'.  Petite  ville  de  Bourgogne  dans  l'Au- 
tunois ,  ainfî  appelée  par  corruption  du   nom  du 
Seigneur  à  qui  elle  fut  donnée  ,  comme  nous  avons 
dit ,  ^  qui  s'appelloit  Anfeaume  ,  deforte  que  Bour' 
bon  Lancy  eft  originairement  Bourbon  l' Anfeaume. 
D'autres  difent  que  c'eft  Bourbon  l'ancien  ,  parce 
que  c'étoit  la  portion  de  l'ancien  ,  Du   de  l'aîné  de 
la  famille.  Mais  puifqu'on  a  dit  Bourbon  l'Archam-' 
baud  du  nom  du  Seigneur  ,    il  eft  plus  vraifem- 
blable que  l'on  a  dit  3.uiVi  Bourbon  l' Anfeaume  du 
frère  d'Archambaud ,    à  qui  ce  Bourbon-là  échut. 
On  dit  qu'on  trouve  beaucoup  d'antiquités  en  fouiï- 
fant  aux  environs  de  Bourbon  Lancy. 
BOURBON,  f.  m.  Nom  de  l'Augufte  famille  qui  rè- 
gne en  France.  Robert,  fils  de  S.  Louis,  &  Com- 
te de  Clermont,  époufa  Bcatrix  Dame  de  Bour- 
bon l'Archambaud.  De  ce  mariage  fortit  Louis  de 
Clermont ,  furnommé  le  Grand ,  en  faveur  duquel 
Charles   le    Éel  érigea  Bourbon  l'Archambaud  en 
Duché  l'an  1 5 17 ,  &  qui  porta  le  premier  le  nom  de 
Duc  de  Bourbon.  De  ce  Louis  font  dcfcendus  de 
père  en  fils  Jacques  de  Bourbon  ,  Jean  de  Bourbon  , 
Louis  II  de  Bourbon ,  Jean  II  de  Bourbon ,  Fran- 
çois de  Bourbon^  Charles  de  Bourbon,  Antoine  de 
Bourbon,  Roi  de  Navarre  ;  Henri  de  Bourbon ,  Roi  de 
France  &  de  Navarre  ;  LouisXIII  &  Louis  le  Grand , 
XIV  du  nom. 

Mânes  des grands'^onïbof\s,  brilîàns  fbudres  de  auej-fe^^ 
Qui  ftUes  &  l'exemple  &  l'ej^roide  la  terre.  CoK}i. 

Tel  le  grand  Saiht  Louis ,  la  tige  des  Bourbons . 
Lui-même  du  Soldat  for  çoit  les  Bataillons.  Id. 

Dans  les  Héros  que  pour  rc^nerfit  naître 
Des  grands  Bourbons  la  Royale  Maifon ^ 
i.efanginfpi'ri}  &jpTévicnt  U  raifon  i 


BO  U 


BOU 


Le  nobk  inJUncl ,  qui  dans  le  cccur  domine 

RappcUcen  eux  Uur  augulie  origine  , 

£i  de  cej'ungreçu  de  tain  de  Rois 

La  Majejié  réclame  tous  les  droits.  P.  du  Cerc. 

Astres  de  Bourbon.  JJlra  Borhonia,  o\x  Etoiles  de 
Bourbon.  Stellx  Borbomce.  Ce  Ibnt  trente  Satellites 
que  l'on  a  découverts  près  du  Soleil ,  i?-:  qui  font  leur 
révolution  autour  de  cet  aftre  en  quinze  jours.  ^ 
Île  Bourbon,  ou  de  Bourbon,  île  d'Afrique  à  l'O- 
rient de  la  grande  île  de  Madagafcar.  Injida  Bor borna. 
Elle  efl:  aux  François,  qui  lui  ont  donné  ce  nom.  Les 
Portugais,   qui   l'ont  découverte   les  premiers,    la 
nommèrent    Mafcaregne.  Il  croît   à  l'Ile  de  Bour- 
bon   une    efpèce    de  Café  ,  ou  Cafier  ,    qui  pro- 
duit le  Café  long ,  qui   eft  très  -  bon.  Il  y  vient 
aulH  une  efpèce  de  poivre.  On  nous  envoie  encore 
de-là  un  excellent  extrait  d'Alocs,  une  réfme  odo- 
rante que  la   colonie  appelle  Berijoin ,  &  qui  peut 
être  de  vrai  Benjoin  i  une  gomme  que  la  colonie  ap- 
pelle Tacamaca  ,  Se  qui  paroît  femblable  à  ïJffoite 
de  Maria  des  Efpagnols  -,  de  la  Curcuma  ou  Terre 
Mérite  j  de  la  Schénantc-,   de  la  Squine-,  des  Tama- 
rins-,  une  forte  de  Scabieufc ,  &  quantité  de  bois 
fmguliers  par  leurs  odeurs  &  leurs  couleurs ,  qui  peu- 
vent les  rendre  également  utiles  aux  Ebéniftes  Si  aux 
Teinturiers.  De  Jussieu  ,  Meni.Mjff.  Voyez  les  dro- 
gues ci-deflus  mentionnées,  chacune  en  leur  place. 
BÔURBONNE-LES-BAINS.  Bourg  de  France  célèbre 
par  fes  eaux  minérales.  Ce  lieu  eft  en  Champagne  , 
dans  le  Baifigny  ,  éleétion  de  Langres,  à  fix  lieues 
de  cette  ville ,  dans  le  fond  d'un  vallon  ,  dont  la 
pente  du  ruKî'eau  de  Borne,  qui  le  parcourt ,  va  de 
l'eft  à  l'oueft.  Les  eaux  minérales  de  Bourbonne  font 
difperfées  en  plufieurs  fources,  &  on  s'en  fert  pour 
la  gucrifon  de  diiférentes  maladies.  On  les  appelle 
eaux  de  Bourbonne  ,  à  ce  que  l'on  prétend ,  à  caufe 
de  la  bonté  de  leur  bourbe ,  ou  boue  ',  enforte  que 
Bourbonne  eft  dérivé  de  Bourbe  bonne.  Ces  eaux  font 
chaudes  &:  remplies  d'un  fel  qui  a  beaucoup  de  rap- 
port au  fel  marin.  Il  y  a  uneDiflertation  de  M.Gau- 
tier ,  Architetfte  Ingénieur,  &  Infpeéteur  des  grands 
chemins ,  des  Ponts  &:  Chaulîces  de  France  ,  fur  les 
eaux  minérales  de  Bourbonne-les-bains ,  imprimée 
à  Troyes  en  lyitf.  L'ancien  château  de  Bourbonne 
ayant  été  brûlé  en  17 17  dans  l'incendie  prefque  gé- 
nérale du  Bourg,  on  bâtit  une  maifon  baffe  dans  la 
cour  de  ce  château ,    où   l'on   plaça  une  pierre  qui 
avoir  été  mife  dans  la  face  du  donjon  de  l'ancien 
château ,  fur  laquelle  on  lit  une  infcription  votive 
&  adreffée  à  la  Nymphe  ou  Génie  de  la  Fontaine  de 
Bourbonne;  en  voici  les  termes:  5orvo72i  thermonx. 
Caius  Jatinius  Romanus  in  Gallia  profalute  Cocilix 
ex  voto.  Gruter.  p.  x.  «.  4 ,  &  M.  Dunaud  ,  tom.  2 , 
pag.  515  de  fon  hiftoire   de  l'Eglife  de  Befançon  , 
font  mention  de  cette  infcription.  Les  eaux  At  Bour- 
bonne font  bonnes  pour  la  paralylie  ,  les  rhumatif- 
mcs,  les  humeurs  froides,  lefcorbut,  difpofent  à 
la  guérifon  de  la  vérole  ,   préviennent  la  goutte  & 
la  gravelle.  Elles  doivent  leurs  vertus  à  un  fel  neutre 
qu'elles  renferment ,  à  des  parties  fulfiireufes ,  bitu- 
mineufes ,  volatiles ,  ablbrbantes  &  ferrugineufes. 
M.  Jurer ,  Médecin  de  ce  lieu  pour  le  Roi ,  prétend 
qu'elles  guériflent  de  la  fièvre  quarte  mieux  que  le 
quinquina.  Foye^  fa  Differt.  imprimée  à  ce  fujet  en 
1750.  Les  boues  de  5or^o;7«f  qui  fe  trouvent  dans  les 
bains ,  fervent  à  guérir  plufieurs  incommodités ,  fur- 
tout  celles  qui  attaquent  les  nerfs.  Voye^  Dom  Cal- 
mer ,  Traité  hiftoriq.  des  eaux  &  bains  de  Plombiè- 
res, 5o?^ri^on«f,  (&<:.  p.  iiri.  L'Hôpital  militaire  de 
Bourbonne-les-bains  ,   eft  rempli  de  foldats  depuis 
le  premier  de  Mai  jufqu'au  premier  d'Oi^obrc.  Ils  y 
viennent  de  toutes  parts. 
BOURBONNISTE.  f.  m.  attaché  à  la  Maifon  de  Bour- 
bon.  Kove^  Valesien. 
BOURBONNOIS.  BorbonienJIsProvincia,  ouDuca- 
tus.  Le  Bourbonnais  eft  un  ancien  Duché  de  Fran- 
ce ,  firué  entre  l'Auvergne,  le  Forêt,  la  Bourgogne  , 
le  Nivernois,  le  Berry ,  £c  la  Marche.  Le  Bourbon- 


nols  fut  anciennement  le  pays  des  Boies ,  ou  Boïens. 
Le  haut  Bourbonnais  eft  proprement  le  pays  de  Com- 
brailles.  Le  refte  s'appelle  le  bas  Bourbonnais.  Le 
Bourbonnais  eft  arrofé  de  l'Allier  ,  &  divifé  en   17 
petites  Châtellenies.  Moulins  eft  la  capitale  du  Bout^ 
honnois. 
BOURBONNOIS,OISE,f.  m.&f.  Borbonienfis,Boius, 
Qui  eft  de  Bourbonnais.  Il  ne  fe  dit  point  pour  figni- 
fier  celui  ou  celle  qui  eft  de  Bourbon  ,  foit  de  Bour- 
bon l'Archambault ,  foit  de  Bourbon  Lanoy  ,  mais 
feulement  qui  eft  de  la  province  de  Bourbonnois.  Je 
connoiilbis    le   P.    Lingendes  -,  il  étoit    Bourbon^ 
nais.  Qui  font  ces  Provinciaux-là  î  Ce  font  des  Botir' 
bonnois. 
^fj  JjOURBONS.  f.  m.  pi.  terme  ufité  dans  les  Salines 
de  Lorraine.   Grofles  &:  longues  pièces  de  bois  de 
fapin  fervant  à  foutenir  les  poêles  par  le  moyen  des 
happes  6>:  des  crocs. 
BOURBOURG.  Ville  de  France  ,  dans  la  Flandre  ma- 
ritime ,  cédée  aux  François  par  lapaixdesPirénées. 
Burburs,us.  Bourbourg  étoit  autrefois  afîéz  bien  for- 
tifié. Maintenant  il  eft  démantelé. 

Il  étoit  autrefois  duDiocèfedeTérouanne  ,  aujour- 
d'hui de  celui  de  S.  Omet  •,  il  eft  célèbre  par  une 
ancienne  Abbaye  de  Bénédiiftins. 

L'Abbaye  de  BouRBouRG  fut  fondée  en   iioi  par 
le  Comte  Robert  dit  le  Jérofolymitain  &  la  Comtefîe 
Clémence  fa  femme ,  fous  la  dépendance  immédiate 
du  Saint  Siège ,  pour  des  filles  de  la  première  no- 
blelfe  du  pays.  L'Evêque  de  Térouanne  approuva 
cette  fondation ,  &  le  Pape  Pafcal  II  la  confirma  en 
1 1  o(î ,  Calixre  II  en  1 1 1 9 ,  &  I-nnocent  II  en  1 1 5  8. 
Cette  Abbaye  eft  compofée  d'une  Abbefle ,  d'une 
Prieure  &  des  Demoifelles  :  car  on  les  appelle  Z)e- 
moifelles  plutôt  que  Religieufes.  Les  Novices  s'ap- 
pellent Ecaiùres ,  c'eft  le  Gouverneur  de  la  ville  qui 
les  préfente. 
BouRBouRG.  f.  m.  Tefme  de  Fleurifte.  C'eft  une  tulipe 
de  quatre  couleurs,   gris  lavande,  colombin  obf- 
cur ,  colombin  clair  &:  blaiic.  Cult.  des  El. 
BOURCËR.  V.  n.  Terme  de  Marine,  qui  fe  dît  lorA 
qu'on  ne  met  au  vent  qu'une  partie  d'une  voile  ,  Sc 
qu'on  la  troufle   à  mi-mât ,    ou    au  tiers  de  mât , 
par  le  moyen  des  cargues  ou  cordes  deftinées  à  cet 
effet  ;  ce  qui  fait  qu'on  dit  aufli  carguer  dans  le  mê- 
me fens.  Cela  fe  fait  quand  on  veut  prendre  moins  de 
vent ,  afin  de  retarder  le  cours  du  vaiileau.   Voye^ 
encore  Carguer. 
BOURCET.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  nom  qu'on 
donne  dans  la  Manche  au  mât  de  mifaine  &  à  fa  voile. 
Dolo  ,  exi^uum  vélum  ad  corhitam, 
BOURCETTE.  f,  f.  Plante  que  l'on  mange  en  falade, 
qu'on  appelle  communément  Mâches  à  Paris.  Sui- 
vant les  analyfes  de  l'Académie  des  Sciences ,  ce  que 
l'on  rire  de  la  bour cette  eft  prefque  tout  alcalin ,   &  il 
y  a  peu  de  plantes  qui  donnent  plus  de  fel  volatil 
concret ,  plus  de  fixe  lixiviel  &  plus  de  terre.  Sa  fa- 
veur eft  d'un  goût  d'herbe  falée  ,  &  comme  déterfif, 
&  le  fuc  de  fes  feuilles  rougit  un  peu  le  papier  bleu  : 
cequifait  conjedlurer  que  dans  cette  plante  le  fel  am- 
moniac eft  didbus  dans  une  portion  confidérable de 
flegme  modéré  par  beaucoup  de  terre  &  un  peu  de 
foufre.  Elle  eft  très-utile  dans  les  pertes  de  fang,  les 
hémorragies,  la  dilfenterie,  &c. 
BOURDAIGNE.  f.  î.  Efpèce  de  paftel  bâtard  ,  qu'on 

nomme  autrement  Paftel-bourg. 
|p="BOURDAINE.  f.  £  ArbrifTeau  fort  Commun  dans  les 
bois. Les  feuilles  qui  fonrd'unbeau  vert,  reflemblent 
prefque  à  celles  de  l'Aune.  Il  porre  de  petites  baies 
noires   quand  elles  font  mûres  :  fon  bois,  qui  eft 
extrêmement  léger,  fert  à  faire  du  charbon  qui  entre 
dans  la  compofition  de  la  poudre  à  canon.  Son  écor- 
ce  intérieure  eft  de  quelque  ufage  en  Médecine. 
1)5°  Le  genre  de  cer  Arbriifeau  n'eft  poinr  douteux.  Les 
Vocabuliftes  auroient  pu  s'épargner  la  peine  de  re- 
lever la  faute  d'impreffîon  qui  s'étoit  gliiTée  dans  la 
dernière  édition  de  ce  Diélionnaire. 
SE  BOURDALISER.  Prendre  les  manières  du  Pore 
Bourdalçue ,  (on  ftyle,  fon  caraiilcre.  Holebeaufer- 


B  O  U 

rhon  que  vient  de  faire  le  P.  le  Comte  !  II  fe  hourd.i- 
lijc  beaucoup.  En  voilà  deux  de  lliite  de  la  même 
force.  Abbé  de  Ciîoisy. 
BOURDALOUE.  f.  f.  Motquifignilîe  une  ctOiTe  mo- 
defte  dont  les  femmes  s'habillèrent  pendant  quelque 
temps,  depuis  que  le  V.Boiirdaloue  eut  prêché  forte- 
ment contre  le  luxe,  &  la  magnificence  des  habits. 

Ce  mot  iignifie  auffi  une  ibrte  de  rrefîè ,  ou  d'or ,  ou 
d'argent,  ou  de  ibic  ,  large  d'environ  un  doigt,  qui 
fert  de  cordon  au  chapeau ,  6:  qui  s'attache  avec  une 
petite  boucle  de  métal. 
^CF  On  a  auHi  donné  ce  noni  à  une  forte  de  pot-de- 
chambre  oblong  ;  dans  ce  l'ens  il  eft  mafculin. 
BOURDE,  f.  f.  Menfonge  dont  on  fe  fert  pour  s'excu- 
fer  ,  ou  pour  fe  divertir  de  la  crédulité  des  autres. 
Commennim ,  riugcCi  Cet  homme  m'a  fait  accroire 
qu'il  avoir  foUicité  pout  moi  ^    mais  il  m'a   donné 
une  bourde.  C'efl:  un  homime  qui  fe  plaît  à  donner  des 
bourdes ,  des  baies.  Tu  n'es  pas  homme  à  te  repaître 
'  àt  bourdes  Se  de  coccigtucs.  Masc.  Il  eft  populaire. 
I^CT  Voltaire  dans  fes  remarques  llir  le  IVIentcur  de  Cor- 
neille oblerve  que  cette  exprellîon  ,  grand  donneur 
de  bourdes  ,qm  y  eft  employée,  eft  aujourd'hui  un 
peu  bailè  :  elle  vient  de  l'ancien  mot    bourdekr  j 
bordeler  t  qui  ne  (îgnifioit  que  fe  réjouir. 
^fy  Les  Vocabuliftcs ,  qui  fe  piquent  d'une  fi  grande 
exactitude,  difeht  que  le  mot  de  bourde  figniiie  men- 
fonge, défaite.  Ils  n'en  ont  pas  trouvé  davantage  dans 
Je  Ditlionnaire   de  l'Académie.  Ce  qu'on  appelle 
bourde  ç^  une  choie  controuvée  pour  s'exculer  ou 
pour  rire  de  la  crédulité  des  autres. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  burla.  Ménage.  Autrefois 

il  fignifioit  aulîî  un  bâton  gros  par  le  bout  fur  lequel 

on  s'appuie  j  une  forte  de  potence  dont  le  fervent 

les  infirmes. 

Bourde,  eft  aufTi  un  tetme  de  Marine ,  qui  figni/îe  la 

voile  que  l'on  met  quand  le  temps  eft  tempéré; 
Bour.de.  Sorte  de  ibude  qui  eft  ttès-mauvaife. 
BOURDEAUX.  Nos  pères  écrivoient  plus  communé- 
ment Bordeaux.  Mézetay  l'écrit  ainfi ,  &  qujlques- 
uns  le  font  encore  '■,  mais  Bourdeaux  eft  mieux  au- 
jourd'hui ,  &  il  faut  toujouts  le  prononcer  ainfi  , 
quoique  communément  ceux  du  pays  piononcent 
Bordeaux.  Burdigala,  Burdegala.  Ville  de  Fran- 
ce ,  capitale  de  la  Guyenne.  Bourdeaux  ,  lîtué  fur  la 
Garonne ,  eft  une  des  plus  grandes ,  des  plus  riches , 
&  des  plus  b -lies  villes  de  France. 

Ifidore  de  Séville  écrit  que  Bourdeaux  preiid  fon 
nom  de  ceilx  qui  l'ont  peuplé ,  &  qu'ils  nomme 
Burgos  Gallos  ,  c'eft-à-dire ,  Bourg  Gaulois ,  ou 
Ville  Gauloijl.  J'aimerois  mieux  le  dériver  à  Burgo 
GalaticO)  c'f^ft-à-dire ,  Bourg  Gaulois ,  ou  Ville 
Gauloife ,  le  nom  de  Bourg  étant  alfez  ancien ,  & 
dérivé  de  la  langue  grecque ,  &  par  conféquent  à  l'u- 
fage  des  Gaulois,  pour  lignifier  une  forterelTe  ,  com- 
me l'on  peut  voir  dans  Végéce,  Orofe,  &  le  Glof- 
faire  de Philoxène, Burgus,Turris.,'^vflii  De  Marca, 
Hi/L  de  Béarn,  L.  1.  p.  j.  Fa  vin  ,  en  fon  Hifi.  de 
Navarre  ,  L.  II.  p.  65 ,  croit  que  Bourdeaux  eft 
ainfi  appelé  à  caufe  de  l'aflemblage  des  eaux  tant  du 
reflux  de  la  mer  qui  remonte  jufqu'à  fept  lieues  au- 
deflus ,  que  de  la  Garorme  ,  Gironde  ,  Dordogne  , , 
8c  autres  qui  s'aflcmblent  près  de-là  pour  fe  jeter 
dans  la  mer  -,  &  que  c'eft  Burgum  aquarum. 

LesBerruyers ,  c'eft-à-dire,  ceux  deBerry,  étant 
trop  ferrés  prirent  le  large  ,  8i  laifFant  la  rive  de  la 
Loire  &  leur  ville  capitale  de  Bourges  aux  plus 
vieux  ,  vinrent  s'établir  fur  la  Garonne ,  où  ils  hl- 
tneut Bourdeaux  ,  laquelle  ils appeletent  Bourges, 
Bituriges,  comme  la  ville  capitale  de  leur  pays 
qu'ils  avoient  laiflcc.  J'ai  vu  une  ancienne  infcrip- 
tion  dans  le  château  Trompette  qui  portoit ,  Auguf- 
to  facrum  &  Genio  Civitatis  Biturigum  vivifcorum. 
t AVYT^  ,  HiJî.deNav. p.  6:^.  6jf. 

L'Archevêque  de  Bourdeaux  diipute  à  celui  de 
Boutges  le  titre  de  Primai  d'Aquitaine.  Bourdeaux 
a  Parlement ,  Sénéchaufice  ,  Amirauté  ,  Bureau  des 
Finances,  Généralité,  Cour  des  Aydes,  Hôtel  des 
Monnoies ,  &  Univerfité.  Les  vins  de  £(/urdeau^ 


B  OU 


f 


font  eftimés  :  on  fait  cas  iui-cout  de  ceux  de  Grave. 

De  la  Brou/lè  ,  dans  fon  livre  fur  la  Primatie  d'A- 
quitaine ,  a  ramafîe    les  étymologies    du  nom  de 
Bourdeaux.  Selon  lui  Bourdeaux  n'eft  point  une 
colonie  des  Bituriges ,  mais  des  Phéniciens.  Ainli  il 
ne  peut  fouffrir  Ifidore ,  qui  dit  que  Burdegalis  vient 
de  Burgi  &  Galli:  Burdegalim  appellatarn  ferunt  , 
quod  Burgùs  Gallos primàm  colonos  hahuerit  ;  qui- 
bus  antea  cuhorihus  impleta  efi.  Cependant  il  cdn- 
jedure  qu'on  pourroit  changer  Burgos  en  Brigos,  ou 
Briges,q\\\  font  des  mots  phéniciens.  Car,  dit-il  i 
pourquoi  plutôt  Burgigala ,  que  Brigigala  î  Enfuite  j 
parce  que  Riges  en  phénicien ,  félon  lui ,    lignifie 
Hommes  braves ,  gens  de  cœur  -,  il  foupçonne  que 
l'Hercule    Gaulois ,    fur-nommé    Ogmius ,    auroic 
bien  pu  venir  à  Bourdeaux  en  allant  en  Efpagne  ^ 
&  donner  fon  nom  de  brave  &  de  courageux  à  cette 
ville  ;  mais ,  continue-t-il,  les  Phéniciens  donnbienc 
aux  lieux  les  noms  des  fruits  qui  y  naiflbient  :  il  fa 
pourroit  bien  faire  que  Bourdeaux  vînt  de  Ibura  j, 
(il  vouloit  dire  tm^V  ibburak  ,  chaldéen)  qui  figni- 
fie  abondance ,  fertilité  &  de  dagan ,  1»  qui  fignifie 
blé;  czT   encore    aujourd'hui  le  pays  de  Médoc  &: 
celui  d'entre  les  deux  mers  portent  beaucoup  de  blé; 
Mais ,  ajoute-t-il ,  ne  fetoit-il  point  mieux  de  di- 
re que  i  comme  les  habitans  de  Saintonge  portoienc 
un  habit  nommé  bardus ,  les  Bourdelois  le  prirent 
auifi  à  caufe  du  voifinage  ,  &:  de-là  furent  appelés 
Bardigalli ,  comme  une  partie  de  la  Gaule  fut  ap- 
pelée Gallia  Braccata ,  à  caufe  des  btaies  qu'elle  por- 
toit? Il  croit  encore  qu'il  faut  tirer  ce  mot  Bardus 
de  l'hébteu  bardes ,  ou   de  l'arabe  bord.  Peut-être 
aulIî  furent-ils  appelés  bord,  à  caufe  de  leur  habileté 
dans  la  Poëfie  &  la  Mufique  Gauloife  ,  ainfi  que  les 
fumeux  Bardes.  Vinet  a  dit  que  Burdigala  étoit  un 
mot  celtique.  S.  Jérôme ,  deuxième  Préf,  fur  l'Ep. 
aux  Galates ,  dit  que  l'Aquitaine  tiroir  de  Grèce  l'o- 
rigine du  nom  Burdigala.  Enfin  ,  il  conclut  que  leà 
Romains  pourtant  pourroient  bien  être  les  auteurs 
de  ce  nom  ;  car  c'étoit  leur  coutume  de  donner  des 
mots  de  leur  façon  à  tous  les  lieux  qu'ils  conqué- 
foient ,  ou  dans  lefquels  ils  établiflbient  des  colo- 
nies. Tout  cela  ne  nous  avance  guère  -,  mais  au  moins 
c'eft  tout  ce  qu'on  dit  de  l'étymologie  deBourdeaux, 
Le  même  Auteur  prétend  que  c'eft  Bourdeaux ,  8c 
non  pas  Bourges,  qui  a  eu  la  Primatie  d'Aquitai- 
ne. Voici  quelques-unes  de  fes  taifons.  Le  droit  de 
vifitequ'a  préteildu  l'Archevêque  de  Bourges,  n'eft 
point  un  droit  de  Primat ,  mais  de  Métropolitain. 
Hincmar  égale  l'Archevêque  de  Bourges  &  celui  de 
Bourdeaux  ,  les  appelant  tous  deux  Primatum  Se- 
dium  Regni  Aquitanici.  L'Evêque  de  Reims  a  eu  lé 
titre  de  Primat  de  fa  Province  avant  Bourges.  Le 
changement  de  Frotaire  ne  prouve  rien  :  on  peut  pal- 
fer  d'un  Siège  à  un  autre  qui  eft  égal.  Le  Concile  de 
Tulle  a  donné  le  nom  de  Primat  à  l'Archevêque  de 
Bourdeaux;  cette  ville  étoit  la  capitale  de  la  Novem- 
populanie;  des  Evêques  de  5o«r^daKx  ont  préfidé 
à  des  Conciles  où  étoit  l'Archevêque  de  Bourges  ; 
favoir ,  au  Concile  d'Agde ,  au  premier  d'Orléans  i 
&  au  fécond  de  Mâcon,  qui  fe  tint  en  588.  Il  s'en- 
fuit que  Bourges  n'avoit  point  encore  de  Primatie. 
^oye^ Bourges.  Mrs  de  Sainte-Marthe  ne  font  point 
du  fentiment  de  M.  de  la  Brouife.  Nous  avons  des 
antiquités  de  Bourdeaux  par  un  Anonyme  à  Poitiers 
i56'5.SelonMM.  del'Acad.  des  Sciences  la  longitu- 
de Bourdeaux  e^  i-j°.  %',  &  fa  latitude  de  44°.  50'. 
Selon  Picard  Ss.  de  la  Hire,  Bourdeaux  eft  à  i6'>, 
46'.  55".  de  longitude,  &à440.  5'.  5".  de  latitude. 
Voyez  fur  Bourdeaux,  Notitia  utriufqae  Vafconiœ  i 
auk.  Arn.  Oihenario ,  De    Hauteferre ,  Rer.  Aqui 
M.  Valois ,  Notitia  Gall.  De  Sainte-Marthe  ,  Galh 
Chr.  T.l.p.\c)i,. 

^fT  Bourdeaux.  Bourg  en  France  ou  Dauphiné  ,  aut 
pied  des  Monts,  à  fept  lieues  de  Valence.    , 

BOURDELAGE ,  ou  BORDELAGE.  f.  m.  Terme  def 
Coutume  ,  eft  une  redevance  qu'on  doit  au  Seigneur 
en  argent ,  blé  ,  plume  ou  volaille  ,  ou  de  deux  de  ces 
trois  cjiofes,  félon  la  Coutume  de  Nivernois, /« i  eki^ 


s 


BOU 


genJi  prœdlatorii  vecligalis.  Le  droit  de  hourddage 
■en  Bourbonnois  eft  de  pereille  condition  &  quali- 
té que  le  droit  de  taille  réelle  :  6c  le  mot  de  boiir-^ 
dsiur  le  dit  non-leulement  du  détenteur ,  mais  aulfi 
de  l'héritage  ,  de  la  redevance  &  du  contrat,  &c  mê- 
me du  Seigneur  auquel  ce  droit  eft  dû.  Seigneur 
tourdelier. 

Ce  mot,  félon  Coquille,  dans  Ton  HijL  duAi- 
vernois,  vient  de  tord  ,  qui  en  ancien  langage  tu- 
defque  fignifie  un  domaine ,  métairie ,  ou  ferme  à 
la  campagne  i  &:  de  -  là  eft  tiré  l'ancien  mot  fran- 
cohtordd,  qui  fignifie  la  même  chofe.  Quand  un 
homme  riche  avoir  un  ou  pluiieurs  domaines  à  la 
campagne ,  il  les  bailloit  à  un  ou  plulîeurs  labou- 
reurs à  perpétuité  ,  pour  les  faire  valoir ,  &  en  payer 
une  redevance  ,  en  grain  &  en  volaille  i  &  le  tonr- 
dela<re  coniifte  en  ces  trois  chofes,  ou  pour  le 
moins  en  deux  des  trois, 
BouRDELAGE,  cft  auili  un  vieux  mot  qui  fignifloit , 

paillardife.  Impudlcltia. 
BOURDELIER.  f.  m.  Ce  mot  fe  dit  non-feulement  du 
Seigneur  à  qui  le  droit  de  l-ourdelaç^e  eft  dû  ,  mais 
encore  de  l'héritage  &  du  contrat.  On  dit ,  un  Sei- 
gneur /•oz/rJt;/i<;r.  Un  héritier  tour  délier.  Un  contrat 
''tour délier.  Les  Chartreux  du  Val  -  faint  -  Georges 
font  les  plus  sjrands  tourdelïers  du  Nivernois. 
BOURDELOÎS  ,  OISE ,  f.  m.  &  f.  Biturix  Fivifcus  , 
Burdi^alenjîs.  Qui  eft  de  Bourdeaux.  On  écrivoit 
autrefois  Bordelais  ;    ir.iis  /lujourd'hui  il  faut  écrire 
&  prononcer  Bourdelois  ,  &  M.  de  Marca  lui-mê- 
me n'écrit  jamais  autrement  dans  fon  Hifi..  de  Béarn. 
Les  Bourdelois  font  les  anciens  Bitunges  Vivifci  ; 
5c  quelques-uns  prérendent  que  ce  nom  s'eft  corrom- 
pu de  celui  de  Bituriges.  Ifidore  le  tire  de  Bur^os 
Galles ,  étymologie  qui  ne  plaît  point  à  M.  de  Mar- 
ca ,  qui  aimeroit  mieux  le  dériver  à  Burgo  Gala- 
tico ,  c'eft-à-dire  ,  Bourg  Gaulois ,  ou  faille  Gau- 
loife.  Céfar  ne  fait  aucune  mention  des  Bourdelois  , 
ou  Vivifques,    dans    la  conquête    de  l'Aquitaine. 
Lurbe  a  cru  qu'ils  étoient  compris  fous  les  termes 
généraux  des  peuples  éloignés ,   qui   conferverent 
leur   liberté  par  le  moyen  de  la  rigueur  de  l'hi- 
ver. M.  de  Marca  en  conclut  qu'ils  ne  font  point 
une  nation  d'Aquitaine  ,  mais  un  peuple  gaulois,  ou 
bien  qu'ils  font  compris  fous  le  nom  de  Cités  Ar- 
moriques.  Notre  Poète  Bourdelois ,  Aufone ,  après 
avoir  long-temps  gouverné  les  écoles  de  fon  pays,  fe 
rendit  capable  d'exercer  le  Confulat  à  Rome.  Masc. 
BOURDELOIS.  f.  m.  Petit  pays  de  Guyenne  ,  qui 
eft  autour  de  Bourdeaux  ,  &  qui  porte  aulfi  le  nom 
de  Guyenne  pîopr:e.BurdigalenJis  ager.  L'an  778  le 
Bourdelois  fut  érigé  en  Comté  en  faveur  de  Seguin. 
Bourdelois  ,  ou  Bourdelais  ,  f.  m.  Gros  raifin  de 
treille  ,  blanc  ou  rouge.  Le  Bourdelais  n'eft  pas  un 
bon  raifin.  La  Quintinie  écrit  Bourdelais,  Le  Bour- 
delais eft  une  efpèce  de  gros  raifin  blanc  ,  longuer, 
qui  fait  de  très-grandes  &  grolTes  grappes ,  ne  mû- 
rit prefque  jamais  ,  &  par-conféquent  eft  propre  à 
faire  des  confitures ,  ou  du  verjus.  Il  fert   encore 
pour  fournir  des  feuilles  à  garnir  les  plats  au  mois 
d'Odobre.  La  Quint.  Part,  III.  Ch.  14.  Le  Bour- 
delais ,  auttement  verjus ,  tant  le  blanc  que  le  rou- 
ge ,  eft  une  efpèce  de  pied  de   vigne  qui  fe  taille 
au  printemps    ,  8c  fe    provigne  ,  le  grèfe  ,  &  fe 
plante  comme  l'autre  vigne  pendant  les  mois  de 
Janvier  ,   Février    &  Mars  ;  il  faut  l'ébourgeon- 
ner  au  printemps  pour  lui  ôter  les  branches  foi- 
blcs  ic  inutiles.  Id.  Part,   VI,  p.17^. 
BOURDER.  v.  n.  Vieux  mot ,  dont  on  fe  peut  fer- 
vir  encore   dans  le  ftyle  burlefque.  Il  fignifie ,  fe 
moquer  ,  dire  des  fornettes  ,  des  bourdes ,  Men- 
ddciis  fallere  ,   imponere.  Ce   coquin  ne  fait  que 
tourder. 
BOURDEUR.  f.  m.  Donneut  de  bourdes.  Mendax , 
iUufôr  ,  derifor.  De  ce  mot  corrompu  on  a  fait  le 
proverbe.  Autant  pour  le  Brodeur  ,  au  lieu  de  dire 
pour  le  Bourdeur.  On  dit  Bourdeufe  au  féminin. 
BOURDILLON.  f.  m.  Bois  de  Chêne  refendu, 
propre  à  faixe  de$  tgnjieaus  &  futaillçs. 


BOU 

ffT  BOURDIN.  f.  f.  &  non  pas  mafculin,  comme  le 
difent  les  Vocabuliftes ,  pêche  ronde,  de  bon  goût, 
très-colorée  ,  qui  mûrit  à  la  fin  du  mois  d'Août, 
ou  au  commencement  de  Septembre  ,  la  bourdiii 
eft  un  peu  moins  grolle  que  la  mignone  ;  mais  elle 
eft  excellente  quand  l'arbre  eft  un  peu  vieux  ;  fon 
fruit  en  eft  plus  beau  ,  &  il  charge  beaucoup. 
BOURDON,  f.m.  Bâton  fait  au  tour,  qui  a  une  pora^ 
me  en  haut  &  au  milieu  ,  &;  un  fer  pointu  par 
en  bas  ,  que  portent  les  Pèlerins.  Baculus  longior 
qualem  gejlare  folent  qui perigrinaiiones  okeunt.  Oa 
peint  S.  Jacques  avec  Ibn  tourdon. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  latin  turdo ,  qui  fignifie 
■anâne,on  un  mulet,  parce  qu'il  aide  à  marcher  com- 
me les  mulets  :  de  même  qu'on  appelle  un  bâton  la 
'haquenie  des  Cordehers  ,  ôc  que  des  tourdes  figni- 
fioient  autrefois  des  potences.  Selon  Guichard  am 
darat  ,  fait  dourtan  ,  \'yn  (  il  falloir  dire  dortan  ) 
qui  eft  expofé  ,  Stimulus  quo  rujiici  arantes  tovss 
pungunt  ,  fujlis  ,  taculus  ;  c'eft-a-dire  ,  l'aiguilloi» 
dont  on  pique  les  bœufs  à  la  charrue  ,  fujîis  ,  ta- 
culus  ,  bâton.  De  forte  que  par  tranfpofition  de  ces 
radicales  en  \'\'\1 ,  tour  dan,  tourdon  %'t\\  trouvera 
dérivé  en  françois  en  même  fignification.  M.  Le 
Moine  prétend  que  ce  mot  eft  arabe  ,  &  qu'il  figni- 
fie un  tdtoji  fait  du  bois  qui  fournifibit  la  matiè- 
re du  papier. 

Dans  la  vie  du  B.  Simon,Hermite  de  S.  Auguftin, 
il  eft  fait  mention  d'un  tourdon  de  fer  ,  cum  uno 
iordono  ferreo  in  manu  \  fur  quoi  le  P.  Papebrock 
remarque  que  c'eft  un  mot  ftançois  &  italien  ,  Acl. 
SS.  April.  T.  II.  /7.  82.8  ,  &  dans  les  Aéles  de  S.  Ca- 
nion  ,  qui  femblent  avoir  été  faits  fur  la  fin  du 
troifième  fiècle  ,  mais  qui  font  faux ,  &z  ne  peuvent 
être  même  du  commencement  du  cinquième  fièclc, 
on  trouve  turdilli  pour  des  bâtons ,  des  inftrifmens  , 
dont  ce  Saint  fut  battu  pendant  une  heure.  C'eft 
apparemmenr  un  diminurifde  turdo  ,  qui  feroitfbrt 
ancien  fi  ces  Aéles  éroient  vrais. 
Bourdon  ,  fe  prend  auflî  quelquefois  pour  le  Péieria 
qui  le  porte.  Peregrinus. 

Hé  quoi  !  Madame  à  fon  chevet 
Pourrait  voir  un  Bourdon.  La  Font. 

Planter  le  tourdon  en  quelque  lieu.  Sedem  in  ali-' 
quo  loco  figer e.  C'eft  une  façon  de  parler  proverbiala 
&  figurée  ,  qui  veut  dire  ,  s'établir  en  quelque  lieu. 
Quelques-uns  appellent  les  trois  tourdons  ces 
trois  étoiles  que  le  vulgaire  nomme  les  trois  Rois  , 
&  qui  font  dans  le  baudrier  d'Orion,  toutes  trois  de 
la  féconde  grandeur,  lur  une  même  ligne  ^  à  peut 
près  en  égale  diftance.  Celle  du  pied  gauche  d'O- 
rion eft  de  la  première  grandeur ,  &  s'appelle  Rigel; 
&  des  deux  brillantes  de  fes  deux  épaules  ,  qui 
font  toutes  deux  de  la  féconde  grandeur  ,  celle  de 
l'épaule  droite  qui  eft  foit  rouge  ,  s'appelle  Belde- 
genjis ,  &  celle  de  l'épaule  gauche  s'appelle  Bella.' 
trix  ,  &  toutes  ces  Etoiles  n'ont  jamais  fait  partie 
de  celles  qui  compofent  les  trois  Rois. 

Bourdon  ,  en  rermes  d'Imprimerie  ,  eft  une  faute  que 
commet  l'ouvrier  ,  lorfqu'il  omet  un  ou  plufieurs 
mots ,  ou  même  plufieurs  lignes  de  la  copie.  Faire 
un  tourdon. 

Bourdon  ,  eft  aufTi  une  groffe  mouche  guêpe  qui  fait 
beaucoup  de  bruit  en  volant.  Fucus.  Ce  mot  eft  fait 
par  onomatopée  du  bruit  que  fdnr  les  mouches  en 
volant.  Bumtus.  Swammerdam  en  décrit  huit  ef- 
pèces.  Il  y  a  des  tourdons  dans  les  ruches  d'abeil- 
les. Les  tourdons  font  d'une  couleur  plus  obfcure  , 
d'un  tiers  plus  grands  SiC  un  peu  plus  gros  que  les 
abeilles.  Il  y  a  des  ruches  où  il  ne  fe  trouve  qu'un 
petit  nombre  de  tourdons ,  Se  d'autres  où  il  s'en 
trouve  une  plus  grande  quantité  ,  &:  il  y  a  des  fai- 
fons  de  l'année  où  l'on  n'en  remarque  point.  Il  y  a 
des  tourdons  qui  ne  font  pas  plus  grands  que  les 
abeilles.  Tous  les  tourdons  mâles  n'ont  point  d'aî- 
guillon.  Maraidi  ,  Mém.  de  FAcad,  des  Scienc. 
17U. /».  joj, 


B  O  U 

En  ce  /ens  Guichard  dérive  ce  mot  de  nil2"1 ,  cli."- 
lora  ,  mot  qui  lignifie  une  abcitU;  fiiiiknt  une  trani- 
poiition  rmil ,    borcix  ,  d'où  bourdon  ,  vtfpa ,  fu- 
cus,  a  été  formé  en  françois  ,  ii  on  l%n  veut  ctoi 
re.  Mais  apparemment  c'efl  le  bruit  que  font  ces  in- 
fectes qui  leur  a  fait  donner  ce  nom. 
Bourdon  ,  eft  au/fi   le  jeu  de  l'orgue  qui  fait  la  baf- 
fe ,  qui  a  le  fon  le  plus  creux  ,  &  qui  a  les  plus 
gros  tuyaux.  Ordo  tubornrnfoni  gravioris.  hç  bour- 
don efl  un  des  principaux  jeux  de  l'orgue.  Il  eft  de 
bois  &  bouché.  Il  eft  accordé  à  l'uniffon  avec  la 
montre.  Il  y  a  un  fécond  bourdon  qui  eft  de  qua- 
tre pieds  quand  il  eft  bouché  ,  ou  de  huit  pieds 
quand  il  eft  ouvert  ,  fait  en  forme  de  flûte  ,   qui 
eft  à  l'oélave  de  la  montre  ou  du  premier  bourdon  ; 
il  peut  être  d'étain  ou  de  bois.  Matthieu  Paris  té- 
moigne que  ces  tuyaux  ont  été  appelés   burdohes , 
à  caufe  qu'ils  re/femblenr  aux  bourdons  des  Pèle- 
rins. On  le  dit  auffi  des  baHès  de  quelques  autres 
inftrumens ,  comme  des  deux  flûtes  ou  chalumaux 
des  cornemufes  &  des  mufettes ,  dont  le  vent  ne 
fott  que  par  la  pâte.  Notre  bourdon  ou  bafle   ré- 
pond à  la    note'  que    les    Grecs    appeloiejit  sTpet?- 
^mtSeivéftivoç    Les  Aucieus  avoient  de  greffes  flûtes , 
faites  en  forme  de  bâton  ,  qu'ils  appelloient  bour- 
Jon  ,  d'où  font  venus  ces  termes  de  Mufique  ,  par- 
ce que  ces  fons  creux  &  bas  imitent  le  bourdon- 
nement des  mouches. 
Faux- Bourdon  ,  eft  une  Mufique  fimple  qui  fe  chan- 
te note  contre  note  ,  &  qu'on  a-ppelle  aufïi  Jimple 
contrepoint ,  à  la  différence  du  contrepoint  figuré , 
qui  fubdivife  les  notes  en   croches  &  en  doubles 
croclies.  Rudior  mujîcorum  concentus.  Les  Italiens 
nomment  encore  faux-bourdon  une    certaine  Iiar- 
monie  produite  par  l'accompagnement  de  plufieurs 
iîxtes  de  fuite ,  qui  fait  entendre  plufieurs  quartes 
entre  deux  parties  fupérieures ,  parce  que  la  troi- 
lième  de  ces  parties  eft  obligée  de  faire   plufieurs 
tierces  avec  la  bafle.  Brossard. 
On  appelle  auffi  bourdon ,  la  groflè  cloche  de  Notre- 
Dame   de  Paris. 
£ouRDoN,f.  m.  Efpèce  de  poire  de  la  fin  de  Juillet, 
qui  pour  la  groffeur  ,  la  qualité  de  fa  chair  ,  de  fon 
goût,  de  fon  parftim  &  de  ion  eau  ,  auffi-bien  que 
pat  le  tems  de  fa  maturité,  rcflemble  à-peu-prcs  au 
Mufcat  Robert  ,  &:   n'en  eft  guère  différence  que 
par  la  queue ,  qu'elle  a  plus  longue.  La  Quint. 
%fT  BouRDONAssE. f.  f.  Efpcce  de  lance  dont  on  fe  fer- 
voit  .à  la  o-uerre.Mém.  de  Comincs ,  L.  8.  c.  6. p.  j  1 8. 
-BOURDONNANT.  L'oifeau  bourdonnant  eft  un  oi- 
feau  de  l'Amérique  qui  a  le  plumage  fort  joli  ,  & 
qui  n'eft  que  de  la  groffeur  d'une  des  plus  grofks 
guêpes.  Il  a  le  bec  noir  ,  &  aulfi  délié  que  la  poin- 
te d'une  aiguille  fine ,  avec  des  jambes  &  des  pieds 
proportionnés  au  reftedu  corps.  ?fT  Quand  il  vole , 
.  i\  ne  bat  point  des  aîles  comme  les  autres  oifeaux  , 
îîiais  il  les  tient  étendues,  dans  un  mouvement  égal 
&:  continuel ,  comme  les  abeilles  &  les  autres  mou- 
ches ,  dont  il  a  le  bourdonnement  continuel  quand 
il  vole.  Il  fe  meut  avec  beaucoup  de   vitelfe  ,  & 
cherche  les  fleurs  &:  les  fruits.  Il  y  en  a  de  deux 
ou  trois  fortes  ,  mais  tous  fort  petits.  Ils  n'ont  pas 
tous  le  mcme^pluma2:e.  Les  plus  i;ros  font  noirâtres. 
BOURDONNE,  ée  ,  adj.  Terme  de  Blâfon ,  qui  fe  dit 
des  croix  garnies    aux   extrémités  de  pommes  ou 
bâtons  femblables  à.ceux  des  Pèlerins ,  ou  dont  les 
branches  font  tournées ,  &  arrondies  en  bourdons 
de  Pèlerins.    On  les  appelle   plus    ordinairement 
pommetées.  Glohatus.  Les  Prieurs  mettent  aufli  des 
bourdons  ou  bâtons  derrière  l'Ecude  leurs  armes , 
pour  marque  de  commandement  ,  comme  les  Ab- 
bés des  crolfes. 
|a=  BOURDONNEMENT,  f  m.  Bruit  que  font  les 
bourdons  &  autres  infedles  de  cette  n2Ltme,bumbus  , 
bumbitatio.   Le   bourdonnement  des    abeilles  ,  des 
grollès  mouches ,  des  hannetons, 
|CF  Dans  le  figuré,  on  le  dit  du  bruit  confus  que  les 
hommes  font  fans  prononcer  de  voix  articulées  -, 
ce  qui  pour  l'ordinaire,  n'eft  pas  un  fign^  d'appio- 
"Tomi  IJ, 


ÈO  U  5 

bation.  Bumbus  ,  murmur    cœcum.  A  -  peine  eut-il 

cefîe  de  parler,  qu'on  entendit  un  bourdonnement 

univerfel  dans  l'adèmblce. 

Bourdonnement  fe  dit  encore  d'un  bruit  qui  lé  fait 

entendre  dans  les  oreilles,  tel  que  celui  que  fait  une 

mouche  en  volant ,  &  quelquefois  tel  que  feroit  le 

tintement  d'une  chofe.  Voy.Ti^TtMLHT.Bombus. 

On  entend   quelquefois   ce  bourdonnement    à   la 

fuite  d'une  longue  maladie.  Il  peut  être  caufé  ou 

par  une  grande  chaleur,  ou  par  une  trop  «grande 

abondance  du  fang  &  des  humeurs.  Ce  n'eïl  pour 

lordmaire  qu'une  indifpoiition  pailâgère.S'iieftha- 

T.^i^'i^i'  ''  ^"■'nonce  quelque  embarrak 

BOURDONNER,  v.  n.  Faire  im  bruit  fourd  tel   que 

1-0 nt  les  bourdons.  Bombum  eiere  ,   bombilare.  Il 

n'y  a  rien  de  plus   importun   qu'une  mouche   qui 

bourdonne  aux  oreilles. 

Le  moindre  bruit  éveille  un  marifoUpçonneux  , 
^y^  ^''^^''^^our  de  fa  femme  une  mouche  bourdonne  > 
C'eficocuage  qu'en  perfonne ^  &c.  La  Font. 
EouRDONi^ER  ,  fe  dit  figurément  d'un  murmure   ou 
d  un  bruit  confus.  Strepere  ,  murmurare  ,fiîfurrare. 
J  ai  entendu  bourdonner  quelque  choie    de   cette 
nouvelle,  mais  Je  n'en  fçais  pas  le  détail.  Il  eft  vieux. 
ftC?  Il  fe  dit  plus  particulièrement  du  bruit  fourd  & 
confus  de  plufieurs  perfonnes  qui  defapprouvent  ce 
qui  a  été  dit  ou  fait.  Sa  harangue  finie  ,  on  enten- 
dit bourdonner  l'aifemblée. 
I^OURDONNET.  f  m.   Terme  de  Chirurgie.  Les 
Bourdonnets  font  de  petits  rouleaux  de  charpie ,  en 
forme  d'un  noyau  d'olive.  On  s'en  fert  pour  arrêter 
le  fang  qui  coule  d'une  plaie  ,  pour  tenir  une  plaie 
dilatée  ,  pour  y  porter  des  médicamens ,  &  pour  ea 
abiorber  le  'pus.  Voye^  M.  Dionis, 
BOURDONNIER.  f  m.  qui  porte  un  bourdon  ,  uti 
long  bâton  fiit  au  tour.  De  l'ufage  oblervé  par  les 
Pèlerins ,  &  ceux  qui  entreprenoient  les  voyages 
d'outre-mer  ,  de  porter  des  bourdons  ,  les  héréti- 
ques Albigeois  prirent  Hijet  de  fe  raillei  des  Croi- 
fésquiavoiententrepris  de  les  combattré,en  les  appe- 
lant ^0Kr.-/(7«/z/frj-,ainfi  que  nous  apprenons  du  Moi- 
ne de  Vaux  de  Cernai ,  ch.  61..  Bourdonarios  autem 
vocabant  peregrinos ,  eo  quod  baculos  déferre  fole- 
rent ,  quos  linguâ  communi  Burdones  vocamus. . . , 
Du  Cancre, Diffèr t.  Xr.  fur  Joinville ,  p.  zx-t, 
BOUREAU.  Foyei  Bourreau. 
BOURG,    f.  m.  Gros  Village  qui  a   une   Paroiffe  , 
une  Foire   &:  un  Marché.    Ficus  ,   Pagus.  Quel- 
ques uns  le  reftreignent  aux  lieux  qui  ne  font  fer- 
més   ni  de  murs ,    ni  de  fbfTès.   D'autres  au  con- 
traire ,  comme  Mefîieurs  de  l'Académie  veulent 
que  ce  foit  un  gros  village  fermé  de  petites  mu- 
railles ■■,  §3"  Mais  ce  ne  font  point  les  murs  qui 
diftinguent   le  bourg  d'avec    la    ville    ■■,    puifqu'il 
y  a  des  bourgs  murés  &  des  villes  fans   murailles. 
Ce  n'eft    poinr    non    plus    la    quantité  plus   ou 
moins   grande   de   maifons  ;   car  il  y  a   de    très- 
grands  bourgs  Lv  de  très-petites  villes.  La  diftinc- 
tion  de  la  ville  ic  du  bourg  eft  fondée  fur  les  droits 
de   bourgeoifie   &:    fur  les   privilèges  dont  jouif- 
fent  les  habitans    d'une   ville  ,   &  dont  ne  jouif- 
fent  pas  ceux  du  bourg.  Le  bourg  relevé  prefque 
toujours  d'une  ville  ,&  Jamais  la  ville  A\\n  bourg. 
Ces  obfervations  peuvent  fervir  à  rendre  plus  clai- 
res ,  ou  à  reélifier  les  idées  que  nous  attachons  aux 
mots  de  bourg,  village  , hameau. 

Le  hameau  eft  un  affemblage  de  quelques  miî- 
fons  feulement ,  fans  églife  paroiffiale ,  ni  jurifdic- 
tion  locale. 

Le  village  ,  plus  grand  que  le  hameau  ,  a  une 
èglile  deflervie  par  un  Curé ,  fouvent  une  efpèce  de 
jurifdièlion  fubalterne  ,  comme  d'un  Bailli  ,  fou- 
vent  une  foire  tous  les  ans  ,  le  Jour  de  la  dédicace 
de  réglife  ou  de  la  fête  du  patron.  Les  habitans 
du  village  font  payfans  ,  laboureurs. 

Le  bourg  ,  plus  grand  que  le  village  ,  a  une  pa- 
roiffe &  quelquefois  une  efpèce  de  magiftrature, 
S)C  ,  outre  U  foiie  aiw^elle  ,  un  marché  à  certajui* 


10  B  O  U 

jours  de  h  femaine.  Les  habitans  du  bourg  font 
en  partie  laboureurs ,  artilans  ou  marchands  en  dé- 
tail. Quelques  i^ourgs  Ibnt  accompagnés  d'un  châ- 
teau où  demeure  le  Seigneur.  Quelques  /^oiirgs  ont 
été  fortifiés ,  ibit  durant  les  guerres  civiles,  ibit  à 
caule  du  voiiinage  de  la  frontière  ;  mais  comme  en 
les  fortifîant,on  n'a  rien  changé  à  l'état  des  habitans, 
ils  ont  coniérvé  le  nom  de  ^ourg  ,  au  lieu  que  les 
villes  dementelées  font  demeurées  vi/ks  ,  parceque 
les  habitans  ont  été  maintenus  dans  leurs  droits. 

La  vil/i  eft  nn  gros  bourg  ,  qui ,  outre  la  paroiHè  , 
une  ou  pluiieurs  foires  annuelles ,  un  marché  tou- 
tes les  femaines ,  a  un  Magiftrat  nommé  le  corps 
de  ville  ,  qui  adminiftre  la  juftice  de  la  vi/le  ,  Se  a 
fon  rellbrt.  Les  habitans  de  la  vi//<:  font  bourgeois  , 
&  jouiffent ,  en  vertu  de  leur  naillance ,  des  fran- 
chifes  &  privilèges  accordés  par  l'ufage  ou  par  la 
conceillon  du  Souverain  à  la  ville  dont  ils  font 
bourgeois. 

Le  mot  de  Bourgade  efl:  moins  diflinâ:  dans  la 
fignifîcation  ,  &  on  donne  ce  nom  aux  lieux  dont  on 
ne  fçauroit  dire  s'ils  font  villages  ou  iourgs  ,  &  qui 
font'dans  un  état  douteux  entre  ces  deux  qualifica- 
tions. Il  y  a  peu  de  fîefs  confidérables  où  les  Moi- 
nes n'aient  bâti  de  nouveaux  ^oz/rg^,  du  confente- 
ment  des  Seigneurs  -,  &  la  fondation  des  Prieurés  a 
produit  cet  avantage  d'augmenter  le  nombre  des 
habitans  ,  &  de  mettre  à  profit  beaucoup  de  ter- 
res incultes  ;  parce  que  ces  nouveaux  bourgs  étoient 
peuplés  de  nouveaux  habitans ,  &  c'étoit  une  des 
premières  conditions  du  traité  que  les  Moines  fai- 
foient  avec  les  Seigneurs.  Du  refte  ,  les  Seigneurs 
leur  laifîbient  tout  "l'exercice  de  la  Juftice  fur  ces 
étrangers ,  &  n'en  exigeoient  aucun  fervice  ,  ni  au- 
cune corvée ,  fi  ce  n'étoit  celle  de  travailler  à  la 
réparation  des  ouvrages  publics ,  dont  ils  avoient 
l'ufage ,  aufTi-bien  que  les  anciens  habitans  ,  com- 
me ks  ponts  &  les  chauilees,  Lobineau. 

Nicot  &  Cujas  dérivent  ce  mot  du  Izxxwpyrgus , 
venu  du  grec  jri^^yoç ,  ou  du  latin  burgus.  Camb- 
den  efl  à-peu-près  de  même  opinion  ,  Britan,  p. 
^2.5  &  852,  car  il  prétend  que  ce  nom  ne  s'eft 
formé  que  fbus  les  derniers  Empereurs  ,  après  la 
tranflation  de  l'Empire  à  Conftantinople  ,  du  nom 
«rJ^yoç  qui  lîgnifie  un  petit  château  ,  un  fort;  & 
que  c'eft  de-là  que  vient  le  nom  des  Bourguignons  , 
parce  qu'ils  habitoient  dans  ces  fortes  de  châteaux. 
Mais  ce  mot  vient  de  l'Allemand  burg ,  qui  eft  très- 
ancien  dans  cette  langue  ,  comme  on  voit  par  la 
terminaifon  de  la  plupart  de  leurs  villes.  Luit- 
prand  ,  Liv,  III.  chap.  1 1.  en  parlant  des  Bourgui- 
gnons, dit,  que  dans  leur  langue  burgum  iignifîe 
un  amas ,  ou  afîcmblage  de  maifons ,  qui  n'efl:  point 
renfermé  de  murailles.  Les  AUemans  appeloienr 
hurs,er ,  ou  Burgar ,  les  habitans  de  ces  fortes  de 
lieux.  Ilîdore ,  Ùv.  IX.  ch.  4,  dit  Burgarii  à  bur- 
gis  dicli.  Dans  Végéce  le  mot  de  burgus  fignifie  feu- 
lement tour  ,  ou  petit  château.  Le  fentiment  le  plus 
vraifemblable ,  c'cfl:  que  burgus  vient  du  mot  pyr- 
gus ,  viçyùi  ;  le  3-  fe  change  aifément  en  ^ ,  &  Vv  grec 
fe  change  en  u  dans  plufieurs  mots  qui  ont  pafle 
de  la  langue  grecque  dans  la  latine ,  &c.  Ou  plu- 
.  tôt  Ttvf-yii  ,  Se  burg,  font  le  même  nom.  Foyei  Clu- 
viER,  Germ.  Ant.  Liv.  I.p.  1 10. 

BOURG.  Ville  de  France,  capitale  de  la  BrefTe.  On  dit 
fouveni  Bourg-en-BreJ/e.  Forum  SeguJIanum.  Ta- 
num,  Burs^us'.MeiXïtmi,  de  Mèziriac  &  Vaugelas , 
fouvent  cités  dans  ce  Diélionnaire  ,  étoient  de 
Bourg-en-BrejJe. 

Bonrg-fur-mer  ,  eft  une  autre  ville  de  France  en 
Guyenne,  à  l'embouchure  delà  Dordogne  dans  la 
Garonne. 

Faux -f  BOURG.  Affemblage  confidérable  de  maifons  at- 
tenant les  portes  d'une  ville.  Suburbium.  Les  villes 
de  guerre  ne  doivent  point  avoir  de    faux-bourgs  ; 

-  car  ils  favoriient  les  approches  des  ennemis. 

Ce  mot  vient  de  fors  Se  bourg  ,  comme  qui  di- 
.  ■roit.  hors  le  bourg. 

.On  dit  figurément  de  ceux  qui  approchent  de 


BO  U 


quelque  chofe  ,  mais  qui  ne  font  pas  dedans  ,  qu'ils 
font  dans    les  faux-bourgs, 

BOURGACHARD.  Bourg  de  Normandie  ,  province 
de  France;  il  eft  dans  le  Roumois ,  pays  du  Dio- 
cèfe  de  Rouen.  Ce  bourg  a  donné  Ion  nom  à  une 
rcforme'dc  Chanoines  Réguliers  qui  y  a  été  établie 
en  i985,&;  qu'on  appelle  les  Chanoines  Réguliers  de 
la  réforme  dcBourgackard.V Auieni  de  cette  réforme 
eft  leP.  Moulin.L'origine  &  l'hiftoire  de  cette  réfor- 
me fbnt  fort  obfcures  ,  parce  que  ces  Chanoines  gar- 
dent fur  cela  &  llir  tout  ce  qui  les  concerne  un  très- 
grand  lîlence.  On  fçait  feulement  qu'elle  a  commeiv- 
ccau  Prieuré  de  S,  Cyr  de  Friardel ,  Diocèfe  de  Li- 
lieux ,  fondé  vers  l'an  1 141,  que  quelque  temps  après 
elle  pafîâdans  l'Abbaye  d'Yvernaux,proche  de  Brie- 
Comte-Robert,  Diocèfe  de  Paris,  Enfuite  elle  paf- 
iâ  au  Prieuré  de  S.  Lo  de  Bourgachard  qui  leur  fut 
donné.  Elle  s'eft  forr  étendue  en  Normandie,  &  a 
paffé  en  quelques  autres  provinces.  Leur  habille- 
ment coniifte  en  une  foutane  noire  avec  un  grand 
collet ,  comme  celui  des  Chanoines  Réguliers  de  la 
Congrégation  de  France  -,  fur  la  foutane  ils  ont  un 
rochet ,  &:  lorfqu'ils  fortent  un  manteau  noir.  Ils 
vont  au  chœur  l'été  avec  le  même  rochet  fans  fur- 
plis  ,  ayant  fur  le  bras  une  aumuffe  grife.  L'hiver  ils 
ont  la  chape  noire  avec  le  grand  camail  ,  comme 
la  plupart  des  autres  Chanoines  Réguliers ,  avec 
cette  différence  que  fous  le  camail  d'érofft  ils 
ont  une  capuce  de  peau  ,  comme  leur  aumufîè  ,  Sc 
que  le  capuchon  du  camail  eft  toujours  abaiHe. 
ils  font  deux  ans  de  noviciat:  la  première  année  s'ap- 
pelle l'année  de  pofturance,pendant  laquelle  les  pol- 
tulans  font  vêtus  de  noir ,  comme  les  Ecclcfiafti- 
ques  -,  la  féconde  eft  véritablement  celle  du  Novi- 
ciat i  les  Novices  ont  une  foutane  blanche  à  bou- 
tons noirs  Sa  le  rochet.  Dans  quelques  Abbayes  où 
ils  ont  fuccédé  à  des  Chanoines  Réguliers  non 
réformés,  ils  ont  pris  la  foutane  blanche,  comme 
leurs  Prédécefleurs  la  portoient.  Ils  ne  font  guère 
établis  qu'à  la  campagne, 

-Le  nom  de  Bourgachard  eft  devenu  le  leur  ,  & 
dans  le  difcours  ordinaire  on  dit  un  Bourgachard, 
les  Bourgachards ,  Se  plus  ordinairement  on  adoucit 
ce  mot,&  l'on  dit  un  Boucachard,  les  Boucachards. 

BOURGANEUF.  Ville  de  France  dans  la  Marche  , 
lur  la  rivière  de  Taurion  ,  à  fix  lieues  de  Limo- 
ges. Burgus  novus. 

§3="  BOURG  -  ARGENT  AL.  (le  )  Perite  ville  de 
France  en  Forez  ,  aux  confins  du  haut  Vivarais. 

Ip-  BOURG  -  D'AULT  ,  ou  à'eau  ,  gros  bourg  de 
France ,  en  Picardie  ,  Diocèfe  d'Amiens, 

IP"  BOURG -D'OYSANS.  Petite  ville  de  France 
dans  le  Dauphiné,fur  la  Romance  ,  capitale  de  la 
vallée  d'Oyfans. 

|C?  BOURG  -  LA  -  REINE  ,  à  deux  lieues  de  Paris, 
fur  le  chemin   d'Orléans. 

^fT^  BOURG  -  LE  -  ROI.  Ville  dans  le  Maine  ,  Dio- 
cèfe &  Eledion  du  Mans. 

tfT  BOURG -SUR -MER,  Ville  de  France  ,  en 
Guyenne ,  dans  le  Bourdelois ,  fur  la  Dordogne  , 
près  du  bec  d'Ambez. 

•|p*  BOURG  DE  THYSI ,  ou  BOURG  -  LE-  COM- 
TE. Petite  ville  de  France ,  en  Beaujolois  ,  fur  la 
Loire  ,  fix  lieues  au  defTus  de  Roanne. 

BOURG-THEROUDE  ,  (on  prononce  affez  commu- 
nément Bou-Troude)  Bourg  ou  village,  chef-lieii 
d'un  Doyenné  rural  du  diocèfe  de  Rouen  ,  &  Collé-^ 
giale  fondée  ou  rétablie  en  i6c)-\.  Defcrip.  Géogr.  & 
Hifi.  de  la  Hunte-Norm.  Tom.  II. p.  541, 

BOURGADE,  f.  f.  Diminutif  de  Bourg.  Fagus.  Ccrtç 
Comté  a  dix  villes,  trente  bourgades.  Se  quatre  à  cinLj 
cens  villarres.  Patru.  Voye:^  Bourg. 

BOURGAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutume.  Ce  qui  eft 
litué  dans  l'étendue  des  villes,  Se  de  la  banlieue.  Ce 
font  proprement  les  mafures ,  manoirs  Se  héritages 
qui  Ibnt  es  bourgs,  £c  qui  font  tenus  fans  fief  du  Roi, 
ou  d'autres  Seigneurs  du  bourg  ,  Se  qui  gardent  les 
coutumes  des  bourgs ,  Se  payent  les  rentes  aus  ter- 


BO  U 


i^es  accoutumes ,  fans  (qu'ils  doivent  autre  eenfive  ni 
redevance. 

Quand  il  s'agit  de  l'Angleterre  ,  le  Emir^age  efl:  \i. 
ftianière  dont  les  Cités  ,  les  Villes ,  l^lpourgs ,  &;c. 
tiennent  leurs  terres  du  Roi ,  ou  de  quelque  autre 
Seigneur ,  moyennant  une  certaine  rente  ou  rede- 
vance annuelle.  Harris.  M.  Boyer  ajoLite  que  c'cft 
auiîî  cette  rente  ,  ou  redevance;  mais  Harris  ne  le 
dit  point. 

On  dit  franc'hourgage  ,  comme  on  dit  Franche- 
bourgcoiiîe.  Par  une  Déclaration  du  4  Décembre 
1^41.  le  Roi  ordonna  que  toutes  perfonnes ,  nobles 
&C  roturiers ,  propriétaires  &:  pofîcHeurs  d'héritages 
allodiaux  en  franc-bourgage  &  franche -bourgcoilie, 
qui  n'ont  juftice ,  fuffent  &:  dcmeurailent  confirmés, 
&:  leurs  lucccfîéurs  à  perpétuité,  à  leur  allodialitc, 
Sec.  Les  villes  de  Gilbrs  &  de  Ncaufle  ,  dont  tout  le 
territoire  eft  de  temps  immémorial  en  franc-boiirga- 
ge  ,  ne  font  qu'une  Icule  &  même  Seigneurie.  Def- 

.    cript.  Gcog.  &  HijL  de  la  Haute  -  Norm.  T.  U  p.  198. 

fiOURG  -  DIEU.  Burgum  Dei.  C'éft  un  bourg  du 
Berri  en  France ,  dans  le  territoire  de  Deols ,  c]ui  a 
pris  ce  nom  à  caufe  d'un  Monaftcre  de  Béncdiétins 
qui  y  fut  bâti  en  917  par  Abbon,  Seicncur  de  Dcols. 

|3- BOURGEOIS  ,  BOURGEOISE.  Y.  m.  &  f .  pro- 
noncez BOURJOIS.  Urbis  incola.  Dans  la  baffe 
latinité  on  trouve  Burgcnjh.  Voye^  Acx.  Sanct. 
Marx.  T.lllp.^\-j.  k  5  5(î.  A.  551.  A.  (S"c.  fCF .Ce- 
lui qui  fait  fa  réiidence  ordinaire  dans  la  ville  , 
&  qui  a  un  degré  de  condition  qui  tient  le  milieu 
entre  la  Noblellè  &  le  Payfan.  M.  l'Abbé  Girard.  La 
vraie  politefle  ne  fe  trouve  guère  que  chez  les  cour- 
tifans  &  les  principaux  Bourgeois  des  villes  capica-. 
leS.  /'oyf{  CiTOYïN  ,  Habitant  ,  leurs  différences. 
M.  de  Voltaire  dans  fes  remarques  liir  le  Nicomede 
de  Corneille  obferve  que  cette  cxpreflîon  ert  bannie 
jduftyle  noble.  Elle  étoit  admile  à  Rorne  ,  &  l'ell:  en- 
core dans  les  Républiques.  Le  droit  de  Bourgeoijle  , 
le  titre  de  Bourgeois.  Elle  a  perd^i  de  fa  dignité  , 
peut-être  parce  que  nous  ne  joiiifîbns  pas  des  droits 
qu'elle  exprime.  Un  Bourgeois  dans  une  République 
elten  général  un  homme  capable  de  parvenir  aux 
emplois  :  dans  un  Etat  monarchique ,  c'efl:  un  hom- 
me du  commun.  Aufïî  ce  mot  cft-il  ironique  dans  la 
bouche  de  Nicomede  ,  &  n'ôte  rien  à  la  noble  fer- 
meté de  fon  difcours. 

Xf^  Ce  mot  vient  de  l'allemand  burger  ,  qui  fîgnîfîe  fa 
même  choie  ,  on  plutôt ,  félon  Pafquier  ,  il  vient  du 
vieux  mot  bourg  qui  fîgnifioit  une  ville. 

IJCT  BouRGEOiSjfe  prend  auffi  comme  non  colleélif,  & 
fignifie  l'affemblage  ,  le  corps  de  ceux  qu'on  nomme 
bourgeois  dans  le  vrai  fens  du  mot.  La  police  des 
marches  veut  que  le  Bourgeois  {oit  fourni  avant  les 
Marchands  &  Regratiers. 

gCF  Bourgeois  défigne  auffi  quelquefois  tous  les  gens 
■  du  tiers  Etat,  à  la^diftindion  des  Eccléfiartiqucs  & 
des  Gentilshommes  qui  jouifTent  de  pluficurs  privi- 
lèges dont  le  Peuple  ne  jouit  pas.  Les  charges  de 
rÈtat  font  portées  par  le  Bourgeois. 

Laiffei  les  Ions  Bourgeois  Ce  plaire  en  leur  ménage: 
C'cji  pour  eux  feuls  qu'Hymen  fa  les  plaijîrs  per- 
mis. La  Font. 

|p°  Bourgeois  j  fe  dit  auffi  par  mépris  pour  fîgnifîer 
un  homme  qui  n'efl:  pas  Gentilhomme,  ou  qui  n'a 
nul uf âge  du  monde.  Ce  vi^ii (\vl\xn Bourgeois.  Cela 
lent  bien  fon  Bourgeois. 

On  appelle  en  plulieurs  Coutumes  Bourgeois  du 
lloi ,  des  habitans  qui  ont  quelque  privilège  pouf 
plaider  feulement  en  la  Jurifdidion  Royale  ,  &  dé- 
cliner la  Jurifdiélion  des  Seigneurs  :  ce  qui  a  lieu 
dans  les  Coutumes  de  Troyes ,  de  Champagne ,  de 
Chaumont ,  de  Sens  &  d'Auxcrre  :  ce  qu'on  appel- 
loit  auffi  droit  de  Juré  i  parce  que  ceux  qui  fe  rcJi- 
doicnt  jufticiabks  du  Roi ,  faifoient  un  ferment  par 
devant  le  Juge  Royal  -,  &  pour  cela  on  payoit  un 
droit  de  iix  deniers  pour  livre  des  meubles ,  &  deux 
deniers  des  immeubles  ;  ce  quj  s'appeloit  droit  de 
Bourgeoijle. 


B  OU  ii 

Bourgeois  Fieffé  ,  C'efl  l'habitant  d'une  ville  doiit 
la  Bourgeoifîe ,  la  Mairie  ,  l'Echevinage  &c  la  Com- 
mune font  tenues  en  fief  du  Roi ,  ou  d'un  autre  Sei-^ 
gneur.  Ragueau. 

l]3"  On  appelle  Bourgeois  du  Roi  ceux  qui  quoique 
demcurans  dans  des  terres  feigneuriales ,  dont  tous 
les  habitans  font  ferfs  du  Seigneur ,  communément 
appelles  gens  de  pot  &  de  main-iuorte,  font  exempts 
de  cette  fervitude  au  fnoyen  de  leur  privilège 
qui  les  en  excepte  ,  &  qui  même  en  quelques  en- 
droits les  fouflrait  cà.la  Juftice  feigneuriale ,  &  les 
rend  juflriciables  du  Juge-Royal  en  première  inftance; 

(fer  Ce  privilège  de  Bourgeoijle  royale  n'a  été  intro- 
duit que  pour  quelques  endroits  de  la  Cham|^gne  i 
où  tout  le  Peuple  eft  de  condition  ferviJe  j^'en- 
forte  que  ,  fi  quelque  forain  venoit  habiter  la 
terre  d'un  Seigneur  i  «  il  devieudroit  fon  ferf  ; 
ainfi  ceux  qui  viennent  s'établit:  dans  quelque  lieu 
de  cette  Province ,  pour  'fe  fouftraire  à  la  fervi- 
tude du  Seigneur  du  lieu  ,  ont  recours  au  Roi  oii 
à  fes  Officiers  qui  leur  donnent  des  lettres  de  Bour- 
geoijle Se  protetlion  royale. 

Bourgeois  ,  en  termes  de  Marine  ,  eft  le  propriétaire 
d'un  vaiffeau,  Ibit  par  achat,  foit  qu'il  en  ait  fait 
faire  la  conftruéfion.  Navis  dominus.  C'eft  celui 
qui  l'équipe  cle  tous  fes  apparaux_^&  agrès  ,  &  qui 
le  frète  erifuite  -,  c'eft-à-dire  ,  le  loue  à  un  Marchand 
pour  faire  voyage  ,  lliivant  les  conditions  d'un  traité 
qu'on  appelle'  charte  -partie.  gCF  Si  plulieurs  Mar- 
chands s'unifTcnt  pour  faire  racquilitiOn  d'un  Navire, 
on  les  appelle  Co-Bourgeois. 

Quelques  Auteurs  prétendent  que  le  mot  Bour- 
geois eft  venu  du  ftyle  de  la  Hanfe  Teutonique  ,  à 
Caufe  qu'il  n'eft  permis  en  Allemagne  qu'aux  Bour- 
geois des  villes  Hanféatiques  d'avoir  &:  de  faire  conf- 
truire  des  navires ,  &  qu'en  effet  tous  les  Seigneurs 
&  propriétaires  d'un  navire  font  nommés  Bourgeois. 
Les  Patrices  ou  Sénateurs  de  Rome  ne  pouvoient 
poticder  ou  tenir  en  propre  des  navires  ;  mais  feu- 
lement des  barques  :'  cela  n'étoit  permis  qu'aux 
bourgeois.  à 

Les  ouvriers  appellent  Bourgeois  ,  celui  pour  le- 
quel ils  travaillent.  Il  faut  fervir  le  Bourgeois.  Le 
maçon,  i'artifan  ,  tâchent  toujours  de  tromper  Le 
Bourgeois.  C'eft  en  ce  fens  &  en  oppofiinc  les  Bour- 
ges aux  artifans ,  que  le  Roi  dit  dans  l'Ordonnan- 
ce de  lûcTy.  art.  XI.  Les  Juges  &  les_  parties  pour- 
ront nommer  pour  experts  des  Bourgeois  ;  Se  en  cd.s 
qu'un  artifan  foit  intéreflé  en  fon  nom  contre  un 
Bourgeois,  ne  pourra  être  pris  pour  tiers  expert  c\xïan 
Bourgeois. 

BOURGEOIS  ,  o  I  s  E  ,  eft  auffi  adj.  dans  les  mêmes 
fens  qu'il  eft  fubftantif.  Une  mailbn  bourgeoijé ,  c'eft 
une  maifon  bâtie  fîmplement  &  fans  magnificence  ,- 
mais  commode  &  logeable  •,  &  elle  eft  également 
ôppofèe  à  palais,  hôtel ,  Se  à  cabane ,  ou  maifon  de 
payfan  Sc  d'artifan.  On  appelle  dans  les  bourgs  Se 
villages ,  Mailbns  bourgeoijés  ,  celles  que  les  Bour- 
geois des  villes  voifines  y  ont ,  par  oppoiîtion  à  cel- 
les des  habitans  du  lieu.  Dans  les  villages  des  envi- 
rons de  Paris  tout  eft  plein  de  maifons  bourgeoifes 
très-propres.  Une  maifbn  ou  fimille  bourgeoife  ,  eft 
une  famille  qui  n'eft  pas  noble ,  mais  au-deffus  de 
I'artifan  ,  par  fes  biens  Se  fes  emplois.  On  le  dit  auffi 
adjeèf  ivement  dans  l'autre  fens.  Cela  eft  du  dcrniec 
bourgeois.  Mol.  Corrigez-vous  de  vos  façons  de  par- 
ler bourgeoifes,  c'eft-à-dirc  ,  balles  &  populaires.  Il  a 
des  manières  d'agir  tout  -  à  -  fait  bourgeoifes.  Vous 
allez  voir  entrer  dans  cette  famille  un  air  bourgeois 
qui  n'en  forcira  de  dix  générations.  Te  ne  vis  jamais 
un  corps'  compofé  d'atomes  plus  bourgeois.  Mol» 
dans  le  Bourg.  Cent,- 

Franc-Bourgeois.  Voye^  FrAnc 

On  appelle  garde-bourgeoife  ,  Un  droit  établi  dan» 
la  Coutume  de  Paris  à  l'imitation  de  la  garde-no- 
ble ,  par  lequel  les  perc  eC  mcre  ,  aycul  ou  ayeu- 
le  ,  out  droit  de  joUir  des  biens  de  leurs  enfans  mi- 
ficurs  fans  leur  en  rendre  compte  ,  en  les  entrete- 
nant félon  leur  état  ,&  en  payant  leurs  dettes  mol>i- 

8 


Il  BOTJ 

iiaires.  Pupillorum  tut^la,  &  kerediiatis  proturdtio. 
On  appelle  aufli  garii-baurgcoij'e  ,  la  milice  des 
bourgeois  qui  font  gaule  en  quelque  partie  de  kur 
ville^  6'iv/«OT  excubvx.  On  appelle  caution  bourgeoi- 
fe ,  une  bonne  caution ,  tfc  tacile  à  dilcuter. 

■SfT  On  appelle  vin  bourgeois ,  le  vin  que  les  Bo^ir-' 
geois  de  la  ville  de  Paris  recueillent  de  leur  crû  •  & 
qu  ils  ont  droit  de  V^^ndrc  à  pot  chez  eux.  On  le  dit 
•  au;n  du  vin  non  frelate  qu'on  a  dans  la  cave  par  op- 
poiition  au  vin  de  cabaret.  On  dit  dans  le  même  l'cns 
ordinaire,  foupe  bourgeoife,,  bonne  ibupe. 

Bourgeois  ,  f.  m.  Sorte  de  petite  monnoye  de  billon  , 
qui  avoit  cours  Ibus  le  règne  de  Philippe  le  Bel.  Il 
y  %woit  des  bourgeois  lîmples ,  &:  des  bourgeois  dou- 
bles. Les  bourgeois  lîmples  ctoienr  les  deniers  pa- 
rilîs ,  &  les  bourgeois  doubles ,  les  doubles  pariiis. 
Le   Blanc.  Truite  des  morinoyes. 

BOURGEOLS  ne  ic  dit  jamais  pour  Habitant  de  Bour- 
ges. Il  faut  dire  Habitant  de  Bourges ,  un  homme , 
une  femme  de  Bourges. 

Bourgeoise,  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  d'un 
rouge  vif  tirant  fur  l'orangé,  6:  blanc.  Morin,  Cuit, 
des  Fleurs. 

BOURGEOISEMENT  ,  adv.  D'une  manière  bour- 
geoife.  ^grejiiùs ,  Jîmpliciâs ,  rudiùs,  Il  vit,  il  par- 
le ,  il  raifonne  bourgeoij'ement.  Sur  le  midi  il  dine 
bourgeoifaneni  *  &;  en  famille  -,  mais  bien  Ô£  avec 
appétit.  ViGN.  Marv. 

fS"  BOURGEOISIE ,  f.  f.  Jus  dvitatis.  La  qualité 
de  Citoyen.  Ce  mot  luppole  une  ville  &  une  ibcié- 
té  dont  chaque  particulier  connoït  les  affaires ,  & 
aime  le  bien  ,&:  peut  fe  promettre  de  parvenir  aux 
premières  dignités.  Il  tant  une  demeure  de  dix  ans 
dans  les  villes  franches  pour  acquérir  le  droit  de 
Bourgeoijîe  &c  l'exemption  de  la  taille.  Le  droit  de 
Bourgeoijie  à  Rome  ,  ou  de  Citoyen  Romain  ,  don- 
noit  de  grands  avantages  :  on  l'accordoit  même  à 
des  étrangers.  Lacédémone  étoit  li  jaloulé  de  fon 
droit  de  Bourgeoijie  ,  qu'Hérodote  a  abfervé  qu'elle 
ne  l'a  accorde  qu'à  deux  perlbnncs.  La  Guil.  Les 
François  perdent  le  droit  de  Bourgeoijie  françoi-fe  , 
en  s'établifTant  dans  les  pays  étrangers  -,  mais  ils 
le  recouvrent  s'ils  reviennent  en  France.  Pimont 
dans  le  Nouveau  Praticien  François.  Voyez  dans 
VHift.  de  Lyon  duP.Meneftrier, /j^zo'.  448,  la  manière 
dont  on  doit  demander  la  5o«ro'<;oi/if&  y  être  reçu. 

Bourgeoisie  ,  fe  dit  aulfi  en  termes  coUcdifs,  de  tout 
le  corps  des  Bourgeois.  Civts.  La  Bourgeoijie  cil  en 
armes ,  &:c.  La  Bourgeoijie  eft  toujours  la  copie  de  la 
Cour.  ScAR. 

BOURGEON.  Prononcez  BOURJON.  f.  m.  Le  bou- 
ton qui  poudc  aux  arbres  &  aux  plantes  au  p^rin- 
tcmps.  1^  (Eil  animé  qui  produit  dans  la  fuite  une 
jeune  branche,dans  lequel  les  feuilles  font  arrangées 
&  repliées  les  unes  fur  les  aurres.  Voye^  Bouton. 
Gemma, ,  oculus.  La  gelée  n'ell  dangereufe  que  lorf- 
que  les  Bourgeons  commencent  à  pouil'er. 

Ce  mot  vient  de  burrio  ,  qui  a  été  fait  Acburra, 
boicrre.  Ménage.  Les  bourgeons  ont  la  même  peau  , 
le  même  parenchyme  ,  les  mêmes  corps  ligneux,  les 
mêmes  infertions ,  &:  les  mêmes  moelles  que  la  tige , 
c'eft-à-dire ,  les  mêmes  parties ,  qui  ,  par  le  moyen 
d'un  nouveau  fuc  qui  y  entre  conrinuellement ,  re- 
çoivent une  extcntion  pareille  à  celle  de  l'or  qui  paf 
fe  par  la  filière  ,&  qui  fe  déploient  à  peu  près  comme 
les  tuyauxd'une  lunette  d'approche.  Les  bourgeons 
font  toujours  placés  entre  la  tige  ou  branche  dont  ils 
fortent,&:  la  bafe  des  pédicules, ou  queue  des  feuilles. 

Bourgeon  ,  fe  dit  aulïî  de  tout  le  nouveau  jet  des  ar- 
bres &  des  vignes.  Germen  ^furculus.  |K?  Les  bour- 
geons s'alongent  dans  toutes  les  parties  tant  qu'ils 
font  tendres  6c  herbacés.  L'alongement  diminue  à 
ir.efure  que  le  bois  s'endurcir.  Il  celle ,  quand  le  bois 
e(I  tout-à-fair  dur.  f^oye^  Arbre.  Aubier,  Branche. 
^fT  Dans  ce  fens  ou  le  dit  particulièrement  des  nou- 
veaux fcions  de  la  vigne. On  coupe  les  nonveaux/'OKr- 
geons  de  la  vigne.  On  défend  l'entrée  des  bêtes  dans 
les  bois  nouvellement  coupes ,  à  caufe  qu'elles  man- 
gent les  bourgeons  ,  les  jets  tendres  &  nouveaux. 


B  O  U 

g-"?  BôltRGtON  fc  dit  par  cxtenfion ,  dans  Une  éfpècê 
de  fens  figuré  ,  des  boutons  ,  bubes ,  clevuics  qui 
viennent|^tt  vifagc.  Papula.  Il  a  le  vifage  tout  cou- 
vert de  wHl^geons.  Papulofus.  Elle  peint  de  bour~ 
geons  fon  vifage  guerrier.  Bon,. 

Bourgeon  ,  dans  le  commerce  de  lainage.  Les  bonr'- 
gcms  ou  efcou.iilles  font  des  laines  plus  fines  que  le 
refte",  &  qui  s'échappent  ou  s'allongent  par  brins  eo 
différens  endroits.  On  les  arrache  de  deflus  la  bête 
avant  que  de  la  tondre.  On  donne  ce  dernier  nom 
dans  le  Berri  à  la  laine  levée  fut  les  cuiflés. 

^  BOURGEONNEMENT,  f  m.  aétion  de  pouiret 
des  bourgeons.  Gemmaiio.  f^oyei  Bourgeon.  Je  ne 
trouve  ce  mot  dans  aucun  Diélionnaire.  Pourquoi 
cela  ?  L'ufage  l'a  adopté  •,  &  s'il  n'étoit  pas  reçu  ,  il 
faudroit  le  recevoir ,  parce  qu'il  eft  néccflaire.  Ou 
dit  bien  ébourgeonnement. 

BOURGEONNER  v.  n.  Pouffer  des  bourgeons.  Gem- 
niare,gemmas  agere.  Les  arbres  bourgeonnent  au  prin- 
temps. On  dit  figurément  de  ceux  qui  ont  des  élevu- 
res  ,  des  bubes  au  firont,  au  nez  ,  auvifage ,  que  leuï 
front,  leur  nez,  leur  vifage  commence  à  bourgeonner. 

Bourgeonné,  ee,  part.  &  adj.  Gemmatus.  Qui  a  des 
bourgeons  au  vifage.  On  dit  ordinairement  que  les 
ivrognes  ont  des  nez  bourgeonnes^ 

BOURG  -  EPINE.  C'eft  un  "arbrilîèau  ,  qu'on  appelle 
autrement  Nerprun ,  ou  Noirprun.  Rhamnus.  Voyez 
ces  mots. 

§C?  BOURGES.  Ancienne  &  grande  vîlle  de  France* 
Capitale  du  Berry ,  avec  un  Archevêché.  Bituriges  , 
avaricum  Biturigum.  Elle  eft  fituée  au  confluent  de 
l'eure  &  de  t'auron  5  c'eft  l'ancien  Avaricum  Bi- 
turigum ,  qui ,  dès  le  temps  deTarquin  l'aiicien , 
étoit  le  fiége  de    l'Empire  des  Gaules. 

^fT  Bourges  ,  fut  dans  la  fuite  la  capitale  du  Royaume 
d'Aquitaine ,  &  fon  Archevêque  eut  le  titre  de  Pa- 
triarche &:  la  primatic  fur  les  Provinces  de  Nar- 
bonne ,  d'Auch  6%:  de  Bourdeaux.  Foye^  les  Anriqui- 
tés  de  Bourge»  par  Chenu  ,  Thiftoire  du  Berry  par 
la  Thaumalîiere ,  &  les  différentes  differtations  de 
M.  Cathérinot  ,  fur  la  ville  de  Bourges,  Foye^ 
aulli  le  Dictionnaire  de  la  Martiniere, 

IJCT  On  ignore  l'origine  du  mot  Bourges ,  Cette  ville 
eft  à  ioo.  }'  16"  de  longitude  ,  &  à  47°  4'  58"  de 
latitude.  Cassini  &  M  ar  aldi.  La  tour  de  S.  Etienne 
de  Bourges  eft  à  1 90  5  5'  1 5"  de  lon^.  &  à  45°  4'  54'* 
de  lat.  Cassini. 

ÇCr  Louis  XI  ù'acquit  à  Rourges  en  1415;  Char- 
les VII  y  fit  fort  féjour  le  plus  ordinaire  pendant 
les  premières  années  de  fon  règne.  François  I  quj 
aimoit  les  Sciences  Si  les  Savans ,  alla  un  jour  en- 
tendre Alciat  dans  les  Ecoles  de  Bourges. 

Mr.  Cathérinot,  dans  fon  Patriarchat  de  Bourges , 
prouve  que  Bourges  eft  non-iéulement  une  Priir.a- 
îie ,  mais  arrilî  i>n  Parriarchat -,  fes  principales  rai* 
fons  font  que  Didier,  Dcjiderius y  Evêque  de  Cà- 
hors ,  écrivant  à  faint  Sulpice  le  Débonnaire ,  Ar- 
chevêque de  Bourges ,  qui  mourut  en  640 ,  le  trai- 
te de  Patriarche  -,  Cette  lettre  eft  dans  Du  Cheihe  , 
Hijl.  GaU.  Script. p.  88  -,  Que  Théodulphe ,  Evêque 
d'Orléans,  écrivant  à  S.  Aouft,  ou  Aigulphe,  qui 
mourut  en  841 ,  dit  qu'il  a  par-deffus  les  autres  llion- 
neur  Patriarchal  du  premier  fiège ,  &  qu'il  a  fous 
lui  une  troupe  de  Pères  ;  que  le  Pape  Nicolas  ï. 
écrivant  à  S.  Raoul ,  aulIî  Archevêque  de  Bour- 
ges ,  qui  mourut  en  869 ,  le  nomme  Patriarche.  II 
devoir  dire  que  dans  cette  lettre  à  Raoul ,  le  Pape 
Nicolas  déclare  que  l'Archevêque  de  Bourges  ,  en 
verru  de  fon  Patriarchat  ,  n'avoit  de  jurildiâiion 
fur  l'Eglife  de  Narbonne  qu'en  cas  d'appel,  &  qu'il 
ajoute ,  qu'en  vertu  du  même  Patriarchat ,  il  de- 
voit  gouverner  l'Eglife  de  Narbonne  pendant  la  va- 
cance du  Siège  ;  ce  qui  eft  non-feulement  appeilcr 
l'Archevêque  de  Bourges  Patriarche  •,  mais  recon- 
noîtrc  qu'il  étoit  en  pofléilîoïi  de  ce  titre ,  &  qu'il 
en  exerçoir  les  fondions.  On  n'a  donc  pas  raifon 
de  dire  que  Nicolas  fur  le  premier  qui  donna  ce 
titre  .à  l'Archevêque  de  Bourses,  Catliéiinot  ajoute  , 
Jean  VIII  nomme  l'Eglife  de  Bourges  Cardinale , 


B  O  U 

Çoî  eft  un  nom  fort  approchant  du  Patriarchat  ; 
,<]uc  le  B.  Robeic  d'Arbriliçl ,  écrivant  à  Lci^er,  Ar- 
chevêque de  Bourges  ,  le  nomnic  auîfi  Patriarche  ; 
que  Gofredus ,  Prior  Vojienjis  [Geofroi ,  Prieur  de 
yigeois  en  bas  Limouhn  )  qualifie  Patriarche  de 
Bourges  :  Albert ,  Archevêque  de  la  même  ville  \ 
que  la  Glole  du  Décret  reconnoîr  un  Patriarchat  à 
Bourges  :  c'efl:  Tous  la  Diftiniit.ii ,  Ganon  7. S.  An- 
tonin.  Archevêque  de  Florence,  mort  en  I45'5)  , 
obferve  qu'il  y  a  trois  choies  dans  l'Eglife  de  ifowr- 
^f^ ,  Métropole ,  Primatie  &  Patriarchat.  Le  Cardi- 
nal Alexandre  pafle  plus  avant  fur  \t  Canon  Defi- 
nimus  ,  diji.  zi  Se  dit  que  T Archevêque  de  Bourges 
eft  le  premier  Patriarche  après  les  quatre  premiers. 
En  1210,  ou  environ,  Philippe  Augufte  écrivit  à 
Innocent  III ,  pour  faire  confirmer  la  Primatie  de 
Bourges  ,  parce  que  c'é^oit ,  dit-il ,  le  feiil  Patriar- 
chat de  ion  Royaume.  Enfin  ,  Coquille  ,■  le  plus 
judicieux  de  nos  Juriiconfukes  François  ^  &  Chal- 
feneux ,  difent  la  même  chofc.  II  prétend  même  que 
les  Archevêques  de  Bourges  ont  exercé  les  fonc- 
tions Patriarchales  ;  que  c'eil  en  cette  qualité 
que  Vaugrin  ,  Archevêque  de  Bourges ,  bénit  en 
iiii  ,  Suger,  Abbé  de  liiint  Denys  dans  l'Eglifc 
de  faint  Denys  même  ,  en  préfence  de  Louis  le 
Gros  ;  que  Guillaume  de  Boilratier  ,  qui  mourut 
en  1421  ,  Henri  d'Avaugour  mort  en  1446',  &]e 
Cardinal  de  Tournon  ,  ont  aulli  fait  les  mêmes 
fonélions,  auifi-bieri  que  M.  de  Beaune,  qui  don- 
na l'abiblution  à  Henri  IV ,  &  il  cite  les  preuves 
des  libertés  Gallicanes,  p.  40(j,  M.  Cathérinot  con- 
jcélure  que  le  Patriarchat  de  Bourges  fut  inftitué 
^  fous  Louis  le  Débonnaire ,  Roi  des  Aquitaines ,  & 
depuis  Empcreui'.  Ses  principales  raifo'ns  font ,  que 
la  ville  de  Bourges  étoit  devenue  alors  capitale 
de:  trois  Aquitaines  ,  &  que  vers  ce  temps-là  Raoul , 
Archevêque  de  Bourges  ,  eft  traité  de  Patriarche. 
Voilà  ce  que  fa  Diffettation  contient  de  plus  par- 
ticulier. Cette  conjeélure  eft  détruite  par  le  fait 
de  S.  Didier ,  rapporté  ci-deflus  par  M.  Cathéri- 
not lui  -  même.  S.  Didier  ayant  vécu  fous 
bagoberl;  ,  (  Clovis  II  ,  )  &  fous  Sigebert  fils 
de  Dagobert ,  Sigebert  étoit  Roi  d'Auftralîe ,  ainfi 
Bourges  avoir  un  Patriarche  dès  le  Yîh  fiècle.  Raoul, 
élu  Archevêque  en  840  dans  des  lettres  de  fondation 
d'un  Monaftère,  rapportées  par  le  P.  Mabillon  , 
Jcl.  SS.  Eened.  Sœc.  IV.  P.  IL  p.  1158  ,  prend  le 
titre  d'Evêque  du  premier  Siège,  primes fedis  Epif- 
copus.  Bourges  a  une  Univerlitc  fameufe  autrefois 
pour  le  Droit ,  &  où  il  vient  encore  beaucoup 
d'étrangers.  M.  l'Abbé  Fleury ,  qui,  dans  fon  Hljr. 
EccL  L.LV.p.\%o,  Tom.  XI,  &  Liv.  LXXXIK. 
p.  ')iç),T.Xy'II,  réconnoît le Patriarclut de  Raoul, 
croit  aufîi  qu'il  fut  érigé,  parce  que  Bourges  étoit 
la  capitale  du  Royaume  d'Aquitaine",  que  Charle- 
inagne  avoir  donné  à  Louis  le  Débonnaire,  &  il 
ne  croit  pas  qu'on  ait  parlé  de  ce  Patriarchat  avant 
ce  temps-là.  Cependant  Théodulphe  d'Orléans  vi- 
voit  &  écrivoit  plus  de  vingt-ans ,  &  Didier,  cité 
par  M.  Cathérinot ,  plus  de  200  ans  avant  le  Pape 
Nicolas. 

Quant  à  la  Primatie  ,  elle  s'écendoit  d'abord  fur 
les  Provinces  de  Narbonne  ,  d'Auch  ôç  de  Bour- 
deaux.  La  Province  de  Narbonne  eft  la  première 
qui  s'en  eft  fouftraite  ,  enfuite  celle  d'Auch-,  mais 
Courdeaiix  y  demeura  Ibumis ,  &  en  11^6  ,  Eugê- 
r.e  m.  confirma  par  une  Bulle  la  Primatie  de  Bour- 
ges fur  cette  Province  •,  &  les  Archevêques  de  Bour- 
ges ont  Joui  inconteftablement  de  ce  droit  pendant 
pliifieurs  fiécles ,  comme  il  pnroît  par  la  Tranflation 
de  Frotaire ,  qui  en  871J  ,  demanda  en  gracç  de 
pafler  du  Siège  de  Bourdeaux  à  celui  de  Bourges, 
êc  parla  lettre  de  Philippe  Augufte  à  Innocent  III. 
en  faveur  de  Gérard  de  Cros ,  Archevêque  de  Bour- 
ges ,  rapportée  dans  le  Gal/ia  Chrlfiio-rfa  ,  Tom. 
I.  p.  174.  Les  Rois  d'Angleterre  ,  devenus  Ducs  de 
Guyenne  ,  voulurent  fouftraire  Bourdeaux  à  la  Pri- 
matie de  Bourges  ;  Philippe  Augufte  s'en  plaignit  à 
Innocent  III.  en  121 1  ,  &  le  pria  dç  çonlervei:  J.çs 


B  Ôtf 


i? 


droits  de  c^tte  Egliie  ,  qiii  étoit  la  feiilc  Primatiale 
de  fon  Royaume.  Ce  Pape  confirma  ce  droit  à  S. 
Guillaume  l'an  120Q,  &;  leiuppofant  incontcftable,'. 
l'année  1212  ,  il  confirma  la  ilifpenfe  prononcée  par 
l'Archevêque  de  Bourges  contre  l'Archevêque  de 
Bourdeaux  ,  pour  n'êrre  pas  venu  à  Ion  Concile  -,  Se 
ne  la  leva  qu'après  qtxe  l'Archevêque  de  Bourdeaux 
eut  promis  d'aller  au  Concile  de  Bourges  quand  iî 
y  feccit  appelé.  Alexandre  III,  Luce  lll  ,  Urbain 
IlI,ClementIII ,  Céleftin  III  ,&  enfin  Grégoire  IX, 
prononcèrent  en  faveur  de  Bourges  ,  &:  les  Arche- 
vêques de  Bourdeaux  reconnurent  fans  difficulté 
l'Archevêque  de  Bourges  pour  leut  Primar  ,  com- 
ine  il  paro'ir  par  une  lettre  d'Etienne  de  Noyon  à 
Honorius  III  ,  par  i'Auteur  de  la  vie  de  S.  Guil- 
laume  dans  Surius  ,  par  la  lettre  que  Gérard  de 
Malmort  ,  Archevêque  de  Bourdeaux  ,-  écrivit  le 
28  Odtobre  de  l'année  1147,  à  Philippe  Bcrruyer, 
Archevêque  de  Bourges  ,  qui  lui  avoir  mandé  qu'il 
alloit  faire  fa  vifite  dans  fa  Province ,  qu'il  fe  pré- 
parer ,  &  qu'il  en  avertît  fes  fuJfragants  >  à  quoi  Gé- 
rard répond  qu'il  eft  prêt  à  la  recevoir  avec  hon- 
neur ,  aufli-bicn  qu'à  exécuter  fes  ordres.  Enfin  ,  en 
1155  ,  le  Cardinal  Ocuivien  j  par  commilîiori  du 
Pape  ,  fit  un  règlement  pour  la  vifite  de  l'Archevê- 
que de  Bourges  dans  la  Province  de  Bourdeaux  ,  &c 
le  Pape  Alexandre  IV  le  confirma.  Ce  ne  fut  qu'en 
I505  ,  que  Clément  V,  qui  aVoir  été  Archevêque 
de  Bourdeaux  ,  rranfporta  j  fi  on  en  croit  Matthieu 
deWeftminfter  &  Wallingham  ,  deux  Auteurs,  An- 
glois ,  la  Primatie  d'Aquitaine  de  Bourges  à  Bour- 
deaux, 

Quelques-uns  confondent  le  Patriarchat  de 
cette  Eglife  avec  fa  Primatie  ,  comme  fi  c'étoit  la 
jnême  chofe.  MefTieurs  de  Sainte-Marthe  ,  dans  leur 
GalUaChriJtiana  ,  Tome  I.p.  I40 ,  conviennent  que 
Sulpice ,  Archevêque  de  Bourges  ,  eft  appelé  Pa- 
triarche par  Didier  de  Cahors ,  'mais  ils  difent  qu'en 
ces  temps  Patriarclie  ne  iignifioit  au'n'é  chofe  que 
Métropolitain.  Tout  ceci  eft  tiré  de  MeiTieuis  de 
Sainte-Marthe  ,  Cathérinot  &  de  Hauteferre  ,  Rer. 
jîquit.  L.  IV.  c.  4.  De  la  Brûufle  a  écrit  contre. 
P^oye^  Bourdeaux. 

Bourges  porte  d'azirr  à  trois  moutons  d'argcnr  3 
accollés  de  gueules  ,■  clarines  d'or  ,1,2,  a  la  bor- 
dure dentelée  de  çuculrs. 
BOURGMESTRE  ,  ou  BOURGUEMESTRE  ,  f.  m. 
rS  fe  prononce. Premier  Magiftrat  des  villes  de  Flan- 
dres ,  de  Hollande  &  d'Allemagne.  Il  eft  comme  le 
Maire  &  le  Gouverneur  ;  il  donne  des  ordres  pour 
le  gouvernement,  l'adminiftration  des  finances ,  la 
juftice  8c  la  police  de  la  ville.-  Le  pouvoir  Se  les 
droits  des  Bourc;uemefires  ne  font  pas  égaux  par- 
tout :  chaque  ville  a  lés  loix  &  les  ftatuts  particu- 
liers. En  allemand  on  l'appelle  Burgermeificf.  On 
ne  fait  pas  bien  comment  on  pouroit  exprlmet  cette 
dignité  en  latin.  Les  uns  Texpriment  ^a.i:  Sena:or  ,_ 
&  les  autres  par-  Confu/.  Quelques  -  uns  dé  ces 
François  ReligionnaircS  réfugiés  danâleis  pays  éttan- 
gers,  qui  fe  mêlent  d'écrire  en  françois ,  écrivent 
Bour^maitres  ,  mais  ti'ès-m\il ,' il  faut  dire  &  écrire 
Bourgmcjire, Se  pronoi-)ccr ['s. 

Ce  mot  s'eft  fofinè  de  deux  tcmres  ilamarts  ;  .gor- 
.<^fr,  bourgeois  ,  &  Meefier ,  ma.hxe  ,  c'eft-à-dire ,  le 
maître  &:  le  protecSteur  des' bourgeois.  M.Bruneau  , 
dans  fon  Traité  des  Criées  ,  dit  que  SoiJrsuemejlre 
en  Hollande  répond  à  ce  qu'on  appelle  Aldertruin  , 
&  Shérif  en  Anglererrc  ,  Attoufné  à  Compiegne , 
Capitoul  A'Yo\\\o\\(ii  ,  Confitl  en  Auvergne  &:  Lan- 
guedoc,/«r^r  à  Bourdeaux,  Pair  de  Ville  à  Beau  vais, 
Echevin  à  Paris ,  Lyon  ,  Rouen ,  Tours,  Angers ,  êy/ 

Bo'uF-GUEMESTREs ,  fe  dit  auilî  figiïrément  &:  en  badi- 
nant des  plus  confidérabies  bourgeois  d'une  ville, 
Tous  les  honorables  Bourguemefires  jerterent  les 
yeux  fur  nos  inconnus.  Scar,' 

BOURGO.   Voye:^  Bi;rgau. 

BOURGOGNE.  Grand  pays  de  France ,  qui  a  pbuc 
bornes  à  l'orient  les  Suifies,  &  une  partie  de  l'Ai- 
face  f  à  l'occident  le  Gatinois ,  le  Nivf  rnois  ^  \^ 


î4  B  O  U 

Bûuibonnois  -,  au  midi  le  Lyonnoîs  &  la  Brefle  ;  iu 
nord  la  Champagne  de  la  Lorraine.  Burgundia.  Ce 
nom  de  Bourgogrig  vienr  de  celui  de  Bourguignons, 
peuples  qui  l'ont  conquiie  &C  poll'cdçe.  Celui  de 
Burgundia  ne  le  trouve  point  avant  Cailiodore. 
Nous  donnons  la  terminailbn  ogne  à  pluiicutsnoms 
de  lieux  termines  en  latin  en  ia  ,  comme  Cologne  , 
Boulogne, , Pologne  ,  Catalogne,  Sologne.  La  Bour- 
gogne efl:  le  pays  des  anciens  Eduens ,  Scnonois  Se 
Scquaniens.  La  Bourgogne  le  divile  en  deux  par- 
ties ,  dont  Tune  eil  le" Comte  de  Bourgogne  ,  ou  la 
Franche  Comté  ,  que  quelques-uns  appellent  la  hau- 
te Bourgogne  ,  l'autre  eft  le  Duché  de  Bourgogne  , 
que  quelques-uns  nomment  la  baffe  Bourgogne.  Les 
Eduens  Se  les  Sénonois  occupoient  celle-ci ,  Se  les 
Séquaniens  habitoient  l'autre.  La  Bourgogne  a  été 
a^^pelée  la  Mère  des  eaux,parce  que  plulîeurs  grandes 
tivièes  desGauIes  y  ont  leur  Iburce  ,  ou  l'arrolénr. 

Le  Duché  de  Bourgogne  eft  la  partie  occidentale 
àe  la  Bourgogne  ,  Burgundia  Ducatus  ,  qui  a  le 
Comté  de  Bourgogne  à  l'orient ,  au  midi  la  Brcffe  Se 
le  Beaujolois ,  le  Nivernois  au  couchant,  la  Cham- 
pagne au  nord.  La  capitale  du  Duché  de  Bourgo- 
gne eft  Dijon.  Les  vins  de  Bourgogne  font  les  meil- 
leurs vins  de  l'Europe  pour  l'uiage  ordinaire. 

Le  Comté  de  Bourgogne  eft  la  partie  occidentale 
de  la  Bourgogne  ,  qui  a  pour  bornes  au  couchant 
le  Duché  de  Bourgogne  ,"  Se  une  petite  '  partie 
de  la  Champagne  -,  au  nord  la  Lorraine,  au  levant 
le  Comté  de  Mont-Belliatd  î^:  la  Suiffe  ,  au  midi  la 
Breffe  Se  le  pays  de  Gex.  Dole  étoit  autrefois  la  ca- 
pitale du  Comté  de  Bourgogne,  aujourd'hui  c'eft  Be- 
îançon.  Le  Comté  de  Bourgogne  fut  cédé  à  la  Fran- 
ce par  les  Elpagnols  à  la  paix  de  Nmiégue  en  i6y^. 

Bourgogne  propre.  Quelques-uns  appellent  ainlî  les 
Dijonoisjl'un  des  fept  Bailliages  du  Duché  de  Bour- 
gogne ,  duquel  Bailliage  Dijon  eft  la  capitale . 

Royaume  de  Bourgogne,  C'eft  un  puiffant  Etat  que 
les  Bourguignons  établirent  autrefois  dans  les  Gau- 
les ,  Se  qui  comprenoit ,  outre  Ijs  deux  Bourgognes  , 
le  Nivernois ,  la  Breffe ,  le  Bugcy,  &  la  Suiffe  ;  &*qui 
s'étendit  enliiite  dans  le  Valais  ,1a  Savoye  &  le  Dau- 
phiné.  Le  Royaume  àçBourgogne  s'étendoit  du  côté 
du  Rhône  &  de  la  Saône ,  comprenoit  une  partie  de 
la  Provence  ,  &:  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
le  Dauphinc  ,  la  Savoye  ,  la  Franche-Comté  ,  pres- 
que tout  le  Duché  de  Bourgogne ,  le  Nivernois  Se 
une  partie  de  la  Champagne.  P.  Dan.  Il  étoit  divi- 
fé  en  fept  Provinces ,  dont  les  îviétropolcs  étoicnt 
Arles ,  Vienne  ,  Lyon  ,  Bezançon,  Mouftier  en  Ta- 
rentaife  ,  Embrun  ,  Aix  en  Provence.  Voye^  le  Mai- 
re ,  L.  III.  de  les  Illujir citions  des  Gaules ,  Se  Pierre 
de  S.  Julien  ,  Antiq.  des  Bourg,  pag.  6j\,  Enfuite  il 
fut  divifé  en  deux  Royaumes ,  dont  l'un  s'appela  la 
Bourgogne  Transjurane,  S:  l'autre  la  Bourgogne  Cis- 
Jurane,'L\\nSeVa\xx.ic  furent  réunis  fous  Raoul  IL 
Roi  de  la  Bourgogne  Transjurane ,  à  qui  Hugues 
Roi  de  la  Cisjurane  céda  fes  Etats  Se  fcs  droits  l'an 
çiij.  L'an  1032,  le  Roi  Rodolfe  IIL  étant  mort 
fans  enfans ,  tout  cet  Etat  échut  ,1  l'Empereur  Con- 
rad le  Saliqac  ,  &:  fes  fucceffeurs  en  jouirent  près  de 
deux  fiécles.  Après  quoi  étant  trop  éloignes  pour  le 
maintenir ,  ils  y  laifferent  établit  plufieurs  petits 
Souverains,  les  Comtes  de  Bourgogne,  de  Morienne, 
ou  de  Savoye  ,  de  Forcalquier  Se  de  Provence  ,  les 
Dauphins  de  Viennois ,  &:  les  Ducs  de  Zéringhcn. 
Enfin  ,  ces  petits  Etats ,  excepté  la  Savoye  Se  le  Du- 
ché de  Zéringhen  ,  ont  été  réunis  à  la  Couronne  de 
JFrance  en  différens  temps  ,  &par  différentes  voies. 

La  Bourgogne  Transjurane.  Ce  pays  comprenoit 
la  Suiffe,  &  fes  dépendances  avec  la  Savoye.  ^«r- 
gundia  Transjurana,o\x  Transjurenjis,  On  l'appelle 
ainlî ,  parce  qu'elle  étoit  au-delà  du  Mont  -  Jura  ,  ou 
Mont-Jeu ,  Trans-Montem  Juram  ,  grande  chaîne 
de  montagnes  qui  s'étend  depuis  le  Rhin  près  de 
Bâle  jufqu'au  Rhône  ,  à  quatre  lieues  au-deffous  de 
Genève.  Le  Royaume  de  la  Bourgogne  Transjurane 
commença  par  Raoul ,  ou  Rodolphe  L  l'an  888, 


B  O  IT 

Là  Bourgogne  Cisjurane,  en  latin  Burgundia  Cl<' 
jur.ina  ou  Cisjurenjis ,  ainli  appelée  parce  qu'el)' 
renfermoit  tout  ce  qui  étoit  en-deçà  clu  Mont-Ju- 
ra ,  cis  Montem-Juram  ,  le  divifoit  en  Cisjurane  in- 
férieure ,  Cisjurana  inj'erior  ,  qui  comprenoit  le  Du- 
ché de  Bourgogne  ,  le  Nivernois ,  la  Breffe  Se  le  Bu- 
gey  ,  Se  en  Cisjurane  fupéricurc ,  qui  étoit  la  Fran- 
che-Comté ,  Cisjurana  fuperior,  La  Bourgogne  Cis- 
jurane a  eu  titre  de  Rc)yaume  ,  que  l'on  a  autrement 
nommé  le  Royaume  d'Arles.  Il  commença  l'an  8757 
par  Bozon  d'Ardennes;&  finit  l'an  pip.Koye^  Arles. 
On  doute  (î  la  Cisjurane  fupérieure  faifoit  partie  de 
ce  Royaume,  ouli  elle  appartenoit  à  celui  d'Arles; 
yoye:^  la  Notice  de  M,  de  Valois  au  mot  Burgun^ 
dia^ 

L!L Bourgogne  Royale  j  Burgundia  Regia;  la  Bour- 
gogne Impériale  ,  Burgundia  Impsratoria.  On  a  don- 
né encore  ces  noms ,  le  premier  au  Duché ,  Se.  lef 
fécond  au  Comté  de  Bourgogne ,  vers  l'an  1051.0a 
1034.  lorfque  cet  Etat  tomba  entre  les  mains  de 
l'Empereur  Conrad.  Petite  Bourgogne.  On  a  ainlî 
appelé  les  quartiers  du  Mont- Jura  qu'occupèrent  les 
Nuetlandois  alliés  des  Bourguignons  ,  &  qui  font 
aujourd'hui  le  territoire  de  Fribourg  Se  autres  en 
Suiffe.  Voyez  Gollut,iVft'OT.  des  Bourg.  L.  Ill.chap,  1. 

Aujourd'hui,  ce  que  dans  l'ufage  ordinaire  on 
appelle  iimplement  la  Bourgogne  ,  c'eft  le  Duché  de 
Bourgogne.  Pour  le  Comte  de  Bourgogne  on  l'ap- 
pelle la  Franche-Comté ,  ou  Amplement  la  Comté. 

Le  Cercle  de  Bourgogne  comprend  le  Comté  de 
Bourgogne  Se  les  Pays-Bas.  Circulas  Burgundius.  Au 
commencement  de  la  dernière  guerre  les  troupes  du 
Cercle  de  Bourgogne  furent  reçues  dans  les  places 
du  Roi  d'Efpagne  en  Flandres,  &  dans  lesEtats  des 
Electeurs  de  Cologne  Se  de  Bavière. 

Autrefois  on  écrivoit  Bùrgoine  Se  Boiirgoine.  De- 
puis ,  quelques  -  uns ,  comme  Mézerai ,  ont  écrit 
Bourgongne  ,  mais  on  n'écrit  plus  que  Bourgogne,  Sc 
il  faut  prononcer  te  gn  comme  une  n  mouillée  à 
l'ordinaire.  Pour  l'Hiftoire  de  Bourgogne ,  il  y  a 
Pontus  Heuterus  Rerurn  Burgundicarum ,  L.  Vl. 
fol.  à  Anvers  1 584.  De  S.  Julien  V Origine  des  Bour- 
guignons,  fol.  à  Paris  1581.  Guil.  Paradin ,  Anna- 
les de  Bourgogne,  L.  III.  E.  Perard,  Recueil  de  plu-' 
fleurs  piices  ferrant  à  l'Hifîoire  de  Bourgogne  ; 
Nicol.  Vignerius,  Du  Cliefne,  E.  Delbene,  Schurz, 
Fleifchius,  Philb.  de  La  Mare,  cmt  aiùfi  écrit  l'Hif- 
toire de  Bourgogne. 
Bourgogne,  f.  m.  On  donne  ce  nom  au  vin  de  Bour' 
gogne  dans  le  ftyle  familier. 

En  quel  état  efî  votre  cave  ? 
Comment  fe  porte  le  ioff'u  f 
Qui  tres-fouvent  la  dent  je  lave  : 
Tout  rotre  bourgogne  eji-il  bii  ? 

DiVERT,   DE   S^ÀV-Xï 

Enfin  c'efl  bien  pauvre  bejhgne  , 
Que  de  belle  eau  claire  entre  nous, 
A  tout  hafard  garniJfei-voHs 
De  quelque  baril  de  Bourgogne,- 

ifT  Bourgogne,  f.  f.  Dans  quelques  endroits  ,  on 
donne  le  nom  de  Bourgogne  au  fainfoin. 

|tCF  La  Bourgogne.  Efpèce  de  danfe  françoife  qui 
fut  faite  pour  M.  le  Duc  de  Bourgogne, 

et?  BOURGOIN.  Bergufia ,  ou  Bergujïum,  Petite 
ville  de  France  en  Dauphin'é,  dans  le  Viennois,  fur  la 
petite  rivière  du  Pin, nommée  autrement , /<?  Bourre, 

(ÇT  BOURGUEIL ,  Burgolium.  Petite  ville  de  France, 
dans  l'Anjou,  avec  une  célèbre  Abbaye,  Ordre  de 
S.  Benoît ,  à  quatte  lieues  de  Saumur. 

BOURGUIGNON,  one,  f.  m.  &  £  Nom  de  peuple 
que  quelques-uns  écrivoient  autrefois  Bourguin- 
gnon.  Se  que  les  Anciens  ont  appelé  Burgundia,  Se 
quelquefois ,  comme  Ammian  Marcellin  ,  Burgun- 
dius ,  mais  plus  rarement.  Les  Modernes  difenc 
i'onvtnx.  Burgundus ,  mais  mal  à  mon  fens,  piiifque 
l'antiquité  a  dit  autrement.  En  parlant  des  anciens 
Bourguignons  M.  de  Tillemont  a  dit  en  françois 
Burgunies.  Foye^  ce  mot,  Les  Bourguignons  ,  fe- 


BO  U 

îoft  quelques  Auteurs  ^  croient  une  partie  cies  Van- 
dales 5  dont  la  première  demeure  fur  la  Cairubie  en 
Pomcrsnie,  avec  les  conrrées  de  Pologne  qui  en 
fonr  voiiincs.  Sous  Tibère  ils  ibrtirent  de  leur  pays, 
&c  conquirent  une  parrie  de  la  hailc  Allemagne.  Ti- 
bère &  Druilis  les  dirperfcrent  en  ditferens  camps 
le  long  du  Rhin ,   où  ils  multiplierenr  de  forre , 
qu'au  rapport  d'Oroie ,  L.  VIL  C.  5 1.  ils  parurent 
au  nombre  de  80.  mille  iur  le  bord  du  Rhin,  Sous 
l'Empire  de  Théodole  le  Jeune,  fils  d'Arcadius,  les 
AUemans  les  ayant  chafles  du  pays  dont  ils  s'ctoient 
emparés,  &:  que  nous  nommons  aujourd'hui  le  Pa^ 
latinat  du  Rhin ,  ils  paflerent  ce  fleuve ,  &  étant 
entrés  dans  les  Gaules ,  ils  vainquirent  les  Eduens , 
les    Séi^onois  &  les  Séquaniens  ,  les  chaflerent  & 
demeurèrent  maîtres  de  leur  pays ,  qui  depuis  fur 
appelé  de  leur  nom  de  Bourgogne,  où  ils  formèrent 
le   Royaume   ilont    nous  avons   parlé  au  mot  de 
BoTTRGOGNE.  Selon  M.  de  Valois,  les  Bourguignons 
ne  font  point  Vandales,  mais  une  nation  Germani- 
que, voifme  des  AUemans,  Sidonius  dit  qu'ils  par- 
loienc  le  langare  Germanique.  Tibère  ayanr  tiré  de 
la  Suabe  les  Sicambres,  leur  ayant   fait  paflér  le 
Rhin,  &  les  ayant  logés  dans  la  Gaule  fur  le  rivage 
de   ce  fleuve ,  Ifidore ,  Se  après  lui  plufieurs  au- 
tres, fe  font  imaginé  que  les  Bourguignons  font  ve- 
nus de  cczï'~  Colonie  de  Sicambres ,  &  confondent 
inconiidcrcment  les  uns  avec  les  autres. 

Selon  d'autres,  les  Bourguignons  fonr  de  ces  an- 
ciens Gaulois ,  qui  fous  la  conduite  de  Ségovèfe , 
du  temps  du  vieux  Tarquin,  s'éroient  établis  en 
Germanie ,  &  qui  pluiieurs  fîècles  après  revinrent 
dans  leur  ancienne  patrie.  Voyez  Chorier ,  Hi/L 
de  Daup.  Liv.  III.  §.  i.  p.  124,  1Z5.  Ammien  dit 
comme  une  chofe  confiante  que  les  Bourgni^^nons 
defcendoient  des  Romains  j  &  Orofe  prétend  que 
ce  font  ceux  que  Drufus  &  Tibère  ,  fils  adoptifs 
d'Auguftc ,  avoient  établis  dans  les  châteaux  &  daus 
les  bourgades  de  l'A-llemagne  ,  ?■:  qUe  même  ils 
ont  pris  leur  nom  de  ces  bourgs  -,  ce  mot  ligni- 
fiant à-peu-près  la  même  chofe  en  leur  langue  qu'en 
la  nôtre.  Néanmoins  Pline  ,  Liv.  IV.  C.  14.  en  fait 
une  nation  pU'-cment  Germanique  ,  une  partie  des 
Vindiles ,  qu'on  prétend  être  les  Vandales  \  &  quel- 
ques-uns prétendent  qu'ils  n'ont  été  appelés  Ro- 
mains ,  que  parce  qu'ils  croyoient  defcendre  des 
Gaulois ,  qui  avoient  été  faits  Citoyens  Romains. 
MarceDin  dir  qu'auparavant  que  les  Bourguignons 
'fe  fuffeni  inveRis  d'.:ne  partie  des  Gaules,  ils  ne 
s'appl'uoient  qu'aux  armes  &  au  labour,  &  lorf- 
que ,  contre  leur  efp.érance  ,  la  terre  leur  failbit 
faillite  ,  ils  entroient  en  une  fureur  (î  étrange  ,  qu'ils 
chalfoient  leur  Roi  de  leur  Royaimie ,  &  en  inf- 
talloient  un  autre.  Paso.  Les  Bourguignons  ne  com- 
mencèrent à  paroître  &  à  fe  jeter  fur  les  terres  de 
l'Empire  Romain  que  fous  Maximien  vers  la  fin  du 
troiliéme  (îècle.  Les  Bourguignons  palferent  le  Rhin, 
&  entreront  en  Gaule  avec  les  A.lains  &  les  Van- 
dales fous  Honorius  &  Arcadius ,  au  quatrième  fiè- 
cle.  Les  Bourguignons  ,  que  l'on  croit  n'avoir  été 
ctirfcrens  des  Vandales  que  par  le  nom ,  ne  mar- 
choient  au  commencement  que  fous  les  mêmes  en- 
/eignes  &  fous  les  mêmes  chefs.  Mais  ayant  traver- 
fé  le  Rhin  enfemble ,  ils  fe  féparerent  par  le  con- 
feil  4e  leurs  Prêrrcs ,  parce  qu'ils  avoient  embraf- 
fé  le  Chriftianifme,  que  ces  autres  nations  avoient 
en  horreur.  Chor.ier. 

On  ne  convient  guère  plus  de  l'origine  du  nom  , 
que  de  celle  du  peuple.  La  plus  vraifemblable  eft  que 
Bourguignon  ,  Burgundio  ,  ou  Burgundius  ,  n'cfl: 
point  leur  premier  nom  ,  ni  un  nom  qu'ils  aient 
apporté  en  Allemagne  ou  en  France ,  ou  qu'ils  fe 
foient  donné  eux-mêmes ,  mais  un  nom  que  les  Al- 
lemans  ou  les  François  leur  donnèrent ,  parce  qu'ils 
bâtirent  aurour  du  pays  qu'ils  avoient  conquis  un 
grand  nombre  de  châteaux,  ou  camps,  Cajlra  , 
pour  leur  sûreté  -,  que  c'étoit-là  une  de  leurs  cou- 
tumes ,  &  que  château  ou  camp  fe  dit  en  allemand 
&  en  ancien  franc,    ^arg,  ou  bourg  ,  d'où  l'on 


o  u 


ly 


fit  Bourguignons  ,  comme  qui  diroît  Chafrelains" 
C'eft  l'étymologie  d'Oroiius ,  d'Ilîdore  ,  &  de  plu- 
fieurs autres.  Luitprand ,  L.  III,  c.  1 1,  parlant  des 
Bourguignons  ,  dit ,  Ipji  domoriim  congregationem  , 
quœ,  muro  non  claïuhiur ,  hurgum  vacant.  Et  dans 
les   fragmens  de   Frédégaire  on  lit  Burgundionum 

80  fcre  millia ad  Rhenutn  dej'cenderunt ,    &  uli 

cdjtra  poj'uerunt ,  quaji  Burgo  vocitaverunt ,  ob  lioi 
nonun  acceperum  Burgundiones,  Voyez  encore 
Oforius,  L.  VU.  Hiji.  6.  4. 

D'autres  ,  qui  approuvent  dette  étymologie  ,  dî- 
fcnt  que  les  Bourguignons  ne  furent  point  ainii  nom- 
més des  bourgs  forrifiés  qu'ils  conftruifoient ,  mais 
des*  bourgs  non  fortifiés  &  tout  ouverts  que  Dru- 
fus &  Tibère  les  obligèrent  de  former ,  pour  di- 
vifer  en  plufieurs  petites  habitations  fcparées'&  fans 
défenfes  ,  cette  nation  qui  commençoit  à  leut  de-' 
venir  fufpeéte  par  fes  forces  &  fa  multitude.  C'eli 
le  lentiment  de  Paradin  dans  les  Annal,  de  Bourg, 
L.  I.  Chorier,  Hiji.  de  Dauph,  p.  ^^^^S  ,  459.  dit 
que  c'efl:  ptarcequ'ils  joignoient  leurs  rentes  pour 
être  plus  prêts  à  leur  défenfe  commune ,  &  nom- 
moient  bourgs  ces  aifemblées  qui  avoient  du  rap- 
port avec  les  villes ,  qui  néanmoins  n'étoient  point 
fermées  de  murailles. 

Quelques  Modernes ,  après  M.  de  Valois ,  trai- 
tent de  ridicule  cette  étymologie  tirée  du  mot 
bourg,  eftimant  que  de  £?/ro' on  auroir  fait  Burgio' 
nés ,  &  non  pas  Burgundiones  ,  c'eft-à-dire  Burgion  , 
&  non  pas  Bourgui«^nons  ;  mais  il  faut  de  meil-' 
leures  raifons  ,  dit  M.  deTillemont,  pour  fe  mo- 
quer des  anciens  Auteurs.  D'autres ,  comme  Rhé- 
nanus ,  qui  tiennent  cette  étymologie  pour  vraie , 
remontent  à  la  langue  grecque ,  &  tirent  burg  de 
n-v/i'/k,  une  tour.;  &  fi  l'on  croit  Picard  ,  dans  fa  Ce/- 
topédie ,  \\  n'y  a  aucun  bon  Auteur  qui  n'en  con- 
vienne. Quoi  qu'il  en  dife  néanmoins ,  &  quel- 
que vraifemblable  que  puifîe  être  cette  opinion  , 
ce  mot  peut  n'être  point  grec  ;  &  Pierre  de  S.  Ju- 
lien ,  dans  fes  Antiq.  des  Bourg,  ch.  u.  réfute  cette 
opinion,  parce  que,  1°.  les  Bourguignons  ;  ni  les 
AUemans ,  dont  ils  faiibient  partie ,  ne  lavoienc 
point  le  grec  ,  &  n'en  ont  eu  connoiilànce  que 
fort  tard,  quoique,  félon  Rhénanus ,  ils  aient  éré 
nommés  Bourguignons  plutôt  qu'on  ne  penfe  ;  c'eft- 
à-dite,  avant  Tibère.  2".  Les  Germains,  ni  par  con- 
féquent  les  Bourguignons  ,  ne  demeuroient  point 
dans  des  villes,  &  ne  renfermoient  point  leurs  ha- 
bitarions  de  murailles ,  ainfi  que  Tacire  nous  l'ap- 
prend. 30.  Que  -Ki^yai  eft  une  tour  ,  &c  non  point  un 
bourg.  D'autres  ont  dit  que  Burgundio  s'étoit  dit 
pour  Gurgundio  ,  à  Gurgitibus  ,  parce  que  la  Bour- 
gogne a  été  nommée  la  Mère  des  eaux  ,  à  caufe  que 
les  plus  grandes  rivières  des  Gaules  y  ont  leur  cours , 
ou  leurs  fources  -,  mais  ces  peuples  portoient  le  nom 
de  Bourguignons  avant  que  la  Bourgogne  eût  été 
nommée  la  Mère  des  eaux ,  &  qu'ils  y  fuÀenr  placés  ; 
&  il  faut  dans  ce  fentiment  foutenir  que  les  Bour- 
guignons font  Indigènes  ,  ce  qui  eft  faux. 

D'autres  prétendent  que  c'étoit  un  peuple  forti 
de  la  Scythie  ,  &  qu'ils  campoient  fous  des  tentes  , 
qu'ils  nommoient  Burgs  ,  d'où  ils  furent  appelés 
Bourguignons.  Mais  M.  de  Valois ,  dans  fa  Notice  des 
Gaules ,  prétend  que  les  Bourguignons  qui  s'éta- 
blirenr  en  Gaule  font  fort  différens  des  Bourgui^ 
gnons  venus  de  Scythie.  Ceux  qui  difent  que  ce  font 
de  ces  Gaulois  de  Ségovèfe  ajoutent  qu'ils  ptirent  !e 
nom  de  Boursuimons  en  l'honneur  d'Hercule  qu'ils 
adoroient  fous  celui  d'Ognius. 

Enfin,  quelques-uns  difent  qu'ils  ont  été^ ainfi 
nommés  du  nom  d'un  lieu  fitué  dans  le  diocèfe  de 
Langres ,  &  qui  s'appeloit  Bourg  Ongne  ,  ou  Ogne  , 
&  dont  le  nom  efl  refté  à  la  vallée  d'Ogne.  C'efl 
le  fentiment  de  S.  Julien ,  Antiq.  des  Bourguignons, 
C.  1,  5,  4,  5  -,  c'efl  pour  cela  qu'il  écrir  Bourgogne  &C 
Bourgognons,  "  Il  prérend  que  Ongne  en  ancien  lan- 
gage celtique  fignifîoit  Dieu  Ssi  Dieux ,  parce  que! 
ÏBourgognc  efl  la  même  chofe  que  Burgus  Deorum , 
Bourg  "des  Dieux,  qui  étoit  au,  même  lieiH'q'-ie 


x^ 


EOU 


Bo  ir 


c'efl  de-lix  aufll  qii'a  été  fait  Burgiindia,  de  lurgum , 
&c  dia  ;  mais  tout  cela  n'a  pas  grande  apparence.  Les 
Bourguignons  ctoient  ainii  nommés  avant  qu'ils  pal- 
faflen't  le  Rhin ,  6:  qu'ils  habitaflent  le  lourg  d'Ogne. 
Ogne  eft  une  terminailbn  que  nous  donnons  à  bien 
d'autres  lieux  ,  comme  je  l'ai  déjà  remarqué  au  m.ot 
Bourgogne  ,  après  de  faint  Julien  lui-mcme,  Dia 
eft  de  même  une  pure  terminailbn  latine, 

M,  de  Marca ,  dans  fon  Hijt.  de  Bearn  ,  Liv.  I. 
p.  119  en  parlant  de  Burgundio  ,  Comte  de  Fézen- 
iac  vers  le  commencement  du  neuvième  iiècle ,  dit 
que  le  nom  de  Burgimd ,  ou  Bergung ,  exprime 
en  latin  par  Burgundio  ,  eft  un  ancien  nomgalcon , 
mais  il  n'en  apporte  point  de  preuves ,  &  ne  dit 
point  ce  qu'il  lignifioit. 

Voyez  le  mot  de  Bourg  ,  &c  fur  la  Bourgogne  8c 
les  Bourguignons,  V Antiquité  de  l'Origine  des  Bour- 
giiignons  par  P.  de  S.  Julien  ■■,  les  Annales  de  Bour- 
gogne, par  G.  Paradin  de  Cuyfeaux.  La  Notice  des 
Gaules  de  M.  de  Valois.  Beatus  Rhenanus ,  Rerum 
Germanicarum  Nov.  Antiq.  lur-tout ,  Liv.  l,  &  //. 
&.  les  Notes  qu'Otton  a  faites  lur  cet  ouvrage  ; 
Cluvier ,  Germ.  Ant.  L.  IlL  p.  145.  &  fuiv.  Camb- 
den  5  p.  6i^,  Britann.  de  Hautelerre ,  Not.  in  Greg. 
Tur.  p.  ^C  &  73  ,  74.  Chorier  ,  HifL  de  Dauphiné. 
Bourguignon.  Ce  mot  eft  venu  en  ulage  dans  la  lan- 
que  par  ce  proverbe  ,  Bourguignon  i'alé  ,  qu'on  dit 
par  reproche  à  ceux  qui  aiment  à  ialer  trop  leurs 
viandes  :  ce  qui  s'cft  dit  depuis  l'an  1412.  auquel 
temps,  y  ;>  .\.nt  dans  Aiguefmortes  vme  compagnie 
de  Bourguignons  ,  les  bourgeois  fe  ruèrent  fur  cette 
garnifon  ,  i!<  jf^cerent  leurs  corps  dans  une  grande 
cuve  de  pierre  ,  qu'on  y  montre  encore  à  préfent , 
&  ils  les  falcrent  pour  Iv-;  conferver  plus  long-temps , 
comme  un  glorieux  tr.  phce  de  leur  fidélité  envers 
leur  Roi  légitime  -,  eu  (implement ,  comme  dit  An- 
doque  dans  fon  Hifi.  de  Languedoc  ,  p,  444.  de  peur 
que  ce  qui  s'exhaloit  des  corps  morts  de  ces  Bour- 
guignons n'infecStât  l'air ,  ils  hrent  un  grand  trou , 
dans  lequel  ils  les  jetèrent ,  6c  les  couvrirent  de  fel, 
Ceft  de-là  ,  félon  Monftrelet  8c  Juvénal  des  Ur- 
fins ,  qu'eft  venu  ce  proverbe.  La  Faille ,  dans  fes  An- 
nales de  Touloufe ,  p.  175.  dit  précifément  la  même 
chofe  qu'Andoque.  D'auttes  tirent  ce  proverbe  du 
fel  qui  fe  fait  à  Salins  ,  à  caufe  que  les  Bourgui- 
gnons ont  eu  plulieurs  difputes  pour  leurs  falines. 
Bourguignon,  f.  m.  Ce  mot  fe  dit  dans  le  ftyle  fa- 
milier j  pour  fignifier  du  vin  de  Bourgogne.  Avalons 
de  ce  bon  Bourguignon.  On  emploie  ce  mot  en  ce 
fens  dans  les  chanfons  à  boire. 
Bourguignon,  f.  m.  Terme  de  mer.  Les  Mariniers 
appellent  ainfi  les  glaces  féparées  que  l'on  rencon- 
tre en  mer. 
BOURGUIGNONISME.  f.  m.  Expreffion  Bourguj- 
gnone  ,  patois  de  Bourgogne.  Ceft  un  terme  dont 
s'eft  fervi  Mr.  de  la  Monnoye  dans  fon  Gloflaire  , 
au  mot  Dé[ar.  Cet  Auteur  a  fait  de  même  le  verbe 
Bourguignonifer ,  rendre  Bourguignon ,  au  mot  Pi- 
taincke. 
^  BOURGUIGNONNES  (  Loix  ) ,  font  celles  qui 
étoient  en  ufage  chez  les  Bourguignons  avant  Gon- 
debaud  ,  l'un  de  leurs  derniers  rois  ,  qui  les  reforma 
8c  en  fit  une  el'pcce  de  code  ,  qu'on  appela  de  fon 
nom ,  loix  Gombettes. 
BOURGUIGNOTE.  f.  f.  Arme  défenfive  pour  cou- 
vrir la  tête  d'un  homme  de  guerre  :  c'eft  une  ef- 
pèce  de  cafque  ,  ou  de  falade.  Galea.  Son  nom  vient 
de  ce-  que  les  Bourguignons  s'ent  font  fervis  les  pre- 
miers, ffy  Cette  armure  de  tête  dont  le  fervoient 
les  piquiers  n'eft  plus  en  ufage. 
^CT  On  appelle  maintenant  Bourguignote ,   une  for- 
te de  bonnet ,  garni  en  dedans  de  pluiîeurs  tours 
de  mèches  &c  revêtu  d'étoffe  que  l'on  porte  dans 
les  ocçafions  à  l'armée  pour  parer  le  coup  de  fa- 
bre.  AcAD.  Fr. 
A  i-A   Bourguignote.  Phrafe  adverbiale.    A  la  ma- 
nière des  Bourguignons.  Bursundionum  more ,  inf- 
/<rr.Des  françois  croifés  à  la  Bourguignote.  Gollut, 


il  l'expliqucportans  croix  8c  ccharpes  deBourgogne* 
BOURI.  f.  m.  On  nomme  ainii  en  Egypte  le  Muge  y 
des  œufs  de  la  femelle  duquel  on  fait  la  buutargue. 
BOURIAGE.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fc  difoit  autrefois 
pour  métairie.  Frœdium  ru/licum.  Il  eft  encore  en 
ufage  dans  quelques  Provinces. 
BOURJASSOTTE.  f.   f.  Efpèce  de  figue.  Il  y  a  la 
petite  éourjajfotte  ,  qui  eft  noirâtre  ,  ou  plutôt  d'un 
violet  obfcur,    tel  qu'eft  celui  de  certaines  prunes  ; 
elle  eft  fort  délicate,  mais  elle  ne  rapporte  guère 
au  printemps ,  &c  mûrit  rarement  à  l'automne.  La 
Quint.  P.  III.  c,  j  p.  415, 
BOURIER.  f.  m.  Mot  ufité  dans  quelques  provin- 
ces 8c  qui   n'eft  pas  françois.    Il  ne  fe  prend  pas 
feulement  pour  les  ordures  qui  font  dans  le  ble , 
mais  pour  toutes  fortes  d'ordures.  Purgamenta.  Cet- 
te chambre  eft  pleine  de  bouriers  ,  il  faut  la  ba- 
layer. J'ai  un  bouTier  dans  l'œil  qui  m'incommode. 
Ce  mot  femble  venir  de  bourre,  comme  ii  les 
bouriers  étoient  les  poils  de  bourre. 
BOURIGNONISTE.  f.  m.  $>i  f.  Nom  de  Sede.  Les 
Bourignonifles  ibnt  dans  les  Pays-Bas  ProteftaTis,ceux 
qui  fuivent  la  'doultine  d'Antoinette  Bourignon  , 
native  de  Lille  ,   apoftate  de  la  religion  Catholi- 
que ,  ^  qui  étoit  une  elpèce  de  Quiétifte ,  ou  Fa- 
natique ,    qui  fe  conduifoit  par  de  prétendues  ré- 
vélations ,  8c  avoit  beaucoup  d'attraits  pour  la  to- 
lérance en  matière  de  religion  ,    comme  il  paroît 
par  \z%  Nouvelles  de  la  Rcp.des  Lett,  KÎ85.  Avril, 
pag.   410,   Voyez  au  même  endroit  ,  pag.  418  Si 
fuivantes.  Il   y  a  beaucoup  de  particularités  tou- 
chant la  Bourignon  èc  les  Bourignonijtes   fes  dif- 
ciples.  Voyez  aulîi  la  vie  de  M'"^  Bourignon, 
BOURIQUÉT  Foy.  BOURRIQUET. 
BOURLET.  Foyei  BOURRELET. 
BOURME ,  ou  BOURMIO.  f.  m.  Ce  font  les  foîes 
Legis  de  Perfe  ,  qui  ne  font  pas  de  la  meilleure 
qualité  ,    eJJes  ne  font  que  de  la  féconde  efpèce, 
FoYei  Legis. 
UCr  BOURMONT.  Burnonis  mons.  Bourg  de  Fran- 
ce ,  dans  le  Barrois ,  au  Baifigni  fur  une  montagne, 
BOURNAL.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  fignifie  un  rayon 
de  miel.  Favus  mellis.  Il  eft  encore  en  ufage  dans 
la  campagne. 
|p=-  BOURNEUF  ,  Village  de  France  en  Bourgogne  , 
bailliage  8c  recette  de  Chàlon-fur-Sône ,    près  de 
Mercurey.    Ses  vins  font  de  bonne  qualiré. 
TfF  BOURNIQUET.  Bnrnichildis  cajirum ,   petite 
ville  de  France,  enGuienne,  dans  le  Quercy,  fut 
l'Aveiroux  ,  aux  confins  du  haut  Languedoc, 
BOURNOYEUR.  f.  m.  Foye^  Ardent. 
BOURON.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  lignifie  Cabane. 
§CF  BOURON ,  ville  de  la  Turquie ,    en  Europe  , 
dans  la  partie  méridionale  de  la  Romanie  ,  avec 
un  Evcché  des  Grecs  -,  Bijtonia  ,  fur  un  lac  de  même 
nom,  Bijîonis  Lacus  &C  Bijlonium  Jlagrium. 
Ce?  BOUROU-IERDE,  ville  de  Perfe  ,  à  74".  50' 

de  long.  8c  34<-\  20'  de  lat. 
BOURRACHE ,  ou  BOURROCHE.  f.  f.  Terme  de 
Botanique.  Le  premier  eft  le  plus  en  ufage.  Borrago. 
Plante  fort  commune  dans  les  jardins.  Sa  racyie 
eft  blanchâtre ,  gro/lè  comme  le  doigt ,  vifqueufe  au 
goût  ;  elle  pouffe  des  feuilles  larges ,  arrondies , 
fucculentes,  ridées ,  âpres  dans  toute  leur  furface, 
à  caufe  d'un  poil  court  8c  dur  dont  elles  foi^t  cou- 
vertes. Ses  tiges  font  allez  foibles ,  hérilfées  de  pe- 
tits poils  piquans ,  branchues  ,  hautes  d'un  pied 
&c  demi ,  garnies  de  quelques  feuilles  femblables  à 
celles  du  bas  ,  mais  un  peu  plus  petites.  Ses  tiges 
ôe  fes  brandies  fe  terminent  par  des  bouquets ,  com- 
pofés  de  trois  ou  quatre  fleurs  bleues  le  plus  fou- 
vent  ,  quelquefois  blanches  ou  couleur  de  chair  > 
8c  femblables  à  une  molette  d'éperon.  Leur  calice 
eft  vert,  velu,  découpé  en  cinq  parties  jufqu'à  la 
bafe  ;  il  devient  a/îez  grand  lorfque  la  fleur  eft  paf- 
fce.  Se  il  contient  quatre  femences  qui  rellemblenc 
à  la  tête  d'une  vipère.  La  fleur  de  bourrache  eft  du 
nombre  de  celles  qu'on  nomme  cordiales.  On  met 
içs  feuiilçs  de  hurr^dii  àmi  les  Jt>(?uiJJons  rafiraî- 


BOIT 

dil/îans  i  &  Ton  fiic  poui-.b  par  les  lUcurs  &  l.i  trani*- 
piiation.  Parce  que  la  l-ourrache  clr  cordiale,  on 
l'appelle  en  latin  ùorrago  ,  qui  vient  de  corago , 
ny  ayant  que  le  C  qui  a  été  change  en  B. 

La  bourrache  ne  iè  multiplie  que  de  graine  >  qlii 
efl:  noire ,  d'un  rond  un  peu  alongc  en  ovale  bof- 
Ice ,  ayant  d'ordinaire  un  pictir  bout  blanc  du  cô- 
té de  la  bafe ,  &  ce  bout  lcp>arc  du  refte  ;  la  lon- 
Ë;ueur  eft  toute  comme  entaillée  de  rayons  noirs, 
qui  vont  d'une  extrémité  à  l'autre.  La  Quint.  P.  Vl. 
va?.  179.  hi  bourrache  &  la  bualole  viennent  &  le 
gouvernent  comme  la  bonne  -  dame.  On  en  Icme 
plufieurs  fois  pendant  l'été ,  parce  que  leurs  feuil- 
les dans  lefquelles  confiftc  tout  le  mérite  de  la  plante 
ne  font  bonnes  que  pendant  qu'elles  font  tendres 
&C  jeunes  ■,  leur  petite  fleur  violette  fait  un  orne- 
ment fur  les  falades.  Leur  graine  tombe  aûiîi-tôt 
qu'elle  efl:  mûre.  Id.  P.  VI.  p.  374. 
BOUPvP.ACAN.  Foyei  Bouracan. 
BOURRADE,  f.  £  Atteinte  que  les  chiens  donnent 
au  lièvre ,  quand  au  lieu  de  le  prendre ,  ils  n'at- 
trapent qu'un  peu  de  fr  bourre.  Pctitio. 
BouPvRADE ,  fe  dit  aufll  d'une  attaque,  d'un  coup  qu'on 
porte  à  quelqu'un  avec  le  bout  d'un  fufd.  fCT  Don- 
ner des  bourrades  à  quelqu'un  ,  le  faire  fortir  à 
coups  de  b  ourradcs, 
'^fT  On  le  dit  figurcment  dans  le  ftyle  familier ,  des 
attaques  ou  reparties  vives  que  l'on  fait  à  quelqu'un  , 
en  difputant  ou  en  écrivant  contre  lui.  ^.Bourrer. 
JiOURRAS.  f  m.  Sorte  de  groffe  étoffe ,  comme  qui 
diroir ,  faire  de  bourre.  Ledivenfa.  Il  n'étoit  vêtu 
que  d'un  bourras.  Ce  mot  cfl:  vieux.  Voy.  Bure. 
BOURRASQUE,  f.  m.  Tempcte  foudaine  &  violen- 
te qui  s'élève,  foit  fur  la  mer,  foit  fur  la  terre,  & 
ijui  dure  peu,  Ttmpeflas  ,  turbo ,  procella  .Nous  fîmes 
voile  au  matin  pat  un  doux  vent ,  qui  fe  changea 
fur  le  midi  en  une  violente  bourrasque.  Ablanc, 
La  mer  avec  fes  tempêtes  &  fes  bourraÇques ,  elT: 
plus  agréable  qu'une  eau  tranquille.  M.  Scud. 

Ce  mot  vient  de  l'italien  burrafca ,  fîgnifîant  la 
même  chofe.  Ménage,  * 

Bourrasque,  fe  dit  ngurément  d'une  émotion  po- 
pulaire qui  fait  beaucoup  de  bruit ,  &  qui  dure  peu. 
Il  ne  faut  qu'avoir  patience  ,  &  laiifer  paifer  ces 
hourrafqiies.  On  le  dit  aullî  des  caprices  &  de  la 
colère  de  quelqu'un  qui  menace,  qui  fulmine.  Il  a 
quelquefois  des  bourrafjucs  infupportalfles.  Je  ne 
veux  poinfeiTuyer  fes  bourrafjuss  ;  c'eft-à-dire ,  fes 
humeurs  bourrues  &  emportées. 

Il  fe  dit  auffi  d'un  malheur,  d'un  accident  fâ- 
cheux ,  d'un  redoublement  fubit  de  quelque  mal, 
&  de  peu  de  durée.  Il  ne  fe  peut  qu'il  n'arrive 
dans  notre  vie  des  bourrafqucs  Sc  des  tempêtes,  puif 
que  nous  faifons  tous  notre  navigation  fur  une  mer 
cracreufe.  Ab,  d.  l,  Tr. 
ffj"  Ijourrasq.ue,  fe  dit  encore  d'une  révolution 
d'humeur  ou  façon  de  penfcr,  qui  rend  mauifade. 
Mo  rojît  a  s. y  Oii  beaucoup  à  fouffiirde  fes  bourraj'ques. 
Bourrasque  ,  fc  dit  encore  du  défordre  qui  arrive 
dans  le  corps  d'une  perfonne  ,par  quelque  mal ,  ou 
quelque  remède  violent.  L'émétique  caulé  quelque- 
fois d'étranges  bourrafques.  Il  fe  trouve  très-foible  & 
rres-abbatta  par  cette  bourraf^uc.  Dom  Quiciîote. 
BOURP-E.  f.  f.  Poil  de  plufieurs  animaux  ,  comme 
bœufs ,  vaches ,  chèvres ,  cerfs ,  &c.  qu'on  enleva  de 
deifus  leur  peau  quand  on  les  prépare  dans  les  tan- 
neiies.  Tomcntum.  La  bourre  fert  à  garnir  des  chai- 
fes ,  des  felles ,  &c. 

Ce  mot  vient  du  latin  burra ,  félon  Ménage ,  d'où 
il  dérive   aullî  le  mot  de  bourrée  &  de  bourgeon, 
BûURRE-LANicE  ,  cft  la  lainc  qui  fe  tire  des   draps  , 
quand  on  les  prépare  avec  le  chardon  de  Bonne- 
tier. Tomentun  lancum.  C'efi  auilî  la  groff;  laine  qui 
ïefte  aux  moulins  ,  où  l'on  foule  des  draps  fins.  Celle 
qui  fort  à  lafoulure  des  gros  draps,  s'appele  Laveton, 
Bourre  -  tcntice  ,  efl:  celle  qui  fe  tire  des  draps  , 
quand  ils  palfent  par  les  mains  du  Tondeur.  Cel- 
ie-là  efl:  la  moindre  ,  ^  il   efl:  défendu  aux  Tapif- 
fiers  d'en  rac:ti.e  dans  Içs  matelas  entre  les  deux 
Tome  II, 


BOU 


t/ 


flitaines.  On  la  laifle  aux  Potiers  d'ctâîn  j^ôlif  flnr« 
des  bourrelets.  II  y  a  auili  de  la  bourre   de  Joie  < 
qui  efl  de  la  foie  de  rebut  ou  imparfaite  ,  qu'on 
tire  avec  le  peigne  après  que  le  cocon  efl:  dévidée 
Bourre,  en  termes  de  Teinrurier,  fe  dit  au(fi  d'ui.â 
certaine  nuance ,  qui  efl:  la  même  que  celle  du  rou» 
ge  cranroifi, 
tfT  Bourre  de  Marfeille  ,  étoffe  moirée,  dont  U 
chaîne  efl:  de  foie ,  &  la  trame  de   bourre  de  foic< 
Il  s'en  fabrique  ptéléntcmcnt  dans  plufieurs  villes, 
Acad.  Fr. 
Bourre  ,  fe  dit  auîTi  de  ce  qui  fert  à  mettre  ^r  Li 
poudre  en  chargeant  les  armes  à  feu ,  papier ,  foin  , 
(^c.    La  bourre  de    ce  piflolet  lui  a  donné  au  vi- 
fage.  En  ce  fcns  on  appelle  un  tire-bourre  ,  un  fer 
pointu  ,  &  fait  en  forme  de  vis ,  attaché  au  bout 
de  la  baguette ,  avec  lequel  on  décharge  une  ar-- 
me  à  feu  fans  la  tirer. 
Bourre,  C'eft  auifi  un  terme  de  Corroyeur  ,  qui  fi" 
gnifié  la  tannée  ,  ou  vieux  tan  qui  efl  reflé  des 
peaux  de  moutons  au  fottir  de  la  tannerie. 
Bourre  ,  fignihe  auflî  le  commencement  d'un  bour- 
geon de  vigne,  Mufcus  viciàrius ,  farmentarius. 
ifT  C'eft  un  amas  de  poils  ralfemblés  en  peloton 
fur  l'œil  de  la  vigne  ,  un  duvet  qui  couronne  le: 
bourgeon.  On  dit  que  la   vigne   eft  en   bourre  , 
quand  fes  boutons  commencent  à  s'ouvtir  ,  parce 
qu'il  fe  montre  d'abord  un  duvet  qui  reifemblc  à  la 
bourre.  On  dit,    geler  en  bourre  ,  c'efl-à-dire  , 
avant  que  la  feuille  de    la  vigne   ait  paru.   Liger 
l'étend  aufîi  aux  boutons  des  arbres  fruitiers.  Ainfi  , 
félon  lui ,  on  dit,  les  arbres  ont  gelé  en  bourre.  Ce- 
pendant il  y  a  lieu  de  douter  (i  l'ufage  eft  qu'on 
le  dife ,  au  moins  auffi  communémcnr  des  arbres  que 
de  la  vigne,  Voye^  Bourré. 
BouRB.E,ie  dit  fîgurément  &c  familièrement  de  tout 
ce  qui  eft  groifier  ,  inutile  dans  quelque  ouvrage 
de  profe  ,  ou  de  vers  -,  &:  cela  par  une  métaphore 
tirée  des  garnitures  des  chaifes  qui  font  mal  con- 
ditionnées ,  quand  on  y  met  de  la  bourre  au  lieu  . 
de  crin.  Il  y  a  de  beaux  endroits  dans  ce  livre  , 
mais  il  faut  avouer  qu'il  y  a  aulîi  de  la  bourre, 
BOURRÉ  ,  ÉE,adj,  Terme  d'Agriculture  &  de  Jar- 
dinage. On  dit ,  voilà  des  arbres  bien  bourrés  ;  c'eft- 
à-dire  ,  bien  préparés  à  donner  du  fruit ,  bien  rem- 
plis de  bourre.  Liger.  03"  Bien  des  jardiniers  ap- 
pellenr  bourres  &:  bourfes  à  fruit  ce  qu'on  appelle 
communément  boutons  j  mais  II  n'y  a  que  Liger 
oui  ait  dit  bourré  pour  boutonné. 
BOURREAU,  f.  m.  Le  dernier  des  Offieiers  de  Juf- 
tice ,  qui  exécute  les  criminels.  Carnifcx  ,  tortor. 
Quand  on  fcelle  les  lettres  du  bourreau  ,  on  les 
jeté  fous  la  table  ,  pour  marquer  l'infamie  du  mé- 
tier. Le  bourreau  ne  fe'failitde  la  perfonne  con- 
damnée ,  qu'après  avoir  oui  la  prononciation  de  la 
fentence  ,  ou  de  l'arrêt  qui  la  condamne.  Arifthène 
difoit,  que  les  bourreaux  étoient    plus  honnêtes 
gens  que  les  Tyrans ,  parce  qu'ils  ne  font  moutit 
que  des  criminels ,  au  lieu  que  les  Titans  ôrent  la 
vie  à  des  innocens.  Oti  a  comparé  ceux  qui  font  un 
trafic  du  métier  de  la  guerre,&  qui  le  loueur  pour  al- 
ler tuer  des  hommes,  à  des  bourreaux,  qui  fonr  d'au- 
tant plus  déteftables ,  qu'ils  tuent  des  innocens  fans 
raifon  :  au  lieu  que   les  bourreaux  tuent  avec  rai- 
fon  ,  &  par  ordre  de  la  Juftice.    Cour.    On  dit 
qu'en  quelques  endroits  d'Allemagne  les  bourreaux: 
acquièrent  le  titre  &  les  droits  de  noblelfe ,  quand 
ils  ont  coupé  un  certain  nombre  de  têtes    porté 
par  la  coutume  de  ces  pays.  Les  bourreaux  font  les 
diables  du  corps ,  comme  les  diables  fonr  les  bour- 
reaux des  âmes.  La  loi  des  cenfcurs  les  privoit  ds 
domicile.  Rochef.    Scaliger  dir  que  de  foS  temps 
un  Gentilhomme  Savoyard  ,  irrité  contre  fes  frè- 
res ,  s'alla  faire  bourreau  à  Genève. 

Choricr  remarque  que  dans  1^;  Jugement  de  l'cm- 
poii'bnneur  de  Rcmond  ,  Baron  de  Menillon  ,  ,eii 
13Z5.  les  deux  exécuteurs ,  car  il  y  en  eut  autant  , 
font  appelés  fimplement  CommiiTaires  6c  Spicula- 
Seurs  :  ce  cjui  apprend,  ajoutc-t-il  ,  que  le  mot  d« 


î8 


B  O  U 


tourredu  n'ctoit  pas  encore  en  ufage  &  que  l'excdu- 
tion  des  jugcmens  de  moir  n'attachoir  pas  de  l'in- 
famie à  la  peiTonne  qui  la  failbi:  -,  les  noms  de 
Commilî'iiies  &  de  Spiculateurs  ne  pouvant  faci- 
lement devenir  fufceptibles  de  lens  honteux  &  in- 
jurieux. Chez  les  Ifraelites  Dieu  avoir  ordonne  que 
ce  fut  ou  tout  le  peuple  ,  ou  les  parens'  d'un  hom- 
tne  tue  ,  ou  quelques  autres  perfonnes  femblables , 
lelon  les  diffcrens  cas  ,  qui  exécutallent  les  lenten- 
ces  de  mort  -,  8c  on  fe  faiibit  un  honneur  &  un  mé- 
rite de  cette  exécution  ,  loin  qu'elle  eût  rien  d'in- 
tjynant.  Dans  la  féconde  cour  du  Serrail  de  Conf- 
rantinople  il  y  a  une  fontaine  où  l'on  fait  couper 
la  tête  à  tous  les  Bâchas  que  le  Grand  -  Seigneur 
fait  mourir  publiquement ,  &  où  le  bourreau  crioit 
autrefois  au  Grand-Seigneur  ,  qui  voyoit  l'exécu- 
tion d'une  fenêtre  grillée  :  Mon  Roi,  le  repentir  d'u- 
ne chofe  faite  ne  fert  de- rien  ;  mais  Sultan  Mourat 
a  aboli  cette  coutume.  D\3  Lo\k, pag.  44.  4J. 

Borel  dérive  ce  mot  de  bourrée  ,  qui  fignifîe  une 
poignée  de  verges  de  faule ,  comms  témoigne  Mo- 
net ,  parce  que"  les   verges  l'ont  les  premiers  inllru- 
mens  dont  ie  fert  le  bourreau.  Il  peut  venir  auffi 
de  burrus  ,  qui  fignifîe  roux  ,  parce  qu'en  plufieurs 
lieux  les  bourreaux  doivent  être  habillés  de  rou- 
ge &  de  jaune.  Ailleurs  il  le  dérive  du  grec /^apô?, 
qui  fignifîe  carnajfier.  Mais  il  eft  vrai  que  c'eft  un 
mot  celtique  Se  ancien  gaulois  -,  car  les  bas-Brerons 
fe  fervent  encore  de  ce  mot  fans  y  rien  changer. 
M.  Huer  le  dérive  de  boyereau ,  qui  efl:  un  dimi- 
nutif de  boye.  Autrefois  on  appcloit  un  bourreau 
boye ,  &  les  Italiens  l'appellent  boya.  Selon  Gui- 
chard,  de  133  ,  cabar ,  en  omettant  la  première  ra- 
dicale ,  fe  fait  13  ,  bar  ,  qui  en  chaldéen  fignifiant 
facultas  ,  licencia ,  a  fait  birro  en  italien,  pour  ligni- 
fier /icior  ;  &  de  birro ,  bourreau  en  françois  pour 
lignifier  à-peu-près  la  même  chofe.  Bourreau  pou- 
roitvenir  de /j/rro;  mais  que  ^zrro  vienne  de  c^ï^^zr , 
il  n'y  a  pas  d'apparence. 
^CF  On  dit  fîgurément  que  le  remords  de  la  conf 
cience  eO:  un  cruel  bourreau  ,  parce  que  les  remords 
rourmentent  fans  celle   le    coupable.  Le  criminel 
porte  toujours  avec  lui  l'on  bourreau. 

Chaque  fens  a.  fon  bourreau  : 

En  vain  dans  fa  foif  brûlante  ^ 
Le  damné  qui  fe  tourmente  , 
Implore  un  goutte  d'eau. 

Duché  ,  Ode  fur  VEnfer. 

On  appelle  aulTi  un  bourreau  ,  celui  qui  efl  fan- 
guinaire ,  cruel ,  fans  pitié.  Ce  maître  bat  tous  fes 
gens  ,  c'eft  un  vrai  bourreau.  Les  Chirurgiens 
ignorans  font  de  vrais  bourreaux.  Le  Démon  arti- 
ficieux procure  quelquefois  aux  hommes  d'heureux 
fuccès  pour  les  entrerenir  dans  l'illufion  :  ainli  l'ame 
fe  livre  elle-même  à  fon  bourreau.  Nie.  Il  efl:  lui- 
même  fon  impitoyable  bourreau.  Pat.  Les  en- 
vieux font  eux-mêmes  leurs  bourreaux.  Vaug.  en 
quelque  lieu  que  fe  trouve  un  parricide  ,  il  rencon- 
tre un  accufareur  ,  un  juge ,  &  un  bourreau.  Le 
Mait.  Vous  ne  l'avez  pas  en  quel  embarras  je  me 
trouve  réduit ,  par  les  confeils  de  ce  malheureux  , 
qui  eft  devenu  mon  ^u7/rrt?a«.  Port.  R. Le  vice  eft 
lui-même  fon  cruel  bourreau.  Ablanc. 

On  dit  proverbialement,  qu'un  homme  efl:  un 
vrai    bourreau  d'argent  ,  prodigus    œris  ;    pour 
dire  qu'il  le  prodigue  fans  néceifité.  On  dit  auflî , 
qu'un  homme  fe  fait  payer  en  bourreau  ,  pour  di- 
re ,  qu'il  fe  fait  payer  d'avance.  On  dit  auflî  ,  qu'un 
homme  efl:  brave  comme  un  bourreau  qui  fait  les 
pà'qucs  ,^  quand  il  n'a  pas  coutume  d'être  bien  vêtu. 
BOURRÉE,  f.  f.  Petit  fagot  fait  de  fort  menu  bois , 
qui  fait  un  feu  prompt  Se  de  peu  de  durée.  Fafcis 
virgeus.  On  le  diraullî  de  l'ame  d'un  fagot. 
Bourrée  ,  efl:  auflî  une  cfpèce  de  danfe  compofée  de 
trois  pas  joints  enfemble  avec  deux  mouvemens ,  &c 
commencée  par  une  noire  en  levant.  Le  premier 
couplet  contient  deux  fois  quatre  mefures ,  &c  le 


BOU 

fécond  deux  fois  huit.  Elle  eft  compofée  d'un  ti-^ 
lancement  &  d'un  coupé.  On  croit  que  cette  danfe 
vient  d'Auvergne.  Le  pas  de  bourrée  eft  compo- 
fé  Lie  deux  mouvemens ,  lavoir  ,  un  demi-coupé  , 
un  pas  marché  fur  la  pointe  du  pied ,  &  un  demi-' 
jeté  ,  parce  qu'il  n'eft  fauté  qu'à  demi  -,  &  comme 
ce  n'eft  pas  un  pas  coulant ,  fon  dernier  pas  ne  doit 
pas  être  marqué  fi  fort.  Il  faut  avoir  beaucoup  de 
coup  du  pied  pour  faire  ce  pas.  Rameau. 

Pas  de  bourrée  ouvert ,  ou  efpèce  de  fleuret.  Il 
fe  fait  ainli.  Si  on  le  prend  du  pied  droit ,  l'ayant 
en  l'air  à  la  première  politicn  ,  vous  pliez  fur  le 
gauche  ,  &  vous  portez  le  droir  à  côté  à    la  deu- 
xième polition  ,  &  vous  élevez  delfus   ,   en  vous 
élevant  fur  le  droit ,  la  jambe  gauche  fuit  la  droi- 
te en  s'approchant  à  la  première   polition  ,  dans 
le  même  temps  le  pied  droit  le  pofe  entièrement , 
&  de  liiite  vous  pofez  le  pied  gauche  à  côté  de 
la  féconde  polition  ,  en  pofant  le  talon  le  premier  -, 
&  lorfque  le  corps  fe  pofe  fur  ce  pied  ,  vous  vous 
élevez  fur  la  pointe,  ce  qui  attire  la  droite  dont 
le  pied  fe  glilî'e  derrière  le  gauche  jufqu'à  la  troi- 
fième  polition  ,  ce  qui  termine   ce    pas  ;  mais  li 
vous  en  voulez  faire  un  aurre  du  pied  gauche ,  il 
faur  pol'er  le  talon  droit  à  terre  &  plier  defliis ,  ôC 
porter  ie  pied  gauche  à  côté  ,  en  obfervant  la  mê- 
me manière.  Id. 

Ce  même  pas  fe  fait  d'une  autre  manière.  Fai-' 
faut  votre  premier  pas  qui  eft  un  demi -coupé  , 
ayant  le  corps  pofé  fur  le  pied  gauche,  vous  pliez 
defllis  ,  &  en  prenant  ce  mouvement  ,  la  jambe 
droite  qui  eft  en  l'air  ,  marche  faifant  un  batte- 
ment fur  le  coup  du  pied ,  &:  de  même  temps  fe 
porte  à  côté  à  la  deuxième  polition  ,  en  vous  éle- 
vant dcilus ,  &:  continuant  votre  pas ,  comme  ci- 
devanr.  Id. 

Pas  de  bourrée  emlioëté.  On  le  nomme  ainlî  * 
parce  qu'il  s'arrête  au  fécond  pas  à  l'emboeture  , 
&  fe  /ait  ainli.  Il  faut  faire  le  demi-coupé  en  ar- 
rière €n  portant  le  pied  à  la  quatrième  polition  \ 
le  fécond  pas  fe  pofte  vite  à  la  troilième  ,  &  vous 
reftez  un  peu  dans  cette  pofition  fur  la  pointe 
des  pieds ,  les  jambes  étendues  ,  puis  vous  laiflez 
glilfer  le  pied  qui  eft  devant  jufqu'à  la  quatrième 
pofition  ;  ce  mouvement  fe  fait  en  laiflant  plier  le 
genou,  du  pied  de  derrière  ,  qui  renvoyé  par  fon 
plié  le  corps  fur  le  pied  de  devant  ,  ce  qui  fait 
l'étendue  de  ce  pas.  Id. 
BOURR.ELER.  v.  a.  Faire  foulTrir  du  mal,  tourmenter. 
Excarnificare  ,  cruciare ,  difcruciare.  Un  Chirur- 
gien ignorant  -bourrelle  les  gens  qu'il  panfe.  Ce 
mot  s'emploie  rarement  au  propre  ,  &:  jamais  hors 
de  la  converfation. 

On  le  dit  au  lîguré  plus  ordinairement  des  re- 
mords de  la  confcience.  Les  méchans  font  tou- 
jours bourrelés  par  leurs  propres  crimes.  Une  con- 
fcience eft  bourrelée  de  mille  remords ,  quand  elle 
a  fait  quelque  ad:ion  noire  &  indigne.  Le  remords 
de  fon  crime  le  bourrelle.  Ablanc. 
Bourrelé,  ée  ,  part.  &  ^àéyExcruciatus  ,cruciatus. 
Etre  bourrelé  par  l'image  de  fon  crime.  Erre  bour- 
relé en  fa  confcience.  Ablakc.  Les  méchans  ont  l'a- 
me bourrelée ,  &  ne  fauroient  repofcr.  Vaug. 
BOURRELERIE.  f  £  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey  , 
pour  lignifier  le  tourmenr  quel'on  l'oufire,  ou  que 
l'on  fait  fouffrir  aux  aurres.  Carnificina ,  cruciatus. 
BOURRELET,  ou  BOURLET.  f.  m.  C'éroit  autre- 
fois une  partie  de  l'habillement  de  tête  ,  qui  fer- 
voit  à  la  cûcfïîire  des  hommes  &  des  femmes  , 
ou  une  efpèce  de  cordon  qui  fervoir  d'arrêt  au 
chaperon ,  6c  qui  le  ferroit  fur  la  tête.  Pulvinata. 
fpira  honorarii  capitii.  Les  Magiftrats  &c  les  Doc- 
teurs dans  les  Univeriîtés  portent  encore  le  cha- 
peron fur  l'épaule  avec  un  petit  tour  rond  qui  rc- 
prélente  l'ancien  bourrelet.  Les  femmes  fe  fervent 
encore  de  bourrelet  pour  fe  coëiîèr ,  &  pour  fou- 
tenir  5c  arranger  leurs  cheveux.  Les  femmes  ont 
auifi  porté  des  bourrelets  au  lieu  de  vertugadins  , 
pour  fc  garnir  le  bas  du  dos,  &  élever  un  peu  leurs 


B  O  U 

Jupes.  On  met  auflî  des  bourrelets  fur  la  tête  des 
enfciiis  ,  pour  empêcher  qu'ils  ne  le  blelfent  en 
tombant.  ÇfT  Le  lioiirrelct  cft  une  elpèce  de  ban- 
deau rcmboarré  &  épais  qui  leur  ceint  le  front,  ar 
rêtc  par  des  cordons  ou  des  rubans.  Circulus  tonicnt-o 

Bourrelet  fe  dit  encore  d'un  couifin  rempli  de  bour- 
re ,  arrondi ,  &  vide  par  le  mili.u  ,  qu'on  applique 
fur  un  badin  ,  pour  l'ui'age  des  malades  ,  qui  y  font 
adis  plus  mollen-i^ot.  Les  iemmes  qui  portent  des 
fardeaux  fur  leur  tête ,  donnent  encore  ce  nom  à 
un  cercle  ou  efpéce de  couronne  d'ctofle  ou  de  lin- 
ge qu'elles  mettent  fur  leur  tête  ,  &  llir  lequel  el- 
les appuient  ce  qu'elles  portent. 
Bourrelet  ,  en  termes  de  Biâlbn  ,  ef!:  un  to'ir  de  li- 
vrée ,  rempli  de  bourre  j  &  tourne    comme    une 
corde ,  que  les  anciens  Chevaliers  portoicnt  dans 
les  tournois.  Il  étoic  de  la  couleur  des  émaux  de 
l'ccu ,  ou  des  couleurs  ordinaires   des  Chevaliers. 
Spira  f.irt:T.  Les  Dames  pr:noienr  elles -niJmes  le 
foin-  d'attacher  ces    livrées  ou  tortils  fur  les  caf- 
ques ,  &  on  les  appelloit  le^  faveurs  des  Dames.  On 
Ls  repréfente    encore  aujourd'hui  dans  les  orne- 
mens    de  l'écu.  On  appelle  autrement  ce  tourre- 
kt   que  les  iimples    Gentilshommes  mettent    ics 
leurs  cafqucs ,  trefjue  ,  torque ,  tortil. 
Bourrelet,  fignific  auffi  en  termes  de  Marine,de  s;ro!"- 
f.'S  cordes  qu?  l'on  citrclace  autour  du  mât  de  milai- 
ne  ,  du  màt  d'artimon  ,  &  du  grand  mat ,  pour  te- 
nir la  vcrgu.'idans  un  combat ,  quand  on  craicjt  que 
les  manvjEuvres  qui  la  tiennent  ne  foient  coupées. 
Bourrelet  ,  en  tn-mes  d'Artillerie  ,  fe  dit  de  l'extrc- 
nité  d'une  pièce  d?  canon  vers  la  bouche, &  par 
ou  on  la   charge  ;  en  cet  endroit  elle  cfl:  renforcée 
de  métal ,  &  a  la   figure  d'un  bourrelet. 
Bourrelet,  terme  de  Jardinage.    Selon  la  Quinti- 
nic,  bourrelet  fe  dit  de  l'endroit  où  au  bout  de  quel- 
ques années  la   grciTc   devient  plus  groffe  que   le 
pied  fur   laau.'lle  elle  a  été  faite  ,  &  d'ordinaire 
c'efl  une  marque  que  le  fauvageon  n'efl:  pas  trop 
bon  i  la  poire  de  petit  blanquet  eft  ilfcte  à  faire 
le  bourrelet.  Selon  Liger ,  le  bourrelet  ç{\.  une  ef- 
péce de  gros  nœud  qu-  furvient  direi5lement  au  bas 
des  grerres  quelques  années  après  qu'c  lies  ont  été 
fnit'S  ;  ce  qui  eft  une  marque  que  la  fève  en  mon- 
tant du  fauvageon  ,  n'a  point  trouve  de  difpo/itions 
à  pnlllr  dans  la  greffe  qui  lui  efl  appliquée ',&  les 
Jardiniers  difent.  Cet  arbre  fait  le  bourrelet  ;  c'eft- 
à-dire  ,  que  timtôt  c'cft  la  greffe  qui  groffit  plus  que 
le  fauvageon  ,  &  tantôt  le  fauvageon  qui  groflit  plus 
que  la  greife ,  &  que  l'un  &  l'autre  s'appellent  égale- 
ment bourrelet.  fS?  Ov^  entend  par  bourrelet  un.-; 
faillie  arrondie  en  boudin ,  qui  fe  form.e  au  bas  des 
greffes ,  au  bas  des  boutures  Z<.  au  bas  des  plaies  des 
arbres. /■'by«?^  aux  mots  Greffe  &  Couture  la  raifon 
phvfique  de  ces  fortes  de  bourrelets. 
Bourrelet  ,  ou  Bourlet.  Faux  pli  qui   fe  fait  aux 

'  pièces  de  drap  lorfqu'on  les  foule. 
Bourrelet  ,  ou  Bourlet  ,  fe  dit  aufîi  de  l'enîlure  qui 
furvient  autour  des  reins  à  un  hydropique.  ïl  eft  hy- 
dropique ,  il  a  le  bourlet.  Le  bourlet  cft  déjà  formé. 
Bourrelet  ,  f  gnifie  quelquefois  le  collier  des  che- 
vaux de  charettes ,  que  fait  un  Bourrelie".  Hekium, 
BOURRELIER  ,  iére  ,  f.  m.  &  f.  Ouvrier  qui  fait  les 
harnois  des  chevaux  de  carrofie  &:  de  charrette.  Hel- 
ciorum  oplfcx.  ft70n  appeloit  autrefois  bourrelet  la 
partie  du  harnois  des  chevaux  qu'on  appelle  à  pré- 
îent  collier.  De-!à  le  nom  de  Bourrelier.  On  l'ap- 
pelle auffi  SeUier-Lorinicr. 
f3^  BOURRELLE.  f.  f,  La  Ivmme  du  bourreau.  Fi- 
gurément ,  une  mère  qui  traite  fes  enfans  avec  une 
extrême  dureté.  Cette  mère  eft  une  vraie  bourrelle. 
Il  pft  populaire. 
BOUPv  RPR.  V.  a.    Mettre  de  la  bourre  ,  ou  autre 
cliofc  ,  fur  In  charge  dans  le  canon  de  l'arme  à  feu. 
Farcire.  Ainfi  on  dit ,  bourrer  un  fufîl.  On  dit  audl 
■     en  général ,  bourrer  une  chofe ,  pour  dire  ,  la  garnir 

débourre. 
ïfF  Bourrer  fe  dit,  en  parlant  d'un  chien  quipourfuit 


BO  U 


î^ 


un  hevre  ,  &  lui  arrache  le  poil  d'un  Côilp.  de  dent, 
Lacejfere  ,  petere.  On  dit  £\iii  en  termes  de  faucTon- 
nerie  ,  quel'oifeau/'6v/rrela  perdrix.  Involare. 
ifT  iiOURRER  ,  fe  die  au  fi-^urc  pour  donner  des 
bourrades ,  des  coups  av  c  k  bout  d'un  f-ulil.  ferire^ 
ifT  On  le  dit  dans  le  même  fens  des  atteintes ,  des 
coups  que  l'on  porte  à  quelqu'un.  Ces  deux  efcri- 
meurs  fe  font  portés  plulieurs  Portes  franches  ,  ils  fe 
font  bien  bourres.  On  le  dit  auJi  des  combats  de  lan- 
g.ie  &  de  plume  :  ces  deux  pédans  fe  font  bien 
bourres  dans  cette  difpute  ,  dans  leurs  écrits  ^  ils  fs 
^  font  bi-n  attaqués  &  bien  déiendus. 
BOURRICHE,  f,  EEfpèce  de  panier ,  de  forme  ova- 
le, qui  eil  plus  loible  ,  &  qui  a  le  tilfu  plus  clair  que; 
les  paniers  ordinaires.  On  fe  fert  de  bourriches  prin- 
cipalero.nt ,  pour  tranfporter  du  gibier  &  de  la  vo^ 
laille  des  provinces  à  Paris.  L'ufage  des  bourriches 
.  eft    ancien.  Voiture  écrivant  à  Mad.  la  ^iarquife 
de  Sablé,  d:foit  :  j'envoie  une  bourriche  de  galans  , 
que  je  vous  fupplie  très-h  unblement  defaire'mc'rtrg 
entre  les  mains  de  la  Confidente  de  *  *  *,  C'eft  dans 
fa  lettre  io8. 
BOURRJERS.  f.  m.  P"oyei  Bourier. 
BOURRIQUE,  f. f.  Méchante  bête  de  Voiture.  Jfd^ 
lus,ajinus.  Iliedit  particulièrement  des  ânes ,  ou 
âneifes  ,  &  eniuite  des  rncchans  chevaux.  Ceux  à  qui 
on  donne  le  fouet  en  Efpagne  ,  font  montés  tiir  des 
bourri-iuei, 

Ce  mot  vient  de  Burichns  ,  burricus  ,  ou  buri- 
eus  .  qui  iigniiie  cheval.  Ménag.  Saumaife  dériva 
ce  nom  du  grec  irUitr.^-,  dimimitif  de  n-iri/oç  ,  ru- 
fus ,  à  caufe  que  les  Auteurs  de  la  baife  latinité  ont 
ain(i  appelé  tous  les  bidets  o.i  petits  chivaux,  quoi- 
qu'ils fulîent  d'un  autre  poil.  Guichard  dit  qu?  de; 
"C^T  ,  Rekes,  qui  iignifîe  dromadarius ,  dromadaire , 
/K«/«i- ,  mulet ,  s'eft  fait  en  grec /Ss!--'?  ,  qui  iignifie 
un  âne  ,  en  prépofanr  un  f  -,  &  de  /Sfix^o?  ,  borrïco  en 
cfp3gnol,qui  a  la mCme  lignification. 
BouRRiciUE ,  eft  auiîi  une. machine  Ccnlpofée  d'aiis  , 
qui  fett  aux  Couvreurs  quand  ils  travaillent  f  ir  les 
couvertures.  Ils  l'accrochent  aux  lates ,  &  elle  leur: 
fert  à  porter  l'ardoife  dont  ils  ont  befoin. 
BOURRIQUET.  f  m.  eft  oarmi  le  peuple  un  diminu- 
tif de  bourrique.  P-^titânon.  Un  petit  bourrifiet , 
un  méchant  (p)K/'ri-,-i7É'/, 

Ces  deux  noms  ,  bourrique  cSc  bourriouet  fe  difent 
métaphoriquement  au.fi  par  le  peuple  des  enfans  pa- 
rcfiêux ,  méchans  5  ignorans ,  &c.  &:  quelquefois  mê- 
me des  hommes. 
Bouk-Riquet.  Terme  de  Maçonnerie.  C'cft  une  peti- 
te civière  qu'on  charge  de  moilons ,  ou  de  mortier 
dans  des  baquets,  &  qu'on  élevé  avec  des  grues, 
quand  ta  hauteur  du  bâtiment  eft  fort  grande. 
BOURRIR.  V.  n.  Terme  de  chafle,qui  fe  dit  en  par- 
lant du  bruit  que  font  les  atles  des  perdrix  ,  &  fur- 
tout  des  roufîeS  ,  quand  elles   partent, 
P.OURROCHE.  f.f.  Plante.  Voye^  Bourrache. 
BouRRocHE  ,  f.  m.  Terme  de  payfans  &  de  preneurs! 
de  pluviers  j  c'eft  un  panier  de  la  forme  d'un  œuf, 
dans  lequel  on  met  les  oifcaux  de  marécage ,  pour 
les  rranfporter  vivans.  C'cft  apparemment  la  mê- 
me chofe  que  Bourriche. 
BOURRON.  Nomdelieu.  Ces  Camaldules  firenrl'an 
1611,  \in  établiflement  à  Grolbois  ,  que  l'on  anpe- 
loit  pour  lors  le  i^oz/rrc;?, à  quatre  lieues  de  Paris  &: 
ils  eurent  pour  fondateur  de  cette  maifo*i   Charles 
de  Valois ,  Duc  d'Angoulême   ,  Ppir  de   France  , 
Comte  d'Auvergne  S:  de  Ponthieu.  P.  Hélyot  ,  T. 
V.  p.  1-6. 
BOURRU, UE.  ad).  Celui  qui  s'écarte  du  goût  des 
a'.'trcs  par  çrolîièretc  de  mœurs  &:  pardéfaur  d'édu- 
cation, hz  bourru  dit  proprement  quelque  chofede 
mauffade.  Morofus.  Vove^  Bizarre. 
ffT  D.unandez  aux  Vocabuliftes  ce  que    C'cft  qu'un 
homme  bourru  ,  ils  vous  répondront  avec  leur  Juf- 
teffe  ordinaire  que  c'eft  un  homme  bigarre  ,  Çin- 
tafque,   di.'flcile,  fâcheux,  comme  fi  tous  ces  pré- 
tendus fy^onymes  n'avoient  pas  leur  enradt^re  par- 
ticulier. Celui  du  bourru ,  morofus ,  eft  de  s'éca-rccs 

Ci) 


20  B  O  IJ 

du  goût  des  autres  par  groilicretc  de  mœurs  &  par 
détaiit  d'éducation.  Le  bourru,  dit  proprement  quel- 
que choie  de  maullàde.Ila  i'elprit  bourru  ,  l'humeur 
bourrue. 

On  fçait  que  c'efl  un  vieux  boiu^ru ,  (Juvénal. ) 

Dont  l'âpre  &  bouillante  coicre , 

Qiiand  une  fois  il  eji  féru  , 

A'tf  ferait  pas  grâce  a  fon  père.  P.  Du  Ceb-C. 

|K!r  Voyez  aux  articles  particuliers  les  nuances  qui  dii- 
tinguent  les  autres  mots, 

ffT  On  appelle  Vm  bourru  ,  du  vin  blanc  nouveau, 
qu'on  n'a  point  laiiîc  bouillir,  cv  qui  le  conierve 
doux  dans  le  tonneau  pendant  quelque  tems. 

^fT  Le  mot  de  bourru  s'applique  auflî  à  tout  fil  iné- 
gal ,  ou  chargé  de  différentes  bourres  de  la  même 
efpècc  ,  qu'on  n'a  pas  eu  foin  d'ôter  lors  de  la  J'a- 
brique.  Fil  bourru  ,  (o'ic  bourrue. 

Bourru  ,  en  termes  de  botanique  ,  fedit  des  plantes, 
ou  de  leurs  parties ,  qui  Ibnt  garnies  de  bourre.  Pi- 
lofus.  L'artichaut  a  une  tige  cannelée  &  bourrue. 

Les  Naturaliites  appellent  plantes  bourrues ,  cel-; 
les  dont  la  graine  étant  trop  mûre  ,  devient  en  pe- 
tites parties  ii  menues  ,  que  le  moindre  vent  ou  lou- 
fle  les  difllpe ,  comme  celles  de  pluiieurs  chardons 
qui  croilîent  dans  les  blés. 

Le  Moine  Bourru  ,  eft  un  tantôm.e  imaginaire  ,  dont 
on  fait  peur  aux  petits  enfans  -,  un  lutin,  qui  dans 
la  croyance  du  peuple  court  les  rues  aux  Avents  de 
Noël ,  &:  qui  fait  des  cris  effroyables.  Larva. 

fer  BOURRY,  Bœuf  de  l'Ifle  de  Madagalcar.  Foye^ 

BœuF. 
BOURSAULT.  i".  f.  Efpcce  de  faule.  Salix  fatua. 

BOURSAUT  ,  ou  BoURSEAU.    Voye^  BoURSEAU. 

BOURSE,  f.  £   Efpèce  de  petit  fac  de  cuir ,  ou  de  ve- 
lours, ou  de  quelque  étoffe  d'or,  d'argent,  ou  de 
foie ,  qui  fe  femie  avec  des  cordons  ou  avec  un  rcl- 
fort,&  dans  lequel  on  met  l'argent  qu'on  veut  porter 
fur  foi.  Sîicculus ,  marfupium ,  crumena ,  loculus.  Les 
voleurs  demandent  la  bourfe  le  piftoletà  la  main. 
Ce  mot  vient  de  burfa ,  dont  les  Auteurs  de  la 
balle  latinité  fe  font  fervis  dans  le  même  fens  ,  & 
qui  vient  du  grec  fi-Sptra,  qui  (îgnifie  cuir.  Menag. 
Henri  Etienne  ,  De  latinitate  falsé  fufpeclà  ,  c.   8. 
le  tire  de  ^ips-x ,  d'où  les  Italiens  ont  auffi  fait  borfa  s 
mais  il  y  a  plus  d'apparence  que  du  grec  ^vpn-»  on  a 
formé  en   larin  barbare  bourfa  ,  &  de  bourfi  les 
François  ont  fait  bourfe.  Le  P.  Pezron  prétend  qu'il 
cftpris  du  celtique  bours  &  purs.  On  trouve  fouvent 
i>yrfa  &c  lyrfus ,  dans  la  balle  latinité ,  pourfîgnifîer 
un  fac,  ordinairement  de  cuir  de  cerf,  de  bœuf  ,6'v. 
Bourse  de  Jetons  ,  ell:  une  bourfe  pleine  de  cent  je- 
tons d'or ,  ou  d'argent,que  certains  corps  d'OfSciers 
t'ont  battre  avec  quelques  devifes  pour  en  faire  prélent 
aux  Princes ,  aux  ^lmiftres ,  aux  Magiftrats  de  la 
proteétion  dcfquels  ils  ont  hz^om.Calculorum  faccu- 
lus.  Le  garde  du  trcfor  royal  porte  tous  les  premiers 
purs  de  l'an  une  bourfe  de  jetons  d'or  au  Roi. 
Bourse.  Dans  les  Eglifcs&  les  facrifties,  eflaulîlune 
efpèce  de  boîte  platte  &:  carrée ,  faite  de  deux  car- 
tons ,  joints  par  un  bout ,  &  ouverts  par  l'autre  , 
entre  lefquels  on  met  le  corporal.  Ils  font   revêtus 
en  dedans  de  toile  ,  &  en  dehors  couverts  d'étoffe  , 
&  fouvent  ornés  de  broderie.  Les  deux  côtés  ibnt 
garnis  de  toile  ,  qui  donne  du  jeu  aux  cartons ,  afin 
qu'on  puijîe    les  ouvrir  &  les   fermer.  Corporalis 
theca.  La  bourfe  fe  met  fur  le  calice  ;  &  quand   le 
Prêtre  eft  .à  l'autel  ,  &  qu'il  a  tiré  le  corporal  de 
la  bourfe  ,  il  dreffe  la  bourfe  contre  les  gradins  du 
côté  de  l'Evangile. 
Bourse  ,  eft  auiîl  dans  le  Levant  une  manière  de  comp- 
ter. Le  Grand-Seigneur  a  tant  de  bourfes  de  revenu. 
L'Egypte  doit  tant  de  bourfes  au  Bâcha  qui  la  gou- 
verne. Ces  bourfes  font  de  cinq  cens  écus ,  ou  de 
vingt-cinq  mille  médins.  Il  eft  très-probable  que  cet 
iifage  de  compter    par  bourfe  ne  vienr  point  des 
Turcs ,  mais  qu'ils  l'ont  pris"  des  Grecs ,  &  ceux-ci 
des  Romains, dont  les  Empereurs  l'avoieiit  porté 


E  O  U 

de  Rome  àConflantinopIe.  Une  lettre  de  Conftan- 
tin  à  Cécilien ,  Evèquc  de  Carthage ,  rapportée  par 
Eufèbe  ,  Hift.  Eccl  T.  IX.  chap.  G.  &  par  Nicépho- 
re,  Liv.  Vil.  ch.  41.  le  prouve.  Ce  Prince  dit  :  Ayant 
rcfolu  de  donner  quelque  chofe  pour  l'entretien 
des  Miniftres  de  la  Religion  Catholique  par  tou- 
tes les  provinces  d'Afrique ,  de  Numidie  &  de  Mau- 
ritanie, j'ai  écrit  à  Vefus ,  Tréforier  général  d'Afri- 
que ,  &  lui  ai  donné  ordre  de  vous  faire  compter 
trois  raille  bourfes.  On  peut  appeller  bourfe  ,  dit  fur 
cela  M.  l'Abbé  Fleury ,  ce  que  les  Romains  nom- 
moient  îlots  foliis  ;  c'étoit  une  fomme  de  deux  cens 
cinquante  deniers  d'argent ,  qui  revient  à  cent  qua- 
tre livres  trois  fols  quatre  deniers  de  notie  mon- 
noic.  Ainli  les  trois  mille  bourfes  fàifoient  plus  de 
300000  livres. 

Mais  il  faut  remarquer  que  follis  fe  prenoit  en 
pluiieurs  lignifications  tiès-difFérentes.  Car  premiè- 
rement il  a  lignifié  une  bourfe  ,  un  petit  fac  dans  le- 
quel on  met  fon  argenr.  Plante  ,  jiulul.  Acl.  11.  fc. 
4.  V.  13.  &  Juvénal ,  Sat.  XIII.  v.6i.  Sat.  XIF,  v. 
181.  Apul.  Liv.  IF.  Metam,  Vegetius  //.  20,  le  pren- 
nent en  ce  fens. 

Enfuite  follis  fe  prit  poui  l'argent  qui  étoit  dans 
la  bourfe ,  de  même  qu'en  françois ,  &  il  fe  dit  tant 
du  cuivre  ,  que  de  l'argent  &:  de  l'or ,  &  eut  diireren- 
tcs  fignifications.  Car  ,  1°.  on  appelayo/Z/j  le  dupon- 
dius  ,  ou  la  pièce  de  deux  fols ,  qui  étoit  une  mon- 
noie  de  cuivre,  &  qui  changea  de  poids  &  de  prix 
félon  les  changemens  du  dupondius ,  mais  ceci  n'eft 
point  de  notre  fujet.  Dans  l'or  il  ne  fe  dit  jamais  d'u- 
ne pièce  de  monnoie  particulière  ;  mais  dans  l'ar- 
gent ,  peut-être  l'uiage  avoit-il  introduit  que  les 
pièces  d'argent  qui  fàifoient  la  bourfe  s'appelap 
ient  aullî  chacune  foHis,  bourfe. 

Quelquefois  follis  fc  prenait  pour  un  poids ,  & 
c'eft  en  ce  fens  que  le /b/Z/'j  comprenoit  51Z  livres 
iix  onces  ,  Iclquellcs  font  Z)0  deniers ,  fi  cependant 
ce  Ibnt  des  deniers  ■■,  car  un  vieux  Glofiaire  des  Ba- 
filiques  qu'avoir  le  P.  Sirmond  ,  &  dont  le  P.  Pe- 
rau  rapporte  le  miorceau  qui  regarde  \c  follis ,  fem- 
bloit  porter  ^ampt* ,  au  lieu  de  ^Kiâpix,  ,  &  Al- 
ciat  traduit  donos  ;  on  ne  comprend  pas  trop  ce  que 
c'eft.  M.  l'Abbé  Fleury  dit  lans  héfiter  que  ce  font 
des  deniers ,  Se  les  prend  pour  la  fomme  lignifiée 
par  le  mot  follis ,  bourfe  ,  quoique  ce  ne  foit  enco- 
re que  le  follis ,  poids ,  Se  non  point  le  follis,  fom- 
me ,  comme  il  paroît  par  le  texte  de  ce  Lexicon  No- 
mique  rapporté  par  le  P.  Petau. 

Enfin  ,  il  fe  prend  pour  une  fomme  compofée  de 
225  petites  monnoies  d'argent ,  dont  chacune  pe- 
loit  deux  x.îp»-iit.  moins  un  quart.  Le  x£^ûtiô\i  étoit 
la  douzième  partie  d'une  once  ;  ainfi  la  bourfe 
compofée  de  iij  de  ces  monnoies  étoit  de  32 
onces ,  neuf  y.epdTix  ou  9  douzièmes  d'once  ,  plus 
les  trois  quarts  d'un  Jc£f«T/«»  •,  &  5000  bourfes  fài- 
foient 5)8250  onces ,  ou  12281  marcs  plus  deux  on- 
ces. Or  en  mettant  le  marc  d'argent  à  27  livres  ,  les 
5000  bourfes  font  551587  livres  ,  ôc  chaque  bourfe 
100  livres  17  fous  &  un  peu  plus ,  mais  ce  plus  ne  va  • 
pas  à.  un  denier.  Voilà  ce  que  c'étoit  que  la  bourfe 
chez  les  anciens.  Foye{  le  P.  Petau  fur  S.  Epiphane  , 
Tom.II.par^.  451.6' y}/n',  Jean  Frid.  Gronovius  > 
De  Pecuniâ  Vet.  Lib.  IV.  cap.  ï6.  Vofrius,Z,e.r  Ery- 
mol.  Stewech  ,  in  Veget.  Thefaur.  Antiq.  Rom. 
Grcevii ,  Tom.  X.  p.   1 1-75). 

S.  Epiphane ,  dans  fon  Traité  des  poids  &  des 
mefures ,  parlant  du  follis ,  dit  qu'il  eft  de  deux  for- 
tes ,  l'un  qui  eft  compofé  de  deux  pièces  d'atgent , 
US'ûo  àyi^ui  <rvyxîi^t.£iicy,  lefquellcs  Valent 2o8  deniers, 
o'i  '/ItBVTcti ri  ^}:vixpix',  l'autre  eft  une  pièce  de  mon- 
noie ,  &  ne  fait  rien  ici.  Scaliger ,  au  lieu  de  lire 
comme  le  P.  Petau  ?«'  ^mâiia  ,  208  deniers  ,  cor- 
rige «-^rij ,  288  deniers.  Un  manufcrit  delà  biblio- 
thèque du  Roi  cité  par  le  P.  Petau ,  Epirh.  T.  IL 
p.  445.  porte  ,  e'i  ■yt'tvT»!  a-ti  ^mxpi»  ,  lefquelles  (deux 
pièces  d'argent)  vous  font  vingt  deniers.  Mais  Gro- 
novius ,  à  l'endroir  que  j'ai  cité,  lit  ,  e-t  ^^vû^iu  , 
150  dçiiiersj  &  Ton  ne  peut  douter  quecenelbit       à 


B  O  U 

là  k  véritable  leçon ,  quand  on  Compare  cet  en- 
droit du  Père  avec  celui  du  Didlionnaire  des  Ba- 
liiiqucs  ,  où  il  cft  écrit  tout   au    long  que  follis 
pefs  é'A>££(  i'V'pici  Siaxoiiic  ve/jr.xovza  ^  deux  ccns  cin- 
quante deniers.  Quand  on  a  vu  plu/îeurs   manul- 
crits  grecs  ,  on  convient  ailement  qu'il  a  été  très- 
facile  de  prendre  un  H.  pour  un  N.  Mais  de  cette 
corretlioa  il  s'eniuit  que  S.  Epiphane  ne  parle  que 
du  fo/Iis  pris  pour  un  poids  -,  &  en  fécond  lieu  que 
le  P.  Petau  a  eu  raifoh  d'imprimer  ^«v^jia  dans  le 
fragment  du  Lexicoa  Nomique  qu'il  a  cité  ,  com- 
me ,  dans  S.  Epiphane  ,  &c  non  pas  ^oyi^ia ,  com- 
me le  manuicrit  fcmbloit  avoir ,  &  que  cet  «  appa- 
rent étoit  un  véritable  « ,  peut-être  un  peu  trop  fer- 
mé; qu'ainfi  il  n'y  a  plus  à  douter  de  ce  que  valent  ces 
^l'à^'"  ,  &c  qu'Alciat  l'a  mal  traduit  par  dorios.  Con- 
cluons donc  qu'il  n'7  a  que  le  Lexicon  Nomique  du 
V.  Sirmond  cité  par  le  P.  Petau  ,  qui  nous  apprenne 
ce  que  c'étoit  chez  les  Romains  &  les  Grecs  poftc- 
rieurs ,  que  le  fol/is  pris  pour  une  fomme  ,  ou  la 
l'ourje ,  &  qu'elle  étoit  de  loo  liv.  17  fols  ,  un  peu 
plus  ,  de  notre  monnoie  ,  en  mettant  le  marc  d'ar- 
gent à  2.J  livres, 
Bourse  COMMUNE,  eft  une  fociété  qui    fe  fait  entre 
d>.'ux  ,  ou  plufieurs  peribnnes  de  même  profefîion  , 
pour  partager  les  profits  de  leurs  charges  ,  ou  de 
leur  trafic ,  afin  qu'ils  n'envient  point  la  pratique 
les  uns  des  autres  ,  &  qu'ils  ne  courent  point  fur 
leur  marché.  Societas.  Les  Secrétaires  du  Roi ,  les 
Commiflaires  du  Châtelet ,  les  Kuifllers  du  Parle- 
ii^ent ,  font  boiirfe  commune.  Les  Marchands  en  fo- 
ciété font  bourje  commune. 
tfy  Avoir ,  manier ,  tenir  la  bourfe  ,  c'eû  avoir  le  ma- 
niment  de  l'argent.  On  dit  rigurémenr  d'un  homme 
qui  prête  volontiers  de  l'argent  à  fes  amis ,  dans  le 
befoin  ,  que  fa  bourje  efl  ouverte  à  fes  amis  :  &  que 
toutes  les  bourjes  font  fermées ,  pour  dire  qu'on  ne 
trouve  point  d'argent  à  emprunter.  On  dit  encore 
figurément  d'un  homme  qui  relâche  de  fes  droits 
pour  l'amour  de  la  paix  ,  ou  pour  accommoder  une 
affiire ,  qu'il  s'eft  lailfe  couper  la  bourfe  ;  &c  de  celui 
<iui  l'a  difpofé  à  cet  arrangement,  qu'il  lui  a  coupé 
la  bourje.  Et  de  ceux  qui  font  la  quête  pour  les  pau- 
vres, pour  le  prcdicareur,  &c;  on  dit  qu'ils  viennent 
couper  charitablement  la  bourfe.  On  dit  auffi  ,  faire 
utie  affaire  fans  bourfe  délier ,  quand  on  fait  un  troc, 
faire  un  accomm.odement  but-à-but  ,  &  fins  qu'il 
en  coûte  de  l'argent.  On  dit  auffi  ,  qu'il  faut  faire  de 
la  dcpenfe  félon  fa  bourfe  ;  pour  dire  ,  qu'il  la  fiut 
faire  félon  fon  revenu.  Vivre  fur  la  bourfe  d'aurrui, 
c'efl   vivre  aux  dépens    d'autrui.  Avoir  la   bourfe 
bien  ferrée ,  c'eft  l'avoir  bien  garnie.^  Avoir  la  bourfe 
platte ,  c'eft  être  gueux,  n'avoir  point  d'argent. 

La  mort  en  lut  coupant  la.  vie , 
Coupa  /iZ  bourlè  à  bien  des  gens^ 

Oeft-à-dire  ,  appauvrit  bien  des  gens.  Quand  on 
plaide  fur  un  retrait  lignager  ,  on  cil:  obligé  d'ofilir 
à  chaque  aéte  de  la  caufe ,  bourfe  &  deniers  à  décou- 
vert ,  &  à  parfaire. 

On  dit  proverbialement,  au  plus  larron  la  bourfe, 
quand  on  confie  fon  argent  aune  perfonne  infi- 
dèle j  |^  ou  quand  on  donne  la  dépenie  à  faire  à 
une    pcrfonne    dont   on  doit   fe    méfier.    On  dit 
qu'un  homme  fait  bon  marché  à  fa  ^o«r/è  ,lorfqu'il 
dit  qu'une  Chofe  lui  coûte  moins  qu'il  ne  l'a  ache- 
tée. 
Bourse  ,  en  termes  de  Collège  ,efl:  une  fondation  faite 
pour  entretenir  de  pauvres  écoliers  dans  les  études 
Jus  gratuites   ac  fîntce     attrU'Utionis.  Les  bourfes 
font  à  la  nomination  des  Patrons  &  Fondateurs. 
Les  bourfes  des  Collècres  fie  fort  point  des  béné- 
fices, mais  de  fimples  places  affectées  à  certains  pays, 
&  à  certaines  perfonnes.  Il  n'y  a  eue  les  écoliers  étu- 
diansqui  puiff^nt  prétendre  droit  tmx  bourfes  Aqs 
Collèges  de  l'Univetfité  de  Paris.  Il  y  a  au  CoUè- 
gedu  Cardinal  le  Moine  à  Paris  de  grandes  6«'  de  pe- 
tites bourfes  ;  les  petites  font  pour  de  jeunes  cco- 


B  O  U  è  i 

lîers  qui  n'en  peuvent  jouir  que  fix  années,  c'eft -à-' 
dire,  autant  de  tcms  à-peu-près  qu'il  en  faut  pour 
parvenir  au  degré  de  Maîtw-ès-Arts  ,  &:  quand  ils 
l'ont  obtenu ,  ils  ceffent  de  jouir  de  k-urs  bourfes  :  l;s 
grandes  bourfes  ne  peuvent  être  tenues  que  lieuf 
ans  par  des  Maîtres-cs-Arrs ,  &  fini/fent  quand  ils 
ont  obtenu  le  degré  de  Doreurs.  En  quelques  Col- 
lèges il  y  a  des  bourfes  qui  ie  donnent  à  vie.  Il  y  en 
a  quelques-unes  qui  ne  peuvent  être  poifcdces  que 
par  des  Eccléfialtiques  Docteurs ,  ou  autres  -,  mais 
les  bourfes ,  de  quelque  nature  qu'elles  foient ,  ne 
.  font  point  des  bénéfices^ 
Bourse,  fe  dit  encore  des  fommes  d'argent  que  l'on 
amaffe ,  î^"  que  l'on  deftine  à  certains  ulàges  particu- 
liers-.ainfi  au  commencement  du  Séminaire  de  S.  Ni- 
colas du  Chardonnet  àParis,on  appela  bourfe  cléri- 
cale ,  l'argent  que  l'on  amaifoit  pour  envoyer  dans 
des  Provinces  les  Prêtres  qu'on  y  avoir  formés,  Icrvir 
de  Curés  Se  de  Vicaires.  Ce  Séminaire  a  fait  dans  la 
fuite  de  fi  grandes  acquifitions ,  que  l'an  riî^,-,  les 
Affemblées  de  la  bourfe  cléricale  cefférent.  L'Abbé 
DE  Chois  Y,   Fie  de  Madame  de  Miramion.  P.  HÉ- 

LYOT,    T.  Vin.  p.    141,    143. 

Bourse  ,•  en  termes  de  Négocians ,  efl  en  plufieurs 
villes,  ce  qu'on  appellera  Paris  &  à  Lyon,  le 
Change  ,  c'eft-à-dire ,  le  lieu  où  les  Marchands  fe 
trouvent  pour  négocier  leurs  billets.  Foraw  argen- 
tarium.  La  bourfe  de  Londres ,  d'Anvers  ,  d'Âmf- 
terdam. 

Guichardin  rapporte  que  l'otigine  de  ce  mot  vient 
de  ce  que  la  première  place  des  Marchands  qui  s'eft 
appellée  bourfe  ,  a  été  celle  de  la  ville  de  Bru- 
ges ,  au  bout  de  laquelle  il  y  avoit  un  grand  Hô- 
tel bâti  par  un  Seigneur  de  la  noble  ïamille  de 
Wander  -  Bourfe  ,  dont  on  voit  encore  les  armoi- 
ries qui  font  trois  bourfes  gravées  fur  le  couron- 
nement du  portail.  Cet  Hôtel  donna  le  nom  à  la 
place  où  s'aJienibloient  les  Marchands  ,  les  Cour- 
tiers,  les  Conimiffionnaires,  les  Interprètes,  &; 
autres  fuppots  de  négoce  ,  pour  faire  leurs  affaires 
&  leur  commerce.  Catel ,  Hifl.  de  Languedoc ,  p. 
199,  dit  que  ces  Marchands  d'Anvers  achetèrent 
pour  s'affembler  un  logis  où  pendoit  l'enfeigne  de 
la  bourfe.  Quoi  qu'il  en  foit ,  de  cette  ville ,  qui 
étoit  autrefois  la  plus  fàmeufe  pour  le  rrafic ,  les 
Marchands  ont  tranfporté  ce  nom  aux  places  d'AmP 
terdam  ,  d'Anvers,  de  Berghen  en  Norwége,  &; 
de  Londres  ,  qu'ils  ont  nommé  bourfe  commune  des 
Marchands.  La  Pleine  Elifabeth  fit  appeller  Chancre 
Broyai ,  la  bourfe  de  Londres ,  &  depuis  elle  "  a 
tcrenu  ce  nom. 

La  bourfe  à  Touloufc  efl  le  lieu  où  les  Mar- 
chands rendent  leur  juflice,  fuivant  le  pouvoir  qui 
lear  en  a  été  donné  par  Edit  de  Henri  II.  à  Paris 
au  mois  de  Juillet  1548,  par  lequel  il  leur  odtroya 
d'érablir  dansTouloufe  une  bourfe  commune  fembla- 
ble  au  Change  de  Lyon  ,  avec  pouvoir  d'élire  tous' 
les  ans  un  Prieur  &  deux  Confuls ,  qui  jugeroient  en 
première  infiance  tous  les  procès  entre  les  Mar- 
chands. D'autres  difent  que  l'Edit  de  Henri  II.  n'eft 
que  de  1549;  mais  de  la  Paye,  dans  fes  Annales 
de  Touloufe-,  le  rapporte  à  l'an  1548.  L'établiffe- 
ment  de  ces  fortes  de  Jurifdiét.ions  eil  dû  au  Chan- 
celier Olivier  ,  &  non  au  Chancelier  de  l'Hôpi- 
tal ,  comme  l'a  écrit  Charles  Loifeau  ,  Des  Sei- 
gneuries,  chap.  16.  Ce  qui  l'a  trompé,  c'efl  qu'il 
a  cru  que  la  bourfe  de  la  ville  de  Paris,  qui  ne 
fur  établie  qu'à  la  fin  de  l'année  ijfî?  fous  Char- 
les IX  étoit  la  première  en  inflitution  ,  ce  qui 
n'cfl  pas.  La  première  eft  Lyon  ;  la  deuxième  Tou- 
loufe j  la  troifieme  Rouen ,  &  Paris  la  quarricme. 
L'Edit  d'éredion  de  celle  de  Paris,  porte  cxpref- 
fément  que  c'efl  tout  ainfi  que  les  places  appe- 
Ici^s  le  Change  à  Lyon  ,  &  bourfes  à  Touloufe  Si 
à  Rouen.  De  la  Paye.  On  dit  auili  la  bourfe  à  Nan- 
tes. 

BoTfRSE,fignifieaufnia  pocheou  rextrémité  d'un. filcc 
dans  leq'uel'le  poirtbn  ou  le  gibier  fe  trouve  embar- 
raffé  fans  pouvoir  fortir,- 


2i  B  O  U 

En  termes  de  Fauconnerie  la  ^CK^yi  de  rollcan  , 

c'cii:  ia  gorge,  .        ■  r  j        i 

Bourse  KomcCeft  une  partie  qui  fe  trouve  dans  les 
yeux  des  oileaux,  .S:  ne  ie  rencontre  point  dans  les 
yeux  des  autres  animaux.  C'eft  M.  Perrault  qui  lui 
a  donné  ce  nom.  Elle  eft  placée  en  dedans  de  l'hu- 
meur vitrée  ,  &  tient  par  la  baie  au  fond  derLtil ,  à 
l'endroit  où  le  nerf  optique  entre  dans  l'œil.  Elle  eft 
fort  noire.  M.  Perrault  dit  dans  la  première  par- 
tie de  la  Mcchanique  des  animaux  ,  que  les  oileaux 
ayant  belbin  d'une  meilleure  vue  que  les  autres  ani- 
maux ,  à  caul'e  que  leur  vol  les  éloigne  ordinai- 
rement des  objets  qu'ils  ont  intérêt  de  connoître , 
ont  dans  l'œil   cette  partie  qaifcmble  leur  avoir  été 
donnée  pour  rendre  plus  parfaite  la  fondion  de  l.i 
membrane  uvée ,  en  ce  qui  regarde  la  Icpararion  & 
la  réception  des  parties  opaques  du  fang.  M.  de  la 
Hire  trouve  certe  raifon  mauvaife.  Car,  dit-il,    les 
poules ,  les  oies ,  qui  font  toujours   proche  de   la 
terre  ,  ont  la  Iwurfe  noire  comme  les  autres  oileaux  -, 
il  trouve  encore  que  le  nom  de  hoiirfe  ne  convient 
poinr  à  cette  partie  -,   félon  lui  c'efl:  un  mufcle  com- 
pofé  de  plufieurs  feuillets  triangulaires  ,  dont  le  plus 
petit  côte  eft  attaché  fur  une  membrane  ronde  6:  fort 
dure ,  qui  occupe  route  la  baie  du  nerf  optique  à 
l'endroir  où  il  entre  dans  l'œii  -,  &  ces  feuillets  font 
attaches  comme  fur  des  rayons ,  qui  partent  du  cen- 
tre de  cette  membrane.  Ils  riennenr  aulli  par  un  autre 
côté  à  un  cordon ,  ou  tendon ,  qui  fottant  du  centre 
de  la  baie  ,  va  s'attacher  au  criftallin  par  le  côtevers 
le  grand  angle  de  l'œil.  Le  troifieme  côté  de  ces  feuil- 
lets ,    qui  iii  le  plus  grand ,  eft  flottant  dans  l'hu- 
meur vitrée.  Ce  mufcle  eft  donné  aux  oileaux  pour 
tirer  le  criftallin  vers  le  fond  de  l'œ-il  par  le  côte  qui 
répond  au  grand  angle  avec  le  cordon  ou  tendon 
commun  des  feuillets  de  ce  mufcle  ,  &  par  là  donner 
à  l'œil  une  pofition  plus  perpendiculaire  aux  rayons 
des  objets  qui  font  au  devant  de  la  tête  ,  fins  quoi 
les  oifeauxjde  la  manière  que  leurs  yeux  font  placés , 
ne  pourroient  diftinguer  les  alimens  qu'ils  doivent 
prendre  par  le  bec,  ainli   que  l'expérience  d'une 
lenrillc    de  verre    oppolce    obliquement  à  la    lu- 
mière d'une  chandelle ,  &  les  régies  de  l'optique  le 
démontrenr. 
Bourse,  ou  Bouton,  en  termes  de  Botanique ,    eft 
un  bouquet  de  feuilles  ,  ou  une  fleur  qui  n'eft  pas 
encore  épanouie.  FoUiculus.    Voye^^  Bouton.  On 
appelle  aulfi  hoiirfe  généralement  tout   ce  qui  fert 
.à  renfermer  les  graines  des  plantes ,  lorfqu'elles  font 
encore  fur  pied. 
^3"  Bourse  ^volva  ,  fe  dit  particulièrement  en  Botani- 
que d'une  efpèce  de  calyce  ou  enveloppe  épaille  qui 
d'abord    renferme  certaines    plantes  de  la  famille 
des  champignons ,  fuivant  Liundus.  Elle  s'ouvre  en- 
fuite  pour  ïailler  Ibrtir  le  corps  de  la  plante. 

On  appelle  auîîî  boiirfes ,  de  longues  poches  de 
rézeaux,  qu'on  met  à  l'entrée  d'un  rerrier,  pour 
prendre  les  lapins  qu'on  chalfe  au  furet.  Prendre 
les  lapins  dans  les  bourfes. 

On  appelle  encore  bourfes  ,  deux  fies  de  cuir , 
qui  fe  mettent  des  deux  côtés  au-devant  de  la  felle 
du  cheval.  Ac.  Fr. 
Bourse  ,  fe  dit  auifi  d'un  petit  fac  de  taffetas  noir ,  où 
les  hommes  renferment  leurs  cheveux  par  derrière  , 
qui  fe  ferre  &  fe  ferme  par  des  rubans ,  comme 
une  bourfe,  &:  s'attache  par  devant  avec  un  ru- 
ban. Les  bourfes  font  fort  à  la  mode  depuis  quel- 
ques années.  On  en-  met  aulH  au  derrière  de  cer- 
taines perruques.  Perruque  à  bourfe. 
Bourse  ,  veut  dire  aùfli  en  termes  d'Anatomie  ,  petite 

vcflie.  Vejicicla.  La  bourfe  du  fiel. 
Bourses  ,  f.  f  pi.  Enveloppe  extérieure  des  tefticules. 
Scrotum.  Les  hernies  ou  defcentcs  le  font  dans  les 
boitrÇes. 
Bourse  a  Pasteur,  ou  Tabouret.  Ce  dernier  mot 
eft  mafculin.  Burfa  Fajloris.  Plante  très-commu- 
ne; fa  racine  eft  un  pivot  menu,  blanc,  fibreux, 
"    douceâtre  d'abord,    mais  peu  de  rems  aorès  dé- 
fagréable.  EU;   jeté  plufieurs  feuilles  difpofces  en 


B  O  U 

rend,  couchées  fur  la  terre  ,  oblongucs,  quelque- 
fois entier  :s ,  le  piuslbuvent  découpées  fut  les  bords 
plus  ou  moins  profondément  comme  celles  de  la 
dent  de  lion.  La  tige  qui  s'élève  d'entre  ces  feuilles , 
eft  haute  plus  ou  moins  :  alTez  fouvent  elle  n'excède 
pas  la  hauteur  d'un- pied.  Elle  eft  branchue,  garnie 
de  quelques  feuilles  beaucoup  plus  petites  i]ue  celles 
du  bas.  Cette  tige  &:  les  branches  fe  terminent  par 
des  épis  de  fleurs  blanches ,  compofées  chacune  de 
quatre  pétales,  foûtenues  par  un  calice  à  quatre  pé- 
rîtes feuilles  verdâtres.  Les  fruirs  qui  luccédent  aux 
fleurs  font  des  capfulesdivifées  perpendiculairement 
en  deux  loges  en  manière  de  gouif -t ,  Se  renferment 
dans  chacune  de  leurs  loges  quelques  femences  me- 
nues, arrondies  &  roulf.ltrcs.  Ce  fruit  a  quelque 
rapport  à  la  bourfe  que  porrent  à  la  campagne  les 
berçers  -,  6c  c'eft  d'où  vient  le  nom  de  toute  la  plan- 
te. Le  tabouret  eft  aftringent  ;  on  le  fert  de  fon 
eaudiftillée  dans  les  potions  aftringentes  pour  ar- 
rêter des  pertes,  calmer  des  hémorrhagies,  &  gué- 
rir des  difîenteries.  Sa  dccodion  a  .à-peu-près  les 
mêmes  ufiges ,  auflî  bien  que  fon  lue. 

BOURSEAÙ,  ou  BOURSAUT,  f.m.  eft  un  enfaî- 
tement  de  maifons  couvertes  d'ardoife,  qui  eft  de 
plomb  ,  &  qui  règne  le  long  du  haut  du  roit.  On 
n'en  met  pluj  guère  fur  les  faîtes.  Ainli  Bourfeaic 
eft  une  moulure  ronde  fur  la  panne  de  brilis  d'un 
comble  d'ardoife  coupé,  qui  eft  recouverte  de  plomb 
blanchi. 

On  appelle  bourfeau  rond ,  un  outil  dont  les 
Plombiers  fe  fervent  pour  battre  les  tables  de 
plomb  dont  ils  font  des  tuyaux. 

BÔUR.SET.  f.  m.  Terme  de  Marine,  ^oye^  Bourcet. 

BOURSETTE.  f.  f.  Petite  bourfe.  Locel/us,  marfupio- 
liini. 

Ce  mot  n'eft  pas  fort  en  ufige. 

Recevei  en  gré  la  bourfette 

Ouv,  ée  de  mainte  couleur.  Marot. 

%fT  Boursettes.  f.  f.  pi.  Corgue.  Ce  font  de  petites 
parties  du  fommier  fort  ingénieulément  imaginées , 
pour  pouvoir  faire  entrer  un  fil  de  fer  dans  la  loge  , 
fans  que  le  vent  dont  elle  eft  remnlie  ,  puifîe 
Ibrtir  par  le  trou  par  où  le  fil  de  fer  palîe.  Encyc. 

BOURSIER,  1ERE,  f.  m.  &  f  Ouvrier  qui  fait  des 
bourfes.  Loculorum  opifex.  On  donne  auiîi  le  nom 
à  celui  qui  les  vend. 

Boursier  dans  les  Collèges,  eft  un  écolier  qui  jouit 
d'une  bourfe.  Jus  nacius  flattz  attributionis.  Les  aé- 
rions qui  s'intentent  pour  les  biens  d'un  Collège  , 
le  fonr  au  nom  du  Principal  &  des  Bourjîers.  Voye:^^ 
les  réglemens  pour  les  Bourjîers  ,  &:  leur  réception 
dans  les  Mémoires  du  Cler-jé ,   tom.  IL 

On  appelle  aulfi  bourjîers ,  les  Notaires  5.1  Secré- 
taires du  Roi  qui  font  à  la  fuite  de  la  grande  Chan- 
cellerie ,  &  qui  ont  part  à  la  diftribution  des  bour- 
fes ordinaires  ,  qui  font  diftinguées  des  gages. 

Boursier  ,  fe  dit  quelquefois  pourTréforier.  Qumjîor. 
Il  y  ,a  dans  Berne  quatre  Banderets,  qui  font  les 
chefs  de  la  milice  de  tout  le  Canton  ,  &  deux  bour- 
fiers ,  qui  font  les  Tréforiers  généraux,  l'un  pour 
le  pays  Allemand  ,  &  l'autre  pour  le  Roman  ,  ou 
François.  Maty.  Corn.  On  rrouve  dans  les  états 
delà  Maifon  des  Ducs  de.Breragne,  un  0;'ficier 
qu'ils  appeloient  Bourfier  d'épargne.  Voy.  les  Preu- 
ves àc  l'Hifi.  de  Bret.  p.  iiii.  iiSfT.  1191.  \iç)6. 
I  lOT.Le  Bourfier  &  haut  Commandeur  du  pays  de 
Vaux. Gaz.  1-7 ix., p.  201. 

C'eft  aulîi  dans  ce  fens  qu'on  le  dit  en  France 
dans  plufieurs  Communautés  où  l'on  fait  bourfe 
commune  ,  comme  les  Bourfiers  des  Mefureurs  de 
fe!  ,  Mouleurs  de  bois ,  Sec. 

BOURSILLER.  v.  n.  Fournir  fa  quote  part  d'une 
fomme  nécellaire  pour  faire  quelque  chofe  qu'on  a 
entrepris,  &  qui  coûte  plus  qu'on  ne  s'étoit  ima- 
giné. Pecunias  in  commune  conferre.  On  croyoit 
qu'il  ne  falloir  que  tant  d'avance  pour  cette  ferme  , 
mais  il  a  fallu  encore  que  chacun  bourfillàt.  Les 


B  0  U 

PatôiiTiens  ont  bourfilli  fJoiir  achever  le  bâtiment 
de  leur  EgliCe.  Il  eft  du  ftyle  tiimilier. 

On  le  ditauiîldc  la  première  contribution  que 
l'on  tait  avec  d'autres  pour  faire  quelque  choie  à 
frais  communs ,  quand  la  contribution  de  chacun 
n'eft  pas  grodè.  Tous  les  écoliers  de  ce  Collège 
ont  bûiirjillé  poui  plaider  contre  leur  Principal. 
Tous  les  métiers  boiirjilkrent  encr'eux  pour  faire 
chanter  le  Te  Deumà.  la  convalefcence  de  Monfei- 
gneur ,  fils  du  Roi. 

BOURSINi  r.  m.  Terme  de  MaçonneriCi  C'efl:  une 
efpèce  de  croûte  de  terre  attachée  à  la  piètre  de 
taille,  qui  n'eft  pas  encore  bien  pétrifiée,  &  qu'il 
faut  retrancher  en  la  taillant,  de  même  que  l'au- 
biet  à  l'égard  du  bois.  Saxi  Tccrementum ,  pars  lapi- 
dis  molllor.  On  dit  auïfi  Boufm  ,  qui  eft  mcmc 
plus  ufité. 

BOURSON ,  ou  BOURSHRON.  f.  m.  Petite  po- 
che attachée  à  la  ceinture  du  haut-de-chauflè ,  où 
on  met  fon  atgent ,  ou  fa  bourfe,  Locellus. 

BOURSOUFLER,  v.  a.  Enfler  de  vent  ou  d'humidi- 
té. Tumejcere,  On  peint  les  vents  avec  des  vifages 
qui  font  hourfoiijlés ,  qui  ont  les  joues  pleines  & 
enflées.  Les  hydropiques  paroiflent  gros ,  parce 
qu'ils     font    tourfoujlés    de    mauvaifes     humeurs. 

ffT  Boursoufler,  fe  dit  proprement  de  l'enflure  qui 
furvient  à  la  peau ,  par  quelque  caufe  qu'elle  foit 
produite. 

Boursoufler,  fe  dit  aufTi  en  parlant  des  Bouchers 
qui  enflent  les  viandes  en  les  foufflant,  pour  les 
faire  paroître  plus  belles,  Injlare. 

Boursouflé,  ée,  part.  Ce  mots'ernploye  auffi  quel- 
quefois dans  le  ftyle  bas  &  comique  ,  pour  mar- 
quer du  mépris.  C'eft  un  s:,ïos  l'ourfouflé.  C'eft  une 
grofl'e  bourfoufiée.  Ce  qui  fe  dit  d'un  homme 
gros  &  replet  ,  qni  a  de  groflès  joues  ;  alors  il 
eft  employé  fubftantivement. 

On  le  dit  figurément  du  ftyle  &  du  difcours. 
Injlatiis..  Un  ftyle  enflé  &:  bourfci/fé  déplaît  infi- 
niment aux  ^^gens  de  bon  goût,  S.  Éyr,  /""«yt-^  Enflé  , 
Enflure. 

BOUSARD  ,  ou  BOUZARD.  Terme  de  Chafle.  Bou- 
dard ,  ce  font  fientes  du  cerf  qui  font  molles  , 
en  forme  de  bouzées  de  vaches,  dont  elles  ont 
pris  ce  nom ,  &  qu'on  nomme  autrement  fumées. 
Salnove. 

BOUSE  ,  ou  BOUZE,  f.  f  Fiente  des  bœufs  &  des 
vaches.  Stercus.  On  s'en  fert  contre  les  piqûres  de 
mouches  à  miel ,  &;  pour  réfoudre  les  apoftèmes. 
Le  P.  Thomairin  dérive  le  mot  bouj'c  de  l'hébreu 
hauts ,  qui  veut  dire  cœnum ,  lutum ,  limus ,  boue , 
limon  ;  mais  le  mot  bouts ,  avant  que  de  s'éta- 
blir en  France  fous  le  nom  de  boufe,  a  paffé  en 
Saxe,  en  Angleterre,  &  dans  les  Pays-Bas  ;  &c 
c'eft  de  ces  quartiers-là  qu'il  nous  vient  immédia- 
tement •,  car  le  même  P.  Thomaflîndit  quefcrw/zw, 
lutum ,  boue ,  s'appelle  en  faxon  ïï'afe ,  en  anglois 
oofe  ,  &  Woofe,  en  flamand  Wafe  ,  d'où,  fans  dou- 
te ,  eft  venu  le  mot  ftançois ,  vdfe  ,  quand  il  figni- 
fîe  la  boue  qui  eft  au  fond  d'un  étang  ,  d'un  fo/lc. 
M.  Huet  dit  que  ce  mot  vient  de  ^vçZo-ix  qui  veut 
dire  la  même  chofe  félon  Euftathius.  Fimus ,  bu- 
bu/us. 

Dans  l'Inde  on  fe  fert  de  bouges  de  vaches ,  com- 
me on  fe  fert  en  plufieuis  endroits  de  tourbes  au 
lieu  de  bois  pour  faire  du  feu.  Cette  coutume  eft  fort 
ancienne  dans  l'Afie.  Ticc-live  ,  Liv.  XLVIII.  chap. 
i8.  dit  que  dans  un  pays  d'Afie  appelle  Azyla  , 
parce  qu'il  n'y  avoit  point  de  bois ,  on  brûloir  des 
heurtes ,  ou  de  la  fiente  de  bœuf. 

En  Anjou  on  dit,  bouf'e  £<  bouferi  pour  marquer 
excrementa  homimcm  ,  &  cacare, 

Salnove ,  dans  le  ÎDiélionnaire  des  Chafleurs ,  qu'il 
a  mis  à  la  fin  de  fa  Vénerie  Royale  ,  dit  Bou:^ées 
de  vaches  ,  comm.e  on  peut  le  voir  ici  au  mot  Bou- 
fard ,  mais  l'ulage  eft  de  dire  bou^e. 

EousE,  en  termes  de  Blâfon,   fe  dit  d'une  efpèce  de 
chantcplare  qui  fert  à  puifer   l'eau  en  Angleterre, 


BO  U 


1. 


dorit  quelques  Seigneurs  Anglois  ont  chargé  l'éeu  dé 

leurs  armes. 
BOUSILLAGE.  f.  m.  Conftruétion  faite  avec  de  \.i 

terre  &  de  la  boue.  Conjlruciio  lutea.  Les  cloifonsi 

des  cabanes  des  payfans  ne  font  faites  que  de  bou" 
Ji/Li^e. 

Ou  dit  figurément  de  tout  ouvrage  m.al  fait ,  qi'ë 

C'eft  du  boujillagc ,  que  ce  n'ell  que  du  bouJlUagé 

0Cr  II  n'eft  pas  noble. 

Le  mot  boujîl/age ,  &C  le  mot  boujî/kr,  bouJîlUuri 

félon  le  Père  Thomallin  ,  ont  la  même  origine  qut* 

bouj'e. 
BOUSILLER.  V.  a.  Faire  un  rriur  ,  une  maifon  aved 

de  la  terre  détreiTipée,  ou  avec  de  la  boue.  Lutô 

conjlruere. 
^fT  Au  figuré,   boufdler  un  ouvrage^    c^eft  le  faire 

mal.  Il  a  boufille  ce  conte.  C'eft  un  ouvrage  qu'ori 

a  boujillé.  Il  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

On  dit  auffl  métaphoiiqUement ,  boufdler  ,  pouE 

gâter  ;  mais  dans  le  ftyle  burlefque. 

Sire  yipollon  dépité  contre  moi , 
De  ce  qu'avois  fait  écorne  à  fa  gloire 
En  le  quittant  pour  fuivre  une  autre  loi  ^ 
M'en  joua  d'une,  &  pat  malice  noire 
Durant  la  nuit  de  l'un  à  l'autre  bout) 
Gâta  l'ouvrage ,  &  le  boufilla  tout. 

Bousillé  ,  ée.  part. 

BOUSILLEUR.  f.  m.  Maçon  de  campagne  qui  bâ-^ 
tit  de  terre  &  de  boue,  Struclor  luteus.  On  le  die 
figurément  des  mauvais  ouvriers  qui  gâtent  tout 
en  toutes  fortes  d'ouVrages,  Jmperitus  opifex.  Cet 
ouvrier  ne  fait  rien  qui  vaille,  ce  n'eft  qu'un ^o«- 
filleur.  Tout  cela  eft  familier. 

BOUSIN<  i".  m.  Terme  de  Maçonnerie.  C'eft  la  mêmd 
chofe  que  Bourfin.  Voye^^  ce  mot. 

BOUSQUIER.  V.  n.  C'eft  un  terme  de  Marine  ,  donc 
on  prononce  fortement  l'j.  C'eft  la  même  chofe  que 
ce  qu'on  appelle  fur  terre  Butiner  *  &  il  fe  dit  de 
tout  ce  que  le  foldat  gagne  au  pillage  d'un  vaifleau. 
On  appelle  même  ainfi  le  plus  fouvent  ce  qu'on  y 
vole,  qu'on  appelle  bouliner  dans  les  armées  de 
terre. 

BOUSSAC.  Petite  ville  de  France  ,  en  Berri,  vers  les 
frontières  du  Bourbonnois  &  de  la  Marche. 

BOUSSOIR.  f.  m.  Terme  de  Marine  &  de  Charpen« 
terie.  Les  bouffoirs  font  deux  pièces  de  bois,  dont 
une  partie  eft  pcfce  &  attachée  au-deflus  du  cliâ- 
teau  d'avant  vers  la  proue  ,  tant  à  ftribord  qu'à  bas- 
bord,  &  le  refte  faillanthors du  navire,  fert  à  le- 
ver les  ancres,  Tignum  tollendis  anchoris  aptum, 
Caron. 

BOUSSOLE,  f,  f.  Autrement  Compas ,  ow  Cadran  de 
mer.  C'eft  une  boîte  où  il  y  a  une  aiguille  aiman- 
tée qui  fe  tourne  ordinairement  vers  les  pôles  ,  à  la 
réferve  de  quelque  déclinaifon  qu'elle  fait  en  divers 
endroits.  Pixis  nautica.  Le  cercle  de  carte  que  la 
bou^ole  (owùcTit  eft  divile  d'abord  en  3^0  dégrés  j 
&  au-deflbus  en  52  parties,  qui  marquent  les  3Z 
aires  ou  traits  de  vent ,  qu'on  appelle  auffi  pointes, 
La  bouffole  qui  eft  en  ufage  à  terre  a  l'aiguille  ai- 
mantée portée  fur  le  pivot ,  &  la  rofe  des  venrs  eft 
tracée  au  fond  de  la  boîte.  Jean  Gira ,  ou  Goya  ,  que 
quelques-uns  nomment  Flavio  de  Melphe,  ou  Flavio 
Gioia,  Napolitain,  l'inventa,  dit  -  on  ,  vers  l'an 
1 50Z.  &  de-là  vient  que  la  terre  de  Principaro  ,  qui 
fait  partie  du  Royaume  de  Naples,  dont  il  étoit 
originaire  ,  a  pris  pour  fes  armes  i^ne  bon ffole.  Quel- 
ques-uns croient  que  Marc  Paul  Vénitien  ,  ayant 
voyagé  à  la  Chine  ,  en  rapporta  l'invention  vers  l'an 
I  i6o-,  &  ce  qui  confirme  cette  conjeélure,  c'eft  qu'ori 

-  s'en  fervoit  au  commencement  de  la  même  façon  que 
font  encore  les  Chinois  qui  la  font  flotter  fbir  un 
petit  morceau  de  liège.  Ils  difent  que  leur  Empe- 
reur Chiningus,  qui  étoit  un  grand  aftrologue  ,  en 
avoit  la  connoiflance  11 20  ans  avant  Jélûs-Chrift, 
Mais  Faucher  rapporre  des  vers  de  Guyot  de  Pro^ 
vins  qui  vivojt  en  France  vers  l'an  1100,  levjue-î 


!14 


BOXJ 


B  O  U 


en  fait  mention  fous  le  nom  ck  la  rn.-irincue ,  ou 
pierre  marinière  :  ce  qui  tait  voir  qu'on  la  con- 
noilfoit  en  Fvance  avant  le  Vénitien  &;  le  Mel- 
phitain,  La  Bcut-de-lis  que  toutes  les  nations  met- 
tent lur  la  rôle  au  point  du  nord,  montre  que 
les  François  l'ont  inventée ,  ou  l'ont  mile  dans  la 
perteclion.Un  Suédois,  qui  fit  en  1^99  une  dil- 
fcrtation  lut  la  boaffole ,  de  Pixide  Maçnetica ,  feu  , 
«[vacant  y  Compafo  Nautico  ,  imprimée  à  Uplal , 
prétend  que  les  anciens  Suédois  en  ont  eu  quel- 
t|ue  connoiilance. 

Uaisuille  de  la  hoiifjole  doit  être  Laite  d'une  pla- 
tine fort  mince  de  bon  acier  en  forme  de  lofange , 
&:  vidée,  enibrte  qu'il  n'en  reRe  que  les  extrémités , 
&:  un  diamètre  au  milieu ,  fur  lequel  la  chapelle  doit 
Être  appuyée.  Pour  l'animer ,  il  la  faut  faire  toucher 
par  une  pierre  d'aimant  fort  généreufe  ;  &  la  partie 
qu'on  veut    faire   tontner  au  nord  ,  doit  être  tou- 
chée  par    le  pôle  fud  de  la  pierre   :    &  au  con- 
traire ,  celle  qu'on  veut  faire  tourner  au  fud ,  doit 
être  touchée  du  côté  de  l'aimant ,  qu'on  appelle  le 
noid,  Foyei  au  mot  Aimant.  On  peut  faire  auHi 
une    boiifole  fans    aimant,    par  le  moyen    d'une 
petite  ai2:uille  de  fer  délicatement  pofée  fur  l'eau  , 
ou  fufpendue  en  l'ait  -,   car  e'ile  fe  tournera  au  midi. 
De  même  une  aiguille  chauffée  au  feu,  &  qu'on 
laifîe  refroidir  fur\me  ligne  du  midi,  acquiert  la 
vertu  de  la  tou{j'ok  ,  &Ve  tourne  vers   les  pôles. 
On  fait  aulfi  dès  cadrans ,  des  graphométres  avec 
ties  hou^oles  ,  ou  des  aiguilles  aimantées.  L'aiguille 
de  la  louffvle  a  beaucoup  de  variation  vers  le  cap 
<le  Bonne  Efpérance.  Elle  nordouefte  de  \  8  degrés 
"à  la  vue  de  Zocotora.  Sur  le  grand  Banc  fa  varia- 
tion eft  de  iz  degré*  30  minutes.   îl   faut  remar- 
quer que  l'aiguille  ,  laquelle  eft  en  équilibre  avant 
qu'elle  foit  aimantée  ,    perd  cette  équilibre  lorf- 
qu'elle  efl:  touchée  de  l'aimant.  Au  deçà  de  la  ligne , 
la  pointe  qui  regarde  le  pôle  feptentrional  eft  in- 
clinée vers  la  terre,  &  le  contraire  arrive  dès  qu'on 
pafle  la  ligne.  Mais  fous  la  ligne,  l'aiguille  demeure 
pn  équilibre.   Dm.  Guillaume  Denys  ,  Profeffeur 
d'Hydrographie  à  Dieppe,  a  fairun  Traité  exprès 
de  la  variation  de  l'aiguille  aimantée ,  ou  bon  (foie. 
Les  Chinois  divifent  la  bouffole  en  vingt-quatre  par- 
ties feulement ,  au  lieu  que  nous  y  en  marquons 
trente-deux.  P.  Le  Comte,  Koy,  Aimant  &  dccli- 
naifon. 

Ce  mot  vient  du  latin  buxula ,  parce  qu'elle  reflem- 
ble  à  une  boîte.  Ménage.  Pafquier  dit  qu'on  l'ap- 
pelle cadran  ,  .i  caufe  qu'elle  eftmife  dans  une  boî- 
te carrée.  On  appelle  bouffole  affolée  ,  celle  dont 
l'aiguille  eft  défeél:ueufe  ,  à  caufe  qu'elle  a  été  frot- 
tée" d'un  aimant  qui  ne  lui  a  point  donné  fa  véri- 
table direcliion.  La  bouffole  nous  donne  la  connoif- 
fance  du  nouveau  monde  ,  &:  elle  lie  les  peuples 
de  la  terre  par  le  commerce.  Nicol. 

On  appelle  bouffole  de  cadran ,  une  boîte  avec 
une  aiguille  au  centre  du  cadran  ,  pour  montrer 
l'heure  &:  les  parties  du  monde. 

Il  fe  dit  aulH  au  figuré,  pour  Guide,  Conduc- 
teur. Vous  êtes  ma  bouffole. 
BOUSTANGI ,  BOUSTANGI-BACHL  Foye^  BOS- 

TANGI ,  BOSTANGI-BACHL 
BOUSTARIN.  f.  m,  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  à 
un  gros  homme  dans  quelques  Provinces  de  France. 
C'eft  un  gros  bouffarin.  Journ.  des  Sav.  1717. 
^  BOUSTROPHEDOÎvI.  f.  m.  Mot  emprunté  du 
grec  par  les  antiquaites,  pour  exprimer  une  manière 
d'écrire,   particulière  aux  grecs,  furrout  dans  les 
infcriptions,   C'eft  la  manière  d'écrire  alternative- 
ment de  droite  à  gauche,  cC  de  gauche  à  droite, 
fans  difcontinuer  là  ligne,  l  l'imitation  des  filions 
d'un    champ   que  le   bœuf  forme ,    de  façon   qu'à 
la  fin  de  l'un  il  pafle  à  l'autre  par  un  demi -cercle. 
Les  plus  anciennes  infcriptions  gtccques  font  en 
Bouflrcphedon.  B.I5 ,  bœuf ,  5-^ »*-< ,    atticle  ,   ligne, 
Voye:^  Bustrophe, 
§3=-  BOUT.  f.  m.  Extrcmapars.  La  dernière  des  par- 
.     ties  qui  conftituent  via  cprps  étendu  en  longueur. 


Le  mot  de  ^oK/reprciénte cette  dernicfc  partie  com- 
me celle  jufqu'où  la  chofe  s'étend.  Le  bout  répond 
à  un  autre  bout.  Ainfi  on  parcourt  une  chofe  d'un 
bout  à  l'autre.  On  dit  le  bout  de  l'allée.  Le  mot 
extrémité  répond  au  centre.  L'extrémité  du  Royau- 
me. Le  mot  fai  répond  au  commencement.  Lzfn 
de  la  vie,  M.  l'abbc  Girard,  Syn.  Foye^  Extrémité 

&    FIN. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  bod,  qui  eft  un  mot 
celtique ,  ligni.nant  le  fond,  l'extrémité.  Du  Cangc 
tient  que  bout  Se  bouton  font  venus  de  botones  &C 
bototinoA  :    c'eft  ainli  que  les  Anciens  appeloient 
ces  mottes ,  &c  élévations  de  terre ,  dont  les  Atpen- 
teurs  fe   fervoienr  pour  piarquer  les  bornes  &  les 
extrémirés  des  héritages.  Chorier  prétend  qu'il  nous 
vient  de  bod,  ancien  mot  allobrogiquc ,  c'cft-A-di- 
re  ,  celtique.  Bodincum ,  dit-il,  fignifie  ce  qui  eft  fans 
fond  ,  (S:  le  mot  de  bout  en  eft  venu  j  inc  fignifioic 
fans.  Se  bod,  bout,  ce  qui  étoit  appliqué  autant 
à  ce  qui  n'avoit  point  de  fond  ,  qu'à  ce  qui  n'avoir 
point  de  bout. 
Bout  ,  lignifie  auiTi   la  un  ,  l'extrémité  d'une  chofe. 
Finis.  La  chicane  a  tant  de  longueurs ,  qu'on  ne 
voit  jamais  le  bout ,  la  nn  d'un  procès.  Le  ferraon 
a  été   ii  long  ,   que  je  n'en  croyois  jamais  voir  le 
bout.  Je  veux  voir  jufqu'au  bout ,  lî  vous  aurez  li 
hardieifc  de  me  trahir.  Mol.  Un  efprit  pénétrant 
voit  d'abord  -le  bout  de  toutes  chofes.  S.  Evr.  Aa 
bout  de  foixante  jour? ,  ils  fe  rendirent.  Vaug.  Je 
vous  ptie  de  croire  que  je  pourfuivrai  m.on  droit 
jufqu'au    bout.  PoRT-R,  Cet  homme  auroit-il  v.n 
million  d'or ,  il  en  trouveroit  le  bout.  Je  vous  pria 
d'écouter  mes  raifons  jufqu'au  bout. 
Bout  ,  lignifie  encore  un  fens ,  un  côté.   Ce  Juge  efi 
interrogeant  ce  criminel  l'a  pris  par  tous  le;  bouts  , 
par  tous  les  côtés ,  il  n'en  a  pu  tirer  aucun  éclair- 
ciflement.  Undique. 
Bout  ,  fe  dit  aufîi  d'une  petite  partie  ,  ou  d'un  refte 
de  quelque  chofe ,  &  qui  approche  de  les  extrémi- 
tés. P articula.  J'ai befoin  d'un  bout  de  corde,  d'un 
bout  de  fil.  Un  bout  de  chandelle.  ^JCT  On  le  die 
aufll  d'une  partie,  d'une  chofe  qui  ne  doit  pas  êtra 
divifée.  Il  n'a  pu  entendre  qu'un  bout  de  meife. 

On  appelle  par  dérilîon,  ^o«/ d'homme ,  un  pe» 
tir  bout  d'homme ,  un  homme  extrêmement  petit,. 
On  appelle  le  haut  bout ,  princeps ,  fummus  lo- 
cus  ;  le  bas  bout,  poflremus  ,  imus  locus  ,  dans  les 
féanccs  Se  cérémonies ,  où  les  rangs  font  dillingués ,, 
les  plus  ou  les  moins  honorables.  Faire  le  bas  bout 
à  une  table  ,  c'eft  ,  félon  Mézerai ,  y  être  alfis  le 
dernier.  Les  ambitieux  veulent  toujours  rcnir  le  haut 
bout  par -tout.  L'Evangile  apprend  aux  humbles  à 
prendre  toujours  le  bas  bout.  Ronfard  introduit  dans, 
fa  Franciade  le  géant  Phovère  faifant  cette  promeiîe 
à  Kilie  fa  cavalle. 

Je  doublerai  pour  telle  récompenfe 
En  les  vieux  ans  ton  foin  &  ta  dépenfe  i 
Seul  au  haut  bout  y<?  te  ferai  loger 
De  mon  étable 

Sarrafin ,  dans  la  Préface  de  fon  Ode  fur  la  ba- 
taille de  Lens ,  a  blanié  avec  raifon  Ronfard  d'a- 
voir imité  en  cela  les  Anciens.  Nos  mœurs  &  notre 
goût  ne  fouffrenr  i^lus  ces  fortes  de  difcours  dans 
des  pièces  férieufes. 

On  nomme  figu rément  le  bout  du  monde  ,  un 
endroit-éloigné.  Extrema  pars.  Il  s'cft  allé  loger 
au  boiit  du  monde  ,  à  l'autre  bout  de  la  ville.  Il  efl 
au  bout  du  monde  ;  pour  dire,  il  eft  allé  faire  ua 
voyage  de  long  cours  en  un  pays  fort  éloigné. 
|p3°  On  dit  auffi  ,  en  parlant  du  plus  haut  où 
l'on  paillé  porter  une  chof^  dont  on  fait  une  ef- 
pcce  d'cftimation ,  c'eft  tout  le  bout  du  monde  fi 
elle  peut  v:ilovr  tant.  Ad fummum. 

En  termes  de  Marine ,  on  dit ,   Avoir  vent  de 

bout;   pour  dire.  Avoir  vent  contraire,  ou  le  vent 

par  proue  ;    adverfum  venturn  experiri  ,   &:  Aller 

1       de  bout  au  venti  pour  dire.  Aller  contre  le  vent, 

Adverfo 


BOIT 

'Aâverfo  venio  tiavigare.  On  dit  auûl  ,  atorcier  Uil 
vaifleau  de  toia  au  corps  ;  pour  dire ,  lui  met- 
tre l'éperon  dans  le  tïanc.  On  dit  auill  ,  filer  le 
cable  bouc  pour  bout  'j  pour  dire  ,  le  lâcher  en- 
tièrement ,  &  l'abandonner  avec  fon  ancre.  On  ap- 
pelle auill ,  en  termes  de  Marine  ,  bout  de  vergue  , 
la  partie  de  la  vergue  qui  excède  la  longueur  de 
la  voile ,  &c  qui  iert  quand  on  prend  les  ris.  On 
appelle  auffi  ,  Bout  de  lof,  ou  Bout-lof-,  une  pièce 
de  bois  ronde  ou  à  pans  ,  qu'on  met  au-devant 
des  vailfeaux  de  charge  qui  n'ont  point  d'éperon. 
Elle  fert  à  tenir  les  armures  de  milaine. 

ÊouT  s  fc  joint  encore  à  plulîeurs  mots  où  il  chan- 
ge de  fignification. 

Bout  d'ailes  ,  Ibht  les  plumes  qui  font  au  bout  des 
ailes  des  oifcaux.  Penna.  On  le  lert  des  bouts 
d'ailes  pour  écrire.  Il  y  en  a  même  qui  les  aiment 
mieux  que  les  autres  plumes ,  parce  qu'elles  font  plus 
fermes. 

Bout  de  l'an  ,  e(1:  un  fervicc  qu'ort  fait  faire  folen- 
nellement  pour  un  dcfant  au  bout  de  l'annce  de 
fa  mort.   Anjiiverfaria    demortui  parcntalia, 

ÈouT  d'Argent,  Bout  d'ivoire^  oii  d'autre  matière , 
ell  une  garniture  qu'on  met  au  bout  d'une  canne 
pour  s'appuyer ,  ou  d'un  bâton  de  commandement, 
Caput. 

On  appelle  auffi  bout  chez  les  Tireurs  d'or  , 
un  morceau  d'argent  doré  qu'ils  piaflent  par  la  fi- 
lière ,  pour  faire  des  filets  d'or  &  d'argent. 

Bout  ,  eft  aufll  un  terme  de  Ceintiuier.  II  fîgriifie 
une  petite  plaque  d'argent  que  l'on  met  au  bout 
des  boucles  d'un  baudrier ,  afin  de  leur  donner 
plus  de  grâce. 

On  appelle  aufli  iln  bâton  à  deu:t  bouts  ,  un 
bâton  garni  de  deux  fers  par  les  bouts,  Utrinqiie 
prœfixus  baculus.  C'éft  Une  bonne  arme  déiênfive  6c 
oiîenhve. 

Bout  de  Fleuret  ,  eft  un  bouton  de  cuir  rembourré 
dont  on  garnit  l'extrémité  des  fleurets  \  afin  qu'en 
efcrimant  on  ne  fe  bleffe  pas.  Globulus, 

^3"  Bout  de  1a  mammelle  j  du  téton.  Cefl:  le 
bouton  ,  le  mammelon  qui  eft  au  milieu  de  la  mam- 
melle ,  par  où  fort  le  lait.  Papula.  Voy.  Téton  , 
Mammelle.  On  dit  qu'un  enfant  ii'à  pas  encore 
pris  le  bout  du  téton. 

On  dit  àufïî  j  le  boiit  de  Toreille  ,  lé  bout  du 
nez.  On  dit  encore  ,  toucher  quelque  chofe 
du  bout  du  doigt.  Extremis  digitis.  Goûter  quel- 
que chofe  du  bout  des  lèvres.  Primoribus  la- 
iris. 

On  dit,    tire  cfu  bout  des    dents  -,  pour  dire  , 
s'efforcer  de  rire  quoiqu'on  n'en   ait  nulle  envie. 
On  dit  aulfi ,  qu'une  garnifon  eft  Ibrtîe  la  mè- 
che allumée  par  les   deux  bouts  :  ce  qui  eft  une 
des  Conditions  d'une  capitulation  honorable. 

BoUt-PorTAnT  ,  fe  dit  en  têriTs^s  de  Guerre  ,  des 
coups  qu'on  tire  à  brûle  pourpoint ,  qui  ne  man- 
quent point  ,  comme  fi  îe  bout  de  l'arme  à  feu 
portoit  fur  le  pdutpoint.  Admotâ  proximè  cata- 
pulta. ,    " 

Bout-toUchAnt.  Ceft  la  même  chofe  que  bout-por- 
tant,  qui  fe  dit  quand  on  tire  de  fi  près  ,  que 
le  bout  de  l'arme  à  feu  touche ,  pour  ainfi  dire , 
le  but. 

Bouts-rimes  ,  en  termes  de  Poefie  ,  font  des  rimes 
difpofées  par  ordre  ,  qu'on  donne  à  un  Poète  avec 
un  fujet ,  fur  lequel  il  eft  obligé  de  faire  des  vers 
en  fe  fervant  des  mêmes  mots  &c  dans  le  même 
ordre.  Ex  tréma  Rytkmica.  L'extravagance  d'un  Poè- 
te ,  nommé  Du  Lot,  donna  lieu  à  cette  invention  , 
vers  l'année  1(^49.  On  choififlbit  des  rimes  bizar- 
res, &  qui  ont  le  moins  de  rapport  enfemble ,  &! 
chacun  fe  piquoit  de  les  remplir  heiireulèment.  Au 
Jugement  des  plus  fins  ,  ces  rimes  bizarres  font  bien 
fouvent  celles  qui  embarraffent  te  moins ,  &  qui 
fourniflent  le  plus  de  chofes  nouvelles  &:  furpre- 
nantes ,  pour  ce  ftyle  folâtre  Se  burlefque.  Sarra- 
fîn  a  fait  un  Pocrae  qu'il  a  intitulé  :  La  défaite 
des  bmts-i'imèSi 
Tome  II\-  •   " 


Les  Lanfcrniftes  de  Touloafe  ont  trouvé  le  fe^ 
crer  de  relever  les  bouts-rimés  ;  cc.v  ils  en  propo-' 
fent  toutes  les  années  pour  être  remplis  à  la  gloi- 
re du  Roi  -,  &  le  fonnet  vidorieux  eft  récompcn-- 
Ic  par  une  médaille  d'argent.  P.  Mourgues.  11  laui 
oblervcr  trois  choies  dans  les  bouts-rimes,  lo^  Quû 
les  rimes  l'oient  toutes  bizarres.  20.  Qu'ji  ^^  ^-^jj.; 
pas  permis  de  les  altérer  en  leur  fubftituanr  des  ter- 
mes ordinaires.  50.  Qu'on  en  détermine  le  fujet. 
Id.  Voici  un  exemple  de  bouts -nmès  qui  furent 
propofés  par  l'Académie  de  touloufe ,  pour  être 
remplis  à  la  louange  du  Roi ,  &  que  le  P.  Com-' 
mire  remplit  ainfi. 

Tout  efl grand  dans  le  Roi,  l'afpecl feul de  fcn...  bufte! 
Rend  nos  fiers  ennemis  plus  froids  que  des  ...  çlacons. 
Et  Guillaume  n'attend  que  le  temps  des  ...  moilfons  , 
Pdurfe  voir fuccomber fous  un  bras fi  .......  robufte* 

Clu'on  ne  nous  vante  plus  les  miracles  d'  ...  Augùfte^ 

Louis  de  bien  régner  lui  fer  oit  des leçons., 

Horace  en  vain  l'égale  aux  Dieux  dans  fes  ..  chanfons» 
Moins  que  n'ejt  mon  Héros  ,  il  etoit  fage  &  ....  jufte. 

Modejle  fans  foibleffe ,  6-  ferme  fans  .....  orgueil  , 
Tandis  qu'aux  gens  de  bien  il  fait  un  doux  ...  accueil. 
Contre  l'impiété  fes  loi  x  fervent  de   .........  di<^ue  f 

Et  fui  de  tout  l'Etat  conduifant  les  ........  f  efforts  , 

Par  le  charme  fecret  des  grâces  qu'il  ....  prodigue  , 

Du  Prince  &  des  fujets  il  forme  les  .-...;  accords,* 

BOUT-RIMEUR.  f  m.  Celui  qui  fait  des  bouts-si*- 
més,  qui  en  fait  faire. 

De  favoris  de  Mars  ,  de  nourriffon  des  Mu  fes  4 
De  Bout-rimeur  charmant  plein  de  grâces  infufesi 

Bout-saigneux  ,  eft  l'extrémité  d'un  quartier  de  veau  ;; 
ou  de  mouton ,  du  côté  de  la  gorge ,  où  il  de- 
meure toujours  du  ftng  de  czs  animaux  quand  ont 
les  tue.  Jugulumi 

On  dit  aulfi  ,  boutfaigneux  de  bœuf.  Le  hout- 
faigneux  de  bœuf  mis  au  pot  fait  un  très-bon  po- 
tage. Le  bout-faigneux  de  bœuf  fe  mange  aulïî  en 
haricots  avec  des  navets  ,■  &  fe  fait  en  le  coupant 
par  morceaux  ,  &:  le  faifant  cuire  avec  de  i'cau , 
du  fel ,  du  poivre  ,  des  oignons ,  &:  des  clous  de 
girofle ,  puis  l'ôtant  de  ce  bouillon  ,  on  ie  palfe 
au  roux  avec  du  lard  ,  après  quoi  on  le  met  égou- 
ter;  puis  on  le  fert  avec  un  coulis  de  navets. 

On  appelle ,  en  termes  de  Couvreurs  y  un  re- 
manié à  bout ,  la  recherche  d'un  toit ,  d'une  cou- 
verture, pour  y  mettre  les  tuiles  ou  les  lattes  aux 
endroits  où  il  en  manque.  Foy.  Rem'anier. 

Bout-dehors,  Foy.  Boute-hoks. 

Bout-rabattu.  f  m.  Terme  de  Charpcnteric.  Ct(b 
Un  bout  de  Charpente  que  Ton  met  au  bout  d'un 
pignon.  Au  lieu  de  ptolonger  &  poulfer  le  pignon 
jufqu'à  la  hauteur  du  taîte  ,  on  le  laiife  #  la  hauteur 
des  murs  du  bâtiment ,  &  le  faite ,  au  lieu  de  venir 
jufqu'au  niveau  du  pignon  ordinaire  ,  eft  rabat- 
tu en  croupe,  &  forme  ce  qu'on  appelle  vulgai- 
rement bout-rabattu.  Tous  les  pavillons  font  en 
bout-rabattu.  * 

0CIF  On  dit  adverbialement ,  à  tout  bout  de  champ  , 
à  chaque  bout  de  champ ,  pour  dire ,  à  tenir  pro- 
pos ,  à  chaque  inftant.  Il  m'interrompt  à  tout  bout 
de  champ.   Bon  pour  le  ftyle  familier. 

IJG'  Mettre  des  chofes  bout  à  bout ,  c'eft  en  joindre 
les  extrémités.  On  coud  deux  iTsorceaux  de  toile 
bout  à  bout. 

§3*  En  botanique,  on  dit  que  deux  pièces  font  If- 
fcmblées  bout  à  bout ,  lorlqu'elles  fe  tiennent  feu- 
lement par  leur  extrémité.  On  les  dit  articulées  f 
quand  il  y  a  un  peu  de  mouvement  dans  leuf 
jopètion. 

IJCT  On  le  dit  encore  en  parl-ant  de  Talfemblage  de 
certaines    chofes  qui  ne  font  prefque  rien  qaaui 

I> 


-iG 


BO  U 


BO 


"  on  les  prend  féparément ,  mais  qui  prifes  enfem- 
ble  îont  un  objet  conlidcrablc.  Si  l'on  mertoic  Bout 
à  bout  le  chemin  qu'il  lait  tous  les  jours  dans  l'on 
jardin  ,  on  trouveroit  au  bout  de  l'année  qu'il  a 
niit  bien  des  Ueuçs. 

^fF  De  tout  en  bout  y  d'un  bout  à  l'autre  ,  d'une 
extrémité  à  l'autre.  Parcourir  la  ville  d'un  bout  à 
Pantrc. 

gCF  Au  bout  du  compte ,  après  tout ,  tout  conlîdc- 
tc.  Je  voiu  avois  promis  de  taire  telle  choie  \^  mais 
au  bout  du  compte  je  n'en  ferai  rien.  Perpenjîs  om- 
nibus. Exprefllon  tam.ilicre. 

§C?  A  bout ,  locution  adverbiale ,  il  a  différentes  figni- 
fications ,  fuivant  les  dilîcrens  mots  qui  l'accom- 
pagnent. 

IP"  Venir  à  bout  d'un  projet  ,  c'eft  arriver  au  but 
qu'on  s'étoit  proposé ,  tcmVLi.Pcrficere,  ajfequi pro- 
pojitum. 

^fîr  Venir  à  bout  d'une  chofe ,  fignifie  encore  parve- 
nir à  la  faire,  en  trouver  la  lin-,  il  eft  venu  à  bout 
de  l'éprouver  après  bien  des  difficultés. 

|t?  Je  n'ai  pu  venir  à  bout  de  lire  ce  livre.  Il  eft 
venu  à  bout  de  fon  argent ,  il  n'en  a  plus. 

§Cr  Venir  à  bout  de  quelqu'un ,  le  réduire  à  la  rai- 
fon^j   à  faire  ce  qu'on  veut,  ce  qu'on  en  exige. 

De?  Être  à  bout ,  ne  favoir  plus  que  devenir.  Met- 
tre à  bout  la  patience  de  quelqu'un ,  c'eft  l'obli- 
ger à  fe  mettte  en  colère ,  à  force  d'abufer  de  fa 
patience-,  poulfer  quelqu'une  bout,  c'eft  le  réduire 
.•l  ne  favoir  plus  que  faire  ni  que  dire.  Ad  inci- 
tas redigere. 

%fT  Voltaire  remarque  que  cette  exprelTion,  me  pouf- 
fe trop  à  bout ,  dont  s'eft  fervi  Corneille  dans  Ni- 
comede,  eft  comique,  du  moins  familière.  Racine 

s'en  eft  pourtant  fcrvi  dans  Bajazet Pouffons  à  bout 

l'ingrat.  Mais  le  mot  ingrat  qui  linit  la  phrafe  , 
la  rélève.  Ce  font  de  petites  nuarices  qui  diftin- 
guent  fouvent  le  bon  du  mauvais. 

Ç3"  On  dit ,  en  termes  de  manège  ,  qu'un  cheval  eft 
à  bout ,  quand  il  eft  outré  par  le  travail. 

Bout  ,  fè  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Au  bout 
de  l'aune  faut  le  drap  -,  pour  dire ,  il  faut  prendre 
d'une  choie  tout  ce  qu'on  en  peut  tirer.  On  dit  qu'un 
homme  s'eft  mis  fur  le  bon  bout  ;  pour  dire ,  qu'il  eft 
bien  vêtu ,  bien  équipé.  On  dit  aufîî ,  le  bout  de  la 
rue  fait  le  coin.  On  dit  qu'un  homme  eft  au  bout  de 
fon  roUet,  quand  il  ne  fait  plus  que  dire,  ni  que 
faire.  Oi\  dit  en  ce  fens  ,  au  bout  de  fes  rufes ,  de 
fes  iîneflès.  On  dit  qu'un  homme  manque  à  chaque 
lout  de  champ  ■,  pour  dire  à  toute  heure.  On  dit  au(fi , 
quand  un  homme  hcfite ,  ou  demeure  en  patlant , 
apportez  un  bouc  de  chandelle  pour  trouver  ce  qu'il 
•Çeut  dire.  On  dit  aufîl  en  ce  fens,  qu'il  a  une  chofe 
fur  le  bout  de  la  langue,  lorfqu'il  la  fait  bien;  mais 
qu'il  ne  peut  s'en  fouvenir  à  point  nomm.é.  On  dit  au 
contraire,  qu'un  écolier  fait  fa  leçon  fur  le  bout  An 
doigt,  quand  il  la  fait  fort  bien  pour  la  dire  par 
cœur.  On  dit  qu'une  chofe  eft  demeurée  au  bout 
de  la  plume  -,  pour  dire  ,  qu'on  a  oublié  de  l'écrire. 
On  dit ,  tfliir  le  bon  bout  de  fon  côté ,  pour  dire ,  con- 
ferver  toujours  l'avantage  de  la  poflefîîon  de  quel- 
que chofe  -,  &  qu'un  autre  ne  l'aura  que  par  le  bon 
hout  ;  pour  dire  ,  '  après  avoir  bien  plaidé  & 
contefté.  On  dit  qu'un  hjimme  brûle  fa  chandelle 
par  les  deux  bouts,  lorfqu'il  eft  mauvais  ménager, 
qu'il  fait  des  dcpenfes  de  plufiears  natures  ,  qu'il 
Joue  de  fon  côté ,  &  fa  femme  de  l'autre.  On  dit 
encore  ,  qu'il  faut  finir  par  un  bout  ;  pour  dire  , 
qu'il  faut  mourir  d'une  façon  ou  d'une  aUrre.  Il  faut 
écouter  jufqu'au  bout  ,  6c  puis  dire  ,  Amen  ; 
pour  dire,  qu'il  ne  faut  pas  interrompre  mal-à-pro- 
pos, ni  répondre  à  une  perlbnne,  qu'on  n'ait  fu  tout 
ce  qu'elle  veut  dire.  On  dit  aulîi  d'une  chofe  qui  eft 
proche,  foit  à  l'égard  du  tem.ps,  ou  du  lieu,  qu'on 
y  touche  du  tout  du  doigt.  Ain(î  on  dit  à  la  Septua- 
gcfime,  que  le  Carême  eft  proche,  qu'on  y  touclie 
du  bout  du  doigt.  On  dit  audl ,  c'eft  tout  le  tout  du 

^inonde  j  pour  dire,  le  plus  haut  point  où  on  pu'flè 
parvenir.  Si  vous  trouvez  dix  mille  ccus  de  votre 


miifon,c'ef:  tout  le  bout  du  monde. On  dit  attffi, 
du  prolir  ou  revenant  bon  de  quelque  affaire  i 
il  y  a  cent  ccus  à  gagner  ,  &  haie  au  bout.  Au  bout 
4e  bout  ;  pour  dire  ,  qu'il  faut  toujours  fe  fcrvir  de 
ce  qu'on  a.  Il  n'importe  quel  bout  en  aille  devant  , 
d'im  homme  au  défefpoir  qui  n'a  plus  rien  à  mé- 
nager. 

^  BOUTA.  Petite  ville  de  la  Prufle  Royale,  en 
Pologne,  au  territoir  de  Mircliaw  ,  environ  à  lix 
lieues  de  Dp.ntzig. 

fKT  BOUTADE-  f  f.  Caprice ,  faillie  d'efprit  &  d'hu- 
meur-, changement  fubit  provenant  d'une  révolution 
d'humeur  ou  de  lâçon  de  penf^.  On  le  dit  prefque 
toujours  en  mauvaife  part.  Prxceps  animi  impetus. 
Avoir  des  boutades.  Il  lui  prit  une  boutade.  Cet  Jiom- 
me  eft  dangereux  dans  les  boutades.  La  plupart  des 
bons  ouvriers  ne  travaillent  que  par  caprice  &  par  bou' 
tade.  Toute  fa  fidélité  fe  réduit  à  quelque  boutade 
de  tendrelfe  ,  &  à  deux  ou  trois  accès  de  défefpoir. 
Dieu  ne  voulut  pas  que  fa  converfion  fe  fit  légère- 
ment &  çzT  boutade.  BotTHouRs.  Ce  mor  lignifioic 
autrefois,  effort,  impuliîon,  ou,  félon  le  vieux  ftyle, 
une  boutée,  l'un  &  l'autre  viennent  de  bouter:  qui 
vouloit  dire  poujfer, 

^3"  On  donnoit  auiU  autrefois  le  nom  de  hotitaie  i 
de  petitsballets  qu'on  paroiffoitexécuteràrimpromp- 
tu,  La  boutade  écoit  le  grand  ballet  en  raccourci. 

Boutade.  Ternie  de  Coutume.  Droir  que  quelques 
Seigneurs  ont  en  Berry  ,  de  prendre  cinq  pintes  de 
vin  de  la  raefure  des  lieux  où  ce  droit  eft  établi,  ou 
la  fomme  pour  chacune  pinte  ,  pour  chaque  ton- 
neau ou  poinçon  de  vin ,  que  les  habitans  de  c^s 
lieux  vendent  en  gros  ou  en  dérail ,  ou  qu'ils  achè- 
tent pour  le  revendre.  Galland. 

BOUTADEUX,  f  m.  BOUTADEUSE  ,  f.  f.  Celui , 
ou  celle  qui  n'agir  que  par  boutade.  ïngenio prxaps^ 
Il  eft  vieux  ,  &:  ne  fe  peut  dire  qu'en  m.auvaile  part. 
Il  eft  abfoliu-nent  hors  d'ufage. 

Ç3"  BOUTAN.  Grand  royaume  de  la  terre  ferme  de 
l'Inde  ,  félon  quelques-uns ,  de  la  grande  Tartarie  * 
vers  l'Empire  du  grand  Mogol. 

BOUT  ANE.  f  f.  Etoffe  qui  fe  fait  à  Montpellier.  L'on 
fait  de  forr  belles  fùtàines  &  boutanes  blanches  à 
Montpellier,  dont  les  filles  &  les  femmes  vont  quafi 
toutes  vêtues ,  principalement  en  été.  Catel.  Hifi. 
de  Lan^.  p.  47. 

BOUTAK'T.  adj.Tenne  d'Architedure,|0-  qui  fe  joint 
toujours  avec  un  autre  mot  comme  ,  ^ic-boutant , 
pilier  boutant;  Zc  fe  dit  par  corruption  pour  butant. 
Un  s.TC-boutantjC'eii  une  arcade  qui  appuie  une  voûte 
élevée  ,  &  qui  eft  elle-même  appuyée  fur  une  forte 
muraille  de  maçonnerie.^w/mj.  Erifma.  Pilier  bou~ 
tant ,  eft  une  groffe  chaîne  de  pierire ,  qui  eft  faite 
pour  appuyer  une  muraille,  unererralle,  une  voû- 
te. On  tait  auiTi  des  2xz-boutans  avec  des  pièces  de 
bois  qui  pouil^nt,  &  qui  arc-boutent. 

On  apppèlle  aulTi  itz-touLint  d'un  carroffe ,    le  - 
morceau  de  fer  qui  foutient  les  riioutons  tant  en 
dedans  qu'en  dehors. 

On  le  dit  auffi  au  figuré  de  ceux  qui  fouriennent, 
qui  protègent  une  affaire ,  un  parti.  Propu^nacula  , 
prœjîdia ,  columina.  Ce  Miniftre  eft  un  des  princi- 
paux iTc-toutans  de  l'Etat, 

?.;:r  BOUT-A-PORT,  ou  BOUTE-A-PORT  ,  Offi- 
cier fur  les  ports ,  chargé  de  faire  mettre  à  port  les 
vaiffeaux  qui  arrivent  &:  de  les  ranger,  ^oye^ 
Débacleur. 

BOUTARGUE.  f.  f.  Mets  qu'on  prépare  pour  excirer 
à  boire. Ce  fonrdes  oeufs  de  poiffon  falé.  Salfamer.'^ 
ta  pifcium.  Les  Provençaux  appellent  toutargues , 

.  des  œufs  de  muge ,  ou  de  muler,  confits  avec  de  l'hui- 
le Se. du  vinaigre,  ou  des  œufs  de  poiffon  falc&: 
fcché,  dont  on  fiit  une  efpèce  de  fauciffe.  Il  s'en 
fait  beaucoup  à  Tunis  en  Barbarie,  &  à  Mortegue 
en  Provence ,  où  ce  mets  eft  fort  en  ufage ,  ainfi  qu'er* 
Italie.  De-là  nous  cheminâmes  furie  bord  du  Méan- 
dre une  demi- lieue  jufqu'à  fon  embouchure,  où 
nous  nous  arrêtâmes  à  voir  une  cabane  de  ces  pê- 
che.irs  qui  prennent  les  ipoiffons,  dont  l<s    cuis 


EOU 

fervent  à  faire  Isl  iouiargue ,  qui  efi:  une  efpcce  de 
cervelas  d'un  goût  fort  bizarre,  &  néanmoins  que 
quelques-uns  trouvent  fort  délicieux.  Du  Loir, 
pag.  jz,  _ 

Ménage  dérive  ce  mot  du  grec   ùx  rupixa. 

tfT  BOUT-AVANT. f.  m.  Officier  de  Saline  ,  dont  la 
fonction  eft  de  veiller  à  ce  que  l'empliUage  du  va- 
xel  fe  faffe  félon  l'uiage.  AVy^{VAXEL. 

BOUTE,  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  la  moitié  d'un 
tonneau  en  manière  de  baquet.  Cupa  minor ,  cupiiîa, 
fcrt  à  mettre  la  boiiîbn  qui  eft  deftince  chaque 
jour  à  l'équipage.  On  l'appelle  auifi  baille. 

Boutes,  font  au/îî  de  grandes  futailles  où  l'on  met 
l'eau  douce  que  l'on  embarque  pour  fiire  voyage. 
Dolia, 

gCT  On  donne  auiîi  le  nom  de  boutes  aux  tonneaux 
dans  lefquels  on  enferme  en  Guyenne  les  feuilles 
de  tabac  après  qu'elles  ont  fuc ,  &  aux  barriques 
dans  lelquelles  on  m.et  le  caviac ,  ou  œufs  d'eftur- 
geon  &  de  moutonne  qui  viennent  de  la  Mer  noire. 

BOUTE  ,  EE.  adj.  Terme  de  Manège  ,  qui  fe  dit  d'un 
cheval  qui  a  les  jambes  droites  depuis  le  genou  juf- 
qu'à  la  couronne  ;  ce  qui  arrive  fouvent  aux  ciievaux- 
court-jointés 

BOUTEAUX  ,  ou  BOUT  DE  QUEVRE.  Terme  de 
Marine.  C'eft  un  petit  filet  attaché  à  un  bâton  four- 
chu ,  que  les  Pêcheurs  pouffent  devant  eux  fur  les 
fabljs.  On  s'en  fert  fut  les  côtes  de  l'Océan  ,  pour 
perndre  une  efpèce  d'ecreviilè ,  appelée  crevette  , 
ou  falicot. 

§cr  BqUTE-DEHORS.  Foyei  Boute-Hors. 

BOUTEE,  f.  f.  Terme  d'Architeélute  ,  qui  fe  dit  des 
ouvrages  qu'on  fait  pour  foutenir  la  pouifée  d'une 
voiite  ,  d'une  terralfe.  Anteris.  Il  faut  de  fortes 
boutées  pour  rélifter  à  la  pouifée  des  voûtes  des  gran- 
des Eglifes. 

BOUTE-EN-TRAIN.  f.  m.  Qui  pouffe  ,  qui  excire , 

•  qui  donne  l'exemple.  Dux,  exerrplum,  incitator.  On 
appelle  ainii  un  petit  oifeau  qui  fert  à  faire  chanter 
les  autres,  &  qu'on  nomme  autrement  tarin. 

^fT  En  termes  de  haras,  c'eft  un  cheval  entier  dont 
on  fe  fert  pour  mettre  les  jumens  en  chaleur.  Un 
hauts  -entrain  fe  dit  figurément  d'un  homme  qui 
anime  les  autres ,  Ibit  au  plailir ,  Ibit  au  travail.  Ce 
mot  en  françois  ,  lorfqu'on  en  ufe  en  riant ,  fe  doit 
écrire  boute-en-train  ,  &  non  pas  bout-en-train , 
Glo[f.  Bourg,  au  mot  Bôtré.  Pour  fe  divertir  il  faut 
un  boute-en-train  ,  qui  lie  la  partie  ,  qui  excite  & 
qui  entraine  les  autres. 

Chaque  ville  ^lyôn  Boute-en-traîn, 
Qui  veut  rire  quoi  qu'il  en  coûte  , 
Nous  l'avojzs  vît  par  le  chemin 
Dans  les  villes  de  notre  route  ; 
Boute-cn-train  de  Château-Thierry , 
C'efl  la  Dame  de  Vajfigny, 

M.  de  la  Monnoye  ,  &  l'Auteur  du  Diâ;ionnairc 
Comique  ,  en  étendent  la  fignification  à  tout  ce  qui 
peut  exciter  à  l'amour ,  comme  une  belle  gor- 
£re  ,  &c. 

BOUTE-FEU.  f.  m.  Officier   d'Artillerie  qui  met  le 

feu  au  canon  &:  aux  mortiers.  Qui  ignem  tormento 

fubjicit.  On  appelle  aufîi  du  même  nom  la  hampe , 

ou  le  bâton  garni  d'un  ferpentin,  dans  lequel  on 

paffe  la  mèche  ,  &  avec  lequel  on  y  met  le  feu. 

BouTE-îEU,  eft  auffi  un  incendiaire  ,  qui  par  malice  , 
ou  par  vengeance ,  met  le  feu  à  quelque  maifon. 
Jncendiarius.  Il  commanda  de  tuer  tous  les  boute- 
feux.  Ablanc. 

Boute-feu  ,  fe  dit  figurément  de  ceux  qui  fufcitent 
des  féditions ,  des  guerres  civiles ,  qui  mettent  des 
diflenfions  entre  les  Princes ,  ou  les  parriculiers,  & 
qui  donnent  occafion  aux  guerres  &  aux  procès. 
Seditionis  aucfor  ,  fax. 

Ip-  B  OUTE-HORS ,  ou  BOUTE-DEHORS,  f  m. 
Efpèce  de  Jeu  qui  n'eft  plus  en  ufage  :  mais  au  figu- 
ré, on  dit  que  deux  hommes  qui  tâchent  de  fe 
débufquer  l'un  l'autte  de  quelqu'emploi ,  de  quel<jue 


BO  U 


27 


charge ,  de  fe  détruire  ,  )ouent  au  boute-hors. 
BOUTE-HORS  ,  fe  dit  aulfi  de   la  facilité  d'expri- 
mer les  penfées ,  de  faire  connoître  fon  mérite  & 
fon   favoir  dans  les  compagnies.  Expedita  &  pru- 
fluens  in  dicendo  celeritas.  Il  y  a  bien  des   Savans 
qu'on  n'eftsrnc  pas,  parce  qu'ils  n'ont  point  de  boute- 
hors.  Ce  mot  en  ce  Icns  eft  trivial. 
Boute-hors  ,  ou  Boute-dehors,    f.    m.    Terme  de 
Marine.  Ce   font  des  pièces  de  bois  ou  petites  ver- 
gues qu'on  ajoute  par  des  anneaux  de  fer  aux  gran- 
des vergues ,   pour  porter  des  bonnettes  ou  cou- 
telas lorfqu'on  veut  faire  diligence.  On  appelle  aufîi 
boute-hors  ,  ou  défenfes ,  de  longues  pièces  de  bois 
qu'on  met  en  faillie  en  dehors  du  vaifleau ,  pour  em- 
pêcher l'abordage  d'un  brûlot ,  ou  que  les  vaifîtaux 
ne  s'endommagent  en  fe  heurtant  les  uns  contre  les 
autres.  Boute-hors  fe  dit  encore  d'un  petit  mât  qui 
fert  à  la  machine  à  mater ,  pour  mettre  les  chou- 
quets  &  les  hunes  en  leur  place. 
Boute-de-eof  ,  ou  Boute-iof.   f.  m.  C'eft  une  piè- 
ce de'  bois   ronde  à  huit  pans,  qu'on  met  au-de- 
vant des  vaifTèux  de  charge  qui  n'ont  point  d'épe- 
ron. Elle  fert  à  tendre  les  armures  de  mifâine. 
BOUTERAME.  f,  £  On    appelle  ainii  en  Flandres 
une  ttanche  de 'pain,  fur    laquelle  on   étend    du 
beurre ,  des  pommes  cuites ,  du  fromage  ,  &  de  la 
viande.  Mln. 
BOUTE-SELLE.  f  m.  Terme  de  guerre ,  fîgnal  qu'on 
donne  aux  cavaliers  pour  les  avertir  de  monter   à 
cheval.  Signiim  buccince  equitibus  datum  ut  equos 
infcendant.  On  dit  aufîi ,  la  levée  du  boute-felle , 
qui  eft  le  fécond  fiinal. 
et?  BOUTE-TOUT-CUIRE.  f  m.  Terme  populaire 
qui  fe  dit    d'un  dilfipateui ,    qui  s'accommode  ds 
tout ,  mange  tout.  C'eft  un  franc  boute-tout  cuire, 
Hclluo.  Barathrum. 
BOUTEILLAGE.  f  m.  Ancien  droit  que  les  Bretons 
payoient  à  leurs  Seigneurs  fur  le  vin ,  &  fur  tous 
les  autres   breuvages,    Vecligal  vinarium.  Le  droit 
de  bouteillage  ctoit  un  des  plus  confîdérables.  Les 
Seigneurs  levoient  de  grands  droits  fiir  la  vente  du 
vin  &  de  tous    les  autres    breuvages ,    comme    la 
cervoife ,   le  mcdon  ou   hydromel ,    le  piment  & 
le  cidre.  Lobimeau.  Outie  les  vins  étrangers,   la 
Province  avoir  les  liens  :  il  y  avoir  des  vignes  en 
plufieurs  lieux  plus  propres  à  fournir  du  bois ,  du 
gland  ,  &  du  charbon ,  que  du  vin  -,  cependant  les 
Seigneurs  de  ces  lieux  n'étoient  pas  ceux  qui  fif- 
fcnt  le  moins  valoir  leur  droit  de  bouteillage.  Id. 
Les  anciens  titres  appellent  ce  dioit  en  latin  Po- 
tagium  ,  Buticulatio ,  Boutelagium ,  &  Botela^ium. 
Les  plus     anciens  de    ces  titres  font  du  XIP  fiè- 
cle.  Le  P.  Lobineau ,  Hifl.  de  Bret.  T.  IL  p.  153, 
remarque  que  le  bouteillage  de  Dole  étoit  de  dou- 
ze fous  par  barrique  de  vin. 
^fT  Le  Bouteillage  eft  aujourd'hui    un  droit  fur  la 
vente  des  vins  étrangers ,  que  le  Bouteiller  du  Roi 
d'Angleterre  prend,   en    vertu  de  fa  charge,    fur 
chaque  vaifleau.  Cette  dernière  manière  de  parlée 
vient  du  bouchon  de  la  bouteille   qui  eft  comme 
fa  coëffe ,   qu'il  faut  ôter  pour  boire  la  liqueur. 

Ce  mot  vient  de  buticula  ,  diminutif  de  butta  , 
d'où  les  Italiens  ont  fait  botte ,  Sc  qui  lignifie  la 
même  choie.  Ménage  Les  Bollandiftes ,  M^ar/.  T.  I. 
p.  191  ,  le  tirent  du  latin  buto  ou  buttonus ,  qui 
le  trouve  dans  Anaftafe  le  Bibliothécaire.  April. 
T.  U.  p.  818.  Dans  le  procès  des  miracles  du 
B  Simon,  Religieux  Auguftin  de  Todi  en  Italie, 
on  trouve  bottaslia  au  même  fens.  Le  P.  Papebtok  , 
fur  les  Loix  Palatines  de  Jacques  II.  Roi  de  Ma- 
jorque, Acîa  SS.  Junii  ,  T.  JIJ.  P.  XFI.  £.  die 
que  l'on  a  dit  botslla,  ou  buticula,  diminutif  de 
boto ,  qui  fignifîe  vafe ,  coupe  ;  que  les  Allemans 
en  ont  fait  pot ,  auquel  ils  donnent  néanmoins  une 
fignification  plus  étendue ,  le  prenant  pour  ol/a  , 
rnarmite  ,  vale  où  l'on  fait  cuire  la  viande.  Nous  en 
ufbns  de  même  ,  comme  on  le  verra  au  mot  Pot. 
On  trouve  encore  buttis ,  Acla   SS.  Jun.  T.  III,  . 

Di] 


à8 


BOU 


On  trouve  auflî  en  crrec  moderne /3577'? .  /3bt7mv, 
/5tfTiJi»%  &:  /î»'":?,  dans  le  Mathématicien  Hcronj  qui  dit 
que  ;3«7'!î  eft  un  vale  qui  a  par  en  haut  6  pieds  de 
«iiamètre  ,  &:  huit  par  en  bas.  On  dit  que  les  Pro- 
\ençaux  difent  auilî  toute,  &  les  Italiens  l-oitc  , 
comme  l'a  remarque  le  P.  Poufline  dans  les  O/'- 
ferv.  fur  Pacliym.  L.  J,  au  mot  ?ii-''C',t -,  que  Pa- 
chymère ,  félon  lui ,  a  fait  de  ce  mot  Italien , 
qui  approche  de  Butii  dans  ia  prononciation.  Pa- 
chymère  prend /3»tÇ«»  pour  une  barrique,  à  ce  qu'il 
paroît  très-vraifemblablement  au  même  Père  Pouf- 
fine. 
BOUTEILLE,  fe  dit  par  extenfion  du  vin  qui  cft 
contenu  dans  la  bouteille,  Bacchus  efl:  appelé  le  Dieu 
de  ia  bouteille.  On  a  bu  à  ce  repas  trente  bouteilles. 
Bçire  bouteille,  ou  vider  bouteille  ,  boire  bou- 
teille enfemble ,  exprciîîon  populaire ,  mais  fort 
en  ufage. 

^T  Bouteille,  fe  dit  aufTi  de  ces  efpèces  d'am- 
poules ,  ou  balles  remplies  d'air  qui  fe  forment  fur 
la  furface  d'un  fluide ,  par  l'addition  d'un  fluide 
femblable ,  comme  quand  il  pleut  -,  ou  dans  fa 
fubftance ,  par  une  commotion  de  fes  parties,  com- 
me quand  le  pot  bout.  Il  fe  forme  de  ces  bou- 
teilles quand  on  favonne.  Les'enfans  en  font  quand 
ils  foufflent  de  l'eau  de  favon  ,  ou  quelque  liqueur 
ondueufe  par  un  chalumeau.  Il  s'en  forme  fur  la 
furface  d'une  liqueur  fous  le  récipient  de  la  ma- 
chine pneumatique ,  quand  on  pompe  l'air ,  fem- 
blables  à  celles  qui  font  produites  par  la  pluie. 
Dans  tous  ces  cas ,  ces  bouteilles  ou  balles  font  for- 
mées par  l'air  qui  fe  dégage  d'entre  les  particu- 
les du  fluide  où  il  étoit  comprimé ,  &  en  fe  di- 
latant, étend  les  particules  du  fluide.  Elles  font 
rondes ,  parce  que  l'air ,  en  fe  dégageant ,  agit  éga- 
lement en-dedans  d'elles  en  tout  fens ,  &  comme 
elles  ne  font  que  très-peu  de  réfiftance  ,  elles  crè- 
vent bientôt,  pour  peu  que    Pair  fe  dilate. 

Bouteille,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  des  faillies  qui 
font  au  côté  du  vailfeau  au  lieu  de  galeries ,  qui 
font  défendues  par  la  nouvelle  Ordonnance.  Elles 
ont  deux  pieds  6c  demi  au  plus  de  large  :  elles 
font  conduites  depuis  les  fabords  de  iainte  Barbe 
jufqu'au  couronnement ,  &;  font  ouvertes  en-de- 
dans des  chambres.  Ce  coup  de  vent  ne  nous  fit 
autre  mal  que  d'enfoncer  notre  bouteille  de  bas 
bord.  Frez./».  6. 

On  dit  proverbialement ,  quand  un  homme  ivre 
a  fait  quelque  ctime  i  qu'on  pardonne  au  vin ,  mais 
que  l'on  pend  la  bouteille.  On  dit  auffi ,  quand 
il  a  quelque  bouton  ou  rougeur  au  vifage ,  que  c'eft 
un  coup  de  bouteille.  On  dit  auifi  d'un  niais  ,  d'un 
ignorant,  qu'il  n'a  jamais  rien  vu  que  par  le  trou 
d'une  i^'OA-m/A'.  On  dit  auflî  5  quand  on  mange  un 
morceau  après  avoir  bu ,  que  c'eft  pour  boucher 
la  bouteille.  On  dir  proverbialement ,  être  dans 
la  bouteille ,  pour  dire  ,  être  dans  le  fecret  d'une 
affaire. 

BOUTEILLER.  Foye:^  Boutillier. 

§3*  BOUTEILLETTE.  f.  f.  Diminutif  de  bouteille. 
Buttula.  Il  eft  vieux.  Il  lîgnilioit  auiîl  petire  tu- 
meur. Ch.  Est.  DicT. 

§^  BOUTER.  V.  a.  Synonyme  avec  mettre.  Il  eft 
vieux  ,  &  n'eft  plus  en  ufage  que  parmi  les  Payfans. 
Boutei  cela  là  ,  mettez  ,  boutc7-\'oi\'i  là. 

Dans  le  dilcours  ordinaire  il  eft:  d'ufage  dans  quel- 
ques mots  compofés ,  comme  on  l'a  \u  ci-defllis 
en  Boute-en-train ,  \Boute-Çeu ,  Boutc-hors ,  B^ite- 
felle,  Ablancour  s'eil  ferv'i  de  boute  ,  boute  ,  |)our 
dire  ,  tais,  fais.  Comme  fi  on  difoit  en  latin,  rt^tf , 

tfF  En  terme  de  Marine ,  bouter  fignifie  mettre  & 
pouffer,  bouter  le  cable  au  cabeftan ,  bouter  de 
lof,  pour  dire,  aller  à  la  bouline. /^oyÉ-^  Bouline. 
On  dit  aufTt  Bouter  à  l'eau  ,  quand  on  fait  for- 
tir  un  bateau  du  port ,  fp"  quand  on  met  le  ca- 
not  à  la  mer  \  &;  bouter  au  large ,  le  poulîer  au 
large. 


BOU 

En  termes  de  Vénerie  ,  on  dit ,  bouter  la  bête  -, 
pour  dire  ,  la  lancer. 
§Cr  Bouter  le  cuir,  rerme  de  Corroyeur.  C'eft  en- 
lever  avec  le  boutoir (  Voye:^  Boutoir)  la  chair  qui 
eft  demeurée  attachée  à  la  peau  de  l'animal  au 
fortir  de  la  tannerie. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  butare ,  qui  s'eft 
dit  dans  la  balle  latinité.  Seroit-ce  de-là  que  s'ell 
fait  dans  le  grec  moderne  &>s]i'Ç,ui,  plonger ,  met- 
tre dans  l'eau ,  &  /3a7('^iî  ,  nom  d'un  Officier  de 
l'Egliie  grecque  ,  dont  l'office  étoit  dans  la  céré- 
monie du  baptême  de  plonger,  ou  de  mettre  dans 
Peau  le  baptifé.  Ces  mots  ont  bien  tourmenté  le 
P.  Goar,  Ne  Ibnt-ce  pas  plutôt  des  corruptions  de 

&Z  bouter  viendroit-il  de-la  î 
BOUTERIL.f.  m.  Vieux  mot.  Nombril. 
BOUTEROLLE.  f.  f.  C'eft  la    garniture  qu'on    met 
au  bout  du  fourreau  d'une  épée ,  pour  empêcher 
qu'elle  ne  perce.£.v;rew<E  acinacis  vagime  munimen- 
tum.  Une  bouterolle  de  fer ,  d'argent. 

Ce  mot  vient  de  bouts  à  réoles ,  emprunté  des 
Efpagnols ,  qui  nomment  ainli  les  bouts  des  four- 
reaux &des  gardes  d'épée  arrondis,  C'eft  une  pièce 
quelquefois  dans  les  Armoiries. 
Bouterolle,  eft  aufli  une  fente  de  clef  par  où  pailê 

le  rouet ,  ou  les  gardes  d'une  ferrure. 
Bouterolle  ,  eft  aulii  un  outil  ou    poinçon  rond  , 

qui  ferr  à    çravcr  fur  les  pierres  dures, 
UCF  BOUTEROUE,   terme  de   rivière.  On  appelle 
ainfi    les    bornes    qui  empêchent   que    les  ciiieux 
des  voitures    n'endommagent   les  garde -fous    des 
ponts. 
BOUTEUX.  f.  m.  Petit  filet  attaché  à  un  bâton  four- 
chu ,    dont  on  fe  fert  fur  les  côtes   de  l'Océan  < 
&  que  les  Pêcheurs  pouifenr  devanr   eux   fur  les 
fables ,    pour  prendre  une    efpèce   d'écrevifle  ap- 
pelée crevette  ou  falicot.    On  l'appelle  autrement 
Bout   de  quévre. 
10°  BOUTICLAPv.  f.  m.  Terme  de  rivière,  Voyei 

Boutique  à  poilfon. 
Ip"  ROUTIERES.  (  /«)  Petit  pays  de  France,  dans  le 
Vivarais,  vers  Privas ,  couvert  de  montagnes  fticriles. 
BOUTILLIER  ,  ou  BOUTEILLER  ,  t  m.  Grand 
Echanfon  chez  le  Roi.  Supremus  vini  dijpejifvidi 
mimjler ,  anciennement  buticularius.  Le  Grand  Bon- 
tillier  de  France.  Ce  mot  ne  fe  dit  que  danscctte 
phrafe.  M.  le  Gendre  &  d'aurres  encore  écrivent 
Bouteiller.  Le  Bouteiller  éto]i  chargé  de  tout  ce  qui 
regarde  la  bouche.  Le    Gendre. 

Bouteiller  ,  vient  de  Buticularius  ,  formé,  fé- 
lon les  Bollandiftes  ,  Mart,  T.  J.  p.i^i  E.debn- 
to  ,  ou  buttonus,  qui  fe  trouve  dans  Anaftafe  le 
Bibliothécaire ,  pour  fignifier  un  vafc ,  une  bouteille  ; 
&  d'où  l'on  a  formé  butica ,  de  huticnhi ,  auiîi- 
bien  que  Butellarius  ,  &  ,  Buticularius  ,  dont  Hinc- 
mar  5c  d'autres  fe  font  fervis.  Dans  un  ade  du 
XIF  ficelé  ,  où  eft  le  cacher  du  Bouteiller  du  Roi 
Louis  VII ,  il  y  a  Signum  Guidonis  ButiciJarii. 
Voyei  Acl.  SS.Maii^  T.  FI.p.'^zuC.  rov.'^aufli 
les  loix  Palatines  de  Jacques  II ,  Roi  de  Majorque  , 
au  titre  de  Botellario  majori ,  à  la  tête  du  troi- 
fième  Tome  des  Acla  SS.  Junii.  Les  Flamands  di- 
fent Butelier,  &  les  Bollandiftes  prétendent  que 
le  nom  Butelgio ,  qui  fe  trouve  dans  la  vie  de 
Charles  le  Bon,  Comte  de  Flandres ,  eft  la  même, 
chofe  que  Buticularius, 

Le  Bouteiller  étoit  un  des  cinq  grands  Officiers  de 
Fiance  qui  fignoit  dans  toutes  les  Patentes  des  Rois, 
ou  du  moins  étoit  prclent  à  leur  expédition.  11  avoir 
féance  entre  les  Princes ,  8i  difputoit  le  pas  au  Con- 
nétable.Du  Tillet,  Recueil  des  Rois  de  France,-ç.'!,9-3 
cite  un  Arrêt  daté  de  1214  qui  donne  au  Bouteiller 
affiftance  &  opinion  en  la  Cour  des  Pairs  de  France  , 
pour  jugement  des  Pairs.  Le  grand  bouteiller  préten- 
doit  avoir  le  droitde  préfider  à  laChambre  des  Comp- 
res.On  trouve  en  efïer  fur  les  Reî^iftres  de  certe  Cham- 
bre de  l'an  1 5  97.  que  Jean  de  Bourbon ,  Grand  Bou- 
teiller de  France,y  ivx  reçu  comme  premier  Prclident, 


EOIJ 

Depuis ,  cette  charge  fut  annexée  par  Edit  dû.  Roi 
à  celle  de  Grand  BouteilUr.  Mais  ce  droit  s'éteignit , 
foit  par  la  négligence  du  Grand  BoutcilUr  ,  Ibit  par 
l'autorité  du  Roi.  Du  Tilietcité  ,/?,  408  ,  fait  men- 
tion d'une  Ordonnance ,  que  le  Boutcillcr  de  France 
foit  (  à  caufc  de  ion  Office  )  l'un  des  deux  Prciidents 
en  la  Chambre  des  Comptes  ;  mais  il  ne  dit  pas  Prc- 
iîdent.  Le  titre  de  grand  Bouteilkr  s'efl:  aboli  au(iî , 
&  l'on  y  a  fubftitué  la  charge  de  Grand  Echanlbn  -, 
mais  ils  ont  été  contemporains ,  &  l'on  voit  quan- 
tité d'actes  avant  S.  Louis  011  le  grand  Echanibn  & 
le  grand/ow/e/V/c^rfont  tous  deux  nommés,  &  quel- 
quefois lignes,  mais  depuis,  les  fonctions  de  ces  deux 
emplois  ont  été  réunies,  Voye:;^  Fauchet  &  Favyn. 
BOUTIQUE,  f.  f.  Lieu   où  les  Marchands  expofent 
leurs  marchandifes  en  vente  ,  qui  eft  ouvert  liir  la 
rue  ,  &  au  rez  de  chauffée  \  &  où  les  artifans   tra- 
vaillent. Taherna  ,  officina.   On  dit ,  lever ,  ouvrir 
bottii^m.   Tabernam  injiruclam   mcrcibiis   aperire. 
Tenir  boiiiiqite  ,  garder  ,  conduire  la  boutir/ue.  Se 
mettre  en  boutique.  Garçon  de  boutique.  Fille  de  j 
boutique.  Ce  Marchand  a  ouvert  fa  boutique.  La  Po-  j 
lice  fait  fermer  les  boutiques  les  Dimanches  &  Fêtes,  | 
&  pendant  les  réjouiffances  publiques ,  ou  quand  il 
y  a  une  maladie  contagieufe.  Il  yaauilîdes  bouti- 
ques dans  les  Foires ,  dans  la  galerie  du  Palais ,  ùc. 
On  appeloit  autrefois  boutiques ,  les  études  des 
Notaires  -,  &  on  les  appelle  encore  ainfi  en  plu- 
fîeurs  lieux  de  Province. 

Henri  Etienne  ,  de  Latinit.  ÇuÇp.  p.  y  17.  3.  remar- 
qué que  ce  mot  vient  originairement  du  grec  «s-ojàz», 
Âpotkeca ,  dont  même  Ciccron  s'efl:  lervi  en  latin  5 
que  dans  les  commcncemcns  on  a  dit  pothèque  & 
cnluite  boiheque  ,  puis  bouthhqiic  ,  &  enfin  boutique. 
Les  Italiens  difent  bottega  ,  &  les  Efpagnols  botica  : 
butica  fe  trouve  fouvent  pour  iîgnificr  cijta ,  une 
boite  ;  peut-être  que  d'abord  il  ne  fe  diibit  que  des 
boîtes  ou  balles  de  ces  petits  Mctciers  qui  vont  par 
la  campagne  ,  &  qu'enfuite  on  l'a  étendu  aux  lieux 
où  les  gros  Marchands  mettent  &  étaient  leurs  mar- 
chandiies.  Les  BoUandiflies ,  Mart.  T.  III.  p,  847. 
tirent  butica  de  butis  ,  qui  s'efl  dit  pour  un  vafe  à. 
mettre  des  chofes  liquides ,  comme  du  vin ,  une 
boureille. 

On  appelle  auiîi  boutiques ,  certains  ctaus  por- 
tatifs ,  à  l'abri  defquels  ie  mettent  quelques  artifans, 
ou  petits  Merciers ,  comme  les  Savetiers ,  les  Ra- 
vaudeur's ,  les  Vendeurs  de  pain  d'épice  ,  de  pou- 
pées ,  &c. 

On  appelle  encore  boutiques  ,  des  boîtes  ou 
layettes  que  quelques  petits  Merciers  ambulans  por- 
tent au  cou  ou  fur  le  dos.  Capfa. 

On  appelle  aufli  boutiques,  les  bateaux  où  l'on  met 
&  où  l'on  nourrit  du  poiflbn  ,  en  attendant  qu'on 
en  ait  le  débit.  Ces  bateaux  font  tous  percés  au-deffous 
du  niveau  de  la  rivière  ,  &  ne  font  élevés  fur  l'eau 
qu'à  caufc  du  vide  qui  eft  à  l'avant  &  à  l'arrière. 
Boutique  ,  fe  dit  auffi  du  fonds  du  Marchand.  Il  a 
vendu,  il  a  laiflc  fa  boutique  à  fon  affocié  -,  pour  dire  , 
fon  fonds  &  fes  marchandifes ,  ou  les  outils  de  fon 
métier ,  s'il  eft  artifan ,  &  les  inftrimiens  ou  vaif- 
feaux  propres  pour  fes  manufaéliurcs 

M.  Bofluet ,  dans  fon  hiftoire  des  Variations ,  L. 
XI. p.  181. a  pris  ce  mot  métaphoriquement,  com- 
me font  les  Latins ,  pour  l'auteur  ,  l'origine  d'une 
choie.  On  peut  voir  par-là  ,  dit-il ,  de  quelle  bou- 
tique eft  fortie  la  méthode  de  foutenir  la  perpétui- 
té de  l'Eglife  par  une  fuite  cachée,  &c.  Boutique  en 
ce  fens  n'cft  pas  du  bel  ufage. 

En  ftyle  populaire ,  ce  mot  fignifie  encore  une 
iTiaiibn  où  les  Domcftiques  Ibnt  mal ,  pout  le  paye- 
ment ,  la  nourrituie  ,  ou  le  travail.  Tu  ne  refteras 
guère  dans  cette  maiibn ,  c'eft  une  boutique.  Pierrot 
dit  dans  la  Fille  /ayante  :  j'ai  demeuré  trois  ans 
dans  une  de  ces  boutiques. 

On  dit  proverbialement  :  adieu  la  boutique  ,  de 

quelque  choie  qui  tombe ,  qui  le  renverfe  ,  qu'on  en- 

.  traîne.  On  dit ,  qu'un  homme  fait  de  fon  corps  une 

boutique  d'Apothicaire ,  quand  il  prend  fouvent,  ou 


BO  U 


iç, 


par  précaution,  des  lavemens  &z  des   médecines. 
On  dit,  il  fait  de  fa  tête  une  boutique  Ac  irtec  Se 
de  latin  ;  pour  dire  ,  qu'il  s'adonne  entièrement   à 
l'étude  de  ces  deux  langues.  On  dit  au/fi ,  d'une  ca- 
lomnie ,  d'une  impofture,  qu'elle  vient  de  Izbou-- 
tique  d'an  tel  Satyriquc  ,    ou  fcclcrat ,  de  la  bou- 
tique de  Sathan,  On  appelle  aufli  un  Courtaut  de 
boutique  ,  un  artifan    qui  eft  compagnon  &    oc- 
cupé à  un  travail  fédentaire.  Cela  ne  fe  dit    que 
quand  on  veut  marquer  du  mépris. 
Garde-boutique,  eft  une  marchandile  de  mauvais 
débit ,  qui  n'eft  plus  de  mode ,  que  le  Marchand 
garde depids  long-temps. (KTOn  ledit  dans  le  même 
iens  des  ouvrages  d'efprit  qui  n'ont  point  de  dcbit. 
Arrière-boutique  ,  eft  un  magafin  qui  eft  fur  le  der- 
rière de  la  maiibn ,  où  f'e  mettent  les  marchandifes 
qu'on  veut  conferver.  Interior  ojjicina ,  taberna. 

On  dit  iîgurément  d'une    rufé  ,  d'une    chicane 
qu'on  garde  pour  la  fin  d'une  affaire,  d'un  procès , 
qui  cela  vient  de  Varrière-bouti-jUe. 
BOUTIQUIER,  f.  m.  On  appelle  ainli  un  petit  Mar- 
chand qui  vend  en  boutique.  Si  ce  mot  fe  dit ,  il   » 
n'eft  certainement  pas  de  l'ufage  ordinaire. 
BOUTIS.  f  m.  Terme  de  Chaffe.  Endroit  où  les  bê- 
tes noires  ont  fouillé  avec  leur  boutoir  ■■,  lieux  où 
les  fangliers  font  des  creux  pour  chercher  des  ra- 
cines, linprcjfum  folo  aprugni  rojïri  vejtigium. 
BOUTISSE  ,  f.  f.  Terme   de  Maçonnerie.  C'eft  un 
nom  qu'on  donne  à  des  pierres  quand  elles  font 
miles  en  œuvre  ,  enforte  que  leur  plus  grande  lon- 
gueur traverfe  &  entre  dans  le  mur,  Sique  le  pa- 
rement n'en  ibit  que  la  largeur.  La  boutijfe  diffère 
du  carreau  en  ce  qu'elle  prcfente   moins  de  pare- 
ment, &  qu'elle  a  plus  de  queue.  Pour  bien  bâtir  , 
il  faut  mettre  des  pierres  en  parrement,&  d'autres 
en    boutiffe  alternativement. 
BOUTOI.  Terme  de  chaile.  Voye:^  Boutoir  qui  eft 

plus  ulîtc. 
BOUTOIR,  f.  m.  Outil  de  Maréchal ,  tranchant  d'a- 
cier qui  fert  à  parer  le  pied  d'un  cheval ,  &:  à  en 
couper  la  corne  fuperflue.  Il  eft  large  de  quatre 
doigts ,  &  recourbé  vers  le  manche. 
ifT  Boutoir,  f.  m.  Terme  de  chafie.  C'eft  ainlî  qu'on 
appelle  le  groin  du  fanglier.  Apri  ou  aprugnum  roÇ- 
trum.  Le  fanglier  lui  donna  un  coup  de  boutoir, 
Salnove  dans  fa  Vénerie  Royale  écrit  boutoi.  L'au- 
-tre  eft  plus  ufité.  On  s'en  fert  autfi  dans  le  Blafon. 
Boutoir,  Terme  de  Corroyeur.  Inftrument  avec 
lequel  les  Corroyeurs  boutent  les  peaux  de  veaux 
qu'ils  veulent  corroyer.  Le  boutoir  c^  une  efpèce  de 
couteau  emmanché  des  deux  bouts.  Voye:;^  Bouter. 
Il  y  a  deux  Ibrtcs  de  boutoirs,  l'un  dont  le  tranchant 
eft  émouffé  ,  &  s'appelle,  à  caufe  de  cela  ,  couteau 
fourd  -,  &:  l'autre  dont  le  tranchant  eft  fort  affilé. 
Vove^  Corroyer. 
BOUTON,  f.  m.  Petite  boule  ,  ou  attache  ronde  , 
qui  fert  à  joindre  les  deux  côtés  d'un  habit ,  ou  de 
quelqu'autre  chofe  qu'on  veut  attacher  ou  déta- 
cher félon  les  belbins.  Globulus,  Les  boutons  d'un 
pourpoint,  des  manches,  des  botines ,  qui  fe  fer- 
ment à  boutons.  Les  boutons  des  pentes  d'un  lit  font 
en  forme  d'olive.  En  vieux  ftançois  on  l'appeloit 
fermail.  Du  Cange.  On  s'en  fert  quelquefois  pour 
orner  &:  paflementer  les  habits.  Des  boutons  de  dia- 
mans.  Des  boutons  d'Orfèvrerie.  Des  boutons  d'é- 
tain  ,  de  laiton  ,  de  jai.  Des  boutons  d'or ,  d'argent, 
de  fil  de  foie ,  de  crin.  Des  boutons  à  queue.  On 
trouve  dans  la  mauvaife  latinité  du  XIP  ou  XIIP 
fîécle ,  bottones  pour  la  même  chofe  ,  &  maniccc  ali- 
qualiter  botonatœ  ;  mais  je  ne  trouve  nulle  part  l'o- 
rigine de  ce  mot. 
^fT  Bouton  ,  en  terme  d'efcrime  ,  fignifie  le  bout  du 
fleuret,  qui  forme  une  efpèce  de  bouton  couvert 
de  cuir  ,  pour  ne  point  faire  de  conttiîion  quand  on 
s'exerce.  Globulu:;  ferreus  rudis  corio  teclus. 

En  termes  de  Fauconnerie,  on  dit ,  qu'un  oifeau 

branche  &  prend  le  bouton  ,pour  dire  ,  la  cime  des 

arbres.  ^  .^. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Manège ,  le  bouton,  la. 


5° 


BOU 


boucle  du  cuir  qui  coule  le  long  des  rênes ,  &  qui 
les  reHerre.  Diulilis  hahndrnm  noàus.  Et  on  ap- 
pelle ,  mettre  un  cheval  (bus  le  Bouton  ,  lorfque 
le  Cavalier  en  delcendant  abbaille  ce  bouton  fur 
le  cou ,  jufqu'à  ce  que  la  bride  ramené  la  tcte  du 
cheval  en  bon  état. 

On  dit  iigurcment  en  ce  fcns ,  ferrer  le  bouton  à 
<5uelqu'un  l  quand  on  le  tient  en  bride  ,  Si  quand 
on  le  prelle  tbrtement  de  taire  quelque  choie. 

^ouTON  ,  lignifie  aufll  un  bouquet  de  feuilles ,  ou  une 
fleur  quiVeft  pas  encore  épanouie.  Ainli  l'on  dit 
un  bouton  à  feuilles  ,  &  un  bouton  à  fleurs.  Ces  bou- 
tons font  comme  autant  de  petits  œufs ,  d'où  fortcnt 
les  feuilles  feules ,  ou  les  Heurs  entremêlées  le  plus 
fouvent  de  quelques  feuilles.  Les  boutons  des  feuil- 
les font  plus  pointus  6c  plus  minces  que  les  boutons 
à  fleurs ,  qui  font  plus  gros  &  plus  arrondis.  Parmi 
les  arbres  à  pcpin,  chaque  bouton  a  plufieurs  flcurs,6c 
parmi  les  arbres  à  noyau,  chaque  bouton  n'en  aqu'u- 
ne.  Il  y  a  des  Jardiniers  qui  appellent  ces  boutons,des 
bourres,  ou  des  bourfcs  à  fruit.  Le  bouton  s'ap^^clle 
autrement  œil,  ou  bourfe.  Oculus ,  gemma.  Maître 
bouton  ,  c'eft  celui  qui  fleurit  le  premier ,  Se  qui  efl: 
au  plus  haut  du  dard. 

Ç3°  Dans  le  cours  de  l'été  il  fe  forme  peu-à-peu  dans 
l'aiflelle  des  feuilles  ou  dans  l'angle  que  forment 
les  queues  des  feuilles  avec  les  branches ,  de  petits 
corps  ordinairement  conoïdes  :  c'ell  ce  qu'on  nom- 
me les  boutons.  On  les  apperçoit  en  hiver  iur  les 
jeunes  branches ,  quelquefois  fur  les  grofles ,  mais 
rarement  fur  le  tronc.  Les  boutons  fe  montrent  alors 
fous  des  formes  diflïrentes ,  fuivant  les  différens  ar- 
bres qui  les  portent.  Ils  font  attachés  par  un  pédi- 
cule fort  court  fur  un  bourfouflement  de  la  branche, 
aflez  iemblable  à  une  confole  ,  &  qui  l'été^  précé- 
dent fourniflbit  une  attache  à  la  feuille  ,  dans  l'aif- 
ielle  de  laquelle  s'eft  formé  le  bouton.  Voye^  Fîuil- 
lE.  Non -feulement  les  boutons  de  chaque  genre 
d'arbres  ont  des  formes  particulières ,  mais  fouvent 
les  boutons  de  chaque  elpèce  en  affeéient  une ,  qui, 
bien  obfervée ,  efl  très-utile  pour  diftinguer  ces 
efpèces  entr'elles  -,  &  ces  différentes  formes  de  bou- 
tons fuffifent  ordinairement  aux  Jardiniers  pour 
connoître  la  plus  grande  partie  des  arbres  dans  les 
pépinières ,  même  dans  le  temps  où  ils  font  dé- 
pourvus de  fleurs  &  de  fruits ,  &  même  dépouil- 
lés de  leurs  feuilles.  Nous  n'entrerons  point  dang 
tous  ces  détails.  Mais  il  efl:  important  de  remar- 
cjuer  avec  M.  Duhamel  que  fur  un  même  arbre  on 
voit  plu/îeurs  fortes  de  boutons;  des  uns  qui,  font  or- 
dinairement pointus ,  il  fort  des  branches  -,  &:  des 
autres ,  qui  font  communément  plus  gros  &  plus 
arrondis  ,  fortent  les  fleurs.  Les  premiers  font  nom- 
més par  les  Jardiniers  boutons  z  bois,  &  les  autres 
boutons  à  fruit. 

§3"  On  peut  encore  dans  plufieurs  efpèces  d'arbres , 
tels  que  font  les  poiriers ,  les  pommiers ,  les  néf- 
liers ,  &c.  diftinguer  deux  efpèces  de  boutons  à  bois, 
on  en  voit  de  très-petits  d'où  il  ne  fort  qu'un  bou- 
quet de  feuilles  -,  mais  ces  boutons  donnent  ordi- 
nairement dans  la  fuite  des  ^o///onj  à  ftuit.  Les  au- 
tres qui  font  plus  gros  donnent  des  branches. 

i^  Ce  qu'on  vient  de  dire  lùr  les  boutons  à  ftuit  re- 
garde les  arbres  qui  portent  des  fleurs  complettes  , 
c'eft-à-dire,  dont  chaque  fleur  renferme  tous  les  or- 
ganes de  la  fruétification ,  comme  le  poirier  ,  le 
pêcher,  le  cerilier ,  &c.  Car  enrre  les  arbres  qui  pro- 
duifent  des  fleurs  à  étamines  &;  des  fleurs  à  piftil , 
fur  différens  individus  ,  ou  fur  im  même  individu  , 
mais  à  des  parties  féparées ,  il  faut  diftinguer  deux 
efpèces  de  boutons  à  fleurs  -,  puilque  dans  nombre 
d'efpèces  les  boutons  d'où  fortent  les  chatons ,  font 
très  -  différens  de  ceux  d'où  fortent  les  fruits.  Par 
exemple  il  fort  du  gros  bouton  placé  au  bout  des 
branches  du  noyer  ,  une  nouvelle  branche  ;  les 
feuilles  fortent  des  boutons  plus  petits ,  qui  font 
le  long  des  branches ,  &  les  chatons  fortent  d'au- 
%cres  très-petits  boutons  ,  à  peine  perceptibles  ,  qui 
font  placés  à  côté  de  ceux  qui  fouiniffent  les  feuits. 


BOU 

ffy  Les  louions  à  bois  &  les  boutons  à  fleur  fctit 
formés  par  des  écailles  creufées  en  forme  de  cuil- 
leron ,  lefquelles ,  en  le  recouvrant  les  unes  fur  les 
autres ,  forment  des  enveloppes  capables  de  proté- 

■  ger ,  pendant  la  faifon  de  l'hiver ,  les  parties  in- 
térieures qui  Ibnt  extrêmement  tendres  Se  délicates. 
Les  écailles  extérieures  font  ordinairement  aflcz  du- 
res Se  garnies  de  poils  intérieurement  &  fur  les  bords. 
Leur  extérieur  reflemble  allez  fouvent  à  l'écorce  des 
jeunes  branches.  Les  écailles  intérieures  font  plus 
minces ,  plus  tendres ,  plus  fucculentes.  Leur  cou- 
leur tire  iur  le  vert ,  leurs  poils  font  noirs  Se  blan- 
châtres, 6e  ces  écailles  herbacées  font  prefque  tou- 
jours enduites  d'une  humeur  vifqueufe  qui  les  unit 
très-intimement  les  unes  aux  autres. 

03"  Quand  on  pénétre  plus  avant  dans  l'intérieur  des 
boutons  ,  on  découvre  d'autres  feuillets  très-minces 
de  différentes  ligures ,  Se  qui  quelquefois  ne  ibnt 
que  de  fimples  filers.  Toutes  ces  parties  rangées  avec 
beaucoup  d'art  enveloppent  les  radimens  d'une 
jeune  branche  ou  d'une  fleur.  Voye^  ces  mots. 

IJCJ"  Il  i'aut  remarquer  ici  avec  M.  Duhamel  que  les 
écailles  extéiieures  ,  celles  qui  font  intérieures ,  Se 
même  les  feuillets  s'implantent  lùr  les  lames  inté- 
rieures de  l'écorce  ,  dont  elles  femblent  n'être  qu'un 
prolongement ,  Se  que  les  jeunes  branches  ,  ou  les 
fleurs  ,  paroilîcnt  partir  d'entre  les  fibres.ligneuies  Se: 
les  corticales ,  ou  aboutir  aux  fibres  ligneufes  Se  à 
la  moelle  des  petites  branches  qui  les  portent. 

§3"  Les  radimens  des  branches  Se  des  fleurs  contenues 
dans  les  boutons  ,  continue  le  même  Phyiicien,  peu- 
vent être  apperçus  dès  l'automne  ,  Se  ces  différentes 
parties  croillènt  même  pendant  l'hiver.  C'eft  dans 
cette  faiibn  ,  où  le  mouvement  de  la  fève  paroîr 
fufpendu ,  que  les  différentes  parties  des  fleurs  le 
forment ,  pour  ainfi-dire,  clandeftinement.  Se  qu'el- 
les ie  diipolént  à  paroïtre  au  printemps.  Alors  dès 
que  le  mouvement  de  la  fève  devient  plus  feniible, 
les  boutons  s'ouvrent ,  les  écailles  extérieures  tom- 
bent, les  intérieures  acquièrent  de  l'étendue  \  on  les 
voit  pendant  quelque-tems  accompagner  les  nou- 
velles produélions  qui  font  des  progrès  :  mais  peu- 
à-peu  ces  écailles  intérieures  fe  détachent  comme 
les  écailles  extérieures  ,  ou  bien  elles  fe  deifechent. 
Se  enfin  elles  tombent. 

|t3"  Les  plantes  annuelles  n'ont  point  de  boutons. 
Les  plantes  qui  ne  font  vivaces  que  par  leurs  raci- 
nes ,  ne  portent  point  auffi  de  boutons  ilir  leurs 
tiges ,  mais  ieulement  fur  leurs  racines  ;  il  n'y  a  qus 
les  plantes  dont  les  branches  Se  les  riges  font  vi- 
vaces qui  en  font  pourvues  fur  ces  parries. 

^fr  Dans  quantité  d'eipèces  d'arbres,  comme  aux  poi- 
riers, \z%  boutons  c^\\  fourniffenr  les  fleurs ,  Se  que 
les  Jardiniers  appellent  boutons  à  ftuit,  ibnt  iitués 
à  l'extrémité  des  petites  branches  particulières  quî 
ne  s'étendent  jamais  beaucoup ,  qui  font  fort  gar- 
nies de  feuilles ,  Se  qui  contiennent  plus  de  tifîu 
cellulaire  que  les  branches  abois. 

^fT  Aux  pêchers  Se  à  quantité  d'arbres  de  la  mêm© 
famille  ,  les  boutons  à  fleurs  font  pofés  fur  les  mê- 
mes branches  que  ceux  à  bois ,  de  ibrte  qu'on  voit 
quelquefois  un  bouton  à  fleurs  à  côté  d'un  bouton 
à  bois  ;  fouvent  deux  boutons  à  fleurs  Ibnt  aux  deux 
côtés  d'un  bouton  à  bois  :  de  forte  que  les  boutons 
à  fleurs  qui  ne  font  point  accompagnés  de  boutons 
à  bois ,  tombent  ordinairement  fans  produire  de 
fruit.-  Voye:^  Branche  ,  Fruit. 

Ménage  déiive  ce  mot  de  pulfare  ,  parce  que  les 
boutons  viennent  aux  arbres  quand  ils  pouffent  : 
d'où  vient  qu'on  appelle  aufFi  bouture,  leurs  bran- 
ches coupées  Se  plantées  en  terre. 

Les  boutons  des  habits  n'ont  été  ainiî  appelés 
que  par  reffemblance  à  ceux  des  arbres. 

On  appelle  figurcmentSe  poétiquement  une  bou^ 
che  petite  Se  vermeille ,  un  bouton  de  rôle. 

Bouton  ,  fe  dit  auffi  d'une  bube  ,  ou  tubercule  rouge , 
qui  vient  au  vifage  ,  fouvent  pour  avoir  fait  excès 
de  vin.  Papula.  Son  pourpoint  n'a  plus  qu'un  bou- 
ion ,  &  fçn  nez  en  a  plus  de  trente.  Go,mb.  Ariftot» 


BOU 

rapporte  dans  fa  Rhétorique  que  l'on  avoir  dît 
d'un  homme  qui  avoir  le  vifage  plein  de  boutons 
&  tout  bourgeonné,  vous  enfliez  dit,  à  voirfon 
Vii'age ,  que  c'étoit  un  panier  plein  de  mûres. 

Les  ferins  deviennent  malades  quelquefois  d'une 
efpèce  de  bouton  ,  qui  ie  forme  llir  leur  croupion. 
Il  tautj  autant  qu'on  le  peut ,  le  leui  laiflér  percer 
eux-mêmes.  S'ils  ne  peuvenr  le  percer  ,  il  faut  le 
couper  par  la  moitié  avec  une  pointe  de  cifeaux  bien 
fins.  Hervieux. 

Onditauffi,  Des  boutons  de  petite  vérole,  de 
farcin. 

Bouton  ,  en  termes  de  Chirurgie ,  «ft  un  inflrument 
de  fer  rond  par  le  bout ,  &  qu'on  fait  rougir  pour 
guérir  certaines  plaies  ,  comme  les  fîftules  lacry- 
males ,  où  l'on  met  un  bouton  de  feu.  Cauterium. 
Les  Maréchaux  difent  auffi  qu'il  faut  mettre  un  hou- 
ton  de  feu  à  chaque  bouton  de  farcin  pour  le  guérir. 

Bouton  de  feu  eft  encore  un  nom  qu'on  donne  au 
cautère  aéluel  propre  à  brider  les  os ,  pour  confu- 
mer  les  exoftofes  &  les  caries,  Voye^  le  Dici,  de  M. 
Col  de  Villars. 

IJCJ"  Bouton  eft  encore  le  nom  d'un  inftrumentde  Chi- 
rurgie dont  on  ie  lerr  pour  l'opération  de  la  taille. 
L'uVage  de  cet  inftrumenr  eft  de  pénétrer  dans  la 
velfie ,  pour  retourner  les  pierres  qui  ibnt  mal  cliar- 
gées  dans  les  tenettes ,  &  pour  favoir  ,  après  la  for- 
tie  d'une  pierre ,  s'il  n'y  eijt  a  point  d'autres, 

Bouton,  en  termes  d'ArtilldRe,  eft  un  long  bâton 
tourné  fur  lequel  on  attache  une  peau  de  mouton, 
la  peau  tournée  en  dehors  ,  qui  ferc  à  nettoyer  le 
dedans  du  canon  après  qu'il  a  tiré. 

On  appelle  Bouton  de  cuiller  de  canon  ,  un  bois 
fur  lequel  une  cuiller  de  cuivre  eft  clouée.  On  s'en 
fert  à  retirer  les  gargoufles  de  l'ame  du  canon. 

Bouton  ,  en  termes  de  Guerre,  eft  le  petit  corps  rond 
qu'on  met  au  bout  d'une  arme  à  feu  pour  fervir  de 
mire  ,  &  tirer  plus  droit.  Le  bouton  d'un  canon  , 
d'une  arquebufe.  Il  y  a  encore  le  bouton  de  la  cu- 
laffe  du  canon  ,  qui  eft  à  fon  extrémité.  On  appelle 
aufTi  bouton  la  tête  de  la  lanterne  ,  du  refouloir ,  & 
de  l'écouvillon. 

Bouton  ,  en  termes  de  Serrurier  ,  eft  ce  morceau  de 
fer  attaché  au  pcne  d'une  ferrure  pour  l'ouvrir  fans 
clef.   On  le  dit  auiTt  des  vcrroux ,  des  targettes. 

Les  eflayeurs  d'or  appellenr  aufTi  boutons,  les 
petites  parties  d'or  ou  d'argent  qu'on  leur  fournit 
pour  effayer  à  quel  riire  fonr  ces  métaux.  Il  pefe  or- 
dinairement dix-huit  grains,  &  eft  de  la  groJfeur 
d'un  bouton. 

Pour  faire  l'eflai  de  l'or ,  ou  de  l'argenr ,  on  fait 
fondre  &:  chauffer  dans  une  coupelle  une  certaine 
quantité  de  plomb  proportionnée  à  la  quantité  d'or, 
ou  d'argent  ,  qu'on  veut  eflayer  -,  Si  on  fait  chauf- 
fer ce  plomb  juiqu'àce  qu'il  foit  bien  clair ,  ce  qu'on 
appelle  bien  découvert  :  on  prend  alors  la  matière 
de  l'eflai  avec  de  petites  pincettes  ,  on  la  porte 
dans  la  coupelle,  on  ferme  les  regiftres,  &:  on  la 
lai/fe  bouillir  jnfqu'à  ce  qu'elle  ait  paru  de  couleur 
d'opale ,  &  qu'elle  ait  été  fixée  en  forme  de  bou- 
ton au  fonds  de  la  coupelle.  C'cft  ce  qu'on  appelle 
bouton  d'eff'ai ,  ou  fimplement  bouton.  Voye^  Boi- 
ZARD  ,  Trait,  des  Monn.  Part.  I.  cÂ.   19. 

Bouton  ,  fe  dit  aufTi  des  poignées  de  fer  ou  de  laiton  , 
qui  font  au-devant  des  portes ,  &  qui  fervent  à  les 
tirer  &  fermer.Il  y  en  a  de  fimples,  il  y  en  a  de  cifelées. 

Bouton,  Tcrrne  de  Luthier.  C'eft  ainfî  que  les  Lu- 
thiers appellent  auffi  un  morceau  de  bois  tourné  en 
forme  de  gros  bouton  ,  où  la  queue  du  violon  eft 
attachée. 

On  appelle  aufîi  dans  les  Académies  de  jeu,  des 
boutons  ,  les  faux  dés  ,  les  dés  chargés. 

Bouton.  Terme  d'Artificier.  C'eft  l'extrémité  de  la 
tétine  du  culot  arrondie  en  forma  de  zone  fphéri- 
que,  du  milieu  de  laquelle  s'élcve  la  broche  qui 
forme  l'amc  de  la  fufée. 

Bouton.  Terme  de  Conchyliologie.  C'eft  la  même 
çhofe  <^ue  bofles  Se  que  tubercules.  On  entend  ce- 


BOU 


3% 


l»«ldant  \;<ir.hutQn.  l'élévation  ironde  qui  fe  rr-u . 
ve  danîie  centre  d'une  fpirale.  Se  qui  s'ékvc  pa^ 
deifu':.  En  latin  Umbo, 
BOUTON  DE  MER.  Voye^  OuR,sm,  coquillage, 
Alaballrus  marinus  ,  coucha.  "    ' 

On  dit  proverbialement  qu'une  chofene  rient  qu'à 
un  bouton;  pour  dire ,  qu'elle  rieht  à  peu  de  choie. 
La  foûtane  dç  ce  Gentilhomme  ne  tient  qu'à  un 
bouton;  pc>ur  dite,  qu'il  la  quirteraaiicmcnt  poui: 
le  battre.  On  dit  d'une  choie  qu'on  mépriiéjqu'^QiTi 
n'en  donneroit  pas  un  "bouton.  On  dit  auffi ,  d'un 
jeune  homme  qui ,  à  fon  entrée  dans  le  monde  ,  a 
commencé  d'une  manière  à  faire  attendre  beaucoup 
de  lui ,  qu'il  s'eft  mis  le  bouton  bien  haut. 
BOUTONNE  (la)  rivière  de  France,  dans  le  Poi^ 
tou  ,  où  elle  a  la  fource  à  Chef-Boutonne.  Elle  eft 
navigable  à  Saint  Jean  d'Artgéli ,  ⣠ tombe  dans  la, 
Cliarcnte  au  Port  de  Carillon. 
BOUTONNEMENT.   f  m.  Aciidn    de  pouffer  des 
boutons.  Le  boutonnemcnt  des  Plantes.  Ce  moç  fe 
trouve  dans  le  Boudot  au  mot  Gemmatio. 
BOUTONNER,  v.  a.  Paifer  des  boutons  aitx  lieux  def- 
nncs  pour  les  recevoir ,  foit  gances,fbit  bouton- 
nières. Glof'ulis  aftringere ,  conjiringere.  Boutonner 
fon  habit.  Se  boutonner. 
Boutonner  la  bonnette.  Terme  de  Marine.  C'eft  un 
terme  dont  quelques-uns  (e  fervent  pour  dire  lacet- 
la  bonnette  maillée.  Ils  difent  aufîi  déboutonner, 
ifF  Boutonner,  v.  n.  Terme  de  Jardinage  &  de  Bo- 
tanique. Pouffer  des  boutons.  Gemmare.  Gemm.tj'ce- 
re.  Nos  arbres ,  nos  rofîers  commencent  à  boutonner. 
Boutonné,  ée.  part.  U  adj.  On  appelle  un  pourpoint 
boutonné ,  celui  dont  les  boutons  font  pafTcs  dans 
les  boutonnières  -,  &  non  pas  celui-là  qui  eft  garni 
feulement  de  boutons.  Globulis  ajlriclus.  Un  vifa- 
s,t  boutonné,  ce\a\  qui  eft  chargé  de  boutons,  Fui- 
tus papulis  Tubens.- 
Boutonné  ,  en  termes  de  Blâfon  ,  fe  dit  des  rofes  ,  SC 
autres  fleurs ,  îorfque  les  feuilles  font  d'un  émail ,  Se 
le  milieu  ou  le  bouton  d'un  autre.  Globatus.  On  le 
dit  auffi  d'un  rofier  qui  a  des  boutons  épanouis. 

On  dit  fîgurémenr  d''un  homme  myftérieux   &: 
caché  dans  les  difcours ,  que  c'eft  un  homme  tou- 
jours boutonné.  Boutonné  jnCqu^zu  nœud  de  Ja  gorge, 
AcAD,  Fr, 
BOUTONNERIE,  f.  £  Marcbandife  de  Boutonnier,. 

Globulorum  officina, 
BOUTONNIER.  i.  m.  Ouvrier  qukfait  des  boutons, 
Globulorum  opifex.  On  le  dit  de  même  de   celuj 
qui  les  vend. 
BOUTONNIÈRE,  f  £  Petite  fente  furjettée  ou  gar- 
nie de  gance  ou  de  galon  ,  dans  laquelle  on  pafî'e 
des  boutons  pour  fermer  les  ouvertures  d'un  liabit , 
ou  pour  l'attacher.  FiJJiira  cui  glohulus  inferitiir, 
fie?  Boutonnière  ,  fe  dit  en  Chirurgie  ,  pour  une  in- 
cifion  faite  au  pétinée  ,  afin  de  procurer  ,  par  le 
moyen  d'une  canule  ,Ie  cours  des  urines ,  des  gra- 
viers Se  du  pus ,  dans  certaines  rétentions  d'urine  , 
caufées  par  des  fongus  de  la  veffie. 
BOUTOU.  £  m.  Efpèce  d'arme  dont  fe  fervent  tes 
Caraïbes.  C'eft  une  forte  de  maff  le  d'environ  trois 
pieds  Se  demi  de  long,  platte  ,  cpailfe  dans  toute 
fa  longueur  de  deux  pouces ,  excepté  à  la  poignée  , 
où  fon  épaiffeur  eft  un  peu  moindre.  Le  Boutou  va 
un  peu  en  élargiflanr  depuis  fa   poignée  juf qu'au 
bout.  Il  eft  fait  d'un  bois  très-duc ,  trcs-pefant ,  Si. 
coupé  à  vives  arêtes ,  en  forte  qu'il  n'y  a  point  de 
coup  de  Boutou  qui  ne  cafTe  un  bras  ou  une  jambe  , 
ou  qui  ne  fende  la  tête  en  deux  parties  -,  car  ils  fe 
fervent  de  cette  arme  avec  beaucoup  d'adreffc  Zi 
de  force.  Ils  gravent  pluficurs    compartimens    fur 
\ç\.\xs  Boutous,Sc  rcmpiiflcnt  les  hachures  de  piu-r' 
fîeurs  couleurs.  Le  P.  Labat  ,  Voyage  :,  T.  Il, 
BOUTS-RIMÉS ,  BOUT-SAIGNEUX.  /^V^-^ BoUf, 
BOUTRIOT.  £  m.  Efpèce  de  burin  dont  fe  fervent 
les  cloutiers  d'épingles ,  pOur  faire  la  petite  cavité 
du  poinçon.  Encyc,         •  ' 

nrr  ROUTTE.  Foyei  Boute. 
BOUTURE.  ££  'Xtcme  d'Agricutore.Une  btanci;? 


1  BO  U 

de  blante  ligneufe  que  l'on  coupe  des  deux  tj^tcs , 
C<  que  l'on  plante  par  un  bouc  tout  droit ,  ou'^n  la 
pliant  dans  une  terre  adez  humide  ,  afin  de  lui  tai- 
re pouiler  des  racines.  Tal<:d  ,  c'avo/a  ,  cluvula. 
fCT  Plufieurs  efpèces  de  plantes  reprennent  de  èou^ 
tun.  On  ue  lauroir  trop  multiplier  les  expérien- 
ces lut  les  bottturcs.  Cette  façon  de  fe  procurer 
des  plantes  fans  le  '  fecours  des  graines  renferme 
trop  d'avantages  pour  être  négligée, 
^CT  II  ne  faut  pas  cortfondre  la  bouture  avec  la  mar- 
cotte. La  toiaurc  cfl:  une  branche  féparée  du  tronc, 
coupée  par  le  bas  en  forme  de  coin  ,  que  l'on  plan- 
te pour  prendre  racine.  La  marcotte  eft  une  bran- 
che tenant  à  l'arbre  qui  lui  donne  la  vie ,  cou- 
chée en  ter  re,&  qu'on  févte  quand  elle  a  pris  ra- 
cine, 
^fr  Mariette  ^jCfl  parlant  des  Boutures  ,  dit  que  la 
branche  queTon coupe  par  le  bas  enferme  de  coin , 
étant  mile  en  terre  ,  la  moelle  qui  eft  fort  groJfe 
dans  les  arbfes  qui  reprennent  de  bouture  ,  s'im- 
bibe comme  une  éponge  de  l'humidité  de  la  terre  , 
èc  qu'elle  la  tranlhiet  aux  petites  fibres  qui  ^ont 
entre  l'écorce  6:  le  bois  i  d'où  enluite  elle  eft:  pouf- 
fée  en  partie  vers  le  bas  pour  produire  des  raci- 
nes ,  Se  en  partie  vers  les  nœuds  qui  font  expolcs 
à  l'air ,  pour  enfler  les  boutons  &  produire  les  bran- 
ches, 
§CF  M.  Duhamel  qui  trouve  cette  explication  bien 
Vague ,  oblerve  qu'il  n'eft  pas  certain  qu'il  foit  im- 
portant à  la  reprife  des  boutures  que  les  arbres 
aient  beaucoup  de  moelle.  Le  faule  ,  dit-il ,  l'if,  le 
buis ,  l'oranger ,  &t.  reprennent  aifément  de  boutu- 
re ,  Se  cependant  ces  arbres  ont  peu  de  moelle. 

On  appelle  improprement  boutures-,  certains  re- 
jetions enracinés  qui  naiifent  au  pied  de  quelques 
arbres  >  comme  autour  des  pruniers  ,  pommiers  , 
&c. 
Bouture  ,  chez  les  Orfèvres  ,  eft  une  eau  préparée 
pour  blanchir  l'ouvrage  ,  ou  une  lellïve  faite  avec 
du  fel  de  tartre  pour  blanchir  l'argent.  On  l'ap- 
pelle au(Ti  boulure  ;  mais  elle  n'eft  plus  guère  en  ufa- 
ge ,  à  caufe  qu'on  le  blanchit  au  feu. 

Dans  les  Monnoies  on  appelle  bouture ,  une  dro- 
gue compofée  de  lie  de  vin  féche  émiée ,  de  fel  , 
&c.  qui  fcrt.au  blanchiment  des  efpèces, 
BOUVAR,  f,  m.  Nom  que  quelques  Angevins  don- 
nent à  une  efpcce  de  poire,appelée  par  d'autres  Ron- 
derte  d'Anjou  i^par  d'autres  Amadonte  ;  par  d'autres 
la  Merveilled'hyver  ,  &  communément  Petit-oin, 
La  Quint,  f^oyei  Petit-oin. 
BOUVART,  f.  m.  C'eft  le  nom  d'un  Jeune  bœuf.  Il 
y  a  des  cantons  où  on  l'appelle  Bouveati,  dans  d'au- 
tres on  dit  Bouvillon.  Ce  detnier  eft  le  plus  uffté, 
Bouvart,  Ancien  terme  de  monnoie.On  appelle  Bou- 
vart  un  gros  marteau  dont  on  frappe  les  médailles  , 
&  monnoies  lorfqu'ellesne  font  point  faites  au  mou- 
le ni  au  moulin.  On  fe  fervoit  de  ce  marteau  avant 
rinvcntion  du  balancier. 
BOUVEAU,   roys{;BouviiLON, 
BOUVEMENT.  f.  m.  Outil  de  Menuifier  qui  fert  à 
pouficr  une  doucine ,  différent  du  bouvet  en  ce  que 
fon  profil  eft  une  cimaife. 
BOUVERIE.  f.   f.  Erable  a  mertre  les  bœufs.  Boum 
jiabulum.  Les  Marchands  Bouchers  onr  des  bouve- 
ries  où  ils  mertent  des  bœufs,  en  attendant  qu'ils 
les  tuent.  Les  Marchands    forains  fe    plaignirent 
que  les  Bouchers  de  Paris  mettoient  les  bœufs  qu*ils 
avoient  achetés  dans  des  étables  ,  ou  bouveries  dé- 
couvertes, fales  2c  mat  faines,  &  que  cela  caufoit 
la  mort  précipitée  de  plufieurt  banifs.  De  la  Mare. 
BOUVET,  f.  m.  Efpèce  de  rabot  dont  fe  fervent  les 
Menuifiers.  Il  y  à  des  bouvets  à  rainures  &  à  lan- 
guettes ,  Se  d'autres  à  fourchemenr.  ^fT  Le  bouvet 
qui  fait  les  rainures  fe  nomme  bouvet  mâle ,  &  celui 
qui  forme  les  languettes  ,  bouvet  femelle.  Il  y  a  d'au- 
tres bouvets  qui  prennent  dilfércns  noms  fuivant 
leurs  diffcrens  ufages. 
BOUVIER ,  1ÈRE  ,  f,   m,  ^  f.  Q.ui  conduit   ou  qui 


BOU 

garde  les  boeufs,  Bubukus.  On  le  dit  figurément  âsTj 
gens  grolfiers ,  mal  appris ,  qui  font  fans  civilité. 

Bouvier,  eft  aulfi  une  conftellation  célefte,  BoO' 
tes  ,  ArBophylax.  Voye^  Bootes. 

%fr  Bouvier  ,  eft  aufli  le  nom  d'un  petit  oifeait- 
qui  aime  beaucoup  les  mouchis.  U  a  le  corps  al- 
longé ,  ainfi  que  le  bec  ,  qui  eft  d'un  brun  roufsâtre. 
Sa  tête  &  fon  dos  font  de  couleur  plombée  ,  mêlée: 
de  couleur  de  cendre  ,  &  jaunâtre  ■,  fa  gorge  &  tout 
fon  ventre  font  blanchâtres  ;  fa  poitrine  eft  femée 
de  ràches  noires,  fes  a'ilLS  font  d'un  noir  jaunâtre 
diverfifié  de  blanc  -,  fa  queue  eft  longue  &  noire  j 
par  Ils  côtés  elle  eft  blanche.  Ses  Jambes  &  fcs 
pieds  font  noirâtres.  Ces  oileaux  fuivent  les  bœufs 
&  les  vach.sà  caufe  des  mouches  qu'ils  trôiiv.-nt 
à  leur  fuite ,  &  de-là  on  leur  adonné  de  nom  de 
Bouviers.  Mufcicapus  boxrius  diclus. 

Il  y  en  a  encore  une  autre  efpèce ,  nommée  en 
quelques  endroits  Borin.  II  eft  un  peu  plus  grand 
que  le  Roitelet.  Son  bec  eft  grcle  Si  aigu  ,  &  très- 
propre  à  attraper  des  mouches.  Le  haut  de  fa  tête , 
ainfi  que  fon  cdu  &  fon  dos ,  font  d'un  cendré  La- 
vé. Le  delTus  de  la  tête  ,  fon  gofier ,  fa  poirrine  «Sc 
fon  venrre  ,  font  d'une  couleur  blanche  tirant  fui: 
le  jaune.  Le  haut  de  fes  aîles  eft  d'un  gros  gris  cen- 
dré; le  bas  de  même  ,  mais  plus  blanchnre.  Son 
croupion  eft  blanc  -,  fa  queue  ,  qui  eft  compofée 
de  douze  plumes  ,j^  longue  de  trois  doigts  ,  S:t 
de  la  même  coubilM^ie  fes  aîles  •■,  fes  jambes  &  feç 
pieds  font  d'un  rougi  éclatant  •,  feS  ongles  font  affczf 
longs  &  très-menus. 

Bouvier,  f.  m.  Buhuldt.  Petit  poiflbn  de  rivièfô' , 
qu'on  appelle  autrement  Peteujé.  Il  eft  long  de  tro's 
ou  quatre  doigts ,  plat,  &z  large  de  près  d'an  poacc. 
Il  eft  couvert  de  grandes  écailles  de  couleur  argen- 
tine  5  il  fe  tient  toujours  dans  la  boue  ,  en  forte 
qu'il  eft  fort  fale  quand  on  le  pêche.  Sa  gueule  eit 
petite  &  fans  dents,  &■  fa  queue  eft  fourchue. Les 
Médecins  difcnt  qu'il  eft  apéritif.  Lemery. 

Bouvillon,  f.  m.  Diminutif  d'un  jeune  bœuf.  Ja- 
vencus.  Buculus. 

&Cr  BOUVINES.   Foye^  Bovines, 

bouvreuil,  f.  m.  Rubicilla.  Efpèce  d'oîfeau  de  la  • 
groffeur  d'une  allouette  ,  qui  a  le  bec  noir  ,  &  de  l» 
forme  à-peu-près  de  celui  d'un  perroquet,  la  rêre  , 
les  aîles ,  &:  la  qucue  noires ,  le  dos  gris  d'ardoi- 
fe,  &  le  ventre  d'un  beau  rouge.  La  femelle  en  eft: 
différente  en  ce  qu'elle  a  le  ventre  gris.  Le  chant  de 
cet  oifeau  eft  agréable. 

Ip-  BOUXENG,'  ville  d'Afie  ,  dans  la  province  de 
Koradân. 

BOUXIÈRES,  Nom  de  lieu.  Il  eft  à  ime  lieue  de 
Nanci ,  &  eft  renommé  par  fes  Chanoine/ïes,  Les 
Chanoinelfes  de  Bouxlères  croient  autrefois  des  Re- 
ligieufes  Bénédii5fines ,  fondées  au  commencement 
dti  XIP.  fiècle  par  Gocelin  ,  Evcque  de  Toul.  Elles 
fe  font  fécularifces  fous  le  titre  de  Chanoinelfes. 
Bouxieres  fi2;nifie  un  lieU  planté  de  buis. 

§C?BOUZANNE  (b)  ouBowziNE.  Rivière  de  FrartCQ 
au  Berry ,  qui  a  fa  fource  aux  Confins  de  la  Marche  , 
près  d'Aggurande ,  &  fe  perd  dans  la  Creufe  au- 
dcfibus  d'Ars;cnton. 

BOUZE  DE'VACHE.  Foyei  Bouse. 

BOUZIN.  f.  m.  Terme  de  Carrier  &  de  Maçon.  Foye:^ 

BOURSIN. 

BOX. 

^  ÈOXBERT.  Petite  ville  avec  un  château  ,  che^ 
lieu  d'irn  petit  bailliage  du  Palatinat  du  Rhin ,  en 
Eraneonie ,  quoiqu'elle  appartienne  à  l'Eledeur  Pa- 
latin avec  fon  .rerriroire. 

Ip-  BOXMEER.  Ville  du  Comté  de  Zupthen  ,  fur 
les  frontières  du  Duché  de  Clèves. 

Ip-  BOXTEHUDE.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  au' 
Cercle  de  Bafl^-Saxe dans  le  Duché  de  Brème, fur 
la  rivière  d'Eft.  Buxtehude. 

^  BOXTEL.  Petite  ville  du  Brabant  Hollandois  , 
à  quatre  lieues  de  Breda ,  à  deux  de  Bois-le-Duc. 

BOY. 


k 


BOY 


BOY. 

^QY.  C,m.Nom  d'homme,  Baitde/ius.   f^^oye:^  Bau- 

DILLE. 

BO.YAR.  Senator.  Bojarus.  f,  m.  Terme  de  reLition. 
C'elt  ainii  qu'on  appelle  les  grands  Seigneurs  en 
Molcovie  ,  Magncttes  ,  félon  l'opinion  de  Becman  : 

.  il  dit  que  les  hoyars  ibnrce  qu'on  appelle  ailleurs 
grande  nobleile  :  il  ajoute  que  le  Czar  dans  les  Di- 
plomes  ,  nomiiie  les  Boyixrs  avant  les  Vaivodes. 
Quelques-uns  écrivent  Bojar  ,  ou  Bojâre. 

BoYAR ,  ou  BoYARE,  eft  auili  le  nom  qu'on  donne 
aux  Nobles  de  Tranlylvanie  ,  qui  font  parens  ou 
alliés  des  anciens  Vaivodes,  Ce  nom  lignifie  Scï- 
gneiir, 

^^3'  BOYAP.D.  f,  m.  Efpcce  de  civière  à  bras ,  dont 
le  fond  eft  un  grillage,  dans  laquelle  ,  dans  la  fon- 
te du  lard  de  baleine ,  on  place  le  lardet  >  les  cro- 
tons ,  afin  que  le  fuc  des  uns  &  l'huile  des  autres 
puillent  s'cgouter  dans  les  bacs.  Encyc. 

BOYAU,  f.  m.  Les  conduits  ou  tuyaux  par  où  palfe 
tout  ce  qui  ibrt  de  l'eftomac  ,  auquel  ils  font  con- 
tinus, ïnteraneum  ,  Intcliinum.  Les  boyaux  du  in- 
teftins  font  des  corps  longs,  ronds ,  creux  ,  &  con- 
tinus depuis  le  pilote  jufqu'au  fondement.  Ils  Ibnt 
iîtués  fous  l'épiploon  dans  le  ventre  inférieur  , 
dont  ils  remplilîent  prefque  toute  la  capacité  ,  qui 
eft  depuis  le  ventricule  julqu'à  l'os  pubis.  Ils  font 
attachés  au  dos  par  le  moyen  du  méfentcre  qui  les 
lie  enfemble ,  de  manière  que  les  grêles  font  au  mi- 
lieu du  ventre  à  la  région  nmbilicale  ,  &  les  gros 
à  la  circonférence.  Dionis.  Quoique  les  boyaux 
ne  faflenr  qu'un  feul  conduit  qui  va  depuis  l'ef- 
tomac jufqu'au  fondement ,  néanmoins  on  les  di- 
vile  en  grêles ,  ou  menus ,  Se  en  gros.  Les  grêles 
font  au  nombre  de  trois  ;  le  duodénum  ,  le  jéjunum 
&c  Vilcon.  ^fT  Le  duodénum ,  ainii  nommé  parcc- 
qu'il  a  environ  douze  travers  de  doigt  de  lon- 
gueur. Le  jéjunum  ,  ainfi  appelé  ,  parcequ'on  le 
trouve  preique  toujours  vide  •■,  &  Vilcon  qui  tiie 
fon  nom  des  tours  &  retours  dont  il  s'entoitille. 

^CF  Les  inteftins  gros  font  aufll  au  nombre  de  trois , 
le  cœcicm  ,  le  colon  ,  &c  le  rectum.  Le  premier  n'a 
qu'une  ouvertute.  Les  douleurs  que  l'on  fent  dans 
le  fécond,  fe  nomment  coliques.  Enfin  le  troifième 
qui  nous  repréfente  une  ligne  dtoite ,  a  environ  un 
pied  de  longueur  &  trois  doigts  de  largeur. 

Les  Anatomiftes  dilent qu'ils  ont  ordinairement 
fept  fois  la  longueur  du  corps  dont  on  les  a  tirés. 
Tauvri.  Dionis.  Cette  étendue  &  les  différentes 
circonvolutions  qu'ils  font  dans  le  petit  efpace  qu'ils 
occupent  ctoient  néceflaires  tant  pour  y  rctcrrir  , 
plus  long-tems  le  chyle ,  6C  le  faire  fermenter  par 
le  mélange  delà  bile  &  du  fuc  pancréatique,  que 
pour  le  féparer  d'avec  fes  excrémens  ,  &  le  rendre 
par  le  moyen  dé  ces  deux  liqueurs ,  plus  cou- 
lant &  plus  iubtil.  D'ailleurs  fi  l'homme  n'avoir 
qu'un  boyau  ,  il  feroit  oblige  de  manger  lans  cefîe  , 

.  comme  font  les  loups  cerviers  &  les  cormorans , 
à  caufe  qu'ils  ont  les  boyaux  fort  courts  \  &  com- 
me il  arriyoit  en  effet  à  un  homme  dont  parle 
M.  Dionis  ,  pag,  T70.  qui  n'avoir  qu'autant  de 
boyaux  ,  qu'il  en  falloit  pout  alkr  du  ventricule 
à  l'anus.  Les  Médecins  les  appellent  inteflins.  Les 
Tranfaciions-  Phi  lof,  n,  loj.  p,  ij^6.  ou  Tom.  H,  p,  , 
m.  patient  d'unhomm.e  dont  les  boyaux  étoient 
tout  renverfcs.  On  dit  qu'il  y  avoit  dans  la  biblio- 
thèque de  Conft-antinople  un  Homère  écrit  fur  un 
boyau  as  dragon,  long  de  fix  vingts  pieds. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  botellum  ,  diminutif 
de  ^«oio,  ou  V«a;o,. qui  fignifie  vide.  Borel  le  dé- 
rive de  voye  ,  d'où  eft  venu , dit-il ,  le  nom  de  long 
boyau,  qui  eft  une  voie  longue  &  étroite. Il  pré- 
tend qu'on  difoit  autrefois  voyeàu  ;  pour  dire ,  les 
boyaux  des  animaux  ,  à  caufe  qu'ils  fervent  de  voye 
aux  viandes  &C  excrémens.  Du  Cange  témoigne 
qu'on  difoit  autrefois  boél  &  boucl  ,  &:  croit  qu'il 
.  vient  de  botulus  ,  qui  fignjiie  aujli  bçudin, 
Tomi  //, 


Ê  O  Z  2i 

■Boyau  -  gràs;  C'eft  le  troifième  &  le  rieriiiet  dés  groi 

toy.iux  ,  qu'on  appelle  autrement  le  droit ,  ou  le 

■  rectum,  Omajum,  îl  eft  ainii  nomme  ,  parce  que  ù 

partie  extérieure  eft   environnée  de  beaucoup  de 

graifle. 

En  termes  de  Fauconnerie  ,  on  dit  ^  appétit  de 
boire  &  faire  boyau.  Elargir  le  boyau  de  l'oifeau. 
Pour  élargir  le  boyau  de  l'oifeau  ,  donnez-lui  léger 
pât  trempe  uire  nuit  en  vinaigre  ,  &:  fur  le  pat  met- 
tez du  lucre  ou  du  miel  écttmé  i  ou  lui  donnez  >^e 

,    l'eau  fucrée. 

Franc- BoYÀu,  en  terines  de  Vénerie  ,  C'eft  le  gros 
boyau  ^  oùpaiientles  viandes  du  cerf  que  l'on  met 
avec  les  menus  droits.  Salnove. 

Descente  de  boyau  ,  eft"  un  boyau  qui  tombe  dans 
les  bourfes  ,  quand  on  a  fait  quelque  effort  ,  ou 
par  quelqu'autre  caufe.  Hcrnia ,  ramex. 

Corde  a  boyau  ,  fe  dit  des  cotdes  faites  de  boyaux 
d'animaux  ;  coupés  6f  tors  ^  donton  fait  les  cordes 
de  raquettes ,  &;  de  plufieuts  inftrumens  de  Mufique ,' 
tomme  violons ,  violes ,  luths ,  thcotbes ,  guitarrcs, 
Nervus.  Les  Anciens  ie  iervoient  de  cordes  de  lin 
avant  qu'on  eût  fongé  à  mettre  en  ufage  les  cordes 
à  boyau. 

On  dit,  en  termes  de  manège  ^  qu'un  cheval  a 
beaucoup  de  boyau  ,  lorfqu'il  a  beaucoup  de  flanc  , 
beaucoup  de  corps  ,  qu'il  a  les  côtes  longues  ,  &: 
qu'elles  ne  font  ni  plattes  ni  ferrées.  On  dit  aun'i 
qu'im  cheval  eft  étroit  de  boyau  ,pour  dire  ,  qu'il 
n'a  point  de  corps, 

SoYAu,  eh  termes  de  Guerre, eft  un  folfc  couvert  de 
fon  parapet  qui  fert  de  communication  à  deux 
tranchées  ,  qwand    on  fait  deux    attaques.    Fofja, 

:0CI°  C'eft  aufll,  en  parlant  d'iïne  tranchée  faite  pour  al- 
fiéger  une  place  ,  chaque  partie  de  la  tranchée  qui 
va  eh  ligne  droite.  On  fait  un  hoyaU  de  commu- 
nication d'une  tranchée  à  l'autre. 

On  dir  proverbialement ,  je  l'aime  comme  mes 
petits  boyaux. 

On  dit  d'une  choie  longue  &:  étroite,  c'eft  le 
chemin  de  Ville-Juif,  long  boyau  :  ou  même  ab- 
folument ,  c'eft  un  boyau;  et  qui  fe  dit  ordinaire- 
ment des  apparremcns  trop  étroits.  On  dit  encore 
d'une  chofe  dégoûtante  ,  qu'elle  feroit  voïnir  tri- 
pes .&  boyaux. 

On  dit ,  pour  fe  moquer  de  ceux  qui  fe  plaignent 
de  quelque  petite  plaie  ou  coupure  ,  fi  tes  boyaux 
fbttent  par-là  ,  tu  en  mourras.  On  dit  aïKn  d'un 
homme  de  bon  appétit  ,  qu'il  a  toujours  dix  aunes 
de  boyauxvià.ts  poi>r  feftoyer  fes  bons  amis.  Toutes 
ces  cxprefîîons  font  balles. 

BOYAUDIER.  f.  m.  Artiian  qui  fait  &  prépare  les' 
cordes  à  boyaux  ,  tant  pout  les  raquettes ,  que  pout 
^les  infttumens  à  corde.  Nervorum  opifex.  Le  rôle 
d.u  Conleil  de  1^91  ,  f e  fert  du  mot  Boyaudier  ,. 
5c  non  pas  de  Boyauiier  ;  &;  c'eft  le  nom  que  ces 
ouvriers  ont  par  leurs  ftatuts ,  &  qu'ils  fe  donnent 
eux-mêmes. 

BOYCININÔA.  f.  m.  Sorte  de  ferpcnt  du  Bréfil.  Foye^ 

BoiCININGA. 

BOYE.  Terme  de  Marine,  C'eft  la  même  cliofe  que 
Boue  ou  Bafile,  •  , 

BOYER.  Terme  de  Marine,eft  une  chaloupe  flaman- 
de ,  matée  en  fourche  ,  qui  a  deux  femelles  pi-iii: 
mieux  aller  à  la  bouline  ilms  dériver, 

UCr  BOYEZ.  f.  m.  pi.  Prêtres  idolâtres  des  f  aiivages  de 
la  Floride.  Chaque  Prcrre  a  fbn  idole  particulière  ,■ 
fc  le  Sauvage  s'adreflc  au  Prêtre  de  l'idole  à  la- 
quelle if  a 'dévotion.  L'idole  eft  invoquée  par  des 
chants,  &  la  fumée  de  tabac  eft  Ibn  ofirandc.  En- 
cyc. , 

gcr  BOYLE.  Petite  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province 
de  Connaught ,  au  Comté  de  Rofcommon. 

BOYLE.  f,  m.  Nom  propre  d'homme.  Voye^  Bau* 

DILLE. 

B  O  Z.' 

^fl  feoZA.  Efpèce  de  bûiffon  qu'oîi  fait  e.n  Turquie  ^ 


54 


B  11  A 


avec  de  Toïge  &  du  millet  qu'on  cuit  enfemble , 
Se  qu'on  l.iiHe  cnluite  termentcr. 

BOZEL,  f.  m.Teïmc  d'Architedure.  Membre  tond  ., 
Si'  qui  a  la  figure  d'un  anneau.  Tôt  us.  C'cd  la  mê- 
me chofc  que  le  Tore. 

BOZINE.  i".  f.  Vieux  mot.  Trompette. 

IfT  BOZYCHISTRAN.  Ville  de  Grèce  ,  dans  la  La- 
vadie  propre,  Kcyc^  Plevron. 

B  R  A. 

BRABANÇON  ,  ONE.  ù  m.  &  f.  Qui  eft  du  Brabant. 
Braharnuis  ,  Menapius  ,  Anibivarltus.  On  trouve 
ce  nom  dans  quelques  Auteurs ,  pour  dire  un  hom- 
me de  Brabant  ;  mais  aujourd'hui  il  ne  fe  dit  plus 
guère.  On  ule  de  périphrale  ,  6c  Ton  dit  plus  com- 
munément les  habitans ,  les  peuples  du  Brabant , 
&c.  On  appelle  Cimmnc  Brabançonne  ^nnc  ^ztiiQ 
contrée  du  Brabant  Hollandois,  dans  la  Mairie  de 
Bolduc, 

On  appeloir  autrefois  Brabançons  des  troupes 
d'aventuriers ,  ou  de  bandits ,  qui  faifoient  le  mé- 
tier de  la  guerre, &:  le  donnoien:  à  qui  les  payoit 
le  mieux  \  &  on  les  appeloit  ainiî  ,  parce  que  la 
plupart  étoient  de  Brabant.  On  les  nommoit  au- 
trement Routiers  ,  à  caufe  qu'ils  étoient  toujouts 
en  route  pour  aller  par-tout  où  ils  étoient  com- 
mandés. Le  P.  Daniel  dit  qu'on  les  nommoit  aufîî 
Cotcreaux.  Il  y  envoya  les  Capitaines  &  l'es  Bra- 
bançons qui  les  taillèrent  en  pièces.  G.  Du  Moulin. 
'  Le  Roi  d'Angleterre  ,  irrité  du  foulevement  de  la 
Btetagne ,  envoya  les  Brabançons  ravager  les  terres 
de  Raoul  de  Fougères  ;  mais  les  gens  de  Raoul 
ayant  taille  en  pièces  ceux  qui  porroienr  des  vivres 
aux  Brabançons ,.,  le  refte  flit  oblif^é  de  le  retirer. 
LoBiNEAU.  Le  Roi  Philippe  Augufte  les  renvoya 
aufîîtôt  (  les  Bretons  )  du  côté  de  Pontoribn  Se  de 
Mortain  avec  le  Comte  de  Boulogne  ,  Guillaume 
de  Barres, une  grande  quantité  de  Gendarmes  Fran- 
çois ,  &  les  Routiers  ou  Brabançons  qui  s'étoient 
rendus  à  lui  à  Falaife  ,  &  qui  avoient  mieux  aimé 
prendre  parti  dans  fes  troupes  ,  que  de  ne  plus 
faire  la  guerre.  Id.  Philippe  Augufte  crant  Ibrti  de 
Mante  pour  aller  à  Gifors ,  accompagné  feulemenr 
de  deux  cens  chevaux  ,  trouva  en  chemin,  fort 
près  de  Gifors  ,  le  Roi  d'Angleterre  ,  fuivi  de 
plus  de  quinze  cens  hommes  de  troupes  réglées  , 
&  ,  ourre  cela ,  d'une  très-grande  multitude  de  ces 
bandits  appelles  Brabançons,  ou  Cotereaux.  P.  Dan. 

BRABANÇONE.  Terme  de  Fieurifte.  Tulipe  qui  eft 
blanc  de  lait,  pourpre,  Sc  qui  a  un  peu  de  rouge. 
Ct'lt.  des  Fl. 

BRABANT.Province  des  Pays-Bas,  bornée  au  nord  par 
la  Hollande  &  par  la  Gueldre-,  au  couchant  par  la  Zé- 
landc  &:  la  Flandre  -,  au  midi  par  les  Comtés  de  Hai- 
naut  &  de  Namur  ;  au  levant  par  le  pays  de  Liè- 
ge ,  qu'on  y  comprenoit  autrefois ,  de  même  que 
le  Duché  de.Limbourg.  Maty.  Brabantia. 

Quelques  Auteurs  dérivent  ce  nom  de  Brennus , 
nom  propre  du  fils  de  je  ne  fai  quel  Roi  de  la 
Bretagne ,  c'eft-à-dire>  d'Angleterre.  D'autres  difent 
qu'il  vient  de  Bratufpantium ,  Ville  ancienne  des 
Gaules  dont  pa'rle  Céfar  ,  L.  II.  Comm.  (7.  1 5.  îvlais 
Branifpantium  n'étoit  point  du  pays  que  nous  ap- 
pelons aujourd'hui  Brabant-,  puifqu'il  étoit  entre 
Beauvais  &  Amiens.  D'autres  le  dérivent  de  Salvius 
Brabon  ,  parent  de  C.  Céfar.  D'autres  de  Gotofri- 
dus  Barbatus  ,  Godefroy  le  Barbu ,  Comte  de  Lou- 
vaio.  D'autres  enfin  d'une  contrée  de  ce  pays ,  nom- 
mée le  Brachbant ,  ou  le  Burbant.  Le  Brabant  a 
titre  de  Duché ,  &  a  eu  long-temps  fes  Ducs  pat- 
riculiers. 

Le  Brabant  fe  divife  en  quatre  quartiets,  {bavoir,  de 
Louvain  ,  de  Bruxelles ,  d'Anvers  &  de  Bolduc.  On 
le  diftingue  plus  ordinairement  aujourd'hui  en  Bra- 
bant Efpagnol ,  Brabant  FîoUandois  ,  Si  Brabant 
Walon.  Le  Brabant  Efpagnol ,  Brabantia  Hifpa- 
nica  ,  c'eft  la  partie  méridionale  du  Duché  de  Bra- 
lant ,  où  font  Louvain  ,  autrefois  capitale  de  tout 


B  R  A 

îe  Duché  ,  Bruxelles  ,  qui  l'eft  maintenant ,  Anve!^ 
Sc  Malines.  Le  Brabant  Hollandois ,  Brabantia 
Hollandica  ,  ou  Batavica ,  c'eft  la  partie  fepten-' 
trionale  du  Brabant ,  qui  comprend  la  Mairie  de 
Bolduc ,  la  Baronie  de  Bréda ,  &  le  Marquifat  de 
Bcrg-op-Zoom.  Le  Brabant  Walon  ,  c'eft-à-dire  5 
Gaulois ,  eft  une  petite  contiée  du  Brabant  Efpa-» 
gnol,  entre  les  villes  de  Nivelle  &  de  Gembours» 
ainfi  appelé  ,  parce  que  le  langage  qu'on  y  parle 
eft  un  vieux  François.  Maty. 

On  trouve  Breibant  dans  les  Diplômes  de  l'Em- 
pereur Othon  le  Grand,  rapportés  par  Mirœus  , 
&  par  le  P.  Mabilloh  ,  Aàa  SS.  Ben.  T.  V.  p» 
300.  Il  y  a  f.ir  l'hiftoire  du  Brabant ,  Adriani  Bar- 
landi  Chronica  Ducum  Brabantice  ;  Melckior  Bar- 
Ixi  Brabantias  ;  Topogrdpkia  Hijlorica  Gallo-Bra-^ 
bantitz  ,  par  Jacq.  Le  Roi ,  imprimée  à  Amfter- 
dani  en  kTcji.  in-fol.  Cajlella  &  Pretoria  Nobilium 
Brabantice  in-fol.  à  la  Haye  en  KJ99.  Antonii  San- 
deri  Chorographia  Brabantia  ,  à  Bruxelles,  yô/, 
i(ï59.  Antiquitates  BelgioE  Brabantix ,  çz.i  Jean-* 
Bapt.   Gramaye  à  Louvain  1708.  in-fol. 

BRABANTES.  f.  m.  pi.  Prexillas-crudos.  Sortes  dô 
toiles  d'étoupes  de  lin  ,  qui  fe  fabriquent  aux  en-" 
virons  de  Gand ,  Bruges ,  Courtrai  Se  Ypres. 

BRABE.  f.  m.  dans  Oribafe  ,  eft  une  plante  haute 
d'une  coudée ,  qui  poulfe  de  chaque  côté  des  ra- 
meaux garnis  de  feuilles  femblables  à  celles  de  la 
paiîerage ,  mais  plus  fouples  Se  plus  blanches.  Ses 
fleurs  font  blanches  SC  difpofées  en  parafol ,  com- 
me celles  du  fureau.  Dict.  de  James. 

BRABEUTE.  f.  m.  ce  mot ,  purement  grec  fignifie 
arbitre  du  prix, 

^fT  C'éroit  parmi  les  Grecs  le  nom  d'an  Officiel? 
qui  préfidoir  aux  jeux  publics  &  folennels ,  &  qui 
étoit  le  juge  &  l'arbitre  des  piix.  fjCF  Cette  charge, 
qui  étoit  une  efpèce  de  ittagiftrature  pour  juger 
ceux  qui  remporroient  le  prix  à  la  courfe  &  au- 
tres exercices  ,  étoit  fort  confidcrable  ,  non  feu- 
lement chez  les  Grecs ,  mais  aufli  parmi  les  Per- 
fes.  Dans  la  Grèce ,  au  moins  tant  qu'elle  fut  li- 
bre ,  on  choifiifoit  les  Brabeutes  entte  les  plus  il- 
luftres  perfonnages  de  toutes  les  villes  de  la  Grè- 
ce. Quand  ils  exercoient  leur  charge ,  ils  avoient 
une  couronne  fur  la  tête ,  un  habit  de  pourpre  , 
Se  une  baguette  à  la  main ,  pour  marque  de  leur 
pouvoir.  Ils  étoient  afTis  dans  un  endroit  féparé 
dela'foule,  qui  s'appeloit /;/tv//r«//z ,  ^xiSfuyi.  C'é- 
toit  un  afile  inviolable,  d'où  ils  prononçoient  leurs 
jugemens  avec  un  pouvoir  abfolu.  Les  prix  que  l'on, 
diftribuoit  s'appeloient  Brabeïa  ,  BpaSulic  >  &  jgj 
couronnes ,  Thomipledes ,  Se/twAETss ,  pour  mar- 
quer que  c'étoit  Themis  elle-même  qui  les  avoir 
faites  Se  plices  de  fes  propres  mains.  Le  nombre 
de  ces  juges ,  ou  Brabeutes ,  n'étoit  point  fixe.  Tan- 
tôt il  n'y  en  avoit  qu'un ,  quelquefois  neuf,  fou- 
vent  fept.  ^iiitStvç,  qui  diftribue  les  prix,  Ployer 
Athlètes   et  Athlothetes. 

BRAC.  Foyei  Bracque. 

^3'  BRACCIANO  ,  Braccianum  ,  Bracennum  ,  Bry- 
gianum.  Petite  ville  d'Italie ,  dans  la  ptovince  du 
patrimoine  ,  avec  titre  de  Duché ,  fur  un  lac  de 
même  nom. 

BRACELET,  f.  m.  Ornement  que  les  femmes  por- 
tent au  bras.  Armilla ,  brachiale.  Bracelets  de  ru- 
ban ,  de  perles ,  de  pierreries.  Les  Amans  regar- 
dent comme  une  faveur  d'avoir  des  bracelets^ àçs 
cheveux  de  leur  Maîtrefle.  Anciennement  à  Rome 
les  hommes  porroienr  des  bracelets  auffi-bien  que 
les  femmes,  Se  en  ornoient  leuts  bras.  Dac,  On 
mettoit  les  bracelets  fur  divers  endroits  des  ha- 
bits ,  Se  on  les  plaçoit  le  plus  ordinairement  de- 
puis le  haut  du  bras  jufques  fur  les  doigts.  Capî- 
tolindit  que  Maximin  avoit  le  pouce  fi  gros ,  qu'if 
fe  fervoit  du  bracelet  de  fa  femme  comme  d'utt 
anneau  ,  qu'il  portoit  au  doigt.  La  matière  desr 
bracelets  étoit  différente  ,  comme  elle  l'eft  encore. 
La  plus  ordinaire  éroit  l'or.  Les  hommes  Se  les 
femmes  en  portoient  indifféremment ,  mais  les  fille* 


B  H  A 


JL>  R  A 


ii*en  portoient  jamais  ,  qu'elles  hé  fûCfcni  àccat- 
dces.  Elles  fe  feroient  fait  tort  d'en  porter  aupa- 
ravant, Thomas  Bartholin  a  fait  un  Traité  des  6ia- 
ceUts  des  Anciens  ;   De  armiliis  Veterum, 

Ménage  dérive  ce  mot  de  bracileium ,  diriiinn- 
tif  de  braciU  ,  qu'il  trouve  écrit  dès  le  temps  de 
JuiHnien.  Braci/e  ,  dans  la  vie  de  S.  Germain  qui 
eft  à  la  fin  du  VIP  iiècle  (îsrnifie  Cinmliivi  ;  & 
quoique  BoUandus  ,  Act.  Sanct.  Fctr.  T.  lll.  p. 
166,  croie  que  bracile  ait  lignifié  le  lien  dont  on 
attachoit  les  braies  ,  &  qu'il  ibit  formé  de  brac- 
vœ ,  ou  bien  qu'il  fût  pris  pour  la  courroie  dont  on 
attachoit  la  cliauifure  ;  il  peut  cependant  ,  auflî- 
bicn  que  le  diminutif,  avoir  été  eniliite  appliqué 
à  d'autres  chofes.  f^oy.  encore  fur  ce  mot  Haftenus , 
Dif^uijit.  Monafiic.  L.  V.  TraEl.  IV.  dij'q.  4. 

Du  Cange  dériVe  ce  mot  de  brachialia,  qui  étoit 
un  ornement  que  les  hommes ,  aufîl-bien  que  les  fem- 
mes ,  portoient  au  bout  de  leurs  manches  ■■,  ëc  dit  que 
c'eft ,  ce  qu'en  termes  de  Blâfon  ,  on  a  appelé  dex- 
troch'eres.  Tour  ces  mots  viennent  de  brachium  ,  le 
èras  ;  parce  que  c'eft  un  ornement  du  bras.  Les 
Grecs  ont  fait  auffi  Bpax'^""^  >  pour  dire  la  même 
chofe  de  ^pâ^^u^i,   le  bras. 

Bi<.ACELET.  Terme  à.'h.mzova\ç.Li<:^ament  du  poignet.Ar- 
milla.  C'eft  ce  ligament  circulaire,  qui  embrafle  ,'en 
formant  un  cercle  dans  la  région  du  carpe  ^  toute  la 
multitude  des  tendons  qui  fervent  à  la  main.  Comme 
il  eft  a'.fez  facile  de  le  diviier  en  pluiieurs  autres,  il  y  a 
des  Auteurs  qui  le  diftribuent  en  deux ,  l'un  qui  envi- 
ronne le  dedans  du  carpe ,  qui  eft  fort  large ,  &  qui  rap- 
proche tous  les  tendons  des  mUicles  tléchi/iéurs  -,  l'au- 
tre qui  eft  placé  iur  la  partie  fupcrieure  du  catpe ,  5c 
qu'on  divjlé  en  lix  autres  plus  petits ,  attachés  les  uns 
aux  autres ,  &  entortillés  autour  des  iiiulcles  exten- 
feurs  ,  fur  lefquels  ils  font  arrangés  ,  comme  autant 
de  bagues.  Dict.  de  James. 

Bracelet.  C'eft  auifi  un  inftrument  de  cuir  rerribourré 
d'étoffe ,  dont  fe  fervent  les  Doreurs  fur  métal ,  pour 
fe  couvrir  le  bras  gauche  au-delfus  du  poignet,  pour 
éviter  de  fe  bleffer  ,  lorfque  pour  polir  leurs  ouvra- 
ges, ils  s'appuient  fortement  flir  l'ctau.  Cet  inftru- 
ment fert  encore  à  plufieurs  autres  ouvriers. 

Bracelet  ,  fe  dit  auffi  d'un  inftrument  de  fer  maillé 
&  lïérifle  de  pointes ,  que  des  perfonnes  mortifiées 
fe  mettent  autouf  du  bras^ 

On  dit  que  les  paflemens  font  mis  en  bracelet  quand 
ils  font  difpofés  en  rond  fur  les  manches.  Les  Pages  de 
la  grande  Ecurie  du  Roi  ont  leurs  paflemens  en  brace- 
let ictxyk  de  la  petite  Ecurie  les  ont  en  quille  ,  ou  en 
large. 

BllACHER,  f  m.  Braconarius,  Voyez  Braconier. 

Bracher,  ouBrasseyer,  v.  n.  en  termes  de  Marine, 
eft  faire  la  manœuvre  des  cordages  pour  tendre  ou 
détendre  les  branles. 

BRACHET.  f.  fn.  Vieux  mot ,  forte  de  chien  de  chalfe. 
Indagator  canis,  Borel  dit  qu'on  l'a  appelé  ainfi 
à  caufe  qu'il  a  les  pieds  courts.  C'eft  apparem- 
inent  la  même  chofe  que  Braque. 

On  a  dit  auiîl  autrefois  brachet  pour  bracelet. 

BRACHIAL  ,  ALE.  adj.  m.  &  f.  Terme  d'Anato- 
mie ,  qui  fe  dit  en  général  des  différentes  parties 
qui  compofent  le  bras.  Mais  on.  donne  particuliè- 
rement ce  nom  à  l'artère  placée  le  long  de  l'hu- 
mérus ,  &  aux  deux  mufcles  de  l'os  du  coude.  Bra- 
chialis.  Il  y  a  le  brachial  externe,  &  le  brachial \n- 

'  terne.  Le  brachial  interne  eft  ainii  nommé  ,  parce 
qu'il  occupe  la  partie  interne  du  bras  -,  il  eft  ca- 
ché fous  le  biceps ,  &:  prend  fon  origine  de  la  par- 
tie antérieure  &  fupérieure  de  Vhumerus ,  &  va  s'in- 
férer à  la  partie  fupérieure  8c  interne  du  cubitus, 
pour  fléchir  l'avant-bras  conjointement  avec  le  biceps. 
Le  brachial  externe  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  oc- 
cupe la  partie  extérieure  du  bras  ,  eft  une  mafle 
de  chair  qui  prend  fon  origine  de  la  partie  pof- 
térieure  de  l'humérus ,  &c  va  s'inférer  à  l'olocrane 
par  une  forte  aponeurofe  qui  lui  eft  commune  avec 
deux  autres.  Dionis.  Voy.  auffi  Tauvry,  P.  II,  C , 
18,  L'artère  axillaire  palTe  immédiatement  au-de- 


?T 


vant  du  tendon  du  grand  peétoiali  Là  on  en  chan- 
ge le  nofn ,  &  on  lui  donne  celui  d'artère  brachiale. 
Elle  defcend  le  long  de  la  partie  interne  du  bras 
fous  le  mufcle  coracobrachial ,  6c  l'anconé  inrer- 
ne  ,  le  long  du  bord  interne  du  biceps  ,  derrière 
la  veine  bafilique ,  donnant  de  petits  rameaux  de 
côté  &  d'autre  aux  muicles  voiiins  j  au  périofte  & 

à   l'os.    WlNSLOW. 

Les  nerfs  brachiaux  en  général  font  au  nombre 
de  fix  cordons  à  chaque  côté.  L'an  Kîpy.  M.  Du- 
vernei  en  caraclérifa  cinq  par  ces  noms ,  le  muJ- 
culo-cutané  ,  ou  cutané  externe  ,  le  médian  j  le 
cubital ,  le  cutané  interne  &c  le  radial ,  prenant 
pour  une  branche  du  radial  celui  que  je  regarde 
comme  un  cordon  principal ,  &  <jue  j'appelle  a.vi/- 
laire  ou  articulaire:  Winslov/, 

BRACHIO.  On  a  ainli  appelé  le  petit  d'un  Ours. 

BRACHITE.  f.  m.  &  f.  Brachiies.  Nom  de  Sc^fe, 
Les  Brachiies  étoiênt  Sedtateurs  de  Manès,  &uae 
branche  des  Gnoftiques.  Ils  troublèrent  toute  l'E- 
glife  dans  le  troilième  fiècle. 

BRACHMANES.  f.  m.  Ce  font  les  Pliilofophes  oii* 
Sages  des  Indiens.  Ils  fc  font  rendus  célèbres  dans 
l'anriquite  par  leur  genre  de  vie  tout-à-fait  auftère.  Il 
y  en  a  encore  aujourd'hui  dans  les  Indes  qui  portent 
le  même  nom,  &  qui  vivent  de  la  même  manière  qud 
ces  anciens.  Les  Portugais  les  nomment  Brames  ,  qui 
eft  le  nom  ancien  des  Prêtres  Indiens.  D'autres  l:s  ap- 
pellent Bramines  ;  c'eft  ainfi  que  l'écrit  toujours  l'Au- 
teur de  VÂmbaJf.  de  Holl.au  Japon.  Plufieurs  croient 
qu'ils  ont  pris  ce  nom  du  Patriarche  Abraham  >  qu'ils 
appclloient  en  leur  langage  Braclvna  ,  ou  plutôt  ils 
l'ont  pris  de  leur  Dieu  Biahma ,  que  c;[uelques-uns 
croient  être  Abtaham.  C'eft  pourquoi  Poftel  leur 
donne  le  nom  A'Abrachmanes. 

Le  P.  Thomaifin ,  qui  rappelle  l'origine  de  tous  le? 
mors  à  la  langue  hébraïque  ,  croir  que  le  nom  Brach- 
mancs  vient  de  l'hébreu  barach  ,  fugit ,  aufugit  y 
fuir ,  s'enfuir  ,  pai.ce  que  les  Brachrnanei  fe  re- 
tirent à  la  campagne  ,  &:  vivent  dans  les  déferts. 
On  peut  auffi  ,  fuivant  le  même  Auteur ,  dériver 
le  nom  des  Brachmanes  d'un  autre  mot  hébreu  ; 
c'eft  barac  ,  bcnedicere  ,  orare  ,  prier  ,  bénir  ;  par- 
ce que  c'étoit  là  l'occupation  des  Brachmanes  ■>  qu'ils 
avoient  apprife  de  Noé,  de  qui  ils  delcendoient. 
Les  Brachmanes  vivent  d'herbes ,  de  légumesSc  de 
fruits,  s'abftenantde  toutes  Ibrtes  d'animaux  -,  ils  n'eu 
peuvent  même  toucher  aucun  fansfe  rendre  immon- 
des ,  &  ils  regardent  cela  comme  une  grande  impiété; 
Ils  paffent  la  plus  grande  partie  du  Jour  &  de  la 
nuit  à  chanter  des  Hymnes  en  l'honneur  de  la  Di- 
vinité ,  ils  prient  &  jeûnent  continuellement.  La 
plupart  d'entr'eux  vivent  feuls  6c  daris  la  folitude , 
n'étant  point  mariés ,  èc  ne  poifédant  aucuns  biens.' 
Il  n'y  a  rien  qu'ils  fouhaitent  tant  que  la  mort , 
&  ils  confidèrent  cette  vie  comme  une  chofe'  onc- 
rcufe ,  attendant  avec  impatience  que  leur  ame  fe 
Icpàre  de  leur  corps.  C'eft  la  deicriptiori  que  Por- 
phyre fait  des  anciens  Brachmanes  dans  fon  livre 
De  abfiinentia  animalium.  Les  Brachmanes  ricnnent 
les  opinions  de  Pythagore ,  dit  le  P.  Kirker  ,  6c 
mènent  la  vie  qu'il  menoit ,  comme  il  paroît  paC 
Maffée  &  par  les  autres  hiftoires  des  Indes  ',  ou  plu- 
tôt Pythagore  avoir  pris  des  Brachmanes  fes  opi- 
nions 6c  fa  manière  de  vivre.  Les  Grecs  leur  don- 
nèrent le  nom  de  Gymnofophijtes.  Les  Indiens  di" 
lent  que  les  Brachmanes  tirent  leur  origine  du  fa- 
meux Philofophe  Xaca.  Foyei  leurs  mœurs',  leiurs 
feétes ,  leurs  opinions,  &c.  dans  le  P.  Kirker  , 
China  ill.  P.  III,  c.  4,  ^  ,  6,  -,  on  font  les  fi- 
gures de  leurs  lettres.  Voyc:(  au(fi  le  même  AuteUr  , 
(Edf.  ^çr-  T.  III,  p.  li  ,  &  fuiv. 

Les  Brachmanes  font  parmi  les  Indiens  des  afens 
confidérables  6c  pour  leur  naiffance  èc  pour  leur 
emploi.  Selon  les  anciennes  fables  des  Indes ,  leur 
oritrine  eft  célefte  ,  &:  c'eft  un  fcntnnent  commun 
qu'ils  ont  encore  dans  les  veines  le  fang  des  Dieux 
dont  on  les  croit  defcendus.  Bouh.  Fie  de  Xav., 
L,  II ,   le  Dieu  Brama ,  difent  -  ils ,,  pour  avôiï 

EiJ 


3*^ 


B  R  A 


des  cnfans,  fc  rendit  vifible,  &  engendra  les  Erdch 
mânes ,  dont  la  race  s'cll  miikiplicc  à  rin£ni.  Id.  On 
dit  àuHî  Bramui  Hz  Brannne  &:  Brame  ,  en  parlant 
de  ceux  d'au;ourd']nn  ,  f^oy.  ces  mots  ;  mais  en  par- 
lant des  anciens ,  il  laut  toujours  dire  Braclimanes. 
BRACHYCATALEPTIQUE,  adj.  m.  &  f.  Terme  de 
Poëiie  grecque  &:  latine.  Ce  mot  iisnifie  propre- 
ment qui  eft  court,  &C  qui  manque  de  quelque  par- 
tie. Il  ne  ie  dit  que  des  vers,  BrachycatdUpticus , 
a ,  um.  Un  vers  ïambe  brachy cataleptique  eft  un 
vers  ïambe  qui  manque  d'un  pied.  Les  Latins  ap- 
pellent ce  vers  mutilus  ;  &c  la  Croix ,  dans  fon  art 
de  Pocfie  latine  ,  rapporte  pour  exemple  ce  vers 
de  trois  pieds  au  lieu  de  quatre  : 

Alnfii  Jovis  gnatcc. 

'  Ce  mot  eft  grec ,  compoic  de  ^fv-rJi  >   f'ref,   & 

ILxTO.Mn'iiyiCi;  ,   dejicUIZS ,    de     la    propoiltion    r.a.-.a,,    HC 

Pifisi-w ,  lir.quo. 
|a=  BRACKYGRAPHÎE.  i".  f,  mot  formé  du  grec 
-  Bfci.^t/ç,  i  revis,  &:  yfxÇK,  fcril'O.  L'art  d'écrire 
en  abrégé.  Ces  abréviations  éroient  appelées  «oris  , 
6c  ceux  qui  failbient  profcilion  d'écrire  ainli,  no- 
tarii ,  Scribes. 
BRACHYPNÉE.  f.  f.  Brachypima.  Terme  de  méde- 
cine. C'eft  une  reipiration  courte  &  lente,  fyinp- 
tôme  ordinaire  de  la  léthargie  ,  félon  Galien ,  /.  3  , 
de  differ.  refpir.  c.  8,  Cependant  Hippocrate  ,  /. 
// ,  Epid.  s.  3  ,  &c.  entend  par  Bracltypnee  une 
reipiration  courte  lans  lenteur ,  telle  qu'on  la  re- 
marque dans  les  fièvres  &  les  inflammations.  Ce 
mot  eft  grec ,  B^a^-t-'f»""' ,  compofé  de  ^f^/C"^,  bref, 
court.  Se  de  ?rvci  ,    haUine ,   refpir ation.  Col    de 

VULARS. 

BRACHYSCIEN,  ENNE.  adj.  Qui  eft  d'un  climat 
où  l'ombre  des  corps  eft  courte ,  a  peu  d'étendue, 
Brachycjius ,  a  ,  um.  Les  brachyfciens  font  les  ha- 
bitans  de  la  Zone  torride ,  des  p,iys  com.pris  entre 
les  deux  tropiques  ;  ^  on  les  nomme  ainli ,  parce 
que  l'ombre  des  corps  eft  très -courte  dans  leur 
pays.  Ils  reçoivent  les  rayons  du  Soleil  plus  ver- 
ticalement que  les  autres  peuples. 
Ce  mot  eft  srec,  8c  vientde  '  xix,trcf  Sc/S^a^"?,  ombre. 

%fT  BRACKEL.    Foyei  Brakel, 

^fj-  BPvAKENHEÎM ,  petite  ville  ,  à  deux  lieues  de 
Haillebron  ,  fut  la  rivière  de  Zaber.  Elle  appartient 
au  Duc  de  Wirtemberg. 

|C?  BRACKLAU  ,  ou  Braclaw.  Braclavia  ,  ville 
de  Pologne  ,  dans  la  Podolie  ,  far  la  rivière  du 
Bog,  capitale  du  Palatinat  auquel  elle  donne  fon 
nom.  Cette  petite  province  eft  entre  le  Palatinat 
de  Kiovie ,  la  Valachie ,  &  le  haut  de  la  Podolie. 

|C?  BRACLEY.  Ville  d'Angleterre  ,  en  Northamp- 
tonshire ,  Brackletum. 

gcr  BRACON,  f  m.  Vieux  mot ,  qui  fe  dit  encore  au- 
jourd'hui en  hydrolique  -,  bracon  d'une  porte  d'éclufe, 
confole ,  potence ,  appui  qui  foutient  cette  porte, 
Telamo. 

BRACONNER,  v.  n.  Chaffer  furtivement  fur  les  terres 
d'autrui.  Les  Ordonnances  défendent  de  braconner. 

BRACONNIEPv.  f.  m.  Borel  croit  que  ce  mot  figni- 
fioit  un  coupeur  de  bois ,  à  caufc  de  ce  que  dit  Froif- 
fard ,  que  chacun  devoir  troulfer  derrière  foi  un 
braconnier.  Lignator. 

Braconier  ,  eftaudi ,  félon  d'autres ,  la  même  chofe 
que  Bracher  ,  c'eft-à-dire  ,  un  homme  qui  a  foin 
des  chiens  de  chaflé  ,  appelés  en  trançois  &:  en 
allemand  £r(Z<r^  ,  Sx  en  latin  braccones.  Le  mot 
Braconarîus  fe  trouve  en  ce  iens  dans  une  Charte  , 
d'Henri  II ,  Roi  d'Angleterre  rapportée  dans  le 
Munaflicum  Anglicari.    T.  U ,  p.  285. 

^3"  Aujourd'hui  on  appelle  Braconnier ,  celui  qui 
chaife  furrivement ,  fans  droit  &  fans  permifllon 
fur  les  terres  d'autrui ,  de  quelque  manière  qu'il 
prenne  le  gibier. 

^fT  Quelquefois  même  on  donne  ce  nom  à  ceux 
qiii  ayant  une  perfonne  de  chaife ,  ruent  fans  au- 
cun ménagement  le  plus  de  gibier  qu'ils  peuvent , 
5c  dépeuplent  une  terre. 


E  R  A 

•§cr  BRACQUE,  Foyei  Brague. 

^fF  BRACTEA,  Terme  de  Botanique  par  lequel  on 
déligne  une  feuille  fingulièrc  qui  accompagne  cer- 
taines fleurs ,  &  qu'on  nomme  feuille  Jïora/e ,  comme 
au  Tilleul.  '"    _'_ 

BRADYPEPSIE  ,  ou  Bradupepsie.  f  f.  Bradypep- 
jia.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  digeftion  len- 
te ,  foible  ,  imparfaite  ,  &  par  conféquent  un  fymp- 
tôme  de  l'adtion  diminuée  du  ventricule  qui  ne 
cuit  les  alimens  que  fort  lentement.  Ce  mot  eft 
compofé  de  ^f»l:i<; ,  lent,  tardif,  &c  de  s-i-^-jç ,  cociion. 
Col  de  Villars. 

BRAGANCE.  Ville  de  Portugal  dans  la  province  de 
Tralofmontes ,  fur  la  rivière  de  Sabor  aux  confins 
de  la  Galice  &;  du  Royaume  de  Léon,  Bragantia , 
Bragantiumà  14°.  50' de  longitude,  &à4io.  32', 
de  latitude  ,  dit  M,  Corneille,  Ferrarius ,  qui  avec 
d'autres  Auteurs  l'appelle  Cœliobriga  ,  ne  la  met 
qu'cà  150,  5',  de  long.  &;  à  42°.  de  latitude.  Bra- 
gance  eft  divifée  en  ancienne  &  nouvelle  ville. 
L'ancienne  ,  qui  eft  fur  une  hauteur ,  fut  bâtie  paf 
Bigo,  Roi  d'Efpagne ,  l'an  du  monde  201 5,  d'où 
l'on  piétend  apparemment  que  lui  vient  fon  nom. 
La  nouvelle  ville  ,  ou  la  cité,  eft  au  pied  de  la 
montagne,  Bragance  ,  que  les  Portugais  nomment 
Bragam^a  ,  a  titre  de  Duché,  Les  Ducs  de  Bragance 
tirent  leur  origine  des  Rois  de  Portugal,  par  Alphonfe 
dePortugal  premier  du  nom,Duc  deBragance,  Comte 
de  Barcellos  &c  de  Guimaraens ,  fils  naturel  de  Jean 
I ,  Roi  de  Portugal ,  &:  d'Agnès  Pérez,  Jean  II , 
Duc  de  Bragance  fut  mis  fur  le  thrône  de  Portu- 
gal en  1^40,  &  c'eft  fon  petit-fils  qui  règne  au- 
jourd'hui en  Portugal,  Voye^  la  Révolution  de  Por- 
tugal &  VHifi.  de  Portugal ,  par  M,  le  Quien  de 
la  Neuville,  T.   I  ,  p.  29, 

BRAGARD.  f  m.  Vieux  mot ,  &  hors  d'ufage  ,  qui 
fignifioit  autrefois  brave,  ajufié ,  mignon.  Comptas , 
concinnus  ,  elegans.  Ch,  est.  Dict, 

BRAGUE.  Ville  Archiépifcopale  de  Portugal ,  capi- 
tale de  la  province  d'entre  Douro  &  Minho  ,  & 
fituée  fur  la  rivière  de  Cavado  ,  Bragua  ,  Brac- 
cara  ,  ou  Bracara  Augujla  ,  Augujia  Braccarum, 
Brague  eft  une  des  plus  anciennes  villes  d'Efpa- 
gne.  L'irinéraire  d'Antonin  la  nomme  Bragara.  L'Ar- 
chcvcque  de  Brague ,  qui  eft  Seigneur  fpirituel  & 
temporel  de  la  ville  ,  prétend  être  Primat  d'Efpa- 
gne,  parce  qu'Alphonfe  I ,  ayant  délivré  Brague  de 
la  puilfance  des  Maures  en  1240,  rous  les  Evêques 
d'Efpagne  fe  fournirent  à  l'Archevêque  de  cette  vil- 
le, L'Archevêque  de  Tolède  lui  difpute  cette  digni- 
té, Voye^  M,  de  la  Neuville  ,  Hijl.  de  PortugaC,  T. 
I.p.  24,  2j  ,  2(î.  Rodrigue  d'Acunha  ,  Archevêque 
de  Brague  ,  a  donné  une  hiftoire  eccléfiaftique  clés 
Archevêques  de  cette  ville.  Elle  eft  en  Portugais  en 
2  vol.  in- fol.  à  Brague  KJ34, 

Brague,  f.  f  Terme  de  Marine.  C'eft  le  cordage  qui 
arrête  le  recul  du  canon.  On  l'appelle  auflî  brac- 
que,on  drague.  Ce  cordage  palfé  fur  les  affûts ,  eft 
amarré  à  deux  boucles  de  fer,  placées  de  chaque  côté 
des  fabords, 

Brague  ,  eft  aufli  un  terme  de  Luthier,  C'eft  un 
morceau  de  bois  autour  du  corps  du  luth  pour  ca- 
cher les  écliffes, 

BRAGUER,  Terme  burlefque  ,  pour  dire,  mener  une 
vie  joyeufe  ",  faire  le  fanfaron,  Glo[f.  fur  Alarot. 

BRAGÛES.  f  f.  pi.  Divertiflément  en  amour  ,  ou  tout 
ce  qui  peut  fervirà  la  vie  joyeufe  Gloff.  furMarot! 

Bragues,Brages  ,  Braie  ,  en  latin  Braccct  ,  femora- 
lia.  Vieux  mots  de  notre  langue ,  venus  du  celti- 
que :  ils  fignifient  haut  de  chaulfes  ,  culottes.  Ces 
mots  font  encore  en  ufage  en  quelques  provinces. 
Le  Limoufin  qui  retient  beaucoup  de  mots  du  lan- 
gage celtique ,  dit  Bragas.  Les  Braques  font  des  cu- 
lottes fort  amples  à  la  façon  de  celles  des  Suilfes 
de  la  Garde-,  on  les  arrête  fur  le  genou,  où  elles 
bouflPent  extrêmement.  Tout  le  monde  fait  que  la. 
partie  des  Gaules  où  ces  hauts-de-chau/Tes  étoient 
en  ufage  ,  s'appeloit  G  allia  braccata.  De  brades, ow 
plutôt  bragues ^  eft  venu  Grégues, 


B  II  A 

B'^AGUETTE.  ^oyf^  Braie  ,  ouBr'Ayette.  ■: 

{fT'à9.AHLLOW.  Bra/a/ovia^Brakovui.Pszhe  ville  de 
Pologne  ,  en  Vakquie  ,  aux  coa^ns  de  la  Moldavie. 

BRAHIN,  ad'.  Vieux  mot.  Stérile.  Il  eft  dans  le  ro- 
man de  la  Rôle. 

i]Cr  BRAHMA.   y'oyei  Brama. 

BRAI,  ou  BRAY.  roye^  BUay. 

Ip-  BRAID-ALBAIN.  AlLninia.  Province  d'Ecofe, 
dans  la  partie  leptentrionale,au  Sud-eft  deLochaber. 

BPvAIE.  Ç.  f.  Linge  qui  couvre  depuis  la  ceintare  juf- 
qu'aux  genoux ,  comme  caleçons ,  haur-dc-chaufle. 
FcmoraHa.  C'efl:  ce  qu'on  appelle  autrcmeni  hra- 
giies  ,  /vr.'^gs  ,  ou  trais  ,  mots  Celtiques  qui  avoient 
donné  le  nom  à  la  Gaule  Narbonnoile  de  G  allia 
braccata;  c'étoit  une  efpèce  de  haut-de-chauire ,  ou, 
ieion  d'autres ,  une  el'pèce  de  faye  court.  Du  Cange 
croit  que  c'ctoit  la  partie  de  l'habit  qui  couvroit" 
les  cuiiies ,  comme  font  nos  hauts- de-chaulies  ,  que 
le  mot  venoit  du  latin  bracce.  ,  ou  bracccz  ,  parce 
qu'elles  étoient  courtes. 

Le  peuple  de  la  campagne  ,qui  en  a  retenu  l'u- 
fage  ,  en  a  aulll  gardé  le  nom  i.&  les  Suiilès ,  qui 
font  ceux  des  Gaulois  qui  ont  été  le  moins  lujets 
aux  invaiions  des  peuples  étrangers,  &  par  confé- 
quent  aux  changemens  qui  ont  défolé  li  fouvent  le 
reflc  de  la  Gaule  ,  n'ont  pas  encore  quitté  cette 
coutume  ,  dit  Chorier  ,pag.  8<î.  Saumaife  ,  après  Isi- 
dore, L.  XIX.  C.  22, ,  veut  qu'il  vienne  du  grec 
/Spa/iJ;.  D'autres  croient  qu'il  vient  de  l'hébreu  be- 
jec  ,  qui  Cigniiic  genou ,  à  caufe  que  cet  habit  va  jus- 
qu'aux genoux.  Mais  Henri  Etienne  ,  dans  Ton  livre 
J}e  Latinita.te  falso  fufpeciâ  ,  ch.  2>,p.]6o  ,  ne  dou- 
te nullement  que  le  mot  de  Braies  ne  vienne  des 
Gaulois  -,  &  il  s'appuie  fur  l'autorité  de  Diodore  de 
Sicile  qui  le  leur  attribue.  Selon  le  P.  Pezron ,  le 
mot  celtique  eft  brag,  Henry  Etienne  ajoute  que 
ces  anciens  Gaulois  ne  prononçoient  pas  braie  , 
comme  nous  prononçons  aujourd'hui  -,  mais  qu'ils 
pro'nonçoient  ce  mot  d'une  manière  plus  rude,  & 
qui  approchoit  davantage  du  latin  bracca  ,  &  du 
irrec  jipccxx^i ,  qui  eft  dans  Diodore.  Cela  s'accor- 
cie  avec  la  vieille  prononciation  bragues,  Covarru- 
vias  ,  dans  fon  tréfor  de  la  langue  Caftillane  ,  a  re- 
marquc,parlant  de  Brague  ,  ville  capitale  du  Royau- 
me de  Poitugal,  qu'elle  tire  ion  nom  des  Gaulois 
celtiques  appelles  braccati.  Enfin  ,  tons  les  peuples 
qui  defcendenr  des  Celtes ,  qui  ont  eu  la  même 
langue,  retiennent  encore  ce  mof,  les  François,  /îr^- 
gue  ,  &  broyé  ;  les  AUemans  ,  félon  les  différens 
dialeétes ,  bruch ,  broock  ,  bruuk  ,  broek.  On  a  dit  en 
en  latin  bracca  ,  bracchœ  ,  &  brucchœ.  Les  Hiber- 
Eois  difcnt  broges  au  pluriel,  ou /'ro^o^sj.  Les  An- 
plois  britches.  Foye^^  Cluvier,  Germ.  Ant.  L.  I p. 
70  &  140.  Cambden  dit ,  /^.  14  que  les  Anglois  ap- 
pellent encore  à  préfent  brati  des  habits  mauvais 
&:  déchirés,  fales-,  ce  qui  revient,  félon  lui,  à  ce  que 
Diodore  de  Sicile  dit,  que  les  brayers  des  Gaulois 
croient  des  habits  à  long  poil  &  de  différentes 
couleurs.  Cambden  prouve  encore ,  />. ,  11  que  c'é- 
toitaufTi  un  vêtement  des  anciens  Bretons.  Quoique 
Vufage  des  braies  fut  dans  Rome  dès  le  temps  d'Au- 
gufte,  Tacite  l'appelle  un  vêtement  barbare.  Barba- 
1  um  tcgmen,  parce  qu'il  venoit  des  Gctes ,  des  Sarma- 
tes,desAllemans6c  des  Gaulois.  Les  Perfes,  qui  tirent 
leur  origine  des  anciens  Scythes,  fe  fervoient  auffi  de 
traies  ,  Perjîcam  braccam ,  dit  Ovide.  f^T  On  dit 
figurément  &  populairement  d'un  homme  qui  s'cft 
tiré  heureufement  d'une  mauvaife  affaire ,  qu'il  en 
eft  forri  les  braies  nettes. 

Braie  ,  fe  dit  aufTi  des  linges  dont  on  enveloppe  le 
derrière  des  petits  enfans  qui  ne  font  pas  nets  , 
pour  les  changer  plus  aifément.  La  nourrice  eft  al- 
lé laver  les  braies  de  fon  enfant. 

On  dit  en  Architefture ,  une  fauffe  braie  ,  ou 
baffe  enceinte  ,  expliquée  ailleurs  à  Fausse-braie. 

BrAie  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  des  morceaux  de 
cuir ,  ou  de  toile  cirée  ,  dont  on  entoure  le  pied  du 
m3t,ou  l'ouverture  par  oùpafle  labarre  du  gouver- 
nail, afin  d'empêcher  que  la pluje,  ou  les  vagues  n'en- 


B  R  A  37 

trent  dedans,  ou  ne  tombent  à  fond  de  cale. 

Braie  ,  en  termes  de  Ciiarpcnterie  ,  font  des  pièces  de 
bais  qu'on  met  llir  le  paillier  d'un  moulin  à  vent, 
pour  foulager  les  meules.  Tigillum.  Cette  pièce 
de  bois  a  environ  iix  pieds  de  long ,  &  lix  pouces 
de  groiTeur.  Caron. 

Braie  ,  fe  dit  auUi ,  en  termes  d'Imprimerie ,  pour  fl- 
gnifier  un  morceau  de  parchemin  qu'on  colle  au 
grand  timpan  ,  quand  il  eft  ulc.  (ç:T  On  appelle  auffi 
braie  une  feuille  de  papier  gris  ou  une  maculatute 
coupée  en  frifquette  ,  qui  Icrt  à  faire  des  épreuves. 

|tr  Braie  ,  chez  les  Ciricrs  ^cft  un  inftrument  avec 
lequel   on  écache  la  cire. 

Braies  ,  terme  de  fortification.  Les  braies  paroiffent 
avoir  été  une  fortification  comme  les  Bailles  &  la 
Barbacane.  Quelques  Auteurs  les  appellent  en  latin 
Brachiale.  Le  P.  Daniel.  Les  braies  étoient  une 
cipece  d'avant-mur  élevé  devant  la  porte  de  la  vil- 
le ,  ou  peut-être  une  faillie  de  la  tour  Idem. 

Braies  de  cocu  ,  plus  communément  primevère, 
Voye^  ce  mot. 

BRAir-MEKT.  f.  m.  Qui  fe  dit  du  cri  des  ânes ,  com- 
me le  henniffement  de  celui  des  chevaux. On  dit 
aufîi  le  braire.  Rudentis afinij'onus^ruditus.  Ces  deux 
mots  ne  font  pas  reçus-,  ou  du  moins  on  ne  les  trouve 
poinrdans  nos  Dictionnaires.  Il  faut  pourtant  choi- 
fir  entre  braiement  ouïe  braire  de  l'âne ,  pour  ex- 
primer fon  cri, 

BRAILLARD ,  rovf{  Brailleur. 

■fT  BRAILLE,  f.  f.  Voyei  Brailler,  terme  de  pê- 
che. 

BRAILLER,  v.  n.  Parler  beaucoup  &:  fort  haut  , 
fans  dire  rien  4e  bon  ,  ni  de  folide.  Clamare  ,  vo- 
ciferari  ,  obtundere. 

Brailler  ,  en  termes  de  pêche,  fe  dit  du  hareng  , 
lorfqu'on  le  faupoudre  de  fel ,  &  qu'on  le  rernue 
avec  des  pelles  ,  qu'on  appelle  brailles ,  afin  qu'il 
prenne  mieux  la  filure. 

BRAILLEUR  ,  EUSE.  On  dit  aulfi,  BRAILLARD, 
APvDE.  adj.  Qui  parle  beaucoup ,  fort  haut ,  &:  mal- 
à  propos.  Clamator  ,  clamojiis  ratula.  Il  ne  fe  faut 
point  brouiller  avec  ces  grands  brailleurs.  Mol. 
On  dit  qu'il  n'y  a  point  de  terme  en  françois  qui 
explique  riz/^/v/ij ,  qui  veut  dire  en  général  un  mé- 
chant Avocat.  Pour  moi  je  l'exprimerois  par  celui 
de  brailleur,  qui  eft  aifez  le  caraiflère  des  méchans 
Avocats.  ViGN.  Mar. 

^fT  Brailleur  ,  fe  dit  auffi ,  en  tetmcs  de  manège  , 
d'un  cheval  qui  hennit  très-fouvent. 

|p=  BRAINE.  Petite  ville  de  l'Ille  de  France  ,  dans  le 
Soilfonnois ,  à  trois  lieues  de  F  i  fin  es  ,  avec  une  ab- 
baye confidcrable  de  l'ordre  de  Prcmontré.  Brana, 

^  BRAINE  L'ALLEU  ou  L'ALLEUD.  Brennia 
AllodienJis.VztMz  ville  libre  ,  avec  une  petite  ju- 
rifdiâiion  dans  les  Pays-Bas  Auttichiens  ,  entre  Bru- 
xelles ,  Mons  &  Nivelle. 

^fT  Braine-le-Comte.  Brennia  comitis ,  ou  Broninm, 
Petite  ville  des  Pays-Bas  Autrichiens,  dans  le  Hai- 
naut,  entre  Bruxelles  &  Mons. 

BRAIRE,  V.  n.  Terme  dont  on  fefert  pour  exprimer 
le  cri  des  ânes.  Rudere.  Un  âne  chargé  d'or  ne 
laifîe  pas  de  braire.  Coste.  Ce  verbe  ne  s'emploie 
ordinairement  qu'à  l'infinitif,  à  la  troifième  perfon- 
ne  du  préfenr  de  l'indicatif,  il  brait ,  ils  braient ,  à 
la  troifième  perfonne  du  futur  ,  &  à  la  troifième  du 
fubjondlif ,  il  brairait. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  latin  barrire ,  ou  plu- 
tôt de  rudere  qui  fe  dit  des  ânes  proprement.  Bo- 
rel  le  dérive  de  bram ,  qui  fignifie  grand  cri  en  lan- 
gue gothique. 

Braire  ,  fe  dit  figurément  &  populairement  des  cris 
importuns  &  exceiTifs  des  hommes  &  furtout  de  ceux 
qui  ont  la  voix  fort  rude  &  défagréable.  Fociferari. 
Il  y  a  lon-gtems  que  cet  homme  ne  fait  que  braire. 
Ce  méchant  Avocat  ne  fait  que  braire ,  &  ne  dit 
rien  qui  lervc  à  fa  caufe. 

BRAISE,  f  f.  Bois  ou  charbon  allume  ,  &  dont 
l'humidité  eft  confumée,  cnfotte  qu'il  ne  rende 
point    de   fumée  i  charbon    ardent,   Pruna.    Des 


JS 


BR  A 


B  R  A 


marrons  cuits  à  la  traife ,  ou  fous  la  hrciife.  On  dit 
par  hyperbole  en  tarant  le  pouls  de  celui  qui  a  une 
grolle  htvre  ,  que  tout  fon  corps  cil:  tout  traifi.  Un 
amoureux  le  plaint  populairement  qu'il  a  le  cœur 
tout  en  braife.  M.  Boile  a  fait  la  comparaifon  de 
la  tTuife ,  ou  cliarbon  allumé  ,  &  du  bois  luifant ,  où 
il  montre  leur  rcflcmblance  &  leur  dificrence.  Elle 
ic  trouve  dans  les  Tranja&,  Philof.  n.  ■^i,  p.  do^  &z 
T.  III,  p.  6^6. 

Ce  mot  vient  du  crée  /3^«^* ,  fu//io  ,  effcrveo. 
On  dit  proverbialement ,  qu'on  eft  tombé  de   la 
poêle  dans  la  hraij\:  ;  pour  dire  ,  qu'on  eft   tombé 
d'un  grand  maî  dans  un  pire.  En  parlant  d'un  hom- 
me qui  s'eft*vengé  promptement  d'un  tort  qu'on  lui 
a  fait,  ou  qui  a  tait  une  repartie  prompte  &  vive  à 
quelque  chofe  de   piquant  ,  en  dit ,  qu'il  l'a  rendu 
chaud  comme  l-raife.  Onditaulli ,  quand  quelqu'un 
vient  annoncer  lans  aucune  préparation  une  mau- 
vaife  nouvelle  ,  qu'il  l'a  donné  chaud  comme  iTuife. 
On  dit  encore ,  d'un  homme  qui  dans  un  difcours 
ou  dans  un  écrit ,  paile  légèrement  fur  quelque  ar- 
ticle, qu'il  ne  veut  pas  trop  approfondir  ,11  a  paiîe 
là-dcifus  comme  chat  liir  braife. 
Braise  ,  fe  dit  aulfi  des  charbons  que  les  Boulangers 
tirent  de  leur  four,  6c  qu'ils  éteignent  pour  les  ven- 
dre. Acheter  de  la  braije  chez  un  Boulanger. 
BRAISIER.  Terme  de  Boulanger.  Vo\ci  Brasier. 
^fT  BR.AKEL  ,  Brachdia.  Petite  ville  d'Allemagne , 
fur  la  Nette,  ou  fur  un  ruiiîeau  qui  s'y  jette,  en 
Weftphalie ,  Evcche  de  Paderborn. 
BRAMA  ,    ou  plutôt  Brahma  ,  ou  Bruma  f.   m. 
Nom  d'un  Dieu  du  Tonquin  ,  adoré  par  les  fed:a- 
teurs  de  Confucius.  Quelques-uns  croient  que  c'ei^ 
Pythagore  qu'ils  onr  divinifé  ,  fondés  fur  lamétem- 
plychofe ,  6c  les  autres  fentiinens  de  ce  Philofopne 
que  les  adorateurs  de  Brami  tiennent  aulli.  D'au- 
tres ,  à  caufe  de  la  reffemblance  du  nom  ,  s'imagi- 
nent que  c'eft   Abraham.  Ils  feignent  que  Brama 
s'eft  fait  homme ,  il  qu'il  eft  médiateur  entre  Dieu 
&  les  hommes ,  dir  M.  Huet ,  Dem.  Ev.  Prop.  IF  c. 
6,  d'où  ce  Prélat  infère  que  les  Indiens  ont  tiré  cela 
du  Cliriftianifme,  &:  de  ce  que  S.  Thomas,  S.  Bar- 
thclemi ,  Pant.tnus ,  6c  d'autres ,  leur  en  avoient  ap- 
pris. M.  Huet  écrit  toujours  Bramma.  Mais  on  écrit 
communément  Brama  ,  ou  Brahma. 

M.  d'Hcrbelot  dit  que, félon  la  doclrine  des  In- 
diens ,   Brahma  eft  le  premier  des  trois  êtres  que 
Dieu  a  crées ,  6c  par  le  moyen  duquel  il  a  fait  en- 
fuite  le  m.onde.  Ce  Brakma  donna  aux  Indiens  qua- 
tre livres ,  qu'ils  appellent   Bethou  ,  ou  Bed  ,  dans 
ielquels  toutes  les  fçiences  6c  toutes  les  cérémonies 
de  la  religion  des  Brachmanes  fonr  comprifes.  C'eft 
pourquoi  on  le  reprclénte  ordinairement  avec  qua- 
tre têtes.  Selon  les  Indiens  ,  Parabaravaftou ,  c'eft- 
à-dire ,  le  Dieu  fuprême  ,  a  créé  trois  Dieux  infé- 
rieurs i  favoir ,  Briima  ,  Vichnou  6c  Routren.  Il  a 
donné  au  premier  la  pullfance  de  créer  ;  au  Iccond 
le  pouvoir  de  conierver ,  6c  au  troifîème'  le  droit  de 
détruire.  Ces  trois  Dieux  ("ont  les  enfans  d'une  mê- 
me femme  ,  qu'ils  appellent  Parachatti ,  c'eft-à-dire , 
la  puifTance  fuprcme.  Les  premiers  Indiens  ne  vou- 
loient  dire  aurre  chofe,  finon  que  tout  ce  qui  fe  tait 
dans  le  monde,  foit  par  la  création  qu'ils  attribuent 
à  Brama,  foit  par  la  confervation, qui eit  le  parta- 
ge de  Vichnou  \  foit  enfin  par  les  diifcrens  change- 
mens ,  qui  font  l'ouvrage  de  Routren ,  vient  unique- 
ment delà  puilîance  abfolue  du  Parabaravaftou  ,  ou 
du  Dieu  fuprcme.  Let.  e'd.  T.  IX,  p.  T&fuiv.  T. 
X ,  p.  1 8  &fuiv.  Elles  ajoutent  que ,  iuivant  la  doc- 
trine des  Indiens  ,'Bruma  tient  le  premier  rang  par- 
mi les  divinités  fubalternes  ;  que  c'eft  lui  qui  a  créé 
toutes  choies  ,  6c  qui  les  confeive  par  un  pouvoir 
fpécial  que  la  divinité  lui  a  communiqué  ',  qu'il   a 
l'intendance  générale  fur  toutes  les  Divinités  infé- 
rieures -,  mais  que  Ion  gouvernement  doit  finir  ;  qu'il 
a  un  premier  Miniftre  ,  nommé   Divendiren  ,  qui 
commande  immédiatement  aux  Dieux  inférieurs. 

Le  mot  Brahme ,  en  langue  Indienne ,  lignifie  Pi- 
nitram  tvutes  ckofes.  D'Htjs-E. 


BRAM.^IN.  f.  lA  Brachmanus.  U.  de  Tillcmonts'cft 
jervi  de  ce  nom.  Hiji  dis  Emp.  T.  II ,  p.  117,  pour 
Brachmane.  ApoUone  de  Tyanes  n'avoit  encore  que 
fept  difciples,  qui  même  le  quittèrent  dès  qu'il  leur 
parla  d'aller  dans  les  Indes  chercher  les  Philolbphes , 
qui  dès  ce  temps-  là  portoient  le  nom  de  Bramains , 
ou  Braclimanes.  Mais  ce  nom  n'eft  point  eft  ulage. 
On  dit  toujours  Brachmanes  6c  Bramains  ,  feule- 
menr  des  fucceifeurs  des  anciens  Brachmanes  ;  encore 
ccnr-on  Bramin,  Foye^  ce  mot. 
§3"  BRAMONT.   Petite  ville   de  Savoie  ,    dans  la 

province  de  Maurienne  ,  fur  la  rivière  d'Arc, 
fer  BRAMAS.  (  les  )  Peuple  ainli  nomm.é  entre  les 
villes  d'Ava  6c  du  Pegu  ,  aux  extrémités  des  Royau- 
mes d'Ava  6c  de  Pegu. 
BRAME,  f.  m.  On  appelle  ainfi  ceux  des  Indiens  que  les 
*   anciens  appeloient  Brachmanes.  Les  Lettres  Edi- 
fiantes des  Mifjïonn,  Jef.  T.  IX, p.  188  dilent  Brame , 
au  mafculin  ,  6:  Bramine  au  féminin.  Il  etoit  Brame  , 
ds.  venoit  d'époufer  une  Bramine,  La  Bramine  avoir 
été  mariée  dès  fon  bas-âge  à  un  zikk  Brame.  Il  n'y 
a-  guère  de  natioa  plus  orgueilleufe ,  plus  rébelle  à 
la  vérité  ,  ni  plus  entêtée  de  fes   fuperftitions  que 
les  Brames.  Lettr.  Ed.  T.  X,p.  5 1.  Fovei  Bramix^ 
c'eft  la  même   chofe.  De  la  Boulaye  cent  Bramen  ,' 
èc  dit  que  c'eft  le  nom  des  Sacrificateurs  des  Ra- 
miftes,  ou  Indou;  6c  au  pluriel  il  dit  Bramens. 
BRAMENATI.  f.  f.  Femme  de  fedle    6:   de  famille 
brame.  Il  y  avoit  trois   Brames  6c  une  Bramenati. 
Lettr.  Ed.  Rec,  XI,  On  dit  amîi  Bramine.  Voyez 
Brame. 
BRAMER,  v.  n.  Terme  de  chafîe ,  qui  fe  dit  pour  ex- 
primer le  cri  des  cerfs.  Clamorem  edere  cervino  JI- 
milcm.  Le  cerf  qui  brame  au  bruit  de  l'eau.  Théo- 
phile.   On  s'en  fervoit  aufli  autrefois  pour  expri- 
mer le  cri   des   éléphans.    Ch.    Est.    Dict. 
Il  a  fiçnifié  aufll ,  crier  fortement. 
Ce  mot  vient  de  hram ,  qui  fignine  grand  cri  en 
langue  gothique.  Chorier  le  tire  de  ^«««/ouai:  qui 
chez  les  Grecs  a  le  même  fens  ;  crier  violemment  Se 
importunement. 
BRAMIN  ,   ou  Bramine.  f.  m.  C'eft  un  Prêtre  de 
la  religion  des  Indiens  idolâtres ,  fucceffeurs  des  an- 
ciens Brachmanes.  Les  Bramins  font  la  première  ra- 
ce des  Banians  ,  ^  font  fi  verfés  en  Aftronomie  , 
qu'ils  ne  manquent  pas  d'une  minute  à  prédire  les 
écliples.  Ils  ont  un  fi  grand  relpecl  pour  les  vaches  ,■ 
que  pourvu  'qu'ils  en  aient  une   queue  à  la   main 
quand  ils  meurent,  ils  croient  être  bienheureux.  Ils 
font  quelquefois  des  procelfions  de  400  lieues ,  oiV 
ils  mènent  des  villes  éc  des  villages  entiers  ;  6c  ils 
nourrilîent  les  peuples ,  quand  ils  Ibnt  arrèrés  aux 
partages   des  rivières    débordées  ,  d'une   manière 
qu'ils  font  croire  miraculeufe,  leur  donnant  toutes 
qu'ils  demandent  lans  avoir  fait  aucune  provifion. 
Un  Proteftant ,  nommé  Abraham  Roger ,  qui  a  écrit 
de  la  vie  ic  des  mœurs  des  Braminss  ,  en  diftin- 
gue  de  fix  Ibrtes-,  les  Weiftnouwa  ,les  Seivia  ,  ley 
Smaerta  ,  les  Schaerwaeeka  ,  les  Pafenda,  èc  les 
Tfcheélea.  Il  traite  allez  au  long  de  chacune  de  ces 
fecles  en  particuliei  dans  fon  Chap.  III.  Tout  foa 
Livre, intitulé  La  Porte  ouverte  à  la  connoiffance 
du  Paganifme ,  contient  beaucoup  de  particularités 
lur  les  Bramines. 
BRAMPOUR,  ouBarampour.  Barampura.  Ville, 
d'Ane,  dans  l'Indouilran,  dans  les  états  du  Mogol, 
capitale  du  P.oyanme  de  Condifch.' 
BRAN,  ou  Bren.  1".  m.  Excrément  de  l'homme ,  ma- 
tière fécale.  Stercus  ,  alvi  purgamentum. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  Brance  ,  qui  eft  uit 
vieux  mot  gaulois  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans 
Pline ,  en  parlant  du  fon ,  qui  eft  encore  à  préfent 
appelé  hrann  par  les  Anglois  ;  ic  il  penfe  que  le 
bran ,  qui  fignifie  excrément  de  l'homme ,  n'a  été  dit 
que  par  méthapore  de  l'excrémenr  du  blé.  Du  Can- 
£re  le  dérive  auifi  de  l'Antrlois,  ic  témoigne  qu'on 
difoit  autrefois  ,  manger  du  bran  de  quelqu'un  \ 
pour  dire  ,  manger  de  fon  pain  :  ic  qu'on  appelle 
Brena^e ,  un  droit  qiii  le  levoit  fur  le  fon  5  6c  Rri'. 


B  R  A 


BE.  A 


nier ,  ccîui  qui  en  étoic  Receveur,  Mais  hren  efl:  un 
mot  ancien  gaulois ,  ou  celtique  ,  dont  les  bas-Bre- 
tons &  les  Languedociens  le  iervcnt  encore  pour  iî- 
gnifier  du  fon. 

Bran  de  Judas,  fe  dit  populairement  des  ronfleurs 
qui  viennent  aux  mains  &  au  viiage.  LeruicuLe, 

Bran-de-son.  C'eft  le  plus  gros  Ion  des  grains  qu'on 
a  fait  moudre,  qu'on  en  tire  par  le  bluteau. 

Bran-de-scie  ,  c'eft  la  poudre  du  bois  qu'on  fcie. 

1^  Bran  ,eft  encore  un  terme  trivial  dont  on  fe  lert 
pour  marquer  du  mépris  pour  une  perfonnc  ,  ou 
pour  une  choie.  Bran  du  prédicateur.  Bran  de  vos 
promefîes.  Fuk,  malcjù. 

BRANCADES.  f.  h  pi.  font  les  chaînes  des  forçats. 

BRANCARD,  r.  m.  Lit  portatif  pour  tranfporter  des 
malades.  Valetiidln.iriiun  f^rcuium.  C'eft  une  el'pc- 
ce  de  grande  civière  avec  des  cerceaux  en  berceau , 
qu'on  garnit  de  matelas  £■:  de  couvertures  ,  &  qui 
cft  portée  par  des  mulets  ou  par  des  chevaux, l'un 
devant ,  l'autre  derrière  ,  &  quelquefois  par  des 
hommes. 

Brancard,  Terme  de  charron.  Pièce  de  bois  pliant, 
qui  joint  le  train  de  derrière  d'une  chaife  roulante 
au  train  de  devant,  qui  aboutit  ordinairement  à  un 
arc.  LeSicarium  ferculum.  Ils  font  l'office  de  la  flo- 
che d'un-carroife  ,  &  quelquefois  la  chaile  eft  pofce 
defliis  ;  quelquefois  elle  eft  fufpendue  fur  des  con- 
foles.  Il  y  en  a  auiil  aux  berlines. 

Brancard,  eft  aufïî  une  machine  faite  par  raflembla- 
ge  de  plufieuts  fortes  pièces  de  charpente  ,  &  qui 
fert  à  tranfporter  des  pierres  ,  ou  auttes  fardeaux 
d'une  péfanteur  extraordinaire  ,  afin  d'empêcher 
qu'elles  ne  fe  callent,  ou  ne  s'écornent  ,ainfi  qu'on 
»  a  fait  pour  les  deux  pierres  qui  couvrent  le  fron- 
ton du  frontifpice  du  Louvre.  Cafrucarium  fer- 
culum. 

On  trouve  dans  la  bafle  latinité  hranchada  dans 
le  même  fens  que  nous  difons  brancard.  C'eft  ap- 
paremment de-là  qu'il  s'eft  formé  ,&c  éranckat a  vient 
de  brachium  ,  patce  qu'il  fe  porte  à  bras. 

BRANCARDIER,  f.  m.  Qui  conduit  un  brancard.  En 
deux  ou  trois  interrogations  que  les  Comédiens  fi- 
rent au  Brancardier ,  ils  iiirent  que  la  femme  du  Sei- 
gneur du  village  où  Mademoifellc  de  l'Etoile  s'é- 
toit  bleffée  ,  lui  avoit  rendu  vifite  ,  &c  l'avoit  fait 
conduire  au  Mans  avec  grand  foin.  Scarron ,  Roman 
ccm.  to.i  fch.y  ,p.^S. 

IBRANCE.  f.  f.  Efpèce  de  grain, ou  de  légume.  Vieux 
mot  françois  :  c'eft  celui  dont  parle  Pline  fous  le 
nom  Acjandalis&cfandalum;  Sc^r^/zce  en  gaulois 
ou  celtique.  Foye^  Liy,  FUI ,  ck.  7.  Borel  dit  qu'il 
lignifie  une  forte  de  froment  très -pur.  C'eft  Pline 
qui  le  dit ,  &  qui  ajoute  qu'il  fait  beaucoup  plus 
de  pain  que  l'autre  froment. Chorier,//iy^^t?  Dau- 
phiné,  prétend  que  c'eft  le  blé  blanc.  Voye^  ce  mot. 
Borel  ajoute  que  c'eft  auffi  une  forte  d'épéc,  & 
qu'en  cette  fîgnification  on  a  dit  audi  branc  &  brans. 

branchage",  f.  m.  Nom  colledif  qui  fe  dit  en  gé- 
néral de  tout  le  bois  qu'un  arbre  poufîé  en  rameaux. 
Ramiy  ramalia.  On  fait  du  tronc  des  arbres  ,  du 
bois  de  charpente*,  &  du  branchage-,  des  cotrets& 
des  fagots, 

BRANCHE,  f.  m.  Jeune  bois  qu'un  arbre  pouffe  en  ra- 
meau au-delà  de  fon  tronc.  ^ÊfT  Les  tiges  le  divifent 
par  le  haut  en  plufieurs  grofles  branches ,  brachia , 
qui  fe  fubdivifent  en  plufieurs  petits  rameaux ,  rami , 
&  bourgeons  ,furcn/i.  Les  jeunes  branches  font ,  ou 
oppofées,  oppojiti, ou  alternes,  conjugati,T3i(iemb\ces, 
comprejji,  on  qui  s'cvaieni , patentes. Celles  qvû  font 
garnies  de  feuilles  font  foliati  ;  celles  qui  en  font 
dégarnies,  nudi.  Enfin  il  y  en  a  de  garnies  de  fup- 
port ,  &  d'autres  qu'on  nomme  prolifères.  Les  bran- 
ches font  compofées  des  mêmes  parties  de  la  tige. 
tfT  Dans  les  arbres  fruitiers ,  les  Jardiniers  appellent 
branche  à  bois ,  celle  qui  étant  venue  fur  la  taille 
de  l'arnce  précédente  ,  &  cela  dans  l'ordre  de  la 
nature ,  eft  raifonnablcment  grolTc.  Branche  à  fruit , 
fe  dit  de  celle  qui  eft  venue  de  médiocre  longueur 
Sigroffeur  fur  cette  même  taille.  Les  branches  à 


3S 


9 


fruit  ont  les  yeux  gros  Si  aflèz  près  les  uns  dc5  au- 
tres. Branche  à  demi  bois,ei\:  celle  qui  étant  trop 
menue  pour  branche  à  fois ,  &:  trop  groife  pour  bran- 
che à  fruit ,  eft  coupée  deux  ou  trois  pouces  de  long 
pour  en  faire  fortir  un  meilleur  jet ,  foit  à  fruit ,  foit 
à  bois,  pour  contribuer  à  la  beauté  de  la  figure, & 
amufer  la  vigueur  de  l'arbre.  Branche  de  faux  bois  i 
ce  font  les  mauvaifes  qui  font  venues  contre  l'ordre 
de  la  nature,  &  d'ailleurs  que  des  tailles  de  l'an- 
née précédente  ,  ou  qui  étant  venues  fur  ces  tailles  y 
fe  trouvent  grolîcs  à  l'endroit  où  elles  clevroicnt 
être  menues.  Elles  ont  les  yeux  plats  &  fort  éloi- 
gnés. La  Quint.  Pour  entendre  cet  ordre  de  la  na- 
tute ,  il  faut  lavoir  ,  10.  Que  les  branches  ne  doivent 
venir  que  fur  celles  qui  ont  été  racourcies  à  la  der- 
nière taille  ,  &  ainfi  toutes  celles  qui  viennent  en 
d'autres  endroits  font  branches  de  faux  bois.  2°, 
Que  l'ordre  des  Branches  nouvelles  cil,  que  s'il  y 
en  a  plus  d'une  ,  celle  de  l'extrémité  foit  plusgrolîê 
&:  plus  longue  que  celle  qui  eft  iinmédiatement  au- 
defîbus,  &  celle-ci  plus  longue  cc  plus  groîfc  que 
latroifième,5i  ainfi  des  autres ;& par  conicqucnt,ii 
quelqu'une  fe  trouve  grorte  à  l'endroit  où  elle  de- 
vroit  être  menue ,  elle  eft  branche  de  faux  bois.  Il 
y  a  cependant  quelques  exceptions.  Ideivî. 

Dans  les  arbres  qui  font  vigoureux,  'ÔC  en  même 
tems  d'une  belle  figure,  il  n'y  fauroit  guère  avoir 
trop  de  branches  à  fruit  ,  pourvu  qu'elles  n'.y  faf- 
lènt  point  de  confufion  ;  mais  à  l'égard  des  bran- 
ches à  bois,\l  n'en  faut  d'ordinaire  laifleren  tou- 
tes fortes  ci'arbres  qu'une  de  toutes  celles  qui  font 
forties  de  chaque  taille  de  l'année  précédente.  La 
Quint, 

Branche  mère,  ou  mere-eranche  ,  fe  dit  de  celle 
qui  ayant  été  racourcie  à  la  dernière  taille  ,a  pro- 
duit d'autres  branches  nouvelles.  Branche  aoktee  , 
fe  dit  des  branches  qui  fur  la  fin  de  l'été  cefîent  de 
pouffer  &  s'endurcilfcnt  ,  en  prenant  une  couleur 
noirâtre  :  fi  elle  demeure  verte  ,  elle  n'eft  pas  bien 
aoutée.  La  Quint.  Branches  ventes  ,  ou  branches 
élancées  ,  fe  dit  de  certaines  branches  longues  & 
menues ,  qui  ne  font  propres  ni  à  fruit ,  ni  à  bois  , 
&  qu'il  faut  retrancher.  Les  branches  renies  fur  un 
arbre  fruitiei  ne  font  propres  à  rien.  Liger.  Bran- 
ches chifonnes  ,  font  des  branches  courtes  ^  me- 
nues qui  ne  font  que  de  la  confulion  dans  l'arbre  , 
&  qu'on  doit  couper.  Branche  furieufe  ,  c'eft  celle 
qui  eft  très-grande ,  qui  a  beaucoup  pouffé  ,  6c  fait 
un  beau  &:  gtand  jet.  Il  eft  à  ptopos  de  conferver" 
toutes  les  belles- branches  que  les  pêchers  pouflcnt 
r  éré ,  à  moins  qu'il  n'en  foit  forti  une  fi  grande  abon- 
dance, qu'elles  faffcntde  la  confufion.  Mais  en  tout 
cas ,  fi  la  nécelïité  y  oblige ,  il  faut  avec  beaucoup 
d'intelligence  attacher  ou  couper  tout  prêt  quel- 
ques-unes des  plus  furieufes.  La  Quint.  Foye^  en' 
core  Gourmand, 

On  dit  figuréraent,  qu'une  affaire  a  plufieurs  bratt' 
ches  ;  pour  dire ,  qu'il  y  a  plufieurs  afïaives  connexes , 
&  jointes  enicmble  -,  qu'il  y  a  plufieurs  chefs  à  dif- 
cuteti 

^fT  On  dit  proverbialement  qu'un  homme  eft  comme 
l'oifeau  fut  la  branche  ,  quand  il  n'a  point  d'étac 
affûté,  de  fortune  certaine.  On  dit  de  ceux  qui  paf- 
fent  fans  taifon  d'an  propos  à  un  autre ,  qu'ils  fau- 
tent de  branches  en  branches ,  &:  de  celui  dont  la 
fortune  fe  renverfe ,  qu'il  s'eft  attaché  aux  branches  > 
quand  il  ne  s'eft  attaché  qu'.i:  des  gens  qui  ne  peu- 
vent le  foutenir ,  au  lieu  de  s'arracher  au  tronc  , 
à  celui  qui  a  une  autbrirc  fupérieure.  ^fT  Ce 
mot  vient  du  Izùn,  brancha.  Ménage  ,  après  Saa- 
maife.  D'autres  le  dérivent  de  brachium ,  parce 
que  la  branche  eft  comme  le  bras  d'un  arbre.  D'au^ 
très  enfin  de  branchia^  parce  que  les  branchas  iio\M 
attachées  aux  arbres  ,  comme  les  nageoires  au:: 
poifjbns.  ,  , 

Ifr  Gè  mot  a  été  tranfoorté  par  mctapnore  ,  a  plu- 
fieurs chofes  qui  font  regardées  comme  des  parties 
analogues  à  la  branche  dans  l'arbre. 
:na*  Ainfi  l'on  dit  une  branche  de  cc?rail.  Un  çh.znii-' 


% 


40  B  Pv  A 

lier  à  pkiiieui-s-  hanches  ;  pour  expriitlcr ,  un  chan- 
delier a  plufieurs  rameaux  qui  lervcnt  auilî  de  chan- 
deliers. Un  ruban  noue  a  plufieurs  branches.  Branche 
d'un  bouquet  de  plume.  Branche  d'une  garde  d'épce. 
Les  deux  parties  d'un   bois  de  cerf  font  appelées  . 
branches.  Branche  de  commerce  ,  objet  particulier 
de  commerce ,  &c. 
Branche  ,  en  Archite&ire  j  (îgnifie  les  aresdes  voû- 
tes des  ogives  ,  Icfqueis  arcs  travcrfant  diagonale- 
ment  d'un  angic  à  un  autre  ,  forment  une  croix  entre 
.les  autres  arcs  qui  font  les  côtés  du  carré,dont  les  arcs 
"  font  les  diagonales.  Quelques-unes  de  ces  branches 
détachées  d'es  pendentifs  de  la  doulle ,  en  rachètent 
d'autres  fufpendues,  d'où  pend  quelque  cul  de  lampe. 
Branche.  Terme  de  Manutad ure  d'étoiïes  de  laine  , 
en  ulage  dans  quelques  endroits  de  Picardie ,  parmi 
les  Sergers  &:  Bouracaniers ,  particulièrement  à  Ab- 
beville.  La  branche  eft  une  portée  de  fils  dont  font 
composes  les  portées  qui  font  la  largeur  de  la  chaîne 
d'une  étoffe. 
Branches    de  tranchée,    efl:  la  même    chofe  que 

boyau  de  tranchée.  Voyez  Boyau. 
Branche  de  la  bride,  en  termes  de  Manège,  font 
deux  pièces  de  fer  courbées  qui  porrent  l'embou- 
chure, les  chaînettes  &  la  gourmette,  &  qui  font  at- 
tachées d'un  côté  à  la  têtière,  &:  de  l'autre  aux  rênes  , 
quj  tiennent  la  tête  du  cheval  iujette.  On  dit  branche 
hardie,  en  parlant  de  celle  qui  ramené.  On  forgeoit 
autrefois  une  branche  pour  relever  ,  qu'on  appeloit 
branche  fiaque.  Elle  n'eft  plus  en  ufage. 

Les  meilleures  branches  démords  font  de  l'inven- 
tion du  Connétable  de  Montmoretici,  qu'on  appelle 
à  caufe  de  cela ,  à  la  Connérable.  Mewcastle.  De 
quelque  côté  que  les  branches  du  mords  aillent ,  la 
botKhe  du  cheval  va  toujours  au_  contraire.  Vaus 
tirez  la  bride  ,  &  cela  tire  les  branches  en  haut ,  & 
la  bouche  va  en  bas.  Id,  Foyci  (lit  les  branches  du 
mords  le  même  Auteur,  pa^.  419  Hifiàv.  où  il  ex- 
plique ce  qui  les  tend  foib'les  6c  fortes ,  &  quelle 
eft  leur  aCl;ion  femblable  à  celle  du  levier. 

Les  Potiers  d'étain  appellent  branche  de  flambeau, 
toute  la  partie  du  flambeau  qui  s'clève  au-deifus  du 
pied ,  jufqu'.t  l'endroit  où  l'on  met  la  chandelle. 

Les  deux  grands  bâtons  de  devant  des  crochets 
d'un  Crocheteur  ,  &  qui  pofcnt  fur  fbn  dos  ,  (ont 
appelés  branches  de  crochet.. 

On  appelle  les  branches  d'un  carroffe  ,  les  deux 
pièces  de  bois  qui  font  au  derrière  du  train  d'un  car- 
tofle ,  vis-à-vis  les  moutons ,  &  qui  en  foutiennent 
les  arcs-bourans. 

On  appelle  TL\M\\hr  anches  de  la  trompette,  fes  deux 
premiers  canaux  qui  portent  le  vent  au  pavillon. 
Branche,  fc  dit  en  Anatoniic,  des  rameaux  qui  for- 
tcnt  d'une  groflc  veine ,  &:  particulièrement  de  la 
veine  cave. 
Branche,  fe  dit  aufîi  fîgurcment  des   rameaux  qui 
fortènt  de  la  fouchc  ou  de  la  tige  de  l'arbre  gé- 
néalogique ,  où  fe  voienr  les  defcendans  en  ligne 
collatérale.  La  branche  mafculinc.  La  branche  fé- 
minine.  La   branche    d'Alençon ,     de    Dreux.    La 
branche  de  Valois. 
Branch-e  ,  (îgnifie  aufli  la  verge,  ou  la  pièce  de  bois , 
ou  de  fer ,"  qui  tient  lieu  de  fléau  dans  la  balance 
romaine,    le  long  de   laquelle    le  contrepoids  eft 
mobile. 
Branches  de  biveau  ,  ou  de  Sauterelles ,  font  les 
côtes  de  ces  inftrumens.  Le  P.  Déran  les  appelle 
doigts.  Daviler  les  appelle  bras. 
Branche   de  voussoir.  ^ojt'{  Enfourchement. 
Branche  ,  en  termes  de  Verrerie.  C'eft  un  inftrument 
de  fer,  long  d'im  pied  &  demi,  ou  environ,  avec 
lequel  on  élargit  la  bofle  du  côté  qu'elle  a  été  fé- 
parée  de  la  felle  qui  a  fervi  à  la  fouftler. 
^fT  Branche  de  vigne.  Cétoit  chez  les  Romains  la 

marque  des  Centurions. 
Branche  de  Cyprès.  C'eft  une  efpcce  de  drdit  de 
baliie  qui  fe  paye  au  Bureau  des  Fermes  du  Roi  , 
établi  à  Blaye.  Ce  droit  eft  de  4  f.  6  A.  par  chaque 
vaifïèau  venant  de  Bourdeaux ,  Libourne  §c  Bourg. 


B  R  A 

Le  tiers  dé  ce  droit  montant  à  i  fol  6  d.  apparticiifS 
au  Fermier ,  les  deux  autres  riers  font  au  Duc  de 
Dtiras ,  par  conccllion  de  Sa  Majefté. 
Branche-ursine.    Quelques-uns    difent    Branq.ue- 
URSiNE.  f".  t.  Herbe  qUe  les  Grées  Se  les  Latins  ap- 
pellent Acanthe  ,  Acanthus.  C'eft  de  la  reprcfenta- 
tion  de  fes   feuilles   qu'on  fait  les   ornemcns  du 
chapiteau  Corinthien.  Voye?^  ACANTHE. 
BRANCHEFL.  V.  a.  Pendre  un  (oldat ,  voleur  ou  défer- 
rent,  à  une  branche  d'arbre.  Reum  de  arbore  fuf- 
pendcre.  Cela  n'a  d'ufage  qu'à  la  guerre.  Certains 
payfàns  du  tems  de  Charlemagne  confeifoient  avoir 
(emé  des  poudres  dans  les  campagnes  afin  de  taire 
mourir  les  baftiaux,enfuite  de  quoi  on  \c%  branchait 
de  tous  côtés ,  jufqu'à  ce  que  S.  Agobard,  pour-lofs 
Evcque  de  Lyon ,  ayant  reconnu  leur  innocence  , 
entreprit  leur  défenfé  dans  fon  livre  Contra  inful- 
J'am  vulgi  opinionem  degrandine  &  tonitruis  Mascur, 
Ce  terme  eft  familier. 
Brancher,  en  teimes  de  ChafTe,  fedit  des  oifeaux  qui 
le  polcnt  fur  une  branche  d'arbre ,  qu'on  appelle  de- 
là oijeaux  branchiers.  Sedere  in  rama  ,  ramo  injidere. 
Ce  font  de  jeunes  oifeaux  de  proie  qui  commencent  à 
fortitdunid,  &qui  n'ayant  pas  encore  aifez  de  force, 
volent  feulement  de  branche  en  branche.  En  ce  fcns 
il  eft  neutre. 

On  dit  audi ,  Brancher ,  &  ptendre  le  bouton 
de  l'arbre  -,  c'eft-à-dire ,  fe  percher  fur  la  cime. 
Brancher  la  boffc.  Terme  de  verrerie.  C'eft  tournée 
en  rond  l'inftrumenr  que  les  Verriers  appellent  Bran- 
che ,  au-dedans  de  l'ouverture  qu'on  a  faite  à  la  bofle  , 
en  l'incifànt  avec  de  l'eau,  pour  la  féparer  du  col 
de  la  felle. 
Branché,  ^ÉE,  parr. 

BRANCHÉ  ,  adj.  Vieux  mot.  Perché.  Se  dit  des  oi- 
feaux. Glo[f.  fur  Marot. 
BRANCHIDES.  f.  m.  pi.  Prêtres  d'Apollon  Didymcen. 
Branchides,  Appollon  avoit  un  temple  à  Didyme  , 
ville  d'ionie  dans  la  Natolie.  Les  Prcrres  de  ce  tem- 
ple s'appeloient  Branchides ,  Se  le  Dieu  s'appeloit 
l'Oracle  des  Branchides ,  parce  qu'il  y  rendoit  des- 
oracles.  Branchidarum  Oraculum.PwnoncczBran- 
kides 
^fT  Les  habitans  de  Didyme  s'appeloient  auffî  Bran- 
chides.Cc  fiirenr  eux  qui  ouvrirent  àXercés  ce  temple 
d'Apollon ,  d'où  il  enleva  toutes  les  riched'es.  Ne 
(c  trouvant  pas  en  fureté  dans  la  Grèce ,  après  cette 
traliifon ,  ils  obtinrent  de  Xercés  tme  retraite  dans 
la  Sogdiane,  au-delà  de  la  mer  Cafpienne,  flir  les 
frontières  de  la  Perfe ,  où  ils  bâtirent  une  ville  qu'ils 
nommèrent  Branchides.  Mais  ils  n'évitèrent  pas  li 
punition  de  leur  crime  ;  car  Alexandre  ,  ayant  vain- 
cu Darius,  Roi  de  Perfé^i  ayant  été  inftruit  de 
cette  perfidie  ,  punit  daris'ies  enfans  l'impiété  des 
pères ,  en  taiiant  pader  au  fil  de  l'épée  tous  les  ha- 
bitans ,  &  rafer  entièrement  la  ville.  Quint.  Curt» 
ciré  par  Mor. 
BRANCHIER.  adj.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  en- 
fauconnerie  les  jeunes  oifeaux  de  proie  qtii  fortenc 
du  nid  ,  &:  qui  n'ont  encote  la  force  que  de  voIec 
de  branche  en  branche.  Accipiier  arborarius. 
BRANCHIES,  f.  f.  pi.  C'eft  le  nom  que  las  Médecins 
grecs  ont  donné  aux  oliies  des  poiiTons ,  qui  font  des 
parties  compofécs  de  cartilages  &:  de  membranes  ,- 
en  forme  de  feuillet ,  qui  leur  fervent  comnte  de 
poumons. 

Ce  mot  eft  grec ,  &  vient  de  a^ûyxitc ,  qui  fignifîe 
la  même  chofe.  Et  félon  le  P.  Pezron  ^pxyxnt  vient 
du  mot  celtique  brenc. 
BRANCHU  ,  UE ,  adj.  Qui  a  des  branches,  Ramofus, 
Il  ne  fe  dit  que  des  arbres  &  des  plantes ,  &  eft  fort; 
uiîté  en  Botanique. 
BRANCHUS,f  m.  b^%o<,7^o,  fluxion  d'humeur  fur 

la  gorge,  ou  efpèce  de  catarrhe.  Dict.  de  James. 
fJO"  BRÀNCHUS  ,  Devin,  étoit  fils  de  Smicrus,  que 
fon  père  Democlus  de  Delphes ,  avoir  laide  à  Miler. 
Ce  fils  y  époufa  une  fille  riche,  laquelle  étant  piête 
d'accoucher ,  fongea  que  le  foleil  entroit  par  l'a  bou» 
che  &  forcoit  de  fes  enuailies.  Les  Devins  dirent 


• 


B  R  A 

tjue  c'étoit  un  bon  prciage ,  &  elle  accoucha  d'un 

fils  qu'elle  appela  branchas  ,  à  caule  qu'elle  avoir 

vu  en  fonge  que  le  Ibleil  ctoit  entré  par  la  gorge. 

Ce  iils  ctanr  devenu  beau  &  bienfait ,  fut   aimé 

d'Apollon ,  qui  le  gratifia  de  l'art  de  deviner.  Apres 

iamort,  il  rendit  encore  des  Oracles,  qui  croient 

les  plus  célèbres,  après  ceux  de  Delphes.  Mor, 

ÊRAND.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  iignifie  une  groiFe  épce 

d'acier ,  qu'on  nianioit  <à  deux  mains ,  &:  que  les 

anciens  Chevaliers  portoient  autrefois,  ^cinaces. 

Du  Cange  prétend  qiic  ce  mot  vient  dé  hranca , 

qui  a  fîgnifié  une  griffe  de  lion  ,  ou  un  ongle  d'oi- 

feaii  ;  &  qu'on  l'a  trarilporté  au  coutelas ,  parce  qu'il 

lért  au  folda't  comme  de  griiîé  &  de  défenfe,' 

tfT^  BRANDAM.  Ville  des  Indes ,  dans  l'Ile  de  Java, 

fur  la  côte  feptentrionale. 
BRÀNDE.  C  f.  Petit  arbufte  qui  croît  dans  les  terres 
incultes.  On  appelle  auifi  de  ce  nom  une  Campagne 
pleine  de  ces  arhujies.  Entrer  dans  une  brande. 
BRANDEBOURG.  Ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
moyenne  Marche  de  Brandebourg  fur  le  Havcl ,  qui 
la  Icpare  en  deux  parties ,  dont  l'une  cil:  le  vieux  Bran- 
debourg, Se  l'autre  le  ncufBrandeiourg.  On  prétend 
que  cette  ville  a  été  bâtie  par  Brennus ,  chef  des 
Gaulois ,  &c  que  c'efl:  de-là  qu'elle  a  pris  Ion  nom 
Brândeburgum  ,  Brandebourg  ,  qui  efl:  la  même 
chofe  que  Bre'nnoburgum ,  Brcnncbourg ,  ou  ville 
de  Brennus.  D'autres  dérivent  ce  mot  de  Bran- 
don ,  Prince  des  François ,  &  fils  de  Marcomir  , 
qui  félon  eux  en  eft  le  fondarcur.  HofÎTian  liîi  donne 
clé  longitude  55''.&de  latitude  52°.  59'.Cettevillc, 
félon  M.  de  la  Hire,  a  de  longitude  31°.  21',  3  3",  Se 
de  lat.  5  20.  16',  o"  Tab.  Afir. 
Brandebourg.  La  Marche  ,  ou  le  Marquifaf  de  Bran- 
debourg, en  latin  Marchia  Brdndeburgenjïs.  Provin- 
ce du  Cercle  de  la  haute  Saxe ,  en  Allemagne  , 
bornée  au  couchant  par  le  Duché  de  Lunebouig ,  au 
nord  par  celui  de  Mecklenbourg  ,  &  par  la  Poméra- 
iîic-,  au  levant  par  la  grande  Pologne;  &  au  midi 
par  la  Silélie  ,  la  Lulace ,  les  Duchés  de  Saxe  &  de 
Magdebourg.  C'eft  Henri  l'Oifcleur  qui  a  érigé  le 
Brandebourg  6n  Marquifat ,  dont  les  Marquis  n'é- 
toient  d'abord  que  des  Gouverneurs ,  qui  devinrent 
enfuite  héréditaires.  Et  c'efl:  l'Empereur  Sigifmond 
qui  en  141 1  ayant  vendit  le  Marquifat  de  Brande- 
éourg  à  Frédéric  IV,  Burgiave  de  Nuremberg ,  i'é- 
rigea  en  Eleétorat  en  141  j,  &  lui  en  donna  Tinvelli- 
ture  en  1417.  L'Eledteur  de  Brandebourg  eft  Archi- 
chambellan  ou  grand  Chambellan  de  l'EmpirCi  La 
Marche  de  Brandebourg  fe  divife  en  trois  parties , 
dont  nous  allons  parler. 

La  vieille  Marche  de  Brandebourg  ;  c'efl:  la  partie 
occidentale  du  Marquifat  de  Brandebourg,  appelée 
autrefois  Marche  de  Soltwedel,  parce  que  Soltwc- 
del  en  ctoit  la  capitale.  La  moyenne  Marche  de 
Brandebourg,  qui  efl:  à  l'orient  de  la  vieille  Marche , 
Ôc  à  l'occident  de  la  nouvelle,  a  pour  capitaleBcr- 
lin ,  qui  l'efl:  aujourd'hui  de  tout  l'Eleélorat.  La 
nouvelle  Marche  de  Brandebourg  en  efl:  la  partie 
orientale  ,  Se  a  Ctiftrin  pour  capitale.  Il  y  a  encore 
la  Marche  Uckerane  de  Brandebourg ,  qui  efl:  au 
lîord  de  la  moyenne  Marche  :  Marchia  Uckerana 
Brandeburgica.  Elle  a  été  ainfi  nommée  à  caufe  du 
grand  lac,  &  de  la  rivière  d'Ucker  qui  font  au  mi- 
lieu. L'hiftoire  des  Marquis  de  Brandebourg  a  été 
écrite  en  latin  par  Gafpar  Sagittarius ,  imprimée 
//2-40.  àléne  en  1(^84.  ImliofF,  Notit.  Imp.  L.  II, 
cap.%,  en  traite  aulfi, 
Brandebourg  ,  efl:  aulll  une  ville  bâtie  depuis  peu  par 
l'Eleéteur  de  Brandebourg  dans  la  Prude  Royale. 
Il  y  en  a  encore  une  autre  dans  le  Cercle  de  la  ba(fe 
Saxe,  qui  fe  nomme  le  nouveau  Brandebourg,  ou 
la  nouvelle  Brandebourg.. 
Brandebourg,  f. f. Terme  de  Fleurifte.Tulipe  d'iin  rou- 
ge pâle  tirant  iur  le  colombin  ,  Se  d'un  blanc  terni. 
MoR.  Cuit,  des  fleurs. 
Brandebourg,  f  f.  GrofTe  cafaquc  dont  la  mode  nous 
efl:  venue  de  Brandebourg.  Penula  chLimis.  Elle  va 
jufqu'à  mi-jambe,  &  a  des  luanchcs  bien  jplus  lon- 
Toms  II, 


B  R  A  41 

gués  que  les  bras  ;  Se  quand  on  y  veut  mettre  quel- 
que ornement ,  elle  eft  chargée  de  boutons  à  queue 
d'efpace  en  tfpace.  Ce  nom  pafla  en  France  en  16 j^^ 
lorfque  l'Eleéleur  de  Brandebourg  entra  en  Alface. 
Les  gens  de  l'Eleéleur  portoient  cette  efpèce  de  ca- 
laque.Richclet  avoit  reproché  à  M.  du  Perler  qu'il 
croit  fait  comme  un  crieur  d'arrêts  :  cela  Tayanr  pi- 
qué ,  il  i"e  fît  faire  une  Brandebourg.  Il  trouva  fj 
foir  un  Grivois  qui  s'approcha  fort  m6defl:cment  de 
lui ,  &  s'infmua  tellement  fous  fa  Brandebourg  , 
qu'il  s'en  trouva  revêtu  ,  5c  le  pauvre  du  Perler  relia 
en  jufte-au-corps.  Ménage. 
Brandebourg, en  fait  de  modes,  f.  m.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  aux  agtémens  de  galons  d'or  ou  d'ar- 
gent ,  Se  même  de  foiô  ,  qu'on  applique  en  forme 
de  bouronhictes  fur  les  habits.  Les  Brandebour<^s 
font  quelquefois  d'un  galon  fimple  ,  mais  plus  fou- 
vent  d'un  galon  doublé  qui  forme  la  boutonnière. 
On  en  a  fait  aulfi  à  queue  &  fans  queue.  "î 
BRANDEBOURGEOIS  ,  OISE ,  {•.  m.  &  t.  Qui  eft  du 

Marquifat.de  Brandebourg.  Brandcburgcnjis. 
BRANDEIS.  Brandijium ,  petite  ville  de  la  Bohême 

propre  ,  avec  une  Citadelle  ,  fur  l'Elbe. 
BRANDERIE.  i\  f.  On  nomme  ainfi  en  Hollande,  & 
particulièrement  à  Amfterdam  ,  les  lieux  où  l'on  fait 
les  eaux-de-vie  de  grain. 
BRANDE  VIN.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  le  peuple  donne 
à  l'eau-de-vie.  Vinum  igné  vapordtutn  &  jiillatum. 
Les  artifans  Se  journaliers  commencent  ordinaire- 
ment leur  journée  par  boire  du  brandevin.Q}xznA\cs 
maîtres,  principalement  les  Officiers  miliraires,  font 
quelques  petites  libéralités  de  peu  de  conféquen- 
ce  à  des  foldats  ou  domeftiques ,  ils  diferit  que  c'eft 
pour  boire  le  brandevin. 

Ce  mot  vient  du  ïl^mznàBtandewyn  ,  qui  fîgni- 
fié vin  brûlé, 
BRANDEVINIER  ,  NIÉRE.  f  m.  Se  f.  Celui  ou  celle 
qui  vend  Se  qui  crie  du  brandevin  en  détail  dans  un 
camp  ou  dans  une  garnifon.  Ce  terme  eft  plus  uiité 
à  Tarmée  qu'ailleurs  ;  car  ces  fortes  de  gens  n'y  ont 
point  d'autre  nom. 

Ce  mot  fe  dit  Se  pour  celui  qui  fait  le  brandevin , 
Se  pour  celui  qui  le  vend,  foit  dans  la  boutique ,  foit 
par  les  rues.   Cabaret  de  brandevinier. 
BPvANDEUM.  f  m.  Ce  nom  eft  purement  latin.  M. 
l'Abbé    Fleury  s'en   eft  fervi  dans    fdn  Lfiji.  Eccl. 
Liv.  XXXV ,pxig.  95.  C'eft  ainfi  qu'on  nommoir 
dans  la  bafle  latinité  les  linges  qui  avoient  été  mis 
auprès  des  fépulchres  des  Apôtres  Saint  Pierre  &: 
S.  Paul ,  Se  qui  y  éroient  reftés  quelque  tems.    L'i- 
gnorance des  derniers  iiècles  les  a  fait  prendre  pour 
des  corporaux.  On  les  regardoit  &  on  les  honoroic 
comme  des  reliques,  Se  on  leur  donnoitce  nom. 
BRANDILLEMENT.  f.  m.  Ce  mot  lé  trouve  dans 
Pomey  pour  agitation.  Mouvement  que  fe  dotine 
celui  qui  fe  brandille.  Agitatio  ,  jactaîio. 
BRANDILLER.  v.  a.  Mouvoir  deçà  Se  de-là  Movere, 
jaclare.  Brandiller  les  jambes.  Se  brandilUr ,  s'agiter 
en  l'air  fur  une  planche  ,  fur  une  corde  ,  Sec.Agita- 
re  fe;  jaclare  fefunc  ex  arbore  fufpenfo.  Les  enfans 
prennent  plaifir  à  fe  brandiller.   Les  Danfeiirs    de 
corde  fe  brandillent  quelque  temps  ,  avant  que  de 
fe  donner  l'elhapadè ,  &  de  faire  leurs  autres  tours 
de  Ibupleiîe. 
BRANDILLOIRE.    f.  f.   Quelques  -  uns  difent  mal 
BRANDILLOIR.  f  m.  Planche,  cordes  ou  bran- 
ches entrelacées,  ou  autre  chofe  femblable,  qui  fert 
à  fe  brandiller.  Funis  aut  ramus  aïboris  quo  fe  qiiis 
jaRat.  Lz  braridilloire  eft  un  jeu  ufité'au  Tunquin. 
Le  P.  Marini  en  a  fait  la  defcriptioii  dans  i^  Rela- 
tion du  Tunquin.  Son  Traduoleur  a    dit   quelque 
part  brandillon  pour  brdndilloire  ,  mais  on  n'a  trou- 
vé ce  mot  que  dans  cet  Auteur. 
BRANDIR,  vieux  v.  a.  Branler ,  fecoucr  une  arme  à 
la  main  qui  a  quelque  longueur ,  comme.hallebarde, 
pique  ,  épieu  ,  comme  fi  on  fe  préparoit  à  frapper 
'de  la  pointe.  Quaffare  ,  fuccutere ,  vihrarc.  1}  bran- 
dit un  long  bâton.  S.  Amand.  Brandi fjant  une  grof- 
ie  hallebarde.  Celui-ci  tcnoic  une  épée  de  la  maii* 


42. 


BR  A 


droite,  qu'il  ^M/z^/^/r  prelque  toujours  Spectat. 

Brandir,  fe  dit  audi  en  Cliarpenteric,  comme  lyno- 
nyme  avec  arrêter ,  afllijettir.  Brandir  un  chevron  , 
c'eft  ,  percer  un  chevron  &  la  panne ,  SC  les  atta- 
cher eniemble  par  le  moyen  d'une  forte  cheville. 

BRANDI ,  lE.  part.  &  adj.  On  dit  proverbialement , 
enlever  quelqu'un  tout  brandi ,  pour  dire  ,  à  vive 
force ,  l'enlever  tout  d'un  coup ,  dans  l'état  où  il  le 
trouve. 

BRANDON,  f.  m.  Flambeau  de  paille  tortillée  qui  fert 
aux  payfans  à  s'éclairer  la  nuit.  i^^A;. 

Ce  mot  eft  ancien  dans  la  langue  ,  &  vient  de 
l'allemand  brandt  ,  qui  lignifie  ,  tifon  ,  incendie. 
Ménage.  Il  falloit  dire  ,  '"avec  le  P.  Henfchenius. 
Acl.SS.  April.  Tom.  1 1 1 ,  p.  598,  de  l'allemand 
Branden ,  qui  fignifie  ardere  ,  brûler.  On  a  dit  bran- 
dos  ,  branda  ,  dans  la  balle  latinité  ,  pour  fignifîer 
un  jlambeaii,  un  ci/on.  Ou  plutôt  bran  do  ,  qui  fe 
trouve  dans  les  loix  Palatines  de  Jacques  II ,  Roi  de 
Majorque ,  tic.  de  illuminatione ,  &:  en  beaucoup 
d'autres  anciens  monumens. 

Le  Dimanche  des  brandons ,  eft  le  premier  Di- 
manche de  Carême.  Il  y  a  des  Commilllons  de  S. 
Louis  &  de  Rodolphe  Légat  du  S.  Siège  ,  pour  ter- 
miner le  différent  entre  l'Eglife  &  les  habitans  de 
Lyon,  qui  font  datées  du  Vendredi  devant  les 
brandons.  Ce  nom  vient  de  ce  que ,  par  un  refte  d'I- 
dolâtrie ,  quelques  payfans  mal  inftruits  vont  la  nuit 
de  ce  jour-là  avec  des  torches  de  paille  ,  ou  de 
bois  de  fapin  allumées ,  parcourir  les  arbres  de  leurs 
jardins ,  &  de  leurs  vergers ,  &  les  apoftrophant  les 
uns  après  les  autres ,  ils  les  menacent  ,  s'ils  ne  por- 
tent du  fruit  cette  année  ,  de  les  couper  par  le  pied 
&  de  les  brûler,  C'eft  un  refte  de  paganifme  que  les 
Idolâtres  pratiquoient  au  mois  de  Février  ,  qui  en 
fut  nommé  Februarius  à  Februando ,  parce  que , 
comme  dit  un  ancien  Auteur  ,  les  Payens ,  pendant 
douze  jours  de  ce  mois ,  qui  étoit  le  dernier  de 
leur  année  folaire ,  couroient  les  nuits  avec  des  flam- 
beaux allumés  pour  fe  purifier,  &  pour  procurer 
le  repos  aux  mânes  de  leurs  parens  8c  de  leurs  amis  -, 
ce  que  quelques  payfans  ont  retenu  pour  les  arbres; 
peut-être  parce  qu'on  le  faifoit  avant  le  commence- 
ment du  Printems  pour  purger  les  arbres  de  che- 
nilles ,  dont  les  œufs  commencent  à  éclore  aux 
premières  chaleurs  fans  cette  précaution  ,  qui  in- 
fenfiblement  a  dégénéré  en  fuperftition.  Menestr. 
Hiji.  de  Lyon  ,p\  ■>,-}().  En  pluficurs  endroits  il  n'y 
a  que  les  entans  qui  portent  des  brandons  ,  mais  le 
foir  feulement  dans  les  rues ,  6c  fans  aucune  mar- 
que de  fuperftition. 

On  donne  aufTi  à  Lyon  le  nom  de  brandons  à  des 
rameaux  verts,que  le  peuple  va  quérir  tous  les  ans 
au  fauxbourg  de  la  Guillotiere,le  premier  Dimanche 
de  Carême  ,'&  auxquels  il  attache  des  firuits.des  gâ- 
teaux ,  des  oublies,  &c.  &  avec  ces  brandons  il  rentre 
dans  la  ville.  C'eft  ce  qui  a  fait  donner  à  ce  Dimanche 
le  nom  de  Dimanche  des  brandons.  Menestr.  C'eft 
probablement  un  refte  de  la  cérémonie  que  nous 
avons  expliquée  au  mot  A  gui  lan  neuf, 

âC?  DANSE  DES  BRANDONS.  Qui  s'exécutoit  dans 
plufieurs  villes  de  France  ,  le  premier  Dimanche 
de  Carême ,  autour  des  feux  qu'on  allumoit  dans 
les  places  publiques  :  d'où  lui  vient  fon  nom.  Ces 
danfes  ont  été  abolies  par  les  Ordonnances  des  Rois, 
ainfi  que  les  Balladoires ,  les  Nodurnes  &  autres 
danfes  que  l'on  nommoit  facrées. 

|Cr  Ce  jour-là  le  peuple  allumoit  des  feux  ,  danfoit 
autour ,  5c  en  portoit  dans  les  rues  &c  dans  les  Cam- 
pagnes. 

Brandon  ,  fignifie  aufll,  feu  errant.  C  eft  un  feu  paf 
fager  pareilàces  brandons,qm  errent  àlafaveur  d'un 
vem  qui  les  conduit.  Voit.  Il  eft  vieux  en  ce  fens. 
On  appelle  ,  en  termes  de  Palais ,  brandons  &  pa- 
nonceaux ,  de  la  paille  tortillée  qu'on  attache  à  la 
porte  des  héritages  faifis  avec  les  atmes  du  Sei- 
o;neur ,  pour  montrer  que  les  choies  font  a  vendre 
en  Tuftice.  Paleatus  baculus  fymbolum  tnteUz  Prin- 
cipis.  Les  procès-verbaux  des  failles  réelles  portent, 


BR  A 

que  le  Sergent  a  attaché  aux  portes  des  lieux,  des 
brandons  8c  panonceaux. 

On  le  dit  auffi  de  ces  piques  ou  bâtons  garnis  de 
paille  qu'on  plante  dans  un  champ ,  pour  montrer 
que  les  fruits  pendans  par  les  racines  font  faifis  8c 
arrêtés.  Dans  l'ancienne  pratique   on  difoit  auffi  , 
brandonner  ;  pour  dire  ,  faifir.    On  met  encore  de 
la  paille  à  la  queue  des  chevaux  qui  font  à  vendre  , 
ou  fur  des  meubles  qu'on  expoic  dans  la  rue. 
0CF  On   appelle  encore   brandons  en    quelques  en- 
droits ,  les  épines ,  branches ,  ou  bouchons  de  paille 
que  l'on  met  dans  les  champs,  pour  avertir  que  le 
chaume  eft  réfervé  &  retenu  pat  celui  qui  jouit  de 
la  terre  ,  fans  quoi  ce  chaume  feroit  cenfé  abandon- 
né èc  pris  par  le  premier  venu. 
IJcr  Brandon  ,  fe  dit  encore  des  corps  enflammés  qui 
s'élèvent  d'une  incendie.  Le  vent  pouffoit  des  bran- 
dons qui  portoient  partout  l'incendie. 
Brandons  ,  fe  dit  fîgurément  en  poelie  des  feux  cc- 
Icftes ,  &c  du  flambeau  que  porte  l'amour.  Faces. 
Ainjiles  célejles  brandons 
f^erfent  fur  fon  chef  mille  dons 
En  lignes  perpendiculaires. 

Desmarets  ,  enfes  Vifonn, 

Qu'efè  ceci,  mon  cher  Cupidon  ? 
(Quelque  cœur  de  glace 
Réfijie-t-il  à  ton  Brandon. 
Il  eft  vieux  ,  8c  hors  d'ufage. 

Brandon  d'amour,  /^oye^  Arrosoir  ,  Coquillage, 

BRANDONNER.  v.  a.  C'eft  mettre  des  brandons. 
Brandonner  un  héritage  ,  prxdium  tonà  paleâ  in- 
Jignire  ,  ou  fub  tuteli  Principis  effe ,  tortâ  paleâ  in- 
dicare.  Il  y  a.  des  coutumes  qui  veulent  qu'on  mette 
des  brandons  aux  quatre  coins  &c  au  milieu  des 
héritages  faifis ,  8c  mis  fous  la  main  &c  autoiité  de 
Juftice.  Bruneau. 

BRANLANT,  ANTE  ,  part.  ad.  &:  adj.  v.  Qui  branle  , 
qui  panche  de  côte  8c  d'autre.  Nutans  ,  labans. 
Tète  branlante. 

On  dit  proverbialement  d'une  chofe  qui  n'eftpas 
ferme  ,  ni  aflurée  ,  que  c'eft  un  château  branlant. 

ifT  Branlante,  en  termes  de  metteur  en  œuvre.  C^eft: 
une  croix  qui  fe  porte  fans  coulant ,  d'un  fîmple 
chaton ,  qui  fe  termine  par  une  pendeloque  qui  lui 
donne  ce  nom.  Encyc. 

BRANLE,  f.  m.  Agitation  de  ce  qui  eft  remué  tantôt 
d'un  côté ,  tantôt  de  l'autre.  Motus.  On  fonne  les 
cloches  en  branle.  Les  eftomacs  foibles  ne  fauroient 
fouffrir  le  branle  du  navire. 

Branle  ,  fe  dit  fîgurément  du  commencement  d'une 
affaire  ,  lorfqu'on  la  met  en  train  d'aller ,  qu'on  lui 
donne  le  premier  mouvemenr.  Ce  Miniftre  eft  ce- 
lui qui  donne  le  branle  aux  affaires ,  il  à  tout  l'Etat. 
Aucior  ,  impulfor  ad  rem  faciendam.  C'eft  cet  hom- 
me de  bonne  humeur  qui  mène  le  br anle  ^  (yyà  ïnzt 
les  autres  en  train  pour  Çt  divertir.  Ce  font  eux  qui 
donnent  le  branle  à  la  réputation.  Mol.  Dieu ,  après 
avoir  créé  les  caufes  fécondes ,  èc  avoir  donné  le 
branle  à  toute  la  machine  du  monde,  les  laiffe  agir  fé- 
lon le  mouvement  8cle  branle  qu'il  leur  a  imprimé. Ju, 

Branle  ,  fignifie  auffi ,  incertitude ,  délibération.  Fliic- 
tuatio  ,  jaclatio.  Cet  homme  eft  en  branle  s'il  s'en- 
gagera dans  une  telle  entreprife.  Sa  fortune  eft  en 
branle  ,  5c  fort  incertaine. 

Branle,  en  termes  de  Mufîque  8c  de  danfe ,  eft  un  art 
ou  une  danfe  par  où  on  commence  tous  les  bals  , 
où  plufieurs  pcrfonncs  danfent  en  rond  ,  il.  non  pas 
en  avant,  en  fe  tenant  par  la  main,  ic  fe  donnant 
un  branle  continuel  8c  concerté  avec  des  pas  con- 
venables ,  félon  la  différence  des  airs  qu'on  joue  alors. 
Saltatorius  orbis.  Ses  branles  confiftent  en  trois  pas 
&i  un  pied  joint ,  qui  fe  font  en  quatre  mefures ,  ou 
coups  d'archet ,  qu'on  difoit  autrefois  battement  de 
tabourin.  Quand  ils  font  répétés  deux  fois,  ce  font 
des  branles  doubles ,  ou  communs.  On  danfe  d'a- 
bord le  branle  Jimple  il  puis  le  branle  gii,  par 
deux  mefures  ternaires  :  Si  il  eft  ainfî  appelé  ,  parce 
qu'on  a  toujours  un  pied  en  l'air.  Voye^  Thoinot 


B  R  A 


n 


A 


Àft-BEAU  dans  foa  Orchefographie ,  où  i!  donne  les 
noms,  les  mclurcs  ,  &  la  tablature  d'un  grand  nom- 
'  bre  de  branUs  qu'on  daplbit  il  n'y  a  pas  long-  tems, 
comme  les  brunies  de  Bourgogne  i  qui  le  danicnt  à 
droit  &:  à  gauche  par  une  mci'ure  binaire,  promp- 
te &  légère ,  les  branles  du  haut  Barrois ,  du  Monl- 
tier  en  Der  j  de  Hainault ,  d'Avignon  ,  &c.  Les  bran- 
les du  Poitou  ,  qui  le  danient  par  melUre  ternaire  en 
allant  toujours  à  gauche,  hts  branles  d'EcoiTe  &  de 
Bretagne,  On  appelle  ceux-ci  le  Tryori,  Il  parle  aiilil 
du   branle  des  Lavandières ,  ûù   les  danleuts  font 
du  bruit  par  le  tapement  de  leurs  mains  :  du  bran- 
les des  jabots  ,  où  on  bat  du  pied,  qii'on  a  appelé 
auffi  le  branle  des  chevaux  ,  à  caufè  de  ce  tape- 
ment de  pieds  ",  du  branle  des  pois  &  des  Hennî- 
tes ;  du  branle  de  la  torche ,  dans  lequel  le  danfeur 
tient  un  chandelier  ,  une  torche  ,  ou  un  flambeau 
allumé.  Il  y  a  eu  aiiiîi  des  branles  morgues  de  gefii- 
cidès ,  qu'on  a  appelé  de  la  moutarde ,  que  les  Da- 
mes appellent  branles  de  la  hâie ,  qui  ont  dégéaé- 
J-é  enfin  en  ceux  qu'on  appelle  branle  à  mener  ,  qui 
font  ceux  par  qui  fe  terminent  niaintenant  tous  les 
branles.  En  ceux-ci  chacun  mène  le  branle  à   Ion 
tour ,  &  puis  fe  met  a  la  queue.  Les  danfes  aux  chan- 
fons  Ibnt  des  elpèces  de  branles.  Le  branle  de  for- 
tie  eft  ce  qu'on  danfe  à  la  fin  du  bal. 

Il  y  a  aUlfi  une  elpcce  de  petit  jeu  qu'on  app'elle 
Branlemoine.  . 
^RANLE  DE  s.  Elme.  (  le  )  Réjouifiance  ou  Fête  qui 
fe  donrioit  autrefois  à  Marfeille  ,1a  veille  de  S.  La- 
zare, pour  divertir  les  étrangers  qiii.venoient  en 
foule  à  cette  i'èzz  :  on  faifoit  un  branle  de  tous  les 
plus  beaux  garçons  &  des  filles  les  mieux  faites  qu'on 
pouvoit  trouver  :  on  les  hàbilloit  le  plus  fUperbe- 
Inent  qu'il  étoit  poillble  v  les  uns  reprcfentoicntles 
Dieu»  de  la  fable ,  &  les  autres  toutes  les  nations 
du  monde.  En  cet  état  ils  paffoient  par  la  ville  au 
fon  des  violons  &  des  tambo'ilrs.  Ce  branle  ,  qu'on 
appeloit  communément  le  branle  de  S.  Elme ,  a  été 
interrompu  depuis  long  tems.  De  Ruffi.  ffiji.  de 
Marfeil,c.  i\.  p.  400. 

On  dit  proverbialement  ,  qu'on  va  danfer  un 
branle  de  fortie  ,  lorfqu'on  eft  prêt  de  s'en  aller,  ou 
qu'oii  eft  cha.'ïe  de  quelque  lieu. 

On  dit  aufli  d'un  homme  ou    d'une  femme    de 
gaieté    excedlve ,  qu'il  eft  fou  ,  ou  qu'elle  eft  folle 
comme  le  branle  gai. 
Branle,  en  termes  de  Marine,  ou  hamac,  eft  un  lit 
dont  on  fe  fort  fur  les  vaiflcaux  ,  qui  eft  fufpcndu 
fous  le  pont  par  des  cordes  qui  tiennent  aux  quatre 
côtés,- Il  eft  fait  de  grofle  toile,  ^  renforcé  d'uncor- 
dase  qui  lui  fert  d'ourlet  nommé  ralingue.  Il  fcrt 
à  coucher   le  foklat.  On  appelle   branle  matelajfz , 
une  forte  de  matelats  qui  eft  fait  en  branle.  Quand 
on  veut  faire  détendre  tous  les  branles  d'entre  les 
ponts  ,  afin  de  fe  préparer  au  combat,  ou  pou?  faire 
quelqu'autre  choie,  on  dit  Branlcbas,  ou  For-branle. 
IJCF  Branle  ,  en  Fauconnerie,  Voye^  Branler. 
fjCF  Branle  ,  en  Horlogerie .  s'entend  de  l'elpace  par- 
cour  upar  le  régulateur  dans  ime  vibration. 
BRANLEBAS.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Frœparaùo  ad 
pugnam.  Faire  branlebas ,  c'eft  ôter  tous  les  cadres , 
hamacs,  coffres,  &  malles  qui  font  tant  fur  le  gaillard 
que  dans  l'entrepont ,  pour  fe  difpofcr  à  un  combat. 
On  jette  tous  lescoîftes  &  malles  au  fond  de  callej 
les  hamacs  &:  matelats  fervent  à  faire  des  retranche- 
mens  fur  le  pont ,  fur  le  gaillard  &:  fur  la  dunette. 
BRANLEMENT.  f  m.  Mouvement  de  ce  qui  eft  agité , 
de  ce  qui  va  de  côté  &:  d'autre,  hhitaùo ,  jaciatio. 
Il  a  approuvé   fon   difcours  par  un  branlement  de 
tête.  Nutatio  capitis,  Branlement  d'un  carrofle, 
IP"  BRANLER,  v.  a.  Agiter  ,  faire  aller  de  côté  & 
d'autre.  Branler  les  jambes,  les  pieds,  la  tête.  Mo- 
yefe  :  dans  ce  fens  on  dit  baffement  branler  le  men- 
ton,la  mâchoire,  pour  dire  manger. 
^CF  Branler  eft  aufli  neutre,  être  agite,  chanceleî  , 
pancher  de  côté  &  d'autre  :  moveri,  nutare,  ticu- 
bare.  Le  plancher  branle  :  cette  femme  eft  fi  vieille, 
que  la  tête  lui  branle» 


4î 


03*  Dai1s   ce   fens  on  dit  proveCbiàleiilèni:  qfîè  tous 
ce  qui  branle  rie  -tombe  pas ,  &  figurément ,  &  fa- 
milièrement qu'un  homme  branle  au  manche,  poui^. 
dire  eft  irréfolu ,  qu'il  n'eft  pas  ferme  dans  fon  aviS  ^' 
aiilué  dans  Ion  emploi,  dans  fon  pofte  qu'il  eit  prêt 
de  perdre.  On  dit  de  même  d'un  homme  fbibig  .^ 
qu'il  tourne,  qu'il  branle  à  tout  vent. 
Branler,  fignifie  auHi ,  n'être  pas   ferme  dans  une 
opinion  ,  dans  un  parti.  Fluciitare  a.nimo ,  vacillare* 
\\  y  a  plufieurs  villes  rebelles  qui  branlent ,  &  qui 
fe  veulent  remettre  dans  le  devoir.  Le  calme  dans 
l'orage  procède  de  la  force  de  l'ame ,  qui  ne  branle      . 
point  de  quelque  impétuofité  que  la  fortune  la  cho- 
que. Bal,    La  renonunce  de  cette  viétoire  arrivée 
Il  à  propos  ,  aftermit  l'Aile  qui  branlait  de  toutes 
parts;  VAijG. 
IJCr  Branler,  fignifie  aufli  v  fimpIemencreftiAier,  faire 
quelque  mouvement.  Moven.  Si  tu  branles  ,  je  te 
tue,  dit  un  brigand  à  celui  qu'il  vole.  Toute  la  le-' 
dition  eft  appaifee,  rien  ne  branle.  Il  ne  faut  pas 
qu'une  lentinelle  branle  de  fon  pofte.  Huit  heures 
étant   venues   fans   qu'on  vît  rien  branler  dfl  côté 
des  ennemis.  Bussy. 
|fcr  Dans  ce  fens,  branler  fe  dit  du  mouvement  que 
font  des  troupes  intimidées ,  qui  par  leur  contenance 
font  voir  qu'elles   font  prêtes  à  fuir.    L'armée  Ro- 
maine comniençoit  à  branler.  Z-ai^'erè.  Quand  il  vit 
les  ennemis  branler ,  il  fe  mit  à  les  charger,  Vaug. 
On  dit  proverbialement ,  quand  je  remue ,  towt 
branle;  poui  dire,  je  fais  trembler  toiîs  mes  gens. 
On  dit  aaffi  d'un  homme  puiifant,  qitc  tout  le  mon- 
de branle  ibas  lui  -,  pour  dire,  que  tour  le  monde  eft 
prêt  de  lé  remuer  pour  obéir  à  fes  coramandcmens. 
^fT  Branler  ,  eil  termes  de  commerce ,  fe  dit  d'un 
marchand  ou  d'un  banquier  qui  donné  à  connoîrre 
que   fes  affaires  fbnc  en  mauvais  ciiat ,  &  qu'il  eft 
prêt  à  faire  taillite; 
^CF  Branler  ,  en  fauconnerie  ,  fe  dit  lorfque  le  fau- 
con   fe    tient    liant  au  premier    degré   fur  la  tê^'e 
du  fauconnier;  &  qu'il  tourne 'en  battant  les  allés 
&  remuant   la  queiie. 
^fT  Outre  cette  idée  principale  ,    le  libertinage  en 
a  attaché  une  accelfoire  au  mot  branler  qui  n'eft 
que  trop  familière  aux  jeunes  gens.  Hcu'reux  fi  des 
réflexions  férieufes  fur  leur  propre  intérêt  les  dé- 
goutoient    d'un  exercice*  aulfi  contraire  à  la  reli- 
gion ,  que  préjudiciable   à   leur   fantc.   Ce  dernier: 
motif  rtu  moins  devroit  les  toucher. 
BRANLÉ  ,  EÉ.  part. 

BRANLEUR  ,  EUSE ,  adj.  Qui  branle.  Il  n'eft  guère- 
en  ulage  qu'en  un  fens  odieux  &  oLlcène. 
BRANLOIRE.  f.  £  On  appelle  ainfi  un  ais  pofé  en 
travers  &:  cfi  équilibre  fur  quelque  choie  d'élevé,- 
&  aux  deux  bouts  duquel  deux  enfans  font  tour 
à  tour  le  contre-poids. 
Branloire  ,  fe  dit  auiîî  de  la  chaîne  qui  feft  à  faire 
mouvoir  les  foufflets  des  forgerons ,  ferruriers  , 
Taillandiers ,  &c. 

On  dit  en  Fauconnerie  ,  qu\m  héron  eft  à  la  bran- 
loire ,\ox{'q\.\'\\  eft  haut,  &  qu'il  tourne  en  branlant,- 
BRANQUE  -  URS-INE ,  ou  BRANCHE  -  URSINE. 

Koy.  Acanthe. 
^  BRANSKO   ou  BRANSKI.   Ville   de   l'Empire 
de  Rudie,  dans  le, Duché  de  Séverie  fur  la  Defzna. 
Ip^-  BRANS-LE  (la).  Rivière  de  France  qui  a  fa  ibur-' 
ce  dans  le  Vandomois  ,  arrofe'  quelques  villes  en 
Tourainc  ,  &  fe  jette  dans  la  Cifle  ,  un  peu  au  det- 
fus  de  fa  jonélion  avec  la  Loire, 
BRANTA  ,  ou  BERNACLE.  f  f  C'eft  une  efpèce 
d'oie  que  l'on  tiouve  en  Angleterre  &c  en  Ecblfe,- 
&  qui  a  donné  lieu  à  plùfieuts  fables.    On  a  pré- 
tendu qu'elle  nailfoit  fur  les  arbres ,  <?v'  dcmeutoit  fuf- 
pendue  à  leuts  branches.  D'autres  ont  avance  qu'elle 
s'enp-endre  du  bois  vermoulu.  Si  chair  eft  moins  fi- 
voureule  &  d'une  odeur  plus  forte  que  celte  de  l'oie 
ordinaire  ,  mais  les  Montagnards  d'Ecoffe  l'eftimenr. 
un  mets  très-délicnt.  I>.ct.  de  James. 
BRANTION.  (.  f.  Terme  de  Fleutifte.  Nom  de  tii- 
lipe.  Elle  eft  incarnat  5c  blanc.  La  Brandon  Mariri 

i  i> 


44  •  '^  ^^  ^ 

rouge  ,  coîombin  &  blanc.  EUfe  cil  primanicre.  Md- 
K-mt  II  y  a  encore  la  Bruntion  de  13oh.  &:  la  Bran- 
,    tion  de  l'Aubebine.  Id. 
BRANTOME,  ville   de  France  eii  Périgord,  fur  la 

Diome. 
BRAQUE ,  niieiix  que  Brac.  f.  m.  Terme  de  chaire. 
Elpècc  de  chien  de  chalie ,  ras  de  poil ,  bien  cou- 
pé, bon  quêteur,  &  rin  du  nez.  IncLtgator  canis. 

11  vient  de  hr accus  ,  ou  de  tracco,  qui  a  été 
tait  de  rallemand  brachen ,  lignifiant  la  même  choie , 
ou  du  grec  "^faxii  ^  irevis.  Ménage 

BRAQUE,  r.  m.  Nom'd'hon^mc.  Brcichi».  C'eft  ainli  que 
l'on  nomme  à  Menât  celui  qu'ils  prennent  pour  luc- 
ceireur  de  S.  Ménelé ,  leur  premier  Abbé ,  mais  qui 
paroît  plutôt  être  ce  célèbre  Bracliio  ,  dont  Gré- 
goire de  Tours  parle  dans  l'on  livre  de  la  gloire 
des  ConfeUeurs.  Chastel, 

ffF  BRAQUEMARDER.  v.  n.  Vieux'terme  obfcènc, 
qu'on  trouve  Ibuvent  dans  Rabelais.  Faire  l'ade 
congugal.      .  , 

BRAQUEMART.  f.  f.  Epée  courte  &  large  qu'on  por- 
toif  anciennement.  Fauchct  le  dérive  de  'Qpc.y^vy.àxaifa , 
mot  grec  ,  qui  lignifi?  la  même  choie.  Il  a  quel- 
quefois  une    lignification   joyeufe    dans   le    figuré. 

,    GIo[f.  fur  Mcirot. 

BRAQUEMENT.  f.  m.  Dilpolition  d'urie  pièce  d'ar- 
tillerie à  tirer  vers  un  certain  lieu.  Libram-in- 
tutn. 

BRAQUER.  V.  a.  Tourner  le  canon  felori  certaine 
ligne ,  &  félon  certain  angle  ou  élévation  ,  pour 
le  faire  tirer  à  un  point  déliré.  Bdliciim  tormentiun 
librare  ,  àirigere.  Il  vaut  micu>:  dire  pointer  le 
canon. 

On  dit  aulïi ,  Braquex  ïe  timon  d'un  cartoflè ,  pour 

,    le  pouflcr  d'un  certain  côté  :  braquer  une  lunette. 

Braqué  ,   ée  ,   part. 

BRAxQUES,  f.  m.  Qui  fe  dit  des  pinces  d'une  écrevilic; 
Chela:. 

ÊRAS.  f.  m;  La  patrie  du  corps  de  l'homme  qui  abou- 
tit d'un  côté  à  l'épaule  ,  &  de  l'autre  à  la  main. 
Brachium.  En  terme  d'Anatomic,  c'cft  feulement 
la  partie  qui  prend  de  l'épaule  Jufqu  au  coude  y 
car  celle  qui  eft  depuis  le  coude  jufqu'au  poignet 
s'appelle  avant-bras.  Le  bras ,  pris  au  fécond  fens , 
n'a  qu'un  os  grand  &  très-fort  appelé  humérus  , 
qui  a  une  grolfc  tête  "à  Ion  extrémité  fupéricure  , 
laquelle  s'embouche  dans  la  cavité  de  Tépaule.  Il 
a  trois  éminences  5c  deux  cavités  à  fon  extrémité 
infcrieute,  qui  forment  comme  une  poulie  ,■  par 
laquelle  le  pli ,  èc  le  mouvement  de  Wivant-bras 
qui  lui  efl  joint  ,  font  facilités.  Vavant-bras  e(î 
compofé  de  deux  os  :  le  plus  long  ,  qui  efl:  l'infé- 
rieur, s'appelle  le  grand /oc/A' ,  ou  l'os  du  coude  , 
parce  que  c'efl:  lui  qui  forme  le  coude.  On  l'ap- 
pelle en  latin  Cubitus,  lacer  tus,  Dautres  lui  ont 
donné  le  nom  à'uljia  ,  parce  qu'anciennement  il 
fervoit  d'aune  &  de  mefure.  Le  fécond  os  qui  eft 
plus  court,  &le  fupérieur,  s'appelle  le  petit  facile, 
&  en  latin  radius ,  rayon.  Dieu  a  donné  deux  bras 
h  l'homme ,  afin  qu'il  put  vivre  de  fon  travail.  Moyfe 
avoir  les  bras  levés  au  ciel ,  tandis  que  le  peuple 
combattoit  contré  Amalec.  Les  faignées  du  bras 
font  les  plus  ordinaires.  Il  eft  eftropié  d'un  bras. 
Il  a  le  bras  en  ccharpe.  Il  s'en  va  les  bras  balans , 
ou  les  bras  pendans.  Autrefois  un  cri  militaire 
des  François  étoit,  aux  bras,  aux  bras,  Kaye^  Guil, 
de  Nangis ,  dans  VHijioir'e  de  S,  Louis  ,  p.  581, 

On  dir ,  en  termes  de  Danfe  ,  avoir  des  bras, 
c'cft  les  porter,  les  difpofer,  les  remuer  avec  grâce  , 
les  élever ,  les  abaiilêr  à  propos.  Il  faut  les  faire 
porter  plus  haut,  li  Te  fujet  a  la  taille  courte,  & 
s'il  a  la  taille  longue ,  ils  doivent  être  à  la  hauteur 
de  la  hanche  •,  mais  s'il  eft  proportionne  ,  il  les 
tiendra  à  la  hauteur  du  creux  de  l'eftomac.  Beau- 
champ  eft  le  premier  qui  en  ait  donné  des  régies. 
Conduire  fcs  bras ,  c'eft  les  bien  manier ,  les  bien 
mouvoir ,  les  bien  pofer  &  avec  grâce.  Si  un  dan- 
feur  n'a  point  les  bras  doux  Se  gracieux ,  fa  danfe 
ne  paroîtra  pas  animée.  1,'çlçvat.ion  clés  bras ,  les 


B  R  A 

rnouvemens  des  bras ,  l'oppolition  des  bras  aux  pîcdîj 
la  manière  de  faire  les  bras  dans  les  dilfcrcnres'dan- 
fcs  &c  av^c  les  différens  pas.  Foyei  fur  cela  Ra- 
meau. Faire  des  bras  enferme  de  danfe,  c'cft  don- 
ner du  mouvement  à  l'es  bras ,  leur  faire  prendre 
dilférentes  lituations.  Les  Demoifelles  ne  doivent 
point  faire  de  bras  dans  le  menuet  ,  lorfqu'elles 
préfcntent  les  mains.  Rameau. 

Ce  mot  bras  vient  du  latin  brachium,  qui  s'eft 
fait  du  grec  tiiax'"'  ?  Et  le  P.  Pezron  prétend  qus 
le  mot  grec  vient  du  mot  celtique  breck.  Et  le  bras , 
dit-il,  eft  ainlî  appelé  des  Gaulois,  parce  qu'il  eft 
rompu  au  milieu  j  au  lieu  que  la  jambe  eft  toute 
d'une  pièce.  Or  toute  rupture  fe  nomme  brèche  ^ 
mot  que  les  François  ont  tiré  des  Celtes  ^  car  il  n'eft: 
ni  grec,  ni  latin. 

Br-As  ,  en  termes  de  manège ,  c'cft  la  partie  de  la  jambe 
de  devant  ,  qui  s'étend  depuis  le  bas  de  l'épaule 
jufqu'au  genou  \  &  on  dit  qu'un  cheval  plie  bien  le 
brds  ;  quand  il  plie  bien  la  janibe ,  quelque  la  par- 
tie appelée  bras  ne  pHe  pas. 

Bras,  fe  dit  encore  des  choies  qui  ont  quelque  relfem- 
blancc  avec  les  bras,  qui  ont  par  leur  longueur  &  leurs 
fonèlions,  des  rapports  quelquefois  bien  éloignés  ,' 
avec  la  forme  ôc  les  fonèlions  du  bras ,  dans  le  corps 
humain.  Les  bras  d'un  fauteuil ,  ce  font  les  bâtons , 
qui  font  aux  côtés,  fur  lefquels  on  appuie  les  bras. 
On  le  dir  aullî  de  l'étoffe  ou  de  la  tapilîerie  qui 
les  couvre.  On  appelle  bras ,  les  chandeliers  qu'on 
applique  contre  les  murailles,  qui  ont  la  figure  d'un 
bras.  Le  même  fe  dit  des  enfeignes  d'un  Maître  en 
fait  d'armes.  Au  bras  d  Hercule ,  &£.  Les  Tourneurs 
difent  aulfi  ,  les  bras  des  poupées  de  leur  tour  , 
les  Charpentiers  les  bras  d'une  chèvre ,  en  parlant 
des  deux  pièces  qui  font  à  côté  du  poinçon,  &  qui 
lui  fervent  d'aic-boutans.  On  dit  aulîl  les  bras  d'une 
Croix. 

On  dit,  en  Architeéïure ,  les  bras  d'un  bâtiment, 
en  parlant  des  corps  de  logis  qui  font  à  côté  dii 
grand  :  on  les'  appelle  auffi  ailes ,  ou  potences. 

Bras  ,  le  dit  aulii  en  parlant  des  choies  qui  fe  por- 
tent à  bras,  ouquife  remuent  à  force  de  bras.  Un 
bar  ,  une  civière  à  bras.  Un  moulin  à  bras.  Il  a 
fallu  monter  le  canon  à  bras ,  à  force  de  bras.  Oit 
appelle  aulfi  des  tours  de  bras,  des  dentelles  qui 
fe  mettent  au  bout  des  manches. 

Bras,,  fe  dit  au  figuré  pour  la  manche  qui  le  couvre. 
Elle  avoir  les  mains  cralleufes  èc  ks  bras  retrouifés. 
AblAnc. 

Bras  ,  fe  dit  auffi  de  la  mer ,  fretum ,  Se  des  rivières  -, 
ramiis  ,  alveus ,  quand  les  eaux  fe  féparent ,  &  font 
un  petit  canal  entre  deux  terres.  L'Italie  &  la  Si- 
cile ne  font  divifées  que  par  un  bras  de  mer.  Le 
bras  de  mer  eft  rme  partie  de  mer  qui  s'avance  dans 
les  terres ,  ou  qiù  eft  entre  deux  terres  :  petit  golfe 
étroir.  Sinus,  détroit,' 

^fF  Bras  d'une  rivière ,  fe  dit  des  difFéreris  canaux 
qu'elle  forme.  Une  rivière,  un  fleuve  fe  partage  en 
plulieurs  bras. 

On  appelle  dans  la  Médirerranée  le  bras  S.  Geor- 
ge ,  le  détroit  du  Bofphore  ,  à  caufe  d'une  Eglife 
conftruite  furies  bords,  dédiée  à  S.  George,  hors 
de  la  ville  de  Conftantincple.  Quelques-uns  ont 
donné  aulU  ce  nont  à  la  Propontide  &  à  l'Hellel- 
pont.  Hellefpomus,  Du  Cange. 

Bras  ,  terme  cl'Horlogerie  ,  pièce  qui  fe  met  fur  le 
principe  du  levier  ,  &  d'une  Bafcule.  On  appelle 
bras  tomes  les  parties  d'une  pièce  qui  auH  cenrre. 
Bras  de  levier  font  les  deux  côtés  d'une  bafcule  :  l'un 
eft  ordinairemcnr  plus  grand  que  l'autre.  Les  deux 
côrés  d'un  fléau  de  balance  fonr  appelés  bras  ;  celui 
d'une  équerre  s'appelle  branche. 

On  appelle  les  bras  d'une  fcie,  les  deux  pièces 
de  bois  auxquelles  la  feuille  de  la  fcie  eft  atta- 
chée. 

Bras  ,  en  termes  de  Marine,  font  des  cordages  qui 
font  amarrés  au  bout  de  la  vergue  pour  la  tour- 
ner ,  ou  gouverner  félon  le  vent.  On  appelle  bracher  , 
ou  brajeyer  ,  flûte  U  manœuvre  de  ces  cordages. 


BRA 


B 


A 


k 


On  clii;  tenir  un  hras  ;  pour  dire ,  hâler  &  amarrer 
?in  des  cordages.  On  appelle  bras  d'ancre,  la  moi- 
tié de  la  croilee  de  l'ancre.  On  appelle  bon  bras  , 
(^iiand  on  bralîe  au  vent  ,  en  forte  que  le  vent 
ne  foit  pas  au  plus  près.  ; 

Bs-As  ,  en  termes  de  Jardinage.  Les  Jardiniers  appli- 
quent principalement  ce  nom  aux  branches  des  cu- 
curbiracces,  melons,  concombres,  citrouilles,  i?»;- 
TTius,  brachiiun.  On  dit  qu'un  pied  de  melon  poulie 
des  bras;  qu'il  fait  des  bras.  Les  bras  de  nos  me- 
lons font  déjà  fort  grands ,  fort  longs.  Les  bons  me- 
lons viennent  fur  les  bons  bras ,  &  il  n'en  vient  point 
fur  les  mcchans  bras  ;  par  exemple ,  fur  ceux  qui  l'ont 
trop  veules  , ,  ou  fur  ceux  qui  venant  des  oreilles 
font  trop  matériels  ,  larges  &  épais.  Il  faut  entic- 
hement les  ôtcr.  La  Quint.  Lig. 
^  On  appelle  auifi  bras ,  les  nageoires  d'une  baleine. 

Bras  ,  (îgnifie  fîgurcment ,  Puilîance  :  &  fe  dit  pre- 
mièrement de  Dieu.  Le  bras  du  Tout-puiflant.  Le 
bras  qui  lance  le  tonnerre.  Le  bras  de  Dieu  s'eft 
appefanti  fur  ce  criminel.  On  le  dit  auHi  de  fa  mi- 
féricordc.  Le  recours  des  afiligés ,  c'eft  de  fe  jeter 

;    entre  les  bras  de  Dieu.    . 

Bras  ,  fe  dir  auflî  des  autres  Ptii/Tances ,  &,fignifîe ,  pou- 
voir ,  autorité,  bravoure  ,  exploits  militaires  ,  &c. 
Les  Rois  onr  les  bras  bien  lonars.  Ce  Miniftre  eR 
le  bras  droir  de  ce  Prince.  Il  ne  faut  point  prcrer 
fon  bras  pour  foutenir  rinjuilice.  Tout  plie  fous  les 
cfibrts  de  fon  bras. 

Si  ces  fers  ennemis  refiifent  celte  grâce , 
Qji'ils  doivent  regarder  comme  iinfuprtme  bien  , 
Le  Ciel ,  pour  mieux  punir  leur  criminelle  audace  ^ 
Ne  fe  fervirapas  d'autre  bras  que  dujr.en.  Scuderi. 

Bras  ,  fe  dit  figurément  en  ces  plirafes.  Son  Médecin 
l'a  retiré  d'entre  les  bras  de  la  mort  ;  pour  dire  , 
l'a  tiré  d'une  très-dangereufe  maladie.  Il  l'a  reçu 
entre  fes  bras  ;  po'ur  dire ,  il  lui  a  donné  fa  protec- 
tion. Il  l'a  reçu  à  bras  ouverrs  ;  pour  dire ,  il  lui  a 
fait  un  grand  accueil.  Il  lui  a  tendu  les  bras  ;  pour 
dire  ,  il  lui  a  facilité  les  moyens  de  faire  ce  qu'il 
défiroit.  Il  étoit  le  bras  droit  du  Cardinal  •,  c'eft-à- 
dire ,  le  Cardinal  fe  feivoic  de  lui  en  toutes  choies. 
Prêter  fon  bras  à  quelqu'un  ,  c'cfl:  le.fervir  dans  quel- 
que entreptife.  Oii  ditaulfi  d'un  Rapporteur  qui  a  fait 
tout  ce  qu'il  a  pu  contre  une  partie ,  qu'il  lui  a  rom- 
pu bras  &:  jambes.  On  dit,  qu'un  Miniftre  a  toutes 
les  atfaires  d'un  Etat  fur  les  bras  ;  pour  dire,  que 
c'eft  lui  qui  a  la  charge  de  toutes  les  affaires.  On 
dit  c]u'un  Capitaine  avoit  toute  l'armée  ennemie 
fur  les  bras;  pour  dire,  qu'il  avoit  à  réfifter  à  toute 
une  armée.  On  dit  qu'un  homme  a  fix  enfans  fur 
les  bras  ;  pour  dire,  qu'il  a  le  foin  de  les  faire  fub- 
fifter.  On  fe  confolc  aiicment  quand  on  n'a  fur  les 
bras  que  ceux  qui  fe  font  déclarés  courte  le  bien. 
Abb.  d.  l.  Tr.  On  dit  aufTi ,  qu'un  homme  n'a  que 
fes  bras  ;  pour  dire  ,  qu'il  ne  vit  que  de  fon  tra- 
vail, qu'il  n'a  ni  bien  ,  ni  revenu.  Faire  quelque 
chofe  haut  les^r^ïj.';  pour  dire,'faiEe  quelque  ehofe 
,   d'autorité.   .. -•       .  ,  • 

Bras  raccourci.*  Terme  d'Efcrime.  Pouffer  à  bras 
raccourci  ,  c'eft  rapprocher  fon  poignet  du  corps 
avant  que  d'allonger  la  botte.  Motu  reciprocopetere , 
i3u  reciproco  fer  ire. 
Bras  séculier.  Terme  de  droit  ,  fe  dit  de  lu  paif- 
fance  temporelle  &  laïque  ,  de  l'aurorité  du  Juge 
féculier  ,  à  laquelle  on  eft  obligé  d'avoir  recours 
pour  l'exécution  des  fentences  du  Juge  d'Eglife. 
FrofûJicc  jurifdiclionis  poteflas ,  robur  ,  auxiUum. 
L'Eglife  ne  verfe  point  de  fang  :  &  quand  un  Prêtre 
eft  criminel ,  on  l'abandonne  au  bras  féculier.  On 
implore  le  bras  féculier.  Le  Concile  d'Anrioche  , 
tenu  en  541 ,  ordonne  d'avoir  recours  au  bras  fécu- 
lier,  pour  réprimer  ceux  qui  ne  vculcnr  point  obéir 
a  l'Eglife  j  &:  il  appelle  puifiance  du  dehors  ,  ou 
puillànce  extérieure,  ce  que,  nous  appelons /''rd^yt- 
culier.  On  trouve  dans  le  f'ontiiîcal  Romain  ,  & 
4àns  les  Rituels  Pontificaux  de  plufîeurs  Eglifes 


particulières,  la  manière  de  livrer  Un  Clerc  au  brdi 
féculier  :  où  il  fùut  remarquer  que  l'Eglife  ne  pou- 
vant retenir  un  Clerc  que  les  Juges  Laïcs  répètent 
pour  le  punir  de  fes  crimes  ,  elle  prie  qu'on  uf^ 
de  douceur  à  l'égard  de  ce  malheureux  ,  &  qu'on 
épargne  fa  vie.  Cette  cérémonie  de  livrer  un  Clerc} 
au  bras  féculier  ne  fe  pratique  guère  en  France  -, 
où  les  Juges  Laies  font  en  polfctljon  de  faire  le 
procès  à  rous  les  criminels ,  Ecclefiafîiques  ou  Laïcs. 
On  dit  figurément  en  ce  fens ,  qu'on  a  abandonné 
quelque  choie  au  bras  féculier  ;  pour  dire  ,  qu'on 
l'a  abandonnée  aux  v.ilets  ,  ou  à  des  gens  qui  la 
eonlbmment  ,    qui  la  déiruifenr. 

Bras.  On  ditfigurément  d'un  Juge,  d'un  arbitre*  oiî 
de  toute  autre  perfonne  qui  retranche  à  quelqu'un 
beaucoup  de  fes  droits  \  de  fes  prétentions  ,  qu'il 

:.  coupe  bras  &  jambes.  Acà.d,  Fr. 

Bras  ,  fe  dir  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  l'a, 
reçu  bras  dellùs  ,  bras  delfous  ;  pour  dire  ,  il  lui 
a  fait  bien  des  carelfes.  Il  l'a  traité  de  MonfieuC 
gros  comme  le  bras  ;  pour  dire  ,  il  lui  a  fair  le 
plus  d'houiieur  qu'il  a  pu.  On  dit  auHi  ,  ii  on  lui 
en  donne  un  doigt  ,  il  en  ptend.  long  comme  le 
bras  ;  pour  dire,,  il  étend  la  liberté,  la.permif- 
lion  qu'on  lui  donne.  On  ditaufTi  à  celui  qui  craint 
d'en  attaquer  un  lutte,  il  n'a  que  deux  bras  non 
plus  que  vous.  On  dit,  qu'un  homme  demeure  les 
bras  croifés,  quand  il  eft  oifif ,  quand  il  voit  tra- 
vailler les  autres  fans  rien  faire  ;  &  qu'il  a  les  bras 
rompus,  quand  il  ne  veur  point  travailler.^  L'Efpa- 
gnol  a  dit  agréablement  en  ce  fens  ,  jîdiiieros  pa- 
gados  branços  que  h.rantados.  Il  faut  baifcr  le  bras 
dont  on  voudroit  que  la  main  fut  coupée  ;  pour 
dire  ,  qu'il  faut  faire  bonne  mine  &:  des  cômpli- 
mcns  à  gens  qu'on  hait  &  qu'on  voudroit  qui  fuf- 
fent  morts, 

h.  TOUR  DÉ  BRAS  ,  adv.  De  toute  fa  force.  Il  lui  a 
donné  un  coup  de  poing  à  tour  de  bras.  \Jr\  fouf- 
fier  à  tour  de  bras, 

L'Ordre  du    bras  armé.  C'eft  un  Ordre  militaire 

des  Rois  de  Dannematk.  Il  floriflbit  Ibus  Chriftien 

IV ,  dans  la,  fuite  il  fut  uni  à  celui  de  l'Eléphant  , 

&  l'on  en' attache  l'écu  au  côté  de  l'Eléphant  dans 

.  les  armoiries  de  ce  dernier  Ordre. 

P'RASER.  V.  a.  Souder  le  fer,  en  joindre  deux  pièces 
enfemble  avec  de  la  poudre  d'épingle  *  de  laiton, 
^  du  borax ,  de  la  roche  &:  du  verre  pilé ,  &  faire 
fondre  le  tout  dans  un  brafier  ardent,  Ferruminare, 
C'eft  par  cette  manière  de  ibudute  qu'on  met  des 
pièces  à  des  canons  de  piftolct  qui  font  crevés ,  qu'on 
fàir  des  cadenats ,  &  qu'on  racommode  d'autres  ou- 
vrages. Elle  eft  différente  de  la  manière  ordinaire 
des  Maréchaux ,  de  fouder  le  fer  en  appliquant  le;» 
deux  bouts  enfemble  bien  chaufTcs  &  bien  battus. 

BRASIDAS.  ^f.  m..  Un  des  plus  fameux  &:  des  plus 
braves  Chefs  des  Lacédémoniens.  Les  habitans  d'Am- 
phipolis  lui  élevèrent  au  milieu  de  leur  ville  un 
fuperbe  tombeau,  &  établirent  en  fon  honneur  des 
fîtes  appelées  Brajidées, 

BRASIDÉES.  f  f.  pi.  Fêtes  établies  en  l'honneur  de 
Brafidas  ,  Général  des  Lacédémoniens ,  donr  les 
belles  aéiions  dans  les  batailles  données  à  Mé- 
thone,  à  Pyle,  &  à  Amphipolis,  étoient  célébrées 
à  Sparte  par  des  facrifices  &  par  des  jeux ,  aux- 
quels perfonne  ne  pouvoir  difpurer  le"  prix ,  à  moins 
qu'il  ne  fur  cî#yen.  Paufanias ,  in  Lacon,  Tliucy-^ 

;      dide,  L,  F, 
BRASIER,  f.  m.  Feu  de  charbons  ardens.  Jrdentes 

prunes. 
Brasier  ,   eft  aufîi  un  vaillcau  de  méral  large  &  plat/ 
où  1  on  met  de  la  braife  pour  échaulfér  une  chambre., 

.  Ciiez  les  Grands  il  y  a  d'amples  brafiers  d'argent, 
Focus.  Elle  eut  le  plus  gros  lot ,  qui  étoir  un  bra- 
fier d'argent.  Bussi. 
Brasier  ,  Ve  dit  figurément  de  ce  qui  eft  fort  chaud. 
Cet  homme  a  une  violente  fièvre  ,  fon  corps  cit 
un  brafier  ardcnr.  Ardens  focus.  Nos  cœurs  doi  - 
vent  être  des  brafiers  ardens  de  l'amâfur  divin.  U 
fe  dit  aulfi  d'une  Hamme  amourcufe. 


4^ 


BP 


X 


A 


B  Pv  A 


Il  porte  dans  le  fein 
Un  bi-alîer  qui  n'a  point  de  fin.  VolT. 


"Brasier,  en  termes  de  Boulangers, c'efl  une  manière 
de  petite  huche  où  les  Boulangers  mettent  de  la 
braile  ,  quand  elle  eft  étouffée.  Les  Boulangers  ne 
l'ont  pas  d'accord  fur  ce  mot  -,  il  y  en  a  plulieurs 
qui  difent  braijier. 
13RAS1L  P'oyei  Brésil. 

BRASILIEN,  ENNE.  1".  m.  &  f.  Br a/dus,  d.  Quoi- 
qu'on diie  Brélil ,  ainfi  que  nous  le  marquerons  en 
Ibn  lieu  ;  il  y  en  a  qui  dilent  Brajilien ,  &c  non  pas 
JÊhejllien,  pour  licniher  un  homme  du  Brciil  ,  habi- 
tant du  Brciil,  fauvage  du  Brciil.  Les  Brafdiens  ont 
Une  tradition  oblcure    du  déluge.  Les    Brafdiens 
croient  l'immortalité  de  nos  âmes  -,  qu'elles  vivent 
encore  après  leur  réparation  des  corps  -,  que  les  unes 
font  alors  changées  en  démons  ,  &  que  les  autres 
font  tranlportées  dans  des  campagnes  agtéables,  où 
elles  jouifiént  de  plailirs  continuels.  Jean  de  Lery  , 
dans  VHijloire  de  fon  voyagé  du  Bréjd ,  dit  Bre- 
filien. 
BRASILLER.  V.  a.  Faire  gtiller  un  peu  de  temps  lur 
de  la  braile.  Faire  brajdler  d^  pcchcs.  Il  n'a  guère 
d'ufage  que  dans  cette  phtafe ,  où  il  eft  neutre. 
Brasillé  ,  EE  ,  part.  Des  pêches  brafdlies. _ 
%fT  En  parlant  de  la  lumière  que  l'on  voit  Ibrtir  de  la 
mer  pendant  la  nuit ,  on'  dit  neutralement  que  la 
mer  irafdle  le  long  des  flancs  d'un  navire. 
^  BRASLAW,  Braflavca.NWXtAz  Pologne,  dans 
la  Lithuanie,  au  Palatinat  de  Wilna  ,  capitale   du 
Palatinat.  , 

%r  BRASQUE.  f.  f.  Klêlange  d'a:rgille  &  de  charbon 
pilé,  dont  on  enduit  l'intérieur' des  fourneaux  des 
Fonderies. 
BRASSAGE,  f.  f.  Terme  de  Monnoyeur,  qui  fe  dit  de 
la  manufaélure  des   Monnoies.    Le  trajfdge    eft  la 
peine  de  l'ouvrier,  dont  la  plus  gtandè  eft  celle  de 
bien  reimier  avec  les  bras  l'or  &  l'argent  en  grenaille , 
qui  eft  dans  des  files,  quand  il  y  en  a  de  différente 
valeur,  pout  en  faite  un  mélange  fort  égal.  Se  avoir 
La  monnoie  au  titre  qu'on  deiiie.  Bracaioruin  labor. 
Dans  le  droit  de  hrajfage  eft  compris  le  droit  du 
Maîtte ,  du  monnoyeur  &:  du  Tailleur  de  la  mon- 
iioie  ,    ^li  s'appellent    particulièrement  ouvrage  , 
monjloya^e  &C  ferrage.  Ainlî  Boizard  ,  T»-.  des  Mon. 
P.  I,  C.  9,  le  déhnit  :  Le  pouvoir  accordé  par  le  Roi 
îiù  Maîtte  des  monnoies  de  prendre  lut  chaque  marc 
d'or ,  d'argent,  ou  de-'billon,  ouvïé  en  efpc^es ,  une 
certaine  ibmme   modique  ,  de  laquelle  Ibmme  le 
Maître  de  chaque  monnoie  retient  environ  la  moi- 
.    tié  pour  le  déchet  de  la  fonte  ,  pour  le  charbon,  & 
pour  les   àuti^es  frais   ordinaires.  L'autre  moitié  eft 
diftribuce  aux  Officiers  des  monnoies ,  &  au>;  Ou- 
vriers qui  ont  contribué  de  leur  miniftère  à  la  fabri- 
cation des  efpèces.  Les  vieux  titres  appellent  le  droit 
de  Brajfage ,  en  latin  Braieagium.  Le  droit  de  haf- 
fage  pour  l'or  eft  de  trois  livres  par  marc ,  &  celui 
W  l'argent  de  dix-huit  ibis.  Bouteroue  dit ,  pag.  7  , 
que   les   frais   de  la  fabrication  font   ce   que  l'on 
nomine  Brnffage. 
^  BRASSARD,  BR ASS ART  ou  BR  ASSAR.  Le  pre- 
mier eft  le  plus  ufité.  Les  Vocabuliftes  copiant  E- 
dellenlent  l'Académie ,  dilent  qi^  c'eft  la  partie  de 
Varmure  d'un  liomme  de  guerre ,  fervant  à  lui  cou- 
vrir le  bras.  Cela  eft  vrai-,  mais  mal  dit.  On  ne  dit 
point  ^armure  ,   mais  les  armes  d'un  homme   de 
guerre,  en  parlant  en  général  de  ce  qui   lui  fert 
dans  le  combat  :  armure  ne  fe  dit  qu'en  détail,  ^r- 
mure  de  tête,  armure  de  cuiffe,  armure  de  bras. 
Voyei_  Armure.  Airrfi  il  faut  dire  qiie  le  Braffard 
eft  non  pas  une  partie  de  Varmure ,  mais  fimple- 
ment  eft  M  armure  du  bras  d'un  Gendarme,  d'un 
homme  de  guerre.  Brachiale.  L'ancienne  Gendar- 
merie portoit  des  brajjards.  L'infanterie  fuiflé  porte 
encore  des  braffards  ;  ce   font  feulcument  les  pi- 
quiers.  Pour  armes  défenfives ,  au  lieu  de  Jacques  de 
maille ,  dont  on  s'étojt  fervi  long-temps ,  les  cava- 


iiers  prirent  vêts  l'an  1500  une  cuiralTe,  des  iraf^ 
fards  ,  des  cuillatds ,  des  jambières  &  des  gantelets^ 
Le  Gendre. 
BrassàrC,  eft  aulTî  dh  inftrumeritde  cuir,Iong  environ 
d'un  pied  :  Il  eft  rond  &  creux ,  afin  qu'on  puifle  y 
paHlr  le  bras  :  on  s'en  fert  en  jouant  au  balon  pout 
le  pouHer  avec  plus  de  force ,  &  pour  ne  le  point 
blcllLr,  ce  quiarriveroit,  lî  en  pourtant  on  rencon- 
troit  l'ouverture  du  balon,  011  il  y  a  un  morceau 
de  bois  avec  uiie  Ibiipape.  Brachiale  luforiurn ,  co' 
riaceum. 
^3"  On  lé  fert  auflî  dans  les  Verreries  de  hraffards  faits 
de  vieux  chapeaux ,  dont  on  le  couvre  le  bras  droit 
jufqù'au  coude,  afin  dé  pouvoir  Ibutcnir  le  manche 
des  pelles,  quand  il  eft  trop  chaud. 
(CT  BR ASSAW  ,  ou  BRASSOW.  Chez  les  Allemands 
Cronftadt.  Patroviffa.  Ville  de  Tranfilvanie,  avec 
Evcché ,  fur   la  frontière  de  la  Valachie  ,  dans   le 
Burchland. 
BRASSE,  f.  f.  Mcfure  qui  contient  la  longueur  des 
deux  bras  étendus ,  avec  le  travers  du  corps  ;  ce  qui 
fait  à-peu-près  la  longueur  de  lîx  pieds  de  Roi.  Se^ 
norum  pedum  menfura ,  orgya.  En  plufieurs  lieux  -, 
comme  à  Florence ,  à  Berganle ,  à  Lucques ,  la  braffs 
eft  une  mefure  de  longueur ,  dont  on  le  fert  pour 
les  étoffes.  Il  fie  fe  dit  guère  fur  terre  que  d'une 
braffe  de  corde.  %f3'  Elle  eft  différente  dans  les  diffé- 
rentes villes  d'Italie  où  cette  mefure  eft  en  ufage. 
|Cr  On  fe  fert  encore  de  la  braffe  pour  mellircr  la 
profondeur  des  mers  ci.  des  rivières ,  quand  on  jette 
la  fonde.  'Làbraffe  des  vaiCeaux  de  guerre  eft  de  fix 
pieds-,  celle  des  vaiJfeaux  inarchands ,  de  cinq  pieds 
&  demi  ;  celle  des  barques  &   bâtimens  deftinés  à 
la  pêche ,  de  cinq  pieds.  Grande ,  moyenne  &  pe- 
tire  braffe.  Il  y  avoit  en  ce  poit  douze  ^r^T^'^  d'eau* 
Ce  vaiHeau  tire  deux  braffes  d'eau.  On  dit  auiîi ,  du 
pain  de  braffe  ;  pour  dire ,  un  pain  très-gros ,  pefant 
vinç;t  ou  trente  livres* 

On  ditauiH  au  figuré.  Il  eft  cent  /"-^r^j  au-defllis 
de  lui.  Longo  illum  intervallo  fuperdt  :  c'eft-à-dire,- 
il  eft  bien  lùpérieur  à  lui ,  foit  pour  le  favoir ,  foit 
pour  le  crédit,  &c.ll  eft  cent  braffes  au-delfous  de 
lui  ■■,  pour  dire ,  il  eft  beaucoup  inférieur.  Cela  n'eft 
bon  que  dans  le  ftyle  familier. 
BRASSÉE,  f.  f.  Charge  de  quelque  chofe  qu'on  peut 
porter  entte  fes  bras.   Quantum  ferri  potefl  amba- 
bus  uinis.  Braffée  de  fagots ,  de  foin  ,  de  paille  ^ 
&c.  Emporter  à  braffee. 
BRASSELET.  Foyei  BRACELET. 
|Cr  BRASSER.  V.  a.  Remuer  avec  les  tras ,  à  force 
de  bras,  plufieurs  chofes ,  afin  qu'elles  s'incorporent 
les  unes  avec  les  autres.  Subigere  fubigendo ,    agi- 
tando  permifcere.  Bra[fc~  bien  toutes  ces  matières. 
ik?  Brasser  la  bière,  c'eft  la  faire.  Ilfautpiour  cela 
rémuero  agiter  fottement  la  liqueur  pour  la  mêler 
avec  l'orge  ,   le  houblon  &  les  autres  ingrédiens 
dont  elle  eft  compofée. 
|tC?  Brasser  à  la  monnoie ,   c'eft  remuer  le  métal 
c]uand  il  eft  en  fufîon  dans  le  creufet,  quand  il  a- 
acquis  le  degré  de  fluidité.  L'or  ne  fe  braffe  pas  de' 
même  que  l'argent.  Voycy  Brassoir. 
|J3°  On  clit  auflî  braffer  dans  les  Papeteries.    Voye:^ 

Papier,  Papeterie. 
ifT  Brasser.  Terme  de  Tanneur.  C'eft  remuer  les 
cuirs  &  les  retourner  dans  une  cuve  remplie  d'eaa 
&  de  tan  pour  les  rougir. 

Ménage  ciérive  ce  mot  de  braxare.,  qu'on  a  dit 
çoiit  brajiare,  quifignifie  proprement  ^r^^T  de  la. 
bière,  qu'il  dit  avoir  été  formé  Az  braftum,  ligni- 
fiant bière.  Du  Cange  dit  que  hrace ,  brajium ,  èC 
bracium ,  fîgnifioient  une  efpèce  de  blé  dont  on 
failbit  la  bière  ,  d'où  font  venus  les  mots  de  braljè  , 
braffin  &:  brafferie ,  qu'il  dit  avoir  été  appelée  hra- 
cina  ,  brafcina ,  br achinum ,  braxatorium  Se  braf- 
feria,  dans  la  baflc  latinité.  Mais  il  y  a  plus  d'app.i- 
rence  que  ce  mot  vient  fimplement  de  bras  ;  parce 
qu'encore  en  plufieurs  lieux  on  nomme  Brajjïert 
un  manœuvre ,  un  homme  qui  vit  du  tr.availlc  de  fes 
bras.  Le  Père  Thomailîn  aime  mieux  remonter  juf- 


E 


A 


BR  A 


qiiW  la  langue  grecque,  &  chercher  Ira^jr  cîaus 
^pxça,  ferveo,  ebullio,  parce  qu'on  le  lerr  de  feu 
pour  faire  la  bière. 

En  Normandie  on  appelle  hraffer ,  la  manière 
d'exprimer  le  jus  des  pommes  &  des  poires.  Pour 
trader  ces  fortes  de  fruits  deftincs  à  taire  du  cidre 
ou  du  poiré,  on  les  fait  écrafer  dans  le  tour  du 
preflbir  avec  une  meule  qu'un  cheval  fait  tourner  au- 
tour. Quand  ces  fruits  font  bien  écrafés ,  on  en 
prend  le  marc,  on  le  met  fur  un  tablier  en  le  ftra- 
tifiant  avec  du  gleu  ou  du  glui ,  jufqu'à  une  élé- 
vation d'environ  trois  pieds  -,  puis  par  le  moyen  de 
l'arbre  du  prelfoir  &  de  fa  vis ,  on  prefîe  ce  marc 
de  façon  qu'on  en  exprime  tout  le  jus ,  qui  tombe 
du  tablier  où  eft  le  marc ,  dans  le  cuvier  nommé  Bel- 
Ion;  d'où  on  le  prend  pour  le  mettre  dans  les  ton- 
neaux. C'eft-là  que  la  liqueur  bout ,  fermente  & 
devient  potable. 
Brasser,  fe  dit  aufîî  particulièrement  en  matière  de 
pêche  ,  de  ceux  qui  agitent  &  troublent  l'eau  avec 
des  bouilles ,  ou  bouloirs ,  pour  faire  donner  le 
poiilbn  dans  lestrubles,  étiquettes,  ou  autres  filets 
que  le  Pêcheur  a  tendus. 

En  termes  de  Marine ,  Brafftr ,  c'eft  fe  fervir  de 
bras,  ou  manœuvres ,  avec  lefquelles  on  gouverne 
les  vergues.  On  dit ,  Brajpr  à  faire  fervir  ;  c'eft 
truffer  les  vergues ,  enforte  que  le  vent  donne  dans 
les  voiles.  Brajfer  à  contre  ;  c'eft  traffer  le  bras  du 
vent,  afin  que  le  vent  donne  dans  les  voiles.  Braffer 
au  vent;  c'eiï  èraffer  les  vergues  du  côté  du  vent. 
Braffer  fous  le  vent  ;  c'eft  hraffer  les  vergues  du  côté 
oppofé  a  celui  du  vent.  Braffer  les  vergues  ;  c'eft  en 
maniant  les  bras ,  mettre  les  vergues  horifonralement 
de  l'avant  à  l'arrière.  Brafjer  les  voiles  fur  le  mat,c'c9i 
hâler  les  bras  du  vent ,  enforte  que  le  vent  fe  mette 
fur  les  voiles ,  au  lieu  d'être  dedans  j  c'eft-à-dire  , 
manœuvrer  les  voiles,  de  manière  que  le  vent  fafle 
le  contraire  de  ce  qu'il  faudroit  pour  faire  fiUer  le 
vailîcau.  |^  On  dit  en  commandement  :  braffe  tri- 
bord devant ,  braffe  bas-bord  ,  &c. 
ifF  On  trouve  dans  Montaigne  ,  braffer  un  lit  de 
plumes  -,  pour  dire ,  le  remuer.  On  le  dit  encore 
dans  les  Provinces ,  6c  braffer  les  cartes ,  pour  les 
mêler. 
Brasser  ,  fignifie  figurément ,  faire  quelque  confpi- 
ration.  fJCT  Pratiquer  fecrettement  quelque  complot 
pour  prendre  ou  trahir  quelqu'un.  Machinari ,  mo- 
/iri.  Il  y  a  long-temps  qifils  braffoient  cette  trahi- 
fon.  Braffer  quelque  chofe  contre  l'Erat.  Il  fe  dit 
toujours  odieufement.  Il  n'eft  pas  noble. 

Il  fignifioit  auttefois ,  procurer ,  fournir.  Il  ne  fe 
dit  plus  qu'en  mauvaife  part.  Glojf.  fur  Marot. 
Brassé  ,  ée,  part. 

BRASSERIE,  f.  m.  Lieu  où  l'on  fait  de  la  bière.  Cer- 
vijîiz  officina.  Dans  un  placer  des  Moines  de  Fulde 
à  Charlemagne ,  on  trouve  braciarium  en  ce  fens , 
Aa.SS.Ben.  Sœc.  IF.  P.  L  p.  i5i.  Il  eft  défendu 
aux  Brafleurs  de  nourrir  ,  ou  de  tenir  en  leurs  mai- 
fons ,  où  font  les  brafferies ,  aucuns  bœufs ,  vaches  , 
porcs,   oifons,  ni  canards,   à  caufe  de  l'infeélion 
que  caufcroient  ces  animaux  dans  les  brafferies  ,  qui 
ne  peuvent  être  tenues  trop  nettes.  Delà  Mare. 
BRASSET.  f.  f.  On  appelle  à  Meaux  le   Brafet  ;  un 
canal  d'eau  qui  environne  les  fauxbourgs  de  la  ville. 
C'eft  l'ancien  lit  de  la  rivière  de  Marne.  Hifl.  de 
l'Egl.  de  Meaux  ,  Tom.  L  p.  3 . 
BRASSEUR,  f.  m.  Celui  qui  fait  &:  qui  vend  de  la 
bière  en    gros.  Cervifiarius.    Les  Braffeurs  s'appe- 
loient  autrefois  Cervoifiers.  L'hiftoire  des  Evêques 
de  Verdun ,  qu'on  trouve  dans  le  Spicilcge  de  Dom 
Lucd'Achery,  appelle  les  Brajfeurs ,  bracentes. 
BRASSEUSE,  f.  f.  Femme  de  Brafl'cur. 
IfJ-  BRASSEYAGE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  la 
partie   qui  avoifine  le  milieu  des  vergues.  On  en- 
tend  par  braffeyage   ce  qui   eft  compris   entre  les 
haubans.  Le  braffeya<:^e  eft  facile  quand  la  vergue 
ne  touche  pas  les  haubans  fous   le  vent ,  fans  être 
orientée  su  plus  près. 
BRASSICOURT ,  BRACHICOUR  fubftancivemcnt. 


47 


Terme  de  Manège ,  qui  fe  dit  d'un  cheval  qui  a 
naturellement  les  jambes  courbées  en  arc ,  a  la  dif- 
férence des  chevaux  arqués ,  qui  les  ont  courbées 
par  la^  force  du  travail. 

BRASSIERES.  1.  f,  pi.  Chemifette ,  efpèce  de  petite 
camifole  de  femme  qui  fert  à  couvrir  les  bras  &  le 
haut  du  corps.  Brachialia. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  perfonne  eft  en 
braffûres;  pour  dire,  qu'elle  eft  contrainte,  qu'elle 
n'a  pas  la  libre  difpofition  d'agir ,  de  faire  ce  qu'elle 
voudroit. 

%fT  BRASSIEUX.  Gros  Boutg  de  France,  dans  la 
Sologne,  au  bord  du  Beuvron. 

BRASSIN.  f.  m.  Eft  un  vaillêau  où  les  Braffeurs  font 
leurs  bières.  C'eft  aulfi  la  quantité  de  bière  contenue 
dans  la  cuve.  Ce  mot  fignifioit  autrefois ,  Araire. 

Soit  Philofophe  ou  Médecin , 
//  n'entend  rien  en  tel  braJTm. 

BRASSOIR.  f.  m.  Terme  de  Monnoie.  Efpèce  de  canne 
de  terre  cuite  avec  laquelle  on  braffe  l'or  en  bain, 
Rudicula.  A  l'égard  de  l'argent  &:  du  billon,  on  fe 
fert  d'un  braffoir  de  fer ,  à"  caufe  qu'il  n'y  a  pas  le 
même  inconvénient  qu'à  l'or ,  qui  s'aigriroit  avec 
un  braffoir  de  fer  :  &:  de  plus,  le  fer,  par  fon  hété- 
rogénéité, feroit  pétiller  l'or,  ce  qui  cauferoit  des 
déchets. 

BRATHITE,  ou  SABINITE.  f.  f.  Pierre  figurée.  C'eft 
une  efpèce  de  la  Dendrite,  Elle  imite  les  feuilles  de 
la  Sabine.  Brathites. 

^  BRAVA.  Ville  d'Afrique ,  en  Ethiopie ,  au  Zangue- 
bar,  fur  la  côte  d'Ajan,  dans  un  petit  Etat  indé- 
pendant. C'eft  aufli  le  nom  de  la  plus  méridionale 
des  Iles  du  Cap  Vert ,  connue  par  fes  bons  vins. 

BRAVACHE,  f.  m.  Fanfaron  fur  le  fait  de  la  valeur , 
faux  brave.  Trafo.  Ce  mot  eft  un  peu  vieux  ,  &  ne 
peut  entrer  que  dans  le  difcours  comique  &:  bur- 
Icfque. 

BRA VACHERIE,  f.  f.  Bravade,  menace  fière&  info- 
lente,  fanfaronade,  Cotgrave  feul.  Frivola  jaclantia. 
Il  n'y  a  ni  rodomontade  d'Efpagne ,  ni  bravacherie 
Napolitaine,  ni  mutinerie  Walonne,  ni  Fort  d'An ■ 
tonia ,  ni  du  Temple  ou  Citadelle  dont  on  nous 
menace ,  qui  nous  puiffe  empêcher  de  defirer  &  de- 
mander la  paix.  Sat.  Mén.  t.  i ,  p.  lyfî. 

BRAVADE,  f.  m.  Menace  d'un  fanfaron,  fCF  a6tio,p  de 
braver  quelqu'un  par  fes  aétions ,  par  fes  paroles  ou 
par  fes  manières.  Ferocior  infultatio.  Ceux  qui  font 
le  plus  de  bravades ,  font  bien  fouvent  les  plus  pol- 
trons. Voilà  où  fe  fonr  terminées  toutes  fes  bravades. 
Voit.  Fabius  étoit  trop  ptudent  pour  prendre  les 
bravades  d'Annibal  pour  autant  d'aiftonts.  S.  EvR. 

Les  bravades  enfin  font  des  difcours  frivoles  , 
Et  quifonge  aux  ejffèts^  néglige  les  paroles.  Corn. 

Bravade  ,  f  f.  eft  aufTi  le  nom  d'une  fête  inftituée  en 
I  zjô',  par  Charles  d'Anjou,  à  fon  retour  de  la  Terre- 
Sainte  ,  &  qui  fe  fait  à  Aix  en  Provence.  Celui  qui 
a  abattu  l'oifeau  eft  déclaré  Roi  par  les  Magif- 
trats  ,  il  fe  choifit  un  Lieutenant  &  un  Enfeigne, 
qui  lèvent  chacun  une  compagnie  -,  &  la  veille  de  la 
fête  de  S.  Jean-Baptifte,  ils  fe  rendent  dans  la  place 
de  la  ville ,  où  le  Parlement  &  les  autres  Corps  fe 
trouvent  aulTi  pour  allumer  le  feu  ,  &:  cela  s'appelle 
la  Bravade;  peut-être  parce  qu'ils  font  braves,  c'eft- 
à-dire,  vêtus  magnifiquement,  ou  plutôt  parce  qae 
cette  fête  fut  établie  pour  entretenir  les  habitans 
dans  l'exercice  de  la  guerre  ,  &  les  rendre  braves. 

fCr  BRAUBACH,  Brocubachium ,  ou  brubactiium^ 
petite  ville  d'Allemagne ,  fur  le  Rhin  ,  dans  la  Wé- 
téravie. 

BRAVE,  adj.  m.  &  f.  &  f.  Excellent  en  fa  profefïîon. 
Eximius ,  infinis ,  egregius.  On  dit  un  brave 
homme ,  un  brave  foldat',  brave  cavalier ,  qui  fait 
toutes  chofes  d'une  manière  noble  &  honnête.  Il  l'a 
fait  en  brave  homme,  &C  le  doit  foutenir.  Corn. 
Cette  qualité  ne  doit  être  attribuée  qu'à  un  hommft 


48 


BOU 


d'épce ,  &  Balzac  s'cft  mocqué  d'uli  Prédicateuï  qui 
avoir  appelé  fainte  Paule  ,  cette  hâve  veuve.  On 
ne  lailîc  pas  de  dire  dans  le  dilcours  familier,  vous 
êtes  une  brave  femme. 
Brave  ,  en  termes  de  guerre  -,  fignifie  ffT  celui  qui  a  de 
la  bravoure ,  c'eft-à-dire  ,  cette  fermeté  d'amc  qui  ne 
connoît  pas  la  peur-,  qui  court  au  dangeï  de  bonne 
grâce,  &  préfère  l'honneur  au  foin  de  fa  vie.  Prœf- 
\anus  ammi  vir ,  helllcâ  lande  clarus.  On  dit  ab- 
rolument,  c'eft  un  brave  :  les  vrais  beaux  efprits  font 
de  l'humeur  des  vrais  braves ,  qui  ne  parlent  jamais 
de  ce  qu'ils  font.  Bouch.  Si  les  Braves  n'avoient  pas 
la  pafFion  de  la  gloire,  ils  demeureroiertt  paifiblement 
-  x;onfortdus  avec  les  lâches.  M.  Scud.  Faifons  tant 
que  nous  voudrons  les  braves ,  la  mort  eft  la  fin  qui 
attend  la  plus  belle  vie  du  monde.  Pasc.  Un  faux 
brave  tourne  les  yeux  de  tous  côtés  pour  voir  fi  on 
le  regarde.  S.  Evr.  On  efl:  brave  par  férocité,  aufll- 
bien^que  par  la  vertu.  Flech.  Un  homme  brave  par 
tempérament  feul ,  ne  fera  autre  chofe  que  de  n'être 
.pas  poltron  •,  Se  ce  n'eft  que  par  ambition  qu'il  cher- 
che à  fe  fignaler.  M.  Scud. 

II  e/i  de  faux  dévots,  comme  il  eft  de  faux  bfàvès.  Mol. 

Ce  mot  mot  vient  de  bravium  qui  fignifie  le  prix 
de  la  victoire. 

Brave  ,  fe  prend  en  mauvaîfe  part ,  &  fe  dit  d'un  bret- 
teut ,  d'un  aflafTin  ,  d'un  homme  qu'on  emploie  à 
toutes  fortes  de  méchantes  aélions.  Sicarius.  Cette 
coiutifane  a  plufieuis  braves  qui  la  protègent. 

Brave,  fignifie  auiTi  une  petfonne  bien;  parée,  bien 
vêtue.  Injigni  ornatu  comptus ,  cultus.  Les  bour- 
geois ne  font  braves  que  les  Fêtes  &  Dimanches. 
Ce  mot  eft  un  peu  bas  en  ce  fens,  Mén. 

On  dit  ironiquement  d'uh  fanfaron  ,  qu'il  eft 
hrave  jufqu'au  dégainet.  Acad.  Fr. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  eft  brave 
comme  Cefar  -,  qu'il  eft  brave  comme  l'épée  qu'il 
porte  i  pour  dire  ,  qu'il  eft  fort  vaillant  :  qu'il  eft 
brave  comme  un  bourreau  qui  fait  fes  Pâques  \  pour 
dire ,  qu'il  n'a  pas  coutume  d'être  fi  bien  vêtu._  Ce 
proverbe  vient  de  ce  que  les  bourreaux  étoient 
autrefois  obligés  de  porter  des  habits  chargés  de 
quelque  marque  de  leur  infamie  ,  comme  d'une 
échelle  &:  d'une  potence ,  pour  les  diftinguer  des 
autres  perfonnes  -,  Se  il  leur  étoit  permis  de  les  quit- 
ter quand  ils  faifoient  leurs  Pâques,  pour  la  révé- 
rence de  la  fête  ,  auquel  jour  ilss'habilloient  des  plus 
beaux  habits  qu'ils  vouloienr.  On  dit  audl ,  brave 
comme  un  lapin.  On  dir  auiïi ,  mon  brave ,  abfolu- 
ment ,  comme  on  dit ,  mon  chei  ,  &c.  A  brave  , 
brave  &  demi  \  pour  dire  que  fi  un  homme  eft 
brave,  on  lui  en  oppofera  un  autre  encore  plus  brave 
que  lui,  ou  lorfque  quelque  bravache  s'eft  tait 
bartre. 

BRAVEMENT,  adj.  D'une  manière  brave  ,  couragcu- 
fement ,  honnêtement.  Fortiter ,  egregiè.  Il  lui  a 
répondu  bravement  &  fans  crainte. 

BRAVER.  V.  a.  ^ÇT  Traiter  quelqu'un  avec  hauteur  ,■ 
Je  regarder  arec  mépris,  l'infulter.  ïnfultare.  Un 
homme  de  cœur  fouffre  difficilemenr  qu'on  le  brave. 

^fT  Tu  me  brave ,  Cinna ,  tu  fais  le  magnagnimc , 

COM, 

§C?  Il  fe  prend  très-fouvenr  au  figuré,  braver  la  mort  ,- 
les  périls ,  la  fortune ,  les  méprifer ,  ne  les  point 
craindre.  Laceffere ,  defpicere ,  contemnere.  La  fa- 
tire  brave  l'orgueil  Se  fait  pâlir  le  vice.  Boil.  La 
tHionwt  brave  pas  toujours  la  puilfance  fuprême  de 
l'amour.  ViLL.  Il  eft  bien  plusaifé  de  fe  guinder  fur 
de  grands  fentimens ,  &  de  braver  la  fortune  en 
vers",  que  d'entrer  comme  il  faut  dans  le  ridicule  des 
hommes.  Mol. 

Fui ,  traître ,  &  ne  viens  point  braver  ici  ma  haine. 
Et  tenter  un  courroux  que  je  retiens  à  peine.  Rac. 

Kous  triomphe:^ ,  cruille  ,  6*  bravez  ma,  douleur,  lo. 


BOU 

UCj*  La  Prinee/Te  ne  bravoit  point  la  mort  avec  fierté  , 
contente  de  l'envilaget  fans  émotion ,  de  la  recevoir 
fans  trouble.  Boss. 

|p=-  On  trouve  ce  mot  dans  Montagne  ,  pour  figni- 
fier  aélion  de  valeur. 

Bravé,  ée,  part,  &:  adj.  Laceffitus ,  contemptus. 

BRAVERIE.  f.  f.  Dépenfe  en  habits  v  inclination  , 
penchant  à  fe  vêtir  richement  &  proprement.  Ma- 
nièie  affeétée  de  fe  vêtir  ainfi.  Cultus ,  ornatus.  Cet 
homme  a  dépenfé  tout  fon  bien  en  braveries  inu- 
tiles. Il  eft  familier.  On  trouve  ce  mot  dans  Mon- 
taoïne  pour  fignifier  adion  de  valeur. 

BRAULS  ,  f.  m.\^l.  Toiles  des  Indes  rayées  de  bleu  &: 
de  blanc.  On  les  nomme  autrement  Turbans ,  parce 
qu'elles  fervent  à  couvrir  cette  forte  d'habillement 
de  tête,  particulièrement   fur  les  côtes  d'Afrique. 

^fT  BRAVOURE  f.  f.  magnanimitas ,  animi  magni- 
tudo ,  fortitudo.  C'eft  une  fermeté  d'ame  qui  ne  con- 
noit  pas  la  peur ,  elle  court  au  danger  de  bonne 
grâce  &  préfère  l'honneur  au  foin  de  la  vie.  La  bra- 
vo«r£  fait  qu'on  s'expofe.Ilne  faur  pas  que  la  bra- 
voure fe  pique  de  paroîtrc  rnal-à-propos.  M.  l'Abbé 
Girard.  Ce  qui  diftingue  la  véritable  bravoure  de 
la  brutalité  ,  c'eft  qu'elle  a  la  gloire  pour  objet. 

LOG. 

13"  Le  courage ,  eft  cette  vigueur  néceflTiire  à  l'amc 
pour  exécuter  des  aèlions  vertueufes  qui ,  par  les 
obftacles  qu'il  faut  braver  j  feroient  impraticables  à 
des  cœurs  pufiUanimes, 

|tCr  Lth force,  eft  la  noblefle  des  fentimens  qui  élevé 
l'ame  au  dellus  des  craintes  vulgaires  ,  èC  lui  fait 
braver,  quand  il  eflbefoin,  le  danger,  la  douleur 
&;  l'adverfité. 

iCr  L^  grandeur  d'ame,  eft  ce  fentiment  noble  qui  nous 
montrant  le  vrai  beau  ,  nous  y  fait  tendre  avec 
emprefiement. 

?fT  L^  fermeté,  eft  la  réfolution  conftante  d'un  homme 
fenfé  qui  perfifte  dans  un  deflein  qu'il  fçait  être 
jufte  Se  utile ,  malgré  les  oppofitions  qu'il  rencon- 
tre ,  ou  les  travaux  qu'il  lui  en  coûte.  L'honneur  , 
la  vertu ,  l'amour  du  bien  public ,  infpirent  la  fer- 
meté. V  intrépidité  eft  une  forte  de  fermeté,  mais 
éprouvée  par  la  préfence  du  danger  ,  des  peines  &C 
des  fouffrances ,  elle  cara6térife  plus  parriculière- 
ment  le  héros. 

IJCr  Le  cœur  foutient  dans  l'action  -,  le  courage  hit 
avancer;  la  valeur  fait  exécuter^  la  bravoure  fait  qu'on 
s'expofei  l'intrépidité  fait  qu'on  fe  facrifie. 

Il  fignifie  quelquefois,  les  aélions  de  valeur.  En 
ce  Cens  il  n'a  d'ufage  qu'au  pluriel.  On  attribue  aux 
héros  de  roman  des  bravoures  merveilleufes.  Fati- 
guer le  monde  du  récit  de  fes  bravoures. 

BRAURON,  f.  m.  Bourgade  de  l' Attique  ,  où  la  ftatue 
de  Diane ,  apportée  de  la  Tauride  par  Iphigénie  , 
fut  tranfportée  Se  dépofée  dans  un  Temple  qui  y 
fut  bâti  par  Orefte.  On  y  célèbroit  tous  les  ans 
la  fête  de  la  délivrance  d'Orefte  &  d'Iphigénie.  On 
appliquoit  légèrement  une  cpée  nue  fur  la  tête  d'une 
victime  humaine-,  quelques  gouttes  de  fang  répan- 
dues en  l'honneur  de  Diane  ,  y  tenoienr  lieu  de 
facrifice.  Iphigénie  fut  Prêtreflê  de  ce  Temple ,  & 
après  fa  mort"  y  reçut  les  honneurs  divins. 

BRAURONIES.  f.  f.  pi.  Fêtes  de  Diane  ,  furnommée 
Brauronie,  de  Braurcn  ,  Bourgade  de  l'Attique  , 
où  fe  voyoit  cette  célèbre  ftatue  de  la  Décfic  appor- 
tée de  la  Scythie-Taurique  par  Iphigénie,  &  qui  y  de- 
meura jufqu'au  temps  de  la  féconde  guerre  Perfi- 
que,  durant  laquelle  Xercès  la  fit  enlever  Brauro- 
w/^z. (  Paufan.  in'jttic  &  Jrcad.  Pollux,  /.  8  c.  9,  ) 
Ces  fctes  étoient  données  une  fois  tous  les  cinq 
ans  par  des  Décemvirs  furnommés  l'iptTrelti ,  c'eft- 
à-dire  ,  Inrendans  des  chofes  facrées.  Héfychius 
dit  qu'on  y  immoloit  une  chèvre,  &c  que  l'on  y 
chantoit  l'Iliade  d'Homère.  L'Ornement  de  la  fo- 
lemnité  étoient  plufieurs  vierges  depuis  l'âge  de  cinq 
ans  jufqu'à  dix  ,  habillées  de  robes  de  couleur 
de  fafran.  (  Kpty.ar)»  )  Voici ,  félon  Suidas ,  l'origine 
de  cet  ufage.  Dans  un  bourg  de  l'Attique  étoit  un 
ours  fi  apprivojfé,  qu'il  mangeoit  familièrement 

avec 


I 


fi  R  A 


ivec  tout  lé  monde ,  &  badinoit  fans  faire  le  moîncire 
mal  à  perfonne  ■,  mais  une  jeune  fille  ayant  un  jour 
voulu  badiner  avec  lui  d'une  manière  un  peu  trop 
familière.  Se  contraire  aux  loix  de  la  nature,  l'ours 
fe  jera  fur  elle  &  la  mit  en  pièces.  Ses  frères  ven- 
gèrent fa  mort  fur  le  meurtrier.  Cette  vengeance 
fut  luivie  d'une  perte  horrible  qui  déibla  toute  l'Atti- 
que.  Pour  en  faire  ceffer  les  triftes  effets ,  on  aban- 
donna à  Diane ,  fuivant  la  réponfe  d'un  Oracle  , 
pluficurs  jeunes  filles,  pour  appaifer  la  colère  que 
lui  avoir  caufé  la  mort  de  {on  ours ,  &  l'on  fit  une 
loi  qui  dcfendoit  à  aucune  fille  de  fe  marier ,  fins 
avoir  fer vi  de  Prêtrcffe  à  la  Dceffe.  Harpociation 
êc  Hcl'ychius  nous  apprennent  que  ces  jeunes  filles 
étoicnt  appelées  a'^^toi  ,  urfœ  ;  &  l'initiation  A'fKldx , 
qu'Ariftophane  nomme  AiKelili ,  à  caule  qu'il  ne  fal- 
loir pas  avoir  plus  de  dix  ans ,  pour  être  mile  au 
nombre  des  filles  conlacrées  à  Diane. 
BRAY.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioic  autrefois ,  fange , 
boue.  Lutum  ;  &c  dans  la  baffe  latinité ,  Braïum. 
C'eft  de-là  que  le  nom  de  Bray  a  été  donné  à  tant 
de  lieux  en  France.  Le  pays  de  Bray,  Braïum', 
petit  pays  en  Normandie ,  très-mauvais  &;  très-fan- 
çeux  dans  le  temps  de  pluie.  Il  eft  fitué  entre  le  pays 
de  Caux ,  le  Comté  d'Eu ,  le  Vexin  Normand  ,  le 
Vexin  François ,  &  les  Diocèfes  d'Amiens  &  de 
Beauvais.  Foye^  la  Defcript.  Géo<*r,  &  Hiji.  id  la 
Haute-Norm.  Torn.  L  pas;.  52.  Le  Livre  des  miracles 
de  S.  Bernard  parle  du  château  de  Bray ,  ce  qui  figni- 
fie  ,  dit-il ,  l'âne ,  fange.  Cajtrum  Braïum. ,  quod  lu- 
tum interpretatur.  C'eft  Bray  fur  Seine  dans  le  Sé- 
nonois.  Dans  la  Chronique  duMonaftèrede  S.  Pierre 
le  Vif  dans  le  Sénonais,  il  eft  appelé  Braîcus  ,  &c  il 
eft  dir  qu'il  eft  dans  des  lieux  marécageux-,  Muni- 
tiunculam  in  pago  Senonico,  fuper  Secanam  jluvium, 
quiz  Braîcus  dicitur ,  in  locis palujlribus.  C'eft-de-là 
encore  que  l'on  dir  Bray  ,  ilir  Somme ,  Braïum  ad 
Summam  ;  la  forer  de  Bray  ,  Jilva  Bràienfis  \  la 
Ferré  en  Bray  ,  Firmitas  in  Braïo  ;  Houdafic  en 
Bray  ,  Hojdencum  ;  Ville  en  Bray  ,  villa  in  Braïo  ; 
la  tour  de  Bray  ,  turris  in  Braïo  ;  Pifeux  en  Bray  , 
Puteoli  in  Braïo  ;  Onfenbray ,  Omium  in  Braïo  ; 
Bray  Comte-Robert;  Braïum  Comitis  RobeTti ,  que 
l'on  prononce   communément  Bri-Comte-Robert. 

On  a  dit  aufii  Brahic,ou  Braic,  Breïcum,Braïacum, 
Brdïcum  ,  Brahicum  ,  &  quelquefois  Brajotum.  De- 
là viennent  encore  Vibraye,  Follenbray ,  Savigni 
fur  Braye  ,  &  cent  autre?  lieux.  Strada  dit  que  quel- 
ques Auteurs  croienr  que  Bruxelles  a  été  ainfi  nom- 
mée ,  parce  que  certe  ville  eft  dans  un  lieu  boueux 
&  marécageux.  Enfin ,  M.  de  Valois  prétend  que 
e'eft  de-Ià  que  viennent  les  noms  de  brouet ,  bouage 
èc  boue.  Voyez  cet  Auteur  dans  fa  Notice  des  Gau- 
les ,  /7  94  &  9î  ,  d'où  rout  ceci  eft  pris.   Foye^ 
Brayeux.  Peut-être  que  bray  eft  un  mot  celti- 
que,  qui  vient  de  «13,  gras-,  les  ferres  gtalfes  font 
plus  brayeuies ,  ou  fangeufes  que  k?  autres. 
Bray,  ou  Bré,  félon  Ménage,  f.  m.  on  dit  mieux 
Bray  ou  Brai.  Terme  de  Marine ,  eft  une  com- 
pofition  de  gomme ,  de  réfine  &  d'autres  matiè- 
res gluantes ,  qui  font  un  corp?  dur ,  fec  &  noi- 
'  râtre ,  qui  fert  à  calfater  &  remplir  les  jointures 
des   planches  du  bordage   d'un  vaiffeau.  Navalis 
nnclura  cera.  On  en  fait  auffi  avec  de  la  poix  li- 
quide mêlée  avec  de  l'huile  de  poiflbn.  Il  y  a  du  bray 
fec  &  du  bray  gras  ;  le  bray  gras  a  plus  d'humeur  , 
&:  eft  plus  vifqueux.  Le  bray  liquide  eft  une  liqueur 
graffe  &  claire  qui  découle  du  rronc  des  vieux  pins. 
Les  Suédois  &  les  Norvégiens  les  incifenr ,  &  enfuite 
coupent  récorce  de  l'arbre,  d'où  il  découle  du  ga- 
lipot  noir ,  qu'on  appelle  auffi  tare ,  &  c'eft  le  bray  : 
quand  ce  tare,  qui  eft  comme  la  graiffe  de  l'arbre  , 
eft  tout  découlé ,  l'arbre  meurr.  Le  bray  kc ,  qu'on 
appelle  auffi  aicançon,  eft  du  galipot  ou  fuc  de  pin, 
qu'on  a  fait  cuire  jufqu'à  ce  qu'il  fbit  prefque  brûlé. 
PoMET.  JCF  On  entend  encore  par  ce  mot  bray , 
l'efcoursT'^on  Se  l'orge  broyés  pour  la  bière, 
BRAYE.  Foyei  Braie. 

BRAYE ,  (  la)  rivière  de  France ,  qui  a  fa  fource  dans 
Tome  II, 


B  R  È 

la  petite  Perche  ,  près  de  S.  Bomert,  reçoit  plufieuts 
ruiflèaux,  paflè  à  Vibraye  dans  le  Maine,  &  fe  perd 
dans  le  Loir. 

îiRAYEMENT.  Foy^i  Braiemext. 

BRAYER.  f.  m.  Bandage  fait  d'acier,  |KF  du  d'autte; 
.matière  femblable,  pour  conrenir  les  parries  aux- 
quelles il  y  a  des  hernies ,  ou  ruptures.  Subligar , 
fubligaculum  ,  hernitz  vinculum ,  ou  faj'cia  inguina- 
lis.  Il  y  a  aux  Grands  Auguftins  une  fondation  pour 
diftribuer  charirablement  des  brayers  aux  pauvres 
qui  en  ont  belbin.  ^fF  II  y  a  des  brayers  pour  les 
hémorroïdes ,  pour  la  chute  du  fondement  de  la 
matrice ,  pour  la  hernie  du  nombril. 

Quelques-uns  dérivent  brayer  de  brak ,  mot  de 
Lombardie ,  qui  fignifie  rupture.  Mais  du  Cange"  le 
dérive  à  brachis  ,  ou  braccis ,  parce  qu'il  fe  mer  fous 
les  braies.  Il  l'appelle  bracheriolum  en  latin.  Dans 
la  vie  de  S.  Juftine,  Acl.  SS.  Mart,  T.  IL  p.  144. 
on  trouve  ce  mot  que  les  Bollandiftes  dérivent  de 
brak,  nom  Lombard,  qui  fignifie  rupture.  De-là 
s'eft  fait  braker  ,  bandage  ,  d'où  l'çn  a  fait  brache- 
riolum diminutif  Dans  le  même  ouvrage,  Jpnl. 
T.  IL  p.  8z8  ,  cet  inftrument  eft  appelé  brachiro- 
lus  ,  du  même  inot  bracclm ,  ainfi  qu'il  s'écrit  quel- 
quefois. Et  Mî//,  T.  Kp.  190  ,  on  trouve  bracrinm  , 
fait  apparemment  de  bracerium ,  où  brachcrium  ; 


Scbracale,  Junii ,   T.  IIL  p.  S6i. 
Braver  ,  eft  auffi  un  terme  de  Balancier  -,  &  il  fe  dit 
du  petit  morceau  de  fer  qui  paffe  dans  les  rrous  qui 
font  au  bas  de  la  chafle  du  trébucher  &  des  balances, 
^  qui  ferr  à  la  tenir  en  état. 
BrayeK  ,  eft  aulfi  un  morceau  de  cuir  ,  large  de  deux 
à  rrois  doigts ,  au  bout  duquel  il  y  a  une  efpèce  de 
fachet  de  cuir  ,  où  l'on  mer  le  bâton  de  la  bannière 
quand  on  la  porte. 
^fT  On  appelle  auffi  brayer  un  bandage  fait  de  gros 
cuir  garrii  d'une  boucle  &  de  fort  ardillon  qui  fert  à 
fbutenir  le  battant  d'une  cloche. 
Brayers  ,  en  termes  de  Maçonnerie ,  fe  dit  des  cor- 
dages qui  ferveur  à  élever  le  bourriquer ,  ou  petit 
bar ,  avec  lequel  on  porte  le  moilon ,  &  le  mortier 
au  haut  des  plus  grands  édifices. 
Brayer  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  fignifie  le  cul  de 
l'oifeau.  Anus.  Une  marque  de  la  bonté  d'un  oifeau 
de  proie ,  c'eft  quand  il  a  le  brayer  ner ,  &:  lorfqu'il 
lui  tombe  bien  bas  le  long  de  la  queue ,  &:  qu'à  l'eii- 
rour  il  eft  bien  émaillé  de  raches  n^^ires  ou  roulfes. 
BrAyer.  V.  a.  Terme  de  Marine.  Efpalmer  ,  ou  cali'ater 
un  vaiffeau ,  y  appliquer  du  bïay  bouilianr ,  du  gau- 
dron  &  duflxifpour  remplir  les  jointures  de  fou 
bordage.  Navem  incerare. 
BRAYETTE.  f  f  Ce  mot  n'eft  guère  en  ufage  que  dans' 
les  Provinces.  C'eft  la  fente  de  devant  d'un  haut  de 
chauffe.   Subligaris    anterior  lingula  ,'  Braccarum 
pars  anterior.  Il  y  a  peu  de  temps  qu'on  difoit  bra- 
guette. On  les  voit  encore  peimes  dans  les  tableaux 
du  fiècle  paffé.  Comment  Panurge  défifta  de  porrer 
fa  magnifique  braguette.  Rab.  On  dit  figurément 
q-u'un  homme  eft  chaud  de  la  brayettc  ;  pour  dire  , 
qu'il  eft  ardeur  après  les  femmes. 
BRAYEUX ,   EUSE.  adj.  Vieux  mot  ,  qui  fignifioit 
autrefois  boueux ,  fangeux ,  plein  de  bray  ou  de 
boue.  Lutofus ,  cœnofus.  Il  paffa  parmi  la  ville  ,  où 
y  avoir  caves  &  fources  mouk  brayeuj'es.   Mons- 

TRF.LET  ,    C.    ill. 

BRAYMAL.  Pays  de  France  en  Normandie. 

Ip"  BRAYOIRE.  f.  f.  On  appelle  ainfi  dans  quelques 
Provinces ,  l'inftrument  qui  fert  à  donner  au  chanvre 
la  première  façon  ,  &  à  commencer  à  fcparer  la  fi- 
lafTe  de  la  chenevotte.  En  Normandie,  on  à\\.brie, 
en  Breragne ,  braye  &  brayer. 

BR  AYON.V.  m.  Terme  de  Chaffe,  qui  fe  dit  de  ce  qui  fert 
à  prendre  les  bêtes  puantes  qui  ruinenr  les  garennes. 

Brayok  ,  fe  dit  auffi  chez  les  Imprimeurs ,  de  ce  qui 
fert  à  brover  l'encre  avec  le  noir. 

IJC?  BRAZER.  Foyei  BrAser. 
B  R  E. 

I  BRÉANT.  f.  m.  Petit  oifeau  qu'on  nourrir  en  cage  à 


jo  B  R  E 

caufe  de  fon  chant.  Anthusi  II  a  le  bec  court  & 
alîez  gros.  Il  eft  d'un  vert  brun  avec  quelques  mar- 
ques punes  lut  rcxtrcmité  des  gros  tuyaux  de  les 
ailes  \  les  jambes  &  les  pieds  Ibnt  d'un  rouge  prel- 
quc  couleur  de  chair. 

BREAUNE.  f.  f.  Ceft  une  forte  de  toile  de  hn  ,  blan- 
che &  allez  claire  ,  qui  le  fabrique  en  Normandie  , 
particulièrement  à  Baumont  &  à  Bernai.  11  y  en  a 
de  différentes  qualités:  les  unes  fines,  les  autres 
moyennes ,  &  les  autres  plus  groflés  qui  s'emploient 
ordinairement  à  faire  des  rideaux  de  fenêtre._  On 
ne  lailfe  pas  cependant  de  s'en  fervir  quelquefois  à 
faire  des  chemilés  Se  autre  forte  de  lingerie. 

BRÉBIAGE.  f.  m.  Dans  la  balfe  latinité.  Behriagium  , 
irïhitum  ex  berlncihus.  Ceft  un  tribut  qu'on  levoit 
fur  les  brebis.  Il  en  eft  parle  dans  une  charte  de 
Philippe  le  Long.  Item ,  il  a  efdites  fermes  brehiage 
de  tiers  en  tiers  an. 

BREBIETTE.  f.  f.  Vieux  diminutif.  Petite  brebis. 
Ovi  cilla. 

BREBIS,  f.  f.  Animal  à  quatre  pieds,  couvert  de  lame  -, 
la  femelle  du  bélier  ,  &  qui  porte  les  agneaux.  Ovis. 
Mener  un  troupeau  de  brebis.  Elle  vit  neuf  ou  dix 
ans.  Il  y  a  dans  le  Pérou  une  forte  de  brebis,  tant 
fauvages  que  domeftiques,  qui  approchent  de_  la 
forme  d'un  chameau  ,  à  la  réferve  qu'elles  font  ians 
boflc.  Elles  font  plus  grandes  que  les  brebis  de  l'Eu- 
rope ,  &  hautes  le  plus  fouvent  d'une  aune  d'Efpa- 
gne.  Elles  ont  le  cou  long  &  rond ,  &  la  lèvre  d'en- 
ïiaut  fendue.  Les  privées  font  d'ordinaite  blanches , 
ou  noires,  &  quelquefois  de  couleur  cendrée.  Les 
fauvages  font  rougeâtres  ou  fauves  ,  &:  couvertes 
d'une"  laine  longue ,  légère  ,  luifante ,  &  qui  eft 
beaucoup  plus  chère  que  celle  des  autres.  On  en 
fait  un  certain  drap  dont  le  luftrc  approche  forr  de 
celui  du  camelor.  Leur  chair  eft  plus  féche  que  celle 
de  nos  brebis.  Elles  courent  d'une  grande  vîteife  ; 
fur-tout  les  fauvages.  En  Ethiopie  les  brebis  n'ont 
point  de  toilbn.  Celles  de  Turquie  ont  une  queue 
longue  &  épailfe.  Les  brebis  du  Pérou  &:  celles  de 
S.  Laurent  portent  à  chaque  fois  trois  ou  quarre  pe- 
tits. HisT.  DES  Incas  ,  &  Pyrard.  L'on  trouve 
dans  route  la  Chine  des  troupeaux  de  brebis  par 
milliers,  qui  portent,  comme  en  Tartarie  &:  en 
Perfe,  de  longues  queues;  dont  quelques-unes  pc- 
fent  40  livres  '&  plus.  Ambaff'.  des  Hall,  à  la  Chine, 
P.  II.  p.  Ç)i.  Au  Royaume  d'illiny  en  Guinée,  les 
brebis  portent  régulièremenr  deux  agneaux  de  cinq 
mois  en  dnq  mois.  Ce  qui  plaît  dans  la  vie  cham- 
pêtre, c'eft  l'idée  de  tranquillité  attachée  à  la  vie  de 
ceux  qui  prennenr  foin  des  brebis  &c  des  chèvres. 
FoNTEN.  On  voit  Ajax  elfayer  fa  fureur  fur  une  in- 
nocente brebis ,  qui  lémble  jerer  un  accent  plaintif 
pout  implorer  l'alliftance  des  fpedateurs  Vill. 

Alors  pour  Je  couvrir  durant  l'âpre  faifon. 
Il  fallut  aux  brebis  dérober  leur  toifon.  Bon. 

Heureux  qui  vit  en  paix  du  lait  de  fes  brebis , 
Et  qui  de  leur  toifon  voit  filer  fes  habits.  Racan. 

Ces  animaux  étoient  en   vénération  à  Saï's    en 
Egypte,  apparemment  à  caufe  de  leur  utilité. 

"Ménage  dérive  ce  mot  de  berbix ,  dont  les  Latins 
fe  font  fervis  en  même  fignificarion  ,  qu'il  dir  venir 
de  vervex.  Il  allègue  aulîl  qu'on  a  dit  berbix ,  ber- 
bigale  &c  berbicarius  ,  d'où  font  venus  bercail  ôc 
berger.  Dans  la  vie  de  S.  Gudwal,  Evêque  en  An- 
gleterre ,  on  lit  brebix ,  8c  non  berbix  ,  furquoi  le 
P.  Henfcheniirs  remarque  ,  Acl.  SS.  Junii ,  T.  I. 
p.  -746,  que  c'eft  la  feule  fois  qu'il  a  rrouvé  ce  mor, 
qui  méritoit  bien  d'être  dans  Du  Cange-,  que  cepen- 
dant il  faut  qu'il  ait  été  autrefois  en  ufage,  puif- 
qu'il  eft  refté  dans  la  langue  françoife.  On  le  voir 
auin  dans  les  Loix  Saliques,  tit.  4,  &  Chifflet  l'in- 
terprète vervex.  En  françois,  il  a  changé  de  genre, 
&  ne  lignifie  proprement  que  les  femelles.  On  dit 
cependant  quelquefois  brebis  en  général ,  &  pour 
l'efpèce-,  6i  un  troupeau  de  brebis ,  quoiqu'il  y  ait 


B  R  E 

des  maies ,  comme  on  dit  mouton  en  général ,  & 
un  troupeau  de  moutons ,  quoiqu'il  y  ait  des  fe- 
melles ,  &  même  en  plus  grand  nombre. 

Brebis  ,  fe  dit  hgarément  des  Chrériens  qui  font  fous 
un  mên-iePafteur,ou  Ibus  le  Chef  de  l'Eglilé.  Jefus- 
Chrift  dit  à  S.  Pierre,  paillez  mes  brebis.  On  le  dit 
aullî  de  ceux  qui  font  fous  le  gouvernemenr  fpirituel 
d'un  Curé,  d'un  Prélar.  Combien  de  brebis  errantes 
&  difperfées,  qu'un  Pafteur  ibigncux  &  vigilant  au- 
roir  ramenées  dans  le  bercail ,  ont  été  malheureu- 
fement  dévorées  par  le  loup  !  El.  Dieu  vous  traite 
comme  fes  brebis  favorires  ,  à  qui  le  fouverain  Paf- 
reur  a  réfervé  fes  plus  fertiles  pâturages.  Id. 

Brebis,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  ^re/vi- 
comptées ,  le  loup  les  mange  -,  pour  dire  ,  que  ce 
yii'eft  pas  allez  d'avoir  compté  fon  bien ,  fon  argent  v 
11  faut  encore  avoir  le  foin  de  le  bien  garder.  On 
dit  auHi ,  quand  on  fe  fait  brebis  ,  le  loup  vous 
mange;  pour  dire ,  que  ceux  qui  font  trop  endurans, 
qui  ne  favent  pas  fe  défendre ,  font  fujets  à  efiuyer 
beaucoup  d'oppreflions  &  de  violences ,  &  qu'il  ne 
faut  poinr  avoir  trop  de  douceur  &  de  condefcen- 
dance.  A  brebis  tondue  Dieu  lui  mcfure  le  vent  ; 
pour  dire ,  que  Dieu  ne  nous  envoie  pas  plus  de 
mal  que  nous  n'en  pouvons  porter.  Faire  un  repas 
de  brebis,  quand  on  mange  beaucoup  fans  boire. 
On  appelle  auHl  ,  une  brebis  galeufe  qu'il  faut  fé- 
parer  du  troupeau ,  une  perfonnc  dont  la  compa- 
gnie eft  dangereufe.  On  a  dit  autrefois ,  brebis  ro- 
gneufe  fait  fouvent  les  autres  teigneufes. 

Alorbidafola  pecus  inficit  omne  pecus. 

Cela  fignifie  que  les  défauts  fe  communiquent  ai- 
fcment.  On  dit  encore ,  brebis  qui  bêle ,  perd  fa 
goulée  ;  pour  dire  ,  que  quand  on  parle  beaucoup  , 
on  perd  le  temps  di'agir.  Et  cela  fe  dit  particuliè- 
rement de  ceux  qui  parlent  tant  à  table  ,  qu'ils 
perdent  le  temps  de  manger.  Quand  brebis  enra- 
gent ,  elles  font  pires  que  loups  ;  pour  dire  , 
que  les  gens  doux  font  les  plus  terribles  quand 
ils  font  en  colère. 

BRÈCHE,  f.  f.  Ouverture  faite  à  quelque  partie  d'une 
clôture  ,  foit  qu'elle  fe  falfe  par  violence  ,  foit  par 
caducité.  Mûri  ruina  ,  pars  dejecla.  Il  faut  réparer 
les  brèches  de  ce  paie  pour  conlérver  le  gibier. 

Ce  m.ot  vient  de  l'allemand  brechen  ,  qui  ligni- 
fie rompre,  dont  on  a  fait  ébréchcr.  Le  rout  eft 
venu  de  brix  ,  ancien  mot  gaulois  qui  s'eft  dit 
dans  le  même  fens. 

Brèiche  ,  en  tennes  de  guerre  ,  fe  dit  de  cette  ou- 
verture qu'on  fait  aux  murailles  d'une  ville  af- 
fiégée ,  par  mine  ,  fappe  ,  ou  coups  de  canon  , 
pour  enfuite  monter  à  l'alfaut.  On  dit  qu'une  bat- 
terie voit  en  brèche  ,  quand  elle  la  découvre  de 
telle  forre  qu'on  puilîé  rirer  delîus  pour  la  défen- 
dre   ou  l'attaquer  ;   que   le  canon   bar  en  brèche. 

gCF  Battre  en  brèche  ;  monter  à  la  brèche,  l^oye:^ 
Battre,  Batterie,  &:  Monter. 

Brèche  ,  s'eft  dit  poétiquement  des  larges  bleflurcs» 

Il  mourut  tout  couvert  &  defang  &  de  flèches , 
Et  fon  ame  fortit  par  plus  de  mille  brèches. 

SCUD  ER, 

Brèche  ,  fe  dir  des  diminutions  ou  ruptures  qui  fe 
font  à  plufieurs  chofes.  Ce  goinfre  a  fût  une  grande 
brèche  à  ce  pâté.  Dans  une  traducfion  de  la  Batra- 
chomyomachie  ,  le  rat  dit  qu'il .  fait 

Faire  brèche  au  fromage ,  &  d'une  adreffe  extrbne  , 
Sans  tomber  dans  le  lait ,  en  enlever  la  crime. 

Il  a  fait  deux  ou  trois  brèches  à  mon  couteau. 
Brèche  ,  fe  dit  figurémenr ,  du  rort ,  du  dommage 
qui  eft  fait  à  quelque  chofe ,  de  la  diminution 
d'un  bien  qui  doit  être  confervé  tout  entier.  La- 
bes  ,  macula.,  detrimentum.  Il  n'y  a  rien  de  lî  dé- 
licat que  la  réputation  ,  il  eft  aifé  d'y  faire  brèche. 
Cette  déclaration  a  fait  brèche ,  a  donne  atteinte 


BPv  E 

aux  ;:irivilc!;es  de  cette  Compagnie.  Les  plus  belles 
pa/îîoîis  s'afl-biblillent  avec  le  temps  -,  chaque  joiit 
y  fait  une  brèche.  S.  EvR.  La  ctainte  etl  la  ère- 
che  par  laquelle  Dieu  entre  par  une  heureufe  vio- 
lence dans  les  cœurs  les  plus  endurcis.  Flech.  Les 
partions  font  les  brèches  de  l'ame  :  c'eft  par-là  que 
tous  les  vices  y  peuvent  entrer.  S.  Evr.  Par  le 
renouvellement  de  vos  vœux  ,  vous  réparerez  avec 
avantage  julques  aux  moindres  brèches  que  l'en- 
nemi peut  avoir  faites  dans  vos  cœurs,  Bourdal. 
Exhort.  T,  I ,  p.  248.  Le  relâchement  s'introduit , 
les  fautes  demeurent  impunies  ,  chaque  jour  ce 
font  de  nouvelles  brèches  qu'on  fait  à  la  règle. 
1d.  //,  p,  557. 

^fT  Voltaire  dans  fes  remarques  fur  le  'Nicoméde 
de  Corneille  ,  à  propos  de  cette  expreffion  faire 
brèche  an  pouvoir  fouverain  ,  obferve  que  faire 
brèche  n'eft  plus  d'ufage.  Ce  n'eft  pas  que  l'idée 
ne  foit  noble  ,  mais  en  françois  toutes  les 'fois 
que  le  mot  faire  n'eft  pas  fuivi  d'un  article  ,  il 
forme  une  façon  de  parler  proverbiale  ,  trop  fami- 
lière. Faire  aflaut ,  faire  force  de  voiles ,  faire  de 
nécelfité  vertu  ,  faire  ferme  ,  faire  altc  ,  ùc.  toutes 
cxpreifions  bannies  du  vers  héroïque. 

Brèche,  f.  f.  Sorte  de  marbre  fort  dur  qu'on  tire 
particulièrement  des  Pyrénées.  Le  fond  en  eft  noir 
avec  des  tâches  &  des  veines  blanches.  Il  eft  aufli 
mêlé  de  veines  jaunes  ,  &  reifemble  à  différcns 
cailloux  congelés ,  &  joints  enfemble.  Ce  marbre  , 
dont  on  a  tiré  des  pièces  de  plus  de  vingt  pieds 
de  long ,  prend  un  poli  merveilleux.  De  la  brèche 
violette. 

IJCF  Brèche  (la) ,  ou  la  Brefche  ,  rivière  de  France  qui 
a  fon  cours  dans  le  Beauvoifis  ,  &  tombe  dans 
l'Oife. 

BRÉCHE-DENT.  adj.  m.  &  f.  A  qui  il  manque  des 
dents ,  particulièrement  fur  le  devant.  Dente  cap- 
tus ,  âentium  parte  minutus ,  mutilus.  C'eft  dom- 
mage  qu'elle  foit  bréche-ient. 

BRÉCHET.  Par  corruption  ,  BRÏCHET.  f.  m.  Le 
devant  de  la  poitrine  où  aboutiflént  les  fept  vraies 
côtes.  Feclus.  En  termes  d'Anatomie  ,  on  l'appelle 
fierniim.  Voy.  ce  mot. 

On  appelle  auiTi  la  poitrine  de  mouton  ,  le  bré- 
chet ,  quand  elle  tient  avec  le  bout  faigneux. 

IJCF  BP.ECHIN ,  i?rfc/z/;î///OT.  Ville  de  rEcolfe  fepten- 
trionale  dans  la  Province  d'Angus  ,  fur  la  ri- 
vière d'Efck. 

BRECIN.  f.  m.  Croc  de  fer.   Uncus  ferreus. 

%Ç3-  BRECKNOKC,  Brechinia.  Ville  d'Angleterre  au 
pays  de  Galles ,  dans  la  Province  de  Brecknockis- 
liire. 

§3-  BRECKNOCKSHIRE.  Province  du  royaume 
d'Angleterre  dans  la  principauté  de  Galles ,  dio- 
cèfe  de  Landaft"  au  couchant  d'Héréfordshire. 

BREDA.  Ville  des  Pays-Bas.  Breda.  Elle  eft  dans  le 
Brabant  Hollandois  ,  &  eft  capitale  d'une  Baronie 
qui  entra  par  le  mariage  dans  la  Maifon  de  Naf- 
fau  Ckange  l'an  1404,  ou  1405.  Ce  nom,  Breda, 
vient  de  breed  ,  qui  en  Hollandois  fignifîe  lars,e , 
&:  à^Aa  ,  qui  eft  le  nom  d'une  petite  rivière  fur 
laquelle  eft  Breda;  apparemment  qu'elle  eft  à  l'en- 
droit le  plus  large  de  cette  rivière.  La  Baronnie 
de  Breda  eft  une  Seigneurie  fort  ancienne ,  qui  a 
pour  bornes  la  Hollande ,  la  Mairie  de  Bolduc  , 
le  Marquilat  de  Hoeftred ,  le  pays  de  Rye ,  cc  la 
terre  du  Prince. 

BREDALER.  v.  n.  Terme  de  fîleufe  au  rouet.  Il  fe 
dit  d'un  fufcau  perce  trop  gros  à  proportion  de 
la  broche ,  &:  qui  fait  du  bruit.  Les  fufeaux  bre- 
dalent  lorfque  la  broche  eft  trop  petite  ,  ou  que 
les  fufeaux  font  percés  trop  gros.  C'eft  un  terme 
Provincial. 
Ip-  BREDENBERG  ,  Bredenberga.  Petite  Ville  d'Al- 
lemagne ,  au  Duché  de  Holftein ,  fur  la  rivière  de 
Scoer ,  dans  le  Stormar.  Quoique  le  vrai  nom  foit 
Breiunbers  ,  l'ufage  eft  pour  Bredcnbers,. 
BREDI-BR.ÉDA.  Expreiïion  budeftpe  pour'  mjirquer 


B  R  E 


ti 


un  gtand,  flux  de  bouche  ,  eu  beaucoup  d'aètivitâ 
dans  l'exécution. 

Il  dit  bredi-breda,  maison  Tie  le  crvi't  r,ucre , 
Qii'il  prejiit  de  l'argent  à  défunt  fon  grand-pere. 

Conu  des  Fabl.  d'Efope,Acl.  5  ,  Se.  3  ,p.  88. 

Je  lui  ai  dit  tolit  Cela  bredi-hreda  ,  ciiofcs  & 
autres  les  plus  belles  du  monde.  Com.  des  Prov. 
Aci.  2,  Se.  5  ,  p.  45.  Le  velà  bredi-bred.i  ,  qui 
commence  à  griller  tout  avaux  les  branches.  Com. 
du  Pédant  joué  j   Acie  1 ,  Se.   5  i,  p.  ir)6. 

BREDINDIN.  f.  m.  Terme  de  Marine ,  eft  une  ma- 
nœuvre ou  palan  amarré  à  l'étai  pour  enlever  de 
médiocres  fardeaux. 

Bredindin  eft  auflî  un  terme  enfantin  ,  dont  on 
fe  fert  pour  exprimer  le  mouvement  &  le  bruit 
que  fait  un  carroffe  ,  une  carriole  ,  ou  uhe  fem- 
blable  voiture.  Les  nourrices ,  en  raifant  fauter  les 
enfans  aiîis  fur  leurs  genoux ,  cormue  s'ils  étoienr 
dans  une  de  ces  voitures,  difent  bredindin,  bre- 
dindin ,    bredindin. 

|)Cr  BREDIR.  V.  n.  Terme  de  bourreliers  par  lequel  ils 
expriment  la  manière  de  joindre  enfemble,  par  1« 
moyen  des  lanières  de  cuir  &  d'un  outil  qu'ils  ap- 
pellent alêne  à  bredir ,  les  différcns  cuirs  dont  ils 
coufent  les  foupentes  ou  autres  grolfes  pièces. 

BREDOUILLE,  f.  f.  On  appelle  au  Tridrac  être 
en  bredouille  ,  quand  vous  avez  gagné  des  points , 
fans  que  celui  avec  qui  vous  jouez  ait  gagné  de- 
puis,  &;  fi  vous  en  gagnez  douze  fans  être  in- 
terrompu, ils  vous  valent  deux  trous  ,  que  l'on 
appelle  partie  bredouille  ,  ou  partie  double.  Ce- 
pendant Ibuvcnt  l'on  prend  douze  points  fans  être 
interrompu  ,  &  même  davantage  ,  &  néanmoins 
l'on  ne  gagne  pas  la  partie  bredouille.  Par  exem- 
ple ,  d'un  coup  de  dé  vous  gagnez  quatre  points. 
Je  jette  le  dé  enfuite  ,  &  fais  un  fonnet  ou  un 
quine ,  qui  me  vaut  (îx  fur  une  dame  que  je  vous 
•  bats  par  palfage  ouvert.  Du  même  coup  vous  ga- 
gnez douze  points  fur  deux  dames  que  je  vous 
bats  par  impuiifance  ou  par  jan  qui  ne  peur.  Vous 
gagnez  ces  douze  points  tout  de  fuite  &  fans  in- 
t?rruption  ;  mais  parce  que  vous  aviez  quatre  points , 
vous  ne  marquerez  qu'un  trou  fans  bouger.  Ces 
quatre  points  que  vous  aviez ,  &  que  j'ai  interrom- 
.  pus  par  les  fix  que  j'ai  gagnés ,  étant  comptés  les 
premiers  fur  les  douze  que  vous  gagnez  iàns  inter- 
ruption ,  de  forte  que  les  quatre  qui  vous  reftent , 
la  partie  limple  marquée  ,  font  cenfés  être  rcftés 
des  douze  derniers  que  vous  avez  gagnés. 

Mais  fi  vous  aviez  huit  points  iimples  ,  &  moi 
autant  en  bredouille ,  &  que  d'un  coup  de  dé  vous 
gagnaffiez  dix  -  huit  points ,  alors  comme  dix-huit 
&  huit  font  vingt-fix  ,  vous  marqueriez  partie  une  , 
deux  &  trois ,  &  deux  points  fur  l'autre  ,  c'eft-à- 
dire ,  que  la  première  partie  fcroit  limple ,  parce 
qu'eHe  feroit  compolce  "des  huirs  points  que  vous 
avicz,&  que  j'avoisintcrrompus,& l'autre  feroitdou- 
ble  ,  l'interruption  que  j'avois  faite  étant  cefîce , 
au  moyen  de  ce  que  vous  avez  effacé  en  marquant 
votre  premier  trou,  les  huit  points ^que  j'avois  en 
bredouille. 

Partie  bredouille.  Quand  un  Jouent  fait  n  points , 
&  qu'il  n'y  a  qu'un  jeton  fur  le  jeu  ,  c'eft  mar- 
que qu'il  gagne  bredouille  ,  il  doit  paffer  un  rrou  , 
&:  mettie  fon  fichet  dans  le  fuivant ,  en  difant ,  par- 
tie une  &  deux.  Quand  les  trois  jetons  font  fur 
le  •         "  ■   -        •  .  ■  ■       ' 


points 


jeu ,  &  que  celui  qui  en  a  deux ,  achevé  douze 
ints  ,  il  gagne  bredouille  ;  parce  que  fi  l'autre 
c  interrompu  fes  points ,  il  lui  auroit  ôté  un  de 
i^^  jetons.  C'eft  ce  qu'on  appelle  oter  la  bredouille  ; 
il  faut  donc  également  paffer  un  trou  ,  &  mettre  fon 
^îchet  dans  le  fuivant ,    en  dilânc  ,    partie  une  & 


deux. 


Rentrer  en  bredouille.    On  fe  fert  de  ce  terme 
land  celui  qui  avoit  été    dcbreiouilk  ,    vicii;  à 


ç|uand  celui  qui  avoit 


Gij 


52  ERE 

taire  un  grand  coup  ,  par  lequel  il  a  de  quoi  mai  V 
quer  trois  trous  à  la  fois.  1 

Gagner  une  partie  grande  hedoiiille    c'cfi:  mar- 
quer "iz  trous  de  fuite,  tandis  que  l'autre  joueur 
n'en  marque  aucun.    Le  premier  qui  commence  a 
marquer  un  ou  plulîeurs  trous ,  n'exclud  pas  l'autre 
du  droit  de  gagner  grande  bredouille ,  pourvu  que 
ce  dernier  t'allè  douze  trous  de  Cuite  l'ans  interrup- 
tion.   La    grande    bredouille  ne  ic  paye  qu'autant 
qu'on  en  eft  convenu  au  commencement  du  jeu  -, 
alors  celui  qui   tait  douze  trous   de  fuite  ,    gagne 
double  en  jeu  ,  c'cft-à-dire  ,  autant  que  s'il  gagnoit 
deux  parties.    Le  premier   qui    commence  a  mar- 
quer ,  n'a  pas  belbin  de  diftinguer  l'on  ficher  -,  mais 
lorfqu'il  eft  interrompu  ,  le  fécond  met  une  mar- 
que .à  fon  ficher ,  qu'on  appelle  cravatte  ;   c'eft  un 
jeton  percé  ,    ou  un  morceau  de  papier  qui  fert  à 
connoître  la  fuite   non  interrompue  de   fcs  trous. 
Cela  s'appelle   entrer  en   bredouille.    Et  quand  le 
premier  peut  à  fon  tour  interrompre  le  fécond  , 
il  lui  ôte  la  «ravatce  ,    &  alors  ni  l'un  ni  l'autre 
n'ont    rien    à  prétendre  fur  la  grande  bredouille. 
Traité  du  Trictrac.  Un  tour  bredouille  ,  c'eft  quand 
on  gagne  i  z  trous ,    ou  partie  de  fuite  -,  &  alors 
on  gagne  le  double  de  ce  qu'on  a  mis  au  jeu  ,    û 
l'ori  en  eft  convenu.  On  appelle  aulH  bredouille, 
le   jeton   d'ivoire  qui  fert  à  marquer  la  bredouille. 
Bb-edouilli.  Quelquefois  Se  en  quelques  endroits  on 
fe  fert  du  mot  bredouille  au  jeu  de  piquet ,  &  ce- 
lui qui  fait  cent  points  avant  que  fa  partie^  en  ait 
cinquante  ,  gagne  la  partie  bredouille  ,  c'eft-a-dire  , 
le  double  de  ce  qu'on  joue. 

On  dit  figurément  ,  qu'un  hom.me  eft  en  bre- 
douille ,  lorVque  fes  affaires  font  en  défordre ,  tk 
que  cela  lui  a  altéré  l'efprit ,  ou  ôte  la  liberté  de 
la  parole  ;  qu'il  ne  fait  ce  qu'il  fait  ou  ce  qu'il 
dit.  On  dit  qu'une  femme  eft  fortie  bredouille  du  bal , 
quand  elle  n'a  point  été  prife  pour  danfer. 

On  dit  d'un  homme  qui  eft  allé  à  des  thèfes  i?our 
y  difputer  ,  qu'il  eft  Ibrti  bredouille  d'un  aéle  ,  d'une 
difpute  -,  pour  dire  ,  qu'il  en  eft  forti  fans  avoir  pii  y 
difputer. 
BREDOUILLEMENT.  f.  m.  Vice  de  langue  qui  em- 
pêche qu'on  ne  prononce  bien  •,  ou  action  de  ce- 
lui qui  bredouille  &  qui  prononce  mal.  Oratio 
llni^uœ  vitio  mudlata ,  prczpedita. 
BREDOUILLER,  v.  n.  Parler  avec  difficulté  ,  ou 
trop  vite  -,  articuler  mal ,  ne  prononcer  pas  les  mots 
allez  diftindlement  pour  fe  bien  faire  entendre.  Ver- 
ba  frangere ,  fermones  interfcindere.  Il  ne  faut  pas 
s'accoutumer  à  bredouiller.  Ce  verbe  ,  qui  eft  neu- 
tre ordinairement ,  eft  auiTi  quelquefois  aiftif,  dans 
le  difcours  familier. 

En  bredouillant  maint  terme  faugrenu  , 

Il  te  fagote  un  compliment  cornu.  S.  Amant, 

BREDOUILLEUR  ,  EUSE  ,  adj.  &  f.  Celui  qui  bre- 
douille, qu'on  ne  peut  entendre  ,' parce  qu'il  parle 
mal  ou  trop   vite.   Q^ui  yerba  frangit. 

tfr  BREF  ,  Brève  ,  adj.  Qui  eft  de  peu  de  durée. 
Brevis.  Bref  eft  relatif  à  la  durée  du  temps. 

^fT  Le  temps  eft  bref.  On  prolonge  le  bref.  On  allonge 
le  court.  On  étend  lefuccint.  M.  l'Abbé  Girard.  Sy  n. 

fj^  Bref  ,  lignifie  quelquefois ,  qui  eft  de  petite  éten- 
due. Ce  commentaire  eft  trop  bref  ;  cela  le  rend 
obfcur.  C'eft  faire  un  mauvais  ufage  de  ce  mot. 

§Cr  On  a  dit  autrefois  bref  pour  petit  ,  de  petite 
taille  ,  mais  ce  mot  n'eft  plus  d'ufage  dans  cette 
lignification  ,  qu'en  parlant  du  Roi  Pépin  ,  qu'on 
appelle   encore  Pépin  le  bref. 

îJCF  Le  féminin  brève  n'eft  guère  ufité  qu'en  parlant 
d'une  fyllable  ,  pour  dire  qu'on  la  prononce  vite 
à  la  difféience  de  celle  qu'on  prononce  lentement. 
Par  exemple ,  la  première  fyllable  de  race  eft  brève , 
&  la  première  fyllable  de  grâce  eft  longue.  Pour 
prononcer  une  brève  ,  il  ne  faut  que  la  moitié  du 
temps  qu'on  emploie  à  prononcer  une  longue ,  ce 
que  les  Grammairiens  expriment  en  ces  termes  •, 
une  irèye  n'a  qu'un  temps  ,  Se  une  longue  en  a 


BR  E 

deux.  Le  mot  brève  dans  ce  fens ,  s'emploie  ttès-fou- 
vent  comme  fubftantif.  Dans  les  livres  de  Profo- 
die  latine ,  les  brèves ,  ou  fyllables  brèves  fe  mar- 
quent par  une  cfpèce  d'v  confonne  que  l'on  met 
fur  la  voyelle  brève. 
§Cr  On    dit    proverbialement   &    figurément    qu'un 
homme  fait  les  longues  &  les  brèves  de  quelque 
choie,  pour  dire  qu'il  en  fait  toutes  les  particu- 
larités -,  &  qu'on  lui  a  fait  obferver  les  longues  £•: 
les  brèves  ;  pour  dire,  qu'on  lui  a  fait  exécuter  ponc- 
tuellement tout  ce  qu'on  lui  avoit  prefcrit.  On  dit 
aulfi  -,  de  fou  juge  ,  brève  fentence ,  parce  qu'un  mau- 
vais juge  prononce  bien  vite  &  ians  être  fuffilàm- 
ment  inftruir.  C'eft  le  dire  d'Ariftotc ,  qtn  adver- 
tit  ad  podica  ,  facile  judicat. 
^fj-  Bref  adv.  Enfin  :  pour  le  dire  en  peu  de  mots. 
Br éviter.  Après  quelques  propos ,  on  dit  bref'û  n'en 
fera  rien.  On  dit  auffi  en  bref,   pour  dans  peu  de 
temps.  Ce  mot  eft  du  ftyle  familier.  On  dit  auUi 
familièrement  ;  parler  bref,  pour  dire  avoir  une  pro- 
nonciation trop  prompte ,  rrop  précipitée. 
%fT  Bref  ,   état  de  compte  •  terme  de  commerce  : 
compte  abrégé ,   qui  n'eft  pas  drelîé  &  rendu  en 
forme. 
Bref.  f.  m,  eft  une  lettre  que  le  Pape  écrit  aux  Rois , 
Princes  ou  Magiftrats,  fur  quelques  alfaires  publi- 
ques.   Surnmi  Pontificis  diploma ,  epijlola  ,    brève. 
On  peut  appeller  comme  d'abus  des  brefs  du  Pa- 
pe ,  lorfqu'ils  font  contre  les  libertés  de  l'Ëglife  Gal- 
licane.   Il  y  a  à  Rome  des  Ofliciers  qui  font  les 
Secrétaires  des  brefs.  On  définit  unirtf/'Apoftoliquc , 
un  refcript  émané  du  Pape ,  ou  du  grand  Péniten- 
cier ,  fur  des  affaires  brièves  ,  légères  &  fuccinc- 
tes ,  expédie  ordinairement  en  papier ,  fans  prélace  , 
&  fans  préambule.    Le  Pape  ne  le  foufcrit  point. 
Les  btefs  qui  s'expédient  par  la  Dateiie  &  Secre- 
tairerle   font  aulli  quelquefois  fur  du  parchemin  , 
&  fcellés  de  cire  rouge  du  fceau  du  Pêcheur ,  qui 
eft  un  cachet  fur  une  bague  où  S.  Pierre  eft  re- 
préfcnté  dans  une  barque  en  état  de  Pêcheur  :  il 
ne    s'applique    qu'en  la  préfcnce  du  Pape.    Il  y  a 
cette  différence  entre  le  brefSs.  la  Bulle ,  c'eft  que 
la  Bulle  eft  plus  ample ,  qu'elle  s'expédie  roujours 
en  parchemin  ,    &  qu'elle  eft  fcellée  de  plomb  , 
ou  de  cire  verte.  Le  bref  eft  foufcrit  du  nom  du 
Secrétaire  ,  &  non  pas  du  nom  du  Pape  ;  fon  adrelfe 
eft  fur  l'envers.  Il  contient  en  tête  le  nom  du  Pa- 
pe ,  féparé,  &  après  Dileclo  filio  falutem  &  apojlo- 
licam  benediciionem  ,  ùc.  A  notre  cher  fils  faîftt  & 
bénédidlion  apoftolique  5  &  enfuite  fans  préambule  , 
11  explique   fimplement  ce  que  le   Pape    dit  ,    ou 
accorde.    Voy.    Bulle. 

Le  Pape  Alexandre  VI,  a  beaucoup  amplifié  la  ma- 
tière des  brefs  ,  &  c'eft  lui  qui  a  inftitué  le  Collège 
des  Secrétaires.  Autrefois  les  brefs  ne  regardoient 
que  les  affaires  de  Juftice  -,  aujourd'hui  on  les  accorde 
pour  des  grâces ,  pour  des  difpenfes.  Voye:{^  M.  Au- 
boux  dans  la  Véritable  Pratique  Civile  ù  Criminelle 
pour  les  Cours  Eccléjîafliques ,    Sfc. 

Ce  mot  vient  de  brevis  ,  ou  brève ,  qui  ^e  trouv» 
dans  les  Anciens  pour  fignifier  écrit  ,  ou  Lettre  , 
comme  on  le  peut  voir  dans  les  ^cla  SS.  JÎpril. 
T.  I ,  p.  415.  Nos  ancêtres  difoient  brief;  &  en 
allemand  on  appelle  encore  à  préfent  brief  une 
lettre  miffive.  De-là  eft  aulTi  venu  le  mot  de  bre- 
vet. MÉNAGE. 
Bref,  en  plufieurs  coutumes  ,  fe  dit  des  lettres 
de  Chancellerie  qu'on  obtient  poui  intenter  aClion 
contre  quelqu'un  ;  on  pour  être  maintenu  ,  ou  pour 
rentrer  en  poflellion  d'un  héritage  ,  ou  pour  quel- 
qu'autre  raifon.  On  fe  fervoit  autrefois  du  mot 
bref  ,  pour  toutes  les  acflions  qu'on  inrentoit  en 
Juftice.  Cet  ufage  s'eft  confervé  en  Angleterre. 
Bref  ,  eft  aullî  un  petit  Calendrier  eccléfiaftique  , 
qui  contient  l'ordre  de  réciter  l'Office  divin  cha- 
que jour  de  l'année  ,  &  félon  le  Rir  de  chaque 
Diocèfe  ou  ordre  Monaftique.  Ordo  recitandi  Of- 
ficii  divini^  Le  bref  de  Rome.  Le  bref  de  Paris.  Le 
bref  des  Béncditlins,  fp"  Dans  plufieurs  endroits  on 


B  R 


T7 


JB  R  E 


dit  un  direBoire.    On  dit  auiii  par  ironie  &  dans 
le  ftyle  burlelque  un  guidc-ùne. 
Bref  ,  en  termes  de  Marine ,   le    dit    en    Bretagne 
d'un  congé  qu'on  eft  oblige  de  prendre  pour  na- 
viger ,  qui  eft  de  trois  Ibrtcs.  Refcriptum.  Le  href 
de  fauveté  ,  qui  i'e  donne  pour  être  exempt  du  droit 
de  bris,  Fuye^  d'Argentré ,  Hijt.  de  Bret.  L,  I ,  p. 
ICI  ,  qui  ajoute  que  s'il  arrive  qu'on  le  brife  ,  &c 
que  dans  les  deux  prochaines    marées   après    être 
brilcs  5  on  prenne  ces  l>refs  des  Fermiers  lIcs  ports 
&  havres ,  on  eft  en  lureté  de  droit  de  bris ,  mais 
non  pas  des  larrons ,  à  qui ,  pour  le  droit  de  lau- 
veté  ,  on  adjuge  le  dixième  de  ce  qu'ils  fauvent. 
Les  Ducs  de  Bretagne  donnoient  autrefois  des  brefs 
pour  la  mer ,  &:  ceux  qui  les  prenoient,  ctoient  à 
couvert  du  droit  de  lagan  ,  ou  de  bris.  Lobineau  , 
Hiji.  de  Bret.  T.  I ,  p.  848. 

Le  fécond  étoit  un  bref  de  conduit ,  pour  être 
conduit  hors  des  dangers  de  la  côte.  Les  anciens 
Vicomtes  de  Léon  donnoient  auHi  des  fceaux  , 
que  l'on  appeloit  de  conduit ,  parce  qu'ils  étoient 
obligés  de  faire  conduire  les  vailicaux  de  difFcren- 
tes  nations  qui  paifoient  au  Raz  de  S.  Mahé.  Et 
ceux  qui  ne  prenoient  pas  ces  fceaux ,  les  Vicom- 
tes étoient  en  droit  de  les  pourfuivre  comme  en- 
nemis. Id.   au  mime  endroit. 

Le  trciiième,  bref  de  victuailles^  pour  avoir  li- 
berté d'acheter  des  vivres.  On  les  appelle  aulfi 
irieux  ;  &  on  dit ,  parler  aux  htbrieux  ;  pour  dire  , 
obtenir  ces  brefs.  Marie  de  Bretagne  prétendoit  de 
grands  droits  fur  les  brefs  de  Bourdeaux  Se  de  la 
Rochelle  ,  contre  fon  neveu  Jean  III ,  Duc  de  Bre- 
tagne. Le  Duc  de  Bretagne  avoit  à  Bourdeaux  un 
Clerc  qui  tenoit  fon  fceau  pour  délivrer  des  brefs 
aux  Marchands  de  Gafcogne  ,  &  autres  qui  trafî- 
quoient  fur  les  côtes  de  Bretagne.  D'Argentré. 
Brève  ,  en  termes  de  mullque  ,  eft  une  note  blanche 
figurée  comme  un  carré  fans  queue ,  qui  vaut  deux 
mcfures. 
■Brève.  C  £•  Terme  de  monnoie ,  qui  fe  dit  de  cha- 
que fonte  des  monnoies ,  &c  des  flans  ,  carreaux  ,  ou 
efpèces ,  qu'on  donne  aux  ouvriers  pour  les  tailler  , 
pefer  ,  ajuftet  ,  &  y  mettre  toutes  leurs  façons.  On 
les  donne  au  poids  &c  par  compte  ,  pour  les  rendre 
enfuite  au  Maître  de  la  monnoie  toutes  façonnées. 
On  les  appelle  ainlî ,  à.  caufe  que  le  Prévôt  des  ou- 
vriers Se  des  monnoyers  en  fait  un  petit  regiftre  ou 
bordereau  ,  ou  brève  écriture. 
BREGENTZ.  f  m.  Nom  d'une  ancienne  ville ,  voifine 
d'Ârben  ,  bourg  lîtué  fur  le  lac  de  Confiance.  Bre- 
gentium.  Bresent^  étoit  placé  dans  un  lieu  fertile  &c 
agtéable  ,  environné  de  montagnes. 
BRÉGIN.  f  m.  Efpèce  de  filet  en  ufage  fur  la  Méditer- 
ranée ,  dont  les  mailles  font  fort  étroites.  Il  eft  atta- 
ché à  un  petit  bateau  ,  &  on  le  traîne  fur  les  fables. 
BREHAIGNE.  adj.  f.  Femelle  qui  ne  conçoit  point  , 
qui  eft  ftérile.  Sterilis.  Il  y  a  des  brebis  bréhaignes  , 
&  d'autres  qui  font  portières.  Nicot.  On  ap- 
pelle proprement  une  carpe  bréhaigne  ,  celle  qui 
n'a  ni  œuf  ,  ni  laitte.  On  dit  aufli ,  une  biche  bré- 
haigne ;  IJCr  quelques-uns  difent  brehagne  qui  n'en- 
gci"idre  point.  Le  peuple  le  dit  quelquefois  au  fubl- 
tantif  ,des  femmes  ftériles ,  c'eft  une  brehagne. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'anglois  barren  ,  qui 
fignifie  zuffifleri/e.  D'autres  le  dérivent  deperania , 
cjuajl  fenio  à  partu  exacla.  Du  Cange  de  brana  , 
qui  fignifie  \xr\t  jument  flérile.  Il  vient  plutôt  du  bas- 
breton  ,  où  l'on  dit  bréhaing  dans  le  même  fens. 
BREHIS.  f.  m.  Animal  qui  n'a  qu'une  corne  fur  le 
front ,  Se  qui  fe  trouve  dans  l'Ile  de  Madagafcar.  Il 
eft  fort  fauvage  ,  auffi  gros  qu'une  chèvre ,  &  fe 
tient  particulièrement  dans  la  Province  d'Afianacle. 
D^F  BREISICH.  Petite  ville  d'Allemagne ,  au  Duché 

de  JuLiers ,  fur  le  Rhin ,  vis-à-vis  d'Huningen. 
BRELAN,  f.  m.  Ludus  aleatorius  quo  ternis  luforiis 
foliis  luditur.  Jeu  de  cartes  qu'on  joue  à  trois ,  qua- 
tre &  cinq  perfonnes.  On  y  donne  trois  cartes  à  cha- 
cun ,  après  en  avoir  ôté  les  plus  petites  jufqu'à  fept 
inciufiveiïient;.  On  y  fait  plufieurs  enchères  à  l'envj 


T? 


j      les  uns  des  autres.  Avoir  brelan  ,  c*eft    avoir  trois 
cartes  de  même  figure  ou  de  même  point ,  trois  as 
trois  rois ,  trois  dix,  &c. 

On  appelle  brelan  favori ,  le  brelan  qu'on  a  dé- 
claré au  commencement  du  jeu  ,  qui  fe  payeroit 
double  ;  Se  brelan  quatrième,  lorfque  la  carte  qui  re* 
tourne  eft  de  même  forte  que  les  trois  qu'un  des 
joueurs  a  dans  la  main.  Acad.  Fr. 
IJC?  On  écrivoit  autrefois  berlan  ;  plufieurs  pronon- 
cent encore  ainfi.  Il  faut  écrire  &  prononcer  brelan. 

D'écoliers  Hier  tin  s  une  troupe  indocile 

t^a  tenir  quelquefois  un  brelan  défendu.  Boil, 

Brelan  ,  fe  dit  auffi  d'une  académie  ou  maifon  où  l'on 
donne  publiquement  à  jouer  aux  dés  ou  aux  cartes. 
Ludus  aleatorius  ,  forum  aleatorium.  Les  brelans 
font  défendus  par  la  Police. 

Brelan  ,  fe  dit  aulfi  fort  fouvent  par  mépris ,  de^  mai- 
fons  des  particuliers  où  l'on  joue  trop  Ibuvent,  ZJo- 
mns  aleatcribus  referta.  Sa  maifon  eft  un  vrai  brelan. 

BRELANDER.  V.  n.  Jouer  aux  dés  ou  aux  cartes 
avec  allîduité -,  ne  bouger  des  académies  de  bre- 
lan. Aleam  exercere ,  perpétua  in  aléa  verfari. 

BRELANDÎER.  f.  m.  Joueur  de  pcofeirion  qui  fré- 
quente les  brelans.  Aleator.  Ce  mot  emporte  aulli 
quelque  forte  de  mépris  •■,  Se  on  ne  l'emploie  guère 
que  lorfque  l'on  veut  blâmer  quelqu'un  de  ce  qu'il  eft 
trop  adonné  au  jeu.  Cet  homme  n'cft  qu'un  brelan- 
dier.  On  le  dit  de  même  d'une  femme  brelandiïre. 

BRELANDINIER  ,  ERE ,  f.  m.  &  f.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  aux  marchands  &  ouvriers  qui  n'ont 
point  de  boutique  ■-,  mais  qui  étalent  au  coin  des 
rues  ,  fur  des  planches ,  ou  dans  une  boutique  porta- 
tive ,  que  l'on  conftruit  tous  les  matins ,  &  que 
l'on  détruit  tous  les  foirs. 

BR.ÉLE.  f  f.  Petite  rivière  qui  fépare  la  Norman- 
die d'avec  la  Picardie.  En  latin  Brifela,  mot  dé- 
rivé du  celtique  Brei:;^,  qui  fignifie  un  maquereau 
Se  une  truite.  Cette  rivière  en  elfet  abonde  en  trui- 
tes ,  fur-tout  du  côté  d'Aumale.  Les  Francs  lui 
avoient  donné  le  nom  d'Où ,  Au ,  ou  Eu.  Mais 
l'ancien  nom  de  Br^Ie  a  prévalu.  Defcript  Géogr. 
&   Hift.  de  la  Haute-Norm.   T.  I.  p.  i  ,  ^i  ,  4^. 

BRELIN.  f.  m.  Nom  d'une  forte  de  coquillage,  f^oye^ 
COQUILLAGE. 

BRELINE.    ^^oyei   Berline. 

BRELIQUE-BRELOQUE.Adv.dontonne  fepeut  fer- 
vir  que  dans  le  ftyle  bas  Se  populaire,  Se  qui  fignifie  , 
inconfidcrément.  Se  fans  y  regarder  de  près.  Temeri  , 
inconfulté,inconfider ati.  Il  fait  czl^brelique-breloque. 

BRELLE.  f.  f.  C'eft  le  nom  que  les  Matchands^  de 
bois  carré  donnent  à  une  certaine  quantité  de  pièces 
de  bois  liées  cnlemble,  en  forme  de  petit  radeau. 
Il  faut  quatre  ^re/Zi^J  pour  faire  un   train  complet. 

BRELOQUE.  Quelques  gens  difent  BRELUQUE.  f  f. 
Bagatelle ,  ou  curiofité  de  peu  de  valeur.  Frivola. 
Les  curieux  qui  vont  voir  des  cabinets  où  il  n'y 
a  point  de  pièces  rares,  difent,  pour  les  mcpri- 
fer ,  qu'il  n'y  a  que  des  breloques.  Du  Cange  dé- 
rive ce  mot  de  bulluga ,  qui  eft  une  efpèce  d'a- 
tome ,  ou  de  petite  pomme  ,  dont  il  eft  parlé  dans 
la  vie  de  S.  Colomban  ,  qui  fert  de  comparaifon 
à  toutes  les  chofes  dont  on  veut  marquer  la  pe- 
tite/Te ,  ou  le  peu  d'importance. 

On  appelle  perite  breloque ,  l'efpèce  de  bouti- 
que ,  que  les  petits  merciers  portent  avec  eux  , 
ou  devant  eux  dans   les  rues. 

BRELUCHE.  f.  f.  efpèce  de  droguer ,  éto.fe  mcjee 
de  fil  Se  de  laine.  Les  breluches  ont  la  trame  de 
laine  Se  la  chaîne  de  fil  -,  elles  ont  demi  -  aun.3 
de  large ,  fur  vinst-cinq  aunes.,  Se  jufqu'a  67  aunes 
de  longueur.  Les  breluckes  approchent  fort,  pour 
la  qualité  Se  le  prix ,  de  certains  droguets  qui  fe 
font  à  Verncuil  au  Perche. 

BRÈME,  f.  £  Poilfon  d'eau  douce  rcffemblant  a  une 
carpe ,  mais  qui  eft  plus  plat ,  Se  qui  a  de  plus 
grandes  écailles.  Cyprinus  lattis  ,  Brema.  Sa  tête 
eft  petite ,  Se  a  deux  nageoires  auprès  des  ouïes  , 
&  deux  awtres  au  milieu  du  ventre.  Ce  poiffon  le 


T4 


B  RE 


fe  plaît  dans  les  eaux  dormantes ,  &  fe  nourrît  d'her- 
be ,  de  bouc ,  &  d'ordure.  Sa  chair  cft  molle ,  grallc 
&c  excrcmcntculc.  Quelques-uns  dilenc  brame. 
Brème,  ou  Brame  de  mer,  Poiflbn  de  mer  qui  ne 
s'écarre  i^ucre  du  bord ,  qui  eil  environ  de  la  lon- 
gueur d'une  coudée.  11  a  le  corps  fbrr  large.  Il 
cft  de  plulieurs  couleurs ,  lelon  les  diifercnrcs  par- 
ties. Le  dos  eil  d'un  bleu  tuant  llir  le  noir  \  les 
côtés  argentés-,  &  le  ventre  eft  d'une  couleur  de 
lait.  Il  a  le  tour  des  yeux  doré  :  ce  qui  a  fait  ap- 
peler ce  poifTon  Aurata  parmi  les  Latins. 
BREME  ,  ou  Bremem.  Nom  de  ville.  Brema.  Brèrm 
eft  une  ville  d'Allemagne  dans  le  Cercle  de  la  Bafle- 
Saxe  •,  elle  eft  capitale  d'un  Duché  de  même 
nom ,  Sri  iur  le  Wel'er ,  qui  la  Icpare  en  deux.  Brème 
eft  une  ville  anfcatique.  Elle  a  eu  un  Archevêché 
fondé  en  7S7  ,  par  S.  Bonitace  -.  il  fut  réduit  en  Eve-- 
chc  fulfraganr  de  Cologne  en  895.11  a  été  fupprimé 
par  la  paix  de  Weftphalie.  Brème  a  prétendu  être 
ville  Impériale  ,  &c  Ferdinand  lïl ,  lui  confirma 
ce  titre  l'an  i6a^6;  mais  les  rois  de  Suéde  s'y  l'ont 
oppolcs  ,  &  ont  foûtenu  qu'elle  devoit  dépendre 
d'eux  ,  comme  Ducs  de  Brème.  Il  y  a  en  latin  une 
Hiftoire  Eccl.  de  Brème  par  Adam,  Chanoine  de 
Brème,  in-40.  à  Coppenhague  en  1579. 

Le  Duché  de  Brème;  Bremenjis  Ducatus ,  Prc- 
vince  de  la  Bafîe-Saxe ,  enrre  le  Wcfer  S<.  l'Elbe , 
dont  l'Archevêque  de  Brème  étoit  Seigneur ,  mais 
qui  à  la  paix  deWeftphalie,  fut  fécularifée  &c  cédée 
à  la  Suéde.  L'Eleéîeur  d'Hanover  eft  à  préfent 
en  polfeiîlon  de  ce  Duché. 
gCF  BREMERFER.de  ,  BREMERFURDE  ,  BRE- 
MERVERDE ,  ou  BREMERVORDE.  Petite  ville 
d'Allemagne  ,  au  Duché  de  Brème ,  fur  la  rivière  de 
rOoft,  aurrefois  réfîdence  de  l'Archevêque. 
|3-  BREMGART ,  ou  BREMGARTEN.  Bremogar- 
tum.  Petite  ville  de  Suifle ,  fur  la  rivière  de  Rulf, 
entre  Baden ,  Soleure ,  Zurich  &  Lucerne ,  autrefois 
libre,  appartenant  aujourd'hui  aux  huit  anciens 
Cantons. 
BREN.  f.  m.  Vieux  mot.  Ordure.  Stercus,  C'eft  de-là 

que  vient  breneux. 
BRENÊCHE.  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  Nor- 
mandie au  poiré  nouveau  dans  le  temps  qu'il  eft  en- 
core doux.  La  brenèche  eft  adcz  agréable  à  boire  •,  les 
femmes  l'aiment  beaucoup  i  ceux  du  pays  du  vin  en 
boivent  même  avec  délices  ,  &  on  leur  perfuade  ai- 
fement  que  c'eft  du  vin  doux. 
BRENEUX ,  EUSE.  adj.  Ce  mot  fe  dit  par  le  menu 
peuple  ;  pour  dire  ,  fali  de  matière  fécale.  Stcrcore 
ohlitus ,  illitus. 
BRENNE.  Pays  de  France ,  partie  en  Tourraine ,  partie 
en  Berry,  &:  partie  en  Poitou.  Brenenjls  ,  ou  Brio- 
nenjîs  a?er. 
tp-  BRENNE.  Ville  de  Picardie.  Foye^  Braine. 
§CF  BRENNKIRCHEN.  Petite  ville  de  la  balfe  Au- 

triciie ,  fur  les  frontières  de  la  Hongrie, 
la-  BRENSKI.  Ville  de  RuiHe,  dans  la  principauté 

de  Severie ,  fur  la  Dezna. 
BRENTE.  f.  f.  en  italien  Brenta.  Mefure  des  liquides 

dont  on  fe  fcrt  à  Rome.  Elle  eft  de  ^6  bocales. 
^  BRENTFORD.  Ville  d'Angleterre ,  dans  le  Comté 

de  Midlefex  ,  fur  la  Tamife. 
^  BREOULS ,  ou  BREOULX.  Breulia.  Petite  ville 
de  Provence,  vers  les  confins  du  Dauphiné,  à  quatre 
lieues  d'Embrun. 
BREQUIN.  f  m.  Outil  d'artifan  qui  fertà  percer.  ?p=" 
C'eft  la  même  chofe  que  vilbrequin,  ou  virebrequin. 
Terebra  arcuato  manubrio  injlrucla.  Le  brequin  eft 
proprement  la  partie  du  vire  brequin,  qu'on  appelle 
la  mèche. 
^  BRESCAR.  Ville  d' Afrique ,  au  Royaume  de  Tre- 

mccen,  dans  la  Province  de  Tenez. 
BRESCIA.  Ville  épifcopale  d'Italie',  capitale  du  Bref- 
fan  ,  dans  l'Etat  de  Vehife.  Brixia ,  Brefcia.  Les  hif- 
roircs  fabuleufes  font  Hercule  fondateur  de  Brefcia  ; 
d'autres  un  nommé  Brinom  ,  d'où  elle  fut  appelée  la 
Brincmie.  Il  la  bâtit  premièrement ,  difcnt-ils ,  fur  le 
bord  du  laç  de  Garde,  piys  la  tranfporta  oix  elle  eft 


B  RÉ 

maintenant ,  au  pied  d'une  montagne ,  &  changea 
fon  nom  en  celui  de  Brixia.  Les  autres  l'attribuent 
aux  Troyens  qui  vinrent  en  Italie  avec  Ence,  qui, 
félon  euic ,  l'appelèrent  Altilie ,  comme  s'ils  avoient 
dit  Alterum  llium ,  une  autre  Troye.  Mais  Tite-Live, 
Liv.  V y  dit  plus  hiftoriquement  que  les  Cénomans 
en  furent  les  premiers  Fondateurs  -,  mais  peut-être  , 
dit  Vigenère ,  qu'ils  ne  firent  que  l'agranair.  Foye?^ 
cet  Auteur ,  Annot.  fur  Tite-Live ,  T.  l.p.  1757 ,  6, 
qui  dir  roujours  Brejfe  ,  auifi-bien  que  beaucoup  d'au- 
tres. Ainli  l'ufage  eft  autant  pour  Brejfe  ,  que  pour 
^rt^yl-ia.  Eliat  Carroloa  écrit  l'hiftoire  de  Brejfe  en 
douze  livres ,  &  Odavio  Roifi  les  Mémoires  de 
Brejfe,  le  Memorie  Breff'ane ,  in-j° ,  à  BrelTe  en 
1616,  &:  réimprimés  au  même  endroir  ^/2-4"  en  1595, 
avec  les  additions  de  Fortunato  Vinacceii.  Cette  édi- 
tion eft  la  plus  ample  &  la  meilleure. 

{K?  BRESCOU  j  (  le  )  Brefcovia.  Château  fur  un  ro- 
cher ,  dans  une  petite  Ile  fie  la  Méditerranée ,  à  une 
lieue  d'Asrde ,  au  bas  Languedoc. 

BRÉSICATE.  f  f.  Efpèce  de  revêche  dont  il  fe  fait  quel- 
que commerce  avec  les  Nègres ,  qui  Ibnt  aude-là  de 
la  rivière  de  Gambie ,  jufqii'à  celle  de  Serre-Lionne. 
Les  meilleures  pour  ce  négoce  font  les  bleues  &  les 
rquffes. 

BRÉSIL.  Grande  contrée  de  l'Amérique  méridionale, 
le  long  de  fa  côte  orientale.  Brajilia.  Alvarez  Cabrai, 
Portugais ,  appelle  le  Brejil,  la  urre  de  f  aime  Croix, 
parce  que  ce  fat  le  jour  de  cette  tête  qu'il  la  décou- 
vrit en  1500,  OUI 501.  Les  Hollandois  fe  laifircnt 
d'une  partie  de  ce  pays  l'année  i(îi9  &:  les  fuivantes. 
Leur  Commandant  le  rendit  aux  Portugais  par  un 
traité  l'an  1(^54.  Ce  traité  fut  rariné  en  \G6\.  Quel- 
ques-uns divifent  le  Bréjil  en  méditerranéen  &  en 
maritime.  Les  Portugais  font  maîtres  du  Bréjil  mm- 
rime ,  qui  contient  douze  cens  lieues  de  côtes ,  que 
les  Portugais  partagent  en  quatorze  Capitainies  oa 
Gouvernemens.  Les  Sauvages  occupent  le  Brejzlmé- 
diterranéen  ,  8c  l'on  y  diftingue  jufqu'à  foixante  ôc 
feize  Nations.  Le  Brefil  s'étend  depuis  le  deuxième; 
degré  de  latitude  auftcale ,  jufqu'au  quarante-cin- 
quième ■■,  ce  qui  tait  1075  lieues,  en  donnant  15  lieues 
au  degré. 

On  a  écrit  quelquefois  Brajil  ;le  P.  Bouhours  pré- 
tend même  que  Brafîl  i'c  dit  plus  communément  en 
parlant  du  pays.  L'ufage  a  changé  ,  &  l'on  dit  aujour- 
d'hui ,  pour  le  moins  auiTi  communément,  Brèfil , 
que  Brafil.  M.  de  la  Neuville  ^  dans  fon  Hifl.  du 
Portugal,  écrit  toujours  5/-e/?/;  mais  on  dit  Braji~ 
lien  ,  comme  nous  l'avons  mis  en  fa  place  ,  &  non 
pas  Bréjilien.  Ce  nom  a  été  donné  à  cette  contrée  , 
parce  qu'elle  produit  une  très-grande  quantité  de  bois 
rxommcBréJîl.  Car  ce  n'eft  point  ce  pays  qui  a  donné 
ce  nom  au  bois ,  puifqu'il  eft  certain  que  long-temps 
avant  la  première  découverte ,  non  -  feulement  du 
Brcfil ,  mais  de  l'Amérique,  ce  bois  s'appeloit  Brcjil, 
comme  il  paroît  par  le  Diélionnairc  hébreu  de  Rabbi 
David  Kimhhi  ,  appelé  Sepher  Schorafchim  ,  Liv. 
des  Racines.  Car  cet  Auteur ,  qui  vivoirfur  la  fin  du 
XÏPfiècle  ,  &au  commencement  duXIIP  ,  dit  à  la 
racine  Tii/S,  &  la  racine  Q^V,  que  quelques-uns  pré- 
tendent que  le  bois,  que  l'écriture  appelle  a'UjV^  , 
algumin,  &c  une  fois  tz:UoVi? ,  almiighim,  eft  le 
bois  de  teinture  que  les  Arabes  appellenr  t^piVîi  , 
albakam ,  &  qu'on  nomme  en  langue  vulgaire  Bréjil. 
Et  le  Géographe  Perfien ,  ciré  par  M.  d'Hcrbelot  au 
mot  Bacam ,  qui  eft  celui  que  les  Arabes  donnent  à 
ce  bois ,  aufîî-bien  qu'Edrciîï  dans  le  troifième  climat, 
écrivent  que  l'on  trouve  cet  arbre  dans  les  Iles  de 
Rami ,  de  Lameri ,  &  de  Kaulan.  Perceval  a  dit  ; 

Ckemifes  Ù  brayes  de  chancil 
Et  chauffées  teintes  en  bréfil. 

Linfchot  a  donné  la  dcfcription  de  la  terre  du 
Brejil.  Jarric ,  Liv.  IIL  Hcrrcra,  c.  îî  ,  Barlé  & 
M.  de  la  Neuville ,  Hiji.  de  Port.  Liv.  V.  p.  69.  Oro- 
fins  ,  Liv.  IJ.  Maffé  dans  VHiJi.  des  Indes ,  en  ont 
auifi  parlé.  Emaianusl  Mordis  a  écrit  di  Kib,  Brajil, 


B  R  E 

&  Edouard  d'AIbuqueiqae ,  Guerra  iel  Brejil.  Nous 
avons  en  François  l'hilloire  d'un  voyage  fait  en  la 
terre  du  Brejil,  autrement  dite  Amérique ,  recueillie 
fur  les  lieux ,  par  Jean  de  Lcry. 
BRESIL,  f.  m.  Bois  rougç  &  pelant ,  qui  eft  fort  Çcc  ,  Se 
qui  pétille  beaucoup  dans  le  feu,  où  il  ne  fait  preP 
que  point  de  fumée ,  à  caufe  de  fa  grande  i'échereiîè. 
BrajUicum  ligniun.  On  peut  voir  au  mot  Brésil, 
nom  de  Contrée  ,  que  ce  bois  n'a  point  été  ainli 
nommé,  parce  qu'il  a  été  d'abord  apporté  du  Brclîl, 
&  qu'il  ié  nommoit  ainli  avant  la  découverte  de  l'A- 
mérique ,  &  l'on  lie  liiit  d'où  -il  a  pris  Ton  nom.  Les 
Arabes  l'appellent  Bacam ,  £c  le  Géographe  Perlien  , 
aulfi-bien  qu'Edreifi  ,  cites  par  d'Herbelot,  difent 
que  fes  feuilles  font  Icmblables  à  celles  du  jujubier  ■■, 
que  fon  bois  eft  extrêmement  rouge  ;  que  fes  racines 
font  un  excellent  remède  contre  la  moriùre  des  vi- 
pères; S-c  que  la  ville  de  Caulem  ,  à  la  côte  de  Ma- 
labar ,  eft  iituée  dans  une  plaine  qui  en  eft  toute  cou- 
verte ,  auili-bien  que  l'Ile  Ramy.  /''ojt?^  d'HERBELOx 
à  ces  mots. 

Quelques  Teinturiers  s'en  fervent  pour  les  teintu- 
res :  néanmoins  il  eil  défendu  par  les  Réglemens  -,  & 
on  l'appelle  un#fauiîe  couleur,  parce  que  fon  rouge 
s'évapore  tacilement.  Néanmoins  le  rouge  incarnar, 
la  rofe  féche ,  &  les  canclas ,  font  teints  avec  du  /^réfil 
&  bois  d'Inde  ■■,  &:  les  violets  font  montés  de  /^réfil  Se 
d'orfeille,  puis  paffés  fur  la  cuve  d'Inde.  Les  acides 
changent  le  /^ré/i/  en  jaune  \  mais  fi  on  y  met  quel- 
que alcali ,  il  deviendra  de  couleur  de  pourpre  :  de 
forte  que  ii  on  met  du  citron,  ou  du  vinaigre  dillillé 
dans  la  décoélion  du  brèjil,  il  deviendra  jaune;  fi  on 
y  met  enlùire  de  l'huile  de  tartre ,  il  fe  changera 
en  violet ,  de  même  fi  on  y  met  du  bois  d'Inde. 
L'arbre  du  bois  de  hréfil  qui  s'appelle,  dit  M.  de  la 
Neuville,  Arahouten,  dans  l'Amérique,  eft  fort  gros 
&  fort  grand,  garni  de  longues  branches ,  qui  font 
chargées  d'une  quantité  prodigieufe  de  petites  feuil- 
les à  demi  rondes,  d'un  très-beau  vert  luifint,  après 
lefquelles  naiifent  les  fleurs,  qui  font  d'un  rrès-  beau 
rouge  ,  Se  d'une  odeur  très-agréable  ,  du  refte  fem- 
blables  à  celles  du  muguet  ;  de  ces  fleurs  il  fort  des 
fruits  plats ,  dans  chacun  delquels  il  y  a  deux  aman- 
des plates ,  femblables  aux  graines  de  citrouilles. 
Cet  arbre  â  une  grande  quantité  d'aubourg  qu'on 
ôte,  aulfi-bien  que  les  branches ,  avant  que  de  l'en- 
voyer en  Europe. 

On  dit  proverbialement  d'une  chofe  très-féchc  , 
&  qui  bride  ailement  ,  qu'elle  eft  féche  comme 
éiW  hréjil)  qu'elle  brille  comme /'r(//?/;  qu'elle  prend 
feu  comme  bréjil.  On  le  dit  aulli  d'une  perfonne 
fort  féche  &  fort  maigre  ,  ou  qui  fe  met  aifément 
en  colère  ,  qui  prend  feu  pour  peu  de  choie ,  ou 
qui  a  des  manières  féches;  &  même  du  ftyle  d'un 
Auteur  fec  Se  fans  aménité  •,  mais  tout  cela  ,  comme 
on  la  dit ,  eft  proverbial  ,  &  par  coTiféquenr  du 
ftyle  fimple  Se  familier. 
BRESILIEN  ,  ENNE.  f.  m.  Se  f.  Qui  eft  du  Bréfil. 

Vpy-  Brasilien. 
BRÉSILIER.    V.    a.    Terme  de  Teinturier.  Teindre 
avec  du  bréfil.  Brafilico  ligno  tingere ,  injîcere.  On 
ne  doit  bréfiller  aucunes  toiles ,  ni  fils  à  marquer , 
qu'ils  ne  foient  teints  en   bonne  cuve. 
Brésiller  ,  fignifie  aufîi ,  rompre  par  petits  morceaux. 

Voilà  qui  eft  tout  brcfillé. 
BRÉSILLÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Qui  eft  fi  kc ,  qu'il  fe 
brife  &  fe  réduit  en  poudre.  Il  fe  dit  des  choies 
qui  étoient  vertes,  dociles  Se  pliantes.  Se  qui  de- 
viennent friables ,  en  les  faifant  fécher  au  feu  ou 
au  foleil. 
BRÉSILLET.  f.  m.  Efpcce  de  bois  de  Bréfil.  Le  bré- 
Jillet  des  Iles  Antilles  :  c'eft  de  toutes  les  efpèces  de 
bois  d^e  bréfil  la  moins  bonne.  Pomet. 
%s-  BRÉSIMI ,  ou  BRÉSINÎ ,  petite  ville  de  la  grande 
■    Pologne  ,  au  Palatinat  de  Lencicza. 
^_  BRESLAW ,  ville  d'Allemagne  ,   capitale  de  la 
Silcfie  &;  d'un  Duché  particulier,  avec  un  Evêché 
fuffragant  de  Gnefne  Se  une  Univerfité  ,  fur  l'Oder, 
Vratifiayia  ,  Budorgis  Se  Budorgium.  Cette  ville 


B  R  Ë 


rr 


eft  à  50.  59%  l" ,  de  longitude,  &  5:10.  5',  o",  de 
latitude»  De  la  Hire,  Tabl.  A(lr.  Le  P.  Heinrich* 
IfT  BRESLE  (la) ,  Brejla ,  petite'ville  de  France,  dans 
k  Ly  onnois  ,  fur  la  Turdine  ,  à  trois  lieues  de  Lyon, 
On  i'appeloit  autrefois  Arhrelie. 
$3-  BRESLE  ,  ou  BRESELLE  ,  rivière  de  France , 
qui  a  fa  fource  en  Normandie  ,  au  deifus  d'Aumale, 
fcpare  la  Picardie  de  la  Normandie  ,  arrofe  Ga- 
mache  ,  Eu ,  &:  ie  jette  peu  après  dans  l'Océan. 
BRESSAN.  Pays  d'Italie ,  auquel  Bréfica ,  ou  Breffe! 
qui  en  eft  la  capitale  ,  a  donné  fon  nom.  Brlxia- 
nus  ager.  Le'  BreJJ'an  a  pour  bornes  du  côté  du 
nord  une  partie  du  Tirol  Se  de  la  Walteline  ,  au 
couchant  le  Bergamafque  ,  &  la  Walteline  encore, 
au  midi  le  Crémonois  Se  le  Mantouan ,  au  levant 
le  Trentin ,  le   Véronois ,  Se  le    lac  de  Garde. 

Bressan  ,  ane  ,  f.  m.  Se  f.  Qui  eft  de  Brefcia  en  Italie  ^ 
ou  du  Breffan.  Brixianus.  L'an  1417  ,  les  Biejfans 
ne  pouvant  plus  fouffirir  les  exce/îlves  tyrannies  des 
Ducs  de  Milan,  fe  donnèrent  aux  Vénitiens.  Vigen, 

Bressan  ,  fignifie  aufîi  ,  qui  eft  de  Brefie ,  province 
de  France.  Breffianns.  La  rivière  d'Yone  féparoit 
les  Allobroges  ',  c'eft-à-dire,  les  Dauphinois ,  Se  les 
Savoyards ,  des  Brcjfans  &  des  Lyonnois,  que  Céfar 
appelle  ^egufiani.  Thiroux.  Le  peuple  Breffan.  Id, 
Céfar  appelle  les  Brejjans  alliés  Se  Confédérés  des 
Autliunois.  Id. 

D'autres  difent  Breffunde  au  féminin.  J'ai  vu  le 
Guemen  don  poure  Labory  de  Breiffy  fu  la  paie 
che  la  de  la  garra  ,  en  rime  Brejfande ,  par  Ber- 
nardin Uchard  ,  avec  l'explication  françoife  des  mots 
Brejfans  ce  qui  fait  que  ledit  livret  n'eft  pas  moins 
néceilaire  que  plaifant.  Maso. 

Bresse.  Foye^   Brescia.  C'eft  la  même  ville. 

BRESSE.  Province  de  France  ,  qui  a  la  Franche-Ccmitc 
au  feptentrion ,  le  Bugey  à  l'orient ,  une  partie  du 
Duché  de  Bourgogne  ,  Se  une  partie  du  Lyonnois 
au  couchant  ,  &  le  Dauphiné  au  midi.  Breffia  , 
ou  Brexia.  On  comprend  fouvent  le  Bugey  dans 
la  Brejfe,  La  Principauté  de  Dombes ,  dont  Tré- 
voux eft  la  capitale  ,  eft  enclavée  dans  la  Brejfe, 
Bourg  eft  capitale  de  la  Breffe.  Il  y  a  une  con- 
trée de  cette  province  qu'on  appelle  la  Breffe  Chà- 
lonnoife  ;  parce  qu'elle  approche  de  Châlons  fur 
Saône.  La  Bre[fe  fut  cédée  à  la  France  par  le  Duc 
de  Savoye  au  commencement  du  dernier  fiècle,- 
l'^oye:^  la  Notice  des  Gaules  de  M.  de  Valois  au 
mor  Brexia.  Sam.  Guichenon,  Avocat  au  Préfid, 
de  Bourg  en  Breffe  ,  a  donné  l'Hiftoire  de  BreJJc 
Se  de  Bugey,  in-fol.  à  Lyon   nJ^o. 

ffT  BRESSELLE  ,  rivière.  Voye^  Bresle, 

BRESSIN.  1".  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  corde 
qui  fert  à  iffer  Se  .à  amener  une  vergue  ,  ou  une  voile 
Fiinis  antennœ.  adducendœ.  dejiinatus.  On  l'appelle 
autrement  guindereffe,  BreJJins  fignifie  auilî  fur  mer  , 
des  crocs  de  fer.  Vncus  ferreiis. 

BREST.  Ville  Se  port  de  mer  de  France  en  Bre- 
tagne ,  dans  le  Diocèfe  de  Léon.  Bivœtes  portas , 
Bre/lia ,  Brefium.  Brejî  eft  le  plus  excellent  port 
de  mer  de  toute  la  Bretagne  ,  Se  duquel  peut-être 
toute  la  province  a  pris  l'origine  de  fon  nom.  Du 
Chesne  ,  darts  fes  Antiq.  &  Recherches  des  villes 
de  France.  Au  refte ,  c'eft  un  erreur  de  croire  que 
Brefi  air  donné  le  nom  à  la  Breragne.  L'entrée  de 
la  baie  de  Breji ,  qu'on  nomme  le  Goulet,  eft  très- 
difficile.  Brefi  a  été  choifi  pour  y  faire  le  princi- 
pal arlenal  de  mer  de  la  France.  C'eft  un  maga- 
fin  de  mer  pour  l'Océan.  Brejl  a  ii^>.  57',  55",  de 
longitude,  Se  48°.  13',  o",  de  latitude.  Picarde 
De  la  Hire. 

La  fondante  de  Brefi   eft  une  efpèce  de  poire. 
Voye^  Fondante. 

BRESTE.  f.  m.  Chaffe  aux  petits  oifeaux  ,  qu'on  prend 
à  la  glu  avec  un  appas. 

BRESTER.  V.  n.  Vieux  mot.  Crier  ,  clabaudcr. 

BRETAGNE.  Nom  de  lien.  Britannia. 

La  grande  Bretagne.  Magna  Britannia.  Grande 
île  de  l'océan  ,  qui  comprend  l'Angleterre  Se  l'E- 
cofie.  C'eft  une  efpèce  de  triangle  dont  la  bafe  cil: 


r^ 


BRE 


la  côte  méridionale  qui  re^jarde  la  fràncc.  Titc- 
Livc  Se  Fabius  Rufticiis  lui^donnenc  la  fiy;ure  d'une 
hache.  Quelques  Anciens  ont  cru  que  cette  Ile  avoir 
été  autrefois  jointe  à  notre  continent.  Ils  préten- 
dent que  c'eft  le  iens  de  ce  vers  de  Virgile , 

Etpenitus  toto  diyifos  orbe  Britannos.  Ecl,  i ,  v.  (îy. 

Et  Servius  l'allure  pofîtivement ,  en  expliquant 
ce  vers  de  Claudien.   In  Conj'ul.  Munlii.  v.  51. 

Et  nojtro  diducla  Brùannia  munio. 

Et  peut-être  pourroit-on  trouver  dans  le  nom 
de  cette  île  de  quoi  appuyer  ce  fcntiment ,  comme 
on  le  verra  ci-après.  Quoi  qu'il  en  lôit  les  pre- 
miers habitans  de  la  Granda  Bretagne  turent  des 
Gaulois  qui  y  payèrent ,  ou  qui  y  turent  jetés  acs 
côtes  de  Picardie  &  de  Flandres.  On  ne  peut  en 
douter  ,  quand  on  fait  réflexion.  1°.  Qu'ils  lonr  ap- 
pelles Cumeri,  &  Kimhri ,  &  leur  langue  Kunry  , 
de  même  que  les  Gaulois  ont  été  appelés  Cimbri , 
félon  la  remarque  de  Cambden.  2.°.  Que  la  reli- 
gion étoit  la  même  dans  la  Gaule  &:  dans  la  Grande 
Bretagne,  comme  l'a  remasqué  Tacite  j  que  l'une 
&:  l'autre  nation  avoit  les  Druides  fc  les  Baraes , 
&c.  50.  Que  l'ancienne  langue  des  Bretons  etoit 
la  même  que  la  langue  des  Gaulois  ,  comme  on 
peut  s'en  convaincre  dans  l'Archéologie  Britan- 
nique de  Lhuyd  ,  &  dans  Cambden  ,  Bruan.p.  iz  , 
&  fuiv.  Ce  font  apparemment  ces  premiers  habi- 
tans de  l'île  qui  lui  donnèrent  fon  nom.  On  dit 
qu'ils  la  nommoient  Pndain ,  ou  Phridain  ,  &:  que 
c'eft  de-ià  que  s'eft  fait  le  mot  de  Bretagne  &:  de 
Breton. 

Au  refte,  ce  n'eft  pas  à  la  feule  Ile  que    nous 
appelons   aujourd'hui   Grande  Bretagne    que  l'an- 
tiquité a  donné  ce  nom  •■,  toutes  les  Iks  de  la  mer , 
qui  l'ont    aux    environs    de   la  Grande   Bretagne  , 
furent  appelées  îles  Britanniques ,  comme  il  paroit 
par  Dcnys  le  Géographe ,  l'Auteur  du  livre  du  monde 
artribué  à  Ariftote  ,  &c.  Celle-ci  fut  cependant  ap- 
pelée par  excellence  Britannique,   B|»'t«ï»(x«;  Bri- 
tannia ,    ou    Bretannia  ,  B^£t«vis,  'BfCana.    hlle    fe 
nomma  aulfi  Albion,  Quelques  anciens  Auteurs  fa- 
buleux prétendent  qu'elle  fut  nommée  d'abord  Sa- 
mothée  ,  puis  Albion ,  &  enfin  Bretagne^  Elle  avoit 
ce  nom  du  temps  de  Célàr ,  &  elle  l'a  porté  juf- 
qu'à  l'invalion  des  Saxons  ,  ou  Anglois-Saxons ,  qui 
donnèrent  le  leur  à  la  partie  qu'ils  occupèrent  , 
S<.  la  firent  nommer  Engelland  ,  c'eft-à-dire ,  An- 
gleterre ,  tandis  que  la  partie  feptentrionale  s'ap- 
peloit  Ecoffe ,    du  nom  d'un  peuple  Irlandois  qui 
s'y  étoit  établi.  On  a  repris  ce  nom  de  Bretagne 
dans  ces  derniers  fiècles.  Jacques  I ,  qui  avoit  réuni 
les   deux    couronnes   d'Angleterre    &    d'EcoHé  en 
fa  perlbnne  ,   projettoit  aulîî  la  réunion  des  deux 
Royaumes ,  &  fit  même  battre  des  médailles  à  ce 
fujct ,  dont  les  Légendes  étoient  :  Q^ua  Deus  con- 
jiinxit ,  nemo  feparet  :  Et ,  Faciam  eos  in  Gentem 
unam  :  & ,    Tneatur    unita  Deus  ;  & ,  Henricus 
Tojas ,  régna  Jacobus ,  par  allufion  à  Henri  VII , 
qui  avoit  réuni  les  deux  factions  de  la  rofe  blanche 
&  de  la  rofe  rouge  ,  en  réuniflant  par  fon  mariage 
avec  Elizabeth  fille   d'Edouard  IV  ,  les  droits  des 
maifons  de  Lancaftre  &:  d'Yorck.  Cependant  Jac- 
ques ne  put  venir  à  bout  de  l'on  delîein  ,   auquel 
les  Parlemens  d'Angleterre  &  d'EcoUc  s'oppofeient 
également.  Enfin ,  la  Reine  Anne  l'a  exécuté ,   en 
ne  faifant  qu'un  Royaume  des  deux  ,  &  ordonnant 
qu'on  l'appelât  Grande  Bretagne.  Ainfi  l'on   a  rap- 
pelé l'ancien  nom,  de  l'étymologie  &  delà  ligni- 
fication duquel  on  ne  convient  pas. 

Un  certain  Galfredus  Arurius  ,  qui  fous  Henri 
II ,  donna  une  Hiftoire  Britannique  qu'il  avoit  ti- 
lée ,  diioit-il ,  des  anciens  Auteurs  Bretons ,  préten- 
dit que  Brutus  Troien  ,  fils  de  Sylvius ,  perit-fils 
d'Afcanius ,  &;  arrière  petit-fils  d'Enée  ,  après  bien 
des  avantutes  roraanefciues ,  étoit  pafle   dans  TÎle 


BR  É 

dont  nous  parlons,  habitée  pour-Iorspar  des  géam^ 
&  Lii  avoit  donné  Ion  nom.  Le  Chevalier  Tiionias 
Eliot  le  titre  du   nom  grec  ?r«uian«  ,  qui  figni.ioif 
'  chez  les  Athéniens ,  les  revenus  publics  de  la  Répu- 
blique. Humfroy  Lhuyd  veut  que  ce  mot  foit  formé 
de  Fridcain ,  qui  lignine  fort  blanche.  Cela  revicn- 
droit  au  nom  Albion  que  les  Grecs  lui  donn.rcnr. 
Ain'i  ce  n'autoit  ete  qu'une  interprétation  du  nom 
propre  i  &  ce  qui  pourroit  appuyer  ce  fcntiment, 
c'eft  qu'on  en  a  ufé  de  même   en  d'autres  noms 
femblables ,  comme  en  celui  d'Aquitaine ,  appelée 
par  les  Gaulois  Armoriquc  ,  ainfi  qu'on  le  peut  voit 
au  mot  Aquitaine.  Mais  Cambden  prétend  que  cette 
ctymologie  eft  dure  ,  &  que  cain  ,  blanc ,  a  pafiï  , 
du  latin  candidus  ,  dans  l'anglois ,  Se  qu'il.ne  vient 
pas  de  plus  loin.  Pomponius  Gallus  dit  que  ce  font 
les  Bretons  de  Gaule  ,  ou  les  Armoriques ,  qui  ont 
porté  ce   nom  en  Angleterre  ■,  Goropius  Bccanus  , 
que  les  Danois  qui  s'y  établirent  lui  donnèrent  le 
nom  Bridaniiim ,  qui  lignifie  Libéra  Dania  ,  &  que 
de-là  s'eft  fait  Britania.  D'autres  tirent  ce  nom  de 
Priuenia  ,  la  PruOé  ;  Bodin  de  Bretta  ,  efpagnol , 
qui  fignifie  tetrc  ;  d'autres  de  britin  ;  qui  dans  Athé- 
née s'eft  dit  pour   fignifier  un  port  \    d'autre    des 
Bruricns ,  peuples  d'Italie ,  Sc  quelques-uns  du  mot 
latin  brutus  ,  brutal  ,  A  caufe  des  mxurs  fauvagjs 
&:  barbares  des  habitans  de  cette  Ile.  Cambden  ré- 
fute toutes  ces  opinions.    Bochart  ,    qui  rapporte 
tout  aux  Phéniciens ,  prétend  que  ce  nom  eft  plié- 
rticien  ,  formé  dem2,  terre ,  &  nz^  ,  etnin,  dont 
les  mines  qui  font  en  Angleterre  donnèrent  le  nom 
à  tôate  l'Ile  ;  que  les  Brerons  font  des  colonies  de 
Phéniciens ,  ou  de  Chananéens  ,  que  Jofué  challa 
de  leur  pays  ,   &  qui  fe  répandirent  en  Efpagne  , 
en  Gaule  ,  &  en  Angleterre  plus  de  500  ans  avant 
le  temps  ou  l'on  place  le  Brutus  dont  nous  avons 
parlé.  On  pourroit  dire  que  ce  nom ,  prid.iin  ,  ve- 
noit  Az'X^^i  feparavit ,  disjunxit ,  pour  marquer 
que  cette   terre  a  été  féparée   de  notre  continent. 
Cambden  croit  que  Britannia  vient  de  Erlt ,  qui 
fignifie  peint ,  parce  que  ces  peuples  avoient  cou- 
tume de  fe  peindre  le  corps ,  pour  fe  rendre ,  di- 
fent  quelques-uns ,   plus  eiftoyables  dans  les  com- 
bats. 

On  ne  fur  que  l'Angleterre  croit  une  Ile  que  fous 
Domirien  y  &  far  la  fin  du  gouvernement  d'Agri- 
cola  ,  par  une  aventure  que  Tacire  &:  Dion  ra- 
content. M.  Lhuyd  a  f^it  un  recueil  de  toutes  les 
Grammaires  &:  Dictionnaires  de  l'ancien  breton  ,  ou 
du  bas-breton  ,  qui  ont  rapport  à  l'ancien-bieron, 
qu'il  a  intitulé  Archxologia  Britannica.  On  trouve 
beaucoup  de  chofes  curieufes  &  favantes  fur  l'an- 
cienne Bretagne  dans  la  Britannia  de  Cambden  ■■, 
cet  ouvrage  a  été  traduit  en  anglois ,  &  augm;nté 
par  Edmond  Giblbn  ,  &  cette  traduction  fut  im- 
primée à  Londres  en  1(^95.  Les  ReH.jUia  Carnbde- 
iiiancz  eft  aulfi  un  bon  livre,  imprimé  à  Londres 
efï  16^-7  ,  dans  lequel  il  y  a  des  remarques  cu- 
rieufes touchant  le  langage  des  anciens  Brerons. 
Pitfsus ,  BaLrus ,  Wood  ,  &  en  dernier  lieu  Nichol^ 
fon,  ont  donné  des  liftes  &  bibliothèques  des  Ecri- 
vains de  leur  nation ,  tant  anciens  que  modernes. 
M.  Blair  ,  Médecin  Ecoffois ,  a  fait  un'  ouvrage 
intitulé  ,  Pharmaco  Bot.tno/oç;ia  ,  ou  Hiftoire  corn- 
plettc  des  plantes  médecinales  de  la  Grande  Bre- 
tagne. 

Les  Iles  de  la  Grande  Bretagne.  Infulœ  Britan- 
nica. Ce  font  des  îles  d'Europe  ,  fituées  entre  le 
ço  ,  &:  le  (îi  ,  ou  61°  degré  de  latitude  fepten- 
trionale,  &  entre  le  9*  &  le  z^^  degré  de  longi- 
tude. On  les  divife  en  cinq  parties  1°.  La  Gran- 
de Breta<rne,  dont  nous  avons  parlé.  1°.  L'Irlande. 
3°.  Les  Sorlingues,  40,  Les  Hébudes  ,  ou  Inch 
Galles,  ou  Wcft-rrnes.  j".  l?s  Orcades, ^auxquelles 
on  ioint  les  Schetlandiques.  Toutes  ces  îles  dépen- 
dent aujourd'hui  du  Roi  de  la  Grande  Bretagne, 
Maty. 

La  nouvelle  Bretagne.    Grand  pays  de  l'Améri- 
que fcpcenitionale  au  nord  du  Canada,  l^ova  Bri- 
tannia^ 


ERE 

tannia.  On  l'appelle  auiîi  Ellonlande  ,  ou  terre 
de  La/'rador ,  ou  de  Conu-r^a/. 
Bretagne.  Armorlca ,  Brltannia  minor.  Petite  Bre- 
tagne. Province  de  France  qui  a  titre  de  Duché.  C'ell: 
une  grande  prcfqu'Ile  baignée  au  nord  par  la  merde 
Bretagne  ,  au  couchant  par  l'Océan,  au  midi  par  la 
mer  de  Gaicognc ,  &:  du  côté  de  la  terre  elle  eft 
bornée  par  le  Poitou  ,  l'Anjou  ,  le  Maine  ,  &  une 
petite  partie  de  la  Normandie.  C'cft  une  des  plus 
grandes  Provinces  de  France ,  qui  s'étend  de- 
puis environ  le  iz*^  degré  50  minutes  de  longitude 
jufqu'au  Kî'l  30'  ,  Iclon  les  cartes  de  M.  de 
rifle,  faites  fur  les  obfervations  de  l'Académie  des 
Science-s ,  &C  qui  efl;  entre  le  47^  &  le  49^  de  la- 
titude feptentrionale.  La  capitale  de  Bretagne  efl: 
Rennes.  Cette  province  Ce  divife  en  Haute-^rf/iZ- 
gne  ,  &  en  B^iVc-Bretagne.  La  Hàuie-Bretagne  com- 
prend les  Evcchés  de  Rennes ,  de  S.  Bfieu  ,  de 
S.  Malo ,  de  Dol  &  de  Nantes.  On  trouve  dans 
la  Bsiûc-Bretai^ne  les  Diocèfes  de  Vannes  ,  de  Cor- 
nouailles  .  de  Léon  &  de  Tréguier.  Ces  neuf  Evc- 
chés font  fuffragans  de  Tours.  On  ne  dit  guère  la 
Hante-Bretac^ne,  mais  on  dit  (ouvcmBaiTe-Bretagne. 

Le  Pliaéton  d'une  voiture  à  foin 
Vil  jon  char  embourbé.  Le  pauvre  homme  étoit  loin 
De  tout  humain  jecour s  :  c'était  à  la.  campagne  , 
Près  d'un  certain  canton  de  la  Balîè-Bretagne 

Appelé  Qiumper-CoTentin  : 

On  fait  affe^i  que  le  dejïm 
Adrejfe~là  les  gens ,  quand  il  veut  qu'on  enrage  : 

Dieu  nous  preferve  du  voyage. 

La  Bretagne  s'appeloit  Armorique  du  temps  des 
Romains.  On  convient  aifez  qu'elle  a  reçu  le  nom 
de  Bretagne  des  habitans  de  la  Grande-Bretagne 
qui  s'y  font  établis ,  mais  on  ne  convient  pas  du 
temps  où  cela  s'efl:  fait.  Il  y  a  des  Auteurs  ,  qui 
fondés  fur  quelques  endroits  de  Pline  &  de  Bède , 
prétendent  que  dès  les  premiers  liècles  de  l'Eglife , 
des  Bretons  avoient  palfé  la  mer  ,  &  conduit  des 
colonies  dans  l'Armorique.  Ils  ne  difent  pas  cepen- 
dant que   dès- lors  elle    prit  le  nom  de  ces  nou- 
veaux hôtes.  D'autres  foutiennent  qu'au  quatrième 
■    fiècle  l'Empereur  Maxime  s'étant  rendu  maître  de 
cette  province  ,  il  la  donna  aux  Bretons  qui  l'a- 
voient  fuivi  dans  fes  expéditions  -,  d'autres  que  Vor- 
tiger ,  ou  Vortigem .  que  les  Bretons  avoient  ap- 
pelé à  leur  fecours  contre  les  Ecoifois,  peuple  d'Hi- 
betnie  ou  d'Irlande,  qui  vouloit  envahir  la  Gra/Zi^ir- 
Bretagne  ;  que  ce  Vorticrer  ,  dis-je  ,  après  avoir  re- 
pouifé  les   Ecoifois  ,    fe   rendit  maître  de  la  Bre- 
tagne ;    qu'un  grand  nombre   de  Bretons  ,    pour 
évitet  fa  tyrannie  ,  paflcrent  en  Armorique ,  &  s'y 
étant  établis  ,  donnèrent  leur  nom  à  cette  partie 
de  la  Gaule.  D'auttes  écrivent  que  ceux  qui  s'y  re- 
tirèrent ,  &  lui  donnèrent  ce  nom  ,  font  les  Bre- 
tons chalfés  de  leur  Ile  par  les  Anglois  -  Saxons , 
qui  y  entrèrent    fous  la  conduite  de  Heruçill  en 
44<î.  La  Chronique  Bretonne  ,  ou  Britannique  de 
l'Eglife  de  Nantes ,   que  le  P.  Lobineau  a  impri- 
mée dans  le  IP    Tome  de  l'HlJt.   de  Bret.  p.  5  , 
<lit  /;.   3 1  ,  que  ce   fut  en  515  ,   fous  le  règne  de 
Clotaire  fils  de  Clovis,  que  ces  Bretons   paflerent 
dans  l'Armorique.  Clotaire  II  vaincu  par  Théode- 
bert  &Théodoric  ,  fils  de  Childebert ,  céda  à  Thco- 
.    -doric  tous   les  pays  renfermés  entre   la  Seine ,  la 
Loire  &  l'Océan  ,  juj'qu'à  la  frontière  des  Bretoris, 
mots,  dit  le  P.  Lobineau,  qui  font  voir  que  nos  pre- 
miers Rois  n'avoient  aucun    droit  de    fouveraineté 
fur  la  Bretagne.  Le  même  Auteur  dit  que  fon  gou- 
vernement ôtoit  ariîlocratique ,  T.I,p.  75. 

Quelques-uns  prétendent  que  la  Bretagne  a  eu 
titre  de  Royaume  i  que  Conan,  le  chef  des  Bretons, 
que  Maxime  mit  dans  l'Armorique  ,  la  reçut  de  cet 
Empereur  à  titre  de  Royaume  -,  que  ce  Royaume  , 
après  avoir  duré  jufqu'à  Charlemagne  ,  fut  rendu 
feudataire  par  cet  Empereur  ,  &  changé  en  Comté. 
D'autres  difent  qu'il  ne  dura  que  jufqu'à  Clovis  & 
Chilpcric ,  qui  obligèrent  ces  petits  Rois  de  fe  con- 
Tome  H, 


BUE 


57 


tenter  de  la  qualité  de  Comte  ;  qu*ehfuite  cepen- 
dant, s'ctant  remis  en  liberté,  ils  furent  rendus  tri- 
butaires par  Dagobert  II  jufqu'à  Charlemagne  ,  qui 
les  ilibjugua  &  les  réduifit  à  la  qualité  de  Comtes  ; 
depuis ,  la  Bretagne  fut  érigée  en  Duché ,  &  a  eu 
long-temps  fes  Ducs  particuliers.  C'ell  Philippe  le 
Bel,  qui  étant  à  Courtray  en  1247,  au  mois  de 
Septembre,  en  confidération  des  grands  fcrvices  que 
le  Duc  de  Bretagne  Jean  II  lui"  avoit  rendus ,  le 
créa  Pair  de  France ,  avec  les  mêmes  prérogatives 
dont  jouiifoit  le  Duc  de  Bourgogne  ,  déclarant  qutj 
la  Pairie  feroit  attachée  au  Duché  de  Bretagne',  &: 
que  le  Duc  qui  n'avoit  été  jufqucs-là  nommé  que 
Comte  dans  les  Lettres  Royaux  ,  feroit  dcfoimais 
appelle  Duc.  Lobineau.  Le  dernier  Duc  de  Breta- 
gne fut  François  II,  qui  n'eut  qu'une  fille ,  Anne  dfe 
Bretagne ,  qui  apporta  la  Bretagne  à  la  Frante  par 
fon  mariage  avec  Charles  VIII,&  puis  avec  LouisXIL 
La  Bretagne  rclcvoit  de  Richard  troifième  Duc  de 
Normandie ,  Se  dès  le  temps  du  premier  Duc  (  Rolon, 
Fondateur  de.  ce  Duché  )  elle  étoit  devenue  comme 
un  arrière  fief  de  la  Couronne ,  par  le  confcntement 
de  Charles  le  Simple.  Au  commencement  de  la  troi- 
fième race  on  vit  les  Bretons  fe  relever,  &  donner 
de  l'inquiétude  aux  Ducs  de  Normandie.  P.  Dan. 
lUut  réglé  par  le  traité  de  Guétandc,  conclu  le  12. 
d'Avril  de  l'an  1^6^  ,  que  déformais  les  femmes  ne 
pourroient  prétendre  au  Duché  de  Bretagne  qu'au 
défaut  de  tous  les  mâles  légitimes  de  la  ^^laifon'  de 
Bretagne.  1d.  Tom.  II ,  pag.  6i9.  La  Bretagne  eft 
un  pays  d'Etats.  Les  Etats  de  Bretagne  fe  tiennent  de 
deux  ans  en  deux  ans  dans  le  lieu  de  la  Province  que 
le  Roi  défigne.  Voye^  encore  le  mot  Armorique.  II 
y  a  des  Chroniques  Annales  de    Bretagne ,  par  M'^ 
Alain  Bouchard ,  Avocat  au  Parlement  -,  VHiftoire 
de  Bretagne  par  Bertrand  d'Argentré-,  une  autre  pac 
d'FIofier,  avec  les  Chroniques  des  Maifons  de  Vitré 
&  de  Lai  a' ;  8c  enfin  la  dernière  en  deux  tomes, 
dont  le  fécond  contient  les  preuves  données  par  D. 
Alexis  Lobineau,  Bénédiôtin.  Il  y  a  des  Differta- 
tions  fur  la  mouvance  de  la  Bretagne  ,  de  M.  l'Abbé 
de  Vertot  &:  d'un  Anonyme.  Voye^  encore  de  Haute^ 
ferre,  A^otœ  in  Greg.  Tur.  L.  IV, p.  114. 

La  mer  de  Bretagne  ,-3.\ix.Kmtr\t  la  Manche ,  ou 
le  Canal.  C'efl:  un  grand  détroit  de  l'Océan  Atlan- 
tique ,  qui  s'étend  entre  les  côtes  de  France  au  midi , 
&c  celles  d'Angleterre  au  nord, 

Il_  y  a  une  contrée  en  Canada  ,  à  la  pointe  du 
golfe  de  Saint  Laurent ,  à  laquelle  on  a  donné  le 
nom  de  Nouvelle-Bretagne.  On  écrivoit  autrefois 
Bretaigne. 

BRETAILLER,  v.  n.  Tirer  fouvent  l'épce  &  fréquen- 
ter les  falles  d'armes.  Ce  terme  eft  méprifant ,  &  ne 
convient  qu'à  de  jeunes  étourdis  qui  veulent  faire 
les  bravaches.  Les  honnêtes  gens  ne  s'amufent  point 
à  bretailUr.  Ce  mot  vient  de  brette ,  qui  fignifie  une 
longue  épée.  II  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

BRETAILLEUR.  f.  m.  Jeune  fanfaron  qui  met  l'épce 
à  la  main  pour  la  moindre  bagatelle.  Thrafo.  Les 
brétailleurs  font  bannis  de  la  fociété  des  honnêtes 
gens.  Il  fe  dit  aulfi  de  ceux  qui  fréquentent  fou- 
vent  les  falles  d'armes. 

BRETANNION.  (.  m.  Nom  d'homme.  Bretannio ,  ou 
Vetrannio.  D'autres  difent  Vetrannion.  L'un  peut 
s'être  formé  de  l'autre.  S,  Bretannion  ,  Evêque  de 
Tomes ,  dans  la  petite  Scythie ,  près  du  Pont-Euxin  , 
parla  hautement  à  Valens  pour  la  défenfe  de  la  foi 
de  Nicce ,  &:  ne  voulut  point  communiquer  avec  lui. 

|tT  BRETAUDER.  Vieux  verbe  qui  fignifioir  autre- 
fois tondre  inégalement.  Imzqualiter  tondere. 

Il  a  confervé  cette  fignification  chez  les  tondeurs 
de  drap  :  il  s'emploie  auiTi  aétivement  en  maréchal- 
lerie  Brétauder  un  cheval ,  c'eft  lui  couper  les  oreil- 
les. Aures  refecare  ,  truncare. 

IP"  Quelques-uns  s'en  fervent  auffi  pour  châtrer.  En 
ftyle  comique  &burlefque,^rir.rwi..T  quelqu'un,  c'eft 
lui  couper  les  cheveux  plus  courts  qu'il  n'a  coutume 
de  les  porter. 

BRÉTÈCHE.  f.  f.Vieuxmot ,  qui  fignifie  une  forcçre/fe 

H 


58 


B  RE 


BR  E 


à  créneaux  ,  &:  le  lieu  public  où  l'on  fait  les  cris  Se 
proclamations  de  Juftice.  Turris  pinnis  injlriicla. 
Il  vient  de  l'italien  Breiefca  ,  qui  le  dit  de  cette 
barrière  qu'on  met  d'ordinaire  devant  la  porj:e  des 
palais.  MÉNAGE.  Les  portaux  des  villes  s'appe- 
loient  auHi  breùches  ,  parce  qu'il  y  avoir  quelques 
petits  forts  ou  défenl'es  de  bois ,  comme  on  appelle 
tarbacane ,  ce  qui  fert  à  défendre  le  foilc.  Il  a  aulfi 
lignifié  ,  marche-pied  ,  corridor. 

Mainte  pucelle  illec  avait 
Dejfus  la  bretèche  montée. 

En  quelques  coutumes  on  dit  bret'eque ,  ou  hre- 
tefques. 
BRETELLE,  f.  f.  Ce  qui  fert  à  attacher  i  fur  les  épau- 
les«s  des  hottes ,  des  crochets ,  des  bars ,  des  brouet- 
tes ,  ou  autres  çhofes  propres  à  porter  des  fardeaux. 
Funalcs  habena  dojjuarii  corbis.  Ce  font  deux  fan- 
glcs ,  ou  deux  bandes  de  cuir  ou  de  groffe  étoffe , 
chacune  large  de  deux  pouces  ,  6c  longue  d'environ 
une  demi-aune:  on  les  attache  par  un  bout  vers  le 
milieu  de  la  partie  platte  de  la  hotte  ,  afin  que  cha- 
cune faifant  le  tour  d'une  des  épaules  ,  &  palfant 
par  delfous  les  aiflelles ,  elles  viennent  s'accrocher 
par  leur  autre  bout ,  qui  a  une  boucle  ,  à  deux  bouts 
de  bâton  qui  fortent  exprès  du  bas  de  la  hotte  ,  & 
qu'ainfi  la  hotte  tienne  ferme  fut  les  épaules.  Il  en 
eft  de  même  à  proportion  aux  crochets.  Prenez 
garde  que  les  bretelles  de  votre  hotte  foient  affez 
fortes  pour  ce  fardeau.  Ces  bretelles  font  trop  pe- 
tites ,  trop    courtes. 

Borel  le  dérive  de  /3f «':&« ,  c'eft-à-dire  yje  charge. 
Bretelle  ,  eft  aufli  un  terme  de  Rubanier  -,  &  il  iignifîe 
un  tiflu  pour  iburenir  le  corps  du  Rubanier  lorf- 
qu'il  travaille  ,  de  peur  qu'il  ne  tombe  en  devant. 
Bretelles  ,  au  pi.  fîgnifîe  encore  un  tiflii  de  fil  ou  de 
foie  ,  qui  lerr  à  foutenir  les  culottes  des  enfàns  ,  ou 
des  hommes  un  peu  gros. 

On  dit  proverbialement ,  Il  en  a  par-dejfus  les 
bretelles  ,  ou  jufqu'aux  bretelles  ;  pour  dire  ,  il  en  a 
par-defliis  fes  forces ,  au-delà  de  ce  qu'il  peut  porter. 
Ce  qui  fe  dit  de  toutes  fortes  de  méchantes  affai- 
res ,  mais   plus  ordinairement  lorfque  quelqu'un  a 
bû  trop  de  vin. 
Bretelles,  f.  £  pi.  fignifie   encore  dans  le  tarif  de  la 
Douane  de  Lyon  ,  ce  qu'on  nomme  à  Paris  ,  des 
charges  ou  paniers  de  verre. 
BRETÈSSES  ,  ou  BRETECHES.   Terme  de  Blâfon  , 
qui  fe  dit  d'une  rangée  de  créneaux  fur  une  fafce  , 
bande  ,  ou  pal ,  ou  fur  les  côtés  d'un  blâibn  de  plat- 
te figure.  Pinnarum  mur alium  ordogeminus.  Et  on 
appelle  Ecu  bretejp  fimplcment,  quand  les  créneaux 
d'une  fafce  ,  d'un  pal ,  d'une  bande  fe  rapportent  , 
&  font  vis-à-vis  l'un  de  l'autre.  Les  Martinozzi  por- 
tent quatre  fafces  breteffécs  à  double.  Masc. 
BRETEUIL,  Gros  bourg  de  France  en  Normandie , 
avec  titre  de  Comté ,  fur  la  rivière  d'Iton  ,  à  fix 
lieues  d'Evreux.  Britolium. 
^CT  Breteuil  ,  Bretolium.  Petite  ville  de  France  ,  en 
Picardie ,  au  Diocèfe  de  Beauvais ,  avec  une  Abbaye 
de  l'Ordre  de  St  Benoît. 
Ip-  BRETIGNY  ,  Bretiniaca.  Village  de  France  ,  au- 
deffus  de  Montlhery ,  à  une  lieue  de  Châtres  ,  à 
cinq  de  Paris.  C'eft  là  que  fut  conclu  en  1560  ,  le 
traité  de  paix  entte  la  Fiance  &  l'Angleterre. 
BRETON ,  ONNE ,  f  m.  &  £  Britannus.  Brito.  C'eft 
le  nom  des  anciens  habitans  de  l'île  que  nous  ap- 
pelons aujourd'hui  Grande-Bretagne.  Ils  avoient  ce 
nom  au  temps  de  Céfar ,  &  l'ont  gardé  Jufqu'à  l'in- 
vafion  des  Saxons.  Voye^^  ce  qu'on  dit  de  fon  cty- 
mologie  au  mot  Grande-Bretagne.  Aujourd'hui 
on  n'appelle  point  en  françois  Bretons  les  habjtans 
de  cette  île ,  mais  Anglois,  ceux  qui  habitent  la  par- 
tie méridionale  ;  &  Ecoffois  ,  ceux  qui  occupent  la 
part'C  fcptentrionale.  Cependant  ,  en  parlant  des 
anciens  peuples  de  ce  pays,  fur-tout  de  la  partie  mé- 
ridionale ,  il  faudroic  dire  Bretons  ^  jufqu'à  l'inva- 
fion  des  Saxons, 


Breton  ,  onne  ,  f.  &  adj.  Armoricus ,  a.  Nom  du  peu- 
ple qui  habire  la  petite  Bretagne  ,  province  de  Fran- 
ce, qu'on  appeloit  autrefois  Armorique.  Ce  font  les 
feuls  qui  portent  aujourd'hui  en  norre  langue  le 
nom  de  bretons  ,  qu'ils  ont  depuis  plufieurs  fiè- 
cles.  Voye:^  Bretagne.  Les  Bretons  de  France  ,  &c 
les  Gallois  d'Angleterre  ,  ou  Montagnards  de  la 
Principauté  de  Galles  ,  ont  une  même  langue  ,  & 
s'entendent  les  uns  les  autres.  La  noblclfe  Bretonne. 
Grégoire  de  Tours  dit  exprefféraenr ,  Liv.  IV ,  C.  4  - 
que  depuis  Clovis  les  Bretons  furent  fous  la  domi- 
nation des  François  -,  que  les  Bretons  dès-lors  n'eu- 
rent plus  de  Rois  ,  &  que  leurs  Princes  fe  contentè- 
rent de  porter  le  titre  de  Comte.  P.  Dan.  Les  char- 
ges bretonnes  fonr  au  Parlement  de  Bretagne  les 
charges  de  Conlcillers ,  qui  ne  peuvent  être  pofle- 
dées  que  par  des  Bretons  tCommz  les  charges  fran- 
çoifes  ne  peuvent  l'être  que  par  d'autres  que  des 
Bretons.  Un  cheval  breton. 

On  dit  bas-Breton  &c  baJfe-Bretonne ,  pour  dire 
un  homme  ou  une  femme  qui  eft  de  Baffe-Bretagne. 
Un  gentilhomme  bas-Breton.  Au  lieu  de  baffe-Bre- 
tonne ,  on  dit  fouvent  dans  le  difcours  familier  une 
iaffè'Brette,  Les  ba^es  -  Brettes  ont  de  l'eiprit  , 
c'eft-à-dire,  les  baffes-Bretonnes ,  les  femmes  de  Baf^ 
fe-Breragne.  Ce  Capitaine  de  vaiffeau  a  époufé  une 
baffè-Brette  qui  lui  a  donné  du  bien. 

Breton-Bretonn ant.  Si  l'on  en  croit  d'Hofîer ,  dans 
fon  H/ji.  de  Bretagne  ,  pag.  45  ,  44  ,  les  Bretons  qui 
habitoient  les  côtes  de  l'Océan  du  côté  de  l'occi- 
dent ,  prirent  des  femmes  de  la  Grande-Bretagne ,  Sc 
c'eft  le  langage  de  ces  femmes  qui  continue  encore 
aujourd'hui,  &:qae  nous  nommons  bas-Breton;  car 
c'eft  le  langage  des  mères  que  lesenfans  apprennent^ 
&  c'eft  pour  cela,  dit-il ,  qu'on  appelle  ceux-ci  Bre- 
tons-bretonnans.  Pour  les  autres  litués  vrs  l'orient . 
ils  prirent  des  femmes  Gauloifes  ,  &  c'eft  à  raifon 
de  leurs  mères  &  de  leur  langue  ,  qu'on  les  appelle 
Bretons-Gaulois.  Dans  le  pays  on  les  appelle  Gal- 
tots. 

Il  eft  vrai  qu'on  appelle  Bretons-hretonnans  ceux 
qui  parlent  bas-breton  ^  mais  la  raifon  qu'il  en  rap- 
porte n'eft  pas  bien  fure  :  il  y  a  plus  d'apparence  que 
c'eft  leur  peu  de  commerce  avec  la  France  ,  &  leur 
langue  qui  leur  fit  donner  ce  nom  ,  qui  du  refte  eft 
bas  &  populaire. 

•  Du  Tillet ,  Rec.  des  Rois  de  Fr.  ,p.  ^  ,  dit  Breton 
tonnant ,  &  non  pas  bretonnant.  Ce  n'eft  qu'un  re- 
tranchement de  la  première  fyllabe  ,  &  cette  ex- 
preffion  n'a  rien  de  différenr  de  l'autre  ;  mais  elle  ne 
fe  dit  plus.Cet  Auteur  n'appelle  point  ainfi  le  peuple 
de  Bretagne  ,  mais  le  langage  de  ce  peuple  que  nous 
appelons  bas-Breton.  Du  refte  ,  il  dit  plus  vraifem- 
blablement  que  d'Hofier  ,  que  c'eft  le  langage  ap- 
porté &  confervé  jufqu'à  préfent  par  les  Bretons 
qui  s'y  retirèrent  chafles  par  les  Anglois  -  Saxons. 
Mais  aptes  tout ,  il  eft  difïicile  de  fe  perfuader  que 
quelques  réfugiés  fiffent  changer  le  langage  auxAr- 
moriques  naturels  du  pays.  Ils  s'accommodèrent  bien 
plutôt  au  leur,  qui  n'étoit  pas  fort  différent  de  celui 
des  Bretons ,  parce  qu'il  eft  certain  ,  que  les  Bretons 
de  l'île  Britannique  étoient  originairement  Gaulois. 
Breton  &  Britto  ,  Brittus  ,  au  plur.  Brittones  & 
Britti,  félon  le  P.  Pezron,  font  des  noms  pris  de  la 
langue  des  Gaulois ,  qui  difenr  Brittes  ,  Brith  ,  pour 
iignifier  un  homme  peint  &c  marqué  de  diverfes  cou- 
leurs ,  &  chez  eux  Britho  croit  un  verbe  ,  qui  figni- 
fioit  pingere ,  variegare,  c'ell-à-dire ,  peindre  &  mar- 
quer de  diverfes  couleurs.  Brittones  &  Britti  n'é- 
toient  donc  autte  chofe  que  des  hommes  peints.  En 
effet  ,  continue-t-il ,  ces  peuples  Bretons  ancienne- 
ment fe  peignoient  le  coips,  &c  même  le  vifage  prin- 
cipalement d'une  couleur  qui  tiroit  fur  le  bleu  ;  delà- 
vient  que  Marrial  les  appelle  Picli  Britanni ,  en  par- 
lant de  ceux  d'Angleterre.  Sur  quoi  il  eft  bon  de  re- 
marquer ,  dir  encore  le  P.  Pezron  ,  que  Britannia 
vient  du  Celte  Britt ,  c'c(i-\-d\Tc , peint  ;  &c  de  tan  y 
on  Jîan,  qui  fignifie  pays  ,  ou  région.  Ainfi  Britan^ 
nia  ,  félon  lui  ,  veut  proprement  dire  région  des 


BR  E 

parûmes  peints,  Deforte  que  les  Grecs  qui  ont  ccùît 
"B^-.lrU  &  B^ilTxnu  par  un  é  &  deux  it,  ont  mieux  mar- 
que le  véritable  nom  de  ces  peuples  que  les  Latins , 
qui  difent  Britannia. 

Le  Cap-Breton.  Cap  de  l'Amérique  fepterirrio- 
nale ,  fur  la  côte  méridionale  de  l'île  du  Cap-Bre- 
ton ,  à  laquelle  il  donne  fon  nom  ,  &  qui  e.1:  (itucc 
dans  la  mer  de  Canada  ,  entre  l'Ile  de  Terre-Neuve 
&  l'Acadie.  Capitt  Britonum, 

Le  Pertuis-Breton.  Petit  détroit  de  la  mer  de 

Gafcogne  ,  entre  la  côte  feptentrionale  de  l'Ile  de 

Rhé,&  celle  de  Poitou.  Fretum  Britannicum.MAJY. 

L'i/le  des  Bretons  ,J.lc  de  l'Amérique,  Britonum  In- 

fuLi ,  autrement  l'Ile  du  Cap-Breton. 

Llle  du  Cap  Breton  ,  aujourd'hui  île  Royale.  Elle  { 
eft  diftante  de  dix  lieues  dii  cap  de  CampTeaux  en 
Acadie  -,  elle  à  80  lieues  de  tour  ,  y  compris  l'Ile  de 
Sainte  Marie  ,  qui  y  efl:  adjacente  ,  &  iitucé  enforte 
qu'elle   forme  deux  partages  ,  l'un  entr'elle  &:  la 
terre  ferme  ,  appelé  l'entrée  du  petit  jjafiage  de 
Campfeaux  -,  &:  l'autre  eft  un  intervalle  de  fîx  iieucs 
qui  eil  entr'elle  &  l'Ile  du  Cap  Breton  ,  par  où  l'on 
Va  du  petit  pafTagede  Campfeaux  au  fort  St  Pierre. 
Le  trajet  ne  s'en  peut  faire  que  par  dés  barques  , 
encore  faut-il  bien  prendre  garde  au  chenal  ou  ca- 
nal de  l'enttée  du  petit  partage.  Allant  le  long  de 
rile  de  Stc  Marie"  dehors ,  l'on  trouve  unepctitc  île 
toute  ronde  à  trois  lieiies  de-là  ,  nommée  l'île  'v^erte. 
Pour  y  aller ,  il  faut  tenir  le  large  ;  la  côte  y  eft  fe- 
mée  de  rochers  qui  avancent  une  bonne  lieue   en 
mer  ,^trois  lieues  durant.  Cela  parte  ,  vehaint  trou- 
ver l'île  Verte  ,  il  la  faut  laifler  à  droite ,  pour  en- 
trer dans  la  baie  de  Saint  Pierre.  L'on  y  mouille  de- 
vant une  pointe  de  fable  un  peu  au  large.  Les  vaif- 
feaux  ne  peuvent  apptocher  plus  près  de  S.  Pierre 
que  de  trois  lieues  :  les  barques  y  peuvent  venir, 
mais  il  faut  bien  favoir  le  canaî. 

Sottant  du  port  S.  Pierre  par  le  cote  de  Camp- 
feaux poin-  faire  le  tout  dej'lle  ,  titant  vers  la  par- 
tie orientale  ,  l'on  trouve  l'île  Verte.  De-là  Ton  va 
aux  îles  Michaur,  qui  en  font  à  trois  lieues.  Ce  font 
des  rochers  que  l'on  nomrne  ainfi.  La  pêche  de  la 
morue  y  eft  bonne  ,  &  de-là  au  Havre  l'Anglois  on 
compte  dix  lieues  :  toute  la  côte  n'cft  que  rochers , 
&:  à  l'enttée  de  ce  Havre  l'on  trouve  une  île  qu'il 
faut  lairter  à  gauche.  Les  navires  étant  dedans ,  font 
en  fureté.  L'ancrage  y  eft  bon  -,  toutes  les  terres  du 
dedans  ne  font  que  côtes  de  rochers  artéz  hautes  ; 
au  bas  il  y  a  un  petit  étang  où  l'on  prend  grand 
nombre  d'anguilles  :  la  pêche  de  la  morue  y  eft 
très-bonne, 

A  trois  lieues  de-là  l'on  trouve  le  porrde  la  Ba- 
leine ,  qui  eft  encore  un  bon  havre ,  mais  de  di-^- 
cile  entrée  ,  à  caule  de  quanrité  de  rochers  qui  s'y 
rencontrent.  De-là  otiVaauFourillon  qui  eft  derrière 
le  C^ç-Breton.hc  Cap-Breton  n'eft-  qu'une  île,  & 
la  partie  de  l'île  qui  porte  ce  nom'  &  qui  rcgar  de 
le  fud-eft  ,  ce  fonr  tous  rochers ,  entre  lefquels  on 
ne  lairtê  pas  de  mettre  des  navires  à  l'abri  pour  la 
pêche,  qui  y  eft  très-bonne.  Toutes  les  terres  de  ce 
pays-là  ne  valent  guère  ,  quoiqu'il  y  ait  de  beaux 
bois  dans  le  haut  des  montagnes ,  Comme  bouleaux, 
hêtres  &  principalement  lapins  &:  quelques  pins. 

Partant  plus  avant  ,  l'on  trouve  la  rivière  aux- 
Elpagnols ,  à  l'entrée  de  laquelle  les  navires  peu- 
vent être  en  forcté.  il  y  a  une  montagne  d^excellent 
chatbon  de  terre  à  quatre  lieues  de  la  rivière.  La  terre 
y  eft  artêz  bonne.  De  l'autre  côté  elle  eft  couverte 
de  bouleaux  ,  érables ,  frênes  ,  &  quelque  peiî  de 
chênes.  Il  s'y  ttouve  aurtil  des  pins  &c  des"  fapins. 
Du  haut  de  la  rivière  on  traverfe  à  Labrador  ,  à 
travers  de  deux  ou  ttois  lieites  de  bois.- 

Sortant  de  la  rivière  aux  Elpagnols  pôutallerà 
l'enttée  de  Labrador ,  l'on  fait  rrois  lieues  parrai  des- 
rochers ,  au  bout  defquels  eft  l'enttée  du  petit  Chi- 
bou  ou-  de  Labrador.  En  cette  contrée  il  y  a  encore 
du  charbon  de  terre.  Là  commence  une  grande  baie 
qui  va  proche  de  Niganichc',  elle  a  huit  ou  dix  lieues 
dé  large.  Dans  cette  baie  il  y  a  force  niches  où  les 


B  R 


V 


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19 

cormorans  font  leurs  nids  :  en  retre  de  toutes  ccS 
roches,  à  la  droite,  eft  le  grand  Chibou  ,  qui  eft  l'en- 
trée du  havre  de  Sainte  Anne. 

Entrant  dans  la  baie  ,  il  y  a  de  plus  grandes  îles,' 
ou  les  fapins  font  plus  beaux  ,  &  en  toiit  cet  efpacc 
de  dix-huit  lieues ,  ce  ne  font  qu'îles  dont  on   ne 
lait  point  le  nombre  ,  &  le  gibier  y  abonde  de  rou- 
tes parts.  Il  y  a  un  partage  de  l'une  des  poiiites  à 
l'autre  de  la  baie  ,  entre  ces  îles ,  pour  une  chalou- 
pe &  pour  une  barque  ;  mais  il  faut  bien  favoir  le 
chemin  pour  y  partêr.Ccrté  baie  a  bien  près  de  qua- 
tre lieues  de  profondeur,^:  plulieurs  rivières  qui  def- 
cendent  dedans;  elles  font  petites;  ce  rie  font  prc)? 
que  que  de  gros  ruiileaux  par  où  les  Sauvages  font 
&  viennent  ,  ils  y  font  en  grand  nombre^  à  caufe 
de  la  ehaffe  qui  eft  bonne  dans  le  haut  des  terres , 
y  ayant  des  montagnes  toutes  remplies  d'otitrnaux. 
Ilnelairte  pas  d'y^avair  de  beaux  bois,  de  boriilc 
terre,  &  des  endroirs  beaux  &  agréables;  Denis-  P 
I ,  C  4. 

.  Sortant  deda  ,  allant  à  Niganichc  ,  l'on  parte  huit 
lieues  de  côtes  de  roches  extrêmement  hautes  &  es- 


carpées ^  comme  une  muraille  ;  &  NiganiChe  qui  eft 
a  deux  lieues  de  la  pointe  ne  vaut  guère  non  plus. 
Du  Fourillon  au  Cap  Breton  il  peut  y  avoir  vn-^rt 
à  vingt-deux  lieues  jufquà  Niganiche  ,  Se  de-lï  ali 
cap  de  Nord  cinq  à  iix  lieues ,  toutes  côtes  de  ro- 
chers. Il  y  a  place  au  cap  du  nord  pour  tin  navire  ,■ 
qui  peut  y  faire  ù  pêche.  Du  Chadye  aii  cap  du  nord 
il  y  a  environ  qninre  à  feize  lieues  :  route  cette  côté 
là  n'cft  que  rochers  couverts  de  fapins  ,  mêlés  de 
quelques  perits  bouleaux  :  il  s'y  tronve  cjuelques  an- 
les  de  fàblc  ,  où  à  peine  fe  peiït  retirer  une  chaloupe. 
Cette  côte  eft  dangereufe. 

De  Chadye  continuant  fa  route  le  long  de  la  côte 
qui  foiit  montagnes  de  roches  jufqu'à  quatre  lieue^ 
«le-là,ron  trouve  une  petite  île  vis-à-Vis  d'une  anfe' 
de  fable,  propre  à  n>rettre  des  chaloupes  a  couvert. 
Dans  cette  anfé  il  y  a  une  montagne  depierres'noires 
dont   les  Charpentiers  fe  fervent  à  marquer   leurs 
ouvrages  :'  elle  n'eft  pas  d:esraciileures  ,  étant  un  peu 
çlure.  Apres  avoir  fait  encore  huit  lieïïcs  de  côtes  ,■ 
l'on  trouve  des  terres  bafles  &  plattes,  couvertcirde 
bois  de  toutes  fortes,  comme  frênes ,  bouleaux  ,■  hê- 
tres, érables,  pins  &  fapins  ;  mais  tous  ces  bois -là 
ne  font  pas  des  plus  beaux.  De-là   on  entre  dans 
une  pctîre.  rivière  à  chaloupe ,  où  l'on  pêche  force 
lliuni'ojis.  Il  y  a  une  mine  de  charbon  de  terre  ;-  on 
dît  qu'il  y  a  aurtl  du  plâtre.  Le  bois  eft  artéz:  beau 
en  cette  rivière  ,  &  le  terrein  n'en  eft  pas   monta- 
gneux. De  rembouchiire  de  cette  petite  rivière  jul^ 
qiï'à  l'entrée  du  peut  partage  deCampieaux  ,  ducôté 
du  nord,  il  n'y  a'  que  trois  lieues ,  Se  de-là  à  l'antre 
entrée  du  côté  du  fud  environ   dix.  Iieucs  ,  où  j'ai 
commencé  pour  faire  le  tour  ,  &  c'cft  où  finit  le  cir- 
cuit de  cette  Ile  du  Cap  -  Bfeton.i  à  laquelle  on  don- 
ne communément  qultre-vingt  lieues  de  tour ,  donc 
la  circonférence  Se  le  deda:ns  ne  contiennent  preP 
que  que  des  montagnes  de  roches  ;  mais  ee  qui  la. 
fait  eftimer,  font  les  ports  &  rades  où  les  navires  fe 
mettent'  pd'ur  faite  leur  pêche.  Le  maquereau  &  le 
hareng  donnent  fort  autour'  de  l'île.  Cette  île  a  en- 
core été  eftimée  pour  la  cnaflc  de  l'orignac.  Il  s'y 
en  trou\'oit  autrefois  grand  nombre  ,  mais  à  prcfent 
il  n'y  en  a  plus  :  les  Sauvages  ont  toUt  détruit ,  & 
l'ont  abandonnée ,  n'y  trouvant  plus  de  quoi  Vivre. 
Ce  n'eft  pas  que  la  cWlfe  du  gibier  n'y  foit  bonne 
&  abondante;  m;ais  cela  n'eft  pas  fuffifant  pour  leu;.' 
nourriture  ,  outre  qu'il  Icux  encoxite  trop  de  poudre 
&  de  plomb  ;  car  d'un  coup  de  fi'ifil  dont  ils  abat- 
tent un  orignac  ,  ils  ne  tuetont  qu'une  outarde  ou 
deux  ,  quelquefois  trois;  &  cela'  ne  fùffit  pas  pour  les- 
nourrir  avec  leur  famille. 
Breton,  f.  m.  Coquille  blanche  &  inégalé  ,  qui  s'em 

ploie  aux  ouvrages  de  rocailfes. 
BRETONNE,  f.  f  On  adonné  ce  nom  p'aeticulier  à 
ce   qu'on   appelle  en  générn'  C'Z/'o/t;)  qui ,  fjivant 
l'explication  qu'en  a  donné   l'Acldémie-Françoife  . 
dans  la  troificme  édition  de  fon  DiiSlionftaiïe,  eft 

Hij 


Go 


B  R  Ë 


une  elpèce  de  mante  que  les  tcmmcs  mettent  pat- 
delllis  leurs  habits  ,  quand  elles  forcent ,  &  qui  les 
couvre  depuis  la  tête  julqu'aux  pieds.  Capots  de  ca- 
melot. Capote  de  taffetas. 
tfT  Le  mot  bretonne  ne  défigne  point  tout  feul  1  ef- 
pèce  d'habillement  dont  on  parle  ici.  On  dit  une 
cape  bretonne  ,  pour  la  dirtinguer  de   celles  qu'on 
porte  dans  les  provinces  voilines ,  en  Normandie  , 
en  Anjou ,  5c  qm  ne  Ibnr  pas  faites  de  la  même  fa- 
çon. 
BRETTE.f.  f.  Epée  qui  efl:  plus  longue  que  celle  qu'on 
poite  ordinairement.  Ritdis  gladuitoria.  C'eft  un  ter- 
me de  plaifanterie.il  ne  quitte  jamais  la  brette.  Quel- 
ques-uns dérivent  ce  mot  de  ^mro:iqui  fignifîe  une 
ej'pece  d'arme  tranchante  ,\nycnx.cz  en  BTetagne. 
Brette  ,    eft   proprement   une    forte  d'épée  longue 
&  étroite.  M.  Huet  croit  qu'elles  font  ainlî  nom- 
mées pour  ctte  venues  de  Bretagne.  Dans  le  grartd 
teftamcnt  de  Villon  le  mot  Brettes  eft  employé  pour 
bretonnes  ,  &  brettes  tardes  ,  pcair  targes  bretonnes. 
On  appelle  aufîi  une  femme  de  Bretagne  Brettx, 
de  Britta^èc  haiVe-brette  une  femme  de  bafle-Bretagnc, 
BRETTE  ,  EE  ,  adj.  Truelle  brettèe  ,  marteau  btetti , 
ou  brettclé,  font  des  outils  qui  ont  pluiieurs  dents 
ou  petites  pointes  qui  fervent  à  bretteler  leurs  ou- 
vrages. Voye:^  Brettep-. 
Ip"  BRETTEN.  Ville  d'Allemagne  dans  la  Suabc  , 
appartenante  avec  l'on  territoire  à  l'Eledeur  Pala- 
tin. 
Ip"  BRETTËN.  Petite  ville  de  Suéde  ,  dans  la  Dàlie  , 

fur  le  lac  Waner. 
BRETTER  ,  ou  BRETTELLER.  V.  a.  C'eft  parmi  les 
Sculpteurs  une  manière  de  travailler  fur  la  cire  ou 
fur  la  terre.  Ils  ont  un  ébraichoir  ou  iiiftrumcnt  de 
bois  qui  a  des  dents  par  un  bout,  Se  qui  en  ôtant 
•la  cire  du  ta  terre  ,  rie  fait  que  dégrofllr  &  iaiifer  les 
traits   fur   l'ouvrage  qu'on  nomme  brettures.  Les 
Maçons  ont  des  truelles  qu'ils  nomment  brettées&c 
hrettellees  ,  parce  qu'elles  ont  des  dents  ;  elles  leur 
fervent  pour  dreflér  leurs  enduits  de  pià-!re.  Les  Tail- 
leurs de  pierre  ont  aufll  des  marteaux  brettes  ,  qui 
leur  fervent  à  drefler  les  paremens  des  pierres.  Bret- 
teller  l'iernifie  auffi  resratter  im  mur  avec  un  outil  ù 
dents  5  comme  la  laie ,  le  rifflard  ,  la  rippe  ,  &c. 
Bretter,  V.  n.  Chercher  querelle ,  fcrailler  ,  avoir 
toujours  l'épée  au  vent ,  attaquer  infoiemment  tous 
les  paffans ,  chercher  noife  à  un  »chacun.  C'eft   un 
métier  qui  envoie  bientôt  fon  maître  en  l'autre  mon- 
de. Dict.  Com.  ^      ^ 
BRETTE,  ÉE-,  &  BRESSELE,  EE.  part.  Se  adj. 
BRETTEUR.  f.  m.  Celui  qui  porte  une  brette,  qui 

aime  à  fe  battre  &  à  férailler.  Rixarum  amans. 
BRETTURE.  f.  f.  Dentelure  qui  eft  aux   extrémités 
de  plufieurs  outils  d'artifans ,  comme  truelles  ,  rip- 
pes ,  marteaux  ,  &c.  Dcnticuli. 
Brettures  ,  fe  dit  auffi  des  traits  que  le  Sculpteur 
lailfe  ilir  un  ouvrage  qu'il  dégroilh  avec  l'ébauchoir 
brette. 
|Cr  BREUBERG.  (  Seigneurie  de  )  Petit   pays  de 
Franconie  ,  le  long  du  Mein  ,  entre  le  Comté  d'Er- 
pach  &  l'Archevêché   de  Maycnce  ,  avec  un  châ- 
teau qui  lui  donne  ce  nom. 
BRÈVE,  p  r     BREF. 

BREVEMENT ,.    \  Voyei  \     BRIÉVEAiENT. 
BREVETE,  N  l     BRIÈVETÉ. 

BREVET,  f.  m.  A6le  expédié  par  un  Secrétaire  d'Etat , 
qui  porte  la  conceflion  d'une  grâce ,  ou  d'un  don 
que  le  Roi  a  fait  à  quelqu'un.  Brève  Régis  diploma. 
Il  a  eu  le  brevet  de  nomination  à  un  tel  Evèché  ; 
un  brevet  pour  jouir  d'une  telle  charge.  |^  On. ap- 
pelle de  même  brevet ,  une  expédition  par  laquel- 
le un  Prince,  un  grand  Seigneur  accorde  une  graee 
à  quelqu'un. 
|C?  Brevet  d'affaire.  Privilège  que  le  Roi  accorde 
à  quelques  couftifans ,  de  le  voir  dans  fa  garde-ro- 
be. Acad.  Fr. 
ffT  Brevet  de  retenue.  Brevet  par  lequel  le  Roi  af- 
fure  une  certaine  fomme  fur  le  prix  d'une  charge  » 


B  R  É 

laquelle  doit  être  payée  aux  héritiers  ou  aux  crcan- 

eiers  du  titulaire  par  celui  qui  le  remplacera. 
§3"  Duc  A  brevet  ,  celui  qui  n'a  qu'un  brevet  de 

Duc. 
§3^  ]u.i}:e-i\i-cotps  à  brevet.  Sorte  de  jufte-au-corps 

bleu  que  quelques  courtifans  ont  droit  de  porter 

par  brevet  du  Roi. 
^CJ*  Brevet  de  joyeux  avénenient.  GtAceex^eû::Ltivà 


dont  le  Roi ,  à  fon  avènement  à  la  couronne  ,  a 


droit  d'ufer  fur  une  prébende  de  chaque  èglife  ca- 
thédrale ,  &  fur  les     dignités  &    prébendes    des 
collégiales  ,  en  prélénrant  un  fujet  à  chaque  Pré-' 
lat  6c  à  chaque  Chapitre  pour  être  par  eux  pourvu 
du  premier  bénéfice  qui  viendra  à  vaquer. 

§Cr  Brevet  de  ferment  de  fidélité.  Autre  mandement, 
par  lequel  le  P.oi  enjoint  .à  chaque  Evêque  donc 
il  reçoit  le  feiment  de  fidélité  ,  de  conférer  la  pre- 
mière prébende  vacante  à  celui  qui  eft  délîgné  par 
le  brevez. 

IJCF"  Obligation  par  brevet ,  en  termes  de  pratique* 
C'eft  celle  dont  il  n'eft  point  refté  de  minute  chei 
le  Notaire  ,  qui  a  été  délivrée  en  original  à  l'une 
des  parties. 

|J3"  On  dit  aufll  brevet  d'apprentiffage.  Foye^  Ap- 
prentissage ,  &  brevet  de  Maîtrise -,  mais  plus 
communément  lettres  de  maîtrife.  Du  Cange  témoi- 
gne qu'on  difoit  autrefois  Brevis  Aotar/orum  ;  od 
brève  facramenti  ;  pour  dire  ,■  Les  actes  &  minutes 
de  N\)taires  ;  Sc  rapporte  une  autorité  de  Lampri-» 
dius  pour  le  prouver. 

BïtEVET  ,  en  teriTies  de  Marine",-  eft  un  écrit  Ibus  fcing^ 
privé  ,  par  lequel  le  maître  d'un  vaillèau  reconnoîr. 
avoir  chargé  telle  marchandife  l'ur  fon  bord  ,  qu'il 
s'oblige  de  porter  à  fa  deftination  pour  le  prix  con- 
venu ,  fauf  les  rifcjiies  de  la  mer.  Les  matelots  l'ap- 
pellent cor.noiffement  fur  i'Océ^n,  Se  police  de  char- 
gement fur  la  Méditerranée.  J^oye:^^  Bref. 

Brevet,  f.  m.  Terme  de  Teinturier.  Décoèlion  de  ga- 
rence  Si  de  fon  ,  que  les  Teinturiers  ajoutent  dans 
l'ean  commune,  &  paffée  par  un  tamis  dans  le  bain 
de  l'indigo ,  qui  eft  verte  ibus  l'écum.e.  Ils  y  met- 
tent la  garence  j  pour  allliter ,  difent-ils  ,  la  couleur 
de  l'indigo  ,  parce  que  cette  racine  en  fournit  un  fi 
folide  fur  les  iujcts  préparés,  qu'elle  réfifte  à  prel^ 
que  toutes  les  épreuves.  Ils  y  ajourent  le  fon  ,  pour 
adoucir  l'eau  qu'ils  fuppofent  contenir  ptefque  tou- 
jours des  parties  d'un  fel  acide  ,  qu'il  eft  bon  ,  felort 
eux  ,  d'amortir,  Mem.-  de  l'Acad,  des  Sç,  1 740  ,  p. 

§3"  Manier  le  brevet ,  c'eft  examiner  avec  la  main  ii 
le  bain  ou  le  brevet  de  la  cuve  eft  bon  ou  aifez 
chaud.  Ouvrir  le  brevet ,  prendre  de  la  liqueur  pouc 
eonnoîcre  la  couleur  du  bain. 

On  appelle  encore  brevet  la  croix  du  Saint-EP 
prit ,  qui  eft  brodée  fur  les  manteaux  Se  les  habits 
des  Chevaliers  de  cet  Ordre  i  mais  plus  communé- 
ment ces  croix  en  broderie  ,  détachées  ,  qu'on  coûc 
feulement  fur  l'habit  ,  Se  qu'on  peut  tranfporter  , 
quand  on  veut,  d'un  habit  iur  un  autre.  On  acheta 
douze  brevets  pour  M.  de  . . .  On  donne  même  quel- 
quefois le  nom  de  brevets  aux  Seigneurs  qui  font  de 
cet  Ordre  ,&  qui  portent  le  cordon  bleu.  On  les 
nomme  fouvent  Cordons  bleus  ,  mais  quelquefois 
Brevets.  On  laiffe  entrer  les  Brevets  au  lever  du 
Roi.  Etat  de  la  France, 

Brevet  dé  tailles,  eft  une  commiffion  du  Confeil  , 
fcellée  du  grand  Iceau  de  cire  jaune, qui  contient 
la  Ibmme  qu'il  plaît  au  Roi  d'impofer  pour  la  tail- 
le dans  l'étendue  de  chaque  Généralité  &c  de  cha- 
que  Eleâion. 

Brevet  de  contrôle,  eft  une  reconnoiffance  que  les 
Commis  des  Bureaux  des  Traites  délivrent  à  la  for- 
tie  du  Royaume ,  à  la  place  de  l'acquit  de  paye- 
ment que  les  conduèteurs  Se  voituriers  leur  remet- 
tent entre  les  mains. 

Brevet  ,  fe  dit  aufl]  de  certains  billets ,  caraélères ,  ou 
oraifons  que  donnent  des  charlatans  ,  Se  des  em- 
piriques pour  guérir  de  plufieurs  maladies ,  ou  pour 


B  RÉ 

faîte  des  chofes  extraordinaires,  Aînfî  Comeiiîe  a 
.  dit  dans  l'illiiiion  comique  , 

Et  pour  gagner  Paris  il  vendit  par  Id  plaine 
Des  brevets  à  chajfer  la  fièvre  &  la  migraine. 

On  les  appelle  en  grec  ?»i;A«»7-^f  <« ,  en  latin^êrv^- 
torium ,  amuktum, 
BRÉVETAIRE.  i.  m.  Teime  de  palais.  Celui  qui  i 
obtenu  un  brevet  du  Roi ,  en  matière  bcncficiale  , 
pour  être  pourvu  du  premier  bcnc/ice  qui  viendra  à 
vaquer./?É'ff/.j-  diplomate  munitus ,  injirucîus.  Dans  le 
concours  d'uil  Indultaire  6i  d'un  Brève  taire  de  joyeux 
avènement,  le  grand  Conlèil  donne  la  préférence  à 
rindultaire ,  quoique  fa  réquilition  foit  poftcrieure 
à  celle  du  Brevetaire.  C'ell  ce  qui  a  été  jugé  par 
pluficurs  arrêts ,  dont  il  y  en  a  un  du  4  Mars  171 7. 
|Cr  BREVETER,  Vieux  v.  a.  dont  Montaigne  s'eft 
fervi  pour  abréger,  Breviare.  Aujourd'hui  J^reveter 
lignifie  accorder  un  brevet ,  donner  le  brevet  d'un 
office  ,  d'un  emploi ,  d'une  penlion.  Le  Roi  la  hre- 
re/Ê  d'une  penlion.  , 
BRÉVIAIRE,  f.  m.  Office  divin  qu'on  fait  tous  les 
jours  à  l'égliie  ,  &  que  les  Eccléfîaftiques  doivent 
dire  chez  eux  ,  quand  ils  ne  peuvent  pas  y  a/liftcr. 
Breviarium.  Le  bréviaire   de  Rome  fe    peut  dire 
pat-tout.  Il  y  a  des  bréviaires  particuliers  pour  cha- 
que Diocèle  ,  &  pour  chaque  Ordre  de  Religieux. 
Comme  avant  le  Concile  de  Trente  le  bréviaire  n'é- 
toit  pas  uniforme  pour  tous  les  Diocêfes  5  le  Pape 
Pie  V  fit  dreifer  un  bréviaire  pour  l'afage  imiver- 
fel  de  l'Eglifc,  intitulé  Breviarium  Romanum.  ex  dé- 
créta facro-fancii  Concilii  Tridentini  reflitutum. 

Le  bréviaire  efï  Ccntlpofé  de  Matines  ,  Laudes  , 
Prime  ,  Tierce  ,  Sextc  ,  None ,  Vêpres  &  Compiles  ■■, 
c'eft-a-dire  ,  de  fepr  différentes  heures ,  à  caufe  de  ce 
mot  de  David  ,  Pfeaume  CX/^III.  Septies  in  die 
laudem  dixi  tibi.  L'obligation  de  réciter  l'Office  | 
que  les  Latins  appellent  bréviaire,^  les  Grecs  l'hor- 
loge, pcu-à'peu  s'ell  réduite  aux  feuls  Clercs  &  aux 
Bcnéiiciers ,  qui  y  font  obligés  fous  peine  de  péché 
mortel,  &  de  reftitution  des  fruits  ,à  proportion 
de  ce  qu'ils  en  auront  oirris.  God.  Au  XIV^  fié- 
tle  c'étoit  un  cas  rcfervc  aux  Evoques  que  d'avoit 
été  trois  jours  fans  dite  le  bréviaire.  Il  y  avoir  des 
Ëvêques  qui  exigeoierit  des  Prêrres  qu'ils  eulfent 
dit  non-feulement  Matines  ,  mais  encore  Prime  , 
avant  que  de  célébra  la  Meilê.  Lobinealt.  Hijî.  de 
Bret.  T.  h  p.  847.    # 

L'inftitution  à\x  bréviaire  n'étant  point  ancienne , 
en  y  a  inféré  les  vies  des  Saines  telles  qu'elles  étoient 
alors,  c'eft-à-dire  ,  pleines  de  faits  qui  ne  font  point 
aflez  avérés,  C'efl:  pourquoi  il  a  été  néceflàire  que 
les  Papes  &  les  Evêqiïcs  les  réformafîènt  félon  le 
décret  du  Concile  de  Trente.  Les  Papes  Pie  V  , 
Clément  VIII  &  Urbain  VIII  ont  fait  réformer 
le  bréviaire  Romain.  Plufieurs  Evêques  de  France 
ont  aufll  fait  travailler  à  la  réformation  des  bré- 
viaires de  leurs  diocêfes. 

M.  Jolijgrand  Chantre  de  Notre-Dame  de  Paris , 
dans  une  confultatiou  touchant  la  réformation  des 
Heures  Canoniales,  imprimée  en  11S44  ,  prétend  que 
l'obligation  de  réciter  le  bréviaire  en  particulier 
n'ell  appuyée  que  fur  une  coutume  qui  fert  de  loi , 
&  qu'avant  le  Concile  de  Balle  on  n'avoit  fait  là- 
defîus  aucune  conftitution.  Il  ajoute  même  que  ce 
Concile  n'enjoint  pas  cxpteffément  aux  Eccléfîafti- 
ques  de  le  réciter ,  mais  qu'il  enfeignc  feulement 
la  manière  de  le  reciter  :  ()uœ  conjîitutio  non  di- 
fertis  verbis  opus  ijlud  Ecclejiafi.icis  injungit  ;  fed 
quomodo  traciandurji  fit ,  exponit. 

Il  fe  fit  dans  le  Concile  de  Latran  tenu  fous  les 
Papes  Jules  II ,  &  Léon  X  une  conftitution  plus  ^ 
expreile  ,  qui  oblige  les  Eccléfiaftiques  jouiflans  de 
bénéfices  ,  à  réciter  le  bréviaire  fous  peine  d'être 
privés  des  fruits  de  leurs  bénéfices ,  &  même  d'être 
dépouillés  de  leurs  bénéfices  ,  lî  après  avoir  été  aver- 
tis ,  ils  ne  fe  corrigent  point.  Mais  quoique  ce  Con- 
cile de  Latran  porte  le  nom  de  Général ,  plufieurs 
doutent  qu'il  le  foit ,  comme  Bellarmin  même  Ta 


ÈRE 


èi 


remarque.  On  obfervera  de  plus  ,  que  ce  Concile 
n'oblige  pduit  les  Béncriciers  à  réciter  leur  bréviaire; 
lorfqu'ils  ont   des  ôccuparions  légitimes  qui  les  en 
empêchent.  Légitima  impedimenta  cejfante.  M.  Joly 
met  au  nombre  de  ces  empêchemens  légitimes  l'é- 
tude de  l'Ecriture-Sainte  ,  ou  de  ce  qui  la  regarde, 
par  exemple ,  la  prédication  de  la  parole  de^Dieu , 
&'  plufieurs, œuvres  de  charité  qui  font  comman- 
dées dans  l'Evangile.  Mais  ce   que  dit  M.  Joli  ne 
doit  pas  faire  croire  qu'on  puiife  aiiêmcnt  fe  difpen- 
ler  tie  dire  le  bréviaire  ,  quand  on  y  eft  obligé.  Une 
coutume  légitimement  établie  a  force  de  loi ,  pafTe 
en  loi  ;  ainfi ,  excepté  dans  les  maladies ,  qui  met- 
terit  dans  l'impofTîbilité  de  réciter  le  bréviaire ,  ou 
qui  en  rendent  la  récitation  très-difficile ,  l'obliga- 
tion de  le  dire  lubfifte  toujours,  à  itidins  qu'elle'ne 
fiit  incompatible  avec  les  devoirs  d'une  autre  vertu 
d'un  ordre    fupérieut.  Par  exemple  ,  s'il  s'agiffoit 
d'a/îiftcr  une  perforine  mourante  ,  de  lui  adminif- 
trer  les  Sacremens ,  de  baptifer  des  enfans  ^  ou  des 
catéchumènes  qui  font  en  danger  de  mort  j.^-c.  on 
doit  préférer  ces  devoirs  de  charité  à  la  récitation 
du  Bréviaire.  Mais  de  ctoire  que  pour  étudier  fîm- 
plemcnt  l'Ecriture  Sainte,  ouïes  choies  qui  y  ont 
rapport,  on  puiffe  fans  autre  raifon  fe  difpenfer  de 
récirer  le  Bréviaire ,  c'efl:  fe  tromper  -,   &  fi  c'étoit 
là  le  fentiment  de  M.  Joly ,  il  taudroit  le  rejeter 
comme  faux.  On  doit  ajouter  que  l'obligation  de 
reciter  le  Bréviaire  eft  encore  plus  grande  pour  les 
Bcnéiiciers  que  pour  les  autres. 

Dans  un  Concile  tenu  à  Cologne  en  l'r^cî,  on 
parla  fortement  pour  la  réformation  du  Bréviaire  ,■ 
&  l'on  y  reprcfenta  que  les  anciens  Pères  ne  permet- 
toient  pas  qu'on  liit  dans  les  Eglifes  autre  chofc  que 
l  Ecriture  Sainte  :  Hic  multo  jam  ex  tempore  pio 
anima  dcfideravimus  repurgari  Breviaria^ 

Le  Cardinal  Quignon,  du  titre  de  Sainte-Croix, 
avoit  publié  dès  ce  tenrps-là  un  nouveau  Bréviaire 
Romain,  d'où  il  avoit  ôté  prefque  tout  ce  qui  lui 
paroifîbit  ftbuleux  ,  par  l'ordre  des  Papes  Clé- 
ment Vil  &  Paul  IIL  Son  deflêin  étoit ,  comme  il 
le  déclare  lui-même  dans  Une  belle  préface  qui  eft  à 
la  tête  de  ce  livre,  qu'on  lût  principalement  l'Ecri- 
ture Sainte  pendant  toute  l'année,  &  le  Pleauticr 
entier  chaque  femaine.  Il  en  retrancha  le  petit  Office 
de  la  Vierge,  les  traits  ou  verfets ,  les  répons  & 
plufieurs  autres  chofes  femblables  que  le  chant  a  in- 
troduites dans  fEglife.  ïl  avoit  eu  égard  en  cela  à 
l'inftruifiiion  &  à  l'utilité  de  ceux  qui  récitent  le 
Bréviaire  en  particulier.  Il  afllire  que  les  EÏiftoires 
des  Saints  qu'il  a  laiflèes  dâ»-.'s  fon  Bréviaire  y  font 
rapportées  d'une  telle  manière  ,  qu'elles  ne  contien- 
nent tien  qui  puifîc  choquer  les  perfonnes  graves  &C 
favanres  :  Hifiofice  SanBoruntfiç  confcriptàfunt,  ut 
nihil  habeant  quoi  graves  &  do&as  aures  offendat. 
Les  Papes  Jules  Ili  &  Paul  IV  ,  auroriferent  ce  Bré- 
viaire ,  dont  il  y  a  eu  allez  grand  nombre  d'éditions  „ 
principalement  en  France, 

Il  eft  vrai  que  cette  réformation  du  Bréviaire  Ko- 
main  parut  trop  libre  aux  Doéleurs  de  la  Faculté  de 
Théologie  de  Paris.  Ils  en  firent  l'an  1555;,  une  cri- 
tique en  fornie  de  cenfure,  fous  le  titre  dcNot/s  Cen- 
furaricc  in   Sacrum   Qjdgnonis  Breviarium.  Ils  ne 
pouvoient  foufFrir  une  fi  grande  nouveauté ,  paice 
que  ce  Bréviaire  du  Cardinal  Quignon  eft  tiès-diffé- 
îentdc  tous  ceux  qui  avoient  été  publiés  jufqu'aiors- 
Mais  nonobftanr  certe  cenfure ,  il  fur  imprimé  dans 
la  fuite  plufieurs  fois  avec  l'approbation  des  Doc- 
teurs de  Sorbonne ,  &  avec  le  privilège  du  Roi.  Les 
Doreurs  mêmes  fe  fervirent  de  l'autorité  de  ce  Bré- 
viaire ç.xï  1574,  pour  établir  la  Conception  Imma-» 
culée  de  la  Sainre  Vierge  contre  Maldonat.  Ce  quî 
fait  voir  manifeftement  que  ce  Bréviaire.,  qui  fût 
enfuite  fupprimé  ,  étoit  alors  en  ufage ,  au  moins 
parmi  les  Eccléliaftiques  de  France,  qui  le  récitoienr 
comme  un  véritable  ^ri/v/.nVc- Romain.  Il  yen  a  au 
moins  quatre  éditions  de  Lyon. 

Dans  le  ^m'/'-t/re  Romain  on  récite  le  Dimanche 
à  Matines,  dix-huit  Pfcaumes  en  trois  npifiurne* 


^% 


BRÉ 


douze  iû  premier  ,  &  trois  à  chacun  clos  deax  autres. 
Les  autres  jours  de  la  lemaiac,  qu'on  appelle  iéries  , 
&:  aux    tctes  hmples  ,  on  en  récite    aouze  en    un 
feul  nocturne.  Pour  les  fêtes,  excepte  celles  qui  iont 
iimplcs ,  on  en  récite  neuf;  mais  aux  fêtes  de  Paque 
&  de  la  Pentecôte  ,  on  n'en  récite  que  trois.  Apres 
les  Pleaumes  de  chaque  noélurne ,  on  Ut  trois  le- 
çons ,  qui  font  précédées  de  quelques  vcrfcts ,  d'un 
Faur  72opr  &  d'une  prière  pour  demander  la  bc- 
tiédiclion ,  &  terminées  par  des  répons  j   hors  la 
dernière  ,  après  laquelle  on  dit  le  Te  Deum  les  jours 
de  fêtes  &  les  Dimanches ,  qui  ne  tombent  pas  aans 
l'Avent  ou  dans  le  Carême.  A  Laudes ,  on  dit  tou- 
jours fept  Pfcaumcs  &  un  Cantique  fous  cinq  an- 
tiennes ,  ou  trois  antiennes  feulement  dans  le  temps 
Pafcal  :  dans  ce  même  temps-là ,   on   ne  dit  qu'une 
antienne  pour  chaque  no^lurne,  quelque  nombre_^de 
Pleaumes  qu'il  renferme.  A  Prime  ,  les  jours  de  fête 
&  le  Samedi ,  on  ne  récite  que  trois  P.eaumes  -,  les 
Dimanches  &  les  fériés  on  en  récite  quatre,  hormis 
da-ijf  le  temps  Pafcal ,  où  l'on  n'en  récite  que  trois. 
A  Prime  ,  en  récite  les  Dimanches  le  fya>bole  de 
S.  Athanafe  après  les  Pfeaumes.  A  Tierce,  Sexte  & 
Nonc,  on  récite  toujours  trois  Pfeaumes,  qui  font 
des  parties  du  û;rand  Pfeaume  1 1 8  ,  Bciui  imina.culati. 
A  Vêpres ,  on  récite  tous  les  jours  cinq  Pfeaumes ,  & 
quatre  à  Compiles.  De  plus ,  on  récite  un  Pater , 
un  Ave ,  un  Crelo ,  au  commencement  de  Mannes 
&  de  Prime  &  à  la  fin  des  Compiles  -,  au  commen- 
cement des  autres  heures,  on  récite  feulement  un 
PMcr  &  un  Ave  ^  excepté  au  commencement  de 
Complics  que  l'on  dit  une  courte  leçon,  un  Pxtir, 
le  ConfiteoT ,  les  verfets  Convcne  nos ,  &c.  &  Deus , 
in  a.ij'.uorliim ,  &:c.  A  la  fin  des  Laudes ,  des  pe- 
.tites  heures  £«:  des  Vêpres,  on  dit  toujours  l'oraifori 
propre  de  l'office  que  l'on  fair  -,  on  en  ajoure  quel- 
ques autres  a-.ix  jours  moins  iblenncls,  comme  lori- 
que  l'office  n'eft  pas  double*  &c,  A  la  fin  des  Lau- 
des ,  on  dit  après  les  Pfeaumes  une  leçon  brève,  une 
hymne ,  un   vcrfet ,  une  antienne  &  le  Cantique 
Benediclus;  on  fait  la  même  chofe  à  Vêpres  après  les 
Pfeaumes,  excepté  qu'au  lieu  du  Canrique  Bene- 
dicîiis,  on  dit  le  Cantique  Magnificat.   Après  les 
Pfeaumes  de  Compiles ,  on  dit  une  leçon    brève  , 
une  hymne ,   quelques  verfets ,    une   antienne  ,  le 
Cantique  Nunc  dimittis  èc  une  oraifon  ,  devant  la- 
quelle on  récite  quelques  prières   les  jours  moins 
folennels ,  puis  l'antienne  de  la  Sainte  Vierge  avec 
fon  oraifon.  Au  commencement  des  Matines  après 
le  Pater ,  VAve,  le  Credo  de  llnvocation  ordinaire , 
on  dit  le  Pfeaume  J^enite,€xuhemus  alternativement 
parverf;rs  avec  des  antiennes.  Enhn  ,  l'on  dit  tou- 
jours à  la -fin  des  Pfeaumes,  le  veritt  Gloria.  Patri, 
&c.  excepte  les  trois  derniers  jours  de  lai  Semaine- 
Sainte  ,  où  l'office  efl:  un  peu  différent.  On  ne  dit 
en  ce  temps-là  que  le  Pater  &c  VAve  au  commence- 
ment des  heures ,  &  de  plus  le  Credo  à  Matines  & 
à  Prime ,  puis  les  Pfeaumes  fans  antiennes ,  &:  fans 
le  verset  Ghri.i  Patri ,  8cc.  en  lit  les  leçons  à  Ma- 
tïucs  à  l'ordinaire,  fans  demander  la  bcnédiclion  :  à 
la  fin   des  heures,   on  dit  un  verfet ,   une  fois  le 
Pater  ,  le  Pfeaume  50^  Mi  fer  ère  ,  &-*une  oraifon 
conforme  aux  myftères  que  l'Eglile  célèbre.  Le  Sa- 
medi-Saint à  Vêpres  ,•  on  ne  dir  qu'un  Pfeaume , 
qui  fait  la  communion  de  la  Meflê ,  puis  l'oraifon 
qui  en  fait  la  poftcommunioti.  Ceux  qui  difent  en 
particulier  l'office  ,  commencent  les  Vêpres  par  un 
Pater  &:  un  Ave  à  l'ordinaire.  Le  jour  de  l'Epiphanie, 
on  ne  dir  poinr  au  ccHTimencement  de  Marines  le 
.    Pf?aume  Fenite,exii[temiis  ,  ni  l'hymne  ,  le  Pfeaume 
eft  rejeté  au  commencement  du  troifièmc  noèlurne. 
Le  jour  de  la  Toullainr&,  outre  les  Vèpresde  la  fcre, 
ort  dit  les  Vêpres  des  Morts-,  &  le  lendemain  ,  outre 
les  Matines  &C  les  Laudes  du  jour ,  on  dir  Marines  5c 
les  Laudes  de  l'office  des  Morts.  Telle  eft  la  difpo- 
fition  générale  du  Bréviaire  Romain  ,  qui  fervira 
à  connoitre    la  difpolîtion    des   autres  Bréviaires. 
Ceux  qui  cherchent  des  r^ifons  allégoriques  de 
kt  difpofition  du  bréviaire  les  trouveront  dans  Ama- 


BRÊ 

iarus  Formfiatus  ,  Honorius ,  Durand ,  &c.  GcuM 
qui  veulent  favoir  quels  pfeaumes  l'on  dit  à  chaque 
partie  du  brevMre  lés  trouveront  marqués  à  la  fin 
de  la  verliori  eh  François  >  que  le  P.  Lallemant  a 
faite  des  pleaumes.  Voyei  le  bréviaire  Ps.omain , 
&c  les  rubriques  qui  le  concernent,  f^oyei  auifi  le 
Cardinal  Bona. 

Le  bréviaire  des  Bénédidins  a  été  formé  d'abor4 
par  S.  Benoîr  :  on  y  a  ajouté  dans  la  fuite   l'of- 
fice de  quelques  Saints ,  ce  qui  ne  change  pas  la 
difpofition  &:  la  forme  de  ce  bréviaire.  S.  Benoit 
avoir  tellement  divilë  le  pfeautier  ,  que  fes  Reli- 
gieux le  rccitoient  tout  en  une  ferhaine  ,  8c  afin 
que  la  diftribution  tut  plus  égale  ,  il  avoir  divifé 
par  parries  les  plus  grands  piêaumes.  Dans  le  bré- 
viaire de  S.  Benoît  il  y  a  toujours  douze  pfeau- 
mes à  Marines  ,  &c  douze  leçons  les  Dimanches  , 
&  les  Fêtes  ;    il  y  a  de  plus  trois  cantiques  tiréi 
de  l'ancien  Teftament.  A  Laudes  on  dit  huit  pfeau- 
mes ,  ou  cantiques  ,  dont  le  premier  fe  dir  fans  an- 
tienne :   les   jours  de   Fêtes  les  pfeaumes  font  les 
mêmes  que  dans  le  bréviaire  Romain  :  les  Diman- 
ches &  les  jours  de  férié  quelques-uns  font  diffc- 
rens.  A  Prime  ,  à  Tierce  ,  à  Sexre  &  à  None  ,  on 
récite  trois  pfeaumes  :  à  Vêpres  quatre ,  &;  trois  .à 
Complies.  Au  commencement  de  toutes  les  heures 
on  dit  le  Pater  ,    VAve  ^    &  le  Credo ,    k  prière 
Deus ,  in  adjutorium  ,  &c.  &:  à  la  fin  de  l'office 
l'ancienne  de  la  fainte  Vierge  ,  comm.e  dans  le  Ro- 
main. Les  Dimanches  &:  les  Fêtes  à  Matines  après 
les  prières  ordinaires  du  commencement  on  dit  une 
fois  Deus,  iri  adjutorium,  &:c.  tïois  t'ois  Domine , 
labLi  ;nea,écc.  p'dis  le  rroifième  pfeaume  Doniine,quid 
multiplicati ,   Sic.  fans  anrienne ,  enluite  l'invita- 
toire  &  l'hymne ,  fix  pfeaumes  avec  antiennes ,  & 
quatre  leçons  avec  leurs  répons ,  &  cela  forme  le 
premier  noc'iurnc  :  le  fécond  elb  compofé  de  même 
de  f:x  pfeaumes  &;  de  quatre  leçons  •,■  &  le  rroifième 
de  trois  cantiques  ,    qui  fe  difent  fous    une  feule 
antienne ,  5c    de  qHàtre  leçons  ,   après  on  dit  le 
Te  Deum    dc   quelques    prières  qui  terminent  les 
Matines.  Les  jours  de  ferie  à  Matines  on  dit  les 
mêmes  chofes  que  les  Dimanches  jufqu'a  l'hymne  , 
puis  fix  pleaumes  Se  trois  leçons,  avec  les  béné- 
dii5tions  qui  les  précédent ,  &  les  répons  qui  les 
fuivent ,  excepté  que  depuis  Pâque  jiiiqu'à  la  Toul- 
faims  y   à  caufe  que  les  nuits  font  plus  courtes  , 
on    ne  lit  qu'une   leçon  fjttt  courre  avec  un  ré- 
pons ,  8c  c'eft  ce  qui  fait  ^premier  noCturne.  Le 
fécond  eft  conipofé  de    fix  pfeaumes  ,   après   IcP 
quels  on  dit  quelques  prières,  qui  changent  lêlon  les 
temps  ;  ainii  finilfent  les  Matines  de  la  ferie  qui  n'a  pas 
trois  leçons.  Les  Laudes  du  bréviaire  Bénédictin, 
font   prefque  en  tout  femblables  à  celles-  du  /rJ- 
viaire  Romain  ;  elles  diftèrenr  en  ce  que  dahs  l'of- 
fice fimple ,  &  dans  l'office  de  la' férié ,  au  commence- 
ment ,  après  un  Pater  Se  un  Ave  ,  on  dit  le  pfeaume 
Deus  mifereitur  ,  &  à  la  fin  ,    après  le  cantique 
Benedicius  ,  on  récire  à  haure  voix  un  Pater ,  qui 
efl  fuivi  de  l'oraifon  ,  &  des  commémorations  or- 
dinaires. On  dit  à  Prime ,  à  Tierce  ,  à  Sexte  &  à 
None ,  les  mômes  pfeaumes  que  dans  le  Romain  , 
après  le  chapirre  il  n'y  a  point  de  répons  ;  le  refce 
comme  à  Laudes ,  excepté  les  commémorations  que 
l'on  ne  fait  point.    Les  Vêpres  n'ont  que  quatre 
pfeaumes ,  elles  finiffent  comme  les  Laudes  excep- 
té qu'au  lieu  du  cantique  Benediclus  on  dit  le  can- 
tique Magnificat.    A  Complies  il   n'y  a  point  de 
répons  après  le  chapitre.  Du  refte  on  dir  apfèi  les 
trois  pfeaumes  un  chapitre  ,  un  verfer ,  quelques 
prières  ,  comme  aux  autres  heures   &   l'oraifon  , 
puis  la  bénédiétion.  Ces  prières   qu'on 'dit  à  la  fin 
des  heures  Ibat  appelées  litanies  dans  la  règle  de  S. 
Benoîr.    Les  déclarations  de  la  Congrégarion  d.t 
Monr-CaOln  nous  apprennent  que  par  ce  mot  de  li- 
tanies on  entend  les  prières  fui  vantes,  favoir,  i^yr/i', 
eleifon  ,  Chrifte  ,  eleifon.  Kyrie  ,  eleifon  ,  une  fois 
le  Pater  ,  Dominus  vobifcum  ,  Sec.  Se  l'oraifon  du 
jour.  Les  mêmes  déclarations  remarquent  que  le^ 


B  R  E 

trois  derniers  jours  de  la  Semaine-Sainte  ort  fait 
l'office  félon  l'ufage  de  la  Cour  de  Rome ,  fecun^ 
dum  Roma.nam  Curiam.  Voyez  la  règle  de  S. 
Benoît ,  les  déclarations  de  la  Congrégation  de 
Sainte  Juftine  ,  ou  du  Mont-Caifin  ,  le  Cardinal 
Bona ,  qui  marque  quels  font  les  pfeaumes  que  l'on 
dit  à  chaque  partie  du  bréviaire  Bcnédiétin.  On 
trouve  des  explications  allégoriques  de  la  difpo- 
fition  du  hiéviaire  de  l'Ordre  de  S.  Benoît  dans 
Honorius  ,  Jean  Beleth  ,  Ruper  àc  Pierre  Da- 
mien. 

Le  bréviaire  de  Cîteaux  ou  des  Bernardins ,  cft 
différent  de  celui  des  Bcnédiélins  ;  mais  les  Ber- 
nardins prétendent ,  en  ce  qu'ils  ont  de  différent 
dans  le  bréviaire  ,  obferver  à  la  lettre  la  règle  de  S. 
Benoît ,  comme  le  montre  le  Cardinal  Bona.  Voici 
à  peu  près  en  quoi  conliftent  ces  différences.  Avant 
les  leçons  on  ne  dit  point  le  Pater ,  ni  l'ablblu- 
tion ,  ni  le  Cuny'sor  à  Prime  &  à  Complies ,  ni 
le  verfet  Gloria  Patri  aux  répons  qui  luivent  les 
leçons.  En  été  il  n'y  a  qu'une  leçon  aux  Matines 
des  fériés.  A  Tierce  &  à  Complies  les  hymnes 
fe  changent  luivan:  les  fêtes  &  les  temps  de  l'an- 
née. Les  pfeaumes  des  Vêpres  des  fériés  font  tou- 
jours les  marnes.  A  chaque  heure  du  bréviaire  il 
a  une  r  ■   d'fférente  de  celles  des  autres  heu- 

res. Jimai:-  ,:i  ne  double  les  antiennes,  &  il  n'y 
en  a  qu'une  à  Laudes.  Toures  les  heures  finllfent 
par  une  commémoration  de  la  fainte  Vierge  ;  en- 
fin ,  tous  les  jours  on  chante  le  Salve ,  Regina  après 
Complies.  Voye:!^  le  bréviaire  de  Citeaux ,  ôî  le 
Cardinal  Bona. 

Le  bréviaire  des  Chartreux  approche  fort  de  celui 
des  Bénédiilins  ,  &  de  celui  des  Bernardins  ,  il 
en  diffère  dans  les  chofes  fuivanres.  Au  commen- 
cement de  Matines  on  dit  trois  fois  le  Pater  & 
l'Ave ,  après  la  dernière  antienne  d'un  noéturne 
on  dit  un  Pater  &c  un  Ave ,  puis  on  donne  l'ab- 
folution  :  après  le  cuntique  Benedicius  ,  on  dit  neuf 
fois  Kyrie ,  eleifon.  Chrijle  ,  eleifon  ,  &  beaucoup 
de  pncrcs ,  auxquelles  on  ajoute  un  Miferere  les  jours 
moins  folennels  ■■,  &c  ces  prières  fe  difent  à  toutes 
les  heures.  A  la  fin  des  leçons  qui  font  tirées  des 
Prophètes  ,  on  ajoute  ces  paroles ,  Hœc  dicit  Do- 
minus  :  Convertimini  ad  me  &  j'alvi  eritis  ;  le  Sei- 
gneur a  dit  ceci  :  Retourne:!^  à  moi-,  &  vous  J'ere^ 
jauvés.  Les  pfeaumes  des  Vêpres  changent  félon 
que  les  fêtes  font  différentes.  Tous  les  jours  à 
Prime  l'on  dit  le  Symbole  de  S.  Athanafe.  Après 
l'oraifon',  qui  fe  dit  à  la  fin  des  heures  ,  on  dit 
Benedicamus  Domino  ,  &c.  fans  rien  ajouter.  Voye:^ 
1«  bréviaire  des  Chart-reux  ,  &  le  Cardinal  Bona, 

Le  bréviiVri  des  Prémontres  eft  fort  femblable 
au  bréviau'j  llomain  ,  &  les  Prémontrés  croient 
qu'ils  ont  confervé  l'ancien  bréviaire  Romain,  Voici 
ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans  ce  bréviaire.  Avant 
Matines  ils  récitent  trois  pfeaumes ,  &  quelques 
prières  avec  quelques  oraifons.  Avant  les  leçons 
de  Matines  ils  difent  un  verfet  ,  &  un  Pater  ,  mais 
il  n'y  a  point  d'abfolution..  Après  le  neuvième  ré- 
pons ils  chantent  le  Te  Deum.  Avant  Laudes  ils 
récitent  un  verfet  ,  qu'ils  appellent  facerdotal  , 
verfus  facerdotalis.  Aux  premières  Vêpres  des  Fêtes 
folennelles  ils  chantent  un  grand  répons  après  le 
chapitre.  Les  hymnes  changent  à  toutes  les  heures 
du  bréviaire  ,  fuivant  les  fêtes  &  les  temps  de  l'an- 
née. Ils  ne  difent  l'antienne  de  la  fainte  Vie;fge 
qu'après  Complies  i  depuis  la  Septuagéfime  jufqu'à 
Pâque  ils  récitent  le  pfeaume  117,  Confitemini , 
les  Dimanches ,  non  pas  à  Prime  ,  mais  à  Laudes , 
à  la  place  du  pfeaume  Dominus  regnavit ,  decorem  , 
&c.  qu'ils  récitent  dans  ce  même  temps-là  à  Prime. 
Enfin  ,  depuis  Pàque  jufqu'à  l'Afcenfion  ils  ne  di- 
fent les  Dimanches  à  Matines  que  trois  pfeaumes 
&  trois  leçons.  Voyes;_  le  bréviaire  des  Prémontrés 
&  le  Cardinal  Bona. 

Le  bréviaire  des  Dominicains  a  confervé  beau- 
coup de  chofes  de  fa  première  origine  •,  car  S.  Do- 
minique ,   qui  avoir  été  Chanoine  régulier  de  S, 


BRE 


6^ 


Auguftin,  porta  dans  l'Ordre  qu'il  inditiia  la  forme 
du  bréviaire  qu'il  avoir  trouvée  établie  chez  les 
Chanoines  réguliers  de  S.  Auguftin.  C -pendant  les 
Dominicains  y  ont  fait  quelques  changemens.  A 
Prime  ils  récitent  trois  pfeaum.es,  mais  les  Di- 
manches depuisla  Septuagéfime  jufqu'à  Pâque,  ils 
en  récitent  neuf,  &  à  Laudes  cians  ce  même  temps- 
là  ils  récitent  le  pfeaume  117,  Confitemini,  à  la 
place  du  pfeaume  Jubilate;  le  refte  de  l'année  ils 
ne  difent  point  à  Prime  les  pfeaumes  propres  de 
chaque  férié  ,  qui  font  marqués  dans  le  bréviaire 
Romain.  Ils  lifent  le  martyrologe  après  Laudes  , 
&  quand  ils  dilént  les  Mannes  le  foir ,  ils  ne  le 
lifenr  qu'après  Prime.  L'hymne  de  Complies  change 
félon  les  temps.  A  la  fin  des  heures  du  bréviaire , 
ils  difent  toujours  l'antienne  de  la  fainte  Vierge 
Salve ,  Regina  ,  &c  une  autre  de  S.  Dominique  avec 
quelques  prières.  Hors  le  temps  de  l'Avent  &  du  Ca- 
rême ils  n'ont  prefque  point  d'ofïice  de  férié,  car 
chaque  femaine  ils  difent  l'oiîice  de  faint  Domi- 
nique ,  du  S.  Sacrement  ,  de  la  fiinte  Vieige  &: 
du  S.  titulaire  de  la  Province,  Depuis  Pàque  juf- 
qu'à la  i  rinitc  ils  ne  récitent  à  Matines  que  trois 
pfeaumes  &  trois  leçons,  ^oyei  le  bréviaire  des 
Dominicains ,  &  le  Cardinal  Bona. 

Le  bréviaire  des  Carmes  ,  que  quelques  Auteurs 
prétendent  être  conforme  au  rit  ancien  de  l'Eglife 
de  Jérufalem  ,  eft  peu  différent  de  celui  des  Do- 
minicains. Les  Carmes  difent  à  Prime  le  Dimanche 
durant  l'année  le  pfeaume  117,  Confitemini  ,  &c. 
&  les  Dimanches  de  l'Avent ,  avant  les  pfeaumes 
ordinaires  de  Prime  ,  ils  en  dilént  cinq  autres.  Les 
Dimanches  depuis  la  Septuagéfime  jufqu'à  Pâque 
ils  récitent  à  Laudes  &  à  Prime  les  mêmes  pfeaumes 
que  les  Dominicains.  Ils  ne  diléit  que  trois  pfeaumes 
durant  les  oélaves  de  Pâque  îk:  de  la  Pentecôte , 
comme  ceux  qui  difent  le  bréviaire  Romain  ;  mais 
ils  récitent  des  prières  plus  longues  après  certains 
offices.  A  la  fin  de  chaque  heure  du  bréviaire  ils  di- 
fent toujours , l'antienne  Salve  ,  Regina  au  lieu  de 
laquelle  ils  difent  dans  le  temps  Pafcal  l'antienne 
Regina  cœli.  A  Pâque,  au  commencement  de  Vê- 
pres ,  au  lieu  de  dire  le  verlét  Deus ,  in  adjutorium  , 
il  chantent  neuf  fois  Kyrie,  eleifon ,  comme  à  la 
Meife  ,  ce  qui  eft  conforme  à  l'ancien  ufage  de  l'E- 
glife Romaine,  t^oye^  le  bréviaire  des  Carmes,  SC 
le  Cardinal  Bona. 

Le  bréviaire  des  Francifcains  &  celui  des  Jéfliites 
n'eft  pas  différent  du  Romain  ,  hors  quelques  fêtes 
particulières  de  ces  deux  Ordres ,  dont  ils  font  l'of- 
fice fuivant  le  rit  Romain.  Voye^  le  bréviaire  Ro- 
main ,  &  le  propre  du  bréviaire  de  ces  deux  Or- 
dres. 

Le  bréviaire  àc  Cluni ,  tel  qu'il  eft  aujourd'hui, 
a  été  féformé  par  ordre  de  deux  Chapitres  Géné- 
raux de  l'Ordre.  Jacques  d' Arbouze ,  Abbé  de  Cluni , 
&  le  Cardinal  de  Richelieu  avoient  travaillé  à  cette 
réformation  ,  mais  elle  fut  fouvent  interrompue , 
&  ne  put  être  achevée  qu'environ  l'an  kTSo,  pat 
les  foins  de  Dom  Paul  Rabuifon  Sous-Camcrier  , 
§>:  de  Dom'  Claude  de  Vert  Trcforier  de  Cluni. 
Alors  Monfieur  le  Cardinal  de  Bouillon,  Abbé  de 
Cluni ,  donna  un  décret  daté  de  Cluni  du  1 8  No- 
vembre (  jour  auquel  on  fait  la  fête  de  faint  Odon 
Abbé  de  Cluni)  l'an  1(^85,  par  lequel  il  ordonne 
à  tous  les  Religieux  &  à  toutes  les  ReligieUfes  de 
la  Congrégation  de  réciter  le  nouveau  bréviaire 
réformé.  Ceux  qui  ont  travaillé  à  la  réformation 
de  ce  bréviaire  ont  tâché  de  lui  rendre  la  forme 
que  S.. Benoît  lui  avoit  donnée.  Q\»and  les  chofes 
ont  été  douteufes ,  ils  ont  fuivi  le  bréviaire  Ro- 
main ,  ou  l'efprit  du  bréviaire  Romain ,  les  cou- 
tumes de  l'Eglife  Romaine ,  &  les  anciens  ufages 
de  Cluni.  En  général  il  y  a  peu  d'offices  de  douze 
leçons ,  pour  laiffer  plus  de  remps  pour  le  travail 
des  mains ,  il  n'y  a  point  de  fêtes  avec  odave  du- 
rant le  Carême-,  tous  les  famedis,  ou  l'on  dit  l'of- 
fice, ou  l'on  fait  commémoration  de  la  fainte  Vierge, 
Foye^^  le  bréviaire  de  Cluni, 


iS4ç. 


BRE 


Le  bréviaire  de  l'Eglife  de  Lyon,  fi  l'on  en  croît 
la  tradition ,  eft  prelque  le  même  que  S.  Ircncc  y 
établit  autrefois.  A  Prime  durant  la  iemaine  on  ne 
dit  que  trois  pieaumes ,  Se  neuf  les  Dimanches  , 
avec   le  lymbole  de  S.  Athanai'e.    Depuis  la  Sep- 
tuagéfime  jufqu'à  Pâque  les  deux  premiers  pfeaumes 
des' Laudes  font  le  ^o\  Miferere ,  &i  le  iiy^  Co«- 
fitemini ,  le   refte  de  l'année  on  dit  ceux  qui  font 
marques  dans  le  héviaire  Romain.  Avant  Matines 
on  dit  feulement  nn  Pater  ,  puis  une  courte  prière 
ail  Saint-Efprit ,  les  verfets  Domine  ,  labia ,  &c.  &: 
Deus    in  adjutorium.  ,  &c,    l'invitatoire ,  puis  les 
pfeaumes ,  fans  hymnes ,  car  on  n'en  dit  qu'à  Com- 
plics.  Le  nombre   des  leçons   Se  la  forme  de  les 
lire  font  conformes  au  Romain.   Après  le  Te  Deum 
on  dit  Gloria  Patri ,  &c.  comme  après  les  pfeaumes. 
Au  commencement  de  chaque  heure  du  brévi.iire 
on  ne  dit  que  le  Pater, Si  à  la  fin  le  pfeaume  De  profun- 
dis  ,  avec  l'oraifon  pour  les  morts.  Il  y  a  certains  jours 
où  l'on  répète  fept  fois  l'antienne  du  cantique  de 
Vêpres ,  &  on  la  mêle  aux  verfets  de  ce  cantique. 
Compiles  fe  difent  fans  leçon  brève  ,    mais  après 
le  Pater  Se  les  verfets  Converti  nos  ,  Se  Deus  in 
adjutorium  ,  on  dit  les  quatre  pfeaumes  des  Com- 
piles du  bréviaire  Romain  ,  puis  l'hymne  qui  chan2;e 
à  toutes  les  fêtes  &  à  toutes   les  fériés  -,  le  relie 
comme  dans  le  Romain,  hormis  le  chapitre  qu'on 
ne  dit  point.  Foyei  le  bréviaire  de  l'Eglife  de  Lyon  , 
&:  le  Cardinal  Bona. 

Le  bréviaire  de  l'Eglife  de  Milan  eft  félon  le 
rit  qu'on  appelle  Ambrolien  ,  non  pas ,  dit  le  Car- 
dinal Bona  ,  parce  que  S.  Ambroife  l'a  inftitué  , 
car  cela  n'eft  pas  ;  mais  parce   qu'il  s'en  eft  fervi 
quand  il  étoit  Archevêque  de  Milan.  Selon  le  rit 
Ambrofien  le  pfeautier  eft  divifé  en  deux  parties  ; 
\i  première  comprend  les  pfeaumes ,  depuis  le  pre- 
mier jufqu'au  cent  neuvième  ,  &  ce  font  ceux  qu'on 
récite  aux  Matines  en  les  divifant  en  deux  femai- 
nes  qui  ont  dix  parties  ,  qu'ils  appellent  dixaines , 
ou  décuries ,  decuriœ  ,  par  un  ufage  arbitraire ,  car  il 
y    a   de  ces  parties  qui  contiennent    plus  de  dix 
pfeaumes ,  d'autres  qui  en  contiennent  moins ,  d'au- 
tres enfin  qui  en  contiennent  dix  précilement.  La 
féconde   partie   comprend  les  pfeaumes  depuis  le 
cent  neuvième  jufqu'au  dernier  ,  qui  font  ceux  qu'on 
récite  aux  heures  du  jour.    A  Marines   ,    après  le 
Pater  ,  VAve  ,  le  verfet  Deus  ,   in  adjutorium  ,   on 
dit   l'hymne  Sterne  rerum  conditor  ,    &c.  qui  fe 
dit  toujours  à  Matines ,  puis   un  répons ,   enlliite 
le  cantique  Benedicite  ,  omnia  opéra ,  Sec.  avec  an- 
tienne ,  trois  fois  Kyrie,  e/eifon,  les  pfeaumes  du 
jour  avec  leurs  antiennes  ,    les   trois  leçons  avec 
leurs  bénédidions  &  leurs  répons ,  qui  font  pref- 
que  toujours    propres.  Les   Dimanches  les  leçons 
font    des    homélies     fur    l'Evangile    -,     les     jours 
de  férié  ,  elles  font  prifes  de  la  fainte  Ecriture  , 
&  les  jours  de  fêtes,  elles    font  tirées^  de  la    vie 
des  Saints  ,    ou  d'un  fermon  fur  la  fere.  Le  jour 
de  Pàque    &  le   jour  de  l'Epiphanie  il  y  a  trois 
noèlurnes  Se  neuf  leçons  ,   Se  le  Vendredi- Saint 
auffi  ,  Se  les  trois  dernières  leçons ,'  de  ce  jour  ne 
font   autre  chofe  que  l'hiftoire  de  la  Paifion  rap- 
portée par  S.  Marc  ,  par  S.  Luc ,  Se  par  S.  Jean  ; 
on  lit  à  la  Meffe  la  Palfion  prife  de  S.  Matthieu. 
Après  les  deux  premières   leçons ,   il  y  a  des  ré- 
pons ,   on  dit  le  Te  Deum  après  la  troificme.   A 
Laudes  on  dit   le  verfet  Deus  ,    in  adjutorium  , 
puis  le  cantique  Benediclus ,  à  la  place  duquel  les 
Dimanches  de  l'Avent  ,  Se  les  jours  de  Noël ,  de 
la  Circoncifion  Se  de  l'Epiphanie ,  on  dit  le  can- 
tique Audite  cœii ,  enfuite  trois  fois  Kyrie,  e/eifon  , 
'&  les  Dimanches  Se  les  jours  des  fêtes  des  Saints, 
cinq    ou    fept    fois   une    antienne    à    la    Croix  , 
avec  l'oraifon ,  puis  ie  cantique  Cantemus  Domino 
avec  antienne  ,  trois  fois  Kyrie  ,    eleifon  Se  une 
oraifon  ,  enfuite  le  cantique  des  trois  enfans,  Be- 
nedicite, ou  le  Samedi  Ib  pfeaume  117,  Confite- 
mini  ,  ou  enfin  le  pfeaume  50  Miferere  les  jours 
de  férié ,  puis  une  antienne  j  crois  fois  Kyrie ,  eleifon , 


ERE 

une  oraifon  à  haute  voix,  quatre  pfeaumes  fous 
un  leul  Gloria  Patri ,  après  les  pfeaumes  le  cha,- 
pitre  ,  une  antienne ,  trois  fois  Kyrie  eleifon ,  Do- 
minus  vobifcum ,  &c.  un  pfeaume  qu'ils  appellent 
direct,  pfalmus  direclus,  une  hymne  qui  change 
félon  la  différence  des  offices ,  douze  fois  Kyrie  , 
eleifon  ,  une  antienne  fimple  ou   double  appelée 
pfillenda  ,  quelques  verfets  Se  l'oraifon  du  jour  ; 
on  ajoute  quelquefois  des    commémorations  ;   oC 
quand  l'office  n'eft  pas  folenncl ,  on  en  fair  Toujours 
trois  ,  favoir ,  de  la  fainte  Vierge ,  de  faint  Am- 
broife Se  du  Patron  de  l'Eglife.  A  Prime,  après 
un  Pater  Se  un  Ave ,  le  verfet  Deus ,  in  adjuto- 
rium ,  &c.  l'hymne  Jam  lucis  orto  Jidere ,  on  dit 
fans  antienne  les  trois  pfeaumes  ordinaires  de  Prime 
marqués  dans  le  Bréviaire  Romain  ,  après  quoi  l'on 
dit  Alléluia ,  ou ,  Laus  tibi ,  Domine ,  en  Carême , 
puis  une  petite  épître ,  Epifiolella,  avec  un  court 
répons,  le  fymbole  de  S.  Arhanafe ,  un  chapirre 
avec  des  prières,  qui  ne  fe  difent  point  les  jouis 
folcnnels.  Enfuite  on  dit  trois  oraifons ,  qui  font 
toujours  les  mêmes  -,  puis  on  lit  le  martyrologe  , 
que  l'on  termine  par  le  verfet  Exultabunt  fancli  , 
&c.  Se  une  oraifon.   A  Tierce ,  Sexte  Se  None  , 
on  dit  les  hymnes  Se  les  pfeaumes  qui  font  mar- 
qués dans  le  Romain  pour  ces  heures ,  mais  on  ne 
clit  point  d'antienne  •,  après  les  pfeaumes  on  die 
Alléluia ,  ou  Laus  tibi ,  Domine  ,  puis  une  pe- 
tite épître ,  un  court  répons ,  les  prières  fi  l'of- 
fice n'ell  pas  folennel,  enfin  l'oraifon.  Les  Diman- 
ches Se  les  têtes  folennelles  on  chante  à  Tierce 
l'hymne  Jam  furgit  hora  tertia ,  &c,  A  Vêpres  on 
dit  le   Pater  Se  VAve ,  puis  Dominus   vobifcum  , 
enfuite  un  lucernaire,  lucernarium  (  c'cfl  un  répons 
qui  fe  dit  trois  fois ,  Se  qui  change  félon  les  fê- 
tes) on  répète  Dominus  vobifcum^  après  quoi  l'on 
dit  une  antienne ,  Se  Dominus  vobifcum ,  pour  la 
troiiième  fois ,  puis  l'hymne  du  jour  ou  de  la  fête  , 
Dominus  vobifcum  une  quatrième  fois  ;  cinq  pfeau- 
mes avec  leurs  antiennes  :  après  les  pfeaumes ,  on 
dit  trois  fois  Kyrie  ,  eleifon  ,   puis  Dominus  vobif- 
cum ,  ime  anrienne  ,  le  canrique  M.i2;nificat  ;  après 
l'avoir  dir ,  on  en  répète  le  premier  verfet  &:  l'an- 
tienne •,  on  dit  enfuite  ttois  io\s  Kyrie  ,  eleifon.  Se 
une  oraifon,  une  autre  antienne  appelée /^^//««^,2, 
Se  le  refte  comme  à  Laudes.  Les  jours  de  férié  en 
Carême  ,  on  dir  neuf  fois  Kyrie  eleifon  ,  au  lieu  de 
Magnificat.  Les  Vêpres  dgs  faints  Patrons  Se  Titu- 
laires des  Eglifes  ont  ceci  de   particulier  :  après  la 
première  oraifon  ,  on  dit  le  premier  pfeaume  ,   Sc 
on  lit  une  leçon  de  la  vie  du  Saint  avec  fon  répons , 
Se  après  une  féconde  oraffon  Se  le  fécond  pfeaum.e , 
on  lit  une  féconde  leçon  avec  fon  répons  -,  enfin , 
après  Magnificat,  on  chante  des  antiennes  (pfal- 
lenda)  des  prières  Se  quelques  oraifons.  Il  y  a  en- 
core quelques  perits  changemens  qui  fe  font  aux 
fêtes  de  notre  Seigneur  Se  à  celles  des  Saints  .1  Vê- 
pres. A  Compiles,   après  le  Pater    Se  VAve,  les 
verfers  Co/2ver/e  nos,  Se  Deus  ,  in  adjutorium,  on 
dit  l'hymne  ,   Te  lutis  ante  terminum  ,  Sec.  durant 
l'année;  Se  en  Carême,  Chrifie ,  qui  lux  es.  Sec. 
puis  fix  pfeaumes  fans  antiennes ,  Se  deux  fois  Gloriz 
Patri,  chaque  fois  après  trois  pfeaumes  ;  après  les 
pfeaumes  ,  on  dit  Alléluia ,  ou  Laus  tibi.  Domine , 
puis  en  Carême  l'hymne  Te  lucis ,  Sec.  Se  dans  un 
autre   temps  une   petite  épître   avec  fon  répons  •, 
gprès  quoi  l'on  dit  le  cantique  Nunc  dimittis  avec 
des  prières ,  ou  fans  ces  prières ,  fuivant  l'office  du 
jour  ,  puis  l'antienne  de  la  fainte  Vierge  5  Se  on  finir 
par  faire  la  confcfîîon  à  l'ordinaire,  Voy.  le  Bréviaire 
de  l'Eglife  de  Milan  Se  le  Cardinal  Bona, 

Le  bréviaire  Mozarabe  eft  celui  dont  fe  fervoient 
les  Eccléfiaftiques  en  Efpagne  ,  depuis  que  les  Mau- 
res s'en  furent  rendus  maîtres.  Le  quatrième  Con- 
cile de  Tolède  ordonne  à  toutes  les  églifes  de  s'en 
fervir.  Dans  la  fuite  il  s'y  gliffa  des  fautes  Se  des 
erreurs.  Le  Cardinal  Ximéncz  l'a  réformé,  &  il  eft 
encore  en  ufage  dans  cinq  Paroidcs  de  Tolède ,  Se 
dans  la  chapelle  du  Cardinal  Xiraénez  ,  Se  3.  Sala- 

luanque 


B  R  E  " 

mniiq.ic  d?.ns  celle  du  Docteur  de  Salabi'îca.  Tcnires 
les  heures  de  l'ofice  Mozarabe   commencent  par 
Kyrie  ,  clelfon  ,  &c,  un  Fater  *c  un  Ave  :  à  Mati- 
nes l'on  ajoute  l'antienne  Ave  ,  lieglna  cœlorum  , 
ècc  ,  avec  le  veriet  Se  l'oraifoii ,  &  une  courte  prière 
à  Jelks-Chrift.  A  la  fin  des  heures  on  dit  le  Pcuer  à 
haute  voix,  6c  à  chaque  demande  ou  veriet  on  ré- 
pond Amen  ,  excepté  au  veriet ,  Panern  nojcnnn  , 
dcc,  où  l'on  répond  ,  Quia  Dcus es:  après  \c Pater, 
on  dit  une  prière  ,  laquelle  à  Laudes  &  à  Vêpres  cil 
différente  de  celle  qu'on  dit  aux  autres  heures,  après 
quoi  le   Diacre  dit  à  haute  voix.  Humiliez-vous 
pour  recevoir  la  beniiiciion  ,  Humiliate  vos  iene- 
diclioni  ,  &  le  Prêtre  prononce  &  donne  la  béné- 
didtion.   Les  Matines  de    l'ofïice   Mozarabe    font 
fort  courtes.  Après    le    commencement    ordinaire 
marqué  ci-defllis ,  on  dit  le   pfeaume  50  Miferere 
avec  antienne  ;  puis  trois  antiennes  &  un  répons , 
&  trois  oraifons,  une  après  chaque  antienne  \  eniliite 
trois  pfeaum^s  avec  leurs  antiennes,  &  trois  autres 
antiennes  &  un  répons  ,  avec  leurs  orailbns.   Les 
Dimanches ,  depuis  Pâque  jufqu'à  la  Pentecôte  ,  £c 
les  {'êtes  folennelles,  au  lieu  du  pfeaume  Miferere, 
on  dit  le  pfeaume  Domine,  quid  muhiphcati  junt. 
A  Laudes ,  après  It  commencement  ordinaire  ,  &  ces 
paroles  Dominus  fit  femper  vohijcum  ,  on  dit  une 
antienne  &  un  cantique  tiré  de  l'ancien  ou  du  nou- 
veau Tcftament.(  Ce  cantique  les  jours  des.  fêtes  de 
notre  Seigneur  &:  de  la  faintc  Viert^e  eft  toujours 
Magnificat  ;  &c  Beneiiclus  le  jour  de  S.  Jean-Bap- 
tifte.  )  Après  le  cantique  on  répète  l'antienne  ,  on 
dit  Dominus  vohifcum,ècc,^  une.  autre  antienne 
devant  le  cantique  des  trois  enlans  Benedicite  ,  &c  , 
puis  un  fon  (  fonus  en  latin  ,  &cfono  en  efpagnol  , 
c'ell  quelque  choie  de  femblable  aux  répons  )  en-  . 
fuite  une  antienne  ,  le  pfeaume  Laudate  Dominum 
de  cœlis  ,  Sec,  une  prophétie,  une  hymne,  une  courte 
invitation  au  peuple  pour  l'exhorter  à  demander  à 
Dieu  ce  qui  eft  nécelfaire  pour  le  falut  ,&  la  réponfe 
du  peuple  encore  plus  courre  -,  puis  Kyrie  ,  eleifon  , 
^c  ,  un  chapitre  en  forme  d'oraifon  ,  un  Pater,  une 
Laude,  ou  louange  (  laus  en  latin  ,  &  lauda  en  ef- 
pagnol •,  elleconlifteenpluiîeurs  verfers  répétés  plu- 
îieursfois.  )  Enfin,  l'on  finit  par  la  bénédiction.  Sou- 
vent on  ajoute  aux  antiennes  &:  aux  laudes  ,  ou 
louanges,  un  verfet  qui  répond  au  Gloria  Patri  , 
&CC.  Entre  Laudes  Se  Prime  ,  les  Mozarabes  récitent 
une  heure  qu'ils  appellent  Aurore  ,  Aurora  ,  appa- 
remment parce  qu'elle  fc  récite  au  lever  de  l'au- 
xore.  L'aurore  confifte  en  quatre  pfeaum.es ,  une  an- 
tienne, une  laude,  une  hymne  ,  un  verfet,  un  Pa- 
îer  nojler.  Se  quelques  prières  d'aurore  ne  le  dit  que 
les  jours  qu'on  fait  l'office  de  la  férié  ;  mais  il  y  a 
tant  de  fêtes    de  Saints  dans  l'office    Mozarabe  , 
qu'excepté  la  veille  de  Noël,  la  veille  des  Rois,& 
le  jour  des  Cendres ,  on  ne  dit  guère  l'aurore  du- 
rant l'année.  Au  commencement  de  Prime  on  dit 
une  courte  prière  ou  antienne  ;  puis  on  récite  fept 
pfeaumes  câpres  on  répète  l'antienne  ,   on  dit  un 
répons  ,  une  prophétie  ,  uneépître  ,  une  laude  ,  une 
hymne  ,  un  veriet  ,  puis  le  Te  Deum  ,  excepté  en 
Avent  &:  en  Carême  ,  enfuitc  le  fymbole  des  Apô- 
tres ,  la  fupplication  ou  invitation  au  peuple,  un 
Pater  noitcr ,  Se  la  béncdiélion.  Tierce  ,  Sexte  Se 
None  ,  commencent  comme  Prime  ,  enfuitc  on  dit 
quatre  pfcaumes ,  plufieurs  répons,  une  prophérie, 
une  épîpre  ,  une  laude  ,  une  hymne  ,  des  cris  ,  (  du- 
mores  en  latin  &  en  efpagnol-,  ce  font  des  prières 
par  lefquclles  on  demande  à  Dieu  de  ne  nous  point 
punir  félon  que  le  méritent  nos  péchés)  après  cela 
on  dit  la  fupplication,  le  chapitre  ,  le  Pater  no  fier , 
6cc  ,  &:  la  bénédidion.  A  Vêpres  on  ne  récite  point 
de  pfeaumes ,  mais  après  la  prière  ordinaire  du  com- 
mencement on  chante  une  laude  ,  un  fon  ,  une  an- 
tienne ,  une  autre  laude  ,  une  hymne ,  la  fupplica- 
tion ,  le  chapitre  ,  un  Pater  nojier  ,  la  bcnédiélion  , 
puis  encore  une  laude  ,  pendant  laquelle  on  fait  les 
encenfemens ,  enfin ,  l'oraifon  ou  lacolleéle  du  jour. 
Complies  commencent  par   le  pfeaume  Sig/iatum 
Tome  11. 


B  R  E 


6;. 


efl  fuper  nos  :  c'eft  le  feptième  vcrfei  du  quatrième 
pieaume  ,  puis  on  dit  trois  fois  Alléluia  ,  ou  Laus 
tiln  ,  Domine ,  &:c ,  en  Carême ,  puis  un  pfeaume  & 
trois  Alléluia,  un  autre  pfeaume  ,  une  hymne  ,  un 
vcrfer,  deux  autres  pfcaumes, une  autre  hymne,  un 
verfet,  la  fupplication ,  le  Pater  Se  la  bénédiction-, 
on  finit  par  l'antienne  Salve  ,  Regiiia  ,  &c ,  le  verfet 
&  l'oraifon.  Voyez  la  vie  du  Cardinal  Ximéncz, 
écrite  en  efpagnol  par  Eugène  de  Robles ,  Curé  de 
S.  Marc,  Se  Chapelain  de  la  chapelle  des  Mozarabes 
de  l'eglife  de  Tolède.  Voye^  aulfi  le  Cardinal  Bona. 

Il  n'y  a  prefque  point  d'cglife  dans  l'Occident , 
en  France  ,  en  Allemagne  ,  en  Flandres  ,  en  Efpa- 
gne ,  qui  n'ait  quelque  chofc  de  pariiculier  dans  Ion 
tréviaire  ,  mais  ces  dirfcrcnces  font  légères.  A  Be- 
fançon  on  ne  dit  point  aux  fécondes  Vêpres  des  fê- 
tes folennelles  de  chapitre  ,  ni  d'hymne  ;  aulieu  de 
chapitre  on  dit  un  Allcluia  avec  un  verfet ,  Se  au  lieu 
d'hymne  on  chante  une  profe.  Les  jours  de  gran- 
des tc-tes  on  dit  deux  fois  le  cantique  Magnijicat , 
en  mêlant  aux  veriêts  dirfcrcntes  antiennes.  A  To- 
lède devant  Matines ,  on  dit  à  genoux  l'antienne  , 
Ave,Regina  cœlorum  ZNtc  l'oraifon.  On  dit  auili 
quelquefois  les  pfeaumes  graduels ,  Se  l'office  de  la 
lainte  Vierge.  Voye^  le  bréviaire  de  l'Eglilê  de  Bc- 
fançon  ,  &  ceux  des  autres  églifes  particulières. 

Le  bréviaire  des  Grecs  ell:  le  même,  à  peu  de  cho- 
fes  près ,  dans  routes  les  églifes  Se  dans  tous  lesmo- 
naftères  qui  iliivent  le  rit  grec.  Les  Grecs  divilént 
le  pléautier  en  vingt  parties ,  K«^i'ç'.f«T«  -,  ce  font.com- 
mc  des  répons  ,  des  paufes  ou  ftations  -,  quelque 
nombre  de  pfeaumes  que  contiennent  ces  paufes  , 
on  les  fousdivilt  en  trois  pattics ,  même  la  dix-fep- 
tièrne  qui  ne  contient  que  le  pfeaume  118-,  le  ver- 
fet Gloria  Patri  fert  à  marquer  ces  trois  parties.  Le 
bréviaire  fe  divife  en  deux  parties  -,  l'une  contient  les 
prières  qu'on  dit  la  nuit ,  qu'ils  appellent  KE^ewJx-io., 
l'autre  les  prières  du  jour ,  qui  fonr  Matines ,  Lau- 
des ,  Prime  ,  Tierce ,  Sexte ,  None  ,  Vêpres  &  Com- 
plies. Le  ftîj-.vu'xTio»,  ou  office  de  la  nuit ,  commence 
par  une  prière  à  Dieu  ,  après  on  dit  le  Trifagion  , 
ou  Sanclus  Deus  ,  Sic.  trois  fois  Gloria  Patri,  une 
prière  à  la  fainte  Trinité  ,  douze  fois  Kyrie  ,  elei- 
fon ,  Gloria  Patri ,  une  autre  prière  qui  répond  au 
pfeaume  Venite  ,  exuhemus  ,  dont  elle  renferme  le 
fcns ,  Se  prefque  les  paroles.  Ce  commencement  efl; 
commun  à  toutes  les  heures.  Ce  qui  fuit  eft  propre 
de  l'office  de  la  nuit  -,  favoir ,  le  pfeaume  50'  Mife- 
rere ,Se\ç.   \\%'^  Beati  inimaculati ,  le  Symbole  de 
Nicée ,  le  Trifagion ,  des  tropaires ,  Tpavâom ,  (  ce  font 
des  cantiques  que  l'on  chante  comme  nos  antiiîn- 
nes  )  quarante  fois  Kyrie  ,  eleifon.  Tout  cela  fait  la 
première  partie  du  ,K£(ro»«Vrio» ,  mefonyclion  ;  à  la  fé- 
conde on  dit  Venite  ,  adoremus  ,  comme  à  la  pre- 
jnière  ,  puis  le  pfeaume  110'  Levavi  oculos  ,Se  le 
153^  Ecce  nunc ,  le  Trifagion  ,  des  tropaires  pour 
les  défunts ,  douze  fois  Kyrie  ,  eleifon  ,  une  orai- 
fon  pour  les  morts ,  des  prières  pour  les  vivans  ;  en- 
fuire  l'Archimandrire,  ou  celui  qui  préfîde  au  chœur, 
donne  l'abiblurton.  Le  famedi  les  pfeaumes  font 
dilfcrcns.  Le  Dimanche  tout  le  no'fturne  ,  ou  office 
de  la  nuit  eft  difl-crcnt.  Après  les  prières  du  com- 
mencement qui  fe  difent  à  l'ordinaire,  on  récite  le 
pfeaume  so°  AU  fer  ère,  puis  nn  Odairc  de  ta  fainte 
Trinité,(  l'Odaire,  Odarium,  eft  une  efpcce  d'hymne 
qui  contient  neuf  odes ,  )  le  Trifagion  ,  les  Tropai- 
res ,  des  Litanies  ou  prières-,  enfuitc  l'on  donne l'ab- 
folution.  Se  l'on  finir  par  des  prières  pour  les  vivans  , 
où  l'on  demande  ce  qui  leur  eft  nécelfaire.  A  Ma- 
tines après  les  prières  ordinaires  du  commencement 
on  dit  deux  pfeaumes ,  le  Trifagion  ,  des  Tropaires , 
une  litanie   appellée  Litania  facerdotis  ,  une  an- 
tienne qui  change  félon  Jcs  temps ,  enfuitefix  pfeau- 
mes ,  puis  la  grande  litanie  ,  une  antienne  qui  eft 
différente  des  Tropaires  félon  les  temps ,  la  partis 
du  pfeautier  marquée-  pour  ce  jour-là  ,  le  pfeaume 
$o'*Miferere ,  quelques  Odaires ,  le  cantique  Ma- 
gnificat, aux  verfers  duquel  on  mêle  un   verfet  à 
l'honneur  de  la  fainte  Vicrjjc.  Aux  fêtes  folennelles  , 


6G 


BR  E 


(■ 


BR  E 


au    lieu    du  cantique   Magnificat  ,    on    dit    quel- 
ques auttcs  prières  -,  &;  aux  autres  fctes  on  dit  l'ode 
ncuviè'-ne  ,  qui  cil  toujours  lut  la  iainc-  Vicrj];e.  Les 
Grecs  difent  toujours  Laudes  immédiatement  après 
MarincSjlans  reciter  auparavant  les  prières  ordinaires 
du  commencement  des  heures.  Ainfi  d'abord  on  dit  le 
verfet   Omriis  fpintus  Ltuâ:t.  Z)o/;z/>2///;z ,  puis  trois 
pfeaumes  ,  en  mêlant  aux  vcrlets  du  dernier  diifercns 
jiichcrcsy^nxy.fji  (  ce  ibnt  des  verlcts  compolcs  par 
ceux  qui  ont  fait  les  hymnes  des  Grecs  )cnluite  le 
Gloria  in  exceljis  ,  avec  des  orailbns ,  des  litanies  , 
ou  Kyrie  ,  eleifon,  des  Jlickères  ,  &  des  verlets ,  le 
verfet  Gloria-  Patri  ,  un  Jlichire ,  ^'zipo'  \  le  vcrlet 
Bonum  ejl  confiteri  Domino ,  le  Trija^ion  ,  un  Tro- 
paire  ,  des  litanies  ,  &  les  prières  de  la  fin ,  ou  le  di- 
mifîbire  ,  dcmifforium ,  âa-oAuTiKi.» ,  ou  i'|«To<£iAâ/!ioï.  A 
Prime  après  les  prières  ordinaires  on  dit  trois  plcau- 
mes ,  des  Tropaires  lelon  le  temps  6;  les  fctes ,  quel- 
ques prières  qui  ne  changent  jamais ,  le  Tnjagion  , 
un  contacion  ,  x«.t«>£18»,  (  c'eft  une  elpèce  d'hymne 
plus  courte  &  plus  (impie  que  les  autres  )  puis  qua- 
rante fois  Kym  ,  cUifon  ,  des  oraifons ,  Se  le  dimif- 
Ibire.  Tierce  ,  Sexte  &  None  fe  difent  de  même  ,  il 
n'y  a  de  différence  que  dans  les   pfeaumes.  Après 
chacune  des  petites  heures  ,  les  Grecs  en   récitent 
une  qui  leur   efl:  particulière  ,  &  qu'ils  appellent 
^«râ^io  ,  pour  faire  entendre  qu'on  la  récite  entre 
les  autres   heures.  Ces  Majores  furufiu, ,   commen- 
cent par  le  Trifagion  ,  puis  on  récite  trois  pfeau- 
mes^ on  répète  le  Trifagion  ■■,  on  dit  des  Tropaires , 
trente  fois  Kyrie  ,  eUifon,  des  oraifons  &;  le  dimif- 
foire  -,  les  pfeaumes  5c  les  oraifons  changent  à  cha- 
que méfore.  A  Vêpres  après  les  prières  ordinaires 
on  dit  le  pfeaume  103S  puis  une  grande  litanie, 
quatre  pfeaumes  en  mêlant  des  /îickères  aux  ver- 
fet5  des  deux  derniers ,  enlliite  des  verlets ,  des  pro- 
phéties, une  litanie  ,  des  oraifons ,  le  pfeaume  121' 
avec  les  Jîichères  ,  le  cantique  Nunc  dimitns  ,  le 
Trifagion ,  un  Tropaire  ,  une  litanie,&:  le  dimiflbire. 
Les  Samedis  ,  &  aux  premières  Vêpres   des  têtes 
iblcnncUes ,  au  lieu  du  pfeaume  1 11^  on  dit  plufieurs 
Tcrfets.  Les  Grecs  appellent  Compiles  «3-»i?£i3-v»» ,  ce 
qui  veut  dire  après  le  repas ,  ou  l'après-fouper.  Il 
y  a  trois  fortes  de  Compiles ,  les  petites ,  les  moyen- 
nes &  les  grandes ,  qui  fe  difent  en  Carême ,  &c  les 
autres  le  relie  de  l'année.    Aux  petites  Compiles 
après  les  prières  ordinaires  on  dit  trois  pfeaumes , 
puis  le  Gloria  in  exceljis    avec  des  oraifons,,  un 
Odairc  ,  le  Trifagion  ,  des  Tropaires,  quarante  fois 
Kyrie  ,  eleifon,  trois  oraifons ,  dont  la  féconde  s'a- 
dtelfe  à  la  fainte  Vierge ,  le  dimi  (foire ,  l'abfolution  , 
&  des  prières  pour  les  vivans  &  pour  les  morts.  Aux 
Compiles  moyennes  après  les  prières  du  commence- 
ment on  ditle  pfeaume  Qui  habitat  ,  &c ,  puis  le 
cantique  d'Ifaïe  Notifcum  ,  Deus  ,  &cc  ,  des  Tropai- 
res, le  fymbole  de  Nicée ,  des  invocations  à  la  fainte 
Vierge,  aux  Anges  &c  aux   Saints  ,  le  Trifagion  , 
des  Tropaires ,  quarante  fois  Kyrie,  eleifon,  une  orai- 
fon, trois  fois  Venite ,  aioremus  ,  trois  pfeaumes,  le 
Gloria  in  excelfis ,  &  le  relie  comme  aux  petites 
Compiles.  Les  grandes  Compiles  ont  trois  parties  ; 
dans  la  première,  après  les  prières  du  commence- 
ment ,  on  récite  quatre  pfeaumes  ,  puis  le  cantique 
dTfaïc  Nolifcum  Deus  ,  ëcc ,  des  Tropaires,  le  Sym- 
•  bole  de  Nicée  ,  des  invocations  à  la  lainte  Vierge  , 
aux  Anges  &c  aux  Saints ,  le  Trifagion  ,  des  Tro- 
paires ,  quarante  fois  Kyrie  ,  eleifon  ,  &  uneorailbn. 
La  féconde  partie  commence  par  le  verfet  P^enite  , 
adoremus  ,  qu'on  dit  trois  fois  ;  après  on  récite  deux 
pfeaumes  &:  l'oraifon  du  Roi  Manaffés,  le  Trifagion , 
des  Tropaires  ,  le  Kyrie  ,  eleifon  ,  &c  l'oraifon.  La 
tr  lifième  partie  commence  comme  la  féconde ,  puis 
on  dit  deux  pfeaumes  ,  la  doxologie  ou  le  Gloria 
in  excelfis  ,  k  relie  comme  aux  petites  Compiles.  Il 
faut  remarquer  qu'il  y  a  quelquefois ,  à  certaines  fê- 
tes &  en  certains  temps  ,  de  petits  changemens 
qui  ne  font  rien  à  la  forme  générale  du  bréviaire 
que  nous  avons  exphquce  -,  par  exemple  ,  dans  le 
temps  Pafchal ,  l'oiScf  çft  beaucoup?  plus  court  ,_& 


durant  le  Carême  beaucoup  plus  long  quedanîuti 
autre  temps.  Voyer^  le  P.  Goar  ,  Godinus  ,  le  P.  • 
Morln  ,  M.  Habert ,  Evêque  de  Vabrcs ,  le  Cardi- 
nal Bona  ,  Du  Cange  ,  les  Typiques  des  Grecs  , 
le  fécond  tome  du  mois  de  Juin  des  Ad:a  Sancio- 
rum  par  les  Jcfuites  ,  où  l'on  trouve  un  traité  de 
l'ordre  8c  de  l'œconomie  de  l'office  des  Grecs. 

L'églifc  Arménienne  a  deux  bréviaires  ;  le  plus 
long  fe  dit  dans  les  monaltères ,  &  le  plus  court 
dans  les  autres  églifes.  Le  premier  renferme  tout  le 
pfcautier  dans  l'office  de  chaque  jour  ;  &  dans  le 
fécond  on  ne  dit  le  pfeautier  qu'une  fois  cha- 
que femaine.  Il  y  a  huit  parties  dans  l'office  du  bré- 
viaire Arménien  ,  qui  font  l'office  de  la  nuit,  le 
p^oint  du  jour,  ou  Laudes ,  Prime  ,  Tierce  ,  Sexte  , 
None  ,  Vêpres  ,  ■?;  la  pacification  ou  le  repas ,  qui 
répond  à  nos  Compiles.  On  ajoute  une  petite  heure 
qu'on  dit  en  particulier  avant  la  nuit,  un  peu  de- 
vant que  de  le  coucher.  L'office  de  la  nuit  com- 
mence par  le  Pater  nojler  ,  puis  on  dit  le  verfet 
Domine ,  Libia  ,  ô;c.  avec  une  prière  à  la  fainte  Tri- 
nité ,  quatre  pfeaumes ,  dont  chacun  efl  terminé  par 
le  verfet  Gloria  Patri ,  une  oraifon ,  après  laquelle 
on  lit  un  fermon  ,  ou  wnc  par  é  nef  e  ;  puis  on  dit  Do- 
mine ,  rnifercre  cinquante  fois  ,  ou  cent ,  iî  c'eft  un 
jour  de  jeûne  ,  outrais  fois  feulement,  (i  c'eft  un 
jour  de  fête  ,  une  oraifon  ,  des  cantiques  -,  puis  li 
c'eft  le  Dimanche  ,  on  lit  l'Evangile  ,  enfuitc  on  dit 
une  oraifon  ,  puis  les  pfeaumes  du  jour  ou  de  la  fête  ; 
après  quoi  on  lit  quatre  fermons ,  ou  exhortations , 
qui  changent  félon  les  temps  ;  après  chaque  ler- 
mon  on  dit  une  orailbn  ,  ce  qui  répond  à  nos  le- 
çons &  à  leurs  répons  ,enfuite  on  dit  une  hymne, 
qui  cft  toujours  la  même  ,&  une  autre  qui  change 
chaque  jour  de  la  femaine  •,  on  fait  une  prière  :  on 
lit  le  Ménoloîre,  ScTon  dit  le  Pater  nofler.  A  Lau- 
des ,  après  le  Pater  nojicr ,  on  dir  les  quatre  der- 
niers verfets  du  pfeaume  89^,  puis  le  cantique  des 
trois  enfans ,  Benedicite  ,  &c,  une  oraifon ,  un  ode 
liir  les  Saints  ,  une  invitation  à  la  prière  ,  uns 
oraifon  à  la  fainte  Vierge  ,  le  cantique  Benediclus , 
&c.  après  quoi  les  Dimanches  on  dit  différentes 
prières ,  trois  verlets  des  pfeaumes  ,  on  lit  l'Evangiis 
de  la  réfurreclion  ,  un  fermon  qui  eft  fuivi  d'une 
oraifon  :  les  autres  jours ,  après  le  cantique  Benedic- 
tus  ,  on  dit  l'oraifon.  Enfuite  les  Dimanches  &  les 
autres  jours  on  dit  le  pfeaume  50  Miferere  ,  une 
exhorration  à  la  prière  ,  une  ode  à  la  louange  des 
Saints ,  une  oraifon  ,  trois  pfeaumes  ,  trois  verfets , 
le  Gloria  in  excelfis,  des  oraifons ,  le  Trifa'uon ,  un 
pfeaume  ,  après  lequel  on  lit  le  Dim.anche  feule- 
ment l'Evangile  du  jour -.puis  on  dit  une  ode, qua- 
tre pfeaumes,  deux  verfets,  des  prières ,  une  hymne, 
un  fermon  ,  une  oraifon  &  le  Pater  nofier ,  Sec.  A 
Prime  ,  après  le  Pater  nofler  ,  on  dit  une  partie  du 
picaume  foixante-quinzième  ,  avec  le  verfet  Gloriz 
Patri,  &:c.  une  oraifon  ,  le  pfea'.ime  Bonum  eft  con- 
fiteri,SiCC.  une  oraifon,  deux  pfeaumes,  une  hymnç  , 
les  jours  de  jeûne  feulement ,  puis  un  pfeaume  ,  5c 
une  partie  d'un  autre  ,  deux  autres  pfeaumes ,  deux 
verfers ,  le  Gloria  Patri ,  Sec.  un  fermon ,  une  orai- 
fon ,  le  Pater  nofier ,  &c.  A  Tierce  ,  après  Is  Pater 
nofler  ,  &  une  oraifon  au  faint  Efprit,  on  dit  le 
pfeaume  cinquantième  Aliferere,  une  autrebraifoa 
au  Saint  Efprit  ,  un  pfeaume  Se  partie  d'un  autre, 
le  verfet  Gloria  Patri  ,  un  fermon  ,  une  oraiJbn , 
Se  le  Pater  nofier.  A  Sexte  ,  après  le  Pater  nofier  Sc 
une  oraifon  au  Père  Eternel ,  on  dit  le  pfeaiune  Mi- 
ferere, un  fermon  ,  une  oraifon  ,  les  pfeaumes  mar- 
qués pour  Sexte  ,  quatre  verfets  du  pfeaume  40°  , 
un  fermon ,  une  oraifon ,  le  Pater  nofler.  A  None , 
après  le  Pater  nofier  ,  une  oraifon  au  fils  de  Dieu 
&  le  pfeaume  Miferere  ,  on  dit  un  fermon  ,  une 
oraiibn  ,  plufieurs  pfeaumes  ,  un  cantique  ,  un  fer- 
mon 5c  le  Pater  nofier  ;  après  quoi  dans  l'églife  on 
dit  la  mefle.  Ceux  qui  récirent  l'office  en  particu- 
lier ,  après  ce  dernier  Pater  nofier  ,  difent  un  pfeau- 
me qui  change  à  chaque  fcrie  -,  puis  on  récite  an 
difcoucs  .à  la  louange  de  quelque  Saint ,  dont  oa 


ERE 

fait  la  fetc  ce  jour-là  :  enfiiire  on  dit  le  Trifu^làn , 
Une  oraifon.un  fcrmon  j  quelques  verièts,  des  pfeau- 
mes ,  une  leçon  fort  Ionique  tirée  des  Prophètes ,  ou 
de  l'Apôtre  ,  deux  fois  ALleluin  ,  trois  verlets  des 
pfeaumes,  une  fois  AlUluia  ;  puis  on  lit  l'EvansTile, 
on  dit  le  Credo  ,  un  lermon  ,  une  oraifon  ^Sc  le  Pa- 
ter hojier.  A  Vêpres  après  le.  P^rt;.'' /^o/At,  quelques 
verfetSj  le  GlorLt  Patri,  on  dit  un  pfeaume  ,  puis 
Gloria,  tïbi ,  Domine  ,  enlliite  trois  pleaumes ,  des 
■    prières  comiTie  à  Laudes  ,  &:  vingt-trois  oraifons  , 
à   chacune  defquelles  on   dit  Dominum  oremus  , 
.    Prions  le  Sei'rneur  ;  ces  prières  6c  ces  oraifons  ne 
le  difent  que  le  Dimanche  -,  puis  on  dit  une  orai- 
fon ,  le  TriJas;ion  ,  un  pfeaume  ,  un  cantique  ,  un 
fermon  ,  trois  pfeaumes  ,  un  fermon  ,  une  oraifon 
Se  h  Pater  nojier.  Nous  avons  déjà  remarque  qu'il 
y  a  dans  le  bréviaire  Arménien  deux  offices  de  Com- 
plies,  l'un  fe  dit  dans  l'églife  immédiatement  après 
Vêpres  ,  &  l'autre  crt  particulier  après  le  foupcr  ;  & 
après   l'avoir  dit  ,  il  elt  expreifcment  défendu  de 
boire  &  de  manger ,  ou  de  parler  à  qui  que  ce  foit. 
Aux  premières  CompUes  après  le  Pater  nojier  ,  &c  , 
on  dit  un  veriet ,  le  Gloria  Patrij  &c  ,  fept  pfeau- 
mes ,  deux  vcrlers  ,  le  Gloria  Patri ,  un  long  can- 
tique ,  un  fermon ,  une  orailbn  ,•  un  pfeaume  ,  une 
hymne  -,  leSjOufs  de  Jeûne  feulement  un  fermon  ,  une 
oraifon  ,  6cle  Pdter  nojier.  Aux  lécondcs  CornpMcs 
après  le  Pater  nojier  ,  on  dit  quatre  verfets  du  plcau- 
me  4z%  le  Gloria  Patri ,  pluhcurs  verfets  de  diffé- 
tens  pfeaumes  &  du  cantique  d'Habacuc  ,  le  com- 
mencement du  cantique  des  trois  enfans  i  le  dernier 
des  pfeaumes,  le  cantique  Niinc  dunittis.,àzs  ver- 
fets des  pfeaumes  i  ^7  ,  141  ,  8  j  ,  une  oraifon  y  le 
pfeaume  Càm  invocarem  ,  une  hymne  ,  puis  on  lit 
l'Evangile  -,  on  dit  une  longue  orailbn  Se  le  Pater 
nojier  ,  &Cc.  Voye:^  le  bréviaire  du  rit  Arménien  , 
qui  efl:  ért  langue  Arménienne  ,  &  le  Cardinal  Bona. 
Le  bréviaire  des  Maronites  contient  fept  heures 
canoniques ,  qui  font  l'office  de  la  nuit ,  Matines, 
Tierce  »  Sexte  ,  None  ,   Vêpres  &  Compiles.  Les 
Maronites    difent  toujours  les  mêmes  pfeaumes  à 
chaque   heure  fans   y  rien    changer  -,    ainfi   ils  ne 
técitent  point  tout  le  pfeautier  même  en  une  an- 
née. Au  cômmertéement  &  à  la  fin  des  heures  ils 
difent  toujours  le   Tri  fanion  ,   le  Pater  &  {'Ave , 
le  Symbole  de   Nicée  &:  une  oraifon  ,    puis   des 
hymnes  ou  des  cantiques  &  des  prières  ,   en  mê- 
lant ces  prières  aux  ftrophes  de  l'hymne ,  &  aux 
Verfets  du  cantique.  L'office  de  la  nuit  contient  feize 
ofàifdns  ,  onze  cantiques ,  iix  hymnes ,  deux  pfeau- 
mes ,  un   répons  &    des  prières.  D'abord  on    dit 
une  oraifon ,  &  un  cantique  fuivi  d'une  oraifon  , 
puis  une  hymne  ,    un  pfeaume  ,   deux  oraifons  , 
tine  hymne,  quelques  prières,  ime  oraifon,  deux 
cantiques,  deux  oraifons,  une  hymne,  des  prières,  une 
oraifon ,  deux  cantiques ,  trois  orailbns ,  une  hymne  , 
des  invocations,  une  oraifon  ,  deux  cantiques,  une 
oraifon ,  une  hymne ,  un  canrique ,  un  répons ,  deux 
oraifons ,  une  hymne ,  un  pfeaume  ,  une  oraifon,  & 
le  relie  des  cantiques.  A  Matines  il  y  a  onze  oraifons , 
fept  hymnes ,  fîx  cantiques ,  quatre  pfeaumes ,  &  un 
répons  ,  qui  fe  difent  ainfi.  On  commence  par  une 
oraifon  ,  puis  on  dit  un  cantique  ,  une  oraifon  ,  un 
cantique  ,  une  oraifon  ,  une  hymne  ,   un  pfeaume  , 
une  oraifon  ,  une  hymne ,  un  pfeaume  ,  une  orailbn  , 
une  hymne  ,  un  pfeaume  ,  une  oraifon  ,  une  hymne, 
un  cantique',  une  oraifon ,  une  hymne,  des  invoca- 
tions ,  une  oraifon  ,  une  hymne  ,  un  pfeaume  ,  un 
répons  ,  deux  ora'Tons  ,   un  cantique  ,  une  orai- 
fon ,  un  cantique.  Tierce  ,  Sexte  &  None  ,  ont  cha- 
cune cinq  oraifons ,  deux  ou  trois  cantiques  -,  Tierce 
&:  None  ,  deux  feulement  &  Un  pfeaume.  Ces  heu- 
res fe  difent  ainfi  :  on  dit  d'abord  une  oraifoTi  ,  puis 
un  pfeaume  ,  ou  un  cantique  ,  trois  oraifons  ,  un 
cantique,  une  orailbn,  8^  un  cantique.  Les  Vêpres 
ont  fept  oraifons  ,  deux  hymnes ,  quatre  cantiques , 
quatre  pfeaumes  ,  &  un  répons.  Ces  prières  fe  difent 
de  cette  manière.  On  chante  une  orailbn  &  un  can- 
tique ,  puis  une  orailbn ,  un  cantique  &  une  orai- 


BRE  G-; 

foh  ,  Une  hymne  ,  un  pfeaume  -,  une  oraifon  ,  une 
hymne  ,  trois  pfeaumes  ,  un  répons  ,  deux  oraifons  , 
un  cantique,  une  oraifon  6c  un  cantique.  A  Com- 
plics  ,  il  y  a  cinq  oraiibns ,  trois  pfeaumes ,  deux 
hymnes ,  deux  cantiques  ,  qu'on  dit  ainli.  On  com- 
mencé par  uiie  oraifon  ,  puis  on  dit  un  pfeaume  , 
une  oraifon  ,•  une  hymne  ,  un  pfeaume  ,  deux  orai- 
lbns ,  un  cantique  ,  une  hymne  ,  un  pfeaume  ,  une 
oraifon  &  un  cantique. 

Chez  les  peuples  qui  parlent  la  langue  Efclavone^ 
ou  quelqu'un  de  fes  dialcdtcs  ,  ceux  qui  difent  le  bré- 
viaire ,  excepté  les  Polonois ,  &  quelques  autres ,  le 
récitent  en  langue  vulgaire  ,  comme  les  Maronites 
en  SyriaC  ,  &  les  Arméniens  en  langue  Arménienne. 
Ceux  qui  récitent  le  bréviaire  en  efciavon  font  par- 
tagés pour  le  rit ,  les  uns  fuivent  le  rit  latin  ou  ro- 
main ,  6:  ce  font  ceux  qui  habitent  la  Dalmarie  &  les 
côtes  voifines  ;  ceux  qui  habitent  plus  avant  dans  les 
terres ,  en  Hongrie  j  en  Bolfinie,  en  Efclavonie,  6v.  en 
Pologne  ,  en  Lithuanie  ,  en  Mofcovie  ,  &  le  long  de 
la  mer  Noire  du  côré  du  nord  ^  fuivent  le  rit  grec. 
On  a  imprimé  à  Rome  en  i(5'48  le  bréviaire  Romain 
en  langue  Efclavone  &  en  caratîtères  Efclavons. 

Le  bréviaire  des  Cophtes  eft  femblable  à  celui 
des  Abiifins  ,  qui  difent  les  heures  de  l'office  en 
cette  manière.  Toutes  les  heures  commencent  par 
le  Pater  nojier  &  VAye  ,  Maria.  Au  commencement 
de  l'office  de  la  nuit ,  ils  récitent  le  pfeaume  Venite 
exultemus  :  ilslilént  beaucoup  de  leçons  de  la  Sainte 
Ecriture ,  &  ils  n'en  lifent  qui  foient  tirées  des  S. 
Pères  que  durant  la  femaine  fainte.  Toutes  les  heu- 
res de  leur  bréviaire  renferment  douze  pfeaumes  j 
&  dans  les  Monaftères  où  il  y  a  beaucoup  de  Moi- 
nes ,  on  récite  tout  le  pfeautier  avant  dîner  ,  ce  qui 
fe  fait  en  fort  peu  de  tems,  parce  que  l'on  donni» 
à  chaque  Moine  quelques  pfeaumes,  ou  feulement 
quelque  partie  des  plus  grands  pfeaumes  que  l'on  di- 
vife.  Le  pfeaume  <;o'^  Mijérere,eiï  toujours  un  des 
douze  de  chaque  heure  du  bréviaire.  Foye^  les  bré- 
viaires Cophtes ,  &  les  bréviaires  Abilfins  ,  &  lé 
Cardinal  Bona. 

D.  Jofeph  Mége  conjeéhire  que  le  mor  bréviaire 
vient  de  ce  qu'on  donnoit  aux  Moines  qui  faifoienc 
voyage  ,  de  petits  livres  ,  dans  lefquels  on  ramalfoir 
les  pfeaumes  ,  les  leçons  &  les  oraifons  qu'on  lifoit 
au  chœur  dans  de  grands  volumes.  Le  P.  Mabillon 
dit  qu'il  a  vu    dans  le  trélbr  de  Citeaux  dcuX   de 
ces  petits  livres ,  &  il  en  donne  certe  defcription. 
Ces  livres  n'ont  que  trois  doigts  de  large  j  mais  ils 
font   plus  longs.   Ils    paroiffent  fort    petits  quand 
ils  font  fermés  ,  mais  quand  on  les  ouvre  11^  pa- 
roilfent  trois  fois  plus  grands ,  parce  que  les  feuil- 
lets en  font  plies  à  trois  plis  ;  ils  ne  font  écrits  que 
d'nn  côté ,  &  la  lettre  en  eft  fi  menue  &  C\  abrégée , 
qu'en  fort  peu  de  fyllabes  on  exprime  route   une 
période.  Les  feuillets  en  font  attachés  par  un  filet  „ 
&  on  enferme  ces  petits  livres  dans  un  lac  de  cuir. 
Bréviaire,  chez  les  Anciens,  fignifioit  feulement  le 
lieu  où  on  gardoit  les  brefs ,  ou  ce  qui  étoit  écrit 
en  abrégé  :  d'où   vient  qu'on  a:  appelé  Bréviaire 
l'Abrégé  de  l'Office  divin.  Quelques-uns  croient  que 
ce  livre  ne  conrencrit  autrefois  que  les  rubriques  , 
Si  qu'on  l'a  étendu  depuis  à  tout  l'office. 
Bréviaire,  fe  dit  auffi  du  livré  qui  contient  cet  office^ 
(?i  tous  les  changemens  qui  s'y  doivent  faire  liiivact 
les-  divers  jours  &  fêtes  de  l'année.  Le  mot  de  Bré- 
viaire eft  employé  pour  fignifier.un  livre  d'Eglife, 
dans  la  lettre  de  l'Archevêque  de  Lyon  à  Roberr, 
Evêque  de  Langres ,    au  fujet  de  l'Abbé  Robert , 
reriré  à  Molême  en   1099.  C'eft  peut-être  la  pre^ 
mière  fois  qu'il  fe  trouve  en  ce  fens. 
Bréviaire  ,  félon  Chauvet  &:  le  P.  Papébrock,  Aci.  SS. 
Jun.   Tom.II,  pag.  4Ç)S  ,  s'cft  dit  auffi  quelquefois 
pour  Mi  (Tel. 
BRÉVIATEUR.  f.  m.  Nom  d'Office.  Breviator.  Les 
Bréviateurs  croient  dans  l'Empire  de  Couftanrino- 
ple,  les  Sectétaires  des  brefs,  ou  les  Ecrivains  des 
brefs.  Scriptores  Brevium.  On  appelle  encore  Bré- 
viateurs y  ou  plutôt  Abréviateurs  ceux  qui  ccriven  c 


^8 


BRI 


&  délivrent  à  Rome  les  refcripts  &  les  brefs  du  | 
Pape.  y"oyei  le  DicT.  de  Droit  de  Calvin.- 
BREUIL.  f.  m.  En'termes  d'Eaux  &  Forêts,  fe  dit  d'un 
bois  taillis ,  ou  buillbn  fermé  de  murs ,  ou  de  haies , 
dans  lequel  les  bêtes  ont  accoutume  de  fe  retirer. 
Lujirum.  Dans  la  Coutume  d'Anjou,  eft  rcpUtc 
treuil  de  forêt,  un  srand  bois  marmenteau ,  ou 
taillis,  ou  buiflbn,  ou  les  groffes  bêies  fe  peuvent 
retirer.  Ce  mot  a  formé  pluficurs  noms  de  lieux. 

Le  mot  de  treuil ,  pour  dire  bois ,  forêt ,  efl: 
fort  commun  en  Poitou.  Il  vient  apparemment  de 
Broilttm,  qui  fe  trouve  en  ce  fens-là  dans  les  Capi- 
tulaires  de  Charlemagne  &  de  Charles  le  Chauve  , 
èc  dans  l'hifloire  de  Luitprand.  L'un  des  quartiers 
de  la  place  de  Venile  s'appelle  Brog/io,  parce  qu'il 
y  avoir  auttefois  un  bois  en  cet  endroit-là.  Foye^ 

le  DiCT.  ETYMOLOG,    de    MÉNAGE. 

Ce  mot  vient  de  hroilum  ,  ou  briolium  ,  ou  hro-^ 
lium,  on  brogilum ,  félon  Luitprand.  Onadiraulîi 
hreil ,  &  broillot  &C  bruillet  ,  bruillot ,  des  petits 
bois  ou  brolfailles  qu'on  avoir  accoutume  de  brûler 
afin  de  les  défricher. 

Breuils.  Terme  de  Marine.  Ce  fonr  des  cordes  qui 
fervent  à  trouflér  ou  à  bourcer  les  voiles ,  qu'on 
appelle  autrement  Cargiiesfond.  Pomey  dit  qu'on 
les  appelle  aulfi  Brouils  ,  Martinets ,  Garcettes.  On 
dit  auin  ,  br cuiller  les  voiles ,  ou  les  brouiller,  pour 
dite  les  carguer  ,  ou  les  troujfer.  Y  oyez  C  arguer. 

BREUILLES.  f.  f.  pi. Entrailles ,  boyaux,  inteftins  d'un 
poiflbn,  Fifcera,  iritejlina.  Avant  que  de  caquet  le 
harenç  ,  on  lui  arrache  les  breuilUs  ,  ou  entrailles. 

^  BREVOGNE.  Perire  rivière  de  France  en  Nor- 
mandie ,  dans  le  Cotentin  où  elle  a  fes  fources , 
êcrombe  dans  la  Vire,  au-deflus  d'Etouri. 

UO^  BREVOORT.  Petite  ville  des  Provinces-Unies , 
dans  le  Comté  de  Zuphten ,  fur  les  confins  du  pays 
de  Munfter. 

BREUVAGE,  f.  m.  Liqueur  qui  ferr  de  boiflbn.  Potio. 
Le  Condrieux  efl  un  excellent  breuvage.  Le  neélar 
c^ïc breuvage  des  Dieux.  Ablanc.  De-ïà  vienr  qu'en 
parlant  d'une  liqueur  agréable  a  boire  ,  on  dit  que 
c'eft  du  neélar. 

Ce  mot  a  été  dit  pour  biberage ,  qui  fe  trouve 
dans  les  anciens  livres ,  qui  vient  de  biberagium  , 
qui  fignifioit  vin  du.  marché ,  qui  a  été  fait  de  bi- 
^«re,  comme  abreuver,  Ac  aibitere.  Ménage.  M. 
Huet  croit  que  ce  mot  vient  de  brou ,  broue ,  &c 
brouet  ;  Se  que  ces  derniers  viennent  de  braia  , 
ancien  mot  gaulois,  qui  fignifie  de  la  boue,  &  qu'on 
a  tranfporteàtoute  forre  de  liqueur  épaifle. 

Brewvage  ,  fe  dit  auffi  des  potions  médicinales  qu'on 
donne  aux  animaux  ,  donner  un  breuvage  à  un  che- 
val,  à  une  vache,  &c. 

On  appelle  aulfi  breuvage,  le  mélange  égal  de  vin 
&:  d'eau  que  l'on  fait  fur  mer  pour  la  boiffon  de  l'é- 
quipage. 

LesVnciens  parlent  de  certains  breuvages  préparés 
pour  donner  de  l'amour ,  ou  de  la  haine.  Les  breu- 
vages de  haine  (  uta-^lp-i  )  éroienr  compofés  du  fuc 
de" l'herbe  appelée  Promethea  ,  &;  du  fiel  de  quatre 
animaux.  Circé  changea  les  compagnons  d'Ulyflé 

"   en  pourceaux  par  un  breuvage  magique.  Dac. 

ÇCr  BREZÉ.  Bourg  de  France  en  Anjou  ,  avec  titre 
de  Marquifat ,  au  midi  de  Saumut. 

^  BREZOLLE.   Bourg  dans  le    Perche,  près  de 

Verneuil. 
Ip"  BREZOLLES.  Bourg  dans  le  Querci ,  près  de 
Montauban. 

B  R  L 

BRIANÇON.  Ville  de  France  dans  le  Dauphiné.  Cette 
ville  eft  foit  ancienne.  L'Itinéraire  d'Anronin  la 
nomme  Brigantion ,  auiîi-bien  qu'^thicus ,  Pto- 
lomée  /3p(y«»7io'  ;  mais  de  nouveaux  Critiques  foup- 
çonnent  qu'il  faut  lire  ^otymlint.  Julien  ,  dans  l'on 
cpître  aux  Athéniens,  l'appelle  Brigantia.  Dans 
Ammien  MarccUin  on  trouve  Virgantia ,  au  lieu  de 
Frigantia,  qui  eft  la  même  chofe  que  Brigantia. 


BRI 

La  Manne  de  Eriançon  eft  une  gomme  blanche  fort 
douce  &:  fucree  qui  découle  des  frênes. 
BRIANÇONNOIS  ,   OISE.  f.  m.  ôc  f.  Qui   eft  de 

Briançon.  Brigantionenjis. 
Briançonnois.  f  m.  Petit  pays  de  Dauphiné  ,  dont 
Briançon  eft  la  capirale  ,  qui  lui  a  donné  fon  nom, 
Brigantionenjis  ager.  Quelques  Dauphins  def  Vien- 
nois ont  pris  le  nom  de  Princes  du  Briançonnois. 
BRIANGE.  f.  8:  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Brie ,  qui  ap- 
partient à  la  Brie.  Brigenjîs ,  e.  La  Fère  Briange. 
Valois.  Not.  Gall.p.  191. 
BRI  ARE.   Brivodurus ,  Brivodurum  ,    Briviodurus  , 
Bridoborum.  Petite  ville  de  France  dans  le  Gâtinois, 
qui  n'eft  connue  que  par  fon  canal ,  appelé  le  Canal 
de  Briare ,  fait  fous  Louis  XIII ,    pour  paffer  les 
bareaux  de  la  Loire  dans  la  Seine ,  par  le  moyen 
du  Loing. 
BRIAS.  Lieu  de  Flandre ,  fuivant  la  méridienne  de 
Paris  du  côté  du  .nord,  fe  trouve  à  ig".  54'  ,  8", 
de  longitude  ,  &  à  50°.  14',  5^  de  latitude.  Cassini- 
Ip-  BRIATESTE.  Bnatejta.  Petite  ville  de  France , 
dans  le  Languedoc,  fur  le  Dadou  ,  à  cinq  lieues 
d'Albi. 
BRIBE.  f.  f.  Morceau  de  pain  ou  de  viande  qui  refte 
d'un  repas  ;  rout  ce  que  l'on  deflert  de  quelque  ta- 
ble. Frujlurn.  Vaug.  Rem.  Il  y  avoit  toujours  quel- 
ques bribes  dans  la  beface  de  Diogcne.  Ablanc. 

On  le  dit  aulfi  d'un  gros  quartier  de  pain.  Ce 
berger  ne  veut  point  fortir ,  qu'il  n'ait  ia  bribe  de 
pain  dans  fa  panetière.  Il  eft  du  ftyle  familier. 
Bribes  ,  au  pluriel ,  le  dit  figurémenr  de  quelques 
morceaux  qu'on  attrape  de  quelque  chofe.  Ce  neveu 
n'a  pas  eu  toute  la  fuccefîlon  de  fon  oncle  -,  mais 
il  en  a  eu  de  bonnes  bribes.  On  dit  encore  des 
bribes  de  latin-,  pour  dire,  des  partages  &  des 
phrafes  de  latin  ,  que  l'on  prend  çà  &  là.  On  dit 
aulïï  ,  mettons  nos  bribes  enfemble  -,  pour  dire.  Joi- 
gnons enfemble  nos  morceaux ,  ou  contribuons 
chacun  de  norre  part  à  la  dépenfe  du  dîner._  Ils  fe 
régalent  quelquefois  entr'eux  ,  en  mettant  toutes 
leurs  bribes  enfemble.  Ablanc.  Tour  cela  ne  fe 
peut  dire  que  dans  le  ftyle  bas  &  familier. 

On  dit  proverbialement  en  ce  fens ,  qu'il  n'y  a 
tel  feftin  que  de  gueux ,  quand  toutes  leurs  bribes 
fonr  ramaffées. 
BRIC.  f.  m.  Vieux  mor.  Cage  à  prendre  les  oifeaux. 

Gloff.  fur  Marot. 
03"  Bric.  adv.  au  bric  ,  c'eft-à-dire ,  à  l'improvifte.  In 
ipfo  articulo  opprimere.  Il  eft  vieux.  Ch.  est.  Dict. 
BRI  CE.  f.  m.  Nom    d'homme.  Briclio,   Briclius , 
S.  Brice  croit  de  la  ville  de  Tours.  Bail.  &  vécut 
au  IV^  &  V=  fiècle. 
BRICHET.  Voyei  Bréchet. 

BRICIEN.  f.  m.  L'Ordre  des  Briciens.  Bricianorum 
Ordo.  Ordre  militaire  érabli  par  fainte  Brigide  , 
Reine  de  Suède,  l'an  15^1?,  fous  le  Pontificat 
d'Urbain  V  qui  l'approuva  ,  Se  lui  donna  la  règle 
de  S.  Auguftin.  Leurs  armes  étoient  une  Croix 
d'azur  fcniblable  à  celle  de  Maire,  fous  laquelle 
éroit  une  langue  de  feu ,  fymbole  de  l'ardeur  de  la 
foi  6c  delà  chariré  envers  le  prochain.  Leurs  devoirs 
étoient  de  combattie  contre  les  Hérétiques ,  la  fé- 
pulture  des  morrs ,  l'afllftarce  des  veuves ,  des  or- 
phelins Se  des  hôpitaux.  La  fainte  Inftitutrice  le 
dota  de  riches  Commanderies.  Voyei  Ant.  Bofius , 
des  Hermites  de  S.  Auguftin,  Marc  -  Ant.  Viano, 
Polonois  ,  Defcription  de  Pologne ,  Juftiniani  , 
Hift.  di  tutti  gl'Ord.  mil.  T.  it,  c.  59  ,  ;^.  ^8?  , 
outre  ceux  qui  parlent  en  général  de  tous  les  Or- 
dres militaires. 
BRICOLE  f.  f  Réflexion  d'un  corps  folide  qui  fe 
fait  à  la  renconrre  de  quelque  aurre  corps  dur.  Obli- 
qua corporis  alicujus  folidi  in  aliud  corpus  durum 
impaclio.  ffT  C'eft ,  à  parler  exaélement ,  la  ligne 
que  décrit  un  corps  que  l'on  pouffe  obliquement 
pour  le  faire  aller  en  quelque  endroir  par  réflexion. 
On  le  dit  des  balles  dans  un  jeu  de  Paume ,  quand 
on  les  fait  frapper  contre  un  des  muts  de  la  lon- 
gueur du  jeu  de  Paume.  On  le  dit  au  jeu  de  Billard , 


BRI 

lorsqu'une  bille,  au  lieu  d'être  pou/Tce  direiStement 
contre  une  autre,  ne  la  rencontre  qu'après  avoir 
frappe  la  bande  du  billard  &  avoir  été  renvoyée 
par  cette  bande  •,  &c  des  boulets  de  canon  qui  bat- 
tent obliquement,  comme  il  arrive  dans  les  barte- 
ries  qu'on  appelle  en  écharpe. 

Ce  mot  vient  de  l'Eipagnol  brincar ,  qili  lignifie 
faire  dis  cabrioles  ,  fauter. 

Bricole  ,  a  lignifié  chez  les  Anciens  une  machine  à 
jeter  des  pierres.  Du  Cange.  C'ctoit  une  efpèce  de 
fronde   laite  de  cuir.  Funda  coriacea. 

Bricole.  Terme  de  Marine,  il  fe  dir  de  la  puiiîance 
qu'ont  les  poids  qui  font  placés  au-dellùs  du  centre 
de  gravité,  pour  mettre  le  vaiffcau  iiir  le  côté  -,  le 
lefl:  contre-balance  la  bricole  qui  cfl:  occalîonnce  par 
les  poids  des  mâts,  des  manœuvres  hautes,  &c. 

Bricole,  dans  le  fens  figuré  ,  lignifie  auffi  une  trom- 
perie qu'on  fait  à  quelqu'un ,  quand  on  agit  avec 
lui  par  des  voies  obliques  &  indireéles.  Te  m'at- 
tendois  à  recevoir  de  cet  homme  le  fecours  qu'il 
m'avoit  promis  -,  mais  je  vois  bien  qu'il  m'a  donné 
une  bricole.  Ce  valet  eft  un  grand  menteur ,  il  me 
donne  toujours  quelque  bricole. 

Dans  cette  acception  ,  de  bricole ,  par  bricole  , 
pour  dire,  indiredtement,  ibnt  des  expreiHons  ad- 
verbiales, ' 

Petit  écrit  donné  fous  le  manteau 
Qu'on  fe  dérobe,  &  ^ui  vient  par  bricole. 
Ou  bien  moulé  che:^  Pierre  du  Marteau  , 
Fut-il  mauvais ,  nous  paraît  toujours  beau  , 
Et  pour  l'avoir ,  on  ne  plaint  la  piflole.  P.  D. 

On  ne  voit  point  ici  ces  tours  &  ces  bricoles 
Qui  -du  fort  impofleur  déterminent  les  coups  , 
Ni  la  dupe  expofee  à  la  gueule  des  loups 
Plaindre  L'a^reux  revers  de  fes  efpoirs  frivoles. 

L'Ab.  Genest. 

Dans  ce  fens ,  il  ne  peut  paffer  que  dans  le  ftyle 
familier  &  badin. 
Bricole,  en  termes  de  ChalTe,  c'efl  un  filet  de  petites 
cordes ,  &  qui  eft  en  forme  de  bourfes  pour  pren- 
dre  les  grandes  bêtes.  Salnove  ,  qui  écrit  bricolles. 
Une  Ordonnance  d'Henri  IV ,  dU  mois  de  Juin 
•  i<îoi ,  défend  dans  l'jJrt.  IX  à  toutes  perlbnnes 
indifféremment  de  faire  ouvrer,  ScexpOler  en  vente  , 
avoir  &  eux  aider  de  tiraffes ,  tonnelles,  traîneaux  , 
bricoles  de  corde,  &  de  fil  d'archal ,  ùc.  Et  une  Or- 
donnance du  Roi  du  mois  d'Août  \6Gc).  porte  j 
Art.  XII.  Tous  tendeurs  de  lacs  ,  tiralles ,  ton- 
nelles ,  traîneaux ,  bricoles  de  corde  &  de  fil  d'ar- 
chal ,  pièces  &  pans  de  rets ,  colliers  ,  halliers  de 
fil ,  ou  de  foie ,  feront  condamnés  au  fouet  pour 
la  première  fois,  &  en  50  liv.  d'amende,  &c. 

On  appelle  auffi  bricole  ,  ce  dont  on  fe  fert  pour 
empêcher  les  chiens  d'aller  trop  vîte  devant  les  autres. 
t^ Bricole,  terme  de  Bourrelier,  eft  la  partie  du 
harnois  d'un  cheval  de  carrofle  ,  qui  paffe  fous  les 
couirmets ,  &  qui  s'attache  de  côté  &  d'autre  aux 
boucles  du  poitrail. 

On  le  dit  auffi  des  pièces  de  cuir  ,  attachées  en- 
femble ,  qui  fervent  aux  porteurs  à  porter  des  chaifes. 
BRICOLER,  v.  n.  Poulf;r  une  balle,  une  bille,  un 
boulet,  obliquement,  pour  le  faire  aller  en  un  certain 
endroit  par  réflexion.  Obliqué  impingere.  Toucher 
une  bille  en  bricolant. 

On  dit  auffi  au  figuré ,  de  ceux   qui  ne  vont 

point  droit  dans  les  affaires ,  qu'ils  ne  font  que 

fliir  &:  bricoler  ;  c'eft-à-dire  ,  amufer  &  tromper. 

Il  eft  bas  en  ce  fens. 

Bricoler  ,  v,  n.  fe  dit  des  chofes  qui  dans  leur  fitua- 

tion  ont  des  tours  &  des  détours  qui  vont  en  zigzag. 

Mœandros  agerc.    Les  vaifleaux  lymphatiques  des 

.  doigts  tant  du  pied  que  de  la  main  fe  réunifiant  en 

deux  ou  trois  troncs  ,  accompagnent  en  remontant 

les  veines  céphaliques  &  faphènes,  tantôt  en  ligne 

droite,  tantôt  en  bricolant  à   l'entour.  Journal 

ejis  Se.  1714,^.  411, 


Biiî 


ë  ^ 


Bricoler  ,  fé  dit  auffi  ,  mais  dans  le  Ityle  bas,  de  ceux 
qui  mangent  trop  chaud.  Iljignifie,  faire  aller  Je 
morceau  de  côté  &  d'autre  dans  fa  bouche  avant 
que  de  l'avaler ,  afin  de  n'en  être  point  brîjlé.  Ma 
foi  j'ai  été  oblige  de  bricoler. 

BRICOLIER  ,  f  m.  en  terme  de  manège  ,  eft  le  cheval 
que  l'on  met  à  une  chaife  de  pofte  à  côté  du  clicval 
de  brancard  j  ôc  fur  lequel  le  portillon  eft  monté; 
Il  eft  ainfi  nommé  du  harnois  qu'on  lui  met ,  qui 
s'appelle  une  bricole, 

BRICON.  f.  m.  Vi«ux  mot.  Coquin  j  miférablèi  ma- 
lotru ,  trompeur.  Foèf.  du  Roi  de  Nav. 

BRICOTEAUX.  f.  m.  pi.  Pièces  de  bois  longues  &: 
étroites  j  en  façon  de  tringles ,  qui  font  placées 
fur  le  devant  du  métier  des  Ouvriers  qui  travaillent 
avec  la  navette. 

BRIDE.  C  f.  Affortiment  de  bandes  de  cuir&  de  pièces 
de  feri  propre  à  tenir  la  tête  d'un  cheval  fujette 
&  à  le  conduire.  Frenum  ,  habena.  La  bride  eft 
coinpofée  de  deux  rênes  ,  d'une  têtière ,  &:  d'un 
ma»  On  dit ,  en  termes  de  manège  ,  tenir  ,  rendre  * 
lâcher,  donner  la  bride,  &  plus  élégamment,  tenir/, 
rendre ,  donner  la  main. 

Bride  ,  fé  prend  quelquefois  pour  les  rênes  feules  , 
&  dans  ce  fens  on  dit ,  qu'un  cheval  a  rompu  fa 
bride  ,  lorlqu'il  a  rompu  fes  rênes. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  latin  brida  ,  qui  a 
été  fait  du  grec  çJa» ,  qui  fignifie  trako  ,  je  tire.  Il 
eft  bien  plus  naturel  de  le  dériver  avec  Icquez  de 
la  langue  faxone  ,  &  de  celle  des  Francs  ,  où  l'on 
trouve  les  mots  bridel ,  brydel,  dans  le  même  fensi 
Le  P.  Pezron  dérive  le  grec  Bpvrip ,  &C  le  françois 
bride,  qui  fignifient  la  même  choie,  du  celtique 
brid. 

Boire  la  bride  ou  le  mors ,  fe  dit  quand  le  mors 
remonte  trop  haut,  Ôi  fe  déplace  de  delfusles  barres 
où  fe  fait  l'appui.  Se  tenir  à  la  bride ,  c'eft  s'y 
attacher  comme  on  fait  aux  crins.  La  main  de  la 
bride  ,  c'eft  la  main  gauche  du  Cavalier.  On  appelle 
coup  de  bride ,  l'efpèce  de  châtiment  que  le  Cava- 
lier donne  à  fbn  cheval  enfecouantune  rêne  ,  lorfque 
le  cheval  ne  veut  point  tourner.  On  appelle  efîét 
de  la  bride,  le  degré  de  fenfibilité  que  le  mors 
caufe  aux  barres  du  cheval ,  par  la  main  du  Ca- 
valier ,  &  l'on  dit  que  le  cheval  commence  à  goûter 
la  bride,  quand  il  commence  à  s'accoutumer  aux 
impredions  du  mors. 

On  dit  courir  à  bride  sbztfat ,  ou  à  toute  ^ni^ -, 
pour  dire  j  courir  de  toute  la  vîteffe  du  chcvaL 
Immifjis ,  laxatis  habenis  accurrere.  Ablanc.  Il 
gagna  la  ville ,  où  il  fe  retira  à  toute  bride.  Dans 
le  figuré ,  courir  à  bride  abattue  après  les  plaifirs , 
c'eft  les  rechercher  ardemment ,  s'y  livrer  aveuglé- 
ment &  fans  retenue.  Courir  à  bride  abattue  à  fa 
perte  ,  s'y  porter  ardemment  &  inconfidérément. 
On  dit  auffi,  pouffer  un  cheval  à  toute  bride.  Vaug. 
Voyei  fur  les  Opérations  de  la  bride  au  Manège  i 
la  Méthode  de  dreffer  les  chevaux  par  le  Comt  de 
Newcaftle ,  pag.  i8i  &:  fuiv.  de  la  traduction  fran- 
çoife  ,  Se  pag.  icjo  &c  fuiv.  p.  ^t^  ôi  fuiv.  pag, 
378  3c  fuiv. 

Bride  à  abréver  oU  abreuver.  Vous  pouvez  mettre 
au  poulin  pour  quelques  jours  la  bride  à  abréver , 
fans  rênes ,  après  quoi  vous  lui  mettrez  le  mors. 
Newc,  Il  n'y  a  rien  de  fi  utile  à  la  fanté  des  che- 
vaux que  de  les  tenir  avec  la  bride  à  abréver  trois 
ou  quatre  heures  avant  que  de  les  monter ,  &  au- 
tant de  tems  après ,  jufqu'à  ce  qu'ils  foient  bien  re- 
froidis. Id. 
Bride  ,  fe  dir  figurément  de  tout  ce  qui  arrête  ,  ou 
qui  borne  la  puiffance  de  quelqu'un  ;  qui  le  retient 
dans  fon  devoir,  Freni.  Les  Ephores  de  Sparte 
croient  établis  pour  tenir  en  bride  la  puiffance 
royale.  Lesloix  riennent  en  bride  les  peuples.  Il  faut 
tenir  la  bride  haute  aux  jeunes  gens  qui  font  trop 
fougueux ,  pour  dire  les  trairer  avec  févérité ,  de 
peur  qu'ils  ne  s'échappent.  Notre  efprit  alfez  fou- 
vent  n'a  pas  moins  befbin  de  bride  que  d'éperon, 
BoiL.  On  dit  auffi  ,  qu'un  homme  a  lâché  la  bride 


o 


B  R  î 


à  Tes  parTiûns ,  lorfqu'il  s'y  abandonne  entièrement. 
Il  faut  ulcr  de  toutes  clioles  avec  modération  ,  & 
ne  lâcher  jamais  la  bride  à  nos  Tens-,  quelque  inno- 
cens  qu'en  foient  les  objets.  Nicol.  Lâcher  la  ùridc 
à  quelqu'un  ,  l'abandonner  à  lui-même,  .à  fa  propre 
volonté  j  ne  le  plus  retenir.  On  dit  au/lî ,  qu'une 
citadelle ,  une  place  forte  ,  tient  en  bride  toute  une 
ville  ,  toute  une  Province  -,  pour  dire  ,  qu'elle  la 
tient  dans  la  fujettion  ,  dans  l'obciflance. 

On  appelle  proverbialement  des  brides  à  veaux  , 
les  railbns  qui  periuadent  le?  lots ,  &  dont  le 
moquent  les  gens  éclairés.  Je  ne  faurois  fouffrir 
qu'on  le  moque  de  vous,  &  je  vois  que  tout  ce 
qu'il    vous  dit  là ,   font  des  brides  à  veaux.  R. 

Huit  cens  petits  livres  nouveaux 
QiCon  appelle  brides  1  veaux.  Masc. 

On  dit  auflî  qu'il  fout  aller  bride  en  main  en 
quelque  affaire  -,  pour  dire  ,  qu'il  faut  a£ri||^cntc- 
ment ,  &;  après  une  mûre  délibération.  On  dîfauiri , 
mettre  la  b.ride  fur  le  cou  à  quelqu'un ,  IcrJ'qu'on 
l'abandonne  à  lui-même.  On  dit  auili ,  qu'on  a  ho- 
ché la  bride  à  quelqu'un  ;  pour  dire  ,  qu'on  a 
fondé  Tes  intentions  ,  potir  favoir  s'il  voudrait 
faire  quelque  chofe  qu'on  ne  lui  a  pas  demandée 
ouvertement. 

Bk-ide  ,  fe  dit  auflî  de  ce  qui  ferre ,  qui  arrête  &  qui  at- 
tache une  chofe  à  une  autre.  Rctinaculum.W.  faut 
refaire  des  brides  à  cette  dentelle.  Les  bouton- 
nières ont  befoin  de  brides 'ç^on'c  les  arrêrcr.On  met 
des  brides  aux  béguins  des  enfans  pour  les  arracher. 

§C?Bride  ,  chez  les"  Arquebuf.ers ,  eft  un  morceau  de 
fer  plat ,  afliijetti  en  dedans  par  des  vis  au  corps  de 
platine,  fervanr  pour  foutenir  la  noix  ,  &  empê- 
cher que  le  chien  n'approche  trop  près  du  corps 
de  platine  en  dehors. 

IJT  Bride  ,  chez  les  Charrons  ,  efl:  une  bande  de  fer , 
plate  ,  pliée  en  trois ,  carrément ,  dont  les  deux 
branches  font  percées  de  pluheurs  trous  vis-à-vis  les 
uns  des  autres  pour  y  placer  une  cheville  de  fer 
qui  va  répondre  d'un  trou  dans  un  autre.  Elle  fert 
aux  charrons  pour  aflujettir  pjulîeurs  pièces  de  leurs 
ouvrages  enfemble.  Encyc.  Les  charrons  fe  fervent 
encore  d'un  autre  outil  afléz  femblablc  ,  qu'ils  ap- 
pellent Bride  de  brancard,  dont  l'uiàge  eft  de  main- 
tenir le  brancard ,  quand  ils  le  montent  Se  Tallém- 
blent. 

^f3"  Chez  les  fondeurs  de  cloches ,  on  appelle  brides , 
de  grands  anneaux  de  fer ,  fervanr  à  fufpendre  la 
cloche  au  mouton  par  le  moyen  des  barreaux  de 
fer  qui  traverfent  les  anfes  de  la  cloche  &:  les  bar- 
reaux de  bois  &:  de  fer  pofésen  travers  fur  le  mouton. 

BR.IDER.  V.  a.  Mettre  la  bride  à  un  cheval ,  ou  à 
une  autre  bête  de  voiture.  Frenare.  c'eft  faire  entrer 
le  mors  dans  la  bouche  ,  paflcr  le  haut  de  la  têtière 
par  deiliis  les  oreilles,  &  accrocher  la  gourmette. 
Bride^  les  chevaux ,  S:  abfolument  bride^ ,  nous 
allons  partir. 

On  dit  qu'un  cheval  fe  bride  bien  •■,  pour  dire , 
qu'il  a  la  tête  bien  placée. 

On  dit  familièrement  que  chacun  bridera  Ca.  bête; 
pour  dire ,  que  chacun  fe  conduira  à  fa  fantailîe. 
En  termes  de  Marine  ,  on  dit  brider  l'ancre  ;  pour 
dire ,  empêcher  qu'elle  n'enfonce  dans  le  fable  : 
ce  qui  fe  fait  en  enveloppant  fes  pattes  de  planches. 
On  dit  en  Fauconnerie  ,  brider  les  ferres  d'un 
oifeau ,  quand  on  en  lie  une  de  chaque  main  :  ce 
qui  l'empêche  de  charrier  ,  ou  d'emporter  fa 
proie. 

Brider  une  pierre.  Terme  de  Carrier.  C'eft  l'attacher 
avec  le  bout  du  cable  de  la  grande  roue  ,  où  tient 
le  crochet  ,  pour  la  tirer  en  haut. 

Brider,  en  termes  d'Hilloirc  naturelle,  fe  dit  pour 
Arrêter  ,  retenir ,  empêcher  l'attion  ou  la  vertu 
d'un  agent  naturel.  Cohibere.  Le  lucre  dans  cette 
préparation  efl:  charge  d'une  huile  efléntielle ,  qui 
/ride  l'aâ;ion  de  fes   parties  falines.  Demours. 

Brider,  lignifie  figurément ,  tenir  en  fujettion. i^r^r- 


B  R  ï 

nare  ,  frenos  injiccre.  Cette  fortéreflc  ,  bride  toute 
la  Province.  Les  peuples  fonr  bridés  p:Lï  les  loix, 
par  l'autorité  des  Magiftrats.  Brider  le  cours  im- 
pétueux de  l'ambition  &  de  la  fortune. ,  ^r/i/er  fes 
panions.  TtïÉorH.  Ils  font  bridés  par  mer ,  ils  ne 
peuvent  plus    fortir. 

La  r  ai/on  trop  farouche  au  milieu  desp/aijîrs , 
D'un  remors  importun  vient  brider  nos  dejirs.  Boii, 

On  le  dir  au.Ti  des  conventions  particulières.  CeE 
homme  eft  bien  bridé  par  cette  tranfaéf  ion ,  il  né 
peut  plus  taire  de  chicane.  Il  eft  du  ftylc  familier. 
On  dit  flgilrément  &  proverbialement,  brider 
la  bécaffe  -,  pour  dire  ,  engager  adroitement  quel-' 
qu'un  ,  de  telle  forte  qu'il  ne  puiHe  plus  s'en  dé-* 
dire  i  l'attraper,  le  tromper.  La  beca/le  ed  bridée. 
On  appelle  auflî  un  oifon  bridé ,  un  for ,  up  homme 
qui  n'a  point  vu  le  monde. 

Brider  ,  lignifie  aufîî,  étreind.re  ,  ferrer,  Cacher.  Strin- 
gere ,  ajtrin^/re.  Ce  jufte-au-corps  eft  mal  taillé  ,  il 
vous  bride  trop  fuf  les  épaules.  Il  s'eft  brid^  le  nez 
de  fon  manteau    pour  n'être  point  appctçu. 

Brider  le  nez ,  fe  dît  aufîî ,  pour  donner  un  coup 
de  fouet ,  de  verge ,  ou  de  baguette  par  le  nez. 
Il  lui  a  bridé  le  nez  d'un  coup  du  fouet  qu'il  avoit 
en  main.  Quand  on  marche  dans  un  bois  épais  les 
petites  branches  que  l'on  fait  plier,  vont  brider 
le  nez  de  ceux  qui  fuivent  de  trop  près.  On  dit 
même  de  tous  ceux  à  qui  on  jette  quelque  chofe 
au  vifage  ,  qu'on  leur  en  a  bridé  le  nez.  Tout  cela 
eft  familier. 

Brider.  ,  eft  aufîî  un  terme  d'Académifte  ,  qui  fe  dit 
en  parlant  de  la  courfe  de  la  bague.  Impingere. 
C'eft  toucher  la  potence  avec  la  lance ,  paffer  par 
deflbus  la  potence ,  ou  fraper  le  canon  de  la  po- 
tence. Cet  homme  eft  bien  mal  adroit ,  il  bride 
toujours  la  pot:nce. 

Brider  les  cloches ,  c'eft  en  lier  les  battans  avec  des! 
cordfs  pour  carillonner, 

BRIDÉ,  EÉ,  part. 

On  dit  proverbialement ,  qu*urte  affaire  eft  fellée 
^bridée  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eft  achevée ,  qu'elle  eft: 
conclue  ,  par  une  méchante  allufion  de  la  felle  du 
cheval,  au  fceau  des  arrêrs  qui  terminent  les  afiûires 

r^CT  BRÎDGENARTH.  Petite  ville  d'Allemagne,  ea 
Shrop<;hire  ,  fur  la  Severne. 

?3crBRIDGETOWN.  Ville  de  l'Amérique  Angloife, 
dans  rilc  de  la  Barbade  ;  on  l'appelle  autrement 
ville  de  Saint  Michel. 

ffT  BRIDGEWATER.  Ville  d'Angleterre  en  Som- 
merletshire,  fur  le  Parret. 

BRIDOIR.  f.  m.  Pirononcez  Bridoi.  C'eft  un  morceau 
de  linge ,  large  d'environ  trois  doigts  ,  que  les 
Damts  mettent  à  leut  bonnet  ,  quand  elles  fe 
coé'Fent.  Il  fert  à  bander  le  menton,  &  c'eft  pour 
cela  qu'on  l'appelle  auflî  une  mentonnière, 

BRIDON.  f.  m.  Terme  de  Manège  &  d'Eperonnier. 
C'eft  un  filet  à  l'Angloife ,  qui  a  une  embouchure 
fort  menue,  &  qui  n'a  aucunes  branches  ^  bride 
leccère  &;  fans  branches.  Les  chevaux  Anglois  k 
mènent  avec  des  bridons^  &:  n'ont  des  brides  qu'à 
l'armée.  Il  n'y  a  point  de  cheval,  ni  sûr,  ni  utile, 
ni  qui  puiife  aller  avec  un  bridon  ,  s'il  n'eft  pre- 
mièrement monté  avec  le  mors.  Newc.  Les  bridons 
à  la  royale  ,  ne  font  prefque  pas  diiîérens  des  bridons 
à  l'angloife. 

Bridok  ,  eft  aufTi  un  terme  de  quelques  Religieufes. 
II  fignifie  un  morceau  de  linge  large  d'environ  deux 
doigts ,  qui  eft  coufu  &c  attaché  au  voile.  Ce  bridon 
fait  voir  que  leà  Religieufes  doivent  fe  priver  de 
tous  les  plaifirs  du  monde. 

fp*  BRIDURE.  {'.  f  Terme  de  rivière  :  perche  qui 
tient  avec  une  longue  rouette.   A^oy.  Rquette. 

BRIE.  f.  f.  On  nomme  brie  en  Normandie ,  ce  qu'on 
nomme  ailleurs  brayoire  ;  c'eft-  à-dire  ,  cet  inftni- 
ment  qui  fert  à  donner  au  chanvre  la  première 
façon  ,  &  à  commencer  à  en  fcparer  la  filafle  de  la 
chenevotte. 


BRI 

B?».IE.  Piiys  de  France  entre  la  Champaçrne  particu- 
lière,  le  Sénonois ,  le  Gàtinois,  le  Hurepoix,  le 
Pariiis  de  le  Soifîbnnois ,  en  latin  Salius  Brigenjis  , 
ou  Bri^ia  Jllva,  ou  Pagus  ^r/eo'ZWi'.  Quelques-uns 
difent  que  ce  mot  vient  du  mot  françois  Abri , 
qui  (Î5ni^ie  lieu  couvert ,  où  il  y  a  de  t'ombre  ,  & 
ils  prétendent  que  ce  pays  futainii  nommé,  parce 
qu'il  el\  tout  planté  d'arb'res  fruitiers  ,  qui  font 
par- tout  des  ombrages,  ou  des  abris.  Dom  Du 
Pleffis ,  dans  Ton  Hiftoirc  de  tEglife  de  Meaux , 
Tom.  1,  pag.  16  Se  6^5  ,  prouve  que  l'Abbaye  de 
Faremoutier  dans  fon  origine  a  été  appelée  Brige  , 
c'cft-à-dire ,  Font  ;  que  ce  nom  s'étant  enfuite 
communiqué  à  tout  le  territoire  voilin ,  on  l'a  ap- 
pelé Saltus.  Brigcnjis  \  &  que  de-là  s'efl  formé  celui 
de  Brie.  La  Brie^  eu  autrefois  les  Comtes,  Cette  Pro- 
vince le  divife  en  Brie  fupérieure,  ou  haute  Brie,  dont 
Meaux  ell  la  capitale  ,  &  Brie  inférieure  ,ou  bafle 
Brie ,  qui  a  Provins  pour  capitale ,  &c  Brie  Pouil- 
leufe  ou  Galleufe  ,  autrement  dite  Galevejfe  ,  dont 
le  lieu  principal  eft  Château-Thierry.  Celle-ci  tire 
fon  nom  de  celui  de  yadicajfes.  La  plus  grande 
partie  de  la  Brie  eft  annexée  au  Gouvernement  de 
Champagne ,  le  refte ,  qui  l'efl:  au  Gouvernement 
de  rile  de  France ,  s'appelle  à  caule  de  cela  Brie 
Françoife.  La  première  s'appelle  Brie  Champ enoi je. 
Voye^^  Baugier  ,  Mem.  Jur  la  Prov.  de  Champ. 
La  féconde  s'appelle  Brie  Françoife  ou  Brie  Pa- 
rifienne.  Braia  Parijierijis.  Bric  Comte-Robert ,  eft 
dans  la  Brie  Parijienne,  Longuerue.  Ce  nom  eft 
corrompu  de  braie  qu'on  trouve  dans  tous  les  an- 
ciens Aélcs  ,  même  en  françois  &  en  latin.  Le  mot 
braie  fignifie  en  vieux  françois  une  terre  grart'e  &: 
bourbeufe  ,  comme  eft  le  terroir  de  cette  ville. 
(  Brie-Comte-Robert.  )  Id. 

^  BRIE -COMTE -ROBERT.  Ville  de  France  , 
capitale  de  la  Brie  Françoife,  avec  bailliage,  clu- 
tellenie  &  grenier  à  fel,  à  cinq  lieues  de  Paris. 

%fT  BRIEF,  EVE.  adj.  fynonyme  avec  bref,  court, 
qui  eft  de  peu  de  durée.  Brevis.  C'eft  un  terme  de 
pratique.  Alfigner  à  trois  briefs  jours.  Faire  bonne 
'  &  brieve  juftice    aux  parties. 

BRiEFS.  f.  m.  pi.  Terme  de  Commerce  de  mer ,  en 
ufage  dans  toute  la  Bretagne.  Il  lli^nifie  la  même 
chofe  que  Brieux.  f^oye:^  ce    mot. 

§Cr  BRIEG.  (  On  ne  prononce  point  l'E.  )  Brcgi. 
Ville  d'Allemagne ,  dans  la  Siléfîe ,  capitale  d'un 
Duché  du  môme  nom  ,  fur  l'Oder. 

BRÎENNE.  Petite  ville  de  Ftance  en  Cliampagne  , 
près  de  la  rivière  d'Aube.  Breona, 

IP"  BRIENNOIS.  (  le  )  Petit  pays  de  France  ,  diffé- 
rent du  Comté  de  Brienne,  le  long  de  la  Loire, 
aux  confins  du  Bourbonnois ,  dont  Scmur  en  Brieii- 
nois  eft  le  lieu  principal.  Il  tire  l'on  nom  de  Brienne 
lieu  ruiné  depuis  long-temps. 

XfT  BRIENON.  Ville  '  de  France  en  Champagne  , 
dans  le  Senonnois ,  entre  Joigny  &  St  Florentin. 

ERIEU.  f  m.  Nom  d'homme.  Briocus  ,  Briom.ichus  , 
Briomacles  ,  ou  Uriomaclus.  S.  Brieu ,  que  quel- 
ques-uns font  originaire  de  la  Grande-Bretagne , 
vivoit  au  VIP  ficelé.  ChalTé  ,  dit-on ,  par  les  Saxons, 
il  fe  réfugia  fur  les  côtes  de  l'Armorique. 

St  Brieu  ,  f.  m.  Ville  cpifcopale  de  Bretagne  en 
France  ,  qui  a  pris  le  nom  de  St  Brieu  fon  Patron  , 
&  en  quelque  forte  Ibn  fondateur  ;  car  ce  Saint 
étant  mort  dans  un  Monaftère  qu'il  avoir  bâti  en 
cet  endroit,  entre  Lexobie  8c  Alcth  ,  la  réputation 
de  fa  fainteté  &  l'éclat  de  fes  miracles  y  attirè- 
rent tant  de  monde ,  qu'il  s'y  forma  bientôt  une 
ville.  Briocum  ,  fanum  S.  Brioci ,  Briocopolis.  Voy. 
Baillet  au  premier  de  Mai. 

Ce  mot  vient  du  latin  Briocus ,  dont  d'abord 
retranchant  1'«  ,  comme  en  beaucoup  d'autres ,  on 
a  dit  Briocs  ou  Briox  ,  car  .r  ou  es ,  font  la  même 
chofe.  Enfuite  on  a  dit  Brieus  comme  on  écrit 
encore  fouvent ,  puis  pour  adoucir  la  prononcia- 
tion Tufage  a  changé  \'x  en  s  ,  Brieus  :  enfin  il  a 
retranche  Vs ,  &:  l'on  dit  Brieu.  Ceci  montre  que 
Briocus  eft  le   véritable    nom  latin  ,  plutôt  que 


BRI  71 

Briomaclus  ou  Briomacles.  D'Argcntré  ,  M.  Fleuri 
Se  le  P.  Lobineau  écrivent  toujours  Brieuc  ,  comme 
font  auffi  tous  les  anciens  titres. 

BRIEVEMENT,  adv.  D'une' manière  courte,  fuc- 
cinétement.  Breviter.  Cet  Auteur  a  éc-rit  trop 
brièvement  ■■,  cela  fait  qu'il  eft  obfcur. 

BRIEVETE,  f  f  Le  peu  de  durée  d'une  chofe.  Voy. 
Bref.  Brevitns.La  brièveté  d'un  difcours.  La  briè- 
veté de  la  vie.  La  brièveté  d'un  dclai.  Nos  meil- 
leurs Ecrivains  difent  toujours  brièveté ,  à  la  réferve 
de  Mefîîeurs  de  Port-Royal,  qui  écrivent  \di  bre- 
veté &i  l'inftabilita  delà  vie.  Ce  difcours  n'a  point 
cette  breveté  v'wz  &  animée  fi  nécefiaire.  Je  ne  fuis 
pas  de  leur  avis  :  mais  à  caufe  de  leur  autorité  , 
je  n'ofe  dire  que  breveté  &  brév&hient ,  foit  une 
faute.  Ménage.  M.  l'Abbé  Fleury  imite  les  Ecri- 
vains de  Port-Royal.  La  breveté  du  Canon  ,  dit-il , 
en  parlant  de  la  Liturgie  Gallicane  ,  Hijl.  Eccl. 
L.  XXX n,  p.  114-,  mais  ce  n'eft  pasl'ulage.  La 
langue  françoife  a  trouvé  le  fecret  de  joindre  la 
brièveté,  non-feulement  avec  la  clarté  ,  mais  encore 
avec  la  pureté  &  la  politeffe.  Il  n'y  a  peut-être 
rien  qui  foit  moins  à  fon  goût  que  le  Ityle  afiati- 
que  :  &  rien  ne  lui  eft  plus  naturel  qu'une  brièveté 
raifonnable.  Ceux  qui  écrivent  le  mieux ,  ont  im 
ftyle  également  ferré  6-:  poli.  Ils  joignent  la  pureté 
de  Céfar ,  &  la  fermeté  de  Tacite.  Leurs  paroles 
tiennent  quelque  chofe  de  celles  des  otacles  -,  fans 
en  avoir  l'obfcurité,  ni  l'embarras,  elles  en  ont  la 
brièveté  &  la  force.  Bouh.  Il  y  a  une  brièveté  qui  vient 
de  laféchereiTe  del'efprit,  ou  du  peu  d'étendue  du 
génie  :  on  ne  loue  point  celle-là.  Il  faut  une  brièveté 
qui  vienne  de  la  réflexion  &  du  jugement.  Val.  La 
brièveté  contribue  à  l'obfcurité ,  félon  le  mot  d'Ho- 
race •,  je  veux  être  court,  je  deviens  obfcur.  Bouh. 
La  brièveté  eft  bien  voifine  de  l'obfcurité.  Dac.  Il 
y  a  pourtant  une  brièveté  louable ,  qui  corWifte  à 
employer  toutes  les  paroles  qu'il  faut,  &  à  n'em- 
pJoyer  que  celles  qu'il  faut ,  ou  même  à  fe  fervir 
quelquefois  d'un  mot  qui  vaille  plulieurs  autres, 
C'eft  la  brièveté  que  Quintillien  trouve  fi  belle  d^ns 
Salufte  •,  mais,  comme  remarque  Quintillien  au 
même  endroit  ,  dès  qu'on  imit;  mal  fes  manières 
de  penfer  &  de  parler ,  on  devient  obfcur.  Bouh. 
Si  nous  l'emportons  fur  nos  ancêtres  par  le  choix 
des  mots ,  par  la  clarté  ,  Sc  par  la  bi  ièvetè  du  dif- 
cours ,  c'eft  une  queftion  encore  indécife.  La  Bruy. 
La  brièveté  eft  l'amed'un  conte  ,  puil'que  fans  cela , 
il  faut  nécefîairement  qu'il  languide,  La  Font. 

Dans  le  grand  art  on  dit  par  manière  de  pro- 
verbe ,  l'œuvre  ne  veut  point  de  brièveté  ;  pour 
dire ,  qu'on  ne  doit  point  donner  le  feu  trop  violen  t , 
qu'il  ne  faut  rien  précipiter ,  qu'il  faut  feulement 
aider  la  nature  par  un  feu  ménagé  à  propos. 

BRIEUX,  Ce  mot  fignifie  fur  les  côtes  de  Bretagne , 
le  congé  ou  pafleport ,  la  permiiîîon  de  naviger  , 
que  tous  les  vailfeaux  doivent  prendre  des  Gou- 
verneurs ou  des  Juges  de  l'Amirauté ,  pour  fortir 
d'un  port.  Facuhas  navigandi  ;  Diploma  navigandi 
potejictem  faciens.  On  dir,  parler  aux  Ffébrieux-,  pour 
dire  ,  demander  ce  congé.  C'eft  peut-être  une  mau- 
vaife  allufion  au  mot  Hébrieu ,  que  l'on  difoit  autre- 
fois pour  Hébreu ,  que  nous  difons  aujourd'hui. 

BRIFABLE  ,  adj.  Qui  eft  mangeable.  Edulis ,  efcu- 
lentus.  Ce  fromage  eft  brifable.S.  Amand,  Ce  mot 
n'eft  d'ufage  que  dans  le  ftyle  familier  &:  comique. 
Il  vaut  encore  mieux  le  bannir  de  tout  ftyle.  Il 
eft  tror»  bas. 

BRIFAUT.  f.  Nom  d'un  chien  de  chafTe. 

Il  s'enfuit  dans  fon  fort,  met  les  chiens  en  défaut  y 
Sans  mime  en  excepter  Brifaut.  La  Font. 
U autre  fit  cent  tours  inutiles  , 

Entra  dans  cent  terriers ,  mit  cent  fois  en  défaut 
Tous  les  confrères  de  Brifaut.  Id. 

BRIFER.  V.  a.  Manger  avidement.  Forare  ,  avide  ca- 
medere.  Les  écoliers  brifenttoaz  ce  qu'on  leur  donns. 
Il  eft  populaire  &  trivial. 


•ji  BRI 

QueUfucs  -  uns  dcrivent  ce  mot  à  h'is  faucihus , 
comme^li   l'on  manyeoit  avec  deux   bouch.s. 

BRiPÉ,  ÉE,.pair. 

BRI!  EUR ,  EUSE ,  f.  Celui  ou  celle  qui  biifc.  Forax , 
liiHiio.  Ce  mot  elt  populaire. 

BRIFiER.  i".  m.  Terme  de  Plomberie.  C*eft  une  bande 
de  plomb  qui  'fait  partie  des  ent'aîtemens  des  bâ- 
timens  couverts  d'ardoile. 

Ça-  BRIGADE,  r.  m.  Troupe  de  gens  de  guerre  d'une 
même  compagnie  ,  ibus  un  bas  Oflicicr  qu'on 
nomme  Bns^aJicr. 

(er  BRIGADE,  fe  dit  auiîi  de  pliifieurs  bataillons 
ou  elcadrons  d'une  armée  ,  commandes  par  un 
Officier-Général  qu'on  nomme  aufli  Brigadier.  Une 
armée  eft  ordinairement  divilce  en  tngddes  de  ca- 
valerie ,  dont  chacune  elt  de  dix  ou  douze  eica- 
drons ,  plus  ou  m.oins  -,  5c  d'infanterie  ,  dont  cha- 
cune e(l  de  cinq  ou  lix  bataillons.  Ce  régiment  elt 
de  telle  hrigade ,  de  la  première  ,  de  la  léconde , 
Iri^adi.  j^girwn ,  catcrva. 

f3"  BRIGAE)E  ,  dans  l'artillerie  ,  eftune  certaine  di- 
vifion  de  l'équipage  &:  du  train  d'artillerie  ,  compo- 
fcc  ordinairement  de  dix  pièces  de  canon  &  de  toutes 
les  munitions  néceflaires  .à  leur  (crvice.  Chaque 
fric^add  a  un  Commiflaire  provincir.l ,  &  plulieurs 
Commillaires  ordinaires  &  extraordinaires,  &c. 

On  dit  aulfi  ,  brigade  d'atchers..  Brigade  des 
Gardes.  Brigade  du  Guet  à  cheval. 

Il  le  dit  aulîi  par  extenfion  ,  de  tous  ceux  qui 
vont  par  bandes  foumis  à  un  chef^  Brigade  de  vo- 
leurs. Brigade  de  faufiauniers. 

On  dérive  ce  mor  de  brigand  ,  ou  de  brigue  , 
menée  Tecrette.  Du  Cange  le  dérive  de  brigands , 
qui  croient  une  efpcce  de  foldats.  .Foyei  Bf^igand. 
Ainlî  latro  en  latin  ne  (Ignifioit  d'abord  qu'un  Ibl- 
dat.  Chorier  ,  Hiji.  de  Dai/fh.  /».9  3'  prétend  que 
brigade  efl:  un  mot  emprunte  de  la  langue  des 
Celles ,  dans  laquelle  brig,  ou  hriga,  fignifioit  non- 
feulement  une  ville ,  mais  encore  une  aflèmblée , 
une  ttoupe  d'hommes.  On  trouve  dans  la  baile  la- 
tinité brigata  à  peu  près  dans  le  même  fens  que 
brigade.  Dans  les  Statuts  de  la  ville  de  Nanci  pour 
la  courfe  de  bague  ,  Acî.  Sancl.  Maii ,  T,  I ,  p. 
i,c)6 ,  E,  Il  eft  pris  pour  la  Compagnie  ou  brigade 
que  chaque  quartier  de  la  ville  envoyoit"à  cette 
courle. 

Ce  mot  fe  dit  aulfi  quelquefois  dans  le  flyle 
badin  &  enjoué ,  &  fignifie  plufieurs  perlbnnes  af- 
femblces  pour  quelque  honnête  plajlir.  Turbo. , 
(oJiors. 

Soit  que  fur  le  bord  de  la  Sein» 
Notre  brigade  fe  promène , 
Ou  qu^  nous  demeurions  che^  nous  ^ 
rA  toute  heure  on  parle- du  vous.  VùiT. 

BRIGADIER,  f.  m.  Officier  qui  commande  tme  bri- 
gade de  gens  de  guerre,  Catervce ,  agminis  ducîor. 
Brigadier  d'armée  ,  eft  celui  qui  commande  une 
brigade  de  Cavalerie  ou  d'Irffanterie  dans  l'armée. 
Cet  Officier  eft  confidérable  ,  &  marche  immé- 
diatement après  le  Maréchal  de  Camp. 

§C?  Brigadier  des  armées  du  Roi  ,  d'Infanterie  , 
de  Cavalerie ,  de  Dragons. 

BRIGAND,  f  m.  Voleur  de  grand  chemin.  Latro , 
graiïator.  Une  troupe  de  brigands  défoie  rout  le 

BrviGAND  ,  fe  dit  auffi  des  Soldats  mal  dilciplines , 
qui  ne  font  que  pillei  &c  défoler  les  pays  où  ils 
font  des  courfes.  Les  armées  des  Arabes  ,  des  Tar- 
tares  ,  ne  font  que  des  armées  de  brigands.  Ce 
mot  s'eft  dit  otiginairemenr  d'une  compagnie  de 
Soldats  que  la  ville  de  Paris  arma  &c  foudoya  en 
1551Î,  pendant  la  détention  du  Roi  Jean  ,  prilbn- 
nier  en  Angleterre.  Ils  Rirent  ainfi  nommés  ,  parce 
qu'ils  étoient  armés  de  brigandines  ,  armes  fort  uii- 
técs  alors  -,  ou  parce  qu'ils  commirent  beaucoup  de 
défordres  -,  ehfuite  on  appela  de  leur  nom  tous 
liïs  voleurs  de  grand  chemin,  C'eft  ainlî  qu'en  la- 


B  R  î 

tin  latro  ,  qui  figninoit  Soldat ,  lîgni5a  dans  la  fuite 
un  voleur ,  parce  que  les  Soldats  voloient  &  pil- 
loicnt.  D'autres  croicnr  que  le  vaox.  brigand  e^  venu 
de  certains  peuples  d'Allemagne  appelés    brigan- 
tins  ,  ou  brigans ,  qui  habitoient  fur  les  rives  du 
lac  de  Conftance ,  &  voloient  publiquement  amis 
&  ennemis.  Mcnage,  croit  que  ce    mot   vient   de 
brigans  ,  peuples  d'Hibcrnic  ,  qui  fous  l'Empire  Ro- 
main paifcrent  en  Angleterre  &  la  ravagèrent ,  dont 
il  eft  parlé  dans  Tacite.    lî'autrcs  croient  que  ce 
mot  vient  de  Burgand,  infgne  voleur  qui  ravagea 
la  Guicnne  du  temps  du  Pape  Nicolas  I.   Faucher 
le   dérive  de  brig ,   ou  brug ,  vieux  mot  gaulois  , 
qui   fignifie   un  pont  ,    à  caufe  qu'on  y  détroufîè 
facilement    les   paflans.   Lipfe    le   dérive  du  latin 
Brigajites  ,   qui  étoient  des  Soldats  à  pied.   Bord 
le  dérive  de  brugne  ,  qui  étoit  une  armure  ancienne 
faite  de  lames  de  fct  jointes  ,  fervanr  de  cuiralîe  , 
dont  les  brigands  étoient  armés.  Palquier  croit  que 
brigand  a  été  dit  de  brigade  ,  qui  fignifie  troupe  , 
&:  que  c'étoient  des  voleurs  qui  alloient  en  troupe. 
Le  P.  Daniel,  dans  fon  HiJi.  de  Barbarie,  L.  lîl -, 
C,   4 ,   croir  que  les  Pirates  de  Barbarie  n'ont  eu 
pendant  long-tem.ps  que  des  galères  &  des  brigantins , 
&:  que  c'eft  de-là  qu'eft  venu  le  nom  de  brigand. 
On  le  dit  auffi  par  extenfion ,  de  ceux  qui  font 
des  exaélions  &  des  conculTions.  Ces  petits  Juges 
.  font  de  vrais  brigands. 
BRIGANDEAU.   f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Po- 
mey  pour  fignifier     un  petit  brigand.  Latntncuhis, 
Il  n'eft  bon   que  dans  le  ftyle  familier.    On   de- 
vroit  pendre  tous  ces  brigandeaux, 
BPvIGANDAGE.  f  m.  Vol  fait  à  main  armée  ,  à  force 
ouverte.  Ileft'oppofé  à  filourerie  &  larcin.  Latro' 
cinium ,  grajfatio.  Les  bandirs  d'Italie  ne  vivent  que 
de  brigandage. 
Brigandage  ,  fe  dit  auffi  dans  un  fens  figuré  descon- 
cullions  6c  extorlions  des  particuliers;  comme  quand, 
on  exige  des   droits  qui  ne  font  pas  dûs  ,   quand 
on  fait  une  injuftice  manifcfte  dans   le   jugement 
d'un  procès  ;   quand  un  Marchand  trompe  ou  ran- 
çonne quelqu'un  ,    en  lui    vendant  trop  cher  une 
marchandile  dont  il  a  befoin.  Il  y  a  bien  des  Ercns 
qui  vivent  de  brigandages.  Je  voudrois  qu'on  éta- 
blît un  nouveau  tribunal ,  où  les   ufurpateurs  des 
droits  matrimoniaux  fuffent   punis  de  leurs  brigan- 
dages. Vin. 
BRIGANDER.   v.  n.  Voler  fur  les  grands  chemir» 

Latrocinari ,  grajfari.  Il  n'eft  pas  ufité. 
BRIGANDINE,  ou  Brigantine.  f  m.  Haubcrgeon  , 
ou  cotte  de  mailles  ,   donr  les  Soldats  &  voleurs 
fe  fervoient  autrefois.   Lorica,  ferreus  thorax. 
|C?  BRIGANDINE.  f  f.  Vieux  mot.  Il;  fignifioit  un 
bouclier  à  double  écaille  ou  double  chaîne  d'annelers. 
Bilix  ,  icis.  Ch.  Est.  Dict. 
BRIG  ANTIN.  f.  m.  Autrem.cnt  Armatomene  ,  eft  un 
vaifleau  de  bas  bord  ,  qui  va  à  voiles  &  rames  , 
6c  qui  eft  fans  couverte.  Mycparo.  Il  a  jufqu'i  dix 
ou  douze  rames  de  chaque  côté ,  &  un  rameur  à 
chaque  rame.  Les  Corfaires  s'en  fervent  ordinaire- 
ment pour  aller  en  courfe,  parce  qu'il  eft  léger, 
S>i  que  chaque  matelot  y  eft  foldat.  On  l'a    appelé 
danslabafle  \OiZ\\\\ic  brigcntinus.  Le  Brigantin,  ap^ 
pelé  par   les  Latins  Catafcopium  ,  eft   une  inven- 
tion des  habitans  des  îles  de  Diomédes ,  aujour- 
d'hui de  Trémiti.  Géog.    Bernard.  Tafuri. 
BRIGIDE.  f  f.  Nom  de  femme.  Brigitta.  Sainte  Bri- 
gide  eft    célèbre    par    fes  révélations.    On  trouve 
auifi  Brigitte  ?c  Birgite  dans  quelques  Ecrivains  , 
parce    qu'en    latin  on    dit    Birgita     &   Brigitta  ; 
mais  quel  que  foit  le  vrai  mot  latin  ,  l'ufage  en 
frarçois  eft  pour  Brigide ,    comme  en  italien  Bri- 
gid.i.  En    quelques    lieux  on  dit  Britte ,  par  cor- 
ruption 8c  par  abbréviation. 
Sainte  Brigide  ,  Ordre  militaire  inftitué  en  Suéde 
par  fâinte  Brigide  en  \^-,C^6,  Briciani  Equités  ,  Bri- 
cianorum  Equitum  Ordo.  Voyez  Bricien. 
BRIGITTE,  f  £  Vcyei  Brigide. 
BRIGITTIN.  f.  m.  Nom  de  Religieux.  Bri^ittimis. 

•      Cet 


BRI 

■Cet  Ordre  fut  fondé  pat  fainte  Bi'igide  l'an  1541.. 
Il  a  été  appelé  l'Ordre  du  Sauveur  3  parce  que 
l'on  prétend  que  J.  C.  a  révèle  la  règle  de  cet 
,  Ordre.  Communément  on  appelle  ces  Religieux 
Brigittins  ou  Birgutms,  En  trançois  comme  on  dit 
•  ordinairement  Brigidc  ,  &  rion  pas  Birgitîe  ,  il 
faut  dire  Brigittins  ^Xuiôx.  qnt  Birgittins  ,  comme 
difent  le  P.  Helyot  &  d'autres  ,  ou  même  Birgit- 
uùns.  Cet  Ordre  commença  par  le  Monaftère  de 
Waftein  dans  le  Dioccfc  de  Lincopcn.  La  Sainte 
le  bâtit ,  à  ce  que  l'on  croit ,  l'an  1 544.  Les  Bri- 
gittins ont  la  règle  de  S.  Auguftiii  ,  &  les  Con- 
ftitutions  que  fainte  Brigide  leur  a  données  ,  &;  qui 
ont  été  approuvées  par  Urbain  V  ,  Urbain  VI,  Jean 
XXII,  &;  Grégoire  XV.  Chaque  Monaftère  doit 
être  double,  l'un  de  Religieux  &  l'autre  de  Re- 
ligieufes  ^  qu'on  appelle  Brigittines  i  ou  Birgittines, 
Il  y  en  a  cependant  en  Flandres  iix  d'hommes 
feuls  ,  &  fix  de  feules  filles.  Clément  VIII  ,  fit 
quelques  changeraens  à  leurs  Conftitutions  en  KÎ05. 
Grégoire  XV,  y  changea  aulïi  en  i6xz  ,  quelques 
articles  qui  ne  oonvenoient  qu'aux  Monaflcres 
doubles.  Il  paroît  par  le  titre  de  ces  nouvelles 
Conftitutions  imprimées  à  Douay  en  152,5  ,  que 
ces  Brigittins  qui  demeurent  dans  des  Monaftères 
amples  ,  ont  pris  le  nom  de  Birgittins  NovifTimes 
de  l'Ordre  du  Sauveur  j  vulgairement  dit  de  fainre 
Brigide ,  apparemment  pour  fe  diflingaer  de  ceux 
•qui  -demeurent  dans  des  Couvens  doubles,  f"i7yt{ 
le  P.  HÉL.   T.  ir,  Ckap.  4. 

Les  Brigittines  ont  été  introduites  en  Efpagne 
par  M.  Marine  d'Efcobar ,  qui  fit  des  Conftitutions 
nouvelles ,  pour  mitiger  celles  de  fainte  Brigide, 
Ces  Religieufes.s'appellent  en  Efpagne  ,  Religieufes 
de  fainte  Birgitte  de  la  RécoUeclion.  Èlifabeth  de 
France,  femme  de  Philippe  IV  ,  Roi  d'Efpagne , 
îeur  bâtît  &  leur  fonda  leur  premier  Monailère  à 
Valladolid. 

AI.  Hermaeft  &  Schoonebeck  prctendejit  qu'il 
y  a  aiiffi  des  Brigittins  militaires  ,  ou  un  Ordre 
de  Chevaliers  de  fainte  Brigide  -,  mais  te  .  P.  He- 
lyot foûtient  que  cet  Ordre  eft  fuppofé.  Fbje^  T, 
IF  y   Chap.  6. 

BRIGITTINE.  f.  f.  Nom  de  Religieufe.  Monialls 
Blrgittina.  Il  y  a  eu  en  Irlande  des  Religieufes  Blr- 
ntïines  ,  ou  Religieules  de  fainte  Birgitte  ,  ou 
Brigitte  ,  inftituées  par  cette  fainte  Vierge  Irlan- 
doife ,  qui  vivoit  au  cinquième  fiècle.  P,  Helyot. 
T.  Il ,  C.  21. 

fp-  BRIGNAIS,  ou  BRIMAIS.  Petite  ville  deTrance, 

-   dans  le  lyijnnois,  fur  le  Garon.  Prlfclnlacnm, 

BRIGNOLE.  f  f  Efpèce  de  prune  excellente  qu'on 
fcche ,  &  qu'on  envoie  à  Paris  de  la  ville  de  Bri- 
gnole  en  Provence.  Brinolium.  On  ôte  la  peau 
&:  le  rtqyau  ,  &  après  les  avoir  fait  fccher  ,  on 
les  met  dans  de  petites  caiffes ,  qu'on  envoie  par  toute 
l'Europe.  Elles  ont  une  chair  aflez  ferme  ,  &  font 
de  couleur  un  peu  rouge  tirant  fur  le  jaune ,  & 
d'un  goût  fort  agréable.  M.  Ménage  foûtient 
qu'il  faut  dire  brugnole  ■,  &C  qu'on  le  dit  à  Paris.  La 
Qiiintinie  le  dit  toujours  :  mais  la  Quintinie  dit  mal. 
On  dit  trignoles  du  nom  de  la  ville  d'où  on  les  tire. 

^  BPvIGNOLE  ,  ou  Brignoles.  Ville  de  France 
en  Provence ,  dans  une  plaine  fertile ,  &;  qui  pro- 
duit ces  excellentes  prunes ,  qui  en  ont  emprunté 
le  nom  de  hrignoles  ,  que  l'on  tranCporte  julque 
dans  le  levant.  Brinonia  &c  Brinnona. 

|Cr  BRIGNON.  Ville  de  France  ,  en  Champagne , 
dans  le  Senonois ,  entre  Joigny  &  S.  Florentin  , 
fur  l'Armancon. 

BRIGNON.  Voyei  Brugnon. 

BRIGUE,  f  f  Défit  ambitieux  pour  obtenir  quelque 
charge  ou  dignité,  où  l'on  tâche  de  parvenir  plus 
par  adreife  que  par  mérire.  ^fT  Pourfuite  vive  ,  par 
le  moyen  de  quelques  perfonnes  qu'on  engage  dans 
fes  intérêts.  Faire  une  brigue.  Obtenir  quelque 
chofe  par  brigue  ,  à.  force  de  brigues.  Ambitus. 
Les  brigues  commencent  à  s'échauffer.  Vaug. 
Les  brigues  qu'on  faifojc  n'éclatoient  pas  encore. 
Tome  II. 


B  R  î 


73 


Là  Rocm.  Les  brigues  des  Eccléfiaftiques  font  fé- 
vèrement  défendues  par  les  Canons.  Il  ne  s' em- 
ploie guère  que  dans  un  ferls  odieux, 

IJCT  Les  brigues  chez  les  Pv.cmaihs  étoient  les  démar- 
ches que  faifoient,  pour  fe  fnrc  élire,  ceux  qui 
afpiroient  aux  charges  de  la  République.  On  les 
nommoit  Candidats  à  caufe  de  la  tobe  blanche 
qu'ils  étoient  obligés  de  porter  pendant  leS  deux 
années  qu'ils  f^oftuloient  ces  charges.  Ils  alloiclit 
par  toute  la  ville ,  cherchant  du  crédit ,  des  amis 
&  de  l'autorité  parmi  les  grands  ,  &  quêtant  les 
fuffrages  du  peuple  dans  les  places  &c  dans  lés  af~ 
fembices  publiques.  De-là  le  mot  ambltus  >,  com- 
pofé  de  l'ancienne  propofition  arn  ,  qui  fignifioit 
autour ,  ôc  de  ire  ,  a/der  ,  pi  qui  fignifie  propre- 
ment racfîon  par  laquelle  on  environne  ime  per- 
fonne  ,  pour  avoir  fon  fufîrage  dans  les  élevions , 
étant  toujours  autour  de  lui  ,  le  carelflnt  ,  le  Hâ- 
tant pour  cela.  Voye^  Candidats, 

^CT  Les  Romains  faifoient  un  crime  à  ceux  qili  bii- 
guoient  les  charges  par  des  voies  illicites,  par  des 
largeffes  extraordinaires ,  par  des  menaces ,  ou  à 
force  ouverte.  On  fit  plufieurs  loix  pour  empê- 
cher Ces  abu5 ,  ou  pour  punir  ceux  qu'on  en  pou- 
voir convaincre.  Mais  les  choies  allèrent  fi  loin  dans 
la  côrrilptiori  de  la  République ,  qu'on  aVertiffoic 
publiquement  les  tribus  des  fomm.es  d'argent  qu'on 
leur  promcttoit  pour  avoir  leurs  fufFiragesi  &cela, 
dit  Cicéron,  s'appeloit  pronunciare  in  tribus.  Ils 
fe  fetvoient  pour  cela  de  trois  fortes  de  perfonnes 
qu'ils  appeloient  interprètes  ,  des  entremetteurs  qui 
aidoient  à  faire  le  marché  j  per  qiios  paclio  indu- 
cebatur  ;  fequejlres ,  les  dépofitaires ,  entre  les  mains 
def quels  on  confignoit  l'argent  dont  on  étoit  con- 
venu 5  &  enfin  Dlvlfores  ,  les  diftributeurs  qui 
avoient  foin  dé  partager  l'argent  dans  la  tribu  à 
chaque  particulier. 

La  brigue  â  coûté  pbût  une  feule  tribu  jufqu'à 
80729  liv.  Or  il  y  en  avoir  3  ^ ,  qu'on  juge  par- 
là  des  fommes  énormes  que  coùtoicnt  les  charges 
à  Rom.e  ,.  où  elles  n'étoient  pas  vénales. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  briga ,  qu'on  a  dit 
dans  la  baffe  latinité  pout  fignifier  ,  nolfi-,  querelle , 
contefiatlon  ,  qui  artive  fouvent  où  il'  y  a  de  la 
brigue  :  d'où  on  fait  auflî  le  vieux  mot  de  bricon , 
qui  fignifioit  querelleur  ôc  impudent.  Quelques-uns 
le  dérivent  deprecarl ,  parce  qu'en  effet  la  brigue  fe 
fait  par  des  prières. 

Brigue  ,  fe  dit  aufîî  dé  la  cabale  qui  eft  intércfloe 
à  foutenir  plutôt  un  parti  que  l'autre.  La  brigue 
d'un  tel  a  prévalu  fur  l'autre.  Combien  y  a-t-il 
de  Prédicateurs  qui  ne  doivent  leur  réputation  qu'à 
la  brigue  &  à  la  cabale  î  S,  EvR. 

Pour  me  faire  admirer  je  ne  fais  point  de  ligue  , 
J'ai  peu  de  voix  pour  mol,  mais  je  les  al  fans  brigue, 

toRN. 

N'allons  point  à  l'honneur  par  de  honteufes  brigues. 

BoiL« 

Un  Prélat  par  la  brigue,  atix  honneurs  parvenu , 
Ne  fait  plus  qu'abufer  d'un  ample  revenu.  Id. 

^  BRIGUEIL.  Petite  ville  de  France ,  dans  la  Baffe- 
Marche  ,  aux  confins  du  Poitou  &  de  l'Angoumois , 
à  fept  lieues  de  Limoges. 

BRIGUER.  V.  a.  Tâcher'd'obtenir  quelque  chofe  pat 
brigue  5  par  cabale.  Amblre ,  prcnfare.  Quand  on 
peut  prouver  qu'on  a  brigué  les  voix  ,  les  fuffta- 
ges  d'une  compagnie  ,  l'éle(5tion  eft  nulle.  A  Rome 
dans  les  derniers^emps  on  briguait  les  charges  affez 
ouvertement  :  on  gagnoit  lesYufftages  par  des  pré- 
fens ,  qui  étoient  plutôt  des  corruptions  que  des 
libéralités.  On  rapporte  là-dcffus  un  mot  célèbre 
de  Craflus ,  briguant  le  Confular  ,  &  n'ofant  flater , 
ni  careffer  le  peuple  devanr  Scévola,  avec  lequel 
il  marchoit  dans  les  rues  de  Rome  ,  il  le  quirta 
brufquement  :  vous  m'empêchez,  lui  dit-il,  d'ob-^ 


74 


B  R  I 


tenir  le  Confulat ,  car  )e  n'ofe  foire  des  fottifes  en 
votre  préfence.  t^oy<:^  Brigue  &  Candidat. 

§3°  Rf-iguer,  fignine  quelquefois  rechercher  une  choie 
avec  ardeur,  avec  empreliemenc  -,  &  alors  il  le  prend 
en  bonne  part  pour  dcligner  les  voies  légitimes  d'ob- 
tenir quelque  'chofe.  Il  irisne  les  bonnes  grâces 
de  fon  Prince. 

Briguer,  avec  un  infinitif  enfuite,  eft  mal.  Il  lui  faut 
un  nom  pour  régime. 

Quoi  donc  tant  de  Romains ,  Tibirinus  fon  fren 
Briguent  de  me  venger,  fans  efpoir  de  me  plaire  ? 


Voltaire. 


Il  falloit  dire  bripcent  la  gloire  ,  ou  l'honneur  de 
me  venger. 

BRIGUÉ';  ÉE,  part.  Cette  charge  efl:  bien  briguée. 

BRIGUEUR.  f.  m.  Ce  mot  ne  le  dit  guère  feul.  C'eft 
celui  qui  brigue.  Ambitiofus  ,  petitor  ambuiojus. 
Ceft  un  brigueur  à  gages.  Rien  ne  me  choque 
ni  ne  m'afflige  tant  que  ces  brlgueurs  d'cioges, 
Balz. 

Ip^BRIHUEGA.  Petite  ville  d'Efpagne  ,  dans  la  nou-  ! 
velle  Caftille  ,  entre  Guadalaxara  &  Siguença. 

BPvlLLANT  ,  ANTE  ,  adj.  dans  le  lens  propre  & 
phylique  ,  terme  relatif  aux  couleurs  ,  fe  dit  de 
tout  ce  qui  jette  de  la  lumière ,  ou  qui  en  réflé- 
chit :  ce  qui ,  par  des  couleurs  claires ,  affede  vi- 
vement nos  yeux,  Fulgens  ,  fpkndens.  En  ce  mot 
&  dans  les  fuivans  mouillez  les  deux  //.  Le  Soleil 
&:  les  Altres  font  brilLms.  Les  pierreries  vraies  ou 
fauflcs  font  brillantes ,  Des  yeux  vifs  &  brillam^ 

|tC?  Ce  mot  pris  dans  le  fens  figuré ,  &  tranfporté  par 
Métaphore  aux  penlces  ,  au  ftyle  ,  aux  ouvrages 
d'efprit  ,  paroît  lignifier  ce  qui  par  le  tour  &  la 
dclicatelfe  de  l'exprelfion  afiTede  notre  efprit  av-ec 
une  certaine  vivacité.  Vividus.  Un  efprit  brillant. 
Une  imagination  brillante.  Je  ne  voudrois  pas 
commencer  mon  difcours  par  une  penlee  brillan- 
te ,  il  faut  aller  par  degrés.  Ch.  de  Mer.  |p"  Par 
extenlion  On  a  applique  ce  mot  aux  perfonnes  &: 
aux  avions  des  grands  hommes  qui  ont  beaucoup 
d'éclat.  Un  Héros  tout  brillant  de  gloire.  Splen- 
didus ,  nobilis ,  illuflris.  Une  adion  brillante ,  une 
valeur  brillante.  C'eft  un  parti  fage'  à  la  guerre  , 
que  de  fe  tenir  quelquefois  fur  la  défenfive,  mais 
ce  n'eft  pas  le  plus  brillant.  Il  n'y  a  jamais  eu 
de  retraite  plus  brillante  que  celle  du  Prince  de 
Condé  devant  Arras.  La  vie  la  plus  brillante  d'un 
homme  du  monde  aboutit  à  la  mort.  Abb.  de  la 
Trap. 

Si  fon  cœur  quelquefois  à  la  gloire  fcnfib  le. 

Court  du  brillant  honneur  la  carrière  pénible.  Vill. 

L'Auteur  de  la  Traduction  de  Bion  &  de  Mof- 
chus  a  employé  ce  mot  dans  un  fens  allez  fingu- 
iier  •■,  mais  qui  eft  reçu  aujourd'hui  : 

Corydon  a  la  voix  plus  nette  &  plus  brillante-, 
Philinte  l'a  plus  douce ,  ainfi  que  plus  touchante. 

|p="  Brillant  eft  aufll  un  fubftantif ,  &:  dans  le  fens 
propre  il  le  prend  comme  fynonymc  avec  éclat , 
luftre  ,  au  moins  dans  l'ufage  ordinaire.  Alors  il 
paroît  lignifier  les  couleurs  claires  par  lefquelles  les 
objets  atfedent  nos  yeux.  Les  perles  orienrales 
ont  un  certain  brillant  qui  ne  fe  trouve  point  dans 
les  autres.  Ce  diamant  a  plus  de  brillant  que 
l'autre.  Dans  cette  acception  ,  pris  au  figuré  ,  il 
paroît  exprimer  dans  les  ouvrages  d'efprir ,  la  fi- 
nelle  du  tour  &  la  délicatelfe  de  l'expreiHon.  Il 
y  a  du  brillant  dans  ce  Posme ,  dans  cette  pièce 
d'éloquence.  Lumen,  fulgor.  Il  s'applique  de  mt-- 
me  à  la  gloire  ,  à  la  fortune.  Les  hommes  vivent 
dans  une"  foUicitudc  continuelle  ,  courant  avec 
emprefiement  après  les  faux  brillans  d'une  for- 
cane  imaginaire.  Flech.  Les  Italiens  courent  après 

7 


BRI 

les  brillans  ,  &t   ce  qu'ils  appellent  vivene   d'in^ 
gegno,  BouH. 

Laiffons  à  l'Italie 
De  tous  les  faux  brillans  l'éclatante  folie.  Boit. 

ffT  L'éclat ,  dit  m.  l'Abbé  Girard  ,  enchérit  fur  le 
brillant ,  &  celui-ci  fur    le  lujire.  Mais  ces  mots 
ne  font  pas  faits  pour  être  le  régime  l'un  de  l'au- 
tre. On  ne  dit  pas  l'éclat  du  brillant ,  ni  le  bril- 
lant du  lufire.  Encore  moins  le  lujtre  du  brillant, 
&  le  brillant   de  l'éclat.   Il  faut  opter    pour  l'un 
des  trois ,  félon  le  goût  ou  la  force  de  ce  qu'on 
veut  exprimer  :  ou  lî  l'on  veut  les  appliquer  tous 
au  même  fujet ,  il  faut  que  ce  foit  fans  régime  &C 
par  forme  de  gradation.  Cette  étoffe  a  du  lujire, 
du  brillant,  &  même  de  l'éclat. 
ffT  Les  couleurs  vives  ont  plus  d'éclat  que  les  cou- 
leurs pâles.  Les  couleurs  claires  ont  plus  de  bril- 
lant que  les  couleurs  brunes.  Les  couleurs  récen- 
tes ont  plus  de  lujire  que  les  couleurs  ufces. 
ffT  II  femble  que  l'éclat  tienne  du  feu ,  le  brillant 

de  la  lumière ,  &:  le  luftre  du  poli. 
|}3°  On  ne  fe  fert  guère  du  mot  de  lufire  que  dans 
le  fens  littéral  ,  pour  ce  qui  tombe  fous  la  vue. 
On  emploie  quelquefois  celui  à'éclat ,  &  plus  fou- 
vent  encore  celui  de  brillant  dans  le  fens  figuré 
pour  le  difcours  &  les  ouvrages  d'efprit.  Dans  ce 
fens  il  paroît  que  c'eft  par  la  vérité  ,  la  force  , 
&  la  nouveauté  des  penfées  qu'un  difcours  a  de 
l'éclat  ;  qu'il  a  du  brillant  par  le  tour  &  la  délica- 
telfe de  l'exprellion  ;  &  que  c'eft  par  le  choix  des 
mots,  la  convenance  des  termes ,  &  l'arrangement 
de  la  phrafe  qu'on  donne  du  lufire  à  ce  qu'on  dit. 

Brillant  ,  fignifie  encore  un  diamant  taillé  à  fa- 
cettes par-dclfus  &  par-delTous.  Vous  avez  un  fort 
beau  brillant.  On  dit  aulfi  dans  le  même  fens  à  l'ad- 
jeiflif ,  un  diaiTiant  brillant. 

Brillant,  en  termes  de  manège,  eft  une  épithéte 
qu'on  donne  au  cheval  ,  lorfqu'il  a  belle  appa- 
rence ,  qu'il  a  l'encolure  relevée ,  qu'il  a  un  beau 
mouvement  ,  &  qu'il  mâche  fon  mors  de  bonne 
grâce.  E^regius ,  eximius. 

BRILLANTER.  v.  acl.  Terme  en  ufage  ,  pour  figni- 
fier  ,  tailler  des  diamans  à  facettes  ,  par-deflbus 
comme  par-defilis.  Quelques  néologues  ont  dit  bril- 
lanter  une  penfée  -,  un  efprit  brillante. 

BRILLANTE  ,  ÉE  ,  part. 

BRILLE  (  la)  ville  Maritime  des  Provinces-Unies  des 
Pays-bas  ,  capitale  de  l'Ifle  de  Voorn,  à  l'embouchu- 
re de  la  Meule. 

BRILLER,  v.  n.  Jeter  une  lumière  vive,  étincelante. 
Fulgere.  Le  foleil  ,  les  étoiles  brillent.  Les  cryf- 
taux  bien  taillés  brillent  fort  aux  flambeaux. 

Briller  ,  fe  dit  aulTi  de  ce  qui  a  des  couleurs  claires 
&:  vives,  L'écarlate  brille  plus  que  le  gtis.  Les 
fleurs  brillent  dans  cette  prairie,  La  jeunelTc  en  fa 
fleur  brille  fur  fon  vifage.  Boil. 

Briller  ,  fe  dit  figurcment  en  chofes  fpirituelles  Sc 
morales.  Cet  homme  brille  dans  les  compagnies 
par  fon  efprir,  La  première  fcène  de  cette  tragé- 
die ,  eft  celle  qui  brille  le  plus.  La  libéralité  eft 
la  vertu  qui  fait  briller  davantage.  C'eft  à  mon 
gré  un  plus  grand  défaut  de  briller  trop ,  que  de 
"briller  trop  peu.  Bouh.  Il  y  a  cerrains  défauts  qui 
étant  bien  mis  en  œuvte  brillent  plus  que  la  ver- 
tu même.  Rochef.  On  voit  des  hommes  qui  bril- 
lent dans  le  mouvement  &  dans  l'adlion ,  &  que 
le  repos  obfcurcit  &  anéantit.  P.  Bourd.  Ceux 
qui  veulent  toujours  briller  ,  &  fe  faire  admirer 
des  autres ,  s'en  fonr  rarement  aimer.  Balzac  a  dit 
d'un  Conquérant  ;  La  gloire  qui  lui  en  revient 
péfe  pour  le  moins  autant  qu'elle  brille. 

fCT  Faut-il 'fue  fur  le  front  d'un  perfide  adultère 
Brille  de  la.  vertu  le  ftcré  caraclere. 

Par-tout  de  l'amitié  brillent  les  avantages , 

On  en  trouve  par-tout  d'éloquentes  images,  Vill. 

Briller  ,  terme  de  cluffe  ,  fe  dit  des  chiens  qui  que- 


B  B  î 


B  Ri 


tent  dans  une  plaine  ,  §3"  &  qui  battent  beau- 
coup de  Pays.  Ce  chien  irillu  tore  dans  la  plaine 
J^djtigare,  indagare. 

On  a  àizd^nki  trilkr  i  chafler  aux  oifeauxlaniiit 
aux  flambeaux ,  &  l'on  appeloic  brUlnux  celui  qui 
chafToit  ainii. 
BRIMBALE,  i".  i.  Quelques-uns  difent  brinque  baie. 
Terme  de  Mcchanique  5c  de  Marine.  C'efl:  le  bâ- 
ton 5  la  barre ,  ou  refpcce  de  levier  qui  fait  jouer 
la  pompe. 
BRIMBALER,  v.  a.  Branler  en  deçà  &  en  delà.  Il 
le  dit  particulièrement  des  cloches  qu'on  Ibnne 
mal  ,  en  délbrdre.  Ils  ne  font  que  brimbaltr 
ces  cloches  jufqu'à  l'importunitc.  ^s  ,  campanum 
vehementius  agtre. 

Ce  mot  eft  bas ,  &  vient  du  bas-breton  brimbalât , 
qui  lîgnifie  Sonner. 
BRIMBALÉ  ,  ÉE  ,  part. 

BRIMBORION,  f.  m.  Terme  de  fcépris ,  qui  fert  à 
exprimer  des  curioiitcs  légères  ou  de  peu  de  va- 
leur. Frivola.  Il  fert  audî  de  nom  coUeélif ,  pour 
exprimer  tous  les  petits  meubles  qui  n'ont  point 
de  nom.  Je  rie  vois  que  lait  virginal,  blancs  d^œuis, 
&  autres  brimborions.  Mol. 
Brimborion  ,  fe  dit  auffi  fort  communément  des  pa- 
piers ,  des  écrits  ,  des  ouvrages  manufcrits  ,  des 
Mémoires  d'un  Auteur  de  peu  de  corifequence.  Il 
n'efl:  que  du  difcours  familier. 
Paiquier  dérive  ce  mot  de  breviarium  ,  dont  on  a 
fait  brcbiarium ,  pour  lequel  on  a  dit  enfuitc  brim  ■ 
borion.  H 

BRIAiBOTER.  V.  a,  &;  n.  Parler  entre  fes  dents  , 
remuer  les  lèvres  fans  fe  faire  entendre  diftinéle- 
ment.  Ne  pas  bien  articuler.  Apolog.  pour  Hiroi. 
Chdp.  39.  art.  6.  Ce  mot  eft  vieux  &  hors  d'ulage. 
BRIMO.  f.  f.  C'cft  un  des  noms  de  Proferpine  , 
formé  de  /3o.«» ,  j'épouvante.  Properce  l'appelle 
ainfi.  L.  II,  Eleg.  i,v.  11  ,§Cr  les  Anciens  croyoient 
que  les  terreurs  noifturnes  venoient  d'elle. 
%fT  BRÎN.  f.  m.  fe  dit  proprement  des  menus  jets 
des  herbes ,  des  joncs  &  de  tout  ce  que  les  raci- 
nes pouffent.  Brin  d'herbe  ,  brin  de  froment.  Coli- 
culus ,  furculus.  On  le  dit  aufTi  des  petits  jets  que 
les  arbres  &  les  arbuftes  pouffent.  R^mufculus  , 
raniulus.  Brin  de  romarin  ,  de  fagot.  Il  fe  dit 
encore  de  toute  petite  portion  d'un  corps  foible 
&  long,  de  ce  qui  eft  long  &  même  de  ce  qui 
étant  tortillé  fait  des  cordons  &  des  cordes.  Sta- 
imn.  Brin  de  paille ,  brin  de  foie ,  brin  de  che- 
veux. Les  brins  de  vergettes  font  faits  de  petits 
3oncs.  Les  trelî'es  de  cheveux  fe  font  brin  à  brin. 
Philyra. 
fC?  On  appelle ,  en  termes  d'eaux  &  forêts ,  brin  un 
jet  de  bois  plus  confidérable.  Quand  on  coupe  les 
taillis ,  on  eft  obligé  de  laifTer  les  brins  les  plus 
hauts  &  les  plus  droits ,  qui  font  les  fouches  au 
nombre  de  feize  par  chaque  arpent  ,  pour  venir 
en  haute  fîitaie.  Les  meilleures  planches  fe  font 
de  brin ,  c'eft-à-dire  ,  de  troncs  d'arbres  qui  ne 
font  point  fciés  ■,  mais  feulement  équarris.  En  ce 
fens  on  dit ,  qu'une  pique  eft  faite  d'un  beau  brin 
de  bois.  Le  plus  haut  du  buiffon  où  fe  tient  l'oi- 
feau  s'appelle  le  bri?!  en  termes  de  chafle,  M.  Huer 
dit  que  ce  mot  vient  de  virga  ,  d'où  on  a  fait 
virge  y  vrige  ,  vringe,  bringe  ,  bring,  &c  enfin  brin. 
On  appelle,  en  termes  deCharpenterie,/?^^  de 
bois  â  brin  de  foitgere  ,  une  difpolition  de  petits 
potelets  ademblés  diagonalement  à  tenons  &  à  mor- 
toifes  dans  les  intervalles  de  ptulieurs  poteaux  à 
plomb  ;  Si  ce  nom  lui  eft  donné  âcaufe  de  la  reffem- 
blance  qu'elle  a  avec  des  branches  de  fougère  donr 
le  brin  fait  cet  effet.  fO"  On  dit  encore  bois  de 
brin  ,  folive  de  brin  quand  la  pièce  eft  prife  dans 
le  montant  de  l'arbre  &  non  dans  fes  branches. 
Brin  ,  eft  aulTi  un  terme  de  jardinier.  Quand  les 
Jardiniers  parlent  d'arbres  fruitiers ,  ils  difent  , 
il  faut  choilîr  un  arbre  d'un  beau  brin  ,  c'eft-à- 
d^ ,  droit  &  aflez  gros ,  d'une  belle  venue. 

On  appelle  brin  de  plume ,   en  tenties  de  Plu- 


7T 


macier,  une  plume  d'Autruche.  Il  a  un  béeu  brin 
de  plume  à  fon  chapeau. 

Bp.in  d'estoc.  Grand  bâton  en  forme  de  petite  pi- 
que feirce  par  les  deux  bouts  ,  qui  fert  à  fauter 
les  canaux  en  Flandre.  Baculus  ferra  utnnque 
prisfixusi 

Ce  mot  vient  du  flamand  fpringflok  ,  qdi  veut 
direla  même  choie ,  compofe  de  Jtok  ,  bâton  ,  & 
de  Jpringen  ,  'Jautf-r.  Men. 

^fT  On  appelle  aulfi  brin  d'ejioc ,  un  long  baron  ferré 
par  les  dfeux  bouts ,  dont  on  fe  fert  pour  fe  battre 
ou  fe  défendre.- 

Brin.  On  nomme  ainfi  dans  le  commerce  de  chan- 
vre ,  &  en  termes  de  fabrique  de  toile  ,  le  chanvre 
le  plus  long  &  le  meilleur  -,  c'eft-à-dire  ,  celui 
qu'on  tire  de  la  principale  tige  de  la  plante. 

On  appelle  ainiî  les  filamens  du  chanvre  ,  fur-tout 
quand  ils  ont  été  affinés  &  peignés-,  les-filanuns 
les  plus  longs  qui  reftenr  dans  les  mains  des  Peig- 
ncurs  ,  s'appellent  le  premier  brin.  On  retire  du- 
chanvre  qui  eft  rcftc  dans  le  peigne ,  des  fihmens 
plus  courts,  qu'on  appelle  le  fécond  brin  ;  le  refte 
eft  l'étoupe.  Jrt  de  la  Corderie  perfeclionnée. 

Brin.  Efpèce  de  toiles  de  chanvre  qui  fe  fabriquenr 
en  Champagne.  C'eft  à  Troies  &  aux  environs  que 
fe  fabriquent  quantité  de  toiles  mi-blanches  ,  qu'ori 
appelle  aulH  toiles  boulvardées. 

Brin  de  bois.  Terme  de  Mardiand  de  bois  carré  , 
&  de  Charpentier  ,  dont  Us  fe  fervent  pour  dif- 
tinguer  le  bois  de  brin  d'avec  le  bois  de  fciage. 
Ils  appellent  bois  de  brin  ,  les  pièces  dont  on  a 
feulement  ôtc  l'aubier  pour  les  équarrir ,  &  dans 
lefquelles  fe  trouve  en  entiçr  le  coeur  du  bois ,  en 
quoi  coniifte  fa  principale  force. 

Brin  ,  chez  les  Eventailliftes.  C'eft  une  de  ces  pietites 
flèches  qui  foutienrient  le  papier  d'un  éventail ,  tJ; 
qui  le  rcunillent  par  leur  extrémité  à  un  centre 
où  elles  font  attachées  avec  un  clou.  Maître  brin 
font  les  deux  montins  auxquels  font  collées  les 
deux  extrémités  du  papier ,  &  entre  Icfquels  les' 
flèches  font  rclîérrécs. 

Brin  ,  fert  quelquefois  à  faire  une  négation.  Il  n'y  a  • 
•  pas  céans  un  brin  de  fagot ,  un  brin  de  paille.  II 
n'y  a  pas  un  brin  de  provifions  dans  cette  maifon. 

Etant-  certain  que  Ji  bien  tu  limites 

De  ton  Sauveur  la  vraie  intention. 

Tu  n'y  auras  brin  de  préfomption.  Marot. 

On  dit  fîgurément  5-:  dans  le  difcours  familier ,  çd 
parlant   d'un  jeune    homme  grand  &c   bieri-fair  y 
que  c'eft  un  beau  brin   d'homme  •,  &;  d'une   fille 
ou  d'une  femme  grande  &  bien- faite  ,  que  c'elï 
un  beau  brin  de  fille,  ou  un  hezvi'irin  de  femme. 
Enfin,  le  peuple  le  dit  en  toutes  fortes  de  matiè- 
res,   pour  lignifier  une  petite  quantité  de  quelque 
choie  que  ce  foit.  'Un  petit  brin  de  temps  j   pouc 
un  peu  de  temps.  Donnez-moi  un  petit  brin  d'eau  ,- 
un  petit  brin  de  pain  ,  &c.  ou  donnez-moi  de  l'eau 
un  petit  brin  ,  du  pain  un  petit  brin  ;  c'eft-à-dire , 
un  peu  d'eau ,  un  peu  de  pain.  Viens  ici  un  petit 
brin.  ChaufFons-nous  un  petit  brin.  Il  n'eft  refté 
ici  qu'un  petit  brin.  Je  ne  l'ai  vu,  ne  lui  ai  parlé 
qu'un  petit  brin.  Tout  cela  lignilie  un  peu  de  temps  ,■ 
très-peu  de  temps ,  un  moment.  Si  nous  mettons 
ceci ,  c'eft  afin  qu'on  fâche  ce  que  cela  lignifie  ,  &C     ^ 
non  afin  qu'on  l'imite  -,  car  ces  manières  de  parler 
font'  très-mauvailés.  Voici  pourtant  deux  exemples 
tirés  des  Lettres  de  Madame  de  Sévigné.  Il  y  a  dans 
tout  ce  qui  vient  de  vous  autres ,    un  petit  brin 
d'impétuofité  qui  eft  la  vraie  marque  de  l'ouvrière. 
Mandez-moi  des  nouvelles  de  votre  fanté ,  un  dcmi- 
brin  de  vos  fentimens ,  pour  voir  feulement  li  vous' 
êtes  contente.  M=.  de  Sév..  On  palfc  cela  dans  le' 
difcours  familier. 

Brin-a-brin,  adv.  Un  brin  après  l'autre.  Arracher 
brin  à  brin. 

BRINDE.  f  £  Terme  de  Buveurs ,  qui  fe  dit  de  l'in-' 
vitation  qu'on  fait  à  un  autre  de  faire  raifon  d'une 
fantc  qu'on  lui  porte.  Propino.  Les  Allemands  font 

K  ij 


^■5 


BR  I 


des  l^rinies  continuelles.  Ce  mot  eft  venu  des  fla- 
mands ,  qui  difent  ik  brcn^"  tu  ,  quand  ils  por- 
tent une  rantc-j  qui  veut  dire  j  je  vous  la  porte. 
MÉNAGE.  Ce  mot  eft  vieux  Se  fc  dit  rarement. 

Brinde,  fe  dit  dans  le  langage  populaircj  d'une  petite 
jument  ,  au  moins  en  quelques  Provinces.  Eqiiu. 
Manuel ,  manîiiiUu  Mem,  manujc. 

BRINDES.  Ville  du  Royaume  de  Naplesdans  la  ferre 
d'Otrante.  Brundujlum ,  ou  Brundijium.  Les  Ita- 
liens l'appellent  brindijî.  Br truies  eftjur  le  golfe 
de  Venile ,  &  (on  port  ell  un  des  plus  grands ,  des 
plus  beaux  &;  des  plus  aisûrcs  de  l'Italie.  M.  d'Ablan- 
court ,  dans  fa  traduction  de  la  guerre  civile  de  Cé- 
far,dit  toujours  5r//,'z^7/^^.Comme  Pompée  eut  appris 
ce  qui  s'ctoit  parte  à  Corfinium ,  il  alla  de  Nocère 
à  Canoufe,  fie  de-l.i  à  BranJn^e ,  où  il  donna  ren- 
dez-vous à  toutes  fes  troupes.  D'Ablanc.  Magius 
fut  pris  comme  il  alloit  à  Brundur^e.  Id.  Oii  ne  fait 
au  iufte  quand  l'Evèché  ni  l'Arcllevêchc  dé  Brindes 
ont  ctc  crii^cs.  Les  adles  de  S.  Leucius  difent  qu'il 
convertit  la  ville  de  Brindes  fous  Commode,  &i 
qu'il  en  fut  le  premier  Evcque  ;  mais  il  y  a  tant  de 
faux  daiis  ces  aâes ,  qu'on  n'y  peut  ajouter  foi.  Il  n'y 
a  point  eu  d'Archevêché  avant  le  XP  fiècle. 

Jullin  ,L,X-,  dit  que  Brindes  fut  bâti  par  les 
Etoliens ,  qui  fuivirent  Dioméde  ',  Strabon ,  par 
les  Candiots  venus  avec  Théfée  &  Gnofus  ,  au- 
quel Phalàf.te  chef  des  Tarentins  l'ôta  depuis. 
Quelques-uns  l'appellent  en  grec,  BpitTÎii-iat >  8c 
,  d'âuttes  Bj£»7rio-icv.  Ces  mots  Viennent  de  lipivr,, ,  qui 
en  langue  de  Crcte  ligniiioit  Cerf,  &  veulent  dire 
tête  de  Cerf.  Feftus  dit  que  quelques  Poètes  l'ont 
appelée  Brendam  hrevitatis  causa  ;  &  Vigcnère 
remarque  que  cette  ville  reprcfcnte  le  col  &  la 
tête  qui  s'étend  d'ufî  détroit.  Probablement  que 
cette  lansnie  de  terre  fut  d'abord  nommée  B;£ft:V(ov 
tête  de  ceif,  &;  que  la  ville  qu'on  y  bâtit  prit  ce 
nom.  Foyez  Vis^encre  fur  Tite-Live  ,  T.  I ,  p.  1758  , 
&  le  P.  tantcL  Urh.  Hifi.  III ,  Dif  /F,-  6,5. 
Quoique  Brindes  foit  le  véritable  mer  françois , 
&  5r/V;Jy'/ l'italien,  cependant  on  àhvMiVi  Brindijî 
en  françois.  Nos  gazettes  s'en  fervent ,  auiH  bien 
que  Du  Moulin,  dans  fes  Conquites  des Normdnds  , 
&  Du  Ryer  ,  qui  d'n  Brindes,  BrindiJi  S.c  BrundiJz.W 
ne.  ne  faut  pas  fe  fervir  de  ce  d-ernier,  qui  ne  fe 
trouve  oue  dans  cet  Auteur. 

BRINDONES ,  Garciœ.  C'efl:  un  fruit  des  Indes  Orien- 
tales ,  rougeàtre  en  dehors  ,  &  rouge  comme  du 
fang  en  dedans  ,  d'un  goût  forr  aigre.  Il  prend 
une  couleur  fort  noire  en  mûriflanr,  &  demeure 
rouge  en  dedans.  Les  Indiens  en  mangent  ,  &  les 
Teinturiers  s'en  fervent.  Ce  fruit  efl:  aflringent. 

BRÏNGE.  f.  fîlBRINGER.  v.  aét.  En  Normandie  on 
dit  des  Brine;es,^oux  dite ,  des  vergettes  ■■,  &  hringer  , 
pour  dire  ,  nettoyer  avec  des  vergettes.  On  dit  aulfi 
Bringes ,  pour  dire  ,  des  verges ,  &  bringgr  ,  pour 
dire  ,  fouetter  avec  des  verges.  M.  Huet. 

BRINGUE,  f.  f.  Terme  de  Manège,  Petit  cheval 
d'une  vilaine  figure. 

fCf  BRINN,  ou  Bk.in.  Ville  du  P.oyaume  de  Bohême, 
capitale  de  la  Moravie ,  fur  la  Swarte ,  nommée 
Bruno  par  les  habitans. 

BRINQUE-BALE.  Voyei  Brimbale. 

BRIOCHE.  {'.  f.  P.iti(ferie  délicate  qu^on  fait  avec  de 
la  farine  très-déliée  ,  du  beurre  fi:  des  œufs.  Libum. 
On  envoie  des  brioches  à  fes  amis ,  quand  on  a 
rendu  le  pain  béni  ,  au  lieu  des  parts  du  chan- 
tcau  ,  ou  du  coufin  qu'on  envoyoit  autrefois. 

BRIOINE.  f.  f.  Plante  qu'on  appelle  autrement  cou- 
leuvrée.  Voyez  Couleuvrée. 

BRIOIS.  f.  m.  Qui  eft  de  la  province  de  Brie.  Quel- 
ques-uns difent  Briard.Tyiwhy  ,  p.  60.  des  Etats  & 
Empire  du  Monde  ,  in-fol.  Paris  ,  ii^iy,  parle  ainh 
des  Champenois  &  des  Briois.  Bien  que  leurs  voi- 
lins,  dit-il ,  les  blâment  d'être  trop  arrêtés  en  leur 
opinion ,  &  qu'on  les  appelle  têtus  ,  toutefois  cette 
imperfcftiori  efi:  couverte  par  un  nombre  infini  de 
vertus  qui  les  rendent  louables  ,  pource  q\ie  la  rai- 
fon  leur  fait  domter  cette  chaleur  naturelle  ,  d'où 


Ë  R  ï 

procède  ce  vice  qu'on  leur  impofe.  Ils  font  accof- 
tables ,  prompts  à  faire  plaifir  ,  craignans  Dieu  ,  8c 
point  fujets  à  fe  coeifer  aifément  de  nouvelles  opi- 
nions» 

BRIOLETS.  f.  m.  Mot  gafcon  ;  pour  dire  -,  Amans. 
Merc.  Juin  1 7  3 1 . 

Ç3°  BRION.  f,  m.  Moufle  qui  croît  fur  l'éeorcedès 
arbres  ,  &  particulièrement  fur  celle  des  chênes. 
AcAD.  Fr. 

Brion.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  l'alongè  ,  ou  la 
dernière  partie  de  l'étrave,  qui  vient  jufqu'à  lahati- 
teur  de  l'épeton.  On  l'appelle  autrement  ringeau. 

Brion  ;  en  Anjou, eft  à  17°  (î'   33'  de    longitude   , 

■     &  à  470_i(J'  15"    de  latitude.  Picard. 

Brion.  (  L'Ile  de  )  Petite  île  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  ,  près  de  celle  dit  Cap-Breton  &  de  la 
Magdeleine;.  Denis.  L.T,  C.  8. 

BRJONE.  Bourg  de  France  ,  en  Normandie  ,  dahs  lé 
Roumois,  fur  la  Rîlc,  avec  titre  de  Comté  Brionium. 
Vovez  la  Dejcripti  Géogi  &  Hijl.  de  la  Haute-Norm. 
T.  'il, p.  vy^. 

rp-  BRIONES.  Petite  ville d'Efpagne,daiis  la  Vieille- 
Caftille ,  ilir  l'Ebre. 

BRIOTTE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  à  pe- 
luche ,  dont  les  grandes  feuilles  font  blanches  ,  mê- 
lées d'incarnadin  ,  fa  peluche  eft  toute  incarna- 
dine. 

ERIOUDE.  Ville  de  France  dans  la  Bafl'é  -  Auver- 
gne. Bi'ivas,  Brivatum  ,  ou  Brivatenjîs pagus.Guii- 
laume  I ,  Duc  de  Guienne  6c  Comte  de  Provence  y 
furnommé  le  ifieux  ,  inlTiitua  à  Brioude  10  Cheva- 
liers pour  faire  la  guerre  aux  Normands  ,  Se  ces 
Chevaliers  furent  depuis  changés  eh  Chanoines, 
C'eft  le  premier  lieu  où  l'on  remarque  qu'on  ait 
ordonné  une  compagnie  de  Chevaliers  pour  la  dé- 
fenfeSi  l'exaltation  de  la  religion  chrétienne.  Corn. 
Les  Comtes  de  Brioude  font  les  Chanoines  de  cette 
ville  qui  portent  le  titre  de  Comtes  ,  comme  ceux 
de  Lyon.  Les  Chanoines  de  Brioude  font  preuve  de 
Nobledé.  M.  N.  Manujc. 

BRIQUE,  f.  f.  Terre  argilleufe  fii  rougeàtre  ,  pétrie  i 
&:  moulée  ,  puis  féchée  au  foleil ,  ou  cuite  au  four  * 
qui  fert  à  bâtir.  Later.  La  bfique  entière  fert  à  faire 
des  pareijiens  aux  murs  de  cloifon,-  La  demi-brique 
ou'on  appelle  de  chantignole  ,  ou  àl" échantillon  ,  n'a 
qu'un  pouce  d'épailfeur  fut  la  même  grandeur  que 
la  brique  entière.  Elle  lert  à  paver  &  à  élever  des 
tuyaux  de  cheminée.  On  appelle  briques  de  liaifon  , 
celles  cfui  font  pofées  fur  le  plat  r  enliées  de  leur 
moitié  les  unes  avec  les  autres ,  &  maçonnées  avec 
du  plâtre  ,  ou  du  mortier.  Briques  de  champ  ,  celles 
qui  font  pofées  fur  le  côté  pour  fervir  de  pavé. 
Briques  en  épi  ,  celles  qui  font  pofées  diagOnale- 
ment  fur  le  côté  en  manière  de  pointde  Venife.On 
bâtit  tic  brique  aux  lieux  où  il  n'y  a  point  de  carrières 
de  pierre. 

La  brique  eft  d'un  ufagé  fort  ancien.  La  tout  de 
Babel  en  fut  bâtie  ,  quelque  temps  après  le  déluge  v 
ic  comme  l'Auteur  lacré  qui  le  raconte  ,  Gen.  C. 
XI  ,  n'en  patle  point  comme  d'une  invention  nou- 
velle, mais  déjà  connue;  on  peut  croire  qu'elle 
l'avoit  été  avant  même  le  déluge.  Les  reftes  qui 
fe  voient  de  la  Tour  de  Babel  font  de'  briques. 
Sôus  les  Rois  de  Rome  l'on  fe  fervcit  de  pierres 
carrées  &  malHves.  Les  Tofcans  avoient  appris  aux 
Romains  cette  manière  de  cônftruire.  Dans  les  der- 
niers temps  de  la  République  on  commença  à  em- 
ployer la  brique.  Cet  ufige  venoit  des  Grecs.  Les 
édifices  les  plus  C'3n(idérables  que  les  Empereurs 
firent  élever  font  de  brujues ,  &  ont  été  les  plus  du- 
rables; comme  le  Panthéon.  Du  temps  de  Galien 
les  bâtimens  étoient  compofés  d'un  ordre  de  tuf, 
&  d'un  ordre  de  brique  ,  alternativement.  Après 
lui  on  négligea  Tufagc  de  la  brique,  fie  on  re- 
prit le  caillou.  En  Orient  on  cuit  les  briques  au 
foleil.  Les  Romains  fe  fervoient  de  briques  crues 
qu'ik  faifoient  féclier  pendant  un  long  elpace  de 
temps ,  jufqu'à  quatre  ou  cinq  ans ,  &  que  l'^n  ne 
mettoit  point  au  four.  Peï.ravlt  fur  Vitruve,  Les 


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tytics  faifoîent  [jrlncipalcmenc  de   trois  fortes  de  j 
briques  ;  l'une  qu'ils  appeloient  W»^o  ,•  c'efl-à-dive , 

.  'de  deux  palmes  -,  l'autre  T-rpa^uix,  ;  de  quatre  palmes-, 
&  la  troiiième  Tvatx^apm  î  de  cinq  palmes.  Ils  en  tai- 
ibient  encore  d'autres  qui  n'avoient  de  grandeur 
que  la  moitié  de  chacune  de  ces  trois  fortes ,  & 
les  j6ignoient  enfemblc  pour  rendre  leurs  ouvrages 
plus  Iblides  &  plus  agréables  à  la  vue  ;  par  là  di- 
vci'lité  des  grandeurs  &;  des  figures  de  ces  diffé- 
rentes briques.  Félibien. 

.Ménage  dérive  ce  mot  de  bric:!. ,  dont  lès  Au- 
teurs de  la  baile  latinité  fe  font  ferVis  dans  le  même 
fens  j  c|ili  a  été  fait  de  irhbricare-^  pour  dire  ,  couvrir 
de  tuiles.  D'aiitres  le  dérivent  de  f.ihrica,  parce 
que  c'efl:  une  pièce  qu'on  taille  &  qu'on  fabrique. 

L'huile  de  brique  eft  une  huile  d'olive  dont  on 
empreint  des  briques  i  5c  qu'on  fait  enfuite  dif- 
tiller.  On  fait  rougir  des  rnorceaux  de  briquc.cnize 
les  charbons  ardens ,  &  on  les  éteint  en  les  jetant 
dans  une  terrine  remplie  à  demi  d'huile  cVolive. 
On  les  fépare  enlllite  ,  &  ayant  pulvérifé  groiTié- 
rement  la  brique  imbue  d'huile  i  on  la  m:t  dans 
une  cornue,  qu'on  place  dans  le  fourneau  de  ré- 
verbère •,'  2i  par  le  moyeii  du  feil ,  on  en  tire  une 
huile  que  les  Apothicaires  appellenr  oteum  de  Uztc- 
ribus ,  5c  les  Chymilles ,  ^wi/t?  dc5  Phi!o!bphe?.  On 
S'en  fcit  pour  rcfoudte  les  tumeurs  de  la  rate , 
pour  la  paralyfie   &  pour  l'afthme; 

On  appelle  de  l'étain  en  brique ,  une  forte  d'étain 
qui  vient  d'Allemagne ,  en  petits  morceaux  ,  ou 
lingots  de  huit  à  dix  livres,  qui  ont  la  figure  d'une 
brique. 

Brique,  fe  dir  encore  de»  certains  pains,  ou  mor- 
ceaux de  favon  fec  &  jafpé. 

f/Cr  BRICQUE3EC.  Perite  ville  de  France  en  Nor- 
mandie,  à  trois  où  quatre  lieues  de  Cherbourg. 

BRIQUET,  f.  m.  Èfpèce  de  coiiplet  où  la  char- 
nière ne  paroît  pas ,  comnle  aux  auties  couplets , 
où  elle  forme  iiri   demi-cyfindre    des  deux  côtés. 

BRiq.i'ET  ,  f,  m,  Fulil  oa  indrument ,  petite  pièce 
d'acier  dcrnr  on  frappe  un  cailloJ  ,  pcfur  en  tirer 
du  feu  :  ce  qui  s'appelle  battre  le  briqua. 

B-RiQUET.  Terme  de  manufaélure  de  tabac.  Sotte  de 
petit  tabac  dont  lé  filage  n'a  guère  plus  de  cinq 
lignes  de  diamètre. 

BRIQUETAGE.  f.  m.  Amas  de  briques,  ouvrage  de 
brique.  Opus  Icaeriùum.  Dans  Marfal  en  Lorraine 
&  aux  environs ,  en  fouillant  à  une  certaine  pro- 
fondeur de  terre  ,'  on  trouve  ce  que  l'on  appelle 
communément  Briquetage.  D'Artez'é.  Ce  qiii  forme 
ce  briquetage  cft  uri  affemblage  de  briques  ou  mor- 
ceaux de  terre   cuite,  fougeStre  ;  comme  font  les 

.     briques  cififes  au  four.  Tous  ces  morceaux  de  terre 
cuite  n'ont  pas   été  moulés ,  on  leur  a  donné  avec 
lés  mains  telle  figure  qu'on  a  voulu  -,  les  uns  font 
en  cylindre  y  d'autres'  en  efpêcé  de  cône,  ou  de 
parallétepipcde ,  ou  de  qu'elc^ùe  figure  informe.  On 
en  voit  ptufleurs    où  l'empreinte    de  la   main  eft 
parfaitement  marquée  y  on  en  remarque  auffi  quel- 
ques-uns dont  la  terre  a  éré  entortillée  &  preflce 
d'un  brin  de  bois.    Les  plus  gros  morceaux  de  ce 
briquetage  ont  environ  dix  ou  onze  pouces  de  pour- 
tour. Les  autres  morceaux  d'une  moindre  groiîeur  , 
font  de  toutes  fortes  de  din^enfions,  &  il  y  en  a  qui  font 
très-petits.  Tous  c:s  morceaux,   avec  la  cendre  & 
les  autres  parcelles  qui  fe  trouvent  dans  les  fours 
à  briques  ,    &:  jetés  confufément   fur  les  marais  , 
fans   mortier  ni    chaux  ,    Sc  fans'  aucune  matière  , 
forment  un    cotps  ou  m'afïîf  de  briques  cjue  l'on 
a  appelé  briquetage ,  fur  lequel  eft  bâtie  la  ville 
de  Marfal.   Id.  Ce  briquetage  eft  un    ouvrage  des 
Romains ,  mais  on  ne  fauroit  dire  en  quel  temps 
il  a  été  fait.  Il  s'cfend  au-delà  de  Marfal  ,  dans  la 
campagne.  Voye:^  M.  D'ArtÏzé  ,  Recherches  Jur  le 
briquetage  de  Marfal. 
Briquetage.  Imitation  de  la  brique ,  qui  fe  fait  avec 
du  plâtre  &  de  l'ocre  rouge.    Brique   contrefaite. 
Tous  les  dcvans  des  maifons  de  Verfailles  font  de 
briquetage,' 


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ETIQUETER.  V.  a.Ccft  contrefaire  la  brique  fur  le 
plâtre  ,  avec  une  imprcifion  de  couleur  d'ocrc  rouge 
&  y  marquer  les  joints  avec  un  crochet.  Later'es 
imuari:  Devaji':  de  maifon  briquetc. 

BRIQUETEi  EE,  part;  ^^  adj.  Qui  cft  fait  de  brique, 
ou  dilpolc  en  façon  de  brique.  Lateritius. 

BRiQUExéi  ÉE.  Terme  de  Médecine,  qui  fe  dit  de 
l'urine  qui  prend  Une  couleur  de  brique  ,  de  rouge 
fale.  Rubeus ,  rubefcens  j  latéritïo  colore ,  lateri- 
tius ,  a  ,  u/n.  Son  lirine  étoit  claire  ,  &:  couloit 
en  abondance  dutanr  tout  l'accès ,  &  ellc.devenoit 
trouble  &:  briquette  après  qu'il  étoit  ccffé.  Demours, 
y4cad.  d'Ed,  I.  p:  J3  3.  Les  hydropiques  à  qui  les 
firines  reftent  rouges  ,  iriquetées ,  &  en  petite 
quantité  après  la  pbnôlion  ,  laillént  peu  d'efpé- 
rance.  DuveS-ney  ;  fils ,  Acad.  des  Se.  1705.  Mém. 
p.   \ja. 

BRIQUETERIE,  f.  f.  Lieu  où  l'on  fait  la  brique.  Fi- 
ghna  ,  Lateraria  ;  &  l'art  de  la  fabriquer ,  ars 
làteraria.  . 

BRIQUETIER.  f.  m.  Ouvrier  qiii  lait  ;  ou  qui  vend 
de  la  brique.  Figulus. 

BRIS.  f.  m:  Terme  de  Palais,  Rupture  faite  avec  vio- 
lence fJCT  d'une  chôfe  fermée,  ou  de  ce  qui  en  fait 
la  clôture.  -Bris  de  fc.llé  ,  bris  de  prifoni  Fraclura.  Le 
bris  des  prifons  rend  un  accitte  coupable  ,  &  fertde 
corividion.  Par  la  difpofirion  du  Droit ,  ceux  qui  Jk 
ayoienf  brifé  leur  prifori  ,  étoient  punis  comme  cri-  ^ 
minels.  Mais  en  France  la  peine  du  bris  de  prifon 
eft  arbitraire,  &  fe  régie  par  la  qualitédeTcvalion. 
De  Lange.  En  ce  cas  on  fait  le  procès  à  l'accufé 
par  défaut  &  contumace.  Foyei  l'Ordonnance  de 
i(?70.  Le  bris  de  prifon  eft  un  cfime  dans  laper- 
fonnc  même  de  celui  qui  fe  trouverdit  avoir  été 
empriibnné  fans  caufe  légitime,  parce  que  la  vio- 
lence n'eft  point  permife ,  &  qii'il  faut  tenir  fa  li- 
berté de  la  Juftîce.  Les  complices  du  brisât  prifon 
font  punis  encote  plus  féverement  que  le  priibn- 
nicr  qiiî  chcixhe  à  s'évader.  La  peine  de  ce  crime 
eft  arbitraire,  parce  qu'il  eft  toujours  accomp.agné 
de  circouftances  qui  le  rendent  plus  ou  moins  grave. 
Il  y  a  un  article  dans  la  dépenfe  du  compte  des 
menus  plaifirs  du  Roi,  pour  le  bris  qui  fe  fait 
dans  les  voyages  de  la  Coût. 

^ZT  Le  bris  de  fcellê  fe  pourfuit  cxtraordinairement, 
Ce  mot  vient   du  grec  /3;)i,J«  ,  impetum  facio  ,  ou 
du  vieux  mot  brijare ,  qui  fe  trouve  dans  quelques 
loix  en  la  l'ncme  fignification.-  ^ 

Bris,  fe  dit  au(îl  des  vaifreaitx  qui  viennent  échouer^ 
ou  fe  rompre  fur  les  rochers  ou  les  bancs  qui  font 
fur  !es  côtes.  Quajfatarum  navium  labefaclatio  ,  /a- 
<:cr^rzf.C'étoit  le  droit  de  ■s'emparer  des  effets  des 
malheureux  que  la  tempête  faifoit  échouer  fur  les 
eôtes.  LoBiN.  Hijl.  de  Brét.  T.  I,  p.  205. Tous  les 
effets  d'un  vaiff^^au  brifé  ou  échoué  fur  les  côtes  >■ 
&  le  vaifléau  même  ,  étoient  au  Duc  de  Bretagne  ,■ 
&  ceu;^'  qui  iauvoient  ces  effets  dévoient  fe  con- 
tenter d'un  falaire  convenable,  à  moins  qu'ils  ne 
fe  fuffenr  mis  en  mer  pour  cela  ;  car  alors  il  leur 
étpitdû  le  tiers  de  ce  que  l'on  fauvoit.  Id.  p.  848, 
Le  droit  de  bris  des  vaiffeaux ,  qu'un  titre  dî 
l'an  1155  appelle  en  latin  lagahrttn,  appartient  ai 
Seigneur  du  lieu  où  fe  fait  le  bris  :  c'eft  le  droit 
le  plus  injufte  &  le  plus  uniVerfel  qui  foit  au  monde. 
D'Argcnrré,  Hijl.de  Br /t.  L.  I,p,  loi,  dit  qu'il  y 
a  lettres  parmi"  les  chartres ,  par  leiquelles  les  Princes 
de  Bretagne  avoient  droit  de  prendre  ce  droit 
jufqu'à  la  Rochelle  &  à  Bourdeaux ,  &  déclaration 
des  Rois  de  France  &  d'Angleterre  au  proSt  des 
Ducs.  Au  Royaume  d'Achem  ,  &  par  toutes  les 
Indes ,  le  bris  appartient  au  Roi.  Les  anciens  Gau- 
lois ufoient  de  ce  droit ,  parce  au'ils  rcputoient 
tous  les  étrangers  pour  leurs  ennemis ,  &  en  fâi- 
ibienr  même  de  fanglans  facrifices  à  leurs  Dieux, 
les  Romains  abrogèrent  cet  ufage  :  mais  fur  le 
déclin  de  l'Empire  il  fut  rérabli  à  paufe  de  l'inr 
curfion  des  nations  ,  8c  fur-tout  des  Normands 
qui  ravageoient  les  rivages  de  la  Gaule.  Enfip 
les  Ducs  de  Bretagne ,  du  temps  de  S.  Louis ,  Se 


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BRI 


à  i*a  foUicitation ,  changèrent  cette  barbarie ,  & 
donnèrent,  moyennant  quelque  taxe,  des  brefs  ou 
congés ,  qu'ils  obligcoient  de  prendre  à  tous  ceux 
qui  vouloitnt  naviguer  llir  leurs  côtes  : '&:  pour- 
cela  les  Ducs  tenoient  des  Bureaux  ,  des  Secré- 
taires ,  Se  des  Receveurs  à  Bourdeaux  ,  à  la  Rochelle 
&  aux  autres  ports ,  comme  témoignent  d'Argen- 
tré  ,  les  Bénédictins  dans  la  nouvelle  Hiji.  de  Bre- 
tagne ,  &  Garcie  de  Ferrande  en  Ion  Grand  Routier. 
Voyez  aufli  ci-deiîlis  au  ^lot  Bref. 

Au  Concile  de  Nantes  tenu  en  1117,  le  Duc 
de  Bretagne  ,  Conan  III ,  llimommé  le  Gros ,  le  dé- 
pouilla généreufement  du  droit  de  bris  ,  priant 
les  Percs  de  prononcer  anathème  contre  ceux  qui 
.Voudroient  en  ufcr  dans  la  lliite.  Les  Evcques  pro- 
noncèrent avec  joie  cet  anathème.  Mais  ce  Concile 
travailla  en  vain  à  abroger  cette  barbare  coutume. 
Les  Seigneurs  de  Léon  &  de  Penthiévre  écoutè- 
rent plus  leurs  intérêts  que  les  loix  du  Concile. 
Ils  le  firent  url  droit  de  cette  barbarie,  &  l'appelè- 
rent droit  de  bris  ou  de  Lig.im.  Guiomar  de  Léon 
dilbit  à  ce  ptopos  qu'il  avoit  dans  lés  Etats  une 
pierre  plus  précicufe  ,  que  toutes  les  pierres  pré- 
ciculés  du  monde  ,  qui  lui  valoir  tous  les  ans  dix 
mille  fous.  Il  cntcndoit  parler  d'un  écueil  tnmeux 
par  les  naufrages.  I^bineau.  Tom.  /,/?.  101  ,  104,  . 
On  appeloit  auHl  ce  droit,  Peçoi  de  mer.  Id.  pag. 
|l  :  308.  En  1450',  le  Duc  de  Bretagne  fe  plaignit  au 
Pape  que  l'Évcque  de  S.  Milo  prétendoit  le  droit 
de  bris  en  fa  ville.  Lobin.  T.  I,p.  583.  Il  y  a  eu 
des  Chapitres  d'Eglifes  Cathédrales  qui  ont  pré- 
tendu avoir  le  droit  de  bris.  Il  y  a  eu  auffi  des 
Abbayes  qui  ont  prétendu  ce  droit  de  bris  ,  &  qui 
en  jouiflbient  par  la  conccifion  des  princes.  Id. 
p.  845.  ^ 

En  r'rance,  en  Italie,  en  Elpagne  ,  en  Angle- 
terre   &  en  Allemagne  ,  le  brif  n'a  plus   lieu  ,  ii 
ce  n'eft  à   l'égard   des   pirates   &  des  ennemis  de 
l'Etat  Si   de  la  Foi.   L'Emprrcur  Andronic  fut  le 
premier  qui  fit  exécuter  un  Edit  portant  déirénfes 
de  piller  les  vaifléaux  échoués  ou  brifcs  :  ce  qu'on 
laifoit   auparavant  avec  grande   rigueur  fur  toutes 
les  côtes  de  l'Empire,  nonobftant  les  défenfes  des 
Princes  précédens ,  comme  témoigne  Mirera  Séna- 
teur de  Conftantinople   en  fon  hifloire.   Chez  les 
Aureurs  ce  droit  s'appelle /..'ir>zw  ,  que  Spelmannus 
dit  être  un  mot  faxon   qui  lignifie y<zc<?rt; ,  ejeclus  , 
S<-  qui  cft  fore  diff:rent  du  droit  de  varech. 
<^Ris ,    en  termes  de   Blâfon  ,   fe  dit  de  ces  longues 
happes  de  fer  à  queue  parée  ,  dont  on  fe  ferr  pour 
foutenir  les  portes    fur   leurs  pivots ,    8c  pour  les 
faire  rouler  fur  leurs  gonds.  Quand  on  repréfente 
lut  un  ecu  ces  pivots  fur  lefquels  fe  meuvent  les 
portes  ou   fenêtres   brifées  ,    on  les  appelle  bris 
d'huis. 
Bris  démarché,  eft  le  vol  des  marchandifes  que  l'on 
porte  au  marché ,  ou  le  monopole ,  afin   d'empê- 
cher la  bonne  vente  au  marché ,  ou  quand  quel- 
qu'un avec  port  d'armes  empêche  les  Marchands 
d'aller   au    marché  ou  à  la  foire ,  ou  bien  quand 
on  cm'.icche  le   payement  du  péage. 
BRISACH.  Ville  d'Allemagne  dans  fe  Brifgaw,  Bri- 
facum.  Elle  elr  fur  le  bord  oriental  du  Rtiin.   Le 
nenf-Brifack  e(l   une  ville  très-forte  ,  bâtie  par  le 
Roi  de  l'autre  côté  du  Rhin.  Brifack ,  qui  avoit 
été    cédé  à  la»  France  par    la  paix  de  Munflcr  en 
i(î49  ,  fut  rendu  à  l'Empereur  par  celle  de  RiiVich 
en  ï^c)7 ,  &  enfuite  par  celle  d'Utrecht  &  de  Raftadr. 
BRISANS.  f  m.  pi.  Terme  de  Marine.  Rocher!  fleur 
d'eau  où  fe  brifent  les  vaiiîeaux ,  ou  fur  lequel  fe 
viennent  brifer  les  flots  de  la  mer.  Scopulus.  Ils 
font  repréfentés  fur  les  cartes  marines  par  de  pe- 
tites croifettes.  On  appelle  aulTi  brifans ,  le  rejail- 
lifTement    des    vagues    que  la   violence  des  vents 
poulie  avec  impétaofité  contre  les  rochers  ou  les 
côtes. 
§::?■  BRISCA  ,  BRÎSCHA  ou  Br.ExAR.  Petite  ville 
du  Royaume  d'Alger  dans  la  Province  de  Tenez. 
BRISE,  f.  f.  ou  yeni d'à  bas.    Favoniusy  ventusjlans 


BRI 

db  ccquinocîi.ili  occafu.  Tetme  de  Marine  :  c'eft  lin 
vent  d'aval  qu'il  faut  attendre  pour  revenir  des 
îles  de  l'Amérique  en  Europe  -,  parce  qu'on  ne 
peut  faire  le  trajet  de  la  mer  Atlantique  vers  l'A- 
frique en  revenant ,  comme  on  fait  en  y  allant , 
à  caufe  du  flux  trop  violent  de  la  mer  ,  qui  va 
d'Orient  en  Occident  par  un  mouvement  contraire 
à  celui  de  la  terre  ;  &  il  faut  quelquefois  remonter 
avec  ces  brijes  jufqu'au  40"^  ou  50^  degré. 

On  appelle  brij'e  carabinée  ,  une  brife  forcée  j 
ou  un  vent  qui  louftle  avec  grande  violence. 

On  appelle  auili  brifes  ,  de  petits  vents  alifés 
qui  viennent  de  terre  fur  le  foir  ,  &  qui  ne  font 
guère  fenfibles  qu'aux  bâtimens  qui  rangent  la  côte. 
Sur  la  rivière  des  Amazones ,  il  fe  levé  tous  les 
jours  certains  vents  Orientaux  qu'on  nomme  brifes  ^ 
qui  durent  trois  ou  quatre  heures ,  èc  qui  repouf- 
Icnt   les  eaux   contre  mont. 

Brise,  terme  de  Charpenrerie.  Poutre  pofôc  en  baf- 
culc  fur  la  tête  d'un  gros  pieu ,  fut  lequel  elle 
tourne ,  &  qui  fert  à  appuyer  par  le  haut  les  ai- 
guilles des  pertuis. 

BRISE-COU.  f.  m.  Pas  difficile,  marche  dans  un  ef- 
calier  qui  eft  plus  haute  ou  plus  étroite  que  les 
autres ,  qui  donne  occafion  de  tomber  &  fe  blelîer  , 
de  fe  brifer  le  cou.  Loeus  lubricus  ,  difflcilis. 

On  appelle  aulli  un  efcalier  étroit  &  obicur  , 
un  brife-cou  .  par  la  même  railbn.  Les  Baladins  Ita- 
liens appellent  auffi  un  faut  dangereux  ,  un  rom^ 
picol/o  ,  auifi-bien  que  tels  efcaliers.  Ce  mot  eft  du 
ftyle  familier. 

IJCF  Brise-cou.  On  appelle  ainfi  ,  en  termes  de  Manè- 
ge ,  un  jeune  homme  hardi  &:  de  bonne  volonté  ,  à 
qui  on  fait  monter  les  jeunes  chevaux  ,  pour  les 
accoutumer  à  fouffirir  l'homme. 

BRISE-GLACE,  f.  m.  Rang  de  pieux  poics  devant 
une  palée  de  pont  du  côté  d'amont  ,  pour  briler 
les  glaces  &  cortlerver  la  palée.  C"s  pieux  font  de 
grandeur  inég.ilc ,  &  recouverts  d'un  chapeau. 

BRISE-IMAGE^,  f.  m.  &  f.  Nom  de  fedle.  C'eft  la 
même  choie  qu'Iconoclafte  ,  &  Iconomaque.  yoye^ 
ces  mots  en  leur  place. 

BRISE-VENT,  f  m.  Nom  que  les  Jardiniers  donnent 
à  une  clôture  en  forme  de  petit  mur ,  faite  de 
paflle  ,  &c  foutenue  par  des  pieux  fichés  en  terre. 
Foricula Jlraminea..  Les  brifes-vents  ibnr  hauts  de 
iix  ou  fept  pieds  ,  &;  la  longue  paille  ou  les  é- 
chalas  dont  ils  font  compoles,  font  liés  enfemble 
avec  de  l'ofier ,  ou  avec  du  fil  de  fer.  Ces  brifes- 
vents  fervent*!  mettre  les  couches  de  melons  à 
l'abri  des  venrs  froids,  ^oye^  La  Quint.  Les  Jar- 
diniers qui  n'onr  pas  de  véritables  murailles  qui 
les  défendent  du  nord,  fe  fervent  avec  fuccès  de 
ces  brifes-vents. 

BRISEES,  f.  f.  Terme  de  Charte.  Marques  que  laifTe  un 
Chaflèurdans  un  chemin  où  a  pafic  le  gibier,  qui 
font  ordinairement  des  branches  d'arbres  qu'il  brife 
ou  qu'il  coupe ,  &  qu'il  |]cr  feme  dans  fon  chemin 
pour  reconnoïrre  l'endroit  où  eftla  bête  ,  &  où  on  l'a 
détournée.  Rami  à  venatore  feram  indaç^ante  fparjî. 
On  dit ,  fraper  aux  brifées  ,  quand  le  Veneur  qui 
a  fait  fon  rapport  va  laiifer  courre. 

Brisée,  fe  dit  au(fi  des  branches  qu'on  coupe  dans  un 
taillis ,  ou  à  de  grands  arbres  ,  pour  marquer  les 
bornes  des  coupes. 

Brisées,  f.  f,  pi.  Route ,  chemin.  Via. 

Qiie  des  enfers  for  tir  as  les  biifées , 

Pour  t'en  aller  aux  beaux  champs  Elifées.  Marot. 

On  dit  figurément  ,  marcher  fur  les  brifées  de 
quelqu'un  i  pour  dire  ,  fuivre  les  traces ,  imiter  fon 
exemple.  Fefligia.  On  le  dit  auffi  de  ceux  qui  en- 
treprennent le  même  defiein  ,  qui  écrivent  ilir  le 
même  fujet,  quoiqu'ils  le  traitent  diverfement. 

De  quel  front  aujourd'hui  vient-il  fur  nos  brifées , 
Se  revêtir  encor  de  nos  phrafes  ufées  .^  Bon. 

On  dit  aulTi  ,  reprendre  fes  premières  hrifées  , 


B  Rï 

,  pour  dire,  reciommencer  à  vivre  fuivant  fes  premiè- 
res manières ,  recommencer  à  écrire  ilir  le  même  iujc  t 
à  l'endroit  où  on  l'avoir  quitté  j  Si  dans  le  même 
ftyle.  yid  ici  unie  fada  digrej^lio  /jt  reverti. 

BRISEIS.  f,  f.  Captive  d'Achille  ,  avoir  été  enlevée  à 
la  prife  de  Lyrnefle  ,  ville  alliée  de  Troye.  Agamem- 
non  ,  Roi  de  Mycènes ,  la  fit  enlever.  Achille,  ou- 
tré de  l'affront  qu'on  lui  niibit ,  jura  de  ne  plus 
combattre  pour  la  cauic  commune.  En  effet ,  il  ié 
tint  dans  fa  tente  près  d'un  an  ,  quelque  progrès 
qu'il  vît  faire  aux  Troycns ,  &  quelques  fatisfadions 
que  lui  offrît  Agamcmnon  -,  &:  lorfque  ce  Prince 
lui  renvoya  la  captive  ,  accompagnée  de  riches  prc- 
fens ,  il  ne  voulut  point  la  reprendre. 

BRISEMENT.  (.  m.  Il  le  dit  des  flotà  (jui  fe  brifent 
contre  un  rocher  ,  une  digue  ,  une  cote.  Fluciuum 
collifus  ,  Ljitajfatio.  Le  trifement  des  flots  fait  beau- 
coup de  bruit  en  cet  endroit. 

Brisement,  fe  dit  fîgurémcnr,  en  matière  de  piété, 
&  fignifîc  pénitence  ,  douleur  ,  componélion  ,  con- 
trition du  cœut.  Dolor  vchemens. 

L'humilité  parfaire  ne  confifle  pas  feulement  dans 
un  abaiflément  de  cœur  ,  mais  dans  un  enrier  brijc- 
jnent  de  cœur.  Port-R.  La  Dame  pénitente  qui  a 
fait  les  réflexions  fur  la  miféricorde  de  Dieu,  a  dit 
aufll;  Apprenez-moi  par  le  rrouble  de  mon  efprit  6c 
le  ùrifement  de  mon  cœur,  quelle  doir  être  ma  dou- 
leur d'avoir  tant  de  fois  offenfé  un  Dieu  fi  puilfan: 
&  lî  bon. 

BRISER.  V.  a.  Mettre  en  pièces ,  rompre  avec  vio- 
lence. FraTigere ,  perfringere.  Il  n'y  a  rien  que  le 
canon  ne  l^rije.  La  meule  du  moulin  hrife  le  grain 
pour  le  moudre. 

Ménage  dérive  ce  morde  hrix ,xnoK.  celtique  ,  qui 
fignifie  rupture  ,  ou  hrichc  ;  ou  du  latin  trifare  , 
qu'on  a  dit  pour  prcjfer  Se  éprebiire  ;  du  de  brija  , 
qui  f gnifie  une  trappe  de  raijïn  foulée, 

^3"  Briser,  lignifie  quelquefois  ,  par  extenfion ,  fa- 
tiguer ,  incommoder  par  une  agitation  trop  rude. 
Brijï  de  fatigue  &  de  lalfitude.  Ce  cheval  a  un 
train  rude  qui  m'a  tout  brijï. 

|l3°BRiSER,efl:  quelquefois  neutre  ,  en  termes  de  ma- 
rine, &  fignifie  heurter  avec  violence.  Le  vaillcau 
alla  brider  contre  un  écueil  -,  la  tempête  le  porta 
contre  un  écueil  où  il  fe  brija.  On  dit  auffi  que  la 
mer  hrife  ,  lorfque  les  flots  viennent  fe  tompre  avec 
impétuofité  fur  des  côtes ,  fur  des  rochers  ,  fur  des 
bancs  de  fable. 

|Cr  II  eft  auffi  réciproque  ,&  fignifie  être  mis  en  piè- 
ces. Ces  vailfcaux  lé  fonr  brij'es  fur  nos  côtes.  Le 
Verre  fe  brij'e  facilement. 

^C?  Se  brij'er  ,  fe  dit  auffi  des  porres ,  des  volers  & 
de  plufieurs  autres  ouvrages  de  fer  ou  de  bois  ,qui 
font  compofcs  de  plufieurs  pièces  qui  peuvent  fe 
plier ,  s'alonger  ou  lé  racourcir.  Une  table  brifee. 
qui  fe  brife.  Un  bois  de  lit  qui  fe  brife.  Des  por- 
tes ,  des  volets  qui  fe  brij'ent.  Une  cquerre  brifée  , 
une  règle  brifee  ,  qu'on  plie  par  le  moyen  d'une 
charnière.  Une  aune  brifcs  ,  qui  fe  brije.  Une  forme 
brifée  ,  dont  on  fe  fert  pour  élargir  les  fouliers  trop 
étroits.  On  le  dit  aulfi  d'un  canon  de  fufil  coupé 
en  deux  ,  &  qu'on  affemble  par  le  moyen  d'une 
vis  dans  l'occalion.  On  l'appelle  aurrement  couplet. 
il  eft  défendu  de  portei  les  armes  à  feu  brifées  par 
la  croffe  ,  ou  par  le  canon  ,  à  caufe  de  la  challè 

Briser  ,  en  termes  de  chaife  ,  fignifie  rompre  du  bois 
pour  marquer  le  lieu  qu'on  veur  retrouver.  Ramos 
fpare^ere,  Bfij'er  bas  ,  c'eft  rompre  des  branches  ,  & 
les  jeter  par  où  a  pafie  la  bête  ,  que  nous  appe- 
lons fur  les  voies.  Brijér  haut ,  c'eft  rompre  les  bran- 
ches à  demi  à  la  hauteur  de  l'homme,  &  les  laiffer 
pendre  au  tronc  de  l'arbre.  Saenove.  ^wT  La  poinre 
des  branches  fait  voir  d'où  vient  la  bête ,  &  le  gros 
bout  indique  où  elle  va. 
Briser,  fe  dit  fîgurément  en  chofes  morales.  Rumpere. 
Cet  homme  a  brifé  fes  fers ,  pour  dire,non-feulemenr 
qu'il  s'eft  mis  en  liberté  ,  qu'il  s'eft   délivté  d'une 
domination  tyrannique-,  mais  encore  qu'il  s'eft  dé- 
gagé d'une  paflion  amoureufe.  Heureux  celui  qui 


BRI  79 

brife  les  liens  &  les  attaches  qui  l'engagent  dans  lé 
monde,  pour  fe  donner  rout  à  Dieu.  Il  doit  brifcr 
toute  la  puiiîance  des  enfers.  Pat.  Les  cliangemcns 
font  toujours  difficiles  ,  quand  les  hommes  ont  pris 
de  certains  plis.  Ce  feroit  les  brifer  ,  que  de  vouloir 
les  fedreffer  fans  prendre  fes  mefures  de  loin,  Abb. 
DE  LA  Tr.  La  contrition ,  I4  douleur  de  fes  péchés  j, 
lui  a  brifé  le  cœur. 

Soupirs  i^ui  dans  monfein  retenus  par  la  crainte  j, 
Souffrei  depuis  long-temps  une  injujie  contrainte  | 
Brilez  ce  cceur  perfide. 

Briser  ;  fe  dit  abfolument  ,  quand  on  veut  interroin- 
pre  ,  ou  faire  taire  quelqu'un  qui  dit  des  chofes  dé- 
(agréables.  Finem  imponere  ,  dicendi  finem  facere, 
Brifons-là. ,  Monfîeur  ,  s'il  vous  plaît.  Il  eft  du  ftylc 
familier. 

Briser  ,  en  termes  de  Blâfon  ,  fignifie  charger  unécù 
de  brifures  ,  comme  lambel ,  bordure,  &c.  pour  dif- 
ringuer  les  branches  i  &  les  cadets  de  leur  aîné  j  au- 
quel appartiennenr  les  armes  pleines.  Frangere  ,feg- 
mento  afficere  ,  dijiinguere.  On  le  dit  encore  des  che- 
vrons dont  la  pointe  eft  déjointe. 

On  dit  proverbialement ,  tant  va  la  cruche  à  l'eauj 
qu'enfin  elle  fe  brife  ;  poiir  dire ,  qu'enfin ,  on  pé- 
rit dans  les  dangers  où  l'on  s'expofe  fouvent  :  ce 
qui  fe  dit  auffi  des  débauches  qui  ufent  les  corps 
des  ^  hommes.  *   . 

BRISÉ  ,  ÉE  ,  part.   &  adj. 

BRISEUR,  f  m.  Qui  brife.  Ruptor.  On  ne  le  dit  guère 
que  des  Iconoclaftes,  Brifeurs  d'images.  Il  y  a  des 
Officiers  de  gabelle  qu'on  appelle  Brifeurs  defel  j 
tant  fur  le  port  que  dans  les  greniers ,  pour  brifet 
le  fel  qui  eft  trop  Çtc  ,  &  le  tendre  propre  à  être 
chargé  &  mefuré  i  &  pour  faire  le  chemin  aux  Jurés 
Mefureurs  &  Porteurs.  Ils  font  obligés  dfe  foutnit 
les  pelles  v^our  mettre  le  fcl  dans  la  trémie. 

?fT  BRISEUS,  tetme  de  mythologie.  Surnom  de  Bac- 
chus.   l^oye;^  Brisis. 

BRISGAW.  f  m.  Conttée  du  Cetcle  de  Suabe  en 
Allemagne.  Bfijigavia  ,  BriJ'goia  ,  Brifgavi ,  ou  Bri- 
Jtgavi. 

0-  BRISIGUELA.  Petite  ville  d'ItaUe,dans  la  Ro- 
mâgne ,  dans  l'Etat  de  l'Eglife  ,  fur  la  rivière  de 
Lamonci 

BRISIS.  f  m.  Terme  d'Architeélure.  C'eft  ainfi  qu'on 
nomme  dans  les  manfardes ,  ou  combles  coupés  , 
l'endroit  où  le  toit  eft  coupé  &  brifé  ,  &  où  fe  fait 
la  jonélion  du  vrai  comble  avec  le  faux.  La  partie 
fupérieure  du  toit ,  qui  prend  depuis  cet  endroit  jul^ 
qu'au  faîte  ,  s'appelle  aulfi  brijis. 

Brisis.  C  f.  Nynlphe  qui  fut  la  nourrice  de  Ëacchus  > 
appelé  de-là  ,  Brifeus. 

BRISOIR.  f  m.  Terme  de  chanvrier.  C'eft  un  in- 
ftrument  de  bois  quatre  avec  des  denrs ,  qui  fert  à 
brifer  le  chanvre. 

BRISQUE.  f  f.  Sorte  de  jeu  de  cartes  qui  fe  joue 
cntte  deux  perfonnes  ,  comme  le  piquet.  Chaque 
joueur  prend  fix  cartes  ,  &  à  toutes  les  cartes  qu'on 
joue  ,  chacun  en  prend  une  du  reftant.  Les  as  va- 
lent onze ,  les  dix  dix  ,  les  rois  quarte  ,  les  dames 
trois ,  les  valets  deux ,  &  le  refte  ne  fe  compte  point. 
On  peut  renoncer  à  ce  jeu  tant  que  l'on  veut ,  ex- 
cepté à  la  fin ,  que  toutes  les  cartes  font  entre  les 
mains  des  joueurs  ,  à  chacun  fix.  Le  dernier  levé 
compre  pour  dix.  Celui  qui  a  le  fept  de  triomphe  , 
peut  prendre  la  tourne.  Le  roi  &  la  dame  de  triom- 
phe valent  quaranre,&  le  roi' &  la  dame  des  au- 
rres  deux  vingr ,  &  c'eft  ce  qui  s'appelle  mariage. 
Quand  on  a  les  quatre  rois  ou  les  quatre  dames  , 
on  a  gagné. 

lier  BRISSAC-SUR-LAUBANCE.  Petite  ville  de 

France  ,  en  Anjou  ,  à  quatre  lieues  d'Angers ,  avec 

ritre  de  Duché,  criçré  par  Louis  XIII ,  en  faveur  de 

Charles   de  Coffé  , 'Maréchal  de  France. 

BRISSUS.  f.  m.  Terme  de  Conchyliologie.  Elpèce 

du  genre  des  ourfins ,  qui  n'a  point  d'ouvertura  fur 

1      le  dos ,  &  qui  eft  toujours  de  figure  ovale  ,  avec  des 

I      filions  crénelés  &  ponélués  au  fommet.  On  prérend 


8 


o 


BRI 


que  lefjfaiagus  Se  le  iriffus  n'ont  point  de  dents  : 
ils  ont  une  mâchoire  pour  prendre  l'eau  6i  le  la- 
bié ,  S:  en  dedans  un  ieul  intcftin  rempli  d'eau  qui 
leur  rient  lieu  de  chair  &c  d'œufs. 
BRISTC>L  ,  ou  BRISTOW.  Ville  d'Angleterre ,  fituce 
i\n  la  rivière  d'Avon  &  llir  celle  de  Froome.  BnJ- 
tohum.  C'cit  une  v^le  Epifcopale  ,  &  le  meilleur 
port  d'Aneleterre  après  Londres.  L'Abbaye  de  S. 
Auguttin  de  Brijlol  fut  convertie  en  Evcché  par 
Henri  Vlll  en  1543.  Larrey.  Cette  ville  eft  à  14'-! 
a8'  48"  de  longitude,  &:  à  51°  i3  o"  de  latitude. 
Street.  Astron. 

Les  An  >-lois  ont  anifi  donné  le  nom  de  Brijiols. 
une  ville  de  FAmérique  ,  dans  la  Barbade ,  une  des 
Antilles.  Ils  rappellent  le  petit  BnltoL 

Pierres  de  Bristol.  Ce  l'ont  des  pierres  trani'pa- 
rentes  comme  du  cryftal  de  roche.  De  Buffon. 
Cependant  un  Auteur  Anglois  dit  -.donner  des  pier- 
res de  brijtol  pour  des  cmeraudes.  Ces  pierres  le 
tirent  d'un  roc  près  de  la  ville  de  Briftol ,  en  An- 
gleterre. 
■jBRISURE.  i".  f.  Terme  de  Blâfon.  Ceft  une  altération 
de  la  limphcitc  &:  intégrité  du  blàlbn  de  l'ccujen 
y  mettant  quelques  pièces ,  ou  figures ,  pour  les  dil- 
tinguer  des  armes  pleines  d'un  aîné.  Scuti  gennàni 
adjcititia  Jectio.  Symbolicariim  imaginum  infraSio  , 
fractura  Jcutaria.  Le  lambel  eft  une  brijure ,  une 
marque  de  puînés ,  &  des*^deicendans ,  aufii-bien  que 
ie  bâton  ,  la  cotice  ,  la  bordure  ,  &:  les  pièces  dont 
on  -les  charge  pour  les  varier.  Il  y  a  des  doubles 
&  triples  Injures ,  expliquées  par  Favin  ,  Geliot  , 
Chalî'eneu  &  autres. 

"Lz  brijure  ell:  introduite  pour  diftinguer  Je  pour 
rabailî'er  en  quelque  Ibrte  les  armes  ,  tant  des  ca- 
dets que  des  bâtards ,  au  regard  de  celles  des  aînés 
&  des  légitimes.  Cette  brijure  fe  pratique  pour  des 
caufes  julles  &  néccilaires  à  l'état  des  familles  ;  elle 
fe  pratique ,  dis-je  ,  par  de  menues  pièces  de  blâlbn 
i^ui  intéreirent  peu  l'entière  ,  pure  Se  pleine  figure  , 
&  la  nature  des  armes.  La  brijure  pafle  à  toute  la 
poftérité ,  &  ne  ceife  point ,  que  le  droit  ouvert  de 
fucceiriort  n'ait  rendu  le  plas  proche  &  plus  habile 
de  la  race  capable  du  titre  d'aînefle  &  des  pleines 
armes.  Ceft  ainli  que  les   familles  d'Anjou  ,  d'Or- 
léans ,  de  Bourbon  ,  ont  potté  la  brij'ur-e  julqu'à  ce 
que  letir  rang  de  fuccedion  aux  pleines  armes  & 
à  la  couronne  les  en  ait  déchargées.  Monet.  Ceft 
ainfi  que  les  maifcns  d'Orléans ,  de   Condé  &:  de 
Conti  5  portent  aujourd'hui  la  brijure.  La  brijure  & 
la  chargeure  n'ont  aucune  différence  en  leur  figure  •■, 
la  feule  intention  de  l'Auteur  du  blâfon  nous  lért 
à  les  diftinguer.  Monet. 
Brisure  ,  terme  de  fortification.  Ligne  de  4  à  y  toifes 
qu'on  donne  ^  la  courtine  ,  &  à  l'orillon  pour  faire 
la  tour  cre  !><''■•,  ou  pour  couvrir  le  fîanc. 
|i3*  Br.isure  ,  /e  dit  auffi  en  plufieuts  arts  méchani- 
ques  ,  d'une  forme  que  l'on  donne  à  une   ou  plu- 
fieurs  parties  d'un  tout ,  pour  les  féparer ,  les  réunir , 
les  racourcir ,  les  érendre  ,  les  plier.  Voye:^  Briser. 
Rh<rle  brifee  ,  fujil  brifé. 
BRITAN^fICUS.  f.  m.  Britannicus.  Il  ne  faut  jamais 
hhe  Britiiririi./ue  nom  propre  ,  il  fiut  toujours  dire 
alors  Britannicus.  Bricannicus  étoit  fils  de  Claude 
Sx.  de  Mellaline.  L'âge  de  Britannicus  étoit  lî  connu, 
qu'il  ne  m'a  pas  été  permis  de  le  repréfenter  autre- 
ment que  comme  un  jeune  Prince  qui  avoit  beau- 
coup de  cœur ,  beaucoup  d'amour  &  beaucoup  de 
firanchife  \  qualités  ordinaires  d'un  jeune  homme. 
Racine.    Dès   que  Britannicus    eut   commencé  à 
boire ,  le  poifon  faifit  tellement  tous  fes  membres , 
qu'il  tomba  par  terre.  Tillem. 

Jefai  que  j'ai  moi  feule  avancé  leur  ruine  , 
Q^ue  du  thrône  ,  où  le  j ans;  l'a  dîi  faire  monter , 
Britannicus  /J^r  moi  s'efi  vu  précipiter.  Rac. 

Non  ,  non ,  Britannicus  eji  mort  empoifonné , 
Narciffe  a  fait  le  coup  ,  vous  fave^^  ordonné.  Id, 

La  pièce  de  Racine ,  d'où  ces  exemples  font  tirés , 


B  R  I 

s'appelle  aufïî  Britannicus.  Si  j'ai  fait  quelque  choit 
•de  lolide  ,  &  qui  mérite  quelque  louange  ,  la  plu- 
part des  conn^ùiffeurs  demeurent  d'accord  que  c'eft 
ce  même  Britannicus.  Rac 

BRITANNIQUE,  adj.  qui  eft  de  la  Grande-Bretagne , 
ou  quiy  appartient. iiriWTZ/ziCJ/J.L'Occan  Britanni- 
que ,  c'eft  la  Manche  ou  le  Pas  de  Calais.  Les  Iles 
Britanniques  font  la  Grande-Bretagne,  l'Irlande, 
les  Sorlingues,  les  Orcades  ,  &  les  autres  qui  font 
autour  de  celle  de  la  Grande-Bretat;ne, 

Britannique  ,  a  été  auffi  dans  l'antiquité  un  furnom 
de  Minerve  ,  parce  qu'elle  préfîdoit  aux  fontaines 
de  la  Bretagne  ,  dit  Solin  ,  ch.  24.  C'a  été  auffi  le 
furnom  de  quelques  Empereurs  ,  qui  avoient  fait 
des  expéditions  dans  la  grande-Bretagne.  Les  Anti- 
quaires avoient  cru  que  Sévère  n'avoir  eu  le  fiirnom 
de  Britanniijue  que  la  dernière  année  de  fon  em- 
pire -j  mais  M.  Bately  ,  Archidiacre  de  Cantorbcri , 
a  produit  une  médaille  de  cet  Empereur  ,  où  ce 
furnom  eft  joint  à  la  féconde  puiliânce  Tiibuni- 
cienne.  Voye:;;^  fes  Antiquitatcs  Rutupinx,  Caracalla 
a  porté  le  furnom  de  Britannique.  Une  belle  mé- 
daille de  grand  bronze  du  cabinet  de  M.  de  Bose 
a  poiir  légende  du  côté  de  la  tête  M.  Avr.  An- 
TONiNUS  Pivs  AuG.  P.  B.  G.  Max.  C'eft-à-dire, 
Perjicus ,  Britannicus  ,  Gerinanicus  ,  Maximus  ,  au 

revers  Aeternum    Beneficium Un   boiffcau 

d'où  il  fort  quelques  épis  de  bled.  Ceft  peut-être 
une  médaille  unique, 

Britannique  ,  ou  Herbe  Britannique.  Sorte  de 
plante  qui  avoit  été  fort  célèbre  jufque  vers  le 
milieu  du  VHP  fiècle,que  les  Goths  Se  les  Normands 
inondant  la  Frife  ,  les  fciences  Se  les  arts  ayant  été 
abolis  ,  la  connoiffance  de  l'herbe  Britannique  fe 
perdit  auffi.  Diofcoride ,  Pline,  Galien ,  Se  d'autres  , 
la  font  femblable  au  lapas  fauvage  ,  appelé  par  les 
Latins  Rumex.  Un  Médecin  de  Groningue  ,  nom- 
mé Munring  ,  a  fait  un  traité  De  vera  antiquorurn 
kerba  BritannicdjOÙ  après  avoir  diftingué  vingt-lept 
fortes  de  lapas  ,  il  conclut  que  le  lapas  fauvage  à 
longues  feuilles  noiifes  qui  naît  dans  les  marécages , 
OU  l'hydrolapas  noir ,  eft  la  véritable  herbe  Britan- 
nique des  Anciens ,  &  qu'ainfî  on  a  mis  m.al-à-pro- 
pds  à  fx  place  la  Biftorte  ,  la  Tormentille  ,  la  Bé- 
toine  ,  la  Cochlearia,  le  Plantin  aquatique,  &c. 

Il  prétend  que  ce  nom  vient  des  mots  Frilbns 
Brit ,  qui  fignifie  confolider ,  afîermir  ;  &  Tan  ,  qui 
veut  dire  di.nt ,  &  de  ica  ,  ou  A/c^,  c'eft-à-dire  éjec- 
tion ■,"  de  forte  que  c'eft  à  caufe  des  effets  qu'elle 
produit  qu'elle  a  été  appelée  Britannica  ,  c'eft-à- 
dire  ,  herbe  des  parties  folides,  principalement  des 
dents ,  qu'elle  a  la  vertu  de  confolider  &  ail'ermir, 
auffi-bien  que  de  remédier  à  la  maigreur  &  flux  de 
ventre  ,  qui  font  des  fymptômes  affez  ordinaires  au 
fccrbut,  qu'elle  guérit  auffi. 

BRITOMAPvTIS,  f.  f.  Nom  d'une  faufTe  Divinité  de 
l'île  de  Crète.  Britomartis ,  Britona.  Britomartis 
étoit  une  Nymphe  de  Crète  ,  fille  de  Jupiter  Se  de 
Carmé.  On  lui  attribue  l'invention  des  rers  ,  ou 
filets ,  dont  les  chafTeurs  fe  fervoient  autrefois  pour 
prendre  des  bêtes  ■■,  Se  cette  invention  lui  fit  donner 
le  nom  de  Diélynne ,  du  mot  grec  J^xti/o»  &  non  pas 
St^lvc, ,  que  les  Auteurs  d\^  Moréri  ont  forgé.  D'au- 
tres confondent  Britomartis  avec  Diane  ,  comme 
Héfychius  ,  qui  dit  que  Britomartis  eft  la  Diane 
de  Crète  ,  ou  le  nom  de  Diane  dans  l'Ile  de  Crête. 
Solin  eftdemcme  fentiment,  cA.  ly,  mais  le  Scho- 
liafte  de  Callimaque ,  fur  l'hynr.ne  3' ,  qui  eft  à  la 
louange  de  Diane  ,  dit  que  Britomartis  eft  une 
Nymphe  ,  à  caufe  de  laquelle  on  honore  Diane  en 
Crète,  fous  le  nom  de  Britomartis. 'Lz  Scholiafte 
d'Ariftophane  ,  dans  les  grenouilles ,  acl.  V  ,Sc.  2  , 
l'appelle  Bretimartis  ,  &  dit  que  s'étant  un  jour  em- 
barraflcc  dans  les  filets  à  la  chafTe  ,  Diane  l'en  déli- 
vra, en  mémoire  de  quoi  Britomartis  lui  bâtir  un 
temple  fous  le  titre  de  Diane  Dicivne.  On  dit  qu'elle 
fe  précipita  dans  la  mer  pour  éviter  les  pourlâiitcs 
du  vieux  Minos  qui  l'aimoit.  Voye^  Vossius  ,  T)i 

Idol 


BRI 

LicI.Liv.  I ,  ch,  i-j  ,  où  il  rcfute  Diociore  qui  nie 
ce  fait: ,  6v:  Liv.  11,  ch.  z^. 

Ce  mot  fil:  lie  i'ancien  Ianga_c:e  de  Ccét?  ,  dans 
lequel  Brito  (îf  nifioit  doux ,  &  Manis  Vierge  ;  Èri- 
tomartis ,  douce  Vierge ,  comme  nous  l'apprend 
SoLIN  ,  ch.  i-j. 

■    BRÎTTINIEN.  f.  m.  Nom    d'une  Congrégation  de 
Religieux  Hermites  en  Italie  ,  &  lur-tout   dans  la 
Marche  d'Ancônc,  Briitinianus.  Ils fontainlî  appelé: 
dans    une  Bulle    d'Alexandre  IV  ,    du   ii  Fcvrici 
iiy(î.  Cette  Congrégation  avoir  commencé  Tous  le 
Pontificat  de  Grégoire  IX  ,  qui  leur  avoir  donné 
la  règle  de  faint  Âugullin.  Ils  avoient  établi  leur 
première  demeure    dans  un  lieu  folitaire,  appelé 
Brittini,  dans  la  Marche  d'Ancône,  d'où  on  les  ap- 
pela 5/7"«/«/f7ZJ.  Ils  étoienr  très-auftères ,  ne  man^ 
geoient  jamais  de  viande  ,  Jeiinoient  depuis  la  fcre 
de  l'Exaltation  de  la  fainte  Croix  jufqu'à  Pâques , 
&  dans  les  autres  temps ,  tous  les  micrcredis ,  ven- 
dredis &  famedis ,  outre   les  Jeûnes  ordonnés  par 
l'Eglile.  Ils  ne  mangeoient  du  fromage  &  des  œufs 
que  trois  fois  la  femaine  ,  &  s'en  abftenoient  pen- 
dant l'A  vent ,  qu'ils  commençoient  à  la  S.  Marri;i,  & 
pendant  le  Carême,  auquel  temps  il  n'étoit  pas  même 
permis  d'en  manger  dans  les  lieux  où  la  coutume 
ctoit  d'en  manger.  Herrera  &  quelques  autres  Ecri- 
vains croient  qu'ils  n'étoicnt  pas  d'abord  différens 
des  Jean  Bonites.  Ils  furent  de  ceux  qui  réunis  par 
l'autorité  du  Pape  Alexandre  IV  ,  formèrent  l'Ordre 
des  Ermites  de  faint  Auguftin. 

BRIVAUD.  f.  m.  Nom  d'homme.  Berethtvaldus  ,  ou 
Brithvaldus.  Bédé,  en  fon  Hiji.  d'Anal.  Liv.  V , 
eh.  çf ,  dit  que  S.  Brivaiid  étant  Abbé  de  Raculf 
fuccéda  à  Théodore  en  l'Archevêché  de  Cantorbie, 
qu'il  fut  élu  le  I  Juillet  65)1,  facré  l'année  d'après , 
le  Dimanche  19^  Juin  ,  &  inftallé  le  Dimanche 
51  Août,  &  qu'après  37  ans  6  mois  &  14  jours 
d'épifcopat ,  il  mourut  le  9  Janvier.  Ci-iast. 
BRIVE.  Ville  de  France  dans  le  Bas-LimouJin.5r/v^j  , 
Brivatenjîs  viens .,  ou  pa^us  ,Briva  Curreiia.Pavcc- 
qu'elle  eit  fur  la  Coureze.  On  la  furnomme  Brive  la 

■  Gaillarde  ,  à  caufe  de  la  beauté  de  fa  fituation. 
Brive  la  Gaillarde  ed  ancienne  ,  &  Grégoire  de 
Tours  en  fait  mention. 

>  Brive;  Briva,  cil:  un  ancien  nom  celtique,  qui 
s'eft  dit  au(îi-bien  quci'riga,  pour  lignifier  une  ville. 
Les  Thraces  difoicnr  èria  ,  au  rapporr  de  Strabon  , 
Liv.  VU.  On  a  dir  aufTi  Irica.  On  fait  que  le  g 
&  Vv  fe  changent  fouvent  l'un  dans  l'autre ,  Galli , 
Walli ,  &c.  Briva  en  celtique  a  audî  lignifié  Porit  ; 
c'eft  de-là  que  tant  de  villes  lituées  fur  des  rivières 
ont  été  appelées  èriva  ,  ou  Iriga.  Langol^riga  fur 
le  Douro  ,  Samobriga  dans  Célar  ,  &  Sambriva 
dans  l'Itinéraire  d'Antonin  -,  Augujlo-bri%a  fur  le 
Tage  \  Briva  Ifarœ. ,  Pôntoife  ;  de  même  Briva 
Curretia  ,  ou  Curretii  ,  Brive  fur  Courreze ,  &c. 
Voyez  Cluvier ,  Germ.  Am.  L  ,  I ,  cap.  j  ,  p.  61 , 
6'  fuiv.  Ce  mot  à  eu  la  même  lignifîcarion  chez 
les  anciens  Bretons  -,  Cambdcn  leconjeéture,/?.  i9(5', 
du  nom  Durobriva  ,  qu'il  croit  fignifier  aquiz  tra- 
jeclus. 

ÎP"  BRIVÎO  Petite  ville  d'Italie  dans  le  Duché 
de  Milan  fur  l'Adda ,  entre  Como  &  Bergame. 

ffT  BRIXEN  &:  Bressenon.  Briximo  ,  Brixina  , 
&  Brixinum.  Ville  d'Allemagne  ,  dans  le  Tirol  , 
avec  un  Evêchc  fuffragant  de  Saltz-Bourg, 

|3"  BRIXENSTADT.  Petite  ville  d'Allemagne,  en 
Franconie,  à  neuf  milles  d'Anfpach. 

BRIZO.  f.  f.  Déefle  des  longes ,  ou  plutôt  des  pré- 
diélions  qui  fe  faifoient  par  les  longes.  Elle  écoit 
honorée  par  les  Déliens.  {CF  On  lui  ofFroit  des  Na- 
telles  pleines  de  toutes  fortes  d'offrandes ,  excepté 
de  poilîbns.  Ce  nom  vient  du'grec  Pf-S,u^ ,  dormir.  Les 
fonges  qu'elle  envoyoit  étoient  regardés  comme  des 
oracles. 

BRIZOMANCIE ,  ou  BRIZOMANCE,  f.  f.  Art  de 
deviner  les  chofes  futures  ou  cachées  par  le  moyen 
des  fonges.  Bri^omarnia.  Aux  fonges  près  que  Dieu 
Terne  II. 


B  R  O 


e.T 


envoie,  c^mme  il  fît  autrefois  dans  l'ancien  TelL- 
ment,  la  briiomancie  cil  une  grande  fupcrftition  » 
ou  une  grande  extravagance.  Les  Grecs  l'appellent 
encore  Enhypniomancie  &  Onirocritique,  Ce  mot 
cft  grec ,  &  vienr  de  lifi-Ç^a, ,  dormir ,  proprement 
dormir  après  le  repas  ,  faire  la  méridienne  ,  & 
de  fianiix  j  divination. 
BRIZOMANCIEN,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Celui  &  celle 
qui  devinent  les  chofes  cachées  ou  futures  par  les 
fonges.  Bri^omantis. 

B  R  O. 

BROC.  f.  m.  ^fT  Gros  vaillcau,  ordinairement  de  bois, 
lié  de  cercles  de  fer  ,  qui  ^*ine  anfe  &:  dent  on  fe 
fert  pour  tirer  une  grande  quantité  de  vin  .à  la 
iois.  Il  eft  principalement  en  ufage  chez  les  Mar- 
chands de  vin  ,  pour  aller  tirer  du  vin  qu'ils  diibi- 
buent  au  comptoir  en  petites  mefurcs.  Œnopho- 
runi  ,    amphora. 

Broch, ielonle  P.Pezron,  cft  un  mot  celtique, 
d'où  le  mot  françois  broc  ,  &  le  mot  grec  fipix"^' ,  ibnt 
venus. 
Broc,  en  quelques  endroits  de  France  ,  ed:  une  m.efurc 
de  deux  pintes  -,  ce  qu'on  appelle  à  Paris  la  quarte , 
&  ailleurs  le  pot.  Vigenère ,  dans  fes  Annotations 
fur  Tite-Live  ,  dit  que  le  broc  eO  de  divers  cali- 
bres ,  c'eft-à-dire  ,    de  diverfes   grandeurs  -,  mais 
que  le  vrai  efl:  de  douze  pintes.  Cela  p.iroîr  plus 
cxad:  -,  car  on  diftingue  communément  le  broc  du 
por,  &  le  pot  contient  deux  pintes. 
Broc  ,   fignifioit  autrefois  une  broche,   Féru  ;  mais 
il  n'eft  plus  en  ufage  qu'en   cette  phrafe  prover- 
biale ,  manger  un  rôti  de  broc  en  bouche  -,    pour 
dire  ,  tout  chaud ,  au   fortir  de  la  broche. 
3;',oc  ,  fe  prend  (  en  Dauphiné  )  pour  une  difficulté 
qui  le  prcfcnte  à  celui  qui  fait  quelque  chofe,    & 
quf  l'arrête.  Obex ,  impedimcntmn-,  Ji^^cnltas.  On 
dit  d'un  homme  qui  parlant  en  public  héfite  long- 
temps,  qu'il  a  trouvé  un  broc.  Cette  manière  de 
parler  efl:  du  bas  peuple.  Chorifr  ,  qui'a^out?  avec 
beaucoup  de  vraifemlTlancc  ,  qu'.;lle  efl:  grecque, 
que  c'ell:  celle  dont  S.  Paul  fe  fert,  /,  Ccr.  Fil , 

33   ,   ''  ii^.iix  ^f,tyd  •luTu     «ViSâ^i',    OU    P.    R.    a    ttad  'it    , 

non  pour  vous  faire  romber  dans  un  /"/iTj,  J^f,  Si_ 
mon  f'e  fert  auîfi  du  mot  pièi^e.  Il  f^roit  mieux  de 
dire ,  non  pour  vous  faire  de  h  difficulré  ,  vous,  eau- 
fer  de  l'embarras.  Quoi  qu'il  en  foit ,  Choricr  dérive 
broc  en  ce  fens  avec  beaucoup  de  raifon  de  /Ssî^t»? . 
un  lacet ,  un    lac  ,  en  latin  l.i.jueus 

\SfT  BROCALO.  Petit  Royaume  d'Afrique  dans  la 

i      Nigritie ,  vers  les  embouchures  du  Niger. 

, BROCANTER,  v.  n.  Faire  métier  d'acherer  Z<  de 
revendre  ,  ou  troquer  des  tableaux  ou  autres  cu- 
riofités  ,  bronzes,  médailles,  bijoux.  Cet  homme 
s'eft  enrichi  à  brocanter. 

BROCANTEUR,  f.  m.  Terme  en  uQge  parmi  les 
Peintres  &  les  curieux  de  Paris.  C'efl  celui  qui 
achète  &  revend  ,  ou  troque  des  tableaux ,  d-es  mé- 
dailles cC  autres  curiofirés.  |C'eft  un  des  plus  habiles 
&  des  plus  fins  brocanteurs  de  Paris. 

BROCARD,  f.    m.    Raillerie    piquanre.    Diclarium. 

,     Lorfque  la  raillerie  fort  des  bornes  que  lui  prc/- 

I  crit  la  politclîe  ,  elle  dégénère  en  brocard.  L» 
rai Hcrien'oi^cu'ic \;'om.'L'j brocard c{\.  une  injure. L';s 
difcurs  de  brocards  font  fujets  à  pludrùrs  aventures 
fachcufes.  Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  latin 
broc-:s  ,  qui  lignifie  celui  çui  a  la  bouche  ou  Ls 
dents  qui  avancent  en  dehors.  On  s'eft  fervi  de  ce 

;     mot   pour  marquer   un   homme   mordant  &  faty- 

\     rique. 

On  appelle  brocard  ^.  droit ,  des  principes ,  ou 

'  premières  maximes  de  droit ,  tels  que  ceux  d'A^o  , 
qu'il  appelle  Brocardica  Juris.  Vo.Tius  dérive  ce 
mot  du  g.rec  ■:rpi>T%''X't  ,  c'eft-l-dire  ,  premiers  èU- 
inens.  Doujat  conjcifture  avec  affcz  de  vraifem- 
blafice  y  que  brocard  a  cré  formé  du  nom  de  B'ir- 
clvavd  ,  Evêque  de  W'^orraes ,  qui  a  fait  une  col- 
leclion  de  canons ,  qu'on  appcloit  Brocardica  ;  & 


8 


B  II  O 


ouvi-igc  ccoit  plein  de  roiKcnccs  qu'on    1 
:nt ,  où  appela /Tocari/j;  les  bons  mocs, 


comme;  Ton 

citoit  ibavent ,  on  app 

oa  maximes  fententieulcs  ,  Se  eniuicc  les  traits  de 

railleiie. 
Brocar-d.  D'autres  difemBu-OQUART.  Jeune  ccïf  d'un 

an.  f'^oyei  Brocart. 
^  Brocard,  ctofi-e.  Voyei  Brocart, 
^3"  BROCARDER,  v.  a.  Donner  des  brocards.  Of- 
fenfer  pat  d?5  traits  plailans  &;  latyriques ,  par  des 
railleries  piquantes  &  malis;nes.  Dicleria  âicere ,  die- 
lis  mordadbus  aliquim  petere  ,  mordoré.  Un  homme 
iage  s'abftient  Je  plus  qu'il  peut  de  hocardcr.  On 
ne  me  brocurdera^^oiM  de  m'être  voulu  commenter 
piûi-mcme.  S.  Amand.  11  ne  luit  que  brocarder  le 
tiers  Se  le  quart.     .|| 

Mais  ces  leçons  t'ont-elles  engagé 
A  brocarder  un  Auteur  affligé  ?  R. 

PROCARDÉ  ,  ÉE  part. 

ÇROCARDEUR ,  EUSE  ,  f.  m.  ic  f.  Ce  mot  Te  troitve 
damPomcy  &:  dins  le  Did.  de  l'Acad.  pour  di- 
feut  &  difeufe  de  brocards ,  de  railleries  piquantes. 
Acerbus  ,  mordax  irrijor. 

BROCART,  f.  m.  D  autres  ccrivcnt  brocard.  Origi- 
nairement en  fa  propre  lignification  c'eft  une  étolfe 
tililic  toute  d'or ,  tant  en  chaîne  qu'en  trame  ,  ou 
d'argent ,  ou  des  deux  enfcmble.  rejiis  Attalka , 
Analiciim  textile.  Après  on  l'a  étendu  aux  étoffes  où 
il  y  avoit  quelques  porfilures  de  l'oie  pour  relever  & 
donner  de  l'ombrage  aux  fleurs  d'or  dont  elles  ctoient 
enrichies-,  &:  enfin,  on  adonne  ce  nom  aux  étoffes 
■de  Ibie  ,  Ibit  de  fatin  ,  foit  de  gros  de  Naples  , 
ou  de  Tours  ,  ou  de  taffetas  ouvrages  de  fleurs 
.     &  d'Arabefques ,  qui  les  onr  rendues  riches  &;  prc- 

cieufes,  comme  le  vrai  brocart. 
'Brocart  de  foie  ,  f.  m.  Coquillage.  Une  des  efpèces 
du  rouleau.  Il  imite  le  brocart  de  foie  par  la  bi- 
garrure brune  ,  lur  un  fond  blanc. 

BROCATELLE.  f.  i.  Pcrite  éroffe  laite  de  coton  ou 
de  groffe  Joie  à  l'imitation  du  brocart.  Il  y  en  a 
aufli  de  toute  foie  6c  de   toute  laine. 

On  a  écrit  brocatel ,  &  il  ctoit  mafculin.  Ils  ctoient 
fuperbement  habillés  de  brocatel  ,  &  couleur  de 
rôle ,  tout  couverts  de  broderie  d'or  &  de  perles. 
La  Colomb. 

Brocatelle,  cft  aufTi  une  cfpcce  de  marbre,  dont 
le  fond  eft  jaune  &:  violet ,  ou  rougeâtre  :  il  vient 
d'Efoagne. 

§a-  dn^pclle  aulTi  marbre  de  JSrocd/e//^  une  autre 
Ibrte  de  marbre  de  plulieurs  couleurs. 

BROCCOLI.  r.  m.  Petit  tejeton  que  pouffe  le  tronc 
d'un  vieux  chou  après  l'hyver.  On  mange  les  broc- 
colis  en  falade.  Ce  mot  vient  d'Italie  ,  &  s'ex- 
prime en  quelques  Provinces  de  France  par  le  mot 
de  Brottons  ou  Broutone  de  choux.  Voyei  BROQLfE. 

(C?  L'Académie  ccnz  Brocoli ,  5c  en  fait  une  efpèce  de 
chou  qui  nous  vient  d'Italie  ,  dont  nous  avons  con- 
fetvé  le  nom  italien.  Les  vocabuliftes  copient  à  leur  or- 
dinaire. Il  eft  vrai  qu'il  y  a  un  chou  nommé  brocoli , 
dont  la  feuille  efl:  d'un  gros  vert  ,  frilce  6c  bou- 
clée comme  celle  du  gros  milan  ,  mais  alongéc 
comme  celle  du  chou-fleur.  Des  aiff;lles  de  chaque 
feuille  il  fort  un  drageon  ,  qu'on  nomme  bro.jnc 
en  quelques  provinces  -,  5c  c'eft  ce  dragon  qu'on 
mange  à  l'huile ,  ou  au  beurre  ,  ou  cuit  avec  de  la 
viande. 

^  O.i  donfle  auffi  le  nom  de  brocoli  à  tous  les  re- 
jetons des  choux  pommés  ou  ftifés  dont  les  pieds 
ont  refté  en  tetre  pendant  l'hyver  ,  après  avoir 
coupé  les  pommes ,  &c  qui  repouffent  au  printemps. 
Enfin  il  y  a  le  vrai  brocoli  qui  nous  vient  d'Italie  , 
qui  fait  une  pomme  comme  le  chou-fleur  ,  avec 
cette  différence  qu'elle  eft  violette  ,  6c  que  le 
grain  n'eft  pas  fi  fin ,  ni  fi  ferré. 

BIÎOCCUS.  f.  m.  Nom  d'une  forte  de  coquillage. 
l-^oysi  Coquillage. 

BROCEREUX.  adj.  Vieux  mot.  On  a  dit ,  lieu  bro- 


ccreux  ;  fOut 


Kn  lieu  plein  de  bois  6c  dî 


BR  O 

broffalUes  :  6c  bois  brocereux  ;  pour  dire  ,  un  bois 
plein  de  nœuds. 
BROCHANT,  adj.  Terme  de  Blifon.  Foyei  Brocher. 
BROCHE,  f.  f.  Pièce  de  fer  longue  6c  menue ,  apla- 
tie par  le  milieu  ,  qui  a  une  roue  ou  une  m.ani- 
velle  au  bout  ,  Se  qui  fert  à  rôtir  de  la  viande. 
Féru.  Il  faut  mettre  ce  rôt  à  la  broche.  Il  ne  lui 
faut  que  deux  tours  de  broche.  Il  eft  temps  de  metcre 
en  broche. 

(ÇJ'  Dans  les  arts  &c  métiers  on  donne  généralement 
le  nom  de  broche  à  tout  outil ,  inftrumenr  ou  ma- 
chjne  ,  d'une  figure  longue  &c  menue  ,  fervant  à 
traveri'er  ou  à  loutenir  d'autres  chofes. 

Broche  ,  le  dit  de  certaines  aiguilles  longues  de  fil 
de  fer ,  qui  fervent  à  tricoter  des  bas  ,  à  faire  du 
ruban ,  du  brocart  6c  autres  étoffes.  Veruculiim. 
Ce  ruban  eft  à  double  broche. 

Broche  ,  eft  auffi  une  pointe  de  fer  qui  eft  daos 
la  ferrure  ,  qui  doit  entrer  dans  le  ttou  d'une 
clef  forée.  On  appelle  broches  rondes  ,  des  mor- 
ceaux de  fer  rond  ,  donr  les  Serruriers  fe  fervent 
pour  taire  des  couplets  S^':  des  fiches ,  6:  pour  tourner 
plufieurs  pièces  à  chaud  ^  à  froid.  Il  y  a  auifi  des 
broches  cames  ,  fur  lefquellcs  on  •  tourne  des 
pièces. 

Broche  ,  eft  aullî  la  pointe  de  fer  qui  eft  au  mi- 
lieu d'un  blanc  ,  où  l'on  vife  pour  tirer  de  l'arc  ,  ou 
de  l'arqucbufe.  En  ce  fens  on  dit ,  faire  un  coup 
de  broche;  pour  dire,  enfoncer  la  broche. 

BiocHE  ,  eft  auffi  un  tetme  de  Cordonnier  ,  qui 
fignifie  l'inftrument  avec  lequel  ils  brochent  les 
talons. 

Broche.  Terme  de  Balancier.  Ce  font  de  petits  mor- 
ceaux de  fer  tonds ,  qui  paffent  au  travers  de  la 
virole  du  pefon. 

Broche.  Terme  d'Imprimerie.  C'eft  une  barre  de 
fer  ,  à  laquelle  eft  attachée  la  manivelle  qui  fert 
à  faire  rouler  le  train  de  la  preffe  fur  les  bancs. 
On  appelle  broche  de  rouet  à  filet ,  la  verge  de 
fer  qui  paffe  au  travers  de  la  noix,  8c  qui  lui  1ère 
d'aidîeu.  La  broche  du  rouet  palTe  auffi  au  travers 
des  fuléaux  Se  des  ailettes.  Les  fileufcs  ne  fau- 
roient  plus  filer  quand  on  a  forcé  la  broche  de 
leur  rouet ,  Se  qu'elle  eft  crochue. 

Broche  ,  fe  dit  auffi  d'une  petite  verge  de  bois ,  ou 
baguette  ,  où  l'on  fufpend  des  harengs  pour  les 
faire  égourter  ,  ou  des  chandelles  ie  des  ciergej 
dans  les  boutiques. 

Broche.  Terme  d'Artificier.  C'eft  une  petite  verge 
ronde ,  conique  ,  de  fer  ou  de  bois  fort  ,  tenant 
au  culot  du  moule  d'une  fufée  volante ,  pour  mé- 
nager un  trou  de  même  figure  dans  la  matière 
C3mbuftible  dont  on  la  charge,  ùc. 

Broches.  Ce  font  de  petits  morceaux  de  bois  poli, 
en  forme  de  cône  très-pointu  ,  avec  lefquels  les 
Marchands  ciriers  percent  les  gros  bouts  de  leurs 
cictges ,  afin  qu'ils  puiflent  entrer  dans  les  fiches 
des  chandeliers. 

Broche  ,  en  termes  de  marchand  de  vin ,  fe  dit  de 
la  cheville  qu'on  met  à  un  muid  pour  boucher 
le  trou  qu'on  a  percé.  Du  vin  vendu  à  la  brochg 
ou  en  détail. 

En  ce  fens  on  dit  proverbialement,  couper  broche 
à  quelque  chcfe  •-,  pour  dire ,  empêcher  qu'elle  ne 
continue ,  comme  on  interrompr  le  cours  du  vin^ 
quand  on  a  coupé  la  broche  du  tonneau.  Cette 
femme  s'eft  mile  dans  la  retraite  pour  couper  broche 
à  toutes  les  médifances.  Je  lui  ai  refufé  de  l'ar- 
gent tout  plat  ,  pour  coupçr  broche  à  toutes  fes 
importunités. 

Ce  mot ,  félon  Du  Cange  ,  vient  de  brocccs ,  eu 
brochiez ,  qu'on  a  dit  dans  la  baffe  latinité ,  pour 
dire  ,  des  pieux ,  ou  bâtons  pointus  ou  ai^uifis. 
L'Abbé  Gaufroi,  dans  la  vie  de  S.  Pierre,  Arche- 
vêque de  Tarentaife  ,  dit  que  l'on  appeloit  vulgai- 
rement ^roc^e,  broches,  des  bâtons  pointus.  Il  écri- 
voit  au  XIP  liècle. 

Broches  ,  en  termes  de  chaffe,eft  un  nom  qu'on  donnr 
aux   défenfes  du  Sanglier.  Aprugm  dentés  fakuti. 


B  RO 

moctîES  »  eft  un  vieux  mot  qui  fi^nine  lûmorroïdes. 
Elle  cheut  eu  une  dani^ereulè  &  dcplailante  mala- 
die, que  communément  on  appelle  hoches.  Cent 
nouvelles  nouvelles. 
On  dit  proverbialement  d'Un  homme,  qu'il  ne  met 
pas  tout  l'on  rôt  à  une  mèmz  troche ;  pour  dire, 
qu'il  le  mêle  de  plus  d'une  aiiaire  &  de  plus  d'un 
néç^oce. 

BFv.OCHEE.  r.  f.  La  quantité  dé  viande  qui  peut  tenir 
à  une  broche.  Infiruclum  vera  carnibus.  Il  a  fallu 
trois  brochées  pour  faire  cuire  le  rôt  de  ce  feftin. 
Les  Rotifleurs  font  cuire  plufieuts  Brochées  de  viande 
en  même-temps. 

Brochée  ,  cfl:  auili  un  terme  de  Chandelier.  Il  fignifie 
plufieurs  mèches  de  chandelle  fur  une  broche. 

BROCHER,  v.  a.  Piquer  un  cheval  avec  des  éperons 
pour  le  faire  courir  plus  vite.  Equi  latera.  calcarièus 
fodere.  On  difoit,  i^roc/z^r  des  éperons.  En  ce  fcns 
il  eft  vieux  &  hors  d'ufage.  Le  Duc  de  Beaufort 
appeloit  brocher  Bayard ,  courir  à  toute  bride 
après  les  chiens.  S.  Evrem. 

Ce_  mot  vient  de  brofsr  &  brcjfailles ,  d'autant 
qu'il  faut  piquer  pour  avancer  chemin  dans  les  broifes. 

Brocher,  fe  dit  dans  le  figuré  ,  pour  fignifîer,  écrire, 
compofer  à  la  hâte.  Deproperare.  Ce'Clerc  a  broché 
cette  copie  :  cet  Auteur  a  broché  ce  Roman  ;  pour 
d'ire ,  ils  n'y-  ont  point  apporté  tout  le  foin ,  ni 
toute  l'application  qu'ils  pouvoienr. 

Brocher  ,  en  termes  de  Manège  ,  lignifie  faire  entrer 
un  clou  avec  le  brochoir  au  «avers  de  la  corne  ,  ^- 
du  fer  du  cheval  pour  le  ferrer.  Equo  fole.ts  induere. 
Il  faut  tantôt  brocher  haut,  tantôt  brocher  bas ,  pour 
b-ien  ferrer  un  cheval ,  félon  que  fa  corne  eft  plus 
épaifle  ou  plus  mince. 

Brocher,  fignifie,  pafler  de  l'or ,  de  l'argent,  de  la 
foie  ,  de  côte  &  d'autre  dans  l'étoff-e.  Brocher 
une  ctofte.  Auriun  ferico  intexere.  Cette  étoffe  eft 
brochée  d'or  &  d'argent.  On  broche  des  bas  à  l'ai- 
guille ,  quand  on  rricote. 

Brocher.  Terme  de  Cordonnier.  C'eft  attacher  avec 
,.  des  doux.  Brocher  un  talon,  brocher  une  femelle. 

Brocher.  Terme  de  Couvreur.  C'eft  mettre  de  la  tuile 

.  en  pile  fur  les  lares  ,  entre  les  chevrons. 

Brocher.  Terme  de  Cordier.  C'eft  mettre  k  boulon 
au  travcts  du  touret.  Brocher  le  touret. 

|Cr  Brocher.  Terme  de  Relieur.  Brocher  un  livre , 
c'eft  en  aifembler  les  feuilles  ou  cahiers,  les  coudre 
avec  de  la  ficelle ,  &  les  couvrir  de  papier  ou  de 
carton,  Librum  compaclum  papyro  cooperire. 

Brocher,  v.  n.  Terme  de  Jardinier.  II  fe  dit  des  ar- 
bres nouvellement  plantés,  &  qui  commencent  à 
poufler  de  petites  pointes.  Tout  le  monde  n'ap- 
prouve pas  ce  mot  -,  mais  les  Jardiniers  s'en  fervent , 
&  difem  ,  l'arbre  broche ,  l'arbre  ne  broche  pas  encore. 

Brocher  &  Brochant,  en  termes  de  Blàfon ,  fe  dit 
des  bandes  ,  cotices  ou  bâtons  &  autres  pièces , 
même  des  lions  &  des  aigles ,  qu'on  fait  pafler  d'un 
bout  de  l'écu  à  l'autre,  ou  qui  traverfenr  fur  d'au- 
tres pièces.  Supergredi ,  fuperferri.  Il  porre  d'azur 
au  lion  d'or  ,  à  la  fafce  de  gueules ,  brochant  fur  le 
tout.  On  dit  que  des  chevrons  brochent  fur  des 
burelles  -,  pour  dire ,  qu'ils  paflent  cfans  l'écu  fur 
des  burelles. 

,  On  dit  figurcment,  brochant  fur  le  touf .,  en  par- 
lant d'un  homme  qui  fe  fait  remarquer  plus  que  les 
aurres  dans  une  compagnie,  foit  en  bien ,  foit  en  mal. 
J'y  ai  trouvé  fix  perfonnes  &  un  tel  brochant  fur  le 
tout.  Il  eft  du  ftyle  familier. 

Brocher,  fe  dit  quelquefois  au  fubftantif.  Pour  lors, 
il  s'entend  des  façons  qui  ont  été  brochées  fur  une 
ctofFc.  L'on  dit  en  ce  fens  que  le  fimblot  fert  au 
brocher  d'une  gaze,  &  qUe  It  brocher  d'un  brocard 
eft  bien  fair. 
BROCHE ,  EE ,  part.  Un  livre  broché.  Ce  livre  broché 

coûte  un  fol  plus  qu'en  blanc. 
BROCHET,  f  m.  Poiffon  d'eau  douce,  blanc,  long 
&c  fort  vorace ,  qui  mange  les  autres.  La  dent  du 
Brochet  z?c  fort  venimciife  ,  S^  fait  partie  de  l'os 
de-  la  mâchoire.   Lncms, 


BR  O  8| 

Ip'  On  trouve  dans  quelques  Brochets  dos  ci-uts  &c 
une  laite  en  même-temps.  D'où  l'on  conclut  qu'ils 
font  hcrmaplirodites. 

ifF  On  le  prépare  dans  les  cuifines  de  plufieurs  ma- 
nières. Les  œufs  de  broche/^  excitent  des  naufées 
&  purgent  violemment.  Sa  chair  eft  blanche ,  ferme, 
a/iez  nourrilfante ,  indigcfte  pour  bien  des  gens  ; 
quoique  les  Vocabuliftes  afllircnt  qu'elle  eft  facile 
à  digérer. 

Les  Mancini  prirent  deux  brochets  pour  leurs 
armes ,  à  l'exemple  des  Colonnes  &c  des  Urfini  y 
qui  partent  de  leur  nom ,  pour  faire  alluiion  au 
nom  Lucius  ,  lequel  éroit  c'ommun  dans  leur  maifon, 
Mascijr.  Car  encore  que  le  R.  P.  Silveftro  Pietra- 
Santa  in  tejjeris  Gentilitiis  ne  leur  donne  point 
de  nom ,  néanmoins  Ganzc  S:  Gozzc  difent  que 
ce  font  deux  brochets.  Id.  On  tient  que  c'eft  Au- 
fone  qui  le  premier  lui  a  donné  ce  nom  Lucius , 
qui  femble  dérivé  du  grec  /r'».;  ,  qni  fignifie  loup  , 
parce  qu'il  dévore  les  poilfons  des  rivières ,  comm; 
le  loup   marin  fait  ceux  de  la  mer. 

On  appelle  brochet  carreau,  un  gros  brochet ^ 
&  qui  à   plus  de  dix-huit  pouces  entre  œil  &  bat. 

Bp.ochet  de  mer.  Les  habitans  des  îfcs  Antilles  ap- 
pellent ainfi  une  elpèce  de  petit  Lézatd  amphibie 
qui  fe  nomme  eu  Egypte  Stinc  marin.  On  fait 
entrer  la  chair  de  cet  animal  dans  la  compofition 
du  mithridare.  Foye^  Stinc  Marin. 

Brochet  de,  terre.  Reptile  qui  fe  trouve  dans  les 
Iles  de  l'Amérique.  Il  a  toute  la  figure  ,  la  peau 
&  la  hure  de  nos  brochets  de  rivière  5  mais  au  lieu 
de_nageoires  ,  il  a  quatre  pieds,  qui  font  fi  foibles,, 
qu'il  fe  traîne  fur  la  terre  en  rampant  &  en  ferpcn- 
tant  comme  les  coulcuvrers ,  plutôt  qu'il  ne  mar- 
che. Les  plus  grands  n'ont  que  quinze  .pouces  de 
long  fur  une  grofieur  proportionnée.  Leur  peau 
eft  couverte  de  petites  écailles  qui  font  extrême- 
ment luifantes  èc  de  couleur  de  gris  argenté.  Quel- 
ques curieur  en  ont  dans  leurs  cabinets,  qu'on 
leur  fait  pafler  pour  des  Salamandres.  Pendant  la 
nuit  ils  font  un  bruit  effroyable  de  deflbus  les 
rochets ,  &  du  fond  des  cavernes  où  ils  fe  riennent  ;' 
&:  ce  bruit  eft  beaucoup  plus  déiagréable  que  celui 
des  grenouilles  &  des  crîpaux.  Ils  ne  fe  montrent 
prefque  point  qu'à  l'entrée  de  la  nuit.  Lonvill, 
Liv.  î ,  Ch,  I  3  ,-  Art.  j  de  tHifi.  nat.  des  Antilles,' 

B  R  O  C  H  E  T  O  N.  f.  m.  Brochet  de  petite  ou  de 
moyenne  taille.    Lucius. 

ffT  BROCHETTE.  C'eft  en  général  un  petit  morceau 
de  bois  ou  de  fer  long  &  pointu ,  qui  ,  pafle  dans 
quelque  corps,  fert  à  unir  ,  foutenii  ou  rappro- 
cher fcs  parties.  On  le  dit ,  en  termes  de  cuiline , 
d'un  petit  morceau  de  bois  poiritu  qui  fert  à  faire 
tenir  ferme  la  viande  à  la  broche..  Veruculum. 

Brochette,  eft  aufli  un  nom' que  les  Fondeurs  don- 
nent à  leur  échelle  campanairc  ,  qui  leur  fert  à 
connoître  la  giandcur ,  l'épaifleur  &  le  poids  des- 
cloches. Ils  l'appellenr  auffi  bâton ,  régie  Se  diapafon. 

Brochettes,  en  termes  d'Imprimerie  ,  fe  dit  de  ce 
qui  tient  la  ftifquette  fur  le  grand  rympan,  |KF  Ce 
font  deux  petites  tringles  de  fer  de  quatre  à  cincf 
pouces  de  long  fur  huit  à  dix  lignes  de  circonfé- 
rence ,  qui  vont  en  diminuant  d'une  extrémité  à 
l'autre ,  afin  qu'on  puiflîe  les  ôter  quand  on  veut  dé- 
tacher la  ftifquette  du  tympan. 

Brochette,  fe  dit  aulfi  du  petit  morceau  de  bois 
au  bour  duquel  on  donne  à  manger ,  ou  ,  comme 
l'on  dir ,  on  donne  la  becquée  aux  jeunes  oifeaux 
qu'on  élevé.  Nourrir  des  oifeaux  à  la  brochette , 
c'eft  les  nourrir  ainfi  foi-même  ,  fans  les  laiflcr 
nourrir  à  leurs  pères  &  mères.  A  dix  ou  douze  Jours 
vous  ôterez  à  la  femelle  fes  petits  ferins ,  pour 
les  nourrir  à  la  brochette ,  afin  qu'elle  ne  fe  fa- 
tigue pas  tant.  Hervihux.  Des  oifeaux  nourris  à 
la  brochette  font  plus  privés  que  d'autres. 

On  dit  au  figure  :  Un  enfant  élevé  à  la  bro- 
chette ;  pour  dire  ,  élevé  avec  beaucoup  d'appli- 
carion  &  de  foin. 

On  appelle  brochettes  ,  des   morceaux  de  foi©'' 

tij 


^4 


B  RO 


^rras,  &  de  riz  de  veau  palfcs  &c  rôtis  dans  de 
petites  brochettes  de  bois  ou  d'argent.  Servir  une; 
p  ièce  de  bœuf  avec  des  brochettes. 
BIIOCHETTER.  un  cuir.  Terme  en  ufage  parmi  ies 
Boucaniers  de  l'Ile  de  S.  Domin^^ue.  CcH:  étendre 
un  cuir  fur  la  terre  avec  plulieurs  chevilles  ,  ou  bro- 
chettes de  bois ,  pour  le  Icchcr  ,  6c  le  mettre  en 
état  d'être  embarque  fans  fe  gârcr. 
Brochetter  ,    terme    de  Marine.  C'eft  mefurer  les 

membres  6:  les  bordages  d'un  vailfeau. 

BROCHETTE,  ÉE.  p.  &c  ad).  Il  fe  dit  des  artifices 

percés  d'un  trou  plus  petit  ou  plus  courr  que  i'ame 

des  fufées  volanres  ,    foir  en    les    chargeant  avec 

des  baa;uertes    percées,    foit   après  coup,  en    les 

chargeant  mafllfs  ,  &    les  perçant    enfuite  fuivanr 

leur^xe,  pour  leur  donner  un  mouvement    plus 

vif,  comme  à  quelques  ferpentaux   qu'on  appelle 

fougues,  lardons  ou  (tt^tntàMX  brochettes.  Voyez 

FouGTfES  ,  Lardons. 

BROCHEUR,  EUSE.  f  m.&f.  Ouvrier  &  ouvrière 

qui  fait  des  bas   avec  des  aiguilles  à  tricoter.  On 

le  dit  auflî  de  l'ouvrier  &  de  l'ouvrière  qui  broche 

des  livres. 

BROCHOIR.  f.  m.  Marteau  de  Maréchal  qui  lui  lert 

à  ferrer  les  chevaux. 
BROCOLI.  Voyei  Broccoli. 

gCTBROCHURE.  f.  £  Petit  ouvrage  de  peu  de  feuilles, 
qui  n'elt  pas  relié  comme  un  livre  ,  mais  limple- 
menr  couvert  de  papier.  L'ufage  a  particulièrement 
confacrc   ce  nom  aux  petits  ouvrages  nouveaux  , 
ordinairement  mauvais ,  dont  le  public  efl:  inondé. 
Brochure,  fe  dit  en  termes  de  Minufaéture  d'étof- 
fe de  Ibie.  Ce   font  toutes    les  façons ,   figures   & 
ornemens  que  l'on  ajoure  au  fond  d'une  ctofle  de 
foie,   d'or   ou  d'argenr ,   ou    pour  l'enrichir,   ou 
pour  l'embellir  ,   &  en  relever  le  prix  &  la  beauté. 
Ce  fond  efl  quelquefois  de  peu  de  valeur  ,  quel- 
quefois précieux  par  foi-mcme. 
BRODE,  f.  f.  En  termes   de   point  Royal  ou   point 
de  France  ,  on  ne  fe  fert  point  du  terme  broderie  , 
on  dit   de  la   brode.  Ce  point  eft  compofé  de   la 
trace  du  fond  ,  de  la  brode  ,  du  rézcau  ou  du  den- 
telon  de  la  bride. 
Brode,  adj.  Ce  mot  eft  du  ftyle  bas,  &fig;nificune 
femme  dont  le  teint  eft  un  peu  noir.  Fujcus.  Une 
femme  brode.  On  appeloit    autrefois  du  pain  bis , 
du  pain  brode  ,    comme   il  paroît  par    un  Règle- 
ment de  Police   pour  Paris  du  30    Mars  i(Î3  5. 
^  BRODEQUIN,    f.  m.  ou  Bottine,  f.  f.  Cahga. 
Chaudure  d'un  funplc  foldat  Romain  en  guerre ,  d'où 
vient  que  le  mot  caligatus  (\s.m<àc  un  fimple  foldat. 
C'eft  ainfi  qu'il  faut  entendre  le  paffage  de  Suétone 
dans  la  vie  d'Augufte.  Coronas  murales  fœpè  etiarn 
caligatis  tribuit  ;  qu'il  accorda  fouvent  des  couronnes 
mur'ales  aux  fimples  foldats  qui  montoient  les  pre- 
miers fur  les  murailles  des  villes  ennemies.  C'eft 
ainfi  qu'il   faut  entendre   ce  que    dit    Sencque  de 
Marius  qui  de  fimple  foldat ,  ctcit  parvenu  au  con- 
fulat.    A  caliga    ad  confulatum    perveniffe.    Audi 
Agrippine  fit-elle  appeler  Ca/igu/a  fon  fils   Caïus , 
à  caufe  qu'étant  né  à  l'armée  ,  elle  lui  faifoit  porter 
de  ces  bortines ,  comme  les  fimples  foldats ,  pour 
les  gagner  par  cette  complaifancc.  Cette  chaulfure 
venoit  jufqu'au  milieu  de  la  jambe  :  la  partie  in- 
férieure ,  ou  le  calceus  ,  éroit  une  femelle  de  bois 
fort  épaiffe ,  quelquefois   de  cuir  -,  la  partie  fupé- 
rieure  ,  qui  étoit   proprement  le  caliga ,  étoit    de 
cuir  ,    quelquefois  d'étoffe   très-précieufe ,  lorfque 
cette  chaufllire  devint   à  la  mode  ,    &  paffa    des 
foldats  jufqu'aux  Princes.  Elle  étoir  garnie  de  pe- 
tirs  doux  de  fer,  8c  même  d'or  &  d'argenr.  Il  y 
avoir  un    fonds    deftiné  pour    fournir   ces    doux 
aux  foldats ,  qu'on  appeloir  clavarium ,  &  les  Of- 
ficiers qui  en  étoient  les  diftributeurs  ,    fjb   nom- 
moient  clavarii  :  tel  fut  le  père  de  Suérone.  Juftin 
nous  apprend  que  tous  les  foldats  de  l'armée  d'An- 
tiochus  firent  orner   leurs  bottines  de  doux  d'or. 
Ar^enti  certc  ,  aiirique  tantùm  ,  ut  etiam  gregarii 
milites  caligas  auro  fuffigerent. 


B  R  O 

Cette  chaufilire  croit  carrée  par  en  bas ,  êc  comme 
le  'calceus  éroit   fort  épais ,  elle  donnoit  une  taille 
de  héros  aux  hommes   ordinaires.    Efchyle    inrro- 
duilit  l'ufage  du  brodequin  ,  cothurnus  ,  lut  le  théâ- 
tre ,   &  le    fit  chauifer   à   fes  adteurs ,    pour  leur 
donner  une  raille  plus  avanrageufe  :  il  étoit  diftin- 
guc  du  foc,  efpèce  de  foulier  beaucoup  plus  bas, 
affeélé  à  la  Comédie.   De-là,  chez  les^  Poètes,  le 
mot  de  brodequin  ou  cothurne  défigne  fpecialement 
la  tragédie  ,   &  encore    aujourd'hui    on    dit   d'un 
Poète"  qui    compofe  des    tragédies  qu'il  chauife  le 
cothurne.  Les  Âdeurs  tragiques   n'éroienr  pas    les 
feuls  qui  fe  ferviifent  de  brodequins.  Cette  chauf- 
fure  devint  à  la  mode  ;  les  filles  s'en  fervoient  pour 
paroîrre  plus  grandes  ,  les  voyageurs  pour  fe   ga- 
rantir   des   boues.    Aujourd'hui   il    n'y    a  que   les 
Comédiens  qui  s'en  fervent  lorfqu'ils  repréfenrcnt 
quelque   pièce  tragique  ,  ainfi  que  le  pratiquoient 
les  anciens. 
Brodequin,  félon  Guichard  ,  vient  du  grec  ^po"X'iy 
qui  eft  le  nom  d'une  elpèce  de  chaufllire  -,  comme  li 
l'on  difoit  beronequin.  IÇT  Cette  efpèce  de  chauflùre 
eft  encore  en  ufage  chez  nous  dans  certaines  grandes 
cérémonies.  Chaufler  les  fandalcs  &  les  brodequins 
à  un   Evêque   à  fon  inrronifation.  On  chauife  des 
brodequins  aux  Rois  à  leur  facre.  Acad.  Fr, 
Brodequin  ,   eft  aulfi  un  rerme  d'Académifte,  qui 
fignifie  une  forte  de  petits  bas  à  érrier ,  qui  fonr 
de  laine  ,   Ssi   que  les  jeunes  Académiftcs  merrent 
avant  que  de  ie  botter.  Caliga.  Ces  brodequins  ne 
viennenr    qu'à  mi-jambe  :   ils  fervent  à  bien  rem- 
plir la  botte.  Les  bottes  vont  bien  mieux  avec  des 
brodequins  qu'avec  des  couHîncts. 
Brodequins  ,  au  pluriel ,  fe  dit  d'une  efpèce  de  tor- 
ture qu'on  donne  aux  criminels  par  le  moyen  d'une 
chauflurc  de  parchemin  fp"  que  l'on  mouille  & 
que  l'on  applique  ainfi  à  la  jambe  du  patient  :  cette 
jambe  étant  enfuite  approchée  du  feu,  le  parche- 
min fe  rerire  ,  &  en  fe  rerrécilfant ,  il  ferre  extra- 
ordinairement  la  jambe,  6c  caufe  par  là  une  rrès- 
o^rande  douleur.  On  la  donne  aufiï  avec  une  forte 
de  brodequins   qui  font  quatre  petits  ais  forts   6c 
épais  ,  dont  un  fe  met  d'un  côté  d'une  des  jambes  , 
un  autre  enrre  les  deux  jambes ,  Se  les  deux  aurres 
de  l'autre  coré  de  la  féconde  jambe  ,  l'un   à  côré 
de  l'aurre.  On  lie  tout  cela  enfemble  avec  de  bonnes 
cordes ,  puis  on  prend  des  coins  de  fer  ou  de  bois 
que  l'on  fait  entrer   à  coups  de  maillet  entre  les 
deux  planches  qui  fonr  à  côré  l'une  de  l'autre.  A 
mefure  que  l'on  frappe,  cela  ferre  d'une  manière  fi 
rcrrible ,  que  l'on  en  a  vu   éclater  les  os  6c  forrir 
la  moële.  On  donne  les  brodequins  à  un  criminel 
qui  n'avoue  pas  de  certaines  choies  qu'on  voudroit 
favoir  avanr  que  de  le  juger. 
BRODER.  V.  a.  Enrichir  une  étoffe  ,  une  mouffeline , 
&c.  par  plufieurs  ouvrages  de  diverfes  figures  qu'on 
frit  deffus  à  l'aiguille.  Acu  pingere.  On  brode  avec 
de  l'or ,  l'argent ,  la  foie ,  le  fil ,  &c.  On  brode  auffi 
les  points ,  les  dentelles ,  avec  du  fil  &  du   cor- 
donner. 

Le  P.  Thomaffin  dérive  broder  de  l'hébreu  bar  ad, 
grêler ,  marquer  de  poinrs ,  comme  foir  la  grêle , 
"parce  qu'il  y  a  quelque  chofe  de  femblable  dans 
la  broderie.  Cela  n'eft  poinr  du  rout  vraifembla- 
ble.  Broder  vient  de  border  Voyez  au  mot  Brodeur. 
Broder,  fe  dit  figurémenr  des  embelliffemens  qu'on 
ajoure  à  quelque  fujet ,  à  quelque  matière  ,  &  par- 
ticulièrement à  un  conre  ,  quand  on  en  altère  la 
vériré  pour  le  rendre  plus  agréable  :  ce  qui  fe  dit 
tanr  en  bien  qn'en  mal.  Adornare.  Voilà  l'hiftoire 
de  N.  je  vous  avoue  que  je  l'ai  brodée.  Mlle  L'Hé- 
ritier. 
Broder,  fe  dit  à  peu-près  dans  le  même  fens  enmu- 
fique ,  de  plufieurs  notes  que  le  muficien  ajoute  à 
fa  patrie  dans  l'exécurion ,  pour  varier  un  chant 
fouvenr  repéré ,  pour  orner  des  paffages  rrop  fim- 
ples, ou  pour  montrer  la  légcreré  de  fes  doigts 
ou  de  fon  gozier. 


È  R  O 


BRODE,  EE,  part. 

BRODERIE.  C,  f.  Ouvrage  en  or ,  argent ,  Toie  ou  fil 
formé  à  l'aiguille ,  ilir  une  ctoffc  ou  l'ur  de  la  mouf- 
feline ,  pour   l'orner  davantage,  ^cu  picium  opus. 
Le  Roi  a  donne  des  ornemcns  à  l'Egliiè  tout  cou- 
verts de  broderie    d'or  &  de  perles.   On  fait  des 
lits ,  des  habits ,  des  houflès  de  chevaux  en  broderie. 
|1CJ"  Broderie  appliquée  ,  efl;  celle  dont  les  figures 
font  relevées ,  &  arrondies  par  le  coton  ou  velin 
qu'on  met  delfous  pour  l'arrondir. 
Ç3'  Broderie  \en    cauchure  ,  eu  celle  dont  l'or  & 
l'argent  eft  couché  fur  le  deflein    &  coufu  avec 
de  la  foie  de  même  couleur.  Encyc. 
^CF  Broderie  en  guipure  ,  lorfqiie  dans  cette  broderie 
on  met  de  l'or  ou  de  l'argent  frifé ,  du  clinquant , 
«les  paillettes. 
^3"  Broderie  pajjce  ,  eft  celle  qui  paroît  des  deux 

côtés  de  l'étoiîe. 
^fT  Broderie  plate ,  efl:  celle  dont  les  figures  font 

plates  &  unies,  fans  frifurcs ,  paillettes,  &c. 
Broderie  ,  fe  dit  audi  figurément  des  embellilfemens 
qu'on  donne  à  des  contes ,  &  à  des  hiftoires  ,  <3: 
le  plus  fouvent  aux  dépens  de  1»  vérité.  Ornatus, 
Il  y  a  dans  ce  conte  quelque  chofe  de  vrai,  mais 
le  refl;e  efl:  de  la  broderie.  On  tomba  fur  les  contes 
naïfs ,  &:  il  falut  en  dire  un  à  mon  tour.  Je  con- 
tai celui  de  Marmoifan  ,  avec  quelque  broderie  qui 
me  vint  fur  le  champ  dans  l'efprit.  Mlle  L'Héritier. 
Broderie  ,  fe  dit  aufîl  des  parterres  qui  font  faits 
feulement  de  buis  nain ,  compofcs  de  feuillages , 
&  de  fleurons  ornés  &:  tracés  à  la  manière  des 
Brodeurs ,  à  la  différence  de  Ceux  qui  font  faits 
par  planches ,  carreaux  &  compartimens ,  où  l'on 
met  des  fleurs.  Le  fond  des  parterres  de  broderie 
doit  être  labouré ,  &  de  terre  noire  ;  &  le  dedans 
des  feuilles  fable.  Ils  font  entoiu:és  de  platebandes 
de  fleurs  &  d'arbrifîcaux  verts.  Il  fiut  que  les  or- 
nemens  de  broderie  foient  fans  confulîon ,  &  mar- 
qués diftinftement.  Leur  beauté  conlifte  à  n'être 
jamais  répétés.  Il  y  a  aux  Tuileries  de  beaux  par- 
terres de  broderie. 
^3°  Broderie  en  mùfique.   Voye\_  Broder  ,  terme 

de  mulique. 
BRODEUR,  f  m.  Artifan  qui  fait  de  la  broderie.  Phry- 
gio  ,  Phrygii  operis  artifex.  Ces  bandes  de  tapif- 
ferie  ont  été  appliquées  par  le  Brodeur  fur  cette 
étoffe.  §3°  L'on  ne  comprend  fous  le  nom  Ae  Bro- 
deurs que  les  ouvriers  qui  ornent  les  étoffes  d'ou- 
vrages de  broderies.  Les  femmes  qui  brodeur  le  linge 
he  font  point  de  la  communauté  des  brodeurs. 

Ce  mot  efl:  venu  par  tranfpoftion  de  Bordeur , 
parce  qu'on  ne  brodoit  autrefois  que  le  bord  des 
étoffes.  On  ne  mettoit  des  embelliffemens  que  fur 
les  bords  -,  d'où  vient  que  les  Latins  les  ont  auffi 
appelés  Limbularii.  Du  Cange  dit  qu'autrefois  on 
diloit  aurobruflus  ;  pour  dire  ,  bordé  d'or  ,  ou  bruf- 
dus,  bnidatus  &  brodatus.  C'eft  la  remarque  du 
K  Papebrok  fur  ces  mots  des  acîïes  de  S.  François 
de  Paule  ,  Quidam  homo  ,  quem  Brodatorem  Régis 
vulgo  nuncupabant.  A3.a  SS.  April.  T.  I  y  p.  i^^. 
Voyez  auffi  Pafquier ,  Rech.  de  la  Fr.  Liv.  FUI, 
Chap.  6i. 

On  dit  proverbialement  -,  autant  pour  le  Bro- 
deur ,  pour  fe  moquer  d'un  homme  qui  fait  un 
conte  à  plaifir  -,  comme  fi  on  difoit ,  pour  le  bour- 
deur  ,  qui  nous  donne  des  bourdes ,  des  mentcries , 
qui  brode  des  contes. 

L'invention    de   la   broderie   efl:    attribuée   aux 
Phrygiens.  Les  Latins   même  ont  appelé  les  bro- 
deurs ,  Phrygiones. 
BRODEUSE,  f  f.  Ouvrière  qui  brode.  Phrygii  ope- 
ris artifex  famina.  Il  y  a  en  particulier  de  cer- 
taines Brodeufes  qu'on  appelle  Brodeufes  de  gaze  : 
ce  font  des  ouvrières  qui  embellilfent    de    divers 
petits  acrémens  la  gaze  dont  on   fait  des  coeffes. 
^BROD-NEMEKI ,  ou  DEUTSHEN-BROD.  Petite 
ville  du  cercle  du  Czaflaw  ,  fur  la  rivière  de  So- 
zawa. 
Ip-  BRODRA ,  BRODERA  ou  BROUDRA.  Ville 


BRO  85^ 

d'Afîc ,  dans  l'Indouflan  ,  au  Royaume  de  Guzurate  4 

vers  le  Golphe  deCambayc. 
CP"  BRODT.  Petite  ville  fortifiée  ,  du  Royaume  de 

Hongrie  dans   l'Efclavonie ,  fur  la  Save. 
gcr  BRODY.  Ville  de  Pologne ,  aux  confins  de  là 

Volhinie  &:  de  la  Ruffie. 
§Cr  BRODZIECK.  Petite  ville ,  ou  gros   bouto-  dé 

Pologne    dans    la   Lithuanie  ,    au     Palatinat''  de 

Minski. 

r?  BROCARDER.  Vielix  v.  a.  Conter  des  fables; 
Apologare.  Ch.  Est.  Dict. 

BROIE,  ou  BROYOIRE.  f  f.  C'eft  un  inftrument 
dont  on  fe  fert  pour  rompre  le  chanvre  après  qu'il 
eft  roui,  &  le  filer  enfuite  plus aifément.  Voyez-en 
la  defcription  dans  le  Diétionnaire  (Economique. 
On  dit  dans  quelques  Provinces  Brai  &  Braye , 
&  Brayoire. 

BROIËR.  royei  Broyer. 

BROIEUR.  roye^  Broyeur. 

BROIL.  f  m.  Vieux  mot.  En  bas  latin,  broilum, 
Brouffailles ,  bois ,  branche  d'arbre.  Gloff',  des  Poéll 
du  Roi  de  Nav. 

BROILLIS ,  pour  BROUILLËRIES.  Gloff.  fur  Marot, 

BROILLOT.  f.  m.  Vieux  mot.  Petit  bois  ou  brouf- 
faille  ,  appelé  ainfi ,  parce  qu'on  avoir  accoutumé 
de  le  brûler,  afin  de  le  défricher.  On  a  dit  auffi 
Bruillot  &:  Brnillet. 

et?  BROITSCHIA.  Ville  d'Afie  dans  l'Indouftan  à 
douze  lieues  de  Surate  -,  (iir  une  rivière  qui  feparc  là 
Royaume  de  Decan  de  celui  de  Balagate. 

BROM ALES.  f  m.  &  pi.  Bromalia.  Ce  nom  le  trouve 
dans  Balfamon  au  tfi'  Canon  du  IV^  Concile  de 
Conftanrinople  appelé  in  Trullo  ,  comme  fi  ce  nom 
venoit  de  Bromius  ,  Bromien  -,  furnom  de  Bacchus } 
mais  on  prétend  qu'il  faut  dite  Brumales,  &c  non 
pas  Bromales.  Voyez  Brumales. 

BROMIEN.  f  m.  Epithète  qui  fe  donne  à  Bacchus» 
Bromius, 

Le  blond  Pkœbiis  à  laffe  pleine 
Se  coéjfe  au  bord  de  l'Hippocrène , 
AuJJi  rondement ,  aujfi-bien 
Que  fait  le  bon  Père  Silène 
Du  jus  du  Père  Bromien, 

Ce  nom  vient  du  grec  /3,„V«  ,  je  frémis ,  je  fais 
du  bruit ,  ëc  fut  donné  à  Bacchus ,  parce  qu'il  na- 
quit au  bruit  d'un  coup  de  tonnerre  qui  fit  accou- 
cher Semelé  fa  mère,  ou  parce  que  les  buveurs  font 
beaucoup  de  tumulte  &  de  bruit. 

BROMOS.  f  m.  Plante  dont  les  feuilles  reffcmblenr 
à  celles  de  l'avoine  fauvage.  Elle  pouffe  plufîeurs 
tuyaux  bas ,  menus  &:  noués  ;  fes  fommités ,  au  lieu 
d'épi ,  portent  des  barbes  longues  &  rudes  au  tou- 
cher. Cette  plante  qui  croît  au  bord  des  chemins, 
eft  déterfive,  defficcative,  vulnéraire,  propre  pour 
les  ulcères ,  principalement  du  nez.  Ses  racines  l'ont 
menues  &  nombreufes. 

|p="  BOMSBERG.  Foye^  Bydgost. 

BRONCHADE.  Faux  pas  que  fait  un  cheval.  Lapjîo^ 
lapfus ,  offénjîo. 

BRONCHES,  Foyei  BronchiesI 

BRONCHEMËNt.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans 
Pomey,  pour  lignifier  l'aâion  de  celui  qui  bronche- 

BRONCHER,  v.  n.  Mettre  le  pied  à  faux ,  faire  un 
faux  pas.  Pedem  offendere  ad  aliquiâ.  Il  fe  dit  pro- 
prement des  chevaux  qui  choppent, 

//  n'efl  cheval  fi  fuperbc 

Qui  ne  bronche ,  dit  le  proverbe.  Voir. 

On  le  dit  auffi  quelquefois  des  homm.cs  qui  font 
des  faux  pas. 

Sa  canne  s*accrocha 
Dans  l'un  de  fes  canons  y  &  mon  homme  broncha.  ScAR, 

Broncher,  fignifie  figurément,  faire  uns  légère  faute, 
faillir.  Offendere ,  labi ,  errare.  Ce  père  eft  li  fc- 
vère ,  qu'il  ne  faut  pas  que  fes  enfàns  bronchent  le 
moins  du  monde  devant  lui.  A  chaque  pas  qu'il 
faifoitj  il  croyoit  broncher  S<.  offenfer  Dieu.  Boum. 


8^ 


B  R  O 


On  dit  proveibialement ,  qu'il  n'y  a  fi  bon  chevr.I 
qui  ne  bronche,  ni  libon  Cliarreticr  qui  ne  vcn'e  ; 
pour  dire ,  qu'il  n'y  a  perlbnnc  qui  ne  foit  rujet  a 
faire  des  fautes.  On  le  dit  auUi  d'un  Orateur,  quand 
la  mémoire  lui  manque. 

BRONCHÎAL ,  ALE.  ad).  Terme  d'Anatomie  ip" 
qui  a  rapport  au  poumon.  Artère  bronchiale.  Verne 
hronchiale.  Glandes  bronchiaks.  L'artère  bron- 
chiale  vient  du  tronc  defcendant  de  l'aorte ,  &  le 
diftribue  fur  toutes  les  divifions  de  la  trachée  -  artère. 
Il  y  a  auffi  une  veine  bronchiale  qui  accompagne 
l'artère, &  qui  fe  divife  en  autant  de  rameaux  qu'elle. 
L'artère  porte  le  fang  aux  bronches ,  &  la  veine  le 
rapporte  à  la  veine  cave,  où  elle  va  fe  rendre  immé- 
diatement. 

BRONCHIES,  ou  BRONCHES,  f.  m.  Ceft  le  nom 
que  les  Anatomiftes  ont  donné  aux  tuyaux  de  la 
trachée  -  artère ,  qui  font  répandus  dans  tout  le 
poumon,  &  dans  Icfqucls  l'air  entre  par  la  refpi- 

ration. 
^  Les  glandes  hronchiciles   qu'on  trouve  a  chaque 
divifion  des  bronches ,  font  deftinées ,  à  ce  qu'on 
croit,  à  humeéler  Se  lubrefier  les  bronches,  afin  que 
l'air  defleche  moins  les  poumons. 
BRONCHIQUE,  adj.  Terme  d'anatomie  ,  qui  fe  dit 
de  la  première  .paire  des  muicles  communs  du  la- 
rinx ,  q'-i'on  appelle  autrement  flernothyroidiens  : 
ils  moixtcnt  le  long  des  cartilages  de  la  trachée-ar- 
tère ,  &  tirent  le  larynx  en  bas. 
BRONCHOCÈLE.   f.  m.  On  prononce    broncocele. 
Terme  de  médecine.    C'eft  une  tumeur  dii  cou  , 
srande  &:  ronde  ,  &  attachée  à  la  trachée-artère.  On 
l'appelle  aulfi  goii:tre  ou  ^oitrt: ,  &  en  latin  Her- 
nia  zuttinis.  Le  bronckocile  eft  fort  commun  dans 
les  Àln;s.  Il  y  en  a  quatre  fortes.  Le  premier   elt 
appelé'  en  latin  botiiim  ou  natta.  C'cft  une  tumeur 
charnue  qui  a  pris   fon   nom  de  «<7ri?^  ,_fe(fes.  Le 
fécond  eft  une  efpèce  d'athérome  -,  le  rroiiième  ,  une 
efpèce  de  méliceris  ;  le  quatrième  ,  une  efpèce  de 
ftcatome,  Bronchocïle  eft  un  mot  grec  ,  ^^^oi%ox%>^-n , 
compofé  de  /ifhx'i .  gorge ,  trachée-artère^,  bron- 
ches ,  &:  de  x.r>^>!,  ramex ,   hernie:  mais  c'cft  une 
faulfe  hernie.  Col  de  Villars. 
BRONCHOTOMIE  ,  ou   LARINGOTOMIE.  f  f. 
On    prononce    broncotomie.  Terme  de    chirurgie. 
C'eft  une  ouverture  qu'on  fait  à  la  trachée-urtère  , 
lorfque  l'inflammation  qui   arrive  au  larynx ^  em- 
pêche la  refpiration  ,  afin  de  donner  à  l'air  la  liberté 
d^ntrer  dans  les  poumons  &  d'en  Ibrrir  -,  &;  quel- 
quefois afin  de  tirer  les  corps  étrangers  qui  fe  fc- 
roient  infuiués  dans  le  latynx  ou  dans  la  trachéc- 
arrère. 

Ce  mot  eft  dérivé  de  /3/i'Ta;««  ,  bronches ,  gozier  , 
&:dc  r/^»",  jecoupe',je  tranche. 
BRONTÉE.  f.  m.  Tonnant,  qui  tonne,  qui  lance  la 
foudre.  Brontxiis.  C'eft  un  des   furnoms  _  que    les 
Anciens  donnoient  à  Jupiter.  Blondus  Flavius,  TÎoot. 
Triump.  L.  I ,  prétend  qu'on  a  aulfi  donné  à  Bac- 
chus  le  nom  de  Brontin  ,  à  caufe  des  troubles  &c 
des  délbrdres  femblables  au  tonnerre  qu'excite  l'i- 
vrognerie. 
Ip-  Les  anciens  fe  fervoient  dans  leurs  jeux  publics 
d'une   machine  qu'ils  nommoient  brontée  ,   parce 
qu'elle  imitoit  le  bmit  du  tonnerre ,  par  le  moyen 
d'un  grand  vaifleau  d'airain  ,  que  l'on  cachoit  fous 
k    théâtre  ,  &:  dans  lequel  on  faifoit   rouler  des 
pierres.  Feftus  appelle   cette  machine  le  Tonnerre 
Claudius  ,  du  nom  de  Claudius  Pulcher ,  qui   en 
Rit  l'inventeur, 
BRONTÊS,  f.  m.  Un  des  cyclopes  qui  forgèrent  la 
foudre  dont  fut  armé  Jupiter.  Il  étoit  fils  du  ciel 
&  de  la  terre  ,  félon  Hcfiode.  Ce  mot  vient  du  grec , 
Bç"Ti!,  Tonnerre. 
BRONTON.  f  m.  Surnom  de  Jupiter ,  qui  fe  trouve 
dans    cette    ancienne  infcription.    Jovi    sancto 
Brontonti.  ecataeque  aur.  VOVLlVS.GrUt.XFlI. 
1 1.  On  trouve  encore  dans  une  autre  un  Prêtre  du 
DieuBrontontes.  Sacerdos  dei  Brontontis.6V«/, 
p,  ;.  XXXIV,  Quelques-uns  difent  Brentontes  , 


B  R  O 

au  lieu  de  Bronton  ;  mais  ils  fe  trompent.  Bront.in- 
tes  feroit  en  grec  /SsovrivT/?,  qui  auroit  au  génitif  V;- 
TÔ.7»,  &  au  datif /3jovr^:«T« ,  &par  confcqucnt  en  latin 
Brontontx  ,à  l'un'&i  à  l'autre  cas  ,  &  non  pas  Bron- 
tontes,  Bromonti,  comme  il  y  a  dansles  deux  infcrip- 
tions  que  l'on  vient  de  rapporter.  Il  vient  donc  de 
;8=c.vTa»  ,  ^^ii-sjc  toniic  ,  .sjovT^m  ,  &  pat  cdntraclion 
/3^^o»T*»,    Tonnant,    duquel  il  faut  dire  /3f«.î«<.»x»! , 

Ce  mot  fignifie  la  même  chofe  que  le  précédent , 
&;  ils  viennent  l'un  &:  l'autre  du  grec  p^pmiijonnerre. 
fKF  BRONZE,  f  m.  Autrefois  on  faifoit  ce  mot  fé- 
minin. Voiture  dilbit  encore  comparer  la  bronze  à 
l'or.  Aujourd'hui  ,  l'uiage  général  le  fait  mafculin. 
Le  bronie  eft  un  alliage  de  métaux  ,  dont  le  prin- 
cipal eft  le  cuivre  fondu  avec  quelque  parrie  d'é- 
tain   ou  de  laiton.  Quelques-uns ,   par  épargne  ,  y 
mettant  du  plomb  ,  parce  qu'on  ne  fauroit  fondre 
du  cuivre  fin  dans  un  fourneau  de  réverbère ,  qu'on 
ne   le  trouve  percé  &  plein  de  trous  comme  une 
éponge.  Il  y  a  encore  un  autre  cuivre  compofé  qu'on 
appelle /«c;;^/,  qui   n'eft  pourtant  en  effet  que  du 
bronze  ;  &c  on  Aui  donne  ce  nom  félon  la  plus  grande 
ou  plus  petite  quantité  qu'on  y  mêle  d'étain  ,  qui 
eft  de  I  i  jufqu'à  15  pour  cent.  La  lie  ou  le  marc  de 
bronze  s'appelle  diphrygies ,  &  eft  en  ufage  en  mé- 
decine. La  fleur  de  bronze  fe  fait  quand  on  jette 
de  l'eau  pure  fur  du  bronze  fondu  ,  lorf  qu'il  s'écoule 
par  les  canaux.  On  met  une  platine  de  fet  au-deffa* 
de  la  fumée,  &  il  s'y  forme  de  petits  grains  en  forme 
de  millet ,  qui  fbnt  luifans  &:  rougeâtres  ;  c'eft   ccî 
qu'on  appelle  ^sur  de  bronze.  Ecaille  de  bronze  ,  eft 
ce  qui  tombe  de  l'airain,  lorfqu'on  le  bat ,  &  qu'on 
le  mer  en  œuvre.On  dit ,  jeter  des  figures  en  bron^Cy 
animer  le  bronze ,  graver  fur  le  bronze  ,  &:c.  Le  che- 
val de  ironie  qu'on  voit  dans  la  place  Royale  à 
Paris  eft  un  ouvrage  de  Daniel  Volteire,  fameux 
Sculpteur. 
03"  Bronze  ,  f.  m.  fe  dit  eh  général  des  ouvrages  ,■ 
des  figures  en  bronze  ,  foit  que  ces  pièces  fbienc 
des  antiques ,  des  copies  de  l'antique  ,  ou  des  fujets 
nouvellement  inventés.  Voilà  un  beau  bronie. 

Les  Médailliftes  diftinguent  le  grand,  le  moyen, 
&:  le  petit  bronie  ,  pour  dire  les  grandes ,  les  moyen- 
nes &  les  petites  médailles  de  bronie.  Tout  le  cui- 
vre, dans  la  diftinélioTi  des  fuites  de  médailles,  a 
Phonneur  de  porter  le  nom  de  bronie.  Le  P.  Job, 
Quelques-uns  dérivent    ce    mot    a  Brontibus  , 
qndjï hrontium  àVidcani  famulis  fabrefaclum.  D'au- 
tres croient  qu'il  vient  de  l'italien  abbroniare  ,  qui 
fignifie  enduire  d'une  couleur  brune.  Le  mot  bronie 
vient  de  l'italien  bronio,  qui  fignifie  la  même  chofe  , 
&  bronio  vient  àH abbroniare.  Le  P.  Thomaflin  re- 
monte plus  haur ,  &  il  fait  venir  le  nom  de  bronie 
du  mot  faxon  brxfens  ,  œneus  ,  qui  eft  de  cuivre  ou 
d'airain.  Icquez  le  dérive  de  irunt ,  mot  faxon  ,  Sc 
de  la  langue  des  Francs. 
Bronze.  C'eft  aufli  une  couleur  préparée  par  les  mar- 
chands épiciers ,  vendeurs  de  couleurs ,  pour  imiter 
le  bronie. 
^3"  On  fe  fert  de  ce  met  au  figuré ,  en  l'appliquant  au 
cœur,  à  l'ame,  pour  défigner  un  cœur  infenfiblc,extrê- 
mement  dur.  Cet  homme  a  le  cœur  de  bronie.  Horace 
donne  un  cœur  de  /ronre  à  cet  homme  audacieux  qui 
s'abandonna  le  premier  a  la  merci  des  flots.  Bouh.  Le 
cœur  de  l'homme  ,  qui  eft  de  cire  pour  toutes  les 
chofes  qui  vont  à  le  pervertir  &:  à  le  corrompre ,  eft 
de  bronie  pour  celles  qui  peuvent  contribuer  à  fon 
falut.  Ab.  de  la  Tr.  Il  faut  l'avouer,  on  ttouve  pat- 
tout,  mais  f  pécialement  dansles  conditions  riches 
&  opulentes  du  fiécle  ,  de  ces  âmes  de  bronie  que 
rien  n'amollit.  Bourdal.  Exh.  T.  I ,  p.  49. 

On  appelle  proverbialement  ,Tes  courrifans  du 
cheval  de  bronie ,  plufieurs  fainéans ,  fil«us  &:  gens 
de  mauvaife  vie ,  qui  fbnt  ordinairement  fur  le  Pont- 
neuf  à  Paris. 

Quand  on  dit  abfolument  le  cheval  de  bronie  , 
on  entend  celui  du  Pont-neuf  à  Paris ,  c'eft-à-dire, 
la  ftatue  équeftre  d'Henri  IV,  placée  au  milieu  du 


B  R  O 

Pont-nenf ,  vis-à-vis  la  place  Daupliîne.  CtH:  Un 
prclent  que  la  République  de  Veniic  fie  à  iâenri 
IV. 
BRONZER.  V.  a.  Peindre  en  couleur  dcbronze  avec 
de  la  limaille  de  bronze.  jEris  colore  injicsre  ,  im- 
buere. 

ffT  Bronzer  ,  chez  les  Arquebufiers  &  autres  ou- 
vriers en  fer  ,  c'eft  faire  prendre  au  canon  d'un  fu- 
fîl  5  par  exemple ,  une  couleur  d'eau  ,  en  le  frétant , 
lorfqu'ils  l'ont  fait  chauffer  à  un  certain  point  , 
avec  la  pierre  languine  ,  jufqu'à  ce  qu'il  ait  pris  la 
couleur. 

%T  Bronzer  ,  chez  les  Parfumeurs ,  c'eft  teindre  en 
noir  de^s  g^nts  &:  des  fouliers  pour  un  deuil. 

BRONZE ,  EE  ,  part.  &  adj.  On  appelle  du  marroquin 
bronzé,  cz\m  qui  n'eft  point  grenu,  qui  eft  paiîecn 
noir ,  &  qu'on  emploie  pour  faire  des  fouliers  de 
deuil,  ^ris  colore  infecîus.  Souliers  bron^^es  ,  gants 
bronzés, 

BROQUART.  f.  m.  Terme  de  Vénerie,  qui  fe  dit  d'un 
jeune  cerf,  &  généralement  des  bctes  fauves  d'un 
an.  Cervulus  himulus.  On  écrit  aufîl  Brocarb. 

BROQUE.  f.m.  Terme  de  Jardinage.  Tête  d'un  re- 
jeton d'un  chou  frif  c.  Surctdi  capiu.  Si  l'on  étête  des 
choux  ,  ils  repoudent  non  -feulement  du  couronne- 
ment ,  comme  les  arbres,mais  encore  de  leur  tige ,  de 
haut  en  bas  ,  à  l'endroit  de  l'aifTelle  de  toutes  leurs 
feuilles  caduques, autant  de  têtes  qu'ils  ont  perdu 
de  feuilles  dans'  tout  cet  intervalle.  Si  la  pre- 
mière Ottuife  fe  cafTe  au  collet ,  alors  les  tepouces 
foifonnent  fur-tout  au  couronnement  ,  &  chaque 
rejeton  forme  à  part  fa  tête  ,  grofle  comme  le  poing 
ou  plus.  On  appelé  ces  têtes  dans  les  choux  frifcs , 
des  braques ,  de  l'italien  broccoli.  Dod.  Acai.  des 
Se.  ijoo  ,  p,  145,  150.  Le  vingt-quatrième  Jan- 
vier j'ai  compté  vingt-fept  fîeurs  dans  une  broque 
qui  n'avoir  que  dix-fept  feuilles.  Id,  p.  151.  La 
broque  grainée  portoit  tant  en  cinq  tiges  principa- 
les que  latérales ,  1 5«?  ,  tant  gouffes  que  fleurs.  Tou- 
tes les  huit  braques  cnlcmble  eftimées  ftir  le  pied 
de  la  plus  avancée,  1088.  l-o.p.  152.  Un  chou  frifé 
ctêté  avoit  pouffé  trente-fix  rejetons  en  braques. 
Voyez  encore  Broccoli. 

BROQUETTE.  f.  f.  Petit  clou  à  tête  dont  on  fe  fert 
pour  attacher  des  garnitures  de  lit ,  de  chaiiés  ,  & 
autres  petits  ouvrages.  Clavulus.  Ce  mot  doit  ve- 
nir de  broche. 

3ROSS AILLES  ,  plus  ordinairement  BROUSSAIL- 
LES, f.  f  Fruteta  ^frutecla  ,  fruticeta  ,  dumeta.  Mé- 
chant bois  qui  ne  profite  point ,  touffes  de  buifibns , 
genêts,  épines ,, bruyères,  fi-c.  Un  pays  de  brojjailles 
eft  difficile  à  pafTer.Le  lion  voulant  chaffer  avec  l'âne 
le  cacha  dans  les  brojfailles.  Port-R.  Ce  n'étoient 
que  de  petits  fentiers  pleins  de  brojfailles.  Vaug. 
Ignace  perça  les  broffailles  qui  fermoient  les  ave- 
nues de  la  caverne.  Bouhovrs. 

On  dit  dans  la  baffe  latinité  brufcia  Se  bre^ia  , 
d'où  Du  Cange  dérive  ce  mot. 

On  appelle  auffi  broffailles,  ces  menus  bois  de  fa- 
gots rompus  &  déliés  qui  reftent  dans  un  grenier 
ou  l'on  a  entaflc  beaucoup  de  menus  bois.  Firgulta. 
Il  n'y  a  plus  que  des  brojjailles  dans  ce  bûcher.  On 
le  dit  auffi  de  ce  qui  rcfte  du  menu  bois  qu'on  aban- 
donne dans  les  forêrs  après  qu'on  y  a  fait  des  fa- 
gots. Ils  amafferent  des  broffailles  pour  faire  du  feu. 
Ablanc. 

On  dit  de  quelqu'un  ,  qu'il  eft  dans  les  brojfail- 
/e5;pour  dire,  qu'il  eft  gris  ou  ivre.  Dict.  Com. 

§3"BR0SSE  f.  f.  fe  dit  en  général  de  rout  inftrument  a 
poil,  à  laiton  ,  ou  à  fil  d'archal ,  fervant  à  nettoyer, 
ou  autres  ufages  femblables. 

Brosse  à  tête,  affemblage  de  petites  verges  de  jonc 
délié  qui  fert  à  décraflér  la  tête.  Scopula. 

C'eft  aufli  un  aflemblage  de  pluiieurs  foies  de 
pourceau  ou  de  fanglier  ,  liées  &  engagées  dans 
plufîeurs  trous  d'un  ais  percé  à  ce  deffein,  qui  fert 
à  nettoyer  les  habits  ,  à  froter  les  planchers  ,  &  à 
panfer  les  chevaux  ,  &c.  On  en  fait  auffi  de  petites 
qui  fervent  aux  Peintres,  aux  Doreurs  ,aux  Vitriers,  1 


B  R  O 


S? 


e 
es 
font 


aux  ouvriers  en  ?i\.ic,&c.  LabroJ/l  d'cs  Peintres,  cft 
un  pinceau  dont  tous  les  poils  font  égaux  ,  &'  ne 
le  terminent  pas  en  pointe  ,  comme  les  pinceaux 
ordmaircs ,  fervant  pour  coucher  ou  pour  étendre 
des  couleurs.  Il  y  a  des  brofes  de  toutes  fortes  d 
grofieur  ,  mais  en  général  les  pius  pcrites  broïï, 
font  plus  groffcs  que  les  gros  pinceÀux.  Elles  fe  tôt 
dç  poil  de  porc,  C'eft  une  très-bonne  pratique  de 
peindre  avec  la  bro£e  :  on  p?int  avec  plus  de  fer- 
meté. Les  premières  couleurs  s'appliqu?nt  avec  la 
broje  ,  parce  que  la  pratique  en  eft  plus  cxpéditive. 
DicL  de  Peine.  &  à'Arch.  Les  Imprimeurs  fe  fer- 
vent auffi  de  grandes  bro(fes  faites  de  poil  de  fan- 
glier pour  laver  les  formes  avec  de  la  lefîive  ,  quand 
elles  font  tirées. 

ifT  II  y  a  encore  plufîeurs  fortes  de  broffes  :  brops 
de  carrofîes  pour  nettoyer  le  dehors  &:  le  dcaans 
du  carroffc.  Bro(fes  à  cheval  \  pour  étriller  les 
chevaux  &:  leur  polir  le  poil.  hro([es  à  dent ,  pour 
nettoyer  les  denrs.  Bro§'cs  à  luftrer  ,  chez  les  gai- 
niers ,  pour  luftrer  leurs  ouvrages  en  noir ,  ou  en 
d'autres  couleurs  :  chez  les  Chapeliers,  pour  luf- 
trer les  chapeaux.  Bro(fes  à  peigne,  Dour  nettoyer 
les  peignes.  Bro^'es  de  Tiffcrand ,  pour  mouiller 
leur  brin  fur  le  métier.  Brodes  à  Chirurgiens  pour 
froter  le  corps  de  ceux  qui  ont  des  rhumarifines  , 
pour  faire  tranfpircr  l'humeur  qui  caufe  la  dou- 
leur. 

Brosses  ,  au  pi.  fe  dit  des  bruyères  ou  brouffailles 
des  rerres  incultes  où  il  vient  des  plantes  fauva- 
ges  ,  du  menu  bois  ou  arbuftes  peu  élevés  ,  ou 
de  méchantes  tailles  qui  font  au  bord  de  la  forêt, 
Denfum  virgetum. 

Brosse.  La  féconde  &' la  troiflème  paire  de  jambe 
de  l'abeille  ont  une  partie  que  l'on  appelle  la 
broffe.  Cette  partie  eft  carrée  ,  fa  furface  extérieure 
eft  rafc  &  lifle  ;  fa  fjce  intérieure  eft  plus  chargée 
de  poils  que  nos  brojfes  :  ils  y  font  rangés  de  même. 

BROSSER,  v.  a.  Froter  avec  des  broffes  la  tête,  les 
habits, les  meubles.  Sec.  Tergere  ,  decergere. 

Brosser  les  lettres.  Terme  d'Imprimeur  ,  c'eft 
en  ôter  l'encre  avec  de  l'eau  &i  de  la  lellive,: 

jJCT  Brosser  un  cheval  ,  le  froter  avec  la  broife, 
pour  ôter  la  pouflière  de  deflus  fon  corps. 

Brosser,  fîgnifîe  aulfi ,  courir  à  travers  les  bois  Sc 
les  p.tys  de  bruyères  &  de  broulïailles.  Sylva?  pcr- 
errare  ,  pervagari.  Broffer  à  travers  les  buiiîbns. 
Vaug.  Quint.  L.  6.  Il  travaille  fans  ceife  à  broffi.r     • 
les  forêts.  Théoph.  Voye?  auffi  Salnove. 

BROSSE  ,  EE.  part. 

BROSSIER.  f.  m.  Oiiv-rier  qui  fait  des  broiTes. 

Brossier  (  Mz/-Mi?  )  Fille  de  Jacques  Brc(j'L'r,  TifTe- 
rand  de  Romorantin  ,  étant  âgée  de  lo  ans  en  1598, 
fut  tourmentée  d'un  mal  qui  lui  cauibit  des  con- 
torfions  étranges  &  lui  fiifbit  faire  des  mouve- 
mens  extraordinaires  :  de  forte  que  le  peuple  s'i- 
magina qu'elle  étoit  poffédée.  Son  perc  courut  le 
pays  avec  elle  ,  ibus  prétexte  de  la  mener  à  des 
pèlerinages  &c  de  chercher  des  exorciftes  qui  la 
pufîent  délivrer.  L'Official  d'Orléans  la  chaffa  de 
ce  dioccfé  :  l'Evêque  d'Angers  en  fit  autant.  Brofjier 
amena  fa  fille  à  Paris-,  &  les  Capucins  commen- 
cèrent à  l'exorcifer  dans  l'Eglife  de  Sainte  Gene- 
viève. Le  Cardinal  de  Gondi ,  Evêque  de  Paris , 
convoqua  une  aff;  mblce  d'Ecrleliaftiques  dans  cette 
Abbaye,  &  par  leur  avis,  il  choiiît  cinq  fameux 
Médecins  pour  examiner  ce  qui  en  éroit.  Après 
plufîeurs  épreuves,  trois  jugèrent  qu'il  n'y  avcit 
point  de  po/feffion  ,  &  comme  dit  M.  de  Thou  , 
qu'il  n'y  avoit  rien  de  diabolique  dans  fbn  fait, 
mais  beaucoup  de  Ibude  5c  un  peu  de  inaladie. 
Unanimi  ab  iis  Medicis  confenfu  ,  Epifcopu  ro- 
gitnte  ,  refponfum  e(l  ,nihil  a  fpiritn  ,  wulta  fia.i ., 
pauca  à  morho  c[fe.  Un  quatrième  dit  qu'il  falloir 
attendre  trois  mois  pour  connoître  ce  mal.  Durer 
fut  le  feul  qui  fbutint  qu'elle  ctok  poffédée.  D'au- 
tres Médecins  furant  appelés  ,  qui  furent  du  même 
avis.  Le  peuple  couroit  en  foule,  comme  pour 
entendre  quelqu'OracIe  fur  les  affaires  du  temps. 


88 


B  R  O 


Le  Parlement  mit  la  pictcnduc  pon'cclce  entre  les 
mains  du  Lieutenant  criminel  &  du  Procureur  du 
Roi  au  Chàtelet,  Si  nomma  onze  Médecins  des 
plus  fameux  pour  examiner  fon  mal.  Ceux-ci  dé- 
clarèrent qu'ils  n'y  trouvoient  rien  au-deiîus  des 
forces  de  la  nature.  Les  Prédicateurs  cependant  pu- 
blioient  dans  les  chaires  qu'on  entreprcncit  lur  la 
jurididiion  de  l'Eplife  &  qu'on  étoJifoit  une  voix 
miraculeufe  dont  bleu  voiiloit  fe  icrvir  ppur  con- 
vaincre les  Hérétiques.  Le  Parlement  le  Icrvit  de 
Ton  autorité  pour  leur  impofcr  fîlcncc.  Marthe 
Broffler  fut  ramenée  à  Romorantin ,  &  mile  fous 
la  gatdc  de  l'on  Père , «avec  défenfes  de  la  lailfer 
fortir  de  la  Ville  ,  fous  peine  de  pur.ition  cor- 
porelle à  l'un  &:  <à  l'autre.  Malgré  c;la  Alexan- 
dre de  la  Rochcfoucaud  ,  Abbé  de  faint  Martin, 
enleva  cette  fille  ,  la  mena  à  Avignon  ,  puis  à 
Rome.  Mais  les  Agens  de  France  aiant  prévenu 
le  Pape,  cet  Abbé  ne  réullit  pas  dans  le  dcllein 
qu'il  avoit  de  faire  valoir  les  oracles  de  ccrte 
prétendue  Démoniaque  ,  qui  ne  parut  plus.  Mr- 
2ERAI ,  Hijt.  de  Fr.  fous  Henri  IV.  Bayle  Dict. 
Cr.it. 

BROSSURE.  f.  £  On  appelle  fimple  Brojfure  ,  en 
termes  de  Peauilïers-Teinturicrs  en  cuir  ,  la  cou- 
leur que  ces  artifans  donnent  aux  peaux ,  en  les 
imprimant  limplement  avec  la  broHe. 

fer  BROTHÉE.  Brotheus  ,  fils  de  Vulcaîn  &  de 
Minerve,  fe  voyant  la  rifée  des  autres  à  caufe  de 
fa  dilformitc  ,  fe  jeta  dans  le  feu  ,  préférant  la 
mort  au  mépris.  Ovide  en  parle  in  ibln.   V.  517^ 

BIOTTES.  f.  f:  pi.  On    nomme  ainfi  à  Lyon  ,  & 
.  aux  environs  ,  les  cuillères  de  buis,  &  de  limole 
bois,  qui  ferveur  à  table, 

BROU.  f.  m,  ou  plutôt  Br-ouT.  Ecorce  verte  qui 
couvre  les  noix.  gCT  Les  Teinruriers  l'emploient 
dans  quelques  couleurs.  Les  Diftillatcurs  en  fonr 
un  affcz  bon  ratafiat.  Gulioca.,  viride  nucis  puta- 
men.  On  appelle  encore  ainfi  l'écorce  qui  eft  fur  le 
coco  &  qui  l'enveloppe.  Elle  a  trois  doigts  d'é- 
pailfeur  ,  &  on  peut  mettre  les  fibres  en  corde. 
Cela  efl:  caufe  que  les  Siamois  n'ayant  point  de 
chanvre  ,  font  leur  cordage  de  brou  de  coco. 

Bs-pu.  L'Eglife  de  Brou  ,  Notre-Dame  de  Brou.  C'cfl; 
le  nom  d'une  Eglife  qui  eft  tout  près  de  Bourg- 
cn-Breife.  Elle  eft  delfervie  par  des  Auguftins  Dé- 
chaulîcs.  Nous  n'avons  point  en  France  de  plus 
beau  morceau  d'archiretflure  que  cette  Eglife  de 
Brou.  Marguerite  d'Autriche ,  veuve  de  Philibert 
n.  Duc  de  Savoye,  la  fit  bâtir.  Elle  eft  grande, 
riante  ,  éclairée.  Le  chœur,  les  chapelles,  les  vitres, 
t3Ut  eft  exquis  &  fini.  Les  maufolécs  qui  font  dans  le 
choeur ,  font  des  pièces  achevées.  On  y  voit  celui  de 
Philibert  II ,  &;  celui  de  Marguerite  fonépoufe.  Rien 
n'eft  plus  délicatement  travaillé  que  les  formes  du 
chœur.  Vie  du  F.  Fiacre,  L.  III ,  p.  i-i^  &  fuiv. 

"^îT  Bp-ou,  Petite  ville  de  France,  fur  la  rivière  de 
Douxaine  ,  dans  le  Perche  ,  au-defilis  de  Dangeau  , 
Diocèfe  de  Chaftres ,  Élcdlon  de  Châtcau-Dun. 

BROUAGE,  Ville  de  France  en  Saintonge  fur  l'O- 
céan,  Broagium.  Brouage  eft'  au  milieu  des  marais, 
dont  on  tire  une  rrès-grande  quantité  de  fel, 

03"  BROUAGEAIS.  Petit  pays  maritime  de  France, 

en  Saintonge ,  connu  par  lés  marais  falans ,  où  le 

fait  le  meilleur  fcl  du  Royaume. 
BROUAILLES.  f.  f".  pi.  Inteftins  de  poiflbns  ou  de 

volailles  qu'on  vuide ,  lorfqu'on  les  habille  ,  qu'on 

les  apprére  pour  manger,  Imcjiin.i.  En  Normandie 

on  dit  hreuiUes. 

Ménage    dérive    ce   mot    de   burbalia  ,    qu'on 

trouve  en  ce  fens  dans  quelques  Auteurs. 
BROU  AS.  f.  m.  Vieux  mot  que  le  peuple  dit  encore. 

Brouillard.  Nebula.. 
ifT  BROUCK.  Petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de 

Weftphalie  ,  fur  le  Roer  ,    au  Duché  de  Berg  , 

Chef-lieu  d'un  Comté  de  même  nom, 
^rr  BROUCK   ou  Broug,  Ville    de  SuilTe  ,   dans 

TArgaw?,  au  bord  de  l'Atc. 


B  R  O 

CKT  BROUCOGOLAS  ,  ou  faux  re/rafcirés.  F..y-7 

BRUCOLAGUtS, 

BROUDRA.  Foyci  Brodra. 

BROUÉE.  f.  f.  f'iuie  menue  ,  qui  approche  br^au- 
coup  du  brouillard.  J'ai  efluyé  une  peritc  broucc, 
qui  n'a  pas  lailfé  de  me  bien  mouiller.  Nebn/a. 
Il  y  a  des  hrouées  dangereufes  aux  vignes  &  aux 
blés.  On  dit  aulfi  ,  prendre  une  brouee  de  feu  -, 
pour  dire,  fe  chau.fer  légèrement  &;  en  partant  , 
brûler  une  ame  de  fagot.  Cela  eft  du  ftyle  po- 
pulaire. 
BROUET.  f  m.  Bouillon  qu'on  portoit  autrefois  aux 
nouvelles  mariées  le  lendemain  de  leurs  noces  avec 
folcr.nité  &  rcjoiiilfance.  Jus  coniitum ,  jufculum.  Il 
ctoir  fait  d'œufs ,  de  lait  &  de  fucre.  Cela  n'a  plus 
d'ufage  que  parmi  le  périt  peuple. 

Ce  mot  vient  de  brodet-tum-,  diminutif  de  brodum, 
qu'on  a  dit  pour  brodium,  qui  fe  trouve  en  cetts 
fignification  dans  quelques  Auteurs  Latins.MÉNACE. 
BaoufT  ,  fe  dit  aufll  d'un  méchant  potage  ,  mais 
dans  le  ftyle  comique  &  burlefqus.  Jus  injulfiun. 
le  galant  pour  toute  befogne  avoit  un  brouet  clair. 
La  Font, 

En  parlant  des  anciens  Grecs ,  on  appelle  Brouet 
de  Lacédemone  ,  un  certain  potage  noir  ,  dont  les 
Laccdénfoniens  avoient  accoutinné  de  fe  nourrir. 
On  dit  proverbialement ,  qu'une  choie  s'en  eft 
allée  en  brouet  d'andouilles ,  lorfquelle  n'a  abouti 
à' rien, 

BROUETTE,  f,  f.  Petite  charrette  ou  pAft  tombe- 
reau qui  n'a  qu'une  roue,  &  qu'un  homme  pou/fe 
devant  lui,  Vehiculum  trulciiile.  Les  Vinaigriers 
le  fervent  de  brouettes  pour  porter  leur  vinaigra 
par  les  rues.  On  lé  fert  de  brouettes  pour  porter 
des  tetres ,  du  fumier,  des  ordures  à  la  campagne. 
Dans  les  mines  on  lé  fert  de  brouettes  dont  la 
roue  eft  au  centre. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  birotetta  ,  diminutif 
de  birota  ,  qui  fe  trouve  dans  le  Code  Théodo- 
ficn ,  &  fignifie  une  petite  voiture  à.  deux  roues. 
D'autres  le  dérivent  de  bifrota. 

On  .appelle  au(îl  brouettes ,  ces  petites  chaifes  .\ 
deux  roues  qui  font  traînées  par  des  hommes ,  Sc 
audi  les  carroflcs  mal  propres  &  mal  attelés. 

BROUETTER,  v.  a.  Tranfporter  quelque  chofe  dans 
une  brottette.  On  brouette  des  terres ,  des  pierres , 
du  fumier.  C'eft  encore  mener  quelqu'un  dans  une 
pcrite  chaife  .à  deux  roues.  Je  me  fuis  i-iXx.  brouet- 
ter toute  la  journée.  Véhicula  trahere. 

'■fT  Ici  les  Vocabuliftes  triomplient.  Ils  ont  vu  dans 
l'ancienne  édition,  brouetter  v.  n.  Et  ils  ne  man- 
quent pas  de  faire  remarquer  que  ce  verbe  n'eft 
pas  neutre  ,  comme  le  dit  le  diâ.  de  Trévoux. 
Le  diét.  de  Trévoux  ne  dif  pas  cela.  Il  eft  évi- 
dent que  V.  n.  eft  une  faute  d'imprelfion  ,  pour 
v.  a.  l'exemple  qui  fuivoir ,  devoir  leur  faire  voir 
qu'on  donnoit  à  ce  verbe  une  fignification  tuftive. 
Il  y  a  dans  la  remarque  un  peu  de  malignité.  Ils 
auront  beau  fuppofer  des  faures  dans  les  autres 
Dictionnaires ,  le  grand  Vocabulaire  n'en  vaudra 
pas  mieux. 

BROUETTÉ ,  ÉE.  part. 

BROUETTEU?-.,  f  m.  Ceki  qui  traîne  des  hom- 
mes dans  les  chaifes  qu'on  appelle  brouettes  oa 
vinaigrettes. 

BROUETTIER.  f  m.  Celui  qui  mena  une  brouette. 
A^ens  truÇarile  vehiculum.  îjCT  Celui  qui  tranfportâ 
quelque  fardeau    dans  une  brouette  .t.  une  roue. 

BROUHAHA,  f.  m.  Acclamation  ,  bruit  «fourd  & 
confus,  qu'on  entend  dans  les  Affembléés  où  l'on 
fait  des  difcours  publics ,  &  où  l'on  donne  des 
fpedacles ,  lequel  témoigne  l'admiration  ,  ou  l'ap- 
plaLidilll-mcnt  des  adiftans.  Piaufus  ,  clamor.  Ce 
terme  eft  fur-rout  en  ufage  patmi  les  Comédiens, 
lorfqu'on  fe  recric  fur  les  beaux  endroits  de  I,a 
pièce.  Le  Comédien  s'arrête  aux  beaux  endroits 
de  la  pièce ,  &  avertit  par-là  qu'il  faut  faire  le 
brouhaha.  Mol.  Ce  mot  eft   du  ftyle  fimilier, 

BROUI.  f.   m.   Terme   de   gens  qui  travaillent  en 

email. 


Ê  R  O 


émail.  C'efl   une   forte    de  tuyau  dortt  ils  (e  fer- 
vent pouL-  fouffler  la  flamme  de  la  lampe  fur  l'é- 
mail qu'ils  veuleat  l'aire  iondre.  Calamus.  On  rap- 
pelle autrement  Chalumea.ii. 
.BROUILLAMINI,  f  m.  C'eft  une   terre  rouge    & 
vifqueufe  ,  naturellement  féclie  avec  peu  d'odeur  & 
de  faveur.   On  la  trouve  dans  les  minières  de  fer. 
Biringuccio  affure  que  l'on  s'en  fertprcfcrablement  à' 
la  terre  figillce  contre  toutes  fortes  de  venihs.  Quel- 
ques-uns la  confondent  avec  le  bol  d'Arménie  ,  & 
difent  que  ce  mot  s'eft  fait  par  corruption  de  loli 
armemc'u  Les  Médecins  s'en  fervent  fouvcnt.  Les 
Peintres  s'en  fervent  auifi  pour  attachet  l'or  aux  or- 
nemens  de  leurs  peintures  j  &  les  Potiers  pour  tein- 
dre leurs  pots  en  couleur  rouge. 
^  Les  Maréchaux  appellent  brouillaniini ,  par  cor- 
ruption ,  une  emplâtre  pour  les  chevaux  ,  faite  de 
bol  d'Arménie. 
Brouillamini  ,  fe  dit  encore  d'un  bol  tiré  des  car- 
rières ,  dont  on  fait  une  pâte ,  de  laquelle  on  forme 
des  bâtons  plats ,  de  la  groOeur  &  de  la  longueur  du 
doigt  ;  ces  bâtons  s'appellent  brouillamini,  ou  bol 
en  bille. 
Brouillamini  ,  efl:  au/Ti  un  mot  burlefque ,  pour  fi- 
gni/ier  défordre ,  brouillerie  ,  confulion  ,  obfcurité. 
Tenebrx  ,  caligo  ,  obfduritas.  Il  y  a  là  dedans  trop 
de  brouillamini,  Molière. 
%I  BROUILLARD,  f  m. ,  autrefois  brouillas.  Nebu- 
la.  Amas  de  vapeurs  &  d'exhalaifons  groflîères  qui 
s'élèvent  de  la  terre  ,  que  le  froid  condenfe ,  &  que 
leur  propre  pefanteur  retient  proche  la  furface  de  la 
terre.  Toy^ç  Vapeurs  &  Exhalaisons.  Les  brouil- 
lars  font  de  vrais  nuages  ,  que  leur  propre  poids 
retient  dans  la  plus  baffe  région  de  l'air.  Les  nua- 
ges font  des  brouillars  plus  élevés.  Foy£7  Nuage. 
IP"  Les  particules  d'eau  dont  \c  brouillard  tGicom- 
pofé  ,  fe  joignant  les  unes  aux  autres ,  interrompent 
l'adtion  de  la  lumière  ,  empêchent  le  pafîai;e  des 
rayons  du  Soleil  ,  &  nous  dérobent  le  jour.  Lqs 
broxdllars    font   plus  ftéquens  dans  les   lieux  hu- 
mides &  marécageux  ,  parce  qu'il  en  fort  plus  dé 
parties  aqueufes  ou  de  vapeurs. 
tfT  Ils  font  auffi  plus  frcquens  en  hiver  qu'en  été  -, 
parce  que  le  froid  de  l'atmofphèrc  condenfe  promp- 
tement  les  vapeurs  &  les  exhalaifons  qui  s'élèvent 
de  la  terre. 
%T  Lorfque  le  brouillard  n'efl:  compofé  cjue  dé  par- 
ties aqucufes ,  il  n'efl:  point  nuifible  :  lorfqu'il  efl: 
formé  d'exhalaifons ,  il  efl:  mal-fîin  &  puant ,  plus 
ou  moins ,  félon  la  nature  de  ces  exhalaifons. 
fO"  Quelquefois  les  brouillars  font  chargés  de  fels 
nitreux&iulfureux  qui  tombent  en  petites  çouttes 
de  pluie  :  c'eft  ce  que  les    Jardiniers   Se  fcs  La- 
boureurs appellent  nieU  ,  qui  détruit    tout  d'un 
coup   les    plus    belles  efpérances  du  Moilfonneur. 
Les  particules  tranchantes  de  ces  corpufcules  dé- 
chirent les  fibres  des  planres  &  des  fruits  encore 
tendres  :  le  mouvement  des  fucs  efl:  arrêté  :  tout  fe 
defféche,  tout  languit  &  dépérit  faute  de  nourriture. 
f^oye^  NiELE. 
|CF  Les  objets  que  l'on  voit  à  travers  un  brouillard 
paroiffenr  plus  grands  &  plus  éloignés.  Voyei  au 
mot  apparent ,  grandeur  apparente'',  Sc  vifion. 
§3=-  La  pèche  du  hareng  ne  le  fait  que  pendant  les 
brouillars.  Voyez  Hareng. 

On^  dit  proverbialement  d'un  brouillard  ,  qu'il 
eft  li  épais  ,  qu'on  le  couperoit  avec  un  couteau. 
Brouillard  ,  fe  dit  aulfi  adjed1ivement;du  papier  fans 
colle,  tel  que  le  papier  gris ,  qui  fert  à  filtrer.  Ckarta 
hibula.  On  fe  fert  de  ce  papier  pour  boire  l'encre  des 
écritures  fraîches  qu'on  fait  dans  un  regiftre.  On  le 
dit  auffi  de  tout  autre  grand  mcciiantpapier     ou 
inutile  ,  qui  fert  à  envelopper  quelque  chofe ,  ou  à 
d'autres  ufages. 
Brouillard  ,  fe  dit  encore  d'un  livre  fur  lequel  les 
Maîtres ,  &  autres  qui  font  employés  dans  le  com- 
merce ,    écrivent   à  fur  &  à   mefure  ce  que  l'on 
reçoit  &  ce  que  l'on  prête  ,  pour  être  enfuite  porté 
&  mis  en  ordre  fur  un  autre  regiftre  ,  qui  eft  pro- 
Tome  11, 


B  il  O 


ptementie  journal,  ai.^  àccepti  ù  mutut  rMionem 
conttnens  Quelques-uns  appellent  le  journal  d    nom 
de  brouillard,  m^,^  improprement.  Bornipr 
Brouillard.  Pris  figurémcnt,  îigni/ie  obfcurité;  'obfa,  ■ 

firMiDr:;fr^«'^^^'^^^---^-4ef 

^^^^.ll^^\  '•  '•  ^""ïf '"  °^"^  ^'^-'^  ^-  Amours 
SSet       ^'""       '^"^  ^'''^''  pariant  de-ià 

Eft  brouille  avec  ma  Bergère , 
Je  nous  chaniaillons  exprès, 

C'eft  une  expreflîon  populaire  ,  qui  ne  peut  paf 
fer  que  dans  la  bouche  d'un  payfan^ou  d'une  pcr- 
ionne  de  la  he  du  peuple.      "^  '        '  ''^" 

BROltlLLEMENT.  f  m.  Mélange  ,  confufion.  Ce 

brouiUement  des  couleurs 

CCr  BROUILLER,  v.  a.  Me'ttré  les  chofes  pêle-mêle, 
en  de  ordre,  en  confufion,  Mifcere  ,  turbare.  J'ai 
broutlle  tous  mes  papiers.  Mes  livres  font  ^ro«.L-. 
Ménage  denve  ce  mot  de  brogliare  ,  c^ni  2.  été  fait 
de  broglw  qui  fignifie  bois  ,  d'où  eft  venu  iméro- 
gliare  ,  qui  a  fait  embrouiller. 

^^  Brouiller  ,  fignifie  aulf,  mêler  plufieurs  chofes  en- 
izmblc, mjcere , confundere.  Mettez  toutes  ces  dro- 
gues enfemble  &  les  brouillei  bien.  Brouiller  plu- 
fieurs vins  enfemble  ,  &  brouiller  du  vin  ,  remuer 
un  tonneau  ,  une  bouteille  ,  enforte  que  la  lie  &  le 
fediment  fe  mêlent  avec  la  liqueur.  Brouiller  de-» 
œufs ,  mêler  le  blanc  &  le  jaune. 

Brouiller  ,  fe  dit  aU  figuré  ,  pour  mettre  de  la  con- 
fufion ,  du  défordre.  Brouiller  les  affaires.  Ce  Mi= 
niftre  a  brouillé  l'Etat. 

ffJ"  On  le  dit  au/fi  des  perfonnes  pour  fiç^nifier  met^ 
tte  la  diffenfion  ,  femer  la  difcordc.  J'aurois  pu  iuf 
quici  brouiller  louslts  Chapitres.  Boil. 

IP"  On  dit  figurément  &  proverbialement  que  l'a- 
mour a  brouillé  la  cervelle  à  quelqu'un  ,  pour  dire 
qu  il  lui  a  troublé  l'cfprir. 

IP*  On  dit  de  mcms  brouiller  \c%  C3.nes,  embrouiller 
les  affaires ,  y  mettre  du  trouble  ,  en  parlant  des 
perfonnes ,  les  mettre  en  mauvaife  intellit^ence. 

Brouiller  ,  fignifie  auffi  embarralfer.  Ce  mot  n'a' été 
inventé  que  pour  brouiller.  Pasc, 

IP  On  le  dit  abfolument ,  pour  dite  faire  les  chofes 
avec  confufion,  foit  par  ignorance  ,  foit  par  malice. 
11  n'a  ni  règle  ni  ordre  dans  l'efprit ,  il  ne  fait  eue 
brouiller,  Acad,  Fr, 

IP  Brouiller  ,  eft  aufTi  réciproque  ,  &  .fignifie  s'em- 
barralfer  ,  fe  troubler  en  parlant.  Il  fe  brouilla  tel- 
lement ,  qu'il  ne  favoit  plus  ce  qu'il  difoit. 

\fT  Se  Brouiller  ,  fe  mêler  ,  fe  confondre.  Ils  ne  fe 
brouillent  point  avec  le  refte  des  troupes  dans  les 
défilés.  Ablanc. 

IP  On  dit  auffi  que  le  ciel  fe  brouille  ,  quand  il  fe 
forme  des  nuages  qui  annoncent  la  pluie  ou  l'orage. 

IP  On  le  dit  au/fi  au  figuré  ,  en  parlant  du  refroi- 
diflement  qui  arrive  dans  l'amitié.  Abalienari  ,  (i- 
multates  Jufcipere  ,  Les  amis  fe  brouillent  aifément , 
mais  ils  fe  raccommodent  avec  la  même  facilité.  Ills 
ne  fe  brouillent  ni  avec  la  foi  ,  ni  avec  la  raiibn. 
Pasc. 

Brouiller  ,  fignifie  encore ,  gâter  du  papier  en  faifant 
des  écritures  inutiles,  ou  de  méchans  livres.  Chartam 
perdere.  Ce  mauvais  Poëtea  bien  brouillé  du  papier. 
Les  faifeurs  d'anagrammes  brouillent  bien  du  papiet 
inutilement. 

Brouiller  ,  fe  dit  auffi ,  en  termes  de  Manège  ;  pout 
dire,  mettre  un  cheval  hors  d'état  dcfe  bien  manier , 
par  la  faute  du  cavalier  qui  le  monte.  Vitiare.  On 
dit  qu'un  cheval  fe  ^rotf/7/tr,  lorfqu'à  force  de  vou- 
loir précipiter  fon  exercice  ,  il  le  confond ,  de  façon 
qu'il  ne  fait  p^lus  ce  qu'il  fait. 
BROUILLÉ  ,  EE,  part.  Les  Fleuriftes  difent  qu'une 
fient  eft  brouillée,  cfi.z.nà  elle  n'a  point  panaché  net 


^o 


BRO 


Pertilftus,  confufus,  turl:>atus,penurl>atus.  Cette  tu-  i 
hpe  elt  hrouillce  Qoi>^T,  Cet  œillet  efl:  brouilleXiG. 
On  appelle  ,  en  termes  de  nianct;e  ,  un  cheval 
brouille  ,  ca  qui  le  irouille  ,  celui  qu'on  recherche 
pour  lui  taire  faire  quelque  exercice  ,  &c  qui  au- 
lieu  d'obéir  ,  l'c  précipite  ,  ie  travcrie  &  le  de- 
funit ,  étant  incertain  oc  inquiet ,  parce  qu  il  a  les 
aides  trop  fines  :  ce  qui  l'empêche  de  manier ,  pour 
peu  qu'on  ferre  trop  les  cuiifes  ,  ou  qu'on  iailTe 
cchaper  les  Jambes.  . 

gcr  BROUILLERIE.  f.  f.  L'Acad.  dit  funplement  , 
querelle  ,  dilfenfion  :  les  Vocabuliftes  ajoutent  ziza- 
nie ,  difcorde.  Pourquoi  tous  ces  prétendus  fyno- 
nymes  î  Le  mot  de  brouilUrie  ne  dit  autre  chofe  que 
méiintelliqence  entre  perlbnnes  qui  ont  été  bien  en- 
femble.  Difenfio ,  diljiduim.  Il  y  a  quelques  brouil- 
leries  à  la  Cour  qui*  n'éclatent  pas  encore.  Il  y  a 
de  la  brouilkric  dans  ce  ménage  ,  entre  ces  amis. 
hzs  brouilleries  d'un  Erat  aboutiilcnt  iouvcntàdes 
î^uerres  civiles.  Dans  toutes  les  brouilkries  du 
Royaume  ,  il  s'eft  toujours  montré  bon  françois. 

Voit. 
BRouiLLfRiE  ,  fe  dit  aufTi  pour  difputes.  Contentiones, 
Voulez-vous  recommencer  nos  brouillaies  î  Pasc. 
Brouillerie  ,  pour  bévue  d'un  Auteur  qui  confond 
les  choies ,  qui  les  brouille  ,  eft  un  mot  de  la  laçon 
de  Bayle.  Ce    font  des  brouilkries  d'autant   plus 
grandes ,  qu'il  eft  fur  que  les  Sarrazins  étoient  maî- 
tres du  Lan2;uedoc  avant  qu'Abdérame  eût  paifé  les 
Pyrénées.  Bayle,  Les  brouilkries  d'Auguftin  Cu- 
rion  fonr  encore  plus  confufes.   Id.  Brouilkrie  n'a 
qu'un  fens  moral  :  il  lignifie  les  difputes  ,  les  méiin- 
telligences ,  les  diifcrens  qui  font  entre  les  perlon- 
nesTsi  les  ^ro«i//<;nM  de  Curion  ne  peuvent  figni- 
fier  que  les  inimitiés ,  les  difcordes  qu'il  a  excitées , 
ou  qu'il  a  eues.  Brouilkrie  ne  le  dit  jamais  pour 
ime  confufion  de  choies  niifes  pêle-mêle ,  contre 
l'ordre  qu'elles  doivent  avoir. 
§3=  BROUILLON  ,  ONNE.  adj.  remuant ,  qui  cher- 
che ,  ou  qui  aime  à  brouiller.  Turlndus  ,  turbukn- 
tus.  Efprit  brouillon.  Humeur  brouillonne.  N'ayez 
aucun  commerce  avec  les  efprits  brouillons. 
gCF  On  dit  fubftantivemcnt ,  c'eft  un  brouillon.  Tur- 
bator  ,  novarum  reruin  moliior,  C'cll:  une  brouil- 
lonne. .    .    ,,  , 
fer  Brouillon,  fe  dit  aufTi  de  ce  qu  on  écrit  d  abord, 
des  premières  idées  qu'on  jette  fur  le  papier ,  pour 
être  enfuite  mifes  au  net.  Je  travaille  .à  cet  ouvrage  \ 
mais  je  n'en  ai  lait  encore  qu'un  brouillon.  Il  m'a 
fait  lire  fon  brouillon. 
ftCr  Brouillon,  chez  les  marchands ,  fc  dit  d'un  ef- 
pèce  de  journal ,  qui  n'eft  pas  tout  -  à  -  fait  au  net , 
fur   lequel  les    Marchands   6c    Banquiers  écrivent 
les  chofes  qui  ont  rapport  à  leur  commerce.  Ad- 
verfaria.  Porter  ,  effacer  un  article  fur  le  brouillon. 
§Cr  Quelques  Provinciaux  dhent  brouillard.  C'eft  pro- 
prement un  mémorial.  Memorialis  liber. 
BRUINE,  f.  f.  yoye?^  BRUINE.  C'eft  la  même  chofe 
que  Brouée.  Une  pluie  menue.  Ce  mot   vient  du 
latin  Pruina ,  comme  on  l'a  dit.  Bruine  eft  mieux 
que  brouine. 
IP"  BROUIR.  V.  a.  Terme  d'Agriculture  qui  fe  dit 
des  boutons  des  arbres ,  des  nouvelles  pouifes ,  des 
ftuirs  Se  des  blés  brûlés  &  grillés  par  l'adion  du 
Soleil,  après  avoir  été  attendris  par  une  gelée  blan- 
che, Urere  ,  arefacere.  Le  Soleil  a  broui  nos  fruits , 
nos  arbres  à  fruits.  Tous  les  blés  Ibnt  brouis.  Car- 
tunculaniur  femina. 

On  le  ditaufli  de  quelque  mauvais  vent  qui  fait 
retirer  les  feuilles  des  arbres  -,  enforte  qu'elles  n'ont 
plus  leur  étendue  ,  ni  leur  verdeur  ordinaire.  Ces 
feuilles  tombent ,  Zc  font  place  à  d'autres  qui  leur 
fuccèdent.  La  bize  a  brouï  nos  arbtes.  Au  prin- 
temps les  vents  de  nord-eft ,  c'eft-à-dire  ,  les  venrs  de 
bize  ,  fort  fecs  &  fort  froids ,  brouij/enc  les  feuilles 
&:  les  jets  nonveaux.  La  Quint. 
|p°  On  difoit  anciennement  ^ro.vir.?,  brûler,  fccher. 
L'ardeur  du  Soleil  qui  furvient  après  la  bruine  , 
htouitks  arbres.  Cdrbunculare.  Ch.  est.  Dict. 


BRO 

BRÔUI ,  IE  ,  part.  Des    abricotiers  brouis  ,  des  pê- 
chers brouis.  Des  feuilles  hrouies.  La  Quint. 
BROUISSEMENT.  Voye^  BRUISSEMENT. 
BROUISSURE.f.  f.  Terme  de  Jardinage.  C'eft  le  dé- 
gât &:  le  mauvais  effet  du  vent ,  ou  de  la  gelée  qui  a 
brouï  les  arbres.  Arentia  foiia  ,  aridi  folliculi.  Car- 
bunculatio.  La  brom^ure  rombe  ,  &;  fait  place  aux 
nouvelles  feuilles  qui  doivent  fuccéder.  Cette  bruij'- 
fure    tombera    aux   premières   pluies  douces.  La 
Quint. 
BROUNISME.  f.  m.  Sede  ,  doûrine  des  Brouniftes. 
Brounifiarumjtcla,doc{rina.  Il  eft  vrai  de  dire  que 
le  Brounifme  n'a  point  proprement  d'autres  Auteurs 
que  les  Epifcopaux.  Pelisson. 
BROUNISTES.Nomde  certains  fedaires  quifefont 
élevés  à  la  fin  du  feizième  liècle,  en  Angleterre.  Leur 
chef  s'appeloit  Robert  Broun  ,  originaire  de  Nort- 
hampton.  M.  Stoupp  qui  les  a  connus  en  Hollande, 
en  fait  cette  dcfcription,dans  fa  deuxième  lettre  tou- 
chant  \i  Religion  des  HolLindois.   Les    Brounijies 
fe  font  fcparcs  de  l'Eglife  Anglicane  ,  &  de  toutes 
les  autres  Eglifcs  Réformées,  qu'ils  croient  cor- 
rompues ,  non  pour  les  dogmes   de    la  foi ,  mais 
pour  la    forme  du    gouvernemenr.    Ils    condam- 
nenr  éijalemenr  le  gouvernement  épifcopal  &  celui 
des  Prelbytcriens  "pat  des  Confiftoires  ,  par    des 
Claffes  &  par  des  Synodes.  Ils  ne  veulent  pas  fe 
joindre  à  nos  Eglilés ,  parce  qu'ils  difent  qu'ils  ne 
font  pas  aflliiés  de  la  convetfion  &  de  la   probité 
des  membres  qui  les  compofent ,  .à  caufe  qu'on  y 
tolère  des  pécheurs  avec  qui  il  ne  faudroit  point 
communier  ,  &:  que  dans  la  parricipation  des  Sa- 
crcmens ,  les  bons  conttadent  de  l'impurerc  parla 
communion  des  méchans.  Ils  condamnent  la  bcné- 
didion  des  mariages  ,  qui  fe  fait  dans  les  Eglifes 
par  les  Miniftres  ,  foutenanr  qu'étant  un    contrat 
polirique  ,  fa  confirmation  dépend  du  Majiftrat  ci- 
vil. Ils   ne  veulent  point  qu'on  baptife   les  enfans 
de  ceux  qui  ne  ibnt  pas  membres  de  l'Eglife ,  ou 
qui  n'ont  pas  affez  de  foin  des  enfans  qu'on  a  bap- 
tilés.  Ils  rejettent  tous  les  formulaires  des  prières, 
5s.  ils   difent   même  que  l'orailbn  que  le  Seigneur 
nous  a  enieignée  ne  doit  pas  être  récitée  comme 
une  prière  -,  mais  qu'elle  nous  a  été  donnée  pour 
être  la  règle  Se  le  modèle  fur  lequel  nous  devons 
former  routes  celles  que  nous  préfenrons  à  Dieu. 
BROUSSAILLER.  v.  a.  Terme  de  Jardinage.  Garnir 
de  brouj[failles.  Broujfailkr  par  des  lizières  de  bois, 
des  palilfades  un  peu  garnies ,  le  pourtour  des  murs. 
Jard.  de  propreté.^ 
BROUSSAILLE  ,  EE  ,  parc.  Garni  de  brouflailles.  Pa- 

hiVuAebrouiïailke.  Jard.  de  propreté. 
BROUSSAILLES.  Foye^  BROSSAILLES. 
BROUSSE.  Nom  d'une  ville  de  l'Anatolie.  C'eft  la 
capitale  de  la  Bithynie. 


BROUSSIN 

qui  vient  à  un  arbre  qu'on  appelle  érable  :  elle  eft 
ondée  &  madrée  d'une  manière  fort  agréable  :  elle 
étoit  d'un  fi  grand  prix  parmi  les  Romains ,  que 
Pline  afllire  qu'ils  l'eulfenr  préférée  au  citronnier  , 
s'ils  en  euflenr  pu  faire  des  tables.  On  en  fait  des 
cadettes,  des  tablettes,  &  autres  ouvrages ,  qu'on 
eftime  beaucoup.  Mollufcum. 
|5Cr  BROUT.  f.  m.  Nouvelles  pouffes ,  nouveaux  jets 
que  les  jeunes  taillis  pouffent  au  printemps  ,  &  que 
les  bêtes  vont  manger.  De-là  vient  qu'en  termes 
de  Vénerie  ,  on  entend  pat  bètes  de  brout ,  toutes 
fortes  de  bêtes  fauves-,  comme  le  cerf,  le  chevreuil , 
le  daim  ,  le  bouquerin ,  le  chamois ,  le  rangier ,  &c. 
On  les  appelle  auflî  bêtes  brouantes.  Fera  pafcens. 
Du  Cange  dérive  ce  mor  de  brujius ,  qu'on  a  dit 
dans  la  balfe  latinité  au  même  fens ,  quod  ex  bruf- 
ci  s  feu  dumetisfiat  paflio  animalium.  Mais  il  vient 
plutôt  de  broufi^  qui  eft  un  vieux  mot  celtique,  ou 
bas-breron ,  qui  fignifie  bourgeon ,  ou  hallier  ,  ou 
du  grec  (ieio-Ko),  rnojzduco. 


B  R  O 

i'^  B-.OUT^  fl'  dit  aufîi   des  ccalcs  de  noîx    vertes 
q-ii  fervent  à  divers  uiagcs.  Gidiocu.Ou.  prépare  le 
trout  pour  lèrvir  aux  teintures.  On  fait  du  rara/ia 
iXchroucde  noix.  On  confit  les  noix  avec  leur  trout. 
Il  faut  écrire  brotit  &c  non  pas  frou. 
BROUTANT  ,  ANTE ,  ïdj.  On  aopelle  en  Vénerie 
les  hères  /routâmes,  le  cerf  ,1e  fangier,  le  daim, 
le  chevreuil  ,  le  chamois  ,  le  bouquetin  ou  bouc 
fauvige.  Piijcens. 
Brouter,  v.  a.  Paître  rherbe  dans  les  près ,  man- 
ger le  brout  dans  les  forêts.  Fafci ,  morju  capere  , 
depajcere.  §3"  Les  moutons  broutent  l'herbe  des 
prés.  Les  chèvres  hroutentlzs  feuilles ,  les  bourgeons 
des  arbres.  On  ne  le  dir  que  de  l'herbe  qui  tient  à 
la  terre ,  &  des  feuilles  &  des  bourgeons  qui  ricn- 
nent  aux  branches. 

Ménage  ,  après  Bochart ,  dérive  ce  mot  du  grec 
/3^1/776,, ,  iignifîant  la  même  chofe.  Borel  le  dérive  du 
grec  /3/)o;iiflij'£,v,  qui  lignifie  depajcere. 

On  dit  proverbialement ,  là  où  la  vache  eft  atta- 

diée  ,  il  faut  qu'elle  broute;  pour  dire ,  qu'il  fine 

demeurer  arraché  à  fa  profe/fion.  On  dit  auffi  d'un 

homme  qui  a  de  l'induftrie  ,  que  l'herbe  fera  bien 

_^  courte,  s'il  ne  trouve  de  quoi  brouter  ;  pour  dire, 

qu'il  trouvera  bien  le  moyen  de  çasner  fa  vie. 
BROUTÉ  ,  ÉE  part.  ^  ^-  ^ 

BROUTILLES,  f.  £  pi.  Menues  branches  qui  relient 
dans  les  forers  après  qu'on  a  retranché  le  bois  de 
corde  :  elles  fervent  à  faire  des  figots,  Firgultn,  En 
plufieurs  endroits  on  dit  bretilles, 
Bro'j TILLES ,  fe  dit  auffi  dans  le  ftyle  familier  ,  de  plu- 
fieurs  petites  chofes  inutiles  &  de  nulle  valeur. 
Voilà  bien  des  broutilles, 
^  BROWERS  -  HAVEN.  Ville  de  Zélande  ,  dans 

les  Pays-Bas ,  dans   l'île  de  Schowen. 
BROYE,  f.  f.  Dans  le  propre  ,  c'ell  un  inltrument  dont 
on  fe  fert  à  la  campagne  pour  rompre  le  chanvre  , 
&  tiller  plus  aiférnentt  On  dit  dans  quelques  pro- 
vinces, brie ,  brayoïre  ,  braye  &  mdCjue.lnJirumen- 
ium  macerandce  cannabi  comparatum.  On  le  dit  en 
termes  de  Blâfon  ,  d'une  efpècc   de  feftons  qu'on 
trouve  dans  quelques  Armoiries  pofés  en  diverfes 
iituations.  La  maifon   de  Broyé  en  a  porté  ,  par 
allulionà  fon  nom.  Celle  de  Joinville,  porte  d'azur 
à  trois  broyés  d'or  ,  liées  d'argent  ,  &c.  Quelques- 
uns  les  prennenr  aufll  pour  des  moraillcs,  d'autres 
pour  toutes   fortes  d'inftrumeus  propres  à  broyer. 
Les  Ahglois  les  nomment  barnades ,  ou  bernicles  , 
du  nom  d'un  inftrument  dont  les  Sarrafîns  fe  fer- 
■  voient  pour  donner  une  géhenne  cruelle. 
BROYEMENT.f  m.  Réduélion  d'un  corps  en  petites 
parties.  rm//r<z.  Il  y  a  des  Médecins  qui  penient  que 
ladigeftion  fe  fait  par  le  broyement  des  alimens.Il  c.n 
efi:  même  qui  foutiennent  que  tout  eft  vaiffeau  dans 
le  corps  humain  jque  tous  ces  vaidéaux  ont  un  mou- 
vement de  fyftole  &  de  diaftole  ,  &  que  tout  s'y  fait 
par  le  broyement  des  humeurs  qui   y  coulent.  M. 
Lifter,  Médecin  de  la  feue  Reine  d'Angleterre  ,  a 
réfuté  dans  fon  livre  des  humeurs  ,  l'opinion  qui 
fait  conlîfter  la  digeftion  dans  le  broyement.  Voyez 
au  mot  Digestion. 
BROYER.  V.  a.  Réduire  un  corps  en  particules  plus 
menues  de  quelque  manière  &  avec  quelque  inftru- 
ment que  ce  foit.  L  erere.  Il  faut  broyer  ces  drogues 
dans  le  mortier.  Suivant  une  opinion  nouvelle",  les 
inembranes  del'eftomac^roye/z/les  alimens  que  l'on 
prend ,  comme  une  meule ,  &  c'eft  ainfi  que  fe  fait  la 
digeftion.   Voye^  Digestion. 

On  le  dit  particulièrement  des  couleurs  qu'on 
écrafe  long-temps  furie  marbre  ou  le  porphyre  avec 
une  pierre  dure  qu'on  nomme  molette  ,  en  les  mê- 
lant avec  de  l'huile  pour  les  en  imbiber  ,  après  qu'on 
les  a  pulvérifées.  fCT  On  broyé  les  couleurs  à  l'eau 
ou  à  l'huile ,  fuivant  l'ufage  qu'on  en  veut  faire, 
fi^  On  les  hroye  fur  la  pierre  avec  la  molette  :  onlcs 

mêle  fur  la  palette  avec  le  pinceau 
BaoYER ,  en  termes  de  Philofophic  hermétique  ,  fi- 
gnifie  quelquefois  cuire  la  ilature  jufqu'à  ce  qu'elle 
iQit  parfaite. 


BRU 


5  ï 

Broyer.  Terme  de  Cordier.  Façon  de  détacî.cr  iache- 
nevorte  de  la  f.huîe  ,  au  mo/en  d'une  machine  qui 
a   br ne,  qu  on  appelle  i^royf. 
BROYE  ,  EE  ,  part.  &  adj.  Tritus.' 

On  appelle  pain  broyé,  nn  certain  petit  pain  dp 
fine  farmc  ,  que  les  Boulahgers  croient   autrefois 
obliges  de  faire  pour  leur  chef  d'oeuvre  ,  quand  on 
les  recevoir  maures.  Foyer  Pain. 
BROYEUR,  f  m.  Qui  fc  dit  en  cette  phrafe.  C'eft  Un 
Broyeur  d;ocre  ;  pour  dire  ,  c'eft  un  fort  mauvais 
1  emtre.  Tritor.  On  le  dit  aufll  de  celui  qui  broyé 
les  couleurs  donr  les  Peintres  fe  fetvent. 
BROYON.  f.  m.  Terme  de  Cha/fe.  Piège  pour  pren- 
dre des  bêtes   puantes.  On  fait  la  chaffc  avec  des 
traîneaux  ,  ailiers ,  panneaux ,  rets  faillans ,  bricoles , 
tenres,  éraingues ,  collets,  pièges,  amorces,  broyons, 

Broyon  ,  terme  d'Imprimerie.  C'eft  une  efpèce  de 
molette  ,  avec  laquelle  les  Imprimeurs  broient  le 
vernis  &  le  noir  ,  dont  ils  compofent  leur  encre. 

BRU. 


BRU.  f.  f.  Belle-fille.    C'eft  un  terme  d'alliance  re-' 
lanf  au  père  &  à  la  mère  d'un  fils,  à  l'égard  defquels 
la  femme  qu'il  a  époufée  s'appelle  \zntbru  ,  ou  leur 
be  le-jtlle.  Ce  dernier  terme  eft  plus  du  bel  ufaire. 

lyurus,  ^ 

Ménage  dérive  ce  mot  de  nurtis  latin  ,   ou  de 
1  allemand   bruvt  ,    ou   plutôt  braut  ;   qui  fig-nifie 
epcwjée.    Du    Cange    cite    les     Glofes    d'Ifo^Ma- 
gifter  ,  où  il  eft  dit  que  brut  fignifie  une  femme 
accordée  ,  ou  fiancée, 
BRUANT  ,  ou  Bruand  ,  f.  m.  plus  communément 
breant,  C'eft  un  petit  oifeau  gros  comme  un  moi- 
neau ,    &  donr  le   chant  eft  allez  agréable.  Ciru- 
his ,  Florus  ,  &  en  grec  ,    Anthus,  '  Le  Briiant  , 
ou    Verdon    ,     que     les    Italiens    appellent    Fer- 
done  ,   eft  un  peu   plus  gros    que   le   Pinfon.  Les 
mâles  font  preique  tous  jaunes  ;  ils  ont  néanmoins 
quelques  patries  des  aîles  &  de  la  queue  qui  tirent 
fur   le  cendré  :  les  plus   grandes  pennes  font  d'un 
plus  beau  Jaune  ;  les  plumes  de  la  queue  à  leur  ex- 
trémité font  tout-à-fait  jaunes  ;  en  dedans  elles  font 
d'une  autre  couleur.  Son  bec  eft  gros  &  aigu  ,  de 
couleur  pàlé  ;    fes  jambes   &  fes' pieds  font   d'un 
rouge  riranr  fur  la  couleur  de  chair.  L'on  en  "nour- 
rir en  cage  à  caufe  de  la  beauté  de  leur  chant.  Le 
Bruant  fait  fa  demeure  ordinaire  dans  les  prés  hu- 
mides &:  pleins  d'eau  ,  ilir  les  hauts  arbres.  Il  femble 
hennir  comme  le  cheval,  pour  lequel  il  a  de  l'an- 
tipathie.  Son  temps  eft  depuis  le  commencement 
d'automne   jufqu'au  mois  d'Avril  ,  &    pendant  ce 
temps  on  en  prend  une  grande  quantité.   Pour  en 
prendre  au  printemps  il   faut   mettre  enrre   deux 
rers  plufieurs  fortes  d'herbes ,  comme  lacerons  fau- 
vagcs  ,  &  autres  dont  ils  mangent  -,  l'on  y  mettra 
aulîi  deux  ou  trois  pieds  de  chardons ,  avec  des  ra- 
meaux d'arbres  ,  fi  l'on  peut  avoir  des  herbes  avec 
leurs  femences ,  ce  fera  le  mieux.-  Il  faut  dreffer  les 
plantes  de  ces  herbes  comme  fi  elles  avoient  natu- 
rellement crû  en  ce  lieu.  Cet  oifeau  mange   de  la 
navette  &   du  chencvis  ,  &  fait  fon  nid"  dans  les 
vallées  &  lieux  bas.  Il  fait  quatre  ou  cinq  petits.  Le 
mâle  eft  d'un  verr  jaunâtre.    La  femelle  tire  davan- 
tage fur  le  gris. 

IlyaaufTiun  Taii'an  bruand  ,  appelé  autrement 
Coq  de  bois  ,  ou  de  bruyère,  Urogallus.  Il  y  en  a 
de  deux  efpèces.  Foye^  Faisan, 
IfT  BRUCELLES,  f.  f.  pi.  Petite  pincettc  dont  fe 
fervcHt  les  horlogers  pour  tenir  des  pièces  déli- 
cates, comme  des  roues  très-fines,  &c,  Plufieurs  autres 
ouvriers ,  les  Argenteurs ,  Lapidaires ,  onr  auifi  leurs 
brucelles. 
§CF  BRUCHAUSEN.  Comté  d'Allemagne ,  en  Wcft- 

phalie  ,  fur  les  bords  du  Wcfcr. 
Ip^^  BRUSCHAL.  Ville  d'Allemagne  ,  dans  l'Evcché 

de  Spif e ,  fur  la  rivière  de  Saltz. 
§3"  BRUCK.  Il  y  a  trois  villes  de  ce  nom  en  Aile- 

Mij 


BRU 


la 


masïne.  La  première  dans  la  Bade-Autrichc  ;  la  Tc- 
condc  en  Sruie  -,  la  troilicme  dans  l'Elcclorat  de  Saxe 
içj-  BRUCREN.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  de 

Thurin!;c.  ,  ^ 

BRUCOLAQUES,  ou  BRtTCOLACAS.  f.  m.  pi.  Les 
Grecs  appellent  ainfi  les  cadavres  des  perionnes  ex- 
communiées ,  qu'ils  difcnt  être  animés  par  le  démon  : 
ce   qui  leur  tait  donner   ce  nom  de    Brucolacas  , 
qui  veut  dire  faux  relllilcités.  Le  démon  le  lervant 
de  leurs  organes ,  les  tait  parler ,  marcher  ,  boire 
6c  man^irer.  Ils  ont  quelque  rapport  avec  les  iitoupi , 
les  jin2,is.  Les  Grecs  dilcnt  que  pour  ôter  le  pou- 
voir du  démon  fur  ces  excommuniés ,  il  faut  prendre 
le   coeur  du  Brucolaque  ,  le    mettre  en  pièces   &: 
l'enterrer  une  féconde  fois  ,   ou  ,    comme   le    dit 
François  Richard  dans  fa  relation  de  l'ile  de  Saint 
Irène',  ckap.  15 ,  brûler  fon corps ,  Rejeter  fes  cen- 
dres ou  vent.  Il  y  a  un  article  des  Brucolaques  dans 
les  Hnetiand  ,  où  le  favant  Evèque  leur  donne  une 
autre  étymologie.  Adrien  Baillet  dit  que  ces  impof- 
teurs  qui  pubHcnt  fous  leur  nom  les  ouvrages  des 
lavans ,  qu'ils  ont  recouvrés  ,  font  femblables  aux 
Brucolaques  ou  faux  refllilcités. 
^  BRUEL,  Ville  d'Allemagne,  au  diocèfe  de  Co- 

loi^ne.  Voye^^  Rruyll. 
BRÙG.  f,  m.  Vieux  mot.  Pont.  Il  a  auffi  fignifîé  un 
donjon  ,  une  tour.  On  trouve  ^n'o'dans  le  même  iens. 
BF.UGELETTE.  Kom  de  lieu,  Brugckua.    Il  eft  à 
trois  lieues  de  Mons  en  Haynaut.  P.  Hélyot  ,  T. 
Fil,  pag.  304. 
BPv.UGES.  Ville  de  Flandre  ,  Province  des  Pays-Bas. 
Bru9x.  On  dit  qu'il  y  avoir  autrefois  près  de  Bruges 
une  ville  nommée    Ourtembourg ,  Aldenhurgurn  ; 
tiu'.lle  fut  ruinée  par  Attila,  &  cnfuite  au  IX=  fiècle 
par  les  Normands ,  &  que  ce  fut  en  ce  fiècle  que 
de  fes  ruines  Baudouin  le  Chauve,  Comte  de  Flandre, 
entoura  Bruges  de  murailles ,  &:  la  fortifia,  Bruges 
^  été  autrefots  capitale  de  tous  les  Pays-Bas.  gCJ"  C'é- 
toit  la  plus  riche  &  la  plus  flori fiante  de  toutes  les 
villes  de  la  Flandre ,  dans  le  temps  où  elle  n'étoit 
pas  encore  fous  la  domination  de  la  maifon  d'Au- 
triche, Philippe ,  fils  de  l'Empereur  Maximilien ,  & 
père  de  Charles  V  ,  croit  né  à  Bruges.   C'eft  une 
des  plus  belles  villes  des   Pays-Bas.  Hoffman    lui 


%fT 


Siège  d'unEvêche 


Ssl  de   latitude 

M.  de  Calïini ,  eft  10°, 

1 1'  ,   30".  de  latitude, 

de  Bru^iiœ 


58', 


donne  de  longitude  14'i.  ij' 

56',  Cette  ville,  félon 

53",  de  long  &  à  yiJ,  _ 

Ce   mot  femble  venir  de  Brunice ,  nom  que  lui 
donne  l'Auteur  de  l'hiftoire  de  la  tranilation  de  S, 
Vcndril ,  A&.  SS.Bened.  Sœc.  F.  p.  zio  ,  &c  dans 
la  Notice  des  Gaules  de  M,  de  Valois  au  mot  5r«^- 
^/iT,  L'Abbé  Suger ,  dans  la  vie  de  Louis  le  Gros , 
l'appelle  Bru^œ  ]  d'autres  Bn/gia,  5c  d'autres  Brugia. 
Nousdifons^rz^^?c5;  &les  Flamands  ^rwgg'e;  ainii 
le  i  s'eft  change  en  g,   comme  dans  Blau^acum , 
BLiugiacum,  Blaugi  ,  Fir^eium  ,  Veriiacum,  Vir- 
.   gcium  ,    Fergiacum  ,    Fergv.  Ce  mot  vient  appa- 
remment de  Brud,  qui  en  flamand  lignifie  la  même 
chofe  que  bray  en  encien  françois  ,  c'eft-à-dire  de  la 
fange,  de  la  boue,  parce  que  cette  ville  étoit  dans  un 
lieu  marécageux  &c  boueux  :  on  aura  dir  apparemnicnr 
Briudria  ,  Bruderia  ,  Bru^ia  ;  le  changement  de  d 
en  { ,  n'cfl:  pas  extraordinaire-,  fut-tout  devant  un  {  , 
ou  une/ 

Il  y  a  aufTien  Bcarn  une  petite  ville  du  même  nom. 
BRUGELIN ,  INE.  f.  m.  &  f.  qu'on  trouve  en  quel- 
ques vieux  Auteurs ,  pour  iignifier  qui  eft  de  Bruges 
en   Flandre  ,    mais  il  n'cft  point  en  ufage.  Bru- 
eenfis. 
BRUGEOIS,  OISE,  f  m,  &  f.  Qui  eft  de  Bruges, 
Brugenfis.  L'infolencedes  Brugeois  ,  qui  fe  faifîrenr 
de  fa  perfonne  (  d'Engelbert  II ,  Comte  de  Naffau  ) 
dans  la  chambre  même  de  l'Archiduc ,  triompha 
de  fa  conftance,  D.  l,  Pise.  J'aimerois  mieux  dire 
ceux  de  Bruges  ,  les  habitans  ,   les  bourgeois  de 
Bru  ses. 
§Cr  BRUGGEN.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle 
de  Weftphalie  ,  au  pays  de  Julicrs ,  fur  la  Sv/alin, 
(CT  Brug^en.  Autre  petite  vilis  d'AllemagÂe  ,  daaî 


BRU 

le  cercle  de  la  baffe-Saxe ,  Evêché  de  Hildeshehil 

fur  la  Lcine. 
BRUGNE.  f  m.  Vieux  mot.  Baudrier, 

BRUGNETO.  Petite  ville  d'Italie,  dans  l'Etat 

de  Gènes ,  fur  la  rivière  de  Votra , 

fuifraçant  de  Gênes, 
BRUGNOLES.  Foye^  Brignoles*  • 

BRUGNON,  f  m.  Quelques-uns  difcnt  hrignon  ;  mais 
le  bel  ufage  eft  pour  brugnon.  Brinolium.  Fruit  à 
noyau  ,  qui  a  une  peau  rouge  &  déliée ,  qui  a  la 
chair  pleine  d'eau  ,  &  qui  eft  d'un   goût  exquis. 
Il  mûrit  au  mois  de  Septembre.  Le  brugnon  vio- 
let eft  le  plus  eftimé  de  tous.  Il  y  a  auffi  des  bru- 
gnons indiqués.  Quelques-uns  croient  que  le  bru- 
e;non  eft  une  efpcce  de  prune  -.  ce  qui  a  donné  lieu 
à  cette  diverfité  de  fentimens  fur  la  nature  du  bru- 
gnon ,  c'eft  qu'il  approche  fort  de  la  prune  &  de 
la  pêche.  Nous  appelons  brugnon  tout  ce  qui  étant 
lifle  ,  c'eft-à-dire ,  fans  poil ,  ne  quitte  pas  le  noyau, 
La  Quint.  Part.  III ,  ch.  $  ,  p.  418.  Cela  s'entend 
parmi  les  pêches.  Tous  les  brugnons  ne  lauroient 
prefque  avoir  trop  de  maturiré, 

La  Quintinie  met  le  brugnon  entre  les  efpèces  de 
Pavies.  Il  y  a  un  brugnon  violet  tardif,  que  la  Quin- 
tinie au  même  endroit, /?.  41 S  ,  compte  parmi  les  detr 
nières  pêches  du  mois  d'oé'iobre ,  &c  les  moins  bonnes 
de  l'année  •,  &  un  brugnon  jaune  liffe  qu'il  met  au 
même  rang  :  de'  forte  qu'il  y  a  ,  dit-il ,  trois 
brugnons  bien  diffétens,  §C?  Le  brugnon  violet  tar- 
dif 5c  le  brugnon  jaune  ne  mûriffent  guère  à  Paris, 
5c  fonr  fujets  à  fe  crevaffer  &  à  pourrir  fur  l'arbre. 
pa^.  440, 
Ip-  BRUGUÈRE  ,  ou  BROUGUkRE.  Petite  ville 

de  France ,  dans  le  Rouergue ,  fur  le  Tarn. 
00-  BRUGUliRE  (la)  Ville  de  France  dans  le  Haut- 

Lansuedoc ,  au  Diocèfe  de  Lavaur, 
BRUIANT,  Foyei  Bruyant. 
BRUlfeRE,  Foyei  Bruyère. 

BRUINE,  f.  f.  Petite  pluie  froide  5c  dangcreufe  pout 
les  grains.  Pruina.  La  bruine  fe  forme  ,  quand  la- 
vapeur  deftinée  à  faire  de  la  neige  ne  fe  gèle  que 
lorsqu'elle  eft  en  bas.  On  dit  aufli  brouine ,  à  per- 
urendo  ,  parce  qu'elle  brûle  les  rendres  boutons 
des  vignes  &  des  arbres.  Foye^  Pluye. 

Bruine  vient  de  pruina,  en  changeant  \tp  en  b. 
Le  P,  ThomafTin  remonte  plus  haut ,  &c  il  dériVe 
pruina  de  s-ï/)  5Cs-t.^i»cç,  qu'il  dérive  de  l'hébreu  ba- 
har ,  accendere  ,  brûler  ,  en  changeant  \ç  b  en  p  ; 
Se  il  remarque  que  la  bruine  brûle  les  blés  Se  les 
autres  plantes  auxquelles  elle  s'zztiche ,  penetrabiig 
frigus   adurit. 

BRUINER,  v.  n,  &  iinperfonnel  ,  qui  fe  dit  de  la 
bruine^  qu^i  tombe.  Il  bruine.  Cadit  pruina. 

BRUINE ,  EE  ,  parr.  Se  adj.  Qui  eft  gâté  de  la  bruine. 
Uredine  affecius  ,  peruflus.  Il  ne  fe  dit  que  des  blés. 
Lffs  blés  bruinés  font  de  difficile  garde. 

BRLIIR  une  petite  étoffe  ,  comme  il  fe  pratique  à 
Amiens  ,  à  Reims  Se  au  Mans ,  c'eft  en  amortir  tous 
les  refforts  en  la  pénétrant  de  la  vapeur  de  l'eau 
chaude  dans  une  chaudière  carrée ,  où  on  la  couche 
fur  fon  rouleau  avec  d'autres ,  ce  qui  la  difpolt  à 
fe  bien  apprêter. 

BRUIRE,  v.  n.  Je  bruis ,  tu  bruis  ,  il  bruit ,  nous 
bruijjons ,  vous  bruiffe^ ,  ils  bruiffent.  J'ai  brui.  Je 
bruirai.  Que  je  brui[fe.  Strepere.  Ce  mot  n'eft  ea, 
ufage  qu'à  l'infinitif,  8c  à  la  troifième  perfonne  de  ,: 
l'imparfait  de  l'indicatif,  où  l'on  dit  ,  il  bruyoit,  ^ 
On  entendoit  bruire  le  vent ,  le  tonnerre  ;  pour  dire  , 
fouftler  ,  gronder.  Les  flots  bruyoienf.  Il  fîgnifîc 
aufli ,  faire  un  bruir  fourd  8c  confus.  Les  Soldats  fi- 
rent bruire  leurs  armes  en  forme  d'applaudiffement. 
Ablanc.  Les  douleurs  des  femmes  groffes  fonr  eau- 
fées  par  des  vents  qui  vont  5c  qui  viennent  en  hruif- 
fane  par  rour  le  ventre.  Mauriceau. 

Le  Scholiaftc  de  Théocrite  dit  fur  la  féconde  Idylle  ; 
Les  Anciens  faifoient  bruire  de  l'airain  aux  cclipfes 
de  lune.  Il  ajoute  qu'à  Athènes  le  Prêrre  de  Profer- 
pinc  faifoit  bruire  un  vaiffoAU  d'airain.  De  Mézw, 


BRU 

dr.::sfon  Commentaire  fur  la  lettre  ieHypfipyle  à.  Ja- 
■Jon  p.  6o4f. 

Il  ledit,  figurcment  de  la  réputationjon  entend /^r///r^ 

fon  nom  ,  les  louanges  de  toutes  paits.  Il  efl:  vieux-. 

Ce  mot  vient  de  rugire  ,  comme  hruit  de  ru- 

gitus  ,  qui  a  été  dit  non-fculemcnt  du  lion ,  mais 

au/li  de  l'homme  ,  &  de  quelques  auttes  animaux. 

MÉNAGE.  J'aimerois  mieux  le  faire  venir  du  latin 

hruitiLS  ,  qui  vient  du  grec  i^pûti ,  qui  lignifie  verjer  de 

l'eau  en  ahondance,  comme  les  fources,  les  fontaines. 

■   tfy  Ce  verbe  n'a  point  de  participe  du  prétérit.  On 

dit  à  l'aélif ,  bruyant ,  qui  n'efl:  qu'un  adjeélif  Voye^^ 

ce  mot. 

^fT  BRUISINER.  Terme  de  BralTeur,  C'eft  moudre 

le  grain  germé  ,  en  gros.  Encvc. 
BRUISSEMENT, ou  BR.OUISSEMENT.  f.  m.  Le  der- 
nier n'eft  plus  en  ulage.  Bruit  confus.  Fremitus.  Une 
femme  de  ville  entend-elle  le  hruijfement  d'un  car- 
rolîè  qui  s'arrête  à  la  porte,  elle  pétille  de  goût  &  de 
complailance  pour  quiconque  cft  dedans,  fans  le  con- 
noître.  La  B?..  Le  brulffement  àcs  venrs,  des  vagues. 
Çcr  On  dit  un  hruiffement  d'oreilles,  dans  le  même 

ibns  que  bourdonnement.  Voye^  ce  mot. 
fC?"  BRUIT,  f.  m.  0\\  entend  par  ce  mot  un  fon  , 
ou  plutat  un  ailemblagc  de  Ions  conlidérés  /împle- 
ment  comme  des  Ions ,  abftradtion  faite  de  l'articula- 
tion &  de  l'harmonie  ,  &  qui ,  pour  l'ordinaire,  offcn- 
fent  l'oreille.  Murmur ,  fremitus  ,tumultus.  Ainli  le 
hruitç.^  difi"crent  du  fon ,  comme  l'a  remarqué  M.  Per- 
rault, dans  la  diUertation  fur  l'ouïe  :  car  perfonnene 
s'avilc  d'appcleryo/2  le  bruit  d'un  canon,  d'un  carrolTe, 
d'un  moulin  ,   ou  d'une   populace  alfemblée.    Le 
bruit  jimple  a  trois  efpèccs  ,  qui  font  le  bruit  clair  , 
le  bruit  cajfe  ,  le  bruit  fouri.  Le  bruit  compofé , 
Je  bruit  fuccefff  -,  le  bruit  rompu  ,  le  bruit  continu  , 
le  bruit  de  choc  ,  le  bruit  de  verbération  ,  &c  ,  font 
plulîeurs   autres  efpèces  de  bruit.    On  entend   un 
grand  bruit  dans  les  Volcans  avant  qu'ils  vomiiTent 
leurs  flammes.    Le  bruit  des  carrelles  empêche  de 
dormir.  Dans  les  nombreufes  alfemblées  la  converfa- 
tion  eft  plutôt  un  bruit  confus  qu'une  véritable  fo- 
ciété.  M.  ScuD.  Le  moindre  bruit  éveille  un  mari 
foupçonneux.  La  Font.  Ce  n'eft  pas  laraifonqui 
frappe  les  efprits  grofliers  :  c'eft  l'émotion  ,  &  l'ar- 
deur avec  laquelle  on  parle  ;  c'eft  le  bruit  qu'on  fait. 
Le  p.  R. 
0:3°  BRUIT ,  fe  dit.auflî  d'un  alTemblage  de  fons  agréa- 
bles. On  s'endort  au  bruit  d'un  ruilfeau  ,  d'une  fon- 
taine. Sufurrus ,  fonitus  aquiz.  De  ces  ruifleaux  le 
bruit  délicieux  frappe  mes  fens.  Voit. 
%fT  Et  de  même  de  certains  fons  qui  témoignejit  la 
joie  ,  l'applaudillément.  Fremitus  fecundus.   Fra- 
çor.  Ce  Prince  a  été  reçu  au  bruit  des  tambours  , 
des  timballes ,  des  trompettes. 
\fT  Bruit    qui    fe  fait   entendre    dans  les  oreilles. 

Voye^  Bourdonnement  ,  qui  eft  le  vrai  mot. 
||cr  Bruit  que  font  les  abeilles,  les  mouches,  ùc  , 

en  volant,  Bornbus.  Voyez  Bourdonnement. 
§CF  Bruit  ,  dans  la  lignification  de  démêlé  ,  con- 
teftation.  Rixa.  Si  vous  continuez ,  nous  aurons  du 
bruit  enfemble.  Il  y. a  fouvent  du  bruit  dans  le  mé- 
nage. Ils  avoient  déjà  eu  du  bruit  enfemble.  Turbo, 
inter  cos  incœperat. 
^3"  Bruit  ,  dans  la  lignification  de  trouble  ,  émeute  , 
mouvement  populaire, remuement féditieux.  Turba, 
turbamentum ,  turbatum.  Il  y  a  du  bruit  dans  telle 
Province.   Le  Gouverneur   a  eu  bien  de  la  peine 
à  étouffer  le  bruit. 
^CT  BRUIT  ,  fe  prend  quelquefois  pour  nouvelle  qui 
court ,  qu'on  répand.  Le  bruit  court ,  il  court  un 
bruit,  Rumor  eji  ,   rumor  ait,  rumor   venit.    On 
feme  ,  on  fait  courir  de  faux  bruits, 
De?  Bruit  ,  dans  la  fignification  de  renom  ,  répu- 
tation. Fama,  Cette  femme  a  mauvais  bruit.  Malo  ru- 
more  flagrat.  Il  vaut  mieux  fe  fervir  du  terme  propre. 
^CT  Bruit  ,    fe   dit  encore  de  l'éclat  que  certaines 
chofes  font  dans  le  monde.  Alors  il  fe  conftruit  tou- 
jours avec  le  verbe  faire  ,  ce  procès,  cette  affaire  fait 
beaucoup  de  bruit  daiis  le  monde.  On  ne  fait  point  j 


BRU 


93 


prccîfcmcnt  ce  qu'on  eft  obligé  de  faire  ,  &ron  veut 
pourranr  fc  diftinguer  par  tout  ce  qui  fait  du  bruit. 
Quand  on  ne  cherche  qu'à  faire  du  bruit ,  ce  ne 
font  pas  les  caraélères  les  plus  railbnnables  qui  y 
font  les  plus  propres. 

Tous  les  jours  il  m'éveille  au  bruit  defes  expiais.  Boit 

On  dit  encore  -,  faire  du  bruit  ,  dans  un  fens 
autant  moral  que  phylique^  pour  dire,  fe  plain- 
dre de  quelque  chofe  ,  marquer  fon  mécontente- 
ment ,  fon  reffentiment  ,  fa  colère.  Comme  j'en 
faifois  du  bruit  le  lendemain  dans  mon  doniefti- 
que.  BussY.  Exprellion  familière. 
(iCr  En  terme  de  vénerie  ,  on  dit  chaffer  à  grand 
bruit  ,  pour  dire  ,  chaffer  à  cor  &  à  cri  ,"avec 
grand  équipage  ,  avec  meute  &  piqueurs.  f^oye^ 
cor  &  cri.  Au  figuré  à  grand  bruit  fignifie  avec 
fafte  ,  avec  oftentation.  Cet  homme  marche  tou- 
jours à  grand  bruit.  S'il  fait  du  bien,  c'eft  tou- 
jours à  grand  bruit.  Dans  un  fens  oppofé,  on  dit 
à  petit  ^rtt//,fecrettemcnt  ,  fans  éclat.  Tacite,  fine 
firepitu.  Il  fe  fauva  à  petit  bruit.  Il  fait  fes  affai- 
res à  petit  bruit.  On  dit  auffi  fans  bruit ,  clandef- 
tinement ,  fans  être  apperçu.  Introduire  quelqu'un 
fans  bruit  dans  fa  chambre.  Loin  du  bruit,  loin 
du  tumulte  ,  du  commerce  du  monde. 

On  dit  auffi  ,  point  de  bruit  ,  pour  impofer 
f  Icnce  à  quelqu'un  qui  menace.  Siïe ,  obmutefre. 
Ainfi  on  dit  à  un  Capitaine  dans  l'illufion  comique. 

Point  de  bruit , 

]'ai  déjà  maffacré  dix  hommes  cette  nuit  ; 

Et  Ji  vous  me  fâche ^ ,  vous  en  croître^  le  nombre. 

On  dit  proverbialement ,  je  n'aime  point  le  bruit 
fi  je  ne  le  fais ,  quand  quelqu'un  veut  être  le  maître 
en  fa  iTiailbn ,  ou  prend  des  libertés  qu'il  ne  veut 
pas  permettre  aux  autres.  On  dit  ,  qu'un  homme 
eft  un  bon  cheval  de  trompette ,  qu'il  ne  s'étonne 
point  pour  le  bruit  ,  ou  du  bruit  ;  pour  dire  , 
qu'il  lailfe  crier  les  gens ,  &  qu'il  ne  s'épouvante 
pas  ailcment.  On  dit  aullî  ,  qu'un  homme  fait  plus 
de  bruit  que  d'effet  ;  ou  bien  ,  qu'il  relfemble  aux 
Bahutiers  -,  il  fait  plus  de  bruit  que  de  befognc  ; 
pour  dire  ,  qu'il  promet  ,  qu'il  parle  beaucoup  , 
ôc  qu'il  ne  travaille  guère.  |G°  On  dit ,  a  beau  le 
lever  tard  ,  qui  a  bruit  de  fe  lever  matin.  Acad.  Fr. 
Pour  dire  que  quand  on  s'cft  fait  une  bonne  ré- 
putation ,   on  ne  la  perd  pas  aifémcnt. 

En  bas-breron  brut  fignifie  bruit ,  &  dans  la  lan- 
gue de  Galles  brut  fignifie  hijioire.  Huet. 

Arbre  a  grand  bruit.  C'eft  un  arbre  qui  fe  trouve 
dans  les  Indes ,  dont  les  feuilles  font  femblables 
à  celles  de  nos  miniers  &  que  les  Indiens  appel- 
lent Arbre  à  grand  bruit ,  parce  que  fon  fruit , 
qui  eft  tout  rond,  étant  mût,  fort  de  fon  écorce 
avec  un  bruit  fcmblable  à  celui  d'un  coup  de 
moulquet,  &  va  tomber  bien  loin  de  l'atbre.  Journ. 
DES  Sav.  \G-f%.paz.  174.  d'après  les  Journ.  d'Allem. 

BRULABLE ,  adj.  Qui  mérite  d'être  brûlé.  Urendus, 
dignus  igné,  ou.  flammis  ;  ignem  meritus.  Rabelais 
a  dit  ;  c'eft  un  hérétique  brulable.  Il  ne  fe  trouve 
que  dans  cette  phrafc. 

BRULANT,  ANTE,  part.  aét.  Qui  bride.  Urens  , 
comburens.  Un  fer  brûlant  ;  un  foleil  brûlant.  Ce 
potage  eft  tout  bridant. 

Brûlant  ,  Participe  neutre.  Qui  brûle  ,  qui  eft  en 
feu,  ou  qui  eft  extrêmement  c\\-^u A.  A rden s ,fla~ 
grans.  Un  palais  bridant.  Une  ville  brillante  ;  les 
climats  bridans  font  les  pays  échauffés  du  Soleil. 
Les  déferts  bridans  de  l'Afrique.  Voit.  Ce  ma- 
lade eft  tout  bridant  ,  il  a  une  forte  fièvre.  La 
chaleur  étoit  fi  violente  par  la  réverbération  des 
montagnes  ,  &  par  la  nature  du  terrein  tout  couvert 
d'un  fable  aride  Se  brûlant,  que  Ton  ne  refpiroit 
qu'un  air  embraie.  Port-R, 

On  le  dit  figurément  de  ce  qui  eft  poffédé  d'une 
paillon  violente ,  ardemment  épris.  On  peint  les 
Chérubins,  avec  un  vilage  enluminé,  pour  nous 
apprendre  qu'ils  font  tout  brûlans  de  l'amour  divin. 


54  BRU 

I.e  cœtir  de  l'homme  efl;  htiLint  d'ambitibii ,  de 
deîirs ,  &c. 

De  fort  lele  brûlant  Tardeur  fe    ralentit.  Boil. 

|t3="  Chaud  ,  brûlant ,  ardent ,   enflamme  ,  embraie  , 
conlîdcrcs  dans  une  fignification  Synonyme.  Une 
•     choie  eft  brûlante  ,  quand  oui  ne   peut  plus  la  tou- 
Ch-r  lans  reilentir  de  la  douleur,  f^oye^   les    au- 
tres mots. 
BRÛLÉE,  f.  f.  Nom  d'une  efpèce  de  coquillage  de 
mer ,  ainli  nommée  à  raifon  de  la  couieur   ,    ou 
plutôt  de  les  coaleurs.  Conchtt    marina   ambiijla. 
BRULEMENT.  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  brûle. 
Ujtio  ,  crematio.  Le  brûlement  ,  le  viol ,  ont  été 
dctehdus  dans  ces  dernières  guerres.  Le  brûlement 
des  vailleaux. 
1^  BRULER.  V.  a.   l/rere  ,  comburere.  Verbe  qui 
fert  à  exprimer  l'action  du  feu  ,   par  laquelle  les 
plus   petites  parties  des  matières  lur  lelquelles  il 
■    agit ,  font  détachées   les  unes  des  autres  ,  &  mi- 
dcs  dans  un  mouvement  très-violent ,  en  forte  que 
quelques-unes  deviennent    elles-mêmes  de  la  na- 
ture du  feu,  ou  font  au  moins  pénétrées  par  la 
matière  du  feu  ,  pendant  que  les  plus  fubtiles  s'é- 
vaporent,  ou  font  réduites- en  cendres.  Les  corps 
io-.'iZ  enflammés ,  embraies ,  confumés  par  le  feu. 
■  Enflammés ,  lorlque  le  feu  qui  les  pénétre  fe  rend 
fenlible  aux  yeux  au-déla  de  leur  lurface.  Embra- 
fés ,  lorfque  le  feu  a  celfé  de  s'élancer  ,   &  qu'il 
en  paroît  feulement  dans  toute  leur  fubflance.  Con- 
fumés ,  lorfqu'il  n'en  refte  plus  que  la  cendre.  Brû- 
ler un  homme  tout  vif,  le  brûler  à  petit  feu.  Brû- 
ler du  bois ,  brûler  de  la  paille ,  brûler   des   paf- 
tillcs.  La  plupart   des   païens  brûlaient   les  corps 
morts  ,  au   lieu  que   les  Chrétiens   les   enteirent. 
De    temps    inmiémorial   les  Indiennes    fe  brûlent 
dans  le  bûcher  de  leurs   maris.-  Les  premiers  Ro- 
mains ne  brûloient  point  les  corps  morts  -,  ils  les 
entevroient ,  comme   Pline  l'a  remarqué  ,   liv.  7  , 
.     ch.  54.  où  il  dit  ,  que  la  coutume    de  les  brûler 
ne  fut  introduite  chez  eux  ,  que  lorfqu'ils  appri- 
rent qu'on  déterroit   les  corps   de  leurs  gens  qui 
étoient  morts  à  la  guerre  dans  les  pays  éloignés. 
Plutarque  néanmoins ,  dans  la  vie  de  Numa  ,  dit 
que  Numa  fut  inhumé  ,  parce  qu'il  avoit  défendu 
expreflement    par   fon    Teftament  de   brûler   fon 
corps.  Ce  qui  prouve  que  les  Romains  ,   dès-ce 
temps-Là ,  avoient  accout\imé  de  brûler  les  corps. 
Cette  coutume  de  brûler  les  corps  ,  pratiquée  par 
les  Grecs  &  par  les  Romains ,  a  été  en  horreur  à 
quelques  Nations.  Hérodote  rapporte  que  les  Per- 
fes  la  déteftoient  ,  parce  qu'ils  croyoient  que  le 
feu  étoit  un  Dieu.  Les  Egyptiens  ne  brûloient  point 
aulfi  les  corps  morts,  parce  que,   félon  eux  ,    le 
feu  étoit  une  bête  inanimée  -,  ils  eftimoient  qu'il 
.    n'étoit  pas  permis  de  donner  les  corps  morrs  à  dé- 
vorer à  des  bêtes.  Macrobe  ,  qui  vivoit   fur  la  fin 
du  quatrième  lîècle  ,  allure,  Liv.  VIÎ  de   fes  Sa- 
turnales ,  que    de    fon   temps  la  coutume   n'étoit 
plus  à  Rome  de  brûler  les  corps  des  morts.  Cette 
coutume  cefla  chez  les  Romains  fous  l'Empire  des 
Antonins. 

Ce  mot  ,   félon   Ménage  &  Guyet  ,   vient  de 
irufulare ,  félon  d'autres  de  prxujiulare  ;  félon  du 
Cange  de  brufcare  ,  mot  de    la  balfe  latinité ,  ou 
de  l'italien  brufciare. 
§3°  Bruiîr  fignifie  auffl  employer  quelque  matière 
combuftible  pour  faire  du  feu.  On  brûle  tous  les 
ans  tant  de  voies  de  bois  dans  cette  mailbn.  Il  y 
a  des  pays   où  l'on  ne  brûle  que   du  charbon  de 
terre ,  de  la  tourbe. 
ffT  On  le  dit  de  même  des  matières  qu'on  allume 
pour  éclairer.  Dans  bien   des  maifons  on  ne  brûle 
que  de  la  cire.  Le  peuple  ne  brûle  que  de  la  chan- 
delle, de  l'huile.  C'efl:  faire  ufage  de  bougie  ,  de 
chandelles  ,•  de  lampes  à  huile  pour  éclairer. 
§3"  Brûler  fe  dit  aulîî  dé  l'aéfion  des  corps  péné- 
trés par  le  feu  ,   dont  l'attouchement   produit  un 
fentijnexit  de  douleur,  Cela  me/^ni/e:  Voy.  Bb-u  LAN  T. 


E  R  U 

Brulik.  ,  fe  dit  hyperboliqucmcnc  pour  fignifiir  , 
échauffer  ^  excefllvemcnt  ,  dclfcchcr  par  un:; 
chaleur  cxcclTlve.  Le  Soleil  brûle  les  campagnes 
d'Afrique.  Cela  brûle  le  fang.  Il  a  une  fièvre  qui 
brûle. 

Brûler  ,  fe  dit  aulTi  |p°  par  extenfion  de  l'effet  que 
fait  un  froid  cxcefTif  à-peu-près  le  même  que  celui 
qui  cfl:  produir  par  une  très-grande  chaleur.  Pene- 
trabile  frigns  adurit.  Voyez  Froid.  Quand  la  vi- 
gne efï  en  bourgeon  ,  il  vient  une  gelée  ,  un  vent 
froid  qui  la  brûle.  Il  y  a  certain  brouillard  ou 
rouille  qui  brûle  les  blcs.  La  neige  brûle  les  fou- 
liers,  à  caufe  d'un  certain  acide  ou  falpêtre  qui  y 
eft  contenu.  L'eau  forte   brûle  le  drap  &  la  peau. 

Brûler  dans  un  fens  actif  &  figuré  ,  fignifie  aulfi  , 
donner  de  l'amour  ;  Incendere  ,  infiammare  ,  ad 
amorem  incitare.  Il  faut  qu'après  avoir  bnïlé  tant 
deCaftillanes,  il  fallc  fondre  quelques  Portugaifes. 

Voit. 

On  dit  encore ,  Brûler  de  l'encens  devant  quel- 
qu'un -,  pour  dire.  L'idolâtrer,  l'adorer,  le  flater 
dc;nelurémcnt.  ^    • 

On  dit  adverbialement ,  tirer  un  homme  à  brûle 
pourpoint  -,  pour  dire  ,  le  tirer  de  li  près  ,  qu'on 
ne  le  puilfe  manquer.  Proximc  catapultam  admo- 
vere.  Brûler  la  cervelle  à  quelqu'un.  Il  lui  brûla 
la  cervelle  d'un  coup  de  moufquet.  Un  coup  de 
fufd  lui  a  brûle  la  cervelle.  Tout  cela  fe  dit  d'un 
homme  qu'on  tue  d'un  coup  d'arme  à  feu.  Dans 
l'origine  on  ne  le  dilbit  que  quand  on  tiroir  quel- 
qu'un prefqu'à  bout  portant ,  tellement  que  le  feu 
du  fulil  ou  du  piftolet  brûloit  la  perfonne  :  te 
c'eft  de-là  aulfi  que  vient  cette  exprelfion ,  tirer  à 
brûle  pourpoint. 

On  dit  aulfi  dans  un  fens  figuré  ,  qu'un  argu- 
ment efl;  à  brille  pourpoint  ,  quand  il  eft  fî  con- 
vaincant,  qu'on  n'y  peut  répondre.  Argiimemunt 
evidens ,  clarum  ,  jirmiffïrnum.     . 
Brûler  un  endroit   ie  dit  auffi  figurément  &  dans 
le  ftyle  fomilier',  pour  palTer  par  un  lieu ,  ou  au- 
près d'un  lieu ,  lans  s'y  arrêter  :  brûler  un  caba- 
ret en  voyage  ,  c'eft  le  palier  lans  s'y  arrêter.  Quel- 
ques-uns le\iifent  des  ibldats ,  lotfque  paflant  par 
quelque  endroit,  au  lieu  de  s'y  arrêter ,  comme  il 
leur  eft  marqué  ,  ils  fe  font   donner  ■  en  argenr  ce 
qu'on  leur  devoir  fournir  en  vivres ,  &  en  fourra- 
-  ges.  La  difcipline  que  le  Roi  a  mife  dans  lés  trou- 
pes ne  permet  plus  ce  défordre.  On  dit  aulfi  brû- 
ler une  pofte  ,  quand   fur  les  mêmes  chevaux  on 
paffe  le  lieu  de  la  pofte  ordinaire  marqué  fur  la 
route,  pour  ne  les  changer  qu'à  un  autre  lieu  de 
pofte. 
Brûler,  en  termes  de  fcience  hermétique,  veut  dire 

cuire  la  matière,  la  calciner,  fublimer. 
IfT  Brûler  du  vin,  c'eft  mettre  du  vin  fur  le  feu, 

pour  le  diftiller  Se  «n  faire  de  l'eau-dc-vie. 
|C?  Brûler  le  fer  ,  l'acier  ,  &c.  Chez  les  Ouvriers 
qui  emploient  les  métaux  ,  c'eft  leur  ôter  leur  qua- 
lité en  les  laiflant  trop  chauffer.  Les  métaux  brk- 
les  ne  font  plus  qu'une  matière  fragile    qui  n'eft 
bonne  à  rien. 
Brûler,  v.  n.  Etre  en  feu  ,  être  embrafé.  Ardere  , 
Flaurare.  Voilà  une  maifon  qui  brûle.  On  voyoit 
de  loin  la  flamme  des  vaiffeaux  qui  brûloient.  L* 
temple  de  Diane  brûla  la  même  nuit  qu'Alexan- 
dre vint  au  monde.  Les  damnés  brûleront  éternel- 
lement dans  l'Enfer ,  mais  ils  ne  feront  point  con- 
fumés. 
Ip-  Il  lignifie  aulfi  iimplement  être  très  chaud.  Ses 

mains  brûlent.  Les  mains  lui  brûlent. 
Brûler  ,  figurément  lignifie  ,  être  agité  d'une  vio- 
lente paffion  d'amour ,  d'ambition  ,  de  dclîr  d'im- 
patience. On  peut  brûler  d'un  chafte  amour.  S. 
Paul  dit  qu'il  vaut  mieux  fe  marier  que  brûler.  On 
a  dir  du  Baron  de  Fenefte  ,  qu'il  brûlait  d'ambi- 
tion. De  la  même  ardeur  que  je  brûle  pour  elle , 
elle  brûle  pour  moi.  Malh.  J'aime  à  brûler  d'une 
li  belle  flamme.  Voit.  Vous  brûle^  d'une  foif  qu'on 
ne  peut  affouvir.  Boil.  La  plupart  des  gçns  bru- 


BRÏÏ 

lent  ardemment  pour  ce  qu'ils  fouhaitchi:  ,  Si  fé 
laflenr  bientôt  de  ce  qu'ils  poflcdent.  Il  y  a  des 
peribnnes  louables  qui  lembknt  nées  pour  le  bien 
général  du  monde ,  &  qui  ne  brûlent  que  du  dé- 
lit de  rendre  les  autres  heureux.  Vill.  On  cft  bien- 
tôt las  de  brûler  pour  ceux  qui  ne  l'ont  pas  en  état 
de  brûler  pour  nous. 

Je  ne  veux  pas  hmlei  pour  une  abandonnée.  Moti, 

Or  vous  donc  ^  ^uibdihnt  d'une  ardeur  périlleufe  ^ 
Courei  du  belefprit  la  carrière  épineufe.  Boil. 

§3"  Brûler  eft  aulTî  réciproque  ,  &  lignifie  comme 
dans  le  neutre  ,  être  brûlé.  On  ne  peut  toucher 
cela  fans  fc  brûler.  . 

Quand  onfe  brûle  au  feu  que  foi-mcme  on  àtîife , 
Ce  n'cji point  accident ,  mais  c'eji  unefottife.  Rig. 

Brûler  ,  fe  dit  proverbialement  en  plufieurs  phrafes. 
GrailFcz  les  bottes  d'un  vilain  ,  il  dira  qu'on  les 
lui  brûle  ;  pour  dire  ,  qu'il  y  a  des  gens  qui  ne 
connoiirent  pas  les  bons  offices  qu'on  leur  rend. 
On  dit  aulfi ,  qu'un  homme  brûle  la  chandelle  par 
les  deux  bouts  ;  pour  dire ,  qu'il  tait  des  dcpenfcs 
de  plufieurs  fortes  qui  le  ruineront  bientôt.  On  dit 
aulfi ,  qu'il  s'eft  venu  brûler  à  la  chandelle,  quand 
il  eft  forti  d'un  lieu  où  il  étoit  en  fi'ireté  ,  pour 
fe  faire  prendre  en  un  autre  :  §CF  ou  lorfque  vou- 
lant lîmplement  s'amufer  auprès  d'une  jolie  per- 
fonne  ,  il  en  devient  amoureux.  On  dit  que  la 
chandelle  fe  brûle  ,  quand  on  avertit  un  homme 
de  doubler  le  pas  pour  arriver  de  jour  au  gîte.  On 
dit  aufll ,  que  le  rôt  le  brûle  ,  pour  avertir  quel- 
qu'un d'achever  virement  une  affeire  ,  pour  fonger 
à  une  aurre  plus  importante  qui  cependant  dépé- 
rit. On  dit  auffi  entre  joueurs ,  que  le  tapis  brûle , 
pour  exciter  quelqu'un  à  l'arrofer  ;  c'eft-à-dire  ,  à 
mettre  au  jeu.  On  dit,  je  viendrai  à  bout  de  cette 
affaire ,  où  j'y  brûlerai,  mes  livres  -,  pour  dire ,  je 
la  veux  pourfuivre  avec  la  dernière  opiniâtreté.  On 
dit  ,  qu'un  homme  brûle  à  petit  feu ,  quand  il 
languit  après  quelque  chofe  importante  qu'on  lui 
a  fait  efpérer  ,  &C  qui  ne  vient  point.  On  dit  en 
badinant  ,  qu'un  homme  brûle  le  jour  ,  lorfqu'il 
fait  amende  honorable  ,  la  toïche  au  poing.  On 
dit  d'un  homme  inquiet  &:  impatient  de  faire  quel- 
que chofe ,  d'aller  quelque  part ,  que  les  pieds  lui 
brûlent,  ^cad.  Fr. 
BRULE ,  EE.  part.  &  adj.  I/jlus  ,  exujius ,  adujius  , 
combujlus.  On  dit  de  l'eau-de-vie  brûlée ,  du  vin 
brûlé  ,  quand  on  y  a  mis  le  feu  avec  un  papier 
allumé.  Du  pain  brûlé ^  de  la  viande  brûlée,  quand 
ils  font  trop  cuits. 

Brûlé.  Terme  d'Aftrologie  judiciaire;  Qui  n'eft  pas 
plus  éloigné  du  Soleil  que  de  la  moitié  de  l'orbe 
de  fa  lumière  ;  enforte  que  Mats  ,  par  exemple  , 
fera  brûlé  toutes  les  fois  qu'il  ne  fera  pas  éloigné 
du  foleil  de  plus  de  fix  degrés. 

On  appelle  figurément  Cerveau  brûlé  ,  cervelle 
Irûlce ,  un  fanatique,  un  homme  qui  porte  tout  à 
l'excès.  AcAD.  Fr. 

ffT  Brûlé  fe  prend  aulTi  fubftarttivement ,  ôC  lignifie 
alors  l'odeur  d'une  chofe  qui  brûle  ou  qu'on  a  brûlée. 
Ce  pain  fcnt  le  brûlé,   a  un  goût  de  brûlé. 

^  BRULEUR,  f.  m.  Celui  qui  brûle.  On  appeloit 
UJior  celui  qui  brûloit  les  corps  des  morts.  Ce 
mot  ne  va  jamais  feul ,  &  ne  fe  dit  que  dans  cette 
phrafe ,  ^ni/e?/r  de  maifon,  incendiaire.  Incendia- 
rius,incenfor.  On  dit  proverbialement  &  figurément 
d'un  homme  mal  vêtu  ,  qu'il  ell  fait  comme  un 
brûleur    de  maifons. 

|CF  BRULLOIS.  petit  pays  de  France  en  Gafcogne  , 
entre  le  Condomois  &  la  Garonne. 

|Cr  BRULLON.  petite  ville  de  France  ,  dans  le 
Maine ,  au-deflus  de  Sablé. 

BRULOT,  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  vailTcau 
qu'on  emplit  de  feux  d'artifice ,  de  matières  com- 


B  R  lî 


9) 


buflibk-s  ,  Se  qu'on  attache  i  de  grands  vairtc.ni^ 
ennemis  pour  les  brûler.  Navis  inccndiarici.  On 
l'appelle  eii  quelques  lieux  navite  forcier.  Un  Ca- 
pitaine de  iriUot  cft  nendu  quand  il  fe  laide  pren- 
dre. On  peut  comparer  certains  Avcntu;:icrs  de 
parn  ,  a^ix  brûlots  qu'on  ne  fc  met  guère  en  peine 
de  perdre ,  pourvu  qu'on  falfe  lautcr  uil  gros  vaif- 
fcau  ennemi,  P.  Dan. 

Brûlot  ,  cft  aulfi  une  certaine  nlachine  dont  le"! 
Anciens  fc  fervoient  pour  lancer  des  dards  ,  a  la- 
quelle étoit  attachée  une  matière  combuftible  , 
qu'on  leur  vouloit  darder.  Catapulta  incendiaria- 
Perrault,  Vit. 

Brûlot  ,  fe  dit  figurémenr  &:  burlefquenîent  d'un 
morceau  de  pain  ,  de  viande ,  ou  d'autre  cliofe  , 
chargé  de  fel  5c  de  poivre ,  qui  brûle  le  goiier  de 
celui  ï  qui  on  le  dohne  à  manger.  Buccea  incen- 
diaria. 

En  parlant  d'un  homme  ardent,  inquiet ,'&  qui 
eft  une  efpèce  de  boute-feu,  qu'un  parti  détache 
contre  un  parti  oppofé  on  dit  figurément  ,  que 
C'eft  un  brûlot.  Acao.  Franc.  Exprellion  du  ftyle 
familier. 

BRULURE,  f.  f.  Solution  de  la  continuité  des  par- 
tics  caufée  pat  l'imprellion  du  feu  :  marque  qui 
rcfte  fur  une  chofe  brûlée,  yidu/iio.  Il  lui  eft  refté 
fur  Id  joue  des  marques  de  fa  brûlure.  Les  Char- 
latans vendent  de  l'onguent  pour  la  brûlure.  La 
brûlure  eft  légère  lorfqu'il  s'élève  feulement  fur  la 
peau  quelques  puftules  ,  avec  rougeur  &  fépara- 
tion  de  l'épidcrme  d'avec  la  véritable  peau.  Le 
fécond  de^ré  de  brûlure  eft  lotfque  la  peau  eft 
hrûlée,  dellcchée  &:  tetitéc  ,  fans  qu'il  y  ait  pout- 
tant  de  croûte  ou  d'efquarre.  Le  troifième  degré  eft 
lorfque  la  chair,  les  veines  ,  les  nerfs,  &c,  fe  reti- 
rent ,  &  font  une  efquarre.  Degori.  Amatils  Lu- 
fitanus  dit  qu'un  bon  remède  pour  la  brûlure ,  eft 
lin  onguent  tait  de  cendre  de  feuilles  de  laurier 
brûlées  aVec  de  la  graiffe  de  porc  qu'on  fait  dé- 
goutter deffus.  Le  même  Médecin  dit  encore  que 
C'eft  un  bon  remède  que  de  frotcr  la  partie  brû- 
lée avec  de  l'onguent  populeum  ,  &  de  mettre  des 
feuilles  de  vigne  deflus.  Panarolc  dit  que  la  boue 
étant  mife  Cm  lî  brûlure  auffi-tôt  qu'elle  eft  faite, 
adoucit  fort  la  douleur.  On  dit  qu'en  Hollande 
les  Bralîeurs  de  bière  fe  fervent  de  décoiilion  dô 
lierie ,  pour  fe  guérir  de  la  brûlure, 

BRUMA.  Voyei  Brama.  C'eft  le  même, 

§CF  BRUMAL ,  Ale.  adj.  Brumalis.  Qui  vient  l'hi- 
ver ,  ou  qui  appartient  à  l'hiver.  Ce  mot  eft  peu 
ulîté.  Les  Jardiniers  appellent  plantes  brumales  , 
celles  qui  viennent  pendant  Phiver.  On  appelle  fol- 
ftice  brumal,  le  folftice  d'hiver.  Voye^  Solstice, 
Fêtes  brumales  :,  que  les  Romains  célébroienr  l'hi- 
ver en  l'honneur  de  Bacchus»»  Voye^^  l'article  fui- 
vant. 

BRUMALES.  f.  f.  pi.  ou  adj.  Fêtes  Brumales,  bru^ 
malia.  Ce  mot  fe  trouve  dans  le  Calendrier  Ro- 
main ,  traduit  par  M.  Blondel  ;  c'eft  le  nom  que 
l'on  donnoit  chez  les  Romains  à  une  fête  de  Bac- 
chus.  Les  Brumales  duroient  trente  jours.  Les  Bru- 
males commençoient  le  vingt-quatrième  jour  de 
Novembre  ,  &  finiffoient  le  vingt  -  cinquième 
jour  de  Décembre.  Les  Brumales  furent  inftituées 
par  Romulus ,  qui  avoir  coutume  durant  ce  temps- 
là  de  donner  à  manger  au  Sénat.  L'Empereur  Con- 
ftantin  Copronyme  célébroit  la  fête  païenne  des 
Brumales  en  l'honneur  de  Bacchus ,  &  afTis  dans 
une  galerie  avec  fes  courtifans  il  jouoit  de  la  lyre  , 
&  faifoit  des  libations  profanes.  Fleury. 

Le  nom  de  Brumales  vient  de  bruma,  qui  veut 
dire  hiver  ,  parce  que  cette  fête  tomboit  au  com- 
mencement de  l'hiver  :  d'aatics  dérivent  le  nom 
de  Brumales  de  brumus  ,  ou  brornius  ,  qui  font 
des  noms  qu'on  donnoit  à  Bacchus ,  en  l'honneur 
de  qui  on  célébroit  les  Brumales.  Voyez  le  Calen- 
dtiet  des  anciens  Romains,  Cœlius  Rhodiginus, 
Rofinus ,  Lilius  Giraldus ,  &c.  La  fête  des  Bru- 


^6 


BRU 


maies  fut  abolie  par  le  VP  Concile",  appelé  in 
Trullo. 

BRUME,  f.  f.  Terme  de  Marine.  Ceft  ainfi  qu'on 
nomme  un  brouillard  épais  :  &;  on  appelle  un  temps 
emhruim -,  quand  l'air  cfl:  couvert  de  brouillars. 
Nchula.  On  dit  fur  la  mer  que  dans  le  temps  de 
hrumc  tout  le  monde  cfl;  matelot  -,  parce  que  dans 
le  temps  d'un  brouillard  épais ,  chacun  dit  fon  len- 
timent  pour  la  route. 

Bkume.  On  donne  encore  le  nom  de  brume  à  une 
certaine  vapeur ,  à  un  certain  brouillard  qui  s'é- 
lève fur  les  cafcades  ou  cataracles  des  eaux.  La 
trume  que  forme  la  cataraéte  du  fleuve  Niagara  , 
eft  li  élevée ,  qu'on  l'apperçoit  de  cinq  lieues  -,  & 
lorfque  le  Soleil  paroît  ,  on  voit  toujours  un 
bel  arc-en-ciel  dans  cette  brume.  M.  l'Abbé  de 
Chaulieu ,  en  parlant  des  avantages  dont  joiiit 
l'Ile  de  Cythcre  ,  /^.  59  du  i*^  tom,  de  fes  Œu- 
vres de  l'cdit.  de   1735   dit  que 

Là  jamais  ni  brouillard^  ni  brume, 

N'obfcurcit  la  clarté  du  jour  , 

Et  jamais  dans  ce  beau  Jejour 

l^"" enfanta  catharre ,  ni  rhume.  Chaulieu, 

Ce  mot  vient  du  grec  &^ax^~ia.  y,yé^v..  Jof.  Scaliger  dit 
que  ce  mot  vient  de  Bromius  Bacchus ,  dont  les 
facriiices  fe  faifoicnt  environ  le  folftice  d'hiver. 
Le  mot  bruma  fignifioit  le  plus  court  jour  de  l'année. 
'  BRUN,  UNE.  adj.  Qui  eft  de  couleur  fombrc  8i  obf- 
cure,  tirant  fur  le  noir  Fuj'cus ,  fubniger.  Du  drap 
brun ,  gris-brun ,  rouge-brun  ,  vert-brun. 

^fj"  Brun,  f.  m.  Signifie  couleur  brune.  Cette  étoffe 
eft  d'un  beau  brun ,  tire  fur  le  brun  ,  lur  le  gris- 
hrun. 

Ce  mot  vient  du  flamand  bruin ,  ou  de  l'alle- 
mand braiin ,  qui  lignifient  la  même  chofe.  Mén. 
Odtavias  Ferrariiis  dit  qu'on  a  donné  ce  nom  à 
cette  couleur,  à  caufe  qu'elle  approche  de  celle 
des  prunes,  ou  de  la  couleur  des  armes  brunes  , 
dont  on  croit  qu'on  a  fait  auifi  bronze  Se  bronzer , 
à  caufe  que  les  Italiens  difent  abron:^are  ;  pour 
dire ,  enduire  d'une  couleur  brune.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  un  vieux  motfrançois,  à  caufe  de 
Brunehaut ,  qui  fignifioit  une  Dame  brune. 

Brun  ,  fe  dit  auHî  des  perfonnes  qui  ont  le  poil  noir  , 
ou  qui  n'ont  point  la  peau  extrêmement  blanche. 
Un  beau  brun  ,  une  belle  brune.  Les  goûts  ibnt 
différens  ;  l'un  aime  la  blonde ,  &  l'autre  la  brune  : 
&  l'on  dit  des  inconftans ,  que  tout  leur  eft  bon, 
qu'ils  courent  après  la  blonde  5c  la  brune. 

Brun  ,  Brune  ,  adj,  fe  dit  audî  figurément  ,  mais 
dans  le  ftyle  comique ,  pour  Ibmbic,  mélancolique. 
Obfcurus ,  tetricus.  Cet  homme  eft  d'une  humeur 
bien  brune. 

On  dit  auffi,quê  le  temps  eft  brun:  qu'il  fait 
brun  :  ou  abfolument  on  dit  la  brune ,  quand  la 
nuit  approche.  Il   eft  familier. 

On  appelle  un  clair-bru'n ,  celui  qui  a  les  che- 
veux entre  le  blond  &:  le  noir  foncé. 

Bai-Brun  ,  fe  dit  des  chevaux  qui  font  de  couleur 
de  châtaigne  ,  mais  fort  obfcure.  Badius.  Le  Sou- 
diacre  Bonitus ,  dans  la  vie  de  S.  Théodore  ,  qu'il 
écrivoit,  ou  qu'il  augmentoit  il  y  a  plus  de  600 
ans,  dit  qu'en  latin  on  appelle  Brunus ,  une  ei- 
pèce  :  de  cheval  que  les  Grecs  appellent  Dar- 
danus -,  c'eft-à-dire,  un  cheval  brun-,  ou,  comme 
il  parle,  d'un  blanc  obfcur.  Equumquem  albus  ac 
perobfcurus  color  exornat  ;  où  BoUandus  remarque 
que  brunus  s'eft  dit  en  effet  pour  fufcus  ,  dans 
les  Auteurs  du  moyen  âge  -,  mais  que  ce  mot  n'eft 
point  latin ,  non  plus  que  Dardanus  n'eft  point 
grec  dans  ce  fens.  Acl.  Sancl.  Ftir.   T.   II.  p.  ^5. 

Brun-rouge.  Quelques-uns  appellent  ainfi  un  ocre 
rouge  d'une  couleur  foncée ,  dont  on  fe  iért  dans 
la  peinture.  • 

IKT  En  termes  de  peinture  ,  on  dit  les  bruns  d'un 
tableau  ,  pour  dire  les  ombres.  Voy,  ce  mot.  Mais 
quand  on  dit  qu'un   tableau  eft  brtln,  on  entend 


BRU 

alors  que  le  peintre  a  forcé  les  ombres ,  a  donné , 
comme  on  dit ,  dans  le  noit. 

Brun  ,  f.  m.  Nom  d'homme.  Brunus.  S.  Brun  ,  Ar- 
chevêque &c  Apôtre  de  Pruffe  ,  où  il  fut  décollé 
avec  1 8  autres  Milfionnaires ,  eft  nommé  Brunus , 
&  non  Bruno ,  en  tous  les  manufcrits  de  fa  vie 
écrite  par  Ditmar ,  Evêque  de  Mcribourg  ,  qui  a- 
voit  étudié  avec  lui,  Chast.  Cependant  on  dit 
aufîl  quelquefois  Brun  en  françois  pour  Bruno  , 
ou  Brunon. 

Brune,  f.  m.  On  appelle  ainfile  temps  du  foir  ,  lorf- 
que la  nuir  approche  -,  le  temps  qui  eft  entre  le 
coucher  du  foleil  8i  la  nuit,  Fefper ,  vej'perus  ,vef- 
pera ,  vefpertinum  tempus.  Sur  la  brune  ;  c'eft-a- 
dire,  au  temps,  ou  vers  le  temps  qu'on  appelle 
brune.  Cet  homme  craint  les  Sergens,  il  n'ofe  Ibrtir 
que  fur  la  brune.  Cette  façon  de  parler  vieillit.  Il 
fait  brun  ,  la  nuit  approche.  Sur  la  mer  on  dit ,  Le 
brun  de  la  nuit  -,  pour  dire ,  l'obfcurité. 

BRUNE,  f.  f.  Fille  de  l'Hôpital-Général.  On  appelle 
les  filles  de  l'Hôpital   Général  les  Brunes. 

Brune,  f   f.  Toile  qui  fe  fabrique  à  Rouen, 

BRUNDUZE ,  ou  BRUNDUSE.  Foye^  BRINDE. 

BRUNECHILDE.  Ci'.  A^oye^ BRUNEH AUD. 

BRUNEHAUD.  f.  f.  Nom  de  femme.  Brunechildis. 
Ce  mot  s'eft  formé  du  larin.  brunechildis  eft  la 
même  chofe  que  Brunehildis  ;  car  c'a  été  la  cou- 
tume d'écrire  ch  ,  au  lieu  de  h  fimplcmcnt  ;  michi , 
pour  mihi .,  nichil ,  pour  nihil.  Outre  cela  un  / 
avec  la  voyelle  qui  le  précède,  comme  al,  el  y 
&c.  fe  change  communément  en  au  ,  ainfi  childis 
a  dû  fe  changer  naturellement  en  Aa?^i^,  la  termi- 
naifon  latine  w  étant  retranchée,  Brunehaut ,  fille 
d'Athanagil,  Roi  des  Vifigoths  ,  établis  en  Efpa- 
gne  ,  époufa  Sigebert  I.  Roi  d'Auftrafie.  Fréde- 
gonde  fût  avec  Brunehaud  la  furie  de  la  Mailbti 
Royale  de  France.  God. 

Je  trouve  aulii  Brunecheul  dans  quelques  vieux 
Auteurs.  Mérovée  ,  fils  de  Chilperic  ,  étant  allé  à 
Rouen  pour  la  délivrance  de  ladite  Reine  Brune- 
cheul,  ié  trouva  tellement  épris  de  fa  beauté ,  qu'il 
ne  ceilà  qu'elle  ne  lui  eût  accordé  mariage,  Parad. 
Ann.  de  Bourg.  /).  58.  Il  dit  Brunecheul S>C  Brune- 
chaud  dans  fon  Hiji.  de  Lyon  ,  Liv.  IL  c.  14.  Bru- 
necheul fonda  l'Abbaye  d'Aifnay.  L'on  écrit  qu'elle 
donna  tant  de  biens  à  cette  Abbaye ,  qu'il  s'y  nout- 
riffoit  ordinairement  500  Religieux,  de  manière 
qu'on  l'appeloit  l'Ordre  de  Brunehaud.  D'ailleurs 
elle  fir  des  levées  pour  la  réparation  des  chemins 
en  Bourgogne ,  dont  on  trouve  encore  en  quel- 
ques lieux  des  veftiges ,  qu'on  nomme  les  levées 
de  Brunehaud.  Ces  deux  noms  donnés  aux  Reli- 
gieux d'Aifnai  &  à  ces  levées ,  montrent  que  l'u- 
lage  eft  depuis  très-long-rcmps  de  dire  Bru- 
nehaud.  Brunehaud  fignifie  Dame  Brune,  Voye? 
BRUN. 

BRUNELLE,  f.  f.  Terme  de  Botanique.  Brunella, 
Plante  vulnéraire.  Sa  racine  eft  menue ,  fibreufe  , 
&  s'étend  obliquement  en  terre  ;  elle  donne  quel- 
ques tiges  de  neuf  .à  dix  pouces  de  long ,  carrées , 
velues  ,  en  partie  appliquées  contre  terre ,  droites 
en  patries ,  branchues ,  noueufes  ,  &  garnies  à  cha- 
cun de  fes  nœuds  de  feuilles  oppofces ,  femblables 
à  celles  de  l'Origan ,  mais  d'un  vert  plus  brun , 
un  peu  plus  velues ,  &  dentelées  fur  leurs  bords 
Ses  fleurs  tetminent  les  tiges  &  les  branches ,  & 
ibntramaffées  en  une  tête  allongée,  écailieufe  ,  cy- 
lindrique ,  difpoféc  en  manière  d'épi.  Chaque  fleur 
eft  un  tuyau  lavé  de  pourpre  ,  découpée  par  le 
haut  en  deux  lèvres  ,  dont  la  fupérieure  eft  en  caf^ 
que,&;  l'inférieure  eft  divifee  en  trois  parties,  la 
moyenne  defquelles  eft  creufée  en  cuilleron.  Le 
calice  de  la  fleur  ,  qui  eft  un  cornet  verdâtre ,  long 
de  quatre  lignes  ,  eft  divifé  en  deux  lèvres ,  dont 
la  fupérieure  eft  à  trois  pointes ,  &  l'inférieure  à 
deux.  Il  renferme  dans  fon  fond  quarre  femences 
petites ,  ovales.  Il  y  a  plufieurs  autres  efpèces  de 
Brunelle  qui  diffèrent  de  celle-ci ,  qui  eft  la  plus 
commune ,  foit   par  leurs  feuilles  ,  foit  par   leur 

grandeur , 


BRU 

grandeur  ,  ou  couleur  de  leurs  fleufs.'La  BniiHne  \ 
eft  vulnéraire     tort  vantée    pour    reiquinanci;  &  I 

oumoT  *"  ^^  ^'^''  ^  P°"'  ^^^^^'  ^^" 

Brunella   vient  du  mot  allemand  Die  braane 
qui  />gmfie  certaines  maladies  de  la  gorge  pour  là 
guer^fon  delquelles  on  fe  fert  avec  ilicccs  de  k/rl 
nelle  commune. 

BRUNET  ,  ET  TE.  Ç.  Diminutif  de  brun.  Qui  eft  un 
peu  brun.  Submger  ,fuba^uilus.  C'eli  un  beau  bru- 
net,  11  aune  une  petite  brunette.  II  eft  auili  adi  On 
Uûuve  dans  un  vieux  Poète  : 

Bergères  brunettes  font  rage ^ 
Lt  laiffent  aller  de  courage. 
Bien  Jouvem  le  chat  au  fromage.       % 

Brunette,  étoit  aufTi  autrefois  une  étoffe  fine,  de 
cou  eur  preique  noire,  dont  les  gens  de  qualité 
shab.  loient.  Pannus  fubrnger ,  &"dont  on  1  con' 
lervc  la  mémoire  dans  ce  vieux  proverbe  : 

Aujjî  bien  font  amourettes 

Sous  bureau,  que  fous  brunettes. 

t  fS7  ''°''^'  fo"  belle  &  précieufe.  Le  bon  Roi . 
(faint  Louis  depuis  qu'il  eut  pris  la  croix,  )  ne 
voulut  plus  dés-lors  vêtir  d'ecarlate  ,  ni  de  bul 
nette  m  de  vert,  (  .'.  vair)  ni  couleur  quifiit  de 
grande  apparence  ,  &  vêtoit  robes  de  camelin  ,  de 
brun,  ou  de  pers.  Anonyme  ,   Fie  de  S.  Louis. 

p^r";  '•  '-^''T  f^^-'^^---  Petit  air  cham- 
pêtre, naure  ,  joli,  d'un  goût    délicat.   A^reliis 
cantiunculall  y  a  des  recueils  de  Brûneltfs^E, 
toutes   ces  brunettes,  tous  ces   jolis  airs  champê- 
tres qu  on  appelle  des  brunettes  ,  combien  font  ils 
^aturels  î  Anon.  Hijl.  de  la  Mufi^.  Ces  branles  ,  ce 
hruriettes  font   doublement  à  eftimer  dans    no« 
Muùque     parce  que  celan'eft  ni  de  la  connoilTruce 
tt^r  ^"^1^-^'  &  <l"e  les  tons  amables' 
fn  îonr  h'  '  '^  ^"'"'"'  proportionnés  aux  paroles  , 
en  font  dun  extrême    prix.    Car  iur   des  parole 

Sr"o?t'  """^  '^"  '"  P^^°'"  héf^ï^u'esfen 
petit,  tout  comme  en  grand,  la  juftcffe  d'expref- 

res'de°rac"""-  '"  ^'^  ^^"^^"^"  '  ^^^^  ^^ 
des  I..L  ,  T-'^P'^f"?'"'  cluclaveffin,  a  donne 
pLnther  r.  V''°'f'"'.^'^'  ?^^-éesfur  dix-huit 
W  h!  a/  r  P''^'''  ^"  brunettes  à  toute  autre 
forte  de  Mu/.que  ,  parce  qu'elles  conviennent  par- 
faitement .à  fonde/fein.  Ce  font  de  petits  airs  aux- 
quels la  naïveté  &  la  délicateffe  tiennent  lieu  des 
grâces  de  la  nouveauté. 

La  brunette  eft  une  petite  chanfon  amoureufe ,  qui 
clt  ordinairement  a  plufîeurs couplets,  dont  l'air  cft 
tamilier,  &  qui  a  fouvent  un  refrain.  Les  brunettes 
ont  beaucoup  de  rapport  aux  vaudevilles,  mais  elles 
font  plus  fages.  On  voit  des  brunettes  dans  les  Opéra 
L  Auteur  d  unelettre  f  ir  la  Mufique  de  Lully ,  dit  que 
les  paroles  dune  ^r/«.v..  font  pleines  de  fentimem  • 
cha'nt"  nn"""^"^  '^  routenu'pat  l'expre<r.ôn  dû 
,tr,?r,l  ^  ?  '"'  ""  uncaradère  d'ingénuité,  de 
naturel ,  qui  charme  encore  quelques  peribnnes ,  bien 
plus  que  tout  i'att  &  tous  les  apprêts  les  chants  nou- 

Brunette.  Terme  de  Conchyliologie.  C'eft  le  terme 
vulgaire  dont  fe  fervent  les  Holîandois,  pour  S 
%ner  un  cylindre  ou  rouleau  ,  imitant  le  drap  d'o? 

T^aiTd    itri'^^'^'T'^'^'T^  '''  raches  b'runes 

E^VrMrP       ^^^t"'"-"'/  ^  Conchyliologie. 

BRUNIR.  V.  a  Rendre  brun.  Obfcurare,  fufcare  II 
faut  brunir  davantage  le  fond  de  ce  tableau  On 
mêle  les  couleurs  vives  avec  les  fombres  pour  Tes 
bmn' r     "'"'  '^-'^''"  "^""^'  ^^  'iS"ifie  deven 

avec"n'/M''°K-"°^/  ^°"  "^^""^  ^""^^«i^'  n^^i^ 
avec  lage  il  a  bien  bruni. 

veux'd't'  ^^,'^^'^^,q"?foi^  réciproque.  Les  che- 

mencent  a  fe  brujiir.  Acm,.  Fr. 


BRU  . 

aux1lfa,''^'"-''°"^"^^y^'  ^°"^  teindre  leurs  bof, 
^Wmecholed|^^:^^?^,f^rS 

&^;Sun;^ri^-^^;5-^ouie 

ae  blanche  qu'elle  étoit,  après  avoir  ôté Ta    peau 
vciue  qa:la  couvroit,  la  fait  venir   roule     4re 
ou^de  couleur    brune,  félon  les   terres °o^t  il 

eclaircir,  polir  la  teto,  la  queue  &la  tranche  d'un 
Ôup  'p ,/     ■""      '  r'""'''  ^''^'^"'^    ^'''^   1^  dent  de 

Brunir      figni^e  au/H  polir  un  corps,  non    pas  en 

b      fu'rTr  7  '^'"'f'  ^=^  P"'^"  cminences  qui 

e  di     d/  ,'       f  7'^  ^"  '^°>"^"  '^"  brunilfoir.  Oïl 

dent  de  I    °'  ^'  "^I  ^'"Sent  ,  cela   fe  fait  avec  la 

po  ée'r  '^°^'r.'  ^'  ^'''^^'  d^  bois  blanc,  &  la 
potée   demeri.  On  dit  de  l'or   bruni,  de  l'argent 

tSui  ;  ^'°''  ^  °^'t^°'"  ^  '^-  ^^  '^  l'^r^e'nt  ,...;  t'elE 
l'éclnr^"  '  extrêmement  poli  pour  lui  donner  de 
ITrZ'  \T  '/^^^''"""'«  /'o/.W«,  lœvatum,Uvi^ 
fe  aun-  f  r  ''ç"'"  ^^'°'^  -^r../ paroiffent  plJs  que 
les  aat  cs.Les  Serruriers  difent  auifi /.r««fr  le  fer, 

BpTS   %  ^'  P°^^'^'"".  ^^^'^  1=-^"  brunhfoirs.  ' 

BKl/NI,  lE,  part.&adj.P./,,^^,/^,^,;,^,/^^; 

levât  us  ,  ou  levi^atus 

IIY.^U?^}^^^'  '^'y^l  BRtÎNEHAUT. 

BRUNISSAGE,  f  m.'^ôuvrage  de   Bruni/Teur.  P.//. 

BRUN^S'^nV'r'  ^'°''I  ^^. bruni  fige  de  h  vaiifelle. 

BRUNISSOIR,  f.  m.  CQ-  Outil  dont  fe  fervent  pref- 
que  tous  les  ouvriers  qui  emploient  le  fer ,  l'or ,  l'ar- 
gent,  1  acier,  l'étain,  pour  dqnner  de  l'éclata 
leurs  ouvrages.  II  y  en  a  de  différentes  façons  8C 
de  diderentes  matières  fuivant  les  ouvrages.  Pour 
les  métaux,  ih  (ont  ordinairement  d'acier.  Ferrurrt 
metallis  poheniis  comparatum.  On  pa/fe  le /^r««//- 
Joir  tant  pour  fouder  l'argent,  que  pour  le  brunir. 
lioiz.  11  fert  aux  Graveurs  d'un  côté  à  brunir  & 
polir,  de  l'autre  à  racler.  Il  y  a  auffi  des  brunir- 
Joirs  qui  ont  un  bout  garni  de  fanguinc.  Les  Ser- 
ruriers ont  auff.  des  brumffoirs  pour  polir  le  fer. 
Les  uns  font  droits,  les  autres  crochus,  pour  polir 
les  anneaux  des  clef,  i  il  y  en  a  d'autref  qui  font 
ctemi-ronds ,    pour  cramer  avec  Pétain. 

Ip-  Le  brumffoir  pa/fc  fortement  fur  les  endroits 
de  a*furface  de  l'ouvrage  qu'on  veut  rendre  plus 
brillant  que  les  autres ,  produit  cet  effet  en  ache^ 
vant  d  enlever  les  petites  inégalités  qui  s'y  trou- 
vent. Ainli  de  quelque  matière  que  l'on  fa/fe  le 
hrunijjou ,  cet  outil  n'emporte  rien  de  la  pièce  . 
oc  doit  ette  plus  dur  qu'elle. 

BRUNISSURE.  f  £  Terme  de  Chaffe ,  qui  fe  dit 
de  la  polliflurc  des  têtes  de  cerfs  ,  de  daims ,  de 
chevreuils.  Ceri'ini  cornu  nitor ,  Uvor. 

^  BRUNITURE.f  f.  Se  dit,  en  Teinture,  de  la 
manicre  d'ctcindre  l'éclat  d'une  couleur,  afin  de  la 
réduire  a  la  nuance  qu'on  veut ,  fans  toutefois  la 
faire  chausser  d'efpèce.  Encyc 

BRUNO,  BRUNON.  Ç.  m.  Nom  d'homme.  Bruno. 
Ce  mot  peut  pafibr  pour  irrégulier  dans  notre  lan- 
gue i  car  Pufage  efl  que  les  noms  qui  on  latin  fe 
terminent  en  o ,  fe  terminent  en  francois  en  on  , 
comme  Caton  ,  Varvon  ,  Cicéron,  Corbulon,  Stra- 
bon ,  LaRon  ,  Orhon  ,  Parmcnion ,  Didon.  C'eft 
la  remarque  de  M.  de  Vaugelas ,  p.  71  de  l'édir. 
^«-40.  Néanmoins  dans  ce  nom  ci  on  dit  plus  fou- 
vent  Bruno  que  Brunon.  Bruno  ou  Brunon,  frère 
dcWitikind  ,  Roi  des  Saxons.  Bruno  ou  Brunon, 
Bénédiélin  du  onzième  ficelé  ,  Autcut  de  l'hiftoire 
de  la  guerœ  que  l'Empereur  Henri  IV  fir  à  Maç^nus 
&  Herman,  Ducs  de  Saxe.  S.  Bruno  ou  S.  Bru- 
non ,  Evêque  de  Segnî.  Brunon  ,  Evêque  d'Ans^crs 
on  dit  auffi  quelquefois  Brun  pour  Brunon,  Brunii 

N 


5« 


BRtj 


&;  non  pas  Brimon  ,  furnommé  le  Grand ,  Arcnc- 
vcque  de  Cologne ,  Se  Duc  de  Lorraine ,  fils  d'Hcnn 
l'oileleur.  S.  Bruno  ou  Brunon  ,  Evcque  &;  Apôtre 
de  la  Prulfe.  Bruno  ou  Brunon  de  Wirtzbourg  , 
Hcrbivolen(is\  mais  il  faut  toujours  dire  S.  Bruno 
fondateur  de  l'Ordre  des  Chartreux  ,  &  non  pas  S. 
Brunon.  Il  y  a  dans  les  Mi'an^cs  d'Hifiom  t/  de 
Littérature  du  prétendu  Sr  de  Vigneul-MarVille  , 
T.  11.  p.  175  ,  Se  J'uiv.  une  elpèce  de  diHertation 
pour  montrer  que  rhilloire  du  Chanoine  que  Ton 
prétend  avoir  été  l'occaiion  de  la  converiion  de  S. 
Bruno  efl:  apocryphe ,  parde  que  tous  les  Auteurs 
contemporains  de  S.  Bruno  ,  ou  les  plus  anciens 
ac  les  plus  voifins  de  fon  temps  n'en  dilent  mot. 
Le  S.  Bruno  gravé  par  Melan  ,  cfl  le  véritable  por- 
trait de  Chriftophle  Du  Puy.  Vign.  Mar. 
|Cr  BRUNSBERG.  Ville  de  Pologne.  Voy.  BRAUNS- 

BERG.  ^     .^,      „,„ 

|K?  BRUNSBUTEL.   Petite  ville    fortifîce   d  Alle- 
magne dans  le  Holftcin ,   fur  l'Elbe. 

BRUNSWICK  ou  BRUNSWIG.  Ville  d'Allemagne, 
l'une  des  plus  conlidérables  de  la  Bafle  Saxe,  ca- 
pitale du  Duché  de  Brunfwick.  Brunfviga  ,  Brunf 
yicum ,  BrunopoUs ,  Brunonis  vicus.  On  croit  que 
Brunfwick  a  pris  fon  nom  de  Bruno ,  fils  d'Adol- 
phe Duc  de  Saxe  ,  qui  la  répara  vers  l'an  8<58.  Mat  y. 
Quelques  Auteurs  croient  que  c'eft  le  Tubijurgium 
de  Ptolomée.  Elle  eft  divifée  en  cinq  quartiers  , 
qui  l'ont  fait  appeler  p>ar  quelques  Auteurs  Pen- 
tapolis,  cinq  villes.  Elle  eft,  félon  Hoiîman , 
au  510  40'  de  longitude  ,  &  au  52°  40'  de  la- 
titude. Brunfwick  a  été  ville  anlcatique.  M  a  t  y. 
C'eft  une  des  premières  villes  d'Allemagne  qui 
ait  reçu  l'héréfie  de  Luther.  Bugenhag  l'y  'porta 
en  1511,  &  Chemnitius  l'y  prêcha  ^o  ans  durant 
&  y  mourut  en  içSiî.  M.  Lcibnits  imprima  en  1707 
à  Hanover ,  en  trois  volumes  in-fol.  un  recueil  des 
Hiftoriens  de  Brunfwick.  Voyez  auHi  Imhoff.  Not. 
Jmp.  Proc.  Lih.  IF,  C.  4.  Le  Duché  de  Brunfwick , 
Brunfwicenfs  Ducatus ,  eft  une  Province  du  Cercle 
<le  la  Balfe-Saxe  en  Allemagne,  bornée  au  nord 
par  le  Duché  de  Luncbourg,  au  couchanr  par  le 
Cercle  de  Weftphalie ,  au  midi  par  la  Hedc  ,  & 
le  petit  pays  d'Eichfelt,  au  levant  par  la  Thuringe  , 
les  Principautés  d'Anhalt  &  d'Halberftat ,  &  le 
Duché  de  Magdebourg.  Le  Duché  de  Brunfwick 
fe  divife  en  trois  Principautés  ;  Wolfcnbutcl ,  qui 
a  fes  B>acs  particuliers  -,  Grubenhagen  ,  &  Calem- 
berg ,  qui  appartiennent  au  Duc  d'Hanover. 

La  Maifon  de  Brunfwick  vient  d'Azo  d'Eft ,  Mar- 
quis de  Tofcane ,  qui  paffa  en  Allemagne  dans  le  on- 
zième fiécle  avec  l'Empereur  Conrad  II ,  &:  cpoula 
Cunegonde,  fille  unique  de  Guelphe  III. 

BRUSC.  f.  m.  Terme  de  Botanique.  C'eft  une  efpèce 
de  Houx-frelon.  Voyei  ce  mot. 

§3-  BRUSCH,  Rivière  de  France  ,  qui  a  fa  fourcc 
dans  les  montagnes  de  Lorraine ,  fur  les  frontières 
d'Alface  -,  &  fon  embouchure  dans  l'Ile  de  Stral"- 
bourar,  _ 


BRUSLABLE. 

BRUSLANT. 

BRUSLEMENT. 

BRUSLER. 

BRUSLEUR. 

BRUSLOT. 

BRUSLURE. 


BRULABLE. 

BRULANT. 
BRULEMENT 
Foye?  <     BRULER. 
BRULEUR. 
BRULOT. 
BRULURE. 


BRUSQUE  ,  adj.  m.  fie  £  Qui  eft  d'un  tempérament 
vif  8i  rude  ,  qui  parle  6c  qui  agir  avec  ||omptitude  , 
mêlée  d'un  peu  de  rudelfe.  Acer  &  prxceps.  Il  no 
fait  pas  bon  attaquer  cet  homme-là  ,  il  a  la  repartie 
prompte  fie  brufque.  Le  génie  françois  brufque  ^ 
impétueux,  aime  le  changement.  La  conduite  de  la 
nature  n'eft  pas  brufque  ,  K  fa  méthode  eft  d'ame- 
ner tout  par  dégrés  prelqu'infenlibles.  Fonten.  L'air 
o-alant  penche  plus  vers  la  douceur  &  l'enjouement , 
que  vers  le  brufque  èc  le  férieux.  M.  Scud.  Il  y  a 
des  gens  naturellement  briifques  •■,  le  ton  de  leur 
vodx^a  je  fiQ  fais  (juoi  4«  faiivagç ,  &  il  femble  qu'ils 


^       BRU 

vont  toujours  dire  des  in'urcs  aux  gens.  Bell.  Daf.s 
vos  biujques  chagrins  je  ne  puis  vous  comprendre. 
Mol.  On  dit  auiil  du  vin  brufque ,  qui  eft  âpre  &  pi- 
quanr.  Ce  mot  ne  fe  prend  qu'en  mauvaiie  part. 
Il  vient  de  l'italien  ou  de  l'eipagnol  brufco  ,  qui 
fifçnifie  acre , prompt  ,colère.  Ménage. 
BRÙSQUEMBILLE.  f.  m.  Efpèce  de  jeu  de  cartes, 
fort  dixférent  de  tous  les  autres.  Il  fe  joue  avec  le 
jeu  de  piquet  de  trente-deux  cartes.  On  en  donne 
à  chacun  cinq  ,  puis  on  en  tourne  une  qui  eft  la 
triomphe, qu'on  met  de  travers  fous  le  jeu  ,  afin 
qu'on  la  puilfe  voir,  fi:  qu'elle  n'empêche   pas  les 
joueurs  à  chaque  carte  qu'ils  jouent ,  de  la  rempla- 
cer par  une  autre  du  talon  ,  qu'ils  prennent  à  tous 
les  f;oups ,  jufqu'à  ce  qu'ils  aient  tout  pris.  Les  qua- 
tre as  font  les  premiers  brufquembilles  ,  fie  les  qua^ 
tre  dix  les  féconds.  Celui  qui  a  le  fept  de  triom- 
phe ,  peur  le  changer  contre  celle  de  la  retourne 
pendant  le  courant  du  jeu ,  &  attendre  même  juf- 
qu'à la  dernière  carte  à  prendre  du  talon.  Les  as  Se 
les  dix  font  les  principales  cartes  -,  les  autres  fui- 
vent  leur  ordre  ordinaire.  On  renonce  tant  qu'on 
veut  à  ce  jeu,  excepté  lorfqu'on  a  levé  toutes  les 
cartes  du  talon,  Se  que  l'on  n'en  a  plus  que  chacun 
cinq  à  jouer.  On  joue  en  cent  deux  ,  cent  trois  ^011 
cinq  cens ,  comme  l'on  veut.  La  retourne  vaut  dis 
à  celui  qui  fait,  lorfque  c'eft  un  brufquembillc  ou 
une  peinte.  Celui  qui  a  les  cartes  fie  fak  plus  der" 
mains ,  marque  aullî  dix.  Lorfque  tout  eft  joué,  cha- 
cun compte  les  points  qu'il  a  dans  les  mains  qu'il 
a  levées  ,  en  obfervant  que  les  as  valent  onze  ,  les 
dix  valent  dix ,  les  rois  quatre  ,  les  dames  trois ,  les 
valets  deux  ,  fie  le  refte  ne  fe  compte  point.  On  ajoute 
à  ce  jeu  des  mariages  fie  autres  pretintailles. 
fçj-  Ce   mot    eft  ordinairement  féminin.  Jou  de  la 

brufquembiUe.  Jouer  à  la  brufquembille. 
BRUSQUEMENT  ,  adv.  D'une  manière  brufque.  Priz- 
cipiti  impetu.  Il  eft  parri  brufquement  Se  lans  dire 
adieu.  Ce  Général  a  donné  brufquement  fur  les  en- 
nemis. Ce  combat  donné  brufquement ,  Se  à  la  hâte  , 
feroit  plus  long  à  raconter ,  qu'il  n'a  été  à  terminer. 
Bou. 
Ip-  BRUSQUER.  V.  a.  Offenfer  quelqu'un  par  des 
paroles  briifques  ,  rudes ,  inciviles.  Verbis  afperio^ 
ribus ,  dure  ,  acerbe  aliquem  excipere ,  kabere ,  trac- 
tare.  Cet  homme  etl  fi  violent ,  qu'il  brufque  cenx 
qui  ont  affaire  à  hii.  Le  mot  eft  vif ,  fie  marque  bien 
quelque  choie  de  précipité  fie  de   rude.  Savoir  le 
monde  ,  c'eft  être  toujours  égal  ;  c'eft  ne  brufquer  > 
fie  ne  chagriner  jamais  perfonne.  Ce  Critique  infle- 
xible eft  (\  peu  maître  de  fon  dépit,  qu'il  pouffe  fon 
chagrin  jufqu'à  brufquer  ceux  qui  rendent   juftice 
au  mérite  des  aurres. 
Bp-usquer  ,  fe  dit  aulfi  pour  faire  quelqne  chofe  vîre, 
brufquement,  avant  qu'on  puiffe  s'appcrcevoir  qu'on 
en  a  le  defféin.  Deproperare  ,  prœpropere   aliqiiii 
agere.   En  parlant  d'une  petite  place  de  guerre  qui 
ne  mérite  pas  un  fiège  dans  les  formes ,  n-iais  qu'on 
peut  emporter  d'emblée  -,  on  dit  que  c'eft  une  place 
qu'il  faut  i'rw/fz/^r.AcAD.  Fr.  Brufquer  une  àffiitc. 
Brufquer   un   ouvrage  d'cfprit.  Brufquons  à  nous 
deux  l'épithalame  du  bon  Vulcain.  Fuselier. 
BRUSQUÉ  ,  ÉE  ,  parr. 

BRUSQUERIE,  f.  £  Action  de  brufquer  quelqu'un, 
Pncceps  natur(c,animi  impetus.  Il  faut  excufer  le9 
paroles  offcnfantes  ,  quand  on  ne  les  djt  que  par 
brufquerie  Se  par  promptitude. 
BRUSQUET.  On  dit  proverbialement  ,  à  brufquin 
brufquet  ;  pour  dire  ,  puifque  vous  me  parlez 
délbbligeamment  ,  je  vous  réponds  fur  le  même 
ton.  ExprelTlon  triviale. 
^iJ-  BRUT  ,  UTE.  adj.  On  prononce  le  Tau  fingulier. 
*"  Ce  qui  n'eft  pas  poli,  qui  eft  âpre  Se  raboteux.  li 
eft  oppofé  à  travaillé.  Il  fe  dit  parriculièrement  d'une 
pierre  qui  vient  de  la  mine  ou  de  la  carrière  ,  qui 
n'eft  ni  polie ,  ni  taillée ,  ni  dégrofTie":  du  diamant , 
&c  ,  en  un  mot ,  de  toutes  les  choies  dans  l'état^  où 
la  nature  nous  les  préfente ,  lorfqii'elles  doivent  être 
perfcdionnçcs  par  Tait  :  6e  par  extenfion  on  domic 


1. 


B'R  tf 


BR  li 


3^ 


îô  nom  de  briu  à  des  produirions  àrrirldielies  que 
la  main  de  l'ouvrier  doit  dcgrollir  ou  perfeclion- 
rier  ;  de  forte  qiie  cette  énirhète  ne  peut  erre  ap- 
|5liquéc  qu'aux  prdduiîtidns  naturelles  ou  artificiel- 
les quipciiverit  être  perfedliorinces  par  la  main  d'œu- 
tre.  Ainfi ,  on  ne  peut  pas  dire  une  plante  bruts.  Un 
Naturalise  ne  peut  dire  urie  plume  brute ,  parce  qu'il 
iiè  la  ôorilidère  pas  comme  pouvant  être  perlcc- 
t'ionnée  par  l'art.  Mais  un  Plumalîicr  \cà\t.Afper, 
fcj.ber  ,  impolitus.  Les  diamans  bruts  fe  n'ouv*cnt 
dans  des  latries,  du  dans  de-i  fentes  des  rochers  de 
GoJconde.  Tavernieb..  l/ne  cmeraude  brute  cft 
peu  ellîmce,  à  c'aufe  dii  rifque  qu'il  y  a  de  li  cafler 
en  la  tailknt.  On  dir  aullï  Une  maçonnerie  de  picr- 
tcs  brutes  ;  pour  dire  qui  ne  ibnt  point  taillées.  On 
appelle  auill  du  fucre  brut  ^csI\ï\  qui  ni'cfl:  pas  affine. 
On  dir  d'un  jardin  qUi  n'eft  pas  encore  achevé 
d'être  planté ,  d'être  accommodé  ,  qu'il  é'ft  encore 
.    tout  /';■///. 

Brut  ,  le  dit  auffi  fîgurémenr  d'un  ouvrage  qui  n'cll 
qu'ébauché,  qu'on  n'a  pas  eu  le  loilir  de  limer  & 
de  polit. 
BRUT  ,  du  ORT  ,  fe  doit  entendre  du  poids  de  la 
marcharidife  ,  quand  elle  cft  peice  avec  l'on  cmbal- 
larje.  On  dit  en  ce  fens  :  cette  balle  de  poivr(?  pelc 
irut  ou  on  fix  cens  livres  ;  pdur  marquer  q\ief  l'em- 
ballage &  le  poivre  qui  eft  dedans ,  pèlent  enfcm- 
ble  lix  cens  livres.  IK?  Il  y  a  des  marchandifes  qui 
paient  les  droits  d'entrée  &  de  fottie  du  Royaume 
net .  &  d'autres  brut  ou  ort. 
lier  BRUTAL  ,  ALE ,  adj.  On  défrgne  par  cette  épi- 
thète ,  un  caraélèrc  féroce  &  em'poïté ,  un  homme 
qui  tient  de  la  betc  brute.  Ferox  ,  belluinus  -,  feri- 
/z-vj.  Homme  i^r«^^/. "Valeur  ,palîion  brutale  ;  em- 
ployé fubftantivemenT ,  il  dciigne  irn  homme  féroce 
&  grolller.  C'eft'  un  briiial  ,  un  franc  brutal.  Ce 
repos  brutal  conrrc  la  crainte  de  l'enfer ,  fem'bîe  li 
Geau ,  que  ceux  qui  font  dans  ce  doute  malheureux 
s'en  glorifient.  Pasc.  Un  débauché  n'a  que  des  ap- 
pétits brutaux.  Un  franc  ^rw/^/conteftant  comme 
un  diable.  Scar.  Il  n'y  a  point  d'homme  fi  brutal , 
ou  a  fauvage  ,  qui  ne  voie  avec  plaifir  fon  nom  im- 
mortalifé.  Pat.  Je  ne  fuis  p.is  furpris  de  la  vaillance 
d'un  brutal .,  qui  ne  fait  ce  que  c'eft  d'être  vivant  ou 
mort.  Le  Ch.  de  Mer.  Ces  efprits  brutaux  éroicnr 
rendus  plus  farouches  par  la  guerre  ,&  par  le  dé- 
fefpoir  du  pardon  Vaug.  Il  va  aulfi  à  la  di/idlu- 
tion  &:  à  la  corruption  des  mœurs.  La  licence  cf- 
frçjiée  de  ces  brutaux  avoir  rendu'  le  noindes  Ma- 
cédoniens odieux.  Vaug. 

L' homme  feu  l ,  l'homme  feul  en  fa  fureur  extrane , 
Metun  brutal "ilb///ztfKr  a  s'égorger foi-méme.  Boil. 

Brutal  ,  fe  dit  auOl  d'un  homme  qui  ne  fait  [^as  vivre  , 
qui  ne  ménage  p;rlbhne,c5c  qui  brufque  tout  le  mono';. 
La  fortune  avec  toute  fa  puiliànce  ,  ne  pourra  jamais 
apprivoifer'un  brutal &i  polir  la  rudellê  de  Tes  mœurs. 
Balz.  On  dit,  il  m'a  fait  une  réponle  fort  ^rw/ii/c;  ; 
c'eft-à-diré ,  fort  iiicrvile  ,  fdrr  m.al-honnête.  iJr///^;/ 
cmporre  plu-s  que  grofjier  ,  &  y  ajoute  quelque  choie 
de  dur  &  de  choquant.  Boun.  La  valeur  naturelle 

,   eft  brutale.  M.  Scud. 

BPvUTALEMENT  ,  adv.  D'une  manière  brutale.  Fe- 

rino  more,  ferocitef.  '[]n\u-Ai\ùt\\x\'\t  brutalement 

Un  Corfaire  rraire  brutalement  fes  efclaves.  On  croit 

l'enfer  &  cependant  on-  va  brutalement  à  la  mort , 

.  comme  s'il  n'y  avoit  plus  rien  après  elle.  Nie. 

BRUTALISER,  v.  n.  C'eft  un  mot  qui  a  été  invente 
pour  le  mettre  dans  la  bouche  d'une  précieufe.  Il  fi- 
gnifie  prendre  des  plaifirslcn(uels,des  plailirs  qu'une 
précieufe  voudroit  qu'on  laifsâi  prendre  aux  feules 
bêtes.  Belluincis  fecîari  delicias.  Le  moyen  de  pénfer 
aai  mariage  ,  puifqu'on  y  paflc  route  fi  vie  à  bru- 
talifbr  avec  un  homme.  Il  n'eft'  pas  d'ufagc. 

Brutaliser.  V.  a.  Traiter  quelqu'un  durement ,  bru- 
talement. Dure ,  acerbe  ,  ferociter  aliijuem  excipere. 
L'uiage  du  monde  poli  apprend  à  ne  brutalifer  per- 
fonac.  Il  n'eft  que  de  la  conveïiariort. 


BRUTALISE  ,  LE  ,  part.  .     . 

BRUTALITÉ,  f.  f.  Action  A\m  brutal.  Les  fofdat^ 
commettent  de  grandes  brutalités  ,  quand  on  leur 
abandonne  une  ville  au  pillage.  Aciio  digna pecude. 

Four  pouvoir  d'un  œil  fec  voir  n'ourir  ce  qu'on  aime  ^ 
Ah  !  c'eji  bruralirc  ,  plus  que  vertu  fuprime.  Gui. 

§3°.  Il  fe  dit  aulfi  du  vice  du  brutal ,  de  la  palîîon  iJru- 

tale.  Sa  brutalité  lui  a  tait  beaucoup   d'ennemis. 
{CF  Cet  homme  s'eft  reconnu  après  avoir  alj'ouvi  fi 
brutalité.  Et  d'une  parole  dure  &  brutale ,  il  nl'a  dit 
cent  brutalités. 
Brutalité  ,  fignifie  encore  grolfièreté  m.èlée  de  du- 
rcic.  Stupuiitds  ,jlupor.  La  rufticitc  ,  la  grolfièreté 
te  la  hrui?Mté  peuvent  être  les  vices  d'un  homme 
d'cfprir.  La  Bruy. 
BRUTAMAKMA,  f.  ï.   Sorte  de  poire  nommée  au- 
trement, Tihivilliers.  La  Quint.  T.l,p.  385.  C'eft 
une  poire  de  Klars  &  d'Avril.  Id. 
IJCT  BRUTE,  f.  f.  Animal  confidéré  comme  privé  de 
1^  raifon  ,  &:   par  oppofition  à  l'homme.  Brutum, 
animal.  L'homme  n'eft  diftingué  des  brutes  que  par 
la  raifon.  La  bête  confidcrée  dans  fon  dernier  degré 
de  fbupidité  ,  comme  alfranchie  ^les.  loi::  de  la  rai- 
fon &  de  l'honnêteté  ,  feton  lefquelles  noijs  devons 
régler  notre   conduite  ,    eft  appelée  brute.   Ainfi 
c'eft  Toujours  un  terme  de  Kvé-pris  qu'on  n'applique 
nux    bêtes  &:    à     riïomme  qu'en    mauvaife    part. 
L'iuftincl  tient  fieu  de  raifon  aux  brutes.  Il  n'a  pas. 
plus  de  raifon  qu'une  brute.  Il  s'abandonne  à  rou- 
te la  fureur  de  fon  penchant  comme  Ï2/'rute.    • 
((3^  On  dit  aulîi  une  bête  brute ,  ik;  figurcment  d'un, 
homme  fans  cfprir ,  fans  jugement ,  que  c'eft  une 
bête  brute ,  une  vraie  brute. 
BPsUTE  -  BONNE,  f.  f.  Sorte  de  poire  que  la  Quin-' 
ti nie  nomme  ainli ,  P.  III.  Tom.  I ,  pag.   5  5  of  C'eft 
une  poire  de  la  mi-Août  ,  qui  s'appelle  autrement 
poire  du  Pave.  Id. 
BRUTIEN ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  d'un  anci'cn  peu- 
ple d'Italie.   Brutius.  Les  Brutiens  ô'ccupoient  fa 
partie  de  l'Italie  qui'  étoit  entre  la  Lucsnie  &  le 
détroit  de  Sicile  ,  ayant  à  l'orient  la  mer  de  Tarcnre, 
&  celle  de  Tofcane  à  l'occidenr.  C'eft  la  pointe  de 
l'Italie  où  eft  anjourd'lmi  la  Calabre  citéricure  &: 
l'ultérieure.' 

On  prétend  que  ce  furent  originairement  des  pal^ 
teurs  ou  b'crgers' de?  Lucaniens  ,  qui  fecouèLent  le 
joug  ,  &  fe  délivrant  de  la  fervirude  établirent  ce 
peuple  ,  &  qu'on  les  appela  Briitii  à  caufe  de  leur 
grolfièreré  ,  de  brutus  ,  brure  ,  ftupide.  Aulu-Gelle ,.' 
/..  X ,  C.  5  ,  dir  que  les  Brutiens  ayant  été- les  pre- 
miers de  Vira-lie  à  fe  révolter  pour  AnniLial ,  les  PvO-. 
mains  dans.la'  ftrite  ne  les  voliluient  plus  enrôler 
pour  foldats  ,  ni  les  tenir  pour  alliés  ,  mais  qu'ils 
en  firent  les  Miniftrcs  des  Magiftrars  qui  alloient, 
di'ns  les  provinces  ,  les  appelanr  Brutianiens  ,  com- 
me on  le   voit  dans  Caton,  Voye'i  Viûenere  fur 
TiTE-LiVE  ,p.  1758/       ■ 
BRUTIER.  f.  m.  0\{:ci\.\x  àtpioxs.  Aies  prœdator.On 
dit  proverbialcmenr ,  que  d'un  brutier  on  ne  fautoit 
faire  un  épetvief  j  pour  dire  qu'on  ne  fauroic  rendre 
honnête  homme  ni  habile  celui  qui  eft  lot  tz  butor  : 
parce  que  le  brutier  eft  un  oifean  de  proie  qui  vit 
aux  champs ,   qu'on  ne  peu:  dreller  ni  an  poing , 
ni  au  leurre.  Cet  oifean  cft  le  même  qncla/v'/è  & 
le  butor  ;  quoique  qnclques-uns  les'  d;'ftin!rucnr. 
BRUTIFICATION.  f.  f  C'eft  un  mor  que  Cyrano  a  for-, 
gé  pour  marquer  l'érat  des  bêtes,  du  nombre  defquel- 
les  on  vouloir  le  ranger  dans  Pempire  de  la  lune.  On 
exécuta  ,  dit-il  ,de  point  en  point  la  volonté  du 
Prince  ,  de  quoi  je  fns  très-aile  pour  le  plaifir  que  je^ 
rcc.?vois  d'avoir  quelqu'un  qui  m'entrerînt  pendant: 
\a  {'oWinAt  Acm-xbrutification. 
BRUTIFIER.  V.  a.  Rendre  bête.  J'ai  Lcmarqucque 
prefque  roures  les  vifions  d'cfprits  ne  le  fonr  prcfcn- 
récs  qu'à  des  femmes  i  ou  à  des  reclus  qui  avoienr  le 
cerveau  un  peu  altéré  .1  force  de  ne  voir  perfonn'e  & 
de  s'être  comme  briaiji'^-s  parmi  les  bêtes  au  milieu-' 

Ni)-- 


# 


loo  Biiir 

des  bois  qu'ils  habitoicnt.  Valesiana.  Il  peut  aller 
avec  briitification. 
BRUVACE.  Vvyci  BREUVAGE. 
BRUXANELI.  f.  m.  C'eî!:  un  grand  arbre  de  la  grof- 
fjur  d'un  pommi'jr  ,  qui  croît  dans  ks  bois  &  lur  les 
inontagncs  du  Malabar.  On  prépare  avec  le  (lie  de 
les  k-Lilllcs  U  du  beurre  frais  un  Uniment  dont  on  le 
Icrt  dans  la  cure  du  charbon.  La  décoction  de  ion 
ccorcc  cfl:  elliméc  diurétique.  Dict.  de  James. 
BRUXELLE.  f.  i.  On  prononce  BruffeUe  :  il  y  en  a 
même  qui  l'écrivent.  Tapiilcric  faite  à  Bruxelles.  Par 
une  pierre  antiphilofophale  ,  Hortenfia  trouva  le 
fecret  de  convertir  la  vaifielle  d'argent  en  vaiflcUe 
d'étain  ;  les  diamans  en  cryftaux  ,  &:  fa  Bruxclk  en 
Berixame.  Ecole  du  Monde. 
BRUXELLES,  Prononcez  Brucelles.  On  écrit  aulH 
Bri, [filles.  Ville  des  Pays-Bas,  dans  le  Brabant ,  ca- 
pitale du  Brabant  Autrichien.  Bruxclla,  Bruxelliz. 
Le  Gouverneur  des  Pays-Bas  rélide  à  Bruxelles.  La 
lonçitudc  de  Bruxelles  eil  25°  4(î',  Ôc  la  latitude  500 
5o'.^Cctte  ville  ,  félon  M.  Caflini ,  a  29°  5  5'  5  5"  de 
Ic-qitude  S:  50^50'  50'  de  latitude.  Cassini.  Le 
quartier  de  Bruxelles  eft  une  des  quatre  parties  du 
Duché  de  Brabant.  Il  eil  borné  au  nord  par  celui 
d'Anvers,  au  levant  paf  celui  de  Louvain  -,  il  a  la 
Flandie  au  couchant ,  &  le  Hainaut  au  midi. 
Bruxelles.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  d'un    rouge 

obfcur  ,  colombin  clair  &  blanc.  Morin. 
BPvUXELLOIS ,  OLSE  ,  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Bru- 
xelles. Bruxellenfis.  Ceux  de  Bruxelles  feroit  ce- 
pendant mieux  que  les  Bruxellois. 
§0=-  BRUYAN.  f.  m.  Oifeau.  Voyei  Verdier. 
IJCF  BRUYANT  ,  ANTE  ,  adj.  Qni  fait  gr^nd  bruit. 
Strepens ,  ohfirepens.  Les  flots  bruyans.  v  rompettc 
bruyante.  Voix  bruyMiu. 

^  Quand  Flore  dans  les  plaines 

Faifoit  taire  des  vents  ks  bruyantes  haleines. 

BoiL. 

gCFCemotfcrt  encore  à  exprimer  réclat  que  certaines 
choies  ont  dans  le  monde.  Le  véritable  zèle  n'efl:  pas 
bruyant ,  de  ne  cherche  point  à  lé  donner  de  la  répu- 
tation par  fes  emportemens  &  pat  fes  terveurs  in- 
difcrétes.  De  Vill. 

^3°  On  dit  qu'une  rue  eft  bruyante  ,  pour  dire  qu'on 
y  fait ,  ou  qu'on  y  entend  beaucoup  de  bruit, 

On  appelle  un  homme  bruyant  ,  un  homme  qui 
fait  beaucoup  de  bruit.  Il  cil:  du  itylc  familier. 
AcAîj.  Fr. 

Le  P.  Du  Ceiceau  a  dit  de  Juvénal. 

^ivec  fon  ton  ais;re  &  mordant , 
,  Ses  bruyants  éclats  de  paroles  y 
Son  air  maaijiral  &  pédant , 
Ses  emph.ijes  1  fes  hyperboles. 

En  termes  de  Fauconnerie  ,    qu'on   appelle  vol 
.  bruyant  Se  âpre,  celui  de  la  colombe. 
BRUYÈRE,  f.   f.   Terme  de  Botanique.   Erica.   La 
bruyère  ordinaire  eft  un  petit  arbrilléau  qui  n'excède 
guère  la  hauteur  d'un  pied   Se  demi.  Ses  racines 
font  longues  jligneufes ,  forr  Ibuples  5  &  ne  le  caflént 
pas  aifément  ;  elles  Jettent  piulieurs  tiges  ligneufes , 
dures  ,  branchucs ,  couvertes  d'une  ccorce  d'un  rouge 
très-brun ,  garnies  de  feuilles  allez  preffées  ,  ran- 
gées fous  quatre  ordres ,  menues ,  vertes ,  &:  cou- 
chées les  unes  fur  les  autres  en  manière  d'écaillés. 
Ses  fleurs  font  difpofées  en  épi  aux  extrémités  des 
tiges  Se  des  branches ,  Se  foutenues  j^ai  des  pédi- 
cules aflez  courts.    Cette  fleur   eft"  un  petit  cornet 
découpé  en  cinq  lobes  jufqu'à  la  bafe ,  couleur  de 
pourpre  ,  blanc  quelquefois  ,  &;  foutenu  par  un  ca- 
lice pareillement  découpé ,  du  fond  duquel  î'éleve 
le  piftil ,  qui  perce  la  fleur  ,    &  devient  un  fruit 
prefqiie  ovale ,  de  la  même  longueur  que  la  fleur , 
divifé  en  quatre  ou  cinq  looes  remplies  de  femences 
fort   menues.    Il  y  a  piulieurs  efpèccs  de  bruyères 
différentes  de   celle     ci    par  leur  grandeur  ,   par 


B  11  Y 


1.1.  difpo.ltion  &  figure  de  leurs  feuilles  5c  de  leurs 
fleurs.  Clulius  décrit  pluiieurs  efpèces  de  bruyères 
qu'il  a  obfervces  en   Efpagne  ;  le  Languedoc   Ze 
les  e'iviro)is  de  Paris  nous  les  fournirent  en  partie. 
L'Afrique  eft  encore  abondante  en  bruyères-  diffé- 
rentes de  celles  de  l'Europe.  La  bruyère  bien  fleurie , 
infufée  dans  de  l'huile  eft  bonne  pour  faire  pailer 
les  dartres  Se  les  taches  de  la  peau  -,  fon  eau  di- 
ftillée  eft  recommandée  pour  les  rougeurs  &  dou- 
leurs   des    yeux. 
Bruyère  ,  eft  aulfi  en  France  un  nom  général  qu'on 
donne  à  plufieurs  petits  arbres  fauvagcsqui  croiiîent 
fans  culture  dans  des  terres  abandonnées  ,  &  qu'on 
ne  laboure  point  ;  ce  font  des  genêts  ,  ou  autres 
fembiables    arbuftes.   C'cft    une    elpèce  de  fablon 
mort  qui  ne  peut  tout  au  plus  produire  que  des 
genêts  Se  des  bruyères.  La  Quint. 
Bruyère,  feditaulfi  des  terres  incultes  ,  où  croilTenr 
CCS  fortes  d'arbuftes.  On  trouve  bien  du  gibier  dans  les 
bruyères.  Ce  champ  ne  rapporte  rien  ,  ce  n'eft  qu'une 
bruyère. 
Bruyères    à   vergettes.   C'eft  un  arbre    qui  jette 
force  branches  ,    Se  qui  produit  des  grains  rouges 
comme  le  genièvre.  Ses  rameaux  font  petits  Se  très- 
Ibuples ,  c'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle  feopa-ballet. 
Les   vergettiers    en   tirent  d'Italie    où  il  eft   fort 
commun. 

Ce  mot  vient  du  vieux  gaulois  bruir  ,ou  brouir  , 
qui   lignifie  brider  ,    qui  eft  dérivé  du  latin  uro  , 
parce  qu'on  brûle  les  bruyères  pour  les  défricher , 
Se  en  faire  des  terres  à  blé.  On  l'a  appelée  dans 
la  balle   latinité  hruariurn  ,  Se   bruera. 
Bruyère.  C'eft  auffi  une  forte  de  laine  d'Allemagne. 
^ÇT  Bruyères,  petite  ville  de  France,  en  Picardie, 
à  une  lieue  de  Laoù  :  il  y  en  a  une  autre  de  même 
nom  en  Lorraine ,  à  l'entrée  des  Vofges  ,  à  douze 
lieues  de  Naiîci. 
fjC?  11  y  a  anlîî  dans  le  Languedoc ,  près  de  Toul- 
loufc ,  un  bourg  de  ce  nom. 

B  R  Y. 

BRYON.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  VHifioire 
générale  des  drogues  de  Pomet.  Le  bryon  eft  la 
même  chofe  que  la  coraline.  Voye^  Coraline. 
Bryon.  f.  m.  eft  une  moufle  qui  croît  fur  l'é- 
corce  des  arbres ,  Se  qui  eft  ,  pour  me  lérvir  de  Tex- 
prcUion  de  Pline  ,  Lib.  XII ,  cap.  15 ,  comme  leur 
poil  grifbn.  Elle  eft  beaucoup  plus  abondante  fur 
les  chênes.  Hippocrate  emploie  le  bryon  dans  les 
•  fuffumigations  pour  l'utérus.  Ce  même  Médecin  ap- 
pliqua l'algue  ou  moufle  marine  en  forme  de  cata- 
plalme ,  à  une  femme  qui  avoit  une  inflammation 
de  matrice.  E/it/'o».  Dict.  de  Jam:es. 

BRYONNE  d'Amérique.  Voy eiMicno ac Ati ,  c'eft  la 
même  chofe. 

Bryonne,  appelée  vigne  blanche,  ou  couleuvrée.  Voy. 
CouLEUVRÉE.  Bryonne,  appelée  vigne  noire,  eft  une 
autre  elpèce  couleuvrée.  On  écrit  bvioine  Se  non  pas 
bryone. 

gCT  BRZESCIE  ,  ville  de  Pologne ,  en  Lithuanie  , 
capitale  du  Palatinat  de  Br^efcie  ,  au  confluent  des 
rivières  de  Bourg  Se  de  Muchawccz.  On  la  nomme 
Br^^efcie  de  Lithuanie  pour  la  diftinguer  de  celle 
de    iPologne. 

ifs"  Brzescie.  Ville  de  la  Grande-Pologne ,  au  Pa- 
latinat de  Br^efcie  1  dans  la  Cujavie.  Le  Palatinat 
eft  entre  la  Viftule  Se  les  Palarinats  d'Inowladiflaw  , 
de  Rava ,  de  Lancieza  Se  de  Kalifch. 

B  S  1. 

BSIDERI.  Nom  de  poire  qu'on  dit  par  corruption 
pour  Beji  de  Heri,  Ce  mot  en  Bretagne  ,  Anjou 
Se  Poitou  ,  fîgnifie  poire  Jauvage  ;  Se  Héry  eft  une 
forêt  de  Bretagne  entre  Rennes  &  Nantes  ,  où  ces 
poires  ont  été  trouvées.  Voye^  Besi-D'hÉri. 

B  U. 

BÙ  ,  BUE.  part.  Voye^  Boire. 


B  U  B 

EUABIN.  f.  m.  Idole  des  peuples  du  Tunquin.  Ce 
dieu  prélide  aux  mailbns  dans  l'idée  des  Tunqui- 
nois  ,  Se  ils  l'invoquent  ,  quand  ils  en  veulent 
bâtir  quelqu'une.  Ils  font  drefler  un  autel,  &  appel- 
lent des  Bonzes  pour  iacrifier  à  ce  dieu.  Après  le 
iacrifice  on  prépare  un  feftin  de  viandes  qui 
ont  été  facrifiées ,  puis  on  préfente  au  dieu  plu- 
fieurs  papiers  dorés  ,  où  l'on  a  écrit  quelques 
paroles  magiques  •,  eiiiuite  on  les  brûle  avec  des 
pariums  devant  l'Idole  pour  l'engager  par  cette  cérc 
monie  à  empêcher  qu'il  arrive  jamais  aucun  mal- 
heur dans  la  maifon  qu'on  va  bârir.  Tav.  Koyage 
des  Indes ,  cité  par  Mar. 

D:T  BUADE.  f.  f.  Terme  de  Manège.  Bride  à  longues 
branches  droites  S^  non  coudées. 

BUANDERIE,  f.  f.  Efpèce  de  lalle  au  nez  de  chau/Tée  , 
où  il  y  a  un  fourneau  &  des  cuviers  pour  faire  la 
Icfîive.  Ojjîcina  lavaniis  ,  pur^andis  lintcis  com- 
parai. Il  s'en  trouve  dans  toutes  les  Communautés , 
&  dans  la  plupart  des  mailbns  de  campagne. 

BUANDÎER.  f.  m.  BUANDIÈRE.  f.  f.  Celui  ou  celle 
qui  fait  le  premier  blanchiment  des  toiles  neuves. 
Blanchiilcur  eft  celui  qui  les  blanchit ,  à  mefure  qu'on 
s'en  fert.  On  le  dit  encore  dans  quelques  provinces 
en  Bretagne  &  dans  tes  provinces  voifines  ,  pour 
Blanchiflcur  &  Blanchi.Teufc  faiiant  la  IcHlve  que 
l'on  appelle  buée.  Lixivicc  adminijler ,  veladminilira. 
#CF  L'obfervation  critique  des  vocabuliftes  qui  re- 
lèvent ceci  comme  une  erreur  capitale  ,  n'cfl:  que 
rifihie. 

^  BUARCOS  ,  ville  de  Portugal ,  dans  la  province 
de  Beira ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Mon- 


dego. 


B  U  B. 


BUBALE.'^,  m.  Animal  qui  tient  un  peu  du  cerf  & 
de  la  vache.  Ariftote ,  en  parlant  du  BubaU  ,  dit 
qu'il  reficmble  au  cerf.  Pline  dit  qu'il  reflemble  à 
un  cerf  &  à  un  veau.  Oppien  dit  qu'il  a  des  cornes 
recourbées  en  arrière.  Toutes  ces  particularités  fe 
trouvent  dans  l'animal  que  nous  appelons  aujourd'hui 
vache  de  Barbarie  :  ce  qui  a  donné  occaiion  à  Al- 
drowandus  de  dire  que  c'efl:  le  Bubale  des  Anciens. 

BUBASTE.  Ancienne  ville  d'Egypte,  capitale  d'une 
province  ou  canton  qu'ils  apprloicnt  Nonius,  Bu- 

Jbajtus.  Le  P.  Kirkcr  j  (E.d.  jEg.  Tom.  I,  pa^.  31  , 
dit  que  Hot-',j«ro;  lignifie,  le  pas  d'un  bœuf  II  faut  en 
ce  fens  qu'il  vienne  de  /;»,  ,  bœuf,  &  jSai»»  ,  je  vais  ^ 
je  marche.  Il  ajoute  que  d'autres  le  dérivent  de  /3«5  , 
bœuf,  &  «s-u ,  ville  ;  la  ville  du  bœuf,  en  Cophte 
Baub  afl ,  fignifie  deux  bœufs  ,  parce  que  c'eîl  in 
que  les  deux  fameux  bœufs  de  l'Egypte  ,  l'un  appelé 
jipis  par  les  habitans  de  Memphis ,  &  l'autre  Miavis 
par  ceux  d'Héliopolis,  apparurent  d'abord,  &  qu'ils 
apprirent  aux  hommes  l'agriculture.  On  honoroit 
Diane  à  Bubajte.  D'où  lui  vient  le  nom  de  Diane 
bubajle ,  qui  lignifie  Diane  la  chate ,  parce  qu'elle 
fe  transforma  en  chate ,  lorique  les  dieux  fe  réfugiè- 
rent en  Egypte. 

BUBE.  f,  f.  Petite  élevure  ou  bouton  qui  fe  forme  fur 
la  peau.  Tumor ,  pnftuLi.  Il  vient  des  bubes  fur  les 
lèvres  ,  quand  on  boit  dans  un  verre  qui  n'efl; 
pas  net. 

Ce  mot,  audi-bicn  que  cthnàz  Bubon,  vient  du 
grec  /3»/3&'v,  efpèce  de  tumeur. 

BUBERON.  f.  m.  Le  peuple  dit  buberon  ,  pour  bi- 
beron. 

BUBON.  Terme  de  Médecine  &  de  Chirurgie.  Ceft 
une  tumeur  qui  vient  aux-  glandes  des  aines  &  des 
aiflelks ,  avec  inflammation  &  douleur.  Il  provient 
d'un  fang  épanché  dans  les  glandes  joint  à  quelque 
humeur  dépravée.  Bubo.  Il  y  a  deux  fortes  de  bubons. 
On  appelle  les  uns  bénins  ;  &  les  autres  malins. 
Les  malins  fe  divifent  en  peftilentiels ,  &  véné- 
riens. Les  peftilentiels  furviennent  dans  les  fièvres 
&  maladies  peftilentielles  :  les  vénériens  font  une 
iiiite  d'un  commerce  impur ,  &  bien  fouvent  des 
c-vant-coureurs  de  la  vérole.  On  appelle  ordinal- 


Bue  loi 

remeht  ces  derniers,  poulains.  Quand  un  ^^m/^o.t  eft 
■entouré  d'un  cercle  de  différentes  couleurs,  comme 
l'arc-en-ciel  ,  c'eil;  une  marque  qu'il  elt  p.ftilcn- 
ticl,  &  le  plus  fouvent  mortel. 

BUBONE.  f.  £  Nom  d'une  faulle  divinité.  Bubona. 
S.  Auguftin  ,  Liv.  IF ,  de  Ui  Cité  de  Dieu  ,  ch. 
?4,  dit  que  Bubone  étoit  chez  les  Romains  une 
Déelfe  que  l'on  croyoit  être  chargée  du  foin  des 
bœuts.  Les  Juifs ,  leur  dit-il ,  en  fe  moquant  de  tant 
de  divinités ,  ont  eu  des  blés  fans  la  Déelîe  Ségétic  , 
des  bœuls  fans  bubone,  du  miel  fans  McUone,  & 
des  fruits  fans  Pomone.  Quelques  éditions  difent 
Bobojia. 

BUBONOCÈLE.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Tumeur 
qui  arrive  à  l'aîne ,  &  qui  eft  caufée  par  la  chute 
de  l'épiploon  ou  de  l'inteftin.  Bubonocele  C'eft  une 
efpèce  d'hernie  ,  qu'on  appelle  incomplette.  Les 
femmes  font  moins  fujettes  au  buionuc'cle  ,  que  les 
hommes. 

B  U  C. 

BUCCAL  ,  ALE.  adj.  Qui  appartient  à  la  bouche 
Buccalis  ,  e.  En  Anatomie  les  glandes  buccales  font 
des  glandes  qui  parfement  toute  la  face  interne  des 
joues  du  côté  de  la  bouche.  Ce  font  des  grains 
glanduleux,  qui  s'ouvrent  par  de  petic^ trous  ou 

'  orifices  à  travers  la  membrane  interne  de  la  bouche 
&  qui  féparenr  du  fmg  ,  la  faliyc  qui  fert  à  la 
maftication  &  à  la  digcftion.   Winslow. 

CG"  If  y  a  aulfi  un  nerf /'.vrciz/ interne  &  un  externe  : 
&  une  artère  buccale  ,  qui  fe  diftribue  au  mufcle 
buccinateur. 

0:r  BUCCANE  ,  ou  BOUCHARIE  ,  grand  pays 
d'Afie  dans  la  Tartarie  ,  qu'on  divife  en  grande 
cC  en  petite  Boucharie  ,  ou  Buccarie.  La  grande 
comprend  précifément  la  Sogdiane  &  la  BacSlrriane 
des  anciens  avec  leurs  dépendances.  Elle  fe  divife 
en  trois  autres  provinces ,  le  Maouvenner ,  qui  a 
pour  capirale  Samarkand.  La  grande  Boucharie  pro- 
prement dite  ,-  qui  a  pour  capitale  Bouchata  ,  (  Bo- 
char  &  celle  de  Balck ,  qui  a  pour  capitale ,  une 
vilîe  de  même  nom. 

La  perite  Boucharie ,  eft  le  même  pays  que  le 
royaume  de  Gafchgar.   Voye:^^  ce  mor. 

ffJ'  Les  fujets  du  grand  Mogol  &  les  Perfans,  appellent 
communément  Ufoecks ,  les  Tartares  qui  habitent 
ce   pays. 

BUCCELLAIPvE.  Nom  d'tme  efpèce  de  Soldats  que 
les  Empereurs  Grecs  enttetenoient  dans  les  provinces- 
&  dans  -les  campagnes.  Buccellarii ,  L,avx.£X>,K?'tii.  Le 
nom  de  Buccellaire  vient  de  bucca  ,  bouche ,  &; 
bnccella ,  bouchée  ,  d'où  l'on  a  fait  Buccellanus 
à  Rome  ,  &  ^ovy.tMàpiot,  à  Conftantinople.  Les  Buc- 
cellaires  futent  ainfi  appelés  parce  qu'ils  étoient 
entretenus  par  l'Empereur  :  C'étoit  l'Empereur  qui 
failbit  leur  dépenfe  de  bouche  :  ils  croient  dans  , 
les  provinces*  ce  que  font  à  la  Cour  ceux  qui  ont 
bouclte  à  la  Cour  ,  qui  font  commenfaux.  Les  Buc- 
ceilaires  ,  dans  la  marche  d'une  armée  où  étoit 
l'Empeteur ,  marchoient  devant  &  après  l'Empereur 
pour  le  ^■ixàtx.  Voye^  Maurice  ,  Cu)AS,Tournh- 
BCEUF  II  y  avoir  encore  une  autre  forte  de  Buc- 
cell.iires  fous  les  Empereurs  Grecs  ■,  c'étoient  des 
Grecs  de  Galatie  ,  E'A^ij'oyàPia?*'  qui  fourniflbienr  du 
pain  aux  foldats.  Koye{  Constantin  PoRrHYR.Les 
Buccellaires  pris  dans  le  premier  fens  étoient ,  félon 
quelques-uns ,  des  gens  dont  l'Empereur  fe  fervoit 
pour  faire  mourir  en  fecret  certaines  perfonnes. 

Les  Gloffiz  NomiciZ  l'interprètent ,  Envoyé ,  qui' 
porte  quelque  choie-,  &  encore,  Soldar  ftationnaire, 
ou  qui  demeure  chez  quelqu'ua,  &  qui  eft  à  (on  fer- 
vice.  La  même  explicarion  fe  trouve  au  Livre  60 
des  Bafiliques ,  où  il  eft  dit  que  ce  mot  vient  de 
/3s'x«  ;  c'eft-à-dire  ,  bucca  ,  qui ,  dit-on ,  fignifie  pain  , 
«jî«ç  -,  &:  les  Buccellaires ,  continue-t-on ,  étoient 
ainfi  appelés ,  parce  qu'ils  mangeoient  le  pain  d'une 
perfonne ,  à  la  charge  de  demeurer  chez  lui. 

Chez    les   Vifigoths  on  appeloit  Buccellaire  eja 


loi  B  IF  C 

général  tout  client,  tout  valfal ,  parce  qa'ih  vivoieiit 
Sx  trais  de  leur  Seigneur.  Ceft  en  ce  iens  que  le 
nrennent  les  loix  des  Viiigoths  dans  1  apias,  Uv. 
K  rr  ,,§.1,5^  Anaftafe  le  Bibliotliccaire  dans 
la 'vie  du  Pape  Zacharie.  Koyc^i-ur  ce  mot  M.  Du 
Canie,  les  Macri  ,  Hoffi.an  ,  .^  le  Glolîau-e  de 
Cedrenus,  Conjiam.  de  Th.  orient,  i^  ,  6  ,  èc  de 
admin.  Imp^   c.  51  ,  Curopal.  p.  «5?- 

Au  relte  ,  les  Empereurs  d'Orient  ne  font  pas 
les  ieuls  qui  ont  eu  des  Buccellaues  ;  6c  d  autres  que 
k  Empereurs  en  avoi.nt.  En  effet ,  on  trouve  au 
i^iUeu  du  V^  (iècle  un  Bncccllaire  du  fameux  Aetius 
dans  Grégoire  de  Tours ,  Hift.  Franc.  Lib.U,  cap.  8 , 
àmoins  qu'on  ne  voulût  dn-e  que  c'eft  une  pro- 
jeté ou  anticipation  de  cet  H.ftor.en  -,  ce  qui  ne 
paroîtpas.  D'aiUeur.  l  origine  &.  '^  ^^^^^ '^""^,  J^ 
de  noni  perluadent  aifément  qu'il  a  paflç  de  Rome 
à  Conftantinople  plutôt  que  d'être  venu  de  Gtcce  en 

BUCCELLATION.  1".  f.  Quelque;  Chimiftes  fe  fervent 
de  ce  mot  oour  iigniiier  une  diyiiion  en  gros  mor- 
eenix.  Ha^^ris.  Buccellatio  ,  âivifio  m  buccehas  , 
id-lt  ,  in  partes  majores.  DivilioW  de  diiîcrentes 
fubftances  ,  comme  par  bouchées  ,  pour  les    tra- 

^iCF^BUGCHANTE.  f.  f.  c'eft  ainfi  qu'on  appelle  une 

%lante    tort   commune     aux    environs    de    Mont- 

nMli=r.  C'eft  une  efpèce  de  Conyze.  Voyei  ce  mot. 

BUCCfN.  (.   m.  Terme  de   ConclTyiiologie.  Voye^ 

Trompe.  ^  .      ,-  1  n 

BUCCÎNATEUR.     adj.    m.    Pns   'fubftantivement. 
Term-^  d'Anitomie.  C'eft  une  épithète  qu'on  donne 
au  fe-o.id  des  miUUes  communs  des  lèvres ,  qui  elt 
ain  li  nommé ,  parce  que  c'eft  lui  qui  s'enfle  &  tait 
la  iou"  corolle  en  fouflant  ou  en  lonnant  de  la  trom- 
Pe'^tr  Buccinator.  On  l'appelle  aufîl  trompetteur. 
rA-  Le  Buccinateur  occupe  latéralement  l'elpace  qui 
"^ft  enn-e  les  deux  m'achoires.  Il  lert  dans  la  malfci- 
cation   à  remuer  les  alimens ,  &  à  les  taire  encrer 
dans  la  bouche  en  aplatillant  les  joues. 
Buccinateur,  pourroit  fe  direaullî  des  Joueurs  de 
bu'.-in-s  5  qu'on  appeloit  autretois  Buccinatores.  Les 
Tritons,  félon  les  Poètes  &  les  Peintres ,  font  des 
Succiriateiirsmir.\n%,  ou  les  ^«^c^n.-r^.^r^  de  Nep- 
tune. Il  y  avoir  chez  les  Romains  un  Elclave  pu- 
blic 'qu'ils  appeloient  Buccinateur  des  noms ,  Buc- 
cinator nominum  ,  qui  accompagnoit  toujours  le 
crieur  public  ,  appelé  Praco.  Il  eft  parle  de  ce  Buc- 
cinateur des  noms,  Lcç^.  uh.f  De  jure  immunit , 
éc  dans  une  ancienne  Inlcription. 

C"  mot  vient  du  latin  buccina  ,  trompette. 
BUrcÏNE  f  f.  Buccina.  Ce  mot  lé  trouve  dans  Nicot. 
C-'ctoit  un   inftrument  de  guerre ,  oU  plutôt  ,   un 
inftrument  de  mufique  martiale  &  guerrière^  un 
.       inftrument   de  mufique  fervant  à  la  guerre.  Nous 
le  prenons  communément  pour  une  efpece  de  rrom- 
pen-  Feft'is  confirme  ce  fentiment  en  dcfinillant  la 
Buccine  une  cotne  recourbée  ,  dont  on  joue  comme 
d'une  trompette.  Végétius  ,  au  Liv.  IH ,  De  re  mi- 
litari ,  ç.  5  ,  dit  auiTi  que  la  buccine  fe  recourooir 
en  cercle ,  &  diffcroit  pat  -  là  de  la  trompette ,  tuba. 
Varron  dit  qu'on  les  nommoit  cornes ,  cornua ,  parce 
que  dans  les  commencemens  c'éroient  des  cornes  de 
bœuf,  dont  onfefervoit,  comme  font  encore  nos 
Paftresenbien  des  endroits  de  la  campagne.  Servius , 
fur  le  Vil'.  Liy.  de  l'Enéide,  v.  518,  femble  dire 
nu'on  en  taifoit  auffi  d'abord  de  cornes  de  boucs  -,  6c 


BÏÏCJ 


lui  un  eu  i.i'iv.ii  ^..."^ --- 

récriture  appelle  les  inftrumens  dont  les  Hébreux 
fe  fervoient  dans  le  temple  &  à  la  guerre  ,  hnv  \y^  , 
Kcren  Jobel  :  c'eft-à-dire  ,  corne  de  bélier  ,  Joluc 
yf  ■<  ,  &  cSa'T'nrmD"^,  Sopheroth  hajoheUm,  qui 
fignifiê  buccines  de  béliers  ,Jof.  FI ,  4  ^  l^f°"  '^^ 
ces  inftrumens.  Voyei  encore  1 ,  Paralip.  XXV ,  5  , 
dcBoch^tn,Hieroi.Part.  I,  Liv.  Il,  c  51.  Les  in- 
ftrumens de  mufique  fervanr  a  la  marche  guerrière 
font  les  buccines ,  les  trompettes ,  les  litaes,*les  clai- 
rons ,  les  cors  &  cornets ,  les  fitres  ,le5  arigors ,  les 
tambours ,  les  attabales ,  les  nacaires  ,-les  tymDales , 
&c.  Les  buccines  marines  que  les  Poètes  de  les' Pein- 


tres donnent  aux  Tritons  font  des  coquillages  efi 
forme  de  limaçon^ 

Les  cloches  font,  tambourins  &  douane  ^ 
Harpes  &  luths,  injirumens  gracieux. 
Hautbois,. fasreoli,  trompettes  &  bu'rcine, 
Renduns  un  fon  ji  tres-jolacieux.  Marot. 

Ce  nom  vient  de  Bucca  ,  bduche  ,_parce  qu'il  faut 
eir.boucher  ces  inftrumens  pour  en  )ouer ,  que  c  elt 
de  la  bouche  qu'on  en  joue.  Kmh  buccine  propre- 
ment, 6c  fclon  fon  origine  ,  devroit  erre  un  nom  gé- 
nérique de  tous  les  inftrumens  qui  s  emDouchent  y 
mais  l'ufage  l'avoir  déterminé  en  particuhct  a  celui 
que  nous  avons  dit.  . 

BUCCULA.  f.  f.  Terme  latin  ,    qui   fignifie  petite 
bouche  ,  ou  félon  M.  Dionis ,  petite  gorge.  Les  Ana- 
tomiftes  donnent  ce  nom  à  la  partie  intcr.eure  du 
vifa-e  ,  qui  comprend  le  dclfous  de_  la   evre  intc- 
ri^ure,îe  menton,6c  la  partie  charnue  iousle  menton. 
BUCENTAURE.  f.  m.  Efpèce  de  Centaure  qui  avoir 
le  corps  d'un  bœuf  ou  d'un  taureau  ,  au  lieu  que  le^ 
Centaures  onr  communément  le  corps  d  un  chevaL 
11  V  en  a  aulîi  qui  ont  le  corps  d'un  ane    Nous  avons 
des  monumens  qui  reprcfenrent  Hetçule  combattant 
un  Bucentaure.  Le  Héros  n'a  ni  maflue  ,  m  aucune 
forte  d'arme.  Il  embralfe  le  Bucentaure ^^z  le  mi- 
lieu du  corps ,  6c  femble  l'étreindre  pour  1  etoufter. 
BVCENTAURE,  cft  auill  Ic  nom  d'uu  grand  6c  magni- 
fique vailfeau  dont  lé  fervent  les  Vcmnens  tous  les 
ans,  lorfque  le  Doge  tait  la  finguhere  cérémonie 
d'epoufer  Va  mer    le   jour    de    rAlcenfion.    Pierre 
Tuftiniani ,  dans  fon  Hijloire  de  Fenije ,  Liv.  XIV  , 
donne  une    defcription  très  -  détaillée  du   Bucen- 
taure ,  &  il  ajoute  que  l'on  en  rapporre  1  origine  a 
l'an  M 1 1  ,  de  Tefus-Chrift  ;  que  d'autres  néanmoins 
remontant- plus  haut  difent  qu'il  la  faat  rapporter 
à  l'urivée  de  l'Empereur    Frédéric    Barberoulle    a 
Venifeen  11 77",  lorfqu'il  y  vint  pour  taire  la  paix 
avec  le  Pape   Alexandre   VU  ,  6<£  1*  Rcpubkque. 
Cer    Empereiït    avoir    oblige  le    Pape   de   iortir 
de  Rome  ,  6c  de  le  retirer  à  Venife.  Choque  de  ce 
que  les  Véniriens  donnoient  un  afile  a  Alexandre, 
il  envoya  contie  eux  fa  flotte  fous  la  conduite  de 
fon  fils  Othon,  qui   fut  défait ,  pris  &  renvoyca 
fon  père,  auquel  il  perfuada  d'aller  a  Venile  pour 
f^^ire  la  paix,  qui  y  fut  en  effet  heureulement  con- 
clue   Le  Paoe  ,  en  reconnoiffance  du  lecours  qu  il 
avoir  tecu  des  Vénitiens  ,  Icui  accotda  plufieurs  pn- 
vil'M^-s ,"  6c  fit  préfent  au  Doge  d'un  anneau  dor-, 
c'cff  l'origine  de  l'anneau  que  le  Doge  jette  dans 

la  mer.  , 

Ce  mpt  vient  du  gtec  /3«x£ït«;(os  ,  compofe  de  ,e>;  , 
patticule  d'au-mentation  ,  dont  on  fo  fert  pour 
matquer  une  grandeur  énorme-,  8c  de  K.,r«.,«  ,  Cen- 
taurus  ,  Centaure.  Juftiniani  ajoute  encore  deux  cty- 
mologies  à  celle-ci.  La  première  tire  ce  nom  de 
bis ,  U  de  Taurus ,  ou  plutôt  Centaurus  ,  nom  d  un 
des  vaiffeaux  d'Enée  dans  Virgile.i'^.  D'autres  veulent 
qu'on  ait  dit  Bucentaurus,\^om  Ducentaurus ,  mot 
forc-é  pour  lignifier  un  vailfeau  ,  qui  peut  tenir  deux 
cen's  hommes ,  ducentorum  hominum  capax.^  La  pre- 
mière etymologie  que  l'on  a  r.ipportce  ici,paroit 
être  la  véritfiblc.  ^        -, 

BUCÉPHALE.  f  m.  qui  fignifie  tête  de  bœut ,  du 
-rcc  /3«  .  bciuf  6c  ..^xA:  ,  tête.  C'étoit  la  coutume 
autrefois  d'imprimer  quelques  marques  aux  chevaux. 
Les  plus  communes  éroient  un  s,  Ji^ma ,  un  K, 
Kappa,  6c  une  tête  de  bœuf.  Ceux  qui  etoient  mar- 
ques du  s  s'appefoient  s-.r.?-«'-,  ceux  qui  avoicut 
IcK,  R.^^.^.,-,  ^  l'on  donnoit  le  nom_  de  5/.'a;- 
phahs  ,  B..r./a«A.<  à  ceux  auxquels  on  imprimoit 
un-  rête  de  bœuf.  Cette  tête  de  bœut  le  mcttoit 
fur  la  croupe  du  cheval,  ?s.  fur  lés  armes  ou  fon 
harnois.  Ceft  le  Scholiafte  d'Ariftophane  dans  les 
Nuées,  ^f?.  i--^''-  I  '  6c Héfychius  au  mot  r.ot-y.Éi-aA»? , 
qui  nous  apprennent  ceci.  Toy.SAUMAisE  fur5y/.'«, 

BucÉPHAiE ,  fut  en  particulier  le  nom  du  chevul  d  h- 
lexandré ,  ainfi  nomiTtc ,  i\  l'on  en  ctoit  le  Scho- 


B  U  C 


B 


Tf 


Kaftc  vf  Ariflophanc  ,  parce  qu'il  croit  marque  de 
la  tête  d'un  bœuh  D'autres  dilisnt  parce  qu'il  avoir 
le  j;\ont  large  ,  ou  un  regard  farouche  •,  mais  le 
Scholiafte  d'Àriltophane  ,  à  l'endroit  que  j'ai  cite  , 
dit  qu'on  n'appeloit  point  ainii  les  chevaux  à  cauCc 
de  leur  forme  ou  figure ,  mais  feulement  à  caule 
de  la  marque  qu'on  leur  imprimoir. 

Freinshemius  dit  que  Philippe  ayanWfait  cor^ful- 
ter  l'Oracle  de  Delphes ,  pour  favoir  qui  leroit 
fon  fucceireur ,  l'Oracle  répondit  que  ce  feroit  celui 
qui  monteroir  Bucéphale  ■,  que  ce  Biicéphale  étoit 
un  très-beau  cheval ,  bien  tourne ,  mais  rrès-farou- 
che ,  qu'un  certain  Philonicus  de  Thefîalie  avoit 
vendu  à  Philippe  1 3  talens  ;  c'efl-à-dire  1 5000  livres 
félon  la  fupputation  de  Budé  ,  qui  met  le  petit  talent 
à  looo  livres  i  ou  17519  livres  ii  c'ctoit  de  grands 
talens,  que  Budé  évalue  à  1555  livres  de  notre 
monnoie.  Aulu-Gelle  dit  qu'il  fut  vendu  1 3  talens , 
6c  donné  à  Philippe ,  ce  qui  revient  félon  lui  à 
311  fefterces  monnoie  Romaine,  &  Iclon  le  P. 
Prouil ,  dans  le  Commentaire  d'Aulu-Gelle  ,  ad 
ufum  Delphini ,  à  1 31^50  livres  de  notre  monnoie. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  Philippe  l'ayant  fait  enfermer 
long-temps ,  &  enfin  ayant  ordonné  qu'on  le  laifsât 
aller  à  l'abandon ,  parce  que  perfonne  ne  le  pou- 
foit  monter  ;  Alexandre  s'écria  ,  Quel  cheval  leur 
ignorance  ou  leur  délicatelle  leur  fait  perdre  !  Et 
Payant  flaté  quelque  temps ,  il  eut  l'adrelfe  de  le 
monter ,  &  enfin  de  le  domter.  Quand  il  en  def- 
cendit,  Philippe  l'embraffant ,  clierchez  ,  lui  dit-il, 
mon  fils ,  un  Royaume  digne  de  vous.  La  Macé- 
doine ne  vous  luffit  pas.  Depuis  ce  temps-là  Ale- 
xandre monta  Bucéphale  ;  &  s'en  fervit  dans  tous 
fes  combats.  Oncficrite  &  Arrien  ,  Liv.  V,chap.  3. 
difent  qu'il  mourut  de  vieillefîe ,  après  avoir  vécu 
30  ans ,  félon  le  premier  de  ces  Aureurs.  Plutarque 
affiire  qu'il  mourut  quelque  temps  après  la  bataille 
de  Porus  des  blelfures  qu'il  y  reçut.  C'cft  dit  HofF- 
man  ,  le  lentimeni  commun.  Voye:^^  BucÉthalie. 
Quand  Buciphak  étoit  fellé  &  armé  pour  le  combat, 
il  ne  fouffroit  point  que  perfonne  le  montât  qu'A- 
lexandre. 

On  emploie  quelquefois  ce  nom  pour  fignifier 
•dans  le  difcours  familier,  ou  burlefque ,  un  beau 
cheval,  grand,  vigoureux,  un  ch;val  de  parade. 
II  parut  monté  fur  un  Buciphak. 

On  dit  aulfi  quelquefois  en  badinant  des  chevaux 
ordinaires ,  ou  mêmes  des  roifes ,  ou  mauvais  che- 
vaux :  J'étois  fur  mon  Buciphak  ,  qui  alloit  allez 
bon  train  -,  pour  dire  ,  llir  mon  cheval.  Ah  quel5«- 
ce/'/ij/t' vùusavez  là  !  pour  dire,  quel  mauvais  che- 
val !  par  ironie. 
BUCÉPHALIE.  f.  f.  Ville  bâtie  dans  les  Indes  pat  A- 
iexandre  quelque  temps  aptes  la  viétoire  remportée 
fur  Porus ,  Si  nommée  ainfi  en  mémoire  du  cheval 
Bucéphale  ,  que  ce  Prince  avoit  perdu.  Quint-Curce 
là  nomme  Bucephabn  ,  ou  Bucephalum ,  aufli-bien 
qu' Aulu-Gelle  -,  Ptolomée  ,  Bucephala\  le  Scholiafte 
d'Ariftophane  ,  fur  la  Y  Scène  du  premier  Aéïe  de 
la  Comédie  des  Nuées ,  la  nomme  Alexandrie.  Aulu- 
Gelle  ,  Liv.  V,  ch.  z  ,  dit  que  pendant  la  guerre  des 
Indes ,  Alexandre  dans  un  combat  s'étant  jeté  trop 
imprudemment  au  milieu  d'un  gtos  d'ennemis  ,  on 
lança  fur  lui  une  grêle  de  flèches,  dont  Bucéphale, 
fur  lequel  il  étoit ,  futbleffé  à  la  tête  ,  &  au  flanc  \ 
qwe  malgré  fes  blelfures ,  n'en  pouvant  plus,  &  ayant 
perdu  prefque  tout  fon  fang,  il  tira  cependant  fon 
Maître  de  la  mêlée,  &  l'emporta  avec  une  extrême 
vigueur  jufque  dans  un  lieu  où  il  fut  hots  de  dan- 
ger ,  cC  que  là  il  tomba  mort.  Ce  fut  en  ce  même 
endroit,  ajoute  cet  Auteur,  qu'Alexandre  fit  bâtir 
la  ville  de  Buccphalie.  Samfon  &  d'autres  après  lui 
la  prennent  pour  Lahor ,  ville  de  la  Province  de 
Pengab  fur  l'Hydafpe. 
§3°  BUCH.  Pays  de  France  ,  dans  les  landes  de  Bour- 
deaux  ,  près  de  Medoc. 

|a-  BUCHAN  ou  BUGAN.  Province  d'Ecofle  qui  a 
pour  bornes  à  l'orient  Se  au  feptentnon,  la  mer 


U  c  ïôj 

d'Allemagne ,  à  l'occident  &  au  midi,  les  Provinces 
de  Mutray  &  de  Marr. 

BUCHA>X^,  BUCKAU.  fv[om  d'une  ville  de  Suabe 
en  Allemagne.  Buckovia.  Elle  cft  fur  le  lac  de  Fcder* 
C'efl:  une  ville  Impériale.  L'Abbaye  de  Buckaw.  Les 
Ch.anoineffcs  de  Buckaw.  Cette  Abbaye  fut  fondée 
fur  la  fin  du  IX"  fièclc  par  Adelinde  ,  fille  d'Hilde- 
brand  Duc  de  Suabe.  L'Abbclle  de  Buchaw  efl 
Prince (fe  de  l'Empi-rcS:  les  Chanoinclfes  doivent  être 
non-feulement  nobles  ,  mais  Comtertes  ou  Barones» 
c'cft-à-dire  ,  filles  de  Comtes  ou  de  Barons. 

BUCHE,  ['.  f.  Morceau  de  bois  de  chauffage ,  de  grof- 
feur  ic  longueur  .déterminée.  Plufieurs  de  ces  mor- 
ceaux forment  la  corde.  Voy.  ^oïs,  (Upes ,  truncus^ 
caud^x.  Mettre  une  huche  au  feu. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  hufca,  qu'on  a  dit 
dans  le  même  fens  en  la  balfe  latinité. 

On  appelle  figurément  im  homme  ftupide,  une 
grolîe  huche.  Stipes.  Et  on  dit  d'un  homme  pefant , 
qu'il  ne  fe  remue  non  plus  qu'une /^«cAf  i  qu'il  vau- 
droit  autant  parler  à  une  huche. 

BucHE.  Il  y  a  une  ferme  du  Roi  qu'on  appelle  le  gros 
de  la  huche.  L'impofition  de  la  huche ,  ou  le  droit  de 
huche  cQi  un  droit  qui  s'clt  levé  à  Paris  fur  les  ^/<- 
ches.  Par  Arrêt  du  Grand-Confeil  du  1 3^  Juin  i  ^^6 , 
il  eft  déclaré  que  les  Secrétaires  du  Roi  font  exemtà 
du  droit  de  huche.  Et  par  un  Jugement  des  Requêtes 
de  l'Hôtel ,  du  9'  Mars  i^^6  ,  ils  font  déclarés 
exempts  du  droir  de  huche ,  &  le  Fermier  eft  ap- 
pelé le  Fermier  de  Vimpojition  de  la  huche  en  la 
ville  de  Paris.  P^oye^  VHilioire  de  la  Chancd,  Liv. 
H.  p.  loi  &  102. 

On  appelle  réparation  à  la  huche  ,  en  termes 
d'e.iux  6c  forêts ,  les  jugemens  portant  condamna- 
tion d'amende  contre  ceux  qui  ont  commis  des 
délits  dans  les  bois  du  Roi  en  abattant  &C  enle- 
vant des  arbres.  L'Ordonnance  a  fait  un  tarif  de 
la  réparation  civile  ,  fuivant  la  grofleur  &  la  nature 
des  arbres  furrivement  coupés ,  &  l'on  a  coutume 
d'appeler  ces  fortes  de  jugemens  des  répararions  à 
la  huche.  Journal  du  Palais.  On  en  juge  de  même 
pour  la  rcpararion  civile  entre  particuliers  ;  mais 
cette  féparation  n'eft  pas  eftimée  à  la  huche Çai  le 
tarif  de  l'Ordonnance.  On  l'arbitre  par  l'affcdlation 
&  par  la  deftination  du  maître  ,  Idem  T.  IL 

On  appelle  Controlleurs  de  la  huche  ,  en  termes 
de  Police  ,  de  petits  Officiers  établis  fur  les  ports 
de  la  ville  de  Paris  ,  pour  veiller  à  ce  que  les  bois' 
foienr  de  la  longueur  &:  grolfeur  réglées  par  les  Or-« 
donnances  ,  félon  leur  forte  &  qualité. 

BucHE  ,  en  termes  de  marine  ,  eft  une  efpèce  de  fhbot 
dont  les  HoUandois  &  les  Anglois  fe  fervent  pour 
la  Pêche  du   hareng. 

^fT  BucHE ,  en  jardinage  :  on  appelle  ainfi  la  tige 
des  orangers  étêtés  qui  nous  viennent  de  Provence 
&  de  Gènes. 

ffF  BUCHEN.  Petite  ville  d'Allemagne,  au  Cercle 
Eleéloral  du  Rhin  ,  Evcché  de  Mayence. 

BUCHER.  V.  a.  ablblu.  Abattre  du  bois  dans  les  fo- 
rêts ;  &;  en  faire  des  bûches.  Ligna  cœdere.  Il  n'eft 
plus  en  ufage. 

BUCHER,  f.  m.  Pyramide  faire  de  bois ,  fur  laquelle 
on  mettoit  autrefois  les  corps  morts  pour  les  brûler. 
Bu/ium  ,  pyra ,  rot^us.  Didon  pria  fa  foftir  de  lui 
faire  dreffer  un  hucher ,  fur  lequel  enfuite  elle 
fe  tua.  Crœfus  étoit  fut  le  hucher ,  quand  il  pro- 
nonça les  paroles  de  Solon  qui  le  fauvèrent. 

Les  Romains  avoient  pris  des  Grecs  la  coutume 
de  brûler  les  corps  :  cela  fe  faifoit  avec  beaucoup 
de  cérémonie.  Le  mort  couronné  de  fleurs  ,  &  re- 
vêtu de  fes  habits  les  plus  magnifiques  ,  étoit  pofc 
fur  le  hucher  :  les  plus  proches  parens  l'allumoient 
avec  des  torches  ,  en  détournant  le  vifage ,  pour 
témoigner  qu'ils  ne  lui  rendoient  qu'avec  répugnance 
ce  trifte  &  dernier  devoir.  Dès  que  le  hucher  étoit 
confumé  ,  des  femmes  prépofces  pour  recueillir  les 
cendres,  les  renfermoient  dans  une  urfie  ,  que  l'on 
portoit  dans  les  tombeaux.  ^fT  C'étoit  la  mère , 
les  foeurs  ou  les  parentes  du  défunt  qui  ramafloicnî 


Î04  BUG 

fes  cendres  5c  les  os.  Elles  ctoient  vêtues  de  noir. 
Les  fils  recueilloicnt  les  reftcs  de  leurs  percsi^au 
défaut  d'enfans ,  ce  devoir  étoit  rendu  par  les  autres 
parents,   ou  par  les  héritiers.  Les  Conllils  ou  les 
premiers  Officiers  des  Empereurs  ramadbient  leurs 
cendres,  La  cérémonie  finie ,  ralliftancc   crioit  au 
défunt ,  FaU  ,  valc  ,  vak  ;  nos  te  ordlne  qiio  natiirâ 
permiferit  ciincli  fequcmur.   Adieu  ,  adieu  ,  adieu. 
'Nous  te  fuivrons  tous  quand  la  nature  l'ordonnera. 
On  brûloit  les  pauvres  fans  tant  de  cérémonies  dans 
de  grands  lieux  enfermés ,  nommés  itjtrina.  Voyez 
U(iriruim, 
Bûcher  ,  eft  auffi  un  lieu  à  rez  de  chaufTée,  cii  l'on 
ferre  le  bois  dans  les  maifons  des  particuliers.  Cella 
lignaria.  Chez  les  Princes  on  l'appelle  fourrière, 
ifr  BUCHEREST ,  BUCHOREST ,   ou  BUCKE- 
REST.  Ville  de  la  Turquie  en  Afie ,  dans  la  Vala- 
chie  ,  réfidence  ordinaire  du  Hofpodar  de  Valachie. 
|p=-  BUCHERL  Ville  d'Italie,  en  Sicile,  dans  la  Pro- 
vince de  Noto  ,  avec  titre  de  Principauté. 
BUCHERON  ,  ONNE.  f.  m.  &  f.  Quelques-uns  di- 
fent  mal  Bofcheron.  Lis;nator.  Homme  de  journée 
qui  abat  du  bois  dans  les  forêts  &  fabrique  le  bois 
de  chauffage. 
BUCHETTÈ.  f.  f.  Menu  bois  que  les  pauvres  gcrts 
vont  ramaffer  dans  les  forets ,  &  qui  refte  après  qu'on 
a  mis  le  bois  en  ouvrage ,  ou  en  fagots.  Surculus 
aridus ,  cremium. 
^  BUCHORN.  Petite  ville  d'Allemagne,  au  Cer- 
cle de  Suabe  ,  dans  l'A Igow  ,  fur  le  lac  de  Conf- 
tance.  "^ 

BUCIOCHE.  f.  rt.  Sorte  de  draps  de  Provence  & 
de  Languedoc  ,  que  les  vaifîeaux  François  portent 
.1  Alexandrie  &:  au  Caire. 
^  BUCK  ou  BUSK.  Ville  de  la  petite  Pologne , 

fur  la  rivière  de  Boug  ,  au  Palatinat  de  Belz. 
BUCKINGHAM  ,  BUKINGAM  ,  BOUKINGHAM , 
BOUQUINGHAM.  Ville  d'Angletetre ,  fur  la  ri- 
vière d'Oule  ,  capitale  d'une  Province  ou  Comté 
à  laquelle  elle  donne  fon  nom. 
^  BUCKINGHAMSHIRE.  Province  d'Angleterre, 
dans  l'intérieur  de  l'Ile,  au  Diocèfe  de  Lincoln. 
^  BUCKOR.  Ville   d'Afie  ,  dans    l'Indouftan  ,  à 
l'extrémité  de  la  Province  du   même  nom,   dont 
elle  eft   capitale.  Cette  Province  eft  fur  le  grand 
Fleuve  de  l'Inde  qui  la  coupe  en  deux  parties ,  l'une 
au  levant ,  l'autre  au  couchant. 
BUCOLE.  f.  m.  Nom  de  certains  lieux  en  Egypte , 
&  de  ceux  qui  les  habitoient.  Bucolium  ,  Buccins , 
BucoHcus.  Les  BucoUs  ctoient    certains  quartiers 
de  l'Egypte  ,  nommés  apparemment  ainfiparcequ'on 
y  nourriflbit  beaucoup  de  bœufs.   Les   habitans  à 
qui   on  donne  le  nom  de  Bucoles  ,  ou  Bucoliques  , 
ctoient    tous  barbares  &:  fauvages.  Tillem.  Voye^ 
S.  Jérôme  dans  la  vie  de  S.  Hilarion.  Julius  Ca- 
pitolinus ,  dans  Marc  Auréle  ,  les  appelle  foldats , 
Bucolini  milites  ,  à  ce  que  quelques-uns  ont  ctu  -, 
mais  il  n'entend  par-là  que  les  foldats  de  ces  con- 
trées-là. 

Ce  mot  vient  de  /3b« ,  ^oj  »  &r.«A««,  cil^us.  On 
dit  li-<to>.sa,  ioves  paco  \  &  /3»«o^£o«,  qui  paît  les 
bœufs  ,  bouvier ,  buhtilus. 
§3"  BUCOLIASME.f".  m.  Chanfon  enufage  p.armi  les 
bergers  oupafteurs  de  l'ancienne  Grèce,  qu'ilsichan- 
toient  en  conduifant  le  bétail  aux  champs. 

^3"  On  donnoit  encore  ce  nom  à  unairàdanfer 
qu'on  jouoit  fur  la  tlute.  Encyg. 
BUCOLIQUE,  ad).  Ce  mot  veut  direPaftoral,  &  fe 
dit  desPoèlies  qui  regardent  les  bergers  &  les  trou- 
peaux. Bucolicus.  Poème  bucolique.  Poètes  bucoli- 
ques. Mofchus  5i  Bionibnt  les  plus  agréables  Poètes 
bucoliques  de  l'antiquité.  Théocrite  a  quelquefois 
le  ftyle  un  peu  tiop  /■«co/i^we.  Fonten.  La  Poéfîe 
bucolique  eft  la  plus  ancienne  de  toutes  les  poefies. 
Id.  Quelques-uns  croient  que  ce  genre  de  Poclîe  a 
pris  naiffance  dans  la  Sicile ,  parmi  les  divertilîc- 
mens  des  bergers.  Elle  fut  infpirée  par  l'amour  &: 
■  l'oiliveté.  On  ajouta  enfuite  des  régies  à  ces  diver- 
tjjfemcns  cbampêtres ,  &  l'on  en  fit  un  art.  Le  foin 


BUE 


des  troupeaux,  les  beautés  de  la  nature  ,  &lesplai- 
firs  de  la  vie  rufliique  ,  en  faifoient  les  plus  nobles 
fujets.  Id. 

Il  eft  des  Auteurs  qui  attribuent  l'invention  de 

la  Poëfie  bucolique  à  un  Pafteur  nommé  Daphnis , 

d'autres  à  Bucolius  fils  aîné  de  Laomedon.  Tout 

cela  paroît  fabuleux. 

Bucolique.  Soldat  AkcoA'^w?.  Voyez  Bucole, 

Bucolique.  Ce  mot  eft  aufîi   quelquefois  f,  f.  auquel 

fens  il  ne  fe  dit  qu'au  pluriel.  Il  fîgnifie,   Poe'me 

paftoral.  Bucolica.  Les  bucoliques  de  Virgile  font 

de  certains   Poèmes   le  plus  fbuvent  en  forme  de 

dialogue  ,  où  des  bergers  s'entretiennent  enfemble. 

Bucoliques,  f".  f.  plur. Plufieurs  hardes,  menues  cho- 

fes,  ou  papiers,  qu'une  perfonne  a  apportées  pour 

faire   voir  à  quelqu'un.  Je  ne    veux  point  acheter 

tout  es  fatras ,  remportez  toutes    vos    bucoliques. 

Dans  ce  fens  il  eft  du  ftyle   très-familier. 

Ce  mot  vient  du  grec  /3sxôa«?  ,  qui  paît  les  bœufs. 
BLTCORNE.  f.  m.  Terme  de  myrhologie.  Nom  qu'on 
donne  à  Bacchus ,  parce  qu'on  lui  met  quelque- 
fois à  la  main  une  corne  de  taureau  ,  comme  le 
fymbole  d'un  vaifieau  à  boire. 
^fT  BUDAIS. Plaine  delà Tartarie en  Eutope,  entre 
la  bouche  du  Nieper  &  celle  du  Danube ,  l'une 
de  celles  qui  font  comprifes  entre  le  Budziack  bc 
rUckraine,  ce  qui  tait  que  ceux  qui  l'habitent  fbnt 
appelés  tartares  Budziacks.  Ces  tartarcs  font  libreç 
&;  ne  reconnoillènt  ni  le  Kan  ni  le  Turc, 

B  U  D, 

BUDE.  Ville  capitale  de  laBafTe-Hongrie,  &de  tout 
le  Royaume.  Il  y  a  des  Iburces  d'eau  chaude  ,  où 
l'on  cuit  des  œufs  en  tiès-peu  de  temps,  quoiqu'on 
y  voie  nager  des  poilfons  vit^ans.  Elle  eft  fur  le 
Danube  à  41  lieues  de  Vienne.  Btiâa. ,  Aquincum. 

Ip-  BUDELICH.  Petite  ville  d'Allemagne  au  Cercle 
Eleèlioral  du  Rhin  ,  Archevêché  de  Trêves ,  fur  la 
petite  rivière  de  Traen. 

BUE. 

^  BUDINGEH.  Ville  d'Allemagne  dans  la  Wetc^- 
ravie,  au  Comté  d'Ifembourg»   fur  le  Nidder. 

§3*  BUDOA.  Ville  épifcopale  de  Dalmatie ,  à  dix 
milles  d'Antivari.  Elle  appartient  à  la  République 
de  Venife. 

§3"  BUDZIAC.  La  même  chofe  que  BefTarabie.  Foye^ 
ce  mot. 

§Cr  BUECH.  Nom  d'une  rivière  de  France,  qui  a 
fa  fource  en  Dauphiné  ,  &  fe  jette  dans  la  Duranc* 
à^Sifteron. 

BUÉE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  fîgnifioit  autrefois  la  lef^ 
fivc  ,  &:  dont  on  fè  fert  encore  dans  les  Provinces  ,  où 
l'on  appelle  Buandière  ,  la  blanchiffeufe  ;  &  Buan^ 
derie ,  les  lieux  où  l'on  blanchit  les  toiles  neuves. 
Lixivia.  Faire    la  buée ,  la  leflîve. 

Buée  ,  bui ,  ou  Buie  ,  eft  un  mot  dont  fe  font  for- 
més- dans  la  fuite  ceux  de  Buandier  Se  de  Boud , 
&  qui  s'applique  à  tout  ce  qiii  eft  mouillé ,  hu- 
meélé,  détrempé.  Defcript.  Géogr.  &  Hijî.  de  la 
Haute-Norm.   T.  I ,  p,  159. 

BUENOS-AYRES,  Tille  de  l'Amérique  méridionale  , 
appelée  audî  quelquefois  NueJlraScao'ia.  de  Buenos- 
ayres;  c'eft- à-dire,  Notre-Dame  des  bons  airs,  ou 
du  bon  air.  Pedro  de  Mendoza  la  fit  bâtir  en  1 5  3  j 
fur  la  rive  méridionale  de  la  rivière  de  la  Plata  , 
vis-à-vis  des  Iles  de  S.  Gabriel ,  dans  la  Province 
des  Sauvages ,  nommés  vulgairement  Morocotes. 
Corn.  Ces  noms  fbnt  efpagnols,  mais  notre  langue 
les  a  adoptés  dans  ce  nom  propre.  Nous  ne  difbns 
que  Buenos  ayres  ,  fans  mettre  Nueflra  Senora  de. 
Mary  écrit  Bonayres ,  mais  on  doute  qu'il  foit  en 
ufage.  Cette  ville  eft  à  34°  54  58"  de  latitude  méri- 
dionale. Le  F.  Feuillée. 
BUENS.  ad),  m.  pi.  Vieux  mot.  Qui  eft  accommodé  à 

ion  aife. 
BUER.  Vieux  jiiot.  Laver ,   leflîver.  Faire  la  leflivc 

f^ixiyiapi^ 


B  U  î^ 


îzixlviam  facere.  Elles  filent  ^  huent,  Sc  ont  h  cure 
de  tout  rHôcel.  Villon  s'cft  iervi  du  verbe  luer. 
La  pluie  nous  a  hi^is  &:  laves.  Ceft  dans  la  Balla- 
de de  lui  &:  de  les  conipai^nons  pendus.  Ménage  , 
Dicl.  Etym.  au  mot  Buée ,  Tejfii'e.  Ce  vieux  mot  eit  en- 
core en  ufage  dans  quelques  Provinces.  A  Dijon  , 
un  homme  /ri:iu/\ué ,  efl  un  homme  en  lin^e  iàle  , 
dont  on  ne  blanchit  le  linge  que  rarement.  La  langue 
françoifen'a  point  d'adiedîifs  quipuillcnt  reprcicnter 
celui-là.  Gloffdire  bours,ulgnan  au.  mot  Maueué  , 
où  l'on  dit  que  buer  eft  un  viqji.x  mot  qui  lii,miNe 
mettre  à  la  leifive.  Il  7  a  à  Paris  dans  le  Quartier 
de  Saint  Martin  une  rue  qui  s'appelle  Maubuée,  Ce 
mot  eft  aulli  dans  Nicod. 

B  U  F.     ■ 
BUFFE,  f.  f.  Vieux  mot,  qui  ligrfifie  ,  Soufflet.  Àldpa. 
On  le  trouve  dans  les  Plcaumcs  de  Marof. 
Qui  dd  bulfes  renverfes 
Mes  ennemis  ntordans, 
BUFFET.    1".  m.    Meuble   qui   fert   pour  mettre  les 
pots  l<  les  verres ,  la  vaifîclle  &  autres  choies  ne- 
celfaires  pour   le  lervice    de  la  table.  Armu.rlum. 
Autrefois  c'étoit  un  meuble  de   bois   orné  de  me- 
nues colonnes ,   &  icparc  par  un  plancher  ,  au-dei- 
Ibus  duquel  le  mettolcnt  les  brocs  ic  les  bouteilles , 
ce  au-dtiilis  les  verres  ik  la  vailicllc.  Depuis  on  a  mis 
au  milieu  imej)etitc  armoire  pour  y  ferrer  le  linge, 
ou  le  couvert  d'un   bourgeois  ■■,  &  enfin  on  en  a 
tait  une  grande  armoire  avec  plulieurs  tiroirs  êc  vo- 
lets ,  ou  Ton  enlerme  ce  qu'on  a  de  plus  précieux ,  ' 
&  qu'on  appelle  au/ii  cabinet.  Un  /^«j^i'/' ou  cabinet 
d'ébène  ,  de  bois  de  cèdre  ,  d'écaillé  de  tortue  ,  ùc- 
On  a    appelé  autrefois  un  bnfet,  drc/fo-ir.  En  la 
Salle  où  il  mangcoii(  le  Duc  Philippe  de  Bouri^'o- 
gne  )  étoit  un  buijet ,  ou  drefjolr,  à  quatre  dégrés  ou 
pans,  tout  meublé  de  vai/fellc  d'or  ou  d'argent  doré, 
riche  fur  riche  ,  au  deux  coins  duquel  étoient  deux 
précieufes  licornes  de  prix  indicible.  Pakad./;.  855. 
Buffet  ,  maintenant   fe  dit  feulement    d'une  table 
longue  où  l'ont  met  la  vaifVelle  d'argent ,  les  ver- 
res &  les  bouteilles  ,  pour  le  fervice  de  la  table. 
Supellex  argentaria.  11  faut   allei*  boire  au  buffet  ; 
fe  rincer  la  bouche  au  buffet.    On   étale    lut  les 
iuffets  non-feulement  les  choies  néceffaires    pour 
la  table;  mais  auili  tout  ce  qui  peut  fervir  à  faire 
paroître  la  magnificence  de  ceux  qii'î  les  ont.  Pour- 
quoi faut-il  que  vos  buffets  gémiflcnt  fous  le  poids 
cle  tant  de  vafes  précieux    que    vous    étalez  ,  & 
qui  ne  fervent  qu'à  éialcr  votre  vanité ,  &  à  irri- 
ter celle  des  autres.  Fi.ECFf.  Les  Italiens  le    nom- 
ment crédence  ;  il  eft  placé  chez  eux  dans  Iç  grand 
fallon  ,    de    enfermé   d'une   baluftrade    à  hauteur 
d'appui.  Les  buffets.^  des  Princes-  &  des  Cardinaux 
font  fous  un  dais  d'étoff-e. 
Buffet  ,  fe  dit  auffi  de$  OfSciers  ou  Valets  qui  fer- 
vent  au    buffet.    SupcllectUl    argentarica   prœpofitl. 
Quand  on  croit  avoir  bù  trente  bouteilles ,  le  buff'et 
en  a  bû  la  moitié. 
Buffet  ,  fe  dit  auffi  de  la  vaiffclle  d'argent  qu'on 
met  fut  le  buffet  pour  le  fervice  de  lavable,  ou 
feulement  par  parade  &  par  oftentation.  y^lrjiaentum 
expojitum.   Cet  Ambaifadeur   a  un  buffet  de  ver- 
meil doré  qui  vaut  cinquante  mille  écus. 
Buffet  ,  fe  dit  aufli  de  la  mcnuiferic  d'un  jeu  d'or- 
gues ,  &  de  celle  qui  contient  chaque  jeu  en  par- 
ticulier. Le  buffet  du  grand  jeu ,  qu'on  appelle  le 
grand  corps.  Le  buffet  du  pofitif  ou  du  petit  jeu. 
On  le  dit  auffi  de  l'orgue  entière  -,  c'eft-à-dire  ,  le 
buffet  &c  tout  te  qu'il  contient,  tuyaux,  fouffler, 
clavier.  Quand  elle  eft  dans  des  maifons  particu- 
lières, on  l'appelle  cabinet.  Je  viens  d'acheter  ur. 
joli  buffet  d'orgues. 
(fy  Buffet  d'eau,  Ceft  une  dcmi-pyràmide  d'eau 
adoffée  contre  un  mur  ,  ou   placée  dans  le  fond 
d'une  niche,  avec  pluficurs  coupes  &  badins  qui 
forment  des    nappes. 
BUFFETER.  v.  a.  Terme  de  fauconnerie,  qui  exprime 
l'aétion  de  l'oifeau ,  quand  il  donne  de  la  tête  eu 
Tome  IL 


BU  F'  io^ 

^      pafTmr  contre  la  tête  du  plus  fort,  {lar  exemple 
contre  le  duc  ou  contre  l'aigle,  ou  contre  la  tcte 
du  lièvre  ,  quand  on  le  fait  battre  aux  oifeaux.  Le 
faucon  a  buffete  la  pri)ie. 
Bupfeter.  Signifie  encore  boire  m  tonneau,  Appofito 
ad  dolium  ure  vinuinju^ere.  Ce  qui  fe  dit  des  Voitu  • 
riei  s  qui  percent  les  tonneaux  avec  un  forêt,  &  appli- 
quent la  bouche  contre  le  tonneau    pour  y  boire. 
Buffeterî  eft  auifi  un  vieux  mor  qui  fignifioif,  ex- 
citer quelqu'un  ,  le  tourmenter.  Fexarc ,  exa<Htare . 
coUphos  unpin^ere ,  Incutere.  De-là  vient  que  l'on 
trouve  encore   dans  les    vieilles    Traduètions    du 
nouveau  Tcftamenc  ces  paroles  de  S.  Paul  :  j'avois 
un  Ange  de  Satan  qui  me  buffetoit.    Ce   mot  eft 
venu  de  ce  qu'autrefois  on  difoit  buffe  pour  Ibuf- 
„  fier.  On  difoit  aufll  buffier  &  buffolen 
BUFFETEUR,  f  m.  Voiturier  qui.boif  au  tonneau 
fur  les  grands  chemins,  L'Ordonnance  enjoint  aux 
Juges  de  punir  ces  Voituriets  bufeteurs ,  i<c   de 
icsjronJainner  aux  Galères; 

1  DUS  ces  mots  ,■  félon  du  Cange  ,  viennent  de 
èuffetagium ,   qui    fignifioit   un  impôt  mis    fiar   le 
vin  bu  en  t.ivernc  i  par  corruption  de  buvetage. 
BUFFETIN.  f.  m.  Jufte-au-corps  fait  de  cuir  d'un 

jeune  buffle.  Thorax  è  bubulo  cotio. 
BUFFLE,  f  m.  Animal  fauvage  reflèmblant  au  bœuf, 
inais  plus  long  &  plus  haut.  Bubalus  II  a  la  corne 
fort  noire ,  &  devient  furieux  en  voyant  de  l'écar- 
late.  Son  corps  eft  fort  gros  ,  &  fa  peau  dure.  Il 
ell  dur^fte  fort  maigre.  Il  a  le  poil  fort  court  &: 
très-noir.  Il  n'en  a  prefque  point  à  la  queue ,  mais 
il  en  a  beaucoup  fur  le  devant  de  la  tète  ,  laquelle 
eft  fort  petite  en  comparaifon  du  corps.  Ses  cor- 
nes font  fort  larges ,  fon  cou  fort  gros  ,  &  long 
a  proportion  ,  fa  queue  fort  petite)  &  fes  cuifles 
groffes  &  courte?.  Le  buffîe  aime  rcau  jufques  .à' 
y  demeurer  long-temps  couché,  de  manière  qu'il 
ne  fait  paroître  que  la  tète  hors  de  l'eau  -,  c'eft 
dc-là  que  les  Turcs  lui  ont  donné  le  nom  àzbtzuf, 
ou  vache  d'eau  ,  joujighli-  en  leur  langue. 

Il  fe  trouve  force  i>uffles  dans  le  Royaume  de 
Congo.  Ils  ont  la  peau  rouge  ,  &  les  cornes  noires 
ceuMnc  de  la  poix.  C'eft  une  bête  fort  daiigereufc , 
quand  quelque  blefîùre  l'a  mile  en  furie  ^'fa  chair  eft 
gro/îière  vies  Portugais  la  coupent  en  tranches  ,  la' 
font  fècher,  &  en  noutriflènt  leurs  efclaves.  Dapper, 
Le  buffîe  n'cft  point  le  bubalus   des  Anciens  , 
puifqihe  le   bubalus  eft  un  animal    d'Afrique  ,   & 
fort  petit    en  comparaifon    de  celui-ci.    Ce  qui  a 
doiyré    occafion  à  l'erreur   de  quelques-uns   eft  la 
rcfîcmblance  des  noms.  Martial    néanmoins  ,    ou 
quiconque    eft  l'Auteur  du   livre  de  l'Amphlthéa- 
rre ,  ou  àz%  fpeèlacles  ,  fe  fert  de  ce  mot  ,  pour 
lignifier  celui  de  buffle.  Les  AHemands  l'appellent 
buffel,  A'on  eft  venu  notre   mot  françois  &c  l'cfpa- 
gnol  bufiino.  Il  Y  a  beaucoup  de  buffles  en  Italie 
&  en  Ailcmagne  ;   ils   y   fervent  à  l'agriculture  ,' 
l'on  en    mange  la   chair  ;    mais,  elle    eft  dure  & 
mauvaife.  De  la  Mare, 

En  tsrmcs  dcl'/i.iibn ,  on  appelle  les  buffles' bou- 
cles,  ^-xicc  qu'on   les  repréfente  avec  une  boucle. 
En  vicu34-  gaulois  bugle  fignifioit  un  bœuf. 
Buffle  ,  fe  dit  aufTs-   d'un  jufte-au-corps   fait    de  la 
peau  d'un  buffle ,  qui  eft  fort  épaiffe,  &  qui  étant 
bien   préparée  ,  fert  d'une   arme  defenfive.   Tho- 
rax t'  bubulo  corio.  Tous  ces  Gendarmes  avoient 
de  beaux  buffles  ,  des  colletins  de  buffle.  ^  On 
donne  le  nom  de  buffle  à  la  peau   de  cet  animal 
quand  elle  a  été  paffée  à  l'huile  comme  le  Chamois. 
Les  peaux   d'Elans  r  de   bœufs  &  antres  animaux 
de  la  même  efpèce  ,  préparées  comm<j  celles   du 
buffle,  prennent  le  même  nom. 
.  On  dit  figurémcnt  ,    qu'un  homme  eft  un  vrai 
buffle  j  pour  dire  ,  qu'il  eft  un  ftupide  ;  &:  qu'il  fc 
laiffe  mener  par   le    nez  comme  un  buffle  ;  pour 
dire ,  qu'il  eft  aifé  à  tfftmper ,  qu'on  le  mène  comme 
on  veut  ;  parce  qu'on  a   coutume   de   pafTcr  un 
cercle  de  fer ,  ou  d'autre  matière ,  au  travers  des 
narines  de  cet  animal,  pour  le  mener  où  l'or.  veut. 

0 


ig6 


BUG 


BUFFLETIN.  i".  m.  On  le  dit  également ,  &:  d\x  Buffle, 
quand  il.clt  encore  )eunc  ,  6:  de  la  peau  des  jeu- 
nes luifflis  aniH-ctée  6c  pallee  à  l'huile. 
BUFFOI.    r.  m.  Vieux  mot.  Vanité  ,  orgueil.  On  a 
dit  aulîî  ,  ians  htffoi  ;  pour  dire  ,  lans  moquerie. 
BUFFOIER ,  vieux  verbe  ad.  qui  fe  trouve  dans  le 
petit  Glollaire  du  P.  Labbe,  pour  fouflkter,  alapan. 
BUG. 
BUGA.  Ville  derAnatolie,  dans  la  haute  Carama- 

nie  ,  près  de  la  Iburcc  du  Madré. 
BUGANACH.  Nom  d'une  montagne  de  Languedoc. 
La  hauteur  du  Buganach ,  au-deiUis  du  niveau  de 
la  mer  a  été  déterminée ,  par  trois  différentes  ma- 
nières, de  (Î48  toiles.  Le  Baromètre  fur  le  haut  du 
^//ç^,z«;a-A  fe  tenoit    iulpendu    à  15  pouces   8    lig. 
&  un  tiers, en  même  temps  qu'il  lé  tcnoit  a  l'Ob- 
fervatpire  à  17  pouces  3  lignes.  MaraLdi  ,  Acad. 
des  Se.    170  ^  Menu  p.  131. 
BUGARAC.  Nom  d'une   montagne   de   France.  Le 
foramet  du  Bugarac  eft  à  1 9"  j  3'  5  $"  de  longitude  & 
4Z0  41'  17"   de  latitude.  Cassini. 
IJCr  BUGEN  ,  petite  ville  du  Japon  ,  capitale  du 

Royaume  de  ce  nom,  dans  llle  de  Ximo. 
§Cr  BuGEN,  (Pays  ou  Royaume  de)  ou  partie  du  Japon, 
dans  rîle  de  Ximo  ^  ainll  nommé  de  fa  Capitale. 
BJJGEY.Bugiaa,  Bugdjia.  Pays  de  France,  que  l'on 
renferme  ibuvcnt  dans  la  Brclle  propre  Se  le  Rhonc  , 
qui    le    fépare  du  Dauphiné   &  de  la   Savoye.  Il 
confine  vers  le  nord  avec  la  Franche-Comte  &c  le 
pays  de  Gcx.  Belley  eft  la  capitale  du  Bugey.  Le 
Bugey  fut  cédé  au  Roi  par  le  Duc  de  Savoye  dans 
le  Traité   de   Lyon,  à  la  réferve  de  la  partie  qui 
eft  au-delà  du  Rhône.  Samuel  Guichcnon,  Avocat  au 
préfidial  de  Bourg  en  Brcilc,  a  fait  VHijhlre  de  Bre(fe 
&  de  Bufrey  ,   imprimée  à  Lyon    en  KJ50.  "':/"-^- 
ifT  BUGIÈ.  Ville  maritime   d'Afrique  ,  fur  la  cote 
de  la  Méditerranée ,  au  royaume  d'Alger  ,  entre 
Gigeri  &  Alger  ,  capitale  de  la  Province  qui  porte 
fon  nom.  Cette  Province  efl:  une  contrée  de  la  Bar- 
barie ,  au  royaume  d'Alger ,  prcfque  toute  entourée 
de  montaijnes. 
rtr  BUGIÈNS.  Peuple   d'Afrique  ,  au  royaume  de 
Sennar  ou  de  Nubie  ,  entre  le  Nil  &  la  Mer  rouge  ; 
Nation  errante  &c  fans  Villes. 
BUGLE.  f.  m.  Vieux  mot.  Ba-uf.  C'eft  de-là  que  vient 

l-ucrier  ,  ou  i-eu'^/er  ;  pour  dire  ,  mugir. 
BuGiE.    f.    f.  Bugulii  ,   ou  confoUda    média.  Plante 
vulnéraire.  Sa  racine  eft  libreufe,  chevelue,  aftrin- 
çcnre  au  goût,   &:  donne  des  feuilles  femblables 
\  la  pâquerette ,  ou  hellis  ,  mais  plus  larges ,  plus 
courtes,  d'un  vert  luifant  en  dedus,  dentelées  lut 
fes  bords ,  &  comme  crénelées.  Du  milieu  de  les 
feuilles  nailTent  deux  fortes  de  tiges  ;  les  unes  font 
droites  &  portent  les  Heurs  ,  les  autres  font  cou- 
chées ,  &c  ne  donnent  que  des  feuilles  vertes  ,  fem- 
blables aux  premières  par  leur  figure  ,    plus  pe- 
tites, &;  difpofées   par  paire  d'efpace  en  efpace  , 
•   velues-,  ces 'dernières  tiges  donnent  des  filamens 
fibreux ,  qui  portent  des  noeuds  d'où  naiflcnt  les 
feu'Ues,  &  fervent  à  multiplier  l'eipèce  :  les  tiges 
à  fleurs    font  auifi    garnies  de  quelques    paires  de 
f(?uillcs  ,    &    terminées   par  un  épi  de  fleurs    en 
cueule,  bleues,  quelquefois   de  couleur  de  chair, 
d'autres  fois  cendrées ,  ou  cannelées  &vcrricillées. 
Chaque  fleur  efl:  un  tuyau  long  de  trois  lignes  en- 
viron ,  évafé  par  un  bout  ,    &:  prolongé   en  une 
lèvre  découpée  en  trois  parties,  la  moyenne  dzC- 
quelles  efl:  échancrée.  La  place  de  la  lèvre  fupc- 
rieure  efl:  ordinairemenr  occupée  par  deux  petites 
pointes.  Le  calice ,   qui  efl:  un  godet  de  deux  li- 
gnes de  long,  bleuâtte,  velu  &  coupé   en  cinq 
parties  ,   renferme  dans   fon    fond   quatre  petites 
fc'menccs  ptefque  rondes.  Les  fleurs  de  hug!e  font 
douces  au  goût ,  &:   remplies  dansleur  fond  d'une 
liqueur   mielleufe.    La   higle  vient  communément 
dans  les  endroits  humides  *  dans   les  prés  Se  dans 
les  bois.  Elle  s'emploie  dans  les   décoétions  vulnc- 
riiires  ,  pour  les  ulcères ,  les   chûtes  ,   les    duretés 
du  foie ,  &:  pour  les  rétentions  d'uiine. 


BUÎ 

On  dit  vulg.iircment ,  qui  connoît  la  huglc  &  là 
fanicle,  fait  aux  Chirurgiens  la  nicque  -,  pour  dire,  • 
qu'en  ayant  la  coniioiiVance   de  quelques    plantes 
vulnéraires,   on   pourra  fe  palfer  des   Chirurgiens 
pour  la  guérifon  des  bleiUircs, 
BU  GLOSE,  f.  f.    Terme   de    Boraniqiie.   Buglojfum. 
Plante  qui  vient  ordinairement  dans  les  jardins  &; 
dans  les  bonnes  terres.  On  l'a  ainli  appelée  de  /3»? , 
bœuf,  &;  •yAâr.-.-. ,  langue  ,  à  c.iufe  de  la  figure  de  fes 
feuilles ,   ou  parce   qu'elles  l'ont  rildes   comme   la 
langue  du  bœuâSa  racine  efl:  vivace,  longue,  bran- 
chue ,  noirâtre  en  dehors ,  blanche  en  dedans ,  &C 
vifqueufe  au  goût.  Elle  poulie  plulieurs  feuilles  lon- 
gues, 'étroites,  terminées  en   poinre  ,   charnues, 
d'une  couleur  de  verd  cendré  égalem.ent ,  gc  hcrit- 
fces  de  poils  qui  la  rendenr  rude.  De  leur  milieu, 
s'élève  une  ou  plufieurs  tiges  hautes  d'un  pied  Si 
demi   environ,   rondes,   épailîes  de  trois  lignes,- 
couvertes  dans  toute  leur  longueur  d'un  poil  court 
&;  rude,  branchucs  à  leurs  exrrémités  ,  Se  garnies 
de  feuilles  fcmbîables  à.  celles  du  bas,  mais  plus 
courtes ,  de  l'aiUclle  defquclles  partent  les  branches. 
Ses  fleurs  naiffent  aux  extrémités  des  tiges  &  des 
branches  -,  elles  font  le  plus  ibuvent  bleues ,  plus 
rarement  blanches ,  ou  de  couleur  incarnat.    Cha- 
que fleur  eft  un  entonnoir  à  pavillon  ,  découpé  le 
plus  ibuvent  en   cinq    pairties   obtufes.  Cette   (leur 
efl;  Ibutenuc  par  un  calice  vert  fendu  en  cinq  pièces , 
qui  renferment  dans  leur  fond  quatre  femences  fem- 
blables a  la  tète  d'une  vipère. 

La  hu'j^lofe  a  à-peu-près  les  mêmes  ufages  que 
la  bourrache.  Ses  fleurs  ibiit  du  nombre  des  fleurs 
cordiales.  Il  y  a  plulieurs  efpèces  de  buglofe  qui 
différent  de  celle-ci ,  qui  efl:  l'ordinaire ,  par  leurs 
fleurs,  ou  par  leiffs  feuilles.  Dans  ce_ nombre  on 
y  renferme  une  éfpèce  d'orcanette  qui  a  fes  fleurs 
bleues ,  ou  de  couleur  de  pourpre  ,  fes  tiges  cou- 
chées fur  terre ,  fes  feuilles  petites  &  un  peu  âpres , 
&  qui  a  fes  racines  couvertes  d'une  écorce  fort 
rouge.  Elles  font  employées  pour  donner  une  belle 
couleur  rouge  aux  teintures  de  phatmacie  &  aux 
pommades.  La  buglofe  ne  fe  multiplie  que  de 
graine  ,  qui  eft  fi  femblable  à  celle  de  la  bourra- 
che ,  qu'on  ne  la  fauroit  diftinguer.  La  Quint. 
P.  VJ ,  p.  i.-jq.  Voye^  au  mot  Bourrache. 
BUGNE,  f.  f.  Vieux  mot  ,  qui  fignifioit  autrefois 
'   tumeur  ,    élévation  de  chair  ,  contufion.  Tumor. 

On  le  dit  encore  en  quelques  Provinces. 
BUGRANE ,  ou  BUGRATE.  f.  f.  Terme  de  Bota- 
nique. Plante  qu'on  appelle  autrement  arréte-hœuf. 
Vovez     Arrête-B(EUF,  • 
BUG  Y.  Voyei  Bugey. 

BUGY.  f.  m.  Nom  d'une  elbèce  de  poire  qui  fe  con- 
ferve  jufqu'au  mois  de  Février  &  de  Mars.  Le  bugiy 
à  qui  on  donne  régulièrement  le  furnom  de  ber- 
gamorre  ,  &  de  bergamotte  de  Pâque  ,  à  caufe 
que  dans  fa  couleur  "verre  £c  dans  fa  groffcur  il- a 
quelque  air  de  la  bonne  bcrgamorte  d'Automme, 
étant  pourtant  beaucoup  moins  plat  du  côté  de 
l'œil,  &  un  peu  plus  long  du  côté  de  la  queue?; 
le  bugi  ,  dis-je  ,  eft  une  poire  tiquetée  de  petits 
points  gris ,  qui  jaunit  un  peu  dans  fa  maturité , 
Se  dont"" la  chair  participe  en  même  temps  du  ferme 
&  du  tendre ,  .'^  eft  prefque  cafTante ,  quelquefois 
pkeufe  Se  farineule  ,  ce  qui  arrive  quand  on  la 
lalife  trop  mûrir  ,  ou  qu'elle  eft  venue  dans  un 
fond  trop  humide  -,  fon  eau  ,  qui  eft  allez  abon- 
dante ,  a  un  je  ne  fais  quoi  d'aigrelet ,  dont  un 
peu  de  fucre  eft  le  remède  Elle  ne  mûrit  que  dans 
le  Carême.  La  Quint. 

B  U  H. 
BL^HOR.  f.  m.  M.  Du  Cange  croit  que  ce  mot  vient 
de  bekours  ,  qui  veut  dire  joutes ,  parce  que  ceux 
qui  payoient  le  droit  de /^«Aor ,  avoient  permillion 
de    faire  des  behours  ou  joutes. 
BUHOT.  f.  m.  Nom  qu'on  donne  en  Picardie,  fur- 
tout  dans  les  manufaélurcs  d'Amiens,  à  ce  qu'on 
appelle  communément  Efpoidlle  ,  qui  eft  un  petir 
canon,  ou  tuyau  fait  de  rofeau,  en  manière  de  petite 


B  U  I 


bobine  fans  bords ,  qui  ie  met  dans  la  poche  de  k 
bavette ,  &  fur  lequel  huhot.  on  dévide  une  portion 
du  fil  dcftinc  à  tonner  la  trame  d'une  étolF-. 

Ce  terme  eft  auffi  en  ufaîrc  à  Abbeville 
/ïg: 


pour 
nifîer   une  partie  de  la  chaîne   dont   les  étoffes 


font  compoices. 
BUHOTS.  i.  m.  pi.  Terme  de  Plumaffier,  Ce  font 

des  plumes  d'oie  peintes,  qui  fervent  d'étalage  & 

de  montre  fur  les  boutiques  des  Plumaifiers. 
B  U  I. 
BUJALEUF.  f.  m.  C'efl  le  nom  qu'on  donne  en  An- 

goumois  à  la  poire  de  virgou/é,  La  Quint,   royc^ 

VlRGOULÉ. 

BUIES.  f.  m.  &  pi.  Boii.  C'eft,  félon  M.  de  Valois, 
le  nom  qu'on  donne  aujourd'hui  aux  peuples  qui 
habitent  en  Gafcogne  le  pays  des  anciens  Boiens, 
f^oyc^  BoiEN. 
BUIRE,  ou  bUYE.  f.  f.  Efpèce  de  broc  d'argelit,  ou 
d'étain,  pour  mettre  des  liqueurs.  HjJria,  urccus. 
^ZT  BUIS.  f.  m.  On  difoit  autrefois  bonis;  &  ce  mot 
s'eft  confervé  dans  quelques  phrafes  proverbiales. 
On  s'en  fert  encore  pour  exprimer  un  inftrument 
de  Cordonnier.  Voye?^  Bouis. 
Buis,    (  le  )    Buxum     ou    biixus  ,    eft    un  arbre 
de  moyenne  grandeur  ,  Se  qui  eft  toujours  coBvcrt 
de  feuilles.  Sa  racine  eft  ligneufe  ,  noucufe ,  fort 
dure  &  bien  veinée  •,  c'eft  pourquoi  on  la  recherche 
pour   les  ouvrages  du  tour.  Elle  donne  quelques 
jets  de  différentes  groffeur  oc  hauteur  fuivantleur 
~  âge ,  branchus  &:  couverts  d'une   écorce  raboteu- 
fe  ,  blanchâtre  &  très-amère.  Le  bois  en  eft  très- 
dur,  fans  moelle,  d'une  couleur  tirant  fur  le  jaune 
&  fort  pefant.  Ses  branches  font  garnies  de  feuil- 
les oppofées  près-à-prcs  ,  portées  par  des  queues 
affez  courtes  ;  elles  font  vertes  ,  oblongues,  féches, 
ferm.es ,  d'une  odeur  &  d'un  goût  affez  défagrca- 
bles.  De  leurs  aiffelles  naiffent  des    bouquets  de 
fleurs ,    dont    les  unes    font    ftériles  &  les  autres 
fertiles   ;    les    ftériles  font   compofées  de  trois    .à 
quatre  étamines  .à  fommets  jaunes  qui  naiffent  des 
cchancrures  d'une  rofette  coupée  en  quatre  quar- 
tiers ,  &  foutenues  par  un  calice  à  trois  ou  qua- 
tre petites   feuilles  d'uh  jaune  tirant  fur  le  vert. 
Les  fleurs  fertiles  n'ont  point  d'étamines  &  pouf- 
fent de  leur  centre  un  ftuit  qui  reflemble  en  quel- 
que manière  à  une  marmite  renverfée ,   verdâtre, 
gros  comme  une  petite  noifette  ,  &  divifé  en  trois 
loges,  dans  chacune  defquelles    il   y  a  une  cap- 
fule  cartilagineufe  ,   qui  par  fa  contra6lion  pouffe 
ordinairement    avec  violence  fes  fetnences  noirâ- 
tres &  luifantes.  Les    feu'Ues    du  buis  font  quel- 
quefois panachées  de  jaune  ou  de  blanc. 

Il  y  a  une  efpcce  de  bins  qui  ne  s'élève  jamais 
plus  haut  d'un  pied  ou  deux  :  fes  feuilles  font 
plus  arrondies  que  celles  du  grand  buis  :  comme 
on  fe  fert  de  cette  elpèce  pour  les  bordures  des 
parterres ,  on  l'a  nommé  buis  à  parterre.  Le  buis 
ordinaire  s'élève  dans  les  jardins  ,  &  on  le  taille 
en  pyramide  ou  en  boule,  ïfF  On  en  fait  aulll 
des  paliflàdes ,  des  allées,  des  labyrinthes.  Le  buis 
fe  trouve  communément  aux  environs  de  Lyon  , 
du  côte  de  Genève  ,  de  Nantua,  de  S.  Claude, 
&  au  pied  des  montagnes  du  Dauphinc.  On  a  cru 
que  le  bois  de  buis  &  fa  rapure  étoient  auffi  bons 
que  le  gayac  pour  les  tiianes  de/îlccatives.  Fer- 
nel  affure  que  fes  feuilles  font  purgatives.  On 
recomimande  l'huile  de'  biiis  pour  les  maux  de 
dents.  On  dit  couleur  de  buis ,  d'une  couleur 
jaune  qui  approche  de  celle  du  bois  de  buis. 

Ce  mot  buis\'\cnr.  du  latin  buxus,  d'où  s'eft  fait 
d'abord  bux  ,  enfuite  buix  ,  Se  enfin  buis,  ou  bonis, 
en  prononçant  Vu  en  on.  De  bonis,  ou  buis  ,  fe 
font  formés  les  noms  de  Boucey,  Buffy,  Pouffy, 
Poiffy,  Pouffcy,  Poffey  ,  la  Bufficre  ,  Buffcrole  , 
Bouqucfolle  ,  Bouifigny.  Buxetnm.  Buxiacum , 
Buxaria  ,  Bnxariola ,  Buxaliola  ,  Bnxiviacum. 
HuET.  Le  P.  Pczron  prétend  que  buis  vient  de  bens 
&  ^oxmots   celtiques.  Voye^  Brus. 

Chez  les  Anciens ,  le  buis  étoir  confacré  à  Cibèle , 


BUI  107 

parce  qu'on  en  faifoir  des  fliites ,  comiile  on  eh  fait 
encore.  Stace,  L.  JX ,  de  fa  Thcbnïde ,  ..  4-..  . 
fcmble  auih  .1  Pirifcus  marquer  qu'jl  croit  conûcr-^ 
a  Bacchusi  niais  il  fe  trompe.  CnmBacchicamumt 
Bnxns  ,  hpiihc  feulement  les  flûtes ,  dont  on  jouSit 
aux  fctcs  de  Bacchus  ,  &  bnxas  eft  ptis  lA  pouif 
flvités ,  comme  la  matière  ordinaire  dont  on  les  lai- 
foit  ,  &  non  pour  un  arbre  confacré  à  Bacchus, 
Voffuis,^£>c;  Ido/.  L.  F,  C.  48  ,  dit  que  le  Inis  croit 
aadi  coiilacrc  à  Cérès  chez  les  Romains. 

^  Le  jour  des  Rameaux ,  on  porte  à  l'Eglifc ,  cil 
guife  de  palmes ,  des  branchej  dé  buis  bénis. 

BUIS,  f  m.  Contrée  de  France  dans  le  Dauphiné,ap. 
pelcc  communément  le  Bailliage  de  Buis,  ou  les  Ba- 


traclus  y  ou  a^sr 


a* 
BaronitZi 


ronnies.  Bruxienfis 
Voyez  Baronnies. 

Le  Buis ,  Bnxium  ,  petite  ville  qui    eft  un  des 
principaux  lieux  du  Bnis ,  &  lui  donne  fon  nom 
BUISART,ou  BUS  ART.  f.  m.  Oifeau  de  proie.  Bnteo 

Voyez  Buse. 
BUISINE.  f.  £  Vieux  mot  j  qui  fignifioit  autrefois  un 
inftrument  de  mufique.  Bnccinapajiorina.  Quelques- 
unsprétendentque  c'eft  un  fiftre,commeonle  trouve 
en  quelques  Dicl:ionnaircs  :  d'autres  que  c'eft  une 
trompette  ,  &  le  déiivent  de  bnccina  ,  de  bucca. 
&  de  cano  :  d'autres  que  c'eft  un  hautbois ,  &  le  dé- 
rivent de  buis  ,  dont  il  eft  fait.  Quoi  qu'il  en  foit  i 
c'ctoit  un  inftrument  qui  faifoir  beaucoup  debruit^, 
&  dont  les  anciens  croyoient  que  fe  ferviroit  l'Ange 
de  l'Apocalypie  qui  annoncetoit  le  jugement. 
BUISSE.  f.  f.  Petite  branche  d'arbre  que  le  peuple 

nomme  bnc/wne. 
gCF  Buisse.  f.  f.  Terme  de  cordonnier.  Billot  de  bois 
dans  lequel  eft  un  creux  qui  fert  à  donner  la  forme 
aux  femelles  de  fouliers  qu'on  bat  fur  ce  billot  avec- 
un  marteau. 
BUISSERIE.  f  f.  Efpèce  de  mairrain  ,  propre  à  faite 

des  muids  ,  &  autres  ouyiages  de  tonnellerie. 
§C?  BUISSON.  C.  m.  Ce  mot  fignifîe  proprement  une 
touffe  d'arbriffeaux  iauvages  épineux.  Dumns,  dume- 
turn.  Buiifon  d'épines ,  de  houx, de  genêts.  Dieu  ap- 
parut à  Moyfe  dans  un  buijjon  ardent. 
03"  Buisson,  fe  dit  encore  ,  par  oppofition  à  forêt, 
d'un  bois  qui  n'a  pas  affez  d'étendue  pour  être  appe- 
lé foret  :  Se    l'on  appelle  boqueteau   celui  qui  eft 
moindre  que  lebuiffon.  Silvula.  LesVocabuliftes  ob- 
fervcnt  que  ic  buiffan  ne  doit  pas  avoir  aude-là  de 
quinze  cens  arpcns.  Il  faut  avouer  qu'un  bois  de  cettii 
étendue  fait  un  affez  joli  buiJ(on. 
^fT  Buisson  ardent  ,  ou  Pyracantiie.  f,  m.  Arbrif- 
feau  épineux  qui  porte  de  pGtitcs^baies  ou  fruits  d'un 
belle  couleur  de  feu  j  d'où  lui  vient  fon  nom.  On 
le  cultive  par  cette  raifon  dans  les  jardins,  &  l'on  en 
fait  des  paliffades ,  ou  on  les  laiffe  en  boule.  Plu- 
fieurs  Botaniftes  l'appellent  aubépin  ,  &  en  latin 
axyacantha  Diofcoridis.  Les  Rabbins  difent que  le 
buijfon  en  feu  que  Moïfe  vit ,  étoit  d'aubépin,  d'où 
cet  arbriffeau  a  pris  fon  nom. 
Buisson.  Terme  de  Jardinier.  Arbre  que  l'on  tient  bai 
&  petit ,  &  que  les  Jardiniers ,  par  le  moyen  de  la 
•   taille  ,  obligent  à  prendre  la  figure  qu'ils  veulent, 
Arbor  coaclce  brevitatis.  Voilà  des  bnilJons  bien  con- 
duits. Ces  bui(fons  font  tout  eftropiés.  Des  buiffons 
de  romarin  ,  de  chéviefeuil ,  &c. 

On  le  dit  fur-tout  des  arbres  fruitiers ,  que  l'on 
nomme  àuttemcnt  arbres  nains ,  arbres  en  buiffo/t 
&quequelques  Provinciaux  appellent  arbres  en  bou- 
quet. Les  bui^ons  ont  cinq  ou  fix  pouces  de  tige  ,  & 
on  leur  donne  de  l'ouverture  au  milieu  ,  de  l'éten- 
due furies  côtés, pour  en  faire  des  arbres  d'une  agréa- 
ble figure.  C'eft  ce  qui  les  diftingue  des  grands  ar- 
bres fruitiers  ,  qu'on  appelle  à  plein  vent.  Un  buif- 
fon,  pour  être  d'une  belle  figure,doit  être  bas  de  tige, 
ouvert  dans  le  milieu  ,  rond  dans  fa  circonférence  , 
Se  également  garni  fur  les  côtés:  de  ces  quatre  condi- 
tions la  plus  importante  eft  celle  qui  prefcrit  l'ou- 
verture du  milieu -,  comme  le  plus  grand  défaut  eft 
celui  de  la  confufion  de  trop  de  bois  dans  ce  milieu. 
La  Quint.  Reffcrrer  un  buijfon  qui  s'évafe  trop,  lo, 

Oij 


io8 


BITL 


|rr  A  la  clîaffe  ,  on  appelle  hùjjon  un  amas  de  brcuf- 
lailles  Si  d'arbvcs  qui  ne  s'clcvent  point -,  ^l'ondi: 
que  les  cert^  prennent  buijjon ,  quand  ils  vont  choi- 
lir  un  lieu  lecret  pour  faire  leurs  teces  après  qu'ils 
ont  mis  bas.  On  dit  auffi  que  les  certs  6c  les  iangliers 
prennent  buiffon  ,  quand  ils  quittent  la  compagnie 
des  autres  ;  ce  qui  le  tait  au  tiers  an.  Battre  les  /^uij- 
Jbfis  pour  faire  lever  le  gibier. 

On  dit  proverbialement  ,  qu'un  homme  a  battu 
1rs  hiiffo}is,&c  qu'un  autre  a  pris  les  oiTcaux  -,  pour 
dire  qu'un  homme  recueille  le  profit  du  travail  d'un 
autre.  On  dit  aulii  qu'on  a  trouve  buiJJon  ereux  , 
lorlqu'on  n'a  pas  trouve  dans  une  affaire  ,  ou  dans  un 
lieu ,  ce  qu'on  efpéroit  d'y  rencontrer.  Ce  proverbe 
cft  figuré  ,  &  tiré  de  la  chalîé  ,  où  l'on  dit  qu'on  a 
trouvé  huiffon  creux,  quand  on  n'a  rien  trouvé  ,  ou 
qu'un  cerF  s'en  cil  allé  de  l'enceinte.  On  dit  ,  ^  il 
n'y  a  fi  petit  hiifjmi  qui  ne  porte  ombre  ,  pour  dire 
que  le  plus  pauvre  peut  nuire. 
BUISSONNET.  1".  m.  Diminutif.  Petit buifron.J>z/OT«.r, 

Où  pas -à- pas  le  long  des  hiiiffonnets 

Alloit  cherchant  les  nids  des  ChardoTuiets.  Marot. 
On  pourroit  encore  le  dire  en  ftyle  badin. 

BUISSONNIER  ,  lî-RE.  adj.  Parclîeux  ,  qui  va  le  ca- 
cher ou  lé  rcpolér  derrière  un  Inàffbn  ,  au-lieu  de 
faire  fa  befogne  .  Segnis  ,  ignavus  ,  iners.  Cela  lî'eft 
guère  en  ulagc. 

1^  Dans  l'ulage  ordinaire  ,  &  en  ftyle  de  rôtifléurs , 
on  appelle  lapins  bui(j'on7iiers  ,  ceux  qui  ont  leur 
terrier  dans  quelques  buijfojis,  qui  font  nourris  dans 
quelque  clos  parmi  les  haies  &  les  buiffons  ,  par  op- 
pofition  aux  lapins  de  Garenne. 

'^3'  Faire  l'école  kuijjonnicre ,  en  ftyle  de  collège,  c'eft 
aller  fe  divertir  au-lieu  d'aller  enclaffe. 

BuissoNNiER  ,  eft  auHi  un  Officier  de  ville  ,  ou  Garde 
■de  la  navigation  ,  qui  doit  donner  avis  aux  Echc- 
vins  des  contraventions  qui  fe  font  aux  rcglemens  ; 
qui  doit  dreilcr  des  procès-verbaux  de  l'état  des 
ponts ,  moulins  &  percuis  ,  &  de  l'état  des  rivières  , 
s'il  y  a  aucuns  orbillons ,  ou  courions  en  fond  d'eau 
qui  puilîént  blellér  les  bateaux. 

|p=  BUISSURES.  f.  £pl.  Terme  de  Doreur.  On  ap- 
pelle ainli  les  ordures  que  le  feu  a  ralfemblées  fur 
une  pièce  que  l'on  a  fait  cuire ,  ô:  qu'on  ôte  avec 
la  gratte-boclfe. 

B  U  L. 

BUL.  f.  m.  Sceau.  Sigillum.  On  donna  le  hiil ,  c'eft-à- 
dire  ,  le  fceau  de  l'Empire  à  Numan  Couprcugly, 
Volt.  C'eft-à-dire  ,  qu'on  le  fit  grand  Vilir. 
gCrBULACH.  Ville  d'Allemagne,  au  cercle  de  Suabe, 

au  Duché  de  Wurtemberg. 
^fT  II  a  auffi  un  bourg  de  ce  nom  au  canton  de  Zu- 
rich ,  en  Suilfe. 
^  BULAGUEN.  Ville  d'Afrique  ,  au  Royaume  de 
Maroc  ,dans  la  province  de  Duquela,fur  le  fleuve 
d'Ommirabi. 
BULBE,  f.  (,  Terme  de  botanique.  C'eft  une  racine 
oblongue  ou  preique  ronde  ,  compolée  de  plulîeurs 
peaux, ou  tuniques  appliquées  les  unes  fur  les  autres , 
&embo'itées,pour  ainli  dite  ,  les  unes  dans  les  autres. 
BidbiLs.  Elle  jette  par  fa  partie  inférieure  quantité 
I     de  fibres.  Les  racines  de  l'oignon  commun  ,  du  nar- 
cilTe,  de  la  Jacinte  ,  &'c.  font  appelées  des  bulbes.  On 
donne  quelquefois  ce  même  nom  à  des  racines  tubé- 
reuies,compolces  d'une  fubftance  Iblide  &  continue, 
quoiqu'elles  n'aient  point  de  peaux  appliquées  les 
unes  fur  les  autres.  Ainli  les  racines  du  fafran  &  du 
colchique  font  appelées  bulbeuj'es.  Foye:^  Oignon  , 
Racine. 
Bulbe  ,  fe  dit  aufTideplufieurs  plantes ,  dont  quelques- 
unes  font  des  efpèces  d'ornitko-^alujn.  Celle  qu'on 
appelle  bidbus  eriophoris  orientalis  a  beaucoup  de 
feuilles  longues,  prefque  fcmblables  à  celles  de  laja- 
cinte  \  mais  moins  fucculentes ,  plus  dures ,  vertes  & 
de  mauvais  gour.  Ses  fleurs  font  compofées  de  lix 
petites  feuilles  difpofées  en  rond  ,  fans  odeur ,  de 
couleur  bleue.  Sa  racine  eft  grofîé  ,  biilbeufe  ,  blan- 
c-l:ie  &■  cotonnce.  li  y  a  une  efpèce  de  bulbe  ^  qu'on 


BUL 

nomme  bulkc  fauvage  ,  qui  a  les  feuilles  comme  les 
porreaux  ,  mais  en  petit  nombre  ,  car  elle  n'en  a 
qu'une  ou  deux.  Ses  fleurs  font  jaunes ,  compofées 
de  iix  petites  feuilles ,  6:  difpofées  auiH  en  rond.  Il 
y  a  pldfieurs  autres  fortes  de  bulbes. 
Bulbe.  M.  Winflow  ,  dans  fon  anatomie  ,  fait  ce  nom 
mafculin.  Le  bulbe  de  l'uretère ,  tifTu  fpongieux  qui 
n'entoure  pas  d'abord  le  canal  de  l'uretère.  Il  forme 
auparavant  un  corps  oblong  en  manière  de  poire  ou 
d'oignon  -,  qui  ne  s'attache  qu'à  la  face   intérieure 
de  la  convexité  du  canal ,  &  un  peu  après  fe  fertd 
de  côté  &  d'autre  ,  &:  l'embraflc  tout  autour.  On 
appelle  ce  corps  particulier  le   bulbe  ou   l'oignon 
de  l'uretère.  Winslow.  Près  du  bulbe.  Id.  La  cloi- 
fon  du  bulbe.  Id, 
BULBEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  part  cipe  de  la  nature 
d'une  bulbe  ,  ou  qui  en  vient,  Bulbojus.  Une  ra- 
cine eft  appelée  bulbeufe  ,  lorfqu'elle  participe  de 
la  nature  d'une  bulbe.  Une  plante  eft  auHî  appelée 
bulbeufe  ,  lorfqu'elle  vient  d'une  racine  bulbeufe. 
BU'LBOCASTANUM.  f.  m.  La  racine  de  cette  plante 
eft  un  tubercule  gros  comme  une  grofle  noix  ,  char- 
nu ,  dur  ,  &:  de  couleur  blanchâtre  ,  jetant  plulieurs 
fibres  de  fa  baie  &:  de  les  côtés.  Les  feuilles  inférieu- 
res font  ailées ,  partagées  en  plufieurs  fegmens ,  plus 
minces   &;  plus  petites  que  celles  du  faxifrage  des 
prés.  Ses  tiges  ont  plus  d'un  pied  de  haut ,  &  pouf- 
fent de  leur  milieu  une  feuille  ',  elles  fouticnnent  à 
leurs  fommcts  des  ombelles  ou  parafols  garnis  de 
petites    fleurs  blanches  auxquelles  fuccèdenr  deux 
graines  menues,  un  peu  longues  &  liflés.  Cette  plante 
Gtoît  aux  lieux  fablonncux.^oj^^  leDicT,  de  James. 
BULBO- CAVERNEUX,   adj.  Terme    d'Anatomie. 
Bulbo  -  civernofus.  Les  mulcles  bulbo-caverneux  , 
communément  dits  accélérateuts  ,  forment  d'abord 
un  mufcle  penniforme  par  un  tendon  mitoyen  atta- 
ché au  bas  du  ligament  inter-olfeux  des  os  pubis ,  & 
à  l'union  des  mufcles  tranfverfcs  avec  les  fphinélers 
cutanés  de  l'anus.  De-là  ils  paffcnt  largement  fous  le 
bulbe  de  l'uretère  ,  Sc  couvrent  ce  bulbe  &  l'uretère 
même  avec  une  efpèce  d'adhérence  jufque  vis-i-vis  la 
naiifancc  du  ligament  fafpenlbire  ,  de  manière  que  le 
tendon  mitoyen  répond  à  la  cloifon  du  bulbe.Enfuite 
les  deux  plans  charnus  fe  fcparent  &:  vont  oblique- 
ment l'an  à  droite  &  l'autre  a  gauche  ,  de  derrière  en 
devant ,  Se  de  bas  en  haut  ,  en  embfaflantcs  deux 
corps  caverneux,  &  s'attachent  l'uri  au  côté  de  l'un  des 
corps  caverneux ,  6c  l'autre  au  côté  de  l'autre.  Wins. 
BULBONAC.  f.  m.  Terme  de  botanique.  Lunaria ,  ou 
viola  lunaria.  Plante  ainfi  nommée  .à  caulé  que  la 
racine  de  l'efpèce  ordinaire  eft  noueufe  6c  grumc- 
lée  -,  d'où  s'élève  une  tige  haute  de  deux  à  trois 
pieds ,  grolTe  comme  le  petit  doigt  au  plus  ,  d'un 
vert  blanchâtre,  rougeàtre,  quelquefois  velue  ,  bran- 
chuc  dès  l'on  milieu  ,  &  garnie  de  feuilles  femblables 
.à  celles  de  la  violette  ,  mais  plus  grandes  ,  d'un  vert 
plus  clair  &  plus  gai ,  velues ,  &  plus  dentelées  fur 
leurs  bords.  Ses  fleurs  nailfent  aux  extrémirés  des  ti- 
ges 6c  des  branches ,  2c  font  en  croix  ,  pareilles  à  cel- 
les de  la  Juliane  6c  purpurines.  Leur  calice  eft   de 
même  lavé  de  pourpre  ;  elles  n'ont  pas  beaucoup 
d'odeur  :  il  leur  fuccède  à  chacune  un  fruit  plar ,  ar- 
rondi quelquefois ,  &  quelquefois  alongé  ,  formé 
par  le  piftil  qui  occupe  le  centre  de  la  fleur ,  6c  com- 
pofé  de  trois  peaux  appliquées  les  unes  fur  les  au- 
tres parallèlement  -,  les  deux  extétieures  couvrent  la 
moyenne  ,  à  laquelle  font  attachées  de  part  8c  d'au- 
tre les  femences  qui  font  plates  ,  lenticulaires  6c  tail- 
lées en  pin.  C'eft  de  cette  membrane  ,  qui  eft  d'un 
blanc  lî  luifant ,  ou  argenré  ,  que  fonr  venus  les  noms 
d'herbe  aux  médailles ,  de  palfefatins  Se  de  lunaire  , 
que  l'on  donne  à  cette  plante. On  peut  manger  lés  ra- 
cines comme  celles  de  la  raiponce  ;  elles  ont  le  même 
goût.  Toutes  les  plantes  qui  portent  le  nomde  luna- 
ria font  recherchées  par  les  Chimiftes.llsne  parvien- 
dront cependant  jamais  à  leur  grand  œuvre  préten- 
du par  le  mélange  du  règne  végétal  avec  le  minéral, 
puifqu'il  n'y  a  aucune  plante  qui  puilfe  changer  la 
tiflure  des  parties  cffentieljes  des  métaux.  On  range 


I 


B  ÏÏ  L 

patmi  les  lunarin  quelques  plantes  qu'ort  noiTAiftbît 
anciennement  yilvffan, 

BULGAR  ,  ou  BOLGAR.  Royautae  de  la  T.iitârie 
Moltovitc.  Bulgaria.  Il  eft  le  long  du  bdtd  orien- 
tal duVolsa,  ayant  au  noicl  le  Royaume  de  Ca- 
zan ,  au  lud  Celui  d'Allrâcan  ,  au  levant  le  Pafcarir , 
ôc  lesTartares  Kalmoucks.  Maty.  On  croit  que  les 
Tartares  de  Bulgur  (ont  les  rcftes  des  Orgaies  ,  peu- 
ples de  la  Scythie  ,  qui  fe  jetèrent  avec  les  Alains 
fur  les  tcircs  de  l'Empire.  Les  Tartares  de  Bulgar 
ibnt  fournis  aux  Mofcovites ,  depuis  le  Czar  Jean 
■Balile  qui  les  aflujcttit.  Ils  logent  fous  des  tentes  de 
peaux ,  dont  ils  forment  des  hordes  ,  OU  villages 
qu'ils  tranfportcnt  d'urt  lieu  en  un  autre  félon  le 
befoin.  Foye^  Audifftet ,  Davity  ,  Corneille  ,  Maty, 
Baudrand. 

BULGARE,  f.  m.  &  f,  Bnlgams ,  a.  Nom  d'un  peuple 
d'Europe  qui  habitoit  dans  la  Mœfic  inférieure  ,  llir 
le  bord  du  Danube  •,  mais  bien  des  gens  prétendent 
qu'ils  croient  venus  de  plus  loin  ^  qu'ils  ctoicnt  ori- 
ginairement Scythes  ;  que  leur  nom  ,  ainil  que  Vola- 
terran  l'a  cru,  vient  de  celui  du  Volga,  des  rives 
duquel  ces  peuples  partirent  l'an  499  ,  &  vinrent 
is'établir  dans  l'ancienne  IvloEfie ,  qu'ils  enlevèrent 
aux  Empereurs  Romains ,  &  à  laquelle  ils  donnè- 
rent le  nom  de  Bulgarie ,  qu'elle  a  toujours  gardé 
depuis.  D'autres  dilent  que  c'ctoit  une  branche  des 
Gères  &  des  Gépides.  Il  eft  néanmoins  plus  proba- 
ble que  les  Bulgares  font  Scythes  ;  qu'eux  &:  les 
Tuics  ont  tiré  leur  origine  du  Royaume  de  Bul- 
gar ,  ou  Bolgal ,  dont  nous  avons  parle  ;  &  la  preuve 
eft  ,  outre  la  teflemblance  parfaite  du  nom  ,  qu'ils 
ont  la  même  langue  ,  les  mêrnes  mœurs ,  &  la 
même  manière  de  combattre.  Cela  confirme  l'éty- 
mologie  de  Volaterran.  Quoi  qu'il  en  foit,  l'art  500 
ils  étoient  établis  dans  la  Mœlie  ,  &  ils  firent  cette 
année-là  un  traité  de  paix  avec  l'Empereur  Anaftale. 
Quoique  Telerich  leur  Roi  eut  embraifc  la  foi  dès 
779  &:  Boger  en  845  les  Bu/gares  ne  fe  firent  Chré- 
tiens qu'en  970 

Les  Bu/gares  donnèrent  dans  la  fuite  dans  les 
erreurs  monftriieufes ,  &  dans  toutes  les  abomina- 
tions des  Manichéens  ,  qu'ils  répandirent  même 
dans  bien  des  endroits  de  l'Europe  &  jùfqu'en 
France,  où  on  les  appela  communément  Aliigeois , 
ainfi  que  lious  l'avons  dit  fur  ce  mot.  Dc-là  vient*' 
que  dans  bien  des  Auteurs  depuis  le  XIP  fiécle. 
Bulgare  i  ou  Bugare  ,  eft  un  nom  de  fedle  ,  qui  ii- 
gnifie  la  même  choie  que  Manichéen  -,  &  que  le  ma- 
nichéifmc  s'appelle  l'hcrélie  des  Bulgares.  Oh  voit 
en  elî'et  dans  Mattliieu  Paris  à  l'an  112.5  ^^^-  les 
Bulgares  avoient  un  Pontife  qui  demeuroit  en  Bul- 
s;arie  ,  aux  environs  de  la  Croatie  &  de  la  Dalma- 
tie ,  proclie  de  Hongrie ,  &  que  les  Albigeois  vrais 
Manichéens  alloient  le  conlulter  ,  &  recevoir  les 
décifions.  Ce  fut  au  IX°  iiécle  ,  Vers  l'an  871  ,  que 
les  Manichéens  ou  Pauliciens  d'Arménie  envoyèrent 
de  Tibrique  ou  Téfrique  leur  capitale  ,  des  prédi- 
cateurs en  Bulgarie  ,  pour  Icduire  ces  peuples  nou- 
vellement convertis.  Ils  y  réuffirent  ,  l'hcréfie  des 
Manichéens  s'infinua  &  s'établit  en  Bulgarie,  y  jeta 
de  profondes  racines ,  &  de-là  s'étendit  dans  le  refte 
de  l'Europe. 

Leurs  crimes  déteftables  firent  encore  que  leur 
nom  devint  un  nom  odieux  ,  un  nom  de  débauche, 
dé  forte  que  Bulgare  ,  ou  ,  comme  on  trouve  dans 
quelques  Auteurs,  i?7^gitre lignifie  un  Sodoraitc,un 
Ctenobatre ,  &  un  ufurier ,  parce  qu'ils  fe  livroientà 
tous  ces  vices.  Malgré  tout  cela  les  Protcftans  recon- 
noiflcnt  les  Bulgares  pour  leurs  pères ,  ^  n'ont  point 
de  honte  de  prouver  par  eux  la  fuccefTion  prérendue 
de  leur  églife.  Quelques  relations  difent  Bulgariens, 
mais  mal  -,  l'ufage  eft  pour  Bulgare. 

BULGARIE,  Pays  qu'ont  occupe  les  Bulgares  ,  &  au- 
quel ils  ont  donné  leur  nom.  Bulgaria.  Ce  paysétoit 
une  partie  de  la  Mœfie  inférieure  ,  comme  nous 
avons  dit.  Aujourd'hui  la  Bulgarie,  eft  une  province 
de  Turquie  en  Europe,  qui  a  pour  bornes  au  nord 
la  Valaquie  ,  à  l'occident  la  Servie  ,  au  midi  la  Ma- 


B  U  Ë 


Î09 


"éédoine,  &  la  Tlirace  eii pàitie  j  &  à  l'or'ient  \é  font- 
Euxin  &  la  même  Th.race.  Sophie  eft  la  capitale  de 
Bulgarie.  La  Bulgarie  a  eu  ics  Rois  ,  &  titre  de 
Royaume  ,  qui  fut  fubjugué  par  les  Rois  de  Hon- 
grie 5  auxquels  les  Turcs  l'ont  enlevé. 

IJCF  BULGOLDA,  pierre  qu'on  ttolive  dahsiatêté 
d'un  animal  de  même  hom  ,  à  laquelle  les  Indiens 
attribuent  les  mêmes  ptoptiétés  qu'au  Bczoai:.  Oii 
la  dit  fort  rare.  Ferdin.  Lopei,  Hifi.  des  Inâes, 

rp"  BULIMIE.  Voyei  Boulimie, 

BULITHE.  f.  m.  Pierre  que  l'on  trouve  fguvent  non' 
feulement  dans  la  véfîcule  du  fiel ,  mais  encore  dans 
les  reins  6-:  dans  la  velHe  du  bœuf  Ariftote  paroît 
donc  s'être  trompe,  lorfqu'il  a  avancé,  Secl.  io  Prov., 
42  ,  que  l'homme  eft  le  fcul  animal  lujet  à  la  piètre; 
i«;iiOoi  ,  de  Bis  ,  Iccuf ,  &  Aie«î  pierre^  Dict;  dé 
James> 

BULLAlRE,f  m.  eft  un  recueil  de  piufieurs bulles 
des  Papes ,  ramaUces  d'abord  en  trois  volumes  pat 
Chérubin  :  il  eompofe  aujourd'hui  dix  volumes. 

03"  BULLE.  1".  f  Bulla.  C'étoit  autrefois  un  drnement 
des  habits  que  l'on  donnoit  aux  enfàns  de  qualité; 
Tarquin  l'ancien  ,  fuivant  Pline  ,  fut  le  premier  qui 
donna  urte  hdle  d'Or  à  fôn  fils ,  qui  n'ayant  en- 
core que  14  ans  ,  tua  Un  ennemi  dans  un  combat 
contre  les  Sabins.  Il  rehiarque  pourtant  que  quel- 
ques-uns prétendent  qu'avant  ce  tems-là  Romulus 
en  avoit  donné  au  fils  d'Hoftus ,  le  premier  né  deS 
filles  Sabines  ,  après  leur  enlèvement ,  qui  fut  de- 
puis appelle  Tùllus  Hojiilius.  Cet  ornement  croie 
DU  rond ,  oU  eri  forme  de  cœur  ,  &  on  le  portait  fur 
la  poitrine.  Il  avoit  été  en  ufage  chez  les  Egyp- 
tiens ,  &  il  n'y  avoit  chez  les  Romains  que  les  iils 
des  Magiftrats  Curules  qui  le  portalfent.  Ils  le  pre- 
noient  à  14  ans ,  &  le  quittoient  à  i  ■;.  Quoiqu'il  n'y 
eut  que  les  enfaris  des  Magiftrats  Curules  qui  eul- 
fent  droit  de  porter  la  ifa/Ze  d'Or,  ceux  qui  rece- 
voient  les  honneurs  du  triomphe  prenoient  aufîï 
cet  ornement,  Bulla  gejlamcn  erdt  triumphântiurrii 
qiiam  in  triutripho  prx  je  ge'rébant  ,  dit  Macrobe. 
Mais  cette  huile  étoit  plus  grande  que  celle  des 
enfans.  La  grande  veftale  en  portoit  par  diftindion  , 
&  les  Dames  Romaines  comme  parure, 

ilcT  On  étenddit  ce  nom  de  bulle  à  piufieurs  autres 
ornemens  de  là  même  figure ,  que  l'on  mettoit ,  ou 
fur  les  habits ,  où  fut  les  armes,  ou  fur  les  portiques  ; 
on  le  donnoit  encore?  aux  tables  expofées  en  public  j 
fur  lelquelles  on  marquoit  les  jours  de  fête. 

^fF  Dans  les  fiècles  fuivans  on  a  donné  le  nom  de 
bulles  aux  aéles  des  Princes  ,  qui  étoient  fcellcs 
d'un  fceau  d'or ,  d'argent ,  ou  de  plomb ,  foit  à  caufe 
que  ce  fceau  était  fcmblable  aux  bulles  anciennes-^- 
que  portoient  les  enfans  ,  fait  par  allufion  à  ces  ta- 
bles expofées  en  public  ,  dont  nous  venons  de  par- 
ler. Il  convenoit  parriculièrement  aux  ordonnances 
des  Princes  qui  concernoient  le  bien  public  ,  par- 
ce qu'elles  étoient  patentes  &  feulement  fcellées  , 
au-iieu  que  les  lettres  qui  regardoient  lés  particu- 
liers éroient  fermées  &:  fignées. 

^fT  Ce  nom  de  bulle  a  été  long  temps  propre  aux 
édits  des  Princes  ,  &  a  depuis  paffè  aux  concordats 
faits  entre  les  Souverains ,  autorifcs  par  leur  fceau. 
C'eft  ainfi  qu'on  appelle  encore  l'édit  donné  par 
l'Empereur  Charles  IV  i  pour  régler  les  droits  de 
l'Empire,  I3.  bulle  d'Or  :  mais  dans  les  derniers  temps 
ce  nom  eft  devenu  particulier  aux  décrets  folennels 
des  Papes ,  que  l'on  nomme  communément  bulles  , 
parce  qu'elles  ont  un  fceau  de  plomb  (  il  étoit  quel- 
quefois anciennement  d'or.  ) 

Bulle.  Expédirion  de  lertres  en  Chancellerie  RoiTiaine,- 
fcellée  en  plomb  ,  qui  répondent  aux  édits ,  letrfes- 
patentes ,  &  provifions  des  Princes  fèculiers.  Ponii- 
ficice  Litterx  ,  Pontificium  Diploma  ,  vulg'o  Bulla.  Si 
les  bulles  font  lettres  gracieufes ,  le  plomb  eft  pen- 
dant en  lacs  de  foie  ;  &  fi  ce  Ibnt  lettres  de  juftice  , 
&  exécutoires,  le  plomb  eft  pendant  à  une  cordelle 
de  chanvre.  Les  Jubilés  s'odroient  par  bulles.  On 
ne  facre  point  les  Evêques  qu'ils  n'aient  leurs  bulles. 
En  Efpagne   on  expédie  des  bulles  pour   toutes 


110  BUL 

fortes  de  bcncfîccs.  Mais  en  France  on  n'a  que  de  ûm-  ' 
pies  iignatures  en  papier  ,  à  la  rélerve  d:s  Evèchés , 
Abbayes ,  Di!J!;niccs  &  Prieurés  conventuels.  La  ^liZ/t: 
ell  la  troilicmc  ibrte  de  r^-Icric  Apoftolique ,  qui  eft 
le  plus  en  ulage  ,  tant  pour  les  aiFaires  de  jultice , 
que  pour  les  aftaires  de  grâce  :  elle  elt  écrite  fur  par- 
chemin ,  à  la  différence  de  la  lignaturc  qui  eft  écrite 
en  papier.  La  /'«//2  elt  proprement  une  lignature 
étendue ,  &:  ce  qu  elle  contient  en  peu  de  paroles  la 
ii://e  rétend  ;  néanmoins  elle  ne  doit  pas  être,  quoi- 
qu'etendue  ,  plus  ample  que  la  lignature  ,  li  ce  n'efl: 
pour  les  claules  qu'on  a  coutume  d'étendre  ielon  le 
ftyle.  La  hi//d,Qn  la  forme  qu'elle  doit  être  expédiée, 
fe  divifc  en  quatre  parties ,  qui  font  la  narration  du 
fait,  la  conception,  les  claules  &  la  date.  Dans  la 
fa  lutation  le  Pape  prend  la  qualité  d'Evcque  feryi- 
teur  des  fcrviteurs  de  Dieu.  N.  Epifcopiis jciynsfcr- 
voriim  Dci.  Au  doux. 

La  hilU  n'cft  proprement  que  le  fceau  &  le  plomb 
pendant  qui  donne  fon  nom  au  titre ,  parce  qu'il 
lui  donne  ion  autorité  ;  &c  généralement  tout  reicrit 
où  il  y  a  plomb  pendant  s'appelle  éiil/e.  Ce  plomb 
repréfente  d'un  côté  les  têtes  de  S.  Pierre  à  droite  , 
èc  de  S.  Paul  à  gauche  ;  de  l'autre  côté  eft  écrit  le 
nom  du  Pape  régnant,  &c  l'an  de  l'on  Pontificat.  Au- 
Boux.  Jean  Ciampini  ,  Référendaire  des  deux  fi- 
gnaturcs ,  remarque  ,  dans  fon  Traité  du  Fice-Clian- 
ce/itr  de  l'Es,lije  Romaine  ,  que  les  huiles  font  écri- 
tes d'un  caraclèrc  qui  reffemble  aux  caraélèrcs  fran- 
çois ,  c'eft-à-dire,  d'un  caraélère  rond  ou  gothique  , 
êc  que  cet  ufage  s'établit  lorfque  les  Papes  tenoient 
leur  fiége  à  Avignon-,que  les  brefs  au  contraire,  dont 
l'origine  eft  bien  après  celle  des  huiles  ,  font  écrits 
d'un  caraétère  italique. 
^fT  La  différence  eflentielle  qu'il  y  a  entre  les  huiles 
&  les  brefs  ou  autres  refcrits  apoftoliques  ,  eft  que 
ces  derniers  rfe  font  fcelles  qu'en  cire ,  avec  ce  qu'on 
appelle  Vanneau  du  pécheur  ,  ou  iimplement  lignés 
par  un  Cardinal  datairc,  ou  par  un  Secrétaire  des  brefs. 

Les  bénéfices  dont  le  revenu  excède  vingt-quatre 
ducats  ne  font  poffcdés  que  fur  des  provilions  qui 
s'expédient  par  huiles  ,  &  non  pas  par  lîmples  ligna- 
turcs  ,  fuivant  une  règle  de  la  Chancellerie.  La  France 
n'a  point  voulu  fe  foumettre  à  cette  règle ,  &  à 
l'exception  des  bénéfices  qui  font  taxés  dans  les 
livres  de  la  Chambre  Apoftolique  ,  elle  s'eft  con- 
fervée  dans  le  droit  de  n'exprimer  le  revenu  du 
bénéfice  qu'on  impétre,  qu'en  général ,  en  cette  md,- 
nlcïe.Cujus  &'  illiforfan  annexeoruni  jrjiciusi^duca- 
torum  auri  de  caméra. ,  fecundùm  communem  csjiima- 
tionem,  valorem ,  annuum  non  excédant.  Les  bénéfices 
à  l'égard  delqucls  on  eft  obligé  de  lever  à  Rome  des 
hulùsiont.  ic.Tousles  béncficcsqui  fe  trouvent  taxes 
aux  livres  de  la  Chambre  Apoftolique  ,  comme  Evè- 
chés ,  Abbayes,  quelques  Prieurés  conventuels.  2.°.  Les 
premières  dignitésdes  Eglifes  Cathédrales,qui  s'expri- 
ment ainfi,  Dignitas  poftpontificalem  major.  3°.  Les 
principales  dignités  des  Eglilés  Collégiales.  1°.  Enfin 
les  monaftères  de  filles.  Ce  n'eft'pas  que  dans  le  cas 
où  l'on  demande  des  Bulles  à  Rome,  lesfuppliques 
ou  fignatures  fimples  ne  fufîént  reçues  en  France  ; 
mais  les  Officiers  de  la  Cour  de  Rome  font  fi  at- 
rentiis,  qu'ils  ne  relâchent  jamais  les  fuppliques , 
que  les  Bulles  n'aient  été  expédiées.  Castel. 

Quand  le  Pape  eft  mort  on  n'expédie  plus  de 
Bulles  ,  duranr  la  vacance  du  fiège  jufqu'.à  l'élec- 
tion du  fuccelfeur -,  ainfi,  pour  .prévenir  les  abus 
qui  pourroient  fe  glifîer  aulfi-tôt  que  le  Pape  eft 
mort ,  le  Vice-Chancelier  de  la  fainte  Eglife  Ro- 
,  maine  va  prendre  le  fcean  des  Bulles  ,  puis  il  fair 
rompre  en  préférée  de  plufieurs  perfonnes  le  nom 
du  Pape  qui  vient  de  mourir  ;  il  couvre  d'un  linge 
le  côté  où  font  les  têtes  de  S.  Pierre  &  de  S.  Paul  ,  il 
y  met  fon  fceau  ,  &  donne  ce  fccau  des  Bulles  ainfi 
enveloppé  au  Camérier  pour  le  garder  ,  afin  qu'on 
n'en  puiife  fcellcr  aucimes  lettres.  Ordre  des  Rits 
Ecoles. 

On  dcrivç  ce  mot  Bulle  de  hullare  ,  qui  fi- 
gnific  cacheter  des  lettres;  ou  de  huila,  qui  fignifie 


BUL 


aiilfî  ampoulle  ,  ou  veilie  qui  le  forme  fur  l'eau 
quand  l'air  en  v.ur  fjriir.  Un  vieux  glolfaire  ma- 
nufcrit  cité  par  le  P.  Rofwcid  ,  p.  1019  ,  dit  BulU 
cerà jigillatie.  Bulles,  c'elt-à-dire ,  cires  marquées 
d'un  fccau ,  &  hullare  ,Jigillare  ,  bulier ,  c'eft  fcel- 
lcr. Les  Grecs  recens  ont  auili  dit  p»AAa  ,  îk  /Soî-AAi^t,,, 
6;  /S»>,o,îj,.  Voye^  le  Gloifaire  qui  eft  à  la  tête  de 
Nicétas  de  l'édition  du  Louvre.  D'autres  le  dérivent 
du  grec  /3»a«,  qui  fignifie,  ccnj'eil ,  parce  qu'il  faut 
délibérer  avant  que  d'en  donner  les  expéditions.  Le  P. 
Pezron  prétend  qu'il  cil:  tiré  du  Celte  buill,  &c  bul,  qui 
lignifie  une  boiUe  ,  une  houteille  ronde  qui  fe  forme 
fur  l'eau;  mais  où  a-t-il  trouve  que  huil ,  ou  hul , 
fut  un  mot  celtique  qui  eut  ce  »fens  ? 

La  Bulle  in  Cœna  Dumini  ,  eft  une  Bulle  qu'on 
lit  tous  les  ans  le  Jeudi-Saint  .à  Rome  en  prefence 
du  Pape  ,  &C  qui  contient  plufieurs  excommunica- 
tions contre  les  Hérétiques,  les  déibbclifans  au  S. 
Siège,  ceux  qui  troublent,  ou  qui  veulent  reftreindre 
la  Juridiction  Eccléfiaftique  ,  &  plufieurs  cas  rc- 
fervés.  On  la  trouve  dans  la  Pratique  Bénéficiaire 
de  Rebuîfe.  Elle  n'eft  pas  reçue  en  France.  Le  Con- 
cile de  Tours,  en  15 10  déclara  cette  Bulle  infou- 
tenable  ,  en  ce  qui  concerne  les  droits  du  Roi  Se 
les  libertés  de  l'Eglife  Gallicane.  En  1580  quel- 
ques Evêques  ,  pendant  le  temps  des  vacations  , 
tachèrent  de  faire  recevoir  dans  leurs  Diocèfes  la 
Bulle  in  Cœnâ  Domini  ,  laquelle  excommunie  en- 
tre-autres les  iVîagiftrats  ,  les  Confeillers  &  Pro- 
cureurs-Généraux, qui  maintiennent  la  juridiction 
des  Princes  ,  contre  celle  des  Eccléliaftiques.  Le 
Procureur  -  Général  s'en  étant  plaint,  le  Parlement 
ordonna  que  tous  les  Archevêques  &  Evêques  qui 
auroient  reçu  cette  Bulle ,  &  ne  l'auroient  pas  pu- 
bliée ,  euifent  à  envoyer  à  la  Cour  \  que  ceux  qui 
l'auroient  tait  publier  flilfent  ajournés  ,  &  cepen- 
dant leur  revenu  faifi  ;  &  que  quiconque  s'oppo- 
feroit  à  cet  arrêt ,  fut  réputé  rébelle  &  criminel 
de  lèze-majcfté. 

Fulminer  des  Bulles  ,  c'eft  en  faire  la  publication 
ou  vérification  par  l'un  des  trois  Commhîaires  aux- 
quels elles  font  adreilees ,  foit  qu'il  foit  Evêque ,  foit 
qu'il  foit  Officiai.  On  s'oppofe  quelquefois  à  la  pu- 
blication des  Bulles ,  ou  des  Refcrits  du  Pape.  Mais 
quand  il  s'y  trouve  de  l'abus ,  l'on  a  pour  lui  le 
rcfped  de  n'appeler  pas  direélement  de  la  concelfion 
de  la  Bulle  ;  on  interjette  fimplement  appel  comme 
d'abus  de  l'exécution  ou  fulmination  de  la  Bulle. 
C'eft  un  expédient  pour  ne  point  choquer  le  Pape  , 
en  ne  fe  peignant  que  de  la  procédure ,  &:  de  la 
partie  qui  a  obtenu  la  Bulle.  Cependant  il  y  a  des 
cas  importans ,  dans  lefquels  on  appeleroit  fans  dé- 
tour comme  d'abus  de  la  Bulle  du  Pape;  par  exemple 
s'il  prononçoit  l'excommunication  contre  la  per- 
fonne  du  Roi  ;  s'il  entreprenoit  fur  le  temporel 
du  Royaume  ;  s'il  difpofoit  des  bénéfices  dont  la  no- 
mination appartient  au  Roi  par  le  Concordat ,  &c. 
Voyez  le  Traité  de  l'ahus  par  Fevret. 

Les  Bulles  qui  viennent  de  Rome  en  France  font 
limitées  &  modérées  félon  les  ufages  du  Royaume , 
avant  que  de  les  enregiftrer.  On  n'y  en  reçoit  au- 
cunes, qu'après  avoir  bien  examiné  fi  elles  ne  con- 
tiennent rien  qui  foit  contraire  aux  libertés  de  l'E- 
glife Gallicane.  Il  fuffit  en  France  que  ces  mots  ,pro- 
prio  motu  ,  c'eft-à-dire,  de  notre  propre  mouvement , 
fe  trouvent  dans  une  Bulle ,  pour  la  rejeter  toute  en- 
tière. Les  Efpagnols  ne  reçoivent  point  non  plus 
aveuglément  les  Bulles  des  Papes.  Elles  font  exami- 
nées dans  le  Confeil  du  Roi  ;  &  fi  l'on  trouve  qu'il  y 
ait  des  raifons  pour  ne  les  pas  mettre  en  exécution  , 
l'on  en  donne  avis  au  S.  Père  par  une  Supplique; 
&  par  ce  moyen  ces  Bulles  demeurent  fans  effet. 
Cette  maniète  d'agir  avec  Rome  eft  établie  dans 
la  pluparr  des  Etats  &  des  Royaumes.  On  en  trouve 
plufieurs  exemples  dans  un  livre  imprimé  à  Liège  , 
qui  a  pour  titre  ,  Jus  Belgarum  circa  Bullarum  Pon- 
tijicialium  receptionem,  c'eft-à-dire ,  le  droit  des  Fla- 
mans  à  l'ér^ard  de  la  réception  des  Bulles  du  Pape. 

Les  BoUandiftes  ont  fait  plufieurs  remarques  eu- 


B  U  L 


Y'utifes  fur  les  Bulles  des  Papes  dans  leur  Propilœiim 
du  mois  de  Mai ,  &  dans  dos  Parallpomena ,  ou  ad- 
dirions  qui  ie  trouvent  ccmnumément  à  k  fin  du 
l^ll^  Tome  des  Acîj-  SS.  du  même  mois.  i".  Inno- 
cent V  ,  dans  une  Bulle ,  qu'il  donna  auffi-tôt  qu'il 
fut  élu  ,  &  avant  ia  confceration  ,  ne  met  point  fon 
nom,  mais  feulement  EleSiis  Epijcopus  ,  fermas 
fervorurrt  Dei ,  &c  il  dit  que  c'cft  la  coutum:^  & 
'  que  tous  fes  prédccelîeurs  en  ont  ainfi  ufé,  z°.  Dans 
une  Bulle  que  Martin  V^  donna  le  jour  même 
de  fon  éledion,  quoiqu'il  ne  fût  encore  ni  Evêque, 
ni  même  Prêtre ,  il  prend  le  titre  d'Evêq'uc ,  mais 
fcul ,  &  fans  mettre  elechis ,  comme  Innocent  V  ,  & 
il  met  fon  nom.  JS'Lirtinus  Epijcopus  ,  fervus  J'er- 
vorurn  Dei.  5^.  Depuis  800  ans  le  fceau  des  Bulles 
çfl:  de  plomb  ,  &:  veprcfente  S.  Pierre  &  S.  Paul ,  & 
ils  montrent  qu'on  n'en  peut  tirer  aucun  avantage 
pour  l'opinion  des  deux  chefs  ex  aquo^  Ce  n'eil: 
point  Adrien  IV ,  qui  en  i  ï  5  5  a  commence  d'y  mettre 
les  images  de  ces  deux  Apôtres.  Vidtorellus  a  cru  que 
Jean  premier  écoit  celui  qiii  avoir  commencé  à  ap- 
pofer  2inyi  Bulles  un  fceau  de  plomb  ,  fur  lequel  lut 
fon  nom.  Le  P.  Mabillon  n'n  ofé  remonter  plus  haut 
que  Jean  IV.  Les  Bollandiftes  fo'utiennent  que  fi  on 
compare  l'es  deux'  iceaus ,  fur  Icfquels  Victorellus 
fe  fonde  avec  les  Bulles  indubitables  d'Adrien  I  , 
de  Pafchal  I,  de  Nicolas  I ,  on  ttouvera  que  ces 
fceaux  fonr  du  même  (îècle ,  c'eft-à-dire  ,  du  IX% 
&  par  confcquent  de  Jean  VHP.  4°.  Au  VIIF  lîccle 
le  fceau  fur  carré,  &  ion  caradlcre  barbare,  jf".  Le 
P.  Mabillon  ,  De  Rediplotn.  L  ,  Il ,  C,  14  ,  dit  qu'il 
a  vu  des  privilèges  de  Jean  IV ,  &  de  Segius  I , 
avec  chacun  une  Bulle  ,  ou  fceau  de  plomb  ,"  ce  qui 
montre,  félon  lui,  que  Polydorc  Virgile  s'ell  trompé , 
de  rapporter  le  commencement  de  cet  uiage  à 
Etienne  IIP  &  Adrien  P  .  Domitius  Raynaldus  pié- 
tend  qu'il  eft  bien  plus  anciea,  &  cite  une  Bulle 
de  plomb  de  S.  Silveftie ,  &<:  d'autres  de  Léon  I  , 
&  de  S,  Grégoire  le  Grand  ;  mais  quand  cela  le- 
roit  vrai  de  S.  Grégoire  ,  il  ne  peut  i'êtte  de  S. 
Silveftte  ,  ni  même  de  S.  Léon.  6°.  Jufqu'à  Jean 
XIIP  ,  il  n'y  a  fur  la  Bulle  ,  ou  fur  le  fceau  ,  que  le 
nom  du  Pape.  7°.  Dans  le  XP  ficcle  on  y  innova 
bien  des  chofes.  On  commença  à  y  marquer  rannce 
de  l'Incarnation;  &  iélon  le  P.  Mabillon,  ce  fut  Léon 
3X'  qui  introduiiit  cet  ufage  ,  parce  qu'il  étoit  de  la 
lamille  des  Empercuts  de  Germanie  qui  l'obfer- 
voienr  ;  qu'il  avoir  été  EvêqUe  de  Toul-on  où  cet 
ufage  fe  gardoit,  &  qu'il. avoir  pour  Secrétaite  le 
Doyen  de  Toul  qui  y  étoit  accoutumé  v  Ciaconius  a 
cru  qu'on  n'avoir  commencé  que  Ibus  Eugène  IV. 
Au  telle  ,  par  année  de  l'hicarncidon  ,  il  faur  en- 
tendre de  la  Nativité  de  Jéfas-Chrift.  On  changea 
aufll  le  commencemcnr  de  l'inditfîfion  &  du  mois 
de  feptembrc  ,  on  le  recula  )ufqu\à  Noël.  8".  Au 
même  liècle  ,  ou  fous  le  même  Léon  IX"^  ,  com- 
mença l'ufage  de  faire  foufcrirc  des  rémoins  aux  Bul 
Les  des  Papes  \  ce  qui  ne  iç  faifoit  auparavant  que  lorf- 
que  ces  fortes  de  lettres  fe  fignoienr  dans  un  Concile, 
&:  qui  commença  alors  à  l'occaiion  d'un  Concile  tenu 
à  Metz  ,  où  quelques  Evêques  du  Concile  étoienr 
encore  ,  quand  Léon  donna  le  privilège  où  cela  s'eft 
fait  la  première  fois.  9°.  Le  même  Pape  eft  celui 
qui  exprima  le  premier  par  un  monogrammic  la 
formule  Bene  valete  ,  par  laquelle  on  fîniffoitles 
Bulles,  au  moins  depuis  Charlemagne.  lo^.  Enfin", 
ce  fur  au  même  temps  que  les  Papes  commencèrent  à 
prendre  des  fentences ,  à  les  mettre  fur  leur  fceau , 
à  y  graver  des  croix  ^  &  pluficurs  aurres  chofes  cm - 
blématiques.  /^^ovf{;  Ciaconius ,  le  P.  Mabillon  aurc 
endroits  cités ,  &les  jicla  San'âor.  Propylœum  Mail , 
p.  99  &  190  &  Parapolim.  pas;.  55  ,  48,  59  ,  87  ^ 
105,  1 1  i.  De  Hauteferre ,  De  Duc.  &  Comit.  Prov, 
L  ylll ,  C.  4  ,  dir  que  les  Papes  fe  fervent  diuic 
Bulle  ou  fceau  de  plomb  pour  marquer  leur  mcpiis 
pour  l'or  &  l'argenr. 
Bulle  d'or  ,  eft  une  ordonnance  ou  règlement  fait 
par  Charles  IV,  Empereur  en  l'an  U51Î.  On  dit 
q\xz  ce  fut  le  célèbre  Jurifconfulte  Bartole  qui  la 


:.  ,    ,    ,    B  'U  L    ..   ,  .  .ni 

dredà.  C'cft  une  loi  fondamentale  dans  l'Empire* 
Avant  ce  temps-là  les  cérémonies,  &:  la  fonne  de 
l'cleclion  ^les  Empereurs  ctcienr  douteufcs  &  incer- 
taines ;  &  le  .nombre  des .  Eledeiirs  ji'étcit  pci'nt 
fixé.  Cet  Edit  folennei  règle  Içs  fbndticns ,  les  droits , 
les  privilèges,  &  les  prééminences  des  LlcLteurs! 
L'original,  qui  eft  latin,  6c  écrit  llir  du  vélin,  eft 
gardé  à  Francfcrr ,  relié  m-40.  en  parchemin  rouge. 
Au  dos  du  livre  font  palfés  plufieurs  lacs  de  foie 
noire  &  jaune,  au  bour  defquels  pend  un  Iceau  d'or. 
On  l'appelle  par  excellence  Bulle  d'or  ,  parce  que  les 
Empereurs  d'Orient  Irailbient  autrefois  fceller  leurs 
Edits  àiin  fceau  d'or  ^  qujon  appeloit.^/^/A'.  Cette 
ordonnance,  qui  contient,  50  articles,  fut  approu- 
vée par  tous  les  Princes  de  l'Empire ,  6c  s'obferve 
encore  aujourd'hui.  .L'éledlion  fe  faifoit  par  fept 
Eleèleurs  ;  trois  Eccléiiaftiques  , .  les  A.rchcvêques 
dcMaience,  Trèyes  6ç  Cologrie  v  Se  quarre  Sécu- 
liers ,  le  Roi  de  Bohème  ,  le  Comte  Patatjn  ,  Is,  Duc 
de  Saxe  ,  le-  Marquis  de  Brandebourg  -,  &  pVr  la 
Bulle  d'or ,  le  Comre  Palatin  marchoit  après  le  Roi 
de  Bohème  ;  mais  il  fut  dépouillé  de  fon  Eleètorat 
en  161X,.  Le  Duc  de  Bavière  fut  mis  en  fa  place. 
Le  Comre  Palatin  a  été  rérabli  en  i<?4S  ,'  par  la 
paixde:Munftcr  :  ainfi  il  eft  :1e  huitième  Eleclieurj 
&  en  ï6ç)z  ,  l'on  a  érigé  un  neuvième  Eleiftorat 
en  faveur  de  la  Maifon  de  Lunebourg.  Hem4 
Gunrher  Thulemarius  a  fait  des  traités ,  De  Bullis  ; 
De  Bulla  Jured.  Caroli  V,  Bulld  Andronici  Imper, 
Sec.  C'eft  un  in~fol.  imprimé  à  Francfort  en  i6çfj. 
Les  Bulles  d'or  ont  été  .en  uiage  chez  les  Em- 
pereurs .d'Orient  dès  le  temps  de  Louis  le  Débon- 
naire :  en  s'en  fervoic  dans  les  aéles  de  grande  con- 
féqiTence ,  comme  en  la  conceiHon  des  privilèges 
des  Eglifes.  Aux  aurres  occafipns  ils  fe  fervoient\le 
plomb ,  ou  de  cire  f^oyei  fur  les  Bulles  d'or  des 
Empereurs ,  Zonaras  in  TAeopliilo ,  Ccàteniis  in  Con- 
lianiino  Monomach,  Nicetas  in  Manuel,  Comn.  L  , 
7 ,  Phrances ,  Z  ,  111,  C,  Léo  Oftienlîs  Chron.  Caf.. 
C.  i±  &  C.  6j.  Cmopzïztes  de  .Offic.  magniLogotk. 
&  de  Hauteferre ,  Dud.  &  Com.  Prov.  L.  ^  ,  C ,  ^ 
&  dans  fes  notes  fut  Anaftafe ,  p.  kï'o  ,  Spelmanus 
fait  mention  d'une  Bulle  d'or  dans  un  traité  d'al- 
liance ftiit  entre  le  Roi  François  I,  &  Henri  VIÏI  ^ 
Roi  d'Anglererre.  H  y  en  a  plufieurs  aurres  exemples 
dans  Du  Cange  &  dans  de  Haurelcrre ,  De  Duc.  & 
Comt.  Prov.  L.  m,  C,  4,  où  il  moTirre  que  les  Rois 
fe  donnèrent  auiTi  ce  droit. 

Bulle.  Teirae  de  phyfiquçi  Les. Phyfîciens  fe. fervent 
de  ce' nom  pont  exprhiier  ces'petits  globules,  ces 
petites  bouteilles  pleines  d'air  qui  le"  forment  fur 
Teau.  Bull.t..Y oyez  au  mot  Bouteilles  d'eau  la 
formation  de  ces  Bulles.  On  attribue  la  conforma- 
tipn  de  la  pierre  ponce  fpumeuiê ,  qui  paxoîr  com- 
poice  de  brins  de  verre  qui  'a  rend  traniparenre  & 
friable ,  aux  luilhs  de  l'écuriae  de  la  m.er  ,  donc 
la  luperficie  compolée  de  parricules  falines  le  coa--„ 
gule,  ie  criftallile  dans  les  cavernes- où  ces  hdles 
i'onr  poufices  par  les  vents.  Dans  le  niveau  d'air 
il  y  a  rme  huile-  qui  détermine  le  niveau.  Ce  ni- 
veau eft  un  tube  de  verre  rempli  d'eau  ,  à  la  rc- 
ferve  d'une  petite  portion  qui  produit  la  huile.  Cette 
bulle  eft  extraordinairement  mobile  :  Se  lorfque  le 
niveaucft  couché  horizonralemcnt ,  &  qu'elle  s'arrête 
juftemcnt  au  milieu ,  on  peur  dire  que  cer  inftru- 
mcnt  donne  un  niveau  dans  fa  jufte  précifion.  Les 
.  enfans    s'amufent    à   faire    des    huiles    de    favom 

Bulle  ,  a  aufTi  fignifié  des  doux  à  tête  dorée,  &  dç.i 
bcffettes  qu'on  merroit  aux  brides  &  harnois  des 
chevaux-,  mais  fur-tour  il  fignifioir  les  fceaux  atta- 
chés aux  patentes  &  lettres  des  Princes ,  &  les  ma- 
trices dont  on  fe  fervoit  pour  les  former  ,  à  caufe 
cju'ils  reifembloienr  en  quelque  façon  à  ces  bou- 
teilles, ou  à  ces  têtes  de  doux. 

Bulle  ,  Vieux  mot.  Arbre  naiilantdans  les  lieux  humi- 
des. Arborpaluflris  ,in  locis palujlribus fuccrefcens. 
Des  bulles,  qui  font'des  arbres  naiffans  dans  des  lieux 
humides ,  s'eft  fait  le  nom  de  lieu  Bully,  Hvet  Antig, 
de  Cam, 


HZ  B  U  L 

BÛLLÉ  ,  EE,  adj.  Q-ii  elt  en  t'ocmc  authentique.  BulLi 
injlrucius.  j'ai  eu  ma  commUlion  bieniignie'&:  bien 
hiillie.  On  dit  aulîi  quelquefois ,  un  bcnclice  bulle  , 
une  Abbaye  bulUî  ;  pour  dire  ,  un  bénéfice  conli- 
ftorial ,  pour  lequel  il  iraut  des  Bulles  du  Pape.  On 
•  dit  aufli ,  Abbé  bulle ,  pour  un  Abbé  qui  a  un  bé- 
néfice de  cette  elpèce.  On  dit  ,  M.  l'Abbé  tel  n'eft 
point  encore  bulli  ;  pour  dire  ,  n'a  point  encore 
reçu  ies  bulles.  On  ne  le  dit  que  dans  la  converia- 
tion  &  dans  le  difcours  familier. 

^fT  BULLES  ,  petite  ville  de  France  ,  eh  Beauvoilis , 
fur  la  Brede  -,  à  trois  lieues  de  Beauvais. 

BULLETTE,  ou   BULETTE.^f.  f.  Terme  de  coutu- 
mes. Le  droit  de  hilLta  ,  on  burletce  ,  dans  le  pays 
Meiîin  ,  pour  les  biens  en  fonds ,  eft  le  quarantième 
denier  des  acquilitions ,  &  pareillement  le  quaran- 
.  tième  denier  des  obligations.  De  Laurij.ri;. 

BULLETIN,  f.  m.  Ordre  que  donnent  des  Echevins 
ou  Magiffcrats  d'une  ville  pour  loger  des  foldats, 
pour  faire  des  coîvées ,  ou  les  obliger  à  quelque 
autre  charge  publique.  Schedula-  Magijlraiàs  lejïi- 
motiiuin    contincns. 

Bulletin  ,  fe  dit  aulH  des  certificats  de  fancé  qu'on 
va  prendre  des  Magiftrats  en  temps  de  pel^e  ,  pour 
avoir  libre,  entrée  dans  les  lieux  où  l'on  a  à  palier. 

^fT  Bulletin  ,  fe  dit  encore  du  fuffrage  donné  par 
écrit.  Il  n'a  guère  d'ufage  qu'en  parlant  des  futîrages 
donnés  de  la  forte  pour  l'élcélion  d'un  Pape.  Les 
Cardinaux  portent  les  bulletins  dans  le  calice. 

0Cr  On  appelle  encore  bulletin  y  un  billet  par  lequel 
on  rend  compte  chaque  joiir  de  l'état  aéluet  d'une 
affaire  intérclfante,' d'une  maladie, i-c.  Le  bulletin  de 
l'armée. 

tfF  Bulletin  ,■  dans  le  commerce  ,  eft  au'ffi  un  nom 
qu'on  a  donné  aux  billets  que  ceux  qui  avoicnt 
des  comptes  ouverts  dans  les  livres  de  la  banque 
royale  de  France  ,•  dévoient  envoyer  ou  porter  aux 
teneurs  de  livres  pour  s'y  faire  ou  créditer  y  ou 
débiter.  Encycl. 

Bulletin.  C'eft  ,  en  termes  de  Finances  ,  le  billet 
que  l'on  donne  pour  fcrvir  de  preuve  qu'on  a  payé 
ies  droits  d'entrée  &  de  fortie.  Dict.  des  Finances. 

Bulletins.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  aux  Cordeliers 
réformés  dans  le  temps  de  leur  réforme  en  1491. 
Les  Cordeliers  bulletins  ou  de  la  Bulle  ,  dit  M. 
Huet ,  fous  prétexte  d'une  plus  grande  réforme  , 
ayant  voulu  fe  rendre  maîtres  du  Couvent  de  la 
ville  de  Caën ,  les  Religieux  qui  riiabitoieat ,  les 
en  empêchèrent. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Marine  ,  bulktin  ,  un 
petit  livret  qu'on  donne  aux  gens  de  mer ,  lorfqu'ils 
font:  enregiftrés  au  Bureau  des  Claiîes  de  la  Marine  , 
lequel  contient  leurs  qualités  ,  leufs  fignalemens  , 
leurs  .âges ,  6c  le  lieu  de  leur  naiflànce. 

BULLIARDE.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Aftronômes 
donnent  à  une  des  taches  de  la  lune  ,  qui  eft  la 
14'=  du  catalogue  qu'en  a  fait  le  P.  Riccioli.  Bul- 
iialdus.  C'tiit  le  nom  du  célèbre  Ifmaël  Bouiilard 
qu'on  a  donné  à  cette  tache. 

^  BULLINBROOK.  Ville  &  Comté  d'Angleterre  , 
dans  la  province  de  Lincoln, 

BULLISTE.  Nom  d'une  Congrégation  de  Religieux  de 
l'Ordre  de  faint  François  ,  appelés  plus  commncment 
Obfervans.  Bulli /ta.  Les  Bullifies  ,  c'eft-à-dire  ,  les. 
Obfervans  ,  car  on  les  appeloit  ainù  en  quelques 
lieux.  P.  Helyot  ,  T.  Fil ,  p.  10;.  Sans  doute  qu'on 
leur  donna  ce  nom  à  i'occaiion  de  la  Bulle  de  Léon 
X  ,  du  I  Juin  1 5 17  »  qui  fit  ceifer  les  troubles  dans 
l'Ordre  de  S.  François ,  &:  remit  la  paix  &  la  tran- 
quillité entre  les  Obfervans  &  les  Conventuels. 

|13°  BULLOITES,  (les)  peuples  d'Afie,  dans  les  Etats  du 
Moçol , -probablement  les  mêmes  que  les  Bulloques. 

^  BULLOQUES  ,  ou  BALLUCHES  (les)  peuples 
d'Afic  ,  partie  dans  la  Perfe  ,  partie  dans  l'Indou- 
ftan  ,  dans  les  provinces  de  Méeran  ,  de  Ségeftan  , 
de  Buckor  &  de  Moultan.  Comme  ils  font  peu 
connus  ,  quelques  Auteurs  les  ont  tait  pafler  pour 
des  Géans  &;  des  Antropophages. 


B  tr  L 


IfT  BULLOS ,  ou  BOL.  Petit:  ville  de  Suiile  ,  aa 
Canton  de  Fribourg ,  dans  le  Bailliage-  du  même  nom. 

BULTEAU.  f  m.  Termes  d'Eaux. &;  Forêts.  Arbre  en 
boule.  Mettre  des  arbres  en  bulteau  ,  ou  tctars , 
c'cft-à-dire  ,  couper  la  tête  des  arbres.  Conf,  de 
rOrd.  des  Eaux  &  Forêts. 

ËULUK  BACHI.  1".  m.  Terme  de  relation,  qui  fi- 
gnific  clief  de  troupe.  Prœfeaus  turmiz ,  tricena- 
rius.  Les  Azamoglar.s  font  ordinairement  25  ou  50 
dans  une  chambre  ,  commandés  par  un  Buluk  Ba- 
chi ,  c'eft-à-dire  , chef  de  troupe. Du  Loir,  p.  100. 
Voye^  BosTAMGi  ,  car  les  Buluk  Bachis  font  aufli 
Commandans  des  Boftangis ,  fous  le  Boftangi  Ba- 
chi.  Le  Buluk  Bachi  accompagne  ordinairement 
partout  les  Azamoglans.  Son  bonnet  eft  blanc  Sc 
pointu  comme  ceux  des  Adgiamis  Oglaris  qui  en 
ont  de  jaunes,  &:  la  principale  marque  de  la  charge 
eft  la  canne  qu'il  porte  toujours  à  la  main  ,  pour 
châtier  fur  le  champ  ceux  qui  feroient  quelque  in- 
folence.  Du  Loir, /^.  ici. 

B  U  M. 

BUMICILI.  f.  m.  Nom  d'une  fc*!l:e  Mahométane  en 
Afrique.  Les  BumicUis  font  grands  forcicrs.  Ils  com- 
battent contre  les  Diables ,  à  ce  qu'ils  difent  6i  Vont 
tout  meurtris  &;  couverts  de  coups  ,  dans  un  grand 
effroi",  fouvcnt  en  plein  midi  ils  contrefont  un  com- 
bat en  préfcnce  de  tout  le  monde  l'cfpace  de  deux 
ou  trois  l>eures ,  avec  des'  javelots  ,  ou  zagaics  , 
jufqu  à  ce  qu'ils  tombent  tous  moulus  de  coups.  Mais 
après  s'être  tépofés  un  moment,  ils  reprennent  leurs 
ciprits,  &  fe  promènent.  Je"  n'ai  encore  pu  favoir 
quelle  eft  leur  règles  mais.,on  les  tient  pour  Reli- 
gieux. Marm.  d'Ablanc.  Ce  font  des  fous  dignes 
des  petites  maifons. 

B  U  N. 

BUNETTE.  f.f.  Petit  oifeau.  C'eft  uneefpècede  moi- 
neau de  haie  ,  d'un  plumage  gris ,  moins  gros  que 
la  fauvette  ,  mais  plus  gros  que  le  roitelet.  Il  faic 
fon  nid  dans  l'es  haies ,  foit  vives ,  foit  mortes ,  avec 
un  peu  d'herbe  féche,  de  la  mouffe  verte,  &  du 
crin  en  dedans .  à  la  hauteur  de  la  ceinture ,  ou  tout 
aiT  plus  des  épaules  d\in  homme  d'une  raille  ordi- 
naire. Obferv.  fur  les  Ecr.  mod. 

ifT  BUNGO.  Royaume  du  Japon  ,  un  des  plus  confi- 
dérables  de  l'île  deXimo.  lia  celui  de  Bugen  ou 
Buygen  au  nosd  -,  celui  de  Fingo  au  fud  -,  le  Figen 
à  l'oucft  -,  &  a  l'eft  ,  le  bras  de  mer  qui  fépare  l'île 
de  Ximo  d'avec  celle  de  Xicoco.  Capitale  Fuched 
ou  Funay  &:  non  Bungo. 

BUNIAS.  f.  m.  Ce  mot  eften  ufage  chez  lesBotaniftes 
&:  les  Droguiftes.  Le  bunias  eft  le  navet  fauvage , 
qui  croît  "ordinairement  dans  les  blés.  Il  a  quan- 
tité de  feuilles,  des  fleurs  jaunes;  quelquefois  il  y 
en  a  quelques-unes  de  blanches.  Les  goulfes  qui  ren- 
fermenr  lafemence  font  de  la  longueur  d'un  pouce, 
ou  d'un  pouce  &  demi  ,  rondes  en  longueur^:  la  fe- 
mence  eft  ronde,  de  couleur  purpurine,  acre  & 
mordicante  au  goût,  6c  en  tout  fort  approchante 
de  la  femence  du  navet  domeftique.  La  graine  de 
bunias  entre  dans  la  compofition  delà  thériaque , 
ce  qui  lui  eft  propre,  &  ne  convient  point  à  la 
srainc  du  navet  domeftique.  Pomet. 

^  BUNTZEL.  Ville  de  Siléiîe  ,  dans  la  Principauté 
de  Javer. 

Ip-  BUNTZEL ,  ou  PUNTZEL  ,  ou  BUNZLAU. 
Nom  de  deux  Villes  voifines  en  Bohême  ,  l'ancienne 
ptès  de  Brandeis  fur  l'Elbe ,  5c  la  nouvelle  fur  la 
Gizen. 

§Cr  BUONDENO.  Nom  d'un  bourg  d'Italie,  au 
Duché  de  Fcrrarc  ,  à  l'embouchure  du  Panaro. 

g3°  BUPFIAGE.  Surnom  d-onnc  à  Hercule  ,  pour  avoir 
dévoré  un  bœuf  tout  entier  dans  un  feul  repas , 
lorfque  les  Argonautes  le  firent  fortir  de  leur  vaif- 
feau ,  dans  la  crainte  qu'il  n'épuisât  toutes  leurs 
provifions.  Ce  mot  vient  du  grec  /3*5 ,  bœuf,  ^ 
çùyuv  ,  manger. 

.  .EUPHONIES 


BUft 


B  u  p: 

EUPHONIES  f.f.  pi.  Fêtes  que  l'on  célébroit.à  A- 
thcnes  en  Hîcnneur  de  Jupiter  Polien  ,  dans  lei- 
quelies  orf  lui  iinmoloit  un  bœuf,  doù  elles  ont 
pris  leur  nom. 

BUPHTHALMUM.  f.  m.  eu  (EIL  DE  BCEUF.  Plante 
que  qiVelqucs-uiîï  appellent  Cachk,  dont  les  rejetons 
Ibnt  grêles  &  tendres ,  Sc  les  feuilles  lemblables  au 
fenouil.  Sa  fleur  efl:  jaune  ,  &  plus  grande  que  celle 
delà  Gamoiraîle.  Elle  eft  faite  en  manière  d'oeiî 
de  bœuf;  ce  qui  a  donne  le  nom  à  cette  plante  ^ 

,    du   mot  grec  tj,,  èœuf,  &  de  i'-^^AA.»  ,  csi/.  ■ 

BUPLEURUM,  f.  m.  ou  (EIL  DE  LIEVRE.  Petite 
plante  que  Pline  dit  avoir  fa  tige  d'une  coudée , 
èc  plufieufs  feuilles  fot:  longues"  IJ  ajoute  q-ae  f?. 
fcmence  eft  bonne  contre  les  plaies  que  font  les 
ferpens.  M.  de  Neuve  qui  l'appelle  Bupkitnts  ,  ou 
àiiricula  leporis ,  dit  qu'elle  efl:  toute  femblable  à 
ï'oreille  d'un  lièvre ,  d'où  elle  a  pris  fon  nom  ;  qu'elle 
efl  chaude,  féchc,  6:  lithontriptique ,  &  qu'on  ne 

;   leiert  que  de  les  feuilles  en  médecine. 

BUPRESTE,  f.  fMnlbde  ailé,  allez  femblable  aux 
Cantharides.  On  prétend  qu'elle  fait  enfler  le  bé- 
tail qui  l'avale  en  paillant  l'herbe  fous  laquelle  elle 
efl:  cachée.  Buprejtis  :  c'eih  pyuvquoi  on  lur  donne 
ordinairement  le  nom  d'erijle  t (eu f., Si  Un  homme 
en  mange  ,  if  ainrales  mêmes  accitfcns  que  s'il  avoir 
pris  des  cantharides.  Ceux  qui  en  ont  avalé  ,  on>- 
un  goût  puant  &  femblabfe  à  celui  d"i  nître  ;  le 
ventre  &  l'eftomac  leur  tirent  étrangement  comme 
aux  hydropiques.  M.  de  Saumaife  prétend  que  la 
huprejte  étoit  anHi  une  herbe  dont  les,  Grecs  fe  fai- 
foienr  un  ragoût  dans  leurs  repas.  On  fe  fért  de  la 
l'uprefie  en  médecine ,  de  même  que  des  chenilles 
qui  viennent  fur  les  pins,  excepté  qu'il  efl:  Befoin  , 
pour  conferver' ces  dernières,  de  lés  faire  rôtir  un 
peu  fur  la  cendre  chaude  dans  une  poêle.  BaV^^ç-iç. 
Ce  mot  efl;  dérivé  de  la  particule  augmentative 
^y,  &:  de  Trpuçrs,  an  incendiaire  ,  de  ?rp'L , /^r/i/^r  , 
à  caufe  que  cet  infeéte  pofTéde  une  qualité  extrê- 
mement inflammatoire.  DicT.  DE  James.  D'autres 
croient  que  ee  mot  vient  de  Ea?,  &  de  ■^p>-Ju  ,  ir.flo, 

B  U  R. 

|:T  BURABOURG.  ViUe  d'Ariemagne,  vers  les  fron- 
tières de  la  Heffe  &  de  la  Veftphalie  ,  autrefois 
épifcopale  ,  aujourd'hui  ruinée/ 

BURAIL,  f.  m.  Efpèce  de  fcrge^  ou  de  ratine.  Il  y  a 
à\iburail\\&  ,  du  burail  croifé ,  &  du  burail  d'é- 
toupes.  ' 

Burail  A  CONTRE-POIL.  f.  m.  Certe  étoffe  fe  flïît  par 
les  hauteliffeurs  de  la  Sayeteric  d'Amiens. 

§C?  BURALISTE,  Commis  prépolé  pour  recevoir  dans 
fon  bureau  le  payement  de  certains  droits. 

UCr  BURAMOS(les)  ou  les  PAPAIS.  Peuple  d'Afrique, 
dans  laNigriric,  voilîn  des  Cafangas,  au  tour  de 
la  rivière  de  San-Domingo. 

BURAT.  f.  m.  Groflé  étoffé  de  laine  qui  tient 
quelque  chofe  du  drap ,  &  dont  les  Capucins  & 
d'autres  Religieux  font  habillés,  Pannuslanâ  rudio- 
re  contextus, 

BURATE,  EE,  adj.  Qui  participe  à  la  nature  de  la 
bure.  Etamine  buratéc. 

BURATINE  ,  ou  BURATIN.  Efpèce  de  papeiine 
dont  la  chaîne  efl:  de  foie  fort  déliée  ,  &  la  traiïie 
de  groifc  laine.  On  la  paflé  fous  la  calandre. 

BURBAS,  f.  m.  Petite  monnoie  qui  fe  fabrique  à  'Al- 
ger ,  &  qui  porte  des  deux  côtés  les  armes  ou  en- 
feigncs  du  Dey.  Six  burbas  ne  valent  guère  que  la 
moitié  d'un   afpre. 

^  BURCHAIM.  Petite  ville  d'Allemagne  en  Ba- 
vière entre  Neuboura;  &  Insîolftadr. 

IP"  BURCHAUSEN.  Ville  d'Allemagne  dans  la  baffe 
Bavière,  fur  la  rivière  de  Saltz. 

^  BURCZLAND.  Petit  pays  de  la  Tranfilvanie , 
Tom^  IL 


anx  environs  de  Biaffaa ,  aux  confins  dt  la  Vali- 
i:hï<t  &  de  la  Moldavie.  ,    . 

ffT  BURD.  Petite  rivière  qui  a  fa  fource  àii  àeflus 
de  Pont-Btocard  ,  en  baflé  Normandie  ,  traverfe  le 
Cotentin  ,  Se  fe  jette  dans  la  mer  au  deifous'^de 
Coutance.  •  ... 

r?  BURDUGON.  Petite  ville  de  la  Morée ,  fur  le 

VafiUpotamc. 
BURDIN.  Foyei  Buridan, 

BURDINAIRE,  f.  m.  Burdinaritii.  C'eft  le  nom  que 
Raimond  ,  Comte  de  Touîoufe  ,  donna  aux  Croifés 
qui  marchercnK  contre  lai  après  qu'il  eut  été  ex- 
communié comme  hérétique  Albigeois.  Ils  fc  nom- 
moient  Pèlerins,  d'où  le  Touloufain  les  appcloic 
par  raillerie  Burdinaircs.  MÉz.  du  nom  latin  buydo  , 
le  bourdon  d'un  Pèlerin. 

BURE.  f.  f.  Etoffe  groinère  &  de  peu  de  prix  .  faite  de 
laine,  dont  fe  vêtent  les  pauvres  gens.  Les  chagrins 
&  les  douleurs  fe  trouvent  plus  fouvcnt  fous  lafoye. 
que  fous  h  b/ue,  Burnis ,  burnu  D'autres,  le  déri- 
vent àz  bourre  ,  &  du  grec  T^ôifa,  &  du.  latin  birrus 
çuburrus,  qui  fignifient  roux  ,  comme  il  efl:  é- 
ciit  dans  le  Code  Théodolien  ,,  parce  que  la  bure 
efl:  ordinairement  de  cette  couleur.  Les  Anciens 
fe  iont  fervis  Je  ce  mot  pour  lignifier  plulîeurs  for- 
tes d'habits.  Quelquefois  ils  Vcn  fervoient  pour 
dire  un  habit  riche  &  magnifique,  Ainli  Baronius 
'  dit  que  burrus  étoit  Faucien  habit  des-  Evêqucs , 
que  quelques-uns  croient  être  la  même  chofe  que 
le  rocket.  Quelquefois  il  a  lignifié  un  habit  vil  84, 
grodier ,  fait  de  ce  que  nous  appelons  bureau  , 
&  les  Bretons  burell.  On  trouve  bureUum  en  ce 
fens  dans' fa  vie  de  S.  Yves ,  qui  eft  tirée  des  Adles 
faits  au  XIIP  liècle.  Peut-être  aulli  que  ce  mot  cfï 
venu  de  la  couleur  de  l'étoffe  \  car  Feilus  témoigne 
que  les  Anciens  appeloient  burrus  ,  ce  que  l'on 
appela  depuis  ri,ifus,  roux,  brun  -,  &  Valère-Maximc 
dit  que  c'eft  dans  cette  figni-fication  que  tant  de 
,  feinn^s  ont  porré  le  fuiaom  de  burrd. 

Bure,  Bura.  Ville  d'Achaïe ,  où,  dans  un  antre  y 
éroit  une  petite  ftatue  d'Hercule  ,•  &  où'  ce  Dieu 
«cndoit  des  Oracles,  non  pas  de  vive  voix,  ni  par 
le  miniftèredes  prêtres,  comme  cela  fe  pratiquoit 
ailleurs,  mais  par  le  moyen  des  olfeiets  ou  dés 
que  les  confultans  jetoient  fuï  une  table,- On  faifoit 
d'abord  des  prières  à  Hercule ,  puis  on  jetoit ,  fur 
une  tahlc  quatre  oHèlets  ou  dés ,  fur  lefquels  étoient 
graves  plulicurs  caractères.  On  cherchoit  dans  le 
livre  des  prédidfions  le  point  qui  répondoii  a  celui 
qu'on  avoir  atnené,  &  la  prédijTtion  qui  y  étoit  jointe  ^ 
étoit  prife  pour  celle  du  Dieu.  (  Paufan.  Achaïc. 
<:•  i)5  ) 
■  ^  Bure.  f.  £  On  appelle  ainfi  le  puits  des  mines  , 
qui  defcend  de  la  furface  de  la  terre'  dans  fon  in- 
térieur. AcAD.  Fr.  On  en  fait  ordinaireirvent  deux 
a  la  fois  :  l'un  pour  l'établiflément  des  pompes  à 
épuifement  i  l'autre  pour  remonter  les  nuarières  & 
donner  de  l'air. 

Les   Encyclopédiftes  font  ce   mot  mafcuHn    & 
féminin. 

BUREAU,  f.  m;  Grofle  étofl'e  faite  de  laine  :  c'eft  la 
môme  chofe  que  la  bure ,  linon  que  c'efl?  un  drap 
plus   fort. 

El  qui  n'étant  vêtu  que  dejimple  bureau ,     . 

Pajje  l'été  fans  linge,  6'  l'hiver  J'ans  manteau.  Boii, 

Bureau,  eft  au01  une  efpèce  de  petit  pupitre  eouvert 
de  bure  verte ,  que  les  Préfidens  ont  devant  eux 
pour  y  écrire  ce  qu'ils  veulent  remarquer  d'un  pro- 
cès qu'on  leur  rapporre.  Stragulus,  menj'ce  tapes. 

C'eft  aulfi  la  table  fur  laquelle  le  Rapporteur  mec 
les  pièces  d'un  procès  qu'il  rapporte,  Menfa.  Et  c'eft 
en  ce  fcîis  qu'on  dit  qu'il  eft  au  bureau,  qu'il  a 
mis  un  procès  fur  le  bureau  ;  qu'il  lui  a  fait  baifer 
le  bureau.  ;  pour  dire  i  qu'il  en  a  entamé  le  rapport. 

Bureau  ,  lignifie  aulT!  quelquefois  Juridiélicn.  Le 
Doyen  du  Confeil  a  droit  d'avoir  un  èureau  chez  lui- 


114  BUI^ 

Jus  co<rendi  concilii.  On  y  rapporte  les  affeires  qui 


BU  R 


y  (ont  renvoyées  par  le  Conleil 
BuK-EAU  EcciÉsiASTiQ.uE,  OU  DiocÉsAii?,  eftuneal 
femblcc  de  perfonnes  Ecclélialtiques ,  qui  font  char 
ffèes  de  taire  dans  chaque  Diocùlb  la  répartition 
fur  chaque  bénéfice  du  Dioccfe  ,   de  ce  que  railcm- 
blée  du  Clergé  a  recèle  qu'on  levcroit  pour  les  de- 
cmies  &  dons  gratuits  :  cette  aUcmblee  termine  les 
différents  qu'il    y  a  au  lujet    des  décimes  &  autres 
impofitions  du   Clergé.  Il  y  a  appel  aux  chambres 
Eccléliaftiqaes,  quand  la  fomme  dont  il  sa^it  elt 
audefllis  de  vingt  livres.  Ecclefiujtica  fubfidiorum 
Cuna  ,  Rerum  ad  décimas  &  Ecclejiajtica  fubjidia 
pertincmlum  priml  cognitons.    Les  ^f^reaiix  dio- 
célains  l'ont  ordinairement  compotes  de  l' Archevê- 
que ,  ou  Evcquc ,  d'un  député  du  Chapitre  de  la 
Métropolitaine,  ou  de  la  Cathédrale,  d'un  ou  de 
deux  députés  des  autres  Chapitres ,  d'un  ou  de  deux 
députés  pour  les  Réguliers,   d'un  ou  de  deux  dé- 
putés pour  les  Curés ,  &  quelquefois  d'un  députe 
pour  les  Abbés  6c  Prieurs  commendataires.  En  quel- 
ques Diocèfcs  le  Doyen  du  Chapitre  Cathédral  clt 
député  né  de  fon  Chapitre  ,  comme  à  Paris.  Il  y 
.en  a  où  la  dépuration  pour  les  Réguliers  efl:  atta- 
chée à  certain   Ordre ,  ou  bénétice ,  comme  dans 
le  Diocèfe  d'Aire,  le  Prieur  de  l'Abbaye  de  S.  Sever 
eft  député  né  pour  les  Réguliers  du  Diocèfe.  Il  y 
a  des  Diocèfes  où  ils  font  nommés  par  leur  corps 
ou  leur  communauté  -,  il  y  en  a  où  ils  font  nommés 
par  les  Synodes ,  &  en  quelques-uns  l'Evêque  feul 
•     s'efl:  attribué  le  droit  de  les  nommer.  L'Abbé  Dan- 
GEAU.  Les  Bureaux  Diocèiains  furent  accordés  & 
établis  par  le  contrat  fait  avec  le  Roi  le  8  Août 
kJij.  Ils  ont  depuis  été  autorifés  par  plufieurs  Arrêts 
tant  du   Confeil ,  que  des  Parlemens ,  lùr  ce   que 
leur  Juridiction  a  été  fouvent  troublée  par  les  Bail- 
lifs  &  Lieutenans  Généraux.  Les    lettres  patentes 
du  Roi  en  forme  d'Edit  du  mois  de  Juillet  i6i6 
les  ctabliflent  encore  ,  &  leur  Jurididtion  eft  confir- 
mée par  la  Déclaration  du  mois  de  Mai  i6i(î.  Le 
Gentil. 
Bureau  ,  fe  dit   aulll  de  la  Juridiélion  non  conten- 
tieufe  des  Tréforiers  de  France  ,  qu'on  appelle  Bu- 
reau des  Finances.   Qucejioruz  Jurijdiclionis    exer- 
cendœ  locus.  Il  y  a  vingt-quatre  de  ces  Burettiix  , 
qui  font  les   fiègcs  des  Tréforiers  de  France   dans 
les  vingt-quatre  Généralités. 

Le  ^Bureau  de  U  Ville  ,  c'eft  la  Jurididlion  du 
Prévçr  des  Marchands  &  Echevins.  Confefus  ur- 
bani  Collegii. 
Bureau  ,  le  dit  aufTi  des  affemblées  des   Juges  qm 
travaillent  à  juger  des  procès ,  ou  .à  régler  des  at- 
faires.  Conjeffus"  judicum  adcaujds  difceptandas.  On 
rapporte  a  "la  Chambre  des  Comptes  les   grandes 
affaires  au  grand  Bureau ,  Se  tous  les  comptes  au 
fécond  Bureau.  La  grand'Chambre  du   Parlement 
fait  deux  Bureaux.  Les  procès  partis  fe  vont  rap- 
porter au  fécond  Bureau.  Qn  dit  qu'un  Confeillet  , 
ou  Rapporteur  a  le  Bureau;  pour  dire,  qu'il  a  com- 
mencé à  rapporter  un  procès ,  ou  qu'il  eft  le  pre- 
mier qui  doit  rapporter.  En  ce  fens  on  dit  aullî  qu'un 
Préfident  a  donné  le  Bureau  à.  un  Confeiller.  Acad. 
Franc. 
Bureau',  fe  dit  aufli  des  lieux  où  l'on  traite  les  af- 
faires des  Communautés.  Confeffiis  ad  controvcrjîas 
focietatum  communitatum^ue  dijceptandas.  Le  Bu- 
reau de  l'Hôtel-Dieu.  Le  grand  Bureau  des  pauvres , 
eft  un  lieu  où  s'alfemblent  le  Lundi  &;  le  Samedi , 
à  trois  heures^près  midi,  plufieurs  des  plus  con- 
fidérables  Bourgeois  de  Paris ,  qui  ont  été  choifis 
de  chaque  Paroiffe  pour  avoir  foin  des  intérêts  fpi- 
rituels  &  temporels  des  pauvres,  dont  chaque  Pa- 
reille eft  chargée.  Ces  Meilleurs  ont  pour  chef  le 
Procureur  Général  du  Parlement ,  qui  préfide  tou- 
jours à  cette  Compagnie  ,  ou  par  lui-même ,  ou  par 
quelqu'un  de  les  Subftituts.  C'eft  de  cette  Com- 
pagnie qu'on  tire  les  Adminiftrateurs  des  Hôpitaux 
de  Paris  5c  des  environs.  C'eft  de  là  qu'à  Rouen 
l'Hôpital  général  s'appelle  le  Bureau. 


Bureau  ,  fe  dit  auflî  des  lieux  où  l'on  fait  les  recettes 
des  impôts.  Le  Bureau  du  Domaine.  Coiifepis  ju- 
dicum rcs  portorii  decidentiuni.  Le  Bureau  des  Ai- 
des. Summi  Trihutaricz  controverjix  cûgnitores.  Le 
Bureau  des  Gabelles ,  c'eft  le  lieu  où  les  intéteflcs 
en  ces  Fermes  difcutent  leurs  affaires.  Tributij'a- 


larii  cognuores.  Il  y  a  des  Bureaux  des  entrées  à 
toutes  les  portes.  Impofùi  rébus  inveclitiis  vecligalis 
judices.  Des  Bureaux  des  Traites  foraines  au  paf- 
fage  des  frontières.  Mercis  exportandœ  cujiodes.  Des 
Bureaux    du  papier  marque  ,  &c.  I/npreffa:  figillo 
redo  chartiZ  cujiodes.  Les  Bureaux  des  Poftes ,  des 
Meflageries. 
Bureau",  le  dit  aulTi  des  lieux  où  l'on  fait  quelques 
payemens  pubics.  Erogationum  annuarum  exhedra. 
Il  y  a  à  l'Hôtel  de  Ville   plufieurs  Bureaux  pour 
les  payeurs  des  rentes.  Les  Bourgeois  font  affûtés 
de  recevoir  leur  quartier  de  rentes  à  Bureau  ouvert. 
On  appelle  auffi  ieBureau  ,  le  lieu  où  fe  délivrent 
les  expéditions  de  MelTieurs  les  Secrétaires  d'Etat. 
Kirorum  Régi  à  fanclioribns  commentariis  conclave. 
Ce  Capitaine  elt    allé  prendre  fa  route  au  Bureau. 
Bureau  ,  fe  dit  encore  de  certains  lieux  établis  pour 
y  expédier  des  aéles  publics  de  Juftice.  Le  Roi  pat 
fon  Edit  de  i66^ ,  pour  le  contrôle  des  exploits , 
ordonne  que  des  Bureaux  foient  établis  dans  tous 
les  Bailliages ,  Sénéchauilees  ,  &c.  où  tous  exploits 
feront  regiftrés  ,  à  l'exception  de  ceux  qui  concei- 
nent  la  procédure  &  inftruéiion  des  procès. 
Bureau  ,  eft  aulli  une  table  garnie  de  quelques  tiroirs 
ou  tablettes ,  où  les  gens  d'aflàires  ou  d'érude  écri- 
vent 6c  mettent  leuis  papiers.  Abacus.  J'ai  enfermé 
ces  papiers  dans  mon  Bureau. 

On  dit  figutément ,  favoir  le  vent  du  Bureau  y 
connoîrre  l'air  du  bureau  ;  pour  dire ,  connoîtie  ou 
preilentii  le  fentiment  des  Juges  qui  ont  com- 
mencé de  travailler  à  une  aflàire.  Judicumjenten- 
tiam  odor.ari. 
Bureau  ,  fe  dit  auflTi  d'un  lieu  établi  pour  vendre  de 
certaines  marchandifes.  Officma.  Le  Bureau  des 
flambeaux. 
Bureau  d'adresse  ,  eft  un  lieu  où  l'on  va  donner 
Si.  prendre  des  avis  pour  les  choies  dont  on  a  be- 
foin.  Le  premier  defiêin  du  Bureau  d'adreffe  eft 
dans  les  EJJais  de  Montagne.  Son  premier  ctablif- 
fement  à  été  fait  par  Théophrafte  Rcnaudot,  Mé- 
decin, par  lettres  patentes.  A^oye^  Adresse. 

On  appelle  Bureau  d'adreffe ,  une  femme  qui 
fait  beaucoup  de  nouvelles ,  &:  qui  les  va  débiter 
par-tout.  Cette  femme  eft  un  vrai  Bureau  d'adrejje  , 
une  Gazette.  Cela  eft  familier. 

Ce  mot ,  Bureau  ,  vient  de  bure  ,  Se  s'eft  dit 
d'abord  du  lieu  où  s'affcmbloient  les  Juges  pour 
d^bércr ,  parce  qu'ils  étoient  anciennement  icpa- 
rcs  du  peuple  &c  des  cliens  ,  par  de  grands  rideaux 
de  bure.  Sidonius  Apollinaris  a  remarqué  ces  ufages 
dans  une  de  fes  lettres ,  où  il  fait  le  portrait  de 
Theodoric ,  &  décrit  la  manière  dont  il  rendoit 
la  juftice.  Menest.  Hifi.  de  Lyon  ,p  345. 
BURELE.  f,  f.  C'eft ,  en  termes  d'Armoiries  une  fafce 

de  huit  pièces  ou  plus.  Pomey. 
BuRELLES  ,  font  des  fafces  diminuées  en  nombre  pair. 
Fafciœ  minntxpari  numéro  oclonœ  autetiamphires. 
BURELÉ  ,  ÉE  ,  adj.  Terme  de  Blâfon ,  qui  fe  dit  d'un 
Ecu  compofé  de  diverfes  fafces  d'émail  différent  en 
nombre  égal ,  &:  particulièrement  de  dix.  Scutum 
fafciis  minutis  numéro  pari  dijlinclum ,  duplici  mé- 
tallo feu  colore  alternatum.  Quand  il  y  en  a  da- 
vantage ,  il  en  faut  faire  l'exprelTion  en  blafonnanr. 
Quand  il  y  en  a  moins ,  ©n  dit  feulement  fajcé.  II 
faut  que  ces  fafces  diminuées  foient  en  nombre 
pair  ;  .lutrement  on  les  appelle  tr angles.  La  Ro- 
chcfoucaut  porte  Burelé  d'argent  &:  d'azur  à  rrois 
chevrons  de  gueules  brochant  fur  le  tout.  On  a  fait 
en  armoiries  le  tetme  de  bureU  d'une  efpèce  de 
cloifon  à  bandes ,  ou  liteaux  couchés ,  qui  laiffoienr 
des  efpaces  vuides  d'égale  largeur  à  ces  tringles 
ou  liteaux.  Menestr.  Hiji.de  Lyon.,  p.  345. 
|cr  BURELLA  ou  CITTA  BURELLA.  Petite  ville 


B 


lîH 


d'Italie  au  Royaume  de   Naples ,  dans  l'Abniize 
citéricLire. 

JfT  BUREN,  Ville  des  Provinces -Unies  ,   dans   la 

Gueldrc ,  avec  titre  de  Comté  au  quartier  de  Bctu  we. 

IP"  BUREN.  Petite  ville  de  Suiile  ,  au   canton  de 

Beme,  ilir  l'Aar, 
$3-  BUREN.  Petite  ville   d'Allemagne,   au  Cercle 

de  Weftphalie,  Evêchc  de  Padcrborn. 
BURET,  1'.  m.  Eipèce  de  poidbn ,  d'où  l'on  tiroit  au- 
trefois la  pourpre,  Aîurex. 

BURETTE,  f,  f-.  Petit  vaillcau  pour  mettre  du  vin  &:  de 
l'eau  dont  on  le  fert  particulièrement  .à  portée  le  vin 
&  l'eau  ncceffaires  pour  le  iacrifice  de  la  Melfe,  Ur- 
csolus.  Les  turetus  font  une  partie' de  la  chapelle 
d'argent  d'un  Prélat. 

BURETTIER,  Ç.  m,  C'eft  un  nom  qu'on  donne  à  un 
certain  nombre  de  Prêtres  qui  vont  dire  leurs  méfies 
à  Notre-Dame  ,  dont  le  principal  devoir  eft  de  por- 
ter &  rapporter  les  burettes  des  Chapelles, 

BUREVA.  Petit  pays  d'Efpagne  ,  qui  fait  partie  de  la 
Caftille.  Biireva.  Le  Royaume  de  Navarre  croit 
compofé  de  laCantabrie,  de  la  Rioja,  de  la  Bureva, 
que  le  Roi  Dom  Sanche  avoit  détaciiée  de  la  Cal- 
tille,  P,    d'ORL, 

ffT  BURG.  Petite  ville  des  Provinces-Unies ,  dans 
le  Comté  de  Zuphten ,  far  le  vieux  Illcl, 

BURG  ALÈSE,  f,  f.  Laine  qui  le  tire  de  Burgos. 

BURGAN  de  reinture.  On  nomme  ainlî  dans  les  Iles 
Antilles  Francoifes ,  un  poiiïbn  tellacc  qui  produit 
une  efpèce  d'écarlatte  ou  de  pourpre, 

BURGANDINE.  adj.  f.  C'eft  le  nomquc  les  ouvriers 
en  nacre  donnent  à  celle  qui  vicnr  du  Burgau  ,  qui 
eft  un  limaçon  des  mers  des  Antilles.  La  nacre  ^«r- 
gandine  eft  la  plus  belle  de  toutes. 

BURGAU.  f.  m.  Limaçon  qui  fe  trouve  dans  les  mers 
des  Iles  Anrilles,  Quelques  -  uns  écrivent  BUR- 
GAULT,&  d'autres  BOURGO,comme  Denys  dans 
fa  Defcript.  di  C Amirique  feptentrionale,  P.  I.C.^ , 
où  il  dit  que  vers  la  baie  de  Sable  en  Acadie  ,  on 
pêche  force  coquillages,  &  entr'autres  des  Bur^os. 
Les  Burgaus  font  aulfi  communs  dans  les  mers"  de 
nos  Iles ,  qui  font  bordées  de  rochers ,  que  les  li- 
maçons le  fonr  en  France,  P.  du  Tert,  V'oyei  aulîî 
LoNviLLERS  ,  Hifi.  nat.  des  Ant.  Liv.  I  ,ch.  19  ,  art. 
4.  Il  y  en  a  de  deux  fortes  :  les  prcm.iers  &  les  plus 
communs  croiflent  quelquefois  juiqu'à  la  grolleur  du 
poing  ;  mais  ordinairement  ils  n'en  excédent  pas  la 
moitié.  C'eft  de  leur  coquille  que  les  ouvriers  en 
nacre  rirent  cette  belle  nacre,  qu'ils  appellent  la 
huraandine  ,  &  qui  eft  plus  eftimée  que  celle  des 
perles.  Le  dehors  de  cette  coquille  eft  gris ,  brun  , 
noir  &  blanc  j  &  quand  on  l'a  bien  dccralle,  elle  de- 
vient argentée  ,  &  d'une  grilaille  lî  luftrée ,  que  tout 
l'art  d'un  Emailleur  n'en  fauroit  approcher.  Pour 
cela  on  la  fait  palier  lùr  la  meule  douce,  par  l'el- 
prit  de  vinaigre  ,  de  fel ,  ou  l'eau  féconde  ,  qui  lui 
ère  toute  fa  crafl'e ,  &  la  fair  devenir  comme  une 
grande  opale  marbrée  de  blanc  ,  de  verr  &  de  noir. 
Le  poillbn  qu'elle  renferme  a  une  écaille  ronde , 
noire  ,  &  mince  comme  une  feuille  de  papier  ,  at- 
tachée à  fa  tête,  mais  qui  eft  plus  dure  &  plus  forte 
que  de  la  corne,  C'eft  un  mufcle  avec  lequel  ce  poif- 
fon  bouche  &  ferre  li  fortement  le  trou  de  fa  co- 
quille ,  qu'il  eftimpolTible  de  l'en  tirer  ,  fans  la  rom- 
pre ;  mais  quand  ils  font  cuits ,  on  les  en  tire  aifé- 
ment,  C'eft  la  nourriture  ordinaire  des  gens  peu  à 
leur  aife.  Ce  poillbn  a  un  certain  boudin  amer ,  que 
l'on  dit  être  fiévreux,&  qu'il  faut  tirer  par  l'extrémité 
du  lim.açon.  On  ne  mange  guère  que  ce  qui  eft  tour- 
né en  limaçon, &: rempli  d'une  certaine  malle  verre , 
que  quelques-uns  difent  être  fes  excrémens  ;  d'aurres 
veulent  que  ce  foit  les  herbes  qu'il  a  mangées  ,mais 
qu'il  n'a  point  encore  digérées,  C'eft  le  fentiment 
du  P.  Du  Tertte ,  qui  dit  aulfi  que  c'eft  une  mauvaife 
nourriture. 

L'autre  Bureau ,  qui  eft  plus  petit ,  n'eft  eftimé 
que  parce  qu'il  eft  plus  délicatement  ouvragé  que 
le  premier.  Il  eft  plat  par  delfous ,  &:  a  un  petit  trou 
rond,  dentelé ,  qui  va  depuis  le  milieu  jufqu'au  hiut 


B  TJ  R  î  I  c 

de  la  coquille  ,  tout  en  tournoyant  cortme  un  lima- 
çon ;  cette  coquille  eft  de  la  largeur  d'un  écu ,  &: 
de  la  longueur  d'un  pouce.  P,  Du  Tert.  Hili.  des 
Antiq.  T.  IK,  C.  §  y.  Foye^  Coquillage. 
^  Burgau.  Ville  &  Château  d'Allemagne,  dans  le 
cercle  de  Suabe ,  capitale  du  Margraviat  du  même 
nom ,  litué  dans  la  Suabe  ,  entre  î'Evcché  d'Augs- 
bourg  &  le  Danube ,  appartenant  à  la  maifon  d'Au- 
triche. 
ifT  BURGDORF.  Petite  ville  ,  avec  un  châte;u,en 
Suilfe  ,dans  le  canton  de  Berne ,  chef-lieu  dun  BaiU 
liage  du  même  nom. 
IfT  BURGEL.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le  cer- 
cle de  la  Haute-Saxe  ,  en  Milhie\  chef-lieu  d'un 
Bailliage  de  même  nom ,  fur  la  Sala. 
ffT  BURGHELLI.   f.  m,  ,  ou   Petits  Bucemaures, 
Nom  qu'on  donne  à  Venife  à  de  petites  barques  donc 
on  fe  fert  pour  le  promener  fur  les  bords  de  la  mer. 
^  BURGLEN,  Petite  ville  de  Suilfe ,  dans  le  Thur- 
gou.  Il  y  a  un  village  de  même  nom  au  canton  d'Uri„ 
§C?  BURGLEHN.  On   nommoit  ainli   autrefois  en 
Allemagne  une  ligue  défenlive  entre  deux  familles , 
qui  devoir  avoir  lieu  non-feulement  entre  les  parties 
exiftantes ,  mais  aullî  entre  leurs  héritiers  &del"cen- 
dans  à  perpétuité  ,  &  en  vertu  de  laquelle  l'une  clés 
deux  familles  venant  à  s'éteindre  ,  l'autre  devoit  lui 
fuccéder  dans  tous  fes  biens ,  droits  &  prérogatives, 
Encyc. 
iO-  BURGIAN.  Ville  d'Afie  ,  dans  la  Khoralfane ,  fuc 

un  lac  de  même  nom. 
fp"  BURGMANN.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle ,  dans  les 
deux   villes  de  Fridberg  &  de  Geinhaufen  en  AUe- 
magne,lesConlcillcrs  de  ville  quiélifent  leBurgrave. 
BURGOS,  f.  m.  Bravium,M.isbur^um,Biirs,i.  Ville  ar- 
chicpifcopale  d'Efpagne  ,  capitale  de  la  Vieille-Caf- 
tille.  Quelques  Roisde  Caftilleont  fait  leur  rélidcn- 
ce  à  Burgos.  L'Evêché  d'Auca  fut  transféré  à  Bur^os 
en  i075,&  érigé  en  Archevêché  en  1^71  par  Grégoire 
XIIP  ,  à  la  prière  de  Philippe  IL  La  cathédrale  de 
Bursos  eft  renommée  par  ia  grandeur  &:  fa  beauté. 
L'Abbaye-Royale  de  Sanda-Maria  de  Lis  Huel^as 
Bernardas  ,  fondée  par  Alfonfe  VHP,  vers  le  com- 
mencement du  XliP  lîècle  ne  l'eft  pas  moins.  L'Ab- 
bellc  de  ce  Monaftère  ,  qui  eft  fous  les  murs  de  Bur- 
gos ,  eft  Supérieure  de  vingt-iix  autres  couvens.  Elle 
a  le  tirre  de  Sennora.  Ce  Monaftère  n'a  point  d'égal 
en  richefles  &  en  grandeur ,  dit  Gilles  Gonzalès  d^^- 
villa,dans  izTliédtre Ecclcjia^.  des Eglifes  d'Efpagne. 
Voyez  cet  Auteur  fur  Burgos  ,  T.  III ,  p.  1  &c  i'itiv. 
On  ajoure  que  l'Abbelfe  de  las  Huelgas  eft  Dame 
de  quatorze  villes  &  de  cinquante  bourgs  ou  villa- 
ges ,  dont  elle  nomme  les  Gouverneurs  &  les  Magif- 
trats ,  qu'elle  difpofe  auîlî  de  douze  Commanderies. 
L'Hiftorien   que  j'ai  cité  ne  dit  rien   de  ce  détail. 
Ip-  BURGRAVE.  f,  m.  Burgravhis.  Titre  &  dignité 
en  Allemagne.  Les  Burgraves ,  dans  leur  origine  , 
étoient  les  Gouverneurs  des  forterelfes  de  leur  dif- 
triél.  On  les  nommoh  Comités  Cajtellanes.  Le  Buf- 
graviat  de  Nuremberg  appartenoit  à  la  maifon  de 
Brandebourg.  Celui  de  Magdebourg  A  celle  de  Saxe. 
En  Bohême,  le  principal  Officier  qui  fait  les  fonc- 
tions de  Viceroi ,  eft  nommé  Burgrave.  L'on  rap- 
porte l'origine  de  celui  de  Nuremberg  à  l'Empereur 
Henri  IV,  lequel  donna  le  droir  de  bourgeoilie  à 
certe  ville,  en  i  i(îo  ,  après  avoir  fait  bâtir  une  cglife 
à  Dieu  ,  fous  l'invocation  &  le  nom  de  Sr  Gilles. 
D'autres  rapportent  ce  Burgraviat  à  Conradll,  en 
911  ,  temps  auquel  Nuremberg  fit  partie  de  l'Em- 
pire Romain,  Dans  la  PruH'e  ,  le  Burgrave  eft  une 
des  quatre  principales  charges  de  la  province.  En 
Gueldres,  \t  Burgrave  deNimcgue  eft  Prclîdent  des 
étais  de  cette  province.  Il  y  a  d'autres  pays  où  cette 
dignité  eft  avilie,fur  routdans  le  Palatinat.De  quinze 
familles  qui  jouilToicnt  autrefois  dans  l'Empire  du 
tirre  de  Burgrave ,  il  n'en  refte  plus  que  deux  ,  celle 
de  Daun  &:  celle  de  Coinhberg. 

Ce  mot  vient  de  l'un',,  qui  (îgnifie  Ville  on  Bourg, 
8c  de  Grave  ,  qui  liirnine  Comte  ,  ou  Ju<:;e. 
BURGRAVIAT  f.  nC Burgraviacîis  Prcefeclura.  Qe'l 

Pij 


ïiG  BTJR 

•la  chargea  la  dignité  de  Burgrr.ve.  5//r?/.îvM/ cft 
aiillî  le  territoire  dépendant  d'un  Burgrave. 
BURGUNDE    ou  BURGONDE.  Nom  de  peuple. 
Burgundiis.  Voyez  Bourguignon;  c'eft  le  même 
peuple  ,  6c  communément  on  fe  fcrtdumot  de  Bour- 
guisinon ,  mQmç  en  parlant  des  premiers  Burgondes. 
Je  n'ai  vu  jufqu'ici  que  M.  de  Tillemont  ,  qui  em- 
ploie le  mot  Burgonde.  Zozime  prétend  que  les 
Gots ,  les  Carpes ,  tes  Biirgundes  &  lesBorans ,  tous 
peuples  qui  habitoient  le  long  du  Danube ,  rava- 
gèrent toute  l'Illyrie  &  toute  l'Italie.  Tillem.  ,  au 
IV^  Tom.  de  fon  Hift.  des  Emp.p.   17  &  18.  Il  dil- 
tingue  les  Z?«r^o«</t;j  des  Bourguignons.  Les  Gots, 
dit-il ,  après  avoir  vaincu  les  Burgondcs,itiv3:\\\o\tnt 
à  les  exterminer  entièrement  ;  mais  les  Biirgondes 
étoient  foutenus  par  les  Alains  &  les  Tervinges. 
•   Une  autre  partie  des  Gots ,  jointe  aux  Taifales   , 
faifoit  la  guerre  aux  Vandales  &i  aux  Gépides.  Les 
Bourguignons   avoient  occupé  divers  pays  fur  les 
Allemands.  Il  a  retenu  le  nom  de  Bursondes  ,  pour 
ceux  qui  relièrent  iur  les  bords  du  Danube  ,  3c  il 
appelle  Bourguignons  czax  qm  paflerent  le  Rhin  , 
&  s'établirent  en  Gaule. 
BURGUNDIONS.  f.  m.  pi.  M.  Corneille  ,  dans  fon 
Diclionnaire-Géographique  ,  a  fait  ce  nom  du  latin 
Burgundiones  ,  mais  mal.  Quoiqu'en  parlant  des  an- 
ciens peuples  on  le  ferve  Ibuvent  de  leurs  noms  la- 
tins ou  tarées,  en  y  donnant  une  forme  françoilc  , 
comme'nous  l'avons  dit  bien  des  fois ,  on  n'en  ufe 
pas  néanmoins  ainfi,  par  rapport  à  celui-ci ,  &  l'on 
dit  toujoufs  Bourguignons  ,  même  en  parlant  des 
anciens  peuples  qui  paflerent  le  Rhin,  &  vinrent 
s'établir  dans  la  Séquanoiie  ,  à  laquelle  ils  donnè- 
rent le  nom  de  Bourgogne.  C'ctl  ainli  entr' autres  que 
parle  toujours  M.  d^e  '^Cordemoy  ,  ne  diiant  jamais 
Burgundions  ,  lui  qui  par-tout  ailleurs  emploie  les 
anciens  roms  des  peuples  &  des  pays. 
fCT  BURIA.  Les  habitans  de  la  Carinthie  appellent 
'    ainfi  un  vent  d'Eft  qui  règne  quelquefois  chez  eux 
avec  tant  de  violence ,  qu'il  tl  capable  d'empor- 
ter les  voyageurs  avec  leurs  montures ,  &  de  ren- 
verfer  tout  ce  qu'il  rencontre. 
^  BURICK.  Petite  ville  d'Allemagne ,  fur  le  Rhin, 

au  Duché  de  Clèves. 
BURIDAN.  Nom  d'homme.  Buridan  étoit  un  Doc- 
teur 6c  Reélcur  de  l'Univerfité  de  Paris  dans  le  XIV 
fiècle,  6c  il  pafla  pour  un  des  plus  habiles  Philo- 
fophes  de  fon  temps.  C'eft  de  lui  qu'eft  venu  le  pro- 
verbe que  l'on  dit  à  un  homme  irrcfolu  ,  qui  ne  fait 
à  quoi  fe  déterminer  ,  qu'il  rellêmblc  à  l'âne  de  Bu- 
ridan. Ce  proverbe  eft  fondé  fur  ce  que  difent  les 
Philofophes ,  6c  que  difoit  apparemment  Buridan, 
qu'un  agent  qui  n'eft  pas  libre  entre  deux  objets  , 
qui  ont  une  égale  force  pour  le  déterminer  ,  ne  fe 
déterminera  jamais  à  l'un  plutôt  qu'à  l'autre.  Par 
exemple  ,  un  âne  au  milieu  de  aeux  picotins  d'a- 
voine tout  femblables,  également  diftans,  agiflant 
lut  lui  avec  une  égale  force  ,  ne  fe  déterminera  ja- 
mais à  l'un  plutôt  qu'à  l'autre  ,  8c  mourra  de  faim 
entre  les  deux.  Cela  me  fait  appréhender  qu'il  ne 
t'arrive  comme  à  l'âne  de  Buridan  ,  qui  mourut  de 
faim  entre  deux  picotins  d'avoine  ,  faute  de  fe  ré- 
foudre auquel  il  devoir  alonger  le  cou,  parce  qu'ils 
croient  également  diftans  de  lui.  Mascur  ,  /j.  z  5 .  Il 
paroît  par  les  Annales  de  Bowgogne  dcParadin, 
L.II,  p.  171  >  qu'en  Bourgogne  on  dit  l'âne  Bur- 
din  ,  au-lieu  de  l'âne  de  Buridan ,  ?>:  il  rapporte  une 
autre  origne  de  ce  proverbe.  Calixte  II ,  dit-il ,  prit 
prifonnier  un  Efpagnol  nommé  Burdin  ,  qui  avoir 
été  fait  Antipape  contre  Gelafe  II ,  par  l'Empereur 
Henri.  C'efl:  celui  qui  prir  le  nom  de  Grégoire  VHP, 
au  commencement  du  XIP  ficcle.  Il  n'étoit  pas  Ef- 
pagnol ,  mais  Limoufm  mené  en  Efpagne  par  Ber- 
nard, Archevêque  de  Tolède  ,  &  élevé  enfuite  à  l'E- 
véché  de  Brague.  Ayant  été  pris  à  Sutri  par  le  Car- 
dinal de  Crème ,  on  le  revêtit  d'une  peau  de  chè- 
vre fanglante  ,  les  cornes  élevées  fur  fon  front  ■■,  on 
le  fit  monter  fur  un  chameau  ,  le  vifage  tourné  du 
Cuté  de  la  queue  de  la  bête  ,  qu'il  lenoit  de  la  main 


B  U  R 

en  fofme  c\c  bride  ,&  en  cet  état  on  le  promena  dans 
Rome.  Quelques-uns  difent ,  ajoute  Paradin,  que  le 
proverbe  de  l'âne  Burdin  ,  fréquent  en  Bourgogne, 
prit  de-là  ion  origine. 
BURIN,  f.  m.  Pointe  d'acier  qu'on  poufîe  avec  h 
main  pour  graver  fur  les  métaux  ,  foit  argent,  cui- 
vre ou  étain.  Cœ/um.  On  appelle  une  planche  gra- 
vée au  i-urin ,  celle  dont  on  tire  les  images  en  taille 
douce,  à  la  différence  de  celles  qui  font  gravées *.n 
eau  forte  ,  qui  font  plus  rudes. 

Les  Serruriers  ont  aulfi  des  hurins.  Ils  en  ont  de 
plac^ ,  de  coulans ,  de  carrés  ,  3c  d'autres  propres  à 
piquer  les  rapcs.  Ils  fe  fervent  de  hurins  plats  pour 
fendre  les  panetons  des  clefs ,  3c  c'eft  encore  avec 
ces  forres  de  burins  qu'ils  coupent  &  emportent  le 
fer  à  froid ,  lorfqu'il  s'y  trouve  des  grains. 

On  ditfîgurémcnt  d'un  Graveur ,  que  c'eft  un  bon 
hurin  ;  pour  dire  qu'il  manie  bien  le  iurin.  Ctefi 
truclandi  peritus  artifex. 
(ter  On  dit  encore  mieux  qu'il  a  le  hurin  délicat ,  élé- 
ganr.  En  parlanr  des  eftampes  gravées  au  hurin,  on 
dit  c'eft  le  hurin  d'un  tel.  On  dit  auHi  qu'un  hurin 
a  du  mérite ,  du  goût ,  &c.  pour  dire  les  eftampes. 
0C?  Burins  ,  ou  Tappes  ,  en  marine  ,  font  les  outils 

dont  on  fe  ferr  pour  calfarcr  les  vailfeaux. 
Burin  ,  eft  auffi  un  rerme  d'arracheur  de  dents  -,  c'eft 
un  inftrument  d'acier  avec  lequel  ils  nertoient  les 
dents  en  les  raclant  forrement.  Dentij'calpium. 
BURINER,  v.  a.  abfolu.  Graver  avec  le  burin  fur  let 
métaux.  Calare.  Buriner  une  planche.  Faire  buriner 
des  armes.  Buriner  les  dents,  c'eft  les  nettoyer  avec 
le  burin ,  comme  font  les  arracheurs  de  dents.  Pur- 
gare  ,  radere  ,Jca/pere  dentés. 
BÙRINÉ,ÉE,part. 
§3*  BURKEN.  Ville  d'Afie  ,  dans  la  Perfe  ,  au  Tur- 

queftan. 
ÇCF  BURLATZ.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Lan- 
guedoc ,  fur  la  rivière  d'Agoût. 
BURLESQUE,  adj  m.  &  f.  3c  f.  m.  Plaifant ,  gaillard  , 
tirant  fur  le  ridicule.  Style  bouffon ,  rempli  d'ex- 
prelîions  propres  à  faire  rire',  poeiie  triviale  6c  plai- 
lânte  ,  propre  à  jeter  du  ridicule  llir  les  chofes  ou  fur 
les  perlbnnes,  Jocularls  ,  ludicra  diclio.  Ce  mot  eft 
ailez  moderne  ,  ainli  que  le  genre  fmgulier  de  poefic 
qu'il  exprime.  Sarrafui  fe  vantoit  d'en  avoir  ufé  le 
premier.  Il  nous  eft  venu  d'Italie  ,  où  il  y  a  quantité 
de  Poètes  hurlefques,  dont  le  premier  a  été  Bernica , 
6c  enfuite  Lalli,  Caporali ,  &c.  La  fureur  hurlefque  fô 
déborda  en  France  ,  8c  y  fit  d'étranges  ravages  -,  mais 
on  s'en  guérit  bientôt ,  3i.  elle  n'y  régna  pas  long- 
temps ,  à  caufe  qu'on  introduilit  trop  de  licence  , 
tant  dans  les  fujets  que  dans  les  vers ,  3c  trop  de  ridi- 
cules plailântcrics.  Le  burlefque  y  étoit  devenu  tel- 
lement à  la  mode ,  qu'en  1 1Î457  il  parut  un  livre  avec 
ce  titre  ,  La  pajjion  de  notre  Seigneur  en  vers  bur- 
Uj'ques.  Scaron  y  excella  ,  3c  fut  agréablement  ri- 
dicule. On  appelle  en  profe  ,  ftyle  burlefque  ,  celui 
où   l'on  emploie  des  mots  qui  ie  difent  par  pure 
plaifanrerie  ,  3c   qu'on  ne    fouftre   point  dans  le 
fcrieux.  Ce  ftyle  fouffre  rout.  Le  P.  VavafTcur  a  fou- 
tenu  ,  dans  fon  livre  De  ludicra  diclione  ,  que  le  bur-^ 
lej'qiie  a  été  abfolument  inconnu  aux  Anciens,  quoi- 
que quelques-uns  difent  que  du  temps  de  Ptolomée, 
fils  deLagus ,  un  nommé  Raintou  avoir  traité  en 
ridicule  des   lùjets  férieux  de  Tragédie. 
Zn  dépit  du  bon  fens  le  burlefque  effronté 
Trompa  les  yeux  d'abord,plutpar  fanouveauté.  Boil_ 
Mais  laijfons  le  burlefque  aux plaifans  du  Pont-Neuf. 

Idi;m, 
f  aime  affei  Bergerac,  &•  fa  hmlcCque  audace.  Id, 
On  voir  par  plusieurs  exemples  que  l'on  vient 
de  cirer  que  l'on  ditaufîi  le  bur/efque  iahR:a.nm  ms.f- 
culin  ,  pour  lignifier  le  ftyle  burlefque ,  comme  on 
dit  le  françois",  l'italien,  l'efpagnol,  l'allemand,  6v. 
pour  la  langue  françoife  ,  iralienne,  efpagnolle ,  &c. 
Naudé  traite  du  burlefque  dans  fon  Mafcurar ,  p. 
z\o  3c  fuiv.  où  il  y  a  plufienrs  chofes  fmgulières , 
tant  fur  le  ftyle  hurlefyue  des  François ,  que  fur  ceiloi 


B  tr  s 

des  italiens  ;  5c  à  h  p.  iio  Scfuiv.  il  cxariiine  /i  k 
poeiie  burkfqiie  croit  en  vogue  chez  les  Latins  , 
^:oinme  elle  ccoit  de  l'on  temps  chez  les  François  & 
Italiens ,  &  il  diftingue  quatre  efpèces  A<  poàie  la- 
tine burlefquc ,  tant  ancienne  que  moderne. 
BtTB-LESQUE  ,  adj.  Il  ie  dit  par  extenfion  ,  de  ce  qui  ett 
plaiiant  ou  extravagant.  Cet  homme  a  une  mine 
huTkfque,  Pofture  hurkfqm.  Cette  adion  fut  bur- 
lefijue.  AcAD.  Fr. 
BURLESQUEMENT.  adv.  D'une  manière  burlefque 
&  ridicule.  Ludlcre.  Cet  homme  parle  toujours /^k/-- 
hfquement.  Il  eft  vêtu  burlefquement  ;  c'eft-à^dire  , 
plaifamment  &  ridiculement. 
feURLETTE.  ;^c>yc^  BuLLETTE. 
BURON.  f.  m.  Vieux  mot  franço!S,qui  figni/ioit  au- 
trefois un  lieu  où  l'on  ie  retiroit  pour  boire  &  man- 
ger. Cajula  ,  gurgufiium  ,  Il  n'eft  plus  d'ufage  qu'en 
cette  phrafe  proverbiale.  Il  n'a  ni  maifon  ni"  buron; 
pour  dire,  qu'il  n'a  point  de  lieu  ciertain  pour  y  cou- 
cher ou  y  manger. 

Ce  mot  vient  de  vibur ,  ou  vibure  j  qui  fignifîe 
en  quelques  lieux  une  carrière  de  pierre  dure  qui 
n'eft  point  fujette  à  la  gelée, dont  il  y  en  a  beau- 
Coup  en  Bafligni  :  de  forte  que  le  proverbe  veut  dire 
qu'un  homme  n'a  point  de  maifon  ,  rti  de  pierre  de 
quoi  en  faire.  Ménage  le  dérive  du  grec  ,i6pio, ,  qu*il 
dit  avoir  la  même  fignificatiOn.  En  Auvergne  ,  on 
appelle  buron  ,  un  petit  toit  de  betger  ou  de  chc- 
vrier  bâti  fur  le  haut  de  la  montagne  l  où  il  fe  retire  , 
quand  le  temps  j^rmet  d'y  mener  paître  fes  trou- 
peaux. 
BURQTJET.  f.  m.  Sorte  de  poire  appelée  autrement 
Rufféite  d'Angleterre.  C'cft  une  poire  de  Septem- 
bre &  d'Odobre  ,  qui  n'eft  pas  bonne.  La  Quint 

1^  BURSAL  ,  ALE  ,  ad),  qui  s'emploie  ordinaire- 
ment avec  le  mot  édit.  L'cdit  burfab  eft  une  pu- 
nition pécuniaire.  Pecuniarius.  Qui  concerne  la 
bourle. 

^BURSE,  BOURSE  ,  BROUSSE  &  PRUSE. 
Ville  de  la  Turquie  en  Alîe,  dans  la  Natolie  ,  vers 
le  mont  Olympe. 

ÈURY.  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  anémone 
à  peluche.  La  Bury  eft  d'un  blanc  fale  ,  mêlé  d'in- 
carnat. Sa  peluche  eft  fort  étroite. 
BUS. 

BUS  ,  en  termes  de  blâfon  ,  fe  dit  de  la  repréfentation 
des  figures  humaines ,  quand  il  n'y  a  que  la  tête  ,  le 
col  &  une  partie  de  la  poitrine  finiifmt  en  pointe. 
Signum  peclore  tenus  efformatum.  Ainfi  on  dit ,  un 
bus  de  Religieux  ,  un  bus  de  femme  ,  des  bus  de 
Reines,  Dans  la  langue  ordinaire  on  dit  bu flow  bt/Jie, 
en  prononçant  \'s. 

^  BUSART.  Voyei  Buse. 

Buse.  f.  m.  Morceau  de  bois ,  d'ivoire  ou  de  baleine, 
que  les  femmes  mettent  dans  les  corps  de  jupe  pour 
fe  tenir  droites.  Aff'ula  ,  régula  peÛoralis,  On  fait 
des  bufcs  de  baleine,  d'ivoire,  de  bois  Verni.  On 
en  fait  auOl  d'acier. 

On  appelle  auffi  bufcs  ,  un  treillis  dur  &  pi- 
qué que  les  Tailleurs  mettent  au  bas  du  pourpoint 
des  hommes  par  devant ,  pour  leur  donner  plus  de 
fermeté.  Virilis  thoracis  anterior  pulvillus. 

§0"  On  appelle  aufli  bufc ,  en  Arcliitedture ,  un  aflcm- 
blage  de  charpente  ,  compofé  d'un  feuil  ,  d'un  heur^ 
toir  contre  lefquels  s'appuient  les  bas  des  portes 
d'une  éclufe,avec  un  poinçon  qui  joint  enfemble 
le  feuil  &  ks  heurtoirs ,  &  quelques  liens  de  bord 
pour  entretenir  le  tout.  Une  porte  bulquée  eft  celle 
qui  eft  revêtue  de  cet  affemblage.  Encyc. 

BUSCHE.  f  -)     BUCHE. 

BUSCHER.  3     I,  (     BUCHER. 

BUSCHERON.     )     '^"^'^    C     BUCHERON. 

BUSCHETTE.      ^  ^     BUCHETTE. 

f^  BUSDASCAN.  Voyei  Badaschian.     ' 
BUSE.  f.  f.  D'autres  difent  bufard,  &  quelques  autres 
blafard ;m.^\s,  ce  dernier  eft  le  moins  bon  &  le  pre- 
mier eft  le  meilleur.  Oifeau  de  proie  qu'il  eft  im- 


ÈÏJS 


...  ^^1 

pôiïîbie  de  dreffer ,  qui  eft  une  cfpèce  d'aic^Ie  poi^ 
tronne.    Percnos.  Percnvpuros.  La  buje  eft  ioujouri 
affamée ,  crie  toujours ,  &  ne  fe  jette  que  lUr  la  proie 
morte.  C'eft  de  toutes  les  aigles  celle  qui  a  le  moihi 
de  cœur.  Elle  eft  plus  grande  que  le  çerfaut ,  mais 
«on  vol  eft  plus  court.  Sa  queue  eft  longue.  Elle  a 
quelque  rapport  avec  le  vautour.  Elle   eîl  appelée 
par  Ariftote  féconde  efpèce  d'aigle  ou  cicrôcrne  de 
montagne  ,  à  caufe  de  fa    grandeur.  Aldrovandus 
lui  donne  le  nom  à\ngle-v:iutour  ,  &  la  décrit  ain(i  • 
elle  elt  de  la  grandeur  de  l'aigle  royale  ,  •  appelée 
Uiryj.tctos;  mais  d'une  figure  ridicule  -,  elle  â  le  bec 
prefque  tout  droit  Jufqu'au  inilieu  i  il  eft  à  l'ex- 
tr^cm.rc  très-erochu  à  la  manière  des  l^aUtcJurs.  Il 
eu  blanc  à  la  partie  d'enhaut  jufqu'à  i'endrûit  au- 
quel Il  commence  à  fe  courber  -,   le  refte  en  eft 
noir.  Le  deiîbus  eft  blanc  ,  &  fon  ouverture  de 
f  OLileiir  châtain  -,  fes  yeux  font  blanchâtres ,  leurs 
prun.-Lcs  lont  noires  ;  fi  tête  eft  pareillement  blan^ 
ch.itre  ,  tirant  un  peu  fur  le  brun  5    fon  cou  îuf- 
qu  a  la  moitié  ,    fivoir  ,   la  partie  d'enhaut  ,  A 
cnauve  &  couvert  de  quelques  petites  plumes  très^ 
menues ,  qui  blanchilfent  à  l'extrémité  de  cet  en- 
droit chauve  qui   fiit  comme  le  milieu  du  cou  , 
ainh  que  de  poils  hérilfes  &  crépus  ,  ou  comme 
de  grands  crins,  qui  tombent  fur  les  autres  plumes. 
A  la  poitrine  &  au  dos  paroilfenr  de  fcmblableg 
poils  ;  fut- tout  le  derrière  jufqu'au  bas  du  crou- 
pion elle  a  une  efpèce  de  cuculle  qui  s'étend  juf- 
qu'au milieu,  fini/larit  en  pointe  comme  un  trian- 
trle.  Le  champ  de  fon  pennage    eft  d'un  châtain 
obfcur  nrant  fur  le  noir.  Sa  queue  eft   lorio-ue  , 
les   pieds   lont  blancs.  Ses    jambes  font  obfcureS, 
On  lui  voit  une  tache   blanche  très-remarquabld 
uir  la  tête. 

Il  y  a  encore  une  bufe  ,  ou  bufart  de  Bellon. 
Percnopteros  ,  Oripelargns.  On  en  voit  grande! 
abondance  en  Egypte ,  en  Syrie  &  en  France.  Le 
champ  de  fon  pennage  eft  noirâtre.  Son  vol  eft 
court  &  fa  queue  longue.  Il  a  peu  de  ccetir.  U 
fréquente  ordinairement  les  environs  des  villages  ^i 
■  &  fe  perche  bas.  On  en  voit  l'hiver  darts  les  maré-^ 
cages.  Il  fe  nourrit  d'infedes  &  de  volailles,  qu'il 
furprend  autour  des  villages.  Il  a  très-ptu  de  cœur^ 
cC  on  he  le  tient  pas  pour  véritable  efpèce  d'aio-Ie. 
^oyei  BoNDRiE.  ° 

Il  y  a  encore  une  autre  efpèce  d'oifeau  qifon 
appelle  bufe  en  françois  ,  Se  en  latin  buteo  ,  & 
Triorchis  en  grec.  C'eft  le  plus  couard  de  tous 
les  oifeaux.  Bien  qu'elle  foit  auflî  grande  que  lé 
milan  ,  elle  ne  lailîe  pas  d'êrre  pourfuivie  &  rtife 
en  fuite  par  les  autres  petits  oifeaux.  Elle  a  le  bed 
fort  gros ,  d'un  noir  tirant  fur  le  bleu  ,  la  mem- 
brane qui  le  couvre  à  l'endroit  &  proche  de  fe^ 
nazeaux  eft  jaune  <  l'ouvcrrure  en  eft  jaunâtre.  Sa 
tête  eft  platte  comi-np  celle  du  faucon  ,  &  d*une 
figure  triangulaire.  Sa  langue  eft  large  &  épailft 
fans  pointe.  Ses  yeux  font' brillans ,  faits  en  ovale 
&  éveillés.  Leur  prunelle  eft  fort  noire.  L'iris  quî 
i'environrte  eft  d'un  gris  cendré  ;  fon  cou  eft  court 
&  gros,  &:  bien  garni  de  plumes.  Tout  fon  dos, 
)u(qu'àfa  queue,  eft  de  couleutde  rouille  tirant  fut 
le  brun;  fon  ventre  eft  entièrement  blanclxâtre,  & 
fcmé  de  taches  de  couleur  de  rouille.  Sa  queue 'eft 
large  &  travetfce  de  plulieurs  raches.  On  l'appelle 
Triorchis  en  grec  ^  parce  qu'on  dit  qu'elle  a  trois 
tefticules. 

On  dit  proverbialement  d*un  fot ,  d'un  ftupide, 
que  c'eft  une  bufe.  On  dit  au/IÎ,  qu'on  ne  fauroit 
faire  d'une  bufe  un  épervier  ;  pour  dire  ,  qu'il  y  â 
des  gens  incapables  de  fcience  &  de  difcipline.  Ce 
proverbe  eft  dans  le  Roman  de  h  Rofe ,  v.  ^jU, 

J'ai  ouy  ,  ce  n'efî  d'kuy  ne  d'hier  j 

Dire  qu'on  ne  peut  efpervier 

En  nul  temps  faire  d'ung  buyfarC, 

Ces  deux  mots  ,  félon  Ménage  ,  viennent  dfi 
Buteo.  Butco  ,    tufeo  ,  btifea  ,  bufe,  BufearJus  ^ 


i8 


B  US 


tufard.  M.  Huct  dit  que  bufard  efi:  un  augmen- 
tatif de  biife  ,  3c  qu'il  vient  de  l'arabe  baion , 
faucon  ,  cperviet.  T.  i ,  des  Dijj'trt.  rec.  par  M- 
de.  Tilladct ,  />.  1 8 1 . 

Buse,  f.  h  Terme  de ''Mineur.  Tuyau  de  bois  ou  de 
plomb,  qui  Icrt  de  communication  entre  les  puits 
dans  les   mines ,  &  qui  y    conduit   l'air.  Lanalis. 

BUSIRIS.  r.  m.  Roi  d'Egypte,  fils  de  Neptune  U 
de  Lybie  lillc  d'Epaphus^  il  ctoit  li  cruel ,  qu'il  lacri- 
fioit  tous  les  étrangers  à  Jupiter.  Ilbcrate  a  tait 
le  Panégyrique  de  Bujiris.  Maximin  fut  appelé  un 
autre  Bujiris. 

BusiRis ,  Bujiris  ,  eft  le  nom  d'une  ancienne  ville 
d'Egypte  ,  capitale  d'une  Province  ,  ou  No- 
mus  ,  à  qui  elle  donnoit  l'on  nom.  Quelques-uns 
dérivent  ce  nom  de  celui  du  Tyran  dont  nous 
venons  de  parler ,  d'autres  de  celui  d'Ofuis  j  d'au- 
tres de  Bafir ,  fils  de  Cham.  C'ell  le  fentiment  des 
Arabes,  le  P.  Kirkcr  ,  (Bdip.  jEg.  T.  I,  p._  14, 
•  croit  qu'elle  fut  ainfi  nommée  ,  parce  qu'Oliris  y 
ctoit  honoré  ,  Se  que  Bujiris  eft  la  même  choie 
que  léroit  en  Cophte  Bous  Ncfriji  ,  c'eft-à-dire , 
Bœuf  du  Roi ,  ou  Bous  OJirin  ,   Bœuf  Ollris. 

BUSQUE.   Voye7^  BUSC. 

BUSQUER,  V.  a.  Chercher.  Foris  quœrere  quod  non 
invenias  domi.  Fortunam  tenture.  Il  ne  lé  dit  pro- 
prement qu'en  cette  phrafe ,  bufquer  fortune ,  en 
parlant  de  ces  gens  fans  bien ,  qui  vont  parle  monde 
chercher  à  vivre ,  6c  à  faire  fortune. 

II  fignifie  aufTi  ,  mettre  un  bufc  dans  un  corps 
de  Jupe.  Cette  femme  ne  fort  jamais  qu'elle  ne  foit 
bufquée, 

BUSQUÉ,  ÉE,  part.  Porte  Bufquée.  Voyez  Buse, 
ou  Architecture  Hidraulique. 

Ce  mot  vient  tout  pur  de  l'Efpagnol ,  où  le  mot 
de  bufcar  iignifîe  proprement  chercher, 

]BUSQUIERE^  f.  f.  eft  le  trou  ménagé  dans  un  corps 
de  jupe ,  dans  lequel  les  femmes  fourrent  leur 
bufc.  For  amen  per  quod  régula  pecloralis  inferitur. 
On  le  dit  auifi  de  l'extrémité  tonde  de  leurs 
corps  de  jupe  par  où  elles  commencent  <à  foifirrer 
leurs  bufcs. 

BusQuiÈRE,  fe  dit  aufll  d'une  petite  pièce  d'étoffe 
brodée ,  que  les  Dames  qui  font  en  manteau  met- 
tent devant  leur  eftomac  fur  le  corps  de  jupe  , 
&  qu'elles  laiilént  un  peu  entrevoir.  Tœnia  peclo- 
ralis. 

BusQuiÈRE  ,  fe  dit  encore  d'une  manière  de  petit  cro- 
chet ,  que  les  femmes  portent  à  la  ceinture  ,  & 
qui  à  l'un  des  bouts  eft  affcz  fouvent  en  forme 
de  petite  rôle  ornée  de  diamans  ,  de  perles,  ou 
d'autres  pierres  prccieufes.  Fibula.  Il  y  a  des  buf- 
quiercs  d'argent ,  où  d'acier  poli ,  pour  les  limples 
bourgeoifes. 

BUSSARD.  f.  m.  Vieux  mot  françois  ,  qui  lîgnifioit 
un  vaijfeau  à  mettre  du  vin  ,  qui  vient  félon  du 
Cange  ,  de  bu<^a  qu'on  a  dit  pour  buta  ,  bouteille. 
Vas  vinarium ,   œnophorum. 

BUSSE,  f,  f.  ou  BUSSARD.  f.  m.  Efpèce  de  futaille 
dont  on  fe  fert  particulièrement  en  Anjou.  Le 
iuffard  eft  la  moitié  d'une  pipe.  Il  eft  égal  à  la 
demi^ueue  d'Orléans  ,  de  Blois  ,  de  Nuis  ,  de 
Dijon  &:  de  Mâcon  ,  ce  qui  revient  aux  trois  quarts 
du  muid  de  Paris  •,  en  forte  que  Buffard  eft  com- 
pofé  de  ii(j  ,  pintes  de  Paris. 

%T  BUSSERETH.  Ville  d'Afie ,  dans  l'Arabie  Pétréc. 
VoycT^  BosTRA. 

^fl  BUSSETO,  Buxetium.  Petite  ville  d'Italie,  en 
Lombardie  ,  au  duché  de  Plaifance  ,  chef-lieu  d'un 
petit  pays  ou  état  entre  le  duché  de  Parme ,  le 
Tenitoire  de  Plaifance,  &  le  Pô  qui  le  fépare  du 
Crémonois. 

BUSSIERE-POITEVINE.  Petite  ville  de  France  dans 
la  Marche. 

|t?  BUST  ou  BOST,  ville  de  Perfe  ,  capitale  du  Sa- 
blcftan. 

^C?  BUSTE,  f.  m.  Ouvrage  defculpture ,  repréfentant 
une  figure  humaine  qui  n'a  que  la  tête  ,  l'eftomac 
èc  les  épaules  fans  les   bras.   Statua  dimidiâ  jui 


BUT 

parte  infcrne  trunca.  On  le  met  d'ordinaire  fur 
im  piédeftal  ou  une  confole.  Quoiqu'en  Peinture 
l'on  puiiiê  dire  d'une  figure  ,  qu'il  n'en  paroît  que 
le  bûjie  ,  comme  d'un  portrait  à  demi-corps ,  on 
ne  rappelle  pourtant  point  un  bujie  ;  ce  mot  eft 
rélérvc ,  &  déterminé  à  ce  qui  eft  de  relief.  Fel. 
Les  Vocabuliftes  décident  pourtant  qu'en  ter- 
mes de  peinture,  on  appelle  Bujle  un  portrait  à 
demi-corps ,  où  la  peribnne  ne  paroît  que  jufqu'a 
la  ceinture.  On  ne  les  en  croira  pas  fur  leur  pa- 
role. 

Buste,  fc  dit  auHl  du  tronc  du  corps  d'un  homme, 
depuis  le  cou  jufqu'aux  cui/fes.  Quelques-uns  croient 
que  ce  mot  vient  de  l'allemand  brujl ,  qui  fignirie 
Veliornuc, 

Ménage  le  dérive  de  bufque  ,  à  caufe  que  les 
femmes  mettent  leurs  bufques  en  cet  endroit  du 
corps ,  que  les  Italiens  appellent  bujio. 

En  termes  de  Blàfon  on  a^ipelle  buJie ,  une  tête 
d'homme  ou  de  femme  ,  nue  ou  coéfFée ,  peinte 
de  front  jufqu'à  la  poitrine ,  &  qui  eft  fans  bras. 
Quand  il  eft  de  profil ,  il  en  faut  faire  mention. 
IJCF  Dans  le  commerce  ,  on  appelle  bujïe ,  les  boé- 
tes  de  fapin  dans  lefquelles  on  apporte  les  rai- 
iîns  de  Damas. 

BUSTROPHE.  f.  f.  Terme  dogmatique.  On  appelle 
Bujlrophe  la  manière  d'écrire  de  la  gauche  à  li 
droite,  &  enfuire  de  la  droite  à  la  gauche  ,  fans 
difcontinuer  fa  ligne ,  parce  que  quand  l'écrivain 
eft  arrivé  au  bout  de  fa  ligne ,  au  lieu  d'en  venir 
commencer  une  autre,  comme  nous  le  pratiquons, 
il  courbe  la  première  ligne  en  demi-cercle  ,  & 
revient  par  une  féconde  ligne  ,  qui  n'eft  que  la 
même  continuée ,  au  côté  du  papier  dont  il  étoit 
patti.  Les  vers  s'écrivoienr  autrefois  de  cette  ma- 
nière ;  c'eft  pourquoi  ,  félon  Marins  Viclorinus  , 
on  les  appeloit  verfus  a  verfuris  ,  c'eft-à-dirc ,  à 
repetita  fcriptura  ex  parte  in  quam  définit ,  comme 
les  iillons  du  labourage  ,  ce  qui  s'appelle  en  grec 
B»s-/io4)j)^o»  boutn  verj'atio  ,  Scc.  d'où  a  été  formé 
le  mot  françois  Bufirophe.  M.  Funccius ,  dans  fon 
Traité  de  l'enfance  de  la  langue  latine  ,  femble 
être  du  fentiment  que  l'on  écrivoit  non-feulement 
les  vers  de  cette  manière ,  mais  encore  tout  le  terte, 
parce  que ,  dit-il ,  le  mot  verfus  fignifie  une  ligne, 

yoye^  BOUSTROPHEDON. 

BUSTUAIRE.  f  m.  Gladiateur  ,  qui  fe  battoit  autre- 
fois chez  les  Romains  auprès  du  bûcher  d'un  mort 
à  la  cérémonie  de  fcs  obféques.  Bujluarius.  La 
coutume  fut  d'abord  de  facrifier  des  captifs  fur  le 
tombcju  ,  ou  près  du  bûcher  des  guerriers.  On  en 
voit  des  exemples  dans  Homère  aux  obféques  d« 
Patrocle  ,  Iliad.  Liv.  XXIII.  &  dans  les  Tragiques 
Grecs.  On  croyoit  que  leur  fang  appaifoit  les  Dieus 
infernaux ,  &;  les  rendoit  propices  aux  mânes  du 
mort.  Dans  la  fuite  cette  coutume  parut  trop  bar- 
bare ,  &  au  lieu  de  ces  viélimes  on  fît  combattre 
des  Gladiateurs ,  dont  on  crut  que  le  fang  auroit 
le  même  effet.  Au  rapport  de  Valère  -  Maxime , 
Liv.  Il,  Ch  4.  &  de  Flofus  dans  fon  Epitomc  , 
Marcus,  &  Decius ,  fils  de  Brutus ,  furent  les  pre- 
miers qui  ho:iorerent  .à  Rome  les  funcr.ailles  de 
leur  père  par  ces  fortes  de  fpedlacles  ,  fous  le  Con- 
fulat  d'Appius  Claudiu'; ,  &  de  M.  Fulvius  l'année 
489  de  Rome  ,  &  la  première  de  la  première 
guerre  Punique.  On  croit  que  les  Romains  prirent 
cet  ufage  cruel  des  Erruriens,  qui  peut-être  l'avoient 
pris  des  Grecs. 

Ce  mot  vient  de  bujlum ,  qui  fignifie  le  bûcher 
fur  lequel  on  brûloir  le  corps  d'un  mort ,  &  au- 
près duquel  les  bujiuaires  fe  battoient ,  ce  qui 
leur  fît  donner   ce  nom. 

BUT. 

BUT.  f.  m.  Point  où  l'on  vife  &  auquel  on  veut 
atteindre.  Signum  dejiiiiatum  ,  meta ,  Scopus.  Ce 
joueur  de  boule  mec  tous  les  coups  fur  le  but. 
Cet  Arqucbulier  a  remporté  le  prix ,   il  a  donac 


UT 


B  U  '^ 


darts  le  l'Ut.  Le  cceui  de  l'homme  eft  Comme  un 
but  où  chacun  vife.  Ablanc. 
1^  But  ,  relativement  à  la  conduite  d'un  être  pen- 
fant ,  ou  coiiiidérc  comme  penfant  ,  fe  dit  dans 
un  i'ens  figuré ,  pour  lignifier  un  objet  déterminé 
Se  fixe  auquel  les  allions  de  cet  être  font  diri- 
gées. Finis.  C'ell  le  hut  que  je  me  propofe.  Voilà 
mon  hiit. 

gCF  II  ne  fout  pas  éortfondre  i>ut ,  vues  &  delTein. 
Le  eut ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  eft  plus  fixe  ;  c'ell 
où  l'on  veut  aller  ;  on  luit  les  routes  qu'on  croit 
y  aboutir ,  SC  l'on  fait  Tes  efforts  pour  y  arriver. 
Les  vues  'font  plus  vagues  ;  c'efl:  ce  qu'on  veur 
procurer  ;  on  prend  les  mellires  qu'on  juge  y  être 
utiles  ;  &  l'on  tâche  de  réufTir.  Le  dejfein  eft  plus 
ferme  ;  c'eft  ce  qu'on  veut  exécuter  -,  on  met  en 
œuvre  les  moyens  qui  parollFent  y  être  plus  pro- 
pres -,  &  on  travaille  à  erl/venir  à  bout. 

gCT  Le  dsjfcin  &  les  vues  font  en  nous  ;  le  i>ut  efb 
hors  de  nous.  On  fc  propofe  un  but.  On  a  des 
vues.  On  forme  un  dejfein.  Le  véritable  Chrétien 
n'a  d'autre  but  que  le  Ciel  ,  d'autre  vue  que  de 
plaire  à  Dieu,  ni  d'autre  dejfein  que  de  faire  fon 
fàlut.  La  railbn  défend  de  fe  propofer  un  but  , 
où  il  n'eft  pas  podible  d'atteindre  ,  d'avoir  des 
vues  chimériques ,  &:  de  former  des  deffeins  qu'on 
ne  fauroit  exécuter.  Si  mes  vues  font  julles  ,  j'ai 
un  dejfein  dans  la  tête  qui  me  fera  arriver  à  mon 
but. 

|fcT  Aller  au  but  ,  c'eft  aller  direélement  à  la  fin 
qu!x3n  fe  propofe.  Et  l'on  dit  toucher  au  but  , 
fraper  au  but ,  pour  dire  ,  démêler  un  point  coa- 
troverfé  ,  trouver  le  nœud  d'Une  affaire ,  d'une  diffi- 
culté. Summa  ,  cardo  ,  nodus. 

On  dit  adverbialement ,  But  à  but  ;  pour  dire  , 
d'une  manière  égale.  Ex  aquo ,  paribus  momentis. 
Il  joue-contre  un  tel  but  à  but  ;  il  ne  donne  &  ne 
reçoit  aucun  avantage.  Ils  ont  fait  un  troc  bnt  à 
but  ;  c'cft-à-dire  ,  fans  retour  ,  troc  de  Gentil- 
homme. Se  marier  but  à  but ,  fans  que  l'un  faffe 
aucun  avantage  à  l'autre. 

Je  ne  veuxrie?i,  dit-il,  en  fe  jeti.int  par  terre , 
Foing  de  fouhaits ,  point  de  tonnerre  , 
Seigneur ,  demeurons  but  à  but.  Perr. 

C'eft-à-dire  ,  demeurons  quittes  ,  n'ayons  rien  à 
démêler  enfemble. 

De  but  en  blanc  ,  c'eft  aufîl  une  façon  de  par- 
ler adverbiale,  qui  dans  le  propre  fe  dit  en  par- 
lant d'armes  à  feu  &  de  gens  qui  tirent.  Cela 
lignifie  depuis  le  lieu  où  l'on  eft  pofté  pour  tirer , 
jufqu'à  celui  où  l'on  doit  tirer ,  8C  où  eft  attache 
le  blanc  auquel  on  vile.  DtT  C'eft  la  portée  d'un 
moufqUet  ou  fufil  tiré  horifoiitalemerit  ,  dont  la 
bouche  ne  haufle  ni  ne  bailTe.  Quarld  on  tire  de 
but  en  blanc  ,  on  fuppofe  que  le  boulet  ne  s'é- 
carte point  .de  la  ligne  droite  avant  que  d'arri- 
vé} au  but.  Reclâ  à  lineis  ad  metam.  Le  canon 
des  arquebufes  buttières  peut  porter  de  but  en  blanc 
mille  pas  ou  environ.  Gaya  ,  Tr.  des  armes. 

On  le  dit  aulfi  au  figuré  -,  pour  dire ,  tout  droit , 
brufquement,  fans  réflexion,  fans  garder  de  mefurc. 
En  venir  de  but  en  blanc  à  l'union  conjugale  ,  il 
n'y  a  rien  de  fi  marchand   que  ce  procédé.  Mol. 

BUTAGE.  f.  m.  Droit   de  corvée. 

^CT  BUTE,  f  f.  inftrumcnt  de  maréchal  qui  fert  à 
couper  la  corne  des  chevaux.  Scalprum,  C'eft  auffi 
un  terme  de  blafon.  On  voit  cet  inftrumcnt  fur 
piufîcurs  écus. 

BUTEALT.  f.  m.  GrofTier  ,  lourdaut ,  butor.  Ce  der- 
nier mot  eft  plus  en  ufage  aujourd'hui.  P.  de  S. 
Julien  prétend  que  Buteau  vient  de  Caç-TAç ,  bœuf- 
Dieu  ,  qui  s'eft  dit  d'Apis  ,  ou  Sérapis  ,  que  les 
Gaulois  adoroient  aufll-bien  que  les  Egyptiens  ,  & 
que  ce  mot  qui  de  foi  n'eft  point  une  injure  ,  s'eft 
dit  par  ceux  qui  ne  l'entendoient  pas  pour  une 
injure,  &  un  reproche. du  naturel  du  bœuf,  qui 


1  ïî^ 

eft  d^être  lourd   U  grofîîer.  Anu^iutt  de  Bourg, 
p.  izy. 

BUTEE,  f.  f.  Terme  de  Maçonhcrie.  Voye^  Buttée* 

1^'  BUTELER.  vieux  verbe.  Vii'er  à  un  but.  Il  y 
a  d^iutres  lujets  qui  ont  butclé  qui  à  gauche  j  qui 
à  dcxtre.  Mont.  Edit.  de  Rouen.  i6^x.  p.  480. 

ICF  BUTER.  V.  n.  Fraper  au  but.  Toucher  le  but» 
Coliunare  ,  Collincare.  Cfn  le  dit  au  jeu  de  pau- 
me ev  de  billard  ,  Se  à  d'autres  jeux  où  l'on  hut^i 
où  l'on  frappe  au  but, 

^CF  Buter.  (  fe  )  v.  récipi  Prendre  une  réfolutioil 
ferme  ,  fe  déterminer  ,  s'arrêter  à  quelque  chofe» 
Je  me  bute  à  cela.  Il  le  bute  à  l'exécution  de  cet  adte* 

^j^  Buter  ,  (  fe  )  ié  dit  auffi  de  deux  perfonnes  qui 
font  toujours  oppofécs ,  contraires  l'une  à  l'aurre* 
Ces  deux  frères  fe  butent ,  font  toujours  butés  l'uri 
contre  l'autre;  Adverjdri, 

^'  Buter  ,  fe  dit  encore  dans  le  figuré ,  pour  ten- 
dre à  un  but ,  à  une  fin.  C'eft  à  quoi  je  bute.  Ce 
Prédicateur  bute  à  l'Évêché.  Tout  cela  eft  du  ftyld 
familier. 

^fF  Buter  ,  enMaréchallerie  jfe  ditd'un  cheval  qui  à 
les  jambes  fi  loiblcs ,  que  la  moindre  inégalité  dil 
terrein  le  fait  broncher.  Ce  cheval  bute  à  chaque 
pas  dans  le  plus  beau  chemin.  Foyes^  BRONCHEk  ^ 
Chopperj 

CCT  Buter  ,  ferme  d'Architéélure  ,  d'Agriculture  SiC 
de  Jardinage.  Foye^  Butter 

BUTE,  EE,  part.  Gens  butés  l'un  contte  rature, 
oppofés  l'un  à  l'autre. 

Buté  j  fignifîe  auffi ,  fixé  à  uti  certain  point  où  l'on 
fe  tient  opiniâtrement,  fixus  ,  Jirmus  ,  pertinax. 
Il  a  offert  une  telle  fomme  de  cette  charge ,  il  el^ 
buté  là  -j  il  n'en  donnera  pas  davantage. 

En  terme  de  chaffe  ,  on  dit  qu'un  chicii  eft  buté, 
lorfque  la  jointure  des  jambes  de  devant  lui  groffit* 
Tu/fiens  ,  tumidus  ,  injlatus.  Voyez  Buture. 

BUTES.  1";  m.  Un  des  Argonautes  qui  fut  honoré 
après  fa  mort  par  les  Athéniens  comme  un  Hé- 
ros !,  il  eut  même  un  autel  dans  le  temple  dT- 
reéthéé. 

1^  BUTHUS,  fameux  Athlète,  mahgeoît,  dit-on,  un 
bœufentierdansun  jour.Depuis  on  donna  le  nom  de 
Buthus  aux  grands  mangeurs  qu'on  ne  peut  raifalier, 

BUTIÈRE.  Voyei  BUTTIÈRE. 

BUTILIER.  f.  m.  Nom  d'un  Office.  Dans  le  Chapitre 
de  Laon  ,  on  donne  ce  nom  au  Syndic  du  Chapitre,. 

BUTIN,  f.  m.  Ce  mot  ti'a  point  de  pluriel.  Argent, 
habits ,  beftiaux  ,  tout  ce  qu'on  prend  fur  les  en- 
nemis pendant  la  guerre.  Prceda.  Chez  les  Grecs 
le  butin  fe  partageoit  en  commun  •,  le  Général  en 
prenoit  feulement  une  plus  greffe  portion.  Pa£  la 
difcipline  militaire'des  Romains  ^  le  butin  fait  fur 
les  ennemis ,  appartenoit  à  la  République.  Les  par- 
ticuliers n'y  avoient  point  de  part  -,  les  Généraux 
qui  fe  piquoient  de  probité  ,  faiibient  porter  au 
tréfor  public  tout  ce  qui  provenoit  du  pillage. 
Quelquefois  on  diftribuoit  le  butifi  aux  foldats 
pour  les  animer ,  &  pour  leur  teilir  lieu  de  ré- 
compenfe.  Cette  difttibution  dépendoit  des  Géné- 
raux ,  qui  en  ufoienr  avec  prudence.  Autrement 
c'étoit  ufi  ciime  de  péculat ,  que  de  diftraire ,  ou 
de  S'emparer  du  butin ,  qui  régulièrement  appar- 
tenoit .ad  Sénat  ,  &  devoit  être  tranfporté  dans 
le  trélbr.  Les  Conllils  Romulius  &:  Veturius  furenr 
condamnés  pour  avoir  vendu  le  butin  fait  fur  les 
Equcs.  TiTE-LivE,  Liv.  VIII. 

Selon  Grégoire  de  Tours  le  butin  fe  partageoit 
anciennement  au  fort  entre  les  François  ,  &  le 
Roi  lui-même  n'avoir  que  le  lot  qui  lui  échéoit, 
Grotius. 

Ip"  Aujourd'hui  par  le  mor  de  butin ,  on  n'enrend 
que  ce  que  les  foldats  pillent  fur  les  ennemis. 

En  termes  de  Marine  quelques-uns  diftinguenc 
le  butin  du  pillage ,  &  difent  que  le  butin  eft  le 
gros  de  la  prife  ,  &  le  pillage  la  dépouille  des 
habits ,  bardes  &  cofiies  de  l'ennemi ,  &  de  l'ar- 
gent qu'il  a  fur  fa  pcrfonne  jufqu'à  30  livres. 
Butin,  fe  dit  figurément  de  tout  ce  qui  eft  enlevé 


I20  BUT 

cil  quelque  manière  &c  pat  quelque  choie  que  ce  j 
foit. 

gC?  Comme  on  voit  au printems la  diligente  abeille. 
Qui  du  butin  des  jieurs  ,  va  compojcr  Jou  miel. 

BOIL. 

C'eft  un  diminutif  du  bas  allemand  lute  ,  qui 
fignifie  la  même  choie. 

Butin,  fe  dit  auHi  des  voleurs.  On  a  attrapé  ces  Bo- 
hémiens ,  &  on  s'cft  faili  de  tout  leur  butin. 

BUTINER.  V.  a.  ablblu.  F.iire  du  butin.  Piœd.iri  , 
prczdam  facere.  Ce  pays  eft  gras  ,  il  y  aiua  bien 
à  butiner.  Ces  troupes  ont  bien  butiné  en  ce  pays 
là ,  mais  ellcS  n'ont  pu  profiter  de  leur  butin. 

On  dit  figurcracnt  îx  poétiquement  ,    que    les 
abeilles  vont  butiner  fur  les  fleurs. 

^  BUTIREUX,  EUSE.  adj.  Qui  eft  de  la  nature 
du  beurre.  Quod  ad  butyri  naturam  accedit.  On  dii- 
tingue  dans'^le  lait  trcvis  fortes  départies  :  la  luti- 
reufe ,  qui  efl  la  cralfe  dont  fe  fait  le  beurre  -,  e'eft 
la  crème  ,  &  ce  qu  il  y  a  d'onctueux  qui  s'cieve 
au  deffus  du  lait  ;  hfereufe ,  qui  eft  le  lait  clair  ; 
&  la  cafeeufe ,  qui  eft  la  plus  cralle  &  la  plus  f':che  , 
dont  on  fait  le  fromage.  Foye^çcs  mots  &  Lait. 

Butor,  f.  m.  Gros  oifeau,  efpèce  de  Héron  fainéant 
&  poltron,  marqué  de  tachrs  rouiîés  en  forme  d'é- 
toiles ,  d'où  vient  qu'on  l'appelle  Ardeola  ajterias. 
On  l'appelle  aulii  taurus-,  ou  bos-taurus ,  a  caufe 
que  quand  il  crie  le  bec  plonge  daAs  la  boue,  il 
fait  un  bruit  qui  imite  le  meuglement  du  tau- 
reau. C'eft  de-là  qu'eft  dérivé  le  iVom  de  Butor. 
Lorfque  le  butor  approche  de  quelqu'un  ,  il  cliaye 
de  lui  crever  les  yeux.  BrLON.Il  y  a  deux  efpècesde 
butor.  Le  grand  butor  rougeârre ,  ci  le  butor  luipé. 

Crand  Butor  rougeatre.  ArdeafielLiris  major.  Eft 
lin  oifeau  qui  approche  fort  du  naturel  du  Héron  ; 
mais  il  n'eft  ni  li'bon  ni  ii  eftimé.  Il  eft  toujours- 
fur  les  bords  des  étangs ,  &  fe  cache  dans  les  rofeaux 
&  les  joncs,  ne  vivant  que  de  poiHbn,  de  gre- 
nouilles, &  desiiifeélcs  qu'il  y  rencontre.  Cet  oi- 
feau a  quantité  d'amers  auffi-bien  que  le  Héron.  Quel- 
ques-uns font  cas  de  fa  chair  -,  mais  elle  fent  trop 
la  fauvaginr.  Son  bec  eft  très-dangereux  ;  il  s'en 
défend  parfaitement  bien.  Pour  fa  figure ,  il  eft  de 
là  grandeur  d'un  Héron  ;  mais  fes  jambes  Ibnt'plus 
courtes.  Il  a  les  plumes  rouannes  ,  marque'ées  de  ta- 
ches brunes  par  le  travers  :  ion  cou  eft  long  d'un 
pied  &:  demi ,  bien  environne  de  plumes  pâles , 
marquées  de  taches  noires  -,  il  en  eft  mieux  garni 
deffus  que  délions.  Les  plumes  qui  couvrent  ledelllis 
de  fa  tête  font  noires.  Il  a  les  trous  des  ouïes  larges , 
&  environnes  de  petites  plumes  fauves.  Son  bec  eft 
droit,  plus  petit  de  beaucoup  que  celui  du  Héron , 
n'étant  que  de  cinq  ou  iix  doigts  de  longueur ,  d'une 
couleur  entre  le  cendré  &  le  plombé,  &  tranchant 
par  les  bords ,  gros  comme  le  doigt  &;  pointu  par 
le  bout ,  creux  par  dedans  avec  de  petites  entail- 
lures.  Sa  partie  d'enbas  s'emboîtç  dans  celle  de  de/îlis. 
tellement  qu'il  Icmble  quafi  carré  avec  des  cannulcs 
par  deflus.  Il  eft  garni  de  plumes  noirâtres,  celles 
d»e  delîlis  Ion  bec  font  blanchâtres  5  fes  aîles  font 
grandes ,  &  contiennent  vingt-quatre  grofîes  pennes, 
&  quatre  en  chaque  petit  aîleron.  Sa  queue  eft 
courte  ,  ic  compoféc  de  huit  pennes  à  gros  tuyaux; 
il  i,  les  yeux  rouges  &  ovales  ;  fes  paupières  font 
fans  poil  ;  fes  janibes  ont  environ  un  pied  de  long; 
elles  font  d'une  couleur  entre  le  jaune  &  le  plombé  ; 
fes  doigts  font  grands  aulll-bien  que  fes  ongles , 
qui  fervent  de  cure-dents  ;  les  curieux  les  font  quel- 
quefois enchâfîer  richement ,  principalement  celui 
'  de  l'ergot.  On  l'appelle  Galereau  en  Bretagne.  Il 
fait  fon  nid  fur  le  haut  des  branches  des  hauts  ar- 
bres ,  &  le  conftruit  de  bûcbettes.  Il  fait  trois  ou 
quatre  oeufs.  Quand  il  veut  fiire  fon  cri  il  fourre 
fon  bec  dans  la  bourbe ,  &  fait  un  bruit  que  l'on 
entend  d'une  demi-lieue ,  comme  fi  c'éroit  le  mu- 
giffemenr  d'un  bœuf.  C'eft  à  caufe  de  cela  que  quel- 
ques-uns l'ont  appelé   Taurus ,  c'éft-à-dire,   Tau- 


ques-i 


BUT 

reau  i  ou  Bas  -  Taurus  i  Bœuf-Taureau  ;  Sc  c'efl  dé 
ce  derniet-  nom  latin  qu'eft  formé  le  françois  butor. 
B»TOR  HtJi-ji.  Ardea Jtellaris  cirrata.  Cet  oil'eau  eft 
de  tous  côtes  d'une  même  couleur  ;  favoir  roufsâ- 
;re ,  moins  par  le  devant ,  &  plus  par-deflbus.  Ses 
jambes  &  fes  pieds  font  bruns  ;  fon  bec  jaunâtre, 
Aldrovand  dit   qu'on  en  prit  un  dans  les  marais  de 
Boulogne  en  Italie  ;  il  avoit  le  bec  long  d'une  palme  , 
de  couleur  de  corne  ,  droit  &  pointu  :  la  mandi- 
bule de  defliis  étoit  un  peu  courbée  vers  lafin,&: 
plus  longue  que  celle  d'en-bas ,  avec  quelque  noir- 
ceur. Il  avoit  le  Ibmmct  de  la  tête  noir.  Son  cou 
étoît  de  cowleur   de   rouille  ,  long   de  deux   pal- 
mes. Il   étoit  noirâtre  fur  le  dos.  Il  paroiUbit  en- 
core tout  jeune.  Sa  queue  étoit  pareillement  noire  '■, 
le  bas  de  Ion  croupion  étoit  blanc  ;  fa  queue  croit 
fort  courte  ;  les  ailes  étoient  en  partie  de  couleur  de 
rouille.  Si  en  partie  blanches;  fes  jambes  ctoienr 
longues  de  neuf  pouces.  Le  cercle  qui  environne  la, 
prunelle  de  fes  yeux  éroit  jaunâtre. 

On  dit  figurément  d'un  homme  ftupide  &  iiul- 
adroit ,  que  c'eft  un  gros  butor  ;  parce  que  cet 
oifeau  eft  foc  &  parelTeux.  Stupidus  ,Jlclidus yplum- 
beus  ,  jiipes.  Pefte  foit  du  gros  butor.  %fT  On  dit 
de  même  d'une  femme ,  que  c'eft  une  butor  de.  Voyez 
cette  mal-adroite,  cette  bouvière,  cziï.q  butorde. 
Mot  .X'expreffion  n'eft  pas  noble. 
BUTTE.  V.  fl  Petite  terre  y  lieu  un  peu  élevé  par  na- 
ture ou  par  art.  TuwmIus.  On  a  rafé  la  butte  laint 
Roch  pour  y  bâtir.  Ils  apperçutent  une  butte  oc- 
cupée par  les  ennemis.  AblAnc. 
Butte  ,  eft  audl  le  jeu  des  Chevaliers  de  l'Arquebufe, 
la  mailbn  où  tirent  les  Chevaliers  de  l'Arquebui'e. 
Et  l'on  a  dit  la  butta  des  Archers,  la  butte  des  Al- 
balêtriers ,  la  butte  des  Arquebùhers.  Les  Rois  des 
buttes ,  qui  croient  la  même  chofe  que  les  Rois'  des 
Arbalétriers  ou  dt?s  Arquebuliers,  c'eft- à-dire,  ceux 
qui  avoienr  lemportc  le  prix.  Les  Chefs  des  i^w/^^. 
Voyez  Le  Maire,  Hill.  d'Orléans  ^  pao.  515. 
%fF  Butte,  fe  dit  particulièrement  d'une  petite  élé- 
vation de  terre  ou  de  maçonnerie  au  inilieu  de  la- 
quelle on  place  le  bur  où  l'on  tire. 

Dans  ce  fens  on  appelle  poudre  de  butte  ,  de  li 
poudre  à  canon  fort  fine ,  pour  charger  les  arque- 
bufes  de  ceux  qui  rirent  au  blanc  pour  les  prix. 
Pulvis  nitratus  tenuijjimus ,  fubtili(Jlmjis,  Leur  lice 
s'appelle  aulîi  la  butte. 

Ménage  dérive' ce  mot'de/^o/M,  ?<.  botontinus  ^ 
qui  fe  trouvenrchez  les  Latins  en  cette fignificarion. 

On  dit  figuréI^lenr ,  être  en  butte  à  l'envie,  à  la 
îiicdifance  j  pour  dire ,  être  expofé  aux  traits  de 
l'envie  ,  de  la  médifance.  Expofitus  ad  invidiam , 
maledicentiam.  Dès  que  l'on  eft  trop  fenlible  ,  on 
ne  peut  plus  comprer  fur  fbn  repos  ,  &  l'on  eft 
en  butte  à  tous  ceux  qui  nous  veulent  chagriner, 
Bell.  Le  bien  eft  en  butte  à  ceux  qui  ne  le  font  pas, 
Abb.  d.  l.  Tr, 

Cet  illujîre  affligé  ne  veut  pas  dans' fa  chute, 
Laijfer  à  tant  de  maux  tant  dépeuples  en  butte.  Breb, 

Butte  ,  en  Architecture.  Voy.  Buttée. 

Butte.  Terme  de  Jardinier.  Morte  de  terre  qu'on  éle- 
vé au  pied  d'un  arbre  nouvellement  planré  pour 
l'affermir ,  ou  dans  laquelle  on  planre  l'arbre.  Tu- 
mulus  ,  tuberculum,  Planrer  des  arbres  en  butte  , 
c'eft  les  planter  non  pas  dans  un  trou  creufé  au- 
delîbus  de  la  fupefficie ,  mais  dans  une  morte  ou 
élévation  de  terre  que  l'on  fait  exprès  au-delTus  de 
laTuperficie,  afin  de  les  y  phnzsï.  In  tumulis  con- 
ferere  ,  plantare.  Cela  fe  pratique  à  l'égard  des  pe- 
tits arbres  que  l'on  plante  dans  une  terre  trop  hu- 
mide ,  ou  qui  n'eft  pas  encore  égalée  &  mile  de 
niveau  avec  le  refte  du  terrein.  La  Quint.  Il  fe 
dit  aulfi  d'un  amas  de  terre,  ou  de  fumier ,  dont 
on  couvre  une  plante  ,  ou  une  herbe  pendant  l'hi- 
ver ,  pour  la  garantir  de  la  gelée.  Voye^  Butter. 
Jardinage. 

BUTTEE,  f.  f.  Terme  de  Maçonnerie.  Malllfd&pîerreï 

dureî^ 


B  II  V 


B  U  2 


ïii 


dnrcS  5  qui  aux  deux  extrémités  d'un  porii:  j  foûtîe'nt 
la  chaullce  &c  rciîftc  à  la  pouilce  des  arcades»  Moles 
ih.xca.  On  l'appelle  auili  ôiute  cC  eu/ce. 
0-  BUTTER.  V.  a.  Terme  d'Architcdure  Si  de  ma- 
çonnerie.  Uiutcr  un  mur ,  une  voûte ,    c'eil  (ou- 
tenir  un  mur  oti  une  voûte  par  le  moyen  d'un  pilier 
bourant,  d'un  arc  boutant ,  pour  les  empêcher  de 
s'écarter  -,  empêcher  la  pouiîce  d'un  mur,  ou  l'ccar- 
tcmcnt  d'une  voûte  par  le  moyen  d'un  arc  ou  pi- 
lier boutant  j  appuyer  les  reins  d'une  voûte   par 
quelque  contrefort.  Fulcire.  Il  faut  butur  ce  mur. 
^fT  BaxTER  un  arbre  en  termes  de  J.^.rdinage  ,  c'cft 
le  garnir  de  moit:s  de  terres  autour  du  pied  pour 
le  ibiitenir:  ce  qui  fs  pratique  lûrtout  ci  l'égard  des 
arbres  de  tige  nouvellement  plantés ,  que  le  vciit 
pourroit  renverfer  fans  cette  précaution. 
0Cr  On  hutte  encore   les  arbres ,  c'eft  à-dire  qu'on 
les  contient  avec  de  la  terre  ama/lce  autour    du 
pied  ,  pour  les  garantir  d'une  trop  grande  humV 
dite  dans   les  terres  fraîches,  ou  dans  une  terre  qui 
n'efi:  pas  encore  mi!e  de  niveau  avec  le  refle  du 
tcrrcin. 
^3"  RuTTFR  une  Plante,  c'c'^    la  couvrir   de  terre 
ou  de  fumier  pour  la  garantir  de  la  gelée  pendant 
l'hiver. 
0Cr  On  hutte  aulfi  le  céleri ,  les  Cardes  d'Artichauts 
&c ,  c'efl-à-dirc  qu'on  les  entoure  de  terre  ,  pour  les 
faire  blanchir. 
^fX  Butter  des  terres  ,  c'efl:  les  mettre    en  petites 
buttes ,  pour  faire  plus  facilement  écouler  les  eaux, 
f  S°  Butter  un  jalon ,  chez  les  Arpenteurs  ,  c'efl:  le 
mettre  à  la  haureur  du  nivellement  par  le  moyen 
de  la  rerre  qu'on  rapporte  au  pied. 
|!Cr  BUTIERE  ,  ad).  t\  qui  le  joint  avec  le  mot  ar- 
quebufe.  Arquebufe  biit'ùre , efpèce  d'arquebufe  dont 
on  fe  fcrt  pour  tire»  au  blanc  ,  au  but.  Elle  ne  dif- 
fère des  autres  qu'en  ce  qu'elle   efl:  plus  grande  & 
plus  pefante.  Les  Chevaliers  de  l'arquebufe  fe  fer- 
vent de  huttïeres  pour  tirer  l'oifeau  &:  le  prix. 
^  BlJTtlMAN.  f.  m.  Poids  d'ufage  en  Perle  ,  d'en- 
viron vinfft-cinq  livres. 
EUTU.  adj.  m.   Les    chèvres  de  la  Thébaïde  font 
grandes  comme  les  nôtres,  avec  les  oreilles  de  la 
grandeur  d'un  chien  couchant  bien  coëffé  ,  le   vi- 
fage   très-agtcable ,    avec  un  nez  butu ,  nès-hutu 
comme....  je  vcudrois  bien  vous  donner   une  com- 
paraifon  ,  mais  vous  lavez  que  nous  ne  connoiHbns 
point  de  nez  de  perroquet.  Abbé  de  Chaulieu  ,  p. 
241  du  1  tom.  de  fes  cÉuvres  in-'6°,  Amjh  ij^'^. 
BlJTURE.  (.  £  Terme  de  Charte.  Grodèur  qui  fur- 
vicnt  à  la  jointure  au-deilus  du  pied  du   chien  de 
chaffe  j    dé    fdtte    qu'il    lui    tombe    des    glaires 
qui,  lé  rendent  boiteux  ;  ce  oui    arrive  fouvent  par 
quelque  piquure  d'épine.   Tunior.  On  appelle  un 
chien  attaque  de  ce  mai  un  chien  hutê. 
tfT  BUTYREUX,  EUSE.   Foyci  Butireux. 
^  BUTZAW,  Ville  d'Allemagne  ,    dans  la  baflb 
vSaxe  i   du  Duché  de  Meckelbourg ,  dans  l'ancien 
état  de   révêque  de  Schwerin. 
IP^^BUTZBACH.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
W'téravie,  dans  le  Comté  de  Solins,  entre  Franc- 
fort &  Giefen, 

B  U  V, 

Buvable,  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  peut  boire.  Ce  viri 
là  fera  bon,  mais  il  n'eft  pas  encore  buvable.  Il  efl: 
familier. 

BUVANDE.  f.  f.  A  In  Campagne  on  appelle  ainfi  la 
liqueur  qu'on  exprime  du  raifm  ,  quand  orl  en  a 
tiré  le  vin.  On  verfe  fur  le  marc  de  l'eau,  on  fait 
agir  le  prcilbir,  &  la  liqueur  qu'on  en  exprime 
s'appelle  huvande  ,  palace  c^e  les  gens;  de  la  cam- 
pagne en  font  leur  boidon.  Les  Villageois  font 
auiîi  de  la  huvande  ,  en  mettant  dans  une  barri- 
que des  raif.ns  ,  cormes ,  pruneaux  ,  pommes  ou 
poires ,  fur  lefqUels  ils  mettent  de  l'eau.  On  Tippelle 
autrement  ;'/,'7/crr<?  ou  de  la  hoiffon. 

EUVANT ,  ANTE.  part.  Qui  boit ,  ou  qui  eft  en 
état  de  boire,  bibens.  Cst  homme  a  fept  enlans , 
'Tu me  II, 


tous  bieh  huvans  &  bien  mangeans  5  qui  fe  pdrtèht 

bien. 
BUVEAU.  f.  mi  Foyei  Beveau. 
§Cr  BUVERIE.  1:  f.  Vieux  mot.  c'eft  la  même  chofé 

que  Beuverie. 
BUVETIER.  {'.  m.  Celui  qui  tient  la  buvette  en  plu- 

lîcurs  Jurididions.  Qui  potum pnzbet. 

Elle  eut  du  Buvetier  emporté  les  ferviettes  j 

Plutôt  que  de  rentrer  au  logis  les  mains  nettes.  RÀciiii 

BUVETTE,  f.  f.  Lieu  crabli  dans  toutes  les  Cours  6c 
Juridiétions,  où  les  Confeillers  vont  ié  rarraîchirj 
tlcjeûner  &  faire  la  collation.  Locus  potioni  ddii- 
natus: 

Thcmis  înfpire  à  la  Buvette 
Aux  Magijtrats  la  plus  droite  équité } 

A  l'audience  on  vous  répète 
Plus  d'un  arrêt  que  Bacchus  a  diclé. 

Ce  mot  lignifie  audi  un  régal  qu'on  fait  dans  tés 
cabarets,  ou  autres  lieux,  entre  amis  qui  fe  veu* 
lent  réjouir.  C'oot/om//o.  Maisencefens  il  n'eft  prei- 
que  uliré  qu'au  pluriel ,  &  feulement  dans  le  ftyle 
fimple  &  familier.  Il  eft  défendu  par  les  ftatuts  des 
Métiers  de  Paris ,  de  faire  des  buvettes  pour  la  ré- 
ception d'un  apprenti. 

BUVEUR,  f.  m.  Dans  un  fens  général ,  celui  qui  boit. 

•  On  dit  en  ce  fens,  vin  qui  rappelle  (on  buveur  j, 
en  parlant  d'un  vin  agréable ,  qui  invite  celui  qui 
en  a  bu  à  en  boire  plus  d'une  fois.  Pvtator. 

fcT  Buveur  fe  dir  plus  fouvent  dans  un  fens  odieux  ^ 
de  celui  qui  aime  le  vin ,  qui  eft  accoutumé  à  en 
boire  beaucoup.  Vinipotor  ,  ou  vinipotator  j  vinofus. 
Tous  les  peuples  du  Septentrion  font  de  grands  bu- 
veurs. Bacchus  étoit  le  Dieu  des  buveurs  chez  les 
Païens.  Horace  a  dit  que  les  buveurs  d'eau  ne  font 
jamais  que  de  mcchans  vers.  S.  Evr.  On  appelle 
un  buveur  d'eau ,  celui  qui  ne  boit  que  de  l'eau 
ou  du  vin  fort  trempé.  Hydropotes-. 

Les  Anatomiftes  appellent  aulfi  Buveur  ,  le  troi- 
fième  mufcle  de  l'œil  qui  fert  à  le  faire  mouvoii' 
du  côré  du  nez  j  parce  que  c'eft  un  mouvemenr  qui 
fe  fait  d'ordinaire  quand  On  boit.  M.  Dionisle  nom- 
me audi  adducteur ,  8c   lifeur. 

BUVOTTERi  V.  n.  Boire  à  petits  coups  réitérés* 
Sorbillare  ,  pitijfare.  Ils  partent  enfe.mblc  des  jour- 
nées entières  à  buvotter.  Il  eft  familier, 

BUY. 

BUYE  f.  f.  Vieux  mot  qui  fignifie  une  cruclie  ,  ©u 
vairteau  à  mettre  de  l'eau.  On  dit  aujourd'hui  Buire, 
Hydria  ,  urceus. 

ffT  "BUYGEN  ou  BUGEN.  Royaume  le  plus  fepten- 
trional  de  l'île  de  Ximo  au  Japon,  dont  la  Capi- 
tale eft  Kokura 

BUYO.  f.  m.  Terme  de  Botanique,  Nard.  Antoine 
Reche  parle  de  trois  plantes  dans  fon  Livre  //^% 
c.  57,  qu'il  nomme  Buyo.  Ce  font  lans  doute  les 
mêmes  que  la  queue  de  Renard.  Saururus.  Il  leur 
dorlne  prefque  les  mêmes  qualités  &  effets.  Plu- 
mier. 

CCr  BUYTRAGO,  ouBUTRAGO.  Petite  ville  d'EP 
pagncj  dans  la  nouvelle  Caftille  j  aux  confins  de 
la  vieille. 

B  U  Z. 

BliZANÇAIS  ou  BUZENÇOIS.  Buiencœum.  Ville 
de  France  en  Berry.  Ce  mot  eft  écrit  dans  Moreri , 
Buien^ais  :  cela  eft  mal  ;  car  on  prononce  Bu-* 
pences. 

liO"  BUZARD.  f  m.  V^oyei  BusE, 

BUZE.  f.  f  C'eft  le  nom  qu'on  donne  aux  tuyaux 
des  foufflets.  On  les  fait  de  fer ,  de  cuivre ,  d'ar-i 
cent ,  '&  quelquefois  de  bois.  Les  hu^es  de  ces  fou- 
flets  grortiers  furent  faires  avec  des  canons  de  pi* 
ftolets.  L'Abbé  Desfontaines* 


Î22    -     B  y  S 

ffy  BuzE  ,  Terme  de  Marine  ,  flibot ,  petit  bâtimenb. 
yoyei  Bue  HE. 

BuzE  ,  terme  de  mineur,  l^oye^  Buse. 

|ÎCF  BUZET,  Petite  ville  de  France,  dans  le  Langue- 
doc ,  fur  le  Tarn ,  Diocèfe  de  Touloule. 

^y  li  y  a  encore  un  bourn;  de  ce  nom  dans  le  Baza- 
dois,  auprès  de  l'emboucliure  de  ia  Biaiie>  dans  la 
Garonne. 

B  Y  A. 

ÎBYARIS.  1".  m.  Efpèce  de  baleine,  ainfi  nommée  par 
les  Bafques ,  &  Ciclielot  par  ceux  de  S.  Jean  de 
Luz.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  le  mâle  de  la 
baleine.  Cents ,  ce:us  mas.  C'efl:  de  Ja  cervelle  de 
hyaris ,  que  le  fait  le  blanc  de  baleine. 

tp-  BYCHOW.  Petite  ville  deLithuanie,  au  Pala- 
tinat  de  M^cii'la^y ,  lut  le  Nieper,  entre  Mohilow 
de  Rohaczow. 

§3"  BYDGOST.  Petite  ville  de  Pologne  ,  dans  la 
Prulle  Royale  ,  la  mime  que  Bromsberg, 

B  Y  G. 

BYGOIS.  f.  f.  Nvmphe  d'Etrurie ,  qui  avoir  écrit  des 
foudres,  &  dont  les  livres  Etruriens  des  Arufpices, 
les  livres  falgurcux  Se  leurs  Rituels  parloient.  -Ser- 
vius  Se  Ciccron  en  font  aulîi  mention, 

B  Y  S. 

.  BYSANTIN.  Foyei  Byzantin. 
BYSSE.  Terme  de  blàlbn.  /^ojt'{BissEi 

BYSSE.  f.  m.  Ceft  le  nom  de  la  foie  dont  les  An- 
ciens s'habilloient,  Byjfus.  Elle  ctoit  fi  dilfcrcnte 
de  celle  dont  on  fe  lerr  aujourd'hui ,  qu'on  ne  doit 
pas  confondre  deux  chofes  lî  dilférentes  fous  un 
mime  nom.  En  Egypte  Sc  en  Syrie  on  portoit  du 
fin  lin,  du  coton,  èc  du  l'yûe.  Fleuri. 

Le  mot  de  i>yjf'e  n'eft  guère  en  ufage.  Les  Inter- 
prètes de  l'Ecriture  expliquent  communément  le 
mot  byfftis  y  qui  vient  du  grec  /sûs-o-»?  ,  ^iifin  lin  , 
tant  dans  l'ancien  que  dans  le  nouveau  Teftament 
au  ch.  i6  de  S.  Luc  19  ,  où  il  eil  dit  dans  notre 
édition  latine  conformément  au  texte  grec  ,  du 
mauvais  riche  induehatur  purpura  &  byffo  :  Mrs 
de  Port-I4oyal  ont  traduit ,  qui  étoit  vêtu  de  pour- 
pre &  de  lin  -,  ce  qui  n'exprime  pas  allez  la  pro- 
priété du  mot  hyjfus  qui  lignifie  quelque  chofe 
qui  eft  plus  que  de  iimple  lin.  Les  Pères  Jéfuites 
ont  traduit ,  qui  s'ho-billsit  d'écarlate  &  de  toile 
fine.  Le  P.  Amelote ,  qui  a  voulu  s'accommoder  à 
nos  ulages ,  a  mis  dans  fa  verlion,  qii" il  étoit  vitu 
de  pourpre  &  de  foie.  On  lit  de  la  même  manière 
dans  la  traduction  de  Calvin ,  &  dans  l'efpagnole 
imprimée  à  Venife  eti  1 5  ?(>  :  mais  by(fus  étoit  autre 
chofe  que  notre  foie  ,  comme  on  le  peut  prouver 
évidemment  par  un  grand  nombre  d'anciens  Ecri- 
vains ,  i<c  entre  autres  par  PoUux  ,  Liv.  P^II  àt  fon 
Onomaft.  ch.  17.  M.  Simon  a  traduit  plus  à  la 
lettre ,  qui  fe  vctoit  de  poupre  &  de  fin  lin ,  avec 
cette  note  :  Il  y  avait  une  efpèce  de  fin  lin  qui  étoit 
fort  cher  ,  &  dont  les  plus  "rands  Sei^neursfc  vètoient 
en  ce  pays  là  &  dans  Egypte.  Ce  Riche  en  avoit  un 
habit  de  couleur  de  pourpre.  Cela  s'accorde  parfai- 
tement avec  le  Lexicon  de  Héfychius.  Bochart  a 
aulfi  remarqué  dans  fon  Plaleg  ,  Liv.  III,  ch.  4 
que  ce  qu'on  appelle  byffus  étoit  un  lin  fort  délié  , 
qui  étoit  fouvent  teint  en  pourpre.  Pline  aifure  que 
le  byffe  étoit  une  efpèce  de  lin  très-fin.  P?ufanias 
dit  la  même  chofe  -,  il  remarque  que  dans  toute  la 
Grèce  il  ne  ofoilfoit  de  bvffe  qu'en  Elide.  Il  faur 
qu'il  y  eût  deux  fortes  de  byffe  ,  l'un  beaucoup 
f  lus  fin  que  l'autre  ;  car  Bonfrérius  remarque  que 
de  deux  mots  hébreux  qui  fignifient  by^e ,  il  y  en 
a  un  qui  eft  toujours  employé  dans  l'Ecrirure 
quand  il  eft  parlé  des  vêremens  des  Prêtres ,  & 
l'autre  quand  il  eft  parlé  des  vctemens  des  Lévites  : 
cette   conjeélure    paroît   fort  viaifcmblable.  Lei- 


B  Y  Z 

dekker  croît  que  le  byjjé  étoit  un  lin  fort  fin  & 
fort  b'anc. 

^Zr  M.  de  Fleuri  prérend  que  le  by^e ,  ou  byffus,  étoh 
une  foie  d'un  jaune  doré  qui  provenoit  de  certains 
coquillages  de  mer. 

IJCF  Ariftote  parle  d'un  byjfus  ,  tiré  des  pines-marincs  ; 
&  nomme  ainfi  la  foie  de  ces  coquilles. 

§CF  Le  byj/us  des  anciens  ,  n'étoit  peut-être  qu'un 
terme  générique  ,  qui  s'appliquoit  à  toutes  les  ma- 
tières qui  fe  filoient ,  &:  qui  étoient  plus  précieufes 
que  la  laine» 

B  Y  Z. 

BYZACÈNE,  que  quelques-uns  écrivent  BISACENÈj 
ou  BIZACENE.  f.  f.  Byiacium,  By^acenus  ager , 
Byiacena  Provincia. Ancienne  province  de  l'Alrique 
propre  ,  dont  la  capitale  étoit  Adruméte.  Ceft 
mainrenant  la  partie  méridionale  du  Royaume  de 
Tunis.  La  By^acene  croit  un  pays  très-fertile ,  comms 
on  le  peut  voir  dans  Pline  ,  Liv.  XFII,  ch.  5  ,  Liv. 
XFlll ,  ch,  I  o  •,  dans  Varron  ,  De  Re  Rufiica ,  Lir. 
/,  C  44  &  dans  Silius  Italie.  L.  IX,  v.  204,  où 
on  lit  communément  Buxencia,  au  lieu  de  By^acia. 
Cette  fertilité  peu  commune  a  fait  croire  à  Bochart 
dans  fon  Phaleg  ,  L.  /,  C.  15  que  ce  mot  venoit 
du  Phénicien  «lO  >  mammelle.  Il  confirme  la  con- 
jeéture  par  l'ufage  des  autres  langues ,  qui  fe  fervent 
du  terme  qui  fignifie  mammelle  ,  pour  marquer  la 
fertilité-,  témoin  Homère  ,  Iliad.  I,  141  ,  &  Virgile 
i  Georg.  v.  185,  Procope  parle  d'une  ville  delà 
By:^acène  nornmée  Mamma.  La  Byiacene  fut  auili 
dans   la  fuite  une  province  Eccléfiaftique. 

tiYZANCE.  Ville  très-ancienne,  capitale  de  la Thraccj 
By^antium.  On  ne  fait  pas  au  jufte  quel  eft  le  fon- 
dateur i  ou  l'origine  &  le  cammencement  de  cette 
Ville.  PlufieursHiftoricns  difent  que  ce  font  les  Lacé- 
démoniens  qui  l'ont  bâtie.  Juftin  ,  Liv.  IX ,  ch,  1 
en  fait  honneur  .à  Paufanias,  Roi  de  Sparte.  Ifidorc 
a  copié  Jurtin  5  mais  le  P.  Cantel ,  dans  fes  notes 
fur  Juftin  ,  prérend  que  c'eft  là  une  erreur    grol- 
fière  de  cet  Hiftorien ,  &  que  le  fondateur  de  By- 
^tnce  eft  Byzes  ou  Byzas,  Général  des  Mcgaricns. 
Ceft  auHi  le  fentimcnt  d'Euftathius  dans  les  notes 
fur    le  Géographe  Denys ,  v.  800  &  801  ,  où  l'on 
pourra  remarquer  qu'en   corrigeant  Juftin  ,    le  P. 
Cantel ,  s'eft  auiîi  trompé  ;  car  il  ne  fait  qu'un  feul 
homme  de  Byzes  ou  Byzas  ,   Général  des  Méga- 
riens ,  au  lieu  qu'Euftathius  diftingue  Byzes  de  Byzas; 
Se  félon  lui  Byzas  étoit  fils  de  Céroeife ,  fille  d'Ioi 
éc  Byfes  étoit  un  Mégarien ,  qui  cdnduifir-là  une 
Colonie  de  fes  Compatriotes,   qui  y  bâtirent  une 
ville  ,  qu'ils  nommèrent  By^ance  ,  du  nom  de  leiur 
Chef  Au  refte,  il  lémble  qu'il  faut  plutôt  appeler  ce 
fondateur  Byzas  que  B^es  ',  car  les  médailles  de 
By^ance  ont  quelquefois  d'un  côté  une  tête  d'homme 
avec  ce  mot  pour  légende,  BrSAS.  Au  revers  uno 
proue  de  vailléau  Btsantiîîn.  Cette  infcriprion  da 
revers  montre  que  ceux-là  fe  trompent,  qui ,  au  rap- 
port d'Euftathius  au  même  cndroir ,  difent  que  le 
nom    grec    de    cette    ville    doit    s'écrire    par    oa 
«»,  BTSANTEioN,  &  quc  Dcuys  contre  l'ufage.  Se 
pour  faire  fon  vers  avoit   retranché  1'«   en  "difant 
(3i»^«.Tio».  Au  temps  de  Pline  c'étoit  une  ville  libre, 
&  cet  Auteur  ajoute,  Liv.  IF  -,  ch.  11  ,  qu'avant 
de  s'appeler  By^ance  ,  fon  nom  éroit  Lygos.  Eafta- 
rhius  dit  que  Scvère  la  nomma  Antonia.  Enfuirc 
Conftantin  y  ayant  tranfporré  le  (îctje  de  l'Empire 
au  Commencement  du  IV'  fiècle  ,  il  lui  donna  fon 
nom ,  &  ce  fut  déformais  Conftantinoplc ,  ou  la 
nouvelle  Rome.  Enfin  ,  les  Turcs  qui  la  prirent  l'ati 
145;,  ont  fait  de  (Jonftantinople  Stamboul.  Elle 
eft  fituée  far  le  bofphore  de  Thrace ,  ou  canal  de 
la  mer  noire,  fur  une  langue  de  terre  qui  s'avance 
vers  l'Anatolie  ,  dont  éTle  n'eft  féparée  que  par  un 
canal  large  d'un  mille.  Ce  promontoire  s'appeloit 
autrefois  Chryfoceras ,  corne  d'or.   Dion  dans  Sé- 
vère ,  &  Zonaras  dans  fon  hiftoire ,  ont  donne  la 
dcfcription  de  By:^ance,    Voyez  encore  les   deux 


t 


BYZ 

Tomes  d'anciens  morceaux  de  l'hlftoirc  de  Con- 
ftaminople^  que  le  P.  Banduri  a  tait  imprimer ,.  & 
Pcrrus  GiiliuS  ,  De  Topographia  ConfiantinopoUos, 
Pline  dit  que  le  premier  nom  de  By'iance  fut  Litros  ^ 
Hérodote&r  les  autres  arieiens  ne  lui  en  donnant  point 

d'autre  que  celui  de  i?)'^(7/2c<î,  &  quelques-lins  croient 
que  les  Aic^ariens  la  bâtirent  di\--lcpt  ans  après 
Calcédoine.  Quant  à  moi ,  je  Icrois  plus  volontiers 
de  cette  opinion  que  de  celle  de  Juftin  ,  qui  veut  que 
Paulariias ,  Roi  de  Sparte ,  en  foit  le  fondateur  ; 
car  il  efl:  confiant ,  félon  Thucydide  ,  que  lorfque 
ce  Général  Lacédcmonien  la  prit  fur  les  PerfeS ,  il 
y  avoir  déjà  50  ans  qu'ils  s'en  étoient  rendus  maîtres , 
après  que  Darius  eut  pa/fc  le  Bùlphorc  pour  aller 
contre  les  Scythes    Dir  Loir  ,  p,  40. 

Il  y  a  cd  deux  autres  Villes  de  ce  nom' ,  l'une  que 
Ptolémée  place  dftis  l'Inde  en  deçà  du  Gartge  ^ 
&:  l'autre  qu'Eititathius  ,  à  l'endroit  que  j'ai  cité  , 
place  en  Libye. 
gYZANT'lN,  INE.  adj.  Qui  e(l  de  Byzance  ,  c'eft- 
.■\-dite  ,  de  Conftantinople.  Byr^antinnsj,  By^nitiiis. 
Plulicurs  pcrfonnaL^es  célèbres  dans  l'antiquité  ont 
porté  le  furnom  de  By7^antin.  Etienne  Byzantin, 
Auteut  d'iia  D'iélionnairc   Gcojjf'aplrique  en  ftec,- 


BYZ  lAj 

Lcon  By^^dntm  ,  Théodore  By^^amlm  difciples  de 
Platon  l'un  &  l'autre,  Théodore  By^anùl  m- 
et.que  du  II  fiède,  qtii  après  avoir  apoRalié  par 
la  craifite  de  la  perfécirtion ,  fe  fit  Hérétique,  &  nii 
la  divinité  de  J  C.  Cependant  en  ces  occaf.ons 
on  dit  plutôt  de  Byzance  que  Byzantin.  Etienne  de 
Byzance ,  Théodore  de  Byzance ,  &c.  Philippe  ayant 
ailiégc  IS&  Byiannns ,  fut  dbliirc  de  lever  le  iièee 
pour  aller  faire  la  guerre  aux  Scythes.  II  ne  faut 
pas  toujours  dire  Byiaiitin  ,  Pufage  veut  que  l'on 
diie  quelquefois,  ^<;  Byzance  ;  par  exemple  :  otï 
ne  dit  point ,  Etienfte  Byzantin  ,  niais  Etienne  de 
tiy lance  ,  Auteur  du  livre  ïii/,',  ^,^,,,, ,  De  Urhihis 
On  dit  l'hiftoirc  Byiamine  ,  &  non  pas  de  Bv- 
iance.  ^ 

§Cr  Hifloire  Byzantine.  Corps  d'Hiftoire  de  Cori- 
Kantinople ,  imprimé  à  Paris  au  XVIP  ficelé 

Byzantin  ,  ou  turc.  f.  m.  Terme  de  Fkurilte.  Sotte 
d  Anémone.  Anémone  By^antina  ,  ou  Turcica.  Le 
Turc ,  eu  Byzantin  eft  couleur  de  rofe.  Anémone 
rojeo    colore.    Chom. 

■CiCr  BZO.  Ville  d'Afrique  ,•  au  Royaume  de  j^aroc 
dans    la  Province  de  Hafcore.    Marmdl    l'appelle 


C 


Troificme  lettre  de  l'Alphabet ,  fe 
prononce  ordinairement  comme  un 
k  ,  devant  les  voyelles  a  8c  o  ,  Se 
devant  les  diphtongues  au ,  Se  ou , 
comme  cahinet,  copie, caufe  ,  co«- 
/f«r.  Devant  la  voyelle  «,&  devant 
les  diphtongues  &  les  triphtongues 
qui  commencent  par  un  u  ,  le  l'on 
du  c  n'eft  pas  fi  dur  que  devant  Va  Se  Vo  ,  il  eft  un 
peu  adouci ,  comme  cueillir  ,  cuiraffe  ,  curieux. 
Mais  quand  le  c  fe  trouve  devant  les  voyelles  a , 
o  Se  u.  Se  qu'il  a  une  petite  virgule  deflbus ,  que  les 
Efpagnols  appellent  Cédille ,  Se  les  Imprimeurs  ç  à 
queue ,  on  le  prononce  comme  une  s  ;  Se  devant  les 
voyelles  i  Se  e  ,  toujours  cômnre  une  s,  c'eft-à-dire , 
qu'il  a  un  fon  fiftlant  qui  fe  forme  en  avançant  la 
langue  vers  les  dents ,  entre  celles  d'enhaut  &  celles 
d'enbas.  Le  c  fuivi  d'une  k,  a  un  fon  fiftlant,  mais 
grofïîer,  &  bien  différent  du  fori  de  l'j-  ;  celui  du 
ch.  de  la  langue  Françoife  eft  un  fon  qu'on  peut  ap- 
peler/j^/^;^/,  ou  fon  du  palais  i  il  fe  forme  en 
approchant  la  langue  du  palais ,  Se  refTemble  au  fon 
des  lettres  sh  dans  les  mots  Anglois ,  on  c  devant 
e  Se  i  dans  les  mots  Italiens ,  excepte  qu'en  Italien', 
le  c  prend  quelque  chofc  du  fon  du  /  ,  ce  qui  n'ar- 
rive pas  eh  François  quand  ow  prononce  ks  let- 
tres ch. 

Le  c  fe  prononce  fortement  à  la  fin  de  prefquè 
tous  les  monofyllabes,  comme  en  l'ec  y' choc  ,  croc  , 
froc  ,  hoc,-  pic  ,  roc  ,Jec,foc.  Il  y  a  auffi  quelques 
mots  de  pluiîeurs  fyllabes ,  à  la  firf  defquels  le  c  fe 
prononce  auffi  fortement  :  comme  en  6iffac  ,  E/ioc  , 
Lamec.  Il  en  fa'Ut  excepter  almanac.  Dans  refpeclSe 
fufpecîlecCe  prononce  fans  le  r,  fufpec ,  refpec.  P. 
BuFFiER.  On  peut,  malgré  cette  règle,  prononcer 
le  t  enjufpecl.  Dans  pacl,  exact',  correct,  direct,  le  c 
Se  le  t  fe  prononcent.  Dans  almanac  ,  arfenac  ,  ar- 
fenic  ,  cotignac ,  clerc ,  marc  ,porc  ,  épie ,  &  dans  les 
mots  où  le  c  eft  précédé  d'une  voyelle  nazale,  com- 
rne  l'âne,  donc  ,  jonc ,  le  <:  final  ne  fe  prononce  point, 
fi  ce  n'eft  devant  une  voyeHe  en- récitant  des  vers. 


C 


P.  BuFF.  ,  &  dans  une  prononciation  foutenué  à: 
énergique.  Quand  porc-épic  font  joints  enfemble  , 
il  faut  prononcer  le  c  de  porc.  Dans  ejiomac  ,  tabac  i 
broc ,  il  rie  fe  prononce  poitit,  Id. 

Tous  les  Grammairiens  ont  remarqué  que  les  ari- 
eiens RomaiUs  pronoriçoient  le  q  comme  le  c ,  Sc 
qu'ils  pronoriçoient  le  c  coinme  nous  prononçons 
le  k.  MÉNAGE.  Le  P.  Mabillon  a  obfervc  que  Char-' 
les-Magnê  a  toujours  écrit  ibn  nom  avec  la  lettre  c, 
au-lieiï  que  les  autres  Rois  de  la  féconde  race  qui 
portent  le  nom  de  Charles ,  l'écrivent  avec  un  k.  Orf 
remarque  la  même  différence  fur  les  monnoies. 
^  Scaliger  prétend  que  cette  lettre  s'eft  formée  dU 
K  des  Grecs ,  &  qu'en  rerranchant  la  colonne  ou  la 
ligne  droite,  ç'eri  eit  l'autre  moitié.  D'autres  veulent 
que  ce  Ibit  le  3  Caph  des  Hébreux.  Le  Cdph,çix  effet , 
a  toute  la  inême  figure  ,  à  cela  près  ,  que  les  Hébreux 
lifan'!:  de  la  droite  à'  la  gauche  ,  il  eft  tourné  en  ce 
leri'^,au-lieu  que  les  Latins  l'ont  tourne  de  gauche 
a  droite,  paice  qu'ils  lilbient  ainfi ,  aufTï-bien  q«e 
nous-.  Cependant  le  c  n'étant  point  l'a  même  lettre 
<5ue  le  caph  quant  au  fon  ,  &  les  Romains  n'ayant 
point  re€u  leurs  lettres  immédiatement  des  He- 
brenx  ni  des  autres  Orientaux  ,  mais  des  (Srecs ,  il 
paroît  plus  probable  que  cette  lettre  a  été  prifé  d'à-' 
près  le  K  Grec.  Le  P.  Montfàucon  ,  dans  fa  Paléo- 
graphie ,-3.  marqué  des  formes  de  K;  Grec  qui  ap- 
procherit  de  celle  -  cï  e-  Suidas  appelle  |  le  C  le 
Kappa  Romain. 

C  chez  les  Roi^fiaîns ,  ctoic  une  lettre  numérale' 
qui  fignifioit  cent ,  fuivant  ce  vers  : 

Non  plus  quàm  centiim  C  Htterafertur  habefe^ 

Quelques-uns  tiennent  que  fî  on  met-toit  un  titiré 
ou  une  barre  au-deffus  du  C  ,  elle  fignifioit  cent 
mille:  on  auroit  de  la  peine  à  en  trouver  des  exerii^ 
pies  chez  les  Anciens.  Il  fignifie  Caiiis  dans  les  noms 
d'homme,  comme  C.  Semptonius ,  C.  Céfar,  c'eft-à- 
dire  ,  Caius  Sempronius  ,  Caius  Cefar.  Les  Romains 
en  ufoient  ain/î,&nous  les  imitons.  ftF  Le  Ctcn*-^ 

^4       ' 


1  2-4 


C  A  A 


verfc,  ou  écrit  de  droite  à  ijauche  ,  figniiîe  Card  , 
nom  de  temme.  C;tte  même  lettre  mite  toute  feule 
marque  chez  les  Jurirconlultes,  Codice  ,  ou  Conju/c; 
&;  quand  elle  ell  double  ,  Confiilihus.  Cctoit  auHi 
une  lettre  funelle  :  elle  llgnilioit  Condemno  ,]Ç:  con- 
damne. IT-J"  De  même  qiie  la  lettre  A  croit  une  let- 
tre ralutaire,parce  que  Icil  liges  jetoicnt  dans  l'urni.' 
une  tablette ,  fut  laquelle  ctoit  écrite  la  lettre  A  ou 
la  lettre  C,  luivant  qu'ils  vouloient  abfoudr'é  ou  con- 
damner un  accule. 

Cette  lettre  cil  le  caractère  difliniStif  d'une  des 
monnoies  de  France,  qui^roit  à  S.  Lo,&qui  eft 
préfentcment  à  Caën  i  lorlque  le  C  eft  double  ,  c'cft 
la  marque  de  la  monnoie  de  Bcfançon, 

Le  c  dans  l'Alphabet  chimique  ùgnifie  le  falpc- 
tre.  DicT.  DE  James, 

Parmi  les  marchands ,  certe  lertrc  lignifie  compte. 
C.  O.  compte  ouvcrr.  C.  C.  compte  courant. 
fCT  Dans  la  mulique  c'cft  le  ligne  delà  mellire  à  quatre 
temps,  ë:  li  le  C  efl:  barre,  c'ell:  le  ligne  de  la  meilire  à 
quatre  temps  vîtes ,  ou  à  deux  temps  poics  ,'  con- 
fervant  pourtant  toujours  le  caractère  de  la  mellire 
à  quatre  temps,  qui  eft  l'cgalité  des  croches,  Rous, 
Dans  la  Mulique  le  C  niajufcule  marque  le  defllis 
chantant  dans  les  balles  continues. 

ÇA. 

^3=-  CA.  Première  partie  d'un  Tchag  ,  ou  Cycle  de 
dix  années ,  que  les  Cataïens  failbient  rouler  avec  un 
autre  Cycle  de  douze,  pour  compoler  une  période 
de  foixante  ans ,  qui  lért  à  marquer  les  caradères 
de  leurs  années  Se  de  leurs  époques.  D'Herb,  Bi- 
blïot.    Orient. 

ÇA  ,  adv.  tantôt  de  mouvement ,  &  tantôt  de  repos  i 
il  iiçniîie  ici  ;  mais  avec  cette  différence  ,  que  çà  , 
quand  il  eft  feul ,  ne  fe  joint  qu'avec  le  verbe  venir  , 
&  dans  ces  phrafes,  vien-çà ,  venei-là  ;  &  qu'/c/,  qui 
eft  de  même  adverbe  derepos  &c  de  mouvement  tout 
enlémble  ,  fe  joint  avec  toutes  fortes  d'autres  ver- 
bes. AcAD.  Fr.  Venez  çâ ,  c'eft-à-dire ,  venez  ici. 
Ehodum  ,  adefdum  ,  hue  concède. 

IP"  Ça  ,  joint  avec  là  ne  le  met  qu'avecles  verbes  de 
mouvement  ,  &  lignifie  de  côté  &  d'autre.  Ils  er- 
roienr  çà  &  là  ,  hic  ,  illàc.  Il  s'arrête  çà  &  là. 

^  En  ça.  adv.  de  temps.  On  dit  en  ftyle  de  palais  , 
depuis  deux  mois ,  deux  ans  en  çà.  Duobus  ahhinc 
annis. 

Depuis  cinq  ou fix  ans,  en  ça. 

Au  travers  de  mon  pré,  certain  ânonpaJfa.KKc. 

(tr  Qui  çà  ,  qin  là  ,  pour  dire  les  uns  d'un' côté,  les 
autres  de  l'autte.  Ils  vont  qui  çà ,  qui  là.  Alii  alib  ah- 
eunt.  ExprelTion  du  ftyle  très-familier, 

§;?  Deçà  ,  de-là  ,  par-deça  ypar-de-là  ,  en  deçà,  en 
de-là.  Voyez  ces  mots.  , 

ffT  Ça  ,  eft  quelquefois  une  interjedion  dont  on  fe 
fert  pour  encourager  ,  exciter  ,  commander.  Ça  , 
commençons.  Ç(Z  ,  dites- moi.  Ça,  qu'on  mette  la 
main  à  l'œuvre!' ^tr'^ ,  asiejis.  Ça  la  main  droite  ,  la 
gauche.  Cedo  dextram  ,Jînipram.  Ça  ,  ça  y  qu'on 
monte  à  cheval. 

^^3"  Ça  ,  fc  dit  encore  tout  feul ,  en  répondant  à  quel- 
que queftion  ,  ou  pour  exptimer  le  confentement 
qu'on  donne  ,  comme  (i  quelqu'un  demandoit  des 
étoffes  à  un  Marchannd  ,  il  rcpondroir  ,  ça  ,  pour 
dire  qu'il  va  les  montter.  Acad.  Fr. 

ScT  Or  ça  ,  le  dit  encore  pour  encourager  ,  mais  en 
commençant  feulement  ,&:  fans  prononcer  l'r.  Or , 
ça ,  mes  enfans ,  travaillons. 

C  A  A. 

CAA-APIA.  Voye:(  ci-après  C  a  api  A, 

CAA-ATAIA.  f.  m.  Pla'nre  du  Bréfil,  qui  relTemble  par 
fes  feuilles  oppofées ,  denrelées ,  fe?  fleurs  en  cafque, 
&  fa  fcmence  renfermée  dans  une  gouHe  ,  à  l'Eu- 
ftaife  ,  au  genre  de  laquelle  on  pourroit  la  rappor- 
ter. Broyée  5c  bouillie  dans  l'eau,  fâ  décodion  prifc 


C  A  A 

en  boilTon  ,  purge  tbrtement  par  haut  ô:  par  bas, 
D(CT.  DE  James. 
ifS"  CA ABAH ,  ou  CA APjEH.  Nom  arabe  ,  croit  celuii 
qu'on  donnoit  au  temple  de  la  Mecque,  .^c  propre- 
ment À  la  tour  carrée  s  que  l'on  nommoit  autre- 
ment Te   kyblak.  D'Herb.  Bibliot.  Orient. 

CAABLES.  1".  m.Jc  voudrois  bien  farvoir  pourquoi  les 
Vocabuliftcs  en  font  un  adj.  fynonyme  avec  chablis. 
Terme  de  jurifprudence.  Ce  mot,  dans  les  Ordon- 
nances des  forêts  veut  dire  ,  bois  verjes  &  abattus 
par  les  vents.  Voyez  Chablis. 

CAACHIRA  ou  COACHIRA.  C'eft  la  plante  de 
l'Indigo  ,  autrement  Ami.  Voyez  ces  mots. 

IfT  CAÂCICA.  f.  m.  Plante  umbeilifere  ,  qui  croît  au 
Brélil  ,  dont  la  racine  eft  petite ,  filamenteufe  ,  les 
tii^es  nombrcufes,  genouillées  ,  d'un  vert  rougcâtre^ 
les  feuilles  un  peu  velues  ,  f%nt  vertes  d'un  côté  , 
blanchâtres  de.  l'autre  ,  &  rellêmblent  allez  à 
celles  de  la  Véronique  -  mâle.  Toute  la  plante 
eft  remplie  d'un  lue  laiteux.  Broyée  6c  appliquée  y 
c'eft  un  remède  excellcnr  contre  la  morfure  des  fer- 
pens.  On  s'en  fert  aullî  dans  les  autres  bleffures. 

IfT  CAA-ETIMAY.  Plante  du  Ikélil  ,  dont  la  tige 
verte  ,  remplie  d'une  fubftance  médullaire ,  s'élève 
cà  la  haureur  de  trois  pieds.  Ses  feuilles  reliemblent 
.à  celles  de  l'hylope ,  &  les  fleurs  à  celles  du  feneçon. 
Les  feuilles  de  cette  plante  font  chaudes  &  acrimo- 
nieulés  au  goût.  Bouillies ,  broyées ,  elles  guériHênt 
la  gratelle  en  quelque  endroit  du  corps  que  ce  foit  ,■ 
en"  en  frorant  la  patrie  affedée. 

CA  AGHIYNYO.  f.  m.  Périt  arbriflcau  du  Bréfil ,  de  la 
grolfeur  du  firamtoifier.  Foye^-  en  la  defcription 
dans  le  Dicl.  de  James.  Ses  feuilles  pulvérifées  font 
un  excellent  temèdc  pout  les  ulcères  qui  provlen- 
nenr  d'un  princip'e  chaud. 

CAAGUACUBA,  f.  m.  Périr  arbre  du  BréfiL  Foyei-eh 
la  defcription  dans  le  D":ct,  de  James, 

ffT  CAAIGLfE.  f.  m.  &C  f.  Nom  d'un  peuple  fauvage 
de  l'Amérique  méridionale.  Ils  habitent  féparément 
dans  les  forets  entre  le  Parana  &  l'Urraic.  C'eft  de- 
là que  leur  vient  le  nom  de  Caaigue  ,  Caaigua ,  qui  , 
fi  l'on  en  croit  quelques  voyageurs ,  fignifie  dans  la 
langue  de  ce  peuple  homme  des  bois,  for efiier.  Voyez^ 
Hijt.  Parag.  L.  IX,  C.  14. 

IJC?  CAAIO!  f.  m.  Plante  du  Bréfil ,  dont  Ray  diftin- 
gue  deux  efpèces.  Il  les  appelle  fenjîtives  ,  &  n'en' 
dit  rien  de  plus. 

ffj-  CAANA.  Ville  d'Egypte  ,- fur  le  Nil ,  au-deffous 
des  catarades.  Paul  Lucas  dit  que  les  anciens  mo- 
numens  qu'on  y  trouve ,  font  croire  qu'elle  éroit 
autrefois  confidérable. 

CAAOBETINGA.  f.  m.  Petite  herbe  qui  fe  trouve 
au  Bréfil.  Il  fort  des  feuilles  de  fa  racine  même 
qui  font  blanchâtres  par-delfous  ,  &  vertes  par- 
deffus.  Sa  racine  &  fes  feuilles  pilées  etrfemble 
font  bonnes  à  confolider  les  plaies. 

CAAPEBA.  f.  m.  Plante  du  Bréfil    qui  a.  beaucoup^ 
de  rapport  avec  la  Clématite.  Elle  pouffe  ,  comme 
elle  &  comme  la  vigne ,  de  longs  farmens  qui  ram- 
pent fur  terre  ,  lorfqu'ils  ne  trouvent  pas  à  s'ac- 
crocher à   quelques   arbres  ou  arbriffeaux  voifins.' 
I^T  Ses  feuilles   font  très  déliées ,  les  unes  ron- 
des ,  les  autres  en  forme  de  cœur ,  toutes  d'un  beau 
verr  en-deffus.  Ses  fleurs  fonr  d'un  jaune  pâle  cn- 
deHus ,  &  il  leur  fuccède  un  grain  de  figure  ovale , 
gros  comme  un  poids  ,  vert  en-dedans  ,  &  rouge 
à  l'extérieur.  Sa  racine ,    qui  la  rend  recomman- 
dable  ,  n'eft  d'abord  que  de  la  groffeur  du  doigt, 
&  de  coulent  grife  ;  mais  elle  devient  noire  en 
vieilliffant  ,  &  de  la  groffeur  du  bras  ;  ce  qui  a 
fait  croire  qu'il  y  en  avoir  de  deux  efpèces.  Cette 
racine  eft  torrueufe  ,  compade ,  &  d'un  goût  tirant 
fur   l'amer.  On  la  croir  bonne   pour   atténuer  la 
pierre  tant  des  reins  que  de  la  veffic  ,  pour  réfi- 
fter  au  venin  &:  à  la  morfure  des  ferpens.  On  la 
coupe  par  rranches,  SC  on  la  fait  infufer  quelques 
jours  dans  de  l'eau  ou  autre  liqueur  appropriée  à 
la  maladie,  &  le  malade  en  fait  fa  boiffon  ordi- 
naire. On  tire  auffi  le  fuc  de  la  feuille  &  de  1» 


CÂ1& 


C  Afi 


èacirie  pilce,';  cnleinble  ,  &c  on  les  mêle  avec  îe 
vin  dont  on  fait:  fa  bdiltbn,  Voyei.  Lémiby  qui 
en  parle  d'après  Guillaume  Pifon. 
CAAPIA  o'ii  CAA^APIA,  Tm.  Nom  d'une  plante  dii 
Brcfil,  Caapia  ,  Caa-apia  Pifonis.  Le  Caapia  de 
Piibn  eft  une  pcrire  plante  baiic  ,  dont  la  racine 
cft  ioni;ac  d'un  ou  de  deux  travers  de  doigt,  de 
la  i^rolieur  d'une  plume  de  cigrie  ,  &  quelquefois 
du  petit  doigt  ^  iioueufe  ,  garnie  à  fes  côtés  &  à 
fon  extrémité  de  iilamens  longs  de  trois  ou  quatre 
travers  de  doigt  ,  d'un  gris  ftoiràtrc  au  dehors  > 
blanche  au  dedans  ,  prefqu'iriiipidc  dans  les  pre- 
miers tîiomens  qu'on  la  tient  dans  la  bouche  i  d'un 
goût  par  la  fuite  un  peu  acre  &;  piquant. 

De  cette  racine  s'elevcnt  trois  ou  quatre  tiges 
ou  pédicules  ,  ronds  i  de  la  longueur  de  trois  o;i 
quatre  travers  de  doigt ,  partant  chacun  une  feuille 
large  d'un  travers  de  doisît ,  &  longue  de  trois  ou 
quatre  ,■  d'un  vert  luifarit  par-delfus ,  un  peu  blan- 
châtre par-dcflous  ,  chargée  d'une  nervure  dans 
toute  ia  longueur,  &  traVerice  de  quelques  Veinei 
televces  au-dcffus. 

La  fleur  a  fon  pédicule  particulier  ;  elle  eft  ron- 
de ,  radiée  ,  approchant  de  la  fleur  du  Bellis ,  coni- 
polce  de  plulieurs  étamines  <  portant  des  femen- 
ccs  rondes  ,  plus  petites  que  la  graine  de  moutarde. 

Cette  racine  a  prefque  les  mêmes  qualités  qiie 
l'ipecacuanha  ,  ce  qui  lui  a  fiir  donner  par  quel- 
ques-uns le  nom  d'Ipecacuanha ,  maïs  mal-a-pro- 
pos ,  comme  l'a  remarqiïé  Pifon  lui-même.  Elle 
arrête  le  flux  de  ventre  ,  Se  fait  vomir,  aiilli  bien 
que  l'ipecacuanha ,  mais  non  pas  (i  fortement ,  ce 
qui  fait  qu'on  en  peut  donner  une  dofe  plus  forte. 
La  dofe  eft  depuis  line  demi  drachme  jufqu'à  une 
drachme  en  poudre  dans  du  vin  ,  du  bouillon , 
ou  autre  liqueur  convenable.  Les  Bralîliens  pilent 
toute  la  plante,-  en  expriment  le  fuc  &  l'avalent. 
Ils  fe  fervent  auffi  avec  fuccès  de  ce  fuc  pour  gué- 
rir les  plaies  de  flèches  empoifonnées  &  les  mor- 
fures  des  ferpents,  en  le  vetfant  dans-  les  plaies. 

Pifon  ajoute  qu'on  trouve  encore  une  autre 
efpèce  de  Caa-apia  toute  femblable  à  celle  que 
nous  venons  de  décrire  ,  à  la  réferve  que  fes  feuil- 
les font  un  peu  dentelées  à  leur?  bords  ,  & 
velues ,  auffi  bien  que  les  tiges, 
CAAPONGA.  f  f.  Nom  que  ler  hahitafts  du'  Bréfiî 
donnent  à  une  efpcce  de  crête  marine  ^tJ"  &  de 
pourpier.  Ils  font  bouillir  &  confire  les  feuilles  & 
les  jeunes  tiges  dans  le  vinaigie  ,  &  s'en  fervent , 
comme  nous'  des  câpres  &  des  cornichons,  poUr  ex- 
citer l'appétit. 
tAAROBA.  f.  m.  Arbre  très-coïnmlm  au  Bréfil.Aoy^{- 
en  la  defcription  dans  le  Dicl.  de  James.  Ses  feuil- 
les font  amères  au  goût  ,  elles  paflênt  pour  un 
ingrédient  excellent  dans  les  fomentations  ,  &  les 
bains ,  lorfqu'elles  font  icchées  &  broyées.  ^3*  Pri- 
fes  intérieurement ,  elles  palTent  pour  déterfivcs  , 
deflicatives  ,  &  bonnes  contre  les  maladies  chro- 
niques. La  conferve  préparée  avec  feS  fleuis ,  a  les 
mêmes  propriétés, 

€  A  R- 

CAB  ou  CABE.  f.  m.  Nom  d'une  mefure  de  blé  , 
félon    PoUux   &  Héfychius.    Cabus.   Tirin  ,  dan^ 
fon  Traité  des  mcfures  &  des  vafes  ,  dit  que  le  Cabe 
ctoit  la  même  choie  que  le  Chenix  des  Grecs  -,  que 
c'étoit   la  mefure  de  ce  qu'un  manœuvre  mange  par 
jour,  telle  que  Caton  la  marque  aux  payfans  dans 
fon  ^6'  chapitre.  De  Re  Rr/Jiica  ;  qu'on  l'appeloit 
autrement  Palme  cubique  :  que  c'étoit  la  lixième 
partie  du  Satum ,  ou  du  boiflêau  -,  qu'il  contenoit 
quatre   loges    ou    fetiers  hébreux  ,  &  qu'il  reve- 
nbit  à  peu  près  à  ce    que    les  Italiens    appellent 
hoccale  ,  &    les    Efpagnols    açumbre.  R.  Alphes  , 
cité  par  Buxtorf ,  dit  que  le  Cabe  ,  contenoit  au- 
tant que  14  œufs.  Un  Auteur  Anglois  ,  qui  a  écrit 
fur  ces  matières  ,    lui  donne  un  peu  plus  de  90 
pouces  cubiques  de  capacité.  Tout  cela-  revient  à 


i2,f 


peu  près  au  même  ,  ëc  il  s'enfuit  que  le  Cai>e  étoi? 
la  to''  partie  de  ï'éphif  Se  le  tiets  du  hin  ;  que  le 
quart   du  Caèe  ctoit  un    ietier  hébreu  ,  qui  étoir 
égal  au    fetier  atrique  ,    &  qu'ainii  dans  Ja    lairri 
^  de  Samarie  dont  il  eft  parlé ,  i'  Livre  des  Roîs  VI , 
zj  ,■  un  quart  de   Cale  ,  ou  un  ietier  de  fumier 
de  pigeo'n  ,  valoit  cinq  pièces  d'argent,  c'eft-à-dirc 
cinq  liclcs  ,  qui  font  de  notre  monnoie  fept  livreS 
.  quelques  fous. 
CABACET.  roy^r  CABASSET. 
IfT  CAB ACK.  C'ert  ainfi  qu'on  •appelle  en  Ruffie  les 
Cabarets  8c  les  maifons  où  l'on  boit  du  vin  Se  des 
liqueurs  fortes.  Tous  ces  Cabacks  appartiennent  aii 
Souverain.  Il  eft  le  feul  cabareticr  de  Ion  Empire. 
Il  afferme  en  argent  ces  fortes  de  maifons.  Moyeti 
très-fur  d'.augmenrer  fes  revenus  ,  dans  des  Etats 
d'une  auflî  grande  étendue  où  les  Peuples  aiment 
à  boire  &  à  s'enivrer  ,   principalement  d'eau-de- 
vie. 
CAB  AIE.  f.  f.  riabillemerit  des  Gardes  du  Roi  &  des 
Mandarins 'de  Loy.   Ils  ont,    au    lieu    de   robe  ^ 
une  Cabaie  blanche  avec  le  turban.  Les  Officiers 
îa  portent   un    peu  plus  longue  que  les  Soldats. 
Routier  des  côtes  des  Indes   Orientales. 
|)CrC AB AIGNAC.  Petit  lieu  du  haut  Languedoc,  entre 
Touloufe  &  Carcaflbnne ,  vers  fa  fource  duGirou. 
CABAL  ,  &  CABAU.  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Le, 
Perron  l'explique  par  peculium.  On  ap'pelle  cabal 
les  marchandilcs  qu'on  prend  de  quelqu'un  à  moi- 
tié ,  au  tiers ,  au  quart  de  profit.  Cabal  ;  en  lan- 
gage Touloufain  ,  veut  dire ,  le  fonds  d'un  Mar- 
chand. 
CABAL.  f.  m.  Livre  Hiftorique  ,  mêlé  de  pîu'fieufsf 
narrations  fàbuleufes  touchant  le  Muiiilmanifmeo' 
On  trouve  dans  ce   Livre  ,•  dont  l'Auteur  eft  in- 
connu ,  plufieurs  traditions  anciennes  du  Chriftia- 
niline  ,  &:  entt'autres  ,  celle  des'  Ange?  GardienSi 
D'H'erb.  ... 

CABALE,  f.  f.  Quelques-uns  'écrivent  KABALE.  Ce 
nom  a  plufieurs  fignifications  ,  qu'il   faut  diftin- 
guer  plus  exactement  qu'on  ne  fait  dans  tous  nos 
biétionnaires.  Cabale  eft  un    mot  Hébreu  ,  rh':ii;> 
Kabbalach  ,  qui  fîgnifie  proprernent  &  précifément 
Tradition  ,  &  Vap,  Kibbel iq\xi  fîgnifie,  recevoir  par 
tradition ,  recevoir  de  père  en  fils,  d'âçe  en  âge  fur- 
tout  enChaldéen  &c  liébreu  Rabbinique-,  mais  non  pas 
comme  on   le  dit  mal-à-propos  dans   le  Moréri  ,■ 
Tradidit,  il  a  enfeigné.  Do-là.  il  fe  dit  première- 
ment d'un  fentimenr  ,  d'une  opinion,  d'une  cxpli- 
catioTî  de  l'Ecritu're  ,'  d'une  coutume  ou  pratique 
qui  s'eft  tranlmife  de  père  en  fils.  Les  Juifs  3  comme 
on  le  peut  voir  dans'  la  préface  de  Ma'i'enron  fur  la 
Mifchna ,  croient  que  Dieu'  donna  à  Moïfe  non- 
feulement  la  Loi ,  mais  encore  ['explication  de  la 
Loi  fur  la  montagne  de  Sina'i.  Quancf  il  étoit  def- 
cendiï,  &  qu'il  s'étoit  retiré  dans'  fa  tente  ,  Aaron 
l'alloic  trouver  ,  &  Moïfe  lui  apprenoît  les  Loix 
qu'il  avo'it    reçues  de  Dieu  ,   Se  lui    en  donnoit 
l'explication,  que  lui-même  avoit  auifr apprife  de 
Dieu.  Quand  il  avoit  fini  ,=  Aaron  le  mettoit  à  la 
droite  de  îvio'iTe  ,  Eléazar  $c  Irhamar  fils  d'Aaron 
entroient,  Se  MoiTe  leur  difoit  ce  qu'il  avoit  déjà 
dit  à  Àarôu,-  Après-  quoi  s'étant   placés  l'un   à  la 
droir'e  ,  &  faurre  à  fa  gauche  ,  venôieht  les  70 
vieillards  qui  compofoient  le  Sanhédrin  ,  &  Mo'i'fe 
leur    répéroit   encore   tout   ce    qu'il   avoit    dit   a 
Aaron  &  à  fes  entans.    Enfin  ,    on  faifoit  entrer 
tous  ceux  du  peuple  qui  vouloient ,  Se  Mo'iie  lev 
inftruifoit  encore  comme  il  avoit  fait  les  autres. 
De  forte  qu'Aaron  entendoir  quatre  fois    ce  que 
Moïfe  avoit  appris  de  Dieu  fut  la  montagne  j  Eléazar 
&  Ithamar  l'entendoient  trois  fois  ;  les  70  vieil- 
lards ,  deux  V  &  le  peuple  une'fois.  Or  des  deux 
chofes  que  leur  apprenoir  Moïfe  ,  les  Loix  que 
Dieu  impofoit ,  &  l'explication  de  ces  Loix^,  on 
n'en  écrivoit  que  la  première  ,  c'eft-à-dirc  ,  les  Lois-, 
Se  c'eft  là  ce  que    nous  avons  dans   l'Exode  ,  le 
Lévitique  &   les  Nombres.  Pour  Ce  qui   regarde 
rintelligeftce  &  l'explication  de  ée?  Loix ,'  oii  (« 


1 16 


G  R  B 


contcntoit  de  ic  l'impaïucr  bijn  dans  !.i  n^.cmoirc, 
èc  enlliite  les  Pères  l'apprirenif  a  leurs  enhins,6: 
ceu-c-ci  aux  leurs  ,  &  amli  de  ùccl'c  en  Iiccle  jul^ 
qu'aux  deniiers  aaes.  Ceft  pour  cela  que  la  pre- 
mière partie  de  ce  que  Dieu  avoir  donne  a  Moilc 
s'appela  iimplemcnt  Loi  ,  ou  Loi  écrite  ;  &:  la  le 
bonde  Loi  orale ,  ou  Caèa/e  ;  car  voila  originai- 
rement ce  que  c'ell  que  Ca/'u/e  &c  le  lens  propre 
èc  primitif  de  ce   nom.  Quelques   Rabbins    pré- 
tendent que  leurs  Pères  l'avoienr  reçue  des   Pro- 
phètes ,    qui    l'avoient  reçue    des  Anges.   Rabbi- 
Abraham-Ben    Dior,  dit  dans  la  Préface  de  fon 
Livre  de  la  clc.uion  {.hi/na  )  que  l'Ange  Raziel 
fut  le  maître  d'Adam  ,  &  qu'il  lui  apprit  là  Cal'ale  ; 
bue  Taphi.l  fut  le  maître  de  S'em  ,  que  Tiedckiel 
le  fut  d'Abraham  ,  Raphaël  d'ilaac  ,  Pcliel-  de  Ja- 
cob ,  Gabriel  de  Jolcpli ,  Mératron  de  Moiie  ,  & 
Malathiel    d'Elie.    Les    Rabbins    apportèrent    de 
Chaldée  les  rêveries  de  la  CaUle ,  &  y  ajoutèrent 
une  infinité  de  tables. 

Parmi  ces  explications   de  h  Loi^  qui  ne  font 
U  plupart  aurrc  choie  que  des  interprétations  de 
différens  Rabbins  fur  les  Loix  de  Dieu ,  &:  leurs 
décifions  fut  les  obligations  qu'elles  impofenr_,  & 
fur  la  mariiëre  de  les  pratiquer ,  il  y  en  a  qui  lont 
myftcrieufes  tk  cachées  ,  qui  conliftenî   dans  des 
i^gnifications  abftrufes  &  fingulières  que  l'on  donne 
ou  à  un  mot  ,  ou  même'  a  chacune    des  lettres 
qui  le  compofent  >   d'où  par  différentes  combi- 
naifons- ,    l'on  rire    de  l'écrirure  des  explications 
fort  différentes  de  ce  qu'elles  femî)lenî  naturelle- 
t    ment  lignifier.  L'art   d'interpréter    ainfi  l'Ecriture 
s'appelle  plus  particulièrement  Citlnik ,  &:  c'eft  le 
feris  le  plus  ordinaire  de  -ce  mot  dans  notre  lan- 
gue. Cette  Cabale-,  que  l'on  lYOïrane  Cabale  arti- 
ficielle ,   pour  la  diftinguer   de  la  première  dont 
nous  avons  parlé ,  &  qui  n'eft  qu'une  fimple  tra- 
dition ,  cette  Cabale ,  dis-je  ,   fe  divife   en.  trois 
efpèces,  La  première  s'appelle  Gématrie  :  elle  con- 
fiée à  prendre  les  lettres  pour  des  chifres  ou  nom- 
bres   arithmétiques»  &:   à  expliquer  chaquemor 
par  la  valeur  arithmétique  des  lettres  dont  il  efl: 
compofé  ;    ce  quï  fe  fait  en  plufieurs  nianières  , 
comme  nous  le  dirons   au  mot  Gématrie. 

La  féconde  efpèce  s'appelle  Notaricon  ,  &  con- 
fifte ,  ou  bien  à  prendre  chaque  lertre  d'un  mot 
pour  une  diiSlion  entière  -,  par  exemple ,  n';L'Nl3i 
premier  mot  de  la  Genèfe,  pour  v\'av  pï?  y^p-i  «T^' 
t\^n^n  no^  \  ou  bien  à  faire  des  premières  lettres 
de  plufieurs   mots  une  feuls  didion  ,  comme  de 
ceux-ci ,.  r  3«  i:)-!:?  ohw  Vm^:!  Vous  ites  fort  dans 
,  l'éternité ,  Seigneur ,  en  ne  prenanr  que  les  pre- 
mières lettres,  on  forme  ce  nom  Cabaliftique  de 
Dieu  sVjs?  ,  ^gla ,  dont  parle  Galatin,LrV.  //,  c /i  1 5 . 
La  troifiéme  efpèce  s'appelle  mi^n  y  Thémura, 
qui  fignifie  changement ,  Se  confifte  à  changer  Un 
mot,"&:  les  lettres  donr  il  elt  compofc,  ce  qui 
fe  fait  en  plufieurs  manières-,  car  i"  ,  On  les  fé- 
pare  ,  &:  de  ; ,  "lu;^<^3  ,  Brefchit ,  par  exemple ,  qui 
veut  dire ,  In  principio ,  on  fait  n>t:;i?*i3 ,  pofuit 
funiamentum.  C'eft  ainfi  que   dans  certains  Jeux 
de  mots ,    on  a  quelquefois  féparé  des  mots  La- 
tins. Sum-mus  ,    Ter-minus  ,  Suf-tinea-mus.   1°. 
On  tranfpofe  les  lettres  d'un  mot ,  on  les  place , 
on  les   arrange   différemment  ;  par  exemple  ,  du 
même  mot  ^■>wL'5?^a  on  fait  T^-Tia   S  ,  ce  qui  fig- 
nifie  1°  in   Thifri  ;  &c  parce  que  cela  fe  tire  du 
premier    mot    de    Phifloire   de    la    création    du 
monde ,  qn  en  conclut  que  le  monde  a  été  créé 
le  prtmier    jour  du    mois    Thifri.  5p.  On  prend 
une  lettre  pou:  une  autre,  à  caufe  des   différens 
rapports  qu'on  leur  donne  en  prenant  l'alphabet 
en  différens  fens.  Ainfi   en  partageant   l'alphabet 
hébreu  de  ii  lettres ,  en  deux   parties  ,  la  pre- 
mière  de  chacune  de   ces  parries  fe  prend  pour 
la  première  de  l'autre  :  la  féconde  pour  la  féconde  : 
îa  troifiéme  pour  la  troifiéme  ,  &:  ainfi  des  onze 
lettres ,  dont  chacune  de  ces^  parties  eft  compo- 


CAS 

fée  ,    qui  le  prennent   mutuellement  poitr  ecllè 
efui  leur  répond  ditfis  l'autre  partie  ,  c'eft-,\-dire , 
K  pour  T  j  ou  T   pour  K  :  J  pour  O  ,  ou  îDpour  2  :  J 
pour  i  ,  ou  A   pour  : ,  &c.   Par-la  de  ^^î^3^  >  Taiéel 
nom  inconnu,  qui  fe  rrouve  en  Ifaïe  VIL  6,  on 
en  fait  sût,  Remla  ,  nom  d'un  Roi  d'ifrael.  Une 
autre  tacon  de  changer  les  lettres  efl;  de  prendre 
•  l'alphabet  en  deux  manières  :  prcmièrcmenr  à  l'or- 
dinaire ,  puis  à  rebours  ,  en  commençant  par  la 
dernière  lettre  ,   &  de  changer   encore    les  deux 
premières  lettres  ,  Tune  &c  l'autre  mutuellement , 
&  de  même  les  deux  fécondes ,  les  deux  troiiièmes 
&c.  c'eil;-à-  dire  ,  s  en  n  ,  ou  n  en  t^î  ;  a  en  u/ ,  ou  w 
en  j  >  T  en  3  ,  ou  :  en  t  ,  Sec.  Par-là  de  r^,?  37.  Le 
cœur  de  ceux  qui  s'élèvent  contre  moi ,  dans  Jércm. 
Liv.  L  I  ,  on  fait  D'7ï."l  y  l'^  Chaldéens  ,  &  l'on 
conclur  que  ceux  dont  Dieu  parle  font  les  Chal- 
déens. Ces    deux  dernières   efpèces  de   Tkemure 
s'appellent  plus  particulièrcmenr  encore  ^jniy,  c'cft- 
à-diï'r,  affectation  ,  combinaifon.  Voyez  Rcuchlin, 
Pic  de  la  Mirandole  ,  le  P.  Kirker  dans  fon  Oedrp. 
JEgypt.  Sérarius  &  Bonfrerius  dans  leurs  Prolé- 
gomènes. La  Cabale  dont  nous  venons  de  parler  r 
peut  s'appeler   la    Cabale  fpéculative.    II    y  en  a 
une  autre  qu'on  peut  nommer  la  Cabale  pratique  y 
c'efl:  celle  dornt  rious  allons  parler. 
Cabale  fe  prend  encore  pour  les  ufages,   ou  plu- 
tôr  les  abus  que  fout  les  Magiciens  des  pa/îagi's- 
de  l'Écriture  ,   ainfi  qu'on  le  peur   voir  dans  un: 
petit  ouvrage  de  cette  forte  ,  intitulé  tylQ*^  C''7"in  i 
L'ufage  des   Pfeaumes  y  Se  imprimé  à  Sabiortette 
en  1588',  à  la  fin  d'une  édition  des  Pleaiaues  ^//-14.. 
&  dans  'plufieurs  autres  livres  de  même  forte.  Tous 
les  noms ,  toutes  les   figures  magiques ,  tous  les 
nombres  ,  les  lettres  ,   &c.  dont  on  fe  fert  pour 
cela,  &  encore  la  fcience  hermétique,  ou  la  re- 
cherche  de  la  Pierre  Philofophale  ,  tout  cela  efl 
compris  dans  cette  efpèce  de  Cabale.  Mais'  il  n'y 
a  que  les  Chrétiens  qui  l'appellent  ainfi  ,  Sc  ce  mot 
a  ce  fens  ,  fur- tout  erf  notre  langue  ,  à  caufe  de 
la  reffemblance  que  cet  art  a  avec  les  explications 
de  la  Cabale  dont  nous  avons  parlé;  car  les  Juifs 
ne  donnenr  point  à  cet  art ,  ou  diabolique  ,  ou 
vain  Se  ridicule  ,.  le  nom  de  Cabale ,  qui  ell:  tou- 
jours un  nom  faint  &  refpedable  parmi  eux.  Au 
refl:e ,  ce  n'eft  point  la  magie  feule  des  Juifs  que 
nous  nommons  Cabale  ;  nous  avons  tranfporté  ce 
nom  à  toute  fotte  de  magie  y  &  c'efl:  daiîs  ce  fens' 
que  l'Abbé  de  Villars  l'a  pris  dans  fon  Livre  inti- 
tulé   Le  Comte  de  Gabalis  ;    où    il  a   expofé   les 
ri^dicuîes  fecrets  de  la  Cabale  ,  que  les  Cabalifles- 
appellent  la  facrée  Cabale.   Cabala  ,    cabalijiica. 
doclrina  ,  occulta  ,  arcana  Hebrxorum  difcipiina  ,■ 
fapientia.  Ils  fuppofent  qu'il  y  a  des  peuples  clc- 
raentaires ,  fous  les  noms  de  Sylphes ,  de  Gnomes 
de  Salamandres  ,  cS'c.  SC  que  cette   fcience  intro- 
duit les  hommes  dans  le  fanéluaire  de  la  narure. 
Ils  prétendent  que  les  Hébreux  connoilfoient  ces 
fubftances  a'ériennes  ,  qu'ils  avoient  puifé  ces  con- 
noilfances  cabaliftiques  chez  les  Egyptiens;  &  qu'Us 
n'avoient  pas  ignoré,  l'art  particulier  d'entretenir 
ces  nations  élémentaires ,  &  de  converfer  avec  ce% 
habitans  de  l'air.  On  leur  fait  dire  qu'ils  ont  dé- 
féré à  Paracelfe  le  fceptre  de  la  Monarchie  Caba- 
liftique. Foyei  Le  Comte  de  Gabalis.  La  Cabale 
eft  une  fcience  fcrieufe  ,•  &  il  n'y  a  que  les  mé- 
lancoliques qui  s'y  adonnent.  Abe.   de  Villars. 
La  Cabale  eft  ime  de  ces  chimères  qu'on  autorife 
quand  on  les  comhat  gravement ,  &  qu'on  ne  doit 
entreprendre  de  dérruire  qu'en  fe  jouanr.  Id.  Ro- 
bert Flud  Anglois   en  a  fait    d  amples  Traités  & 
Apologies  dans  les  neuf  grands  Volumes. 
Cabale  ,  fe  dit  auHi  de  la  SeÀe  des  Juifs ,  qui  fuivcnt 
&"  pratiquent  la  cabale  ,  qui  interprètent  l'Ecriture 
•    félon  l'art  de  la  cabale  ,  prife  au  fécond  fens  que 
nous  avons  expliqué  ;  car  les  Juifs  font  divifcs  en 
deux  feâes  générales ,  les  Karaïtes ,  qui  ne  veulent 
point  recevoir  les  Traditions  ,  ni  le  Thalmud  ,  mais 
le   feul  texte  de  l'Ecriture  ;  &  les    Rabbanifles  , 


C  A 

ou  Thalmudiftes.,  qui  outre  cela  reçoivent  encore 
les  Tradicions  &  fiiivent  le  Thalmud.  Ceux-ci  Ibnt 
tncore  divilcs  en  deux  :  en  Rabbaniftes  iimpics  , 
c]ui  expliquent  l'Ecriture  félon  le  lens  naturel  par  la 
Grammaire  -,  l'Hiftoire  ,  ou  la  Tradition  ;  &  en 
Cabaliftes  ,  qui  pour  y  découvrir  les  lens  caches 
&  myftérieux  que  Dieu  y  a  mis ,  fe  fervent  de  la 
'cabale  &  des  manières  myftcrieufes  que  nous  avons 
expliquées.  Si  l'on  en  croit  les  Juifs ,  la  cdhaU  , 
comme  la  Loi ,  vient  de  Dieu  &  du  mont  Sinaï,  & 
y  fut  donnée  <à  Moïfe ,  6c  par  lui  à  tout  le  peuple 
de  la  manière  que  nous  le  dilbns  ci-deifus,  C'eft 
une  fable  j  mais  plufieurs  Savans  croient  qu'elle  ctôit 
déjà  trouvée  du  temps  de  J.  C.  &  il  s'eft  trouvé 
des  viiîonnaires  parmi  les  Juifs ,  qui  ont  dii:  que 
ce  n'ctoit  que  par  les  myrtcres  de  la  cabale  que 
J.  C.  avoir  opéré  fes  miracles.  Quelques  Savans  ont 
cru  que  Pythagore  &;  Platon  avoient  appris  des 
Juifs  en  Egypte  l'art  cabaliftiqûe  ,  6c  ils  ont  cru 
en  ttouver  des  vertiges  bien  marqués  dans  leur  phi- 
lofophie.  D'autres  croient  au  contraire  ,  que  c'cft 
la  philofophie  de  Pythagote,  &  de  Platon,  qui  a 
produir  la  cabale.  Quoi  qu'il  enfuit,  il  eft  certain 
que  dans  les  premiers  iiècles  de  l'Eglife  la  plupart 
Ides  hérétiques  donnetent  dafis  les  vaines  idées  de 
la  cabale.  Les  Gnoftiques ,  les  Valentiniens  ,  les 
Bafilidiens  >  y  furent  fui -tout  plus  attachés,  comme 
on  le  peut  voir  dans  S.  Epiphane.  Ceft  ce  qui  pro- 
duilît  PaBpahas  ,  &  tant  de  Talifmans ,  dont  il  nous 
relie  encore  une  grande  quantité  dans  les  cabinets 
des  Antiquaires.  On  donne  aulfi  le  nom  de  cabale 
hon-feulement  à  l'art ,  mais  encore  à  chaque  opé- 
ration de  cet  art  -,  c'eft-à-dire  ,  à  chaque  iarerprc- 
tation  particulière  ,  faite  félon  les  règles  de  cet  art; 
G'eft-là  Une  cabale-,  ce  n'eft  point  ime  interpréta- 
tion naturelle  &  littéirale.  R.  Jacob-Ben  Afchcr  , 
furnommé  Baal  Haaturim ,  eft  un  compilateur  de 
prefque  toures  les  cabales  inventées  avant  lui  fur 
les  cinq  libres  de  Moïfe. 

Cabale,  fignifie  auffi  dans  quelques  Auteurs  la  con- 
noillance  des  choies  qui  font  au-delllis  de  la  lune  j 
des  corps  céleftes ,  de  leurs  influences.  La  cabale  j 
en  ce  fens ,  eft  la  môme  chofe  que  l'Aftrologie  ju- 
diciaire ,  ou  elle  en  fait  partie. 

•Cabale  ,  lignifie  figurément  une  focicté  de  perfonries 
qui  font  dans  la  même  confidence  ,  &  dans  les 
mêmes  intérêts  :  mais  il  fe  prend  ordinairement 
en  mauvaife  part.  Coitio,fatlio.  Tous  ces  gens-là  font 
d'une  même  cabale.  On  le  dit  aulf»  des  complots 
{k  des  entreprifes  fecrerres ,  des  defleins  qui  le  for- 
inent  dans  cette  fociété  de  l'État ,  ou  contre  les 
jparriculiers.  Clandejiina  coitio ,  conjuratio.  On  a  fait 
iine  cabale  poiir  décrier  cette  Tragédie,  Former 
des  cabales  contre  quelqu'un.  Bouhours.  Comme  il 
ctoit  habile  Se  homme  de  cabale  ,  il  ne  manqua 
pas  d'arrifi.ce  pour  le  juftifier.  Bouch.  A  Rome  , 
comme  aujourd'hui  ,  la  cabale  l'cmportoit  fur  le 
mérite ,  &  décidoit  du  fort  des  Ouvrages.  Dac. 
Elle  fotmoit  incefiammcnt  des  cabales  qui  divi- 
foient  toute  la  Coui.  Mlle  I'Héritier. 

Cabale.  Il  veut  dire  encore  ,  la  troupe  ir)ême  de 
ceux  qui  font  de  la  cabale  ;  comme ,  c'eft  fa  ca- 
bale. On  a  exilé  toute  la  cabale.  AcÀd.  Fr. 

Cabale  ,  fe  dit  aulîi  de  quelques  fociétés  d'amis  qui 
ont  entr'eux  une  liaifon  plus  crroite  qu'avec  d'autres 
fans  avoir  aucun  mauvais  deffein  -,  comme  pour  fe 
divertir,  pour  étudier.  Societas.  Je  crois. qu'il  vau- 
droir  mieux  donner  un  autre  nom  à  une  pareille 
focicté.  Il  me  femble  que  le  mot  cabale  fe  prend 
néceflairement  en  mauvaife  parr. 

CABALER ,  V.  n.  Faire  une  cabale.  Clandeflinnm  fo- 
cietatcm  coire ,  facere  ,  conjurare.  Cette  ville  eft 
remplie  de  gens  qui  cabalent  contre  l'Etat.Il  fe  prend 
toujours  en  mauvaife  parr. 

ÇABALEUR.  f.  m.  Celui  qui  cabale ,  qui  eft  du  nombre 
de  ceux  qui  cabalenr ,  ou  le  promoteur  de  la  ca- 
bale. Facliofus.Ytd.r\c cabaleur,  adroit,  rufé ,  ardent , 
dangereux. 
CABÀLEZET  ou  KABALEZET.  f.  m.  Ceft  le  nom 


C  A  E  Uy 

d'une  étoile  fixe  qui  s'appelle  autrement  cœur  dk 
lion.,  Bajilic,  &  Regulus.    Foye^  ces  mots. 

Ip-  CABALIG.  Ville  d'Afic,dans  le  Turqueftan.  long', 
105  ,  lar.  44. 

CABALISTE.  f.  m.  Celui  qui  fait  la  fcience  de  là 
Cabale.  Savant  dans  la  cabale  des  Juifs  Occultx 
Hebrœurum  dtjciplinœ peritus.  Artis  cabalijiux  flu- 
diofiis  ,  peritus ,  Cabalijia ,  Cabalijiicus.  Les  Rabbins 
font  grands  Cabalijies.  Vouloir  guérir  les  Caba- 
/ijies  par  railbn  ,  c'eft  enVreprendre  l'impoifible. 
Ce  font  de:s  viiîonnaires  férieux  qu'on  ne  ramène 
guère.  Savant,  habile,  doâc  j  profond  Cabalijte, 

^yr  On  ne  dit  point  cabalijle ,  mais  cabaleur  ,  en 
parlant  de  ceux  qui  font  des  cabales.   . 

Cabaliste.  Terme  de  commerce,  qui  eft  en  ûfagé 
à  Touloufe ,  &  dans  toute  la  Province  de  Langue- 
doc. C'eft  un  marchand  qui  ne  fair  pas  le  com- 
merce fous  fon  nom ,  mais  qui  eft  intcreflc  dané 
le  négoce  d'un  marchand  en  chef. 

CABALISTIQUE,  adj.  Qui  appartient  à  la  cabale.  Ca- 
balijiicus  :  Fart  caballfii^ue  :  une  inrerprération 
cabalijUijue  :  les  fubtilités  cabalifliques  font  de  pureS 
vifions  &  fupcrftitions.  Tâchez  de  vous  rendre  digne 
de  recevoir  les  lumières  cabalifliques.  Abb.deVil- 
j-ARS.Les  puérilités, de  l'arr   cabali[iiquc.  P,  Souc. 

CABALLIN  ,  INE.  adj.  Qui  appartient  à  la  fontaine 
des  Mules  ;  fur  le  mont  Helicon  ,  dans  la  Bcotie  i 
appelée  en  latin  fons  caballinus ,  du  mot  latin  ca- 
bdllus.  On  fait  que  le  cheval  Pégafe  d'un  coup  de 
pied  fit  paroître  cette  fontaine  :  c'eft  pourquoi  les 
Grecs  la  nommoienr  hipocrene  ,  fons  equi ,  là  fon- 
taine du  cheval. 

CABAN,  f.  m.  Vieux  mot.  Manteau  pour  fe  garantit 
de  la  pluie  ,  avec  des  manches ,  qu'on  porte  à  cheval. 
Penula.  Ménage  le  fait  ve»it  de  cappa  ,  cappe,  C'efl;. 
auifi  parmi  les  Matelots  de  Provence  un  habille- 
ment en  temps  de  pluie  avec  des  manches ,  &  un 
capuchon.  Il  a  la  même  fignification  que  Capot. 
Cucullus  nauiicus.  Caban  eft  fait  de  Cappanum  ; 
formé  de  cappa.  Les  Efpagnols  £c  les  Italiens 
chez  qui  legaban  ,  ongabbano ,  eft  encore  en  ulage  j 
entendent  par  ces  mots ,  une  forte  de  cafaque  fo/t 
longue  qu'ils  portent  buvette.  Remarques  Jur  la 
Satyre  Ménipp^e. 

Cabane,  f,  £  Malfonaette  ,  b.îtie  ordinairement  de 
bauge  6c  couverte  de  chaume.  Cafula.  Les  Solitaires 
inéprifoienr  le  féjour  des  villes ,  pour  aller  dans  les 
déferts  habiter  des  cabanes.  DtJ  Pin.  Malherbe  à 
dit  en  parlant  de  la  mbrt  : 

Le  pauvre  en  fa  cabane  où  le  chaume  le  couvre  , 

E[i  fujet  à  fes  loix  ; 
Et  là  garde  qui  veille  aux  barrières  du  Louvre  , 

bS'en  défeiid  pas  nos  Rois. 

On  appelle  cabane  de  Berger ,  une  manière  de 
petite  chambre  taite  de  planches  ,  que  l'on  fait  aller 
d'un  lieu  à  l'autre  ,  par  le  moyen  de  quatre  rou- 
lettes  qui  la  foutiennent. 

Cabane.  Tetme  d'Oifelier.  Efpèce  de  petite  loge  où 
l'on  ne  voit  le  jour  que  par  un  endroir  ,  8c  où  l'on 
fair  nicher  des  oifeaux.  Il  y  en  a  aulTi  de  très-éclairées , 
où  l'on  fait  couver  des  ojfeaux. 

Ce  mor  vient  de  l'Italien  capanna ,  qui  f  gnifie 
petite  maifon  de  chaume  ,  qui  a  été  lait  du  grec 
x«3r«»« ,  fignifianr  crèche.  Ménage.  Ifidore  dit  que 
le  mot  de  capanna  vient  ex  eoquodunum  tantùm 
hominem  capiat.  Les  Efpagnols  difent  aulfi  cabana. 

Cabanes  ,  en  termes  de  Marine  ,  font  de  petits  lo- 
gemens  de  planches  pour  coucher  les  Pilotes ,  & 
auttes  Officiers  de  Marine  ,  qui  fonr  forr  étroits 
6c  en  forme  d'armoires  ,  pratiqués  en  divers  en- 
droits du  châreau  de  poupe  ,  ou  le  long  des  côtés 
du  vaiffeau. 

Les  Bateliers  appellent  au/Il  cabane  ,  un  bateau 
couvert  d'une  toile  que  l'on  nomme  banne  ,  fou- 
tenue  fut  des  cerceaux  plies  en  forme  d'arc ,  pour 
garantir  les  paflagers  du  Ibleil  ou  de  la  piuie. 

Cabane  ,  eft  aufll  un  batteau  à  fond  plat ,  6c  cou-; 


1^8 


C  A  B 


vert  de  planches  de  lapin  dont  on  fc  llrt  fur  la  ri- 
vière de  Loire.  Cymba.  ' 

C  *  BANER.  V.  n.  Ce  mot  eft  particulièrement  en  uia^e 
"parmi  les' gens  qui  voya^çent  aux  Indes  Occiden- 
tales. Il  litrnifie,  être,  le  mettre  lous  des  cabines. 
C  t  as  cmltmere ,  <zdijicare.  Quand  le  mauvais  temps 
vient ,  on  eft  contraint  de  cab^ncr.  Les  Sauvages 
cibannent  autour  de  leur  Capitaine.  Denys  ,  p.  i  , 
c.  7.  Il  iignihe  aulli  être  en  cabane  ,  en  parlant  des 
oil-auK.  Fail:e  cubaner  des  Icrins. 

C'^B\NUARIA.  1".  f.  Ceft  une  terme  ou  métairie  , 
'comme  dit  Salvin  en  Ton  Traité  des  droits  d^s  hcts , 

It?' CABARER.  v.  n.  Terme  de  brafllrie  ,  qui  li- 
miiiie  jeter  les  màiers  ,  ou  Teau  d\in  vaii^c;ui  dans 
un  autre,  foit  avec  le  jet,  ou  le  chapelet.  Encyc. 

CABARET  r.  m.  Lieu  où  l'on  vend  du  vm  en  détail. 
Ou^pona,  popina,  tahnna.  On  confond  aujour- 
d'hui ce  mot  avec  celui  de  tavcrm.  (fF  Autrefois 
dans  les  tavernes  on  ne  vendoit  que  du  vin  ,  lans 
y  donner  à  mauL^er -,  au  lieu  qu'on  donnoit  a  man- 
ger dans  les  cabarets.  De-là  les  mots  tabernx^  K 
povirm  chez  les  Romains.  Maintenant  les  profefî.ons 
d'Hotelliers ,  de  Cabaretiers  &  de  Tavermcrs  iont 
contondues.  . 

îfT  11  l'emble  que  dans  l'urage  ordinaire  ,  le  mot  de 
taverne  dile  quelque  choie  de  plus  odieux  que  celui 

de  cabaret, 

Mcna>^c  croit  que  ce  mat  vient  de  caparetum  , 
qui  a  ct'é  fait  du  2;rec  ««i--!  ;  qui  lignifie  heu  ou 
l'on  mancre.  Adrien  Scriek  dérive  le  mor  de  ca- 
bar  et  de  l'hébreu  cah.ir  ,  T  ifi  ,  affembler  ,  réunir, 
parce  qu'on  s'allemble  dans  les  cabarets ,  Inr-tout 
lorlqu'on  eft  en  voyage. 

On  appelle  cabaret  bltrgne  ,  un  méchant  cabaret 
qui  n'cft  fréquenté"  que  par  de  pauvres  gens ,  qui 
eft  obf^'ur  ,  mal  propre  ,  &  mal   letvi. 

On  dit  proverbialement  &  populairement  qu'il 
y  a  du  vinaucd^^mà  tout  prix-,  pour  dire,  qu'il 
faut  faire  dilrérence  entre  les  chofes ,  &  qu'il  y  en 
a  de  diverlé  valeur.  On  dit  au(fi  qu'un  homme 
fuir  de  fa  maifon  un  cabaret  ;  pour  dire  que  tout 
le   monde    eft    bien    venu   à  boire   8c   à    manger 

chez  lui.  ,     -      t 

tzr  Cabaret.  Efpèce  de  pente  table  ,  ou  plutôt  pla- 
te.-u ,  dont  les  bords  font  relevés ,  ordinairement 
couvert  de  vernis ,  fur  lequel  on  met  des  talfes  _&: 
des  foucoupeS  ,  pour  prendre  du  rlié ,   du    café  , 
&c.  Un  caÂaret  de' la  Chine,  du  Japon. 
C.VBARET.  Terme  de  Botanique.  Jfarum.  1.  n.  Plante 
dont  la  racine  eft  menue  ,  traçante  &  fibreule.  Son 
odeur  eft  très- forte,  aromarniue , tenant  delà  grande 
Valériane  &  du  Nard  Indien  ;  c'eftce  qui  empêche 
de  la  joindre  aux  fleurs  dont  on  forme  des  bou- 
quets-,  &  c'eft  par  cette  railbn  qu'on  la  nomme 
Afarum ,  de  Va  privatif  ,  &:  de  ^«.f «  ,  orno ,  «^«<<i; , 
non  ornatus.  Ses  feuilles  nallfent  des  nœuds  de  la 
racine-,  leur  contour  eft  pareil  a  celui  de  l'oreille  ex- 
térieure, d'où  vient  le  nom  d'oreille    d'homme, 
que  quelques  Botaniftes  ont  donné   à   V  Jfarum. 
Elles  font  d'un  vert  foncé  en  deillis  ,  plus  pales 
en  deflbus,  &    font  porrées  par .  des  queues   qui 
ont  deux  à  trois  pouces- de  longueur.    Ses  fleurs 
naiiîent  du  même  endroit  que  les  feuilles  ,   mais 
leur  pé.licule  n'a  2;ucre  qu'un  pouce  de  longueur. 
Ces  fleurs  font  d'une  feule  pièce  à  fix  pans ,  d'un 
vert  brun  ,  tirant  fur  le  rouge,  longues  de  fix  Ugnes 
environ  julque  vers  fon  évafement,  où  elle  le  dé- 
charge en  trois  quartiers  poinrus ,  longs  de  quatre 
lisrncs  -,  teintes  en  dedans  d'un  rouge  brun  foncé. 
Cette  fleur  renferme  plufieurs  étamines ,  &  un  pi- 
ftil  qui  devient ,   conjointement  avec  la  fleur  qui 
s'y  colle ,  un  fruit  contenant  fix  ordres  de  femences , 
femblables    en    quelque    façon    à   des   pépins    de 
raifins. 

Les  racines  de  Cabaret  entrent  dans  la  Thériaque  : 
données  en  fubftance  ,  ou  infufees  dans  du  vin  , 
elles  font  vomir  -,  au  lieu  qu'érant  miles  en  décoc- 
tion dans  de  l'eau ,  elles  devisnnsnt  diurétiques.  Ses 


C  A  B 

feuilles  purgent  encore  plus   violemment  que-  is^ 

racines.  „ 

Il  y  a-une  efpèce  de  Cabaret  qui  croit  en  Canada, 
Se  qui  n'eft  t!;uère  différent  de  celui  d'Europe  que 
par  fes  feuilles ,  qui  quoiqu'arrondies  le  terminent 
en  pointe.    Ses  racines  ne  font  pas  vomitives ,   &: 
l'on  odeur  n'eft  pas  fi  défagréable.  Le  cabaret  croît 
en  plufieurs  endroits  du  Royaume. 
CABARETIER  ,  1ÈRE.  f.  m.  iî-  f.  Qui^  tient  un  ca- 
"  bar:t.  Caupo  ,    Tabernarius.  Le  Maître  ,   \x  Maî- 
trelfe  d'un  cabaret.  Les  Cabaretiers  n'ont  point  d'ac- 
tion pour  le  vin  vendu  chez  eux  en  détail  &  par 
allîette,  fuivant  l'article  ii8  de  la  coutume  de  Paris , 
&le  5  3  5^  de  la  coutume  de  Normandie.  Plutarque 
témoii2;ne  que  les  Lydiens  furent  les  premiers  6* 
beretùrs.  Horace  les  appelle  perfides  &  trompeurs , 
à  caulc  du  mélange  de  leurs  vins.  Perfidus  hic  caupo. 
On  ne  prononce  point  l'r  finale  dans  le  Cabaretiers 
On  dit  mal  Cabartier  de  Cabarriere. 
CABARETIQUE.  adj.  de  cabaret.  L'hôrelTe  dit  cela 
d'un  ton  fi  gravement  cabarétique ,  que  la  rancune 
)U2;ea  qu'elle  avoir  railbn.  Rom.  Com.    Je  ne  fais 
s'iï  y  en  a  des  exemples  ailleurs. 
CABARNE.  f.  m.  Cabamus.  Prêtre  de  Cérès  dans  l'Ile 
de  Paros.  Le  Géographe  Etienne  au  mot  n«f»î,  die 
que  cette  île  fut  auifi  nommée  z.k?a.=n<, ,  Cabarnis , 
ic  que  ces  noms  venoient  de  iu^^c^î  ,  qui  fut  ce- 
lui   qui  apprit    à   Cérès  l'enlèvement  de    fa   fille 
Profcrpine  \    mais  d'autres  traitent  cette    étymo- 
logie  de  fable ,  &:  difcnt  que  Cabarne  eft  lin  mot 
phénicien ,  que  n"  Kareb ,  s'cft  dit  dans  cette  langue 
aullî  bien  qu'en  hébreu,  pour,  offrir  en  facririce, 
^\V\T,,  Korban  ^  pour ,  oblarion  -,  que  de-là  pat 
la  tranfpofition  du  refch  ,  r  ,  .&  dU  beth  ,  b  ,  s'eft 
fait  p-i::,7  ,  Kabarnin ,  poui' ,  Karabnin  ,  qui  fignifie, 
ceux  qui  oflrent ,  qui  font  des  oblations ,  des  Prêrres  ; 
&  que  c'eft  de-là  que  les  Cabarnes  ont  pris  leur 

nom.  ^ 

|p=-  CABARRE.  f.  m.  On  donne  ce  #m  a  toutes 
fortes  de  petits  bâtimcns  à  fonds  plats  qui  fervent  i 
fecourir  &  alléger  les  gros  vailfeaux  en  mer.  Les 
Suédois  &:  les  Danois  les  appellent  Clincar. 
Encyc. 
CABAS,  f.m.  Panier  de  jonC  où  l'on  met  des  figues, 
Fijcina.  Il  fignifie  aulli  les  figues  qui  y  font  con- 
tenues. Ficorum  fijcina.  Ce  Marchand  a  fait  venic 
deux  cens  cabas  de  figueS. 

Leur  Avocat  difoit  qu'il  falloit  bel  &  bien 
Recourir  aux  arrêts  :  en  vain  ils  les  cherchèrent» 
Car  en  certain  cabas,  où  leurs  gens  les  cachèrent  ^ 

Les  Souris  enfin  les  mandèrent.  La  Font. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'italien  cabaco ,  qu'il 
dit  avoir  été  fait  de  cobacus  latin.  D'autres  difent 
que  c'eft  un  mot  hébreu  retourné ,  fabac  ,  qui  fi- 
gnifie implexum  efifc.  Il  peut  venir  aulfi  de  cabafet , 
parce  qu'il  a  la  même  figure ,  &  rcficmble  à  une 
coiffe.  Ces  deux  mots  viennent  de  caput, 

|KF  CABAS  ,  le  dit  aulfi  d'un  grand  coche  de  melîa- 
série,  dont  le  corps  eft  d'olier  cliflè. 

CÀBASSER.  V.  n.  Vieux  mot.  Machiner  quelque 
tromperie.  Machinari. 

Journellement  chacun  fon  cas  porirchafe  : 
Noifes  y  font  :  on  y  trompe  ù  cabalfe, 

CABASSET.  f.  m.  Vieux  mot  qui  figninoit  autrefois 
une  arme  défenlive  qui  couvroir  la  tête  ,  une  armurs 
de  rcte.  Ca^is  ,  ^aka. 

Ce  mot  ,Yelon  Nicot ,  vient  de  l'hébreu  toha ,  quî 
fignifie  un  cafjue  ou  heaume  ,  ou  de  l'efpagnol  ca- 
b'eça  ,  tête.  L'Efpagnol  dit  aulîî  baffineî  ,  parce  qu'il 
approchoit  de  la  figure  d'un  ballln. 

On  dit  proverbialemenr  qu'un  homme  a  bien  da 
bon  fens,  ou  de  la  malice  ,  fous  fon  cabajfet  ;  pou|^    •" 
dire  ,  dans  fa  rère. 
CABASSON.  f.  m.  Poiflbn ,  le  même  que  Lavaret.Z^- 
varonus.  Voyez  ce  mot. 

CABAT, 


C  A  B 

CABAT.  c  m.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  tine  certaine 
melure  de  blé.  If  vient  du  gtec  Kd^xç ,  qui  veut  dire 
la  même  clio're ,"  &  qu'H^lychius  explique  auffi  pour 
une  mefure  de  vin. 
^  CABAY.  f.  m'.  Nom  qxic  les  Indiens  &  les  Iiabi- 
tans  de  l'Ile  de  Ceylan  &  d'Arracan  donnent  à  des 
habits  faits  de  foie  ou  de  coton ,  ornés  d'or,  que  les 
principaux  dupavs  ont  coutume  déporter.  Encyc 
CABEÇA  ou  CABÈSSE.r.f.  Les  Portu^çais  qui  font 
le  commetce  des  foies  dans  les  Indes"  Otientales  , 
îes  diAipguent  par  les  mots  de  Caheça,  &  de  Bavillo, 
c'eft-à-dire ,  tête  èc  ventre.  Les  foies  Cabeqa  ibnt  les 
plus  fines. 
CABEER.  f;  m.  Monnoie  de  compte  dont  on  feJertà 

Mocha. 
§3°  CABELA.  Nom  d'un  finit  des  Indes  Occidenta- 

les  ,  reilémblant  beaucoup  à  nos  prunes. 
CABELIAU.  1".  m.  Voye^^  Cabillaud. 
CABESAS.  f.  m.  Ef'pèce  de  laines  qui  viennent  d'Ef- 
,   tramadure. 

Cabestan,  ft'm.  L'^le  prononce.  Quelques-uns 
écrivent  Capefian.  Terme  de  marine.  C'eft  un  cy- 
lindre ,  ou  un  efrieu  ,  pofé  perpendiculairement , 
lequel  fe  tourne,- par  le  moyen  de  quatre  leviers , 
ou  batres  qui  le  traverlent  ;  &  par  le  moyen  d'un 
cable,- qui  eft  toutné  f  lit  ce  cylindre  ,  il  ferr  à'en- 
lever  ou  cà  tirer  les  plus  gios  fardeaux  qui  font  at- 
tachés au  boiit'de  ce  cable,  i-ro'a/iz.  C'eft:  en  virant 
les  c:a/^«;//a«i- qu'on  remonte  ks  bateaux  ,  qu'on  tire 
fur  terre  les  vaiifeaux  pour  les  calfater ,  qu'on  les 
décharge  des  plus  grofles  marchandifes  ,' qu'on  levé 
les  ancres  &  les  yoiles ,  &c.  Il  y  a  deux  cabeftans 
fur  les  vaifTeaux.  Le  grand  cabeftan  ell  pofé  fur  le 
premîeppont ,  &  s'élève  jufqu'à  quatre  ou  cinq  pieds 
de  hauteur  au-deiîlis  du  deuxième.  On  le  nomme 
cabejian  double-,  à  caufe  qu'il  fert  a  deux  étages  pour 
lever  les  ancres,  &:  qu'on  peut  en  doubler  le's  forces, 
en  mettant  du  monde  fur  les  deux  ponts  pour  le  virer, 
étant  garni  de  barres  &  d'autres  pièces  ,  comme  ta- 
quets ,  entremifes  &  languettes ,  pour  le  tourner  & 
arrêter. 

Le  petit  cabejian  ,  ou  cabejlanjimple,e[\:  pofé  fur  le 
fécond  pont  entre  le  grand  mât  &  le  mât  de  mifaine. 
Il  fert  à  faire  iifer  les  mâts'  de  hune  &  les  grandes 
voiles ,  où  il  faut  moins  de  force  que  pour"  élever 
les  ancres.  On  appelle  cabejian  à  l'angloife ,  celui  où 
Ton  ri'emploie  que  des  demi-barres  ,  &  qui  à  caufe 
de  cela  n'ell:  percé  qu'à  moitié.  Il  ert  plus  renflé  que 
les  cabejians  ordinaires.  Il  y  a  auffi  un  cabeftan  vo- 
lant. C'clt  celui  qu'on  peur  tranfporter  d'un  lieu  à 
Uh  autre.  On  dit ,  virer  \t  cabeftan  ,  poufîér  au  cabef- 
tan ;  pour  dire  ,  faire  tourner  le  cabeftan.  Oh  dit 
auffi ,  envoyer  les  Pages  au  cabeftan  ;  pour  dire  , 
ordonner  que  les  garçons  du  vaifleau  ,  qiii  otit  com- 
mis quelque  faute  ,  aillent  au  lieu  où  ils  doivent 
,  être  châtiés.  Sur  la  mer  du  Levant  on  l'appelle  girel. 
«ÉABESTERRE.  1",  i.  Terme  de  relation.  On  appelle 
Cabefterre   dans  les  Antilles  ,  la  partie  de  l'île  qui 
regarde  le  levant,  &  qui  eft  toujours  rafraichie  par 
les  vents  alifés.  La  cabefterre  eft  oppofée  à  la  baffe- 
terre.  La  mer  de  la  c^^e/if^rr^  eft  bien  plus  rude  que 
Celle  de  la  bafle  terre  ,  &  eft  ordinairement  remplie 
de  roches  &  de  falaifes.  Le  P.  Labat.  Peut-être  qu'il 
faut  prononcer  Ca/'-e//-/erre;rnàis  él'ufage  eft  pour 
cabeflerre  ,  c'eft   toujours  une  corruption  de  Cap- 
^  eft-terre,  c'eft-à-dire ,  rerre  quiforme  un  cap  à  TEft 
03-  CABIGIAK  &  CAPIHAK.  Tribu  des  Turcs  orien- 
taux ,  à   laquelle  Oghuz-Kan  donna  ce  nom.  Ce 
Prince  qui  faifoit  la  guerre  à  un  Prince  de  la  nation 
des  Tarrares  ,  flit  obligé  de  reculer.  Une  femme  de 
fon  armée  préffée  d'accoucher  fe  retira  dans  le  creux 
d'un  arbre  où  elle  accoucha  d'un  fils.  Oghuz  prit 
foin  de  l'enfanc ,  le  fit  élever  comme  fon  fils ,  & 
pour  marquer  la  fmgularité  de  fa  naifîance,hii  donna 
le  nom  de  Cabigiak ,  qui  fignifie  écorce  de  bois.  Ca- 
bigiak  eut  une  poftérité  forr  nombreufe  ,  qui  fe  ré- 
pandit jufqu'au  bord  de  la  mer  Cafpienne.  Ces  peu- 
ples font  encore  aujourd'hui  connus  fous  le  nom  de 
Dejchfkiuhatk.  C'eft  d'eux  que  forcirenç  les  armées 


'  àlilt^lrr.'^rl"''  r^''  ^'"=°^^  Po/fédoienc 
dans  la  Perfe  Ce  fut  cl^z  eux  ,  que  Bajazet ,  pre- 

.  m.er  Suhaj:  des  Turcs  ,  leva  des  troupes  pouf  les 
oppofer  a  Tainerlan:  D'Herb.  Bibl^ot.  Oriem.  cité 
par  Mqr. 

|p=  CABIDOS.  Voye:^  Cavidos. 
rr  CABILLAUD   ou  CABLIAU.  Afellus.  Grand 
poiffon  de  mer  ainfi  nommé  par  les  Hollandois  On 
le  pèche  dans  tous  les  ports  de  mer  où  il  fc  trouve 
en  abondance.  C'eft  une  efpèce  de  morue  froiche 
Voyei  Morue. 
CABILLAUX.  f.  m.  pi.  C'eft  le  nom  d'une  taélion  quf 
sclcya  en  hollande  en  1 5^0  ,  dont  parle  Jean  de 
Leydcn,Z.  ^^  ^  ch.   16  Cabelgenfes.  Caheliau  ,  on 
CalH//ua,d ,  iigniRe  un  poiflbn  de  mer,  appelé  en 
Jann  ^Jellits.  Cette  faction  avoit  pris  ce  nom  pour 
faire  entendre  qu'elle  terrafleroit  fos  ennemis ,  avec 
autant  de  facilité  ,  que  ce  poiffon  d^v^e  les  autres^ 
poiflons    Ceux  de  la  faétion   oppofçe  s'appeloient 
J-loekcnJes  ,•  d'un  mor  qui   fïçrnifie  hameçon  ,  parce 
qu  Ils  efpcroienr  furprendre  leurs  ennemis  comme 
on  attrape  le  poifibn. 
CABILLE  ou  CABILAH.  f  f.  Terme  de  relation.C'eft 
chez  les  Arabes  une  Tribu  qui  vit  fous  un  Chef  qu'ils 
fe  chbififîent.  Ces  Tribus  ou  a^///,^  font  indépen- 
dantes i-  &c  ne  reconnoiffent  aucun   Souverain    Ce 
font  des  troupes  de  vagabonds  qui  marchent  fbus 
un  chef  qu'ils  appellent  Cacique.  On  compte  qua- 
tre-Vingt de  ces  Tribus  parmi  les  Arabes.  D'Htrb,' 

OzANAM. 

(SABILLOTS.  f.  m.  pi.  Terme  de  marine.' Petits  hoùts 
d-e  bois  qu'on  mer  au  bout  de  plufieurs  herfes  qui 
tiennent  aux  grands  haubans;  Léurufage  eft  de  tenir 
certaines  poulies  dit  Vaifîeau;  On  appelle  auffi  Gz-' 
billots  ,  de  petites  «hevilles  de  bois  qui  tiennent 
aux  chbuquéts  avec  une  ligne  ,  &  qui  feivent  à  tenir 
la  balancinede  vergue  de  hune  ,  quand  lès  perro- 
quets font  ferrés, 

IfT  CABIN.  Petite  rivière  d'è  France,  en  Gafcoo-ne  / 
dans  le  Turfan.  ° 

CABINET,  f.  m.  Le  lieu  le  plus  retiré  dans  le  plus  bel, 
appartement  des  palais  ,des  grandes  màifons.  Co/z- 
clave  ,fecretius  ciibiculum.  Les  Officiers  du  Cabinet. 
du  Roi.  Le  Secrétaire,  l'Huiffier  du  Cabinet.  C'eft" 
un  favori ,  il  a  entrée  dans  le  Cabinet. 
Ménage  dérive  ce  mot  de  Cavinettiim. 

Cabinet  ,  fignifie  auffi  une  pièce  d'appartement  &  un 
lieu  retifé  dans  les  majfbns  ordinaires ,  où  l'on  étu- 
die, où  l'on  fcféquer:X-e  du  rcfte  du  monde,  &  où 
l'on  ferre  ce  qu'on  a  de  plus  précieux.  Ai///œ?/^.  Là' 
place  qui  contient  une  bibliothèque  y  s'appelle  auffi 
un  cabinet.  Ce  Savant  eft  toujourrenfermé  dans  fon 
cabinet.  Il  y  a  des  gens  qui  écriventbien  ,  &  qui  patT 
lent  mal  \  'la  raifbn  eft  qu'ils  ont  befbin  de  tout  le  cai^ 
me  du  cabinet  pour  bien  arranger  leurs  penfé^.'  S. 
EvR.  On  ne  perd  que  dans  le  commerce  du  monde' 
cette  contenance  embarrafîée,&  cet  air  fombre  qu'on 
acquiert  dans  le  c^î/^mc/  &  dans  la  folitude.  Idem. 

Cabinet  de  Glaces.  Cabinet  Aont  le  principal  or- 
nement confifte  en  un  lambris  dé  revêtement  fait 
de  miroirs  ,  pour  donner  plu;  d'apparence  de  gran- 
deur au  lieu  ,  &  pour  réfléchir  &  mulripHer  les  ob- 
jets, Co/ic/^vd  laminis  crïflalUnis  laqueatum. 

Cabinet  de  Tableaux,  de  Livres .,  &c.  eft  un  cabi- 
net où  l'on  garde  ^des  tableaux,  des  livres  ,  ùc.On 
dit  plus  particulièrement  cabinet  .àc  livres  ,  quand 
on  n'a  qu'une  petite  quantité  de  livres ,  qui  ne  fuffit 
pas  pour  une  bibliothèque  :  je  n'ai  point  de  Biblfo-' 
thèque,je  n'ai  qu'un  f^^'/^e/ de  livres. 

I^S"  Cabinet  de  Toilette.  Pièce  où  les  Dames  fe  re- 
tirent pour  faire  leur  toilette.  Foxei  Toilette, 

If5°  Cabinet  d'aifance.  Lieu  où  font  placées  les 
commodités  connues  aujourd'hui  fbus  le  nom  de 
lieux  3.  foupape.  Molière  a  dit  dans  le  Mifaiiîhrope  , 

■      en  parlant  d'un  méchant  fonnct  : 

Franchement  il  n'eft  bon  qti'àmettr'e  au  cabinet. 
Cabinet  ,  fe  dit  auHj  de  ce  qui  clt  djntériù  dàiiJ-un 


3 


O 


C  A  B 


cadi7iet ,  canoîitcs ,  pièces  antiques,  médailles  ,  ta- 
bleaux ,  coquilles ,  ik  autres  raretés  de  la  nature  &: 
de  l'art.  Le  Cabinet  d'un  tel  curieux  vaut  cent  mille 
francs. 

On  dit  chez  le  Roi ,  &  chez  quelques  Grands 
Seigneurs ,  le  cabinet  des  livres ,  des  armes ,  des  mé- 
dailles ,  pour  (ignificr  les  lieux  où  ces  choies  font 
rangées ,  Si  les  choies  mêmes  qui  y  font  conlervccs. 
Armarium,  cimélhan.  J'ai  en  ipain  une  médaille 
■du  cabinet  du  Roi ,  ùc  P.  Souc.  On  dit  auUl  des 
ciibinets  Açs  Particuliers -,  le  cabinet  àc  Sainte  Ge- 
neviève, des  Jcfuires  du  Collège  de  Paris,  de  M. 
Foucault,  de  M,  de  Wilde,  du  Comte  de  Pembtoch, 
&c.  Idem. 
Cabtnet  ,  efl.  aUlTi  un  buffet  où  il  y  a  pluiieurs  volets 
&  tiroirs  pour  y  enfermer  les  choies  les  pliis  pré- 
cieufes  ,  ou    pour  fervir    limplement    d'oînement 
dans  une  chambre  ,  dans  une  galerie.  Un  cabinet 
d'AUema^e  ,  Armarium  Germanicum  ;  d'ébène  , 
ex  ebeno.W  y  a  de  magnifiques  cabinets  d^-ius  la  Ga- 
lerie du  '9^01.  Cabinet  de  marqueterie  ,  t^avicabinet 
dont  les  ornemens  font  de  bois  de  diverlcs  cou- 
leurs ,  ou  de  pièces  de  rapport. 
Cabinet   d'orgues,  eft  une  petite  orgue  portative, 
qui  eftune  efpecc  de  polîtif  compofe  d'un  plus  grand 
ou  d'un  plus  petit  nombre  de  jeux ,  félon  la  volonté 
du  maître.  Organ:  mujici  Armarium.  Dans  des  ca- 
binets  d'orc^i/es  oft  ajoute  quelquefois  un  jeu  d'é- 
pinette  ,  où  le  même  clavier  fait  parler  en  même 
tems  les  tuyaux  &  les  cordes  qui  font  accordées  à 
l'unillbn  ,  ou  à  l'oélave.  ( 

|Cr  Cabinet  d'Hijloire  -  Naturelle  ,  appâttement 
d'une  ou  de  pluiîeurs  pièces  propres  à  contenir 
des  coUedions  en  tout  gcrtre  ,  des  différentes 
produétiohs  de  la  nature  da§s  le  règne  animal ,  vé- 
gcral  &  minéral ,  rangées  par  ordre  méthodique  , 
a  façon  la  plus  convenable  à  l'é- 


êi  diftribuées  de  la  : 

tude  de  l'hiftoire-naturelle. 


fifS'  Celui  du  jardin  du  Roi  eft  un  des  plus  riches  de 

l'Europe. 
f^  Cabinets  Secrets  ,  en  phyfiquê  ,  font  des  cabi- 
nets dont  la  conftrudion  eft  telle  ,  que  la  voix  de  ce- 
lui qui  parle  à  un  bout  de  la  voûte  ,  eft  entendue  à 
l'autre  bout. 
Cabinet  ,  lignifie  figurémertt  ce  qui  fe  pafîe  ,  ce  qui  le 
dit  dans  lin  cabinet ,  foit  à  l'égard  de*  Princes  pour 
le  Confeil  qui  s'y  tient ,  Ibit  pour  l'étude  qu'y  font 
les  Particuliers.  Ainli  quand  il  s'agit  de  la  Cour  S>c 
du  Roi ,  le  mot  de  cabinet  fignitie  le  Confeil  par- 
ticulier du  Roi ,  &:  les  fecrets  les  plus  cachés.  Se- 
,     creta  ,  arcana  conjllia.  Régenter  le  Cabinet,  La  Ro- 
j     CHEF.  Juftinien  fut  un  Empereur  de  cabinet ,  &  pro- 
pre feulement  à  faire  la  guerre  de  loin  v  mais  qui  en 
récompenfe  prétcndoit  exceller  dans  les  combats  de 
doctrine  ,    ?^  entendre    mieux   que    perlbnne  les 
'     cfintroverfes  de  ce  temps-là.  P.  Doucin.  Charles 
V  ,  Empereur  n'étoit    pas    grand  Capitaine  ,  mais 
c'étoit  un  grand  homme  de  cabinet.  Ce  courtifan 
fait  tous  les  fecrets  du  cabinet.  Ce  Jurisconililte  ne 
fait  pas  plaider  \  mais  il  eft  très-babile  dans  le  ca- 
imi?i,c'cft- à-dite  ,  pour  la  confultation. 

On  dit  aulfi  qu'un  homme  tient  cabinet  ;  pour 
dire  ,  qu'il  reçoit  chez  lui  les  honnêtes  gens  qui  s'y 
veulent  aflembler ,  pour  faire  une  converfation  la- 
vante &  agréable.  Meilleurs  du  Puy  ont  long-tems 
tenu  cabinet  dans  la  bibliothèque  de  M.  de  Thou. 
M.  Ménage  tenoit  fouvent  cabinet  chez  lui. 
Cabinet  de   Treillage,  eft  un  lieu  couvert  au  bout 
des  allées  d'un  jardin  ,  où  l'on  fe  repofe  ,compofé 
feulement  de  verdure  foutenue  par  des  barreaux  de 
fer  ou  des  perches.  Pergula  ,  trichila.  Un  cabinet  de 
chèvrefeuille  ,  de  filaria  ,  &c.  Cabinet  de  verdure  , 
eft  auflî  une  efpèce  de  berceau  ,  fait  par  l'entrelace- 
ment de  branches  d'arbres. 
Cabinet  de  Jardin  ,  Petit  bâtiment  ifolé  en  manière 
de   pavillon  ,  ouvert  de  tous  côtés ,  qui  fert  de  re- 
traite contre  les  ardeurs  du  Soleil  pour  y  prendre 
le  frais,  t/mbraculum  ,curta  pergula,  trichila  -.nu- 
iHarium  ,fuff'u§ium  imbris  &  Jolis.  Le  nom  de  fa- 


C  A  B 

/ons  convient  mieux  à  ces  efpèces  de  cahînets,  LôrA 
qu'ils  font  accompagnés  de  quelques  autres  pièces, 
on  les  nomme  belvédères. 
CABIRES.  Terme  de  l'ancienne  Théologie  des  Païens , 
qui  fignifie,lélon  Ibn  étymologie  qui  eft  Phéniciennci 
puiff'ans  Dieux.  C'étoit  le  nom  qu'on  donnoit  aux 
Dieux  des  Samothraciens.  Ils  étoient  auHi  adorés  en 
quelques  lieux  de  la  Grèce  ,  comme  à  Lemnos  &;  à 
Thebes ,  où  l'on  célébroit  les  Cabiries  en  leur  hon- 
neur. Sanchoniaton  dit  que  les  Phéniciens  les  ho- 
noroient  aufîî,  Eufeb.  Prœp.  Lib.  I,  Diodore  de  Si- 
cile dit ,  Liv.  F,  qu'ils  palfoient  pour  avoir  trouvé 
l'ufage  du  feu,  &  l'art  de  faire  des  ouvrages  de  fer. 
C'eft  pour  cela  que  fur  une  médaille  de  Gordien  III  j 
&  fur  une  de  Furia  Sabinia  Tranquillina  ,  toutes 
deux  de  la  ville  de  Carrhes ,  où  les  Cabires  étoient 
adorés  ,  il  y  a  un  Cabire  fur  une  colonne  ,  tenant 
de  la  main  droite  un  marteau.  Vaillant  ,  Num.Im^ 
per.p.  105  &  115  ,&  Hérodote  remarque  dans  fort 
///'  Liv.  ,  que  les  Cabires  étoient  repréfentés  fem- 
bhbles  à  Vulcain.  Une  infcription  grecque  qui  eft: 
.à  Venif'e  les  appelle  grands  Dieux  &  Diofcoures  y 
quielt  un  nom  affecl:éà  Caftor  &  à  PoUux, comme 
fi  ces  Dieux  avoient  été  du  nombre  des  Cabires,  Elle 
porte  , 

faIos  TAior 

AXAFNEïS    lÉ 
PETS  FENOME 
NOS   ©E.QN   ME 
TAAON   Aies 
KOPîiN  KABEirnN, 


VofTius  a  parlé  des  Cabires  dans  fon  Liv.  II  des 
Idol.,  c.  31  ,p.  Z55  ,  25<î.  C.  55  ,p.  302;  &C.  573, 
/;.  311. 

De  Méziriac,  dans  fofl  Commentaire  fur  VEpître 
de  Didon  à  Enée  ,  après  avoir  rapporté  fut  ce  fujet 
un  long  paflàge  de  Vairon  ,  pris  de  Servius ,  ajoute 
ces  paroles  :  on  peut  tirer  de  ce  paffage  avec  Scali- 
liger  ,  que  ces  Dieux  Samothraciens ,  qui  étoient 
furnommés  puiffans  ,  font  les  mêmes  qu'on  appeloit 
Cabires,  d'autant  que  Caber  ,en  langue  Phénicienne 
ou  Syriaque ,  lignifie  puiffant.  Nonnus ,  Liv.  XIF , 
des  Dionyjiaqucs ,  fait  mention  de  deux  Cabires^ 
nommés  Àleon  &:  Eurymcdon  ,  &  dit  qu'ils  étoient 
fils  de  Vulcain  &  d'une  Nymphe  Thracienne  ,  ap- 
pelée Cabire  ou  Cabere.  Il  fait  néanmoins  dans  fes 
Livres  XXFII ,  XXIX  &  XXX,  cette  Nymphe 
mère  des  Cabires. 

De  Méziriac  rapporte  encore  au  même  endroit 
cette  remarque  du  Scholiafte  d'Apollonius ,  fur  Le 
premier  livre  des  Argonautes,  touchant  les  Cabires. 
En  l'île  de  Samothrace  on  s'initie  aux  6'a^irM ,  & 
Mnafeas  rapporte  même  leurs  noms.  Ils  font  au  nom- 
bre de  quatre ,  favoir,  Axierus ,  Axiocerla  ,  Axiocer- 
lus  :  Axierus,  c'eft  Cércs  ;  Axiocerfa,  c'eft  Prolérpinei 
Axiocerfus,  c'eft  Pluton.  Le  quatrième  qu'on  ajoute, 
nommé  Cafmilus  ,  c'eft  Mercure  ,  au  rapport  de 
Dionyfodorus.  Athénée  dit  que  Jalon  &  Dardanus 
furent  engendrés  de  Jupiter  &  d'Eled;ra  ,  i<c  qu'il 
lui  femble  qu'ils  furent  appelés  Cabires ,  dont  le 
plus  ancien ,  c'eft  Jupiter  ,  le  plus  jeune ,  c'eft  Bac- 
chus.  Voilà  ce  que  le  Scholiafte  d'Apollonius  a 
remarqué  touchant  les  Cabires,  dont  il  eft  aulli  parlé 
dans  Strabon.  Héfychius  dit  que  ces  Cabires  ,  oui 
fout  fils  de  Vulcain,  étoient  fort  honorés  dans  l'Ile 
de  Lemnos.  Hérodote  ,  Liv.  III ,  les  fait  aufîî  fils  de 
Vulcain.  Foyei  de  Méziriac,  qui  s'étend  fort  au  long 
fur  les  Cabires.  Bochart  en  parle  prefque  de  la  mê- 


me manière  dans  la  féconde  partie  de  fa  Géographie 
facrce  ,Liv.I  ,ch.  iz  ,  &  félon  fa  méthode  ordinaire. 


f 


il  remonte  jufqu'à  la  langue  Phénicienne  ,  d'où  les 
Grecs  ont  formé  les  noms  des  Dieux  Cabires,  en  le> 
accommodant  au  génie  de  leur  langue. 

Le  mot  de  Cabires  a  un  autre  fens  dans  Origcne 
contre  Celfe  ,  où  il  fe  prend  pour  les  anciens  Per- 
fans.  M.  Hyde,quia  donné  depuis  peu  une  hiftoire 
de  la  Religion  des  anciens  Perfans ,  tirée  de  leurs 
écrits  en  leur  langue  ,  a  remarqué  que  le  moi  de 


C  A  B 

Cayires  eil  Pc-rlan.  Cabiri  -,  die- il  ,au  ch.  19  cîe  Ton 
oavL'atîe  ,Juju  Gabri  voa  Ferjicâ  aliquantulum  il:- 
tonâ.  En  cfîcr ,  ceux  qui  ont  donné  des  relations  de 
la  Perle  nous  apprennent  qu'il  refte  encore  aujour- 
d'hui chez  les  Perlans  des  defcendans  de  ces  an- 
ciens Gabrcs ,  ou  Giavres  ,  adorateurs  du  feu  ■■,  quel- 
ques-uns les  appellent  Gciiires  ,  ou  plutôt  Gavrss. 
M.  Hyde  ,  qui  en  traite  fort  au  long  dans  fon  hil- 
toire  ,  pïétcad  qu'ils  ne  rendent  point  au  feu  & 
au  Soleil  un  véritable  culte,  mais  leulemenr  un  culte 
civil  ,  &  qu'ainli  ils  fie  font  point  idolâtres. 
CABlPvIDEi.  f.  f.  pi.  Nymphes ,  filles  de  Vukain  & 

de  Cabira. 
GABIRiES.  f.  m.  pi.  Cabiria.  C'eft  une  fête  des  Grecs 
donc  parle  Hclychius  ,  dans  lequel  on  l'appelle 
Cabbires ,  Kxpjir.ex  -.mais  Meurfius,  dans  fon  Liv.  //•' 
d(:s  Fer  Les  ,  Od  Fêtes  Grecques,  conjecfure  avec  bien 
de  la  raifon ,  qu'il  faut  lire  KaiHipix  ,  Cabiries.  C'ctoit 
Ja  fcte  des  C^i^irt-^  ,  que  l'on  honocoJt  dans  l'Ile  de 
Lemnos.  Les  Thcbains  la  célébroient  auili ,  de  même 
que  les  Samothraces ,  parce  qu'ils  honoroient  auiîi 
ces  Dieux.  Cette  fête  pallbit  pour  être  très-ancienne, 
&  antérieure  au  temps  même  de  Jupiter  ,  qui,  dit- 
on  ,  la  renouvella.  Les  Cabiries  le  célébroient  de 
nuit?  ;  &  l'on  y  confacroit  les  enfans  depuis  un  cer- 
tain âge.  Cette  coniccration  ctoit ,  félon  l'opinion 
Païenne,  un  préfcrvatif  contre  les  dangers  de  la  mer, 
&  les  autres  périls.  La  cérémonie  de  la  confécra- 
tion  conufljoit  à  mettre  l'initié  fur  un  thrônc  ,  au- 
tour duquel  les  Prêtres  failbient  des  danfes.  La 
marque  des  initiés  étoit  de  porter  une  ceinture  ou 
écharpe  d'un  ruban  de  pourpre.  Quand  on  avoir  fait 
quelque  meurtre  ,  c'étoit  un  azyle  d'aller  aux  fa- 
crifices  des  Cabires.  Meurfuis ,  à  l'endroit  cité  ,  pro- 
duit les  preuves  de  tout  ceci. 
$3-  CABLAN.  Ville  de  l'Inde,  au-de-là  du  Gange  , 
en  Alie  ,  capitale  d'un  Royaume  de  même  nom , 
préléntement  Ibumife  au  Roi  d'Ava ,  avec  le  Royau- 
me qui  dcpendoit  autrefois  du  Roi  de  Pégu. 
ff?  CABLE,  f.  m.  C'eil:  en  général  un  gros  cordage, 
dont  on  lé  fcrt  pour  traîner  ou  enlever  des  fardeaux. 
En  marine  ,  c'eft  un  très-iiros  cordage  qui  lért  dans 
les  navires  pour  les  tenir  a  l'ancre.  Funis.  Il  cit 
compofé  de  trois  aulîières ,  dont  chacune  a  trois  to- 
rons :  le  cable  eft  donc  de  neuf  torons.  On  le  dit 
auilî  des  cordes  qui  fervent  à  tenir  les  mâts ,  comme 
les  haubans ,  à  remonter  les  bateaux  ,  à  élever  d^ 
gros  firdeaux  dans  les  bâtimens  par  le  moyen  des 
giracs  &  des  poulies.  Les  cables  qu'on  appelle 
brayers  ,  fervent  à  lier  les  pierres  ,  les  baquets  à 
mortier  ,  ùc.  Les  haubans  fervent  à  retenir  &  hau- 
baner :  les  engins  ,  les  vintaines ,  qui  font  les  moin- 
dres cordages  ,  fervent  à  conduite  les  fardeaux  en 
les  montant  ,  pour  les  détourner  des  faillies.  Un 
navire  bien  équipé  doit  avoir  quatre  cables.  Le  plus 
gros  s'appelle  maître  cable  ,  &  le  plus  petit ,  grelin. 
Ce  mot  vient  de  l'Hébreu  chebel  ,  ou  de  fon 
pluriel  chebalin  ,  qui  lignifie  corde.  Nicox.  Du 
Cange  croit  qu'il  vient  de  l'Arabe  kabl,  qui  lignifie 
corde  ,  ou  de  habala  ,  vincire.  Ménage  aptes  Ilîdore 
li  dérive  de  capalum  ,  ou  cabuliim  ,  qu'd  fait  venir 
du  Grec  ya{i\>.c^  ^  ou  du  Latin  camelus.  On  a 
dit  aulTi  dans  la  balle  Latinité  ,  caplum  que  Papias 
dérive  à.  capiendo ,  &:  qui  lignifie  ime  corde  de 
n-.:  vire. 

On  dit,  donner  \e.  cable  à  un  vaiflcau,  lorfqu'é- 
tant  incommodé,  on  le  remorque  avec  un  cable  qu'on 
lui  donne  :  ce  qu'on  appelle  autrement  touer  ou 
tirer  en  ouaiche.  On  dit  filer  le  cable  bout  pour 
bout ,  lorfqu'on  lâche  &  abandonne  le  cable  avec 
l'ancre  ,  quand  on  n'a  pas  le  temps  de  défancrcr  , 
bittcr  le  cable ,  c'eft  le  rouler  &:  l'arrêter  autour  des 
■  bittes.  On  dit ,  les  cables  ont  un  tour  ,  ou  un  demi- 
tour,  lorfcue  le  vaiileau  qui  cft  à  l'ancre  obéillânt 
au  vent ,  ou  au  courant  de  la  mer ,  a  croifé ,  ou  cor- 
donné  près  des  écubicrs  les  cables  qui  le  tiennent. 
Alonger  le  cable  ,  c'eft. l'étendre  fur  le  pont,  ou 
pour  le  débittcr  ,  ou  pour  mouiller  l'ancre.  Débitter 
le  cable  ,  c'eft  dépallcr  un  tour  que  le  cable  fait  fut 


C  A  B 


î  ?i 


la  bitte.  Débofler  le  cable  ,  c'eft  démarrer  la  boHé  qui 
le  tient.  Talinguer  le  cable,  c'eft  amarrer ,  &  lier  le 
cable  à  l'argancau  de  l'ancre.  Fourrer  un  cable,  c'eft  le 
garnir  de  trèfles ,  ou  de  toile ,  pour  le  conferver. 
Cable    le  prend  auHi,    en  termes  de  Marine,  pour 
une  mefure  de    110  bralîés  ,    à  caufe  qtie  c'eft  la 
mefure  ordinaire  de  toutes  fortes  de  cables  ;  ainlî 
lorfqu'on  dit ,  qu'on  eft  m.ouillé  à  deux  ou  ttoii 
cables  de  terre  ,   on  doit  entendre  qu'on  en  cft  i 
deux  cents  quarante,  ou  à  trois  cens-lbixante  bralîés. 
§3"  On  appelle  auHl  cables ,  les   cordes  qui  fervent 
à  remonter  les  grands  bateaux  dans    les    rivières  , 
&  à  élever  de  gros   fardeaux  dans   les  bâtimens  , 
par  le  moyen  des  poulies. 
(fr  Dans  l'Ariillerie  c'eft  aulTi  un  gros  cordage  qui 
fert  particulièrement  aux  Chévtes.  f^oye^  Chèvre. 
Ce  mot^vient  de  l'Hébreu. 
CABLE  ,  EE.  adi.  Terme  de  Blafon  ,  fe  dit  d'une  croix 
faite  ,  ou  couverte  de  coide  ,  ou  de  cables  tortillés. 
Crux  è  funibus  intortis  coniexta. 
-:fT  C'eft  aullî  un  terme  d'Architeélure ,  qui  fe  dit 
des   cannelures    qui  font  relevées   &   contournées 
en  forme  de  Cablss. 
ÇABLEAU.  Dimunutif  de  cable:  c'eft  le  petit  c^r/^/if, 
qui  fett  ordinairement  d'amarre  à  la  chalouppe  du 
navire.  Funis  minor.  On  dit  aulfi  Cablot. 
ifT  On  donne  auHi  ce  nom  à  cette  longue  corde  que 
les    Mariniers  appellent  ordinairement  Cincenelle. 
Voye^  ce  mot. 
CABLER,  v.  a.  C'eft  un  terme  de  Cordier  ,  qui  ligni- 
fie,  aflémbler    plulieurs  fils  ,  &  les  tortiller  pour 
n'en  faire  qu'une  corde.  Funes  intorquere.  Câbler 
de  la  ficelle. 
^  CABLIAU.  roye^  Cabillaud. 
CA.BLOT.  f.  m.   Foye:^  Cableau. 
CABO.  f.  m.  Cap,  Promontoire,    Caput ,  Promon- 
torium.  Ce  non.  eft  purement  Efpagnol ,  &  fignifie 
la  même  cliofe  que  Cap  en  François.  Nous  le  rete- 
nons quelquefois  dans  notre  langue  aux  noms  des 
lieux  auxquels  les   Efpagnols  le  donnent,  &  quel- 
quefois on  le  trouve  fur  des  Cartes  de  Géographie. 
Caba-ceira  ,   Cabo-carço  ,   Cabo-roxo   ,    Cubo-dlf- 
tria ,  ècc. 
ffT  Cabo.  Caput.  Royaume  d'Afrique,  au  pays  des 

Nègres',  fur  le  Riogrande  ,  vers  le  Sud. 
CABOCHE,  f.  f.  La  tête  de  l'homme.  Caput.  Il  y  a 
bien  de  là  malice  dans  cette  petite  caboche.  Ce  mot 
cft  vieux  &:  populaire  •,  on  s'en  lért  dans  le   ftyle  co- 
mique ,  &  quelquefois  dans  le  ftyle  familier.  Mé- 
nage le  fait  venir  de  caput ,  la  tête. 
{C?  Caboche  ,    en  termes  de  blafon  ,   lé  dit  d'une 
tête  d'animal,  coupée  derrière  les  oreilles  par  une 
fcélion  perpendiculaire.  Encyc. 
Caboches,  en  termes  de  Quincaillerie,  font  en  gé- 
néral ^ÇT  des  doux  qui  font  courts  avec  une  tête 
large.On  les  appelle  aullî  Cloux  à  Ibuliers ,  parce- 
que  les  gens  de  la  campagne  ,  en  garrulfenr  b  /"rmelle 
&:  le  talon  de  leurs    ibuliers  ,    afin  qu'Us   durent 
plus  long-temps.  Clavorum  capita. 
Caboche.  Dans   la  fatyre  Ménippéc  ,  on   donne  ce 
nom  aux  féditieux ,  à  l'imitation  de  la  fédition  des 
bouchers ,   ttipiers  ,  &  auttes  mauvais  garnemens 
qui  fe   foulevcrcnt  contre  le   Roi   Charles  VI   en 
I4i2,&  qui  furent  aomvacs  Cabochiens ,  à  caufs 
du  nommé  Caboche  ,  écorcheur  de  bêtes ,  l'un  de 
leurs  chefs. 
CABOCHIEN.  f.  m.  Voye^  l'Article  précédent. 
CABOCHON,  f.  m.  Terme  de  Jouaillier.  Pierre  pré- 
cicufc,  &  particulièrement  un  rubis,  qui  eft  feu- 
lement poli  fans  avoir    aucune   figure    régulière  , 
mais  telle  que  s'cft  trouvée  la  pierre ,  après  en  avoir 
ôté  ce  qu'elle  avoit  de  brut  :  de  forte  qu'il  y  en  a  de 
rondes  ,  d'ovales  ,    de  bolfues  ,    Hc  de  plufieurs 
autres  fortes.  Lapillus  pretiofus. 
Cabochon.  Terme  de  Clouticr.  Clou  qui  a  la   tête 
large  &  prefque  en  forme  de  diamant,  &  qui  cft 
for't  court ,  &  plus  petit  que  les  Caboches. 
Cabochon.  Ornement  qui  failbit  partie  delà  cocffure 
des  Dames.  Cetoit  une  efpèce  de  bonnet  piquc^ 


î^^ 


€  A  B 


C  A  B 


lorc  pointu  vers  le  front.  Il  croit  fait  dc'tafFctas  de  /       pieds  prcftcmcht ,  tandis  qu'ils  font  en  Tair.  En  ma- 
ie &  peinte  ,  1       titre  de  Danlc  la  cabriole  eft  la  même  choie  que  le 


diverles  couleurs ,  de  gaze  rayée ,  ou  unie 
où  l'on  mcttoit  de  la  chenille  ,  du  clinquant  d'or  ou 
d'atiTcnt,  ou  d'autres  a^^rcmens.  Merc.  M.ii.  iit(^. 
03"  CABOLjETTO.  ù    m.  Monnoye    qui    a  cours 
dans  les  États  de  la  république  de  Gcncs ,  valant 
environ  quatre  lois   de  France. 
CABOSSE.   {'.   i.    C'cll:  la   gouHe    qui     renferme    les 
amandes    du    cacao.  On  connoit  que   le  cacao  eft 
mût ,  lorfque  les  catojj'cs  commencent  à  jaunir. 
CABOT.  Voyei  Malet. 

CABOTAGE,   f.  m.  Terme  de  Marine.  Le  cabotage 
cfl:  la  première  partie  du    pilotage.  Le  cabotage  ,  clt 
la- -navigation  de  terre  à  terre,  ou  le  long  des  cotes. 
BouG.  Le  cabotage  cil  aufli  la  connoiiiance  de  la 
boaHble,des  côtes ,  des  mouillages  ,  des  ancrages , 
des  courans  &  marées ,  des  profondeurs  des  bancs , 
&    autres    dangers  ,  &    le    pointage    des    cartes 
plittes.  Id. 
CABOTER.  V.  n.  Terme  de  KLirine.  Naviger  le  long 
des  côtes  -,  &  faire  de  petits  voyages  fur  mer  ;  aller 
de  cao  en  cap ,  de  port  en  port.  Liitora  radere.  Les 
Corfaires,ou  les  navires  qui  croifent  les  mers  ,  ne 
font  que  caboter  ,  aller  de  cap  en  cap. 
^  CAEOTÎER.  f.  m.   bâtiment   dont    on    fe    fcrt 

pour  cabot&r.  Académie  Fr.ançoise. 
CABOTTIERE.  f.  f.  Bateau  plat  ,  long  &  étroit , 
d'environ  trois  pieds  de  profondeur ,  .avec  un  gou- 
vernail très-long ,  fait  en  forme  de  rames.  Cette 
forte  de  bateaux  ne  fert  guère  qu'au  commerce  qui 
fe  fait  par  la  rivière  d'Eure ,  qui  vient  du  côté  de 
Chartres ,  pafTe  à  Dreux  ,  &  fe  jette  dans  la  Seine 
à  un  quart  de  licuc  au-deilus  du  pont  de  l'Arche. 
§3=  CABOUCHAN.  Ville  d'Afie,  dans  le  Korallln.  ] 

Elle  dépend  de  Nichabour. 
^3'  CABRA.  Ville  d'Afrique  ,  dans  la  Nigritie,  au 

R  oyaume  de  Tombut ,  fur  le  Scncgal. 
CABRE.  (A\  On  appelle  f.î/'rfjf,  en  termes  de  Ma- 
rine, de  gros  boutons  ronds  joints  par  le  haut ,  & 
pofés  proche  des  Apoflis  aux  extrémités  du  côté 
d'une  Galère.  C'eft  auill  une  efpèce  de  chèvre  com- 
pofée  de  deux  ou  rrois  pieux  joints  enfcmble  par 
le  haut ,  qui  s'étendent  beaucoup  par  le  bas  ,  au 
haut  defquels  on  met  une  poulie  de  caliorne  avec 
une.étague,  pour  tirer  de  gros  fardeaux.  C'eft  avec 
une  cabre  qu'on  enlève  de  de/fus  le  bord  des  riviè- 
res les  groiîes  pièces  de  bois  de  conftrud:ion.  Cerrc 
machine  s'appelle  chèvre  en  quelques  endroits.  Le 
mot  cabre  femble  venir  du  Larin  capra,  aulîi-bien 
que  le  mot  chèvre.  Machinamcntum. 
^CF  Cabré  ,  en  termes  de  Blalôn  ,  fe  dit  d'un  Gheval 

acculé.  Equus  arrcHus  ,  arreclo  peclore. 
CABRER.  (  fe  )  v.  récip.  On  le  dit  au  propre  des  che- 
vaux qui  fe  drellcnt  fur  les  pieds  de  derrière.  Peclits 
arri^ere.  Ce  Cheval  eft  vicieux ,  il  fe  cabre  quand 
on  lui  tire  trop  la  bride. 
^3"  Se  cabrer ,  dans  le  fcns  figuré,  fe  dit,  des  hom- 
mes qui  fe  mettent  en  colère ,  qui  s'emportent  de 
dépit.  C'eft  un  fantafque  ,  qui  fe  cabre  aifcment  & 
fins  fujet.  Pronum  ,  facilern  e£e  ad  ofjciijicnem. 
Il  y  a  des  tempéramens  ennemis  de  toute  réîiftance  , 
que  la  vériré  fait  cabrer ,  &  qui  fe  roidilfent  tou- 
jours contre  la  raifon.  Mol. 

Monfieur  de  la  Châtre  s'eft  fcrvi  de  ce  rerme  acli 
vcment ,  quand  il  a  dit  :  Le  difcours  de  la  Princciîc 
fur  rempli  de  beaucoup    d'attaques  contre  M.  de 
Beaufort,   auxquelles  je  répartis  du   mieux  que  je 
pus  fans  la  cabrer. 

Ce  mot  vient  de  chèvre ,  parce  qu'elle  a  accou- 
tumé de^  fe  drefîer  &  de  fauter. 
CABRE ,  EE.  part.  &  adj.  Foye^  Cabrer. 
CABRI ,  f.  m.  Fo\ei  CABRIL  &  CABRIT. 
CABRIL  ,  f.  m.  Mot  populaire ,  Chevreau ,  le  petit 
d'une  chèvre.  Capreoltis.  Sauter  comme  un  cabril. 
On  ditauili  Cahrit,  plus  communément  cabri. 
CABRIOLE.  Mieux  que  CAPRIOLE.  f.  f.  Elévation 
du  corps  ,  faut  léger  &  agile  ,  que  font  les  Danfeurs 
ordinairement  à  la  fin  des  cadences.   Levis ,  agiîis 
infublimefaltus,  Frifçr  la  cahio/ëiC'ciï,  remuer  les 


Jaiet.  La   demi-cabriofe   eft  lorfqu'on  ne  retombe 
que  fur   l'un   des   pieds.    L'Auteur  des   Réflexions 
Jur  Fujage  de  la  Langue  Françoife  fe  déclare  pour 
capriole ,  &:  quelques  autres  avec  lui.  L'ufage  le  plus 
gênerai  eft  pour  cabriole.  Mén. 
Cabriole,  en  termes  de  Manège,  fe  dit  ,  lorfque  le 
_  cheval  étant  en  l'air ,  avant  que  de  rorrlber  à  rcrre  , 
cpare  cntièrcm.ent  du  derrière ,  c'eft-à-dire  ,  rue  eh 
étendant  les  jambes  avec  violence.  C'eft  un  faut  que 
fait  le  cheval ,  fans  aller  en  avanr ,  en  forte  qu'étant 
en  l'air ,  il  montre  les  fers ,  &  détache  les   ruades. 
Ce  qu'on  appelle  éparer  &  nouer  l'aiguillette  ,  on 
l'appelle  autrement  faut  de  ferme  à  ferme.  Quand  il 
n'epare  qu'à  demi ,  on  donne  à  la  cabriole  le  nom 
de  balotade  :  &c  on  ini  donne  celui  de  croiipade , 
quand  ,  au  lieu  d'étendre  les  jambes  en  arrière  ,  il 
les  troulfe  fous  lui ,  comme  s'il  les  vouloit  retirer 
dans  le  ventre  ,  6c  retombe  prefque  les  quatre  pieds 
enfemble. 
^fT  La  Cabriole  eft  un  manège^  par  haut,  &  le  plus 
difficile  de  tous  les  airs  relevés.  On  dir  qu'un  cheval 
fe  prcfente  de  lui-même  à  cabrioles  ,  qu'il  fe  met  de 
lui-même  à  cabrioles  ,  lorfqu'il  fait  des  faut?cgaux 
&  dans  k  main ,  c'eft-à-dire,  fans  forcer  la  main  &C 
lans  pcfcr  fur  la  bride. 
§C?  Il  y  a  plufieuts    fortes    de    cabrioles  ;  cabriole 
droite  ,  cabriole    en   arrière ,  cabriole  de  côté  ,  ca- 
briole battue  ou  frifée  ,  cabriole  ouverte. 
\fT  Ce  mot  vient  de  capreolare  ,  qui  a  été  fait  de 

capreolus. 
Cabriole  ,  fe   dit    auffi  des  fauts    dangereux ,  des 
chutes.    Periculofi/s J'altiis.  Gcz  homme  ed  tombé, 
il  a  fauté  dix  marches  fur  l'efcalier  ,  il  a  fait  une 
jolie  cabriole.  Cela  ne  fc  dit  qu'en  riant. 
CABRIOLER,  v.  n.  Faire  la  cabriole,  ou  des  cabrioles. 
y^gi/i ,  levifaltufe  in  fublime  tôlier e.  Ce  Danfeur, 
ce  Baladin  ,  cabriole  bien. 
(fT  CABRIOLET,  f.  m.  Sorte  de  voiture  légère  ,  mon- 
tée  fur  deux  roues  ,  fort  à  la  mode  depuis  quelques 
années. 
CABRIOLEUR.  f.  m.  Faifeur  de  cabrioles  Agilis  iri 

fui  lime  jaltator.  C'eft  un  excellent  Cabrioleur. 
CABRIONS,  f.  m.  Terme  de  Marine.   Ce  font  des 
pièces  de  bois  ,  qu'on  mer  derrière  les  affûts    deS 
canons  pendant  le  gros  remps ,  de   peur  qu'ils  ne 
•    rompent  leurs   bragues  &  leurs  palans. 
CABRIT.  f.  m,  Jeune  chevreau.  On  le  nomme  ainfi  en 
pluficurs  endroits  de  la  France.  Hœdillus,  hœdulus  , 
capreolus.  Sauter  comme  un  cabrit. 
CABROLLE.  Pohlbn  de  mer.  Vaye:^  Biche. 
CABRON.    f.  m.   Peau  de  jeune  chèvre   ou  cabrit. 

Pellis  h'xdina. 
CABROUET.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  nomme  les  chat- 
rertes  dans  les  Iles.  Je  ne  manquai  pas  de  lui  en  té- 
moigner ma  joie,  &  de  lui  offrir  nos  cabrouets^ 
no";  bœufs  pour  l'aller  chercher.  P.  Labat.  Il  embar- 
que fes  marchandifes  à  la  porre  de  fa  maifon  ,  fans 
avoir  bcfoin  de  cabreueis  ou  charrettes  pour  les 
rranfportcr,  Id. 

\^Q^   Cabrouets  font  ordinairement  rires  par  de* 
bœufs. 
CABROUETTIER.  f.  m.  Celui  qui  conduit  un  Ca- 

brouet. 
CABRUS.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Cahrus.  C'eft 
le  nom  d'un  Dieu  des  Phafclyrcs  citoyens  d'une 
ville  de  Pamphilie.  Ils  lui  olfroienr  du  poiflbn  falé. 
Dc-là  vient  qu'on  appcloit  proverbialemcnr  du  poif- 
ibn  filé ,  un  facrifice  de  Phafélytes.  Suidas  appelle 
ce  Dieu  Çalabrus ,  au  lieu  de  Cabriis.  Erafme  pré- 
tend qu'il  faut  dire  Caprus.  Peut-être  que  Cabrv.s 
s'eft  dit  plutôt  pour  Cabirus ,  Cabire.  Il  eft  ordi-, 
naire  de  ciianger  1'/  en  un  e  muet. 
CABUIA.  f.  m.  Herbe  qui  croît  aux  Indes  Occidenta- 
le;. Ses  feuilles  reifcmblent  à  celles  de  l'iris  ou  du 
chp.rdon.  Les  Sauvages  cnfontdes  cordes  &  des  filets. 
CABUL.  f  m.  Petit  pays  de  Galilée ,  que  Salomon 
donna  à  Hiram  Roi  de  Tyr,  à  caufc  de  ce  qu'il  lui 


C  AC 

ftVoit  foflrnî  ponrhâtir  le  temple  de  Jcnrralem. /77* 
Livre  des  Rois,  IX,  i  ^.Térra  Chabul.  C'eft  Hiram  qui 
.lui  donna  ce  nom  en  Ir.ngue  Phénicienne ,  dit  Joleph 
Z'v.  Vni  1  ck.  5  ,  &  il  paroîr  qu'il  le  lui  donna  par 
mépris  ■,  car  il  tut  peu  content  que  Salomon  lui 
aonnàt  li  peu  de  choie.  Jolephe  l'interprète  dephti- 
J'ant,  malplaifant  ;  d'autres  Jatle  ,  Si  diiént  qu'Hi- 
ram  l'appela  ainli ,  parce  que  ce  n'étoient  que  des 
labiés  ftérilcs.  Quelques  Rabbins  au  contraire  prc- 
t.-ndent  qu'il  lignifie ,  de  la  bouc  ;  que  c'ctoit  un 
pays  marécageux  &  ilérile.  FuUcrus  eft  de  mêifie 
iLntiment  ■■,  mais  la  fertilité  de  la  Tribu  d'Afcr  où  il 
ctoit,&:lc  voiiînagc  du  Liban,  lui  pctfuadent  que 
la  terre  Ch.ihd  croit  une  tetre  fertile  Se  graiîe , 
mais  forte  Se  difficile- à  labourer,  &:  que  c'cfl:  pour 
cela  qu'Hiram  en  fut  mécontent.  Au  refte ,  les  uns 
&  les  autres  tifent  ce  mot  de  Vl33  impeditus  con- 
jiriclus ,  parce  que  l'un  &  l'autre  ,  c'cll-à-dire,  le  fable, 
au.'Ii-bien  que  la  bouc  ,  &:  la  terre  gralle ,  arrête  & 
retient  les  pieds. 

Cabitl,  eft  auffi  une  ville  de  la  Tribu  d'Afet ,  dont 
parle  Jofué,  XIX,  17.  Cabul. 

Cabui.  ,  eft  encore  aujourd'hui  une  grande  ville  d*Afie 
dans  l'empire  du  Mogol,  &  qui  eft  capitale  d'un 
Royaume  ,  auquel  elle  donne  le  nom.  Cahulian. 
Cabul  z^ik.  fur  la  rivière  de  Béhat,  vers  les  montagnes 
&  le  pays  de  Zagatayc.  Le  Royaume  de  Cabul  ç?i 
une  grande  Province  du  Mogoliftan ,  au  midi  du 
Caucafe  ,  qui  le  fépate  de  la  Tartarie.  Cabuli ,  ou 
Cabnlenfe  re^niinu 

Ip-  CABULISTAN.  La  même  chofe  qite  Cabul, 
Royaume. 

fJ-  CABURLANT.  PoifTon  demer.  Voye^  Chabot. 

CABUS.  Il  y  en  a  qui  difent  Capus.  adj.  m.  Epi- 
thète  des  choux  qu^n  appelle  -xwxizmznx.  pommés. 
Caiilis  capitatus.  On  le  dit  auflî  des  laitues ,  quand 
elles  font  tranfplantées  te  pommées.  Rabelais  feint 
que  ce  fat  d'une  fueur  de  Jupiter  que  naquirent  les 
choux  cabus. 

Ce  mot  vient  de  capitatus  ,  ou  bien  de  caputus  , 
félon  Ménage.  Les  Allemands  les  appellent  Kab- 
skraut ,  c'eft-à-dite  ,  herbe  à  tête, 

C  A  C. 

£ACA.  f.  m.  Ordure.  Stercus.  On  le  dit  aux  petits 
enfans.  Il  faut  aller  faite  caca.  N(?  mangez  pas  de 
cela  ,  c'eft  du  caca.  Il  vient  du  Latin  c.icare.  C'eil  un 
terme  de  Nourrice. 
ÇACA.  f.  f  nom  de  femme.  Caca.  C'eft  la  fœur  de 
Cacus,dont  parle  Virgile  au  ^7/7'  Liv.  de  l'Enéide. 
Elle  fut  honorée  à  Rome  comme  une   Dée/îè.  Voye^^ 
Ladlance  Liv.I,  ck.  io.  Scrvius  fur  l'endroitde  Virgile 
cité  v.  ipo.  Elle  avoit  un  temple  dans   lequel  on 
lui  entretenoit ,  comme  à  Vcfta  ,  un  feu  perpétuel. 
CAÇACA.  Ville  de  la  province  de  Garel ,  dans   le 
royaume  de  Fez   en  Alrique ,  fur    la  côte  de  la  mer 
Méditerranée ,  proche  Melile. 
CACABER.  V.  n.  C'cft  le  terme  dont  on  fe  fett  pour 
exprimer  la  manière  de  crier  de  la  Perdrix.  La  Per- 
drix cacabc.  On  prend  plaifir  à  entendre  cacaber  les 
l'crdrix.  Ce  mot  cfl:  tout  latin.  Cacabare. 
CACADE.  f.  f.  Décharge    de  ventre.    Alvi    dejeclio. 

Terme  populaite. 
Caca  DE  ,    fe  dit   figurémenr    &   familièrement   du 
mauvais  (accès  de  quelque  folle  entreprife  ,  où  un 
homme  s'étoit  vanté  de  réuflir.  Il  a  fait  une  vilaine 
cacade.  Cajï/s. 

Ce  mot  eft  du  ftylc  bas ,  au  propre  &  au  figuré.  Il 
vient  de  l'Italien  cagar  ,  cagada  ,  qui  fignifie  la 
même  chcfe. 
CACAGOGUES,  f.  m.  pi.  &:  adj.  Onguens  qui  ap- 
pliqués au  fondement  provoquent  les  felles.  Caca- 
goga.  James ,  dans  Ton  Diélionnaire ,  rapporte  la  ma- 
nière dont  Paul  Egincte  failbit  cet  onguent. 
CACALIA.  f.  f.  Plante  dont  il  y  a  deux  efpeces.  Te  ne 
décrirai  que  la  première,  parce  que  la  féconde  lui  eft 
toute-  fcmblable  ,  excepté  que  fa  tige  &:  Tes  feuilles 
fort  fnns  poil ,  &  que  fa  fleur  eft  d'un  purpurin 
plus  pâle  ou  jaune.  La  Cacalia  croît  fur  les  mon- 


C  AC  ïji 

hghes ,  &:  eft  propre  pour  amolir,  adoucir  ,  Se  ci- 
catrifer.  On  s'en  fert  aulfi  en  décodiion  pour  cpaif- 
lîr  la  fcrofiré  qui  tombe  du  cerveau.  Se:  feuilles  lonr 
prefque  rondes,  cpaiilcs ,  dentelées  par  les  bords, 
aîiguleufcs,  cotoneufes ,  &  blanches  en  deifous 
comme  celleS  du  Petajites.  Il  s*élcve  d'entre  elles 
une  tige  d'environ  deux  f>iéds,  velue  ,  moclleufe  > 
fe  divilbnt  vers  ia  fommité  en  quelques  rameaux  oui 
foutiennent  des  fleurs  dilpofées  en  bouqucrs  ,  de 
couleur  purpurine  dans  un  calice  cylindrique;  Quand 
ces  fleurs  font  tombées,  il  naît  en  leur  plalfe  dej 
graines  oblongues,  garnies  chacune  d'une  aigrerre. 
Sa  racine  eft  groflc  comme  le  petir  doigt,  entourée 
dt  fibres  menues.  Lémery.  JOiofcoride  en  parle* 
Galien  l'appelle   cancaniim, 

CACAO,  f.  m.  Cacao.  C'eft  .l'amande  d'un  arbre  âp=» 
pelé  Cacaoyer.  Elle  eft  la  bafe  du  Chocolat,  l^oyef 
Chocolat.  Oh  diPcingue  le  Cacao  en  quelques 
cfpèces  qui  paroiffcnt  des  variétés  dépendantes  de 
leuts  différenres  grofièurs ,  ou  du  lieu  dont  elles 
font  apportées-,  telles  font  les  diftirtélionsen  6"iZf.z(? 
grand  &  petit  Caracque ,  &  en  Cacao  gros  &  petit 
des   îles. 

CACAOTETL.  f.  m.  Pierre  Indienne ,  autrement  ap- 
pelée  Lapis-corviniis ,  qui  quand  elle  eft  échauf- 
fée, produit,  à  ce  qu'on  dit,  un  bruit  comme  un' 
coup  de  tonnerre. 

CACAOYER  ou  CACAOTIER,  f.  m.  Cacao. 
C'eft  un  atbre  d'une  moyenne  grandeur  ,  qui  croît 
dans  le  Brélil  ,  Se  qu'on  cultive  à  préfent  dans 
nos  îles  d.' Amérique.  Son  tronc  eft  de  lagroffeur  de 
la  jambe  ,  haut  de  quarte  à  cinq  pieds ,  coMvert 
d'une  ccotce  brune  ,  gerfée»,  Se  divifée  en  plufieurs 
branches  qui  fe  fubdivilcnt  en  plufieuts  rameaux , 
charges  de  feuilles  alternes ,  liflcs ,  glabres  ,  inclinées 
en  bas ,  afîez  femblables  à  celles  du  eitr'onier,  longues 
de  neuf  à  dix  pouces ,  fur  quatre  pouces  de  largeur. 
Ses  fleurs  naifiènt  par  bouquets ,  attaches  aux  bran- 
ches 5  quelquefois  au  tronc  ,  Se  font  compofées  de 
cinq  pétales  d'un  jaune  pâle  ,  foUtcnucs  par  un  ca- 
lice à  cinq  découpures ,  pâles  en  dehors ,  Se  rouges 
en  dedans.  Le  piftil,  qui  eft  environné  d'un  nombre 
d'étamines  courbées  Se  chargées  de  fommets  pâles , 
devient  un  fiuit  d'uti  demi-pied  de  long ,  fur  frois 
pouces  d'épaifleut ,  relevé  de  dix  crêtes  ,  raboteux 
exrérieurement,  d'abord  verdâtre  ,  enfuite  Jaunâtre, 
Si  enfin  d'un  brun  rouge  poirttillédetachcsjaunâtres. 
Le  pédicule  de  ce  ftuit  eftoblong,  &  de  la  groileut 
d'une  plume  à  écrire.  Ce  fruit  eft  blanc  en  dedans ,  Se 
renfeime  une  trentaine  de  femences  ou  amandes , 
de  la  groficur  d'une  olive  ,  taillées  en  fotme  de 
cceur  alongé,  luifantcs,  polies,  d'un  beau  violet, 
clair  en  dehors  ,  Se  blanches  en  dedans,  &  d'urt 
goût  d'am.andes  lorfqu'elles  font  fcches.  Cet  arbre 
donne  deux  à  trois  fois  l'année  des  fleurs.  Plumier  , 
Hermand  ,  Du  Tertre  ,  Rochefort ,  Pifon  ,  Laet , 
Acofta  ,  Clulius. 

Cet  arbre  ,  dartsles  Indes  Occidentales,  fè nomme 
la  cvcuhnazuah.uhl.  Il  eft  fort  foible  &  tendre  ;  c'eft 
pourquoi  il  a  befoin  d'un  autre  grand  arbre  qui 
foit  tout  proche  de  lui  pùut  lui  faire  ombre  ,  &: 
qui  s'appelle  ahynan  ,  par  les  Efpagnols ,  la  madré 
del  cacao.  Ot\  en  trouve  beaucoup  dans  le  pays  de 
Guatimala.On  tire  du  beurre  de  fon  fruit,  de  l'huile, 
qui  ont  plulicurs  propriétés  en  médecine.  Le  cdc/zo 
fert  auflTi  de  menue  monnoie  dans  le  pays. 

CACAOYERE,  f.  f.  Lieu  planté  d'arbres  de  Cacao, 
ou  de  Cacaoyers.  Locus  arboribtis  Cacao  conjttus. 
Quoiqu'on  écrive  Cacao  ,  Cacaoyer  ,  Cacaoyère  , 
néanmoins  d'ans  les  îles  de  l'Amérique,  on  prononce 
Caco  .,  Cacover  ,  Cacoyere,  Se  l'arbre,  ou  le  Ca- 
caoyer*, s'appelle  le  plus  fouvent  CaCo ,  comme  fon 
fruit.  Le  P.  Labat  écrit  Cacoyere ,  par  contradion, 
Voyei  l'HiJl.  Naturelle  du  Cacao ,  impr,  à  Paris 

en   1719. 
CAÇAR.  Nom  Arabe  ,  ?-'  originairement  Hébreu, 
qui  entre  dans  plufieurs  nom'  de  villes  bâflcs ,  ou 
■  podcdécs  par  des  Arabes.  Ce  mot  vient  de  l'Hé- 
breu ni-n  ,  Hhatjar ,  ou  Chatfar  ,  qui  en  cette  lan- 


îH 


C  A  C 


giie  fignifie  palais  ,  demeure  ,  halntatwji  ;  Se  en 
Arabe  encore  fortijîca:io/i  ,  lieu  foniJiJ  ,  fort,  ch.i- 
tcau  ,  ville.  Ainli  Caçar-Pharaon  ,  lignine  château 
de  Pharaon,  C'eft  une  ville  d'Afrique  ,  dans  la 
Province  de  Fez  ,  &  firnce  fur  l'une  des  cimes  de 
la  montagne  de  Zarhon.  Les  habitans  croient  qu'elle 
a  été  bâtie  par  un  des  Pharaons,  Pvoi  d'Egypte.  On 
croit  que  ce  font  les  Goths  qui  l'ont  fondée.  Caçar 
Haimt  ,  ville  ruinée  fur  la  côte  de  Tripoli  en 
Afrique ,  fignifie  fortcreffe  ,  ou  Château  de  Hamet. 
Caj^r  Hafcen,  autre  ville  ruinée  à  l'Orient  de  Tri- 
poli 5  fignifie  fortereffe  de  Hiifcen. 

<ZACAVL  Foye:-  CASSAVE. 

CACCÎONDE,  f.  m.„Nom  d'une  pilule,  qui  a  pour 
baie  la  terre  du  Japon  ,  ou  le  Cachou ,  &  que  Ba- 
glivi  recommande  dans  la  dyfrcnterie.  Casselli  , 
cité  par  James. 

fer  CACERE5.  Petite  ville  d'Elpagne ,  dans  l'Eftra- 
madure ,  flir  la  rivière  de  Falot. 

^^'Çacep.es  ,  ou  Caures  de  camarinha-.  Ville  de 
rile  de  Luçon  ,  l'une  des  Philipines ,  avec  un  évè- 
ché  fuffragant  de  Manille,  long.  142.  d.  15'.  lat. 
14..   d.    15'. 

Cachalot.  (.  m.  Grand  PolfTon  cétacée ,  qu'on 
dit  être  fort  ennemi  de  la  Baleine.  D'autres  difcnt 
qu'il  eft  lui-même  le  nûle  de  la  Baleine  •,  d'après 
ce  qu'en  difent  Clufius  ,  Willughby  &:  Anderfon  -, 
c'cll  une  efpèce  particulière  des  Cctacécs.  Ils  en 
diftinguent  plufieurs  elpècçs.  Le  fperme  de  Baleine 
que  l'on  vend  chez  les  Droguiftes ,  n'eft  rien  autre 
chofe  que  la  cervelle  du  Cachalot  préparée. 

pACHAN.  Cachanum.  Ville  de  la  Province  d'Yerak 
en  Perle  ,  à  zo  lieuls  d'ifpahan  en  tirant  vers  Kom. 
Cachan  ell:  une  grande  ville  ,  6c  de  toute  la  Perle  , 
celle  où  l'on  fait  les  plus  beaux  brocards  d'or  & 
d'argent.  Elle  eft  flirnommée  DorolrnoumcniT2,c'e^-i- 
dire ,  Jijoiir  des  Fidèles  ,  parce  que  l;s  delcendans 
d'Hali  s'y  retirèrent  durant  les  perfecutions  des  Cali- 
fes.Les  Perfans  difcnt  qu'elle  a  été  bâtie  par  Zebd-le- 
Caton  petite-fille  de  Kafchan  ,  petit-fils  d'Hali ,  qui 
ctoit  enterré  là,  &:  qu'elle  lui  donna  le  nom  de  fon 
aïeul.  Oléarius  écrit  Cafehan  ,  5c  quelques  autres 
Voyageurs  Cakem.  Cafehan  eft  m.ieux  ,  parce  que  c'cft 
un  Schin ,  qui  en  Perfan  ,  comme  en  Arabe  &c  en 
Hébreu ,  a  le  même  fon  que  notre  ch  dans  char , 
charrette  ,  cheval ,  &Cc. 

Cachan.  AïIcï  à.  Cachan.  Voyez  plus  bas  Cache. 

CACHATIN.  f.  m.  Gomme  laque ,  Cachatin  ;  c'eft  une 
des  fortes  de  gomme  laque  que  les  marchands  Chré- 
tiens portent  à  S'myrne. 

CACHE,  i".  f.  Lieu  lecrer ,  où  l'on  met  ce  qu'on  veut 
dérober  à  la  vue  des  hommes.  Latehra.  Il  y  a  plu- 
fieurs caches  dans  cette  maifon ,  dans  ce  bois.  L'avare 
met  fon  argent  dans  des  caches  où  l'on  ne  peut  le 
trouver.  Ce  mot  ne  peut  s'employer  que  dans  le  fty  le 
familier. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  a  trouvé  la 
cache ,  quand  il  a  trouvé  quelque  bonne  invention  , 
le  fecrer  d'une  affaire ,  ou  le  lieu  où  il  y  avoir  quelque 
chofe  de  bien  caché.  On  dit  aulfi,  mais  balfement, 
qu'un  homme  eft  allé  à  Cachan  ,  quand  il  eft  obliîîé 
de  fe  cacher  pour  quelque  méchante  affaire  ,  p"ir 
allufion  au  village  de  Cachan  auprès  d'Arcueil ,  à 
une  lieue  de  Paris. 

Cache -jgACHE  mitoulas.  Terme  populaire.  C'cft  un 
jeu  de  jeunes  pcns ,  qui  conlifte  à  mettre  quelque 
diolé  fecretement  entre  les  mains ,  ou  dans  les  ha- 
bits de  quelqu'un  de  la  compagnie  :  ce  qu'on  pro- 
pofe  à  deviner  à  une  tierce  perfonne. 

Ce  mot  vienr  par  contraction  &  tranfpofirion  de 
mie  tu  ne  l'as  ,  au  lieu  de  tu  ne  l'as  w/V.*Pcut-ctre 
aufîi  pour  où  l'as-tu  mis  ? 

Çache-entrée.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  les  Serruriers  ap- 
pellent une  petite  pièce  de  fer  qui  couvre  l'entrée 
d'une  ferrure. 

Çachb-mez.  f,  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  un 
maj'que.  Oris  ,  vultks  tegmen. 

ÇACH£-f  lAiiKt.  Terme  de  SWSWÇi  Morceau,  de  cuir , 


C  A  C 

qui  couvre  la  platine  d'un  fulil.  Faire  ôterles  cache- 
platines  Se  les  tampons.  Bombelle", 

Cache  ,  f.  f.  qu'on  nomme  .i  la  Chine;  cayas-,  Si  en 
plufieurs  endroits  des  Indes,  cas,  cajfe ,  cajiey&c 
cdffie.  Menue  monnoie  de  cuivre ,  qui  vaut  un  peu 
plus  qu'un  denier  de  France . . .  Les  caches  font 
comme  les  doubles  de  France  :  elles  font  trouées , 
&:  fix  cents  valent  trois  livres  dix  fols.  Albé  de  Choiji. 

CACHECTIQUE,  f.  m.  Terme  de  Médecine.  CacheÛi- 
cus.  Qui  a  une  conftitution  mauvaife ,  &  un  fang 
noyé  de  férofités ,  &  dont  les  parties  branchues  s'ac- 
crDchcnr  en  s'unillant ,  &:  ontbien  de  la  peine  à  cir- 
culer. Mem.  de  Trév.  17 14.  Dec.  p.  iiyo. 

^py  On  le  dir  particulièrement  des  remèdes  bons 
pour  prévenir  la  cachexie  -,  ou  pour  la  guérir  quand 
on  en  elt  attaqué.  Remèdes  Cacheclujues.  Faire  ufage 
des  cachectiques.  Ainfi  il  eft  adjeétif  &  fubftantif. 
Voye^  Cachexie. 

CACHEMENT.  adv.  Il  n'eft  en  ufage  que  dans  le  ftyls , 
bas ,  ou  familier ,  ou  burlefque  Si.  comique  :  D'une 
manière  cachée.  Latenter,  clam,J'ecretb.  Il  eft  abfo- 
lument  hors  d'ufage. 

Cachement.  f  m.  Occultatio.  Manière  dont  une  per- 
fonne eft  cachée.  Il  n'eft  pas  en  ufage  ,  &  je  crois 
qu'on  ne  devroit  pas  imiter  ceux  qui  s'en  ferveiEt, 
Richeeet  ,  dans  Jes  augmentations. 

C'eft  un  vieux  mot  que  Nicot  a  mis  à  la  fin  du. 
Verbe  cacher.  Molière  s'en  eft  lérvi  dans  la  troifiems 
fcene  de  fa  critique  de  l'Ecole  des  Femmes.  Il  y  avoit 
l'autre  jour  ,  dit-il ,  des  femmes  à  cette  Comédie, 
qui  par  les  mines  qu'elles  atfeélcrent  durant  toute  la 
Pièce  ,  leurs  détournemens  de  tête  ,  &:  leurs  cache- 
tnens  de  vifage ,  firent  dire  de  tous  côtés  cent  Ibtifes 
de  leur  conduite.  Au  refte,  je  ne  vois  pas  pourquoi 
Richelet  a  eu  plus  d'indulgence  pour  détournement , 
qui  a  paru  dès  la  première  édition  de  fon  Diclion- 
naire  ,  que  pour  cachement.  L'un  ne  vaut  pas  mieux 
que  l'autre  ',  ou  plutôt,  ils  font  tous  deux  bons  dans- 
l'exemple  que  je  viens  de  citer.  ^ 

gO"  CACHEMIRE.  Province  d'Afic ,  dans  les  Etats 
du  Mogol,  qui  a  pour  capitale  une  Ville  de  mêm2 
nom.  Long.  950  ,lat.  ^(4°  ,  50'.  Cette  Ville  eft  gran- 
de,   &  bien  bâtie   fur  le  bord    d'un  Lac    rempli 
de   petites  îles   qui  forment  autant  de  jardins  de 
plai  lance. 
^fT  CACHER,  v.  a.  Mettre  quelque  chofe  en  un  lien 
fecret ,  où  l'on  ne  puille  pas  la  voir  ,  la  décoavrij 
qu'avec  beaucoup  de  difficulté.  Abdere ,  Occultare ^ 
Occulere  ,  At'fcondere.  Les  payfans  cachent  leuî 
ar<cnr  dans  la  terre  ,  afin  que  les  Soldats   ne  le 
puilfent  trouver. 
0Cr  Ménage ,  après  Guyet ,  dérive  ce  mot  de  Caciare , 
qui    fignifie  chaff'er  ,  pouffer.  On  dit  en  ce  fens , 
que  la   nature  nous  a  cache  fes  trélbrs  ,  fes  plus 
merveilleufes  opérations. 
^fT  Cacher  ,  fignifie  auffi  voiler,  couvrir  ,  ne  pas 
faire  paroître  à  la  vue.  Cacher  un  tableau.  Cacher 
fon  vifage.  Ce  bais  nous  cache  la  vue  de  ce  château. 
^fj-  On  dit  cacher  ion  jeu ,  Se  cette  expreffion  a  trois 
divers  fe'ns.  Tegere  ,   dijjimulare.   Elle   fignifie.   i". 
empêcher   que   fon  jeu    ne  foir  vu  •,  1«.  dillirau- 
1er  fon  adreffe  ,  en  faifant  femblant  de  ne  favoir 
pas  bien  jouer.   5°.  cacher  fes  defleins ,  en  forte  que 
perfonne  ne  puiiTe  les  découvrir.  II  eft  tout-à-lait 
figuré  en  ce  dernier  fens. 
0Cr" Cacher  au  figuré,  dans  la  fignification  de  diiTi- 
muler  ,  déguifer ,  fignifie,  ufer  d'un  profond  fecret, 
pour  dérober  à  la  connoilfance  d'autrui ,  ce  qu'on 
ne  veut  pas  manifefter.  Foyei  les  deux  autres  Sy- 
nonymes. Il  y  a  du  foin  &  de  l'attention  à  cacher; 
de  l'arr  Se  de  l'habileté  à  difjimuler   ;    du    travail 
.  &  de  la  rufe  à  'déguifer.  Il  Icmble  qu'on  cache  par 
le  filence  ;  qu'on  diljîmule  par  les  démarches'  -,  & 
qu'on  deguife  par  les  propos.  Syn.  Fr.  quand   on 
veut  réulllr  dans  leS  aiîliires  d'intérêr  &  de  poli- 
tique ,  il  tant  toujours  cacher  lés  deffeins,  les  lii/^ 
Jimuler  fouvènt ,  Si  les  déguifer  quelquefois.  Quand 
on  n'a  pas   la  force  de  fc  corriger  de  fes  vices ,  ou 
doit  4h  niojns  avoir  U  fageflè  de  les  cacher. 


C  AC 

^3*  On  dîtlbfoIuftleh'L  Ce  cacher  ,  pout  dira  j  vîvfe  Sri 
retraite ,  Oïl  bieri  Ce  mettre  en  lieu  de  fureté  pour 
n'être  pas  pris  ni  découvert.  Abdere  Je ,  occuUare , 
lacère.  Les  Saints  le  cachent  aux  yeux  des  hommes 
pour  le  donner  tout  à  Dieu,  Cet  homme  craint  la 
priibrt  ,  il  fe  cache. 

^  On  dit  fe  cacher  à  quelqu'un  ,  pour  dire  ,  rie 
fe  pas  laifler  voir  à  lui.  Il  s'eft  caché  à  tous  lés 
anlis.  On  dit  qu'on  ne  peut  fe  cacher  à  foi-même  ; 
pour  dire ,  qu'on  ne  peut  fe  dillimuier  fes  feriti- 
mens  &  les  difpolitions  de  fon  coeur.  Ac.  Fr* 

§C?  On  dit  lé  cacher  de  quelqu'un ,  c'eft-à-dire ,  lui 
cacher  ce  qu'on  lait ,  fes  deiléins,  fa  conduite.  Ac.  Fr. 

^fT  On.  dit  proverbialement  cache  ta  vie  -,  pour  dire  , 
qu'il  rie  faut  pas  faire  connoître  à  tous  les  hommes 
ce  que  l'on  fait.  C'eft  un  des  préceptes  d'Epicure , 
dont  Plutaraue  a  fait  un  beau  Traité. 

IJCr  CACHÉ ,  ÉE.  part.  Qui  eft  dans  un  lieii  fecret ,  qui 
n'elt  pas  facile  à  trfijuvcr.  Latens ,  abditus ,  occuhus. 

^fF  On  appelle  un  homme  caché ,  celui  qui  ne  veut 
pas  fe  faire  connoître  dans  le  monde- 

^fT  On  dit  fîgurement ,  d'un  homme  qui  a  beaucoup 
de  talens ,  &  qui  ne  les  produit  pas ,  que  c'eft  un 
tréfor  caché.  Ac.  Fr.  On  appelle  une  vie  cachée  , 
une  Vie  fôlitaire  &  retirée. 


Hei 

Vit  dans  l 


ureux  ,  qui  fatis fait  de  fon  hurrible  fortiine  ; 
ans  l'état  oh  leur  où  les  Dieux  l'ont  caché.  Rac. 


§CT  Ce  participe  a  en  général  toutes  les  lignifications 
de  fon  verbe. 

^fT  Caché  ,  dijjîmulé ,  déguifé ,  confidérés  dans  une 
lignification  fynonyme.  L'homme  cache  veille  fur 
lui-même  pour  ne  le  point  trahir  par  indifcrétion  : 
fa  conduite  eft  impénétrable  par  les  ténèbres  dont 
elle  eft  couverte.  Le  dijjimulé  veille  fur  les  autres 
pour'  ne  ks  pas  mettre  à  portée  de  le  connoître. 
Sa  conduite  eft  toujours  rélérvée  ,•  pour  ne  pas  fe 
laiiler  appercevoir.  Le  deguifé  fe  montre  autre  qu'il 
n'eft,pour  donner  le  change.  Sa  conduite  eft  tou- 
jours mafquée  par  des  apparences  contraires  ,  pour 
fe  dérober  à  la  pénétration  d'autrui.  Il  fuffit  d'ëtte 
cache  pour  les  gens  qui  ne  voient  que  lorfqu'on  les 
éclaire  :  il  faut  être  difjimulé ,  pour  ceux  qui  voient 
fans  le  fecours  d'un  flambeau  -,  mais  il  eft  néceffaire 
d'être  parfaitement  deguifé  ,  pour  ceux  qui  ,  non 
coriteris  de  percer  les  ténèbres  qu'on  leur  oppofe, 
difcîtent  la  lumière  dont  on  voudroit  les  éblouir. 

|Cr  CACHERE.  f.  f.  Terme  de  Verrerie.  C'eft  ainfi 
qu'on  appelle  dans  les  verreries  en  bouteilles,  une 
petite  muraille  contigue  aux  fils  des  ouvraux,  fur 
laauelle  le  maître  fépare  la  bouteille  de  la  canne. 

fC?  CACHEREAU.  "Vieux  mot  qui  fignifioit  autre- 
fois papier-terrier. 

Cachereau.  f.  m.  Nom  d'Office.  C'eft  la  même  choie 
que  Cartulaire.  Cachenllus.  Le  Cachereau  chez  les 
Anglois,  eft  un  Bailli  d'un  ordre  inférieur.  Bailli 
de  village. 

CACHERON.  f.  m.  Efpèce  de  ficelle  grolTtère  qui  fe 
tire  d'Abbeville. 

CACHET,  f.  m.  Petit  fceau  qui  porte  une  gravure  par- 
ticulière de  quelques  armes  ou  chiffres  qu'on  imprime 
fur  de  la  cire ,  ou  du  pain  à  chanter  s  pour  empcclier 
qu'on  n'ouvre  un  paquet  fermé  &  marqué  de  cette 
empreinte.  Signum  -,  figillum,\:.z%  Anciens n'avoient 
point  d'autres  cachets  que  leurs  anneaux,  qui por- 
toient  des  pierres  gravée?'.  Annulus  jignatorius. 

Les  cachets  différent  des  fceaux ,  en  ce  que  les 
Iceaux  font  pour  les  affaires  publiques ,  ou  qui  re- 
gardent le  public  ,  &  les  cachets^  ne  font  que  pour 
les  affaires  des  Particuliers  entre  eux  ,  comme  lettres. 
Les  cachets  des  Anciens  étoient  des  figures  gravées 
fur  leurs  anneaux  ,  qui  étoient  d'or  ,  d'argent ,  ou 
de  quelque  autre  métal,  ou  une  pierre  gravée  en- 
chaflee  dans  leur  anneau  -,  aujourd'hui  la  plupart  des 
cachets  font  différens  des  anneaux.  Autrefois  les 
cachets  repréfenîoient  quelque  Divinité  ,  quelque 
grand  perfonnage  ,  comme  un  Empereur,  un  Philo- 
sophe chef  d'une  Icéte  ,  ou  célèbre  dans  fa  fed:e ,  le 
portrait  de  quelqu'un  des  Ancêtres ,  le  fyrabole  de 


C  A  C  i^f 

k  pltrie ,  des  inimaiiic  véritables ,  6d  fèihts  i  Oè; 
Aujourtl'hui  les  cachets  repréf;ntent  les  armes  tiei 
celui  à  qui  eft  le  cachet  ,  ou  un  chiffre  j ibit  qu'ii 
lignifie  quelque  chofe ,  ibit  qu'il  foit  arbitraire  ,  èc 
qu'il  ne  fignifie  rieri  :  quelquefois ,  mais  rarement  ^ 
on  y  met  quelque  emblème,  urie  tête,  ou  quelque 
autre  figuré.  Il  y  eri  a  où  on  lit  quelc^ues  paiolcs  j 
elles  doivent  être  courtes  &  pleines  d'un  grand  fens, 
comme  une  Sentence,  un  Axiome  , un  cri'de  guerre, 
è'c  i  un  fentiment  du  cœur ,  une  padion  vivement 
exprimée  ,  &c.  Ainii ,  par  exemple  ,  on  a  exprime  la 
conftance  &  la  fidélité  dans  l'amitié  par  ces  lettres 
Grecques  gravées  fur  un  cachet ,  I'NTO'A^npmB  ,  lef- 
quelles  étant  prononcées  forment  ces  mots  Ital'icns. 
Finna  fedeltà  ,  finira  mi  t'//^.  Je  cefferai  de  vivre ^, 
lorl'que  je  ceflérai  d'être  fidèle.  Les  Cachets  des  Prin- 
ces qui  fe  mettent  fur  les  aéles ,  &  s'appellent  Sceaux  ,• 
s'appcloient  autrefois  bulles.  Heineccius  a  fait  uii 
faVant  Traité  ,  De  veterihus  Gcrriidnorurn  aliarum- 
que  tiationumjigillis  ,  imprime  à  Francfort  en  lyoc;, 
in-folio.  Voyez  ScEL  j  ou  Sceau.  Foyei  aulfi  An- 
neau &  ButLE.-  Hemecciu5  ptérerid  que  les  cachets 
font  originairement  des  contrefceaux ,  contr aflgilla  ; 
qu'on  a  commencé  .1  les  mettre  au  lieu  de  femg ,  &: 
que  l'ufage  en  fft  moderne.  Voye^^  le  ch.  XF\k  fa 
première  partie-,  n,  IIL 

Ce  mot  vient  de  cacher ,  à  caufe  qu'il  Czf.  à  cacher 
l'écriture.  Ménage,- 
Cachet.  Se  dit  auffi  de  la  figuie,  de  la  marque  impri- 
.  ■  mée  fur  la  cire.  Figura Jigillo  irnprefjli.  Le  cachet  eft 

entier ,  il  n'a  point  été  rompu. 
0C?  On  dit  qu'une  lettre  eft  'à  cachet  volant ,  lorfqud 

le  cachet  mis  fur  l'enveloppe  ne  la  ferme  pas. 
Lettre  de  cachet   eft  une  lettre  cachetée  cui  cachet 
du  Roi,  &  fignée  d'un  Secrétaire  d'Etat ,  qui  contient 
quelque  ordre ,  commandement ,  avis ,-  ou  autre  chofe 
qu'on  envoie  de  la  part  du  Roi.  Litterca  Jîgillo  Prin- 
cipis  ohjignatcc. 
CACHETER,  v.  a.  Appliquer  uil  cachet  fur  quelque 
chofe  qu'on  veut  envoyer  fermée.  Epijlolamjîgnare  , 
objignare  j  Epifiolœ  Jigillum  imprimer e.  Cacheter  uri 
paquet ,  urie  boite ,  une  bouteille. 
tp3'  Ce  verbe  lé  conjugue  d'une  manière  irrégulièré 
au  temps  préfent  feulement  de  l'iridicatif,   impé- 
ratif, optatif  &  fubjoniiUf,  aux"  perlbnnes  du  liu- 
gulier  &  à  ii  troifième  perfonne  du  plutiel  ^  tant 
au  fimple  que  pour  les  compofés  décacheter ,   re- 
cacheter. Ainii  l'oit  dit  je  cachette  ,  tu  caihettes ,  il 
cachette  ,   ils   cachettent  :  de  même  à  l'impératif, 
optatif  &  frfbjonC^if.  Ainfi  toute  l'irrégularité  de  ce 
verbe  coTilifte  en  ce  que  l'on  âjoine  un  fécond  t  à 
toutes  les  perlbnnes  du  prefent  au  fingulier  j^  &  à 
la  troifième  du  pluriel.  Il  en  eft  de  même  des  verbes 
décacheter  &  recacheter.  Cet  ufage  s'eft  introduit 
fans  doute  pour  rendre  la  prononciation  plus  douce, 
Voye^^  U  D'ici,  des  rimes,  tirées  dé  Du  Bartas. 
CACHETE  ,  EE.  pa'rt.  &  ad).  Signatus  ,  objîgnatus.  Il 

m'a  rendu  vos  lettres  cachetéesi 
CACHETTE,  f.  f.  Petite  cache.  Latebra.  Il  y  à  bien 
des  cachettes  dans  ce  bois.  Il  eft  du  ftyle  familief,  " 
ainfi  que  cache,- 
En  cachette  y  adv.  D'une  manière  cachée,  feérère. 
Clam ,  occulté ,  latenter.  Les  livres  défendus  ne  fe 
vendent  qu^erv  cachette ,  &  fous  le  mainteau. 
|C?En  cachette  de  quelqu'un ,  eft  une  expreffion ,  tour  a 
fait  populaire  &  balle.  Il  a  lair  cela  en  cachette  de  mai, 
IP^  CACHEUR.  f  m.  Nom  que  les  raffineurs  de  lucre 
donnent  à  un  morceau  de  bois  dont  ib  lé  fervent' 
pour  fonder  les  formes. 
CACHEXIE,    f.   f.  Cachexia.   Terme    de  Médecine.- 
îfT  (  prononcez  cakexie.  )  Mauvaife  difpofition  du 
corps  humain  dans  toute  fon  habitude,  cauféepat 
la  dépravation  des  humeurs  ,  du  ciiyle  &:  du  farig". 
La  cachexie  négligée  dégénère  très-facilemerit  en 
hydropifie.  De  la  dépravation  du  chyle  <k  du  fang 
fuivent  nécefîairement  la  pâleur  de  toutes  les  parties 
charnues  ,  &  fur-tout  du  vifagc  ,  la  diminution  des 
forces  en  général  ,    ïes  laifitudes  dans  les  bras  & 
dans  les  jambes ,-  la  difficulté  de  fefpiKr  &  la  dâ- 


i^è  C  A  C 

psavarion  dii  Tue  noitrricier  produit  l'amaigriflement 
Si  l'aflàiirement  ratai  de  la  machiner. 

La  cachexie  vient  ordinairement  de  la  débilité  , 
GU  de  l'impureté  du  ventricule  &  des  vilcères ,  quel- 
quefois de  Tulccre  des  reins  dans  ceux  qui  ont  la 
pierre.  Les  caulés  extérieures  de  la  cachexie  font 
les  alimens  impurs  &  corrompus,  les  ivrogneries 
fréquentes ,  la  bonne  dicre  ,  les  études  excellvves  , 
les  longues  veilles ,  la  fupprefllon  des  mois  ou  des 
hémorroïdes ,  les  grandes  évacuations  de  iang  ,  une 
longue  dyilcnteric,  les  priions,  les  poilbns ,  les  moriii- 
res  des  animaux  vcnii^eux ,  les  fièvres  longues  Se  chro- 
niques ,  les  obflruftions  opiniâtres.  On  trouve  des 
remèdes  pour  la  cachexie  dans  Platerus,  Ohferv.  L  , 
III  ,p.'6o  ■!,,&:  dans  la  pratique  du  même  Auteur  ,  T. 
III ,L.  I,c.  1 ,  p.iici  -y  dans  Fernel ,  Conf.  3  5  -,  dans 
Jean  Herman  ,  Pi^rx,  Chym.  dans  Jean  Heurnius 
,   î'ur  raphorifme  9  ,  fecï.  2. 

Le  mot  cachexie  vient  du  grec  xetxilU ,  forme 
de   xuy.r.,   mauvaije  y  &  à'ï'iti  ,   dilpolitioru    Foyei 
Cacochymie. 
CACHIER.  Vieux  mot  qui  veiA  dite  chajfer. 
GACHLECE.  i".  f.  Un  petit  caillou ,  ou  une  Petite 
pierre ,  telle  que  celles  qu^on  trouve  au  fond  des 
eaux  ,  fur  le  bord  de  la  mer.  Kix,M-:if  Galien  dit  que 
les  Cachléces  rongies  dans  le  feu  &;  éreinn-es  dans 
du  petit  lait,  lui  donnent  une  qualité  aftringente  qui 
le  rend  falutaire  dans  ladyflcnterie.  Dict.de  James. 
|cr  CACHOMAS.  Pays  de  l'Inde,  de-là  le  Gange  , 
avec^une  ville  de  même  nom  ,  llir  les  frontières  du 
Royaume  de  Bengale  \  ce  Royaume  ,  autrefois  fou- 
rnis au  Roi  de  Pégu  ,  obéit  aujourd'hui  à  fon  propre 
Roi  qui  eft  tributaire  de  celui  de  Pégu. 
CACHOS.  f.  m.  Fiante  que  l'on  ne  tjouve  que  for 
les  montagnes  du  Pérou.  Elle  croît  comme  un  ar- 
briffeau ,  &:  efl:  d'un  fort  beau  vert.  Sa  feuille  eft  ronde 
&:  mince.  Son  fruit  eft  plat  d'un  côté,  rond  de  l'autre  , 
iiniiianr  en  pointe ,  de  couleur  ce^idrée  ,  d'un  goiit 
agréable  &  fans  acrimonie  ,  contenant  une  femence 
fort  menue.  Les  Indiens  font  beaucoup  de  cas  de 
cette  plante  ,  à  caufe  de  fes  rares  qualités  -,  car  elle 
fait  uriner  j  &  clrafle  le  fable  &  la  pierre  hoTs  des 
reins ,  &,  ce  qui  eft  plus  admirable  ,  c'eft  qu'on  tient 
que  par  fon  ufage  elle  brife  l-i  pierre  dans  la  veille  ,■ 
fi  elle  eft  encore  rendre.  En  latin,  cachas,  ou  fo- 
larium  pomiferum  folio  rotnndo  tenui. 
CACHOT,  f.  m.  Prilbn   noire  &;  oblcure  ,    qui  eft 
au-dellbus  du  rcs-de-chauîce,  où  l'on  renferme  les 
malfaireurs.  Locus  in  car 'ère  angujius'y  interior  in 
carcere ,  arciiorque  cujiodia.  On  met  dans  les  ca- 
chots les  criminels  condamnés ,  ou  accufés  de  grands 
crimes ,  ou  qui  font  des  rébellions  dans  la  Prilbn. 
Vous  décrirai-)e  ces  cachots ,  ou  plurôt  ces  fépukres 
funeftes  ,  où  l'on  enterre  des  hommes  vivans ,  pour 
qui  il  femble  que  le  foleil  ait  celle  de  luire ,    & 
que  la  nuir  ait  pris  la  place  du  jour,  Flech.  Il  y 
a  des  priions  où  Ion  diftingue  les  cachots  noirs 
d'avec  les  autres  :  les  noirs  font  de  petites  caves 
fous'terre  où  l'on  n'enferme  qu'un  feul  prifonnier  \ 
les  autres  font  au  rès-de-chauflée  ,    ou  peu  pro- 
fonds :  on  y  enfbrme  pendant  la  nuit  plufieurs  pri- 
fonniers  enlémtie. 
Gachot  ,  fe  dit  aulfi  d'une  forte  de  petite  loge  qui 
eft  fermée  à  clef,  &  qui  n'a  qu'une  petite  ouver- 
ture à  la  porte  par  laquelle  on  donne  à  boire  & 
à  manger  au  fou  qui  eft  dedans, 

Ip;  CACHOTTERIE,  f.  f.  Terme  du  difcours  fami- 
lier pour  exprimer  une  manière  myftérieule  dans  le 
difcours  ou  dans  les  aélions  qu'on  emploie  pour  ca- 
cher des  chofes  importantes. 

CACHOU,  f.  m.  Petit  grain  ou  dragée  qui  fe  fait 
d'une  compofition  de  mufc  &  d'ambre ,  qui  fert  a 
parfumer  l'haleine.  Sa  bafe  eft  une  gomme  qui  fe 
tire  d'une  décoélion  épailTe  d'un  certain  atbre  qui 
croît  aux  Indes.  Cet  arbre,  que  les  Auteurs  appellent 
hais  ,  &  qu'au  Bréiîl  on  nomme  cajous  ,  eft  de  la 
grandeur  d'un  grenadier.  Il  a  la  feuille  d'un  vert 


C  AC 

cîalr.  Sa  fleur  eft  blanche  ,  &C  prefque  fémbîabîe 
à  celle  de  l'oranger.  Il  porte  un  fruit  de  même  nom 
qui  eft  fort  cftimé ,  comme  étant  de  boni  goût  Se 
fort  bon  pour  l'eftomac.  Il  eft  fait  comme  une  grofle 
pomme  fort  jaune  &i  de  bonne  odeur ,  fpongieux 
au  dedans ,  &  plein  d'un  lue  douceâtre  &  aftringenr; 
Il  croît  deux  fois  en  un  an  ,  mais  ce  n'eft  que  dans 
les  jardins  cultivés  dans  le  Royaume  de  Cochia, 
On  coupe  le  bois  de  cet  arbre  en  petits  morceaux 
que  l'on  fait  bouillir  y  6i  l'eau  dans  laquelle 
bout  ce  bois  s'étant  épaîllîe  ,  forme  une  efpèce 
de  gomme  qu'on  fait  fécher  ,  ^  &  qu'on  envoie 
en  Europe  ,  où  on  la  met  en  petits  grains  y 
après  y  avoir  mêlé  du  mufc  &  de  l'ambre  ,  ou  tels 
autres  aromates  que  l'on  juge  à  propos.  On  pré- 
tend que  le  cachou  eft  falutaire  à  l'eftomac  ,  propre 
à  adoucir  la  falive  &:  l'haleine  ,  &  bon  pour  arrêter 
le  vomilfement,  la  diarrhée  &  la  dyiïènrerie. 

CACHRYS.  f.  m.  Terme  de  Botanique.  Ceft  une 
plante  qu'on  appelle  autrement  Arinarinte,  Voyez 
Armarinte. 

Cachrys,  fe  dit  aulïl  de  la  femence  de  cette  même 
plante, 

Cachrys  ,  fe  dit  encore  des  boUronsque  le  chêne,  le" 
fapin  ,  &  quelques  autres  arbres  poulTent  au  prin- 
temps &  dans  l'automne. 

CACHUNDE  ,  CACCIONDE  &  CACHONDE.  f.  m. 
Compolîdon  dont  le  cachou  eft  la  baie  ,  mêlé  avesd 
plulîeurs  drogues  aromatiques.  Il  y  entre  aufli  des 
pierres  précièufes  :  ce  qui  rend  cerre  préparation  fi 
chère  ,  qu'il  n'y  a  que  les  Princes  &;  les  grands  de-: 
Indes  qui  en  faifent  ufage.  On  lui  attribue  des  pro- 
prîérés  merveilleufes ,  comme  de  prolonger  la  vie 
&  d'éloigner  la  mort. 

CACHYMIE,  f.  f.  Cachymia.  C'eft  un  terme  par  îe-' 
quel  Paracelfe  entend  un  corps  métallique,  impar- 
fait ,  ou  une  veine  métallique  qui  n'eft  pas  parfiite,- 
qui  n'eft  ni  métal ,  ni  fubftance  fahne  ,  mais  qui 
tient  beaucoup  du  métal ,  puifqu'elle  a  les  premiers 
principes ,  &  la  matière  première  des  métaux ,  Sc 
qu'elle  tire  fon  origine  des  trois  premiers  métaux, 
Voye/^  le  Dict,  de  James, 

§3"  CACIQUE,  f.  m.  Nom  que  les  peuples  du  Mexique 
Se  de  quelques  régions  de  l'Amérique ,  donnoicnt 
aux  Gouverneurs  des  Provinces  &  aux  Généraux  des 
troupes  fous  les  anciens Incas.  Les  Princes  de  l'île  de 
Cuba  portoient  le  nom  de  Caciques,  quand  les  Efi^ni- 
gnols  s'en  rendirent  maîtres.  LesSauvages  donnent 
encore  ce  nom  aux  plus  nobles  d  entr'eux.  Mais  de- 
puis la  conquête  du  Mexique  ,  le  titre  eft  éteint 
quant  à  raucorité. 

1^  Ce  nom  fe  donne  aulïï  aux  chefs  des-  Arabes-  & 
des  Tartares  vagabonds. 

§Cr  GACIS.  f.  m.  Plante  qui  approche  beaucoup  du 
grofeiller.  Son  fruit  eft  en  grappe  &  les  grains  de- 
viennent noirs  dans  leur  maturité.  Le  fruit  fert  à 
compofer  du  ratafiat  ,  qu'on  regarde  propre  à  for-" 
tifîer  l'eftomac. 

CACIZ.  f.  m.  Terme  de  relarion.  Dodfeur  de  la  loi 
Mahométane.  Myjla  Mahometanus ,  Docior.  Lors- 
qu'ils difpuroient  enfemble,  un  C<zcij  ou  Dodteur 
de  la  loi  furvint.  Bouh. 

CACOCHYLIE.  f  f.  Terme  de  "^iédccmcCacochylia. 
Chylification  ,  ou  digeftion  dépravée ,  aélion  de 
l'eftomac  qui  convertit  les  alimens  en  chyle  mai 
conditionné  ,  propre  à  engendrer  la  cacochymie. 
Ce  mot  vient  du  grec  k«>-.os  ,  mauvais ,  &c  j^^vxis 
chyle. 

CACOCHYME,  adj.  m.  &  f.  plein  de  mauvàifes  hu- 
meurs. VitioJishumorihusredundans.^fTQt\2.  fe  dit 
proprcmenr  du  corps  humain  quand  il  eft  plein 
de  mauvaifes  humeurs,  &  toujours fujet à  quelque 
infirmité.  C'eft  un  corps  cacochyme. 

On  dit  figurcment,  un  efprir  cacochyme  ,  Une  hu- 
meur cacochymi  ;  pour  dire,  un  fantafque,  un 
bourru.  Morofus ,  ingénia  varius.  Delinarets  a  dit 
dans  fes  vilionnaires , 


C  A  C 

^ujjî  ton  efprlt  cacochyme 

Fait  que  l'on  te  nomme  en  tout  temps ,  &c. 

Ce  mot  vient  du  grec  xan3« ,  malus  ,  pravus  ,  & 
X^u\ ,  fuccus. 

CACOCHYMIE.  f.  f.  Tcrine  de  Médecine.  Etat  dé- 
pave des  humeurs.  Vuioj'orum  humorum  rediin- 
dantia.  Quand  la  rcplétiou  ell:  iimplement  de  (an£ç , 
on  l'appelle/Zer^ore.  Gorrhxus,  Médecin  de  Paris , 
appelle  cacochymie  l'abondance  &  l'excès  de  quel- 
que mauvaife  humeur  que  ce  fbit,  bile,  pituite, 
t'c,  pourvu  qu'il  n'y  en  ait  qu'une  qui  pèche  en 
quantité;  5c  il  z^^zWc pléthore  l'abondance  &  l'excès 

.    de  toutes    les  humeurs  enicmble. 

CACOETHE.  ad).  Terme  de  Médecine.  C'ell  une  épi- 
thète  que  les  Médecins  donnent  aux  ulcères  ma- 
lins &  invétérés.   Voye^^  Ulcère. 

Ce  mot  vient  de  «««j^ ,  &  de  ^«»? ,  confuetudo 
main ,  mauvaife  coutume.  Il  fe  prend  pour  une  mau- 
vaife di.fpofitiondu  corps  tellement  enracinée,  qu'on 
ne  iaurcit  la  guérir  que  difficilement. 

gCF  CACONGO".  Royaume  d'Afrique  dans  le  Coftgo  , 
iur  la  rivière  de  Zair.  Malemba  en  eft  la  capi- 
tale. 

CACOPHONIE,  r.  f.  Terme  de  Grammaire.  C'cll  la 
rencontre  de  deux  lettres ,  ou  de  deux  fyllabcs  , 
qui  font  un  fon  défagréable  à  l'oreille.  Sont  aj'pe- 
ritas ,  cacophonia.  Il  y  a  dans  ce  vers  de  Marot 
une  cacophonie, 

Cy  gift  qui  a£ei  mal  préchoit. 

|C?  La  cacophonie  ^ui  vient  delà  rencontre  de  deux 
voyelles  s'appelle  hiatus  ■>   ou  bâillement. 

Les  Poètes  fe  donneur  de  grandes  gênes  pour  éviter 
la  cacophonie  :  ils  ne  veulent  pas  que  deux  voyelles 
fe  rencontrent. 

§3"  Gardei  qu'une  voyelle  à  courir  trop  hâtée  ,' 

Ne  Joit  d'une  voyelle  en  fon  chemin  heurtée, 

BoiL. 

Et  les  moindres  défauts  de  ce  grofjîer  génie  ; 
Sont,  eu  le pleonajme  ,  oa /a  cacophonie.  Mol. 

|CJ"  On  dit  aulfi  cacophonie ,  en  parlant  des  voix  Se 
des  inftrumens  qui  chantent  &  qui  jouent  fans  erre 
d'accord.  Bruit  défagréable  qui  réfulte  du  mélange 
de  pliifieurs  fons  ,  dHcordans ,  ou  dilfonans. 

Cacophonie.  Terme  de  Médecine.  Cacophonia.  C'efl: 
en  général  une  voix  viciée ,  dont  les  efpèces  font 
l'aphonie ,  ou  privaâon  de  voix ,  &  la  duphonie  , 
ou  difficulré  de  voix. 

Ce  mot  vient  du  grec  ««kW  ,  pravus ,  ç^^    vox 

rr  CACORLA  Foye7^  SÉgura. 

CACOTROPHIE.  f  f.  Ce  mot  fignifie  en  général 
une  nutrition  dépravée ,  comme  celle  quife  fait 
dans  la  cacochymie  &  la  cachexie.  Cacotrophia  vient 
de  Kaxi;    mauvais ,  &:  z^oipi, ,  nourriture. 

Ip-  CACOUCHAS.  Peuple  faxivage  de  l'Amérique 
Septentrionale  ,  dans  le  Saguenai ,  contrée  de  la 
Nouvelle-France. 

CACOZELE.  f.  m-.  Vieux  mot  qui'fignifioit  autre- 
fois un  zèle  indifcrct  &  trop  ardent.  Studium  in- 
confultum,  inconfideratum.  Balzac  raille  dans'  lés 
lettres  quelques  Auteurs  de  l'avoir  employé. 

Ce  mot  efl:  dérivé  de  ^.«^s ,  &  ^ïa«î  ,  :(ele  ,■  autre- 
ment ,  jaloufie, 

CACREL  blanc.  Poiflbn  que  l'on  trouve  dans  la  Médi- 
terranée. On  dit  que  fa  tcte  réprime  les  bords  a:on- 
flés  des  ulcères  ,  lorfqii'elle  cft  falée  &  calcinéeî  Sa 
chair  falée  paflé  pour  bien  faifante  dans  k  piquure  du 
fcorpion,  ou  la  morfure  d'un  chien  enrage.  Pour  cet 
effet,  on  l'applique  fur  la  partie  affeétéc, 

^fT  CACTONITE.  Caclnnites,  Pierre  que  quelques- 
uns  prennent    pour  la  Sarde ,  ou  pour  la  Corna- 
line,  à  laquelle  quelques  vilionnaires  ont  atttibué 
des  proptiétés  merveilleufes.  On  en  a  fait  un  îa- 
Tome  II. 


■c. 


CAD  t  ^j 

lifmàn    qui    affuroit    la    viétoirc    a    ceux    qui    \e 
portoient. 
CACUMINE,    i".    £    Cacumen.    Vieux    mot    qui    fi 
gni.fie  fommet  ;  il  çd  formé   de  cacumen. 

Cantharides  faulce  vermine^ 

Habitent  en   la,  cacuniine  ,, 

Des  Frênes  ,   dejfus  la  prairie,  Despligney. 

CAD, 

1^  CADAFALQUE  Foye7  Catafalque. 

03"  CADAHALSO.  Petite  ville  d'Efpagne  ,  dans  là 
Nouyelle-CalHlle.  i*, 

jfT  CA'^ALENS  ou  CADELENS,  Ville  de  Fr^ 
dans  l'Albigeois,  au  Languedoc. 

CADAAIOMY.  f.  £  ou  graine  de  perroquet.  Drogue 
dont  il  eft  fait  mentio/i  dans  lé  tarif  dç  h  Douane 
de  Lyon.  ■ 

§CF  CADAN.  Petite  ville  de  Bohême  ,'  ari  cercle  de 
Zatz ,  f.ir  la  rivière  de  l'Egre. 

CADARIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  fem.  &  adj.  Nom  de 
feéle  _Mahométane.,Ctif(znir/zKi-.  Les  Cadariens  font 
une^lcCte  de  Mufulmans  qui  attribue  les  aélions 
dç. l'homme  à  l'homme  même,  &  non  à  un  décret 
divin  déterminant  fa  volonté.  L'Auteur  de  cette 
fecle  fut  Maabed  bcn  Kalid-Ad  Giohni.  Ben  Aun 
difoit  qiie  les  Cadariens  étoient  les  Mages ,  ou  les 
Ma;r.ichéeris  du  Mufulmanifme.  Ori  les  appeloic 
auiîî  Mctazales.  D'Hlrc. 

Ce  mot  vient  de  l'Arabe  mp ,  Kadara,  qui  fi- 
gnifie pouvoir.  On  le  dorine  à  ces  Mufulmans  , 
parce  qu'en  ccla^plus  fagesoue  les  aurres,  ils  veulent 
que  ce  ne  foit  pas  Dicii  qui  falfe  tout  en  1  homme  , 
mais  que  l'homme  puiffe  &  faffe  auifi  quelque  chofc;, 
car  ils  ne  liii  attribuent  pas  tout.  Ils  veulent  feulement 
cfu'il  coopère  -,  &  ils  admetitent  deux  principes,  difoit 
Bén-Aun  lui-même,  Dieu  &  l'homme.  Les  Mufiil-, 
mans  appellent  en  arabe  le  décret  divin  &  la  prédef- 
tiriation  Kadr  ,  e'eft-à-dire  ,  puiilance.  Puiique  les 
Cadariens  paffent  parmi  les  Mahcmétaris  pour  en- 
nemis du  décret  divin  ,  il  n'y  a  pai  d'apparence 
que  leur  nom  foit  pris  de  CaJr ,  décret  ;  mais  de 
kadr,  puiffance,  comme  on  vient  de  dire. 

CADASTRE,  f.  m.  Rcgifire  public  qui  fert  à  l'affiette 
des  railles  dans  les  lieux  où  elles  font  réelles ,  comme 
en  Provence  ,  en  Dauphiné  8c  en  Languedoc.  Fec- 
tigalium  ,  trihutoriLii  codex  ;  capitularium  ;  tri- 
butorum  liber  cenfualis.  Ce  regiftre  contient  la  qua- 
lité ,  l'eftimation  de  tenues  les  terres ,  qui  font  dans 
le  territoire  de  la:  Communauté  ,  &  le  nom  des 
pToprictaires-  des  fonds  de  chaque  Communauté  ou 
Patoiiîc.  Les  Romains  faifoient  la  même  chofc  pour 
leurs  cens. 

Ménage  dérlye  ce  mot  de  l'Italien  cataflo  ,  &  de 
accâtaxe  ,  qui  a  été  fait  de  ad  &:  quotas  ,  parce 
qu'il  fe'rt  à  cotifer.  Régulièrement  on  devroit  écrire,- 
capdajîre  ;  &  quelquefois-  on  trouve  écrit  catajirfr 
Borel  le.  dérive  de  çadon  ,  qui  fignifie  chacun  civ 
Languedoc,où  princrpalement  le  cadxfire  eft  enufaçe.. 
Ragueau  le  dérive  de  capitularium  ^:  qm  di  le  nom 
qu'on  a  donné  au  regiftre  qui  contenoit  iescadaflres, 
Borel  tait  remarquer  qu'anciennement  la  taille  Se 
les  cadajires  ne  s'écrivoieh-r  que  fur  des  verges  ou 
pièces  de  bois  marquées  avec  un  couteau  ,  comme 
les'  railles  que  l'on  feir  aujourd'hui  avec  les  Bou- 
langers &  les  Cabaretiers,,.  qui  fo;nt  deux  mor- 
ceaux de  bois  divifés  également.  L'achercur  &  le 
vendeur  gardent  chacun  une  de  ces  pièces  ,•  &:  ils 
les  raflemblent  quand  ils  veulent  fiive  de  nouvelles 
marques.  Comme  cela  eit  enraillé  avec  un  couteau, 
on  l'appelle  taille.  Il  ajoute  qu'en  certains  villages 
du  Languedoc  il  y  a  encore  de  groilés  pièces  de 
hois  s.ppeiée'i  fougs ,  c'eft-à-dircjfouchcsqui  fervent 
de  cadaffres  ,  &  qu'il  a  fallu  une  charrette  pour  les 
porter  a  Montpellier  ,  à  caufe  de  quelques  procès 
intentés  à  la  chambre  des  Comptes. 
l|tT,Dans  quelques  endrohs  cadaflre  fi5;nme  L\  mcn^e 
\     chofe  que  papier-terrier.    Fcrriîîrs. 


38 


CAD 


îcr  En  Provence  5;  en  Dauphinc,  les  Marchands  don-   < 
nent  quelquefois  ce  nom  au  journal   lur   lequel  ils 
ccriveut  chaque  jour  ce  qui  concerne  leur  commerce 
&c  la  dcpenle  de  leur  maifbn. 
CADAVÉREUX  ,  EU.SE.  adj.  Qui  a  les  qualitcsd'un 
cadavre  ,  l'odeur ,  la  couleur  ,  &c.  Cadavcr  rejerens 
odorc ,  colore.  Le  pouls  eft  lent ,  &  la  face  cada- 
vereuj'e  dans  la  fyncope.  Degori.  Ce  malade  aune 
odeur  cadavércufe. 
CADAVRE  ,  f.  m.  Corps  mort.  On  ne  le  dit  que  dii 
corps  humain.  Ccidaver.  Il  faut  appeler  les  Officiers 
de  Tufcice  pour  lever  le  cadavre  d'un  homme  tué  , 
ou  noyé  ,  afin  qu'ils   faÉlent  un  procès  verbal  de 
At  où  ils  l'ont  trouvé.  On  ne  peut  faire  le  procès 
iun  cadavre  que  pour  crime  de  Lèle-Majefté  di- 
vine &c  humaine.  Les  cas  ordinaires  Ibnt  le  duel  , 
l'homicide  de  ibi-même ,  &  la  mort  arrivée  dans 
uue  rébellion  à  force  ouverte  contre  l'autorité  de  la 
Tuftice  ,   au  cas  que   quelqu'un  ait  été  tué.    Alors 
on  nomme  un  curateur  au  cadavre  ,  Si  fi  le  mort  eft 
trouvé  avoir  commis  quelqu'un  de  ces  crimes ,  on 
condamne  non  pas  le  curateur ,  mais  le  cadavre  , 
à  être  traîné  fur  la  elaie,  pendu  parles  pieds  6i jeté 
à  la  voierie. 

Ce  mot  eft  tiré  du  latin  cadaver ,  qui  vient  du 
verbe  cadere  ,  cheoir,  tomber.  En  grec  de  ■ttIoS  ,  cado , 
on  a  fait  zilSi.t,  ,  qui  fignifie  auffi  cadavre. 
ICJ-  CADDOR.  Nom  qu'on  donne  en  Turquie  à  une 
épée  dont  la  lame  eft  droite  ,  que  les  Spahis  font 
dans  l'ufage  d'attacher  à  la  felle  de  Icuts  chevaux  , 
&  dont  ils  fe  fervent  dans  une  bataille  au  défaut  de 
leurs  labres.  Encyc. 
Ip-  Caddor.  Ville  d'Afie ,  dans  l'Inde'  au  Royaume 

de  Brampour,  dépendante  du  Grarfd   Mogol. 
CADE.  f.  m,  Foyei  Caque. 

CADEAU,  f.  m.  Grand  trait  de  plume  5c  fort  hardi  , 
que  font  les  Maîtres  Ecrivains  fans  lever  la  m.ain  , 
pour  orner  leur  écriture  ,  pour  remplir  les  marges  , 
&  le  haut  &  le  bas  des  pages.  Linearum  décore  inter 
je  impkxarum  circumdiiclio.  Les  écoliers  s*enhar- 
dillent  la  main  à  faire  des  cadeaux.  On  le  dit  au.'îi 
des  figures  qu'on  trace  fur  les  -cendres ,  ou  fur  le 
fable,  quand  on  rêve,  ou  quand  on  badine. 

Ce  mot  vient  de  catellum  ,  qui  a  été  fait  de  catena. 
MÉNAGE.  D'auttcs  le  dérivent  de  caducée  ,    parce 
qu'avec  une  baguette ,  ou  caducée ,    on  trace  des 
cadeaux   fur  leVable ,  Air  la  poullière.    ■ 
Cadeau  feditaufTides  repas  qu'on  donne  hors  de  chez 
foi ,  &  particulièrement  .i  des  dames.  Epulum.  Don- 
ner un  crand  cadeau.  Le  mari ,  dans  les  cadeaux 
qu'on  donne  à  fa  femme  ,  eft  toujours  celui  à  qui  il 
en  coûte  le  plus.  Mol.  en  ce  fens  il  vieillit.  On  dit 
donner  un  repas,  une  fêre. 
On  dit  figurément  &:  familièrement  dans"  le  même  fcns  , 
je  m'en  fais  un  grand  cadeau  ;  pour  dire,  je  m'en 
promets  un  grand  plaifir. 
CADÉE  ,  ligue  de  la  cadée.  C'cft  le  nom  que  l'on  don- 
ne à  l'une  des  trois  ligues  qui  compofent  la  Répu- 
blique desGriibns.  OnVappcUe  autrement  la  ligue  de 
la  Maifon  de  Dieu  ,  Fcedus  Cafcc  Dei ,  Fœdus  cathé- 
drale. La  Cadée  eft  lapins  étendue  &  la  plus  puilfan- 
te  de  ces  trois   ligues.  Elle  renferme  l'Evcché  de 
Coire  ,  la  Vallée  Èngadine  &  celle  de  Brégaille ,  ou 
de  Prégcl.  Cette  ligue  eft  alliée  avec  les  fept  pre- 
miers Cantons  Suilléj  depuis  l'an  1498.  La  Religion 
Proteftante  y  domine.  Des  onze  grandes  Commu- 
nautés 6c  vingt  6c  une  petites  dont  la  Cadée  eft  com- 
pofée  ,  il  y  en  a  deux  qui  parlent  Allemand  :  le 
Ian"-age  des  autres ,  qu'on  appelle  Rhétique ,  eft  un 
diafede  Italien. 
CADEL  AVANACU  f.  m.  Efpece  de  ricin  qui  croit  au 
Bréfil ,  fleurit  6:  porte  fruit  deux  fois  l'an  ,  en  Jan- 
vier Se  en  Juillet.  Ses  feuilles  broyées  bc  prifes  dans 
l'eau  ,  font  purgatives.  Voyez-en  les  auttes    pro- 
priétés dans  le  Dici.  de  James. 
CADELER.  Vieux  V.  a.  Faire  des  cadeaux.  Nos  nou- 
veaux   Lexicographes  ayant  omis  ce  verbe  ,    j'en 
emprunte  l'explication  de  Nicot ,  qui ,  pour  une  plus 


CAD 

parfiite  intelligence,  avoit  dit  fous  Cadeau,  que  c'eil 
une  grande  lettre  capitale ,  tirée  par  maîtrife  de  l'art 
des  écrivains  ou  maiures  d'écritures  à  gros  traits  de 
plume  -,  &:  que  fi  toute  l'écriture  eft  de  tels  cadeaux  , 
on  l'appelle  -écriture  cadelce.  Letttc  cadelée.  Quand 
quarte  des  feize  de  la  ligue  eurent  fait  pendre  le 
Préfidcnt  Briflbn  Se  mefheurs  Larcher  Se  Tardif ,  ils 
firent  conduire  leurs  corps  en  grève,  où  ils  furent  at-   . 
tachés  à  une  potence  fourchce.  Le  lendemain  de  leur 
fîipplicc  on  mit  à  chacun  deux  fur  le  dos  un  ccritcau 
en  lettres  cadelces  ,  en  ces  termes  :  Barrtabé  Bri[îon  , 
chef  des  Hérétiques  &  PoUtuju.zs  :  Claude  Larcher  , 
fauteur  des  Hérétiques  :  Jean  Tardif,  ennemi  de  la 
J'aime  Ligue  &  des  Princes  Catholiques.  Le  nomme 
du  Sur, '"'dit  Jambe -de -bois,  épicier,  convaincu 
d'avoir  fait  ces''écriteaux  ,  fut  pendu  pour  ce  fait  vers 
k'  mois  de  Mars  1 595.  M  le  Duchat  fur  la  Sut.  Mi' 
nippée  ,  tome  %  ,  pag.  91. 
§a=  On  s'eft  auHi  fervi  de  ce  verbe  dans  la  (ignihca-- 
tion  de  conduire.  Il  s'eft  dit  des    Baillis  &  Séné- 
chaux qui  conduifoieitt  les  troupes   de  leurs    Sé- 
ncchaufices.    On  a  dit  auiEi  Chadeler.  La  vertu  de 
Dieu  les  Chadele.  Dict.  des  Arts. 
CADELUBCE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Cadilvecius.  S. 
Cadeluhce  fut  moine  de  Cîteaux,^ puis  Evcque  de 
Cracovie.  On  l'honore  comme  bienheureux  en  divers 
lieux   de  Pologne  ,   fur-tout  à  Andricovie    où  il 
mourut  le  8  Février.  Chastelain. 
CADEMOTH.  Ville  dans  la  Tribu  de  Ruben,  à  l'O- 
rient  du  Joutdain  -,  elle  fut  donnée  aux  Lévites , 
&  adlgnée  pour  Ville  d'afile.  On  la  nomme  auiîî 
Jethfon  ,  Jof  XXI,  ^(^.  Holftenius  prétend    que 
c'eft    la  Cormos  dont    parle  R.  Benjamin  de  Tu- 
delà  dans  fon  Itinéraire ,  p.  5  >^  &  qu'il  dit  être  la 
ville  capitale  des  Alfaduis ,  dans  le  pays  où  reg- 
noit  autrefois  Séhon.  Quelquefois  elle  eft  appelée 
Gédirnoth  dans  l'Ecriture.  Ces  mots  font  Hébreux  , 
'•ôcfignificnr  quelque  chofe  d'oriental.  La  campagne, 
ou  ,  comme  patle  l'Ecriture  ,  la  folitude  qui  étoit 
aux  environs  de  cette  ville  ,  s'appeloit  auffi  Cadé- 
moth  ,  ou  Cédimoth  ,  de  Q-a  Kedem ,  Orient. 
CADENAC.   Ville  de  France  en  Quercy ,  fur  la  ri- 
vière de  Lot  ,  à  huit  ou  neuf  lieues  de  Cahors  , 
à  deux  de  Figeac. 
CADENAS.  On  difoit   autrefois  CADENAT.  C   m. 
Serrure  mobile  6-:    portative ,  enfermée  dans    des 
boules  ou  plaques  de  fer  ,  qui  a  un    anneau   par 
leauel  on  l'accroche  quand  on  veut  dans  d'autresr 
anneaux  ou  chaînes  de  fer.  Sera  catenaria.  Les  petits 
bateaux  ne  fe  ferment  qii'avec  des  chaînes  &  des. 
cadenas.    On  a  de  petits  cadenas  pour  fermer  les 
valifes.  Il  y  a  des  cadenas   ronds  ,  en  cœur,   en 
triangle  ,  en  éciUlbn  ,  en  ovale  ,  en    glan  ,  en  ba- 
luftre  :  il  y  en  a  de  carrés  ,   de  plats.  Il  y  a  des 
cadenas  faits  de  plufieurs  cercles  mobiles  marqués: 
tout  au  tour  de   plufieurs  lettres ,  qu'on  ne  peut 
ouvrir  fans  favoir  un  certain  mot  ,^  fuivant  lequel 
les  lettres  étant  arrangées  ,  le  reflbrt  du  cadenas 
fe  trouve  difpofé  à  fe'laifler  ouvrir,  l'invenrion  en 
eft  décrite  dans  Cardan  en  fa  Subtilité.  On  dérive 
ce  mot  de  cadenacium  ,  ou  de  catenatium ,  ou  de 
l'Italien  catenaccio. 
Cadenas  eft    aulll    une  efpèce  d'aiïiette    catrée    où 
l'on  ferre  la  cuillière,  la  fourchette  &:  le  couteau. 
Un  des  côtés  eft  retroufic  &  élevé  de  deux  doigts  , 
avec  un  petit   couvercle  où  l'on  met  du  fel  ,   du 
fucre  &  du  poivre.  On  s'en  fervok  autrefois  chez 
les  Rois  &  les  Princes.  C'eft   maintenant  une  cf- 
péce  de  coflTret  d'or  ou  de  vermeil  doré ,  où  l'on 
met  le  couteau ,  la  cuillière  ,  la  fourchette  ,   ùc. 
qu'on  fert  à  la  table  des  Rois  &  des  Princes. 
CADENASSER.  Quelques-uns   écrivent  CADENA- 
CER.  V.  a  .  Mettie ,  appliquer  un  cadenas.  Sera  ca- 
tenaria claudere,  ajiringere.  Il  n'y  a  perfonne  dans 
cette  chambre ,  elle  eft  cadenaffee.  La  jaloufie  de 
quelques  Italiens  les  porte  à  cadenafer  leurs  fem- 
mes. ,      , 
CADENASSE ,  EE.  Part. 


i 


CAD 

Lé.  chambrz  hitn   cadenaifée 
Pernuttoit  de  laiffcr  L'argenc  fur  le  comptoir. 

La  Font. 


CADENCE,    r.  f.  Suivant  les  anciens  Mufîciens  qui 
ont  écrit  de  la  théorie,  c'eft  une  fuite  d'un  cer- 
tain nombre  de  notes  de  Mulique  dans  un  certain 
intervalle,  qui  frappe  agréablement  l'oreille,   & 
fur-tout  à  la  fin  d'un  couplet.  Ntimerus  ,  moins. 
Elle  cft  ordinairement    compolcc   d'une  quarte  & 
d'une  quinte ,  pour   faire  une  odtave  ,    qui  eft  la 
plus  excellente  des  confonances.  On  fait  auflî  des 
doubles  cai^iTices.  Quand  la  cadence  cil  imparfùite 
on  la  peut  terminer  par    la   quinte ,  ou  par  l'une 
des  tierces  ou  des  fixtes.  La  cddence  doit  être  com- 
pofée  ordinairement  de   trois    notes.    On   appelle 
clauj'ule ,  ou  conclufwn  ,  ou  cadence  finale ,  la  caden- 
ce principale  par   laquelle    on   termine    le  chant. 
L'autre  cft  appelée  entrée^  ou  médiation,  &  quel- 
quefois attendante  ,  parce  qu'on  attend  toujours  la 
parfaite  cadence  qui  finit.On  l'appelle  auffi  cudence 
médiane    ou   médiante.    La   cadence  dominante  eft 
celle  qui  tient   le  plus  haut  entre  les  deux  autres  , 
&  c'eft  pour   cela    qu'on   l'a  appelée   dominante  , 
comme  la  médiante  a  eu  fon  nom,  parce  qu'elle 
tient   le  milieu    entre    la    dominante  &c  la  finale. 
Yoytz  le   P.    Parran    dans    fon    Traité    de   Mufi- 
que.   Mais   les  Muficiens  modernes  appellent  lim- 
plement  cadence  ,  la  relation  de  deux  notes  qu'on 
chante  enfemble ,  comme  ut  ,r^,  &c ils  difent  qu'ils 
y  a  double  cadence ,  quand  la  dernière  de  ces  no- 
tes eft  fuivie  de  deux  doubles  croches.  En  général 
Ja  cadence  eft  une  certaine  conclufion  de  chant   , 
qui  fe  fait  de  toutes  les  parties  enfemble  en  divers 
endroits  de  chaque  pièce  ,  &  qui  la  divife  comme 
en  fes  membres  &c  périodes  ■■,  03"  c'eft  la  rermi- 
naifon  d'une  phrafe  harmonique  par  un  repos.  Cela 
fe  fait  lorfque  les  parties  viennent  tomber  &  ter- 
miner fur  une  corde  ,  que  l'oreille ,  ce  femble ,  at- 
tend naturellement. 

La  cadence  parfaite  eft  celle  qui  confifte  en  deux 
notes  chantées  tout  de  fuite ,  ou  par  degrés  con- 
joints en  chacune  des  deux  parties.  Elle  s'zp- 
Çellc  parfaite ,  patce  qu'elle  contente  mieux  l'o- 
reille que  les  autres.  La  cadence  eft  imparfaite  , 
quand  fon  dernier  temps  n'eft  pas  à  l'oélave  ni 
à  l'unlifon  ,  mais  à  la  fixte ,  ou  à  la  tierce.  Cela 
fe  fait  quand  la  bafle  au  lieu  de  defcendre  par  la 
quinte,  ne  le  fait  que  par  la  tierce  :  ou  quand  en 
defcendant  pat  la  quinte  ,  ou  en  montant  par  la 
quarte,  ce  qui  fait  le  même  effet,  elle  fait  avec 
le  deiTus  au  premier  temps  une  oâiave ,  &  au  fé- 
cond une  tierce  majeure.  On  l'appelle  imparfaite  , 
parce  que  l'oreille  ,  au  lieu  d'acquiefcer  à  cette 
conclufion ,  attend  encore  la  continuation  du  chant. 
La  cadence  eft  rompue,  quand  la  baife,  au  lieu 
de  defcendre  à  k  quinre  où  l'oreille  l'attend  , 
monte  d'une  féconde '^mineure  ou  majeure.  Toute 
cadence  fe  fait  en  deux  temps.  Quelquefois  elle 
eft  fufpendue ,  &:  alors  elle  s'appelle  repos  ,  &  n'a 
qu'un  temps.  Cela  fe  fait  quand  les  deux  parties 
'  demeurent  à  la  quinte  ,  fans  achever  la  cadence. 
Les  cadences  font  au  chant ,  ce  que  les  points  & 
les  virgules  font  au  difcours.  Nivers, 

Selon  M  Rameau ,  on  appelle  cadence  parfai- 
te ,  toutes  les  conclufions  de  chant ,  qui  fe  font 
fur  une  note  tonique  précédée  de  fa  dominante. 
Cette  note  tonique  doit  être  toujours  entendue 
dans  le  premier  temps  de  la  mefure ,  pour  que  la 
conclufion  puiffe  fe  faire  fentir  -,  &  fa  dominante 
qui  la  précède  en  ce  cas,  doit  toujours  porter  l'accord 
de  la  feptième  ,  ou  au  moins  le  parfair,  parce  que  la 
feptième  peut  y  être  fouf-enrendue.  Il  y  a  auffi 
des  cadences  imparfaites,  qui  fe  font  par  renver- 
fement.  Id.  Cadence  rompue.  Si  nous  changeons  la 
progreflîon  de  l'un  des  ions  compris  dans  le  pre- 
mier accord  d'une  cadence  parfaire ,  il  cft  certain 
que  nous  en  interromprons  la  conclufion   ;   auffi 


CAD  i^^ 

efl-ce  de  cette  interruption  caufce  par  ce  change- 
ment de  progrcifion  que  la  cadence    rompue   tire 
l'on  origine.  Cette  cadence  ne  diifcrc  pas  beaucoup 
de  la  parfaite ,  puifque  l'une  &  l'autre  font  égale- 
ment  compofces ,  ou  des  mêmes  accords ,   ou  de 
lamêmebafe  fondamentale  ,    qui   dans  la  cadence 
parfaite    devant  defcendte    de    quinte    ,    montera 
diatoniquemcnt  dans  celle-ci ,  fie  i\  la  bafe  fonda- 
mentale eft  la  même  dans  l'une  &:  l'autre  cadence  , 
l'accord  parfait  qui   termine  la  cadence  patfaite  , 
fera   changé  ici  en  un    accord  de  lîxte.  Id.  Cadence 
irrégulière.  Au  lieu  que  la  cadence  parfaite  fe  ter- 
mine de  la  dominante  à  la  note  tonique ,  celle-ci  au 
contraire  fe  termine  de  la  note  tonique  .à  fa  domi- 
j       nante  ,  d'où  nous  lui  donnons  le  nom  d'irregulière. 
Id.  Il  y  a  une  imitation  des  cadences  par  "renver- 
fcmcnt.  Lorfque  nous  voulons  imiter  une  cadence 
par  renverfement  ,  il  faut  en  retrancher    ordinai- 
rement   la  baffe    fondamentale  ,  &   prendre  pour 
baffe  ,  telle  autre  parrie  que  l'on  juge    à   propos  , 
en  diverfifiant  même  la  progreilion  des  fons  qui  ne 
font  point  dilfonance    enlbmble  ,    comme  le  foo 
fondamental  &  fa  quinte.  Id.  Eviter  les  cadences. 
C'eft  éviter  les  cadences  que  de  ne  les  imiter  qu'en 
partie  ,  mais  nous   nous   fervons  plus  prccifcmcnc 
du   terme  A'éviter  (  dans  les  accords  où  il  eft  per- 
mis d'altérer  ceux  dont    fe  forment   les    cadences. 
L'accord  confonant  peut  être  altéré  par.  l'addition 
d'une  tierce  ,  qui  y  introduit  la  diifonance  de  la 
feptième  ,  &  le    didbnant    peut    l'être  en   rendant 
mineure  la  tierce  ,   qui    fe   trouve    naturellement 
majeure  dans  les  dominantes  ,    pouvant  ainfi  con- 
duire une  aflêz  longue  liiitc  de  chant  &  d'harmo- 
nie   lans  y   introduire  aucune  conclulîon.  Id.  On 
cvitc  auffi  les  cadences  avec  des  accords  par    fup- 
pofition  &  par  emprunt.  Id. 
Cadence  ,  fe  dit  auffi  de  la  voix  &  des  inftrumens , 
&  fignifie  un  tremblement  foutenu,  quife  fait  or- 
dinairement à  la  fin  d'une  mefure. 

Les  Maîtres  à  chanter  difent  que  la  cadence  eft 
un  don  de  nature.  Il  faut  battre  du  golîer  les  deux 
notes  dont  la  cadence  cft  compolee  ,  &  l'une  aptes 
l'autre  \  de  même  que  fur  le  claveflin  ,  en  battant 
des  deux  doigts  les  deux  touches  qui  font  le  trem- 
blement. 

M.  Rouffeau  ,  dans  fon  Traité  de  la  viole  ,  dif- 
tingue  par  rapport  à  cet  infttument  deux  fortes  de 
cadences  ;  I3.  cadence  avec  appui,  &  la  cadence  fans 
appui.  La  cadence  avec  appui  fe  fait  lorfque  le  doigt 
qui  doit  trembler  la  cadence  appuie  un  peu  ,  avant 
que  de  ttembler  ,  fur  la  note  qui  eft  immédiatement 
au-de(fus  de  celle  qui  demande  une  cadence.  La 
cadence  fans  appui  fe  fait  comme  l'autre  ,  en  re- 
tranchant l'appui.  Il  y  a  des  cadences  fîmplcs  ;  des 
cadences  doubles  de  plufîeurs  manières  :  les  plus 
à.O'CioXts  cadences  font  celles  qui  fe  font  liir  uae  note 
longue  ,  les  moins  doubles  fe  font  fur  une  note 
brève.  Il  y  a  une  double  cadence  ,  qu'on  appelle 
renverfée  :  on  la  prarique  au  lieu  de  la  double  ca- 
dence ,  lorfque  la  difpofition  de  la  main  ne  permet 
pas  de  faire  auttement.  La  cadence  finale  doit  être 
précédée  de  la  dout)le  cadence.  La  cadence  avec  ap- 
pui ou  fans  appui ,  eft  propre  pour  tous  les  jeux  de 
la  viole.  Il  faut  varier  les  cadences  fuivant  les  di- 
vers caraélères  des  airs.  La  double  cadence  fakiia 
bel  effet  quand  elle  eft  bien  ménagée. 

Ce  mot  vient  de  cadentia  ,  qui  veut  dire  chute  y 
parce  que  la  cadence  eft  la  chure  ,  ou  la  conclufion 
de  chant  ou  d'harmonie  ,  propre  à  terminer  ,  ou 
tout-à-fait,  ou  en  parrie,   une  pièce. 

On  dit  cadence  double,  étrangère,  feinte  .  évitée, 
hors  du  mode  ,  imparfaite  ,  ou  attendante  ,  irrcgu- 
lière  ,  parfaite  ,  régulière ,  fimple  ,  trompeulé  ,  fîeu- 
rie  ,  &c. 
Cadence  eft  auffi  l'obfervation  des  mêmes  mefu- 
res  ,  qui  fe  fait  en  danfant  ,  lorfque  les  pas  &  le 
mouvement  du  corps  fuivent  les  notes  &  les  me- 
flites  des  inftrumens  -,  ainfi  la  cadence  eft  la  fin  d'un 
t,emps  ou  d'une  mefure.  On  dit  entrer  qi^  cadence  ^ 

Si] 


I4<^ 


CAD 


fortir  de  CAïknce  ,  n'être  poinc  en  cid.-nce  ;  pour  . 
dire  ,  fuivre  ou  ne  iuivrc  pas  les  mouvemcns  du 
violon  ,  du  hautbois ,  du  clunt ,  &c.  hnra  aut  ex- 
tra numcrum  movcrefe^  faltarc,  S>ic.  Innnm^rum 
canere ,  ad  numcrum  jaUare. 

r  Cadvnce,  dans  le  àiicours  oratoire  &  la poefie,  fe 
dit  de  la  marche  harmonieufe  de  la  proie  c^  des  vers, 
qu'on  appelle  autrement  nombre  -,  mclurc  que  doit 
garder  l'Orateur,  pour  foimer  des  Ions  qui  conten- 
tent l'oreille.  Le  ftyle  périodique  &  Ibutenu  ,  gar- 
dant un  jufte  milieu  entre  le  ftylc  rapide  &  hache  , 
Se  le  ftyle  traînant  &  lanQ;uiirant ,  eft  le  plus  propre 
à  flater  agréablement  l'oreille ,  Se  conlcqucmmcnt 
le  plus  convenable  anx  Orateurs.  Ilocrate  fut  le 
premier  qui  reconnut  qu'on  devoit  garder  quelque 
cadence  dans  la  proie  même.  C'eft  un  vice  dans  le 
difcours  que  de  taire  trop  lentir  la  cadence  mefurcc 
des  périodes.  S. EvR.  Une  cadence  trop  harmonieufc, 
Se  trop  régulière,  ennuie  enfin  l'Auditeur.  P.  Rap. 

fO-  La  cad'ence  des  vers  dans  la  poelic  grecque  & 
latine  ,   dépend  du  nombre  &  de  l'entrelacement 

»  des  pieds  qui  entrent  dans  la  compoiition  des 
vers ,  des  céiiires.  Elle  varie  luivant  les  diiiérentes 
cfpèces  de  vers.  La  cadence  des  vers  faphiques  eft 
bien  différente  de  celle  des  vers  héroïques  ou  ïam- 
biqucs. 

fer  Dans  la  poëfie  Françoife ,  la  cadence  réfulte  du 
nombre  de  fyllabes  qu'admet  chaque  vers,  de  la 
richeffe ,  de  la  variété  &  de  la  dilpolition  des  rimes. 

Ayeipour  la  cadence  une  oreille  fév ère.  Bon, 

Enfin  Malherbe  vint ,  &  le  premier  en  France 
Fufentir  dans  les  vers  une  jujie  cadence.  Id. 

Cadence  ,  en  termes  de  Manège  ,  eft  la  mefure  égale 
que  le  cheval  doit  garder  dans  tous  les  mouvemens, 
/bit  qu'il  manie  au  galop  ,  ou  terre  à  terre ,  ou  dans 
les  airs ,  en  telle  forte  qu'un  de  les  temps  n'embrafle 
pas  plus  de  terrain  que  l'autre ,  &  qu'il  y  ait  de^  la 
fuftefle  dans  tous  les  mouvemens.  Ainii  on  dit  qu'un 
cheval  manie  toujours  la  même  cadence,  qu'il  fuit 
fa  cadence,  entretient  fa  cadence,  n'interrompt  point 
fa  cadence  ,  ne  change  point  la  cadence  ;  pour  dire, 
qu'il  obfcrve  régulièrement  fon  terrain  ,  &  que  fes 
mouvemens  fe  ibuticnnent  toujours  également. 

Cadence  ,  fe  dit  aulîl  de  tous  les  mouvemens  égaux 
qui  fe  font  dans  les  autres  profeifions.  fCT  Les 
Maréchaux  battent  le  fer  en  cadence  fur  l'enclume. 
Ce  que  Virgile  exprime  heureufement  dans  ces  vers, 
où  il  parle  des  Cyclopes  : 

////  inter  fe  fe  ma^nâ  vi  brachia  tollunt 

In  numerum,  verfantque  tenaci  forcipe  ferrum. 

CADENCER.  v.  a.  Donner  de  la  cadence,  de  l'har- 
monie. Cadencer  fes  périodes  ;  pour  dire,  les  rendre 
nombreufes  &  agréables  à  l'oreille,  II  n'eft  guère 
d'ufage  que  dans  cette  phrafe. 

CADENCÉ,  ÉE.  part.  5c  adj.  Qui  a  delà  cadence. 
Numerofus.  Tout  cela  eft  bien  cadencé.  Cette  pé- 
riode eft  bien  cadencée. 

Un  art  pour  foutenir  l'efprit  bientôt  laffe 
Des  uniformes  fons  d'un  difcours  cadencé. 

On  le  dit  aulfi  ,  en  parlant  de  ce  qu'on  appelle 
dans  certaines   Mefles ,    Séquence ,  fequentia  ,   qui 
n'eft  autre  chofe  qu'une  profe  rimée  &:  cadencée. 
CADÉNE.  f.  f.  Chaîne  à  laquelle  eft  attaché  un  ga- 
lérien, Catena.  Les  Efpagnols  en  ont  fait  audi  ca- 
dena.  Ménage.  Il  eft  vieux  &  fynonyme  .à  chaîne. 
On  appelle  aulît  cadhne  des  haubans ,  la  chaîne 
de  fer ,  au  bout  de  laquelle  il  y  a  un  cap  de  mou- 
ton ;  qui  fert  à  amarrer  &  à  rider  les  haubans  con- 
tre le  bordage, 
Cadéne  fe  dit  figurément  en  chofes  morales,  pour 
marquer  de  grandes  incommodités.  J'aimerois  au- 
'     tan:  ê#c à  U  'cad'tne  ,  que  d'avoir  à  fouiftir  ces  con- 


CAD 

tinuelles  réprimandes.  Ce  mot  eft  vieux  ,  on  ne  s'en 
fert  point. 
Cadéne.  f.  f.  C'eft  une  des  fortes  de  tapis  que  les  Euro- 
péens tirent  du  levant ,  par  la  voie  de  Smyrne. 
CADENET.  Ville  de  France  en  Provence  ,  près  de  la 

Durance  ,  à  cinq  lieues  d'Aix. 
CADENETTE,  f.  t.  Poignée  de  cheveux  qu'on  laiflbit 
croître  autrelbis  du  côté  gauche ,  tandis  qu'on  te- 
noit  les  autres  courts.  Cowa.  Ménage  dit  que  c'étoit 
du  cote  droit  •,  que  cette  mode  fut  introduite  par 
H.  d'Albert ,  Seigneur  de  Cadenet ,  Maréchal  de 
France.  La  mode  des  cadenettes  a  été  fort  long  tems 
en  vogue. 

On  appelle  encore  cadenettes  les.cheveux  ,  lorf- 
qu'ils  font  féparcs  en  deux  derrière  la  tète ,  &:  cha- 
que partie  entortillée  d'un  ruban  ,  ce  qui  fait  deux 
queues ,  ou  cadenettes  ,  qui  tombent  ou  defcendent 
fur  les  épaules. 
tfT  CADEROUSSE.  Petite  ville  du  Comté  Vénaiffin, 

à  une  lieue  d'Orange.  , 

CADÈS.  Ville  de  la  terre  de  Chanaan ,  limée  au  midi , 
&:  fur  les  confins  de  l'Idumée.  Il  y  avoir  alTez  près 
une  fontaine  qui  s'appeloit  En  Cadès  ,  c'eit-.i-dire  , 
fontaine  de    Cades  ,  &  auparavant   En  Mifphat , 
fontaine  de  Jugement.  Gen.  XIF,  7.  Le  défert  voi- 
fin  fe  nommoir  le  défert  de  Cadès.  Pf  XXKJII ,  8. 
C'étoit  le  même  que  celui  qu'on  appeloit  défert  de 
Pkaran ,  ou  celui-ci  étoit  une  partie  de  celui-là. 
Nombr,  XIII,  27.  On  l'appeloit  défert  de  Sin.  Nom- 
br.  XIU,   5<î.  Ce  défert  de  Cadès  fut  une  des  fta- 
tions  du  peuple,d'Ifraël  dans  les  déferrs-,  c'eft  la. 
trente  -  troilième.  Jof.  V,  \^  ,  elle  eft  appelée  Cé- 
dés,  au  lieu  de  Cadès  juiais  c'eft  la  même  chofe. 
Cadès  étoit  aulfi  le  nom  d'une  ville  de  la  Galilée  , 
dans  la  Tribu  de  Nephthali,  C'étoit  une  ville  forte  , 
lituée  dans  les  montagnes  ,  Jof.  XIX ,  ^7  ,  XX,  7- 
Elle  avoit  été  capitale  du  Royaume  des  Chananéens, 
auquel  elle  donnoit  fon  nom.  Jof.  XII ,  21.  Après 
l'établillement  des  Ifraelites  dans  la  terre  de  Cha- 
naan ,  elle  fut  ville  de  refuge.  Elle  eft  aullî  appelé© 
Cèdes.  Elle  fut  encore  ville  Lévitique,  donnée  aux 
enfans  de  Gerlbn.  Jof.  XXI ,  51 ,  i. 

Ce  mot  !i*T    ,  Cades  on  Cèdes  ,  &  plus  propre- 
ment Cadefch  ,  ou  Cedefch ,  eft  hébreu  ,  &  lignifie 
Sainteté  ,  lieu  famt. 
Cadès  Barné.  Autre  ville  de  la  Terre  Sainte  ,  a^ 
midi ,  de  la  Tribu  de  Juda  ,  fur  les  confins  de  l'Idu- 
méc.  Ilparoir  par  le  livre  des  Juges  Jt/,  Kî,  qu'elle 
eft  différente  de  Cadès  :  c'eft  le  fentiment  de  Bon- 
frerins.  C'eft  de-là  que  Moïfe  envoya  des  efpions 
pour  reconnoître  la  terre  de  Chanaan.  Dent.  1 ,  12. 
03"   CADESSIA.  Cadifia  Ville  de  Perfe,  dans  la  pro- 
vince d'Irach  Babylonienne  ,  à  30  lieues  de  Cufa. 
Baud. 
§Cr  CADET  ,  ETTE  ,  adj  Ibuvent  employé  fubftan- 
tivcment.  C'eft  la  même  chofe  que  puîné,  puinée. 
Voye:^  ce  mot.  Quelquefois  il  lignifie  feulement  le 
puîné  ,  qui  ne  lailfe  pas  d'avoir  d'autres  frères  après 
lui,  mais  qui  eft  ca^/e/ à  l'égard  de  fon  aîné.  ISlatii 
minor ,  junior. 
^fT  Cadet  le  dit  aufTI ,  par  rapporr  aux  puînés  des 
aurres  frères  qui  font  moins  âgés  que  lui.  Ainfi  le 
fécond  dit  du  troifième  que  c'eft  fon  cadet ,  le  troi- 
lième du  quatrième ,  (fc. 
1^  Cadet  fe  dit  abfolument  du  dernier  de  tous  les 
ent\ns.  Minimus.  Benjamin  étoit  le  cadet  de  tous  les 
enfâns  de  Jacob,  &  le  plus  chéri. 
ÇC?  Mais  ,  par  rapport  au  droit  d'aîneffe  ,  tous  les 
puînés   font   appelés  cadets  ,    relativement  à  leur 
frère,  qui  eft  né  avant  eux,  &  à  qui  feul  appartient 
le  droit  d'aînelfe. 
§Cr  Comme  le  droir  d'aînelfe  appartient  à  celui  qui  (by 
trouve  l'aîné  lors  de  la  mort  de  l'afcendant  :  quel- 
quefois un  cadet  devient  aîné.  A  Paris  ,  chez  les 
Bourgeois ,  les  cadets  onr  autant  que  l'aîné  en  par- 
tage. Les  aînés  n'ont  le  préciput  que  pour  les  biens 
nobles.  La  coutume  de  Caux  ,  en  Normandie  ,  Se 
bien  d'autres  ,  donnent  tout  à  l'aîné ,  &  lailTe  une 
petite  légitime   aux  cadets.  Coutume  révoltante , 


CAD 

<]ui  choque  également  le  bon  fcns  Se  la  natur?. 
Suivanc  la  coutume  d'Efpagne ,  l'un  des  cadets  des 
grandes  maifons  prend  d'ordinaire  le  nom  de  la 
mère,  quand  il  eft  illuflre.  P.  Verjus. 

On  dit  branche  tût/erre  d'une  maifon  ,  paroppo- 
fition  à  branche  aînée  ,  Se  îl  lignifie  une  branche  de 
cette  maiibn ,  fortie  d'un  cadet.  Branche  cadette  de 
Bourbon.  Branche  cadette  de  Lorraine.  Acad.  Fr. 
Ce  mot  vient  de  capitetum,  comme  qui  diroitjPi.-- 
tit  chef  de  famille.  On  ccrivoit  autrefois  capdet ,  & 
on  le  prononce  ainiî  en  Gaicogne.  Ménage.  Borel 
confirme  cette  penfcc  ,  &  dit  qu'en  Gafcogne  on  ap- 
peloit  1^  aînés  capmas ,  comme  qui  diroit ,  chefs 
de  maifon ,  &  capdets ,  quaji  minora  capita.  Domi- 
nicus  dit  que  ce  mot  vient  quajî  à  majori  natu  ca- 
dant ,  &  jint  veluti  catheti ,  aut  normales  linecs  ab 
ipfo  dependentes. 
Cadet  fe  dit  auffijpar  extenfion ,  en  parlant  de  deux 
hommes ,  dont  l'un  efl:  moins  âgé  que  l'autre ,  fans 
qu'il  foit  queftion  de  fraternité.  Cet  homme  dit  qu'il 
efl:  de  mon  âge ,  mais  je  lui  montrerai  qu'il  ell  mon 
cadet  de  plus  de  dix  ans. 
Cadet  fe  dit  dans  le  même  fens  à  l'égard  de   la  ré- 
ception des  Officiers  dans  une  profedlon  ,  foit  de 
guerre  ,  foit  de  juftice ,  fans  confidération  de  l'âge. 
Un  Officier  fe  plaint  avec  raifon, quand  on  a  fait 
monter  fon  cadet  devant  lui. 
Cadet,  en  terme  de  guerre  ,  fe  dit  d'un  jeune  homme 
qui  fe  met  volontaire  dans  les  troupes ,  fans  prendre 
de  paye ,  pour  apprendre  le  métier  de  la  guerre,  & 
fe  rendre  capable  de  quelque  emploi.  Miles  volun- 
tarius.  Cadet  aux  Gardes ,  efl:  un  jeune  homme  vo- 
lontaire dans  le  Régiment  des  Gardes,  Il  ne  doit 
y  avoir  que  deux  Cadets  dans  chaque  compagnie  , 
âgés  au  plus  de  dix-  huit  ans  ,  par  l'Ordonnance  de 
ï6jo,  ^fT  Les  Cadets  d'Artillerie  font    de  jeunes 
gens  de  famille  ,  que  le  Grand  Maître  reçoit  pour 
les  faire  inftruire  dans  les  écoles  d'artillerie, &:  les 
rendre  capables  de  devenir  Officiers.  En  i(î8i,le 
Roi  établit  en  fon  Royaume  des  compagnies    de 
jeunes  gens ,  à  qui  l'on  donna  le  nom  de  cadets. 
Les  cnfans  des  Gentilshommes ,  ou  de  ceux  qui  vi- 
voient  noblement ,  y  étoient  inftruits  dans  tous  les 
exercices  militaires ,  &  lorfqu'on  les  trouvoit  capa- 
bles de  commander,  on  les  faifoit  Sous-Lieutenans ,  • 
Enfeignes ,  ou  Cornettes.  Médailles  du  Roi  191, 
La  médaille  qui  fat  faite  à  ce  fujet  repréfentoit  au 
revers  une  troupe  de  jeunes  hommes ,  avec  un  Of- 
ficier qui  leur  met  l'épée  au  côté  ,  &  pour  légende 
JviiLiTiyï  TYRociNiUM  :  &  dans  l'exergue  ,  nobiles 
iducati  munificent,  Princ,  m,  dc.  lxxxii.  On  fit 
auffi  une  dévife  fur  cet  ét^ilîement.  Le  corps  de 
la  dévife  étoit  un  chataigner  ,  dont  les  fruits  jeu- 
nes &  tendres  paroiilént    armés  de  pointes  -,  ces 
paroles  faifoient  l'ame.  Teneros  armât  fœtus.  Cet 
établiffement  s'efl:  renouvelle  fous  le  règne  de  Louis 
XV,  On  a  frapc  à  cette   occafion  une  médaille  du 
Roi ,  gravée  dans  le  Mercure  de  Janvier  lyzS  ,  & 
dont  le  revers  repréfente  Pallas  debout ,  tenant  fa 
pique  d'une  main  ,&  montrant  de  l'autre  déjeunes 
gens  qui  tracent  des  plans  de  fortifications  ,  &  qui 
îbnt  d'autres  exercices  ,  avec  cette  dévife  , 

NobiUum  Epheborum  inflitutio  militaris  rénovât  a. 

Mais  on  a  depuis  licencié  ,  par  ordre  du  Roi , 
la  Compagnie  des  600  Cadets ,  que  S,  M.  enrrete- 
noit  à  Metz,  dont  la  plupart  ont  été  faits  Lieu- 
tenans  ou  Sous-Lieutenans  dans  les  Régimens  de 
Milice,  Mcrc.  Janv.m,^.  C'efi:  en  parlant  de  ces 
jeunes  gens  que  Boileau  a  dit  : 

Eprife  d'un  Cadet ,  yvre  d'un  Moufquetaire, 

%T  On  dit  proverbialement  d'un  jeune  homme  qui 
aime  à  faire  bonne  chère  ,  à  faire  de  la  dépenfe  , 
c'cft  un  cadet  de  haut  appétit. 

CADETES,  f.  m,  pi.  Nom  d'un  ancien  peuple  des 
_Gaulcs,  Voye^  plus  bas  dans  l'art,  de  Caen, 


CAD  141 

CADETTE,  f.  f.  Pierre  dc  tziûlt  pour  paver.  Lapis 

quadratus. 
CADETTER.  Paver  avec  des  pierres  appelées  cadet' 
tes.  Lapidibus  pavimentum  jternere.  Ces  deux  mots 
fe  trouvent  dans  Pomey  &  dans  Richclct.  Le  pre- 
mier fe  trouve  aulfi  dans  le  Dict.  de  l'Acad. 
CADL  f,  m.  Terme  de  relation.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  aux  Juges  des  caufes  civiles  chez  les  Sara- 
fins  &  les  Turcs,  d'Hcrbelot  écrit  Cadlii ,  &  les  Cad- 
his.  Ce  n'eft  pas  l'uiage  en  françois,  Voye^ctqnz 
cet  Auteur  rapporte  au  mot  Cadhi  ,  pour  montrer 
ce  que  c'eft  que  les  Cadis ,  gc  quelles  font  leurs  ra- 
pines. 

Ce  mot  efl  arabe, np,  ou  *ibî;  >  Kadi  ,  Juge 
de  'T?  ,  Kadai ,  qui  fignifie  y;,gcT.  Il  fe  prend  or- 
dinairement pour  les  Juges  d'une  ville  ou  d'un 
village  :  ceux  des  provinces  s'appellent  Mollas  , 
Moula-Cadis  ,  ou  Grand-Cadis.  Les  Cadis  connoif- 
fent  aufîi  des  affaires  de  Religion  dans  le  Biledul- 
gcrid  en  Afrique. 
CAdIASCHER.  f.  m,  Voye^  Cadilesker.  Ceft  la 
même  chofe  \  il  n'y  a  de  différence  que  l'article  al 
qui  eft  à  Cadilesker  ,  n'eft  pas  dans  Caduifcher.  Il 
faut  prononcer  Cadi-asker 
CADILESKER  ,  ou  CADILESQUER  ,  ou  CADI- 
LESQUIER,  Chef  de  la  Juftice  chez  les  Turcs.  Cha- 
que CadilefiJuier  a  fon  diftrid  particulier.  M.  Ri- 
"caut  les  réduit  à  trois  pour  tout  l'Empire.  Le  Ca- 
dilefquier  d'Europe  ,  d'Anatolie  &  du  grand  Caire, 
Le  Cadilcfquicr ,  dit  Vigeucre  ,  dans  fa  Traduc- 
tion de  Chalcondyle  ,  eft  comme  Grand  Prévôt  de 
l'Hôtel,  f^oye^  encore  cet  Auteur  fur  les  droits  des 
Cadilefkers  ,  dans  fes  Illufirations  fur  rHiJioire 
de  Chalcondyle  ,  pag.   331,555. 

Cadhil-asker  ,  ou  comme  les  Turcs  l'appellent 
Cadhilesker ,  eft  le  Juge  de  l'armée  ,  que  nous  ap- 
pellerions Intendant.  Aujourd'hui  c'eft  le  nom  d'une 
grande  dignité  dans  l'Empirc-Ottoman  ,  où  il  n'y 
a  que  deux  perfonnes  qui  en  foient  revêtues ,  dont 
l'un  eft  le  Cadhilesker  de  Romelie  ,  c'eft-à-dire 
d'Europe,  &:  celui  d'Anatolie,  c'eft-à-dire  ,  de  l'Afie, 
d'HERB.  Ricaut  en  ajoute  un  troifième  ,  qu'il  ap- 
pelle Cadilesker   du  Kaire. 

Le  mot  Cadilefchker  eft  arabe  ,  compofe  de  ^^^p  , 
Kadi ,  qui  fignifie  Juge  ,  &:  T»")'^  ,  Jfchar ,  &  avec 
l'article  ni^7X  ^  Alafchar ,  c'eft-à-dire,  armée  ^ 
d'où  s'eft  formé  KadUafcher  ,  Juge  d'armée,  parce 
que  d'abord  il  étoit  Juge  des  Soldats.  Selon  cette 
étymologie  ,  il  faudtoit  écrire  Cadilefcher ,  parcs 
qu'en  Arabe  &  en  Turc  c'eft  un  Kef,  c'eft-à-dire  , 
un  fon  femblable  à  celui  du  ^  des  Grecs ,  &  en  no- 
tre langue  tel  que  le  Ch  dans  Ckaron  ,  Chorévique  , 
Chelidoine  :  mais  l'ulâge  eft  d'écrire  Cadilesker  ,  ou 
Cddilefquer. 
CADILLAC.  Ville  de  France  en  Guienne ,  dans  le  Ba- 

zadois ,  près  de  la  Garonne ,  Catelliacum. 
CADIS  ,  CADIZ  ,  ou  CADIX.  Petite  île  fur  la  côte 
d'Andaloufie  ,  province  d'Efpagne.  Gades  ,  Gadira. 
Solin  dit  que  les  Tyricns  s'étanr  embarqués  fur  le 
golfe  Arabique  ,  ou  mer  Rouge  ,  firent  le  tour  de 
l'Afrique  ,  &  vinrent  futgir  à  cette  Ile  ,  qu'ils  nom- 
mèrent Erythrée ,  c'eft-à-dire  ,  Rouge  ,  du  nom  de 
la  mer  de  laquelle  ils  étoient  partis.  Enfuite  les  Car- 
thaginois la  nommèrent  Gadir ,  qui  en  leur  langue 
liiînifie  Septum  ,  c'eft-à-dire  ,  un  lieu  clos  ,  paliffadé. 
C'eft-là,  que  félon  la  fable  ,  Hercule  vainquit  Gé- 
ryon.  L'île  de  Cadix  a  environ  quatre  ou  cinq  lieues 
de  long  ,  &  depuis  une  jufqu'à  trois  de  large.  Elle 
n'eft  feparée  de  la  terre  ferme  que  par  un  canal  que 
l'on  palfe  fur  le  pont  de  Suaco,  La  différence  du 
méridien  de  Cadis  à  celui  de  Paris ,  eft  ,  félon  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  9°  45'  occid.  par  conféquenc 
Cadis  eft  au  10"^  degré  1 5'  de  longitude. 

Ce  mot  vient  du  latin  Gades  ,  qui  s'eft  formé  du 
Punique  Gadir  ,  qui ,  comme  nous  l'avons  dit  .fi- 
gnifie Septum,  &  vient  de  l'hébreu  ^^i,  fepire. 
Cadis,  Ville  dans  l'île  de  même  nom ,  dont  nous  ve- 
nons de  parler.  Cette  ville  n'eft  pas  bien  grande, 
mais  elle  eft  bien  bâtie  &c  forte  ;  elle  a  un  très-boa 


'142- 


CAD 


port,  Cadis  cft  encore  nès-confidcrablc  par  le 
merce  de  l'Amcrique,  C'eft-là  où  aboutillcnt  t 


com- 
Vnicnque,  L.'elt-la  ou  aboutillcnt  toutes 
les  marchandiles  que  les  Espagnols  portent  aux  In- 
des ,  5c  toutes  les  richcHes  qu'ils  en  rapportent  en 
Europe.  CaJis  eft  une  ville  Epil'copale.  Nous  ne  di- 
ibns  jamais  C:i/is.  En  Angleterre  Se  dans  les  Pays- 
Bas  on  dit  Cii/is  Malis. 

Cette  ville  cft  au  5<î"  5 }'  50"  de  latitude ,  &fa  dii^ 
fcrence  de  la  longitude  de  Paris  cfl  8°  tj'  o".  Cas- 
siNi.  C'.ft-à-dirc,  qu'elle  cfl:  au  11°  24'  zo"  de 
longitude. 

Le  Golfe  de  Cddis  ,  Sinus  Gaiitanus ,  Oceanus 
Gaditanus.  Il  comprend  toute  la  partie  de  l'Océan 
Atlantique  ,  qui  efl:  renfermée  entre  les  côtes  de  l'Al- 
garvc  ,  SiC  de  l'Andiloulie  ,  vers  le  nord  ,  &:  celles 
du  Royaume  de  Fez  Se  de  Maroc  au  midi ,  jufqu'à 
une  ligne  tirée  du  Cap  de  S.  Vincent  en  Europe  , 
à  celui  de  Camin  en  Afrique.  Il  prend  fon  nom  de 
Cadis,  parce  que  c'efl:  le  port  le  plus  confidcrable 
qui  foit  fur  ces  côtes.  Maty. 

La  Baie  de  Cadis.  Sinus  Gaditanus  ;  c*ê(l:  une 
petite  partie  du  Golfe  de  Cadis  ,  renfermée  entre 
l'Ile  de  Cadis  au  midi ,  &  les  côtes  d'Andaloufie  au 
^ord  &  au  levant.  La  Baie  de  Cadis  a  environ  douze 
lieues  de  circuit ,  &c  deux  de  large. 

Cadis.  f.  m.  Sorte  de  petite  éro.fc  de  laine  de  bas 
prix.  ^Un  Ut  de  Cadis.  Une  tapillerie  de  Cadis. 

CADISE.  f.  m.  ou  plutôt  adj.  employé  fubftaniive- 
ment.  Efpèce  de  droguer  croilc  &  drapé ,  dont  il 
fe  fabrique  pluiieurs  fortes  en  divers  lieux  du 
Poitou. 

CADIZADELITE.  f.  m.  Nom  d'une  feifte  Mufulmane. 
Cadiiadelita.  Les  Cadis^^adélites  font  une  cfpcce  de 
Stoïciens  Mahométans ,  qui  fiaient  les  feftins  &  les 
divertiifemens ,  &  qui  affeélent  une  gravité  extra- 
ordinaire dans  toutes  leurs  allions.  Ceux  des  Cadi- 
^^adélites  qui  habitent  vers  les  frontières  de  Hon- 
grie &:  de  Bofnie  ,  ont  pris  beaucoup  du  Chriftianif 
me  ,  qu'ils  mêlent  avec  le  Mahomctifme.  Ils  lifent 
la  traduction  Eiclavone  de  l'Evangile  ,  auiTi-bien 
que  l'Alcoran.  Ils  boivent  du  vin  ,  même  pendant 
le  jeûne  du  mois  de  Ramazan  •,  mais  ils  n'y  mêlent 
point  de  cannelle  ,  ni  de  liqueurs.  Ils  aiment  &  pro- 
tègent les  Chrériens.  Mahomet  eft,  félon  eux,  le 

5  Efprit  qui  defcendit  ilir  les  Apôtres  le  jour  de  la 
Pentecôte.  Ricaud  parle  de  cette  fedle  dans  fon  livre 
de  l'Empire  Ottoman. 

CADMIE.  f.  f  Terme  de  pharmacie.  Cadmia.  C'eft  une 
cfpèce  de  minéral  qui  eft  de  deux  fortes.  Il  y  a  de 
la  cadmie  naturelle  &c  de  l'artificielle,  La  cadmie 
naturelle  eft  encore  de  deux  Ibrtes  :  l'une  con- 
tient des  parties  métalliques ,  &  l'autre  n'en  con- 
tient point.  La  première  ,  qu'on  appelle  cobahum  , 
eft  un  minéral  terreftre,  de  couleur  prefquc  noire  , 

6  qui  contient  quelques  parties  de  cuivre  ou  d'ar- 
gent. On  en  tire  beaucoup  d'Allemagne  :  elle  eft 
fort  cauftique  &  corrofive ,  de  forte  qu'on  la  met  au 
rang  des  poifons  La  cadmie  naturelle  ,  qui  eft  pri- 
vée des  parties  métalliques ,  eft  autrement  appelée 
calamine ,  ou  pierre  calaminaire.  Voyez  Calamine, 
La  cadmie  artificielle  fe  fait  dans  les  fournaifes  de 
cuivre,  dont  il  y  a  de  cinq  fortes,  La  première  eft 
appelée  botrytis  ,  parce  qu'elle  a  la  forme  d'une 
grappe  de  raifm -,  la  féconde  q/?rac/m ,  qui  eft  faite 
comme  un  teft  ou  coquille  :  la  troifième  pUcitis  , 
parce  qu'elle  reflemble  à  de  la  croûte  ;  la  quatrième 
capnitis:  la  cinquième  calamiris  ;  celle-ci  s'attache 
autour  des  perches  de  fer,  avec  lefquclles  on  remue 
la  matière  de  cuivre  dans  la  fournaife  ,  laquelle 
étant  fccouce  ,  a  la  figure  d'une  plume  ,  qu'on 
nomme  en  latin  calamus.  La  cadmie  botrytis  fe 
trouve  à  la  parrie  moyenne  de  la  fournaife  -,  l'oflra- 
citis  dans  la  partie  baffe  •,  l-xplacitis  dans  la  partie  la 
plus  brute ,  &:  la  capnitis  à  la  bouche  de  la  fournaife. 
La  cadmie  eft  defTicative  &  déterfive  :  on  s'en 
fert  dans  les  ulcères  humides  &  puants  ,  qui  fe  ci- 
catrifenr  par  fon  moyen.  La  botrytis  &  Itiplacitis 
font  aufTi  très-bonnes  dans  les  maladies  des  yeux. 

gCT  La  cadmie  ,  difent  les  EncycIôpédLftes  j  eft  une 


CAD 

fubftance  fémi-métallique,  arlcnicale,  fulfureufe  & 
alcaline  ,  qui  s'attache  comme  une  croûte  au  pa-» 
rois  des  fourneaux  où  l'on  fait  la  première  fonte 
des  minéraux.  On  la  nomme  cadmia  fornacum.  r 
Cadmie  des  fourneaux  ,  pour  la  diftinguer  de  la  j| 
pierre  calaminaire  qu'on  appelle  quelquefois  cad- 
mia fojjiiis  ,  cadmie  foiîîle  ,  parce  qu'elle  a  toutes 
les  propriétés  de  la  cadmie  ,  avec  cette  différence 
que  la  pierre  calaminaire  eft  une  produôlion  de  la 
nature  ,  au  lieu  que  la  cadmie  des  fourneaux  eft  une 
produiflion  de  l'art. 

^fT  La  différence  des  cadmies  vient  de  la  diverfité  des 
minéraux  dont   les  vapeurs  les  produif'Air. 

'JCTll  femble  que  les  Auteurs  qui  ont  écrit  ilir  la  cadmie 
aient  cherché  à  la  défigurer  par  lesdifférens  noms 
grecs  que  nous  avons  rapportés  dans  le  premier  arti- 
cle ,  qui  ne  marquent  dans  leur  étymologie  que  la  fi- 
gure diîfcrente  qu'elle  prend  ,  &;  la  place  qu'elle  oc- 
cupe dans  le  fourneau.  C'eft  un  plus  grand  mal  en- 
core de  la  confondre  avec  d'autres  fubftances  avec 
lefquelles  elle  n'a  que  quelques  points  de  confor- 
miré  ,  comme  la  Tutic  ,  le  Pompholie ,  &c.  La  Tutie 
cft  un  bon  remède  pour  les  maux  d'ycux^la  Pompho- 
lie pour  delfécher  les  plaies.  Où  en  feroit-on  fî  on 
employoit  pour  ces  ufages  la  cadmie,  qui  eft  prefque 
toujours  mêlée  de  parties  arfénicales  ? 

CADMUS.  f.  m.  Nom  d'homme,  Cadmus.  C'eft  un 
Dieu  des  habitans  de  Gortyne  ,  ville  de  Crète ,  où 
Europe  fa  fœur  fut  auffi  honorée  comme  une  Di- 
vinité. Ce  Cadmus  ,  eft  ce  Phénicien  fils  d'Agenor, 
Roi  de  Tyr ,  félon  quelques-uns ,  &  félon  d'autres  , 
Roi  de  Sidon,  Les  Sidoniens  difent  encore  dans 
Euhemère  deCos,ciré  par  Athénée,  que  Cadmus 
n'étoit  pas  fils  du  Roi  ,  mais  cuifînier  du  Roi  de 
Sidon,  c'eft-à-dire  ,  chef,  Prince  des  Cuifîniers  , 
C3''naan-t^  ,  tels  qu'étoient  dans  l'Ecriture  Puti- 
phar ,  Arioch  &  Nabuzardan,  C'étoit  un  de  ces  Ced- 
monéens,  dont  parle  Moïfe ,  Gén,  XF ,  19  ,  c'eft-à^ 
dire  un  de  ces  Phéniciens  Orientaux ,  ou  de  ceux  qui 
habitoient  la  partie  orientale  de  la  terre  de  Chanaan, 
apparemment  proche  du  mont  Hermon  :  car  on  die 
que  fa  femme  s'appeloit /ffr/wio/zf,  ou /f^r/7zo«/£, 
probablement  du  Phénicien ,  'JOT^n  ,  habitant  du 
mont  Hermon.  Tout  le  refte  de  l'hiftoire  de  Caâ- 

■  mus  s'explique  de  même  par  le  moyen  du  Phéni- 
cien. Car  1°  ,  il  fit  ,  il  produilit  des  foldats  :  c'eft 
une  expreflion  Phénicienne,  pour  dire ,  il  leva  ,  il  af^ 
fembla,  i".  Ces  ibldats  devinrent  férpens  :  c'eft  qu'ils 
croient  Hcvéens ,  cniTt,  &  qu'en  Phénicien  ,  auf^ 
fi-bien  qu'en  Chaldéen ,  ce  mot  fîgnifie  un  fer-, 
pent,  ;<^.  Ils  furent  produirs  des  dents  d'un  fer- 
penf,  c'eft,  dit  Bocli||t ,  qu'en  Phénicien  ^aj  i3U7, 
dents  de  ferpens  ,  fîgnifie  auffi  lances  d'airain;  c'c- 
roient  les  armes  dont  Cadmus  arma  fes  gens, car  il 
pallé  pour  être  l'inventeur  de  l'airain  ,  dit  Hygin  , 
ck.  174;  vraifemblablement  parce  qu'il  en  apporta  en 
Grèce  de  Phénicie  ,  ou  peut-être  de  Chypre  ,  &  l'y 
fit  connoître.  4^.  Enfin  ,  on  dir  que  ces  ibldats  s'en- 
tretuerent ,  de  forte  qu'ils  furenr  réduits  à  cinq  -,  c'eft 
une  mauvaife  explication  du  mot  iy::n  ,  qui  fîgni- 
fie cinq ,  &c  encore  expeditus ,  accinclus ,  &:c.  prêt  au 
combat ,  déterminé  ,  alerte.  Ainfî ,  au-lieu  de  dire 
qu'il  avoit  une  troupe  de  cinq  hommes  feulement  , 
il  falloir  dire  une  troupe  de  gens  fort  aguerris,  dé- 
terminés ,  alertes  au  combat ,  comme  Exode  XIII , 
1 8.  C'eft  ce  Cadmus  qui  apporta  les  lettres  en  Grèce , 
au  moins  teize ,    «,  ff.î','î'j','>*,'\,M,y,i, 

CADO,   Voyei  Cazou. 

CADOLE ,'  f.  f.  C'eft  le  nom  que  les  Serruriers  don- 
nent au  loquet  d'une  porte  >  &  à  une  efpcce  de 
pêne  qui  s'ouvre  &  fe  ferme  en  fe  haufîant ,  ou 
fe  baillant  avec  un  bouton  ,  ou  une  coquille. 
Pejfulus. 

CADORE ,  f.  f.  Petite  ville  de  l'Etat  des  Vénitiens 
en  Italie.  Parochia  Cadorini ,  ou  Cadorina.  Elle 
eft  fîtucc  fur  la  rivière  de  Piève ,  dont  on  lui  donne 
quelquefois  le  nom  ;  la  Piève  ,   ou  1:^  Piève  de 


C  A  D 

'Ciidi)rc.  Ph-h ,  ou  Citfirum  pUhis.  Cadore  a  été  la 
patrie  du  célèbre  Titien.  Corn. 

CADORIN  ,  i\  xa,  ou  CADORINE ,  f.  f.  Maty  dit 
le  premier,  &  M.  Corneille  le  {'cconà.Cadorinus 
airer  ,  Cadubrium.  Petite  Province  de  l'Etat  de 
Vénile  en  Italie ,  qui  prend  l'on  nom  de  Cadore 
qui  en  eil  la  capitale.  Le  Cadorin  eft  borné  au 
Levant  par  le  Friouî  propre ,  au  Midi  &  au  Cou- 
chant par  le  Bellunois ,  &  au  Nord  par  rEvéché 
de  Brixen.  Ce  pays  eft  fort  montagneux. 

CADOUiN.  La  Congrégation  de  Çadouin  eft  une 
Congrégation  de  Religieux ,  qui  eut  pour  fonda- 
teur le  Pi  Giraud  de  Sales,  vers  l'an  1115,  Il  lui 
donna  les  Coutumes  de  Cîteaux. 

CADRAN ,  f.  m.  Terme  de  JoaiUier.  Efpcce  d'étau , 
ou  de  main  de  fer  qui  iert  à  tenir  les  diamans , 
quand  on  les  taille,  pour  changer  leur  iîtuation 
fuivant  les  diverfcs  faces  qu'on  Icilr  veut  donner. 
Pour  les  autres  pierreries  les  cadrans  font  de  bois. 
Quadrans  vel  fcalper  fca.lptoris  gsmmarum,  Cet 
Inftrum.ent  porte  la  pierre  horizontalement  &c  vcr- 
èicalemcnt  fur  la  roue  ,  on  la  tourne  fuivant  le 
fens  de  fa  facette.  Les  pierreries  taillées  z.n  cadran 
font  plus  eftimées  que  les  autres.  La  couleur  des 
pierres  taillées  au  cadran  eft  fatince  :  celle  des 
pierres  qui  font  en  table  ronde  ,  ou  en  cabochon , 
eft  veloutée. 

Cadran.  Inftrument  de  Mathématique  ,  qui  eft  un 
quart  de  cercle  divifé  en  ç)0° ,  qui  a  un  plomb 
au  centre  ,  une  alhidade  &  des  pinnules ,  qui  fert 
à  obferver  les  hauteurs  tant  fur  mer  que  fur  terre. 
Qiiadrans  circuli  Mathcmaticus.  On  l'appelle  or- 
dinairement quart  de  cercle ,  ou  quart  de  no- 
nante.  L'ctymologie  dcmanderoit  qu'on  écrivît 
QUADRANTi  Cependant  communément  on  écrit 
Cadran, 

Cadran  Iblaire  ,  ou  au  foleil  ,  eft  une  délinéation 
fur  un  plan  ou  une  muraille  de  certaines  lignes 
qui  marquent  l'heure  par  le  moyen  de  l'ombre 
d'un  ftyle  qui  eft  élevé  au  milieu.  ^fT  Surface 
fur  laquelle  on  trace  certaines  lignes  qui  lérvent 
à  mefurer  le  temps  par  le  moyen  de  l'ombre  de 
l'aiguille    ou  ftyle  fur  ces  Ij^nes. 

ffT  On  définit  plus  esaélement  le  Cadran  ,  difent 
les  Encyclopédiftes  ,  la  defcription  de  certaines 
lignes  fur  un  plan  ,  ou  fur  la  furface  d'un  corps 
donné  ,  faite  de  telle  manière  que  l'ombre  d'un 
ftyle  ,  où  les  rayons  du  Soleil  palfans  à  travers 
fin  rrou  pratiqué  ail  ftyle  ,  tombent  fur  de  cer- 
tains points  à  certames  heures.  Solarium  korolo- 
gium  y  vel  fciatkericon.  Le  cadran  horifontal ,  eft 
celui  qui  eft  fur  un  plan  parallèle  à  l'horifon  ; 
i'équinocllal ,celu.\  qui  regarde  l'équateur,  &  qui 
eft  élevé  félon  le  pôle  du  lieu  vertical  -,  Méridio- 
nal, Septentrional  ^  Oriental  &  Occidental  y  font 
ceux  qui  regardent  directement  les  quatre  points 
cardinaux.  Le  Cadran  polaire,  eft  celui  qui  fe  fait 
fur  un  plan  parallèle  à  l'axe  du  monde  ,  ou  ,  ce 
qui  eft  la  même  chofe  ,  à  quelque  horifon  de  la 
fphère  droite.  Le  Cadran  vertical,  eft  celui  qui 
fe  fait  far  mi  plan  vertical.  Le  Cadran  régulier  , 
eft  celui  qui  fe  fait  fur  la  furface  d'un  plan  qui 
regarde  droit  l'une  des  quatre  parties  du  monde. 
Cadran  vertical  décli?uint  èi.  réclinani  ,  celui  qui 
n'eft  pas  tout-à-fait  à  plomb  ,  ou  qui  ne  regarde 
point  précifément  l'un  des  quatre  points  de  l'ho- 
rifon. On  appelle  Cadran  Ajlronomique  ,  celui 
qui  montre  les  heures  Aftronomiques  ,  c'eft-à-dire, 
depuis  minuit  ,  ou  midi.  Cadran  Babylonique  , 
celui  qui  montre  les  heures  Babyloniqucs  ,  ou 
depuis  le  lever  du  Soleil.  Cadran  Italique  ,■  celui 
qui  montre  les  heures  Italiques ,  ou  depuis  le  cou- 
cher du  Soleil.  Cadran  Antique  ,  ou  Judaïque  , 
celui  qui  montre  les  heures  Judaïques.  Cadran Jldé- 
rcal  ou  aux  Etoiles  ,  celui  qui  montre  de  nuit 
les  heures  par  le  moyeri  des  Etoiles  qui  ne  fe 
couchent  point.  On  fe  fert  ordinairement  des 
Etoiles  de  la  grande  Ourfe.  Cadran  lunaire  ,'  ou 
à  la  lune  »  celui  qui  indique  l'heure  de  la  ntiit 


CAD  i4f 

par  le  moyen  de  la  lumière  de  la  lune.  Cadran 
portatif,  celui  que  l'on  porte  avec  foi  pour  vois 
les  heures  aux  rayons  du  Soleil  quand  on  veur. 
Cadran  particulier  ,  frelui  qui  eft  tait  pour  une 
latitude  particulière.  Cadran  univerfel ,  celui  par 
le  moyen  duquel  on  peut  connoître  les  heures 
par  toute  la  terre.  Le  plus  commode  eft  celui  qu'on 
appelle  ['anneau  univerJéC  Y csyez  Anneau.  Ori 
appelle  aulH  tous  ces  Cadrans ,  Jciatériques ,  parce 
que  l'ombre  ferr  à  marquer  les  heures  :  du  mot 
Grec  o-jcia,  qui  lignifie  ombre.  M,  De  la  Hire  a 
donné  une  manière  univerfelle  pour  faire  des  Ca- 
drans folaires. 

Anaximène,  Miléfied ,  difciple  de  Thaïes,  fut, 
au  rapporr  de  Pline  ,  le  premier  qui  fit  un  Cadran, 
jolaire  à  Lacédémone  >  qu'il  appela  fciatéricon. 
L'Ecriture  fait  mention  de  l'horloge  fôlaire  du 
Roi  Achaz  ,  dans  le  temps  qiie'Romulus  jetoit  les 
fondemens  de  la  ville  de  Rome.  Vitruve  eft  le 
premier  qui  en  a  }ai<lé  pur  écrit  la  conftrudlion," 
Hérodote  aiilire  que  les  Grecs  ont  reçu  des  lîa- 
byloniens  les  Cadrans  folaires  &:  l'aiguille  :  c'efl?' 
Anaximandre,  mort  vers  la  fin  de  la  captivité  de 
Babylone  ,  qui  leur  en  enfeîgna  i'ufage  j  qu'il 
avoir  appris  des  Chaldéens.  PÎine  dit  que  ce  Ait 
Anaximène  difciple  d'Anaximandre,  mort  le  jour 
que  Cyrus  prit  Sardes.  Les  Hébreux ,  plus  voifins 
de  Babylone,  ont  connu  plutôt  une  invention  i\ 
utile,  Gomime  il  paroît  par  l'horloge  d' Achaz, 

|tT  Cadran  i  dans  un  Horloge,  une  Montre,  e'ît 
une  plaque  fur  laquelle  font  peintes  ou  î^ravées 
les  heures ,  les  minutes ,  les  fécondes ,  &  rout  ce 
que  la  difpofition  du  mouvement  lui  permet  d'in. 
diquer.  Le  Cadran  des  Montres  eft  fait  d'une 
plaque  de  cuivre  recouverte  d'ime  couche  d'émail. 
Ces  Cadrans  doivent  être  bien  divifés,  $c  toutes 
les  patries  bien  diftinguées. 

fer  Cadran  ,  Anémonique  înftrirmenr  qui  indique 
la  direction  du  venr ,  comme  une  girouette. 

CADRAN.Terme  de  Conchyliologie.  Nom  d'une  efpèce 
de  coquillage  de  meï  ,  qu'on  appelle  autrement 
Efcalier.  Scala  concha. 

CADRATURE.  f.  f.  En  termes  d'horlogerie  ,  on 
donne  ce  nom  en  général  à  l'ouvrage  qui  eft  entre 
le  Cadran  &  la  platine  d'une  Montre  ,  c'eft-à-dire  , 
enrre  les  deux  plaques  qui  font  fous  le  Cadran.  Le 
mouvement  de  la  Cadrdture  eft  conduit  par  un 
pignon  de  rapport  qui  eft  fur  l'axe  de  la  roue  qui 
fait  fa  révolution  en  une  heure,  Dom  Jacques 
Alexandre  dans  fon  Traité  des  horloges  ,  au  pa- 
pagr.  4  ,  du  ch.  7 ,  pag.  147  ,  explique  la  Cadra- 
ture  des  Montres  fimples  ;  &  au  ch.  8^  paragr. 
3  >  page  x6]  ,  il  explique  la  Cadrature  des  peiv 
dules  à  répétition. 

CADFvATURIER.  f.  m.  Nom  que  les  Horlogers  don- 
nent à  celui  qui  fait  des  Cadrdtures  des  Mon- 
tres à  répétition.  Pour  les  Cadratures  des  Pendu- 
les ,  il  n'y  a  point  d'Ouvrier  particulier  ,  c'eft-à- 
dirc ,  qui  ne  falfe  que  cela.  Encyc. 

CADRE,  f.  m.  Bordure ,  chalîis  d'un  tableau.  Qua- 
dratus  margo.  Un  Cadre  de  cheminée.  On  le  dit 
du  rond ,  auOl-bien  que  du  carré.  On  le  dit  au<Ti 
des  bordures  de  menuiferic  ,  qui  font  ftir  les  pan- 
neaux des  cabinets  ,  &  qui  renferment  les  pan- 
neaux des  portes.  Un  Cadre  eft  toute  bordure  car- 
rée ,  qui  renferme  un  bas  relief,  un  panneau,  un' 
rableau  ,  &c.  Daviler, 

Cadre  fe  dit  audi  d'un  aflemblage  en  carré,  fiit 
de  quatre  grofles  pièces  de  bois  au  milieu  d'un 
plancher  ,  d'un  dôme  ,  ou  au  haut  d'un  efcalier  ^ 
pour  y  faire  des  plafonds ,  ou  y  mcrtre  d'autres 
ornemens.  Quadrata  figura  ,  vel  res  figura,  qua- 
dratce. 

On  le  dit  auin  d'un  morceau  de  cuir  ou  de 
carton  enjolivé  &  doré ,  au  milieu  duquel  il  y  2 
une  ouvertuie  ronde  ou  carrée  ,  où  l'on  enchâffe 
une  image  en  yélin  ,  un  rcliquaiEC  ,  &c.  Qua- 
drum  tabellcz. 

f3*  Cadke  fe  dit  en  architei^urc  d'une  bordure  de 


144  CAD 

■pierre  ou  de  piîtVe  trainc  au  calibre  ,  laquelle 
dans  les  compartinicns  des  murs  de  tace  -,  &  les 
plafonds  renferme  des  ornemens  de  l'cujpture. 

gCF  En  marine  ,  c'eit  un  chaflîs  formé  par  quarrc 
pièces  de  bois  miles  en  carré  &c  des  cordes  entre- 
lacées,  i'ur  lequel  on  mec  un  matelas  pour  le  cou- 
cher. 

gCr  Cadres  ,  terme  de  manufadlure  de  papier  , 
ibnt  des  chadis  compolcs  de  quatre  tringles  de 
bois  jointes  par  les  extrémités  à  angles  droits ,  & 
ayant  un  drageoir.  Comme  les  cidres  des  miroirs 
&  tableaux.  L'ouvrier  fabricant  les  applique  fur 
la  forme  pour  lui  fervir  de  rebord  &  empêcher 
que  la  pâte  ne  tombe ,  quand  il  cgoute  la  forme. 
Encyc. 

CADRER.  V.  a.  Faire  un  carré  qui  contienne  prcci- 
fément  autant  d'efpace  qu'un  cercle  ,  un  triangle  , 
ou  autre  figure*.  Quadrarc.  On  n'a  lu  encore  trou- 
ver le  moyen  de  cadnr  un  cercle ,  une  parabole , 
une  ellipfe  ,  ou  autre  figure  curviligne.  Dans  ce 
lens ,  il  faut  dire  carrer. 
^  Cadrer  ,  v.  n.  lignifie  convenir  ,  fe  rapporter  Juf- 
tement  à  quelque  chofe.  L'Acad.  écrit  quadrer. 
Ad ,  vel  in  ali^uid  quadrare  ,  vel  convenire  ad. 
Il  faut  que  nos  aétions  cadrent  avec  nos  paroles. 
Ces  deux  paflages  le  contrarienr ,  ils  ne  cadrent 
f)as  enfemble.  Cette  garniture  ne  cadre  pas  bien 
avec  cet  habit  ,  n'ell  pas  bien  afTortie.  S^a  vie  ne 
cadre  pas  avec  la  dodirine.  Les  livres  ne  cadrent 
pas  bien  avec  le  mariage.. Mol.  Ne  cadrer  ni  avec 
Dieu  ,  ni  avec  le  monde,  Lombert. 

CADRILLE.  Voyei  Quadrille. 

CADRITES.  f.  m.  Sorre  de  Religieux  Mahomctans. 
Les  Cadrites  ont  eu  pour  Fondateurs  un  habile  Phi- 
lolbphe  &:  Jurifconlulte  ,  nommé  Abdul  Cadri  , 
de  qui  ils  ont  pris  le  nom  de  Cadrites.  Les  Ca- 
drites vivent  en  Communauté ,  &  dans  des  elpè- 
ces  de  monaftères,  qu'on  leur  permet  néanmoins 
de  quitter  s'ils  veulent ,  pour  le  marier  ,  à  condi- 
tion de  porter  des  boutons  noirs  à  leur  velle  pour 
fe  diftinguer  du  peuple.  Dans  leurs  monaftcres  ils 
paflent  tous  les  Vendredis  une  bonne  partie  de 
îa  nuit  à  tourner  ,  en  le  tenant  tous  par  la  main  , 
&  repérant  fans  cefle  /fAdi ,  c'eft-à-dire ,  f^ivant, 
qui  efl:  un  des  noms  de  Dieu.  Pendanr  ce  temps- 
là  un  d'eux  joue  de  la  flûte  ,  pour  les  animer  à 
cette  danfe  extravaganre.  Rigaud  parle  des  Ca- 
drites dans  fon  Lrnpire  Ottoman. 

§3-  CADROUSE  ou  CADOROUSSE,  Foye^  Ca- 

DOROTISSE. 

CADRUPLE.  Foyei  Quadruple. 

CADUC ,  UQUE.  adj.  Il  y  en  a  qui  écrivent  cadu- 
que ,  auïfi-bien  pour  le  mafculin ,  que  pour  le  fémi- 
nin :  ce  qui  eft  mal.  Qui  a  perdu  fes  forces ,  Ibit 
par  l'âge,  foit  par  les  maladies,  &  qui  en  perd 
tous  les  jours  davantage.  Age  caduc.  Santé  cadu- 
que. Quand  on  a  palfé  60  ans  ,  on  efl  dans  un 
âge  caduc. 

Ce  mot  vient  du  Latin  caducus  ,  fujet  à  cheoir , 
de  cadere. 

Caduc  ,  fe  dit  par  extenlîon  ,  des  bâtimens  qui  me- 
nacent ruine.  Il  faut  étayer  une  mailbn  caduque , 
de  peur  qu'elle  ne  tombe. 

Caduc  fe  dit  figuiément,  La  faveur  de  ce  Courti- 
fan  eft  bien  diminuée  ;  fa  fortune  eft  fort  caduque. 
On  appelle  biens  caduques  les  biens  de  la  terre , 
les  biens  de  ce  monde  ,  par  oppolition  aux  b-iens 
du  Ciel ,  qui  durent  toujours  :  caduc  en  ce  fens 
veut  dire  une  choie  qui  fe  détruit  ,  qui  pafle  , 
qui  n'eft  pas  de  longue  durée. 

Caduc  ,  en  termes  de  Jurifprudence  ,  fe  dit  d'un 
legs ,  d'une  inftitution  d'héritier  qui  n'ont  point 
d'etfcr.  Ce  legs  eft  devenu  caduc  par  la  mort  du 
légataire  avant  le  teftateur.  Cette  fuccelTion  eft 
devenue  caduque ,  parce  que  perfonne  ne  s'eft  porté 
héritier.  Il  y  a  un-  titre  dans  le  Droit,  de  caducis 
tollendis. 

On  appelle  voix  caduque  ,  celle  qui  par  quel- 


CAD 

que  raifoh  particulière  n'eft  point  comptée  dans  un 
lulfrage. 

En  termes  de  Médecine  ,  on  appelle  le  mal 
caduc  ,  le  haut  mal  ,  le  mal  de  Saint  Jean  ,  ou 
l'épileplie  ,  morbus  comitialis ,  facer  ,  major  ,Jhn- 
ticus.  Voyez  Epilepsie,  Alexandre  II.  dans  fa 
XXXVP  Épître  ,  décide  qu'un  Prcrre  artaqué  de 
mal  caduc  ne  doit  point  dire  la  Mellé  ,  jufqu'à 
ce  qu'il  foit  guéri ,  à  moins  que  les  accès  ne  foicnt 
pas   frcqucns. 

CADUAD.  Foye7^  Cazou. 

CADUCEATEUR.  ùm.Caduccator.  Ancien  Officier 
de  la  République  Romaine.  Servius  dit  que  c'é- 
toienc  Its  Caducéateurs  qui  traitoient  de  la  paix, 
i?c  les  Fécialiens  qui  dcno-nçoicnt  la  guerre.  Vige- 
■siKï.  fur  Tite  Liv.  t.  i,  p.  1355.  Oh  les  appeloit 
ainfi ,  parce  qu'ils  portoient  en  main  un  caducée. 
Nous  les  nomme-ns  Hérauts  :  mais  parce  que  ce 
nom  eft  géneriqite  ,  &;  qu'il  eft  quelquefois  befoin 
de  diftinguer  les  efpcces ,  le  Caducéateur  ,  &  le 
Fécial  ou  Fécialien  j-  on  ne  doit  point  faire  diffi- 
culté de  fe  feivir  de  ces  mots  ,  fur-tout  dans  des 
ouvrages  d'érudition. 

CADUCEE,  f.  m.  Verge  de  Mercure  :  c'eft  un  bâton 
entortillé  de  deux  ferpcns.  C.iduceus.  Les  Poètes 
attribuent  plufieurs  vertus  au  Caducée  de  Mercure , 
d'endormir  les  hommes ,  de  relîufciter  les  morts , 
&c.  C'étoit  aulfi  le  fymbole  de  la  paix ,  &:  de  la 
concorde.  Les  Romains  envoyèrent  aux  Catthagi- 
nois  une  javeline  &  un  caducie  ,  pour  choifir 
lequel  des  deux  ils  voudroienr,  ou  la  guerre,  ou 
la  paix.  ViGENERE.  Apollon  le  donna  à  Mercure, 
qui  lui  avoir  fait  préfcnt  de  la  lyre. 

Ce  mot  vient  du  Latin  caduceurn ,  ainfi  appelé 
à  cadendo  ,  quia  contentiones ,  &  bella  cadere  fa- 
cietat.  Chez  les  Romains  ceux  qui  dénonçoient  la 
guerre  s'appeloicnr  Feciales  ;  &c  ceux  qui  alloieirt 
demander  la  paix  s'appcloient  Cadnceatores.  Il  fe- 
roir  plus  à  propos  de  faire  venir  ce  mor  du  Grec 
XifVKiioy  5  qui  fignifie  la  même  choie ,  Se  qui  vient 
de  ;;:■"'?,  un  Héraut.  Le  caducée  qui  fe  marque 
fui"  diverfcs  médailles ,  eft  un  fymbole  commun  : 
il  lignifie  la  bonrvf  conduire,  la  paix  &  la  félicité. 
Le  bâton,  marque  le  pouvoir;  les  deuxferpens,  lu 
ptu.dence  -,  &:  les  deux  aîles ,  la  diligence  ;  toutes 
qualités  néceflaires  pour  être  heureux  dans  les 
entreprifes  où  l'on  s'engage, 

Cadttcee  ,  le  dir  aulfi  d'un  baron  couvert  de  velours 
fleurdelifé  ,  que  portent  les  Hérauts  d'armes  dans 
les  cérémonies.  Celui  du  Roi  d'armes  a  une  fleur 
de  lis  d'or  au  bout ,  que  quelques-uns  nomment 
feeptre, 

iCT  Caducée.  En  Phyfique.  Foye^  Baguette  divi- 
natoire. 
■  CADUCITÉ,  f.  L  État  de  ce  qui  menace  ruine. 
Il  le  dit  tant  des  hommes  que  des  bâtimens.  Res 
caduca  ,  JEtas  caduca  ,  viribus  defecla  ,  injinni- 
tas.  La  morr  qui  prévient  la  caducité  arrive  plus 
à  propos ,  que  celle  qui  la  termine.  La  Bruy. 

ffT  Les  Encyclopédiftcs  font  une  obfcrvation  fur 
le  mot  caducité  que  je  crois  fau/l'e.  Caducité  , 
difent- ils  ,  état  d'une  perfonne  caduque.  On  dit 
cette  personne  approche  de  la  caducité  ;  d'où 
l'on  voit  que  la  caducité  fe  piend  pour  l'extrê- 
me vieillellê  ;  mais  il  n'en  eft  pas  de  même  de 
caduc  :  on  dit  d'un  jeune  homme  qu'il  eft  caduc  , 
&    d'un  vieillard  qu'il  ne  l'eft  pas. 

ifT  II  n'eft  pas  vrai  que  le  mot  de  caducité ,  même 
dans  l'exemple  cité  ,  fignifie  extrême  vieillellê.  Là  , 
comme  ailleurs ,  ildéfigne  l'état  d'un  homme  caduc, 
qui  menace  ruine  ,  qui  a  perdu  de  fes  forces ,  & 
qui  en  perd  rous  les  jours  davantage.  Or  on  eft 
caduc  à  tout  âge.  On  dit  d'un  jeune  homme  qu'il 
eft  caduc  ;  &  Ton  dit  d'un  vieillard  qu'il  ne  left 
pas.  Ainfi  le  mot  de  caducité  ne  fignifie  jamais  eflcn- 
ticUement  une  extrême  vieilleUê.  Si  le  mot  de 
caducité  convient  ordinairement  à  l'extrême  vieil- 
lefiê ,  qu'il  ne  renferme  pourtant  pas  dans  fort  idée , 
c'eft  qu'en  général  ,  c'eft   le  temps   oà  l'on  eft 

plus 


C  AE 

plus  ca.iuc  ,  où  Ton  a  perdu  ,  ic  où  l'on  perd  plus   ( 
de  fes  forces ,  quoique  cela  ne  l'oie  pas  vrai  dans 
iroiis  les  cas. 

On  le  dit  aulTi  en  ftyle  de  Palais.  Caducité  d'un 
legs,  c'eft  lorfqu'un  k^s  devient  caduc. 
CADURCIEN  ,  ENNE.^  l".  Nom  d'un  Ancien  peu- 
ple de  l'Aquitaine.  Cadurcus.  Les  Cadurcuns  occu- 
poient  le  pays  que  nous  nommons  aujourd'hui  le 
Quercy ,  &  croient ,  lelon  Strabon  ,  un  des  qua- 
torze peuples  qui  habitoicnt  entre  la  Loire  éc  la 
Garonne.  Les  Cadurcicns  furent  les  inventeurs  des 
lits  ,  ou  matelas  ,  culcitœ.  Liv,  XIX ,  c.  i.  De  Ca- 
durci  y  on  a  fait  dans  la  fuite  Caturji  ,  Catorji  & 
Cadorji ,  qui  fc  trouve  ,  dans  des  Auteurs  de  la  baffe 
Latinité  ,  &  de-là  Cahorfin  &  Caorjin ,  qui  s'efl: 
dit  autrefois  ,  &:  enfuite  Caurfin  ,  &c  puis  enfin 
Querci,  Voyez  Valois.  Not.  Ga.lL 

C  A  E. 

C^ADE.  f.  m.  Gouffire  ou  abyme  où  les  Laccdémo- 
niens  jetoient  le^  criminels.  k»i«^'«4.  On  en  attri- 
bue l'ouverture  immenlc  à  un  tremblement  de  terre. 
Paufanias  rapporte,  Liv.  i/^,  cli.  i8  que  le  MeHc- 
nien  Ariftomène  ,  y  ayant  été  précipité ,  appercut 
Un  renard  qui  ronjj^eoit  un  cadavre ,  &  que  l'ayant 
faifi,  (  apparemment  par  la  queue  )  il  le  fuivit  par 
toutes  les  routes  obfcures  de  ce  gouffre  ,  que  quand 
cet  animal  vouloir  fe  jeter  fur  lui ,  il  lui  prcfen- 
toit  fa  robe  à  mordie  ,  qu'il  arriva  enfin  à  une  ou- 
verture par  où  cet  animal  avoir  paffé  ,  &  l'ayant 
élargie ,  il  fe  fauva  de  la  ibrte. 

CIGALE.  adj.Epithète  qu'on  donne  à  une  veine  qui 
reporte  le  fang  dans  l'intcftin  c<zcum  dans  le  tronc 
méfentérique, 

C/£GILIA,  f  f.  Périt  ferpent  donr  parle  Jonfton  ,  qui 
tire  fon  nom  de  ce  qu  il  paroît  aveugle.  vSa  peau 
brune,  parlemée  de  riches  noirâtres  &  purpurines, 

'  eft  noire  fous  le  ventre.  A  peine  peut-on  dilccrncr 
fes  dents,  wnt  elles  font  menues.  Il  a  la  langue  four- 
chue j  Si  rampe  d'une  grande  vireife.  Sa  morfure  eft 
«iangereulé,  ii  on  n'y  applique  les  mêmes  remèdes 
qu'à  la  piquure  de  vipère.  Dale  fait  mention  d'après 
Gefner  d'une  thériaque.  préparée  avec  ce  Serpent , 
&  d'une  eau  thcriacale  qu'il  donne  pour  un  fudo- 
rifique  dans  la   pefte.  Dicl.  de.  Jcrnes, 

C^CILIUS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ce  mot  eft  pure- 
ment Latin  ,  mais  on  le  retient  en  françois ,  &  il 
faut  l'écrire  ainiî ,  &  non  pas  Cécilius.  Les  C(ZcUius 
croient  une  des  plus  illuftres  familles  de  Rome.  La 
famille  des  CœcLlia.  Voyez  Cécile. 

C^LESTiEN,  ENNE.f  Nom  d'hérétiques.  C«/e/?/^- 
nus,a.  Les  dzkjliens  font  les  mêmes  que  les  Pélagiens. 
Voye:^  l'Epitre  de  S.  Jérôme  à  Alypius  &:  à  S.  Au- 
guiiin ,  où  il  appelle  cette  héréfie  ,  Hxrejis  de/ef- 
tina  ,  par  où  il  femble  qu'il  faudroit  dire  Cxleftin  , 
&  non  pas  CœUjtien  ,  mais  ce  pourroit  être  une  faute 
de  copifte  ,  &  le  nom  de  Cxleftius ,  l'un  des  prin- 
cipaux chefs  du  parri  Pclagien  ,  duquel  ils  onr 
pris  ce  nom  ,  demande  que  l'on  dife  Ccclejiien  ,  & 
non  pas  Ccekjiin.  AufTi  S.  Auguftin  ,  de  kœref.  c  41  , 
&  c,  83  ,  les  appelle-t-il  Cœlejiiani ,   Calejiiens. 

CAEN.  Ville  de  Bailé-Normandie ,  dont  elle  eft  ca- 
pitale. Ce  mot  eft  monofyllable ,  prononcez  Can  , 
Cadomurn.  Caeri  eft  fur  l'Orne,  à  trois  lieues  de  la 
mer.  Caen  n'eft  pas  une  ville  ancienne  -,  mais  elle 
eft  belle  ,  grande,  &  bien  peuplée.  M,  Huer  a  fait  les 
Antiquités  de  Caen  ,  où  il  montre  que  Caeii  n'eft 
pointl'Otlinga  ouAutlinga  ,  dont  il  eft  fait  mention 
dans  les  Capitulaires  de  Charles  le  Chauve  ,  &  dans 
la  vie  d'Aldric,  Evêque  du  Mans ,  parce  que  l'Ot- 
linsia  Saxonia  q(\.  ^ppelàc  pasus  SCpa're//us,  c'eft 
à-dire,  un  pays,  un  petit  pays,  &  que  Caen  n'é- 
toit  gucres  alors  qu'un  village.  0"clqui?s  Poètes  ont 
donné  à  Caen  des  Fondateurs  illuftres  ,  comme  Cad- 
mus,  Caius  Céfar,  qui ,  à  ce  que  l'on  a  prétendu ,  l'ap- 
peloit  en  railJant  Caii  domum  ,  d'où  s'cft  fait  Cado- 
murn ;  ou  bien  'in  autre  Caius  ,  Maîrre  d'Hôtel  du 
Roi  Arrus.  C'eft  le  fentiment  de  Guill.  le  Breton. 
Paul  Emilie  &  q^uelq^ues  autres  Hiftorjens  on:  dé- 
Tome  II, 


C  A 


i 


t>ité  ces  fables  comme  des  vérités.  Lé  Préiideni! 
Fauchera  cru  que  Qucmovicumoù  Charles  le  Chauve 
pcrmcr  la  fabrique  de  la  monnoie  dans  les  Capi- 
tulûuej,  eft  Liii.7i  ;  il  ne  lavoit  pas  que  c'étoit  une 
ville  de  l'Artois  à  l'cmbouclîure  de  la  Quanchc.  M. 
de  Bras  veut  que  Caen  foit  le  Corocotinum  de  Pro» 
lomée  ;  mais  c'etoit  un  port  de  mer  j  &  immédiat' 
tement  après  avoir  marqué  Corocotinum  ,  il  met 
r.nibouchure  de  l'Orne.  M.  Huer  dit  que  Caen 
paroît  avoir  été  ville  fous  les  premiers  Normands 
qui  s'établirent  en  Normandie  Vers  le  commence- 
ment du  X^  iiècle  -,  m.ais  que  l'on  ignore  quand  elle 
a  comm.ncé  de  l'être,  &  qu'elle  lémble  avoir  éré  l'ou- 
vrage du  hazard  ,  comme  beaucoup  d'autreS  Vil- 
les ,  dont  la  iituation  &  d'autres  avanragcs  ont 
obligé  des  hommes  à  s'y  établir.  Il  croit  au  refté 
qu'il  faut  remonter  au  temps  des  Saxons ,  qui  vers 
le  VP  fiècle  occupèrent  prcfquc  toute  la  côte  Sep- 
tentrionale des  Gaules,  peut-être juiqu'aux  Romains 
ou  même  jufqu'aux  Gaulois;  Car  qui  peut  favoir, 
dit-il ,  quand  la  première  maiibn  ,  la  première  hurrë 
a  été  bâtie  à  Caen  ?  Quoi  qu'il  en  foit  ,  Caert 
n'a  eu  aucune  réputation  avaht  les  premiers  Ducs 
de  Normandie  ;  mais  dès-lors  ce  fut  une  ville  im- 
portante ,  &  félon  Guillaume  le  Iketon  ,  qui  à 
vécu  vers  le  milieu  du  Xlir  iiècle  ,  Caen  étoit 
alors  une  ville  fi  peuplée  &  fi  bien  bâtie,  qu'elle 
pouvoir  prefquc  aller  de  pair  avec  Paris. 

Caen  a  une  Univerfité.  Elle  fur  fondée  d'abord 
par  Henri  VI,  Roi  d'Angleterre,  en  1 45 1  ,  confirmée 
par  Eugène  IV  en  1437  ,  &  érigée  en  fécond 
lieu  par  Charles  Vil,  Roi  de  France,  en  14^0 ,  quand 
il  eut  chaifé  les  Anglois  de  Normandie.  îl  y  a  auflî 
une  Académie  de  belles-lettres  &  de  Phyfique  com- 
mencée en  i<î5z  ,  par  M.  Brieux ,  continuée  par 
M.  Segrais ,  &  après  fa  mort  ,  érigée  par  let- 
tres -  patentes  du  Roi  en  compagnie  réglée  l'an 
1705  par  les  foins  de  M.  Foucault,  alors  Inren- 
dant  de  Caen.  Il  y  a  aufli  à  Caen  une  Vicomte ,  un 
Bailliage  ,  un  Prefidial  ,  un  Bureau  des  Finances  , 
une  Elcdion ,  un  Grenier  à  fel ,  une  Amirauté  ,  ôC 
une   Cham.bre  des  Monnoies. 

Selon  Meflîeurs  de  l'Académie  des  Sciences  j 
C  eft:^au  17'^  15'  de  lorigitude  ,  &  au  490  iif 
de  latitude  feptentrionale.  Selon  les  aftronomi- 
ques  de  M.  Caffini ,  la  latitude  de-cette  ville  eft 
490  10'  50"  ,  fi  longitude  170  6'  20",  ayant  pour 
différence  de  la  longitude  de  Paris  1°  45'  o"  oc- 
cidentale. Caençonoit  autrefois  de  gueules  au  châ- 
teau donjonné  d'or ,  &  j'ai  vu  des  fceaux  portant 
ces  armes.  C'eft  vifiblcment  une  peinture  de  Caen , 
lyrique  Charles  VII  reprit  cette  ville  fur  les  An- 
glois,pour  reconnoïtre  fa  fidélité,  il  changea  fes 
armes ,  &  lui  fit  porter  coupé  d'azur  &  de  gueules 
aux  rrois  fleurs  de  lys  d'or  -,  apparemment  pour  être 
le  fymbole  de  la  fortune  de  Caen,  qui  avoit  été 
long-temps  fujette  aux  Anglois  ;  car  le  rouge  eft 
la  couleur  de  leur  écu  -,  mais  la  ville  rcrournant 
fous  la  domination  françoife,  l'azur  &  les  fleurs  de 
lys  avoient  repris  le  deffus.  Huet.  Voye:^  les  re- 
cherches &  anriquitcs  de  Caen  par  De  Bras  in-^", 
àCaen  i6iS  ,  ou  plutôt  celles  de  l'illuftre  M.  Huet, 
qui  font  beaucoup  plus  exaéles  &  plus  favantes. 
Du  Chefne  parle  auffi  de  Caen  dans  fes  antiquités 
des  vil/es  de  France  ,  Liv.  y II,  ch.  10. 

Le  nom  ancien  de  Caen  étoit  Cathim.  Il  eft  ainfî 
nommé  dans  la  charte  de  donation  de  P.ichard  III, 
Duc  de  Normandie  ,  darée  de  l'an  \oi6.  M.  Valois 
a  cru  qu'il  falloir  lire  Cathem  ;  mais  Cathim ,  Catlieinf  » 
Cathem  &  Cathorn ,  font  différentes  prononciations 
d'un  même  mot.  Cathim  &  Cathem  étant  donc  la 
même  chofe  ,  de  Cathem  s'eft  formé  Cahem  j  le  t 
&c  le  th  fouffrant  fouvent  élifon  dans  le  milieu  des 
mots,  comme  dans  ceux  de  père ,  mère ,  frère  ,  qui 
font  formés  de  pâtre,  matre ,  fratre ,  &c  comme 
du  mot  (VSAaç ,  les  Doriens  fiifoient  eVaoç-,  de  Cahem 
s'eft  fiit  celui  de  Caen  ,  le  mot  Cahem ,  fe  trouvant 
écrit  dans  les  augmentations  fa'tes  à  Si"-ebertpar 
Robert  de  Toriçnj ,  Abbé  du  Mont  S,  Michel ,  &c 


14^  C  A  E 

imprimées  par  D.  Luc  d'Achery.    Cela  fe  prouve 
encore  car  l'ancieane   prononciation   du    mot   de 
Caen  ,  qui  n'étoit  pas  monoiyllable  ,  comme  mam- 
tcnant ,  mais  qui  croit  un  mot  de  deux  fyilables , 
où  les  deux  voyelles  a  ^  e  croient  marquées  par 
une  prononciation  diftinde  ,   comme  les  vers  du 
Poète  Waice  ,   qui  vivoit  vers  le  milieu  du  XU 
liéclc ,  &  les  vigiles    de  Charles  VI   en  font  foi. 
De  Cathom, on  a  fiiit  Cadom,  le  ;s'étant  change 
en  d  ,  comme  de  ©A« ,  on  a  fait  Deus.  Je  crois 
mêm  e  que  dans  le  temps  qu'on  a  du  Cathom ,  d'au- 
tres ,  &  peut-être  le  plus  grand  nombre  ,  pronon- 
coient  Cadiim  ;  car  il  le  trouve  dans  la  chartre  de 
fondation  de  l'Abbaye  de  la  Trinité ,  dans  la  vie 
de  S.  Lanfranc ,  &  dans  la  chronique  du  Bec.  De 
Cadom ,  le  mot  Cacn  a  pu  fe  former  dans  la  fuite , 
aulîi  bien  que  de  Cachcm ,  par  une  analogie  forr 
ordinaire  dans  notre  langue ,  comme  de  Laudunum , 
s'ell:  fait  Laon  ,  de  Lugdunum  ,  Lyon  ,  à'Judoma- 
riis  ,  Orner ,  &:  A'Audoenus  ,  Ouen. 

M.  Bochart  croit  que  Cadom,  en  vieux  gaulois, li- 
gnifie demeure  de  guerre.  Il  eft  vrai  que  ca  enbas  breton 
ïignifie  guerre  ;  mais  kom  ,  qui  fignific  demeure ,  eft 
un  mot  d'origine  allemande  ,  comme  il  le  reconnoît 
lui-même  :  ce  mot,   félon  les  divers  dialedles  de 
cette  langue  ,  fe  prononce  kom ,  comme  en  Alle- 
magne ,  ou  kem  ,  comme  en  Hollande  ,  ou  ham  , 
comme  en  Angleterre  ,  ou  homme  ,  comme  en  plu- 
fieurs  lieux  de  Normandie.  Car  les  villages  nommés 
le  homme  ,  fuhomme  ,  roUhomme  ,  le  homme:  ,  le 
hommel ,  viennent  du  Saxon  hom  ;  comme  hameau , 
&  hamel ,    viennent  de  ham.  De  forte  que  M.  Bo- 
chart fait  ce  mot  hybride  ,  moitié  gaulois  ,  moitié 
Saxon.  Pour  moi ,  j'eftimc  qu'il  faut  rapporter  ce  nom 
à  celui  de  Cadetes  ,  peuples  célébrés  par  Céfar  , 
ôc  fitués  apparemment  vers  le  lieu  où  Caen  eft  fi- 
tuc  5  &  que  Cadom ,  fignifie  demeure  des  Cadetes  ; 
de  même  que  Cabourg  ,  petit  bourg  aifez  voifin  de 
Caen  ,    appelé  dans  les  vieux  titres  Cateburgum  , 
&c  Cadburgum  ,  fignifie  bourg  des  Cadetes.  Du  refte  , 
ces  Cadetes  ,  peuples  Gaulois ,  peuvent  bien  aVoit 
pris  leur  nom ,  de  Cad ,  mot  gaulois ,  qui  fignifie 
guerre.  Ainfi  Cadetes  fignifie  Belliqueux.  Huet. 

D'autres  ont  formé  le  nom  Cadomum-,  Caen,  de 
Cadmus,  comme  fi  ce  Prince  Phénicien,  9n  cherchant 
fa  focur  par  le  monde  ,  eût  jeté  les  fondemens  de 
Caen.  Les  autres  de  Caii  domus  ;  comme  nous  avons 
dit  ci-deffus.  D'autres  de  Campodomus ,  comme  ayant 
pris  ce  nom  de  fa  fituation  entre  deux  campagnes. 
Quelques-uns  de  Quentovicum  ,  comme  fi  ce  nom  , 
qui  apparrienr  à  une  ville  d'Artois ,  éroit  celui  de 
Caen.  Les  autres  du  grec  k«!vo«  .J'»m»«.  nouvelle  de- 
meure ;  &c  quelques-uns  de  Cademoth  ,  ville  de  la 
Terre-Sainte.  M,  de  Bras  de  Crociatonum ,  ou  CaJJîa- 
tonum,  ou  Caradinan ,  ou  Cajla  Jootwj.  D'autres 
à  canitie.  Toutes   ces  étymologies  font  fauflês. 
C-(£NÉE ,  f.  m.  Nom  d'un  ancien  promontoire  de  la 
mer  ^gée  ,  fur  la  côre  de  Grèce  ,  au  nord  du  canal  de 
Negrepont,  Ccenum promontorium.  De-là  (  du  bourg 
de  Talanda  )malgré  une  groffe  bourafque  de  vent , 
ayant  doublé  le 'promontoire  Cccnée,  dit  à  préfent 
Cap  Martel  ,  où  fe  trouvoit  cette  pierre  Amiantus 
dont  les  anciens  faifoient  de  la  toile  ,  qui  fe  blan- 
chiffoit  au  feu ,    nous  entrâmes  dans  le  canal  que 
fait  la  longueur  du  Negrepont.  Dulotr  ,  p.  249. 
CAENOIS  ,'OISE  ,  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Caen  ,  ha- 
bitant de  Caen.  Cadomenjis.  Prononcez  Canois  dif- 
fyllable ,  ou  même  Canais ,  comme  on  fait  dans  le 
pays.  M. Huet ,  dans  fes  antiquités  de  Caen  ,  ch.  x^ , 
fait  un  dénombrement  de  1 57  Caenois  ,  qui  ont  été 
hommes  illuftres  dans  l'Eglife  &  dans  les  Lettres. 
Il  faut  y  ajouter  M.  Huet  lui-même.  M.  de  Cahai- 
gncs  a  donné  les  éloges  des  Caenois ,  fes  contem- 
porains. 

Ce  mot  aujourd'hui  n'eft  que  du  dilcours  fa- 
milier. M.  Huet  dit  toujours  habitans  de  Caen, 
homme  de  Caen  ,  £'c.'  Les  habitans  de  Caen  font 
gens  d'clprit ,  ftudieux  ,  polis.  Huet.  Des  hommes 
de  Caen  ,  illuftres  dans  l'Eglife  &:  dans  les  Lettres. 


C  AF 

Id.  Je  n'entreprends  pas  dans  ce  chapitre,  de  donner 
la  lille  de  tous  les  Citoyens  de  Caen  qui  ont  ac- 
quis du  nom  dans  le  monde.  Id.  Roger ,  natif  de 
Caen.  Idem.  Guillaume  Acatin  étoit  Citoyen  de 
Caen.  Id, 

Ip"  CAERDIGAN.   Voyei  Cardigan. 

^  CAERDIGANSHIRE.    Voyc^    Cadiganshire. 

|p="  CAERLEON.  Anciennement  Ifca,  Ville  d'An- 
gleterre ,  en  Monmoutshire  ,  fur  l'Usk  :  c'eft  une 
Ville  très-ancienne  ,  &  une  des  trois  premières  Mé- 
tropoles que  les  Chrétiens  établirent  en  Bretagne. 

§cr  CAERMARTHENSHIRE  ou  CARMARTENS- 

'  HIRE.  Province  d'Angleterre,  dans  le  diocèfe  de 
Saint  David.  C'eft  une  des  plus  fertiles  du  pays  de 

Galles. 
UCr  CAERNARVAN.  Ville  d'Angleterre,  au  pays  de 

Galles ,  fur  le  Menay  ,  capitale  de  Carnarvanshire , 
Province  du  diocèfe  de  Bangor. 
CISALPINE,  f  i.  C'eft  le  nom  que  le  P.  Plumier 
a  donné  à  une  plante  qu'il  découvrit  dans  l'Amé- 
rique ,  en  mémoire  d'André  Cifalpin  ,  célèbre  Bo- 
tanifte.  ^  Sa  fleur  eft  monopétale ,  irrégulière  , 
en  forme  de  mafque  ,  divifée  en  quatre  parties  in- 
éo-ales  -,  du  fond  de  la  fleur ,  s'élève  un  piftil  envi- 
ronné d'étamines  recourbées.  Ce  piftil  devient  dan5 
la  fuite  une  filique  remplie  de  femences  oblongues, 
On  ne  lui  connoît  point   de  propriétés  médeci- 

nalcs.  ,   ,     ,    . 

|Cr  ET  CAETERA.  Terme  emprunte  du  latin ,  qu  on 
abrège  dans  l'écriture,  6^  qu'on  met  avec  un  ù  ,  un 
c  &  un  point ,  &c.  Il  fignifie  le  refte  d'un  difcours 
qu'on  ne  dit  point,  qui  eft  fous-entendu ,&  pue 
le  Leéleur  peut  fupléer  facilement  de  lui-même. 

ffT  On  dit  proverbialement ,  Dieu  nous  garde  d'un 
et  ceetera  de  Notaire  -,  parce  que  ,  fous  prétexte  de 
ces  mots  qu'ils  mettent  au  bout  des  Obligations, 
promettant ,  &c ,  obligeant,  &c  ,  renonçant ,  &c ,  ils 
étendent  fi  loin  ces  claufes ,  en  gtofîbyant  les  a6tes , 
que  cela  va  fouvent  au  de-là  de  ce  que  les  parties 
ont  cru  confentir.  Ce  mot  vient  àif  grec  k«'  inf» 
&  alia. 

C^SAR.  Foyei  César, 

C  AF.      . 


CAFARD ,  ARDE.  adj.  Souvent  employé  fubftanti- 
vement.  Bigot ,  hypocrite.  Il  fe  dit  particulièrement 
des  gens  qui  font  leurs  affaires  fous  prétexte  de 
religfon ,  en  abufant  de  la  fimplicité  &  de  la  con- 
fiance des  autres.  Religionis  ,  probitatis  Jimulator. 
Vance pietatis  aQeclator ,  hypocrita.  Il  a  l'air  cafard , 
l'humeur  cafarde.  C'eft  un  vrai  cafard. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'Arabe  capkar ,  qui 
fe  dit  par  les  Arabes  proprement  d'un  homme , 
qui  de  Chrétien  s'eft  fait  Turc  ,  ou  de  Turc  Chré- 
tien. Il  a  été  fait  de  l'Hébreu  caphar ,  qui  fignifie 
renier.  123.  Capkar  en  Arabe  ,  fignifie  auffi  un 
infidèle ,  un  impie.  Les  Turcs  &  les  Arabes ,  d'après 
l'Alcoran,  donnent  ce  nom  aux  Chrériens.  Les 
Anciens  onr  eu  une  efpèce  de  couverture  de  tête 
qu'ils  appeloient  capkar dum.  Du  Cange. 

Ce  mot  vient  apparemmenr  des  Arabes.  Cafara , 
fignifie  en  leur  langue  nit;r,  d'où  les  Rabbins  ont  fans 
doute  pris  leur  verîje  cafar  pour  dire  nier;  Le  Targum 
de  Jérufalem  s'en  fert  fouvent  en  ce  fens-là.  Ces  mê- 
mes Rabbins  appellent  un  Renégat  Caferan.  Con- 
fultez  le  DicT.  Raebinique  de  David  de  Pomis ,  Se 
legrandDicT.  deBuxTORF.  Quelques-uns  croient 
qu'on  a  aufifi  donné  le  nom  de  Cafres  aux  peuples 
d'Afrique,  qui  habitent  vers  le  Cap  de  Bonne- 
Efpérance  -,  parce  qu'ils  n'ont  aucune  religion. 

Cafard  ,  fe  dit  d'une  efpèce  de  damas  ou  de  fan'n. 
Damafceni  operis  bomhycinus  pannus.  Le  véritable 
damas  cafard  eft  tout  de  fil  ;  mais  le  damas  cafard 
ordinaire  eft  celui  dont  la  trame  eft  feulement  de 
fil ,  &  les  chaînes  de  foie ,  &  qui  fe  manufadure  en 
Flandres. 

CAFARDERIE.  f.  f.  Hypocrifie  ,  faufle  dévotion. 
Hypocrifis.  Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage. 


i 


i 


C  A  E 

CAFÉ.  r.  nr.  Cajkum;  Semence  qui  nous  eft  apporrcè 
de   l'Arabie-  Heurcul'c.  On  cftime  davantage  celui 
Cjui  nous  vient  par  le  levant  j  il  cil:  plus  vert ,  plus 
pelant  ,&  paroît  plus  marque  celui  de  Moica,  le- 
quel cft  plus  gros ,  plus  léger  Se  plus  blanchâtre.  On 
appelle  cafi  en  coque  ,  cette  même  femence  renlvr- 
mée  dans  les  enveloppes  propres  Se  communes  \  & 
cafi  monàc,  celle  qui  en  eft  dcpoulllce.  L'épargne 
^     fait  quelquefois  lubftituer  à  cette  femence  celle  de 
pois ,  de  fêvcs ,  de  leigle  ,  d'orge ,  elpèces  de  lemen- 
ces  qui  étant  rôties  ne  fourrtiiiènt  pas  une  matière 
huileuie  àuflS  agréable,  &  en  aufli  grande  quartcité 
que  le  cafi.  L'arbre  qui  donne  cette  femence  £è  peut 
nommer  Cujiir.  Voyez  ce  mot. 
Café  ,  fe  prend  auffi  pour  une  forte  de  boiflbn  qui  tft 
devenue  familière  en  Europe  depuis  quelque  temps , 
&  qui  eft  en  ufage  en  Turquie  depuis  plus  d'un  isè- 
cle.  Cafctitm  ,  cafœa ,  cafitus  liquor.  On  ne  fait  pas 
au  vrai  Ion  origine.  Le  café  fut  découvert ,  au  rap- 
port de  Maronite  Faufto  Nayronne  ,  pat  le  Prieur 
de  quelques  Moines  ,  après  qu'il  eut  été  averti  par 
un  homme  qui  gardoit  des  chèvres  ou  des  chameaux, 
que  quelquefois  fon  bétail  veilloit  &  iâuroit  toute 
la  nuit  après  avoir  mangé  du  cafc.^fT  Ce  Supérieur 
en  fit  boire   Tintuiion  à  les  Moines  pour  les  tirer 
de   l'allbupiflement  où    ils  étoicnt  aux    offices  du 
chœur  pendant  la  nuit.  Cette  origine  de  l'ulage  du 
caft:  approche  fort  de  la  table.  D'autres  difent  qu'il 
en  faut  attribuer  la  découverte  à  h  piété  d'un  Mufti , 
qui,  pour  faire  de  plus  loîigues  prières  ,  &  poudcr 
les  veilles  plus  loin  que  les  Dervis  les  plus  dévots , 
en  fît  le  premier  l'expérience. 

Abdakader  ,  dont  le  manufcrit  eft  à  la  bibliothè- 
que du  Roi ,  &  M.  Galand ,  d'après  lui ,  en  r«ppor- 
tent  une  autre  plus  croyable,  prife  deSehehabed- 
din.  Auteur  plus  ancien  &:  plus  proche  de  l'origine 
de  l'ulage  du  café.  Il  dit  qu'au  milieu  du  IX'  fièele 
de  l'Egire ,  c'eft-à-dire  ,  du  XV^  de  l'ère  Chrétienne , 
un  certain  Gemaleddin  ,  qui  étoit  de  Bhabhan  ,  pe- 
tite ville  de  l'Arabic-Heureufe ,  &  qui  demeuroità 
Aden  ,  ville  &  port  fameux  .à  l'orient  de  l'embou- 
chure   de  la  mer  Rouge  ,    faifant  un    voyage   en 
Perfe,  y  trouva  des  gens  de  fon  pays  qui  prenoient 
du  café  ,  &i  qui  vantoicnt  cette  boilfon.  De  retour 
à  Aden  ,  il  eut  quelque  indilpofition ,  dont  il  le  per- 
fuada  qu'il  fcroit  Ibulagé  ,  s'il  prenoit  duc<z/Z'.  lien 
prit ,  &  s'en  trouva  bien.  Il  reconnut,  par  expérience, 
qu'il  diffipoit  les  fumées  qui  appefantiHént  la  tête  , 
qu'il  infpiroitde  la  joie  •,  qU'il  rendoit  les  entrailles 
libres  ;  qu'il  empêchoit  de  dormir  fans  qu'on  en 
fût  incommodé.  Gemaleddin  étoit  Mufti  d'Aden  , 
&  avoit  accoutumé  de  pafTer  les  nuits  en  prières 
avec  les  Dervis.  Pour  y  vaquer  avec  plus  de  liberté 
d'cfprit  ,  il  leur  propofa  de  prendre  du  café.  Leur 
exemple  mit  le  café  en  vorae  à  Aden.  Les  gens  de 
loi ,  pour  étudier  -,  les  artilans,  pour  travailler  ;  les 
voyageurs,  pour  marcher  la  nuit  -,  enfin  tous  les  habi- 
tans  d'Aden  en  prirent.  De-là  il  pafîa  à  la  Mecque,  où 
les  dévots  d'abord  ,  puis  tout  le  monde  en  prit.  De 
rArabie-Heureuléjil  fut  porté  en  Egypte  &  au  Caire. 
L'an  9 1 7  de  l'Egire  ,  1 5 1 1  de  l'ère  Chrétienne,  Khaie 
Beg  le  défendit ,  parce  qu'il  crut  qu'il  enivroit ,  & 
qu'on  lui  perfuada  qu'il  portoit  à  des  chofes  défen- 
dues. Sultan  Canfou  leva  prefqu'auflltôt  la  dcfenfe. 
Le  café  pafla  d'Egypte  en  Syrie ,  &:  de-là  .1  Conftan- 
tinople.  Les  Dervis  déclamèrent  contre  ,  parce  que 
l'Alcoran  dit  que  le  charbon  ne  peut  être  mis  au 
nombre  deschofos  que  Dieu  a  créées  pour  la  nourri- 
ture de  l'homme.  Le  Mufti  ordonna  que  les  mailcns 
à  café  feroient  fermées.  Un  autre  Mufti  déclara  que 
le  café  n'étoit  point  du  charbon.  Les  affembléesdes 
Nouvelliftes ,  qui  parloient  trop  librement  des  af- 
faires d'Etat  dans  les  cabarets  à  café,  obligerenr  le 
Grand-VifîrCuproli ,  pendant  la  guerre  de  Candie, 
defupprimer  ces  maifons  de  cz/i  à  Conftantinople 
feulement.  Cette  fuppreffion,  qui  dure  encore,  n'em- 
pêche pas  qu'on  n'en    prenne   publiquement  dans 
cette  capitale.  Quant  .à  la  France,  c'eft  Thevenot 
ie  Voyageur  qui  a  le  -premier  apporté  le  café  à  Paris. 


CAP  l^y 

Le  nom  de  Café  que  nous  donnons  à  cette  lioueac 
&a  ia  femence  aV.c  laquelle  on  la  fait,  eftorigi- 
naircrnenî  Arabe.  Les  Turcs  ,  dit  M.  Gallandi'ic 
prononcent  Cdhuch  ,  &  les  Arabes  Cahouah  ,  où 
Cakoné.  C'eft  de  ce  dernier  que  nous  avons  fait  le 
mot  Café,  en  changeant  Vouaou  ,  ou    Vu  Arabe, 
en  f.  Pour  ce  qui  eft  de  l'origine ,  ou  plutôt  de  la 
figni/ication  primitive  de  ce  mot,  on  varie  jufqu'à 
dire  les  deux  contraires.  Cdhouah  ,  ou  cakoueh  , 
h'cft  pas  un  nom  propre ,  c'eft  un  nom  générique , 
bu  appellatif,  félon  M.  Galland,  dans  le  petit  Trané 
que  nous  avons  cité.  Cahouah ,  vient  d'un  verbe , 
qui  iignilie  avoir  du  degoât ,  n'avoir  pvint  d'appétit  ; 
'&  c'eft  uii  des  noms  que  les  Arabes  donnent  au 
vin  ,  à  caufe  qu'il  ôte  l'àppctit  quand  il  eft  pris 
avec  excès.  Ainfi   il  faut  que  Cahouah  vienne  de 
ilp  ,  ou  ip  ,  ou  inp ,  qui  eft  la  même  ch'ôfe ,  &  qui 
en  Arabe  &  en  Turc  ïignifie  avoir  de  l'aVerfioii  , 
du  dégoût  pour  quelque  choie  ;  &  qUi  fe  dir  des 
viandes ,  &  de  tout  ce  qui  le  prend  par  la  bouche. 
Au  contraire  Golius ,  Mcninski  &;  Caftel  difent  que 
Cahouah  fignif.e  ce  qui  doniie  de  l'appétit,  quoi 
appetentiam  cibi  adducit.  Si  après  de  telles  auto- 
rités il  étoit  permis  de  propofer  un  autre  fentimenr, 
on  diroit  qu'il  ne  figniiie  ni  ce  qui  donrie  de  l'ap- 
pétit,  ni  ce  qui  l'ôte ,  &  qu'il  ne- vient  point  de 
'np ,  ou  f^  ,  ou  inp  ,  qui  lignifie  ,  aVoir  ou  donner 
du  dégoût  ,     mais    de  '^p  ,    ou  mp  ,     qui  lignifie 
donner  de  la  vigueur  8c  delà  force ,  fortifier ,  cor- 
roùorare   ,    roborare  ,    confirmare  ;   °&    que   Ca- 
houah en  Arabe  &  eri  Turc  n'eft  autre  chofe  que  ce 
qui  fortifie  ,  ce  qui  donne  de  la  vigueur;  lignifica- 
tion qui  convient  très-bien  au  vin  &  au  café;  Hc  c'eft 
un  mot  ordinaire  chez  les  Turcs  aux  gens  de  guerre 
qui  boivent  tous  du  vin  fans  Icrupule ,  de  dire  qu'ils 
le  font ,  parce  qu'il  fortifie.  Quoi  qu'il  en  foit ,  de  ce 
mot  Cahoueh  s'eft  formé  en  Europe  le  nom  de  café  y 
eh  changeant ,  comme  il  arrive  très-fbuvent ,  le  1  , 
c'eft-à-dire,  Xu  en  /.  Au  refte ,   les  Mahométans 
diftinguent  trois  fortes  de  Cahoueh  ,  ou  Cahouah. 
La  première  eft  le   vin  &  toute  autre  boi.Ton  qui 
enivre,   dit  M.  Galland  ;  Golius  ,  Gaftel  &  Me- 
ninski  n'y  mettent  que  le  vin.  La  féconde  fe  fait 
avec  les  goulfes  ou  les  enveloppes  qui  renferment 
le  fruit  du  café ,  ou  le  bunn.  La  troilièrhe  fe  fait 
avec  ce  fruit-là  même.  C'eft  celle  qui  eft  en  ufage  en 
Europe ,  parce  que  les   gonfles    ou  enveloppes  né 
font  pas  propres  à  être  tranfportées  ,  ou  ne  fe  tranf- 
portent  point  ici  ;  car  on  dit  qu'on  en  porte  en 
Turquie ,  Voye:^  ci-deffous  café    à  la  Sultane.  La 
couleur  brune   &  foncée  de   cette  boiflbn   l'a  fait 
appeler  d'abord  fyrop  de  Mûre  des  Indes ,  &  c'eft 
fous  ce  nom  fpécieux   d^orx  commença  à   débiter 
à  Paris  cette  boiflbn. 

La  préparation  du  café  confîfte  dans  le  jufte  dé- 
gté  de  fa  torréfaélion  &  de  fon  infifion.  On  brûle  , 
ou  plutôt  Ton  rôtit'  cette  femence ,  ou  dans  une 
poclc  de  fer  ,  ou  dans  un  plat  de  terre  ,  jufqu'à  ce 
qu'elle  ait  acquis  également  de  tous  côtés  ,  une  cou- 
lent tirant  fut  le  brun-,  on  en  moût  enfuite  dans  un 
moulin  à  café  jufqu'à  la  quantité  dont  on  doit  fe 
fervir  fur  le  champ.  On  fait  bouillir  dans  une  cafe- 
tière de  l'eau  à  proporrion  du  noinbre  &  de  la 
grandeur  des  talTes  que  l'on  doit  en  remplir,  dans 
laquelle  on  jette  le  café  moulu.  Certaines  maifons 
ont  des  mefures  à  café  pour  la  jufte  quantité  des 
talTes  d'eau  dans  laquelle  on  doit  l'infufer.  Lorfqu'il 
a  bouilli  fuffifamment ,  on  retire  la  cafetière  du'feu*, 
éc  on  laifTe  pendant  quelque  temps  repofer  l'infu- 
lîon  pour  la  vetfer  à  clair  dans  les  rafles  ;  la  coutu- 
me eft  de  l'avaler  le  plus  chaud  que  l'on  peut  ;  les 
uns  le  boivent  fans  fucre  ,  &  les  autres  y  en  mettent 
plus  ou  moins.  Les  Tutcs  ne  fe  mettent  pas  en 
peine  d'en  adoucir  l'amertume  avec  du  fucre.  Les 
grands  Seigneurs  mettent  dans  chaqvie  taflfè  une 
goutte  d'efTcnce  d'-ambre.  D'autres  le  font  bouillir 
avec  deux  doux  de  girofle  -,  d'autres  avec  un  peu 
d'anis  des  Indes ,  &  d'autres  avec  du  cacouleh  , 
qui  eft  la  graine  du  Cardamomum  minus.  Le  cajï 

Tij 


C  A  F 

ell:  une  des  chofes  ncceilaircs  que  les  Turcs  font 
obli'Jics^e  fournir  à  leurs  femmes. 

'  Beaucoup  de  gens  déjeunent  avec  une^  rafle  de 
■caft  &  un  morceau  de  pain.  Dans  la  plupart  des 
ixiailbns  on  lert  ic  café  immédiatement  après  le  re- 
pas. Le' cafc  Ce  prend  pour  différentes  intentions  : 
les  uns  cii  ufent  par  amuiément,  par  coutume  ; 
ks  autres  pour  rcliflier  au  Ibmmcili  beaucoup  de 
^ens  pour  taciliter  la  digcftion -,  fouvcnt  di.fcrentes 
perlbnncs  d'une  même  compau,nic  le  prennent^pour 
le  procurer  des  effets  tout  oppofes,  U  fert  d'amu- 
fcmcnt  &  d'entretien  dans  une  longue  converla- 
don ,  ou  de  prétexte  pour  Te  taire  avec  bienféance. 
Mais  les  qualités  les  plus  réelles  que  les  Méde- 
cins lui  reconnoilfcnt ,  font  de  mettre  le  fang  en 
mouvement,  moyen  par  lequel  il  tient  éveillé  -, 
de  difnper  les  migraines ,  &C  d'abibrber  les  aigreurs 
de  l'eftomac.  Le"  bon  café  contient  des  fels ,  des 
foufrcs  &  des  huiles  capables  de  produire  ces  effets, 
&  de  rétablir  un  eftomac  dérange.  L'expérience 
a  appris  qu'il  convient  aux  perfonnes  qui  ont  de 
l'embonpoint  -,  &  qu'il  nuit,  à  celles  qui  forit  fèches , 
maigres,  &  d'un  tempérament  bilieux,  à  ceux  qui 
digèrent  trop  vite,  à  ceux  dont  le  fang  circule  trop 
vite ,  à  ceux  qui  ont  un  crachement  de  fang  pro- 
venant de  quelques  extrémités  de  veines,  ou  d'ar- 
tères trop  ouvertes ,  ou  d'un  fang  trop  fubtil  &  trop 
acre.  Simon  Pauli  ,  Médecin  Danois ,  a  prétendu 
qu'il  énerve  les  hommes  &  les  rend  inhabiles  à  la  gé- 
.  nér.ition.  Une  perlbnne  qui  a  demeuré  quinze  ans 
en  Turquie  m'a  dit  que  les  Turcs  attribuent  au  cafi 
le  même  effet ,  8c  qu'ils  penlent  que  le  grand  ufage 
qu'ils  en  font  eft  la  caufe  pour  laquelle  les  provinces 
qu'ils  occupent ,  autrefois  fi  peuplées ,  le  font  au- 
jourd'hui fi  peu.  Dufour  réfute  cette  opinion  dans 
fon  Traité  du  Café ,  du  Thé  Se  du  Chocolat. 

Les  perfonnes  qui  ne  font  pas  accoutumées  à 
cette  boilfon,  la  trouvent  amère,  &  font  obligées  d'y 
mettre  beaucoup  de  fucrc. 
On  n'i  pas  toujours  rôti  le  café  pour  faire  cette  boif- 
fon  :  il  y  a  toute  apparence  qu'on  s'efl:  fervi  d'abord 
de  cette  femencc  bouillie  dans  de  l'eau  fans  autre 
préparation ,  &  qu'on  n'a  pas  eu  de  peine  à  aban- 
donner cette  première ,  puilque  le  cafi  rôti  eft  beau- 
coup plus  efficace  &  plus  agréable. 
Le  premier  qui  a  écrit  du  cafi  vers  le  IX"  fiècle  ,  a  été 
Zacliarie  Mahomet  Rafes  ou  Ralis  ,  célèbre  Mé- 
decin Arabe  ,  puis  Ebenfma,  dit  Avicenne  ,  Prof- 
per  Alpinus,  au  Livre  des  Plantes  d' Egypte ,  qui  cil: 
le  premier  qui  en  a  donné  des  nouvelles  aux  Eu- 
ropéens il  y  a  plus  d'un  ficcle.  Avicenne  en  parle 
dans  le  fécond  Livre  de  fon  Canon  ,  &  en  explique 
les  qualités.  Vcftingius  dans  les  0/-fcrvations,Bau.- 
hin  dans  Ion  Pinax.  Olaiis  Wormius ,  Oléarius ,  & 
Léonard  Rauwolf  dans  leurs  Innéraires;Mo\\em- 
brok ,  Piétro  dcUa  Valle  ,  .Thévenot  dans  leurs 
Relations.  Simon  Pauli  en  a  condamné  l'ulage 
dans  un  Commentaire  contre  le  Thé  Se  le  Tabac ,  & 
il  objecïe  qu'il  énerve  les  hommes ,  comme  témoi- 
gne Oléarius  ,  &  comme  on  l'a  dit  ci-dcifus. 

Les  inftrumens  Se  les  vaiflcauxproprcs  à  préparer 
le  c^zp ,  font  une  poêle,  ou  un  moulinet  pour  le 
rôtir",  un  moulin  à  moudre,  «ne  boëte  à  conferver 
celui  qui  eft  moulu ,  une  cafetière ,  un  petir  four- 
neau ,  èc  un  cabarer  à  café ,  compolc  de  tailcs  avec 
leurs  foucoupes,  d'un  fucrier  ,  de  petites  cuillièrcs 
&  des  ferviettes  à  café.  Quelques  gens  font  cuife  le 
café  à  un  feu  de  lampe ,  Se  quelques  autres  à  un  feu 
d*êfprit  de  vin.  Le  plus  ordinairement  c'eft  au  feu , 
ou  bien  fur  un  petit  fourneau  de  fer  dans  lequel  on 
allume  du  charbon. 

Philippe  Sylveftre  du  Four,  dans  fon  Traité,  ^« 
C^/i,  Thé,  Chocolat,  fe  fert  du  terme  de  torréfier 
le  café.  Dans  l'ufage  ordinaire,  on  dit  brûler  le  café. 
Votre  café  n'eft  pas  bien  brûlé  ;  il  eft  trop  brûlé  -, 
vous  brûlez  mal  le  café.  Vous  ne  favez  pas  brûler  le 
cafc.  On  dit  aufli  rôtir  le  café,  du  café  bien  rôti. 
On  dit  que  le  Ciî/?  eft  trop  grillé,  lorfqu'on  l'a  ré- 
duit en  charbon  ,  &  qu'il  fent  l'eau  froide  ,  lorfqu'on 


C  A  F 

Ta  verfé  dans  l'eau  fans  qu'elle  ait  bouillie  fufRfam- 
ment.  On  appelle  un  café  fort ,  lorfqu'on  a  mis 
dans  l'eau  une  quantité  de  café  moulu  plus  grande 
qu'à  l'ordinaire  :  &C  lorfqu'on  n'en  a  pas  mis  affez , 
ou  qu'il  eft  éventé ,  ce  qui  en  rend  l'inflifion  moins 
chargée ,  on  l'appelle  café  foible. 

CAFÉ  au  /ait  eft  ou  l'infufion  que  font  qlielques-uns  du 
c^/ê' moulu  dans  du  lair ,  ou  le  mélange  d'une  cer- 
taine quantité  de  lait  chaud  fur  une  partie  d'infufion 
du  café  à  i'eau ,  en  y  joignant  fi  l'on  veut  du  fucre. 

On  appelle  café  chocolaté  ,  une  infufion  de  café  dans 
laquelle  on  a  fait  fondre  &:  cuire  un  morceau  de 
chocolat.  Quelques  Cafuiftes  foutiennent  que  le 
café  ne  rompt  pas  le  jeûne. 

Café  à  la  Sultane  eft  l'infufion  des  coques  qui  fervent 
d'enveloppe  au  cafe^  laquelle  eft  en  ufage  en  Tur- 
quie, où  les  Sultanes  en  ont  introduit  la  mode,  pat 
l'expérience  qu'elles  ont  qu'il  échauffe  moins  que 
l'infufion  de  la  femence  même,  &  qu'il  tient  le 
ventre  libre.  Les  coques  ont  été  appelées  impropre- 
ment fleurs  de  café  par  nos  François  qui  les  ont  ap- 
porté de  Mocha.  Voye^  la  Bièiiiothéque  Orientale 
d'Hcrbelor  au  mot  Camua. 

On  mêle  quelquefois  avec  le  Café  de  la  pellicule 
fine  qui  couvre  immédiatement  la  fcVe ,  enforte 
que  quand  le  tout  eft  bien  ptéparé  ,  on  eftime  que 
nulle  boiifon  n'eft  comparable  à  celle-là.  Nos  Fran- 
çois qui,  à  la  cour  du  Roi  d'Yemen  ,  chez  les  Gou- 
verneurs &  les  gens  deconfidération,  n'ont  point 
pris  d'autre  C(z/ê' ,  avouent  que  c'eft  quelque  chofc 
de  bon  &  de  délicat.  Ils  ajoutent  qu'il  n'eft  pas  nc- 
ccflairc  d'y  mettre  du  fucre,  parce  qu'il  n'y  a  aucune 
amertume  à  corriger ,  &  qu'au  contraire  on  fent  une 
douceur  modérée  qui  fait  plaifir.  Il  y  a  beaucoup 
d'apparence  qu'on  ne  peut  guère  la  faire  avec 
fuccès  que  fur  les  lieux  ^  car  pout  peu  que  les  écor- 
ces  de  café  qui  déjà  n'ont  pas  beaucoup  defubftance* 
quand  elles  font  trop  lèches  ,  foient  tranfportées  ou 
gardées ,  elles  perdent  beaucoup  de  leur  qualité , 
qui  confifte  ptincipalement  dans  la  fraîcheur.  Pour 
préparer  le  café  à  la  Sultane ,  on  prend  l'écorce  du 
Café  parfaitement  mûre ,  on  la  brife  &  on  la  met 
dans  une  petite  poêle  ou  terrine ,  fur  un  feu  de 
charbon  ,  en  retournant  toujours  en  forte  qu'elle 
ne  le  brûle  pas  comme  le  café,  mais  feulement 
qu'elle  prenne  un  peu  de  couleur.  En  même  temps 
on  fait  bouillir  de  l'eau  dans  une  cafetière  ;  &  quand 
l'écorce  eft  prête  ,  on  la  jette  dedans  avec  un  quart 
au  moins  de  la  pellicule,  en  laiflant  bouillir  le  tout 
comme  le  Café  ordinaire.  La  couleur  de  cette  boif- 
fon  eft  femblable  à  celle  de  la  meilleure  bierre 
d'Ana;leterre.  On  sarde  ces  écorces  dans  des  lieux 
fort  fecs  &  bien  enfermés  ■■,  car  l'humidité  leur 
donne  un  mauvais  goût  Voyage  de  l'Arabie  Heu- 
reujé  ,p.  2.87  &  fuiv. 

Les  Orientaux  prennent  le  café  fans  fiicfe  &  dans 
de  foft  petites  taffes.  Il  y  en  a  parmi  eux  qui  font 
envelopper  la  cafetière  d'un  linge  mouillé  en  la  re^ 
tirant  du  feu  j  ce  qui  fair  précipiter  le  marc  incon- 
tinent, &  rend  la  boiflbn  plus  claire  *,  il  fe  faitauiri 
par  ce  moyen-là  une  parité  crème  au-deflûs ,  SC 
lorfqu'on  le  verfe  dans  la  ralfe  ,  il  fume  beaucoup 
davanrage ,  &  forme  une  efpèce  de  vapeur  grade , 
qu'ils  fe  font  un  plaifir  de  recevoir ,  à  caufe  des  bon- 
nes qualités  qu'ils  lui  attribuent. 

Voici  une  nouvelle  manière  de  préparer  le  café , 
inventée  par  M.  Andry  ,  dodeur  de  la  faculté  de 
Paris ,  Se  expliquée  dans  fon  Traité  des  alimens  de 
Carême.  Jufqu'ici  on  n'a  reconnu  qu'un  moyen  de 
fe  fervir  du  café ,  qui  eft  de  le  brûler.  Il  y  en  a  un 
autre  néanmoins  auquel  il  eft  étonnant  qu'on  n'ait 
pas  encore  penfé ,  c'eft  de  tirer  la  teinture  du  café , 
comme  celle  du  thé.  Se  d'en  faire,  par  cette  mé- 
thode toute  fimple ,  une  boifTon  d'autant  plus  fa- 
lutaire ,  qu'on  n'y  peut  rien  foupçonner  d'adufte  ; 
Se  quede  plus  elle  doit  contenir  un  extrait  naturel 
de  ce  qu'il  y  a  dans  le  café  de  moins  fixe  &  de  plus 
éthéré  ,  c'eft-à-dire  ,  la  partie  la  pluî  mercuriellc , 


■C  AF 

îa  plus  légère ,  &  en  même  temps  la  plus  doûcè  de 
ce  mixte  ;  au  lieu  qu'en  le  brCilnnt ,  on  cft  caufe  qu'il 
fe  diiîîpe  beaucoup  de  cet  elprit  doux  &  lubtil. 
Toujours  eft-il  certain  que  par  la  préparation  or- 
dinaire le  cip  perd  confidcrablement  de  ion  poids  ; 
&  iî  l'on  veut  l'éprouver  ,  on  verra  que  le  déchet 
efl:  de  i  io  grains  i'ut  une  once  -,  c'eft-cà-dire  ,  de 
près  de  deux  gros  \  diminution  trop  grande  pour 
que  la  diiîiparion  des  efprirs  volatils ,  qui  font  les 
premiers  à  s'évaporer ,  n'y  ait  beaucoup  de  part. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  voici  comment  on  doit  pré- 
parer cette  boillbn. 

Il  faut  prendre  un  gros  de  tap  en  fève,  bien 
mondé  de  l'on  ccorce  ,  le  faire  bouillir  l'clpace  d'un 
demi-quart  d'heure  aU  plus ,  dans  un  demi-leticr 
d'eau,  enluite  retirer  du  feu  la  liqueur,  qui  fera 
d'une  belle  couleur  citrinc ,  &  après  l'avoir  laiilce 
repofer  quelque  temps  ,  bien  bouchée  ,  la  boire 
chaude  avec  du  fucre.  Cette  boiiiôn  exhale  une 
odeur  douce  qui  le  difîlpe  ailcment,  elle  a  un  goiit 
agréable  ;  elle  fortifie  l'eflomac  ,  elle  corrige  les 
crudités  ,  &  débarralîe  fenliblement  la  tête.  Mais 
une  qualité  particulière  qu'on  y  trouve  ,  c'efl;  qu'elle 
adoucit  l'acrcté  des  urines,  &  foulage  la  toux  la 
plus  opiniâtre.  Nous  en  avons  fait  l'expérience  fur 
plufieurs  malades. 

Le  même  café  qu'on  a  employé  la  première  fois  , 
retient  encore  allez  de  qualité  pour  pouvoir  s'en 
fervir  une  féconde  ,  &  même  une  ttoilième  ■,  ce  qui 
vient  de  ce  que  ce  fruit  qui  ne  le  ramollit  prefque 
point  en  boftillarit  ,  efl:  d'une  tilUire  extrêmement 
Compacte ,  qui  empêche  que  ce  qu'il  contient  de 
plus  lubtil ,  ne  s'évapore  tout  d'un  coup. 

Si  on  lai  lie  bouillir  long-temps  le  café,  fa  cou- 
leur fe  charge  ,  &  la  liqueur  devient  verte  comme 
du  jus  d'herbe  :  elle  eft  moins  bonne  alors  ,  parce 
qu'elle  efl:  trop  remplie  de  parties  terrcfl:res  ;  elle 
iaille  même  au  fond  du  vaillêau  ,  un  peu  de  li- 
inon  vert ,  ce  qui  marque  allez  la  grolliercté  de  ces 
mêmes  parties.  Il  faut  donc  prendre  garde  de  la 
faire  trop  bouillir.  Avec  cette  précaution  on  peut 
S'afllirer  d'avoir  une  boiifon  merveilleufe  ,  pour 
produire  les  effets  falntaires  que  nous  venons  de 
tnarquef.  Il  y  a  même  lieu  de  croire  que ,  li  l'ufage 
s'en  introduit ,  ce  ne  foient  pas-là  les  feuls  avan- 
tages qu'on  en  pourra  retirer.  Andry. 

Nous  remarquerons  qu'ayant  fait  ufage  de  cette 
boiifon ,  nous  avons  découvert  qu'outre  les  qua- 
lités qu'on  vient  de  rapporter,  elle  a  celle  de  fôu- 
tenir  les  forces  contre  l'inanition  :  enforte  qu'étant 
prife  à  jeun ,  on  peut  le  palier  plus  long-temps  de 
nourrirure  ,  fans  en  être  incommodé.  C'efl;  de- 
guoi  fe  convaincront  aifément  ceux  qui  en  vou- 
«droient  faire  l'expérience.  Journal  des  Sav.  I/KS, 
p.  285. 

Pour  qu'on  ne  foit  pas  obligé  de   pefer  chaque 

fois  le  Ciz/è; ,  nous  ajoutons  que  28  grains  de  cafc, 

mondé  fonr  un  gtos.  Obfervons  encore  qu'il  y  a 

128   gros  dans  une  livre  s  &  que  comme  le  café 

peut  fervir  trois  fois,  il  y  aura  384  prifes  de  café 

dans  une  livre.  Une  perlbnne  qui  n'en  prendra  qu'une 

fois  le  jour,  n'en  dépenléra  pas  Une  livre  en  un  an. 

Il  s'en  faut  beaucoup  qu'il  en  foit  de  même  en  le 

brûlant.    Un    homme  tombé  en  apoplexie   en  fut 

tiré  par  plusieurs  lavemens   de  café,  Acad.  1720  , 

Hifl:./7.  29. 

Café  mariné,   C'efl:  du  café,  qui  a  été    mouillé  de 

l'eau  marine,  &:  pni";  léché.  On  ellime  peu  cette 

forte  de  cafc ,  à  caufe  de  l'àcreté  que   lui  donne 

l'eau  marine  ,  &  que  ne  lui  ôte  pas  même  la  torré- 

faftion. 

On  appelle  auffi  café ,  un  lieu  defl;iné  à  prendre  du 

café  ,  une  maifon  où  l'on  va  prendre  le  café ,  pour 

de  l'argent.  Il  demeure  près  d'un  café.  Nouvelle  de 

cafc.  On  dit  qu'il  y  a  trois  mille  cafés  à  Londres. 

Il  y  a  en  Turquie  des  cabarets  exprès  pour  vendre 

du  cafc,  comme  on  fait  le  vin  en  France. 

Café.  Coale\«:  de  café.  Cefl:  la  couleur,  non  pas  de  Is 

fève,  ou  rôtie  ou  non  rôtie-,  mais  celle  de  cette 


G  A  F 


ï 


fève  rotie&  réduite  en  poudre  »  éd  de  l'caii  dj.ns 
laquelle  elle  a  bouilli  ',c'eft-à-dire,  un  châtain  foncé, 
Cafœi  color.  Rufus.  J'ai  levé  un  habit  c»u!eur  de 
café.  On  dit  quelquefois ,  en  abrégeant ,  urt  drap 
café;  fon  habit  efl:  café.;  oû  de  ^café\  C'efl:  cet 
homme  vêtu  de  café.  On  foûl'entehd  la  cou/air. 
CAFETAN  ou  CAFFTAN.  f.  m.  Robe  longue  dccamë-- 
lot  ;  agrafée  6:  bordée  par-devant  avec  des  courtes 
manches,  que  portent  ordinairement  les  principaux 
Officiers  Militaires  Turcs.  On  accorda  par  une  dif- 
tinétion  particulière  aux  Officiers  des  Vaiflcaux  du 
Roi ,  douze  Kerckes  -,  outre  dix  Cafetans:: .  Merc 
Dec.  1724.  Le  mot  de  Kercke  efl:  Grec  i  &  a  différent 
tes  lignifications ,  expofécs  dans  le  Jardin  des  Racines 
Grecqiies ,  art.  91,  nos  1 1  &  1 2  -,  mais  je  n'y  vois  rien 
qui  puiife  convenir  ici.  Sa  Majefl:é  Czarienne  vou- 
lanr  marquer  fa  confidération  à  Donduk  Ombro  ; 
lui  à  envoyé  le  cafetan  &c  le  Sabre ,  fuivant  l'u- 
fage établi  parmi  les  Princes  Mahométans.  Merc, 

Juin.  173^. 

CAFETIER,  f.  m.  Prononcez  Caftie'r.  Rîchelet  dit 
qu'on  appelle  ainli  un  homme  qui  ne  vend  que  du 
café  en   femence  ,  ou  ,  comme  on  dit  ,  en  fève, 

03"  Nous  entendons  aifjourd'hui ,  par  Cafetier  ,  "ce- 
lui qui  vend  du  café ,  du  chocolat ,  des  liqueurs  froi- 
des &  chaudes.  Foye^  Ln»roNADlER  ,  qui  fe  dit 
plus  ordinairement. 

CAFETIÈRE,  f.  f.  Petit  vaifleau  fait  en  forme  de  co- 
quemar,  dans  lequel  on  prépare  le  café.  Kz/cv/A/w 
coqnendo  Cafxo  lioneum.  Cafetière  de  terre  j  cafe- 
tière de  faïcfncc ,  cafetière  de  fer  blanc  -,  ou  de  cui- 
vre ,  cafetière  d'argent.  Prononcez  comme  s'il  étoit 
écrit  caftiere,  ou  prefque  de  la  même  manière. 

CAFIFR.  f  m.  Efpèce  de  Jafmin  d'Arabie  dont  là  fe- 
mence nous  eft  connue  fous  le  nom  de  café.  Jaf- 
mini:-m  Arakicum  ,  Lauri  folio,  cujus  fetnen  apiii 
nos  café  àicitur ,  Act,  Ac.  R,Pan.  Cet  arbre  a  été 
apporté  en  Europe  en  1737  par  lés  Holiandois, 
&:  en  1709  il  donna  des  fruits  au  jardin  d'Amfter- 
dam  ;  avant  ce  temps-là  on  ne  connoirtoit  point 
fon  caraétère  ;  Se  les  diiférens  fentimens  des  Au- 
teurs qui  avoient  traité  du  café  ,  faifoient  naître 
des  doutes  qu'on  rie  pouvoit  réfoudre  que  par  la 
vue  &  la  culture  de  certe  plante.  Celui  qui  en  a 
le  mieux  parlé,  efl:  M.  Galland  ,  dans  une  lettre 
qu'il  imprima  en  1(^99  à  Caen  ,  ëc  qui  contient  une 
Traduélion  d'un  Traité  fur  le  café  ,  compofé  par 
Abdalcader  Ben  Mohammer  ,  qui  vivoit  l'an  996 
de  l'Egire  ,  c'efl-à-dire,  1587  de  J.  C.  Cet  Auteur , 
à  la  fin  de  cet  ouvtage  ,  témoigne  qu'il  a  vii  à 
Conftantinople  les  rejetons  d'un  arbre  de  café.  Un 
Turc  qui  avoir  pris  foin  de  le  cultiver  ,  voyant 
qu'il  avoit  gelé  ,  le  coupa  par  le  pied  ;  mais  il 
pouffa  des  rejetons.  Il  ajoute  que  fes  feuilles  font 
vertes  toute  l'année  -,  qu'elles  relfemblent  à  celles 
du  Laurier  j  excepté  qu'elles  ne  font  pas  lî  poin- 
tues ,  mais  plus  épailfes ,  &  d*un  vert  plus  foncé. 
M.  Nointel ,  Ambalfadeur  du  Roi,  le  fit  f^eindre. 
Le  Cafcr  ,  qui  efl  garni  en  tout  temps  de  feuilles, 
donne  beaucoup  de  branches  un  peu  horifontales , 
toujours  oppofées ,  &  chargées  d'efpace  en  efpace 
de  feuilles  oppofées  deux  à  deux  ,  à  queue  fort 
courte,  La  figure  de  ces  feuilles  efl:  pareille  à  celle 
du  Laurier  ,  a.vec  cette  différence  ,  qu'elles  font 
plus  larges ,  plus  pointues  i  d'un  verr  gai  &  lui- 
fant  en  defîlis,  plus  pâle  en  delfous  ,  &  qu'elles 
n'ont  qu'un  goût  douceâtre  &  d'herbe,  fans  odeur 
particulière.  De  l'aiffelle  de  la  plupart  de  ces  feuilles 
naiffent  des  fleurs  jusqu'au  nombre  de  cinq,  foutenues 
par  un  pédicule  fort  courr.  Ces  fleurs  font  à  peu 
près  de  la  figure  &  dil  diamètre  des  fleurs  du  Jafinin 
d'Efpagne  -,  niais  elles  font  toutes  blanches  ;  leur 
ruyau  efl;  plus  court,  &  leurs  découpures  plus  étroi- 
tes-,  les  étamines ,  outre  cela,fe  trouvent  en  nom- 


foutient  la  fleur  efl:  à  quatre  pointes.  Se  enviionné 
lin  embryon  ou   jeune  fruir   furmonté   d'un  ftyie 


1^)0 


C  A  F 


fourchu  qui  enfile  la  fleur.  Ce  jcanc  fruit  cft  ter- 
miné pir  un  périr  nombril,  &c  devient  de  la  grol- 
feur  d'iin  Bigarreau  moyen  ,  vert    clair    d'abord, 
puis  rougeârre  ,  cnliiite  d'un  beau  rouge ,  &  enhn 
rouge  oblcur  dans  fa  parfaite  miturité.   La  chau- 
de 'ce  fruir  eft   mince  ,  blanchâtre  ,  glaireufe  ,  &c 
d'un  goût  allez  tade.  Ce  goût  fe  change  en  celui  de 
nos  petits  pruneaux,  lorlque  cette  dhaiv  elt  deilc- 
chée.  Cette  cl-mir  icrt  d'enveloppe  comm-une  a  deux 
coques  minces,  dures  cependant,  étroitement  unies, 
'&c  qui  gardent  la  fti^nire  de  la  Icmence  qu'elles  con- 
tiennent ,  qui  eft  ovale  ,  plate  d'un  côté ,  &  crcu- 
fée  de  ce  même  côté  ,  &  dans  fon  milieu  par  Un 
fiUon  aficz  profond  ,   arrondie  &  voûrée   du  cote 
opt^olc.  Si  une  de  ces  deux  IcmchcesYicht  a  avorter, 
celle  qui  reliera ,  occupera  tour  le  truit ,  qui  pour 
lors  n'aura  qu'une  loge.  Cette  ieme'nce  ,   quoique 
dure  &  de  iubfliance  comme  de  corne  ,  veut  être 
mife  en  terre  auflî-rôt  qu'elle  eft  mûre,  autrement 
elle  a  peine  à  germer ,  &c  ne  fauroit  profiter.  Cette 
obfervation  ,  qui  cft  très-ceitaine ,  dilculpe  kslia- 
bitans  du  Royaume  dlcmen ,  où  cet  arbre  ie  ciil- 
»ve  ,  de  la  malice  qu'on  leur  impuroit ,  de  trem- 
per dans  l'eau  bouillante  ,  ou  de  palier  au  four  tout 
le  café  qu'ils  vendent  aux  étrangers ,  dans  la  crainte 
de  perdre  un  revenu  trcs-confidéiable  que  leur  pro- 
duit fa  culture.  On  afliire  qu'ils  en  débitent  pour 
plus  de  cinq  millions  d'argent  chaque  année  ,  ce 
qu'on  n'a  pas  peine  à  croire  ,  lorfqu'on  iait  atten- 
tion à  la  grande  confommaçion  qui,  s'en    tait   en 
Turauie  èc  en  Em-ope.  Comme  il  n'y  a  point  d'hi- 
ver dans  le  Royaume  d'Iémen  ,  on  eft  obligé  en 
Europe  de  conlcrver  ie  Cafier  dans  des  lerres  où 
l'on  fair  du  feu  pour  y  entretenir  une  chaleur  douce. 
Cet  arbre  porte  beaucoup  de  fruits ,  lorfqu'il  eft 
jeune.  Les  HoÙandois  ont  à  Batavia    des  Cafers 
qui  ont  près  de  40  pieds  de  haut ,  £c  à  Amfterdâm 
ils  en  ont  qui  ont  déjà  15  à  14  pieds.  M.  Paneras , 
Bourçruemeftre,  Régent  de  la  ville  d' Amfterdâm,  en- 
voya'au  Roi  en  lyi^.nn  Cafier  haut  de  cinq  pieds , 
qui  donna  dans  la  même   année  des  fleurs  &  des 
fruits.  Profp.  Alp.  Commelin  ,  Dufour,  Gallant,  & 
7ranfaclions  FhUof.   d'Jngleïerre.  Bligni,    Malp. 
M.  De  Julfieu  a  fiit  le  mot  de  Cafier  pour  ligni- 
fier cet  arbre  -,  mais  communément  on  dit  café.  Ar- 
bre de  café  ,  ou  à  café.  Les  Malouins  ont  fait  au 
commencement  de  ce  liecle  deux  voyages  à  Moka , 
pour  en    apporter    du  café.   Au  fécond   voyage  , 
quelques-uns   furent    députés  à  la-  Côut   du  Roi 
d'Icmen  ,  à  Mouab.  On  a  donné  une  Relation  de 
ces  deux  voyages  en  1616.  à  la  fin  de  laquelle  on 
a  joint  un  mémoire  concernant  l'arbre  Se  le  ftuit 
du  Café ,  dreflè  fur  les  Obfervations  de  ceux  qui 
ont  fait  le  dernier  voyage.  Voici  un  précis  de  ce 
qu'ils  en  diient.  L'arbre  qui  produit  le  café  s'élève 
depuis  6,  jufqu'à  11  pieds  de  hauteur-,  fa  groHeur 
eft  de  dix ,  douze  ,  jufqu'à  quinze  pouces  de  cir- 
conférence. Quand  il  a  atteint  fOn  état  de  perfec- 
tion ,  il  reffemble  fort  pour  la  figure  à  un  de  nos 
pommiers  de  8  à  10  années.   Les  branches  infé- 
rieures fe  courbent  ordinairement ,  quand  cet  arbre 
eft  un  peu  âgé ,  &c  eh  même-temps  s'étendent  en 
rond  ,  formanr  une  manière  de  parafol.  Le  bois  en 
eft  fort  tendre ,  &  fi  pliant ,  que  le  bout  de  fa  plus 
longue  branche  peur  erre  amené  jufqu' à  deux  à  trois 
pieds  de  terre.  Son  écorce  eft  blanchâtre  ,  &c  un 
peu  rabôteufe.  Sa  feuille  approche  fort  de  celle  du 
Citronier ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  tout-à-fait  fi  poin- 
tue, nifiépaiilei   la  couleur  en  eft  aulTi  d'un  verr 
un  peu  plus  foncé.  L'arbre   du    café    eft_  toujours 
vert ,  &  ne  fe  dépouille  jamais  de  toutes  fes  feuilles 
à  la  fois  :  elles  font  rangées  des  deux  côrés  des  ra- 
meaux ,  à  une  médiocre  diftance ,  &  prefque  à  Top- 
pofite  l'une  de  l'autre. 

Prefque  dans  toutes  les  faifons  de  l' année  ,  on 
Voit  un  même  arbre  porter  desfleurS  &:  des  fruits, 
âont  les  uns  font  encore  verts ,  S^  les  autres  mûrs 
ou  près  de  leur  maturiré.  Ses  fleurs  font  blanches , 
&.  refiemblept  beaucoup  à  cellesdujafmin  ,  ayant 


C  A  iF 

de  même  tinq  petites  feuilles  affez  courtes  -,  l'odeui 
en  eft  agtéable  ,  &  a  quelque  choie  de  balfamir- 
que  ,  quoique  le  goût  en  foit  amer.  Elles  nailfenc 
dans  la  jonélion  des  queues  des  feuilles  avec  les 
branches. 

Quand  la  fleur  eft  tombée,  il  reftc  en  fa  place, 
ou  plutôt  il  nak  de  chaque  fleur  ,  un  peut  fruit 
fort  vert  d'abord ,  qui  devient  rouge  en  m.ûriflanr, 
&:  eft  fait  à  peu  près  comme  une  groife  cerife.  Il 
éft  fol't  bon  à  manger ,  nourrir  Se  rafraîchit  beau- 
coup. Sous  la  chair"  de  cette  cerife  ,  on  trouve  au 
lieu  de  noyau ,  la  fève  ou  la  graine  que  nous  ap- 
pelons café  ,  ehvelôpce  d'une  pellicule  très-fine. 
Cette  fcve  cft  alors  extrêmemenr  tendre  ,  &  fon 
goût  eft  afiez  défagréable  -,  mais  à  mcfure  que  cette 
cerife  mûrit ,  la  fève  qui  eft  dedans ,  acquiert  peu 
à  peu  de  la  durere  ,  Se  enfin  le  Ibleil  ayant  tout-à- 
fait  dcfféché  ce  fruit  rouge,  fa  chair  que  l'on  man- 
geoit  auparavant ,  devient  une  baie  ,  ou  goufle  de 
couleur  fort  brune  ,  qui  fait  la  première  écorce , 
ou  l'écorce  extérieure  du  café ,  &  la  fève  cft  alors 
folide ,  &  d'un  vert  fort  clair  :  elle  nage  dans  un» 
efpèce  de  liqueur  épaifle ,  de  couleur  brune  ,  Se 
extrêmement  amère.  La  goulfe  qui  cft  attachée  à 
l'arbre  par  une  petite  queue  fort  courte  ,  eft  un 
peu  plus  grolTe  qu'une  graine  de  laurier  ,  &  chaque 
goufle  ne  contient  qu'une  feule  fève  ,  laquelle  fe 
divife  ûrdinaircmenr  en  deux  moitiés. 

Cette  fève  eft  entourée  immédiatement,  comme 
nous  l'avons  dit ,  d'une  pellicule  fort  fine  ,  qui  en 
eft  comme  la  féconde  écorce  ,  ou  l'ccbrce  intérieure. 
Les  Arabes  font  beaucoup  de  cas  de  l'une  Se  de 
l'autre ,  pour  compcfet  te  qu'ils  appellent  leur  café 
à  la  Sultane. 

Les  arbres  de  Café  viéhnertt  de  femaille  &  non 
pas  de  herghe  ,  ou  de  bouture  ,  comme  quelques- 
uns  l'ont  dit,  par  les  gonfles ,  c'eft-à-dire,  le  fruit 
entier  j  &  dans  fa  parfaite  maturité,  mis  enterre, 
-dont  on  élève  enfiiite  les  plans  en  pépinière ,  pour 
les  replanter  où  l'on  veut. 

Le  pred  des  montagnes,  Se  les  petites  collines» 
dans  les  cantons  les  plus  ombragés  ,  &  les  plus 
humides ,  font  les  lieux  deftinés  aux  plantations  des 
cafés.  Leui  plus  grande  culture  confifte  à  détour- 
ner les  eaux  de  fources ,  Se  les  petits  ruifleaux ,  qui 
font  dans  les  montagnes  ,  Se  à  conduire  ces  eaux 
par  petites  rigoles ,  jufqu'au  tour  du  pied  des  arbres  ; 
car  il  faitt  néceflairemei'u  qu'ils  foient  arrofés  &  bien 
humeètés  pour  frudifier  ,  Se  pouï  porter  leur  fruit 
à  maturité.  C'eft  pour  cela  qu'en  replantant  le  café  * 
les  Arabes  font  une  fofle  de  trois  pieds  de  large  Se 
de  cinq  -pieds  de  profondeur ,  qu'ils  revérifient  de 
cailloux ,  afin  que  l'eau  ait  plus  de  facilité  à  en- 
trer bien  avant  dans  la  terre  ,  dont  cette  folle  eft 
remplie  ,  Se  y  entretienne  la  fraîcheur  convenable. 
Cependant  quand  ils  voient  fur  l'arbre  beaucoup 
de  ccfé  mûr  ,  ils  dérourncnt  l'eau  de  fon  pied , 
afin  que  le  fruit  fèche  un  peu  fur  les  branches, 
ce  que  la  trop  grande  humidité  pourroit  empêcher. 
Dans  les  lieux  expofcs  au  midi ,  ou  qui  font  trop 
•découverts  ,  ces  arbres  fe  trouvent  plantés  fous 
d'autres  grands  arbres  ,  qui  font  une  efpèce  de  peu- 
pliers ,  qui  leur  fervent  d'abri  ,  &  les  mettent  à 
couvert  de  l'ardeur  exreTnve  du  foleil.  Sans  cet 
ombrage  qui  entretient  la  fraîcheur  deflbus ,  la  flejr 
du  café  feroir  bientôt  brûlée,  Se  ne  produiroir  ja- 
mais aucun  fruir.  Dans  les  lieux  moins  chauds ,  ils 
font  à  découvert,  viennent  Se  rapportent  à  mer- 
veille fans  le  fccouLs  de  ces  grands  arbres  qu'on 
n'y  voit  point.  En  quelques  endroits  ,  comme  fur 
la  route  de  Moka  à  Mouab  ,  Se  dans  le  canton  de 
Redia  ,  les  cafés  font  plantés  par  ordre  Se  en  ali- 
gnement à  une  même  diftance  l'un  de  l'autre. 

A  l'égard  de  la  réc*lte  du  café ,  comme  l'arbre 
qui  le  porte ,  eft  chargé  tout  à  la  fois  de  fleurs , 
de  fruits  imparfaits  Se  de  fruirs  mûrs,  c'eft  une 
néceHité  qu'elle  foit  faite  en  trois  rems  diffcrensi 
Se  à  cet  égard  on  peut  dire  qu'il  y  a  trois  faifons 
dans  l'aniice  propres  à  la  cueillette  du  cafc  ;  mais 


C  A  F 

ces  temps  ne  font  pas  bien  fixes  &  réguliers ,  de 
forte  que  les  Arabes  ne  reconnoiflcnc  de  récolte 
proprement  dite,  que  celle  du  mois  de  Mai ,  parce 
que  c'eft  la  plus  grande  de  toure  l'année.  Quand 
ils  veulent  cueillit  le  café,  iis  étendent  des  pièces 
de  toile  fous  les  atbres ,  que  l'on  fecoue  eiilliite  ; 
tout  le  café  qui  le  trouve  mûr ,  tombe  avec  facilité  : 
on  le  met  dans  des  iacs  pour  le  tranfporrer  ailleurs , 
&  le  mettre  en  monceau  fur  des  nattes  ,  afin  qu'il 
fèche  au  foleil  pendant  quelque  temps ,  &  que  les 
gouifes  qui  contiennent  la  fève  ,  puilfent  enfuite 
s'ouvrir  par  le  moyen  de  gros  rouleaux  de  pierre 
ou  de  bois  fort  pefans ,  que  l'on  pafle  par-deHiis. 
Lorfquepar  ce  travail  le  café  eft  forti  de  lés  ccorces , 
&c  fcparé  en  deux  petites  fèves  ,  ou  plutôt  en  deux 
moitiés,  qui  ne  faifoient  auparavant  qu'une  lève, 
on  le  met  de  nouveau  lécher  au  foleil,  parce  qu'il 
eft  encore  allez  vert,  &  que  le  café  trop  frais, 
Se  qui  n'cft  pas  bien  fec ,  court  rifque  de  fe  gâter 
fur  la  mer.  On  le  vanne  enfuite  dans  de  grands 
vans  pour  le  nettoyer ,  afin  que  le  débit  en  foit 
meilleur  i  car  ceux  qui  ne  prennent  pas  le  foin  de 
rendre  leur  café  bien  net  &  féché^  à  propos  ,  le 
vendent  beaucoup  moins. 

Le  fcLil  royaume  d'Iémen  ,  à  l'exclulîon  de  toutes 
les  autres  régions  de  l'Arabie ,  produit  l'arbre  du 
café.  Encore  cet  arbre  ne  le  trouve-t-il  en  grande 
abondance  que  dans  trois  cantons  principaux  ,  qui 
font  ceux  de  Detelfasui ,  Senan  ou  Saana  ,  &  Gai- 
bany,  du  nom  de  trois  villes  qui  font  dans  les 
montagnes.  Voyages  de  l'Arabie  heureufe  ,  1 ,  124. 

Les  Arabes  croient  que  le  café  ne  croît  nulle 
part  ailleurs  que  dans  l'Ièmen.  On  a  cru  cependant 
qu'il  venoit  originairement  d'Ethiopie  ,  d'où  il  a  été 
tranfporté  dans  l'Arabie  Heureufe.  Certe  opinion 
eft  en  quelque  forte  confirmée  par  la  Relation  d'un 
voyage  qu'a  fait  Charles- Jacques  Poncet  en  Ethio- 
pie, dans  les  années  KîgS,  i(?99  &  1 700^6;  in- 
férée dans  le  IV  Recueil  des  Letttes  édites  par 
les  Millionnaires  Jéfuites ,  imprimé  en  1704  à  Paris. 
Ce  Voyageur  dit  qu'on  voit  des  Cafés  en  ce  pays- 
là  ,  mais  qu'on  ne  les  cultive  que  pat  curiofité.  S'il 
eft  vrai  que  les  Abilfms  foient  venus  d^'Arabie  en 
Ethiopie  des  les  premiers  temps ,  comme  l'écrit  Lu- 
dolfe ,  ils  auront  pu  y  porter  d'Arabie  l'arbre  du 
café,  qui  apparemment  n'auta  pas  beaucoup  réullij 
puifqu'il  eft  même  fort  incertain  qu'on  en  trouve 
aujourd'hui  en  Ethiopie.  Du  Poncet  ne  paroît  pas 
en  avoir  vu  ,  tant  la  defcription  qu'il  en  fait ,  eft 
peu  lelfcmblante.  D'ailleurs ,  ni  le  P.  Tellez ,  Jé- 
fuite  ,  dans  fa  Relation  d'Ethiopie  ,  la  plus  efti- 
mèe  que  nous  ayons ,  ni  Ludolfe  ,  dans  fon  hiftoire 
d'Ethiopie  fi  curieufe  &  fi  exaéte  ,  ne  parlent  en 
aucune  manière  du  café.  Voyage  de  l'Arabie  Heu- 
reufe ,  p.   189  ,  zpo. 

Outre  l'Ethiopie  ,  le  café  croît  aulfi  dans  l'Ile 
Bourbon.  La  fève  eft  un  peu  plus  longue  &  plus 
pointue  pat  les  deux  bouts  que  celle  du  cafc  de 
l'Arabie.  Un  Jéfuite  qui  partit  le  7  Mars   172^1  , 
fur  la  Danaé  pour  la  Chine ,  &  qui  paffa  p«r  l'Ile 
Bourbon ,  y  remarqua  cet  arbre  :  &:  voici  ce  qu'il 
en  a  mandé  de  l'Ile  même  le  7  Juillet  1 711.  J'ai 
remarqué  avec  foin  le  café  venu  de  Moka ,  qu'on 
y  cultive  (  à  l'Ile  Boutbon  ) ,  Si  le  fauvage ,  qui  y 
a  été  de  tout  temps  ,  &:  qui  y  eft  très-bon.  Ce 
café  fauvage  eft  de  vrai  café  ,  d'une  efpèce ,  à  1  a 
vérité ,  un   pcni  différente  du  café  d'Arabie  ,  mais 
qui  n'eft  ni  moins  bon  ,  ni  moins  falutaire  ,  & 
qui  même  a  des  qualités  que  l'autre  n'a  pas ,  ainfi 
que  l'a  éprouvé  M.  de  JufTieu  ,   à  qui  la  Com- 
pagnie des  Indes  en  envoya  pour  l'examiner.  Voici 
à  peu  près  le  compte  cjue   cet  habile    Botanifte 
en  rendit.  Le  café  de  l'Ile  de  Bourbon  eft  un  arbre 
aulTi-bien  que  celui  de  l'Arabie.  Les  branches  de 
l'un  &:  de  l'autre  croifl'ent  le  long  de  la  partie 
fupérieure  du  tronc ,  oppofées  l'une  à  l'autre ,  & 
rangées  de  manière  qu'elles  fe  croifcnt  entre  elles. 
Leuis  feuilles  fuivent  la  même  difpofition,  &  ap- 
prochent de  la  figure  de  celles  du  Laurier,  ou  du 


CAF  î^î 

Citronier  ,  avec  cette  différence  ,  que  celles  du 
Cafier  de  l'Ile  Bourbon  font  plus  courtes  &  plus 
ventteufes  que  celles  du  café  de  Moka.  La  fleur 
qui  dans  tous  les  deux  eft  de  même  ftrudure , 
c'eft-à-dire  ,  femblable  à  celle  du  Jafmin,  fort  éga- 
lement dans  l'un  &  dans  l'auttc  de  ces  cajiers  , 
de  l'aiHélle  des  feuilles ,  &  ne  diffère  que  très-peu 
en  grandeur.  Le  fruit  de  l'un  &  de  l'autre  eft  une 
baie  charnue  de  la  grolTeur  d'une  cerile  ,  qui  ren- 
ferme deux  fcmences  enveloppées  chacune  dans 
une  coque  très-mince  :  &  ces  femences  ont  en  tout 
la  même  figure  ,  excepté  que  celle  du  cafier  de 
l'Ile  Bourbon  eft  beaucoup  plus  longue  ,  d'une 
conliftancc  plus  compaifte  que  celui  d'Arabie  ,  & 
que  fa  couleur  tire  plus  fur  le  vert-brun  ou  fut 
le  jaune  ,  au  lieu  que  celle  de  l'autre  tire  fur 
le  gris. 

Toutes  ces  différences  n'établilTent  pas  un  nou- 
veau genre  d'arbre  ,  mais  feulement  une  efpèce 
différente  :  ce  qui  fait  voir  qu'il  pourroit  encore  fê 
trouver  d'autres  efpèces  en  différens  pays ,  comme 
depuis  peu  nous  en  avons  vu  apporter  de  Ben-» 
gale ,  dont  l'efpèce  eft  plus  petite  que  ces  deux- 
ci  :  ce  qui  ne  les  rend  les  unes  &  les  autres  pas 
moins  d'ufage ,  que  le  font  chez  nous  les  aman- 
des ,  les  cerifes  &  les  pêches ,  quoique  les  diffé- 
rences entre  leurs  efpèces  foient  encore  plus  con^ 
fidérables. 

Mais  comme  l'expérience  &  l'ufage  en  doivent 
décider  plus  que  les  yeux ,  M.  de  JulTieu  fit  lotir  en 
même  temps  parties  égales  de  café  de  Moka  & 
de  celui  de  l'Ile  Bourbon  ,  &  il  obferva  que  l'o- 
deur de  celui-ci  étoit  pour  le  moins  aulfi  agréa- 
ble ,  Se  aulfi  pénétrante  que  celle  du  premier.  Il 
vit  Ibrtir  de  l'un  &  de  l'autre  de  ces  cafés  cette 
huile  dont  l'exhalaifon  produit  cette  odeur ,  aveu 
cette  différence  à  l'avantage  du  café  de  l'Ile  Bour- 
bon ,  qu'il  fournit  une  quantité  plus  abondante  de 
cette  huile  ,  &  qu'il  conferve  plus  long-temps  les 
efprits ,  parce  qu'il  eft  d'une  tilfure  plus  ferme. 
Aulfi  M.  Julfieu  remarqua-t-il  pat  la  comparaifoji 
qu'il  fit  de  quelques-unes  de  ces  femences  qu'il 
avoit  fait  rotii  plus  de  cinq  ans  auparavant  avec 
celles  que  les  Direéteurs  de  la  Compagnie  des 
Indes  lui  avoient  envoyées  tout  récemment ,  que 
ces  premières  avoient  peu  perdu  de  leur  goût  dans 
cet  efpace  de  temps ,  au  lieu  que  celui  de  Moka 
ne  put  foutenir  cette  épreuve ,  &  qu'après  une 
année  de  garde ,  depuis  la  torréfaction,  il  fe  trouve 
ou  éventé  ou  rance.  C'eft  encoie  à  cette  même 
caufe  qu'il  faut  attribuer  la  verru  qu'a  le  café  de 
Bourbon par-delfus  celui  de  Moka,  de  confervec 
plus  long-temps  fes  efprits  ,  même  étant  moulu, 
&  d'être  moins  fujet  à  fe  réduire  en  charbon,  quand 
on  le  lailfe  un  peu  de  temps  fur  le  feu. 

Le  goût  de  l'infufion  de  ces  femences  rôties  &C 
grolfièremenr  moulHes,qui  eft  la  dernière  marque 
qui  peut  mieux  faire  juger  de  leur  bonté ,  n'a  p-tS 
été  moins  favorable  à  celui  de  l'Ile  Bourbon,  qus 
les  autres  épreuves  que  l'on  en  fir  ;  car  ayant  pris 
un  poids  égal  de  la  poudre  des  femences  de  l'une 
&  de  l'autre  ,  rôties  &  pulvérifées  en  même  temps , 
on  les  fit  cuire  dans  deux  cafetières  différentes  con 
tenant  égale  quantité  d'eau  proportionnée  à  celle 
du  café;  l'un  &  l'autre  parurent  avoir  un  goûta 
peu  près  femblable;  &  fi  l'on  y  remarqua  quelque 
différence ,  elle  ne  fut  que  de  quelques  dégrés  de 
vivacité  que  la  boiflbn  du  café  de  l'Ile  Bourbon 
parut  avoir  plus  que  l'autre.  Ce  que  M.  De  Julfieu 
n'a  pourtant  pas  voulu  abfolument  affurer ,  parcft 
que  cela  pourroit  dépendre  de  la  manière  différente 
dont  on  pourroit  le  rôtir  ou  le  cuire. 

Une  dernière  épreuve ,  fur  de  mêler  une  partie 
du  café  de  l'Ile  Bourbon  avec  deux  parties  de  ce- 
lui de  Moka  en  poudre  ;  &  la  boilfon  que  donna 
ce  mélange  ne  fut  point  différente  de  celle  qui 
fe  fait  ordinairement  avec  le  café  d'Arabie  tout 
feul.  Quand  on  mêla  deux  parties  égales  de  l'un 
&  ds  l'autre,  la  différence  fe  fit  un  peu  fentit  » 


1^1 


C  AV 


ceux  qui  favoient  le  mélange ,  nuis  ceux  qui  ne 
furent  point  prévenus ,  ne  s'en  apperçurent  point. 
Quelques  pcnonnes  même  ayant  pris  du  café  de 
l'Ile  Bourbon ,  tout  leul ,  l'ans  le  l'avoir  ,  &  l'ans 
être  averties ,  ne  s'apperçurent  d'aucune  difFcrence. 
Il  eft  néanmoins  certain  que  le  café  de  l'Ile  Bour- 
bon a  une  légère  amertume  .  &c  une  petite  pointe 
un  peu  plus  vive  que  celui  d'Arabie.  Ce  qui  ne 
peut  être  qu'une  bonne  qualité  plutôt  qu'un  défaut  : 
puilqu'avec  une  moindre  quantité  de  ce  café  long  , 
on  fait  une  intulion  auffi  colorée  &c  auiîl  forte 
qu'avec  une  plus  grande  quantité  de  café  ordi- 
naire i  &  li  l'on  veut  en  mettre  infuler  une  pa- 
reille quantité  ,  on  la  rend  avec  une  doi'e  de  fucre 
proportionnée  ,  tout-à-fait  femblable  à  l'autre.  M. 
De  Julficu  a  même  obfervé  que  par  le  mélange 
du  lait  ,  l'infufion  de  cette  nouvelle  efpcce  de 
cafi:  eft  auilî  agréable  que  celle  du  café  de  Moka. 
Toutes  ces  obfervations  montrent  que  cette  nou- 
velle efpèce  peut  être  auHi  agréable  &c  auilî  utile 
à  la  fanté  que  l'ancienne. 

Il  croit  auflî  du'  café  à  l'île  de  Java.  Ga^. 
1725  ,  p.  47.  On  en  a  auilî  porté  à  la  Martinique  , 
&  en  d'autres  îles  de  l'Amérique  méridionale ,  où 
il  vient  fort  bien. 

^  CAFETAN,  r.  m.  Robe  de  diftincîlion  en  ufage 
chez  les  Turcs.  Le  Grand  Seigneur  envoie  des 
Cafetans  aux  perfonnes  qu'il  veut  honorer  ,  fur- 
tout  aux  Ambaiîadeurs  &  à  ceux  qui  paroiflent  à 
fon   audience  Acad.  Fr. 

CAFFA.  f.  (.  Toiles  de  coton  qui  fe  fabriquent  aux 
Indes  Orientales ,  &  qu'on  achctte  au  Bengale,  l'Au- 
nagc  en  eft  inégal.  Ces  toiles  font  peintes  de  di- 
verfes  couleurs ,  &  elles  font  remarquables ,  &  curieu- 
fes  par  une  grande  variété  de  deflcins. 

ffT  Caffa  ,  ville  de  la  petite  Tartarie  ,  fur  le 
bord  de  la  mer  Noire  ,  du  côté  de  l'ancien  Bof- 
phore  Cimmérien  ,  aujourd'hui  appelé  le  Détroit 
de  Caffa  ,  du  nom  de  la  ville.  C'eft  la  capitale  de 
la  Tartarie  Crimée. 

CAFFILA.  f.  i.  La  Caffila  eft  proprement  dans 
l'Empire  du  Roi  de  Perfe  ,  ce  que  le  mot  de  ca- 
ravane lignifie  dans  l'Empire  du  Grand  Seigneur, 
C'eft  une  troupe  de  Marchands  ou  de  Voyageurs , 
ou  plutôt  c'eft  une  troupe  compofee  de  Voya- 
geurs &:  de  Marchands  qui  s'aJfeniblent  pour  tra- 
verfer  avec  plus  de  lîireté  les  Etats  du  Mogol ,  & 
autres  endroits  de  la  Terre- ferme  des  Indes.  Il  ya 
auilî  de  femblablei  caravanes  ou  Cajjîlas  qui  fe 
forment  &  s'aifemblent  pour  traverfer  les  déferts 
d'Afrique  ,  particulièrement  ce  qu'on  appelle  la 
mer  de  Sable  ,  qui  eft  entre  Maroc  &  Tiinbouélou, 
capitale  du  Royaume  de  Gago.Ce  voyage  eft  de  400 
lieues ,  &  dure  deux  mois  pour  aller  ,  &:  autant 
pour  le  retour  ,  la  Caffila  ne  marchant  que  la 
nuit  à  caufe  des  chaleurs  exceflîves  du  pays. 

Çaffila  fe  dit  auffi  des  petites  flottes  marchandes 
qui  partent  des  difFérens  porrs  que  les  Porrugais 
occupent  encore  ilir  les  côtes  du  Royaume  de  Gii- 
zarate ,  &  vont  3.  Surate  ,  ou  qui  reviennent  de 
Surate  aux  mêmes  ports  -,  ce  qui  fe  fait  fous  l'ef- 
corte  d'un  vaiileau  de  guerre  que  le  Roi  de  Por- 
tugal y  entretient  à  cet  effet. 

C  A  F  F  I  S,  f.  m.  Meliire  dont  on  fe  fert  pour  les 
grains  à  Alicanre.  Le  caffis  revient  à  une  charge  & 
demie  de  Marfeille  ,  Se  contient  iix  guillots  de 
Conftantinoplc  -,  ce  qui  revient  à  3(^4  liv.  poids  de 
marc. 

CAFRE.  Cafer  ,  a.  Nom  de  peuple  qui  habite  une 
grande  région  de  la  balTe  Ethiopie,  ou  la  côte 
Orientale  &:  Occidentale  de  la  pointe  Méridio- 
nale de  l'Afrique.  Les  Cafres  font  les  peuples  de 
la  terre  que  l'on  connoilfe  les  glus  groilîers ,  & 
les  moins  hommes.  Ils  habitent  dans  des  cavernes , 
ou  fous  des  cabanes  faites  de  branches  d'arbres  , 
&  couvertes  de  nattes  de  jong.  Ils  vont  nus  ,  font 
noirs  ,  mal-faits ,  fales  ,  brureaux ,  fauvages  prefquc 
comme  des  bctes ,  ?c  même  quelques-uns  ,  à  ce 
que  l'on  dit  ,    antropophages,  Pour  la  religion   , 


CA  F 

ils  ont  quelque  vénération  pour  la  Lune.  Ils 
ont  l'idée  d'un  être  Souverain  ,  qu'ils  appellent 
Humma  ■,  mais  ils  fe  mettent  peu  en  peine  de  lui 
rendre  aucun  culte.  Les  Cafres  font  divilcs  en  un 
très-grand  nombre  de  peuples  ,  qui  ont  chacun 
leur  Capitaine.  Ils  ont  aulIî  quelques  P^oyaumes. 
Leur  langage  n'eft  prefque  point  articulé  ,  &  plus 
femblable  aux  voix  des  bêtes  ,  qu'à  celle  des 
hommes. 

CAFRERIE.  Pays  des  Cafres.  Grande  contrée  d'A- 
frique ,  qui  s'étend  en  forme  de  demi -cercle  au- 
tour du  Royaume  de  Monomotapa  ,  dont  elle  eft 
féparée  par  une  chaîne  de  montagnes  qui  font  une 
partie  de  celles  de  la  Lune.  Selon  Sanut,  la  Cafrerie 
commence  fous  le  Tropique  du  Capricorne  ,  au  25* 
degré  &c  demi  de  latitude  Méridionale  ,  &  defcend 
jufqu'au  Cap  de  Bonne-Efpérance ,  d'où  remontant 
vers  le  Nord  jufqu'à  la  côte  de  Zanguebar,  elle  a 
pour  bornes  l'Océan  Indien  au  levant ,  l'Ethiopie 
au  couchant  ,  le  Méridional  au  fud ,  &  au  Nord 
les  montagnes  de  la  Lune  qui  la  féparent  du  refte 
de  la  terre  ferme.  Selon  Magin ,  &:  la  plus  com- 
mune opinion  ,  elle  s'étend  feulement  depuis  le 
Couchant  de  Cabo-negro  ,  jufqu'au  Cap  de  Bonne- 
Efpérance  ,  &:  de-là  jufqu'à  la  rivière  de  Magnice  , 
ou  du  S.  Efprit.  Dans  cette  opinion  la  Caffrerie 
comprend  environ  mille  lieues  de  côtes  en  Ion» 
gueur  &  depuis  cinquante  jufqu'à  cent  de  largeur. 
Tout  ce  pays  eft  fort  inculte  ,  &  particulièremenc 
vers  le  Couchant  &  le  Midi ,  où  il  eft  tout  hé- 
riifé  de  montagnes.  Il  eft  plein  de  lions ,  de  tigres, 
derhinocéros,  d'éléphans ,  d'ours ,  de  cerfs,  dcfan- 
gliers ,  &  d'aurres  bêtes  fauvages.  Il  n'y  a  prefque 
que  des  pâturages  où  les  habitans  nourriflent  une 
grande  quantité  de  bétail ,  dont  ils  tirent  la  prin- 
cipale partie  de  leur  entretien  :  la  pêche  &  la 
challe  leur  fourniifent  le  refte  ,  avec  quelques  ra- 
cines Se  du  riz  qu'ils  cultivent  en  certains  endrois* 
L'air  y  eft  fort  tempéré  -,  &  quoiqu'un  peu  froid 
vers  le  Cap  de  Bonne-Efpérance  à  caufe  des  ne- 
ges  qui  s'amailènt  fur  les  montagnes .  Il  eft  pour» 
tant  li  fain  par-tout ,  que  les  Cafres  vivent  ordi^ 
nairement  jufqu'à  cent  &  cent  vingt  ans.  On  trou- 
ve fur-tout  dans  le  Royaume  de  Sofola  une  gran- 
de quantité  d'or  dans  les  mines  &  le  long  des 
rivières. 

^  CAFSA.  Ville  d'Afrique ,  dans  la  partie  du  Bi- 
lagerid  qui  en  porte  particulièrement  le  nom ,  elle 
eft  ancienne  &  fondée  parles  Romains  ,  à  400  d« 
longitude,  &   à  27°  10'  de  laritude. 

Ç:y  CAFTAN,  f  m.  Nom  qu'on  donne  chez  les  Turcs 
Se  les  Perfans  à  une  efpèce  de  manteau. 

GAG. 

gCF  CAGAYAN.  Province  de  Luçon ,  l'une  des  Phi- 
lippines ,  dans  fa  partie  Septentrionale.  La  ville 
n'eft  point  nommée  Ca^ayan  ,  comme  quelques- 
uns  l'ont  écrir,  mais  la  nouvelle  Scville.  Voyc^zM, 
mot  Seville. 

lîC?  Il  y  a  auifi  dans  cette  province  une  rivière 
qui  porte  le  nom  de  Cagayan. 
CAGE.  f.  f.  Petite  loge  fermée  de  petits  bâtons 
d'ofier  ou  de  fils  d'archal  pour  mettre  des  oi- 
feaux.  Cavea.  Le  perroquet  eft  forti  de  la  cacre. 
Cet  oifeau  a  rompu  un   des  bâtons  de  fa  catre. 

Ce  mot  vient  de  cavia ,  qu'on  a  dit  pour  cavea. 
Men.  a  caveis  theatralibus  quibus  incliidehantuT 
ferce.  :  on  l'a  tranlporté  aux  cages  des  oifeaux. 

On  dit  figurément  &  burlefquement  d'un  hom- 
me qu'on  a  mis  en  prifon ,  qu'on  l'a  mis  en  ca?e. 
On  dit  par  menace  à  des  infolens ,  qu'on  les  fera 
mettre  en  cage ,  pour  leur  apprendre  à  parler.  En 
effet ,  il  y  a"  des  prifons  où  il  y  a  des  cages  de 
fer ,  comme  dans  le  château  d'Amboife.  Bajazet , 
Empereur  des  Turcs ,  fut ,  dit-on  ,  promené  par  Ta-  ■ 
merlan ,  enfermé  dans  une  cage.  Ce  Prince  ne  pou-  I 
vant  fupporter  cette  ignominie ,  fe  brifa  la  tête 
contre  les  barreaux  de  fa  cage. 

Qn 


I 


C  A  G 

^  En  pariant  d'une  grande  mn'fon  où  lo^e 
une  perfonne  peu  confidcrable ,  on  die  :  voilà  une 
grand'e  <:^^£  pour  un  petit  oileau. 

§a°  On  dit  encore  proverbialement  qu'il  vaut 
mieux  être  oifeau  de  campagne ,  qu'oiicau  de  ca^e  ; 
pour  dite,  que  la  liberté  efl  préférable  à  toutes 
chofes.  La  belle  cage  ne  nourrit  pas  l'oifeau  ,  pour 
dire,  qu'il  ne  fuffit  pas  d'être  bien  logé  ,  mais  qu'il 
faut  d'autres  biens  à  proportion  pour  vivre. 

Cage  ,  eft  aufTi  un  treillis  d'ofîer  qu'on  met  devant  les 
fenêtres  en  forme  de  jaloufie ,  pour  voir  au  dehors 
fans  être  vu  au  dedans.  Tranjenna ,  fenefira  can- 
cdlata.  On  le  dit  auffi  des  vailîcaux  d'ofier ,  ou 
garnis  de  toile ,  qui  fervent  de  garde-manger.  Ca- 
vea  penucirià.  gCT  On  a  tranfporté  ce  mot  dans 
plulieurs  arts  mcChaniqUes ,  aux  parties  antérieures 
qui  fervent  de  bafe  à  d'autres. 

Cage  fe  dit,  en  termes  d'architeélure  ,    des  quatre 
pans   ou   gros  murs  qui   enferment  un  bâtiment 
ou  qui  en  font  l'crtceinte. 

On  appelle  au/îî  cage. ,  l'efpace  contenu  entre  les 
quatre  murailles ,  ou  entouré  d'une  muraille  ,  oU 
de  pans  de  bois  en  rond  ou  en  ovale.  La  ca^re 
d'un  efcalier.  La  cage  d'un  moulin  eft  le  corps  d'un 
moulin  à  vent ,  qui  eft  fait  de  charpente  &  re- 
vêtu d'ais.  On  le  fait  tourner  fur  un  pivot  de  char- 
pente ou  il  eft  pofé  ,  pour  expofer  les  volans  du 
moulin  du  côté  du  vent ,  par  le  moyen  d'une  gran- 
de pièce  de  bois  qu'on  appelle  la  ^ueué.         ^ 

Cage  de  croifee  eft  le  bâti  de  menuifetie  qui  pbrte 
en  avance  au  dehors  la  fermeture  d'une  croifee.  Et 
ce  qu'on  appelle  cage  de  clocher ,  eft  une  aflem- 
blage  de  charpente  qu'on  revêt  ortiinai rement  de 
plomb ,  &  qui  eft  compris  depuis  la  chaife  fur  la- 
quelle il  pofe  ,  jufqu'au  rouet  ou  la  bafe  de  la 
flèche  d'un  clocher.  Les  Orfèvres  donnent  aufll  le 
nom  de  cage  aux  nis  d'archal  qui  font  travailles  pref- 
que  en  forme  de  grande  cage  &  où  ils  renferment 
leurs  marchandi  fes. 

Cage  ou  Cagerotte  ^  fe  dit  encore  des  formes  où 
on  fait  de  petits  fromages  >  dont  le  fond  eft  d'ofer  , 
pour  en  laiiTer  écouler  le  lair  clair.  Craccs   viminea. 

Cage  ,  en  termes  de  mer ,  eft  une  efpèce  d'cchauguet- 
te  faite  en  cage  à  la  cime  du  mât  d'un  vaiileau  , 
qu'on  appelle  gabie  fur  la  Méditerranée  ,  &  hune 
fur  l'Océan.  Mali  fpecula  ,  ou  cortita. 

En  termes  d'Horloger ,  on  appelle  cage  de  mon- 
tre ,  les  deux  platines  de  la  montre  jointes  par  les 
quatre  piliers ,  qui  enferment  un  efpace  dilpolé  à 
recevoir  les  roues  &  les  rc/forts. 

CAGtE.  f.  f.  Une  pleine  cage  ,  rant  qu'une  •  cao-e 
contient  ,  ou  peut  contenir  d'oifeaux.  Une  ca^ée 
d'oifeaux.  J'ai  acheté  toute  la  cagee.  C'eft  un  ter- 
me d'oifcleur. 

CAGEOIS  ,  OISE.  adj.  Vieux  mot  qui  lignifie  Vil- 
lageois,  Payfan.  Paganus.  Nicot  dit  que  Caoeois 
s'eft  dit  pour  Cafois ,  du  mot  Latin  cajà ,  qui  lig- 
nifie une  chaumine  ,  â  cafarum  incolatu.  ^ 

CAGEOLER.        T  ;     CAJOLER 

CAGEOLERIE.     S     Voyer     '      "■ 

CAGEOLEUR.     3 

CAGIEP..  f  m.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe  dit 
de  ceux  qui  portent  des  faucons  ,  des  iacres,  des 
laniers  &  autres  oifeaux  à  vendre. 

ffT  CAGLÎ  ou  CAGLIO  ,  CALE  ,  CALLE  ou 
CALLÎ^UM.  Ville  d'Italie,  dans  le  Duché  d'iTrbin 
dans  l'Etat  Eccléfiaftique ,  avec  un  Evêché  fuffra- 
gant  d'LTrbin. 

CÂGLIARI.  Ville  Capitale  de  l'île  de  Sardai<rne. 
Calaris.  Prononcez  gli  comme  deux  //  mouillées  , 
ou  prononcez  cagli  ,  comme  dans  le  mot  cai//e. 
Cette  ville  eft  fur  une  petite  montagne,  d'où  elle 
s'étend  jufqu'à  un  grand  golfe  ,  auquel  elle  donne 
fon  nom.  Elle  a  une  Univerf té ,  Archevêché,  Ci- 
tadelle &  un  fort  bon  port.  Elle  donne  auiû   fon 

*  nom  à  la  principale  Province  de  l'île  qui  en  occu- 
pe toute  la  partie  méridionale.  On  l'appelle  Cabo 
ou  Indicado  de  Cagliari,  Lucifer  de  Cag/iari  eft 
To;,ie  II. 


G  A  G 


ri 


S     CAJOLERIE. 
:     CAJOLEUR. 


fameux  dans  THiftoire  Èccléliaftiquc  du  IV<= /iê'-le- 
CAGNARD.  i;  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  aotreiois 
un  heu  mal  propre  ,  tel  que  celui  où  logent  les 
chiens.  SorJidimi  tugurivm ,  ou  canile.  Cette  mai- 
Ion  eft  un  vrai  cagnarâ. 
Cagnard,  àrde,  a-ii.  Fainéant,  pàre/feùx  j  qui  ne 
IP'  veut  point  quitter  le  coin  du  feu.  Dejes  3  hna- 
vus,  cafarius.  Mener  une  vie  cas.narde.  Il  fe  dit 
auifi  fubftantivcmcnt.  C'eft  un  vrai  cagnard.  Ce 
mot  n'eft  pas  du  ftyle  noble.  Les  Vocabuliftcs  ,' 
d'après  l'Académie  ,  le  difent  du  ftyle  familier  i  ils 
auroicnt  pu  dire  populaire. 

Pafquier  dit  qite  \t  cagnard  étoit  un  lieu  fous 
les  ponts  de  Paris ,  où  s'afiembloient  plufieurs  gueux 
&  fainéans ,  tant  hommes  que  femmes  ;  &"que  es 
lieu  fut  appelé  cagnard ,  à  caufe  qu'il  étoit  près 
de  l'eau,  la  demeure  ordinajre  des  cagnards.  La 
Police  détendit  ces  affemblées ,  &  il  y  en  eut  plu- 
fieurs de  fuftigés,  pour  avoir  contrevenu  à  cesdt- 
f  en  fes. 

Ip^  Cagnard.  f.  m.  Terme  de  Cirier,  C'eft  une  forte 
de  toutneau  fut  lequel  les  Ciriers  mectent  la  cuve 
où  eft  la  cire  fondue ,  qui  fcrt  à  faire  des  bcuries 
&  des  cierses.  ^ 

ce?  CAGNARDER.  v.  n.  Vivre  dans  la  pare/Te  ,  m-- 
ner  une  vie  obfcure  3c  fainéante.  Onari  ,  ccf^re , 
dcjidere.  Cet  homme  ne  fait  plus  que  cagnarder. 
Il  auroit  cagnardé.  Il  eft  populaire. 

CAGNARDERIE. f.  f,  Pareife,  fainéantife',  eueùfcrie. 
Inertia  ,  fegniiies. 

CAGNARDIÈR  ,  1ÈRE,  fignifie  la  même  chofe  que 
cagnard.  S'il  s'eft  dit ,  il  ne  fe  dit  plus. 

Ca\GNARDISE.  f.  £  C'eft  la  même  chofe  que  cagnar- 
dcrie.  Ce  dernier  eft  plus  uficé;,  Ils  font  l'un  &  l'autre 
du  ftyle  populaire. 

CAGNE.  f  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autrefois 
chienne.  Canis.  Il  ne  fe  dit  plus  que""  par  injure  ,  à  des 
femmes  qu'on  veut  taxer  d'intame  ptôftitution.  Il 
ne   fe  dit  que  pat  la  populace 

CAGNEUX  ,  EUSE ,  adj.  Qui  a  les  jambes  &  les  ge- 
noux tournés  en  dedans,  f^arus.  Homme  cagneux. 
Femme  cagneufe. 

On  le  dit  auffi  des  Jambes  même  ou  des  pieds. 
Il  a  les  jambes  cagneufes.  Il  a  les  pieds  cagneux. 
Ac.  Fr.  Sa  ringraVe  étoit  courte  &  fes  genoux 
Cagneux. 

Ce  mot  vient  apparernnlent  de  chien  ,  parce  qu'il 
n'a  pas  les  jambes  droites  ;  &  ainfi  il  a  été  feit 
de  Cagnofo ,  ou  de  cagna. ,  qui  font  des  mots  Italien-^ 

CAGNOU.  f.  m.  Nom"  d'homme.  Chagnoaldus  ,  Haa- 
noaldus  ,  Chainoaldus  ,  Jgnoaldus',  Chagnulphus, 
Chagnoald  ,  ou  Cliainoald ,  que  nous  appelons  Vul^ 
gaifemcnt  S.  Cagnou  ,  étoit  fils  d'un  Gentilhomms 
des  plus  qualifiés  du  pays  de  Bric  ,  nommé  Chag- 
neric  ,  ou  Agnery  ,  &  frère  aîné  de  S.  Faron  ,  Eve- 
qucde  Meaux,  &  de  fainte  Fare  ,  Abbe/fe  de  Fare- 
moutier.  Baîllet.  5=  de  Sept.  Il  fdt  Evêque  de 
Laon  au  VIF  fiècle. 

CAGOSANGA.  C'eft  la  plante  fi  fouveraine  pour 
la  dyffenterie  ,  qu'on  nomme  autrement  Ipeca-^ 
ciia/iha.  Voyez  ce  mot. 

CAGOT  ,  OTE.  adj.  Souvent  employé  fubftarttive- 
ment.  Faux  dévot ,  hypocrite ,  qui  affcéte  de  montrer 
des  apparences  de  dévotion  pour  tromper  ,&  pour 
parvenir  à  fes  fins.  Simulator  ,  pietatis  jiniulat^ 
falji'ctqiie  religionis affeclator  ,  hypocnta. 

Quoi  !  je  fouffrirdi  ,  moi ,  eju^un  cagot  de  criti<^ue 
Fienne  iijurper  céans  un  pouvoir  tyrcinnique  ?  Mou 

Ce  mot  eft  injurieux ,  &  vient  de  certaines  per- 
fonncs   habituées  en  Bcarn  ,  &  en  quelque  parrid 
de  la  Gafcogne,  qu'on  croit  dcfcenducs  des  Vifigcts , 
qui  font  tenus  pour  ladres,  Voyci  Capot,  Ce  "nom    ' 
leur  a  été  donné  ,  comme  qui  diroit  caas  Goths 
ou  chiens  Goths  ,  en  haine  de  l'Arianifine  ,  dont 
les  Goths  avoient  fiit  profedlon  ,  félon  Ménage  , 
M.  deMarca,^;  plufieurs  autres.  Pafquier  dit  qu'il 
vient  de  Got ,  qui  en  langue  Germanique  fignifioit 

V 


IT4 


C  A  G 


Dieu-,  d'où  font  venus  ces  jurcmcns  dcguifcs  wior-  1 
gtioi  ,  vertuguoi  ,  fanguoi ,  ècc.  ifT  On  les  a  aiiUi 
appelés    Géiidtins ,  comme  delcendans^de  Giézi  ,  1 
îcrvitcur  d'Elilce  ,  qui  fut  ftapc  de  la  lèpre.  Borel 
le    dérive  avec  peu  de  vraifemblance  de  r.àya-i'oc, ,  qui 
veut  dire  ,  &  tonus ,  Se  l'on ,  &  homme  de  hien.  On 
n'a  jamais  dit  ,  y.àyaùi ,  mais  xxAozay^'s. 
I^T  Cagot  &  Bigot,    fynonymes.   Dans  l'ufage  or- 
dinaire on  confond  CCS  mots,  &  nos  Di'itionnaires 
ne  les    diftins^uent    pas  aflez.  Ils   prennent  l'un  & 
l'autre  le  malque  de  la  vertu  ,  &  le  montrent  autres 
■qu'ils  ne  font  -,  mais  la  bigoterie  paioît  plus  minu- 
ticufe  :  elle  eft  Icrupuleurem.ent  attachée  aux  peti- 
tes pratiques  de   dévotion  :  elle  convient  particu- 
lièrement  aux   femmes.   La  cagoterie   paioît   dire 
quelque  chofe  de  plus;  elle  s'étend  aux  actions ,  aux 
diicours,  à  la  condtiite  ,  à  la  manière    de  s'habil- 
ler -,  fcrupuleufement  attachée  ,  comme  la  Ingoterie  j 
aux  pratiques  extérieures  de  la  religion  •,  elle  ne  fe 
lait  aucun  fcrupule  d'en  violer  fccrétement  les  de- 
voirs  les  plus  clTentiels.  Le    cagot  eft  un  homme 
déteftable. 
'CAGOTERIE.  f.  f.  FautTe  dévotion  ,  hypoctirie.  Pie- 
tatis  varne  afeclatio  ,  ou  affeclata  pietas  ,  hyjocrifis. 
Foyei  Cagot.  Il  y  a  bien  des  gens  qui,iiont  leur 
fortune  par  la  cagoterie. 

Oui ,  l'infolent  orgueil  de  fa  cagotetie 

N'a  triomphé  que  trop  de  monjujte  courroux.  Mot. 

Cagoterie  ,  fedc  ,  cabale  de  cagots.  Hypocritarum 
turba  ,fecla.  Toute  la  cagoterie  ell  pour  lui ,  brigue 
pour  lui. 

CAGOTISME.  f.  m.  Manière  d'agir  d'un  cagot  ,  ca- 
radère  du  cagot.  Simulata.  religionis  ambitiofior 
nffeclatio  ,pietatis  fimulatio.  La  profelfion  àncago- 
tifme  efface  la  mémoire  de  tous  les  péchés  qu'on  a 
faits.  S.  EvR» 

Des  que  du  cagotifme  on  fait  profejjîon  , 

De  tout  ce  quon  a  fait  la  mémoire  s''e^dce , 

Ceji  fur  la  réputation 

Un  excellent  vernis  qu'on  paffe.  Deshoul. 

CAGOU.  f.  m.  Mot  du  ftyle  bas  ,  pour  fignifier  un 
homme  qui  vit  d'une  manière  obfcure  &  mefquine, 
&:  qui  fuit  la  bonne  compagnie.  Cet  homme  cft  un 
vrai  ca^ou  ,  il  mené  une  vie  de  cagou. 
CAGOUÏLLE.  1".  f.  Revers  d'éperon,   l'^oluia  helix. 
Quelques-uns  appellent  ainh  ,  en  termes  de  Marine , 
une  volute  qui  fert  d'ornement  au   haut  de  l'cpe- 
ton  du  vaiflcau. 
CAGUE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Sorte  de  bâtiment 
hollandois.  Navis  Batavica.  La  cague  a  quarante- 
fept  pieds  de  long  de  l'étrave  à  l'étambord  ,  douze 
pieds  fix  pouces  de  dedans  en    dedans  ,  &  quatre 
pieds  deux  pouces  de  creux.  L'étrave  a  neuf  pieds 
dehaut,un  pied  de  large  par  le  haut,  &:cinq  pieds  & 
demi  de  quête.  L'étambord  a  fcpt  pieds  huit  pouces 
de  haut,  5c  trois  pieds  de  quête;  il  a  fept  pouces  ci'é- 
pais  en  dedans  ,  &:  cinq  pouces  en  dehors  ,   &  un 
pied  de  large  par  le  haut.  La  foie  a  huit  pieds  cinq 
pouces  &  demi  de  large  ,  £c  quatre  pouces  d'épais. 
Les  varangues  ont  trois  pouces  &  demi  d'épais ,  (Se 
font  à  un  pied  de  diftance  l'une  de  l'autre  j  les  ge- 
noux font  à  même  diftance  ,  ayant  quatre  pouces 
d'épaiiléur  vers  le  haut,&:  cinq  pouces  de  largeur. 
Le  bordage  a  un  pouce  Se  demi  d'épais ,  &  la  ceinte 
en  a  quatre  &  demi ,  &  autant  de  largeur.  Le  bor- 
dage au-deflus  de  la  ceinte  a  un  pied  de  large.  La 
ferre-goutière  qui  eil:  au-defllis  a  un  pied  fept  pou- 
ces de  large  ,  deux  pouces  d'épais,  Se  cinq  pouces 
de  large  e'n  dedans.  La  couvertede  l'avant  a  quinze 
pieds  de  long.  La  carlingue  a  un  pied  deux  pouces 
de  large  ,  &  trois  pouces  d'épais.  Le  cornet  du  ma: 
s'élève  d'un  pied  fept  pouces  au-deffus  du  tillac  ,&i 
a  quatre  pouces  d'épais  :  fon  étendue  en  dedans  efl: 
de  treize  pouces  d'épais  S;  de  quinze  de  large.  L'é- 
coutille  qui  eft  au  devant  a  fept  pieds  fept  pouces 
de  long.  La  liffe  a  un  pouce  Si"  demi  d'épais.  La 
couverte  de  l'airièrc  a  quatre  pieds  huit  pouces  de 


C  A  H 

long  ,  Si  deux  ccoutillés.  Le  traVcrfin  d'écoutilîc  a 
deu'x  pouces  d'épais  ,Si  quatre  pouces  de  large.  Le 
courbatons  ont  quatre  pouces  d'épais  Se  cinq  de  large. 
La  ferre-gouttière  a  un  pied  neuf  pouces  de  large. 
Derrière  le  mât  il  y  a  un  banc  où  les  l'emelles  font 
attachées  ,  Se  un  autre  au  bout  de  la  couverte  de 
l'arrière.  Les   femelles  ont  onze  pieds  Se  demi  de 
long  ,  deux  pieds  de  large  par  devant ,  quatre  pieds 
Se  demi  par  derrière ,  Se  deux  pouces  Se  demi  d'é- 
paiffeur.  Le  gouvernail  a   deux  pieds  Se  demi  de 
lari;;e  par  le  haut ,  quatre  pieds  cinq  pouces  Se  demi 
par  le  bas  ,  Se  d'épailfeur   par- devant   autant  que 
l'étambord  \  mais  il  cft  un  peu  plus  mince  par  der- 
rière. La  barre  du  gouvernail  a  huit  pieds  de  long , 
quatre  pouces  d'épais.  S:  cinq  de  large.  Le  mât  a  qua- 
rante-cinq pieds  de  long  ,  Se  neuf  palmes  de  circon- 
férence. Le  balefton  a  cinquante  pieds  de  long.  II 
y  a  dans  les  courcives  un  taquet  au-defTus  de  cha- 
que courbaton.   Les  branches  fupérieures  des  ge- 
noux abouciflent  fur  la  préceinte.  On  peut  augmen- 
ter ou  diminuer  ces  mcfures  de  quelque  choie,  en 
o-ardaiit  la  même  proportion  entre  les  pièces  ou  les 
parties  du  bâtiment ,  pour  faire  une  cague  plus  ou 
moins  grande. 
CAGUESANGUE.f.  f.  Terme  populaire  ,  flux  de  fang. 
Dyfenteria.  On  ne  le  dit  guère  que  par 'impréca- 
tion. La  caguefangue  lui  puifle  venir. 

Ce  mot  vient  du  latin  caca  ,Scàsfanguis.  Voyez 
Dyssenterie 

C  A  H. 

CAHAUCON.  f.  m.  Drogue  mcdecinale  qwe  les  Chi- 
nois portent  à  Siam. 

CAHIELLE.  P^oye^  Cahiére. 

CAHIER.  Quelques-uns  écrivent  CAIER.  f.  m.  Plu- 
lieurs  feuillets  attachés  légèrement ,  qui  ne  font  point 
reliés  enlémble  ,  en  forte  qu'on  les  peut  ôtcr  ou 
rranfpofer  comme  on  veut,  Charta  fœpius  in  fe  re- 
plicata ,  codex.  Ce  Marchand  vend  le  cahier  tant , 
le  cahitr  de  parchemin  tant.  Il  faut  prononcer 
calé. 

Ce  mot  vient  de  quaternus ,  qu'on  a  dit  pour 
quaternio.  Ménage. 

Cahier  fe  dit  audi  des  feuilles  plices  ou  détachées 
qui  compofent  un  livre  relié.  Folium.  Ce  volume 
eft  de  tant  de  cahiers.  Ils  font  marqués  par  des  let- 
tres de  l'alphabet ,  qu'on  appelle  Jignatures  ,  Se  en 
italien  regijlre.  Cette  relation  eft  comprife  en  un 
cahier  ;  pour  dire  ,  n'a  qu'une  feuille  plice. 

On  appelle  auffi  cahiers  ,  les  délibérations  de  cer- 
taines alfemblées,commc  celles  du  Clergé  de  France, 
des  Etats  8eauties,qui  contiennent  ou  des  remon- 
trances ,  ou  des  propofitions  qu'elles  font  au  Roi , 
Se  qui  font  écrires  fur  du  papier  :  le  papier  qui  con- 
tient ces\iélibérations,  s' i'Çf^aWs  cahier.  Acla.  Les 
Etats  de  Bretagne  ,  de  Languedoc  ont  tait  prcfenter 
leurs  cahiers  par  leurs  Députés. 

Cahier  ,  lignifie  encore  des  mémoires  qu'on  donne 
féparément.  Libelli  memoriales.  Ces  articles  font 
dans  un  cahier  à  parr. 

Cahier  de  frais-,  ou  mémoire  de  frais.  Ce  term; 
eft  en  ufage  parmi  les  comptables  ,  Se  fe  dit  d'un 
état  qui  contient  en  détail  toutes  les  dcpcnfes  qu'un 
comptable  a  faites  pendant  l'année  de  fon  exercice. 
Le  cahier  de  frais  dokctrc  fîgné  du  comptable  qui 
le  prcfente  avec  fon  compte  pour  le  faire  arrêter. 
Les  coniprables  qui  ont  droit  de  cahier  de  frais 
payent  ordinairement  la  dépenfe  commune  de  leurs 
comptes.  On  lui  a  donné  un  cahier  de  frais. 

Cahiers  ,  font  auffi  les  écrits  que  les  écoliers  écri- 
vent fous  leurs  Alaîtres  en  Philofophie ,  Théologie , 
Se  en  toute  autre  fcience  qu'on  enfei^ne  dans  les 
Ecoles,  Codices.  Un  écolier  doit  repréfenter  fes  ca- 
hier  s  à  fon  Maître  ,  pour  ea  obtenir  une  atteftatioxi 
de  fon  temps  d'étude. 

On  appelle  Feffc-cahier  ■,  un  écrivain  qui  écrit  à 
I       la  hâte  des  cahiers,  Scriptor  codicum  fflinus.  Ce 


C  A  H 

pauvre  homme  cil  oblige  de  feiier  le  cahier  ,  pour 
vivre. 

En  termes  de  Libraire ,  on  dit  auffi  fsjfer  k  ca- 
hier ,  pour  fignifier ,  aflembler  des  feuilles  impri- 
mées pour  les  plier  en  cahiers. 
CAHIEU.  Foyei  Caieu. 

CAHIÈRE.  f.  f.  Grande  cliaife  à  bras.  Sella  amplior. 
Ce  mot  eft  vieux  &  populaire.  Aulieu  de  Cahiïre , 
le  peuple  dit  quelquefois  cjhiel/e. 
CAHiMlTIEP-.  f.  m.  Arbre  fruitier  de  l'Amérique,  qui 
eft  de  la  grolîl'ur  8c  grandeur  des  pommiers  de  Nor- 
mandie. Il  eft  beau  ,  bien  uni,  &  rempli  de  beau- 
coup de  fève.  Les  feuilles  en  font  admirables  -,  le 
deiliis  eft;  un  vert  vif  &  comme  vernifle  ,  le  deflbus 
eft  un  compofé  de  jaune  doré  de  feuille  motte  de 
citron  mêlé  avec  quelques  petites  taches  de   cou- 
leur de  feu-,  &  lorfqu'on  les  rompt,  elles  rendent 
un  peu  de  lait.  Ses  fleurs  viennent  par  bouquets. 
Elles  font  compofées  de  plufieurs  boutons  attachés 
à  de  petites  queues  aurore.  Chaque  bouton  ,  qui  e(t 
le  firuit  de  l'arbre ,  poudé  à  fon  fommet  une  fleur 
double  ;  chacune  defqùelles  eft  compofce   de  cinq 
feuilles.  Les  extérieuies  font  rouges  avec  des  points 
dores ,  &  les  cinq  qu'elles  renferment  font  orangées,  ' 
Se  forment  une  efpèce  de  calice  ,  plein  de  petites 
étamines  dorées.  Le  bouton  ,  en  grofliflant ,  forme 
le  fruit ,  &  cette  double  fleur  qui  y  demeure  atta- 
chée ,  lui  fert  de  couronne.  Le  fruit  eft  rond  ,  en- 
viron de  trois  pouces  de  diamètre  ;  fon  écorce  eft 
lilic  ,  &c  d'un  beau  vert  mêlé  de  taches  rouges  & 
aurore.  Sa  chair  eft  blanche  ,  ipongicule ,  &  pleine 
d'un  fuc  doux  &  miellé  ,  qui  ne  plaît  pas  d'abord 
aux  Européens  ;  mais  qu'ils  trouvent  excellent  dès 
qu'ils  y  font  accoutumés.  Ce  fruit  eft  très-rafraî- 
chi/iânt  -,  on  en  donne  ians  crainte  aux  malades ,  & 
le  P.  Labat   aifure    qu'il  eft  inoui  qu'il   ait  jamais 
fait  de  mal ,  quelque  quantité  qu'on  en  mange. 
CAHIN-CAHA.  adv.  Terme  familier  qui  fe  dit  des 
chofes  qu'on  f-ait  avec  peine,  de  mauvaife  grâce  ,  & 
à  plufieurs  reprifes,  ou  tant  bien  que  mal.  ^!:;rè, 
frigide,  indiligeruer  ;  levi,  molli  brachio.  Cet  hom- 
me a  fait  pour  moi  quelques  foUi citations  -,  mais  il 
les  a  faites  cahin-caha.  Ce  pauvre  homme  gagnoit 
fa  vie  cahin-caha.  Rabelais. 
CAHOANNE.  f.f. Sorte  de  tortue,  qu'on  appelle  aufTi 

Kaouanne. 
CAHORS.Ville  de  France,  capitale  du  Qaercy,au 
1 5°  de  longitude  ,&  au  44*  environ  zç'de  latitude 
feptentrionale.  DivonaCadurcorum ,  Cadurcurn.  Ca- 
hors  eft  fur  le  Lot ,  ad  Lotiiim,  qui  en  fait  une  pé- 
ninfule.  C'eft  une  grande  ville  bien  peuplée  &  fort 
ancienne.  Ptolomée  ,  L,  IL  Plin.  L.  IX,  c.  19.  L. 
II,  c.  11,6"  L.  IX ,  c.  xo  de  fon  hijioire,Gn  parient. 
Jean  XXII  qui  étoit  de  Ca/zor5 ,  y  fonda  uneUni- 
verfité  l'an  1 5  5 1  ,  ou  1 3  5  2.  Cakors  a  un  Evêque  fuf- 
fragant,  autrefois  de  Bourges ,  &  maintenant  d'A-lbi. 
On  y  voit  un  amphithéâtre  ,  &  quelques  autres  mo- 
numens  de  l'antiquité.  Guillaume  de  la  Cioix  a 
donné  l'Hift.  des  Evêques  de^  Cahiers.  Séries  &a3a 
Epifcoporum  Cadurcenfium  ,  à  Cahors ,  //2-4°  \6\y. 
Voyez  encore  Du  Chefne ,  Antiquités  des  villes  de 
France,  Liv. II ,  c.  12. 

Il  y  adansle/o*rn.  diçs  Sav.àz  ï6^%,p.\i^j^&fuiv. 
Une  difîertation  de  M.  de  la  MoStre  ,  dans  laquelle 
il  montre  que  Cahors  n'eft  point  l'ancien  Uxello' 
ddnurjiàc  Céfar,  principalement  pour  deux  raifons. 
1°.  Parce  que  Uxellodunum  étoit  efcarpé  de  tous 
côtes ,  au  lieu  que  Cahors  ne  l'eft  que  de  deux  cô- 
tés au  plus.  2".  L'ifthme  de  Cahors  eft  de  900  pieds 
de  Roi ,  &  l'ifthme  ii  Uxellodunum  n'ctoit  que  de 
30  pieds  romains.  De   Serres  dit  ,  dans  fes  Anno- 
tations fur  Céfar  ,  que  ,  félon  Marlian  ,  &  la  plus 
commune  opinion  ,    c'eft    Cadcnac   en    Quercy. 
Vigenère     eft    du  même    fentiment.    De    Serres 
ajoute  que  toutefois  on  l'a  averti  qu'aflez   près  de 
Martel  fut  la  Dordogne  il  y  a  un  lieu  qui  s'appelle 
encore  aujourd'hui  en  langage  à\i  fzys  Lou peuch 
d'Euxo/lou  ,  comme  qui  diroit  ,  le  puy  ou  terre 
d'Uxollou ,  que  Ton  y  voit  encore  la  fontaine  que 


CAI  i^f 

les  P..cmains  co)iperent  aux  habitans  à' Uxellodu- 
num alliégés ,  &  les  autres  marques  que  décrit  Op- 
pius. 

CAHORSIN  ,  INE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Cahors  ,  na- 
tif, ou  habitant  de  Cahors.  Cadurcinus  ,  Cadurcen- 
Jis.  Valois,  iVo/.  Gall.p.  m,  prétend  que  l'on  ap- 
pcloit  autrefois  Cahorfins  tous  les  habitans  du  Qucr 
cy  ,  qu'il  faut  maintenant  appeler  Qjiercinois. 

CAHOKsm.Cadurciniispagus ,  oa  a:;er.  Le  Cahorjin, 
éroit  autrefois  dit  Valois ,  ce  que  nous  nommons 
aujourd'hui  Quercy. 

CAHOS.  Voyei  Chaos. 

IKT  CAHOT,  f.  m.  Saut  que  fait  un  catrode  ou  une 
autre  voiture  en  roulant  dans  un  chemin  raboteux 
&  inégal.  Rhedx  fubjilientis  fuccuffus.  On  le  dit 
de  même  de  la  fecoulfe  que  recevoient  ceux  qui 
font  dans  la  voiture.  Il  y  a  dans  ce  chemin  des 
creux  ,  des  ornières  qui  font  faire  bien  des  cahots. 
Nous  avons  eu  un  grand  cahot.  On  dit  aulfi ,  nous 
avons  trouvé  bien  des  cahots  en  ce  pays-là  -,  c'eft 
à-dire  ,  nous  avons  trouvé  des  chemins  qui  font 
faire  bien  des  cahots, 

CAHOTAGE.  f.  m.  Secou/les  fréquentes ,  mouvement 
fréquent  caufé  par  les  cahors.  Succuffus  durior.  Ce 
cahotage  me  tue.  Je  ne  puis  Ibuîïrir  le  cahotxgs  de 
ce  coche. 

CAHOTER,  v.  a.  Donner  des  cahots.  Agitare  ,  fuc- 
cutere  duriter.  Il  nous  a  cahoté  durant  tout  le  che- 
min. Les  eftomacsfoibleslbuflrent  beaucoup ,  quand 
ils  font   cahotés. 

Cahoter  eft  aulfi  neutre  ,  &:  fignifie  fouffrir  des  ca- 
hots: être  fccoué  par  des  cahots.  Nous  n'avonG  taie 
que  cahoter  pendant  plus  de  deux  heures.  Nous 
avons  bien  cahoté  dans  ce  maudit  chemin.  Sulfulr 
tare  duriter  ,  duriore  fuccuffu  ferri. 

Cahoter  fe  peut  dire  figurém.ent  d'un  difcours,  d'un 
chant  rompu,  fouvent  interrompu,  qui  fautilb.  Sul?' 
fultare.  C'eft  un  chant  (celui  des  Italiens  dans  leur 
trio)  c'eft  un  chant  rompu,  eftropié  ,  &  qui  cahots 
inceffamment ,  fi  je  puis  pailet  de  cette  manière. 
Entret.  fur  la  Muf. 

CAHOTÉ  ,  ÉE  ,  part. 

CAHUE.  f.  m.  Voye^^  Café.  Il  y  a  plus  de  cent  ans 
qu'on  difoit  en  France  calmé.  Après  le  délicieux 
breuvage  (  le  cherbet  )  on  apporte  dans  une  taife 
plus  petite  le  cahué  ,  qui  eft  une  eau  rouife  ,  qui 
prend  fon  nom  avec  fa  teinture  d'une  graine  d'E- 
gypte qu'on  fait  bouillir  dedans ,  &  qui  eft  gro.Te 
comme  un  grain  de  froment.  Cette  liqueur  n'eft 
bonne  que  toute  chaude  ,  tellement  qu'à-peine  peut- 
on  la  fucer  du  bord  des  lèvres  ,  &  on  ne  la  prend 
qu'en  foufflant ,  &  à  plufieurs  reprifes.  Elle  eft  d'un 
goût  qui  fent  un  peu  la  fumée ,  n>ais  d'un  effet  mer- 
veilleux pour  l'cftomac ,  &  pour  empêcher  que  les 
vapeurs  ne  montent  au  cerveau.  Du  Loir,/?.  16^ 
&  170  ,  eil  i(î34.  Il  nous  fit  boire  du  cahus  &  da 
cherbet.  Dul./'.  315. 

CAHUETTE.  f.  f.  Petite  maifon  ou  cabane  de  payfan , 
de  berger  ,  de  pauvre  homme.  Cafa,  tugurium,  gur- 
gufîium.  Ce  mot  ne  fe  dit  guère  qu'en  raillant  &  par 
mépris. 

fier  CAHUSAC.  Voyei  Caieusac. 

CAHUTE.  1'.  f  C'eft  la  même  chofe  que  cahuette  ;  m  :is 
il  eft  plus  ufité.  Quelques-uns  éctiventce  mot  avec 
deux  tt  ,  parce  qu'il  vient  de  l'allemand  Hutt:n  , 
qui  lignifie  une  petite  maifon. 

CAHYS.  f.  m.  Mefure  de  grains  dont  on  fe  fert  en  quel- 
ques endroits  d'Efpagne  ,  particulièrement  à  Seville 
&  à  Cadix,  4  cahys  font  le  fanega,  &c  50  fanegas 
font  le  laft  d'Amfterdam. 

CAI. 

Ip"  CAI.  Royaume.  Cajanum  regnum.  Province  du 
Japon  ,  dans  l'île  de  Niphon ,  &  dans  le  pays  de 
Quanto  ,  avec  une  ville  nommée  Cal',  ou  Cria,  ou 
Caay. 

ÙZT  CAJABO.  Province  de  l'Amérique  feptentrionale, 

Y  ij 


6 


C  Aï 


dans  l'île  Efpngnolc  ,  entre  Cubao  &  la  rivièi-c  de 
lacqiia. 

C'iJAHARA.  f.  f;  Plante  des  Indes  qui  s'attache  aux 
arbres  comme  le  lierre.  Les  Indiens  la  broient  ôc 
l'appliquent  furies  frafturcs.  Dict  de  James. 

^  CAJAM  ou  CAjAON.  Ville  de  l'Ile  de  Java, 
à  cinq  lieues  de  Tubaon.  Elle  a  l'on  Roi  parti- 
culier. 

§CF  CA JAN.  f.  m.  Arbre  des  Indes ,  d'une  grandeur 
médiocre,  dont  les  feuilles  l'ont  rondes,  attachées 
trois  à  trois  ,  comme  les  feuilles  du  trèfle  :  il  eft  vert 
CH  tout  temps:  ies  fleuis  répandent  une  odeur  agréa- 
ble. Il  porte  des  gouilcs  qui  contiennent  quatre  pois 
rougeâtrcs ,  qui  lont  bons  .à  manger.  Ses  feuilles  en 
apofème  arrêtent  le  flux  immodéré  des  hémorroï- 
des. Broyées  avec  le  poivre  ,  elles  nettoient  les  gen- 
cives &  calment  le  mal  de  dents.  Sa  graine  bouillie 
dans  de  l'eau  de  riz,  &  convertie  en  Uniment  avec 
du  beurre  ,  cR  un  bon  remède  pour  les  lallîtudes 
douloureufes  aux  jointures  -,  on  en  fait  aulll  une  li- 
queur convenable  dans  la  petite  vérole.  Dict.  de 
James. 

CAJAN  ou  CAIAN.  Foye^  Caianien. 

ifT  CAJANEBOURG.  Ville  forte  de  Suède,  en  Both- 
nie ,  dans  la  Cajanie ,  fur  les  frontières  de  la  La- 
ponic. 

CAIANIDES.  f.  m.  Ceft  le  nom  de  la  féconde  Dy- 
nafcie  des  Rois  de  Perfe.  D'Herb.  Les  Caïamdis 
font  proprement  ceux  que  les  Grecs  ont  reconnu 
poui  Rois  de  Perfe.  Id.  Le  même  Auteur  dit  Caïa- 
nien ,  ou  Caïanides.  Data ,  le  dernier  des  Caianiens 
ou  Cn'ianides  .  fut  défait  par  Etkander  P^oumi  , 
c'efl-à-dite  ,  Alexandre  le  Grand.  Id. 

fp^"  CAJANIE.  Partie  de  la  Bothnie ,  dans  la  Fin- 
lande ,  c'efl: ,  à  proprement  parler ,  la  partie  orien- 
tale de  la  Bothnie. 

CAIANIEN  ,  ou  CAINITE.  Caianus.  Quelques-uns 
difent  auffi  Caian  &  Caien.  Noms  d'anciens  Hé- 
rétiques, qui  ont  été  ainfî  appelés  de  Caïn  ,  qu'ils 
regatdoient  comme  leur  père.  C'éioit  une  branche 
de  Gnoftiques ,  qui  foutenoient  des  eireurs  mon- 
ftrueufcs.  Ils  prctendoicnt  que  Gain  ,  &  même 
Efaii ,  Lot ,  &:  ceux  de  Sodome  ,  étoient  nés  d'une 
vertu  célefte  très-puiffaure  ,  &  qu'Abel  au  con- 
traire étoit  né  d'une  vertu  bien  moins  puiflante. 
Ils  affociolcnt  à  Gain ,  &:  aux  autres  du  même  or- 
dre ,  Judas  qui  avoir  eu  ,  félon  eux ,  une  grande 
connoiilànce  de  toutes  chofes  j  &:  ils  avoient  une 
li  grande  vénération  pour  lui ,  qu'ils  avoient  un  ou- 
vrage fous  fon  nom  ,'  intitulé  V Evangile  de  Judas. 
Ils  avoient  phifieurs  autres  livres  abominables,  & 
qui  leur  fervoienr  de  prérexte  pour  le  jeter  dans 
toutes  fortes  de  débauches  &  d'impuretés.  Saint 
Epiphane  a  rapporté  &  réfuté  en  même  temps 
leuts  ctreurs  ,  hxr.   ^8. 

CAJANTE  ,  qu'on  nomme  auifi  Plumette.  f.  f.  Sorte 
d'étoffe  qui  le  fabrique  à  Lille  6c  dans  quelques 
autres  endroits  des  Pays-bas. 

Ip-  CAJAZZO  ,  CAJÀTA  ou  CALATIA.  Ville 
d'Italie,  au  Royaume  de  Naples ,  dans  la  ptovince 
de  Labour  ,  avec  un  Evéché  fuffragant  de  Ca- 
poue. 

CAIC ,  CAIQ  ,  CAÎQUE  ,  &  KAIC.  f.  m.  Terme 
de  Marine.  Efquif  deftiné  au  fervice  d'une  Galère. 
Scapha ,  cymha.  duc  eft  aullî  une  petite  barque  , 
dont  les  Cofaques  fe  fervent  pour  naviger  fur  la 
mer  Noire.  Cofacorum  cymha.  Ils  mettent  fur  les 
caïcs  quarante  ou  cinquante  hommes  d'équipage  , 
&  ils  vont  ainfi  en  courfe  :  ces  petits  bâtimens 
l'ont  tout  couverts  de  peaux  de  bêtes. 
CAIEN.  Koye{  CAIANIEN. 

CAIENNE  ou  CAYENNE  ,  &  non  pas  CAJENE  , 
&  moins  encore  CAJANE  ,  ni  même  CAYANE. 
Caianus.  Fleuve  de  l'Amérique  qui  prend  fa  fource 
dans  les  montagnes  delà  Guaiane,  traverfe  toute 
la  Caribane  du  midi  au  feptentrion  ,  &  fe  dé- 
charge dans  la  mer  du  Nord. 
Caienne.  Caicna.  île  qui  efl:  à  l'embouchure  du 
fleuve  dont  on  vient  de  parler  ,  &  qui  pour  cela 


C  A  ï 

porte  le  même  nom.  La  Cdi<:nne  a  dix-huit  lieues 
à  peu  près  de  circuit.  Elle  cil:  aux  François ,  qui 
s'y  établirent  en  1(^55,  fie  y  bâtirent  le  Fort  Louis. 
En  KS54  ,  les  François  l'abandonnèrent  ,  &  les 
j  Anglois  s'y  logèrent.  En  i(î<î4,  de  la  Barre  y  ré- 
tablit les  François,  que  les  Holbndois  obligèrent 
encore  d'en  Ibrtir  en  \6-j6 ,  mais  au  commence- 
ment de  l'année  fuivante  M.  d'Eftrées  la  reprit. 
Voyei  Biet  ,  Voyage  de  la  Terre  Eqidnoxiale  , 
Liv.  i ,  ck.  17.  &  Liv.  ///,  cA.  5  ,  1 5  6-  14,  &  de 
la  Barre,  Dejcript.  de  la  Giiiane.  La  Caïenne  cft 
au  4^  d.  45'  de  latitude  feptcnttionale. 
CAJEPUT.  f.  m.  Cajc'puù  oleuin.  Huile  aromatique 
qu'on  apporte  des  Indes  Orientales  dans  quelques 
contrées  de  l'Europe.  Hoffman  en  a  fait  mention 
dans  fes  Obfervations  Phylico-Chymiques ,  Lih.I, 
Obj'.  IV.  mais  il  n'a  point  dit  de  quelle  plante 
on  la  tiroir. 
CAIER.  Voye:;^  CAHIER.^ 

CAIETE.  f.  f.  Nourrice  d'Ence ,  fuivit  ce  Prince  dans 
fes  voyages ,  &  mourut  en  arrivant  en  Italie.  Énce 
lui  éleva  un  tombeau  fur  la  côte  de  la  grande  Hef- 
pèrie  ,  dans  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  Gaeta  , 
en  Latin  Caieta  ,  qui  a  pris  fon  nom  de  la  nour- 
rice. 
CAIETE.  Caieta.  Ancien  nom  d'une  ville  du  Royau- 
me de  Naples ,  qu'on  nomme  aujourd'hui  Gaete. 
'Voye[  ce  nom.  Caïète  n'ell:  bon  qu'en  traduifant 
Virgile,  qui  en  parle,  ou  quelque  autre  Ancien. 
CAIES.  Voyci  Cayes, 

CAIEU  ,  f.  m.  Terme  de  Botanique  &:  de  Fleutiftc. 
On  appelle  Caïeu ,  ou  Caïeux,  les  petits  oignons 
qui  naiflênt  aux  côtés  des  vieux  oignons  de  la  tuli- 
pe ,  de  la  jacinte ,  du  narcilFe ,  |ÏCJ"  &c  autres  oig- 
nons qui  portent  fleut.  Ils  font  comme  les  boutons 
des  plantes  bulbeufes.  Bulbus  minor  adjacens  ma- 
jori,  bidbulus,  adnata,  adrzafceritia.  Chzque  caïeu 
eft  comme  un  petit  œuf  que  l'on  détache  de  la 
"  maîticffe  racine  ,  &  que  l'on  plante  féparément  , 
lorfqu'il  a  acquis  une  certaine  grofleur.  J'ai  beau- 
coup de  caïeux  de  tulipes.  Les  caïeux  de  tubé- 
reufes  ne  réuirilTent  point  dans  les  pays  tempérés. 
Ce  mot  Caïeu  ne  s'emploie  que  parmi  les  Fleu- 
riftes,  LiGER.  Ce  qu'on  appelle  une  gonfle  d'ail , 
eft  proprement  un  caïeu  de  la  racine  de  l'ail. 

Les  Caieux  d'Anémones  s'appellent  pattes ,  & 
ceux  de  Renoncules ,  griffes.  Les  Caieux  ne  dégé- 
nèrent point. 
^C?  Caieu  fe  dit  aulTi  de  la  fleur  qui  vient  d'un  Caïeu, 

Cette  tulipe  eft  un  caïeu  de  deux  ans. 
llCrCAJEUSAC.  Petite  ville  de  France  dans  l'Albi- 
geois, à  trois  lieues  d'Albi. 
§:?  CAIFUNG.  Ville  d'Aiîe  dans  la  Chine  &  dans  la 

province  de  Honang  dont  elle  eft  la  capitale. 
CAILLE  ,  f.  f.  Oifeau  de  plumage  grivelé  ,  qui  fe 
tient  dans  les  bleds.  Coturnix.  M.  Huet  prétend 
que  cet  oifeau  a  pris  fon  nom  de  ce  que  les  cou- 
leurs de  fon  plumage  repréfentent  des  écailles. 
C'eft  un  oifeau  de  palfage  àflez  petit  ,  &  bon  à 
manger.  Il  eft  de  chaude  complexion  ,  d'où  l'on 
a  lait  le  proverbe ,  chaud  comme  une  caille.  On 
dit  que  les  cailles  mangent  de  l'ellébore ,  &  de  la 
ciguë,  fans  en  être  empoifonnées.  S.  Bafile  en  rap- 
porte la  raifon  ,  Sc  dit  que  ces  oifeaux  ayant  les 
conduits  de  la  gorge  fort  étroits ,  les  alimens  qu'ils 
prennent  ne  peuvent  defcendre  que  lentement ,  & 
qu'ainli  ils  fe  ttouvent  notablement  altérés,  avant 
qu'ils  foient  dans  l'eftomac.  Willoughby  dit  que 
la  chair  des  cailles,  eft  bonne  contre  la  jaunifTe, 
&  leur  fang  fouverain  contre  la  dyflTenterie.  Ser- 
vins  ,  ///.  ^Mneid.  dit  qu'Aftétie  fut  changée  en 
caille.  De  Rochef.  Les  cailles  d'Italie  mangent  une 
forte  de  graine  qui  ôte  la  délicatefle  du  goût ,  & 
rend  leur  chair  tilleufe.   Id. 

Ménage,  après  Scaliger ,  croit  que  ce  nom  lui  a 
été  donné  à  caufe  de  fon  chant  ,  qui  femble  en 
prononcer  la  première  fyllabe.  Ce  mot  vient  ap- 
paremment de  l'Italien  Q^uaglia^  qui  s'cft  forme, 
aulîi-bien  que   celui-ci ,  de    Qua^uila    ou  Qui/- 


G  A  î 

■fïdld ,  quî  Te  trouvent  dans  la  balle  Latinité  poar 
exprimer  cet  oil'eau  ,  &  qui  font  des  mots  faits 
fur  le  chant  des  cailles. 

Quoiqu'il  Ibit  étonnant  ,  comme  Pline  l'a  te- 
marquc  Liv.  X,  du  zj  ,  qu'un  oifeau  li  pefant  , 
&  qui  s'élève  à  peine  de  terre  ,  dans  les  lieux  de 
fcjour ,  puifle  palier  la  mer ,  &  que  quelques-uns 
aient  mieux  aimé  croire  que  les  cailles  ne  chan- 
gcoient  point  de  pays ,  mais  fe  retiroient  en  des 
lieux  ^cartes  ,  &  à  l'abri  pendant  l'hiver ,  &  qu'elles 
y  vivbient  de  leurs  plimies  ,  ou  de  leur  propre 
graiife,  &  de  leur  propre  fubftance  ,  le  Fait  cil 
cependant  certain.  Belon  ,  de  la  Nature  des  Oif. 
Liv.  5 ,  ck.  10  ,  aflure  qu'il  s'eft  trouvé  dclix  fois 
ilir  mer  au  temps  que  les  cailles  paflent  ,  une 
fois  en  Automne  lorfqu'ellcs  s'en  retournent  ,  &: 
une  fois  au  Printemps ,  quand  elles  reviennent  ;  & 
que  toutes  les  deux  tcis  il  avoir  vu  plufieurs  cailles 
fcrepofer  fur  le  vaillcau.  Pline  dit  Z,îV.  X)  ch.  15  , 
qu'elles  s'abaiflent  quelquefois  eil  fi  grand  nom- 
bre fur  les  voiles ,  que  par  leur  poids ,  elles  ont 
fait  couler  à  fond  des  barques  &  d'autres  petits 
bâtimens,.  L'on  remarque  aulli  qu'elles  fe  repolcnt 
dans  les  Iles  qu'elles  rencontrent  en  mer,  far  leur 
route,  Aldrov.  Ornithol.  Liv.  XJII,ck.  zi,  Voyez 
de  la  Mare,   Traité  de  Li  Police  ,  Liv.   V,   Tom. 

xxm,  ch.  X. 

Les  cailles  arrivent  à  la  fin  d'Avril  &  au  com- 
mencement de  Mai  ,  te  s'en  retournent  à  la  fin 
de  l'Été.  Lorfqu'ellcs  ont  le  vent  contraire,  on  dit 
qu'elles  fe  chargent  de  fable  qu'elles  avalent  , 
éc  qu'elles  prennent  de  petits  caillou;^  à  leurs 
pieds ,  afin  de  fe  rendre  plus  pefantes ,  de  crainte 
que  le  vent  ne  les  emporte.  Elles  font  volontiers 
leur  paflage  quand  le  vent  de  Nord  foufflc  ,  & 
elles  appréhendent  le  vent  de  Midi ,  qui  efl:  char- 
geant ,  &  les  fait  périr  en  mer  quand  il  les  fur- 
prend ,  à  caufe  de  fa  moiteur,  qui  mouille  &:ap- 
pefantit  leurs  aîles,  Belon  dit  qu'elles  ne  vont 
point  en  troupe  quand  elles  font  leur  pallage  , 
mais  qu'elles  partent  la  nuit  deux  à  deux  ,  bien 
qu'en  même  temps.  La  mangeaille  des  cailles  ell 
le  millet  &  le  blé. 

La  caille  fe  plait  dans  les  blés  vetts  :  elle  y 
fait  aulîî  la  demeure  lorfqu'ils  font  murs  ;  &  dans 
leurs  chaumes  ,  quand  ils  font  coupes.  Elles  de- 
viennent quelquefois  li  graflés  ,  qu'elles  ne  peu- 
vent s'en  retourner  ,  &  fervent  de  pâture  pour 
l'ordinaire  aux  oifeaux  de  proie. 

Il  n  y  a  point  d'oifeau  qui  multiplie  davantage. 
Elles  font  jufques  .à  feize  œufs  au  mois  de  mai. 
Les  femelles  qui  viennent  à  éelore  en  ce  temps, 
s'apparient  au  mois  d'Août  ,  &:  font  jufqu'à  dix 
œufs.  Dans  les  pays  où  elles  retournent  ,  elles 
font  aulTi  deux  pontes  ;  tellement  qu'elles  cou- 
vent quatre  fois  par  an.  Elles  conduifent  leurs 
çailleteaux  par  la  campagne  ,  &  les  retirent  fous 
leurs  aîles  à  la  manière  des  poules. 

Les  Arabes  difent  que  llémen  ,  ou  Arabie-heu- 
leufe  ,  a  une  efpèce  de  cailles  que  l'on  ne  voit 
point  ailleurs  ;   ils    les   appellent  falova  ,  &:    ils 
croient  que  celles  que  Dieu  envoya  aux  Ifraélitcs 
pour  les  nourrir  dans  le  défert  ,  furent  poulîces 
par  un  vent  du  Midi  de  l'Icmen  jufqu'à  leur  camp». 
Ils  écrivent  que  ces  cailles  n'ont  point  d'os  ,  & 
qu'elles  fe  mangent  toutes    entières.   D'Herb.  Le 
nom  falova  ,   eft    le    même    que    l'Hébreu  ^\v  , 
felav  ,  &:  au  pluriel  cy^i^vl  s  falvim  ,  qui  eft  celui 
que  l'Ecriture  donne  aux  oifeaux  que  Dieu  envoya 
aux  Ifraëlites.  Mi  d'Herbelot ,  aii  mot  Sâlva ,  dit 
que  Houllain  Vaez  ,  Comm.  de  l'Alcoran  ,  remar- 
que la  même  chofo  :  il  ajoute  que  c'cft  un  oifeau 
particulier  de  l'Iémen  ,  qui  eft  plus  gros  qu'un 
moineau ,  &  plus  petit  qu'un  pigeon  ,  qui  n'a  ni 
herfs ,  ni  os  ,  ni  veines ,  &c  dont  le  chant  eft  fort 
agréable.  Cela  relTemble  fort  à  nos  becfigues. Quant 
à  ce  que  difent  les  Arabes  ,  qu'il  n'a  ni  os ,  ni  nerfs , 
ni  veines ,  c'cft  une  de  ces  expreflions  &  hyper- 
boles qui  leur  font  fi  communes  ,  auffi-bien  qu'à 


C  Â  ï 


toUs  les  Orientaux  I,  Se  qui  fignifie  feulement  que 
cet  oifeau  eft  fort  gras ,  que  fcs  os ,  netfs  ,  &c. 
font  petits  &:  tendres  ,  &:  qu'on  mange  l'oifeaù 
tout  entier  ,  comme  en  effet  le  becirigue  j  l'orto- 
lan ,  &c.  fe  peuvent  manger  tout  entiers,  yoye:^ 
ce  que  l'Antiquité  a  dit  des  cailles  dans  VofiTms , 
De  Idolol.L.  ///,  c.  Stf,  88,  93. 

Les  Phéniciens  olftoient  à  Hercule  des  Cailles 
en  facrifice,  &  difoient  que  cette  coutume  venoit 
de  ce  que  ce  héros  ayant  été  tué  par  Typlron  , 
lolaiis  lui  rendit  la  vie  avec  l'odeur  d'une  Caille. 
Fable  fondée  fur  ce  que  dit  Bochard ,  qu'Hercule 
étoit  fujet  au  mal  caduc  ,  &  qu'on  le  faifoit 
revenir  en  lui  faifant  fentir  une  Caille ,  àonz  l'o- 
deur ,  au  rapport  de  Galien ,  eft  un  remède  utile 
à  ce  mal. 

I/C?  On  appelle  roi  des  cailles ,  un  oifeau  que  l'on 
prétend  fervir  de  guide  aux  cailles  ,  quand  elles 
palîênt  d'une  région  dans  une  autte.  Sa  chair  eft 
très-délicate  ,  &  l'on  dit  proverbialement  que  c'eft 
un  morceau  de  roi.  Son  plumage  eft  grivelé  com- 
me celui  de  la  Caille. 

(fj-  CAILLEBOT  ,  pour  CAILLOT  ,  ne  fe  dit 
qu'à  la  place  Maubert.  Voye^  Caillot. 

CAÎLLEBOTTE.  f.  f.  C'eft  une  malfe  de  lait  caillé, 
qui  eft  ferme  &  épailfi.  Concret i  laclis  grumus , 
maffa.  Nous  n'avons  mangé  que  des  caillebottes. 

CAILLEBOTTE  ,  ÉE.  adj.  Réduit  en  caillots ,  coa- 
gulé. Coagulatus ,  a ,  um.  L'oreille  droite  du  cœur 
étoit  remplie  d'un  fang  noir ,  épais  &  c.iillebotté. 
DuvERNÉ.  Acai.  des  Se.  1705.  Mim.p.  158. 

CAILLEBOTTIS.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Efpèce 
de  treillis,  ou  tillac  à  jour  j  fait  de  menu  bois, 
&  placé  entre  deux  hiloires ,  ou  bordures  pour 
fervir  à  évaporer  la  fumée  du  canon  quand  on  le 
décharge  ,  &  pour  donner  du  jour  entre  les  ponts, 
quand  les  fabords  font  fermés  durant  l'agitation 
de  la  mer.  Tatulatum  pervium  ,  Ou  cancellatum. 
L'efpace  qui  refte  des  ponts  eft  couvert  de  borda- 
ges  de  pareil  échantillon  que  celui  qui  eft  attaché 
fur  les  membres ,  ou  côtes  du  navire. 

GAILLELAIT.  f.  m.  Terme  de  Botanique.  Gallium. 
Plante  dont  les  fleurs  ou  tiges  nouvellement  fleu- 
ries font  cailler  le  laif,  d'où  lui  vient  fon  nom. 
Sa  racine  eft  menue  ,  noueufe  ,  rampante  &  tra- 
çante ,  d'un  jaune  tirant  fut  le  rouge ,  chargée  de 
quantité  de  filamens.  Ses  racines  portent  plufieurs 
tiges  catrées ,  menues ,  hautes  d'un  pied  &  demi 
au  plus ,  noueufes ,  &  un  peu  velues  •■,  chaque  nœud 
eft  entouré  de  fix,  huit,  &  jufqu'à  neuf  feuilles , 
longues  de  trois  quarts  de  pouce  fur  moins  d'une 
ligne  de  largeur ,  d'un  vert  foncé.  De  la  plupart 
de  ces  nœuds  fort  de  chaque  côté  une  branche 
noueufe,  garnie  de  feuilles,  &  terminée  aulTi-bien 
que  les  tiges  par  des  bouquets  de  petites  fleurs 
jaunes  d'une  feule  pièce  fendue  en  quatre  quar- 
tiers ,  foutenus  par  un  embryon  qui  devient ,  après 
que  la  fleur  eft  palTée,  un  fruit  menu,  brun,  fec^ 
compofé  de  deux  femences  arrondies  &  aplaties 
par  l'endroit  où  elles  fe  touchent. 

Il  y  a  une  efpèce  de  caillelait  auffi  commun 
que  celui-ci  ^  mais  qui  en  diffère  1°  ,  par  fes  fleurs , 
qui  font  tout-à-fait  blanches ,  1° ,  Par  fes  feuilles 
qui  font  un  peu  plus  larges ,  &  plus  courtes ,  d'un 
vert  gai ,  &  par  fes  branches  qu'elle  répand  çà  & 
là  ;  enfin  ,  par  l'odeur  de  fes  fleurs  ,  qui  eft  foible. 
Ces  deux  planres  font  à  préfent  recommandées 
pour  l'cpilepfie.  On  prend  l'une  &  l'autre  indif- 
féremment -,  on  en  tire  le  fuc  en  ajoutant  du  vin 
blanc  ,  lorfqu'on  les  pile  ,  ou  bien  l'on  en  fait 
me  décoélion ,  ou  on  les  prend  infufées  à  froid. 
On  joint  à  l'ufage  de  cette  plante  des  purgatifs 
plus  ou  moins  forts,  &  qu'on  réitère  fuivant  l'état 
de  la  maladie  &  les  forces  du  malade.  La  poudre 
de  fes  feuilles  eft  aftringente,  &  elle  fufpend  les 
hcm-orragies.  La  première  de  ces  efpèces  fe  nomme 
Galliuni  luteum  ,  &  la  féconde  Gallium  vulgare 
û'ni/m.  Infî.  R.  herb. 

CAÎLLEMENT.  f.  m.  §3" .  Etat   du  lait  ,  du  fang 


ijS 


C  A  I 


ou  (.l'une  autre  liqueur  qui  Ce  catllc.  Coagr/ario , 
covcreiio.  Caillement  de  laie  dans  les  nouvelles 
accouchées  ,  eil  une  maladie  qui  leur  vient  , 
parce  que  leur  lait  s'eft  caillé ,  &  s'efl:  mis  en  petits 
grumeaux  dans  leurs  mamraelles.  Le  cMlLement 
caule  de  grandes  douleurs ,  &  un  triiîbn  au  milieu 
du  dos.  Le  caillement  de  lait  vient  de  ce  que  la 
nouvelle  accouchée  n'a  pas  été  afléz  tctée.  Pour 
remédier  au  caillement  de  lait  &  pour  l'empêcher , 
il  faut  lé  faire  teter ,  &:  vider  les  mammelles.  Mau- 

RICEAU. 

CAILLER.  V.  a.  Coaguler  ,  figer.  Cogère  ,  coagulare, 
confpiffare.  La  morl'ure  des  icrpens  tue  ,  parce 
qu'elle  caille  le  lang  ,  &;  empêche  la  circulation. 
A  Floience  on  caille  le  lait  pour  faire  des  froma- 
ges avec  des  fleurs  d'artichauts ,  au  lieu  de  prélure. 
Paufanias  raconte  qu'Ariftée  fils  d'Apollon  &  de 
Cyrène  ,  fill'e  du  fleuve  Pénée ,  fut  le  premier  qui 
trouva  le  fecret  de  faire  cailler  le  lait.  De  Ro- 

CHEF. 

Cailler  ,  avec  le  pronom  perfonnel.  Se  cailler ,  v. 
récip.  Coci,cojicreJcere.  Le  lang  le  caille  li-tôt  qu'il  efl: 
■  hors  des  veines ,  ou  privé  de  chaleur.  Le  lait  fe 
caille  avec  de  la  préfure.  L'huile  de  tartre  ,  & 
l'efprit  de  vitriol  mêles  enfemble ,  fe  caillent  après 
quelque  légère  effervelccnce.  On  a  trouvé  en  Ir- 
lande une  forte  d'ardoife  noire  ,  excellente  con- 
tre le  flux  de  fang ,  &:  qui  empêche  qu'après  les 
grandes  chûtes  le  lang  ne.  le  caille  dans  le  corps, 
kisT.  Nat,  d'Irl. 

Cailler  ,  eft  audl  un  vieux  mot  qui  lignifie  chaf- 
fer  aux  cailles.  Il  fignifie  aulTi  fc  fervir  de  l'appeau 
qui  contrefait  le  chant  de  la  caille. 

Hoafeaiilx   fromis  &  larges  hottes  ^ 

Qui  rejfemhlent  ùourfe  à  cailler .  Rom.  de  laRofe. 

Ce  paiTage  de  Jean  de  Meun  ,  expliqué  en  peu 
de  mots,  lignifie  que  les  Moines  hypocrites  dont 
parle  Faulx- femblanr ,  ont  leurs  bas  qui  font  au- 
tant de  plis  qu'un  appeau  de  cailles ,  que  ce  Poète 
appelle  bourje  à  cailler,  Suppl.  de  Glojf.  du  Rom, 
de  la  Rofe. 

CAILLE  ,  EE.  Part,  Lait  caillé,  fang  caillé,  Coacius  , 
concretus. 

On  dit  abfolument  du  caillé  ;  pour  dire  ,  du 
hit  figé  &  coagulé  ,  dont  la  partie  féreufe  eft 
fortie  ,  qu'on  appelle  le  lait  clair  ,  ou  le  petit  lait. 
Coagulatum  ,  lac  prefum.  Plufieurs  Médecins  ap- 
pellent la  prélure  ,  du  caillé.  Voyez  Présure.  Les 
Bifaltes ,  peuple  de  Macédoine,  ne  mangent  pref 
que  que  du  caillé.  Dans  le  haut  pays  d'Auvergne 
le  peuple  vit  de  caillé ,  &  leur  boilfon  n'efl:  que 
du  petit  lait.  De  Rochef. 

CAILLETEAU.  f.  m.  diminutif.  Jeune  caille.  On 
fert  les  cailleteaux  fur  les  tables  comme  un  mets 
friand.  Pullus  coturnicis. 

CAILLETOT.  f,  m.  Efpèce  de  petit  tutbot  fort  dé- 
licat ,  ainfi  nommé  dans  la  balle  Notmandie. 

CAILLETTE,  f.  f.  Le  quatrième  ventricule  du  veau , 
du  chevreau ,  de  l'agneau ,  &c.  Abomafum.  C/elT:  le 
lieu  où  fe  fait  le  chyle ,  èc  d'où  tous  les  alimens 
tombent  dans  les  intefl:ins.  Omaftim.  La  caillette 
fe  vend  avec  les  tripes.  C'eft  dans  la  caillette  des 
veaux  ou  agneaux  que  fe  forme  la  préfure  qui 
caille  le  kit  :  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
de  caillette.  Ce  quatrième  ventricule  eft  rempli  de 
feuillets  comme  le  troillème  :  mais  ces  feuillets  ont 
cela  de  particulier  ,  qu'ils  enferment ,  outre  les 
membranes  dont  ils  font  compofés  ,  plufieuts 
glandes  qui  ne  fe  trouvent  point  dans  les  trois 
autres  ventricules. 

§3"  Caillette  fe  dit  figurément ,  dans  le  ftvle  fa- 
milier &c  badin ,  d'une  femme  frivole  &:  babillarde. 
C'eft  la  Caillette  du  quartier. 


C  AI 

//  n'efl  Caillette  en  honnîte  maifon 
Qui  ne  Je  pâme  à  J'a  douce  faconde, 
Ln  vérité  Caillettes  ont  raifon  ; 
C'eji  le  pédant  le  plus  joli  du  monde, 

§3"  On  le  dit  aulfi  d'un  homme  de  même  cataftère. 
C'eft  une  franche  Caillette,  Gerro ,  lojuaculus  , 
garrulofus, 

|C?  Pris  dans  un  fens  obfcène  ,  pour  déligner  les 
parties  naturelles  de  l'homme  ,  ce  terme  n'eft  con- 
nu qu'aux  halles. 

Caillette  s'eft  dit  anciennement  pour  Cauchois, 
Voyez  ce  mot. 

CAILLEUR.  f,  m.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  celui 
qui  c/iajfe  aux  cailles. 

Ip-  CAILLIQUE,  Poiflbn  de  mer,  royei  Haren- 
gade. 

CAILLOT ,  f.  m.  On  le  dit  du  fang.  C'eft  un  gru- 
meau de  fang ,  ou  une  petite  malfe  de  fang  caillé. 
Un  caillot  de  fang,  Grumus  fanguinis. 

Caillot  s'eft  dit  anciennement  pour  Cauchois, 
Voyez  ce  mot, 

CAILLOT  ROSAT  eft  une  efpèce  de  poire  au- 
jourd'hui peu  eftimée.  Pirum  callionium.  On  l'ap- 
pelle ainfi  à  caule  qu'elle  eftpierreufe,  &  qu'elle 
a  le  goût  de  rofe.  Quelques-uns  l'appellent  poire 
d'eau  rofe.  Ménage   écrit  caillorofat. 

CAILLOTIS,  f.  m.  Sorte  de  Soude  ,  dont  les  pierres 
font  de  médiocre  groileur  ,  &  fort  femblables  à 
des  cailloux ,  d'où  elle  a  pris  fon  nom. 

CAILLOU  ,  f.  m.  Petite  pierre  dure  ,  &:  quelquefois 
polie  &  luilante.  Silex  ,fcrupus.  On  l'emploie  avec 
le  ciment  à  paver  les  aqueducs  ,  les  grottes  &  les 
baflins  de  fontaine.  On  s'en  fert  aulîî  pour  les 
ouvrages  de  molaïque  ;  &  pour  cela  on  la  fcie  , 
&  on  la  polit 

§Cr  On  peut  divifer  les  cailloux  en  quatre  articles  , 
les  criiiallifés ,  les  tranfparens ,  les  opaques  &  les 
communs.  Les  cailloux  criftallifés ,  formés  d'une 
matière  vitrée ,  font  fulibles ,  Se  forment  avec  la 
foude  la  matière  des  glaces.  Il  y  en  a  de  deux  efpèees. 
La  première  eft  des  Cailloux  criftallifés ,  incorporés 
l'un  dans  l'autre  ;  dont  l'un  qui  fert  de  noyau  à 
l'autre  ,  paroît  d'une  nature  bien  différente  ,  étant 
feul  criftallifé,  La  féconde  efpèce  eft  creufe  en 
dedans ,  &  n'offre  qu'une  caverne  congelée  & 
brillante  par  la  criftallifation,  C'eft  ce  qu'on  appelle 
ciiftal  de  cailloux.  Cette  cavité  eft  d'une  matière 
plus  fine  &  plus  ferrée  que  la  croûte  de  deflas. 
On  en  tire  de  differens  endroits. 

ffT  Les  cailloux  tranfparens  font  pleins  partout  de 
la  même  matière.  Ils  imitent  le  diamant ,  &  fiit- 
pallênt  fouvent  le  criftal  de  roche  en  blancheur , 
en  netteté  &  par  le  feu  qu'ils  jettent  comme  ceux 
du  Rhin  &  quantité  d'auttes. 

§3"  Les  cailloux  opaques  font  foimés  d'une  ma- 
tiète  fablonneufe.  Il  y  en  a  qui  peuvent  fe  polir 
&  d'auttes  qui  ne  le  peuvent  pas.  Les  cailloux  d'O- 
rient ,  quoique  pleins  &  opaques  ,  font  d'une  na- 
ture très-fine  ;  leurs  couleurs ,  leurs  veines  &  leurs 
marbrures  les  font  rechercher  :  on  les  polit  par- 
faitement ,  ainfi  que  ceux  d'Angletetre  &  autres. 

0C?  Les  cailloux  opaques  de  la  féconde  efpèce  font 
ceux  dont  le  gtain  trop  gros  ne  permet  pas  qu'on 
les  polille  facilement  ,  quoiqu'ils  foient  com- 
pofés d'une  matière  très-dure.  Ces  cailloux  font 
pleins  en  dedans  8c  unis  en  dehors  ,  fans  aucuns 
pans  ni  angles,  le  plus  fouvent  ronds. 

%fT  Les  cailloux  communs  fe  divifent  en  ceux  qui , 
frapés  les  uns  contre  les  auttes ,  ou  contre  le  fer, 
font  du  feu  ,  &  ceux  qui  n'en  font  point.  Les  pre- 
miers font  les  galets ,  les  pierres  à  fufil  &  les  cail- 
loux des  vignes, 

ÇCr  Les  galets  font  des  cailloux  ronds  qu'on  trouve 
au  fond  des  rivières ,  fur  la  grève  des  mers  &  des 
fleuves.  On  les  cafie  pour  en  tirer  du  feu. 

^  Les  pierres  à  fafil ,  ouJîUx,  font  aufTi  dures  que  les 
auttes  cailloux.  Elles  font    de   couleur    blanche  , 


f 


C  A  I 

i^riib  ou  roufTe ,  avec  une  croiite  rabotcufc  par- 
cle/Tas.  11  y  en  a  qui  étant  cafïcss  ,  repicicntent  des 
figures  informes,  des  têtes  Ôc  d;s  p.u'tics  d'animaux. 
^3"  Le  Si/ex  qui  eft  blanc  &  tranfparent ,  6:  de  la  na- 
ture de  la  corne,  fc  nomme  pvrimac/ius.  S'il  n'eft 
propre  qu'à  faire  du  feu,  c'ell:  unpymt;.  Qiiand  il 
noircit  en  formant  des  veines  argentées  ,i!  prend  le 
nom  d'arprom^/anos. 
^CJ"  Les  cailloux  des  vignes ,  ainfi  que  ceux  qui  flotte? 
les  uns  contre  les  autres ,  ne  font  point  de  feu  ,  ne 
font  preique  d'aucune  ufage. 

Il  efl:  rapporté  dans  les  nouvelles  Littéraires  de 
la  mer  Baltique  qu'il  y  avoir  à  Hclmftad  un  hom- 
me qui  avoir  le  fecret  d'amollir  les  cailloux  les  plus 
durs  ,  &  d'y  imprimer  comme  fur  la  cire  les  figures 
qu'il  vouloir  ;  qu'il  s'étoit  fouvent  fervi  de  (on 
fecret  en  temps  de  guerre ,  pour  enfermer  fon 
argent  dans  des  pierres,  auxquelles  il  rendoit  en- 
fuite  leur  première  dureté. 

Eau  de  Caillou.  On  appelle  eau  de  Caillou  ,  une 
certaine  eau  forte  préparée ,  dont  il  eft  parié  dans 
le    Journal  des   Savans  de  Kîyy  ,  fec   fur   laquelle 
on  voit  végéter  les  métaux,  comme  un  arbre  qui 
croît  à  vue  d'ceil  ,&  s'étend  en  plulieurs  branches 
dans  toute  la  hauteur  de  l'eau.  Rhodes    Canalîe, 
Chymifte  Grec ,  eft  l'inventeur  de  ce  fecret. 
CAILLOUTAGE.  f.  m.  Scruporum  acervus.  Ouvrage 
de   cailloux    raraaifés.   Faire  une    grotte    de  cail- 
loutasse. 
CAIAIACAM  ou  CAINACAN.  f.  m.  Nom    de   di- 
gnité dans  l'Empire  Ottoman.  Il  y  a  deux  Caimu' 
cans  ;  l'un  qui  eft  toujours  proche  la  peribn.ne  du 
grand  Vifir  ,  &  l'autre  qui  rcfde  toujours  à  Cqu!- 
rarîtinople,  &  qui  en  eft  comme  le  Gouverneur.  Il 
n'y  a  d  ordinaire  que  trois  Caimacans  dans  l'Em- 
pire j   Ji    y    en    a    quelquefois    moins.    C-^lui    qui 
n'abandonne     jamais     Conftantinople   ,     examine 
toutes  les  aifaires  de  Police  ,  &  les  règle  en  partie. 
Il  y  en  a  un  autre  qui  ne   quitte  jamais  le  Grand 
Seigneur  ,  &:  fi  le  Viftr  eft  éloigné ,  il  y  en  a  auiîî 
un  auprès  de  lui  -,  mais  la  fonilion  du  dernier  de- 
meure lufpendue  quand  le  Vifir  eft  auprès  du  Sul- 
tan. Le  Caimacam  du  Vifir  eft  comme  fbn  Secré- 
taire d'Etat,  &  le  premier  Miniftre    de  fon  Con- 
feil.  La  Guill. 

Le  Caïmacam  fait  la  charge  de  premier  Vilît  à 
Conftantinople  ,  durant  l'abfence  du  Grand  Sei- 
gneur. Du  Loir,/",  zoi.  Il  écrit  Caymacan.W.  fau- 
riroit  écrire  Caimmacam ,  félon  l'étymologie  -,  car 
ce  mot  eft  compofé  de  deux  mots  Arabes ,  qui  font 
Caim-macam  ;  celui  qui  tient  la  piace  cTun  autre  , 
qui  s'acquitte  de  la  fonction  d'un  autre, 
CAIMACANIS.  f.  m.  Sorte  de  toiles  fines ,  dont  il 
fe  fait  un  grand  commerce  à  Smyrne  :  elles  font 
du  nombre  des  Cambrafines  de  Bengale. 
CAÏMAN  efpèce  de  Crocodile.  C'eft  auffi  le  nom 
d'une  pierre  qui  fe  trouve  dans  l'eftomac  de  ces 
animaux,  que  les  Indiens  &  les  Efpagnols  regardent 
comme  un  remède  aflliré  contre  la  fièvre  quarte, 
en  l'appliquant  à  chaque  tempe. 
■CAIMAND  ,  ANDE.  f.  m.  &  f.  Mendiant  qui  gueufe 
par  fainéantile.  Afendicus.  Il  eft  peu  ulité ,  (î  ce 
n'eft  parmi  le  peuple. 
CAIMANDER.  v.  n.  Giieufcr ,  mendier.  Mendicare. 
Cet  homme  n'a  d'autre  métier  que  de  caimajid^r. 
Ménage.  Il  fe  dit  aulfi  en  parlant  de  toutes  les 
choies  qu'on  va  demander  de  porte  en  porte, 
comme  des  foUicitat'ons  ,  des  emplois  ,  des  re- 
pas ,  ùc.  Et  alors  il  eft  aéfif.  Cnimander  des  recom- 
inandations  ,  les  fuffrages  •,  dans  cette  acception 
il  eft  figuré.  Quelc]ues-uns  dérivent  ce  mot  par  mc- 
tathèfe  de  mendicare ,  fignifiant  la  même  choie.  Il 
eft  du  ftyle  familier ,  même  bas. 
CAIMANDEUR  ,  EUSE.  f  m.  &  f.  fignifie  la  même 

choie,  que  Caimand ,  &  n'eft  pas  plus  noble. 
CAIN-CAHA.  Voye^  CaHin-CahA. 
C  A  I N  I  T  E.    f.    m.  &  £  Nom  de   SecSle.  Cainita. 
Prononcez     Caïnite    en    quatre    fyllabes.   Koyei 
Caianien^ 


G  A  I 


T^ 


CAJOLER.  Vieux  V.  n.  qui  hgnifioit  prôptémcnt  ba- 
biller ,  caufer.  Garnre.  l\  s'eft  dit  originairement 
ail  propre  des  enfans  qui  apprennent  .i' parier,  I  es 
pcres  prennent  plaifir  à  entendre  leurs  eilfan? 
quand  ils  cajolent. 

Ce  mot  vient  apparemment  de  cage  ,  qui  eft  Je 
lieu  où  oh  apprend  a  parler  aux  oifeaux. 
Cajoler,   v.  a.  Signifie  maintenant  ,  dire  des   dou- 
ceurs, des  paroles  honnkcs  &  obligeantes,    fiatcr  , 
louer,    entretenir    quelqu'un   de    chofes    qui    lui 
plaifent  &  qui  le   touchent,  hlandiri  aiicui ,  llandt) 
jermone  delunre  ,   Icnociniis    aliquem    permulcere-^ 
Cajoler  quelqu'un  fur  la  f:ience,  fur  le  bel  efprir, 
lui-  fi  bravoure,  fur   fes  belles   avions.  Elle  aime 
qu'on  la  cajole  fur  fa  beauté,  lur  fes  ajuftemensi 
iuria  bonne  grâce  en  tout  ce  qu'elle  fait.  Aimera 
être  cajolé  par  les  louanges.  Aelanc.  Les  hommes 
fe  cajolent  mutuellement  pour  fe  faire  rendre  leurs 
éloges  avec  ufure.  Id. 
Cajoler     fignifie    auffi  ,     carefief   quelqu'un  ,    afri 
d'attraper  de  lui  quelque  choie  à  force  de  ilareries. 
Palpare  ou  palpari.  Il  a  fi  bien  cajole  a  vieillard, 
qu'il  eft  devenu  fon  héritier.  On  a  beau   cajoler 
un  avare,  on  n'en  peut  rieii  arracher.  Il  faut  beau- 
coup d'art  &  d'adrefie    d'efprit   pour    cajoler   un 
riche,  &  pour  gagner  fes  bonnes  grâces.  Ablanc. 
Ah  !  que  celui-là  avoir  d*efprit  ,  qui  a  comparé  le 
fiateur   à  un  Renard ,  qui  cajole  le  corbeau  ,  pouf 
avoir  fon  firomage  !  Royaumont. 
Cajoler   fe  dit  plus  particulièrement  à  l'égaïd  des 
femmes  &  des  filles ,  qu'on    tâche  de   féduife  par 
de    belles   paroles  i   &    à  force   de  leur    dire  des 
c!o;!ceurs    &  des    Hateries.  Procari,  Le  foible  deè 
femmes,  c'eft  d'aimer  qu'on  les  cajole. 
Voir  cajoler  fa  femme  ,  &  n'en  témoigner,  rien  , 
Se  pratique  aujourd'hui  par  forcegens  de  lien.  lAoi-, 

Ce  verbe  dans  toutes  ces  acceptions  n'eft  que  du 
ftyle  de  converfation. 

Cajoler  un  vaiffeau ,  c'cil:  ,  en  fermes  de  Marine, 
le  mener  contre  le  vent  dans  lé  courant  d'une 
tivière.  Adverj'o  vento  projlitentcm  dccurrere.  On 
ie  ferr  aufliMe  ce  terme  pour  dire  faire  de  petitesbor 
décs ,  ou  attendre  fans  voile ,  en  faii'ant  peu  de  route. 

Cajoler,  v.  n.  Terme  de  Fauconnerie,  qui  ie  dit  du 
cri  des  geais.  Faultrier.  Quelques-uns  écrivent 
Ca^eoler  ,  mais  cajoler  vaut  mieux. 

CAJOLE ,  ÉE.  part. 

CAJOLERIE,  f.  f  Flateries  pour  gagner  l'amitié  de 
quelqu'un ,  &  en  obtenit  ce  qu'on  dcfire.  Blandi- 
tla:.  Il  fe  dit  particulièrement  du  langage  fiateur 
dont  on  fe  i'err  pour  tâcher  de  féduire  une  femme 
ou  une  fille.  Une  fille  doit  craindre  toutes  les  cajo- 
hries  des  hommes. 

Ip-  CAJOLEUR ,  EUSE.  f.  m.  5c  f.  Celui  ou  celle 
qui  cajole  ;  celui  qui  donne  des  louanges  où  il  y 
a  quelque  affedfation  ,  &  qui  ientent  la  flaterie, 
ou  qui  cherche  à  féduire  une  femme  ou  une  fille 
par  de  'oellcs  paroles.  Blandidicu.s ,  blanàiloquus , 
blandulus.  Vous  n'êtes  qu'un  cajoleur. 

IKF  Cajoler ,  Cajolerie.  Cajoleur  ne  peuvent  entrer 
que  dans  la  converfiition  familière-, 

CAîOU.  f  m.  Eipèce  de  noix  qui  vient  du  Bircfil. 
On  dit  Acajou,  &  non  pas  cajou.  Voye^i  kcMov, 

Ip"  CAIPHE ,  ou  CAIPHAS ,  ùirnommé  Jojeph  , 
grand  facrificateur  des  Juih  qui  condamna  le  Sau- 
veur à  mort.  Lorfque  les  Juifs  tinrent  confeil  pour 
fiire  mourir  Jefus-Chrift ,'  Caîphe  prophétiia  qu'il 
étolt  expédient  qu'un  hom.me  mourût  pour  conler- 
ver  la  nation.  Quelque  teir.ps  après ,  Ibus  l'empire 
de  Tibère,  Virellius  lui  ôta  fa  dignité  qu'il  avoit 
confervée  près  de  neuf  ans.  On  prétend  qu'il  en 
mourut  de  chaevln. 

CAÎQUE,  f  m.  Terme  de  relation  &  de  Marine. 
Efquif ,  petit  bâtiment  chez  les  Turcs.  Cymba.  C'eft 
le  Boftangi-Bachi  qui  gouverne  le  timon  du  Cal- 
que du  Grand  Seigneur ,  qOand  il  va  lùr  mer. 
Du  Loir  ,  p.  9^.97  /  ovr^  Catc. 

CAÎPvE,f.  f  Vieux  mot,  quifig.lifioit  Vilage.  Quand 


î^  o 


C  A  ï 


un  homme  cft  mince  de  cane.  Botcl  le  fait  venir 
du  Latin  caro ,  chair.  Les  Elpagnols  dilent  cara , 
pour  dire ,  vilage. 
CAIRE,  diriis.  Le  Caire,  ouïe  Grand  Caire,  elt 
la  Ville  capitale  d'Egypte,  (ituce  furie  bord  oriental 
du  Nil,  troislicues^environau-dcirusderendroiroù 
ce  fleuve  commence  à  le  divilcr,  6c  à  tormcr  ce 
riu'oii  aopeloir  autrefois  le  Delta  ,  &  qu'on  nomnre 
aujourd'hui  ï'Emf.  Le  Caire  eft  une  des  plus  grandes 
Villes  du  monde.  Il  eft  diviic  en  trois,  la  Bu  lac  , 
le  vieux  Caire  &  le  nouveau  Caire.  Vis-à-vis  du 
Caire  ,  au  Couchant  du  Nil ,  on  voit  les  reftes  de 
l'ancienne  Memphis  :  c'eft  pour  cela  que  nos  Poiftes 
-appel'entlbuventle  C^/re,  Memphis. 

On  voit  aulli  du  côté  même  du  Caire ,  &  afTez 
proche  ,  les  ruines  de  l'ancienne  Babylone  d'Egypte. 
On  prétend  que  le  Caire  ctoit  autrefois  rrois  tois 
aulIi  grand  que  Paris  ■■,  mais  il  a  beaucoup  diminué 
depuis' qu'on  s'eft  ouvert  une  route  aux  Indes  par 
le  Cap  de  Bonne -Efpérance.  Aujourd'hui  on  dit 
que  le  nouveau  Caire  eft  encore  auffi  grand  que 
Paris*,  le  vieux  &  le  Bulac ,  font  deux  gros 
boursîs  que  l'on  compare  à  Rennes  en  Bretagne  , 
ou  à  la  Haye  en  Hollande.  On  dit  que  cette 
ville  a  été  bâtie  l'an  908  des  ruines  de  la  Babylone 
d'Eîîypte  par  Elmendinalla  ,  petit-fils  d'Abdalla 
CalTte  d'Afrique ,  qui  fe  rendit  maître  de  l'Egypte. 
Le  Caire  a  de  latitude  50°  2.'  30",  Se  fon  mé- 
ridien diffère  "de  celui  de  Paris  de  19°  35'  o" 
^'eft-à-dire,  que  fa  longitude  eft  de  49°  16' 50". 
Cassini. 

le  Caire  fut  bâti  auprès  de  l'ancienne  Capitale 
d'Egypte  que  l'on  nommoit  pour  lors  Mefr ,  ou 
Forithath.  Saladin  fit  enfermer  ces  deux  Villes 
d'une  muraille.  Mefr  s'appelle  aujourd'hui  le  vieux 
Caire.  On  a  bâti  une  troifième  ville  entre  le  vieux 
&;  le  nouveau  Caire.  Macrifi  a  fait  une  exadie 
defcription  de  cette  Ville,  dans  laquellc_  on  peut 
voir  tout  ce  qui  y  a  été  ajouté  depuis  ia  fondation, 
D'Herbelot. 

Le  nom  de  Caire  ,  que  nous  donnons  à  cette 
Ville ,  vient  du  nom  arabe  Cahera  ,  "T'P  ,  qui  lui 
fut  donné  .parce  que  fon  fondateur  Giavar,  Général 
de  l'armée  de  MoezLedinillah  premier  Calife  de  la 
race  des  Fatimites,  voulut  qu'on  jetât  les  fondemens 
de  cette  Ville  fous  l'horolcope  ou  l'afccndant  de 
Mars  ,   à  qui  les  Aftronomes  Arabes  donnent  l'é- 
pithète  de  Caher  ,  qui  fignifie  vainqueur  ,  conqué- 
rant ,  du  verbe  arabe  nnp  ,  Rahara ,  vaincre  -,  de 
forte  que  cette  ville  fut  nommée  Alcahera ,  c'eft- 
à-dire  ,  la  viélorieufe.  D'Herb. 
CAISSE,  f.  f.  Coffre  ,  boîte  ,  vai.Teau  fait  de  menues 
planches  de  fapin  ,    ou  d'autre  bois  léger  ,    pour 
tranfporter   des   marchandifes.    Capfa.  On  appelle 
•des  raifins  de  caijfe ,  les  raifins  fecs  &:  un  peu  gras 
qui  viennent  dans  des  caiffes.  Ce  mor  fe  prononce 
comme  s'il  étoit  écrit  Kejfe  ,  il  faut  dire  la  même 
chofe  de  fes  dérivés. 
Caisse,  terme  de  Jardinier,  C'eft  un  coffre  carré  de 
4)ois  foutenu   de  quatre  petits  pillicrs  carrés ,   ou 
tournés ,  qui  fervent  aulfi  à  en  tenir  les  quatre  côtés 
aflemblés  -,  il  eft  ouvert  par  le  haut ,  &:  ordinaire- 
ment peint  par  dehors  pour  le  conferver  &  pour 
l'orner  :  on  remplit  les  c^z/^^  de  terre  préparée,   &: 
l'on   y  plante  des  orangers  ,   des  grenadiers ,  &c. 
Caisse    eft   auffî  un  renfoncement  carré  qui  eft  dans 
chaque  intervalle  des  modillons  du  plafond  de  la 
cornice  Corinthienne  ,  8c  qui  renferme  une  rofe. 
Lacunaria.  On  appelle  zniYi panneaux  ,  ces  mêmes 
renfoncemens ,    de   ils  font   de  différentes   figures 
dans   les    compartimens    des    voiites  &    des    pla- 
fonds. 

On  appelle  auffi  caiffe  de  poulie  d^ns  un  navire, 
un  moufle  de  poulie.  Rechamus. 
Caisse,  chez  les  Tourneurs,  eft  ce  qui  fert  à  con- 
tenir le  regiftre  ou  clavier.  La  caiJfe  eft  de  fer 
ou  de  laiton.  CapÇuld.. 
Caisse  fignifie  au/lî  un  coffre  fort  de  Banquier  , 
de  Marchand,  Capfa.  Cette  caiffe  a  de  bonnes  ban- 


C  A  î 

des  de  fer ,  &:  une  ferrure  à  trois  pênes.  C'eft  un 
tel  Commis  qui  tient  la  caiffe  chez  ce  Trcforicr. 
Argent  de  caiffe  ,  ou  monnoie  de  caiffe,  c'eft  l'ar- 
genr  que  les  Ncgocians  ou  Marchands  ont  pour 
faire  des  paycmens  de  la  main  à  la  main. 
Caisse  ,  ie  dit  aufli  de  tout  l'argent  qu'un  Finan- 
cer a  chez  lui  &  qu'il  négocie.  La  caiffe  de  cet 
homme-là  eft  de  cent  mille  écus. 

On  nomme  auffi  caiffe  ,  le  lieu  où  eft  le  coffte 
fort,   &  OÙ  le  Caifller  fait  les  payemens.  On  dit 
je  vais  à  la  caiffe.  Livre  de  caiffe,  c'eft  un  regiftre 
dont  les  Caiffiers  fe  fervent  pour  y  coucher  toutes 
les  parties   de  recette  &:  de  dépenfe  qu'ils  font  en 
deniers  comptans. 
^3"  Caisse   de    crédit,   C'eft  une  caiffe    établie    en 
faveur  des  Marchands  fotains  qui  amènent  à  Paris 
des  vins  ou   autres  boiffons.  Ces  Marchands  peu- 
vent aller  à  cette  Caiffe  prendre  le  crédit  dont  ils 
ont  befoin ,  pourvu  qu'il   n'excède   pas  la  valeur 
de  moitié  de  leur  marchandife. 
Caisse  des  Emprunts  ,  croit  une  caiffe  Royale  ,  qui 
fut   établie  fous  le  règne  précédent  à  l'Hôtel  des 
Fermes,   pour  y  recevoir  les   deniers  des  particu- 
liers  qui   vouloient   prêter  leur  argent  à  intérêt. 
Les  Fermiers  donnoient  des  promelTes  qui  étoient 
des  billets   au   porteur  ,  pour  valeur  reçue  comp- 
tant ,  &  qui  avoient  cours   fur  la   place ,  fous  le 
nom  de  promeffes  des  Gabelles.  A  la  mort  de  Louis 
XIV ,  ces  promelles  ont  été  converties  en  billets 
de   l'Etat  ,   &    acquittées    en   entier    fous    Louis 
XV. 
CAissEjfignifie  auffl  un  gros  tambour  qui  fert  à  la  guerre. 
Tympanum.  Et  on  dit ,  battre  la  caiffe  ;  pour  dire, 
alfcmbler  des  Soldats.   Tympanum  pitlfare.  On  le 
dit  auill  pour  fignifier  ,  lever  des  Soldats. 

On  dit  proverbialemenr ,  bander  la  caiffe  ;  pour 
dire  ,  s'en  aller ,  parce  qu'il  faut  en  effet  bander 
les   peaux  de  la   caifle  pour  battre  la  retraite  ou 
le  décampement. 
(CT  Caisse  du  Tamhour.  Terme  d'Anatomie.  C'eft 
ainfi  qu'on  appelle  la  cavité  demi-fphcriqu'e  qui  fc 
remarque  au  fond  du  trou  auditif-externe  de  l'oreille. 
i^oyei  Oreille  5r  Tambour. 
Caiss'e  de  Fufées.  C'eft  un  coffire  de  planches,  long 
&  étroit  en  carré  fur  fa  longueur ,  pofé  verticale- 
ment ,  où  l'on  enferme  une  grande  quantité  de  fu- 
fées volantes ,  lorfqu'on  veut  faire  partir  en  même 
temps  ëc  former  en  l'air  une  figure  de  feu  compa- 
rable à  une  gerbe  de  blé  d'une  vafte  étendue ,  qu'on 
appelle  aulfi  par  cette  raifon  gerhe  de  feu. 
Caisse  Aérienne  ,  eft  une  forte   de  ballon  qui  ren- 
ferme beaucoup  d'arrifices  &:  de  petites  fufées. 
CAISSETIN.  f.  m.  Petite  caiffe  de  fapin  ,  plus  lon- 
gue que  large  ,  dans  laquelle  on  envoie  de  Provence 
cette  forre  de  raifins  en  grappes ,  féchés  au  foleil , 
qu'on  appelle  raifins  aux  jubis. 
^fT  On  appelle  aulfi  caiffetin  dans  les  manufadfures 
d'ouvrages  enToie,  une  petite  armoire  à  plufieurs 
étapes, "dans lefquels  l'ouvrier  range  les  dorures  & 
les  foies  qu'il  emploie. 
CAISSIER,  f.  m.  Celui  qui  tient  la  caiffe  d'un  Trcfo- 
rier,  d'un  Banquier,  qui  eft  chargé  de  recevoir  &c  de 
payer.  Capjis prcefecius ,  capfarum  cuflos,adminijicr. 
Le  Caiffier  des  gabelles.  Il  faut  qu'un  Marchand 
ait  un' Caiffïer  fort  fidèle. 
CAISSON,  f.  m.  Grande  caiffe  couverre  en  dos  d'àne, 
qu'on  porte  fur  un  charriot  pour  y  mettre  le  pain 
de  munition,   &  autres  chofcs  dont  on  a  befoin  à 
l'armée.  Annonarius  currus.  Il  y  a  aufll  des  caiffons 
de  l'arrillerie. 
Caisson    de   bombes   ,    eft   un    fourneau   faperfîciel 
fait  de  bombes  enfermées  dans  une  caiffe  de  bois. 
On  en  fiit  quelquefois  qui  ne  fonr  pleines  que  de 
poudre.  On  le  couvre  d'un  peu  de  rerre  ,  &:  on  y 
mer  le  feu,  par  le  moyen  d'un  fauciffon  qui  répond 
au  fond  du  caiffon ,  lorfque  l'ennemi  fait  fes  ap- 
proches ,  &  vient  fe  loger  deffus.  OUis  i^nariis  re- 
fend capfa.  Les  fo^t^aces  font  plus  d'effet  que  les 
caiffons. 

Caissons  , 


CAL 

Caissons  ,  c'eft  ainfi  qu'on  appelle  fur  mer  les  coffres 
qui  Ibnt  arrachés  fur  le  revers  de  l'arrière  du  vaifTeau. 
Citfjie  nautictz. 
CAiSTRE,  Foyei  Caystre* 

^  CAITHNESS   ou  CATHNESS.  Province  la  plus 
méridionale  de  l'Ecolfe.  Elle  eft  ferrile  en  blés  & 
en  pâturages.  Weik  en  eft  la  capirale. 
CAIUS.  f  m,  Prénom  latin  que  nous  confervons  en 
fon  entier  dans  notre  langue.  Les  Romains  ne  l'ex- 
primoient  fouvent  que  par  un  C,  &  noils  en  ufons 
de  même.- C,  Céfar,   furnommc  Caligula ,    fils  de 
Gcrmanicus ,  fut  le  quatrième  Empereur  de  Rome. 
Caïa  étoit  le  prénom  pour  les  femmes.  Les  Romains 
le  marquoient  par  un  3  renverfé.  Quelquefois  Caïus 
n'efl:  pas  prénom  ,  mais  nom.  Caïus ,  difciple  de  S. 
■  Paul ,  dont  il  eft  parle  aux  aéles  des  Apôtres  XIX, 
zç),  XX,  4.  S.  Caius  yVtipc  étoit  originaire  de  Dal- 
matie  ,  &,  à  ce  que  l'on  croit,  parent  de  Diocié- 
tien.  Ce  nom  n'a  point  de  pluriel.  Ainli  l'on  dit , 
il  y  a  deux  Caius  Patriarches  de  Jérufalem,  Quel- 
quefois on  trouve  Gains  pour  Caïus ,  parce  qu'en 
grec  on  dit  taios. 
CA JUTES,  f.  f.  Terme  de  Marine.  Ce  font  les  lits 
des  vaifleaux ,  qui  font  la  plupart  emboîtés  autour 
du  navire.  On  les  appelle  auffi  camagnes  Se  càpites. 
LecliiU  naiitici. 
^fF  CAIWANL  Sauvages  de   l'Amérique  ,  qui  ha- 
bitant les  Iles  qu'on  trouve  dans  l'embouchure  de 
la  grande  rivière  de  l'Orenoqiie. 
CAIXE.  f.  m.  Sorte  de  monnoie  qui  a  côiirs  au  Japon. 
Caixa  ,  Caixus.  Pour  liii  ménager  ces  audiences , 
on  lui  demandoit  cent  mille  caixes  ,  qui  font  fix 
cents  écus  de  notre  monnoie.  Bouhours  ,  Xav.  L  , 
V.  Par  conféqucnt  chaque  caixe  vaut  4  den. 
§C?  CAIZUNU.  L'une  des  cinq  Provinces  qui  font 
la  divifion  de  l'Ile  Efpagnole  ,   en  Amérique.  Ce 
mot   dans  le  langage  du  pays  fignifïe  ,  front  ou 
gouvernement. 
CÂKERLAC.  f.  m.  Nom  d'un  infede  qui  fe  trouve 
dans  l'Amérique  méridionale.  Cakerlacus.  Les  four- 
mis   font  ennemies  des    Cakerlacs  ,    &    les    dé- 
truifent. 
^  CAKET,  Ville  &  petit  Royaume ,  dans  le  Gur- 
giftan.  Ce  Royaume  ,  qui  eft  l'Ibérie  des  anciens , 
obéit  au  Roi  de  Perfe, 

Chu 

CAL  ou  CALUS.  f.  m.  Durillcin  qui  vient  aux  pieds , 
aux  mains  &  aux  genoux.  Callus  ,  calLum.  Il  vient 
des  calus  aux  mains  à  force  de  travailler,  &  des  ca- 
las aux  pieds  à  force  de  marcher. 

Le  cal  eft  auiîl  le  nœud  qui  joint  un  os  frac- 
turé. DiONis.  La  formation  du  cal.  Id.  Le  cal  fe 
fait  en  cette  manière.  Le  fuc  qui  nourrit  les  os 
coulant  le  long  des  fibres  olTeufes ,  fuinte  par  l'en- 
droit où  ces  fibres  fe  trouvent  rompues,  &  venant 
à  s'arrêter  ,  &  à  s'amafler  autour  des  extrémités 
de  l'os  fraduré  ,  il  s'y  defleche,  &:  les  unit  comme 
li  c'étoit  de  la  colle  forte  ,  de  manière  qu'il  li'y 
refte  plus  qu'une  petite  inégalité  à  l'endroit  où  le 
cal  s'cft  formé.  Id. 

Dans  .les  eilais  Se  obfervations  de  l'Académie  d'E- 
dimbourg ,  Tom.I,p.   184,  il  eft  parlé  d'un  cal 

I  extraordinaire  ,  qui  répare  la  perte  d'une  grande 
partie  du  tibia. 

lO"  CALA  ou  KALA.  Ancien  palais  des  Rois  de 
France  ,  dans  le  territoire  de  la  ville  de  Paris ,  au- 
près du  lieu  où  a  été  fondée  l'abbaye  de  Chelles. 
Ce  fut  à  Cala ,  félon  Grégoire  de  Tours ,  que  le 
RoiChilpéricfitemprifonner  Ion  fils  Clovis,  &  qu'il 
permit  à  la  Reine  Frédégonde ,  fa  belle-mere,  de  le 
faire   mourir.    Le  crime  tnt  cependant  commis  à 

•  Noiiy  fur  la  Marne.  C'eft  encore  à  Cala  que  fut 
tué  Chilperic.  Le  Roi  Robert  aîlembla  un  Concile 
à  Cala  l'an  1008.  Le  bourg  de  Chelles  a  été  bâri 
des  ruines  de  cette  Maifon-R^oyale. 

CALABA.  f.  m.  Arbre  gommcux   des  Indes.  Il  a  la 
fieur  en  rofe  ,  compofée  de  pluficurs  pétales  placés 
dans  un  ordre  circulaire.  Il  s'élève  de  fon  fond  un 
Tome-  II, 


G  AL 


i^î 


piftil  qui  devient  enfuite  un  fruit  fphcrlque  ,  charnu  s 
&  qui  contient  un  noyau  de  la  même  forme.  Il 
fort  du  tronc  de  cet  arbre  &  de  les  branches  une 
gomme  claire  ,  à  peu  près  femblable  au  maftic 
dont  elle  porte  le  nom  j  &  aux  ufages  duquel  on 
le  fubftitue  dans  quelques  endroits; 
CALABERNO.  Koyei  Carabouron. 
CALABOURNO.  Nom  d'un  Cap  fîtué  à  dix  milles 

au  fud-eft  de  Salonique.  P.  Feuiil-^e 
^  CALABRA-CURIA.   Lï  cour   Calabre  ,   bàrie 
par  Romulus ,  fur  le  mont  Palatin  ,  félon  Varron  i 
ou  lelon  d'autres ,  près  du  Capitole.  Elle  f.it  ap- 
pelée calabra ,  àvL  mot  calare ,  (\u.\  lignifie  convo- 
quer ,  parce  que  Romulus  deftina  ce  lieu  pour  les 
aflemblées  du  peuple.  Depuis  ce  temps-là  le  Roi 
des  facrifices  y  eonvoquoit  le  Sénat  8c  le  peuple 
pour  leur   annoncer  les  jours  des  jeux  &  des  fa- 
crifices. roye:^  Macrobe  ,  O.  i^  ,&c  Festus. 
CALABRE.  Nom  d'une  Province  du  Royaume  de 
Naples  ,   laquelle  a  titre  de  Duché.  Calabria.  La 
Calabre  diCié  nommée  anciennement  Meff  apie,  Mj^iî- 
pia,  de  Meflapus  ;  &:  Pencétie ,  Pencetia,  de  Pencccius 
frère    d'Oenotrus.    Enfuite    elle  a  pris  le   nom  de 
Calabre  ,  qui  eft  très-ancien,  &  que  quelques-uns  ti- 
rent du  grec  x«ao?  j  beau ,  bon,U  lip)ea]c  fuis  chargé , 
parce  qu'elle  eft  chargée ,  c'eft-à-dire ,  pleine  de 
toutes   fortes    de   biens.    Mais  Bochart  veut  qu'il 
Vienne  de  l'hébreu  aVp.  Car,  dit-il,  Ckanaan ,  Livre 
II,  chapitre  35  ,  &:  ^Hl^p ,  Kalab  8c  Kalba,  ligni- 
fient de  la  poix  j  or  la  Calabre  eft  pleine  de /iceûj 
&  d'autres  arbres  d'où  coule  la  poix  ;  &  c'eft  même 
pour   cela  que  les  Grecs  l'ont  nommée  Pencetie , 
wxvKiVa.,    car  Tratxi  ,  lignifie  picea.  Ainfi  félon    lui 
Pencétie  &  Calabre  ne  font  que  la  même  chofe. 

Le  P.  Briet  montre  que  la  Calabre  n'étoit  autrefois 
qu'une  partie  de  l'ancienne  MefTapie  qui  compre- 
noit  les  Salentins  &  les  Calabrois.  Aujourd'hui  la 
Calabre  eft  une  gande  contrée  que  l'on  prend 
quelquefois  pour  une  des  quatre  parties  générales 
du  Royaume  de  Naples  5  mais  qui  darts  là  fio-nifi- 
cation  propre  &  commune  eft  Une  prefqu'île  bai- 
gnée au  couchant  par  la  mer  Thirrene  j  ou  de 
Naples  -,  au  midi  par  celle  de  Sicile ,  au  levant 
par  la  mer  Ionienne  ,  ou  de  Grèce  5  &  qui  a  au 
nord  la  Bafîlicate.  Elle  fe  divife  en  deux  parties  ) 
la  Calabre  citérieure  ou  fupérieure ,  &  la  Calabre 
ultérieure  ou  inférieure.  La  Calabre  citérieure ,  Ca- 
iairia  citerior  ou  fuperior  ,  eft  la  partie  qui  eft 
au  nord,  &:  touche  à  la  Balilicate,  6c  s'étend  de- 
là environ  vingt  lieues  au  midi.  Sa  capitale  eft 
Cofenza.  La  Calabre  ultérieure  eft  le  refte  j  Cala- 
bria  ulterior  ou  inferior ,  ou  la  partie  méridio- 
nale de  la  Calabre  générale.  La  capitale  de  la  Ca- 
labre ultérieure  eft  San-Severino.  La  Calabre  d'au- 
jourd'hui n'eft  point  la  Calabre  de  Ptblomée  ,  de 
Tite-Live ,  ni  de  Pline.  Elle  en  eft  même  affcz 
éloignée  -,  car  celle-ci  étoit  une  partie  de  ce  qu'on 
appelle  aujourd'hui  la  terre  d'Otrante. 

La  mer  de  Calabre  eft  la  partie  de  la  mer  Ionienne 
qui  baigne  les  côtes  de  Calabre  &c  de  Sicile  ,  qui 
s'étend  jufqu'à  Santa-Maria  de  Leuca.  Foye:^  fur  là 
Calabre  Cluvier ,  Liv.  III,  &c  Leand.  Dejc.  Itaim. 
On  dit ,  battre  la  Calabre  ;  pour  dire  ,  battre  la 
campagne.  Ho  ,  pour  cette  fois-ci ,  il  faut  battre  la 
Calabre  [Abbé  de  Choisy. 
CALABROIS  ,  OISE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Calabre. 

Calaber.  S.  François  de  Paule  étoit  Calabrois. 
go-  CALAC,  Ville  d'Afrique  ,    dans  la  province  dé 

Béni-Arax  ,  Royaume  de  Trémecen. 
|p=  CALACIA,  Ville  de  la  Tartarie  ,  au  Royaume 

de  Tanguth ,  capitale  de  la  province  d'Esrrigaia. 
|p=  CALCAOROLY.    Royaume  d'Afrique' dans   la 
Nigririe  ,    au  haut    de  la   rivière   de   Saint    Do- 
mingue. 
CALADARIS.    Voye^    Calladaris. 
CALA  DE.  f.  f.   Terme   de  Manège.    C'eft  là  penttf 
d'une  éminence ,  d'un  terrain  élevé ,  par  où  l'on 
fait   defcendre   plufîeurs   fois   un   cheval    au  périt 
galop  ,  pour  lui  apprendre  à  plier  les  hanches ,  SC 


16% 


CAL 


à  former  fori  arrêt  ,  avec  les  aidés  dit  g^as  des 
jambes ,  da  Ibutien  de  la  bride  ,  &  du  cavei:on 
employés  à  propos.  Chvius.  On  l'appelle  aulfi  bi\£e. 
Pixvimtiiium  dcclive ,  dec/ivitas. 

Ce  mot  vient  de  ca/adci ,  qui  fignifioit  autrefois 
jpavé ,  &  le  dit  encore  à  Momauban  -,  &c  eft  dc);ivé 
de  riicbreu  ka/n  ,  qui  lii;nific  une  pierre.  On  ap- 
pelle encore  caladt  en  pkiiicurs  Villes  ,  &  fur-tout 
dans  le  Lyonnois ,  le  parvis  qui  eft  au-devant  de 
l'Egliie  ,  où  fe  promènent  les  fainéans. 

CALÀF,  f.  m.  Efpècc  de  faule  qui  croît  en  jplufieurs 
endroits  de  l'Eti^ypte  ,  fur-tout  dans  les  lieux  hu- 
mides. Sa.lix  jÈgyptiaca.  Voyez  Collafe  ,  car  c'eft 
ainii  qu'il  faut  dire,  &:  non  pas  ctlaf. 

CALAHORRA.  Ville  cpifcopale  d'Efpagne.  Calaguris. 
Elle  efl:  dans  la  vieille  Caftille ,  aux  confins  de  la 
Navarre  ,  fur  le  bord  de  FEbre ,  à  l'endtoit  où  ce 
fleuve  reçoit  la  rivière  nommée  Cicados  di  Cajtilla, 
entre  Lagrono  &  Tudela.  L'Evëque  de  Calahorra 
écoit  autrefois  fuffragant  de  Târragone.  Il  l'eft  au- 
jourd'hui de  Burgos. 

^  CALAJATE.  Ville  de  l'Arabie-Heureufe ,  vers 
le  Golfe-Perfique ,  dans  la  contrée  d'Ofman ,  dé- 
truite par  les  Portugais. 

CALAIS.  Calmim.  Ville  Se  port  de  hier  en  Picardie , 
province  de  France.  Calais  eft  capitale  du  pays  re- 
conquis ,  petite  contrée  de  Picardie  au  feptentrion  , 
&;  le  long  de  la  mer.  Cette  ville  n'eft  pas  grande, 
mais  elle  eft  bien  bâtie  &  fort  peuplée  ,  à  caufc 
du  commerce  qu'y  attire  la  bonté  de  fon  port.  Ca- 
lais eft  une  des  plus  fortes  villes  de  France  ,  étant 
prefque  toute  environnée  ou  par  la  mer ,  ou  par 
des  marais ,  à  quoi  l'art  a  ajouté  un  grand  nombre 
de  baftions ,  une  bonne  citadelle ,  &  un  fort  ap- 
pelé le  Risbandy  qui  défend  l'entrée  de  fon  port. 
LesAnglois  prirent  Calais\:^■a.  1347,  &  l'ont  garde 
jufqu'en  1558,  que  le  Duc  de  Guife  la  re|3rit.  Mat  y. 
Quelques  favans  croient  que  Calais  eft  VIccius por- 
tas de  Céfar.  Les  Caletes  des  anciens  ne  font  pas 
Calais ,  c'eft  le  pays  de  Caux  ',  mais  ces  Caletes , 
ou  une  partie  de  ces  Caletes  s'étant  éjrablis  à  Ca- 
lais ,  lui  ont  donné  leut  nom.  Baudouin  IV  ,  Comte 
de  Flandre  ,  fur  la  fin  du  dixième  fiècle ,  eft  celui 
qui  a  commencé  à  faire  travailler  au  port  de  Ca- 
lais. Philippe,  Comte  de  Boulogne,  au  treizième 
fiècle,  fit  fortifier  la  ville.  Edouard  III ,  Roi  d'An- 
gleterre ,  la  prit  en  1547.  Le  Duc  de  Guife  la  re- 
prit en  1558.  En  159^,  l'Archiduc  Albert  la  prit. 
Deux  ans  après  elle  fiit  rendue  à  Henri  IV ,  par 
la  paix  de  Vervins.  Foye^  Du  Chefne ,  Ant.  des 
villes  de  France  ,  L.  I,  c.  no.  Valois.  Notic.  Gall.p. 
114  Se  115  ,  où  il  montre  que  Caletum  n'eft  point 
Calais.  Le  nom  de  Calais  vient ,  à  ce  que  quel- 
ques perfonnes  croient ,  de  Caletes ,  nom  latin  d'un 
peuple ,  dont  parle  Céfar ,  &  qui  habiroient  dans 
le  pays  de  Caux,  &  fur  cette  côte.  Vigenère  & 
quelques  autres ,  ont  cru  que  Calais  croit  le  Portus 
Iccius  de  Ptolémée  &  de  Céfar  ;  mais  aujourd'hui 
ce  fentiment  eft  abandonné. 

Le  pas  de  Calais ,  fretum  Gallicum  ,  ou  Cale- 
tanum,  C'eft  un  détroit  qui  fépare  la  mer  de  Bre- 
tagne de  celle  d'Allemagne  ,  &:  qui  eft  entre  les 
côtes  du  pays  reconquis  et»  France  ,  &  du  Comté 
de  Kent  en  Angleterre.  Il  peut  avoir  7  à  8  lieues 
de  long  &  autant  de  large  ;  fi  bien  qu'avec  des 
lunettes  d'approche ,  on  peiit  de  Calais  voir  les 
Ançlois  qui  marchent  fur  les  cotes.  Maty. 

Calais  eft  au  50"^  degré  57  minutes  de  latitude 
ftord,  &  au  19'  degré  z8  minures  de  longitude  , 
félon  Mrs  de  l'Académie  des  Sciences. 

Calais  diffère  du  méridien  de  Paris  de  o»  ;i'  50". 
Cassini  :  &:  conféquemment  il  a  zoo  24'  o"  de 
longitude.  L'élévation  du  pôle  y  eft  de  50«  57'  o". 
Cassini. 
CALAIS,  f  m.  Nom  d'homme.  Carihfus.  S.  Calais 
ou  Carilef,  fiit  Moine  du  monaftère  de  Micy ,  à 
deux  lieues  d'Orléans ,  fondé  par  Clovis.  S.  Calais 
on  Carilef,  étoit  natif  d'Auvergne  ,  &c  ayant  été 
élevé  dans  le  monaftère  de  Menât  ,   il  en  fortit 


CAL 

ivec  S.  Avit ,  pour  fe  mettre  fous  la  conduite  de 
S.  Maximin  près  d'Orléans.  Eni'uite  ils  fe  retirèrent 
dans  une  folitude  du  Perche,  où,  par  la  libéralité 
du  RoiChildebert,  ils  bâtirent  un  monaftère,  qui 
porte  encore  le  nom  de  S.  Avif,  mais  il  eft  à  pré- 
fent  habité  par  des  Religieufes.  S.  Calais  pafla  dans 
le  Maine,  &c  des  bientaits  du  même  Roi,  fonda 
un  monaftère  près  de  la  rivière  d'Anifole ,  aujour- 
d'hui Anille ,  dont  il  prit  le  nom  ■■,  mais  dans  la 
fuite  on  lui  a  donné  celui  de  S.  Calais ,  qui  mourut 
vers  l'an  540.  Fleury.  Bailler  écrit^  C^z/izii  on  Calés. 
Il  ne  faut  point  dire  Carilef  en  trançois ,  comme  fait 
M.  Fleury  -,  mais  toujours  Calais  ;  c'eft  l'ufage. 

CALAIS,  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Fils  de  Bo- 
rée &  d'Orithye.  Il  ctoit  ailé ,  auffi-bien  qUe  fon 
frère  Zéthès.  Ils  partirent  tous  deux  pour  la  con- 
quête de  la  Toifon  d'or.  Ayant  été  bien  reçus  du 
Roi  Phinée  ,  ils  chafîcrent  les  Harpies  qui  infec- 
toient  la  table  de  ce  Prince  malheureux.  Ils  furent 
tués  par  Hercule  ,  &  changés  en  vents ,  qui  com- 
mencent à  fouffler  environ  huit  jours  avant  le  le- 
ver de  la  canicule.  Leurs  noms  fignifient ,  qui  fouffle 
/ort ,  Se  qui  jouffLe  doucement. 
LAISON,  f.  f.  On  nomme  ainfi  dans  les  ports  de 
la  province  de  Guyenne ,  particulièrement  à  Bour- 
deaux ,  la  profondeur  d'un  vailfeau  depuis  le  pre- 
mier pont  jufqu'au  fond  de  cale.  Jauger  la  calaifon  y 
c'eft-à- dire  ,  en  jauger  la  profondeur. 

CALALOU.  Ragoût  que  préparent  les  Dames  Créoles 
en  Amérique  ,  avec  les  herbes  potagères  du  pays , 
beaucoup  de  pimant ,  &  de  la  volaille ,  du  bœuf, 
ou  du  jambon  ,  les  jours  où  l'on  fait  gras ,  &  avec 
des  crabes  &  des  pohfons ,  en  maigre.    Encyc. 

CALAMANDRE.  f,  f.  Nom  de  femme.  Calamandis. 
Sainte  Calamandre  eft  honorée  à  Calaffe  en  Cata- 
logne. Chastelain.  Martyrol.  5'  Févr. 

CALAMBA.  f.  m.  C'eft  la  plus  excellente  forte  de 
bois  d'aloës ,  qui  n'eft  deftiné  que  pour  les  Rois 
des  Indes ,  &  qui  rend  une  odeur  admirable  ,  lorf- 
qu'on  le  remue  feulement  entre  les  mains.  Xyloaloë. 
On  l'appelle  aulfi  calampan.  Voyez  Bois  d'A- 
loes. 

CALAMBOUR.  f.  m.  C'eft  une  efpèce  de  bois  des 
Indes  que  l'on  vend  chez  les  Droguiftes  en  bûche  * 
?s.  dont  les  Ebcniftes  fe  fervent  dans  leurs  ouvrages  de 
marqueterie.  Il  eft  verdâtre ,  &  d'une  odeur  fi  agréa- 
ble ,  que  l'on  s'en  fert  dans  les  bains  de  propreté. 
On  en  fait  auffi  des  chapelets  &  d'autres  ou- 
vrages. 

CALAMEDON  ,  fous -entendu  fraiflure.  Terme  de 
de  Chirui^ie,  emprunté  du  grec.  Efpèce  de  fà'aClure 
tranfverfale  qui  s'étend  jufcju'au  bord  de  l'os ,  dont 
l'un  des  bouts  eft  éclaté  en  manière  d'ongle  ou  de 
bec  de  flûte.  Ce  mot  eft  un  adverbe  grec  x»xxu.^Sl<, , 
in  tnodum  calami,  en  manière  de  rofeau  taillé  en 
bec  de  flûte  :  de  ««a»:',,  rofeau,  flûte.  On  appelle 
au (îî  cette  fraélare  en  grec  hc  'i^^^xy  de  ««af,  ongle. 

CALAMENT ,  f.  m.  ou  CALAMENTE.  f.  f.  Terme 
de  Botanique,  Nepeta.  C'eft  une  plante  dont  les 
feuilles,  qui  naillent  de  tiges  &  de  branches  car- 
rées ,  font  de  la  longueur  d'un  pouce ,  ou  d'un  pouce 
&  demi ,  légèrement  découpées  tout  autour  ,  ve- 
lues ,  &  d'une  odeur  a/Tez  bonne.  Ses  fleurs  viennent 
en  bouquets  dans  les  aiflelles  des  feuilles  :  elles 
font  en  gueule,  de  couleur  de  pourpre  &  d'une  odeur 
agréable.  En  latin  calamentha  vulgaris ,  du  grec 
jtaAV  ,  beau  ,  nfvh  ,  mer2te  ,  comme  qui  diroit  belle 
mente.  Cette  plante  eft  chaude  &  acre  :  elle  eft 
propre  pour  l'eftomac  ,  pour  provoquer  les  mois 
des  femmes ,  l'urine ,  &:  contre  la  toux.  Il  y  a  plufieurs 
autres  efpèces  de  calamente.  Il  y  en  a  une  qui  a 
l'odeur  du  pouliot  ;  il  y  en  a  une  -autre  dont  les 
feuilles  redemblent  à  celles  du  bafilic ,  &  qui  eft 
nommée  par  cette  raifon  Calamintha  oclmi  foliis. 

CALAMINAIRE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la 
calamine.  Calaminarius  ,  a ,  um.  Cadmiœus.  Je  pré- 
fère les  njatièrcs  minérales  ,  telles  que  la  pierre 
calaminaire ^  le  minium  ou  le  vermillon,  pour  les 
inje(51:ions  rouges.  Demours  ,  Acad.  d'Edimb.  T.l  y 


CAL 

p.  1 1 5.  Aux  environs  d'Aix  il  y  a  beaucoup  de  mine; 
de  pierres  ca.larninj.ir es.  Acad.  1700.  Hiji,  p.  jc^. 
Voy^i^  l'arcicic  fuivanc. 
C'VLAMINE,  f.  f,  Efpèce  de  cadmic  naturelle,  qui 
e(l  privée  de  parties  "  métalliques.  Terre  follile 
^  bicamineufe,  qui  affine  le  cuivre  avec  lequel  on 
la  jette  dans  la  fonte,  &  l'augmente  de  plus  d'un  tiers 
en  l'affinant.  Cadmia.  C'cft  une  terre  f-oilile  de  cou- 
leur jaunâtre  ,  qui  n'eft  pas  fort  dure  ,  &c  qui  jette  , 
lorlqu'on  la  brûle ,  une  fumée  Jaune  :  elle  efl  def- 
ficative ,  dcteriive  &  aftringentc.  On  la  mêle  auffi 
avec  le  cuivre  pour  le  rendre  jaune ,  &  pour  aug- 
mehter  fon  poids.  Avec  tout  autte  métal  elle  s'é- 
vapore -,  &  lî  on  la  met  toute  feule  dans  le  feu  , 
elle  devient  cendre.  Sa  trop  grande  quantité  mêlée 
dans  l'airain ,  le  rend  fragile  :  il  redevient  rouge  ,  (î 
on  le  fond  cinq  ou  fix  fois.  Il  y  en  a  une  efpèce 
nommée  calamine  blanche ,  qu'on  trouve  au  haut 
du  creufet,  quand  on  fond  le  cuivre  avec  la  pierre  ca- 
laminaire.  On  l'appelle  pampolix  ou  capnites.  Ce 
n'eft,  à  proprement  parler  ,  qu'une  fuie  métallique. 
fC?  En  1 561 ,  fous  le  règne  d'Elifabeth  ,  on  fit  en  An- 
gleterre la  découverte  des  mines  de  cette  terre.LARR. 
On  trouve  audî  de  là  calamine,  en  Allemagne  & 
dans  plufieurs  provinces  de  France ,  où  il  y  a  des 
mines  de  plomb  &  de  cuivre  ,  au  milieu  defquelles 
elle  exifte.  Voye^  Galien  ,  Pline  ,  Diofcoride ,  Agri- 
cola,  Gonxus ,  Savot ,  &c.  Voyez  Cadmie. 
CALAMISTRER.  v.  a.  Frifer ,   mettre  les  cheveux  en 

boucles.  Il  eft  du  ftyle  familier.  Crifpare  comam. 
CALAMISTRE  ,  EE.  part.  Frifc ,  mis  en  boucles.  Ho- 
race oppofe  incomptos  capillos ,  les  cheveux  négli- 
gés de  Curius  aux  cheveux  frifés  &  calamijlrés  qu'on 
vit  dans  les  fiècles  fuivans ,  &  qui  furent  après  regar- 
dés   comme    des   marques   de  mollefle,    Dacier. 
fur  Hor. 
gCF  Les  Vocabuliftes  ,   d'après  TAcadémie  ,   difent 
que  calamifirer ,  c'eft  frifer  ,  poudrer.    Poudrer  , 
non  :  ce  mot  eft  formé  du  latin  ,  &  calamijirare 
lignifie  feulement  frifer  des  cheveux  ,  les  mettre  en 
boucles.  Calamijitum ,  fer  à  frifer. 
CALAMITE,  f  f.  C'eft  un  des  noms  que  l'on  a  donné 
à  la  pierre  d'aimant  ,&  enfuiteà  la  bouiîble.  Ma<rnes, 
lapis  magnejius.  Ce  mot  a  iîgnifié  proprement  en 
françois  une  grenouille  verte  ,  à  caufe  qu'elle  vit 
volontiers  parmi  les  rofeaux  ;  &  il  a  été  donné  à 
l'aiguille  aimantée ,  parce  qu'avant  qu'on  eût  trouvé 
l'invention  de  la  fufpendre  fur  un  pivot ,  on  l'en- 
fermoit  dans  une  phiole  de  verre  demi  -  pleine  d'eau , 
fur  laquelle  onlafaifoit  floter  par  le  moyen  de  deux 
fétus  comme  une  petite  grenouille,  Caimnita ,  Rana 
calamita ,   Diophyta.    D'autres  dérivent  ce  mot  à 
chalybe  amata.  Il  vient  de  ««;>«,«,  ,  jUpula ,  paille  , 
parce  que  cette  pierre  attire  la  paille. 
^fT  Calamité,  adj.  Epithète  que  l'on  donne  quel- 
quefois au  ftyrax  ,  à  caufe  qu'on  le  mettoit  autrefois 
dans  des  rofeaux  appelés  calami  pour  le  conferver. 
IJCF  On  donne  auffi  le  nom  de  calamité  à  une  pierre 

qui  imite  un  rofeau.  ^ 
^  CALAMITE,  f.  f.  Evénement  fâcheux  ,  grand 
malheur  qui  accable  quelqu'un  &  ruine  entiètement 
ies  affaires.  Calamitas.  Il  eft  tombé  dans  une  af- 
freufe  calamité.  D'Ablan.  Il  femble  pourtant  que 
ce  mot ,  fuivant  fa  propre  lignification  ,  &  même 
celle  qu'on  lui  attache  dans  l'ufage  ordinaire  ,  dé- 
ligne un  malheur  public  qui  afflige  un  Etat ,  une 
Province.  Toutes  les  calamités  çxihWquQ^  paffent  dans 
refprit  des  fuperftitieux  pour  des  vengeances  du 
Ciel  irrité.  Flech.  Les  Païens  accufoient  les  Chré- 
tiens d'être  la  caufe  de  toutes  les  calamités  qui 
affligeoient  l'Empiie.  Ménage.  Quelle  eft  la  caufe  , 
demande  un  Rabbin  ,  de  notre  calamité  préfente  , 
qtii  dure  depuis  plus  de  mille  ans  ,  vu  que  Dieu 
n'a  puni  les  horribles  idolâtries  ,  le  mafTacre  des 
Prophètes  &  les  autres  crimes  afteux  de  nos  pères , 
que  par  une  captivité  de  foixante  Se  dix  ans  à 
Babylone  î 

Ce  mot  viejit  du  Latin  calamitas  ,  qui  vient  de 
calamus ,  le  tuyau  du  bled.  On  appeloic  du  nom 


CAL 


16  ■? 


de  calamité ,  la  grêle  qui  brifoit  &  coupoit  les  bleds. 
LaLimum  tertre. 
CALAMITEUX,  EUSE.  Adj.  Infortuné,  miférable. 
calamitojus.  Il  ne  fe  dit  guète  que  des  tems  de 
trouble  &  de  guerre,  qu'on  appelle  temps  cala- 
miteux.  Règne  calamiteux.  MAucRoi'îàlItDans  ce 
iens-là  même  il  vieillit ,  &  ne  pouri'oit  'être  em- 
ployé qu'en  poéfie. 
CALAMUS  ,  en  termes  d'Anatomic,  eft  la  pointe  ou 
l'extrémité  du  quatiième  ventricule  de  la  tête  du 
côté  de  l'épine  du  dos.  On  rappelle  ainfi,  parce 
que  cette  extrémité  de  ce  ventricule  fe  termine  en 
tâçon  de  plume  à  écrire,  en  l.:\.i\\\,  calamus.  Cala- 
mus fcriptorius. 
CALAMUS  AROMATICUS.  f.  m.  Plante  qui  eft  de 
deux  fortes.  Il  y  a  le  vrai  calamus  aromaticns  des 
Anciens  ,  qui  vient  dans  les  Indes  Orientales ,  Se 
qui  eft  une  efpèce  de  rofeau  \  £c  celui  des  boLW 
tiques. 
ItC?  Le  Calamus  Aromaticus  Férus  nous  vient  des 
Indes  Orientales  en  petites  bottes.  Il  s'élève  à  U 
hauteur  d'environ  trois  pieds.  Sa  tige  eft  de  la 
groflcur  d'une  plume  médiocre  ,  &  contient  une 
moelle  blanche ,  d'un  goût  un  peu  amer  &  d'une 
affez  bonne  odeur.  Ses  feuilles  font  longues  SC 
pointues.  Ses  fleurs  de  couleur  jaune  ,  naiflênt  aux 
fommités,    difpofées    en  ombelles. 

Le  Calamus  Aromaticus  des  boutiques  eft  bicft 
di/Férent^  du  premier.  Il  a  une  racine  qui  rampe 
prefque  à  fleur  de  terre ,  S;  qui  jette  beaucoup  de 
filamens  ;  elle  eft  fort  nouée,  de  la  gro/feur  du 
doigt ,  blanche  ,  tirant  fur  la  couleur  'de  chair  , 
d'une  fubftance  rare  &  légère  ,  d'un  goût  mordi- 
cant  &c  un  peu  amer  ,  &  d'une  odeur  forte  ,  mais 
aflez  agréable.  Ses  feuilles  font  femblables  à  celles 
de  la  flambe ,  mais  plus  longues ,  d'un  goût  acre 
&:  aromatique.  Il  n'y  a  que  la  racine  qui  foit  en 
ufage  ;  elle  eft  bonne  pour  l'cftomac ,  contre  la 
colique  ,  Si  contre  les  obftrudlions  du  foie  6c  de 
la  rate. 
|Kr  CALANDA.  Petite  ville  du  Royaume  d'Arragon 

en  Efpagne  ,  fur  la  rivière  de  Guadaloupe. 
CALANDES.  Foyei  Calendes. 
CALANDRE,  f.  f.  Terme  de  Manufacture.  Machine 
dont  on  fe  fcrt  pour  preffer  Se  luftrer  les  draps  , 
les  toiles  Se  autres  ctoflis.  Machina  poUendis  Ix- 
vigandifque  telis  &  kolofericis  comparata.  Elle  ferc 
aullî  pouf  y  faire  ces  ondes  qui  font  fur  le  tabis 
Se  les  moires.  Elle  eft  compofée  de  deux  gros  rou- 
leaux de  bois ,  autour  defquels  on  roule  les  pièces 
d'étofl^e.  On  les  met  entre  deux  gros  madriers  de 
bois  dur ,  large  ,  épais  Se  fort  poli.'Celui  de  deifous 
fert  de  bafc.  Celui  de  de/fus  eft  mobile  par  le 
moyen  d'une  roue  telle  que  celle  des  grues.  Uq cable 
eft  attaché  à  un  tour  qui  compofe  "fon  axe.  Cette 
partie  du  deifus  eft  d'un  poids  prodigieux  ,  quel- 
quefois de  50  ou  60  milliers.  C'eft  cette  pefanteur 
qui  fait  les  ondes  fur  les  étoffes  qui  font  autour 
des  rouleaux ,  par  le  moyen  d'une  légère  gravure 
qu'ils  contiennent.  On  met  Se  on  ôte  ces  rouleaux, 
en  inclinant  un  peu  la  machine. 

Ce  mot  vient  du  Latin  cylindrus ,  parce  que 
tout  l'effet  de  la  machine  vient  du  cylindre.  Borel 
dit  que  ce  nom  lui  vient  d'un  petit  oifeau  de  mô- 
me nom,  parce  que  les  marques  qu'elle  imprime 
font  femblables  à  fes  plumes.  Les  Auteurs  de  la 
baifc  latinité  l'ont  appelée  celendra. 
Calandre.  Petit  oifeau  du  genre  des  alouettes  ,  qui 
n'a  point  de  crête.  Alauda  non  cryfiata  ,  ou  eory 
dalus  minima.  Conrad  de  Montpellier  ,  de  Mon- 
tepuellarum  ,  Chanoine  de  Ratisbonne,  qui  florif- 
foit  vers  l'an  1390,  dans  la  vie  de  S.  Erard  qu'il 
a  écrite ,  ch.  I.  appelle  calandre  un  petit  oifeau 
qui  chante  agréablement  dans  les  bruyères.  Cala,n- 
drus  dulcifonans  in  miriea.  On  l'appelle  au/Ti  ca- 
landre de  bocage.  La  calandre  a  la  voix  très-haute", 
fi  elle  l'avoit  moins ,  il  y  auroit  peu  d'oifeaux  qui 
égalaient  la  beauté  de  fon  chant.  Ceux  qui  en 
veulent  nourrir,  doivent  les  avoir  du  mois  d'Août 

Xij 


1^4 


CAL 


&i  jeunes,  afin  qu'elles   ftflent  leur  première  mue 
en  cage;  &  elles  deviendront  audi  privées,  que  li 
elles  avoient  été  prilcs  au  nid.  Elles  auront  leur  chant 
naturel ,  &  imiteront  celui  des  autres  oilcaux  que 
l'on  mettra  auprès  d'elles.  Les   vieilles  l'ont  farou- 
ches 01  faut  leur  lier  les  aîlcs  pour  les  apprivoiler 
plus  facilement.  On  leur  donne  du  froment ,  ou  de 
la  compoiîtion  de  l'alouette  -,  quelquefois  de  la  chi- 
corée pilée,  parce  que  qUand  cet  oifeau  crt  en  liberté, 
il  s'en  fert  pour  le  purger.  Pour  élever  une  calan- 
dre niaife ,  on  lui   donne  du  cœur  &c  de  la  pâte  -, 
&  foit  la  niaife ,  foit  la  liocagère  ,  on  l'élevé  comme 
l'alouette    commune.    Elle   eft  fujette  à  fe  dépiter 
lorfqu'on  la  change  de  lieu  •,&  elle  celle  de  chanter 
jufqu'à  ce  qu'on  l'ait  rcmife  au  lieu  où  elle  croit. 
Le  mâle  a  la  tête  &:  le  bec  plus  gros  que  la  fe- 
melle.  Son  collier  va  ordinairement    tout   autour 
du   cou.  La  calandre  fait  fon  nid  pour  l'ordinaire 
dans  des  lieux  fccs  par  terre ,  &  dans  des  champs 
cnfemenccs  ,  fous    quelque  motte    bien    couverte 
d'herbes.  Elle  fait  quatre  ou  cinq  petits ,  &:  jufqu'à 
trois  nids  par  an  -,  favoir  au  commencement  de  Mai , 
au  mois  de  Juin,  &  à    la  mi-Juillet    comme   l'a- 
louette &  le  cochevis. 

.  Belon  dit  que  la  calandre  efl:  une  efpèce  d'a- 
louette fans  huppe  ,  qui  approche  de  la  grandeur  de 
l'étourncau  -,  &:  quelques-uns  l'appellent  grande 
alouette.  Elle  approche  de  l'alouette  pat  fon  chant 
èc  par  fon  plumage.  Les  aîles  &  la  queue  font  de 
même  ■■,  elle  a  les  mêmes  mœurs  &  les  mêmes  fa- 
çons. Les  calandres  volent  en  troupe,  &^font  oi- 
feaux  de  partage. 

Calandre.  Petit  ver  qui  le  fourre  dans  le  blé ,  & 
le  mange  -,  on  l'appelle  aulfi  charengon  ou  patc- 
peine.  Curculio ,  ca/andrus.  Les  Allemands  l'appel- 
lent kalender.  Voyez  Charençon 

CALANDRER.  v.  a.  Mettre  une  éppffe  fous  la  ca- 
landre pour  la  prefler  ou  tabifer,  Telas ,  holofe- 
rica  expolire ,  lœvigare. 

CALANDRE  ,  EE.  part. 

CALANDREUR.  f  m.  Nom  de  l'ouvrier  qui  con- 
duit la  calandre  ,  qui  met  les  étoffes  &:  les  toiles 
•fous  la    calandre 

CALANE  ou  CATANE.  f.  f.  Le  Roi  de  Siam  avoir  en- 
voyé deux  Catanes  ou  fabres  du  Japon ,  garnis  de 
tambague,  pour  le  préfenr  du  Roi.  Abbé  de  Choisy, 
Jour,  "du  Voyage  de  Suim  ,  in  ii,  p.  193.  Deux 
Calanes  du  japon  ,  garnies  de  tambague  ,  qui  font 
deux  lames  de  fabre\rès-larges  ,  au  bout  d'un  bois 
bien  long.  Chevai.  de  Chaum./».  14,  Prèjens  du 
Roi  de  Siam  à  Monfeis;neur. 

CALANDRIER.  Voyei  Calendrier. 

CALANGUÉ.    Voyei  Calé. 

gcr  CALANTIQÛE.  f.  f  Ornement  de  tête  dont  fe 
fervoient  les  femmes  Romaines.  Cicéron  n'en  dit 
rien  de  plus.  Vous  ajoutez  ,  dit-il ,  à  Clodius ,  la 
Calanticjue  à  fa  tête.  Calantica. 

(fT  CALAPATE.  Ville  de  la  prefqu'île  de  l'Inde  en 
deçà  le  Gange  ,  dans  le  Royaume  de  Bifnagar ,  fur 
la  côte  de  Coromandel. 

CALATAYUD.  Ville  du  Royaume  d'Arragon  en 
Efpagnc.  Bilbilis  ,  Calatayada.  Elle  eft  (îruce  fur 
une  monragne  fur  le  Xalon ,  au  Nord  de  Sarra- 
gofle.  Calatayud  eft  affez  grande  ;  c'eft  une  belle 
ville.  Calatayud  n'eft  point  l'ancienne  Bilbilis; 
mais  on  en  voit  les  raines  à  un  mille  de  Calatayud , 
fur  une  montagne  près  d'un  lieu  nommé  Baubula, 
Bilbilis  étoit  la  patrie  du  Poète  Marrial. 

^  CALAT AR-BELLOTA.  Ville  de  Sicile,  fur  la 
rivière  de  ce  nom,  dans  la  vallée  de  Mazate  ,  près 
de  la  côte  de  la  mer  d'Afrique, 

ftr  CALAT A-FIML  Ville  de  Sicile ,  dans  la  vallée 
de  Mazare ,  entre  Mazare  &  Caftel. 

§3=-  CALAT A-GIRONE.  Calata  hieronum.  Ville  de 
Sicile  ,  dans  la  vallée  de  Noto ,  près  de  la  rivière 
de  Drille. 

§CF  CALATA-NISSETA.  Ville  de  Sicile  ,  dans  la 
vallée  de  Noto  ,  fur  les  confins  de  celle  de  Mazare. 

^  CALAT A-XIBET A. Petite  ville- de  Sicile,  pref 


CAL 

que  au  milieu  de  l'île,  dans  la  vallée  de  Noto  , 
fur  les  confins  de  celle  de  Démone ,  &  de  Mazare. 
DCr  CALATÎSME.  f  m.  Danfe  des  anciens  dont  il  ne 
nous  eft  veftc  que  le  nom.  Encyc. 

CALATRAVA.  Ville  d'Efpagne ,  dans  la  nouvelle 
Caftille  ■■,  elle  eft  fur  la  Guadiane ,  à  trois  Irêucs 
de  Ciudad  Real.  Calatrava.  Il  y  a  à  Calatrava  , 
non-feulement  des  Chevaliers  ,  mais  auHi  des  Re- 
ligicufes  de  Calatrava.  Monniales  de  Calatrava.  Elles 
fiirent  inftituées  en  1119,  par  D.  Martin  Fcrnan- 
dès ,  Grand  Maître  de  l'Ordre  de  Calatrava.  Ces 
Religieufes  ont  le  titre  de  Commendatrices  ,  &: 
doivcnr  taire  les  mêmes  preuves  que  les  Chevaliers 
de  Calatrava.  Elles  fonr  habillées  comme  les  Re- 
ligieufes de  Cîteaux  ,  &  ne  font  diftinguées  que 
par  la  Croix  de  l'Ordre  de  Calatrava  ,  qu'elles 
portent  fur  le  fcapulaire.  Ell«s  furent  d'abord  éta- 
blies au  couvent  de    S.    Félix,   proche  d'Amaya , 

■   dans  un  lieu  appelé  Barrios ,  où  elles  ont  demeuré 

pendant  près  de  550  ans.  Philippe  II,    Roi  d'El- 

pa?ne  ,  &  adminiftrateur  de  cet  Ordre  ,  les  transféra 

dans  la  ville  de  Burgos ,  l'an   1558.  P.  Helyot  , 

Tome  FI-,  c.  4. 

Calatrava.  (  la  nouvelle  )  Nom  d'un  lieu  de  la 
nouvelle  Caftille  en  Efpagne  ,  à  huit  lieues  de  Ca- 
latrava la  vieille.  Ce  lieu  fut  ainfi  nommé  par  D. 
Martin  Fernandès  ,  Grand  Maîrre  de  l'Ordre  de 
Calatrava,  parce  qu'il  y  tranfporta  le  principal 
couvent  de  fon  Ordre  ,  vers  le  commencement  du 
XIIP  fiècle. 

CALATRAVA.  Ordre  Militaire ,  inftitué  fous  le  tcgne 
de  SanchellI,  Roi  de  Caftille  en  1558.  Le  bruit 
s'étant  répandu  que  les  Arabes  venoient  attaquer 
avec  une  armée  puiifante,  la  petite  ville  de  Cala- 
trava ,  en  Caftille ,  les  Templiers ,  à  qui  on  avoir 
confié  la  garde  de  la  forterelfe  ,  craignant  de  ne  la 
pouvoir  défendre ,  L-  remirenr  au  "Roi  Dom  Sanche, 

•  Diego  Vélafquez  ,  Moine  de  Cireaux  ,  homme  de 
qualité  ,  qui  avoit  été  élevé  à  la  Cour ,  &  qui  avoir 
fervi  lonç-temps  dans  les  aimées  avec  beaucoup  de 
valeur.&de  gloire,  perfuada  à  Raimond  ,  Abbé  de 
Fitère ,  Monaftère  de  Cireaux  ,  de  demander  Cala- 
trava au  Roi.  Malgré  la  répugnance  qu'il  y  eut 
d'abord ,  &  contre  l'opinion  de  bien  des  gens ,  il 
le  fit  &  l'obtint.  L'Archevêque  de  Tolède  ,  nommé 
Jean ,  contribua  à  cet  etablilfement ,  &  fit  exciter 
les  peuples  dans  les  prédicarions  à  aller  défendre 
Calatrava.  Raimond  ôi  Diego  s'y  rendirent,  &  bien 
des  gens  vinrent  à  leur  fecours.  Les  Arabes  ,  ou 
perdanr  l'efpérance  de  forcer  Calatrava,  ou  oc- 
cupés ailleurs ,  abandonnèrent  leur  entreprife  &  ne 
parurent  point.  Plufieurs  de  ceux  qui  éroient  venus 

.  au  fecours  de  la  ville  entrèrent  dans  l'Ordre  de 
Cîteaux,  fous  un  habit  plus  propre  aux  exercices 
militaires  que  celui  des  Moines ,  Se  ils  commencè- 
rent à  faire  des  courfes  fur  les  Arabes ,  &  à  leur  li- 
vrer des- combats ,  que  Dieu  bénit.  C'eft  ainfi  que 
s'établit  l'Ordre  de  Calatrava ,  qui ,  comme  l'on 
voit ,  fut  une  branche  de  celui  de  Cîteaux  ,  fous 
Morimond,  donr  Fitèie  étoit  venu.  Le  ptemier  Grand 
Maître  fut  Garcias ,  fous  le  gouvernemenr  duquel 
Alexandre  III  confirma  l'Ordre  en  11^4,  fix  ans 
après  fon  établiflemcnt ,  &  Innocent  III  en  115)9, 
le  18'  d'Avril.  Ferdinand  &  Ifabelle  en  1489,  du 
confentement  du  Pape  Innocent  VIII,  réunirent  à 
la  Couronne  la  grande  Maîrrife  de  l'Ordre  de  Cala- 
trava ,  dont  les  Rois  d'Efpagne  fe  qualifient  Admi- 
niftrateurs  perpétuels.  Les  Chevaliers  portent  fur  l'ef- 
romac  une  croix  de  gueule  fleurdelifée  de  finople , 
acoftée  en  pointe  de  deux  entraves  ou  menotes  d'azur, 
La  règle  qui  leur  fut  donnée  par  l'Abbé  de  Cî- 
teaux ,  étoit  celle  de  Cîteaux ,  quand  ils  n'étoient 
point  en  campagne,  le  vivre  ,  le  filence ,  les  jeiines , 
les  macérations  du  corps,  les  veilles,  l'oraifon  ,  la 
pfalmodie ,  «S-c.  Leur  habit  fut  aullî  le  même  que 
celui  des  Moines  de  Cîteaux  ,  mais  accommodé  aux 
exercices  &  à  la  vie  militaire.  Ils  avoient  le  fcapu- 
laire ,  &  un  capuce  ;  mais  qu'ils  ne  mettoient  point 
en  tête.  Ils  prétendirent  dans  la  fuiçe  que  ce  captacc 


CAL 

ne  les  diftingiioit  poinr  afllz ,  &  Etrioît  XIII , 
l'anti-Papc ,  la  troilicme  année  de  ion  prétendu 
Ponri/icat ,  leur  permit  de  le  quitter ,  &  de  porter 
à  la  place  une  croix.  Manrique ,  qui  rapporte  ceci , 
Cifierc.  Ami.  T.II^è.  l'an  1 1 58  ,  c.  2  ,  /^^  7  ,  ajoute 
qu'on  ne  peut  douter  qu'à  railbn  de  leurs  cxcrciccii , 
on  n'eut  accourci  leur  habit ,  &:  qu'après  même 
qu'on  leur  eîît  permis  dans  la  iliitc  de  prendre 
l'habit  léculier ,  on  leur  ordonna  de  le  porter  de 
même  ctoife  &  de  même  couleur  qu'auparavant, 
L'Abbé  Juftiniani ,  dans  ion  Tome  I ,  c.  ij  ,  p,  590 , 
traite  fort  au  long  de  cet  Ordre  ,  &  indique  à  l'on 
ordinaire  les  Auteurs  qui  en  ont  écrit.  François  de 
Rades ,  Chevalier  de  Ca/atrava ,  a  fait  THiltoire 
des  Ordres  de  S.  Jacques ,  de  Ca/atrava  &  d'Al- 
cantara,  aulfi-bien  que  François  Charles  de  Torrès  -, 
&  Jérôme  Maicaregnas  a  écrit  une  apologie  pour 
cet  Ordre. 

On  juge  aifément  pat  ce  qui  «vient  d'être  dit  , 
que  cet  Ordre  a  tiré  ion  nom  de  la  ville ,  pour 
la  défenfe  de  laquelle  il  s'établit ,  &c  dans  laquelle 
il  commença.  Foye^  Mariana  ,  Hiji.  d'EJf.  Liv.  XI , 
c.  6 ,  &c  Manrique ,  HiJi.  de  Citeaux ,  Torin  II ,  à 
l'an  1 1 5  8  ,  c.  1 ,  1 , 6'c. 
t^  CALAVONou  CALAON.  Petite  rivière  de  Fran- 
ce dans  la  Provence.  Elle  a  la  Iburce  au  diocèié  de 
Sifteron  ,  pallè  à  Apt ,  coupe  le  diocèle  de  Cavail- 
lon ,  &  Ce  jette  dans  la  Durance. 
^  CALAZZOPHILACES.  i".  m.  Certains  Prêtres 
parmi  les  Grecs,  dont  les  fondions  étoient  de  prendre 
garde  aux  grêles  &  aux  tempêtes ,  pour  les  détourner 
par  le  lacrifice  d'un  agneau  ou  d'un  poulet.  Si  ces  ani- 
maux leur  manquoient ,  ou  s'ils  n'en  tiroicnt  qu'un 
•  mauvais  augure ,  ils  le  découpoient  le  doigt  avec  un 
canif  ou  une  efpèce  de  poinçon  ,  croyant  ou  voulant 
faire  croire  qu'ils  appailéroient  lesDieuxparl'effulîon 
de  leur  propre  iang.Ils  avoient  été  inflitués  par  Cléon, 
comme  le  remarque  Gerald  au  Liv.  des  Dieux  des 
Fayens.  Ce  mor  vient  du  grec  x;«a«|«  ,  grêle  ,  &  de 
çiv?Ma-a-a ,  j'oblérve.  On  tiouve  dans  l'Hiftoire  bien 
des  exemples  de  femblables  charlatans.  Foye^  Baal 
gc  Bellonaif-Es. 
|}3"CALB.  Ville  d'Allemagne  ,  dans  la  vieille  Marche 

de  Brandebourg,  entre  Domitz  &  Magdcbourg. 
Ip-  CALBA.  Ville  d'Alie  ,  dans  le  Turqueftan,  vers 

l'embouchure  de  la  rivière  de  Tachofca. 
fp-  CALBOTIN.  r,  m.  Terme  de  Cordonnier.  Foyei 

Calebotin. 

§Cr  CALCAIRE,  adj.   de  t.  g.  qui  concerne  la  chaux. 

Calcarius.  On  appelle  pierres  &:  terres  calcaires  , 

celles  que  l'aélion  du  feu  peut  changer  en  chaux-vive , 

&  qui  fe  diUblvent  pat  les  acides.  Telles  font  la 

craie  ,  le  marbre  ,  la  pierre  à  chaux,  les  coquilles, 

les  ftalaélites  caicinables,  ùc. 

CALCAMAR.  f.  m.  Oifcau  du  Bréfd.  Calcamarus.  Il 

eft  de  la  groHêur  d'un  pigeon.  Il  nage  fur  la  mer , 

&    ne    vole   point.    Ces    fortes  d'oiléaux  vont  en 

tioupes. 

CALCANEUM.  f.  m.  Terme   d'Anatomie.   C'eft  le 

fécond  os  du  tarfe  ,    &  le  plus  grand  de  tous.  Il 

empêche  que  le  corps  ne  tombe  en  arrière  ,  étant 

fitué  à  la  pattie  poftérieure  du  pied.  Quelques-uns 

l'appellent  l'os  de  P éperon.  \\  vient  du  Latin  c^ïcrt- 

neum.  C'eft  à  lui  que  s'infère  le  tendon  d'Achille. 

CALCANTHUM.  f.  m.  C'eft  le  vitriol  rubifié  ,  félon 

le  fameux  Droguifte  Pomet. 
Ip-  CALCAR.  Ville  d'Allemagne  ,  dans  le  cercle  de 
Weftphalie ,  au  Duché   de  Cleves ,  fur  le  ruiifeau 
de  Men. 
ÇC?  CALCEDOINE.  Ville.   On   prononce  ainfi  ,  & 

l'on  écrit  Chalceuoine.  Fo^c^  ce  mot. 
§3°  Calcédoine,  f.  f.  Pierre.  L'Académie  écrit  ainfi 

Foye^  aufll  ChaicÉdoine. 
CALCET.  f  m.  Terme  de  Marine.  Aflemblage  de 
planches  élevées  &:  clouées  fur  le  haut  des  arbre-; 
d'un^i  galère,  &  qui  fert  à  renfermer  les  poulies  de 
bronze  qui  font  deftinées  au  mouvement  des  an- 
tennes. Carchcfium. 
CALCHAQUIN  ,  INE.  f.  Nom  d'un  peupc  de   l'A- 


C  A  L 


i^y 


mcilque  méridionale.  Cakhaquinus  ^  <z.  Il  y  a  dans 
l'Amérique  méridionale  deux  vallées  qui  portent  le 
nom  des  Calchaquius  ,  &  habitées  toutes  deux  par 
un  peuple  de  ce  nom,  foit  que  ce  Ibit  le  même, 
divifé  en  deux  parties  ,  foit  que  ce  foient  deux 
peuplis  diflcrens  du  même  nom.  La  première  vallée 
Cakkaquine  eft  lituée  dans  les  Andes ,  montagnes 
qui  bornent  le  Pérou  &:  le  Chili  du  coté  du  le- 
vant, &  elle  en  eft  bornée  prefque  des  deux  côtés. 
Elle  s'étend  50  lieues  du  nord  au  léptentrion  ,  & 
n'a  que  forr  peu  de  largeur.  Elle  aboutit  d'un 
côté  vers  Saltée  ,  &  de  l'autre  vers  Londres  (  Lon- 
dinum  )  petites  villes  du  Tucuman.  On  a  cru  avoir 
bien  des  railbns  de  dire  que  les  Calchaquins  ,  hab> 
tans  de  cette  vallée,  étoient  originairement  Juifs. 
Les  principales  font  que  ,  lorfque  les  Efpagnols  ar- 
rivèrent chez  ce  peuple  ,  ils  trouvèrent  bien  des 
Calchaquins  qui  pottoient  les  noms  de  David  &  de 
Salomon.  Que  les  vieillards  difoient  qu'autrefois 
leurs  ancêtres  avoient  la  circoncifion.  Que  quand  un 
frère  étoit  mort  fans  enfans ,  fon  frère  lui  en  don- 
noit  en  prenant  fa  veuve  ,  comme  chez  les  J  uifs. 
Qu'ils  portent  une  robe  traînante  jufqu'à  terre  ,  Sc 
liée  d'une  ceinture  comme  les  Juifs.  Que  Jofeph 
Acofta  rapporte  que  bien  des  gens  croyoient  que 
les  Américains  étoient  Ibrtis  des  Juifs,  Que  toute 
la  natioisi  des  Calchaquins  ,  auiiî-bien  que  la  nation 
Juive,  eft  trcs-luperftitieulé, qu'ils  adorent  les  atbres 
ornés  de  plumes  ;  de  forte  que  l'on  peut  dite  d'eux, 
ce  que  l'on  dilbit  de  la  Synagogue  :  Fous  vous  prof' 
ternie^^fous  tous  les  arbres  feuillus.  Qu'ils  font  des 
monumens  à  leuis  ancêtres  de  monceaux  de  pierres 
qu'ils  honorent.  Quoiqu'il  en  foit,  li  ces  peuples 
ont  été  Juifs ,  ils  avoient  beaucoup  changé.  Ils  ado- 
roient  le  Ibleil  pour  première  divinité,  &  le  ton- 
nerre 6c  l'éclair  pour  divinités  lécondaires.  Ils  avoient 
des  Magiciens  pour  Médecins  &:  pour  Prêtres.  Ces 
Magiciens  vivoient  dans  des  efpèces  de  chapelles  fé- 
patées  des  cabanes  des  autres  :  là  ils  confultoient  le 
démon,  ou  failbient  lémblant  de  le  confulter.  Toutes 
leurs  cérémonies  ou  allémblées  font  pleines  des  plus 
grandes  fureurs  ,  telles  qu'on  en  peut  attendra 
de  gens  toujours  ivres  ;  jamais  ils  n'en  font  plus 
ttanfportés  que  dans  les  funérailles  de  leurs  morrs. 
Tous  les  parens  &  amis  d'un  malade  courent  à 
fa  cabane ,  &  y  boivent  tant  que  la  maladie  date. 
Ils  enrourent  le  lit  du  malade  d'une  infinité  de 
flèches ,  qu'ils  fichent  en  terre ,  afin  que  la  mort 
n'ofe  pas  s'approcher.  Quand  le  malade  eft  mort , 
ils  fe  lamentent  en  criant  de  toutes  leurs  forces. 
Ils  placent  le  cadavre  fur  un  fiège  ,  ^  mettent  de- 
vant lui  toutes  fortes  de  mets  &  du  vin  ,  comme 
s'il  devoit  manger  &  boire  \  ils  allument  des  feux 
&  jettent  dedans ,  au  lieu  d'encens,  je  ne  fais  quels 
morceaux  de  bois  ou  branches  d'arbres.  Pour  exciter 
la  pitié  des  affiftans  ',  les  hommes  &  les  femmes 
montrent  toutes  les  .choies  qui  ont  été  à  l'ufage 
du  mort.  Pendant  ce  temps-là  ,  d'autres  en  danfant 
&  en  lautillant,  portent  des  viandes  à  la  bouche 
du  mort ,  comme  s'il  devoit  les  prendre ,  &;  les 
mangent  eux-mêmes.  Ces  cérémonies  infenfées  du- 
rent huit  jours;  après  quoi  ils  mettent  le  corps  en 
terre ,  &  avec  lui ,  fes  chiens ,  lés  chevaux ,  tous  fes 
meubles ,  &  des  habits  que  fes  amis  lui  offrent.  En- 
fuite  ils  briilent  la  cabane  du  défunt ,  pour  que  la 
mort  n'y  revienne  plus.  Après  un  an  de  deuil,  ils 
célèbrent  l'anniverfaire  de  la  même  manière  ;  & 
pour  ne  point  faire  de  faute  contre  cer  extrava- 
gant cérémonial ,  ils  ont  un  maître  des  cérémonies. 
Ils  croienr  que  perlbnne  ne  meurt  de  morr  naru- 
relle  ,  mais  toujours  de  mort  violente  :  de-là  foup- 
çons ,  inimitiés ,  combats  perpétuels  entr'eux.  Ils 
croienr  que  les  âmes  des  morts  fe  changent  en  af- 
tres ,  &  en  aftres  d'autant  plus  brillans ,  qu'ils  ont 
été  plus  illuftres  pendant  leur  vie,  ou  par  leur  rang , 
ou  par  leurs  adlions.  Ils  ont  des  fêtes,  &  ces  jours-là 
ils  fe  couronnent  de  plumes  de  différentes  couleuts. 
Ils  ont  des  cheveux  qui  leur  pendent  juiqu'à  la  cein- 
ture ,  qu'ils  trclfent ,  &:  qu'ils  nouent  comme  des 


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CAL 


femme;.  Ih  portent  des  brailarts  d'argent  ou  de  cui- 
vre, qui  leur  couvrent  les  bras  julqu'au  coude,  qui  leur 
fervent  à  tirer  l'arc  ,  ^:  font  auili  pour  eux  un  orne- 
ment. Les  principaux  de  la  nation  ont  un  cercle  d'ar- 
trent  ou  de  cuivre  ,  ils  y  parlent  un  diadème  & 
.s'en  ceignent  le  front.  Ils  fe  dctruifenr  eux-mêmes 
par  de  continuelles  dilfentions.  Ce  font  les  femmes 
qui  font  la  paix.  Ces  barbares  accordent  tout  à  un 
fcxe  qui  les  a  alaités  &:  nourris.  Hijtoire  Parag. 
Liv.  $  ,  c.  1^. 

L'autre  vallée  des  Ccilcha<]uins  commence  vers 
la  ville  de  Sainte  Foi ,  du  côte  qu'elle  regarde  le 
Paraguay  -,  elle  s'étend  julqu'au  Beuve  de  la  Plata  , 
&:  a^en  ce  fens  loo  lieues  de  long.  Elle  eft  habitée 
par  les  plus  cruels  de  tous  \zs\\ommcs.l h  id.  Liv.  j^,c.i. 
CALCHAS.  f.  m.  Surnommé  Theftorides ,  c'eft-à- 
dire,  fils  de  Theflor ,  qui  fut  un  des  Argonautes, 
paflbit  pour  le  plus  éclairé  des  devins  de  fon  temps. 
Il  fcavoit  ,  dit  Homère ,  le  préfent  ,  le  paife  & 
l'avenir  ■■,  &c  .à  caufe  des  grandes  connoilfances  dont 
Apollon  l'avoit  favoriiV  ,  il  avoir  été  choiii  pour 
conduire  .à  Troye  les  vaillcaux  grecs.  Calchas  étoit 
dans  l'armée  des  Grecs,  en  qualité  de  grand  Prê- 
tre &  de  Devin  :  comme  grand  Prêtre ,  il  oifroit 
les  facrificcs  ,  &  on  le  confultoit  comme  Devin. 
1^  Le  Deftin  avoit  réglé  que  Calchas  mourroit  quand 
il  trouvcroit  un  Devin  plus  habile  que  lui  -,  ce 
qui  s'accomplit  dans  la  ville  de  Colophon,où  il 
trouva  le  Devin  Moplas. 
Ip"  CALCINABLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  peut  être  cal- 
ciné ,  réduit  dans  l'état  de  chaux  par  la  violence 
dutcu.  Les  matières  terreufes  ou  lapidifîques,  que 
les  cfprits  acides  dilîblvent  far  le  champ  avec  cha- 
leur &  ébuUition ,  font  ordinairement  calculables  : 
celles  fur  Icfquelles  ces  efprits  ne  font  aucune 
imprelfion ,  font  vitrifiablcs. 
fcALCîNATION.  f.  f.  Action  par  laquelle  on  réduit 
en  chaux  &  en  poudre  tres-fubtile  les  métaux ,  les 
minéraux ,  avec  un  feu  violent.  Réfolution  d'un 
mixte  en  poudre  par  le  moyen  du  feu  ,  ou  de 
quelque  autre  chofe  de  corrofif,  comme  le  mer- 
cure,  l'eau  forte  ,  &c.  Calcinatio  ,  exnjiio  reime- 
tallicœ.  La  calcination  acliidU  fe  fait  feulement 
par  le  feu.  La  potentielle  fe  fait  par  le  moyen  des 
efprits  corrofifs,  qui  les  pénétrent  &:  les  dilîblvent, 
comme  l'argent  &:  l'or  ,  par  les  eaux  fortes  &c  l'eau 
régale  -,  &  cette  calcination  eft  appelée  immerjive. 
Quand  on  a  pendu  des  cornes ,  des  os  ,  de  la 
corne  du  pied  des  chevaux  ,  &:  autres  chofes 
femblables  au-defllis  d'une  eau  bouillante ,  ou  de 
quelqu'autre  liqueur  ,  &  que  ces  corps  ont  perdu 
leur  mucilage  ,  c'eft-à-dire  ,  toute  la  matière  grallé 
&  onélueuic  qu'ils  avoient,  &  qu'ils  peuvent  être 
aifément  pulvérifés ,  quelques  Chimiftes  appellent 
cela  calcination  philofophique.  Harris. 

Ce  mot  vient  du  Latin  calx  ,  qui  vient  du  Grec 
;éâ;>i,| ,  qui  ,  félon  le  Gloflairc  grec  -  latin  ,  lignifie 
pierre,  ciment. 
13°  La  calcination  des  métaux  imparfaits,  expofée 
au  feu ,  eft  de  la  féconde  efpèce.  Ils  font  décom- 
pofés,  ils  perdent  leur  forme  métallique,  parce 
que  le  feu  les  dépouille  de  leur  phlogiftiquc.  La 
première  calcination  fe  fait  donc  par  l'évaporation 
des  parties  volatiles  \  &;  la  féconde  par  la  deftruc- 
tion  du  principe  inflammable. 
CALCINER,  V.  a.  Terme  de  Chimie.  Réduire  les 
métaux  ou  les  minéraux  en  chaux  ,  ou  poudre  très- 
fubtile  ,  par  le  moyen  du  feu.  Torrere  ,  exurere , 
in  calcern  redigere.  L'or  fe  calcine  au  feu  du  réver- 
bère avec  le  mercure  &  le  fel  ammoniac  -,  l'ar- 
gent avec  le  fel  commun  6c  le  fel  alkali  ,  le 
cuivre  avec  le  fel  &  le  foufre  ;  le  fer  avec  le  fel 
ammoniac  &  le  vinaigre  -,  l'étain  avec  l'antimoine  -, 
le  plomb  avec  le  foufre  ;  le  mercure  avec  l'eau 
forte  -,  il  fe  calcine  aulTi  tout  feul  par  le  feu.  Tous 
les  autres  minéraux  fe  calcinent  au  feu  fans  addi- 
tion d'aucune  drogue.  On  calcine  les  pierres  à 
fufil,  le  criftal  &  le  caillou,  en  les  faifant  rougir 
au  feu ,  &  les  jetant  alors  dans  l'eau  froide ,   ou 


CAL 

dans  du  vinaigre.  Car  après  qu'on  a  fait  cela  quatre 
ou  cinq  fois,  ces  corps  deviennent  friables,  fie  fe 
réduifcnt  aifément  en  poudre.  Harris.  Le  vitriol 
le  calcine  audi  en  le  mettant  fur  fe  feu  dans  un 
vafe  de  terre  :  il  s'y  dilfout  d'abord  en  une  efpèce 
d'eau  -,  puis  quand  il  a  bouilli  juiqu'à  ce  que  toute 
l'humidité  foit  confuméc  ,  ou  qu'il  foit  réduit  en 
une  malle  grifâtre ,  alors  on  l'appelle  vitriol  cal- 
ciné jul'qu'A  la  blancheur.  Enfuitc  ii  on  le  laillé  long- 
temps fur  un  feu  violent,  il  rougit: on  le  nomme 
Colcothar.  Idem. 

^fT  On  calcine  les  corps ,  ou  pour  leur  enlever 
quelques  fubftanccs  volatiles  ,  ou  pour  détruire 
leur  principe  inflammable.  La  calcination  des  pierres 
&  terres  calcaires  expofécs  au  feu  pour  les  con- 
vertir en  chaux ,  eft  de  la  première  efpèce.  Ces 
terres  ne  fe  calcinent  que  parce  que  le  feu  les  dé- 
pouille du  principe  aqueux  qu'elles  contiennent. 
Il  en  eft  de  Qicme  du  gypfe  ,  de  l'alun  ,  du  bo- 
rax fie  de  plulîeurs  autres  fels.  Les  minéraux  font  aullî 
dépouillés ,  par  l'action  du  feu ,  des  parties  ful- 
fureuics  ,  arfénicales  &  autres  matières  volatiles 
qu'ils  contiennent. 

CALCINÉ,  ÉE.  part.  pafT  &  adj.  Tojltis ,  exujlus. 

CALCIS.  f.m.  Faucon  de  nuit.  Bclon  ,  après  Ariftote, 
rapporte  que  cet  oifeau  ne  vole  que  de  nuit , 
ayant  la  vue  trop  foible  le  Jour.  Il  a  guerre  per- 
péruclle  avec  l'Aigle ,  &  on  les  trouve  quelquefois 
attachés  par  leurs  ferres.  Il  fair  fon  nid  dans  des 
lieux  remplis  de  rochers ,  où  il  y  a  des  cavernes , 
&  ne  pond  que  deux  œufs.  Il  ne  quitte  guère  les 
montagnes  &c  les  lieux  déferts  où  il  fait  fon  nid. 
Il  a  le  champ  de  fon  pennage  noir ,  &  eft  de  la 
taille  d'un  faucon.  Les  Ioniens  l'appcloient  Cy- 
mindis  ou  Cybendis  ;  on  le  nommoit  aufli  Ptinx. 
Homère  en  fair  mention  dans  fon  Iliade.  Il  porte  un 
collier  de  plumes  fous  la  gorge,  de  même  que  le 
hibou.  Dans  les  hautes  montagnes  du  Dauphiné , 
il  fe  trouve  un  oifeau  de  nuit  que  les  habitans  du 
Pays  appellent  Arpens ,  qui  fait  fon  nid  dans  des 
pays  de  montagnes  efcarpées  ,  dans  les  ouvertures 
des  rochers.  Il  pouroit  bien  être  de  cette  efpèce, 

CALÇON.  Voyei  Caleçon. 

CALCUL,  f.  m.  Supputation  de  plufieurs  fommes 
ajoutées  ,  ibuftraires  ,  mulripliées  ,  ou  divifces. 
Computatio.  L'erreur  de  calcul  ne  fe  couvre  jamais 
ni  par  arrêrs  ,  ni  par  tranfaélions  ;  c'eft-à-dire 
qu'on  eft  toujours  en  droit  de  revenir  contre  l'erreur 
de  calcul.  Quand  on  arrête  un  compte ,  on  fous- 
entend   toujours   fauf  erreur  de  calcul. 

Calcul  fe  dit  auffi  des  fupputations  qui  fe  fonr  en 
Aftronomic  &  en  Géométrie.  Snpputatio.  Il  faut 
un  long  calcul  pour  faire  des  Tables  Aftronomi- 
ques  ,  des  Ephémérides  ,  des  Logarithmes  ,  des 
Sinus  &  Tangentes. 

Dans  la  nouvelle  Géométrie ,  il  y  a  le  calcul 
différentiel ,  &  le  calcul  intégral.  Calculus  differen- 
tialis  ,  calculus  integralis.  Le  calcul  différentiel , 
eft  la  méthode  de  différentier  les  quantités  ou 
grandeurs  ;  c'eft-à-dire ,  la  méthode  de  trouver 
une  quantité  infiniment  petite,  qui  prife  une  infî- 
niré  de  fois ,  égale  une  quantité  ou  grandeur  don- 
née. Ce  que  nous  appelons  diiférences ,  les  Anglois 
l'appcllenr  fluxions.  Le  calcul  intégral ,  eft  la  ma- 
nière de  former  les  différences  ,  c'eft-à-dire ,  la 
fomme  ou  la  grandeur  égale  à  une  infiniment  pe- 
tite donnée  ,  prife  une  infinité  de  fois.  Les  Anglois 
l'appellent  la  méthode  inverfe  des  fluxions.  Dans 
la  nouvelle  Géomérrie  ,  on  conçoit  que  toutes  les 
grandeurs  finies  fe  réfolvenr  en  grandeurs  infîni- 
menr  petites ,  qui  en  font  les  clémens ,  ou  les  dif- 
férences. On  appelle  calcul  différentiel ,  l'art  de 
trouver  ces  grandeurs  infiniment  perites,  d'opérer 
fur  elles ,  &  de  découvrir  par  leur  moyen  d'au- 
tres i^randeurs  finies  \  car  ce  qui  rend  la  connoif- 
fance  des  infinim?ns  petits  fi  utile  &  fi  féconde, 
c'eft  qu'ils  ont  entr'eux  des  rapports ,  que  n'ont  pas 
les  grandeurs  finies,  dont  ils  font  les  infiniment 
petits,  bc  que  pat  ces  mêmes  rapports  ils  condui-' 


i 


CAL 

fent  à  décîouvrir  d'autres  finis.  Par  exèttipîe  >  dans 
une  coiu'be  quelle  qu'elle  Ibit ,  les  dilîcrences  in- 
finiment petites  de  l'ordonnée  &  de  l'abicifle  ,  ont 
entre-elles  le  rapport ,  non  de  l'ordonnée  8c  de  l'ab- 
cifîe ,  mais  de  l'ordonnée  &c  de  la  Ibutangente  •,  &  par 
eonfcquent  l'abfciire  &  l'ordonnée  feules  connues, 
donnent  la  Ibutangente  inconnue  ,  ou  ce  qui  re- 
vient au  même  ,  la  tangente ,  pourvu  qu'on  paflê 
parles  infiniment  petits. 
(fT  En  rebrouflant  chemin  ,  il  faudroit  que  là  tan- 
gente ou  Ibutangente  menue  d'une  courbe  incon- 
nue donnât  les  infiniment  petits  de  l'abfcifTe  &  de 
l'ordonnée  »  qui  l'ont  produite  ,  &  par  eonfcquent 
l'abfcifle  &  l'ordonnée,  qui  font  des  grandeurs  finies 
dont  le  rapport  fait  toute  l'elfence  de  la  courbe. 
Cet  art  de  retrouver  par  les  grandeurs  infiniment 
petites  les  grandeurs  finies,  à  qui  elles  appartien- 
nent, eft  ce  qui  s'zppelle  le  Ca/cu/  intégrai. 

Le  calcul  diffcremiel  defcend  du  fini  à  l'infini- 
ment  petit ,  &  le  calcul  intégral  remonte  de  l'in- 
finimeat  petit  au  fini.  L'un ,  pour  ainfi  dire ,  dé- 
compofe  une  grandeur  ,  &  l'aurre  la  rétablit  -,  mais 
ce  que  l'un  a  décompofé  ,  l'autre  ne  le  rétablit 
pas  toujours ,  &  par  eonfcquent  l'intégral  ell  im- 
parfait &  borné ,  du  moins  jufqu'à  pféfertt.  S'il 
celîbit  de  l'être ,  la  Géométrie  feroit  arrivée  à  fa 
dernière  perfedlion. 

Des  qu'il  s'agit  de  mcfurer  une  furfàie  ,  c'efi: 
au  calcul  intégral  à  le  faire.  La  bafe  d'un  pa- 
rallélogramme multipliée  par  Télérnent  infinimenr 
petit  de  fa  hauteur ,  fait  Un  parallélogramme  in- 
finiment petit ,  qui  eft  l'éiémënt  du  parallélogramme 
fini  ,  &  qui  eft  répété  une  infinité  de  fois  ,  c'eft- 
à-dire ,  autant  de  fois  qu'il  y  a  de  points  dans  la 
hauteur  du  paranélogrâiTim&  fihi.  Pour  avoir  ce  pa- 
rallélogramme fini  par  le  moyen  de  fon  élément, 
il  le  faut  donc  multiplier  par  cette  hauteur,  & 
c'eft-là  le  calcul  intcgral ,  qui  remonte  de  l'infini- 
iriejit  petit  au  fini  -,  &  quand  il  s'agit  de  furfiices 
terminées  ou  entièrement  ou  en^iartie  par  des  cour- 
bes ,  cette  méthode  devient  nécelfaire  ,  ou  du  moins 
préférable  à  tonte  autre. 

Que  l'on  compare  dans  une  parabole ,  par  exem-' 
pie,  l'efpace  renfermé  entre  deux  ordonnées  infi- 
ment  proches  ,  une  portion  infiniment  petite  de 
l'axe ,  &  un  arc  infiniment  petit  de  la  courbe ,  il 
eft  certain  que  cette  futface  infiniment  petite  ,  n'eft 
pas  un  parallélogramme ,  car  les  deux  ordonnées 
parallèles  qui  la  terminent  chacune  de  fon  côté  , 
ne  font  pas  égales ,  &;  l'arc  de  la  Courbe  oppofc 
à  la  petite  portion  de  l'axe  ne  lui  eft  k  plus  fou- 
vent  ni  égal  ni  parallèle.  Cependant  par  les  prin- 
cipes de  fa  nouvelle  Géométrie  cette  furface  qui 
Ji'eft  pas  un  parallélogramme ,  peut  en  toute  ri- 
gueur géortétnque ,  être  traitée  comme  fi  elle  en 
croit  un  ,  parce  qu'elle  eft  infiniment  petite ,  & 
par  conléqueM  pour  la  mefurer  ,  il  n'y  a  qu'à  mul- 
tiplier une  ordonnée  de  la  parabole  ,  paï  la  portion 
de  l'axe  infiniment  petite  qui  lui  répond.  Voilà  l'élé- 
ment de  la  furface  de  cette  parabole.  Cet  élément  de- 
venu infiniment  grand  par  le  calcul  intégral ,  ou  ce 
qui  eft  la  même  chofe ,  changé  en  une  grandeur 
finie  ,    eft  la   furface  entière  parabolique. 

La  Géométrie  nouvelle  emploie  la  même  chofe 
pour  les  folides.  Une  futface  à  laquelle  on  donne 
une  hauteur  infiniment  petite,  eft  l'élément  d'un 
folide  ,  &  cet  élément  fe  transforme  en  ce  fo- 
lide  même  par  le  calcul  intégral. 

Les  centres  de  pefanteur  ,  de  percuiîîon  &  d'of- 
cillation  ,  qui  font  une  partie  des  plus  difficiles 
queftions  de  la  Géométrie ,  fe  peuvent  rapporter 
à  cette  même  méthode  ,  5:  y  deviennent  des  quef- 
tions plus  aifces. 

M.  le  Marquis  de  l'Hôpital  a  traité  du  calcul 
différentiel  dzns  fon  Analyfe  des  infiniment  petits , 
&  M.  Carré ,  du  Calcul  intégral  dans  fa  Méthode 
pour  la  mefurc  des  furfaces. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  fe  trompe 
en  fon  calcul,  quand  il  fe  trompe  fur  l'objet  dont 


C  AL  1^7 

îi  eft  queftion  .  quand  il  raifonne  fur  des  principes 
ou  des  fuppofitions  làuflcs. 

Le  mot  calcul  vient  du  latin  calctllus  i  une  piéïif  e  » 
^arce  que  les  anciens  fe  fervoient  de  petits  cailloux } 
au  lieu  de  jetons ,  pour  faire  leurs  fupputations  eii 
Alhonomie  &  en  Géométrie.  Les  Rois  de  Lacé- 
dcmone  donnoient  leurs  fuffrages  avec  deux  petites 
pierres  :  &  les  Romains  rnarquoient  les  jours  heu- 
reux d'une  pierre  blanche  >  &  les  malheureux 
d'une  pierre  rtoire.  D'où  vient  rexpreillon  d'Ho- 
race ,  Mes  albo  notanda  lapillo  ,  &:  l'eXpreffion  fi 
ordinaire  aux  latins ,  calcula  comprohare  ■■,  donner 
fon  fuffrage.  Antiq.  Grecq.  &  Rom, 
Calcul,  en  termes  de  Médecine,  c'eft  la  maladie 
de  la  pierre  dans  la  veflîe  ,  ou  dans  les  reins.  Cal- 
culus.  Le  calcul  eft  une  maladie  qui  vient  de  ce 
que  nous  avons  des  carrières  dans  nos  corps ,  dont 
les  matériaux  font  bien  plus  propres  à  détruire  le 
bâtiment  naturel  qu'à  l'entretenir.  Trésor  de  la 

PRAT.  DÉ   MÉdEC. 

Calcul  >  fe  prend  auiïî  pour  la  pierre  qui  fe  fotmé 
dans  nos  corps.  Le  calcul  eft  un  corps  folide  & 
dur,  coagulé  en  forme  dé  pierre  ,  d'une  humeur 
terreftre  &  faline ,  caufant  de  la  ftupeut ,  des  ob- 
ftrudiions  &  des  diftentions.  Il  n'y  a  point  de  par- 
tie dans  notre  corps  où  il  ne  fe  puiffe  engendrer  : 
car  la  tête  ,  la  langue ,  le  poumon ,  le  cœur ,  l'ef- 
tomac  ,  le  foie  ,  la  véficule  du  fiel  ,  les  inteftins , 
le  méfentère  &  la  inatrice  ,  n'en  font  pas  exemts  -, 
néanmoins  quand  on  parle  du  calcul ,  on  entend 
par  antonomafe ,  celui  de  la  veffie  ou  des  reins , 
à  caufe  qu'il  s'engendre  plus  fouvent  en  ces  parties- 
là  qu'ailleurs.  Les  caufes  du  calcul  {ont  la  crapule, 
les  crudités ,  les  agitations  du  corps  à  contre-temps , 
furtout  après  le  repas  ,  Se  celles  où  l'on  a  le  dos 
courbé  ;  les  alimens  groiïiers ,  le  vin  vert ,  noir , 
grolfier  ,  le  vin  nouveau  ,  la  bierre  nouvelle  Sc 
mal  dépurée  ,  aller  à  cheval ,  La  danfe  ,  la  débau- 
che avec  les  femmes  ,  enfin  ,  une  difpofirion  na- 
turelle qu'on  apporte  en  nai/Tant,  5c  qui  eft  comme 
héréditaire. 

Les  fignes  du  calcul  des  reins  font  une  douleur 
fixe  dans  les  lombes ,  l'urine  crue  ,  ténue  8c  aqueufe  , 
&  quelquefois  teinte  de  fang ,  l'engourdiifement 
de  la  jambe  qui  eft  du  côté  du  rein  où  eft  le  calcul  t 
la  naufée  &  le  dégoût  pour  tous  les  alimens  ,  &Ci 
Les  fignes  du  calcul  dans  la  veffie  font  l'éjedlion 
fréquente ,  ou  la  fupprelTion  de  l'urine ,  le  ténefme  , 
la  douleur  tout  le  long  de  l'uretère ,  le  fédim.cnt 
fabuleux  dans  l'urine ,  ùc. 

Il  y  i  une  infiniré  de  remèdes  pour  le  calcul. 
Le  plus  efficace  eft  la  lithotomie ,  ou  extraélion 
du  calcul  par  incifion  :  cette  opérarion  fe  pratique 
aujourd'hui  avec  beaucoup  de  fuccès  par  les  Chi- 
rurgiens François.  Koye^  Degori  dans  le  Tréforde 
la  pratique  de  Médecine-,  &  les  Auteurs  qu'il  cite, 
Jcan-B.  Montanus,  Félix  Platerus,  Horatius  Auge- 
nius,  Pierre  Foreftus ,  JeanCrato,  Martin  Acacia, 
Hiérôme  Donzelius  ,  Doniin.  Panaroile,  Hippo-* 
crate ,  Reiner  Solimander ,  Jean  Zecchius ,  Car- 
dan ,  Jule  Scaliger,  Avenzoar ,  Zacutus ,  Jean 
HoUet ,  Jean  Hclmont ,  Lazare  Rivière  ,  Jean  Hart- 
man  ,  Volfang  Hocfet ,  Paul  Barbette  ,  Frédéric 
Deckers ,  Barthelemi  Montagnana ,  Guillaume  Fa- 
brice Hildanus ,  Jean  Ptevôr  Médecin  de  Padouc  , 
Robert  Boyle ,  Daniel  Sennert ,  Pierre  Borel ,  le 
Journal  des  Savans  de  1^70  ,  Obferv.  lo-j  ,p.  145 , 
êc  Obf.  115,  p,  i77  ,  &  de  l'an  \6-jt.  Bernard  Stie- 
berg  ,  Greg.  Horftius ,  Thomas  Eraftus,  Jean  Wie- 
rus,  Othon  Heurnius,  &c.  Foye^  auffi  M.  Dionis 
dans  fon  Anatomie ,  &  dans  fon  Traité  des  Opéra- 
tions ,  &c. 

Si  le  calcul  eft  dans  la  velîîe,  on  l'appelle  li- 
thiafis  ;  s'il  eft  dans  les  reins ,  on  l'appelle  néphré- 
tique. 

Le  mot  calcul  vient  du  latin  calculus. 

Ce  qu'on  appelle  cd/c«/ en  Médecine  ,  s'appelle 
pierre  dans  l'ufage  ordinaire. 
CALCULABLE,  adj.  Terme  d'Aritlimctique.  Qui  fe 


i^S 


CAL 


peut  calculer.  Le  ftottcmertt  de  toutes  les  parties 
d'une  machine  compolce  eft  cdculabk.  Bremond, 

CALCULATEUR.  T.  m.  Celui  qui  calcule.  Ratio- 
ciriafor,  ca/culator  ,  comf ucator.  AdxicnXizq  cton 
un  crand  calculateur.  Origan,  Kepler,  Ar-olus , 
ont'été  de  grands  calculateurs.  Robert  de  Suifet 
a  été  lurnommé  le  calculateur ,  &  a  ete  mis  par 
Cardan  au  nombre  des  douze  Auteurs  les  plus  fub- 
tils  qui  aient  jamais  etc. 

fer  On  donnoit  chez  les  Romanis  le  nom  de  cal- 
culatcur  aux  maures  de  condition  libre  qui  appre- 
noient  aux  cnfans  à  compter  avec  des  jetons  ,  cal- 
culi,  &  ils  appcloient  calculones  les  elclaves^ou 
les  nouveaux   alftanchis   qui  exercoient   la  même 

CArCULER.  V.  a.  Supputer.  #3"  Appliquer  les  ré- 
gies de  l'arithmétique  ou  de  l'algèbre  ,  ou  les  unes 
te  les  autres ,  à  la  détermination  de  quelque  quan- 
tité. Computare ,  fupputarc.  Il  a  calculé  toutes  les 
fommes  qui  lui  Ibnt  dues  fur  fon  regiftre  Les  Al- 
tronomes  calculent  les  Eclipfes ,  &  predilent  au 
jufte    celles  ,qui  arriveront. 

CALCULÉ ,  EE.  part. 

ir?  On  le  dit  abfolument.  Cet  homme  calcule  beau- 
coup, Il  calcule   Julie  ,  il  fait  calculer. 

CALCULEUX.  1".  m.  Calculojus.  Qui  a  le  calcul , 
qui  eft  tourmenté  de  la  gravelle ,  de  la  pierre.  Les 
Calculeux  ,  dit  Pline  ,  doivent  s'abftemr  des  eaux 
métalliques.  Pline  s'eft  trompé  là  aufh-bicn  qu  ail- 
leurs ,  quand  il  s'cft  mêle  du  métier  d'autrui.  Gui 
Patin.  Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage. 

Calculeux  ,  euse.  adj.  Pierreux  ,  graveleux.  Rien 
n'eft  li  commun  chez  les  Médecins ,  tant  anciens 
que  modernes ,  qui  ont  écrit  de  la  pierre  du  rein 
ou  de  la  veffie,  que  le  mot  de  concrétion  calcu- 
leufe.  Concretio  calculofa  ,  concretwnes  calculojœ  , 
lit-on  en  cent  endroits  de  leurs  ouvrages.  Journ. 
DES   Skv.  Août   175 1.  w         ^  77     • 

CALDERINO.  Montagne  d'Efpagnc.  Mons  Lalderi- 
nus.  Le  Comte  Julien  ayant  réfolu  d'introduite 
les  Maures  en  Elpagne  pour  venger  l'affront  que 
Rodrigue  ,  dernier  Roi  des  Goths  ,  avcSit  fait  a 
fa  fille  Caba ,  il  aflembla  fes  amis  fur  une  monta- 
gne appelée  depuis  d'un  mot  Arabe  ,  la  montagne 
AzCalderino,  c'eft-à-dire  ,  la  montagne  de  la  Tra- 
hifon,  parce  que  ce  fut  là ,  en  effet ,  que  fut  tra- 
mée la  plus  honteufe  trahifon  qui  fût  jamais.  P. 

d'Orléans.  ■  r     t 

Ce  mot  vient  de  l'Arabe  -ny  në,adat ,  qui  figrtifie 
trahir.  Ngaddar ,  trahifon.  De  là  changeant  le  pie- 
mier^,  en  /  pour  adoucir  la  prononciation,  on 
a  fait  n^aldar  ,  caldar. 

jrr  CALDERON.  f.  m.  PoifTon  ptefque  auffi  gros 
que  la  Baleine ,  dont  il  a  la  peau  ,  la  graifle ,  la 
chair  &  les  dents.  C'eit  une  elpcce  de  Souffleur. 

CALE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  le  lieu  le  plus 
bas  du  vaifléau ,  la  partie  qui  entte  dans  l'eau  fous 
le  franc  tillac ,  &  qui  eft  dans  un  bâtiment  de 
mer ,  ce  qu'eft  la  cave  dans  un  bâtiment  de  terre. 
■  Elle  s'étend  de  poupe  en  proue.  Injimum  navis 
tahdatum.  |p=  Cette  partie  du  vaiffeau  eft  divifee 
en  plulîeurs  autres  parties ,  cù  l'on  renferme  les 
poudres,  le  bifcuit  ,  les  voiles,  les  cables ,  les 
futailles ,  &c.  Ces  différentes  cales  s'appellent  joutes 
ou  fofles ,  &:  prennent  leur  dénomination  des  chofes 
qu'elles  renferment.  Joute  au  pain,  ;o^/^  aux  pou- 
dres ,  cale  à  l'eau  ,  fofe  aux  cables ,  &c.  Quand 
on  combat ,  on  enfetme  les  Efclaves ,  les  gens  fuf- 
peéls ,  fous  le  tillac  ,  à  fond  de  cale. 

Cale  eft  auifi  l'adion  par  laquelle  on  plonge  quel- 
qu'un dans  l'eau,  humerfio.  Ce  fut  autrefois  un 
paffe-temps  dont  ufoient  les  Goths  par  forme  d'exer- 
cice ,  comme  ledit  Olaus  Magnus  -,  mais  c'a  été  un 
fupplic;  chez  les  Celtes  Se  les  François.  Les  Alle- 
mands l'ont  pratique  contte  les  infâmes  &  les  fai- 
néans ,  au  raoport  de  Tacite.  A  Marfeille  &  à 
Bourdeaux  les  hommes  &  les  femmes^de  mauvaife 
rie  font  condamnés  à  la  cale ,  ou  à  être  baignes  : 


CAL 

&  pour  cela  on  les  enferme  nus  en  chemife  dans 
une  cage  de  fer  amarrée  à  la  vergue  ou  au  palan 
d'une  chaloupe  ,  &;  calée  plufieurs  fois  dans  la  ri- 
vière. On  en  fait  autant  à  Touloufe  aux  blafphé- 
mateurs  :  &  à  Marfeille  ,  c'eft  auill  un  fupplice  j  ou 
plutôt  un  châtiment  de  gens  de  mer.  On  les  atta- 
che à  une  corde  ,  &  on  les  jette  dans  la  mer  di 
haut  de  la  vergue  du  grand  mât  :  ce  qui  fe  fait 
une  ou  plufieurs  fois  fuivant  la  qualité  de  la  faute. 
Quelquefois  on  leur  attache  un  boulet  de  canoh 
aux  pieds ,  pour  rendre  la  chute  plus  rapide ,  & 
le  ilippJice  plus  rude.  On  appelle  la  cale  feche  , 
lorfque  le  patient  eft  fufpendu  à  une  corde  racour- 
cie  qui  ne  defcend  qu'à  cinq  ou  fix  pieds  de  la 
furiace  de  la  mer  ou  de  la  terre  :  c'eft  une  efpèce 
d'eftrapade.  Ce  châtiment  eft  rendu  public  par  un 
coup  de  canon  qu'on  tire  ,  pour  avertir  ceux  de 
l'efcadre  ou  de  la  flotte  d'en  être  fpeétateurs. 

La  grande  cale  ,  ou  la  cale par-de'ffous  la  quille  , 
eft  une  Ibrte  de  fupplice  en  ufage  parmi  les  Hol- 
landois.  On  attache  le  coupable  à  une  corde  par 
le  milieu  du  corps,  puis  on  le  jette  à  la  mer  ;  alors 
quelques  matelots  des  plus  forts ,  qui  font  de  l'autre 
côté  du  vaiifeau  ,  tirent  promptement  la  corde  qui 
eft  paffée  par-delfous  la  quille,  &  font  ainfipaiTer 
fous  le  vai/leau  le  coupable  qui  eft  attaché  à  la 
même  corde.  La  grande  cale  eft  un  fupplice  rude 
&:  dangereux. 

Du  Gange  dit  qu'on  à  appelé  cela  dans  la  bafle 
Latinité  accabuQ'a.re  ,  &  qu'il  vient  du  mot  gafcon 
cahujfa  ,  lignifiant  faire  la  culbute,  fe  jeter  Litote 
la  première. 

Cale  eft  auffi  un  abri  ou  rade  qu'on  trouve  fur  la 
rôte  derrière  quelque  terrain  éminent  ,  qui  peut 
mettre  de  petits  bâtimens  à  couvert  des  vents  & 
des  flots.  Apricce.  fauces  ,  promontorium.  On  l'ap- 
pelle autrement  calangue.  Ce  mot  n'eft  en  ufage 
que  fur  la  Méditerranée. 

Cale  eft  aufTi  une  efpèce  de  talus  fur  le  bord  de 
la  mer,  enforte  qu'on  y  monte  facilement,  pour 
tirer  les  vaiffeaux  à  terre  quand  il  eft  queftion  de 
les  radouber.  Acdivitas  ,  declivitas.  ^ 

Cale  fe  dit  encore  d'un  plomb  qui  fercà  la  pêche  de  k 
morue  ,  pour  faire  enfoncer  l'hameçon  au  fond  de 
l'eau.  Bolis, 

Cale  eft  auffî  une'  efpèce  de  coiffâire  de  femme,  un 
bonnet  plat  par  enhaut ,  qui  vient  couvrir  les  oreilles. 
Se  eft  échancré  par-devant  avec  une  petite  bordure 
de  velours.  Toutes  les  Servantes  de  Brie  portent 
des  cales.  Calantica. 

Cale  eft  auffi  un  bonnet  d'homme  fait  en  rond 
&  plat ,  qui  couvte  feulement  le  haut  de  la  tête. 
P iléus.  Tous  les  Clercs  portoient  autrefois  la  ca/^, 
&  ils  le  font  encote  aujourd'hui  à  la  chambre  des 
Comptes.  Les  Bedeaux  ,  les  Pâtiffiers ,  les  petits 
Laquais ,  quelques  gatçons  de  métiers  portent  des 
cales.  Voiture  avoir  aimé  depuis  le  fceptre  jufqu'à 
la  houlette ,  &  depuis  la  couronne  jufqu'à  la  cale, 
Saras. 

Bord  dérive  ce  mot  à'écaille,  auffî-bien  que  celui 
de  calotte. 

Cale  ,  chez  les  Artifans ,  eft  une  pièce  de  bois  ou 
d'autre  matière ,  en  forme  de  petit  coin  ^  qu'on  met 
entte  deux  pierres  ,  ou  deux  pièces  de  bois,  pour 
les  ferrer  &  prefTer.  Affula.    . 

^  On  appelle  plus  communément  cale ,  un  mor- 
ceau de  bois  plat ,  ou  d'autre  matière  ,  qu'on  met 
fous  une  table  ou  fous  quelqu' autre  chofe  ,  pour 
la  mertre  de  niveau. 

^  Les  Vocabuliftes  difent  élégamment  ,  morceau 
de  bois  plat  qu'on  place  deflbus  une  pierre ,  une 
poutre  ,  &c. 

ip-  CALEB.  Contrée  de  la  Paleftine ,  dans  la  Tri- 
bu de  Tuda. 

CALERAS  ou  CALBAS ,  CARGUEBAS  ou  CAR- 
QUEBAS.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  cordage 
qu'on  amarre  par  un  bout  au  racage  de  l'un  des  pac- 
fis ,  &  par  l'autre  bout  à  un  arganeau  qui  eft  au  pied 
du  mât-,  ce  cordage  fert  à  guinder,  5c  à  amener 

les 


I 


CAL 

les  vergues  de  pacfî*:  Funis  antennàfum  erecitvus. 
C'efl  auHi  U0  petit  palan  dont  on  fe  iert  pour  rider 
le  grand  ctai. 
IJcr  Cy^LECHAUBON.  Cordage  qui  appuie  les  mâts 
des  hunes  &  des  perroquets  fur  lefquels  il  ell: 
capelc.  Il  eft  fixé  par  un  bout  fur  les  capmoutons 
par  des  rides  ou  cordes. 
CALEBASSE,  f.  f.  Terme  de  Botanique,  Cucurhita 
lagenaria.  Prononcez  Calbace ,  plante  cucurbitacéc  , 
dont  la  racine  eft  blanche  ,  branchue  ,  &:  périr 
toutes  les  années.  Elle  jette  pluiîeurs  tiges  ten- 
dres ,  groflcs  comme  le  petit  doigt ,  anguleufes , 
longues  de  plufieurs  brailès  ,  couchées  par  terre 
lorlqu'elles  ne  trouvent  point  de  corps  voifins  aux- 
quels elles  puiiîcnt  s'entortiller  &  s'attacher  par 
le  moyen  de  leurs  vrilles.  Les  feuilles  font  alter- 
nes, arrondies,  d'un  demi-pied  environ  de  dia- 
mètre ,  velues  ,  mollafles ,  d'une  odeur  puante  &: 
tenant  du  mufc  ,  &  foutenues  par  deux  queues 
longues  de  cinq  à  fix  pouces.  Ses  fleurs  font  blan- 
ches ,  grandes ,  d'une  feule  pièce ,  découpées  pro- 
fondément fur  leurs  branches  en  cinq  parties.  Ces 
fleurs  font  ou  ftériles  ,  ou  fertiles  :  celles-ci  ont  à 
leur  partie  poftérieure  un  embryon ,  qui  leur  fert 
de  calice  :  il  devient  par  la  fuite  un  fruit  charnu 
fait  en  forme  de  bouteille  ancienne ,  c'eft-à-dire , 
formée  par  deux  eipèces  de  panfe ,  dont  l'infé- 
rieure cil:  plus  groile  que  la  ilipérieure ,  l'une  grjn- 
de ,  l'autre  petite.  La  chair  de  ces  fruits  eft  blan- 
châtre ,  &  contient  lix  ordres  de  femences ,  oblon- 
gues ,  éttoitcs ,  obtufes  par  un  de  leurs  bouts.  Ces 
femences  font  du  nombre  de  celles  qu'on  nomme 
femences  froides.  Il  y  a  quelques  Provinces  où 
on  appelle  ces  fruits  des  cour  Us  bouteilles  ;  mais 
ce  mot  n'eft  pas  François.  On  appelle  la  cakbaffc 
une  gourde. 
^3"  De  la  calebajfe  des  îles  d'Amérique ,  quand  elle 
eft  dans  fa  maturité  ,  on  extrait  une  liqueur  qu'on 
regarde  comme  ipécifique  contre  les  maux  de  poi- 
trine. C'eft  ce  qu'on  appelle  lyrop  de  caUbaJJ'e,  On 
s'en  fert  auifi  ,  comme  de  limonade ,  pour  fe  ra- 
fraîchir. A^oye^  Calebassier. 
Calebasse  fe  prend  le  plus  fouvent  pour  le  fruit 
qui  eft  de  différente  grofléur ,  &  qui  étant  bien 
deiféché  &  vidé  de  fes  femences,  peut  contenir 
du  vin  ou  d'autres  liqueurs ,  &  fervir  aux  voya- 
geurs. Les  Pèlerins  font  dépeints  avec  une  calebajfe 
attachée  à  leur  bourdon ,  ou  à  leur  côté.  Il  mar- 
choit  le  bourdon  à  la  main  &:  la  calebaJJ'e  au  côté. 
BouHOURS.  Les  Pèlerins ,  les  ibldats ,  fe  lervent  de 
calebajfes  pour  porter  du  vin.  Les  cakbajj'es  fervent 
pour  apprendre  à  nager.  Ce  mot ,  lélon  quelques-uns 
eft  Arabe. 

On  dit  proverbialement ,  frauder  la  calebaffe , 
illudere ,  fallere ,  pour  dire  ,  tromper  fon  com- 
pagnon j  boire  ce  qui  eft  dans  la  calebajfe  en  fon 
abfence. 
Calebasse,  en  termes  de  jardinage,  eft  une  prune 
qui  au  lieu  de  grodir ,  &  de  conlerver  fon  vert, 
devient  large  &  blanchâtre ,  &  enfin  tombe  fans 
venir  à  maturité.  La  Quint.  &  Liger.  Les  Jardi- 
niers difent ,  voilà  des  prunes  qui  viennent  toutes 
en  calebajfe  ;  &  on  fe  fert  de  ce  terme  ,  à  caufe 
que  pour  lors  elles  en  ont  la  figure.  Liger. 
CALEBASSIER.  f.  m.  Cucurbitifera  arbor  Americana. 
Arbre  qui  croît  à  la  hauteur  de  nos  pommiers  , 
&  à-peu-près  de  la  même  grofléur  -,  fon  rronc  eft 
torrueux  ,  couvert  d'une  écorce  grife  &  raboteufe  , 
divifé  en  plufieurs  branches  compofées  d'autres  plus 
petites ,  chargées  de  feuilles  pointues,  longues  d'un 
demi-pied  fur  un  pouce  de  largeur  ,  plus  larges 
dans  le  milieu  que  par  l'une  ou  l'autre  de  leurs 
extrémités ,  lifTes ,  glabres  ,  d'un  vert  clair  en  def- 
fous ,  &  plus  obicur  en  defllis  ,  &  qui  naiflent 
comme  par  bouquets.  Ses  fleurs  ,  qui  fortent  du 
tronc  ou  des  branches,  font  d'une  feule  pièce, 
blanchâtres  ,  en  forme  de  cloche  ,  irrégulières  , 
longues  d'un  pouce  &  demi  fur  un  pouce  de  lar- 
geur ,  pointillées  fur  leur  furface  ,  &  d'une  odeur 
Tome  JI, 


CAL 


! 


tlcfagléablc.  Sa  étamifies  font  blanches  ,  Se  le-  ca- 
lice de  la  rieur  eft  vcrdâtre,  à  deux  feuilles  atron 
dies ,  du  milieu  defquclles  s'élevc  un  piftil  qui 
devient  lin  fruit  femblable  aux  calcballes  &  âù 
potiron  ,  de  différente  figure  ôc  groffeur  ,  compofé 
d'une  écorce  dure  &  épaifîé  ,  d'une  couleur  biah- 
chârfe  ,  &  de  femences  pareilles  à  celleâ  du  coti- 
combrc ,  mais  brunes.  On  nomme  communément 
ce  fruit  couic  ou  calebaffe.  C'eft  de  ce  fruit  qu'ori 
extrait  le  fyrop  decalebaflé.  Il  y  a  plufieurs  eipèces 
de  caUbdJjiers  dans  nos  Iles  d'Amérique.  Maj.gr. 
Du  Tertre,  Rochefort  ,  Plumier. 

Cet  Arbre  fournit  la  plus  grande  partie  des  petits 
meubles  du  ménage  des  Indiens ,  &  des  habitans 
étrangers ,  qui  font  leur  demeure  en  ces  Iles.  Les 
Chaflcurs  des  Iles  fe  lervent  de  fon  fruit  pour 
étanchcr  leur  foif ,  au  befoin  ,  &  ils  _  difent  qu'il 
a  le  goût  du  vin  cuit  ;  mais  qu'il  reflérre  trop  le 
ventre.  Les  Indiens  poliflént  l'ccorce  &  l'cmaillens 
li  agréablement  avec  du  roucou  ,  de  l'indigo  &; 
plufieurs  autres  belles  couleurs  ,  que  les  délicats 
peuvent  manger  &  boire  fans  dégoût  dalis  les 
vaifléaux  qu'ils  en  forment.  Il  y  a  auffî  des  curieux: 
qui  ne  les  eftiment  vias  indignes  de  tehit  place  entre 
les  raretés  de  leurs  cabiners. 

CALEBOTIN  ou  CALBOTIN.  f.  m.  Efpèce  de 
petit  panier  fans  anfe ,  en  forme  de  picotcin  j  ou 
un  cul  de  chapeau  où  les  Cordonniers  mettent 
le  fil  &  les  alênes,  (^uaflllus  j'utorius, 

CALÈCHE,  f.  f.  Petit  carroife  coupé ,  qui  a  d'ordirtair; 
plufieurs  ornemens.  Rh.eda  minor  ,  pilentum.  Il  fert 
aux  jeunes  hommes  qui  veulent  marcher  en  parade. 
Ainfi  Molière  a  dit  dans  les  F.àcheux  : 

Marquis  ,  allons  an  cours  faire  voir  ma  calèche. 
Elle  ejt  bien  entendue ,  &:c. 

On  appelle  auffi  calèche ,  une  forte  de  carrofTe 
léger ,  entouré  de  mantelets ,  &  dont  on  fe  fert 
pour  fe  promener  dans  les  jardins. 

Caleçon.  Quelques-uns  difenr  Calçon  >  d'autres 
Caneton ,  mais  ces  derniers  parlent  mal.  C'eft  un 
vêtement  qui  couvre  les  cui/fes ,  qu'on  attache  à 
la  ceinture  ,  &  qu'on  met  fur  la  chair  nue,  enfermant 
néanmoins  dedans  le  bas  de  la  chemife.  Interiord 
feminalia  ,  interius  fubltgar  ,  fubligaculurn.  Il  eft 
ordinairement  de  toile  \  mais  on  en  fait  auffi  de 
chamois ,  de  taffetas  ,  &c.  Il  fe  faut  garder  des 
femmes  qui  portent  le  caleçon  -,  c'eft  à-dire  ,  qui 
dominent  leurs  maris. 

On  dit  auffi  des  caleçons  au  pluriel ,  quoiqu'il 
n'y  ait  qu'un  iîmple  caleçon. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Latin  calcedre. 

CALECONÏER  ,  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  des  caleçons. 
On  ie  dit  plus  particulièrement  de  celui  qui  i'ait 
des  caleçons  de  chamois.  Les  maîtres- Bourliers  pren- 
nent cette  qualité  dans  leurs  Statuts. 

CALÉDONIEN  ,  ENNE.  f  Calédomus  ,  a.  Les  Hif- 
toriens  Romains  Dion-Caffius  &  Hérodien ,  divi- 
fent  les  Ecoflbis  en  deux-  nations  principales  ,  à 
la  première  defquclles  ils  donnent  le  nom  de 
Méates ,  &  à  la  féconde  celui  de  Calédoniens.  Quel- 
ques Modernes  croient  que  ce  font  les  mêmes  que 
les  Hiftoriens  du  pays  nomment  Piétés.  Les  Calédo- 
niens habitoient  la  partie  Septcnttionale  de  l'E- 
colfe.  Il  y  avoit  une  vafte  forêt  appelléc  Caledor.ia 
Jllva  ,  fameufe  par  la  grandeur  des  ours  qu'elle 
nourriflbir. 

Cambden  dérive  ce  mot  de  Kaled ,  ancien  nom 
Breton,  qui  iîgnifie  dur,  &  qui  vient  de  iSj,  ga- 
Ud,(\m  fignifie  s'endurcir,  en  Hébreu,  en  Syria- 
que, &  en  Arabe.  Lloyd  approuve  cette  érymo- 
logie.  Les  Calédoniens  ètoient  des  gens  durs,  grof- 
iiers ,  barbares  -,  &  leur  pays ,  qu'on  appeloit  Cale- 
donia ,  eft  tout  hériffé  de  montagnes.  C'eft  ce  qu'on 
appelle  aujourd'hui  les  Provinces  de  Brai ,  d'Al- 
bain  ,  d'Athol  &  de  Perth.  Ils  s'étenditent  enfuite 
au-delà  du  Tay  ,  &  donnèrent  aurfi  le  nom  de 
Calédonie  à  ces  nouvelles  terres  qu'ils  occupèrent. 

Y 


I70  CAL 

CAtÉDONiEM,  ENNt.  adj.  Qui  appartient  aux  Cilcdo-  l 
nicns ,  ou  au  pays  des  Calédoniens.  CaUJonius  ,  a. 
La  tbrct  Calédonienne.  Sylva  CaUdoniu.  Elle  s'ctcn- 
doit  dans  les  Provinces  de  Mendieit  ,  &  de  Ster- 
ling ,  &  coupoit  la  montagne  Grampc,  aujourd'hui 
Grandzbainc  ,  par  la  moitié ,  tirant  de  l'Ell:  à  l'O- 
rient. Larrey.  L'Océan  Calédonien  ,   Oceanus  Ca- 
ledonius  ,  OU   DeucaUdonius  ,  c'eft   la  partie    de 
l'Océan  fcptentrional ,  qui  s'étend  depuis  les  cô- 
tes /eptentrionales  de  l'île  de  la  Grande  Bretagne , 
JLifqu'itux  côtes  méridionales  de  l'Iflande. 
CALEF ACTION,  f.  f.    Terme  didaclique.  Chaleur 
caufée  par  l'aétion  du   feu.   Calefaclus  ,    iis.    On 
l'emploie  particulièrement   en  Philolbphie  ,  &  en 
termes  de  Pharmacie  ,  où  l'on  tait  différence  de  la 
calefaclion  d'avec    la  coclion.    Celle-là  le  dit  des 
choïes  qu'on  chauffe  leulemcnt  fans  les  cuire. 
0£J-  CALEMAR.  Foyei  Calmar. 
|CT  Calemar.  Poi/lbn.   Foye^  Calmar. 
CALEMENT.  f.  m.  Calamima.  Cette  plante  cft  aro- 
matique. Ses  racines  font  vivaces ,  branchues ,  che- 
velues, &i  n'ont  prefque  point  d'odeur  ■■,  elles  don- 
nent   des   tiges  carrées  ,  hautes  de    deux    pieds  , 
branchues,  un  peu  velues  &  garnies  de  feuilles  op- 
pofccs,  longues  d'un  pouce  ou  un  pouce  &  demi 
fur  un  peu  moins  de  largeur ,  légèrement  velires , 
dentelées  fur  leurs    bords ,  d'une  odeur   forte   & 
aromatique ,  &  foutenucs  par  des  queues  ailcz  cour- 
tes.  De  leurs  ai/felles  fortent  des  pédicules  bran- 
chus ,  terminés  par  des  fleurs  purpurines  en  gueules 
divifées  en  deux  lèvres  ,  dont  la  fupérieure  cil:  ar- 
rondie &;  fendue  en  deux,  &  l'inférieure  cfl:  par- 
tagée en  trois.  Chaque  fleur  a  fon  calice  ,  qui  eft 
un  tuyau  long  d'environ  quatre  à  cinq  lignes,  vert 
&  dentelé  à  Ion  extrémité.  Il  contient  quatre  (emen- 
ccs  dans  fon  fond.  Ce  genre  renferme  plufieurs  ei- 
pèces;  celle-ci  eft  nommée  par  Gafpar  Bauhin  ,  Ca- 
laminta  vulgaris  ,  vel  Officinarum  Germaniœ.  On 
peut  à  fon  défaut  employer  celles  des  autres  eipcces 
qui  ont  une  odeur  aromatique.  Le  CaUmént  entre 
dans  la  Thériaque. 
CALENCAS.  f.  m.  Toile  peinte  qui  vient  des  Indes 
&  de  Perfe.  C'eil  la  plus  eftimcc  de  toutes  les  In- 
diennes -,  aulîî  fon    nom  iîgnifie-t-il  faite  avec  la 
plume ,  pour  la  diftinguer  de  celles   qui   ne    font 
que  amplement  imprimées.   Il  s'en  fait  un  grand 
néeoce  à  Smyrne. 
CALENDA.  f  m.  C'eft  le  nom  d'une  danfe  qui  eft 
en  uiage  parmi  les  Efpagnols  de  l'Amérique.  Les 
poftures  &;  les  mouvemens  de  cette  danfe  font  fi 
lafcifs  ,  qu'ils  choquent  toutes  les  perlbnncs  qui  ont 
de  la  pudeui.  Elle  fe  fait  au  fon  du  tambour.  Une  file 
d'hommes  d'un  côré  &r  une  file  de  femmes  de  l'autre 
viennent  à  la  rencontre  les  uns  des  autres,  puis  re- 
culent &:  fe  rapprochent  plufieurs  fois ,  jufqu'à  ce 
qu'un   certain  fon  de  tambour  les  avertifTe  de  fe 
joindre  ,  ce  qu'ils  font  en  le  trapant  les  cuifles  les 
uns  contre  les  autres  ,  c'eft-à-dire  ,  les  hommes  con- 
tre les  femmes ,  avec  une  pofture  indécente.  Il  fcm- 
ble  que  ce  foit  des  coups  de  ventre  qu'ils  le  don- 
nent :  cependant  il  n'y  a  que  les  cuiifes  qui  fuppor- 
tent  ces  coups ,  mais  les  mouvemens  n'en  font  pas 
moins  luxurieux.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  extraordinaire 
dans  cette  danfe,  c'eft  qu'elle  entre  jufque  dans  leurs 
dévotions.  Le  P.  Labat  qui  en  fait  la  defcription  , 
dit  qu'ils  la  danfent  dans  leurs  églifes  &;  à  leurs 
proceflîons  ,  &  que  les   Religieufes  ne    manquent 
suère  de  la  danlér  la  nuit  de  Nccl  fur  un  théâtre 
élevé  dans  leur  chœur,  vis -à  -vis  de  leur  grille, 
qui  eft  ouverte ,  afin  que  le  peuple  ait  fa  part  de  la 
joie  qu'elles  témoignent  pout  la  naiflance  du  Sau- 
veur. Il  eft  vrai  qu'elles  la  danfent  entre'elles ,  & 
fans  y  admettre  des  hommes  ;  mais  les  poftures  &:  les 
mouvemens  font  toujours  les  mêmes ,  &  ne  peuvent 
manquer  de  réveiller  l'idée  du  plaifir ,  &:  de  faire 
imnreiric^  fur  les  Spcdiateurs. 
CAT.FNDAIRE.  f.  m.  Efpèce  de  ver  qui  ronge  le  fro- 

menr. 
Çalendaip.e.  f.  m.  C'eft  le  nom   d'im  regiftre  qye 


CAL 

l'on  confcrvoit  dans  les  Eglifes  ,  où  l'on  infcrivo"'! 
le  nom  des  bienfaiteurs  i^:  le  jour  de  leur  mort.  On 
y  cnregillroit  aulli  la  mort  des  Abbés  ,  Prieurs  $■; 
Religieux.  C'eft  la  même  chofe  que  le  Nécrologe. 
CALENDER.  f.  m.  Nom  d'une  efpèce  de  Derviches,  ou 
Religieux  de  Perfe  U-  de  Turquie.  C'a/enierwj-.  Les 
Caknders  tirent  leur  nom  de  Santon  Calendri  leur 
fondateur.  C'eft  une  feéte  d'Epicuriens  ,  plutôt 
qu'une  fociété  de  Pveligieux.  Ils  ne  s'adonnent  qu'aux 
plailirs  ,  ne  croyant  pas  qu'un  cabaret  foit  un  lieu 
moins  faint  qu'une  mofquce.  Comme  ils  ne  Ibnc 
pas  moins  voleurs  que  débauchés  &  charlatans,  pour 
ne  les  point  recevoir  dans  les  mailbns  ,  on  a  bâti  de 
petites  chapelles  proche  des  mofquées  ,  où  on  les 
oblige  de  fe  retirer.  Malgré  tous  leurs  vices  ,  outre  \z 
nom  de  Calenàers-,  on  leur  donne  encore  celui  C'CAi- 
dallas,  c'eft-à-dire,  ferviteurs  de  Dieu.  Cartel  dit  que 
ce  n'eft  qu'en  Perfe  qu'on  leur  donne  ce  beau  nom. 
f^oye^  d'Herbelot  à  ce  mot,  &  Vigenère  dans  fès 
Dej'cnpt.  des  Magifirats  &  Officier i  Turcs  ,/7.15, 
ou  il  les  reprclcnte  comme  très-auftcres ,  au  moins 
en  apparence. 

Ce  nom  "•.nih",  Calender-,  félon  Meiinski,  fîgni^e 
un  Iblitaire ,  un  Moine  Mahométan  ,  ou  bien  un  va- 
gabond ,  qui  le  rafe  la  barbe  &  les  cheveux.  Caftel  dit 
qu'il  lignifie  un  homme  qui  renonce  au;nariage,à 
fà  famille ,  à  tout  \  Meninski  admet  encore  cette 
lignification.  Ainli ,  félon  Caftel ,  il  vient  de  Vp  ,  mis 
apparemment  pour  Vd  ,  tout  ,  &  nn:x  ,  quatrième 
conjugailbn  arabe  de  m: ,  dans  laquelle  il  figniiîe 
ôter  ^  retrancher.  Calenier  eft  celui  qui  fe  retranche 
tout,  &  je  ne  vois  pas  où  les  Auteurs  du  Morériont 
pris  que  les  Caknders  ont  été  appelés  Kalande- 
rans ,  parce  qu'ils  mangent  tout  ce  que  leurs  Au- 
diteurs leur  donnent  ,  &:  piennent  tout  l'argent 
qu'on  leur  préfente.  Je  ne  trouve  rien  dans  les  lan- 
gues orientales  qui  conduife  à  cette  interprétatioa 
ou  à  cette  étymologie. 
CALENDES,  f  f.  C'eft  ainfi  que  les  Romains  nom- 
moient  le  premier  jour  de  chaque  mois.  Calendx. 
On  le  fert  encore  aujourd'hui  dans  la  Chancellerie 
Romaine  de  cette  façon  de  compter ,  &  on  y  date 
toutes  les  provilions  des  Bénéfices ,  des  Calendes  de 
Janvier ,  de  Février,  quand  on  les  accorde  les  pre- 
miers jours  de  ces  mois-là.  C'étoit  aux  Calendes  de 
Mars  que  les  Romains  avoient  coutume  de  faire 
leurs  contrats ,  parce  que  l'année  avoir  commencé 
par  ce  jour-là  ,  lorfque  les  Romains  ne  donnoient 
que  dix  mois  à  leur  année. 

Ce  mot  eft  venu  du  latin  calare ,  parce  que  le 
jour  des  Calendes,  qn'i  étoitle  premier  jour  du  mois, 
le  Pontife  publioit  à  haute  voix  quel  jour  feroient 
les  Nones ,  ou  le  cinq  ou  le  fept  du  mois  ;  ou  plu- 
tôt, parce  que  dans  lescommencemens  le  petit  Pon- 
tife avoit  la  charge  d'obferver  quand  le  croiifant 
de  la  lune  commençoit  à  paroître  ,  pout  l'annoncjt 
au  peuple  ,  ce  qu'ils  appeloient  calar.  Macrob.  L. 
l,ch.  15  &  16.  Ciî/iX/wenoit  apparemment  du  grec 
x-x^sa  i  vùco,  qui  vient  de  l'hébreu ''"ip,  voix,  d'où 
s'cft  fait  en  arabe  V'  ,  Cala  ,  c'eft-à-dire  ,  parler.  Les 
Calendes  étoient  dédiées  à  Junon  ,  félon  Varron. 
C'éroit  un  jour  fatal  pour  les  débiteurs ,  parce  que 
le  rerme  des  contrats  expiroit  ce  jour-là  ;  c'eft  pour- 
quoi Horace  les  appelle  trijies  &  incommodes.  On 
les  comptoir  en  rétrogradant, en  forte  que  le  i^à^ 
Décembre  croit  marqué  le  1 9  avant  les  Calendes  de 
Janvier,  ^oye^  Mois.  Pour  trouver  le  quanricme 
que  nous  avons  des  Calendes ,  il  faut  voir  quel  nom- 
bre de  jours  il  rcfte  au  mois  dans  lequel  on  eft  ,  &: 
ajourer  deux  à  ce  nombre.  Par  exemple ,  fi  l'on  eft 
au  xi'  d'Avril ,  on  eft  au  i'  des  Calendes  de  Mai  , 
car  Avril  a  30  jours  ;  de  50  ,  otez  x%  ,  refte  8  ;  ajou- 
tez 1  ,  refte   10. 

Quelques  Grecs  îgnorans  ne  voyant  pas  d'où  ve- 
noit  ce  mot ,  im.aginèrent  que  fous  un  des  Antonins , 
ils  ne  difent  pas  lequel,  il  y  eut  une  grande  famine 
à  Rome  -,  que  trois  hommes ,  nommés  Calendus  , 
Nonus  &  Idus ,  nourrirent  la  ville  ,  l'un  pendant 
dix-hui.t  joujs ,  &  l'autre  pendant  huit,  &  ie  troilicms 


CAL 

pendant  quinze  ;  qu'en  mémoire  de  ce  bienfait ,  ils 
obtinrent  qu'on  donneroit  leur  nom  à  autant  de 
jours  du  mois,  qu'il  y  en  avoit  pendant  lefquels  cha- 
cun d'eux  avoit  nourri  le  peuple.  Cette  table  ie 
trouve  dans  Tzetzez  ,  Chil.  11  ,  Hijt.  VI ,  Kll  & 
y III,  &  dans  Ballamon ,  fur  le  61'^  canon  du  VP 
Concile.  Il  eft  étonnant  que  des  Giccs  ayent  donné 
dans  cette  opinion  ridicule  5  car  long-tems  avant 
tous  les  Antonins  le  taot  Culendx  ctoit  en  ufage  , 
&  ils  auroient  pu  le  voir  dans  Ciceron,  dans  Ho- 
race ,  dans  Ovide  ,  dans  Tite-Livc. 

On  dit  proverbialement ,  renvoyer  un  homme  aux 
Calendes  grecques^  pour  dire,  le  remettre  à  un  temps 
qui  ne  viendra  point ,  parce  que  les  Calendes  n'é- 
toient  point  en  ufagc  chez  les  Grecs. 

Cai-Endes  fe  dit  quelquefois  dans  l'Hiftoire-Ecclé- 
fiaftique  pour  les  conférences  que  les  Curés  &  les 
Prêtres  faifoient  au  commencement  de  chaque  mois 
ilir  leurs  devoirs.  Collaùones  Calendisfieri  folitœ  a 
Clericis.  Alton  de  Vcrceil  fit  un  Capitulaire  ou  inf 
trudtion  générale  à  l'on  Clergé  &  à  fon  peuple  , 
diftribuée  en  cent  articles,  &  tirée  principalement 
dit  Capitulaire  de  Thcodulphe  ,  Se  des  Conciles.  Il 
y  recommande  les  Calendes ,  c'cft-à-dire ,  les  con- 
férences des  Curés  &  des  Clercs  au  commencement 
de  chaque  mois ,  pour  s'inftruire  de  leurs  devoirs  : 
ce  qui  femble  n'avoir  commencé  qu'au  ficelé  pré- 
cédent ,  comme  on  voit  par  les  Statuts  Synodaux  de 
Riculphe  de  Solfions.  Fl.  C'eft-à-dire  ,  au  IX'  fiècle. 

(>CF  II  y  a  eu  auilî  autrefois ,  principalement  en  Al- 
lemagne ,  des  confréries  ,  dont  les  membres  s'appe- 
loient  frères  des  Calendes,  parce  qu'ils  s'affembloient 
le  premier  jour  de  chaque  mois,  pour  régler  les  diffe- 
rens  aittes  de  piété  dont  ils  dévoient  s'occupet  pen- 
dant le  mois. 

CALENDRE,  f.  f.  Foye^  Calandre.  Petit  oifeau  du 
genre  des  alouettes. 

CALENDRIER,  f.  m.  Diflributio-n  du  temps  que  les 
hommes  ont  ajuftée  à  leurs  ufages  ;  table  ou  alma- 
nac  qui  contient  l'ordre  des  jours  ,  des  femaines  , 
des  mois  &  des  fêtes  qui  arrivent  pendant  l'année. 
Fajli,  Calendarium.  Onfc  fert  dans  le  Bréviaire  du 
Calendrier  Romain  ou  Grégorien.  Le  Pape  Grégoire 
XIII  a  réformé  le  Calendrier  la  nuit  du  4  d'Oélo- 
bre  i  &  le  lendemain  ,  au  lieu  du  5  ,  on  compta  le 
15  du  même  mois  de  l'année  1582  ,  en  retranchant 
13  jours  qui  s'éroient  glifics  de  trop  dans  la  llippu- 
tation  ordinaire ,  depuis  le  Concile  de  Nicée  ,  tenu 
en  ^15.  L'erreur  venoir  de  ce  que  l'année  folaire, 
ou  Julienne  ,  n'eft  pas  de  fix  heures  entières  au-delà 
des  5i5'5  jours.  Il  y  a  ii  minutes  ;  &  ce  qu'il  y  a 
de  moms  avoit  produit  un  excès  de  10  jours  :  en 
forte  que  l'équinoxe  de  Mars ,  qui  doit  être  au  11  , 
étoit  remonté  jufqu'au  onzième.  Le  Calendrier  Ro- 
main doit  fa  première  origine  à  Romulus.  Il  dif- 
ttibua  le  temps  en  certaines  portions  ,  pour  l'ufage 
du  peuple  qui  s'étoit  raiîemblé  fous  fa  conduite. 
Comme  il  connoilîbit  beaucoup  mieux  les  affaires 
de  la  guerre  ,  que  les  mouvemens  aftronomiques , 
il  divifa  l'année  en  dix  mois  ,  &  la  fit  commencer 
au  printemps  ,  Se  au  premier  de  Mars.  Il  s'imagina 
que  le  foleil  parcouroit  toutes  les  différentes  fai- 
ifons  de  l'année  en  504  jours.  Son  Calendrier  fwt  ré- 
[formc  fous  le  règne  de  Numa  ,  lequel  y  ajouta  deux 
putres  mois ,  celui  de  Janvier  &;  de  Février  ,  qu'il 
slaça  avant  le  mois  de  Mars,ainfi  fon  année  étoit 
fde  355  jours  :  &:  illa  fit  commencer  au  ptemier  de 
'  Janvier.  Cependant ,  cà  la  manière  des  Grecs ,  il  voif 
lut  encore  faire  une  intercalation  de  45  jours,  qu'il 
partagea  en  deux  ,  intercalant  au  bout  de  deux  an- 
nées un  mois  de  21  jours ,  &  après  deux  autres  an- 
nées ,  un  autre  mois  de  2^  jours.  On  appela  ce  mois 
interpofé  ,  Mercedonius  ,  ou  Février  intercalaire. 
Mais  ces  intercalations  mal  obfcrvées  par  les  Pon- 
tifes, à  qui  Niraia  en  avoit  commis  le  foin  ,  caulerent 
tant  de  défordre  dans  la  conftitution  de  l'année  , 
que  Céfar,  comme  Souverain  Pontife,  travailla  à 
y  remédier.  11  choiiir  So'is^cnes ,  célèbre  Aftronome 
de  fon  temps ,  lequel  trouva  que  la  difpenfation  des 


CAL 


Ï71 


temps  dans  le  Calendrier  ne  pouvoit  jamais  rece- 
voir d'établiliêmcnt  certain  &  immuable  ,  fi  l'on 
n'avoit  égard  au  cours  annuel  du  foleil.  Ainfi  comme 
la  durée  annuelle  du  cours  du  foleil  efl:  de  3(^5  jours 
ik.  6  heures  :  il  régla  l'année  à  un  pareil  nombre  de 
Jours.  Cette  année  de  la  correélion  du  Calendrier 
fut  une  année  de  confufion,  parce  que  pour  abfor- 
ber  &  confumer  le  grand  nombre  de  jours  {6j)  que 
l'on  avoit  ajoutés  mal-à-ptopos ,  &:  qui  apportoient 
de  la  contiifion  dans  la  fupputation  des  temps ,  il 
fallut  ajouter  deux  mois ,  outre  \(t  Mercedonius  ,  qui 
i"e  trouva  par  hazard  dans  la  même  année.  Elle  fut 
donc  de  15  mois  ou  de  445  jours  :  cette  réfbrma- 
tion  fut  faite  l'an  de  Rome  708  &:  42  ou  45  ans 
avant  la  naiifance  de  Jcfus-Chrift.  Le  Calendrier  Ro- 
main ,  ou  Julien  ,  parce  qu'il  fut  réformé  par  Jules. 
Céfar ,  eft  difpofé  par  périodes  quadriennales,  dont 
les  trois  premières  années ,  qu'il  appeloit  commu- 
nes ,  font  de  trois  cens  foixanre-cinq  jours  ■■,  &  la  qua- 
trième biifextile  de  ^66  ,  a.  caule  de  6  heures  qui 
font  un  jour  en  4  ans  ,  ou  un  peu  moins  :  car  en 
134  ans,  il  faut  retrancher  un  jour  intercalaire. 
C'ell:  pourquoi  le  Pape  Grégoire  XIIP  ordonna  que 
la  looïî  année  de  chaque  fiécle  ,  feroit  fans  bil- 
fexte,  excepte  la  1 00^  du  IV^  fiècle,  c'eft-à-dire ,  qu'on 
fait  un  retranchement  de  trois  jours  bifiextes  dans 
l'efpace  de  quatre  fiécles  ,  à  caufe  des  onze  minu- 
tes qui  manquent  aux  fix  heures  dont  on  compofe 
la  bifiexte.  M.  Cadlni  démontre  qu'au  bout  de  400 
ans  il  y  aura  encore  plus  de  deux  jours  de  varia- 
tion dans  l'équinoxe.  Les  Grecs  &;  les  Proteftans , 
excepté  la  Hollande  ,  gardent  encore  l'ancien  ufage. 

Oiure  le  défaut  du  Calendrier  Julien  dont  on  a 
parlé  ,  il  y  en  avoit  un  autre  dans  le  cycle -lunaire  , 
en  ce  qu'il  fuppofoit  qu'au  bout  de  dix-neuf  ans  , 
les  lunaifons  revenoient  au  même  lieu  ,  ce  qui  eft 
faux  :  elles  précédent  d'une  heure  27'  5 1"  55'".  Voye^ 
Clarius. 

M.  Blondcl  a  écrit  l'Hiftolre  du  Calendrier  Ro- 
main ,  fon  origine  &:  fes  changemens ,  &;  Clavius 
lui-même  en  a  fait  aufll  un  traité.  Gaflendi  en  a 
frit  audi  un  beau  traité.  On  ne  parle  que  de 
Clavius  pour  la  réformation  du  Calendrier  Ro- 
main. Cependant  Ciaconius  y  travailla  avec  lui 
par  l'ordre  de  Grégoire  XIII.  On  a  ouï  dire  à  M. 
Huer  que  Scaliger  ne  fe  fir  Huguenot  que  par  cha-> 
grin  de  ce  qu'on  ne  l'avoir  pas  employé  à  la  réfor- 
mation du  Calendrier  ;  car  il  fe  trouva  en  ce  temps- 
là  à  Rome  ,  à  la  fuite  des  jeunes  Gentilshommes 
François  ,donr  il  avoit  été  Précepteur ,  &  qui  voya-> 
geoient  pour  lors.  Tychobrahé  a  obfervé  que  Çi  la 
réformation  Grégorienne  n'a  pas  été  portée  jufqu'à 
la  dernière  précifion,  c'eft  qu'il  eft  impoffible  d'y 
arriver.  On  a  donné  le  nom  de  Calendrier  aux  ta- 
blés  drcffces  pour  marquer  les  jours  de  l'année  -, 
parce  que  le  nom  de  Calendes  fe  voyoit  écrit  en 
gros  cataétères  à  la  tête  de  chaque  mois.  Le  Calen- 
drier Gélaléen ,  c'eft  la  correélion  du  Calendrier 
Perfien  ,  faite  par  ordre  du  Sultan  Gélaleddin-Ma- 
lekfchah  le  Selgiucide  ,  &:  enfuite  par  le  Sultan 
Gélaleddin  Mankbemi  le  Kovaiefmien.  D'Heree- 
LOT.  Cette  réforme  fut  faite  l'an  467  de  l'Egire  188 
de  Jefus  -  Chrift.   Voye^^  le  même  Auteur  au  mot 

MOCTADI. 

Calendrier.  Catalogue,  faftes  où  les  Eglifes  ccri- 
voient  autrefois  les  noms  des  Saints  qui  étoicnt  ho- 
norés par-tout  ,  &  les  Saints  particuliers  qu'elles 
honoroient ,  c'eft-à-dire ,  leurs  faints  Evêques ,  leurs 
faints  Martyrs ,  ùc.  On  trouve  encore  aujourd'hui 
un  très-ancien  Calendrier  de  l'Eglife  de  Rome.  C'eft 
le  plus  ancien  de  ces  Calendriers  que  nous  ayons. 
II  fut  dreffé  vers  le  milieu  du  IV^  fiècle  fous  le  Pape 
Libcre,  félon  Bailler,  &:  félon  M.  Chaftelain,  fous 
le  Pape  Jules  en  \  3^.  Le  P.  Gilles  Boucher  ,Jéruite 
d'Arras  ,  le  publia  l'an  1(^34  à  Anvers  ,  dans  fes 
Commentaires  fur  le  cycle  pafchal.  Il  venoit  de 
M.  de  Peirefc.  Poléméus  Sylvius  en  fit  un  à  Rom; 
en  448  ,  qu'iladrefla'à  S.Euchcr,  Evêque  de  Lyon. 
Il  comprenoit  les  fête^  des  Gentils  ^  des   Chre 

Yij 


172  CAL 

tiens  ,  qui  ctolent  encore  en  ttcs-petit  nombre.  Bol- 
hndus  en  a  donne  le  commencement ,  &  a  promis 
le  rcfte  en  fa  prcCace  ,  adrellce  à  l'Abbé  de  Lielllcs. 
Le  Calendrier  de  l'Egliic  de  Carthage ,  dreifc  vers 
•  l'an  483  ,actc  découvert  par  le  P.  Mabillon ,  qui 
en  trouva  à  Cluni  une  copie  rongée  des  vers ,  col- 
lée autour  de  la  couverture  de  bois  d'un  Commen- 
taire de  S.  Jérôme  ilir  Haïe  ,  écrite  en  caraélères 
romains  du  VIP  fiècle;  elle  a  été  depuis  envoyée  à 
Paris,  où  elle  fe  conferve  dans  l'Abbaye  de  S.  Ger- 
main des  Prés.  Ce  Calendrier  commence  au  1 9"^  d'A- 
vril ,&  finit  au  itfe  de  Février.  Le  P.  Mabillon  l'a 
fait  imprimer  dans  les  Analedes  avec  des  notes , 
&  Dom  Thierry  fans  notes  dans  fes  Acla  Martyrum 
Jïncera. 

Le  Calendrier  de  l'Eglife  d'Ethiopie ,  &  celui  des 
Cophtes ,  a  été  drelfe  après  l'an  760.  Il  commence 
au  zç)"  jour  d'Août ,  Iclon  notre  manière  de  comp- 
ter -,  c'efl:  le  premier  jour  de  leur  mois  Thoth ,  &  de 
leur  année.  Il  marque  à  chaque  jour  ce  qu'il  y  a  de 
commun  à  chacune  de. ces  églifes ,  &:  ce  qu'il  y  a 
de  particuliet  à  l'une  &  à  l'autre.  Job  Ludolph  l'a 
publié.  Le  Calendrier  des  Syriens  ,  imprimé  par 
Génébrard,  efl:  fi  imparfait,  qu'on  n'en  peut  prefque 
rien  tirer  de  sûr.  Le  Calendrier  des  Mofcovites  , 
donné  par  le  Père  Papebrock  dans  fon  Propilœiim 
du  mois  de  Mai  ,  eft  prefque  entièrement  fem- 
blable  à  celui  des  Grecs  ,  donné  par  Génébrard  , 
par  plufieurs  autres  ,  &:  par  le  P.  Papebrock  lui- 
même  dans  le  même  Propylceurn  en  vers  hexamè- 
tres   Grecs. 

Le  Calendrier  qui  fe  tiouvc  au  X^  Tome  du  Spi- 
cilége  de  Dom  d'Achcry  ,  Ibus  le  nom  d'année  ib- 
laire,  n'eft  qu'un  ancien  Calendrier  de  l'Eglife  d'Ar- 
ras.  Le  Calendrier  publié  en  1687  à  Auglbourgpar 
Beckius  ,  fous  le  nom  de  Martyrologe  de  l'Eglife 
Germanique  ,  n'eft  apparemment  que  l'ancien  Ca- 
lendrier d'Auglbourg  ,  ou  plutôt  de   Stralbourg  , 
qui  n'a  été  drefle,  ou  pour  le  moins  écrit,  que  tout  à 
la  fin  du  X^  fiècle,  ou  plutôt,  puifque  S.  Ulrich  mort 
en  975,  &  canonifé  en  995  ,  y  eft  de  la  première 
main.  Le  Calendrier  Mozarabique  ,  dont  on  fe  fert 
encore  dans  cinq  Eglifes  à  Tolède  ,  &  dans  une  cha- 
pelle de  l'églife  métropolitaine  de  la  même  ville  -, 
r Ambrolicn  de  xMilan,  ceux  des  Eglifes  d'Angleterre, 
avant  le  fchifme  ,  n'ont  que  ce  qui  fe  voit  dans  ceux 
des  autres  Eglifes  d'Occident^  favoir,  les  Saints  hono- 
rés par-tout ,  &:  ceux  qui  font  particuliers  aux  lieux 
pour  lefquels  ont  été  drefles  ces  Calendriers.  Il  y  en 
a  auiïï  de  Cluny ,  de  Sens  &  de  Lifieux  ,  8c  un  du 
Bréviaire  d'Aquilée ,  dit  le  Patriarchin.  Celui-ci  a 
été  en  ufagc  à  Côme  jufqu'à  S.  Charles.  Ce  que  Léo 
Allarius  &  le  P.  Fronteau  de  Sainte  Gen£viéve  ont 
donné  fous  le  nom  de  Calendrier  ,  n'eft  qu'un  an- 
cien recueil  d'Evangiles  de  la  Mefle.  M.  Chaftelain 
parle  de  ces  Calendriers  dans  l'avertiflëment  de  fon 
Martyrologe  plus   en   détail  ,    &  beaucoup  plus 
exactement  que  M.  Baillet  dans  le  difcours  prélimi- 
naire de  fes  Vies  des  Saints. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ces  anciens  Calendriers 
avec  les  Marryrologes.  Car  chaque  églife  avoir  fon 
Calendrier  particulier ,  aulieu  que  les  Martyrologes 
regardent  toute  l'Eglife  en  général ,  &  qu'ils  ren- 
ferment les  Martyrs  5c  les  Confeffeurs  de  toutes  les 
églifes  ;  en  forte  que  de  tous  les  Calendriers  on  en 
a  formé  un  Martyrologe,  &  ainfi  les  Martyrologes 
font  poftcrieurs  aux  Calendriers.  C'eft  pourquoi  l'E- 
glife deRome  n'a  pas  eu,  non  plus  que  les  autres  égli- 
fes, unMartyrologe  particulier.AuffiUl'uard  n'en  a-t-il 
fait  aucune  mention ,  quoiqu'il  ait  parlé  de  tous  ceux 
qui  avoient  compofé  des  Marryrologes  avanr  lui. 
ConfultezlaDiflcrtationde  Henri  deValois  touchant 
le  Martyrologe  Romain  \  elle  a  été  imprimée  à  la  fin 
de  fes  notes  fur  l'Hiftoire  Eccléfiaftique  d'Eusèbe. 
Voye:[  aufîî  le  P.  Petau  dans  fon  favant  ouvrage 
De  Doclrina  temporum  ,  le  Calendrier  Romain  pat 
M.  Blondel ,  &c. 

On  dit  proverbialement ,  réformer  le  Calendrier, 


CAL 

pour   fe  moquer    de  ceux  qui  veulent   trouver  4 
redire  à  ce  qui  cft  bien  fait. 
CALENDULE.  f.  f  Terme  de  Botanique.  Plante  qu'on 
appelle  autrement  foiicy  ,    en  latin  calendida    ou 
caltha.  Voyez  Soucy.' 
CALENGE.  f.  m.  Vieux  mot,  &  hors  d'ufage ,  qui 
eft  pourtant  fort  fréquent    dans   les    Coutumes  , 
qui    fignifie    débat ,  conteftation  ,    &  plainte   cri- 
minelle en  Juftice  ,  même  la  prife  de  corps  qui  fe 
fait  par  un  Sergent.  Ahercatio.  Il  s'eft  dit  premiè- 
rement de  la  prVe  5c  accufation  des  bêtes  trouvées 
en  dommage.   On  a    dit  calenger    ou    calençier  , 
chalenger  ù-  chalon2,er  ;  pour  dire  ,  faire  dommage 
en  l'héritage  d'autrui  ,  d'où  on  l'a  étendu  à  l'accu- 
fation    &    dénonciation   en  Juftice  -,  on  l'a  auilî 
dit  pour  blâmer .,  débattre,  contredire.  On  a  même 
dit  calenger  par  un  gage  de  bataille  -,  pour  dire  , 
faire  un  défi  corps  à  corps  entre  deux  champions. 
On  a  auifi  appelé  Calengé ,  unprifonnier.il  a  fig- 
nifie aulli  quelquefois  huer  ,  &c  en  Normandie  on 
s'en  fert  encore  pour  dire  barguigner. 
CALENTER.    f.    m.    Terme  de    relation.    Olearius 
dit  ,   dans  fon    Voyage  de  Ferfe  ,  que  les  Peries 
appellent  ainfi  les  Tréforiers  &  Receveurs  des  Fi- 
nances d'une  Province.  Qucejlor.  Le  Calenter  a  la 
direélion  du  Domaine  du  Sophi  ou  roi  de  Perfe  , 
ôc  fait  la  recette  des  deniers  donr  il  rend  compte 
au  Confeil  ,  ou ,  fi  le  Sophi  l'ordonne  ,  au  Gou- 
verneur de  la  Province ,  qu'ils  appellenr  Cham. 
CALENTURE.  f  f.  Efpèce  de  fièvre  accompagnée 
d'un  délire  fubit ,  commune  à  ceux  qui  font  des 
voyages  de  long  cours  dans  des  climats  chauds  \ 
Se  fur-tout  à  ceux  qui  palfent  la  ligne.    Voye^  le 
Dicl.   de  James. 
CALEPIN.   1".  m.  Antoine  Calepin  ,    Religieux  Au- 
guftin  ,  ainfi  nommé  de  Galepio  ,  Bourg  du  Berga- 
mafque ,  où  il  étoit  né  ,  a   fait   un  Diétionnaire 
qu'il  imprima  en  1505,  qu'on  appelle  de  fon  nom  , 
Calepin  ,  un  Calepin  ;  ^  qui  fair  qu'on   dit  cjuel- 
quefois  en  général  Calepin  pour  Didf  ionnaire.  Lexi- 
con  ,    Dictionarium.    Confultez  votre   Calepin.   Il 
ne  compofe  rien  qu'il  n'ait  un  Calepin  devant  les 
yeux. 

Pluiieurs  Savans  ont  travaillé  fur  le  Calepin  > 
qui  dans  fon  origine  croit  très-défeélaeux.  Les 
plus  confidérables  font  Jean  Pallerat  ,  &  Jean- 
Louis  de  la  Ccrda,  Jéfuite,  qui  l'ont  mis  en  ré- 
putation ,  &  l'ont  rendu  d'ufage  par  leurs  lumiè- 
res. Danet ,  Préf.  de  fon  Dicl.  Latin  &  François. 
Quand  le  Cardinal  de  Pellevé  eut  fini  fa  Haran- 
gue ,  &  qu'on  eut  crié  Vivat  par  plufieurs  fois , 
Il  fort  que  toute  la  Sale  en  retentiflbit ,  le  Prieur 
des  Carmes  fe  leva  de  fa  place  ,  &  monta  fur  fon 
banc ,  où  il  prononça  tout  haut  de  fort  bonne 
grâce  ce  petit  Quatrain  ,  comme  s'il  l'eût  compofe 
fur  le  champ. 

Son  Eloquence  il  n'a  pu  faire  voir , 
Faute  d'un  Livre  où  eji  tout  fon  favoir  : 
Seigneurs  Etats  ,  excufe^  ce  bon  homme  ; 
Il  a  laiffe  fon  Calepin  à  Rome. 

Sat.  Men.  t.  i  ,  p,  (Î4,  Se  201. 


CALER.  V.  a.  Terme  de  Marine.  Baifler  les  voiles. 
Vêla  dimittere ,  contrahere.  On  dit  plus  ordinai- 
rement ,  amener  les  voiles ,  que  caler  les  voiles. 

*  Ménage  dérive  ce  mot  de  chalare  ,  qui  a  été 
fait  du  Grec  j^a^à»  ,  qui  fignifie  la  même  choie. 
Ifidore  le  dérive  auffi  de  calare  ;  Du  Cange  de 
l'Italien  calare. 

Cale  tout  ,  eft  un  commandement  de  laiffcr 
tomber  tout  d'un  coup  ce  que  l'on  tient  fufpen- 
du.  Dimittere. 

Caler  ,  en  termes  d'Architeélure  ,  c'eft  pour  arrê- 
ter la  pofe  d'une  pierre ,  mettre  une  cale  de  bois 
mince  qui  détermine  la  largeur  du  joint,  pour  la 
ficher  avec  facilité.  Hypomochlion  fubjiccre .,  fum- 
mittere  ajfulam.  Les  Menuifiers ,  &  les  autres  arci- 


v^  A  1_/ 

fans  qui  Ce  Tervent  de  ca/e  dans  leurs  ouvrages , 

difent  aufîî  caler.  Voyez  Cale. 

On  dit  /îgurcment ,  il  faut  ca/er  la  voile  y  pour 

dire,    céder  ,   fe    Ibumettre.    Cedere    nlicui  ,   Je 

fubmiture.  Il  efl:  familier.  On  le  dit  même  abiu- 

lument ,  il  faut  cdler^ 
Caler  ,  lignifie   aulîi  ,    ôtef  la  première   peau  des 

noix  vertes.  Deconicare,  conicem  avellere. 

On  ne  fait  où  Furetiere  a  pris  le  mot  de  caler 

en  ce  fens.  On  dit  bien  écaUr   des   noix  -,    mais 

pour  caler ,   on  ne  le  trouve  nulle  part. 
Caler  (  fe  ) ,  s'cft  dit  autrefois  pour  Je  taire. 

Moi  cependant  de  me  caler  -, 
Car  que  J'eri  prêcher  &  parler 
A  ventre  qui  n'a  point  ioreilles„ 

^fj  CALEP.E.  Ville  de  Tlndouftan  ,  à  quarante  mill? 
pas  de  Manfura  ,   lelon  le  Gcoç^raphe  de  Nubie. 

CALESIAM.  f.  m.  Grand  arbre  du  Malabar.  Son 
bois  eft  d'une  couleur  purpurine  ,  obfcurc ,  unie 
^.  '^^-'^/ble.  Ses  rieurs  croilfcnt  en  grappes  à  l'ex- 
trêmitc  de  fes  branches,  &  elles  font  alfez  fem- 
blablcs  aux  fleurs  de  la  vigne  :  à  ces  fleurs  fuccc-^ 
dent  des  baies  en  grappes.  Ces  baies  font  d'une 
figure  oblongue,  ronde,  plate,  vertes,  couvertes 
d'une  écorce  mince  ,  pleines  d'une  pulpe  fuccu- 
lente  ,  &  infipide  ,  contenant  un  noyau  verd  , 
oblong ,  plat ,  au-dedans  duquel  il  y  a  une  amande 
blanche  &  prefque  infipide.  Les  habitans  font  de 
Ion  bois  des  manches  de  couteau ,  &  des  poignées 
de  fabre.  Son  écorce  pulvcrifée  ,  &  réduite  en 
onguent  avec  le  beurre  ,  guérit  le  fpafme  cynique  , 
84  les  convuliîons  caufées  par  les.  grandes  dou- 
leurs. Le  fuc  de  fon  écorce  dhîipe  'les  aphthes  , 
&  pris  intérieurement  ,  il  arrête  la  dyflenrerie. 
Voyez-en    les  autres  propriétés  dans  le  JDiCT.  de 

JAMES. 

CALFAS  ou  plutôt  CALFÀT.  f.  m.  Terme  de  Ma- 
rine. Radoub  d'un  navire  dont  on  bouche  les 
trous  ,  &  qu'on  enduit  de  fuif  &  de  poix ,  ou  de 
goudron,  pour  empêcher  qu'il  ne  faile  eau.  Na- 
valis  fiipatio.  On  le  dit  aufli  de  l'étoupe  faite  de 
vieux  cordages ,  &  enduite  de  brai ,  qui  çft  de  la 
poix  mêlée  avec  de  l'huile  de  poiflbn ,  qu'on  en- 
fonce dans  les  joinrs  du  vaiffeau. 

Calfat.  f.  m.  Calfiteur  ;  celui  qui  calfate  le  vaif- 
feau. Navalis  munitor  ,  ftipaior.  Ipf  Le  maître 
Calfat  eft  l'Officier  marinier  qui  veille  au  Calfa- 
tage du  vaiifcau.  ]{  eft  auili  chargé  du  détail  & 
de  l'entretien  des  pompes. 

Calfat  ,  c'eft  auffi  l'inftrument  qui  fert  à  calfater. 
Injtrumcntnm  Jiipanda:  navi  comparatiim.  Le  calfat 
jimple  eft  un  peu  coupant,  &  tant  foit  peu  lars;e  , 
pour  pouffer  l'étoupe  dans  le  fond  de  la  couture. 
Le  calfat  double  eft  rayé  ,  &  paroît  double  par 
le  bout  -,  il  fert  à  rabatcte  les  coutures.  Le  calfat 
a  fret  eft  moins  latine  que  le  premier.  Le  bout  eft 
a^  demi  rond.  On  s'en  fert  pour  fonder  autour  des 
têtes  de  doux  &  des  chevilles  ,  &  chercher  s'il  y 
a  quelque  ouverture ,  afin  d'y  pouffer  de  l'étoupe. 

CALFATAGE,  f.  m.  fe  dit  de  l'étoupe  qu'on  a  four- 
rée dans  la  couture  du  vaiffeau.  Navis  Ilipatio. 
Voyez  Calfat.  ■  ' 

CALFATER,  v.  a.  Radouber  un  navire.  Munire  , 
communire,  junciuras  navigiijtipare.  On  radoube 
&  on  calfate  un  vaiffeau ,  en  rebouchant  les  voies 
d'eau  avec  des  plaques  de  plomb  ou  de  bois ,  &:  des 
croupes  que  l'on  force  à  coups  de  maillet  &  un 
fer  à  calfat.  Calfater  les  fabords  ,  c'eft  remplir  d'é- 
toupe  le  vide  du  tour  des  fabords  ,  comme  les 
coutures  du  vaiffeau. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  calafatare ,  qu'on 
a  dit  dans  la  badë  Latinité  en  la  même  fignifica- 
tion.  Il  eft  dérivé  de  l'hébreu  caphar ,  qui  fiçni- 
tiQ  enduire  de  bitume  ^,  d'où  on  a  fait  cafater  .^\?\x\% 
calfater. 

CALFATEUR.  f.  m.  Celui  qui  donne  le  ca'fat  à  un 
vaiffeau.  Navalis  munitor  ,  Jiipator.   Le  Calfateur 


CAL 


17  ^ 


doit  examiner  foir  &  matin  le  vaiffeau  ,  pour  voir 
s  11  ne  s  y  tait  point  quelque  voie  d'eau  ,  &  l'ar- 
rêter. 3   v^   iai. 

CALFATIN.  f.  m.  C'eft  le  vnlet  du  Calfateur.  Sti- 

patvrts  nauiici  adminilter. 
CALFEUTRAGE,  f.  m.  L'adion  de  calfeutrer,  ou 

1  ouvrage  de  celui  qui  calfeutre.  Travailler  au  cal- 

Jeutrage  d'une  fenêtre, 

CALFEUTRER,  v.  a.  Boucher  bien  les  fentes ,  les 
ouvertures  d'une  chambre,  pour  empêcher  qu'il  n'y 
vienne^  du  vent ,  &  principalement  par  les  portes 
&  les  fenêtres  ;  ce  qu'on  fhit  fouvcnr  avec  du  feu- 
tre ou  du  drap.  Stupâ  rimas  Jarcire  ,  opplere. 

On  le  garantit  de  la  bize  &  des  froids  de  l'hi- 
Ver  en  fe  calfeutrant ,  &  fe  muniifant  de  châffis  & 
de  rideaux.  Huet. 

Ce  mot,  aulîi  bien  que  Calfater ,  vient  de  l'Alle- 
mand calefaten ,  qui  lîgnhie  hiantia  committeri  ù 
Jolidare. 

CALFEUTRÉ,  ÉE,  part. 

<fT  CALFORDE.  Voye^^  Calvorde. 

^  S^Hv  V*^"  '^^  ^^  Palcftine.  D.  Calmer  dit  CALI 
ou  CHALI.  Ville  de  la  tribu  d'Afer.  On  n'en  fait 
pas  la  lituation. 

^  Cali.  Ville  de  l'Amérique  Méridionale,  dans  le 
Royaume  de  Popayan ,  fur  la  rivière  de  Sainte- 
Marthe. 

CALIBITE*   Voyei  Calybite. 

CALIBRE,  f.  m.  Ouverture  d'une  pièce  d'artillerie  , 
&  de  toute  autre  arme  à  feu  ,  par  où  entre  &  fort 
la  balle  :  c  eft  le  diamètre  de  la  bouche  d'un  canon, 
&  de  toutes  forres  d'armes  à  feu.  Oris  cenei  tor- 
menti ^  amplitudo ,  modus.  Ces  pièces  de  canon  font 
de  même  calibre.  La  règle  du  calibre  eft  un  inftru- 
ment  dont  fe  fervent  tous  les  Ingénieurs  à  feu  , 
qu'on  appelle  autrement  verge  fphéréomkrique  , 
qui  leur  fert  à  ttouvcr  &  à  prendre  la  mefure  du 
diamèrre,  ou  de  l-'ouverture  du  canon  ou  mortier 
proportionnée  aux  boulets  dont  ils  les  veulent 
charger.  Voyei  Calimir  Polonois ,  qui  en  enfeis;ne 
pluheurs  méthodes  curieulés  ,  tant  géométriques 
que  méchaniqucs. 

Calibre,  fe  dit  auffi  de  la  groffeur  du  boulet  ,  ou 
de  la  h2.\\c ,  Amplitudo  ,  modus  ;  &  on  les  ap- 
pelle de  calibre,  quand  ils  font  de  même  groffeur 
que  le  calibre  de  la  pièce  à  laquelle  ils  lont  def- 
tinés. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  œquilibrium.  On  a 
dit  autrefois  qualibre.  D'Herbelot  le  fait  venir  de 
l'Arabe  calib  ,  qui  lignifie  moule. 

Calibre  ,  fe  dit  figurément  des  chofes  ,  qui  étant 
comparées  les  unes  aux  autres  ,  fe  trouvent  de 
même  ou  de  différente  valeur  &  proportion.  Con- 
xenientia.  Ces  deux  perfonnes  font  de  même  pro- 
fclîion  ,  mais  elles  ne  font  pas  de  même  calibre. 

Catulle ,  Tibulle  &  Properce  , 
Et  gens  de  ce  calibre  là  , 
Sont  tous  d'un  affe^  bon  commerce  ; 
^Comnie  quelquefois  je  les  prends , 
Quelquefois  auffije  m'en  paffe  ; 
Mais  en  tous  lieux  ,  comme  en  tout  temps  , 
Je  veux  toujours  avoir  Horace.  P.  Du  Cerc. 

Calibre,  en  Architeéture ,  fignifie  volume  ,  groffeur. 
Amplitudo  ,  modus.  Ces  deux  colonnes  font  de 
même  calibre  ;  pour  dire ,  elles  ont  un  même  dia- 
mètre. 

Calibre  ,  en  Architeélure  ,  eft  aulîi  un  profil  de 
bois ,  ou  de  cuivre  chantourné  en  dedans,  pour  traî- 
ner les  corniches  ,  &  les  cadres  de  plâtre  ou  de 
ftuc. 

Calibre  ,  chez  les  Artifans ,  eft  un  ais  qui  a  une 
entaille  d'un  angle  renttant  ,  Se  qui  eft  droit.  Il 
fert  aux  Charpenriers  ,  Menuifiers  ,  Serruriers  3c 
autres  ,  pour  prendre  des  melùres.  Afferculus  in 
triiingulum  incifus. 

Les  Serruriers  ont  aulfi  un  certain  inftrument  dt 


174  CAL 

fer  qu'ils  nomment  calibre.  Ils  s'en  fervent   pour 
voir  li  les  forêts  vont   droit  quand  ils  torent  les 
tiges  des  clefs ,  &  pour  les  arrondir.  Ils  ont  pareil- 
lement  des  calibres  pour  prendre  la  groileur  des 
verroux  &  des  targettes. 
Calibre  ,  en  termes'  de  Marine ,   fe  dit  du  modèle 
qu'on  fait  pour  la  conftruélion  d'un  vaifleau  ,  fur 
lequel    on   prend  fa  longueur  ,    fa  largeur  &:  fes 
proportions  :   c'eft  la   même  chofe  que    gabarit. 
Exemplar. 
Calibre  ,  en  termes  d'Horloger  ,  c'eft  l'efpace  qu'on 
ménage   entre   les   deux   platines   d'une  montre  , 
qui  en  font  la  cage,  afin  d'y  mettre  les  roues  Se 
les  pièces  en  telle"  difpofition ,  qu'elles  ne  le  nui- 
fent  pomt,  &  qu'elles  tiennent  le  moindre  elpace 
qu'il  eft  poflible. 
Calibre.  Ce   mot  dans  la  coupe  des  bois  ,  fignifie 
un  modèle  fait  de  planche  contournée  fuivant  une 
figne  courbe  ,  qui  doit  déterminer  le  contour  d'une 
furface    qu'on  fe   propofe  de  faire.  Frezier. 
Calibre.  C'eft   encore  une  forte  de  groflé  filière  , 

dont  on  fe  fert  pour  tirer  à  l'argue. 
CALIBRER.  V.  a.  Terme  d'Artillerie.  C'eft  prendre 
la  mefure  du    calibre  ,    marquer    le  calibre    d'un 
canon.  Globorum  aneorum  modum ,  amplitudinem 
dejignare. 

Non-  léulement  on  dit  calibrer  le  canon ,  mais 
encore  c<î//^rer  les  balles,  leur  donner  le  calibre, 
la  groifeur  ncceflàire.  Avanr  que  de  commencer  à 
battre    la  place  ,    un  Commandant  ,    doit   viiiter 
toutes  les  munitions,  de  quelque  forte  que  ce  ibit, 
faire  calibrer  toutes  les  balles  ,  voir  fi  la  poudre 
eft  bonne  &  fine.  De    La    Font.  On  calibre  un 
boulet ,  ou  l'on  en   détermine  la  groileur  par  le 
moyen  d'un  compas  recourbé  ;  on  trouve  auHl  le 
diamètre  par  le  moyen  du  poids.  Un  boulet  d'une 
livre  a   lo  lignes  8  points  de  diamètre  ,    &:    par 
conféquent   un  boulet  de   20  lignes   16  points   , 
c'eft-à-dire  ,   d'un  diamètre  double ,  fçavoir  d'un 
pouce  neuf  lignes  &c  un  tiers,  pèle  huit  livres  ou  huit 
fois  autant  que  le  premier,étant  double  en  tout  lens. 
Hanzelet  enfeigne  le  moyen  de  calibrer  les  canons, 
les  balles ,  les  cuillers ,  canades  ,  &  tampons  pro- 
pres pour  chaque  pièce. 
Calibrer  ,  terme  d'Horlogerie ,  c'eft  mefurer  avec 
un  petit  compas  fait  exprès  les  dents  des  roues  &: 
les  ailes  des  pignons  ,  pour  voir  H  elles  font  égales 
entr'elles. 
ffT  CALICA.  Petite  ville  de  Turquie  ,  dans  la  Bul- 
garie ,  avec  un  port ,  fur  la  côte  de  la  mer  Noire. 
CALICE,  f.  m.  Vailleau  facré  qui  a  une  petite  coupe 
pofée  fur  un  pied  alfez  haut,  &  allez  large  parle 
bas.  Sacer  calix.  Il  fert  au  facrifice  de  la  Melle  i 
c'eft  dans  ce  vafe    que  fe  fait  la  confécration   du 
vin.  Les  Calices  doivent  être  d'or  ou  d'argent  dans 
toutes  les  Eglifes.  On  en  trouve  cependant  quel- 
ques-uns d'étain  ,  mais    dont  la  coupe  eft  dorée  , 
au  moins  en  dedans.   Je    doute  qu'on  le  fouffrit 
aujourd'hui.  Les  anciens  calices  avoient  deux  anfes. 
Eedc   afilire  que  le  calice  dont  notre  Seigneur  le 
fervit  à  la  Cène  avoit  deux  anfes  -,  qu'il  étoit  d'ar- 
gent, &  de  la  capacité  d'une  chopiijp.  Lts  calices 
des  Apôtres  &  de  leurs  premiers  fuccelfeurs  étoient 
de  bois.  Le  Pape  Zéphyrin  ordonna  qu'on  fe  fer- 
vit  de   calices  d'or    &:   d'argent.   D'autres   difent 
que  c'eft  Urbain  I.  au  troifiéme  fiècle.    Léon  IV. 
a.  défendu  ceux  d'étain  &  de  verre.  On  demanda 
à  S.  Boniface  Martyr,  s'il  étoit  permis  de  conla- 
crer  dans  des  calices  de  bois  :   il  répondit  qu'au- 
trefois les  Prêtres  étoient  d'or  ,  &  les  calices  de 
bois-,  mais  que  depuis,  les  Prêtres  étoient  de  bois, 
&  confacroient  dans  des  calices  d'or.  Walafri- 
Dus  Strabo.  Il  a  été  jugé  qu'un  Religieux  peut 
donner,  engager,  ou  vendre  fon  calice,  fans  que 
l'Abbé  qui  fuccède  à  fa  dépouille  le  puilfe  récla- 
mer comme   un  bien    facré.   Papon.  Si  celui  qui 
brife  le  calice  eft  impie  ,  celui-là  l'eft  bien  davan- 
tage qui  profane  le  fang  de  Jesus-Christ  ,  difent 
ks  Pères  du  Concile  d'Alexandrie  en  340,  En  787  le 


CAL 

Concile  de  Calcuth  en  Angleterre  défendit  d'offirir 
le  faint  Sacrifice  dans  des  calices ,  ou  des  patènes  de 
corne.  Du  riche  butin  que  l'armée  Françoife  fit 
dans  le  Languedoc  ,  le  Roi  Childebert  fe  rcfcrva 
les  dépouilles  des  Eglifes  Ariennes ,  quiconfiftoient 
en  foixante  calices -,  quinze  patènes  de  pur  or  ,  & 
vingt  Milfels  ou  livres  d'Evangile  couverts  de 
lames  d'or  ,  &  ornés  de  pierres  précieufes.  P. 
Dan. 

Les  anciens  calices  étoient  beaucoup  plus  grands 
que   ceux  d'aujourd'hui ,  parce  que  le  peuple  com- 
munioit  alors  fous  les  deux  cfpèces  ,  au  lieu  quû 
le  calice  ne  fert  préfentement  qu'au  Prêtre.   Lin- 
danus  ,   qui    en   avoit   vu  quelques-uns  dans  des 
Eglifes  d'Allemagne  ,    en    fait   la    defcription  au 
Liv.If^'^  de  fa  Panoplie,  ch,  $(>.  Ils  avoient  deux 
anfes  ,  que  le  Diacre  tenoit  lorfqu'il  préfentoit  le 
calice  au  peuple  pour  le  communier  fous  l'efpèce 
du  vin.  De  plus  chaque  calice  ^vok  un  chalumeau  , 
ou  tuyau  qui  y  -étoit    attaché    fort    proprement  , 
&  ce  tuyau  étoit   d'argenr  ,  ou   de    quelqu'autre 
métal ,  en  foite  qu'on  fuçoit  plutôt  qu'on  ne  bu- 
voit.  C'eft  ce  que  nous  apprenons  de  Lindanus  & 
de  Beatus  Rhenanus  fur  TertuUien  ,  qui  avoient 
vu  de  ces  anciens  calices  en  plufieurs  villes  d'Al- 
lemagne. 
Calice    de  Soupçon.  Calix  fufpicionis    ,  poculum 
fufpicionis.  Vanlleb ,  dans  fon  hiftoire  de  l'Eglife 
d'Alexandrie,  rapporte  qu'autrefois  dans  l'Egypte, 
quand  les  maris    (  il  parle  des    Chrétiens  )  ibup- 
çonnoient  leurs  femmes   d'infidélité ,  ils  leur    fai- 
foient  avaler    de  l'eau    foufrée ,    dans   laquelle  ils 
mettoient  de  la  pouHlère  i:  de  l'huile  de  la  lampe 
de  l'Eglife  ,  prétendant  que  fi  elles  étoient  cdlipa- 
blés,  ce  breuvage  leur  feroit  fouflrir  des  douleurs 
infupportables ,  c'eft  ce  qu'on  appeloit  le  Calice  de 
foiipçon,  Y  oyez  cet  Auteur.  Ces  Chrétiens  d'Egypte 
avoient  pris  cette  épreuve  de  l'Ecrirure ,  Nomb.  V. 
14,  où  Dieu  prefcrit  ce  qu'un  mari  jaloux  devoit 
faire  pour  connoître  li  fa  femme  étoit  coupable  ou 
non.  Il  l'amenoit  au  Prêtre ,  offroit  pour  elle  la 
dixième  partie  d'un  boifléau  de  farine  d'orge.  Il  ne 
raettoit  dedlis  ni  huile  ni  encens ,  comme  dans  les 
autres  facrifices.  Cette  offrande  s'appeloit  le  facri- 
fice de  la  zélotypie  ou   de  la  jaloulie.    Enfuite  il 
prenoit  de  l'eau  fainte  dans   un  vafe   de  terre ,  & 
jetoit  dedans  un  peu  de  pouillère  qu'il  preijoit  fur 
le  pavé   du  tabernacle  -,  &  après  quelques   autres 
cérémonies  6c  des  exécrations ,  il  lui  faifoit   boire 
des    eaux   très-amères ,   en   lui    difant  que    (\  elle 
étoit  innocente ,  ces  eaux  ne  lui  nuiroient  point  ; 
mais  que    fi   elle  ne    l'étoit    pas ,    fon    corps  en- 
fleroit  Se  pouiriroit  ,    &:  l'effet  fuivoit  infaillible- 
ment. Telle  étoit ,  dit  Moyfe ,  la  loi  de  la  Zélotypie 
ou  de  la  jaloufie.   Les    Egyptiens  crurent  que    ce 
feroit  la  même  chofe  dans  le  Chriftianifme  -,  mais 
cette  loi,  comme  toutes  les  autres  loix  cérémoniales, 
n'avoir  été  inftituée  que  pour  tes  Ifraelites. 

Ce  mot  vient  du  Grec  %iKi%  ,  qui  fignifie  la 
même  chofe. 
Calice  ,  en  termes  de  l'Ecriture  &  de  fpiritualitc  , 
(\s,x\{(iç  triftejfe.,  affîciion  ,  douleur  accablante.  Cette 
fignification  eft  tirée  de  l'Ecriture ,  où  Jesus-Christ 
demande  à  fon  Père  de  ne  pas  boire  le  calice  de 
fa  paillon  ,  &  de  plufieurs  autres  endroits.  Le  calice 
des  Saints  le  boit  avec  amertume ,  il  afflige  ,  il  révolte 
la  nature.  L.  d'Abelard.  On  lui  a  fait  boire  le  calice 
jufqu'à  la  lie.  C'eft-à-dire ,  on  l'a  mortifié  Jufqu'i 
l'excès.  Et  cela  fe  dit  même  en  matièie  profane. 

On  dit  proverbialement ,  qu'il  faudra  boire  , 
avaler  le  calice  ;  pour  dire ,  qu'il  faudra  foufïirir 
conftamment ,  ou  faire  quelque  chofe  pour  la- 
quelle on  a  grande  répugnance. 

On  dit  aufli  des  gens  dont  les  habits  font  charges 
de  galons  d'or ,  qu'ils  font  dorés  comme  des  calices. 
Calice  fe  prend  en  Botanique  pour  cette  partie 
extérieure  qui  enveloppe  la  fleur  lorfqu'elle  eft  en 
bouton ,  &  qui  eft  différente  du  pédicule.  Calix.  On 
emplois  encore  le  mot  de  Calice  pour  exprimer  la 


CAL 

partie  qui  foiiticnr  &  enveloppe  tout  à  la  fois 
quelques  autres  fleurs ,  comme  aans  la  roic  :  ainli 
l'on  dit  qu'un  calice  devient  fruit ,  alit  infruCium  , 
lorfque  ce  fruit  naît  de  cette  partie  extérieure  qui 
couvre  ou  qui  foutient  fimplemcnt  la  fleur,  ou  la 
couvre  &i  la  foutient  tout  à  la  fois.  La  couleur 
verte  n'eli  pas  e/rcntielle  au  ca/ice ,  puisqu'il  y  a 
certaines  fleurs  dont  les  calices  l'ont  colores ,  & 
quelquefois  plus  vivement  que  les  pétales  mêmes 
des  fleurs  qu'elles  Ibutiennent ,  comme  dans  l'el- 
lébore. On  oblétve  que  le  calice  de  plufîeurs  fleurs 
tombe  prelque  auiii-tôt  qu'elles  s'cpanouiflent  , 
calix  diciiuus  ,  pendant  que  d'autres  calices  fubli- 
llent  long-temps  après  la  chute  des  parties  de  leurs 
fleurs ,  calix  juljijtens.  Dans  d'autres  fleurs  le  calice 
eft  uni  li  étroitement  aux  parties  de  la  fleur ,  qu'elle 
ne  fauroit  s'en  léparer  ;  &c  eniin  il  y  a  des  fruits 
auxquels  la  fleur  lert  de  calice  ,  comme  dans  le 
blé  noir,  &  auxquels  la  fleur  eft  étroitement 
collée ,  comme  dans  la  plante  appelée  cabaret. 
Certaines  efpèces  de  mauves  ont  double  calice ,  les 
plantes  ombellifères  n'ont  que  quelques  denteiurcs 
pour  calice  ,  ôc  la  partie  poiîérieurc  de  ce  calice  cii 
le  jeune  fruit.  Dans  la  plûparr  des  plantes  bulbeulcs, 
le  calice  eft  une  membrane  très-fine  qui  enveloppe 
toute  la  fleur  ,  &  qui  le  déchire  éc  fe  deiiêche 
lorfque  la  fleur  groifit ,  comme  dans  les  Narciffes. 
On  dit  un  calice  commun  à  plufîeurs  fleurs  :  un 
calice  propre  à  chaque  fleur ,  lorfqu'un  calice  ren- 
ferme pluiieurs  fleurs  qui  ont  chacune  leur  calice 
particulier  ;  tels  font  les  calices  de  toutes  les  plantes 
à  fleurons ,  comme  le  chardon  ,  l'ambrctte,  &c.  Les 
enveloppes  de  fruits  ne  font  pas  appelées  calices  , 
il  n'y  en  a  que  certaines  qui  aient  pris  ce  nom  en 
François  ,  à  caufe  de  leur  figure  :  tel  eft  le  fruit  du 
chêne  ,  qui  eft  compofe  d'une  calotte  qu'on  nomme 
communément  calice  ,  en  Latin  cupula ,  &  d'un 
gland  qui  n'y  eft  renfermé  qu'en  partie  dans  fa 
maturité,  au  lieu  qu'il  y  eft  entièrement  contenu 
dans  le  temps  qu'il  n'eft  qu'embryon,  L'ufage  du 
calice  eft  de  garantir  des  injures  de  l'air  les  parties 
les  plus  délicates  de  toute  la  plante ,  &  la  plus 
néceflaire  pour  la  multiplication  de  l'efpèce.  La 
nature  eft  induftricufe  dans  les  divers  moyens  dont 
elle  lé  fert  pour  n'expofer  de  jeunes  embryons ,  que 
lorfqu'ils  font  en  partie  en  état  de  réfifter  aux  im- 
preflions  fàcheufes  des  faifons.  Rien  n'eft  plus  beau 
que  l'examen  de  toutes  ces  précautions,  &  rien  ne 
prouve  davantage  que  tout  cet  appareil  de  pièces 
d'écaillés  &  de  feuillages  dont  font  garnies  les  fleurs 
&  les  fruits ,  n'eft  pas  inutile  ,  &;  que  le  nombre  de 
tant  de  parties  n'eft  pas  multiplie  fans  nécelilté.  Le 
fafran  n'a  point  de  calice  ,  &  fa  fleur  fort  même  de 
la  terre  avant  les  feuilles. 

|p°  La  forme  defcalices  varie  beaucoup  :  les  uns  font 
orbiculaires ,  d'autres  cylindriques  ,  &:  pour  en 
donner  une  expreflion  abrégée ,  on  les  compare  à 
une  calotte ,  à  un  godet ,  à  une  foucoupe ,  &  il  y  en 
a  de  liflés  ,  de  velus  ,  de  raboteux ,  d'écailleux  , 
dont  les  échancrures  font  cannelées  ou  dentelées , 
ou  Inciniées  ;  ce  qu'on  exprime  par  ces  termes  , 
crliculatus  ,  glohofus  ,  cylindricus  ,  j'qiiammofus  , 
jiriatus ,  jimbriatus ,  crenatus  ,  dematus ,  laciniams 
&c. 

IP*  Linnxus  en  diftingue  fept  efpèces. 

^CT  1°.  Perianthium ,  le  calice  proprement  dit,  ou 
l'efpèce  la  plus  commune  de  calice.  Il  eft  fouvent 
compofé  de  plufîeurs  pièces  ;  ou  s'il  eft  d'une 
feule  pièce  ,  il  fe  divife  en  plufîeurs  découpures, 
&  il  n'enveloppe  pas  toujours  la  fleur  toute  entière. 
1°.  Involucrum  ,  l'enveloppe  qui  eft  un  calice 
commun  à  plufîeurs  fleurs  ,  lefquelles  ont  quel- 
quefois de  plus  leur  calice  ou  perianthium  par- 
ticulier. Cette  enveloppe  eft  compofée  de  plufîeurs 
pièces difpofées  enrayons,  &  quelquefois  colorées: 
ceci  convient  aux  fleurs  à  fleurons  ,  demi-fleurons  & 
radiées. 

^fT  Linnxus  en  diftingue  deux  fortes  -,  involucrum 
iiniverfale  ,  c'eft-à-dire ,  le  calice  commun  qui  fe 


CAL 


trouve  à  la  bafe  des  premiers  rayons   om'ucHiirres  ; 
&    involucrum    partiale,     qui    fe    tïouvc    au    bas 
des  ombeis  particuliers. 
§rT  30.  Spata.  Le  voile.  Il  enveloppe  une    ou  ).>lu- 
fîeurs  fleurs  qui  font  ordinairement  dcpou'-vucs  de 
calice  ou  perianihium  propre.  Le    voile   qurs'ob- 
fcrve  principalement  flir  plufîeurs  liliacées ,  conlifta, 
en  une  ou  deux  membranes  arrachées  à  la  tige.  Il  y 
en  a  de  diflcrente  figure  &  confiftance. 
UCT  4^'.  Gluma.  La  balle.  Ce  terme  eft  corlfacrc  à  11 
famille  des  graminées  ,&  cette  efpèce  de  calice  eft 
compofée  de  deux  ou  trois  écailles  qui  font  crcufces 
en  cuilleron ,  &:  membraneufes,  de  forte  qu'elles  ibnt 
tranfparentes ,  fur-tout  à  leurs  bords. 
^3'  '^'^.  Amentum  ou  jiilus,  le  chaton  qui  eft  ordi- 
nairement   formé    d'écaillés   attachées    à    un   filet 
commun  ;  &    ces  écailles  fervent  de  calice   à  des 
fleurs  mâles  &  à  des  fleurs  femelles. 
■§3"  60.  Calyptra ,  la  coiffe.  C'cft  une  enveloppe  men  « 
braneufe ,  fouvent  conique,  qui  couvre  les  parties 
de  fruéfification.  Elle  fe  trouve  ordinairement  aux 
fbmmités    de    plufîeurs  moufles.   Toutnefort   em- 
ploie ce  terme  dans  une  lignification  plus  étendue 
que  Linnxus. 
IJC'"  70.  Volva,  la  bourfe.  C'eft  une  enveloppe  cpaiffe  , 
qui  d'abord  renferme  certaines  plantes  de  la  famille 
des  champignons.  Elle  s'ouvre  enfuite  par  le  haut 
pour  laifîer  fbrtir  le  corps  de  la  plante. 
03°  Les  Jardiniers  appliquent  quelquefois  aux  pétales 
le  nom  de  calice  ,   comme  quand  ils  difent  qu'une 
tulipe    a  un    beau    calice  ,    c'eft-à-dire ,    que    les 
pétales  form.ent  comme  la  coupe  d'un  calice. 
^3"  Linnxus  nomme  calix  auHus ,  celui  que  Vaillant 
a    nommé   calicii lattis  ;  c'eft-à-dire  »    celui   où    la 
partie  extérieure  du  ca/zV»;  eft  entourée  de  feuilles, 
comme  au  Bidens.  Du  Hamel. 
Ip-  CALICUT  ou  CALECUT.  Ville  &   Pvoy.aume 
fur    la  côte    de   Malabar   ,   dans  la   prelqu'ile  de 
l'Inde,  au  deçà  du  Golfe  de  Bengale.    Cette  ville 
^toit  autrefois  le  féjour  dli  Zamorin  ,   ou  Roi  de 
Calicut  ;  mais  il   n'y  demeure  plus,  &  il  y  a  mis 
un  Rajador  ou  Gouverneur,  qui  loge  dans  le  palais, 
Ifj'  CALIDUCS.  f  m.  pi.  Canaux  dont  fe  fervoient 
les  anciens  pour  porter  de  la  chaleur  aux  parties 
de  leurs    maifbns   les    plus    éloignées.  Ils  étoicnc 
difpofcs  le  long  des  murailles ,  &    partoicnt  d'un 
foyer  ou  fourneau  commun  qui  leur  fourniflbit  de 
la  chaleur.  Calidus  ,  chMià  ;  duco  ,  je  conduis. 
CALIETTE.  f.  f  Champignon  jaune  qui  vient  au  pied 

du  genièvre.  Calieta  ,  Paracelse  cité  par  Jomes. 
CALIFAT,  f  m.  Dignité  de  Calife  chez  les  Sarralîns. 
Il  n'y  avoir  d'abord  qu'un  feul  Calife  fucceffeur  de 
Mahomet  ;  mais  le  Califat  fit  bientôt  divKc.  Il  s'é- 
leva des  Califes  en  Perfe,  en  Egypte  &  en  Afrique  , 
qui  s'emparèrent  de  l'autorité  fbuverainc.   D'Her- 

BELOT. 

CALIFE ,  CALIPHE  &:  KALIFE.  f  m.  La  première 
dignité  Eccléfiaftique  chez  les  Sarralîns.  C'cft  le 
nom  d'une  dignité  fouveraine  parmi  les  Maho- 
métans ,  qui  comprend  un  pouvoir  abfoiu  ,  &  une 
autorité  indépendante  fur  tout  ce  qui  regarde  la 
Religion  ^&  le  gouvernement  politique.  D'Hep- 
BELOT.  Calipha  ,  Caliphas ,  Cairi  Princeps.  Ce  mot 
eft  Arabe  ,  &  (\e,n\ûe  fucceffeur  &  héritier  ;  car ,  en 
effet  ,  Abubeker  étoit  fucceffeur  de  Maliomet ,  &: 
cette  dignité  étoit  héréditaire.  Ainfi  le  nom  de 
Calife  étoit  afledté  aux  fuccefleurs  de  Mahc/mct 
qui  s'appdoient  Califes  de  Syrie.  Mais  depuis  il 
s'éleva  divers  Califes  qui  ufurpcrent  l'autorité  fou- 
veraine en  Perfe  ,  en  Egypte  &  en  Afrique, 
Pifafîre,qui  regnoit  en  958,  fut  le  dernier  Ca///? 
de  Syrie.  Les  '  Turcs  s'en  rendirent  les  maîtres , 
enforte  que  le  Calife  n'étoit  plus  que  fouverain 
Pontife.  La  même  chofe  eft  arrivée  en  Egypte, 
où  l'on  n'a  laiffé  aux  Califes  que  le  titre  de  Grands 
Prêtres  de  Mahomet.  Vatier  dit  qu'ils  s'appeloient 
Ficaires  de  Dieu,  &  que  les  Soudans  &  les  Rois 
Mahométans  le  proftcrnoicnt  àleurspieds  pour  les 
baifer  ;,  d'où  vieat  que   Vincent    de  Eeauvais  ks 


17'^' 


CAL 


appelle  leurs  Pap^s.  Quoique  le  Cal:f<i  <Ae  Bagdet 
TIC  le  Ibit  plus  que  de  nom  ,  il  retient   néanmoins 
le  droit  ancien  d'adopter  &  de  confirmer  les  Rois 
d'Arabie  ,  d'Aflyrie  gc  autres:  Ce  qui  fut  caulc  que 
Soima  n  même  ^  en  pallant  par  Babylone  ,  voulut 
pour  la  forme  prendre  les  marques  de  l'Empire  de  l'a 
main.  Selon  Nicot  les  Seigneurs  Se  les  Dominateurs 
du  Grand  Caire  portoient  autrefois  le  nom  de  Califes, 
11  y  a  eu  aulli  des  Califes  à  Carvan  dans  le  Royau- 
me   de    Tunis,    &c    à   Fez.   Le    Cahfe   d'Hfpagne 
prit  auill  le  titre  de  Roi.   Les  Caiifes  de  Syrie  le 
divifenten  trois  branches.  La  première  ne  contient 
que  les  trois  premiers  Califes ,  fuccefleurs  de  Ma- 
homet qui  ont  régné  depuis  l'an  651   de  Jésus- 
Christ    julqu'en  ^55.  La    féconde  ibnt    les  Om- 
miades,  qui   ont   gouverne    depuis   655    jufqu'en 
749.  Les  troifièmes  Vappellent  les  AbbaHides ,  dont 
ie  gouvernement  a  duré  depuis  749 ,  jufqu'en  941. 
Apres  quoi  l'Empire  des  >.Iufulmans  fe  divifa     en 
pluficurs    Royaumes  qui  s'établirent  en  Perfe ,  en 
Syrie ,   en  Arabie  ,  en  Afrique  ,  &c.  &  qui  firent 
tomber  toute    rautorité  du  Calife ,  qui  n'eut  plus 
■    que  l'honneur  de  porter  ce  titre. 

Le   mot    Calife    cft   Arabe ,  il    vient    de   ip'n , 
Hhalapha,    c'eft-à-dire ,  fucceder  ,    être  à  la  place 
d'un  autre  ;  &  il  lignifie  non-feulement  fuccelfeur  , 
héritier ,  comme  on  l'a  dit  ci-delfus ,  mais  encore 
Vicaire  ,    qui    tient  la  place    d'un   autre ,  &  Ma- 
homet s'en  fert   dans  l'Alcoran  en   ce  fens,  pour 
dire  que  Jesus-Christ  eft  Vicaire  de  Dieu.  C'cft 
dans  ce  fens  ,    félon  quelques-uns ,  comme  Erpc- 
nius ,  que  ce   nom  a  été  donné  aux  Califes  ;  c'eft- 
à-dire,    aux    Empereurs,    ëc    fouverains     Pontifes 
des  Mahométans ,  comme  étant  les  Vicaires  &  les 
'     Lieutenans    de    Dieu  -,  d'autres    difent    que  c'eft 
dans  le  fens  d'héritiers ,    Se  comme  fuccefleurs  de 
Mahomet,  qu'on  les  appelle  Califes.  Au  refte ,  il 
faut  écrire  Califes ,  &  non  point  Calyphes.  On  ne 
voit   point  ce  que  fait  là   cet  y ,  lî  ce  n'eft  pour 
exprimer   que   le    mot    Arabe    n'a  pas   un  Kefra 
fuTiple  ,    mais  un   Kefra  fous    un    je ,    choie  peu 
nécellaire  à  marquer  dans  le  mot  François.  D'Her- 
belot    écrit    Khalie ,  que    quelques-uns    écrivent 
Caliphe  ,  &  d'autres  Chaliphe.  Aujourd'hui  tout  le 
.   monde  écrit  Calife. 

L'origine  de  ce  nom  vient  de  ce  qu'Abubcker , 
après  la  mort  de  Mahomet ,  ayant  été  élu  par  les 
Mufulmans  pour  remplir  fa  place  ,  il  ne  voulut  pas 
prendre  d'autre  titre  que  celui  de  Khalifah  Refoul 
allah;  c'eft-à-dire  ,  Vicaire  du  Prophète  ou  de 
l'Envoyé  de  Dieu.  Mais  Omar  ayant  fuccédc  à 
Abubeker,  il  repréfenta  aux  principaux  Chefs  du 
Mufulmanifme  que  s'il  prenoit  la  qualité  de  fuccef- 
•  feur  d' Abubeker  fuccelfeur  du  Prophète,  la  chofe 
pat  la  fuite  des  temps  iroit  à  l'mfîni  :  il  fut  rélblu 
qu'il  prendroit  le  titre  à'Elmir  Almoumenin , 
c'eft-à-dire ,  Commandant  des  Fidèles.  Les  fuccef- 
feurs  de  Mahomet  n'ont  pas  lailfé  de  prendre  aufll 
.     celui   de  Khalifes  fans  rien  ajouter.    D'Herbelot. 

f^oyei  cet  Auteur  au  mor  Kalifach. 
CALIFORNIE.  Nom  de    lieu.    Califomia.  Jufqu'en 
1705  ,    on  avoir  cru  que    la  Californie   étoit    une 
île,  ou  pour  le  moins  on  avoir  douté  fi  c'ctoitune 
île  ou  une  prefqu'île  comme  l'Italie  :  la  chofe  n'eft 
plus  douteufe.  Le    cinquième  Recueil  des  Lettres 
édifiantes  &  curieufes  écrites  par  les  Milfionnaires 
Jéfuites ,    imprimé    en    1705  ,  nous    apprend  que 
c'eft  une  prefqu'île ,  qui  tient  à  la  terre  ferme  de 
l'Amérique  -,  &  que  le  P.  Kino  ,  Jéfuire  Allemand  , 
y  pafla   en  1701  ,  du  Royaume  du    Sumatra  fans 
traverfer    la    mer ,    &  n'ayant   rencontré  en    fon 
chemin  que  la  rivière  bleue  ,    ou  d'azur  ,  appelée 
par  les    Efpagnols  Rio  a^ul ,  &  le  Colorado  ,  dans 
lequel  le  Rio  a^ul ,  fe  jette.  Il  eft  étonnant  qu'après 
la  Relation  de'ce  voyage,  imprimée  dans  le  Recueil 
que  j'ai  ciré  ,  Mary  &  M.  ^Corneille  difent  encore 
que  la  Californie  eft  une  Ile.  La  Californie  fut  dé- 
couverte   en   l'îîî,  par  Ferdinand  Cortez. 
CALIFOURCHON  (  à  )  façon  de  parkr  adverbiale 


CAL 

dont  on  fe  ferr  dans  le  difcours  familier  pour  ex- 
primer la  façon  dont  on  eft  aliis  fur  quelque  choie 
jambe  dcca',  jambe  delà,  comme  quand  on  eft  à 
cheval.  Etre,  aller,  fe  mcttït  à.  Califourchon.  Lç.% 
ciifansvont  x  califourchon  lur  un  bâton  ,  £V"'^'^"' 
in  arundine  longa. 

On   met  un  foldat    qui  a  fait  quelque  faute  a 
califourchon  fur   un  cheval  de  bois  ,  dont  le  dos 
eft  fort  aigu ,  &:  on    lui  attache   des  boulets  aux 
pieds  pour  lui   en  faire  fentir  davantage  l'incom- 
modité. 
CALIGINEUX  ,  EUSE.  ad^.  Ce  mot  fe  trouve  dans 
Pomey  &  Danct ,    pour    lignifier  obfcur:    mais  il 
eft  vieux  5c  hors  d'ufage  ,  à  moins  qu'on  ne  s'en 
fervc  en  riant.  Cali^inofus. 
CALIGULA.    f.  m.  Nom   d'homme.  Calipda.  C'elt 
le  furnom  de  Caïas  Ccfar ,  fils   de  Germanicus  Si 
d'Agrippine  ,  &  IV    Empereur  Romain.  Ce  nom 
eft  latin  &  féminin  dans  fa  première  lignification  : 
c'eft  un  diminutif  de  ca/%a  ,  qui  étoit  le  nom  de 
la  chaulfure    que    portoient  les  foldats  Romains , 
les  laboureurs  &  le  bas  peuple.  Elle  différoit  de  la 
chauffute  ordinaire  en  ce  que  par-deflbus  elle  croit 
garnie  de  doux  tout  autour.  Caïus  avoit  été  élevé 
dans  l'armée  Romaine  d'Allemagne  que  fon  pcre 
commandoit ,  &  dès  fon  enfance  il  portoir  l'habit 
des  foldats,    &   de  petites    chauffures  lemblables 
aux  leurs.  C'eft  ce  qui  lui  fir  donner  le   nom    de 
Cali^ula  ,  ainfi  que  Dion  le  dit  dans   fon    LFJl' 
Livre ,  &c  Suétone ,  ch.    9.  C'eft   celui    que  nous 
lui  donnons  communément  en   François. 
CALIN.  C'eft  une  efpèce  de  métal ,  alliage  de  plomb 
&C  d'etain,    que  les  Chinois  préparent,    &  dont 
ils  font  plulieurs  uftenfiles  au  Japon  &  à  Siam.  Ils 
en  couvrent  même  leurs  maifons.  On  en  apporte 
aulTi  des   cafetières.  .  . 

CALIN  ,  INE.  f.  m.  &:  f.  Mot  bas  &  populaire,  mais , 

'mào\tr\i,   i^À'CiÇzm.  Defes,deJidiofus. 
CALINER,    SE  CALINER,    v.   récip.  Prendre  fes 
ailes,  demeurer  dans  l'inaétion ,  dans  l'indolence. 
Un   petit  maître  qui  fe  câline   dans   un   fauteuil. 
Il  eft  familier. 
CALINGUE  ou  CONTREQUILLE.  f.  f.  La  pièce 
de  bois    qui  s'étend  fur  toute  la   longueur    de  la 
quille  ,    fur    laquelle    font   aflemblées    toutes  les 
côtes  du  navire ,  &  qui  fert  à   les  ferrer  &  prcl- 
fer   contre  elle.    Trabes    ou   trahs.     Le   pied    du 
mât  s'enchâfle  dans  un  trou  carré  de  la  cahngue^ 
qui  lui    fert  comme   de    baie.    On    l'appelle   aulU 
carlingue    ou    efcarlinaue. 
CALIORNE      ou     CAYORNE.    f.     f.   Terme    de 
Marine.   C'eft  un  gros  cordage    palTé    dans    deux 
moufïles   à   trois  poulies  ,    qui    ferr    à  guinder  & 
lever   les  fardeaux  qu'on  attache   à    différens    en- 
droits du    vailTeau.    Il    eft    ordinairement    amarre 
fous  les    hunes   du  grand  mât  de  bourcet ,  où  il 
y  a  une    grande    poulie    par    où  il    palle.   Tunis 
nauticus  traclilis. 
gcr  CALIPO    ou  GARYPO.    Petite  ville  de   Tur- 
quie en  Alie  ,  dans  la  Natolie  ,  à  l'embouchure  de 
la  rivière  de  Lali  dans  la  mer  Noire. 
CALIPPIQUE.   adj.    fem.  Terme  de  Chronologie, 
qui  fe  dit  d'une  périoda  de  foixanre  &  feize  ans , 
inventée  par  Calippe ,  célèbre    Mathématicien  de 
Cyzique.  Calippicus  ,   a  .,  um.  La  période    Calip- 
pique  eft  compofée  de  quatre  périodes  de  Méihon , 
qui  étoient   de   dix-neuf  ans    chacune  ;  après  lef- 
quelles  les   nouvelles  &    pleines  lunes  moyennes 
revenoient   au  même  jour  de   l'année   Solaire.  La 
période  Calippique    commence   l'an    4^84,  de  la 
période  Julienne,   ?50>  avant    Jesus-Christ.  La 
premiète  période  Calippique  eft  l'efpace  de  temps 
qui  s'eft  écoulé   depuis  l'an  4584'    <ie  la  périod» 
Julienne  ,   550  avant  J.  C.  jufqu'à  l'an    4^09   de 
la    période  Julienne,    155  avant  J.  C.  inclulive- 
ment.    La    féconde    péiiode    Calippique    font    les 
Ibixante  &  fcize  fuivantes  ,  &  ainfi  des  autres. 
Ip"  Cette    période    n'croit    pas  exade  ,    parceque 
Calippe  donnant    à  l'année  Solaire  3(^5   jours,  6 

heures* 


CAL 

lieutes ,   qui  contient    ïi   minutes   de  moins,    les 
nouvelles  &:  pleines  lunes  dévoient   retardai  fcn- 
lîblement  an  bout  d'un  certain  temps. 
CALISBURANO.  Lieu  du  Diocèfe  de  Crémone  en 
Lombardie.  Califturrium.    En  1458  ,  la  Coni^rcs^a- 
tion  de  Lombardie  du  tiers    Ordre  de  faint"  Fran- 
çois ,  tint  un  Chapitre  général  à  Callskurano.  P. 
Hélyot,  t.   Vil,  p.  337, 
CALISTE,  CALIXTE,  ou  CALLISTE.  f.  m.  Nom 
d'homme.     C.ilijius   ,      Calixtus.     CaUiJie    ,     ou 
Cixlixti ,    efl:    le    nom    de    trois    Papes  ,    l'un  du 
troifîème  liécle ,  le  l'autre  du  douzième.  Celui-ci 
croit    François,  Archevêque   de  Vienne   en  Dau- 
phinc,    &  l'un  des  plus  grands  Papes  que  l'Egliic 
air  eus,  Culixte  III  fut  Pape    au  milieu  du  quin- 
zième fiècle.  Il  y  a  auffi  deux  Crf/////ej ,  Patriarches 
de  Conftantinople. 

Ciz/tjie  ell  auiii  féminin ,  &  on  donne  ce  nom 
à  des  tèmmes.  Calixta. 
'  '  Ce  mot  cft  Grec;  il  vient  de  K«;^A(î■'>^,  fuperlatif 
de  KctMli,  qui  lignifie  trh-hcau  ou  tris-bon. 
Ainfi  il  Icmble  qu'il  ftudroit  dire  Callijie  ;  mais  on 
écrit  indifféremment  C(2///?^  ou  CW/.r/i.'.  Cependant 
on  voit  bien  que  Cal'ijtn  vaut  mieux. 
CALIXTIN.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  ceux  d'entre 
les  Luthériens  qui  fuivent  les  fcntimens  de  George 
Calixte,  célèbre  Profedéur  en  Théologie  parmi 
eux.  Calixtini.  Il  a  publié  un  grand  nombre  de 
Livres ,  tant  fur  l'Ecriture ,  que'  fur  des  matières 
qui  regardent  la  Théologie.  Dans  la  plupart  il  fe 
montre  fort  contraire  aux  opinions  de  S.  Auguftin 
fur  la  prédeftination  ,  fur  la  grâce,  &:  fur  lelibre- 
arbitre  ;  enforte  que  les  Calixtins  pafîént  pour 
demi-Pélagiens  :  &  c'eft  ce  qui  a  fait  d  re  à  A4. 
Bofluet  Evêque  de  Meaux  ,  dans  fon  Hijioire  d^s 
Vartittions ,  que  les  Luthériens  font  devenus  vé- 
ritablement demi-Pélagiens.  Il  rapporte  là-deiîlis 
une  Epitre  de  Calixte,  où  ce  fameux  Seélaire  dit, 
<]ii'il  refte  dans  tous  les  hommes  quelques  forces 
de  l'entendement ,  de  la  volonté  &  des  connoif- 
fances  naturelles  ;  &:  que  s'ils  en  font  un  bon 
ufage  en  travaillant  autant  qu'ils  peuvent  à  leur 
falut,  Dieu  leur  donnera  rous  les  moyens  nécef- 
faires  pour  arriver  à  la  perfedion  où  la  révélation 
nous  conduit.  Il  ne  faut  pas  néanm.oins  confondre 
tout  le  parti  Luthérien  avec  les  Ca/ixtins  ,  qui  ont 
formé  une  Seéte  particulière  dans  ce  parti. 

La  doctrine  des  Ca/ixtins  confiftoit  d'abord  en 
quatre  articles.  Le  premier  concernoit  la  coupe.  Les 
trois  autres  regardoient  la  correélion  des  péchés , 
tant  publics  que  particuliers  ,  qu'ils  portoicnt  à 
certains  excès  5  la  libre  prédication  de  la  parole  de 
Dieu  ,  qu'ils  ne  vouloient  pas  qu'on  pût  défendre  à 
-perfonne  ;  &  les  biens  de  l'Eglilé.  Bossuet.  Il  y 
avoir  là  quelque  mélange  des  erreurs  des  Vaudois. 
Ces  quatre  articles  furent  réglés  dans  le  Concile  de 
Bile  ,  d'une  manière  que  les  Calixtins  furent  d'ac- 
cord ,  &  la  coupe  leur  fur  accordée  à  certaines 
conditions ,  dont  ils  convinrent.  Cet  accord  s'appela 
Compaclatum ,  nom  célèbre  dans  Ihiftoire  de  Bo- 
hème. Id. 

On  appelle  aufTi  Calixtins  les  peuples  de  Bohême  , 
qui  vouloient  communier  fous  les  deux  efpèces , 
&:  qui  croyoient  que  le  calice  étoit  néceffaire  à 
tous  les  fidèles.  Cette  Seéle  s'éleva  au  XV*fîècle. 
Elle  eut  pour  Aurcur  un  nommé  Jacobel ,  auquel 
fucccda  Roqucfane  ion  difciple,  homme  ambitieux  , 
qui  n'ayant  point  obtenu  l'Archevêché  dePraguequ'il 
demandoit  ,  empêcha  la  réunion  des  Calixtins  à 
l'Eglife  Catholique.  Selon  Raynald  Hijl.  Eccl.  Pan 
1 5  24  ,  ils  n'étoient  point  hérétiques ,  mais  feulement 
ïchifmatiques. 

On  dit  qu'il  y  a  encore  des  Calixtins  en  Pologne. 
Ce  mot  vient  du  latin  calix ,  calice  -,  &  je  ne 
fais  pourquoi  quelques  Auteurs  François  écrivent  Cal- 
iifiins  ;  C.ilixtins  paroîr  mieux.  En  latin  je  ne  trouve 
point  autrcincnr  que  Calixtini ,  dans  Sponde  à  l'an 
1411 ,  &  dans  Raynaldus  que  j'ai  cité.  Tout  au  plus 
fi  l'on  adoucit  la  prononciation  de  l'x  ,  il  faut  dire 
Toms  II, 


CAL 


171 


CaliJIins ,  ^  non  point  Calliftins.  Voyez  M.  Eolluet . 
Hijt.des  Fanât.  L.  XL 
ICT  CkLV.A.  Royaume  d'Afie  dans  la  Tartarie,  qui 
fait  partie  du  Mongul  ,   qui  eft  l'ancienne  patrie 
des  Tartares  Mogols ,  qui  ont  fondé  dans  l'Indou- 
ftan  l'Empire  qui  porte  leur  nom. 
CALLADARIS.  f.  m.  Toile  de  coton  rayée  ou  de  rouge 
ou  de  noir ,  qu'on  apporte  des  Indes  Orientales,  par- 
riculièrcmcnt  de  Bengale  ,  dont  la  pièce  ordinaire» 
huit  aunes  de  long,  ïur  fépt  ou  huit  de  large. 
CALLAF.  1'.  m.  Elpèce  d'arbriffeau  tort  bas,  dont  le 
bois  efl:  uni ,   &  les  feuilles  à  peu  près  iémblables 
à  celles  du  cerilier ,  denrelées  par  les  bords ,  &  croif- 
fant  à  l'extrémité  des   branches ,  qui  font  droites 
fans  jointure ,  flexibles  &  de  couleur  jaunâtre.  LeS 
fleurs  font  des  efpèces  de  petites  balles  oblongues  & 
cotoneafes ,  d'un  jaune  blanchâtre  ou  d'un  vrai'jaune  , 
&:  d'une  odeur  agréable.  On  prépare  avec  ces  fleurs 
une  eau  excellenre,  fur-tout  à  Damas.  Je  ne  connois 
aucune  eau  qu'on  puifîe  lui  comparer ,  pour  la  vertu 
de  fortifier.  Les  Maures  s'en  fervent  tant  intérieu- 
rement qu'extérieurement,  dans  les  fièvres  ardentes 
&  pertilenticlles  ;   elle  humecfe  &  rafraîchit.    On 
tire  aufii  des  fleurs  une  huile  qu'on  emploie  à  beau- 
coup d'ufages.  DicT.  de  James, 
CALLAIS.  f.  m.  C'eft  une  pierre  adhérente  aux  ro- 
chers inaccefîibles  &  glacés,  laquelle  reffemble  à 
un  œil.  Elle  imite  le  faphir  ,   m.ais  fa  couleur  eft 
plus  claire. 
ÇcrCALLAO  ou  CATTAG  DE  LIMA.  Callaum.  Ville 
de  l'Amérique  méridionale  ,  fur  la  côte  du  Pérou  , 
vis-à-vis  la  ville  de   Lima, 
et:?  CALLA-SUSUNG  ou  CALASUSUNG  ,  ville 
d'Afie  ,  dans  l'île  de  Bouton  ,  dont  elle  eft  capitale. 
CALLEBRANCHE.  i".    f.    Terme  de  Fleurifte.  C'eft 

une  ^némone  ,  donr  la  peluche  eft  incarnar. 
CALLEE.  (  Cuirs  de  Calla  )  fbnt  des  cuirs  de  Barbarie , 

qui  s'achètent  à  Bonne. 
CALLEMANDRE.   Voye-^   Calmande. 
%F  CALLEN.  Ville  d'Irlande  dans  le  Leinftcr ,  au 
Comté  de  Kilkenni.  Elle  envoie  des  Députés  au  Par- 
lemenr. 
CALLEVILLE  ou  CALEVILLE.  f.  m.  Sorte  de  pomme 
afîcz  groffe.  Malum  calviriurn.  Il  y  en  a  de  rouges  &: 
de  blancs.  Les  plus  eftimés  font  ceux  dont  la  chair 
efl  tachetée  de  rouge  en  dedans.  De  beau  calleville. 
CALLEUX,  EUSE.\d:.  Où  ily  ad;s  cals,  oir  qui 

eft  dur  comme  un  cal.  Callojus.  Tachard. 
0CFCe  mot  s'apflique  en  général  à  toutes  fortes  de  du- 
retés de  la  peau  ,  de  la  chair  &  des  os  -,  mais  on  le  dit 
en  particulier   des  bords  durs  d'une  plaie  &   d'un 
ulcère. 
ifT  En  anatomie  on  appelle  corps  calleux  la  partie  qui 

couvre  lc5  deux  ventricules  du  cerveau. 
0Cr  CALLIANS.  Petite  ville  de  France  ,  en  Proven- 
ce ,   à  quarre  lieues  de  Braguignan. 
03^  CALLIAR.  Petite  ville  clés  Indes,  au  Royaume  de 

Vifapour^,  à  fépt  lieues  d'Iflelampour. 
CALLIBLEPHARON.  f.  m.  Remède  pour  les  pau- 
pières. Marcellus  ,  l'interprète  de  Diofcoride ,  dit 
que  les  Grecs  comprenoient  fous  le  nom  commun  de 
calliblcpharon  tous  les  remèdes  préparés  ,  rant  pour 
les  maladies  que  pour  la  beauté  des  paupières.  Les 
callihlipharons  de  Pline  font  compofcs  de  feuilles 
de  rofes  brCdées  ,  de  cendres  de  noyaux  ,  de  dattes 
brûlés ,  mêlées  avec  le  fpicnard  ,  la  moelle  de  l'os 
de  la  jambe  du  bœuf  broyée  avec  de  la  fuie  & 
de  la  terre  ampélire.  Ce  mor  vient  de  k«aa!>ç,  beauté  , 
5:  de  ^ii}.i4>xDeti ,  paupière.  Dict.  de  James. 
CALLIÉHORE.  C'ctoit  un  lieu  peu  éloigné  d'E- 
leufine  dans  l'Attique  ,  ainfî  nommé  à  caufe  des 
danics  facrées  qu'y  faifoient  les  femmes  en  l'hon- 
neur de  Cérès. 
CALLIG.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  ca'ial 
artificiel  qui  porte  l'eau  du  Nil  depuis  le  vieux 
Caire  jufqu'à  Damiette.  Canalis  arte  faclùs  ,  cana- 
-  liculus.  Il  a  90  milles  ou  50  lieues  de  long  ,  te 
quatre  cannes  de  "large.  Les  Baflas  le  font  garder 
par  des  Soldats ,  de  peur  que  l'eau  n'en  ibit  diver- 


i7S 


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CAL 


lie.  Ils  font  bbligcs  de  l'entretenir  &  de  le  net- 
toyer. 11  y  a  au  Caire  une  grande  colonne  de  marbre, 
où  l'on  va  obfcrver  la  croiHance  des  eaux  du  Nil  ', 
&  quand  elles  montent  à  ij  pieds ,  c'eft  une  grande 
rcjouiflahce ,  car  alors  toute*  les  terres  ibnt  inon- 
dées. Mais  elles  ne  montent  pour  l'ordinaire  qu'à 
19  :  c'eft  cinq  ou  lîx  toifes  de  France.  L'ouverture 
s'en  fait  tous  les  ans  par  le  Bafla ,  avec  grande  cc- 
tcmonie  OC  magnificence. 

Ce  mot  eft  arabe,  iiSn,  Ha/ig,  qus  Raphélangc 
traduit  amnis ,  une  rivière  ,  £c  d'autres  un  bras  de 
mer ,  Si  le  bras  d'un  fleuve  ,  &  un  canal,  un  ruiffeau. 
Il  vient  de  j^Vi ,   Hhalaga  ,    qui  fignifie  ,  movit , 
agitavit  ,  traxit ,  ahjlraxit ,  arriptiit. 
CALLIGRAPHE.  f.  m.  Ecrivain ,  Copifte ,  qui  mettoft 
autrefois  au  net   ce  qui  avoit  été  écrit   en  notes 
par  les  Notaires.  Ce  qui  revient  à  peu  près  à  ce 
que  n«us  exprimerions  maintenant  ainli,  celui  qui 
fait  la  grofle  d'une  minute.  Calligraphus.  Autrefois 
©n  écrivoit  la  minute  d'un  ade  ,  le  brouillon  ou 
le  premier  exemplaire   d'un  ouvrage  ,  en  notes  -, 
c'eft-i-dire  ,  en  abréviatious  ,   qui  croient  une  ef- 
pèce  de   chiffre  -,  telles  font  les  notes  de  Tiron , 
qui  ibnr  dans  le  fécond  Tome  de  Grutcr.  Cela  fe 
faifoit  pour  écrire  plus  vite  ,  &  pouvoir  fuivre  celui 
qui   dic^oit.    Ceux    qui   écrivoient  ainfi  en   notes 
s'appcloient  en  latin  Notaires,  &:  en  grec  2.jfiji»yf«i?«' 
&  T»x>'yf»<P»'  ;  c'eft-à-dire  ,  Ecrivains  en  notes ,  5c 
gens  qui  écrivent  vue.  Mais  parce  que  peu  de  gens 
connoifroicnt  ces  notes  ,  ou  ces  abréviations ,  que 
d'ailleurs  ces  premiers  exemplaires  ne  pouvoicnt  être 
alFcz  nets  ni  afTez  propres  -,  d'autres  Ecrivains  qui 
«voient  la  main  bonne ,  &c  qui  écrivoient  bien  &c 
proprement ,  les  copioicnt  pour  ceux  qui  en  avoient 
befoin  ,   ou  pour   les  vendre-,  &  ceux-ci  s'appc- 
loient Calligraphes  ,  nom  qui  eft  ancien ,  puifqu'Eu- 
fèbe  ,  au  à.  17  ,  du  VP  livre  de  VHiJlaiTe  Ecclé- 
Jîajliijue ,  &c  S.  Grégoire  de  Nazianze  le  leur  donnent. 
Il  eft  aufTi  parlé  dans  quelques  ConcMes  de  ces  No- 
taires &c  de  CCS  Calligraphes  ,  comme  dans  le  IP. 
de  Nicée.  Néophyte  &  Tlicopcmpte  font  d'anciens 
Calligraphes  du  X^  &  XP  licçles.  Le  P.  Montfaucon 
a   donné    un  catalogue    alphabétique  de  tous  les 
Calligraphes  connus.    C'eft  dans  fa  Palxographie  , 
L.  I ,  c.  8. 

Ce  mot  Calligraphe ,  eft  grec  ,  compofé  de  ««a>«î  , 
ieauté,  &  de  ff^pu  j'écris  ;  éc  fignifie  «T?  ««aa»?  yfîiOm , 
^ui  écrit  pour  la  beauté ,  pour  Pornement  ,  félon 
que  l'interprète  Théophiladie  Simocatta  ,  Hifioriar. 
L.  VIII ,  c.  15  ,  ainfi  que  l'a  remarqué  Fabrot  , 
&  après  lui  le  P.  Montfaucon.  ^oyf^  fur  les  Cal- 
ligraphes les  Gloflâires  de  Fabrot  fur  Téophilaclc 
Simocatta,  &  fur  Ccdrenus  ,  &  le  P.  Montfaucon  , 
Palaogr.  L.  I ,  c.  $  ,  6 ,  j  ,  S. 
,CALLIMAQUE.  f.  m.  Nom  d'homme.  CalUmachus. 
Callimaque  commandoît  l'Armée  des  Athéniens  à 
la  bataille  de  Marathon  ,  après  laquelle  on  dit  qu'il 
fut  trouvé  debout ,  quoique  tout  percé  de  flèches. 
Callimaque ,  Poëtc  Grec.  Madame  Dacier  a  fait  une 
édition  des  cpigrammes  &  des  hymnes  de  Calli- 
tnaque ,  auxquelles  elle  a  joinr  de  favanres  notes. 

Ce  mot  vient  du  grec  ,  qui  fignifie  heau  Com- 
hattant ,  ou  l>07i  Comlattant ,  x«aa«  ,  beau  ,  bon  , 
te  it.i.Kr.tiia.1 ,  je  combats. 
CALLINIQUE  ,  f'.  m.  Nom  propre  d'homme.  Calli- 
nicus.  C'eft  aufli  le  furnom  de  Seleucus  II ,  Roi 
de  Syrie. 

Ce  nom  eft  grec  Se  fignifie  beau ,  ou  bon  vain- 
queur ,  de  x«/«ç ,  &  iixâu. 
CALLIONYME.  f.  m.  Poiifon  que  l'on  appelle  en- 
tore  Uranofcopus ,  c'eft-à-dire  Aftronomc.  On  le 
trouve  fréquemment  dans  la  mer  Mcditerrance.  On 
dit  qu'on  en  peut  tirer  un  fort  bon  remède  pour 
la  cataracte.  Hippocrate  en  fait  mention  ,  8c  il 
le  met  au  nombre  des  poiflbns  les  plus  dcflîcati''"';  : 
c'eft  pourquoi  il  la  recommande  comme  un  ali- 
ïTient  convenable  dans  la  IciKophlegmatic  ,  darîs 
les  indifpofitions  de  la  rate,'  te  dans  une  certaine 
maladie  cau£ée  par  un  amas  de  phlegmes  blancs  dans 


ie  ventre,  après  une  longue  fièvre,  Kxsxiutvii,-.  Ce 
mot  vienr  de  K«Aff! ,  beau ,  &  de  ^of^a ,  noi9-  Dicx. 
DE  James. 
CALLIOPE.  f.  f.  Nom  d'une  Mufe  qui  prcfide  à  l'é- 
loquence ,   ou  à  la  Rhétorique  &  à  la  Pocfie  hé- 
roïque. Calliop<  ,  Calhopea.  Calliope  eft  un  nona 
grec  ,  qui  fignifie  belle  voix  ,  ou  bonne  voix  ,  qui  a 
une  belle  ou  une  bonne  voix ,   de  '-«a»!  ,  bon  ,   ou 
beau  ,  &  <5ô»<i ,  voix.  Les  Poètes  difent  que  Calliope 
éroit  mère  d'Orphée. 
CALLIPLDIE.  f.   f-.    CallipaJia.   C'eft   le  titre  que 
Claude  Quillct ,  natif  de  Chinon  en  Touraine  ,  a 
donné  à  fon  pocme  latin  ,  des  moyens  d'avoir  de 
beauX'cnfans.Ct  titre  eft  formé  des  deux  mots  grecs  , 
KaA',5 ,  beau ,  Se  nxî'- ,  enfant.  Il  eft  bon  de  remarquer, 
après  M.  de  la  Monnoye  ,  dans  fes  nores  fur  les 
jugemens  des  Savans  de  Bailler ,  T.  y, p.  185  ,qua 
Quilkt  n'étoit  ni  bénéficier ,   ni  engagé  dans  au- 
cun ordre  lacré  ,  lorfqu'il  fit  fa  Callipédie,  Il  s'y  d^ 
guifa  fous  le  nom  de  Calvidii  Leti  ,  qui  eft  l'ana- 
gramme de  Claudii    Quileti ,  en  fupprimant  le  Q. 
Le  Cardinal  Mazarin  ,  conrre  quiil  avoit  lancé  plu- 
fieurs  traits  fatyriques ,  lui  donna  nne  Abbaye  ,  qui 
luifit  rcrranchcr  tout  ce  qui  étoit  contre  cette  Erai- 
nence  ,  à  qui  la  féconde  édition  fut   dédiée.  Cela 
ne  fervit  qvi'à  rendre  la  première  plus  rare. 
CALLIRHOÉ.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  un 
nom  propre  de  femme  &  de    fontaine.   Callirhoe, 
Callirhoé  ,  fille  de  Scamandre  ,  &:  femme  de  Tros  , 


troilième  Roi  de  Dardanie  ,  fut  mère  d'Ilus ,  d« 
Ganymède  Se  d'Aflaraque.  Callirhoé  de  Calydon  , 
qui  fe  tua  pour  avoir  caufé  la  mort  à  fon  amant 
Corefus ,  a  fourni  à  nos  Poètes  un  fujet  de  Tra- 
gédie. La  fontaine  de  l'Attique  proche  de  laquelle 
elle  fe  tua  ,  pcrra  fon  nom.  II  y  en  avoit  auiîi  une 
de  ce  nom  ,  à  l'Orient  du  Jourdain,   où  Hérodes 
I  ,  alla  prendre  les  eaux  peu  de    remps  avant  l'a 
mort.  Dans  ce  mot  l'e  eft  femic  ,  &  ne  peut  ter- 
miner qu'un  vers  mnfculin. 
Callirhoé  ,  fille  d'Achéloiis,  que  l'on  nomme  quel- 
quefois Arlinoé  ,    tut    époufée   par  Alcméon  .à  la 
place  d'Alphéfibée  ,   qu'il  venoir  de  répudier  ;  ce 
qui  fur  caufe  de  la  mort  d'AIcméon.    Les  cnlans 
de  Callirhoé  vengèrent  cette  mort  dès  leur  plus 
tendre  enfance. 
Callirhoé'  ,  fille  de  l'Océan  ,  félon  Héfiode ,  époufâ 
Chryfaor ,   &  en  eut  Géryon ,  ce   fameux  Géant 
à  rrois  têtes ,  &  un  autre  monftre  nommé  Echidna. 
CALLIST AGORAS  ,    f.  m.  fut  honoré  comme  un 
Dieu  à  Teno.  Clem.  Alexand.  Admon.   ad  Gent. 
Voffius  de  Idolol.  L.  I ,  C.  13. 
CALLISTE.  Voye^  Caliste  ,  ou  Calixtî. 
CALLISTES.  f.  f.  pi.  Fêtes  en  l'honneur  de  'Vénus , 
qui  étoient  particulières  à  Tlfle  de  Lcsbos,  &  dans 
lefquelles  les  femmes  fe  difputoient  le  prix  de  la 
bcaurc. 
CALLISTHÈNE  ,  f.  m.   Nom   d'homme.  Callifihi- 
nes  y  ««Ao« ,  Se  Bêta/ ,  valeo  ,  po£um  ;  5t»«5 ,  vis ,  ro- 
bur. 
CALLLSTIN.  Foye^  Calixtin, 
CALLISTRATE.Y.  m.   Nom  d'homme.  Calliftratus. 
Il  fignifie  proprement ,  bon  homme  de  guerre ,  da 
K/A-5,  bon.,  &  TTfurt^,  armée. 
CALLIXENÉ.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  Callixenus ,  qui 

vient   de  r^-Ais ,  bon.  Se  |£'v««,  étranger ,  hôte. 
CALLOSITE,  f.  f.  Callus  ,  callum.  Chair  blanche  , 
folide  ,  f  celle  ,  Se  fans  douleur ,  qui  eft'  engendrée 
par  congeftion  d'un  excrément  pituireux  defféchc  \ 
ou  mélancolie  adufte  ,  qui  couvre  la  circonférence 
de  l'ulcère  ,  Se  occupe  le  lieu  fur  lequel  fe  devroic 
engendrer  la  bonne  chair.  Le  Chirurgien  doit  tâ- 
cher que   les   ulcères  fe  referment  fans  callojités. 
^fT  Callosité  ,  en  termes  de  Jardinage ,  fe  dit  d'une 
matière  calleufe  qui  fe  forme  à  la  jointure  ou  à  la 
reprife  des    pouffes   d'une  jeune   branche    chaque» 
année  ,  ou  aux  infertions  des  racines.  Encyc. 
CALLOT.  f.  m.  On  nomme  ainfi  une  maffe  de  pierre 
que  l'on  tire  brute  des  ardoifières ,  pour  la  f^drc 
&  tailler  en  ardoifes. 


CAL 

03-  CALMANDE.  f.  f.  EtofFe  de  laine  luftrée  d'un 
côté  ,  coipme  le  Satin.  Il  y  a  des  Calmandes  uyca 
ou  unies ,  &  des  Calmandes.  à  Hcuis,  On  fait  entrer 
dans  ces  dernières  ,  de  la  foie  ou  du  poil  de  çhcvrc. 

CALMANT,  f.  &  adj.  Terme  de  Médecine,  Miugans, 
J'ed.ins.  §3"  On  appelle  caïmans  en  Médecine  les  re- 
mèdes narcotiques  ou  fopoTatift,tels  que  le  laudanum. 

ÇC?  Onled't.en  général  de  tous  les renjcdcs qui adou- 
çi/ieni;  les  douleurs  caufées  par  des  humeurs  acres , 
ou  par  diftention  trop  viûicnce  des  parties,  &c.  Il 
faut  donner  des  caïmans  à  ce  malade  :  il  efl  lubftantif 
dans  cette  phralc.  La  jufquiame  cft  un  remède  cal- 
mant ;  le  voici  adieél;i%  M.  Hecquct  a  fait  iin  Livre 
intitulé  :  Réflexions  fur  l'ufrge  de  l'çpiUfn ,  des  çal- 
iiians ,  &c.  des  narcotiques  pour  la  giiérifon  des 
inaLidles,  Les  caïmans  font  les  fyrops  de  pavot 
blanc ,  de  pavot  rouge,  le  laudanum  fec  qm,  liquide, 
le  philoniura  magnum,  l^c,  Bouillet. 

^  CALMAR.  Ville  de  Suéde ,  dans  la  Province  de 
Smaland  ,  avec  un  Port  de  mer ,  fur  la-  côte  de  la 
mer  Baltique.  Elle  fut  brûlée  en  i&\-j.  On  l'a  de- 
puis conlîdérablement  augmentée.  Elle  donne  fon 
nom,  au  dctroit  de  Calmarfund,  "qui  e{|:  entre  cette 
Ville  &  rîlc  de  Gorland. 

Calmar.  (  Quelques  -  uns  écrivent  Calemar.  )  f.  m. 
Étui,  canon  d'une  écritoire  portative  ,  qui  fert  d'étui 
pour  y  metfe  des  plumes  6c  un  canif.  Calamoruni 
tkeca.  Ce  mot  n'eft  guère  en  ufage  qu'au  Collège. 
Il  vient  de  calamus  ,  plume i  ou  de  calamar ium  , 
qui  fignifioit  écritoire, 

^pT  Les  Encyclopéd'ltes  définiflent  le  Calmar ,  un  vafe 
de  plomJû  ou  de  verre  plein  d'encre  qu'on  a  placé 
au  milieu  d'une  éponge  mouillée,  dans  un  plateau 
de  fayance  ou  de  bois.  On  donne  encore  ,  difent- 
jls ,  le  nom  de  Calmar  à  un  vailî'eau  de  criftal  j  à 
peu  près  de  la  forme  d'un  alambic  ,  excepté  que  le 
tec  de  celui-ci  tend  en  bas ,  &  celui-là  en  haut.  On 
l'appelle  communément  cornet  .à  lampe.  Il  femble 
pourtant  que  Calmar  ç.'k  un  vieux  niot  qui  a  tou- 
jours iîgnifié  un  étui  où  l'on  met  des  plumes  à 
écrire ,  &  non  un  vafe  où  l'on  mer  l'encre. 

CALMARE  ou  CORNET,  f.  m,  Zo//<ro,  Poiflbn  qui 
rcifemble  à  la  Séçhe  ,  ou  qui  en  eft  une  efpèce , 
tuais  dont  la  chair  eft  plus  molle.  Il  a  dans  le  ventre 
deux  réfervQirs  ou  canaux  remplis  d'une  liqueur 
fort  noire  ,  dont  on  pourroit  fe  fervir  au  lieu 
d'encre.  Ce  Poiflbn  fe  trouve  ordinairement  en 
pleine  mer.  Il  vit  de  petits  poiflbns ,  d'écrcvifles , 
de  langouftes  de  mer.  Il  eft  bon  .à  manger.  Il  eft 
ilomacal ,  &  propre  à  çhafîcr  les  vents.  Il  répand 
autour  de  lui  une  liqueur  fi  noire ,  qu'elle  trouble 
toute  i'eau ,  &  qu'il  fe  dérobe  aux  pêcheurs ,  ce  qui 
lui  a  fïit  donner  le  nom  Latin  de  LoH^o ,  du  Grec 
c>io', ,  noir.  On  nomme  encore  ce  poiflbn   Tante. 

.^pt  On  diftinguedeux  forres  de  Calmars ,  le  grand  8c 
le  petit ,  qui  eft  appelé  Cafleron.  Il  diffère  de  l'au- 
tre ,  en  ce  qu'il  eft  plus  petit,  &  que  l'çxtrçmité 
de  fon  corp;;  eft  plus  pointue, 

CALME,  f.  m,  Ceflation  entière  du  vent  ,  bonace. 
TranquiUitas  maris.  Ce  que  les  Mariniers  crai- 
gnent le  plus  en  pleine  mer ,  c'eft  d'être  pris  du 
calme.  Ils  appellent  calme  ,  quand  il  n'y  a  ppint  du 
tout  de  vent  \  quand  on  ne  fent  pas  la  moindre 
haleine,  de  vent;  en  forte  que  le  vaiffeau  ne  va  plus 
qu'au  gré  de  la  mer.  Malacia.  Le  calme  eft  avan- 
tageux aux  galères ,  &  dangereux  aux  vaifleaux  voi- 
liers, f  tre  pris  du  calme  ,  c'eft  demeurer  fans  aucun 
vent,  en  forte  qu'on  ne  va  plus  qu'au  gré  du:cou- 
rant  de  la  mer.  Tomber  dan*  le  calme ,  c'eft  la  même 
chofe.  Le  calme  fuccède  à  l'orage. 

Ce  mot ,  félon  Covarruvias  ,  vient  du  grec  , 
.xi^z^cx  calor ,  chaleur.  Quand  il  ne  fouftle  point 
de  vent ,  la  chahut  eft  beaucoup  plus  grande, 

I/CTÇalme,  pris  dans  un  fens  figuré  &  appliqué  à  l'ame, 
à. l'Etat  ou  à  quelque  Société  particulière  ,  exprime 
une  fituation  exempte  de  trouble  &c  d'agitation ,  qui 
fuccède  à  une  fituation  agitée  ^  ou  qui  la  précède. 

^C?  Le  iiaot  tranquillité ,  dit  M,  l'Abbô  Girab-p  ,  ne 


CAL 


^79 


regarde  prccifément  que  la  fituation  en  elle -mène, 
&  dans  le  temps  préfent,  indcpcndaraa-acnt  de  toute 
relation  :  celui  Ac  paix  regarde  ceue  fituation,  par 
rapport  aux  dehors  &  aux  ennemis  qui  pourroicnt 
y  caulct  de  raltcration  :  celui  de  calme  la  regarde , 
par  rapport  à  l'événement ,  foit  palfé  ,  foit  futur, 

IJCT  On  a  la  tranquillité  en  ibi-même ,  la  paix  iivec 
les  autres  ;  ^  le  calme  après  l'agitation, 

IfT  Les  gens  inquiets  n'ont  point  de  tranquillité  dans 
leur  Domeftiqiie,  Les  Querelleurs  ne  font  guère 
en  paix  avec  leurs  voifins.  Plus  la  paillon  a  été 
orageufe,  plus  on  goûte  le  calme,  Lq  calme  règne 
dans  un  efpric  qui  a  une  fois  dompté  les  paifions, 
La  modération  des  perfonnes  heureufes  vient  du( 
calme  que  la  bonne  fortune  a  donné  à  leur  humeur, 
RocHEF,  Un  Solitaire  qui  ne  connoît  d'autres  viciA 
fitudes  que  le  changement  des  faifons ,  jouir  d'un 
calme  profond  que  rien  ne  fauroit  troubler.  M, 
ScuD,  La  vigueur  de  l'efprit  fe  relâche,  §i  la  yertu 
s'endort  dans  le  calme,  Flech, 

feui-on  s'accoutumer  à  ne  fentir  plus  rien  ? 
Mt pour  les  çtsurs  enfin  le  calme  eji-ilini  bien  ? 

Des  Hout, 

ta.  difcorde  à  fafpecl  dfun  çalme  qui  l'offenfe  , 
Fait  Jifl^er  les  Jerpens.  Bon. 

Sous  un  caliiae  trompeur  k  monde  a  mille  écueils. 

Théo  p. 

1^  Calme,  eftaufTi  adjedif,  &  a  les  mêmes  fignifi- 
cations  au  propre  &:  au  figuré,  La  mer  eft  calme  , 
quand  il  ne  fouffle  aucun  vent.  L'été  eft  une  faifon 
plus  calme  que  l'autonne.  L'efprit  eft  cahne  ^  quand 
il  eft  dans  une  fituation  exeqipte  de  trouble  &  d'agi- 
tation ,  qu'aucun  événement  n'altère.  La  fédition  eft 
appaifée ,  tout  eft  calme  dans  l'Erar.  On  dit  dans  le 
même  fens ,  qu'un  malade  eft  calriie  ;  pour  dire ,  qu'il 
eft  fans  agitation,  fans  douleijr,  ^près  iine  crife  , 
un  accès  de  fièvre, 

CALMER,  V.  a.  Rendre  calme ,  appaifcr ,  fnodcrer, 
Sedare  ,  placare ,  tranquillare.  Il  fe  dir  tant  au  pro- 
pvre  qu'au  figuré,  Neptune  calma  les  flots,  Le 
Prince  a  calmé  fon  Etat ,  il  en  a  appaifc  tous  le? 
rroubles ,  il  a  rrouvé  le  moyen  de  calmer  les  efprits. 
Ce  Prjnce  étoit  en  colère  ,  mais  il  s'eft  calmé  à  la  fin. 

La  haine  entre  les  grands  fe  calme  rarement,  Corh, 

On  dit  neutralement  furlam.er,  il  calme  ^  pour 
exprimer  que  le  vent  s'ab'Daiife,  Tranquillari ,  Je" 
dari ,  placari, 

CALME ,  EE.  part-. 

CALMI.  f.  m.  Sorte  de  toile  peinte ,  quj  fe  fabriquij 

dans  les  Etars  du  Grand  Mpgol  ;  le  négoce  en  eft: 

interdit  en  France, 

CALMOUCKS  eu  CALMOUCS.  Nom  de  peu, 
pie,  Les  Calmoucs  font  des  Tartares  qui  occupent 
le  pays  qui  eft  entre  le  Mongul  &  le  Volga  juf- 
qu'à  Àftracan.  Les  Calmoucs  n'ont  point  de  villes 
ni  d'habitations  fixes ,  ils  ont  des  tentes  de  feu- 
tre fort  propres  &  fort  commodes ,  ^  font  tou^ 
jours  en  courfe.  Ils  font  divifés  en  une  infinité  de 
hordes ,  qui  ont  chacune  leur  Kam  particulier.  Le 
P.  Avril  Jéfuire  en  parle  au  IIP  Liy.  de  fon  Voyage 
de  la  Chine,  On  joint  fouvent  le  mot  Tartare  4 
celui  de  Çalmouc  ,  éc  l'on  dit  les  T2.xt3.res  Calmoucs , 
au  lieu  de  dire  les  Calmcucs  tout  court.  Les  Cal^ 
moues  font  des  m.onftres  de  nature.  Quand  on  les 
regarde  en  face  ,  on  ne  fait  de  quelle  couleur  eft 
leur  vifage ,  ni  où  font  leurs  yeux  &  leur  nez.  Mém, 
DES  Miss,  du  Lev.  où  Ton  écrit  une  fois  RaU 
moues  ^  &c  pluficurs  fois  Kalmoj/cs.  L'S  Calmoucs 
font  robuftes  5  bons  foldats  ,  mais  les  liommes  les 
plus  laids  &  les  plus  difformes  qid  fuient  fous  le 
ciel  :  ils  ont  le  vifage  plat  &  large,  les  yeux  forç 
éloigné?  l'un  de  l'autre  ;  le  peu  gu'ils  ont  de  ue» 


i8o 


CAL 


efl:   Cl  cctaCé  ,    qu'on    n'y    voit    que   deux   petits 
trous    au    lieu    de    narines.   Tavernier  ,    Tome 
premier. 
ça*  CALNIDE.  Perite  ville  de  France ,  fur  la  Dor- 
dogne ,  en  Périgord ,  à  cinq  ou  lix  lieues  de   Pé- 
rigueux. 
CALOBRE.  f.  f.  Efpèce  de  vêtement  long  ,  Se  qu'on 
mettoit  ordinairement  par-deilus  un  habit  pour  le 
conferver. 
CALOCER.  f.  m.  Nom  d'homme.  Calocerus.  S.  Calo- 
cer  cft  un  des  onze  premiers  Evcques  de  Ravenne , 
que  l'on  y  nomme  de  la  Colombe.  Il  y  a  encore 
un  faint  Calocer  de  Rome  ,  dont  Bède  parle.  Voye^ 
Chaftelain  ,  Mar/yro/.  ii'Fev.  p.  6\6  ,  6\j.^ 

Ce  nom  vient  du  Latin  Calocerus  ,  qui  s'eft  dit 
pour  Calocerus  ,  qui  fignifie  Caloyer. 
CALOCHIEUNI.  f,  m.  Il  paroîr  que  ce  n'eft  autre 
chofe  qu'une  grande  efpèce  A'Jtraclylis  commune 
en  Grèce  &  en  Crête.  On  l'a  appelée  atraclilis  , 
de  arpccxTloi  ,  fufeau  ,  parce  que  les  femmes  s'en 
lervoient  jadis  en  fufeau.  Nous  lifons  même  dans 
Lovell  que  les  femmes  Grecques  l'emploient  en- 
core aujourd'hui  au  même  ulage  aux  environs  de 
Conftantinople-,  cardans  cette  contrée  cette  plante 
«>'clève  à  la  hauteur  d'un  homme  ;  8c  lorfqu'elle  cft 
parvenue  à  fa  maturité ,  fes  feuilles  tombent  ,  & 
fa    tige    demeure    sèche    &c    roide.    Diction,  de 

CALOgÊR.  Foyei  CALOYEIÎ. 
CALOMNIATEUR  ,  lATRlCE ,  f.m,  5c  f.  Qui  accufe 
faulfement  quelqu'un  ,  qui  lui  impute  des  défauts 
ou  des  vices  qu'il  n'a  pas.  Calumniaior ,  Calum- 
niatrix.  On  peut  avancer  une  calomnie  fans  être 
calomniateur  ;  la  bonne  foi  exténue  le  mal.  Arn. 
Anciennement  les  calomniateurs  fubiflbient  la  peine 
du  talion  ;  c'cft-à-dire,  la  même  peine  que  l'accufc 
eût  fouiferte  ,  s'il  eût  été  convaincu  du  crime  qu'on 
lui  iropofoit.  Dans  la  fuite  ,  on  leur  imprima  fur 
le  front  la  lettre  K  avec  un  fer  chaud  :  ulage  qui 
f  iblifta  jufqu'àConftantin.  Aujourd'hui  cette  exaôle 
jaflice  n'eft  pas  obfervée.  On  modère  la  peine  par 
rapport  aux  perfonnes  ,    &  à   la  nature  de  la  ca- 
lomnie.  C.  B.  Le  nom  que  les  Grecs  ont  donné 
au  Diable  ,  eft  celui  de  Calomniateur. 
CALOMNIE  ,    f  f.   FaufTe    accufation   d'un  crime, 
imputation  atroce  &  mal  fondée  ,  contre   l'hon- 
neur Se   la  réputation   d'autrui.  Calumnia  ,  falj'a 
•     criminatio.  Il  n'y  a  rien  de  plus  ordinaire  &  qu'on 
■     punilîe  moins  que  la  calomnie.  La  calomnie  eft  un 
crime  d'autant  plus  déteftable  ,  qu'on  ne  peut  j.v 
mais  réparer  le  mal  qu'elle  fait.  On  ne  doit  point 
hafardcr  légèrement   une  calomnie  capitale,  Arn. 
Il  n'y  a  point  d'excufe  pour  un  calomniateur  qui 
produit  la   calomnie  avec   méditation  &;  avec  ré- 
flexion.   Toute    la   puiflance  de    la  calomnie  qui 
avoit  triomphé  de  Socrate  ,   ne  fut  que  foiblertê 
contre  la  pureté  des  mœurs  de  Caton.  Le  Mait. 
Les  plus  gens  de  bien  fe  lailîênt  quelquefois  trom- 
per par  l'artifice  de  laca/o/Tz/n'e.  Maimb.  La  calom- 
nie fe   gliffe  où  n'entreroir  pas  le  calomniateur  : 
la  louange  marche  en   tortue  ,  &  la  calomnie  a 
des  aîlcs"  :  elle  peut  en  un  moment  voler  du  gre- 
nier d'un  Ecrivain  envieux  ,  jufqu'aux  palais  des 
Princes.  Fusilier.   Dans   les  Coutumes   &c  vieux 
Titres  on  appeloit  calomnie  ,  l'aélion  ou  demande 
par  laquelle  on  mettoit  quelqu'un  en  Juftice  ,  foit 
au  civil  ,    foit  au  criminel  -,  6c  il   fe  difoit  même 
d'une  légitime  accufation.  On  l'a  dit  aulTi  de  la 
peine ,  ou  amende  impofée  pour  une  adion  mal 
intentée  &  fans  fondement. 

Ce  mot  eft  tiré  du  verbe  calvo,  qui  fignifie  trom- 
pcr  ,  fruftrer  quelqu'un. 

Les  Athéniens  avoient  fait  une  Divinité  de  la 
calomnie.  Apelles  en  fit  un  tableau.  Sur  la  droite 
du  tableau  paroilToit  la  crédulité  ,  qui  avoir  de 
longues  oreilles.  Elle  tendoit  de  loin  la  main  à 
la  calomnie  qui  s'avançoit.  Elle  avoit  près  d'elle  l'ig- 
norance ,  fous  la  figure  d'une  femme  aveugle ,  & 
de  l'autre  côté  le  foup(jon  rcprcfenté  par  un  homme 


CAL 

agité  d'une  inquiétude  fecrette.  Vis-à-vis  ctoit  la 
calomnie  ,    repréfcntée  fous  la  figure  d'une  belle 
femme,  &:  ornce  de  beaux  atours,  mais  dont  le 
vifage  étoiî  entlammc  &  fembloit  refpirer  la  colère 
&  la  rage.   Elle  renoit  un  flambeau  allumé  de  la 
main  gauche ,  &  de  la  droite  elle  traînoit  par  les 
cheveux  un  jeune  homme  ,.  qui  Icvoit  les  mains  au 
ciel  ,•  &   fembloit  prendre  le  ciel  à  témoin.  Elle 
étoit  précédée   d'un  homme  pâle  ,  maigre  ,  d'utx 
vilage  hâve  ,  d'un  regard  fixe  ,  &  femblable  à  un 
homme  qui  fort  d'une    longue  maladie.   Il  repré- 
fentoit  l'envie.  Derrière  croient  deux  femmes  qui 
conduilbient  la  calomnie^  &  qui  ajuftoient  fes  orne-r 
mens.  L'une  étoit  l'Embûche  ,  &  l'autre  la  Trom- 
perie.  Derrière  fuivoit   le  repentir   vêtu  d'habits 
noirs  &  déchirés  ,  &  qui  tournant  la  tête  en  ar- 
rière ,  avec  des  yeux  tout  baignés  de  larmes  ,  8ç 
un  vilage  couvert  de  honte  ,  fembloit  recevoir  la 
Vérité  qui  s'avançoit.  |3="  Apelles  fit  préfent  de  ce 
tableau  àPtolémée,  Capitaine  d'Alexandre  ,   pour 
fe  venger  de  la  calomnie  d'un  autre  Peintre  qui 
l'avoitaccufé  d'avoir  eu  part  à  la  confpiration  faite 
contre  ce  prince. 
CALOMNIER,  v.  a.  Accufer  fauficment,  ^  impu- 
ter à  quelqu'un  des    vices    ou    des    défauts   qu'il 
n'a  pas.  Attaquer ,  bleflér  l'honneur  &  la  réputa- 
tion   de  quelqu'un    par   des    imputations   fàufles. 
Calumniari    aliquem.  Les  plus  grands  Saints  ont 
été  fujets  à  être  calomniés.  Calomnier  une  alliance  : 
c'cft  ,  félon  Patru  ,  la  blâmer  fauflèment ,  &  mal- 
à-propos.,      , 
CALOMNIE,  EE.  part. 

CALOMNIEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  calom- 
nieufe.  Per\  calumniam,   calumniose.  Il  a  obtenu 
un  Arrêt  qui  l'a  déclaré  faulfement  &  calomnieu- 
fement  accule. 
CALOMNIEUX ,  EITSE.  adj.  Qui  contient  des  ca- 
lomnies. Calumniofus.  Ces  écritures  font  pleines  de 
faits  injurieux  &:  calomnieux. 
0Cr  CALONE  ,  rivière  de  France  en  Normandie, 
qui  a  fa  fource  à  Dures-en-fontaines ,  pafle  à  Bail- 
leul,  à  Afnières  &  à  Conneilles,  &  fe  perd  dans 
la  rivière  de  Touques  à  Pont-l'Evêque. 
CALONNIERE.  f.  f. Terme  populaire.  On  dit  canon- 
nière. 
CALOT,  f.  m.  nom  d'un  Graveur  fameux  ,  qui  ne 
gravoit  que  dans  le  grotefque  :  d'où  l'on  a  dit, 
figure  à  Calot  ;  pour"  dire  ,  figure    extraordinaire 
&  riiible.  Voyez  Grotesque. 
Calot,  f.  m.  Morceau  de  bois  pour  caler  une  pièce 
de  charpente ,  &:  la  mettre  droit  fur  fon  chanriet. 
Dicl.  des  Arts  1751.  C'eft  ce  que  Richelet  &  d'au- 
tres appellent  cale. 
^  Calot,  chez  les  faifeurs  de  dragées  atfmoulc». 
eft  une  calotte  de  chapeau  dans  laquelle  ils  met- 
tent les  dragées  après  qu'elles  foat   féparces  des 
branches. 
Calot,  f  m.  C'eft  le  nom  d'une  efpèce  de  poire 
qui  eft  bonne  à  cuire  ,  qui  fe  conferve  jufqu'au 
mois  de  Mai ,  &  qui   fe  nomme  encore  Donville. 
CALOTTE,  f.  f.  Petite  coiffe ,  efpèce  de  petit  bon- 
net de  cuir,  de  fatin  ,  ou  d'autre  étoffe,  qui  cou- 
vre le  haur  de  la  tète.    Pileolus  ,  galericulus.  La 
calotte  rouge  eft  une  marque  de  dignité  ,   car  il 
n'y  a  que  les  Cardinaux  qui  la  portent, 

On  dit  que  le  Pape  a  donné  la  calotte  à  quel- 
qu'un ,  pour  dire ,  qu'il  l'a  élevé  à  la  dignité  dç 
Cardinal.  Acad,  Fr. 

On  appelle  calotte  à  oreilles  ,  une  grande 
calotte  qui  couvre  les  oreilles.  Les  vieillards  en 
portent. 

La  calotte  ,  qui  a  été  introduite  d'abord  par 
nccefTité,  eft  devenue  depuis  un  ornement  pour 
les  Eccléfiaftiques  -,  &  comme  les  nouveautés  trou- 
vent de  l'oppofition ,  par  un  ftatut  de  la  faculté 
de  Théologie  de  Paris  du  premier  Juillet  ijtîi, 
il  fut  défendu  aux  Bacheliers  de  foutenir  ou  de 
dilputer  en  calotte.  M,  le  Cardinal  de  Richelieu 
eft  le  premiei  Eccicfiaftique  qui  ait  porté  la  calotte 


Cal 


CAL 


en  France.  M.  Thiers ,  Hijî.  des  pefruquei. 
Calotte.  Terme  d'Armurier.  C'eft  ainli  que  les 
Armuriers  ou  Arquebuliers  nomment  une  petite 
plaque  convexe-  de  fer  poli  ,  qu'ils  mettent  au 
bout  de  la  poignée  du  piftolet,  GaUriis  ftrreus. 
ffr  Calotte.  Terme  de  boutonnier.  C'eit  ainli 
qu'on  appelle  la  pièce  de  Métdl  qui  forme  la 
couverture  d'un  bouton.  Chez  les  fourbiîicurs  , 
c'eft  la  partie  de  la  garde  d'une  cpéc  fur  k' 
quelle  on  applique  le  bouton  au  defllis  du  pom^ 
meau. 

Calotte.  Ce  terme  efl:  employé  par  quelques  Bo- 
taniftes  dans  la  defcription  des  parties  de  certains 
fruits ,  &C  dans  celle  des  calices  de  Certaines  fleurs , 
parce  que  la  figure  de  Ces  parties  ou  de  Ces  cali- 
ces approche  de  celle  d'une  calotte.  GaUriculus. 

Calotte  ,  en  termes  d'Architeiilure  ,  efl:  une  pof- 
tion  de  voûte  fphérique  ou  fphcroïque  ,  qu'on  fait 
au  milieu  des  vouces  &:  platfonds  pour  les  élever 
en  cet  endroit.  Frezier. 

Calotte.  Terme  d'horlogerie.  C'efl:  une  efpèce  de 
boîre  qui  renferme  le  mouvement  d'une  montre , 
pour  le  garantir  de  la  pouiliôre. 

Calotte  Ciphalique.  Efpèce  de  fachet  rempli  de 
mcdicamens  propres  à  guérir  les  maux  de  tête, 
dont  on  faifoit  autrefois  ufage.  Dans  les  maux  de 
t&te ,  on  l'appliquoit  fur  cette  partie. 

Calotte.  C'eft  le  nom  de  la  Confrérie  des  Fous, 
qu'on  appelle  le  Régiment  de  la  Calotte  ;  &  Calotin 
cft  un  Soldat  ou  un  Officier  de  ce  Régimenr.  Un 
tranfport  Calotin  ,  eft  un  tranfport  de  folie.  M.  de 
Bûifly  ,  Scène  }  de  fa  Comédie  de  la  Critique  , 
s'cft  fervi  de  cette  exprelfion.  Le  cinquième  tome 
du  théâtre  de  la  Foire  commence  par  une  pièce 
d'un  Ade  ,  intitulée  Le  Rec;unent  de  la  Calotte  , 
à  la  tête  de  laquelle  eft  un  Avertiflement  ,  où 
l'on  dit  que  pour  mettre  au  fait  du  Régiment  de 
h  Calotte  ceux  qui  n'y  font  pas  ,  ils  fauront  que 
ç'eft  un  Régiment  métaphyfique  ,  inventé  par  quel- 
ques efprits  badins ,  qui  s'en  font  fait  eufx-mêmes 
les  principaux  Officiers.  Ils  y  enrôlent  tous  les 
particuliers ,  nobles  &  roturiers  qui  fe  diftinguent 
par  quelque  foHe  marquée ,  ou  quelque  trait  ridi- 
cule. Cet  enrôlement  fe  fait  par  des  brevets  en 
profe  ou  en  vers,  qu'on  a  loin  de  diftribuer  dans 
le  monde.  De  Calotin ,  eft  venu  Calotinijer  ,  en- 
rôler dans  le  Régiment  de  la  Calotte.  C'eft  un  verbe 
employé  dans  la  troificme  fcène  ,  où  Momus  dit  à 
un  Avocat  ;  mais  qu'avez -vous  fait  pour  mériter 
l'honneur  d'être  calotinifé  ? 

Il  a  paru  en  i7ij  un  livre  in-^o  intitulé  M;'- 
moires  pour  fervir  à  l'hifioire  de  la  Calotte.  On 
y  a  inféré  un  grand  nombre  de  fatyres  calomnieufes 
contre  des  perfonnes  refpedables  par  leur  nai/îance 
$c  par  leur  mérite.  Les  Chefs  du  Régiment  n'ayant 
jamais  eu  en  vue  qu'une  critique  badine  des  ri- 
dicules ,  qui  ne  porte  ni  fur  les  conditions ,  ni  fur 
les  mœurs ,  ont  cru  pour  l'honneur  du  corps  de- 
voir s'élever  contre  un  pareil  attentat ,  &  ont  ren- 
du un  arrêt  contre  cette  fauffe  édition  des  bre- 
vets &  autres  réglemens  fuppofés.  Cet  arrêt ,  qui 
çft  en  vers ,  a ,  de  même  que  ce  qui  vient  d'être 
dit,  été  imprimé  dans  le  mercure  d'OAobre  lyitj. 

CALOTTIER,  f.  m.  Marchand  de  calottes.  Celui 
qui  a  le  droit  de  faire  &  de  vendre  dçs  calotte$ 
Galericulorum  opifex ,  propula. 

Calottier,  fe  prend  aulTi  pour  un  homme  qui  porte 
calotte.  Tels  ont  été  dépeints  trois  des  principaux 
ligueurs  dans  l'exemple  fuivant  :  «  Il  fe  trouva  aux 
•>  Etats  ,  de  notables  &  fignalés  Officiers ,  qui  ne 
»>  cédoient  rien  en  grandeur  de  barbe  &  de  cor^ 
»  fage  aux  anciens  Pairs  de  France  :  8c  y  en  avoir 
»'  trois  pour  le  moins  de  bonne  connoiflance  qui 
"  portoient  calotte  à  la  catholique,  &  un  qui  por- 
P  toit  grand  chapeau  ,  &:  rarement  fç  défubloit  : 
"  ce  que  les  politiques  détorquoient  en  mauvais 
*>  fens ,  &  difoient  que  les  trois  calottiers  étoient 
»>  tigneux  gc  le  grand  chapeau  avoir  la  îête  copmç 


i8x 


i>  le  Poëre  ^fcbylus  -:  tellement  que  leur  commun 
»  dire  étoit  qu'auxdits  Etats  n'y  avoit  que  trois 
»  tigneux  &  un  ^z\c.»^Satyre  Ménippée  ,  in-go, 
pages  \  &c  u 

Calottier.  f  m.  Noyer  ,   arbre  qui  porte  les  noix. 
Niix.  Ce  mot  ne  le  dit  que  dans  les  campagnes. 

CALOYER  ou  CALOGER ,  ERE,  f.  m.  &  f.  Moine» 
Religieux  (ou  Rcligicufc)  Grec,  qui  fuit  la  règle 
de  Saint  Balile.  Les  Caloyers  habitent  particulière* 
ment  le  mont  Athos  ;  mais  ils  delfervent  prefque 
routes  les  Eglifes  d'Orient ,  dont  ils  font  la  gloire  ôi 
l'ornemenr.  Ils  fonr  des  vœux  comme  les  Moines  en 
Occident.  Il  n'a  jamais  été  fait  de  réforme  chez 
eux  ;  car  ils  gardenr  exadtement  leur  premier  infti- 
tur,  &:  ont  confervé  leur  ancien  vêtement.  Ils  me-* 
nent  un  genre  de  vie  fort  auftère  &:  fort  retirée; 
ils  ne'mangenr  jamais  de  viande,  &  outre  cela  ils  ont 
quatre  Carêmes ,  &:obfervcnt  pluiieurs  autres  jeunes 
de  l'Eglife  Grecque ,  avec  une  extrême  régularité.  Ils 
ne  mangent  du  pain  qu'après  l'avoir  gagné  par  le 
travail  de  leurs  mains.  Dans  la  dernière  nécelllré 
ils  n'obtiennent  pas  même  difpenlé  de  manger  du 
beurre ,  du  poiflbn  ,  des  œufs  ^  de  l'huile.  Il  y  en  a 
qui  ne  mangenr  qu'une  fois  en  trois  jours ,  èc  d'autres 
deux  fois  en  fept  ,  pendant  leur  fept  femaines  de 
Carême.  Ils  palfent  la  plus  grande  partie  de  la 
nuit  à  pleurer ,  &  à  gcmir  pour  leurs  péchés ,  &t 
pour  ceux  des  autres  :  on  ne  peut  pas  porter  plus 
loin  les  obligations  de  la  vie  Monaftique.  Taver- 
NiER.  Le  nom  fe  donne  particulièrement  aux  Re- 
ligieux qui  font  vénérables  par  leur  âge  ,  par  leut 
retraite  ,  &  par  l'auftérité  de  leur  vie,  Il  y  a  à 
Athènes  trois  Monaftères  de  Calogeres.  La  Guill. 
Il  eft  bon  de  remarquer  ici  que  quoiqu'en  France 
on  comprenne  tous  les  Moines  Grecs  fous  le 
nom  de  Caloyers  ,  il  n'en  eft  pas  de  même  en 
Grèce.  Il  n'y  a  que  les  fteres  qui  s'appellenr  ainli  j 
car  pour  ceux  qui  font  Prêtres  ils  fe  nomment  Jé- 
tomonaches.  Lettr.  Edif.  et  Cur,  Tom.  X,  p, 
54"^  5  547-  Les  Turcs  donnent  aulîi  quelquefois  le 
nom  de  Caloyers  à  leurs  Dervis  ,  ou  Religieux 
Turcs.  Ce  mot  Caloger  (  car  c'eft  ainlî  qu'il  le  faut 
écrire ,  mais  il  faut  prononcer  Caloyer  ,  les  Grecs 
eux  -  mêmes  le  prononcenr  ainlî  ,  ayanr  adouci 
le  fon  du  y  Grec,  ou  du  G  ,  non-feuleiTftnt  dans 
ce  nom  ,  mais  généralement  dans  routes  les  dic- 
tions où  il  fe  trouve  \  )  ce  mor ,  dis-je  ,  Caloger  , 
ou  Caloyer  ,  vient  du  mor  grec  «;«AV/ffo« ,  &  il  tire 
fon  origine  dex«^«ç ,  Scycput  -,  c'eft-à-dire  ,  éon  vieil-' 
lard.  Les  Moines  Grecs ,  dit  le  P.  Goar ,  s'appel- 
lent les  Uns  les  autres  Caloger  ,  qui  eft  la  même 
chofe  que  ««abî  yip-rai ,  bons  vieillards ,  cornme  viel-f 
li/fans  dans  la  vertu  ,  in  virtute  confenefcentes. 
Voyez  fur  les  Caloyer  f  le  P,  Helyot,  t,  /,  c, 
19  ,   10, 

On  appelle  aulfi  Calogefes  chez  les  Grecs  de  cer- 
taines Religieufes  qui  vivent  en  communauté.  Elles 
fuivent  la  règle  de  S.  Balile  ,  &  font  renfermées 
dans  des  Monaftères ,  ayant  à  la  tête  de  leur  Com- 
niunauré  une  des  plus  fages  Religieufes  qui  leut 
tienr  lieu  d'Abbelfe.  Cependanr  'ces  Monaftères 
de  femmes  dépendent  toujours  de  quelque  Abbé, 
Ces  Religieufes  porrent  toutes  un  même  habit  , 
qui  eft  noir  ,  &  un  manteau  de  même  couleur  -,  cet 
habit  eft  -de  laine  lîmple.  Elles  ont  les  bras  &: 
les  mains  couvertes  julqu'au  bout  des  doigts.  Elles 
ont  de  plus  la  tête  rafée  -,  &  chacune  a  une  cel- 
lule féparée ,  où  il  y  a  de  quoi  fe  loger.  Celles 
qui  fonr  les  plus  riches  ont  des  fervantes ,  &  elles 
nourrillcnt  même  quelquefois  de  jeunes  filles  pour- 
les  élever  à  la  piété.  Après  qu'elles  fe  font  acquit-» 
tées  de  leur  devoir'  ordinaire,  elles  font  des  ou- 
vrages à  l'aiguille.  Les  Turcs  qui  ont  quelque  ref- 
pedt  pour  ces  Religieufes  viennent  jufquc  dans 
leurs  Monaftères  pour  acheter  des  ceintures  de 
leur  façon.  Les  Abbclfes  ouvrent  volontiers  les 
portes  de  leur  Couvent  aux  Turcs  qui  viennent 
acheter  le  travail  de  ces  bonnes  filles ,  &  retournent; 
à  leur  fipparîeinent  auffi-tôt  qu'elles  ont  vepdu  Içui; 


iSz 


CAL 


marchrindife.  Le  fîeur  de  Moni  ,  qui  a  fait  cette 
delcription  des  dilogères ^ou.  Religieules  Grecques, 
après  AUatius ,  ajoute  en  même  temps  qu'il  a  lu 
une  relation  manulcrite  de  Conil;antinople ,  où  il 
n'elT:  ptis  parlé  li  avantagculemcnt  d'elles.  Les  Ca- 
logcres  de  Conftantinople  »  dit  l'Auteur  de  cette 
relation  manulcrite ,  l'ont  des  veuves  ,  dont  quel- 
ques-unes ont  eu  plulicurs  maris  ,  ôc  elles  n'em- 
braHent  cette  profeilion,  que  lorlqu'elles  l'ont  avan- 
cées en  âge.  Elles  ne  font  point  de  vœux  :  toute  leur 
faintcté  conlîfte  .à  prendrç  un  voile  noir  fur  leur 
tête»  &  à  dire  qu'elles  ne  veulent  plus  l'e  marier. 
La  plupart  demeurent  en  leurs  mail'ons ,  où  elles 
prennent  le  foin  de  leur  ménage ,  &:  même  de  leurs 
parens.  Cet  Auteut  avoue  néanmoins  qu'il  y  en  a 
quelques-unes  qui  vivent  en  comiTiunauté  \  mais 
<]ue  celles-ci  l'ont  plus  miférables  que  les  premières  -, 
c[ue  les  unes  5<  les  autres  vont  par-tout  où  il  leur 
plaît,  &  qu'enfin  elles  ont  plus  de  liberté  fous  cet 
habit  de  Religieul'es ,  qu'elles  n'en  avoient  aupara- 
vant i  on  pourroit  ajouter  encore  à  cela  ,  que  les 
Evêques  défendent  à  leurs  Prêtres ,  fous  peine  d'in- 
terViit  j  d'entrer  dans  les  Monaftères  des  Calo- 
gsres. 

CALPE.  f.  f.  Une  des  montagnes  appelées  les  colon- 
nes (iHercule. 

0Cr  CALPURNIA.  Nom  de  loix  romaines.  La  pre- 
mière avoir  été  faite  contre  le  péculat.  C-n'purnia 
Tepetandarum  ;  la  féconde  de  ambïtu  ;  une  troilième 
Calpiirnia  militarii.  Elles  tifoieni;  leur  nom  de  leurs 
Auteurs. 

IJCT  La  famille  C^lpurnia  étoit  plébéienne  ;  mais  con- 
fulaire.  Elle  a  produit  plulieurs  grands  perfonna- 
ges. 

CÂLQUABLE.  adj.  Vieux  mot,  qui  lignifie  difficile 
à  paffèr  ;   on  l'a  dit  en  parlanr  des  rivières. 

CALQUAS,  f.  m.  Pharetra.  Vieux  mot,  qui  veut  dire 
ca.r^jUois. 

^fT  CALQUE,  f,  m.  Poids  de  la  dixième  partie  d'une 
obole. 

CALQUER,  v.  a.  Contre-tirer  un  deflein  ,  le  copier 
trait  pour  trait.  Terme  de  Peintres  &  de  Graveurs , 
qui  fe  dit  lorfqu'ils  onr  un  delfein  dont  le  revers 
elt  marqlié  de  couleur  rouge  ou  noire  ,  &  qu'ils 
en  marqfient  &  tracent  les  traits  fur  une  plaiiche 
verniflce  ,  fur  une  muraille  oti  autre  matière  ;  ce 
qui  fe  fait  en  partant  légèrement  avec  une  pointe 
fL:r  chaque  trait  du  dell'ein  qui  laiii'e  l'imprelhon 
de  la  couleur  qui  efi:  au  dos  fur  la  planche,  ou  le 
mur,6v.  Linéament  a  graphie  defcrihere, 

ifT  CALQUÉ  ,  ÉE ,  piart.  Delfein  calqué.  Eftarape 
calquée  5  c'eft-à-dire ,  contre-tirée  ,  en  palfant  une 
pointe  fur  les  traits,  afin  qu'ils  s'impriment  fur  un 
papier  ou  fur  autre  chofe. 

|fcr  CALQUERON.  f.  m.  Partie  du  métier  des  étof- 
fes de  foie.  C'eft  un  linteau  de  quatre  pieds  de  long , 
fur  un  pouce  de  large  6c  autant  d'épailfeur.  Il  fert 
à  attacher  les  cordes  qui  repondent  aux  aleyrons 
pour  taire  jouer  les  lifles  fuivant  le  befoin  ,  pour 
la  fabrication  de  l'étoffe  :  on  attache  encore  au  t.z/- 
queron  les  cordes  ou  eltrivières ,  qui  le  font  aulïî 
aux  mafches ,  pour  donner  le  mouvement  aux  lif- 
fcs.  Encyc. 

CALQUIER.  ad),  maf.  ou  fubdantif.  Les  Atlas  cal- 
quiers  font  des  l'atins  des  Lides.  Il  y  a  aùdî  des  taf- 
fetas des  Indes  qui  portent  ce  nom.  Calquier  des 
Indes. 

ip-  CALSERY.  Ville  d'Afie,dans  l'Indouftan  ,  au 
Royaume  de  Jamba ,  auprès  de  la  fource  de  la  ri- 
vière de  Gemené. 

CATRY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Caletricus ,  Calacleri- 
cus,  S.  Caltry  naquit  l'an  519  de  famille  noble  ; 
à  27  ans  il  fut  choifi  par  les  fuffirages  communs  du 
clergé  &:  du  peuple  de  Chartres ,  pour  fucccder  à 
S.  Lubin  leur  Evêque.  Il  aflîfta  au  IIP  concile  de 
Paris ,  en  ■;  5-,  Se  en  $66  au  IP  de  Tours ,  &  mou- 
rut l'année  fuWante  $6j. 

CALVAGI.  f.  m.  Terme  de  relation.Off.cier  du  Grand- 
Seigneur  ,  tels  que  font  les  Fruitiers  dans  la  Mai' 


CAL 

fon  du  R.OÎ  ,  qui  font  1  s  compotes ,  confitures  SC 
autres  femblablcs  mets  de  dellèrt,  Vigenes.e.  Il  y 
a  dans  le  Serrail  dix  Calvagi-s, 

CALVAIRE,  f.  m.  Petite  niontagne  d.  ia  Terre-Sainte. 
C'alvariis  nions  ou  lociis,  L  c  Calvaire  étoit  une  pe- 
tite montagne  près  des  mur-,  de  Jerufalcm ,  au  nord» 
ou  félon  d'autres ,  au  nord-eit  de  cette  ville.  C'étoic 
le  lieu  où  l'on  exécutait  l.'S  criminels ,  &où  Jel'us- 
Chrift  voulut  Ibuffirir  la  mort  pour  nous  fur  une 
croix,  Conltantin  le  Gtand  fit  enfermer  ce  lieu  ,  &C 
le  fépulcre  de  J.  C.  de  murailles  ,  &  y  fit  bâtir  une 
églife  magnifique  ,  appelée  le  Saint  Sépulcre ,  qui 
fublifte  encore.  Et  ils  arrivèrent  ainli  au  lieu  qu'oa 
appelle  Golgotka  ;  c'eft-à-dire  ,  Calvaire.  Bouh.  Il  y 
en  a  qui  croient  certaine  tradition  qui  porte  qu'A-. 
dam  fut  enterré  fur  le  Calvaire,  S<.  qu'Abraham  y 
conduifit  l'on  fils  pour  l'immoler. 

Ce  mot  calvaire  s'eft  formé  du  latin  catvaria  , 
qui  lignifie  un  crâne.  Elle  s'appeloit  en  hébreu  nou- 
veau ,  ou  en  Chaldéen  &  en  Syriaque  }Hrh:hi  , 
Gulgulta ,  d'où  l'e  fit  Golgotha ,  qui  fignifie  la  même 
chofe  que  Calvaire.  Ce  nom  lui  fut  donné,  félon 
qualques  Auteurs ,  parce  qu'elle  avoir  la  forme  de 
la  rête  ou  du  cr.îne  de  l'homme  ■,  &:  félon  d'autres  , 
parce  qu'on  y  voioit  les  crânes  de  ceux  qui  jvoienc 
été  mis  à  mort  pour  leurs  crimes. 

^3"  Quelques-uns  dérivent  ce  nom  de  calvus ,  chauve, 
parce  que  ,  dit-on  ,  cette  éminence  à  Jerufalem 
croit  nue  &  fans  verdure  :  ^  c'efl:  en  eiiet  ce  que 
fignifie  le  mot  hébreu  Golgotha  ,  que  les  Interprètes 
Larins  ont  rendu  par  calvarix-  locus. 

En  termes  de  fpiritualité,  on  dit ,  aller  au  caPlfhire^ 
monter  au  calvaire  ,  pour  dire  ,  embralfer  des  pé- 
nitencesjdes  mortifications ,  des  afflictions ,  les  cher» 
cher  ;  demeurer  au  calvaire  ,  les  fupporter  pariera-.- 
ment ,  les  continuer  ;  être  dans  l'état  d'aftliétipn,  d^ 
mortification  ,  de  fouffirance. 
L'Ordre  de  Notre-Dame  du  calvaire.  Voyez  Cal» 

VAIRIENNE,  "     ' 

Calvaire,  f.  m.  En  rermes  d'archiredure,  c'eft  u.is 
chapelle  élevée  fur  un  tertre  ,  en  mémoire  du  liea 
où  Jefus-Chrilt  fut  crucifié  proche  de  Jcrufalera, 
Calvaria. 

CALVAIRIENNE.  f.  f.  Religieufe  dé  l'Ordre  de  No^ 
tre  -Dame  du  Calvaire.  Calvariana  ,  Monizlis  4 
monte  Calvaria  dicla.  Les  Religieufes  de  ^-lotre^ 
Dame  du  Calvaire  fe  vantent  d'avoir  eu  pour  fon« 
datricc  Antoinette  d'Orléans ,  fille  de  Lconor  d'Or-, 
léans  ,  Duc  de  Longueville  &  de  Marie  de  Bour- 
bon ,  Comrellê  de  Sainr  Paul.  Antoinette  d'Or- 
léans fut  d'abord  Religieufe  Feuillantine  ,  &C  en-, 
fuiie  de  Fontevtault  ,  &  coadjutrice  de  l'Abbellè 
Eléonore  de  Bourbon  fa  tante  •,  mais  au  vrai  leur 
fondateur  ,  fur  le  P.  Jofeph  le  Clerc  de  Tremblay , 
Capucin  ,  fi  célèbre  dans  l'hiftoire  du  Cardinal  de 
Richelieu.  Ce  Père ,  dans  le  cours  de  l'es  millions 
&  de  l'es  prédications  ,  eut  occafion  de  connoïtre 
le  mère  Antoinette  d'Orléans,  à  laquelle  il  fervit 
beaucoup  pour  la  réforme  de  l'Ordre  de  Fonre- 
vrault  -,  mais  voyant  que  toutes  les  Religieufes  de 
Fontevrault  n'ctoient  pas  dans  la  difpofition  d'em- 
bralfer  une  rétorme  aulîî  auftère  que  celle  que  la  mera 
d'Orléans  &  lui  vouloient  introduire  ,  il  obtint  du 
Pape  une  Bulle,  qui  permit  cà  la  mère  Antoinette 
d'Orléans  &  à  toutes  les  Religieufes -zélées  qui  vou- 
droient  la  fuivre ,  de  forrir  de  l'Ordre  de  Fonte- 
vtault ,  Si  d'établir  un  nouveau  Monaftère.  Il  le  b.i- 
tit  à  Poitiers  eni6ij^.  Le  Pape  leur  permit  d'y  pra« 
tiquer  la  règle  de  S.  Benoit  dans  toute  fa  pureté. 
La  Reine-Mete  fe  déclara  Protecïlrice  du  iiouveau 
Monaftère  ',  ce  qui  leva  toutes  les  difficultés  qu'on  y 
faifoit,  &  la  mère  Antoinette  d'Orléans  y  arrivais 
Z)  Avril  16 ï%.  Le  P.  Jofeph  drelfa  des  co'vftitu- 
tions.Il  obrint  de  Grégoire  XIII  une  bulle  qui  cr;- 
geoit  lesMonaftères  de  Paris, de  Poitiers ,  d'An?ers, 
&  tous  les  autres  fondes  &c  à  fonder  par  les  Reli-r 
gieules  de" la  mère  Anroinette  d'Orléans,  en  con- 
grés^ation  de  l'Ordre  de  S.  Benoit ,  fous  le  titre  de 
Noue  -  Dafue  dij  Calvaire,  Ce  qui  fut  confirmé 


CAL 

paf  utie  féconde  Bulle  du   lo  Juillet  lyii.   Foye^i 

■   le  P.  Hélior ,  T.  f^IJ ,  c.  ^6.  On  appelle  ces  filles 
Rcligieufes  du  Calvaire  ,  ou  Laivairiennes. 

CALVANIER.  f.  m.  Terme  d'agriculture.  Ceft  un 
homme  de  Journée  qu'on  prend,  pendant  la  moif- 
ibnpour  entaircr  les  gerbes  danj  la  grange.  Miffonus 
bajulus  ,  mt^orii  operis  vecLirius  ,  admimjier.  Un 
bourgeois  qui  donne  fa  terre  à  moitié  fruits  ,  efl 
obligé  de  fournir  des  Calvanicrs  à  fon  métayer. 

CALVARDINE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  lignifie  perru- 
que. AJcititia  cxfaries.  Bord  croit  que  ce  mot  vient 
de  calvus  ,  chauve  ,  parce  qu'autrefois  on  ne  prenoit 
la  perruque  que  lorlqu'on  étoit  chauve.    • 

CALVILLE.  Foyei  Calleville. 

CALVINIEN  ,  ENNE,  adj.  Qui  appartient  à  Calvin  , 
ou  à  fa  feéte.  Calvininnus.  Un  lentiment  calvinlen. 
Une  doi5i:rine  ,  une  propolition  Calvinienne.  Les 
principes  de  Janlcnius  l'ont  purement  Calviniens. 
Genève  eft  une  ville  toute  Calvinienne. 

CALVINISME,  f  m.  Scéic ,  parti ,  doéirine,  fentimcrrs 
de  Calvin  &  de  fes  fedlateurs  en  matière  de  religion. 
Cdlvinifinus.  Calvini  fecla ,  hierejis.  Le  Jéfuite  Main- 
bourg  a  compofé  une  hiftoire  du  Calvinifme. 

Le  plus  pur  Calvinifme  eft  dans  la  ville  de  Ge- 
nève ,  d'où  il  s'eft  répandu  en  France  ,  en  Angle- 
terre &  dans  les  Pays-Bas.  Le  Calvinifme  a  été  en- 
tièrement détruit  en  France  par  la  revocation  de 
l'Édit  de  Nantes  l'an  KÎ85.  Il  eft  la  religion  domi- 
nante dans  les  Provinces-Unies  depuis  l'année  1571. 
Ce  fut  en  cette  année -la  qu'il  fut  reçu  dans  ces 
provinces  tel  qu'il  s'enfeignoit  à  Genève  ,  pour 
être  la  feule  religion  publique.  Des  treize  Cantons 
SuifleSjil  y  en  a  lix  qui  font  profeifion du  CWvi- 
Tiij'me  ;  de  ces  lix  néanmoins ,  il  y  en  a  deux  qui  font 
partagés  en  Catholiques  &  en  Calviniftes.  Le  Cal- 
vinijrrie  eft  aulîi  répandu  dans  le  Palatinat ,  maisl'E- 
leéleur  Palatin  eft  préfentemcnt  Catholique.  Il  fc- 
roit  trop  long  de  rappotter  toutes  les  erreurs  que 
Calvin  a  enfeignées  :  on  peut  juger  du  mérite  de  fa 
religion  par  celles  que  voici.  1°,  La  prédeftination 
&  la  réprobation  font  antérieures  à  la  préviiîon  de 
quelque  œuvre  que  ce  foit ,  bonne  ou  mauvaife.  1°. 
La  prédeftination  &  la  réprobation  ne  dépendent 
que  de  la  feule  volonté  de  Dieu, fans  aucun  rap- 
port aux  mérites  ou  aux  péchés  des  hommes. 
30.  Dieu  donne  à  ceux  qu'il  a  prédeftinés  la  foi,  qu'ils 
ne  peuvent  perdre  i  il  leur  donne  une  grâce  nécef- 
/itante  qui  ôte  la  liberté  ,  il  ne  leur  impute  point 
leurs  péchés ,  quelque  énormes  qu'ils  foient ,  mars 
il  les  couvre  de  la  juftice  de  J.  C.  4°.  Les  juftes 
ne  fauroient  faire  aucune  bonne  œuvre  ,  à  caufc  du 
péché  originel  qui  eft  en  eux.  5°.  Ils  ne  font  pas 
obligés  de  faire  de  bonnes  œuvres  ,  parce  qu'ils  font 
cxemts  de  l'obligation  d'oblérver  la  loi  qui  les 
commande.  6^,  Les  œuvres  de  juftice  ne  méritent 
que  l'enfer ,  &c.  Ces  points  de  religion  ,  &  plulieurs 
autres  qu'on  pourroit  rapporter ,  ont  paru  lî  horri- 
bles 6i  fi  contraires  à  la  raifon  &  au  bon  fens,  que 
les  Seâiateurs  de  Calvin  en  ont  rejeté  plulieurs  ; 
mais  ils  ont  toujours  foutcnu  des  erreurs  fondamen- 
tales qui  les  réparent  de  l'Eglife  Catholique. 

.CALVINISTE,  f  m.  &  f.  Hérétique  qui  fuit  la  doc- 
toine  de  Calvin.  Calvini  feclator.^nVizncç ,  on  iç- 
pelle  les  gens  de  cette  feéle  Huguenots ,  &  Parpail- 
J.aux  parmi  le  peuple.  En  Allemagne ,  on  les  con- 
fond avec  les  Luthériens  &  autres  fous  le  nom  de 
Protejlans.  Le  P.  Gaultier  leur  attribue  cent  héré- 
fies  dans  fa  chronologie  5  &  le  P.  François  Feu-Ar- 
dent, Doéleur  de  Patis ,  en  parlant  des  erreurs  des 
Calvinijtes  ,  leur  en  donne  mille  quatre  cens ,  dans 
un  ouviage  intitulé   Theomachia  Calvinijlicéi. 

Les  Calvinijies  prennent  le  nom  de  Réformés  , 
qualité  qu'ils  r'onr  ofé  s'attribuer  en  France  fans 
être  repris ,  pendant  qu'ils  y  ont  été.  Les  déclara- 
tionsduRoi  leur  ordonnèrent  de  prendre  feulement 
le  nom  de  prétendus-Réformés.  Les  Luthétiens  haïf 
fe^t  mortellement  les  Calvinijies  ;  ils  ont  été  tou- 
jours ttcs-éloigncs d'eux, quelques  efforts  que  ceux- 
ci  aient  faits  pour  s'approcher  des  Luthériens ,  qui 


CAL  18^ 

IfèCfatdent  les  fentimens  des  Calvinifles  fur  la  pré- 
deftination &  lur  la  réprobation  ,  comme  des  opi- 
nions Mahométanes,  lelquelles  rcnverfent  la  Reli- 
gion Chrétienne.  L'Eleéleur  de  Brandebourg  efl: 
Calvinijie  ,'m3.ïs  la  plupart  de  lesfujets  font  Luthé- 
riens: il  y  en  a  auUi  quelques-uns  qui  font  Catho- 
liques. Les  Calvinijtes  font  en  très-petit  nombre 
dans  fes  Etats.  En  Angleterre  la  religion  dominante 
eft  celle  des  Epilcopaux  ,  &  quoique  ceux-ci  diffè- 
rent peu  des  Calvinijies  pour  ce  qui  eft  de  la  doc- 
trine ,  ih  ne  fauroient  cependant  les  Ibuffrir  -,  le 
nom  de  Calvinijie  leur  étant  tout-A-fait  odieux.  Le 
p#ti  d.es  Calvinijtes  au  contraire  domine  dans  toute 
rEcolfe,lbus  le  nom  de /'«maz'w.j.  LesEpifcopai'.x 
en  ont  été  bannis  depuis  peu  ,  fous  le  Prince  a'O 
range  ,  appelé  le  Roi  Guillaume. 

_  Calvinijte  le  fair  aufîl  quelquefois  adjeétif ,  &  fe 
dit  pour  Calvinien.  Vous  avancez-là   des  propol; 
dons  calvinijies.  A  la  calvmijte.  Phrafe  adverbiale  : 
à  la  manière  des    Calvinijies. 

CALVITIE,  f  f  Terme  de  Médecine.  Chute  de  cl>e- 
veux,  furtout  du  devant  de  la  tête  ,  qui  ne  peu- 
vent plus  revenir.  Calvitium.  Lz  calvitie  arrive  en 
conlcquencc  du  delféchement  de  l'humidité  qui 
nourriflbit  les  cheveux  ,  caufé  par  le  grand  âge ,  pat 
la  maladie  ,  ou  par  l'ufage  excelfif'de  la  poudre. 

CALUMET,  f  m.  Terme  de  relation.  C'eft  un  ïnA 
trument  des  Sauvages  de  l'Amérique.  Tatacaria 
Cunadenjium  ,  Syrinx  ,  jijîula.  C'eft  une  efpcce  de 
grande  pipe  à  fumer, faite  de  marbre  rouge ,  noir 
ou  blanc.  La  tête  en  eft  bien  polie ,  &  a  la  figure 
d'un  mattcau  d'armes.  Le  calumet  a  un  tuyau  orné 
de  poils  de  porc-épic  &  de  petits  fils  de  peaux  de 
plulieurs  couleurs.  Le  calumet  a  quelque  chofe  de 
myftéricux  parmi  les  Sauvages  du  nord.  C'eft  le  fyn> 
bole  de  la  paix. 

CALUNTER.  f.  m.  Terme  de  relation,  C'eft  dans  les 
villes  de  Perfe  un  Magiftrat  ,  qui  eft  à-peu -près 
comme  le   Maire  dans  les  nôtres. 

CALUS  ou  CAL,  f  m.  Le  premier  eft  le  p3us  ulité. 
Dureté  qui  fe  forme  en  quelque  partie  du  corps  hu- 
main, par  un  travail  continuel  qui  durcit  &  cpail- 
fit  la  peau,  Callus  ,  callum.  Les  artifans  ont  des  ca- 
lus  au  forvi  des  mains.  Les  Tailleurs  ont  du  cal 
aux  doigts  où  ris  mettent  les  cifeaux. 

Calus  fe  dit  aufîl  d'une  dureté  qui  fe  forme  fur  l'en- 
droit où  il  y  a  eu  fraction  d'un  os  ;  La  nature  y  en- 
voie affez  de  matière  pour  le  confolider  ,  &  empê- 
cher qu'il  ne  fe  rompe  de  rechef. 

Calus  fe  dit  figurément,en  parlant  de  la  dureté  que 
l'ame  a  contraélée  contre  toute  forte  de  tendrelfe, 

§C?  C'eft  un  endurciflèment  d'efptit  Hc  de  cœur  qui 
fe  forme  par  la  longue  habitude.  Il  fe  prend  en 
bonne  &  en  mauvaife  part.  Ce  Juge  eft  incorrup- 
tible, il  s'eft  fait  un  calus  con^fn  les  follicitations. 
L'impie  fe  fait  un  calus  contre  les  remors  de  fa 
confcience. 

ffT  Calus  ,cn  Jardinage,  eft  une  reprife  de  la  ma- 
tière de  la  fève  qui  fc  fait  en  forme  de  nœud  à  la 
jointure  d'une  branche  ou  d'une  racine. 

Calus  ou  Acalus.  f.  m.  Nom  d'homme  dans  la  My- 
thologie. Calus.  Acalus.  Calus  étoit  neveu  &  ap- 
prenti de  Dédale ,  qui  le  précipita  du  haut  d'une 
maifon  en  bas  par  jaloufie  ,  &  parce  qu'il  éroit  de- 
venu trop  habile  fous  lui ,  &  qu'il  avoir  invente  la 
fcie  ,  à  l'imitation  d'une  mâchoire  de  ferpenr ,  la  rè- 
gle &  la  roue  à  potier.  Minerve  toucliée  de  fon  mal- 
heur ,  le  métamorphofa  en  perdrix ,  ce  qui  lui  fit 
donner  le  nom  de  cet  oifcau.  Perdix. 

Calus  eft  Grec ,  il  vient  de  x'^^'"^  ■>  'V^^  fignifie  teau , 
bon. 

CALYBÉ.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Vieille  Prê- 
trelfe  du  Temple  de  Junon  ,  dont  la  furie  Aleélo 
prit  la  figure  pour  parler  à  Turnus. 

CALYBITÈ.  f  m.  &:  f  Qui  loge  dans  une  cabane  , 
dans  une  m:i(\.\xe.Calybita  , 'jui  fut  tuguriolo  habi- 
tat. Ce  mot  n'eft  en  ufage  dans  notte  langue  que 
comme  furnom  de  quelques  Saints.  S.  Jean  Caly- 
iite ,  que  l'Eglife  honoie  le  15  Janvier,  étoit  d'un» 


•3  84 


G  A  M 


es  meilleures  maifons  de  Conftantinople.  Il  fut    | 
loine  Accmète  Tous  Thcociole  le  jeune,  /'oyc?{  l.s 


d 

Moine  Accmète  Tous  Thcodole  le  jeune,  royci 
notes  de  M.  Chaftclain  au  i  y  de  Janvier.  Il  y  a  en- 
core eu  d'autres  Calybues  ,  comme  remarque  Bol- 
landus.  Januar.  t.l,p.  105 1  ,  qui  vivcient  ibas des 
cabanes ,  des  chaumines. 

Ce  mot  vient  de  ««ai/itt»»  ,  tego  ,  operio.  BoLLA^■- 
r>vs.  le. p.  10Z9.  De-là  s'eîl  tait  le  nomGrec  K«At.=>; , 
qui  ha;nirie  une  petite  loge  ou  hute.  Voyez  le  Gloflaire 
de  Du  Cancçe. 
CALYCOPIS!^!".  f.  Terme  de  Mythiologic. Fille  d'O- 
trèiis  ,  Roi  de  Phrygiie  ,  eft  la  Venus  mère  d'Ence. 
Elle  cpoula  Thoiis  j'Roi  de  Lemnos  ,  qui  crigta  à 
fa  femme  des  temples,  à  Paphos ,  à  Amathonte,.dans 
l'île  de  Cliypre  6c  à  Byblos  en  Syrie ,  inftitua  en 
fon  honneur  des  Prêtres ,  un  culte  lacré  &  des  tctcs. 
CALYPHE,   royei  Calife. 

CALYPSO.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  C'elt  le  nom 
d'une  Nymphe  célèbre  par  fes  amours  avecUlyfle, 
qui  paila  le pt  ans  avec  elle  dans  l'Ile  d'Ogygie  où 
elle  rc2;noit  ,  &  où  elle  reçut  favorablement  cet 
étrani];eV  qui  y  avoir  été  jeté  par  la  tempête.  Cette 
Nymphe  étoit  fiUs  de  l'Océan  5c  de  Théris,fil'on 
en  cioit  la  fable.  Elle  avoir  promis  l'immortalité 
à  Ulyfle  ,  s'il  vouloit  l'cpoufer  ;  mais  celui-ci  l'ayanr 
quittée  pour  retourner  dans  fa  patrie  auprès  de 
fa  femme  Pénélope  ,  elle  s'en  tua  de  défefpok. 
Homère  rapporre  pourtant  autrement  la  chofe  ■■, 
èc  Lucien  dit  qu'Ulylfe  lui  écrivit  qu'il  étoit  fâché 
de  l'avoir  quittée  ,  parce  qu'il  avoir  trouvé  fa  femme 
au  milieu  de  plufieucs  galans  qui  lui  failbicnt  la  cour 
&;  mangeoient  fon  bien  ,  qu'il  lesavoit  tués,  &c  s'é- 
toit  enfui ,  &  qu'il  ne  déteipéroit  pas  de  retourner 
la  voir  quelque  jour, 
CALYPTER.  f.  m.  Excroilîance  charnue  ,  qui  couvre 
la  veine  hémorrhoïdale.  K«At-T7>;/>,  de  kxà6^]u,  cacher. 
Hippocrate  ,  cité  par  James. 
§Cr  CALZA  (  l'ordre  de  la  ).  Voyei  Botte  (  ordre 

$:?^CALZADA  ou  SAN-DOMINGO  DE  LA  CAL- 
ZADA.  CilciJa  ou  CaUiata.  Ville  d'Efpagne  dans 
la  Vieille- Caftille  ,  dans  la  contrée  de  Rioja.  Son 
Evêclïé  a  été  uni  à  celui  de  la  Calahotra. 

C  A  M. 

^  CAM^NA.  f.  f.  Déefle   du  chant  chez  les  Ro- 
mains. 
CAMAGNE.  Terme  de  Marine.  Lit  de  vaifTeau.  Foye^ 

Caiutes.  .  ^  ,        , 

&3-  CAMAGUELA.  Province  de  l'Ile  de  Cuba ,  dans 
l'Amérique  feptentrionale.  Elle  croit  très-peuplée 
avant  l'arrivée  des  Efpagnols. 
£:?  camaïeu,  f,  m.  Pierre  fine  ,  ordinairement  de 
deux  couleurs ,  iur  laquelle  on  voit  différentes  fî- 
îçures  que  la  nature  y  a  tracées.  Lapis  in  quojigurœ 
videntur  ,  non  imprejfœ  ,  fed  ingenitœ.  On  le  dit  au ifi 
de  ces  pierres  précieufes ,  comme  onyx  ,  fardoincs 
6c  agathes ,  iur  lefquelles  les  Lapidaires  emploienr 
leur  "art  pour  aider  la  nature  à  perfecTiionncr  ces 
repréfenrations. 

Ce  mot  vient  de  camekuia ,  qui  efc  un  nomque 

les  Orientaux  donnent  à  l'onyx  ,  lorfqu'en  l'ufanr, 

on  trouve  Une  autre  couleur,  comme  qui  diroir  une 

féconde  pierre.  Les  Latins  ont  dit  MiW  cam.ihutus 

Se  cdmahelus.  Du  Cange. 

CAMAtEtJ  fe  dit  auffi  d'un  deffein  fait  par  un  Pcm- 

t:e  ,   où  il  n'emploie  qu'une  feule  couleur,  &  où 

il  obferve  les  jours  6c  les  ombres,  fur  un  fond  de 

couleur  différenre,  d'or  ou  d'azur  ,  qui  reprcfente 

d'ordinaire  les  bas-reliefs.  Imago  monochrornatos  , 

monochroma.  Le5  plus  riches  camaïeux  fonr  rehaul- 

fés  d'or  ou  de  bronze ,  par  hachures. 

On  dit  peindre  en  camaïeu  ,  un  plafond  orné  de 
camaïeux,  de  beaux  camaïeux.  Les    Grecs  les  appe- 

loicnt   fis»»;pa^'-'«. 

CAMAIL.  f.  m.  Petit  manteau  que  les  Eveques  por- 
tent par-deflus  leur  rocher ,  tiui  ne  s'étend  que  de- 
puis le  cou  jufqu'à  la  ceinture,  Epornis  ,  hurneraîs. 


C  AU 

Il  efi:  noir  ou  violer.  Il  a  un  capuce  ,  mats  fi  petit  .^ 
qu'il  ne  peut  couvrir  la  tête ,  &  qu'on  le  lailfc  abattu 
par  derrière  ,  de  forte   que  c'efl:  plutôt  un  orne- 
ment de  cérémonie  ,  qu'un  habir  propre  à  garantir 
du  froid.  Les  Cardinaux  portent  ordinairement  le 
Camail  rouge.    Pendant  l'avent  Sx.  le  carême  ,  & 
quand  ils  font  en  deuil  ,  ils  le  portent  violet.  Les 
Evèques  dans  leur  Diocèle  porrent  le  camail  violet. 
.   Hors  de  leur   Diocèfe  ,  &  quand  ils  font  en  deuil , 
ils  le   pottent  noir.  Les  Cardinaux  &:  Eveques   af- 
fiftent  aux  aéles  &.  aux  cérémonies  en  camail  Si.  tn. 
rocher.  Les  Abbés  féculiers  onr  tous  le  camail  non  ^ 
les  réguliers  de  la  couleur  de  leur  ordre.  Les  Ab- 
bés Prémontrés  l'ont  blanc. 
Camail  fe  dit  aulfi  d'un  habit  d'Egliie ,  des  Chanoi- 
nes, Prcrres,  &  aurresEccléfraftiques  féculiers  Se  des 
Chanoines  réguliers.  Il  a  un  capuce  dont  on  cou- 
vre la  tête.  C'efl:  un  habit  d'hyvcr  ,  pour  fe  garan- 
tir du  froid.  On  le  prend  à  la  Touffainr,  &  on  le 
quitre  à  Pàque.  Le  camail  Aes  Chanoines  defcend 
par-devanr  jufqu'au  delfous  de  l'eltomac  Se  par  der- 
rière jufqu'aux  talons,  8c  ie  termine  en  pointe, Ce- 
lui des  Chanoines  réguliers  de  la  Congrcgarion  de 
France  ,  efc  à-peu-près  de    même  forme.  Quelques 
autres   Eccléfiaftiques  le  portent  de  la  même   ma- 
nière ,  &  c'efl:  ce  qu'on  appelle  le   grand  camail, 
he  petit  camailqm  cft  ordinaircmenr  celui  des  fim- 
pîes  Eccléliaftiques  ne  le  termine  point  en  pointe 
par  derrière  ,  &  defcend  feulement  jufqu'aux  reins. 
C'efl:  ainfi  qu'on  le  porte  à  Patis. 

Quelques-uns  dilent,  commeThéophile  Raynaud, 
que  ce  mot  vient  de  camelaucius  ,  qui  étoit  une 
couverture  de   tête  faite  de  camelot.  Ce  qu'on  lit 
dans  le  favant  Onomapcon  du  P.  Rofweid,  Jefuite , 
fur  camelauchium  ,   confirme   ce  fenriment,  quoi- 
qu'il n'y  parle  poinr  du  mot  François,  camail.  On  y 
lit  que  dans  des  vies  anciennes  des  Saints  on  trouve 
que  camelauchium    étoit  un  vêtement  dont   on  fe 
couvroit  la  tète-,  que  dans  un  ancien  Gloflaire ma- 
nuicrit  de  Cambeton,  il  cfl:  dir  que  c'efl  un  vête- 
ment du  Pape ,  un  ornement  de  tète  femblable  à 
la  tiate  ;    que  dans  Bède ,  de  Tabern.  Liv.  III, 
chap.  8  ',  il  cfl:  décrit  comme  un  cafjue  ,  qui  s'éte/id 
jufjue  fur  le  haut  de  la  tète  ,  ce  qui  repréfenre 
en  effet  la  forme  de  camail  ;  que  ce  mor  efl:  Grec 
KOLniXxv^.m  ,  &  'icu.sxccvx.i'»  j  qu'il  fc  ttouve  dans  Sui- 
das ,    dans    Héfychius  ,  dans  le  Scholiafle  d'Arif- 
tophane  -,    que  TEtymologifle  le  dérive  de  7r»pà  »» 
t'À.ivtii,  To  xuvna.  ;  ce  qui  montre   que  l'ufage  de  cet 
habillement    vient    des    pays   chauds  ,    où  on    le 
porroit    pour   fe    garantir  du  foleil  &  de  la  cha- 
leur, au  lieu  qu'on  l'a  pris  dans  ce  pays- ci  pour 
fe  garantir  du  froid  ;  qu'au    refte  on   trouve   dans 
Ifidorc  ,  &  d'aurres  anciens  ,  calemanchus  &  cale- 
manctis  ,  mais  que  c'efl  une  faute  v  que  dans  Bède 
à  l'endroir  cité ,  il  y  a   Calamacus  ,  mais  que  ce 
font  des  tranîpoiitions  Se  des  changcmens  très-or- 
dinaires dans  les  Auteurs  ou  les  Copifles  de  la  baffe 
Latinité ,  dans  lefquels   on  trouve  de  même  très- 
fouvcnt  corcodrillus  pour  crocodilus.  D'aurres  pré- 
tendent qu'il  y  a   plus  d'apparence  qu'il  vicnr  de 
cap  de  maille  :  il  efl  certain  qu'il  y  avoit  autre- 
fois des  couvertures  de  tête  faites  de  mailles.  Ainlî  on 
voit  dans  l'HiJicire  de  Bertrand  du  Guefclin,  des 
Chevaliers   bien    armés  de   camails  ,  qui    répon- 
doicnt  à  peu  près  aux  hauffccols  des  derniers  temps  5 
6c  la  redemblance  a  fait  ainlî  nommer  les  camails 
des  Eveques.  Du  Cange. 

En  termes  de  Blafon  on  a  auffi  appelé  camail  ou 
mantelet ,  une  efpèce  de  lambrequin,  dont  les  an- 
ciens Chevaliers  couvroient  leurs  calques  6c  leur» 
ccus, 
CAMAIL,  Ordre  du  Camail,  C'efl  l'Ordre  militai- 
re du  Porc-cpic,  inftirué  en  1^94,  par  Louis  de 
France  ,  Duc  d'Orléans  ,  au  baptême  de  fon  fils 
Charles  ,  cet  Ordre  fut  appelé  Ordre  du  Camail , 
parce  que  le  Duc  d'Orléans  donnoit  avec  le  collier 
une  bague  d'or  ,  garni    d'un  camaïeu  ,  ou  pierre 

d'agathe , 


C  A  Ivî 


C  A  M 


traçnth?,  Tur  laquelle  énoit    gravée  la  figure  d'Lin 
porc-cpic.    Koye^  ce  mot. 
Camail  s'ell  dit  autrefois  pour  Camâicu.  f'^oye^  l'ar- 
ticle précédent  de  l'Ordre  du  Camail. 
CAMALDOLÎ.  VillaL'c  du  Florentin  dar.s  la  Tofcanc , 
oui  a  donné  l'on   nom  à   l'Ordre    Religieux  dont 
on  va  parler. 
CAMALDOLI.  f.  m.  Ordo  Camalâulanus.  Cet   Or- 
dre de  Religieux  tut  fondé  pat    S.    Romuald    en 
joiz  ,  dans  la  plaine  de  Camalâoli  ,  fituce  dans  l'E- 
tat de  Florence  ilir  L-  mont  Apennin  ,  arroice  de  fcpv 
fontaines.  Quelques-uns  ont  prétendu  que  ce  lieu 
s'appeloit  Aci]Ud  lella  ,  &  qu'il  ne  prit  le  nom  de 
Camaldulï ,  ou  Campo    Maldoli ,  que   parce  qu'un 
Maldoli ,  bourgeois  d'A.rezzo ,  à  qui  il  appartcnoit , 
le  donna  à  S.  Pvomuald.  Il  y  a  un   privilège    de 
J'Empcreur  Henri  II ,  où  ce  lieu  cft  appelé  Campus 
amalnlls.  Le    P.  Gui  Grandis  ,  Religieux    de    cet 
Ordre  ,  Mathématicien  du  Grand  Duc  ,   &  Pio- 
feifeur  de   Philofophié  dans  l'Univerfité  de  Pile  , 
qui  donna  en   Ï707,  deux  dilîertaricns  fur  les  An- 
tiquités de  fon  Ordre ,  imprimées  à  Lucques ,  en 
fait  remonter   l'origine  juiqu'à  l'an  978   ,  que  S. 
Romuald  prit  (bus  la  conduite   le  Duc  deVenie, 
Pierre  Urféole  ,    &;  qu'il  alla  en  Catalogne  avec 
Jui  &  quelques  autres  compagnons.  Il  prétend  aufîî 
que  il  le  nom  de  Camaldoli  a  été  donné  à  cet  Or- 
tire  ,  ce  n'ell;  point  que  la  premicie  inftitution  de 
Ce  faint  &:  de  ies  compagnons  ait  été  à  Camaldoli  ; 
rjais  parce  que  la  régularité  s'y  ell  toujours  con- 
fervée  plus  exatLement  qu'ailleurs.  On  les  appelle 
les  Ermites  as  Camaldoli  ,  les  Ermites  Camalduks. 
Fortunius  &:  Aéfius  ont  aulii  écrit   l'Hiiloire    des 
Camalduks.  Luc   d'Efpagne ,  l'a   faite  auiîî  fous  le 
nom  A'Kijtoire  P^omaldinc.  Dom  Grandis  en  parle 
avec  éloge.  S,  Romuald  donna  ci  fes  Moines  la  règle 
de  S.  Benoît.  Ils  portent  un  habit  blanc.  Par  leurs 
ftacuts ,  leurs  maifons  doivent  être  éloignées  de  cinq 
lieues  des  grandes  villes.  Le  B.  Rodolphe  ,  IV^  gé- 
néral ,  dreiîa  les  premières  Conftitutions  de  cet  Or- 
dre en   iioi-,  en  1105,  il  fit  de    nouvelles  Con- 
ftitutions  plus  faciles  à  obferver  que  les  premières. 
Il  obtint  de  Pafchal  II ,  la  confirmation  des  biens 
■6c  des  Monadères  donnés  à  ies  prédécelléurs.  Les  Gé- 
néraux ont  encore  fiit  depuis  d'autres  conflitutions, 
J^'Ordre  de  Camaldoli ,  ou  des  Camalduks  ,   ne  fut 
approuvé  qu'en  1071,  par  une  Bulle  d'Alexandre 
II  ,    dans  laquelle  Camaldoli    efl:  appelée  Campus 
amarilis.  Le  Prieur  de  ce  Monaftère  étoit  Général 
de  l'Ordre ,  Se  cet  office  étoit  perpétuel.  Cet  Ordre 
efl:  divifé  en  cinq   Congrégations,  La  première  efl: 
celle  de  Camaldoli  ou  du  Saint  Ermitage  :  la  féconde, 
celle  de  S,  Michel  de  Murano ,  qui  n'efl:   que  de 
Cénobites  :  la  troifième  des  Ermites  de  S.  Romuald  , 
ou  du  mont  de  la  Couronne  :  la  quatiièm.e,  celle 
de  Turin ,  &c  la  cinquième ,  celle  de  France ,  qui 
ont  chacune  préfcntcment  leur  Général  ou  Majeur. 
La  Congrégation  de  Cnmalduli ,  depuis  la  féparation 
d'avec  celle  du  Mont  de  la  Couronne ,  a  des  Con- 
ftirjtions  particulières ,  approuvées  par  Clément  X  , 
î'an  KÎ71.  Le  Général  ou  Majeur  de  cette  Congré- 
gation efl:  élu  tous  les  deux  ans ,  &:  le  fert  d'habits 
pontificaux,  Voye7^  le  P,  Hélyot ,  Liv.  V ,  ch.  21 
&  fuivans.  Les  Cam.alduks  de  France  font  une  Con- 
grégation particulière  ,  fous  le  nom  de  Notre-Dame 
de  Confolation,  Ils  ne  font  entrés  dans  le  Royaume 
qu'en  i6i6.  Id.  ckap.  14, 
CAMALDULE,  On  appelle  Camalduks  les  Religieux 
de  l'Ordre  de  Camaldoli.  Camaldulanus  ,  Camaldo- 
lita ,  Camalduknfis.  Il  y  en  a  qui  appellent  Ca- 
maldolius  ceux  qu'on  appelle  communément  Camal- 
duks. La  vie  d'un  Camalduk  efl:  bien  folitaite  & 
bien  auflere. 
Camaldule  le  dit  aulfi  des  Religieufes  du  même  Or- 
dre, Les  Camalduks  furent  fondées  pat  le  B.  Rodul- 
'  phe,  IV^  Général  de  l'Ordre,  vers  l'an  io8<î.  Leur 
habillement  confifte  en  une  robe  &  un  fcapulaire  de 
lerge  blanciie ,  5c  une  ceinture  de  laine  de   la  mê- 
me couleur  ,  qui  le  lie  fur  le  fcapulaire  :  au  chœur 
Tsmi  II. 


Î8T 


elbs  portent  une  grande  coule.  Les  ConVcrlés  C'a-* 
malduUs  n'ont  pomt  découle,  mais  un  manteau» 
&  un  voile  blanc.  Les  Camalduks  du  chœur  ont 
auffi  un  voile  bianc  ,  mais  elles  en  ajoutent  un  noit 
par-deflus.  Ces  Religieufcs  Camalduks  ont  les  mê- 
mes obiervances  que  les  Moines  Camalduks.  P, 
HfLYOT  ,  tome  V  ,  chap.  11. 

Camaiuule.  1".  f,  Maifon  de  l'Ordre  des  Camaldules» 
Domus  Camalduk/ijîs ,  monajicnum  Camalduknfe, 
Le  plus  ancien  des  monaflèrts  de  Camalduks  en 
France  efl:  celui  du  Val-Jefus  en  Forêt  ,  où  l'on 
bacit  en  KÎ35  ,  une  Camalduk  qui  a  retenu  le  nom 
de  Val-Jefus,  P.  Helyot  ,  tome  V  ,  ch.  25.  Il  y 
a  une  Camalduk  à  Gtosbois,  près  de  Paris.  L'an  1 648, 
Catherine  le  Voyer  ,  dame  d'Atour  de  la  Reine 
Régente  ,  mère  de  Louis  XIV ,  &:  veuve  de  René 
du  Bellay ,  Baron  de  la  Flotte  ,  fonda  une  autre 
Camalduk  dans  fii  terre  de  la  Flotte ,  dans  le  bas 
Vendomois.  En  iiÎ74,  Henri^de  Guénégaud  ,  Com- 
te de  Plancy  ,  Sectétaire  d'Etat ,  &  "îa  femme  Eli- 
fabeth  de  Choifeul  du  Pleffîs-Praflin  ,  fondèrent 
une  autre  Camalduk  dans  leur  terre  de  Brieux  en 
Bretagne,  Id, 

Camaldule  efl  encore  le  nom  d'un  Refaire  ou  Cha- 
pelet ,  qu'on  appelle  le  Rojaire  de  la  Couronne  de 
Notr£-Sci'j;neur  ,  &  plus  communément  le  Camak 
dule.  Il  fut  inftitué  pat  le  B.  Michel  de  Florence, 
Ermite  de  Camaldoli.  Le  (7a/«a/i/zi/e  a  été  approuvé 
par  les  Souverains  Ponrifes ,  qui  ont  accordé  beau- 
coup d'indulgences  à  ceux  qui  le  réciteroient.  P, 
Hf.lyot  ,  tome  V ,  ch.    13. 

CAMANHAYA.  f.  f.  Plante  capillaire  du  Bréfilqui 
croît  furies  arbres  les  plus  hauts  j  &  qui  les  couvre 
entièrement.  Elle  eft  d'une  couleur  grife  ,  femblablc 
à  une  efpèce  de  duvet ,  &  elle  produit  à  cettaine 
diftance  ,  jufqu'à  (\\  feuilles  •,  quelquefois  une  feule  , 
comme  celle  du  romarin.  Il  femble  que  ce  foi:  une 
efpèce  d'Epithyme.  Ray  ,  cité  par  James. 

CAMANIOC.  f.  m.  C'efl:  une  efpèce  de  Manioc  ^ 
plus  grand  que  l'ordinaire  ,  tant  par  le  bois  que 
par  les  feuilles  &  les  racines.  C'eft  pourquoi  on 
le  nomme  Camanioc  ,  comme  qui  diroit  le  chef 
&  principal  Manioc.  Le  Camanioc  n'a  aucune  des 
mauvaifcs  qualités  du  Manioc  ordinaire  ;  on  peut  le 
manget  fans  aucune  précaution  ■■,  mais  comme  il  efl: 
beaucoup  plus  long  temps  à  croître  &c  à  mûrir  ;  &c 
que  les  racines,  plus  légères  Se  plus  fpongieufes  , 
rendent  moins  de  farine  ,  on  en  néglige  la  culture. 
Le  p.  Labat. 

CAM  ARvV,  f,  f.  C'efl:  en  Anatomie  la  calotte  du  crâne 
ou  la  partie  voûtée  de  l'oreille  qui  conduit  à  ion 
orifice  extérieur,  K^Ka^ «.  DrcT.  de  James, 

i^  CAMARA.  f.  m.  Plante  du  Bréfil ,  dont  il  y  a 
plufieurs  efpèces. 

|}a"CAMARA-CUBA.  f.  m.  Plante  qui  a  fes  feuilles 
âpres  Se  heriifées  comme  le  chardon  ,  Se  fes  fleurs 
femblables  à  celles  de  I'cmI  de  bœuf,  l'odeur  comme 
celle  de  la  menthe  ,  &:  les  femences  comme  celles 
de  la  chicorée. 

rjC?  CAMARA  -  JAPO,  Efpèce  de  mentafirum  ou 
de  menthe  ,  dont  la  tige  ronde  ,  velue ,  rougcttre , 
s'élève  à  la  hauteur  de  deux  pieds.  Ses  feuilles  font 
légèrement  découpées  ,  oppofées  deux  à  deux.  Ses 
fleurs  font  difpofces  en  ombelle,  &  il  leur  fuccède 
de  petites  femences  noires 

^AMARA-MIRA.  Plante  du  Bréfil.  C'efl:,  dit  Pifon  , 
une  plante  qui  s'élève  à  la  hauteur  d'une  coudée  , 
dont  la  tige  eft  foible  Se  ligneufe ,  qui  porre  une 
petite  fleur  jaune  ,  Se  ce  qu'il  y  a  de  merveilleux  , 
cette  fleur  s'ouvre  en  tout  temps  de  l'année  à  onze 
heures  du  matin  ,  demeure  ouverte  jufqu'à  deux 
heures  après  midi ,  5-r  paroït  fermée  péndanr  le  refte 
du  iour.  Ray  ,  cite  par  James. 

03-  CAMARA-TINGA.  f  m.  Efpèce  dé  Chèvre - 
feuil  nain ,  qui  croîr  au  Biéfil.  Ses  feuilles  rouges 
&  jaunes  font  très-odoriférantes.  Il  leur  fuccède  des 
baies  vertes  de  la  grofleur  de  celles  du  Sureau. 

CAMAPvADE.  f.  m.  Compagnon  de  profefllon  ,  qui 
fait  le  mêiïie  métier ,  les  mêmes  exercices ,  qui  «(t 

A  a 


î8^ 


C  A  M 


avec  quelqu'un.  Socius  ,  conirnUito.  Il  Te  dit  des 
cens  de  balle  condition ,  ou  de  bas  âge ,  panicu- 
iièrement  des  Ibldats  ,  des  laquaii  ,  des  artilans  ; 
des  écoliers  qui  vont  enfemble  à  l'ccole.  Rit;aud  , 
(tans  Ion  Gloilaire  ,  dérive  le  mot  camaradi  de 
xafiàpci ,  qu'on  trouve  dans  les  Conliitutions  des  Em- 
pereurs Maurice  Se  Léon  :  ce  mot  veut  dire  une 
tente  ,  &c  l'on  a  appelé  camarades,  les  ibldats  d'une 
môme  tente.  D'autres  prétendent  que  ce  mot  vient  du 
Latin  caméra  ,  voûte  ,  chambre  voûtée.  On  appelle 
camarades  ,  ceux  qui  font  d'une  même  chambrée  , 
ou  qui  font  compagnons. 

On  dit  aulll  fam^ilicrement  camarades  de  for- 
tune ,  d'aventure  ,  de  malheur ,  pour  lignifier  qu'on 
a  été  dans  la  même  fortune ,  dans  la  même  aven- 
ture ,  dans  les  mêmes  malheurs.  Si  nous  femmes 
maltraités  en  cette  occalion ,  nous  avons  bien  des 
camarades. 
Camarade  fe  dit  quelquefois  des  fupéricurs  aux  in- 
férieurs ,  particulièrement  à  la  guerre  ,  pour  exciter 
lesfoldats  à  obéir,  &:  à  fuivre.  Camarades,  fuivez- 
moi.  A  moi  camarades ,  à  moi. 
Camarade  fe  dit  auffi  figurément  des  chofes  qui 
s'accompagnent  mutuellement.  Que  le  bon  foit  tou- 
jours camarade  du  beau.  La  Font.  Cela  n'eftpas 
du  ftyle  élevé. 

En  termes  de  Guerre  ,  on  appelle  une   batterie 
par  camarades ,  lorfque  plulieurs  pièces  de  canon  , 
foit  de  la  même  ,  foit  de  diverfes  batteries  ,  for.t 
pointées  en  même  temps    contte  un  même  corps , 
&  tirent  enfemble. 
^  CAMARD ,  ARDE.  f.  m.  bc  f.  Qui  a  le  nez  écra- 
îc.Simus  ,  rejimus.  C'eft  un  camard,  uue  camarde. 
fpT  On  dit  adjeélivement  nez  camard.  Rejimœ.  nares. 
§3"  Un  poète  perlbnifiant  la  mott ,  l'appelle  la    ca- 
marde, parce  qu'on    l'a  repréfentée  avec  un  crâne 
décharné ,  au  lieu  de  tête ,  &;  qu'ainfi  elle  n'a  point 
de  nez. 
CAMARE.  f.  m.  C'eft,  en  termes  de  manège,  le  nom 
d'une  efpèce  de  caveçon  garni  de  petites  dents  , 
ou  pointes   de  fer  très-aigueS'  On  ne  fe  fert  pas  au- 
jourd'hui du  c^jw^zr^  dans  les  Académies,  parce  que 
fes   pointes  dechiroieni    le    cheval  ,  &    le    defel- 
péroient. 
CAMARGUE.   La   Camargue    cft  un   petit    pays  de 
France  dans  la  Provence  ,  entre  deux  bras  du  Rhô- 
ne. Quelques-uns  prétendent  qu'il  a  été  nommé  de 
Caius  Marius  ,  qui  s'y  campa  contre  les  Cimbres , 
qu'il  défit  peu  de  temps  après  dans  ces  quartiers. 
MoRERY,  édition  de  1711.  Si  ce  fait  étoit  vrai  , 
ce  nom  viendroit  plutôt  de  Cajira  Marti ,  Camp 
de  Marius  ,  que  de  Caius  Marius.  Mais  il  vient  de 
l'Efpagno!  comarca,  qui  fignifie  une  terre  qui  pro- 
duit abondamment ,  que  les  Efpagnols  donnèrent  à 
ce  pays  du  temps  que  les  Comtes  de  Barcclonne 
en  croient  les  maîtres.  Tournefort.  Caius  Marius, 
n'a  jamais  campé-là.    Ce  camp  ,  félon  Plutarque  , 
étoit  entre  le  Rhône  &  Marfeille.  On  en  découvre 
encore  quelques  reftes   du   côté  de  Fos  ,   village 
près  de   Martigucs  ,  qui  a  retenu  le  nom  de  Fof- 
fe  de  Marius. 
fCr  CAMARIGUE.  f.  f.  Plante  qui  croît  en  Portu- 
gal ,  qu'on  fait  tremper  dans  l'eau ,  pour  en  faire 
un  collyre ,  dont  on  lave  les  yeux ,  afin  de  fortifier 
la  vue  affoiblie. 
CAMARIN-BAS ,  ou  UMARL  Arbre  du  Brélil  qui 
s'élève  à  une  hauteur  moyenne  ,  &   qui  porre  de 
petites    fleurs  jaunes  ,   qui  font  fuivies  d'an  fruit 
ovale  ,  femblable  à  la  prune ,  qui  a  le  goût  de  la 
pêche  ,  &  qui  eft  d'un  vert  tirant  fur  le  jaune  pâle. 
La  pulpe  eft  en  petite  quantité,  douce,  jaunâtre, 
gc  contenant  un  noyau  large,  ovale,  blanchâtre, 
&  qui  renferme  une  amande  bonne  à  manger^'Le 
fruit  mangé  crû  ,  dérange  l'eftomac ,  &  eft  capa- 
ble d'exciter  le  vomiflement  :  c'eft  pourqixoi  on  le 
fait  bouillir  en  entier  ,  on  le  broie  avec  l'amende  , 
5C  on  le  mange  avec    la  chair  ,  ou  le  poillbn ,  au 
lieu  de   pain. 
^  CAMARINHA.  Voyei  Caceres. 


C  A  M 

CAMAROSIS.  f.  f.  Efpèce  de  fraclure  du  crâne  , 
dans  laquelle  les  pièces  de  l'os  iract:uré  s'enfoncent 
&  forment  en  dedans  une  voûte  qui  prellè  la  dure- 
mere  &:  le  cerveau.  Kafiûpanç ,  cameraiio ,  vouture  , 
de  xciuâice ,  voûte. 

§Cr  CAMBA.  Petite  ville  de  laTartarie  Crimée  ,  fur 
la  côte  méridionale. 

CAMAYEU.  J^oyei  Camaïeu. 

CAMBAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutume.  Droit  qui  fc 
lève  fur  la  bière,  Vecligal  ex  cervijia.  Foye^  Du 
Cange  au  mor  Camba. 

Cambage  cft  aulfi  le  lieu  où  l'on  fait  la  bière.  Cer- 
vifîx  officina.  ,  cambagium.  On  a  dit  aulIi  cambe 
6c  cambier  ,  braflar. 

IfT  CAMBALU.  Ville  d'Afie ,  Capitale  du  Catay , 
dans  la  grande  Tartarie.  On  fait  maintenant  que 
Camhalu  eft  la  même  Tille  que  Pékin,  &  que  Ca- 
tny  eft  la  partie  feptentrionale  de  la  Chine. 

|;t:T'CAMBAMBA.  Capitainie  d'Afrique,  au  Royau- 
me d'Ampla,  elle  appartient  aux  Portugais. 

CAMBAYE.'Nom  d'une  ville  d'Afie  dans  l'Empire  da 
Mogol ,  Camhaia,  Elle  eft  fituée  au  fond  d'un  Gol- 
fe qui  porte  le  même  nom.  Camhaye  eft  grande  , 
fon  port  eft  bon  ,  &  elle  fait  un  '^\  grand  com- 
merce ,  qu'on  l'appelle  le  Caire  des  Indes. 

Le  Royaume  de  Cambaye.  Cambaix  Regnum , 
eft  un  grand  pays  d'Afie  ,  iîtuc  dans  l'Inde  deçà  1^ 
Gange  ,  entre  les  Royaiunes  de  Soret ,  de  JelTel- 
mjre ,  de  Chitor ,  de  Candis  &c  de  Decan ,  &:  la 
micr  des  Indes.  Le  Royamne  de  Cambaye  -acu.  au- 
trefois fes  Rois  patticuliers ,  il  eft  maintenant  fou- 
mis  au  Mogol.  On  l'appelle  aulïï  Royaume  de 
Guzarate.  Gii^aratoi  Regnum. 

CAiMBAYES.  f.  f.  pi.  Toiles  de  coton  qui  fe  font  à 
Bengale ,  à  Madras  &  ailleurs. 

0CJ"  CAMBIO.  Terme  Italien,  ufité  en  quelques  en- 
droits. Il  fignifie  change, 

CAMBISTE,  f.  m.  Terme  de  Banque  &  de  Négoce , 
qui  fe  dit  des  gens  qui  fournificnt  des  lettres  de  chan- 
ge ,  ou  qui  en  acceptent.  Argcntarius  ,msnjarius. 
Dans  le  change  au  pair  il  n'y  a  rien  à  gagner  entre 
les  Cambiales. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Cambium  ,  ou  de  l'Italien 
Cambio,  Change. 

CAMBOIA  ou^CAMBODIA.  Camboia.  Ville  de 
l'Inde  au-delà  du  Gange ,  fituée  fur  la  rivière  de 
Mccon.  Camboia  eft  la  capitale  d'un  Royaume  de 
même  nom. 

Le  Royaume  de  Camboia,  ou  Combodia ,  &  Car:~ 
boge.  Camboice. ,  Cambodice  Regnum ,  eft  un  grand 
pays  de  l'Inde  de-là  le  Gange  ,  entte  les  Royaumes 
de  Chiampa ,  de  la  Cochinchine  &;  de  Siam ,  & 
l'Océan  Indien  ou  Golfe  de  Siam.  Le  Roi  de  Cam- 
boia eft  tributaire  de  celui  de  Siam.  Ce  Royaume 
prend  fon  nom  de  fa  capitale. 

CAMBOUIS,  f.  m.  Ip*  Matière  gluante  qui  fe  forme 
du  vieux  oing  par  le  mouvement  des  roues  qui  en 
ont  été  enduites.  Le  vieux  oing  ne  s'appelle  Cam- 
bouis ,  que  quand  il  eft  changé  par  le  froteraent 
des  parties  de  fer  de  l'eflleu  &:  de  la  garniture  des 
roues.  Axungia  curulis.  Les  taches  du  cambouis 
font  difficiles  à  ôter. 

On  appelle  aufli  cambouis ,  une  compofition  faite 
avec  les  ccorccs  des  racines  d'ormeau  battues  avec 
de  la  graifle  de  bouc ,  &  du  vieux  oing.  On  s'en 
fert  pour  étancher  les  tonneaux  quifuintent,  pour 
graiffcr  les  vis  des  prelToirs ,  &  à  d'autres  ufages. 

Ce  mot  vient  de  anubium  ,  qui  eft  une  efpèce  de 
col/e ,  ou  de  g/u. 

CAMBRAI.  Nom  d'une  ville  des  Pays-Bas,  capital», 
d'un  petit  pays  nommé  Cambrefis.  Cameracum, 
La  ville  de  Cam,brai ,  félon  quelques  Auteurs ,  a 
été  fondée  par  Camber ,  Roi  des  Sicambres  ■■,  &  c'eft 
de  lui  qu'elle  a  pris  fon  nom,  Clodion  la  prit  en 
445.  Elle  a  été  ville  Impériale.  Le  Roi  Louis 
XIV,  la  reprir  en  1 6jy  ,  6c  par  la  paix  de  Nimègue , 
elle  eft  demeurée  à  la  France.  L'Archevêque  de 
Cambrai  fe  dit  Duc  &  Prince  de  l'Empire.  Il  a 
pour  fufîragans  les  Evêques  d'Arras ,  de  Tournay  , 


C  A 

de  S.  Orner  &  d:  IManiur.  Cam^rui  cÙ:  une  gtm- 
de  ville ,  belle  &  bien  fdi-tihce  ,  ccl>}bre  par  les 
belles  toiles  qui  s'y  font.  Cambrai  eft  au  cinquan- 
tième degré  ,  dix  min.  de  latitude  5  &  au  zo'=  d.  15' 
de  long.  Iclon  MM.  de  l'Acadcinie  des  Sciences. 

Cependant  ielon  M. Cadini  j  laloiigirude  deCjw- 
hrai  eft  diiîcrenre  de  c^Ue  de    Paris    eii    temps  , 
o  h.  3'  7,6" ,  en  degr.  O'^  54'  o",&cda;equémment  il 
a  lo"^  4î'io"  de  lorigi  fa  latitude  eR  5  0'5id'o",CAssiNi, 
L'Evêché  de  Cambrai  fut  foufltait  à  la  Juridic- 
tion de  l'Arch-vêchc  de  Reims ,  &  érigé  en  Ar- 
chevêché par  Paul  IV  en  1559,  1«   i^''  Mai,  fur 
les  inftanccs  de  Philippe  II  Roi  d'Efpagriej  5c  alors 
Souverain  de  Cambrai  ,  fans  avoir  écouté   l'Am- 
balladeur  du  Roi  de  France  ,  ni    le  Cardinal   de 
Lorraine  Archevêque  de  Reims.  Paul  IV  étant  mort 
peu  de  temps  après  cette  éreCf  icn ,  fa    Bulle  fut 
confirmée  par  ion  fuccefl jur  Pie  IV ,  par  un  Bref 
du  7'  Août    iKôi.    Charles    Maurice    le    Tellier , 
Archevêque  de  Reims ,  a  fouvent  protefté  contre 
tette  creélion  faite   au   préjudice  de   fon  Egliie  , 
qu'oii  n'avoir  point  indemnifce.  1°  En  KÎ77,  lorl- 
t[ue  la  ville  de  Cambrai  fut  prifc  par  le  Roi ,  ayant 
eu  foin  qu'il  n'y  eût  rien  dans  la  capitulation  qui 
autorilat  cette  éredlion.    1°.    Par  une  proteftation 
particulière   du    14   Février    1578  ,  lignifiée  à  M. 
l'Archevêque    de   Cambrai ,  Jacques  Théodore  de 
Brias.  50.  Par  une  nouvelle  Proteftation  faite  par 
la  Province  de  Reims,  aifembléeà  Senlis  :  elle  eft 
du  io  Juillet  i(î3i  i  &  fut  lignifiée  à  l'Aifemblée 
générale  du  Clergé  de  France  ,  convoquée  à  Paris 
au   pr&mier  Ofrobre   i53i.   4".  Par  une   procura- 
tion du  12  Février  1(^95  ,  donnée  à  pour  qu'il 
s'oppofàt  à  ce  que  l'Eglife  de  Cambrai  vacante  par 
la  mort  de  M.  de  Brias  ,  fût  pourvue  d'un  Pafteur 
fous  le  titre  d'Archevêque  Métropolitain.  Nonob- 
ftant  toutes  ces  oppofitions ,  M.  l'Abbé  de  Féne- 
lon  fut ,  à  la  nomination  du  Roi ,  poutvu  par  le 
Pape  de   l'Archevêché  de   Cambrai.  Cambrai  étoit 
Evcché  depuis  le  temps  de  faint  Geri  (  Gangerictis  ) 
fitcceflèur  de  faint  Waft  au  (iégc  d'Arras,  qui  trani- 
féra  fon  fiége  à  Cambrai.  Le  Roi  nomme  à  l'Ar- 
chevêché  de    Cambrai  ,  en  vertu  d'un  concordat 
fait  par  les  CommifTiires  de  Sa  A'îajefté,  S:  le  Cha- 
pitre de  l'Eglife  de  Cimbrai  en  i(>8i,  par  lequel 
le  Chapitre  céda  au  P>.oi  le  droit  qu'il  avoit  d'élire 
fon  Archevêque  ,  &  le  Ro:  renonça  en  faveur  du 
Chapitre  à  fon  droit  de  Régale.    Foye^    le    XV 
tome  des  Conciles  par  le  P.  Labbe ,  les  Mémoires 
deM.  l'Archevêque  de  Reims,  M.  l'Abbé  de  Danç^eau. 
CAMBRASINE.  i".  f.  Toile  fine  d'Egypte,  dont  il  fe 
fait  un  afîez  grand  commerce  au  Caire,  à  Alexandrie 
&  a  Rofette.  Elle  eft  nommée  Cambrajine  par  fa  ref- 
femblance  avec  les'toiles  de  Cambrai. 
CAMBRELAGE.  f.  m.  Ce  mot  s'eft  dit  pour  Cham- 

bellage. 
§Cr  CAMBRE,  f.  m.  En  Architedure  ,  fynonyme  à 

cambrure.  Voye^  ce  mot. 
tfT  Cambre  ,  eft  aufll  un  terme  de  Botanique  em- 
prunté des  arts  ,  pour  donner  Tidée  de  certains 
contours  que  prennent  quelques  parties  des  plantes. 
CAMBRER.  V.  a.  fjCF  Couiber  en  arc  ,  quand  il  n'eft 
quertion  que  d'urte  courbure  peu  confidérable  Cour- 
ber a  une  lignification  plus  étendue,  &  fe  dit  de 
toute  coutbure  grande  ou  petite,  dirvare ,  incur- 
vare.  Il  faut  chauffer  ce  bois  pour  le  cambrer ,  il 
eft  auffi  réciproque.  Ciirvari,  incurvari.  Cette  rèçle 
s'eft  cambrée  par  la  fcclieLelle.  La  menuiferie  de 
ces  volers ,  de  ces  portes ,  ne  joint  pas  bien,  parce 
que  le  bois  s'eft  cambré. 
Cambrer,  fe  dit  au  (li  de  la  taille  qui  fe  fait  par  l'art 
fur  le  bois  ,  ou  la  pierre  ,  quand  l'ouvrage  ne  doit 
pas  être  dreffé  uniment  &  en  droite  ligne ,  mais  avec 
quelques  inégalités.  Camerare  ,  fornicare. 
Ç3"  Cambrer  un  livre,  terme  de  Relieur.  Dernière 
façon  qu'on  donne  â  un  livre  relié  ,  en  le  prenant 
a  moitié  avec  les  deux  mains  &  courbant  un  peu 
les  cartons  en  dedans  pour  lui  donner  une  meil- 
leure forme. 


i§7 


G  A  M 

.fia-  CAMBRÉ  ,  ÉE;  part. 
Cambré  j  chez  les  Artifans  *  fignifie  aufîî ,  ce  qui  eft 
creux  ou  concaves  ce   qu'on  a  creufé  par  art,  qui 
h'eft  plus  uni.  Fornicatus  ,  cameratiis; 

Ménage  dérive  ce  mot  de  cam.uratui ,  qui  a  été 
fait  de  camurus  ,  qui  (ignifie  curvus  ^  comme  a  re- 
marqué Servius.  D'autres  le  dérivent  de  caméra  i 
qui  fîgnifioir  voiue ,  dont  orî  a  Ç^:\x.:miVi  chambre  r 
parce  qu'elles  étoient  autrefois  faites  en  voûte.  Du 
Cange   dérive  ce  mot   de  camberta  ,  qui  eft   une 
eipcce  d'atbriffeau  *  qui  vient  courbe  ,  que  les  Alle- 
mands appellent  Cambrek. 
GAMBRESIS.  Agcr    ou  Pagus  Cameracenfis,    Petit 
pays  renfermé  entre  la  Picardie,  l'Anois  &  le  Hai- 
naur  ;    il   n'a  qu'environ  fept  lieues  de    long,  fur 
quatre  ou  cinq  de  large.    Il   prend  fon  nom  de 
Cambrai ,  qui  en  eft   la  capitale.  Le  Cambrefis  à 
été  fief  de  l'Empire.  Charles  V  l'incorpora  au  Hai- 
naur.    Il  eft  à  la  France  depuis  la  prife  de    Cam- 
brai ,  &  la  paix  de  Nimègue.  Câteau  Cambrefis  i 
eft  une  place^  forte  du  Cambrefis.  Dans  les  Pays- 
Bas  on  dit  Câteau  pour  Château  ,  comme  cat  pour 
chat ,  Se  qiiicn   pour   chien  ;  &   nous  les    imitons 
en  France  dans  le  nom  de  cette  place ,  difant  Cdteau- 
Cambrefis  ,  &  non  pas  Chiteau-Cambr^fis. 
CAMBRIDGE.  Ville  d'Angleterre,  capitale  d'un  Com- 
té qui  pc)rte  fon  nom.  Cant^brigia,  Cambridge  eft 
fîtuée  far  le  Cam.  C'eft  l'ancien  Cambori[urn,  fé- 
lon quelques  Auteurs  5  mais, félon  d'autres,  le  vrai 
Cdrnboritïim  ,  cité  des  Icéniens  ,  eft  un  petit  bouro- 
Voifin  de  Cambridge ,  nommé  Granceafter.  On  dit 
ville    fut  nommée   Grantetide    pat  les 


que  cect_     .„.  _^ ^^    ^,<.,...^.iu^    ..,„^ 

Saxons.  Elle  a  une  Univer!;té  fumeufe.  Cambridge 
eft  au   lo'l  ,  50'  de  longitude,  &  au  51^  20'   de 
latitude.  Il  y  a  près  de  Cambridge  fur  le  fommet 
des  montagnes  qu'on  nomme  en  Anglois  Gogma- 
goghils ,  des  reftes  de  remparts  &  de^fortifications 
faites  autrefois  par  les  Romains ,  ou  par  les  Danois, 
Le  Comté  de  Cambridge  qu'on  appelle  en  An- 
glois,  Cambridge-Shire  ,  Camabrigienfis  ComitatuSi 
eft  une  Province   d'Angletetre  ,  bornée  au  Nord 
par  le  Comté  de  Lincoln ,  &  par  celui  de  Nort- 
fblck,  qui  le  confine  aulfi   vers  l'Orient,  de  même 
que  le  Suffolck  -,  elle  a  ceux  d'Eifex  &  de  Hertford 
au  ^f  idi  ;  &c  ceux  de  Bedford  ,  de   Huntington , 
ëc  de  Northampton  au  Couchant.  Le  Comté    de 
Cambridge  peut  avoir  treize  lieues  de  long ,  &  fix 
de  large.  La  rivière  d'Oufé  le  fépare  en  deux  par- 
ties ,  l'une  Méridionale ,  &  l'autre  Septentrionale* 
La  première  eft  afîez  bien  culrivé?  ,   mas  la  der- 
nière eft  pleine  de  marais.  L'air  y  eft  mal-'"Mn.MATY. 
CAMBPTQUE.  f.  m.  &  adj.  C'eft  le  nom  qu'on  donné 
à  la  langue  qu'on  parle  dans  le  pays    de    Galles 
en  Angleterre  ,  &  qui  eft  ptefque  conforme  à  celle 
qu'on  parle  en  Ba/fe  Bretagne  en   France ,  Se  que 
nous  appelons  Bas-Brecon  ,  en  forte  que  ces  deujt 
peuples  n'ont  pas  de  peine  à  s'entendre.  Le  Cam- 
brique  eft  ,  félon  Scaliger ,  une  des   dix  langues 
matrices  mineures  de  l'Eitrope.  Ce  mot  de  Cam- 
brique  vient  de  ce  que  le  pays  de  Galjes  s'appells 
Cambrie  ,  en  Latin  Cambria. 
CAMBRURE,  f  f.  L'état  de  la  chofe  cambrée.  Oit 
le  dit  en  architeélure  de   la   courbure    du  cintré 
d'une  voûte  ,  ou  d'une  pièce  de  bois.  Incurva  rei 
jlexus  ,  concameratioi  La  cambrure  des   planches 
eft  néceifaire  quand  on  en  fait  des  bateaux:.  Cette 
cambrure  fe  fait  en  préfentant  au    feu    ces    plan- 
ches ,  qu'on  a  ébauchées  en  dedans ,  &  en  les  lail- 
fant  quelque  temps  entretenues  par  les  outils  que 
les  Menuifiers  appellent  yêrçf72j-. 
Cambrure  ,  eft  auflî  un   terme   de   Formier  &   de 
Cordonnier.  Ils  difent ,  r-zz/z/^r^redeforme  de  fou- 
lier ,  cambrure  d'un  foulier  :  pour  lignifier  la  ma- 
nière dont  une  forme  ou  un  foulier  font  courbes. 
Flexura. 
CAMBUI.  Ç.  m.  C'eft  le  Myrrhe  fauvage  Américain 
de  Pifon  &  de  Mareff.  Foyei  le  Dict.  de  James. 
CAME  ou  CHAME.  f  Y.  Chama.   Terme  de    Con- 
chyliologie, C*cft  la  féconde  famille  des  bivalves, 

A  a  ij 


I88 


C  A  M 


La  coquille  des  Cames  ell  plus  ckvcc  dans  fon 
milieu  ,  &  elle  eft  convexe  dans  les  deux  parties 
prelqu'éç^alcs.  On  diftingue  les  Cames  des  huîtres , 
en  ce  qu'elles  font  plus  unies  dans  leur  iuperhcie, 
&  fouvent  peu  éxadtes  dans  la  fermeture  des  deux 
écailles ,  ce  que  les  Natutalirtes  appellent  orepa- 
tulo   &  hicinti.  . 

CAMÉADE.  i:  f.  Efpèce  de  Poivre  fauvage  ,  dont  le 
crain  eft  d'abord  vert ,  puis  rouge  ,  5c  enfin  noir  , 
quand  il  eft  kc.  On  l'appelle  quelquefois  Bois- 
gentil,  &c  Poivre  des  montagnes. 
?S  CAMÉE,  f.  m.  Pierre  compolee  de  diftcrentes 
rouches ,  &  fculptce  en  relief.  Un  beau  camée  eft 
plus  rare  qu'une  belle  pierre  taillée  en  creux.  A- 

CAD.   Fr.  „  .  »    1     -rr         )• 

CAMELÉE    f.  f.  Terme  de  Botanique.  ArbnfTeau  li- 
cneux  ,  de  la  hauteur  d'une  ou  deux  coudées  ,  qui 
fette  beaucoup  de  farmens ,  &  qui  le  divile  en  plu- 
sieurs  branches.    Chamelea.    Ses  feuilles  font  lon- 
eues ,  femblables  à  celles  de  l'olivier ,  mais  plus 
petites  Si  plus  brunes.  Ses  fleurs  (ont  petites ,  jau- 
nes ,  d'une  feule  feuille  coupée  en  trois  parties.  Son 
fruit  eft  à  trois  noyaux ,  vert  d'abord ,  enfuite  rou- 
ée ,  lorfqu'il  eft  mûr  :  il  eft  couvert   d'une    peau 
qui  eft  d'un  goût  amer  &  fort  brûlant  -,  de  même 
que  toute  la^plante.  On  en  tire  un  llic  qu'on  mêle 
avec  quelques  purgatifs ,  &  qu'on  donnoit  autre- 
fois dans  les  hydropifies.  On  ne  s'en  lerr  plus  in- 
térieurement. ,     .         /-ijAA^r 
CAMÉLÉON,  f.  m-  Quelques-uns  écrivent  L.HAMI1.- 
LION   C'eft  un  petit  animal  fait   comme  un  lé- 
zard ,  excepté  qu'il  a  la  tête  plus   groflb  &  plus 
lar^^e.  Chamceleon.  Cet  animal  habite  dans  les  ro- 
chers   Il  a  quatre   pieds ,  trois  doigts  à  chacun , 
la  qu'eue    longue  ,  avec  laquelle  il  s'attache    aux 
branches  des  arbres ,  aulfi  bien  qu'avec  les  pieds. 
Il  a  le  mouvement  lent  comme  la   tortue  ,  mais 
fort  grave.  Il  y  en  a  en  Egypte  qui  ont  jufqu'a 
onze    &    douze   pouces    de    long ,  y  compris  la 
queue.  Ceux  d'Arabie  &  du  Mexique  ont  lix  pou- 
Ces  leulement.  Sa  queue  eft  plate  ,  le  muleau  long. 
Il  a  le  dos  aigu,  la  peau  pliffée  &  hériilee com- 
me une  fcie  depuis  le  cou  juiqu'au  dernier  nœud 
de  la  queue  ,  6c  une  forme  de  crête  fur  la  tête. 
Il  a  la  tête  fans  cou  comme  les  poiffons.  Il  tait 
des  œufs  comme  les  lézards.  Son  mufeau  eft  fait 
en  pointeobtufe.il  â  deux  petites  ouvertures  dans 
la  tête  qui  lui  fervent  de  narines.  Ses   deux  mâ- 
choires Ibnt  jointes  par  une  ligne  prefque  imper- 
ceptible. Ses  yeux  font  gros,  &  ont  plus  de  cinq 
lianes  de  diamètre  ,  dont  l'iris  eft  ifabelle  borde 
d'un  cercle  d'or ,  quoique  Jonfton  dife  qu'elle  lui 
manque.  Il  n'a  point  d'oreilles  ,  &   ne  reçoit   m 
ne  produit  aucun  fon.  Sa  langue   eft  longue   de 
dix  lignes,  6c  large  de  trois,  faite  de  chair  blan- 
che ,  ronde  8c  aplatie  par  le  bout  ,    où  elle   eft 
creufe  èc  ouverte ,  femblable  en  quelque  façon  a 
la  trompe  d'un  éléphant  :  audl  quelques-uns  l'ap- 
pellent-ils  trompe.  Il  la  darde  promptement  iur 
les  mouches ,  qui  s'y   trouvent  attrapées   comme- 
fur  la  ^lu.  Elle  s'allonge  S<.  fe   retire   comme  un 
bas  deVoie  fur  la  jambe.  L'expérience  n'a  pas  con- 
firmé ce  que  plufieurs  Auteurs  veulenr  faire  croire, 
que  le  Caméléon  vit  d'air.  On  a  fouvent  vu  celui 
qui  a  été  apporté  à  Paris  avaler  des  mouches  -,  on 
en  a  remarqué  quantité  dans  fes  excrémens  -,   6c 
fon  ventre  6c  fes  inteftins  ont  été  trouvés  remplis 
quand  on  l'a  diflequé.  Il  a  18  côtes,  6c  fon  épine 
a  74  vertèbres,  y  compris   les    50   de    fa  queue. 
On  trouve  dans  fon  ventre  des  pierres  qu'il  vide 
avec  les  excrémens.  Il  devient  quelquefois  fi  mai- 
gre ,  qu'on    lui  compte   les   côtes ,  de  forte  que 
TerruUien  l'appelle  une  peau  vivante.^  Elien ,  Gef- 
ner  ?<.  Aldrovandus  difent  qu'il  fe  défend  du  fer- 
pent  par  un  fétu  qu'il  tient  dans  fa  gueule. 

Sa  couleur  ordinaire  ,  quand  il  eft  en  repos  6c 
à  l'ombre ,  eft  d'un  gris  bleuâtre.  Ariftote  dit  que 
fa  couleur  naturelle  eft  le  noir.  Il  y  en  a  aufTi  de 
jaunes,  6c  d'autres  verts ,  quifont  plus  petits.  Quand 


C  A  M 

il  eft  expofé  au  foleil ,  ce  gris  fe  change   en  un 
gris  plus  brun  rirant  fur  le  minime  ,&  fes  parties 
moins  éclairées  prennent  divcrfes  'Couleurs  qui  for- 
ment des  taches  de  la  grandeur  de  la  moitié   du 
doigt,  dont  il  y  en  a  quelques-unes  de   couleur 
ilâbelle.  Les  grains  de  fa  peau  non-cc!airés  relfem- 
blent  aux  draps  mêlés  de  plufieurs  couleurs.  Quel- 
quefois quand  on  le  manie  ,  il   paroît  marqueté 
de  taches  brunes  qui  rirent  fur  le  vert.  Si  on  l'en- 
Veloppe  dans  du  linge  ,  après  y  avoir  été   deux 
ou  trois  minutes ,  on  l'en  retire  blanchâtre  -,  mais 
cela  ne  lui  arrive  pas  toujours  :  il  ne  prend  point 
la  couleur   des   autres  étoffes   dans   lefquelles  on 
l'enveloppe  i  6c   fa  couleur  ne  change  feulement 
qu'en  quelques  parties  de  fon  corps,  Ainfi  ce  que 
Thcophrafte  &c  Plurarque  ont  dit,  qu'il  prend  toutes 
les  couleurs  dont  on  l'approche,  hormis  le  blanc, 
ne  s'accorde  pas  avec  l'expérience.  Monconys  dit 
avoir    obfervé   que   le   Caméléon  étant  au  foleil , 
paroît  vert ,  quoiqu'il  foit  en  un  lieu  où  il  n'y  a 
point  d'herbe  ;  qu'à  la  chandelle  il  paroît  noir  , 
quoiqu'on  le  mette  fur  du  papier  blanc  ;  Se  qu'é- 
tant enfermé  dans  une  boîte ,  il  devient  jaune  6c 
vert  :  S:i  il  foutient  qu'il  ne  prend  jamais  que  ces 
quatre  couleurs.  Les  uns  difent  que  ce  changement 
de  couleur  fe  fait  par  fufiiifion  ,  comme  Sénèque , 
d'autres  par  réflexion ,  comme  Solin  ;  d'aurres  par 
la  difpofirion  des  parricules  qui  compofent  fa  peau , 
comme  les  Cartéfiens.  Ce  que  l'on  vient  de  dire 
eft  tiré   prelque  entièrement  des  Mémoires  de  M. 
Perrault ,  qui  en  a  fait  des  difleélions. 

Mll*^  Scudcry  ,  dans  une  Relation  qu'elle  a  pu- 
bliée de  deux  Caméléons  qui  lui  furent  apportés 
d'Afrique  ,  aflure  qu'elle  les  conferva  dix  mois  , 
6c  que  pendant  tout  ce  temps-là  ils  ne  prirent  rien 
du  tout.  On  les  mettoit  au  foleil ,  S<.  à  l'air ,  qui 
paroîr  être  leur  unique  aliment  :  ils  changeoienc 
fouvent  de  couleur ,  fans  prendre  celle  des  chofes 
fur  lefquelles  on  les  mettoit.  On  remarquoit  feu- 
lement quand  ils  étoient  variés  ,  que  la  couleur 
fur  laquelle  ils  étoient  fe  mêloit  avec  les  autres  , 
qui  par  leurs  fréquens  changemens  faifoient  un 
effet  agréable.  Elle  ajoute  que  c'eft  un  petit  ani- 
mal pareiTëux  ,  trifte  &:  muet ,  &C  qui  de  fes  yeux 
en  tient  l'un  immobile ,  ou  vers  le  ciel ,  5c  l'autre 
vers  la  terre. 

Ce  que  la  plupart  des  Auteurs  ont  dit  du  Ca- 
méléon n'eft  pas  véritable.  Pline  le  fait  de  la  gran- 
deur d'un  Crocodile  :  Panarolus  lui   arme  le  dos 
de  poinres  pour  fe  défendre  de  (ts  ennemis  ',   &C 
Solin,  comme   pour  le  rendre  plus  effroyable  6c 
plus  teirible ,  dit  qu'il  a  toujours  la  gueule  ouverte. 
Cependant  un  Caméléon   qu'on  a  diflequé  à  Paris 
n'étoit  pas  en  tout  plus  long  d'un  pied,  quoiqu'il 
fût  des  plus  grands  -,^11  n'avoir  fur  le  dos  aucune 
apparence  de  pointes,  les  apophyfes  épineufcs  de 
fes  vertèbres  étant  même  carrées  ■■,  Sc  bien  loin  d'a- 
voir incelfamment  la  gueule  ouverte  ,  il  l'avoit  tou- 
jours fi  bien  fermée,  pendant  qu'il  a  été  vivant ,  qu'on 
avoit  de  la  peine  à  remarquer  la  fépararion  de  fes  lè- 
vres. Marmol ,  qui  dit  qu'il  en  a  vu  plufieurs ,  afliire 
que  leur  queue  relfemble  à  celle  d'une  taupe  ;  mais 
elle  n'eft  pas  moins  grande  que  celle  d'un  rat  ou  d'une 
vipère  ,  èc  elle  égale  en  grandeur  prefque  tout  le 
refte  du  corps. 

Pour  ce  qui  eft  des  parties  intérieures  de  cet 
animal ,  Gefner  dit  qu'il  n'y  a  que  les  poumons 
qui  foient  vifibles-,  mais  il  faut  qu'il  les  ait  con- 
fidérées  avec  bien  peu  de  foin  ;  car  dans  le  Ca- 
méléon qui  fut  diflequé  à  Paris ,  on  remarqua 
diftindement  le  foie  ,  le  cœur  ,  le  ventricule  , 
les  iQteftins  ,  qui  avoicnt  plus  de  fept  pouces  de 
longueur.  Ariftote  ,  qui  a  pris  plaifir  à  décrire  le 
Caméléon  ,  afliire  qu'il  n'a  de  la  chair  qu'aux  mâ- 
choires 8c  au  commencement  de  la  queue  ;  néan- 
moins on  en  remarque  encore  fur  l'épine  du  dos , 
fur  les  jambes  de  devant ,  6c  fur  celles  de  derrière. 
Il  prérend  auffi  qu'il  n'a  de  fang  qu'autour  du 
cœur  6C  des  yeux ,  SC   cependant  on   en   trouva 


C  AM 

hcaiîcoup  dans  la  langue  ,  &  dans  tout  lé  rePte  cîu 
corps,  La  delcription  Anatoinique  de  celui  qui 
tut  diflcqué  à  Paris  à  la  Bibliothèque  du  Roi, 
tlit  que  ce  CaméUon  ne  charigeoit  pas  moins  de 
fii^ure ,  que  de  couleur  ;  que  quelquefois  il  paroif- 
Ibit  fort  gras ,  &:  une  heure  après  li  décharné , 
qu'il  lembloit  n'avoir  que  la  peau  ;  que  fes  pou- 
mons n'étoicnt  qu'un  amas  de  membranes  déliées , 
&  qui  ayant  été  cnHécs  en  fouftlant  dans  l'apre 
artère ,  jetèrent  de  côté  &  d'autre  plulieurs  pro- 
ductions d'inégales  grandeurs,  &  preique  de  la 
figure  de  branches  de  corail  •,  qu'une  des  pierres 
•  qui  s'engendrent  dans  fes  inteftins  ayant  été  caflée , 
on  trouva  dedans  la  tète  d'une  mouche  •,  que  l'es 
yeux  ont  le  mouvement  lingulier ,  dont  parle 
Mademoifelle  de  Scudery. 

On  dit  figurcmcnt  qu'un  homme  eft  un  caméléon  , 
quand  il  change  d'avis  ou  de  rélblution  ,  ou  de 
parti  -,  à  caule  qu'on  a  cru  fauflement  jufqu'ici  que 
le  caméléon  changeoit  de  couleur  à  tout  moment. 
Un  Miniftre  d'Etat  eft  un  caméléon  ,  un  Prothée  , 
tjui  feint  toutes  Ibrtes  de  caractères  félon  fes  vues  , 
éc  fes  intérêts.  La  Bruy.  La  Fontaine  dit  des 
gens  de  Cour ,  Peuple  caméléon ,  peuple  fmge  du 
maître.  On  dit  aulli  de  celui  qui  n'a  pas  de  quoi 
vivre,  que  c'eft  un  caméléon;  qu'il  vit  de  vent, 
à  caufe  de  la  vieille  erreur  où  l'on  étoit  que  le 
caméléon  en  vivoit. 

Le  caméléon  eft  la  matière  d'une  fcrieufe  mé- 
ditation que  fait  Tcitullien  llir  la  fauHè  apparence , 
&  il  le  propofe  comme  le  fymbolc  des  trompeurs 
&c  des  fanfarons. 

Ce  mot  lignifie  petit  lion ,  ou  chameau-lion , 
chez  les  Grecs  ,  félon  l'étymologie  d'Ilidote. 
Licetus  croit  que  ce  nom  lui  a  été  donné,  à  caufe 
que  comme  le  lion  chafTe  aux  autres  bêtes ,  de 
même  le  caméléon  chalfe  aux  mouches  :  par  la 
même  raifon  qu'un  certain  ver  qui  chafTe  ,  & 
prend  les  fourni'is ,  qu'Albert  le  grand  a  décrit , 
eft  appelé  ybrOT/ca-/eo  ;  &  qu'une  petite  écreviiîé 
de  mer  eft  nommée  lion,  parce  qu'elle  eft  de  la 
couleur  du  lion  ,  à  ce  que  difent  Pline  & 
Athénée.  A  caufe  de  fon  extrême  maigreur  les 
Italiens  appellent  cet  animal  une  peau  vivante. 
On  voit  fur  quelques  tapiffeties  des  Gobelins  des 
caméléons  reprcfentés  fort  au  naturel. 

Matthiole  rapporte  plufieurs  fuperftitions  des 
Anciens  touchant  le  caméléon.  Ils  ont  dit  que  fa 
langue  qu'on  lui  avoit  arrachée  étant  en  vie , 
fetvoit  à  faire  gagner  le  procès  de  celui  qui  la 
portoif,  qu'on  faifoit  tonner  &  pleuvoir,  fi  on 
briiloit  fa  tète  &  fon  gofier  avec  du  bois  de  chêne , 
ou  fi  on  rotiffoit  fon  foie  fur  une  tuile  rouge  , 
que  fi  on  lui  arrachoit  l'œil  droit  étant  en  vie  , 
cet  oeil  mis  dans  du  lait  de  chèvie  ôtoit  les  taies  ; 
que  fa  langue  lice  fur  une  femme  enceinte  ,  la 
faiibit  accoucher  fans  danger  -,  que  fa  mâchoire 
droite  otoit  toute  peur  &  frayeur ,  étant  portée 
fur  foi ,  &  que  fa  queue  arrêtoit  des  rivières  :  ce 
qui  montre  que  les  Naturaliftcs  ont  dit  des  chofes 
aufïî  fabuleufes  que  les  Poètes.  Pline  dit  que  Dé- 
mocrite  avoit  fait  un  livre  entier  de  ces  iuper- 
ftitions.  Et  Solin  dit  ,  qu'il  y  a  une  telle  anti- 
pathie entre  le  corbeau  &  le  caméléon ,  que  celui- 
là  meurt  incontinent  après  qu'il  a  mangé  de  fa 
chair  :  ce  qui  eft  faux  (,  quoique  quelques  Mo- 
dernes aflurent  que  le  caméléon ,  pour  éviter  les 
ferpens ,  monte  fur  les  arbres ,  &  que  de-là  il  les 
épie  pour  les  faire  mourir  par  fa  bave  qu'il  laiife 
tomber  fur  eux.  Pline  s'eft  auffi  fort  trompé , 
quand  il  a  dit  qu'il  y  avoit  des  caméléons  qui 
étoient  aufll  grands  que  des  crocodiles. 
CamélÉom  ,  en  Aftronomie ,  eft  l'une  des  douze 
conftellations  Auftrales ,  qui  ont  été  obfervées 
par  les  modernes  depuis  les  grandes  navigations. 
Elle  n'eft  pas  viiible  fur  notte  horifon. 
CAMÉLÉOPARD.  f  m.  Animal  qui  fe  rrouve  dans 
l'Abiffinie.  Cameleopardus.  Il  n'eft  pas  fi  gros  que 
l'éléphant  j  mais  beaucoup  plus  haut.  On  l'appelle 


C  AM 


IH^ 


aînfî  à  caui'e  qu'il  a  la  tête  &c  le  cou  comme  les 
chameaux  j  &:  qu'il  eft  tacheté  comme  les  léo- 
pards» mais  il  l'cft  de  taches  blanches  fur  un 
fond  roulfitre.  Il  a  la  queue  fort  petite  ■,  ce  qui 
le  fait  appeler  par  les  Ethiopiens  firatakacim  ; 
c'eft-.i-dire ,  queue  menue.  Les  Italiens  le  nom- 
ment giraffa,  de  l'Arabe  Zurafa.  Quelques-uns 
veulent  que  le  Caméléopard  foit  le  même  animal 
que  la  Girafe.  Voye^  ce  mot. 

^  CAMELFORD.  Petite  ville  d'Angletetre  j  dans 
la  province  de  Cornouailles. 

CAMELINE.  Terme  de  Botanique.  Chamalina ,  ou 
Myagrum  Jativum.  Plante  annuelle  qui  donne  une 
tige  droite,  haute  de  tiois  pieds  au  plus,  ronde, 
moclleufe,  un  peu  velue,  branchue  à  fon  extré- 
mité ,  6c  chargée  de  quelques  feuilles  alternes  , 
fcmblables  à  celles  de  la  garance ,  mais  piïis  douces 
au  toucher ,  dentelées  fur  leurs  bords ,  &  embraf- 
fant  une  partie  de  la  tige  par  leur  bàfe  -,  elles  ont 
un  goût  un  peu  piquant.  Ses  fleurs  naiflent  aux 
extiémités  des  branches  &  font  jaunes  -,  à  quatre 
pétales  ,  difpofées  en  croix  ^  foutenues  par  un 
calice  à  quatre  pièces.  Le  Piftil  devient  un  fruit 
fait  en  forme  de  Poire  renverfée  ,  féparée  en 
deux  cellules  par  une  clbifon  mitoyenne  qui  eft 
parallèle  aux  deux  balfins  dont  ce  fruit  eft  com- 
pofé.  Les  femences  qui  y  font  renfermées  font 
petites,  triangulaires  ,  jaunâttes  &  d'un  goût  d'ail. 
On  nomme  cette  plante  ,  à  caufe  de  la  conformité 
de  fon  fiuit  avec  celle  de  cette  plznzc  t  A lyffbnjé- 
getum  ,  foliis  auriculatis  ,  acutis.  Injlit.  R.  Herb. 
L'huile  qu'on  tire  de  k%  femences  fert  à  brûler, 
&  les  pauvres  gens  s'en  fervent  Comme  de  l'huile 
de  navette  pour  apprêter  leurs  alimens.  On  cul- 
tive cette  plante  dans  plufieurs  endroits  du  Royau- 
me ,  &  en  Flandre  on  en  feme  des  champs 
entiers.  Ruel  donne  la  manière  de  la  femer,  d'en 
tirer  l'huile  ,  ôc  rapporte  fes  ufages.  Voye:^ 
Myagrum. 

Camelinf.  f.  f.  Robe  de  camelot.  On  difoit  au/îl 
camelin.  Robert  de  Sorbori  reprochant  à  Joinvillc 
devant  Saint  Louis  j  qu'il  étoit  plus  richement  vêtu 
que  le  Roi ,  il  lui  répondit  :  Maître  Robert ,  je 
ne  fuis  mie  à  blâmer ,  fauf  l'onneur  du  Roi  &  de 
vous  ;  car  l'abit  que  je  porte ,  tel  que  vous  le 
voiez ,  m'ont  laifTé  mes  père  &:  mère ,  &  ne  l'ai 
point  fait  faire  de  mon  auélorité.  Mais  au  con- 
traire eft  de  vous ,  dont  vous  êtes  bien  fort  à 
blâmer  &  reprandre  -,  car  vous  qui  êtes  fils  de 
Vilain  &  de  Villaine  j  avez  laiflè  l'abit  de  vos  pcte 
&  mère ,  &  vous  êtes  vêtu  du  plus  fin  camelin 
que  le  Roi  n'eft.   Hifi.  de  S.  Louis  par  Joinville. 

Cameline  ,  au  vers  14186  du  Roman  de  la  Rofe, 
eft  pris  pour  une  couleur  brune.  Sauce  cameline , 
de  la  couleur  du  camelot.  Sup.  au  Glojf.  du  Romt 
de  la  Rofe. 

ftT  C AMELIONE.  (  mont  )  Cerna  ou  Cémenus  mons  z 
Partie  des  Alpes  maritimes  entre  le  vicariat  de 
Barcelonctte  &  le  marquifat  de  Saluées  -,  mais 
elle  communique  fon  nom  à  toutes  celles  qui 
ferment  la  vallée  de  Barcelonette ,  &  s'étendent 
jufqu'aux  fources  du  Var  &  du  Verdon ,  &:  aux 
confins  de  la  Provence. 

CAMELOT,  f.  m.  Etoffe  faite  ordinairement  de  poil 
de  chèvre ,  avec  laine  ou  foie.  Pannus  è  villo  ca- 
prino  contextus.  Camelot  de  Hollande ,  de  Lille , 
Camelot  onde  ,  ou  calandre ,  ou  non  onde ,  fans 
onde.  Pannus  é  villis  hircinis  undulatus.  Camelot  à 
eau  ,  ou  avec  apprêt ,    fans  eau  ,  ou  fans  apprêt. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  Zambelot, 
qui  eft  un  mot  Levantin,  qui  fe  dit  des  étoffes 
faites  d'un  poil  fort  délié  ,  qui  fe  tire  de  certaines 
chèvres  qu'on  trouve  en  quelques  endroits  de 
Turquie,  dont  Scaliger  fait  mention,  &  Bufbec 
en  fes  Voyages ,  d'où  vient  qu'on  a  dit  du  Camelot 
de  Turquie  ,  Pannus  cilicius  Turcici  operis. 
D'autres  le  dérivent  de  l'Italien  ciamhellotto.  Bo- 
chart  dit  que  le  mot  de  ^ambelot  eft  corrompit 
de  l'Arabe  giamal ,  qui  figniiie  un  chameau.  Aufïî 


icjo  C  A  M 

a-r-on  appclc  proprement  camelot,  l'étoffe  qui  fe  I 
fait  de  poil  de  Ciiamcau.  Le  carndot  eft  appelé  par 
quelques  Auteurs  modernes  Capellocum  de  capellit , 
chèvre,  parce  qu'il  le  fait  de  poil  de  chèvre.  De-la 
s'cft  hiit  i^amdot ,  en  changeant  le/'  en  m  ,  Carmlot , 
pour  Capellot.  Ce  changement  a  fait  croire  que 
ce  mot  vcnoit  de  camdus ,  chameau  ,  parce  qu'il 
Te  faiioit  de  poil  de  chameau  ,  ce  que  Is  Bol- 
landiftes  taxent  d'ignorance.  Jcl.  SS.  Maii ,  Torn. 
ll,p.%Z. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  a  pris 
ds  mauvailes  habitudes  qu'on  ne  lui  peut  faire 
quitter,  qu'il  efl:  comme  le  vieux  ca.mdot ^  qu'il 
a  pris  fon  pli. , 
CAMELOTE  ,  EE.  adj.  Travaillé  à  la  manière  du 
cj-rmlot.  Etoffe  tiillie  ou  ondée  en  forme  de  ca- 
rndot. P iinnus  cilicïi  operis  more  contixtus. 
CAMELOTlER.  i".  m.  C'cft  ainli  qu'on  appelle    une 

forte  de  papier  très-commun. 
CAMELOTINE,  f.  f.  Petite  étoffe  faite  à  la  manière 
du    camelot.  Pannus   ienu'i  fila  cilicii  operis  more 
contextus.  On  dit  aulfi  du  camelin  d'Amiens. 
^  CAMELOTTE.  f.  f.  On   appelle  reliures    à   la 
Ciimelottc  ,    celles  qui  font  d'ufaiie  pour  les  livres 
de  bas  prix  ,   dans    lefquelles    il    y  a  moins   de 
façons  èc  d'apprêt. 
CAMERERA.  f.  f.  Mot  Efpagnol  ,  qui  fignifie  Dame 
de  la    chambre  de    la  Reine ,    &    que  nous  rete- 
nons dans  notre  langue  ,  celui  de  Camerière  néz^ant 
point  en  ufage.  Cameraria,  Camerx  Prœfecîa.  La 
Comtelfe  d'Altamira  eft  Camerera  Mayoràc  laReine. 
CAMERIER.  f.  m.  Premier  Officier  de  la  Chambre 
d'un  Pape,  ou  d'unCardinal,d'un  Prélat  Italien,qu'on 
appelle  autrement  Maître  de  Chambre.  Camerarius. 
On  dit  à  Rome  le  Camirier  du  Pape  ,  &  parmi  les 
Moines  &  les  Chanoines ,  le  Chambrier.  Ces  mots 
font  bornés  à  cet  ufage.  Danet,  Il'y  ades  Commu- 
nautés  Religieufes  où   l'on  dit  Camérier ,  &  non 
Chambrier  ,  comme  dans    l'Abbaye  de  S.  Claude 
au  Comté  de  Bourgogne.  Le  Pape  a  des  Cameriers 
extra    muras.    Des    Cameriers  fecrets    de  cape  & 
d'épée,  &:  d'autres  Cameriers  fecrets;  des  Cameriers 
d'honneur.  Cet  Office  de  la  Maifon  du  Pape,  fe 
donne  à  des  petfonnes  de  diftinclion.  Gaz.  ijii  , 
p.  44. 
CAMERIERE.  f.  f.  Il  y  a  en  Efpagne  dans  la  Maifon 
de  la  Reine  une  Camerera  Major  ,  que  nous  pour- 
rions   appeller    Grande    Cameriere  :    mais    l'ulage 
n'autorife   poinr  ce  mot  ,   Se   l'on  retient  le  mot 
Efpasrnol.  Camerera. 
gcr   CÀMERINO.   Ville    d'Italie  ,    autrefois     dans 
l'ombrie ,    &    aujourd'hui    dans    lu   marche  d'An- 
cone ,  entre  Maccrala  &  Spolète ,  avec  un  Evêché 
fuffras^anr  du   Saint  Siège.  Camerinum  ,   Camerina. 
CAMÉRISTE.  f.  f.  Cam^rlère  ,  Dame  de  la  Chambre 
d'une  Princelie.  Cameraria.  Dona   Louife  Guerra , 
Garnir ijle    de  la   Reine  de  Portugal.    Gaz.   1741  , 
p.  119.    On  trouve  auffi  ce  mot  dans  le  Dict.  de 
l'Acad.  Fr. 
CAMERLINGAT.  f.  m.  Dignité  ou  charge  de  Camer- 
lingue. Camerarii  dignitas, 
CAMERLINGUE,  f.  m.  Cardinal  qui  régir  l'Etat  de 
l'Eglife  ,    &    adminiflre     la    Juftice.    Camerar'us 
Ecclejiit.    C'cft    l'Officier    le  plus    éminent  de  la 
Cour  Romaine ,  parce  que   tout  le  bien  du  Saint 
Siège  eft   adminiftré  par  la    Chambre  dont  il  eft 
le  Prélident.  Le  Siège  vacant ,  il  fait  battre  mon- 
noie  ,  &  marche  en   cavalcade  accompagné  de  la 
garde  des  SuiUés  &  auties  Officiers ,    &  il  publie 
des  Edits.  Il  a  fous  lui  un  Tréforier ,  &  un  audi- 
teur appelés   Généraux  ,  qui  ont  une  juridiiïfion 
féparée  ,  6c  douze  Prélats  appelés  Clercs  de  chambre. 
Du  Cange  dit  qu'on  a  aulfi  appelé  Camerlingues  , 
les  Tréforiers  du  Pape ,  &  des  Empereurs. 

Ceftauffi  un  Officier  de  l'Ordre  de  la  Chauffe. 
Il  y  avoir  dans  cet  Ordre  deux  Confeillers  &  un 
Camerlingue ,  qui  ne  pouvoient  refufer  ces  emplois , 
ious  peine  de  vingt-cinq  ducats  d'amende.  P. 
Hélvot  ,    Tom.  FÎII,  p.    159.  L'Intendant    des 


C  A  M 

Finances    du  Royaume  de  Bohême    s'appelle  Ca- 
me fi  inguc. 
§3"  CAMERONIENS.  f.    m.  pi.    Cameroniani.  Les 
Cameroniens  ainli  nommés  d'Atchibale  Cameron  , 
croient    un    parti    de    Prefbytéiiens   d'Ecoffe    qui 
ainfi    que  leur   chef   Cameron ,  fe    féparerent  des 
autres  Prcibytériens,  qui  avoient  accepté  la  liberté 
de  confcicnce  accordée  par  Charles  II.  Les  Came- 
roniens  regardèrent   même  ce   roi    comme    déchu 
de  la  Couronne  &  fe  révoltèrent.  Mais  on  les  ré- 
duilit  en  peu  de  temps ,  &  enfin  en   KÎpo,  fous  le 
règne  de  Guillaume  III ,  ils  fe  réunirent  aux  autres 
Preibyrériens.   Dict.  Ang. 
CAMESTRES.   Terme  de   Logique.  Nom  que  l'on 
donne  au  fécond  mode  da  la   féconde  figure    du 
fyllogifme.  Un  fyllogifme  en  camejtrss  ,  eft  un  fyl- 
logifme  dont  la  première  propofition    eft   univer- 
felle   aff.rmarive  ,  la  féconde  univerfelle  négative  , 
&  la  conclulion  univerfelle   négative,  félon  cette 
régie  :  Jjferit  a  ,  negat  e  i  verùrn  generaliter  amba:. 
Tout    homme  fage  eft  modéré   dans    fes  plaifirs  j 
nul  débauché  n'eft  modéré  dans  fes  plailirs.  Donc 
nul  débauché  n'eft  homm.e  fage. 
CAMILLE,   f.    m.    Nom    d'homme.    Camillus.   Le 
Prince  Camille  ,  troifième  fils  de  Louis  de  Lorraine  , 
Comte  d'Armagnac ,  &    Grand  Maréchal  de  Lor- 
raine. Qu^nd  on  parle  des  anciens  Romains,  on 
dir  Camille ,   fi  l'on   met    ce  nom    feul  :  Camille 
s'exila  lui-même  pour  prévenir  fa  condamnation. 
Mais  fi  l'on  y  joint  leurs  noms ,  ou  leurs  prénoms , 
il   faut    retenir    le  nom  Latin    Camillus  :  Marcus 
Camillus    défit    les    Falifques   5c     les   Veies.  C'eft 
ce  Camille  ,  qui  retournant    d'exil    dans  le  temps 
qu'on  psfoit  aux  Gaulois  les  deux  cents  livres  d'or 
qu'on  leur  avoir  promifes  p>Gur  les  obliger  à  lever 
le    fiége    de    Rome ,  les   prit   au  dépourvu  ,  les 
chargea ,  6c  les  obligea   de  fe  retirer  avec   perte. 
Ce   même  M.   Furius    Camillus  triompha   quaue 
fois ,  6c  fut  cinq  fois  Diétateiir. 
Camille,  i.  f.  eft  auffi  un    nom  propre  de  femme. 
Camilla.  La   Camille    de   Virgile  eft   une    femme 
extraordinaire.  Quand  nous  parlons  des  Italiennes 
qui  porrent  ce  nom ,  nous  retenons  le  plus  fou- 
vent   la  terminaifon  Latine  ?<  Italienne   en  a,  La 
Segnora  Camilla  étoit  fœur  de  Sixte  A^ 
Camille,  f.  m.  Se  f.  eft    auffi   le    nom  des    jeunes 
garçons  ou  des  jeunes  filles  qui  fcrvoient  dans  les 
choies  lécrètes ,  comme  les  noces  &  les  facrifices , 
6c   en   parriculier  du  jeune   enfant  qui  fervoit    le 
Tlamen  Dialis ,  ou  Prêtte  de  Jupiter. 

Ce  mot  venoit  de  l'ancienne  langue  des  Etru- 
riens,  à  ce  qu'il  paroir ,  6c  fe  difoit  pour  Caf- 
millus -,  comme  on  le  peut  conjeél:urer  par  le  545* 
vers    du   onzième  Livre   de  l'Enéide   de  Virgile, 

Matrifque  vocavit 
Nomine  Cafmillœ ,  mutatâparte ,  Camillam, 

Ce  nom  dans  cette  ancienne  langue  fignifioît 
Miniftre.  C'eft  pour  cela  que  les  Etruricns  appe- 
loient  Mercure  en  leur  langue  Camille;  c'eft-à- 
dire,  Miniftre  des  Dieux,  Bochard ,  dans  Ion 
Hiero^oicon ,  L.II,  c.  ^6  ,  croit  que  ce  mot  étoit 
compolé  de  deux  mots  Hébreux,  ou  Phéniciens, 
Vi*  icop  ,  KoJ'mé  d  ,  devins  ,  ou  Prêtres  de 
Dieu.  Car  oop  fignifie  deviner.  De  Kofmé  el ,  on 
fit  Kofmel,  Se  Cafmil  ,  &c  en  ajoutant  la  termi- 
naifon Latine  Cafmillus.  Le  même  Bocharr  , 
dans  fon  Chanaan  ,  L.  I.  c.  11,  tire  Cafmillus 
de  onn  hhadam,  qui  fignifie  minijîrare ,  comme 
il  paroîr  par  l'Arabe  hhadam  a ,  &c  de  '-if ,  El , 
Dieu.  VofTius  croit  qu'on  pourroit  dériver  Camillus, 
de  Chemarim ,  qui  fe  ttouve  au  IV  L.  des  Rois , 
ch.  XXIll ,  V.  s  ,  8c  que  l'on  traduit  Arufpices  , 
Sacerdotes ,  Sacrificuli.  Il  doute  cependant  de  la 
bonté  de  cette  étymologie ,  parce  que  le  mot 
Latin  étoit  originairement  Cajmillus  ;  Se  non  pas 
Camillus.  Voyez  Varron ,  Lib.  IF.  Ds  Ling.  Lat. 
où  il  dit  que  les  Samothraces  uibient  du  même  mot 


C  A  M 

dans  la  même  figniMcanion.   Denys  d'Halycarnaffe 
«lie  auHi ,  L.   ÏI,  que  les  Ecniriens  &  les  Pchgiens 
appeloient  Caàoles  ceux  que  les  Romains  de  fou 
temps   nommoient    CamilUs.    Macrob ,    Liv.  Il) , 
5aturn.  c.   8.  Feftus,    au  mot    Flaminms -,  Scrvius 
fur  le  557'^  vers  du  L/rre  A7,  de  rEnnii-,  Voilius 
Erymol.   &    De  IdoIoL   Lib  ,   II,  ch.  57,  />.   311, 
yi^enere    iiic    Titc-Live ,  p.  975,  Dans    une  mé- 
daille de  Caligula  en  grand  bronze  ,  qui  d'un  côte 
reprcll-nce   la   piété    affile,    qui    tient  de  la  main 
droite  une  parère,  dont  elle   iemble   verfer  quel- 
que   choie  ,    avec    l'inlcription    C.    caesar.    aug. 
Germanicus  pm,  tr.  pot.  &  au  revers  un  facri- 
fice  devant  un  Temple.  Divo  aug.  la  petite  figure 
qui  ell:  à  gauche  derrière  le  Prêtre  femble  être  le 
Camille  du  ^«acrificc. 
tfT  GAMIN   ou  CAMMIN.  Ville  du  cercle   de  la 
haute  S'axe ,  en  Allemagne  ,   d.\ns    la    Pomcranie 
ultérieure,   fur  l'embouchure  orientale  de  l'Oder. 
ifT  CAMINHA.  Ville  de  Portugal,  dans  la  province 
d'entre    Duero    &   Minho  ,    à    l'embouchure    de 
cette  dernière. 
jCAMINI.  f.   m.  En  Efpagnol ,  Rerva-Camini.  C'efl 
une  herbe  qui  Te  recueille  dans  le  Paraguay  ,   Pro- 
vince  dé  l'Amérique  méridionale.  Elle  n'efl:  di.*lc- 
rente   de  l'herbe   qu'on   appelle    Paraguay ,    que 
parce  qu'elle  eft  mieux  choilie.  ^^oyt^   Paragay. 
CAMINIEK.  J^oyei  Kaminiek. 
|;cr  CAMION.  ï.  m.  Terme   d'Epinglier.  C'eft  ainfî 
qu'on  appelle  une  très -petite   épingle,  telle  que 
celles  dont  on  fe  fert  pour  arracher  des  roiles  fines , 
des  dentelles.  Brevis  ac  tennis  acicula. 
Camion  ,  fe  dit  aulfi  d'une  efpcce  de  petite  ch  arrerte 
ou  voiture  qui  eft  traînée  par  un  cheval ,   ou   par 
deux  hommes  ,  &:  qui  iert  à  traniporter  des  balots 
&  marchandiies.  On  s'en  Iert  aulfi  pour  traîner  du 
vin  &  de  \z.ï\ç^.Acetarii  propolm  cijolium.  Le   mot 
de  camion  n'eft  guère  connu  à  Paris ,  où  on  le  fert 
plutôt  du  mot  de  hnquet. 
Camion,  f.  m.  ou  Rondelle.  Nom  que  l'on  donne 
à  la  plus  petite  bofle  ou  tête  de  ces  chardons  dont 
on  fe  fert  dans  les  Manufaélures  de  lainerie. 
CAMIRI.  f  m.  Fruit  des  Indes  qui  pèle  environ  une 
once  ,  &  diffère  peu  de  la  noilétte  ,  lotlqu'cUs  eft 
dépouillée  de  la  coque  verte  extérieure  :  il  eft  rude , 
plus  large  dans  fa  partie  fupérieure  ,  &  fe  terminant 
par  en  bas  en  une  pointe  émouiîée.  Sa  coque  eft 
épaifie,  &  prelque  aulfi  dure  qu'une  pierre;  elle 
contient  une  amande  blanche  ,  qui  a  .à  peu  près  le 
goût  d'une  amande  douce.  Ray,   cité  par  James. 
§3°CAMIS.  f.  f.  Idoles  qu'adorent  les  Japonois  &  prin- 
cipalement lesBonzcs  ouMiniftresde  la  léétedeXen- 
xus.  Ces  Idoles  repréfentent  les  plus  illuftres  Sei- 
gneurs du  Japon,  à  qui  les  Bonzes  font  bâtir  de 
magnifiques  Temples ,  comme  à  des  Dieux  qu'ils 
invoquenr ,  pour  obtenir  la  lantc  du   corps  &  la 
viétoire  fur  leurs  ennemis.  Mor.  qtd  cite  Kirker. 
iCAMISA.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  un  mor- 
ceau de  toile  de  huit  à  dix  pouces  de  large  ,  fur 
quatre  à  cinq    pouces  de  haut ,  dont  les  femmes 
Caraïbes  cachent  leur  nudité  ,  &  qui  eft  le  feul  vê- 
tement qu'elles  aient  lut  leur  corps ,  fuppofé  même 
qu'on  puiife  donner  ce  nom  au  camifa.  Les  femmes 
irodent  ordinairement  leur  camifa  avec  de  petits 
grains  de  ralfade  de  toutes  couleurs,  &  elles  ajou- 
tent 3U  bas  une  frange  aulfi  de  ralfade  d'environ 
trois  pouces  de  hauteur  :  ce  qui  rend  le  camifa  carré. 
Les  filles  ne  prennent  le  camifa  qu'à  l'âge  de  douze 
ans  ou  environ.  Elles  quittent  pour  lors  une  cein- 
ture de  grofle  raflade  qu'elles  avoient  portée  jufques- 
là  fur  leurs  reins,  &  y  fubftituent  le  camifa  :  &c  dans 
ce  temps-là  on  leur  met  au  bas  des  jambes  deux  petits 
brodequins  de  coton  -,  qui  y  reftent  pendart  toute 
leur  vie.  Quand  les  filles  ont  le  camifa  &  les  brode- 
c]uins ,  on  les  fépare  d'avec  les  garçons.  Voye^  le 
Père  Labat ,  Tom.  II  de  fes  Voyages. 
CAMISADE.  f  f  Terme  de  guerre.  Attaque  qu'on 
fait  la  nuit,  ou  vers  la  pointe  du  jour,  pour  fur- 
prcndre  l'ennemi.  NoHurna ,  antelucana    oppugnu- 


C  A  M 


15)  i 


fio,  irruptio.    Ce  mor  de  camifade   n'eft  prelque 
plus  uiirc.  Le  Marquis  de  Pefcaire,  bien  informé  du 
nombre  des  troupes  que  Bayard  avoir  avec  lui ,  ré- 
lolutde  lui  donner  ane  Camifade.  Il  fortit  la  nuit 
de  Milan  avec  l\x  à  fept  mille  hommes  de  pied  ,  Se 
cinq  cens  gens-darmes ,  à  qui  il  fit  mjttre  une  che- 
milé  pardeillis  leurs  armes ,  afin  que  dans  les  ténè- 
bres ils  fe  reconnulfenr.  C'eft  de  cette  manière  de 
taire  prendre  aux   foldats  des  chemifes  par-defllis 
leurs  habits  en  de  telles  occafions ,  Se  qui  étoit  en  ce 
temps  aifez  à  la  mode  ,  qu'eft  venu  le  nom  de  cami- 
jade.  P.  Daniel  ,  dans  François  I.  T.  III. p.  147,  On 
trouve  dans  des  Auteurs  anciens,  dreffer  une  cami- 
Jade,  une  az.7j//iî^t;  heureule,  oui  réulfit  bien. 
CAMÎSARD,  AllDE.  f  m.  &  f!  Calvinifte  rebelle 
desCévcnnesi  Huguenor  fanatique  des  Cévennes. 
Lahtinanus  e  Cekennis  ,  fanaiicus  ac  rebelUs.  Les 
Calviniftes    des  Cévennes,    qui   trompés   par    les 
prétendues  prophéties ,  ou  plutôr  par  les  impoftures 
de  Jurieu,  &  à  ce  que  l'on  a  dit,  par  les  artifices  & 
les  promelfes   du  Prince   d'Orange,  s'imaginèrent 
fortement,  ou  feignirent  d'être  Prophètes,  &fou- 
leverent  les  Huguenots  des  Cévennes ,  formèrent 
pendant  la  guerre  de  1688  ,  &  des  années  fuivantes 
une  efpècc  de  faction  que  l'on  appela  les  Camifards, 
M.  de  Brucys    &    d'autres    ont    écrit  la    ridicule 
Hiuoire  de   ces   Prophères   fanatiques,  &  de   ces 
brigands ,  &  les  affreules  cruautés  que  les  Camifards 
exercèrent    fur  quelques  Catholiques,  principale- 
ment Pierres  Si  Religieux. 

Un  de  nos  Poètes  ^nodernes  comparé  avec  Pin- 
dare,  eft  comme  une  fœur  Camifarde  comparée  avec 
la  Sibylle  de  Virgile  :  les  convulfions,  les  grimaces 
&  l'extérieur  s'y  trouvent  5  mais  il  n'y  a 'rien  de 
cette  impulfion  divine,  qui  élève  l'efprir  au-deflus 
de^  lui  même  ,  &  lui  fournit  une  éloquence  plus 
qu'humaine.   Spect. 

Ce  mot  vient,  ou  de  Camifade :,  attaque  brufque 
&  imprévue,  parce  que  ces  rebelles  n'en  failbient  que 
de  cette  forte ,  en  Ibrtant  fubitement  de  leurs  mon- 
tagnes ;  ou  de  camife ,  qui  fe  dit  dans  ces  Pays-là 
pour    chemife  ;  &  ils   auroient  été  ainfi  nommés, 
parce  qu'ils  manquoienr  de  linge ,  Se  que  c'étoit  la 
chofe  qu'ils  voloient  plus  volontiers  ;  ou  bien  par- 
ce qu'ils  portoientdes  veftes  de  toile  allez  femblables 
à  des  chemifes.  Mais  il  paroît  plus  probable   que 
ce  nom  vient  de  camis  ,  qui  fignifie  grands  chemins, 
roures  battues,  que  ces  brigands  infcftoient.  Ainfi 
Crw/y^zr^jf  fignifie  brigand,  voleur  de  grand  chemin. 
CAMISOLE,  f.f  C'eft  la  même  chofe^qu'une  c/zt-w/- 
fette.   Petit  vêtement  qu'on  met  la  nuit,  ou  pendant 
le  jour ,  entre  la  chemife  &  la  vefte  ,  pour  être  plus 
chaudement.    Il  ne  va    d'ordinaire  que  jufqu'a    la 
ceintuire;    Thorax    interioï.  Il    s'en  fait  de    toile, 
de  futaine  ,  de  coton  ,  de  ratine  ,  de  chamois ,  de 
foie,  d'ouate,  &c. 
tfT  CAMMANAH.  Petite  province  de  Guinée ,  fur 

la  côte  d'or. 
^  CAMMART.    Ancienne    ville    d'Afrique  ,    au 
Royaum;  de  Tunis  ,à  trois  lieues  de  Tunis,  &  aflez 
près  des  ruines  de  l'ancienne  Carthage. 
CAMM ARUM ,  Cammorum  ,  ou  Camarum.  f.  m.  C'eft 
une  efpèce  de  chevrette  du  genre  des  crabes.  Dans 
VExegefis  de  Galien  ^^«Mfto^o»  fignifie  un  animal  lém- 
blable  à  la  chevrette.  Se  un  aconit  qui  a  fa  racine 
fcmblable    à     cet    animal,    f^oye^    le    Dict.    ee 
James. 
Ç3='  CAMME.  f.  f.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  dans  les 
grolfes  forges  &  dans  pluficurs  autres  ufines ,  des 
cmincnccs  prariquées  à  la   furface  d'un  arbre,  qui 
tournant  fur  lui-même  ,  par  le  moyen  d'une  grande 
roue    Se    d'une  chute   d'eau ,   fait  lever ,  ou    des 
pilons  ou  des  fouflcts  auxquels  on  a  pratiqué  d'au- 
tres éminences  que  les  Cammesrcncontrenr.  Encyc. 
CAMOIARD.  f  m.  Efpèce  d'étoffe  faire  de  poil  de 

chèvre  fauvage.  Mén.  Panmis  è  villa  textus. 
CAMOMILLE,   f.  £  Terme  de  Botanique.  Ckamx- 
meliun.  Plante  ainfi  appelée  à  caufe  que  quelques- 
unes  de  fes  efpèces  ont  une  odeur  qui   approche 


ICJ2  C  A  M 

de  celle  de  la  pomme.  Chamawelum  ciiafi^  humdc 
jnalum.   On  diftin-uc  la  camomille  en  clUc  qui  a 
une  odeur  aromanque  agréable  ,  &  qu'on  nomme 
r.z/7w/;2///e  Romaine  ou  véritable  camomille ,  i^  zn 
celle  qui  n'cft  point  d'une  bonne  odeur,  gcqu on 
appelle  maroute  ou  camomilU  puante.  La  camomille 
Romaine,  cham<zmelum  Komanum  ,  mbiu ,  odora 
fum ,  &  leucûrahemum  cdoratius,  a  fes  racines  hbreu- 
fes  &:  chevelues ,  d'où  partent  quelques  ti-es ,  me- 
nues ,  cannelées ,  velues ,  &  pl^^  Ibuvcnt  couchées 
fur    terre  ,    longues   environ    d'un   pied ,  &    qui 
donnent  dans  une  partie  de  leurs  longueurs  i  lufieurs 
fibres  ou  racines  qui  fc  plongent  en  terre  &  1er- 
vent  à  multiplier  ou  à  étendre  cette   plante.  Ses 
feuilles  font   comme  ailées   &  composées  de  plu- 
lîeurs  pinnules  oufegmens  fort  coiuts ,  fort  aecou- 
péesac  finement,  &  elles  font  vertes,  que  quetois 
blanchâtres ,  a'une  odeur  de  drogue  qui  n  cil  point 
fi  dclhsrréable  ,  &fonr  attachées  allez  près  les   unes 
des  autres  ,  aux  tiges ,  dont  l'extrémité  eft  termi- 
née par  une  fleur  radiée  ,  compofee  de  fleurs  jaune- 
pâle  dans  fon  centre,  &  de  demi-fleurons  blancs 
dans    ia  circonférence.  Le  calice  qui   foutient  cet 
amas  de  fleurons  &  de  demi  fleurons,  elt  ccailleux. 
Ses  femences  font  menues ,  oblongues ,  nues ,   & 
fans  ai2;rettes.  Cette  efpèce  de  camomille  le  tiouyc 
quelquefois  à  fleurs  doubles;  c'eft-à-dire ,  que  les 
fleurons  s'allongent  &  changent  de  couleur.  On    la 
cultive  dans  les  'jardins.  La  camomille  Romaine  elt 
•  commune  à  la  campagne,  6Ù  elle  change  un  peu 
de  fio-ure,  fuivant  que  le  terrain  dans    lequel  elle 
naît,'"eft    plus   ou  moins  humide,  ou  expole  aux 
rayons  du  foleil.  Mais  fon  odeur  &  la  découpure 
de  fes    feuilles  la  font  alfez  reconnoitre.  On   fait 
en  Médecine  un  grand  ufage  de  fes  fleurs_  qui_  font 
réfolutives ,  carminatives ,  apéritives  &:  fébrifuges. 
On  l'emploie  en  fomentation ,  en  cataplalme ,  pour 
diffiper  les  tumeurs  aqueufes  &  venteufcs ,  en  dé- 
coétion  dans  les  lavemens ,   pour  la  colique,  &:  la 
poudre  eR  un  fébrifuge  ufité  dans  plulieurs  endroits. 
La  camomille  puante",  ou  lamaroutte,  a  des  racines 
fibreufes,    blanchâtres,  &  chevelues:  elle  donne 
une  tige  ,  quelquefois  plufieurs ,  hautes  d'un  oied , 
menues,  tant  foit  peu  velues,  garnies  de  feuilles 
alternes,  découpées  en  plufieurs  fegmens,  déchi- 
quetés fort  menu ,  lifles ,  épailfes ,   pleines  de    fuc 
d'une  odeur  fétide,  ^c  d'un  vert  pâle.  Des_  aiikl- 
les  fortentdes  branches  chargées  de  pareilles  feuilles, 
&  terminées  par  une  fleur  radiée  comme  la  précé- 
dente ,  &  qui  n'en  diffère  que  par  les  demi-fleurons 
qui  font  plus  amples ,  &  par  fon  odeur  délagrea- 
ble.  On  le  fert  de  la    maroutte  pour  appaiier  les 
douleurs  des  hémorroïdes. 
ifF  CAMON.  Il  y  avoir  deux  Villes  de  ce  nom  dans 
la  Faleftine,  l'une  en  deçà   du  Jourdain,  dans  le 
grand  champ ,  l'autre  au  delà  du  Jourdain  ,  dans 
le  pays  de  Galaad. 
g3-  CAMONiCA ,  ou  val  CAMONICA.  Petit  pays 
■de  l'État  de  Venife  en  Italie  ,  dans  le  Breflan  ,  aux 
confins  de  la  Valteline.   C'eft  un  palfage  fort   fré- 
quenté de  Suiife  eu  Italie. 
jZAMOUFLET,  f.  m.  Fumée  qu'on   foufllc  au    nez 
d'un  homme  qui  fommeille,  par  le  moyen  d'un 
cornet  de  papiei  allumé  par  un  bout.  Fumi  in  os 
infpiratio  ,  infufîatio.  Donner  un  camouflet.  On 
diioit  autrefois  chaumoujlet.  ^ 

Borel  dérive  ce  mor  de  mufle,  parce  que_  c  elt 
une  fumée  épailfe  qu'on  fouffle  dans  les  narines , 
pour  éveiller  les  gens  endormis. 

C-iMOUPLîT,  terme  de  guerre;  donner  un  6.- 
mouflet ,  c'eft  chercher  à  étouffer  le  mineur  ennemi 
dans  fa  galerie. 

Le  Camouflet  fe  donne  de  difl^erentes  façons  en 
voici  une  afléz  ufitée.Le  mineur  ou  contre-mineur 
(  car  l'un  &  l'autre  le  pratique  pour  fe  défaire  de 
fon  ennemi  )  perce  la  terre  avec  fa  tarière  ,  fait 
couler  dans  le  trou  une  farbacanc  ou  canon  de 
fulil  ouvert  par  les  deux  bouts.,  dans  lintcneiir 
riucjucl  il  a  eu  foin  de  mettre  une  compoUtion  de 


C  A  M 

foufFrc ,  de  poudre  ,  &c.  y  ayant  mis  le  feu ,  il  fouf- 
flc  la  tiimée  contre  fon  adverfaire ,  pour  l'étouffer. 
Camouflet    fe    dit  fîgurément  d'un    affiront  , 
d'une  mortification  que  l'on  reçoit.  Il  a  reçu  un 
vilain  camouflet.  Acad.  Fr.  Donner  un  camouflet  à 
quelqu'un,  ledit  pour,  lui  faire  quelques  tours, 
lui   jouer    une  pièce,  lui    faire  une  repartie  vive 
&  piquante.  Il  ne  fc  dit  que  dans  le  difcours  fa- 
milier. Richcfource  a  intitulé  un  de  fes  livres  :  le 
Camouflet  des  auteurs. 
CAMP,  f  m.  Terrain  où  une  armée  s'arrêre ,  fe  retran- 
che, ou  plante  le  piquet  pour  fe  loger  en   ordre. 
Caflra.  Il   eft  quelquefois  couvert  d'un  rerranche- 
ment,  quelquefois  il  fe  défend  par  le  feiil  avan- 
tage du  pofte.  On  a  fait  auflî  des  fermetures  de 
camp  avec  des  chevaux  de  frife  aCcrochés  enfemble, 
comme  failbit  le  vieux  Prince  d'Orange  ,  ainîi  que 
témoigne  Jean  Errard.  La  tête  du  camp  eft  le  ter- 
rain qui  fait  face  vers  la  campagne  ,  où  l'on  monte 
le  bivouac.  Rhoë ,  en  décrivant  le  camp  du  Mo- 
<rol,  dit  qu'il  a  bien  vingt  milles  d'Angleterre  de 
circuit ,  &  enferme  plus  d'efpace  que  la  plus  grande 
ville  de  l'Europe  ;  qu'il  eft  compofé  de  huit  cent* 
mille   hommes ,  &  de   quarante    mille  éléphans  i 
que  toutes  fes  tentes  font  drelfées  en    quatre  heu- 
res. 
IfT  On    dit    fîgurément  ,     l'alarme    eft   au    camp  , 
quand  on  craint  quelque  malheur  ou  quelque  dif-^ 
grâce. 
fçy-  Aide  de  Camp.  F'e^ytf^  Aide.  Maréchal  de  Camp. 

y'oyei  Maréchal. 
Camp  volant,  eft  une  petite  armée  compoféc  de 
Cavalerie  ou  de  Dragons  ;  on  y  joint  quelquefois 
de  l'Infanterie.  Cette  petite  armée  tient  la  campa- 
ene  ,  &  fait  de  continuels  mouvemens  pour  furpren- 
dre  quelques  places  de  l'ennemi ,  ou  le  tenir  en 
haleine ,  6i  l'empêcher  de  s'attacher  à  quelquî 
entreprife.  Expedita  manus. 
Camp  ,  le  prend  quelquefois  pour  l'armée  campée. 
Exercitus.  Le  ca;r.p  eft  tranquille  :  tout  le  camp  fut 

a!  ariné. 
?fT  On  dit  alîeoir  fon  camp  ,  fe  pcfter.  caflra  conj- 
titnere  ,  facere  ,  locare ,  imponere  ,  metari ,  ponere, 
Pofer  fon  cainp  en  fice  d'un  autre.  Caflra  cafltris 
conferre  ,  convertere.  Faire  des  lignes  autour  de  ion 
camp.  Caflra  vallo  cingere.  Faire  la  ronde  auront  du 
camp.  Jde^uitare  caflra.  Demeurer  ferme  dans  fon 
car7:p.  Inflflere  caftris.  Lever  le  camp  ,  changer  de 
pofte.  Movere  caflra. 
Camp,  fe  dit  auilî  d'un  lieu  fermé  de  barrières  ,  où 
combattoient  les  anciens  Chevaliers  dans  les  joutes 
&  tournois.  Arena.  Il  fur  mis  hors  du  camp.  Il  entra 
dans  le  camp.  Juge  du  camp.  Demander  le  camp. 
Cam:p  Prétorien,  étoit  chez  les  Romains  une  grande 
enceinte  de  bâtimens  pour  loger  des  foldats  de  la 
garde.  Caflra  Prœtoriana. 

Les  Siamois ,  &  quelques    autres    peuples   de$ 
Indes  Orientales  ,  appellent  des  carnps,  las  quartiers 
qu'ils  aliignent  aux  nations  étiangcres  qui  viennent 
faire  commerce  chez  eux. 
CAMPAGNARD  ,  ARDE,  adj.  5c  f.   Celui  qui    vit 
ordinairement  à  la  campagne.  Ruri  hahitans ,  ruris 
cela. 
fr?  On  le  dit  aulli  avec  une  efpèce  de  mépris ,  d'un 
homme   qui  n'a    pas  les  manières   Se  la    polireflè 
qu'on    acquiert    dans    le  giand  monde.    C'eft    un 
campagnard.  Rien   de  plus  ennuyeux    qu'un  cam- 
pagnard.    On  connoît  bientôt  à  Paris  les  Gentils- 
hommes campagnards.  On  y  raille  fort  les  Dames 
campagnardes.  Boileau  donne  une  idée    des    cam- 
pagnards,  lorfqu'il  dit: 

Là  je  trouvai  d'al^ord pour  toute  connoiflfance. 
Deux  nobles  campagnards,  grands  lecleurs  de  Romans., 
Qui  m'ont  dit  tout  Cyrus  dans  leurs  longs  complirnms. 

Dans  cette    acception ,  on  dit  qu'un  homme  a 
i'air  campagnard,  qu'il  a  les  manières  campagnar- 
des- 


1 


C  A  M 

des  ;  &  dans  ces  plirafes  ce  mot  eft  adjeftif.  Acad. 
Fran. 

ftCr  CAMPAGNE,  f.  £  Grande  crendiie  de  pays  plat  & 
découvert,  où  il  n'y  a  ni  villes,  ni  montas^nes  ni 
forêts  qui  bornent  la  vue.  En  ce  fens,  on  dit  une 
campagne  de  deux  &  de  trois  lieues.  Mais  comme 
le  mot  plaïKi;  cfc  moins  cquivoque ,  je  crois  qu'il 
vaudroit  mieux  s'en  Icrvir  dans  cette  fîgniiîcation. 
On  dit  au/îi  en  raie  campagne.  Campus ,  "Camporum 
patentium  xquor, 

IP"  Campagne  fe  dit  auili  d'une  terre  qui  eft 
propre  à  être  labourée  &  cultivée,  quoique  le 
terrain  ne  foit  pas  toujours  uni  &  découvert  ^  dans 
ce  lens  on  dit  les  campagnes  de  Bcauce  ,  du  pays 
de  Caux,  font  fertiles  en  blé.  Campus ,  a^er. 

On  dit  que  la  campagne  eft  belle ,  pour  dire , 
que  la  terre  eft  bien  couverte,  que  l'on  a  elpérance 
d'une  grande  récolte. 

Campagne  fe  dit  aufTi  de  tout  ce  qui  eft  hors  des 
villes.  Rus.  Ce  bourgeois  eft  allé  à  fa  maifon  de 
campagne.  On  lui  a  ordonné  de  prendre  l'air  de  la 
campagne.  On  ne  peut  placer  ailleurs  qu'à  la  cam- 
pagne la  fcêne  d'une  vie  tranquille.  Fonten.  Si 
l'idée  qu'on  fe  fait  de  la  vie  paftorale  eft  agréable, 
c'eft  qu'elle  ne  tombe  pas  précifément  fur  le  ménage 
de  la  campagne  ;  mais  fur  le  peu  de  foin  dont  on 
y  eft  chargé  ,  fur  l'oifîveté  dont  on  y  jouit,  &  iur 
le  peu  qu'il  en  coûte  pour  y  être  heureux.  Id.  Ce 
grand  homme  n'a  point  forcé  la  nature  &  les 
élémenspour  embellir  la  folitude  ;  il  n'a  cherché 
dans  fa  retraite  que  les  pures  délices  de  la  campagne. 
Flech.  Un  noble  de  campagne  eft  un  Gentilhomme 
qui  demeure  hors  des  villes.  Un  habit  de  campagne 
eft  un  gros  habit  de  fatigue  qu'on  porte  aux 
champs. 

_  On  appelle  Comédiens  de  campagne,  des  Comé- 
diens qui  ne  jouent ,  qui  ne  repréfentent  que  dans 
les  Provinces.  Acad.  Fr. 

Campagne,  fe  dit  aulfi  de  quelques  lieux  particuliers. 
Campagne ,  Campania ,  eft  un  petit  pays  du  Duché  de 
Milan.  C'eft  la  partie  orientale  du  territoire  de  Pavie. 
Campagne  ,  eft  encore  le  nom  d'une  ville  du  Royau- 
me de  Naples,  dans  la  Principauté  citérieure,  à 
quatrelieues  au  Midi  de  Conza,  dont  fon  Evëquc 
eft  fuifragant.  La  Campagne  de  Rome,  Lanum,  eft  I 
une  Province   de  l'Etat  Ecclé(îaftique ,  bornée    au 
Levant  par  le  Royaume  de  Naples  ;  le  Teveronne  au 
Nord,  &  le  Tibre  au  Couchant  la  féparent,  l'un 
de  la  terre  Sabine  ,  &  l'aurrc  de  la  province  appel- 
lée  le  patrimoine  de  S.  Pierre  :  Rome  en  eft  la  Capi- 
tale. L'air  y  eft  fort  groiller ,  &  le  Territoire  peu  cul- 
tivé,  faute  a  habitans.  Le  Pape  établit,  il  y  a  qu'el- 
ques  années ,  une  Congré;;ation  pour  chercher  les 
moyens  de  rendre  ce  pays  plus  habitable  &  de  le 
cultiver-,  mais  ces  foins  n'ont  point  eu  d'effet.  Le 
nom  de   la  Province    de  Champagne   en  France 
eft  auflî  la  même  chofe  ,  &  il  a  été  donné  à  tous 
ces    lieux  ,  parce   que  ce  fonr  des    plaines  &  des 
Campagnes.  Campanie  ,  Province  du  Royaume  de 
Naples ,  eft  encore    la  même  chofe  -,  &  tous    ces 
mots  font  formés  du  Latin  Campania  qui  a  le  mêjne 
fens. 

Campagne  ,  en  termes  de  Guerre ,  eft  le  temps  de 
chaque  annce  Ou  l'on  peut  tenir  les  troupes  en 
corps  d'armée.  Cajira  cejtiva.  Les  Allem.ands  com- 
mencent leur  campa^^ne  fort  tard ,  &  attendent  la 
récolte.  Les  François  la  commencent  de  bonne  heure 
&  la  finiffent  tard.  En  ce  fens ,  on  le  dit  au(îi  pour 
délîgner  une  certaine  année  où  l'on  a  fait  quelque 
notable  exploit  de  guerre.  La  campagne  de  Lille. 
La  campagne  de  Cambrai.  On  a  fait  une  heureufe 
campagne.  On  le  dit  aulTi  dans  la  Marine.  Faire  une 
campagne  fur  mer. 

Campagne,  fignifie  au/Ti  les  années  qu'un  Officier,  ou 
qu'un  foldat  a  fervi.  Stipendlum.  Cet  Officier  a 
tait  quinze  campagnes  -,  c'eft-à-dire  ,  eft  Jans  le  fer- 
vice  depuis  quinze  ans.  Ce  foldat  eft  à  fa  première 
campap^ne  ,  il  commence  à  porter  les  armes. 
Tome  II. 


C  A  M  1^5 

On  dit  auflî  ,  mettre  en  campagne;  pour  dire  . 
taire  lortir  es  troupes  des  garnilons  pour  les  mettre 
en  cotps  datmée.  Copias  educere.  Tenir  la  cam- 
pagne ,  être  maître  de  la  campagne  ;  pour  dire  , 
çne  maître  du  pays,  faire  retirer  les  ennemis  dans 
leurs  garnilons.  Kagari ,  vias  obfidere. 

Battre  la  campagne  fe  dit  des  chafleurs  qui 
tiennent  un  grand  efpace  d'une  plaine  pour  en  fane 
lever  le  guier.  On  le  dit  au/ll  des  batteurs  d'eftra- 
fie  ,  qui  vont  aux  nouvelles  pour  découvrir  les 
ennemis. 

On  dit  figurément  qu'un  Auteur  bat  la  cam^ 
pagne ,  quand  il  dit  beaucoup  de  chofes  inutiles  . 
qui  ne  viennent  point  à  fon  fujct.  Extra  rem  va<rari, 
(i  propojîto  depaere.  " 

On  appelle  une  pièce  de  campagne ,  un  canon 
de  médiocre  groileur  ,  qui  peut  aifément  fuivre 
1  armée  dans  fa  marche ,  qui  fert  dans  les  batailles , 
a  la  tête  d'un  camp.    Tormemum  campeflre. 

On  dit  encore  qu'on  a  mis  tous  fes  amis  en  cam- 
pagne pour  iiire  une  telle  affaire  ;  pour  dire  ,  qu'on 
a  employé  tous  fes  amis  ,  qu'on  les  a  envoyés  deçà 
&  delà  pour  la  fliire  réuflîr.  Uti  omnium  amtco^ 
rum  opéra  atque  diligennâairem  aliquam  :  qu'on 
a  mis  des  Sergcns  en  campagne  pour  prendre  un 
criminel ,  &c.  qu'on  a  mis  bien  des  gens  en  cam- 
pagne, des  efpions  en  campagne,  pour  découvrir 
des  nouvelles  de  quelque  chofe. 

On  dit  aulTi  d'un  homme  prompt  &  colère,  que  , 
quand  on  lui  dit  quelque  chofe  qui  ne  lui  plaît 
pas  ,  au/fitôt  il  fe  met  en  campagne  ;  pour  dire 
qu'il  s'échappe ,  qu'il  s'emporte. 

On  appelle  à  la  Baflette  &auTharaon  ,  paroli 
de  campagne,  un  paroli  que  quelqu'un  marque  en 
fraude  ,  fins  que  fa  carte  foit  venue  en  gain.  Les 
Joueufes  de  profeifion  font  fujettes  à  faire  des  pa- 
rolis  de  campagne, 
CAMPANAIRE  ou  CAMPANALLE.  adj.  Terme  de 
Fondeur  de  cloche ,  qui  n'eft  en  ufage  que  lorl- 
qu'on  parle  de  l'échelle  campanaire  o\x  campanalie  , 
qui  eft  une  règle  pour  les  dimenlions  des  cloches, 
pour  régler  leur  hauteur,  diamètre,  épailTeur,  & 
afin  qu'elles  aient  un  certain  fon. 
CAMPANE.  f.  f.  Crépine  de  iil  d'or  ,  ou  d'argent, 
ou  de  foie ,  qui  fe  termine  en  petites  houppes 
façonnées,  &  qui  repréfentent  une  cloche.  Cam" 
panula  ex  auro  vel  argento  textili.  On  en  met  aux: 
pentes  du  lit,  aux  impériales  decarrolle,  &  autres 
endroits  où  l'on  veut  mettre  de  riches  crépines. 

On  fe  fert  de  ce  terme  en  Botanique  ,  pour  dé- 
crire certaines  découpures  des  feuilles  &  des  Heurs 
qui  approchent  de  la  figure  de  ces  ornemens. 

Ce  mot  vient  du  Latin  campana ,  qui  veut  dire 
cloche. 

Campane  eft  au/Iî  un  ornement  de  Sculpture  ,  d'oii 
pendent  de;  houppes  en  forme  de  petites  cloches. 
Campanuja  operis  fculptilis.  On  met  ces  fortes  d'or- 
nemens  à  un  dais  d'autel ,  de  trône ,  ou  de  chaire 
de  Prédicateur- 

Campane  ,  en  termes  d'Architefture ,  fignifie  auffi  le 
chapireau  corinthien,  ou  compofire^  qui  repré- 
fcnte  un  panier  ou  une  corbeille  entourée  de  feuilles. 
Capitulum  corinckiacum ,  vel  compojitum  ,  abacus , 
Les  ouvriers  l'appellent  tambour  ,  ou  vafe  ,  au- 
deffus  duquel  il  y  a  un  abaque  ,  ou  tailloir.  On  l'a 
nommé  campane ,  parce  qu'il  re/Temble  à  une  clo- 
che renverfée.  11  fe  dir  au/Ti  de  certains  petits  orne- 
mens ronds,  qui  font  comme  de  petits  cônes,  & 
qu'on  appelle  autrement  larmes  ou  gouttes.  Cam^ 
pane  de  comble  ,  eft  encore  un  ornement  de  plomb 
chantourné  8C  évidé,  qu'on  met  au  bas  du  faîte  & 
du  brifis  de  comble. 

Campane  ou  Campanule  jaune.  Bulhocodium  vul- 
gatius.  La  campane  jaune  eft  une  efpèce  de  nar- 
cifTe  fauvage  ,  ou  une  plante  haute  d'environ  demi- 
pied.  Ses  feuilles  font  longues ,  étroites  :  fa  tige 
porte  en  fon  fommet  une  belle  fleur  à  une  feule 
feuille  évafée  en  campane  ,  pâle,  foutenue  par  un 
calice  jaune,  doré,  luifant ,  enveloppé  d'une  gaîne 

Bb 


î^4  C  AM 

membtartcufi! ,  ic  entouré  de  iix  feuilles  pointues , 
pâles.  Quand  cette  fleur  eft  paflce  ,  le  calice  de- 
vient un  fiuit  rond  6c  relevé  de  trois  coins,  lequel 
eft  divilc  intérieurement  en  trois  loges  contenant 
des  femcnces  prefque  rondes  &  noires.  Sa  racine  eft 
bulbeufe ,  vifqueule  au  toucher  &  au  goût  ,  avec 
quelque  douceur  mêlée  d'un  peu  d'acrimonie.  Cette 
plante  croît  aux  bords  des  champs ,  dans  les  prés , 
aux  lieux  humides ,  dans  les  bois  ,  dans  les  jar- 
dins. Elle  contient  beaucoup  d'huile  &  de  l'eflen- 
tiel.  Fove{  le  Dict.  de  James, 
Campanelle,  f.  f.  Petite  cloche ,  clochette.  Campa- 

nuU.  Ce  mot  n'eft  pas  ufité, 
CAMPANETTE.  Nom  de  fleur ,  airtfi  appelée ,  par- 
ce qu'elle  a  la  figure  d'une  campanc.  C'eft  la  fleur 
du  narcille.  Voy^^i^  Narcisse. 
CAMPANIE,  Nom  ancien  d'une  Province  d'Iralie  , 
qu'on  appelle  aujourd'hui  terre  de  labour.  C'eft  le 
pays  d'Italie  le  plus  beau  j  le  plus  fertile  &  le  plus 
délicieux  -,   Se  ,  li  l'on  en  croit  Ciccron  dans  fa  pre- 
mière Oraifon,  dt  le^e  agraria  ,  /z,  75  ,    le   plus 
agréable  pays    du  monde.    Denis   d'Haliearnaiîe  , 
Pline,   L.UIy  C.  5  ,  Florus ,  L.  I  ■,  C.  16  ,  Ta- 
cite ,  Hifi.  L.  /  ,  C.  1 ,  Mêla ,  L.  II,  C.  4  ,  So- 
lin ,  C   8  ,  &  généralement  tous  les  Anciens  qui 
parlent  de  la  Campanie ,  en  louent  la  beauté   &c  la 
fertilité.  Sa  capitale  étoit  Capoue.  Quelques-uns 
prétendent  qu'elle  ne   prit  point   fon   nom  de    la 
beauté  de  fes  campagnes  ,  mais  du  nom  des  ha- 
bitans  de  Capoue  ,  qui  s'appeloient  Campani.  Pour 
la  diftinguer  de  la  Campagne    de   Rome  ,  on  la 
nomma  l'ancienne  ,  ou  l'heureufe  Campanie.  Lean- 
der   lui  donne  pour  bornes   au  couchant  le  Gari- 
^liano  ,  Liris  ,  à  l'orient  le  Selo  ,  Silarus  ,  6c  une 
partie  du  territoire  des  Samnites ,  au  Septentrion 
les  montagnes  des  Samnites ,   qui   font  une  partie 
de  l'Apennin  -,  au  midi  la  mer  de  Tofcane,  Foyei 
cet  Auteur  dans  fa  Defcripùon  de  l'Italie ,  &  Clu- 
vier  ,  L.    IV.  Vi.genere  ,    fur  Céfar    &  fur  Tite- 
Live  au  mot  Campania  ,  ou  Campanie  ,  lui  donne 
les  mêmes  limites  i   ou  autrement    il  dit  qu'elle 
s'ctendoit  le  long  de  la  mer  depuis  Gaïete  jufqu'à 
Salerne  ,  8c  que  du  côté  de  la  terre  elle  éroit  bor- 
née du  Latium  ,  des  Samnites  qui  eft  à  l'Abruzze , 
5c  d'un  des  coins  de  la  Pouille,  Le  même  Auteur 
fut  Tite-Live  ,  t.  I.  p.  1755?  >    montre   qu'on  eft 
obligé  de   fe  fervir  de  ce  mot  en   notre   langue  , 
quand  on  parle  de  l'anriquité ,  de  peut  d'équivoque  , 
parce   qn'aujourd'hui    ce    qu'on  appelle  en    Italie 
Campagne ,  eft  fort   différent  de   ce    que  les  Ro- 
mains appcloient  Campania.  On  l'a  aulïï  appelée 
l'ancienne  Campanie ,  à  la  différence  de  la  Cam- 
pagne de  Rome.  Ce  fiirent  les  délices  de  la  Cam- 
panie ,  qui  amollirent  Annibal  5i  fon  armée ,  &  qui 
lui  firent  perdre  tout  le  fruir  de  fes  vidloires. 
CAMPANIEN  ,  ENNE  ,  ou  CAMPANOIS  ,  OISE- 
{.  m.  &  f.  Campanus ,  a.  Habitant  de  la  Campa- 
nie. On  trouve  ces  deux  noms  dans  nos  Auteurs 
un  peu  anciens  :  on  trouve  même  Campanois  ad- 
jeélif.  Le  terroir  Campanois  ,  pour  dire  ,  le   ter- 
ritoire de   la  Campanie.  Aujourd'hui  on  cviteroit 
ces  mots. 
CAMPANIERs  f.  m.  Vieux  mot.  Sonneur.  Du  Latin 
Campanarius ,  comme  de  Campana  ,  cloche  ,  on  a 
fait  Campane  ,  qui  fe  trouve  en  ce    fens-là  dans 
Monet  ,  mais  qui  eft  aujourd'hui  hors  d'ufage.  Il  y 
en  a  dans  Rabelais  un  bel  exemple  ,  rapporté  fous 
le  mot  Remotis.  Pour  Campanier  ,  répété  plalieurs 
fois  dans  le  XIV  chap.  de  la  troifième  partie  du 
Roman  comique  ,  c'eft  apparemment'  un  mot  de 
Province.  A  le  prendre  à  la  lettre ,  ce  nom  con- 
vicndroit  mieux  à  celui  qui  fait  ou  qui  vend  les 
cloches ,  qu'à  celui  qui  les  fonne. 
itj-  CAMPANIFORME.  adj.  Terme  de  Botanique , 
qui  fc  dit   des  fleurs  &  des  fruits  qui  approchent 
de  la  figure  d'une  cloche.   Campaniformis.  Voye^ 
CiocHE  en  Botanique. 
CAMPANILE,  f  m.  Terme  d'Architedture.  Campani- 
le. On  appelle  ainfi  une  cour  d'Eglife.  Jean  de  PiTe 


C  AM 

bâtît  le  CrfOT/>a«//tf  de  l'Eglife  Cathédrale  de  Piftoye. 
FÉLiB.  Taddeo  Gaddi  bkit  à  Florence  une  grande 
partie  du  Campanile  de  Sainte  Marie  del  Fiore  fut 
lé  modèle  que  Giotto  en  avoit  lailic.  Id, 
IJCF  CAMPAfJiLE.  f,   f.  Dans  le  Diélionnaife  de  l'A- 
cadcmie  Françoife ,   c'eft  en  termes  d'Arcliitêdure  , 
la  partie  fupérieute  d'un  dôme. 
GAMPANINI,  f,  m.  Sorte  de  marbre  qui  fe  trouve 
dans  les  montagnes  de  Carrare  ,  où  il  y  en  a  de 
noirs  ,  d'autres  tirant  fur  le  gris  ,   d'autres  mêlés 
de  rouge  j  &  d'autres  qui  ont  des  veines  grifes.  Celui 
que  les  Italiens  appellent  Campanini  a  reçu  ce  nom 
à  caufe  qu'il    raifonnc  quand  on  le    travaille  ,  & 
rend  un  fon  fort  aigu ,  en  quoi  il  reflemble  à  une 
cloche.  Il  eft  naturellement  dur  ,   &  s'éclate  plus 
aifément  que  les  autres. 
CAMPANULE,  f,   f.  Terme  de  Botanique.  Campa- 
nula.  Nom  qu'on  a  donné  à  un  genre  de  plante 
qui  a  fes  fleurs    d'une  feule  pièce ,  taillée  en  cam- 
pane ou   en  clochette    découpée    fiir   les   bords  , 
tantôt  purpurine  ,  le  plus  fouvent  bleuâtre ,  quel- 
quefois toute  blanche  ,   d'autrefois  cendrée.  Le  ca- 
lice de  ces  fleurs  devient  un  fruir  membraneux  , 
divifé  en  trois  ou  plufieurs  cellules  remplies  d'une 
femence  le  plus  Ibuvent  menue ,  &  qui  s'échappe 
par  des  ouvertures  qui  font  au  haut  du  fruit ,   & 
qui  répondent  a  chaque  cellule.  Il   y    a  plufieurs 
cfpcces  de  Campanule  ,  comme  on  le  peut  voir  dans 
les  inftituts  de  M.  de  Tournefort ,  parmi  lefquelles 
il  y  en  a  certaines  qui  ont  leurs  feuilles  femblables 
à  celles  d'ortie  ,  &  on  les  nommoit  autrefois  les 
gantelées  ou  gants  de  Notre-Dame  ,   Campanula 
foliis  iirtica ,  &  les  autres  s'appeloient  des  herbes 
aux  clochettes.  L'efpéce  qu'on  nomme  Campanula. 
radice  efculentâ,  croit  appelée  Raiponce,  Rapun- 
culum.  On  mange  les  racines  en  falade.  Elles  ont 
un   goût  agréable ,  &   qui    tient  du   Raifort,  On 
cultive   dans  les  Jardins  plufieurs  efpèces  de  Cam- 
panules ,  par  rapport  à  la  figure  &  à  la  couleur  de 
leurs  fleurs ,  ou  parce  qu'elles  font  doubles.  Toute 
la  plante  a  ordinairement  un  goût  piquant ,  &  don- 
ne du  lait  lorfqu'on  la  coupe. 
§Cr  Campanule  ']Mine.  ■Fvye:^  Campane  jaime. 
CAMPATOIS  f  m.  Secle  d'Hérétiques  ,  qui  s'clevè- 
rcnr  contre  l'Eglife  dans  le  IV  liècle.  Leur  doc- 
trine étoit  la  même  que  celle  des  Donatiftes  6;  des 
Circoncellions.      Ils    font    appelés    Montais     pat 
Saint  Jérôme ,  dans  ce    qu'il    a   écrit  contre  les 
Lucife  riens. 
CAMPE  i'.  m.  Héfiode  dit  que  le  Tartare  étoit  gar- 
dé ^nr.  Campé  t  que  Jupiter  rua  de  fa  propre  main  , 
lorlqu'il  en  retira  les  oncles ,  les  Titans.  On  ne  faic 
qu'elle  efpcce  d'être  étoit  ce  Campé. 
CAMPE,  f.  m.  Sorte  de  droguer  croifé  &  drape,  qui  fe 
fabrique  à  la  Chateigneraye ,  S,  Pierre  du  Chemin  , 
&:  autres  lieux  de  Poitou. 
CAMPECHE.   Petite  ville    de  l'Amérique   méridio- 
nale ,  dans  la  Province  d'Ucatan  ,  &  de  l'Audien- 
ce du  Mexique.  Campecum.  On  l'appelle  auifi  San 
Francifco   de  Campiche ,  parce  que  fon  Eglife  eft 
dédiée  à  S.  François.  Campiche  étoit  autrefois  l'é- 
chelle de  toute  l'Amérique  ,  pour  le  trafic  du  bois 
de  teinture.  Les  Efpagnols  le  coupoient  alors  auprès 
d'une  rivière  qu'on  appelle  Chapipeton  ,  à  dix  ou 
douze  lieues  de  la  ville  de  Campiche ,  au  fud  de 
cette  place  dans  un  terrein  liaut  &  pierreux.  C'eft 
de-là  que   le  bois   de   teinture  fut  appelé  bois  de 
Campiche. 

Le  bois  de  Campiche  eft  un  arbre  d'Amérique , 
qui  ne  croîr  pas  fort  haut  ;  les  feuilles  en  font 
petites,  &  reffemblent  affez  à  celles  du  trèfle.  Lettres 
édifiantes  &  curieufes  ,  tome  XI ,  p.  iz8.  D'autres 
diicnt  qu'il  eft  affez  femblable  à  nos  aubépins  , 
mais  plus  gros  -,  que  l'ccorce  des  jeunes  branches 
eft  blanche  &:  polie  ;  qu'elle  a  quelques  pointes  qui 
en  forrent  ;  que  le  corps  &:  les  vieilles  branches  font 
noirâtres  ;  que  l'écorce  en  eft  plus  raboteufe  ,  5C 
qu'il  y  a  peu  de  piquans.  Le  cœur  de  l'arbre  eft 
*      tougç ,  8c  c'eft  ce  quj  fer:  pour  la  teinture.  Quel- 


I 


C  A  M 

que  temps  aptes  qu'il  a  été  coupé  >  il  devient  noir  , 
&  ii  on  le  met  dans  l'eau ,  il  la  teint  en  noir ,  &: 
on  peut  s'en  fervir  pour  écrire.  Ce  bois  ell:  extrê- 
mement pelant  ;  il  brûle  très-bien  ,  &c  lait  un  feu 
clair  &c  de  longue  durée. 
CAMPEMENT.  C.  m.  L'aôtion  de  camper  ,  &  le  camp 
même.  Cajlrorum  metaùo.  La  grande  icience   d'un 
Générai,  c'efl  de  bien   lavoir  lés  campemens.  Les 
*       bons  campemens  doivent  avoir  la  commodité  des 
eaux  &  des  fourages ,  &  les  facilites  de  fe  couvrir 
&  de  Te  retrancher, 
|0°  CAMPEN.  Ville  des  Pays-Bas ,  dans  la  Province 
d'Over-Iffil ,   près  de  l'embouchure  de    l'IUél ,  à 
cinq  lieues  de  Deventer.  Campi  &  campena. 
CAMPENSES.  f.   m.  pi.  Qui   s'cfl:   dit   dans  le   IV 
liccle  des  Catholiques  d'Antioche  de  la  communion 
de  S.  Méléce.  Campenfes.  Ce  nom  eft  Latin  &%- 
niHe  qui  eft  dans  la  campagne,  Campagnard;  mais 
il  convient  peu  ,  &:  l'on  ne  lait  comment  traduire 
autrement    en  François  Campcnj^ns  ;  de  forte  que 
nos  Auteurs  conlcrvent  le  mot  Latin.  On  les  ap- 
pelle aailiCampites.  Les  Catholiques  de  la  commu- 
nion de   S.  Méléce    avoient    été    chaflcs  de  leurs 
Egliles  -,  ils  s'alftmbloient  donc  auprès  de  la  mon- 
tagne voilînc  d'Antioche.  Toutefois  on  envoya  des 
foldats  pour  les  en  chafler  ,  &  ils  s'aflemblcrent  au 
bord  de  l'Oronte  ,  d'où  étant  challés  ,  ils  allèrent 
au  champ  des  exercices  &  de-là  leur  vint  le  nom 
de  Campenfes  ,  que  leur  donnèrent  ceux  de  la  com- 
munion de  Paulin.  Fleuri. 

Ce  mot  vient  de  Campus ,  ch:imp. 
^  CAMPER.  Ville  des  Indes,  dans  l'île  de  Suma- 
tra près  de  la  ligne  ,  à  Titrée  du  détroit  de  Ma- 
laca  ,  capitale  d'un  Royacraie  qui  porte  fon  nom. 
Ip"  CAMPER.  V.  a.  Se  dit  d'un  Général  qui  diftti- 
bue  fon  armée  en  quelque  endroit,  pour  y  refter 
un  ou  plufieurs  jours.  Ce    Général  a   Campé    fon 
armée  devant  une  telle  ville  ;  s'eft  Campé  avanta- 
geufement. 
^fT  Camper.  Eft  aulfi  neutte  ,  &  fe  dit  de   l'armée 
qui  s'arrête    en  quelque  lieu  pour  y   refter  uu  ou 
plufieurs  jours.  Cajira  ponere  ,    collocare  ,   meuiri. 
Les  Romains  campaient  toute   l'année.  Du  temps 
de  Papirius ,  les  Romains  ne  favoient  encore  ni  fe 
pofter  ,  ni  camper  dans  aucun  ordre  :  ils  apprirenr 
à  former  leur  camp  fur  celui  de  Pyrrhus  ;  aupara- 
vant  ils   avoient  toujours   campé  en  confulîon.  S. 
EvR.  Les  deux    armées  campaient   vis-à-vis   l'une 
de    l'autre.  Céfar  alla    camper  un  peu   plus    loin 
de-là.   P^oye^  Camp. 
Camper  fe  dit  encore  de  ceux  qui  n'ont  point  de  logis 
certain ,  &;  qui  vont  coucher  aujourd'hui  dans  une 
maifon  &  demain  dans  une  autre.  Exprelîion  fami- 
lière. Cet  homme  ne  fait  que  camper. 
^fT  Se  camper ,  en  ftyle  de  converfation ,  lignifie  la 
même  choie  que  fe  placer.  Se  camper  dans  un  fau- 
reuil. 
§3"  Se  camper  ,  fignific  aulTi  fe  placer  d'une  certaine 
manière  fur  fes  pieds.  Ce  danfeur  fe    campe  bien. 
ffT  On  le  dit  aufli  chez  les  maréchaux.  Se  camper 
pour  uriner ,  en  parlant  d'un  cheval  guéri  d'une 
çnaladie  ,  où  il  n'avoir  pas  la  force  de  fe  mettre 
dans  la  fituation  ordinaire  aux  chevaux  qui  urinent, 
Encyc, 

Se  camper  bien  ,  fe  dit  au  figuré  d'une  perfonne 
qui  prend  bien  fes  mefures ,  qui  prévoit  tout ,  qui 
pourvoit  à  tout  :  &  dans  un  fens  contraire  ,  on  dit 
qu'elle  eft  mal  campée,  "^ton  pour  le  ftyle  familier. 
CAMPE ,  EE.  parr.  Il  a  les  fignifications  de  fon  verbe. 
On  dit  qu'un  homme  eft  bien  campé  fur  fes  Jam- 
bes ,  quand    il  eft  dans  une  pofture  ferme  &  af- 
fûrée ,  convenable    aux   exercices  qu'il  veut  faire, 
comme  de  fauter ,  lutter ,  de  frire  des  armes.  Exi- 
mio  habitu  &  Itatu  re3o  ej/e.  Ce  mot  &  fon  verbe 
camper  ,  font  fort  en  ufage  chez  les  maîtres  d'armes. 
CAMPERCHE.  f.  f.  LesBalfc-lilTiers  ,  ou  ouvriers  en 
tapifleries  debafle-lilTes  ,  appellent  Campercfu ,  une 
barre  de  bois   qui  traverfe   leur  métier  Se  qui  fou-  J 


C  A  M 


195- 

tient  les  fautereaux ,  où  font  attachées  les  corde* 
des  lames. 
CAMPESTRE.  f.  m.  Habillement  des  foldats  Romains. 
Campêjire.  C'étoit  ,  dit  Vigenere  fur  TLtc-Live  , 
tom.  p.  ^SS  ,  cerrain  brayer,  ou  rablier  ceint  au- 
près du  nombril  ,  &:  pendant  julqu'aux  genoux  , 
comme  des  marirefqucs  amples  &  courtes ,  tel  à 
peu  près  que  celui  que  porrent  les  Arméniens,  ou 
quelques  artifans ,  &  aujourd'hui  les  Bra(rcurs,au 
moins  à  Paris.  Les  foldats  s'en  fervoient  pour  fe 
couvrir  les  parties  hontçufes  dans  leurs  exercices. 
A'oyf^  AcRON  fur  l'onzième  Epitte  du  premier  Liv. 
d'Horace,  Il  dit  auffi  ,  qu'il  étoit  mince  ,  délie  , 
tenue. 

Ce  mot  vient  de  campus  ,  champ  ,  parce  que  les 
foldats  prenoient  le  campeJlre  pour  faire  leurs  exer- 
cices, &c  que  le  lieu  où  ils  le  faifoient,  s'appeloit 
campus  ,  champ.  Quelques-uns  difent  campêjire  , 
ou  campejie  \  &:  proprement  ni  l'un  ni  l'autre  n'eft 
françois  ,  quoiqu'on  s'en  ferve.  Le  mot  firançois 
cil:  Tonnelet ,  &  il  femble  qu'il  feroit  mieux  de 
s'en  fervir ,  &  de  ne  donner  une  forme  tirançoifc 
aux  mots  latins ,  que  lorfqu'il  n'y  en  a  point  de  fran- 
çois qui  leur  réponde.  Voyes^  encore  Tonnelet. 
(ÇT  CAMPHORATA.  f  f  Planre.  Foye^  Camphrée. 
CAMPHRE,  f.  m.  d'Herbelot  fait  camphre  féminin. 
Tous  les  Auteurs  le  font  mafculin.  Camphora.  Les 
Arabes  appellent  cafur  le  camphre  ,  qui  eft  une 
gomme  blanche  &'.  odoriféranre  ,  que  l'on  rire  d'un 
arbre  afléz  femblable  au  Saule ,  fi  ce  n'eft  qu'il 
eft  plus  noir.  d'Herb.  L'arbre  qui  produit  \.t' cam- 
phre fe  trouve  en  grande  quantité  dans  le  pays 
des  Nègres.  Idem.  Le  camphre  eft  la  gomme  d'un 
arbre  qui  croît  aux  Indes  dans  les  montagnes  ma- 
ririmes ,  &  dans  l'île  de  Bornéo  ,  lequel  eft  de  telle 
hauteur  &  largeur ,  qu'un  efcadron  de  cent  hom- 
mes pourroir  demeurer  dellbus  à  l'ombre ,  &  on 
en  fair  de  grands  coffres  qui  viennent  du  Japon. 
Camphora,  On  dit  qu'il  foit  en  plus  grande  abon- 
dance durant  la  tempête ,  &  les  tremblemens  de 
terre.  Il  découle  de  cet  arbre  comme  une  gomme, 
11  y  en  a  de  plufieurs  Ibrres  :  car  on  en  trouve 
un  entre  les  veines  du  bois ,  &  un  autre  qui  fort 
par  l'ccorce  rompue  ,  en  forme  de  réfine  ,  &  de- 
meure attaché  à  l'arbre.  Il  eft  rouge  d'abord  ,  dc 
devient  blanc ,  ou  par  la  chaleur  du  Soleil ,  ou 
à  force  de  feu.  Il  y  en  a  un  de  couleur  brune  &: 
obfcure ,  qui  eft  moins  eftimé.  Il  y  a  aulfi  un  cam- 
phre en  rofe  ,  qui  n'a  point  palle  par  le  feu ,  ôc 
un  autre  qui  a  été  purifié  &  blanchi  ,  &  fait  par 
fublimation.  Le  camphre  eft  fi  fubtil ,  que  fouvent 
de  foi-même  il  le  réfout  en  fumée.  Il  eft  fi  odo- 
rant ,  que  fur  les  lieiw  on  s'en  fert  au  lieu  d'en- 
cens. Les  Princes  de  l'Orient  fe  fervent  de  cette 
précieufe  gomme  mêlée  avec  de  la  cire  pour  éclai- 
rer leurs  Palais  pendant  la  nuit.  Saadi ,  pour  mar- 
quer le  cara(5tère  d'un  prodigue  ,  dit  que  celui  qui 
allume  des  chandelles  de  caOT/J^re  pendant  le  Jour, 
fe  met  en  danger  de  n'en  avoir  pas  de  fuif  pour 
s'éclairer  pendant  la  nuit.  D'Herb.  Pour  être  bon, 
il  doit  être  blanc  ,  pur,  rcluifant ,  tranfparent ,  dc 
forte  odeur-,  &  il  faut  qu'il  devienne  mouillé  ,  quand 
on  le  met  fur  un  pain  chaud  :  il  eft  amer. 

On  a  trouvé  depuis  peu  en  Ceylan ,  que  la  ra- 
cine de  l'arbre  de  cannelle  produit  d'auffi  bon  cam- 
phre qu'aucun  du  Japon  ,  ou  de  la  Chin; ,  comme 
témoigne  VHifioire  de  la  Soci.té  d'Ancj;Uterre''y 
Quelques-uns ,  comme  Fuchfius  ,  croient  que  c'eft 
un  bitume  des  Indes. 

Ce  mot  vient  de  l'hébreu  caphor. 

On  fait  du  camphre  artificiel  avec  de  la  fanda- 
raque  &  du  vinaigre  blanc  diftillé  ,  qu'on  met 
durant  20  Jours  dans  le  fumier  de  cheval ,  &  qu'on 
lailfe  après  au  Soleil  pendant  un  mois  pour  fécher; 
&  on  trouve  le  camphre  fait  comme  une  croûte 
de  pain  blanc,  qu'on  appelle  mntmcnz  gomme  de 
genèvre  ,  vernis  blanc  ,  ou  mafllc  bien  pulvcrifé. 
La  Chimie  ne  travaille  point  (ivclc camphre,  pui'- 
qu'il  furmonte  en  pureté ,  en  fubtilité ,  en  volati- 

Bbij 


1^6 


C  A  M 


litc  &  en  pénétration ,  tout  ce  qu'on  en  pourroit 
tirer  par  la  dirtillation  -,  &  on  ne  peut  enciicrir  lut 
fa  perieclion.  Il  eft  très-diaphane ,  &:  i"a  blancheur 
égale  celle  de  la  neige.  Son  goût-  acre ,  &  fon 
odeur  forte  prouvent  l'a  volatiUtc.  Son  inflamma- 
bilité  dans  l'eau ,  &  la  totale  conlonipcion ,  ians 
laiH'er  aucune  trace  au  vaiiîeau  dans  lequel  on 
l'allume  ,  monttent  fa  pureté  Se  la  lubtilité  de  fes 
parties. 

Le  camphre  eft  une   gomme  blanche  ,  tianlpa- 
rcnte  comme  du  lel ,  gralle  &:   huileule ,  inflam- 
mable ,  acre  5  amcre  &  aromatique   au   goût  ,    &c 
d'une  odeur  forre  &  très-pcnctrante.  On  peut  laite 
quatre  lottes  de  camphre  ,  par  rapport  aux  maniètcs 
différentes  dont  on  le   tire  ,  &c  pat   rapport  aux 
plantes  particulières  qui  le  donnent.  La  piemière 
forte  eft  celle  qui  le  tite  dans  le  Japon  d'un  arbre 
que  nous  pouvons  appeler  Camphrier ,  camphori- 
fera  arl-or.  Cet  arbre  a  les  feuilles  alternes    ailez 
femblables  à  celles  du  lautier ,  roides  ,  vertes ,  & 
d'une  odeur  de  camphre.   Ses  fleurs   qui   naiHent 
des  aiflcUes  des  feuilles  fur  de  petites    btanchcs , 
font  blanches ,  à  cinq  pétales  ,  quelquefois    à   lix. 
Ses  fruits  font  des  baies  compofees  comme  le  fruit 
du  cmncllier  &;  du  chêne ,  d'une  calote  ou  calice 
&  d'un  petit  gland  qui  renferme  une  femence  hui- 
leufe ,  gioflé  comme  un  grain  de  poivre.  Ce  trait 
dans  fa  paifaite  maturité  eft  d'un  pourpre  toncc, 
6c  eft  d'un  goût  de  camphre   cC   de    girofle.    On 
prend  les  racines  ,  le  bois  ,   les    branches    &   les 
feuilles  de  cet  arbre  froides ,  &  on  les  met  dans 
une  cucurbite ,  que  l'on  bouche  ,  afin  qu'étant  ex- 
pofcs  au  feu  ,  la  matière    du    camphre   puiflé    fe 
fublimer  &  fe  ramafler  en  malle.  La  féconde  forte 
fe  prépare  avec  l'écorce  de  la  racine  du  cannellier , 
qu^on  fait  diftillcr  avec   fuffilante   quantité   d'eau. 
Le  camphre  fumage  par-deffus  l'huile  qui  eft  por- 
tée avec  l'eau  dans   la  diftillation.  La  troiiième  eft 
celle  qu'on  retire  du   zedoaria ,  de    deux  efpèce. 
de  menthe  de  Ceylan  ,  appelées  ghonakola ,   & 
kaparavveili ,  &  de  quelques  autrss ,  en  les  diftil- 
lant  de  même  que  l'écorce  de  la  racine  du  can- 
nellier. La  quatrième  enfin  qui  eft  la  plus  pure  , 
&  qui  n'eft  point  fàélice  comme  les  précédentes , 
nous  vient  de  l'Ile  de  Bornéo.  Elle  découle  d'ur 
grand  arbre  qui  a  la  feuille  ,  les  fleurs  &  les  fruits 
femblables  à  ceux  du  camphrier  qui  vienr  au  Japon 
dans  fa  partie  auftrale  appelée  Sarruma.  On  trouve 
aulH  entre  les  veines  du  bois  de  fon  tronc  de  pe- 
tites veines  de  c^TO/^re. Kampferus,  Boccone  dans 
fes  recherches  &   obfervationî ,  Brecperus ,  Her- 
nian ,  &  tous  les  voyageurs  regardent  le  camphre 
de  Bornéo ,  comme  le  plus  pur.  On  appelle  cam- 
phre brut  j  ou  camphre  rofé  ,  celui  qui  nous  vient 
en  morceaux  ,  grenés ,  fales  ,  rougeâtres  ,   moins 
purs,  &  qu'on  eft  obligé  de  faire  fondre  &  fubli- 
mer pour  le  rendre  tranfparent ,  blanc  &  tel  que 
nous  le  voyons  ordinairement  chez  nos  droguiftes , 
qui  ont  foin  d'envoyer  en  Hollande  tout  le  cam- 
phre brut  pour  le  purifier.  On  a  toujours  fait  un 
myftère  de  fa  purification  •,  Pomet  cependant  allure, 
que  rien  n'eft  plus  aile  ,  &  qu'il  n'y  a  qu'à  le  faire 
fondre  dans  un  vaifTeau  fublimatoire  ou  marras , 
ce  qui  paroît  allez  vtaifemblable.  Il  fe  peut  faite 
cependant  que  ceux  qui  travaillent  à  fa  purification 
en  Hollande ,  y  réufTiffent  mieux  ,  parce  qu'ils   y 
travaillent  continuellement.  Le  camphre  eft  un  bon 
remède  qui  anime  le  fang,  refont  lesférofités  épan- 
chées ou  arrêtées  dans  les  parties  &  qui  y  caufent 
des  tumeuts  &:  des  douleurs.  L'eau  de  vie  dans  la- 
quelle on  a  dilfous  du  camphre  ,  fe  nomme  eau  de 
vie  camphrée ,  &c  eft  employée  pour  baffiner  des 
tumeurs  éréfipélateufes ,  pour  diiliper  des  douleurs 
rhumatifmales.    Le    camphre   entre  dans  plufieurs 
compofitions  pharmaceuriques.  Le  proverbe  Latin 
camphora  per  nares    caflrat  odore   mares ,  a   fait 
croire  pendant  long  temps  que  l'odeur  du  camphre 
privoit  les  mâles  de  la  faculté  d'engendrer ,   ce  qui 
eft  conuaire  aux  obfervations  de  Scaliger ,  de  Yul- 


C  A  M 

pius ,  &  de  plufieurs  autres  médecins.  Le  camphre 
enttoit  dans  la  compoution  des  feux  grégeois  des 
Anciens,  &  nos  Artificiers  l'emploient  aujourd'hui 
dans  la  compolîtion  des  feux  de  joie  deftinés  à 
brûler  fur  l'eau.  On  tire  une  huile  du  camphre  ^^it 
le  moyen  de  l'efprit  de  nitre  :  cette  huile  eft  du- 
fage  dans  les  caries  des  os.  Au  refte  le  camphre  eft 
très-volatil ,  &  on  n'empêche  la  diifiparion  de  fes 
parties  qu'en  le  tenant  dans  une  bouteille  bien  % 
bouchée  ,  ou  en  le  mettant  dans  du  poivre. 

La  principale  qualité  du  camphre  eft  de  retenir 
6c  de  conferver  un  feu  inextinguible  qui  brûle 
dans  l'eau ,  fur  la  glace  &  dans  la  neige ,  à  caufe 
qu'il  eft  d'une  nature  fort  tenue  &;  graife  ,  Jufques- 
là  que  li  on  en  jette  dans  un  balfm  fur  de  l'eau- 
de-vie ,  &:  qu'on  les  falle  bouillir  jufqu'à  leur  en- 
tière évaporation  dans  quelque  lieu  étroit  &c  bien 
fermé ,  &  que  par  après  on  y  entre  avec  un  flam- 
beau allumé  ,  tout  cet  air  renfermé  conçoit  en  un 
moment  le  feu  qui  paroît  comme  un  éclair ,  fans 
incommodcr^le  bâtiment ,  ni  les  fpedlateurs, 

CAMPHRE ,  E.E.  adj.  Il  n'a  guère  d'ufage  que  dans 
ces  phrafes.  De  l'efprit  de  vin  camphré.  De  l'eau- 
de-vie  cojriphrée.  Qui  fe  difent  de  l'efprit  de  vin , 
de  l'eau-de-vie  où  l'on  a  mis  du  camphre. 

CAMPHRÉE.  1".  f.  Terme  de  Botanique.  Camphorata. 
Nom  d'une  plante  ainfi  nommée  à  caulé  de  quel- 
que petite  odeur  de  camphre  qu'elle  a.  Cette 
plante  vient  le  long  des  chemins  dans  le  Langue- 
doc ,  &;  fur-tout  aux  environs  de  Montpellier. 
C'eft  un  remède  fpécifique  pour  l'hydropifie  ,  & 
fur-tout  pour  l'afthme  ,  érant  ptife  en  décoétion 
ou  en  poudre.  Il  n'y  a  point  de  manière  plus  fûre 
de  donner  la  camphr^ ,  qu'en  tilane.  On  en  met 
depuis  une  once  jufqu'à  deux  fur  une  pinte  d'eau , 
&  quelquefois  du  vin  blanc.  Les  brins  les  plus 
tendres  ,  les  plus  déliés  &  les  plus  garnis  de  feuilles 
font  les  meilleuts.  On  les  coupe  menu  comme  on 
fait  le  chiendent.  Les  grollés  tiges  &:  les  racines 
doivent  être  reietées.  On  prend  aufTi  cette  plante 
en  gùife  de  thé.  Elle  eft  d'autant  meilleure  ,  qu'elle  j 
eft  plus  verte  &  plus  nouvelle  ;  elle  fe  conlérve  \ 
cependant  c.'une  année  à  l'autre.  La  camphrée 
échauffée  &  alteie  beaucoup. 

Cette  plante  poulie  pluiîeurs  tiges  à  la  hauteur  d'un 
pied  ou  d'un  pied  ^  demi ,  afléz  groilés ,  dures ,  li- 
gneufes,ramcufes ,  velues  ,  blanchâtres ,  relevées  al- 
ternativement par  des  nœuds  ,  de  chacun  defquels  il 
fort  quantité  de  petites  feuilles  entaifées ,  longuet-  , 
tes  ,  menues  ,  velues  ,  médiocrement  dures  ,  fen-  1 
tant  le  camphre  quand  on  les  écrafe  ,  d'où  la 
plante  a  pris  fon  nom.  Sa  fleur,  qui  paroît  aux 
mois  d'Août  &  de  Septembre  ,  eft  un  petit  vafe 
herbeux.  Elle  vient  dans  les  pays  chauds  &  fablon- 
neux.  Elle  eft  très-commune  aux  environs  de  Fron- 
tignan.  Elle  eft  un  peu  acre  au  goût  ;  mais  elle  eft  cé- 
phalique  ,  apéritive  ,  réfolutive  ,  &  déterfive  -,  elle 
réfifte  au  venin  -,  elle  excire  les  mois  aux  femmes  i 
elle  abat  les  vapeurs ,  &  eft  propre  pour  les  vers  \ 
elle  provoque  la  fueur. 

fl3*  CAMPHRIER.  (  le  )  Voyei  Camphre. 

?fT  CAMPHUR.  f.  m.  Efpèce  d'Âne  fauvage  qui  fc 
trouve  dans  les  délerts  de  l'Arabie ,  qui ,  fufvant 
le  rapport  de  quelques  voyageurs ,  a  une  corne 
au  milieu  du  front ,  dont  il  fe  fert  pour  fe  défen- 
dre des  taureaux  fauvages.  Encyc. 

gO"  CAMPIANO.  Petite\ille  d'Italie,  dans  le  val 
de  Taro  ,  près  la  rivière  de  Tare. 

Ip-  CAMPIGNE  ou  KEMPEN-LAND.  Contrée  des 
pays-bas  ,  divilée  en  Campi^ne  HoUandoife  &  Cam- 
pi^ne  Liégeoife.  La  première  eft  une  partie  de  la 
Mairie  de  Bois-lc-Duc  ,  &  l'autre  une  partie  du 
diocèfc  de  Liéçc. 

CAMPINE.  f.  f.  C'eft  un  nom  qui  fe  donne  à  diffé- 
rentes petites  conttées.  Campinia.  Il  y  a  la  Cam- 
pine  dans  l'Andaloufie  ,  qui  eft  une  pattie  du  ter- 
ritoite  de  Séville.  La  Campine  ,  contrée  du  Lié- 
geois ,  qui  s'étend  depuis  la  Meufe  jufqu'à  la  Mairie 
de  Bolduc.  La  Campine  Brabançonne ,  petite  con- 


G  A 


trcc   ciu    Brabant   Hollandois ,  dans  lâ  Mairie  cîc 
Bolduc. 

Ce  mot:  vient  d'Eipagne  ,  où  cdinpina.  figrtifîe  iule 
campagne  découverte ,  où  il  n'y  a  aucim  ^rlne. 
C'cft  la  mSme  cliole  que  campagne  en  notre  lan- 
'•  guc  ;  ainfi  il  Icroit  mieux  de  dire  en  Latin  Cam- 
panici.  Ce  l'ont  les  Elpagnok  qui  ont  porté  ce  mot 
dans  les  Pays-Bas. 

Campine  fe  dit  aulfi  d'une  erpèce  de  petite  poular- 
de fine. 

Ip"  CAMPION.  Ville  d'Afîe  ,  dans  la  Tartarie ,  fur 
les  ftontièrcs  de  la  Chine. 

CAMPITES.  f.  m.  pi.  Nom  que  l'on  donna  au  V  lîccle 
aux  Donatiftes.  Campita,  Ils  furent  ainfi  appelés 
du  mot  latin  c.impus ,  champ  ,  campagne ,  parce 
qu'ils  taifoient  leurs  aiTemblces  dans  les  campagnes. 

CAMPO.  f.  m.  Laine  d'Eipagne  qui  vient  de  Séville 
&  de  Malaga. 

ffT  Campo  di  San-Pictro.  Petite  ville  du  Domaine 
des  Vénitiens  en  Italie ,  dans  le  Padouan ,  entre 
Trévigny  &  Vicenze. 

CAMPOIS.  f.  m.  Hérétiques  qui  parurent  dans  le 
même  fiècle  que  les  Campatois ,  &  qui  s'attachoient 
aux  erreurs  des  Arriens.  Quoiqu'ils  fiiîent  prof^llion 
de  demeurer  dans  la  Communion  de  l'Eglife ,  ils 
ne  lahlbicnt  pas  de  croire  trois  fubiHnces  dans  la 
Trinité  félon  la  doctrine  de  certains  Errans ,  qui 
au  lieu  de  croire  une  même  fubllance  ou  elîence 
en  trois  perfonncs  divines  ,  y  fourenoient  trois  hy- 
poftafes  ou  fubll;ances. 

^  CAMPOLI.  Petite  ville  épifcopak  dans  l'Abrulfc 
ultérieure,  aux  confins  de  la  marche  d'Ancone. 

CAMPOS.  {'.  m.  Terme  de  Collège.  Congé  qu'on 
donne  aux  écoliers  pour  fortir ,"  pour  aller  aux 
champs  fe  divertir.  Facatiq.  On  le  dit  auili  fami- 
lièrement de  ceux  qui  font  fujets  &  attachés  à 
quelque  travail.  Les  Clercs  n'ont  carnpos  que  les 
Dimanches  &  Fêtes.  Cela  vient  du  Latin  habernus 
catnpos. 

CAMPOTE.  f.  m.  Pumnn  i  go[fyp'io ,  Xylinus  pan- 
nus.  On  appelle ,  en  termes  de  négoce  &  de  re- 
lations ,  Cumpotes ,  des  draps  de  coton  qui  font  fort 
eftimcs  aux  Indes  ,  &  qui  fe  font  dans  les  Phi- 
lippines. 

^  CAMPREDON.  Petite  ville  d'Efpagne,  dans  la 
Catalogne  ,  aux  coniins  du  Roufîilion ,  entre  Gi- 
rone  ic  Puicerda, 

CAMPSEAUX.  Le  cap  de  Campfeaux  efl:  la  pointe 
de  l'Acadie  qui  s'avance  le  plus  à  l'oueft,  &  touc.'ie 
prcfque  à  l'Ile  du  Crp  Breton.  Promontorlum  Camp- 
j'eale.  Le  paflage  de  Campfeaux.  Fretum  Campfeale. 
C'efl:  un  petit  détroit  entre  le  Cap  de  Campfeaux 
&C  l'Ile  du  Cap  Breton  ,  &  formé  par  l'une  &  l'autre 
de  CCS  terres.  Denys  l'appelle  le  petit  paflage  de 
Campfeaux  ,  parce  que  celui  qui  eft  entre  l'Ile  du 
Cap  Breton  &  celle  de   Terre-Neuve  ,  efl:    beau- 
coup plus  grand.  Le  Cap  de  Campfeaux  eft  éloi- 
gné du  Cap   de   S.  Louis    de   plus  de   25    lieues. 
Denys.  Le  Cap  de  Campfeaux  efl:  vis-à-vis  de  l'Ile 
du  Cap  Breton ,  &  forme  avec  cette  Ile  le  paflage 
de  Campfeaux  ,  qui  eft  un  petit  détroit   entre   ce 
Cap  &  cette  Ile.    La   Baie    de   Campfeaux  eft  au 
midi  de  ce  paflage.  Dans  le  petit  paflage  de  Camp- 
feaux le;  courant  eft  extrêmement  fort.  Dans  l'en- 
droit le  plus  étroit ,  il  ne  peut  y  avoir  que  la  por- 
tée d'un  bon  canon  de  la  Terre-ferme  à  l'Ile.  Den. 
CAMPTER.  f.  m.  Signifie  en  général  toute  forte  de 
courbure  ,  mais  particulièrement  la  pafle  d'un  jeu 
de  mail  i  £■:  c'eft  dans  ce  fens  que  Galien  s'çn  fert 
par  métaphore,  Us.  part.  Lih.  VU,  cap.  14,  où  il 
décrit  les  nerfs  récurrens  de  la  fixièmc  paire ,  qui 
après  être  parvenus  t'i?  x««.t7J»k  ,  à  la  pa^e ,  qui  eft 
une  partie  dure  &  lifle  de  la  clavicule  ou  de   la 
première  côte,  tournent  autour ,  ,&  forment  une 
cfpèce   de  Slaii>^ùi  ,   diaulus.    js.cc^^l>:f ,  de  x««s3-7a  , 
courber. 
§cr  CAMPUS  PIORUM.   Lieu  célèbre  en   Sicile  , 
piès  de  Catane  où  les  deux  frères  Aphinomus  & 


Anapus  fauvcrent  ilir  leuls  épaules  leur  jpcre  &  leut 

mère  des  fiâmes  du  mont  E'tna. 
0Cr  CAMQUIT.  f.  m.  Fruit  du  royaùrnc  de  Tonquinj 

fcmbkible  à  une  orange.  Sa  couleur  eft  d'un  rouge 

foncé,  la  peau  mince,  d'un  très-bon  goût,  niais 

mal  fain. 
^    CAMSIN,  (le)  eft  le  temps  de  pâquc  ,  feloii 

le  langage  des  Cophtcs. 

D^F"  CAMUL.  Capitale  d'un  royaume  de  même  nom  j 
qui  relève  de  celui  de  Cafgar ,  fur  la  frontière  du 
Tangut.  Les  femmes  de  ce  pays  là  font  fort  bel- 
les ,  &  les  maris  font  alfcz  fous  pour  croire  qu'il 
y  a  de  rhoni>eur  à  les  proftituer  aUx  voyageuts» 
Lorfqu'un  voyageur  veut  s'arrêter  dans  quelque 
mai/on  ,  le  maître  du  logis  le  reçoit  avec  de  grandes 
marques  de  joie  ,  commande  a  la  femme  &  à  fa 
famille  de  lui  obéir  en  tout ,  &  s'en  va  ,  pour  ne 
plus  reparoître  que  qUand  l'ctranger  aura  jugé  à 
propos  de  fe  retirer  :  pendant  tout  ce  témps\  la 
femme  en  ufc  avec  fon  hôte  comme  elle  feroit 
avec  fon  mari.  Moguth  ou  Mongu  ,  fouverain  dé 
tous  les  Tartaies ,  leut  ordonna  d'abolir  cette  hon- 
teule  coutume  ,  &  d'avoir  plutôt  des  auberges 
publiques  où  les  étrangers  feroient  reçus ,  que  d'a- 
bandonner ainfi  leurs  femmes  au  premier  venu* 
Cet  ordre  les  affligea  ;  ils  rcp^ifentcrent  au  Kart 
qu'ils  avoient  reçu  cette  coutume  de  leurs  ancê- 
tres ,  &  qu'en  l'obfervant  ils  s'attiroient  la  pro- 
teéfion  de  leurs  dieux.  Enfin  ils  follicitèrent  tant , 
que  l'ordre  fut  révoqué. 

Marco  Paolo ,  place  cette  province  dans  le  royau- 
me de  Taiagut  ;  cela  a  changé  depuis.  Les  rela- 
tions, les  plus  récentes  placent  la  ville  de  Camul 
a  l'extrémité  d'un  royaume  ,  nommé  Cialis ,  qui 
relève  de  celui  de  Cafgar ,  lur  la  frontière  du  Tangut^ 

CAMULE.  f.  m.  Nom  d'un  Dieu  du  Paganifme.  Cz- 
mu/us.  Ce  font  les  inlcriptions  de  Gruter  ,  qui 
nous  font  connoître  ce  Dieu.  La  première, /^.  AZ^ 
72°  9.  eft  AR.DOINE  Camulo  Iovi  Mercurio  Her- 
cuLi.  Sous  chacun  de  ces  noms  eft  le  Dieu  qui  le 
porte.  Sous  Camulo  c'eft  un  Mars  avec  un  bou- 
clier &  ilne  pique.  Une  autre,  p.  LTI ,  n".  ir, 
Camulo.  Sanc.  Fortiss.  Sac.  &c.  Cette  féconde 
ii-ifcription  a  été  trouvée  dans  le  pays  des  Sabins. 
Une  5"=  trouvée  proche  de  Cleves ,  porte ,  Mar- 
ti Camulo   ob   salutem    Tiberi    Claudi    caes 

CIVES  REAII   TEMPLUM  CONSTITUERUNT*.  GrUC.  LFI i 

72°  iz.  De  tout  cela  on  conclut  10,  Que  CamuU 
eft  le  Dieu  Mars.  1°  Qu'il  eft  le  même  que  San- 
gus.  ^û.  Qiie  Camule  étoit  le  nom  que  les  Sabins 
donpoient  à  Mars.  Struvius  ,  dans  fon  Andqiata-' 
tum  Roman.  Synta^ma ,  cap.  I,  p.  ^6  ,  croit  que 
ce  nom  vient  de  camus  ,  qui ,  félon  Ifidor  ,  Ori-r. 
Liv.  XX,  c.  16  ,  fignifie  un  frein  fort  &  rude'', 
que  l'on  donne  aux  chevaux  fougueux  pour  les 
domter.  Or  de  pareils  chevaux  font  propres  à  la 
guerre  &  à  Mars ,  &  lui  étoient  confacrés. 

CAMUS,  USE.  adj.  Quelques-uns  difent  Camard ^ 
arde.  Qui  a  le  nez  court  &  plat.  Simus.  Les  Tar- 
tares  aiment  les  beautés  camufes ,  &  les  trouvent 
d'autant  plus  belles ,  qu'elles  ont  moins  de  nez. 
La  femme  du  Grand  Ginghis  Kan  n'avoir  prefque 
que  deux  trous  au  lieu  de  nez ,  comme  témoigne 
Rubruquis.  On  le  dit  aufli  de  quelques  animaux  , 
comme  des  chiens ,  dont  la  beauté  eft  d'être  ca- 
mus. On  le  dit  encore  de  quelques  poiflbns ,  fur- 
tout  des  dauphins.  Un  cheval  camus  eft  celui  qui 
a  le  chamfrain  enfoncé.  Quelques-uns  ont  dériVc 
ce  mot  de  Jîmus  Latin,  ou  de  camurus  ,  qui  effc 
interprété  de  curvus ,  ou  courbé ,  par  Servius.  Mé- 
nage dit  qu'il  vient  du  Grec. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  eftbierl 
camus ,  qu'on  l'a  rendu  bien  camus  ;  pour  dire  , 
qu'il  a  été  bien  trompe ,  qu'il  eft  déchu  de  fes  pré- 
tentions , -qu'il  eft  bien  honteux.  On  dit  aufll  par 
un  proverbe  contraire  ,  qu'il  a  eu  un  pied  de  nez. 

CAMUSON.  f.  f.  Petite  camufe.  Diminutif  de  ca- 
mus. On   ne  le  dit  qu'en  badinant. 


I5)S 


C  AN 


C  A  N. 


CANA.  r,  f.  Il  y  avoit  deux  villes  de  ce  nom.  Cana 
de  Galilée,  ville  de  la  Tribu  de  Zabulon  ,  où  J. 
C.  rit  l'on  premier  miracle ,  en  changeant  l'eau  en 
vin  ,  à  des  noces  où  il  avoit  été  invite  avec  fa  iainte 
Mère  &  les  Dilciples ,  ainli  que  S.  Jean  Tcorir  au 
IF  chapitre  de  ion  Evangile.  Il  y  a  encore  une  au- 
tre Cana  ,  qu'on  nomme  la  grande  ,  pour  la  diftin- 
guer  de  la  première.  Celle-ci  étoit  dans  la  Tribu 
d'Afcr.  Il  en  eft  parlé  au  ch.  XlXddJofuê  ,  -,  v.  18, 
QuelquesInterprêtes  croient  quec'eft  dans  cette  ville 
qu'etoit  la  Chananéenne  dont  parle  S.Matthieu, 
chajy.  XV.  Enfin  ,  S.  Jérôme  ,  De  locis  Hebraic. 
mer  une  troiùcme  Cana.  dans  la  Tribu  d'Ephraïm; 
mais  l'Ecriture  ne  parle  point  de  celle-ci. 

Les  uns  interprètent  ce  nom  Zelus,  œmulatio , 
&  par-conféquent  le  tirent  de  X3r  ,  œmulatus  efi , 
Zdotypus  fuit  ;  les  zwncs  ,po[p:ffion ,  le  dérivant  de 
njp ,  acquérir, pojftder  ;  d'auttes  Umentatio  ,  de  y^p, 
lamenter  ;  mais  on  diroit  Kinafi ,  &c  non  pas  Canah. 
D'autres  «/J  ,  de  i^p  ,  Kin  ,  nidus  ,  qui  vient  de 
].  p ,  Kinnen  ,  faire  fon  nid  -,  mais  on  diroir  Kin- 
nah;  puifque  Jofué  l'écrit  en  hébreu  r^'^'^ ,  Kanak, 
La  léconde  érymologie  paroît  la  meilleure. 

On  appelle  les  noces  de  Cana,  un  tableau ,  ou  une 
efliampe  qui  repréfente  le  banquet  où  J.  C.  fit  fon 
premier  miracle.  Les  noces  de  Cana  de  Paul  Véro- 
nèié  efi:  un  des  plus  beaux  tableaux  de  cet  excel- 
Ifent  Peintre  :  l'on  y  voit  plus  de  fix  vingt  figures 
d'une  beaiué  admirable. 

CANABASSETE.  f.  f.  Etoffe  dont  il  eft  fait  mention 
dans  le  tarif  de  la  douane  de  Lyon  de  1(^51,  Il  y 
en  a  de  deux  fortes  :  les  unes  fans  foie  ,  &  les  autres 
rayées  de  Ibie. 

CANABIL.  f.  m.  Efpèce  de  terre  médicinale.  Koyeti 
LE  DicT.  DE  James. 

CANACHE.  f.  f.  Fille  d'Eole  ,  qui  ayant  été  féduite 
par  Neptune,  ou  par  quelque  Dieu  marin,  en  eut  plu- 
fieurs  enfans,entr'autres  Iphimédie,merc  desAloïdes. 

CANACOPOLE.  f.  m.  Terme  de  relation.  C'eft  le 
nom  qu'on  donne  dans  les  Indes  aux  Catéchiftes  qui 
ttavaillent  fous  les  Midionnaires  au  falut  des  âmes. 
Catechijta,  Il  commettoit  à  ces  Catéchifies  ,  qui 
s'appeloient  en  leur  langue  Canacopoles ,  le  foin  des 
Eglifes  qu'il  faifoit  bâar  dans  les  lieux  peuplés. 
BouH.  Vie  de  faint  Xav.  Vous  ferez  en  Ibrte  que 
les  Canacopoles  Sc  les  maîtres  du  catéchifme  faf- 
fent  leur  devoir.  Bouh.  Xav.  liv.  4 ,  p.  z^o. 

CANADA,  f.  m.  Vafte  région  de  l'Amérique  fepten- 
trionalc,qui  a  le  nouveau  Mexique  &  les  Acani- 
bas  ou  Aconibas  au  couchant ,  la  Floride  au  midi, 
au  levant  la  mer  du  nord ,  qui  jointe  avec  le  dé- 
troit de  Hudfon  &  la  mer  Chrifliiane  la  fépare  vers 
le  nord  des  terres  Aréliques.  Il  s'étend ,  félon  nos 
cartes ,  depuis  le  59^  de  latitude  feptentrionale  juf- 
qu'au  6<y^  ou  environ  ,&  depuis  le  184^  de  longi- 
tude Jufqu'au  ^  56  ^  Qy  à-peu-près.  Ce  pays  fut  dé- 
couvert par  les  François ,  il  y  a  plus  de  zoo  ans  ; 
c'eft  pour  cela  qu'on'  l'appelle  aufTi  la  Nouvelle- 
France.  Jean  Verafan  fur  le  premier  qui  fe  hazarda 
d'y  entrer  en  1504.  Les  Sauvages  le  mangèrent.  En 
15Z5  &:  en  1554  on  y  alla  encore.  Jean  Quartier 
y  alla  enfuite  ,  8c  après  avoir  remonté  le  fleuve  S. 
Laurent  plus  haut  que  Québec  ,  il  s'en  revint  en 
France  fans  avoir  fait  aucun  ctabliilcment ,  &  fort 
dégouré  d'en  faire.  Enfin,  en  160^  ,  cent  ans  après 
la  découverte  du  pays ,  il  partit  de  Rouen  une  co- 
lonie qui  s'y  établit ,  avec  de  grandes  difficultés, 
à  caufe  de  la  férocité  des  Sauvages  qui  l'habitoient. 
Les  principaux  font  les  Ilinois ,  les  Hurons ,  les  Al- 
gonquins ,  les  Iroquois  ,  les  Abnaquis  ,  les  Ere- 
chemins  ,  &c.  Plufieurs  de  ces  Sauvages  font  con- 
vertis. Ils  n'ont  point  de  villes.  Ils  logent  dans  des 
cabanes  faites  d'ccorces  d'arbres.  Malgré  le  froid 
ils  vont  rius  :  ils  ne  fe  couvrent  que  vers  la  cein- 
ture par  devant  &c  par  derrière  :  l'hiver  ils  marchent 
fur  ks  neiges  avec  des  raquettes.  Ils  vivent  de  blé  I 


C  A  N 

d'Iinde ,  que  les  femmes  cultivent,  &  qu'elles  broient 
avec  des  pierres  :  elles  le  cuil'ent  dans  de  l'eau  ,  y 
mêlant, quand  elles  en  ont,  de  la  chair ,  ou  du  poii- 
fon.  Cela  s'appelle  de  lajagamitc.  Les  hommes  ne 
font  occupés  que  de  la  guerre  ,  de  la  chailé  ou  de 
la  pêche.  Ils  font  avec  des  écorces  d'arbres ,  qu'ils 
coufént  forr  proprement ,  des  canots ,  ou  batteaux 
affez  grands  pour  porter  toute  leut  famille,  &  afiéz 
légers  pour  s'en  charger  quand  il  y  a  des  fauts  dans 
les  rivières  ,  &  les  porter  quelquefois  allez  loin. 
Chaque  village  a  un  Chef  ou  Capitaine.  Ils  recon- 
noiilènt  un  Dieu  qu'ils  appellent  Manitou  ,  le  grand 
efprit ,  maître  du  monde  ;  la  vue  feule  de  l'Uni- 
vers le  leur  perluade.  Ils  reconnoifîênt  aufli  un  mau- 
vais efprit, qu'ils  craignent  beaucoup.  Leurs  armes 
font  des  flèches  ;  mais  à  préfent  ils  ont  des  armes 
à  feu  que  les  Européens  leur  porrenr ,  &  ils  s'en  fer- 
vent très-bien.  Ils  font  grands ,  bienfaits ,  robuftes , 
adroits ,  braves  ;  mais  barfearemenr  cruels.  Quand  ils 
ont  pris  un  ennemi  en  guerre  ,  à  moins  que  quel- 
qu'un du  village  ne  l'adopte,  ils  le  brûlent  vifj  à  petit 
feu  &  lentement ,  &  lui  coupent  des  morceaux  de 
chair  à  mefure  qu'ils  font  rôtis  pour  les  manger  à 
les  yeux.  Ils  ont  traité  avec  cette  inhumanité  btu- 
tale  quelques  Miilîonnaites. 

Le  mot  Canada  eft  apparemment  un  mot  fati- 
vage,  mais  dont  on  ne  fait  point  la  lignification. 
On  ignore  aulTi  la  raifon  qui  le  fait  donner  à  ce 
pays.  Quelques-uns  croient  que  ce  fut,  parce  que 
les  Sauvages  répétoient  Ibuvent  ce  mot  Canada 
quand  les  François  y  aborderenr.  D'autres  ,  parce 
que  c'ctoit  le  nom  du  fleuve  de  S.  Laurent  qui  fut 
donné  à  tout  le  pays  ■,  &  d'autres  parce  que  le  petit 
pays  de  Canada  fut  le  premier  que  l'on  trouva.  Il 
y  a  une  Hiftoire  latine  du  Canada  ,  par  le  P.  Fran- 
çois du  Creux  ,  Jéfuite ,  dans  laquelle  on  trouve 
une  bonne  carte  du  Canada. 

Canada  eft  aulTi  le  nom  d'un  pays  particulier  com- 
pris dans  la  grande  contrée  dont  nous  venons  de 
patler.  C'eft  celui  qui  eft  à  la  droite  du  fleuve  de  S. 
Laurenr,vers  fon  embouchure.  Il  a  ce  fleuve  au  nord, 
au  levant  le  golfe  du  fleuve  S.  Lauient ,  la  baie  de 
Chaleurs  au  midi  ;  au  couchant  il  touche  au  pays 
des  Etechemins.  Cette  prefqu'Ile  eft  IsCanada^zo- 
pre  ,  qui ,  à  ce  que  l'on  prétend ,  a  donné  l'on  nom 
à  tout  le  pays  qui  eft  derrière  ,  &  au  fleuve  de  S. 
Laurent. 

Canada.  On  donne  encore  ce  nom  à  la  grande  ri- 
vière de  Canada  ;  mais  il  eft  peu  en  ufage  aujour- 
d'hui J  8c  l'on  dit  toujours  le  fleuve  de  S.  Laurenr. 
Voye^  ce  mot  au  mot  Laurent. 

CANADE.  f.  f.  Nom  que  les  Portugais  donnent  fur 
la  mer  à  la  meli-ire  du  vin  ou  d'eau ,  qu'on  donne 
par  jour  à  chacun  de  ceux  qui  compofent  l'équipage. 
Il  y  a  trois  cens  canades  à  chaque  pipe. 

Canade.  f.  m.  Quelques-uns  le  font  féminin.  C'eft  un 
oifeau  gros  comme  un  faifan  ,  qui  fe  trouve  dans  l'A- 
mérique ,  &  principalement  dans  l'île  d'Ant.ego.  Le 
Canade  palfe  pout  le  plus  bel  oifeau  du  monde. 
Il  a  le  ventre  &  les  aîlcs  de  couleur  d'aurore ,  le  dos 
&  la  moitié  des  aîles  de  bleu  célefte  ,  la  queue  & 
les  greffes  plumes  des  aîles  mêlées  d'incarnat  étin- 
celant ,  diverfîfîée  de  bleu  avec  un  noir  luifant  fur 
le  dos.  Sa  tête  eft  admitable  -,  elle  eft  couverte  d'un 
duvet  brun  marqueté  de  vett ,  de  jaune  &  de  bleu 
pâle ,  avec  des  taches  ondoyantes  au  bec.  Ses  yeux 
font  couverts  de  blanc  ,  &  la  prunelle  ,  qui  eft  jaune 
&  rouge, reffemble  à  un  rubis  enchaifé  dans  de  For. 
Cet  oifeau  eft  couronné  d'une  houpe  d'un  vermil- 
lon éclaraht  ,  environné  d'auttes  petites  plumes  cou- 
leur de  perles. 

g3"CANADELLE.  f.  f.  La  mêmechofe  que  Chaanne, 
poifîbn.  Voyei  ce  mot. 

CANADIEN,  ENNE.  f.  m  8-:  f.  &  adj.  François  établi 
ou  né  en  Canada.  Canadienjis  ,  Francus  homo  in 
Canadienji  plaga  Francis  par entib us  natus.  Canadien 
n'eft  pas  la  même  chofe  que  Canadois.  Nos  Fran- 
çois qui  font  en  Canada ,  ou  qui  y  ont  été ,  diftin- 
guent  fort  ces  deux  mots.  Un  Cunadien  eft  un  hom- 


G  A  N 

ïne  né  en  Canada,  mais  de  païens  Frartçoïs  étaWïj 
en  Canada  ,  ou  qui  y  ont  demeure  ,  Se  qui  pendant 
leur  réjour  y  eft  venu  au  monde  :  au  lieu  que  Cana- 
dois  eft  Un  Sauvage,  un  naturel  de  Canada.  Dc5  cn- 
fans  de  M.  te! ,  qui  a  été  intendant  de  Québec,  ces 
dcux-ci  font  Canadiens,  c'etl-à-dire  ,  nés  en  Canada. 

CANADOIS  ,  OISE.  i\  m.  &:  f.  Homme  originaire  de 
Canada ,  Sauvage  ,  Batbare  de  Canada.  Canaienjis, 
Ciinaiaijis  Indigend.  Les  Canadois  en  général  iont 
langirins ,  de  couleur  olivâtre  ,  de  belle  taille  ,  &  ont 
le  vilage  allez  beau.  Ils  ont  les  yeux  gros  &  noirs, 
de  même  que  les  cheveux  ,  &  les  dents  de  la  cou- 
leur de  l'ivoire.  Les  CanadoiJ'es  l'ont  auffi  d'une 
taille  au-deillis  de  la  médiocre. 

Canadois  eft  auffi  ùdjeCiil-^  Un  peuple  Canadois. 
Une  troupe  de  guerriers  Canadois.  Les  lartgUes  Ca- 
nadoiJ'es font  fort  ditFcrcntcs  les  unes  des  autres. 

CANADOR.  f.  m.  Mcllire  des  liquides  de  Portugal, 
qui  revient  au  mingle  ,  ou  bouteille  d'Amfterdam. 

g3"  CANAILLE,  f.  £  Terme  injilrieux  qui  s'applique 
à  la  plus  vile  populace.  Populifœx  injima ,  pkbe- 
cula.  Fréquenter  la  canaille.  La  canaille  eft  à  crain- 
dre. Ablanc.  Il  étoit  appuyé  de  la  canaille.  La  ca- 
naille foutenoir  fon  parti.  Il  n'y  a  que  la  canaille 
qui  profite  da«s  les  émotions  publiques.  Un  bâte- 
leur  eft  fuivi  de  la  canaille, 

^CFOnleditfigilrcmentdes  gens  pouflefclueis  on  veut 
témoigner  du  mépiis.  Ce  ne  font  que  des  canailles. 
On  appelle  quelquefois ,  canaille ,  par  jeu  ,  &  par 
badinerie,  de  petits  enfans  qui  font  du  bruit;  chaf- 
fez-moi  cette  canaille;t\\zes  taire  cette  petite  canaille. 
Ce  mot  vient ,  félon  Ménage ,  de  canalia ,  comme 
qui  diroif  une  hande  de  chiens.  D'autres  le  dérivent 
de  canicola ,  ou  canalis  ,  qui  étoit  un  lieu  à  Rome 
où  les  gens  de  bafle  condition  s'aflembloient.  D'au- 
tres le  dérivent  de  l'italien  CiZ«(Zg//fl  ,  qui  fignifie  la 
même  chofe.  Lipfe  dit  qu'il  vient  du  mot  de  chien  , 
à  caufe  d'une  vieille  coutume  qui  vouloit  que  ceux 
qui  croient  condamnes  aU  fupplice  portaffent  un 
chien  pout  marque  d'infamie. 

Autrefois  on  difoit  &  on  ccriVôit  chiennaille,  ce 
qui  confirme  le  fentiment  de  Ceux  qiii  dérivent  le 
mot  de  canaille ,  de  chien. 

^p*  CANAL,  f.  m.  C'eft  en  général  un  conduit  par 
où  pafTe  l'eau.  Cift^/w.  Les  canaux  d'une  fontaine. 
Canal  d'un  moulin.  Les  canaux  fe  font  de  bois  j  de 
plomb  ,  de  pierre. 

IJC?  CanAl  fe  dit  auffi  du  lit  d'une  rivière.  Alveus. 
Le  canal  de  la  Seine  eft  fort  large.  Creufer  ,  vider , 
nettoyer  le  canal  de  la  rivière. 

Comme  d'une  cour  Ce  fidèle , 
Les  fieuves  par  divers  canaux  j 
Apporunt  a  Idjner  le  tribut  de  leurs  eaux ,  &c, 

L'AbB.    TiÉTU. 

Canal  fe  dit  des  conduits  artificiels  qu'oricreufe  dans 
les  tetrcs,foit  pour  faire  communiquer  des  riviè- 
res les  unes  aux  autres  ,  foit  pour  les  afFoiblir  quand 
elles  font  trop  groflcs,  foit  pour  recevoir  les  eaux- 
fuperflucs  ,  ou  pour  deiféchcr  des  marais.  Canalis. 
La  Hollande  ,  la  Flandre  ,  font  toutes  coupées  par 
des  canaux.  gC?  I-l  y  a  en  France  plufieurs  canaux 
confidérables  pour  la  facilité  du  commerce.  Le  ca- 
nal de  Briare  qui  joint  la  Seine  à  la  Loire  par  41 
éclufes.  Il  fut  commencé  fous  Henri  IV  ,  &:  achevé 
fous  Louis  XIII  -,  le  canal  d'Orléans  ,   achevé  par 
Philippe    d'Orléans  ,  Régent  ,  pendant  la  mino- 
rité de  Louis  XV  -,  &  le  canal  de  communication 
des  deux  mers ,  en  Languedoc. 
ffT  Ce  canal  un  des  plus  beaux ,  des  plus  utiles  & 
des  plus  magnifiques  ouvrages  du  Royaume  ,  qui 
fait  l'admirarion  de  l'Europe  ,  a  été  fait  &  conftruit 
en  i<î(î£3  ,  par  Pierre-Paul  Riquet,  Baron  de  Bonre- 
pos ,  homme  d'un  génie  aufTi  rare  qu'étendu.  Louis 
XIV ,  par  fon  cdit  du  mois  d'Odobre  1 666 ,  &:  fes 
lettres-patentes  du  7  du  même  mois  ,  &    duelnent 
erirégiftrces  ,  créa  &  érigea    avec  fes    rigoles  de 
dérivation  un  fief  relevant  immédiatement  de  la 
couronne  ,  avec  droi;  de  haute  ,  moyenne  ^  tafle 


juftice  dans  toute  fon  étendue,  &  plu/îeUrs  aatre^ 
t>eaux  droirs  -,  ^  païticulicremenr  qiJe  le  proprié- 
taire ,  les  héritiers ,  &  àyanS  caufe ,  en  jbuiroient  eii 
toute  propriété  inconteftablement  &  à  perpétuité 
il  s'ccend  depuis  la  Garonne  à-  Touloufe  jufqU'à 
Agde  ;  a  l'Etang  de  Thau  &  au  port  de  Cette  •  Sc 
de  cette  façon  comnauniqiie  de  l'Océan  àlaMédi- 
terrance,^en  palFant  par  Touloufe,  Cifteliiaudary. 
1  rebcs ,  Carcaflbne,  Béziers,  &  Asde  :  les  rigoles  de 
dérivation  de  la  montagne  Nbire  &  de  la  plaine  qui 
conduiiént  les  eaux  dans  plufieurs  réfetvoirs  Sc 
entr'autres  dans  le  grand  réfervoir  de  S.  Fér'iol  , 
contcnans  douze  cens  mille  toifes  cubes  d'eau  qu'il 
conduit  à  Naarouze ,  où  eft  le  point  de  partage  , 
&  ou  les  eaux  fe  divifeht,  patrie  du  c6té  de  l'Océan- 
&  en  partie  du  côté  de  la  Méditerranée ,  en  p-af- 
iant  a  travers  la  montagne  du  MalpaS ,  font  le  chef- 
d  œuvre  du  génie  &  de  l'art ,  ainii  que  fes  éclufes  &c 
aqueducs  ,  comme  de  Foncevahne  ,  près  Béziers 
&  l'cclufe  ronde  près  Agdé ,  les  aqueducs  de  Ré' 
pudre,  de  Certe,  argent  double,  de  l'Aiguille,  Or- 
bicl  &  Lets.  Pierre-Paul  Riquet  ,  propriéraite  in- 
commutable  de  ce  canal  l'a  laiffé  à  Tean-Mathias 
&  Pierre-Paul  les  bnfans.  Il  appartient  préfente- 
ment  a  \  iclor-Mauricc  Riquet ,  Comte  de  Caraman  , 
Maréchal  des  camps  &  armées  du  Roi,  Infpeéteut 
General  de  Cavalerie  &  des  Dragons  :  Marie-Jean- 
Louis  Riquet ,  Brigadier  des  armées  du  Roi  Mef^ 
tre-de-camp  ,  commandant  le  Régiment  Colonel- 
Gcneral  des  Dragons  ,  arrières-petits  fils  de  Paul- 
I  letre  I  du  nûm  ,  &  à  Jean  Gabriel-Alexandre- Am». 
ble  Riquet  ,  Baron  de'  Bonrepos  fon  petit  fils. 

Le  canal  Eugénie,  ou  de  fainte  Marie,  eft  un  é'ànai 
qui  joint  le  Rhin  &  la  Meufe  en  s'éténdant  depuis 
Rhinberg  jùfqu'à  Venlo  :  cet  ouvrage  eft  dia:ne  des 
anciensRomains,&;  comparable  au  canal  de  Dtn- 
lus.  C'eft  l'ArchiduchefTe  îfabelle  qui  le  fit  fair^ 
On  commença  à  y  travailler  l'an  1616  &c  l'ahncé 
fuivante  il  fut  mis  dans  fa  petfeaion  ,  malgré  les 
vains  efforts  du  Prince  d'Orange.  Spinola  &  Je 
Comte  de  Berg  qui  en  avoient^Ja  conduite,  pri- 
rent fi  bien  leuts  mefures  que  de  Z4  redoutes  qu'ils 
avoient  placées  dediftance  en  diftancepour  couvrit 
les  Travailleurs  ,  le  Prince  d'Orange  n'en  put  forcer 
qu'une  ,  dont  il  ne  tira  aucun  avantage.  Larrey  , 
T.Jy  ,  p.  85.  royc'i  le  Grand-Atlas  ,  tome  des 
Pays-Bas,/».  183. 

Hérodote  ,  Stràbdn  ,  Pline  &  Diodore  de  Sicile, 
parlent  d'un  ancien  canal  qui  fàifoit  en  Egypte  la 
communication  des  deux  mets ,  c'eft-à-diie  de  la 
mer  R.ouge  &  de  la  Méditerranée  ;  ce  canal  comr- 
mencé  &  interrompu  divcrfeS  fois ,  fut  fini  par  leS 
Ptolomées.  Il  commençoit  afTcz  près  du  Delta  - 
vers  la  ville  de  Bubafte  :  il  avoir  25  toifes  de  lar- 
geur ,  en  forte  que  deux  bâtiiTtens  pouvoient  y 
paifer  à  l'aife  ,  &  environ  50  lieues  de  longueur 
Aujourd'hui  ce  canal  eft  prefqu'entiètement ^com- 
ble. L'ancien  canal  de  Babylone  étoit  aufll  fort  cé^ 
lebre.  Dict.  de  Peint.  &  d'Arch. 

Canal  ,  fe  dit  auffi  des  pièces  d'eau  qu'dn  fa^t  pbur 
l'embellifrement  des  jardins  ,  qui  font  le  plus  fou- 
vent  revêtues  de  pierre,  Canalis.  Le  <anal  de  Ver- 
failles  ,  de  Fontainebleau.  Ce  Seigneur  a  bien  du 
poiflbn  dans  les  canaux  de  fon  jardin. 

CAi^At  fe  dit  auffi  de  quelques  bras  de  mer  ,  ou 
des  eaux  qu'elle  pouffe  dans  les  terres  ,  ou  d'un  ef- 
pace  de  mer  refîerré  entre  deux  côtés  de  terre  ferme, 
ou  entre  une  île  &  la  terre  ferme.  Le  canal  de 
Conftantinople  commence  aux  Dardanelles.  Le 
grand  canal  de  Venîfe.  Le-  canal  de  la  mer  Noire, 
L'efpace  de  mer  qui  eft  entte  là  France  &  l'Angle- 
terre depuis  le  Pas  de  Calais  à  l'Orient  jufqu'aux 
caps  de  S.  Mahé  en  France  ,  &  de  Cornouaille  en 
Angleterre,  à  l'occident,  s'appelle  fîmplement  ôc 
abfolument  le  Cd/2ii/oU  la  Manche. 

Canal,  en  parlant  de  l'antiquité  ,  fe  dit  quelquefois 
pour  grand  chemin.  M.  Fleury  fait  patler  ainfi  Gau- 
dence ,  Evêque  de  Naïlfe  en  Mœfie,  Il  faut  que  cha- 
cun de  nous ,  ^uj  fommes  fur  iç  variai ,  quan4  U 


aoo  CAN 

verra  pafTer  un  Evoque  s'enquierrc  où  il  va  ,  &  des 
caufes  de  ibn  voyage  :  &  il  ajoute  lur  le  mot  canal; 
ainli  on  nomnioit  les  grands  chemins. 

On  dit,  en  termes  de  Marine,  que  les  galères  fonr 
canal,  lorlqu'clks  s'éloignent  de  la  terre  ,  qu'elles 
côtoient  ordinairement ,  pour  aller  en  pleme  mer , 
comme  de  Marlcille  droit  à  Malte. 

Ces  galères ,  après  avoir  fait  canal  a  force  de  ra-  i 
"    mes  au  s,-olfe  de  Londrin ,  fe  retirèrent  lous  la  for-  j 
tcreflc  de  la  Vallonné.  Du  loir  ,  p.  iÇ)9- 

On  le  dit  auili  de  tous  les  bâtimens  de  bas-bord  , 
quand  ils  paflent  quelques  nuits  au  large  en  mer 
fans  approcher  de  la  terre.  _ 

CANAL,  fe  dit  auffi  d'un  aqueduc  de  pierre  ou  de 
brique  pour  conduire  des  eaux  ,  &  les  tenir  dans 
une  pente  iuftifante  pour  les  taire  couler.  Aqucc- 
duaus.  Le  c^/zrt/d'Arcueil  amène  les  eaux  de  Ron- 
çis  à  Paris.  Les  Romains  faifoient  venir  des  fon- 
taines de  40  lieues  par  de  femblr.bles  canaux. 

On  fait  auffi  des  canaux  de  plomb.  Tuhus ,  fi- 
fîula  plumbea  ;  de  poterie  ,  Laterhia  ;  de  bois 
d'aune  ,  Lipiea  ;  de  fer  fondu  ,  area  ,  pour  con- 
duire les  eaux  par  deffous  la  terre. 
Canal  ,  en  termes  d'Horloger.  On  appelle  de  ce 
nom  tout  ce  qui  cft  creuie  pour  y  loger  quelque 

chofe.  _  ,  .^ 

Canal,  dans  la  Chirurgie,  fignifie  une  longue  caifïe 
de  bois  dans  laquelle  on  enferme  la  jambe  ou  la 
cuilfe  luxée  ou  fracturée.  Ce  canal  doit  être  garni 
d'étoupes  :  il  y  a  un  trou  vers  l'extrémité  pour 
placer  le  talon  ,  &  tout  au  bout  un  morceau  de 
bois  droit  &:  immobile    pour    appuyer  la  plante 

du  pied.  ,     -  , , 

Canal  ,  fe  dit  quelquefois  pour  canule.  L  Auteur 
de  la  verfion  en  françois  de  VArcenal  de  Chirur- 
gie prend  le  mot  de  canal  pour  celui  de  canule , 
quoiqu'il  fe  ferve  auHi  fouvent  du  mot  de  ca- 
nule. . 
Canal  ,  fe  dit  auiTi  des  petits  conduits  qui  fe  font 
naturellement  dans  la  terre  ,  par  où  coulent  les 
eaux  qui  font  les  fources  -,  par  ou  s'élèvent  les  va- 
peurs qui  forment  les  minéraux  Si  les  métaux. 
Canal  ,  fe  dit  auffi  du  creux  que  l'on  fait  dans  les 
terres  labourées  ,  pour  en  faire  écouler  les  eaux. 
Aquarius  fulcus  ,  elices.  Pomey. 

On  appelle  aufll  canaux ,  en  anatomie  ,  les  con- 
duits qui  font  dans  le  corps  des  animaux  par  où 
le  fanc^  circule  ,  ou  par  où  paflént  les  autres  hu- 
meurs°,  comme  les  veines ,  les  artères.  Canalkuli , 
On  dit  particulièrement,   \c   canal  de  la  verge  \ 
pour  dire  le  conduit  de  l'urine. 
©CrOn  dit  canaiLX  dêfcreris,  deux  conduits  membraneux 
deftinés  .à  porter  la  liqueur  féminale  des  tefticules 
aux  véficules.  Chaque  tellicule  à  fon  canal  déférent. 
Le  canal  artéricux ,  efl;  un  trou  qui  eft  dans  le 
fœtus  à  l'embouchure  de  la  veine  cave  ,  dans  le 
ventricule  drojtdu  cœur,  au-delTus  de  l'oreille  droite. 
C'eft  pat  fon  moyen  que  cette  veine  s'entr'ouvre , 
èc  s'abouche  avec  la  veine  des  poumons ,  du  coté 
de  laquelle  il  y  a  une  valvule  ,  qui  permet  l'écoule- 
ment d'une  bonne  partie  du  fang  de  la  veine  cave  dans 
celle  des  poumons ,  &  qui  empêche  qu'il  ne^retourne 
de  la  veine  des  poumons  dans  la  cave.  C'eft  par  le 
moyen  de  ce  c<i,7d/artérieux&:  du  troubotal  que  fe 
;     fait  la  circulation  du  fang  dans  les  fœtus.  Après  la 
naiflance  l'un  bc  l'autre  fe  deflêchent ,  &  fe  bouchent 
de  forte  qu'on  n'en  voit  plus  aucun  veftige  dans 
les  adultes. 
I         Le  canal  commun  de  la  bile.  Il  eft  formé  par 
i     îa  joniaion  du  cholidoque,  ôidu  pore  biliaire  ;  il 
I     va  fe  terminer  obliquement  à  la  fin  du  duodénum  , 
i     ou    quelquefois  au   commencement  du  jéjunum  , 
'    &:  rarement  au  ventricule.   Il  fe  coule   entre  les 
deux  tuniques  de  l'inteftin ,  &  en  perce  l'extérieur 
deux  travers  de  doigt   plus  haut  que  l'intérieur. 
Cette  manière  d'entrer  dans  l'inteitin  ,  fait  qu'il 
n'a  pas  befoin  de  valvule  ,  qui  permette  l'entrée 
de  la  bile  &:  qui  empêche  fon  retour.,  étant  im- 
polTible  par  cette  difpofition  que  la  bile  &  même 


CAN 

le  chile  puiffent  monter  par  ce  conduit.  Idem. 

Le  canal  pancréatique  fut  découvert  l'année  1621 
par  Virfungus, célèbre  Anatomifte  de  Padoue.  Ce  ca- 
nal eft  membraneux.   Il  a  une   cavité   qui  donne 
entrée  dans  le  duodénum  ,  affez  proche   de  l'ou- 
verture du  conduit  de  la  bile  ,  qui  eft  quelquefois 
la  même  pour  ces  deux  canaux.  Son  véritable  che- 
min eft  d'aller  à  l'inteftin  ,  où  il  porte  une  liqueur 
jaune  ,  autant  qu'on  le  peut  remarquer  par  la  cou- 
leur de  la  fonde ,  quand  on  l'en  retire.  Ce  canal  ne 
vient  pas  de  la  ratte,  à  laquelle  il  ne  touche  point 
mais   des   rameaux  des   petites  glandes  qui  com- 
pofcnt  le  pancréas ,  de  manière  qu'il  groilit  à  me- 
fure  que  ces  rameaux  s'unifient.  Ce  canal  a  fon  en- 
trée dans  le  duodénum,  aune  valvule  qui  permet  la 
fortie  de  la  liqueur  qu'il  contient,  &  empêche  que 
le  chile  ,  &:  les  autres  matières ,  ne  paffent  des  in- 
teftins  dans  la  petite   ouverture.    Il  eft  unique  & 
rarement  double  -,  fa  grofleur  eft  comme  celle  d'une 
petite  plume ,  quand  il  eft  dans  fon  état  naturel  ; 
il  groHit  quelquefois  par  excès.  Idem. 

Le  canal  thorachique  a  été  découvert  de  nos 
Jours.  On  l'appelle  thorachique ,  parce  qu'il  monre 
tour  le  long  du  thorax.  Il  eft  auiH  nommé,  canal 
de  Pecquet ,  ou  canal  Pecquet ,  du  nom  du  Médecin 
qui  l'a  découvert  le  premier.  C'eft  un  périt  con- 
duit qui  commence  aux  réfervoirs  du  chile  ,  qui 
font  entre  les  deux  racines  du  diaphragme.  Il  monre 
le  long  des  vertèbres  du  dos ,  enrrc  les  côtes  &  la  plè- 
vre ,  èi  étant  parvenu  à  la  feptième  ou  huitième  ver- 
tèbre ,  il  s'incline  vers  le  côté  gauche  de  la  poitrine , 
&  va  aboutir  par  deux  ou  trois  rameaux  à  la  veine 
fouclavière  gauche.  Ce  canal  n'cft  compofé  que 
d'une  membrane  aflez  mince  ,  qui  eft  fortifiée  par 
la  plèvre,  qui  le  couvre  pendant  tout  le  chemin 
qu'il  fait  par  la  poitrine  ■■,  il  n'eft  pas  plus  gros  qu'une 
petite  plume  d'oie  -,  il  a  des  valvules  d'efpace  en 
en  efpace  ;  ils  fervent  d'échelons  au  chile  pour 
monter ,  &  ils  empêcheur  qu'il  ne  puiffe  retourner 
fur  (es  pas.  11  reçoit  de  toutes  parts  des  vaiffeaux 
lymphatiques ,  qui  lui  apportent  fans  ceffe  la  lym- 
phe ,  qu'il  dégorge  avec  le  chile  dans  la  foucla- 
vière. Au  côte  gauche  de  l'ouverture  que  le  canal 
thorachique  fait  dans  la  veine  fouclavière  pour  y 
entrer  ,  il  y  a  une  valvule  qui  empêche  que  le 
chile  ne  foit  porté  vers  le  bras,  &:  qui  le  déter- 
mine à  prendre  le  chemin  de  la  veine  cave  ;  peut- 
être  aulïi  qu'elle  empêche  que  le  fang  parlant  dans 
la  fouclavière  ne  tombe  dans  ce  canal,  L'ufage  du 
canal  thorachique  eft  de  fervir  de  conduit  au  chile 
&  à  la  lymphe  ,  &  de  les  porter  dans  les  réfervoirs 
de  la  veine  fouclavière  ,  pour  détremper  le  fang , 
le  rendre  plus  liquide ,  &  réparer  ce  qu'il  a  laifîe 
dans  toutes  les  parties  du  corps  pour  leur  nour- 
riture.  Foyei  Dionis ,  VP  Demonftr. 

Les  canaux  excrétoires  du  nez  fonr  des  canaux 
qui  verfent  dans  les  narines  une  liqueur  blanche 
éc  glaireufe ,  qu'on  nomme  la  morve.  Il  y  en  a  cinq.  Le 
canal  nazal ,  qui  eft  tait  par  la  réunion  desdeux  points 
lacrymaux  qui  pafent  par  le  trou  de  l'os  unguis.  Le 
fécond  font  les  deux  trous  des  finus  frontaux  -,  le  troi- 
fième  les  deux  iînus  du  fphénoïde  ;  le  quatrième  font 
les  deux  ouvertures  des  finus  maxillaires  ;  le  cin- 
quième eft  l'aqueduc  qui  eft  en  partie  revêtu  de  la 
membrane  glanduleufe  des  narines. 
Canal  de  communication.  Canalis  communicans . 
C'eft  un  canal  qui  fe  remarque  dans  le  fœtus ,  & 
que  l'artère  pulmonaire ,  peu  après  qu'elle  eft  for- 
tie du  cœur ,  jette  dans  l'aorte  defcendante.  Quand 
le  fœtus  eft  né ,  le  canal  de  communication  fe  def^ 
féche,  &  devient  un  fimple  ligament.  Tandis  que 
le  fœtus  eft  enfermé  dans  le  fein  de  fa  mère ,  il  ne 
reçoit  que  le  peu  d'air  qu'elle  lui  fournit  par  la 
veine  ombilicale.  Ses  poumons  ne  peuvent  s'entler 
&  fe  défenfler  ,  comme  ils  feroient  après  fa  naif- 
fance',  &  après  l'entrée  libre  de  l'air.  Ils  demeu- 
rent prefque  affaiflés  &  fans  mouvement.  Leurs 
vaifTeaux  font  comme  repliés  en  eux-mêmes  &  né 
permettent  pas  que  leur  fang  y  circule ,  ni  en  abon- 
dance ; 


i 


C  A  N 


dance ,  ni  avec  facilité.  La  nature  a  donc  dû  épar- 
gner aux  poumons  le  pailage  de  la  plus  grande 
partie  de  la  mafîc  du  lang.  Pour  cela  elle  a  percé 
le  trou  ovale ,  afin  que  du  fang  de  la  veine  cave 
reçu  dans  l'oreillette  droite,  une  partie  s'écoulât 
par  ce  trou  dans  l'oreillette  gauche  à  l'embouchure 
des  veines  du  poumon  ,  &  par-là  le  trouvcât ,  pour 
ainli  dire  ,  aufll  avancée  que  lî  elle  avoir  traverlc 
le  poumon.  Ce  n'ell:  pas  tout  :  le  fang  de  la  veine 
cave  qui  de  l'oreillette  droite  tomt>e  dans  le  ven- 
tricule droit ,  étant  encore  en  trop  grande  quan- 
tité pour  aller  dans  le  poumon  ,  où  il  efl:  pouflc 
par  l'artère  pulmonaire,  le  canal  de  communication  , 
en  intercepte  une  partie  en  chemin  ,  &  le  verfe 
immédiatement  dans  l'aorte  dcfcendanre ,  où  il  fe 
trouve  encore  comme  s'il  avoir  traverfé  le  poumon. 
AcAD.  DES  Se.  i6()Ç)  ,  p.  16',  /lift.  C'cfl-là  le  fcn- 
timcnt  de  Harvce  &  de  Lawes ,  que  M.Taury  8c  M. 
Duverney  ont  aufli  défendu  contre  M.  Mery. 

En  termes  de  Marine  ,  can.i/  de  l'étrave  efl 
le  bout  creufé  ou  cannelé  de  l'étrave ,  fur  quoi 
repofe  le  beaupré  quand  on  n'y  met  point  de 
couHin. 

Canal  ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  de  la  con- 
cavité qui  cfî:  au  milieu  de  la  mâchoire  inférieure 
de  la  bouche  du  cheval  ,  qui  cil  delliné  à  placer 
la  langue  ,  &  qui  fe  termine  aux  dcnrs  miche- 
lières.  C'efl:  dans  ce  canal  que    croiflént  les   bar- 

'   billons. 

Canal,  en  termes  d'ArchiteClure  ,  fe  dit  d'une  par- 
tie du  chapiteau  Ionique  ,  qui  ell:  un  petit  creux 
en  forme  de  canal,  qui  règne  au-deflbus  du  tail- 
loir tout  le  long  des  circonvolutions  de  la  volute  , 
renfermées  par  un  liftel.  Canaliculiis.  Canal  de  lar- 
mier ,  c'efc  le  plafond  d'une  corniche  ,  qui  fait  la 
niouchette  pendante.  Canal  de  volute-,  c'cfl  dans  la 
volute  Ionique  la  face  des  circonvolutions  renfer- 
mées par  un  lilflel. 

Canaux  ,  font  auffi  des  cannelures  fur  une  face ,  ou 
fous  un  larmier ,  qu'on  nomme  auflî  portiques ,  & 
qui  font_  quelquefois  remplies  de  rofeaux ,  ou  de 
fleurons.  Striatura.  On  appelle  auifi  canaux  ,  les 
cavités  droites ,  ou  torfes  ,  dont  on  orne  les  ti- 
gettes  des  caulicoles  d'un  chapiteau. 

Canal  ,  Terme  de  Méchanique  ,  ou  creux  autour 
d'une  poulie.  C'eft  la  cannelure  qui  règne  auront 
du  rouet  d'une  poulie. 

Canaux  de  l'y  ou li,  àAmfterdam,  font  des  canaux 
forr  profonds ,  qui  ont  été  faits  proche  des  quais. 
C'efl: -là  que  font  les  gros  vaifleaux  march.ands  : 
ils  y  font  à  couvert  des  voleurs ,  des  orages ,  des 
glaces. 

Les  Maçons  appellent  aulTî  canal  ,  le  tuyau 
de  plomb  qui  fert  à  conduire  les  eaux  pluviales 
depuis  le  toït  julqu'en  bas.  Aqucz  pluvix  emijfa- 
rium  ,  vomitorium.  Ils  appellent  canal  de  chemi- 
née ,  le  tuyau  par  où  fort  la  fumée.  Tutus  camini. 

PoMEY. 

Canal,  efl:  auffi,  en  termes  d'Arquebufier  ,  le  creux 
qui  efl:  fous  le  fût  d'un  fufd  ,  d'un  pifl:olet ,  &c. 
où  fe  met  la  baguette.    Tuhus  catapultœ. 

Canaux  ,  en  termes  de  Conchyliologie  ,  ce  font 
des  cfpaces  étroits  &  longs ,  que  l'on  voit  fur  les 
coquilles. 

^fT  Canal  de  l'enfuple.  C'efl:  ,  dans  les  Manufac- 
tures de  foie  ,  une  cannelure  où  fe  place  la  verge 
attachée  à  la  queue  de  la  cliaine. 

lJ3°  C'efl:  aulfi  un  morceau  de  bois ,  en  forme  de  tuile 
creufe  ,  qui  s'applique  fur  l'enfuple  même  ,  pour 
garanrir  l'ouvrier  des  points  d'aiguille  qui  arrêtent 
l'étofle  dans  le    velours   cifelé. 

CANAMELLE  ou  CANAMELLA.  f.  £  C'eft  le  nom 
que  les  François  ont  donné  aux  cannes  à  fucre. 
Foye;^^  Canne  à  fucre.  LaCanamellan'ed  pas  la  feule 
plante  qui  produit  du  fucre  ;  on  en  tire  à  Québec 
une  grande  quantité  des  cotonniers.  On  en  tire  en 
Canada  de  l'érable  du  pays.  Plufieurs  autres  arbres 
en  rendent  encore ,  comme  le  lîcomore,  &  l'oran- 
ger fauvage.  Le  mery.  La  Canamdle  efl:  un  nom 
Tome  II. 


CAN  20Î 

françois ,  qui  efl:  compofé  du  latin  Canna ,  &;  de 
rnel ,  comme  qui  diroit  canne  miellée.  Idem. 

CANAN.  f,  m.  Mefure  des  liquides ,  dont  on  fe  ferc 
dans  le  Royaume  de  Siam.  Les  Portugais  l'appel- 
lent choup.  Le  canan  tient  environ  deux  pintes  de 
Paris. 

CANANÉEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Qui  cft  de  quel- 
qu'une des  villes  appelées  Cana.  Cananœus ,  a. 
Mattlî.  X,  4.  Simon  le  Cananéen,  Bouch.  Si  c'eft 
là  un  nom  de  lieu ,  il  ne  faut  point  le  confondre 
avec  Chananéen  ,  ni  l'écrire  par  une  h  ,  comme  a 
fait  le  Port -Royal  -,  car  quand  il  efl:  ainli  écrit,  il 
lignifie  un  defcendant  de  Chanaan  ;  au  lieu  que  fans 
Il ,  il  veut  dire  un  homme  de  la  ville  de  Cana,  Il 
eft  vrai  que  S.  Luc  en  fait  un  nom  appcllatif,  & 
le  traduit  i>:>,aTi](,  zélé;  mais  en  ce  fens  il  vient  de 
KJp  ,  &  il  n'y  faut  pas  plus  d'^  qu'au  premier.  Il 
efl:  vrai  encore  que  quelques  bibles  latines  écrivent 
en  S.  Matthieu  ,  X,  4.  Ckananteus  ;  mais  c'eft  ma- 
nifeftement  une  faute  ,  puifqu'cn  S.  Marc  où  le 
même  nom,  Simon  le  Chananéen ,  fe  trouve,  ces 
bibles-là  même  écrivent  Cananœus  fans  h  ,  en 
faint  Marc  ///,  28,  &  les  exemplaires  Grecs  ont 
tous  ou  Kavav.Tçç  ,  OU  Ka»««ai"o;  j  &  dans  l'édi- 
tion Romaine  de  1591  ,  qui  eft  de  la  corredion  de 
Clément  VIII ,  on  a  mis  Cananœus  fans  k ,  en  S. 
Matthieu  ,  comme  en  faint  Marc.  Quelques  In- 
terprètes,  lî  l'on  en  croit  Malvenda,  ont  prétendu 
que  la  femme  dont  parle  S.  Matth.  Xf^ ,  iz  ,  étoit 
Cananéenne ,  Sc  non  pas  Chananéenne  :  ce  fenti- 
mcnc  n'eft  point  fuivi ,  &;  ne  doit  point  l'être,  L'E- 
vangile écrit  Chananœa  ,  le  grec  ;Kay«v«ii»  ,  &  S". 
Marc,  VU  15  ,  l'appelle  Gentile  ,  &  Syrophéni- 
cienne  d'origine  ;  la  réponfe  que  lui  fit  Jesus- 
Christ  montre  qu'elle  n'éroir  point  Ifraélite ,  ni 
d'une  ville  qui  dépendît  des  Juifs. 

CANANGE.  f.  £  Canangœ  oleum,  Hoffinan  ,  Ohferv, 
Phyjico-Chym.  parle  de  cette  huile  qu'on  nous  ap- 
porte des  Indes ,  comme  d'une  liqueur  forr  rare. 
Il  nous  apprend  ,  Aledic.  Rat.  j'yfi,  vol.  i  ,  fecl.  1 , 
cap.  6 ,  que  les  Indiens  la  tirent  par  la  dilfilla- 
tion  des  fleurs  du  tilleul.  Je  ne  crois  pas  qu'il  foit 
parlé  ailleurs  de  certe  huile. 

fCr  CANANOR.  Petit  Royaume  de  la  prefqu'île  de 
l'Inde  d'en  deçà  le  Gange  ,  avec  ville  de  même 
nom  fur  la  côte  de  Malabar  ,  aux  frontières  du  Ma- 
labar Sf  du  Canara. 

CANAPE,  f.  m.  Efpèce  de  chaife ,  ou  de  lit  de  re- 
pos à  dolTier  fort  large  ,  où  plufieurs  perfonnes 
peuvent  s'alfeoir  enfemblc. 

IJC?  Canapé',  terme  de  rafineur  de  fucre,  eft  une 
efpèce  de  chaife  de  bois  fur  laquelle  on  met  le 
baifin  ,  lorfqu'il  eft  queftion  de  tranfporter  la  cuite 
du  rafraîchilfoir  dans  les  formes, 

CANAPSA.  f,  m.  Sac  que  portent  les  pauvres  Sol- 
dats ou  voyageurs  fur  le  dos ,  attaché  avec  des 
bretelles  ,  où  toutes  leurs  hardes  font  contenues. 
Mentula  ,  capfula.  On  dit ,  il  a  porté  le  canapfa  ; 
pour  dire ,  il  a  été  goujat. 

Ce  mot  ,  félon  Ménage  ,  vient  de  l'allemand 
knahfak  ,  qui  eft  compofé  de  fac  &c  de  knab ,  qui 
fignifie  toutes  fortes  de  chofes  féches ,  bonnes  pour 
manger. 

CANARA.  Grand  pays  ou  Royaume  d'Afie  ,  dans 
l'Inde ,  en  deçà  du  Gange ,  fur  la  côte  de  Mala- 
bar. Ce  Royaume  en  comprend  quatre  autres ,  la- 
voir Onor ,  Batecala ,  Bandel  &  Cananor. 

?fT  CANARD.  £m.  Oifeau  aquatique,  dont  la  cane 
eft  la  femelle.  Anas.  Les  canards ,  félon  Belon , 
font  de  deux  efpèces ,  les  gtands  &:  les  petits.  On 
doit  les  diftinguer  ainfi  en  grands  &  en  petits ,  & 
non  pas  en  fauvages  &  en  domeftiques  ,  puifque 
les  canards  domeftiques  font  venus  originairement 
des  œufs    de  canards  fauvages. 

Les  canards  fauvages  gardent  toujours  la  même 
couleur  \  mais  les  privés  font  de  plufieurs  façons. 
Les  miles  font  plus  gros  que  les  femelles.  Ils 
ont  toujours  quelques  plumes  au-delfus  du  crou- 
pion ,  qui  eft  retroulTé  en  rond.  La  femelle  eft  grife. 

Ce 


2oi  CAN 

n'a  pas  les  couleurs  fi  vives  ,  ni  fi  belles  que  le 
mâle.  Ils  le  nûurriir.nt  de  racines  de  plantes  aqua- 
tiques ,  de  vers ,  &c  autres  inled1:es  qu'ils  rencon- 
trent dans  les  eaux,  ou  auprès  des  eaux.  Scaligcr 
écrit  qu'ils  mangent  des  animaux  venimeux ,  comme 
les  couleuvres ,  les  crapauds  ,  &c.  Il  y  en  a  plu- 
lieurs  elpèccs  dont  nous  parlerons  en  leur  place. 
/  oy<?^  au  mot  Cane. 

Le  canard  domeftique  qu'on  nourrit  près  des 
moulins  cft  peu  eftimé  ,  &  on  l'appelle  bartùteur  ; 
parce  qu'il  trempe  toujours  fon  bec  dans  la  bourbe. 
Les  canards  lauvages  volent  en  troupe  l'hiver  lur 
les  étangs ,  &  l'entent  la  poudre  de  fort  loin.  On 
les  appelle  autrement  oifeaux  de  rivùre.  La  chair 
des  uns  &:  des  autres  eft  humide,  vilqueule  ,  phleg- 
matique  ,  cxcrcmenteufe ,  &  on  ne  la  digère  pas 
ailement.  La  graille  de  canard  ne  laiffe  pas  d'être 
bonne  dans  la^  Médecine.  Elle  amollit  ,  digère  & 
rélbut.  On  s'en  fert  particulièrement  pour  les  dou- 
leurs ,  tant  internes  qu'externes  de  côté ,  des  join- 
tures ,  &:  dans  une  intem;^érie  froide  de  nerfs. 

WiUougby  dit ,  dans  fon  Ornithologie  ,  que  le 
fang  des  canards  pris  tout  chaud  ,  combat  toute 
forte  de  venin  ;  peut-être  eft-ce  pour  cette  railbn 
que  Mithridate  en  iàifoit  fon  ragoût  ,  &:  qu'il  le 
fâiibit  mêler  avec  tous  les  alimens  qu'il  prenoit. 
Archigenes  ,  De  Comp.  Medic.  Secnnd.  /oc.  Lih. 
5  ,  cap.  4  compte  les  canards  domeftiques  entre 
les  viandes  qui  conviennent  le  mieux  à  l'eftomac. 
Caton  étoit  de  -même  fentiment  -,  &  ,  fi  l'on  en 
croit  Plutarque  ,  il  en  faifoit  manger  à  ceux  de 
fa  famille  qui  étoient  malades  ,  &  il  fe  vantoit  que 
par  ce  feul  régime  ,  il  avoit  toujours  maintenu 
fa  famille  ,  fes  domeftiques  &  lui  -  même  en 
fanté. 

Les  canards  fauvages  font  beaucoup  meilleurs 
au  goiit,  &:  plus  fains  que  les  domeftiques.  Il  n'y 
a  cependant  que  l'eftomac  qui',  en  eft  bon.  On  le 
coupe  en  petites  tranches  longues ,  que  quelques- 
uns  appellent  des  aiguillettes.  Les  Anciens  ,  par 
un  goût  fort  différent  du  nôtre  ,  y  ajoutoient  aulii 
la  tète,  comme  il  paroît  dans  Martial,  Lib.  XII J y 
epigr.  52. 

Gelher  dit  qu'en  Allemagne  on  ne  voit  aucun 
canard  fauvage  qu'en  hiver ,  non  plus  qu'en  France, 
&i.  qu'au  contraire  il  s'en  trouve  en  Italie  pendant 
toute  l'année ,  principalement  dans  les  Etats  de 
Ferrare,  de  Venife,  de  Ravenne  &  de  Mantoue  , 
où  il  y  a  beaucoup  d'eau.  G^4her  s'eft  trompe 
pour  ce  qui  eft  de  la  France.  Les  rivières,  les 
étangs  en  font  couverts  dans  cette  faifon.  Le  fait  eft 
confiant  pour  plulîeurs  provinces  ,  comme  le 
Nivcrnois,  le  Gâtinois  ,  le  Berry  ,  le  Maine,  &c. 
On  dit  qu'il  y  en  a  une  prodigieufe  quantité  à 
la  Chine ,  &  que  les  habitans  ne  les  tuent  Se  ne 
les  challent  point ,  parce  qu'ils  mangent  toutes  les 
mauvaifes  herbes  des  blés  &  du  riz ,  faas  toucher 
au  bon  grain.  Koye^  fur  cet  oifeau  Pline,  Liv. 
XXV.  c\-i ,  Gefner ,  De  Avibus ,  Lib.  III.  Aldrov. 
Ornithol.  Liv.  XIX t  c.  ic, ,  &  z^  ,  Nonius  de 
Te  Cibaria,  Lib.  Il,  c.  55.  Voyez  Cane. 

Les  plumes  des  canards  fervent  à  remplir  les 
lits  &  les  coulfms  ,  &  font  plus  fines  &  plus  douces 
que  celles  d'oie. 

Il  y  a  une  efpèce  de  canard  appelé  Petit  plon- 
geon ou  Coltée.  Voyei^  Petit  Plongeon. 
Canard  le  dit  aulfi  d'un  chien  qui  a  le  poil  épais  & 
t'rifé  ,  qui  va  à  l'eau  ,  &  qu'on  drelfe  à  aller  après 
les  canes.  Canis  yilli  fpijfwris  ac  cri/pi.  On  les  ap- 
pelle aulfi  barbets. 

On  dit  proverbialement ,  donner  des  canards  à 
quelqu'un,  pour  dire,  lui  en  faire  accroire,  ne 
lui  pas  tenir  ce  qu'on  lui  avoit  promis ,  tromper 
Ion  attente.  Decipere ,  illud^re  aliquan. 

On  le  fert  des  canards  privés  qu'on  appelle  en 
Normandie  traîtres,  pour  prendre  des  canards 
fauvages  :  &:  on  appelle  figurément ,  canard  privé , 
un  homme  apofté  pour  en  attirent ,  pour  en  attraper 
d'autres.  Acad.  Fr, 


CAN 

Bois  CANARD  fe  dit  des  pièces  de  bois  floté  qui , 
au  lieu  de  floter  comme  les  autres ,  tombent  au 
fond  des  ruilfeaux.  Tignum  aquis  immerfum.  Les 
Marchands  ont  quaiante  jours  pour  faire  pécher 
leurs  bois  canards. 
CANARDER,  v.  a.  Tirer  fur  quelqu'un  un  coup  d'ar- 
me à  feu  avec  avantage  d'un  lieu  où  l'on  cft  à 
couvert ,  comme  par  une  guérite ,  derrière  une 
haie  ,  &c.  Fœtam  glande  fijtulam  in  aliquem  dif- 
plodere.  Les  ennemis  nous  canardaient  à  travers 
ces  paliffades. 
IfT  CANARDÉ  ÉE.  part. 

CANARDIERE.  f.  f.  Petit  lieu  couvert  préparé  dans 
un  étang  ,  ou  marais ,  où  le  Chalfeur  fe  cache  pour 
tuer  beaucoup  de  canards,  par  le  moyen  d'un  ca- 
nard privé  &  des  rets  faillans.  Tuguriolum  ex  ramis 
arboris. 
Canardiére  fignifie  aulTi  une  guérite  ou  une  autre 
pièce  que  l'on  conftruifoit    autrefois  dans  les  châ- 
teaux ,  &:  d'où  l'on  pouvoit  tirer  en  iureté. 
CANARIE.    Canaria.    île    d'Afrique    dans   la    mer 
Atlantique ,  vis-à-vis  le  Royaume  de  Matoc.  C'eft 
la  principale  des  îles  qu'on  nomme  Canaties  i  elle 
eft  entre  celle  qu'on  nomme  Forteventura,  &  celle 
de  Ténérifte.  Elle    eft   ronde ,   ^   peut  avoir  40 
lieues  de  circuit.  Maty. 
Canarie.    Cinaria.  La   Capitale   de   l'Ile   Canarie, 
s'appelle  auflî  Canari/ ,  &  a  donné  appareramenc 
fon   nom  à  toute    l'île.  Elle  s'appelle  encore   par 
les  Efpagnols  Ciudad  de  las  Palmas ,  c'eft-à-dire , 
la  ville  des  Palmes.  Canarie  eft   fituée  fur  la  côte 
orientale  de  l'île  de  Canarie.  hWz  a  un  Parlement  ^ 
ou  Audience  de  toutes  les  Canaries  ,  &  un  Evêché 
fondé  en  1485,  Sclùiïragant  de  Séville.  Maty, 
Canaries.     Canariœ  ,   Fortunatx    injulx.    Ce    font 
des   îles  fameufes   dans    l'Antiquité  fous    le  nom 
d'îles    fortunées.    Elles  font  dans    l'Océan  Atlan- 
tique ,  vis-à-vis  la  côte  du  Bilédulgerid ,  entre  les 
26^    &    28'    degrés    50    min.   de  latitude  Nord  •■, 
&c  entre    les    premier  &     7'  de    longitude.    Les 
Anciens  n'étoient  point  d'accord  fur    le   nombre 
de  ces  îles  ,  comme  l'a  remarqué  Voifius  dans  fa 
5'   note  fur  le  ck.  10'    du  IIP    Livre  de    Mêla. 
Il    y  en  a  fept   principales ,  dont  cinq  fe  fuivent 
en  cet  ordre  du  Levant  au  Couchant  ;  Forteventura , 
Canarie ,  Ténéritfe ,  l'île   de  Gomer ,  &:  celle  de 
Fer ,  au  nord  de  laquelle   cft  celle  de  Palme.  L'île 
Lancelotte    eft    au  noid  de  la  Forteventura.    Les 
Canaries    furent    découvertes    environ    l'an    1542, 
L'air  des  Canaries ,  quoique  très-chaud ,  eft  fort  fain, 
&  le    terroir  très-fertile  ,  fur-tout  en  fucre  &  en 
vins  que  nous  nommons  vins  de  Canarie, 

Il  lémble  que  nous  falfions  aulfi  ce  nom  adje(5lif: 
car  nous  difons  les  Canaries  ,  &  les  îles  Canaries; 
nous  dirions  des  Canaries  s'il  étoit  fubftantif, 
comme  nous  difons  l'île  de  Sicile  ,  de  Malte ,  de 
la^  Grande  Bretagne ,  de  Sardaigne ,  &c.  non  pas 
l'île  Sicile ,  l'île  Malte  ,  &c.  Les  îles  Canaries  font 
tiès-peuplées ,  tant  de  naturels  du  pays  que  d'Efpa- 
gnols  qui  en  font  les  maîttes.  Les  richefles  de  l'île  de 
Ténériffe  la  rendent  la  plus  confidérable  de  rou- 
tes les  îles  Canaries,  Lettr.  Edif.'  Rec.  XI.  p.  94, 
On  met  encote  au  nombre  des  Canaries  quel- 
ques petites  îles  déferres  qui  font  au  nord  de  la 
Lancelotte  ,  &  les  Salvajes  ,  qu'on  peut  appeler  les 
Petites  Canaries. 

M.  Corneille  écrit  que  l'on  dit  que  ces  îles  ont 
été  nommées  Canaries  par  les  Efpagnols,  à  caufe 
de  l'île  de  Canarie,  la  plus  confidérable  de  tou- 
tes ,  dans  laquelle  ils  trouvèrent  quantité  de  chiens , 
lorfqu'ils  en  firent  la  première  découverte ,  Can  , 
en  Efpagnol ,  voulant  dire  un  chien.  Mais  ajoute- 
t-il ,  cela  n'eft  pas  vrai ,  puifque  le  nom  de  Cana- 
rie étoit  connu  fort  long  tems  auparavant.  En  effet, 
Pline,  Liv,  ch.  3  2,  d'après  Juba,  dit  que  l'une  des  îles 
fortunées  s'appelle  Canarie  ,  Canaria ,  à  caufe  de  la 
quantité  de  chiens  d'une  grandeur  extraordinaire 
que  l'on  y  trouve ,  &  dont  deux  avoient  été 
amenés  à  Juba  ;  ce  qui  ne  laifle  pas  d'avoir  fa  dif- 


C  A  N 

fîcnké.  Car  fi  ce  que  Pline  dit  eft  vrai ,  dinaria  cft| 
un  mot  Latin  dérivé  àzCanïs  ;  mais  comment  cette  ; 
île ,  il  peu  connue  des  Romains ,  qu'ils  n'en  par- 
lent que  fur  le  témoignage  de  Juba ,  avoit-elle  un 
nom  Latin  ?  Quoi  qu'il  en  Ibit ,  le  nom  de  Canaric 
eft:     très-ancien ,    &:    par    confcquent   n'eft    point 
Eipagnol. 
CANARIE.  r.   f.  El'pèce  d'ancienne  danfe  que  quel- 
ques-uns  croient   venir  des  Iles   Canaries,  &:  qui , 
félon    d'autres  ,   vient  d'un    balet   ou  mafcarade , 
dont    les   Danfeurs    étoient  habilles   en    Rois   de 
Mauritanie  ou  Sauvages.  Sahutio  Canaricnjis.  En 
cette  danfe  on  s'approche  ,  &  on  s'éloigne  les  uns 
des  autfts  ,  en  f-aifant  plulieurs   pafîages  gaillards, 
&  bizarres ,  à  la  manière  des  Sauvages. 
Canarie.   f.    m.  Sorte  de   petit  ^  oilcau   qui    chante 
bien ,   qui  nous  eft  venu  des  Iles  Canaries.  Sircn 
Canarienjis.    On    l'appelle     autrement  firin.    Un 
canarie  maie  ,  un  canarie    femelle.   yoye7^_  Serin. 
CANARIN.    f.     m.     Paifereau    de    Canarie.    Pajjer 

Canarietijis. 
^3"   CANAS.' Sauvages  de  l'Amérique   méridionale, 

au  Pérou ,  entre  Guf:o  &  le  Lac  Titicaca. 
CANASSE.  1".  m.   C'elT:  une  forte  de  tabac  filé   fort 

menu  &  propre  à  fumer. 
§Cr  C'eft  aufîi  le  nom  qu'on  donne   à   Amfterdam  à 
de   grandes   cai/fes  dans  lefquelles  les  vailfeaux  de 
la  Compagnie  apportent  les   diiférens  Thés  de  la 
Chine  &  des  Indes  Orientales. 
CANASTRE.  f.  m.  Sorte  de  coffre  de  cuir  femblable 
à  nos  mannequins ,  fait  de  peaux  de  bœuf  qui  font 
féchcs',  dont  les   Efpagnols    fe  fervent  aux  Indes. 
Capja  coriace  a  ,  ou  è  corio  bubulo, 
CANATHE.  f.  ï.  Fontaine  de  Nauplia ,  Ktf»««<iç.  On 
difoit  que  Junon  en  Te  baignant  tous  les  ans  dans 
cette  fontaine  ,  recouvroit  fa  divinité  :  fable  fondée 
fur  les  myftères  fecrets  qu'on  y  célébroit  en  l'hon- 
neur de  cetre  Décfîe. 
ÇIANATIS.    f.   m.    C'efl:  un    nom    générique    qu'on 
donne  dans  les  Iles  à  toutes  fortes  de  pots  de  terre  , 
de  quelque  grandeur  qu'ils  puilfent    être  :  comme 
nous  leur  donnons  le  nom  de  ppt  en  France.  Il  cfl; 
des  canatis  qui  contiennent  depuis  une  pinte  jufqu'à 
ijo  &  80  pintes. 
%fF  CANAVEZ  ou  CANAVOIS.  Canapicium.  Pays 
de  Piémont  en  Italie ,  entre  la  Ville  d'Ivrée  &  la 
rivière   du  Pô. 
^fT  CANCALE.    Ville  de   France  ,    dans   la   haute 
Bretagne ,    au  bord  de  la  Mer ,    à  l'orient     de  S, 
Malo  ,  fort  connue  par  Çzs.  huitres. 
CANCAMUM.  f  m.  Larme  d'un   arbre  qui  croît  en 
Arabie ,    félon   Diofcoride ,   laquelle    reffemble  en 
quelque  forte  à  la  mirrhe  ,  dont  le  goût  efi:  fâcheux. 
On  s'en  fervoit   autrefois  à  parfumer   les   robes  & 
les    vctcmens.    Cette    larme  nous   eft  aujourd'hui 
inconnue.  Les  uns  croient  que  c'eft  la  lacque  :  les 
autres  ,  la  gomme  anime  -,  &  d'autres  le  benjoin. 
CANCAN.  Cm..  Mot  populai-'e  ,  qui  fignifie  un  grand 
difcours ,    une    grande    plainte  ,    faite    avec    ^eau- 
coup  de    bruit,  d'aigreur  &  de  reproches.  Lon<ra 
otjurgatio  ,    querimonia.    Il    m'a    fait    un   grand 
cancan. 

Ce  mot  s'efl:  formé  de  la  prépofition  Latine 
Qiiatnquam  ;  parce  que  les  longs  dilcours  ou  une 
longue  période  commencent  fouvent  par  Quam- 
quam  ;  on  a  appelé  un  long  difcours  un  Quam- 
quam  ,    &c  de-la    on    a    fait    un    cancan.   Voyez 

QUAMQUAM. 

CANCANIAS.  f.  m.  Atlas,  ou  Satin  que  l'on  tire 
des  Indes   Orientales. 

HfT  CANCE  ou  CANSSOR.  Rivière  de^  France 
dans  le  Vivarais, 'Qui  fe  perd  dans  le  Rhône,  au 
deffus  d'Andamc. 

CANCEL  ou  CHANCEL.  f.  m.  L'endroit  du  chœur 
d'une  Eglife  qui  eft.  le  plus  proche  du  grand 
Autel ,  8c  qui  eft  ordin^airement  fermé  d'une  ba- 
luftrade.  Canallum.  C'efl  un  droit  honorifique 
d'avoir  droit  de  banc  ôc  cTè  fépulture  dans  le  Can- 
cel  d'ime  églife. 


CAN  20g 

^3"  Ce  mot  vient  de  cancellum  qui  fc  trouve  dans 

Jcs  capitulair^s  de  Charlemagne  en  cette  fignifica- 

tion.  MÉNAGE,    Ce   mot   a  fignifie   toutes  "barres 

croifées,  foit  de  bois,  foit  de  fer  ,  &  même   des 

traits  de  plumes, 

On  appelle  auffi  Cancel  le  lieu  dans  lequel  on, 
tient  le  fccau  ,  &  qui  eft  aulîi  entouré  d'une 
balurtrade. 

ce?  CANCELLARIUS.  f.  m.  Nom  d'un  Officiet 
fubâLerne  chez  les  Romains.  Voye^^  Chancelier. 
C'elt  ainfi  que  quelques-uns  ont  rendu  ce  mot  en 
François. 

CANCELLATION.  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence. 
C'eft  un  aéle  par  lequel  oft  con:erît  liU'un  autre  adte 
foit  caffé,  anéanti,  &  demeure  nul.  Annullatio -, 
rejcijjio.  La  c  incellation.  s'appelle  autrenunt  réfi- 
liinent  ou  rejiliation. 

^fF  A  Bourd.aux  ,  dans  les  bureaux  du  courtage  &: 
de  la  Foraine,  on  appelle  canceUation ,  la  décharge 
que  le  commis  donne  aux  Marchands  de  la  fou- 
milTion  par  eux  faite  de  produire  dans  un  temps 
limité  le  certificat  de  l'arrivée  de  leurs  Marchan- 
difes  aux  endroits  fpécifics ,  ou  de  payer  le  qua- 
druple de,s  droits. 

CANCELLE.  f.  m.  Sorte  de  petit  Cancre ,  dont  la 
couleur  eft  rouife ,  &  qui  fe  prend,  avec  les  pcrits 
poilfons.  Il  reflémble  à  l'araignée.  Cancri  geniis 
exile  ,  exilis  cancer. 

CANCELLER.  v.  a.  Barrer  une  obligation  ,  un  zâe , 
pour  les  rendre  nuls ,  en  palîant  la  plume  de 
haut  en  bas ,  ou  de  travers ,  fur  les  fignatures  :  ce 
qui  faït  une  efpèce  de  chalfis  que  les  Latins  nom- 
ment cancelli.  Annullare  ,  refcindere.  Scripturri 
diictis  canceLlatim  lituris,  ou  dscujfatis  Uturis  delere. 
Ce  mot  me  le  dit  qu'en  ftyle   de  Palais. 

Ce  mot  vient  du  Grec  xiyKA/|«  -,  qui  fignifie  pro- 
prement environner  une  chofe  de  quelque  treillis , 
afin  qu'on  n'en  puifie  pas  approcher. 

CANCELLE ,  ÉE.  part. 

^fT  CANCELLI.  f.  m.  pi.  Petites  Chapelles  érigées 
par  les  anciens  Gaulois  aux  déefl^es  mères  qui  pré- 
iîdoient  à  la  campagne  &  aux  fruits  de  fe  terre. 
Ces  peuples  y  portoient  leurs  offrandes  avec  de 
petites  bougies,  &  après  avoir  prononcé  quelques 
paroles  myftcrieufes  fur  du  pain  ou  fur  quelques 
herbes ,  ils  les  cachoient  dans  un  chemin  creux  ou 
dans  le  tronc  d'un  arbre,  &  croyoient  par  la  ga- 
rantir leurs  troupeaux  de  la  contagion  ,  &  de  la 
mort  même.  Cette  pratique,  ainfi  que  plufieurs 
fuperftitions  dont  elle  étoit  accompagnée  ,  fut 
défendue  par  les  Capitulaires  de  nos  Rois  &  par 
les  Evêques.  Encyc. 

CANCER,  f.  m.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  tu- 
meur dure,  inégale,,raboteufe  ,  ronde  &  immobile  , 
de  couleur  cendrée  ,  livide  ou  plombée ,  environnée 
de  plufieurs  veines  apparentes  &  torrues  ,  pleines 
d'un  fang  mélancolique  &  limoneux ,  qui  refiem- 
blent  au  poiiîbîi  appelé  cancer  ou  écreviiîe.  Cancer. 
Elle  commence  fans  douleur,  &  paroît  d'abord  com- 
me un  pois  chiche ,  ou  une  petite  noifette  -,  mais 
elle  croît  aflez  vite ,  &  dévient  fort  douloureufe. 
Les  Cancers  viennent  aux  parties  glanduleufes  àc 
lâches  ,  comme  aux  mammelles  &  aux  émonéloires. 
En  Grec  KxpxUoi ,  qui  fignifie  auifi  ecreviffe.  On  ap- 
pelle  ainfi  cette  tumeur  ,  parcequ'elle  eft  à  peu-près 
de  la  figure  d'une  ecreviffe. 

Ce  mal  vient  principalement  aux  fenjmes  ,  Se  fur- 
tout,  dit  Stolterfoth,  à  celles  qui  font  ftcriles ,  ou 
qui  vivent- dans  le  célibat.  Les  hommes  en  font 
aufîi  attaqués,  continue-t  il ,  &  il  y  en  a  bien  des 
exemples.  La  raifon  pour  laquelle  il  s'attache  plutôt 
aux  mammelles,  qu'aux  autres  parties  du  corps,  vient 
de  ce  qu'étant  pleines  de  glandes  entre  lefquelles 
il  y  a  beaucoup  de  vaiffeaux  lymphatiques  ou 
fanguineux,  la  moindre  contufion,  coraprellîon  ou 
piqûre  ,  peut  faire  extravafer  ces  liqueurs,  qui  s'ai- 
grifîcnr  enfuite  &  forment  le  cancer.  C'eft  de-là 
que  les  Maîtres  de  l'art  difent  que  le  cancer  eft 
aux  glandes ,  ce  que  la  carie  eft  aux  os ,  &  la  gangrè- 

C  c  ij 


204  C  A  N 

aux  parties  charnues.   Le   cancer  vient  cependant 
auili  tn  d'autres  parties  du  corps  molles  &c  baveu- 
ils  ,  &  l'on  a  vu  des  amcers  aux  dents  ,  au  ventre, 
dans  la  partie  intérieure  du  cou  de  la  matrice,  dans 
Turètre,  aux  lèvres,  aux  narines ,  aux  joues ,  à  1  ab- 
domen ,  aux  cuifles,  &  même  à  l'cpaulL- ,  comme 
Stolrcrforh  le   prouve  par  différentes  obiervations 
tirées  des  médecins.  Le  cancer  le  divife  en  cancer 
caché  ,  occuhus  ,  ôc  cancer   ulcéré  ,  ulccratus.  Le 
premier  vient,  comme  on  Ta  décrit  ci-delîus.  Voyei 
ilir  cela  &  fur  toutes  les  circonftances,  Etmulier, 
Chirurg.  Medic.  art.  4.  &  CaroL  Mufitanus  Trutina 
Chnurgic-Phyfica,  L.  XI,  c.  13.  Le  cancer  ukàïà 
fe  connoît  en  ce  qu'il  eft  inégal ,  raboteux ,  plein 
de  trous  ;  qu'il  en  Ibrt  une  matière  fordide  ,  puante  , 
gluante,  &  quelquefois  jaune-,  par  la  douleur  in- 
ïupportabk'  qu'il  caule  au  malade ,  en  ce  qu'il  efl: 
noirâtre,  horrible  à  voir,  dur  au  toucher,  quel- 
quefois cependant  mou  ;  en  ce  que  les  lèvres  de 
l'ulcère  font  groffcs ,  enflées  ,   rongées  ,   rabattues 
en  dehors  ;  que   les  veines  voiiines  font  gonflées  , 
variquvufes  ,   noirâtres  ,  &  reprèlcntant  en  quel- 
que forte  les  pieds  du  cancer  ;  quelquefois  les  ex- 
trémités des  veines  &  des  petites  artères  font  ron- 
gées ,  &  il  en  fort  beaucoup  de  fang.  Au  cancer 
des  mammelles  les  chairs  voiiines  Ce  confument  telle- 
ment quelquefois ,  qu'on  peut  voir  dans  la  cavité 
du  thorax.  Il  caufe  une  fièvre  lente ,  un  grand  dé- 
goût ,  &  fouvent  des  foiblefles*^,  quelquefois  l'hy- 
dropille  fuit,  &  enfin  la  mort.  La  caufe  prochaine 
de  ce  mal  eft  un   acide  volatil    trop  corrofif ,  qui 
approche  de  la  nature  de  l'arfcnic  ,  &  qui  fe  for- 
me par  le  croupilTement  des  humeurs ,   &c.   Stol- 
terfoth  rapporte  que  lui  &  d'autres  ont  guéri  ce 
mal  avec  du  mercure,  &c  par  le  moyen  de  la  fa- 
livation.  On   trouve  comment  il  s'y  faut  prendre 
dans  Georg.  Tromp,  Difpiit.  de  Salivatione  Mer- 
curiali  habita,  lenœ.  Georg.  Cour.  Albin.  Difp. ha- 
bita Franco f.   1(^89,  Mich'.  Pantclius ,  De  Mercu- 
rio  &  ejus  ufu  medico ,  &c.  Regiom.  1^58.  Etmul. 
Oper.tom.Lfol.   ^'^7  &  Jeq<]-  &  fol.  ^67.  M.  AUiot 
Médecin  du  Roi ,  a  fait  un  fort  bon  Traité  du  cancer  , 
imprimé  à  Paris  en  1698. 

Le  cancer ,  quand  il  vient  aux  jambes  s'appelle 
loup;  &  quand  il  vient  au  viiage ,  on  l'appelle  , 
72o/i  me  tangere.  Le    cancer  ulcèié  caufe   de   très- 
grandes  douleurs.  Il  y  en  a  qui  croient  que  le  cancer 
ulcéré  n'  eft  autre  chofe  qu'une   multitude  prodi- 
gieufe  de  petits  vers  qui  dévorent,   &  qui  confu- 
ment peu  à  peu  toute  la  chair  de  la  partie.  Dionis. 
Le  cancer  eft  d'un  confentcment  unanime  le  plus 
horrible  de  tous  les    maux  qui  attaquent  l'homme. 
On  guérit  le  cancer  par  extirpation  ,  quand  il  n'eft 
poiiU  ouvert,  5;  qu'il  n'eft  encore  qu'une  tumeur 
de  la  groffeur  d'une   noix ,  ou  tout  au   plus    d'un 
petit  œuf.   L'amputation  fe    fait  quand  le  cancer 
occupe  toute    la  mamm'elle  ,   ou    qu'il  eft  ulcère. 
Idem.  Foye^  Degori  ,  dans  le  Tréjor  de  la  pratique 
de   Médecine ,    où  il   rapporte ,    d'après    diflcrens 
Auteurs ,  quantité  de  remèdes  pour  le  cancer. 
CANCER  de  Galien.  Ceft  un  bandage  à  huit  chefs  , 
que    Galien,   Livre  des  Bandages  ,    ch.   10.  décrit 
pour  bander  la  tête  -,  mais  ceux  qui  s'en  fervent ,  |ne 
le  font  qu'à  fix  chefs.   Foyei  le  Dictionnaire  de 
M.  Col  d-e  Villaks. 
Cancer  ,  eft    aulH    un   des  fignes  du  Zodiaque ,  où 
quand  le  foleil  eft  parvenu  vers  le   11  Juin,  il  eft 
au  Solftice  d'Eté.  C'eft  une  conftellation  qui  a   1 5 
étoiles,  félon  Ptolomée  ,  félon  Kepler  17,  &  félon 
Bayer  35,  qui  font  de  la  nature  de  Mars  &  de  la 
Lune  :  auffi  le  cancer  eft-il  la   maifon  de  la  Lune. 
Il  a  cré  ainfi  nommé ,  à  caufe  qu'il  repréfente  un 
cancre  ,  ou  écreviffe ,  ou  que  le  foleil  commence 
à  reculer  ou  à  retourner  vers  l'Equateur  quand  il 
y  eft  arrivé ,  à  la  manière  des  ecrcviflcs.  On  l'appelle 
auffi   ecrcvijje,  figne  de  l'écrevijfe.  Les  Poètes  ont 
feint  que  c'eft  Vecreviffe  que  Junon   envoya  contre 
Hercule ,   lorfqu'il  combattoit  l'Hydre    de  Lerne. 
Hercule  ta^Vécrevij^e,  &  Junon  la  tranfporta  au 


C  A  N 

ciel  ,  5c  la  mit  au  nombre  des    conftellations.  Le 
fymbole    du    cancer  eft  une   figure  compofée    de 
deux  traits  prefque   femblables  au  chilfte  foixante 
neuf 
fjcr  TROPIQUE  du  Cancer.  Voye^  Tropique. 

IfT  CANCEREUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  tient  de  la  na- 
ture   du  cancer.    Tumeur    cancereufe. 

CANCHE.  Terme  de  Coutume.  C'eft  ainfi  qu'en  quel- 
ques endroits  on  appelle  un  ban  à  vin,  c'eft-à- 
dire,le  droit  de  vendre  du  vin  en  quelque  lieu,  à 
l'exclufion  de  toute  autre  perfonne. 

fCT  Canche.  Rivière  de  France,  en  Picardie.  Elle  a 
fa  fource  en  Artois ,  pafle  au  vieux  Hédin  à 
Beaurainville  &:  à  Montreuil,  puis  à  Etaples  où 
elle  forme  un  port. 

1^  CANCHES.  Sauvages  de  l'Amérique  Méridio- 
nale ,  dans  une  contrée  voifine  de  Cufco  dans  le 
Pérou. 

Ck?  CANCHEU.  Voyei  Cantcheou. 

CANCIONAIRE.  f.  m.  Vieux  mot.  Livre  des  canti- 
ques ou  des  chanfons.  Canticoriim  ,  cantilenarum- 
Liber.  Ce  mot  eft  formé  du  latin  canticum ,  chan- 
fon.  Il  a  bien  l'air  d'être  de  l'invention  de  Marot , 
qui  l'a  forgé  ,  à  l'imitation  d'Antiphonaire ,  Ledtio- 
nairc  ,  ùc. 

CANÇON.  f.  f.  Vieux  mot ,  formé  de  deux  mots  la- 
tins ,  camus ,  fonus.  Chanfon.  Glojf,  de  poëf.  du 
Roi  de  Nav. 

CANCRE,  f  m.  Ecrevifle  de  mer  ,  d'étang  ou  de  ri- 
vière ,  couverte  d'une  coque  dure  ,  &  qui  va  à  re- 
culons. Cancer.  Le  cancre  a  le  corps  rond.  Il  y  en 
a  de   terreftres  &  de  marins.  Ceux-ci  s'appellent 

■  grand  à  l'égard  des  mâles  ;  &C  les  femelles  macinet- 
"tes.  Il  y  en  "a  que  Rondelet  appelle  mages ,  qu'on 
nomme  en  Italie  grancevoles  ;  d'autres  fquaranchon 
ou  granciporto  ,  qui  font  divers  animaux  aquati- 
ques de  même  efpèce ,  auHî-bien  que  les  langouftes , 
les  fquilles  &;  les  ècrevilfes  ,  qui  ont  pourtant  quel- 
que différence.  La  cendre  des  cancres  de  rivière,prife 
en  breuvaire  avec  de  la  racine  de  gentiane  ,  &  autres 
femblables,  eft  un  fingulier  remède  pour  les  morfures 
des  chiens  enragés.  Les  cancres  marins  n'ont  pas  le 
même  efficace.  Le  cancre ,  quoiqu'il  vive  dans  l'eau, 
ne  nage  point ,   non  plus  que  l'hippopotame. 

Dans  la  guerre  des  rats  &c  des  grenouilles ,  Ho- 
mère feint"^  que  Jupiter  envoya  des  cancres  au  fe- 
cours  des  grenouilles  ,&  voici  la  defcription  qu'il 
en  fait ,  traduite  en  vieux  François  ,  par  le  Traduc- 
teur de  fa  Batrachomyomachie. 

Soudain  vient  un  renfort  d'épouvantables  bêtes  ; 
D'animaux  contrefaits  ,  de  monflres  àdeux  têtes; 
Leur  échine  reluit ,  leur  dur  &  large  dos  , 
Leur  corps  ejt  revêtu  de  folides  écailles  ; 
Leurs  dents  font  des  cifeaux  ,&  leurs  pieds  des  te-. 

nailles. 
Ils  ont  deux  bras  nerveux ,  ils  ont  huit  pieds  four- 
chus , 
Leurs  bras ,  leurs  mains ,  leurs  doigts  &  leurs  pieds 
font  crochus. 
■  Ils  marchent  de  travers ,&  fouvent  en   arrière. 
Leur  œil  voit  &  deffous  ,  &  devant  &  derrière. 

Voyez  fur  les  cancres.  Voff.  de  Idolol.  L.  IV , 
Ch.  3 ,  II,    175  18  ,  19,  35,  37. 

Il  y  a  une  efpèce  de  petit  cancre  qu'on  appelle 
Bernard  l'hermite  ,  qui  eft  roux  de  couleur  ,  qui  fe 
prend  en  menuifaille  avec  les  autres  poiffons ,  6c 
qui  reflcmble  aux  araignées.  Il  a  deux  petites  cor- 
nes déliées  ,&:  deux  gros  yeux  au-de'îbus,&  plus 
bas  un  os  environné  de  petits  poils  qui  lui  fervent 
de  raouftaches.  Il  a  par-devant  deux  pieds  fourches 
qui  lui  fervenr  de  mains ,  &  deux  derrière  de  cha- 
que côté ,  &  un  tiers  au  m.ilieu.  Ariftote  &  Elien  di- 
/ent  qu'il  naît  tout  nu  ;  m.ais  qu'il  fe  loge  dans  l'é- 
caille  d'un  autre  poiflbn  qu'il  trouve  vide  ,  &  quand 
il  groflîr  ,  il  en  cherche  une  plus  grande. 

Quelques-uns  difent  le  figne  du  cancre  ^  le  tropi- 


J 


C  A  N 


que  du  cancre  ,  au-lieu  de  dire  ,  le  figne  du  Cancer, 
le  tropique  au  Cancer.  Acad.  Fr. 
Cancre  i'e  die  proverbialement  d'un  homme  pauvre  , 
qui  n'eft  capable  de  faire  ni  bien  ni  mal.  Cet  homme 
eft  un  s,u tvLX  ,  un  cancre ,  un  pauvre  cancre.  Il  fe 
ditau/ïî  d'un  homme  mcprifable  par  l'on  avaricc.C'cll 
un  vilain  cancre, 
^  CANCRIFORMIS.  El^^cce  de  pierre  argillcufe  , 
cendrée  ,  de  la  forme  d'un  crabe.  Elle  a  de  plus  les 
parties  brillantes  du  plomb. 
^fT  CANCR.ITES  ou  Lapides  cancvi.  Petites  pierres 
blanches  ,  tendres  ,  cvculcs ,  qu'on  appelle  yeux 
d'écrei'ijps  de  rivière. 
CANDAHAR.  Ville  d'Afie  ,  capitale  de  la  province 

du  même  nom  dans  les  Indes.   OrtoJ^ana. 
CANDÉ.  r.  m.  C'cft:  en  plulieurs  endroits  la  même  chofe 
que  conjluent,  Conjluens,  On  dit  conde  en  d''autres 
endfoits ,  &  coignac  en  d'autres. 
CANDE.  Gros  bourg  de  France  ,  en  Touraine  ,  au 
confluent  de  la  Loire  ,  &  de  la  Vienne.  S.  Martin  y 
mourut  le  1 1  Novembre  39^.  Il  y  a  une  Collégiale. 
Candate. 
^  CANDEA  ou  CANDE.  Baudrand  nomme  ainfi 
en  françois  la  ville  &  le  Royaume  de  Candy.  Fuye:^ 
ce  mot. 
CANDELABRE,  f.  m.  Ç'eft  un  grand  chandeliet  de 
falle  ayant  plulieurs  branches ,  fait  à  l'antique.  Can- 
âelahram. 
Candélabre,  fe  dit  auffi  d'un  grand  chandelier  à  plu- 
fieurs branches, tel  qu'onen  voit  en  plUfîeurs  cglilés. 
Candélabre, terme  d'archttecfture  ,  eR  une  efpèce  de 
vafc  fort  élevé  en  forme  de  grand  baluftre  qu'on 
met  pour  amortiiî"  ment  à  l'entour  d'un  dôme.  On 
voit  de  ces  fortes  de  caadclihres  aux  dômes  de  \î. 
Sorbonne  &;  du  Val-de-Grace  à  Paris. 
CANDELETTE.  f.  f.  Terme  de  marine.  C'cfl:  une  corde 
garnie  d'un  crampon  de  fer  pour  accroch'.-r  1  anneau 
de  l'ancre  quand  on  la  veut  mettr-.,'  fur  kb  boflcurs  , 
lorfqu'elle  cfl  fortie  de  l'eau.  Cancus  harnatus, 
XfT  CANDELOR  ou  CANDALOR.  Ville  delà  Tur- 
quie en  Afie  ,  près  de  la  côte  méridionale  de  la  Na- 
tolie. 
|Cr  CANDEUR,  f.  f.  Pur-té  d'amc.  Animi  candor. 
C'cft  une  des  nuances  de  la  vérité  de  caradère.  La 
funplicitCj.qui  prend  fa  iburce  dans  cette  pureté  de 
iTiœurs ,  qui  n'a  ri;'n  à  diiiîm.uler  ni  .à  feindre  ,  efl  ce 
qu'on  appelle  candeur.  Voyez  Franchise  ,  Simpli- 
cité ,  Ingénuité.  Candeur  de  l'ame.  La  candeur  de 
fes  mœurs.  Procédés  pleins  de  candeur.  Il  faut  ôter 
au  cœur  humain  le  mafque  de  vertu  &  de  candeur  -, 
dont  il  fe  fert  pour  les  raffinemcns  de  fa  di/Funu- 
lation.  Port  -R.  Les  amcs  pleine^  de  candeur  ,  font 
d'ordinaire  plus  iîmples  dans  le  bien  ,  que  précau- 
tionnces    contre    le   mal.  Fenel.    N'efpcrez     plus 
de  ftanchifejni  àz  candeur  d'un  homme  qui  s'eft 
livré  à  la  Cour,  &:  qui  fecrctcmcnt  veut  faire  for- 
tune. La  Eruy. 


]e  veux  dans  la  fatyre  un  efprit  de  candeur. 


o:l. 


JCANDI.  f.  m..  Sorte  de  grand  bateau  qu'on  voit  en 
Normandie ,  fur  la  Seine,  &  qui  a  enviton  27  toi- 
fes  entre  chef  &  quille.  On  ne  voit  pas  fur  les  ri- 
vières de  France  de  plus  grand  bateau  que  le  candi. 

^fj^  Candi  (  fucrc  )  Foye^  Candir. 

1^  CANDICrL  Nom  d'une  ptoyince  d'Afie  ,  dans 
l'Empire  du  Mogol ,  enrre  la  province  d'Agra, cel- 
les de  Bérar  &  de  Malva  ,  &  le  Royaume  de  Gu- 
zurate.  Brampour  en  eft  la  capitale. 

CANDIDAT,  f.  m.  Celui  quibtigue  quelque  charge  , 
qui  afpire  à  entrer  dans  quelque  corps.  Candida- 
tus, 

^fT  Les  Candidats  ou  afpirans  aux  charges  de  la  Ré- 
publique Romaine  étoientainiî  nommes  de  la  Robe- 
Blanche  qu'ils  étoient  obliges  de  porter  pendant 
les  deux  années  qu'ils  poUuloient.  Cette  robe,  dit 
Plutarque  ,  devoir  être  fimple  ,  fans  aucun  autre 
vêtement  ,-\fin  qu'on  ne  les  foupçonnit  pas  d'avoir 
de  l'argent  cs^hé  pour  acheter  les  fufftages  -,  &  afin 
qu'iU  puflent  plus  aifcment  faire  voir  au  peuple  les 


C  A  N  2.of 

cicatrices  des  plaies  qu'ils  avoicnt  reçues  pour  Ix 
défeniè  de  la  République. 
^"  La  première  année  ,  ils  demandoient  au  Magiftrac 
la  pcrmiUion  de  haranguer  le  peuple  ou  de  le  taire 
haranguer  par  quelqu'un  de  leurs  amis.  Ils  dccla- 
roient  à  la  fin  de  ces  harangues  qu'ils    dcfiroienc 
obtenir  telle  charge  ,  fous  fon  bon  plaifir ,  le  priant 
d'avoir  égard  au  mérite  de  leurs  ancêtres  &  à  leurs 
fcrvices  perfonnels.  Cela  s'appeloit  projiteri  nomen 
J'uum  apud populum  ,  &:  cette  année  annus profcjjio' 
nis  ,  qui  étoit  toute  employée  à  fe  faire  des  amis 
parmi  les  grands  &  parmi  les  peuples. 
^fT  Au  commencement  de  la  féconde  année  les  Can- 
didats fe  préfenroient  au  Magittrar ,  avec  la  rccom- 
mendation  du  peuple ,  conçue  en  ces  termes  :  Ra- 
tionem  illiushabe  ,Sc  le  prioient  d'écrire  leurs  noms 
fur  la  lifte  des  prérendans  :  ce  qui  s'app>  loir  edere 
nomen  apud  Fratorern  aut  Conjulem  ,   ou  projiterl 
apud  Magijlratum, 
§C?  Le  Magiftrat ,  après  avoir  vu  la  requête  du  Can- 
dide!: ,  avec  la  recommendation  du  peuple  ,  a/fem- 
bloit  le  Confeil  ordinaire  des  Sénatf.'urs,  qui  exami- 
noient  les  raifons  qu'avoir  le  Candidat  de  demander 
telle  charge  ,  &  s'informoient   de  fa  vie  &c  de  fes 
mœurs.  Après  cet  examen,  le  Magiftrat  lui  permet- 
toir  Ci.  pouriuite  en  ces  termes  :  Rationem  h.ibeho  y 
renumiabo  ,  ou  s'il  le  rejettoit ,  il  répondoit  ratio- 
nem non  habebo  ,  non  renuntiabo. 
0CJ°  Les  Tribuns  s'oppofoient    quelquefois  à    cette 
permiflion  que  donnoir  le  Magiftrar  de  pourfuivre 
la  brigue  ,  lorfque  celui-ci  ne  paroilfoir  pas  a/fex 
infèrmt  des  défauts  ou  des  raifons  d'exclufion  du 
poftulant. 
|Cr  Le  tems  de  l'éledion  arrivé,  le  Magiftrat  indi- 
quoit  l'aflemblée  par  trois  jours  de  marché  confé- 
cutifs  que  ceux  de  la  campagne  ,  comme  des  villes 
municipales  &  des  colonies  qui  avoient  droit  de 
fuifrage  puflent  defcendreàla  ville.  Le  jour  venu, 
les  Candidats  vêtus  de  blanc  ,  fe  rendoient  de  grand 
matin,  afTiftcs  de  leurs  amis,  au  mont  Quirinalou 
fur  la  colline  des  jardins  ,  qui  avoicnr  vue  llir   le 
champ  de  Mars ,  pour  être  plus  facilement  apperçus 
par  le  peuple.  Le  Préfident  del'affemblée,  après  avoir 
dit  haut  le  nom  des  prérendans,  &:expofé  lesmorifs 
des  uns  8c  des  autres,appeloit  les  Tribus  aux  fuifta- 
gcs,&:  celui  qui  en  avoir  le  plus,  étoit  déclaré  Ma- 
giftrat. 
^fT  Le  nouveau  Magiftrat  remercioit  raffemblée  fur 
le  champ,  &  montoit  au  Capitole,  pour  y  faire  fa 
prière  aux  Dieux.  Cet  ordre  changea  un  peu  fous 
les  Empereurs.  Céfar  ne  lailfa  au  peuple  que  le  droit 
de  nommer  les  Magiftrats  inférieurs ,  &:  fe  réferva 
celui  de  nommer  au  Confulat.    Encore  gêna  -  t-il 
beaucoup  le  peuple  ,  dans  l'éledion  des    charges 
qu'il  lui  avoir  accordées.  Tibère  ,  fuccelTeur  d'Au- 
gufte  ,  ôta  le  dtoit  d'élefbion  au  peuple  pour  le 
donnei  au  Sénat.  Néron  le  rendir  au  peuple  -,  le 
Sénat  s'en  défifta  pour  toujours  ,&  fe  contenta  de 
proclamer  dans  le  champ  de  Mars  ceux  que  le  peu- 
ple avoir  élus  pour  conferver  par-là  quelque  chofe 
de  l'antiquité  des  Eleétions.  Foyer  au  mot  Brigue 
les  autres  parricularités. 

On  a  appelé  aulli  du  tems  de  l'Empereur  Gordien , 
&  longrems  après,  Candidati\,  les  foldarsde  la  Garde 
de  l'Empereur  qui  étoient  choifis  de  toutes  les  Lé- 
gions ,  &  qui  étoient  fort  confidérés  à  la  Cour.  S. 
Auguftin,  Aufone  &  Ciaudien,  en  parlent.  Dans  la 
vie  de  S.  Hilarion  ,  ch  17  ,  il  eft  parlé  d'un  Candi- 
dat  de  l'Empereur  Conftance  qui  éroit  po/lcdé  du 
démon,  &  que  le  S.  délivra  de  la  poife/Jion.  Am- 
mien,  L,XXF.,  Se  Vidor  Tunnunenfis,  dans  r3.C/iro- 
7z/c^ ,  font  auffi  mention  des  Candidats.  Yoycz  en- 
core les  faftes  de  Sicile  ,  Cedrenus ,  Rofweid.  Onom. 
Cedrenus  dit  que  ce  fut  Gordien  le  jeune  qui  les 
inftirua ,  aufTi-bien  que  les  Proredcurs  &  les  Scho- 
lares.  Les  Scholares  éroient  choifis  dans  les  trou- 
pes :  c'croicnr  ceux  qui  favoient  le  mieux  le  métier 
de  la  guerre  :  les  Candidats  étoient  tirés  des  Scho- 
lares -,  c'étoiem  ceux  qui  étoient  les  plus  vigoureux  » 


206 


C  A 


&c  qui  avoient  l'air  le  plus  martial  &  le  plus  propre 
à  inipirer  de  la  terreur  ,ciit  la  Chronique  d'Alexan- 
drie. Les  Protecleurs  croient  un  ordre  mitoyen  ; 
c'étoient  proprement  les  Gardes-du  Corps.  Henfche- 
nius  ,  jicl.  SS.  Fehr,  lom,  II  ,p,  i8, 

M.  Fleury ,  Hiji.  Eccl,  L.  II ,  n.  17,  prétend  que 
les  Gardes  qui  portoient  ce  nom,  étoient  ainli  nom- 
més ,  à  cauie  de  l'habit  blanc  dont  ils  croient 
vêtus.  D'autres  difent  ieulcment ,  parce  qu'ils  por- 
toienr  quelque  chofe  de  blanc  fur  eux,  ou  dans  leur 
habit.  C'eft  l'Empereur  Gordien  qui  inititua  les 
Candidats ,  choifillant  les  plus  giands  &  les  mieux 
faits  de  les  Gardes  ,  pour  en  faire  une  compaL::nie  , 
qu'il  appela  les  Candidats.  Voyez  Capirolin  dans  la 
vie  de  cet  Empereur  ,  ch.  I  èc  II ,  &;_^lesnores  de 
Saumaife  iur  cer  Hiftorien. 

Tertullien  appelle  ceux  qui  demandoient  le  bap' 
tême ,  Candidati  Dei.  On  appcloit  aulii  Candidats 
de  réternité ,  ceux  dont  les  âmes  n'ctoient  point  en- 
core dans  le  ciel.  ffT  Dans  le  tems  de  la  vacance 
de  la  couronne  de  Pologne  ,  on  appelle  Candidats , 
les  prétendans  à  la  couronne. 

On  appelle  auili  Candidats  dans  les  Faculrés  de 
rUniverlitc  ,  ceux  qui  l'ont  fur  les  bancs  pour  par- 
venir au  Doélorat.  Acad.  Fr. 

Ce  nom  fe  donne  en  Sorbonne  à  ceux  qui  afpi- 
rent  au  Baccalauréat  ;  même  pendant  le  tems  qu'ils 
fouticnnent  leur  tentative,  on  ne  les  traite  que  de 
Candidats. 

Quelle  honte  ,  hon  Dieu  !  Qiiel fcandale  au  Parnajfe  , 
De  voir  l'un  de J'es  Candidats 
r...  Employer  la  plume  d'Horace 

A  liquider  un  compte  lù  dreffer  des  états  !  Royaum. 

CANDIDE,  adj.  m.  &  £  Qui  a  de  la  candeur.  Candi- 
dus.  Un  honnête  homme  doit  être  candide ,  avoir 
l'ame  candide.  Il  efl:  bon  d'y  ajouter  quelque  aurre 
mot ,  qui  en  explique  &  en  détermine  la  ligniiîca- 
'''■-  7**g^i.  Il  eft  moins  ulité  que  le  fubftantif  candeur. 
Le-;?.  d'Orléans  a  dit  :  les  mœurs  innocentes,  dou- 
ces, candides  &  pacifiques. 

Candide,  f.  m.  Nom  d'homme.  Candidus.  Candide 
étoit  un  Auteur  Ecclclîaftique  du  IPliccle ,  qui  avoir 
écrit  fur  l'ouvrage  dés  fix  jours. 

CANDIE.  Nom  moderne  d'une  île  de  la  mer  Médi- 
terranée ,  qui  dans  l'antiquité  s'eft  nommée  Crète. 
Creta  ,  Candia,  Cette  île  ne  s'appelle  Candie  que 
depuis  la  fondation  de  la  ville  de  Candie  fa  capi- 
tale ,  dont  elle  a  pris  le  nom  ;  c'eft-à-dire  ,  depuis 
le  IX'  fiècle.  Elle  eft  fituée  à  l'entrée  de  l'Archi- 
pel,  fous  le  54^1  de  lat.  &  peut  avoir  75  lieues 
d'orient  en  occident ,  &  20  dans  fa  plus  grande  lar- 
.  geur.  Elle  fut  foumife  aux  Sarralîns  au  IX"^  lîccle  ; 
Nicéphore  Phocas  la  reprir  au  X*^  en  3(îz.  En  1204. 
Bonifiée  ,  Marquis  de  Montferrat ,  la  vendit  aux 
Véniîieif^^ii  n'y  ont  plus  que  les  forrerefles  deSuba, 
&  Spina-Longa.  Les  Turcs  font  maîtres  de  tout  le 
reite.  L'Ile  de  Candie  eft  célèbre  par  le  vin  de  Mal- 
voilie  qu'elle  produir.  L'air  y  eil:  chaud  ,  mais  lain  , 
&  le  terroir  abondanr  en  pârurages ,  en  grains  &  en 
fruits.  Pour  ce  qui  concerne  l'antiquité  ,  voye^ 
Crète.  Quand  il  s'agit  de  l'antiquité  je  ne  voudrois 
point  dire  Candie  ,  mais  Crète.  Quelques  -  uns  ce- 
pendant  le  difent ,  comme  Vigenère. 

La  mer  de  Candie  ,  Creticum  mare  ,  eft  une  par- 
tie de  l'Archipel.  Elle  s'érend  le  long  de  la  côte 
feptentrionale  de  l'île  de  Candie.  , 

Candie.  Matium  ,  Candia,  "Ville  bâtie  au  commence- 
ment du  IX^  lîccle  par  les  Mufulmans,  dans  l'île 
de  Crère ,  dont  ils  s'emparèrent  dans  ce  temps. 
Cette  ville  a  pris  l'on  nom  de  celui  du  lieu  où  ils 
la  bàrirent  ,  qui  fe  nommoit  Candax  ,  &  qui  leur 
fut  montré  par  un  Moine.  Elle  a  depuis  donné 
fon  nom  à  toute  l'île.  C'eft  le  liège  d'un  Archevê- 
que  ,  &  la  capirale  de  l'Ile  de  même  nom.  Après 
une  guerre  de  24  ans  &c  un  liège  de  trois  ans ,  Can- 
die fat  vendue  aux  Infidèles  en  166 ç)  ,  n'érant  plus 
qu'un  tas  de  ruines. 


C  A  N 

•La  différence  des  méridiens  donr  la  ville  de  Can- 
die eft  plus  orienrale  que  Paris ,  eft  de  i  h  3 1'  5",  en 
dég.  22°  46'  15".  P.  FeuillÉe.  ^cad.  1702.  Mem.  p. 
II.  La  haureur  du  pôle  de  la  ville  de  Candie  cd. 
de  55'^  18'  45",  Idem. 

La  NouveUe-Candie ,  Candia-Nova,tù.  unefor- 
terelfe  que  les  Turcs  avoient  bâtie  à  une  lieue  de 
la  ville  de  Candie  ,  pour  la  rciferrer  i  mais  depuis 
qu'ils  font  maîtres  de  cette  ville ,  cette  forterelfe 
leur  eft  inutile  ,  &  ils  la  laiifcnt  tomber  en  ruine. 

Le  rcrriroire  de  Candie  eft  le  plus  conlidérable  des 
quatre  parties  de  l'Ile  de  Candie  ;  il  occupe  le  mi- 
lieu de  l'Ile  ,  <Sc  renferme  la  ville  de  Candie ,  ca- 
pitale de  l'ile. 
CANDIIL  ou  CANDILE.  f.  m.  Mefure  dont  on  fe 
ferr  aux  Indes ,  à  Cambaye  &  à  Bengale ,  pour  ven- 
dre le  riz  &  les  autres  grains  :  elle"  contient  qua- 
torze boilieaux. 
Candiil.  f.  m.  C'eft  aulfi  un  poids  dont  on  fe  fert  à 

la  Chine  &  à  Galanga. 
CANDIOT,  OTE.  f  m.  &f.  Cres  ,  Creticus  ,  Cretenfis, 
Habitant  ou  Habitante  de  l'île  de  Candie.  Les  Can- 
diots  font  voluptueux  &  excelîivement  parelfeux.  Il 
ne  faur  point  fe  fervir  de  ce  mor  quand  on  parle 
des  anciens  habirans  de  cette  île  ;  il  faut  dire  Cretois. 
Voyez  ce  mot.  Les  Candiots  naturels  font  prefque 
tous  Chrétiens  du  rit  grec  ;  il  y  en  a  quelques-uns 
.     qui   font  Mahométans, 

CANDIOTE,  f.  f  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  à 
peluche ,  qui  a  les  grandes  feuilles  d'un  gris  blan- 
châtre ,  furie  fond  incarnat  ,  fa  peluche  Incarnat, 
bordée  de  feuilles  mortes ,  verdâtres.  Morin' 
■îfT  CANDIR  ,  le  CANDIR  ,  v.  récip.  fe  dit  du  fu- 
cre,qui  après  avoir  été  tendu  liquide  ,  prend  une 
conliftance  de  glace.  On  fait  candir  le  fucre  ■■,  on  le 
rend  dur  &  tranfparenr ,  en  le  clarifiant  &  le  crif- 
tallifant  à  plulieurs  reprifes,  jufqu'à  iîx  ou  feptfois. 
Se  CANDIR.  Terme  de  Confifeur  ,  qui  fe  dit  des 
confitures  dont  le  fucre  s'épailfit  &  fe  glace  fur  la 
furface  des  vailfeaux.  Alhicare.  Les  confitures  qui 
font  trop  cuires ,  fe  candijfent, 
iff  Candir.,  chez  les  apothicaires,  eft  prefque  fyno- 
nyme  à  confire  ,  &  fe  dit  de  certains  médicamens 
qu'ils  font  bouillir  dans  le  fucre  pour  les  confer- 
ver  par  ce  moyen  en  nature. 
CANDI ,  lE ,  parr.  &  adj  Albicans,  Sucre  candi ,  con- 
fitures candies.  On  appelle  fucre  candi ,  une  pré- 
paration du  fucre  qui  fe  criftailife  :  ce  qui  fe  fairen 
le  fondanr  jufqu'à  lix  ou  fept  fois.  On  ordonne  pour 
le  rhume  du  fucre  candi. 

Ce  mor  vient  de  canitum,  qui  a  été  fait  de  can- 
didus ,  à   caute.*que  c'eft  du  fucre  blanchi  &  épuré. 
D'aurres  difent  que  ce  nom  vient  de  l'île  de  Can- 
die. D'autres  tiennent  qu'il  vient  de  elkendit ,  mon 
arabe^,  qui  lignifie  du  _/«c;v  en  général  Ménage. 
CANDIS,  f  m.  Efpècc  de  confîrures  féches,  couver- 
tes de  fucre  candi  &  brillant.  Il  en  vient  beaucoup 
de  Gènes  &  d'Ital'ie. 
^^  CANDISCH.  Foyei  Candich. 
CANDO,  CANDI  ou  CONDL  f  m.  Mefure  ou  aune  , 
dont  on    ferr  dans  plulieurs  Cantons  des  Indes  , 
&  particulièremenr  à  Goa. 
CANDOU.  f  Arbre  qui  croît  aux  Maldives  ,  qui  a 
cette  propriéré  ,  qu'en  frorant  deux  morceaux  l'un 
contre  l'autre,  il  en  fort  du  feu,  Quoiqu'il  l'oit  ex- 
trêmement mou  ,  léger  ,  &  plus  que  le  liège.  On 
s'en  fert  comme  d'un  fuHl,  Il  eft  gros  comme  un 
noyer ,  approchant  de  la  feuille  du  tremble  ,  &  aufîi 
blanc.  Il  ne  porte  aucun  fîruit ,  &  n'eft  pas  bon  à 
brtiler.  Pyrard. 
§C?  CANDY.  Royaume  d'Afie ,  dans  l'île  de  Ceyian, 
de  laquelle  il  occupe  le  milieu  &  la  plus  grande 
partie.  La  capitale  porre  le  même  nom.  Quelques- 
uns  l'appellenr  cande. 
0CF  CANE.  f.  f  Efpèce  d'oifeau  aquatique  ,  qui  eft 
la  femelle  du  canard.  Anas.  La  coutuine  d'Eftam- 
pes,  arr.  185',  'défend  de  nourrir  de^  canes  dans  la 
ville.  la'Mare.  Traité  de  la  Police  ,  T.  I ,  p.  5551. 
Ce  mor ,  félon  Ménage  ,  vient  de  ano  ou  anas  , 


t:  A  N 

dont  les  Italiens  ont  fait  aulfi  anitra  ,  &  ks  Fran- 
çois canard  &  canarder. 

On  dit  proverbialement ,  il  n'y  a  que  le  bec   à 
ourler ,  c'eft  une  cane,  a  ceux  qui  trouvent  de  la  faci- 
lite à  faire  toutes  choies,  quoiqu'elles  foicnt  difficiles 
èc  longues  à  taire.  On  dit  i.\.\iV\  qu'un  homme  fait  la 
cane ,  pour  dire ,  qu'il  recule  par  lâcheté  dans  les 
entreprifes  où  il  doit  montrer  du  courage.   On  dit 
auifi,  quand  les  canes  vonz  au  champ  ,  les  premières 
vont  devant,  à  ceux  qui  demandent  trop  ibuvent, 
quand  fera-ce. 
Cane  d'Inde  ,  Jnds  Indica.  Il  y  eti  a  de  plufieurs  ef- 
pèces  différentes.  Elles  font  plus  gioilès  de  moitié 
ique  nos  canes  communes ,  mais  quant  à  la  rîgure  , 
elles  font  prelque  femblables.  Quelques-unes  ont  la 
tête  rouge  comme  du  fang  ,  &  fans  plumes ,  au/îi- 
bien  qu'une  partie  du  cou  ;  excepté  que  fur  lefom- 
met  de  la  tête  il  y  a  une  crête  compolée  de  plumes 
blanches ,  qui  s'étend  tout  le  long  de  fa  tête ,  &  que 
la  cane  élève  lorfqu'elle  s'iirite.  Son  œil  eft  jaune , 
&  environné  d'un  cercle  noir.  Son  bec  eft  tout  bleu, 
à  l'exception  d'une  tache  noire  ,  qui  eft  à  l'extrémité. 
Elle  a  tout  le  devant  du  cou  blanc  ;  mais  l'endroit 
où  le  cou  fe  joint  au  corps,  eft  couvert  d'un  cercle 
noir  ,  avec  quelques  plumes  blanches.  Ce  cercle  eft 
étroit  à  la  poitrine  ,  &  large  du  côté  du  dos.  Tout 
le  dedbus  du  ventre  eft  couvert  de  plumes  blan- 
ches, &  le  deflùs  du  corps  eft  brun  ;  mais  le  cercle 
■  dont  nous   avons   parlé  eft  divifé  par  une  plume 
blanche  par  en  haut.  Les  extrémités  des  aîles  S>c  de  la 
queue  font  d'un  vert  luifant ,  comme  celui  des  mou- 
ches cantharides.  La  peau  des  jambes  eft  brune  ,  oc 
Coupée  de  petites  lignes  noires.  Ces  canes  marchent 
très-lentement ,  &  ont  la  voix  enrouée.  Le  mâle  eft 
plus  grand  ,  &  fes  couleurs  font  plus  vives  &  plus 
diverfifîées  que  celles  de  la  femelle. 

D'autres  ont  la  tête  blanche  &  le  bec,  les  cuiiîes , 
la  queue  ,  &  les  plus  grandes  pennes  des  aîles  noi- 
tes  j  tout  le  refte  du  corps  eft  roux.  Il  y  a  néanmoins 
dans  les  ailes  des  parties  blanchâtres ,  &  dans  cel- 
les du  mâle ,  un  peu  de  rouge  &  de  vert.  Le  haut 
du  cou  eft  environné  d'une  ligne  noire  fort  étroite. 
D'autres  ont  le  corps  couvert  de  toutes  parts  de 
pKimes  noires  ,  excepté  quelques  plumes  blanches 
qui  delcendcnt  en  long  fur  les  plumes  delà  tête, 
du  cou,  &  de  la  poitrine,  fans  qu'il  en  paroiife 
fur  le  refte  du  corps  ;  mais  leurs  Jambes ,  le  haur 
du  bec ,  &  le  tubercule  qui  eft  deflus ,  font  d'un 
touge  très-cclatant. 
Cane  du  Levant  ,  appelée  en  Latin  Anas  Circia. 
Cette  efpèce  de  Cane  eft  ttès-petite ,  &  appiochant 
de  la  taille  d'un  plongeon. Tout  Ion  corps  eft  beau. 
Son  bec  ,  comme  aux  canes  ordinaires  ,  eft  brun  , 
auiïl-bien  que  fes  pieds.  Son  cou  eft  long  d'une 
paume.  Le  refte  de  fon  corps  n'cft  que  de  la  lon- 
gueur de  lix  doigts.  Aldrovand  fait  la  dcfcription 
d'une  felnelle  qui  avoit  des  taches  llir  le  ventre. 
Le  mâle  a  de  très-belles  couleurs  ,  &  beaucoup 
plus  éclatantes  que  celles  de  la  femelle. 
Cane  de  mer.  Anas  marina,  Oifcau  de  couleur  tan- 
née ,  avec  un  collier  blanc  autour  du  cou.  La  cane 
de  mer  eft  de  taille  moyenne  entre  l'oie  S<.  la  cane 
commune.  Son  bec  eft  noir ,  longuet ,  approchant 
de  celui  du  pélicah  ,  &:  n'eft  pas  large  comme  ce- 
lui de  l'oie  ,  de  la  cane  &  du  morillon,  mais  pointu 
comme  celui  de  la  piette.  Sa  tête  &:  fon  cou ,  juC- 
qu'au  dedbus  de  l'eftomac  ,  font  beaucoup  plus 
noirs  que  ion  dos  &i  fes  ailes.  Les  deux  côtés  de 
fes  cuiifes  Ibnt  madrés  \  fa  queue  eft  blanche  par- 
delîbus ,  &  fes  jambes  noires.  Toutes  fes  façons  de 
faire  font  fort  femblables  à  celles  de  l'oie  -,  mais 
«lie  ne  fe  plaît  aucunement  dans  l'eau  douce ,  & 
c'eft  pour  cette  raifbn  qu'on  la  nomme  cane  de  mer. 
Cane  a  tIte  rousse.  Aiias  rufa.  C'eft  une  petite 
cane  lembiable  à  un  morillon.  Elle  a  la  tête  rou(fe- 
mais  fa  poitrii.ç  &  le  deffous  de  fa  gorge  font  noirs  ; 
tout  le  refte  de  Coa  corps  eft  de  couleur  plombée. 
Son  bec ,  fes  jambes  &  fes  pieds  font  noirs ,  & 
bien  re^cmblans  à  ^eu»-.  d'une  cane.  Ses  yeujc  font  • 


G  Â  N 


touges  :  fa  taille  eft  de  même  que  celle  de  la  cane 
commune; 
tANE  nommée  Pénélope  l  le  mâle  eft  de  Ji  grandeUf 
du  canard  ou  environ  -,  mais  il  n'eft  pas  fi   gros. 
Son  bec  eft  gros  &  large  -,  le  Seiîbus  en  eft  noir  \ 
&   le   deflus  de  couleur   plombée  obfcure*  Il   eft 
courbé  par  l'extrémité  ,  &  à  une  tache  noire.  L'on 
voit    depuis  le  bec  jufque  fut  le  haut  de  fa  têtei, 
une  couleur  rouge  ,  qui  tire  fur  le  jaune.  Tout  le 
refte  de  la  tête,  5c  la  plus  gtande  partie  du  coui 
lont  de  couleur  de  dattes  mêlé  d'un  peu  de  noir 
<ous  la  gorge.  Ce  qui  eft  entre  le  cou   &  le  dos 
eft  diveriîfié  de  lignes  noires ,  &  blanches.  La  poi- 
tfine  &  le  ventre  font  blanchâtres,  les  aîles  font 
diverf fiées  de  couleurs  différentes ,  car  les  petites 
plumes  dont  elles  font  revêtues  font  brunes.  Il  y 
a  une  tache  blanche  qui  occupe  la  moitié  des  aîles , 
&  qiu  s'étend  bien  loin.  Les  grandes  plumes  font 
noirâtres ,  &  très-longues.  Proche  de  la  tache  l'on 
voit  une   ligne  verte  affcz  latge.  Sa  queue  eft  très- 
courte  ,  &  compofée  de  plumes  en  pattie  noires ^ 
&  en  partie  biunes  &  verdâtres.  Ses  cuiffes  font 
blanchâtres  èc  traverfées  de  lignes  cendrées   fort 
menues.  Ses  Jambes  &  fes    pieds  font  de   couleur 
plombée ,  &  les  membranes  qui  joignent  les  doio-ts 
lont  brunes.  " 

La  femelle  eft  entièrement  femblable  au  mâle  , 
finon  que  la  tache  blanche  des  aîles  eft  moins  remarJ 
qiiable  en  la  femelle,  &  paroît  comme  d'un  eris 
brun.  ° 

Il  y  a  une  rdi/ze  fauvage  brune  i  Anas  fera fujca,. 
qui  n'eft  pas  fi  grande  que  la  précédente,  mais 
qui^  approche  beaucoup  de  fon  efpèce.  Elle  eft 
moins  colorée  ,  particulièrement  aux  aîles  &  aux 
pieds ,  dont  la  membrane  eft  noire.  Ses  aîles  font 
compofées  de  noif  &.de  blanc.  Son  bec  eft  d'un 
noir  cendré  -,  fes  yeux  jaunâtres  \  fa  tête  &  la  plus 
gtande  partie  de  fon  cou  d'une  couleur  de  châtain , 
qui  tire  fut  le  brun  5  le  bas  du  cou  par  -  devant 
noir ,  par-derriere  comme  la  tête  ;  les  côtés  en 
font  cendrés.  La  poitrine  &  le  ventre  font  noirs 
en  partie,  titant  auffi  fur  le  cendre;  le  refte  brun, 
Le^  dos  &  la  queue  noirâttes  ;  les  jambes  &  \zi 
doigts  des  pieds  de  couleur  d'eau  un  peu  blanchâ- 
tre ;  les  membranes  dont  ils  font  joints ,  noires. 

Cane  mouche.  Anas  mufcarid,  Efpèce  de  canes  i 
ainfi  nommées ,  parce  qu'elles  prennent  les  mou- 
ches qui  voltigent  fur  les  eaux.  Elles  font  plus 
petites  que  les  communes ,  &  ont  le  bec  large  &C 
pointu  ;  le  deffus  eft  prefque  tout  Jaune  ,  &  d?  la 
longueur  de  deux  travers  de  doigt.'  Il  eft  dentelé 
de  part  &  d'autre  comme  une  fcie.  Les  dents  de  la 
cane  mouche  fon  flexibles  &:  membtaneufes  :  celles 
d'cn-bas  font  plus  petites  que  celles  d'cnhaut.  La 
couleur  du  pennage  approche  de  celle  de  la  per- 
drix. Ses  pieds  font  Jaunâtres ,  &  les  doigts  en  font 
joints  par  des  membranes  noires.  Son  cou  eft  diverffîé 
deffus  &  deifous  de  la  même  manière  que  le  pennage. 
Le  fommet  de  la  tête  eft  plus  noit  que  les  auttes 
pat ties  :  la  même  couleur  règne  fur  les  aîles.  Sa  queue 
eft  ttès-courte. 

Cane  de  Guinée.  (  Grosse)  Cette  £vi;ze  eftcourt-Join- 
tée.  Le  mâle  a  la  tête  plus  grande  que  la  femelle. 
Leurs  couleurs  font  très-différentes  ,  &  elles  n'ont 
point  de  pennage  conftant  :  communément  elles 
font  noites  ,  &  mêlées  d'autres  couleurs  diverfes. 
Leur  bec  eft  crochu  par  le  bout ,  court  &:  large. 
Elles  ont  une  ctête  ou  tubérofité  rouge  entre  les 
deux  yeux  fur  la  tête ,  qui  eft  groffe  comme  unei 
cerife  -,  &  autour  de  leurs  yeux  elles  ont  du  même 
rouge,  qui  paroît  comme  fi  c'étoit  du  cuir. 

Cane  haute  sur  ses  jambes.  Anas  altis  ou  louais 
cruribus.  Son  bec  eft  aigu ,  partie  noir  ,  &  partie 
rouge  :  fon  cou  environné  d'un  cercle  blanc.  Le 
derrière  eft  d'un  cendré  blanchâtre.  Son  venttc  eft 
blanc ,  fes  aîles  ttès-larges.  Les  quatre  dernières 
grandes  pennes  font  noires  de  part  &  d'autre , 
celles  du  milieu  blanches,  les  autres  noires  ,&  ont 
les  extrémités   blanches  i  hormis  un  peu  de  noie 


8 


C  A  N 


2-0 

qu'elle  a  par  en-haut.  Ses  j.uiibes  font  menues  ^  i 
plus  hautes  que  celles  des  autres  ;  les  pieds  ik  leurs 
membranes  lont  blancs.  . 

Cane  du  Caikw  Jrias  Cainna.  L'on  voit  au  Caire 
des  canes  qui  Ibnc  beaucoup  plus  grolles  que  les 
nôtres.  Le  mâle  ,  plus  gros  encore  que  la  femelle  , 
a  fon  bec  fort  gros ,  proche  de  la  tète  ,  &  un  tu- 
bercule i  il  finit  en  pointe  infeni.blement ,  &  elt 
courbe  par  le  bout ,  comme  celui  d'un  coq.  11  clt 
tout  noir  ,  excepte  à  l'extrémité  où  il  a  une  tache 
rou^^e  aifez  grande  ,  &c  une  petite  par  en-haut  qui  eit 
d'un  rou-e^-lus  pâle.  Sa  tête  ell  noire  &  huppée. 
.  Le  commencement  de  fa  gorge  eft  tache  de  petites 
marques  blanchâtres.  Ses  yeux  lont  jaunes  de  tra- 
verfes  de  quantité  de  petites  veines  tres-rouges. 
La  plus  grande  partie-  de  Ion  pennage  elt  noir. 
Les  plumes  de  fon  dos  font  noires  au  commen- 
cement ôc  au  milieu  ,  &c  vertes  à  la  fin.  L'on  aper- 
çoit auin  dans  fes  aîles  &  dans  la  qucue  quelques 
plumes  verdâtres  &  une  ou  deux  blanches ,  qui 
compofent  une  tache.  Ses  jambes  &  les  pieds ,  qui 
font  robuftes ,  font  châtains. 

La  femelle  eft  plus  petite  que  le  malc  ,  &  a  le 
bec  moins  élevé.  11  y  a  fur  le  haut  une  ligne  blan- 
che &  rouse ,  qui  eft  allez  large ,  &  la  tache  qui 
eft  rouge  au  mâle  ,  eft  cendrée  à  la  femelle,  & 
mêlée  toutefois  d'un  peu  de  rouge.  Le  refte  de  ion 
bec  eft  d'un  noir  cendré,  hormis  deux  taches  olan- 
ches  faites  comme  un  C.  Sa  rête  eft  noire  &  lans 
huppe.  Sa  poitrine  l'eft  pareillement  ;  elle  eft  auili 
femée  de  taches  blanches.  Ses  taches  lont  plus 
verdâtres  que  cejlcs  du  mâle ,  &  elle  en  a  deux 
blanches.  Le  refte  eft  entièrement  femblable  aux 

mâles.  •  ,         ,  y- 

II  y  a  encore  plufieurs  efpeces  de  canes  ,  lur- 
tout  en  Allemagne  ,  qui  différent  principalement 
par  la  grandeur\  la  groilcur  &  la  figure  de  leur 
bec  ,  &  la  diverlité  de  leurs  couleurs  :  qui  n'onr 
point   de  noms  particuliers  ,  au  moins   en   notre 

langue. 
SO"  CAm-Petiere.  f.  f.  Ce  n'eft  point  un  oifeau  aqua- 
tique ,  comme  le  difent  les  Vocabuliftes  ;  &  il  n'a 
aucune  relfemblance  avec  la  cane.  C'eft  un  oifeau 
de  campagne  ,  une  efpèce  particulière  de  poule , 
de  la  grandeur  d'un  faifan.  On  l'appelle  auHi  cane 
terrefirc.  Elle  a  encore  d'autre's  noms  en  diffcrens 
pavs.  On  la  nomme  en  Larin  Anas  campefiris ,  ou 
pratenfis.  Elle  court  avec  tant  de  vitelfe  qu'un  hom- 
me ne  la  peut  fuivre.  Elle  eft  délicieufe  à  manger , 
comme  le  faifan.  Elle  fe  nourrit  de  toutes  fortes 
de  «crains ,  de  fourmis  ,  de  faurerelles  ,  de  mou- 
ches'', &  de  froment ,  lorfqu'il  eft  en  herbe.  Sa  tête 
eft  femblable  à  celle  d'une  caille,  fon  bec  à  celui 
d'une  volaille,  le  tout  à  proportion  de  fa  grofleur. 
Elle  fe  plaît  dans  les  plaines  ,  &  n'a  que  trois 
doiiîts  aux  pieds ,  non  plus  que  l'outarde  &  le  plu- 
vier! La  racine  de  fon  pennage  eft  rouge  comme  du 
fang,  ce  qui  pourroit  la  faire  prendre  pour  une 
efpèce  d'outarde. 

On  l'appelle  cane-petiere ,  parce  qu'elle  le  tapit 
comme  la  cane.  On  dit  proverbialement  d'un  hom- 
me foupçonneux ,  qu'il  fait  la  cane-petiere. 

CANEE.  (  La  )  Ville  de  l'Ile  de  Cajidie  fur  la  mer.  La 
différence  des  méridiens  de  Paris  &:  de  la  Canée 
eft  de  i^'  17'  3o",c'eft-à-dire,que  la  Canée  eft  plus 
orientale'  que  Paris  de  ii'^  51'  30".  P.  FeuillÉe. 
Acad.  1701-.  p,  10.  Mém.  La  hauteur  du  pôle  eft 
à  la  Canée  de  5 1"  18'  45"- 1^. 

CANEFICIER.  f^oyei  Cassier. 


CANE,  rofeau. 
CANELADE. 
CANELER. 
CANELLE. 


CANNE. 
1    CANNELADE. 
^''y'I     s    CANNELER. 
CANNELLE. 


CANELURE.  FoyeT  Cannelure. 

CANENTE.  f.  f.  C'eft  le  nom  d'une  Nymphe  que  la 
Mythologie  nous  apprend  avoir  été  l'époufe  de 
Picus ,  Roi  de  Laurentum  en  Italie ,  que  l'enchan- 


C  A  N 

terCife  Circc  changea  en  Pivert.  Elle  ctok  fille  de 
Janus  &  de  Vénilie.  Canente,  qui  l'aimoit  tendre- 
ment ,  en  mourut  de  douleur ,  &  laifla  fon  nom ,  dit 
Ovide  ,  au  lieu  où  elle  expira.  Elle  avoir  tiré  fon  nom 
de  la  douceur  de  fa  voix. 
CANtPHORE.  f.  f.   Terme  de   Mythologie.   Jeune 
fille  qui  dans  les  facrifices   portoit  une  corbeille , 
dans  laquelle  étoit  tout  ce  qui  étoit  néceffaire  aux 
facrifices.   Canephora.  Ces  corbeilles  étoient  ordi- 
nairement couronnées  de  fleurs,  ou  de  myrte, Ê-c. 
Cela  s'obfetvoit  fur-tout  dans  les  facrifices  de  Cérès. 
Un  des  beaux  ouvrages  du  Sculpteur  Scopas  étoit 
une  Cancphore.  Pline  ,  L.  XXXV,  c.   5.  Dans  ces 
fortes  de  cérémonies  la  Ca/zc/'Aore  marchoit  la  pre- 
mière -,  le   Phallophore   enfuite ,  &    le    chœur   de 
Mufiqi;i:  les  fuivoir.  Dans  l'incomparable  Cornaline 
du  Cabiner  du  Roi ,  qu'on  appelle  le  Cachet  de 
Michel-Ange ,  il  y  a  trois  Canéphores  ,    qui  por- 
tent leur  corbeille    fur  leur    tête.    Les  Canéphores 
étoient  toujours  des  filles   de   condition  ,  comme 
a  remarqué  Bifet  fur  Ariftophane.  Lyjiji.  Après  la 
Cancphore  ,  fuivoir  une  femme  qui  lui  porroit  un 
parafol  &  un  fiége.  C'eft  Ariftophane  &;  fon  Scho- 
liaftc  qui  nous  l'apprennent,  o  fv.c.  v.   1550. 
CANÉPHORIES.  f.  f.  pi.  ou  adj.  pris  fubftantivement 
Offrande  d'une  corbeille.  Ce  n'eft  point  une  fête , 
comme  un  de  nos  Auteurs  l'a  dit  5  c'étoit  une  cé- 
rémonie qui  faifoit  partie  de  la  fête  que  les'jeunes 
filles    célébroient  la  veille  de  leurs  noces.  Cette 
fête  s'appeloit  Protélies ,  uporixiix.  Les  cérémonies 
de  cette  fête  étoient  de  plus  d'une  forte ,  comme 
on  le  dira  au  mot  Protélies.    Celle   dont  nous 
parlons  ne  fe  pratiquoit  qu'à  Athènes ,  &  confiftoit 
en  ce  que  la  fille  conduite  par  fon  père  &  fa  mère 
alloit  à  la  citadelle  où  étoit  le  temple  de  Miner- 
ve ,  &  lui  portoit  une  corbeille  pleine  de  préfens, 
>    pour  l'engager  à  rendre  fon  mariage  heureux  ■■,  ou 
plutôt,  comme  difent  le  Scholiafte  de  Théocrite 
fur  l'Idylle  II  dc   Lutatius  fur  le  11^  Livre  de  la 
ThéBaïde  de  Stace  ,   c'étoit  une   efpèce  d'amende 
honorable  qu'elles  alloient  faire  à  la    Déeffe  pro- 
tectrice de  la  virginiré    de   ce    qu'elles    abandon- 
noient  fon  parti  ,^&  une  cérémonie  pour  l'appai- 
fer ,  &  détourner  fa  colère ,  de  crainte  qu'elle  ne 
verfât  des  malédictions  fur  leur  mariage.  Meurfius 
a  ramafle  une  partie  de  ce   qui  regarde  les  Caj.é- 
phories  dans  fon  V'  Liv.  des  Fériés  des  Grecs  au 
mot  nPOTEAEiA.  Foye?  encore  fur  les  Canéphores 
&  les  Canéphories  Ariftophane  dans  les  Oifeaux , 
V.  1550.  Dans  les   'e.'x.y.x-wix'itimti  -,  v.  717,   &   dans 
Lyjiflrate  ,  v.  647 ,  fon  Scholiafte  ,  &  les  Notes  de 
Bifet  fur  ces  endroits. 
CANEPIN.  f.  m.  Pellicule  très-mince  qu'on  lève  de 
dellùs  la  peau  de  mouton  après  qu'elle  a  été  quel- 
que peu  dans  la  chaux.  Sitmma  avis  ciiticula.  C'eft 
ce  qui  répond  à  ce  que  l'Anatomie   appelle  dans 
l'homme  épiderme.  '%fl  Les  Chirurgiens  s'en  fervent 
pour  efluyer  leurs  lancettes,  fi  la  lancette  par  fon 
propre  poids  perce  le  cannepin  tendu  fur  les  doigts, 
fans  faire  aucun  bruir,  c'eft  une  preuve  qu'elle  eft  allez 
pointue  &  tranchante.  Le  Cannepin  le  plus  mince  , 
le  plus  blanc  &  le  plus  doux   au   toucher  eft  le 
meilleur.  C'eft  de  cette  peau  qu'on  fait  des  éven- 
tails ,  &  des  gants  de  femmes  qu'on  appelle  autre- 
ment s,ants  de  cuir  de  poule.  On  appelle  aulTi  ca- 
nepin ,  une  petite  pelure  bien  déliée  qu'on  prend 
au  dedans  de  l'écorce  du  tilleul,  ou  du  dehors  de 
l'écorce  du  bouleau  ,  dont  les  Anciens  le  fervoient 
pour    écrire. 
IfJ-  CANES,  port  de  France,  en  Provence  ,  avec  une 
petite   ville   &  un  Château  fur  la  côre  de  ia  mer 
méditerranée  près  de  l'Ile  de  Sainte    M;=rguerite. 
CANESSE   de  More.  f.  f.  Sorre  de  foie  o^e  les  Hol- 
landois  apportent  des  Indes  Orientale^;.  , 

CANET.  f.  m.  Le  petit  d'une  cane.  Quand  le  Cure  ■ 
vit  qu'on  le  voulcit  bouter  en  la  boîte  aux  cail- 
loux, il  fut  plus  elbahi  que  ung  cojzet.  Cent  nou- 
velles nouvelles.  Le  mot  e/t  caneton. 
ê2"  Canet  ,   petite  vUle  de  France,  au  Comte  de 
*^  '^  Rouflillon 


4 


C  A  N 


Roiirnilon  ,  près  de  la  côte  de  h  mer  Méditerranée. 

Il  y  a  aii/Iî  un  bourj;  de  ce  nom  en  Provence. 
CANLTil.LH.  r.f.  yoyc^  Cannetille. 
ifT  CANETO,  petite  ville  d'Jtalie,  au   diichc  de 

M.inroi.v  ,    fur   l'Oi^lio  ,  entre  Maïuoiie    &    Cre- 

nK>nc. 

CANtTON.  f.  m.  Diminutif,  fignifîe  la  même  choie- 
que  canct ,  &  ell  plus  en  ui'ai,^e. 
La  harhotio'u  nuiint  petit  caneton.  P,  du  Cfrc, 
CANETTE,  i:  i.  Petite  cane  ,  ptcanette.  Anaticula. 

Voyez  Orcanhtte. 
Canette,  (".  K  Terme  de  Rlalun  ,  qui  fc  dit  des  petites 
canes  qui  fe  reprcfentent    comme    les    meileitcs, 
avec  les  aîles  fuTccs ,  le  bec  &  les  jambes  mutilées  : 
c'ell-à-dire  (.[u'illes  n'ont  que  la  moitié    de    leur 
bec  <ik:  la  moitié  de  leurs  jambes,  Anaticula: pedibus 
uc  rojlro   mutile». 
Canette    ou    Cavette.  T.  f.  Petit  pot,    qui  fert  à 
mettre  des  liqueurs.  Ceux  qu'on  fabrique  en  Hol- 
lande font  de  terre  s  &  ceux  de  Erancc,  font  d'étain. 
Canette,  i".  i.  Nom  d'un  jeu  ,   &c  d'un  globule  ou 
d'une  petite   boule  avec  laquelle  on  joue  ce  jeu. 
La  Canette  efl:  un  jeu   fort  en    u/age  en  Jireta!.rnc 
&  en  Anjou.  Ce  jeu  conlifte  .à  prendre  une  c^/wlv/i? 
ou  petite  boule  entre  le  pouce  &  l'index,  &:  a  la 
pouill-r  avec  l'index  ou  contre  la  cunette  d'un  autre, 
ou  contre  une  pièce  de  monnoic  h'eliéc   en  rerre. 
Quand  on  attrape   cette  autre  canette^   ou    cette 
pièce  dcmonnoie,  on  gai^ne.  Il  y  a  plu/îeurs  ter- 
mes particuliers  à  ce  jeu.  Alpha,  efl  le  lieu   d'où 
l'on  commence  à  jouer.  Pont  ,   c'eO:  la   pièce  de 
monnoie  fichée  en  terre.  Tuer  ,  c'efl  toucher  avec 
ia  canette  celle  de  l'adverraire.  Grogner  ,  c'cft  en 
poullànt  Ta  canette  avec  le  doigt ,  avancer  le  poi- 
gnet :  cela  s'appelle  au/îl  poigneter.  Kotrou  ,  mot 
que  los  joueurs  difent  avant  que  de  jouer.  Quand 
celui  qui  joue  le  dit  le  premier,  il  a  droit  d'oter 
tout  ce  .qui  pourroit  l'empêcher  de  jouer,  comme 
les  pailles,  les  pierres,  la  terre,  &c.   mais  quand 
c'cftles  autres,  il  ne  peut  plus  Je  faire.  La  canette 
s'appelle  .1   Paris  Cobiile. 
CANi:  VAS.  /:  m.  Grolic  toile  &  ferrée  dont  on  fe  fert 
pour  doubler    les  pourpoints  &  les  corps-dc-jupe  , 
pour  les  tenir  en  état.  Tela  cannabina. 

Ce   mot  vient   de  cannabaceus  ,  qui  a  été   fait 
de  cannabis.  Ménage.  A  Lyon  on  appelle  encore 
Marchands  Canabajfiers ,  les  Marchands  de  groife 
toile.  t)n  a  dit  autrefois  C'a/z/v^/^.  Il  fe  jrouve  dans 
les  Adfes  de  Saint  Eranc^ois  de  Paule ,  Acla  SS.  Apnl. 
Tom.    I ,  p.  i-yi  ,  E. 
Canevas.  Gro/fe  toile  qui  fert  à  couvrir  des  ballots. 
Cette  toile  s'appelle  communément  ferpillière  ,  & 
non  canevas. 
Canevas,  efl:  une  toile  groiîc- ,  mais  fort  claire,  & 
tiffuc  fort  régulièrement  eu  petits  carraux  ,  dont 
on  fj  fert  ordinairement  pour  faire  des  ouvrages 
de  tapifferie. 


C  A  N  2  0  <; 

CANEVA.S.S1ERL  f.  &  adj.  f.  C'cll  une  des  qualuvs . 
.     ou  titres  ,  que  1  on  donne  aux  Marchandes  Li,VM-r  •s 

N.phon     au  Japon  ,  dont  la  Capitale  efl  Kanalav  i 
a(k/,  près  de  \X  mer  de  Corée  ' 

CA  NGETTE.  f!  f;  Son.  de  petite  <ergc  qui  (b  fiibri.pe 
ci.ns  quelques    endroits    de    la    liaHl-Norinandle , 

"u   ixtie  erolFj  a  pris 


dt 
p.nueulierement  à  Caén,  d 
Ion  nom. 


Quoi  qu'il  en  foit ,  fans  autre  apprenti  [faire 
L'aiguille  en  main  ,  je  me  mets  a  l'oiiyra^'e  ; 
Du  canevas  que  j'avais  en  partage 
En  quatre  coups  je  couvris  un  quartier  ; 
Clerc  de  Notaire  ,   ou  même  de  Greffier  , 
En  moins  de  temps  n'aurait  rempli  j'a  page. 

On  appelle  figurément  canevas  fj;3-  les  paroles 
qu'on  fait  d'abord  fur  un  air,  fans  avoir  égard  au  fen, 
&  pour  repréfenter  feulement  la  mefure  &  le  nom- 
bre des  syllabes  que  l'air  demande,  Se  qui  fert  de 
modèle  pour  faire  d'autres  paroles  fuiv'ics.  Faire  un 
canevas  fur  un  air.  On  le  dit  auflî  des  paroles- 
fuivics  qui  fe  font  fur  un  air,  d'après  un  modèle  ou 
fans  modèle. 
f}Zt  Canevas  fe  dit  encore  figurément  du  premier 
projet  de  quelque  ouvrage  d'efi5rir,d'un  poème,  d'un 
Roman,  ô-c.  Argumentum,  mater ia  fcribendi.  J'ai  (iu 
Canevas  pour  dix  Sonnets  contre  les  Mufcs,  difoit 
du  Lot.  Mczeray  a  fait  le  Canevas  du  Dict.  de 

l'AcAD. 

Jfvr/ie  II, 


de  Naples ,  dans  la  l'nncipauré  citcrieirc;. 
CANGIEK.    V.    a.    Vieux    nuu  ,    change,;  Cun^.our 
Oi.uigeur.  " 

CANGE:f  m.  Eau  de  tiz  épaiffc.  Le  déjeuné  d.-s  ,,ri- 
fonniers  nous  qui  (but  dans  l'in(,ui/Ition  de  Goa  .  (  ft 
ordinairement  du  cange.  Voyages  de  Ddlon ,  t'orne 
z.  cliap. -7  1   ,  p,,„.  48. 

CCT  CANGIVOUKAN.  Ville  de  El  pr.iqu'île  d» 
1  Ind,, ,  d'en  decA  le  Gang.:,  au  Royaume  de  Carnatc', 
aux  confins  de  celui  de  Gin'M 

CANGOXIMA.  Nom  d'une  Ville  m.ririme  du  Japon 

CANGOXIMAIN,  AINE.  f.  m.  &  f  oui  c(è  do 
^^n\^<>MmA  Cang,xun.inus  ,  a.  Q,.eK,ue  bonne  dif- 
pol.tion  qu  11  y  eut  dans  Eefprit  des  Cm^oximains 
au  regard  de  1 1.vangile  ,  les  nouveaux  E.'lirs  eino- 
cherent  les  idolâtres  d'avoir  commerce  avec  les  Mif- 
lionnaires.  lioniioimv. 

CANGRJ-.NE.  Koye^^  GANfiiiÈNE. 

'K  '^^'^^k','^'"  '''■''^'-"  ^'"^"  ''^"  1^  'rurquie  en  Al.e  . 
dans  la  Natolic. 

CO'  CANGRI  (  le  pays  de  )   contrée  de  la  Natolie  m 
commencement  de  la  cote  Méridionale  d-  h  Mr 
Noire.  Cangria  en  efl:  la  Capitale, 
rr  CANGRIA.  Ville  de  la  Turquie   en  Mv.-  d.ms  h 
Nat,>lie,    dans  la    Province    de    Bulii,    avec    un 
Archevêché  Grec. 
CANGIJE.  f.  f.   Infiniment  de  fupplice  en  ufage  à  la 
ChiiK-,  il  efl  compoféde   deux  planches  larfes  HC 
cpaiifes,  pe/ant  julqu'a  100,  livres,  &  échancrérs 
au  milieu.  On  les  joint  enfemble  après  qu'on  y  a 
infcrc  le  cou  du  coupable.  Cj  iiipplice  efl  infamau'c 
comme  le  carcan  en  France.  Le  P.  DiniAEur, 
CANI.  r.  m.  Mcfure  des  Malabares  aux  Indes.  I.'e  Riji 
de  fiingy  a  accorde  quatre  canis  de  terre  aux  M'f- 
/lonnaires  François.  Je  ne  fais  ce  que  e'cfl  préciré- 
ment  que  cette  mcfurc,  mais  il  paroït  (ju'ellj  nvit 
pas  griinde, 
CANIART.  f.  m.  Autrement  Colin,  ou  Gri,:ut.  C'efl 
un  oifeau   de  mer,  mais  qui  félon ,  lijion,  né  frc- 
quenr,-    pas  la  mer  Méditerranée  comme  l'Océan. 
Il  n'cfl  p  is  plus  grand  qu'une  moyenne  oie  ,  qiioi- 
qu  il  paroiffc  plus  gros ,  à  caufc  qu'il  e/t  chargé  de 
plumes.  Le  champ  de  fon  pennage  efl  gris ,  sfc'  fl 
pour  cette  raifon  qu'il  a  été  appelé  giifu't.  Ses  pieclî 
font  femblables  à  ceux  d'une  cane',  mais  il  ne  fiic 
pas  le  plongeon.  Sa  tète  efl  groffe  comme  celle  d'un 
aigle  royal  •,•  Se  fon  bec  comme  celui  cVm   plon- 
geon de  mer.  Il  a  l'entrée  du   gofier  fort   large  ■ 
auffi     avale-t-il    de    gros    poi/n)ns.    Sa   quei*--   cil 
ronde  ,    &  ne  padé    pas  les    aîles.   Il    vole    long- 
temps,  de  fuit  les   Dauphins,   pour  recueillir  lés 
morceaux  de  poiffons  qu'ils  laifJl-nt  fur  mer  en  Us 
dévorant.  Lorfque  le  caniarl  efl  fur  terre  ,  il  corn  t 
au/ri  vite  que  s'il  n'avoir  jias  les  pieds  plats.  Sa  chiir 
n'efl  p^^  délicate  ,  ni  de  fort  bon  goiit.  Il  ne  fbic 
pfiiir  l'ordinaire  que  deux  petits. 
CANfCA.f.f.  Sorte  d'épicerie  qui  croît  dans  l'île  de 
Cuba.  C'efl  une  efpt'-ce  de  cannelle  fauvae'c,  mais 
dont  le  goiit  approch:-  plus  du  clou  de  giro'^e  que 
.    de  la  vraie  cannelle.  On  s'en  fert  aufli  dans  la  Mc- 

df-cine,  où  on  la  fubflituc  à  la  cafF,-. 
CANICHE,  f.  f.  On  appelle  ainfî  la  chienne  femelle 
du    barbet  ,    parce    qu'elle    va  à   l'eau    après   les 
canards. 

ffl'  CANICIA.  Province  ou  contrée  d'Afrique  en  Bar- 
barie, entre  Alger  &  Tunis. 

^  CANICIDE^f,m.fcdit  d'uac»diiredfion  anatomi- 

Dd 


/ 


2lo  C  A  N 

que  des  diiens  vivans.  Drclincoiirt  s'ed  fcrvi  de  ce 
terme  dans  les  Dix-J'ept  Exycnences  Anacomi.jn.is  , 
dans  leiquelles  il  décrit  (es  canicidcs  avec  tous  Its 
phénomènes    qui  les  ont  accompagnes.  Encvc. 

Scr  CANICLU.  Province  de  la  grande  Tartarie ,  à 
l'Occident  de  la  province  de  Tebetli.  Son  roi  eil 
tributaire  du  ç^rand  Kan. 

CANICULAIRE,  adj.  Qui  fe  dit  des  jours  pendant 
lelquels  la  Cinicule  domine  ,  parce  qu'elle  le  levé 
&  le  couche  avec  le  Ibleil-,  depuis  le  14  Juillet 
juiqu'au  15  Août,  Canicularls,  On  dilbiC  autre- 
fois les  jours  caniculiers.  Camcrarius  a  compoic 
un  bel  Ouvrage  qu'il  a  intitule  les  jours  canicu- 

La    grande  année   caniculaire  ,    ou  la    pcriocle 
fothiacak,  a  pour  commencement  le  premier  jour  du 
mois.rAo/A,ou  bienle  prcmierjour de  l'année  au- 
quel  l'étoile   du  grand   Chien  parok  à  ("on  lever 
hcliaque.    Le  mot  fothis ,  en  langue   égyptienne , 
ligniiie  chien  ;  ce  qui  répond  au  mot  grec  Afro^t;».» 
ou  sr;»5,  qui  efl  un  mot  éthiopien,  c'eft-à-dire  ; 
Sinus ,    lélon  les  Aflronomes.  La   grande    année 
caniculaire  ,  ou  la  période  Jbthiacale  ,  ell:  l'inter- 
valle de  14(^0  ans,  au  bout   de    laquelle    période 
l'année  de  Perfe  recommence    au  même   point  de 
l'innée  Iblaire.  Dans  la  Perfe  on  a  retenu  l'ancienne 
forme  de  l'année  Egyptienne,   d'oii  il  arrive  que 
les  Equinoxes  ne  fe  trouvent  bientôt  plus  dans  le 
même  mois  de  l'année  ,  mais  fe  répètent  fucceillve- 
ment  dans  les  autres.  Inliit.  Aftronom.p.  ^01. 
CANICULAIRE (  porte)  ou  porte  du  Chien,  c'étoit 
(  Selon  Feftus)  une  das  portes  de  Rome  ,  où  l'on  im- 
moloit   des    Chiens   de  poil  roux  à   l'étoile  cani- 
culaire ,  pour  faire  mûrir  les  blés. 
CANICULE,  f.  f.  Condellation    qui  a  deux  étoiles. 
Canicula  ,  canicula  fiius.  L'une  eft  à  la  tête,  de  la 
quatrième  grandeur.  L'autre  eft  à  la  ceinture ,  de  la 
première   grandeur.  D'autres    appellent  Canicule  , 
l'étoile  feule  qui  eft  à  la  tête  du  chien.  Elle  fe  levé 
le  \6  àt  Juillet.  Quand  le  Soleil  ou  Mars  lé  lèvent 
avec  la  Canicule  ,  il  arrive  une  chaleur  excelllve  , 
&:  les  jours  caniculaires  commencent.  On  imprima 
'     en   1688,  un   Traité  de  la  Canicule^  &  des   jours 
caniculaires ,  où  l'on  dit ,  après  Hipocrate  ôc  Piine , 
que  le  17   de  Juillet,  que  la  Canicule  le  levé,   la 
-mer  bouillonne  ,  le  vin  tourne  ,  les  chiens  entrent 
enrage,  la  bile  s'augmente  &:  s'irrite,  &  tous  les 
animaux'  toml>ent  dans  la  langueur  5c  dans  l'abatte- 
ment -,  que  les  maladies  qu'elle  caulc  le  plus  ordi- 
nairement font  les  fièvres  ardentes    ifc  continues , 
les  dylfenteries  ,  le    flux  de   ventre,  la  phrénéfie, 
la   rage  -,  que    les    fains    doivent    manger    moins 
pendaiat  ce  temps-là  ,  Si  ne  rien  manger  que  de  bon  \ 
que  les   malades  doivent  tempérer  par  des  bouil- 
lons rafraichi flans  ,  par  la  faignee,  &  par  la  pur- 
gation  ,   la  bile  qui  caufe  leurs  maladies.  ^ZT  Com- 
bien de  rêveries,  de  chimères  qui  ne    font  encore 
aujourd'hui  que  trop  accréditées.  La  canicule  ?:  les 
autres    étoiles   font  trop  éloignées  de  nous    pour 
produire  fur  nos  corps ,  ni  fur  notre  fyftème  pla- 
nétaire aucun  effet  fenfible  ^nousfommes  allez  fous 
pour  nous  imaginer  que  la  canicule  eft  chaude  & 
les  méridionaux  la  trouvent  très-froide.  Si  la  ca- 
nicule avoir  la  propriété  d'apporter  le  chaud ,  ce 
devroit  être  plutôt  aux  habitans  de  rHémiCpiière 
méridional ,  qu'à  nous  puifque  cette  étoile  eft  dans 
l'Hémifphère  méridional ,  de  l'autre  côté  de  l'é- 
quateur.  Il  eft    pourrant  certain    que  les  peuples 
de  cet  Hemifphère  font   alors  en   hyvcr.  Les  Ro- 
mains étoient  fi  perfuadés    de    la  malignité  de  les 
influences ,  que   pour   l'appaifer  ils  lui  facufîoicnt 
tous  les  ans  un  chien  roux.  Ce  ftcrifice  s'appeloir 
canarium.  Ils  ne  préféroient  un  chien  à  toute  autre 
vidime,  qu'à  caufe  de    la  conformité  des  noms, 
ils  s'imaginoient  que  cette  étoile  choiliflbit  un  chien 
plutôt  qu'un  autre  animal;    fuperftition  ridicule. 
Id.  Vo\ei  Gaffendi. 

Les  Grecs  l'appellent  ■!Tf<,«.im ,  les  Latins  antecams , 
parce  qu'elle  eft  proche  du  grand  Chien ,  mais  un 


C  A  N 

peu  plus  Septcnrrionale ,  ou  plutSt ,  parce  qu'elle  fj 
lève  un  jour  plutôt  que  le  chien,  yoyei  Chien. 
Quelques-uns  confondent  mal-à-propos  cet  aftre 
avec  une  étoile  fort  brillante  du  grand  chien , 
qu'on  appelle  Sirius  ,  &:  que  les  Grecs  appellent , 
comm.e  celle-ci ,  ■xfon.àm.  Elles  font  très-ditfcrentes. 
Les  Egyptiens  commençoient  leur  année  au  lever 
de  la  canicule ,  &  la  conrinuoient  juiqu'au  lever 
fuivant  de  la  même  étoile  ,  ce  qui  s'appelle  annus 
canarius^  l'année  de  la  canicule.  Ils  dilbient 
que  les  chèvres  appelées  Oryges  jetoient  un  cri, 
ou  félon  d'autres  éternuoicnt  au  moment  que  la 
canicule  le  Icvoit.  Les  Ethiopiens  failbient  le  même 
conte. 

Hygin  rapporte  que  la  fable  difoîr  que  la  cani- 
cule étoir  le  chien  d'Icare  ,  qui  avoir  été  placé 
dans  le  Ciel.  On  lui  failbit  des  facrificcs  dans  l'Ile 
de  Cos  où  s'étoient  retirés  les  payfans  qui  tuèrent 
Icare  \  &  dans  les  Cyclades  pour  détourner  la  pefte. 
Canicule  lignifie  audî  le  temps  dans  lequel  on 
fuppore  communément  que  domine  cette  conftcl- 
lation.  Durant  la  canicule  ,  être  à  la  canicule.  Acad. 

Le  mot  canicule  vient  du  Latin  canicula ,  dimi- 
nutif de  canis,  qui  fignifie  un  petit  chien.  Pline 
Va-ppelie  minor  canis,  &c  Yitnivc  canis  minufculus. 
On  peut  voir  fur  la  canicule  le  Czlum  Afirono- 
mico  -  poetàcum  de  Cazlius.  Solin,  ch.  52.  Pline, 
Liv,  XXIII,  ch.  z8.  Virruve,  Liv ,  IX,  cA.j. 
Saumaife  fur  Solin  ,  p.  144,  4195  T^-i- 

C  AN  IDE  ou  CANIVET.  f  m.  Sorte  de  perroquer 
qui  fe  trouve  dans  les  Antilles.  Son  plumage  eft 
très-beau.  Il  eft  de  la  grofleur  d'un  faifan.  Il  a  fur 
la  tête  une  toque  de  plumes  d'un  rouge  vernicil 
bordée  de  plumes  de  couleur  de  gris  de  perles. 

CANIF,  f.  m.  Petite  lame  d'acier  fort  tranchante, 
garnie  d'un  petit  manche,  dont  on  fe  fcrt  pour 
tailler  des  plumes.  Culiellus  ,fcalpellus  ,fcalpel'um. 

^  CANIF  ou  KNIF.  Outil  de  Graveur  en  bois 
fervant  à  creufer  diffcrenrcs  parties  de  leurs  plan- 
ches ,  par  exemple ,  à  étrécir  des  filers  que  les 
burins  ont  laillcs  trop  gros.  Encyc. 

CANIFiCE.  f.  f.  Quelques  Droguiftcs  de  Province 
appellent  canifice  ,  ce  qu'on  nomme  plus  ordinaire- 
ment ,  calfe  en  bâton  ,  c'eft-à-dire ,  qui  n'cft  pas 
mondée. 

CANIFICIER  ou  CASSIER.  f  m.  Arbre  qui  porte 
des  filiques ,  d'où  on  tire  une  moelle  purgative. 
t^oyei  Cassier  ,  c'eft  la  même  choie. 

CANIGOU,  (le)  Monragne  de  France,  dans  les  Py- 
rénées. Le  Canigou  eft  la  montagne  la  plus  mé- 
ridionale des  Pyrénées,  où  fe  rerminenr  les  rrian- 
gles  de  la  méridienne  de  Paris.  Elle  eft  plus 
haute  que  les  montagnes  d'Auvergne ,  du  Langue- 
doc 6c  des  Pyrénées  que  nous  avons  obfervées  -, 
elle  eft  aulfi  plus  proche  du  bord  de  la  m;r , 
d'où  elle  la  voir,n'en  étant  éloignée  que  de  dix  1  ieues: 
la  hauteur  du  Cani'xou  au-deifus  de  la  lurface  de  la 
mer  mcfuréc  en  deux  manières  différentes ,  a  été 
trouvée  de  1440  toiles,  qui  font  un  peu  moins 
de  trois  quarts  de  lieues  de  hauteur  perpendicu- 
laire. M  araldi,  ^cai.  .^«J  5c.  1705.    Mim.  p.  1:^6. 

CANIN  ,  INE.  ad;.  Qui  tient  du  chien  ,  qui  a  rapport 
au  Chien.CiîwiVîKi.On  appelle  un  ris  canin,  celui 
qui  fait  retirer  beaucoup  les  lèvres.  Une  faim  canine, 
une  faim  extrême  ,  qu'on  ne  peut  raifalier. 

Denr  canine ,  c'eft  une  dent  pointue ,  telle  que 
celle  des  chiens.  Dens  caninus.  On  appelle  aulll 
les  dents  canines  ,  deux  dents  pointues  qui  font 
entre  les  dents  tranchantes  &:  les  molaires ,  qu'on 
appelle  auifi  dents  œillères.  Les  dents  canines  font 
ainlî  appelées ,  parce  qu'elles  fervent  à  rompre  5C 
à  brifcr  les  corps  durs ,  ce  qui  fait  que  l'on  porte 
ordinaircmenr  fous  ces  dents  les  os  qu'on  veut  ron- 
ger ,  à  peu  près  comme  font  les  chiens.  Il  y  en  a 
quatre ,  deux  à  chaque  mâchoire  -,  elles  fbnt  fîruces 
auprès  des  incilives,  une  de  chaque  côré.  Elles 
fonr  épaiffcs,  fortes,  folidcs,  &  emboîtées  dans 
leurs  alvéoles  comme  les  incilives,  mais  plus  pro- 


C  AN 

fondement  Se  plus  fortement  *,  car  elles  rurpaffent 
les  autres  en  longueur.  Les  dents  canines  d'enhaut 
font  nommées  czilleres. 

Le  quatrième  mufcle  des  lèvres  s'appelle  canin , 
parce  qu'il  prend  fon  origine  de  l'os  de  la  mâ- 
choire fupérieure  au-deflus  de  la  dent  canine  ,  & 
va  s'inférer  à  la  lèvre  inférieure  proche  l'angle  de 
la  bouche,  pour  tirer  cette  lèvre  en  haut.  Dionis. 
Cet  adjedif  n'a  d'ufage  que  dans  ces  phrafes. 

CANINANA.  f.  m.  Serpent  de  l'Amérique  ,  long  d'un 
pied  &  demi ,  ou  de  deux  pieds  ■■,  fon  dos  eft  Vert , 
fon  ventre  ell  jaune.  Il  fuit  les  hommes  fans  leur 
faire  de  mal ,  &  fe  lai/fe  prendre  aifèment  comme 
les  chiens  ;  &  c'efl;  de-là  qu'on  l'appelle  Caninana  , 
de  canis  ,  chien.  Sa  chair  cfl  en  ufage  danslepays, 
comme  celle  de  la  vipère  en  Europe. 

CANINGA.  f.m.  Arbre  qui  croît  dans  les  montagnes 
de  l'Ile  de  Cuba.  Son  tronc  eft  gros  &  noirâtre 
auprès  des  racines.  Son  écorce  a  le  goiit  de  cannelle 
,  _  &  de  girofle  ;  on  l'ôte  comme  celle  de  la  cannelle, 
I"  &  elle  eft  plus  épaifle.  Les  habitans  de  l'île  de 
Cuba^  s'en  fervent  pour  ailàifoiiner  leurs  viandes , 
&  même  ils  l'emploient  en  remèdes. 

CANIRAM.  f.  m.  Grand  arbre  branchu ,  qui  croît  au 
Malabar.  Son  tronc,  que  deuxjiomraes  peuvent 
à  peine  embra/fer  ,  eft  couvert ,  de  même  que  les 
plus  grofîès  branches,  d'une  écorce  cendrée  ,  blan- 
châtre ou  rougeâtre.  Les  petites  branches  font  d'un 
vert  fale,  pleines  de  nœuds,  &  couvertes  d'une 
écorce  amere.  Ses  feuilles  fortent  de  deux  en  deux 
de  chaque  nœud  :  elles  font  d'une  figure  ronde, 
oblongue  ,  &  extrêmement  amercs.  Des  nœuds 
des  petites  branches  fortent  des  fleurs  difpofées  en 
parafol,  compofécs  de  quatre,  cinq  ,  ou  fix  pétales, 
d'un  vert  d'eau,  pointues ,  d'une  odeur  foible,  mais 
alfez  agréable.  Son  fruit  eft  une  pomme  ronde, 
\ii\c,dii  couleur  d'or,  dont  la  chair,  quand  elle 
eft  mûre,  eft  blanclie,  mucilagineufe  ,  &  couverte 
d'une  écorce  épaiffe  &  ftiabîe  :  cette  chair ,  aufTi- 
bien  que  la  femence  qu'elle  contient ,  ont  un  goût 
très-amer  ,  de  même  que  coûtes  les  parties  de 
l'arbt". 

fC?  CANISCHA  ou  CANISE.  Ville  forte  de  la  bafle 
Hongrie ,  dans  le  comté  de  Salavar ,  fur  la  rivière 
de  Sala.  Canifcha  eft  le  vrai  nom. 

fer  CANISTR.O.  Petite  ville  de  Turquie  en  Euro- 
pe, dans  la  Macédoine,  fur  la  côte  de  l'Archipel, 
près  du  cap  de  ce  nom.  / 

Sa  racine  prife  en  décoition  ,  ou  en  infufion  , 
eft^cathartique  ,  bonne  pour  les  fièvres  pituiteufes  , 
pour  la  colique,  les  tranchées,  &  les  cours  de 
•  ventre  ,  &c.  Son  écorce  pilée  &  paîtrie  avec  de 
l'eau  dans  laquelle  on  a  fait  tremper  du  riz,  ar- 
rête les  didenteries  billieufes.  Le  fuc  exprimé  de 
fes  feuilles  ,  pris  dans  une  décoétion,  appaife  les 
maux  de  tête  :  mais  il  produit  l'effet  du  poifon  & 
caufe  la  mort ,  lorfqu'on  en  boit  en  trop  grande 
quantité.  Dicx.  de  James. 

CANIVEAUX,  f.  m.  pi.  Ce  font  les  gros  pavés ,  qui 
étant  afîis  alternativement  avec  les  contre-Jumelles, 
traverfent  le  milieu  d'un  ruifîêau ,  d'une  cour ,  ou 
d'une  rue.'  Une  pierre  taillée  en  Caniveaux  eft  celle 
qui  eft  creufée  dans  le  milieu,  pour  faire  écouler 
l'eau. 

CANIVET.  f.  m.  Diminutif  de  Canif.  Les  Efpagnol  s, 
pour  dire  un  canif ,  difentgi:««/i/^/re,  du  diminutif 
cannivet,  qu'on  dit  dans  le  Boulonnois  &  dans  la 
Touraine ,  au  lieu  de  canif.  Dicl.  Étim.  de  Ménage, 
au  mot  canif.  Chapelain  ,  quoique  Parilîen  ,  s'eft 
fervi  du  mot  de  canivet ,  en  écrivant  à  M.  Huygens 
fur,  la  cabale  qui  fe  forma  à  l'Académie  Françoife , 
pour  empêcher  l'cleÉlion  de  Gilles  Boileau.'  Il  y 
a  apparence  ,  dit-il,  que  cet  orage  fe  diffipera  bien- 
tôt, &  que  les  Mufes  retourneront  à  leurs  Mufet- 
tes,  &  rangaîneront  leurs  ftilets  &  leurs  CiZ/z/zivwi-. 
Mélanges  de  Littérature,  tirés  des  Lettres  manufcrites 
de  M.  Chapelain. 

Ces  mots  viennent,  félon  quelques-uns,  de  canna , 
qui  eft  un  bout  de  plume ,  parce  que  ks  canifs  ' 


C  A  N 


2î  I. 

fervent  â  la  tailler.  Ménage  dit  qu*il  vient  de  l'Al- 
lemand ,  oa  de  l'Anglois  knife ,  qui  lignifie  un  petit 
couteau.  -^ 

CANNAGE,  f.  m.  Mellirage  des  étoffes  ,  toiles  , 
rubans ,  &c.  qui  le  fait  avec  la mefure  des  longueurs, 
qu'on  appelle  canne. 

CANNAIE.  f  f.  Lieu  planté  de  cannes  &  de  rofeaux. 
Arundinetum ,  cannetum. 

^  CANNARES.  Province  &  peuples  de  l'Améri- 
que méridionale  ,  dans  l'audience  de  Quito  ,  au 
Pérou.  Ces  peuples  adorent  le  fbleil.  Quand'  les 
Efpagnols  arrivèrent  dans  ce  pays,  ils  trouvèrent 
un  palais  magnifique  appelé  Thomebanba  ouThumi 
pampa.  Rien  ne  pouroit  égaler  la  magnificence  du 
Temple  qu'on  y  voyoit.  Il  étoit  dédié  au  foleil. 
Les  portes,  ornées  de  peintures,  croient  enrichies 
d'émeraudes  enchafices  dans  l'or.  Les  murailles  du 
Temple,  ainfi  que  celles  du  palais  du  Roi,  étoient 
revêtues  de  lames  d'or.  Il  ne  tefte  de  tout  cela 
qu'une  fort  grande  mafure. 

CANNE,  f.  f.  Terme  de  Botanique ,  qui  convient  à 
quelques  genres  de  plantes  bien  différens  les  uns 
des  autres.  Canna  ,  arundo.  Il  y  a  la  canne  ou 
le  rofeau  -,  la  canne  d'Inde  ,  &  la  canne  odorante. 
La  canne,  ou  le  rofeau,  eft  un  genre  de  pianre  fi 
femblable  au  chien-dent ,  qu'il  n'y,  a  que  la  feule 
grandeur  des  tiges  &  des  feuilles,  qui  en  établi/Te 
la  différence.  Il  y  en  a  plufieurs  efiièces  :  celle  qu'on 
appelle  canne  commune  ,  arundo  vulgaris  ,  ou  val^ 
latoria-,  a  fa  racine  noueufe  ,  qui  s'étend  ça  &  là* 
La  tige  croît  à  la  hauteur  de  douze  ou  quinze  pieds: 
elle  eft  de  la  grolfeur  du  doigt ,  creufe  &  pleine 
de  nœuds.  De  chacun  de  ces  nœuds  fortent  les 
feuilles  'qui  enveloppent  prefque  la  tige ,  &  qui  font 
roides ,  un  peu  âpres ,  larges  de  deux  doigts ,  &: 
longues  d'un, pied  .«^  demi,  &  veineufcs.  Au  bout 
des  tiges  naiffent  les  fleurs  par  paquets ,  compofées 
de  plufieurs  filets,  qui  forment  une  chevelure  molle, 
de  couleur  de  pourpre,  qui  devient  cnfuite  cen- 
drée ,  &  que  le  vent  emporte.  Elle  proît  dans 
les  eaux  dormantes ,  &  aux  bords  des  rivières.  On 
s'en  fert  en  divers  endroits  pour  couvrir  les  maifons, 
pour  faire  des  cloifons ,  des  échalas ,  &  à  plufieurs 
autres  ufages.  Il  y  a  une  efpèce  de  canne,  qu'on 
appelle  arundo  fcriptoria,  doni  les  Anciens  fe«fer^ 
voient  pour  écrire ,  &  dont  fe  fervent  encore  au- 
jourd'hui les  Arabes ,  les  Perfans  ,  les  Arméniens , 
les  Grecs  &  les  Turcs.  Il  y  en  a  une  autre  efpèce 
qui  eft  appelée  arundo  fagittalis.  Les  Tartares  &: 
les  Afiatiques  s'en  fervent  pour  faire  des  flèches  & 
des  dards.  On  en  porte  des  Indes  d'une  forte  qui 
eft  fouple  &  flexible,  dont  on  fait  des  corbeilles, 
&  d'autres  beaux  ouvrages.  On  en  porte  aufîi  qui 
font  fermes  &  plus  grofies  ,  qui  fervent  à  faire  des 
bâtons  pour  s'appuyer.  Le  bambou  eft  une  efpèce  de 
canne.  Voyez  Bambou. 

La  canne  qui  porte  le  fucre  croît  ordinairement 
de  la  hauteur  de  cinq  ,  fix ,  ou  fept  pieds ,  &  de  la 
grolfeur  de  deux  pouces  en  circonférence  :  elle  eft 
divifce  par  plufieurs  nœuds,  qui  font  éloignés  de 
quatre  ou  cinq  pouces  les  uns  des  autres.  La  tige 
poufle  de  longues  feuilles  vertes ,  touffues,  du  mi- 
lieu defquelles  s'élève  la  canne  ,  qui  eft  aufîî 
chargée  en  fon  fommet  de  plufieurs  feuilles  pointues, 
&  d'un  pennache  dans  lequel  fe  forme  la  femence. 
Elle  eft  remplie  d'une  moelle  blanche ,  &  fuccti- 
lente,  de  laquelle  on  exprime  cette  douce  liqueur, 
dont  fe  forme  le  fucre.  Arundo faccharifer a. 

La  Canne  d'Inde  ou  CannAjcorus  ,  eft  une  autre 
forte  déplante,  dont  il  y  a  aulfi  plufieurs  efi^èces. 
Celle  que  les  Botaniftcs  appellent  arundo  Indica 
latifolia ,  ou  cannacorus  latifoUus  vulgaris  ,  a  une 
tige  noueufe  ,  de  la  hauteur  de  deux,  de  trois,  & 
quelquefois  de  quatre  pieds.  Ses  feuilles  fonr  gran- 
des ,  roulées  comme  des  cornets  de  papier ,  lorf- 
qu'elles  commencent  à  fortir  :  elles  fe  développent 
enfuite  ,  paroiffent  fort  amples ,  membranenfes,  un 
peu  pointues ,  ayant  beaucoup  de  veines  qui  les  tra- 
verfent obliquement,  Au  fommet  de    la  tige  font 

Ddij 


a  1 2  C  A  N 

les  fleurs fembhbles  à  celles  de  gkyeul,  d'une  foit 
■belle  couleur  rouge-brun ,  arrachées  à  un  bouron 
velu ,  lequel ,  après  que  les  fleurs  ibnr  tombées  , 
s'au£?mente  ,  &  devienr  triangulaire ,  &  comme 
épineux.  La  Temertce  eft  contenue  dans  ce  bouton  : 
elle  eft  ronde  &  de  couleur  brune ,  ou  noire.  Ses 
racines  font  pleines  de  nœuds  &c  fort  chevelues. 
Canne  (la)  odorante,  eft  la  même  plante  que  le 
calamus    aromaticus.   Voyez   Calamus    Aroma- 

TICUS. 

CA^^NE,  fi^nifie  aufll  ,  un  bâton  qu'on  porte  a  la 
main,  fait  de  ces  fortes  de  bois.  Il  fert  à  fe  foûtenir 
en  marchant,  &  quelquefois  pour  marquer  le 
commandcmenr.  On  les  enrichit  par  des  bouts  d'ar- 
gent ,  d'y  voire ,  d'agathe ,  de  criftal ,  ùc.Qt  vieillard 
eft  réduit  à  porter  la  canne.  Cet  Officier  a  donné 
cent  coups  de  canne  à  un  foldat  iniblent. 

Canne  ,  fignifie  encore  une  mefure  Romaine  qui  revient 
à  fix  pieds  onze  pouces  de  Roi.  C'eft  une  mefure 
de  longueur  dont  on  fe  fert  en  plusieurs  villes  de 
commerce ,  comme  on  fait  ici  de  l'aune.  Vigenere 
dit  fur  Titc-Live  pa^e  1515,  qu'à  Rome  la  canne 
contient  huit  palmes ,  &:  que  les  neuf  palmes  font 
deux  aunes  de  Paris  ;  &  l'aune  de  Paris  étant , 
félon  lui ,  c'eft-à-dire,  de  fon  temps ,  de  5  pieds  huit 
pouces ,  la  canne  étoit  de  5  5  pouces  \  de  pouce  i 
c'eft-à-dire,  de  4  pieds  5  pouces  &  ^  de  pouces  i 
ou  les  deux  tiers  d'un  pouce,  qui  font  8  lignes.  Les 
cannes  de  Provence  &;  du  bas  Languedoc  font  de 
huit  pans ,  ou  empans  qui  font  6"  pieds  1  lignes  du 
pied  de  France.  Les  c^/znei^  d'Avignon  &  de  Nîmes 
font  d'un  pouce  environ  plus  courtes  que  celk'S  de 
Provence  Se  du  bas  Languedoc,  ha.  canne  de  Tou- 
loufe  conrient  une  aune  S^  demie  de  Paris.  Il  en 
eft  à  peu  près  de  même  des  cannes  des  villes  du 
haut  Languedoc  &  de  la  haute  Guienne.Les  cannes 
de  Gcncs  pour  les  toiles  font  de  dix  palmes, ou  dix 
fois  neuf  pouces  &  deux  lignes  ;  celles  pour  les 
draperies  font  de  neuf  palmes.  La  canne  de  Sicile 
eft  de  huit  pans  8c  demi.  A  Naples  les  mefures  s'ap- 
pellent ziilVi  cannes.  Les  Hébreux  l'appellent  At^^A  , 
&  elle  contient  chez  eux  lix  coudées.  Le  P.  Mer- 
fenne  soutient   que  cette    mefure   comprend   huit 

Sieds  &  un  doigt  &  demi.  On  l'appelle  en  plufieuis 
eux  le  rofeau, 

flf3-  Canne  fe  dit  aufTi  de  la  chofe  mcfurée  avec  la 
canne.  Une  canne  de  draps ,  une  canne  de  toile. 

Ce  mot  eft  de  pluficurs  langues,  &  vient  de  la 
premicie.  Nous  l'avons  pris  du  Latin  canna  ^  qui 
vient  du  Grec  xâwtt  ou  K«v»!)uqui  avoit  été  fait  de 
l'Hébreu  njp ,  kaneh  \  &  dans  toutes  ces  langues 
il  fignifie  la  même  choie ,  calamus ,  artindo  ,  un 
rofeau,  une  canne. 

Canne  ,  en  termes  de  Verrerie  ,  eft  une  verge  de  fer 
percée  d'un  bout  à  l'autre  comme  un  tuyau ,  dont 
on  fe  fert  pour  fouffler  les  bouteilles  &  autres  ou- 
vrages. On  appelle  le  mors  de  la  canne,  une  épailfeur 
de  fer  qui  eft  au  bout  d'une  des  extrémités  de  la  canne 
en  forme  de  mors  de  cheval.  Et  bauquin  de  la  canne, 
le  bout  oppofé  au  mords ,  que  l'on  met  fur  le  bord 
des  lèvres  pour  fouffler  le  verre. 

En  Poélie  on  appelle  canne  de  fer ,  ou  d'acier , 
le  canon  d'un  fufil  ou  d'un  moufquet. 

Quel  bridt  !  la  foré:  embrafée 
S'ocre  à  mes  regards  alarmés  : 
D'une  canne  d'acier  creufée 
Cent  nouveaux  Chaffeurs  font  armés. 
Du  fouffre  bruyant  qu'elle  cn-che^ 
Au  gré  du  doigt ,  le  feu  détache 
Un  plomb  qui  part  avec  l'éclair  î 
On  dirait  que  l'art  téméraire 
A  fait  l'homme  dépojitaire 
De  la  foudre  de  Jupiter. 

^  Canne  à  vent.  Terme  de  Phyfique.  Efpèce  de 
canne  creuie  intérieurement ,  par  le  moyen  de  la- 
quelle on  peut,  fans  le  fecours  de  la  poudre,  chafTer 
une  balle  avec  violence.  Elle  n'a  point  de  crolTe 


C  AN 

ni  de  détente ,  comme  l'Arquebufe  a  vent,  yoyef 
ce  mor. 

Canne.  Terme  de  Monnoyage  &  de  fondeur.  C'eft 
une  longue  tringle  de  fer,  en  manière  de  canne, 
dont  on  braffe  les  métaux  ,  quand  ils  font  en  fuiion, 
à  la  réferve  de  1  or. 

CANNE-PETOIRE,  f,  f.  Foye^  Clifoire  ou  Cano- 
niere. 

CANNEBERGE,  f,  f.  Oxycoceus,  ou  Vacerniapaluf 
tris.  Plante  qui  croît  dans  des  endroits  marécageux. 
Ses  racines  font  vivaces ,  menues ,  fîbreufes ,  rou- 
geâtres,  ligneufes  &  rampantes,  d'où  partent  plu- 
lieurs  tiges  menues  comme  des  fils,  inclinées  contre 
terre ,  chargées  de  feuilles  alternes ,  aiTez  femblables 
par  leur  figure  à  celles  du  ferpolet ,  vertes  en  deifus, 
blanchâtres  ou  cendrées  en  deffous  ,  &  foutenues 
par  des  queues  très-courtes.  Ses  fleurs  naiifent  au 
nombre  de  deux  ou  de  trois  à  l'extrémité  des  bran- 
ches. Elles  font  purpurines,  compofées  de  quatre 
pétales ,  longues  de  trois  lignes,  fur  deux  dé  lar- 
geur ,  réfléchies  fur  leurs  parties  poftérieures.  Les 
étamines  &  le  piftil  qui  occupent  le  centre  de  cha- 
que fleur ,  forment  une  efpèce  de  petite  pyramide 
jaune.  La  bafe  du  piftil  joint  au  calice  devient  une 
baie  fucculente  ,  grofle  comme  un  pois ,  blanche  6c 
teinte  de  rouge  ,  pointillce  te  divifée  en  quatre 
loges  qui  renferment  plulieurs  femcnces  arrondies 
&  menues.  Ce  fruit  eft  aigrelet  &  bon  à  manger. 
Il  eft  mûr  en  Août  Oxycoceus  coccus  acidus  y 
comme  qui  diroit  une  baie  acide. 

CANNELADE  ou  CANELADE ,  f.  f.  Terme  de  Fau- 
connerie. C'eft  une  forte  de  Cuiée  que  préparent  les 
Fauconniers  pour  le  vol  du  héron,  avec  du  fucre 
de  la  cannelle  &  de  la  moelle  de  héron,  qu'ils 
donnent  à  leurs  oileaux  pour  les  rendre  héronniers, 
&  les  échauffer  à  ce  vol. 

CANNELAS  ou  CANNELAT ,  f.  f.  Morceau  de  can- 
nelle  entouré  de  fucre ,  qui  forme  une  efpèce  de 
dragée.  Cajia  faccharo  condita.ht  inz'ûitnt  cannelas 
eft  celui  de  Milan. 

,CANNELER  ou  CANELER.  Terme  d'Archite^îture. 
Creufer,  tailler  de  petits  canaux,  au  fût  des  colon- 
nes ,  des  pilaftres ,  des  confoles ,  des  gaines ,  des 
termes,  &c.  Striare.  Il  faut  canneler  les  colonnes 
pour  les  faire  paroître  grofles. 

On  le  dit  aulfi  des  petites  cavités  en  rond  qu'on 
fait  dans  des  triglyphes ,  &  dans  tous  les  autres 
ornemens  d'Archireélure.  Stria  ,  canalicutus. 

CANNELE ,  ÉE.  Part.  Qui  a  des  cannelures ,  Cana- 
liculatus  .,  jiriatus.  Une  colonne  cannelée  ècacnh^- 
tonnée  eft  bien  plus  belle  que  toute  unie. 

ffJ'  Cannelé,  dans  les  arts  méchaniques,  fe  dit  de 
tout  corps  auquel  on  remarque  des  cavités  longitu- 
dinales &  femicirculaires  ,  ou  à  peu  près,  foit  que 
ces  cavités  aient  été  pratiquées  par  la  narure  ,  foie 
qu'elles  aient  été  faites  par  arr.  Un  fufil  cannelé  ; 
une  tige  de  plante  cannelée. 

En  teinture,  on  nomme  cannelé,  ce  qui  eft  de 
couleur  de  cannelle,  Color  cajlam  rcferens. 

0Cr  Cannelé  ,  en  anatomie ,  corps  cannelés.  Voye:^ 
Stries  &  Cerveau.- 

tfT  Cannelé  ,  f.  m.  étoffe  de  foie.  C'eft  un  tiffu  de 
foie  comme  le  gros-de-tours  &  le  taffetas ,  à  l'ex- 
ception qu'on  lahfe  oifîve  une  des  deux  chaînes 
néceffaires  pour  former  le  corps  de  l'éroffe  ,  du 
côté  de  l'endroit,  pendant  deux,  trois,  ou  quatre 
coups.  Encyc. 

§3*  Il  fe  fait  des  cannelés  unis  Sc  des  cannelés  bro- 
dés foie  &  dorure. 

Cannelé  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  pièces 
honorables  de  l'Ecu ,  quand  les  bords  n'en  font  pas 
unis ,  &:  quand  quelque  partie  avance  en  dehors  , 
&  puis  fe  tire  en  dedans.  Le  cannelé  diffère  de  \'en- 
grélé ,  en  ce  que  l'engrélé  a  fes  pointes  en  dehors, 
&  le  canmlé  en  dedans. 

CANNELIER  ou  CANELLIER  ,  f.  m.  Canellifera 
arbor.  Arbre  dont  l'écorce  nous  eft  connue  fous  le 
nom  de  Cannelle.  Sa  racine  eft  branchue ,  alfez  con- 
lidérable  ;  ôc  d'une  odeur  de  Camphre.  Son  tronc 


C  À  N 

ëftpius  ou  mbins  gros  liiivant  Ton  agè,&re  divire 
en  plalîeurs  branchjs,  qui  donnent  pluiieurs  rameaux 
longs ,   droits ,  lans  nœuds ,  &  qui  font   cliargces 
de  t'.uilles  alternes  le  plus  louvent ,  oppofées  quel- 
quefois ;  fcmbiablcs  à  celles  du  laurier  ,  mais  plus 
grandes ,  plus  arrondies  à  leur  baie  <,  terminées  en 
pointe  à  leut  extrémité  ,  relevées  de  trois  nervures 
parallèles  $  qui  parcourent  toute  leur  longeur  :  leur 
goût  eft  piquant ,  &  approche  un  peu  de  celui  de 
fon  écorce.  Ses  branches  font  terminées  par  des  bou- 
quets de  petites  fleurs  à  cinq  ou  fix  pétales  chacune , 
blanchâtres  i  &  d'une  odeur  agréable.  Leurs  fruits 
qui  font  renfermés  en  partie  dans  une  calote  à  cinq 
ou  fix  pointes  obtufes,  charnue  ,  verdâtte  &  picotée 
de    point   blanchâtre: ,  leurs   fruits ,  dis-je  ^    font 
ovales ,  de  là  figure  d'un  gland  de  chêne  j  verdâtres 
d'abord  ,  puis  noirâtres  dans  leur  parfaite  maturité, 
&  le  bois  de  cette  arbre  n'a  pas  beaucoup  de  goût  ; 
il  n'y  a  que  l'écorce  du  inilieu ,  ou  la  féconde  écor- 
ce ,  que   l'on  détache   des  troncs  des  arbres ,  qui 
n'ont  que  fix  ans  i  &  que  l'on  fépare  de  la  première 
écorce  extérieure  ,  qui  eft  grisâtre.  Cette  écorce  dg; 
milieu ,  qui  eft  proprement  la  cannelle ,  n'eft  pas 
haute  en  couleur ,  ni  Ci  piquante  au  goût ,  ni  même 
roulée  lorfqu'elle  eft  fraîche  ;  elle  eft  au  contraire 
blanchâtre,  d'un  goût  piquant  &:  eft  platte.  Ce  h'eft 
qu'en  fe  defîechant  qu'elle  fe  roule  ,  &  qu'elle  de- 
vient plus  rouge.  Tavernier  décrit  fort  au  long  la 
manière  dont  les  HoUandois  tirent  la  cannelle  dans 
l'Ile  de    Céylan,  d'où  vient  la  meilleure.  Il  parle 
encore  du  camphre ,  que  donne  la  racine  dû  can- 
nelier,   par  le,  moyen  de  la  diftillatiôn,  &  d'une 
huile  qu'on  tire  de  ces  fruits  i  qui  fc  fige  ,  &  devient 
ferme  comme  de  la  cire.  Pifon  en  fait  auffi  mention 
dans  ion  Mantijfa.  Aroiiiatica.  Outre  le  cannelier 
de  Céylan,  on  en   trouve  dans   le  Malabar    deux 
autres    efpèces  qui  différent  de  celui-ci  par  leurs 
écorces    bien   moins    piquantes.  On   croit   qu'une 
de  ces  deux  efpèces  eft  l'arbre  du  Folium  Indicum, 
ou  Malabatriun    des  Anciens  :  feuille    qui   entre 
dans    la,  Thériaquej    Hort.   Mdlab.   Tome   /,    & 
Tome   Vi 
CANNELLE  ou  CANELE^,  t  i.  feéonde  Ecorce  d'un 
arbre  qui  croît  dans  les  îles  de  Céylan  &  de  Java, 
&  en  yiilifùii.  Cajia,  cinnanium  ,  cinnamomum.  Il 
vient  naturellement  &  fans  culture  dans  les  bois , 
comme    les   autres   arbres.  Les    Indiens  ii'en   font 
pas  plus  de  cas   :  ih  l'appellent  corunda.  gauha/i. 
Cette  écorce  eft  la  même  chofe  que  le  cinnamome 
des  Anciens,  Le   bois  de   cet  arbre  n'a    ni  odeur 
ni  goût.   Sa  principale  vertu  eft  dans  fort  écorce, 
laquelle  étant  récente  femble  être  double  :  elle  eft  a 
fafuperfîcie  grisâtre,  &  le  dedans  de  couleur  ordi- 
naire de  la  cannelle.  On  la  pouroit  alors  divifer 
en  deux  écorces  de  différente  couleur ,  mais  étant 
féchées  enfemble  ,  elles  font  inféparables,  &  paf-  ( 
fent  pour  la  même  écorce ,  la  couleur  grifâtre  de 
la  fuperficie  ,  fe  changeant  en  la  couleur  ordinaire, 
à  mefure  qu'elle    Icclie.  La  cannelle    féparée  ffaî- 
thcmcnt  de  l'arbre  eft  plate ,  peu  colorée ,  prefque 
fans  goût  &:  fans  odeur;  mais  elle  fe  roule  en  léchant 
&   prend  la  figure  d'une  canne ,  dont  elle  porte 
en  partie  le  nom ,  &  par  l'exaltation  de  fon  humi- 
dité fuperflue,  elle  acquiert  uns   odeur  douce  & 
pénétrante ,  un  goiit  aigu.  &  piquant.  Plufieurs  rap- 
portent que  cet    arbre  .dépouillé    de    fon   écorce 
demeure  trois  ans  à  en  reformer  une  nouvelle  ,  qui 
fe  trouve  aufli  bonne  que  la  précédente  ;  inais  cela 
paroît  fort  fufpeiil.  La  cannelle ,  pour  être  bonne , 
doit  être  d'un  goût  fort  piquant  &  fort  agréable  , 
&  avoir  une  couleur  rouffe  &:  alfez  vive.  Ses  quali- 
tés font  d'échauffer ,  de  deffccher ,  de  hâter  les  menf^ 
trues  &  les  accouchemens  ;  de  fortifier  les  efprits  ,  & 
d'aider  à  la  di^eftion.  Ce  mot  peut  venir  dû  Latin 
canna ,  parce  qu'on    nous  apporte  la  cannelle  en 
forme  de  canne.  Mais  le  plus  sûr  eft  de  tirer  ce  mot 
de  l'Hébreu ,  cane ,  qui  fîgnifie  la  même  cliofe  que 
calamus  aromaticus  parmi  les  Latins.  Foye^  Ceil  an. 
Voici  une  defcription  plus  décaillée  de'la  Cannelle. 


GâN 


Là  cannelle  eft  l'écorce  d'uti  arbre  qu'on  jpeiit  appe- 
ler Cannelier,  Elle   eft  longue  -,    mince ,   foulée , 
d'une  couleur  rouge  brun ,  d'un  goût  piquant  aro- 
matique &  fort  agréable;  La  cn.nyiUu  fine  nou-.  vient 
de  l'Ile  de  CcyJan  5  &  elle  eft  mince  ^  peu  haute 
en  couleur ,  &  comme  brûlante  au  goût.  Le  gra- 
bor  de  cannelle^   qui  â  peu  de  gOÛt  j  fe   nomme 
efcavjlîon  chez    les   Epicicrsj   Lst   cannelle  eft    dUi 
iiombte  des  drogues  qu'on  appelle  cpices.  Les  cui-     ' 
finiers  la  fonr  entrer  dans  plufieurs  de  leurs  ragoûts, 
&   dans  quelques-unes  de  leurs  faUces.  Les^^Con- 
fifeurs  en  lardent  les  fruits  qu'ils  mettent  eri  com- 
potte.  Les  Parfumeurs  l'emploient-  dans  leurs  pâtes  ; 
dans  leurs  paftilles,&  dahs  leurs  poudres  de  feft- 
teurs.  Les  Médecins  l'ordonnenr  dans  les  dévoimcns; 
dans   les  foiblefîés  d'eftomac.  L'eau  de  cannelle  fe 
tire  par  ladiftillatioh  que  l'on  fait  de  cette  écorce  Infu- 
fée  dans  l'eau  d'orge  3  dans  l'eau-de-vie  où  dans! 
le  vin  blanc.On  appelle  eau  de  cannelle  ôrgée^  celle 
qui  eft  tirée  avec  l'eau  d'orge.  L'huile  de'  cannelle 
nous  eft  apportée  de  Céylan  5  &  c'eft  une  efpèce 
tres-précieûf"e  >  quand  elle  h'eft  point  faîfîfice.  Quel- 
ques gouttes  de  cette  effence  peuvent  aromatifer  des 
liqueurs  &  des  cpmpoiitions,  auxquelles  là  cannelle 
en  iubftance,  ou  en  teihture,  ne  donneroitpas  une 
odeur  ,  un  goût  aufTi  agréables* 

Outre  la  canelle  de  Céylan  j  noUs  avons  deux 
écorces  qu'on  tire  de  deux  autres  efpèces  de  Can- 
heliers.  La  première  de  ces  écorces  a  conférée  fon 
hom  latin  de  €a£la  ligned  ,  &  n'eft  guère  em- 
ployée que  dans  certaine  compofîtion  de  Pharmacie. 
Elle  eft  fort  femblable  à  la  tannelU  fine  ,  &  on  né 
la  diftihguê  fûr-^tout  ,  que  parce  qu'elle  eft  fort 
Vifqueufe  dans  la  bouche ,  &  qu'elle  n'a  point  ce 
fec  Si  ce  piquant  de  la  cannelle  ;  d'ailleurs  elle 
eft  ordinairement  un  peu  phu  groflièle ,  &  d'une  cou- 
leur un  peu  pliis  brui-^^^;  A  juger  du  Cinnamomum  ,  & 
du  Cajjia  lignea  ,  cjùe  Galieft  &  Diofcoridé  ont 
décrit ,  on  n'y  Voit  point  un  rapport  entier  avec 
notre  cannelle  ,  ni  avec  notre  eajjîa  lignea.  La 
plupart  des  nouveaux  Naturaliftes  nient  que  la  Caf- 
Jia  lignea  ,  foit  la  féconde  écorce  du  vrai  Canne- 
lier. La  féconde  écorce  qui  approche  de  la  can- 
nelle par  fa  couleur  &  par  fcn  goût,-  mais  qui  eft 
cependant  plus foible, eft  zppçléeCantzella  Je Matte, 
en  latin  Cannelta  minus  aromatîcà.  Elle  nous  vient 
en  morceaux  plats  ,  beaucoup  plus  épais  que  la 
cannelle  ordinaire.  L'arbre  d'où  elle  eft  tirée,  fe 
nomme  Kacoukarva  par  les  Malabarois.  Cette  der- 
nière écorce  n'eft  guère  d'uf;?.ge  en  Europe  ,  où  l'ori 
nfe  fait  cas  que  de  la  cannelle  fine. 

Il  y  a  encore  quelques  autres  écorces  auxquelles 
nous  donnons  improprement  le  nom  de  cannelle  ; 
telles  font  la  cannelle  giroflée,  &  la  cannelle  blanche  j 
écorces  de  deux   arbres  qui  n'ont   point  le  carac- 
tère de  Cannelier.  La  prerhière ,  qu'on  nomme  com- 
iiîunémerit  cannelle  giroflée,  où  cajfid  caryophillata^ 
(  non  pas    qu'elle  vienne    de  l'arbre    du  girofle  ,: 
mais  plutôt  parce  qu'elle  a  le  goût  du  clou  )  eft 
fbrt  mince  ,  fort  caTante  ,  d'un'  rouge  tirant  fur  le 
violet  ,  roulée  l'une  fur  l'autre ,  &  d'iin  goût  pi- 
quant &  Ifotfiatique.  Flacourt  dit  que  l'arbre  quî 
donne    fcette   écorce    fe    nomme  Raveridfara  dans 
l'Ile  de  Madagafcar^  où  il  eft  commun,   &  qu'il 
reflémble    au    laurier    franc.    Ses    fruits  font  gros 
édmine  de  petites  no'ix  vertes  '■,  ils  font  arrondis  ^ 
rerminés  par  un  petit  nom.bril ,  divifés  en  plufieurs 
cellules ,  &  ont  un  goût  Zi  une  odeur  agréaible  j 
aromarique  ,  &  qui  participe  du  clou.    Cet  arbre 
croît  auffi  dans  le  Brcfîl ,  &  les  Portugais  nomment 
fOn  écorce  ,  Cravo  de  Marenhan  ,   d'où  vient  le 
nom    françois  ,    bois   de  Crabe    ou  Capèht.    Cette 
ecorce  s'emploie  au  défaut  du  girofle  ,   elle  en  a 
la  force ,  lorfqu'elle  eft  nouvelle ,  &  qu'elle  n'eft 
point   moifie.   A  Tégard   de  la  cannelb:  blanche  , 
c'eft  l'écorce  d'un  arbre  qui  croît  en  Amérique  , 
à  la  Jamaïque  &  à  S.  Domingue.  Du  Tertre  fait 
mention  de  cet  arbre  fous  le  nom  de  bois  d'Inde, 
ou  de  laurier  aromatique.  Il  reffemble  en  quelque 


%  H 


C  AN 


manière  au  laurier  franc,  par  fes  feuilles  qui  font.plus 
Ibuples  ,  plus  lonLçues  ,   moins  pointues  par  leur 
extrémité  ,  toujours  oppolces  deux  à  deux ,  &:  d'un 
goût  piquant ,  aromatique  ,  tenant  de  la  cannelle  & 
du  giroHe  ,   accompagné  d'une  aftnàion  &  d'une 
amertume  qui  n'efl:  pas  défagréablc.  Ses  fleurs  nail- 
fent  par  bouquets  à  l'extiémitc  des  biancliçs  -,  elles 
font  blanches  ,  petites ,  compolces  de  cinq  pétales 
arrondies.  Ses  étaraines  font  blanches ,  &  entourent 
un  piftil.  A  ces  fleurs  fuccèdent  des   baies  groUes 
comme   des  pois  ,    divifées  en  deux    cellules  qui 
renferment  chacune  une    ou   deux  l'emences  tail- 
lées en  forme  de  rein.  Cette  baie  a  un  goût  pi- 
quant comme  le  girofle  ,  &  on  la  nomme  par  cette 
raifon  tête    de    clou  ,    ou  poire  de    la  Jamaïque , 
en  latin  Pimenta  ,   Piper  Janiaicenfe.  L'ufage  que 
l'on  fait  a  préfent  de  ce  fruit  elt  allez  confiderable  , 
parce  qu'il  eft  d'un  goût  agréable  dans  les  fauces , 
ôc  les   Epiciers  en  compofent    leur  poivre  aflbrti, 
La  première  écorce  de  cet  arbre  eO:  mince  ,  fort 
liHé  &  jaunâtre  ;  la  féconde  eft  plus  épailîé ,  blan- 
châtre ,  &  d'un  goût  de  cannelle ,  de  mufcade  & 
de  "girofle  mêlés  cnfemble,  Ceft  cette  féconde  écorce 
qu'on  nous  envoie  en  bâtons  plus  courts  que  ceux 
de  la  cannelle  fine ,  roulés  cependant  tout  de  même  , 
ce  qui  arrive  à  cette  écorce  lorlqu'elle  féche.  Elle 
eft  allez  lille  ,   6c  les  taches  qui  paroilfent  iiir  fa 
furface  extérieure  font  des  veftiges  des  queues  des 
feuilles.  Elle  eft  épailfe  ordinairement  d'une  demi- 
ligne  ,  ou  d'une  ligne  au  plus ,  jaunâtre  en  dedans  , 
S^d'un  goût  aromatique.  On  la  nomme  cannelle 
blanche  ,   cofius  en  écorce ,  Canella  alba  ,  cojliis 
conicojus  ,  &  on  l'a  toujours   fait  pailer  pour  le 
Corte  tFicelteranus.  L'aubier  du  tronc  de  cet  arbre 
eft  couleur   de  chair  ,    &  le  cœur  ,   ou   la  partie 
ligneufe ,  eft  violet  ,   &  devient  noir  d'ébène  en 
vfeilliflant  ;  il  eft  très-dur  ,^  &:  prend  un  beau  poli. 
Cet    arbre    vient  quelquefois    aulli   gros  que  nos 
noyers.  Foyei  Piumier  ,    Du  Tertre  ,   Pison  , 

POMET  ,    DaLE  ,  HeRMAN. 

Il  y  a  une  autre  forte  de  cannelle  dans  les  Indes  Oc- 
cidentales ,  qui  vient  dans  une  province  qu'on  ap- 
pelle Sumaca,  fituée  fous  l'Equateur.  Ceft  un  arbre 
de  moyenne  grandeur  ,  toujours  chargé  de  feuilles , 
comme   les  autres  arbres   des  Indes.    Ces  feuilles 
font  femblables  «   celles   du  laurier.  Son  fruit  eft 
de  la  forme  &  de  la  figure  d'un  chapeau  ,  &  de 
la  largeur  d'une  pièce  de  huit  réaies  d'Efpagne.  Il 
eft  au-dedans  &  au-dehors  d'une  couleur  de  pour- 
pre  tirant  fur  le  noir  ,   uni  &c  poli  par-dedans  , 
rude  par-dehors ,  d'un  goût  &  d'une  odeur  auffi 
agréables  que  la  cannelle  de  Céylan,  Son  écorce 
eft  fort  épaiffe  :  elle  n'a  aucune  faveur  ni  odeur 
de  cannelle.  Sa  principale  force  eft  dans  le  fruir , 
ce  qui  eft  le  contraire  de  la  cannelle  d'Orient.  Ce 
fruit  eft  fort  utile   à  plufieurs  chofes  -,  étant  mis 
en  poudre  il  fortifie  l'eftomac  ,  diffipe  les  vents  , 
corrige   la    puanteur  de   la   bouche  :   il  eft   aufll 
cardiaque,   &  donne  bonne  couleur.  On  en  met 
dans  les  fauces  &  dans  les  ragoûts  comme  la  can- 
nelle. 
IP"  Cannelle  ,  fe  dit  aufTi  d'un  robinet  qu'on  met 
à  un  tonneau  pour  en  tirer  le  vin ,  en  tournant  la 
clef  qui  y  tient ,  &  qui  feit  à  ouvrir  ou  à  boucher 
le  partage.   Fijiula. 
If^"  Ceft  "encore  un  morceau  de  bois  creufé  qu'on 
met  à  une  cuve  de  vendange  ,  pour  en  faire  fortir 
le    vin  j  après  qu'on  a  foulé  les    raifins,    Emijfa- 
rium. 
ffT  Cannelle  ouCanellé,  fe  dit  encore  de  cette  pe- 
tite cavité ,  ou  cannelure ,    qui  fe  voit  de  chaque 
côté  du  plat  de  la  tête  des  aiguilles  à  coudre  ou 
à  travailler  en  tapifferie.  On  l'appelle  auffi  la  rai- 
lette  de  raiguille. 
^fy  Cannelle  ,  fe  dit  auffi  d'un  petit  couteau  dont 
la  lame  eft  dentelée  comme  une  fcie  ,   fervant  à 
faire  une  petite  rainure  fur  un  morceau  de  bois , 
'     dans  laquelle  on  tient  l'aiguille  avec  des  tenailles 
pour  l'y  ébaucher,  •  .  • 


C  A  N 

CANNELURE   ou  CANELURE.  f.  f.  Cavité  ronde 
qu'on  tait  dans  une  colonne,  le  long  d'un  pilaftrc 
ou  d'une  autre  pièce  d'architedlure  ,  pour  lui  fervir 
d'ornement.  Stnatura.  On   les   appelle  autrement 
Jiriures     du  latin  Jiriges  ,   les  plis  d'une  robe.  Il 
y  a   des    cannelures  à  côtes  ;  ce  font  celles  qui 
font  féparées  par  des  liftels  de  certaine  largeur  , 
qui  ont  quelquefois  des  aftragales  ,    ou  baguettes 
aux  côtés ,  ou  deflbus.  Des  cannelures  avec  ruden- 
tures  :  ce  font  celles  qui  font  remplies  de  bâtons , 
de  rofeaux  ,  ou   de  cables ,  '  jufqu'au  tiers  du  fût. 
Des  cannelures  ornées  :  ce  font  celles  qui  ont  dans 
la  longueur  du  fur ,  ou  par  intervalles ,  ou  depuis 
le  tiers  d'enbas ,  de  perites  branches  ou  bouquets 
de  laurier  ,  de  lierre  ,  de  chêne  ,  ou  de  fleurons , 
&  autres  ornemens  qui  fortent  le  plus  fouvent  des 
rofeaux.  Des  cannelures  à  vive  arrête  :  ce  font  celles 
qui    ne   font  point  féparées  par  des  côtes  :  elles 
font  propres  au  Dorique.  Des  cannelures  plates  : 
ce  font  celles  qui  font  en  manière  de  pans  coupés 
au  nombre  de  feize  ,  comme  l'ébauche  d'une  co- 
lonne Dorique.  On  peut  aulfi  appeler  cannelures 
plates ,  celles  qui  font  crcufées  carrément  en  ma- 
nière de  petites  fàfces  ,   ou  demi-bâtons  dans  les 
tiers  du  bas  d'un  fût.    Des  cannelures  torfes  :  ce 
font  celles  qui  tournent  en  vis ,  ou  en  ligne  fpirale 
autour  du  fût  d'une  colonne.  Cannelures  de  gaine , 
de  terme  ,   de  conlble ,   font  des  cannelures  plus 
étroites  par  le  bas  que  par  le  haut. 
Cannelure  &  Cannelures  ,  Ibnt  auffi  des  termes 
qui  s'emploient  communément  en  Botanique  dans 
les  dcfcriptions  des  tiges  &:  des  fruits  de  quelques 
plantes.  Cannelures  à  "côtes  ,  font  celles  qui  font 
féparées  entr'elles  par  des  côtes  ou  plates  en  defîus , 
ou  arrondies  en  côte  de  melon.  Cannelures  à  vive 
arête  ,    font    celles   dont   les   féparations  font  en 
feuillet  vif  &  tranchant. 
Cannelure,  f.  f.  Terme  de  Conchyliologie.  Ceft  un 
canal  régulier  gravé  en  creux  fur  la  fuperfîcie  d'une 
coquille. 

Ce  mot  vient  de  canal  ,  canalis  ,  parce  que 
la  cannelure  eft  en  effet  un  petit  canal.  De-là  vient 
qu'on  trouve  dans  la  bafle  latinité  canalatus  » 
pour  dire  canclé.  Il  s'enfuir  de-là ,  fi  l'étymologie 
n'eft  point  faufle ,  qu'il  ne  faudroit  point  l'écrire 
par  deux  «72,  comme  fait  l'Académie.  Du  refte , 
on  n'en  prononce  qu'une  en  parlant. 
CANNEQITIN.  f.  m.  Toile  de  coton  blanche.  On 

l'apporte  des  Indes. 
CANNER.  V,  a.  Dans  les  lieux  où  la  canne  eft  en  ufage 
pour  une  mefure  des  longueurs ,  on  dit  canner  dans 
toutes  les  mêmes  fignifications  qu'flK«er  dans  les 
lieux  où  l'on  fe  fert  de  l'aune. 
CANNES,  Cannce  ,  arum.  Petit  bourg  ou  village  de 
la  Pouille ,  célèbre  par  la  grande  vidoire  qu'An- 
nibal  y  remporta  fur  les  Romains  la  troifième  an- 
née de  la  féconde  guerre  Punique ,  l'an  de  Rome 
558.  Il  ne  refte  plus  que  les  ruines  de  ce  bourg ,  que 
quelques-uns  appellent  vi//e.  Peut-être  qu'il  le  de- 
vint dans  la  fuite.  Tite-Live  n'en  fait  qu'un  bourg. 
Vicus.  ifT  Florus  dit  qu'il  n'étoit  pas  connu  avant 
la  défaite  des  Romains.  Cannœ  &  pallie  i^nohilis 
vicus  ,  fed  magnitudine  cladis  emerfit.  Après  la  ba- 
taille de  Cannes ,  Annibal  envoya  trois  boiflêaux 
d'anneaux  de  Chevaliers  Romains  à  Carthage.  On 
appelle  aujourd'hui  ce  lieu  Cana  defirucla.  Voyez 
Vigencre    fur    Tite-Live  ,  page    1755   ,    au    mot 

ICr  CANNETILLE.  f.  m.  Terme  de  Broderie.  Ceft 
ainfi  qu'on  appelle  de  petites  lames  d'or  ou  d'argent 
tortillées.  Il  y  a  beaucoup  de  cannetille  dans  cette 
broderie.'  Il  s'en  fait  de  ronde  &  de  plate.  Quand 
la  cannetille  eft  plate  &  luifante ,  pour  avoir  été 

Ifeirce    entre    deux    roues   d'aciec  ,    on    l'appelle 
bouillon.  ^       ,       ,       r,    ■ 

CANNETTE.  f.  f.  On  appelle  ainfî ,  chez  les  fabri- 
cans  Gaziers,  &  dans  les  Manufadures  en  foie, 
un  petit  morceau  de  rofeau  ,  fur  lequel  eft  dévi- 
dée la  foie  de  la  trame  dont  on  fait  la  gaze. 


I 


I 


C  AN 

CANNETTES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Blafoii.  ^eyc^ 
Canette, 

|lCr  Canette.  Petite  ville  de  l'Amérique  méridionale  , 
au  Péroii ,  dans  la  vallée  de  Guarco  ,  à  vingt-cinq 
lieues  de  Lima. 

CANNEVETTE.  f.  f.  C'eft  une  efpèce  de  mefure  dont 
on  le  iert  en  Hollande  pour  mettre  de  la  liqueur. 
La  cannevutte  efl:  de  toutes  Ibrtes  de  continences , 
comme  le  font  nos  barils  en  France  ;  mais  les  plus 
grandes  font  ordinairement  de    ii  ou  15   flacons, 

CANNL  r.  m.  El'pèce  de  poiiîbn  que  l'on  tait  frire 
ordinairement.  Oribafo ,  Med.  Cuil.  Lib.  Il,  cap. 
^3,  en  condamne  l'uftge,  parce  qu'il  cft  ennemi 
de  l'eftomac  &  l'ujct  à  le  corrompre. 

CANNIBALES.  C'eft  le  nom  des  peuples  qui  liabi- 
toient  les  îles  Antilles  ,  mais  qui  n'en  poilcdcnt 
plus  que  quelques-unes.  On  les  appelle  encore  au- 
trement Caraïbes.  On  leur  donne  encore  ce  nom  , 
parce  que  ces  peuples  étoient  li  carnadîers,  qu'ils  dc- 
voroient  les  ennemis  morts  fur  le  champ  de  bataille. 
Ils  mangeoient  aulli  les  prifonniers  qu'ils  faifoicnt  à 
la  guerre,  après  les  avoir  fait  jeûner  quelque  temps. 
Ces  peuples  font  aujourd'hui  plus  doux  &  plus 
civiliics  par  la  fréquentation  des  François  ,  des 
Anglois  &:  des  Hollandois  ,  qui  poflcdcnt  la  plus 
grande  partie  des  îles  Antilles.  On  donne  encore 
le  nom  de  Cannibale  fiççurément  à  ces  grands  man- 
geurs  de  viande  qui  avaleroient  leuls  ce  qui  liit- 
firoit  à  vingt  autres. 

fer  CANNULE.  Inftrument'  de  Chirurgie.  Voyei^ 
Canule. 

go-  CANO ,  CANUM  ou  ALKANUM.  Royaume 
d'Afrique ,  dans  la  Nigritie ,  à  la  fource  d'une  rivière 
qui  vient  tomber  dans  le  Niger.  La  capitale  qui 
ell  au  milieu  des  terres  porte  le  même  nom.  Ce 
pays  elt  peu  connu. 

CANOBIN.  f,  m.  Nom  du  principal  monaftère  des 
Moines  Maronites.  Canobiniim.  Canobïn  eft  fituc 
dans  un  aifrcux  défcrt.  Il  y  a  environ  15  ou  50 
Religieux.  Le  Monaftère  de  Canobin  eft  la  demeure 
du  Patriarche  des  Maronites ,  qui  eft  religieux  lui- 
même. 

Canobin  eft  un  mot  arabe  ,  qui  lignifie  Monaf- 
tère. Les  Maronites  l'ont  donné  à  celui-ci  par  excel- 
lence, parce  que  c'eft  le  principal  6c  le  plus  conlî- 
dérable  des  monaftères  du  Mont-Liban.  Tous  les 
Voyageurs  le  nomment  ainfi. 

%fT  CÀNOBIO.  Bourg  avec  château  (  dont  les  Vo- 
cabuliftes  fcnt  une  petite  ville  )  au  Duché  de  Mi- 
lan ,  fur  le  lac  Majeur  ,  aux  frontières  de  la  Suilfc. 

CANOBUS.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  le  nom  d'une 
étoile  qui  eft  dans  le  navire  Argo. 

GANOE.  Vqyei  Canot. 

CANOI.  f  ni.  Panier  que  portent  les  Pêcheurs  de 
l'Amérique,  lorfqu'ils  vont  à  cinq  ou  lix  lieues  du  ri- 
vage pêcher  des  huitres  &  des  coquillages. 

CANOLE  ,  fe  dit  à  Limoges  d'un  petit  pain  qui 
fe  fait  avec  la  plus  pure  farine ,  &  des  jaunes  d'œuf. 
Panis  ex  Jimil.i  &  ovorum  viteUis.  Les  canoles  fe 
iTiangent  au  déjeuné. 

CANÔLES.  Voyei  Marcottes.  C'eft  la  même  chofe, 

félon  La  Quintinie. 
^  CANON,  f.  m.  Ce  mot  fe  dit  en  françois  de  plu- 
fîcurs  choies  qui  n'ont  prefque  aucun  rapport  les 
unes  avec  les  autres.    Il  lignifie  non-feulement  une 
loi,  une  règle  ,  mais  encore  un  catalogue  ,  une  table  , 
&c.  comme  on  le  verra  par  les  articles  fuivans. 
fer  Canon  ,   fe  dit  par  excellence  des  paroles  fe- 
crètes  de  la  Mefle  depuis  la  préface  jufqu'au  Pa- 
ter -,  (  ou  jufqu'à  la  prière  qu'accompagne  la  der- 
nière ablution  ,  félon  quelques-uns)  au  milieu  def- 
quelles  le  prêtre  fait  la  confécration.  Arcana  di- 
'vinifacrificii ,  Canon  Mijfa.  Le  fentiment  commun 
eft  que    le   Canon  commence  à  ces  paroles  ,    Te 
igitiir  ,  dcc.  Le    peuple  doit  fe  mettre  à  genoux 
pendant  le  Canon  de  la  MelTe.  Du  Cange  dit  qu'il  a 
été  ainfi  nommé  ,    quia  in   eo  eft  légitima  facra- 
menti  confeclio.  C'eft  la  raifon  qu'en  apporte  Stra- 
bus ,  parce  qu'il  contient  les  règles  qu'il  faut  ob- 


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^ï^-' 


ferver  pour  offirir  le  facrifice.  Le  Canon  de  la  ?,lcr.è 
eft  trcs-ancien.  Saint  Ambroile  en  parle  ,  &  l'ap- 
pelle Canon  comme  nous  -.  il  eft  preique  tout  en- 
tier ,  comme  on  le  dit  aujourd'hui ,  dans  la  litur- 
gie de  faint  Ambroile  \  &  du  temps  de  faint  Gré- 
goire le  Grand  ,  il  étoit  tel  que  nous  l'avons  :  le 
vénérable  Bède  en  parle  \  Alcuin  l'a  expliqué.  Quel- 
ques-uns difcnt,  que  faint  Jérôme,  par  l'ordre  dtl 
Pape  S.  Damalé ,  l'a  mis  dans  la  forme  où  nous 
l'avons  :  d'autres  l'attribuent  au  Pape  Sirice ,  qui 
vivoit  fur  la  fin  du  IV  fiècle  :  il  cft  fur  qu'il  cil 
très-ancien  ,  ce  qui  le  prouve  parce  que  de  tous 
les  Saints  qui  y  font  nommés ,  il  n'y  en  a  aucun 
qui  ne  foit  martyr  ,  &  qui  n'ait  Ibufiert  avant  que 
l'Eglife  ait  été  en  paix  fous  le  règne  de  Conftan- 
tin.  Le  Concile  de  Trente  dit  que  le  Canon  de  la 
Melle  a  été  drcifé  par  l'Eglife,  &  qu'il  cft  com- 
pofé  des  paroles  de  Jésus- Christ  ,  de  celles  des 
Apôtres  &  des  premiers  Pontifes  qui  ont  gouverné 
l'Eglife.  Tous  ceux  qui  ont  traité  de  la  Liturgie  ont 
parlé  du  Canon.  On  appelle  quelquefois  le  Ccinon  , 
aciion  ,  quclquefoi-i  on  l'appelle  Secrète,  parce  qu'on 
doit  le  réciter  à  voix  balte ,  fans  fe  faire  entendre 
des  alTiftans. 

Quelques-uns  croient  que  le  Canon  ne  finit  qu'à 
ces  paroles  :  Ccrpiis  tiiuni ,  Domine  ,  &:c.  Il  ne  1;- 
niroit  donc  qu'à  la  féconde  ablution.  Cependant 
Gavantus  , /Jrtrr.  /,  tU.XÎU,à'\t:ExpletoCanonc-, 
ex  aliis  omnibus  uf]ue  ad  communionem  ,  eâ  veraUA 
dicitur  Communia.  Ce  qui  montre  qu'entre  la  priera 
appelée  communia  ,  qui  fe  dit  immédiatement  après 
la  féconde  ablution,  pendant  laquelle  fe  dit  Cor/'Ki- 
tuum  ,  Domine ,  entre  la  communion  ,  dis  je ,  &C 
le  Canon ,  il  y  a  plufieurs  choies  ,  Se  par  conlc- 
quent  il  finit  long- temps  avant  la  féconde  ablution 
&c  au  Pater ,  comme  on  l'a  dit.  Une  remirqus 
bien  meilleure  eft  ,  qu'il  eft  exprelfément  défendu  , 
même  par  le  Concile  de  Trente  ,  de  réciter  le 
Canon  à  voix  haute.  Voye^  fur  cela  les  Ouvrages 
de  M.  Languet ,  Atchevêque  de  Sens ,  contre  le 
nouveau  Milfel  de  Troyes. 

Canon.  Se  dit  aulfi  d'un  tableau ,  ou  carton  qui  fe 
met  au  milieu  de  l'autel  devant  le  Prêtre ,  &  qui 
contient  le  Gloria  in  exceljis ,  le  Credo  ,  les  Obla- 
tions  du  pain  &  du  vin ,  les  paroles  de  la  confé- 
cration &  autres  prières  que  le  Prêtre  récite  en 
célébrant.  Un  Canon  en  broderie  ,  ou  enluminé , 
un  Canon  de  cuivre  ,  d'argent. 

Canon.  Se  dit  généralement  des  Loix  &  des  régies 
de  la  difcipline  Ecclélîaftique  ,  &  des  Décrets  des 
Conciles.  Sacri  Conciliorum  Canones  ,  fa:rorum 
Conciliorum  Décréta.  C'eft  une  décifion  fur  lc>  ma- 
tières de  la  Religion,  ou  un  règlement  d:'Poiicî 
&  de  Difcipline  Eccléfiaftique  ,  fait  par  un  Concile 
général  ,  ou  national ,  ou  provincial.  Canon.  Les 
Canons  des  Conciles  de  Nicée  ,  de  Latran  ,  de 
Trente,  &c.  Quelques-uns  doutent  de  la  vérité  des 
Canons  des  Apôtres  ,  que  l'on  attribue  d'ordinaire 
.1  faint  Clément.  Baronius ,  Beilarmin  ,  Turrien  , 
&.  quelques  Auteurs  ,  croient  véritablement  qu'ils 
font  des  Apôtres.  Hincmar  &  M.  de  Marca,  croient 
qu'ils  font  du  IP  &  IIP  fiècle,  drellés  par  des  Eve- 
qaes  Difciples  des  Apôtres,  Beveregius  eft  aulfi  de 
ce  fentiment.  Daillé  a  Ibutenu  qu'ils  avoient  été 
frbriqués  par  quelque  Hérétique  dans  le  V^  fiècle. 
Il  'eft  certain  qu'il  y  en  a  eu  des  Recueils  fiits  en 
dii^Icrens  fiècles.  Denys  le  Petit  ,  au  V  fiècle  en 
fit  une  plus  ample  Colledion  ,  &  après  lui  Fer- 
randus ,  Crefconius ,  Ifidorus  Mcrcator.  L'Eglife 
Grecque  compte  85  Canons  Apoftoliques  ,  &  l'E- 
glife Latine  en  reçoit  50  feulement.  Selon  UjTcrius, 
la  première  colleélion  des  Gj/zo/jj  de  l'Egli le  Grec- 
que ,  contenoit  feulement  ceux  du  I  Concile  de 
Conftantinople  ,  qui  ne  s'y  trouve  point.  Il  n'y  avoic 
en  tout  que  1 6\  Canons.  C'eft  Denys  le  Petit ,  qui  y 
a'outa  les  Canons  des  autres  Conciles  Généraux, 
Il  mit  à  la  tête  to  Canons  des  Apôtres,  qu'il  tra- 
duifit  en  Latin.  Il  finit  les  Canons  Gtccs  par  le 
Concile  de  Chalcédoine.  Il  y  joignit  encote  ceux 


1  lïj 


C  A  N 


du  Concile  Je  Sardiqiie ',  &  ce\^  des  Cortcîles  d'A^ 
frique  qui  n'avoienc  point  encore  ctc  inlcLxs  dans 
le  corps  des  Canons.  Les  Proteftans    loupcjonncnt 
que  ces  Canons  du  Concile  de    Sardique   onr  été 
Jai^riqucs  po.;i:  augmenter  l'autontc  du  Pape.  D'au- 
tros   tiennent  que  ceite    première    CoilccUon  des 
Canons  a  été  laite  en   s 85  ,  &  que  le   Concile  de 
Conftahtinople  ,  afiemblé  fous  le  Grand  Théûdoie 
en  581  ,  en  fait  partie,  6c  n'y  a  point  été  a.'oiicé 
depuis.  On  compte  quatre  principales  compilations 
des  Canons  de  i'Eglilé  d'Clrient ,  la  dernière  ctanr 
toniours  plus  ample  que  celle  qui  la  précède.  La 
•quatrième  contient  quelques    Canons  du  il   Con- 
cile iîéncral  de  Nicée ,  6c  c'eft  fur  celle-là  que  Balla- 
mon'&  Zonoras  ont  £iit  des  Commentaires. 
Caxon.  (  Droit.  )  Jus  Canonicum.  Jus  Poruificium. 
Dans  les  Gaules,  ôc  fous  la  première  rare  des  Rois, 
on  lliivoit  le  Code  des  Canons  de  l'Egliié  Univer- 
felle ,  qui  étoient  ceux  de  l'Etoile  Grecque.  On  y 
ajouta  ceux  des  Conciles  d'Ephclé ,  6c  de  Chalcé- 
-doine  ,  &c.  mais  ce  Code  ne  lé  trouve  plus.  De- 
puis ,  l'EiTlire  Romaine  lé  fervit  d'un  Code  des  Ca- 
rions,  compoic  en  510,  6c  traduit  par  Denys_  le 
Petit.  Les  Décrétales  des  Papes  depuis  Since  )u!- 
qu'a  Anaflafe  ,  groHifloienr  ce  recueil.  C'eft  en  quoi 
coni'.lloit  l'ancien   Droit  Canonique  julqu'au  on- 
zième fiècle.   On  l'obfervoit   par-tout   l'Occident , 
avec  les  Capitulaires  de  Charlemagne  ;  &c  l'on  n'avoit 
aucLuv  én;ard  à  ce  qui  n'y  croit  pas  compris.  C'eft 
fur  ce  fondement  qu'on  ibutient   en  France ,  que 
les  libertés   de    l'Eglife    Gallicane   confiftent  .1  ne 
pas  recevoir  tout  ce  qui  s'eft  introduit  dans  la  Ju- 
rifprudence  Canonique  depuis  cette  ancienne  com- 
pifation  ,  Se  à   rejeter    les   Décrétales    des  Papes , 
avant  le  Pape  Sirice ,  comme  faulfes  &  fuppofées. 
Mais -le  Droit  Canonique  fut  beaucoup  altéré  de- 
puis la  fin  du  VIÏI=  fiècle  jufqu'à  la  fin  du  XI^  fiècle. 
On  y  confondit  les  Décrétales ,  depuis  S.  Clément 
juiqu'à  Sirice  ,  qui  jufques-là  avoienc  été  inconnues. 
Enrin ,  la  confuiion  qu'apportoient  les   diifcrcnres 
colleélions   fit    penfer  à  rédiger  &  à  ramaifer  un 
nouveau  corps  de  Droit  Canon.  C'eft  donc  aujour- 
d'hui un  recueil  intitulé  :  La  Concordance  des  Ca- 
nons diÇcordans  ,  qui  a  été  fait  en  1 1 5 1  ,  par  Gra- 
titn,  Moine  Bénédidin ,  des   textes  tic  la  Bible, 
des   Conciles  8-:  des  fentimens  des  SS.  Pcrcs  ,  liir 
chaque  matière  -,  &c   non  point  par  l'ordre  des  temps 
&  des  Conciles, comme  la  plupart  avoient  fait  avant 
lui.  Cette  compilation   fit    que  les   anciennes   de- 
meurèrent tout  d'un  coup  abolies.  Elle  cft  divifée 
en  iioi%  parties.  La  première  en  io3  diftinCl:ions  : 
k  féconde  en  5<î  caufes  ,  &c  la  ttoilîème  en  cinq 
diftinilions.  La  féconde  patrie  du  Droit  Canonique 
eft  compoiée  des  Décrétales  des  Papes  depuis  1 1 50 , 
jufqu'à   Grégoire  IX  en   1129.  En  1297,   le  Pape 
Boniface  VIII  continua  les  Décrétales   des    Papes 
julc]iu'à  l'on  temps.  Mais   cette  dernière  partie  n'a 
pas    beaucoup   d'autorité  en  France ,  à   caufe    des 
différens  de  Boniface  VIÎI  ,  avec   le  Roi  Philippe 
le  Bel.  Le  Pape  Jean  XXII  y  joignit  les  Clémentines 
en  cinq  Livres  :  ce  font  les  Conftitutions  de  Clément 
V,  fon  prédtceliéur  :  on  y  a  joint  zo  Conftitutions 
faites  par  le  même  Jean  XXII  ,  qui  Ibnt  appelées 
Extravagantes ,  6c  quelques   autres   Conftitutions 
de  Tes  liiccelléurs.    Toutes    ces   ch-ofes  compofent 
le    Corps  ,   ou  le  Cours  du  Droit   Canon  ,    que 
nous  avons  en  trois  Volumes ,  en    y  comprenant 
les    Commentaires.   C'eft  aujourd'hui  la  Juriipru- 
dence  autorifée  par  le    S.    Siège  ,   6c  de  laquelle 
feule  on  fe  fert  dans  le  for  extérieur  U.  contentieux. 

La  compilation  des  Décrétales  faite  par  Boni- 
face  VIII ,  s'appelle  le  Sexte.  Anciennement  les 
Conftitutions  Eccléfiaftiques  ne  portoient  pas  le  nom 
de  Droit,  parce  qu'il  fembloit  aux  SS.  PP.  que 
ce  nom  avoit  quelque  chofe  qui  relient  ttop  la 
contrainte  ,  qui  ne  convient  point  à  l'Eglife.  Jus  , 
félon  Feftus ,  vient  de  jiifum  ,  commandement  :  6: 
comme  c'eft  le  propre  de  l'Eglilc  de  periliadcr 
plutôt  par   la  douceur  que   de   contraindre  ,  ces 


C  A  N 

Loix  ont  été  appelées  plutôt  des  Canons ,  c'eftà- 
dire  des  rt^g/es ,  que  des  Commandemens.  Cepen- 
dant comme  elle  a  fon  autorité  ,  kquelle  pour 
être  pleine  de  douceur  n'en  cil  pas  moins  puilîante  ; 
dans  la  fuite  on  n'a  pas  fait  difliculté  d'employer 
le  mot  de  Droit,  pour  caradférilér  lés  Loix.  Deilys 
le  Petit  a  commencé ,  ôc  il  a  été  fuivi. 

MM.  de  Port-Royal  fe  font  avifés  de  dire  Droit 
Canoniijue ,  à  caufe  du  Latin  Jus  Canonicum  :  &c 
en  cela  ils  ont  été  fuivis  par  leurs  Sectateurs,  &: 
même  par  leiu-s  adverfaires  ;  mais  je  foutiens  qu'il 
faut  dire  Droit  Canon,  Si  leur  raifon  étoit  reçue, 
il  fj  adroit  auili  dire  un  Canonique  ,  &c  non  pas 
un  Chanoine.  Si  l'on  vouloir  reformer  notre  langue 
fur  le  Latin  du  fiècle  d'Augufte ,  il  faudroit  la  re- 
faire toute  entière ,  6c  dire  par  exemple  ,  «vec  l'é- 
colier Limoulin  ,  l'a/me  ,  inclyte  ,  &  ctUhre  Aca- 
dcmie ,  que  l'on  vocite  Lutéce.  Ménage.  Mais  contre 
l'autorité  de  M.  Ménage  ,  on  trouve  fouvent  Droie 
Canonique  dans  les  meilleurs  Auteurs.  M.  Du  Bois 
a  fait  deux  Volumes  qu'il  a  intitulés  :  Maximes  du 
Droit  Canonique. 

Canon  de  la  paix    &;    de    la   trêve.    C'eft    dans 
l'Fiiftoire  Eccléfiaftiquc  un  Canon  fait  6c  renouvelle 
par  pluHeurs  Conciles  ,  depuis  le  X=  fiècle,  pour 
abolir  les  défordrcs  que  caufoient  les  guerres,  que  ' 
les  Seigneurs  avoient  coutume  de  fe  faire  entr'eux 
pour  leurs  querelles  particulières. 
Canons    Arabiques.   Terme    d'hiftoire    Eccléfiafti- 
quc. Canons  que  l'on  a  attribués  au  premier  Con- 
cile de  Nicée.  Canones  Aralici.  Le  refpecf  qu'on 
a  eu  pour  ce  grand  Concile  a  fait  paffer  fous  fon 
nom  ,  plufieurs  règles  qu'il  n'avoit  pas  faites ,  & 
les  Chrétiens  des  derniers  fiècles  lui  ont   attribué 
toute    l'ancienne    difcipline    de   l'Eglilc.    C'eft    ce 
qu'on  appelle  les   Canons   Arabiques   du  Concile 
de  Nicée.  Fleury.  Les  Canons  Arabiques  [t  trou- 
vent dans  les  Collcéfions  des  Conciles. 
§3"  Canons   des   Apôtres.  Colleâion  des  Canons , 
ou  Loix  Eccléfiaftiques,  qui  paroît  avoir  été  taite 
en    Orient  dans  le  troilième  .fiècle.    Les    Grecs, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit  ,   ont   quatre- vingt 
cinq  Canons  fous  ce  titre  :  les  Latins  n'en  ont  que 
cinquante  -,  les  trente-cinq  derniers   des   Grecs  ne 
font  pas  conformes  à  la  Difcipline  de  l'Eglife  La- 
tine. Comme  tout  le  monde   ne  convient   pas  de 
l'authenticité  de  ces  Canons,  quoiqu'en  général  ils 
foienr  fort  anciens ,  nous  joindrons  ici  les  remarques 
6c  les  obfervations  rapportées  par  Morcry ,  d'après 
lefquellcs  on  verra  quelle   autorité    doivent   avoir 
ces   Canons.   L'antiquité    de    ces   Canons  les  rend 
rcfpedables.  Ils  font   cités   dans  les    Conciles   de 
Nicée ,  d'Antioche  &c  de  Conftantinaaje.  Jean  d'An- 
tJoche  ,  qui  vivoit  du  temps  de   Jiminicn  ,  les  a 
inférés  dans  fa  CoUeclion  des   Canons  :  Juftinien 
lui-même  les  a  cités  dans  fa  fixicme  Novelle  ,  6c 
ils  furent  approuvés    dans  le    Concile  in    Trullo. 
On   n'eut  pas  moins  de  refpeef  en  Occident  pour 
les  -cinquante  premiers  Canons.  Denys  le    Petit, 
les  mit    à    la    tête    de    fa  CoUeéfion  ,  vers  l'an- 
née 500.  Le  Pape  Jean  II,  les  mit  au  nombre  de 
ceux  qu'il    envoya  en    551  ou  555,  aux  Evêques 
de  la  province  d'Arles ,  pour  Terminer  l'affaire  de 
Contumeliofus ,  Evêque  de  Riez.  En  5775  les  Evê- 
ques  de  France  s'en  fervirent  dans  l'affaire  de  Pré- 
textât ,  6c  à  la  fin  du  VIP  fiècle.   Crefconius  les 
mit   dans  fa  CoUeélion. 

Il  y  a  eu  quelque  difficulté,  tant  fur  le  nombre, 
que  fur  l'autorité  de  ces  Canons.  Les  Grecs  en 
comptent  communément  85:  les  Latins  n'en  ont 
icçu  que  50,  dont  même  plufieurs  ne  font  p^as 
oblérvés.  Les  Grecs  comptent  lesço  premiers^à 
peu  près  comme  nous  :  mais  ils  en  ajoutent  d'autres 
dans  la  pluparr  defquels  il  y  a  des  articles  qui  ne 
font  pas  conformes  à  la  difcipline,  ni  même  à  la 
croyance  de  l'Eglife  Latine  :  Ss.  c'eft  pour  cette 
raifon  qu'elle  rejette  les  55  derniers  Cd/zoraj ,  com- 
me ayant  été  la  plupart  inférés  ou  falfifiés  par  les 
Héiétitiues ,  ou  Schifmatiques.  A  l'égard  de  l'au- 
torité , 


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toritc ,  le  Pape  Gelife  ,  dans  un  Concile  tenu  à 
Rome  l'an  4945  met  le  livre  de  ces  Canons  des 
Apôtres  entre  les  apocryphes  ,  &  cela  après  le  Pape 
Damalc.  Par  cette  railbn ,  liîdorc  les  condamne  auiii 
dans  le  partage  que  Gratien  rapporte  de  lui  dans 
la  XVI'  diftindlion.  Le  Pape  Léon  IX  ,  au  contraire , 
excepte  50  Canons  du  nombre  des  apocryphes. 
Avant  lui ,  Denys  le  Petit  avoit  commencé  fon 
Code  des  Canons  Eccléiîaftiques ,  par  ces  ^o Canons. 
Gratien  dans  la  même  diftinélion  XVI ,  tapporte 
qu'Ilîdore  ayant  changé  de  fentiment ,  en  fe  con- 
trcdifant  foi-même  ,  met  au  -  defîlis  des  Conciles 
ces  Canons  des  Apôtres ,  comme  approuvés  par  la 
plupart  des  Pères ,  &  reçus  entre  les  conltiturions 
Canoniques  ;  &  ajoute  que  le  pape  Adrien  I ,  a 
approuvé  les  Canons  ,  et  recevant  le  VP  Concile 
où  ils  font  inférés  :  mais  on  peut  dire  que  Gratien 
fe  trompe ,  &  qu'il  prend  le  11^  Concile  in  Trullo  , 
que  les  Grecs  appellent  fouvent  le  Vr  Concile , 
pour  le  !<=  Concile  în  Trullo ,  qui  eft  véritablement 
le  VI<:  Concile  (Ecuménique  ou  général 

Quant  à  Ifîdore ,  le  premier  partage  eft  d'Ifidore 
de  Seville ,  &  le  fécond  eft  d'Ifidore  Mercator  ou 
Peccator ,  félon  la  remarque  d'Antoine  Auguftin  , 
Archevêque  de  Tarragone ,  qui  dit  que  pour  con- 
cilier ces  différentes  opinions  ,  il  faut  fuivre  le 
fentiment  de  Léon  IX,  qui  eft  qu'il  y  a  50  Ca- 
nons de  ces  Apôtres ,  qui  ont  été  reçus ,  &  que 
les  autres  n'ont  aucune  autorité  dans  l'E^life  Oc- 
cideniale.  Il  eft  certain  que  ces  Canons  ne  font 
point  des  Apôtres;  mais  ils  paroiflent  fort  anciens, 
&  ont  été  cités  par  les  anciens ,  fous  le  nom  de 
Canons  anciens ,  Canons  des  Pères ,  Canons  Ec- 
clé/îaftiques.  S'ils  font  quelquefois  appelés  &  inti- 
tulés Canons  Apojloliqiies ,  ce  n'eft  pas  à  dire  pour 
cela  qu'ils'  foienc  des  Apôtres  :  mais  il  fuffit  qu'il 
y  en  ait  quelques-uns  qui  aient  été  faits  par  des 
Evêques  qui  vivoient  peu  de  temps  après  les  Apô- 
tres ,  &  que  l'on  appeloit  hommes  apoftoliques. 
L'Auteur  des  Conftitutioris  Apoftoliques  ,  eft  le 
premier  qui  attribue  ces  Canons  aux  Apôtres.  Ils 
contiennent  des  réglemens  qui  conviennent  à  la 
difcipline  du  fécond  &  du  troifième  fiècle  de  l'E- 
glife.  On  ne  fait  pas  en  quel  temps  cette  collec- 
tion a  été  faite.  Il  fe  peut  faire  que  ce  foit  en 
différens  temps  :  non-lêulement  les  jo  premiers , 
mais  les  55;  derniers  font  forr  anciens.  On  a  vu  le 
fort  qu'ils  ont  éprouvé  dans  les  difFérens  temps. 
Depuis  Ifidore  ,  qui  mit  les  jo  premiers  dans  fa 
Colleélion  ,  ils  ont  toujours  fait  partie  du  Droir 
Canon. 

CANONS  PÉNITENCIAUX.  En  terme  d'Hiftoire 
&  d'antiquité  eccléiiaftique ,  ce  font  d'anciens  ré- 
glemens ,  faits  dans  le  Concile  de  Carthage  ,  où 
Féliciflime  fut  condamné.  Canones  pcznitenùales. 
Ces  Canons  règlent  la  conduite  des  Evêques ,  à 
l'égard  des  pécheurs  pénitens  ,  fuivant  les  diiférens 
dégrés  des  péchés.  Le  Décrer  du  premier  Concile 
de  S.  Cyprien  fut  rédigé  en  plurteurs  articles  ou 
C<ï;2o;zj  ,  qiie  l'on  1  appelés  depuis  les  Canons  péni- 
tenciaux.  Fleury. 

Canon    eft  aurti  un   Catalogue  des    Livres    Sacrés. 
Sacrorum   Lihrorum  Index.  Un  tel   livre  eft  apo- 
cryphe ,  il  n'eft  pas  dans  le  Canon.  Le  Canon ,  ou 
le  Catalogue  des  Livres  du  vieux  Teftament  a  été 
fait  pat  les  Juifs.  On  l'attribue  à  Efdras;  l'ancienne 
Eglife  a  fuivi  le  Canon  des  Juifs  ,  qui ,  félon  S.  Jé- 
rôme ,   ne  contenoit   que   zz  livres.  Du  Pin.  Le 
dernier  Canon  des  Livres  faints  ,  eft  celui  qu'a  fait 
le  Concile  de  Trente  ;  il  comprend  tous  les  livres 
qui  fe  trouvent  dans  les  Bibles  imprimées  dans  les 
Royaumes  Catholiques  depuis  ce  Concile.  On  doit , 
fous  peine  d'anathême  ,  recevoir  comme  livres  fa- 
crés  ,  comme  écriture  divine  ,  tous  les  livres  que 
contient  ce  Canon  ;  &  c'eft  être  hérérique  que  de 
rejeter  quelque  chofe  de  ce  que  contiertt  ce  Canon. 
Ce  Canon  du  Concile  de  Trente  eft   tout  fembla- 
ble  à  celui  du  Concile  d'Hyppone  ,  tenu  en  59^, 
&  à  celui  du  Concile  IIP  de  Carthage ,  qui  étoit 
Tome  IL 


de  quarante-fept  Evêques ,  du  iîombté  defqiiels  éfoit 
Saint  Auguftin ,  &  qui  difcnt  qu'ils  ont  reçu  ce 
C:tnon  de  leurs  Pères.  Il  eft  aurti  fembiableà  celuii 
d'Innocent  I ,  dans  fa  Lettre  à  Exupere. 

Les  Canons  des  Evangiles  ibnt  une  efpèce  de 
concordance  faite  par  Éiuebe  de  Céfarée  ,  dont 
parle  S.  Jérôme ,  &  que  l'on  voit  fouvent  à  la  tête 
des  maiiufcrits  du  Nouveau  Teftament  &  en  quel- 
ques éditions. 

Quelques  Religieux  appellent  Canon  le  livre  qui 
contient  leurs  règles ,  leurs  conftitutions,  6'c. 

On  appelle  encore  Canon  ,  le  catalogue  des  Saints 
reconnus,  6:  canonifés  dans  l'Eglife.  Album  SS.  quos 
agnofcLt  Ecclejïa. 
Canon  Pafckal.  Table  des  Fêtes  mobiles ,  table  où 
l'on  marquoit  pour  une  ou  plulieuis  années  le  jour 
auquel  tomboit  la  fête  de  Pique  ,  &  les  autixs 
fêtes  qui  dépendent  du  jour  de  PàqUe.  Canon  Paf- 
chalis.  Le  Concile  de  Nicée  ayant  fixé  la  Pâqué 
au  Dimanche  qui  fuivfoit  immédiatement  la  pleine 
lune  la  plus  proche  de  l'Equinoxe  du  printemps  ^ 
pour  trouver  plus  aifément  le  premier  jour  de  la 
lune,  &  enfuite  le  14c,  le  Concile  ordonna  que 
l'on  fe  ferviroit  de  l'ennéadécaétéride  ou  cycle 
de  19  ans  ,  parce  qu'au  bout  de  ce  terme  les  nou- 
velles lunes  reviennent  à  peu  près  aux  mêmes  points 
de  l'année  folaire.  On  croit  que  le  Concile  chargea 
de  ce  calcul  Eufèbe  de  Céfarée  ,  &  il  eft  certain 
qu'il  â  compofé  un  canon  paf chai  de  dix-neuf  ans. 

En  termes  de  Palais ,  on  appelle  Canon  emphy-^ 
téotique ,  le    revenu    annuel  que  doit  celui  qui  a 
pris  un  héritage  à  bail  emphytéotique  ,  c'eft-à-dire , 
pour  cent  ans.    Vecligal  anniium  ex  fun.io  emphy- 
teutico.    Les  emphytéotes ,  qui  doivent    le   Canon 
emphytéotique,  ont  feulement  la  propriété  emphy- 
téotique du  fief,  &'de  la  chofe  donnée  à  cens  ou  à 
emphytéofe  . . .  Inftitution  au  Droit  Fr.  La  rente  ou 
redevance  que   l'emphytéote   paye  au   bailleur  en 
reconnoirtance  de  la  Seigneurie  direéle  qu'il  s'eft  ré- 
fervée  ,  s'appelle  penlîon  ou  Canon  emphytéotique,' 
Uid. 
Canon  ,  en  termes  de  Guerre  ,  eft  une  pièce   d'Ar- 
tillerie ,  ou  arme  à  feu,  faite  de  fer,  ou  de  fonte, 
Torrnentum  bcUicum  «neiim,  Elle  eft  de  figure  cy- 
lindrique,  &  creufe  pat   le  milieu.  On  la  charge 
de  poudre  &  de  boulets  ,  ou  de   cartouches.  Un 
gros  Canon  ordinaire  ,  eft  long  d'environ  dix  pieds. 
Son  noyau  eft  de  neuf  pieds.   Son   aifùt  eft  long 
de  quatorze  ,  &  fon  eflieu  de  fept.  Le  diamètre  de 
fa  bouche  eft   de  fix  pouces  &  deux  lignes  ;  l'évent 
de  la  balle  de  deux  lignes.  Le  diamètre  de  la  balle 
eft  de  fix  pouces ,  &  fon  poids  de  trente-trois  livres 
Un  tiers.  Le  métal  eft  épais  au  collet  de  deus- pou- 
ces ,  &  à  la  culafle  de  fix.  Son  métal  pefe  environ 
5(îoo  livres.  La  charge  eft  de  18  à  20  livres.  Il  tire 
de  point  en  blanc  <îoo  pas ,  &  tire  dix  coups  par 
heure  ,  &  quelquefois  quinze  ,   &   par   jour   izo. 
Son  lit  doit  avoir  quinze  pieds  de  large  ,  &  vingt 
de  long  pour  fon  recul.  Il  faut  vingt  chevaux  pour 
le  menet.  Et  pour  fervir  un  canon  qui  bat  en  tuine, 
dont  le  boulet  eft  de  5 (î  livres,  il  faut  deux  Ca- 
nonriiers,  trois  Chargeurs,  &  50  Pionniers.    Mais 
comme  il  eft  pefant^^Sc  difficile  à  traîner ,  on  l'em- 
ploie le  plus  fouvent  pour  un  afiaut ,  en  le  char- 
geant à  cartouche ,  afin  de  battre  &  de  découvrir 
de  loin  ,  foit  pour  attaquer  quand  on  fait  les  pre- 
mières approches  ,  foit  pour  fe  défendre  en  le  pla- 
çant fur  un  Cavalier.  On  ne  fait  guère  à  préfent 
de  canon  que  de  14  livres,  qui  ont  cinq  pouces 
&  demi  de  calibre  ,  &  dix  pieds  de  long.  Les  ca- 
nons des  vaifleaux   portent   depuis   quatre    juiqu'à 
i,G  livres  de  balle.  L'Amiral   &    le   Vice-Amiral  ^ 
font  tous  montés  fut  quarre  pérîtes  roues  comme 
les  affûts  des  mortiers.  On  dit  que  le  canon  eft  aux 
fabords ,  quand  il  eft  mis  aux  fabords ,  &  qu'il  eft 
prêt  à  tirer.   On  dit  qu'il  eft  démarré  ,   quand   il 
a  rompu  les  cordages  donr  il  étoit  amnriré.  On  dit 
que  le  canon  eft  détapé,  quand  il  eft  débouché,  & 
que  la  tape  eft  hors  du  canon.  On  appelle  canon  ds 

£  e 


2l8 


C  AN 


courJîiT,  un  canon  de  35   à  5  4  livres  de  balle,  qui 
cft  logé  fur  l'avant  de  la  galère-,  pour  tirer  par- 
deillis"  l'cpcron.  La  charge  de  poudre  d'nn  canon  , 
efl  environ  la  moitié  du  poids  de  Ion   boulet.   Il 
faut  rafraîchir  le  canon  après  une  trentaine  de  dé- 
charges ,  avec  deux  pintes  de  vinaigre  qu'on  mêle 
avec  quatre  pintes  d'eau ,  &  qu'on  met  dans  l'ame 
du    canon  ,    après   avoir   bien  bouché  la  lumière. 
Sans  cette  précaution ,  le  canon   fcroit    en  danger 
de   fe    crever ,  ou  de  s'éventer.  Les  pièces    qu'on 
appelle  de  la  nouvelle  invenrion  ,  ou  à  l'Efpagnole , 
ont  une  concavité,  ou  chambre  au  fond  de  l'amc, 
qui  fait  qu'elles  pou/lent  plus  loin  le  boulet ,  & 
avec  moins  de   poudre   que  les  autres  -,  elles  font 
auHi  plus  courtes.  Il  y  a  des  pièces  de  canons  qu'on 
appelle  folles  ,  parce  qu'elles  n'ont  pas  l'ame  bien 
droite  ,  ce  qui  efl;  caufe  que  le  boulet  ne  va  jamais 
droit  où  l'on  vife.  C'eft  la  faute  du  Fondeur.  Il  y 
a  des  pièces  abfolumenr  tortues.  Tous  les   Politi- 
ques de  l'une  &  de  l'autre  Religion  ,  confeilloient 
à  Henri  le    Grand    de  ne   plus   différer  à  fe  faire 
Catholique.  Ils  lui  difoient  que  de  tous  les  canons , 
le  canon  de  la  Mefle  croit  le  meilleur  pour  réduire 
les  villes  de  fon  Royaume  :  ils  le   fupplioient  de 
s'en  vouloir  fervir  ;  &c  à  leurs  prières  ils  ajoutoient 
des  menaces  de  l'abandonner  ,  &  de  fe  retirer  chez 
eux ,  parce  qu'ils  étoient  ennuyés  de  fe  confumer 
à  fon  fervice.  Péréfix.  Un  brave  homme  qui  a  de 
l'expérience  ,  dit  que  le  canon  eft    la   plus  épou- 
vantable machine  que  la  rage  des  hommes  ait  pu 
inventer  pour  s'entre-détruire ,  &z  n'en  va  pas  moins 
droit  où  il  doit  aller.  Bussy. 

Les  canons   des   vaiflcaux   font  montes  fur   des 
affûts  femblables  aux  affûts  des  mortiers  -,  ils  font 
auffi  plus  pefans  de  métal  que  les  canons  dont  on 
fe  fert  fur  terre  parce  qu'on  les  charge  quelquefois 
de  boulets  à  deux  têtes.  Il  y  a  fept  dilférens  cali- 
bres pour  les  canons  des  vaifleaux  de  France ,  favoir , 
36  livres  de  balle,  ou  14 ,  ou  18  ,  ou  iz  ,  ou  8  , 
ou  6  ,  ou  4 ,  quand  les  canons  font  de  fonte  •,  mais 
■    quand  ils  font  de  fer ,  le  calibre  n'eft  que  depuis 
18  livres  de  boulet  jufqu'à  quatre.  Suivant  l'Ordon- 
nance de  i(î89,  il  n'y  a  que  le  vaifîcau  Amiral,  &; 
le  Vice- Amiral ,  ceux  du  premier  rang  ,  &:  ceux  du 
fécond  &  du  troilicme  ,  quand  ils  font  commandés 
par  l'Amiral  ,  Se  le  Vice-Amiral ,  ou  un   Lieute- 
nant Général ,  qui  aient  tous  les  canons  de  fonte 
fans  aucun  mélange  de  canons  de  fer.  Toutes  les 
pièces  de  canons   dont    on  fé   ferr  en  France  fur 
mer  ,  font  ou  renforcées  ,  ou  légitimes ,  ou  moin- 
dres: les  renforcées  font  celles  qui  ont  à  la  culalfe 
plus    d'un   calibre  d'cpailfeur  ;  les    légitimes    font 
celles  qui  ont  trois  parties  égales  de  diamètre-,  les 
moindres  font  celles  qui  n'ont  pas  le  diamètre  de 
l'ame  ,  ou  bien  le  calibre  proportionné  à  i'épaifîeur 
du  métal. 

Il  y  a  dans  l'Artillerie  trois  genres  de  canons  ^ 
■  favoir ,  le  canon  enrier  ,  que  l'on  nomme  canon 
royal  &  canon  de  batterie.  Il  eft  fort  bon  de  looo 
à  1100  pieds  de  diftance.  Les  canons  du  fécond 
genre  fe  peuvent  mêler  avec  les  batteries  ;  mais 
leur  vraie  fin  eft  pour  ruiner  de  loin  les  défenfes, 
battant  de  11  à  1500  pieds  les  Cavaliers  &  para- 
pets ;  &  avec  le  i  &  le  {  de  canon ,  on  défend  la 
fortification  ,  battant  de  loin  les  approches  ,  les 
batteries,  plates-formes  Si  redoutes  de^  l'ennemi. 
Le  troifième  genre  eft  le  plus  propre  pour  les  ba- 
tailles rangées,  c'eft  pourquoi  on  les  appelle  pièces 
de  campagne.  Elles  fonr  très-propres  pour  défendre 
la  fortification ,  &  particulièrement  contre  les  ap- 
proches des  ennemis.  A  ce  troiiième  genre  l'on 
peut  aufTi  rapporter  les  pièces  de  Cavalot.  Foye^ 
Cavalot. 

Le  premier  genre  Ae  canon  tiré  de  800  à  1100 
pieds ,  perce  en  terre  nouvcllemenr  remuée  ou  fa- 
ble repofc,  entre  18  &:  \i  pieds;  en  terre  ferme  , 
grafle  &  raffife,  de  10  .à  14  pieds  -,  en  argile  battue  & 
.ferrée ,  entre  9  &  i  z  pieds  -,  en  terre  à  potier  ou  cou- 
toy  afi^tmie  ôc  féche ,  entre  7  &■  lo  pieds  -,  dans  les 


C  A  N 

rAurailles  crcteufes  ou  de  brique  nouvellement  cuite , 
murailles  de  tuffe  ,  de  tirafîe  de  plârre  ,  de  pierre  de 
ponce ,  la  balle  y  entre  de  4  à  (>  pieds ,  &  le  plus  fou- 
vent  elle  rellbrr  toute  entière  80  ou  100  pieds  en 
arrière.  Dans  les  murailles  de  pierre  de  marbre  bâ- 
tard ou  de  chaux ,  comme  pierres  de  Namur  &  au- 
tres plus  dures ,  comme  carreaux  de  grais  ou  pierres 
fermes  tenant  du  caillou,  ou  bien  jafpe,  la  balle  perce 
entre  5^4  pieds  feulement ,  mais  elle  poudroie  Sc 
concade  la  muraille  environ  la  longueur  de  trois  de 
fcs  diamètres  tout  à  l'entour  au  coup  ;  &  en  telles 
pierres  dures  la  balle  s'éclate ,  fi  ce  n'eft  que  le  fer 
tut  extrêmement  bon  ,  alors  la  balle  s'aplatit  d'ua 
côté  comme  un  pain.  De  la  Fontaine. 

De  toutes  les  différentes  efpèces  de  canons  ,  le 
canon  royal  eft  celui  qui  tient  le  premier  lieu.  Il 
porte  un  boulet  de  48  livres  péfant ,  avec  14  livres 
de  poudre  commune.  Le  canon  de  batterie  porte  5  3 
livres  déballe,  au  plus.  Le  àtvai-canon  ou  coule- 
vrine  porte  14  livres  de  balle  -,  la  bâtarde  porte  16 
livres ,  la  moyenne  24  5  le  faucon  10  livres-,  le  fau- 
conneau 5  liv.  Il  y  a  encore  d'autres  pièces  qui  ne 
font  pas  en  ufage ,  comme  le  dragon ,  le  bafilic ,  la 
firène,  frc.  Idem.  Le  même  Auteur  varie  enfuite  fur 
ces  noms ,  &:dit:  le  gros  canon  entier  ,  48  livres  de 
balle  -,  le  canon  de  batterie,  dit  canon  royal,  3  3  livres 
de  balle  -,  le  à.cm\-canon  24  liv.  de  balle,  la  coulevrine 
de  France  1 8  à  20  livres  de  balle  -,  un  quart  de  canon 
de  II  liv.  déballe-,  I  de  <raK072  6  livies  de  balle -,  i^ 
de  canen  ou  fouconneau  de  France  3  liv.  ,7  de  canon 
ou  robin  de  France  i  livre  ^.  Un   C(z;7o/2' ordinaire 
revient  à  deux  mille  ccus ,  fans  afîiit,&  à  6660  liv. 
avec  l'affût.  M.  Pellisson  ,  Lett,  Hijior. 

L'Abbé  de  Choify  dit  avoir  vu  à  Siam  un  canon 
long  de  52  pieds  &  de  180  de  baie,  qui  porte  de 
but  en  blanc  jufqu'à  fept  lieues. 

Les  premiers  canons  étoient  une  tôle  de  fer,  pilée, 
cerclée  &:  reliée  de  fer, dont  la  forme  conique  s'é- 
vafoit  depuis  laculafie  jufqu'à  la  bouche.  A  la  Chine 
les  canons  étoient  autrefois  de  bois  ,  &:  même  de 
deux  pièces  ,  qu'on  unifToit  avec  des  liens  de  fer. 

Ce  mot  vient  de  Canone  ,  Italien ,  augmentatif 
de  canna ,  à  caufe  que  le  canon  eft  long ,  droit  & 
creux  comme  une  canne.  Ménage. 
Canon  ,  fe  dit  aulfi  de  l'artillerie  en  général.  On  a 
pris  le  canon  &c  le  bagage  des  cnncmis.On  dit  qu'une 
place  ne  s'eft  rendue  qu'à  la  vue  du  canon  ,  qu'elle 
a  attendu  le  canon  ,  qu'elle  a  fouffert  le  canon  ,  fé- 
lon la  réfîftance  qu'elle  a  faite  :  Ce  on  dit  iîgurément, 
quand  une  chofe  eft  difficile  à  obtenir  ,  q-a'on  ne 
l'aura  qu'avec  le  canon.  On  dit  une  lumière  de  ca- 
non. For  amen  per  quod  ignis  à  tergo  immittitur.  Ca- 
non. L'ame  du  canon.  Tormenti  cavum  ,  canalls.X)  11 
canon  renforcé  fur  la  culaffe,  Pojlica  &  extrema. 
tormenti  pars.  L'embrafure  du  canon.  Apertcc  tor- 
mentis  difplodendis  fenejlrœ.  Un  affur  de  canon. 
Lignea  compages  tormentum  fuJUnens.  Pointer  le  ca- 
non. Tormentum  ali^uà  dirigere.  Pionget  le  canon, 
le  tirer  en  bas.  Tormentum  èfuperiori  parte  in  in- 
feriorem  difplodere.  Enclouer ,  démonter  le  canon. 
Tormentum  œneun:  clavo  ohflruere.  Une  volée  de 
Ciinon.  Tormenti  emiffîo.  Le  canon  de  cette  batterie 
étoit  bien  fervi. 

Ifaac  VofTius  dit  que  la  langueur  d'un  canon  ne 
doir  pas  être  de  plus  de  1 5  pieds  ,  &  qu'une  plus 
grande  longueur  empêche  l'effet  du  canon  ,  noa 
pas  à  caufe  que  le  boulet  eft  pouffé  hors  du  ca- 
non ,  avant  que  toute  la  poudre  foit  enflammée  , 
comme  quelques-uns  croient,  mais  parce  que  le  bou- 
let eft  repouffé  en  dedans  du  canon  par  l'air  qui  y 
rentre  avec  impctuofîté,lorfque  la  flamme  eft  éteinte. 
Pendant  les  fiéges  de  Rofe  &  de  Gironne  en  1^94, 
on  entendoit  très-diftiniflement  de  Rieux  le  canon 
qui  fe  tiroir  contre  ces  places  ■■,  en  forte  que  le  Jour 
&  l'heure  qu'on  ceffa  de  l'entendre  ,  fut ,  comme  on 
l'apprit  enfuite ,  celui  qu'elles  fe  rendirent  l'une  8C 
l'autre.  D'où  il  s'enfuit  qu'on  entend  le  canon  de  40 
lieues  loin  ,  au  travers  même  des  montagnes  :  car 
il  y  a  40  lieues  de  Rieux  à  Gironne,  &  les  Pyré- 


C  A  N 

hces  (ont  entre  deux.  Les  ouvertures  de  ces  mori  • 
ragnes  p.ir  où  les  rivières  coulent ,  conicrvent  la 
force  de  l'air.  La  plus  grande  portée  du  canon  eit  , 
lorfqu'ileft  clcvc  de  vingt-cinq  degrés.  Ko^i?{;HAN- 
ZELET  ,  qui  en  a  décrit  toutes  les  portées  de  degré 
en  dégrc  ,  ^  la  manière  d'en  calculer  l'augmenta- 
tion ou  la  diminution,  à  proportion  de  l'on  éléva- 
tion. Le  canon  doit  être  pôle  llir  Ion  affût ,  &  ar- 
rêté avec  des  furbandes  qui  le  ferrent  fur  les  tou- 
rillons. Cet  alfût  a  la  culaife  dentelée  dé  trois .  ou 
quatre  dégrès  nommés  ^roc^^j ,  fur  lefquelles  le  ca- 
nonier  pofe  le  point  de  mire  pour  tirer.  Darcousdit 
avoir  inventé  une  maniète  de  iiifpendre  le  canon 
dans  un  vaiifeau  ,  qui  le  fait  demeurer  dans  fon 
point  de  mire  ,  rlonobftant  l'agitation  de  la  mer, 

CANON  (  la  )  poyDRE  A  ,  cft  Une  compolîtion  faite  de 
ialpctrc  ,  de  ibufrc  t5c  de  charbon  ,  qui  s'ertflâmmc 
&  fe  raréfie  ailcment ,  6c  qui  eft  caule  de  tout  l'ef- 
fet du  canon.  Fulvis  pyriiis.  Polydote  Virgile  dit 
qu'elle  fut  inventée  par  hazard  ;  qu'un  Chimifte 
ayant  de  cette  compolîtion  dans  un  mortier  qu'il 
avoir  couvert  d'une  pierre ,  le  feu  s'y  prit  ,  &  fit 
fauter  en  l'air  la  pierre  avec  une  grande  violence. 
Thevcr  dit  que  c'étoit  un  Moiiie  de  Fribourg,nommé 
Conftantin  Anclitzén.  Mais  Belleforeft  &  d'autres 
meilleurs  Auteurs  ,  difent  que  ce  fut  un  nommé 
Bertolde  Sc/ixi'arty  ou  le  Noir  ,  qui  l'inventa.  Il  en 
fenfeigna  premièrement  l'ulage  aux  Vénitiens  l'an 
1580  ,  en  la  guerre  qu'ils  avoicnt  contie  les  Génois 
en  un  lieu  nommé  ■j.imefo'is  Fojfc-Ciaudienne  ,  S<.  à. 
prefent  Chlogs;ia  ;  &  néanmoins  Pierre  Melfie  dit  en 
drverlcs  leçons ,  que  les  Mores  qui  étoient  alllégés 
en  l'an  1543,  par  Alghonle  XI,  Roi  de  Caftille, 
tiroicnt  certains  mortiers  de  fer  qui  faifoient  un 
bruit  lémblable  au  tonnetre.  Et  Dom  Pèdre  ,  Evc- 
que  de  Léon  ,  en  la  Chronique  du  Roi  Alphonle  , 
qui  conquit  Tolède  ,  dit  qu'en  une  bataille  navale 
qui  fut  donnée  entre  le  Roi  de  Thunis  ,  &  le 
Roi  More  de  Séville ,  il  y  a  plus  de  400  ans, 
ceux  de  Thunis  avoient  certains  ton-neaux  de  fer 
avec  quoi  ils  tiroicnt  forces  tonnerres  de  feu.  Du 
Cange  dit  qu'on  voit  dans  les  Regiftres  de  la  Cham- 
bre des  Comptes  ,  que  l'ulage  en  étoit  en  France  dès 
l'année  1538. 

Larrey  ,  dans  fon  Hijl.  d'Angl. ,  Henri  VIII ,  p. 
345 ,  prétend  que  c'cft  en  Angleterre  qu'on  vit  en 
1535:  les  premiers  canons  de  cuivre,  &  dit  qu'on 
en  attribue  l'invention  à  Jean  Owen.  Il  avoue  néan- 
moins qu'il  en  avoit  paru  quelques-uns  auparavant 
de  même  métal ,  mais  bien  au-delfous  de  la  perfec- 
tion de  ceux  -  ci.  Le  même  Auteur  ,  dans  fa  fé- 
conde partie  ,p.  6^6  ,  dit  qu'en  1 34;^  j  à  la  bataille 
de  Crécy  ,  il  y  avoit  cinq  pièces  de  canon  dans  l'ar- 
mée angloilé  ;  que  ce  fut  la  première  fois  qu'on  s'en 

"^fervit  dans  les  batailles.  Mezeray  rapporte  que  le 
Roi  Edouard  jeta  l'épouvante  dans  l'armée  françoife 
par  cinq  ou  lix  pièces  de  canon  ,  parce  que  c'étoit  la 
premiière  fois  que  l'on  eût  vu  de  ces  foudroyantes 
machines.  Larrey  ajoute  que  quelques-uns  cependant 
en  font  l'ulage  de  quelques  années  plus  ancien  ,  & 
difent  que  l'année  1338  les  François  s'en  étoierit 
fervis  au  liège  de  Puy-Guil!aume  en  Auvergne. 

Les  premiers  canons  on  été  appelés  bombardes  , 
du  mot  latin  bomhus ,  à  caule  de  leur  bruit  éclatant. 
Les  canons  ont  eu  divers  noms ,  diverle% longueurs 
&  divers  calibres.  Les  premiers  canons  ont  été 
appelés  cardinales  ,  mulets ,  bajiliques  ,  riba- 
doqiiins  ,  éinerilloiis  ,  ferpentines  ,  pajfevolans  , 
verteuils  ou  fautereaux  ,  J'acres  ,  coulevrines  , 
barces  ,  fauconneaux  ,  bajîardes  ,  &c.  qui  feront 
expliqués  à  leur  ordre.  Les  plus  ordinaires  &  ré- 
guliers de  fonre  verre  font  les  canons  ou  cour- 
lîers  de  9  à  10  pieds  de  long  ,  calibre  de  Roi  de 
iîx  pouces  de  diamètre  ,&  portent  une  balle  de  53 
livres  un  tiers.  Le  canon  de  fer  coulé  ou  de  fer 
battu  n'a  point  de  régie  ,  &  ne  porte  que  douze 
livres  de  balle  pour  le  plus. 

Canon  ,  fe  dit  auifi  de  la  partie  des  moufquets  ,  fu- 
iils ,  carabines ,  piftolets ,  &  autres  armes  à  feu  où 


fe 

iC 

le 


CA 

;  met  la  charge  de  poudre  &  de  pîomb.  Tubus 
reus  ,  fjhila  œrea.  il  eft  pofé  fur  un  petit  fût  pour 
;  tirer  a  la  main.  Suivant  l'or^rïnmr.,-»   a^    ,/î-o_ 


main.  Suivant  l'ordonnance  de  kîBô 
pour  la  marine  ,  le  canon  des  moufquets  doit  être 
de  trois  pieds  neuf  pouces  de  Igng,  d^un  fer  dou^ 
bien  he ,  &  bien  fondé ,  point  pailkux  ,  ni  caf- 
fant ,  m  braic,  ni  éventé,  bien  foré  au  dedans  ,  & 
limé  au  dehors  :  le  derrière  du  canon  doit  être  à 
pans ,  renforcé  jufqu'au  tiers  ;  &  le  de  vant  doit 
être  rond  &  déchargé  de  fer. 
Ih?  On  appelle  canon  brilc  ,  un  canon  coupé  en  deux 

parties  qui  le  joignent  enlèmble.  Foye^  Brisé. 
|i^  Canon  rAyé  ou  carabiné  ,  eft  celui  en  dedans 
duquel  on  a  tracé  des  lignes  creufes,  des  moulures 
longitudinales  ou  circulaires.  Ils  en  tirent  plus  juftc 
&  portent  plus  \o\n.  Intus  jiriatum. 
Canon.  Tcime  de  Serrurier.  C'cft  la  partie  d'une  clef 
qui  eft  forée ,  &  qui  joilat  l'anneau,   fubulus  cla- 
VIS.   C'eft   auHi  la  partie  de   la  ferrure  ,  dans  la- 
quelle^ entte  le  bout  de  la  tige  de  la  clef,  quand 
ehe  n'eftpas  forée. 
Canon.^  On  appelle  canon  de  foufte  ,  celui  qui  eft 
en  bâton  &  rouleau  tel  qu'on  le  vend. 

On  appelle  c^/zo/zj  de  gouttière,  en  termes  d'Archi- 
tecf  ure ,  des  bouts  de  tuyau  de  cuivre  ou  de  plomb , 
qui  fervenr  à  jeter  les  eaux  de  pluie  au-de-là  d'un 
cheneau&  d'une  cimaife  par  les  gargouilles,  pour  les 
empêcher  de  tomber  au  pied  du  mur  dont  elles  pour- 
roient  endommager  les  fondemens.  Stillicidii  tubus. 
Canon  ,  fe  dit,  en  termes  d'Horloger ,  de  tout  ce  qui 
eft  creuic  intérieurement.  ^  On  adapte  des  canons 
ou  petits^  cylindres ,  percés  de  part  en  part  à  diffé- 
rentes pièces  ou  roues ,  pour  qu'elles  tournent  fur 
des  arbres  ou  tiges  fans  aucun  bercement. 
Canon  ,  eft  auifi  le  tuyau  d'une  plume  ,  &  Ja  partie 

qui  feft  à  écrire,  Pennœ  caulis. 
Canon  ,  le  dit  aulfi  par  les  chaudronniers,  pour  fi^ 
gnirier  une  forte  de  tuyau  qui  entre  dans  le  cotps 
de  l'arrolbir  ,  &  au  bout  duquel  eft  la  pomme  de 
l'atrolbir,  qui  eft  pleine  de  petits  trous  par  où  fort 
l'eau  qui  arrole.  Tubulus.  ^  C'eft  encore  chez  les 
chaudronniers  un  morceau  de  fer  à  tête  laro-e  & 
forée  ,  que  l*on  appuie  fur  la  pièce ,  à  l'endroit  où 
on  la  perce. 
Canon,  Les  toutneurs  appellent  aullî  les  canons  d'un 
atbre  à  tourner  en  ovale,  ou  en  d'autres  figures  irrégu- 
lières ,  deux  cylindres  creux  ,  qui  font  traverfés  par 
la  verge  de  fer  quarrce  qui  joint  la  buelte  au  mandrin. 
Canon  a  dévider  ,  eft  une  manière  de  petit  bâtoil 
tourné  avec  des  rebords ,  qui  prefque  à  fon  extré- 
mité a  un  troii  pour  mettre  là  broche  du  rocher. 
Canon  ,  fe  dit  auffi  d'tm  pot  de  faïance  un  peu  lon<^ 
&  rond ,  où  les  Apothicaires  de  Paris  mettent  les 
éleéluaires  &  les  confeélions.  * 
Canon  ,  fignifie  aulfi  un  petit  tuyau  qu'on  met  au  bout 

des  feringues  pour  donner  des  clyftères. 
Canon  ,  fignifie ,  en  termes  d'Imprimerie  ,  les  plus 
gros  caractères  avec  lefquels  on  imprime,  Craffiores 
characleres.  Il  y  a  le  gros  double  canon  ,  le  gros 
canon,  le  trifmegifîe  ou  canon  approché S>c petit  ca-^ 
non  ,  le  tout  avant  le  gros  parangon,  &  le  gros  ro- 
main. 
Canon.  Chez  les  anciens,  \ts  canons  font  comme  des 
feélions  ou  des  titres  dans  un  ouvrage.  C'eft  ainfî 
que  S.  Hilaire    a  divifé  fon    Commentaire  fur   S, 
Matthieu  en  53  canons.  Ce  mot,  pour  marquer  les 
titres  ou  IbmrnaireS  des  livres  de  la  Bible  ,  fe  trouve 
dans  les  plus  anciens  exemplaires  latins,  C'eft  ce  que 
les  Grecs  appellent  x^'P''^'"^  ■>  chapitres, 
fC?  Canon  ,  en  Géométrie  &  en  Algèbre  ,  fignifie 
une  régie  générale  pour   la  folution  de  plufieurs 
queftions  d'un  même  genre.  On  dit  plus  commu- 
nément aujourd'hui  Méthode  &  formule. 
Canon  ,  en  termes  de  manège  ,  eft  la  partie  de  la  Jambe 
du  tfain  de  devant  du  cheval  ,  comprife  entre  le 
genou  &  le  boulet.  Tibia.  Il  y  a  une  fufée  au  canon 
de  ce  cheval. 
Canon  ,  eft  aulfi  une  partie  d'un  mors,  ou  d'une  em-     / 
bouchure  de  cheval.  Tubulus,  C'eft  une  pièce  de 

E  e  a 


C  AN 


fer  arrondi  qui  entre  dans  la  bouche  du  cheval  , 
6c  qui  la  tient  l'u]cttc.  On  les  tait  de  plulîeurs  fi- 
gures. Elle  eft  ordinairement  de  deux  pièces  ,  iic 
quelquefois  d'une  leule  ,  comme  le  canon  à  trompe. 
Cclî:  un  terme  d'cperonier. 
Canon  ,  en  termes  du  Muliquc ,  efl:  un  nom  qu'on 
donne  à  une  efpèce  de  fugue ,  qu'on  appelle  fugue 
perpétuelle ,  dans  laquelle  les  parties  commençant 
l'une  après  l'autre,  répètent  fans  celle  le  même  chant. 
Foyei  Fugue.  On  appelle  aulli  ca/wn  mujical ,  le 
fommier  foutenant  les  conduits  qui  portent  le  vent 
d'un  tuyau  à  l'autre,  en  un  jeu  d'orgues.  C^«o/2  muji- 
cns.  Ce  mot  vieillit  en  ce  fens ,  &  il  a  été  employé 
par  Vitruve  &  fes  Tradudtcurs. 
0Cr  Dans  l'ancienne  mufique  ,  ce  mot  défignoit  la 
méthode   de  déterminer  les  intervalles  des   not.s. 
Canon,  dans  l'hiftoire  des  Modes,  fignirie  un  demi-bas, 
qui  s'étend  depuis  la  moitié  des  cuiilès  jufqu'à  la 
1    moitié  des  jambes.  Tibialia  iongiora  qua.  femoribus 
afiringuntur.  On  en  portoit  autrefois  avec  des  bot- 
tes. Canons  de  foie.  Canons  de  laine.  Les  tailleurs 
appellent  aufîi  canon  ,  les  deux  tuyaux  des  chauUcs , 
où  l'on  met  les  cuiflès ,  &:  le  haut  des  bas  de  laine  , 
ou  de  foie,  qui  s'élargit  en  forte  qu'on  y  peut  met- 
tre les  cuiilès.  Ainlî  on  dit ,  des  bas  à  canon  ,  des  ca- 
nons qu'on  attache  au  bas  du  haut-de-chaulfe. 
Canon  ,  eft  aulfi  un  ornement  de  toile ,  rond  ,  fort 
large  ,  5:  fouvenr  orné  de  dentelle ,  qu'on  attachoit 
au-delfous  du  genou  ,  qui  pendoit  juiqu'à  la  moitié 
de  la  jambe  pour  la  couvrir ,  ce  qui  ètoit  ,  il  y  a 
quelque  temps,  fort  à  la  mode.  Linea  tihiatapar- 
marum  in  morem   aptata.  C'eft   dont    Molière  fe 
raille. 

De  ces  larges  canons ,  où  comme  en  des  entraves  , 
On  met  tous  les  matins  fes  deux  jambes  efclayes. 

GANONADE  ou  CANONNADE,  f.  f.  Un  coup  de 
canon.  Tormenti  emijjio.  Cet  Officier  a  bien  eilliyé 
des  canonades  en  fa  vie. 
Canonade  ,  fe  dit  auffi  de  la  batterie  continuelle 
d'une  place.  Ce  pan  de  baftion  a  fouffert  une  cano- 
nade de  trois  jours  avant  que  d'être  ruiné.  ^fT  II 
paroît  que  le  mot  de  canonade  ne  peut  lé  dire  que 
de  plulîeurs  coups  de  canon  tirés  à  la  fois  ,  ou  de 
fuite,  &:  non  d'un  coup  de  canon  feul.  Elluyer  une 
canonade  ,  c'eft  efîliyer  plulîeurs  coups  de  canon. 

CANONAGE,  f.  m.  Science  du  canon.  Le  canonage  a 
fes  difficultés ,  comme  les  autres  fcicnces.  Hanzelet 
a  fait  un  traité  de  toutes  les  proportions  des  canons , 
pour  les  longueurs ,  les  embouchures  ,  les  char- 
ges ,  les  métaux  Se  alliages  ,  les  élévations  ,  &c. 
Toute  la  fcience  du  canonage  efl:  expliquée  fort  au 
long  dans  les  Mémoires  d'Artillerie  de  Surirey  de 
S.  Remy.    Voxe^  Canonier. 

CANONARQUE.  f.  m.  Officier  de  l'Eglife  de  Con- 
ftantinople.  Canonarcha.  Codin  en  parle  De  Offic. 
Co72Ji.  L.I,6,n.i,Scc.7,n.  14,  15.  Il  paroît,  par 
ce  qu'il  en  dit ,  que  c'éroit  un  bas  Officier ,  qui  étoit 
au-deflbus  des  Ledleurs. 

Canonarque  ,  étoit  auffi  un  Officier  dans  les  an- 
ciens Monafières.  Canonarchus,  C'éroit  celui  qui 
fonnoit  aux  heures  de  la  collecte  ou  des  allémblces , 
pour  faire  lever  les  Moines  &  les  aflembler.  C'efl 
de  Jean  Mofchus.  Vitœ  Patrum  ,  L.  X-,  c.  1 1  6*  50  , 
que  nous  l'apprenons.  Fo\e^  Rosweid  Onomajl. 

CANONER  ou  CANONNER.  v.  a.  Battre  à  coups 
de  canon.  Glandes  ferreas  tormentis  emittere  ,ja- 
culari.  Ces  deux  Amiraux  fe  font  feulement  canonés 
&  n'ont  rien  fait.  On  a  canoné  cette  place  trois 
jours  durant. 

Canoné  ,  ée  ,  part. 

CANONERIE,  f  f.  canonade.  Rabelais. 

CANONIAL,  ALE  ,  adj.Qui  appartient  au  Chanoine, 
qui  resarde  le  Chanoine.  Canonicus.  C'eft  une  mai- 
fon  canoniale  qui  eft  vacante.'  ^CT  Maifon  canoniale, 
qui  cftaffedée  à  une  place  de  Chanoine.  Office  c^/zo- 
77/<r/,  office  que  les  Chanoines  chantent  dans  l'Eglife. 
On  appelle  Heures  CanoniaUs  les  petites  heures 


C  A  N 


du  Bréviaire  ,  qui  font  Prime , Tierce,  SexteScNone. 
Preces  Canonicx  ,  preces  Jiatis  horis  pro  officia  Sa- 
cerdotibiis  recitandx.  Ce    qui  vient  de  ce  qu'on  a 
appelé   autrefois  canon  l'Office  Eccléiiaftique.  Un 
Chanoine  de  S.  Quentin  a  tait  un  traité  des  Heu- 
res Canoniales, 
CANONICAT.  f.  m.  Prébende,  titre  d'un  bénéfice 
de  Chanoine.  Canonici  munus.  Il  a  obtenu  de  l'E- 
vcque  un  tel  canonicat  en  vertu  des  lettres  du  Roi 
pour   fon  joyeux  avènement  'à  la  couronne.  C'eft 
un  droit  qui  appartient  au  Roi ,  de  nommer  aux 
premiers  canonicats  vacans  par  la  mort   dans  les 
Egliiés  Cathédrales  &c  Collégiales. 
?G""Quoique  les  Canoniftcs  confondent  fouvent  les 
noms  de  cafionicat  &c  de  prébende  ,  il  faut  pourtant 
remarquer  qu'ils'ne  font  pas  ablblument  linonymes. 
Le  mot  canonicat  ne  ligniliant  que  le  titre  ou  la  qua- 
lité fpirituelle  ,  indépendante  du  revenu  tem^^orel  : 
au  lieu  que  le  mot  de  prébende  e{\:le  revenu  temporel 
même.  Avanr  le  Concile  de  Trente,  il  y  avoit  des 
canonicats  fans  prébende  ,  avec  l'cxpedlative  de  la 
première  qui  viendroit  à   vaquer.    Encore  aujour- 
d'hui le  Pape  crée  quelquefois  un  Chanoine  fans 
prébende.  Quand  il  veut  conférer  une  dignité  dans 
une  églife  ,  pour  l'obtention  de  laquelle  il  faut  être 
Chanoine.  Ces  canonicats  s'appellent  canonicats  ad 
effeclum  ,  titre  ftérile  ,  jus  vcntojum.  Voyez  Ciia- 
NoiNiE  ,  Chanoine  ,  Prébende. 
CANONICITÉ.  i.  f.  La  qualité  de  la  doèbrine  d'une 
peribnnc  dont  les  fentimens  font  conformes  à  i'elprit 
de  l'Eglife ,  ou  la  qualité  d'un  Livre  qui  eft  authen- 
tique,  ôc  compris  dans  le  Canon  de    l'Eglife,  au 
nombre  de  ceux  qui  compofent  ce  qu'on  appelle 
l'Ecriture    Sainte.  To  Kavôx/.on,  ou  bien    Canoiiicité ■, 
eft  la  qualité  de  ce  qui  eft  Canonique ,  ou  ,  fclon  les 
Canons ,    conformité    aux  Canons  ,  Canonicitas  , 
Canonicum.  Ils  n'examineront  point  la  cajionicilé 
de  ces  motifs  d'union.  Gueau.  Les  Proteftans  font 
partagés  ùir  la  Canoniciti  de  l'Epirre  aux  Hébreux , 
de  celle  de    S.  Jacques,  de  la  féconde    de  Saint 
Pierre ,  de  la  llconde  ^  troifième  de  S,  Jcafl ,  de  celle 
de  faint  Jude  &  de  l'Apocalypfe.  CAtUET,  Dicl. 
au   mot    Apocalypfe.    Bèze    a    fortement    foutenu 
contre  Lurhcr    l'authenticité    &  la    canonicité  de 
r  Apocalypfe. 
CANONIER  ,  plus   ordinairement    Canonnier.  f.  m. 
Officier  d'Artillerie  qui  a  foin  de  pointer ,  de  char- 
ger, de  tirer  le  canon,  qui  doit  favoir  le  calibre, Si 
les  charges  de  chaque  pièce ,  avec  la  perfedf  ion  des 
gabions ,  &   des  plates-formes   de  batteries.  Tor- 
mentorum  librator.  Sainte  Barbe  eft  la  patrone  des 
Canonicrs.  La  chambre  des  Canoniers  eft  fut  la  poupe 
du  vailfeau  ,  &  s'appelle  Sainte  Barbe. 
03°  Il  y  a  eu  autrefois  des  compagnies  particulières 
de  Canonicrs.  Elles  ont  été  incorporées  dans  Royal- 
Artillerie. 
IJC?  Le  Canonier  doit  connoître    la  force  &  l'e.fet 
de  la  poudre  ,  les  dimenfions  des  pièces  d'Artillerie  , 
les  proportions  de  la  poudre  &:  du  boulet  dont  on 
les  charge,  la  loi  des    projediles ,  la  manière    de 
manier ,  charger  ,    pointer  ,  nettoyer  &  rafraîchir 
le  Canon. 
CANONIERE  ou  plurôt  Canonnière,  f.  f.  Se  dit  d'une 
forte  de  tente  de  toile  pour  repofer  les  Canoniers. 
Tentorium   libratoribus    tormentorum    affignatum, 
C'eft  encore  une  petite  tente  qui  eft  faite  en  forme 
dctoît,  &  qui  n'a  point  de  murailles,  comme  les 
autres  tentes  ordinaires.  Elles  fervent  pour  les  fol- 
dats  &:  pour  tous  les  Officiers  de  la  maifon  du  Roi. 
11   y  a  deux  Officiers  dans    chaque  canoniere ,  ou 
fept  foldats. 
Ç3°  Canoniere  Sc  mieux  Canonnière, Vente  embrafure, 
ouverture  dans  une  muraille  par  laquelle  on  tire  a 
couvert    des     coups    de    moufquet  ,    d'arquebufc. 
Voye^  Embrasure. 
03"  Les  enfans  appellent  auffi  canoniere    un   bâton 
de  fureau  dont  on  a  ôté  la  moelle,  où  ils  mettent 
des  tampons  de  filaflè  ou  de  papier  mâché ,  qu'ils 
chaffsnt  avec   bi;uit  par  ie  moyeii  d'un  bâton  ou 


C  A  N 

jpifton qu'ils  font  entrer  dans  là  Canonière.îh  t'ap"  i 
pellenc  auifi  quelquefois  canon.  Tnhuius  j'ambuceus 
mittenâis  globulis  innoxiis  ,  ou  tubulus  j'atnbiiceus. 

CANONIERES.  En  termes  de  Maçonnerie,  l'on:  les 
ouvertures  qu'on  laiife  dans  les  gros  murs  &  terraf- 
fes,  pour  évacuer  les  eaiix.  FaicjtelLz  aqtus  emit- 
teniis  comparatce, 

CANONIQUE,  adj.  m.  &  f.  Livre  facré  &  authen- 
tique ,  qui  a  autorité  dans  l'Eglilè  ,  comme  taiiant 
une  partie  de  la  Bible.  Légitimas  ,  canonicns.  On  les 
appelle  ainii ,  parce  qu'ils  l'ont  dans  le  Canon  ,  ou 
dans  le  Catalogue  des  Livres  l'acrés.  Quelques  Pcrcs 
dilliinguent  les  Livres  de  la  Bible  en  trois  dalles  : 
les  Protociinonujues  ,  les  Deutdrocanonùjues ,  &  les 
Apocryphes.  Du  Pin.  Le  Livre  de  Judith  eft  un 
Livre  canonique  dans  l'Eglife  Catholique  ;  les  Cil- 
vinifles  le  rejettent  mal-à-propos.  Les  Epîtres  de 
l'aint  Pierre  l'ont  reçues  par  rEgîil'e  pour  canoniques  , 
quoique  faint  Jérôme  dil'e  que  pkilîeurs  de  fon 
temps  tenoient  la  féconde  pour  apocryphe  ,  à  caul'c 
de  la  différence  du  ftyle.  Il  n'appartient  qu'à  l'Eglil'e 
de  déclarer  un  Auteur  ,  ou  un  Livre  Canonique. 

^fT  Le  Canon  des  Livres  du  nouveau  Teftament  n'a 
point  été  dreflc  par  aucune  afîcmblée  de  Chrétiens , 
hi  par  aucun  particuliet.  Il  s'efl:  formé  l'ur  un  con- 
fentement  unanime  de  toutes  les  Eglii'es  ,  qui  avoicnt 
reçu  par  tradition ,  &  reconnu  de  tout  temps  cer- 
tains livres  comme  écrits  par  certains  auteurs  inl'- 
pirésdu  Saint  El'prit,  Prophètes,  Apôtres,  «S-c. Quoi- 
que quclqUesLivres  du  nouvcauTcftament  n'aient  pas 
été  reçus  au  commencement  dans  toutes  les  Eglifes , 
ils  fe  trouvent  tous  dans  les  catalogues  anciens  des 
Livres  facrés ,  fi  on  en  excepte  l'Apocalypfe ,  qui 
n'eft  point  dans  le  Canon  du  Concile  de  Laodicéc , 
mais  que  le  conreritement  urianime  des  Eglii'es  a 
depuis  autorifc. 

Canonique  ,  fe  dir  anifi  de  ce  qui  efl:  fait  félon  les 
Canons  &  IesPv.cgles  de  l'Eglife.  Miriage  canonujiu. 
Doélrine  canonique.  Ce  Prélat  a  roujouts  mené  une 
vie  canonique  \  k%  écrits  ne  contiennent  rien  que 
de  canonique,  La  Commende  d'une  Abbaye  cft  un 
titre  canonique  en  France.  On  appelle  Peines 
canoniques ,  les  peines  que  l'Eglife  peut  impofer  : 
telle^  eft  la  dépofition  j  l'excommunication  ,  des 
aumônes ,  des  jeûnes ,  pu  quelque  autre  pénitence 
corporelle.  Le  Juge  d'Églife  peut  même  condamner 
à  l'amende  honorable  ,  pourvu  qu'elle  fe  falfe  dans 
fon  Prétoire  feulement. 

On  appelle  aulfi  la  Jurifprudencc  Canonique,  \c 
corps  &;  la  fcience  du  Droit  Canon.  Un  cours 
canonique  .  Voyez  Droit  Canon. 

Canonique,  f.  m.  Droit  des  prémices  qui  fe  payoir 
autrefois  à  l'Evêquc  daris  l'Eglife  Grecque ,  elti- 
matioa  des  prémices  que  les  Laïques  dévoient  à 
rEvcqtt.e  chaque  année.  Primitict ,  ]us  primitiarum 
Epifcopo  folvendum.  L'empereur  Iflac  Comnene  fit 
une  Conftitution  pour  régler  le  Canonique  des 
Evêques.  Alexis  Comnene  fon  neveu  la  confirma  par 
une  autre  Conftitution  du  mois  de  Septembre 
1086,  indiélion  9^  Un  village  de  trente  feux  payoit 
pour  \c:  Canonique  une  pièce  d'or,  deux  d'argent, 
un  mouton ,  lix  boiffcaux  d'orge ,  fix  de  farine  ,  fix 
mefures  de  vin ,  &  trente  poules.  Les  autres  payoient 
de  même  à  proportion  du  nombre  de  leUrs  habitans. 

CANONIQUEMENT.  adv.  D'une  manière  canoni- 
que, félon  les  Canons.  Légitima  ,  canonicè.  Ce  ma- 
riage a  été  célébré  canoniquement.  Il  a  été  pourvu 
canoniquement  de  ce  Bénéfice. 

CANONISATION,  f.  f.  Déclaration  du  Pape  ,  par 
laquelle  après  plulieurs  enquêtes  &  folennités ,  il 
met  au  Catalogue  des  Saints  un  homme  qui  a 
mené  une  vie  l'ainte  &  exemplaire,  &  qui  a  fait 
quelques  miracles.  Alicujus  in  numerum  Sanciorum 
Telatio ,  abfcriptio ,  canonifatio.  Du  Cange  dit  que 
d'abord  la  canonifation  n'étoit  aufe  chofe  qu'un 
ordre  du  Pape  par  lequel  il  commandoit  que  le 
nom  de  ceux  qui  s'étoient  fait  remarquer  par  leur 
fainteté  fuflent  inférés  dans  le  Canon  de  la  Méfié. 
Pour  honorer  quelqu'un  d'un  culte  public  comme 


G  À-N 


iit 


Saint ,  les  miracles   iqu'il    fait    ne    fuffifent  pas  >  il 
faut  un  décret  de  cànonifatiom 

Pour  être  pleinement  infiruit  de  là  manière 
dont  on  procède  à  Rome  à  la  béatification  &  à  la 
canonijauon  des  Saints,  de  la  fagefi'e  avec  laquelle 
on  s'y  conduit ,  S<.  des  précautions  infinies,  que  l'on 
y  piend,  il  faut  lire  fur  cette  matière  l'excellent 
ouvrage  du  Cardinal  Lambertini ,  mort  fouverain 
Pontife,  fous  le  nom  de  Benoît  XIV.  I!  efl:  eii 
quatre  volumes  in-fol.  intitulé  De  Beatificatiom 
Servorum  Dei  ,  &  Canoni:^atione  Beatorum, 

Le  P.  Mabillon,  dans  la  Préface  du  V  lîccle  dc^ 
y^cia  SS.  Bened.  n.  88  ,  remarque  très-bien  que  le 
terme  de  canonifation  ft'eft  pas  fi  ancien  que  la 
chofe  même,  puifque  ce  mot  ne  fe  trouve  point 
avant  le  XIP  fiècle.  Le  premier  qiii  s'en  foit  fcrvi 
efi:  Udalric,  ou  Oudry,  Evoque  de  Conltance, 
dans  fa  Lettre  à  Cahxte  II,  pour  la  canonifation 
de  TEvêque  Conrad.  Enlliite  Alexandre  III,  dans 
la  Bulle  de  canonifation  de  S.  Edouard,  Roi  d'An- 
gleterre en  ii(îi,&:  11  ans  après ,  dans  c-lle  de  la 
canonifation  de  S.  Thomas  de  Cantorberi-,  puis 
Pierre  de  Celles  &  plulieurs  autres  s'en  font  auifi 
fer  vis. 

^  Le  P.  Mabillon  diftirigue  une  carionifatipn  gé- 
nérale ,  &c  Une  particulière.  La  première  eft  celle 
qui  fe  faifoit  par  un  Concile  général ,  oii  par  le 
Pape  -,  la  fécondé  celle  qui  fe  faifoit  par  un  Evêque  * 
par  une  Eglife  particulière,  ou  par  un  Concile 
particulier.  Il  y  a  quelques  exemples  de  cdnonifa- 
tions  ,  ou  d'une  efpèce  de  canonifation  ,  qui  l'em- 
blent  faites  par  mi  Abbé.  Ainfi  Ste  Viborade  tuée 
par  les  Barbares  le  2^  jour  de  Mai  915 ,  ayant  fait 
beaucoup  de  miracles  à  fon  tombeau ,  le  jour  de 
raiiriiverfaire  étant  venu,  l'Abbé  Engilbert ,  après 
en  avo'r  délibéré  avec  l'es  Moines,  ordonna  d'en 
faire  l'Office,  &  d'en  dire  la  Melfe  comme  d'une 
Vierge.  Voye?^  le  P.  Mabillon  j/r^/C  5  y^rc.  i  ,72.91, 
M.  l'Abbé  Fleury  ajoute  que  c'étoit  avec  l'autorité 
de  l'Evèque. 

Les  premiers  Saints  que  l'Eglife  à  canonifés  font 
Ic^  Martyrs:  elle  a  coitim;:ncé  plus  tarda  canonifer 
les  Confeifeurs. 

Le  prem.ier  exemple  d'un  A  été  de  canonifation 
fait?  par  le  Pape  ,  &  qui  foit  l'ur ,  eft ,  non  pas  celui 
dc\2.  canonifation  de  S.Hugues  ftite  par  Innocent 
II,  dans  le  XIP  fiècle -,  mais  celui  de  la  canoràfa- 
tion  de  S.  Uldric  ,  ou  Udalrij  Evêque  d'Aulbourg, 
faite  par  le  Pape  Jearw  XV  le  11  Juin,  Tan  985 
de  J.  C.  &  le  il'  de  fon  pontificat.  Cette  canoni- 
jatLon  fut  faite  vingt  ans  après  la  mort  du  faint  : 
elle  eft  fignée  du  Pape ,  de  cinq  Evêques  des  en- 
virons de  Rome  ,  &  de  neuf  Prêtres  &  trois  E)iacres 
Cardinaux.  Le  terme  de  canonifation  n'étoit  pas 
cependant  encore  en  ufage.  Cet  Acte  eft  dans  Ba- 
ronius,  dans  la  CoUeélion  des  Conciles  du  P. 
"Labbc,  Tome  IX,  p.  741  ,  &  dans  le  Propylœum 
ad  Jcla  SS.  Mali.  Voyez  auifi  Acîa  SS.  Ben.  fiec. 
y,  Prœf  n.  XCIX,  &  p.  ^71. 

La  canonifation  coafiftojt  autrefois  à  mettre  le 
nom  du  Saint  dans  .les  facrés  Diptyques ,  ou  dans 
le  Canon  ,  c'eft-à-dire  ,  le  Catalogue  des  Saints  ;  à 
ériger  fous  leur  invocation  des  Eglifes ,  ou  des  Ora- 
toires, avec  des  Autels  pour  y  oiFtir  le  faint  lacri- 
fice  ■■,  à  tirer  leur  corps  de  leur  premier  fépulcre  i 
&  aurres  chofes  femblables  :  &  ces  manières  de  cano- 
nifer l'ont  très-anciennes.  Le  Pape  n'étoit  pas  le  l'eul 
qui  eût  le  droit  de  faire  des  conortifations  ;  les  Or- 
dinaires ,  fur-rout  les  Métropolitains ,  &;  les  Pri- 
mats l'avoient  auifi  en  faifant  leurs  vifites ,  ou  bien 
dans  un  Concile  de  leur  Province.  On  ne  fait  point 
quand  le  droit  de  canonifer  a  commencé  à  être 
réfervé  au  Pape.  Quelques-uns  croient  qu'Alexan- 
dre III  cft  l'Auteur  de  cette  réfcrve.  Ils  fe  fondent 
fur  ce  que  dans  le  IIP  Liv.  des  Décrétales,  ramalîs 
par  Boniface  VJIL  Tie.^s-  ^^  Reliquiis  &  Veneraii 
Sancl.  Cap.  Audivimus  ,  on  lit  ces  paroles  ,  Ne  liceat 
aliquem  pro  SanHo  abjque  aucloritate  Romams 
EccleJiiB  venerari.  Mais   ces    paroles   ne   font  pas 


232 


CV^N 


exadbement  citées  ,  &    Alexandre    ne    fait    point 
mention   de  ce  règlement  ;  il  le   luppole  fait ,  car 
il  y  condamne  un    abus    énorme  de  quelques  gens 
qui    honoroient  comme  un  Saint,  un  homme  qui 
avoit  été  tue  dans  rivreile,  6i  il  leur  défend  de  lui 
rendre  aucun  culte-,  vii  que  quand  même,  ajoute- 
t-il ,  il  feroit  des  miracles ,  il  ne  feroit  pas   permis , 
de  l'honorer  comme  Saint  fans  l'autorité  de  l'Eglife 
Romaine.  Cùm  etiarnjî  per  eum  miracula  fièrent , 
7W/1  licet  ipj'um  pro   Sanclo  ,  abfque  aucioritiite  Ro- 
inancc  EccUjiiz,    veneran.    Paroles    qui    montrent 
évidemment  que  la  réfcrve  dont  nous  parlons  étoit 
déjà  en  ufage  ,  &  qu'Alexandre  la  fuppofe  &  ne  la 
fait  point.  Les  Jéfuites  d'Anvers ,  dans  leur  favant 
Propylœum  ad  Aclu  Sanclurum  Maii  p.  173.  B  ,  C  , 
conjecturent  qu'elle  s'étoit  établie  depuis  deux  ou 
trois  lièeles ,  par  une  coutume  qui  avoit  paflé  en 
loi ,  mais  qui  dans  les  X''  &  XP  Tiècres  n'étoit  point 
encore  généralement  reçue.  Le  P.  Mabillon ,  y43a 
Sanclorum  Ben.fœc.  V.  Pi\xf.  §  VI ,  la  rapporte  aufli 
au   X'^  fiècle.  Il  eft  confiant  qu'elle   étoit  reçue  ab- 
folumcnt  &    généralement  avant  Alexandre    III  -, 
car  l'Archevêque  de  Vienne  en  France ,  &:  fes  fuf- 
fragans  ,   le   reconnolifent     authentiquement    l'an 
.1151  dans  la  lettre  qu'ils    écrivent  à  Grégoire  IX  , 
pour  lui  demander  la  canonifation  d'Etienne  Evê- 
que  de  Di^,mort  en  izo8,    Qiiia  nemo ,  difent-ils 
quantalihet    merïtorum    pnzro^ativâ   polle-.u ,    ab 
Ecclcjiâ  Del  pro  Sanclo  lnhsndus  aiit  veneranius 
ejl ,  /lijî prias  per  Sedem  ApojioHcam  ejus  fancluas 
juerit  approbata. 

Les    cérémonies   de  la  canonifation  n'ont  point 
été  inftituées  toutes  enfemble  ,  6c  en  même  temps  : 
elles  ont  été  ajoutées  peu-à-peu ,  &  les  unes  après  les 
autres  à  l'aéfe  juridique  que  faifoit  l'Eglife.  La  pre- 
mière ic  la   plus   ancienne  eft    la  fentcnce  par  la- 
quelle le  Pape  dcclaroit  qu'il  vouloit  qu'on  mît  un 
tel  au  nombre  des  Saints ,  &  qu'on  célébrât  fa  fête 
le  jour  de  fa  mort.  Cette  fentence  fe   prononçoit 
ordinairement  dans  un  Concile.    Quelquefois  ce- 
pendant le  Pape  la  prononçoit  feul,  comme  celle  de 
la  canonifation  de  S.  Edouard  ,  Roi  d'Angleterre  , 
faite  en  1161 ,  par  Alexandre  III.  Quelquefois  dans 
une  grande  allêmblée  de  peuple  ,  comme  celle  de 
S.  François  d'AfTife.  D'abord  cette  fentence  fe  lifoit 
dans  la  falle  du  Concile  •,  enfuite  on  établit  qu'elle 
feroit  lue    dans     une    Eglife ,    ou   dans   la  place 
qui     feroit     devant    l'Eglife.    Pour    rendre     en- 
core la  cérémonie  plus  célèbre ,    Honorius   III ,  y 
ajouta  quelques  jours  d'indulgences  en  1125  ,  Gré- 
goire IX  ,  &  d'autres  enfuite  en  augmentèrent  le 
nombre  ,  Se  enfin  Adrien   VI ,  accorda  une  indul- 
gence plénière  l'an   152-3  >  à  la  canonifation  de  S. 
Bennon.  Un  ancien  cérémonial, qui  avoit  fuccédé 
à  l'Ordre  Romain ,  &   qui  a  été  en  ulage  jufqu'à 
Léon  X ,  fous  le  Pontificat  duquel  Marcel ,  élu  à 
l'Archevêché    de    Corcyre ,    imprima  le  Nouveïiu 
Cérémonial ,  eft  le  premier  livre  où  l'on  trouve  les 
cérémonies  de  la  canonifation.  Ce  Cérémonial  eft 
du  Pontificat  de  Clément  VI .  vers  l'an  1548.  Elles 
n'avoient  point  été  iViifes  dans   l'Ordre  Romain  , 
parce  qu'elles  ne  fe  faifoient  pas  alors  dans  l'Eglife 
pendant  la  célébration  des  faints  myftères  ,  mais 
dans  la  falle  du  Concile.  C'eft,  à  ce  que  l'on  croit, 
Alexandre  III ,  qui  fit  le  premier  la  canonifation  de 
S.  Thomas  de  Cantorberi  en  célébrant  la  Mefîe. 
Baronius   dans   fes  Notes  fur  le  Martyrologe ,  &c 
après  lui  Phœbxus ,  remarque  qu'à  la  canonifation 
de  S.  Roch,  faite  au  Concile  deConftancecn  1414, 
on  porta  pour  la  première  fois  l'image  du  Saint  en 
proceflTion  par  toute  la  ville  •,  &  Phœbius  croir  que 
c'eft  là  l'origine  des  Bannières  du  Saint  canonifc  , 
Se  de   la  procéffion   qui  fe    fait  à  la  canonifation. 
Voyez  les  Bollandiftes ,  Propyl.  ad  AB.  SS.  Maii 
Differt.  XX ,  p.   171    &  feq.    Se    la  Préface   des 
AÙa  Sancf.  Bened.fac,  V ,  §  VI. 

Une  manière  de  canonifer  les  Saints  en  ufage 
dans  les  X'  &:  XI'  fiècles  étoit  d'élever  ,  avec  la  pcr- 
milfion  du  S.  Siège,  un  autel  fur  leurs  corps.  Ainfi 


C  AN 

s.  Romuald  ,  mort  en  1017  le  19  Juin,  faifant  beau- 
coup de  miracf.-s  à  fon  tombeau  ,  cinq  ans  après  les 
Camaldules  obtinrent  du  S.  Siège  la  permilfion  d'é- 
lever un  autel  fur  fon  corps ,  comme  il  eft  remarqué 
dans  la  Préface  des  Acia  Sli.  Ben.  Scec.  V,  n.  XCVllJ. 

Canonisation  ,  ledit  aulîl  de  la  Fête  qui  fe  fiit  en 
plufieurs  Eglilês ,  ou  le  nouveau  Saint  eft  honoré  , 
en  témoignage  de  réjouiifance  de  cette  déclaration, 
Fejiivitas  obrelatiiin  recens  aliqucni  Sanclorum  in 
nnmerum ,  canonifationis  fejiivitas. 

CANONISER ,  V.  aél.  Mettre  au  nombre  des  Saints 
un  homme  qui  a  vécu  exemplairement ,  &  qui  a  fait 
des  miracles  -,  affigncr  certain  jour  pour  en  taire  la 
fêre ,  &  ordonner  un  Office  convenable  pour  l'in- 
voquer. AUquem  Sanclorum  in  album. ,  in  numerum 
referre  ,  adfcriberc.  Ce  mot  vient  de  ce  qu'autrefois 
on  inlcroit  le  nom  des  Saints  dans  le  Canon  de  la 
Mefle  ,  avant  qu'on  eût  fait  des  Martyrologes  ^  &: 
l'on  en  faifoit  commémoration ,  afin  qu'ils  priaffent 
pour  le  peuple. 

Canoniser,  fignifie  infcrire  une  loi  dans  les  Regiftres 
publics ,  lui  donner  force  de  loi ,  la  mettre  au  nom- 
bre des  loix.  Dans  l'ancien  Code  Romain  on  a  ca- 
nonifé  plufieurs  Loix  Impériales,  ^//foirf  du  Droit 
Canon. 

Canoniser.  Marot  s'eft  fervi  de  ce  mot  pour, faire 
Chanoine  ,  ou  Chanoinefle.  Canonicum ,  ou  Ca- 
nonicam  facere.  Inter  Canonicos ,  ou  Canonicas 
adlegere. 

Avant  la  mort  les  fix  cahonîfées  , 
Ou  pour  le  moins  les  fix  chanoinifèes. 

Canoniser  fe  dit  figurément,  pour  louer  comme 
une  chofe  fainte  &  digne  d'un  Saint-  Laudare ,  ce- 
leirare.  Ne  feroit-ce  pas  une  contradiêlion  infoute- 
nable  de  louer  ,  par  exemple  ,  &:  de  canonifer  dans 
Thérefe  ce  renoncement  parfait  où  elle  a  vécu  à 
tout  ce  qui  peut  flater  les  fens ,  tandis  qu'on  cherche 
à  lesfatisfairc?  BouRDAL.  Entr.  T.  I,p.  314. 

Canonisé,  eé.  part.  • 

CANONISTE.  {.  m.  Doéteur  en  Droit  Canon  ,  ou  Au- 
teur qui  a  beaucoup  écrit  fur  le  Droit  Canon ,  ou  qui 
eft  verfé  dans  le  droit  Canon.  Juris  Canonici , 
Pontificii  peritus  ,  CiZwomy/a.Panorme ,  Hoftienfis  , 
Durand,  &c.  ont  été  de  grands  Canonijtes.  Les  opi- 
nions des  Canonijles  Ultramontains  font  bien  dif- 
férentes de  celles  des  Canonifies  François. 

gC?  CANOPE  Ville,  ^oyei  plus  bas  Canopus. 

CANOPIEN.  adj.  mafc.  Surnom  d'Hercule  l'Egyptien , 
près  de  la  ville  de  Canope,  dans  la  baffe  Egypte, 
où  il  étoit  honoré. 

CANOPITE.  f  m.  C'eft  le  nom  d'un  collyre  ,  dont 
on  trouve  la  defcription  dans  Celfe,  Lib.  V^  cap.  6. 

CANOPUS.  {'.  m.  Faux  Dieu  des  Egyptiens,  ^pu/zo/aj. 
Canopus  étoit  le  pilote  d'Ofiris  ,  fi  l'on  en  croie 
Plutatque  :  félon  d'autres ,  le  pilote  de  Ménélas  , 
qui  ayant  feit  naufrage  fur  la  côte  d'Egypte  ,  y  fut 
honoré  comme  Dieu.  On  lui  bâtit  un  temple  :  il 
paffa  pour  être  un  Dieu  des  eaux ,  ii  fut  même  ap- 
pelé Neptune  Canope.  Ariftide  néanmoins  dit  avoit 
appris  d'un  Prêtre  confidérable  de  la  ville  de  Ca- 
nope, que  long-tems avant  Ménélas,  ce  lieu  porroit 
ce  nom ,  ou  du  moins  un  mot  fort  approchant  en 
égyptien,  &  quifignifioit  T^rre  ^'or.  Voyez  fur  ce 
Dieu  Volfius  De  Idolol  ,L.J,  cap.  5 1  ,  &:  I.  // ,  cap. 
74.  Cet  auteur  prétend  qu'on  n'entendoit  par -là 
autre  chofe  que  l'eau.  Ruffin  rapporte ,  Hifl.  Eccl. , 
liv.  II,  ch.  ifî ,  comment  un  Prêtre  Egyptien  lui  fit 
remporter  la  viéloire  fur  le  Feu, qui  étoit  le  Dieu 
des  Chaldéens.  Les  Egyptiens  le  mirent  au  nom- 
bre des  Dieux.  Suidas  rapporte  la  même  chofe.  Les 
Chaldéens  fc  vantoient  que  le  Dieu  qu'ils  adoroient , 
c'eft-à-dire,  le  Feu,  étoit  le  plus  puilfant  &  le  vain- 
queur de  tous  les  Dieux.  Un  Prêtre  de  Canopus , 
pour  leur  montrer  que  fon  Dieu  l'emportoit  fur  le 
Feu ,  prit  une  grofle  cruche  telle  qu'on  en  faifoit  en 
Esypte  pour  purifier  l'eau ,  c'eft-à-dire  ,  toute  per- 
cée de  petits  trous  comme  u»  crible  -,  il  la  peignit 


1 


C  A  N 

de  différentes  couleurs  ;  mit  fur  le  coït  la  tête  d'une 
ftatue  qu'on  difoit  erre  de  Ménélas ,  boucha  tous  les 
petits  trous  avec  de  la  cire ,  &  dit  aux  Chaldcens 
tjue  c'ctoient  là  le  Dieu  Canopus  ,  &;  qu'il  auroit  la 
vidloire  fur  le  Feu.  Ils  acceptèrent  le  déh.  II  mit  ce 
prétendu  Dieu  fur  le  Feu ,  qui  venant  à  tondre  la 
cire  qui  bouchoit  les  trous  ,  toute  l'eau  tomba  &: 
éteignit  le  feu.  Ainfi  Canopus  remporta  la  vidfoire  , 
&  de-là  vint  la  mode  de  le  rcprcfenter  avec  de  forts 
petits  pieds  ,  H  le  corps  tout  iemblable  au  ventre 
d'une  cruche  avec  une  tête  d'homme.  Voilà  ce  que 
dit  Suidas ,  &  qui  fe  confirme  par  les  figures  de  Ca- 
nopus ,  qui  fe  voient  dans  les  cabinets  des  curieux. 
Le  P.  Kirker  en  a  fait  graver  une  dans  fon  Oedip. 
uEgypt.  ,  Tom.  I ,  p.  209.  Le  même  auteur  remarque 
qu'on  le  reprcfentoit  audi  quelquefois  fous  la  forme 
d'un  enfant  avec  une  robe  de  rcieau ,  &  quelque- 
fois fous  celle  d'Hermès  ou  de  Mercure  ;  mais  tou- 
jours le  corps  arrondi  comme  le  ventre  d'une  cru- 
che. On  le  repréfentoit  auill  quelquefois  par  un  vafe 
comme  une  urne ,  fur  laquelle  croit  empreinte  fa  fi- 
gure. Voye[  Kirker  ,  cité/'.  110  -,  quelquefois  avec 
plufieurs  mammelles  au-Iieu  de  trous ,  comme  une 
Ifîs.Io. />.  XII.  Canopus  croit  chez  les  Egyptiens, 
ce  qu'ctoit  Neptune  chez  les  Grecs  &  les  Romains , 
c'eft-à-dire ,  qu'il  prcfidoit  aux  fleuves  6c  à  toiit  l'é- 
lément humide.  Voye^^  le  même  auteur  ,/?.  211.  On 
croit  que  la  figure  qui  fe  voit  au  revers  d'une  médaille 
de  Néron,  &  qui  n'eft  autre  chofe  qu'une  bouteille 
^ui  à  la  place  du  cou  à  une  tête  humaine  voilée , 
&:  fur  cette  tête  une  fîeur  de  lotus  ■■,  on  croir ,  dis-je  , 
que  c'eft  la  f  gure  de  Canopus. 

Canopus  ou  Canope.  Ville  d'Egypte  à  110  ftades 
d'Alexandrie;  Canopus.  Il  y  avoit  dans  Canope  un 
fameux  temple  de  Sérapis.  Canope  ^d.Kavi  dans  l'an- 
tiquité pour  une  ville  très-débauchée.  C'eft  le  lén- 
timent  qu'en  avoient  Strabon,  livre  dernier ,  Juvé- 
nal,  Sat.Nit  v.  82  &  xv,  v.  44.  Srace,  Lib.lU,  Sylv, 
i  ,  V.  1 1 1 ,  &C.  On  dit  que  le  Poète  Claudien  étoit 
de  Canope.  On  prétend  que  cette  ville  fut  bâtie 
par  les  Lacédémoni-ens  ou  par  Ménélas ,  qui  reve- 
nant de  Troye  avec  Hélène  ,  fut  accueilli  d'une 
futieufe  tempête,  &  jeté  fur  les  côtes  d'Egypte.  Ta- 
cite ,  Annal.  L.ï  iC  (?'3  ,  dit  que  fon  pilote  ,  nommé 
CiZ«o/'f  y  mourut.  Il  bâtit  une  ville  en  fa  mémoire,  6c 
à  laquelle  il  donna  fon  nom  ,  y  laiffant  tout  ce  qu'il 
avoit  de  gens  inutiles  pour  la  navigation.  Les  Grecs 
l'appUent  k.«ï<s,i3oç  ,  Canohis,  Canohe,  On  peut  voir  ce 
qu'en  difent  Mêla ,  L.  H,  c.  7,  Solin,  c.  ^j^.  Ammien 
Marc.Z,.  XXII,  &  Strabon,  Liv.  AT//. Théophile 
d'Alexandrie  s'oppofa  fortement  aux  débordemens 
des  habitanS  de  cette  ville  ,  &  détruifit  les  lieux 
qu'ils  regardoient  comme  les  plus  factés.  Zozime 
s'en  plaint  dans  le  Liv.  III  de  fon  Hijl.  Il  y  avoit 
à  Canopus  une  école  célèbre  ,  où  éroir  la  fourcc  de 
toute  la  Théologie  Egyptienne ,  5c  où  l'on  enfei- 
gnoit  les  lettres  facrées ,  ou  les  hiéroglyphes,  f^oye:^ 
Kirker ,  Ocd.  JEg.  tom.  I ,  p.  208  &cp.i<^  ,on  il  dir, 
après  Abulfeda  ,  que  Canopus  eft  Roiétte.  /''bytfç 
aufTi  Strabon.  Canope  avoit  donné  fon  nom  au  bras 
du  Nil  le  plus  occidental.  Souvent  aufîî  Canope  en 
Poëlie  lignifie  YEgypte,  On  croir  que  Canope  éroit 
la  ville  qui  fut  depuis  appelée  Bochir  ,  Bouquir  ou 
Bicchieri  ,  entre  Rofette  &  Alexandrie.  M.  Tille- 
monr  prétend  ,  dans  fa  note  42*^  de  fon  premier  tome 
de  VHijl.  des  Empereurs  ,  que  Canope  ou  Canobe 
étoit  fous  l'Evêchc  de  Squedie.  Voye^  Vigenere 
dans  fon  Céfar. 

Canopus  ,  eft  aufll  le  nom  d'une  étoile  de  l'hémif- 
phère  méridional.  Canopus.'^ xxxwvz,  Liv.  IX ,c,j. 
dit  que  le  Canopus  eft  l'étoile  qui  eft  au  bout  du 
gouvernail  dans  la  conftellation  du  navire  Argo.  Le 
Canopus  ne  fe  voit  ni  en  Grèce  ni  en  Italie.  Ceux 
qui  d«  Grèce  font  route  au  fud  ,  commencent  à 
l'appercevoir  à  l'île  de  Rhodes ,  dit  encore  Virruve 
au  même  endroit  ;  c'eft-à-dire  ,  qu'on  ne  le  voit  que 
vers  le  36'  degré  de  latitude  nord.  Pline  ,  Liv.  VI , 
ch.  21 ,  l'appelle  un  aftre  grand  &  brillant.  Sidus 
ingens  6*  clarum  ;  &  Ptoclus ,  Aa^ia-»?  «s^f .  C'eft  en 


C  A  W 


effet  une  étoile  de  la 


première  grandeur,  qui  dans 
les  tables  de  Boycr,ert  à  l'endroit  où  le  gouver- 
nail entre  dansTcau.  Hygin  l'appelle  rt;,  ?f^«t,«  t« 
7r^7«,«à,  la  dernière  étoile  du  fleuve.  On  l'appelle 
au/fi  Ptokmxus  ,  Ftolcmmoh  ,  Terrejiris  ,  Ponde- 
roja  ,  Suhel  &  SUiel.  Boyer.  Uranomet.   Tab. 

tia-  CANOSA  ou  CANOSE.  Ville  du  Royaume  de 
Naples ,  dans  la  province  de  Bari.  Elle  fut  renver- 
fée  par  un  tremblement  de  terre  en  155)4. 

CANOT,  f.  m.  Petit  bateau  dont  fe  fei;vent  les  In- 
diens ,  fait  tout  d'une  pièce  d'un  tronc  d'arbre  creuféo 
Cymbula  En  l'île  de  Cuba  ils  les  font  de  cèdre  ,  &: 
il  y  en  a  de  li  longs  j  qu'ils  tiennent  50  ou  (îo  per- 
fonnes.  Ils  font  faits  comme  des  navettes  de  tiflè- 
rand.  Il  y  en  avoit  plus  de  cent  mille  fur  le  lac  de 
Mexique  ,  à  ce  que  dit  Hetrera.  Il  y  a  auffi  des  ca- 
nots de  Sauvages  &  des  canots  d'écorce.  Ce  font  de 
petits  bateaux  faits  feulement  d'écorce  d'arbre  ,  dont 
fe  fervent  les  Sauvages  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale.  Ceux  de  Canada  les  font  d'écorce  de  bouleau^ 
&  affez  grands  quelquefois  pour  conrenir  quatre  eu 
cinq  perfonnes.  On  dir  canot  jaloux  ;>^Q\xtàXit\xn. 
canot  qui  a  le  côté  foible. 

Canot  ,  eft  auffi  un  petit  bateau  pour  le  fervice  d'un 
grand  bâtimeni  ;  on  s'en  fert  pour  aller  d'un  vaif- 
feau  à  l'autre ,  ou  d'un  vaifléau  à  terre.  Il  va  a  rames 
&  à  voiles. 

On  fe  fert  de  canots  dans  les  fucreries  &  rafînie- 
ries ,  pour  achever  de  faire  refroidir  le  fucre  avant 
que  de  le  mettre  dans  les  bariques.  Ils  font  de 
bois  &  tout  d'une  pièce  :  on  les  appelle  auffi  des 
auges. 

^Zt  Canot.  OifeaUé  Voye^  Chat-huant. 

|Cr  CANOVIA.  Petit  pays  de  la  Haute  -  Albanie  , 
entre  le  çrolfe  de  Drin  &  la  ville  de  Scutari. 

IpP"  CANOURGUE.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le 
Gevaudan  ,  aux  confins  du  Rouergue. 

CANQUE.  f.  f.  Eipèce  de  toile  de  coton  ,  qui  fe  fa- 
briqué à  la  Chine.  C'eft  de  cette  toile  dont  les  Chi- 
nois font  leur  premier  habillement  ,  qui  eft  pro- 
premenr  la  chemife  chinoilc. 

CANQUETER.  v.  n.  C'eft  le  terme  dont  on  fe  fert 
pour  exprimer  la  manière  de  crier  des  canes  qui 
font  les  femelles  des  canards.  Rien  n'eft  plus  défa- 
grcable  que  d'enrendre  canqueter  les  canes  ,  prin- 
cipalemenr  quand  elles  font  en  troupes.  Leur  ton 
nazard  eft  alfommanr.  Les  Latins  exprimoient  no- 
tre canqueter  p.jr   letrinirci 

§3"  CANSCHY.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  fort  gros  , 
donr  l'écorce  fert  au  Japon  à  faire  une  eipèce  de 
papier.    Acàd.  Fr. 

fer  CANSTAT,  Petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
Cercle  de  Suabe ,  fur  le  Necker ,  au  Duché  de  Vur~ 
remberg. 

CANSTRISE  ou  CANSTRINSE.  f.  m.  Canpifius , 
ou  Canfirenjius.  Nom  d'office  dans  i'Eglilé  de  Con- 
ftanrinople.  C'étoit  le  Canjirife ,  qui  avoit  foin  des 
habits  pontificaux  du  Pattiarchc ,  qui  l'aidoit  quand 
il  s'habilloit,  &  qui  pendant  la  melfe  tenpit  la  boîte 
à  l'encens.  Il  tenoit  aulfi  le  voile  du  calice  ,  &  af- 
pergeoit  le  peuple  d'eaii  bénite  pendant  qu'on  chan- 
toit  l'hymne  de  la  Sainte  Trinité.  Il  avoit  auffi  place 
dans  les  jugemens. 

Ce  nom  vient  de  Canijirum  ,  nom  que  l'on  don- 
noit  ou  à  la  boîte  à  l'encens  j  que  nous  nommons 
aujourd'hui  navette  -,  où  à  la  corbeille  où  étoient 
les  habits  du  Patriarche.  Voye^  CoDin, pag.  i  ,6 , 
p.  e,  ,6  ,p.  I  3  &  1 64  ,  /tfi  Ilotes  de  Grejler  6 ,  Sc  d\X 
P.  Goar  6.  Les  Macri  en  parlent  auffi. 

CANTABRE.  Ancien  peuple  d'Efpagne.  Cantaber.  Les 
Cantabres  oceupoient  la  plus  grande  partie  de  ce 
que  nous  appelons  aujourd'hui  Bifcaye  ,&c  une  par- 
tie des  Afturies.  Ils  avoient  au  levant  les  Autri- 
gons ,  &  au  couchant  les  Aftures.  Leur  capitale  étoit 
Cantabria  ou  Cantabriti^a  ,  dont  les  ruines  qui  por- 
tent encore  le  nom  de  Cantabria  ,  fe  voient  furune 
montagne  de  même  nom  ,  fîh:  l'Ebre ,  vers  les  fron- 
tières de  la  Navarre.  M.  de  Marca  dit  que  l'efpac 
de  pays  qu'occupolent  les  Cantatres  doit  être  pri 


az4  C  A  N 

depuis  Fiientibi-o  qui   eft  la  foarcc  de  l'Ebre  ,  ti- 
rant une  ligne  vers  l'océan,  jui'qii'au  port  de  Larcdo  ; 
Se  enfuite^vers  celui  de  la  vidoire   des  Juliobri- 
giens  ,  qui  eft   Sautander  ,  &  de-Là  continuant  le 
long  de  la  mer  jufqu'à  la  rivière  de  Sella  fur  les  con- 
■  fins  des  Afturies  d'Ovicdo  ,  en  montant  jufqu'à  l'o- 
rigine du  mont  Idubeda.  De  forte  que  les  Afturies 
de  Santillane  font  comprifcs  dans  l'ancienne  Can- 
tabrie.  Les  Camabres  croient  fort  belliqueux.  Quel- 
ques-uns, comme  M.  de  Marca  ,  difent  auffi  Can- 
t.ihrien.  Cantabre  eft  mieux.  Voye^  M.  de  Marca  , 
Liv.  I,  de  /'Niji.de  Bcarn,oà.  il  traite  fort  au  long 
des  Cantcibres  ou  Cuntabricns. 

Selon  ce  favant  Auteur  ,  Cantabre  croit  audi  le 
nom  d'une  ligue  de  confcdétation  des  peuples  voi- 
fins,  fortifiés^dans  l'àpreté  des  rochers  ,  dont  les 
Cantabrcs  croient  les  chefs, fuivis  des  Aftariens& 
des  peuples  Callaïqucs  ou  de  Galice  -,  comme  ils 
l'avoient  été  autrefois  des  Varduliens  &  des  Gaf- 
cons.  C'eft  en  ce  fens  que  Céfar  dit  que  les  Aqui- 
tains furent  alfiftés  pat  les  Camabres  contre  Cral- 
fus ,  c'cft-à-dire  ,  par  les  Varduliens  &:  les  Gafcons , 
■furnonimés  Camabres ,  à  caufe  de  la  ligue  avec 
les  Camabres,  qui  donnoient  leur  nom  à  tous  les 
alliés. 
CANTABRIE,  Pays  des  Cantabres  ,  habité ,  occupe 
par  les  Cantabres.  Camabria.  La  Camabrie  étoit 
une  partie  de-  l'Efpagne  Tarragonoife ,  qui  compre- 
noit  la  partie  occidentale  de  la  Bifcaye  ,  &  l'Aftu- 
rie  Santillane.  M.  de  Marca  fe  fert  fouvcnt  de  ce 
mot.  Voye^  i'Hist.  de  Béarn  ,  L.  î,ch.  19. 

Le  Royaume  de  Navarre  croir  compofé   de   la 
Camabrie  ,  de  la  Rioja  &  de  la  Bureva  ,  que  le  Roi 
D.  Sanche  avoir  détaché  de  la  Caftille  ,  pour  amé- 
liorer le  partage  de  fon  fils  ,  &  de  quelques  places 
dans  l'Arragon.    P.  d'Orléans.   Le   régimenr  de 
Camabrie.  On  appelle   encore  la  côte  des  quatre 
villes   de  Byfcaye  ,  côte  de  Camabrie. 
CANTABRiE,eft  auflî  le  nom  d'une  ville  épifcopale 
d'Efpagne,fituée  fur  l'Ebre,  mais  dont  il  ne  relie  plus 
que  des  ruines  fur  une  montagne,  entre  la  ville  de 
Logrone  Se  celle  de  Viana.  Le  nom  de  cette  ville 
fait  juger  à  quelques  Auteurs  que  les  Cantabres , 
tefiérrés    d'abord   dans  des   limites  affcz  étroites  , 
avoient  pouflé  dans  la  fuite  leurs  conquêtes  juf- 
ques-là.  Cette  ville   étoit  la  capitale  des  Canta- 
bres. 
CANT AERIEN,  rpyei  Cantabre. 
CANTAL.  Montagne  d'Auvergne.  Le  Camaled  élevé 
de  984   toiles  fur  la  furface  de  la  Méditetranée, 
Maraldi.  ^ca^.  des  Se.   1705.  Aff'w./J.  137. 
Cantal.  C'clt  une  efpèce  de  gros  fromage  qui  prend 
fon  nom  d'une  montagne  de  la  haute  Auvergne ,  où 
il  s'en  fait  beaucoup.  On  l'appelle  quelquefois  tête 
de  Moine. 
CANTALARRE.  f.  m.  Les  Ouvriers  appellent  ainfi 
le  chambranle  ou  bordure  fimple  d'une  porte  ou 
d'une  croifée.  Antepagmentum.  Ce  mot  peut  être 
être  formé  de  «07«  ,  autour  ,  8c  labrum ,  lèvre  ou 
bord. 
CANTANETTES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Marine.  Petites 
ouvertures  rondes  ,  entre  lefquelles  eft  le  gouver- 
nail ,  Se  qui  donnent  la  lumière  au  gavon.  Fenef- 
tellœ. 
CANTAR.  Efpèce  de  mefure.  Voyei  Alq,uier. 
CANTABELLL  f.  m.  Efpèce  de  vers  qu'on   appelle 
aufTi  vers  de  Mai ,  qui  étant  macérés  dans  l'huile, 
paflent  pour  avoir  les  mêmes  propriétés  que  l'huile 
de  fcorpion.  Foye^  le  Dict.  de  James. 
CANTARO.  f.  m.  Poids  dont  on  fe  fert  en  Italie  , 
particulièrement  à  Livourne.  Il  y  a  trois  fortes  de 
Cantaros  :  l'un  pèfe  150  livres ,  l'autre  1 5 1  ,  &  l'au- 
tre 'i6o. 
Cantaro  ,  eft  auffi  une  mefure  de  continence  ,  dont 

on  fe  fert  à  Cochin. 
ffT  CANTATE,  f.  f.  Terme  de  Mufique.  Petit  poëme 
fait  pour  ctte  mis  en  mufique ,  contenant  le  récit 
d'une  adion  galante  ou  héroïque.  Il  eft  compofé 
d'an  récit  quiexpofele  fujet,  d'iin  air  en  rondeau , 


C  A  N 

d'un  fécond  récit  &  d'un  dernier  air  ,  contenant  le 
point  moral  de  l'ouvrage.  Voye^  les  Cantates  de 
Rousseau. 
?fT  On  appelle  auffi  Cantate  ,  la  pièce  de  mufique 
vocale  accompagnée  d'inftrumens  ,  compofée  iiir 
le  petit  poëme  de  même  nom,  &  varice  de  deux 
ou  trois  rccitarifs,  &  d'autant  d'ariettes.  Il  y  a  des 
cantates  fpirituelles  ou  de  piété  -,  il  y  en  a  de  ga- 
lantes i  il  y  a  des  cantates  françoifes ,  des  cantates 
italiennes.  Les  cantates  françoifes  de  M.  Bernier , 
fonr  gravées.  La  cantate  a  paffé  depuis  peu  d'Italie 
en  France.  C'eft  une  étrangère  fantafque  &  capri- 
cieufe  qui  aura  de  la  psine""!  fe  faire  nataralifer ,  à 
obtenir  un  long  fcjou):  parmi  nous  ,  &:  qui  n'y 
plaira  qu'autantde  temps  qu'une  nouveauté  bizarre 
peur  y  plaire. 

Le  nom  de  cantate  vient  de  l'Italien  cantata. 

CANTATE.  Terme  de  Bréviaire.  Il  eft  larin.  Le  qua- 
trième Dimanche  d'après  Pâques  ,  eft  marqué  dU 
mot  cantate  dans  les  almanachs  &;  cphémcrides ,  à" 
caufe  que  l'introït  de  la  Mefle  de  ce  jour',  commence 
par  ce  mor.  M.  Bayle  dir  qu'il  eft  certain  que  Lu- 
ther fiit  ordonné  Prêtre  le  Dimanche  Camàté  de 
l'année  1507. 

CANTATILLE.  f.  f.  Petite  cantate  ,  dont  la  mufique 
eft  ordinairement  dans  le  goi!it  Italien. 

^  CANTAZARO.  Ville  épifcopale  d'Italie  ,  au 
Royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  ultérieure. 

IJCF  CANTCHEOU  ,  CANCHEU  &  CHANG- 
CHEU.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Kianfi ,  fur  la  rivière  de  Can. 

^  CANTECROIX.  Petite  Contrée  des  Pays-Bas , 
au  Brabanr ,  ou  quartier  d'Anvers ,  avec  titre  de 
Principauté.  La  petite  ville  de  Lire  en  eft  le  prin- 
cipal lieu. 

CANTÉRME.  f.  m.  Sorte  de  maléfice  ancien.  Ma- 
ximien 1,  Evêque  de  Syracufe  ,  ayanr  rrouvé  chez 
lui  des  gens  infedcs  d'un  maléfice ,  nommé  Can- 
terme  ,  les  fit  emprifonner.  Fleury. 

CANTHARE.  f.  m.  Sorte  de  taffe  dont  on  dit  qiie 
Bacchus  fe  fervit  dans  fon  triomphe  de  l'Afie.  Can- 
thariis. 

CANTHARIDE.  f.  f.  Sorte  d'infede  venimeux  qui  a 
des  pieds  &  des  aîles  comme  les  mouches ,  &  dont 
il  y  a  diverfes  efpèces.  Cantharis.  On  l'appelle  auffi 
mouche  d'Efpagne.  Les  cantharides  fe  forment  d'une 
efpèce  de  vermifTeaux  qui  naiffent  fur  les  blés  6c 
fur  les  feuilles  du  frêne  &  du  peuplier.  Les  meil- 
leures font  celles  qui  font  de  différenres  couleurs , 
qui  ont  fur  les  aîles  des  lignes  jaunes  tranfverfales , 
&  qui  fonr  épaifles  &  récentes.  On  les  fait  mourir 
en  les  mettant  au-deffus  d'un  vinaigre  très-fort  que 
l'on  fait  bouillir  exprès ,  après  quoi  on  les  fait  fé- 
cher.  Elles  peuvent  fe  garder  environ  deux  ans. 
Les  cantharides  font  très-âcres ,  &  très-corrofives , 
de  forte  qu'on  ne  s'en  doit  jamais  fervir  intétieure- 
ment  :  elles  font  ennemies  de  la  veffie ,  qui  en  eft 
même  ulcérée,  (\  on  les  applique  par  dehors,  Si. 
qu'on  les  laifTe  un  peu  trop  long-temps.  On  s'en 
ferr  fort  fouvent  dans  les  véficatoires,  pour  exciter  des 
veffies  fur  la  peau  ,  &  pour  détourner  par  ce  moyen 
quelque  fluxion.  Les  cantharides  ont  pris  le  nom 
de  cantharus  ,  qui  fignifie  cet  animal  qu'on  appelle 
en  françois  fouille-merde ,  &  en  latin  fcarabceus 
venenofus.  On  applique  des  cantharides  à  la  tem- 
ple de  ceux  qui  ont  mal  aux  dents.  Voffius  a  ramafle 
tout  ce  que  l'on  a  dit  des  cantharides  dans  les  cha'- 
pitres  8 )  ,  8(?,  87 ,  88 ,  89 ,  5?6  &  98  de  fon  IF^  liv. 
de  Idololatria. 

CANTHEROU.  f.  m,  Foye^  Scarabée.  C'eft  la 
même  chofe. 

CANTHUS.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Le  coin  de  l'ϔl, 
ou  l'angle  de  l'œil.  Celui  d'auprès  du  nez  s'appelle 
le  grand  canthus ,  l'interne  Sc  le  domefiiquc ,  & 
par  quelques-uns,  arrofoir  ou  fontaine.  L'autre  qui 
eft  vers  les  temples ,  s'appelle  lu  petit  canthus ,  ï'ex' 
terne,  ou  le  J au v âge.  Ce  mot  eft  grec,  &  eft  dé- 
rivé par  du  Laurens  du  verbe  xiis.tâcti,  qui  fignifie 

démanger  f 


CÀN 


C  AN 


démanger ,  parce  qu'on  icnt  d'ordinaire  de  ia  de- 
manjieaiibn  en  ces  endroits-là. 
Canthus  ,  en  termes  de  Chimie  ,  eft  cette  partie  de 
l'otiverture  d'une  cruche ,  d'une  aiguière ,  ou  d'un 
autre  vaiifeau ,  qui  a  un  peu  de  creux  ou  de  pente  , 
par  où  Te  verle  doucement  Ja  liqueur  :  d'eu   vient 
qu'on  dir ,  verler  par  liécamation  ,  quand  on  verle 
doucement  par  cet  endroit-là. 
CANTIBAY.  i'.  m.Nom  que  les  Charpentiers  &  Menui- 
liers  donnent  aux  pièces  de  bois  qui  font  pleines  de 
fentes  &  de  peu  de  valeur.  Alaiaries  rimofa. 
CANTIEN.  r.  m.  Nom  &  furnom  d'homme.  5.  Cant , 
S.  Cantien ,  l'on  frère ,  Sainte  Cantienne  ou  Can- 
tianille  leur  fœur ,  &  S.  Prot  leut  Gouverneur,  Saints 
que  l'on  nomme  vulgairement  d'un  nom  commun 
les  Martyrs  Cantiens ,  furent  roartyrifcs  à  Aquilce, 
félon  l'opinion  de  quelques  Auteurs ,  vers  l'an  Z90  ; 
mais  il  eft  plus  vraifemblable  qu'ils  ne  moururent 
qu'en  504,  auquel  on  fait  que  la  grande  perfécurion 
commença  à  Aquiiée.  Baii/et,  30  Mai.  M.  Tillemont 
écrit  Cantien)  parce  que  l'on  prononce  ainfi. 
CANTIMARONS  ou  CATIMARONS,  f.  m.  Terme 
de  relation.  Ce  font  deux  ou  ttoi|  canots  lies  en- 
femble  avec  des  cordes  de  coco.  Ils  ont  des  voiles 
de  natte  en  forme  de  triangle.  Les  Nègres  de  la 
côte  de  Coromandel  fe  fervent  de  cantimarons  pout 
aller  pêcher.  Les  cantimarons  vont  fort  vite ,  pour 
peu  qu'il  y  ait  du  vent. 
CANTINE,    f.   f.    Petit   coffre    divifc   en   plufîeurs 
compartimens  >  pour  y  mettre  des  bouteilles  qu'on 
a  dclfein  de  tranfporter.  Arcula  divifa  in  cellulas 
capiendis  lagenis  comparata ,  arcula  vinaria.    On 
l'appelle  autrement   cave.    Les  cantines  font  d'un 
grand  fecours  à  l'armée. 

On  appelle  aulTi  cantine  ,  dans  les  places  de 
guerre  ,  le  lieu  où  l'on  vend  du  vin  &  de  la  bière 
aux  Soldats ,  fans  payer  aucun  droit.  La  cantine 
vaut  tant  au  Gouverneur  de  cette  place  tous 
les  ans. 
Cantine  du  Taéac.  Par  une  Ordonnance  du  50  Juillet 
1710,  le  Roi  a  fait  établir  un  nombre  fuffilant  de 
cantines  ,  pour  y  fournir  à  fes  troupes  le  tabac  nc- 
ceilàire  pour  leur  confommation. 

Ce  mot  eft  dérivé  de  cantina ,  qui  en  italien  & 
en  efpagnoï  veut    dire  la  même   chofe. 
ÇCr  CANTINIER.  f.  m.  Celui  qui  tient  une  cantine. 

AcAD.  Fr. 
CANTIQUE,   f.   m.   Chant  fpirituel  qui  témoigne 
quelque  joie,  ou  allcgrelfe  ,  &  qui  ell:  à  l'honneur 
de  Dieu  ,  parriculièrement  pour  lui  rendre  grâces 
de  quelque  bienfait,  de  quelque  victoire  iblennelle. 
Canticum.  Il  y  a  dans  l'Ancien  Tejiament  pluficurs 
cantiques ,  celui  de  Moife ,  celui  d'Ezéchias ,  ce- 
lui des  rrois  Enfans  dans  la  fournaife,  le  cantique 
d'Anne  ,  d'Habacuc  ,  &c.  Dans  le  Nouveau  Tejta- 
ment)  il  y  a  celui  de   la  Vierge  ,    celui   de    Si- 
méon  &  celui  de  Zacharie ,  qui  font  le  Magnifi- 
cat ,  le  Nunc  dimittis  &  le  Benediclus.  On  chante 
ou  on  récite  aux  Matines  de  l'Office  divin  ,   les 
fept  cantiques  qui  font  tirés  du  Vieux    Tejiament 
un  chaque  jour  :  ainli  on  ne  les  récite  qu'une  fois 
par  fcmaine  \  mais  on  récite  tous  les  jours  les  trois 
cantiques   qui  font  pris    du  Nouveau    Tejiament  ; 
favoir ,  à  Laudes  le  cantique  de  Zacliarie ,  Bene- 
diclus ;  à  Vêpres,  le  cantique  de  la  fainte  Viercre 
Magnificat  ;  à  Compiles  le  cantique  de  Siméon  , 
Nunc  dimittis.  On  a  appelé  aufli  cantiques ,    les 
quinze  pfeaumes  Graduels ,  depuis  le  i  icje  jufqu'au 
155  ,  parce  qu'on  les  chantoit  en  montant  les  15 
degrés  par  où  l'on  montoit  au  Temple. 

Les  Auteurs  Eccléfiafliques ,  S.  Hilaire  ,  S.  Balîle , 
S.  Jean  Chryfoftôme,  Euthymius ,  diftingucnt  les 
cantiques  des  pfeaumes  par  rapport  au  chant  ;  ils 
difent  que  pour  les  cantiques  on  n'emploie  que 
les  voix  ,  &  qu'on  emploie  les  voix  &  les  inftru- 
mens  (  orc^ana  )  pour  les  pfeaumes  :  ils  ajoutent 
que  quand  les  voix  &  les  inftrumens  fe  rénondent 
alternativement ,  fi  les  inflirumens  commencent , 
cela  s'appelle  cantique  de pjeaume ,  canticum pjalmi ,  ' 
Tome,  II. 


11^ 

&  fi  les  voix  commencent,  cela  s'appelle //^a/^/zze 
de  cantique.  Voyez ,  outre  les  Auteurs  cités  j  Ga- 
vantus ,  le  Cardinal  Bona  ^  Amalarius  ,  Fortuna- 
tus  j  Richard  de  S.  Vidtor,  Ruperr, 
IfT  Les  anciens  appeloient  auffi  cantiques ,  certains 
monologues  pa/lionnés  &  touchans  de  leurs  Tra- 
gédies ,  qu'on  chantoit, 

Le  Cantique  des  C.intiques  eft  un  des  livres  cano- 
niques de  Salomon.   Cantica  Canticorum.  C'eft  un 
épithalame  en   forme   d'idylle  ou  de    bucolique  i 
dans  lequel  on  fait  parler  un  époux  Se  une  cpoufe  j 
les  amis  de  l'époux  Se  les  compagnes  de  Tépoufeo 
Grotius  foupçonne  que  ce  liyre  étoit  un  tranf- 
port  amoureux  de  Salomon  pour  la  fiUa  du  Roi 
'^'^ypte.  C'eft  pourquoi  les  Juifs  ne  permettoient 
la  leéiure  du  Cantique  des  Cantiques  qu'à  l'âge  de 
50  ans ,  de  peur  que  les  léns  d'une  jeuncdé  bouil- 
lante   ne  fuffent  trop  émus  par  les    images  &  les 
allégories    fi   toucharltes  dont    il   eft   templi.    Les 
Théologiens    conviennent    qiie  fi   le  fens   littétai 
peut  être  appliqué  aux  amours  de  Salomon  ,  le  fcns 
myltique  &  fpirituel  doit  être  appliqué  à  l'union 
de  Jésus  -  Christ    avec   fon    Eglife  :  il   eft   ainfi 
nommé  j   parce    que   c'eft    un   cantique   par    ex- 
cellence. 
Cantique,  fe  dit  aufTi  de  -tout  chant  qui  traite  de 
matière  picufe.  La  France  affligée  &  triomphante 
tout  enfemble,  mêla  aux  chants  de  douleur  &  de 
funérailles  ,    des   cantiques  de  louanges   &   d'ac- 
tions de  grâces.  FLEctiiER.  Dans  les  Couvens  on 
chante  des  cantiques  fpirituels. 
^•f^  On  appelle  cantiques  fpirituels  ,   des  chanfons 

faites  fur  des  matières  de  dévotion. 
CfCT  CANTON,  f.  m.  Quartier  ,  certaine  partie  d'un 
pays  ou  d'une  ville,  confidérée  comme  féparée  & 
détachée  des  autres.  Pars ,  regio.  Dans  certaines 
villes,  il  y  a  à.t^  cantons  dcftinés  pour  les  Juifs, 
On  recueille  d'excellent  vin  dans  tel  canton  de  la 
Bourgogne. 

On  connaît  moins  dans  leur  canton 
Le  latin  que  le  bas-breton.     Boisrob. 


Peut  -  être  canton  vient-il  de  l'italien   cantcne  « 
qui,  comme  l'ont  remarque  les  Bollandiftes,  Acl, 
SS.  April.  T.  I,  p.  l'èZ.D,  fignifie  un  grand  quar- 
tier de  pierre  angulaire  ,  &:  toute  forte    de  grolfe 
pierre    carrée. 
Cakton  ,  fe  dit  aufTi  d'un  petit  pays  qili  a  un  gou- 
vernement particulier.   Il  y   a  treize  Cantons  des 
Suiifes  qui  forment  chacun  une  République  ,   Se 
qui  font  ligués   enfemble.  Pagi  Helvetiorum.   Ces 
Cantons    font   Zurich  ,  Berne  j   Lucerne  ,    Uri  , 
Schwitz  ,  Underwald  ,    Zug  ,  Glaris ,  Bile,   Fri- 
bourg,  Soleure  ,  Schafoufe  &  Appenzel.    Il  y  a  les^ 
Cantons  Carholiques  &  les  Cantons  Proreftans,  &' 
les  Cantons  partie  Catholiques  &  partie  Proteftans. 
Il  y  a  fept  Cantons  Catholiques  :  Lucerne  ,   Uri  , 
Schwitz,  Underwald,  Zug,  Fribourg  &  Soleure, 
Les  Proteftans  font  Zurich ,  Berne ,  Bâle  &  Scha- 
foufe. Les  mipartis  font  Glaris  &  Appenzel.  Tous 
ces  Cantons  font  confédérés ,  &  compofent  ce  qu'on 
appelle  le  Corps  Helvétique  ,   ou  la  République 
des  Suiflés. 
Canton  ,  fe  dit  auffi  des  lieux  éloignés  les  uns  des 
autres.  Regio.  Ce  voyageur  a  voyagé  en  plufieurs 
Cantons  de  la  terre ,  il  n'y  a  aucun  Canton  des  Indes 
qu'il  n'ait  vu. 
Canton  ,  en    termes   de  Blâfon  ,  fe  dit  d'une   por- 
tion carrée  de  l'écu  fans  aucune  proportion  fixée, 
Quadratum  in  jcuto  quand  parte  minus.    Régu- 
licremenr  elle  doit  être  moindre  que  le  quartier  ; 
fouvenr  ce  n'en  eft  que  la  neuvième  partie  qui  fert 
de  brifure  :  il  a  été  fouvexit  pris  pour  marque  de 
bâtardife.  Il  fe  met  tantôt  à  l'angle  droit ,  &  tan- 
tôt à  l'angle  gauche,  fp"  On  le  dit  aurtî  des  par- 
ties dans  iefquelles  un  écu  eft  parragépar  les  pièces 
dont  il  eft  chargé.  Ainfi  les  efpaces  que  laifienr  le< 
«roix  6c  les  faùtoirs  entre  leurs  branches  ,    font 

Ff 


z%G 


C  A  N 


aufli  appelés  Cantons.  Spat'ia  a  crudbus  feu  decuf- 
jibiLS  rclicta. 

Martinius    dérive    le    mot    de  canton    du  grec 
,  qui   lignifie  le  coin  de  Vxil. 
CANTON  ou  QUANTON.  Province  de  la  Chine. 
Le  P.  Cjouye  iiu'  les  oblervations  des  Jeiliites ,  mct- 
toic  canton  à  13^  7  4^)  "  de  latitude  nord  ,  &  à  1 5  5" 
15'  15"  de   longitude,    en    luppolant  Paris  à   xo° 
3'  de  longitude.    On  ne   lui  donne  plus  que   10° 
Voye[  QuANTON. 
CANTONADE,  i.i.  Terme  de  Théâtre.  Ceftlenom 
que  l'on  donne  à  l'aîle,  au  coin  du  Théâtre.  Un 
Adeur  s'adrefle  quelquefois  à  la  cantonade.  Parler 
ià  la  cantonade  ,  c'cll:  parier  à   un  peribnnage   qui 
n'eft  pas  va  des  Ipeclateurs.    Ce   terme  le   trouve 
très-lbuvent  dans  les  pièces   de  Théâtre  ,    princi- 
palement les  Italiennes. 
CANTONNEMENT,  f.  m.  Terme  de  l'Art  Militaire. 
C'ert:  un  repos  qu'on  procure  aux  troupes  en  dit- 
férens  villages  conrigus ,  &  autant  qu'on  peut  fur 
une  même  ligne  ,  tailant  face  à  l'ennemi ,  où  elles 
l'ont  logées  &  bartaquées.  Il  y  a  cette  différence 
entre  cantonnement  &C   quartier  ,    que   le    premier 
ne  fe  fait  que  pour  procurer  un  rafrakhiirement 
palFagcr  à  une  armée  fatiguée  ,  Si  que  le  lervice  con- 
tinue de  s'y  faire  comme  en  campagne  -,  &  que  dans 
le  fécond ,  le  lervice  s'y  fait  comme  dans  les  places. 
CANTONNER,  v.  n.  Terme  de  Guerre ,    qui  fe  dit 
des  troupes  diftribuces  dans  plulieurs  villages  pour 
la  commodité  de  leur  fubfiftance  ,   avant  l'ouver- 
ture de  la  campagne ,  ou  l'entrée  en  quartier  d'hi- 
ver. Les  troupes    commencent  à   cantonner.  Faire 
cantonner  des  troupes.  Les  troupes  ont  cantonné 
en  tel  endroit. 
CANTONNER  (fe).  v,  récip.  Se  retrancher,  fe  for- 
tifier dans  quelque  canton  ,  dans  un  lieu  ferre  &c 
de  défcnfe.  Aliquern  in  locum  fe  conjicere  ,  tutari, 
miinire.   Pendant   les  guerres  civiles  tous  les  Sei- 
gneurs fe  cantonnoient  dans  leurs  Provinces ,  dans 
leurs  Gouvcrnemens. 

Cantonner  un  écu   de   fon  véritable  blàfon.  En 
ce  fens  il  clt  attif.  Singulos  fcuti  angulos  fuis  par- 
tibus  adornare. 
Cantonné,  éh  ,  part.  Conjeclus  aliquem  in  locurn  , 

munitus  aliquo  in  loco. 
Cantonne,  adj.  En  termes  de  Blâfon ,  fe  dit  îorfque  dans 
les  quatre  cantons  ou  vides  qui  font  autour  d'une 
croix  ou  d'un  fautoir ,  il  y  a  quelques  pièces  qui 
remplilîent  ces  efpaces.  Angulatus  ,  habens  quatuor 
fcuti  angulos  yel  uniim  aliquem  aliquà  figura  af- 
fccliim.  On  le  dit  aulTi ,   lorfqu'auprès  d'une  pièce 
ou  figure  principale  de  l'écu  ,  il  y  a  d'autres  figures 
dans  les  quatre    cantons  qui   l'accompagnent.  Le 
Jay  porte   d'azur  à   un  aigle  d'or  ,   cantonnée  au 
premier  canton  d'un  foîeil  aulTi  d'or ,  &  aux  trois 
autres ,  de  trois  aiglettes  de  même. 
Cantonné  ,  efl:  auHl  un  terme  d'Architedlure.  Lotf- 
que    l'encoignure   d'un   bâtiment   efl    ornée    d'un 
pilaftre  ou  d'une  colonne  angulaire ,  ou  de  chaîne 
en  liaifon  de  pierre  de  refend ,  ou  de  boflages ,  ou 
enfin  de  quelqu'autre  corps  qui  excède  le  nud  du 
mur  \   on    dit   que  le   bâtiment  ejl  cantonné,   An- 
gulatus. 
CANTONNIÈRE.  f.  f.  Pièce  de  la  tenture  d'un  lit 
qui  couvre  les  colonnes  du  pied  du  lit  &  qui  pafle 
par  dellus    les   rideaux.    Conopœum   brevius.    Elle 
îert  pour  défendre  l'entrée  du  vent  qui  pourroit 
venir    par^  l'ouverture  que  laiffent  les  grands  ri- 
deaux. 
CANTOR.  f.  m.  Poids  dont  on  fe  feit  en  Sardaigne. 

Un  cantOT  tait  145  liv.  de  Venife. 
CANTORBERY  ou  CANTORBIE.  Ville  d'An- 
gleterre ,  capitale  du  Comté  de  Kent.  Cantuaria  , 
autrefois  Duvernum  ,  ou  Dorobernum  ,  ou  Dano- 
rernum,  Cantorbery  eft  fur  la  rivière  de  Stour  , 
à  deux  lieues  de  la  mer ,  ville  agréablement  fituéc  , 
mais  qui  n'efl:  pas  grande.  Sous  les  Rois  Saxons , 
Cantorbery  fut  le  féjour  des  Rois  jufqu'à  Ethel- 
beit  qui  la  donna  à  S,  Auguftin ,  qui  l'avoit  con- 


CAO 

verti ,  &  qui  en  fut  le  premier  Archevêque.  L'Arche- 
vêque   de  Lantorbery  ell  Primat   d'Angleterre  & 
premier  Pair  du  Royaume.  C'eft  à  lui  à  couronner 
les  Rois  :  il  a  zi  fuffragans ,  auxquels  il  a  droit 
de  donner    des  Coadjuteurs  ,  quand  ils  font  hors 
d'état  d'agir  :  &  quand  leurs  ficges  vaquent ,  il  jouit 
des  droits  épifcopaux.   Maty.    Depuis  le  fchifme 
même  on  l'a  privé  du  droit  de   fe  marier  qu'ont 
tous  les  autics  Evêques  ,    ou   Prêtres    de    l'Eglife 
Anglicane. 
Ip-  CANTRE.  f.  f.  Dans  les  Manufadures  de  foie , 
c'ert  une    partie    de  l'ourdifibir  dans  laquelle   ort 
paife  les  rochers  pour  ourdir.  Encyc. 
CANTU  AIRE.  f.  m.  Mot  ufité  dans  l'Eglife  de  Meaux, 
pour  lignifier  le  titre  de  celui  qui  baptifoit  autre- 
fois dans  l'Eglife  Cathédrale.    Ce  titre  fut  artnexé 
à  l'Abbaye  de  Chage  dès  fa  fondation.  Hifl,  de  l'E- 
glife   de    Meaux,   T.   1 ,  page  630. 
0-  CANT YR.  Province  d'Ecolfe  ,  qui  n'efl:  attachée 
au  continent  que  par  un  Iflhme  long  de  mille  pas 
qui  la  joint  au  Comté  d'Argill ,  dont  elle  faifoit 
partie. 
ÇrrC  ANULE  ay  CANULLE.  f  f.  Terme  de  Chirurgie. 
Petit  tuyau  qu'on  introduit  dans  les  plaies  ,  pour  les 
empêcher  de  le  fermer,  pendant  la  fuppuration,  & 
pour    donner  illlie  aux  matières  qui  y  croupillênt. 
Fiflula  ,  Canalictilus.  Elle  eft  faite  d'or  &  d^argent, 
ou    de   plomb  ,    &  eft  trouée  ,    afin  que  la    fanie 
puiffe  entrer  &  tomber  fur  une   éponge  trempés 
en  vin  &  eau-de-vie  qu'on  met  à  l'orifice  pour  te- 
nir chaudement  l'ulcère  &:  empêcher  que  l'air  ex- 
térieur n'entre  au- dedans.  Il  y  a  des  canules  à  an- 
neaux qui  fervent  à  les  attachct ,    &  les  tenir  fu- 
jettes  dans  la  plaie,  hts  canules  .1  platine  font  celles 
qui  ont  à  la  tête  une  petite  plaque  ronde  percée 
de  deux  trous ,  où  l'on  paife  un  ruban  pour  les  ar- 
rêter. Il  y  a  des  canules  rondes  ;  il  y  en  a  d'o- 
vales ,  de  courbes.  Il  y  en  a  pour   appliquer  des 
cautères  aéfuels  ■■,  elles  font  pour  l'ordinaire  fort 
courtes    &  fort    larges  :   ce  ne  font  prefque  que 
des  anneaux  qui  ont  quelque  hauteur ,  &:  un  manche. 
On  applique  le  cautère  qui  ell  plus  menu  que  l'ou- 
verture de  la  canule,  en  le  faifant  entrer  dans  la 
canule ,  laquelle  empêche  que  les  parties  voillnes 
ne  Ibient  offenfées   par   le  cautère.  Il  y  a  de  ces 
canules  à  platine  qui  font  longues  :  elles  fervent 
lorfqu'il  faut  introduire  un  cautère  dans  le  corps 
pour  confumer  quelque  callofité  ;  on    les   appelle 
feneftrées ,  ou  .à  fenêtre  ,  à  caufe  d'une  ouverture 
qu'elles  ont ,    non  pas  au  fond  ,   mais  à  côté  fut 
leur  longueur  pour  appliquer  le  cautère.  On  fe  fert 
de  ces  canules  feneftrées  &  fermées  par  un  bout , 
pour  les  hémorrhoïdes  internes,  pour  les  fiftules", 
&c.  Quelques-uns  appellent  les  canules  à.  platine, 
canules  ailées ,  parce  que  la  platine  eft  étendue  en 
quelque  façon  comme  les  aîles  d'un  oifeau  qui  vole. 
En  plufieurs  endroits  on  appelle  canule  le  pe- 
tit tuyau  que  l'on  met  au  bout  des  feringues  pour 
donner  des  lavcmens.  Tubulus. 
Canule  ,  fe  dit  aulîî  de  ce  qui  fert    à    boucher   urt 
muid ,  &  à  en  tirer   le   vin  en  l'ouvrant.  Fiflula, 
On   l'appelle  plus  ordinairement  canelle. 
ÇCr  CANZULA.    Ville  maritime  de  Niphon  au  Ja- 
pon ,  au  nord  du  Royaume  d'Ava  &  au  midi  de 
celui  de   Ximola.    Quelques  -  uns  la  font  capitale 
d'une  province  ou  Royaume  de  même  nom. 

CAO. 

CAOPOIBA.  On  dit  auiFi  Coapoiba.  f.  m.  Arbre  des 
Indes ,  de  la  hauteur  du  hêtre ,  dont  il  a  la  figure. 
Son  ccorce  eft  cendrée  avec  des  ondes  brunes.  Ses 
feuilles  font  fermes  ,  de  figure  oblongue  ,  &  il 
fort  de  leurs  queues,  lorfqu'on  les  rompt,  une  li^ 
queur  laiteufe.  Ses  fleurs  fon,t  chacune  portées  fut 
un  pédicule.  Elles  font  de  la  grolTeur  d'une  rofe, 
compofées  comme  elle  de  feuilles  blanches  avec 
de  petits  onglets  rouges  ,  &  ont  au  lieu  d'un  nom- 
bril,  un  petit  globule  rouge,  rcfineux  ,  delagrçA 


CAP 

féur  d'un  pois ,  qui  donne  une  rcflnc  auffi  claire 
que  la  tcrcbenthinc  ,•  trluante  &  jaunâtre ,  mais  d'une 
odeur  defagréablc.  Le  truie  eft  place  dans  une  caplliie, 
de  même  que  le  gland ,  &  renferme  plufieurs  ram;s 
de  iemences  de  la  i^^rofleur  &  figure  des  pépins 
de  pommes.  La  pulpe  du  fruit  e(t  jaune  6:  donne 
un  ilic  jaune.  L'ccorce  du  bois ,  qui  eft  épaiife  , 
fe  répare  aifémcnt  du  bois ,  qui  eft  fragile ,  & 
qui  contient  une  moelle  que  l'on  en  tire  facilement. 
Il  y  en  a  une  autre  efpcce  a  écorce  grife  &  à 
feuilles  oblongues. 

CAORCIN  ou  CAORSIN  6.-  CORSIN.  f.  m.  Caor- 
cinus  ,  corfinus.  Les  Caorfins  ou  Corfins  furent  des 
Marchands  d'Italie  fameux  au  XIII'  (iècle  par  leurs 
ufures  ,  en  France  &  en  Angleterre ,  dans  les  Pays- 
Bas,  &  en  Sicile.  S.  Louis  fit  uh  édit  contre  les 
Caorfins  en  1 16%.  Henri  III  les  cliafla  d'Angleterre  en 
1 140.  Le  Pape  ayant  intercédé  pour  eux,  dix  ans  après 
ils  revinrent ,  &  furent  chaiics  une  féconde  fois  en 
1 15 1 ,  l'année  d'après  leflr  rctablirtément.  En"  i  iCo  j 
Henri  III,  Duc  de  Brabant ,  ordonna  par  fon"  tefta- 
ment  qu'on  les  chafsât  auffi  de  fes  Etats.  Quelques- 
uns  croient  qu'ils  prirent  leur  nom  de  Cahots ,  ca- 
pitale du  Quetcy,  où  ils  faifoient  un  gros  com- 
merce. D'autres  croient  qu'ils  viennent  d'une  famille 
de  gros  Ncgocians  de  Florence  nommes  les  Cor- 
Jins.  Quoi  qu'il  en  foit ,  comme  on  enlevoit  fou- 
vent  ces  Marchands  comme  des  ufuriers  pour  les 
mettre  en  prifon,  quelques-uns  croient  que  c'eft 
de-là  qu'eft  venue  cette  minière  de  parler  prover- 
biale :  Enlever  comme  un  Corjin  ,  &C  qu'il  faut  dire 
ainh  ,  Se  non  pas  comme  un  corps  Saint  ,  qu'ils 
croient  être  une  corruption  que  la  refîemblance 
d.es  mots  a  produite.  Matthieu  de  W'ejiminjler ,  à 
l'aniti,!-.  Du  Cange.  D'autres  difent  que  ce  pro- 
verbe vient  de  ce  que  les  Caorjins  eux-mêmes 
ctoient  fi  cruels ,  qu'ils  enlevoient  leurs  débiteurs 
&  les  faifoient  mettre  en  prifon.  La  première  raifon 
paroît  convenir  à  l'ufage  dU  proverbe  &  au  fens 
qu'on  lui  donne.  Foyei  encore  au  mot  Banquier. 

^  CAOTANG.  Petite  ville  de  guerre  de  la  Chine , 
dans  la  province  de  Chanton,Vous  le  même  mé- 
ridien que  Pékin,  à  ^yd  15'  de  lat. 

CAOUANNE.  f.  f.  C'eft  une  des  tiois  efpèces  de 
tortues,  &  la  plus  grande  des  trois.  Son  écaille 
n'efl  bonne  à  rien  -,  car  outre  qu'elle  efl:  très-mince 
&  de  vilaine  couleur ,  elle  eft  toujours  chargée  de 
galle  &  d'autres  marques  qui  la  gâtent  abfolument. 
Sa  chair  n'eft  pas  meilleure  ;  elle  eft  toujours  maigre, 
filaileufe  ,  coriace  &  de  mauvaife  odeur.  On^nc 
laiffe  pas  de  la  faler  pour  les  Nègres,  à  qui  tout 
eft  bon.  Le  P.  Labat. 

CAOUP.  f.  m.  Arbre  qui  croît  dans  l'île  de  Ma- 
ragnan  dans  l'Amérique,  Ses  feuilles  rcfiemblent 
à  celles  du  pommier ,  mais  elles  font  plus  larges. 
Ses  fleurs  font  rouges  &  jaunes.  Son  fruit  eft  fem- 
blable  à  l'orange  par  fa  figure  &  par  l'on  goût , 
&  plein  d'amandes.  Ray,  cité  par  James. 

C  A  P, 

CAP ,  f,  m.  La  tête  de  l'homme.  Cdput.  II  n'eft  en 
ufage  qu'en  ces  phrâfes.  De  pied  en  cap.  A  capite 
ad  cakem.  An-nè  de  pied  en  cap.  Cataphraaus.Cc 
Capitaine  à  habillé  &  armé  tous  fes  cavaliers  de 
pied  en  cap ,  à  fes  dépens.  Parler  cap  à  cap.  Les 
Gafcons  difent  auffi  cap  de  Dious ,  quand  ils  veu- 
lent jurer. 

Le  P.  Pezrori  dit  que  le  mot  cap  vient  de  capp, 
mot  celtique, 'qui  fignifie  la  même  chofe. 

Cap,  en  termes  de  Marine,  eft  la  tête  de  l'éperon, 
la  pointe,  ou  l'avant  du  navire,  la  proue  d'un 
.vaiffeau.  Nous  avons  le  cap  au  nord.  Il  a  fallu  virer 
le  cap  à  l'oueft.  Nous  avions  le  cap  au  vent.  Ils 
portèrent  le  cap  fur  une  telle  ville,  c'eft-à- dire, ils 
y  dreflérent  leur  route.  Où  as-tu  le  cap-i  C'eft  une 
qucftion  qu'on  fait  auTimonnier;  pour  favoir  quel 
rumb  de  vent  on  tient.  Avoir  le  cap  à  marée,  c'eft 
prefenter  l'avant  au  courant  de  Isf  mer.  Mettre  le 
cap  lut  une  tour,  c'eft  diriger  la  proue  du  vaiffeau 


â,  2,  'T^ 

du  côté  de   ia  tour,  afin  qu'il  aille  Vers  la   tour^ 
P.   HosTE  Jeiuite. 

^  Virer  cap  pour  cap ,  c'efl-à-dire ,  changer  les  amu- 
res en  virant  vent  arrière  &  courir  fur  la  route  di- 
rectement oppofee  a  celle  que  l'on  tenoit  avant  de 
virer.  On  dit  que  deux  vahfcaux  font  cap k  cap,  lorf- 

r  ^"  !''5?"'^^"^  ^"f  des  routes  diredf  ement  oppofées 

CAPj.Mor.,  en  termes  de  Marine,  ou  Tète  de  More, 
eft  un  gros  billot  qui  embrafib  le  tenon  des  mâts 
m'ê-me  cîTofe      ^'^' '^^°"'  ^^^"^  Chouquet  ,  c'eft  la 

Cap  de  Mouton ,  eft  tin  autre  billot  de  bois  taillé 
en  façon  de  poulie,  qui  eft  percé  en  tfois  endroits 
pour  y  pafîer  des  cordes  ou  rides ,  fervant  à  differens 
ufages.  On  met  d'ordinaire  treize  douzaines  de  cats 
de  mouton  pour  l'équipement  d'un  vaifieau.  Il  fert 
particulièrement  à  rider  l'étai  du  mât.  Le  cap  de 
mouton  qu  on  appelle  martinet,  eft  une  efpèce  de 
cap  de   mouton,  ou  paifent   les  lignes  des  trelin- 


^,,  „.,,  À  ■  t;"'";""  "S"t:,  qui  vont  s'claraiftànE 
e  patte  d  oie  fur  le  bord  de  la  hune ,  pour  empê- 
cher les  l^unu^rs  de  fe  couper  contre  la  hune.  On 

I  appelle  auHi  Motte  de  trelinga<re. 

Ce  qu'on  appelle  caps  de  mouton  à  croc,  font  de 
petits  caps  de  mouton  .  où  il  y  a  un  ctoc  de  fer  p<i,ur 
accrocher  au  cote  d'une  chaloupe.  C'eft-là  qu'on  a 
coutume  de  les  faire  fetvir  pour  retenir  les  haubans. 
Cap  de  More,  en  terme  de  Manège,  eft  un  cheval 
de  poil  rouan  ,  qui  a  k  tête  &  les  extrémités  des 
pieds  noires.  Equus  cdpite  atrifque  pedibus. 

On  dit  chez  les  Marchands,  qu'une  étoffe  a  oî;. 
&  queue,  quand  elle  n'eft  point  entamée,  quand 

II  y  a  deux  chefs  aux  deux  bouts. 

^^r,  P"'^^  '  '^^^"'^  de  Coutumes ,  qui  veut  dire 
1  hotel  noble  ,  le  château  ,  la  maithn  principale: 
qui  appartient  à  l'aîné  par  préciput. 

Cap  d'Homi.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  l'état  &  la 
condition  des  petfonnes.  Cujufque  ftatus  &  con^ 
ditio.  Voyez  le  For  général  de  Bearn. 

Cap,  fignifie  encore  un  promontoire,  line pointe dd 
terre  qui  avance  dans  la  mer.  Promontorium.  Li 
Sicile  fut  appelléé  Trinacrie  dans  l'antiquité,  à 
caule  de  ies  trois  caps ,  ou  ptomontoires ,  qui  font 
marqués  fur  les  médailles  par  trois  jambes  d'homme 
jointes  enfemble  par  k  haut  de  la  cuiffe  ,  &  re- 
pliées au  genou,-  ce  qui  fait  à  peu  près  la  fio-ure 
«langulaire  de^  cette  île.  Le  cap  de  Finifterre"  en 
Elpagne.  Les  Iles  du  cap  Vert ,  qui  font  vis-à-vis 
le  cap  Vert.  L'Académie  des  Sciences  met  le  cap 
Vert  au  14*^  deg.  45  min.  de  latitude  ndrd ,  &un 
dcg.  50  mm.  de  longitude.  Le  cap  Vert  fut  ainfi 
nomme  pat  les  Portugais  ,  parce  qu'ils  y  trouvè- 
rent de  la  verdure.  Le  cap  Blanc  flit  découvett  par 
les  Portugais  en  1454,  &  flit  ainfi  nommé  à  caufe 
que  le  territoire  eft  ftérile  ,  &  fans  verdure.  Le 
cap  de  Bonne-Efpérance  eft  la  pointe  la  plus  méri- 
dionale de  l'Afrique.  Elle  fut  découverte  pat  Vafco 
de  Gama Portugais,  en  1509,  fdus  Jean II,  Roi  de 

I  ortugal.  Les  Capitaines  des  vaifl'eaux  l'avoient  d'a- 
bort  nommé  Capo  Tormentofo,  à  caufe  d'une  grande 
tourmente  qu'ils  y  effuyèrent  ;  mais  le  Roi  voulut 
qu'on  changeât  ce  hom  en  celui  de  Bonne-Efpé- 
rance, à  caufe  de  l'efpoir  qu'il  conçut  dès-lors  de 
découvrir  les  Indes,  dont  en  effet  il  a  ouvert  le 
chemin.  Le  cap  de  Bonne-Efpérance  eft  au  34« 
degré  ij  min.  de  latitude  métidionale ,  &  au  58« 
degré  30  min.  de  longitude,  félon  la  table  de  l'Aca- 
démie des  Sciences.  Doubler  le  cap  ,  c'eft  pafTer  aii 
de-là  du  cap ,  de  l'autre  côté  du  cap.  Promontoriurri 
prxtercr/edi.  Pater  le  cdp ,  c'eft  la  même  chofe. 

Cap  des  deux  Bayes.  Il  eft  en  Acadîe. 
Cap  Blanc.  Il  eft  fur  la  côte  de  Phénicic ,  au  midi 
de  Tyr  ^  fur  le  chemin  de  Tyr  à  S.  Jean  d'Acre. 

II  tire  fon  nom  de  la  blancheur  du  rocher  qui 
forme  ce  promontoire.  Promontorium  album  y  ou 
candidum.  On  y  voit  ce  célèbre  chemin  qu'on 
appelle  le  chemin   d'Alexandre.   Il   eft    taillé  fut 

F  Uy  - 


228 


CAP 


une  montactnc  toute  de  pierre ,  5c  creufé  comme 
un  canal  dont  les  bords  ibrment  un  par.inct  du 
côté  de  la  mer,  dont  les  vagues  battent  conti- 
nuellement le  pied  de  la  montagne.  Ce  chemin  a 
plus  d'une  lieue  de  longueur ,  &  lix  à  fept  pieds 
de  largeur.  Alexandre  le  fit  taire  pour  donner  pal- 
iage  à  fon  armée  qui  alloit  adiégcr  Tyr,  Alem, 
dt:s  Mijjwn.  du  Levant,  T.V.p.  \-j  ,  i8. 
Cap  Dori.  Cap  à  l'entrée  du  havre  de  la  Haivc  à 
droite,  fur  la  côte  de  l'Acadie.  Auraiiim  Pro- 
numtoriiim.  C'efI:  un  gros  cap  de  roche,  ainii  nom- 
me ,  parce  que  quand  le  Soleil  donne  delllis ,  il 
paroit  tout  doré.  Denys  ,  Defcript.  de  l'Am,  Sept. 


I    c. 


Cap  de  Bonne-Efpérance  (  le  )  diffère  du  méridien 
de  Paris  de  i  h.  lo'  58"  orient,  ou  17''.  44'  30', 
c'eft-à-dire  qu'il  eft  au  5-7  d,  ^j'  ço"  de  lon<ïi- 
tude  :  il  a  54  **.  15;'  de  latitude  méridionale.  Le 
tout  lelon  M.   Cassini. 

Cap  Fourchu.  (  le  )  C'efl:  un  cap  de  la  côte  de  l'A- 
cadie. Le  Cap  Fourchu  fe  nomme  ainii ,  parce  qu'il 
eil:  fait  comme  une  fourche.  Les  vaiffeaux  s'y  peu- 
vent mettre  à  couvert.  La  pèche  de  la  morue  y 
eO:  abondante ,  n'eft  pas  loin  de  terre ,  &  s'y  fai'r 
plutôt  qu'en  aucun  lieu  de  l'Acadie.  Le  pays  eft 
bon  &  fort  beau.  Denys. 

Cap  de  fable.  Cap  fur  la  côte  de  l'Acadie. 

Cap^  Fert  (le)  eft  plus  occidental  que  Paris  de  i  h. 
18'  o"  ou  de  19  d.  jo'  o",  fa  longit.  eft  o  d.  zi' 
30",  fa  latitude  14  d.  45'  o"    nord".  Cassini. 

IP"  CAPABLE,  ad],  m.  &  f.  Capax.  Ce  mot  dans 
un  Jcns  général  marque  une  aptitude ,  une  dilpofi- 
tion,  &  les  qualités  requifes  pour  une  chofe. 

On  le  dit  des  choies  &  des  lieux  étendus  en  toutes 
dimenfions.  Dans  cette  acception  on  le  joint  avec 
Jcs  verbes  tenir  Se  contenir.  Ainlî  on  dit  que  le 
cirque  étoit  capable  de  contenir  tout  le  peuple, 
pour  dire  qu'il  avoir  affez  d'étendue,  l'étendue 
néceflaire  pour  contenir  tout  le  peuple.  On  dit 
de  même  qu'un  vaifîëau  eft  capable  de  tenir  tant 
'  de  pintes  de  vin.  Ce  port  eft  capable  de  contenir 
tant  de  galères. 

Dans  Rabelais ,  ce  mot  lignifie  ,  qui  peut  con- 
tenir beaucoup.  Une  ccuelle  capable  &  profonde. 

Capable  fc  dit  figurément  des  fonclions  de  l'amc  , 
en  tant  qu'elle  peut  contenir  ou  embraifer  pkifieurs 
connoidances.  Idoneus  ,  aptus ,  capax.  L'ciprit  de 
l'homme  n'cft  pas  capable  de  concevoir  l'infini  , 
ni  même  la  vafte  étendue  de  l'Univers.  La  raifon 
humaine  n'eft  pas  capable  de  comprendre  les  myf- 
tères  de  la  foi.  La  mémoire  n'eft  pas  capable  de 
conferver  l'idée  de  tant  de  chofes  différentes.  Il 
n'y  a  que  les  grandes  âmes  qui  foient  capables 
de  grands  defleins.  P.  Rap. 

On  le  dit  auifi  des  difpolitions  qui  fe  trouvent 
dans  l'efprit,  ou  dans  les  chofes,  pour  être  pro- 
pres à  recevoir,  ou  à  produire  au  dehors  divers 
effets,  foit  par  leur  nature,  foit  par  une  impref- 
fion  étrangère.  Un  ami  en  mourant  légua  à  ion 
ami  le  foin  de  nourrir  fa  mère.  Il  falloir  être  capa- 
ble de  le  faire  pour  l'ordonner.  Mont.  L'antiquité 
a  eu  des  vertus  dont  notre  fiécle  n'eft  pas  capable. 
Baiz.  Une  ame  ambitieufe  n'eft  pas  d'ordinaire  ca- 
pable de  modération.  S.  Evr.  Capable  d'amitié  , 
de  reconnoiffance  -,  c'eft-à-dire ,  fufceprible  des 
fentimens  d'amitié  ,  reconnoiffance.  Le  prédica- 
teur ne  doit  rien  laiffei  échaper  qui  ne  foit  capa- 
ble d'imprimer  "du  refpeét  pour  les  vérités  de  la 
Religion.  Tout  l'or  de  Philippe  ne  fut  pas  capable 
d'éblouir  Démofthène.  P.  Rap.  Thucydide  eft  ad- 
mirable pour  raconter  les  chofes  avec  dignité ,  & 
pour  donner  à  la  raifon  tout  le  poids  dont  elle  eft 
capable.  Idem. 

f^  Capable  ,  -en  Jurifprudence  ,  fe  dit  de  celui  qui  a 
ràgc  compétent  &  les  autres  qualités  requifes  par 
la  loi  pour  pofféder  une  charge ,  un  bénéfice  ,  pour 
exercer  certaines  fondions. 

Par  le  Droit  Romain,  uu  eunuque,  un  impu- 


CAP 

bcre  ,  ne  font  pas  capables  de  faire  tcftamcnt.  Le> 
étrangers  non  naturalifés  ne  font  pas  capables  de 
poHcdcr  des  Bénéfices  ,  ni  de  tcftcr.  Il  faut  avoir 
14  ans,  pour  être  capable  de  poiféder  un  Cano- 
nicat  dans  une  Eglife  Carhédrale.  Un  Patron  Ec- 
clciiaftique  qui  confère  un  Bénéfice  à  celui  qui  n'en 
eft  pas  capable  ,  perd  ion  droit  pour  cette  fois-là  : 
il  ne  peut  point  varier. 
(fT  Capable,  dans  la  fignification d'habile  •,  entendu 
dans  ce  fens  on  l'emploie  abfolument  ians  régime.  Il 
a  confié  fon  atfaire  à  un  homme  capable  ,  fort  capa- 
ble. Il  a  mis^cetce  charge  entre  les  mains  d'un  hom- 
me capable. 

On  dit  auffi  qu'un  homme  eft  capable  d'affaires , 
pour  dire  qu'il  les  entend   bien. 

On  dit  en  bonne  part,  qu'il  eft  capable  àc  toux., 
pour  dire  qu'il  peut  s'acquitter  très-bien  de  tous 
les  emplois  qu'on  lui  confie ,  de  rout  ce  qu'il  en- 
treprend. Horace  avoit»un  génie  capable  de  tout , 
mais  la  pente  de  fon  enjouement  le  tourna  du  côté 
de   la  fatyre.  P.  Rap. 

En  mauvaife  part,  on  dit  d'un  téméraire,  d'un 
fcélcrat,  qu'il  eft  capable  de  tout,  pour  dire  qu'il 
peut  ie  porter  à  tous  les  excès,  aux  adlions  les  plus 
noires. 

On  dir  d'un  ton  un  peu  ironique  que  quelqu'un 
a  l'air  capable,  pour  dire  qu'il  a  l'air  d'un  homms 
qui  préfume  trop  de  fon  habileté  ,  de  fes  talens. 
Conjidens.  Il  eft  bon  que  les  jeunes  gens  qui  en- 
trent dans  le  monde  foient  honteux  ;  un  air  capa^ 
ble    le  tourne   d'ordinaire    en    impertinence.   La. 

ROCHEF. 

On  dit  fubftantivement  qu'un  honmme  fait  le 
capable ,  pour  dire  qu'il  fait  l'habile  homme.  Il  y 
a  beaucoup  plus  de  honte  à  faire  le  capable  mal- 
à-propos  ,  qu'à  fe  taire  Judicieufement ,  &  à  avouer 
qu'on  ne  lait  rien  des  chofes  dont  on  parle.  M.Scud. 

Capable  fe  dit  auffi  en  Phyfique,  des  chofes  qui 
ont  de  la  force  pour  réfifter  au  poids ,  aux  efrbrts 
&  aux  violences  des  corps  étrangers.  On  fe  ferc 
en  ce  fens  des  verbes  Pojfum  &  Valeo.  Cette  co- 
lonne n'eft  pas  capable  de  foutcnir  de  lî  grands  far- 
deaux. Columna  ijla  non  poteji ,  non  valet  fujii- 
nere  tam  grave  pondus.  Cet  habit  eft  capable  de 
vous  défendre  du  firoid. 

En  approchant  de  ce  fens,  il  fignific  auiH,  fuf- 
fiilint,  qui  peut  faire,  qui  eft  en  état  de  faire,  qui 
eft  allez  puiffant  poui  faire,  &fe  dit  des  perfonnes 
6c  des  chofes.  Cet  homme  n'eft  point  à  négliger  , 
il  eft  capable  de  vous  rendre  de  bons  offices.  Ce 
précepte  eft  capable  de  ruiner  l'amitié.  Il  n'eft  pas 
capable  d'une  i\  haute  réfolution.  Cette  médecine 
écoit  capable  de  vous  empoiibnner.  Une  parole 
dire  mal-à-propes  eft  capable  de  ruiner  la  forrans 
d'un   Courcifan. 

CAPABLEMENT  ,  adv.  D'une  manière  capable. 
Docte ,  crudité.  Cet  Officier  a  parlé  fort  capable' 
ment  à  fa  réception  &  à  fon  examen.  H  parle  de  tout 
cavablemetn.  Voit.  Cet  adverbe  n'eft  plus  enufas^e. 

Ip-  CAPACCIO  ou  CAPACCIO-NUEVO.  Cap  ut  a- 
quetiin.  Ville  d'Italie  dans  la  Principauté  citérieure  , 
au  Royaume  de  Naples ,  avec  un  Evêché  fuffra- 
gant  de  Salerne.  Il  y  en  avoit  une  autre  fur  une 
montagne,  dont  les  ruines  portent  encore  le  nom 
de  Capaçcio-Vecchio. 

CAPACITE,  f.  f.  Ce  mot  fe  prend  dans  le  même 
fens  que  capable. 

En  parlant  des  chofes,  Ciî/?<ic«£  fignifie  leur  éten- 
due en  toutes  dimenfions  i  la  profondeur  &  la  lar- 
geur d'une  choie  ,  confiderée  comme  contenant 
ou  pouvant  contenir.  Capacitas  ,  amplltudo.  Ce 
vaiffeaun'apas  affcz  ae  capacité  pouT  conrenir  toute 
votre  liqueur.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit  la  ca- 
pacité du  cerveau  ,  de  l'eftomac  ,  de  la  veffie ,  des 
ventricules. 

En  Géométrie  on  dit  méfurer  l'aire  ou  la  ca- 
pacité intéxicute  d'un  cercle,  d'un  triangle,  d'un 
carré ,  d'une  figure. 

Capacité,  en  Jurilpradence ,  fe  dit  des  difpoJîtioas 


CAP 

d'une  penonn;  ,  qui  font  réglées  par  îa  coutume , 
ouparlesLoix  Civiles  &i  Eccicihlliques,  Facuàus. 
Une  donacion  eft  nulle,  fxm^  de  capacué  dans 
la  perfonne  du  donataire  ou  du  donateur.  Le  vice 
de  la  nai(lânce  ôte  la  capacité  de  tefter ,  à  un  au- 
bain,  par  exemple  :  Les  diipofitions  qui  forment 
la  capacité  ,  ne  Jbnt  pas  les  mêmes  partout  :  ainii 
la  majorité  qui  donne  la  capacité  d'agir  ,  com- 
mence en  Normandie  à  lo  ans ,  &  à  ijVculemcnt 
«ians  les  autres  Provinces.  Un  entant  dans  le  lein 
de  fa  mère  a  la  capacité  de  fuccéder  à  fon  père , 
quand   fa  fucceifion    cft  ouverte. 

On  appelle  titres  &  capacités  d'un  Eccléfiafti- 
que,  l'extrait  baptilbire,  les  lettres  de  tonfiire  , 
la  provifîon  du  bénéfice  ,  la  prife  de  poircffion  , 
&-'c.  &  quelquefois  les  grades ,  induits ,  ou  autres 
privilèges:  ces  chofcs  étant  ce  qui  donne  la  capa- 
cité pour  les  bénéfices. 

Capacité,  fe  dit  figurément  de  l'étendue  ,  de  la  por- 
tée de  l'efprit.  Captiis.,facultas.  L'elpritdecet  Auteur 
eft  d'une  vafte  étendue ,  il  eft  d^ne  grande  capacité. 
La.  capacité  de  l'efprit  s'étend  Se  fe  referre  par 
l'accourumance  ,  &  c'eft  à  quoi  fervent  les  Mathé- 
matiques, &  les  autres  fciences  difKciles,  qui  don- 
nent une  certaine  étendue  à  l'efprit,  Si  l'exercent 
à  s'appliquer  davantage.  Port-R.  Il  n'y  a  pas  de 
plus  notable  folie  au  monde  que  de  vouloir  rame- 
ner les  antres  à  la  méfure  de  notre  capacité  & 
fuffifance.  Mont. 

Il  fignifie  aulli ,  habileté.  Intelligentia.  C'eft  un 
Avocat  qui  a  route  la  capacité  qu'on  peut  avoir. 
Démofthène  n'avoit  pas  un  génie  fi  heureux ,  ni 
une  fî  vafte  capacité  que  Ciceron.  P,  Rap,  Les  cn- 
treprifes  d'Alexandre  ont  quelque  chofe  de  plus 
étonnant  que  celles  de  Céfar  \  mais  la  conduite  & 
la  capacité  ne  paroiffent  y  pas  avoir  eu  la  même 
part.  S.  EvR,  Tant  qu'on  ne  Voit  pas  le  fond  & 
les  bornes  de  la  capacité  d'un  Minifti-e  ,  fa  pro- 
fondeur inconnue  le  fait  refpedter.  Amel.  Il  y  a 
bien  des  gens  à  qui  une  mine  froide  a  tenu  lieu 
de  prudence  &  de  capacité.  Mont. 

ÇCr  Le  mot  de  capacité ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  a 
plus  de  rapport  à  la  connoillance  des  précepres  ; 
Vhabilcté  en  a  davantage  à  leur  application  ;  l'une 
s'acquiert  par  l'étude  ,  tV  l'autre  par  la  pratique. 
Qui  a  de  la  capacité  eft  propre  à  entreprendre.  Qui 
a  de  Ytiiihikti  eft  propre  à  réuifir.  Il  faut  de  la 
capacité  pour  commander  en  chef,  &  àtV habileté 
pour  commander  à  propos. 

CAPADE,  f  f.  Terme  de  Chapelier.  Eft  une  cer- 
taine quantité  de  laine  ou  de  poil  qu'on  a  formé 
par  le  moyen  de  l'arçon.  Faire  une  capadé, 

Capade  ,  f.  m.  Nom  qu'on  donne  chez  les  Maures 
&  ailleurs  aux  Eunuques  noits ,  auxquels  l'on  con- 
fie la  garde  des  femmes. 

CAP  AGE  ,  f,  m.  Terme  de  Coutume.  C'eft  la  même 
chofe  que  capitatinn  ;  c'eft-à-dire,  rribut  impofé 
fur  les  perfonnes  &  par  têtes.  Tributum  viritim 
exigendum.  Capage  en  Provence  eft  un  tribut  im- 
pofé fur  chaque  maifon ,  ou  fur  chaque  famille. 
Foyei  les  Statuts  de  Provence.  Ce  mot  eft  en  ufage 
au  même  fens  que  Capitation  en  plufîeurs  endroirs 
du  Dauphiné.  Chorier  ,  Hiji.  du  Dauph.  L,  IV, 
p.    lO'î. 

CAPALANIER  ,  f.  m.  Voyei  Caplanier. 

^fT  CAPALITA.  Ville  de  l'Amérique  féptentrionale  , 
dans  la   Province  de  Guaxaca. 

CAPANEE  ,  f.  m.  C'étoit  un  des  lept  Chefs  de  l'ar- 
mée des  Argiens  dans  la  guerre  de  Thébes.  Lorf- 
que  Théfce  fit  faire  de  magnifiques  funérailles  à 
ceux  qui  étoient  morts  au  fîége  de  cette  ville,  on 
ne  voulut  pas  brûler  le  corps  de  Capanée  avec 
les  autres ,  parce  qu'il  avoir  été  frapé  de  la  fou- 
dre, 8c  qu'il  éroit  regardé  comme  un  impie,  qui 
par  fes  blafphcmes  s'étoit  attiré  le  courroux  du  ciel  ; 
&  on  lui  fit  un  bûcher  féparé. 

CAPARAÇON,  f.  m.  Couverture  qu'on  met  fur  les 
chevaux.  Circumfufum  equo  ac  pendens  [iragulum 
ou  /Iragulum  feui ,  firatum.  Les  caparaçons  ordi- 


CAP  £,9 

haïtes  font  d'une  fimple  toile,  ou  treillis  Ceux 
des  chevaux  de  main  font  de  drap  ,  ornes  iz  ch  i  ^ 
g-cs  des  armes  ou  des  chifftes  du  Maître.  Les  )u- 
paraçons  des  anciens  Gendarmes  étoient'de  ri-hcs 
bouffes  brodées  ,  dont  ils  taifoient  parade  da-is"  l-s 
montres,  les  tournois,  &:  dans  les  pompes  &  cé- 
rémonies. Les  caparaçons  étoient  autrefois  une  ar^ 
mure  de  fer ,  dont  on  co  ivroit  le  cheval  de  hi- 
r.^\[\e.ïfTLzs caparaçons  de  l'armée  font  quelquefois 
d  une  grande  peau  d'ours  ou  de  quelqu'autre  ani- 
mal,  de  même  que  ceux  des  chevaux  de  caro/fe 
en  hiver. 

Ce    mor  eft  un  mot  efpngnol  aui^mentatif  dt 
cape,  comme    qui    à'no'xX.  grande  cjp\ 

Quelques-uns  ont  écrit  Caparaflon. 

CAPARAÇONNER,  v.  a.  Couvrir  un  cheval   d'un 

caparaçon.  Eqnurn   amplo  ac  demi[Jh  undique  lira^ 

gnlo  cooperire,  e^^uumjierncre ,  Jtragalo  coopenre, 
injtruere. 

Caparaçonné  ,  ée.  part. 

CAPAX.  f.  m.  Mot  latin  qui  /îgnifie  capable  On  le 
donne  dans  l'Ordre  de  Malre^  aux  Chevaliers  qui 
fonr  capables  d'avoir  une  Commanderie ,  c'eft-à- 
dire,  qui  onr  fut  cinq  années  de  réiidence  â 
Malte  ,   &  quatre  caravannes. 

CAPDALAT,  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Titre  fous 
lequel  on  poflede  une  terre  ,  un  bien.  Ceux  à  qui 
le  Bourg  de  Buchs  apparrenoit  à  titre  de  capda^ 
lat ,  ou  deSirauté,  font  appelés  dans  les  anciens 
titres  C'tpitales  deBogio,  d'où  l'on  a  fait  captais  , 
ou  captaux  de  Buchs.  De  Laur.  fur  Rameau. 

rr  LAPDENAC.  Petite  ville  de  France  ,  dans  la 
Querci  ,  fur  un  grand  rocher  efcarpé  de  tous  côtés. 
Quelques-uns  la  prennent  pour  l'Uxellodunum  de 
Ccfar 

CAPE.  i.  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autrefois  un 
gros  manreau  de  campagne ,  dont  la  partie  flipé- 
rieure  croit  taillée  en  forte  qu'on  y  pouvoir  four- 
rer la  tête,  Bardocucullus  ,penula  cucullum  habens. 
C'eft  ce  qu'on  appelle  encore  cape  de  Béarn  ,  dont 
ufent  les  matelots.  La  cape  fe  portoit  autrefois 
tant  par  les  Moines,  que  par  les  Laïques,  tanc 
hommes  que  femmes  indifféremment.  On  l'appeloit 
en  latin  carnealla ,  vefiis  cilicina ,  &:  elle  étoit  faite 
de  poil  de  chèvre.  C'étoit  auffi  une  ei'pèce  de  fur- 
tout  ,  ou  de  manteau  long ,  qu'on  portoit  fur  les 
autres  habits  -,  &  Ifidore  dit  qu'on  l'a  appelée  capa  , 
quod  tottim  capiat  hominem. 

Cape  ,  fe  dit  auffi  d'une  couverture  de  tête  que  les 
famines  portent  pour  fe  garantir  de  la  pluie  ou  du 
mauvais  temps.  Muliebre  capitis  tegumentum  adyer- 
fus  pliiviam  ;  capitium ,  capidulum.  Cape  de  taffe- 
tas ,  à  dentelles..  Cette  femme  va  toujours  à  k 
Meffe  en  cape  ,  &  ne  s'habille  que  le  foir.  |p"  Fn 
Bretagne  on  appelle  cape ,  non  une  couverture  de 
tête  fimplcment ,  mais  une  mante  ,  un  habille- 
ment qui  couvre  les  femmes  depuis  la  tête  juf- 
qu'aux  pieds  :  c'eft  ce  qu'on  appelle  ailleurs  Capote. 
Ménage  après  Voflîus  dérive  ce  mot  de  f^/'t-,  Al- 
lemand ,  qu'il  fait  venir  enfuite  de  caput.  Il  cits 
auffi  le  Père  Sirmond ,  qui  le  dérive  de  capis  â 
capiendo  ,  qui  étoit  une  efpèce  de  vafe  ,  d'où  on 
a  fait  enfuite  chapeau  &  capeline.  D'autres  plus 
fimplementle  dérivent  du  Latin  cappa  ,  auifi-bien 
que  chappe.  Adrien  Schiek  le  dérive  de  Capa  , 
na-  ,  qui  veut  dire  en  hébreu  couvrir ,  &  qui  fe 
dit  des  habits,  auffi-bien  que  les  autres  chofeî. 

Cape  ,  en  termes  de  Marine,  eft  la  grande  voile  qu'on 
met  au  grand  mât ,  qu'on  appelle  autrement  Pacfi, 
Velumj'ummi  rnali  maximum  ,  ou  vélum  maximum. 
On  dit,  mettre  à  la  cape  ,  pour  dire,  mettre  li 
voile  au  lit  du  vent,  en  orientant  les  voiles  ,  &C 
en  plaçant  le  gouvernail  de  façon  que  le  vaifllau 
ne  fafle  que  des  élans  &  aille  peu  de  l'avant. 

Etre  à  la  cape ,  c'eft  ne  porter  que  la  grande  voile 
bordée  ,  &  amarrée  tout  arrière.  On  fe  tient  à  la  cape 
par  un  gros  vent  contraire.  On  met  aufîî  la  cape 
avec  la  mifaine  &  l'artimon. 

Cape,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafesi   rira 


ajo  CAP 

feus  cape  ;  pour  dire  ,  rire  fourdemcnt ,  &  fans  que 
pcnbanc  s'en   apperçoivc  ;  vendre  une  cliole  ibus 
cape  ;   pour  dire  ,  ibus  le  manteau  ,   en  caclictte. 
On  dit  auifi  ,  qu'un  homme  n'a  que  l'épce  &:  la 
,  cape  ;  pour  dire ,   qu'il  n'a  point  de  bien  ,  qu'il 
n'a  aucune  fortune  établie.  On  le  dit  ^:gurcment 
de  toutes  les  chofes  qui  n'ont  ni-  valeur ,   ni  mé- 
rite ,  mais  feulement  un  peu  d'apparence.  C'eft  une 
Noblclfe  qui  n'a  que  l'épéc  &  la  cape.  Ce  traité 
n'a  que  la  cape  &  l'épée. 
Cape.  Terme  en  ufage  dans  les  fucrerics.  Il  fignifie 
plufieurs  morceaux"  de  bois  légers ,  minces ,  arrêtes 
enfemble  par  le  bout  d'cnhaut ,    dont  on   couvre 
les  formes  calfces  pour  les  mettre  en  état  de  pou- 
voir encore  iervir. 
Cape  &  queue  ,    ou  cap  &  queue.    Terme  de   Ma- 
nufactures de  lainage.  Ce  font  les  extrémités  des 
étoffés. 
^3"  Cape,  (la)  Terme  de  Fortification.  C'eft  la  par- 
tie fupéricure  du  bâtardeau. 
Cape.   f.    f    Quelques-uns    appellent  ainiî   le   fruit 

du  câprier.  Il  faut  dire  câpre. 
CAPEER ,  CAPIER  ou  CAPEYER.  v.  n.  Terme  de 
Marine.    C'eft    faire   fervir   la  grande    voile   feule 
après  avoir  ferlé    toutes  les  autres.    Uno  uti  vélo 
fummi  mali ,  contraclis  reliquis.  Ainfi  on  dit  5  allei 
à  cape.,  mettre  le  vailleau  à  cape,  pour  Mler  plus 
lentement ,   &'  demeurer  plus  longtemps  dans  un 
parage ,  ibit  de  gros  temps ,  foit  de  nuit ,  quand 
on  n'eft  pas  éloigné  des.  côtes. 
i^  CAPELAGE.  terme  de  Marine.  C'eft  la  partie 
des  cordages  qui  fe  voit  à  la  tête  des  mâts.    Un 
capelage  eîl  bien  fait  quand  il  eft  bien  ferré  ,  bien 
dégagé ,  &  qu'il  paroît  peu. 
CAPiELAN.  f.  m.   Pauvre  Prêtre  qui  cherche  l'occa- 
lion   de  deffervir    quelque  Chapelle,    d'aller   dire 
la  Mefle  pour  quelqu'une  pour  qui  l'on  n'a  pas  le 
refpecl  qui  eft  dû  à  fon  caraélère.  Sacerdoi  ex  quo- 
tiàiano  altaris  minijlerio  viclitans.  Cet  homme  fe 
dit  Abbé  ,  &  ce  n'eft  qu'un  pauvre  Capelan.   On 
le  dit  aulTi  d'un  Prêtre   cagot ,  l'un   &  l'autre  par 
mépris.  Les  Efpagnols  fe  fervent  aufTi  du  mot  de 
Capelan  ,   de  c'eft'  le  nom  général  des  Prêtres  &  des 
Eccléfiaftiqucs.   Les  Languedociens  &  Provençaux 
appellent   auffi  généralement  de  ce  nom  tous  les 
Ecclciiaftiques  féculiers. 
13"  Capelan  ,    eft  auffi  le  nom  d'un  petit   poilfon 
de  iTier  ,    dont  la  chair  eft  tendre  ,    douce  &  de 
bon  goût.  Le  Capelan  eft  connu  dans  la  Méditer- 
ranée. Afellus  mollis  minor. 
CAPELER.  V.  a.  Terme  de  Marine.  0Ç?  C'eft  mettre 
quelque   chofe  que  ce   foit  par-deflus  la   tête  des 
mâts.  Ainfi  quand  on  met  les  haubans  ,  cale-hau- 
bans ,  étais ,  &c.  fur  les  mâts ,  on  dit  capeler  tel 
mât  ;  capeler  les  hunes  ,   &c. 
CAPELET.  f.  m.  Terme  de  Manège.  Enflure  qui  vient 
au  train  de  derrière  du  cheval  à  l'extrémité  du  Jarret, 
qui  eft  grofle  comme  une  balle  de  paume.  Cette 
maladie  eft  caufée  par  une  matière  flegmatique  5c 
froide  qui   s'endurcit  par  fa  vifcoiité  ,    &  qui  ne 
fait  pas  grande  douleur.  Tumor   extremo  equi  in 
poplice    excrefcens.  Soleisel. 
Capeï^et.    f.   m.   Nom  que  l'on  donne   aux  Soldats 
Albanois.  Miles  Alhanus.  Les  Capelets  font  endurcis 
à  la  peine  &  au  travail. 
CAPELINE,  f.  f,  Efpèce  de  chapeau  que  les  femmes 
portent  pour  fe   garantir  du   Ibleil.    Elle  eft  faire 
d'ordinaire  de  paille  ,  à  grands  bords ,  doublés  de 
taffetats  ou  de  fatin,  &  couverte  de  plumes ,  quel- 
quefois ce  n'eft  qu'un  bonnet  de  velours  bien  garni 
de  plumes.  Caiijîa  muUebris, 

ÇCT  CAPELINES,  chez  les  PlumafTiers,  font  des  pana- 
ches ou  bouquets  de  plumes  dont  fe  fervent  quel- 
quefois les  Adtrices  fur  le  théâtre. 

Le  mot  capeline  cii  un  diminutif  de  capal ,  d'où 

il  a  été  formé ,  Sc  qui  eft  la  même  choie  que  clia- 

psl ,  &C  chapeau ,  feul  en  ufage  depuis  long-temps. 

On  appelle  auflî  proprement  capeline  ,  le  petit 


CAP 

chapeau  qu'on  peint  fur  la  tête  de  Mercure.  Pcta- 
funculns ,  gaUriculum.    Cétoit   aulli  autrefois    un 
chapeau  de  forme  balfe  &  à  petit  bord  ,  que  por- 
toient  les   bergers  ,  les  meflâgers  &  laquais.    Les 
Soldats  en  portoient  de  fer ,  &  c'ctoit  une  arme 
défenlîve.  Les  armes  pour   ceux  qui  lavoient  tirer 
de    l'arc  croient  une  troufle ,    une  capeline ,    une 
couftillc ,   une  hache  ,  ou  un  mail  de  plomb ,  de 
bons  jouques  garnis  de  bandes  de  fer  ,  &  des  mailles 
de  fer  pour  couvrir  les  bras  -,  &  pour  ceux  qui  ne 
favoient  pas  tirer  de  l'arc  ,  des  jouques  avec  la  ca- 
peline ,  la  couftille  &c  la  hache ,  &  de  grands  pa- 
niers de  tremble,    ou  autre  bois  convenable,  en 
forme  de  pavois ,  pour  couvrir  le  corps  tout  en- 
tier. L0BINEAU,    T.  I ,  p.  565.  Il  parle   du  com- 
mencement du  XV'  liècle. 
Capeljne,  en  termes  de  Chirurgie,  fignifie  un  ban- 
dage ,  dont  on  ule  très-fouvent  pour  contenir  l'ap- 
paieil  qu'on  applique  fur  le  moignon  d'un  membre 
amputé.  Il  eft  fait  d'une  bande  roulée  à  deux  chefs 
égaux. 

En  terme  de  Blâfon  ,  on  a  appelé  capeline  ,  une 
efpèce  de  lambrequin  que  les  anciens  Chevaliers 
portoient  fur  leurs  têtes.  Alata  cajjis.  Ce  mot  a 
donné  lieu  à  cette  façon  de  parler  militaire.  Homme 
de  capeline  ;  pour  dire  homme  rcfolu  Se  détermina 
au  combat.  Animi  prœfcntis  &  manu  promptus 
homo  ,  alacer  ,  audax. 
CAPELLE.  f  f.  Nom  d'une  forterefle  de  France,  en 
Picardie.  Capella.  La  Capelle  fut  bâtie  dans  le 
XVI^  liècle ,  pout  arrêter  les  eourfes  de  ceux  des 
Pays-Bas ,  en  Picardie.  Capelle  eft  la  même  chofe 
que  Chapelle  en  françois  ■■,  mais  dans  le  nom  de 
cette  ville ,  &  en  quelques  autres ,  nous  avons 
confervé  la  prononciation  picarde. 
{a-  CAPELLETTI.  f  m.  pi.  Nom  qu'on  donne  à 
Venife  à  des  Soldats  que  la  République  tire  d'Ef- 
clavonie  ,  de  Dalmatie  ,  &  d'Albanie.  Cette  milice 
eft  regardée  comme  l'élite  de  les  troupes. 
CAPELLEN.   f.   m.  Vieux  mot.  Pauvre  Prêtre  i  ou 

Prcticlfe.  Gloss.   si;r  Marot. 
CAPELUCHE.  f  f.  Chaperon.  Le  Redeur  Roze  quit- 
tant la  capeluche  redlorale ,  prit  fa  robe  de  Maître- 
ès-Ars ,  avec  le  camail  &  le  roquet ,  &  un  haufle- 
col  deifus ,  la  barbe  &  la  tête  rafée  tout  de  frais  , 
l'épée  au  côté',  &  une  pertuifane  fur  l'épaule.  Sat* 
Mém.  irz-2°.  p.   ix. 
03°  Capeluche  ,    Boilreau    de    Paris  ,   fc   mit   en 
1418  à  la  tête  d'une  foule  de  fcditieux ,    &  prit 
parti  pour  le  Duc  de  Bourgogne  ,  pendant  les  fac- 
tions des  Armagnacs  &  des  Bourguignons.    Ccrtâ 
émotion  ayant  été  appaifce  ,  quelques  Jours  après 
Capeluche  eut  la  tête  tranchée,  par  ordre  du  Duc 
de  Bourgogne,   parce  qu'il  s'étoittrop  familiarifé 
avec  lui ,  Jufques-là  que  le  Duc  ne  le  connoilfant 
pas ,  avoit  fouffert  qu'il  lui  eût  touché  dans  la  main. 
CAPENDU  ou   COURT-PENDU,  f.  m.  La  Quin- 
tinie  dit  court-pendu.    Efpèce  de  pomme  dont  la 
pelure  eft  rouge.  Elle  eft  à  peu  près  de  la  même 
figure  que  les  pommes  de  rainette  ;  mais  elle  efl 
plus  douceâtre  ,  &  n'a  pas  le  goût  li  aigrelet.  Quel- 
ques-uns croient  que  fon  nom  vient  de  ce  qu'on 
le  pend  par  le  cap  ou  la  tête  pour  le  conferver, 
D'aurres ,  parce  qu'il  a  la  queue  forr  courte  ,  pré- 
tendent qu'il  faut  dire  court-pendu.  En  latin  ma- 
htm  curtipentulum  ,  Ou  celtianum  malum> 
§3*  CAPENE  ,    [^ont)  porta  Capena.  Les  anciens 
ont  ainfi  nommé  une  des  porres  de  la  ville  de  Rome , 
du  nom  d'une  ville  voilîne  ,  félon  Feftus.  On  la 
nommoir  aullî   la  porte   Appienne  ,    parce  qu'elle! 
conduilbir  au  chemin  d'Appius  i  &  Triomphale , 
parce  que  c'étoit  par  certe  porte  que  les  Triom- 
phateurs faifoient  leur  entrée  da^s  la  ville.  On  l'ap- 
pelle aujourd'hui  la  porte  de  S.  Sébaftien. 
CAPER  une  forme.  C'eft  y  mettre  une  cape.  Voye^^ 

Cape  ,  dans  les  fucreries. 
CAPEROLAN.  f.  m.  Nom  d'un  Religieux  Francifcain 
d'une  Congrégation  particulière.  Caperolanus.  La 
guerre  qui   s'éleva  entre  les  Vénitiens  &  les  Mi*  '' 


C  A  P 

knois  dans  le  XV^  iiècle ,  donna  occafiôn  à  l'éta- 
bliiîement  de  cette  Congrégation.  Les  Supérieurs 
de  la  province  de  Milan  ,    qui  s'étcndoit  fur  les 
terres  de  la  Republique  de  Vcnilé  ,  traitoiem  avec 
beaucoup  de  hauteur  &  de  dureté  les   Vénitiens , 
qui  étoicnt  dans  leur  province  ;  de  lotte  que  ceux- 
ci  penl'èrent  à  fecouer  un  joug  qui  leur  devenoit 
inlùpportable.  Les  Supérieurs  en  eurent  avis;   ils 
firent  fortir  de  la  province  les  principaux  Auteurs 
de  ce  complot.  Pierre  Caperole,  Matthieu  de  Tar- 
ville  ,  Gabriel  Maluezzi  &  Bonavcnture  de  Brefcia. 
On  les  rapela ,  mais  on  n'en  ufa  pas  mieux  à  leur 
égard.  Caperole  trouva  moyen  de  faire  iéparerles 
Couvens  de  Breicia,  de  Bergame  i  de  Crémone, 
&  d'autres  de  la  province   de  Milan  ,    pour   les 
mettre   fous  l'obéiifanre  des  Conventuels.  On  en 
ht  une  Vicairie  ,  &  Caperole  obtint  du  Pape  qu'elle 
tCiz  érigée  en  Congrégation ,    qui  fut  appelée  des 
Caperolans ,  &  foumife  aux  Conventuels.  P.  Hc- 
liot-,  T.  VU ,  c.  14. 
"fer  CAPES.  Ville  d'Afrique ,  au  Royaume  de  Tri- 
poli, fur  la  Méditerranée. 
'lyT  CAPEs^Peupies  d'Afrique  ,  fur  la  côte  de  l'Océan , 

près  de  la  montagne  de  Sierra-Lione. 
gCT  CAPESTÀN.  Petite  ville  de  France  ,  au  bas 
Languedoc  ,  diocèfc  de  Narbonne  ,  à  deux  lieues 
de  cette  ville ,  fur  le  canal  royal. 
CAPET.  f.  m.  Surnom  de  Hugues ,  Comte  de  Paris ,  & 
Duc  de  France ,  iils  de  Hugues  le  Grand.  Capeius. 
Hugues  Ca.yet  fut  le  XXXVe  Roi  de  France ,  &  le 
premier  de  la  rrqiiième  race ,  dont  l'augufte  podériré 
règne  encore  aujourd'hui  en  France ,'  en  Elpaïne , 
à  Naples  &  à  Parme. 

Oï\  le  ttouve  appelé  en  latin  C.ipetus  j    &  ca- 
pucins ,  &  l'on  prétend  que  ce  nom  vient  dé  ca- 
pucihtn,  un  capuee,  ou  capuchon  ;  &  qu'il  Un  fut 
donné  parce  qu'étant  Jeune  ion  plaifir  étoit  d'ôter 
aux    autres  le   capuchon  que  l'on   portoit  alors  , 
&  que  l'on  appeloit  cappe  &  cap^t.  On  ajoute  qu'en- 
core aujourd'hui  on  appelle  eri  Auvergne  chapets 
ceuîc  qui  tourmentent  les  autres  par  jeu  &  en  ba- 
dinant. Pasquier  ,  Rech.  L.  FUI,  c.  45.  Du  Cange. 
Quelques-iins  prétendent  que  ce  nom  fut  donné 
à  Hugues  Capet ,  iimplement  parce  qu'il  portoit  un 
capuchon  ,   ou  une  cape ,  capam  ;   que  c'ell  pour 
cela  que  dans  une  ancienne  charte  de  l'Eglife  de 
S.  Médard  de  Soi/Tons ,  il  elt  appelé  capattis  :  &: 
ils  traitent  la  raifon  de  Palquier  &  de  Du  Cange 
de  puérile.  Mais  ne  leur  en  déplaife  ,  quelle  raifon 
y  auroit-il  eu  de  donner  ce  nom  en  particulier  à 
Hugues ,  puifque  tout  le  monde  alors  portoit  des 
capes?  c'efl:  ce  que  ces  critiques  ignorent.  D'autres , 
ajoutent-ils ,  difent  que  ce  nom  vient  de  caput , 
tête  ,    &  qu'il   fut  donné   à  Hugues ,    parce  qu'il 
avoir  la  tête  greffe ,  ou  parce  qu'il  l'avoit  bonne  , 
c'eft-à-dite  ,  le  fens  &  le  jugement  bon. 
CAPETES,  f.  m.  pi.  C'eft  le  nom  des  Bourfiers  du 
Collège  de  Montaigu  :  ils  furent  fondés  en  1480 
par  Jean  Standonck  ,  de  la  ville  de  Malines  ,  Doc- 
teur de  Sorbonne ,  &  Seigneur  de  la  Villette.  On  les 
nomma  ainfi ,  parce  qu'outre  une  efpèee  de  froc  ,  ils 
pprtoient  de  petits  manteaux ,  que  l'on  nommoit  an- 
ciennement des  capes  ou  des  capètes.  Remar^.fur 
la  Satv.  Menipée. 
CAPETIEN,    f.   m.    Qui   eft  defcendant  de  Hugues 
Capet ,  Piince  de  la  poftéritc  de  Hugues  Capet , 
qui  fait  la  troifième  race  de  nos  Rois.*"  Capetingus. 
Ce  mot  ne  fe  dit  que  des  Rois  &  non  des  bran- 
ches   des  familles    royales  qui  n'ont  point  monté 
fur  le  trône  ,  quoiqu'ils  Ibient  auflî  Capétiens ,  c'efl- 
à-dire,  defccndans  de  Hugues;  Caper.  Il  y  a  plus 
de  fepr  fiècles  que  les  Capétiens  régnent  en  France  , 
car  aujourd'hui  (en  i7(> 9)  il  y  a  781  ans.  Les  Ca- 
vétiens  font  inconten-ablcment  la  famille  la  plus  an- 
cienne &  la  plus  noble  qui  foit  au  monde.  Nulle 
généalogie  ne  remonte  lî  haut  que  celle  dejESus- 
Christ  ,  dit  un  Auteur  Allemand ,  pas  même  celle 
des  Capétiens ,  la  plus  longue  &  la  mieux  prou- 
vée que  l'on  connoilfe  au  monde. 


C  À  i^ 


Ce  nom  vient  de  Hugiies  Capet ,  premier  Roî 
de  cette  race  ,  dont  Louis  XV'-'  du  nom  ,  qui  rèime 
à  préiéht  eft  le  XXX^  Roi.  Hugues  Ca^er  étoit 
fils  de  Hugues  furnommc  l'Abbé  ,  le  Graiid  Se  le 
Blanc,  &:  petit-fils  de  Robert  le  Fort,  fait  Comte 
d'Aniou-,  Marquis  de  France  &  Duc  des  François. 
Du  Tillet ,  dans  fa  Chronique  des  Rdis  de  France 
dit  que  Hugues  Capet  eft  le  premier  Gaulois  Roi 
des  Gaulois.  Les  deux  autres  races  étoient  des  Francs. 
Quelques  Aureurs  font  defcendre  Hugues  Capet  de 
Pépin  par  le  Comte  Cbildebrand  ,  &  même  de  Clo- 
vis  par  les  femmes.  Robert ,  félon  quelques-uns , 
defcendoit  de  Charlemagné  ,  &,  félon  l'oiiiinioa 
la  plus  probable ,  étoit  Saxon ,  fils  d'un  Vitikind 
Saxon.  II  époufa  une  fille  de  Hugues ,  Duc  de  Bour- 
gogne ,  fils  dé  Charlemagné,  Ainli  les  Capétiens 
viennent  de  Charlemagné'  par  les  femmes,  Voyer 
Mezi^ay,  t.  I,  p.  350  &  fuiv. 
CAPETIEN,  lENNE.  adj.  M,  Gilbert, Charles  le  Gen- 
dre i  M.  de  Saint- Aubin ,  ci-devant  Maître  des  Re- 
quêtes,  dans  un  excellent  ouvrage  des  Antiquités  de 
la  Maijon'de  France,  ouvrage 'plein  de  fagacité  &: 
de  critique ,  s'efforce  de  pi-ouver  que  la  race  Ca- 
pétienne ,  aétuellement  régnante  en  France  ,  tire  fori 
origine  des  Rois  de  Lombardie ,  &:  remonte  Juf- 
qu'à  l'an  711,  &  même  705  ,  par  les  ancêtres  dé 
Robert  le  Fort ,  que  voici  : 

AN S PR AND, 
Tuteur  de  Luirprand  en 
705 ,  &  Roi  de  Lom- 
bardie en  71Z,  eut  de  fa 
femme   Theuderade; 


S I G I B  R  a  N  D, 


Childebrand, 
Affocié  au  trône  de  Lom- 
bardie ,  8c  couronné  en 
-ji)6  ,  a  régné  feul  après 
la  morr  de  fon  oncle ,  en 
744  ,  pendant  fept  mois 
Feulement.  Il  a  eu  de  là 
fœur  de  Charles  Martel  : 


NébeloK  , 
Comte    de  Madrie  : 


LuiTPRANDi 

Roi  de  Lombardie  j  à 
régné  51  ans  &  7  mois) 
de  Guntrude  il  n'a 
laiifé  qu'une  filiei 


Th 


eodebert. 


Comte  de  Madrie  ; 


Robert, 
Frère  de  la  Reine  Ingci- 
trude  ,  a  eu    d'Agane  i 
fille  de  Wicfrid,  Comté 
de  Berry  > 


Robert  le  Fort, 
a  eu   d'Adélaïde ,  veuve  dé 
Conrad  ,    Comte  d'Al- 
to rf.  «. 


Eudes, 
Roi  de  France 


Robert  I. 
Roi  de  France. 


Enforte  que  la  Maifon  aujourd'hui  régnante  éii 
France,  coniptoit  eri  l'année  1^59  mille  trente-fix, 
ou  ,  à  ne  prendre  que  du  commencement  du  règne 
d'Anfprand ,  mille  27  ans  de  la  plus  haute  &  la 
plus  illuftre  nobleffe  ;  &  huit  cents  cinquante-deux 
ans  depuis  qu'elle  a  commencé  de  régir  la  première 
&  la  plus  puiiTante  Monarchie  de  l'univers ,  &  pat 


232  GAP 

conicqiient  dans  la  poirefllon  inconteftable  d'une 
noblcilè ,  qui  n'a  point  eu  d'égale  dans  aucune  na- 
tion ,  ni  dans  aucun  liècle.  Le  même  Auteur  montre 
que  la  couronne  des  Lombards  étoit  héréditaire  & 
fucceflive  dès  le  temps  de  Jullinien. 
(fj-  CAPEYER.  Terme  de  Marine.  Ceft  mettre  un 
vaifleau  à  la  cape  ,  en  attendant  que  le  vent  contraire 
devienne'  favorable. 
CAPAHAR.  f.  m.  Droit  que  les  Turcs  font  payer  aux 
Marchands  Chrétiens ,  qui  conduilént  on  envoient 
des  marchandiles  d'Alep  .à  Jérulalem,  tic  autres  lieux 
de  la  Syrie. 
CAPHARNAUM.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte. 
Capharna.um.  Capharnaiim  étoit  une  ville  de  la  tribu 
de  Nephtali ,  dans  la  Décapole  ,  dont  elle  ctoit  capi- 
tale. EUe  étoit  lituée  lut  la  mer  de  Tibériade,  ou  de 
Galilée ,  à  l'endroit  où  elle  reçoit  le  Jourdain.  Jesus- 
Christ  après  l'on  baptême  fît  fon  léjour  or(,linaire  à 
Capharnaum.  Et  quittant  le  Icjour  de  la  ville  de  Na- 
zareth ,  il  vint  demeurer  à   Capharnaum  ,  qui  elt 
proche  de  la  mer  fur  les  coniins  de  Zabulon  &  de 
.  Nephtali.  Port-R.  en  faint  Matth, /^,  15.  Il  dei- 
cendit  enfuite  à  Capharnaum ,  ville  de  Galilée ,  &: 
il    y    enléignoit    le  peuple    les   jours  de    Sabbat. 
BouH. 
gO"  CAPHENG,  Ville  de  l'Inde  au  de-là  du  Gange, 
au  Royaume    de    Siana  ,    avec  une    province   de 
même  nom. 
CAPHTORIM.  f.  m.  &  plur.  Caphtorim  ,  Caphtorœi. 
Peuples  anciens  dont  il  eft  parlé  dans  l'Ecriture, 
Gen.  X,  14.  Mitl'raïm  fut  père  des  Ludim  ,    des 
Ananim  ,  des  Laabim ,  des  Nephtim ,  des  Phétru- 
iim,  &  des  ChaAuim,  defquels  fortirent  les   Phi- 
liftins ,  &  les  Capliiorim.  Quelques  Auteurs  difent 
que  les  Caphtorim  Si  les  PhiliUins  font  les  mêmes 
peuples  -,  mais  on  voit  par  les  paroles  que  je  viens  de 
rapporter  que  Moïfc  les  diftingue.  Zieglerus ,  dans 
■  fon  Arabie,  au  mot  Hauvim  ,  réflite  ceux  qui  prc- 
*  -'tendent  que  ce  font  les  peuples  de  Cappadoce  ;   & 
il  les  place  dans  l'Arabie  heureufe  ,  entre  le  dé- 
troit arabique  &  le  détroit  perfique.  Bochard  les 
met  dans  la  partie  de  la  Cappadoce  qui  confinoit 
la  Colchide,  h.  leur  donne  les  Cafluim  pour  voifîns. 
Sa  raifon  efl  que  rous  les  anciens  ont  dit  que  les 
Caphtorim  font  les  peuples  de  Cappadoce.  Pour  le 
confirmer,  il  ajoute  que  caphtor  en  hébreu  lignifie 
maltini  piaiicum  ,   une  grenade ,    &  que  5-/^>)  Jide  , 
fîgnif  e  la  mêmechofe  en  grec  i&r  qu'il  y  avoir  en  ces 
quartiers-là  une  ville  de  ce  nom  d'où  toute  la  con- 
trée étoit  appelée   Sidene.  C'cft  au  -c.   5  z  du  IV^ 
Livre   de  fon  Phaleg   que  Bochard   traite  de  ces 
peuples. 

D'autres  Savans  ne  jugent  pas  que  ce  fentiment 
foit  Ibutenable  ,  parce  que  la  Cappadoce  ,  comme 
Ibs  autres  Provinces  feptentrionales  de  l'Afie,  fut 
d'abord  occupée  par  les  enfans  de  Japhet ,  &  nulle- 
ment pat  ceux  de  Cham ,  qui  habitoient  les  pays 
méridionaux  -,  &  que  d'ailleurs  l'Ecritu.re  appelle 
leur  pays  une  \\q.  Amos  IX,  6,  Jer.XLf^IJ,  ^7 :, 
ce  qui  a  fiiit  dire  à  quelques  Interprètes  qu'ils  ha- 
bitoient l'île  de  Chypre ,  ôc  à  d'autres ,  celle  de 
Crète.  Mais  quelle  apparence  que  du  temps  d'A- 
braham ,  Dent  II,  Z3  ,  que  les  Provinces  voifincs 
de  la  Méfopotamie  commençoient  à  peine  à  fe  peu- 
pler ,  il  y  eût  déjà  dans  l'Ile  de  Crète ,  ou  même 
dans  celle  de  Chypre ,  des  Colonies  nombreufes 
d'Egyptiens.  Quelques  autres  donc  difent  que  les 
Caphtorim,  peuple  originairemeat  Egyptien  ,  def- 
cendant  de  Mitfraïm,  comme  il  paroît  par  laGe- 
nèfe  X  ,  14,  habitoient.  premièrement  la  côte  oc- 
cidentale de  la  mer  Rouge  -,  qu'ils  quittèrent  en- 
fuite  ce  lieu  pour  aller  fe  loger  ailleurs;  que  ,  lelon 
les  plus  doftes  Commentateurs ,  le  mot  hébreu  1  ; , 
qu'on  a  traduit||n  grec  par  Nïiroç ,'  &:  en  latin  par 
Jnfula  ,  fignifie  non  feulement  une  Ile ,  mais  toute 
ibrte  de  pays  iîtué  le  long  de  la  mer ,  foit  qu'il 
futtout  environné  d'eau  ,  foit  qu'il  ne  fût  arrolc  de 
la  mer  que  d'un  côté  •,  qu'ainfi  la  côte  de  la  mer 
Méditerranée  ,  qu'habitoient  les  Philill;inî  ,  eft  ap- 


GAP 

pelée  ^iî,  lie  ,  Ifaï-e  XX,  6 ,  &  qu'il  a  encore  le 
même  fens.  Gen.  X ,  $  If.  XLI,  i  i/  XLIX,  1. 

CAPI-AGA  ou  CAPI-AGASSI,  1".  m.  Nom  d'un  Of- 
ficier Turc.  Prcefeclus  palatii  apud  Turcas.Qyi2.UQ 
principaux  Eunuques ,  qui  portent  tous  la  qualité 
à'Jga ,  lont  toujours  auprès  du  Grand  Seigneur. 
Le  premier  d'entr'eux  eft  nommé  Capi-A»a ,  qui 
a  l'intendance  générale  du  Serrail ,  &  il  faut  qu'il 
ait  vieilli  dedans ,  pour  avoir  toute  la  confiance 
&:  la  prarique  nécefiaire  à  fa  charge.  Le  Grand 
Seigneur  n'a  point  d'affaires  importantes  ,  qu'il  ne 
lui  communique,  &  nous  dirions  en  France  pro- 
prement qu'il  a  le  fecret  du  cabinet.  Il  commande 
les  cinq  chambres  des  Pages  qui  font  dans  le  Ser- 
rail. Il  a  foin  de  leur  faire  apprendre  l'exercice 
des  Lettres  &  des  armes.  Tous  les  Eunuques  du 
Serrail ,  foit  les  Blancs ,  foit  les  Nègres ,  font  fous 
fa  charge.  Ceux  même  de  la  Sultane  favorite ,  qu'ils 
appellent  Hha  Seki  Sultan,  c'eft-à-dire ,  Sultane 
privée,  ne  font  rien  fans  fon  ordre  •,&  quand  cette 
femme  Reine  &  Efclave  tout  enfemble  dcfirc  quel- 
que chofe  d'eux  ,  ils  en  donent  avis  au  Capi-Ag.i, 
&  elle  ne  le  peut  avoir  que  par  fon%ioyen.  Du 
Loir,  /».  89 ,  &:  ç,o.  Le  Capi-Aga  efl:  le  Gouver- 
neur des  portes  du  Serrail ,  ou  le  Grand  Maître 
du  Serrail.  Ceft  la  première  dignité  des  Eunuques 
blancs.  Le  Capi-Aga  eft  toujours  auprès  du  Grand 
Seigneur.  Il  inttoduit  les  AmbaHadeurs  à  l'audience, 
Perfonne  n'entre  ou  ne  fort  de  l'appartement  du 
Grand  Seigneur  fans  fon  miniftcre.  Le  Grand  Vihr 
lui-même ,  doit  être  préfcnté  par  le  Capi-Aga, 
quand  il  veut  parler  au  Prince.  Sa  charge  lui  donne 
le  privilège  de  porter  le  Turban  dans  le  Serrail , 
&  d'aller  par-:out  à  cheval.  Il  accompagne  le 
Grand  Seigneur  jufqu'au  quartier  des  Sultanes, 
mais  il  demeure  à  la  porte  ,  &:  n'y  entre  point  : 
fes  appointemens  font  fort  modiques  -,  le  Grand 
Seigneur  fait  les  frais  de  d  table  ,  Se  lui  donne 
dix  fultanins  par  jour.  Chaque  fultanin  vaut  lix 
firancs  de  notre  monnoie  ,  ce  qui  ne  fait  qie  Co 
livres  par  jour,  &c  11900  livres  par  an  ^  mais  fa 
charge  lui  attire  un  très-grand  nombre  de  préfens, 
parce  que  tout  le  monde  a  befoln  de  lui,  &  qu'au- 
cune affaire  de  conféquence  ne  vient  à  la  connoiA 
fance  de  l'Empereur ,  qu'elle  n'ait  paffé  par  fes  mains. 
Le  Capi-Agaffî  ne  peut  être  Bâcha  quand  il  quitte 
fa  charge.  On  peut  voir  fir  cet  OfRcicï  h  Relation 
du  Serrail  de  M.  Tavernier  ,  &  l'Etat  de  l'Empire 
Ottoman  par  M.  de  la  Croix.  V'oye?^  aulîi  ci-delfus 
Aga. 

CAPIBARA.  f.  m.  Poiffon  qui  fe  trouve  dans  le  Pa- 
rana  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale.  Capibara. 
Le    Capibara  reffemble  affl'z  à  un  porc.  Hijl.  Pa- 

raz.  V.  V 

|p=  CAPI-CAG-TINGA.  Efpèce  d'Acorus  qui  croît 
aux  Indes  orientales ,  affez  ferablable  au  nôtre  , 
mais  plus  petit. 

CAPIER.  f  m.  Plante  qui  s'étend  en  rond,  qui  a  des 
épines  crochues ,  &  des  feuilles  rondes  :  fon  fruit 
s'appelle  cape.  Capparis ,  cappar  folio  minore  ro- 
tundo.  On  l'appelle  autrement  câprier ,  &c  c'en  eft 
le  véritable  nom. 

03"  CAPIER.  V.  a.  Dans  les  manufadlures  en  foie, 
fil ,  laine ,  6'c.  c'ell:  arrêter  le  bout  par  lequel  un 
écheveau  a  commencé  ,  &  celui  par  lequel  il  a 
fini ,  de  façon  qu'au  dévidage  on  puiffe  toujours 
trouver  &  prendre  le  dernier.  Ce  qui  facilite  le 
dévidage  Se  empêche  l'écheveau  de  fe  mêler. 
Encyc. 

CAPIGI.  f.  m.  Du  Loir  écrit  Capidgi.  Terme  de  te- 
lation ,  Portier  du  Seirail.  Janitor  palatii  Turcici. 
Il  y  a  dans  le  Serrail ,  ou  Maifon  du  Grand  Sei- 
gneur ,  quatre  à  cinq  cens  Capigis  ,  ou  Portiers 
partaa;és  en  deux  troupes  ;  l'une  de  trois  cens  fous 
un  Chef  appelé  Capigibnffi ,  qui  a  de  provifion 
deux  à  trois  ducats  par  jour  ;  8c  l'autre  de  deux 
cens  appelés  Cucciapi^i ,  &  leur  Chef  Cucciapi^i- 
bafji  ,  qui  en  a  deux.  Les  Capigis  ont  depuis  fcpt 
juiqu'à    quinze  afpres  ,  l'un  plus  ,  l'autie    moins. 

ViGENIRE  , 


CAP 

ViGENERE  ,  IHuft.fur  l' Hift.  di  Chalconiyk  ,  p.  ^tcj. 
Les  Capigis  aiiiftent  avec  les  janiliàires  à  la  garde 
de  Ja  première  &  de  la  féconde  poice  du  Scrrail  ; 
quelqucibis  tous  cnfemble ,  comme  quand  le  Turc 
tien:,  conleil  t^éncral ,  qu'il  reçoit  un  Ambaifadcur , 
ou  qu'il  va  à  la  Mofquée  -,  &  quelquefois  une  par- 
tie feulement.  Ils  fe  rangent  des  deux  côtés  pour 
empêcher  que  perfonne  n'entre  avec  des  armes , 
ou  ne  fafle  du  tumulte,  Ie. 

La  grande  porte  du  Serrail  eft  du  côté  du  fep- 
tentrion  ;  elle  n'efl:  gardée  que  par  des  Capigis  , 
c'elt-à-dirc ,  Portiers,  qui  n'ont  point  d'autres  ar- 
mes qu'une  petite  canne  à  la*main.  Du  Loir  ,  /j. 
44.  Ce  mot  turc  vient  de  t'.s.-î  ,  for^'s  ,  porte. 
CAPIGI-BASSI ,  ou  CAPIDGI-BACHL  f.  m.  Terme 
de  relation.  Capitaine  ,  Chef,  Commandant  des  Por- 
tiers_du  Grand  Seigneur.  Foye^  CAPIGL  Le  Capigi- 
baffi  eft  un  des  trois  Eunuques  de  plus  grande  au- 
torité à  la  Cour  du  Grand- Seigneur. if  veille  la 
nuit  avec  fes  Eunuques  en  l'une  des  falles  ou  an- 
tichambres, VlGENERE. 

Quand  on  eft  au  Divan,  les  deux  Capitaines  de 
la  porte  appelés  Capigl-Bachi ,  &  le  Tchiaoufch- 
Bachi  en  gardent  l'entrée.  Du  Loir  ,  p.  79.  C'eft 
le  Capigi-Bachi  &  le  TcJiiaoulch-Bachi  qui ,  avec 
un  bâton  doré  de  la  hauteur  d'une  canne  ,  &  vêtus 
d'un  brocard  d'or ,  conduifcnt  les  Officiers  du  Di- 
v^î  au  Serrail  toutes  les  fois  qu'il  fe  tient.  lo. 
p.   79  &   90.    Foye:;^  Capi-Aga. 

Le  Capigi-Bachi  eft  pris  de  l'urt  des  trois  pre- 
miers Pages  du  Kha  Oda ,  ou  de  la  Chambre  pri- 
vée, lu.  Il  y  a  quatre  Capitaines  de  la  porte  du 
Grand-Seigneur, -qu'on  appelle  Capid^s-Bachis  , 
qui  ibnt  de  garde  les  uns  après  les  autres  chaque 
jour  de  Divan ,  à  la  porre  de  l'appartement  du  Grand 
Seigneur  avec  un  Tchiaoufch-Bachi ,  qui  fait  la 
fonction  d'un  Maître  de  cérémonies.  Les  Capidgis- 
Bachis  ont  403  Capidgis  fous  leur  charge.  Id,  p. 
95.  Cinquante  de  ces  Portiers  commandés  par  un 
de  leurs  Capit.iines  font  tous  les  jours  de  garde  à 
la  première  &  à  la  féconde  porte  du  Serrail  , 
ayant  une  petite  canne  à  la  main ,  &  l'habit  pa- 
reil à  celui  des  Janiflaires  ,  excepté  que  leur  bonnet 
n'a  point  A'Uf.juf,  qui  eft  une  cotne  droite  mife 
par-devant.  Du  Loir  , />.  95.  Les  Capidgis  ont  ij 
aipres  de  paye  par  jour,  qui  valent  environ  dix 
fols  de  notre  monnoie.  Id. 
CAPILLAIRE,  f.  m.  Capillus  veneris  ,  ou  Adian- 
tum.  Plante  qui  a  pris  fon  nom ,  ou  par  rapport 
à  la  couleur  noire  &  lifle  de  ies  tiges,  ou  parce 
qu'on  fe  fervcit^autrefois  du  Capillaire  pour  em- 
pêcher la  chute  des  cheveux.  Le  Capillaire  qu'on 
nomme  Capillaire  de  Montpellier  ,  à  caufe  qu'on 
en  trouve  beaucoup  dans  les  environs  de  cette 
ville,  a  Çq%  racines. rampantes  comme  celles  du 
polypode ,  chargées  de  quelques  fibres  noirâtres  , 
couvertes  de  plufieurs  membranes  fines  &  roufîa- 
tres.  Ses  tiges  font  droites ,  menues  ,  arrondies  , 
hautes  de  fix  à  fept  pouces ,  brunes ,  noirâtres , 
luifantes  ,  &  hranchues  à  leurs  extrémités.  Chaque 
branche  eft  chargée  de  petites  feuilles  ou  pinnules 
alternes  ,  comme  triangulaires  ,  fêches  ,  vertes  , 
foutenues  par  une  petite  queue  du  côté  de  la  pointe 
de  fon  angle ,  &  garnies  fous  les  replis  de  leurs 
marges  d'un  fdlon  ,  qui  dans  fa  maturité  donne 
une  poufîière  fort  fine.  Le  Capillaire  de  Canada 
fe  diftingue  de  celui  de  Montpellier  par  la  gran- 
deur de  toutes  fes  parties.  Ses  tiges  font  brunes , 
1^  longues  de  plus  d'un  pied.  On  apporte  de  Ca- 
nada une  grande  quantité  d'un  Capillaire  commun. 
On  fe  fert  du  Capillaire  de  Canada  au  défaut  de 
celui  de  Montpellier  -,  &  dans  les  Provinces  qui 
ont  des  ports  fur  l'Océan  ,  on  n'emploie  pas  d'autre 
Capillaire  que  celui  de  Canada.  "Le  Ciz/'iV/iz/re  s'ap- 
peloit  anciennement  les  cheveux  de  Vénus,  On  en 
fait  un  fytop  pedoral ,  &:  Montpellier  auttefois 
fournilfoit  prefque  toute  l'Europe  de  fyrop  de  Ca- 
pillaire. On  prend  le  Capillaire  en  guife  de  thé, 
pour  plufieurs  maladies  du  foie  &  du  poumon.  On 
Tomt  II, 


CAP 


1 


met  le  Capillaire  dans  les  bouillons  &  les  tifa- 
ncs  rafraîclii liantes  ,  apéritivcs  &  pedforales. 
Capillaire  fe  prend  encore  pour  toutes  les  plantes 
qui  ont  quelque  affinité  avec  l'adiantum.  On  efi 
a  fait  un  ordre  particulier.  PUruce  captllares.  On 
appelle  plantes  capilLures  la  fougère ,  le  polypo- 
xie,  la  langue  de  cerf,  l'ofmonde",  le  politric,  &c. 
Le  politric  ,  le  cétérac ,  le  fauvevie,  ou  rutamu- 
raria  ,  le  Capillaire  ordinaire,  ou  adiantufn  nigrum  , 
6:  le  Capillaire  de  Montpellier  ,  font  les  cinq  plan- 
tes capillaires  ufitées  dans  les  boutiques.  Il  y  a 
deux  elpèces  de  filicula  qu'on  nomme  l'une  adian- 
tum  album  ,  l'autre  adiamum  nigrum  ,  ou  Ca- 
pillaire ordinaire.  Foyei  Fougère.  L'Amérique 
eft  féconde  en  plantes  capillaires.  Le  P,  Plumier 
Minime  ,  en  a  fait  une  Hiftoite  ,  qu'il  a  intitulée 
Traite  des  Fougères.  On  appelle  auffi  Capillaris  pap- 
P"i  ,^\s,icx.iz  capillaire ,  celles  qui  font  longues  & 
déliées.  Foyei  Chevelu.  Racine, 
CAPILLAIRE,  adj.  Qui  eft  fait  de  capillaire.  Syrop 

cipillaire. 
Capillaire,  adj,  |t7"  VailTeaux  c^/;///^/r^j  ;  en  Anato- 
mie,  ce  font  les  dernières  &  les  plus  petites  ra- 
mifications des  veines  &  des  artères  ,  qu'on  appelle 
quelquefois  pour  cette  raifon  vaiffeaux  évanouif 
Jdns ,  Se  qui  tendent  peu   de  fang ,  quand  on  les 
coupe  ou  qu'on  les   ronipt,  Capillaris.   On  les  doit 
concevoir  d'une  finefle  plus  grande  vingt  fois  que 
les  ch;:veux. 
IP"  On  appelle  aufli  en  Chirurgie,  fradlure  capillaire^ 
une  fracture  qui  eft  (i  petite  qu'on  n'a  pas  moins 
de  peine  à  l'appcrcevoir ,   qu'on  en  a  à  voir  un 
cheveu. 
Capillaire.  Terme  de  Phyfiquc.  On  appelle  tubes 
ou  tuyaux  capillaires ,  ceux  dont  le  cou  ou  le  ca- 
nal eft  le  plus  étroit  qu'il  eft  poifible ,  &  non  pas 
ceux  dont  le  canal  n'a  de  diamètre  que  la  grolfeur 
d'un  cheveu ,  car  on  n'en  peut  pas  faire  de  fi  pe- 
tits.  Le  diamètre  des  tubes    capillaires  eft  de    la 
moitié,  du  tiers,  du  quart  d'une  ligne,  ou  envi- 
ron.  Si   un    tube  capillaire  communique  avec  uri. 
autre ,  dont  le  diamètre  eft  beaucoup  plus  grand  , 
&  qu'on   verfe  de  l'eau  ou  du  vif-argent  dans  le 
grand  tube  ;  ni  l'eau  ,    ni  le  vif-argent  ne  feront 
au  niveau  dans  ces  deux   tubes  ;  mais  l'eau  mon- 
tera plus  haut   dans   le    tube  capillaire  que   dans 
l'autre ,  &  le  vif-argent  fera  moins  élfflté  dans  le 
tuyau  capillaire  que  dans  l'autre,  La  raiion  de  cette 
expérience  eft  que  les  parties  de  l'air  qui  font  em- 
barraffices   &:  entrelacées  les   unes   dans  les   autres 
s'arrêtent  à  l'ouverture  du  tuyau  capillaire ,  &  ne 
prelîent  pas  la  furface  de  l'eau  qui  y  eft  contenue , 
au(fi  librement  qu'elles  preffent  la  futface  de  l'eau 
du  grand  tuyau  ;  ainfî  pat  la  pefanteur  de  l'air  , 
l'eau  doit  s'élever  plus  haut  dans  le  tuyau  capillaire 
que  dans  l'autre  :  à  quoi  contribue  aulfi  la  difpo- 
fition    des  parties  de  l'eau ,  &  la  facilité  qu'elle  a 
à  s'inlinuer.  Au  conttaire ,  les  parties  du  vif-argent 
ayant  une  difpoiition  ,  &  une  figure  différente  de 
celles  de  l'eau ,  ne  s'iniinuent  pas  aifément ,  &  ne 
s'élèvent  que  peu  dans  le  tuyau  capillaire.  Au  refte  , 
on  ne  doit  point  être  furpris  que  le  vif-argent ,  qui 
paroît  plus  iluide  que  l'eau ,  coule  moins  librement 
que  l'eau  dans  un  fi  petit  tuyau ,  puifque  l'expérience 
fait  voir  tous  les  jours  que  l'huile ,  qui  paroît  plus 
grofîîère  en  fes  parties ,  &:  moins  fluide  que  l'eau  > 
s'infinue  cependant   plus  aifément  que  l'eau  ,  car 
une  goutte  d'huile  s'étend  plus  qu'une  goutte  d'eau 
fur  un  linge  ,   ou  fur  une  étoffe ,  &  l'huile  enfer- 
mée dans  des  tonneaux  pénètre  même  l'enduit  de 
plâtre  dont' on  couvre  les  fonds-,  &  le  vin  &  l'eau 
fe  conlervent  dans  les  tonneaux  fans  couler,  quoi- 
qu'il  n'y  ait  point  d'enduit  de  plâtre. 

La  branche  capillaire  d'un  tuyau  recourbe.  Un 

fîphon  qui  a  une  branche  capillaire. 

ItT  CAPILLAMENT.  f.  m.  Foyei  Capillature. 

CAPILLATURE ,  f.  f.  Terme  dont  les  Anatomiftes 

&  les  Botaniftes  fe  fervent  en  parlant  des  plantes 

qui  ont  des  feuilles  ,  ou  des  racines  déliées ,  &• 


254-  CAP 

qui  l'ont  comme  des  efpèces  de  cheveux.  CdpUla- 
inmtum.  Ils  ie  fervent  auHl  du  moxXapillameTit , 
qui  cfk  même  le  plus  ulicc. 

CAPILLUS  VENERIS.  l'.  m.  Ceft  l'Adiantum  nigrum. 
Ses  feuilles  reiremblent  à  celles  de   la  coriandre. 
*         Il  ne  jette  ni  tige ,  ni  Heur ,  ni  graine. 

CAPILOTADE  ,'  f.  f.  Ragoût  .qu'on  fait  des  reftes 
de  volailles  ,  &c  de  pièces  de  rôt  dépecées.  Minu- 
tum  mifcellaneum.  11  faut  faire  une  capilotade  de 
ces  têtes,  cullfes  &  carcalîes  de  chapons,  perdrix, 
levrauts,  &c. 

On  dit  figurément  &:  proverbialement ,  qu'on  a 
mis  quelqu'un  en  capilotade ,  quand  on  l'a  déchiré 
&:  mis  en  pièces  fans  aucun  ménagement. 

Capilotade  fignirie  aullî  un  recueil  de  chanfons  qu'on 
appelle  autrement  Alphabet  de  chanjons.  Ce  recueil 
contient  autant  de  différentes  chanlbns  qu'il  y  a 
de  lettres  dans  l'Alphabet  :  ces  chanibns  font  courtes 
&  galantes ,  ou  bachiques  -,  la  première  commence 
par" un  mot  dont  la  première  lettre  efl:  un  ^,  la 
féconde  commence  par  un  mot  dont  la  première 
lettre  eft  un  5 ,  &  ainfi  des  autres. 

CAPIOGLAN.  f.  f.  Terme  de  relation.  Efpèce  de 
valet  qui  a  foin  dans  le  Serrail  des  jeunes  Azamo- 
çlans ,  ou  cnfans  de  tribut  que  le  Grand  Seigneur 
y  appelle  pour  fervir  auprès  de  la  perfonne.  Vi- 

GENEB.E. 

CAPION.  f  m.  Terme  de  Marine.  On  appelle  fur 
la  Méditerranée  l'ctrave ,  le  capion  de  proue  ;  & 
l'ctambord ,  le  capion  de  poupe.  On  dit  capion  à 
capion  ,  pour  fignifier  la  diftance  de  l'extrémité 
de  la  poupe  à  celle  de  la  proue. 

CAPISCOL.  f.  m.  Dignité  de  Chef,  ou  de  Doyen , 
en  plulieurs  Chapitres  &:  Eglifes  Cathédrales  ou 
Collégiales ,  particulièrement  en  Provence  5c  en 
Languedoc.  La  dignité  de  Capifcol  eft  comme  celle 
de  Chantre  dans  d'autres  Eglifes.  Il  n'eft  le  pre- 
mier que  dans  le  chœur. 

Le  P.  Hélyot  dans  fon  HiHoire  d^s  Ordres  Reli- 
gieux ,  T.  VIIL  C.  1 5  ,  dit  que  dans  l'Abbaye  de 
S.  Viclor  de  Marfeille  c'eft  la  même  chofe  que 
Préchantre ,  Prcccentor  :  car  parlant  de  M.  d'Au- 
thier  de  Sifgau  ,  Evêque  de  Bethléem  ,  &  Fonda- 
teur de  la  Congrégation  des  Miffionnaires  du 
Clergé ,  &  qui  étoit"  Capifcol  de  cette  Abbaye  ,  il 
dit  r  il  fe  démit  de  l'Office  de  Capifcol  ou  Pré- 
chantre i^n'il  permuta  contre  un  bénéfice  à  fimple 
tonfure.  xe  Capifcol  de  l'Abbaye  de  S.  ViClor  à 
Paris ,  avoir  quatre  Prieurés.  P.  Héliot  ,  T.  r,  p. 
i6^.Cc  mor ,  lélon  Ménage  ,  vient  de  caputSckolœ. 
D'autres  ,  mais  fans  vraifemblance  ,  veulent  que 
de  caput  Chori ,  on  ait  fait  C^z/^/'/co/,  &:  difent  que 
ce  nom  marque  ce  que  nous  difons  ci-dellus ,  qu'il 
eft  le  premier  dans  le  chœur. 

Le  Capifcol  a  été  aulH  une  charge  militaire  ,  félon 
Du  Cange. 

CAPITAINAGE.  f.  m.  Dans  le  pays  de  Forêts  eft 
un  droit  qu'on  appelle  taille  baptifée  ;  c'eft  un  droit 
porté  par  les  terriers  du  Roi,  au  par-delllis  du  cens. 
Pour  la  perception  de  cg  droit ,  on  fait  des  rôles. 

CAPITAINE,  f.  m.  Chef,  Général  d'armée.  Diix  , 
Imper ator.  Homme  de  guerre,  qui  entend  la  guerre  , 
&  qui  fait  bien  la  guerre  ,  grand  guerrier.  Pompée 
croit  un  iage  Se  vaillant  Capitaine,  Philippe  fut 
déclaré  le  Capitaine  des  Macédoniens  &  des  Grecs, 
Ferdinand  Gonzalve  de  Cordoue  ,  a  été  furnommé 
le  Grand  Capitaine.  M.  de  Rohan  a  écrit  un  livre 
intitule  ,  Le  parfait  Capitaine.  Il  y  a  de  grands 
Capitaines  ,  qui  hors  de-là  ibnt  de  fort  petits  gé- 
nies. P.  BOURD. 

Capitaine  fe  dit  encote  par  rapport  aux  qualités  né- 
celTaires  pour  le  commandement.  Ce  Roi  étoit  un 
crrand  Capitaine.  Ce  Général  étoit  plus  foldat  que 
Capitaine.  Acad.  Fr. 

Gapitaine  fe  dit  aulFi  d'un  moindre  Officier  d'ar- 
mée ,  qui  commande  une  Compagnie  de  foldats , 
foit  à  pied  ,  foit  à  cheval.  Ordinis  duclor  ,  Cen- 
turio.  Un  Capitaine  de  Dragons.  Un  Capitaine  dans 
lin  vieux  corps  ,  ^c.    Ce  mot  &  tous  les  fuivans 


CAP 

viennent  de  caput.  On  a  dit  autrefois  Chevetdins  ^ 
comme  il  paroît  dans  l'Hiftoire  de  Joinville  j  qui 
parle  d'un  Sccedum  Chevetaine  des  Soudans.  On 
a  dit  auiii  Capet  pour  Chef  ;  ce  qui  a  donne  lieu 
au  furnom  de  Hugues  Capet,  fuivant  l'opinion  de 
Cénalis. 

Cavit Aim*Lieutenant ,  eft  celui  qui  commande  une 
Compagnie  d'ordonnance  de  Gendarm.es,  de  Che- 
vaux-légers, de  Moufquetaires ,  rant  du  Roi  que  de 
Monfeigneur  le  Dauphin,  de  la  Reine ,  de  Monfieur, 
lefqucls  par  honneur  portent  eux-nx-mes  le  nom  de 
Capitain.s  de  ces  Compagnies.  Expedita /éviter  ar" 
matorum  tqiiitum  turmœ  Prcefeclus. 

^CT  On  donne  aulîi  le  nom  de  Capitaine-Lieutenant 
à  tous  les  Lieutcnans  de  la  Compagnie  colonelle 
d'un  Régiment  d'Infanterie. 

Capitaine  des  Gardes  eft  l'Officier  qui  commande 
une  des  quatre  Compagnies  des  Gaides  à  cheval , 
qui  fervent  auprès  de  la  perfonne  du  Roi.  Cufiodum 
corporis  cohortis  Prcefeclus ,  ou  Prœtorii  Pnefectus. 

CAviTAitii  aux  Gardes  eft  un  Officier  qui  commande 
une  des  trente  Compagnies  d'Inhnterie  qui  com- 
pofent  le  Régiment  des  Gardes  Françoifes.  Prato- 
ri  anus  Centurio. 

Capitaine  en  fécond  eft  l'Officier  qui  commande 
une  partie  d'une  Compagnie,  quand  elle  eft  trop 
forte  d'hommes.  Centurionis  vel  Pr<zfcti  in  eadem 
turma  vel  cohorte  adjutor.  C'eft  une  place  qu*on  a 
donnée  à  pluiîeurs  Capitaines  réformés ,  pour  avoir 
quelque  efpèce  de  commandement. 

Capitaine  en  Pied  eft  un  Officier  dont  la  charge 
ou  la  Compagnie  ont  été  confervées ,  lorfqu'on  a 
réformées  troupes,  Duclor  ordinis  fervati ,  cœteris 
exaucloratis  ac  dimifjis. 

Cavitaihi.  Reformé  eft  l'Officier  dont  la  place  5c  la 
charge  ont  été  fupprimées ,  &  qui  eft  quelquefois 
confervé  dans  le  même  corps  fous  le  nom  de  Capi- 
taine en  fécond  ou  de  Lieutenant.  Duclor  ordinis 
exauctorati ,  Duclor  exaucloratus. 

Capitaine  Réformé  en  pied.  C'eft  un  Mt^iç  de  Camp 
dont  le  Régiment  a  été  caffé  &  réduit  en  une 
compagnie  franche  ,  qu'il  commande  encore  en 
qualité  de  Capitaine  réformé  en  pied.  Tribunus  ex- 
aucloratâ  legione  fuâ  cohortis  Pmfeclus. 

Capitaine  d'Armes,  eft  un  Officier  établi  dans  les 
compagnies  de  Suilfes  fie  dans  les  vai/Teaux,  pouf 
veiller  fur  les  armes  de  la  compagnie  ,  fie  avoir  foin 
qu'elles  foient  toujours  en  bon  ordre.  Armorum 
cufios  ac  prxfecius  On  le  dit  aufli  des  Capitaines 
du  charroi;  Comme atuum  Prcefeclus  ;  des  Capitaines 
des  guides.  Dux  viarum.  ^ 

Capitaine  ,  eft  aulfi  un  Officier  de  mer  qui  com- 
mande dans  un  valffeau ,  dans  une  galère  ,  un  brûlot, 
ou  autre  bâtiment,  ^^v/.î/'r<ï/«'?«J'.  Le  Pilote  com- 
mande aux  matelots ,  fie  le  Capitaine  aux  foldats.  Les 
vaifléaux-pavillons  ont  deux  Capitaines  qui  ont  foin 
de  faire  le  détail  du  feivicc.  Il  y  a  auffi  des  Capi- 
taines en  fécond .,  auHl-bien  que  des  Lieutenans ,  qui 
fervent  àfoulager  \t%  Capitaines  en  pied. 

Capitaine  de  P'ort ,  eft  un  Officier  de  Marine  établi 
dans  les  ports  où  il  y  a  un  arfenal ,  qui  a  foin  de 
garder  le  port  ?:<.  les  vailTeaux  qui  y  font  ancrés , 
comme  font  ceux  de  Breft,  Toulon,  Rochefort, 
&c.  Prœfeclus ,  cufios  portuum.  Il  y  a  auffi  des  Ca- 
pitaines Gar décotes,  dont  il  eft  fait  mention  dans 
l'Ordonnance  de  la  Marine,  qui  commandent  la 
Milice  établie  pour  garder  les  côtes,  fie  empêcher 
les  defcentes.  Orarum  maritimarum  Prcefeclus. 

Capitaine  ,  fe  dit  auffi  de  celui  qui  commande  d^s 
quelques  Maifons  Royales.  Regiarum  Mdium  Pra- 
feclus.  Le  Capitaine  de  S.  Germain  ,  de  Verfailles , 
du  Château  du  Louvre. 

Capitaine  fe  dit  encore  de  ceux  qui  comiTumdent 
les  Gardes  des  Chafles ,  dans  une  certaine  étendue 
de  pays  qu'on  appelle  Capitainerie.  Fenationis 
Prœfeclus. 

(fr  Les  Capitaines  des  ChafTes  font  des  Juges  qui  ne 
connoiiTent  point  des  Eaux. fie  Forêts,  mais  feule- 
ment des  faits  ds  Chafle.  Quand  il  y  a  appel  des 


CAP 

Jngcmcns  des  Capitaines ,  les  appellations  Ce  re- 
lèvent aux  fièges  des  tables  de  marbte  ,  &  de  là  au 
Parlement. 
Capitaine  ,   le  dit  auffi    de  geiix  qui   commandent 
les  Milices  des  bourgeois  dans  les  villes ,  qui  font 
dillribuées  par  compagnies.  Duclor  copiarum  urba- 
narum.  \^çs  Capitaines.  Aq  la  ville  ont  eu  ordre  de 
mener    leurs  compagnies  au-devant  du  Roi  à  fon 
entrée. 
Capitaine  fe  dit  aufi  en  mauvaile  part ,  de  ceux  qui 
fe  mettent  à  la  tête  d'une  troupe    de    vagabonds 
pour  piller  &:  pour  voler.  Latronum  Diix.  Un  Ca- 
pitaine de  bandits,  de  voleurs,  de  Bohémiens,  de 
fîlous ,  de  coupeurs  de  bourle, 
^3°  Dans  les  Fermes  du  Roi  ,  on  appelle  Capitaine 
Général,  celui  qui    commande  un  certain  nombre 
de  gardes  pour  veiller  aux  intérêts  des  Fermiers , 
empêcher  la  fraude ,  laiiir  les  marchandiles  prohi- 
bées ,  ùc, 
^3"  Dans    l'Artillerie ,    le  Capitaine  coniucleur    Gé- 
néral efl:  un  Officier  qui  a  fous  lui  des  Capitaines 
conduélieurs  pour  faire  exécuter  les  ordres  du  géné- 
ral relativement  aux  cquip.iges  de  l'Arrillerie. 
§CF  Le  Capitaine  Général  des  charrois  ,  eft  un  homme 

prépofé  pour  le  tranfport  de  l'Artillerie. 
IJCT  Dans  les  vivres,  le  Capitaine  Général  eft  celui  qui 
efl  placé  à  la  tcte  des  Equipages  pour  les  entretenir 
en  bon  état  &c  veiller  au  bon  ordre  dans  une  partie. 
Il  a  fous    fes   ordres    les  Capitaines  particuliers  , 
chargés  chacun  de  50  chevaux  •,  &  qui  ont  fous  eux 
un  Lieutenant  &  un  Condudeur. 
§CF  Capitaine  des  Guides.  Celui  qui  eft  chargé  du  dé- 
tail des  chemins  de  l'armée. 
tfJ'  Dans  les  Villes  de  Guerre ,  le  Capitaine  des  portes 
efl:  celui  qui  eil  chargé  d'aller  prendre  le  matin  les  j 
clefs  chez  le  Gouverneur  pour  les  ouvrir ,  &  de  les 
lui  porter  le  foir  quand  elles  font  fermées. 
Capitaine.  Sorte    de  poiffon   qui    fe  pêche  le  long 
des  côtes  de  l'Amérique.  On  l'appelle  ain(î ,  parce 
cu'il  a  autour  du  cou  cinq  rangs  d'écailles  dorées , 
difpofées  à  peu-près   comme  un    hauflé-col.   Il  efl: 
armé    de    grandes    pointes     piquantes  comme  des 
aiguilles  ,  &   il  a   deux    ailerons ,  ou  nageoires  de 
même  forme    dont  il  fe  fert  pour   fe  battre  contre 
les  autres  poiflbns.  Il  a   du  raport  avec  la  carpe  i 
mais  il  efl:  plus  grand  ,&  plus  gros.  Sa  chair  eft  de 
bon  goût. 
CAPITAINERIE,  f.  f.  Gouvernement   d'une  Maifon 


Royale,  &  des  terres  qui  en  dépendent.  Pr^/I'c?//;;?. 
On  le  dit  auflî  des  charges  des  Capitaines  de 
ChafTeSjSc  de  l'étendue  de  leur  reflbrt.  La  Capitainerie 
de  Fontainebleau,  du  Bois  de  Boulogne.  La.  Capitai- 
nerie de  Livri  s'étend  jufqu'à  la  Varenne  du  Louvre, 
On  a  au/Ti  retenu  le  même  nom  pour  la  Juridiction 
des  Chafles  Royales,  qui  ont  leurs  Capitaineries 3.Hez 
fouvent  jointes  aux  Maifons  Royales  voiiines.  Ce  qui 
fait  voir  queccs  anciennes  Capitaineries  ctoient  des 
Gardes  Royales,  auxquelles  ce  n'eft  qu'improprement 
qu'on  donne  le  nom  de  gouvernement.  Menés  trier, 
ffiji.  de  Lyon  ,  p.  515;. 

Capitainerie  fe  dit  aufîi  en  particulier  de  la  Juri- 
diélion  pour  les  enrôlés  de  la  Comté  de  Roulfillon. 
Patru. 

Capitainerie,  en  quelques  Maifons  Royales ,  fe  dit 
du  lieu  affèélé  au  logement  des  Capitaines  du  Châ- 
teau &  des  Chafîes.  Loger  à  la  capitainerie. 

Capitainerie.  Garde  côte  marine.  On  donne  ce  nom 
à  une  étendue  de  pays  le  long  des  côtes  de  la  mer, 
qui  renferme  un  certain  nombre  de  paroiflés  fujettes 
à  la  garde  des  côtes.  Chaque  capitainerie  eft  com- 
mandée par  un  Capitaine  général,  un  Majot  général 
&:  un  Lieutenant  général ,  qui  en  forment  l'Etat 
Major. 

CAPIT AINESSE,  adj.  f.  On  appelle  Galère  capitai- 
nejje ,  celle  que  monte  le  Commandant,  f^oyei  Ca- 
pitanate. 

^  CAPIT AINIES  ou  CAPITAINERIES.  Nom  des 
quatorze  petits  gouverncmens  dans  le  Brelll,  félon 
la  divifion  que  les  Portugais  ont  faite  de  ce  pays]. 


CAP  z3f 

dont  ils  font  les  maîtres.  La  Cupitainie  ou  Capitai- 
nerie de  Para  ,  de  Maragnau,  &c. 
CAPITAL,  f  m.  Le  fonds  d'une  rente  ,  indépendam- 
ment des  intérêts  ;  le  fort  principal ,  qui  engendre  & 
qui  produit  désintérêts.  Caput,  fors.  En  matière  d'ar- 
rérages ,  il  les  faut  payer  avant  que  de  rien  imputer 
fur  le  capital.  On  en  ufe  au  contraire  pour  les  in- 
tctêts  d'une  obligation. 
Capital  fe  dit  auiH  du  fonds  d'un  Marchand  qu'il 
apporte  en  fociété  ;  &  en  ce  cas  il  eft  oppofé  à  ^am , 
&:  au  profit  qui  y  furvient. 

On  appelle  auffi  capit.il ,  le  fonds  du  chepteil  -,  6c 
en  ce  cas  il  eft  oppofé  à  croît  ;  qui  eft  le  profit  du  bé- 
tail qu'on  a  donné  à  nourrir. 
Capital  ,  dans  le  fens  figuré  ,  fignifie  Ce  qu'il  y  a  de 
principal  dans  une  chofe  ,  dans  une  affaire  ;  ce  qu'il 
y  a  de  plus  important,  d'eifentiel.  On  dit  en  ce  fens , 
faire  Jbn  capital  d'une  chofe  ;  pour  dire  ,  en  faire  fa 
prhicipale  affaire,   fa  principale  occupation,  fon 
principal  objet.  In  rem  ali^juam  potijjimùm  incîim^ 
bere.  Prxcipiiam  alicui  rei  opérant  dare.  C'eft  le  ca- 
pital, ouïe  point  principal  du  procès.  La  plupart 
des  femmes  font  leur  capital  de  plaire ,  d'aimer  , 
&  d'être  aimées.  Comuer.  On  laiflè  là  le  capital  du 
Chriftianifme  pour  les  apparences ,  dont  les  homi- 
mes  fe  laiifent    trop  aifément  éblouir.    De  Vill. 
Comme  S.  Athanafe  s'oppofa  feul  à  l'héréfie  d'Arius] 
les  Ariens  fe  firent  un  capital  de  fa  ruine.  Hirman! 
Socrate  faifoit  Ion  capital  àe  la  Morale. 
CAPITAL,  ALE.  adj.  C'eft  un  épithète  par  laquelle 
on  défigne  ce    qui  a   quelque  prééminence  ,  qui 
eft  comme  le  chef  &  la  fource  de  quelque  chofe , 
&  il  iignifie  grand,  confidôrable,  principal,  effen- 
tiel.    L'abondance    des   preuves    n'eft  fuppottable 
que  quand  il  s'agit  d'un  dogme  capital ^  qui  peut 
trouver  de  la  rcfiftance  dans  les  efprits.  Le  point 
capital  de  l'affaire  ,  c'eft ,  &c.  Le  Mait.    Deffein 
capital.  Pasc,  Défaut  capital,  Id.  Les  vérités  capita< 
les  de  la  foi.  Arn. 
îfT  Crime  capital  eft  un  crime  qui  mérite  la  mort.   - 
Crimen   capitale.    L'ailàfîlnat  eft  un  crime  capital. 
Peine  capitale, \q.  dernier  fupplice.  Ennemi  capital, 
capitalis  adyerfarius ,  ennemi  juré ,  mortel ,  irrécon- 
ciliable. 
|J3°  Les   'fept    péchés    capitaux  ,    les    fepr   péchés 

mortels. 
Capitale    du  Bajlion  ,  en  termes  de  Fortification , 
eft  la  ligne  tirée  depuis  le  centre  du  baftion  ,  jufqu'à 
la  pointe,  ou  depuis  l'angle  du  polygone,  qui  eft 
l'angle  de  la  figure,  jufqu'à    l'angle  flanqué,   qui 
eft  la  pointe  du  baftion.  Les  capitales  ont  3  j  à  40 
toifes ,  c'eft-à-dire  ,  depuis  la  pointe  du  baftion  juf- 
qu'à l'endroit    où  fe  rencontrent    les  deux  demi- 
gorges.  Ici  ce  mot  eft  pris  fubftantivement. 
CAPiTAL.Terme  de  Peinture,  eft  aulfi  un  terme  qui  fe 
dit  en  parlant  d'un  delfein,  ou  d'un  tableau  ,  ou  de 
quelque  autre  ouvrage  d'un  grand  maître.  Un  deiîein 
capital  e^ur\àeffe\r\  qui  renferme  une  compofition 
de  quelque  importance,  &  qui  mérite  une  attention 
particulière  ,&  pat  l'excellence  de  l'exécution,  & 
pat  la  beauté  de  la    penfée.  C'eft    aufîî    ce  qu'un 
A.rtifte  a  fait  de  plus  parfait  dans  le  genre  de  travail 
auquel  il  s'etoit  conlacré  ;  mais  il  eft  vrai  que  ce 
terme  eft  en  quelque  façon  confacré  aux  De/feins, 
L'étude   d'un  pied ,  d'un  bras ,  d'une  tête ,  d'une 
figure  même  ,  ne  peut  être  appelé  un  deflein  capital. 
Les  curieux  font  gtand  cas  des  deffeins  capitaux. 
I^CT  On  appelle  aulfi  couleurs  crz/^^/fj,  en  peinture, 
les  couleurs  natutelles  dont  on  forme  les  autres  en 
les  rompant, 
1^  Médecines  capitales,  en  Pharmacie, font  certaines 
préparations  remarquables  par  leurs  propriétés,  telles 
que   le  Mitridate ,  la  Thériaque  &c. 
gCT  Ville  capitale,  en  Géographie,  ou  fimplement 
Capitale,  (.  f.  On  appelle  ainfi  la  principale  ville 
d'une  Province,  d'un  Royaume,d'un  Etat.  UrbsPro- 
vinciœ ,  Re^ni    caput  ;  urbs   princeps  Provincite , 
Regni ,  Or  bis.  Paris  eft  la  capitale  ou  la  Ville  capitale 
de  la  France.  Londres  eft  la  capitale  à' A  ngletcrre 

Ggij. 


25«  CAP 

■  Rouen  la  capitale  de  la  Normandie.  Mofcou  la  ca- 
piuik  de  Morcovic.  Conftantinople  la  capitak^z 
l'Empire  Ottoman.  Rome  eft  la  capitale  du  Chnltia- 
nimie.  Maimb.  Genùvc  eft  la  capitale  du   Calvi- 

fer'  Les  Grecs  Te  fervoient  du  mot  Métropole  pour 
exprimer  la  même  choie.  Quelquefois  la  Capitale  eit 
la  rclidence  du  Prince-,  quelquefois  auih  le  Inncc 
icilde  ailleurs.  En  France  la  capitale  eft  1  ans,  la  rc- 
f.dencedu  Souverain  eft  Verlaillcs.  Cologne  eft    a 
capitale  de  l'Eleôlorai  de  même  nom  ;  bonne  cit  la 
rclidence  de  l'Elcdeur.  Vienne    eft    capitale  &  rc- 
lidence en  même  temps.  _         ./-«.1c 
fe?  Lettres  capitales ,  en  terme  d'Impnmene ,  font  les 
V^erandes  lettres  qu'on  met  ordinairement  au  com- 
mencement des  livres,  des  chapitres ,  au  commence- 
ment de  chaque  période ,  ou  de  chaque  vers.  Lit- 
tem  majores,  majiifcula.  Tous  les  nonis  d  hommes , 
d'arts ,   de  laences ,  de  dignités ,  de  Provinces  ,  de 
Royaume,  Ê'c.  doivent  commencer  par  une  lertre 
c^m<r/<?.  Elles  ne  font  pas  feulement  différentes  par 
la  groHèur  ornais  la  plupart  le  font  aulh  par  leur 
figure.  On  les  appelle  aulfi  majujcules.    ^ 
CAPITAN.  f.  m.  Fanfaron  qui  le  vante  d'attions  de 
bravoure  incroyables ,  d'une  bravoure  qu'il  n'a  pas. 
Thrafo  ,  miles  gloriofus.  Les  Capitans  font  des  pcr- 
fonnagcs  ridicules  ,  qu'on  introduir  fouvenr  dans  la 
Comédie ,  particulièrement  dans  l'Italienne, 

Ce  mot  eft  purement  efpagnol ,  un  Capitan  ,  L.a- 

pitaine.  „       .  ,    n 

CAPITAN  ATE,  une  des  douze  Provmces  du  Royaume 
de  Naples.  C'eft  VApiilia  Daunia  des  Anciens.  Les 
Italiens  l'appellent  aujourd'hui  Pugha  piana ,  c  elt- 
à-dire ,  la  Fouille  plaine ,  parce  qu'en  effet  cette 
Province  n'a  prelque  que  des  plaines.  Elle  eft  bornée 
au  nord  par  le  golfe  de  Venife ,  au  levant  par  la 
terre  de  Barri ,  au  midi  par  laBaiilicate ,  &  la  Prm- 
cipauté  citérieure  ,  au  couchant  enfin  par  le  Comte 
de  Molice ,  Se  une  partie  de  l'Abruzzé  citcrieute. 
Elle  a  environ  ii  lieues  de  longueur ,  &  autant  dans 
fa  plus  grande  largeur.  _ 

Elle  aie  nom  àçCapitanate,àe^ms  1  Empereur 
Balile  qui  y  envoya  un  Gouverneur ,  auquel  il  donna 
le  titre  de  Capitan ,  ou  Capitaine.  Ceux  qui  en 
parlent  font  Léandre,  Defcript.  Ital.p.  149.  Sopion 
Mazella,  Reg.  Neap.  Merula  dans  la  Cvjmog.  ficc. 
CAPITAN  -  BÂCHA,  f.  m.  Amiral  Turc ,  Bâcha  de  la 
mer.  Thalajfiarchus  Turcarum.  Quelques  Diétion- 
naires  mettent  aulfi  Capoutan-Bacha  :  on  dit  tou- 
jours Capitan-Bacha ,  de  l'Italien  Capitano  ,  qui  a 
beaucoup  de  cours  depuis  long-temps  dans  la  Grèce 
&  les  Etats  qu'occupe  le  Grand-Seigneur,  &  qui  en 
avoir  avant  même  qu'il  en  fût  maître.  Foye^  d'Her- 
belot  au  mot  Capudan.  Pour  les  Empereurs  Grecs 
de  Conftaminople  ,  ce  nom  fe  donnoit  aux  Gouver- 
neurs de  Provinces  qu'ils  envoyoïent  en  Italie,  del  I- 
talien  Capitano,  Capitaine.  Les  Turcs  dilcnt  CV 
pucian  Bâcha.  Ce  mot  ne  vient  point  de  capi  ou 
capu  ,  qui  en  turc  lignifie  porte  -,  mais  de  l'Italien  , 
comme  on  l'a  dit.  ,       n  • 

Les  Turcs  appellent  auiTî  Capudan  Keis,  ou  Keis 
Bachi,  celui  que  nous  appelons  Pilote  Royal. 
CAPITANE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  La  s,3.\ètsCapitane 
eft  la  salère  principale  que  monte  le  Commandant. 
Navis prœtoria  ,  navis princeps.  En  France,  depuis 
la  fupprelTion  de  la  charge  de  Capitaine  Général 
des  galères ,  faite  en  i66ç,,  il  n'y  a  plus  de  galère 
Capnane.  La  première  s'appelle  Rêale ,  &  la  féconde 
Patrone.  On  difoit  autrefois  Capitainefe. 
iCT  CAPITANES.  Nom  des  Gouverneurs  de  Province 
fous  les  Empereurs  Grecs,  en  Italie.  C'eft  delà  qu'à 
pris  fon  nom  la  Province  du  Royaume  de  Naples  ap- 
pelée Capitanate.  ^     .    .  .    ç 
CAPIT  ANIE.  f.  f.  C'eft  la  même  chofe  que  Capitainie  fv: 

Capitainerie. 

CAPIT ATION.  f.  f.  Impofition ,  droit  qui  fe  levé  fur 

'    chaque  perfonne  à  raifon  de  fon  travail ,  de  Ion  in- 

duftrie,de  fa  charge, de  fon  rang,  &c.  Tributum 

uniufcujufque  capiti  impofuum  ,   cénfus  capitum  , 


CAP 

eenfus  in  capita ,  capitatio.  Cette  efpcce  de  tribut  eft 
ancienne,  Théophylade  ,  fur  l'Epure  de  S.  Paul  aux 
Romains ,  c.  1 3 ,  &  (Ecuménius  fur  la  même  Epitre  , 
c.  18,  en  parlent,  &  l'appellent  en  grec  ke^i^ai]/*. , 
capiuuion.  Les  tailles  s'impofent  par  capitatioiv  fut 
chaque  perfonne.  Elles  répondent  au  tnbuium  des 
Latins  ;  au  lieu  que  l'impolition  fur  les  marchandifes, 
s'appeloit  veciigal,  quia  vehcbantur.  Les  premières 
capitations  en'"France   s'appelèrent  fouages ,  &  ne 
duroicnr  qu'un  an.  Depuis,  on  les  appels,  tailles  , 
lorfque   fous  Charles  VII,  elles  furent  rendues  per- 
pétuelles. En  Dauphiné ,  la  capitation  s'appelle  capa- 
ge.  On  appelle  encore  capitation ,  une  certaine  taxe 
qu'on  impole  par  tête  dans  les  befoins  de  l'Etat.  La 
capitation  a  été  établie  en  France  par  une  Déclara- 
tion du  Roi  du  18  Janvier  1^95.  gO"  On  lève  fur 
les  habitans  de  la  campagne,  un  droit  à  peu-près  fem- 
blable  qu'on  appelle  taille.  Perfonne  en  France  n'eft 
exempt  de  la  capitation ,  pas  même  les  Princes.  Les 
Eccléliaftiques  ne  payent  point  de  capitation  ;  mais 
ils  donnent  l'équivalent  fous  d'autres  noms.  La  con- 
noiHance  des  affaires  qui  regardent  la  capitation,  eft 
attribuée  aux  Intcndans  des  Provinces-,  &  à  l'égard  de 
la  ville  de  Paris ,  aux  Prévôt  des  Marchands  ÔiEche- 
vins,  à  la  charge  de  l'appel  auConfcil  du  Roi. 
CAPITAUX,  f.  m.  pl.Terme  de  Coutume.  On  appelle 
capitaux  en  quelques  Provinces ,  ceux  qui  relèvent 
immédiatement   du  Chef  ou  du  Roi.  Q^ui  à  rege 
tenent  in  capite. 
CAPITE.  Terme  de  Marine.  Lit  de  vaifleaux.  Foye^ 

Cajutes. 
CAPIT  EL.    f.    m.    On     appelle     ainfi     l'extrait 
d'une     lellîve    compofée     de    cendre  ,    d'eau    Se 
de  chaux  vive.  Lixiviœ  pars  liquidior.  Le  Capitel 
entre  dans  la  compofition  du  favon,  tant  blanc  que 
noir. 
CAPITEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  fait  mal  à  la  tête ,  oa 
qui  porte  à  la  tète.  Il  ne  fe  dit  que  du  vin  &c  autres 
liqueurs.  Les  grands  défauts  des  vins  fecs,  font  d'être 
verrs,  ou  liquoreux,  ou  terreftres  ou  cipiteux.  Specl, 
de  la  Nat.  C'eft  la  fleur  du  houblon  qui  rend  la 
bière  capiteufe ,  &C  capable  d'enivrer. 
CAPITOLE.  f.  m.  Fortereffe  fameufe  de  Rome  fur  le 
mont  Tarpéien,  où  il  y  avoir  un  temple  de  Jupiter  , 
qui ,  à  caufe  de  cela ,    s'appeloit   Capitolin.  Capi- 
tolium.  C'étoit  là  que  s'aflembloitle  Sénat  -,  c'étoit  là 
que  l'on  contraignoit  les  Chrcriens  de  facrifier  aux 
faux  Dieux.  Les  premiers  fondemens  du  Capitale  , 
furent  jetés  l'an  1 59  de  Rome  par  Tarquin  l'Ancien. 
Servius  fon  fucceifeur  éleva  l'édifice  ,  &  ce  fut  Tar- 
quin le  Superbe  qui  le  fit  achever  l'an  izi  -,  mais  il  ne 
fut  confacré  que  trois  ans  après  que  les  Rois  eurent 
été  chalfés ,  &:  le  Confulat  établi.  Ce  fut  le  Conful 
Horace  qui  fit  la  cérémonie  de  la  dédicace  l'an  de 
Rome  x\6.  On  appela  cette  fortereffe  Capitole  du 
mot  latin  caput ,  à  caufe  d'une  tête  qu'on  y  trouva 
en  creufant  les  fondemens  de  ce  bâtiment.  Le  plus 
fiimeux  temple  du    Capitale  étoit  celui  de  Jupiter 
Capitolin.  On  dit  qu'il  avoit  800  pieds  de  tour.  Ce 
temple  conlîftoit  en  trois  parties  :  en  une  nef  dédié» 
à  Jupiter  ;  &  en  deux  ailes  ,  dont  l'une  étoit  con- 
facréc  à  Junon  ,  &  l'autre  à  Minerve.  On  y  monroir 
par  dégrés.  Lipfe  en  compte  jufqu'à  cent ,  parce  qu» 
Tacireen  donne  aurant  au  rocher  fur  lequel  le  Car- 
pitole  croit  bâti  ;  mais  il  y  en  avoit ,  ou  il  pouvoit 
du  moins  y  en  avoir  un  plus  grand  nombre  au  ro- 
cher qu'au  remple.  Le  portail  &  les  côtés  étoient  en- 
tourés de  galeries  ,  dans  lefquelles  ceux  qui  avoient 
eu  l'honneur  du  triomphe ,  donnoient  un  magnifique 
repas  au  Sénat ,  après  avoir  offert  des  lacrifices  aui 
Dieux.  Les  dedans  &  les  deliors  brilloient  d'une  in- 
finité d'ornemcns.  La  ftatue  de  Jupiter ,  fon  foudre 
d'or ,  fon  fceptre  &  fa  couronne  étoient  les  princi- 
paux. Il  y  avoit  encore  dans  le  Capitale  un  temple  de 
Jupiter  Gardien  ,  un  de  Junon  ,  l'Hôtel  de  la  Mon- 
noie ,  &  fur  la  pente  le  temple  de  la  Concorde, 
Foyei  la  Rama  Fétus  du  P.  Alexandre  Donar  Jé- 
fuire  ,  de  l'édir.  d'Amfterdam  de  169^.  Il  y  décrit  le 
Capitale  très-exadement.  Le  Capitale  fut  brillé  fou* 


t 


CAP 

Vitellius ,  ^  Vefpaficn  le  fit  rebâtir  dans  le  tfmps  ds 
la  deftruâion  du  Temple  de  Jériifalcm,  Le  tcii  du 
Ciel  l'ayant  encore  brûlé  Tous  TEnipire  de  Tire , 
Domitien  le  iît  rebâtir  avec  plus  de  pompe,  &:  or- 
donna des  jeux  que  l'on  cclcbroit  tous  les  cinq  ans. 
Les  Chrétiens  ont  bâti  dans  le  même  endroit  une 
E^^lile  appelée  Jra  Cczli  en  l'honneur  de  la  fainte 
Vierge.  Vigenere  traite  du  Capitok  dans  fes  Annot. 
fur  Tue-Live,  T.I.p.  674  &J'uiy. 

On  appelle  de  même  Capitales  ,  les  principaux 
temples  des  Colonies  des  Romains.  Il  yen  avoit  à 
Conftantinople ,  à  Jéruialem ,  à  Carthage,  à  Ra- 
yenne  ,  cà  Milan  ,  à  Capoue  ,  à  Vérone  ,  à'Cologne , 
à  Trêves,  à  Narbonne,  à  Aurun ,  3.  Pamiers  ,à  Nîmes  , 
à  Befançon  ,  à  Saintes ,  à  Clcrmont ,  à  Reims ,  à 
Rhodes  &c  à  Touloufe  ,  où  on  le  voit  encore ,  & 
dont  Grégoire  de  Tours  a  parlé ,  Hi/i.  Franc.  L.  I 
C.  18  &  De  G/or.  Mari.  L.  I.  c.  48. 
^CF  C'eft  du  Capitok  qui  étoit  à  Touloufe  que  les 
Echevins  de  cette  Ville  ont  pris  le  nom  de  Capitouls. 
On  a  aulfi  donné  ce  nom  à  des  forterefiés ,  à  des 
lieux  où  l'on  rendoit  la  Juftice  ,  &  à  quelques  Cha- 
pitres de  Religieux. 
CAPITOLIN.  adj.  Qui  n'eO:  en  ufage  qu'au  mafculin  , 
en  latin  Capitolinus  ,  d'où  le  mot  de  Canito/in  a  été 
formé.  Il  lignifie ,  qui  a  rapport  au  Capitole ,  qui  ap- 
partient au  Capitole  -,  c'eft  une  cpithète  &  un  fur- 
nom  qui  a  été  donné  à  diverfes  chofes. 

Le  Mont  Capito/in  ,  Mons  Capitolinus ,  étoit  une 
des  fept  montagnes  de  Rome,  à  laquelle  on  donna 
ce  nom  ,  parce  qu'en  y  fouillant  pour  Jeter  les  fon- 
demens  d'un  temple  de  Jupiter ,  on  y  trouva  un 
crâne ,  ou  une  rête  d'homme ,  caput ,  d'où  fe  fit  Capi- 
tolinus -,  ou  ,  félon  d'autres ,  à  Capite  Toli ,  de  la  tête 
clc  Tolus,  qui  y  fut  trouvée.  Cette  montagne  avoit 
été  nommée  jufques-là  montagne  de  Saturne ,  Mons 
Saturnins  ,  parce  que  c'étoit  le  lieu  du  Latium  où 
Saturne  avoit  demeuré.  Elle  porta  auflî  le  nom  de 
montagne  de  Tarpeïa  ,  parce  que  Tarpcïa  Vcftale  y 
fut  afîbmmée  fous  les  boucliers  des  Sablas ,  auxquels 
elle  avoit  livré  la  citadelle  de  Rome  ,  &;  à  qui  elle 
demandoit  pour  récompenfe  les  bracelets  d'or  ornés 
de  pierreries  qu'ils  portoient  au  bras  gauche.  Il  y 
avoit  jufqu'à  trente  temples  fur  le  mont  Capitolin.  Le 
plus  magnifique  &  le  plus  célèbre  étoit  celui  de  Ju- 
piter. Foyei  Rofin  ,  Antiq.  L.I.  c.  5.  &  Dempfterus 
dans  fes  Antiq.  Rom, 

Jupiter  Capitolin ,  futnom  qui  fut  donné  à  Jupiter, 
à  caufe  du  temple  qu'il  avoit  fur  le  mont  Capitolin. 
Tarquin,  fils  de  Démaratus ,  &  furnommc  le  Vieux, 
iit  vœu  de  bâtir  ce  temple  ,  &  le  commença  ;  Tar- 
quin le  Superbe  le  bâtit,  &  Horatius  Pulvillus  le 
dédia.  Ce  temple  fut  brûlé  dans  la  guerre  civile  de 
Marius  &  de  Sylla ,  &  réparé  enfuite  par  Q.  Catulus, 
&  dédié  une  féconde  fois.  Pline ,  L.  III,  c.  <  ,  L 
Fil ,  c.  18  ,  L.  X,  c.  22  ,  L.  XXXIII,  c.  1, 3  6-  1 1 ,' 
L.  XXXIV ,  c.  7.  Suétone,  in  Jul.  Ccef.  c.  1 5.  H  fut 
encore  brûlé  fous  Vitellius ,  gc  réparé  fous  Vefpaiien, 
Dion.  L.  LXV.  Suet.  in  Vejp.ch.  8.  C'étoit  dans  ce 
temple  de  Jupiter  Capitolin  qu'on  prêtoit  le  ferment 
de  fidélité  aux  Empereurs.  Pline  ,  L.  II.  c.  j ,  de 
qu'on  faifoit  les  vœux  publics.  C'étoit  là  que  ceux  à 
qui  l'honneur  du  triomphe  étoir  décerné,  étoient  por- 
tés dans  un  char ,  &  avec  tout  l'appareil  du  triomphe 
&de  leurs  vidtoires-,  après  quoi  ils  faifoient  un  feftin 
dans  le  temple  de  Jupiter  Capitolin  ,  ou,  félon  d'au- 
tres ,  fous  les  portiques  du  Capitole. 

Les  Jeux  Capito/ins  étoient  des  combats  inftitués 
par  Camille  à  l'honneur  de  Jupiter  Capitolin  ,  en 
mémoire  de  ce  que  le  Capitole  n'avoir  point  été 
pris  par  les  Gaulois,  Tite-Live  ,  L.  V,  c.  30.  Plutar- 
que,  dans  fes  Queftions  Romaines ,  quell.  55  ,  dit 
qu'une  partie  de  la  cérémonie  étoit  que  le  Crieur 
public  mît  les  Sardois ,  c'eft-à-dire,  les  Etruriens  à 
l'enchère.  On  prenoit  aufîl  un  vieillard  -,  à  qui  l'on 
pendoit  au  cou  une  bulle,  telle  qu'en  portoient  les 
enfans,  &  on  l'expofoit  à  la  rifée  publique.  Feftus 
dit  qu'on  l'habilloit  d'une  robe  prétexte  ,  &  qu'on 
lui  pendoit  au  cou  une  bulle  d'or ,  non  pas  comme  à 


CAP  2  J7 

I       un  enfant,  mais  parce  que  c'étoît  l'ornement  des 
Rois  d'Etrurie. 

L'Empereur  Domitien  inftitua  aufli  des  Jeux  Ca- 
pitohns  qui  fe  célébroicnt  à  Rome  ,  non  pas  tous  les 
ans  comme  ceux  de  Camille  ,  mais  tous  les  cinq  ans , 
dans  lefquels  on  diftribuoit  aux  Poètes  des  prix  & 
des  couronnes  que  l'Empereur  lui-même  leur  mcttoit 
fur  la  rête.  Ces  jeux  Capitolins  de  Domitien  furent  <î 
célèbres  ,  que  l'on  changea  dans  l'Empire  la  coutume 
de  compter  par  luftres  -,  &  l'on  compta  par  les  jeux  Ca.- 
/'//•oAVzj ,  comme  en  Grèce  par  les  Olympiades.  Cet 
ufigeduroit  encore  au  temps  qu'écrivoitCenforinus, 
c'eft-à-dire ,  vers  230 ,  fous    Gordien.  La  fête  n'étoit 
pas  pour  les  feuls  Poètes  -,  il  y  avoit  aufTi  des  combats, 
&  des  récompenfcs  pour  les   Orateurs ,  les  Comé- 
diens ,  les  Hiftrions ,  &  les  Joueurs  de  toutes  fortes 
d'inftrumens.  On  peut  voir  fur  ces  jeux  &  les  précé- 
dens ,  Rolinu  s,  Antiq.  Rom.  L.  V.  c.  1 8,  &  Godwin, 
Antholog.  Rom.  L.  II.  fcâ:.  3.  f. 7. 
Capitolin.  f.  m.  cft  auffi  un  furnom  d'homme.   Capito- 
linus. M.  Manlius  fut  furnommé  Capitolin  ,  parce 
que  pour  avoir  voulu  fe  rendre  maître  de  Rome  ,  il 
fut  précipité  du  haut  du  Capitole.  Julius  Capitolin 
ou  Capitolinus  ,  eft  un  Hiftorien  qui  vivoit  fous  Dio- 
clcticn,   &quia  écrit  les    vies  d'Antonin  Pie,  de 
Luce  Vere,  d'Albin,  de  Macrin  ,  des   deux  Maxi- 
mins ,  des  trois  Gordiens ,  de  Maxime  &  de  Balbin. 
CAPITON,  f.  m.  Ce  qui  rcfte  quand  on  a  dévidé  toute 
la  foie  de  la  coque  d'un  ver ,  ce  qu'on  en  peut  encora 
tirer  avec  le  peigne  pour  le  filer.  Bombycinum   in- 
fccîum ,  vellus  bombycinum  tortilis  fuji  expers.  C'eft 
la  bourre,  la  partie  la  plus  grofllère,  qu'on  fcpare 
avec  des  cardafles.  On  s'en  fert  à  faire  des  lacis  ,  les 
étoiles  les  plus  comunes  &  de  bas  prix. 

CAPITOUL.  f.  m.  eft  le  nom  des  premiers  Magiftrats 
de  Police  de  Touloufe  ,  qui  ont  la  même  foxidliion 
qu'ailleurs  les  Confuls  ou  Echevins.  Conful,  On 
dit  à  Touloufe. 

aide  noblejfe  à  grand titou/. 
Qui  de  Touloufe  ejl  Capitoul. 

Ce  nom  a  été  donné  à  ces  Officiers  à  caufe  du  lieu 
où  ils  s'a/îembioient ,  qui  s'appeloit  le  Capitole  ,  & 
qui  avoit  le  même  nom  &  le  même  ufage  que  celui 
de  Rome. 

Autrefois  les  Capitouls  croient  pris  en  nombre  égal 
du  Bourg  &  delà  Ciré  de  Touloufe,  fîx  de  l'un  &: 
fix  de  l'autre.  En  1556',  la  ville   fe  trouvant  plus 
peuplée  que  le  Bourg ,  des  douze  Capitouls  on  en 
choilit  huit  de  la  ville  ,    &  quatre  feulejnent  du 
Bourg.  En  1 589  ou  1 590  ,  Charles  VI  les  réduifit  à 
quatre.  En  1592  ,  il  augmenta  le  nombre  de  deux, 
&:  ils  furent  fix  •,  &  la  même  année^il  les  augmenta  en- 
core de  deux,  de  forte  qu'ils  étoient  huit.  En  1400  ou 
1401,11  ordonna  qu'ils  feroient  douze.  Enfin  en  I458, 
(la  Faille  dit  en   1401)  ils  furent  réduits  à  huit, 
comme  ils  font  encore  à  préfenr.  Cette  Charge  ne 
dure  qu'un  an  ,  &  elle  anoblir  ;  &  dans  plufienrs  an- 
ciens Ades   ils  Ibnt   appelés  Capitulum  Nobiliunt 
Tolofce.  Ceux  qui  l'ont  été ,  fe  qualifient  aufîî  de 
Bourgeois ,  font  appelés  à  tous  les  confeils  généraux, 
&  ont  droir  d'image ,  c'eft-à-dire ,  que  l'année  de 
leur  adminiftration  étant  faite,  ils  font  peints  dans 
la  Maifon  de  Ville-,  coutume  qu'ils  ont  retenue  des 
anciens  Romains  ,  comme  on  le  peut  voir  dans  Si- 
gonius ,  de  Antiquo  Jure  Civium  Romanorum,  L.  II. 
Les  Capitouls  font  fi  jaloux  de  ce  nom  ,  que  les 
Confuls  de  Muret  l'ayant  pris ,  ils  leur   firent  faire 
défenfe  de  le  porter,  par  Sentence  du  Sénéchal  de 
Touloufe,  du  ly' Juin  1518.  Ils  font  appelés  dans 
les  anciens  Aéles  Con fuies  Capitularii ,  ou  Capito- 
Uni ,  &:  leur  compagnie  Capitulum.  C'eft  de-là  que 
vient  le  nom  de  Capitularii ,  &  de  Capitoul.  Celui 
de  Capitolini  vient  de  ce  qu'ils  ont  la  garde  de  la 
Maifon  de  Ville ,  qui  s'appelle  Capirole ,  Capitolium. 
Voyez  Catel  dans  fon  /P  L.  de  VHiJl.  de  Lans^uedoc  , 
5c  la  Faille  dans  fes  Annales  de  la.  ville  de  Touloufe 


258  CAP 

où  il  donne  des  liftes  des  CapUouls ,  dont  les  plus 
anciens  ne  font  que  de  1171.  .    ,■   ■  r>     i„c 

Menace  dérive  auHi  ce  mot  de  Capitohnt.  Un  les 
appelle  a/^««/V",  ^  en  quelques  autres  lieux  de 
Tnnce  Capiio/icrs.  _ 

CAT'ITOULAT.  r.  m.  On  appelle  ainh  les  diftcrens 
quartiers  ou  restions  de  k  vUlc  dcTouloule,  dont 
chacun  eft  rc^i^>ar  un  Capitoul.  Touloule  eft  au- 
iourd'hui  divile   on   huit  Cupnoulats  ;  &c  ces  Co/u- 
w«A«.- ou  ré-ions,  font  divifees  en  Moulans,  qui 
ont  chacun  un  Dixainier  ,  lequel  a  charge   d  avertir 
le  Capitoul  de  ce  qui  fe  palfe  en  la  dizaine,  &  de 
faire  lavoir  aux  habitans  de  fa  dixaine  ce  que  le 
Capitoul  du  quartier  lui  commande  de  taire  lavoir. 
LtCapimdat  de  la   Daurade  eft  le  premier  Uipi- 
toutafdc  Touloule.  Catel  ,  Hijl. de  Lang.L.  H, p. 
14c.  Les  autres  font  le  Capitoulat  de  Saint  Etienne  , 
nui  prend  fon  nom  de  l'Eglife  Cathédrale  qui  y  eft 
renfermée  s  le  Capitoulat  du  Pont  vieil  ;  \cCapitoulut 
de  la  Pierre  -,  le  Capitoulat  de  la  Dalbade  ;  le  Capi- 
toulat de  Saint  Pierre  de  Cuifmes  -,  le  Capitoulat  de 
Saint  Barthèlemi  i  le  Capitoulat  de  Saint  Sernin  en 
Touloufe.lD./'.  144- Catel  écrit   Capitoulat  Se  Ca- 
pitol at.  ...       1  j 
ftj-  CAPITOULAT.    fe  dit  aufîi  de    la  charge  des 
Capitouls,  &  du  temps  qu'ils  l'exercent,  LeC^/^ww- 
/a/  eft  une  charge  honorable;  il  eft   détendu  aux 
Capitouls  de  Touloule  de  quitter  pendant  l'année  de 
leur  Capitoulat ,  &  il  leur  eft  enjoint  d'y  taire  une 
réfidence  continuelle. 
iCT  CAPITULAIRE ,  ad),  de  t.  g.  Qui  s'applique  a  ce 
qui  concerne  une  aflerablée  de  Chanoines  ou  de  Re- 
ligieux. Ade  qui  fe  parte  dans  nn  Chapitre,  foit  de 
Chevaliers ,  foit  de  Chanoines,  foit  de  Religieux. 
Eruitum  ,  Canonicorum ,  MonachoTumfimul  congn- 
satorum  decretum.  Il  a  été  fait  plufieurs  délibct ations 
&   ades  capitulaires  pour  régler  la  difciplme   de 
cette  Maifon  ,  de  cet  Ordre. 
Capittilaire.  f.m.  Ordonnance,  Règlement,  Con- 
fticution  de  nos  Rois  des  deux  ptemieres  races.  On 
a  appelé  les  Capitulaires  de  Charlemagne  ,  Capitu- 
lanaCaroli  Magni,  de  Louis  le  Débonnaire,  &  de 
Charles  le  Chauve ,  les  Ordonnances  &c  les  Loix  , 
tant  Eccléfiaftiques  que  Civiles,  qui  ont  ete  faites 
par  ces  Empereurs.  Caroli  Magni  aliorumque  iran- 
ciœ  Resumle^es  adres  tum  Eeckfiafiicas,tum  Civiles 
pertinerms.m<^^  étoient  faites  dans  lesEtatsGeneraux 
ôcdansFallemblée  de  la  Nation,  ou  dans  des  Con- 
ciles ,  par  l'autotité  des  Princes,  &:  du  confentement 
des  peuolcs.  C'étoit  dans  cette  airemblée  que  nos 
Rois  failoient  pour  l'ordinaire  leurs  Conftitutions. 
On  en  faifoitenfuite  la  leéture  tout  haut,  &  aptes 
que  toute  l'alîemblée  y  avoit  donné  fon  confente- 
ment ,  chacun  y  foufctivoit  en  particulier.  On  obli- 
creoit  chaque  Evcque  Se  chaque  Comte  d'en  prendre 
copie  des  mains  du  Chancelier  ,  pour  les  envoyer 
enfuite  aux  OMiciers  qui   dépendoient  d'eux,  afin 
que  par  ce  moyen  elles  puflent  venir  àlaconnoil- 
fance  des  peuples.  Quelques-uns  les  diftinguent  des 
Loix  ,  &:  difent  que  ce  n'étoit  que  leuts  fupplemens. 
On  leur  a  donné  ce   nom,  parce  qu'ils  étoient  dif- 
tin>j;ucs  par  Sections,  ou  par   Chapitres.  L'ancien 
Droit  François  confiftoit    en   ces  Capitulaires-,  Se 
c'étoit  un  nom  général  qui  s'étendoit  à  toutes  lottes 
de  Conftitutions,  foit  Civiles,  foit  Eccléfiaftiques-, 
&  on  a  appelé  ainli  celles  qui  ont  été  faites  par  nos 
Rois  pendant  500  ans.  La  principale  charge  des  In- 
tendans  des  Provinces ,  qu'on  appeloit  Mijft  Domi- 
nici,  étoit  de  faite  exécuter  ces  Capitulaires ,  qui  ont 
été  en  vio-ueur  en  France  Se  en  Allemagne  julqu'au 
rècrne  de  Philippe  Le  Bel.    L'Abbé   Anfegife  en  ra- 
malfa   quatre  livres    l'an  817.  Benoît  ,  Diacre  de 
Maïence  ,  en  compila  trois  auttes  livres  ■■,  puis  on  en 
rettouva  quatte  autres  de  l'Empereur  Louis,  qui  y 
ont  été  joints  par  addition.  M.  Baluze  en  a  ramade 
plufieurs  autres  des  Rois  précédens ,  Se  les  a  donnes 
au  Public  avec  une  curieufe  Préface  :  il  tant  voir 
l'édition  de  1611.  Il  y  a  ajouté  les   Formules  de 
Marculf3,celleduP.Sirmond,.&:  de  M.  Bignon, 


CAP 

&  plufieurs  autres  tirées  d'anciens  Manufcrits.  Jean 
L ydius ,  dans  fes  Glofes  du  Latin  baibare,  dit  que  Ca- 
pitulare,Capituluirc  ,  eft  la  même  chofe  que  ce  que 
les  Anciens  appeloient  Décret.  Senatujconjulte,  Loi, 
&  qu'on  appelle  aujourd'hui  Ordonnance  ;  &  Rcus , 
Rect(fus:cnQii'cv  le  Droit  François,  qui  confiftoit 
fous  les  Rois  de  la  première  race  dans  les  Loix  Sali- 
ques ,  outre  ces  Loix  ,  comprenoit  lous  les  Rois  de 
la  féconde  race  ,  les  Ordonnances  des  Rois  de  cette 
race  i  auxquelles  on  donna  le  nom  de  Capitu  aires. 
Sous  les  Rois  de  la  troifième  race  on  a  appelé  Or- 
donnance, ce  que  l'on  appeloit  autreiois  Capitulatre. 
Les  Capitulait  es  ont  été  faits  avec  la  même  autorité, 
mais  non  pas  de  la  même  manière  que  les  Loixfe 
font  aujourd'hui.  ,     ^     ■     ;  • 

On  peut  diftinguer  trois  fortes  de  Capitulaires 
fuivant  les  matières.  Ceux  qui  traitent  des  matières 
Eccléfiaftiques  font  de  vétitables  Canons  titcs,  leloa 
la  remarque  d'Antoine  Auguftin ,  Archevêque  de 
Tarra<-one,  des  Conciles  légitimement  aflemblés. 
Ceux  qui  traitent  des  matières  féculières ,  mais  géné- 
rales ,  font  de  véritables  loix  -,  ceux  qui  ne  regardent 
que  de  certaines  perfonnes ,  ou  de  certaines  occa- 
fions,  ne  doivent  êtte  conhdérés  que  comme  des 
réslemens  particuliers.  . 

M  l'Abbé  Fleurv  appelle  Capitulaires  d  interroga- 
tions ,  deux  Mémoires  qui  contiennent  des  queftions 
que  Charlemagne  propofa  aux  Evêques ,  aux  Abbés 
Si  aux  Comtes"" de  fon  Royaume ,  en  8 1 1 . 
CAPITULAIREMENT.  adv.  En  Chapitre ,  Canoni- 
corum ,  &c.  in  conjefu.  Ils  ont  été  alfemblés  capitu- 
lait emermn  (on  Àz\-i.c\oc\\c.  _ 
^rr  CAPITULANT,  adj.  Qui  a   voix    dcboerative 
dans  un  Chapitre,  ^i  jus  ejî /ufragii.  Chanoine, 
Kche;iem  Capitulant.               _ 
IP"  ifeft  auifi  employé  fubftantivcment.  Prefque  tous 

tous  les  Capitulans  arrêtèrent  que  ,  &c. 
|t?  CAPITULATION,  f.  f •  Traite  fait  pour  la  red- 
dition d'une  place ,  d'une  Ville.  Lompofitio  -dedenda 
urhis,  arcis  conditior.es,  leges.  Les  articles  de  la  Ca- 
pitulation ,  portés  pat  la  Capitulation.  Envoyer  les 
articl-s  de  la  Capitulation.  Deditionem  mittere.  Re- 
cevoir à  Capitulation.  In  deduioncm  accipere.  Signet 
la  Capitulation.  Tenir  ,  violer  la  Capitulatior:.  _ 

rCT  On  appelle  parriculièrement  t-pttulation  ,  Capi- 
wtezo/2  Germanique,  une  loi  fondamentale  impofea 
à  l'Empereur  par  le  Corps  Germanique  ;  des  pa^a: 
conventa,nnc  cfpèce  de  contrat  ou  de  concordat 
que  lesEledteurs  font  avant  l'Eledion  de  1  Empereur. 
à  que  celui  qui  eft  élu  ratifie,  figne  &c  promet  d  ob- 
ferver  avant  que  d'être  teconnu.  Les  points  principaux 
auxquels  le  nouvel  Empereur  s'oblige  par  cette  Ca- 
pitulation font  la  détènfe  de  l'Eglife  &c  de  1  Empire  , 
le  maintien  des  loix  fondamentales  ,1a  conlervation 
des  droits,  prérosatives  Si  piivileges  des  Eledleurs, 
des  Princes  ,  des  Villes  &  de  tous  les  Etats  qui  com- 
pofent  le  Corps  Germanique.  Les  Capitulations  de 
l'Empire  ne  font  en  ufage  que  depuis  Charles  V.  La 
crainte  que  les  Princes  &c  les  villes  d'Allemagne 
eurent  de  la  trop  grande  puilfance  de  cet  Empe- 
reur, les  introduifit.  Avant  cet  Empereur ,  il  n'y  a 
aucun  exemple  de  Capitulation.  Si  l'on  en  produit 
quelqu'une  ,  elle  eft  fuppofée.  Quand  l'Empereur  eft 
élu,  s'il  eft  préfent,  les  Eledeurs  le  conduifenta 
l'Eo-life  ,  Se  l'ayant  fait  alTeoir  lur  le  grand  Autel , 
l'Atchevêque  de  Mayence,  comme  Archichanccliec 
de  l'Empire  en  Allemagne,  lui  préfente  la  Capitu- 
lation pour  la  figner.  ifle  fait ,  Se  promet^  en  même- 
temps  de  confirmer  immédiatement  après  fon  cou- 
ronnement les  privilèges  dont  jouilTent  les  Eledeurs, 
Princes  Se  Etats  de  TEmpire.  A  cet  cfftt  l'Empereur 
fait  expédier  à  chaque  Eledeur  des  lettres  patentes. 
Ce  font  les  Eledeuis  qui  dreflent  Se  préfentent  les 
Capitulations ,  les  autres  Membres  de  l'Empire  n'y 
ont  point  part ,  malgté  les  plaintes  qu'ils  en  font 
quelquefois.  Lors  de  la  paix  de  Veftphalie  on  pro- 
pofa de  délibérer  dans  la  prochaine  Diète  fur  la  ma- 
nière de  dr:fler  une  Capitulation  perpétuelle ,  c'eft- 
à-dire ,  fuivant  la  Coutume  d'Allemagne  ,  de  déli- 


CAP 

bdïer  fur  une  chofe  que  l'oh  né  conclura  jarrtais.  t)è« 
le  commencement  de  la  Capuulaùon  l'Empereur 
reconnoît  qu'il  a  reçu  l'Empire  à  ce:  conditions ,  & 
quSl  en  eft  convenu  avec  les  Eiccleurs  ,  tant  [îour 
eux  que  pour  les  autres  Etats  de  l'Empire.  Mon- 
SAMB.  Plulieuts  Auteurs  Allemands  en  parlant  de 
la  Co-pitulation  ,  tombent  darts  une  honteule  Hateric, 
&c  font  voir  une  exrrême  ignorance  dans  la  Politique. 
Il  y  en  a  qui  ont  ofc  Ibutenir  que  la  CapituUiion  ne 
donnoit  point  de  bornes  à  la  puiflance  de  l'Empe- 
reur ,  mais  qu'elle  empcchoit  feulement  les  aliéna- 
tions &  les  engagemens,  qui  auroient  pu  affbiblir 
les  forces  de  l'Hmpire.  Idem.  La  Capitulation  Léo- 
poldine  contient  quarante-fept  articles,  f^oye^^  Sé- 
verin  de  Monfambano  ,  Etat  préj'ent  de  F  Empire ,  c. 
5.  Heiff.  Hiji.  de  l'Empire, 

Frédéric  Dui;  de  Saxe ,  furnommé  le  Sage ,  pafTe 
pour  être  l'Auteur  des  Capitulations  Impériales , 
parce  qu'après  la  morr  de  Maximilien  I  l'Empire 
lui  ayant  été  oifert,  il  le  refufa,  &  confeilla  aux 
Electeurs  de  choilîr  CharlesV;  mais  à  certaines  con- 
ditions, pour  mettre  la  liberté  de  l'Allemagne  en 
fureté,  y'oyei  Schutfleifch  ,  Differt.de  El.  Fnd.  IIJ, 
§  10  ;  &  Imhorffi  Not.  Imp.  Lilu  ly  cap.  z ,  1  ,  §  5, 

Capitule,  l*.  m.  Terme  de  Bréviaire.  Capitulum.  M* 
Nivets  s'efl  fervi  de  ce  mot.  Voye:^  Chapitre.  Les 
Capitules  fe  doivent  plutôt  lire  ,  ou  prononcer,  que 
chanter.  Nivers.  C'eft  une  cfpèce  de  petite  leçon 
qui  fe  dit  à  la  rin  de  cerrains  Offices. 

CAPITULER.  V.  n.  Compofer  ,  traiter  de  la  red- 
dition d'une  place  fous  certaines  conditions.  De 
arce ,  urhe  dcdenda  tranjigcre ,  pacifci. 

Capituler  fe  dit  auifi  des  propofitions  d'accom- 
modement qu'on  lait  pour  Ibrtir  de  quelque  af- 
faire, ou  de  quelque  embarras.  Facifci ,  coiivenire 
de  re  aliqua.  Il  y  a  apparence  que  le  procès  de 
cet  homme-là  ne  vaut  rien  ,  puifqu'il  veut  capi- 
tuler. On  peut  bien  capituler  avec  la  vertu  -,  & 
pourvu  qu'on  foit  exaét  dans  lefôlide,  il  n'eft  pas 
néceflaire  de  fe  gêner  ii  fort  à  l'égard  des  bien- 
féances.  S.  EVr.  Il  ne  faut  «  ni  capituler  avec  Ion 
Roi ,  ni  s'approcher  de  lui ,  quand  il  eft  en  colère. 
Oh  dit  proverbialement ,  Ville  qui  capitule  eft 
à  demi  rendue-,  pour  dire  ,  que  quand  on  écoute 
des  propofitions  on  eft  prêt  de  les  accepter. 

CAPITZI  KIHEIA.f  m.  Grand  Chambellan  du  Grand 
Seigneur.  Magnus  Imperatoris  Turcici  Camerdrius, 
Artus  Thomas  ,  Contin.  de  l'HiJi.  des  Turcs  , 
Liv.  VL  Le  Capital  Kikeia  arriva ,  comme  rtous 
dirions  le  Grand  Cîianibellan ,  avec  quinze  Capit- 
fchilar  j"  &c,  Id. 

CAPIVARD.  f.  m.  Cochon  d'eaU.  C'eft  un  animal 
quadrupède  amphibie  ,  qui  a  le  corps  d'un  cdchon 
&  la  têre  d'urt  lièvre  ,  ians  queue.  Il  fe  tient  pref 
que  toujours  fur  fôn  derrière  ,  comme  un  fingc. 
Il  naît  dans  le  Bréfil  :  il  fe  tient  tout  le  jour  dans 
la  mer ,  mais  il  vient  à  terre  la  nuit ,  où  il  ra- 
vage les  jardins  &;  déracine  les  arbres.  Il  eft  bon 
à  manger.  Di^.  de   James. 

CAPLAN.  f.  m.  Sorte  de  petit  pdifTon  qui  fe  trouve 
en  grande  quantité  vers  les  endroits  où  fe  pêche 
la  morue  :  il  y  en  a  fur-tout  un  grand  nombre  fur 
les  côtes  de  Plaifance.  Il  fert  à  amorcer  les  hame- 
çons des  lignes  à  prendre  la  morue. 

CAPLANIER.  f.  m.  On  nomme  ainfi  fur  les  vai/Teaux 
bretons  ceux  qui  vont  .à  la  pêche  de  la  morue  fé- 
che  ,  &:  les  matelots  qui  aident  a  cette  pêche.  Ils 
ont  rang  entre  Xc^  décoleurs  &  les  faleurs,  &  ont 
le  même  pot  de  vin.  On  dit   au(îi  Capalanier, 

CAPNOMANCIE.  f  f.  Terme  de  divination.  Ce  mot 
fignifîe  divination  par  la  fumée.  Les  Anciens  ti- 
roienr  un  bon  augure  quand  la  fumée  qui  s'élevoit 
de  l'autel  où  l'on  faifoit  un  facrifice  ,  étoit  lé- 
gère, peu  épailfe ,  quand  elle  s'élevoit  droit  en 
haut  fans  le  répandre  tout  au  tour  de  l'autel  ;  li 
le  contraire  arrivoit,  ils  le  prenoient  pour  un  mau- 
vais préfage.  Capnomantia. 

Ce  mot  vient  du  Grec.  Il  eft  formé  de  x«t»^5, 
^  de  f4«»7e<«  j  divination.  Il  y  a  un  autre  forte  de 


^kP 


tàpnorriàncle ,  qui  confifte  à  obferver  la  fumée  tjui 
s'cl'jve  lorfqu'on  a  jeté  la  graine  de  pavot  ou  de 
fcfame  fur  des  charbons  allumés.  Voye^  Peueer  dans 
fon   Traité  d.-s  Divinations. 

GAPO.  f  m.  Mor  purement  italien,  qui  lignifie  cjp, 
de  capo ,  tête.  Nos  Géographes  s'en  fervent  quel- 
quefois ,  &:  le  retiennent  dans  les  noms  de  litu , 
qui  font  fur  les  côtes  d'Italie  -,  en  un  mot ,  dans 
les  nom?  que  les  Italiens  ont  donnés  à  différens 
lieux  où  la  langue  iralicnne  a  cours.  Capo  cocoj 
caj'-  de  Sicile  le  plus  occidental  de  cette  île.  Capo 
délia  Greca  dans  l'île  de  Chypre.  Capo  délie  Co- 
lonne dans  la  Calabre.  Capo  d'Jjiria ,  ville  d'Iftrie 
fur  un  rocher.  Le  Capo  Greco,  eit  à  la  pointe  de 
la  prefijuTle  de  Romanie.  Capo  Ferrato ,  en  françois 
Cap  de  Fer ,  fur  la  côte  d'Alger ,  &c. 

CAPOC,  ou  CAPUK.  f.  m.  Elpèee  d'ouate  qu'on 
tire  d'un  arbre  qu'on  appelle  cdpo.juier.  Elle  eft 
fort  fine,  &  ii  courte  qu'on  ne  fauroir  là  filer.  Les 
Siamois  s'en  fervent  au  lieu  de  duvet. 

CAPOLIN.  f,  m.  Arbre  de  moyenne  grandeur  qui 
croît  dans  le  Mexique.  Ses  feuilles  font  fembla- 
bles  à  celles  de  nos  amandiers ,  ou  de  nos  ceri- 
liers.  Ses  fleurs  pendent  par  grappes  -,  Si  il  en  naît 
des  fruits  qui  relfemblent  à''nos  cerifes ,  tant  pat! 
la  figure ,  la  groifeur ,  la  couleur  ,  que  pat  les 
noyaux.  Ces  fruits  avant  leur  maturité  foiit  aigres  & 
aftringens  -,  mais  quand  ils  font  mûrs,  ils  devien- 
nent doux  &c  fort  agréables.  Cet  arbre  fleurit  au 
printemps ,  &  donne  du  fruir  pendant  tout  l'été* 

§CF  CAPON.  f.  m.  Terme  populaire,  uiitè  parmi  les 
écoliers  pour  défîgner  un  joueur  rufé ,  attentif  à 
prendre  toutes  fortes  d'avatltage  aU  jeta. 

Capon  eft  auilî  un  terme  de  Marine,  &  fîgnlfie 
une  machine  corapofce  d'une  corde  &  d'une  gro/fé 
poulie ,  a  quoi  l'on  joint  un  gros  croc  de  fer  qui 
fert  à  lever  l'ancre ,  quand  on  a  coupé  le  cable  y 
parce  qu'il  faifîr  l'ùrin  ,  ou  le  cable  qui  eft  arraché 
à  une  bouée  ou  tonneau  vuide ,  qui  iliarqile  le 
lieu  où  l'ancre  a  été  laiffée, 

CAPONNE.  Terme  de  Marine.  Commandement  qu'on 
fait  à  l'équipage  pour  le  faire  hâler  fur  le  capom 

CAPONNER.  Terme  de  Collège  *  qui  fe  dir  d'un 
écolier  rufé  qui  attrape  les  autres ,  &  qui  les  ef- 
croque.  fubripere  ,  fraudâre ,   decipere. 

IJCF  Caponmer  l'ancre.  Terme  de  Marine.  C'eft 
accrocher  l'arganneau  de  l'ancre  avec  le  croc  du 
capon ,  pour  le  hiifcr  ou  tirer  au  bofToir.  Dans  cette 
acception  ,  ce  verbe  eft  aétif. 

CAPONIERE  i  ou  CAPONNIERE.  f.  f.  Tetme  de 
Fortification.  Logement ,  petit  corps-de-garde  avan- 
cé &  cfeufé  quatre  ou  cinq  pieds  en  terre ,  pour 
y  mertre  quinze  ou  vingt  moufquetaires.  înjldicz^ 
II  elT:  cbuvert  de  planches  à  demi  enfoncées  dans 
le  rez-de-chauilce  ,  &  couvertes  de  terre.  Il  ne  s'é- 
leVe  qu'environ  deux  pieds  fur  le  rcz-de-chaufî5e« 
On  les  fait  dans  les  fofics  fecs ,  ou  fur  le  glacis  de 
la  contrefcarpe.  On  fait  de  petites  embrafures  dans 
le  parapet  de  la  caponniere  qu'on  appelle  meur- 
trières ,  par  où  l'on  tire  jufqu'à  tez-de-chauffée , 
fans  être  vu. 

|cr  CAPOQUIER.  Voye^  Cavvx.  ,  c'eft  la  mciîic 
chofe. 

CAPORAL,  f.  m.  Terme  de  guerre.  C'eft  un  bas  Of^ 
ficier  dans  une  Compagnie  d'Infanterie  ,  qui  corn; 
mande  une  efcouade.  Optio ,  onis.  Il  y  a  trois  Ca-^ 
poraux  en  chaque  Compagnie.  Le  Caporal  pofe 
&  levé  les  fentinelles ,  reçoit  le  mot  du  guet ,  & 
fait  obferver  la  difcipline  dans  le  Corps-de-gard« 
Ces  OfSciers  font  qualifiés  Hautes-payes. 

Caporal  de  consigne.  C'eft  le  Caporal  qui  reçoit 
la  confîgne  de  la  garde  qui  defcend ,  &  là  donne 
à  celle  qui  monte,  ht  Caporal  Ae  configne  eft  fou-» 
jours  celui  du  plus  ancien  Régiment ,  ou  de  là 
plus  ancienne  Compagnie.  Il  doit  s'informer  de 
1  celui  de  la  garde  defcendanre  de  ce  qu'il  y  aura 
à  faire  dans  le  pofte.  Bo^fBELLES.  Les  Caporaux 
doivent  partaget  entre  eux  le  temps  de  leur  garde, 
en  forte  <]u'iis  foient  en  fàotion  autant  d'heures 


zA,o-  CAP 

de  jour  5c-  de  nuit  les  uns  que  les  autres.  Pendant 
le  temps  que  chaque  Caporal  elt  en  t'adion  ,  on 
le  nomme  Caporal  de  pofe.  Celui  de  conligne  a 
droit  de  choilir ,  &c  prend  ordinairement  la  pre- 
mière poic.  Quoiqu'il  en  l'oit,  celui  qui  en  icra 
chartçé ,  doit  prendre  la  conli-ne  de  celui  qui  aura 
fait  la  dernière  pôle.  Bombelles.  Le  Caporal  de 
conlîgne  doit  avoir  loin  d'envoyer  chercher  le  bois , 
ou  la  tourbe,  la  chandelle  &c  les  aittres  choies 
que  l'pn  donne  pour  le  Corps-de-garde.  Idem,  cha- 
que Caporal  de  conligne  des  Toftes  en  dedans  du 
corps  de  la  Place,  doit  aller  à  l'ordre  au  grand 
cercle  avec  le  Sergent  du  plus  ancien  Régiment 
de  ion  polie.  Le  'Caporal  de  pofe  ne  lauroit  être 
trop  attentif  à  écouter  les  appels  des  lentinellcs  , 
pour  y  repondre.  Id,  Caporal  d'ordonnance.  Koy. 
Sergent  d'ordonnance. 

Ce  mor  vient  de  l'italien  CaporaL-,  qui  lignifie 
la  même  choie.  Caporal  \izni  àc  capnc,  tête,  chel. 
Le  Caporal  eft  le  chef,  celui  qui  ell  à  la  tête  d'une 
bande ,  qui  eft  le  premier.  On  dit  audl  en  italien 
caporak.  On  trouve  Caporalis  dans  la  balîê  la- 
tinité, pour  un  berger.  Opilio,  AFta  SS.  Mail,  T. 

VIL  p.   375- ^-       '         ,  .   ,    ,. 

CAPORIONS.  1".  m.  pi.  Mot   corrompu  qui  le  dit 
pour  quatorze  Rions ,  c'eft-  à-dire ,  quatorze  quar- 
tiers de  la  ville  de  Rome.  Car  Rione  en  italien  le 
dit  pour  Regio.   Qiiaïuordccun  urhis  regiones.  Le 
Pri'.ur  des  Caponons ,  ou  pour  mieux  dire ,  Chet 
ou  Colonel  des  quatorze  rions    ou  quartiers  de  la 
ville  de  Rome  ,  charge  conlidcrable  qui  cil  exer- 
cée bien  Ibuvent  par  la  principale  noblellê  de  Rome , 
qui  tire  tous  les  ans  de  la  Chambre  Apollolique 
cinq    cens-cinquante  écus  pour  les   appointemens 
ordinaires,  &  qui  tient  le  quatrième    lieu  d'hon- 
neur dans   les   cérémenies  principales.    Celui  qui 
l'exerce  ,  marche  immédiatement  après  le  Sénateur  , 
les  Confervatcurs  &  le  Gonlalonnier  ou  Enlcigne 
du  Peuple  Romain ,  comme  il  ell  exprellcmcnt  re- 
mattjué  dans  l'état   qui  fut  imprimé  à  Rome  l'an 
1604,  de  la  recette  &  dépenle  que  fait  annuelle- 
ment le  Peuple  Romain.  Mascur,/.  134,  i3  5- 
CAPOSER.  Terme  de  Marine,  peu  uiité ,  qui  iigni- 
iîe  ,  mettre  le  navire  .à  la  cape  -,  c'eft-à-dire  ,  amar- 
rer le   gouvernail  bien    ferme  pour  fuivre   l'aban- 
don du  vent.  Gubernaculum  fune  nautico  alligare. 
fp=  CAPOSWAR.  Voye^  Kaposwar. 
CAFOT.  f.  m.  Habillement  que  mettent  les  Cheva- 
liers, lorfqu'ils  font  reçus   dans  l'Ordre  du  Saint- 
Efprit.  C'ell  une  efpèce  de  cape  ancienne ,  &  qui 
aboutit  par-devant  en  forme  d'uji  fcapulaire  arrondi. 
Chlamys    Irevior  cucullata.  On  l'appelle  commu- 
nément -Capote. 
Capot   ell  auil:  une  efpèce  de  capuchon  que  les  gens 
de  mer  mettent  par-deflus  leur  habit  ordinaire.  Bre- 
vior  cucullus.  Quand  les  foldats  font  en  fentinelle 
ils  ont  ordinaitement  des  Capots  pour  fe  garantir 
du  froid. 
Capot.  Selon  Du  Chefne  ,  An-n^ki  Anti^.  &  Recher- 
ches des  villes  de  France  ,  L.  IL  c.  14.   Les  Capots 
ou  Gahets,  fonten  Bigorre  ,  en  Béarn  ,  &  en  plu- 
fieurs  endroits  de  Galcogne  ,  une  forte  d'hommes 
que  chacun  fuit  6c  dételle  comme  ladres ,  qui  ont 
l'haleine  fort   puante  ,  que   quelques-uns  tiennent 
ctre  une  race  des  Hérétiques  Albigeois,  tous  Char- 
pentiers ou  Tonneliers ,  fcparés  du   commun    &: 
de  domicile  pendant  leur  vie ,  &  de  cimetière  après 
leur  mort.  M.  de  Marca  en  traite  fort  exaélement 
dans  fon  Hifloire  de  Béarn,  Liv.  L  c,   16.  Il  dit 
qu'on  les  appelle  Capots  ou  Cagots  ;   que  l'opinon 
vulgaire  ,  qui  a  prévalu  dans  les  efprits  de  pluiieurs 
&  q^ui  même  a  été  publiée  par  Belleforell ,  ell  qu'ils 
font   defcendus   des    Viligoths  ;  qu'ils  font  cenfés 
perfonncs  ladres  &c  infectées,  auxquelles,  pararti- 
oles  exprès  de  la  Coutume  de  Béarn  ,  &  par  l'u- 
fage  des  Provinces  voifines,  la  converfation  fami- 
-lière  avec  le  relie  du  peuple  ell  féverement  inter- 
dite ,    de  manière  que  dans  les  Eglifes  ils  ont  une 
porte  réparée  pour  y  entrer  ,  Se  leur   fiége  pour 


CAP 

toute  la  famille  ■■,  qu'ils  font  logés  à  l'écart  des 
villes  &  villages  -,  qu'ils  font  d'ordinaire  le  métier 
de  Charpentiers,  oC  ne  peuvent  porter  d'autres  ar- 
mes, ni  ferremens  que  ceux  qui  font  propres  à 
leur  travail.  Aujourd'hui  ils  font  ouis  en  témoi- 
gnage ;  mais  fuivant  le  For  ancien  de  Bearn  le  nom- 
bre de  icpt  Capots  étoit  nécellàire  pour  valoir  la 
dépoiition  d'ua  autre  homme  ordinaire. 

On  croit  que  le  nom  de  Cagots  leur  a  été  don- 
né de  cajs  Goths  ■,  c'efl-à-dire  ,  •  Chiens.  Goths   en 
haine  de  l'Arianifme  ,  6i  des  cruautés  qu'ils  avoient 
exercées  dans   le  Pays,  où  l'on  fe  pcrfuade  qu'en- 
fuitc  ,  pour  une  peine  de  leur  fervitude  ,  on  leur 
impola   la  néccdlté  de  couper    les  bois  ,    comme 
l'on  fit  aux   Gabaonites.  M.  de  Marca  ne  fauroit 
goûter  cette  peniëe,  qu'il  ne  croit  fondée  que  fur 
la  reflêmblance  du  nom  Cagot  avec  l'origine  qu'on 
lui  donne  j  &  parce  que  ce   nom  n'ell  pas  û  pro- 
pre à  ces  pauvres  gens  que  quelques  autres  qu'on 
leur  donne  ,  &:  ne  fe  trouve  écrit  que  dans  la  nou- 
velle Coutume  de  Bearn,  reformée  l'an  15 51.  Au 
lieu  que   les  anciens  Fors  écrits  à  la  main  ,  d'où 
cet  article  a  été  tranfcrit ,  portent   fotmellement 
le  nom  Chrejiiaas ,   ou  de  Chrétiens  -,  &  le   quar- 
tier des  Paroilfes  où  ils  habitent  fe  nomme  par  le 
vulgaire  le  quartier  des  Chrétiens.  On  leur  donne 
plus  ordinairement  dans  le  difcours  familier  le  nom 
de  Chrétiens  ,  que  celui  de  Cagots.  Dans  le  Cahier 
des  Etats  tenus  à  Pau  l'an  15(^0,  ils  font  nommés 
Chrétiens  &:  Gezitains.  En  Balîé-Navarre,  Bigorre, 
Armagnac  ,  Marfan  &  Chalofle  ,   ils  font  appelés 
Capots  ,  Gahets ,  Gezitains  &:  Chrétiens.  Ces  Etats 
cntr'autres  choies  demandèrent  à  Gallon  de  Béain  , 
Prince  de  Navarre,  que  ces  Capots  porrafTent  fur 
leurs  habits  l'ancienne  marque  de  pied    d'oie,  ou 
de  canard,  qu'ils  avoient  quittée  depuis  quelque 
temps. 

Tout  cela  ne  pouvant  s'accorder  à  l'origine  des 
Goths,  qui  étoient  illulltes  d'extraélion,  éloignés 
d'infeclion,  Se  Chrétiens,  quoiqu' Ariens .  M.  de 
Marca  croit  que  les  Capots  font  defcendus  des  Sar- 
razins  qui  reft èrent  en  Galcogne  après  que  Charles 
Martel  eut  défait  Abdirama,  On  leur  donna  la 
vie  en  confidération  de  leur  converfion  à  la  Re- 
ligion Chrérienne ,  d'où  ils  tirèrent  le  nom  de 
Chrétiens  -,  mais  on  conferva  pour  eux  toute  la 
haine  de  la  nation  Sarrafine  ,  d'où  vient,  ii  l'on  en 
croit  cet  Auteur,  le  nom  de  Gezitains,  la  per- 
fuafion  qu'ils  (ont  ladres  ,  de  la  marque  du  pied 
d'oie.  Voye^  Gezitain.  Quant  au  mot  de  Capot , 
M.  de  Marca  conjeélure  qu'il  s'eft  dit  pour  Cagot , 
&  que  Cagot  vient  à  la  vérité  de  Caas  goth ,  comme 
on  a  dit  ci-delfus  ;  qu'il  leur  fut  donné  parce  qu'ils 
fe  vantoient  d'avoir  chaffé  les  Goths ,  que  Cahots 
lignifie  chiens  de  Goths  ,  c'ell- à-dire  ,  Chafléurs 
Goths;  ou  bien  que  ce  nom  vient  de  Coucagatus ^ 
terme  de  mépris  &  d'injure  ,  dont  il  efl  fait  men- 
tion dans  la  Loi  Salique.  En  la  haute  Navarre  au 
lieu  de  Capots  ou  Cagots ,  on  dit  Agotes  ou  Ca- 
gotes. 

De  Bofquet  dans  fes  Notes  fur  les  Epîtres  d'In- 
nocent III  foupçonne  que  ces  Capots  font  de  race 
Juive ,  &  qu'ils  ont  pris  leur  nom  du  mor  Latin 
Capus  ,  qui  fignifie  dans  les  Auteurs  du  moyen  âge, 
comme  dansThéodulphe  d'Orléans,  un  épervier, 
à  capiendo  ;  d'où  il  eflime  que  les  Capitulaires  de 
Charles  le  Chauve  ont  donné  le  nom  de  Capi^\xx 
Juifs ,  à  caufe  de  leurs  ufures  &  rapines  -,  que  le 
nom  de  Gahets  que  l'on  donne  en  Gafcogne  aux 
Capots  ,  fe  rapporte  à  cette  fignification.  Cette  pen- 
fée  efl  ingénieufe  ;  mais  M.  Marca  dit  que  bien 
loin  que  les  Capi  puiffent  être  pris  dans  les  Ca- 
pitulaires pour  les  Juifs ,  il  croit  au  contraire  que 
toutes  les  paroles  du  textemontrent  que  c'étoit,  non 
pas  des  perfonnes  d'une  feéle  particulière ,  mais 
plutôt  un  efpèce  de  Marchands  de  certaines  den- 
rées ,  quels  qu'ils  fuffent ,  Chrétiens  ou  Juif;.  Il  y 
a  une  forte  de  gens  en  Bretagne  tous  femblables 

aux 


C  A  P 

■  aux  Cagots ,  mais  qac  l'on  nomme  Caqueux.  Voye^ 
ce  mot. 

Capot.  Terme  du  jeu  de  Piquet.  ^fT  Faire  capot  quel- 
qu'un 5  c'cft  faire  toutes  les  levées.  Alors  on  ga- 
gne quarante  points.  Etre  capot ,  c'eft  ne  faire  au- 
cune main. 

En  Termes  de  Marine.  On  appelle  faire  capot  ^ 
Jorfque  les  navires,  barques,  pyrogues  &:  canots 
fe  renverfent  lens  defllis  deflbus.  Tous  ceux  qui 
font  dans  les  petites  nacelles ,  périment  ordinaire- 
ment quand  elles  font  capot.  Je  voulus  gouvetner , 
on  m'en  empêcha  ,  &  nous  fîmes  capot  dans  le  mo- 
ment. Chev.  de  Beauch.  Il  donnoit  un  repas  à  plu- 
sieurs Medieurs  £:  Dames  llir  fa  frégate  ;  le  bâti- 
ment fit  capot  cà  la  vue  de  toute  la  ville ,  5c  tous 
les  convives  périrent.  Idem.  On  voit  par  ces  deux 
exemples  qu'on  dit  faire  capot ,  tant  du  navire  que 
de  ceux  qui   font  dedans. 

lier  On  dit  familièrement  &  fîgurément,  faire  fiZjOor  , 
rendre  coniiis  £c  interdit ,  déconcerter  quelqu'un. 
Etre  capot ,  Etre  fait  pic  &  capot. 

Dame  ignorance  a  fait   enfin  capot 
Le  tel  ejprit.  Des  H.  ' 

Phi/is  ,  contre  la  mort  vainement  on  chicane , 
Tôt  ou  tard  qui  s'y  joue  ,  efi  fait  pic  &  capot.BENS, 

IJCT  On  le  dit  de  même  d'une  perfonne  qui  fe  voit 
fruftrce  de  Ion  ef^-crance.  Cette  Dame  a  été  bien 
capot ,  quand  elle  a  vu  que  perlbnne  ne  la  faifoit 
danlcr. 

^  CAPOT  AGE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  On  don- 
ne ce  nom  à  cette  partie  de  la  fcience  du  Pilote 
qui  coniifte  à  connoître  le  chemin  que  le  vaifîéau 
fait  fur  la  furface  de  la  mer  :  connoiffance  nécef- 
fairc  pour  conduire  fiirement  un  VaifTeau. 

CAPOTE,  f.  f.  C'efi:  une  mante  que  les  femmes  met- 
tent par  defllis  leurs  habits ,  quand  elles  fortent , 
&  qui  les  couvre  depuis  la  tète  jufqu'aux  pieds.  Il 
y  a  des  capotes  de  camelot ,  il  y  en  a  de  taffetas. 

^fT  On  donne  aufîî  ce  nom  à  la  petite  cape  qui  fait 
pattie  de  l'habit  de  cérémonie  des  Chevaliers  du 
Sx.  Eiprir.  Voyei  Capot. 

CAPOUAN ,  ÂNE.  f.  m.  &  f  Qui  eil  de  Capoue , 
Citoyen  de  Capoue.  Capuanus ,  a.  L'an  de  Rome 
451 ,  fous  le  Confulat  de  C.  Junius  Bubulcus ,  &; 
de  Q.  Emilius  Baibula ,  les  Capouans  prirent  les 
loix  Romaines.  Nos  Auteurs  du  XVI=  ficelé  &  du 
commencem.ent  du  XVII^fe  fervent  de  ce  mot.  Au- 
jourd'hui habitant  de  Capoue,  natif  de  Capoue, 
feroit  mieux. 

CAPOUDAN  BACHA,  f.  m.  Terme  de  Relation.  Bâ- 
cha de  mer.  Officier  Turc  ,  qui  efl:  pris  de  l'un 
des  trois  premiers  Pages  du  Kgas  Oda  ou  de  la 
Chambre  privée.  Mari  Friefeclus,  Archithala[jius. 

CAPOUE.  Ville  archicpifcopale  du  Royaume  de  Na- 
ples.  Capua.  Capoue  efl  ancienne.  Diodore  dit  qu'elle 
fut  bâtie  fous  le  Confulat  de  M.  Genucius ,  &  de 
Curtius  Chilo  ,  que  les  fartes  de  Pighius  mettent 
à  l'an  de  Rome  508  -,  ceux  d'Onuphrius  à  l'an  509 , 
èc  la  Chronologie  imprimée  à  la  fin  de  Diodore , 
l'an  310.  On  ne  convient  pas  de  fon  fondateur, 
Sempronius ,  en  la  diviiion  d'Italie,  l'attribue  aux 
Hétrufques ,  par  qui  elle  fut  appelée  d'abord  Olque  , 
&  puis  Capoue.  Caton  dit  la  même  choie.  Diodore 
dit  que  ce  furent  les  Olques  qui  la  bâtirent.  Vir- 
gile, Enéide,  L.  X,  v.  145.  Suétone,  in  Jul.Cizf. 
c.  81.  Pline  ,  L.  in ,  c.  $  ,  Se  Silius  Italicus ,  Lit. 
X7 ,  difent  qu'elle  fut  bâtie  par  Capys ,  compa- 
gnon d'Enéc.  Feflus  nous  apprend  que  quelques- 
uns  rapportoient  ce  nom  à  l'augure  d'un  faucon, 
dit  en  Grec  Capys  ,  parce  qu^il  a  les  pieds  recour- 
bés ;  i'c  d'autres  aux  plaines  dont  ce  pays  efl  rem- 
pli. Tite-Live  écrit,  Liv,  If^,  c.  57,  qu'elle  s'ap- 
peloit  d'abord  Vulturnc  ,  Vulturnus  ,  du  nom  du 
fleuve  fur  lequel  elle  efl  lituée -,  qu'ayant  été  prifc 
par  les  Samnitcs  fous  le  Confulat  de  C.  Sempro- 
jaius  Attatinus ,  Sc  de  Q.  Fabius  Vibulanus ,  Capys , 
Tome  JI. 


CAP  241 

1'  chef  des  Vainqueurs,  la  nomma  Capoue  de  fon  nom  -, 
ou  ,  c;;  qui  paroît  plus  probable  à  Tite-Live  ,  parce 
qu'elle  croit  dans  une  plaine.  Strabon  croit  que 
ce  nom  lui  fut  donné  parce  qu'elle  étoit  Capitale" 
des  douze  Villes  de  la  Campanie ,  Caput  Campa- 
ni<z.  Capoue  fut  toujours  une  ville  très-débauchée  -, 
Tite-Live,  L.  XXlîl ,  c.  4.  Ciccron  l'appelle  le 
domicile  de  l'orgueil ,  &  le  iiége  de  la  débauche , 
Orat.  15  ,  n.  ()6.  Ce  furent  les  délices  de  Capoue 
qui  corrompirent  Annibal  &  fon  armée ,  &  qui 
fauvèrent  les  Romains.  Jules  Céfar  envoya  une 
Colonie  à  Capoue  quelque  temps  avant  fa  mort. 
Suctone  le  dit,  C.  81.  Vigenere  traite  exaélement 
de  cette  Ville ,  dans  fon  Céfar  &:  dans  fon  Tite- 
Live.  Capoue  étoit  une  ville  très-coniîdérable ,  di- 
gne d'être  comparée  à  Rome  &  à  Carthage.  Cico- 
ron  dit  qu'autrefois  elle  paffoit  pour  une  féconde 
R.ome.  Aujourd'hui  cette  ancienne  Capoue  n'cfl 
plus  qu'un  village  que  les  Italiens  nomment  S, 
itlaria  Magiore  ,  ou  dellc  Gratie  ,  Sainte  Marie 
Majeure  ,  ou  Sainte  Marie  des  Grâces.  On  y  voie 
de  très-beaux  reftes  de  fon  ancienne  fplendeur. 

La  Nouvelle  Capoue  efl  encore  la  capitale  de  la 
Campanie,  ou,  comme  on  l'appelle  maintenant, 
de  la  terre  de  Labour.  Elle  a  un  Archevêché  qui 
fut  érigé  par  Jean  XIII  en  piîg.  Capoue  a  eu.titre 
de  Principauté ,  &  l'on  trouve  des  Princes  de  Ca^ 
poue  parmi  les  fils  des  Rois  de  SicWc.Capoue  n'cH 
pas  aujourd'hui  au  lieu  où  étoit  l'ancienne  CiX/?oi/c', 
mais  à  deux  milles  plus  au  Nord ,  à  l'endroit  dxi 
étoit  autrefois  CafiUum,  C'efl  le  Comte  Laudon, 
6c  l'Evêque  Dandulphe  qui  l'y  tranfportèrcnt.  On 
peut  confulter  fur  cette  ville  Cluvier ,  Ital.  Ant.  Lib. 
IV ,p.  1 174 ,  &  Leand.  Defcript.  Ital.  p.  i(54.Vige- 
nere  fur  Céfar  &  fur  Tite-Live. 

1^3"  CAPPA.  Peuple  de  l'Amérique  Septentrionale  > 
dans  la  Louifiane  ,  fut  le  bord  occidental  du  fleuve 
Millifripi.  On  écrit  auflI  Kappa. 

CAPPADOCE.  Ancienne  Province  de  l'Afie  Mineu- 
re ,  qui  a  eu  autrefois  titre  de  Royaume.  Cappadocia, 
La  Cappadoce  étoit  bornée  au  nord  par  le  Pont- 
Euxin  ,  au  levant  par  l'Arménie  Mineure ,  &c  à 
l'Occident  par  la  Galatie  5  au  midi  le  Mont  Tau- 
rus  la  féparoit  de  la  Cilicle.  Pline  ,  Z.  FI ,  c.  8. 
Strabon  ,  L.  XIL  La  Cappadoce  avoit  pris  la  Reli- 
gion des  Perfes  ,  auxquels  elle  avoit  été  foumifa 
comme  tout  le  refle  de  l'Afie  Mineure.  Tout  y  étoic 
plein  de  Mages  ,  qu'on  nommoit  Pyrethes  ,  c'ell-à- 
dire  ,  adorateurs  du  feu,  des  Pyrathécs ,  qui  étoienc 
de  grands  efpaces  enfermés  ,  au  milieu  defquels  il 
y  avoit  un  Autel ,  fur  lequel  les  Mages  confervoient 
le  feu  perpétuel ,  &:  le  temple  des  Dieux  de  Perfe, 
Strabon  Liv.  XF ,  &  VofTius ,  De  Idol.  L.  II ,  c. 
ç).  Ils  reçurent  auffi  des  Perfes  le  culte  d'Anaitisou 
Zaretis ,  qui  étoit ,  félon  quelques-uns ,  la  Lune,  &C 
félon  d'auties ,  Minerve  ou  Bellone.  La  Cappadoce 
nourriffoit  beaucoup  de  chevaux,  félon  Solin,  ch.  47, 
&  de  mulets ,  félon  Homère  i  8c  au  rapport  de  Pline, 
Théophrafle  difoit  que  les  mules  étoient  fécondes 
en  Cappadçce,  Stïihon  dit  Livre  ^/ ,  que  les  Cap- 
padociens  payoient  tous  les  ans  un  tribut  de  quinze 
cens  chevaux ,  &:  de  deux  mille  mulets.  Après  la 
mort  d'Alexandre ,  l'Afie  Mineure  &  le  Pont ,  obéi- 
rent à  Antigonus.  Ce  Royaume  périt  avec  Démé- 
rrius ,  fils  d'Anrigonus  :  quelques  Provinces  furent 
jointes  aux  États  des  Séleucides,  les  autres  fe  firent 
des  Rois.  La  Cappadoce  fut  de  ces  dernières ,  &  ce 
Royaume  fubfifla  jufqu'au  temps  d'Augufte  ,  que  la 
Cappadoce  fut  réduite  en  Province  Romaine.  En 
i204,Ifaac  Comnène,  chaffé  de  Gonftantinople 
par  les  François ,  établit  là  l'Empire  dç  Trebizonde, 
qui  a  duré  jufqu'en  i4(îi  ,  que  David  Calo-Jean,  fut 
pris  par  Mahomet  II. 

Quelques  Auteurs  comprennent  la  pçtite  Arménie 
dans  la  Cappadoce  ,  &  divifent  tout  ce  pays  en  deux 
parties  générales,  l'Arménie  Mineure  &  IdiCappadoca 
propre."Celle-ci  étoit  encore  divifée  en  deux  grandes 
Provinces ,  la  grande  Cappadoce ,  qui  étoit  dans  Ie« 

Hh 


2,4z  CAP 

terrés-,  Si  le  Pont ,  qui  coniprenoit  tou:  ce  qui  etoit 
ie  long  du  Pont  Euxin. 

Aujourd'hui   tout. ce   pays  cl"t  compris  feus  les 
noms  d'Amalie,  d'Anadole  t^'  île  Bo^och.  Lc^  X"'^'"'* 
y  ont  quatre  Beglierheglics ,  qui  l'ont  ceux  de  ^'ivas , 
de  Trébizonde",  de  Marafch  &:  de  Congi  ,  ou  de 
Caranianie.  Cependant  une  partie  de  celui  de  Trc- 
bizonde  ,  du  côte  de  l'orient ,  ôc  de  Cogni ,  du  côté 
■du  couchant,  l'ont  hors  des  bornes  de  l'ancienne 
Cappadocc.  Maty. 
CAPPADOCIEN  ,  ENNE,  f.  m.  &  f.Cappadox.  Qui 
eft  de  Cappadocc.  Les  Cappadocuns  ne  pouvoicnt 
i'e  gouverner  eux-mêmes.  11  leur  talloit  des  maîtres , 
&'les  Romains  leur  ayant  permis  de  l'e  gouverner 
felop  leurs  Loix  ,  ils  les  prièrent  de  ne  leur  point 
laiffer  cette  liberté ,  dilant  qu'ils  ne  la  pouvoicnt 
l'ouffrir.  C'eft  ce  que  Strabon ,  qui  étoit  Cappado- 
cien  ,    rapporte   lui-même  de  fcs  compatriotes  , 
L.  Xl^L  S.  Seleuque  Cappadocicn.  Chastelain. 

'CAPRAIS.  l'.m.  CapraJïus.Nom  d'homme.  S.Giprais, 
que  quelques-uns  veulent  appeler  Capraifc ,  pour 
le  diftinguer  d'un  autre  Saint  de  même  nom  qui  tut 
martyr  à  Agen ,  étoit  Abbé  de  Lérins  au  V  liècle. 

^r  CAPRANICA.  Perite  ville  de  l'Etat  EcclélialTii- 
que  en  Italie ,  dans  le  patrimoine  de   S.  Pierre, 

CAPRAP-^OLA.  1'.  m.  Célèbre  château  d'Italie  appar- 
tenant au  Duc  de  Parme.  Ce  magnifique  château 
fut  bâti  par  le  célèbre  Vignole  pour  le  Cardinal 
Alexandre  Farnèze ,  &  paiie  pour  le  chef-d'œuvre 
de  ce  grand  Architeiae.  Il  eft  bâti  en  pentagone 
avec  cinq  faces  très-clevées&;  femblables,  qui  ren- 
ferment une  cour  parfaitement  ronde,  ainli  que 
les  corridors  5c  les  galeries-,  &  cependant  les  lilles 
font  carrées  &c  bien  proportionnées.  La  principale 
eft  peinte  de  la  main  de  Pietro  Orbifta ,  qui  etoit 
en  réputation  ibus  Paul  III.  Il  y  a  une  des  cham- 
bres où  quatre  perl'onnes  placées  chacune  dans  un 
coin  ,  s'entendent  parler  fort  diftinélement ,  quoi- 
qu'elles parlent  bas ,  &c  que  ceux  qui  font  au  mi- 
lieu de  la  chambte  n'en  entendent  rien.  Tous  les 
autres  appartemens  ont  chacun  leur  beauté  parti- 
culière. Les  jardins  ,  les  fontaines ,  &  tous  les 
auttes  accompagncmens  l'ont  dignes  de  ce  fupeibe 
Palais  ,  que  tous  les  voyageurs  ne  manquent  pas 
d'aller  voir  ,  &  d'admirer.  Il  eft  à  vingt-cinq  milles 
de  Rome,  dans  le  Patrimoine  de  Saint  Pierre  ,  au 
Comté  de  Boncigliani ,  près  de  Viterbe. 

CÂPRE,  f.  f.  Ceftla  baie  ou  le  bouton  à  fleurs  d'un 
arbrilfeau  appelé  câprier  ,  qu'on  cueille  avant  qu'il 
foit  épanoui.  Cap-paris ,  cappari ,  cappar.  Ces  bou- 
tons l'ont  petits  &  verts.  Après  les  avoir  cueillis, 
on  les  fait  lécher  dans  un  lieu  l'ombre  jufqu'à  ce 
qu'ils  fe  flétriflent  :  on  les  confit  enl'uite  au  vinai- 
gre ,-&:  on  les  garde  dans  des  barrils.  Les  câpres 
fe  mangent  ordinairement  en  falade  :  on  en  met 
aufli  dans  plulieurs  ragoûts.  On  emploie  ordinai- 
rement ce  mot  'au  pluriel.  On  dit ,  les  câpres  fe- 
ront chères  cette  année.  La  récolte  des  câpres  n'a 
pas  été  bonne.  Ces  câpres  font  grolTes ,  elles  font 
vieilles  &c.  F/os  non  expanfus  Capparis. 

gCF  On  appelle  câpres  capucines  ,  celles  qui  font 
moins  grolTes  que  les  autres. 

Câpre  ,  f.  m.  en  termes  de  Marine ,  eft  le  nom  qu'on 
donne  aux  Armateurs  ôi  aux  vaifTeaux  armés  en 
guerre,  qui  vont  en  courfe.  Pirata.  §Cr  On  le  dit 
ordinairement  des  vaifl'eaux  que  des  Particuliers  ar- 
ment en  courfe.  Nous  fiimes  pris  par  un  Câpre  Hol- 
landois. 

CAPREES.  CapretE.  île  de  la  Méditerranée  fur  les  côtes 
du  Royaume  deNaples,  à  l'entrée  duGolfe  deNaples, 
vis-à-vis  de  Pouzzolc,  fameufc  par  la  retraite  &  les  dé- 
bauches deTibere.  Caprées  eft  une  île  éloignée  feule- 
ment d'une  lieue  du  cap  Sorrento  dans  la  Campanie 
qu'Augufte  avoit  achetée  des  Napolitans.  L'air  y  eft 
doux, en  hiver,  &C  frais  en  été.  On  y  a  la  vue  d'un 
golfe  5c  d'une  côte  qui  étoit  alors  parfaitement  belle. 
L'abord  en  étoit  difficile ,  &:  on  croit  que  c'eft  ce  que 
Tibère  en  aimoitle  plus.  Il  y  pafla  les  dj.x  dernières 
années  de  fa  vie,  Tillem. 


CAP 

CAPRICE,  f.  m.  Qualité  oppofée  à  la  bonne  fociétc  , 
qui  hut  qu'on  s'écarte  du  goût  des  autres  par  in- 
conftance  ou  changement  fubit  de  goût.  Levitas^ 
anirni  repentinus  iinpetus.  On  le  dit ,  quand  au  lieu 
de  fc  conduire  par  la  raifon  ,  on  fclailfe  emporter 
à  fa  famailie ,  &;  à  l'humeur  dominante  où  l'on  fe 
trouve.  Il  taut  lailfcr  paii'cr  l'on  caprice  ,  là  fantai- 
fie ,  fa  mauvaife  humeur.  Je  n'ai  que  faire  d'effuyer 
tous   lés  caprices,  lés  fougues,  fes  boutades.  Poar 
avoit  toujours  de  l'efpérance ,  il  ne  faut   qu'avoir 
obfervé   i'inftabiliré   de    la  fortune,  &  le  caprice. 
des  événemens ,  qui  changei.t  lorfqu'on  y  penlé  le 
moins.  M.  Scud.  On  me  taifoit  redouter  les  caprices 
de  la  multitude  &  de  la  légèreté  du  public.  La 
Bruy.  Le  caprice  de  notre  humeur  eft  encore  plus 
bizarre  que  celui  de  la  Fortune,  Rochef.  La  pru- 
dence ne  doit  rien  abandonner   au   caprice  de  la 
Fortune.  Flech. 

Je  fuis  rendre  aux  Su/tans  de  fidèles  fervices  ; 
Mais  je  laijfe  au  vulgaire  adorer  leurs  caprices. 

Racine. 

Je  veux  bien  que  le  fort-,  par  un  heureux  caprice , 
Faffe  de  vos  écrits  proj'perer  la  malice.      Boil. 

Q^ue  le  peuple  àfongré  nous  craigne, ou  nous  cJiérifTe; 
Lejâng  nous  met  au  trône  ,  &  non  pas  Ion  caprice. 

Corn", 

Le  mot  de  caprice  étoit  nouveau  du  temps  d'Henri 
Eftienne  ,  î?c  lui  fembloit  fort  étrange. 

■fT  Corneille  a  abufe  de  ce  mot  dans  la  Suite  de  fon 
Menteur  quand  il  a  dit ,  je  mis  dans  mon  caprice. 
Cela  ne  p^eut  figriner,  dit  Voltaire,  Je  mis  dans 
ma  tête  ,  dans  ma  fantaifie  ,  dans  mon  imagination  , 
dans  mon  efprit.  On  n'a  point  le  caprice,  comme 
on  a  une  faculté  de  l'ame.  On  peut  bien  avoir  un 
caprice  dans  fon  idée  ,  mais  on  n'a  point  une  idée 
dans  fon  caprice. 

Caprice  fe  tranl'porte  élégamment  par  rnétaphore 
aux  chofes  inanimées ,  &  ■lignifie  irrégularité  ,  va- 
riété ,  diverlité  dans  les  acf  ions  &  les  effets.  Fa- 
rietas ,  diverjîtas  ,  abnormis  ratio.  En  fait  d'expé- 
riences ,  il  ne  faut  pas  fe  décourager  ailément. 
Elles  ont ,  pour  ainfi  dire ,  leurs  caprices ,  que  l'on 
furmonte  avec  le  temps.  Acad.  des  Se.  1700.  Hifi, 
p.  i^G. 

Caprice,  fàntailie ,  fe  dit  aulTi  par  Métaphore,  des 
pièces  de  Poëlîe ,  de  Mufique  ,  d'Architeélure  &  de 
Peinture ,  qui  réulliflcnt  plutôt  par  la  force  du  gé- 
nie ,  que  par  l'obiérvation  des  règles  de  l'art  ;  c'eft 
pourquoi  elles  n'ont  aucun  nom  certain.  Subitus , 
fortuitus  anirni  impetus.  Ces  fortes  de  compofitions; 
qui  fortent  des  règles  ordinaires  ,  doivent  être  d'un 
goût  lingulier  &  nouveau.  On  les  appelle  fantaijies  , 
caprices,  parce  que  ceux  qui  les  compofent,  l'e  laiifent 
aller  à  leur  imagination.  Saint  Amant  a  intitulé  quel- 
ques pièces  Caprice.  Les  Caprices,  ou  poftures  de'  Ca- 
lot Graveur.  Caprices  de  Mufique. 

§3"  Caprice  fignifie  quelquefois  faillie  d'efprit  &: 
d'imagination  ,  &:  alors  il  fe  peut  prendre  en  bonne 
part.  Ce  peintie ,  ce  muficien  a  d'heureux  caprices. 
II  y  a  des  caprices  fi  heureux ,  qu'ils  valent  mieux 
que  le  bon  fens.  S.  Evr, 

§3"  Mais  en  général  on  entend  par  caprice  ,  unecom- 
pofition  bizarre  ,  quoiqu'ingénieufe ,  qui  eft  éloi- 
gnée des   préceptes  de  l'art. 

CAPRICIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  capri- 
cicufe  ,  par  caprice.  Se  gouverner ,  fe  conduire  ca- 
pricieufement.  Morose ,  leviter. 

CAPRICIEUX,  EUSE.  adj.  Sujet  à  des  caprices.  II 
fe  dit  des  hommes  &:  des  animaux.  Morofus ,  in~ 
conjlans  ,  levis.  Cet  homme  eft  capricieux.  Cette 
mule  eftfantafque  &  capricieufe.  Lesperfonnes  d'une 
humeur  inégale ,  &:  un  peu  capricieufe ,  ont  pour 
l'ordinaire  beaucoup  d'efprit. M.  Scud.  La  Fortune 
eft  une  aveugle ,  ôc  perfonnc  ne  doit  être  honteux 
de  céder  à  tant  de  têtes  communes ,  que  cette  ca^ 


CAP 

pricieufe  Divinité  choilit  pour  les  objets  de  fes  fa- 
vcuis.  Charp. 
ffT  Ce  mot  que  l'on  fait  fouvcnt  fynonyme à  ètij^anc , 
fmtafqiie  ,  quijiteux  Ik  bouru  ,  a  pourtant  Ibn  idce 
particulière  qui  le  diftingue ,  5c  lignifie  celui  qui 
s'écarte   du   goût  des  autres ,  par  inconftance  ou 
changement  l'ubit  de  goût.  Le  capricieux  dit  pro- 
prement quelque  clîofe  d'arbitraire.  Voye^^  aux  autres 
mots  leurs  diiicrences  propres, 
CAPRICORNE,  f.  m.  C'eft  un  des  lignes  du  Zodiaque, 
oii  quand  le  l'oleil  eil:  arrivé  ,  il  cftau  Solftice  d'hi- 
ver. Capricornus.  Cette  conftellation  eft  compofce 
de  28    étoiles.   Macrobe  a  cru  que  ce  ligne  avoir 
été  nommé  Capricorne,  parce  qu'il  imite  en  quel- 
que forte  la   nature  des  chèvres ,  qui   en  paiffant 
grimpent  toujours  de  bas  en  haut.   De    même  le 
Soleil  en  entrant  dans  ce  ligne ,  commence  à  mon- 
ter de  bas   en  haut.    C'étoit   chez  les  Anciens  le 
10«  ligne  du  Zodiaque  j  &  quand  le  foleil  y  arri- 
voit ,  il  faifoit  le  Iblllice    d'hiver  j  par   rapport  à 
nôtre  hémifphère  ,  î?<:  commençoit  à  retourner  au 
tropique  Méridional  vers  la    ligne.  Quelques-uns 
en  parlent  encore  de  même  ■,  mais  les  Aftres  ayanr 
avancé  vers  l'Orient  d'un  ligne  entier ,  le  Capri- 
corne n'cft  plus  que  l'onzicmc ,  &  c'eft  à  l'entrée 
du  foleil  dans  le  Sagittaire ,  &:  non  plus  dans    le 
,  Capricorne  >  que  fe  fait  le  folllice.  Cependant  on 
parle  toujours  de  la  même  manière  que  les  Anciens , 
quoique  les  choies  aient  changé  ;  &  l'on  appelle 
le  Tropique   du   Capricorne  ,    comme   fi  ce  ligne 
touchoit  encore  au  point  dit  follHce.  Ce  ligne  ell; 
xepréfenté  ayant  la  partie  fupérieure    d'un    bouc  , 
&  la  partie  inférieure   d'un  poiffon  \  c'eft-à-dirc  , 
en  queue  de  poidbn  le  plus  fouvent  entortillée  , 
&  quelquefois  droite  :  ces  figures  fe  trouvenr  f jr 
p>lulieurs   monUmens    antiques ,  fur   des    cachets  , 
comme  on  le  peut  Voir  dans  Coûxns  ,  n.  LXXXF 
&  LXXXVII ,  fur  plufîeurs  médailles ,  entr'aurres 
fur   quelques-unes    d'Auguflic.   M.    Patin  en  a  fait 
graver  quelques-unes  dans  ibn  Suétone  ,  pages  80 
&    155.  C'eft  la    forme    d*un   .-Cgipan.    f^oy^'i  ce 
mot  ci-dcflus.  On  peint  aulTi  le    Capricorne  lim- 
plcment  fous  la  forme  d'un  bouc. 

Suétone  dit  in  Ocîavio  ,  ch.  574,  qu'Augufte  fit 
graver  la  figure  du  Capricorne  fur  les  médailles  , 
parce  qu'il  étoit  né  fous  ce  figne ,  &:  en  confcquencc 
d'un  horofcope  avantageux  que  Théogene  lui  en 
uvoit  tiré,  lorfqu'il  croit  à  Apoilonic,  quelque  temps 
avant  la  mott  de  Jules.  On  n'accorde  pas  trop  cela 
avec  ce  que  dit  le  même  Suétone  ,  itid.  cap.  5 ,  que 
ce  Prince  naquit  le  9=  jour  avant  les  Kalendes  d'Oc- 
tobre ,  c'eft-à-dire  ,  comme  Dion  le  témoigne  auili 
dans  fon  ?<?>;  Livre,  le  13"=  de  Septembre,  un  peu 
avant  le  lever  du  foleil ,  dit  encore  Suétone.  De 
plus,  Augufte  mourut  le  14«  des  Kalendes  de  Sep- 
tembre ,  ouïe  19  d'Août.  Suétone,  ihid.  Cap.  100. 
Dion,  Liv.  LVl  ;  ayant,  félon  Suétone,  -/6  ans 
rnoins  55  jours,  ou  félon  Dion,  75  ans,  dix  mois, 
z6  jours.  Il  faut  donc  qu'il  fut  né  le  23=  de  Sep- 
tembre. Cependant  le  15^  de  Septembre,  un  peu 
avant  le  lever  du  foleil ,  le  Capricorne  étoit  au  mé- 
ridien des  Antipodes ,  comment  donc  Augufte  écoit- 
jl  né  fous  ce  ligne  î  Scaliger  ,  De  emend.  Temp, 
Lib.  Il,  cap.  2 ,  &  le  P.  Petau,  De  Docl.  Temp. 
Lib.  X,  cap,  64,  5:  Lib.  XI,  cap.  6 ,  difcnt  que 
Suétone  s'eft  trompé.  M.  Babelon  ,  Auteur  du  Com- 
mentaire à  la  Dauphine  fur  Suétone  ,  a  trouvé  un 
moyen  très-naturel  de  concilier  Suétone  avec  lui- 
même.  Il  dit  que  Théogene  ne  ptit  point  le  thème 
de  la  naiffance ,  mais  celui  de  la  conception  d' Au- 
gufte. Or  ce  Prince  étant  né  le  23e  Septembre, 
jour  auquel  le  Soleil  cntroit  dans  le  Capricorne  , 
moment ,  dit  Julius  Firmicus ,  FUI  Matket.  très- 
heureux  dans  un  horofcope  &  qui  ne  promet  pas 
moins  que  des  Sceptres  &  des  Empires. 

La  Fable  dit  que  ce  Capricorne  eft  Pan ,  qui ,  .à 

.  l'arrivée  du  Géant  Typhon  dans  l'Egypte ,  é»it  iaili 

d'une  telle  crainte  ,  qu'il  fe  changea  le  haut  en 

^    bouc  ,  &  le  bas  en  poiffon  ,  &  que  Jupiter ,  furpris 


CAP  24] 

.  d'une  pareille  m.étamorphofe  ,  le  tranfporca  dans 
le  Ciel.  On  peut  voir  lut  cet  Aftre  IzCieL A'jiro- 
Tiomique  de  Calius ,  pag.  85? ,  &  Sauniaife  fur  Sblin* 
page  1237.  ^ 

CÂPRIER,  f.  m.  Capparis.  Arbriffeau  dont  les  racines 
ttacent  &  s'étendent  beaucoup  ,  d'où  partent  plu- 
fieurs  jets  ligneux  ,  inclinés  contre  terre  ,  armes  d'é- 
pines crochues ,  &  garnis  de  feuilles  alternes ,  ar-  ' 
rondies ,  d'un  pouce  de  diamètre ,  vertes ,  charnues  > 
d'un  goût  amer,  &  Ibutenues  par  des  queues  longues 
de  demi-pouce.  De  leurs  aiifclles  naiflênt  des  Heurs 
compoiées  de  quatre  pétales  ,  d'un  pouce  de  dia- 
mètre environ ,  purpurines  ou  blanclûtres ,  Ibuteilues 
par  un  calice  à  quatre  feuilles  vertes.  Le  m.ilieu  de 
ces  fleurs  eft  garni  d'un  nombre  confidérablc  d'éta- 
mines.  Le  piftil  qui  occupe  leur  centre  ,  eft  terminé 
par  un  embryon  qui  dévient  un  fruir  long  d'un  pouce 
&  demi ,  un  peu  ovale  ,  rougeâtre  ,  charnu  ,  Se  qui 
renferme  plufieurs  petites  femences  taillées  en  forme 
de  rein,  brunes  &  dures.  Chaque  fleur  eft  portée 
par  un  pédicule  long  d'un  pouce.  Le  bouton  de 
cette  fleur  eft  ce  qu'on  nomme  câpre.  On  confit 
les  câpres  en  Provence,  où  les  câpriers  Ibnt  fort 
communs;  On  laiife  ordinairementilétrir  les  câpres 
auparavant  que  de  les  jeter  dans  du  vinaigre ,  &t 
même  on  les  change  deux  fois  de  vinaigre  ,  afin 
qu'elles  en  foient  plus  pénétrées  -,  à  la  troificme 
fois  qu'on  les  met  dans  de  nouveau  vinaigre ,  on 
ajoute  du  fel  pour  les  mieux  conferver ,  &:  amortir 
l'atreté  du  vinaigre.  On  afiailbnne  le  poi/îbn ,  lès 
légumes'  avec  les  câpres ,  pour  en  relever  le  goût. 
L'ccorce  des  racines  du  câprier  eft  très-apéritive  ; 
on  s'en  fert  pour  cet  ufage  en  Médecine  ,  &:  elle 
entre  dans  plulieurs  compofitions  de  Pharmacie, 
L'on  provigne  le  câprier  comme  la  vigne.  Il  y  a 
quelques  autres  elpèces  de  câpriers  qui  différent 
de  celui-ci ,  ou  par  leurs  feuilles ,  ou  par  leurs  fruits, 

CÀPRIFICATION.  f  f.  Manière  de  rendre  les  figues 
fauvages  bonnes  à  manger.  Caprificatio.  Les  an- 
ciens avoient  une  manière  d'apprêter  les  figues  fau- 
vages &;  de  les  rendre  bonnes  à  manger  ,  qu'on  n'a 
pu  attraper  en  Provence  ni  en  Languedoc.  ^fT  Dans 
le  levant  on  y  réuffit ,  mais  ce  n'eft  qu'après  qu'elles 
onr  été  piquées  d'une  certaine  mouche  qu'on  ne  voit 
voltigei  qu'autoui  des  figuiers.  Ceux  qui  cultivent 
ces  arbres  ne  manquent  pas  de  pofter  ces  infeéles 
fur  leurs  figuiers  dans  la  fâifori  convenable.  Voye^ 
les  Mémoires  de  l'Académie  fur  la  caprification 
des  anciens,  &  \t  mot  figuier .  Ce  mot  vient  de  ca^ 
prificus ,  qui  fignifie  un  figuier  fauvage  5  &C  celui 
de  caprificus  vient  lui-même  de  ce  que  les  chèvres 
broutent  les  feuilles  &;  les  fruits  de  ces  fbrtes  de 
figuiers. 

CA-PRIFICIEL,  adj.  m.  Nom  que  l'on  donnoit  chez 
les  anciens  au  jour  auquel  les  peuples  de  l'Attique 
commençoient  la  récolte  du  miel.  Ce  jour  étoit 
confacré  à  Vulcain  ,  félon  ce  que  dit  Pline^,  Liv.. 
XI,   ch.   15. 

Ip-  CAPRI-MONS  ou  CAPROMONS.  Nom  d'une 
ancienne  maifon  royale  de  Lothairé  ,  fur  la  Meufe  , 
vers  les  confins  du  diocèfe  de  Liège.  Adrien  Va- 
lois dit  que  le  nom  vulgaire  eft  Chievremont  ou 
Kevermont. 

CAPRIOLE.  Voyei  Cabriole. 

CAPRIOLER.  V.  n.  Faire  des  caprioles.  ^gHi ,  levi 
fallu  fe  in  fub/ime  tollere.  Voyez  Cabrioler. 

CAPRIPÈDE.  f  m.  Du  latin  capnpes ,  capripedis.  Qui 
a  des  pieds  de  chèvre  ,  Ùièvrepied  ,  Saryrc.  Je  fi"s 
figne    au    Comte   de    Fiefque    de    s'éloigner  bruf- 

quement  avec  fes  capripèdes Vénus  fut  fcan- 

dalifée  de  la  grofTièreté  de  ces  capripèdes.  Ab.  dh 
Chaifl. 

CAPRISANT  ou  CAPRIZANT.  adj.  in.  Un  pouls 
caprifant  eft  un  pouls  toujours  ému  comme  celui 
d'une  chèvre  ,  ou  dont  les  pulfationS  en  imitent 
le  faut,  fier  C'eft  un  pouls  irrégulier  &  fautillant  , 
dans  lequel  l'artère  interrompt  fon  mouvement  } 
en  forte  que  le  battement  qui  vient  après  cette 
interruption ,  eft  plus  prompt  &  plus  fort  que  le 

H  hij 


2,44 


CAP 


prcinicv  :  dc  même  cju'il  arrive  aux  chèvres  qui 
bondiiicnt  &  femblent  faire  un  double  mouvement 
en  marchant.  Il  n'y  a  point  d'ctat  plus  terrible 
que  lorique  le  pouls  eft  formieant  ou  capnfant.  M. 
Le  Brethon.  Thomas  Diaibirus  trouve  le  pouls  du 
malade  imaginaire  ,  duriufcule ,  pour  ne  pas  dire 
dur ,  repouHant  &;  même  un  peu  caprijaiu.  Mol. 

CAPRON.  f.  m.  Les  Jardiniers  appellent  les  grofles 
frailcs ,  des  caproru.  Fraga  craj/wra.  Si  elles  font 
plus  belles  que  les  autres  ,  elles  ibnt  inférieures 
en  bonté. 

Capron  ,  eft  aulTt  un  terme  de  Capucin  ,  qui  fignific 
un  morceau  de  drap  fait  en  ovale  que  les  Novices 
Capucins  portent ,  &:  qui  pend  par  derrière  leur 
dos  5  ■&  par  devant  leur  eftomac  ,  environ  un  pied 
de  long.  Pitnnus  antè  retrbijue  vejli  adjcaits. 

CAPROilNE.  adj.  f.  6:  cpithète  que  les  anciens  Ro- 
mains donnoient  à  Junon  &  aux  Nones  du  mois 
de  Juillet.  Caprotina.  Après  l'invaiion  des  Gaulois, 
les  peuples  voiiins  de  Rome  croyant  que  la  Ré- 
publique étant  cpuifée  ,  ils  pourroient  aifément  le 
rendre  maîtres  de  la  ville ,  vinrent  l'attaquer  fous 
ia  conduite  de  Lucius  Dictateur  des  Fidénates.  Il 
fit  demander  aux  Romains  leurs  femmes  &  leurs 
filles.  Les  efolaves  par  le  confeil  d'une  d'entr'cUes , 
nommée  Fki/otis  ,  prirent  les  habits  Se  les  ot- 
nemens  de  leurs  maîtreflcs ,  '&;  allèrent  fo  préfen- 
ter  à  l'ennemi  ,  le  Général  les  prenant  pour  les  Ro- 
maines qu'il  avoir  demandées ,  les  diftribua  aux 
Capitaines  &c  aux  Soldats.  Elles  feignirent  dc 
célébrer  ce  jour-là  une  fête ,  &  les  excitèrent  à  y 
prendre  part ,  à  Te  réjouir  &  à  bien  boire.  Puis 
quand  ils  furent  enfevelis  dans  le  fommeil ,  elles 
donnèrent  le  lignai  à  la  ville  de  defllis  un  figuier 
fauvage ,  nommé  en  latin  caprificiis.  Les  Romains 
auill-tôt  fondirent  fur  leurs  ennemis  ,  remplircnr 
le  camp  de  carnage  ,  récompcnlerent  le  iervice 
de  leurs  efclaves  en  leur  accordanr  la  liberté  ,  & 
une  femme  d'argent  pour  fe  marier  ,  inftituèrent 
une  tête  à  Junon,  qui,  en  mémoire  du  iîguier  fau- 
vage du  haut  duquel  le  lignai  avoit  été  donne,  fut 
furnommée  Caprotine  ,  &;  le  jour  que  Rome  fut 
ainfî  délivrée ,  qui  étoit  les  Nones  de  Juillet,  flit  ap- 
pelé Nones   caprotines  ,    ou   du    figuier, 

|3-  CAPSCHAC.  Pays  de  la  Tartarie.  Foye^  Kaps- 

CHAC. 

CAPSAIRE.  r.  m.  Capfarius.  On  appeloit  ainfi  chez 
les  Romains  &  chez  les  Grecs  ceux  qui  gardoient 
dans  les  bains  publics  les  habits  dc  ceux  qui  prc- 
noient  le  bain.  On  appeloit  au/fi  capjhires  cerrains 
domeftiques  qui  accompagnoient  les  enfans  lorf- 
qu'ils  alloient  aux  écoles  publiques ,  ôc  qui  por- 
toient  leurs  livres  dans  une  boîte  appelée  capfa. 
Rémi  ,  Evêque  d'Auxerre  ,  appelle  les  Juifs  les 
capfaires  des  Chrétiens ,  parce  qu'ils  nous  ont  con- 
fervc  les  Livres  Saints. 

CAPSE.  f.  f.  Terme  ufitc  en  Sorbone.  C'efl  une  petite 
boîte  de  cuivre  ou  de  fer  blanc ,  où  les  Docteurs 
mettent  leurs  fuffrages  ,  afin  de  recevoir  ou  dc  re- 
fufer  celui  qui  eft  examiné  pour  l'aâie  de  îenta- 
tive  ,  ou  pour  la  licence.  Capfa ,  capfula.  On  fe 
fort  auffi  de  cette  boîte  dans  la  Faculté  de  Droit. 

§3°  On  donne  aulfi  le  nom  de  capfe  à  une  efpèce 
de  chauflé  de  velours  dans  laquelle  on  met  les 
billets  le  jour  de  l'éledtion  des  Prévôt  des  Mar- 
chands &;  Echevins. 

CAPSULAIRE.  ad).  Terme  d'Anatomie,  qu'on  donne 
à  l'artère  qui  porte  la  fang  aux  capfules  atrabi- 
laires. Capfarius.  On  le  donne  aulTi  à  la  veine  qui 
rapporte  le  fang  des  mêmes  capfules.  ^fT  C'cft  en 
général  l'épithète  des  ligamens  &  des  membranes 
qui  forment  avec  les  os  auxquelles  elles  font  atta- 

-     chées ,  des  efpèces  de  capfules. 

CAPSULE,  f.  f.  Etui ,  fourreau  ,  petite  caifle.  Cap- 
fula. 

Capsule  atrabilaire,  f.  f.  Terme  d'Anaromie  ,  qui  fe 
dit  de  deux  glandes  qui  font  fituées  proche  les  reins , 
ainfi  appelées,  parce  que  l'on  trouve  dans  leur  sa- 


CAP 

vite  une  liqueur  noire.  On  les  appelle  ftuiïl  rtins 
fucccntoridux  ,  ou  glandes  rénales  :  elles  font  dc 
la  grofleur  d'une  noik  aplarie  ,  ayant  une  cavité 
allez  ample  pour  leur  grolleur.  On  ne  fait  pas  bien 
quel  eft  leur  ufage.  Il  y  a  apparence  qu'elles  fervent 
à  féparer  cette  humeur  noire  qu'on  trouve  dans 
leut  cavité  ,  &:  qui  eft  enfuite  verfée  par  leur  veine 
dans  l'émulgente  ,  où  elle  eft  mêlée  avec  le  fano-,  à 
qui  elle  fort  de  ferment. 

La  capfule  de  la  veine-porte  ,  eft  une  membrane 
qui  enveloppe  le  ttonc  de  la  veine-porte  ,  lorf- 
qu'cUe  enrre  dans  le  foie  ,  &  qui  lui  ferr  de  gaine  , 
fe  divilant  en  autant  de  ramaux  qu'elle  ,  &  l'accom- 
pagnant jufque  dans  fes  moindres  ramifications. 
Cette  capfule  enfetme  aulfi  le  conduit  biliaire  d'où 
vient  qu'on  l'appelle  la  capfule  commune. 

Capsule,  fe  dir  auHî  chez  les  Botaniftes,  du  lieu  où 
la  graine  eft  enfermée  ,  comme  on  voit  dans  les 
poires  &  les  pommes,  qui  ont  une  petite  enve- 
loppe qui  relTemble  à  une  petite  bourfe  où  font 
enfermés  les  pépins.  On  le  dit  aulfi  de  l'enveloppe 
de  certains  fruits.  Voye:^  Fruit. 

Capsule.  Terme  de  Chimie.  C'eft  un  vaifleau  de  terre 
fait  erl  l"orme  de  terrine  échancrée  j  où  l'on  met  des 
matières  fur  lefquelles  on  fait  des  opérations  violen- 
tes pat  le  feu, 

CAPTAL.  f.  m.  Mot  gafcon  qui  lignifie  Chef  &  Sei- 
gneur ,  qui  n'eft  en  ufage  qu'en  cette  phrafe  ,  Captât 
de  Buch ,  qui  eft  un  tirre  de  M.  le  Duc  d'Epernon  , 
qui  poflcdoit  cette  Seigneurie.  Caput.  Borel  dit  que 
Captai  de  Buch  ,  ou  de  Buts  ,  s'eft  dit  pour  caput 
tugii  ;  c'eft  à-dire  ,  Chef  des  habitans.  On  trouve 
quelquefois  captait  dans  le  fens  de  captai.  Captait 
de  Buch.  Voyez  Alain  Chartier  ,  Chronique  dc 
Charles    VU. 

CAPTATEUR.  (.  m.  Terme  de  Jurifpmdence  Ro- 
maine ,  le  dit  de  celui  qui  par  flaterie ,  &  par  artifi- 
ce, cherche  à  furprendre  des  teftamens ,  des  dona- 
rions.  Ciptator.  Il  n'eft  en  ufa^e  qu'au  Palais. 

CAPTATION.  f.  f.  Il  fo  dit  au' Palais  des  rufes  & 
des  artifices  dont  quelqu^m  s'eft  fervi  pour  fe  faire 
menre   dans   un   Teftament.    Captdtio   Teflarnenti. 

Ip-  CAPTATOIRE.  Tetme  de  Jurifprudence  qui 
s'applique  à  toutes  fortes  de  difpofitious  de  dernière 
volonté  ptovoquéeSjfoit  inftitutioii  d'héritiers,  foie 
legs. 

^fT  Ces  fortes  de  difpofitions  font  réprouvées ,  parce- 
qu'elles  ne  fe  font  pas,  tant  pout  exercer  la  libé- 
ralité envers  celui  que  l'on  inftitue  fon  héritier  , 
ou  à  qui  on  laille  quelque  chofe  à  titre  de  legs  , 
que  pour  captiver  &  gagner  fes  bonnes  grâces ,  à 
l'elfet  de  l'exciter  &  le  provoquer  à  faire  en  notre 
faveur  ,  ou  en  faveur  de  quelqu'autre  perfonne  ^ 
les  mêmes  difpofitions  que  nous  déclarons  avoir 
été  faites  par    nous  en  fa  faveur. 

CAPTEIN.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Capteinium  ; 
cciptennium.  C'eft  la  proteétion  ,  la  défenfe  que  le 
Seigneur  accorde  à  fes  vaflaux.  Captein  eft  au/Iî  le 
droit  que  les  valHiux  payent  au  Seigneur  pour  la  pro- 
teetion  qu'ils  en  reçoivent. 

|]3"  CAPTER.  V.  a.  C'eft,  en  général,  employer  adroi- 
temenr  tous  les  moyens  de  patvenir  à  quelque 
chofe  v  chercher  à  obtenir  ,  par  voie  d'infinua- 
xxow.Captare.  Capter  les  fuffrages,  la  bienveillance 
de  quelqu'un.  Ce  mot ,  qui  eft  tout  latin  ,  n'eft 
que  du  difcours  familier.  Les  Vocabuliftes  l'ont  pour- 
tant pris  fous  leur  protcétion  :  «  fa  vérité  eft ,  difent- 
»  ils ,  que  ce  verbe  eft  un  mot  auHî  françois  que  rout 
»  autre.  »  Je  défire  fort  qu'il  falfe  fortune  avec  dc 
tels  proteéleurs. 

CAPTIEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  capfieufe. 
Captwse.  Cet  argument  conclut  captieufement.  Cet 
homme  agit  toujours  captieufement, 

CAPTIEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  tend  à  induire 
en  erreur  ,  &  à  furprendre  par  une  belle  appa- 
rence. Captiofus  ,  fallax  ,  II  fe  dit  particulière- 
rneii^  des  raifonnemens ,  qui  en  apparence  font  véri- 
tables ,  &  qui  fe  trouvent  faux  ,  étant  bien  exa' 
mines.  Les  Hérétiques  fe  fervent  de  raiibnnemcnï 


CAP 

captieux ,  5:  lophilliques*  Claufe  captieure  dans  un 
conirat.  Tour  cxptieux. 

On  qualifie  ibuvent  une  propolition  de  captiaife  , 
on  la  condamne  comme  capcieuje.  Or  une  propo- 
iition  captieufe  efl  une  propofition  qui  (bus  un  bon 
fens  qu'elle  pourroit  avoir  ,  en  cache  un  mauvais  , 
qu'elle  a  eftdlivement ,  &  auquel  elle  conduit.  On 
Je  dit  quelquefois  des  perlbnnes.  Il  faut  fe  défier 
de  ce  chicaneur  ,  c'cft  un  homme  lupiieux,  &  lujet 
à  furprendre  les  gens. 
|p=  CAPTIF,  IVE,  ad),  fouvcnt  employé  fubftan- 
tivement.  Efclave  fait  à  la  guerre.  Captivus.  On  ne  le 
dit  guère  qu'en  parlant  des  guerres  anciennes.  Les 
Grecs  ayant  pris  la  ville,  pafsèrent  les  hommes  au 
fil  de  l'épée ,  &:  emmenèrent  les  femmes  captives. 
Echanger  les  captifs.  Les  captifs  étoient  amenés  en 
triomphe  à  Rome ,  &:  fui  voient  le  char  du  vain- 
queur. 

IJC?  On  le  dit  en  particulier  des  efclaves  faits  par  un 
Pirate  ou  Corfliire  j  &  plus  particulièrement  des 
efclaves  Chrétiens  que  les  Corfaires  de  Barbarie  font 
dans  leurs  courfes.  Les  Religieux  Mathurins  &  ceux 
de  la  Merci  font -rétablis  pour  la  rédemption  des 
captifs. 

IJC?  Dans  le  ftyle  foutenu  ,  on  le  dit  de  toutes  fortes  de 
prifonniers,  tant  des  héros  captifs ,  que  figurément 
de  ceux  qui  fe  font  laifle  aflervir  fous  le  joug  de 
quelque  dangereufepaffion.  Ame  captive.  Cœm  cap- 
tif. La  longue  vie  efl:  le  fupplice  d'une  femine  qui  a 
mis  tout  fon  bonheur  à  traîner  après  elle  une  foule 
de  cuptifs.YoïT.  Cette  beauté  a  fait  bien  des  captifs. 
Xln   captif  mal  gardé  eft   pour  nous    une  honte. 

»   Mol. 

^  Tenit  quelqu'un  captif,  c'eft  le  tenir  dans  une 
extrême  fujétion.  Ce  mari  tient  fa  femme  captive. 

gCT  CAPTIVER.  V.  a.  Rendre  captif,  ne  fe  dit  point 
au  propre,  mais  il  eft  employé  dans  le  fens figuré, 
pour  marquer  le  pouvoir  qu'a  fur  le  coeur  la  beauté 
&  tout  ce  qui  plaît.  Ses  apas  ,  fes  chatmes  cap- 
tivent tous  les  cœurs ,  poui:  dite ,  qu'il  nY  a  pet- 
fonne  qui  puiffe  s'en  défendre ,  y  rélifter, 

-Loin  ce  hi:;^'^.rre  amour  ,  dont  l'ardeur  violente , 

D'un  pLiijir  criminel  infpirant  le  poifon  , 

En  captivant  le  Cœur  ,  aveugle  la  raifon.  Vill. 

On  dit ,  captiver  la  bienveillance  de  quelqu'un  , 
pour  dire,  la  gagner,  s'en  rendre  maître ,  en  être 
afluré.  Il  eft  du  ftyle  familier.  AcàD:  Fr.  I740. 
^3'  Captiver,  dans  la  fignification  d'aifujettir.  Cap- 
tiver Tefprit ,  l'humeur  d'un  jeune  hommci  II  y  a 
des  hommes  qu'on  ne  fautoit  captiver. 

|fc?  Dans  le  ftyle  de  l'écrirure,  captiver  fort  efprit, 

fon  entendement  fous  le  joug  de  la  foi.  Jnimum 

fuhmittere  adea  quœ  divtnitùs  credenda  proponun- 

tur  ;  captivare  intelleclum  in  obfequiumfidei.  Style 

de  bible. 

^  Captiver  (Se),  v.  récip.  5e  contraindre,  s'af- 
fujettir.  Adpingere  fe.  Ce  Marchand  ne  fera  ja- 
mais fortune  \  il  ne  fauroit  fe  captiver.  Il  faut  fe 
captiver  auprès  des  grands. 

Captivé  ,  eé.  part. 

CAPTIVERÎE.  f.  f.  On  nomme  âinfi  dans  le  Com- 
merce des  Nègres,  qui  fe  fait  par  les  François  au 
Sénégal ,  de  grands  lieux  deftinés  à  renfermet  les 
captifs  que  l'on  traite  ,  &  danâ  lefquels  on  les 
tient  jufqu'à  ce  qu'ils  Ibient  en  aflez  grand  nombre 
pour  être  tranfportés  aux  vaifleaux  ,  &;  envoyés  aux 
îles. 

CAPTIVITE,  f  f.  Efclavagc,  privation  de  la  liberté. 
Captivitas.  Il  y  a  bien  des  pauvres  Chrétiens  qui  lan- 
guiffent  en  captivité  chez  les  Infidèles.  Il  a  été  plu- 
fieurs  pnnées  prilbnnier,  &  fa  captivité  ne  lui  a 
point  abattu  le  courage.  Les  Ifraëlites  furent  long- 
temps en  captivité.  La  captivité  de  BabylpnCi 


CAP 


4  y 


Toh  Dieu  n'ejî  plus  irYité  : 
Réjouis-toi  ,  Sion,  &  fors  de  la  poujfiirei 
Quitte  les  vètemens  de  ta  captivité. 
Et  reprens  ta  Jplendeur premiere.KAciUEi 

On  appelle  captivité  des'Juifs,  le  temps  que  les  Juifs 
pa(sèrent  à  Bahvlone,  où  Nabuchodonofor,  après 
avoir  pris  la  ville  de  Jérufalem  ,  les  fit  conduire  avec 
Joachim  ou  Joakin  leur  Roi ,  le  fouverain  Pontife  * 
les  Prophètes  Ezéchicl  5c  Daniel  ,  &c.  "Ils  y  ref- 
tèrent  juiqu'à  ce  qu'ils  furent  délivres  par  Cyrus* 
La^  durée  de  cette  captivité  rt'eft  pas  douteuic  , 
puifque  l'écriture  la  fixe  à  foixante-dix  ans  -,  mais 
les  Auteurs  ne  conviennent  pas  du  tem.ps  qu'elle 
commença.  Le  P.  Pétau  prétend  que  ce  fut  la  pre- 
mière année  du  règne  de  Nabuchodonofor  ^ 
&  la  quatrième  de  Joakm.  Uiférius  la  fait  com- 
mencer une  année  plus  tard.  Tirin  &  quelques  autres 
la  font  commencer  vers  l'an  1 3  de  Jofias.  Cajetan , 
Génébrard  &  autres ,  mettent  fon  commencement 
en  la  neuvième  année  du  règne  de  Nabuchodono- 
for j  &  le  P.  Labbe  prctcnd'prouver  qu'elle  com- 
mença la  dernière  année  du  règne  de  Sédécias  , 
lorfque  le  Temple  fut  brûlé  \  niais  fon  fenri- 
ment  n'a  pas  prévali^fur  ceux  de  Pétau  &  d'il!- 
férius ,  qu'on  regarde  comme  les  plus  vraifcmbhi- 
bles.  Quoi  qu'il  en  foit ,  ce  fut  le  grand  Cyrus  qui 
mit  fin  à  cette  captivité  prédite  par  Jéréraie ,  en 
permettant  aux  Juifs  difperfés  de  retourner  à  Jé- 
rufalem ,  &  d'y  rétablir  le  Temple  de  Dieu  fous  là 
conduite  de  Zorôbabel. 

Captivité,  fignifie  figurément  grande  fujétion,  em- 
pire tyrannique  ,  ou  rude.  Servitus.  Les  Princes 
d'Orient  tiennent  leurs  fujets  en  captivité»  Ce  maître 
tient  fes  valets  en  captivité. 

Captivité  ,  fe  dit  aulll  figurément  des  attachemens 
volontaires  qu'on  fe  fait  pour  contenter  fes  paf- 
fions ,  &  particulièrement  fon  ambition  &  fon  amour. 
Un  bon  courtifan  eft  dans  une  perpétuelle  captivité 
auprès  de  fon  Prince.  Un  Àmanr  languit  dans  une 
agréable  âaptivité  auprès  de  fa  Maîtrelfe,  On  le  dit 
àuffi  dans  les  matières  de  piété ,  pour  marquer  un 
dévouement   entier  au  fervice  de  Dieu. 

Un  cœur  qui  vous pofsède  -,  a  tout  ce  qu'il  dejlre  , 
Il  règne  ^  il  efl  heureux  dans  fd  captivité, 

L'Ab.  Têtu. 

^  CAPTUNACUM  ou  CAPTONACUM  ,  & 
OPATINACUM.  Nom  d'une  ancienne  Maifori 
Royale  de  France  ,  dans  la  Neuftrie.  C'eft  prcfque 
tout  ce  qu'oh  en  fait. 

CAPTURE,  f  f.  Prife  au  corps  de  quelque  débiteur , 
ou  criminel  ^  par  des  Archers  ou  Sergens ,  pour  lé 
melier  en  prifon.  Comprehenfîo.  Ce  Prévôt  a  pris  un 
chef  de  bandit^ ,  c'eft  une  belle  capture.  On  a  en- 
voyé des  Exemts  ic  des  Officiers  pout  faire  la  cap- 
ture At  ce  rebelle,  de  ce  banqueroutier.  Par  l'Or- 
donnance de  1670  ,  les  Prévôts  des  Maréchaux  font 
tenus  ,  lors  de  la  capture  ,  de  laifler  copie  def 
l'inventaire  dés  meubles,  hardes  &  aiitreS  chofe» 
dofit  les  accufcs  font  faifis. 

Capture,  fe  dit  auiîî  du  butin  que  l'on  prend  fur 
l'ennemi,  Prœda.  Ils  ont  fait  là  une  bonne  capture 
Dans  cette  acception  ,  il  eft  familier. 

On  appelle  encore  capture  ,  la  faifie  des  marchan- 
difes  prohibées ,  faites  pat  les  Gardes  des  Fermes 
du  Roi. 

CÂPUANUS.  f.  ni.  C'eft  le  nom  d'une  des  taches  dai 
la  lune.  C'eft  la  treizième  du  catalogue  du  P.  Ric- 
cioli ,  qu'il  a  plu  aux  Aftronoines  de  hommer  Ca- 
puaniis. 

CAPUCE.  f.  m.  Morceau  d'étoffe  qui  couvre  la  tête 
des  Auguftins  déchauifés,  &  de  la  plupart  des  Rc 
ligieiix  de  S.  François  ,  &:  qui  d'ordinaire  eft  fait 
en  pointe.  Cucullus.  C'eft  la  menue  ehofe  que  ca- 
puchons 


Z/^6 


CAP 


CAPUCE.  (  Frcres  du  )  Nom  d'une  Reforme  de  l'Or- 
dre de  S.  François ,  établie  en  Elpagnc  par  le  B. 
Jean  de  Guadaloupe  ,  Ibus  le  Poncihcat  d'Alexan- 
dre VI.  Outre  beaucoup  d'auftcrirés  qu'il  ordonna, 
il  fit  quelque  changement  dans  l'habit  ,  car  ourre 
qu'il  en  prit  un  fort  étroit  Si  rapiécé  ,  il  accom- 
moda le  capuci  à  la  ftçon  de  celui  que  S.  Fran- 
çois avoir  porté ,  lui  donnant  une  forme  carrée  , 
&  le  rendant  pointu  ;  ce  qui  fit  donner  aux  Reli- 
gieux de  la  Réforme ,  le  nom  de  Frcres  du  Cajutcc , 
ou  du  S.  Evangile.  On  les  nomma  ehiuite  Déchauf- 
ics  5  parce  qu'ils  quittèrent  les  toques  oh  fandales , 
pour  marcher  pieds  nus.  Alexandre  VI ,  fous  lequel 
cerre  Réforme  s'érablit ,  l'approuva.  Voye^  le  P. 
Hclyot,  T.  Fil,  c.  17.  Léon  X,  ayant  convoqué 
à  Rome  un  Chapitre  généraliUîme  ,  ordonna  la 
réunion  de  toutes  les  Réformes  ,  qu'elles  quittc- 
roient  toutes  leurs  noms  particuliers ,  pour  prendre 
celui  de  Frères  Mineurs  de  l'Obfcrvance  réguliè- 
re •.  les  Frères  du  Capuce  furent  par  ce  moyen  in- 
corporés dans  rObfervance ,  &  prirent  le  nom  de 
Réformes.  Id. 

CAPUCHON.  (.  m.  Pièce  d'otofte  taillée  pour  couvrir 
la  tête  ,  dont  lé  fervent  les  Moines.  Les  ims  le  por- 
tent en  pointe ,  les  autres  arrondi.  Quelques-uns 
l'appellent  capuce.  Cuculliis.  ^fF  II  y  eut  autrefois 
une  fameufe  difpute  entre  les  Cordeliers ,  au  fujet 
du  capuchon.  Il  étoit  queftion  de  favoir  li  on  le 
•  porreroit  étroit  ou  large.  Il  fallut  près  d'un  liècle  , 
&  l'autorité  de  quatre  Papes ,  pour  terminer  une 
difpute  de  cette  importance.  En  général  capuchon 
efl:  la  partie  de  l'habit  d'un  Moine  ou  d'un  Re- 
ligieux qui  lui  couvre  la  tête  ',  mais  cet  habillement 
n'eft  pas  tellement  propre  aux  Moines  ,  qu'il  ne 
foit  aulfi  celui  de  tous  les  Eccléfiaftiques  en  géné- 
ral :  le  camail  des  Evcques  ,  &  celui  que  portent  en 
hiver  les  Eccléfiaftiques  féculiers  &  les  Chanoines , 
font  de  véritables  capuchons.  Par  le  fécond  Chapi- 
tre d'un  Concile  de  Paris  tenu  en  1 34^  ,  il  eft  réglé 
que  les  aumuifes  des  -Clercs  ne  feront  point  dou- 
blées d'étoffes  de  foie  ou  de  velours  j  qu'ils  n'af- 
ftéleront  point  de  porter  ni  des  capuchons  courts 
&  terminés  en  pointe  fur  le  front ,  ni  des  manches 
longues ,  &c.  L'alfemblée  d'Aix-la-Chapelle  de  l'an 
817,  10  de  Juillet,  ordonna  que  le  capuchon  ow 
la  cucuUe  de  chaque  Moine  ,  feroit  de  la  longueur 
du  moins  de  deux  coudées.  CnoK.  Hiji.  de  Dauph. 
l.  X,  p.  661. 

Capuchon.  Terme  d'Anatomie.  C'cfl:  un  mufcle  qui 
fcrt  au  mouvement  de  l'épaule.  On  lui  donne 
ce  nom  à  caufe  qu'il  reflémble  à.  cette  partie  de 
l'habillement  d'un  Moine.  On  le  nomme  autrement 
trapèze.  , 

CAPUCHONNE.  adj.Qui  porte  un  capuchon.  M.  Des 
Forges  Maillart ,  fous  le  nom  de  Mlle  de  Malcrais 
de  la  Vigne  ,  dans  Ion  Epitaphe  du  Frère  Hilarion  , 
Capucin ,  dit  de  ce  fameux  Quêteur  : 

Sans  impudence ,  i/  fui  badin  ; 
Sans  être  cafard ,  //  ////  fage  : 
Mérite  ajfur émeut  divin 
Che^  le  capuchonné  lignage. 

CAPUCIAT ,  ATE.  f  m.  &  f.  Nom  de  Sede.  Capu- 
ciatus.  Ce  nom  fignifie ,  enveloppé  dans  un  capu- 
chon ,  enftoqué  ,  encapuchonné.  On  le  donna  dans 
le  XIV«  liècle  en  Angletrere  à  des  dilciples  de 
Wiclef,  qui  en  1387,  commencèrent  <à  paroître  , 
6i  furent  ainfi  nommés ,  parce  qu'ils  ne  le  décou- 
vroient  point  devant  le  S.  Sacrement ,  6c  en  ap- 
prochoient  fans  quitter ,  comme  les  Catholiques , 
le  chaperon  ,  ou  capuce ,  que  l'on  portoit  alors. 
Sponde  parle  de  ces  Capuciates  à  l'an  1487, 

CAPUCIN,  f.  m.  Religieux  de  l'ordre  de  S.  François 
de  la  plus  étroite  obfervance.  Capucinus.W^^oxiQnx. 
des  capuchons  pointus ,  &  font  vêtus  de  brun  ou 
de  gris.  Ils  vont  toujours  nus  pieds ,  &  ne  rafent 
jamais  leur  barbe.  C'eft  une  reforme  de  l'Ordre 
cjes  Mineurs ,  dit  communément  Cordeliers.  Elle 


CAP 

fut  faite  au  XVI<=  liècle,  par  Matthi:u  Bafchi,  Re- 
ligieux Oblérvantin  du  Couvent  de  Montctalconi , 
qui ,  averti  plufieurs  fois  d'une  manière  miraculcufe 
de  pratiquer  la  Règle  de  S.  François  à  la  lertre , 
&:  une  pauvreté  plus  étroite  ,  alla  en  1515a  Rome  v 
c'ctoit  l'année  du  Jubilé.  Clément  VII  l'y  reçut 
bien  ,  lui  donna  la  permillîon  de  fe  retirer  dans 
des  folitudes  ,  &  nqn-léulcment  à  lui ,  mais  à  tous 
ceux  qui  voudroient  embralfer  l'étroite  Obfervan- 
ce. Quelques-uns  l'embralfèrent  en  effet.  En  1518, 
ils  obtinrent  du  Pape  une  Bulle  :  ils  s'établirent 
d'abord  à  Camerino  ,  où  le  Duc  ,  &  fur-tout  la 
Duchcfle  Catherine  Cibo  les  favorilbient  ;  &  c'eft 
cette  année  1518,  qu'ils  regardent  comme  la  pre- 
mière de  leur  Ordre.  Louis  de  Foifombrone ,  qui 
s'étoit  joint  à  Matthieu ,  fut  celui  qui  contribua 
le  plus  à  la  réforme  :  il  fallut  le  chalfer  enfuite  à 
caufe  de  fon  ambition.  En  1 5  2.9  ,  l'Ordre  prit  une 
forme  parfaite  \  Matthieu  fut  élu  Général  ,  &  le 
Chapitre  fit  des  Conftitutions.  En  i5  5<j,  Paul  III 
confirma  cette  Congrégation  nouvelle  ,  &  tous  les 
privilèges  des  Capucins  par  une  Bulle  du  15  d'Août. 
Les  Capucins  furent  reçus  en  France  fous  Charles 
IX ,  qui  écrivit  s.  Grégoire  XIII  ,  pour  avoir  des 
Capucins.  C'eft  pourquoi  ce  Pape  par  une  Bulle 
du  5^  de  Juin  1575  ,  leva  la  défenfe  que  Paul  III 
leur  avoir  faite  de  s'étendre  hors  d'Italie  ,  &  leur 
permir  de  s'établir  par-tout.  Ainfi  c'eft  à  la  France 
qu'ils  doivent  en  quelque  forte  toutes  les  maifons 
qu'ils  ont  hors  d'Italie.  Le  Cardinal  de  Lorraine 
les  plaça  à  Mcudon  ,  où  il  leur  bârit  un  Couvent  ; 
Henri  III ,  leur  fit  conftruire  celui  de  la  rue  S. 
Honoré  à  Paris.  Ils  ont  dans  le  Royaume  neuf 
Provinces  ,  fans  compter  celles  de  Lorraine.  Le 
P.  Zacharie  de  Boverio  ,  a  écrit  en  Latin  les  An- 
nales des  Capucins  en  trois  volumes  in-fol.  depuis 
1524,  jufqu'en  i<?34. 

Ce  nom  leur  a  été  donne  à  caufe  de  leur  grand 
capuchon  ou  capuce.  Matthieu  Bafchi ,  Religieux 
de  l'Ordre  de  S.  François ,  d'une  vertu  fort  auftère , 
établit  dans  cet  Ordre  une  réforme  ,  &c  alfembla 
des  compagnons  qui  l'embralfèrent  :  on  les  appela 
Capucins ,  à  caufe  du  grand  capuce  ou  capuchon 
qu'ils  porrenr.  Cette  réforme  fut  approuvée  par 
Clément  VII  en  1518.  Matthieu  Bafchi ,  qui  étoit 
auteur  de  la  réforme  des  Capucins ,  mourut  dans 
un  Couvent  des  Obfcrvantins.  Le  premier  Couvent 
que  les  Capucins  aient  eu ,  fut  établi  dans  une 
petite  Chapelle  dédiée  à  S.  Chriftophe,  Le  Pape 
ôta  la  prédication  aux  Capucins  en  1543  \  mais 
elle  leur  fur  rendue  avec  éloge  en  1545.  En  1578, 
il  y  avoir  déjà  eti  dix-fept  Chapitres  généraux 
dans  l'Ordre  des  Capucins.  Voyez  les  Annales  des 
Capucins.  La  vie  de  Henri ,  Comte  du  Bouchage  , 
Duc  de  Joyeufc ,  Capucin  ,  eft  renfermée  en  abré- 
gé dans  ces  deux  vers  du  quatrième  chant  de  la 
Henriade. 

Vicieux ,  Pénitent ,  Courtifan  ,  Solitaire^ 
Il  prit ,  quitta ,  reprit  la  cuiraffc  ù  la  haire. 

On  ne  peut  pas  exprimer  plus  de  chofes  en  moins 
de  paroles. 

Capucin.  Terme  d'Anatomie.  Mufcle  des  yeux  ap- 
pelé autrement  Humble ,  ou  Abaifleur.  Voye^  ces 
mots. 

CAPUCINADE.  f  f.  Sermon  de  Capucin.  Pièce  peu 
éloquente.  L'Homélie  de  l'Archevêque  de  Grenade 
croit  un  difcours  diffus ,  une  rhétorique  de  Ré- 
cent ufé  ,  une  capucinade.  Hifi.  de  Gil-Blas.  La 
règle  n'eft  pas  fi  générale  ,  qu'elle  n'ait  lés  excep- 
tions. Témoin  ce  Capucin  ,  dont  parle  Balzac , 
qui  avant  prêché  un  jour  \  Rome  ,  de  l'obligation 
de  la  Réfidcnce  ,  fit  tant  de  peur  à  trente  ou  qua- 
rante Evêqucs  qui  l'ccoutoient ,  qu'ils  s'enfuirent 
tous  dès  le  lendemain  en  leurs  Diocèfes  :  une  aurre 
fois  la  converfion  de  toute  une  ville  fut  le  fuccès 
d'un  de  fcs  Caiêmes  -,  on  crioit  miséricorde  par 
les  rues  à  la  fortie   de  l'Eglife  ;  6i  il   fut  compté 


L> 


A 


P 


la  Semaine  Sainte ,  qu'il  s'ctoit  vendu  poUr  deux 
mille  cens  de  cordes  à  faire  des  diiciplines. 
CAPUCINE,  r.  f.  Nom  de  R-eligieulè.  6'fl;;;/^à'/îrf  Mo- 
nialis.  Les  Capucines  s'appelienc  Filles   de  la  Paf- 
lion.  Les  Capucifi.cs  ibnt  des  Religieules  dn  fécond 
Oaire  de  S.  François,,  qui  ûiivent  encoi-e  aujour- 
d'hui à  la  lettre  la  Règle    de     Ste    Claire ,    bien 
plus  auftère   que  celle   des  'Capucins.  Ce  fut  à  Na- 
ples  que  fe  fit  le  premier  établifFement  des  Capu- 
cines,  Vzn.    1538,  par    la   vcnciable    mère    Marie 
Laurence  Longa  ,  d'une  famille  noble  de  Catalo- 
gne ,  &  veuve  d'un    Seigneur   Napolitain  ,  Con- 
îeiller  du  Confeil  collatéral.  Ceti;e,Dame  embra/fa 
d'abord    la   troifièrae    règle  de    S.  F'rançois ,  avec 
dix-neuf  filles  qu'elle  ailembla.  Les  Théatins  eurent 
d'abord  la  direction  de  ces  Religieufes  ;  mais  en 
1558,  le  Pape  la  donna  aux  Capucins  par  un  Bref. 
Ce  fut  alors  que  ces  Religieufes,  à  la  perfuafion 
de  leur  Fondatrice ,  quittèrent  la  troifième  Règle 
de  S.  François,  pour  embràifer  la  première  &  la 
plus  rigoureufe  Règle  de  Ste  Claire ,  dont  l'auftc- 
tité  leur  fit  donner  le  nom  de  Filles  de  la  Paflion  , 
èc  celui  de  Capucines  ,  par  rapport  à  l'habit  qu'elles 
portent ,  qui  étoit  celui  des  Capucins.  En  France 
on  ne  les  connoît  que  fous  le  nom  de  Capucines, 
Elles  y  furent  établies  en  \6o6  ,  par  la  Duchefle 
de  Mercœur ,  qui  en  cela  ne  fit  qu'exécuter  la  vo- 
lonté du  Prince  Philippe  Emmanuel  de  Lorraine  , 
Duc  de  Mercœur  ,  que  la  mort  empêcha  de  l'exé- 
cuter lui-même,  ou   plutôt  la  volonté  de  la  Reine 
Louife  de  Lorraine  ,  veuve   d'Henri  III ,  qui   en 
avoir  eu  le  dcffein  ,  qui  en  avoir  écrit  à  Clément 
VIII,  &  qui  mourant  en  1601  ,  ordonna  au    Duc 
de  Mercœur  fon  frère  ,  d'achever  cet  établiiTement. 
Il  fut  confommé  en   1606 ,  par   le  Provincial  des 
Capucins ,  fe  le  P.  Ange  de  Joyeùfe  alors  Gardien. 
,    P.  HÉLYOT,  T.  VU,  r.  17.       . 
Capucine  :  '(  A  la  )  piirafe  adv.  à  la  manière  des  Ca- 
pucins. Cctîc  expreHion  entre  fouvent  dans  le  dif- 
cours   familier.  On  dit ,  il  prêche  à  la  Capucine , 
il  chante  à  la  Capucine,  On  dir  auffi  d'une  cham- 
bre mal  meublée,  qui  n'a  qu'un  mauvais  lit,  une 
table  &  deux  chaifes  de  paille  ,  qu'elle  eft  meiiblée 
à  la  Capucine. 
Capucine,  f.  f.   Cardamindum,  Naflurtium  Indicum. 
Plante  qui  nous  a  été  apportée  des  Indes,  &  qu'on 
a  nommée  en  François   capucine  ,  à  caule  que  le 
calice  de  fa  fleur  efl:  terminé  à  fa  partie  poftcrieure 
par  un  éperon  creux ,  qui  a  la  figure  d'un  capu- 
chon. Sa  racine  eft  fibreufc  ,  chevelue,  rampance  , 
oblique,  épaifle  de  quelques  lignes;  d'où  partent 
flufieurs  tiges  minces  qui  grimpent  &  s'entortillent 
aux  arbres  &  aux  plantes  qui  les  environnent.  On 
leur  met  pour  cela  des  échalâs  pour  les  fourenir. 
Elles  font  garnies  de  feuilles  alternes  ,   arrondies 
d'un  vert  clair  en  dciUis ,  &  lifîes  ,   plus  pâles  en 
deflbus  ,  un  peu  velues ,  &  chargées  de  quelques 
nervures  qui  naiflent  de  la  queue ,  placées  prefqus 
au  centre  de  cette  feuille  ,  &  forment  autant  de 
jcayons ,  qui  vont  fe  terminer  j'ufqu'à  leur  marge  i 
les  queues  font  longues  de  plufieurs   pouces ,  en- 
tortillées de  même  que  les  tiges.  Des  mêmes  nœuds 
que  partent  les  feuilles  ,  fortent  auilî  des  pédicules 
qui  foutiennent  des  fleurs  compoices  de  cinq  pétales 
arrondies  ,  jaunes    &  rouges  à  leur    naiflance    en 
dedans ,  érroites   d'abord ,  &  barbues  en  cet  en- 
droit ,  &  diipofées  dans  les  échancrures  d'un  calice 
d'un  jaune  verdâtre,  découpé  en  cinq  parties  oblon- 
gues  ,  étroites ,  &  terminées  à  leur    partie  pofté- 
rieure  d'un  éperon  creux ,  long  de  deux  tiers  d'un 
pouce ,  jaune  &  rayé  de  quelques  lignes  de  pour- 
pre. Quelques  étamines  rougeâtres  ,  &   chargées 
de  fommets  de  même  couleur,  naiflent  du  centre 
de  la  fleur ,  &  environnent  un  pillii  dont  la  bafe 
devient  un  fruit  à  trois  femences ,  couvertes  d'une 
écorce  verte  &  ridée  -,  on  confit  les  boutons  des 
fleurs  de  la  capucine  dans  du  vinaigre ,  &  on  les 
mange  en  falade.  La  capucine  eft  piquante  au  goût 
'comme  le  creffon  ■■>  aulTi  fes  feuilles  &C  fes  fleurs 


t:  À  a , 


'à  47 


font  recommandées  pour  le  fcor&iïî.  Ort   cultive 
encore  dans  les  jardins  u'rie  efpèce  idè<:«pic'i/2e  qui 
.     eft  plus  grande  que  celle-ci',  dans  tou'rcs  'fes  par 
ties  ,  &  on  la  nomme  grande    Capucme ,  Carda 
mindum  ma] us,  .  . 

Capucine  fe  prend  quelquefois   pour  le  bouton 
de  la  tleur.  On  dit ,  confire  des  capucines. 
CAPUDANREISv  f.  m.  Terme  de  Relation.   Pilote 

Royal  chez  les  Txxïcs.  Ret^ius  navis  gubernator. 
la-  CAPUK  ou  CAPAS-PUSSAR.  Arbre  des  Indes 
Orientales ,  efpèce  de  Cocotier.  Le  fruit  eft   une 
gouiîe  fort  épaifle  ,   de  la  longueur  de  la  main , 
de  laquelle  les  Indiens  tirent  le  Capuk  ou  capoc , 
ce  qui  clî  une   efpèce  de  coton ,  dont  on  garnit 
les    oreillers  &:  les  marclats  des  lits ,  au  lieu   de 
plumes. 
IfT  CAPULE.  f.  m    Capulus.  C'étoit  chez  les  Ro- 
mains  une  bière  à  porter   en  terre  les  corps  des 
dctunrs  :  c'eft   delà  qu'on  appelle  les  vieillards  qui 
font  lur  le  bord  de  leur  foflè  ,  capulares  fenes ,  &: 
capulares    rei  ,    des  criminels  condamnés  k  mort, 
Antiq.  Rom. 
:p-  CAPUT  MORTUUM.  Terme  de  Chimie.  Voyei 

Tête  morte.  Résidu. 
CAPUUPEBA.  f.  m.  C'eft  une  forte  de  gazon  qui 
vient  dans  le  Bréfil ,  à  la  hauteur  de  deux  ou  trois 
pieds,  qui  confifte  en  une  tige  ronde  &c  polie, 
qui  a  des  nœuds  de  place  en  place ,  à  chacun  def- 
quels  s'élève  une  feuille  de  plus  dun  demi  pied 
de  long,  La  tige  à  fa  fpmmité  fe  partage  en  vingt 
ou  vingt-quatte ,  &  quelquefois  trente  branches 
plus  petites  ,  dont  chacune  à  fa  Ibmmiré  eft  ter- 
mince  en  ombelle  couleur  d'argenr,  large  de  trois 
ou  quatre  doigts ,  contenant  la  femence.  Les  tiges 
ibnt  d'une  belle  couleur  rougeâtre.  Les  naturels  dû 
pays  en  boivent  la  racine  dans  quelque  liqueur  con- 
venable ,  comme  un  ptéfervatif  ou  remède  contre  le 
poifon.  RAy  ,  cité  par  James, 

C  A  Q, 

CAQUAGE  ,  mieux  que  CACAGE.  f.  m.  Façon  que 
l'on  donne  au  hareng  en  vracq  ,  lorfqu'on  veut  le 
faler.  Le  caquage  fe  fait  ordinairement  la  nuit. 

CAQLTE.  f.  £  Petit  baril  qui  tient  le  quart  d'un  muid  „ 
où  particulièrement  Ton  enferme  du  hareng  lorf- 
qu'ii  a  été  aprèté  &:  falé.  Doliolum  ,  cadus.  On 
dit  auffi  à  la  guerre  des  caques  de  poudre  -,  pour 
dire  de  perits  barils  où  l'on  enferme  la  poudre  à 
canon.  Quelques-uns  dilent  que  caque  eft  mafculin  , 
&;  que  ceu,\  qui  parlent  bien  le  fonr  roujours  de 
ce  genre  :  ainli  félon  eux  on  doit  dire  un  caque 
qui  n'eft  pas  bien  lié.  Dans  l'ufage  il  eft  féminin. 
Les  Anglois  difent  cade  pour  caque  ,  du  Latin 
cadus.  Et  c'eft  chez  eux  une  mefure  de  certaines 
efpèces  de  poiifon  fec  ou  falé  ,  qui  en  comprend 
une  certaine  quantité  déterminée.  Le  cade ,  ou  la 
caque  de  hareng ,  en  contient  500 ,  &  le  cade  ou  la 
caque  defardines,  en  contient   1000.  Harris. 

On  dit  proverbialemenr ,  la  caque  fent  toujours 
le  hareng  -,  pour  dire ,  qu'on  fe  fenr  toujours  de 
la  baflbfle  de  fa  naiflance  ,  quelque  fortune  qu'on 
ait  faire.  On  le  dir  àufïî  pour  exprimer ,  qu'on  ne 
fauroit  fe  défaire  des  mauvaifes  imprellions  qu'on 
nous  a  données  dans  la  jeunelfe  par  une  mauvaife 
éducation.  On  dit  des  gens  qui  fonr  places  en 
quelque  lieu  fort  étroit ,  ou  qui  font  incommodés 
par  la  foule  ,  qu'ils  font  prefles  comme  des  harengs 
dans  une  caque. 

On  nomme  aufTi  caque ,  en  termes  de  Cirier  , 
le  fourneau  fur  lequel  on  place  la  balfine  ou  poêle 
lorfqu'on  veut  travailler  à  la  cuiller.  Ce  fourneau 
eft  de  tôle  fortifié  de  bandes  de  fer. 

CAQUER.  v.  ad.  Terme  de  Commerce  de  falineo 
Mettre  le  hareng  en  caque.  Haleces  evifceratas  do- 
liolo  incerere, 

CAQUEROLE  ,  ou  CAQUEROLLIER.  f.  f.  Petit 
pot  de  cuivre  à  trois  pieds  ,  qui  a  une  longue 
queue   pour   l'approcher  du  Feu ,  ÔC  pour  fecouer 


248 


CAO. 


C  A  R 


les  irici'.irces ,  ou  autres  mets  qu'on  y  fait  cuire 
ordinairement.  Cacahtis  ex  are  Cyprio  dcprejjior 
&  maniibriolo  injiruclus.  On  dit  auHi  cajjetolU. 

IP"  CAQUHROLLE.  Écaille.  Càquerolle  de  limaçon, 
Rabelais. 

CAQUESANGUE.  f.  f.  Terme  bas,  Voyei  Gagues- 
SANGUE  ,  qui  lîïï;nific  la  même  chofe. 

CAQUET,  r.  m.V.bondance  de  paroles  inutiles,  qui 
n'ont  point  de  Iblidicc,  Loquacïtas  ,  garru/uas. 
Les  femmes  n'ont  que  du  caquet  ;  elles  ne  parlent 
que  de  bagatelles.  Cet  Avocat  n'a  que  du  caquet. 
Cela  n'eft  bon  que  dans  le  comique  &c  le  familier. 

ji  tous  les  focs  caquets  n'ayons  jamais  d^  égard.  Mol. 

ffy  Le  grand  caquet  vient  nécefiairement ,  ou  de  la 
prétention  à  l'efprit ,  ou  du  prix  qu'on  donne  à 
des  bagatelles,  dont  on  croit  fortement  que  les 
autres  font  autant  de  cas  que  nous.  Celui  qui 
connoît  alfez  de  choies ,  pour  donner  à  toutes  leur 
véritable  pris  ,  ne  parle  jamais  trop  ■-,  car  il  i'ait 
apprécier  aulli  l'attention  qu'on  lui  donne  ,  &rin- 
térèr  qu'on  peut  prendre  à  les  difcours.  Générale- 
menr  les  gens  qui  favent  peu ,  parlent  beaucoup  ; 
&  les  gens  qui  favent  beaucoup  ,  parlent  peu.  Il  cil: 
lîmple  qu'un  ignorant  ttouve  important  tout  ce- 
qu'il  fait ,  &:  le  dife  à  tout  le  monde.  Mais  un 
homme  inlhuit  n'ouvre  pas  aifcment  fon  réper- 
toir  ;  il  auroit  trop  à  dire  ,  &  il  voit  encore  plus 
à  dire  après  lui ,  il  fe  tait.  R, 

Caquet  ,  fe  dit  aulfi  des  ôifeaux  qui  parlent.  Ce 
perroquet ,  cette  pie  ,  nous  étourdilîent  avec  leur 
caquet. 

J'éveillerai  la  pie  en  fon  caquet.  Marot. 

On  dit  proverbialement  &  figiirément ,  rabattre 
le  caquet  de  quelqu'un  ;  pour  dire ,  rabattre  fon 
orgueil  ,  lui  fermer  la  bouche ,  ^fT  le  confondre  par 
fes  raifons ,  ou  faire  taire  par  autorite  celui  qui 
parle  mal-à-propos ,  ou  infolemmenr.  On  appelle  le 
caquet  de  l'accouchée  ,  cet  entretien  de  bagatelles 
qu'ont  plufieurs  femmes  affemblées ,  comme  il  "s'en 
rencontre  chez  les  femmes  en  couche.  On  dit  auifi , 
qu'une  femme  eft  dans  le  caquet ,  quand  par  fa 
mauvaife  conduite  elle  donne  occalîon  aux  autres 
de  médire  d'elle, 

CAQUETER,  v.  n.  Babiller ,  parler  beaucoup  fans 
dire  rien  de  folide.  Garrire ,  nugari.  On  le  dit 
aulfi  des  petits  enfans  quand  ils  commencent  à 
parler ,  Se  des  pies  3c  des  perroquers.  A  quelque 
prix  que  ce  fCir ,  il  falloir  que  du  matin  au  foir  elle 
écoutât ,  ou  caquetât.  Mlle  l'Herit. 

J?u  mcuncnt  qu'elle  crut  pouvoir  être  entendue 
Elle  je  mit  à  caqueter 
Pour  lui  donner  lieu  d'écouter.  Mlle  l'Héritier. 

On  dit  aufTi  à  la  chaffe ,  qu'un  chien  caquette , 
quand  il  crie  &  abboie  mal-à-propos  6c  hors  des 
voies ,  ou  fans  fujet, 

^fT  Ce  verbe  fe  conjugue  comme  le  verbe  cacheter , 
en  ajoutant  un  /  à  toutes  les  perfonnes  du  prcfent 
au  fmgulier  ,  5c  à  la  troifième  perfonne  du  pluriel  de 
l'indicatif,  impératif,  optatifs  fubjondlif.  Caqueter, 
je  caquette  ,  tu  caquettes ,  il  caquette  :  nous  caque- 
tons ,  vous  caquetez ,  ils  caquettent ,  de  même 
dans  les  autres  modes  ou  mœufs.  f^oye^  le  Dict. 
DES  Rimes,  tirées  de  Dubartas, 

CAQUETEUR,  EUSE.ad).  Qui  caquette,  qui  babille 
beaucoup.  C'eft  un  grand  Çaqueteur.  Une  Caque- 
teufe.  Loquax ,  garrulus. 

CAQUETOIRE,  f.  f.  Chaife  baffe  qui  a  le  dos  fort 
haut  &  qui  n'a  point  de  bras ,  où  l'on  babille  à  l'aife 
auprès  du  feu.  Cathedra  ad  confabulandum  apta  , 
commoda. 

CAQ.UET01RE.  Terme  de  Laboureur.  Bâton  qui  eft  au 
milieu  des  mancherons  de  la  charrue ,  fur   lequel 


le  Laboureur  s'adled  lorfqu'il  caufe  avec  quelqu'un. 
Cetre  caqueioire  s'appelle  au/li  habilloire. 

CAQUETTE,  f  f.  Manière  de  petit  baquet  où  l'on 
met  du  poilfon ,  fur-tout  des  carpes.  Petite  Caque, 
C'cll  un  diminutif  de  ce  nom, 

CAQUETTERIE  ou  CAQUETERIE.  f,  f.  Aélion  de 
caqueter,  babil.  Ah  !  tiniifons  cette  caquetterie  ,in- 
terrompit-elle ,  ou  ne  me  parlez  plus  fur  ce  ton ,  ou 
foyez  du  moins  d'accord  avec  vous-même.  Crebil- 
LON  ,  hls. 

CAQUEUR.  f.  m.  Terme  de  pèche.  On  appelle  Ca- 
queurs  les  Matelots  qui  caquent  le  hareng.  Quelques- 
uns  difent  £ccd^HeKr  au  lieu  de  caqueur. 

CAQUEUX.  f.  m.  plut.  H  y  a  en  Breragne  une  certaine 
efpèce  de  gens  que  le  telle  du  peuple  a  toujours  re- 
gardés avec  une  extrême  averlion  ,  prétendant  que 
c'eft  un  refte  des  Juifs ,  6c  qu'ils  font  tous  infeclés 
de  lèpre  de  père  en  fils.  On  les  nomme  Caqueux , 
Cacojus  ,  6c  ils  exercent  ordinairemenr  le  métier 
de  Cordier,  Hevin ,  favant  Jurifconfulte ,  a  fait 
voir  de  nos  jours  ,  que  cette  averlîon  étoit  mal 
fondée  ,  3c  a  obtenu  un  Arrêt  du  Parlement  en  leur 
faveur;  mais  il  eft  difficile  d'ôter  cette  ptévention 
de  l'efprit  de  la  pliipart  des  Bretons,  Il  y  a  mêm.e 
plus  de  Z50  ans  que  les  Evêques ,  dans  la  même  pré- 
vention ,  ont  ordonné  que  les  Caqueux  fe  tien- 
droient  au  bas  des  Eglifes;  qu'ils  ne  baiferoient  la 
paix  qu'après  tous  les  autres  -,  &c  leur  ont  défendu  , 
fous  peine  de  cent  fols  d'amende ,  de  toucher  aux 
vafes  de  l'aurel.  Lobineau.  Koye^CAPOx,  6c  Cagot, 
6c  comparez  ce  que  nous  y  avons  dit  avec  ce  que 
nous  venons  de  rapporter  des  Caqueux.  Voyez; 
^'Hijl.  de  Bret.  tome  I ,  p».  847.  S>C  tome  II ,  p.  i(îio. 
Dans  les  Regillres  de  la  Chancellerie  de  Bretagne 
de  1475 ,  il  y  a  un  mandement  contre  hommes  3c 
femme  s  nommés  Caqueux ,  auxquels  il  efl:  fait  défenfe 
de  voyager  dans  le  Duché  fans  avoir  une  pièce  de 
drap  rouge  far  leur  robe  ,  pour  éviter  le  danger  que 
pourroicnt  encourir  ceux  qui  auroient  communica- 
tion avec  eux ,  pout  ne  fes  pas  connoître.  De  plus , 
il  leur  eft  fait  defenfe  de  fe  mêler  d'aucun  commerce 
que  de  fil  6c  de  chanvre ,  3c  d'exercer  aucun  métiec 
que  celui  de  cordier  ,  3c  aucun  labourage  que  de 
leurs  jardins  feulement,  à  peine  de  confifcation; 
défenfe  à  tous  fujets  de  leur  vendre  autte  marchan- 
dife  que  fil  3c  chanvre,  3c  de  leur  affermer  aucun  de 
leurs  hérirages ,  à  peine  de  confifcation  3c  auties 
rigueurs.  L0BINEAU.  Tome II, p.  1550.  Cette  dernière 
défenfe  eft  modcrce  pour  les  Caqueux  de  l'Evêché 
de  Saint  Malo ,  par  une  Ordonnance  de  1477, 

CAR. 

CAR,  Conjoniflion  caufative  qui  rend  raifon  de  ce  quî 
a  été  avancé  dans  la  piopofition  précédente,  Nam , 
enim  ,  etenim.  Ne  faites  pas  cela,  car  Dieu  le  défend. 
Ses  fynonymes  îov.i parce  que  ,  pour  ce  que  ,  d'autant 
que,vù.que  ,&c.  Toutes  les  Lettres  de  Chancelle- 
rie fe  terminent  ainii  -,  Car  tel  eft  notre  plaifir.  Le 
mot  de  car  ne  fe  doit  employer  que  de  loin  à  loin. 
Voit.  Quelle  perfécution  le  car  n'a-t-il  pas  eifuyée  ! 
3c,  s'il  n'eût  trouvé  de  la  proteélion  parmi  les  gens 
polis ,  il  étoit  banni  honteufcment  d'une  langue  à 
qui  il  a  rendu  de  fi  longs  fervices ,  fans  qu'on  fût 
quel  mor  lui  fubftituer.  La  Bruy. 

Car  fe  prend  fubftanrivement  en  ces  phrafes  fami- 
lières. Ce  Prcdicareur  fait  retentir  les  voûtes  des  car 
3c  des  miùs.  Ne  me  parlez  jamais  d'anjî,  d'un  car, 
ni  d'un  mais.  Cer  homme  barguigne  trop-,  il  met 
trop  de  y?  6c  de  car ,  trop  de  conditions  en  ce 
contrat. 

Ce  mot  vient  du  Grec  y««  fignifiant  la  même  chofe, 
comme  difent  Nicot  6c Henri  Eftienne.  Mais  Ménage 
le  dérive  avec  plus  d'apparence  de  quare ,  parce 
qu'on  a  écrit  aurrefois  quar ,  3c  on  dit  encore  cancan, 
au  lieu  de  quamquam.^ 

CARABE  ou  KARABE,  Voye?^  Ambre  jaune,  Ceft 
la  même  chofe.  Ce  mot  vient  de  Caraban,  nom  que 
les  Arabe*  donnent  à  l'ambre,  Caraban  vient  du 

perlien 


C  A 

^eifien  Cah  Rtibak ,  qui  fignifie  ce  qui  dérobe  ou 
enlevé  la  paille,  D'Herb. 
CARABIN,  ù  m.  Cavalier  armé  d'une  carabine.  E^'ïies 
JclopetiiTius.  Ces  cavaliers  ,  qui  tailbierit  autrefois 
des  compagnies  fcparées ,  &  quelquefois  des  régi- 
mens ,  fervoicnr  à  la  garde  des  Officiers  Généraux  , 
à  fe  failir  des  palTages ,  à  charger  les  preitiières 
troupes  que  l'enriemi  faifoit  avancer ,  &  à  les  harce- 
ler dans  leurs  portes  :  fouvent  auffi  ils  ne  failbient 
que  lâcher  leur  coup ,  &  ils  fe  retiroienr.  Lorfque 
l'on  donnoit  quelque  bataille  ,  ils  combattoierit  fur 
les  aîles  de  la  première  ligne  ,  fur  le  front  des  Dra- 
gons 6c  des  Cravates.  Il  n'y  a  plus  aujourd'hui  de 
Carabin  ,  fi  ce  n'clt  dans  les  compagnies  de  Che- 
vaux-Légers ,  où  il  y  en  a  feulement  deux ,  qui 
font  des  cavaliers  armés  chacun  d'une  carabine ,  & 
qui  fuivent  les  Brigadiers  de  la  compagniei  Gaja , 
dans  fon  Traité  des  Armes ,  croit  que  le  mot  Ca- 
rabins vient  du  mot  efpagnol  car  a ,  &  du  mot  latin 
bimts ,  qui  fignifie  double ,  comme  qui  diroit  gens  à 
deux  vifages  ,  à  caufe  de  leur  manière  de  combattre 
tantôt  en  fuyant,  &  tantôt  en  faifant  volte  face.  Ces 
Carabins  fervoient  du  temps  de  Henri  IV ,  &:  de 
Louis  XIII.  Ils  portoient  une  cuirafie  échancrée  à 
l'épaule,  afin  de  mieux  cçucher  en  joue,  un  gan- 
telet à  coude  pour  la  main  de  la  bride ,  un  cabaffct 
en  tête  ,  une  Idngue  épéc ,  &  une  carabine  à  l'arçon 
de  la  felle. 

On  appelle  fîgurément  un  Carabin  ,  celui  qui  fe 
contente  de  hafarder  quelque  chofe  au  jeu  ,  fans  s'y 
arrêter  long-temps ,  qui  ne  fait  que  rifquer  un  coup , 
&  s'en  va.  C'efl:  un  vrai  Carabin  au  jeu.  On  le  dit  de 
même  d'un  homme  qui  dans  une  converfarion ,  dans 
une  difpute ,  ne  fait  que  jeter  quelques  mots  vifs , 
fe  tait  &c  s'en  va. 
Carabin  de  S.  Côme.  Terme  populaire,  qui  fignifie 

un  fî'ater  ,  un  ferviteur  Chirurgien. 
Carabin.  On  donne  en  quelques  endroits  cenom  au 
blé  noir,  ou  blé  Sarazin.  Les  carabins  n'onr  pas 
réuffi  cette  année.  Le  carabin   eft  fort  bon    pour 
nourrir  les  volailles. 
CAR  ABINADE.  f.  f.  Acflion,  tour  de  Carabin  ,  qu'un 
homme  fait  en  quelque  compagnie  d'où  il  fe  retire 
aulfi-tôt.  Il  a  fait  une  carabinade ,  &:  s'en  eft  allé.  Il 
eft  familier. 
CARABINE,  f.  f.  Arme  à  feu ,  petire  arquebufe  à  rouet 
que  porroient  les  Carabins.  Sclopeti  geniis  quod  Ca- 
jabinam  vacant.  Cette  arme  n'eft  plus  en  ufage  à 
l'armée  ,  à  caufe  du  temps  qu'on  perd  à  bander  le 
refîbrt.  On  fe  fert  pourtant  encore    de  carabines 
rayées  par  le  dedans  de  l'ame  ,  qui  portent  la  balle 
très-loin  ,  parce  que  la  balle  étant  arrêtée  par    les 
rayures  du  canon ,  la  poudre  a  le  temps  de  s'enflâmer 
entièrement  avant  que  de  pouvoir  la  faire  lbrtir,&: 
la  chafle  ainfi  avec  bien  plus  de  force. 
CARABINER.   v.  n.  Se  battre  à  la  manière  des  Ca- 
rabins ,  décharger  Ion  coup  ,  6c  fe  retirer.  Sclopeta- 
riorum  equitiim  more  pugnare.CjQS  cavaliers Ibrtirent 
de  leurs  rangs  pour  carabiner. 
Carabiner  ledit  fîgurément,  en  parlant  de  ceux  qui 
entrent  en  quelque  compagnie,  8c  qui  s*en  retirent 
auffi  tôt  :  ce  qui  fe  dit  fiit-tout  des  joueurs  de  dez  , 
de  labafîétte,  de  lanfquenet,  qui   viennent  jouer 
deux  ou  trois  coups ,  6c  qui  s'en  vont  aufTi-tôt  fans 
vouloir  tenir  jeu  aux  aurres  -,  ou  bien  ,  c'eft  mertre  à 
la  réjouiffance ,  &C  prendre  des  cartes  entre  les  joueurs 
fans  être  coupeur,  ni  tenir  la  carte.  Sijlere  Je  prtz- 
j'entem  ad  brève  tempiis  &  fiatim  aufugere. 
Ip"  CARABINER.  v,  a.  C'eft  tracer  en  dedans  d'un 
Canon  des  rayures  circulairement  ou  en  fpirale  , 
depuis  la  culaffe  jufqu'à  l'autre  bour,  telles  qu'il  y  en 
a  dans  les  Carabines.  Striare.  Carabiner  un  fufil. 
^CF  Carabiné  ,  ee.  Part. 

CARABINIER,  f.  m.  Cavalier  armé  de  carabine. 
|J3°  Efpèce  de  Chevau-Légers  qui  portent  des  ca- 
rabines plus  longues  que  les  autres  &c  qui  fervent 
quelquefois  à  pied.  Une  Compagnie  de  Carabiniers , 
Capitaine  de  Carabiniers. 
CARABOURON.  f,  m.  Qui  veut  dire  pointe  noire. 
Tome  Uf 


CAR 


^49 


C'cfè  urt  cap  de  l'Archipel.  Le  cap  Carabourun ,  que 
les  Anciens  appeloient  Argenon,  Du  Loir  ,  p,  ^, 
Argennum  promontorium  ;  quelques-uns  difent  ^r- 
cennum.h  étoit  entre  Clazomène  &  Erythrée.  Je  ne 
fais  ii  du  Loir  ne  fe  trompe  poinr  ;  mais  Berthclot  i 
Michelot  6c  Thérin  l'appellent  Calaberno  dans  leuts 
Cartes  Marines  de  la  Méditerranée. 
tfT  CARACA.  Ville  de  l'Amérique  méridionale ,  au 

pays  des  Caracas,  vers  la  côre  du  Nord. 
CARACALLE,  plus   ordinaircmenr   CARACALLA; 
f".  m.Surnom  de  Marc-Aurèle  AntOnin  Baffien,  Empe- 
reur Romain,  Caracalla,  Caraxalle  naquit  à  Lyon  j 
6c  y  tut  proclamé  Empereur  près  de  Vimi  l'an  ii  j , 
félon  Baronius ,  mais  plutôt  ii  i  ,  félon  le  P.  Petau: 
Ibn  Empire  dura  fix  ans,  8c  en  117,  il  fut  tué  par 
ordre  de  Macrin  ,  qui  lui  fuccéda.  Caracalle  fut  un 
monftre  couverr  de  toutes  fortes,  de  crimes.  Voyc^ 
Spartien,  Auréiius  Viétor,  Dion,  Hérodien  ,  qui 
onr  écrit  fa  vie.  Le  P,  Pagi  ne  fait  pas  Gominenccr 
l'Empire  de  Caracalle  ,  comme  les  autres ,  à  la  mort 
de  Sévère,  l'an  iti,  mais  l'an  198,  après  l'entière 
délraite  de  la  faélion  d'Albin,  Antonin   Caracalla. 
aima  Appollone  de  Tyanes ,  l'honora ,  Ô£  lui  bâtit 
même  un  temple.  Tillem. 
Caracalle,  f.  f,  Caracalla.  Efpèce  de  vêtement  que 
portoient  également  6c  les  hommes  ^  les  femmes 
Romaines ,  ii  autres.  Les  hommes ,  comme  il  paroît 
par  Bédé  ,  De  Gejl.  Angl  L.l,  c.  7,  Les  femmes , 
Palladius,  c.  11  j.  Lu  caracalle  a.voh  un  capuchon, 
Eucherius  de  Fejl.  &c  elle  alloit  jufqu'aux  talons  i 
Sparrion ,  dans  Caracalle ,  c.  c).  Spartien  &c  Xiphilin 
difent  que  l'Empereur  Caracalle  en  fut  l'inventeur  * 
la  donna  au  peuple,  ordonna  que  les  fbldats  en  poi- 
tallent ,  &  que  ce  fut  pour  cela  qu'oti  lui  donna  le 
nom  de  Caracalle.  D'autres   entendent  feulement 
qu'il  l'apporra  des  Gaules.  Voye^  RofWeid,  Onomaji. 
Saumaife  llir  Sparrien,  Scâliger ,  Bivadin , /{ijl.  de 
Lyon ,  Z,.  /,  c.  54 ,  ôc  après  eux  Du  Cange ,  croient 
que  c'eft  de-là  qu'eft  venu  le  mor  cafaque ,  qui  s'eft 
dir  pour  Caraque.  Quoi  qu'il  en  ibit ,  cet  habit  de- 
vint un  vêtement  des  Ecclcfiaftiques  eti  retranchant 
le  capuchon,^ comme  il  paroît  par  S.  Jérôme  de 
Vefi.  Sacerdot.  par  Eucherius  cité  ci-defîùs ,  &c  par 
les  A^a  Sancl.  Jun,  tome  IV ,  p'.  I48,  Le  peuple 
appeloit  cet  habit  une    antonienne  ,  à   caufe  que 
le  Prince  qui  l'avoit    donné  ,   avoit  pris  le  nom 
d'Antonin,  On  marque  qu'il  étoit  fait  de  plufieurs 
pièces  coupées ,  6c  couiiies  enfemble,  6c  alloit  juf^ 
qu'aux  talons  j    de  forte  qu'il  avoit  quelque  rapport 
à  nos  foutanes.  On  prétend  néanmoins  qu'il  y  en 
avoit  auffi  de  plus  courts ,  6c  fut-tout  hors  de  Rome; 
S>i  je  ne  fai«  comment  des  foldats,  en  auroient  porte 
de  longs,  Tillem,  Chorier  prétend  que  hous  con- 
fervons  encore  dans  nos  cafaques  le  nom  ?^  l'ufage 
des  caracalles  \  mais  que  la  politeffe  des  derniers 
liècles  leur  a  ôré  ce  qui  les  pouvoit  rendre  autrefois 
moins  propres  ôc  moins  commodes, 
03"  CARACAS.    Pays   de   l'Amérique  méridionale  i 
qui  comprend  les  trois  Provinces  de  Paria,  delà 
nouvelle  AndaloufieSc  de  Venezuela,  Il  porte  le  nom 
de  la  principale  nation  qui  l'habite.  Les  François 
l'appellent  les  Caraques. 
^  CARACATAY  ,  grand    pays   de  l'Afie  fepten- 
rrionale  qui  s'étend  du  midi  au  feptentrion  depuis 
la  muraille  de  la  Chine  jufqu'à  l'ancien  Mogoliftan; 
CARACHE,  ou  CARAG.  f,  m.  Tribut  que  les  Chré- 
tiens 6c  les  Juifs  payent  au  Grand  Seigneur.  Tribu- 
tum   Cl    Chrifiianis    Turcarum    Imperatori    pendi 
folitum. 
CARACOL.  f,  m.  En  termes  d'ArchitecT:ure  ,  eft  uii 
efcalier  fait  en  hélice  ,  ou  en  rond  ,  dont  toutes  les 
marches  fbnt  gironnées, //e/ix.  Efcalier  en  caracola 
pour  dire  en  limaçon. 
|Cr  CARACOLE,  "f.  f.  Terme  de  Manège.  Mouve- 
ment que  fait   le  Cavalier  en  demi-rond  ou  demi- 
tour  ,  à  gauche  ou  à  droite ,  en  changeant  quelques 
fois  de  main.  Eqiii  in  gyrum  circumaclio ,  circum 
aclus.  Il    fit    plulieurs  caracoles,  Equum  in  gyros 
circum  agers, 

l  l 


a^'O 


C  AK 


^t^-  On  le  dit  aufîl ,  en  termes  de  guette  ,  du  mouve- 
ment (le  tous  les  Cavaliers  d'un  elcadron  qui  tour- 
nent en  même  temps  fur  la  droite  ou  lut  la  gauche. 
Equejiris  in  s^yrum  procurjio, 

ffT  Ce  mouvement  diffère  de  la  converjion ,  en  ce  que 
celle-ci fe  fait  par  rang,  &  que  Iz  caracole  fe  fait 
par  file. 

^ÇT  C'efl:  auffi  le  demi-tour  que  fait  le  Cavalier  quand 
il  a  fait  fa  décharge  pour  paflèr  de  la  tête  de  l'efca- 
dron  à  la  queue. 

Quelques-uns  difent  aufTi  Caracol  au  mafculin  , 
comme  Vaugelas  dans  l'exemple  fuivant  :  Les  Thélfa- 
liens  faifant  promptement  le  caracol ,  revinrent  à  la 
charge.  Vaug.  Il  n'a  pas  été  fuivi  en  cela  ;  tout  le 
monde  fait  Caracole  féminin. 

On  le  dit  aufîi  des  mouvemens  qu'on  fait  dans 
les  montres ,  quand  on  fait  le  demi-tour  pour  dé- 
filer ^u  pour  fe  faire  voir  plufieurs  fois  aux  Princes , 
pu  aux  Officiers. 

Ce  mot  efl;  pris  de  l'arabe,  &:  l'arabe  de  l'hébreu 
carac ,  qui  fignifîe  involvere.  Mén.  Mais  il  nous 
vient  immédiatement  de  l'efpagnol ,  où  il  lignifie 
au  propre  un  limaçon  ;  &  au  figuré ,  les  mouvemens 
militaires  qui  viennent  d'être  expliqués. 

CARACOLER ,  v.  n.  Faire  des  caracoles  ,  ou  des 
dcmi-touB  ^  marchanr.  Eques  in  gyrum  ,  in  orbem 
agere.  Dans  un  combat  fingulier  à  cheval,  on  a  un 
grand  avantage  de  fç  battre  en  caracolant.  Les  Ca- 
valiers caracolaient  autour,  des  carrodes  des  Dames. 

CARACOLL  f.  m.  Métal  qui  vient.de  la^  terre- 
ferme  ,  &  dont  les  Indiens  fe  font  de  certains  or- 
nemens  qui  portent  le  même  nom.  On  prétend  que 
ce  métal  eft  un  compofé  d'or ,  d'argent  &:  de  cuivre , 
&  que  les  Indiens  ayant  ces  métaux  très-purs ,  le 
mélange  qui  en  réfulte  ,  eft  fi  parfait,  que  quelque 
long  temps  qu'il  demeure  dans  la  mer  ou  dans  la 
terre  ,  la  couleur  ne  s'en  ternit  jamais.  Le  P.  Labat 
n'eft  pas  de  ce  fentiment  :  il  croit  que  c'eft  un 
métal  fimple.  II  dit  qu'il  eft  aigre ,  gréneux  &  caf- 
fant ,  &  que  ceux  qui  veulent  l'employer ,  font 
obligés  de  le  mélanger  avec  un  peu  d'or ,  pour  le 
rendre  plus  doux  &  plus  traitable.  Les  Orfèvres 
François  &  Anglois  qui  font  aux  îles  ,  ont  fait  un 
grand  nombre  d'expériences  pour  imiter  ce  métal  -, 
mais  ils  n'ont  jamais  pu  atteindre  à  ce  degré  de 
beauté  &  de  perfeiftion.  C'eft  prefque  la  "même 
chofe  que  le  tombac.  Voye:^  Tombac. 

Cakacoli.  f.  m.  Ornement  que  portent  les  Infulaires , 
principalement  les  Caraïbes.  Il  eft  fait  comme  un 
croiifant  quia  les  pointes  en  haut,  &  porte  le  nom 
du  métal  dont  il  eft  compofé.  Les  caracolis  font 
de  différentes  grandeurs ,  félon  le  lieu  où  ils  doi- 
vent fervir  ;  car  ils  en  portent  aux  oreilles,  au  nez  & 
à  la  lèvre  inférieure  •,  mais  le  plus  grand  de  tous ,  qui 
a  fix  à  fept  pouces  d'ouverture  ,  leur  pend  fur  l'ef- 
tomac.  Foyei  le  fécond  tome  des  Foyages  du  P. 
Lahat. 

CARACOLLE.  f.  f.  Plante  légumineufe  ,  étrangère , 
qui  a  pris  fon  nom  des  entortillemens  de  fa  tige  & 
de  fes  branches ,  ou  de  fa  fleur ,  qui  eft  tournée  en 
fpirale  comme  un  limaçon.  On  la  met  au  nombre 
des  phaféoles  :  elle  éft  vivace,  &:■>  on  la  nomme 
Phajeoliis  Indiens ,  Cochleato  jlore.  Sa  racine  eft 
charnue ,  affez  groffe  ,  en  navet ,  &  qui  donne  plu- 

^  j^^eurs  tubercules  charnus.   Elle  eft  blanchâtre   au- 

. «iiidçdans  ,  d'un  goût  d'herbe,  6c  pouffe  plufieurs  tiç^es 
ou  farmens  fouples ,  verdâtres ,  de  la  groffeurdu 
doigt  lorfqu'elle  eft  vieille,  &  qui  grimpent  &  s'at- 
tachent aux  corps  voifins.  Ces  riges  donnent  plufieurs 
branches  qui  s'entortillent  pareillement ,  &:  pouf- 
fent  d'efpace  en  efpace  des  feuilles  qui    font    au 

./_  nombre  de  trois,  portées  à  l'extrémité  d'une  queue 
verdâtre.  Elles  font  d'un  vert  foncé  ,  plus  petites  que 
celles  de  nos  haricots ,  mais  à  peu-près  de  la  même 
figure  &  dans  le  même  ordre.  Ses  fleurs^lTont  léi^u- 
mineufes ,  en  grappe  ,  &c  beaucoup  plus  grandes  que 
celles  de  nos  phalcoles  ;  elles  font  blanches  d'abord, 
purpurines  dans  leur  centre,  &  d'une  odeur  douce  & 
fort  agréable.  Leur   piftil  devient,  après  que   les 


CAR 

fleius  font  pafTées ,  une  gouffe  longue  de  deux 
pouces  ,  arrondie ,  &  qui  renferme  des  femences 
taillées  en  rein.  Cette  plante  craint  l'hiver ,  &  ne 
fieurit  en  France  que  fur  la  fin  de  l'été.  Elle  eft 
vivace  ,  &  fe  peut  multiplier  par  fes  farmens. 

|tT  CAR ACOR AM.  Ville  d'Afie ,  bâtie  dans  le  Catay 
par  Octay-Kan ,  fils  de  Gengis  Kan ,  après  qu'il 
s'en  fût  rendu  maître.  Quelques-uns  la  prennent 
pour  la  Combala  de  Marco  paolo,  qui  eft  Peking. 

CARACORE.  f.  f.  Galère  qui  eft  en  ufage  dans  les 
Iles  des  Moluques  :  elle  eft  fort  étroite  par  rapport 
à  fa  longueur  -,  &  vogue  avec  beaucoup  de  vitefîe. 
Triremis  angnjiior.  Les  caracores  baiffent  à  l'avant 
&  à  l'arrière:  lorfqu'il  y  a  du  vent,  on  y  met  des 
voiles  de  cuir  :  il  y  a  autour  du  bâtiment  un  pont 
de  rofeaux  ,  par  le  moyen  duquel  il  Hotte  &  vogue 
fut  l'eau.  C'eft  fur  l'élancement  de  ce  pont  que  les 
rameurs  font  placés , -comme  fur  une  galerie-,  fans  ce 
pont ,  un  vaiifeau  qui  eft  fort  étroit  &:  aigu  ne  man- 
queroit  pas  de  fe  renverfcr.  Le  navire  qui  portoit  le 
Pcre  Xavier,  étoit  un  de  ces  vailléaux  qu'on  appelle 
dans  le  pays  Caracores  ,  longs  &  étroits  comme 
des  galères ,  &  qui  fe  conduifent  à  voiles  &  à  rames* 
BoUH.  Jiav,  L.  m.  La  Caracore  de  Xavier,  après 
avoir  été  fur  le  point  d'être  fubmergée  plufieurs  Ibis, 
fe  f auva  enfin ,  &  gagna  le  port  de  Ternate  par  une 
efpèce  de  miracle.  Id. 

CARACOULER.  v.  n.  Terme  d'oiielcrie  ,  dont  on  fe 
fert  pour  exprimer  la  manière  de  crier  du  pigeon» 
La  colombe  roucoule  ,  &  le  •  mâle  caracoulet 
Fauitrier. 

CARACTERE,  f.  m.  Certaine  figure  qu'on  trace  fur 
le  papier,  fur  l'airain  ,  fur  le  marbre,  ou  fur  d'au- 
tres matières  avec  la  plume ,  le  burin,  le  cifeau, 
ou  autres  inftrumens ,  pour  fignifier  ou  marquer 
quelque  chofe.  C ar acier ,  nQta,Jignurn. 

Caractère.  Lettre  de  l'alphabet.  Liitera.  Les  lettres 
font  des  caraclères  qui  fervent  à  marquer  nos  pen- 
fees.  Les  Egyptiens  avoient  des  caraclères  hiérogly- 
phiques. Les  Chinois  ont  quatre-vingt  mille  carac- 
tères difterens.  Le  curaclère  hébreu  n'a  fublifté  <h.ns 
l'ufage  ordinaire,  que  jufqu'à  la  captivité  de  Ba- 
bylone.  Après  le  retour  delà  captivité,  le  peuple 
n'écrivit  plus  que  le  caractère  afiyrien  ,  dont  l'ufâ^e 
s'étoit  introduit  pendant  la  captivité.  C'eft  l'hébreu 
carré,  dont  on  fe  fert  encore  aujourd'hui.  L'an- 
cien caractère  hébreu  eft  celui  qui  fc  voit  fur  les 
médailles  hébraïques,  appelées  communément  mé- 
dailles famaritaines.  Plufieurs  Proreftans  ne  faufoient 
fouffirir  ce  changement  de CizriZcTir^  dans  l'écriture, 
malgré  le  témoignage  de  toute  l'antiquité  ;  mais  ils 
ne  difent  rien  de  fçlide  pour  le  réfliter.  Foye?  la. 
Biffer  cation  du  P.  Ë.  Soucier,  '^.fur  les  médailles 
■hébraïques  ,  &c.  Le  caractère  dont  on  fe  feri  aujour- 
d'hui communément  en  Europe,  eft  le  caractère 
latin  des  Anciens.  Le  caractère  latin  venoit  du 
grec  i  le  grec  s'étoit  formé  du  phénicien ,  que  Cad- 
mus  apporta  en  Grèce.  Le  phénicien  étoit  le  même 
que  l'ancien  &  le  vrai  caractère  hébreu.  Le  carac- 
tère chaldéen  ,  le  fyriaque  &  l'arabe ,  ont  aufTi  été 
formés  de  l'hébreu,  comme  plufieurs  Savarxs  l'ont 
démontré ,  &  cntr'autres  Poftel  dans  fon  Alphabet 
de  douie  langues  ,  &  Bibliander  ,  De  Ratione  Corn- 
muni  Ling.  &c.  mais  on  peut  le  prouver  encore 
mieux  qu'ils  n'ont  fait.  Grégoire  de  Tours ,  Hifl. 
Franc.  L.  V.  c.  44.  écrit  que  Chilperic  Roi  de 
Soifîbns  ajouta  quatre  caractères  à  l'alphabet  fran- 
çois,  0,+  ,  z  &  n.  Les  François  furent  les  pre- 
miers qui ,  avec  le  chant  Romain  &  l'Office  Latin 
de  S.  Grégoire,  reçurent  la  forme  des  caractèrei 
latins.  Favyn.  L'an  1091  dans  un  Concile  pro- 
vincial tenu  en  la  ville  de  Léon,  où  préfida  Ré- 
gnier ,  Moine  de  Cluni ,  Prêtre  Cardinal ,  &  Léçat 
du  Pape  Urbain  II  en  Efpagne ,  l'ufage  des  carac 
tères  gorhiques  inventés  par  Ulfilas  fut  aboli ,  avec 
défenfes  aux  Notaires  d'en  ufer  à  l'avenir  darks' leurs 
écrirures  &  adtes  publics;  &  il  fut  ordonné  qu'on 
ccriroh  en  caracllreskviiç^Qi^.  /%«{  Rodrigue  Xi- 


CAR 


menés ,  L.  FI.  c  ^o  ,  6c  après  lui  Mafiana.  Favyn  , 
M/Jl.  de  Nav.  p.  159. 

Ce  mot  vient   du  t;rec  p/ap.-s-eri)» ,    qui  vient  du 
Verbe  j^asarre/» ,  injculpere  ,   imprimer  ,  graver. 

Les  Mcdailliltesont  oblcrvc  queie  caractère  grrc 
compofé  de  lettres  majulcules ,  s'cft  conlervé  uni- 
forme fur  toutes  les  Mcciaiiles ,  fans  aucune  alté- 
ration ,  &:  fans  aucun  cliangcmcnt  dans  la  contor- 
niation  des  cardcïeres ,  quoiqu'il  y  en  ait  eu  dans  l'u- 
i'age  &  dans  la  prononciation.  Ce  caractère  s'efl:  con- 
fcrvé  jufqu'à  Galien  ,  depuis  lequel  temps  il  paroît 
moins  rond  &  plus   aifamc.  Depuis  le  règne    du 
Grand  Conftantin  jufqu'à  Michel  ■-,  c'cft-à-dire,  pen- 
dant 500  ans  ,  on  ne  trouve  que  àç.'iciraclhes  la- 
tins. Après  Michel  on  retrouve  des  caractères  grecs , 
qui  commencèrent  à  s'altérer  aulfi-bien  que  la  lan- 
gue ,  qui  n'étoit  plus  qu'un  mélange    de  grec  & 
de  latin.    Les   Médailles  latines  ont  mieux  confer- 
vc  leur  langue  &  leur  caractère  jufqu'à  la  barba- 
rie de  Conftantinople.  Vers  le  temps  de  Décius ,  le 
caractère  commença  à  s'altérer ,  &  à  perdre  de  fa 
rondeur  &  de  fa  netteté  ■■,  mais  quelque  temps  après 
il  fe  rétablit,  6c  demeura  aifcz  beau  jufqu'à  Juftin  j 
&  alors  il  tomba  dans  la  dernière  barbarie  ,  où  on 
le  voit  fous  Michel  dont  on  vient  de  parler.  Ce  fut 
encore  pis  dans  la  fuite.  Le  caractère  latin  dégénéra 
en  gothique.  Ainfi ,  quand  le  caractère  eft  rond  & 
bien  formé,   c'eft  une  marque  d'antiquité.  P.  Joe. 
Les  Imprimeurs  appellent  caractères ,  les  lettres 
qui  leur  fervent  à  imprimer.  Litterarum  typi.  En 
voici  les  dégtés.  Gros  double  Canon  ,  gros  Canon  > 
TriJ}neg/fie  ou  Canon  approclié  ,  petit  Canon  ,  gros 
Parangon ,  petit  Parangon ,  gros  Romain  ,  S.  Au- 
guflin  ,  Cicero  ,    Ptiilofoptiie  ,  petit  Romain  ,  petit 
Texte ,  Mignone  ,  Nompareille ,  Sedanoife  art  Pa- 
rifieniie.  Prefque    toutes  ces  lettres  ont  leurs  itali- 
ques ,  &  leurs  grandes  6c  perites  capitales. 
^C?  On  fait  un  ufage  particulier  de  plud'eurs  cara- 
ctères diffcrens  dans  les  mathématiques ,  en  algè- 
bre ,  en   géométrie  •,  en  trigonométrie ,    en  aftro- 
nomie ,  de  mcme  qu'en  médecine,    en    chimie, 
en  mulique ,  &:c. 
^3°Caractère  en  Chimie,fontles  lignes  dont  lesChi- 
milLCS  fe  fervent  pour  déligner  en  abrégé  les  fubftan- 
ces  fur  Icfquellcs  ils  opèrent ,  ùc.  On  connoît  affez 
les  caractères  dont  on  fe  fert  dans  les  Sciences  dont 
on  vient  de  parler. 
(Caractère    fe   dit  aulTi  de  la  manière  d'écrire.  Ca- 
racter.  Ce  Scribe  a  un  fort  bon  caractère  ,  fort  li- 
iîble.  Je  connois   fon  caractère,  ion  écriture.  J'ai 
.  été  content  en  voyant  Iculemeut  votre  caractère. 
Voit. 
pARACTÈRE  fe  dit  au(Î!  de  certaines  marques  &  em- 
preintes que  les  anciens  mettoicnt  fur  le  front  de 
leurs  efclaves  ou  des  criminels  pour  les  reconnoî- 
.    tre  ,  ou  pour  les  noter.  Signitm ,  nota.    Peut-être 
qu'on  doit  ainli  expliquer  le  ligne  que  Dieu  mit  fur 
le  front  de  Caïn ,  pour  empêcher  qu'il  ne  fût  tué 
dans  fon  exil  volontaire  ;  &  les  marques  de  ceux 
des  Tribus  d'Ifraël  dont  il  eft  fait  mention  dans 
VApocalypfe, 
^fF  Ce  mot ,  dans  un  fens  figuré  &  métaphorique  ,  a 
plufeurs  (îgnifications ,  qui  ont  toutes  un  rapport 
plus  ou  moins  éloigné  ,  un  fens  propre ,  qui  déligne 
une  empreinte ,  ime  marque, 
HK?  Caractère  ,  en  morale  ,  eft  la  difpofirion  habi- 
tuelle de  l'ame  ,  par  laquelle  on  eft  plus  porté  à  faire 
&ron  fait  en  effet  plus  fouvent  des  aélions  d'un  cer- 
certain  genre ,  que  des  aifions  du  genre  oppofé.  Un 
homme  d'un  caractère  vindicatif  ne  pardonne  ja- 
mais ,  ou  pardonne  rarement.  Un  homme  fans  ca- 
ractère eft  alternativement  honnête  homme  ou  fri- 
pon, fans  qu'on   puilfc  jamais  le  deviner. 
^CT  Caractère  général  des  nations.  Il  confifte  dans 
une  certaine   difpof  rion^  de  l'ame   plus  commune 
chez  un  peuple  que  chez  un  autre.  Les  peuples  qui 
f-ibfiftent  depuis  long-temps  conlervent  un  certain 
.    fonds  de  caractère  qui  ne  change  point.  La  forme  du 
gouvernement ,  &:  plus  encore  le  climat ,  peuvent 


CAR  tV  I 

influer  f.ir  le  caraci.re  général  des  nations. 
Ucr  Mais  à  mcfure  que  les  races  fe  mêlent  &  que  les 
peuples  fe  confondent ,  on  voit  peu-à-peu  difpa- 
roïtre  ces  différences  nationales  qui  frapoicnt  jadis 
au  premier  coup  d'œil.  Autrefois  chaque  nation  ref- 
toit  plus  renfermée  en  elle-même-,  il  y  avoir  moin$ 
de  communication  ,  moins  de  voyages,  moins  d'in- 
térêts  communs  ou  contraires ,  moins  de  liaifons 
politiques  &  civiles  de  peuple  à  peuple  ,  point  tant 
de  tracafferies  royales  appelées  négociations ,  point 
d'Ambalfadeurs  ordinaires  ou  réfîdens  continuellc- 
menr ,  moins  de  grandes  navigations ,  peu  de  com- 
merce éloigné  ;  encore  étoit-il  fait  par  des  gens  qui 
ne  donnoient  le  ton  à   peribnne. 
IJ3"  Le  mot  caractère ,  pris  dans  cette  acception  peut 
un  afiëmblage  des  qualités  qui  réfiilte  de  plufieurs 
marques   particulières,  &  qui  diftingue   tellement 
une  chofe  d'une  autre ,  qu'on  la  puiffe  reconnoître 
aifcment ,  forma  alicujus  &  naturalis  nota ,  indoies , 
fe  dit  de  l'efprit,  des  mœurs ,  du  difcours,  du  ftyle  , 
bc  des  aélions.  Il  n'y  a  point  d'ame  qui  ne  fe  fente 
élevée  par  rimpreific-n  que  fait  fur  elle  le  carac^ 
ière  d'Achille.  S.  Evr.  La  grandeur  d'ame   eft   le 
caractère  des  Romains.  P.  Rap.  Le  Prince  avoir  un 
air  noble ,   &  toutes  fes  avions  avoient  un  carac- 
tère touchant.  Vill.  Ciceron  avoir  un  caractère  Aa 
politeffe  qui  manquoit  à  Démofthène.  P.  Rap,  Ce- 
lui,qui  s'accoutume  a  dire  des  plaifanteries  a  un, 
mauvais  caractère  d'efprit.  Pasc.  Il  n'y  a  point  de 
pafîlon  qui  n'ait  fon  caractère  particulier.  Les  ca- 
ractères violens    donnent   plus  d'éclat  aux  aétions 
qu'ils  animent  :  au  contraire,  les  caractères  doux  font 
fouvent  fans  gloire  ,  quoiqu'ils  aient  le  folide  de  la* 
vertu.  La  Bb.uy.  Quand  on  fort  de  fon  caractère  y 
on  eft  toujours  ridicule.  Bell.  Pour  bien  écrire  l'hif 
toire  ,    il  faut    non-feulement   former  le  caractère 
général  du  héros,  mais  encore  former  le  caractère ^ 
particidier  de  fes  vertus  &  de  fes  vices.  S.  Evr.  La 
fîmplicité  &  l'unité  de  caractère  dans  les  perfon- 
nages  eft  l'effence  du  Pocme  Epique.  P.  Le  Boss. 
L'égalité  de  caractère  confifte  à  ne  point  donner  au 
héros  des  fenrimens  incompatibles ,  &  à  le  repré- 
fenter  tellement  animé  du  même  efprit ,  qu'on  le 
reconnoiffe  toujours  par  fon  caractère  principal  & 
dominant.  Le  caractère  du  héros  doit  être  unifor- 
me &:  fupérieur  ;  enforre  que  le  caractère  des  au- 
tres perfonnages  foit  toujours  fournis  à  celui  du  pre- 
mier perfonnage.  Id.  C'eft  le  défaut  de  Claudien  î 
vous  y  voyez  tant  de  caractères  dominans ,  qu'on 
ne  reconnoît  plus  le  principal. 

ffT  Caractère  d'un  ouvrage,  c'eft  la  différence  fpéci- 
fîque  qui  le  diftingue  d'un  autre  ouvrage  de  même 
genre.  Les  différcnsToemes  ont  leurs  principes ,  leurs 
régies  ,leur  ton  ;  «Se  c'eft  ce  qu'on  appelle  caractère. 

§Cr  Caractère  d'un  Auteur,  eft  la  manière  de  rrai* 
ter  un  fujet  qui  lui  eft  propre,  &c  qui  le  diftingue 
de  ceux  qui  l'ont  traité  avant  lui. 

Caractère  fe  dit  aufll  fîgurément  d'une  certaine 
qualité  qui  imprime  du  refped  à  ceux  qui  la  con- 
noiffcnt.  Species  ,  nota  ,  caracter.  Dieu  a  empreint 
fur  le  front  de  l'homme  un  caractère  ,  une  image 
de  la  Divinité.  La  majefté  des  Rois  leur  donne  un 
caractère  qui  leur  attire  le  relpeél;  des  peuples. 

Faut-il  que  fur  le  front  d'un  profane  adultère  , 
Brille  de  la  vertu  le  facré  caraétère  3  Rac. 

Caractère  fe  dit  encore  des  qualités  vifîbles  qu'on 
rel'peéle  en  ceux  qui  font  revêrus  de  charges  &  de 
dignités.  Dignitas  muneris  vel per fonce  cui  reddi- 
tur  honor  debitus  j  ou  feulement  Dignitas.  Il  faut 
qu'un  Evêque  foutienne  fon  caractère  par  fon  fa- 
voir  &  par  fa  vertu,  plutôt  que  par  l'éclat  &  par 
la  vanité  mondaine.  Les  Prêtres ,  en  perdant  eux- 
mêmes  le  refpe(fl  qu'ils  doivenr  à  la  fainreté  de  leur 
caractère ,  font  les  premiers  coupables  du  mépris  que 
l'on  a  pour  eux.  Flech.  Le  droit  des  gens  met  le 
caractère  des  Ambaffadeurs  à  couvert  de  toute  in- 
fulte ,  WicQ.  Ce  qui  rend  les  Savans  moins  propres 

I  i  ij 


^^z  CAR 

en  convcrfation  ,  c'cfl  qu'ils  croiroient  mal  routenir 
le  catacûre  de  Savans ,  s'ils  s'abailibicnr  à  parler 
de  bagatelles.  Bell.  On  ne  conçoit  que  de  l'hoi- 
rcur  pour  un  Ecclcliaftique  qui  abulc  de  la  di!.';nicc 
de  l'on  caraclère. Yitu  En  le  moquant  des  Prêtres, 
on  cherche  aux  dépens  de  leur  caracicre  le  ridi- 
cule de  leur  pcrlbnne.  Flech.  On  dit ,  cet  homme 
ibutient  bien  Ion  caractère  ;  c'elt-à-dire ,  il  eft  conf- 
iant à  faire  la  même  chofc  ;  il  ne  fe  dément  point. 
On  dit  d'un  homme  qui  n'a  point  de  million , 
d'autotirc ,  ni  de  pouvoir  pour  faire  quelque  choie  , 
que  c'eft  un  homme  qui  n'a  point  de  caractère , 
qui  parle  fans  caractère.  Acad.  Fr. 

Caractère  en  Théologie  ,  fe  dit  d'ime  marque  qui 
ne  s'eiface  point ,  &  que  quelques  Sacremcns  laif- 
fent  dans  l'ame  de  ceux  qui  les  reçoivent.  Caracler. 
Il  n'y  a  prefque  point  de  Théologiens  qui  ne  di- 
fcnt  que  le  caractère  des  Sacremens  eft  quelque  choie 
dephylique.  Les  Sacremens  qui  imprim.ent  un  carac- 
tère iont  le  Baptême  ,  la  Coniirmation  &:  l'Ordre. 
Les  Sacremens  qui  impriment  im  caractère ,  ne  fe 
réitèrent  po  nt.  Le  caractère  eft  un  eftet  que  les  Sa- 
cremens produifent  toujours  dès  qu'ils  font  valides , 
lors  même  qu'ils  ne  produifent  pas  la  grâce  à  caufe 
des  mauvaifes  difpoftions  du  fujet.  Ai nlî  par  exem- 
ple ,  lorfqu'un  adulte  reçoit  en  péché  mortel  la 
Confirmation  ou  l'Ordre,  il  ne  reçoit  pas  la  grâce  , 
mais  il  reçoit  le  caractère. 

Caractère  fe  dit  auffi  de  certains  billets  que  don- 
nent des  Charlatans  ou  Sorciers ,  qui  font  marqués 
de  quelques  figures  talifmaniques  ,  ou  de  fimples 
cachets.  Caracter  magicus.  Ils  font  accroire  au  fot 
peuple  qu'ils  ont  la  vertu  de  faire  des  chofes  mer- 
veillcufes  &:  incroyables ,  comme  de  taire  cent  lieues 
en  trois  heures ,  d'être  invulnérables  à  l'armée  , 
6'c.  Quand  on  raconte  quelqu'un  de  ces  prétendus 
effets,  on  dit  qu'il  faut  que  cet  homme  ait  un  carac- 
tère ,  qu'il  ait  fait  un  pacfe  avec  le  Diable. 

Caractère  fe  dit  aulîî  des  plantes.  C'eft  ce  qui  les 
diftingue  fi  bien  les  unes  d'avec  les  autres ,  qu'on 
ne  fauroit  les  confondre ,  quand  on  fait  attention 
à  leurs  marques  efîentielles. 

^fr  On  appelle  caractère  générique  ,  celai  qui  con- 
vient à  tout  un  genre  ,  &  fpécihque ,  celui  qui  ne 
convient  qu'à  une  efpcce,  Linnxus  diltingue  quatre 
efpèces  de  caractère.  Caracler  ejfentialis ,  faciitius-, 
liahitualis  &  natiiralis. 

Cae.Actère,  en  Peinture,  fe  dit  des|)C?  qualités  qui 
conftituent  l'elîence  d'une  chofe  &:  qui  la  diftin- 
gucnt  des  autres.    Caractère  des    objets ,    caractère 

■  des  paffions.  La  pierre ,  les  eaux ,  les  arbres ,  le 
poil ,  la  plume  Se  enfin  tous  les  animaux,  deman- 
dent des  touches  différentes  pour  confervcr  l'efprit 
de  leut  caractère.  De  Piles. 

§Cr  Caractère  fe  dit  auffi  des  talens  &  du  génie 
que  le  Peintre  fait  paroître ,  dans  fes  ouvrages , 
&  de  la  manière  dont  il  les  traite.  Le  caractère  de 
l'efptit  s'annonce  par  la  nobleffe  &:  l'élévation  dans 
les  idées ,  par  la  beauté  &:  la  magnificence  dans 
l'invention ,  par  le  bon  fens  &  l'intelligence  dans  la 
difpofition.  Le  caractère  de  la  main  s'annonce  par 
l'exécution  &  le  coloris.  Ce  dernier  cdr<2f?<;re  eft  ce 
qu'on  appelle  manière. 

CARACTERISER,  v.  a.  Décrire  fi  bien  le  caraiflère 
de  quelque  chofe  ,  qu'on  la  reconnoiife ,  i?c  qu'on 
la  diftingue  de  tout  autre.  Aàumbrare-,  exliihere -, 
defcrihere ,  ad  vivum  exprimere.  Ce  Peintre  ,  ce 
Poète  ,  caractèrifent  bien  les  paillons  qu'ils  veu- 
lent repréfenter.  Le  Prédicateut  en  cenlurant ,  ne 
doit  point  fe  donner  la  liberté  de  défignei  ni  de 
caractérifer  les  perfonnes.  De  Vill. 
Caracter^isé  ,   ÉE.  part. 

CARACTERISME.  f.  m.  Terme  de  Botanique  ,  ^ont 
on  fe  fert  pour  expliquer  certaines  rcffemblanccs  & 
conformités  que  les  plantes  ont  avec  quelque  partie 
du  corps  humain.  C'eft  ce  cara&érifme  qui  fait 
croire  à  quelques-uns  que  ces  fortes  de  plantes  font 
fpécifiques  pour  çuérir  les  parties  du  corps  qui  leur 
relfemblent  lorfqu'elles  font  affligées.  Emmanuel  Ko- 


CAR 

nig  ,  dans  fon  Rayamme  Jjs   Vè<yta:ix  ,  a  adopta 
le  fylleme  des  caraclcrijmes  :  ce  qui  a  lait  dire  à 
M.  Bernard  que  cet  Auteur  n'étoit  nullement  Car- 
téfien  à  l'égard  des  caraclèrijmes  des  plantes. 
Ip-  CARACTÉRISTIQUE,  adj.  de  t.  g.  Qui  fe  dit  de 
ce  qui  fert  à  caraélérifcr  quelque  chofe  ,  ce  qui  mar- 
que f©n  caraélère  ,  ce  qui  la  diftingue  de  toutes  les 
autres  chofes.  Foye^  Caractère.  Signe  caracteri- 
jtique. 
^T  On  le  dit  en  Littérature  de  ce  qui  fert  à  cara- 
éliérifer  les  Auteurs.  L'élévation  &    la  véhémence 
font  les  traits  caractèrijiiques  de  Corneille. 
IJCr  En  Grammaire  on  appelle  lettre  caractirijtique , 
celle  qui  dénote  la  formation  d'un  temps ,  &  qui 
fe  trouve  la  même  dans  les  mêmes  temps.  Littera 
dejî^nans,  C'eft  ainfi  que  la  Lettre  R  eft  la  carac- 
terijnque  de  tous  nos  futurs  françois.  Les  carac- 
tèrijiiques  font  de  grand  ufage  dans  la  Grammaire 
grecque  pour  la  formation  des  temps  •,  elles  font 
les  mêmes  dans  les  mêmes  temps  de  tous  les  ver- 
bes d'une  même  conjugaifon  :  il  n'y  a  que  le  pré- 
fent  qui  a  différentes  caractèrijiiques ,  &  le  futur, 
l'aorifte  premier ,  les  prétérits  parfaits  &  plus  que 
parfaits  de  la  quatrième  conjugaifon,  qui  ont  deux 
caractèrijiiques. 
fCr  On  le  dit  encore  en  Grammaire,  des  lettres  qui 
fe  confervent  dans  les  dérivés  d'un  mot  ;  Comme 
le  P  dans  nos  mots  dérivés  de  corps,  de  temps, 
corporel,  temporel;  le  G  dans  /ong,J'ang  ,  rang,  à 
c?-ufe  de  longueur ,  fanguin ,  ranger ,  &c. 
CARADH.  f.  m.  Feuilles  d'un  arbre  que  les  Arabes 
appellent  Selem  ,  lefquelles  fervent  à   préparer  ces 
beaux  cuirs  que  nous  appelons  maroquins  du  Le- 
vant. L'Iemen  ,  ou  l'Arabie  heureufe  ,  eft  fertile  en 
cette  cfpéce   d'arbres.    Quelques-uns   veulent  que 
l'écorce  de  cet  arbre ,  qui  relfemble  au  tamarik ,  ferve 
à  tanner  les  maroquins ,  &:  que  les  feuilles  s'em- 
ploient feulement  à  leur  donner  la  dernière  per- 
feélion.  D'Herr. 
CARAFE,  f.  f.  Perire   bouteille    de    verre  de  forme 
ronde ,  plus  large  par  le  bas  que  par  le  haut ,  pro- 
pre pour  verfet  à  boire  ,  &  qu'on  icrt  fur  une  fou- 
coupe.  Ampulla,  On  s'en  fert   aufli  pour  faire  ra- 
fraîchir du  vin. 
§CF  On  dit  une  carafe  de  vin ,  d'orgeat ,  de  limo- 
nade ,  pour  dire  pleine  de  vin ,   d'orgeat ,  &c. 
^  CARAFON,  f.  m.  Vaifieau  dans  fequel  on  met 
un  flacon ,  plein  de  quelque  liqueur  avec  de  la  glace , 
pour  le  faire  raftaîcliir. 
|CF  On  donne  auiîî  ce  nom  au  flacon  qui  contient 
la  liqueur  qu'on  met  rafraîchir  dans  le  vaiflêau  où 
eft  la  glace. 
CARAGACH.   f.  iti.  Sorte  de  coton   qui    vient    de 

Smyrne  par  la  voie  de  Marfeille. 
ce?  CARAG.    Voyei  Carache. 
CARAGI.  f.  m.  fe  dit.des  Commis  Turcs  des  bureaux 
où  fe  perçoivent  certains  droits  du  Grand-Seigneur. 
Le  Douanier  général  ou  DirecT:eur  de  la  Douane 
fe  nomme  Caragi-Bachi.  Ce  mot  caragi  fignifie  aufli 
dans  les  mêmes  Etats  du  Gtand  Seigneur  ,  les  droits 
d'entrée  &  de  fortie  qui  fe  payent  pour  les  mar- 
chandifes, 
CARAGNE.  f.  f.  Efpèce  de  réfine  qui  nous  eft  ap* 
portée  de  Cartagène  dans  l'Amérique  méridionale. 
Elle  eft  un  peu  dure,  tenace,    fans  beaucoup  de 
vifcofité  &  fans  fe  fondre,  feiTiblable  à  l^tacama- 
haca  ,  mais  plus  brillante  ,  plus  liquide  ,  plus  com- 
paéle  ,   plus  épailfe  ,  &  d'une    odeur   plus  forte. 
Elle  eft  très-bonne  pour  les  tumeurs  &  pour  toutes 
fortes  de  douleurs.  En  latin  caragna ,  ou  caranna. 
§Cr  On  apporte  du  même  endroit  une  efpèce  de  ca- 
ragne  plus  pure ,  &  claire  comme  le  cryftal ,  beau- 
coup plus  excellente ,  &  de  meilleure  odeur  que 
la  précédente. 
CARAGROUCH.  f.  m.  Monnoie  d'argent  de  l'Empi- 
re ,  qui  ne  revient  pas  tout-à-fàit  à  l'écu  de  France 
de  3   livres. 
CARAGUATA.  f.  m.  Sorre  d'aloes  qui  vient  du  Bré- 
fil.  Ses  feuilles  font  femblables  a  celles  de  raloës 


CAR 

commun.  Sa  Heur  cft  jaune  &  fans  odeur.  Il  y  a  une 
cfpùce  de  carahiiMa  guacu:.  qi-.i  croît  en  peu  de  temps 
à  une  très-grafîde  hauteur.  Ses  feuilles  étant  bro- 
yées &  bien  frottées  FourniiTent  un  lin  très-fort 
&  très-délié.  Ses  fleurs  font  renfermées  dans  de  pe- 
tits corps  coniques,  dont  on  tire,  avanr  qu'elles 
foient  épanouies ,  des  filets  blancs  qui  reflemblent 
à  du  coton.  Son  bois  fcchc  brûle  comme  de  la 
corde  fouffrce. 
CARAGUE.  f.  m.  Animal  du  Bréfil  fcmblable  à  un  re- 
nard. Les  caragues  font  bruns,  &  font  la  guerre 
aux  poules  auiTi-bien  que  les  renards 
CARAli5E.  f.  m.  Nom  de  peuple.  Les  Caraïbes  font 
des  fauvages  de  l'Amérique  méridionale  ,  qui  ont 
polîedé  autrefois  toutes  les  Antilles  ,  &  qui  oc- 
cupent encore  les  îles  de  S.  Vincent ,  de  Bckia  & 
la  Dominique.  C'efl:  ce  qui  fait  qu'on  appelle  audl 
du  nom  de  Caraïbes  les  îles  des  Antilles ,  qu'on 
appelle  encore  Cannibales  d'un  autre  nom  que  por- 
tent audl  ces  peuplas.  Au  refte  nous  difons  Caraïbes 
en  quatre  fyllables ,  &  rarement  Caribes.  De  la  Borde 
a  écrir  une  relation  des  mœurs ,  des  courûmes  &  de 
la  religion  des  Caraïbes.  Le  P.  du  Tertre  en  parle 
aurii  dans  fon  Hifioire  naturelle  des  J nulles.  Tom.  Il, 
Traité  VII^  &  Lonvillers  de  Poincy  dans  fon  Hijioire 
jiaturelle  &  morale  des  lies  des  Antilles.  Liv.  II, 
chap.  9  &  fuiv.  Le  P.  Du  Tertre  &  Lonvillers  , 
difent  que  les  mots  de  Galibi  &  Caraïbe  font  des 
noms  que  les  Européens  leur  ont  donnés  ,  &  que 
leur  véritable  nom  étoit  Callinago  pour  les  hommes , 
6c  Callipona  pour  les  femmes  ;  que  les  Infulaires  Ca- 
raïbes étoient  des  Galibisde  terre  ferme,  qui  étoient 
venus  conquérir  ces  îles  ;  qu'ils  avoient  eu  des  Rois, 
&  qu'il  y  avoir  encote  des  Caraïbes  defcendus  de 
ces  Rois.  Eux-mêmes  ne  s'appellent  Caraïbes  que 
quand  ils  font  ivres ,  pu  quand  ils  font  parmi  les 
Européens  ■■,  ceux  des  Iles  fe  nomment  encore  Ou- 
baobonon  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  habitans  des  îles  ',  & 
ceux  de  terre  ferme  Baloue-bonon ,  c'eft-à-dire ,  ha- 
bitans du  continenr.  Lonvillers  croit  néanmoins 
qu'il  efl  plus  probable  que  ce  nom  ne  leur  a  point 
été  donné  par  les  Efpagnols ,  parce  que  t°.  Avant 
que  les  Efpagnols  &  les  Européens  eufient  mis  le 
pied  au  Bréfil ,  les  Brafiliens  nommoient  Caraïbes 
les  gens  plus  fubtils  &  plus  ingénieux  que  les  autres , 
ainli  que  Jean  de  Lery  l'a  remarqué  dans  l'on  Hii- 
toire.  v^.  Il  eft  conftanr  qu'il  y  à  des  Sauvages 
qui  portent  le  nom  de  Caraïbes  dans  des  quartiers 
du  continent  où  les  Efpagnols  n'ont  jamais  été  •, 
car  ceux  qui  demeurent  dans  ce  continent  méri- 
dional au-defllis  du  faur  des  plus  célèbres  rivières , 
s'appellent  Caraïbes.  Outre  cela ,  il  y  a  au  conti- 
nent feptentrional  une  nation  puiflante ,  dit  cet 
Auteur  ,  compofée  de  certaines  familles  qui  lé  glo- 
rifîenr  encore  à  préfent  d'être  Caraïbes ,  &  d'en  avoir 
reçu  le  nom  long-temps  avant  que  l'Amérique  fut 
découverte.  Les  Caraïbes  des  îles  s'en  glorifient  aulîî. 
Les  Caraïbes  font  d'une  grande  ignorance  &c 
d'une  grande  fimplîcité.  Quoiqu'ils  n'aient  point 
de  temples  ,  ni  d'autels  ,  ni  prefque  de  culte 
extérieur  de  religion ,  ils  ont  cependant  un  fen- 
timent  naturel  de  quelque  Divinité ,  ou  de  quel- 
que puilfance  fupérieure  &  bienfaifante  ,  qui  réfide 
aux  cieu::  ;  mais  ils  difent  qu'elle  le  contente  de  jouir 
en  repos  des  douceurs  de  fa  propre  félicité ,  fans 
s'offenfer  des  mauvaifes  allions  des  hommes  ,  & 
qu'elle  eft  douée  d'une'  fi  grande  bonté  ,  qu'elle 
ne  tire  aucune  vengeance  de  fes  ennemis  :  d'où 
vient  qu'ils  ne  lui  rendent  ni  honneur  ni  adora- 
tion. Ils  reconnoiflcnt  aulfi  de  bons  &  de  mauvais 
êfprits.  Les  bons  efprits ,  dont  ils  font  auflfi  des 
Dieux  ,  font  en  grand  nombre  -,  &  ils  croient  que 
chacun  a  le  fien.  Quoiqu'ils  femblcnt  n'avoir  point 
de  culte  extérieur,  comme  on  l'a  dir,  ils  offrent  ce- 
pendant à  leurs  Dieux  de  la  caflàve  &  du  ouïcou. 
Ils  évoquent  leurs  faux  Dieux,  lorsqu'ils  fouhaitent 
leur  préfence  -,  mais  cela  fe  doit  faire  par  le  mi- 
niflcre  de  leurs  Boyés ,  c'eft-à-dire ,  de  leurs  Prêtres , 
ou  plutôt  de  leurs  Magiciens  -,  &  chaque  Boyé  a 


CAR  2,s  J 

fon  Dieu  particulier  qu'il  évoque.  Ils  appellent  l'-l- 
pr:r  malin  Maboya.  Ils  croient  l'immortalité  de 
l'ame  ,  £c  qu'après  la  mort  elle  s'en  va  au  ciel  avce 
Ion  uheiri  ,  ou  fon  chemiin  ,  c'eft-à-dire  ,  aveé  fort 
Dieu  ,  qui  l'y  conduit  pour  y  vivre  en  la  compa<rnie 
des  aurres  Dieux  :  &  quand  un  d'cntrleux  meUrt , 
Qn  tue  fes  elclaves,  pour  qu'ils  aillent  le  fervir  din« 
l'aurre  vie.  Voye^  les  Auteurs  que  l'on  a  cités  'ci- 
deiîus. 

CARAJSME.  f  m.  Sede  des  Caraïtes ,  dodlrifie  dcS 

Caraites.  Caraïj'mus  ,  Secta  Caraitarum. 
CARAITE.  f.  m.  &  £  Nom    de  Sectaires  parmi   les 
Juifs.    Il  y  en  a  encore  aujourd'hui  dans  le  Levant 
&    dans  la  Pologne.  Quelques-uns ,  comme  le  P 
Nau  ,  les  appellent  Carains  ,m^\%  ce  n'eft  pas  l'u» 
fage  en  françois.  Poftel  les  appelle  en  latin  Caraïri, 
d  autres  Carrei  &  Caraite.  Léon  de  Modène ,  Rabbin 
de  \  enife ,  dans  fon  petit  livre  des  cérémonies  &: 
coutumes  de  ceux  de  fa  nation  Liv.  F,  ch    i  dit 
que  de  toutes  les  hércfies  qui  croient  chez  eux  avant 
la  deftrudiion  du  Temple,  il  n'eft  rcfté  que  celle 
de  Caraim,  nom  dérive  de  Micra,  qui  iWmfi"  !<« 
pur  texte  de  la  Bible  ,   parce  qu'ils  veuleiu  qu'on 
s  en  tienne  au  Pentateuque  ,  &  qu'on  le  c^arde  à  la 
lettre  ,    rejetant  toute  intcrprération  ,    pataphrafe 
^  conftitution    des  Rabbins.    Ce  Juif  fe   tromne 
quand  il  veut  que  les  Caraïtes  ne  reçoivent 
24  livres  de  la  Bible.  point  les 

Aben  Efra  &  quelques  autres  Rabbins  les  rraitcnc 
de  Sadduciens  ;  mais  Léon  de  Modène  parle  plus 
exaélement ,  quand  il  dit  au  même  endroit  que  ce 
font  des  Sadducéens  réformés ,  parce  qu'ils  croient 
l'immortalité  de  l'ame ,  le  paradis ,  l'enfer ,  le  pur- 
gatoire ,  la  rélurreélion  ,  &  plufieurs  autres  chofes 
que  les  anciens  Sadducéens  ne  reconnoiflbient  point. 
Il  prétend  cependant  qu'on  ne  doute  point  que  dans 
leur  origine  ils  n'aient  été  de  véritables  Saddu- 
céens ,  &  qu'ils  ne  viennent  d'eux  :  mais  il  eft  bien 
plus  vraifemblable ,  comme  le  remarque  M.  Simon  , 
dans  fon  Supplément  touchant  les  Caraïtes,  que  certe 
fei5le  n'eft  venue  que  de  ce  que  les  plus  habiles  s'op- 
pofent  aux  rêveries  des  Talmudiftes  -,  &  que  fe  fer- 
vaut  du  texte  de  l'Ecrirure  pour  réfuter  les  traditions 
qui  n'avoienr  aucun  fondement ,  on  leur  donna  le 
nom  de  Carraïm  ,  qui  eft  la  même  chofe  qu'en  latin 
barbare ,  Scriptuarii ,  c'eft-à-dire  ,  gens  attachés  au 
texte  de  l'Ecrirure.  Les  aurres  Juifs  ks  traitèrent  de 
Sadducéens,  non  qu'ils  le  fuffent  en  effet,  mais 
parce  qu'ils  les  imitoient  dans  ce  qui  regardoit  les 
tradirions.  Le  P.  Nau ,  qui  dir  avoir  fouVenr  traité 
avec  ,  eux  affure  qu'ils  ont  quelque  chofe  des  erreurs 
des  Sadducéens. 

Scaliger ,  Voinus  &  M.  Spanheim,  Bibliothécaire 
de^  l'Univerlîté  de  Leyde ,  mettent  les  Carâhes  au 
même  rang  que  les  Sabéens  ,  les  Mages ,  les  Mani- 
chéens &  les  Mufulmans  -,  c'eft  une  erreur.  Quel- 
ques autres  les  confidèrent  comme  une  branche  ou 
comme  la  poftérité  des  Sadducéens  ;  c=eft  le  fen- 
timent  des  Juifs  Rabbaniftes  qui  les  regardent 
comme  des  Hérétiques.  VoIfganguSj  Fabricius  , 
Capito  Henaem,;;^^.  9  ,  croient  que  les  Sadducéens 
&_lcs  Efféniens  fureur  ^.^^tKifi  Caraïtes  par  oppo* 
fition  aux  Pharifiens.  D'autres  croient  que  ce  font 
les  Dodeurs  de  la  loi  dont  il  eft  parlé  fi  fouvenr 
dans  l'Evangile  ;»mais  toutes  ces  conjeclures  font 
peu  folides.  Jofepbe  ni  Philon  ne  parSent  point 
des  Caraïtes  ;  ainli  cette  feéte  eft  plus  récenre  que 
ces  deux  Auteurs.  Il  y  â  affez  d'apparence  qu'elle 
ne  s'eft  formée  que  depuis  la  collcdlion  de  la  fé- 
conde parrie  du  Talmud  ,  c'eft-à-dire ,  de  la  Gémare. 
Peut-être  commença-r-elle  des  le  temps  que  R.  Juda 
Hakkadofch  compila  la  Mifchne ,  vers  le  milieu  du 
troificme  fiècle. 

Le  Caraïte  Mardochée  prcrend  que  les  Caraïtes 
font  plus  anciens  que  les  Sadducéens  ;  car  s'ils 
étoient  une  branche  de  ces  Hérétiques,  ils  n'auroienc 
poinr  en  horreur  Sadoc  &  Baïtos.  Les  Caraïtes  pré- 
tendent être  les  reftes  des  dix  Tribus  emmenées  en 
captivité  par  Salmanazar.  Schupart  croit  qu'on  ne 


^54  CAR 

peut  favoii-  prccifcmtrt  le  temps  où  cette  Ceàc  com- 
mença ;  qu'elle  if  torma  lecrètement  lorlque  la  vc- 
nciation  pour  le£  traditions  des  Rabbins  s'intro- 
duilit  -,  qu'elle  leiomcnta  &  s'accrût  inlenliblcment  ; 
de  qu'elle  n'éclata"  ec  ne  tut  publique  qu'après  la 
coUedion  du  Talmud. 

Volfius  décrit  ainli  l'origine ,  les  progrès  &C  la  dé- 
cadence des  Caranes  ,  lur  les  Mémoires  du  Caraue 
Mardochée.  Alexandre  Jannée  ,  Roi  des  Juifs,  qui 
rcgnoit  cent  ans  avant  Jesus-Christ  ,  lit  rnada- 
cret  tous  les  Dodeurs  de  la  loi  ,  &c  preique  tous 
les  Savans  de  la  nation.  Ce  maflacre  ,  lelon  les  La- 
raites  ,  fut  la  caufe  du  fchilme  qui  divifa  les  Juits. 
Simcon  fils  de  Schétach  ,  &  frère  de  la  Rcme  , 
homme  favant  ,  mais  ambitieux  &  fans  religion , 
ayant  été  ibuftrait  par  fa  fœur  à  la  colère  du  Roi, 
s'enfuit  en  Etjypce,  où  il  imagina  le  fyftême  des  pré- 
tendues trad^itions.  Etant  de  retour  à  Jcrul'aiem, 
il  dcbira  l'es  vilions ,  &  interpréta  la  loi  comme  il  lui 
plut  ;  &  appuyant  les  nouvctiutés  fur  des  connoilfan- 
ces  que  Dieu  ,  dilbit-il ,  avoir  communiquées  de 
bouche  à  Moïfe,  &,  dont  il  fe  vantoit  d'être  le  dé- 
pofitaire  ,  il  s'attira  un  grand  nombre  de  dil'ciples, 
Plufieurs  aulVi  lui  réliftèrent ,  &  foutinrent  que  tout 
ce  que  Dieu  avoir  révélé  à  Moïfe  étoit  écrit.  De- 
l.à  les  deux  feiSes.  Parmi  les  Caraïtes-,  Juda  fils 
de  Tabbaï,  fe  diftingua.  Hillel  brilla  parmi  les 
Traditionnaires  ■■,  Schamaï  parmi  les  Textuaiies. 
Volfius  met  au  nombre  de  ceux-ci ,  non  feulement 
les  Sadducéens ,  mais  aufll  les  Scribes ,  dont  il  eft 
parlé  dans  l'Evangile.  L'adrefTe  &  le  crédit  des  Pha- 
rilîens  prévalurent  j  le  nombre  des  Caraïtes  diminua 
de  jour  en  jour  :  &  ils  feroient  tombés  dans  le  der- 
nier mépris  dès  le  VHP  lîècle  ,  fi  Anan  n'avoir  alors 
relevé  leur  parti.  Au  IX'  fiécle,le  Rabbin  Schalo- 
mon,  fîls  de  Jérucham ,  imita  le  zèle  d'Anan,  &: 
attaqua  le  fameux  Chadias  Haggaon.  Les  fiècles  fui- 
vans  ne  furent  pas  moins  heureux  pour  les  Caraïtes  , 
&:  fournirent  plulieurs  Ecrivains  fimeux  ,  entr'autres 
AbuAlphoragau  XIP  liècle  -,  mais  depuis  le  XIV= 
fiècle  ,  leur  feiftc  a  paru  tomber  dans  le  décourage- 


CAR 


ment. 


Les  Caraïtes  font  demeutés  ptefque  inconnus ,  parce 
que  leurs  livres  l'ont  été  même  aux  plus  habiles  &  aux 
plus  curieux  Hébraïfans.  Buxtorf  n'en  a  vu  aucun  , 
Selden  en  a  vu  deux,  &  le  P.  Morin  un.  M.  Tri- 
gland  ,  qui  a  fait  un  traité  fur  les  Caraïtes  ,  im- 
primé en  1705  à  Delft  avec  les  Oppufcules  deSer- 
rarius  ,  de  Drufus  ,  fc  de  Scaliger  ,  Trium  Uhtjlriuin 
Scriptoriim  de  Tribus  Judœorum  Jecîis  Syntagma  ; 
M.  Trigland,  dis-je,  allure  qu'il  en  a  recouvré  un 
nombre"  fuffifant  pour  pouvoir  parler  avec  certitude 
de  "cette  fei::l:e  judaïque.  Voici  ce  qa'il  en  dit  de 
particulier.  Peu  après  que  les  Prophètes  eurent  celle , 
les  Juifs  fe  partagèrent  touchant  les  œuvres  de  fu- 
rérogation ,  les  uns  foutenant  qu'elles  étoient  nc- 
nelfakes  félon  la  rradition  ,  &  les  autres  s'en  tenant 
n.  ce  qui  eft  prefcrit  par  la  loi.  Ceux-ci  donnèrent 
nailfance  à  la  feéte  des  Caraïtes  ;  &  c'eft  ce  qu'il 
entreprend  de  prouver  par  le  témoignage  des  Ca- 
raïtes  ,  qui  fe  vantent  de  venir  des  Prophètes  Ag- 
gée  ,  Zacharie  ,  Malachie ,  Efdras.  Un  de  leurs  prin- 
cipaux Auteurs,  Moïfe  Refchirzi  ,  allure  qu'après 
bien  des  recherches  il  a  trouvé  que  du  temps  de 
Jean  Hircan  &  d'Alexandre  *n  fils  ,  R.  Jehuda  , 
fils  de  Thaddaï ,  s'oppofa  à  R.  Siméon  fils  de  Sé- 
rach  ,  qui  s'elforçoit  d'introduire  une  loi  nouvelle  ■■, 
Se  que  de-là  viennent  les  Caraïtes.  Les  plus  renom- 
més de  leurs  adverfaires  Maïemonides ,  Abraham 
fils  de  Dior,  l'Auteur  de  SéphcrCozri,  ôc  celui  du 
Taanith  Abraham  Zachut ,  conviennent  qu'en  ce 
temps  s'éleva  la  feéle  des  Sadducéens  Se  des  Caraïtes. 
La  Mifchne  fait  mention  des  Caraïtes  en  parlanr  de 
Thephillim.  M.  Trigland  dit  que  R.  Eliézer  le  grand 
étoit  Caraïte.  Une  V^"'^^  encore  de  l'ancienneté 
des  Caraïtes  eft  ,  félon  lui  ,  que  les  mêmes  points 
de  doètrine  ou  de  difcipline  ,  qui  font  controver- 
fés  entr'eux  Se  les  Juifs  Rabbaniftes  ,  l'ont  éré  avant 
le  Talmud.  Par  exemple ,  les  Néoménies  ,    la  cé- 


lébration de  Pâques ,  celle  de  la  Pentecôte ,  le  jour 
de  la  fête  de  l'Expiation ,  &  d'autres  que  l'on  peur 
voir  au  ch.  IV=  du  Traité  dont  nolis  parlons.  Dans 
le  Y'  il  montre  qu'ils  ne  font  point  Sadducéens  -, 
qu'ils  leur  difent  anathême  Se  à  Sadoc  leur  Chef  ; 
que  l'Auteur  du  Cozri ,  Maïemonides  8c  d'autres, 
le  diftinguent  des  Sadducéens  -,  que  Sadoc,  dilciple 
d'Antigone ,  vivoit  environ  l'an  du  monde  54(50 
Se  qu'Alexandre  Jannée  ,  fous  lequel  fe  forma  la 
fede  des  Caraïtes ,  ne  commença  à  régner  qu'en 
5<J70  que  Jean  Hircan  fur  Caraite ,  Se  non  pa^s 
Sadducéen  ,  Se  qu'il  y  a  une  erreur  dans  Jofephc  -, 
que  les  Juifs  Rabbaniftes  pour  rendre  les  Caraïtes 
odieux ,  le  plaifent  à  les  confondre  avec  les  Sad- 
ducéens. Enfin,  il  croit  que  les  Scribes  &  Dodleurs 
de  la  loi  du  Nouveau-Teftament ,  font  les  Caraïtes  , 
Se  que  ces  noms  font  fynonymes  de  Caraïte ,  ou 
Scripturaire. 

Ainfi  ,  félon  M.  Trigland  ,  après  le  retour  de  Ba- 
bylone, on  rétablit l'obfervation  de  la  loi.  On  crut 
différentes  pratiques  utiles  à  cet  effet  :  elles  furent 
introduites ,  Se  regardées  comme  nécellaires  Se 
ordonnées  par  Moïfe.  Ce  fut  là  l'origine  du  Pha- 
rifaïfme.  Un  parti  oppofé  continua  néanmoins  à  n'é- 
couter que  ce  qui  étoit  prefcrit  par  la  loi  félon  la 
lettre  ■>  c'étoient  les  Caraïtes.  La  diffenlion  éclata 
fur  Jean  Hircan ,  à  l'occalion  que  raconte  Jofephe , 
Liv.  XIII  de  les  j4nt.  Jiid.  ch.  ii,  R.  Anan,  qui 
vivoit  vers  le  milieu  du  VIP  liècle ,  n'eft  donc  point 
l'Auteur ,  mais  tout  tout  au  plus  le  reftaurateur  de 
la  ledte  des  Caraïtes. 

Il  y  a  des  Caraïtes ,  dit  Léon  de  Modène,  à  Conf- 
tantinople  ,  au  Caire  ,  Se  en  d'aurres  endroits  du  Le- 
vant i  il  y  en  a  aulll  en  Rulfie.  Ils  vivent  à  leur  ma- 
nière ,  ayant  leurs  Synagogues ,  leurs  cérémonies 
Se  coutumes ,  fe  difant  Juifs ,  Se  prétendant  être  les 
feuls  vrais  obfcrvateurs  de  la  loi  de  Moïfe  :  ils  nom- 
ment les  Juifs  qui  ne  font  point  de  leur  opinion 
Rabbanim ,  ou  Sectateurs  des  Rabbins.  Nous  les 
nommons  en  françois  Rabbaniftes.  Ceux-ci  haïfîènt 
mortellement  les  Caraïm  ,  Se  ne  veulent  point  s'al- 
lier ,  ni  même  converfer  avec  eux.  Ils  les  traitent 
de  rnam^erim  ,  ou  bâtards  parce  qu'ils  n'obfervenc 
point  les  conftitutions  des  Rabbins  dans  les  ma- 
riages ,  dans  leurs  répudiations  Se  dans  leurs  puri- 
fications des  femmes.  Cette  averfion  eft  fi  grande, 
que  fi  un  Caraïte  vouloir  fe  faire  Rabbanifte ,  les 
autres  Juifs  ne  le  recevroienr  point. 

Il  n'eft  pas  vrai  que  les  Caraïtes  rejettent  abfolu- 
ment  toutes  fortes  de  tradirions.  Ils  reçoivent  celles 
qui  leur  paroiffent  bien  fondées.  Selden ,  qui  s'é- 
tend alTez  au  long  fur  leurs  fentimens  dans  fon  livre 
intitulé  Uxor  Hebraica ,  demeure  d'accord  qu'outre 
le  texte  de  l'Ecriture ,  ils  reçoivent  de  certaines  inter- 
prétations qu'ils  appellent  héréditaires  :  or  ces  inter- 
prétations héréditaires  font  de  véritables  traditions. 
Ils  ne  rejettent  donc  que  celles  qui  n'ont  aucun 
fondement.  Se  qui  font  de  pures  rêveries  des  Rab- 
bins. C'eft  ce  que  M.  Simbn  prouve  par  un  cé- 
lèbre Auteur  Caraïte  ,  nommé  Aaron  ,  dont  le  com- 
mentaire fe  trouve  en  manufcrit  dans  la  Biblio- 
thèque des  Pères  de  l'Oratoire  de  Paris. 

Il  montre  par  ce  même  Auteur ,  que  toutes  les 
erreurs  dont  les  Juifs  Rabbaniftes  accufent  les  Ca- 
raïtes font  des  calomnies  :  loin  d'être  Sadducéens , 
ils  croienr  l'ame  immortelle  Se  fpirituelle  ; 
ils  difent  que  le  monde  futur  a  été  fait  pour  Pâme 
de  l'homme.  En  un  mot ,  leur  Théologie  ne  dif- 
fère poinr  de  celle  des  a^wres  Juifs ,  fi  ce  n'eft 
qu'elle  'eft  _plus  pure  Se  plus  éloignée  de  la  fu- 
perftition  :  car  ils  n'ajoutent  aucune  foi  aux  expli- 
cations des  Cabaliftes ,  ni  aux  allégories  qui  n'ont 
aucun  fondement.  Ils  rejettent  toutes  les  conftitu- 
tions du  Talmud  ,  \\  elles  ne  font  conformes  à 
l'Ecriture,  ou  (i  on  ne  les  en  peur  tirer  par  des  con- 
féquences  manifeftes  &  nécellaires.  En  voici  trois 
exemples  qui  méritent  qu'on  y  fafle  réflexion. 

Le  premier  regarde  les  Me:^ou^ot  ,  ou  parche- 
mins que  les  Juifs  attachent  à  toutes  les  portes  où 


Car 


ÎIs  ont  accoilL'jmé  de  p^fTer.  Le  fécond  iegâtde  ïcï 
Thephillim ,  ou  Philacl^res  ,  dont  il  eft  mcme  parlé 
dans  le  Nouveau-Tejiament.   Le  troidème  regarde 
ia  dcfenfe  de  ne  point  manger  de  lait  avec  de  k 
viande.  Les  deux  premiers  iemblent  être   marque; 
formellement  dans  le  Dcutcronome  ,  où  i!  efl;  dit 
de  l'un  &  de  l'autre  :  Tu  les  lieras  pour  Jigne  fur 
tes  mains,  &  ils  ferviront  de  frontcaux  entre  tes 
yeux  ;  tu  les  écriras  fur  les  poteaux  de  ta  rnai- 
J'on.  Aaron  Caraite ,  dans  fon  commentaire  fur  ces 
paroles ,  prétend  qu'on  ne  doit  point  les  prendre 
à  la  lettre ,  mais  que  c'eft  une  façon  de  parler  fi- 
gurée ;  &  que  ,  quand  Dieu  a  dit  :  Fous  les  écrire^ 
Jur  vos  portes,  il  a  feulement  voulu  faire  connoïtre 
aux  Ifraëlites ,  que  foit  en  entrant ,  foit  en  fortant , 
ils  dévoient  les  avoir  toujours  préfentes  à  l'efprit. 
Les  Caraues ,  par  ce  moyen ,  s'exemptent  d'un 
grand  nombre  de  cérémonies ,  pour  ne  pas  dire  de 
fuperftitions ,  que  les  Juifs  Rabbaniftes  ont  inven- 
tées  touchant    ces    Me^^ouiot  &    ces   Thephillim  : 
quand  ils  voient  les  Rabbaniftes  faire  leurs  prières 
avec  ces  Thephillim  attachées  à  leur  tête  avec  des 
courroies  de  cuir,  ils  ne  peuvent   s'empêcher  de 
les  railler  &  de  les  comparer  à  des   ânes   bridés. 
S.  Jérôme  eft  du  même  fehtiment  que  les  Caraues 
fur  ces  Thephillim,  ou  Phylacl':res.  Voici  ce  qu'il  en 
dit  fur  ces  mots  :  Dilatant  enim  Phylacleria  fua , 
ch.  13    de  S.  Matthieu,  y,    5.  Les  Pharifans ,   ex- 
pliquant mal  ce  pajfage  ,  écrivaient  le  Decalomie 
de  Moïfe  fur  du  parchemin  qu'ils  roulaient  &" at- 
tachaient fur  leur  front  avec  des  courroies  dont  ils 
fe  ceignaient  la  tiic  ,  afin  de  l'avoir  toujours  de- 
vant les  yeux.  Si  Jofeph  Scaliger  avoir  fu  que  les 
Caraïtes  conviennent  là-deflus  avec  S.Jérôme,  il 
n'auroir  pas  rejeté  l'interprét.itlon  de  ce  S.  Doéleur , 
comme  (i  Jésus  Christ  avoir  lui-même  approuvé 
l'ufage  des  Phylacîères.  Il  eft  vrai  que  Jésus-Christ 
s'eft  conforme    aux    ufages  reçus    de  fon   temps  j 
inais  il  iie  les  a  pas  pour  cela    approuvés    d'une 
manière  qu'en  ne  pût  donner  un   autie  fens  aux 
paroles  de  Moïfe  dans  ce  qui  regarde  les  Meiou^ot  £c 
les   Thephillim. 

Au  refte  ,  Scupart ,  dans  la  IV=  Differtation  de 
fon   livre  De  fecla  Karrœorum  ,    dans  laquelle    il 
traire  de  leurs  dogmes ,  montre  qu'ils  ont  tous  les 
mêmes  fcrupules ,  fuperftitions  ou  vétilles  fur  Tob- 
fervation  du  Sabbat,  dePâque,  de  la  fête  de  lExpia- 
tion  ;  qu'ils  croient   que  tout  péché  eft  effacé  par 
la  pénitence  ,   au  lieu  que  les  Rabbaniftes   difent 
qu'il  y  en  a  qui  ne  s'effacent  que  par  la  mort.  La 
prière  Se  le  jeûne  font  en  ufage  parmi  eux.  Ils  célè- 
brent avec  foin  la  fête  des  Tabernacles.  Ils  portent 
les  zitzit ,  ou  morceaux  de  franges  ,  au  coin  de  leur 
hibit.  Dans  la   Circoncifion  ,   ils  ne  croient  pas 
cjmme  les   Jraditionnaires  ,    qu'il  foit  néceffaire 
qu'il  y  ait  du  fang  répandu.  Quand  un  enfant  eft 
mort  avant  le  8^  jour,  les  Rabbaniftes  le  circoncifent 
après  fa  mort  avant  le  8'=  jour  ,  afin  qu'il  ne  foit  point 
incirconcis  à  ia  réfurreélion.  Quand   les  Caraïtes 
voient  un  enfant  en  danger ,  ils  le  circoncifent  même 
avant  le  huitième  jour.'L'adle  de  divorce  ne  diffère 
qu'en  ce  que  celui  des  Caraïtes  eft  un  peu  plus  long, 
&  compofé  de  paroles  de  l'Ecritute.  Ils  obfervent 
dans  la  manière  de  tuer  &  de  préparer  les  animaux  à 
,   manger,  les  mêmes  chofcs  que  les  Traditionnaires. 
Les  Caraïtes  ne  fe  croient  pollués  que  par  le  corps 
morrde  quelque  oifeau  immonde.  Ils  différent  auffi 
fouventdes  Rabbaniftes  dans  les  autres  efpèces  d'im- 
puretés légales.  Ils  ajoutent  aux  marques  de  la  lèpre, 
fa  profondeur.   L'attouchement    d'un  corps  mort  , 
foit  Juif,  ou  d'une  autre  nation  ,  les  rend  imiTtondcs. 
Ils  n'approuvent  les  purifications  que  fur  le  foir , 
&c.  Schupart  cite  fouvent  un  Traité  manufcrit  d'un 
Caraïte  nommé  R.  Aaron  Ben  Eliahu ,  où  tous  leurs 
dogmes   font  très-bien  expliqués.   Aaron  Caraïte, 
dans  (onKelib  Japhi  ,  fait  mention  de  la  Majfare , 
&  de  la  plupart  des  minuties  qu'elle  contient ,  des 
correftions  des  Scribes ,  des  lettres  grandes ,  petites , 
fufpendues ,  des  variantes  de  Ben  Afcher  &  de  Ben 


....  C   A    I\.  2^5" 

Ncphtali ,  de  celles  des  Orientaux  &  des  Occiden 
taux,  des  Keri  Ketib,  &  de  tout  ce  qu'on  attribue 
ordinairement  aux  Juifs  Mafforètes.  Ainfi  les  Ca 
ranes  écrivent  toilt  ie  Texte  hébreu    tel  que    les 
Kabbanules, 

Les  Caraïtes  expliquent  aiiff,  d'une  autre  manière 
que  les  Juifs  Rabbaniftes  ce  paflige  de  l'Exode  •  Tic 
7ie  cuiras  point  le  chevreau  dans  le  lait  de  fa  mère 
ils  ne  croient  pas  qu'il  foit  défendu  en  ce  lieu  là 
de  manger  en  un  même  repas  de  la  viande  &  aucune 
chofe  faite  de  lait.  Ils  difent  que  ce  paffaç^c  doit 
s  expliquer  par  cet  autre  :  Tu  ne  prendras  }aint  la 
mère  avec  Jes  petits.  Cette  interprétation  eft  na- 
turelle -,  &  en  effet ,  lorfqu'on  demande  aux  Juifs 
la  raifon  de  leur  explication  ,  qui  paroît  fi  éloi-née  ■ 
lis  tcpondent, qu'ils  n'ont  point  d'autre  raiVon  à 
donner  que  l'explication  de  leurs  Docteurs.  Les 
Caraues ,  au  conrraire,  ne  reçoivent  aucune  interpré- 
tation qui  ne  s'accorde  parfaitement  avec  les  pa- 
roles du  texte  de  l'Ecriture  &  avec  la  raifon.  En  urt 
mot.  Ils  rejettent  toUt  ce  que  l'Ecriture,  la  raifort 
&  Une  tradition  conftante  ne  leur  cnlèignent  pas 
Sur  ce  pic- la,  ils  ont  un  grand  mépris  pour  les 
traditions  des  Juifs  Rabbaniftes,  qu'ils  re-ardent 
comme  des  rêveries  qui  n'ont  d'autre  fondement 
que  1  imagination  des  Rabbins, 

T  ^"u"!"'/^'"'  ""^  ^""^  ^'^"'^^"f  compte  à 
Ludolf  des  Caraues  de  Lithuanie  ,  lui  dit ,  qu'il  y 
enaaBirze,  à  Pozcole ,  à  Newftad ,  à  Korom ,  à 
1  roco  ,  &  en  d'aurres  lieux  ;  qu'ils  font  très-diffé- 
rens  de  moeurs  de  langue ,  de  religion ,  &  même  de 
vilage  des  Juifs  Rabbaniftes,  dont  ce  pays  eft  p'ein- 
que  leur  langue  maternelle  eft  le  tartate  ou  plutôt 
le  turc  ;  que  c'eft  en  cetre  langue  qu'ils  expliquent 
les  Livres  faints  dans  leurs  Ecoles  &  dans  leurs 
Synagogues  -,  qu'ils  font  fort  femblables  de  vifa^c 
aux  Tarrares  Mahométans  qui  habitent  à  Vilna  dc 
aux  environs ,  &  qu'il  crdit  qu'ils  font  fortis  des 
mêmes  lieux;  que  leurs  Synagogues  font  tournées 
du  feptcntrion  au  midi  ;  que  la  'raifon  qu'ils  en  ap- 
portent,  eft  que  Salmanazar  les  trànfporta  du  côté 
du  notd;  &  qu'ainfi  quand  ils  prioient,  pour  être 
tournés  du  côté  de  Jérufalem ,  ils  regardoient  le 
midi.Per.ingerle  dit  auffi  dans  fa  lettrée  à  Ludolf - 
&  il  ajoute  ,  qu'il  n'eft  pas  vrai  qu'ils  ne  reçoivent 
que  le  Pentateuque,  comme  quelques  Savans  l'ont 
cru,  qu'ils  ont  tous  les  Livres  de  VJncien-Tef~ 
tament,  &c  les  tiennent  pour  canoniques.  Poftel 
affûre  la  même  chofe  dans  fon  Livre  de  Lit.  Phœnic, 
Pcringer  ajoute  qu'ils  font  fort  peu  curieux  des  an- 
ciens exemplaires  -,  qu'ils  achètent  des  Rabbaniftes 
des  exemplaires  déchirés  &  en  mauvais  ordre  pour 
s'en  fervir  dans  leurs  fynagogues  ;  qu'ils  fe  mettent 
peu  en  peine  des  diftions  pleines  ou  défedlives ,  SC 
qu'ils  croient  que  les  points  voyelles  viennent 'de 
Moïfe. 

R.  Caleb ,  Caraïte ,  réduit  à  trois  les  points  sn 
quoi  les  Caraïtes  diffèrent  des  Rabbaniftes.  1°.  Ils 
nient  que  la  Loi  orale  vienne  de  Moïfe ,  &  rejettent 
la  cabale.  x°-.  Ils  abhorrent  le  Talmud.  30.  Ils  ob- 
fervent les  Fêtes  comme  le  Sabbat-,  &  le  Sabbac 
beaucoup  plus  ligoureufement  en  plufieurs  chofes 
que  ies  Rabbaniftes.  40.  Outre  cela  ;  ils  étendent 
prefque  à  l'infini  les  degrés  défendus  pour  les  ma- 
riages. Quant  à  leurs  exemplaires  de  la  Bible,  ils  font 
conformes  à  ceux  des  Rabbaniftes.  Ils  fuivent  les  Va- 
riantes de  R.  Nepthali  plutôt  que  celles  de  R.  Af- 
cher i  &  rejettent,  les  Keri  Ketib.  Voye^  le  Sup^ 
plement  touchant  les  Caraïtes ,  qui  a  été  ajouté  au 
c.  I  de  la  5 '^  Partie  des  Cérémonies  des  juifs.  Con- 
fultez  auffl  Selden  dans  fon  Livre  De  Uxore  He-' 
braica,  &  le  P.  Morin  dans  (es  Exercitations  de  la 
Bible.  M.  Simon  ,  dans  fon  Suppl.  aux  Cérémonies 
des  Juifs.  M.  Bafnage  dans  fon  Hifloire  des  Juifs, 
Jovet,  Hifl.  des  Relig.  &c  les  Auteurs  que  nous 
avons  indiqués  ;  le  SeHa  Karrceorum  de  Schupart 
en  quatre  diffcrtations  ;  &  le  Notitia  Karrœorum 
de  Volfius  à  Hambourg  &  à  Lcipfik ,  1714,  Selden 


is6  CAR 

./.•  AnnùCiv.  6*  Calend.  Joan  Mcyei ,  DeFejl.  Heir. 
De  Uxore  Chrijt.  Annot.  ai  Scder.  olum. 
CARA.MAN  ,  ANE.  1",  m.  &  t.  Caramanus  ,  a.  Qui  cft 
de  Caramanic.  Les  Car  amans  ibnr  groHicrs ,  riides, 
fore  addonnés  au  vol  &;  aux  afrallinats.  Les  Cara- 
mans  Ibnt  robuftes,  &  ont  pour  armes  le  cimcrerre , 
l'arc  &;  la  mafle.  Corn. 

CARAMANGUE.  f.  f.  Drogue  qui  vient  de  la  Chine  , 
qui  eft  propre  pour  la  Médecine.  Les  Tunquinois 
en  font  grand  cas. 

fCr  CARAMANICO.  Ville  d'Italie ,  au  Royaume 
de  Naples ,  dans  l'Abruzze  citcrieure. 

CARAMANIE.  1'.  f.  Grande  contrée ,  &  l'une^  des 
quatre  parties  générales  de  l'Alie  mineure.  Cara- 
mania.  Selon  Cluvier ,  elle  comprend  la  Pamphilie 
avec  une  partie  de  la  Cilicie.  Selon  d'autres  ,  elle  cil 
bornée  au  midi  par  la  mer  Méditerranée ,  au  le- 
vant par  l'Aladulie ,  au  nord  par  l'Amaiie ,  &  au 
couchant ,  par  l'Anatolie  propre.  On  la  divife  en 
deux  grandes  parties ,  qui  ibnt  léparées  par  le  mont 
Taurus.  Celle  qui  eft  au  feptentrion  porte  le  nom 
de  grande  Caranianie ,  &  celle  qui  eft  au  midi  celui 
de  "petite  Caramanie  ou  Caramanie  propre. 

Leunclavius  croit  que  le  nom  de  cette  Province 
lui  ell  venu  d'un  Général  Turc  ,  nommé  Caraman  , 
qui  en  chafTa  les  Arméniens. 

La  mer  de  Caramanie  eft  la  partie  de  la  mer 
Méditerranée,  qui  baigne  les  côtes  de  l'Afie  mi- 
neure ,  Si  renferme  ce  que  les  Anciens  appeloient 
la  mer  Carpathienne  ,  la  mer  de  Lycie  ,  la  mer  de 
Pamphilie  ,  &  celle  de  Cilicie. 

ffr  CARAMANTA,  contrée  de  l'Amérique  méridio- 
nale dans  l'audience  de  Santar ,  aux  deux  côtés 
de  la  rivière  de  Canca. 

^  CARAMANTA  ,  chef-lieu  de  cette  contrée ,  fur 
la  rive  occidentale  de  la  Canca, 

CARAMBOLAS.  C'eft  un  fruit  des  Indes  ,  gros 
comme  un  œuf  de  poule  un  peu  long  ,  jaunâtre , 
rayé,  &:  divifé  en  quatre  parties:  il  contient  des 
femences  tendres ,  d'un  goût  aigre  &  agréable.  L'ar- 
bre eft  grand  comme  un  coignaffier  ,  ayant  les 
feuilles  un  peu  plus  longues  que  le  pommier  ;  les 
fleurs  font  petites,  de  cinq  feuilles,  de  couleur 
blanche  ,  rougeâtre  ,  fans  odeur ,  d'un  goût  aigrelet. 
Les  habitans  de  Goa  fe  fervent  de  ce  fruit  en  Méde- 
cine &  en  alimens. 

CARAMEIS  ,  UAmbela.  Acojlcs.  C'eft  un  arbre  des 
Indes  dont  il  y  a  deux  elpèces.  L'un  eft  grand 
comme  le  néflier ,  &  les  feuilles  ibnt  fcmblables  à 
celles  du  poirier ,  d'un  vert  clair  :  fon  fruit  eft  en 
grappes.  Il  reifemble  aux  avelines ,  fe  terminant  en 
plufieurs  angles  ,  de  couleur  fort  jaune,  d'un  goût 
aigret  &:  aftringent  \  on  le  mange  mûr ,  &  on  le 
co'iifit  au  fel ,  &"au  vinaigre.  Il  donne  de  l'appétit , 
ic  on  le  met  dans  les  fauces.  L'autre  efpèce  eft  de 
la  même  grandeur;  mais  fpn  fruit  eft  plus  gros.  Ses 
feuilles  font  plus  petites  que  celles  du  pommier.  Sa 
racine  jette  du  lait.  Son  fruit  eft  bon  à  manger.  Ces 
arbres  croiifent  dans  les  forêts  éloignées  de  la  mer , 
en  Canara  &  en  Dccan.  On  fe  fért  de  la  décodiion 
pour  la  fièvre  ,  &  quatre  doigts  d'écorce  de  la  ra- 
cine de  la  première  elpcce  ,  broyée  avec  une 
dragme  de  moutarde ,  pour  purger  les  afthmatiques 
par  haut  &  par  bas. 

CARAMEL,  f.  m.  Drogue  que  les  Apothicaires  pré- 
parent pour  le  rhume  ,  quiconfifte  particulièrement 
en  du  iucre  fort  cuit.  Coclum  faccharum. 

On  appelle  du  fucre  au  caramel ,  celui  qui  eft 
cuit  au  fixième  &  dernier  degré.  On  l'appelle  ainfi 
de  la  pâte  de  caramel  où  il  entre ,  ou-  bien  cette 
pâte  ou  tablette  emprunte  fon  nom  de  cette  forre 
de  fucre.  Le  lucre  au  caramel  fe  nomme  encore 
brûlé,  parce  qu'il  eft  à  fon  dernier  période  de  cuif- 
fon.  On  le  reconnoît  tel ,  lorlqu'en  le  mettant  fous 
la  dent  ,  il  ne  s'y  attache  point  comme  une  gomme , 
mais  fe  caiTe  net.  Lorfqu'on  fait  du  fucre  au  cara- 
mel, \\{-3,\iz  être  bien  exad  à  le  prendre  jufte  au 
degré  de  cuillbn  néceflaire  ,  parce  que ,  pour  le  peu 


CAR 

qu'on  tarde  ,  il  brûle  tout-à-fait ,  devient  acre ,  6^'  ne 
peut  plus  iervir  à  tien. 

CARAMOUSSAL.  f  m.  C'eft  un  vaiffeau  de  Turquie  , 
qui  a  une  poupe  fort  élcvce.  Il  porte  feulement  un 
beaupré  ,  un  périt  artimon  ,  &  un  grand  mât  avec 
Ion  hunier ,  qui  eft  extrêmement  haut  :  il  n'a  ni 
mifaine  ,  ni  perroquet ,  linon  un  petit  tourmentin. 
On  trouve  aulli  Caramoujj'at  pour  Caramoujfal. 

CARANDAS  Garcite  ,  eft  un  arbrifleau  des  Indes , 
dont  les  feuilles  rcflemblent  à  l'arboufier.  Il  porte 
un  grand  nombre  de  Heurs  d'odeur  de  chèvrefeuille  ; 
fon  truit  reifemble  à  une  petite  pomme  verte  au 
commencement:  il  eft  plein  d'un  fuc  vifqueux  & 
laiteux.  En  mûrilfant,  il  devient  noirâtre,  &c  d'un 
goût  de  railin  fort  agréable  :  on  le  coniit  avec  le 
fel  &  le  vinaigre.  Il  excite  l'appétit.  Cet  arbre  croît 
au  Rovaume  de  Bengale. 

CARANGUE.  f  f.  Poillbn  blanc  &  plat.  Il  eft  long  de 
2  ou  5  pieds ,  &  large  de  i8  à  zo  pouces.  Sa  queue 
eft  fourchue  ,  &  il  a  deux  nageoires  pointues , 
allez  prociic  de  la  tête.  On  trouve  une  prodigieufe 
quantité  de  carangues  vers  les  Antilles.  Elles 
valent  mieux  que  le  turbot, 

CARANGUER.  v.  n.  Terme  de  rivière  dontles  Ma- 
telots du  pays  d'Aunis  fe  fervent ,  pour  dire  ,  Agir. 

^ft  CARANGUES  ,  peuple  de  l'Amérique  méri- 
dionale   au  Pérou. 

CARANGUEUR.  f.  m.  Terme  de  rivière  -,  il  veut 
dire  Agijfant.  Les  Matelots  du  pays  d'Aunis  s'en 
fervent.  Ce  mot  n'eft  point    d'ufagc  ailleurs. 

^fT  CARAUNA.  Arbre  qui  rend  la  réiine  ou  gomme, 
qui  porte  fon  nom.   Voye:^  Carague. 

CARAPACE,  f.  f  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  à 
l'ccaille  qui  couvre  le  dos  de  la  tortue,  principa- 
lement du  carrer  ,  qui  eft  la  feule  efpèce  de  tortue 
dont  l'écaillé  foit  utile.  La  Carapace  eft  en  ovale  &: 
convexe  ,  en  forme  de  bouclier.  Elle  eft  compofée 
de  treize  feuilles  d'écaillé  que  l'on  appelle  commu- 
nément écaille  de  tortue  ,  &c  dont  on  fait  plulieurs 
ouvrages.  La  convexité  de  la  carapace  du  carret 
lui  donne  la  facilité  qu'il  a  à  fe  retourner  quand 
on  l'a  mis  fur  le  dos  :  ce  que  ne  peuvent  faire'  les 
autres  elpèces  de  tortues ,  parce  qu'elles  ont  la 
carapace  trop  plate.  Le  P.  La^at. 

CARAPAT.  Voye^  PALMA  CHRISTI.  gCF  Nom 
qu'on  a  donné  aux  vailfeaux  que  les  Portugais  en- 
voyoient  au  Brélîl  &  aux  Indes  orientales. 

CARAQUE.  f  f.  lO"  Nom  que  les  Portugais  donnent 
aux  vailfeaux  qu'ils  envoient  au  Bréiil  &  aux  Indes 
orientales.  Navis  amplijjîma  quam  caracam  vocant. 
Les  Portugais  les  appellent  «doj,  navire  par  excel- 
lence. Ce  font  de  grands  vailfeaux  ronds  de 
combat,  plus  étroits  par  en  haut  que  par  en  bas, 
qui  avoient  quelquefois  fept  ou  huit  planchers ,  &C 
fur  lefquels  on  pouvoit  loger  quelquefois  deux 
mille  hommes.  Les  Portugais  avoient  une  ordon- 
nance ou  coutume  ,  que  les  naos  ou  caraques 
qui  venoient  des  Indes  Orientales  ne  pouvoient 
mener  de  chaloupe,  ni  autre  barque  de  fervice  ,  en 
deçà  de  l'Ile  de  Sainre- Hélène,  auquel  lieu  ils  les 
coul oient  à  fond  ,  afin  d'ôter  toute  elpér^nce  à  l'é- 
quipage de  fe  fauver.  Ils  s'en  fervoient  autrefois , 
tant  en  guerre  qu'en  marchandife.  La  caraqiie  étoit 
du  port  de  deux  mille  tonneaux  ,  c'eft-à-dire  ,  de 
quatre  millions  de  livres.  Les  Chevaliers  de  Rhodes 
s'en  font  auffi  fervis. 

Les  caraques  font  aulTi  de  grands  vai/feaux  de 
charge. 

Caraque.  adj.  f.  Les  Hollandais  appellent  porcelaine 
caraque  leur  plus  fine  porcelaine  ;  parce  que  les  pre- 
mières porcelaines  orientales  qui  font  veniies  en 
Europe  ,  y  furent  apportées  par  les  caraques  por- 
tugailés. 

Caraque.  Nom  d'une  côte  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  d'où  il  vient  un  Cacao  que  l'on  prétend 
plus  onctueux  &  moins  amer  que  celui  des  Iles. 

Caraque.  f.  m.  Cacao  qui  vient  de  la  côte  de  Caraque. 
Caracanum  Cacao.  Nos  Epiciers  diftinguent  le  gros 
&  le  petit_  Caraque ,  comme  le  gros  5c    le  petit  ' 

Cacao 


CAR 


Cacao  des  îles 


,  mais  ces  diIlin6lions  font  abrqiu- 
meuc  inconnues  fur  les  lieux,  &  ne  doivent  point 
établit  différentes  elpcces  de  Cacao  ,  n'étant  fondées 
que  fur  le  triage   que  lont  les  Marchands ,  en  fc- 
parant  les  plus  groifes  amandes  d'avec  les  plus  pe- 
tites. 
CARAQUET.  Paifage  de  Caraquet  fur  la  côte  occi- 
dentale de  l'Acadie. 
CARAQUON.  f.  m.   Petite  caraque  ou  vaiifeau  ren- 
foncé. Quelques-uns  écrivent  caracon, 
CARARA.  f.    m.  Poids  dont  on  fe  fert  en  quelques 
endroits  d'Italie  particulièrement  à  Livournj ,  pour 
la  vente  des  laines  &  des  morues.  Il  revient  à  i^tJ 
livres  de  Marjéille. 
|Cr  Carara,   petite    Ville   d'Italie    en    Tofcane  , 

dans  la  Lunegiane ,  avec  titre  de  Principauté. 
CARA-SCHULLI.  i:  m.  Arbrilièau  des  Indes  fembla- 
ble  au  Câprier.  On  s'en  fert  en  Médecine  pour  dif- 
foudre  les    tumeurs,  en    bailinant  la  partie  après 
l'avoir  pulvériié  au  feu  &  môle  avec  du  vinaigre. 
Mis  en  poudre  par  le  broiement ,  &  mêlé  avec  la 
liqueur   qu'on   appelle  furie    faite  avec  la  noix  de 
•cacao,  il  eft  bon  pour  mûrir  &  faire  percer  les  abcès. 
La  déco(5tion  de  fa  racine  tft  bonne  dans  la  fup- 
preUlon  d'urine.  Pris  avec  un  peu  de  riz  j  il  eft  très- 
bon  pour  les   tumeurs  du  ventre.  La  dccodtion  de 
fes   feuilles    prile  intérieurement  avec    une   petite 
quantité  de  riz ,  cft  bonne  pour  les  tumeurs  œdc- 
mateufes  de  l'habitude  du  corps.  Dict.  de  James. 
Carat,  f  m.  C'cft  proprement  le  nom  du  poids  qui 
exprime  la  bonté  ou  le  titre  de  la  perfediion  ou  im- 
perfeétion  de  l'or.  Nativa  auri  cocîio.  Il  ne  fe  dit 
point  des  autres  métaux.  Les  Monnoyeurs  ont  fixé 
à  14  carats   le  plus  haut  titre  ,  ou  la  plus  grande 
perfeélion  de  l'or.  Cependant  quelque  loin  qu'on 
prenne  pour  l'épurer  &  pour  en  oter  l'alliage  ,  ils  ne 
peuvent  jamais  l'y  faire  arriver  \  il  manque'  toujours 
un  quart  de  carat.  Ces  dégrés  l";-rvent  à   marquer 
l'alliage.  Les  Monnoyeurs  appellent  un  quart  de 
carat  un   feizième  ■■,  ils  fabdivifent  ce  fcizième  en 
deux  huitièmes,  &  chacun  de  ces  deux  huitièmes  en 
deuxfeizièmes.  Surcecalc-.il-là,  ils  difent  qu'on  peut 
purifier    l'or  julqu'au  premier  feizième   du  lécond 
huitième,  mais  point  au-delà:  on  ne  peut  l'affiner 
à  un  plus  haut  degré  de  pureté.  Le  plus  fin  or  efl; 
d'ordinaire  celui  des  monnoies.  L'or  à   21  carats 
eft  celui  où  il  y  a  deux  parts  d'argent   ou  d'autre 
métal  fur    zi  parts  de  fin  or.  Les"  Orfèvres   em- 
ploient d'ordinaire  l'or  à  iz  carats. 

Les  Orfèvres  par  l'Ordonnance  ne  peuvent  tra- 
vailler d'or  fin  qu'à  15  carats  &  trois  quarts,  fans 
remède  &:  ians  foudure  -,  &:  en  cas  de  foudure ,  à  un 
quart  de  car^it  de  remède  ,  &  en  ouvrage  creux 
chargé  de  filets  &  de  rapports,  à  demi  carat  de 
remède:  mais  fi  on  leuf  délivre  Vot ,  ils  pourront 
travailler  à  tous  titres ,  pourvu  qu'ils  en  tiennent 
xegiftte. 

Le  carat  de  fin  ,  eft  un  vingt- quatrième  degré 
de  bonté  de  quelque  portion  d'or  que  ce  foit  ;  & 
un  carat  de  prix ,  eft  une  vingt-quatrième  partie 
de  la  valeur  d'un  marc  fin  :  comme  ,  fi  le  marc  d'or 
vaut  584  livres,  le  carat  tfe /rrx  vaudra  i^  livres. 
On  a  aUdl  appelé  le  carat  de  poids  ,  un  poids  de 
la  vingt-quatrième  partie  du  marc,  qui  eft  de  191 
grains.  Il  a  fervi  autrefois  dans  la  fabrication  des 
monnoies.  Le  mot  de  carat ,  félon  Ménage  ,  après 
Alciat,  vient  du  Grec  KipxTiot,  qui  croit  une  efpèce 
-  de  petit  poids.  Mais  Savot  le  dérive  avec  plus 
d'apparence  de  ««««?■«•; ,  qui  fignifioit  un  denier  de 
tribut ,  ou  une  efpèce  de  monnoie  qu'on  battoir 
à  cette  fin,  difant  qu'il  eft  vrailémblable  que  com- 
me la  divifion  du  fin  de  l'argent  a  été  faite  par 
une  efpèce  de  monnoie  qu'on  appeloit  ^^/zzVr  ;  auiîi 
le  titre  de  l'or  a  été  marqué  par  une  monnoie  d'or 
qu'on  appeloit  en  ce  temps-là  carat.  Meurfius  & 
Bulenger  le  prennent  auHi  pour  une  efpèce  de 
monnoie.  D'autres  le  dérivent  Amplement  du  La- 
.    tin  caracier. 

Carat  ,  eft  aufTi  le  poids  dont  on  ufe  pour   pefer 
Tome  IL 


C  A    K.  2<  5  7 

ies  diamans ,  qui  eft  de  quatre  grains.  Le  diamant 
du  Grand  Mogol  pèfe  179  carah.  Ces  grains  font 
un  peu  moins  pefans  que  ceux  du  marc.  Ce  mot 
en  ce  fens  eft    venu  du   Grec  >-.£-«/„, ,  qui  fio-nifie 
un  1-ruit  que  les  Latins    nomment y?/^y«^^ ,  &    l'es 
François  carouge    ou    caroube.   Il  eft    contend  en 
des  gouffes    courbes ,   de  la  longueur    d'un  doigt. 
Chaque  grain  de  ce  légume  peut  p'eicr  quatre  grains  ,* 
loir   de  blé  ou  d'orge  ;  d'où  il  eft  arrivé   que  lé 
nom  Azjiluina  a  toujours  été  pris  pour  un  poids 
de  quatre  grains  ,  comme  prouvent  Poulain  en  fon 
Clojfaire  ,  &;    Depois   Médecin ,  en  fon  Traité  des 
Médailles.  Galien  appelle  l'arbre  qui  porte  ce  fruit 
Keratonia.  Saladin ,  dans  fon  Livre  De  Ponderihus  , 
au  rapport  de  Du   Cange,  dit  que  ce  poids  a  été 
appelé  chira  ou  chiraji. 
Carat     fe  dit  auffi  des  petits  diamans  qui  fe  ven- 
dent au   poids.  Sa  girandole  paroît  beaucoup  de 
loin ,  cependant  elle  n'eft  que  de  carat. 
Carat  fe  dit  aufll  au  figuré  en  parlant  des  chofes  tno- 
rales,  comme  amitié,  eftime,  6'c.  ilne  fe  dit  que  dans 
le  ftyle  familier,  &  fignifie  degré ,at/gmentation.y ci- 
père  que  pour  mon  droit  d'avis  vous  augmenterez  de 
quelques  carats  la  précicufe  amitié  dont  vous  m'ho- 
norez. Costar. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  eft  fot  à  24 
carats  ;  pour  dire ,  qu'il  eft  parvenu  au  plus  haut 
point  de  Ictife. 
go-  CARATURE.  f.  f  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  le 
mélange  des  parties  d'or  avec  des  parties  ou  d'ar- 
gent feul ,  ou  d'argent  &c  de   cuivre  j  félon    une 
certaine  proportion.  Ce  mélange  eft  deftiné  à  faire 
les  aiguilles  d'eOai   pour  l'or.  Encyc. 
gO"  S'il  n'entre  dans  le  mélange  deftiné  à  faire  les 
aiguilles  d'cffai ,  que  de  l'or  &  de  l'argent ,  il  s'ap- 
pelera  carature  blanche.  S'il  y  entre  de  l'or  ,  de 
l'argent  &  du  cuivre  ,   carature  mixte. 
|p°  Le  mélange  deftiné  à  faire  les  aiguilles  d'efTai  pour 

l'argent ,  s'appelle  ligature. 
CARÀVACCA.  Village  ou  petite  ville  d'Efpagne , 
dans  le  Royaume  de  Murcie  ,  fur  les  confins  de 
la  nouvelle  Caftille  près  du  Rio  Sigura.  On  l'ap- 
pelle aulfi  en  l^pagnol  Crux  de  Caravacca  ,  c'eft-à- 
dire  ,  Croix  de  Caravacca  ,  parce  qu'on  y  conferve 
une  Croix  miraculcufe  que  l'on  dit  avoir  été  ap- 
portée par  un  Ange ,  à  un  Prêtre  qui  devoir  dire 
la  Meflc  en  prélence  d'un  Roi  Maure. 

On  appelle,  auffi  Croix  de  Caravacca  ^  de  petites 
croix    que    l'on    fair    toucher  à. celle   dont    nous 
venons  de  parler ,  &  que   l'on   porte  fur  foi  ,  ou 
que  l'on  pend  à  fon  chapelet  par  dévotion  ,  comme 
le;  médailles. 
^  CARAVALLE.  Foye^  CARAVELLE. 
CARAVANE,  f.  £  Troupe  ,  affemblée  que  font  dans 
l'Orient  les   Marchands ,  Pèlerins  ou  Voyageurs , 
pour  marcher  de  compagnie ,  &  traveriér  les  dé- 
fcrts  &  les  mers  avec  guide  &  efcorte  ,  plus  fûre- 
ment  &:  plus  commodément..  Mercatorum  aliorumve 
peregrè  eiintium  fecuritatis  caufà  congregata  manus-, 
ou  feulement  mercatorum  aut  peregrinantium  ma- 
nus.  Il  va  tous  les  ans  plus  de  50  mille  Pèlerins 
à  la  Mecque,  pour  vifiter  le  tombeau  de   Maho- 
met; le  Grand  Seigneur  donne  laquitrièmc  partie 
des  revenus  de  l'Egypte  pour  les  frais  de  la  Ca- 
ravane.    Cette    prodigieufe  troupe    de   dévots  eft 
accompagnée  de  foldats ,  poui  les  mettre  à  couvert 
du  pillage  des  Arabes  ,  &  fuivie  de  8  oU  9  mille 
chameaux  chargés  de  toutes  les  provifions  néceflàires 
pour  faire  un  fi  long  trajet  à  travers   les   déferts. 
Un  chameau  porte  l'étendard  d'or ,  que  l'on  offre 
en  cérémonie  à  Mahomet.  La  Croix.  On  diftin- 
gue  les  journées  ,  en   journées    de   Caravanes  de 
chevaux ,  &    de   Caravanes  de  chameaux.  Il  parc 
plufieurs    Caravanes  d'Alep  ,  du   Caire  ,  &  d'autre» 
lieux  ,  tous  les  ans  pour  aller  en  Perfe  ,  à  la  Mecque, 
au  Thibet ,  &c.   ^   On  appelle  auili  Caravane , 
plufieurs  Vaiifcaux  marchands  qui  vont  de  conferve. 
Caravane  d'Alep  ,  d'Alexandrie ,  &c. 

Ce  mot  vient  de  Cairaran  ou  Cairoan ,  qui  fi- 


-yB  CAR 

^mitie  la  mcme  chofe  en  arabes  &  en  ce  Tens  le 
mot  atabe  tire  (on  origine  du  perlien  Kerran. 
D'Hlrb.  Les  Turcs  le  prononcent  auiJi  comme  les 
Perles. 

On  appelle  auffi  Caravane  ,  les  campagnes  de 
mer  que  les  Chevaliers  de  Malte  font  obliges  de 
taire  conctc  les  Pirates  &c  les  enr\emis  de  la  Reli- 
gion ,  a(in  de  parvenir  aux  Commanderies  6c  aux 
dignités  de  TOrdrc.  Navdlls  Mclitenfmm  cqmtum 
expediiio. 

Les  Chevaliers  de  Malte  Ibnt  obliges  de  faire 
en  perfonne  quatre  caravanes  fur  les  Galères  de 
la  Reliii;ion  ,  pour  pouvoir  obtenir  des  Comman- 
deries. Un  ancien  ftatut  des  Commanderies  portoit 
arr.  VIII ,  qu'ils  les  teroient  par  eux  ou  par  autrui  -, 
mais  depuis  il  a  été  ordonné  qu'on  ôteroit  de  cet 
article  les  mots  par  autrui ,  &  que  chacun  les 
feroit  en  perlbnne  ;  que  les  caravanes  fe  reparti- 
ront dans  toutes  les  Langues ,  par  ordre  d'ancien- 
neté ;  enforte  que  l'on  ne  puillè  fe  remettre  l'un 
fur  l'autre  ,  &  que  celui  dont  le  rang  viendra, 
la  fliflc  lui-même ,  à  peine  de  nullité ,  fi  quel- 
qu'aurre  la  fait  pour  lui,  &  qu'elle  ne  lerve  ni 
à  l'un  ni  à  l'autre -,  mais  le  Grand  Maître  peut 
en  difpenler  en  cas  de  maladie  •,  que  le  Frère  Che- 
valier ou  Servant  qui  n'aura  pas  tait  fes  quatre 
caravanes  avant  d'avoir  atteint  l'âge  de  50  ans ,  de- 
meurera incapable  de  plus  obtenir  aucune  Comman- 
derie ,  bénéfice  ou  Office  de  la  Religion  ,  quand  il  les 
feroit  après  cet  âge. 

Aller  en  CizriZi'iîWf,  c'eftcroifer  fur  les  Turcs.  Ce 
mot  caravane  a  ce  fens  en  parlant  des  courfes  des 
Chevaliers  de  Malte  fur  les  Turcs,  &:  fur  les  Corfai- 
res  de  Barbarie ,  parce  que  les  Chevaliers  ont  fouvent 
enlevé  la  caravane  qui  va  tous  les  ans  d'Alexandrie  à 
Conftantinople. 

Caravane  ie  prend  quelquefois  abufivement  pour 
toutes  fortes  de  voyages. 

Caravane  fe  prend  aulfi  dans  Scarron  pour  une  trou- 
pe de  sens  qui  courent  la  campagne. 

Caravane  fe  dit  aulfi  en  parlant  des  voleurs  novices. 
C'eft  fa  première  caravane.  Après  l'avoir  bien  inf- 
truit  dans  l'att  de  la  volcrie ,  ils  l'an voyerent  faire  fes 
caravanes:  par  allufion  aux  caravanes  des  Chevaliers 
de  Malte. 

CARAVANIER,  f.  m.  Voiturier  qui  conduit  les  cha- 
meaux &:  autres  bêtes  de  fomme  dont  on  fe  fert 
dans  les  caravanes  du  Levant. 

CARAVANISTES.  f.  m.  Qui  ell;  d'une  caravane. Tcryc^ 

au  mot  SOBRFVESTE. 

CARAVANSERA.  f.  m.  Terme  de  relation.  C'eft  un 
pand  bâtiment  dcftine  à  loger  les  Caravanes.  Hoj'- 
pitluni  excipiendis  peregrinis  dejlinatuni.  Il  y  en 
a  un  grand  nombre  en  plufîcurs  endroits  d'Orient, 
qui  ont  été  bâtis  par  la  charité  &  la  magnificence 
des  Seigneurs  du  pays  ,  qui  eft  ïi  grande  ,  qu'il  s'en 
trouve  "quelques-uns ,  comme  ceux  de  Schiras ,  & 
&  de  Calbin  en  Perfe  ,  qui  ont  coûté  plus  de 
(Toooo  écus.  Les  Turcs  les  appellent  imarets ,  & 
les  Indiens  ferais.  Le  mot  de  Jerai  fignifie  paUis 
ou  kâul.  Ces  logemens  font  faits  en  forme  de  halles 
avec  des  galeries  divifées  en  plufieur^  arcades;  où 
tant  les  hommes  que  les  bêtes  de  voiture  ,  palfent 
commodément  les  grandes  chaleurs ,  8c  fe  repofent. 
Ils  font  ouverts  à  tous  venans ,  de  quelque  Religion 
qu'on  foit ,  fans  que  l'on  s'informe  ni  de  leur  pays , 
ni  de  leurs  affeires  -,  &c  chacun  y  eft  reçu  ,  fans  qu'il 
lui  en  coûte  aucune  chofe.  Au  refte ,  le  Chevalier 
Chardin  les  appelle  Caravanferai ,  ce  qui  en  efîet 
fcmble  plus  conforme  à  l'ctymologie  alléguée  ici. 
Tavernier  les  appelle  Caravaiiferas.  Il  remarque 
qu'on  ne  trouve  des  Caravanferas  fondés  que  de- 
puis Bude  jufqu'à  Conftantinople  -,  mais  qu'en  Alie , 
il  faut  acheter  des  vivres  fi  on  n'en  a  pas  avec  foi. 
En  Turquie  il  n'eft  permis  qu'à  la  mcre  &  aux 
foeurs  du  Grand  Seigneur ,  ou  aux  Vifirs  &  Bâchas 
qui  fe  font  trouvés  trois  fois  en  bataille  contre  les 
Cluétiens ,  de  fonder  des  caravanferas.  Les  Cara- 
-i'anferas  de  Perfe  font  plus  commodes  Se  mieux 


CAR 

irbâfls  que  ceux  de  Turquie  -,  ils  font  au/fi  bâtis  dans 
une  diftance  raifonnable  les  uns  des  autres ,  de  forte 
qu'on  en  trouve  ptefque  par  tout  où  il  eft  néceffaire. 
Tavernier. 

Meninski   écrit   Karwan   ou   Kerwanferai ,  & 
quelques-uns  en  François  Carven-feras.  Mais  l'ufa-  ' 
ge  eft  pour  caravanferas  dans  notre  langue. 

Ce  mot  vient  du  mot  turc  f»;n&?p  ,  karwan,  ou 
kerwan  ,    qui  fignifie  caravane,  Sc^clity,  f.irai , 
c'eft-à-dire  ,  mailbn  ,  palais ,  hôtel.   Caravanferas ^ 
niailbn  ,  holpice  de  caravane  -,  auberge ,  hôtellerie  , 
mailbn  publique  pour  loger  les  caravanes ,  &  pour 
y  décharger  les  marchandifes.  Meninski. 

CARAVANSERAKIER.  f  m.  L'Intendant  ou  Gardien 
d'un  caravanfera, 

CARAUDER.  v.  n.  Vieux  mot.  Se  réjouir.  On  a  dit  auf- 
fi caraiide  ,  pour  dire  ,  joie. 

CARAVELLE  ou  CARAVALLE.  f.  f.  VaifTeau  rond, 
équipé  en  forme  de  galère ,  ayant  pouppe  carrée. 
Olbrius ,  dans  VHiJioire  de  Portugal ,  le  décrit  ainfi. 
C'eft  un  vaifîéau  qui  n'a  point  de  hune ,  mais  le 
bois  traverfant  le  mât  eft  feulement  attaché  près 
de  fbn  fbmmet.  Les  voiles  font  faites  en  triangle 
ou  à  oreille  de  lièvre  ,  ce  qu'on  appelle  voiles  la- 
tines ;  8c  leur  bout  d'en  bas  n'eft  guère  plus  élevé 
que  les  autres  fournitures  du  vailfeau.  Au  plus  bas , 
il  y  a  de  grolfes  pièces  de  bois  comme  un  mât, 
lefquclles  font  vis-à-vis  l'une  de  l'autre  aux  côtés 
de  la  caravelle ,  &c  s'amenuifent  peu-à-peu  en  haut, 
La  caravelle  porte  jufqu'à  quatre  voiles  latines , 
outre  les  bourlets  &  les  honnêtes  en  étai  :  &  ce 
font  les  meilleurs  voiliers  qui  foient  fur  la  mer: 
ils  font  ordinairement  du  port  de  fix  à  fept  vingts 
tonneaux.  Les  Portugais  fe  fervent  de  ces  vailfcaux 
en  guerre  ,  pour  aller  8c  venir  en  plus  grande  di- 
ligence :  car  ils  les  font  tourner  facilement ,  lèvent 
&  ferrent  les  voiles  ,  8c  reçoivent  le  vent  comme 
il  leur  plaît.  Le  premier  qui  s'en  fervit  pour  les 
Indes  &  l'Ethiopie  fut  Vafco  de  Gama. 

Ce  mot  vient  des  termes  de  la  bafîe  latinité  , 
&  du  Grec  ««««Ci»» ,  navigium ,  vaiffeau  ,  efpèce  de 
vailfeau. 

CARBASES.  f.  f.  pi.  Vieux  mot.  Voiles  ,  du  latin 
cartafus ,  lin. 

CARBATINE.  f.  f.Peaux  de  bêtes  nouvellement  écor- 
chces.  Pelles  recens  avulfa.  Ils  eurent  les  jambes  écor- 
chées ,  parce  qu'ils  portoient  des  carbatines  faute  de 
fbuliers. 

CARBEQUI  ou  afpre  de  cuivre,  f.  m.  Monnoie  qui  a 
cours  dans  la  Géorgie  ,  particulièrement  à  Teflis  qui 
en  crt  la  capitale.  40  carbequis  font  i'abagi ,  &  10 
carbequis  le  chaouti. 

CARBET,  1".  m.  Grande  café  commune  que  font  les  Sau- 
vages des  Antilles  au  milieu  de  toutes  leurs  cafés. 
Cafa  amplior.  Le  carbet  eft  compofé  de  fourches  fi- 
chées en  terre  ,  8c  de  chevrons  pofcs  en  talut ,  &  cou- 
verts de  feuilles  de  latanier.  Il  eft  d'ordinaire  de  60 
8c  80  pieds  de  longueur. 

^fT  CARBON.  Petite  ville  d'Afrique  ,  fur  la  côte 
du  Royaume  d'Alger  ,  entre  la  ville  de  ce  nom&: 
celle   de  Bugie. 

CARBONADÈ.  f  f.  |C?  ou  plutôt  CARBONNADE. 
Viande  grillée  fur  les  charbons  ,  8c  fervie  foit  avec 
une  fauce ,  foit  fans  fauce.  Pigeon  à  la  carbonnade. 
Tranche  de  bœuf  à  la  carbonnade,  Caro  inprunâ 
tofia. 

CARBONCLE.  f.  m.  Terme  de  Lithologie.  C<?r/^?^«- 
culus.  C'eft  la  même  chofe  que  le  Rubis^.  Lémery  dit 
que  le  Motion  eft  une  efpèce  d'Onyx  mêlé  de  la  cou- 
leur du  carboncle.  Voyez  Rubis. 

Carboncle.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  ef- 
pèce de  gros  phlegmon  ou  bubon  qui  eft  fort  en- 
flammé ,"  8c  d'ordinaire  peftilentiel.  Le  peuple 
l'appelle  charbon ,  &  les  Médecins  carbiinculus 
8c  anthrax. 

§cr  CARBONILLA.  f.  f.   Terme  ufîtc   au    Potofî  , 

pour  défîgner  un  mélange  de  deux  parties  de  cbar- 

.  bon  &  d'une  partie  de  terre  grafTe  ,  dont  on  fair 


C  À  Ë. 

ïes  vaifleaùx ,  noiTimés  Catins ,   qui    iervent"  dani 
les  effais  des  mines. 

CARBOUILLON.  f.  m.  Terme  de  Finance,  eft  un  droit 
de  Salines  en  Normandie,  qui  e(l  le  quatrième  du 
prix  du  Tel  blanc  fabriqué  darts  les  ialines.  Q^uaru 
fars  ex  falmarum  pretio.  Il  en  cft  fait  mention  dans 
l'Ordonnance  des  Gabelles. 

L'Aïueur  du  Didionnaire  de  Commerce  prétend 
qu'il  faut  dire  Qiia.rt-bouillon  :  il  elT:  fondé  en  raifon, 
û  on  s'en  rapporte  à  rétymôlogie. 

CCF  CARBRE  ou  CARBURY.  Ville  d'Irlande  j  dans 
la  province  de  Leinfter,  ou  comté  de  Kildare.  6W- 
frena. 

CARCAILLER.  v.  n.  Terme  de  fauconnerie  >  qui 
exprime  le  cri  des  cailles.  On  dit  des  cailles ,  car- 
cailUr.  Fait. 

CARCAJOU  ou  CARCAJOUX.  f.  m.  Prononcez 
Carcajoii.  C'efl  un  animal  carnaflîer  de  l'Amérique 
feptentrionnle  ,  qui  pèfe  ordinairement  25  ,  30  &: 
35  livres.  L'un  de  ceux  que  M.  Sarafin ,  Chirur- 
gien à  Québec  ,  a  difféqués ,  pcfoit  51  livres.  Il  avoir 
2  pieds ,  depuis  le  bout  dû  mufeau  ,  jufqù'à  la  queue 
qui  avoit  8  pouces  de  long.  La  tête ,  qui  ell;  fort 
courte  &  fort  groflé,  eu  égard  à  la  grandeur  de 
tout  ràiiimal,  avoit  6  pouces  depuis ^le  bout  du 
mufeau,  jufqu'à  la  première  vertèbre  du  cou ,  ou 

5  pouces  de  diamètre  à  l'endroit  des  oreilles ,  qui 
font  droites ,  courtes ,  &  arrondies  par  le  bour. 
Sa  poitrine  &:  Ion  ventre ,  qui  font  d'un  égal  vo- 
lume j  avoient  un  pied  deux  pouces  de  diamètre. 
Il  avoit  les  Jambes  fort  courtes  ,  elles  n'avoient 
qu'environ  9  pouces  de  long ,  y  compris  les  pâtes , 

.qui  en  avoient  quatre  ,  &  qui  font  compoices  de 
cinq  doigts,  qui  avoient  plus  d'un  pouce  de  Ion?, 
qui  font  armés  d'ongles  crochus,  très  forts  &  trcs- 
pointus ,  &  qui  avoient  environ  trois  lignes  de 
large  dans  leur  bafe. 

La  couleur  du  Carcajoû  efl:  plus  ou  moins  iwîre 
feloii  les  endroits  qu'il  habite.  Ordinairement  elle 
efl:  noire  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'environ 
un  travers  de  doigt  au  deffus  des  yeux.  Le  poil 
en  efl:  fort  court  De-là  jufqu'au  derrière  de  la  tête 
elle  efl:  d'un  roux  tirant  fur  le  gris;  depuis  la  elle  efl: 
noire  fur  le  dos  jufqu'à  url  travers  de  doigt  de  la 
queue  ;  enfuitc  elle  efl:  roufîé  jufqu'à  5  pouces 
avant  dans  b  queue  ,  dont  le  refle  ell  noir ,  & 
toufù  comme  celle  d'un  renard.  Il  a  deux  bandes 
ronfles  qui  preiinerit  aux  épaules ,  &  qui  régnent  le 
long  des  côtes  jufqu'à  la  queue;  &  depuisles  deux 
oreilles,  dont  le  poil  efl:  court  &  qui  font  noires, 
il  y  a  deux  autres  bandes  de  poil  blanc  &  roux, 
qui  defcendent  jufqu'entre  les  deux  jambes  en  for- 
me de  cravate  ,  &  qui  forment  un  angle  en  fe 
léuniflant.  Tout  ce  qui  couvre  le  ventre  e(t  noir, 
depuis  le  cou  jufquM  l'anus  ,  excepté  quelques  en- 
droits dans  le  milieu,  qui  foirment  quelquefois  une 
ligne  blanche.  Le  pbil  du  mufeau ,  des  oreilles , 
des  cuifl"es  ^  des  jambes  &  dés  pâtes,  efl:  fort  court  ; 
celui  du  refle  du  corps  a   14  ou  15  lignes  de  long. 

Il  a  les  yeux  très-perits  à  proportion  de  fa  gran- 
deur. Ils  n'ont  qu'environ  quatre  lignes  d'un  an- 
gle à  l'autre ,  &  trois  lignes  entre"  les  paupières 
lorfqu'elles  font  écartées,  'il  n'a  rien  de  particulier 
dans  le  cerveau  :  fes  mâchoires  font  très -fortes, 

6  garnies  de  trente-deux  dents  ,  dont  treize  font 
molaires,  quatre  canines  qui  font  très-longues ,  & 
douze  incifives ,  qui  font  courtes ,  étroites,  épaiflés 
&  fort  tranchantes.  Quand  ils  font  vieux,  leurs  dents 
font   fort  ufces. 

Les  intefl:ins  ont  ij  pieds  de  long.  Le  foie  eft 
compofé  de  huit  lobes  ,  quatre  grands  &  quatre 
petits.  Le  conduit  cholidoque  répond  au  duodé- 
num -,  la  rare  a  très-peu  d'épaiflx;ur ,  &  un  pouce 
de  large  fur  fix  de  long.  Le  pancréas  en  a  douze 
ou  treize,  &  s'ouvre  comme  le  cholidoque  dans  le 
duodénum.  Les  reins  ont  un  pouce  &  demi  de 
long  fur  un  de  large,  &  un  peu  moins  d'épaifleur; 
les  vertèbres  fonr  à  l'ordinaire.  La  veffie  efl:  mince 
&  délicate.  Les  parties  naturelles  des  Carcajoux 


,  G  Â  R  ^Y^ 

mates  è«  femelles  font  femblables  à  celles  des  chiens 
Wes  chiennes.  Les  balons  ou  bourfes  qui  font 
communes  aux  anmiaux  carnaffiers ,  &  cA  ibnt  ï^- 
tues  proche  de  l'anus ,  s'y  ouvrent,  &  répandent 
une  hquçur  extrêmement  puante.  Tous  fes  mufcks 
font  exttemement  forts. 

Cet  animal  habite  les  endroits  les  pluS  froids  de 
i  Amérique  Septentrionale.  Il  eft  fort  rare,  &  l'on 
;r5"%F^^-  Q"^"d  il  ell:  pris  ou  blefle  ,  il  rugit  i 
^  iouifle  comme  un  chat.  On  dit  que  la  femelle 
he  ait  qu'un  petit  ;  cela  n'eft  pas  fur.  Comme  fes 
pieds  (ont  fort  courts,  il  rampe  plutôt  fur  la  neiire 
qu  II  ne  marche.  D'ailleurs  comme  il  cft  le  ph.s 
pelant  &  le  plus  lent  de  tous  les  animau^J  carnaf- 
i-ers,  li  elt  ctonhant  comment  il  peut  attraper  fa 
proie,  h  ce  n'eft  le  caftor ,  aufTi  lent  que  lui.  En 
eiîet,  pendant  l'été  il  le  furprend  hors  de  fa  ca- 
bane, &1  égorge;  en  hiver,  il  l'attaque  dans  fa 
cabane,  la  brife  &  la  démolit;  mais  il  en  prend 
peu  de  certe  manière.  Le  caftdr  fe  gliffe  fous  ia 
glace ,  &  1  évite  ailcment  ;  mais  quand  il  retourne 
aux  provifions  qu'il  a  faites  pour  fon  hiver,  le  C^r. 
cajou  qui  1  attend  comme  un  chafléur,  le  prend  & 
s  en  nourrit.  Dans  les  pays  chauds  le  caftor  n'a  rien 
a  craindre,  parce  qu'il  ne  cabane  point,  mais  fe 
loge  fort  avant  en  terre  fur  le  bord  des  lacs  & 
des  tivières. 

Il  chaAe  autrement  à  l'orignac.  Cet  animal  choi- 
fït  un  canton  de  bois  puant,  qui  eft  Vana^yris 
Jœuda,  dont  il  fe  nourrit  pendant  l'hiver,  de  forte 
que  quand  il  y  a  cinq  ou  iix  pieds  de  neige ,  il 
le  lait  dans  ces  cantons  des  toutes  que  les  chaf- 
feurs  appellent  ravages ,  qui  il'ont  fouvent  pour 
pluùeurs  orignacs  ,  qu'une  demi  -  lieue  d'étendue 
&  qu'ils  ne  quittent  point ,  s'ils  ne  font  pourfui- 
vis  par  quelques  chafleurs.  Quand  le  Carcajoû  a 
découvert  urie  de  ces  places,  il  fe  met  à  l'afFut  fur 
un  des  arbres  contre  lefquels  l'originac  a  cou- 
tume de  fe  froter  ,  &  quand  il  y  vient ,  il  fe  jette 
fur  lui ,  le  faifit  à  h  gorge ,  &  la  lui  coupe  en 
un  moment,  quelques  efforts ,  quelques  bonds  que 
fafle  l'orignac  ,  &  quoiqu'en  fe  frotant  contre  les 
arbres  il  déchire  quelquefois  la  peau  de  fon  enne- 
i-ni  qui  ne  quitte  jamais  prife.  Il  charte  à  peu  près 
de  même  le  caribou  dans  les  Savannes ,  ou  forêrs 
épaifles ,  l'attendant  fut  la  route  qu'il  s'y  fait  ;  cac 
dans  les  Savannes  claires,  comme  il  ne  s'y  fait 
point  de  route,    il  l'atrendroir  envain. 

Le  Carcajoû  eft  l'animal  le  plus  acharne  fur  fa 
proie,  le  plus  furieux  à  l'égorger.  Il  traîne  aifément 
&:  aflcz  vite  fur  la  neige  un  quartier  d'orignac.  Il 
a  beaucoup  de  rufes.  Û  rompt  les  attaches"  qu'on 
lui  tend ,  il  détend  les  pièges ,  il  coupe  la  corde 
des  Iddls  qu'on  prépare  pour  le  tuer ,  après  quoi 
il  mange  fans  péril  l'appas  dont  on  vouloit  fe  fer- 
vir  pour  l'attirer. 

CARCAISE.  f.  f.  Terme  de  manufadure  de  verre- 
ries. Efpèce  de  four  de  verreries ,  qui  eft  le  pre- 
mier où  fe  fait  la  fritte  des  matières  qui  fervent 
à  faire  le  verre  &  le  criftaJ. 

CARCAN,  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  lîgnîfioit  autrefois 
un  collier ,  ou  une  chaîne  de  pierreries  que  les  fem- 
mes portoient  au  cou  ,  qu'on  appeloit  aiuTijaceran. 
Tordues ,  [orquis.  Ce  mot  vient  de  carchefius  la- 
(]ueus.  Ce  mot  rentre  dans  l'ufage  depuis  quelques 
années  ;  les  femmes  portent  un  carcan  comme  elleS 
faifoient  autrefois. 

^3"  Carcan  eft  auflî  un  cercle  oïl  collier  de  fer 
avec  lequel  on  arrache  par  le  cou  à  line  porcnce , 
dans  une  place  publique  ,  des ,  malfaiteurs  qu'on 
ne  juge  pas  dignes  de  mort ,  p>our  les  punir ,  pat 
la  confufîon  d'un  délit  qui  marque  la  baffc/re  de 
Famé.  Cette  peine  emporte  infamie.  Collare  fer- 
reiim.  Condamner  au  carcan,  mertre  au  carcan:. 
On  appelle  cela  en  Efpagnol./c«fr  ^  i^tvergucnça^ 
On  l'a  aurti  appelé  carcanum  dans  la  bafle  Latinité ,1 
ou  coUïjlriaium. 

Ip-^  CARCANOSSI  ou  ANDROBEIZACHA.  Nom 

K  k  ij 


^6o 


CAR 


d'une  Province  de  l'île  de  Madagascar  ,    fous  le 
Tropique  du  Capricorne. 

ÊARCAPULI.  C  m.  Fruit  de  l'île  de  Java ,  qui  eft 
gros  comme  une  cerile.  Il  en  a  le  goùr,&  l'arbre 
qui  le  produit  reiremble  à  nos  cerifiers.  Il  y  en  a  de 
plufîeurs  elpcces ,  les  uns  blancs ,  les  autres  rouges 
bruns ,  &  d'autres  qui  font  d'un  fort  bel  incarnat. 
Il  y  a  un  autre  Curcapidi ,  dont  parle  Lémery 
après  Acofta.  C'ell;  un  très-grand  arbre  de  l'Amc- 
riquc  qui  porte  un  truit  lemblable  à  une  orange  , 
dont  la  peau  eft  fort  mince ,  unie  Si  luilante ,  de 
couleur  dorée  quand  il  eft  mûr.  Ce  fruit  eft  tout 
rempli  de  petits  grumeaux  joints  enfemble ,  &  qu'on 
a  beaucoup  de  peine  à  icparer.  Il  eft  d'un  goiu 
acre  j  mais  agréable  j  &  les  Indiens  l'emploient 
dans  leurs  flnices.  On  le  pulvériie  après  l'avoir  fait 
fcchcr  ,  &  l'on  en  fouftle  la  poudre  dans  les  yeux 
pour  éclaircir  la  vue.  Ce  fruit  arrête  le  cours  de 
ventre,  excite  l'appétit  ,  hâte  l'accouchement,  & 
augmente  le  lait  des  nourrices. 

GARCAS.  f.  m.  Pharetra.  Ce  mot  en  vieux  langage 
veut  dire  carquois. 

Qjiant  amours  ot  ouy  mon  cas , 
Et  vy  qu'à  bonne  fin  tendy  , 
llnmitfafiécke  au  carcas.  Alain  Chartiîr. 

CARCASSE,  f  £  Corps  d'un  animal  mort ,  dont  les 
chairs  ont  été  la  plupart  retranchées ,  confumécs 
ou  defféchées ,  ou  qu'il  n'en  refte  plus  s,\\ztt.  Larva 
Tiudis  ojfibus  cohœrens  ,  crûtes  offea. 

On  voit  encore  les  carcaffes  des  foldats  &  des 
chevaux  demeurés  fur  le  champ  de  bataille.  Car- 
caffe  de  chapon,  de  perdrix,  de  levraut ,  c'cft  ce 
qui  refte  après  en  avoir  ôté  les  quatre  membres , 
les  cuiflès,  les  aîles  ou  les  épaules. 

^T  On  dit  figurément  8c  par  mépris  d'une  perfonne 
extrêmement  maigre  ,  que  c'eft  une  carcajfe ,  qu'elle 
n'a  plus  que  la  carcaffe-. 

Tu  n'es  qu'une  ombre ,  une  carcafTe , 

Je  ne  vois  rien,  quand  je  te  vois.  Gombaut, 

Carcasse,  f.  f.  Terme  de  Guerre.  C'eft  une  efpèce 
de  bombe  de  figure  oblongue  ,  qu'on  tire  avec  un 
mortier.  0//a  igniaria  ferramencis  omnis  generis 
referta.  Elle  eft  compofée  de  p'iufieurs  grenades , 
&c  bouts  de  canons  de  piftolets  chargés  ;  on  en- 
veloppe le  tout  d'une  made  d'étoupes  trempées 
dans  des  matières  huileufes,  &  on  le  couvre  d'une 
toile  goudromiée  ,  garnie  par  les  deux  bouts  de 
deux  plaques  de  fer ,  qui  font  attachées  enfemble 
par  des  cercles  de  fer  qui  repréfenrenr  les  côtes  d'une 
2arca[fe  ,  &  qui  partent  en  croix  l'un  fur  l'autre. 
Il  y  a  un  petit  trou  à  l'une  des  plaques  pour  com- 
muniquer le  feu  à  la  carcaffe. 

Carcasse  eft  aulTi  l'ouvrage  de  charpenterie  d'un  ba- 
teau, ou  ponton  de  cuivre,  qui  n'a  point  encore  fa 
couverture.  Prima  navis  fabrica.  On  appelle  en- 
core la  carcaffe  d'un  vaifleau  ,  le  corps  d'un  vaif- 
feau  qui  n'eft  point  bordé. 

ffj"  La  carcaffe  d'un  bâtiment  comprend  les  folives , 
les  poutres,  les  cloifons ,  les  planchers,  &c.  C'eft 
proprement  l'aflemblage  confidéré  indépendam- 
ment des  murs  qui  l'environnent  &  de  la  couverture. 

lie?  On  appelle  aufli  carcaffe  chez  les  marchandes  de 
modes,  des  branches  de  fil  de  fer  couvertes  d'un  cor- 
donnet ,  foutenues  toutes  par  une  rraverfe  com- 
mune à  laquelle  elles  aboutilîent.  Ces  carcajfes  fer- 
vent à  monter  les  bonnets ,  à  en  tenir  les  papillons 
étendus ,  &:  à  empêcher  qu'ils  ne  fe  chiflbnnent. 

CARCASSOIS  ou  CARCASSEZ.  Carcafflanus  a^er , 
ou  jHiç^us  ;  Carcaffï  Comitatus.  Maty  appelle  ainfi 
le  Comté  de  Carcaifonne.  Valois ,  Not.  Gall.  dit 
que  Carcaffle^  eft  en  ufage  dans  le  Pays  Carcafîbn- 
nois  &  ailleurs. 

CARCASSONNE.  Ville  Epifcopale  de  France.  Car- 
cafum ,  Carcafo  ,  Carcaffîo.  Carcajfonne  eft  dans 
le  Languedoc ,  entre  Narbonne  &  Touloufe ,  fur 
la  rivière  d'Ande  qui  la  traverfe,  La  ville  de  Car- 


CAR 

cajfonne ,  félon  l'Hiftoire  fabuleufe  ,  a  été  bâtie 
5  59  ans  avant  Rome  par  Carcas ,  l'un  des  fept  Eu- 
nuques du  Roi  Afluérus ,  dont  il  eft  parié  dans  le 
Livre  d'Efther  ,  ck.\.  L'opinion  de  ceux  qui  tirent 
fon  nom  d'une  certaine  Dame  appelée  Carcas  qui 
fit  lever  le  fiége  à  Charlemagne  ,  qui  aifiégeoit 
cette  Place ,  n'eft  pas  plus  recevable ,  puifque  long- 
temps avant ,  Pline ,  Liv,  III,  ck.  4  ,  l'appeloit  Car- 
caff'nm,  Pzolomée  Carcajfo,  Se  Procope  CarcaJJio. 
On  ne  fait  au  vrai  d'où  vient  ce  nom. 

La  plupart  des  Hiftoriens  difenr  que  le  nom  de 
Carcaffonne  vient  de  carcan  ;  mais  il  y  a  plus  d'ap- 
parence qu'il  vient  du  mot  carquois ,  parce  que  la 
ville  de  Carcaffonne  étoit  le  magalin   de  la  Gaule 
Narbonnoife  ,  où  fes  peuples  fe  fervoient  de  flè- 
ches avec  une  adrefîe  toute  particulière.  P.  Benoit. 
Carcajfonne  &  fon  territoire  a  eu  titre  de  Comté. 
Il  fut  vendu  à  Louis  VIII,  en   iiiz,  6c  depuis  ce 
temps-là ,  il  a  toujours  été  uni  à  la  Couronne.  Cette 
ville   eft  renommée  par  les   beaux  draps  qu'on  y 
fair.  Belfe  a  publié  l'hiftoire  des  Antiquités  de  Car- 
caffonne.    Voye^    Valois  ,"  Notit.    Gall.    p.    ii6. 
Ce  font  les  Goths ,  qui  ayant  perdu  Touloufe  ,  éri- 
gèrent Carcaffonne  en  Cité,  afin  que   le  nombre 
de  leurs  Cités  ne  diminuât  point  ',  &  peu  de  temps 
après  Carcaffonne  eut  auffi  des  Evêques.  Andoque. 
Hiff.  de  Lang.  L.  VI ,  p.  150.  f^oytr^auHî  fur  cette 
ville  Catcl ,  Hiji.  de  Languedoc  ,  Liv.  II  ,c.  9  ,  Liv. 
408  ,  409 ,  &CC.  Carcaffonne ,  a  ,  félon  la  table  de 
M.  Caffini ,  19°,  51',  45"  de  long.  &  45°,  11', 
io"  de  latitude. 
CARCASSONNOIS.  Carcaffhnenfis  ,  ou   Carcafen-' 
fis  pagus.  Quelques-uns  difent  Carcaff'efium,  Comté 
de  Carcaflbnne  ,  autrement  Carcajfois.  Valois ,  Not. 
Gall.  dit  que  les  gens  du  pays  l'appellent  Carcaff 
fei,  de  les  autfes   François  Carcaffonnois. 
CARCHESIEN.  adj  On  donne    ce   nom  à  une  ef- 
pèce de  lacs  dont  on  fe  fert  pour  faire  les  exten-' 
tions  dans  les'juxations  Se  les  fractures.  Laqueus  Car- 
chefius.  Il  fe  fait  comme  le  nœud  qui  attache  la 
voile  au-delfus  de  la  hune  d'un  vaiffeau ,  d'où  il 
a  pris  fon  nom ,  c'eft-à-dire ,  du  mot  Latin  Car- 
chefium.  Qui  fignifie  le  haut  du  mât  d'un  navire , 
ou   la  hune.  Col  de  Villars. 
CARCINOMATEUX  ,  EUSE.  adj.  Terme  de  ^è- 
decine.  Qui  tient  du  cancer  ,  qui  a  rapport  au  can- 
cer. Cancro  infeclus ,  fimilis.  La  partie  de  la  vedîe 
fquirreufe  ,  au  travers  de  laquelle  s'écouloit  l'urine , 
étoit  carcinomateufe.  Demours  ,Acad.  d'Ed.  I,  371. 
CARCINOME,  f.  m.  Terme  de  Médecine.  C'cft  une 
tumeur    qu'on    appelle    autrement  cancer,    Foye^ 
Cancer. 
CARCISTE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fadion.  Carcifta.  Le 
Comte  de  Carces  ayant  été  fait  Grand  Sénéchal 
de  Provence ,  &  Lieutenant  de  Roi  de  la  même 
Province  fous  Henri  III,  fit  de  fi  grandes  impofirions 
de  deniers  .lu  pays ,   &  donna  tant  de  liberté  aux 
gens  de  guerre  qu'il  employoit    tant  pour  l'exac- 
tion des  deniers ,  que  pour   la   garde  de  la  Pro- 
vince contre  les  Reiigionnaires ,  qu'ils  faifoient  de 
grandes  concuffions  :  ils  furent  z^'^elés  Carciffes  du 
nom  du  Comte.   Voye:^  Bouche,  Hiff.   de  Prov. 
L.  X,  c.  8%  §.  I.  Les  Carcifies ,  parri  fcditieux  dans 
le  XVP  fiécle  ,  s'étant  joints  avec  les  Razats ,  au- 
tres mutins,  &  foutcnus  les  uns  par  laNoblefle, 
&   les  autres  par  le  Peuple  &:  par  le  Parlemenr , 
entretenoient  le  trouble  &  la  rcvolre  en  Provence 
vers  l'an  içyS. 
|Cr  CARCUB.  Petite  ville  d'Afie  ,  dans  la  province 
d'Ahuaz  en  Chaldce ,  à  vingt  lieues  de  Sus ,  capi- 
tale  du  Cufiftan. 
Ip-  CARCUNAH.  Ville  d'Afrique  dans  la  Province 
que  les  Arabes  nomment  Barbera ,  qui  eft  la  Bar- 
barie Ethiopienne. 
CARCUON.  f.  m.  C'cft  une  petite  caraque ,  ou  vaif- 
feau renforcé. 
CARDA  ,  ou  peut-être  CARDIA,  f.  m.  Cardea  ,  Ma- 
crobe ,  Saturnal.  L.l,  c.  12,  fait  mention  d'une 
Divinité  qu'il  appelle  Carna  ,  laquelle ,  dit  cet  Au- 


CAP. 

Veiir ,  prcfrdoit  aux  parties  nobles  &  aux  parties  vi- 
tales de   l'homme ,    au  cœur ,    au  foie ,  &  à  tous 
les  intcftins ,  dont  elle  procurcit  la  fantc  ;  &  par- 
ce que  Brunis ,  ajoute-t-iJ ,  par  le  moyen  du  cœur  , 
par  le  fccret  du  cœur ,   ëc  la  dlilimulation  ,  paflbit 
pour  un  homme  utile  au  changement ,  &  à  la  ic- 
tbrmation  de  l'Etat,  il  bâtit  un  temple  cà  cette  Dceife, 
Il  avoit  dit  auparavant  que  le  même  Brutus  ,  le  pre- 
mier jour   de  Juin  ,    revenant   victorieux  ,    après 
avoir  charte  Tarquin  ,  fit  un  facrifice  à  la  Dceife 
Carna  fur  le  mont  Cœlius,  Vives  fur  S.  Aug.  De 
Civit.  Dei  ,  L.  IF,  c.  8.  Vigenere  fur  Tite-Livc  , 
T.  I ,  p.  660  &  I  KÎiS.  Rofmus  dans  fes  Antiq.  Rom. 
Liv.  Il,  çh.  19  ,  &  tous  les  autres  que  j'ai  pu  voir  , 
la  confondent  avec  la  Carna  dont  parie  Ovide  ,  ou 
la  Cardca,  comme  l'appelle  S,  Auguftin  ,  De  Civit. 
Dci,  L.  IF,  c.  8  ,  c'eft-à-dire  ,  avec  la  Déeffe  des 
gonds.  Cependant  Macrobe  ,  qui  marque  avec  foin 
toutes  les  fonctions  de  la  Déeffe  ,  dont  il  parle , 
ne  dit  pas  un  mot  de  celle  de  prcfider  aux  gonds. 
D'ailleurs  1  e  friin  de  conferver    les    entrailles   de 
l'homme,  S^  celui  de  veillçr  aux  gonds  des  portes, 
font  fi  diffcrens ,  qu'ils  ne  conviennent  nullement 
à  la  même  Divinité.  On  avoit  tant  de  foin  de  ne 
point  trop  accabler    les  Dieux  de  travaux    6c   de 
foins  ,  &  de  les  multiplier ,  à   chaque  occupation 
différente  que  l'on  concevoitdahs  le  détaSl  du  gou- 
vernement du  monde ,  que  Je  ne  puis  croire  qu'on 
ait  charge  la  même  Déeife  de  ces    deux   emplois. 
J'aime  donc  mieux  en  faire  deux  Divinités  ,  dire 
qu'il  y  a  une  faute  dans  Macrobe ,  qu'il  faut  lire 
Carda ,  ou  Cardis  ,  au  lieu  de  Car/ia  ;  que  ce  nom 
Venoit  du   grec  xâp^ix ,  le  cœur ,    &   qu'il   lui    fut 
donné  parce  qu'elle  avoit  le  foin  du  cœur,  &  des 
■entrailles ,  dont  il  cft  la  plus  noble  partie;  &  qu'en- 
fin ,  outre  la  fonétion  de  cette  Déefîe,    l'allufion 
que  fait  Macrobe,  ou  qu'il   raporte  qu'on  fit  au 
cœur  de  Brutus ,  exige   cette  corredion.  Foye^  les 
Auteurs  cités. 
|ÎC?  CARDAILLAC.  Foye^  Cardillac. 
fjCF  CARDAIRE.f  f.  Poiifon  de  mer  ,  efpèce  de  raie. 
Raia  fpiiioja.  Il  eft  hériffé  d'aiguillons ,  à  peu  près 
comme  les  cardes  dont  on  fe  fert  pour  carder  la 
laine.  C'cft  pourquoi  on    lui  a  donné  le  nom  de 
Carddire. 
CARDAMINE.  f  f.  Cardamine.  Plante  qui  vient  or- 
dinairement dans  les   prés   humides ,   &  dont  les 
fleurs    font    en   croix.     Sa    racine    eft  vivace,  é- 
paiflé  de  quelques    lignes  à  fon  corps ,  blanche  , 
fîbreufe,  chevelue,    &  qui  donne  des  feuilles  ai- 
lées, couchées  par  terre  ;  c'eft-à-dire  ,  découpées, 
en  plufieurs  globes,  arrondies  ordinairemenr ,  dif- 
pofées   par  paires  :  elles    font    vertes ,   &  un   peu 
velues  en   defllis  ,    plus  glabres  en  deflbus  ,    d'un 
goût  piquant  &  acre.  Les  tiges  qui  partent  de  leur 
centre  font  droites,  menues ,  minces,  rondes, hau- 
tes d'un  pied  environ,  quelquefois  plus,  d'autres 
fois  moins  ;  chargées  alternativement  &  par  inter- 
valles de  quelques  feuilles  ailées  comme  celles  du 
bas ,  mais  plus  étroites ,  plus  découpées  fur  leurs 
bords  &  plus   inégales.    Ces   tiges  Ibnt   rarement 
branchucs  -,  elles  portent  à  leurs Vommets  plnlîeurs 
fleurs  compofées  de  quatre  pétales  blanchâtres  ou 
purpurines ,  à  peu  près  pareilles  à  celles  de  la  ju- 
liane.  A   ces  fleurs  iuccèdent  des  filiques  formées 
par  le  piftil ,  &  qui  font  longues  de  deux  pouces 
environ  ,  fort  étroites ,  un  peu  aplaties,  d'un  pour 
pre  foncé  en  dehors ,  divifees  en  deux  loges  par 
une  cloifon  mitoyenne  ,  &  renfermant  deux  rano-s 
de  petites  iémences   longuettes ,  &:  d'un  vert  jau- 
nâtre. Les  deux    panneaux  qui  forment  la   filique 
fe  roulent  en  volute  par  une  efpèce  de  reffort ,  ce 
qui  fait  répandre  &  écarter  la  fcmence  avec  im- 
pétuofité.  Il  y   a  plufieurs  efpèces  de  Cardamine  ; 
celle-ci  eft  la  plus  commune ,   &  fe  nomme  Car- 
praterfis ,  mag7:o  flore  ,  Inft.  R.   herb.  Son  goût , 
qui  approche  de  celui  du  creflbn  ,  lui  a  fait  don- 
ner le  nom  de  Cardamine ,  qui   fignifie  la  même 
chofe  que  Naflurtium.  Comme  cette'plante  cft  acre 


CAR. 


t6i 


I       éc  piquante  au  goût ,  de  même  que  le  creffon ,  elle 
peut  lui  être  fubftituéc. 

Ce  mot  vient  du  grec  ««f^«,t„>, ,  qui  fignifie  la 
même  chofe, 
CARDAMOME,  f  m.  Graine  médecinale  &fort  aro- 
matique, contenue  dans  des  goufîes  qui  nous  vien- 
nent des  Indes  orientales  &  de   l'Arabie.  Carda- 
momum.  On  en  fair  ordinairement  de  trois  fortes 
le  grand ,  le  moyen  &   le  petit.  Le  grand  carda- 
mome a  une  goulfe  faite   en   fontie  de  figue  ,   & 
qui  eft  plus  grande  que  celle  des  auttes  efpètes  j 
mais  il  eft  femblable  tant  pour  le  goût ,  l'odeur  * 
la   couleur,  la  forme  de  fes  grains\  que  pour  la 
couleur  &_  la  fubftance  de  fa  goulfe.  Le  c^T-rfawowe 
moyen  a  fa   goufie  moindre  que  celle  du  précé- 
dent. Elle  eft  triangulaire,  allez  longue  ,  &  pleine 
de  femence  de  couleur  de  pourpre ,  acre  &  mor- 
dante. La   gouflé  du  petit  cardamome  eft  encore 
beaucoup  plus  petite  que  celle  du  moyen  :  elle  a 
aulli  la  forme  triangulaire,  &  fes  grains  fantauili 
de  couleur  de  pourpije  ,  anguleux  ,  "d'un  goût  acre 
&:  mordicant,  &  d'une  odeur  forte  &  pénétrante. 
On  appelle  la  première  forte  de  cardamome ,  ma- 
/egitete  ou  malegeu  ,  parce  qu'il  relfemble  au  mil- 
let d'Inde  ,  qu'on  appelle  en  Italie  malegua.  On  la 
nomme  aufifi  graine  de  Paradis ,  parce  qu'elle  eft 
fort  odorante,  &  d'un  goût  acre  &  amer. Le  petit 
cardamome  furpalfe  les  autres   en  goût ,  en  odeur, 
&  en  propriétés.  C'eft  celui  qui  entre  dans  le  thé- 
riaque.  Les  cardamomes  échauffent  &  defsèchent  : 
ils  fortifient  les  parties  nobles,  dilTipent  les  vents, 
&  aident  à  la  cocliion.  On  s'en  fert  dans  les  ma- 
ladies du  cerveau,  de  l'eftomac  &  de  la  matrice. 
CARDAMOURI.  f  m.  Drogue  dont  il  eft  parlé  dans 

le  Tarif  de  Lyon  de  16^95,. 
CARDASSE,  f.  i.  Opuntia  ,ficusindica.  Figuier  d'Inde» 
ou  Raquette ,  plante  gralle  ,  qui  a  pris  fon  nom 
d'une  ville  de  la   Grè-ce  -,  fi  l'on  en  croit  Théo- 
phrafte  &  Pline,  qui  avercillent  que  fes  Icuilles  pren- 
nent racines  étant  miles  en  terre  ;  fes  racines  font 
fibreufes ,    blanchâtres  &  nailîcnt  du  corps  même 
de  la  tige  ,  qui  a  la  figure  d'une  feuille  aplatie  j 
longue  d'un  pied  plus  ou  moins ,  fuivant  fon  âge  * 
&  large  de  quarre  à  cinq  pouces  ,  garnie  de   quel- 
ques toupets  d'épines  également  di'ftans  les  uns  des 
autres.  Elle  eft  verte  ,  charnue,  pleine  de  fuc  6c 
ligneufe  dans  fon  centre  :  lorfqu'elle  eft  vieille  * 
elle  fe  ramifie  ,    donne  des  branches  pareilles  qui 
riailfent  toutes  ordinairement  de  leur  marge,  en  forte 
que  c'eft  une  tige  branchue  ,  articulée  6c  aplatie. 
La  cochenille  fe  nourrit  fur  cette  plante.  La  gran- 
deur ,  la  hauteur  Se  la  multitude  de  fes  branches  t 
appelées  improprement  feuilles  ,  varie  fuivant  l'âge 
de  la  plante  >  la  bonté  du  terrain  &  la  nature  du 
pays  ;  car  cette  plante  craint  fort  le  froid.  Les  ex- 
trémités de  fes  branches  dans  les  pays  chauds  pouf- 
fent plufieurs  fleurs  à  plufieurs  pétales  purpurines 
ou  jaunâtres ,  difpofécs  en  rôle  ,  garnies  dans  leur 
centre  de  beaucoup  d'étamines  ;  ces  fleurs  font  por- 
tées fur  des  embryons  qui  ont  en  quelque  manière 
la  figure  d'une  figue  ,  &  qui  en  mûriflânt  deviennent 
des  fruits  alongés,  d'un  pouce  environ  de  diamètre, 
fur  deux  pouces  &  demi  de  longueur ,  routes  en 
dehors ,  fucculens ,    mucilagineux  ,  rougeâtres   erl 
dedans ,  6c  renferment  des  femencee  noires ,  en- 
veloppées d'une  coiHé  charnue ,  rougeâtte.  Les  EC- 
pagnols  lui  ont  donné  le  nom  de  figuiet  d'enfer,parce 
qu'ayant  mangé  de  fes  fruits ,  &  voyant  leurs  urines 
rouges ,  ils  crurent  d'abord  qu'ils  pilfoicnt  le  fang. 
Cette  plante  fe  trouve  en  Sicile  &  en  Italie  :  fes 
feuilles   fervent  à    défaltérer   les   animaux   qui  ne 
trouvent  pas  de  l'eau  dans  les  déferts  d'Amérique^ 
où  ces  fortes  de  plantes  grafles  naiffcnt.    On  ap^ 
pelle  cette  plante  Opuntia  vul<ro  herhariorum  ;  parce 
c'eft  l'efpèce  la  plus  connue  iiC  la  plus  commune  en 
Europe.  Aujourd'hui  on  en  culrive  plufieurs  autres 
efpèces ,  qui  diffèrent  de  celle-ci  par  leur  petitelTe , 
ou  par  la   longueur   &  la    force  de  leurs  épines. 
Opuntia  major ,  validis  aculeis  munita ,  Opuntia. 


%^%  CAR 

folio  eblongo  média.  Cette  troilîème  crpècc  eft  affcz  • 
commune  dans  les  jardins  des  curieux  :  fes  branches 
font  arrondies ,  &  n'ont  pas  plus  de  deux  pouces 
de  diamètre  ,  inclinées ,  &  ptcl'que  toujours  cou- 
chées fur  terre,  à  moins  qu'on  ne  les  relève,  &c 
qu'on  ne  les  oblige  à  fe  tenir  droites  :  fes  fleurs 
jaunes ,  conftruites  de  même  que  celles  de  la  grande 
cardajfe  ,  cependant  plus  petites  ,  aulii-bien  que 
fes  fruits. 
CARDASSE,  f.  f.  Efpècc    de  peigne  propre  à  fiire 

du  capiton,   à  tirer  la  bourre,  de  la  foie.  Pccien. 
CARDE,  f.  f.  Côte  qui  cil  au  milieu  des  feuilles  de 
quelques  plantes ,  &c  qui  eft  bonne  à  manger.  Te- 
ner  cinariz  caulis.  Des  cardes  d'artichauts.  Cardes 
poirces ,  de  la  poitéc.  Les  plus  épailfes  &  les  plus 
blanches  font  les  meilleures. 
^CT  Les  cardes  d'artichauts  l'ont  les  côtes  ou  feuilles 
de  l'artichaut  que  l'on  fait  blanchir  en  les  enve- 
loppant de  paille  ou  de  vieux  fumier  dans  toute 
leur  longueur ,  excepté  le  bout  d'en  haut ,  ou  en 
les  buttant  comme  le  céleri.  Quand  elles  font  blan- 
chies ,  elles  perdent  leur  amertume, 
^fT  Les  cardes  poirées  font  les  pieds  de  poirées  replan- 
tés en  planche  qui  poulfent  de  grandes  fanes ,  ayant 
dans  le  milieu  un  coton  blanc  &  épais.  Cette  côte  eft 
la  véritable  carde  qui  fert  aux  potages,  aux  ragoûts 
&  aux  entre-mets. 
Carde.  Inftrument  fait  d'un  morceau  de  bois  plat , 
long  environ  d'un  pied  ,  &  large  d'un  demi ,  garni 
d'un  côté  de  plulieurs  petits  crocs ,  qui  font  de  pe- 
tits fils  d'archal  courbés ,  ranges  de  fuite.  0\\  s'en 
fert  pour  carder  la  laine  ,    pour  démêler  la  foie  , 
la  bourre.   Ferreus   pcclen   que  lana   canninalur. 
^fT  Carde  de  Perruquier  ou  carte.  Indrumcnt  dont 
fe  fervent  les  Perruquiers ,  efpèce  de  peigne  Com- 
pofé  de  dix  rangées  de  petites  pointes  de  fer  en- 
foncées dans  une  planche ,  pour  palier  les  paquets 
de  cheveux  ,  pour  les  mélanger. 
CARDEA,  f.  f.  Cardea.  S,  Auguftin ,  au  Liv.  IF.  de 
la  Cité  de  Dieu  ,  c.  8  ,   appelle  Cardea  la  Déeflé 
qui  préfide  aux  gonds ,  &  qu  Ovide  &  d'autres  ap- 
pellent Carna  ou  Cardinea.   Vives  voudroit  qu'on 
corrigeât  dans  S.  Auguftin  Carna  ;  mais  les  ma- 
nufcrits  &  l'allufion  qu'il  fait ,  demandent  que  l'on 
conferve   Cardea.    Très  Deos  ijii  pofuerunt ,  For- 
culum  foribus ,  Cardeam  cardini ,  Limentinum  li- 
rnhù.  Vives  &  Vigenère  remarquent  qu'elle  s'ap- 
peloit  autrefois   Crana  ;   qu'ayant  été  forcée   par 
Janus  ,  il  lui  donna  la  fur -intendance  ,  ou,   pour 
me  fervir  de  fon  terme  ,  le  droit  des  gonds,  Rolin 
dit  mal-à-propos  Carnea  au  lieu  de  Cardea,  Ant. 
Rom.^L.  XI,  c.  19. 
CARDÉE,  f.  f.  La  quantité  de    laine  cardée  qu'on 
levé  de  defllis  les  deux  cardes  ;  ce  que  l'on  carde 
de    laine  à  la  fois    avec    les  deux   cardes.    Lana 
carminata.  Combien  y  a-t-il  là  de  cardées. 
CARDER,  v.  a.  Démêler  les  poils  de  la  laine,  de 
la  bourre  ,  de  la  ouate ,  §3"  peigner  avec  des  char- 
dons à  Bonnetier  ou  avec  des  inftrumens  qui  font 
couverts  d'un  côté  de  petites  pointes  de  fer,  qu'on 
liommc  cardes.  Lanam  carminare ,  pecler e  ow  car- 
duo  pecîere.  Quelques  Auteurs  ont  forgé  cardare. 
Cardé  ,    ée.    part. 

CARDEUR ,  EUSE.  f  m.  &  f.  Ouvrier  qui  carde  la 
laine,  le  coton,  ou  autres  chofes  femblables.  Qui 
lanam   carminat. 
Card'eur  ,    fe  dit  au/Ti  du  Fabriquant  qui  fait  tra- 
vailler les  Cardeurs.  Marchand  Cardeur. 

Tous  ces  mots  viennent  du  latin  carduus  ,  char- 
don ,  dont  on  fe  fert  pour  carder. 
CARDEUSES.  adj.  f.  pi.  Sorte  d'Abeilles.  Elles  tien- 
nent un  milieu  aflez  fingulier  entre  les  Abeilles 
folitaires,  &  celles  qui  vivent  en  fociété.  Elles 
partent  fucceffivcment  par  ces  deux  états  ,  &  font 
lcurs_  nids  dans  les  prairies  Se  dans  les  champs  de 
fainfoin  &  de  luzerne.  Il  y  a  trois  efpèces  d'A- 
beilles cardeufes  ,  dont  deux  font  diftinguées  par 
la  différence  des  fexes ,  &  la  troilicme  par  un  re- 
fus ablolu  de  tout  fexe.  Leur  cire  n'clt  point  pro- 


CAR 

prc  à  nos  ufâges.  Elle  a  bien  l'odeur  de  la  véri- 
table cire  ,  mais  elle  n'a  point  les  autres  conditions 
que  les  mouches  à  miel  lavent  donner  à  la  leur. 
La  cire  des  bourdons  cardeurs  eft  plus  tenace  •<, 
elle  le  laille  à  la  vérité  paîtrir  comme  une  pâte  ,  ' 
mais  la  chaleur  ne  la  rend  point  liquide  ,  &  ne 
l'amollit   point.   Abrégé  de    l'HiJloire  dés  Injécîes. 

ïfT  CARDIAGRAPHIÈ.  f.  f.  Terme  d'Anatomie  , 
qui  lignifie  defcription  du  cœur. 

GARDIAIRE.  adj.  m,  &  f.  Terme  de  Aiédccine,  qui 
fe  dit  des  vers  qui  nailfent  dans  le  cœur  de  l'hom- 
me. Cardiarius ,  a  ,  um.  Voyez  fur  ces  vers  le  Traité 
de  M.  Andry  fur  la  génération  des  vers  dans  le 
corps  de  l'homme.  Ce  mot  eft  formé  du  mot  grec 

y.n^^îa  ,    Cœur. 

CARDIALGIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Douleur 
violente  ,  qu'on  fent  vers  l'orifice  fupcrieur  de  l'ef- 
tomac  ,  accompagnée  de  palpitation  de  cœur  ,  de 
défaillance  ,  d'envie  de  vomir ,  &c.  Cardialgia.  Elle 
eft  caulce  par  des  humeurs  acres  qui  picorent  cet 
orifice  &  les  parties  voifines.  Ce  mot  vient  de  deux 
mots  giecs ,  Kupèi»,  cœur,  &  «Ay»;,  douleur. 
IJCrLes  anciens  ont  appelé  Si  le  peuple  appelle  encore, 
cœur  ce  que  l'on  doit  appeler  ejiomac.  De-là  l'ex- 
prelfion  aulli  impropre  que  commune  ,  avoir  mal  au 
cœur  ,  lorfqu'on  a  envie  de  vomir.  Ce  mouvement 
contre  nature  eft  abfolument  indépendant  du  cœur. 
(fT  CARDIALOGIE.  f  f.  Terme  d'Anatomie.  Traité 
fur  le  cœur ,  fur  les  ulages  des  différentes  parties  qui 
le  compofent, 
CARDLAQUE.  adj.  Quelquefois  employé  fubftahti- 
vement.  Terme  de  Médecine,  qui  lignifie  la  même 
chofe  que  cordial.  Remède  qui  îerr  à  conforter  le 
cœur ,  à  réveiller  &  ranim.er  les  forces  languif- 
fautes  &  abattues.  Cordi  utilis.  Le  vin  eft  un  grand 
cardiaque.  Voyez  Cordial» 

Ce  mot  vient  du  grec  x«^3i'«  ,  cœur. 
Cardiaque  ,  fe  dit  aulTi ,  en  termes  d'Anatomie,  de 
deux  arrères  qu'on  appelle  communément  coronai- 
res ,  &  qu'on  peut  auffi ,  dit  M.  Winflow ,  appe- 
ler cardiaques.  Voyez  Coronaire.  On  le  dit  aufïï 
des  veines  &  autres  vailfeaux. 
IJCF  PaUion  cardiaque.  Maladie  plus  connue  aujour- 
d'hui fous  le  nom  de  fyncope ,  parmi  le  peuple  * 
défaillance, 
CARDIAQ.UE.  Terme  de  Botanique.  Plante  qui  eft  ainlî 
appelée  ,  parce  qu'on  la  croir  bonne  dans  les  Caj- 
dialgies  des  enfans,  C'eft  la  même  que  ïagripaume. 
Cardiaca. 
Ip-  CARDIATOMIE,  f.  f.  Terme  d'Anatomie,  formé 
du  grec.  Dilîcélion  du  cœur ,  manière  d'en  dilfe- 
quer  les  différenres  parties. 
CARDIER.  f  m.  Ouvrier  qui  fait  &  qui  vend  des  car- 
des pour  carder.  Peclinum  ferreorum  artifex.  Voyez 
dans  l'arrêt  du   }o  Décembre  1717  les  règles  aux- 
quelles les  car^î'er^  font  alfujettis  dans  la  fabrique  des 
cardes  deftinées  à  mclansrcr  &  à  carder  les  laines. 
|p=-  CARDIFF.  Ville  de  la  Grande-Bretagne ,  dans  la 
Principauré  de  Galles,  capitale  du  Glamorganshire. 
§3=-  CARDIGAN  ,  Ceretica.   Ville  d'Angleterre 
dans  la  Principauré  de  Galles,  capirale  du  Comté 
de  Gardiganshire  auquel  elle  donne  fon  nom. 
Cccr  CARDILLAC  ou  CARDAILLAC.   Petite  ville 
de  France  ,  dans  le  Querci  j  éleéfion  de  Figeac ,  avec 
rirre  de  Marquifat. 
CARDINAL,  ALE,  adj.  Ce  qui  eft  le  principal,  le 
premier ,    le  plus  confidérablc  ,  le  fondement  de 
quelque  chofe.  On  dit  ainfi  ,  les  quatte  vertus  car- 
dinales 1,  la  prudence,  la  juftice  ,  la  force,  la  tem- 
pérance j    qui  fervent  de  fondement  à  toutes  les 
autres.  Quatuor  pr^cipuœ  vir tûtes  morales ,  vir tûtes 
cardinales.    On   dit  aulTi  les  quatre  poinrs   cardi- 
naux de  l'horifon  -,  pour  dire  ,  l'orienr ,  l'occident , 
le  midi ,  le  feptentrion.    Les  quatre  points  cardi- 
naux du  ciel ,  ou  d'une  nativité  ;  pour  dire  ,  le 
lever  &  le  coucher  du  foleil ,  &  le  milieu  du  ciel , 
foit  dans  le  zénith  ,  foit  dans  le  nadir.  On  dir  au/fi, 
les  venrs  cardinaux  qui  foutîent  des  quatre  points 
cardinaux.  Venti  quatuor  prxcipia. 


CAR 


Ce  mot  vient  de  cardo  ,  latin  ,  qui  fignifîc  un 
gond  ;  parce  qu'en  effet  il  l'emble  que  llir  ces  points 
principaux  roulent  toutes  les  autres  choies  de  même 
nature. 

On  appelle  en  grammaire  les  nombres  cardi- 
naux,  un,  deux  ,  trois,  quatre,  &c.  qui  ibnt  in- 
déclinables ,  qui  déiignent  une  quantité  fans  mai- 
qtier  Tordre  par  oppofitions  aux  nombres  ordi- 
naux ,  deuxième ,  troilième  ,  &c.  Numeri  cardi- 
nales, 
CARDINAL,  f,  m.  Prince  de  l'Eglife ,  qui  a  voix 
aélive  èc  palîive  dans  le  Conclave  ,  lors  de  l'ékc- 
tion  des  Papes.  Cardiiialis ,  purpuratus  Ecckjiiz 
Princeps.  Les  Cardinaux  compolent  le  Confcii  & 
le  Sénat  du  Pape.  Un  chapeau  de  Cardinal  eft 
un  chapeau  rouge  \  Se  on  dit  abrolument ,  qu'un 
homme  prétend  au  chapeau  ,  ou  qu'il  a  eu  un  cha- 
peau -,  pour  dire ,  qu'il  afpire  au  Cardinalat ,  qu'il 
eft  devenu  Cardinal.  Cardinal Ntveu ,  eft  celui  qui 
eft  neveu  du  Pape  vivant.  Dans  le  livre  premier 
du  cérémonial  Romain  eft  écrite  la  cérémonie  d'ou- 
Vrir  &c.  de  ferme^la  bouche  aux  Cardinaux.  Quand 
le  Pape  veut  créer  des  Cardinaux  ,  après  avoir  écrit 
les  noms  de  ceux  qu'il  veut  élever  à  cette  dignité, 
^  il  aflemble  le  Confiftoire ,  &  dit  aux  Cardinaux  , 
habetis  fratres  ,  puis  il  fait  lire  les  noms  qu'il  a 
écrits.  S.  Bernard  dit  que  les  Cardinaux  doivent 
être  pris  de  tout  le  monde ,  puifqu'ils  doivent  le 
Juger  \  Se  les  plus  parfaits  qu'il  eft  poifiblc ,  parce 
qu'il  eft  plus  aifé  devenir  bon  à  la  Cour,  que  d'y  de- 
venir bon.  Fleury.  Il  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque 
Vaticane  une  conftiturion  émanée  d'un  Pape  Jean, 
qui  règle  le  droit  ^'  les  titres  des  Cardinaux  ,  &  qui 
dit  que  comme  le  Pape  repréfente  Moïfe  ,  ainfi  les 
Cardinaux  rcpréfentent  les  Ibixante-dix  anciens  , 
qui  fous  l'autorité  Pontificale  jugent  &  terminent 
les  diiférens  particuliers.  Godeau. 

Les  Cardinaux  font  divilcs  en  trois  ordres  ,   6 
Evoques  ,  50  Prêtres  &  14  Diacres,  faifant  en  tout 
70  ,  qu'on  app-'lle  le  Sacre  Collège.  Sacrum  pur- 
puratorutn   patrum  Colle^ium.  Collegium  Cardina- 
liurn.  Sacrum  Collegium.  Le  nombre  des  Cardinaux 
Prêtres ,  Se  des  Cardinaux  Diacres  n'a  pas  toujours 
été  égal.  Le  Cardinal  Evêque  d'Oftie  précède  tous 
les  Cardinaux  ;  il  confacre  le  Pape.   Les  fix  Car- 
dinaux Evêqucs  qui  font  comme  les  Vicaires  du 
Pape ,    portent  le  titre  des  Evèchcs  qui  leur  font 
attribues.  Pour  les  Cardinaux  Prêtres  Se  Diacres , 
ils  ont  tous  des  titres  tels  qu'ils  leur  font  alligncs. 
Jufqu'âu  temps  du  Pape  Honorius  II,  en  11 15   le 
Collège  des  Cardinaux  étoitde5i  ou  53.  Depuis, 
&  Ibus  le  Pape  Nicolas  III ,  ils  fe  trouvèrent  ré- 
duits à  trois  Cardinaux  Prêtres.  Le  Concile  de  Con- 
ftance  fixa  le  nombre  des  Cardinaux  à  vingt-quatre. 
Sixte  IV,  fans  avoir  égard  au  Concile,  grodit  le 
nombre,  &  le  porta  jufqu'à  cinquante-trois,  Léon 
alla  jufqu'à  foixante-cinq.  Ainfi  comme  le  nombre 
des  Cardinaux  Prêtres  étoit  anciennement  réglé  à 
z8  ,  il  fallut  établir  de  nouveaux  titres  à  mefure  que 
l'on  créa  de  nouveaux    Cardinaux.  Les  Papes  ont 
ajouté    17  titres  nouveaux  aux  anciens  ,    qui  tous 
enfenible  font  40.   Le  plus  ancien  des  Cardinaux 
Prêtres   s'appelle    Cardinal  Archiprétre    du    Saint 
Siège.  A  l'égard  des  Diacres  ils  n'éroient  originai- 
rement que  fept ,  pour  les  14  quartiers  de  la  ville 
de  Rome.  Le  premier  étoit   qualifié  Diacre  Car- 
dinal. Depuis  on  adigna  un  Diacre   pour  chaque 
quartier  -,  Se  l'on  ajouta  encore  4  Diacres.  Ce  nombre 
de  18  n'a  été  augmenté  que  par  Paul  III.  En  154'; 
il  en  créa  un,    enforte  qu'on  en  comptoit  19  de 
fon    temps.    Voye^   Bouchel.    Le   Pape  doit  être 
pris  du  facré  Collège  ,    &  choifi  d'entre  les  Car- 
dinaux.  Un   Cardinal   Abbé   Commendataire  ,    à 
caufe  de  l'cminence  de  fa  dignité  ,   exerce   la  dif- 
cipline  fur  les  Religieux.  Il  peut  même  deftituer 
un  Prieur  Clauftral.   Fevret.    fKT  Certe    maxime 
eft  contraire  à  nos  ufages.  Aucun  Abbé  Commen- 
dataire n'a  juridiélion  fur  les  Religieux  en  France  ; 
•  ^  ce  droit  ne  pourroit  appartenir  à  un  Cardinal 


CAR  2^J 

Abbé  Commendataire  qu'en  vertu  de  bulles  revê- 
tues de  lettres  patentes  duemcnt  vérifiées.  Les  Car- 
dinaux en  France  ne  font  point  fujcts  au  droit 
d'induit,  ils  en  ont  été  décharges  par  la  bulle  de 
Clément  IX  ,  du  mois  de  Mars  \66j  ,  par  arrêr  du 
Conleil  d'Etat  du  11  Janvier  i6jx  &  par  lettres 
patentes  du  Pvoi  du  vingt-neuvième  du  même  mois. 
Lange.  Un  Auteur  de  droit  dit  que  les  Cardinaux 
ont  été  ainfi  nommés  du  latin  incardinatio ,  qui 
fignifie  l'adoption  que  faifoit  une  Èglife  d'un  Prêtre 
d'une  Eglife  étrangère,  d'où  il  avoir  été  chaflc  par 
quelque  malheur  ;  que  l'ufage  de  ce  mot  a  commencé 
à  Rome  &  à  Ravenne  ,  parce  que  les  Eglifes  de 
ces  deux  villes  étant  les  plus  riches,  les  Prêties 
malheureux  s'y  retiroicnt  ordinairement.  Selon 
Onuphrius  en  1562  ,  le  Pape  Pie  IV,  établit 
que  le  Pape  feroit  feulement  élu  par  le  Sénat  des 
Cardinaux ,  au  lieu  qu'il  l'étoit  auparavant  par  le 
Clergé  de  Rome.  On  prétend  cependanr  que  dès 
le  temps  d'Alexandre  III ,  en  1 1 60  ,  les  Cardinaux 
étoient  déjà  en  poifellion  d'élire  le  Pape  à  i'ex- 
cluhon  du  Clergé.  On  remonte  encore  même  plus 
haur ,  Se  l'on  croit  que  Nicolas  II  ayant  été  élu 
à  Sienne  en  1058,,  par  les  (euls  Cardinaux,  c'eft 
à  cette  oGcahon  qu'on  ôta  le  droit  d'élire  le  Pape 
au  Clergé  &  au  Peuple  Romain,  qui  n'eurent  plus 
que  celui  de  le  confirmer  en  donnant  leur  confen- 
tement  ;  ce  qui  leur  fut  encore  ôté  dans  la  fuite. 
Alexandre  III  ne  fit  donc  que  confirmer  ce  que  la 
coutume  avoit  établi  ,  comme  firent  auffi  depuis 
Grégoire  X  Se  Clément  V.  Voyei  le  P.  Papebroch 
dans  le  Fropilaum  ad  Acl.  SS.  Mail ,  Conatus  Chro- 
îiico'Hijt.  p.  1^6.  D.  E.  dans  le  Propylxum  Acl. 
SS.  Maii ,  où  il  conjecture  que  c'eft  Honorius  IV 
qui  a  mis  le  premier  des  Evêqucs  dans  le  Sacré  Col- 
lège ,  en  y  failant  entrer  les  Evêques  Suftragans  du 
Pape,  à  qui  de  droit  il  appartient  de  le  nommer  j 
Se  en  faifant  la  première  clafiê  des  Cardinaux.  Ils 
ont  commencé  à  porter  le  chapeau  rouge  au  Con- 
cile de  Lyon  en  1445  ,  fous  Innocent  IV.  Le  décret 
du  Pape  Urbain  VIII ,  par  lequel  il  eft  ordonné 
que  les  Cardinaux  feroient  trairés  d'Eminence ,  eft 
de  l'année  1(^50.  Avant  cela  on  les  traitoit  d'//- 
lujtrijjlmes. 

Les    Cardinaux    dans  leur  première  inftitutioli 
n'étoient    autre  chofe  que   les  Prêttes    principaux 
ou  les  Curés  des  Paroilîês  de  Rome.    Dans  la  pri- 
mitive Eglife  le  Prêtie  principal  d'une  Paroilîê,  qui 
fuivoit  immédiatement  l'Evêque ,  fut  appelé  Près- 
hyter  Caidinalis.  Ce  mot  leur  a  été  applique  en- 
viron Tan   150.  D'autres  tiennent  que  ce  fut  fous 
le  Pape  Silveftre  l'an  380.  Ces  Prêtres  Cardinaux 
étoient  les  fculs  qui  pouvoient  bapcifer  Se  admi- 
niftrer  les  Sacremens.  Autrefois  les  Prêtres  Cardi- 
naux étant  faits  Evêques ,  leur  Card'nalat  vaquoit , 
parce  qu'ils  croyoienr  être  élevés  à  une  plus  grande 
dignité.  Saint  Grégoire  fe  fert  fouvent  de  ce  mot 
pour  exprimer  une  première  dignité.  Il  appelle  l'Ar- 
chevêque de  Naples ,  Evé.jue  Cardinal,  parce  qu'à 
caufe  de  fa  dignité ,  il  étoit  un  des  premiers  entre 
les  Evêques  de   la  Pouille.  Sons  ce  Pape  les  Car- 
dinaux Prêtres  Se  les  Cardinaux  Diacres ,  n'étoient 
autre  chofe   que  les  Prêtres  ,    ou  les  Diacres  qui 
avoient  Une  Eglife ,  ou  une  Chapelle  <i  deflcrviti 
C'eft-là   ce   que   le  mot  fignifioit  félon  l'ancienne 
Se    véritable  interprétation.    Léon  iV  les  nomme 
dans  le  Concile  de  Rome  tenu  en  853.  Preshy-^ 
teros  fui  cardinis  ;  &  leurs  Eglifes  étoient  appe- 
lées Paroiffes  Cardinales  ,  ou  titres  Cardinaux ,  Pa- 
rochiœ  Cardinales ,    Tituli  Cardinales. 

Le  titre  de  Cardinal  demeura  fur  le  même  pied 
jufqu'âu  XI'  fiècle  ;  par  conféqucnr  les  Car- 
dinaux ne  tenoienr  pas  un  rang  forr  diftinguc  au- 
près des  Papes  :  mais  la  grandeur  du  Pape  s'ctanc 
depuis  extrêmement  accrue  ;  il  voulut  avoiirun  Con- 
feil  de  Cardinaux ,  bien  diftérensde  ceux  qui  avoient 
compofé  autrefois  la  plus  noble  partie  du  Clergé 
de  Rome.  L'ancien  nom  eft  demeuré  -,  mais  ce  qu'il 
exprimoit  n'eft  plus.  Le  titre  de  Cardinal  n'appar- 


a^4  CAR 

tient  plus  qu'aux  feuls  Cardinaux  de  l'Eglife  Ro- 
maine ;  cependant  ils  ne  prirent  pas  d'abord  le  pas 
aii-deiUis  des  Eveques ,  &  ne  furent  pas  les  maîtres 
de  l'cledion  du  Pape.  Mais  depuis  ils  s'emparèrent 
de  ces  privilèges.  Innocent  IV  leur  donna 'le  cha- 
peau rouge ,  &  Bonitace  VIII  la  pourpre  ,  enforte 
que  croiiîant  toujours  en  grandeur,  ils  le  lont  enfin 
clcvcs  au-deffus  des  Eveques  par  la  ieule  dignité 
de  Cardinal,  quoiqu'elle  ne  lojt  que  d'inftitution 
EcclciiafHque.  Maimb,  M.  Fclibien  dit  que  ce  lut 
Paul  II,  qui  leur  donna  la  robe  rouge  ,  avec  cette 
efpèce  de  cape  qu'ils  mettent  par  dellous  leurs  cha- 
peaux dans  les  cavalcades.    D'autres  diient  que  le 
premier  qui  ait  porte  la  pourpre  eil  Prélage  ,  qu'In- 
nocent III  envoya  à  Conitantinople  en  1115 ,  qu'elle 
ne  tut  cependant  commune  à  tous  que  fous  Inno- 
cent IV  ,  &  que  Paul  II,  en  1464  régla  que  dans 
les  cérémonies  où  ils  paroillént  à  cheval ,  ils  en  au- 
roient  un  blanc  ,  dont  la  bride  leroit  dorée.  Platina 
dit  que  l'clévation  &  la  grandeur  des  Cardinaux  a 
commencé  ibus  Bonitace  IX, 

Le  titre  de  Cardinal  s'introduiiir  par  la  corruption 
de  la  langue  latine.  On  ufa  de  ce  mot  pour  ligni- 
iier ,  premier  ,  ou  grand.  On  l'appliqua  enluite  en 
particulier  à  ceux  qui  étoient  prépolcs  pour  le  gou- 
vernement d'une  Paroille  ,  ou  d'une  Eglife  :  &_cela 
pour  les  diftinguer  des  autres  Prêtres  volans,  qui  n'a- 
voient  ni  titre  ,  ni  Eglile.  En  France  ,  où  le  nom  de  1 
Cardinal  n'étoit  pas  ii  commun  ,  on  appeloit  les  Prè-  ] 
très  titulaires ,  desCwrJj,  Preshyteros  Parochiaks. 
Les  Eveques  étoient  toujours  au-dcfîus  d'eux.  PascT. 
A  Rome  les  Prêtres  qui  régiflbient  les  Eglifes  Pa- 
roiinales  conlervèrent  plus  Ipécialement  le  nom  de 
Cardinaux ,  &  il  palfa  aulli  aux  fept  Diacres  de  l'E- 
glile  de  Rome,  qui  le  l'attribuèrent  par  diftnièl:ion. 
bu  Cange  dit  qu'originairement  il  y  avoit  trois  ibrtes 
d'Eglifes  ;  que  les  vraies  Eglilês  s'appeloient  pro- 
prement Paroijfes ,    les  fécondes  Diaconies  ,   qui 
étoient  des  Chapelles  jointes  à  des  Hôpitaux  def- 
fervjs  par   des  Diacres.  Les  troilièmes   étoient  de 
fimples  Oratoires ,  où  l'on  difoit  des  Meffes  par- 
ticulières ,  qui   étoient  deflervies  par   des  Chape- 
lajns   locaux  &  rélidens  j  &  que   pour  diftinguer 
les  Eglifes  principales  ou  les  Paroiiîés ,  des  Cha- 
pelles  ou  des  Oratoires ,   on   leur  donna  le  nom 
de  Cardinales.  Les  Eglifes  Paroilllales  iérvoient  de 
titres    aux  Diacres ,    qui   s'appelèrent  aufli  Cardi- 
naux ,  ou  principaux.  Il  y  a  eu  en  plulicurs  lieux 
des  Curés  à  qui  on  a  donné  le  titre    de  Prêtres 
Cardinaux  ,  ou  principaux.  Voyei  Du  Gange  ,  qui 
a  fait  un  dénombrement  des  titres  des  Cardinaux 
&  des  Eglifes    Patriarchales  qui  en   dépendoicnt. 
On  a  donné  audî  ce  titre  à  quelques  Eveques ,  comme 
à  celui  de  Maïence  &  de  Milan.  L'Abbé  de  Ven- 
dôme s'appelle  aUiîî  Cardinal  né ,  &:  porte  le  cha- 
peau rouge  dans  fes  armes.  Ceux  qui  en  ont  écrit 
font  Onuphrius ,    Duaren  ,   Ciaconius ,    Durandus 
&:  François  Friibn  dans  Ion  livre  de  Galliàpurpu- 
r«<f.  Beïlarmin  ,  Contr.  T.  Il,  de  Memor.  Eccl.  L, 
I,  de  Cleric,  c.\6,  de  Cardinal.  Le  Traité  de  l'ori- 
gine des  Cardinaux  ;   Du  Cange ,  Glof.   Aubery 
a  fait  l'Hiftoire  générale  des  Cardinaux  en  5  vol. 
in-4.0. 

On  appcloir  Cardinaux  non  feulement  les  Prêtres, 
mais  les  Eveques ,  les  Prêtres  &  les  Diacres  titulaires 
&  attachés  à  une  certaine  Eglife  ;  à  la  ditférence  de 
ceux  qui  ne  les  fervoient  qu'en  paflant  &:  par  commif 
fion.  Les  Egliles  titulaires ,  ou  les  titres ,  étoient  des 
efpèces  de  paroiifes,  c'eft-à-dire,  des  Eglifes  attribués 
chacune  à  un  Prêtre  Cardinal ,  avec  un  quartier  fixe 
&:  déterminé  qui  en  dépendoir ,  Se  des  fonts  pour 
adminiftrer  le  Baptême  dans  le  cas  où  il  ne  pouvoit 
pas  être  adminiftré  par  l'Evcque.  Ces  Prêtres  &c  ces 
Diactes  Cardinaux  n'avoient  le  pas  dans  ces  temps- 
là  qu'après  les  Eveques.  C'eft  pour  cela  que  dans  les 
Conciles ,  par  exemple ,  dans  celui  de  Rome  tenu 
l'an  868  ,  ils  ne  foufcrivent  qu'après  les  Eveques. 

Ce  n'étoit  pas  feulement  à  Rome  qu'ils  portoient 
ce  nom,  On  trouve  des  Prêtres  Cardinaux  en  France. 


CAR 

Le  titre  par  lequel  Thibaud  ,  Evêque  de   SoilTons , 
confirme  la  fondation  de  l'Abbaye  de  S.  Jean  des 
Vignes ,  appelle  le  Curé  de  la  Paroiife  ,   le  Prêtre 
Cardinal  du  lieu  ,  &  le  Roi  Philippe  I ,  confirmant 
la  même  fondation ,  lui  donne  le  même  titre  Prej- 
byier  Cardinalis  ipjius  loci.  Adrien  II  appelle  l'Ar- 
clievéque    de    Bourges,  Cardinal,    &    Jean  .VIII 
appelle  l'Eglife  de  Bourges,  Eglife  Cardinale,  comme 
l'a  remarqué  M.  Cathcrinot  dans  Ibn  Patriarchat  de 
Bourges.  Enfin  dans  quelques  Epitres  de  S.  Grégoire, 
&  d'Adrien  II.  Cardinulis  Sacerdos  le  prend  pour 
Epijcopus ,  Evêque. 
Cardinal,  s'eft  dit  aulIl  des  dignités  &  offices  fccu- 
liers.    Les    principaux    Officiers    de    la  Cour    de 
Théodofe  font  auifi  appelés  Cardinaux.  Et  Caffio- 
dore,L,   f^II.  Form.  51,  fait  mention  du  Prince 
Cardinal  de  la  ville  de  Rome.  On  trouve  parmi  les 
Officiers  du  Duc  de  Bretagne  en   1447,  un  Raoul 
àcT\-\or.c\  Cardinal  àcQuiWixi  Chancelier,  &  fer-- 
viteur  du  Vicomte  de    Rolian ,  ce  qui   montre  que 
c'étoit   un  office  afiéz  bas.  Foye^  Lobineau,  T.  11, 
p.  1115. 

On  a  aufTi  appelé _Mefle  Cardinale,  &  Autel 
Caidinal,  la  Méfié  folemnclle  ,  &  l'Autel  principal  , 
ou  le  grand  Autel  d'une  Eglile. 
UCï"  Cardinal,  f.  m.  Oifeau  d'Amérique  ,  ainlî 
nommé  à  câufe  de  la  couleur  de  fon  plumage ,  & 
d'un  petit  capuchon  qu'il  a  derrière  la  tête.  Il  eft 
de  la  grollcur  d'un  petit  Perroquet.  Il  a  le  bec  fort 
de  noir. 

On  a  appelé  autrefois  Cardinales,  de  groflês 
pièces  d'artillerie  qui  ne  Ibnt  plus  en  ufage  ■,  &  des 
pommes  à  la.  Cardinale ,  des  pommes  d'api,  parce 
qu'elles  font  rouges. 
Cardinal,  f.  m.  Les  Tondeurs  de  draps  appellent 
ainfi  une  carde  à  carder  la  laine  ,  garnie  ou  remplie 
de  bourre  tontiife  jufqu'à  l'extrémité  des  p^ointes , 
dont  ils  lé  fervent  pour  coucher  le  poil  ou  la  laine, 
fur  la  fuperficie  des  étoffes,  après  qu'ils  les  ont 
tondues  à  la  fin,  c'eft-à-dire ,  en  dernier,  ou  pour  la 
dernière  fois. 
CARDINALAT,  f.  m.  La  dignité  de  Cardinal.  Cardi- 
nalitia  dignitas ,  Cardinalatus.  Promotion  au  Car- 
dinalat. 

Vous  favez  ce  que  fignifioit  autrefois  Preshyter 
Cardinalis  ,  ou  Preshyter  Principalis  ;  &  comment 
le  Cardinalat  s'eft  enflé  peu  à  peu.  Misson  ,  lettre  zz. 
CARDINALE,  f.  f,  Rapuncium  coccineum  .  Flos  Car- 
dinalis Barberini.  Plante  qui  a  pris  fon  nom  de  la 
couleur  de  fes  fleurs,  qui  eft  d'un  rouge  couleur 
de  feu  approchant  de  la  pourpre  ,  dont  font  couverts 
les  Cardinaux.  Sa  racine  eft  vivacc,  longue ,  ram- 
pante par  fes  côtés  &  vers  fon  collet,  blanche,  fi- 
breufe  ,  &:  douceâtre  au  goût  avec  un  peu  d'àcretc. 
De  fon  collet  nailfent  plufieurs  feuilles  couchées  fur 
terre  ,  longues  comme  le  doigt ,  de  demi-pouce  de 
largeur  au  plus  ,  dentelées  fur  leurs  bords ,  lifl"es , 
d'un  vert  brun  en-deflus.  Du  milieu  de  ces  feuilles 
partent  une  ou  plufieurs  tiges  fuivant  l'âge  &  la  for- 
ce de  la  plante;  elles  viennent  hautes  d'un  pied  & 
demi  environ  en  France  ,  groffes  comme  une  plume 
à  écrire ,  quelquefois  branchues ,  anguleufes ,  d'un 
vert  pâle,  &  chargées  de  feuilles  un  peu  plus  pe- 
tites &  plus  étroites  que  celles  du  bas,  &  courbées 
en  bas.  Depuis  le  milieu ,  celles  qui  approchent  le 
plus  l'extrémité  des  tiges  font  plus  courtes  &  moins 
fréquentes.  Ses  fleurs  occupent  le  haut  des  tiges  S>c 
des  branches  ",  elles  y  font  difpofées  en  forme  d'épî. 
Chaque  fleur  eft  un  tuyau  alongé  ,  rouge ,  évafé ,  & 
découpé  fur  le  haut  en  cinq  parties  oblongues  , 
d'une  couleur  de  feu  très-vive,  &  difpofées  en  main 
ouverte.  Le  milieu  de  ce  tuyau  eft  occupé  par  une 
graine  rouge  ,  crroite  ,  courbée  ,  terminée  par  de 
petits  fommets  bleuâtres  ou  violets ,  &  enfilée  par 
le  piftil  qui  s'élève  du  milieu  d'un  calice  vert  dé- 
coupé en  cinq  parties  longues ,  étroites  •,  ce  calice 
devient  enluite  un  fruit  verdâtre ,  relevé  de  trois 
côtés ,  &  divifé  en  trois  loges  ,  qui  renferment  des 
femcnces  fort  menues  2c  jaunâtres.  Toute  la  plante 

donne 


Car 

^onne  du  lait.  Elle  fleurit  en  Juillet  Si  Août,  k 
elle  croit  dans  les  marécages  en  Canada.  La  cardinale 
couleur  de  teu  a  quelquelbis  les  Heurs  panachées 
de  quelques  lignes  blanches.  La  cardinale  bleue  eft 
décrite  dans  les  Mémoires  de  M.  Dodart  ,&  celle- 
ci  devient  quelquelbis  blanche.  Il  y  a  une  clpcce  de 
cardinale  auprès  deBIois,&  qui  eft  fort  commune 
en  Normandie.  Elle  eft  extrêmement  acre.  On  la 
trouve  auUî  près  de  Fontainebleau.  C'eft  le  Ra- 
punùum  Soloiiienfe  urens. 

CARDJNALISER.  v.  a.  Faire  quelqu'un  Cardinal , 
le  créer  Cardinal ,  lui  donner  le  titre  de  Cardinal. 
Cardinaleni  facere ,  creare.  Godeau  s'eft  fervi  de  ce 
mot  dans  Ion  Hijhire  Ecclef.  L.  IV.  Cardinalijer 
quelqu'un, veut  dire  lui  donner  un  titre,  foit  d'E- 
Vêque  ou  de  Curé;  cc  de-là  vient,  continue-t-il , 
qu'encore  aujourd'liui  les  Cardinaux  ont  des  titres , 
c'eft-à-dire,  des  Eglifes  dans  Rome,  &  qu'il  y  a 
même  des  Evêchés  dans  la  Métropole  de  Rome ,  qui 
leur  font  aife6lcs.  Aujourd'hui  ce  mot  ne  pourroit 
paroîtr-e  que  dans  le  ilyle  burlelque.  Il  eft  entière- 
ment hors  d'ufage. 

^3"  Rabelais  s'eft  lervi  de  ce  mot  pour  dire ,  faire  de- 
venir rouge. 

CARDINALISME.  f.  m.  Cardinalifmus.  Dignité  de 
Cardinal.  C'cft  la  même  choie  que  Cardinalat. 

Ce  mot  vient  de  l'italien  Cardinalifmo,  Il  n'eft 
point  en  ufage  chez  nous. 

^  CARDINAUX,  f.  m.  pi.  Chez  les  Drapiers  Scies 
Tondeurs ,  efpèce  de  petites  cardes  de  ter  ,  remplies 
par  le  pied ,  &  dont  il  n'y  a  que  l'extrémité  des 
pointes  qui  paroiflént.  On  s'en  l'ert  pour  ranger  le 
poil  &:  le  coucher  dans  la  ronte,  Encyc. 

CARDINEE.  r.  f.  Terme  de  Mythologie.  Cardinea. 
La  Déclic  Car dinée  àtoit  fille  de  Janus.  Elle  prélidoit 
chez  les  Romains  aux  gonds  des  portes ,  cardinibus  ; 
6c  c'eft  de-là  que  Ion  nom  avoit  été  pris.  Elle  s'ap- 
peloir  aufîi  Carne.   Voye7  ce  mot. 

CARDIOGME.  f.  m.  Picotement  ou  fenfation  mor- 
dicante  à  l'orifice  de  l'eftomac,  occafionnée  par  une 
humeur  accrimonieufe  qui  incommode  cette  partie , 
xaii^iayi/.u(;  \  du  vctbe  rctoSiûçT-ôi ,  l'entir  une  douleur 
rongeante  à  l'orifice  de  l'eftomac.  Dict.  de  James. 

CARDON ,  r,  m.  Efpèce  d'artichaut ,  qui  ne  porte 
point  de  pomme,  &  dont  la  tige  eft  bonne  à  manger. 
Tener  cynàrœ  caulis.  Des  cardons  d'Efpagne.  Les 
tiges  des  cardons  font  bonnes  à  manger. 

f3"  On  fème  les  cardons  à  la  fin  d'Avril ,  ou  en  Mai , 
fur  couche ,  ou  en  plaine  terre.  On  les  tranfplante 
dans  des  trous  rerrorés  à  trois  pieds  l'un  de  l'autre. 
On  les  arrofe  fôuvent ,  &  on  leur  donne  deux  ou 
.trois  labours  par  an.  Quand  ils  font  hauts ,  on  les 
lie  avec  de  la  paille ,  &  on  les  butte  .à  un  pied  de 
terre,  pour  les  foutenir.  On  les  fait  enfuite  blanchir. 
On  peut  les  rranfporter  en  motte  dans  la  ferre,  en 
les  replantant  dans  uiie  terre  rapportée.  Il  y  a  des 
cardons  de  Tours  &  des  cardons  d'Efpagne. 

Cardon  eft  aufli  une  efpèce  de  crevette  où  chrevette 
qui  ne  rougit  point  à  la  cuilfon  comme  la  crevette 
franche. 

1^  CARDOUE.  Ville  d'Efpagne  dans  la  principauté 
de  Cataloçcne,  avec  titre  de  Duché. 

CAJIDONETTE.  f  f.  eft  le  nom  qu'on  donne  en 
Languedoc  à  la  fleiir  d'une  efpèce  d'artichaut  qui 
croît  à  la  campagne ,  &  cjui  fert  de  prefure  pour 
Cailler  le  lair.  Voye;^  Artichaut. 

CARDOUZILLE.  f.  f.  Petite  étoffe  de  laine  fans 
foie. 

CARDUEL.  Pays  de  l'Afie.  C'eft  une  partie  de  la 
Géorgie  propre  :  il  confine  avec  les  Tartares  du 
Dagheftan.  Ce  pays  a  eu  titre  de  Royaume.  Maty. 

ÇARE  ou  carre,  f  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit 
autrefois  vifage  ,  car  on  difoit ,  il  a  la  câre  vieill  : 
il  venoitdu  vieux  mot  efpagnol  card,c^\x\  fignifioit 
la  même  chofe.  Vultus.  On  dit  même  encore 
acarer  &  acaration  ,  pour  dire ,  confronter ,  &  con- 
frontation ,  en  pluficurs  Provinces ,  &  fur-tout  en 
celles  au-delà  de  la  Loire. 

Care  s'eft  dit  aufli  de  la  taille  ou  de  lamefure  <juieft 
Tome  II, 


e  A  R 


èhtre  lès  deux  épaules.  Humeri.  Cette  femme  a  la. 
cdre  belle. 

Care  le  dit  en  ce  fens  -,  en  parlant  des  habits  qui  cou- 
vrent cette  partie  du  corps ,  d'un  corps-de-jupe , 
d'un  pour-poinr  -,  &  lignifie  la  coupe  &  k  taille 
derrière  le  dos.  Il  faut  retailler  la  câre  de  ce  corps- 
de-jupe.  Tout  cela  eft  vieux. 

CARE  ou  CARUS.  f  m.  Terme  de  Médecine.  C'eft 
une  efpèce  d'afteélion  foporeufe  ,  qui  n'eft  pas  ir 
forte  que  l'apoplexie,  mais  qui  Tcft  plus  que  la  lé- 
thargie. Le  care  dégénère  Ibuvent  en  apoplexie. 

CARELIE,  Province  de  Suède  dans  la  Fmlande.  Care-- 
lia.  La  Carélie  eft  entre  le  golfe  de  Finlande ,  &  les 
Provinces  deNynlande,  de  Tavafthic,de  Savolanie, 
&  de  Kexholmie.  La  capitale  de  Carélie  eft  Wibora; 
Maty.  °'' 

(fT  CARELL ,  CAREILL ,  CRAOL    ou    CRAIL, 

Petire  ville  d'Eco/fe ,  dans  la  province  de  File  ,  fuc 
la  côte,  fameufe  par  la  bataille  qui  s'y  donna  cm 
874  entre  les  Ecoifois  &  les  Danois. 
ffT  CARELSCROON  ou  CARLSCROON.  Ville 
de  Suède  ,  dans  la  Elekingie,  fur  la  côte  de  la  mec 
Baltique, 

OCr^CAREMBOULE.  Contrée  de  l'Afrique,  dans 
l'Ile  de  Madagafcar ,  dont  elle  eft  la  Province  là 
plus  méridionale, 

CAREME,  f  m.  Quadragéfime  -,  temps  de  t>énitcnce 
pendant  lequel  on  jeûne  quarante  jours  pour  fe  pré- 
parer à  célébrer  la  Fêre  de  Pâque.  Quadragefima  » 
ijuadragima  dierum  jejunium.  Anciennement  dans 
l'Eghle  Latine  le  Carime  n'étoit  que  de^trente-fix 
jours  ,  &c  ne  commençoit  qu'au  Dimanche  de  Ix 
fixicme  femd:ine  avant  Pâque ,  qu'on  appelle  Qiia- 
dra^cfime.  Dans  le  IX'=  fiècle  ,  pour  imiter  plus  pré- 
cifément  le  jeûne  de  quarante  Jours  que  Jesus- 
CnRisT  fouffrit  au  défert,  quelques-uns  ajoutèrent 
quarre  jours  avant  la  Quadragéfime,  &  cet  ufage  a 
été  fuivi  dans  l'Occident  ;  car  en  ôtant  les  fixToi- 
manches  où  l'on  ne  jeûne  point ,  il  refte  précifé- 
ment  quarante  jours  de  jeûne,  à  l'imitation  de 
Jesus-Christ.  Il  en  faut  excepter  l'Eglife  de  Milan  , 
qui  ne  commence  le  Carime  que  le  Dimanche  de  la 
Quadragéfime. 

^  Le  Carime  a  été^inftirué  par  les  Apôtres,  S,  Jé-"^ 
rôme ,  dans  fon  Epître  à   Marcella ,  &:   S.  Léon  , 
au  Sermon  fixième  de  Qiiadra<refima ,  le  difcnt  ex- 
preflcment  \  8c  la  Règle  de  S.  Auguftin  ,Ep.iiS,  ad 
Januarium,  &  Lii>,  4  de  Bapt.  cap.  3.4,  a  lieu  eh  cette 
matière.  Tout  ce  que    l'on  trouve   établi  générale- 
ment dans  toute  l'Eglife,  fans  en  avoir  l'iiiftirurJort 
ddns  aucun  Concile  ,  doit  palîéi:  pour  un  établiffe- 
mcnt  fait  par  les  Apôtres.  Or  tel  eft  le  jeûne   du 
Carime.  On  n'en  trouve  l'ihftitution    dans    aucun 
Concile,  Au  contraire  *  le  I  Concile  de  Nicée ,  can. 
5  ;  celui  de  Laodicée  ,  can.  49  ,  &  fuivant  -,  le  VI* 
Concile,  <:a72.  zp  ,  &  en  Occident  le  I  d'Orléans,  can^ 
1 1  -,  le  IV^  de  la  même  ville ,  can.  1  ;  celui  d'Agdc, 
can.  8  -,  celui  d'Auxerre,  can.  3  ,  le  VlIPde  Tolède  3* 
caii.  9  \\t  IP  de  Braguc,  can,  9  ,  parlent  du  Carime 
tomme  d'une  chofc  générale  &  très-ancienne ,  aulîi- 
bien  que  tous  les  Pères  Grecs  &  Latins.  Tertullien  , 
qui  vivoit  fur  la  fin  du  IP  fiècle  &  au  commencement 
du  IIP,  dans  fon  Livre  Z>e /s/'z^m/j  ,  cap.  2  &  i;, 
fcmble  indiquer  non-feulement   qu'il  y    avoit  une 
loi  pour  le  jeûne  d'avant  Pâque,  mais  encore  qu'elle 
croit  regardée  par  ceux  même  qu'il  fait  palier  pour 
ennemis  du  jeûne,  comme  une  inftirution  Apofto- 
lique  •,    &:  qui    plus  eft,  comme    une    jnft''-r'ort 
Apoftolique  fondée  fur  l'Evangile  t*^  fur  la   nnrol'-  de 
Jesus-Christ  en  S<  MatthieuIX  ,  iç;  éri  S,  Marc 
II ,  19  ;  &:  en  S.  Luc  V,  34.  Calvin  ,  Ch^mnit'n    Sc 
les  Proteftans  prétendent  que  le  jeûne  d  \  Ct'êmé 
s'eft  inftitué  d'abord  par  une  efpèce  de  fupc  rft'rîon  , 
pnr  des  gens  fimples  qui  voulurent  imiter  le  jeûné 
de  J'^sus-Christ.  Ils  prouvent  ce  fait  par  un  mor  de 
S.  Irerce  ,  cité  par  Eufebe  Liv.  F,  ch.  14  -,  mais  Bel- 
Inrmin  a  rrès-bicn  montre  qn'il  ne  s'agit  point  l:i  du 
jeûne  même,   mais  de  quelques  eirco-ftances  d* 


C6 


CAR 


jeûne.D'autres  dirent  que  ce  fut  le  Pape  Tclefphorc  | 
qui  l'inftitua  vers  le  milieu  du  11=  liècle  -,  mais  Bcl- 
larmin  répond  que  S.  Ignace,  qui  vivoit  avant  ce 
Pape  parle  clairement  du  Carême,  dans  l'on  Epître  ad 
Philippenfes  ;  que  ce  qui  a  donné  occaiion  à  certe 
opinion  ,  c'eft  que  Télefphore  ordonna  l'abftinence 
de  chair  pendant  lept  i'emaincs  entières,  au  lieu 
que  les  Laïques  ne  la  gardoient  pas  pendant  fcpt 
femaincs  toutes  entières/  D'autres  conviennent  que 
l'on  obfervoitàla  vérité  Ve.  Carême  dans  l'Eglile , 
c'eft-à-dire  ,  un  jeûne  de  quarante  jours  avant  Pâque 
dès  le  temps  des  Apôtres  ;  mais  que  c'étoit  volontai- 
rement ,  &  qu'il  n'y  eut  de  loi  que  vers  le  milieu  du 
Iir  fiècle.  Ce  que  nous  avons  dit  de  Tenullienparoît 
détruire  ce  fentiment.  Enfin ,  il  paroît  par  les  Con- 
ftitutions  Apoftoliques  F,  c,  i8  ,  que  les  Chrétiens 
dès  le  commencement  de  l'Eglile  ont  jeûné  par  obli- 
gation pendant  le  temps  qui  précédoit  la  Pâque.  Ce 
jeûne  duroit  jufqu'à  l'heure  de  vêpres,  c'cfli-à-dirg , 
jufqu'au  loir.  TertuUien  en  parle  auifi  dans  fon 
Traité  du  jeûne,  &C  S.  Irenée  dans  Eulebe  Liv  , /^, 
c.  14,  Saint  Baille,  Orat.  i,  de  Jejun.  Saint  Ambroilé 
Serm.  54.  Socrate,  L.F,c,  ii.Caiîîen,  Collât,  zr,  c, 
Z7.  Saint  Léon ,  5(;r/;z.  4  ,  de  Quadr agejimâ ,  Sec. 
Voyez  BcUarm,  de  bonis  Operib.  in  partie.  L.  Il,  c. 
41,  15,  iS. 

Socrate  &  Sozomene  difent ,  le  premier,  L.  V, 
c.  11  ;  l'autre,  L.  Fil,  c.  1 9 ,  que  le  jeûne  du  Carême 
ctoit  de  fix  iemaines  avant  Pâque,  en  Illyrie,  en 
Grèce  ,  à  Alexandrie  ,  dans  toute  l'Egypte  , 
dans  l'Afrique  Se  la  Palefline  ;  mais  qu'à  Con- 
ftantinople  &  dans  toutes  les  Provmces  d'a- 
lentour ,  jufqu'en  Phénicie ,  on  commençoit  le  Ca- 
rême fept  femaines  avant  Pâque.  que  de  ces  lîx 
ou  lept  femaines  quelques-uns  n'en  jeûnoient  que 
trois  par  intervalles ,  5c  cinq  jours  feulement  chaque 
femaine.  Quelques-uns ,  ajoutent  ils ,  jeûnoient  trois 
femaines  de  fuite  comme  à  Rome  ,  excepté  le  Sa- 
medi &.  le  Dimanche.  Socrare  fe  trompe  en  ceci  -, 
car  on  jeùnoit  à  Rome  le  Samedi  toute  l'année  : 
mais  un  Grec  a  pu  l'ignorer ,  Se  prendre  l'ulage  de 
quelque  autre  Eglife  pour  celui  de  Rome.  Par-tout 
on  nommoit  également  ce  temps  Carême ,  ou  Qua- 
rantaine. 

Les  Grecs  commencent  l'abftinence  après  le  Di- 
manche que  nous  nommons  de  la  Sexagéfime,  & 
qu'ils  appellent  AVo>£çe4>{ ,  c'eft- à  -  dire,  félon  M. 
l'Abbé  Fleury ,  Dimanche  gras,  ou  plutôt ,  C^re/Tzf 
prenant;  car  i  AvoKfixi  lignifie  proprement,  févre- 
ment  de  chair  ,  privation  de  chair ,  carniprivium  , 
comme  quelques-uns  traduifent.  Du  refte,  les  Grecs 
commencent  le  Lundi  qui  fuit  ce  Dimanche  à  ne 
point  manger  de  chair,  &  toute  cette  fcmaine-là  ils 
ne  mangent  que  du  laitage  Se  des  œufs ,  mais  fans 
jeûne  encore-,  de-là  vient  qu'ils  appellent  le  Di- 
manche fuivant,  qui  eft  celui  de  la  Quinquagéfîme, 
Tï«  Ti/5»<5«y».  Le  Lundi  lûivant  ils  entrent  en  Carême  , 
&  commencent  le  jeûne  Se  l'entière  abftinence , 
non-feulement  d'œufs  Se  de  laitage ,  mais  de  poiflbn 
Se  d'huile.  Néanmoins  s'ils  commencent  plutôt  que 
nous ,  ils  ne  jeûnent  point  les  Samedis  comme  nous. 
L'Abbé  Théonas  étant  venu  voir  Caifien  Se  Germain, 
celui-ci  demanda  pourquoi  le  Carême  n'étoit  que  de 
lîx  femaines ,  ou  de  fept,  en  quelque  pays  ,  puifque 
ni  l'un  ni  l'autre  nombre  ne  font  quarante  Jours ,  en 
étant  le  Samedi  Se  le  Dimanche ,  où  l'on  ne  jeûnoit 
point ,  mais  feulement  trente-fîx  jours  ?  Théonas 
répondit:  ces  trente-fix  jours  font  la  dixme  de  toute 
l'année,  qui  ell  de  5^5  jours  ;  &  ce  qui  fait  la  di- 
Verfité,  c'eft  que  ceux  qui  ne  jeûnent  que  fix  femaines, 
jeûnent  le  Samedi.  On  n'a  pas  laifle  de  nommer  tout 
ce  temps  Carême  ,  ou  quarantaine  ,  peut-être  à  caufe 
des  quarante  jours  de  jeûne  de  Moyfe ,  d'Elie  &  de 
Tesus-Christ.  Les  parfaits  ne  s'aftreignent  pasà  des 
bornes  fi  étroites,  &  cette  loi  du  Carême  n'a  été  in- 
troduite qu'en  faveur  desfoibles-,  afin  qu'ils  don- 
naffentà  Dieu  au  moins  la  dixme  de  l'année.  On  voit 
ici  combien  Caffien ,  5c  ceux  dont  il  rapporte  les  dif- 


CAR 

cours ,  croient  perfuadés  de  l'antiquité  Se  de  l'utilité 
du  Carême.  Fleury. 

Les  anciens  Moines  Latins  faifoient  trois  Carêmes; 
le  grand  avant  Pâque  ,  l'autre  ,  avant  Noël ,  qu'on 
appeloit  de  la  Saint  Martin  ;  Se  l'autre  de  Saint 
Jean-Baptijle ,  après  la  Pentecôte ,  tous  trois  de 
quarante  jours.  Les  Grecs  en  obfervoient  quatre  au- 
tres outre  celui  de  Parties;  favoir  ceux  des  Apôtres , 
de  l' AJJ'omption  ,  de  Noël,  &  de  la  Transfiguration  ; 
mais  ils  les  réduifoient  à  fept  jours  chacun.  Les  Ja- 
cobites  en  font  un  cinquième,  qu'ils  appellent  de  la 
pénitence  de  Ninive.  Les  Chaldécns  Se  les  Neftoriens 
de  même.  Les  Maronites  en  font  fix  ,y  ajoutant  celui 
de  l'Exaltation  de  la  Sainte  Croix.  Une  Relation 
imprimée  en  i(î88  ,  dit  cependant  que  les  Chrétiens 
du  mont  Liban  ,  qui  font  les  Maronites ,  n'en  font 
que  quatre  -,  que  durant  le  grand  ,  qui  eft  celui  qui 
précède  la  Fête  de  Pâques,  ils  ne  mangent  qu'une 
fois  le  jour  ;  que  la  plupart  font  fcrupule  d'y  manger 
dupoiiîbn,ni  autre  chofe  qui  ait  eu  vie;  que  les 
femmes  groffes ,  ni  les  enfans  qui  ont  l'ufage  de  la 
railbn ,  n'en  font  que  rarement  difpenlés.  Les  Ja- 
cobites  anticipoient  le  Carême  de  deux  femaines ,  Se 
en  jeûnoient  huit  avant  la  Semaine-Sainte.  Foye^  le 
P.  le  Quien  dans  une  Préface  fur  une  Lettre  de 
faint  Jean  Damafcène.  Les  Arméniens  en  font  huit 
de  dirtérente  durée. 

Le  Carême  eft  bas,  quand  il  commence  les  pre- 
miers jours  dé  Février  •,  &  il  eft  haut ,  quand  il 
commence  en  Mars.  La  Mi-Carême  eft  le  Jeudi 
qui  eft  au  milieu  du  Carême.  Faire  le  Carême ,  c'eft 
obferver  les  régies  du  jeûne  -,  ne  faire  ufage  que  des 
alimens  que  l'Eglife  permet  pendant  le  Carême. 
Rompre  le  Carême ,  c'eft  y  contrevenir .  mangeC 
gras.  On  appelle  fruits  de  Carême ,  les  fruits  fecs 
Se  réfervés  pour  le  Carême  ,  comme  raifins ,  figues, 
pruneaux  ,  brugnoles ,  &c.  Viandes  de  Carême ,  le 
poifTon  Se  tous  les  autres  mets ,  à  la  réferve  de  la 
chair. 

Le  VIIIs  Concile  de  Tolède ,  canon  9  ,  dit  :  Ceux 
qui  fans  une  évidente  néceffité  auront  mangé  de 
la  chair  pendant  le  Carême ,  n'en  mangeront  point 
pendant  toute  l'année ,  &  ne  communieront  point 
à  Pâque.  Ceux  que  le  grand  âge  ou  une  maladie 
oblige  d'en  manger  ne  le  feront  que  par  permif- 
fîon  de  l'Evêque.  Aujourd'hui  on  s'adrefie  plus 
communément  en  France  au  Curé,  qui  ne  la  donne 
que  fur  une  attcftation  d'un  Médecin. 

Le  Pape  Nicolas,  dans  fa  Réponfe  aux  Confid- 
tations  des  Bulgares ,  ch.  4,  dit  qu'on  doit  s'abf- 
tenir  de  chair  tous  les  jours  de  jeûne ,  qui  font  le 
Carême  avant  Pâque ,  le  jeûne  d'après  la  Pente- 
côte, celui  d'avant  l'Aflomption  de  la  fainte  Vierge  > 
Se  celui  d'avant  Noël.  Tous  ces  jeûnes  étoient  de 
quarante  jours,  au  moins  les  trois  d'avant  Pâques, 
d'après  la  Pentecôte  Se  d'avant  Noël ,  comme  portent 
expreffément  les  Capitulaires  Liv.  FI,  ch.  1 87  ;  mais 
les  autres  n'étoient  pas  de  la  même  obligation  que 
notre  Carême.  Fleury.  Foye:^^  au  mot  Avent  ce 
que  nous  avons  dit  du  Carême ,  ou  jeûne  d'avant 
Noël.  L'article  187  du  Livre  FI  de&  Capitulaires 
ne  prouve  rien  ;  il  dit  feulement  que  les  Prêtres 
doivent  annoncer  le  jour  de  Pâque  ,  celui  de  la 
Pentecôte ,  le  jeûne  ,  la  Méfie ,  le  Baptême.  Eft- 
ce  là  porter ,  je  ne  dis  pas  expreiTément ,  mais  en 
aucune  manière,  que  tous  ces  jeûnes  étoient  de  qua- 
rante jours. 

S.  Rathier,  Evêque  de  Vérone  auX«fiéele,  dans 
un  Sermon  fur  le  Carême  ,  blâme  ceux  qui  paf- 
fent  alternativement  un  jour  fans  manger,  &  un 
fans  jeûner  -,  &  ceux  qui  jeûnant  tous  les  jours  juf- 
qu'au foir ,  fe  donnoient  ia  liberté  de  manger  la 
nuit  avec  excès  ;  aufli-bien  que  ceux  qui  mangeant 
avant  None  ,  qui  étoit  l'heure  prefcrite  ,  croyoient 
jeûner ,  pourvu  qu'ils  ne  fiflent  qu'un  repas.  Fleury. 

Ce  mot  vient  de  quadragejima.  NicoT.  Et  il  eft 
très-ancien.  On  le  trouve  dans  le  Concile  de  Nicée  ; 
car  X  tiTTa^aMTyi  en  grec  eft  la  même  chofé  que  Ca^ 
rime ,  ou  quadragéfime. 


CAR 

On  appelle  auiîi  Ccirème ,  le  Recueil  des  Ser- 
mons qu'a  fait  un  Prcdicatcuf  pendant  le  Carinie, 
Colleclaneœ  Conciones  Jacrx  per  Q^uadragejlmarn  lia- 
bitce  vel  habenia.  Parmi  les  Sermonaires  ,11  yen 
a  quantité  qui  ont  fait  des  Carêmes  &  des  Avents. 
Le  (artmc  du  P.  Bourdaloue  eft  admirable. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  nous  a 
prêché  fcpr  ans  pour  un  Carême  ;  pour  dire  ,  qu  il 
nous  a  Ibuvent  enleigné ,  rebattu  la  même  choie. 
On  dit ,  que  pour  trouver  le  Carême  court ,  il  faut 
faire  une  dette  payable  à  Pâquc.  On  dit  auflî  , 
qu'on  nous  donne  le  Carême  bien  haut ,  quand 
on  nous  promet  quelque  choie  qui  ne  viendra  de 
long-temps. 

On  dit  auiîî  figiirément  qu'on  met  le  Carême  bien 
haut ,  pour  dire  qu'on  exige  des  chofes  trop  diffi- 
ciles. AcAD.  Fr.  On  dit  aufli ,  que  cela  vient  comme 
Mars  en  Carême;  fort  à  propos,  ou  bien  qu'une 
choie  revient  au  même  temps  tous  les  ans.  On  dit 
aufii  ,  qu'un  homme  a  jeûné  le  Carême  ,  quand  on 
lui  veut  reprocher  qu'il  efl:  bien  maigre,  ou  bien 
pâle, 

Plus  défait  &  plus  hlême  , 
Que  Ti'ejl  un  pénitent  à  la  fin  du  Carême,  Boité 

Les  Turcs  ont  auiTi  leur  Carême^  qu'ils  appellent 
Ramazan  ou  Ramadan.  Voye^  ce  mot. 
CAREME -PRENANT,  f.  i^.'  On  appelle  ainii  le 
jour  du  Mardi  qui  précède  le  Carême  ,  &  quel- 
quefois tous  les  trois  jours  gras  qui  précèdent  le 
Mercredi  des  Cendres.  Géniales  ante  cjuadragena- 
rium  jejunium  dies.  On  difoit  autrefois  carême-en- 
trant. Les  Gafcons  diient  Carmentran  ;  &  dans  la 
balfe  latinité  on  a  dit  Carmentranus.  Du  Cange. 
On  a  auffi  appelé  carniprivium ,  le  Carême  ;  &  car- 
rdvora  le  Mardi  gras ,  à  caufe  que  ce  jour  -  là  on 
confume  tout  ce  qui  refte  de  dhair  j  &  carnica- 
pium  ,  en  eipagnol  Carnes  tollendas.  Carême-pre- 
nant efl:  du  ftyle  familier. 

On  appelle  aulfi  des  Carêmes-prenans  ,  des  gens 
du  peuple  qui  fe  mafquent  de  cent  façons  ridi- 
cules ,  &  qui  courent  les  rues.  Plebecula  larvata. 

On  dit  aufîi  des  petlbnnes  mal  mifes  qui  met- 
tent des  habits  extraordinaires ,  qu'ils  Ibnt  habil- 
lés en  vrais  Carêmes-prenans.  On  dit  que  vous  vou- 
lez" donner  Votre  fille  à  Un  Carême-prenant.  Mol, 
Vous  voilà  fait  comme  un  Carême-prenant. 

On  dit  proverbialement ,  qu'il  faut  faire  Ton  Ca- 
tême-prenant  avec  la  femme  ,  &  Pàque  aVec  Ion 
Curé.  On  dit  aulfi  populaircmeht,  tout  eft  de  Ca- 
rême-prenant :  pour  excufer  certaines  libertés  que 
l'on  croit  plus  permifes  ce  jour-là. 
CARENAGE,  f.  m.  &  par  colruption  ,  CRAN  ,  & 
CRANAGE.  C'eft  un  endroit  fur  le  bord  de  la 
mer,  commode  pour  donner  carène  aux  vailfeaux. 
■  Locus  carinandis  navilus,  reficiendiS  navi ,  idoneus. 
^fT  Carénage  fe  dit  aulll  de  l'adlion  de  carérter  un 
vailîeau ,  ou  de  l'effet  de  cette  aélion. 
CARENCE,  f.  £  Défaut,  terme  de  pratique  ,  qui  fe 
trouve  dans  l'Ordonnance  des  Eaux  &  Forêrs ,  qui 
veut  que  les  exploits  de  carence  de  biens  ou  d'in- 
folvabilité ,  ne  foient  valables ,  s'ils  ne  font  forti- 
fiés de  bonnes  preuves.  Faire  un  procès-verbal  de 
carence  de  biens.  Un  procès-verbal  de  carence  de 
biens  équipolle  à  un  inventaire  ,  lequel  on  ne  peut 
pas  faire  quand  il  n'y  a  rien  à  inventorier.  On  fait 
Un  procès-verbal  de  carence  de  biens ,  pour  n'être 
point  foupçonné  de  recelé.  0CF  Exploit,  procès- 
Verbal  de  c^zrewire,  par  lefquels  on  coniTiate  qu'on  n'a 
trouvé  aucun  effet  à  inventorier. 

Ce  mot  vient  du  latin  carentia, 
CARENE,  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  la  quille  d'un 
vaiffeau,  qui  eft  une  longue  &:  groffe  pièce  de 
bois ,  ou  plulîeures  miles  bout  à  bout  l'une  de 
l'autre ,  de  proue  en  poupe ,  pour  fervir  de  fon- 
dement au  navire ,  &:  fur  laquelle  fe  fait  l'aflem- 
blage.  Trabs, 

Ce  mot  vient  du  latîn  carinui 


CAR  %Gj 

Caréné  j  fe   prend  encore,  en    ternies  de  Marine» 
pour  la  partie  du  vailfeau  qui  eft  depuis  la  quille 
jufqu'à  la  ligne  de  l'eau.  Canna ,  imus  alveus.  C'cft 
le  creuxdu  vaiflêau  ,ou  lefondde  cale,  (fT  toute; 
la  partie  du  vailfeau  qUi  eft  foUs  l'eaU  qiiand  il  eft 
en  état  de  faire  voile  -,    on    Ja   nomme   auifi  œ//; 
1res  vives, 
Carene    lignifie    au  (fi  le  radoub  d'un  vaiffeau  ou  deî 
parties  b.tffes    d'un  vailfeau.  On  dit  en   ce  fens  , 
donner  la  carène  à  un  vailfeau  ,  mettre  un  vaiiTeaii 
en   carène.  On  dit  donner  carène  ,  quahd  ort  nid 
le  navire  fur  le  côté  pour  le  calfarer ,  pour  fermer 
les  voies  d'eau  ,  pour  lui  donner  le  fuif .  pour  le 
radouber  dans  lés  œuvres  vives.  Les  vaiffeaux  dé 
guerre  reçoivent  la  carène  ,  ou  les  œuvres  dij  ma- 
rée ,de  trois  arts  en  trois  ans. 
Carène  (Demi-)  le  dit,  loriqu'en  Voulant  caréner  utl 
vaiUéau ,  on  île  travaille  que  fur  la  moitié  de  fort 
fond  par  dehors ,  fans  aller  jufqu'à  la  quille.  Ca- 
rène entière  ,  fe  dit  lorfqu'on   travaille  fur  tout  1^ 
fond  jufqu'à  la  quille, 
Cari-nï  ,  rn  fait  de  coquillage  ,  eft  le  fond  d'une  co- 
quille, tel  que   celui  de   l'Arche  de  Noé ,  ou  du 
Nautille. 
CARÉNER,  v.  a.  Donner  carène  au  vailfeau ,  le  mct-^ 
ne  fur  le  côté  -,  l'appuyer  fur  le  ponton ,  afin  qu'il 
préfente  aux  Calfateurs  la  partie  qui  a  befoin  d'être 
carénée  ,  en  lui  donnant  le  radoub ,  ou  le  fuif.  Cari- 
nare  ,  navem   Yeficere.  On   dit  autremerit ,  le  met- 
tre z  cran  ,  ^^i  corruption  de  carène. 
Caréné  ,  ée.  part.  Vieux  vailfeau  caréné) 
CARENTAN.  Carcntonium.  Ville  de  France  dails  îa 
balle  Normandie, au  confluent  de  laDouvre&  du 
Carentey  ,  ou  Carentan  ,  qui  lui  a  donné  fon  nom* 
CARESSANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  a  coutume  de    ca- 
rclfcr  ,  qui  aime  à  Carelfer.  Blandus.  Vous  n'êres  ni 
trop  carejfante  ,  ni  trop  flateufe.  Le  Ch.  de  M.  Re- 
matquez  dans  Térence  lin  vieillard  avare  &  rébar- 
batif,  qui  s'avife  tout  d'un   coup  de  devenir  ca- 
rejfant  &  libéral.  P.  le  Boss.  Les  petits  chiens  font 
des  animaux  forr  careffans. 
CARESSE,  f.  f.  Démonftration  d'amitié ,  ou  de  bien- 
veillance ,    qu'on  fait  à  quelqu'un  par  un  accueil 
gracieux  ,  par  quelque  parole  obligeanre ,  par  les 
aéf  ions  ou  par  les  difcours.  Blanditiœ  ,  amorisjï- 
gnificatio.  Il  fe  dit  des  hommes  ,  &'  de  quelques 
animaux.  Ce  Prince  a  fait  bien  des  carejfès  à  cet 
Envoyé.  Les  careffes  des  femmes  font  trompeufes*  ' 
Les  chiens  font  des  careffes  à  leurs  maîtres.  Remar- 
quez le  tire  forcé  ,  &  les  carejfes  contrefaites  d'uri 
Courtifan.  La  BrUy. 

Je  vous  vois  accabler  un  hornrrie  de  careffes.  Mol. 

On  dit  fîgurément  qu'il  ne  faiit  pas  fë  Rznxdt 
careffes  de  la  fortune. 
CARESSER.  V.  a.  Faire  des  careffes.  Blanditiis  lenire  ^ 
permulcere.  La  foiblelfe  de  l'homme,  c'eft  d'aimer 
qu'on  le  carejfe.  On  dit  auffi  careffer  un  cheval , 
un  chien. 

Quel  avantage  d-t-on  qu'un  homnie  Ports  careffe  , 
Lorfqu'au  premier  faquin  il  court  en  faire  autant  ? 

MotlERE. 

Le  P.  Bouhours  tcxnMc^yx^  ,c;aç.  faire  des  careffes i  ' 
ne  fe  dit  s;uère  que  férieufêment  ,  &  ne  lîgnilie 
que  traiter  les  gens  d'un  air  qui  marque  qu'on  les 
aime ,  ou  qu'on  les  eftime ,  &  que  careffer  fe  dit 
plus  en  badinant  &:  en  parlant  des  cnfans  à  qui 
on  fait  de  petites  amitiés.  Il  faut  nous  flater  &  nous 
careffer  comme  des  enfans ,  pour  nous  tenir^  en 
bonne  humeur.  Essais  de  Mor.  Le  Roi  lui  fit 
beaucoup  de  careffes,(  Artabaze  )  à  caufe  de  l'amirié 
qu'il  avoir  eue  avec  le  Roi  Philippe  fon  frète.  Vaug, 
Voye?  le  II  Tome  des  Remarques  du  P.  Bouhours 
fur  la  Langue  françoife,  p^  415. /«-ii. 
lia*  Caresser  le  nu,  chez  les  Peintres,  c'cft  tra- 
"  vailler,  jeter  les  draperies  de  manière  à  faij:(?  aj>- 

Ll  i] 


6% 


CAR 


percevoir  le  nu  ,  de  manière  qu'elles  indiquent  le  nu 
aux  principaux  atcaclienicns.  Foye(\>\\}  &c  Draperie. 
Caressé,  ée.  parc.  Blanditiis  kmtus  ,  divlnctus. 

Tous  ces  mots  viennent  du  latin  carus. 
CAREFOUR.  roy^i  CARREFOUR. 
CARET,  yoyc^  CARRET. 

CARFOU.  1".  m.  Keceptus.  Vieux   mot  qui  fignifie  , 
félon  Palquier ,  la  retraite  qu'on  (onnoit  le  (bir  : 
il  croit  qu'on  dilbit  carfou  pour  couvre-jeu.^  Borcl 
cftiiiie  que  carfou  a  été    formé  de    garde-jou ,  &: 
que  le  carfou  croit  le  lignai   qui  avertiilbit  les  vo- 
leurs &  les  bandits  de  fe  retirer ,  de  crainte  d'être 
pris  par  le  Guet ,  qui  commençoit  à  matcher  lorf- 
qu'on  fonnoit  le  carfou.  En  Languedoc  on  appelle 
ce  iignal  le  Chap-lubaud ,  ce  qui  veut  dire  à  peu- 
près  la  même  chofe. 
CARGADOR.  f.  m.  On  nomme  ainfi  à  Amfterdam 
des  efpèces  de  Courtiers ,  qui  ne  fe  mêlent  que  de 
chercher  du  fret  pour  les  navires  qui  font  en  charge- 
ment ,  ou  d'avertir  les  Marchands  qui  ont  des  mar- 
chandifcs  à  voiturer  par  mer ,  des  vaifleaux  qui  font 
prêts  à  partir ,  &  pour  quels  lieux  ils  font  dcftinés. 
CARGAISON,  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  la  charge 
d'un  vailfeau ,  qu'on  appelle  auffi  chargement  ;  S< 
le   temps  propre  pour   charger  les  navires.  Navis 
omis.  C'cfl:  aulli  la  facture  des  marchandilés  char- 
gées dans  le  vaiffeau,  La  cargaison  de  ce  vaifîéau  clt 
de  telle  &  telle  marchandife.  Ce  mois-ci  eft  le  temps 
de  la  cargaifon  des  vins,  des  morue?.  Cargaijcn  le 
prend  encore  pour   l'aétion  de  charger.    Pendant 
toute  cette  cargaifon,\\  a  toujours  été  fur  notre  bord. 
CARGAMON.  f.  m.   Sorte  d'épicerie  très-rare  ,  & 
très-précieufe  ,  qui  ne  croît  que  dans  les  terres  de 
Vifapour,  Royaume  des  Indes  orientales. 
CAR.GIÉ.  Vieux  mot.  Chargé.  Poéf.  du  Roi  de  Nav. 
CARGUE.  f.  f.  Terme   de  Marine.  C'eft  route  forte 
de  manœuvre    qui  fert  à  approcher  les  voiles  près 
des  vergues  pour  les  trouffcr  ,  les  relever.  fCT  Fu- 
nes  col'u%endis  velis  apti.  Comme  on  appelle  ainfî  en 
général  toutes  les  manœuvres  courantes ,  elles  pren- 
nent un  nom  patticulier  de   la  partie  des  voiles  à 
laquelle  elles  font  appliquées  pour  les  relever  con- 
tre les  vergues  ou   pour  les    cargucr.  Ainli  on  die 
cargues-point ,  cargues-bouiines  ,    &c. 

Les  c  argues-point.,  ou  tailles-point ,  font  des  cordes 
amarées  aux  points,  ou  aux  angLs  d'enbas  de  la 
voile  pour  la  retrouifer.  Les  cargues-fond  -,  ou  tailles 
de  fond  -i  font  des  cordes  qui  font  amarées  au  milieu 
du  bas  de  la  voile  ,  pour  la  retrouifer  par  le  milieu. 

Il  y  a  aulïï  les  cargues  d'' artimon  ;  &  quand  on 
parle  de  ces  fortes  de  cargues  ,  on  dit  les  cargues  du 
vent ,  8c  les  cargues  diffbiis  le  vent.  Les  unes  font  du 
côté  que  le  vent  vient ,  &  les  autres  du  côté  oppofé. 
Cargues  a  vue   font   une  petite  manœuvre   palfée 
dans  une  poulie  fous  la  grande  hune ,  5c  qui  eft 
frappée  à  la  relingue  de  fa  voile  ,   pour  la  lever 
lorfqu'on  veut  voir  par-dcllbus.   Cette  manœuvre 
n'cll:  d'ufage  que  dans  de  certains  vailfeaux. 
Cargues-boulines    font  les  cordes  amarrées  au  mi- 
lieu des  côtés  de  la  voile,  pour  troulfer  ou  car- 
guer  la  voile  par  les  côtés.  On  les  appelle  autre- 
ment contre-fanons,  Lorfqu'on  troufle ,  ou  qu'on 
racourcit  les  voiles  par  en  haut ,  cela  s'appelle  rider. 
CARGUE-BAS.  f  m.  Foye^  Cale-bas. 
CARGUER.  V.  a.  Terme'  de    Marine.  C'eft    troulTer 
la  voile,  &   l'accourcir  par,  le  moyen  des  cordes 
appelées  cargues,  qui  la  lèvent  en  haut  jufqu'à  la 
moitié  &  au  tiers  du  mât.  Colligere  vélum.  On  dit 
autrement,  bourcer  la  voile. 
Ca's.guer   fignitie    aufll  pencher  d'un  côté  en  navi- 
gant. Carsiuer  à  ftiibord  ,  carguer  de  l'arrière  ,  car- 
guer  de  l'avant. 
CÀRGUERAS,  ou  CALE-BAS,  eft  un  cordage  qui 

fert  à  él'  ver    les  pacfs  ,  ou   grandes  voiles. 
CARGUEUR.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  poulie  qui 
fert  à   amener  &  à  guinder  le   perroquet.  On  le 
met  tantôt  au  tenon  du  perroquet.  Si  tantôt  à  (on 
choquer ,  ou  à  lés  pâtes. 
^  CAPv.HAIX.  Ville  de   France  en   Bretagne ,  far 


CAR' 

une  petite  rivière ,  à  dix  lieues  de  Quimper. 
CARIA.   Bourg  de   Portugal.   Caria.  Il   eft  clans  le 

Diocèfe  de  Lamego. 
CARIAGE.  f  m.  Terme  populaire  ,  qui  ne  fe  dit  qu'en 
cette  phrafe  proverbiale ,  tout  le  cariage  \  pour 
dire,  toute  une  famille,  tout  un  ménage  de  pau- 
vres gens ,  comme  fi  tout  pouvoit  tenir  dans  une 
charrerte ,  ou  cariole.  Impedimenta  ,  Jdrcinœ. 

Ce  mot  vienr  de  carragium,  qu'on  a  dit  pour 
carrago,  &  qui  fe  ttouve  dans  Trébellius  Pollio  , 
pour  lignifier  le  charroi  d'une  armée.  Ménage.  Du 
Cange  témoigne  qu'on  a  dit  caragium  dans  le 
même  fens  en  la  balle  latinité. 
CAPJATE.   Voyei  Caryate. 

CARIATHAIM.  Ville  de  la  Terre-Sainte,  fituce  à 
l'orient  du  Jourdain  dans  la  Tribu  de  Ruben.  Ce 
nom  hébreu  vient  de  mp ,  Kariath  ,  qui  lignifie 
Fille.  Il  eft  au  nombre  duel ,  peut-être  parce  que 
la  ville  croit  double  ,  ou   divifée  en  deux. 

Il  y  a  encore  une  autre  Cariathaim  dans  la  Tri- 
bu de  Ncphtali  ,  vers  l'occident,  qui  étoit  une 
ville  Lévitique  &  de  refuge.  Il  en  eft  parlé  /.  Pa- 
rai. FI,  7(^.  Jolué  l'appelle  Carthan  ,  C.  XXI,  31. 
CARIATHARBÉ.  Nom  de  ville  qui  fignifie  la  Fil/i: 
des  Quatre ,  félon  quelques-uns ,  qui  veulent  qu'elle 
ait  été  ainfi  nommée  ,  parce  que  quatre  grands  Pa- 
triarches ,  Adam  ,  Abraham ,  Ifaac  &  Jacob  ,  y 
avoient  été  enterrés  ;  c'eft  une  erreur.  Adam  ne 
vécHt  point  dans  Ja  Paleftinc  ,  quoi  qu'en  difent 
les  Rabbins ,  &  ceux  qui  y  placent  le  Paradis  ter- 
reftre.  Il  eft  bien  plus  probable  que  y3n!<? ,  ^rée, 
ou  Arbrca  ,  eft  le  nom  du  fondareur  de  la  ville, 
nnp ,  vmx  ,  c'eft  la  ville  d'Arbé.  Du  refte , 
voye:^  Hébron  ,  c'eft  la  même  ville,  qui  avoir  auffi 
ce  nom. 
CARIATH-BAAL  ,  c'eft-à-dire  ,  ville  de  Baal ,  plus 

connue  fous  le  nom  de  Cariathiarim  ,  qui. va  fuivre. 
CARIATHIARIM.   an^i  jJip,  qui  fe  prononce  en 
hébreu  Kariatk  Jearim  ,    &  qui  fignifie  Fille  des 
Bois  ,  ou  des  Forêts  ,  eft  le  nom  d'une   ville   de 
la  Terre-Sainte  ,  nommée  autrement  Baala  ,  ou  Ca- 
riaih  -  Baal.  Elle  avoit  été  polfédée  d'abord    par 
les  Gabaonites  :  elle  fut  donnée  cnfuite  à  la  Tri- 
bu de  Juda  ;  &  je  ne  fais  pourquoi  le   P.   Lubin 
dit  qu'elle  tomba  en  partage  à  celle  de  Dan.  Elle 
étoit  fur  les  confins  des  Tribus  de  Benjamin ,  de  Dan 
&  de  Juda. 
CARIATHSENNA.  Foyei  DABÎR. 
CARIATHSEPHER.  Ville  des  lettres ,  ou  des  livres 

de  "^  p  ,  Kariath,  "-SD,   ^^//rer.  Voyez  Dabir. 
ifT  CARIATL  Ville  d'Italie  au  Royaume  de  Naplcs , 
dans  la  Calabre  citérieure  ,  avec  un  Évêché  fufira- 
gant  de  Sainte-Séverine. 
rfj-  A  deux  milles  de  cette  ville  il  y  en  a  une  autre 
fur  le  bord  de  la  mer,  peu  conlidcrable  ,  qu'on 
appelle  Cariati-Fechia ,  pour  la     diftinguer  de  la 
première  ,  qu'on  appelle  Cariati-Nuova. 
CARIATIDE.  Foyei  CARYATIDE. 
CARIBE.  Foye7^  CARAÏBE.  Il  eft  plus  ufité. 
CARIBOU,  f  m.  Animal  fauvage  de  Canada.  Cervus 
Canadenfis.  C'eft  une  efpèce  de  cerf  qui  habite  le 
nord    de  l'Amérique.  Le  Caribou  eft  extrêmement 
léger.  Il  a  des  ongles  plats,  forr  larges,  &  garnis 
d'un  poil  rude  entre-deux  ,  qui  l'empêchent  d'en- 
foncer dans   la  neige ,   fur   laquelle  il  court  pref- 
qu'aulfi  vite  que  fur  la  terre.  Il  habite   les  favan- 
nes  ou  forêts  -,  &  quand  elles  font  épaiffes ,  il  s'y 
fait  des  roures   comme  la  plupart  des  animaux  , 
qui  habitent  le  fort  des  bois ,  &:  il  les  fuit  ordi- 
nairement. Le  Carilou  des  favannes  cpaifles  a  les 
cornes  fort  petites  \  celui  des  favannes  claires  les 
a  fort  grandes.  ^ 

Il  y  a  des  Cariboux  à  l'Ile  S.  Jean.  C'eft  une 
efpèce  d'orignacs  ;  ils  n'ont  pas  le  bois  fi  fort ,  le 
poil  en  eft  plus  fourni  &  plus  long ,  &  prefque 
ront  blanc.  Ils  font  exccllens  à  manger ,  la  chair 
en  eft  plus  blanche  que  celle  d'orignac.  Cette  bête 
a  la  cervelle  partagée  en  deux  par  une  toile,  qui 
fait  comme  deux  cervelles.  Denys.  P.  /,  c,  8. 


CAR 

|VT  CARICATURE,  r.  f".  Ttnne  de  Peinture,  ernpmn^ 
té  de  l'italien  caricamra..  Il  eft  fynonyme  au  mot 
charge  en  Peinture,  l^oye^  ce  mot.  Le  burlcrque 
en  Peinture ,  comme  en  Poëiîe  ,  eft  une  ef'pccc  de 
libertinas-e  d'imagination,  qu'il  ne  faut  le  permettre 
tour  au  plus  que  par  dclaHlment. 
CARICUÂl.  f.  m.  Remède  cathérétique  qui  dcterge 
les  ulcères  Ibrdides ,  &  conlumc  les  chairs  l'uper- 
flues.  Kâ^(z<j».  Il   ert  préparé  avec  l'hellébore  noir , 
Ja  landaraque  ,  la   batiture    de    cuivre  ,  le    plomb 
lavé,  le  fou  ire  ,  l'orpin  &  les   cantharidcs  ,    que 
l'on  mêle  eniémble,  &  qu'on  réduit  en  forme  li- 
quide avec  de  l'huile  de  cèdre.  On  y  ajoute  quel- 
quefois   du   pied    de   veau    en    décoction ,  en  fuc 
ou  en  poudre  ,  avec  du  miel.    Ce  même   remède 
en  poudre ,   eft   compofé  des  mêmes  ingrédiens  : 
mais  on  en  retranche  l'huile   de  cèdre  &  le  miel. 
On  n'y  emploie   fouvent  que  rhellcbore   noir  & 
la  fandaraque.  Hippocrate   eft  l'inventeur  de  cette 
compofition  médicinale,  &  il  en  donne  la  prépa- 
ration dans  fon  livre.  Des  Ulcères. 
CARIE,  f.  f.  Maladie  des  os  &  des  denrs ,   qui  les 
corrompt  &c  qui  les  corrode.  C'eft    une    folution 
de   continuité    dans   les   os  ,  provenant  d'érolion. 
Caries.  fCF  La  carie  produit  dans  les  parties  dures 
&  oilcufes  du  corps  le  même  effet  que  la  gangrené  , 
ou  la  mortification  fur  les  parties  molles  ou  char- 
nues. Cette  pourriture,  caufée  par  une  marière  acre 
&  corrofive    qui   attaque   l'os  ,  eft  très-difficile  k 
srucrir.  Il  faut  fouvent  en  détruire  la  caufe  ,  avant 
que  d'employer  les  remèdes  locaux  pour  procurer 
l'exfoliation  des  os  cariés,  quand  elle  eft  produite  , 
par  exemple  ,  par  un  virus  vénérien ,  fcorbutique  , 
ccrouelleux  ,  &c. 

Ce  mot  vient  du  latin  caries. 
Carie.  Ancien  pays  de  l'Aiie  mineure.  Caria.  La  Ca- 
rie étoit  entre  la  Lycie  &;  l'Ionie.  Eiîc  étoit  bornée 
au  nord  par  le  Méandre  ,  .à  l'occident  par  la  mer 
Icarienne  &  la  mer  appelée  anciennement  Afy;7o«//'z 
/Tzare,  aujourd'hui  mer  de  Mandria  :  ce  font  deux 
parties  de  l'Archipel  :  elle  avoit  au  midi  la  mer 
de  Rhodes  ,  &  au  levant  la  Licic  &  quelques 
autres  nations.  Ce  font  les  bornes  que  Strabon 
lui  donne.  Elle  comprenoit  la  Dorie  ,  &:  félon  le 
même  Auteur ,  une  grande  partie  du  mont  Tau- 
rus.  La  métropole  ou  la  capitale  de  Carie  étoit 
Halicarnaflc. 

Quelques-uns  difent  que  ce  nom  vient  de  Carcs  , 
Roi  de  ce  pays  ,  qui  fut  l'inventeur  des  augures. 
Mais  Bochard  ,  L.  I.  Chanaan  ,  c.  7  ,  prétend  qu'il 
vient  de  l'hébreu  T) ,  car,  qui  fignific  un  bélier  , 
un  a"neau-,  8c  qu'il  fat  donné  à  ce  pays,  parce 
qu'il  étoit  fertile  en  moutons  &  en  pâtura,e-cs  pour 
les  brebis.  D ,  f  gnifîe  auifi  pâturage  dans  Ifaie  XXX 
Z5  ,  XXXIV ,  6.  Ce  payS'  s'appelle  aif)ourd'hui 
Aidinelli. 
Carie  ,  Ville.  Voye^  Carye. 

CARIEN  ,   ENNE  ,   qui  eft  de  la  Carie ,   natif  de 
Carie,  habitant  de  Carie.  Les  Cariens  ,  en  latin. 
Car  es  ,  étoient  des  gens  de  guerre  ;  de  forte  que  les 
armes  des  Cariens,  arma  Carie  a  ,  une  cuirafle  de 
Carien  ,  lorica  Carica ,  avoient  pa!îe  en   proverbe. 
Cependant  parce  qu'ils    fe  loaoient  pour  faire  la 
guerre,  on  n'en  faifoit  pas  cas,  on  les  cxpofoit  au 
premier  choc  ,  comme  gens  qu'on  ne  fe  mettoit  pas 
en  peine  de  ménager.  Et  de-là ,  beaucoup  de  pro- 
verbes ,  qui   marquoient   le   mépris  qu'on   faifoit 
d'eux.  Faire  épreuve   fir    un  Carien  ,  \m  carier: , 
touc  de  Carie ,  facriiice  carien ,  Sec.  qui  fe  trouvent 
dans  les  anciens,  &  qu'Erafme  &  d'autres  ont  ex- 
pliqués au  mot  Kiyîrff.  Toutefois  les   Cariens    ne 
manquèrent   pas    de  gens  d'efprit  &:  de    mérite  : 
Hérodote  &   Thaïes ,"  l'un  perc    de  l'Hiftoire ,  & 
l'autre  de  l'Aftronomie ,  étoient  Cariens.  La  frmeufc 
Artcmife  étoit  fcmm.e  de  Maufole,  Roi  des  Cariens. 
Ces  peuples  font  aufS.  appelles  Carbes  ,  Carbce , 

CARIER.  V.  a.  Corrompre,  pourrir.  On  le  dit  parti- 
GuUètement  des  os  Se  des  blés.  Cariein  inducere , 


C  A  11  2^9 

tariofum  efficere.  Cet  ulcère  lui  a  carié  l'os  de  la 
jambe.  Les  pluies  ont  carié  les  blés.  On  appelle 
aufli  du  bois  carié ,  du  bois  qui  eft  piqué  devers, 
&  qui  fe  pourrit.  On  dit  aulfi  fe  carier  ,  en  parlant 
des  os ,  d.es  dents ,  des  blés ,  du  bois ,  qui  fe  pour- 
ri Ifent.  Cariem  conirahere. 

Carié  ,  ée.  part.  &  adj.  Cariofits. 

Ces  mots  fe  tirent  du  latin  caries,  qui  (îgnifîe  ver- 
moulure  ,  pourriture. 

CARIGNAN.  Petite  ville  de  Piémont ,  avec  titre  de 
Principauté.  Elle  eft  fur  le  Pô ,  à  trois  lieues  de  Turin. 
Cariniacnm. 

ia^  CARIGOURIQUAS.  (  La  Martiniere  retranche 
les  deux  premières  fyllabes,  &  lit  :  COUR1QUA5..) 
Peuple  d'Afrique,  dans  la  Cafrerie,  aux  environs 
du  cap  de  Bonne-Efpérancc. 

CARILLON  ou  CARRILLON.  f.  m.  Son  de  cloche 
avec  une  efpèce  de  cadence  &  de  mefure  qui  le  fait 
en  témoignage  de  réjouiflance  aux  jours  des  fctes 
de  l'Egliie ,  ou  de  quelque  joie  publique.  Nume" 
rofus  &  modulatus  œris  campant  j'onitus. 
Le  jour  que  naquit  Chajtillon  , 
On  j'onna  double  carillon 
Par  tous  les  clochers  de  Cythïre,  Voit. 

On  appelle  aufîi  carillon ,  un  bon  nombre  de 
petits  timbres  de  différentes  grolicurs,  ou  de  pctitJô 
cloches  qu'on  fait  fonner  avec  un  bouton  de  fer, 
ou  avec  un  clavier,  foit  qu'on  le  touche  à  la  main  , 
foit  qu'il  fe  meuve  par  machine  avec  un  tambour. 
Le  carillon  de  la  Samaritaine.  Les  carillons  de 
Flandres  font  compofcs  de  trente  ou  quaranre  tim- 
bres qui  font  les  mêmes  toTis,  degrés  &c  intervalles 
de  mufique ,  que  les  tuyaux  des  orgues  ;  auffi  les 
fait-on  fonner  en  frapant  fur  les  touches  d'un  gros 
clavier ,  &  on  en  fait  d'agréables  concerts.  Autre- 
fois le  carillon  étoit  la  même  chofe  que  le  tocjîn  ; 
car  on  foniioit  dans  les  réjouiffances ,  de  même  que 
dans  les  alarmes  :  d'où  vienr  que  quelques  Auteurs 
appellent  le  carillon  ,  pulfatio  terroris. 
Carillon  ,  fe  dit  auffi  de  l'horloge  qui  fonne  difFc- 

rens  airs. 
Carillon,  fe  dit  auffi  figurément  &  familièrement, 
pour  crierie  ,  grand  bruit ,  tapage.  Clamor  immo- 
dicus  ,  vociferatio.  Quand  ce  mari  va  au  cabarcr , 
fa  femme  fait  un  beau  carillon. 
Carillon  des  verres,  fe  dit  par  métaphore  dans  la 
débauche,  en  ftyle  familier,  bachique,  en  parlant 
du  bruit  que  font  les  verres ,  lorfqu'on  les  choque. 
On  dit   proverbialement  ,  qu'un  homme  a  cré 
battu ,   fouetté  ,    étrillé  à    double    carillon  ;  pour 
dire,  fortement  &:  outrageulement 

On  appelle  fer  de  carillon  ,  un  petit  fer  qui  n'a 
que  8  à  9  lignes  en  carré. 
CARILLONNEMENT,  f  m.  L'aélion  de  carillonner. 

Il  ne  fe  die  point. 
{ter  CARILLONNER  ou  CARRILLONNER.  v.  n, 
&;  non  pas  aétif,  comme  le  difent  les  Vocabuliftcs. 
Campanam  ars,uté  &  numerofè  pulfare.  Il  y  a  des 
Eglifes  où  l'on  carillonneïouwcnt  ■■,  on  ^  carillonné 
toute  la  journée  à  la  paroiffc. 

Ce  mot  vient  de  quadrillonnar ,  qui  a  été  fait  de 
quadrilla  ,  mot  efpagnol ,  qui  fignifie  un  petit  ef- 
cadron,  diminutif  de  quadra,  à  caufe  que  les  ca- 
rillons le  font  d'ordinaire  avec  quatre  cloches.  Mén. 
CARTLLONNEUR  ou  CARRÏLLONNEUR.  f.  m. 
Celui  qui  carillonne.  Qid  as  campanum  argutè  ac 
nutnerose  pulfat. 
Carillonneur,  qui  fait  tapage,  qui  fait  carillon. 
De  routes  les  Univerlités  Proreftantes ,  je  n'en  con- 
nois  point  où  les  Etudians  foient  moins  débauchés 
6:  moins  carillonneurs  qu'à  Leyde.  Le  B.  de  Poll- 

^  CÀRIN  ,  KARIN  ,  ou  CORI.  Petite  ville  de  la 
Dalmatie  ,  fur  le  canal  de  Novogrod. 

^Carin  ou  Quars.  Petite  ville  d'Afîe ,  en  Syrie,  fur 
la  rivière  qui  coule  à  A!ep  ,  entre  Alcp  &  Samoiate. 

CARIN-CURINI.  f  m.  C'eft  un  arbriffeau  des  Indes 
qui  porte  des  fleurs  en  calque,  d'un  bleu  verdâtre. 


a7o  CAR 

en  cpics,  $c  dont  le  fruit  eft  partage  en  aeiiX  cel- 
lules dans  chacune  deCquelles  cft  une  Icmencc  plate , 
arrondie ,  èc  terminée  en  pointe  comme  un  ccL-iir. 
LorH]ue  cette  femence  eft  miire ,  elle  eft  jaunâtre 
ou  d'un  rouge  pâle ,  raboteufe  ,  fur-tout  quand  elle 
elt  sèche ,  èc  tout-à-tait  infipide.  La  décodtion  de 
fcs    feuilles   &  de  fa  racine  brife  le  calcul  ;    leur 
dccodlion  guérit  la  dyfurie ,  de  leur  infafion  dans 
j'eau  chaude ,  appaife  la  toux  &c  les  douleurs  du 
calcul.  DicT.  DE  James. 
CAR.INE.  f.  f.  Terme  d'Hifloire   ancienne.   Carina. 
Pleureufe ,  femme  qu'on  louoit  autrefois  chez  les 
Romains  pour  pleurer  dans  les  funérailles.  On  les 
nommoit  ainfi  du  nom  de  la  Carie  leur  pays ,  d'où 
on  les  faifoit  venir  la   plupart.    Cœl,   Rhodig.   L. 
XVI,  c.  5. 
Carine.  f.  f.  Terme  de  l'ancienne  ArchitecShufe  romai- 
ne. Carina.   Les   Romains  appcloicnt    carines   les 
édifices  bâtis  en   forme    de   navire ,  comme    nous 
appelons   nef,  de   navis ,  navire,  le  milieu    des 
Eglifes   Gothiques ,  ou  leur  grande  voûte ,   parce 
qu'elle  en  a  la  figure.  Nous  pourrions  encore  ap- 
peler carine  ,  ou  nef,  toutes  celles  qui  n'ont  point 
dé  croifée.  Et  ce  nom  relie  en  effet  encore  à  prc- 
fent  à  quelques-unes  ,  comme  à  celle  de  S,  Sulpice 
de  Bourges. 
Carine.  Terme  de  Botanique.  Les  anciens  Botaniftcs 
donnoient  ce  nom  aux  écorces   dures    &   oHeufes 
qui  recouvrent  les  fruits ,  comme  celles  des  noix. 
Carince  putaminum  hijidœ.  Les  deux  moitiés  d'une 
coquille  de  noix.  Les  modernes  donnent  mainte- 
nant ce  nom  à  une  cavité  terminée  à  fes  deux  ex- 
trémités par  des  angles  aigus ,  repréfeniant  à  peu 
près  celle  d'un  navire.  Ain(i  le  pétale  inférieur  des 
•     Heurs   légumineufes  porte  le  nom  de  carine.   On 
dcfîgne  par  ce  nom  dans  quelques  plantes  de  l'ef- 
pèce  des  gramen  ,  ce  fiUon    creufé  en  angle   aigu 
qui  lé  trouve  dans  la  longueur  de  leurs  feuilles  , 
&  ces  feuilles  airtii  creufées ,  s'appellent  en  Botani- 
que carinées  ,  curinatcv.  Dict.  de  James. 
1^3^  CARINO  LA.  Ville  du  Royaume  de  Naples,  dans  la 
terredc  Labour,  avec  un  Evêché  fuflTagantdeCapouc. 
CARINTHIE.   En  allemand  Karnten.  Province   du 
cercle  d'Autriche  en  Allemagne  ,  qui  tait  partie  de 
ce  qu'on  appeloit  autrefois  la  Pannonie  ,  ou  félon 
d'autres  de  l'ancien  Norique.  Carinthia  ou  Carjii- 
thia.  Elle  efl  bornée  au  midi  par  la  Carniole    & 
par  le   Frioul  ,  au  couchant  par  le  Tirol ,  &:  par 
l'Archevêché  de  Saltzbourg  ;  elle  a  au  nord  &  au 
levant  la  Stirie  avec  le  comté  de  Cilley.  La  Ca- 
rinihie  eft  un  pays  montagneux  ,  marécageux  ,  & 
couvert  de  bois ,  il  ne  lailîc  pas  d'être  affez  fer- 
tile ,  particulièrement  en  pâturages.  On  la  divife 
en  haute  &    bafîe    Carinthie ,  qui    prennent    leur 
nom    de  leur  fituation    le  long  de  la  Drave.   La 
capitale  de  Carinthie  cft  Clagenfiirt.  La  Carinthie 
a  titre  de  duché;  elle  eft  fous  la  domination  de 
la  maifon  d'Autriche  depuis  1 5  5 1.  La  manière  dont 
on  injlalloit  autiefois  le  Duc  de  Carinthie  eft  fin- 
gulière.  C'étoit  les  payfans  qui  faifoient  cette  cé- 
rémonie, &  qui  s'étoient  acquis  cet  honneur   en 
mémoire  de  ce  qu'ils  avoient  été  les  premiers  du 
pays  à  recevoir  l'Evangile.  Voye?  le  mot  fuivant 
G ARINTHIEN,  ENNE:  adj.  Qui  eft  de  Carinthie.  'Ca- 
rinthius.  Les  Carinthiens  ,  difent  les  Voya'^es  Hif- 
toriques  de  l'Europe  ,    T.   VI,  rendoient  autrefois 
hommage  .1  l'Archiduc  d'Autriche  en  cette  manière  : 
le  peuple  s'alfemble  dans  une  vallée  proche  de  la 
ville  de    Saint    Veit  -,  un   payfan    monte    fur   un 
marbre  couché  dans  une    prairie.  Il  a  une   vache 
noire  au  côté  droit,  &  une  cavalle  à  gauche.  L'Ar- 
chiduc ,  habillé  en  payfan ,  &:  tenant^une  houlette 
à  la  main ,  mais  précédé  de  Gentilshommes  riche- 
ment vêtus ,  s'avance  à  pied  vers  cette  pierre.  Quand 
il  eft  proche ,  le  payfan  demande  qui  il  eft  ■>.   Le 
peuple  répond,  que  c'eft  fon  nouveau  Prince.  Le 
payian  demande  ,  s'il  eft  Juge  équitable ,  s'il  cher- 
che le  bien  du  pays ,  s'il  aim»  la  Religion  ,  t'il  pro- 


C  AR 

tège  la  foi  ">.  Après  quoi  il  dit  aux  Officiers  du  Prin- 
ce"^: qui  pourra  me  chalTer  de-là  ?  Le  Maître  d'hô- 
tel lui  ayant  promis  foixanre  deniers,  les  deux  bêtes 
qui  font  à  fes  côtés ,  les  habits  que  porte  le  Prin- 
ce ,  &  exem.ption  de  toutes  fortes  d'impôts  pour 
toute  fa  vie  ,  il  defcend  de  defllis  la  pierre  ,  touche 
doucement  la  joue  du  Prince  Se  lui  recommande 
la  juftice.  Cela  fait ,  le  Prince  monte  fur  la  pierre, 
change  fa  houlette  en  une  épée  nue ,  promet  bonne 
juftice  au  peuple,  va  à  la  grande  Egliléj  où  ayant 
pris  fes  plus  riches  habits,  il  retourne  au  même  en- 
droit de  la  prairie ,  6i  y  reçoit  le  ferment  de  fidélité 
des  Carinthiens. 
CARIOLE  ,  ou  plutôt ,  CARRIOLE,  f.  f.  Petite  voi- 
ture à  deux  roues ,  &:  néanmoins  fufpendue  fur  des 
moutons ,  &  couverte  ordinairement  de  cuir.  Mi- 
nor  rheda.  La  cariole  de  Poifîî.  Cet  homme  a  fait  ■ 
faire  une  cariole  pour  aller  feul  à  la  campagne. 
Cariole  fe  dit  encore  d'une  grande  charrette  de 
voiture  ,  où  il  y  a  plulieurs  bancs ,  pour  afleoir 
ceux  qui  veulent  venir  par  cette  voiture.  Telle  eft 
la  cariole  de  Châteauroux.  Je  fuis  venu  dans  la 
cariole  ou  par  la  cariole  de  Châteauroux.  Ailleurs  on 
l'appelle  limplement  charrette.  Ainii  l'on  dit  la  char- 
rette de  Cofne. 
Ce  m.ot  vient  du  latin  carrus,Aonx.  il  eft  diminutif* 
CARIPI.  f.  m.  Efpèce  de  cavalerie  chez  les  Turcs. 
Les  Caripi,  au  nombre  de  mille,n'ont  pas  été  nourris 
dans  les  ferrails ,  &  ne  font  point  efclaves  comme 
les  autres  -,  mais  la  plupart  font  Maures  ou  Chré- 
tiens renégats ,  qui  ont  fait  le  métier  d'aventuriers , 
qui  font  pauvres ,  qui  cherchent  fortune ,  &  qui 
par  leur  adreffc  &  leur  courage  font  parvenus  au" 
rang  des  gens  de  cheval  de  la  garde  du  Prince. 
Ils  marchent  avec  les  Ulufagi  à  main  gauche  dct- 
r'ère  lui  ,  &  ont  dix  à  douze  âpres  par  jour ,  fans 
être  obligés  d'entretenir  plus  d'un  cheval ,  s'il  ne 
leur  plaîr.  Vigenere. 

Caripi   fignifie   pauvre  de    étranger ,  &  ils  font 

ainfi  appelés,  dit  Chalcondyle  ,  L.  ^,  parce  qu'on 

les  prend   de  l'Alie  ,  de  l'Egypte  5c  de    l'Afrique. 

ffT  CARIPOUS.Peuples  de  l'Amérique  méridionale, 

au  nord  du  Bréfil  &  de  la  rivière  des  Amazones. 
IP"  CARIQUEUSE.  (  tumeur  )  Epithète  qu'on  donne 
en  Chirurgie  à  une  tumeur  qui  par  fa  figure  re/fem- 
ble  .1  une  figue  fauvage  ,  nommée   cnlmincarica, 
parce  qu'elle  croiffoit  en  Carie. 
CARIS,  f.  m.  Ragoût  que  font  les  Indiens  avec  du  riz  , 
du  beurre  ,  des  herbes ,  &  quelquefois  du  poiifon 
ou  de  la  viande,  Bc  force  poivre. 
CARISELou  CRESEAU.f.  m.  Groflé  toile  claire  qui  fert 
pour  travailler  en  tapiflerie  ,  de  même  que  le  canevas. 
Tela  cannabina.  On  en  vend  de  blancs  &  de  teinf^. 
CARISET.  f.  m.  ou  RARESE.  Etoffe  de  laine  croifée , 

qui  fe  fabrique  en  Angleterre. 
CARISIE.  f.  f.  Nom  de  poire.  La  carijîe  cftmifeau 

rang  des  mauvaifes  poires  par  la  Quintinie. 
CARISTADE.  f.  f.  Caritas ,  cleemofina.  Ce  mot  vient 
de  l'efpagnol  caridad,  qui  fignifie  aumône;  mais 
il  ne  fe  dit  qu'en  riant.  Demander  la  carifiade.  Don- 
ner la  carijiade.   Il   paroît  que    ce  nom  vient  des 
provinces  méridionales  de  France. 
CARISTIES.  f.   pi.  Carijiia.  C'étoit    une  efpèce  de 
fête  chez  les  Romains  qu'on  célébroit  au  mois  de 
Février  à  l'honneur  de  la  DéefTe  Concorde.  On  infti- 
tua  les  Carifiies  pour  rétablir  la  paix  entre  les  fami- 
Ics  qui  étoient  brouillées.  On  faifoit  un  grand  repas 
où  l'on  n'invitoit  point  les  étrangers ,  mais  feulement 
les  parens  &  les  alliés  ;  la  joie  qu'infpire  le  repas 
étoit  regardée  comme  un  moyen  propre  à  réunir  des 
efprits  divifcs.  On  appeloit  au(îî  cette  fête  dies  charte 
cos:nationis.  Le  jour  de  la  chère  parenté.  Ovide  parle 
des  Carijiies  dans  fes  Faftcs.    Voye^  aufîî   Valère 
Maxime,  L.  II,  c.  i ,  Rofinus,  &c. 

Le  nom  de  Carifiies  vient  du  grec  x^pU'a  , 
qui  eft  le  nom  de  cette  efpèce  de  fête  ,  de 
xj/iif  ,  grâce,  union  ,  paix.  M.  Blondel  écrit  Ca- 
ri/lies fans  h,  fuivant  rufag;e,  qui  a  retranché  I7t 
de  quelques  mots  qui   s'écrivent  en  grec  par  un 


CAR 

X  »  comme  caraBkre.  Mais  d'autre^  retîeJAnent  tcttt 
lettre,  &  écrivent  Charisties. 

'ip-  CARISTO.  Nom  d'une  ville  de  Grèce  ,  dafts  la 
partie  orientale  de  l'Ile  de  Ncc^repont.  Les  Fran 
çois  l'appellent  Château-Roux^  C'eft  le  ficc^e  d'un 
Evêché  Grec ,'  fous  l'Archevêque  de  Négrepont  dont 
il  elt  lumragant. 

CARJTATIF.  Voyei  Charitatif. 

CARIVE.  i;  m.  C'eft  un  des  treize  ftoms  que  l'on 
donne  au  poivre  de  Guinée,  ou  corail  des  Tar- 
dins ,  vulgairement  connu  en  France  Tous  ielui  de 
Piment. 

CARIUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
Dieu  de  l'antiquité  ,  fils  de  Jupiter  &  de  Thor- 
^f'  ^'[^"''^f^^rius  le  promenant  fur  les  bords 
du  lac  Thorrcbie  entendit  le  chant  des  Nymphes , 
&  apprit  d'elles  la  mufique ,  qu'il  enfeigna  enfuite 
aux  Lydiens.  En  rccompenfe  de  ce  bienfait  ils  lui 
décernèrent  les  honneurs  divins  ,  &  lui  bàtireiit 
un  1  emple  magnifique  ilir  une  montagne ,  qui  prit , 
dit-on  ,  le  nom  de  ce  noilveau   Dieu. 

Canus  étolt  auffî  une  cpithcte  de  Jupiter  chez  les 
Myla/liens.  Hérodote. 

CARLA  f.  m.  Toile  des  Indes  orientales ,  ainfi  nom- 
mée du  village  où  elle  fe  fabrique 

|Cr  CARLADEZ.  (le)  Petit  pays  de  France,  dans  la 
haute  Auvergne ,  fur  les  confins  du  Rouergue.  Il 
prend  fon  nom  de  la  petite  ville  de  Cariât.  C'eft  ce 
que  dit  Longue  Rue.  Mais  Piganïol  de  la  Force  ne 
connoit  point  cette  ville  de  Caflat,  &  met  Vie  fur  la 
Ccre,  pour  chef-lieu  du  Carlade?. 

rr  CARLAT  ou  CARLAT.  Petite  ville  de  France,  au 
Comte  de  Foix  Baudrand  à:itCarlac,  entre  Pammiers 
&  Rieux.   C'eft  la  partie  de  Bayle  qui  y  naquit  en 

r-  lif^-^  mourut  a  Roterdam  le  i8  Décembre  ino6. 

CARLET.   Voye^  Carrelet. 

CARLETTE.  î.  ï,  C'eft  une  des  fortes  d'ardoifes  qui 
le  taillent  fur  les  ardoifières  d'Anjou  &  du  pays  du 
Maine.  ^  ^ 

^^SâF^^^^'  ÈNNEj  pour  CARLOVINGIEN  , 
ENNE  adj.  &  f.  Mahon  Carlienne.  Les  Carllcns. 
1  raite  des  Maifons  Mérovingienne  &  Carlienne.  M. 
DE  S.  Aubin.  Pluiieurs  Auteurs  célèbres  ont  foutenu 
que  les  Maifons  Carlienne  &  Capétienne  avoient 
une  tige  commune  dans  S.  Arnoul ,  Evêque  de  Mets. 
1D./.1Î3.  La  femme  de  Childebrand  étoit  fortie  du 
{zr^^Larhen  ,  puifqu'elle  étoit  fille  de  Pépin  de  Hér- 
itai. Id.;^.  408.  Il  eft  certainement  établi  que  le  fano- 
t^nliai  a  été  tranfmis  à  la  Maifon  régnante  (  la 
Capétienne  )  par  des  alliances  continuelles ,  &  de 
génération  eti  génération  pendant  neuf  celis  ans. 
la.  p.  405). 

Le  P,  Le  Cointe  eft  d'avis  que  les  récits  fabu- 
leux de  la  naiifance  de  Mérovée  ont  été  inférés 
dans  les  Exemplaires  de  Frédécaire ,  fous  les  pre- 
miers règnes  des  C^r/zVwji  &  qu'ils  firent  partie  des 
artifices  dont  on  fe  fervit  alors  pour  décrier  la  Mai- 
Ion  Mérovingienne.  Mais  on  conferve  à  la  Biblio- 
thèque du  Collège  de  Louis  le  Grand  un  exem- 
plaire de  Fredégaire,  écrit  avant  la  fin  de  la  pre- 
mière race,  ou  ces  mêmes  pallàges  fe  lifent  en  en- 
tier. De  s.  Aubin  ,  Antiq.  de  la  Nat.  &  de  la  Mon. 
tranç.  p.  502.^ 

CAR  LIEE.  Carleolum^  autrefois  Lupivdllutn,  Ville 
des  Bridantes.  C'eft  une  petite  ville  d^Anc^leterre 
capitale  du  Comté  de  Cumberland  ,  fituce  fur  la 
iiviere  d'Eden ,  vers  les  frontières  d'Ecofle  L'È 
l^^T^i  '^^^C^'-Zf/^^eft  fuffiragant  de  l'Archevêque 
dYork.  On  voit  a  CarlUe  les  reftes  de  la  fameufe 
muraille  d'Adrien. 

^  CARLINGFORD  ,  petite  ville  maritime  d'Ir- 
lande dans  la  province  d'Ulfter,  au  Comté  de 
Louth. 

CARLIN  ou  CAROLIN.  C  m.  Carlinus ,  Carolinus 

r^,'Tve%>^^^°""°'^  ^^  ^^^P'^^  ^-^'  y  =1^°'^  cours 
au  AV  (lecle,  comme  il  psroit  par  les  adlcs  de 
i.  François  de  Paule  ,  AB.  SS.  Apnl.  T.I,p.i%,, 

ri  r^î.'i/P.P^'^^™"^"^  ^^  monnoie  qu'y  fit  batttre 
Charles  d'Anjou  Roi  de  Naples ,  frère  de  S,  Louis. 


CAR  â^j 

HJ}l  ^  ^f'^^'^^li'^  de  Sicile,  qui  vaut  quatre 
fols   deux  deniers    ;  &  celui  de  Malte,  qui^  vaut 

CARLINE  ou  CAROLINE,  f.  f.  Carlinà  Plante 
quon  dit  avoir  été  indiquée  par  un  Ange  à  Cha! 
lemagne ,  pour  guérir'  fon  armée  de  ia°pefte  on 
croît  auffi  que  par  certe  railbn  elle  port? le  nom 
de  ce,  Biipereur.  C.rlinà ,  quafiCarolL,  Elle  eft  vS 
Lrre'  Îr.V  '^^""^\l°"S"es ,  très-profondes  er. 
Surr'.T  '°™'''  ^'  P^"*^^'  quelquefois  plus  . 
en  d  danT'  v°i"'  ^°f  ^^^"  «^"  dehors  ,  blaLhe 
1  A     r    '  ^  ^  ""^  odeur  aromatique.  Son  collet 

Z,  I  'i'ipofees  en  rond,  couchées  par  terre ,  Ion- 
TcJ^etr^''!'  ordinairement ,  fu'r  deux  pouces 
cie  largeur,  &  découpées  juiques  vers  la  côte  aui 
parcourt  toute  leur  longueur  ,'ondées  fur  leurs  bord 

n" fSd'aboTr  ''  P^'^"?^  '^'^  ^^^^"^  '  ^  ^°^o- 
De  leur  m^  ,V  """'''''  Pl^^jerdâtres  dans  la  fuite, 
-  fur  milieu  naît  une  tête  pareille  à  peu  près 
a  celle  d'un  artichaut ,  prefqu'aîift  groire,Tais^un 
IcfZ^fZl',''  --P-^-^'écaifles  plus  m/nces 

haut  ce  éc!  n  ?  r'"^''  '^"^  ^^"^  ^'  '^'é  d'en- 
naut,ces  écailles  font  pointues,  piquantes     &  un 

peu   onguettes.  Cette  tête  renferme  un  amas'  confi 

d?;    de^birncr  ^'-P-^P-Pâ'e,&  en'rSnSs 

1  len  •' fur  dTu  HgnesTuJ^^^.^^-J^.f  ^"  '^'^'^ 
lien    Ap  a^,..;  a    ^  "^^ "^  margeur,  &  qui  tiennent 

brvons  ?ui  ;?'"?"'  °"  ^^  '^°'^^°""^-  Les  em- 
bryons,  fui  lefquels  portent  les  fleurons,  devien- 
nent autant  de  femences  oblongues, velue   &  cha- 

Fe'4  r  "/■  'V°^'  ^^  P°^^  en^manière  d'aTgret  e. 
CecteC^r/m.fe  nomme  la  grande  Carline.ifarlinl 
acaulos  magno  flore.  C.  B.  Il  y  en  a  une  autre  efpèce 
difFcrente  de  celle-ci ,  non  feulement  parce  q  Jdle  a 
des  iges  branchues  ,  mais  encore  par  les  féunies 
qui  font  plus  étroites  &  beaucoup%lus  vertes,  & 
par  fes  têtes  qui  font  prefque  d^ine  moitié  plS 
petites.  Carhna  polycephalos  ,&cc.  La  racine  de  k 
tarlme  eft  recommandée  dans  les  maladies  peftilen- 
rAPTrl^^ït"^^"'*""'^'^"^^  diurétique.     ^  ' 

CARLINGUE  ou  ESCARLINGUE.  ù  f  Terme  de 
Marine.  C'eft  une  pièce  de  bois  qui  règne  prefqué 
le  long  du  vai/feau,  directement  au-defilis  de  la 
quille,  pour  faire  liaifon  enfemble;  c'eft  pourquoi 
plufieurs  l'appe  lent  contrequille.  Ces  deux  pièces 
fervent  de  fondement  à  tout  le  corps  du  vaifieau  , 
parce  que  les  varangues  &  les  autres  membres  dé 
charpentene  y  font  a/femblés.  C'eft  au(ïi  fur  la  car^ 
hngue  ,  que  l'on  pofe  le  grand  mat.  C'eft  pourquoi 
on^  appelle  encore  carlingue  ,  nn^  pièce  de  mâc 
quon  nietaupied  de  chaque  mat.  La  grande  c^r- 
hngue  eft  la  carlingue  du  grand  mât.  On  dit  car- 
hngue  de  cabeftan,  carlingue  de  bittes. 
Carlingue,  f.  m.  Quelques  anciens  Auteurs  difenc 
C^r^«p.  pour  Carlovingien  ,  poftérité  de  Charles 
Martel ,  IP  race  des  Rois  de  France.  C^r/ovrW^. 
Les  Carlingues,  ainfi  nomme-t-on  la  poftérité  de 
Charles  Martel,  n'ctoient  pas  François  naturels,  ni 
de  la  Germanie  de-là  le  Rhin;  ainfi  étoient  Barban-^ 

ÇOnS.   CoQUItLE. 

CARLOEK  f.  m  Efpèce  de  colle  de  poîfibn  qu'on 
tire  d  Archange!.  Elle  eft  faite  avec  la  ve/Tie  de  l'e- 
Iturgeon.  Son  principal  ufage  eft  pour  éclaircir  le 
vin.  On  s'en  fert  auffi  pour  la  reinture  :  la  meilleure 
vient  d  Aftracan ,  ville  Mofcovite  à  l'embouchurd 

r-AnrX'ii^'  °"  ^^  ^^  P^^'i^   quanrité  d'efturgeons. 

CARLOSTAD  ou  CARLSXAD.  Nom  de  plufiçurs 
villes  différentes.  Caroloftadium.  Carloftad,  ville  de 
Suéde  ,  eft  dans  la  Weftrogothie ,  c'eft-à-dire ,  dans 
la  Gorhie  occidentale.  Carlofladon  Carlo wîtz,  ville 
du  Royaume  de  Hongrie  Se  Capitale  de  la  Croatie  * 
Carlftad,  ville  du  Cercle  de  Franconie,  eft  fituée 
fur  le  Mein  dans  l'Evêché  de  Wirtftjourg.  Le  non! 
de  Carloftad  ou  Carlftat ,  eft  aufli  la  même  Chofe  que! 
Carelftar,  &  ils  viennent  tous  du  nom  Carolus  t 
Charles,  &  du  mot  Allemand  y?^/,  qui  fio-nifie 
Etat,  ville.  Status  ,  civicas.  Toutes  ces  villes  ont 
teçu  ee  nom  de  quelque  Prjnee  nommé  Charles. 


ay^r  CAR 

€ARLOVINGIEN.  ENNE,f.  m.&f.  &adj.  Oeft  le 
■nom  qu'on  donne  aux  Rois  de  France  de  la  fé- 
conde race.  Carlovingus ,  ou ,  félon  quelques-uns, 
Caroliiigus,  Les  Carlovinglens  ont  pris  le  nom  de 
■Charles  Martel ,  père  de  Pépin  le  Bref,  premier  Roi 
de  la  race  ou  tamille  Carlovingienne ,  qui  monta 
fur  le  trône  en  751 ,  &  finit  en  988.  Il  n'y  a  que 
quatorze  Rois  de  France  Carlovinglens.  Le  dernier 
Roi  Carlovingien  fur  Louis  V.  Le  Baron  de  Leib- 
nitz  a  écrit  les  Annales  des  Empereurs  Carlovin- 
glens, depuis  Charicmagne  jufqu'a  Henri  l'Oifeicur. 
D'aurres  diient  que  ce  nom  lui  a  été  donné  de 
Charicmagne  fils  de  Pépin,  &  fécond  Roi  de  cette 
race,  ^  qu'elle  a  pris  fon  nom  plutôt  que  celui  du 
premier  Roi  Pépin,  à  caufe  de  la  gloire  &  des  actions 
éclatantes  de  Charlemagne  ,  le  plus  grand  Prince  de 
tous  les  Rois  de  cette  race.  Dans  la  décadence  de  la 
race  Carlovingienne  ,  les  fiefs  devinrent  hérédi- 
taires. Le  Gendre. 

Rochefort  dit  Car  lien  pour  Carlovingien  ,  la  race 
Carlienne  ,  la  niaifon  Carlienne.  Mezeray  &c  Corde- 
moy  difent  Carlien  ou  Carlovingien  ,  &c  d'autres 
Carlingue,  Quelques-autres,  comme  Bardin  ,  difent 
Carlien.  Carlovingien  eft  plus  en  ufage.  Heineccius 
remarque  dans  fon  ouvrage  De  Sigillis ,  P.  I ,  c. 
f^III ,  n.  VI ,  que  les  Sceaux  des  Carlovinglens  font 
bien  travaillés  ;  ce  qui  vient  de  ce  que  Charlemagne 
fit  revivre  les  Arts.  Il  décrit  quelques-uns  de  leurs 
Sceaux  au  même  endroit. 

CARMAGNOLE.  Carmaniola.  Ville  des  Etats  du 
Duc  de  Savoie  en  Italie.  Elle  ell  des  dépendances 
du  Marquifat  de  Saluées,  quoiqu'elle  foit  dans  le 
Piémont  propre. 

gC?  CARMAIN.  Petite  ville  de  France ,  de  la  haute 
Galcogne,  mais  enclavée  dans  le  haut  Languedoc, 
à  quatre  lieues  de  Touloufe. 

fer  CARMANCHA.  Ville  de  Perfe ,  &  la  dernière 
de  ce  Royaum-e  ,  fur  la  route  d'Amadar  à  Bai^dat. 

^  CARAIARDEN  &:  CARMARTHE.  Voyei  Caer- 

MARTHEN. 

CARMATHE.  f.  Nom  d'une  faction  Mahométane. 
Les  Carmathes  font  des  rebelles  de  l'Arabie  Heu- 
reufe ,  qui  vers  l'an  de  l'Hégire  500,  ou  dans  le 
X'  fiècle  ,  fe  révoltèrent  contre  les  Califes.  L'an 
319  de  l'Hégire,  930  de  J.  C,  le  pèlerinage  de  la 
Mecque  cefla,  par  la  crainte  des  Carmathes  ,  qui,  en 
une  feule  foisj  tuèrent  plus  de  20000  pèlerins. 
D'Herbelot. 

CARMATIEN ,  ENNE.  f.  £  C'eft  la  même  chofe  que 
Carmathe ,  dont  on  vient  de  parler.  Carrnatianus , 
a.  Les  Carinatlens  étoientune  Seèle  mufulmane  en 
Arabie ,  qui  s'éleva  au  X^  iîècle  ,  fous  le  Calife  Al- 
monetadir-Billa.  Aboutaher ,  Carmaden  ,  défit  en 
3 IX  de  l'Hégjre ,  924  de  J.  C.  la  caravane  de  la 
Mecque  ;  enforte  que  le  pèlerinage  ce/la  pendant 
douze  ans.  Fleury. 

CARME.  Ordte  religieux  ,  l'un  des  quatre  Mendians, 
qui  tire  fon  nom  &  fon  origine  du  Carmel,  mon- 
tagne de  Syrie,  autrefois  habitée  par  les  Prophètes 
Elie  &  Elizèe ,  &  par  les  enfans  des  Prophètes , 
dont  cet  Ordre  prétend  defcendre  par  une  fuccel- 
fion  non  interrompue.  Voye^;^  au  mot  Carmel.  Ce 
que  l'on  peut  dire  de  plus  lur  de  fon  origine^,  c'eft 
ce  qu'en  écrit  Jean  Phocas ,  Moine  Grec  de  l'Ile  de 
Pathmos  ,  qui  vilitoit  les  faints  lieux  en  1185.  Il 
rapporte  que  fur  le  Mont  Carmel,  eft  la  caverne 
d'Èlie  ,  qu'il  paroît  par  des  ruines  des  b.uimens 
qu'on  y  voyoit,qu'il  y  avoir  eu  là  autrefois  un  grand 
Monaftère  ;  que ,  depuis  quelques  années  un  Moine, 
Prêtre,  &  âgé,  comme  le  rémoignoient  les  cheveux 
blancs,  étoit  venu  de  Calabre,  &  s'èroit  établi  en 
ce  lieu  pat  révélation  du  Prophète  Elie  ;  qu'il  y 
avoit  aflèmblé  dix  frères ,  avec  lefquels  il  y  vivoit , 
dans  le  temps  que  lui  ,  Phocas  ,  ccrivoit  ceci. 
Cunthcr,  Moine  Latin,  qui  a  fait  la  relation  du 
voyage  de  Martin,  Abbé  de  Paris,  près  de  Bâle  , 
dit  la  même  chofe.  Voye?^  Leo  Allatius  ,  Opufc, 
c.  3.  Le  B.  Albert,  natif  du  Pannéfan,  Chanoine 
régulier  d'abord ,  puis  Evêque  de  Verceil ,  &  en- 


CAR 

fuite  Patriarche  de  Jéiufalem ,  donna  à  ces  Solitaires 
vers  l'an  1229,  une  règle  contenant  \6  aiticles , 
que  le  P.  Papebroch  a  fait  imprimer  dans  la  vie  de 
ce  Saint,  cli.  5.  Aéla  SS,  April,  T.  J ,  ad  VIII, 
jîpril,  p.  778,  en  1217  ,  ou,  félon  d'autres,  en 
i22(j,  le  3  Janvier.  Honorius  III  approuva  cette 
règle  ,  &  ordonna  aux  Hermites  du  Mont-Carmcl 
de  la  garder ,  vu  qu'ils  l'avoient  reçue  avant  le 
Concile  de  Latran ,  qui  dèfendoit  les  nouvelles 
religions. 

Après  la  paix  défavantas^eufe  que  Frédéric  II  fit 
avec  les  Sarrazinsen  1229,  le  Roi  S.  Louis  en  re- 
venant de  la  Terre-Sainte  amena  des  Carmes  eft 
France  en  1254  &  les  établit  à  Paris,  ainfi  qu'en 
fait  foi  une  lettre  de  Charles-le-Bel  fon  arrière-pe- 
tit-lils ,  de  l'an  1522.  Ils  demeurèrent  d'abord  où 
font  à  piéfent  les  Céleftins.  Leur  règle  avoit  été 
confirmée  par  Honorius  III  dès  12 17,  &  Innocent 
IV  en  mitigea  la  ievérité  en  i\^^.  Plufieurs  Papes 
leur  ont  donné  le  titre  de  Frères  de  la  bienheu- 
reule  Vierge  Marie.  Cet  ordre  eft  célèbre  par  la  dé- 
votion du  Scapulaire ,  &  par  le  grand  nombre  de 
Docleurs,  de  Prélats  Se  de  Saints  qu'il  a  donné  à 
l'Eglife.  Il  y  eut  dans  le  dernier  fiècle  quatre  Saints 
canonifès  ;  favoir ,  fainte  Thérèfe ,  S.  André  Cor- 
fin  ,  fainte  Magdelene  de  Pazzi ,  Se  le  B.  Jean  de 
la  Croix.  Il  a  des  Milfions  en  Grèce ,  en  Syrie  , 
en  Perfe  ,  au  Mexique  ,  au  Pérou  ,  au  Bréfil ,  aux 
îles  Antilles ,  en  Angleterre  &:  aurrcs  lieux.  Ces 
Millions  font  partagées  entre  les  Carmes  de  l'an- 
cienne obfervance ,  que  l'on  appelle  Mitigés  ,  & 
les  Carmes  de  la  plus  étroite  obfervance ,  dits  Dé^ 
chauffes.  L'ancienne  obfervance  n'a  qu'un  Général  , 
auquel  obéiifent  quarante  Provinces ,  &  la  Con- 
grégation de  Mantoue  qui  a  un  Vicaire- Géné- 
ral. L'étroite  obfervance  a  deux  Généraux  -,  l'un  en 
Efpagne ,  qui  a  huit  Provinces  de  fon  obéiflance  i 
l'autre  en  Italie ,  qui  a  douze  Provinces  en  diverfes 
parties  de  l'Europe. 

Il  faut  donc  remarquer  qu'il  y  a  plufieurs  réfor- 
mes de  l'ordre  des  Carmis ,  qui  font  la  Congré- 
gation de  Mantoue  ,  établie  dans  un  Monaftèrede 
l'ordre ,  litué  dans  les  Alpes ,  en  un  lieu  nommé 
Girone ,  dans  le  Diocèle  de  Sion,  vers  l'an  1452, 
par  le  P.  Thomas  Concète  de  Rennes  en  Bretagne, 
P.  Helyot,  t.  I,  c.  45. 

Les  Carmes  de  la  Congrégation  d'Alby ,  établie 
fous  le  Généralat  du  P.  Baprifte,  Mantouan,  fous 
Léon  X  ,  &  qui  ne  dura  pas. 

Les  Carmes  de  l'étroite  obfervance.  Cette  Con-" 
grègation  fut  établie  à  Rennes  par  le  P.  Pierre 
Bouhourt.  Elle  a  environ  25  Couvens  d'hommes  , 
deux  hofpices  &  quatre  Monaftères  de  filles  ,  qui 
forment  une  Province ,  qu'on  appelle  la  Province 
de  Tour.aine.  On  les  nomme  fouvent  Carmes  de 
Bretagne.  Les  Carmes  Billettes  de  Paris  font  de  cette 
Congtégation.  Les  Réformés  de  Flandre  &  d'Al- 
lemagne, s'appellent  auifi  de /'(f/ro//e  Obfervance  y 
&  ceux  qui  ne  font  pas  réformés  ,  s'appellent  l'an- 
cienne Obfervance.  P.  Heliot  ,  Ibii.  ch.  4^  £•  4(î. 

Le  P.  Hardouin  dans  fes  Opéra  varia ,  foutienc 
que  les  Religieux  Carmes  s'appeloient  primordia- 
lement  en  France  Barrés ,  Barrati ,  &  qu'ils  fu- 
rent appelés  Carmes  vers  l'an  1290  à  caufe  de  l'E- 
glife ou  Chapelle  de  Sre  Marie  de  Carpino  ,  du 
Carme  ou  charme ,  dont  ils  furent  mis  en  pollel- 
fion  au  mont  Ste  Geneviève.  Ainfi  ,  félon  ce 
favant  homme ,  ils  furent  alors  appelés  Frères  du 
Carme  du  mont  Ste  Geneviève  :  &:  par  le  laps  de  ■ 
temps,  il  fe  fit  une  légère  tranfpofition  dans  leur 
nom  \  en  forre  qu'au  lieu  de  dire  comme  aupara- 
vanr,  les  Religieux  du  Carm.e  ,  ou  du  Carmel  du 
Mont ,  de  Carpineto-Montls ,  on  vint  infenfible- 
ment  à  dire  les  Religieux  du  Mont-Carmel,  de 
Monte-Carmelo. 

Le  Tiers  Ordre  des  Carmes  eft  diffèrent  de  la 
Confrérie  du  Scapulaire.  Selon  Dinade  Martinez 
Coria,  dans  un  Traité  qu'il  a  fait  fur  ces  Tierciaires, 
imprimé  à  Séville  en  1592.  Ces  Tierciaires  C<zrOT« 

defcendent 


CAR 

clcfc:nclent  immédiatement  d'Elie  ,  aiifll  bien  que  les  ' 
Carmfs  mêmes  ;  &  le  prophète  Abdi.is  parini  les 
hommes  ,&  Ste  Emcrentienne  bilaicule  de  Jésus- 
Christ  ,  parmi  les  femmes  croient  de  ce  tiers- 
Ordre.  Il  s'appuie  lur  les  Bulles  de  Léon  IV  d'E- 
tienne V ,  d'Adrien  11  ,  &:  d'autres  Papes ,  que  le  P. 
Hélyot  a  rctlitécs  dans  ion  T.  1 ,  f.  41,  D'ailleurs, 
Coria  fe  contredit,  &  écrit  que  ce  ne  fut  qu'après 
avoir  reçu  le  baptême  de  la  main  des  Apôtres  que  Es 
Carmes  le  divilcrent  en  Reliiîieux ,  en  RcligieuEs  6^ 
en  Ticrciaircs.  De  plus  ,  il  convient  que  c'clt  le  Pape 
Sixte  IV, qui  a  donné  pcrmiHîon  aux  Carmes  l'an 
i-\-y6 ,  d'établir  ce  Ti.rs-Ordre.  Silvera,  fameux 
Ecrivain  des  C'tzr/72î.'j,&;  Lezane  en  convienent.  Ce 
n'ell  donc  qu'en  1477,  que  le  Ticrs-Crdre  des 
Car/TZfj  a  commencé  en  vertu  delà  Bulle  de  Sixte 
IV,  de  l'an  14715.  Leur  règle  fut  tl'abord  la  même 
que  celle  que  le  B.  Albert  donna  aux  Carmes.  Vers 
l'an  i<j}5  ,  Théodore  Stratius,  Général  des  Carmes 
leur  en  donna  une  autre ,  qui  fur  réformée  l'an 
i6jc. ,  par  le  P.  Emile  Jacomelli ,  Vicaire  général  de- 
cet  Ordre.  Ces  Ticrciaires  Carmes  font  un  an  de 
Noviciat ,  après  lequel  ils  font  profcHion  &  promet- 
tent obédience  &  chaftcté.  L'habit  des  Frères  cft  une 
robe  ou  tunique,  qui  dcfcend  jufqu'aux  talons,  de 
couleur  tirant  fur  le  noir  ou  rouiîè  fans  teinture  ; 
par-deiîus  une  ceinture  de  cuir  noir,  large  de  deux 
doigts,  fous  la  tunique  un  Scapulaire  de  lîx  pouces 
de  large, defctndant plus  basque  les  genoux,  enfn 
une  chappe  blanche ,  longue  jufqu'à  mi-jambe.  Les 
Sœurs  ont  un  voile  blanc ,  fans  guimpe  ni  linge  au 
front  &  à  la  gorge.  Dans  les  pays  où  ces  habits  ne 
font  pas  en  ufage  ,  ils  peuvent  être  habillés  comme 
féculiers  en  gardant  feulcmement  la  couleur  tannée. 
P.  HÉlyot,  Tome  I ,  c.  jz. 

Si  quelques  Carmes  ont  dit  qu'ils  étoient  les 
oncles  de  JÉsus-Christ,  &c.  fi  l'on  a  avancé  dans 
des  thèfes  de  Bczicrs  qu'il  eft  probable  qu;  Pytha- 
gore  cioh  Carme ,  &:  que  les  Druides  des  Gaulois 
avoient  auili  les  obfervances  régulières  des  Carmes, 
ce  font  des  rêveries  de  particuliers ,  qu'il  ne  faut 
point  attribuer  à  tout  l'Ordre',  non  plus  qu'il  ne 
faut  point  blâmer  ceux  qui  révoquent  en  doute  cette 
grande  antiquité  que  quelques-uns  attribuent  .à  cet 
Ordre  ,  fur-tout  s'ils  propofcnt  leur  doute  avec  la 
même  modération  &  la  même  modeftie'  que  le  P. 
Papebroch  dans  les  ylci.  SS.  fur  le  huitième  d'Avril , 
p.  777  ,  &û.  ^^oye^  auili  Barres. 
Carmes  déchaux  ou  déchaussés.  Religieux  Carmes 
de  la  réforme  de  Ste  Thérèlé.Les  Carmes Decka.'.J/es, 
ou  comme  on  dit  plus  communément,  les  Carmes 
Déckaux,  font  ainli  appelés  ,  parce  qu'ils  vont  nus 
pieds.  Sainte  Thcrèfe  entreprit  de  remertre  les 
Carmes  dans  leur  première  auftétité  ,  &  commença 
l'an  1540,  par  les  couvens  de  hlles. 

Enfuite  aidée  du  P,  Antoine  de  Jéfus ,  &:  du  P. 
Jean  de  la  Croix  ,  elle  établit  la  même  ré  orme  dans 
ceux  des  hommes.  La  réforme  des  filL  s  commença 
par  le  couvent  d'Avila  ,  dont  elle  étoit  Religieufe, 
8c  celle  des  hommes  dans  un  Couvent  que  1,;S  deux 
Pères  que  nous  venons  de  nommer  établirent  près 
d'.\ji|lB.  Pie  V  approuva  le  delfein  de  Ste  Thérèfe , 
&  Grégoire  XIII  corifirma  fa  réforme  en  1580.  Il  y 
a  deux  Congrégations  de  Carmes  Dechaujjes  qui  ont 
chacun  leur  Général  particulieS ,  &  leurs  conftitu- 
tions.  L'une  eft  la  Congrégation  d'Efpagne  divif  :e 
en  (ix  provinces  \  l'autre  s'appelle  la  Congrégation 
d'Italie,  &  comprend  tout  ce  qui  ne  dépend  point 
d'Efpagne,  Elle  comprend  44  ou  4^  Couvens  en 
France.  Les  Carmélites  réformées  furent  appelées  en 
France  en  i.(îo5  ,  &:  les  Carmes  Dechauffes  en  160^. 
Le  P,  Ifîdore  de  S.  Jofeph  a  fait  l'hiftoire  des 
Carmes  DcchaufT^s  ,  5i  le  P.  Jérôme  de  S.  Jofeph 
l'hiftoire  de  la  Réforme  des  Carmes ,  qui  fe  trouve 
aufll  en  partie  dans  la  vie  Se  les  lettres  de  Sainte 
Thérèfe. 

Le  différent  qu'ont  eu  les  Carmes  avec  les  Bol- 
landiftes,    c'eft-à-dire,  les  Jéfuites   d'Anvers   qui 
travailloient  au  grand  ouvrage  des  ASa  Sanclorum , 
Tom»  II, 


CAR  27  j 

â  trop  f"iit  de  bruit  datis  le  monde  favafit,pour  n'en 
pas  dire  un  mot. 

On  fait  que  les  Carmes  prétendent  defcendre  du 
Prophêre  Elic  ,  &;  que  depuis  Ion  temps  jufqu'.à  nos 
jours  il  y  a  toujours  eu  des  Religieux  du  Mont-Car- 
mel  d  icendans  de  ce  Prophète,  &  faifant  les  tr.ois 
vcL-ux  clfenticls  de  religion.  Les  Bollandiftcs  dans 
leurs  Aétes  des  Saints  donnèrcnr  en  \66Z  au  fixièmc 
de  Mars  la  vie  de  S.  Cyrille  ,  &:  au  19  celle  du  B. 
Bcrthold.  Ils  donnèrent  à  celui-ci  le  titre  de  prcmief 
Général  de  l'Ordre  des  Carmes  Se  appelèrent  S.  Cy 
nile  troiiîème  Général  du  même  Ordre.  Ils  ne  di- 
foient  en  cela  rien  de  nouveau,  rien  qui  n'eût  été 
dit  pat  Jean  le  Gras ,  l'un  des  Gércraux  de  l'Ordre 
des  (.a/7/igj  ,  ô:  par  Jean  Paléonydor,  Religieux  du 
même  Ordre.  Ils  avoient  même  cité  un  Traité  de  l'o- 
rigine &:  du  progrès  de  cet  Otdre  ,que  l'on  attribue 
à  ce  S.  Cyrille  leur  Général ,  dont  nous  venons  de 
parler,  &  dont  il  y  a  un  exemplaire  de  l'an  144(5 > 
dans  la  Bibliothèque  du  collège  de  Navarre  à  Paris , 
Traire  que  le  Père  Daniel  de  la  Vierge  Marie  a 
inféré  dans  fa  Vigne  du  Carmel.  Malgré  tout  cela  , 
&  quoique  l:s  BoUandiftes  fe  fuifent  autorifés  du 
fentiment  des  favans  Cardinaux  Baronius  Se  Bellarn^n 
qai  ne  mettent  l'origine  des  Carmes  que  fous  le 
Pontificat  d'Alexandre  III,  en  l'an  ii3o,  ou  1181  , 
les  Carmes  furent  fort  fcandalifés  qu'on  diminuât 
ainfi  leur  antiquité. 

Le  P.  François  de  Bonne-Efpérance ,  Exprovincial 
de  Flandre  -,  répondit  aux  BoUandiftes  par  un  livre 
qui  a  pour  titre  ,  HLjhrico-Theologicum  Armamen- 
tarium  ,  proferens  omnis  generis  j'cuta ,  Jive  Sacra 
Script uriZ  ,  fummorum  Pontifuim  ,  SaJicïorum  Pa- 
trum,  Geograplwriim  &  Dùclorum  tam  anti>juoruiTi 
quàm  receniiorum  aucioricates  ,  traduiories 
&  rationes  quïbus  amicorum  dijfîdentium  teld 
Jîve  argumenta  in  Ordlnis  Carmelitariim  anti- 
qidtatem  ,  origincm-,  &  aé  Eluifub  tribus  effciitiali- 
hus  votis  in  monte  Carmelo  hizreditariam  fiiccef- 
Jionem  &  hue  ujljue  légitime  non  interruptem,  vibrata 
enervantur.  Mais  comme  les  Carmes  virent  bien 
qu'on  leur  rcpondroit.  Se  que  dans  les  tomes  fui- 
vans  des  Actes  des  Saints  on  continueroit  à  établir 
le  même  fentiment,  le  P.  Matthieu  Orlandi,  pour 
lots  Général  des  Carmes.,  écrivit  aux  BoUandiftes 
pour  les  prier  que  lorfqu'ils  parleroient  du  bien- 
heureux Albert,  Patriarche  de  Jérufalem,  &  de  la 
règle  qu'il  avoir  donnée  aux  Carmes  ,  ils  confultaf- 
fentle  P.  Daniel  de  la  Vierge-Marie,  hiftoriographe 
de  leur  Ordre  -,  Se  que  quand  ils  citeroient  l'auto- 
rité du  Cardinal  Baronius ,  ils  ne  le  fiflênt  pas  11 
nument  qu'ils  l'avoient  fait  dans  le  mois  de  Mats  , 
mais  qu'ils  modifiailent  un  peu  les  paroles  de  cet 
Annalifte  par  quelque  commentaire.  Les  BoUandiftes 
avoient  confulté  ce  P.  Daniel  fut  ce  qu'ils  avoient 
dit  de  S.  Berthold  ,  &  il  l'avoir  approuvé. 

En  i(j75>  parurent  trois  tomes  du  mois  d'Avtil.  Le 
P.  Papebroch  y  foutient  que  le  fentiment  fut  l'otigine 
des  Carmes  Venant  du  Prophète  Elie  ,  étoit  plein  de 
contraliufions-,  que  leur  Ordre  n'étoit  que  du  JvIP 
fiècle  ;  Se  l'Aurrar  rapporte  à  cette  occafion  ce  que 
nous  avons  dit  de  Jean  Phocas  au  commencement 
de  cet  article.  Les  Car  •? 'i  oppofèrent  un  autre 
voyage  fait  en  Terrc-Sai  ue  par  un  S,  Antonin , 
mattyr  -,  mais  les  Pollandil  s  prétendent  que  es 
voyage  remp!'  de  Fables  n'a  été  donné  que  par  un 
écrivain  à\  XII=  liècle.  Les  BoUai-'diftes  ,onr  fait 
imptimer  ces  deux  voyages  au  commencement  du 
II  tome  de  Mai.  Outre  cela  le  P.  Papebroch  au  II 
tnme  d'Avril  ,  difputoit  aux  Carmes  d'anciens 
Monaftères  qu'Us,  prétendpient  leur  avoir  appar- 
tenu avant  le  XTI' fiècle,  Si.  regardoit  comme  fup- 
pofcs  les  titres  fur  lefquels  on  appuyoit  cette  pré- 
tention. 

Cela  engagea  le  P.  François  de  Bonne-Efpérancc 
de  donnet  un  tome  II  de  fon  Arfena!  Hijîoriji.e- 
Chronologigite  ;  Se  le  P.  Daniel  de  la  Vierge-Marie  , 
un  Propv'nririilam  Carme'itanœ  hiftoriie.  Après  quoi 
ces  deux  Dcfenfcurs  deS  Cdrtnes  étant  motts ,  ceux- 

M  m 


-2  74 


CAR 


ci  tiemeurtrent  dans  le  iilencc  iufqu'en   i6Zo,         i 

Cette  anncc-lA  parurent  les  trois  premiers  tomes 
du  mois  de  Mai.  Durant  le  courant  de  i'impreilion  , 
les  Carmes  Tachant  qu'on  y  devoit  mettre  la  vie  de 
S.  Ange ,  Martyr  de  leur  Ordre ,  en  demandèrent 
communication.  Le  P.  Papebroch  fit  d'abord  quel- 
que difficulté ,  mais  enfin  il  l'envoya  à  Rome  a  Ion 
General ,  pour  erre  montrée  au  Général  des  Carmes. 
Ceux-ci  firent  traîner  l'examen  (i  lont;-temps ,  que  le 
Libraire  le  laflant  de  ne  point  débiter  ics  Livres ,  8c 
de  ne  point  voir  rentrer  les   fonds    dont  il  avoit 
befbin,  obtint  enfin  la  permiliion  du  P.  Papebrocli  de 
les  mettre  en  vente.  L'ordre  vint  eniliite  de  ne  point 
imprimer  cette  vie,  mais  il  y  avoit  déjà  plusieurs  exem- 
plaires de  dcbircs  ,  &:  ceux  qui  en  vouloient,  même 
les  Carmes  ,   déciaroient  qu'ils  n'en    prcndroient 
point ,  fi  la  vie  du  B.  Aniçe  étoit  retranchée.  Outre 
cela,  au  commencement  de  la  vie  du  bienheureux 
Rabata,  il  avoit  donné  une  efpcce  d'Apologie  de  la 
conduite  à  l'égard  des  Carmes ,  ôc  il  rcfutoit  l'Ar- 
lenal  Hiftorico -chronologique.  Et  au   commence- 
ment   du  III<;  -tome  dans'rhiftoire  des  Patriarches 
àc  Jcrulalem  ,  il  rélutoit  encore  les  ptétcntions  des 
Carmes.  Ils  y  oppoicrcntun  Ouvrage  du  P.   Daniel 
de  la  Vierge-Marie ,  qui  étoit  Ibus  fa  prclié  depuis  9 
ans,  &  qui  étoit  intitulé,  Speat/u  m  Carmclitamun, 
five  Hilioria  Eliani  ordinis,  &c.  en  4  vol.  in-folio. 
Les  Editeurs  de  cet    ouvrage    pofthume  y  avoient 
iijouté  beaucoup  de  choies  pleines  d'aigreur  contre 
le  P.  Papebroch.  On  vit  encore  alors  beaucoup  de 
libelles  contre  ce  Père  ,  letttes  anonymes ,  paiqui- 
nades ,  vers  fatyriques.  MeflleuTS  d'Herouval  ,  &  du 
Cange  furent  auifi  attaqués,  parce  qu'ils  avoient  ap- 
prouvé le  fentiment  &  la  conduite  du  P.  Papebroch. 
M.  de  Launoy  qui  avoit  écrit  contre  la  Bulle  Sabba- 
rhine  de  Jean  XXII,  le  Scapulairc  &  la  vilion  du 
Bienheureux  Simon  Stock,  ne  fut  pas  plus  épargné. 
Le  P.  Papebroch  &  fes  collègues  mépriièrent  ces 
écrits  ,  &  n'y  répondirent  point.  Ils  continuèrent 
leur  grand  ouvrage,  &  donnèrent  en  1(^85,  deux 
nouveaux  tomes  de  Mai,  &  en  i(î88  ,  les  trois  der- 
niers-,  mais  le  Père  SébalHen  de  S.Paul,  qui  avoit 
écrit  en  faveur  de  fon  Ordre  ,  ayant  mis  à  la  tête  de 
l'on  Ouvrage  une  fupplique  au  Pape  Innocent  XI  par 
laquelle  il  le  fupplioit  de  terminer  leur  difl-'érenr 
avec  les  Jciliites:  le  P.   Papebroch   &  fes  aflbcics 
crurent   êtte  obliges  de    détruire   les    préventions 
qu'on  auroit  pu  inlpirer  aux  Prélats  de  la  Cour  de 
Romei&  le  P.  Janning,  l'un     des  afiociés  du  P. 
Papebroch   ,     répondit  aux  faits  alicîîués    dans  la 
fupplique,  &)uftifia  la  conduite  des  'Bollandiftes. 
La  fupplique   imprimée  d'abord  à  Francforr  ne  fut 
point   préfentée  au  Pape -,  elle  fut   quelque    temps 
après  réimprimée  à  Venife ,  &  fupprimée  par  la  Ré- 
publique. 

Les  Carmes  ne  perdirent  point  courage  pour  cela  \ 
au  contraire  de  défendeurs  qu'ils  croient,  ils  devin- 
rent agg-reffeurs ,  &  déférèrent  à  Innocent  XII,  les 
14  volumes  des  Acla  Sanclorum  ,  comme  pleins 
d'erreurs.  Le  Pape  renvoya  l'affaire  à  la  Congréga- 
tion de  l'index.  Les  Car^tes  n'efpérant  pas  bien^du 
fuccès  de  leur  afîiire  à  Rome  &  croyanr  qu'ils  au- 
roient  plus  de  crédit  en  Efpagne ,  dénoncèrent  le 
même  ouvrage  à  l'Inquifition  de  ce  Royaume  ,  qui 
le  4  Novembre  1(^89,  donna  un  décret  portant 
condamnation  des  ^Cla  Sanclorum.  Ce  décret  ré- 
volta tous  les  Savans  de  l'Europe;  qui  s'intércf- 
fèrent  à  la  défénfe  de  l'ouvrage  fupprim.é.  L'em- 
pereur Léopold  écrivit  en  faveur  des  Jéfuites  à 
Innocent  XII,  &  au  Roi  d'Efpagne.  Les  Jéfuites 
préfentèrent  une  Requête  au  grand^  Inquifiteur  d'Ef- 
pagne ,  &:  demandèrent  à  êfre  ouïs  dans  leurs  dé- 
fenfes.  L'Inquifition  par  un  décret  du  5  Ko\\t\6<)6 , 
leur  permit  de  répondre.  Ils  le  firent  par  trois  vo- 
lumes //2-40.  imprimés  en  \6c)6 ,  i(Jc>8  ,  6c  1^99,  Les 
Carmes^  écrivirent  de  leur  côté  ,  &  dénoncèrent 
niême  à  l'Inquifition  la  lettre  de  l'Empereur  au  Roi 
d'Efpagne ,  comme  hérétique  6c  fchifmatique.  Le 
•il  Juin  I (îp7  l'Inquifition  d'Efp.agne  défendit  tous 


CAR 

ks  Livres  concernant  ce  différent.  Dès  l'année  pré- 
cédente Innocent  XII,  avoit  défendu  aux  deux 
partis  d'ccnre  l'un  courre  l'autre.  Le  Général  des 
Carmes  prelénta  une  fupplique  à  ce  Souverain  Pon- 
tife, pour  le  prier  d'ordonner  qu'on  ne  parlât  plus  de 
ces  queftions ,  &  qu'on  laillat  les  Carmes  dans  leurs 
prétentions.  L'affaire  fut  renvoyée  à  la  Congréga- 
tion du  Concile,  qui  jugea  que  le  Pape  devoit  im- 
pofer  (ilence  fur  la  queftion  de  la  primitive  origine 
de  l'Ordre  AtsCarntes  ,izz  qui  fut  fait  par  un  dccrec' 
du  8  Mars  KJ98,  &  un  Bref  du  20  Novembre  de  la 
même  année.  Dans  la  fuite,  c'cft-.Wlire ,  au  com- 
mencement de  ce  fiècle,  l'Inquifition  d'Efpagne  a 
permis  l'entrée  6c  ladiftribution  des  Acla  Sanclorum 
en  Efpagne,  où  iis  font  reçus  maintenant,  comme 
pat-tout  ailleurs.  Voye^  le  P.  Helyot.  HilL  des 
Ord.  Relig.  Tome  1 ,  c.  40. 

Il  y  a  un  livre  de  l'inftitution  des  Moines,  que 
les  C^îrwfj  attribuent  à  Jean  II,  quarante-quatrième 
Patriarche  de  Jerufalem  ,  &  félon  d'autres  quarante- 
deuxième  Evcque  de  cette  ville,  &c  premiei Patriar- 
che, qui  vivoit  à  la  fin  du  IVe  lit^-^-jg.  Hs  préten- 
dent que  ce  livre  contient  la  rèçle  qu'ils  ont  fuivi 
jufqu'à  ce  que  le  Patriarche  Albert  leur  en  etit  donné 
une  autre  au  commencement  XIIP  fiècle.  Mais 
outre  qu'ils  ne  font  point  d'accord  entr'eux  fut  cela. 
Je  livre  de  l'inftitution  des  Moines  parle  du  Scapu- 
lairc ,  qui  ne  fur  donné  au  B.  Simon  Stock,  qu'en 
1185.  Il  y  cft  encore  parlé  du  manteau  blanc 
&c  du  capuce,  qu'ils  n'ont  portés  qu'en  1187  ou 
I  i88 ,  fans  parler  des  fables  dont  ce  livre  eft  rempli , 
6c  qui  l'ont  fait  regarder  par  rous  les  Savans  , 
comme  un  ouvrage  faux  èc  fuppofé.  Ils  n'ont  point 
fuivi  non  plus  la  règle  de  faint  Bafile ,  ni  aucune 
autte  que  celle  du  Patriarclie  Albert.  Foye?  fur 
tout  cela,  le  P.  Helyot,   T.  I,  c.  41. 

Carme,  eft  aufîi  une  efpèce  d'acier,  /'ojf^;  Acier. 

Carme  ,  eft  auffi  un  vieux  mot,  qui  fignitioit  un  vers 
Carmen;  mais  en  ce  fens  ,  il  eft  hors  d'uia-^e. 
Carmes  circulaires;  Carmes  &  formules  d'expia- 
tion. ViGEN.  fur  Tite-Live.  Les  difciples  des  Druides 
apprennent  à  leur  école  grand  nombre  de  carmes 
par  corur  ;  6c  pourtant  quelques-uns  demeurent  bien 
vingt  ans  entiers  en  cette  étude  -,  car  ils  ne  penfenc 
pas  être  licite  de  les  mettre  par  écrit.  Vigenere  , 
Trad.  de  Ce/.  Le  même  Auteur  prétend  que  ce  nom 
vient  de  carmenta,  parce  que  cette  Prophéteffe 
dcbitoit  fes  prédidlions  en  vers. 

Tous  les  vents  fetaifoient  pour  entendre  fes  charmes. 
Les  vagues  après  lui  difoient  tout  bas  fes  carmes. 

Parran. 

_  Carmen ,  carme  ou  vers.  Ce  mot  eft  proprement 
tn-é  de  carm  ou  Garm ,  qui ,  chez  les  Celtes ,  étoîenc 
les  cris  de  joie,  6c  les  vers  que  les  Bardes  chantoienc 
avant  le  combat,  pour  encourager  les  foldats.  Cela 
eft  fi  vrai,  que  même  en  grec,  x»py-r<  ficnifie  tout- 
a-la  iois pugna ,  confiicîus  ,  combat  6c  joie ,  lœtiùa , 
gaudium.  Pezron.  Oui ,  mais  il  vient  de  y,c„. , 
gaudeo ,  8c  non  pas  du  celtique  carm,  que  1^  Grecs 
ignoroient  très-certainement.  ^ 

Carmes,  terme  du  jeu  de  triétrac,  qui  fîgnifie  deux 
4 ,  que  les  deux  dés  amènent  à  la  fois.  JaBus  tef 
firum  rcferens  Ms  quatuor.  On  appelle  aufîi  qua- 
dernes. 

CARMÉ,  f.  f.  Nom  d'une  fkufTe  Divinité.  Carme. 
Crr/w^cft  une  Nymphe,  qui  eut  Britomaris  de  Ju- 
piter. Elle  ctoit  amie  intime  de  Diane ,  parce  qu'elle 
avoit  des  inclinations  conformes  aux  fîennes ,  ai- 
mant pafîionncmenr  la  courfe  6c  la  chaffe.  Minos, 
cpris  d'amour  pour  elle,  8^  la  pourfuivant  un  jour, 
elle  donna  dans  des  filets  de  pêcheurs ,  81  fe  pré- 
cipita. HoFFMAN,  d'après  Rhodigin ,  L.  Xyill, 
ch.   16. 

CARMEL.  f.  m.  Nom  de  montagne.  Carmelus.  Il  j 
en  a  eu  deux  qui  ont  porté  ce  nom  dans  la  Terre- 
Sainte.  La  plus  fameufe  étoit  dans  la  tribu  d'Iffa- 
char,  fur  la  côte,  avançant  dans  la  mer,  en  forme 


CAR 

de  p^f^rooiitoire  ou  de  cap,  que  nos  cartes  markîmés 
appellent  encore  Cap  Carmd.  C'cft-là  que  demeura 
long-remps  le  Prophète  Elle  ,  8c  qu'il  affembla 
le  peuple  d'Ifracl  la  troifiàne  année  de  icchercHe, 
&  qu'il  fît  mettre  à  mort  les  prophètes  de  Baal. 
Cette  montagne  s'ctcndoit  de  la  tribu  d'Ifîachar , 
le  long  de  Cille  de  Zabulon,  jufqu'aux  confins  de 
celle  d'Alèr.  Foye^  JosuÉ  XII ,  ii.  Pour  diftingucr 
ce  mot  Carmd  de  l'autre  ,  dont  nous  allons  parler, 
î'ccriture  appelle  celle-ci  le  Carmd  de  la  mer.  C'eft 
de  celui-ci   que  les  Carmes  ont  pris  leur  nom. 

On    prétend  que    l'autel  miraculeux   d'Elie  fut 
changé  dans  la  fuite  en  un  autel  profane,  fur  le- 
quel on  offioit  des  victimes  à  Jupiter.  Cependant 
Tacite  ne  dit  point  que  Jupiter  y  fut  adoré.  Au 
contraire,  il  alfure  que  le  Dieu  qu'on  y  honoroit, 
s'appeloit  Carmd,  Carmelus  ,  comme  la  montagne , 
ou  que  c'étoit  la  montagne  même  -,  qu'il  n'y  avoit 
point  de  llatuc  ,  mais  leulement  un  autel ,  &c  que 
ce  lieu  étoit  en  grande  vénération.  C'eft-là  ce  pré- 
tendu dieu  Carmd,  dont,  au  rapport  de  Suétone  , 
c.  j.  Vefpalien  alla  confulter  l'oracle,  &:  qui  prédit 
à  ce  Prince  qu'il  feroit  Empereur. 
Ip*  Il  y  avoir  donc  un  oracle  fur  le  mont  Carmd-, 
&  l'on  y  adoroit  un  Dieu  de  même  nom  qUe  la 
montagne ,  félon  Tacite  ,  qui  s'efl:   trompé  en  ce 
qu'il    a   cru  que  le  mot   entier  de  Carmel  étoit  le 
nom  de  ce  Dieu  ,  au  lieu  qu'il  n'y  a  que  la  fyllabe 
el ,  qui  iigniiîe  Dieu.  Le  mot  entier  fignirie  vigne  de 
Dieu  ,  c'eft-à-dire  ,  vigne  excellente  ,Velon  la  façon 
de  parler  des  Hébreux  ,    qui  ajoutent  le  nom  de 
Dieu  à  ce  qu'ils  regardent  comme  excellent  dans  fon 
genre.  Quoi  qu'il  en  ibit ,  Vefpaiîen  ,  qui  étoit  ido- 
lâtre, confulta  l'oracle  du  Carmd,  lui  fit  immoler 
une  viétime  ;  &  ce  fur  par  l'infpeCfion  des  eritraiJlcs 
de  la  vidtime  immolée  que  le  Prêtre  Bafilide  lui 
prédit  un  heureux  iiiccès.  N'eft-ce  pas  là  le  paga- 
hifme  tout  pur  ?  cependant  ce  lieu  avoit  été   habité 
pat  le  Prophète  Elie  ,  &  d'après  une  tradition  afîez 
ridiculemenr  imaginée,  &  entretenue  par  un  grand 
fond   de  crédulité,    il.  y  avoit  laiffé  des  héritiers 
de  fes  vertus ,    en  fondant  l'ordre  des  Carmes  qui 
a  fubfifté  fans  interruption  depuis  ce  faint  Prophète 
jufqu'à  préfent. 
Ç3"  On  ne  s'arrêtera  point  à  combattre  de  pareilles 

chimères. 
%fT  Jamblique  dit  que  Pythagore  alloit  foilvcnt  fur 
le  mont  Carmel ,  &  fe  tenoit  feul  dans  le  temple 
qui  y  étoit.  Si  l'ordre  des  Carmes  fubfiftoit  alors  , 
quelle  dévotion  pouvoit  attirer  ce  Philolbphe  chez 
eux?  Il  étoit  certainement  païen  ,  &:  le  [temple  où 
il  alloit ,  étoit  confacré  au  culte  des  faux  Dieux. 
Depuis  Elie  jufqu'à  J.  C.  nul  facrifice  qu'à  Jéruia- 
lem  :  fi  des  Rois  impies  en  ont  établi  ailleurs ,  ce 
furent  des  attentats  facrilèges  ,  dont  les  Difciples 
d'Elie  étoient  incapables  :  cependant  on  y  fâcrifioit , 
&:  on  y  prédifoit  l'avenir  par  l'examen  des  entrailles 
des  viébimes.  Dire  que  c'étoit  l'ordre  fondé  par 
Elie  qui  rendoit  ces  oracles ,  c'efl:  le  comble  de  la 

■  folie.  Le  temple  que  fréquentoit  Pythagore  ,  l'o- 
raclf  que  confulta  Vefpafien  ,  étoient  des  ouvrages 
du  paganifme.  Ce  fut  plus  de  deux  mille  ans  apurés 
Elie  que  S.  Louis  trouva  fur  cette  montagne  des 

■  Religieux  de  cet  Ordre  ,  &  qu'il  en  amena  en 
France.  Mais  depuis  quand  y  étoient -ils?  Voilà  la 
queftion.  Ce  fut  iàns  doute  dans  ces  temps  de  ferveur 

■  que  les  perfécutions  d'une  part ,   &  de  l'autre  les 
'    charmes  d'une  vie  folitaite confacrée  à  Dieu,  peu- 

■  plèrent  les  défetts  d'Anachorètes.  Le  Carmd  eue 
aulfi  les  liens  ;  &  voilà  l'origine  des  Carmes. 

L'autre  montagne  nommée  Carmd  ,  étoit  au 
midi  de  la  Tribu  de  Juda  fur  les  confins  de  l'Idumée, 
dans  les  terres.  C'efl:  à  celle-ci ,  félon  quelques  Au- 
teurs, qu'il  faut  rapporter  tout  ce  que  l'Ecriture  dit 
des  pâturages  du  Carmd.  Jerem.  L.  19.  Amos ,  1 , 1. 
Mich.  FUI ,  14.  Il  peut  néanmoins  aurfi  convenir  à 
-  _  l'autre  lAom-Carmd. 

-'      Ce  mot  eft  hébreu  compofé  de  ^n,  Car,  qui 
"  fignifie  agneau,  &  pâturage;  &  de  V^O  ,  md ,  qui 


CAR, 


'^?f 


veut  aire,  couper  ,drco7idre.  Delà  -  vient  que 
quelques-uns  le  traduirent  Agntau  drconds  ,  & 
d  autres  diamp  ou  pré  que  Con  coupe,  qnï  fe  moil'- 
lonne,  ou  quiie  fauche.  Cette  dernière  explication 
paroit  convemr  mieux  à  cette  montagne  i  qui  croit 
en  eri-et  trcs-ferrile ,  ou  qui  avoit  au  pied  une  vallée 
trcs-abondante. 
Mont -Carmel.  Ordre  militaire  de  Chevaliers 
Hoipitahers  ,  iondé  par  le  Roi  Henri  IV  ,  fous  le 
titre, l'habit  &  la  règle  de  Notre-Dame  du  Mont^ 
Carmel;  &  en  conféquence  des  Bulles  de  Paul  V  du 
itf  Février  icîoy.  Il  a  été  uni  à  l'Ordre  des  Chevaliers 
iL^\  '^'^  ^'^  Jérufalem,    par  ade  du  dernier 

Oétobrc  i^cS,  avec  toutes  lés  Commandcries , 
1  Heures  &  autres  biens ,  pour  fa  dotation.  Car- 
meais.  Henri  le  Grand  voulut  que  l'Ordre  du 
Mont  Carmd  ne  fût  compofé  que  de  François ,  &. 
qu'il  le  fût  de  cent  Gentilshommes,  qui  IcroienÈ 
obligés  de  marcher  en  temps  de  guerre  auprès  de 
la  perfonne  de  nos  Rois ,  &  pour  leur  garde.  Le  Col- 
lier qu'il  leur  donna  fut  un  ruban  tanné  auquel  pcni 
doit  une  Croix  d'or  ,  fur  laquelle  étoit  gravée  une 
image  de  la  Sainte  Vierge  environiiée  de  rayons  d'or. 
Le  manteau  de  l'ordre  étoit  charsré  de  la  même 
croix.  C'efl  Paul  V  qui  approuva  cet  Ordte  ,  dont  le 
premier  Grand  Maître  que  le  Roi  choifit ,  fut  Phi- 
hbert  de  Néreflang.  /^oyq  Sponde  à  l'an  ifToS, 
72z^/7z.^3  &  al'an  15(^5.  w.  16.  Cet  Auteur  prétend 
que  c  eft  moins  une  inftitution  nouvelle,  qu'un  re- 
nouvellement de  l'Ordre  de  S,  Lazare.  Matt. 
Favyn.  L'Abbé  Jufliniani ,  qui  en  traite,  tome  III 
c.  81,  prétend  qu'en  1607  cet  Ordre  n'étoit  point 
encore  Uni  à  celui  de  Saint  Lazare,  &  que  cela 
paroît  par  l'Edit  du  Roi  de  1^71.  Ainfi  cet  Ordre 
a  été  établi  comme  un  Ordre  diftingué  de  celui  de 
Saint  Lazare,  &  n'y  a  été  uni  qu'après  quelque 
temps.  Par  un  Décret  de  la  Congrégation  touchant 
les  Conciles,  les  Chevaliers  du  Mont-Carmd  foni 
déclarés  capables  de  poflcder  des  penfions  fur  les 
Bénéfices ,  &  mêlne  des  Bénéfices.  Foye?  au  mot 
Lazare.  Le  P.  Touffaint  de  S.  Luc,  Carme,  im- 
prima en  1681  à  Paris,  des  Mémoires  ou  Extraies 
des  titres  de  l'Ordre  de  Notre-Dame  du  Mont-Car^ 
rnel  &  de  S.  La:^are  de  Jérufalem. 
CARMELINE.  adj.  f  Laine  ,  carmeline  de  vigogne  , 

qu'on  nomme  aulfi  laine  bâtarde. 
CARMELITE,  f  £  Quelques-uns  ont  ccni  Carmeline  ^ 
mais  mal.  C'efl  une  Religieufe  qui  vit  Ibus  la  rè"-le 
des  Carmes.  Carmeiitana  monialis.  Le  Cardinal^de 
BéruUe  les  avoit  attirées  en  France,  deux  ans  avant 
que  les  Carmes  déchauffés;  s'y  fuifent  venus  établir. 
Lezana  &  plufieurs  Ecrivains  de  l'Ordre  des  Car- 
mes prétendent  qu'il^  a  eu  des  Carmélites  auiîi  bien 
que  ..4es  Carmes  depuis  le  temps  d'Elie  ;  mais  le  P. 
Louis  de  Sainte  Thérèfe  ,  dans  fon  livre  de  la  fuc- 
ceffioh  d'Elie  ,  convienr  que  ce  fiit  le  bienheureux 
Jean  Soreth  XXVP  Général ,  &  premier  réforma- 
reurde  l'Ordre  des  Carmes,  qui  fous  Nicolas  V  aii 
XV'  iihdc  les  inftitua.  Il  étOit  Normand,  &  naquit 
l'an  1410.  Après  avoir  paffé  par  toutes  leS  autres 
charges  de  l'-Ordre,  il  fut  élu  Général  au  Chapitre 
tenu  à  Avignon  l'an  14«; i.  Ce  fut  dans  cette  charge 
qu'il  inftitua  les  Carmélites,  &  qu'il  obtint  pour 
elles  de  Nicolas  Vies  mêmes  privilèges  que  ceux  des 
Dominicaines  &  des  Auguftines.  LçsCarrndites  font 
habillées  comme  les  Carmes.  Elles  ont  une  robe  & 
un  Scapulaire  de  drap  couleur  de  Minime  ou  tanné  i 
&  au  chœur  elles  mettent  un  manteau  blanc  avec  urt 
voile  noir.  Foye^Xs  P.  Helyot  ,  tome  I  ^  c.  44. 
Carmélite  déchaussée.  C'eft  le  nom  de  celles  qui 
furent  établies  par  Sainte  Thérèfe  au  XVP  iiècle ,  & 
dont  les  Conftitutions  faites  par  cctre  Sainte  furent 
approuvées  par  Pie  IV  le  11  Juillet  15(^1.  P.  Hel« 
tome  1  i  c,  ^6  &  47. 

Les  Carmélites  déckau (fées  pafl'èrent  en  France  en 
i6'o4,  par  les  foins  &  le  zèle  de  Mlle  Acarie  ,  fille 
de  Nicolas  AvrilJor,  Seigneur  de  Champlâtreux,  & 
Maître  des  Comptes ,  &  femme  de  M.  Acarie,  au/IÎ 
Maître  das  Comptes,  La  princefle  Catherine  d'Or- 

M  m  ij 


2.7^  CAR 

Icans  de  Longueville  obtint  l'agicmentcluRoi  pour 
cet  ctabliHcmcnt  &.  une  Bulle  de  Cicment  VlU,  de 
rani(Î0  5.CePape  enconlirmaiu  cet  ctabhlk-mcnt 
fit  des^lè^'lemens  pour  les  filles  qui  cmbraikroicnt 
cet  inftitut  en  France.  Six  Rcligieulbs  d'Elpagnc 
vinrent  en  1604,  pour  le  commencer,  ÔC  on  leur 
donna  le  Prieuré  de  Notre-Dame  des  Champs  au 
Fauxbourg  Saint  Jacques ,  qui  dcpendoit  de  Mar- 
moutier,&:  que  l'on  llipprima. 

Carméliti.  f.  t.  Nom  d'une  efpèce  de  poire.  C  eitune 
afîez  grolle  poire,  plate  ,  gril"e  d'un  cote  ,  un  peu 
t-inte  de  l'autre,  &  chargée  en  certanis  endroits  de 
quelques  taches  aifez  grandes,  qui  patoUknt  comme 
des  pièces  qu'on  y  a  appliquées  après  coup.  La 
QuiMT.  Il  la  nomme  autrement  Mazuer,  ou  Gilogile, 
^'  la  met  au  rang  des  mauvaifes  poires.  Ellemntit  en 
Novembre.  Elle'eft  bonne  à  cuire. 

CARMELUS.  f.  m.  Divmité  des  Syriens ,  q"i  l^^^i- 
toicnt  aux  environs  du  Mont-Carmel.  Foyei  CAK- 

CARMENTALES.  f.  m.  &  pi.  Carmentaha.  C  elt  le 
nom  que  les  Romains  donnoicnr  à  la  Fcte  qu'ils  ce- 
Icbroient  tous  les  ans  le  15  de  Janvier  à  l'honneur 
de  Carmente ,  dont  on  va  parler.  Cette  Fête  fut 
établie  au  fujet  d'une  grande  téconditc  des  Dames 
Romaines  après  leur  réconciliation  avec  leurs  maris , 
avec  qui  elles  s'étoicnt  brouillées ,  parce  qu'ils  leur 
avoient  défendu  l'ufaee  des  chars  par  un  Edit  du 
Sénat.  C'ctoient  les  Dames  qui  cclébroient  cette 
fête.  Celui  qui  offiroit  les  facrifices  s'appeloit 
Prêtre  Car  mentale ,  ou  de  la  Déelle  Carmente. 
FLimcn  carmentalis.  La  Porte  cartneiuak  à  Rome 
ctoit  proche  du  temple  de  Janus ,  on  l'appeloit 
auifi  la  porte  fcélérate.  Elle  ne  fublircc  plus.  Plu- 
larque,  QjKZJl  Rom.  q.  5 6.  Alex,  ab  Alex.  Gemal. 
dur.  Lit.  XVI,  cap.  8.  Vigenerc  ,  lur  Tue-Liye  , 
tome  I ,  p.   918,6"   II I lî. 

CARMENTE  ou  CARMENTIS.  (.  f.  Carmenxa, 
Carmemis.  C'efl:  le  nom  d'une  Prophételîe  d' Arcadie , 
mère  d'Evahdre ,  avec  lequel  elle  vint  en  Italie ,  où 
ils  furent  favorablement  reçus  du  Roi  Faunus  60  ans 
avant  la  guerre  de  Troye.EUe  fut  ainli  nommée  en 
Italie  à  ^carmmihus  :  c'eft-à-dire ,  des  vers  ou  pro- 
phéties qu'elle  fhilbit,  car  ion  nom  propre  croit  Ni- 
coftrate.  Il  y  avoir  à  Rome  une  porte  de  ion  nom 
^  une  fcte  \  (on  honneur.  Son  Hiftoire  eft  décrite 
parDcnys  d'HalicarnaUe ,  par  Aurélius  Vidor,  & 
par  Plutarque  dans  Romulus  ,  par  Vigenere  ilir 
Tue-Live ,  T.  7,  /.  709  6"  9 1 8  ,  &  par  VoiTuis ,  De 
Jdcl,  L.  I,  c.  IX.  On  la  repréfentoit  jeune  &vigou- 
reufe,  &  les  cheveux  épars  &  en  délbrdrc.  Id.  L. 
IX,  c.  58.  Carmente  ,  autrement  Nicollrate  & 
fhémis,  ou  la  latalité  &  Thémis,  que  les  Grecs 
appellent  E'««p^£'»« ,  fut  fîfle  d'Ionius  ,  Roi  des 
Arcadiens.  Elle  eut  Evandre  de  Mercure  ,  'comme 
dit  Virgile, environ  60  ans  avant  la  guerre  de  Troyc  : 
elle  s'en  vint  en  Italie  avec  ion  iils. 

Carmente  fut  ainli  appelée  ,  dit  Vigenere,  de 
car  eus  mente ,  c'eft-à-dirc ,  hors  de  fcns ,  hors  de 
foi-mime,  .à  cauie  de  renthouiîaiirie  où  elle  cntroit 
ibuvent.  D'autres  prétendent  que  ion  nom  vient  de 
carrnen  ,  parce  qu'elle  failbit  iés  prophéties  en  vers  : 

■  mais  Vigenere  foutient  au  contraire  que  carmen , 
vient  de  Carmenta. 

CARMIN,  f.  m.  Eft  une  couleur  rouge  ,  fort  vive  ,  qui 
eft  employée  par  les  Enlumineurs  Se  les  Peintres  en 
miniature.  Minium.  Il  eft  compofé  de  bois  de 
Bréiil ,  de  Fcrnambouc ,  de  couleur  d'or ,  bartu 
dans  un  mortier ,  S^  trempé  dans  du  vinaigre  blanc  : 
l'écume  qui  en  ibrt  après  avoir  bouilli ,  eft  le  carmin , 
qu'on  fait  iccher.  On  en  fait  aulîi  avec  de  la  giaine 
de  chouan  dont  Te  fervent  les  panachcrs ,  avec  de  la 
cochenille  ,  du  roucou ,  &  de  l'alun  de  Rome  ,  qui 
cil  rouiîeâtrc.  Il  y  a  de  beau  carmin,  &c  du  carmin 
commun  ;  la  couleur  du  carmin  eft  un  beau  rouge 
tirant  fur  le  pourpre. 

IfT  CARMINACH.  Ville  d'Aile  dans  la  grande  Tar- 
tarie,  dans  la  contrée  de  Bochara.  La  même  Ville  eft 
appelée  Carminiyah, 


CAR 

CARMIN ATIF  ,  IVE.  adj.  Terme  de  Médecine ,  qUi  fe 
dit  des  remèdes  dont  on  ie  iért  pour  expulllr  les 
vens  retenus  dans  l'eftomac  &  dans  les  intcftins. 
Curmuiendi  vim  habens. 

Les  remèdes  carmin.itifs  ont  la  propriété  de 
racler ,  de  grater  les  endroits  par  où  ils  paiicnt.  On 
met  de  l'anis  daijs  les  lavemens  pour  les  rendre 
carminatifs.  On  appelle  les  quatre  Reurs  carmi- 
natives  ,  celles  de  camomille,  de  mélilot  ,  de  ma- 
tricaire  &:  d'anet.Les  plantes  carminatives  ibnt  celles 
quidiliipent  les  vens.  Leur  nature  chaude  les  rend 
très-propres  à  raréfier  l'air  &  à  faire  llxr  la  mem- 
brane des  inteftins  une  petite  irritation  capable 
de  broyer  les  humeurs  viiqueuiés. 

Ce  inoT  vient  du  Latin  carminare  ,  qui  lignifie 
carder  ,  tirer  ce  qu'il  y  a  de  s^rojjier,  purger. 
rfT  CARMONS  ou  CÔRMÔNS.  Petite  ville  d'Italie 

au  Frioul ,  dans  le  comté  de  Goritz. 
fCF"  CARNA.   Foyei  Carne. 
CARNACIER,  1ÈRE.  ad),   royt;^  Carnassier. 
CARNACIÈRE.  Foye^  Carnassière. 
CARNAGE,  i'.  m.  Tuerie  de  plulieurs  perfonncs.  Char- 
les Martel  fit  un  horrible  carnage  des  Sarrazins  dans 
les   plaines  de  Tours.  Cades ,  Jiniges ,   internecio. 
Les  paillons  de  l'homme  ont  tait    de  la  terre  un 
théâtre  de  carnage  Se  d'horreur.  S.  EvR.  La  colère 
n'a  point  de  plus  doux  objets  que  la  vengeance  Se  le 
carnage.  Félib.  Faire  un  grand  carnage ,  un  horrible 
carnage.  Remplir  tout  de  iang  &  de  carnage. 

On  le  dit  aulîi  en  termes  de  chalîe.  A  la  fête  de 
Saint  Hubert ,  il  ie  fait  un  grand  car/z^i^e  de  gibier  , 
pour  dire  qu'on  en  tue  beaucoup. 
'^fT  On  dit  encore  que  certains  animaux  ,  comme  les 
loups ,  les  tigres,  &  tous  les  animaux  qu'on  appelle 
carnajjîers  ,  vivent  de  carnage ,  pour  dire  qu'ils  ie 
nourriilent  de  la  chair  des  animaux  qu'ils  tuent. 

Et  mon  efprit  enfin  n'efî  pas  puis  offenjé 
De  voir  un  homme  fourbe ,  injujie,  intereffe  , 
Que  de  voir  des  vautours  affames  de  carnage.  Mot. 

On  dit  au/Ti ,  qu'on  fait  carnage  aux  chiens  de 
chair  de  mulet ,  ou  d'autres  animaux,  quand  on  leur 
en  donne  â  manger. 

CARNAL.  i'.  m.  Caro.  Ce  mot  s'eft  dit  autrefois  pour 
chair.  Si  qu'il  lui  trencha  pleine  paume  du  carnal 
de  lacuilie.  Merun. 

CARNALAGE,  f.  m.  Terme  de  coutumes.  Droit  ou 
tribur  qui  eft  du  en  chaiT  à  un  Seigneur  par  les  Bou- 
cher de  ia  Seigneurie. 

CARNALER.  v."a.  Terme  de  coutumes.  Celle  d'Acqs 
définit  ainfi  ce  mot  au  tit.  XI,  arr.  42.  43.  Carnaler , 
eft  tuer  le  beftial,  Se  le  convertir  en  fes  ufages. 
|p°  Ainfi  c'eft  tuer  du  bétail  pout  ia  confommation, 
ians  en  vendre.  Mais  tuer  eft  l'occire  ians  en  faire 
ibn  profit.  En  quelques  lieux  il  eft  permis  de  car- 
nalcT  le  bérail  du  moins  julqu'à  un  certain  nombre 
de  bêtes ,  loriqu'on  les  ttouve  en  dommage  en  fou 
domaine. 

CCF  CARNARVAUSHIRE.  Voye^  CAERNARVAN- 
SHIRE.  : 

gC? CARNASSIER,  ÈRE.  adj.  Epithète  qui  s'applique 
aux  animaux  qui  ibnt  avides  de  chair  crue  ,  &  qui 
s'en  nourriffent  naturellement.  Carnivorus.  Les  cor- 
beaux ,  les  loups ,  les  vautours  font  des  animaux 
carnajjlers. 

(fT  On  le  dit  aulfi  des  hommes  qui  mantrent  beau- 
coup de  chair.  Ainfi  l'on  dit  que  les  peuples  mé- 
ridionaux font  moins  carnafjiers  que  les  Septen- 
trionaux, 

fîCF  Ce  mot  vient  du  latin  caro ,  garnis.  Ghair, 

CARNASSIÈRE,  f.  f  Poche ,  petir  fac  fait  d'un  gros 
rézeau ,  dans  lequel  un  chaiTeur  mer  le  gibier  qu'il 
tue.  Il  ne  revient  point  de  la  chailc ,  qu'il  n'ait  fa 
carnafflère  bien  garnie.  Quelques-uns  écrivent  car- 
nacière. 

CARNATION,  f.  f.  Terme  de  Peinture ,  ^  qui  fe  dit 
au  fimple  de  la  couleur  des  chairs  ,  Se  au  figitté  de 
l'art  de  les  rendre.  C'eft  la  repréleniationde  lâchait 


CAR 

ti'une  figure  humaine  d'un  tableau  par  le  éoloris. 
12  s'ctcnd  à  toutes  les  parties  d'un  tableau  en  général 
qui  reprcfentent  de  la  chair  ,  qui  font  nues  &  ians 
draperie,  tiuia  corporis  cutis  naùvis  colorihus  ex- 
freja.  Le  Tnicn  &  le  Correge  en  Italie,  &  Ru- 
bens  &  Van  Dyk  en  Flandres ,  ont  excellé  dans  les 
carnations.  Jl  faut  remarquer  fur  ce  mot  de  carna- 
tion ,  qu'il  ne  fe  dit  point  de   chaque  partie  d'une 
figure    conficicrée  en    particulier.    Ce    feroit   mal 
parler ,  par  exemple ,   que  de  dire  ,  ce  bras ,  cate 
cuiffe   cji  d'une  telle  carnation  ;  mais  l'on   diroit 
Cette  figure  eft  d'une   belle  carnation  ;  ce  pcinne 
excelle   dans  les  carnations  :   &   quand    il    s'agit 
d'une    partie  feulement,  quelques-uns    difcnt  :   ce 
iras,  cette  cuiffc  eji  tien   de  chair  ;  mais  comme 
cette  façon  de  parier ,   lien  de  chair ,  exprime  le 
tendre  &  In  mollefTe  des  chairs  en  général ,  &fe  dit 
également  des  molleifes  de  chair  exprimées  dans  un 
deirein,c'eft-à-dire  ,  de  toutes  les  parties  nues  d'une 
figure  iimplement  derfinée ,  quoi    qu'il  n'y  foit  pas 
quellion  de  la  beauté  des  carnations,  on  lui  a  fub- 
llitue  celle  de  te/le  chair.  A'ml'i  l'on  dit  aujourd'hui , 
ce  bras  ell  de  telle  chair,  d'une  belle  chair,  &  non 
pas ,  tien  de  chair. 

Mais  en  parlant  des  parties  plus  délicates  &  plus 
colorées ,  comme  les  joues  &  la  bouche  ,  il  taut  dire  : 
ces  joues ,  cette  bouche ,  font  d'une  belle  carnation , 
èinon  pas  dételle  chair.  Dict.  de  Peint,  et  d'Arch. 
On  le  dit  anifi  en  termes  de  Blalbn ,  des  parties 
nues  du  corps  peintes  au  naturel  :  &  particulièrement 
du  vifage,  des  mains  &  des  pieds.  D'argent,  à  la  tête 
de  carnation. 
CARNAU.  f.  m.  Nom  que  donnent    les  Matelots  à 

l'angle  de  la  voile  latine  qui  efl;  vers  la  proue. 
CARNAVAL,  f.  m.  Temps  de  réjoui/lance  qui  fe 
compte  depuis  les  Rois  jufqu'au  Carême.  Baccha- 
nalia  ,  géniales  ante  quadragenarium  jejunium  dies. 
Les  bals,  les  fêftins  ,  les  mariages,  fe  font  princi- 
palement dans  le  Carnaval.  On  va  de  tous  côtés  à 
Veniiê  pour  y  paflêr  le  Carnaval. 

Ce  mot  vient  de  l'italien  carnavale.  Ménage. 
Mais  Du  Cange  dit  qu'il  vient  de  car-à-val ,  parce 
que  lâchait  s'en  va;  ou  plutôt  à^Carn-aval ,  parce 
qu'on  mange  alors  beaucoup  de  viande,  pour  fe 
dédommager  de  l'abftinence  où  l'on  doit  vivre  en- 
fuite.  Il  dit  en  conféqucnce  que  dans  la  baliè  lati- 
nité on  l'a  appelle  carnelevamen ,  carnifprivium  ;  & 
les  Efpagnols ,  carnes  tollendas. 
CARNE,  f.  f.  Angle  ou  pointe  folide  ,  compofée  de 
plufieurs  fuperficics  inclinées  l'une  vers  l'autre. 
Angulus.  Il  s'ell  bleifé contre  lucarne  de  cette  table, 
de  cette  cheminée,  de  cette  pierre. 
CARNE  ou  CARNA  ou  CARDINEA.  f  f.  Terme  de 
Mythologie.  Nom  d'une  Déeflê  révérée  chez  les 
Romains.  Carna.  Elle  préiîdoit  aux  gonds  des 
portes  ,  cardinibiis ,  comme  il  paroîr  par  le  VP 
Livre  des  Fa^es  d'Ovide  ,V.  ici  ,  &;  c'étoit  la  même 
qui  fe  nommoit  auffi  Cardinea ,  Voyez  ce  mot.  Elle 
efl:  aufli  nommée  Cardea  par  S.  Atigufliin  ;  mais  il  ne 
faut  pas  la  confondre ,  comme  on  fait  communé- 
ment, avec  Carda  ,  ou  Cardea  ,  autre  Déeffe.  Foye^ 
ces  mots.  Plufieurs  néanmoins  les  confondent,  & 
appellent  aufîî  Carna,  ou  Carne ,  la  Déeflê  qui  pré- 
fidoit  à  h  chair  Se  aux  parties  nobles  de  l'homme. 
C'eft  ainii  que  l'appelle  EfoîTiuSyde  Idol.  Lit,  IT,  cap. 
p.  47.  On  ne  lui  facrifioit  point  de  poiflbn  ;  on  ne  lui 
ofrroit  que  de  la  bouillie  fait;e  de  farine  de  fèves,  & 
du  lard.  Voye^^  Cardan,  &:  Vigénere  fur  Tite- 
Live ,  Tome  I,  p.  iï66 ,  où  il  dit  qu'elle  fut  d'abord 
'  appelée  crâne ,  ce  que  je  ne  trouve  point  ailleurs; 
que  ce  fut  une  Nymphe  qui  hantoit  les  forêts  &  les 
chaflês  ;  corrompant  tous  les  jeunes  gens  qui  s'adref- 
foicntà  elle-,  que  Janus  pour  récompenfe  lui  don- 
na le  privilège  d'ouvrir  &  fermer,  aufll-bien  que  lui , 
la  commettant  fur  les  gonds  des  portes,  qui  s'appel- 
lent en  Latin  cardines ,  dont  elle  avoir  pris  fa  fé- 
conde dénomination. 
CARNE,  f.  f.  Fille  d'Ebulus ,  fut  une  des  maîtrcfies 
de  Jupiter,   dont  elle  eut  Britomattis. 


Car        277 

CAilNÈ ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Fleurifte.  Qui  eft  de 
couleur  de  chair  vive.  Color  ad  nativam  corporis 
iutein  accedens.  Anémone  carnée.  Fleur  nuée  de 
carné.  La  plupart  de  mes  œillets  font  carnés.  Liger* 
CARNEA  GROSSA.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Ané- 
mone à  peluche ,  toute  de  couleur  de  chair  en  in- 
carnat ;  fa  peluche  eft  aflez  large,  Elle  a  été  élevée 
en  Italie.  Morin, 
CARNEALf.   Koyei  Crenfaô. 

CARNLEN     ou    CARNIEN.  f.    m.  Carniks ,   Car^ 
neus ,    K.âpii:a<; ,  en   grec.    Epithcte   que   les  Grecs 
donnoient  à  Apollon  ,  fans  qu'on  (ache  trop  pOur^ 
quoi  ;  Héiichius  dit  que  c'eft  peut-être  à  caufe  de 
Carnus,  fils  de  Jupiter  &  d'Europe,  (  voj^^  plus 
bas  Carniennes  &  Carnus  )    ou  félon  le  Scho- 
liatte  de  I  indare  ,  ««0  t«»  Kà^»«»,  ïva»  o-j ô/SaT-a.» ,  du 
mot  grec  Kà;;»»;,  qui  lignifie  brebis  ,  peut-être  par- 
ce qu'Apollon  ,   pendant    fon  exil  du  Ciel ,    eut 
foin  des  troupeaux  d'Admète.  Mais  après  tout  ce 
n'eft  qu'une  fable,  6v  peut  -  être  k«/>«,oç  ,  Camien^ 
ne  fignifie-t-il  dans    fon  origine   aurre  chofe   quç 
rayonnant,  de  l'hébreu  ou  du  phénicien  p,7  ,  Ke- 
ren  ,  corne  ,  qui  fe  dit  auifi  des  rayons ,  comme  il 
eft  clair  par  ceux  qui  fortoient  du  front  de  Moïfe. 
Cependant  le  fentiment  commun  ^  le  plus  pto- 
bable  eft  que  ce  fut  à  caufe  de  Carnus ,    ou   des 
fêtes  jCarniennes.  Voye:^  ces  mots. 
CARNEES,  f.  f.  pi.  Voyc7^  Carniennes. 
CARNEL.  f  m.  Vieux  mot,  qui  veut  dire  créneau. 

De  carnel ,  on  a  fait  carneau  ,  puis  créneau. 
CARNELE.  f.  f.  Bordure  d'efpèce  de  monnoie  paroif^ 
fant  autour  du  cordon  qui  ferme  la  légende.  Coiifpi- 
Clins  numnii  limbus  ,  eminsns  niimmi   margo. 
CARNELER,  v.   a.  Faire   la  carnèlc.  Nummum  fuo 

limbo  circumcinnere. 
CARNELE,  Terme  de  Blafon.  Linnatus. 
CARNER.  V.  n.  Terme  de  Fleurifte.    Prendre  une 
couleur  de   chair.  Tirer  fiu:  la   couleur   de    chair. 
Siibrubrum    colorem  indiiere.  Voilà  un    blanc    qui 
carne  trop.  Ligeb..  C'eft  un  défaut  dans  l'oeillet. 
Ce  terme  vient   de  caro ,  carnis  ,  chair. 
CARNES.  Terme  de  jeu  de  Tri élrac.  C'eft  la  même 
chofe  que  Carmes,  qui  eft  plus  ufité.  /^oye^cemot. 
On  écrit  au/H   Quarnes. 
CARNET,  f.  m.  Terme  de  Négoce.  C'eft  un  petit 
livre  que  tient  un  marchand  de  toutes  fes    dettes 
pailîves ,  &  du  jour  qu'elles  doivent  être  payées , 
qui  eft  un  exrrait  de  fon  livre  d'achat ,  afin  de  ne 
pxs  manquer  d'argent  dans    les  payemens,  &c  au 
temps  de  la  morte-vente.  Commentariolurn  exigendi 
fuis  temporitus  detiti ,  ou  codex. 
CARNIEN.  Voye^  Carneen. 

CARNIENNES.  adj.  f.  Terme  de  Mythologie  Les 
Fêtes  Carniennes.  Carnia  ,  carnea  ,  en  gicc  k«p.«;«. 
Sous  le  règne  de  Codrus  les  Héraclides  marchant 
dans  r^tolie  contre  les  Athéniens  d'Acarnanie , 
un  devin  nommé  Carnus  leur  apparut ,  &  leur  pré- 
dit ce  qui  leur  arriveroit.  Ils  le  prirent  pour  un 
Magicien  -,  &  Hippotès  l'un  d'eux,  fils  d'Aiès,  Je 
perça  d'une  flèche  &  le  tua.  La  pefte  fe  mit  auiTi- 
tôt  dans  leur  armée  -,  on  attribua  ce  malheur  à  la 
mort  du  devin  Acarnanien.  Hippotès  s'exila  :  on 
téfolut  d'appaifcr  Carnus ,  &  à  ce  deflêin  on  inlli- 
tua  les  fêtes  carniennes  à  l'honneur  d' Apollon  , 
lefquelles  fe  célébroient  chez  les  Lacédémoniens 
avec  quelques  cérémonies  militaires ,  parCe  qu'elles 
furent  inftituées  dans  un  camp.  Enfuite  pendant  la 
XXVP  Olympiade ,  on  y  ajouta  un  prix  de  Mufique. 
Paufanias,  Z,. ///.  Apollodore ,  I. //.  Eufebê ,  delà. 
Prépar.  Liv.  V ,  ch.  io. 
CARNIES.  f.  pi.  Carnia.  Jeux  inftirucs  en  l'hon- 
neur d'Apollon.  Athénée  en  parle.  C'eft  la  même 
chofe  que  carniennes  dont  on  vient  de  parler. 
CARNIFICATION.  f  f.  Terme  de  Médecine.  Chan- 
gement des  os  en  chair.  La  carnification  ,  eft  plus 
rare  que  l'ofTification  :  c'cft-à-dire  ,  qu'on  voit  bien 
plus  fouvent  la  chair  fe  convertir  en  os ,  que  ks  oî 


27B      .       CAR 

fc  changer  en  cluir.  M.  Petit  a  pourtant  fait  pli;- 
licurs  oblcrvations  lut  cette  dernière  converlion  ,  A 
laquelle  il  a  donné  le  nom  de  carnijicanon ,  qui 
a  été  adopte  par  tous  les  Médecins  fc  Chirurgiens, 
On  voit  dans  lliiiloire  de  l'Académie  des  Sciences 
de  1700  un  c:;cinple  d'une  carnifiduion  (i  géné- 
rale ,  qu'il  n'y  manquoit  que  les  dents.  Le  ra- 
moIii.Teinent  des  os  &:  leur  reHemblance  à  de  la 
chair  a  été  judicieulcmcnt  appelé  la  carnificauon 
des  os.  Mcrn.  de  Trcv.  Juin  iji6.  p.  iij^6, 
CARNIFIER.  (  fe  )  v.  récip.  Se  changer  &  Ce  con- 
vertir en  chair.  On  voit  quelquefois  les  os  fe  con- 
vertir en  chair  :  c'ell;  ce  que  les  Médecins  appel- 
lent y^  carnifier.  Que  la  chair  le  change  en  os, 
c:la  n'ell  pas  extraordinaire  ,  mais  qu'au  contraire 
des  os  deviennent  chair  &:  le  carnifient ,  le  cas  doit 
être  plus  rare.  Observ.Physiq.  tom.III  ,p.  338,  M. 
Petit  a  remarqué  que  fouvcnt  les  cartilages  qui 
touchent  les  os  carnifics  ,  ne  le  font  pas  eux-mêmes , 
quoiqu'ils  lérablent  plus  propres  à  cette  altéra- 
tion. 
gCF  CARNIOIDES.  Efpèce  de  pierre  graveleufe  & 
argiUeule ,  de  couleur  jaunâtre  ,  avec  une  future 
dans  le  milieu.  Elle  rcprélénte  le  crâne  humain. 
On  la  trouve  aux  environs  de  Balle. 
CARNIOLE.  Province  du  Cercle  d'Autriche ,  &  la 
partie  de  l'Allemagne  la  plus  méridionale.  Car- 
niola.  C'eft  la  part'ie  de  l'ancienne  Norique.  Elle 
eft  bornée  au  midi  par  la  Morlaquie,  ril1:rie ,  le 
Comté  de  Gorice  &  le  Frioul:au  couchant  par  la 
Carinthie ,  qui  avec  le  Comté  de  Cilley  la  con- 
fine aulfi  du  côté  du  Nord.  Elle  a  au  levant  la 
Croatie.  La  Save  traverfe  cette  Province  prelque 
dans  toute  fa  longueur.  La  Carniole  eft  dans  les 
Alp;s  Carniques  ou  Carniennes.  Elle  ne  laiilé  pas 
d'être  alTez  fertile  en  grains ,  en  vin  £c  en  huile. 
La  Carniole  a  dépendu  des  Ducs  de  Bavière  ,  elle 
palfa  cnfuite  aux  Marquis  de  Craimbourg  -,  leur  fa- 
mille s'étant  éteinte  ,  les  états  du  pays  le  donnè- 
rent dans  le  XV^  liccle  à  Frédéric  le  belliqueux , 
Duc  d'Autriche,  &  elle  fut  érigée  en  Duché  par 
Frédéric  IL  La  Capitale  de  la  Carniole  eft  Lau- 
bach, 

La  Carniole  fe  divife  en  haute  ,  balle  &  moyenne. 
La  haute  Carniole  eft  la  partie  occidentale  -,  la 
balle. eft  la  partie  méridionale  vers  les  confins  de 
l'Italie  &  de  la  Dalmatie',  la  moyenne,  qui  s'ap- 
pelle autrement  Windif-Marc  -,  c'eil-à-dirc,  la  Mar- 
che ou  Marquifat  deVindes  i  Carniola  média,  on 
Vindoriim  Marchia ,  eft  la  partie  orientale  de  la 
Carniole.  On  appelle  aulfi  Carniole  sèche  ,  ou  l'If 
trienne ,  Carniola Jicca  ,  ou  Ijlriana ,  la  partie  de 
riftrie  qui  eft  proche  des  montagnes  de  la  Vena 
&  du  Golphe  de  Carnero.  On  la  joint  à  la  Car- 
niole ,  parce  qu'elle  appartient  à  la  Mailbn  d'Au- 
triche ,  &  on  lui  donne  le  furnom  de  sèche ,  r. 
caufe  de  fa  fertilité.  Maty  Hoffman,  Nous  avons 
une  hiftoire  de  la  Carniole ,  depuis  le  commen- 
cement du  monde,  par  Jean-Louis  ,Shoenleben. 
Carniolia  antiqua  &  nova  ,  &c. 
fft  CARNIVORE,  adj.  Carnivorus.  Epithète  que 
l'on  donne  aux  animaux  qui  vivent  de  chair.  Alot 
compofé  de  caro,  carnis ,  chair,  Se  vo/'(zr<?,  man- 
ger ,  dévorer. 
CARNOK  ou  COMB,  f,  m.  Mefure  qui  fert  en  An- 
gleterre à  melurer  les  grains ,  graines  ,  légumes, 
CARNON.  C'eft  le  nom  d'une  forte  d'arme  ancienne 

des  François. 
CARNOSITE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Petite  ex- 
croifcence  de  chair,  tubercule,   ou  verrue  qui  le 
forme  dans  l'urerère  au  col  'de  la  veffie ,  dans  la 
vexge ,  &:  qui  bouche  le  conduit  de  l'urine,  ExcreJ- 
iens  in  veretro  tumor.  Les  carnofitcs  font  difficiles 
à  guérir.  On  ne  les  connoît  guère  que  par  la  fonde 
qui  eft  introduite  dans  ce    paifage ,  &  qui  trouve 
de  la  réiîftancc,  elle  vient  ordinairement  de  quel- 
que maladie  vénérienne  négligée  ou  mal  guérie, 
^O"  Lesfuccès  étonnans  des  bougies  inventées  par  M, 
;  :  Dar^n ,  &  perfedionnées  par  M.  Goulan  ,  Chirur- 


CAR 


gien  de  Montpellier  qui  a  écrit  fur  les  maladies  d& 
l'urethre  doivent  encourager  les  Chirurgiens  .\  ne 
fc  point  rebuter  par  les  difficultés  qui  fe  préfen- 
tent  dans  le  traitement  d'une  maladie  aulfi  dan- 
gcreufe, 

CÀRNUS,  f,  m.  Fameux  Poète  &:  Mulicien  >  fils  de 
Jupiter  &  d'Europe,  favori  ^3"  &;  prêtre  d'Apol- 
lon ,  fut  tué  par  les  Héraclides  pour  leur  avoi^ 
prédit  que  la  guerre  qu'ils  faifoient  aux  Athéniens 
leur  feroit  funefte.  Pour  venger  la  mort  de  fon  fa- 
vori ,  Apollon  les  affligea  de  la  pefte  qui  emporta 
une  partie  de  leur  armée.  Pour  appaifcr  ce  Dieu 
on  inftitua  les  fêtes  carniennes  en  fon  honneur  , 
&  il  acquit  par  là  le  furnom  de  Carnien. 

CARNUTES.  f.  m.  &:  pi.  Camutes.  Anciens  peuples 
de  la  Gaule  qui  habitoient  le  pays  Chartrain.  Célâr 
parle  des  Camutes  dans  le  Livre  VI  de  lés  Com- 
mentaires de  la  guerre  des  Gaules  ,  cA,  4 ,  &  il  dit 
qu'ils  étoient  fous  la  proted^ion  de  ceux  de  Reims. 
Les  Camutes  palfoient  pour  occuper  le  milieu  des 
Gaules,  Ils  s'étendoient  jufqu'au  pays  des  Ande- 
gaves  ,  &  à  celui  des  Turonois.  C'étoit  une  na- 
tion fort  étendue  entre  la  Seine  &  la  Loire.  On 
fit  plufieurs  adémblées  fecrètes ,  où  les  Carnutes 
proteftèrent  de  s'expofer  à  tout  pour  remertre  leur 
patrie  en  liberté. 

CAROBE,  f,  £  Poids  qui  pcfe  24  minutes,  Carobus. 
On  l'appelle  autrement  prime. 

Carobe.  C'eft  un  arbre  qui  s'appelle  autrement  ca- 
Touche.    Siliqua  edulis.  Voyez  Carouge, 

CAROBERT,  f,  m.  Nom  d'homme  ,  compofé  par 
abréviation  de  Charles ,  ou  Carolus  ,  &  de  Robert. 
Carohertus  ,  Carolus  Rotertus.  Carohert ,  Roi  de 
Hongrie ,  que  les  Hongrois  appellent  fimplement 
Charles  II ,  eft  celui  en  faveur  de  qui  les  plus  cé- 
lèbres Jurifconfultes  de  fon  temps  décidèrent  que 
le  fils  repréfentoit  fon  père  dans  la  fuccelfion  de 
fon  ayeul  à  la  couronne  ,  &  devoir  être  préféré  à 
l'oncle. 

CAROBES,  f.  f,  pi.  Sorte  de  fèves  qui  viennent  en 
abondance  dans  l'île  de  Chypre  -,  la  plupart  des 
habitans  s'en  nourrilTent. 

CAROCHE  ou  CAROCHA,  f.  f.  C'eft  le  rrom  que 
les  Efpagnols  &  les  Portugais  donnent  à  un  cer- 
tain bonnet  fait  en  forme  de  mitre ,  qui  n'eft  que 
de  carton  &  de  papier ,  où  l'on  voit  dépeints  des 
démons  au  milieu  des  flammes.  Ils  font  porter  ce 
bonnet  .à  ceux  que  le  Tribunal  de  l'Inquifition  a 
condamnes  à  la  morr.  On  voit  une  figure  de  caro- 
che  dans  l'hiftoire  de  l'Inquifition  de  Philippe  de 
Limborch. 

f)3"  CAROGNE.  f  f.  Terme  populaire ,  profcritparmi 
les  honnêtes  gens,  qu'on  applique  parinjureà  une 
femme  méchante  ou  débauchée,  C'eft  une  carogne , 
une  méchante  carogne,  C'eft  la  prononciation  pi- 
carde de  charogne. 

CAROLE.  Chorea ,  faltaiio.  Autrefois  ce  mot  étoit  en 
ufa<:e ,  il  fignifie  danfe. 

CAROLER,  V,  n,  Danlcr,  Poif.  de  Froifan. 

CAROLIN  ,  INE.  adj,  C'eft  l'épithète  que  l'on  donne 
aux  quatre  livres  qui  furent  compofés  par  l'ordre 
de  Charlemagne  ,  pour  réfiirer  le  II  Concile  de 
Nicée,  Libri  Carolini,  Ces  livres  Carolïns  contien- 
nent 1  zo  chefs  d'accufation  contre  le  Concile  de 
Nicée  •■,  &  ces  accufations  y  font  propolces  en  ter- 
mes très-atroces,  &;  très-injurieux, 

IJCF  L'Eglife  Gallicane  craignant  que  le  culte  qu'on 
rendoit  aux  images  ,  ne  dégénérât  en  fuperftition  , 
dans  un  temps  où  le  paganifme  fubfiftoit  encore 
en  quelques  endroits ,  tenoit  le  milieu  entre  les  Ico- 
noclaftes ,  qui  brifoient  les  Images ,  &  les  Catho- 

_  liqucs  d'Orient,  adverfaires  des  Iconoclaftes ,  qui 
leur  rcndoient  un  culte  folennel. 

|t3"  Le  II  Concile  de  Nicée  avoit  fait  plufieurs  décrets 
contre  les  Iconoclaftes  ,  qui  fiircnt  envoyés  mal 
traduirs  aux  Evêques  alTemblés  à  Francfort  pour 
le  même  fujet ,  'par  ordre  de  Charlemagne  :  ces  dé- 
crets mal  entendus  parurent  contenir  une  dodrine 
qui  tendgit    à  faire  rçndre  aux  images  un  culte 


C  AR 

approchant  de  celui  qu'on  rend  à  Dieu  môme  -,  delà 
les  livres  Carolins. 

Quelques  Auteurs  ont  douté  de  la  vérité  &  de 
l'antiquiic  de  ces  livres  ;  il  y  en  a  qïii  les  attri- 
buent à  Angilr.in,  Evcque  de  Mets  ;  d'autres  à  Al- 
cuin  -,  &  d'autres  difent  que  ce  lurent  les  Evoques 
de  France  qui  les  compoiercnr  ,  &  qui  y  mirent 
la  longue  préface  que  nous  y  voyons  vers  l'an  790. 
Crr  le  Pape  Adrien  ayant  envoyé  à  Charlernagnc 
les  Acics  du  lî  Concile  de  Nicée,,  il  les  fit  exa- 
miner par  les  Evêqucs,  &  ce  l'ut  la  réponfe  qu'ils 
y  firent.  Les  Livres  Carolins  furent  envoyés  au  Pape 
Adrien  environ  le  temps  du  Concile  de  Francfort, 
par  Angilbcrt  Abbé  de  Centule ,  &:  le  Pape  y  ré- 
pondit par  une  grande  lettre  adrelfee  à  Cliarlema- 
gne  ,  dans  laquelle  on  ne  peut  alfez  admirer  la  dou- 
ceur avec  laquelle  il  répond  à  un  écrit  (i  plein  d'em- 
portement &  de  mauvais  raifonnemens.?t3°  Milgré 
cela  on  perlifta  en  France  à  rejeter  les  décrets  qu'on 
n'entendoit  pas  ;  &  cette  oppofition  ne  celfa  que 
quand  on  eut  démêlé  la  véritable  penfée  des  Grecs , 
es.  réduit  à  leurjufte  fens  des  expreffions  qui  avoient 
paru  outrées.  Les  Livres  C.irolins  out  été  imprimes 
premièrement  par  M.  du  Tillct,  Evêque  de  Meaux  , 
îbus  le  nom  d'Eriphile  en  1549  avec  un  Concile 
de  Paris ,  iiir  un  ancien  manufcrit.  Hincmar  les 
cite. 

La  Bulle  d'or  s'appelle  aufTi  la  Bulle  CiroUne , 
parce  qu'elle  fut  faite  par  TEmpereur  Charles  V  en 
1^56'.  Georges  Bejer  a  imprimé  la  ConIHtution  Ca- 
roline  avec  des  fcholies ,  &  un  abrégé  du  droit 
criminel  félon  la  Conllitution  Caroline.  Jour,  des 
Sav.  C'eft  une  Ordonnance  qui  renouvelle  les  an- 
ciennes loix  pour  rinftruélion  &  la  décifion  des 
matières  criminelles  ,  &  qui  eft  fuivie  dans  tous 
les  Tribunaux  de  l'Empire.  Elle  a  été  imprimée  à 
Paris  en  i7;4.  On  dit  fubftantivemenr  IzCaroline. 

CAROLIN.  Foyei  Carlin. 

Carolin.  f.  m.  Monnoie  de  Suède.  Cirolinus.  Les 
Sénateurs  ont  tenu  une  aflemblée  dans  laquelle 
on  propofa  la  diminution  des  efpèces  de  cuivre  & 
des  Carolins.  Gaz.  i-7i\.  p.  ^5. 

CAROLINE.  Plante.  Voye^  Carline. 

■Caroline.  Contrée  de  l'Amérique  Septentrionale. 
Carolina.  C'eft  une  partie  de  la  Floride ,  qui  fe 
trouve  le  long  dc^^la  mer  du  Nord  entre  la  Vir- 
ginie &  la  prefqu'Ile  de 'Tegafla.  Elle  eil  comprhe 
entre  le  19^  &  le  5^=  degré  de  latitude.  Les  Fran- 
çois s'y  établirent  en  i5(>i ,  &  y  bâtirent  le  fort  de 
la  Caroline.  C'efl  pour  cela  qu'on  l'appelle  au/Ii 
Floride  françoife.  Les  Anglois  en  font  les  maîtres 
depuis  1660. 

Caroline.  1".  f.  Monnoie  d'argent  de  Suède, qui  vaut 
7  marcs  5c  demi ,  chaque  marc  valant  huit  rouf- 
tiques  ou  fx  doubles  au  folcil  ,  ce  qui  fait  vingt 
fols  de  Suède  ,  &  revient  environ  à  19  de  France, 
ou  à   I  ij  d'Hollande. 

CAROLUS.  f.  m.  Monnoie  hors  d'ufage  qui  valoir  il 
y  a  quelques  temps  dix  deniers.  Coroleus.  Elle  étoit 
marquée  d'un  K  ,  parce  qu'elle  fut  fabriquée  du 
temps  de  Charles  VIII  Roi  de  France ,  &  que  le 
K  étoit  la  première  lettre  de  Ion  nom.  Cette  mon- 
noie ne  paiTi  pas  le  règne  de  Charles  VIII.  Louis 
Xîl  la  décria.  Cependant  elle  fe  convertit ,  pour 
ainfî  dire,  en  monnoie  de  compte  •,  car  quoique 
nous  n'ayons  point  d'e'pèce  qui  vaille  10  deniers, 
on  fe  lért  encore  parmi  le  peuple  du  terme  de  Ka- 
Tolus  ,  pour  marquer  cette  fomme.  Le  Blanc.  Hen- 
ri III  refufa  de  donner  bataille  à  Charles  Duc  de 

.  Maïenne  pendant  la  Ligue,  parce  qu'il  ne  falloir 
pas  hafarder  un  double  Henri  contre  un  C^rro/wi'ji 
car  il  avoir  alors  avec  lui  le  Roi  de  Navarre 
qui  depuis  a  été  le  Roi  Henri  IV.  Il  y  a  eu  auffi 
des  pièces  d'or  d'Angleterre  valant  1 3  livres  15  fols, 
qu'on  appeloir  Carolns. 

On  dit  proverbialement ,  quand  on  veut  bien 
méprifer  une  chofe ,  qu'elle  ne  vaut  pas  un  ca- 
rolns. On  dit  d'un  homme  riche  ,  qu'il  a  bien  des 
carolus. 


C  A  Iv  27a 

CARON.  f.  m.  Terme  de  Charcutier.  Lardijegmeiu 
Ban'dc  de  lard  d'où  le  maigre  eft  ôté. 

CARONCULE,  f.  f.  Terme  d'Anatomic  ,  qui  propre-- 
ment  lignifie  petite  portion  de  chair,  Carumula , 
diminutif  de  caro.  Il  eft  fait  du  larm ,  qui  eft  un 
diminutif  de  caro  ,  chair.  On  donne  ce  nom  à  dit- 
férentes  parties  du  corps  humain.  La  caroncule  du 
coin  de  l'œil  eft  une  petite  cmincnce  qui  eft  au 
grand  coin  de  l'^Kil.  Bartholin  &  quelques  Ana- 
tomiftes  la  prennent  pour  une  glande  lacrymale , 
&  dilent  qu'elle  eft  placée  ilir  le  point  lacrymal 
pour  empêcher  que  nous  ne  pleurions  continuel- 
lement. Dionis  prétend  qu'ils  fe  tcompent  ;  que  c* 
n'eft  point  une  glande  Licrymale,  ma'is  feulemenc 
la  réunion  de  la  membrane  intérieure  des  pau- 
pières. ^fT  C'eft  une  petite  malfe  rougcâtre,  gre- 
nue &  oblongue,  fituée  entre  l'angle  internedes 
paupières  &  le  globe  de  l'œil. 

Les  caroncules  mammillaircs  ou  papillaires ,  cU' 
runculx  papillares  ou  m.immillares ,  font  de  petits 
corps  ou  parties  des  reins ,  ainfi  appelées  parce 
qu'elles  rcircmblent  au  mammelon.  Rondelet  pré- 
tend  les  avoir  trouvées  le  premier  ;  mais  c'eft  Car<- 
pi.  Elles  ont  la  forme  des  glandes  &;  font  plus 
dures,  &  moins  rouges  que  fa  chair.  Elles  ont  la 
gtodéur  d'un  pois ,  mais  elles  font  un  peu  plus 
larges  par  enhaut ,  &  plus  étroites  par  enbas  ,  avan- 
çant un  peu  en  pointe  à  l'endroit  où  elles  font 
percées ,  pour  laiiier  tomber  l'urine  dans  lebalïinet. 
Quelques-uns  appellent  caroncules  cuticulaires , 
carunculx.  cuticulaires ,  ce  qu'on  appelle  commu- 
nément nymphe.   J^oye:^  ce  mot. 

Les  caroncules  myrtiformcs  ,  cdruncula  myrti- 
formes  ,  font  quatre  petites  éminences  charnues  , 
qui  font  dans  la  foflè  naviculaire ,  limées  de  ma- 
nière que  chacune  occupe  un  angle ,  &  qu'elles  for- 
ment toutes  enfembles  un  carré.  On  les  appelle  myr- 
tiformcs,  parce  qu'elles  reflemblent  à  des  baies  de 
myrte.  Carunculx  myrtea  on  myrtiformcs.  Elles  l'ont 
fituées  dans  les  parties  naturelles  des  femmes ,  alFez 
près  de  l'entrée  •■,  elles  font  rougeâtres ,  fermes  &: 
relevées  dans  les  vierges  ,&  elles  font  jointes  l'une 
à  l'autre  par  leurs  parties  latérales  ,  par  le  moyen 
de  quelques  petites  membranes.  Dans  les  femmes 
&  fur-tout  dans  celles  qui  ont  eu  des  enfans ,  elles 
font  feparées  les  unes  des  antres.  Ces  caroncules  ne 
font  que  des  rides  ôc  des  inégalités  du  vairon  ;  ce 
qui  en  rend  l'entrée  plus  étroite. 

(^  Quelques-uns  prétendent  avec  plus  de  vraifcm- 
blance  que  c'eft  le  coït  qui  leur  donne  naiifince  , 
Se  qu'elles  ne  font  autre  chofe  que  des  portions 
de  la  membrane  même  de  l'hymen  déchitée  ,  qui 
lé  font  retirées.  Ces  caroncules  feroient  donc  une 
preuve  de  la  déHorarion.  Mais  l'exiftence  de  l'hy- 
men eft-elle  bien  conftatéeî  Voye:^  Hymen. 

CAROPHYLOIDE.  f  f.  Pierre  figurée  qui  repréfente 
le  clou  de  giroftle.  Elle  eft  de  la  nature  du  Talc  iSc  a 
la  foriTie  d'une  cloche  s  on  y  voit  au-defllis  une 
étoile  à  plulîeurs  rayons. 

CAROS.    y-oye:^   Carus. 

CAROSSIER.  f.  m.  Arbre  qui  croît  en  Afrique,  en 
Guinée ,  au  royaume  ti'IUiny.  C'eft  une  cfpèce  de 
Palmier.  Il  porte  un  fruit  qu'on  nomme  carolfe , 
qui  eft  gros  comme  une  prune  ,  &  qui  n'cft 
prefque  qu'une  peau  collée  fur  un  noyau.  Ces  peuples 
le  concaiTent  ,  le  bralîént ,  &  en  font  leur  roro. 
Voye:^  ToRO. 

CAROTER.  Voyex  Carotter. 

CAROTIDAL  ,  ALE.  adj.  Terme  d'Anatomic.  Qui 
a  rapport  aux  carotides.  Carotidalls  ,e.  Le  conduit 
carotidal.  Winslow.  Le  canal  carotidal  de  l'os 
pierreux.  Idem. 

CAROTIDE  f,  f.  Terme  d'Anatomic.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  à  deux  artères  du  cou  ,  qui  portent 
le  fang  au  cerveau ,  ic  qui  montent  le  long  des 
côtés  Ac  la  trachée  artère,  avec  la  veine  jugulaire 
interne.  Il  y  en  a  une  de  chaque  côté.  Carotides 
vena:.  La  droite  vient  du  rameau  droit  fouclavier  ; 
&:  la  gauche  de  l'artère  aorte  immédiatement.  Les 


28o 


CAR 


Anciens  mettoicnt  le  (icfre  de  l'aflbupilTl'inent  dans 
ces   artères ,  d'où   vient  qu'ils  leur  ont  donne  ce 
•    nom-,   r.xpc  ,  étant  un  mot  grec  qui  (ignihe  alibu- 
piiicment.    Par  la   même  railbn  on  les  a  appelées 
à:/i:zrs;iijt/es  &:  apoplcclljues. 
gCr  CAROTIQUE.  1".  m.  Terme  d'Anatomie.  Trou 
de  l'ûs  temporal  qui  donne  pallage  à  l'artère  caro- 
tide. AcAD.  Fr. 
Cap-otique.  (.&c^à].Carotictis  ,  caro  afl-ciii s.  Terme 
de    Chirurgie.  Dcgori  s'eft   iérvi  de  ce  mot  pour 
liçrnifier  ceux  qui  ont  le  carus ,  quand  il  dit ,  on  a 
beau  piquer  les  caroùques  ,  ils  ne  s'éveillent  point , 
&  ils  ne  répondent  point.  De  la  maniète  que   ce 
mot  efl:  formé ,  il  paraît  qu'on  pouroit  le  dire  de 
tout  ce  qui  a  rapport  au  carus-,  par  exemple,  af- 
fcdion  CJ.rotiquc  ,  l'ymptôme  cirotique  ,  &c.  Mais 
ce  m.ot  n'eft  point  ulité. 
CAROTTE,  f.  f.  Daucus  fativus.  PajUnaca  fativa, 
tcnui  folio.   Carota.   Plante   ombcUitére,  cont  la 
racine  eft  un  pivot  long  d'un  pied,  rarement  bran- 
cha ,  qui  donne  peu  de''  fibres;  caliant  ,   charnu, 
fucculent,  doux  &  aromatique  au    goût  -,    tantôt 
rouge  ,  tantôt  d'une   couleur   de   pourpre  foncé , 
tantôt  jaune  ,  &:  tantôt   blanc  -,  épais  à  Ton  collet 
d'environ  un   pouce   &  demi ,  d'où   Ibrtent  phi- 
ficurs  feuilles  dilpofécs  en  rond ,  longues  de  huit 
à  neuf  pouces  ,  découpées  en  plufieurs  fegmens  qui 
font  encore    fubdivifés    en   une    infinité    d'autres 
étroits  &  longs.  Elles  font   vertes ,  velues ,  &  d'une 
odeur  aromatique.  La  tige ,  qui  s'élève  du  milieu 
de  fes  feuilles,  eft  haute  de  quatre  à  cinq  pieds, 
branchue ,  &  garnie  de  feuilles  alternes  ,  pareilles 
à  celles  du  bas ,  mais  plus  petites.  Elle  eft  creufc , 
cannelée ,  velue  ,  &   terminée ,  audi-bien  que  f:s 
branches ,  par  des  ombelles ,  garnies  à  leurs^  naif- 
fanccs  de  plufieurs  brins  de  feuilles  découpées  en 
lanières    longues   &  étroites.    Ces    ombelles    font 
compofées  de  fleurs  à  cinq  pétales,  blanches,  iné- 
gales,  cchancrées ,  &  difpofces  en  tleur-de-lis   de 
France,  Le  calice  qui  ibutienr  la  fleur,  devient  un 
ftuit  gros  comme  le  grain  d'anis ,  fermé  par  deux 
femences  aplaties  par  l'endroit  qu'elles  le  touchent , 
prefque  ovales ,  arrondies  fur  leurs  dos ,  cannelées , 
&  garnies  de  poils  courts  &  blanchâtres ,  rangés 
en  manière  de  fils.  On  mange  les  racines  de  carotte. 
On  les  fait  cuire  dans    l'eau  ,  &   enfuite    on    les 
apprête  avec  le  beurre  ,  le   poivre ,  le   fel   &   un 
peu  de  vinaigre.  On  les  met  auili  dans  la  fbupe. 
Ses  femencesVont    diurériques.  On   appelle    dans 
quelques  provinces  du  Royaume  carotte  la  beté- 
rave  ;  &  pour  la  carotte  on  la  nomme  Paftenade. 
Carotte  fe  prend  fouvent  pour  la  racine  de  la  plante 

de  carotte. 
fK?  On  feme  les  giaines  de  carottes  au  mois  d'A- 
vril ou  de  Mai  fur  planches.  On   les    cclaircir  s'il 
eft  néceflaire.  Pour  les  avancer ,  on  coupe  les  mon- 
tans  a  la  mi-aout ,  à  un  demi-pied  de  terre. 

On  dit  proverbialement  de  ceux  qui  font  mau- 
vaife  chère  ,  qu'ils  ne  mangent  que  des  carottes. 
On  appelle  une  carotte  de  tabac  ou  du  tabac  en 
carotte ,  celui  qui  eft  configuré  comme  la  racine 
de  la  plante  qui  porte  ce  nom.  Pour  faire  du  ta- 
bac en  carotte .,  on  a'iemble  50,  60,  80  ,  ou  cent 
feuilles  de  tabac ,  félon  que  l'on  veut  les  carottes 
grolfes  ou  menues ,  dont  on  fait  une  botte  que 
l'on  prefle  avec  une  corde,  depuis  un  bout  jufqu'à 
l'autre,  mais  en  commençant  par  le  milieu.  Comme 
les  feuilles  font  beaucoup  plus  larges  par  le  mi- 
lieu que  par  les  deux  bouts ,  le  milieu  de  cette 
botte  fe  tient  toujours  plus  gros ,  &:  va  toujours 
en  diminuant  du  côté  des  bouts.  Quand  cela  a 
fcjourné  quelque  temps ,  on  en  ôte  la  corde  ,  & 
l'on  couvre  cette  figure  de  navette  de  papier  or- 
dinairement marbré',  que  l'on  colle  deifus  ,  de 
peur  que  le  tabac  ne  s'éfeuille  à  la  poche  -,  &  en 
coupant  ce  tabac  par  le  milieu ,  chaque  bout  pro- 
duit une  carotte  de  tabac  ,  parce  qu'il  eft  fair  comme 
la  racine  de  la  carotte. 
CAROTTER,  v.  n.  Terine  de  jeu.  Jouer  mefquine- 


C  A  Pv 

ment ,  ne  hazr.rder  que   peu.  C'cft  à-peu-prcs  la 
m.cme  choie  que  Carabiner. 
CAROTTIER  ,  1ERE.  f.  m.  &  f.  C'eft  ainfi   qu'on 
appelle  au  jeu  un  homme  ou  une  femme  qui  joue 
timidement  ,  &:  qui  rifque  peu  à  la  fois. 
§a°  CAROU.  Province  d'Airique  dans  la  Nigritie , 
au  royaume  de  Folgia.  Les  Carous  fe  font  cniuite 
empares   du  royaume  de  Quoja. 
|p=  CAROUBE,  f.  m.  Fruit  du    Caroubier.   Foye^ 

l'article  fuivant. 
CAROUBIER.    1".  m.   Siliqua  ,  Ceratia,  Ceratonia. 
Arbre  d'une  moyenne  grandeur,  branchu,  &  garni 
de  feuilles  arrondies ,  d'un  pouce  ou  deux  de  dia- 
mètre ,  épailfes ,  fermes ,  liflés ,  glabres ,  d'un  vert 
foncé  en-deifus,  plus  pâle  en-delfous  ;  portées  fur 
des  queues  rrès-courtes  ,  &  rangées   liir  une  côte. 
Ses  fleurs  font  de  petites  grappes  rouges,  chargées 
d'ctamines  jaunâtres.    Ses  fruits   lont   des  goulfes 
plates ,  longues  depuis  demi-pied  jufqu'à  quatorze 
pouces  fur  un  pouce  &  demi  de  largeur.  Elles  font 
brunes  en-de(fous ,  courbées  quelquefois ,  compo- 
Çcd^   de    deux    colles  ,    qui  Ibnt  fcpatées  par  des 
membranes  en  plufieurs  loges  ,  où  font  contenues 
des  femences  plates,  approchantes  de  celles  delà 
cafié.  Ces  colles  font  remplies  dans  leur  fubftance 
d'un  fac  mielleux,  douçâtre,  qui  ne  s'éloigne  pas  beau- 
coup de  celui  de  la  moelle  de  caife.  Cette  moelle  lâ- 
che le  ventre  de  même  que  la  cafle.  On  les  mange  en 
Provence  ,  où  on  les  apporte  des  environs  de  Nice. 
Le  Caroubier  eft  commun  en  Italie ,  fur-tout  près  de 
Naplcs. 
CAROUGE.  f.m.  Siliqua.  Il  fe  prend  ordinairement 
pour  le  firuit  du  caroubier.  On  difoit  autrefois  car- 
relé ;  on  dit  encore  caroube  en  Languedoc. 
fÇj-  CARPA.  Ville  de  l'Inde  de  de-là  le  Gange ,  au 

royaume  de  Brama,  fur  la  rivière  de  Pegu. 
CARPÂSE.Le  mont  Carpdje.  Montagne  des  Alpes,  à 
quatre  lieues  environ  de  Suze.  Carpafius  mons.  Il 
eft  voifin  du  mont  Epicare. 
CARPASUM.  f.  m.  Plante  dont  le  jus  endort  ,  & 
ctouiie    incontinent  celui  qui  en    boit.  Curpajus. 
Les  remèdes  contre  certe  Ibrte  de  poilbn  ibnt  iêm- 
blables  à  ceux    dont   on  fe  fert  contre  la  ciguë. 
Diofcoride   n'en    dit   pas   autre    chofe  ,   de  force 
qu'on  ne  fait  aujourd'hui  de  quelle  plante  il  a  voulu 
parler. 
CARPE,  f.  £  Poiffon  d'eau  douce  fort  commun ,  qui 
a  des  écailles  aiîéz  larges  &  jaunes,  le  ventre  blan- 
châtre ,  &   le   dos   brun  ;   qui    vit  d'herbe   ou  de 
limon.  La  carpe  aime  les  eaux  bourbeufes ,  &  en 
trois  ans  devienr  grande  d'un   pied    entre  œil    Se 
fourche  ,  ou  entre  œil  &  bat.  WiUougbi  dans  fon 
Hijtoire  des   Poi(fons  ,   fait  mention    d'une  carpe 
qui  a  vécu  cent  ans.  La  carpe  laitce  eft  le  maie, 
&  l'œuvée  la  femelle.  ^C?  Les  œufs  de  carpe  for- 
ment deux  paquets,  un  de  chaque  côté  de  l'abdo- 
men. Ils  font  adhérens  les  uns  aux  autres  ,  revêrus 
d'une  membrane  très-fine  &c  tranfparente.  M.  Petit 
a  trouvé  qiVune  carpe  de   18  pouces  de  longueur, 
compris  la  tête  &  la  queue,  avoir  541144  œufs. 
0CF  La  laite,  qu'on  nomme  aufEi  laitance,  eft  une 
partie ,  dans  les  carpes  mâles ,  compofce  de  deux 
corps  blancs  très-irréguliers.  Ce  font  les  tefticules 
dans  lefquels  fe  filtre  la  femence. 
(fr  M.  Morand  fit  voir  à  l'académie  des  fciences  en 
1757  les   parties  intérieures  d'une  grofTe  carpe  où 
l'on  voyoit  diftindement  d'un  côté  les  œufs,  & 
de  l'autre  la   laite.  Elis  étoit  donc  hermaphrodire. 
On   obferve    quelquefois  la  même  chofe  dans  le 
brochet ,  &  fouvent  dans  le  merlan. 
|t?  La  vclicule  que  l'on  trouve  dans  la  trar/^e  &  dans 
la  plupart  des  auues  poilTons,  vejicula  pneitm.itica 
ou  inricalus  natatorius  ,  lélon  qu'elle  eft  plus  ou 


tacilcment  vers  la  fupi 
cer  plus  ou  moins  dans  l'eau.  La  Idins^ne  àe  carpe 
eft  la  chair  qui  forme  fon  palais,  qu'on  nomme 

ainâ 


CAR 


V 

tnnCi  improptcinént  ,  car   en  effet  elle  n'a  point 
de  langue. 

Ménage  dérive  ce  met  de  carpa  ,  latin ,  qui  (e 
trouve  en  cette  (igniiication  dans  Ca/Iiodore.  Ou 
croiroit  peut-être  à  caufe  de  la  reffemblance  des 
noms,  que  ce  mot  vient  du  latin  carpio -,  qui  eft 
im  poifiba  qu'on  pêche  dans  un  lac  d'Italie-,  mais  il  eft 
tout  différent.  Les  Grecs  appellentla  carpe,  Kv^rpiva; 
les  Latins  cyprinus. 

On  appelle  le  faut  de  la  carpe ,  le  faut  que  font 
les  Baladins  j  après  avoir  plié  tout  le  corps ,  &c  joint 
la  tête  à  leurs  pieds.  La  carpe  en  fait  un  pareil 
pour  fe  Tauver  des  filets  quand  on  la  tire  de  l'eaui 
Cyprini  fakus. 

On  dit  d'une  perlbnne  qu'elle  fait  la  carpe 
pâmée ,  pour  dire  qu'elle  feint  de  (e  trouver  mal, 
II  eft  familier. 

On  dit  en  termes  de  Jardinage  ,  mettre  de  la 
Terre  en  dos  de  carpe  ,  ce  qu'on  obCerve  ordinai- 
rement dans  les  plate-bandes  des  parterres ,  ou  dans 
les  découpés ,  à  defîein  d'y  planter  des  fleurs.  Li- 
GER.  C'eft  rélever  en  forte  qu'elle  reffemble  à  un 
dos  de  carpe.  In  dorfurn  acutiim  critère ,  in  dorfi 
crepldinem  j'iiirrigere. 
Garpf.  f.  m.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  fignifîe  le  poi- 
gnet ou  la  partie  qui  eft  entre  le  bras  &  la  paume 
rie  la  main.  Carpfimus.  Il  eft  compoie  de  huit  os , 
dfftribués  en  deux  rangs ,  dont  celui  de  derrière 
ieft  joint  aux  deux  fociles  par  des  cartilages  &  li- 
gamens ,  &  celui  de  devant  aux  quatre  os  du  mé- 
tacarpe. Les  Médecins  Arabes  l'appellent  rafette.  Les 

Grecs    KcpTràr. 

CARPEAU.  f.  m.  Petite  carpe.  Cyprinus  minor. 

Un  carpeau  ,  qui  n'étoit  encore  que  fretin  , 
Fut  pris  par  un  pécheur  au  bord  d'une  rivière. 

La  Font. 

CARPÈE.  f.  fi  Carpcsa  ^  du  grec  Knçvarsc.  C'étoit  une 
efpèce  de  darife ,  ou  d'exercice  militaire ,  en  ufagc 
chez  les  yEnianes  &  les  Magnéliens.  J'ai  dit ,  & 
d'exercice  militaire ,  car  la  carpée  confîftoit  en  ce 
que  deux  hommes  armés  contrefaifoient  l'un  un 
laboulreur ,  &;  l'autre  un  voleur.  Le  laboureur  met- 
tant bas  fes  armes  femoit ,  ou  faiibit  femblant  de 
femer ,  puis  ptenoit  les  baffins  de  fa  charrue  ,  & 
labouroit  fon  champ ,  regardant  fans  ceffc  de  tous 
côtés  en  homme  inquiet ,  &  qui  craint  d'être  fur- 
pris.  Le  voleur  en  effet  paroiflbit  ■■,  le  laboureur 
alors  quittoit  fa  charrue ,  prenoit  tes  armes  ,  & 
combattoit  pour  défendre  fes  bœufs,  Tour  cela 
ie  faifoit  au  fbn  de  la  flûte  &  en  cadence.  Tantôt 
lelaboureur,  &  rantôt  le  voleur  étoit  vaincu.  Quand 
le  voleur  vainquoit ,  il  emmcnoit  les  boeufs  du  la- 
boureur. Xénophon  parle  de  la  carpée  dans  le  Fe/iin 
de  Seutas  le  Thrace.  Voyez  aufll  Scaliger  le  père , 
Poet.  L.  I,  c.  1 8.  C'étoit  apparemment  un  exercice 
inftituc  pour  apprendre  &  pour  accoutumer  les 
payfans  à  fe  défendre  contre  les  incurfions  des  bri- 
gands ,  ou  de  l'ennemi ,  comme  on  tire  l'oifeau  en 
France  ,  pour  accoutumer  le  peuple  aux  exercices 
de  guerre. 

|cr  CAPvPENTERIE  ou  CARPENTER  -  LAND. 
Grand  pays  d'Afie  ,  au  midi  de  la  nouvelle  Gui- 
née &  dans  la  nouvelle  Hollande ,  découvert  par 
Carpenter,  HoUandois ,  qui  lui  a  donné  fon  nom. 
Les  relations  hoUandoifes  ne  difent  rien  de  par- 
ticulier de  ce  pays. 

CARP ENTRAS.  Carpentoracle  Meminorum  ou  Mi- 
mennrum.  Ville  de  Provence  ,  capitale  du  comté 
Vénaiffin  ,  fituée  fur  la  rivière  de  Ruffe.  Elle  ap- 
partient au  Saint  Siège.  L'Evêque  de  Carpentras 
eft  filffragant  d'Avignon.  Quelques-uns  croient  que 
c'eft  l'ancien  Forum  Neronis.  Pline  l'appelle  Car- 
pentoracle ,  L  .  /// ,  C.  4.  Deux  anciennes  Notices 
l'appellent  Civitas  Carpentotaclenjium.  Voyez  Va- 
lois ,  Not.  Gall. 

|3"  CARPENTUM.  Efpèce  de  char  à  deux  roues  , 
rarement  à  quatre  ,  trainé   par  des  mules ,  fervant 
à  plufieurs  ufages  chez  les  Romains,  l'oyer^  Char, 
Tome  II, 


CAR  à8i 

éARPESIUM,  f.  m.  Platite  dont  Gallien  fait  men- 
tion, mais  d'une  telle  manière  qu'on  ne  fait  .1  pré- 
fent  ce  qu'elle  eft.  Quelques  Botaniftes  croient  que 
le  carpejium  de  Gallien  eft  le  poivre  d'Eriiiopie  ,  &c 
d'autres  les  cubèbcs  \  mais  ni  les  uns  ni  les  autres 
ne  font  fiiivis. 
CARPETTE,  f.  f.  Carpita.  C'eft  le  nom  que  les  Car- 
mes donnoient  auttefois  à  leur  chappe ,  comme  il 
paroît  par  une  Ordonnance  d'un  Chapitre  tenu  à 
Londres  l'an  izSi.  Frater  profepis  haheat  unam- 
carpitam  ,.  non  d-e  petiis  conjinam  ,  jed  contextam  ; 
&  habeat  feptem  radios  tantùm. ,  ut  jimus   unifor- 
mes. Il  s'en  fuit  de-là    que  ces    carpettes   étoient 
barrées  en  pal ,  dit  le  P.  Hélyot,  Qu'elles  fuffent 
barrées  en  pal  ou  autrement ,  cela  ne  fe  voit  point 
par  ces  paroles  -,  mais   feulement    qu'elles  étoienc 
barrées  ou  rayées ,  ainfi  que   tous   les    habits   des 
premiers  Carmes,  qui  pour,  cela  furent  appelés  erl 
France  les  Frères  Barrés. 
Carpettes,  f.  f.  Ce  font  de  gtos  draps  rayés ,  qu'on  ap- 
pelle autrement  tapis  à  emballer.  Panntis  crafjiur  & 
virgatiis. 
IP"  CARPL  Ville  d'Italie  en    Lombardie ,  à  qua- 
tre milles  de  Corrégio.  Elle  appartient  au  Duc  de 
Modène. 
IP"  II  y  a  une  autre  ville  de  même  nom  en  Italie , 
fur  l'Àdige ,  au-deffous  de  Porto,  Celle-ci   appar- 
tient aux  Vénitiens. 
gCF  CARPIÈRE.  f.  f.  Vieux  mot.  Réfervoir  où  l'on 

met  des  carpes. 
CARPILLON.  f;  m.  Diminutif,  très-petite  carpe.  C'ell 
encore  moins  que  carpeaur 

Le  pauvre  carpillon  lui  dit  en  fa  manière  : 

Que  fere^-vous  de  moi  ?  La  FonTainh^ 

CARPIN.  f.  m.  Plante  que  Matthiole  dit  être  fort 
connue  en  Italie  ,  &  qui  a  des  feuilles  preicjue 
femblables  à  l'orme ,  mais  plus  minces.  Elle  croît 
dans  les  forêts  entre  les  chênes,  &:  d'autres  arbres 
fauvages.  Son  tronc  eft  haut,  couvert  d'une  écorce 
blanchâtre ,  &  un  peu  tude  &  âpre.  Elle  jette 
quantité  de  branches.  Ses  fleurs  font  de  forme 
triangulaire  j  &  du  milieu  fortent  de  petites  têtes 
comme  de  pois  chiches ,  où  la  graine  eft  contenue. 
Les  racines  de  cette  plante  font  fermes  &  grofîês ,  &: 
fbn  bois  eft  blanc,  fblide  &  vifqueux. 

?fT  CARPIO.  Petite  ville  d'Efpagne ,  dans  l'Anda- 
loufie  ,  fur  le  Guadalquivir  ,  entre  Gordoue  Sc 
Anduxar. 

Ip"  CARPOBALSAMUM.  f.  m.  ïvfot  emprunté  diî 
latin  ,  pour  exprimer  le  fruit  de  l'atbre  qui  pro-» 
duit  le  baume  de  Judée.  Ce  fruit  eft  fort  fembla- 
blc  en  groffenr,  en  figure  &  en  couleur,  à  celui 
du  térébinthe.  Il  eft  attaché  à  la  plante  par  un 
petit  calice ,  &C  couvert  d'une  petite  membrane  de 
couleur  rougeâtre ,  ayant  au-dedans  d'autres  tuni- 
ques plus  épaiifes ,  fous  lefquelles  eft  contenue  fa 
femence  pleine  d'un  fuc  jaune  &  mielleux  ,  donc 
le  goiit  eft  un  peii  àiner  &  âpre  ,  &  l'odeur  agréa- 
ble ,  approchant  de  celle  du  baume.  Il  eft  fore 
rare  i  &:  comme  on  doute  fî  ce  qu'on  vend  dans 
les  boutiques  fous  le  nom  de  carpobalfamum,c{t 
le  même  que  celui  des  Anciens ,  n'ayant  pas  les 
mêmes  marques ,  on  a  accoutumé  de  lui  fubftituec 
les  cubèbes ,  qui  ont  les   mêmes  qualités. 

Ce  mot  vient  de  deux  mots  gtecs  ,  xxfvoi ,  fruit  i 
&  p,é>.Ta.u.ùv ,  baume. 

CARPOCRATIENS.  Anciens  hérétiques  qui  tirent 
leur  nom  de  Carpocrate  ,  Auteur  d'une  branche 
de  Gnoftiques  ,  fous  l'Empereur  Adrien,  c'eft-à- 
dire  ,  au  fécond  fiècle  de  l'Eglife.  Carpocrate  ,  die 
S.Epiphane,  Hœr.  z^.  Chef  d'une  nouvelle  feéle, 
&  dont  les  mœurs  étoient  fort  corrompues ,  a  fait 
comme  revivre  les  erreurs  de  Simon  le  Magicien  > 
de  Ménandrc,  de  Saturnin  &  des  autres  Gnofti- 
ques. Il  reconnoirtbit  avec  eux  un  feul  principe  ^ 
père  de  toutes  chofes,  dont  le  nom  étoit  inconnu 
auffi-bien  aue  la  nature.  Le  monde  ,  félon  lui  3 
avoir  été  fait  par  les  Anges ,  fort  inférieius  en  di- 

N  n 


2,82 


CAR 


gnité  à  ce  premier  principe.  Il  étoit  entièrement 
oppolc  à  la  Divinité   de  J.  C.  voulant    qu'il   tut 
né  à  la  manière  des  autres  hommes  ,  &c  qu'il  n'eut 
aucun  avantage  far  eux  par  lanaillance,  liccn'elt 
qu'il  avoir  eu  une  ame  plus  parfaite  ,  qui   avoit 
reçu  du  premier  principe  de  très-grands  dons ,  qui 
l'avoicnt  élevé  au-dellus  des  autres  créatures.  Euiebe , 
Liy.  IF  de  fon  Hifi.  ch.  7  ,  le  fait   contemporam 
de  Bafilide, après  S.  Irénce.  Il  enfeignoit  la  corn- 
munauté  des  femmes,  ic  prétendoit  que  les  âmes 
ne  pouvoient  être  purifiées,  qu'elles  n'euflent  au- 
paravant commis  toutes  fortes  d'abominations.  Ce- 
toit  ,  félon  lui ,  une  condition  nécellaire  pour  la 
perfedion.  AuHl  la  vie  des  Carpocratiens  croit  li 
infâme  ,  que   les  Païens  ,  qui  ne  diftinguoient  pas 
allez  les  anciens  Hérétiques   d'avec  les    véritables 
Chrétiens ,  prirenr  de-là  occafion  de  parler  des  Chré- 
tiens comme  de  gens  abandonnés  à  toutes  fortes  d'im- 
puretés. Carpocrate  eut  un  fils  nommé  Epiphanc , 
héritier   de    fcs   extravagances-,  &c   Cérinthe   pour 
difciplc.  Voyei  S.  Irénéc ,  Liv.I,  ch.  Z4.Terrull. 
De  Prtzfcnpt.  c.  48.  Clem.  d'Alex.  5rroOT.  L/v. ///. 
Eufebe  ,  Liv,  IF ,  ch.  8  -,  &  principalement  S.Epi- 
phane  ,  Hcsr.  27  ,  où  il  parle  fort  au  long  des  Car- 
pocratiens. Voyez  encore  Danxus ,  &  Clirift.  Lu- 
pus ,  llir  Tertullien. 
CARPOT.  f.  m.  Vieux  terme  de  Coutume.  Juscar- 
peniï  partent.  Nom  d'un  impôt  qui  fe  levoit  au- 
trefois fur  le  vin.  Carpot  eft  auffi  la  part  de  ven- 
dange du  propriétaire  d'une  vigne ,  qui  en  parta- 
ge les  fruits   avec  fon  vigneron.  Portio  ou  pars 
capienda. 
ffT  CARQUEBAS.  Foyei  Cale-Bas. 
CARQUÈSE.  f.  m.  Terme  de  Verrerie.  Four  de  frite. 
C'efl:  un  four  féparé  du  four  de  la  Verrerie  ,  dans  le- 
quel on  fait  cuire  les  pors  avanr  que  de  les  mettre 
dans  le  four  de  la  Verrerie. 
CARQUOIS,  i'.  m.  Etui  à  flèches ,  qu'on  porte  fur  l'e- 
paule.    Pharetra.  On  peint  Cupidon  avec  un  arc  & 
un  carquois,  5c  Diane  pareillement. 

Tout  ejl  myjîère  dans  l'amour  , 
Ses  flèches  ,fon  cyrc\uo\s,  fon  flambeau  ,Jon  enfance  ; 
Ce  n'efi  pas  l'ouvrage  d'un  jour  , 
Qiie  d'épuifer  cette  fcience.  La  Font. 

Ménage ,  après  Lipfe  ,  tient  que  ce  mot  vient  de 
l'allemand  kcecher  ,  fignifiant  la  même  chofe.  Du 
Cange  le  dérive  de  carcaiff'um  ,^  mot  de  la  bafle 
latinité  ,    qu'on  a  dit  dans  le  même  fens. 


CARRAQUON. 
CARRAQUE. 


C  CARAQUON. 
^"y^l     l     CARAQUE. 


CARRARA.  Lieu  près  de  Gènes  où  fe  tire  le  plus 
beau  marbre.  Vie  de  S.  Fiacre  ,  Liv,  III  , 
p.  iii. 

^  CARRARE,  f.  m.  Ceft  le  nom  qu'on  donne  au 
beau  marbre  qu'on  tire  du  lieu  dont  on  vient  de 
parler. 

CARRAS,  f.  m.  pi.  On  nomme  ainfi  en  Languedoc 
les  bois  de  fapin  qui  font  débités  comme  nos  bois 
carrés. 

|tj-  CARRAVERIA  ou  BOOR  CASTORO ,  an- 
ciennement BERRHOCA.  Ville  archiépifcopale  de 
Turquie  en  Europe  ,  dans  la  Macédoine.  Ceft  le 
Beroée  des  ades  des  Apôtres. 

CARRE.  Foyei  Care. 

CARRE,  f.  f.  Ce  mot  n'efl:  guère  en  ufage  que  dans 
ces  façons  de  parler.  La  carre  d'un  chapeau  ;  pour 
dire  ,  le  haut  de  la  foime  d'un  chapeau.  La  carre 
d'un  habit  -,  pour  xlire  le  ha.ut  de  la  taille  d'un 
habit  -,  la  carre  d'un  foulier  -,  pour  dire ,  le  bout 
d'un  foulier. 

On  dit  populairement ,  qu'une  perfonne  a  une 
bonne  carre ,  pour  dire  ,  qu'elle  a  les  épaules  bien 
larges  &  bien  fournies ,  Sc  que  cela  lui  donne  de  la 
preftance.  Acad.  Fr. 


CAR 

Carre.  Terme  de  Chaudronnier.  Les  Chaudronniers 
appellent  la  carre  d'un  chaudron  ,  d'un  poêlon  ,  ou 
d'une  marmite  ,  l'endroit  où  le  fond  de  ces  ouvra- 
ges fe  joint  au  bord. 

Carre,  qu'on  nomme  aufTi  Carse.  Terme  de  com- 
merce. Mcfurc  de  continence  dont  on  fe  fert  à 
Briarc ,  pour  mefurer  les  grains. 

Carre.  (B)  Terme  de  Mufiquc.  C'cfl  une  marque  qui 
fait  chanter  demi-ton  plus  haut  que  quand  il  y  1 
un  B  mol,  , 

CARRE,  f.  m.  Plufieurs  écrivent  QUARRÉ.  En  termes 
de  Géométrie ,  c'eft  une  figure  quadrangulaire  qui 
a  les  quatre  angles  droits ,  &c  les  quatre  côtés  égaux. 
Quadratum  ,  vel  figura  quadrangularis.  La  diago- 
nale du  carré  eft  incommenfurable  avec  un  de  fes 
côtés.  Euclide  ,  Liv.  X. 

Carré  long-,  eft  une  figure  quadrangulaire  qui  a  qua- 
tre^ angles  droirs,  mais  qui  a  pUis  de  longueur 
que  de  largeur.  On  l'appelle  autrement  tar-long. 
Quadratum  longius. 
Carré  parfait.  C'eft  une  figure  régulière ,  donr  les 
quarrc  côtés  &  les  quatre  angles  font  égaux.  Da- 

VILER. 

|p°  Carré  long  ,  ouvrage  de  Fortification.   Il  a  à 
chacun  de  fes  angles  un  baftion.  Au  milieu  de  fes 
deux  grands  côtés"^  on  place ,  ou  de  fimples  baftiops, 
ou  des  baftions  plats,  ou  des  demi- redoutes  for- 
mées d'un  angle  faillant. 
Carré  géométrique  ,   c'eft  un  inftrmnent  qui  eft  de 
grand  ufage   pour  obferver  tant  fur  terre  que  fur 
mer.    Quadratum  geometricum.    Il   a  un  centre  à 
l'un  de  fes  angles.  Les  deux  côtés  éloignés  du  cen- 
tre   fonr    diviïes  en  plufieurs  parties  égales.    L'ua 
de  ceux  qui  eft  vers  le  centre  eft  chargé  de  deux 
pinnules  ,   &  il  y  a  une  alhidade  mobile  qui  part 
du  centre ,  qui  fert  aux  Géomètres  &c  aux  Aftro- 
nomes  à  obferver.   Toutes  les   obfcrvations  de  la 
Géométiie  &  de  la  Trigonométrie  fe  peuvent  faire 
avec  le  carré.  Il  y  a  auffi  un  quart  de  cercle  tracé 
du  même  centre ,  divifé  eu  90  degrés. 
Carré  de  carré.  Terme  d'Algèbre  ,    eft  la  troifième 
puillance  ou  multiplication  d'un  nombre  ,   quand 
on  multiplie  encore  un  cube  par  fa  racine.  Qua- 
dratum quadrati. 
IJCT  Ce  mot  s'applique  dans  les  arts  méchaniques  à 
plufieurs  chofss  qui  ont  la  forme  du  carré  ,  ou  ap- 
prochant du  carré. 
Carré  de  parterre  ou  Carreau  ,    eft  une  divifion 
qu'on  fait  dans  les  compartimens  d'un  parterre  ,  avec 
du  buis  nain  ,   ou  autres  petites  herbes ,  pour    y 
mettre  des  fleurs,    Area.  On  le  dit  encore  en  jar- 
dinage d'une  efpèce  de  terrein  carré  dans  lequel  on 
plante  des  légumes,  des  racines ,  des  falades.  Comme 
les  parries  d'un  jardin ,  renfermées  par  des  allées , 
forment  fouvent  des  furfaces  carrées  ,    les  Jardi- 
niers difenr ,  j'ai  planré  un  carré  de  choux ,  d'ar- 
tichauds ,  de  fémidoubles ,  &c.  lors  même  que  les 
lieux  qu'ils   plantent   ont  d'autres  figures.  On  dit 
aufli  les  carrés  d'un  échiquier. 
Carré  de  Mars  ou  de  Saturne.  Quadratum.  Voyez 

QuADRAT.  C'eft  la  même  chofe. 
Carré  de  mouton  ,  eft  la  partie  du  mouton  qui  eft  fous 
l'épaule ,  &  qui  contient  toutes  fes  côtes.  Quadrans 
vervecis. 
Carré  ,  fe  dit  aufTi  chez  les  Monnoyeurs ,  du  mor- 
ceau d'acier  fait  en  forme  de  dé  qu'on  met  fous 
le  balancier ,  où  eft  gravée  en  creux  la  figure  qu'on 
veur  faire  venir  en  relief  fur  le  métal  qu'on  prefle 
deflus.  Pixis  monetaria  quadrata. 

Les  Orfèvres  appellent  carré  le  pied  d'un  flam- 
beau ,  d'une  aiguière ,  &  de  rous  autres  ouvrages , 
ce  qui  leur  fert  de  pied ,  de  quelque  figure  qu'ils 
foient  ;  carrés  ronds ,  ou  a  plufieurs  pans  ou  angles. 
Bafis  quadrata. 

On  appelle  aufîî  carré  de  bâtiment ,  une  maifon 
bâtie  de  quatre  côtés ,  qui  environne  la  cour  qui 
eft  au  milieu.  Domus  quadrata. 

On  dit  en  termes  de  Manège ,  travailler  en  carré, 
quand ,  au  lieu  de  conduire  le  cheval  en  rond  au- 


CAR 

tour  du  pilier  ,  en  le  mène  par  quatre  lj>ne  droites, 
qui  forment  un  carre  ,  tournant  la  main  a  cliacun 
des  angles.  Equiun  fer  quadrum   aqjre. 
Carré  au  piquet,  le  dit  quand  on  marque  fbixante- 
iîx  avec  quatre  jetons ,  enlbrte  que  cela  tàUe  un  carre. 
Cakuliis  y  numerus  \in  quadrum  dijpojàus.  Le  père 
de  Voiture  avoit  été  tort  grand  joueur  de  piquet  : 
il  avoit  accoutumé  de  dire  qu'il  tenoit  la  partie  ga- 
gnée ,  quand  il  pouvoit  attraper  le  carre  ,  c'eft-à- 
dire  ,  foixiaute-lix  ,  qu'on  marque  avec  quatre  jetons 
en  carré ,  d'où  vient  qu'on  appelle  encore  aujour- 
d'hui  ce    v'oint-là  parmi  les  Joueurs  ,  ie  carre  de 
Fouiire.  Peliffon  ,  Hijt.  de  l'Acad.  Fr.  ui-i^.p.  4(^9 
&  p.   z8o  de  l'edit.  in-iz    1750. 
Carré  de  toiietie ,  ell  un  petit  coffiret  carré,  où  les 
Daines   mettent    leurs  ellences  ,    fards   ic  pomma- 
des ,    qui  fervent  à   leur  toilette.    Capjidx    mundi 
muiuhris. 
Carré  magique.   Quadrans  rnagicurri  ,  eftunedifpo- 
lition  de  certains  nombres  en  carré ,   de  manière  que 
ceux  d'une  même   file,   S>C  ceux   d'un  même   rang, 
&:   ceux  qui  compofent  les  deux  diagonales  étant 
ajoutés    enfemble    ,    fafiént    toujours     une    même 
fomme    ,     comme    h    on    met   au   premier    rang 
deux  -  cens  foixanre- feize  ,  au  fécond  neuf  -  cens 
cinquante-un  ,  au  troifième  quatre-cens  trente-huit , 
de  quelque  côté  qu'on  a.'fcmble  ces  nombres  ,    ils 
feront  quinze.    On  l'appelle  mairique  ,    parce  que 
c'ellun  ptoblême  très-difficile.  Bertinus  en  rapporte 
quantité    d'exemples  en  de   plus  grands  nombres. 
Dans  les  divers  Ouvrages  de  Me/fieurs  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences ,  il  y  a  un  traité  des  Carres  Ma^i- 
ques  ,  par  M.  Frénicle  \  une  table  des  Carres  Ma- 
giques par  le  même. 
jCarré  ,  en  termes  d'Anatomie ,  fc  dit  de  trois  muf- 
■     clés.  Le  lécond  des  quatre  mufcles  du  rayon  s'ap- 
pelle le  carré  ,  à  caufe  de  fa  iigure  quadrangulaire  ; 
il  prend  fon  origine  de  la  partie  inférieure, '&  quali 
externe  du  cubitus,  &  s'insèie  à  la  partie  inférieure 
&  quafi  externe  du  radius.  Ce  mufcle  cft  placé  proche 
le  poignet  fous  les  autres  :  il  finit  par  un  tendon  auilî 
large  que  fon  principe.  Se  conjointement  avec  le 
rond ,  il  fait  faire  un  mouvement  demi-circulaire  au 
radius.   Dionis.  Le  fécond  mufcle  des  abdudlcurs 
de  la  cuhfe  s'appelle  aulfi  le  carré  ,  parce  qu'il  a 
quatre   angles  :  il  prend   fon  origine  de  la  partie 
latérale  Se  externe  de  l'éminencede  l'ifchion  ,  & 
va  s'inférer  à  la  partie  poftérieure  Se  externe  du 
grand  trocanter.  Id.  Le  mufcle  des  lèvres  appelé  mon- 
taniis ,  eft  aulîi  nommé  carré.  Voyez  Montanus. 
Carré,  traîne  ou.  traîneau.  Terme  d«  Cordier.  Bâris 
de  charpente  en  forme  de  traînea,u,  fur  le  devant 
duquel  s'élèvent  deux  forrs  montans  pour  fuppor- 
ter  une  traverfe  dans  laquelle  palfent  les  manivelles 
qui  fervent  à  tordre  les  torrons  ou  à  commettre  la 
corde  -,  on  charge  le  carré  dé  poids ,  pour  que  les 
torrons  foient  bien  tendus  quand  on  les  commet. 
ffT  Carré  de  cuir  ,  chez  les  Tanneurs  Se  les  Cor- 
donniers ■■,  morceaux  de  cuir  coupés  par  carrés.  Un 
carré  contient  julfe  ce  qu'il  faut  de  cuir  pour  faire 
une  paire  de  fouliers.    On  l'appelle  au(fi  tableau , 
Se  l'on  dit  des  Cordonniers  qui  fe   pourvoient  de 
cette  manière ,  parce  qu'ils  ne  font  pas  en  état  d'a- 
cheter des  cuirs  entiers  ,  qu'ils  vont  au  tableau. 
Carré,  Ée  adj.  Qui  eft  d'une  figure  à  quatre  côtés 
perpendiculaires    l'un  à  l'autre'  Se  égaux  entr'eux. 
Cette  coût  n'eft  pas  hkn  carrée.  Ce' jardin  eft  par- 
faitement carré. 
Carré  ,  (bonnet  )  eft  un  bonnet  de  Prêtre  ,  d'Avocat , 
ou  d'autre  homme  de  robe  ,  qui  a  quatre  petites 
érainences  fur  la  tête  qu'on  appelle  cornes  ,    par 
où  on  le  piend.  Biretum  quadratum.  Voyez  Bon- 
net. 

ï}CF  Carré  {nombre).  Terme  de  Gcométtie.  C'eft  le 
produit  d'un  nombre  multiplié  par  lui-même.  Quatre 
eft  un  nombre  carré  ;  il  eft  formé  de  deux  multi- 
plie par  deux  :  neuf  eft  un  nombre  carré ,  formé 
du  nombre  ttois  multiplié  par  lui-même  :  feize  eft 

.     un  nombre   carré  formé  de    la  multiplication  de 


Car 


o  9 


quatre  par  quatre,  &c.  Aiml  le  nombre  carré  eilnn 
nombre  qui  rciulte  d'un  autre  nombre  multiplié 
par  lui-même.  ^ 

Rzcifs  carrée ,  un  nombre,  qui  étant  multiplié 
par  lui-mcme,  fait  un  nombre  carré,  ou  il  y  a  au- 
tant d'umtcs  en  kM-g-ur,  qu'en  hauteur.  Rad,x 
quadrata.  Dix  eft  la  racine  carrée  de  cent,  parce  que 
dix  multiplié  par  dix ,'  fait  cent. 

Homme  carre,  (é  dit  de  celui  qui  eft  gros  &r  trapu 
qui  eft  large  des  épaules.  Hom  .  corpo}e  crafo  ,  rc' 
pleto.  On  dit  aulfi   unviftge  carre,  quand  fa  lar- 
geur égale  prefque  fa  hauteur. 

Jeu  de  paume  carré',  eft  un  jeu  ordinaire  ,  dont 
les  murailles  lont  parallèles,  &  font  un  carré-lo.v". 
On  1-appeIle  un  jeu  carré  ,  par  oppolition  au  Jeu 
de  dedans,  où  il  y  a  un  tambour.  Ludus  quadia- 
tus  Sphœrijleni. 

La  monnoie  carrée  ,  dont  il  eft  parlé  dans  les 
Novellesde  Juftinicn,  croit  une  des  quatre  plus 
petites  efpèces  qui  euifent  cours  alors.  Elle  étoic 
ainh  nommée,  parce  qu'elle  étoh  carrée.  Voyez  la 
dUfertation  de  M.  Du  Cange  ,  De  inferioris  ccvi 
îsumijmatihus. 

On  appelle  en  termes  de  rhétorique  une  période 
carrée,  une  période  de  quatre  membres ,  quadrata. 
pcriùdus  :  Se  par  extenfion,  on  le  dit  de  toute  pé- 
riode nombreufe  &  bien  foutenue ,  quoiqu'elle  ne 
foit  pas  de  quatre  membres. 
.^  On  appelle  profe  carrée  ,  un  ftyle  qui  rienr  îe 
milieu  entre  la  profe  ordinaire  Se  les  vers,  &  qiii 
n'eft  ni  l'un  ni  l'autre.  On  fe  ferr  ordinairement  ^e 
la  profe  carrée  dans  les  infcriptions  Se  les  épita- 
phcs  -,  c'eft  pourquoi  on  lui  a  auffi  donné  le  ndmi 
de  fiyle  lapidaire  ,  parce  que  ces  fortes  d'ouvrages 
font  fouvent  gravés  f.ir  la  pierre  :  mais  comme  ces 
monumens  font  encore  plus  fouvent  gravés  fur  le 
cuivre  ,  qui  rélifte  davantage  aux  infultes  du  temps , 
le  terme  de  profe  carrée  eft  aujourd'ui  le  plus  com- 
mun. 

Bataillon  carré,  eft  celui  qui  a  autant  de  files 
que  de  rangs.  Jgmen  quadratum.  On  l'appelle  auili 
carré  de  terrein ,  quand  il  occupe  autant  de  terre 
en  longueur  qu'en  hauteur.  Fuyei  Bataillon. 

On  appeloit  à  Rome  une  légion  carrée  ,  le^io 
quadrata,  celle  qui  étoit  de  quatre-cens  liommes. 

Bois  carré,  eftîe  bois  de  charpente  Se  de  fciage  , 
dont  on  fait  des  poutres  &  des  folives.  Lignura 
quadratum. 

i^  On  appelle  ironiquement  un  vendeur  d'allu- 
mettes ,  un  marchand  de  bois  carré.  Sulfuratorum 
propola. 

On  dit  proverbialement,  jufte  Se  carré  comme 
une  flûte.  On  appelle  aulfi  partie  carrée  ,  une  partie 
de  plailîr  où  il  n'y  a  que  deux  hommes  Se  deux 
femmes.  Societas  quadrata.  On  le  dit  de  toute 
compagnie  où  l'on  n'eft  que  quatre  hommes  oti 
femmes  ,  fans  qu'il  foit  bcfoin  qu'il  y  ait  deux  hom- 
mes Se  deux  femmes. 

CARREAU,  f.  m.  Diminutif  de  carré ,  qui  fe  dit 
d'une  figure  qui  a  quatre  côtés,  quoiqu'ils  ne  foient 
pas  égaux  ,  ni  à  angles  droits ,  comme  un  carreau 
de  vities  qui  eft  quelquefois  en  lofange.  Quadra- 
tum. On  dit  une  étoffe  à  petits  carreaux ,  où  il  y  a 
plufieurs  petits  carrés.  Plier  du  linge  par  petits  car- 
reaux. Les  Jardiniers  divifent  leurs  partertes  ,  ou 
jardins  en  carreaux.  Area.  Il  y  a  un  beau  carreau 
de  tulippes ,  c'eft-à-dire  une  planche.  Carreau  de 
parterre ,  eft  une  efpace  carré  ou  figuré  avec  une 
bordure  de  buis  nain  ,  rempli  de  fleurs  ou  de  gazon , 
dans  le  compartiment  d'un  parterre  de  pièces  cou- 
pées. Ce  mot  a  été  fait  de  quadrellum.  Ménage. 

Carreau  ,  iignifie  aufîi  le  pavé  des  chambres ,  des 
falles ,  des  Eglifes ,  de  quelque  matière  Se  figure  qu'il 
puiffe  être.  Quadratus  later  ,  laterculus.  Il  y  a  des 
carreaux  de  marbre  ,  de  porcrie  ,  de  fayence  ou 
d'ais  ;  il   y  en  a  de  carres,  d'hexagones,  &c. 

En  ce  fens  on  dir  au  jeu  de  paume ,  une  chafTe 
à  trois  carreaux ,  à  dix  carreaux  ,  lorfqu'une  ballq 

N  n  ij 


2.84 


CAR 


efl:  tombée  fur  le  troiùcme  o.i  le  dixième  carreau  ,  ■ 
&:  qu'elle  fait  chaiie. 

Cark-eau  ,  le  dit  plus  particulièrement  du  carreau  de 
plancher ,  qui  ell  de  terre  moulée  &  cuite ,  de  di;r;- 
reiite  grandeur  &;  épailîeur  fuivant  les  lieux.  11  y 
a  de  grand  ,  de  moyen  &  de  petit  carreau  ;  le 
grand  a  huit  ou  dix  pouces  de  largeur  ;  le  moyen 
en  à  fîx  à  fept,  &  le  petit  environ  quatre.  Il  y  a 
du  carreau  de  iigure  carrée  :  il  y  en  a  à  pans  ; 
5c  celui-ci  quelquefois  efl  à  fix  pans ,  quelqueiois 
à  huit. 

^3"  ]ouer  au  franc-carreau  ,  efpèce  de  jeu  où  cha- 
que joueur  jette  en  l'air  une  pièce  de  monnoie , 
&:  où  celui  dont  la  pièce  tombe  le  plus  loin  djs 
bords  du  carreau  ,  gagne  le  coup. 

On  dit ,  coucher  fur  le  carreau  ,  pour  dire  hors 
du  lit,  iùr  le  plancher. 

.g3"  Mettre  ,  jeter  les  meubles  de  quelqu'un  fur  le  car- 
reau ,  c'.efl-à-dire  ,   dans  la  rue. 

^3"  Jeter  ,  coucher  quelqu'un  fur  le  carreau ,  l'é- 
tendre fur  la  place  ,  mort  ou  blcflc. 

§CF  Tant  de  Soldats  font  rcftés  fur  le  carreau ,  ont 
été  tués  fur   la  place. 

Cap.b-éau  verniffe ,  efl:  im  grand  carreau  plombé  , 
qu'on  met  dans  les  écuries ,  au-de(fus  des  mangeoires 
des  chevaux ,  ce  qui  les  empêche  de  lécher  le  mur. 
Qjiaâratum  Juniperi  gumrrn  illitum.  On  fait  aulfi 
du  petit  carreau  verniffe  pour  les  compartimens. 

Carp.eau  de  parquet  t  efl:  un  petit  ais  carré.  Il  en  faut 
plufieurs  pour  remplir  la  carcalfe  d'une  feuille  de 
parquet.  Quadratum  tcffellatum. 

On  appelle  carreau  de  verre  ,  une  pièce  de  verre 
carré ,  ffT  ou  d'une  autre  figure  ,  mife  en  plomb  , 
ou  retenue  avec  des  pointes  ou  du  papier,  ou  du 
maftic  ,  dans  les  chalîis  d'une  fenêtre.  Fitrcum.  qua- 
dratum. 

Carreau  de  faiance  ,  ou  de  Hollande,  Il  fert  à  faire 
des  foyers ,  &  à  revêtir  les  jambages  de  cheminée  , 
&  a  ordinairement  quatre  pouces  en  carré.  On  l'em- 
ploie auHi  à  paver  &  à  revêtir  des  grottes ,  des 
falles  3  des  bains ,  ùc. 

Carreau  ,  lignifie  aulfi  un  grand  oreiller  ou  coulTm 
carré  que  les  perfonnes  d'un  certain  rang  font  por- 
ter à  l'Eglifc  pour  (é  mettre  à  genoux;  plus  commo- 
dément. Pulvinus.  C'efl;  une  Dame  à  carreau  ,  on  lui 
porte  le  carreau.  Un  Auteur  qui  a  fait  les  Otferva- 
tiones  Eugenialogiae  ,  c'efl:-à-dire  ,  des  oblérva- 
tions  fur  la  noblelfe  ,  imprimées  à  Cologne  en 
KîyS ,  trouve  chez  les  Romains  l'origine  des  car- 
reaux ,  dont  les  Dames  fe  fervent  dans  les  Eglifes. 
Les  Romains  mettoient  dans  les  temples  des  car- 
reaux en  forme  de  pcrits  lits ,  ou  plutôt  de  petits 
chars  fur  lefquels  on  plaçoit  les  ftatues  des  faux 
Dieux  ;  &c  il  prétend  que  l'ambition  &  la  commo- 
dité ont  fait  ufurpet  ce  droit  ou  cette  coutume 
au  fcxe. 

On  a  aulfi  des  carreaux  dans  les  chambres  pour 
s'afleoir  ou  s'accouder.  Les  Cavaliers  étoient  à  ce 
bal  aux  pieds  des  Dames  fur  des  carreaux. 

Un  porte-carreau  ,  eft  un  petit  meuble  de  bois 
qui  n'a  d'autres  pies  que  des  pomm.es  tournées  , 
fut   lequel  on  met   des    piles  de  carreaux. 

Carreaux  ,  en  termes  de  Marine  ,  font  des  rebords 
ou  bandes  de  bois  qui  régnent  par  dehors  fur  le 
bordage  du  vailléau  en  guife  d'un  cordon  ,  qui  lie 
&  diftingue,  les  tillacs  ,  &  particulièrement  ceux 
qui  font  au-dellus  de  l'eau.  On  les  appelle  autre- 
ment lices  cintes  ,  ou  précintes ,  ou  chaintes.  On 
donne  le  même  nom  de  carreaux  à  certaines  pièces 
de  bois  qui  font  le  haut  des  côtés  d'une  cha- 
loupe. 

Carreau  ,  en  termes  de  Maçon ,  efl:  une  pierre  de 
taille  de  médiocre  grolfeur  ,  &  qui  a  plus  de  lar- 
geur au  parement,  que  de  queue  dans  le  mur.  Lapis 
fola  fuperficie  extimâ  quadratus.  Il  en  faut  deux 
ou  trois  pour  faire  une  voie.  Quand  il  n'y  en  a 
qu'un ,  on  l'appelle  quartier.  Quand  il  y  en  a  plus 

.     de  deux  ou  trois ,  on  dit  libes  ou  libage. 


CAR 

Carreau,  efl:  aulîi  un  arme  de  trait,  ou  flèche  car- 
rée ,  qu'on  tiroir  autrefois  avec  une  arbalète.  De- 
la  font  venues  ,  les  expieilions  figutées,  carreaux 
vengeurs  de  Jupiter  carreau  de  la  foudre,  le  trait 
ou  la  pierre  qu'on  croit  être  dans  la  foudre ,  qui 
blelfe  iic  qui  tue.  fulmen.  Voyez  Tonnerre. 

Deja  ces   Tirans   infcnfês 
Du  haut  de  leurs  monts  entajfe-s , 
Voyaient  le  Ciel  comme  leur  proie  ; 
Q^uand  d'un  effort  impétueux  , 
Le  carreau  s'élance ,  ,.&  foudroie 
Ces  colojfes  prejomptueux,  Anony. 

Carreau  ,  chez  les  Tailleurs  ,  fe  dit  d'un  fer  plat 
&  poinru  par  un  bout ,  qu'on  fait  chauifér ,  &  qu'on 
paife  fur  les  coutures  pour  aplatir  les  rentrai- 
turcs. 

\fT  II  y  a  aufll  des  carreaux  de  Blanchifleufes ,  dif- 
térens  des  carreaux  des  Tailleurs ,  en  ce  qu'ils  font 
arrondis  par  la  partie  antérieure  ,  &  que  la  pla- 
tine efl:  fort  unie. 

Carreau  ,  chez  les  Marchands  de  poillbn  ,  fe  dit  des 
brochets  c]ui  font  les  plus  gros ,  qu'ils  appellent  un 
brochet  carreau,    Lucius  cra^ior  &  amplior. 

Carreaux  fe  dit  aullî  chez  les  ouvriers  qui  emploient 
le  fer,  des  grolfes limes  fC?  carrées,  triangulaires ,  ou 
méplates,  dont  on  fe  fert  pour  enlever  au  ferles 
inégalirés  de  la  forge  ;  ce  qui  s'appelle  dégrofîîr. 
Lima  craffior  &  quadrata.  Les  gros  carreaux  8c 
gros  demi-carreaux  fervent  à  ebatfcher  le  fer.  Les 
carreaux  doux  &  demi-carreaux  font  des  limes 
dont  la  taille  eft  moins  rude ,  8^  qui  fervent  pour 
les  ouvrages  dont  le  dégrolïilfage  eft  moins  conli- 
dcrable. 

Carreau  fû  dit  aulfi  au  jeu  de  carres ,  des  figures 
rouges  ,  marquées  en  lolange.  Folium  luforium  rhom- 
ho  coloris  rubri piclum.  Le  Roi ,  la  Dame  de  carreau. 
Il  a   une  quinte  majore  en  carreau. 

On  dit  proverbialement  &  balTement  d'un  homme 
qui  a  vomi ,  qu'il  a  jette  du  cœur  ilir  du  carreau. 
On  dit  au(îi  pour  méprifer  quelqu'un ,  que  c'eft 
un  valet  de  carreau. 

Carreau,  terme  d'ancien  monnoyage ,  lorfqu'on  fa- 
briquoit  les  efpèces  au  marteau.  Il  le  dit  des  piè- 
ces d'or  ou  d'argent  qu'on  taille  pour  fabriquer 
les  efpèces.  Nummaria  majjltla  ,  monetaria  teJJ'ella. 
La  première  fiçon  qu'on  donne  en  la  fabrique  des 
monnoies  au  marteau ,  eft  de  tailler  les  carreaux  y 
c'cft-à-dire  ,  couper  les  lingots  ,  ou  lames  d'or  oii 
d'argent ,  en  petits  morceaux  carrés  avec  de  gran- 
des cifoires.  La  féconde  façon  ,  eft  de  battre  ou 
frapper  les  car'-eaux  ;  ce  qui  lé  fait  par  un  habila 
ouvrier  fur  une  enclume  oblongue  qui  eft  fur  ion 
banc  dans  fa  fournaife.-  Sa  troiiième  façon  eft  de 
recuire  les  carreaux  :  &"  la  quatrième  de  les  ajuf- 
ter,  approcher  ou  rcbai/f;r,  pour  les  rendre  de  leur 
jufte  poids,  &  enfiite  les  rechaulf:r  &  flatir ,  cf- 
laizer  &boicer,  qui  font  les  cinq  ,  (ix,  fept  &:  hui- 
tième façon  qu'on  leur  donne,  après  lefquelles les 
carreaux  s'appellent   flins  ou  efpèces. 

Carreau.  Terme  de  Commerce.  Mefure  com.ne 
une  aune.  C'cft  peut-être  auifi  un  drap  plié  en  carré, 
BoREL ,  Pathelin. 

Or  ça ,  montre:^  ces  carreaux. 

Carreau.  On  donnoit  encore  autrefois  ce  nom  aux: 
grolfes  pierres  qu'on  jetoit  dans  les  villes  avec  les 
mangoneaux  ■,  decarrus,  parce  que  chacune  char- 
geoit  un  char  ;  ou  de  leur  forme  carrée.  Cairou, 
en  Languedoc,  eft  la  même  chofe  que  carreau  6C 
pierre  i  qui  vient  de  quaire,  c'eft-à-dire  angle, 
ou  de  quadratum.  Borel.  Ovide  MS. 

Carreau.  Terme  de  Médecine.  Sorte  d'opilation  qui 
preffe  Teftomac ,  la  poitrine  ,  &  qui  rend  le  ven- 
tre dur  &  rendu.  Les  enfans  font  plus  fujets  au 
carreau  que  les  grandes  peribnnes. 

CARRÉE  FINE,  CARREE  FORTE,  Ce  font  deus 


• 


.CAR, 

diverfes  efpèccs  d'ardoifcs  qui  le  taillent  d?.ns  les 
ardoilières  d'Anjou. 
OARREFOUR.  l.  m.  Lieu  où  aboutiiîent  &  fecroi- 
iénc  plulieurs  rues  &  ctiemins.  Cornpuurn-,  trivium. 
On  fiifcige  les  criminels  dans  les  places  publiques , 
&  dans  les  carrefours.  Les  publications  à  ion  de 
trompe  le  font  dans  les  carrefours. 

Ce  mot  vient  de  quatre  fourc  ,  parce  qnt  fourc 
lîgnirîoic  autrefois  un  angle  aigu  ,  comme  celui  que 
font  les  doigts  l'un  à  l'égard  de  l'autre  ;  d'où  a 
été  fait  aufii  le  mot  de  fourche.  Les  Latins  l'ont 
appelé  quadrivium,  uhi  quatuor  via  conveniunt  ;  & 
fCF  trivium,  l'endroit  où  aboutiiîent  trois  rues  , 
trois  chemins.  Compila  frequentia.  Carrefours  rem- 
plis de  peuple.  Perfe  appelle  compila  ramofa  dej 
carrefours  d'où  fortent  plulieurs  rues  ;  &c  compila 
pertufa  ,  l'endroit  dans  un  bois  d'où  l'on  voit  plu- 
lieurs avenues. 

IJCr  On  appelle  aulTi  carrefour  ,  en  jardinage  ,  la  ren- 
contre de  quatre  allées  dans  un  bois  ;  ce  qui  imi- 
te l'ilîue  de  quatre  rues  dans  une  ville.  On  peut 
les  faire  circulaires  ou  carrées  ,  en  retranchant  les 
encoignures ,  pour  les  agrandir .  Se  leur  donner  plus 
de  grâce. 

CARRÉGER.  V.  n.  Terme  de  Marine.  C'eft  fur  la 
Méditerranée  ce  que  ioi'vier  ou  louvoyer  figni- 
iie  fur  l'Océan  j  c'ell-à-dire  ,  prendre  &  courir  plu- 
sieurs bordées  ,  en  voguant  tantôt  à  droite  &:  tan- 
tôt à  gauche.  On  eft  obligé  de  carréger  ,  quand 
on  a  le  vent  contraire ,  afin  d'avancer  un  peu  •,  ou 
du  moins  de  le  conferver  dans  le  même  parage. 

jCARRELAGE.  f.  m.  Aétion  d'appliquer  des  carreauxj 
|!C?  de  terre  cuite ,  de  marbre  ,  ou  d'autre  ma- 
tière ;  ouvrage  de  celui  qui  les  pofe.  Stratura,  La 
toile  de  carrelage  coûte  tant, 

€fT  On  le  dit  auflî  du  carreau ,  &  de  ce  qu'il  en 
coûte  pour  le  faire  pofer.  Pavimentum.  Il  m'en  a 
tant  coûté  pour  le  carrelage  de  ma  chambre, 

CARRELER.  V.  a.  Paver  une  chambre,  ou  autre  lieu 
de  carreaux  de  terre ,  de  faiance  ,  de  marbre.  Cu- 
hiculum  ficrnere  è  lateribus  ,  faventiâ  ,  marmore  ; 
pavimemare.  Carreler  une  chambre  de  grands  ,  de 
petits  carreaux,  de  pierre  de  liais,   &c. 

^fT  On  diioit  autrefois  carreler  des  foulicrs  ,  les 
remonter. 

CARRELE,  ÉE,  part,  &  adj.  5rM/i^J.  Un  plancher  , 
une  chambre  carrelée. 

§C?  Carrelé,  adj.  Pris lùbftantjvemcnt,  efpèce  d'étoffe 
ccmpofée  comme  le  cannelé,  de  quarante  portées 
de   chaînes  un  peu  plus  ou  un  peu  moins ,  6d  d'un 
pareil  nombre  de  portées  de  poil. 

CARRELET,  f.  m.  Grofle  aiguille  à  quatre  carnes 
ou  côtés  ,  dont  fe  fervent  les  Savetiets,  Selliers, 
&  auttes  qui  travaillent  en  cuir.  Âcus   quadrata. 

Carrelît.  Poilîbn  de  mer  fort  plat,  taillé  en  lo- 
fange ,  comme  le  turbot.  Il  eft  blanc  d'un  côté , 
&  grifirre  de  l'autre ,  avec  de  petites  taches  rou- 
ges. Ce  poiffon  eft  appelé  par  quelques-uns /»//£; , 
ouand  il  eft  grand  ,  &  carrelet ,  quand  il  eft  petit. 
En  latin  quairatulus. 

1^  Rondelet  prétend  avec  railbn  que  le  carrelet  &  la 
plie  font  deux  elpèces  du  même  genre  ,  qui  le  relîém- 
blent  beaucoup  ,  mais  qui  dilfcrcnt  cependant  en 
ce  que  la  figure  du  carrelet  approche  plus  du  carré 
que  la  plie ,  d'où  lui  vient  Ion  nom ,  &   que  fa 
face  lupérieure  eft  parfemée  de  taches  rouffes. 
Carrelet.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft  un  inftrument 
de  bois  fait  en   carré  ,  ayant  aux  quatre  coins  des 
pointes  de  clous  pour  y  attacher  un  blanchet ,  par 
lequel  on  pafîe  quelque  liqueur. 
Carrelet.  Terme  de  Chapelier.  Efpèce  de  petite  carde 
fans  manche,  dont  l?s  pointes  font  de  fil  très-fin  , 
qui  fert  aux  Chapeliers  à  tirer   \i  poil    des    cha- 
peaux :  ce  qu'ils  appellent ,   tirer  le  chapeau  à  poil. 
Carrelet.  Outil  d'acier  ,    raillé  en  triangle ,  dont 
les  Tabletiers-Peigniers  f^  fervent  pout  amorcer  les 
denrs  de  leurs  peignes ,  c'eft-à-dire ,  pour  les  ouvrir. 
Carrelet.  Terme  de  Chirurgie.  Acus  quadrata.  C'eft 
une  aiguille  droite  ,  longue  de  deux  ou  trois  pou- 


C  A  Pv 


2o 


T 

ces ,  ronde  dans  fon  cotps ,  carrée  du  côté  de  la 
pointe  ,  dont  les  angles  iont  adoucis  &  ne  coupept 
point.  On  s'en  fert  pour  percer  l'épiploon  ,  &  taire 
la  ligature  du  cordon  des  vailJèaux  ijpermatiques. 
§C?  Les  Selliers ,  Cordonniers ,  &c.  fe  iervent  aulfi 
d'une  grande  aiguille    à  quatre  angles ,   nommée 
carrelet,  pour  coudre  les  cuirs  foibles  &  minces, 
§Cr  Les  Cordonniers  fe  fervent  encore  d'un  carrelet 
à  renvcrfer ,  qui  eft  une  aiguille  un   peu  coudée , 
pour  faire   la  trépointe  du  derrière  du  fouliar. 
Carrelet.   Terme  de  pèche.  Sorre  de  filet  dont  on 
fe  létt  pour  prendre  le  poilfon.  Prendre  du  poiffon 
au  carrelet ,  avec  un  carrelet. 

CARRELETTE.  f.  m.  Lime  qui  fert  à  limer  &:  polir  le 
ter.  Groifes  carrelettes.  Les  petites  carrelettes  font 
des  liincs  douces. 
CARRELEUR,  f  m.  Ouvrier  qui  pave  avec  des  car-' 
reaux  ,  ainlique  le  maître  qui  entreprend  les  ouvra- 
ges de  carrelage.  Artifex  Jternendi  pavimenti  &  la* 
teribus. 

CARRELURE.  f.  f.  Application  des  carreaux  fur  le 
plancher  d'une  chambre.  Stratura.  Il  a  tant  coûté 
pour  la  carrelure  de  cette  maifon.  On  dit  carre- 
lage. 

IJCr  Carrel'Jre  ne  fe  dit  plus  que  des  femelles  neuves 
qu'on  met  à  de  vieux  fouliers ,  à  de  vieilles  botceî. 
Veterum  calceamentorum  injlauraiio  ,calceorum  far^ 
tura.  Il  faut  une  carrelure  à  ces  bottes. 

On  dit  figurément  &  balfement ,  une  carrelure 
de  ventre,  pour  dire  un  bon  repas.  Le  temps  qui 
fe  palfa  jufqu'au  louper  me  parut  un  liécle ,  tant 
j'avoisbefoin  d'une  bonne  carrelure  de  ventre.  Abl. 

De?  CARRÉMENT,  adv.  En  carré  ,  à  angle  droit. 
On  ne  le  dit  guère  que  dans  ces  phrafcs.  Coupée 
quelque  choie  carrément.  Tracer  un  plan  carrément. 
Planter  carrément, 

^fT  CARRER,  v.  a.  Réduire  en  carré  ,  donner  une 
figure  carrée  à  quelque  chofe  que  ce  foit.  Qiiadrare, 
Carrer  un  bloc  de  marbre. 

gCF  En  Charpenterie ,  carrer  une  poutre  ,  c'eft  l'é- 
quarrir. 

|Cr  En  Arirhmétique  &  en  Algèbre,  c^zrr^r  un  nom- 
bre ,  c'eft  le  multiplier  par  lui-même.  Carrer  le 
nombre  quatre  ,  c'eft  multiplier  quatre  par  quarre, 
pour  avoir  le  produir  lo  ,  carré  de  quatre. 

\fr  En  Géométrie  ,  carrer  une  figure ,  c'eft  trouver 
un  carré  dont  la  furface  foit  égale  à  l'aire  du  plan 
propofé ,  réduire  en  carré  une  aurre  figure.  Qua-- 
drare.  On  peut  aifément  carrer  un  triangle  ,  &C 
toute  autre  figure  rectiligne.  Le  grand  problême 
de  la  Géométrie,  eft  de  carrer  un  cercle,  une  el- 
lipfe,  une  parabole,  &  route  autte  figure  curvili- 
gne ,  c'cft-à-dire  ,  faire  un  carré  qui  leur  foit  pac^ 
faitement  égal.  Voye^  Quadrature. 

On  dit  avec  le  pronom  perlbnnel  ,  fe  carrer  ; 
pour  dire  ,  marcher  avec  affedation,  UCT  d'une  ma- 
nière qui  marque  l'arrogance.  Voyez  comme  il  fe 
carre.  Sûtnixis  alisfè  inferre  ,  anfatum  amhulare  , 
efferre  fe  magnificè.  On  ne  le  dit  que  dans  le  ftyle 
familier, 

|CF  CARRET.  f.  m.  Chez  les  Cordiers ,  fil  de  carret> 
gros  fil  qui  ferr  à  faire  les  cordages. 

Carret.  Terme  de  Marine  ,  qui  fe  dit  d'un  fil  tiré  d'un 
des  cordons  de  quelque  vieux  cable  coupé  par  piè- 
ces ,  qui  eft  de  grand  ufage  pour  racommoder  les 
manœ-uvres.  Funiculus. 

Carret  ,  eft  aulfi  un  nom  que  donnent  les  Marchands 
i  l'ccaille  de  tortue.  Tejiudinis  putamina. 

On  donne  encore  ce  nom  à  une  des  trois  efpèces 
de  tortues  ,  qui  eft  la  feule  dont  l'écaillé  foit  utile. 
Sa  chair  eft  un  purgarif  très-violent.  Les  deux  au- 
tres elpèces  de  torcues ,  font  la  tortue  franche  ou 
verte  ,  dont  la  chair  eft  délicieufe  à  manger ,  &: 
la  coanne  ,  qui  eft  la  plus  grande  de  toutes  ,  mais 
dont  la  chair  ni  l'écaillé  ne  valent  rien.  Le  carret  efl 
la  plus  petite  des  efpèces  de  tortue-,  &  c'eft  de 
fon  nom  que  les  Marchands  ont  appelé  i'écaille  de 
tortue  carret. 


x%6 


CAR 


CARRHES.Nomarcifn  de  plulieurs  villes  en  Orient. 
Carrhœ,  Carrkes ,  Ville  de  FAïabie  proche  de  h 
met ,  eft  ,  à  ce  que  l'on  croit ,  ccile  qui  le  nom- 
me aujourd'hui  Hcren.  Larrhes  ,  ville  de  Mclb- 
poramie  ,  aujourd'hui  du  Diarbeck  ,  ell:  l'ancienne 
pi ,  Hharan  ou  Chiran  ,  i'cjour  de  Tharc  ik  d' Abra- 
ham ,  dont  il  eft  parlé  ,  (jen.  XU  ,  ^  i  ,  &  Aci 
Vlll ,  1.  Ptolomée  la  place  à  quarante  milles  d'E 
derte  :  d'autres  fur  !e  fleuve  Chaboras  -,  &:  d'autre 
Air  le  Charra.  C'cft  à  Carrhts  que  Ciailus  tue  de- 
fait  par  les  Parthes,  &  que  Caracalie  tut  tue.  C'ir/- 
rhes  eut  depuis  un  Eveche  lulfraganr  d'Edeilè.  Voy. 
Bochart  Phaleg  Liv.l ,  c.  14.  p.  107. 

^fT  CAR  RICK.  Province  de  l'Ecoile  méridionale  , 
entre  celle  de  Kyle  au  nord  &  celle  de  Galloway 
au  midi, 

CARRIER,  r.  m.  Ouvrier  qui  tire  &:  qui  coupe  la 
pierre  des  carrières,  Latomns ,  lapiclda.  On  le  dit 
auili  des  Marchands  de  pierre,  ffj  ou  de  l'Entrepre- 
neur qui  fait  ouvrir  une  carrière  pour  en  tirer  de 
la  pierre, 

CARRIERE,  i".  f.  Lieu  crcufé  en  terre  pour  en  tirer 
la  pieïte.Lapiduind.  On  ne  peut  pas  bâtir  fur  ce  Ter- 
rain ,  il  eft  creux  ,  on  y  a  rouillé  des  carrures.  Une 
curriire  de  marbre  ,  de  jaipe ,  de  pierre  de  Saint 
Leu,deTonnerre,  6'c,  Onles  dUtinguc  par  la  matière 
que  l'on  en  rire,  htscarricres  d'où  on  tire  le  marbre , 
s'appellent  marbrières  :  Scelles  d'où  on  tire  la  pierre, 
pierrières,  &C  celles  d'où  l'on  tire  l'ardoilc  ,  ardoi- 
Jicres ,  quelquefois  piernères ,  comme  en  Anjou.  Il 
y  a  des  carrières  où  on  trouve  deux  cieux,  ou  bancs 
de  ciel ,  à  i  z  ou  15  pieds  au  deilcus  l'un  de  l'au- 
tre ,  comme  a  remarqué  Blondel, 

Ce  mot  vient  de  carreaux  ,  ou  grofles  pierres 
qu'on  tire  des  carrières  ,  qu'on  a  appelé  en  latin 
Qriadrariœ ,  ou  carreriis. 

On  dit  figurement  &;  proverbialement,  qu'un 
homme  a  une  carrière  dans  la  veiiie  ,  quand  après 
en  avoir  tiré  quelques  pierres ,  il  s'y  en  engendre 
^le  nouvelles. 

Les  Botaniftes  appellent  auili  dans  une  poire,  la 
carrière ,  cette  partie  où  s'amaiîent  plulieurs  petits 
noeuds  pierreux ,  qui  vers  le  centre  du  fruit  l'em- 
blept  ne  former  qu'une  pierre.  Cette  carrière,  ces 
nœuds  le  forment  ,non-iéulcrnent  dans  le  centre, 
mais  encore  dans  la  chair  de  la  poire, principalemenr 
de  celles  qu'on  appelle  poires  d'ellranguillon,  M. 
Grew,  dans  Ion  Anatomie  des  Plantes  ,  dit  que  ces 
nœuds  ne  ibnt  autre  choie  que  plulieurs  patries  du  iuc 
endurcies  &:  coagulées  de  la  même  manière  que  cel- 
les qu'on  voit  ibuvent  dans  lesurines ,  dans  les  ton- 
neaux de  vin  &  dans  plulieurs  autres  liqueurs ,  par 
la  précipitation  que  cauiè  quelquefois  le  mélange 
&C  la  force  des  fucs  qui  fe  trouvent  dans  les  corps 
ligneux  &c  dans  le  parenchyme ,  qui  agillént  les 
uns  liar  les   autres. 

Carrière,  Terme  de  Coutumes.  Chemin  large  de 
huit  pieds ,  où  l'on  peut  mener  charrette  l'une  après 
l'autre,  &c  bétail  en  cordel   &  non    autrement. 

Carrière  ,  en  ternes  de  Manège  ,  lignifie  un  lieu 
fermé  de  barrières  où  l'on  entre  pour  courir  la 
bague  &c  la  courfe  même  du  cheval.  On  le  dit  gé- 
néralement d'un  parc  deftiné  aux  exercices  d'un 
homme  de  cheval.  Stadium  curvatum ,  Hippodro- 
miis.  Il  a  fourni  la  carrière.  Il  a  bronché  au  mi- 
lieu de  la  carrière ,  iitôt  qu'il  eft  entré  dans  la 
carrière.  Ce  cheval  a  une  certaine  carrière  tride  , 
c'eft'à-dire,  il  galope  fort  vite. 

^fT  On  dit  qu'un  cheval  a  bien  fourni  fa  carrière , 
pour  dite ,  qu'il  a  bien  fait  la  couriè  qu'on  vou- 
loir qu'il  fît. 

En  Fauconnerie  on  appelle  carrière,  la  montée 
de  l'oifeau  d'environ  60  toiiés.  S'il  monte  plus  ou 
moins ,  on  dit  double  carrière  ou  demi-carrière. 
Dans  les  cirques  anciens  on  appeloit  carrière , 
le  chemin  que  dévoient  faire  les  bigcs ,  ou  quadri- 
ges, c"eft-à-dire  ,  les  chariots  à  deux  ou  à  quatre 
chevaux,   qu'on  failbit  courir  à   toute  bride  jul- ' 


CAR 

qu'aux  bornes  du  ftadc,  pour  remporter  les  prix. 
'fT  On  dit  lig  ircment  ouvrir  à  quelqu'un  une  car- 
rière,  une  htWt  carrure  ,  lui  donner  occalion  de 
taire  briller  fes  talens.  Cet  événement  lui  a  ou- 
vctt  une  belle  carrure. 

'XT  Donner  carrière  à  fon  cfprit ,  le  laiflér  empor- 
ter à  Ion  génie ,  fe  laiflér  aller  à  l'envie  qu'on 
a  de  dire  certaines  choies.  Ciceron  pouvoir  don- 
ner une  libre  carrière  à  ion  efprir ,  &  employer 
l'arr    de  periuader  dans  toute  fbn  étendue.  P.  Rap_ 

.};?  Courir  la  carrière  ,  s'exercer  à  quelque  chofe. 
Ils  courent    tous  deux  la  même  carrière. 

O  \c'js  donc ,  qui  brûlant  d'une  ardeur  périlleufe , 
Cuurei  du  bel  efprit  la  carrière  épineujè.     Bon. 

■^T  Se  donn'!r  carrière  ,  fïgnifîe  auiîi  fe  livrer  à  la 
joie  ,  fe  laiilér  emporter  à  l'envie ,  au  plaifir  que 
l'on  a  de  faire  ou  de  dire  quelque  choie.  On  dit 
dans  le  même  fens  fe,  donner. ctirr/ère  aux  dépens 
de  quelqu'un,  s'en  divertit  par  des  railleries. 

Carrière, lé  dit  encor^  figurement  du  cours  delà  vie  , 
&  du  temps  qu'on  paiîe  dans  quelque  fonélion  ,  dans 
l'exercice  de  quelque  charge,  Curruulum  ,  curjus  , 
,fladium.Ce  faint  homme  a  fourni  fa  carrière,  a  pali'é 
l'a  vie  dans  les  exercices  de  piétc.  Le  prix  nous 
artend  au  bout  de  la  carrière.  Cet  Ambafîadeur  a 
fourni  fa  carrière,  a  achevé  fa  négociation  avec 
fuccès.  Sa  carrière,  (\m  pouvoit  être  plus  longue  ,  ne 
pouvoit  étte  ni  plus  belle  ,  ni  plus  glorieufe.  Patru. 
On  dit  proverbialement ,  qu'on  a  fait  pafler 
carrière  à  quelqu'un  i  pour  dire,  qu'on  lui  a  fait 
faire  quelque  chofe  haut  la  main  &  malgré  lui. 

:)C?  On  le  dit  poétiquement,  du  mouvement  pério- 
dique des  aftres.  Les  aftres  commencent  leur  carrière 
quand  ils  fe  lèvent.  Ils  finilîènt  leur  carrière  quand 
ils  fe  couchent. 

Avant  que  lefoleil  commence  fa  carrière , 
Et  que  l'aurore  au  monde  annonce  fon  retour. 

ICT  Ce  mot  vient  de  c^rr^rti,  de  la  balle  latinité,  qui 
eft  aulfi  efpagnol ,  &  qui  a  été  lait  de  carra ,  comme 
qui  diioit  chemin  de  charrette.  Men.  Ou  bien  il 
\icnz  de  quadraria  on.  quadratariœ  ,  à  quadris  vel 
quadratis  lapidibus.  Borel  le  dérive  de  charrière  , 
vieux  niotfrançois,  rue  par  où  peut  palier  une  char- 
rette. 


CARRILLON. 

CARRILLONNER. 

CARRILLONEUR. 


T  \  CARILLON, 

<  Voyei  <  CARILLONNER. 

S  C  CARILLONNEUR. 


CARRIOTTE.  f.  f.  Fruit  du  Palmier  qu'on  appelle 
communément  datte.  Palma  ,  palmula  ,  pal/nie 
pomiim, 

CARROSSE,  f.  m.  Voiture  commode  pour  aller  par  la 
ville  &:  à  la  campagne,  Rheda  ,  currus  ,petoritum, 
carpentum ,  effeàum.  C'eft  un  vailfeau  propre  à 
tenir  plulieurs  perlbnnes ,  fufpendu  avec  de  groflès 
courroies  fur  quatre  moutons ,  pofe  fur  un  rrain  à 
quatre  roues.  Ses  parries  font  le  train ,  le  bateau , 
l'impériale  ,  les  quenouilles ,  les  fonds ,  les  portières, 
les  mantelets ,  les  gouttières.  Teiffier  ,  dans  les 
Eloges  des  Hommes  illujlres ,  remarque  que  du  temps 
de  François  I ,  il  n'y  avoit  à  Paris  que  deux  carroffes, 
celui  de  la  Reine  ,  &  celui  de  Diane  ,  fille  naturelle 
d'Henri  II,  &:  que  le  premier  des  Seigneurs  de  la 
Cour  qui  en  eut  un ,  fut  Jean  de  Laval  de  Bois- 
Dauphin,  qui ,  ne  pouvant  fe  tenir  à  cheval  à  caufe 
de  Ibn  excellive  grolleur ,  fut  conttaint  de  fe  fetvir 
de  cette  voiture.  Les  Ducs  &  Pairs  onr  le  privilège 
d'entrer  en  fizmjyi)  dans  le  Louvre-,  &  les  Ducheflès, 
de  merrre  des  houlîés  fur  leurs  carrojfes. 

Ménage  dérive  ce  nlot  de  carruca,  owcarruchdy 
qui  fe  trouve  ainli  écrit  dans  les  PandeClics  de  Flo- 
rence. On  trouve  carroccium  ,  pour  un  char  de  guer- 
re, ^c7rf  SS,  Mali  }■  Tome  Fil,  p,  5^;.  D,  Le  mos 


CAR 

earroffi:  vient  de  carrus,  carriun.  Schricck  fait  venir 
le  nom  trançois  carroff'e  ,  &c  le  mot  latin  carriim  , 
de   l'hébreu    i^r\ ,  carots ,  plaufirum,  chariot. 

\in  carroffc  coupé ,  eft  un  corroffe  qaï  n'a  qu'un 
fond  fur  le  derrière,  6c  qui  n'a  tout  au  plus  fur  le 
devant  qu'un  ftrapontin.  Ciirrus  accifus.  Un  carrojje 
à  glaces,  c'eft  celui  qui  eft  garni  de  glaces.  Laminis 
crijlallirns  ijijirucius,  ornatus.  Un  carrojfe  drapé, 
eft  un  carrojfe  de  deuil ,  garni  de  drap  dehors  & 
dedans.  PuUatis  intra  extraqxic  pannis  opertus. 
L'attelage  d'un  c^roj/è^  s'entend  de  fix  chevaux  avec 
un  volontaire ,  pour  lefvir  à  la  place  de  quelqu'un 
des  autres  à  qui  il  arriveroit  quelque  accident.  Ce 
Prince  a  trois  attelages  de  caro^e.  L'attelage  ordi- 
naire n'eft  que  de  deux  chevaux. 

D'où  vient  cet  embarcis  ^  ces  c^\.iC)(Çcs  de  file  ? 
Qiiel  fipeclacle  nouveau  fait  accourir  la  ville}  ^iiA., 

On  appelle  un  homme  à  carrojfe,  une  Dame  à  car- 
rojfe, ceux  qui  Ce  diftinguent  du  peuple  par  l'équipa- 
ge d'un  carroffe  qu'ils  entretiennent ,  qui  font  rouler 
carroff'e.  La  fbttife  de  l'efprit  humain  eft  telle,  qu'il 
n'y  a  rien  qui  ne  lui  ferve  à  aggrandir  l'idée  qu'il  a  de 
lui-même  ;  &  fi  l'on  y  prend  garde  ,  il  s'eftime  davan- 
tage à  cheval ,  ou  en  carroff'e,  qu'.à  pied.  P.  Royal. 

Les  carroffes  de  louage  font  de  deux  fortes.  Les 
carroffes  de  remife  &  les  carrojjes  de  places ,  ap- 
pelés communément  Fiacres.  Ces  derniers  à  Paris  ne 
font  pas  fi  ptopres  que  les  carroffes  de  remife.  On 
les  appelle  carroffes  de  places ,  parce  qu'on  les 
trouve  fur  les  places  publiques  à  Paris ,  où  ils  atten- 
dent qu'on  les  loue  ;  &  les  autres ,  carroffes  de  re- 
mife, parce  qu'ils  ne  font  point  fut  les  places. 
Pour  le  nom  de  Fiacre ,  il  vient  du  nom  de  celui 
qui  a  établi  ces  carroffes,  &c  les  a  le  premier  fournis 
au  public  à  Paris ,  &  qui  fe  nommoit  Fiacre. 
§Cr  II  y  a  aufîl  des  carroffes  publics  pour  aller  d'une 
ville  à  une  autre.  /^oye{  Voiture  publique. 

Les  Hiftoriens ,  &  fur-tout  ceux  d'Italie,  ont  ap- 
pelé carroffe, \e  principal  étendard  d'une  armée, 
qui  étoit  attaché  à  un  arbre  gros  comme  un  grand 
mât ,  avec  des  cables ,  fur  un  chariot  couvert  d'écar- 
late  ,  &  tiré  par  quatre  paires  de  bœufs  caparaçon- 
nés &c  couverts  de  fatin  blanc  avec  une  croix  rouge 
fur  le  milieu.  Il  avoir  au  haut  une  croix  d'or  fort 
brillante,  &  l'étendard  ctoit  blanc  chargé  d'une  croix 
rouge.  Perfonne  n'ofoit  prendre  la  fuite  ,  tant  qu'ils 
fabfiftoit  debout.' Il  étoit  à  la  garde  d'un  Capitaine  , 
avec  huit  Trompettes  &  huit  foldats  d'éhte,  &  il  y 
avoit  un  Aumônier  qui  difoit  tous  les  jours  la  Me/fe 
auprès.  Les  Auteurs  en  attribuent  l'invention  à  Hé- 
ribert ,  Archevêque  de  Milan  vers  l'an  1 1 24,  L'Em- 
pereur Othon  IV ,  avoit  un  femblable  carrojfe,  Plu- 
fieurs  autres  Princes  en  ont  eu  aufTi ,  comme  les 
Rois  de  Hongrie,  &  même  les  Sarrazins. 

On  appelle  proverbialement  un  cheval  de  car- 
roffe ,  un  homme  fans  efprit ,  grolfier  &  brutal. 

CARROSSIER.  (.  m.  Ouvrier  qui  fait  &  qui  vend  des 
carroffes.  Rhedarum  opifex.  Ceux  de  ce  métier  font 
plus  connus  fous  le  nom  de  Selliers.  Dans  leurs 
ftatuts  ils  ont  la  qualité  de  Selliers,  Larmiers,  CarroJ- 
fiers;  &  ils  font  à  Paris  un  corps  féparé  d'avec  les 
Bourreliers. 

On  appelle  encore  carroffer  ,  un  cheval  propre 
pour  le  carroife ,  principalement  quand  il  n'eft  bon 
qu'à  cet  ufage.  Ce  cheval  eft  trop  haut  &  trop  maté- 
riel pour  faire  un  cheval  de  maître ,  il  n'eft  bon 
qu'à  faire  un  carroffier.  Il  étoit  monté  fur  un  grand 
carroffer  qui  le  fecouoit  d'une  étrange  manière, 

CARROUBEou  CARROBE.  Toy^^  CAROUGE. 

CARROUBLE.  f  m.  Baudelot  dans  fon  hiftoire  de 
Ptolémée  Aulétès,/).  101,  donne  ce  nom  pour  un 
nom  de  poilfon.  Je  ne  l'ai  point  trouvé  ailleurs,  & 
je  ne  fais  quel  poifibn  ce  peut-être. 

CARROUS.  Voyei^  Carrousse.  C'eft  la  même  chofe , 

fi  ce  n'eft  que  carrons  n'eft  plus  en  ufage, 
CARROUSEL,  f,  m,Courfe  de  chariots  &  de  chevaux, 


CAR 


287 


fête  magnifique  que  font  des  Princes ,  ou  des  grands 
Seigneurs  pour  quelque  réjouiiîànce  pubhque  ; 
comme  aux  mariages,  aux  entrées  des  Rois,  &c. 
Ludus  equeflris.  Elle  contiftc  en  une  cavalcade  àz 
pluficurs  Seigneurs  fuperbcmcnt  vêtus,  &  équipes  à 
la  manière  des  anciens  Chevaliers ,  qui  font  divifés 
en  quadrilles.  Ils  fe  rendent  à  quelque  place  publi- 
que ,  où  ils  font  des  courfes  de  bagues ,  des  joutes , 
tournois  &  autres  exercices  convenables  à  la  Nobleffe. 
On  y  ajoute  quelquefois  des  charriots  de  triomphe, 
des  machines,  des  danfes,  des  courfes  de  chevaux  , 
(^c.  &  c'eft  de-là  que  ces  fêtes  ont  pris  leur  nom. 
Les  Maures  y  introduifircnt  les  chifres  &  les  livrées, 
dont  il  ornèrent  leurs  armes  &:  les  houlfes  de  leurs 
chevaux ,  avec  plufieurs  applications  myftérieufes. 
Les  Goths  &  les  Allemands  y  ajoutèrent  l'ufage  des 
cimiers,  des  mafies  de  héron  &  des  aigrettes.  La 
plupart  des  machines  font  des  inventions  des  Italiens. 

IP"  Ces  combats ,  qui  tonoient  de  l'ancienne  Cheva- 
lerie ,  prirent  la  place  des  Joutes  &  des  Tournois 
fous  le  règne  de  Henri  IV.  Depuis  Louis  XIV ,  ils 
ont  celfc  d'être  de  mode. 

On  appelle  auffi  carroufel ,  le  lieu,  la  place  où 
l'on  a  fait  un  carroufel. 

Cemotvicntde  l'italien  r^rro/è//o,  diminutif  de 
carro.  Men.  Le  P.  François  Meneftrier  Jéfuitc  ,  a 
écrit  des  carroufels ,  des  joutes  &  des  tournois.  Il  y 
décrir  la  pompe  ou  la  marche  des  carroufels ,  le 
lieu  ou  la  carrière  des  carroufels  ,  les  fujets  des 
carroufels,  les  machines  des  carroufels,  les  ré- 
cits &  l'harmonie'  des  carroufels  ,  les  perfonnes 
qui  entrent  dans  la  pompe  des  carroufels ,  les  com- 
parfes ,  &  toutes  les  adions  ordinaires  ^des  carroufels. 
TertuUien  en  fon  livre  des  Spectacles ,  arttibue  à 
Circé  l'invention  des  carroufels ,  &  veut  qu'elle  ait 
été  la  première  à  dreffer  le  cirque  &  des  courfes 
en  l'honneur  du  Soleil  fon  père.  De  forte  que  quel- 
ques-uns croient  que  ce  mot  vient  de  carrus  folis  , 
ou  de  caro  del  foie.  Mais  il  y  a  plus  d'apparence 
qu'il  vient  des  chats  &  carolTes  qu'on  y  menoit. 

CARROUSSE.  f.  f.  Bonne  chère  qu'on  fair  en  buvant  ; 
&  en  fe  réjouiflant.  Larga  &  hilaris  compotatio.  Ils 
ont  été  trois  jours  chez  un  tel  à  faire  carrouffe.  Ce 
mot  eft  populaire  &  vient  de  l'allemand  garhaus  , 
qui  veux  dire ,  tout  vuidé  ;  on  fous-entend  le  verre  ; 
d'où  on  a  fair  depuis  carrons ,  &c  puis  carrouffe. 
Men.  Borel  le  dérivent  de  x«^« ,  gaudium, 

CARROY.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  fe  trouve  dans 
Marot.  Place  publique ,  grande  &  fpacieufe  où  peu- 
vent aller  &  venir  les  cars  ou  les  carres,  c'eft-à-dire , 
les  chars  ou  chariots.  Forum. 

Qiiandfut  en  plein  carroy 
Sur  un  haut  lieu  Je  mit  en  bel  arroy.     Marot, 

CARRUCHEN.  f.  m,  Efpèce  de  petite  catpe  qu'on  a 
apportée  depuis  peu  de  Hambourg  en  Angletetre. 
Hifl.  de  UAcad.  des  Se.  1 741 ,  31. 

CARRURE,  f  f,  §3*  La  largeur  du  dos  par  les  épaules 
Si  un  peu  au-deffus.  Voila  un  homme  d'une  belle 
carrure  Les  Tailleurs  fe  fervent  de  ce  mot  en  par- 
lant de  la  taille  d'un  pourpoint ,  ou  d'un  corps  de 
jupe,  qui  fe  dit  particulièrement  de  l'efpace  qui  eft 
entre  les  deux  épaules,  Spatium  inter  humeros  inter- 
jeclum.  On  dit  carrure  de  Aevanucarrure  de  derrière. 

gCT  CARS,  Ville  d'Alie  dans  l'Arménie  ,  vers  les 
fources  de  l'Euphrate  &  les  frontières  de  la  Géorgie. 

CARSAYE,  f,  f.  ou  CRESEAU.  f.  m.  Etofte  qui  fe  fa- 
brique en  Angleterre, 

CARSE,f  f.  Mefure.  Toy^^  Carre. 

§cr  CARSISTE.  Toye^  Carciste. 

CARTAGE.   Foyei.  Cartiiage. 

^  CARTAGER,  v.  n.  Mot  qui  n'eft  en  uf.ige  que 
dans  rOrléannois ,  pour  fignifier,  donner  à  la  vigne 
un  quatrième  labour.  Cette  qua«:ièmc  fiçon  devient 
néceflaire,  quand  la  vigne  a  été  fumée  depuis  la 
dernière  récolte,  principalement  fi  l'année  a  été 
pluvieufe ,  à  caufc  des  herbes  que  le  fumier  6c  les 
pluies  fréquentes  font  pouffer. 

CARTAHU.  f  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  Ma-« 


2^8 


C  A  R 


nauvre  paUc;:  dans  une  poulie  au  haut  des  mâts , 
pouï  hillei-  les  autres  mana-uvres ,  ou  aurre  choie, 
§3"  CARTAMA,  Ville  d'iilpagne  ,  au  Royaume  de 
Grenade  ,  environ  à  trois  lieues  de  Malaga  ,  lur  la 
rivière  de  Guadaljole. 
CARTAME  ou  CARTHAME.  (.  m.  Canhamum  of- 
ficinarnm  ,  Jive  tenicus  jativus.  Plante  annuelle  à 
fleurons  i  ainli  nommée  à  caufe  de  fa  qualité  pur- 
gative. Sa  racine  eft  menue ,  ^  quelquefois  le  di- 
vile  en  pkUieurs  menus  bras.  Elle  ne  pouife  qu'une 
feule  tige ,  haute  de  deux  pieds  environ  ,  arrondie  , 
branchue  à  fon  extrémité  ,  &:  chargée  de  tcuilles 
alternes ,  iJHes  ,  nervculcs  ,  longues  de  deux  pou- 
ces fur   demi   pouce  de  largeur  ,   pointue   à  leur 
extrémité  ,  plus  larges  à  leur  bafc  ,  &  un  peu  épi- 
neules  fur  leurs  bords.  Ses  branches  font  terminées 
par  des  têtes  grofles  comme  des  noix ,  compofées 
de  pluficurs  écailles  allez  larges ,  pointues ,  &  de 
couleur  pareille  à  celle  des  feuilles.  Les  fleurons 
qu'enferment  ces    têtes  font  d'un  beau  jaune   qui 
rougit  en  fe  deflechant.  Chaque  fleuron  ell:  porté 
pat  un  embryon  qui  devient  une  femence  blanche, 
faite  en  forme  de  coin ,  plus   grofle    qu'un    grain 
d'orge,  &  qui  n'efl:  point  chargée  d'aigrettes.  Cette 
femence  dépouillée  de  fa  peau  extérieure  ell  pur- 
gative ,  &  fert  de  baie  aux  tablettes  diacarthami. 
Cette    même  femence  le    donne  aux  perroquets  -, 
d'où  lui  vient  le  nomàç  Jemence  de  perroquet.  Sa 
fleur  efl:  employée  com.me    le  vrai  falfran  ,    d'où 
vient  le  titre  de  faffranum  ^  ou  fafFran  bâtard.   On 
l'emploie  dans  les  teihtUres  de  laine   &  de  foie. 
Voye^  Saffran  bâtard. 

Ce  mot  vient  de  caten  ,  qui ,  chez  les  Mores , 
fignifie  la  même  plante ,  ou  du  grec  xuBx't^uv ,  purger  ; 
car  cette  plante  efl:  purgative, 
CARTAMY.  f  m.  Drogue  ou  femence  employée  dans 

les   tarifs. 
CARTAUT.  Voyei  Quartaut, 
CARTAUX.  i.  m.  pi.  Sur  mer  on  appelle  canaux 
les  cartes   marines.    Tabulai  nautica  ,    ou   mari- 
tiinx. 
CARTAYER.  v.  n.  Terme  de  Codier  &:  de  Char- 
retier. Conduire  uneVoiture  de  manière  que  les  roues 
fuient  entre  les  ornières  Se  les   ruiffeaux  ,  &  non 
dedans  ,    ce  qui  foulage  les  chevaux.    Il    y  a  de 
l'adrefle  &  quelquefois  du  danger  à  cartayer.  On 
prononce  carteyer.  On  dit  auifi  quarter  &;  quar- 
toycr. 
CARTE,  f.  £  Papier.  Charta.  Il  n'efl:  plus  en  ufage 
que  dans  cette  phrafe  ,  donner  la  carte  blanche  à 
quelqu'un ,  ou  donner  carte  blanche  -,  pour  dire  , 
lui  donner  un  papier  blanc  ligné  pour  le  remplir  de 
ce  qu'il  lui  plaira. 

On  le  dit  auHl  au  figuré  ,  pour  dire  -,  fe  fou- 
mettre  à  toutes  les  conditions  qu'un  autre  nous  vou- 
dra impofer  -,  lui  lailfer  la  liberré  entière  de  taire  ce 
qu'il  lui  plaira,  dans  une  affaire  qu'on  lui  propofe  , 
ou  dont  on  le  charge.  On  dit ,  avoir  carte  blanche , 
de  celui  à  qui  on  la  donne.  ^fT  Dans  l'art  mili- 
taire ,  dite  qu'un  Général  a  carte  blanche  ,  c'eft 
dire  qu'il  peut  attaquer  l'ennemi  fans  avoir  belbin 
d'ordres  particuliers ,  fans  en  avertir  la  Cour  au- 
paravant. 
Carte  ,  fe  dit  aufTi  du  mémoire  de  la  dépenfe  d'un 

repas ,  chez  un  Traiteur,  Apportez  la  carte. 

Carte  ,  fignifie  en  général  le  carton  dont  fe  fervent 

les    Artiliciers.   Ils  en  défigncnt   l'épaiflèur  par  le 

nombre  des  feuilles  de  gros  papier  gris  dont  il  eft 

compofc  :  ainti  l'on  dit  de  la  carte  en  deux ,  trois , 

quatre  ou  cinq ,  fans  y  ajouter  le  mot  de  feuilles,  qui 

efl:  fous-entendu  chez  eux  &:  chez  les  Marchands  qui 

les  vendent.  On  déligne  les  petites  cartes ,  en  les 

appelant  cartes  à  jouer ,  &  le  gros  carton  plus  roide 

&  moins  propre  au  moulage  ,  qui  doit  être  flexible , 

s'appelle  carte-liffe. 

Carte  ,    eft  aulTi  une  grande  feuille  de  papier  ou 

plulieurs  feuilles  collées  enfcmble ,   fur  lefquelles 

^     on  a  tracé  ,    dépeint  ou    gravé  la  repréfentation 

'*    du  monde,  ou  de  fes  parties.  Tabula,  Les  cartes 


CAR 

géopt:aphîques|contiennent  la  dcfcription  dcsterresj 
les  hydrographiques ,  celle  de  la  mer  -,  les  choro- 
graphiqucs  ,  cehe  d'une  région  -,  les  topographi- 
quts ,  celle  de  quelques  lieux  particuliers. 

Elévélius  a  fait  le  premier  des  cartes  fclénogta- 
phiques ,  qui  contiennent  la  defcription  des  ligures 
qui  apparoillént^dans  la  lune.  La  carre  univerlellc, 
qui  rcprélénte  toute  la  furface  de  la  terre  ou  les  deux 
hémilphères  >  s'appelle  mappemonde.  Totlus  orbis 
in  tat-ida  dej'criptto.  On  dit  auHl   des  cartes  cof- 
mographiques  ■■,  pour  dire ,  la  defcription  du  monde. 
1.2.  cane  particulière  eft  celle  qui  repréfentc  quel- 
ques pays  particuliers ,  ou  quelques  portions  de  pays. 
On  a  trouvé  l'invention  de  faire  des  cartes  topo- 
graphiques fort   exaéles  ,   en  fiifant  des  obferva- 
tions  avec  des  inftrumens  garnis  d'alhidades  en  deux 
ftations.  Le  premier  qui  en  a  écrit,  a  été  Philippe 
d'Amfrie  ,  Tailleur  général  des  monnoies  de  France 
en  1597  &:  les  PP.  "jean -François  Schot    &  Par- 
dies,   Jéfuites  ,    comme    a  rapporté  le  fleur   Co- 
miers  en  fon  Traité  des  Lunettes.  On  prétend  que 
Sefoftris ,  premier  Roi  d'Egypte ,  qui  fe  rendit  re- 
doutable par  .les  armes  ,  fut  aulli  le  premier  des 
hommes  qui  inventa  les  cartes  géographiques  ,  pour 
faire  connoître  l'étendue  de  fes  conquêtes. 
Carte  Marine  qw  Hydrographique ,  eft  la  projeâion 
de  quelques  parties  de  la  mer  fur  un  plan ,  pour 
l'ufage  des  Navigateurs  :  c'eft  une   carte  où  l'on 
prend  peu  de  foin  de  marquer  les  villes  qui  font 
en  rerre  ferme  ;    mais  on  y  décrit   exaélement  la 
mer ,  les  côtes ,  les  poits ,   les  rochers ,  les  îles  i 
les  bancs  de  fable,  les  lèches  &  les  golfes.  Ma 
rina  ,  nautica  tabula.  On  y  décrit  aulfi  ,  outre  les 
longitudes  6c  latitudes ,  les  lignes  des  rhumbs  des 
vents,  On  y   marque  les  méridiens  en  lignes  pa- 
rallèles -,  ce  qui  eft  fujet  à  beaucoup  d'eireurs.  On 
fe  fert  fur  la  méditerranée  de  cartes  par  routes  & 
diftances.  Elles  n'ont  point  d'autres  lignes  que  celles 
des  rhumbs  des  vents  -,  &:  une  feule  échelle  ,  qui  fe 
mefure  par  milles.  Les  marelots  ont  des  cartes  au 
point  plat ,  au  point  commun ,  qui  font  les  ordi- 
naires \  d'autres  au  point  réduit ,  quand  les  degtés  ■ 
de  latitude  ,  c'eft-à-dire  ,   les  degrés  qui  courent 
nord&  lùd,  font  tous  inégaux  entr'eux  ,  plus  petits 
auprès  de  l'équateur ,  &  plus  grands  à  mefure  qu'ils 
s'approchent  des  pôles  -,  ce  qui  arrive ,  lorfque  la 
projedion  de  la  carte  eft  telle,  que  le  pôle  y  fert 
de  centre  ,  &  que  les  rayons  en  marquent  les  mé- 
ridiens. 
Carte   plate  ,    eft   une    carte  qui    repréfente    une 
moyenne  étendue,  comme  font  les  côtes-,  qui  ont 
une  échelle  de  lieues ,  &  de  plus  les  degrés  de  la- 
titude marqués  fur  leurs  côtés   parallèles  au   mé- 
ridien. Plus  les  cartes  font  à  grands  points ,  c'eft^ 
à-dire  ,    plus  elles  font    grandes  .à   porportion  du 
terrain  qu'elles  repréfentent ,  plus  elles  font  par- 
faites. 

On  appelle  cartes  réduites ,  celles  où  les  degtés 
de  latitude  vont  en  augmentant  de  l'équateur  vers 
les  pôles,  en  raifon  des  fécantes.  Ainfi ,  prenant  pour 
un  degré  de  l'équateur ,  ^  pour  le  premier  degré 
de  latitude  ,  ou  le  rayon  entier  ,  ou  une  panie 
aliquote  quelconque  de  ce  rayon ,  on  prehd  pouf 
le  fécond  degré  de  latitude  la  fccante  d'un  degré, 
ou  la  partie  aliquote  femblable  de  cette  fécante. 
Pour  le  5':  degré ,  on  prend  la  fécante  de  deux 
de2:rcs ,  ou  la"  paitie  aliquote  femblable ,  Si  ainli 
de  lùite. 

Lorfque  l'on  veut  avoir  une  carte  à  plus  grand 
point ,  on  prend  pour  30  minutes  de  latitude  ,  ou 
pour  30  minutes  de  l'équateur,  un  rayon  de  cercle, 
ou  une  partie  aliquote  quelconque  de  ce  rayon  : 
pour  un  degré  de  latitude ,  on  ajoute  de  fuite  la 
Iccante  de  50  minutes.  Pour  le  fécond  degré  de  la- 
titude, on  ajoute  la  fécante  de  30'  ou  les  parties 
aliquotes  femblables  de  ces  fécantes ,  &:  ainfi  de 
fuite.  C'eft  abfolument  la  même  conftruction  pour 
les  échelles  de  latitude.  Dans  les  cartes  au  plus 
grand  point ,  comme  celles  du  Neptune  François  , 

aa 


C  A  R 

au  lieu  de  prendre  les  iccantcs  de  degré  en  degré  » 
ou  de  dcitii-degrc  en  demi-  degré  ,  on  les  prend  de 
lo  minures  en  lo  minutes  ,  &  même  plus  près  à 
près  -,  5c  tous  les  Auteurs  conviennent  que  les  cartes 
réduites  &  les  échelles  de  latitude,  font  d'aittant 
meilleures ,  que  l'on  prend  de  iilite  de  plus  petits 
arcs.  DeLagny,  Acad.  des  Sciences  ,  170^  »/'•95', 
«j-f.  On  dit  que  les  cartes  font  réduites  eh  grand 
ou  en  petit  point,  fuivant  que  la  diviiion  des  de- 
grés eft  faite  en  un  plus  grand  ou  en  Un  plus  petit 
nombre  de  parties.  Sncllius  eft  le  premier  Auteur 
des  canes  réduites. 

^fT  Carte  de  Mcrcator ,  ainli  nommée  de  Mercaror , 
qui  l'a  propofce  le  premier  ,  eu  celle  dans  laquelle 
*  les  méridiens  &  les  parallèles  l'ont  reprélcntés  par 
des  droites  parallèles ,  mais  où  les  degrés  des  mé- 
ridiens Ibnt  inégaux  ,  &  croidcnt  toujours  à  meûire 
qu'ils  s'approchent  au  pôle  ,  dans  la  même  railon 
que  ceux  des  parallèles  décroilîént  fur  le  globe  j 
au  moyen  dequoi,  ils  coniérv^nt  entr'eux  la  même 
proportion  que  fur  le  globe. 

Pointer  la  carte  ,  c'ell  marquer  le  lieu  fur  la  carte 
où  on  croît  être  en  pleine  mer-,  lliivant  l'oblcr- 
vation  &  l'ellime  d'un  Pilote.  Altuin  mare  in  ta- 
bula nautica  dejignare. 

On  fait  aulîi  lut  terre  des  cartes  de  routes  pour 
les  logemens  de  gens  de  guerre ,  &c  pour  les  cam- 
pemens  :  &  on  dit ,  ôter  quelqu'un  de  deillis  la 
carte ,  pour  dire  l'exemter  du  logement  des  gens 
de  guerre,  faire  détourner  un  peu  la  route. 

Savoir  la  carte  ,  fe  dit  au  p^ropre  de  ceux  qui 
favent  la  Géographie.  Peritum  eff'e  Geo>^raphiœ ,  in 
Ceograpkia  ejfe  vcrfatiim.  Il  fe  dit  mieux  encore , 
au  figuré,  de  ceux  qui  connoiilént  les  intrigues 
d'une  Cour,  le  train  des  affaires  d'un  Etar,  les  de- 
tours  d'une  maifon  ,  les  connoiiiances  ,  les  habi- 
tudes, les  fecrets  d'une  famille  ,  d'un  quartier.  Oc- 
cultas aulicorum  artes  ,  initas  rerum  rationes  ,  J'e- 
creta  domits ,  arcdna  famUiarunl  nofje  ,  callere. 
Balzac  a  dit  qu'il  cfl:  aifé  de  trafiquer  llir  la  carte  , 
c'eft-à-dire,  qu'il  eft  facile  de  donner  des  conicils , 
loin  des  évcnemens  &:  du  danger. 

Carte  Agronomique  ,  eft  une  carte  qui  rcpréfente 
les  Conltellatious ,  dans  la  fituation  qu'elles  ont  les 
unes  à  l'égard  des  autres.  Tabula  ajironornica. 

Carte  Généalogique ,  eft  une  carte  qui  contient 
toute  la  Êcénéalogie  d'une  Mailbn.  Tabula  <!cnea- 
logica. 

Carte  iîgnifîe  au/îl ,  un  corps  fait  de  plufeurs  feuilles 

■  de  papier  collées  enfemblc,  ou  de  papier  haché, 
mouillé ,  réduit  en  bouillie ,  railcmblé  8c  fèché  dans 
une  preffc.  ChartaJ'pijJior,  On  mer  de  la  carte  dans 
les  coU-ets  de  pourpoint,  &  dans  plufieui's  autres 
chofes  qu'on  veut  rendre  dures  8c  fermes.  Oii  fait 
des  images  de  carte  dans  des  moules ,  des  plaques  -, 
des  ornemens  de  plafond  avec  de  la  carte  dorée. 

Carte  ,  en  termes  de  Cartier ,  eft  une  feuille  de  carton , 
où  il  y  a  plulieurs  ^Tflr/fi-  fans  être  couplées.  Tabula 
piclis  foliis  lujoriis  dijiincia. 

Cartes  ,  fe  dit  plus  ordinairement  au  pluriel,  quoi- 
qu'on dife  auHî  fort  bien  au  iingulier ,  une  carre. 
1)3"  Petits  feuiirets  de  carton  fin  coupé  en  carré 
long ,  blancs  d'un  côté ,  marqués  de  l'autre  de  quel- 
que figure  &  de  quelque  couleur ,  dont  on  fé  fert 
à  plufîeurs  jeux ,  qu'on  appelle  pour  cette  raifon 
jeux  de  cartes.  Folia  lujoria.  Il  y  a  plulieursjeux 
de  cartes,  le  piquet,  le  brelan,  l'ombre,  le  qua- 
drille,  la  balfette,  le  lanfquenet,  la  triomphe,  le 
hère,  l'impériale  ,  le  hoc  ,  le  reverlis,  la  grande  8c 
petite  prime ,  la  menille ,  &c. 

On  appelle  fauffes  cartef  pu  cartes  prcpa.rées , 
des  cartes  qui  ont  dès  marques  auxquelles  on,  les 
connoîr,  8c  par  le  moyen  defquelles  on  voit  fi  elles 
font  dans  le  jeu  de  l'adverfaire-,  ou  qui  iervenr  à 
les  faite  tomber  à  qui  l'on  veut.  Adulterinum  fo- 
■  lium.  Les  filoux  fe  fervent  de  cartes  préparées  ,  pour 
tromper  ceux  contre  lefquels  ils  jouent.  Cléon  étoit 
d'un  quart  à  la  balfette  avec  une  jeune  dupe ,  pour 
Tome  II. 


CAR  289 

laquelle  il  tailloir  avec  des  cartes  préparées.  Ghev, 

de    RiORk 

On  dit  -  aufÎ!  qu'il  eft  entré  une  fàufTe  carte 
dins  un  jeu  ,  quand  c'eft  une  carte  toute  (cu.le  d'un 
point.  Foliuin  luforium  jiotiX  inferioris.  Elle  eft  de- 
làvantageufe ,  parce  qu'on  eft  obligé  d'obéir  à,  une 
haute  de  même  point  qu'on  jette ,  &  qui  fait  perdre 
la  main.  Les  Lydiens,  pour  charmer  la  faim  pen- 
dant une  extrême  difette  ,  inventèrent  les  cartes  & 
la  paumé  ;  ils  jouoient  un  jour ,  lïc  mangeoient  l'autre. 
Le  Gendre.  ^ 

Ori  dit.  adfîi ,  battre  j  mêler,  brouiller,  couper 
les  cartes  ;  lorfqu'on  les  manie  long-temps  pour 
en  changer  l'ordre  8c  la  dilpofition  ,  8c  qu'enfui le 
on  en  lépate  le  jeu  en  deux ,  8c  qu'on  met  deiias 
celles  qui  étoient  deifous ,  après  quoi  on  les  dil- 
tribue.  Aîijccre ,  periurbare. 

On  dit  figuremeht  en  ce  iens ,  que  les  cartes 
font  bien  brouillées ,  quand  dans  un  Etat,  ou  dans 
une  Cour ,  il  y  a  des  troubles ,  des  guerres ,  des 
diUênlions,  des  intérêts  &  afîàires  fort  difî:ciles  i 
accommoder* 

On  dit  fîgurément,  le  deffous  des  cartes ,  pout 
dire  ,  une  ehofe  fecrète.  Je  trahis  l'on  lêcret  pour 
vous ,  par  le  plaifir  que  j'ai  de  vous  faire  voir  le 
de/fous  des  cartes ,  qu'il  a  dellein  de  vous  cacher  à 
vous-même.    Madame  de   Sevig. 

On  dit  proverbialement  à  un  homme  qui  fe 
plaint ,  &c  qui  eft  difficile  à  latisfaire.  Si  vous  n'êtes 
pas  content ,  prenez  des  cartes. 
•  On  appelle  jouer  bien  les  cartes ,  faire  des  cartes , 
gagner  les  cartes  ,  quand  on  fait  un  plus  grand 
nombre  de  levées  des  cartes  qu'on  joue  fur  la  rable, 
que  celui  contre  qui  l'on  joue.  Scienter  foliis  piclis 
ludere  ,  folia  verfare  ,  dirnittere. 

On  appelle  cartes  ,  ce  que  les  joueurs  laiflênt 
pour  la  dcpenfe  des  cartes.  Les  domeftiques  ont 
les  cartes. 

On  dit  figurément  d'une  maifon  bien  enjolivée, 
mais  bâtie  peu  folidement ,  que  c'eft  un  château  de 
cartes. 
Carte.  Dans  l'Ordre  des  Chartreux  on  donne  le  nom 
de  carte  aux  décifions  du  chapitre  général  de  l'Or  ' 
dre. 
Carte  de  Charité.  Nom  en  ufage  dans  l'Ordre  de  Cî- 
teaux.  Charta  charitatis.  S.  Etienne  ,  Abbé  de  Cî- 
teaux,  ayant  fondé  plufîeurs  monaftères  en  France 
&;  en  Allemagne  ,  &  voulant  les  unir  par  les  liens 
de  charlré   &c   d'uniformité  d'obfervances  ,  dreffa 
avec  les  Abbés  &:  quelques  Religieux  de  ces  mo- 
naftères le  premier  ftatut  de  l'Ordrcqu'il  appella  la 
Carte  de  charité ,  qui  contient  en  cinq  chapitres  tous 
les  réglemens  néc'elfaires  pour  l'établiffement  &  la 
condiute  de  cet  Ordre  ,  &  pour  maintenir  l'union  , 
la  régularité,  la  dépendance  8c  la  chariré.  P.  Hel. 
T.  V^  t  p.  551.  La  carte  de  chariré  fut  modifiée  en 
1 165  ,  par  la  Clémentine  ou  Bulle  de  Clément  V. 
ffT  Carte  de  Perruquier.  Voyez  Carde. 
CARTEL,  f.  m.  Lettre  de  défi ,  écrit  qu'on  envoie  a 
quelqu'un  p5ur  le  défier  à  un  combat  fingulier ,  foit 
pour  des  tournois ,  foit  pour  un  duel  formé.  Scrip- 
tum  quo  quis  provocat  ad  certarnen.  Cet  écrit  con- 
tient ordinairement  le  lieu  ,  la  manière  ,  le  fujet  , 
le  jour  8c  l'heure  du  combar.  Les  cartels  ne  font 
plus  en  ufage  depuis  que  le  Roi  a  li  févérement  dé- 
fendu les  duels ,  fi  ce  n'eft  figurément  &  en  raillerie  , 
quand  on  veut  défier    quelqu'un  à  la  diiputc  ,  8c 
faire  un  afîaiit  de  répuration  &d'efprit.  L'ufage  des 
cartels  8c  des  défis  eft  fort  ancien  ,  &  on  en  voit 
divers   exemples  dans  Homère  ,  Virgile  &  autres 
Poètes  Grecs, '&  Latins, 

Vam'i'poir  fon  ami  ,  pré  (entant  /e  cartel. 
Se  fit  d'être  ajfadtn  un  devoir  criminel.  Vi,l.t.j 

.      ■■''  '■' 
Cartel  ,  fîgnifîe  auHî  un  accord  qui  fe  fait  entre  les 
Erars ,  pour  la  rançon  des   prn'onniers  pendant    la 
guerre.  Paclio  de  capiivis  initabelU  tempçre. 

Cartel.  Mcfùrc  de  continëiVce  pour  les  grains  ,  qui 

O0 


25JO 


CAR 


eft  en  ufage  à  Rocroy,  à  Mczictes  &  antres  lîenx  ,  ^ 
Cette  mefure  eft  ditfcrence  ielon  les  différens  lieux, 
Voye:^  le  Dict.  de  Commerce. 
CARTELADE.  f.  f.  Mefiire  en  longueur  dont  on  le 
fert   pour  l'arpentage  des  terres  dans  quelques  en- 
droits de  la  Guienne  ,  particulièrement  à  Aiguillon 
&  à  CoUeigne.   Il   fttut  t,6  picotins  pour  faire  la 
cartelade ;  chaque  picotin  de   iz  ercairs,&:  chaque 
efcair  de  douze  pieds ,  meliue  d'Agen  ,  qui  eft  en- 
viron de  trois   lignes  plus  grande  que  le  pied  du 
Roi. 
CARTELET  f.  m-ifetite  ctoffe  ordinairement  toute  de 

laine. 
CARTELETTE.  adj.  f.  Terme  de  couvreur.  On  ap- 
pelle la  plus  petite  ardoilc  ,  ardoife  carteUtte. 
CARTELLE.  f.  f.  Terme  de  Charpenterie  ,  qui  le  dit 
des  grofFes  planches  ou  doilcsqui  fervent  auxmou- 
Jins  à    porter  les  meules    ,   ou  à    taire  des  plan- 
chers qui  font  à  côté  ,  &  à  d'autres  ufages.  Mate- 
riez. 
Cartelle  ,  eft  au/fi  une  façon  de  débiter  les  bois 
qui  font  recherchés  -,  comme  les  frênes  &:  érables 
loupcux  &  nouaillcux  ,  lorfqu'on  les  met  par  peti- 
tes planches  de  trois  ,  quatre  &:  cinq  pouces  d'c- 
paiffeur  pour  fervir  aux  Ebéniftes.   Teyella. 
CARTENIER.  Voyei  Quab-tenier. 
CARTARO.  f.  m.  De  l'italien  Carteno.  Porte-lettre. 
Sorte  d'étui  ou  de  porte-feuille  ,  dans  lequel  on 
met  des  lettres  &  des  papiers  ,  &:  que  l'on  porte 
dans  fa  poche.  Le  Comte  de  Tournon  fortit ,  Ma- 
dame (  Marguerite  de  Valois  )  lui  ayant  donné  ^un 
cartero  de  "peau  d'Efpagne  en  broderie  de  perles 
pour  Moniteur  (  le  Duc  d'Anjou  ,  )  à  deflcin  de  re- 
doubler l'inquiétude  du  Duc  de  Guife  ....  Madame 
de  Ville-Dieu,  Journal  amoureux  ,  Tom.  io,p.  t,o6. 
Le  Comte,  en  portant  le  cartero  à  Monfieur  d'An- 
jou ,  l'ouvrit ,  Î5C  trouva  dedans  un  billet  cacheté  , 
fur  lequel  il  y  avoir  écrit  :  Pour  fous  ,  Tournon  , 
..,p.  308. 
CARTERON.  Voye^  Quarteron. 
CARTÉSIANISME,  f.  m.  Prononcez  la  féconde  /  La 
philofophie  de  Defcar.tes.  Sentimens  ,  opinions  du 
philofophe  Defcartes.  Cartejianij'mus.  Sede  de  Phi- 
lofophes  modernes  dont  Defcartes  eft  le  chef,  & 
qui  prend  fon  nom  du  mot  latin  de  l'on  chef.  Car- 
tejîus. 

Le  Cartéjîanifme  a  fes  principes    de  Méthaphyfi- 
que  &  de  Phyfique.  03°  Le  principe  de  Méthaphy- 
fique  eft  ,  qu'il  faut  douter  de  tout  d'un  doute  mé- 
thodique ,  c'eft-à-dire,  qu'il  faut  d'abord  fe  com- 
porter comme  fi  tout  ctoit  douteux,  Defcartes  dé- 
bute enfuirc  par  ce  principe  \  je  penfe ,  donc  je  fuis  : 
&  conclut  qu'il  n'y  a  de  vérités  philofophiques  que 
••celles  qu'on  apperçoit  par  l'idée  claire  ou  par  le 
•  '  fentiment  intérieur.  Ce  principe  a  été  attaqué  &i 
foutenu  avec  bcaacoup  de  vivacité  ,  &  avec  trop 
de  partialité  de  part  éc  d'autre  :  car ,  quoiqu'il  foit 
vrai  que  nous  fommes  afliirés  en  même  temps  par 
le  fentiment  intérieur  de  la  confcience ,  que  nous 
exiftons  ,  con-u-ne  nous   le  Tommes  que  nous  pen- 
fons ,  il  eft  vrai  de  dire  que  la  conclulion  de  ce  rai- 
fonnemenr ,  je  fuis  ,  fc  tire  bien  de  l'antécédent  ,je 
penfe  ,  puifque  penfer  ,  luppofe  néceflairement  être 
'   -ou  exijier  ,  &  que  l'efprit  voit  clairement  la  liai- 
fon  nécellaire  qu  il  y  a  entre  penfer  &  être.  Cepen- 
dant Defcartes   n'a  pas  dû  propofer   fon  principe 
comme  une  nouvelle  découverte.  Avant  lui  on  favoit 
que,  poi^r  penfer ,  il  faut  être  ,  Se  que  celui  qui  penfe 
aârucllement ,  exifte  adueUement.  Pour  la  Phyfique 
le  principe  dii  Cartéjîanifme  eft  qu'il  n'y  a  que  des 
fubflrances  ;  ce  principe  a  paru  dangereux  ,  &  on 
le  combat  tous  les  jours  dans  les  écoles  Catho- 
lique?  ,  en  prouvant ,  ou  en  voulanr  prouver  ,  qu'il 
y  a'  des  accidens  abfolus.  Ces  fubftances  font  de 
deux    fortes.    L'une  eft  la  fubftancc   qui    penfe  , 
.&  l'autre  .la  fubftapce  étendue  i  la  penfée  aducUe  ; 
retendue  aéluelle  ,  font  de  l'eflènce  de  la  fubftance , 
tellement  que  la  lubftance  penfante  ne  peut  être 
.    fans  quelque  penfée  actuelle ,  &  qu'on  ne  peut  rien 


CAR 

retrancher  de  l'étendue  d'une  chofe  ,  fans  retrancher 
de  la  fubftance.  A  l'égard  de  la  fubftance  penfante  , 
on  ne  conçoit  pas  comment  Dieu  ne  pourroit  pas 
l'cmpêchct  de  penfer,  en  lui  refufant  fon  concours 
pour  quelque  aélion  que  ce  foit  ,  tandis  qu'il  lui 
confervera  l'exiftence.A  l'égard  de  la  lubftance  éten- 
due ,  la  foi  nous  apprend  que  le  corps  de  Jefus- 
Chrift  ne  perd  rien  de  fa  fubftance  dans  le  Sacre- 
ment de  l'Euchariftie  ,  quoiqu'il  y  perde  beaucoup 
de  fon  érenduei  ainli  l'on  ne  peut  pas  dire  que 
l'étendue  eft  l'elfence  de  la  matière.  Un  autte  ptin- 
cipe  du  Cartéjîanifme ,  eft  qu'il  n'y  a  point  de  vide , 
&  qu'il  n'y  en  peut  avoir  dans  la  nature  ,  parce  que  \ 
ce  vide  pourroit  être  mefuré ,  il  fcroit  étendu.  Ce  fe- 
roit  donc  de  la  matière  ,  car  tout  ce  qui  eft  étendu» 
eft  matière. 

Ces    principes  de  Phyfique  une  fois  fuppofés  , 
Defcartes  explique  par  les  principes  de  la  Mécha- 
nique,&:  par  les  règles  du  mouvement ,  comment  . 
le  monde  a  été  formé  tel  qu'il  eft.  ?f 

MONDE    DE    DESCARTES. 

î^C?  Defcartes  luppofe  une  multitude  de  parcelles  de 
matière,  dures ,  cubiques  ou  feulement  anguleufes , 
étroitement  appliquées  l'une  contre  l'autre,  face  con- 
tre face ,  &  li  bien  entalTées ,  qu'il  ne  fc  trouve  pas 
le  moindre  vide  entr'elles,  Enfuite  Dieu  met  toutes 
ces  parcelles  en  mouvement-,  il  les  fait  tourner  la 
plupart  îurour  de  leur  propre  centre ,  &  de  plus ,  il 
les  poulfe  en  ligne  droite  :  enfin  ,  il  en  fait  tourner 
un  certain  nombre  autour  d'un  centre  commun. 
Cela  luppofe  ,  vous  allez  voir  fortir  de  ce  chaos  un 
monde  femblable  au  nôtre ,  par  l'impreifion  léule  du 
mouvement.  D'abord  de  ces  parcelles  primordiales, 
inégalement  mues ,  l'on  voit  fortir  trois  élémcns , 
&c  de  ces  trois  élérhens  toutes  les  pièces  qui  fc 
perpétuent  dans  le  monde, 

§C?  Premièrement  les  angles  ,  les  extrémités  des  par- 
celles font  inégalement  rompues,  La  plus  fine  pouf- 
fière  qui  vient  de  la  raclure  des  ongles ,  eft  la  ma- 
tière fubtile  ,  qu'il  nomme  le  premier  élémenr  ;  les 
corps  ufés  &  arrondis  par  le  frottement ,  font  le 
fécond  élément  ,  les  globules  ou  la  lumière  ;  la 
poulfière  la  plus  grolTière ,  les  éclats  les  plus  maf- 
fifs  &  les  plus  anguleux  font  le  troifième  élément,, 
ou  la  matière  tetreftre  &   planétaire, 

^C?  Tous  CCS  élémens  mis ,  &c  fe  faifant-  obftacle  les 
uns  aux  autres ,  fe  contraignent  réciproquement  à 
avancer  ,  non  en  ligne  droite ,  mais  en  ligne  cir- 
culaire ,  Se  à  marcher  par  tourbillons  ,  les  uns  au- 
tour d'un  centre  commun ,  les  autres  autour  d'un 
autre.  Voilà  la  formarion  des  tourbillons.  Tous  ces 
élémens  ,  en  tourbillonnant  ainfi  ,  font  effort  pour 
s'éloigner  du  centre  de  leur  mouvement  i  ce  que 
Defcartes  appelle  force  centrifuge. 

fj^  Tous  ces  élémens  tâchant  de  s'éloigner  du  cei> 
trc ,  les  plus  malllfs  d'entr'eux  font  ceux  qui  s'en 
éloignèrent  le  plus.  Pulvérifez  un  morceau  de  cire 
à  cacheter  ;  fecouez  le  papier  fur  lequel  eft  la  poul^ 
fière ,  les  morceaux  qui  ont  plus  de  folidité  s'ap- 
prochent plus  des  extrémités  des  papiers,  La  pouf- 
fière  la  plus  fine  refte  au  milieu,  Ainfi  l'élément  glo- 
buleux fera  plus  éloigné  du  centre  que  la  matière 
fubtile  -,  &  comme  tout  eft  plein  ,  cette  matière  fub- 
tile fe  rangera  en  partie  dans  les  interftices  des  glo- 
bules ,  &  en  partie  vers  le  centre  du  tourbillon.  Cet 
amas  de  la  plus  fine  poulTière ,  qui  s'eft  rangée  au 
centre ,  eft  ce  que  Defcartes  appelle  unfoleil.  Il  y 
a  de  pareils  amas  dans  d'autres  tourbillons ,  comme 
dans  celui-ci.  Ce  font  des  étoiles  qui  brillent  moins 
à  notre  égard  à  caufe  de  leur  éloignement  prodi- 
gieux. 

IfCT  Les  globules  qui  ont  plus  de  fotcc  centriflige 
que  la  matière  fubtile  à  caufe  de  leur  folidité,  s'é- 
cartent le  plus  vers  les  extrémités  du  tourbillon.  La 
poulTière  qui  compofe  le  Soleil  ,  qui  eft  dans  una 
agitation  étonnante ,  communique  fgn  mpuvcrpsnï 


CAR 

aux  globules  voifines  ,  ces  globules  le  Communî- 
quent  à  d'autres  julqu'à  nous.  C'eft  en  cela  que 
conlillc  la  lumière,  f'^oyc^  Lumièrp. 
IJCF  Eniin  cette  pouilière  ,  que  nous  avons  nommée 
troifihme  élément, ctint  irrégulière  ,  anguleulé ,  peur 
former  des  pelotons  épais.  Plulieurs  parties  s'atta- 
chent par  leurs  angles ,  s'emboîtent  les  unes  dans 
les  autres  ,  encroûtent  peu  à-peu  le  tourbillon  -,  & 
de  ces  croûtes  cpaiHics ,  liiitout  le  dehors,  il  le  forme 
un  corps  opaque  ,  une  planète,  une  terre  habitable. 

IJCT  Cette  grodc  poufllcre ,  ces  parties  maffives  du  troi- 
licme  clément ,  dont  la  terre  ,  les  planètes  &:  les  co- 
mètes font  formées  ,  s'arrangent  en  d'autres  formes , 
en  vertu  du  mouvement ,  &  nous  donne  l'eau  ,  l'air  , 
les  métaux,  les  pierres,  les  animaux  ,  les  plantes,  en 
un  mot ,  tout  ce  que  nous  voyons  dans  notre  monde. 

1^  Cet  édifice  de  Defcartes  ne  paroît  à  M.  Pluche , 
ainii  qu'à  bien  d'autres  ,  qu'un  aHbrtiment  de  piè- 
ces qui  croulent.  Il  attaque  le  fabricateur  du  monde 
dans  fes  principes  &  dans  les  confcqiiences  qu'il  en 
tire.  Il  lui  paroît  fingulier  d'entendre  dire  que  Dieu 
ne  puiife  pas  créer  &  rapprocher  quelques  corps 
anguleux  ,  à  moins  qu'il  n'ait  de  quoi  remplit  exac- 
tement tous  les  interftices  des  angles.  De  quel 
droit  ,  dit-il  ,  ofe-t-on  borner  ainii  la  fouveraine 
puiflance  î  Le  vide  même  ,  ajoute  -  t  -  il  ,  eft  né- 
ceifaire  dans  la  fLippofition  de  Defcartes.  Car  les 
pouHières  de  toutes  tailles  qui  viennent  fe  gli/Ier 
entre  les  globules  pour  remplir  les  petirs  vides  qu'ils 
lairtent  eutr'cux  ,  ne  fe  forment  qu'à  la  longue.  Les 
globules  ne  s'arrondiffent  pas  en  un  inftant.  Cette 
pulvérilation  clT:  f-icceilîve.  Voilà  les  angles  prêts  à 
lé  brilér  :  mais  avant  que  la  chofe  foit  faite  ,  voilà 
entre  ces  angles  des  vides  fans  fi-n  ,  &  nulle  pro- 
vifion  pour  les  remplir. 

^CFDe  plus,  ditM.  Pluche,  tout  ce  que  nous  découvrons 
dans  la  lumière  &  dans  la  flruclure  de  la  terre,  eil: 
entièrement  incompatible  avec  l'architedliure  cartc- 
fienne. 

^fT  Selon  Defcartes ,  la  lumière  eft  une  maffe  de  pe- 
tits globules  qui  fe  touchent  immédiatement  ,  en 
forte  qu'une  file  de  ces  globules  ne  fauroit  être 
poullce  par  un  bout ,  que  l'impulfion  ne  fé  faffeen 
même  temps  feritir  à  l'autre  ,  comme  il  arrive  dans 
un  bâton.  Cependant  la  lumière  du  Soleil  met  7  à 
8  minutes  à  franchir  les  3  5  ,  000 ,  000  de  lieues  qu'il 
y  a  du  Soleil  à  la  terre-,  &il  ell  certain  par  quantité 
d'obfervations  que  la  communication  ne  s'en  fait 
pas  en  un  inftant ,  mais  qu'elle  parvient  plus  vite  fin- 
ies corps  plus  voilins  ,  &  plus  tard  fur  les  corps 
plus  éloignés.  La  lumière  de  Delcartes  n'eft  donc 
pas  la  lumière  du  monde. 

§Cr  M.  Pluche  fait  cnlliite  la  vifîte  de  la  terre  car- 
téfienne  ,  après  s'êrre  bien  afluré  qu'on  y  peut  mar- 
cher en  fureté ,  &  la  compare  avec  la  nôtre.  Dans  la 
croûte  de  la  première,  il  ne  voit  qu'une  écume  grof 
fière,  unamas  de  parricules  inutiles,  fans  deftination, 
fans  diftinélion,  qu'aucune  prudence  n'aptis  foin  de 
rendre  bonnes  à  quelque  chofe",  au  lieu  que  dans  la 
nôrre,  il  voit  par-tout  des  matières  excellentes,  des  na- 
res  d'une  (implicite  inaltérable  &  d'un  fervice  mer- 
veilleux. Dans  fon  tour  de  promenade  fur  le  globe  de 
Defcartes ,  il  ne  trouve  pas  que  fa  ilarface  ait  affez 
de  beauté  pour  fe  dédommager  delà  craffe&dela 
pauvreté  des  dedans.  Voye^^  dans  l'Auteur  même 
toutes  les  raifons  qu'il  apporte  ,  quelquefois  avec 
trop  de  vivacité  ,  &c  même  un  peu  d'humeur  con- 
tre le  fyftême  de  Delcartes. 

|Cr  Quant  au  reproche  que  fait  M.  Pluche ,  que  l'a- 
théifme  paroît  ctayé  par  le  Ca.rtcjianijme  ,  il  eft  plus 
mal  fondé  que  les  autres.  Il  faut  être  bien  prévenu 
contre  ce  fyftême  pour  y  voir  jufqu'aux  principes 
de  l'athéifme.  Les  Athées  admettent  une  matière 
incréée  ,  éternelle.  Defcartes  la  fuppofe  créée  & 
mife  en  mouvement  par  Dieu.  On  peut  voit  dans 
Defcartes  même  avec  quelle  force  il  réfute  une  auifi 
ridicule  calomnie.  Jamais  Philofophe  n'a  paru  plus 
refpeftueux  pour  la  divinité ,  dont  il  s'eft  occupé  à 
prouver  l'exiftencet  Se  propofer  les  argumens  des 


CAR  agi 

Athées  pour  les  téfuter  ,  ce  n'eft  pas  être  Athée. 

Le.  drzcjiamjmi  a  charmé  les  efprits ,  comme 
tous  les  fyftemes  nouveaux  \  mais  on  en  eft  bien  re- 
venu ,  &  l'on  ne  trouve  aujourd'hui  guère  plus  de 
fohditc  dans  les  élémcns  du  Cartcfiamjme  ,  que 
dans  les  qualités  occultes  de  la  vieille  philofophie, 
Malgré  tout  cela ,  il  faut  avouer  que  l'Auteur  Se  le 
père  du  CartéJianiJ'me  étoit  un  génie  fublime  &  un 
Philofophe  conlcquent  ;  la  connoiffance  qu'il  avoit 
des  Mathématiques  lui  a  fervi  à  purger  la  Philo- 
fophie de  beaucoup  de  choies  inutiles ,  &  à  expli- 
quer d'une  manière  phyfique  les  effets  de  la  nature. 
Le  Carte fianifme  a  été  prêt  d'être  interdit  par  ar- 
rêr  du  Parlement ,  &  il  l'auroit  été  fans  la  requête 
burlefque  qui  fut  préfentée  au  Premicr-Préfîdent. 

§Cr  Le  pur  CartéJianiJ'me  eft  le  fyftême  de  Phyfique  , 
tel  qu'il  a  été  propolc  par  Defcartes ,  aujourd'hui 
abandonné  par  tous  les  Phyficicns.  Foye^  Tour- 
billons SIMPLES. 

Ip"  Le  cartejianifme  mitigé  &  redifîé ,  eft  encore  feu- 
tenu  par  plulieurs  Phyficiens  de  réputation  Foyer 
Tourbillons   simples. 

CARTESIEN,  f  m.  Philofophe  qui  eft  dans  les  fenti- 
mens  de  Defcartes.  Cartefianus  ,  Cartefii  feclator. 

M.  de  Ville  a  fait  un  Traité  fiir  le  fentimcnt  des 
Cartefiens  ,  touchant  l'effence  &:  les  ptopriétés  du 
corps  ,  dans  lequel  ,  pour  faire  mieux  rentrer  les 
Cartefiens  en  eux-mêmes  par  la  vue  du  péril  où  ils 
s'engagent ,  il  fait  voir  que  Calvin  &  les  Calviniftcs 
foutiennent  les  mêmes  principes  que  Defcartes  &; 
les  Cartefiens  touchant  l'eflènce  &  les  propriétés  du 
corps.  JouRN.  DES  Sav. 

Cartésien  ,  enne.  adj.  Qui  appartient,  qui  a  rapport 
à  Defcartes ,  ou  à  fa  feéle.  Cartefianus.  La  dodtrine 
Cartcfiienne  eft  ilifpeéte  à  bien  des  genl  Un  Pro- 
teftant  de  GtiplValdt  ,  qui  fit ,  il  y  a  quelque  temps , 
une  difiértation  fut  la  religion  de  Defcartes  ,  De  Re- 
li^ione  Cartefiii  ,  dit  que  bien  des  Savans  l'ont  ac- 
cuféd'athéifine  :  il  tâche  cependant  de  l'en  purger  ; 
mais  il  dit  qu'il  faut  bien  mettre  de  la  différence 
entre  Defcartes  &  fes  fedateurs.  Que  l'efiénce  des 
chofcs  dépende  du  libre  arbitre  de  Dieu ,  c'eft  une 
chimère  cartcfienne ,  dont  les  pères  font  fort  éloi- 
gnés. MÉM-.  de  TrÉv. 

Cartésienne  à  la  Boulonnoifé.  Sorte  de  foie  qui 
vient  de  Milan. 

CARTEYER.  Foyei  Cartayer. 

CARTHAGE  ou  CARTAGE.  Cartha^o.  Ville  d'A- 
frique très-fameufe  dans  l'antiquité,  &  qui  difputa 
l'Empire  du  monde  à  Rome.  Les  fentimens  clés  An- 
ciens font  partagés  fur  le  fondateur  de  Carthage,  &c  fuc 
le  temps  qu'elle  fut  bâtie.  A^pien ,  Ziv.  /,  de  Bello 
Punico ,  dit  qu'ellefut  bâtie  50  ans  avant  la  prife  de 
Troye.  Phililîe,  Auteur  de  Syracus,  que  Cicéron 
appelle  un  petit  Thucydide  ,  &  dont  il  eft  fouvcnt 
parlé  chez  lesAnciens ,  difoit ,  au  rapporr  d'Eufebe , 
qu'elle  fut  bâtie  l'an  5  2«  avant  la  prife  de  Troye ,  da 
temps  du  Juge^aïr.  Juftin  ,  L.  XFIII,  c;  &  6  ,à\t 
qu'elle  fut  bâtie  72  ans  avant  Rome.  Orofîus  a  fuivi 
Juftin.  Parerculus ,  L.l ,  c.6 ,  dit  que  ce  ne  fut  que 
65  avant  Rome.  Denys  d'Halycarnaffe,  Z,.  7,  rap- 
porte de  Timée  Sicilien  que  ce  fur  58  ans  avant  la. 
première  Olympiade  ;  ce  qui  revient  à  peu-près  au 
iéntiment  de  Paterculus.  Jofephe ,  dans  fon  ouvrage 
contre  Appion  ,  cite  Ephefius ,  qui  avoit  appris  des 
Archives  des  Tyriens ,  qu'elle  fur  bâtie  143  ans  8 
mois  après  le  Temple  de  Salomon.  Ourre  ce  qu'Eu- 
febe  rapporte  de  Philifte ,  il  en  parle  encore  à  l'an- 
née 31e  de  David,/?.  121,  de  l'édition  de  Scaliger,  & 
dit  que  le  fentiment  de  quelques  Auteuts  eft  qu'elle 
fut  bâtie  1 5  3  ans  après  la  guerre  de  Troye.  Virgile 
fuppofe  qu'elle  fut  bâtie  peu  après  la  prife  de  cette 
ville ,  car  7  ans  après ,  lorfqu'Enée  y  arriva  ,  elle 
croit  fort  avancée,  &  la  guerre  de  Troye  fe  voyoic 
peinte  dans  le  Palais  de  la  Reine. 

Quant  au  Fondateur  de  Carthage  ,  Philifte  difoit 
que  ce  furent  Exore  ou  Xore  ,  ?c  Carchedon  ,  tous 
deux  Tyriens-,  d'autres  que  ce  fut  Carchedon  Tyrien, 
pcrc  de  Didon  :  d'autres  que  ce  fut  Didon  fa  fille. 

Ooij 


292.  CAR 

Jiiftin  5v  Pâterculus  difcntque  ce  hit  Elifle,  fille  ciil 
Roi  de  Tyr,  &;  Iceur  de  Pygmalion.  Pâterculus 
ajoute  que  quelques-uns  croient  qu'EliUè  ell  la  même 
que  Didon.  Virgile  a  l'uivi  ce  l'entiment.  Appien  dit 
que  l'opinion  des  Romains  étoit  que  Didon  avoit 
bâti  Carthage, 

Carthagi  a  eu  diffcrens  noms.  Le  Géographe 
Etienne  de  Byzance  en  rapporte  quatre  ,  lans  parler 
.  de  celui  de  Canhage  ,  Ccrnepolis  ,  K«i(«  îtôaiç  ,  Cad- 
niée,  Cad/ne  a  \  KccàfiU  ,  Oenuflè,  Oe/mjfa,  o'i»»j-o-a-, 
&  k«)ck«/3ji  ,  Caecale.  Le  premier  &c  le  troilième  font 
Grecs  :  Celui-là  lignifie  ^7//e  neuve  ,  &  celui-ci 
y i neu fe  ,commQ  a  elle  avoit  produit  beaucoup  de 
vin,  Les  autres  font  phéniciens.  Cadmée  vient  de 
C^^^ ,  Kedem ,  qui  en  phénicien  ,  comme  en  hébreu  , 
iîgnifie  Orient  &C  veut  dire  Orienta/e  ,p2xce  qu'elle 
tilt  bâtie  par  des  Orientaux.  KczKitâ/BîjCaccabe,  (ignifie 
en  phénicien  léce  de  cheval.  La  railbn  pour  laquelle 
on  l'appela  CacciZ^e ,  ou  fe/^  de  cheval^  c'eft  qu'on 
trouva  à  l'endroit  où  on  l'a  bâti ,  une  tête  de  cheval, 
qui  parut  d'un  bon  augure ,  &:  que  l'on  prit  pour  le 
pronoftique  d'un  peuple  guerrier  &  victorieux. 
Bochart ,  Chanaan  ,  Llv.  I,  c.  14  ,  pag.  514  &  515, 
croit  que  KaKx«/3« ,  a  été  dit  en  grec  par  corruption 
pour  k.«?x«;3d  ,  Carcabe  ;  qu'il  vient  de  iD  ,  car ,  &  de 
n.l^T»  recaba  \  que  "O  ,  qui  lignifie  en  hébreu  Chef, 
Commandant,  aura  été  dit  en  phénicien  par  analogie 
pour  la  tête  \  que  n^DT ,  aura  lignifié  un  cheval ,  parce 
que  nj"'  >  racab  ,  fignifie  en  hébreu  un  cavalier. 

La  Citadelle  de  Car  [liage,  s'appela  Byrfa  par  les 
Grecs,  qi-ii  5  félon  le  même  Auteur ,  au  même  endroit, 
/7.  5 1 5 ,  pour  éviter  la  cacophonie  ,  l'avoient  fait  de 
botfra,  mï3  ,  qui  en  hébreu,  &:  par  conféqucnr  en 
phénicien,  fignifie  une  fortification,  munlmentum. 

Pour  ce  quieftdu  nom  de  Canhage  ,  il  eft  évident 
qu'il  vient  de  ,  ^&'^'^^p  ■>  Kiriath,  on  Karl  ut  li  en  \\é- 
breu ,  &  far/Aiî  en  phénicien.  Rochart,  à  l'endroit 
que  j'ai  déjà  cité  ,  ^  5 1 1  »  croit  très-probablement 
que  ce  nom  ell  en  phénicien  le  même  que  celui 
qu'Etienne  de  Byzance  lui  donna  en  grec,  KainJ 
OTîAi; ,  ville  neuve-,  que  les  phéniciens  la  nommè- 
rent Nmn  tiriT'p  3  Kartha  hadtha  ;  car  les  Chal- 
déens  ont  dit  m,  pour  l'hébreu  tt)nn  ,renouveller , 
que  de  Kartha  ,  ou  Canada ,  comme  l'on  pronon- 
çoit ,  les  Grecs  firent  KccpxuSù,, ,  &  de-la  les  Latins  ont 
dit  Carthago.  Tous  ces  noms ,  &  les  reftes  de  la 
langue  carthaginoife  ,  que  S.  Auguftin  &  d'autres 
nous  ont  confervés ,  prouvent  ce  que  toute  l'Anti- 
quité a  reconnu,  c'eft-à-dire ,  que  Carthage  ctoit 
une  colonie  des  Phéniciens. 

Carthage  devint  fi  puilfante,  qu'elle  fiit  la  maîtrefle 
non  feulement  delaLybie,  mais  encore  de  toutes 
les  îles  de  la  méditerranée  qui  étoient  à  fa  bienféance, 
&;  d'une  bonne  partie  de  l'Efpagne.  Devenue  rivale  de 
Rome,  elle  foutint  trois  guerres  contre  cette  fa- 
meufe  République.  Dans  la  féconde,  qui  dura  18 
ans ,  la  haine ,  le  courage ,  l'habileté  ,  l'expérience 
d'Annibal,  l'en  fit  prefque  triompher-,  mais  la  for- 
tune changea:, elle  fut  obligée  de  faire  la  paix  à  des 
conditions  peu  avantageufes  -,  &:  ayant  voulu  re- 
commencer la  guerre  une  tioifième  fois  ,  Caton 
opina  .à  la  ruine  entière  de  cette  ennemie  ;  le 
Sénat  fuivit  fon  avis  :  Scipion  l'Emilien  prit  Carthage, 
de  la  rafa  l'an  de  Rome  iJoS.  Dans  la  fuite  Augufte  y 
envoya  une  Colonie  de  5000  hommes.  Adrien  la  ré- 
tablit ,  &  la  nomma  Adrlanopolls.  Après  l'établif- 
femcnt  du  Chriftianifme  Carthage  devint  le  ficçe 
d'un  Archevêque.  En  451,  Genferic  l'enleva  aux  Ro- 
mains ,  Se  pendant  cent  ans  elle  fut  le  fiégc  de  l'Em- 
pire des  Vandales  en  Afrique.  Il  nous  relie  beaucoup 
de  médailles  de  C^r/A^q'c-.  Toutes  celles  fur  lefquellcs 
on  voit  ces  lettres,  CAR.  KAR,  KART.  Ka.  KE. 
KPTc.  K.  R.  T.  S.  PK.  SMK.  SMKA.  SMKE. 
SMNKAB  ,  au  jugement  des  Antiquaires ,  ont  été 
frappées  à  Carthage. 

Les  Arabes  ont  entièrement  ruiné  Carthage.  A 
trois  lieues  de  Tunis ,  on  en  voir  les  ruines  que  les 
Africains  nomment  encore  Berfack ,  de  fon  ancien 
nom  Byrfa. 


CAR 

S.  Cyprien  étoit  Evêque  de  Carthage.  Juflinîen 
établit  à  Carthage  le  fiége  d'un  Préteur  pour  l'A- 
frique. Les  guerres  de  Carthage  contre  Rome  s'ap- 
pellent communément  les  guerres  Puniques.  On  dit 
la  première ,  la  féconde,  la  troifième  guerre  Punique. 
Voye:^  Punique.  Le  gouvernement  de  Carthage 
étoit  oligarchique-,  mais  durant  la  guerre  ,  le  Con- 
feil  donnoit  aux  Chefs  une  autoiité  abfolue  -,  on 
croyoit  cela  nécelfaire  pour  le  fuccès  des  grandes 
entreprifes.  C^rr^^î^^  avoit  ^60  ftades  de  tour. 

Tant  d'Auteurs  ont  parlé  de  Carthage ,  qu'il  elt 
difficile  d'en  faire  le  choix.  Voici  les  principaux  : 
Jofephe ,  Antlq.  Jud.  Llv.  FUI,  c  1 3  ,  contre 
Applon ,  Llv.  /.  Solin,  c.  27  ou  30.  Juftin.  Llv. 
Xmi,c.  5  &  fulv.  Strabon,  Im  XFU.  Pline, 
Llv.  V ,  c.  4.  Pontac ,  p.  305,  325,  Oc.  de  les 
notes  fur  Eufèbe  ,  Salicn  &  Torniel  à  l'an  du  monde 
2842  ;  le  P.  Pctau  ,  De  doclr.  Temp.  Llb.  IX,  cap. 
<î3  ;  &  Rat.  Temp.  P.  Il,  L.  II,  c.  15.  Bochait , 
Chanaan,  Llv.  I  ,c.  23.  Marmol ,  L.  FI,  c.  ij, 
Volfius ,  De  Idolol.  Llb.  I ,  c.  32, 

Il  y  avoit  aulli  en  Efpagne  deux  villes  de  ce  nom , 
fondées   par  les  Carthaginois ,  qui   y  dominoient. 
L'une  s'appeloit  Carthage  la  vieille  ,  Carti.ago  vêtus. 
Elle  fut  fondée  par  Hamilcar  dans  l'Efpagne  Tar- 
raconoifc ,    6c  dans  les  pays  des  Ilerciens.    Quel- 
ques Auteurs  veulent  que  ce  foit  Villefranche ,  &c 
d'autres  Cantaveja  dans  l'Arragon  ,  fur  les  confins 
de  la  Catalogne  &c  du  Royaume  de  Valence.  D'au- 
tres la  placent  au  confluent  de  la  Sègre  &  de  l'Ebre. 
L'autre  étoit  Carthage  la  nouvelle,  Carthago  nova, 
qui  porte  encore  le  nom  de  Carthagène ,  formé  de 
ce  mot  latin.  Foye^  Carthagène.  On  dit  encore 
qu'Annibal  en  bâtit  une  en  Arménie  à  laquelle  il 
donna  le  même  nom  ;  Etienne  de  Byzance  en  parle. 
Le  Scholiafte  d'Arillophane  en   place  encore  unô 
en  Thrace. 
Carthage  ,   efl:    aulTi    un   terme   de    Mythologie. 
Carthago.  Cicéron ,  dans  fon  ^^  Livre  de /a  Nature 
des  Dieux  ,  rz.  42  ,  dit  que  Carthage  paffoit  pout 
être  fille  d'Hercule  Tyrien  ,  qui  étoit  fils  de  Ju- 
piter &  d'Allérie  fœur  de  Latone ,  &  qu'il  eft  le 
quatrième  de  fix  Hercules  qu'il  diflingiie  :  Juftin, 
L.   XFIII,  ch.  6,  dit  que  la  ville  même  de  Car- 
thage fut  honorée  comme  une  Déelfe  ,  tant  qu'elle 
n'a  pas  été  vaincue. 
CARTHAGÈNE.  Ville  d'Efpagne  dans  le  Royaume 
de  Murcie.  Carthago  nova.  Cette  ville  fiit  bâtie  par 
Afdrubal  dans  la  Bétique  fur  la  cote  de  la  Médi- 
terranée. Appien  l'a  confondue  avec  Sagunte.  Po- 
lybe  ,  Llv.  X ,p.  583 ,  de  l'édition  de  Cafaubon  ,  en 
fait  une  defcription  fort  détaillée.  Tite-Live  la  dé- 
crit au/Ti  Llv.  XXFl ,ch.  43 ,  &  Silius  Italicus ,  Z/v. 
XF ,  V.  220,  Carthagène  a  un  Evêché  fuffragant  de 
Tolède. 
Carthagène  eft  aulTi  une  ville  de  rAmcrique  mé- 
ridionale ,  dans  le  Royaume  de  Grenade ,  &  capi- 
tale d'un  Gouvernement  qui  porte  fon  nom.  Elle 
a  un  Evêché  fuffragant  de  Saint  Pc  de  Bogota. Elle  eft 
fituée  fur  une  prefqu'Ile  qui  ne  tient  à  la  terre  que  pat 
une  chauffée  de  deux  cens  pas  de  long.  Carthagène 
fut  bâtie  en  i<;52,  par  Pedro  Heredia.  Il  s'y  fait 
un  fort  gros  commerce.  C'eft  là  qu'on  perce ,  &  que 
l'on  travaille  les  perles  de  la  Marguerite.  Quelques- 
uns  l'appellent  Carthagène  nouvelle.  Maty ,  Hoffinan, 
Linfchot ,  c.  8.  Amer.  Herrera,  ch.  16. 

Cartha£;ène  diffère  du  méùdien  de  5  h.  n'  ^"occid. 
ou  770  4(î'  15",  c'eft-à-dire ,  que  fa  latitude  eft  de  5 02<>' 
5'  1.=;",  fi  latitude  eft  de  10°  2^'  35'  Cassint. 
CARTHAGINOIS  ,  OISE.  f.  m.  &  f.  Carthagl- 
nenjis.  Qui  eft  de  la  ville  ou  de  l'Etat  de  Car- 
thage. TertuUien  &  Térence  étoient  Carthaginois, 
Dans  la  troifième  guerre  Punique  ,  les  femmes 
&  les  filles  Carthaginoife  s  donnèrent  leurs  cheveux 
pour  faire  des  cordages  aux  navires.  Cicéron  dit 
dans  fa  16'  Oraifon  ,  qui  eft  la  2^ ,  pro  Le^e  A^ra- 
rla ,  /z.  94  ,  que  les  Carthaginois  croient  trompeurs 
&  menteurs.  Fldes  punlca.  Mauvaife  foi ,  perfidie  , 
parble  de  fourbe.  On  leur  attribue  l'invention  de 


CAR 


CÀ  H 


ïa  machine  de  guerre  appelée  Béliir  ,  Sc  cellà  des 
galères  à  quatre  rangs» 

Ils  avoicnt  appris  des  Phéniciens ,  leurs  pères , 
le  culte  de  Saturne ,  auquel  ils  lacritioient  leurs  pro- 
pres enfans.  Pour  empêcher  d'entendre  les  cris  de 
l'enfant  immole  ,  on  failbit  un  grand  bruit  de  flûtes 
&  de  tambours.  Les  mères  y  ailiftoicnt  fans  gémir  : 
s'il  leur  cchappoit  quelques  plaintes,  elles  étoient 
condamnées  à  l'amende  ,  &  l'entant  ne  laillbit  pas 
d'être  immolé. 
CARTHAGO.  Ce  nom  qui  eft  latin  ,  &  qui  lignifie 
Carthagc  ,  lé  donne  à  deux  villes  de  l'Amérique 
méridionale  ,  dont  l'une  eft  dans  le  Gouvernement 
du  Popayan ,  &  l'autre  dans  l'audience  de  Guati- 
mala ,  &:  dans  la  Province  de  Goftarica ,  iur  les 
confins  de  celle  deVéragua.  C'efl:  unEïpché.MATV. 

Ip-  CARTHAME.   Voye^  Cartame. 

CARTIER,  f,  m.  Ouvrier  qui  fait  des  caftes  à  jouer, 
ou  qui  en  lait  trafic.  Lujoriorum  foliorum.  opifex. 

CARTitR.  C'efl:  auffi  le  nom  d'une  Ibrte  de  papier , 
defliiné  à  couvrir  les  jeux  ,  ou  les  fixains  de  cartes 
à  jouer. 

CARTILAGE,  f.  m. Terme  d'Anatômie.  C'eft  la  partie 
lapins  dure  de  l'animal  après  Iz^ùs.Cartilago.W  tient 
le'^milieu  entre  les  os  &:  la  chair.  Il  efl:  plus  dur  que 
la  chair  j  &  moins  dur  que  les  os.  Les  oreilles  & 
le  nez  fonr  de  vrais  cartilages,  Cdrùlago.  Il  y  en  a 
t[m  font  durs  &  qui  deviennent  oHéux  avec  le 
temps  comme  ceux  qui  fonr  le  fternum.  Les  autres 
font  plus  mous ,  &  compofent  même  des  parties , 
comme  ceux  du  nez  &  des  oreilles ,  &c.  Il  y  en  a 
d'autres  qui  font  très-mous  ,  ^  qiii  tiennent  de  la 
tiature  du  ligamenr,  ce  qui  les  fait  appeler  carti- 
lages ligamenteux.  Il  y  a  dés  cartilages  de  plufiieilrs 
figures,  a  qui  on  a  donné  le  nom  des  chofes  aux- 
quelles ils  reffemblent  :  l'un  eft  appelé  annulaire  , 
parce  qu'il  reffemble  à  un  anneau  ;  un  autre  xyphoïd:, 
à  càufe  qu'il  a  la  figure  de  la  pointe  d'un  poignard; 
im  autre  fcutiforme  ,  qui  efl:  fait  comme  un  bou- 
clier ,  &  ainfi  de  pliifieurs  autres.  Les  carti/a^es  n'ont 
ni  membranes  ni  nerfs ,  fie  par  conféqucnt  point 
de  fcntiment.  Les  ufages  du  cartilage  font  d'em- 
pêcher que  les  os  ne  foient  blcflés  par  un  froide- 
ment continuel  ;  de  les  joindre  en  plufienrs  en- 
droits par  fyncondrofe,  &  de  contribuer  beaucoup? 
à  bien  former  plufieurs  parties ,  comme  le  nez  ,  les 
oreilles ,  la  trachée-artère ,  les  paupières  &c  quelques 
autres. 

Les  cartilages  d'une  coquille  ,  font  des  ligamens 
qui  attachent  enfémible  les  deux  pièces. 

CARTILAGINEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  eft  formé  de 
cartilage  ,  qui  eft  de  la  nature  du  cartilage.  Cartila- 
gineuse Les  animaux  ont  plufiewrs  parties  cartilagi- 
neufes. 

CARTISANE.  Terme  de  Broderie.  C'eft  de  la  foie 
ou  du  fil  délié  j  ou  de  l'or  ou  de  l'argent  dont  on 
couvre  uh  petit  morceau  de  carte  ou  de  parchemin 
qu'on  met  dans  les  dentelles  &  guipures. 
ffT  CARTO.  Petire  ville  de  Bai-barie  ,  fur  la  côte 
du  Royaume  de  Barca  ,  entre  Salona  &:  Alberton. 
CARTON,  f.  m.  Groffe  carte.  On  en  peut  faire  de  pa- 
pier collé  8c  de  papier  haché  &  féché  dans  la  preffe. 
Charta  fpijjîor.  Les  livres  en  veaii   fe  relient  avec 
de  gros  cartons.  On  fait  des   images  &  plufieurs 
fortes    d'ouvrages  avec  dii  carton  dans   des  mou- 
les. 
Carton  ,  en  termes  de  Peinture ,  fe  dit  des  deiïeins 
qu'on  fait  fur  de  fort  papier  ,  pour  les  calquer  en- 
fuite  fur  l'enduit  frais  d'une  muraille  où  on  veut 
peindre  à  frefque.  Charta  crajjiorfiguris  piclis  aium- 
hrata.  C'eft  auflî  le  deffein  coloré  pour  travailler 
à  la  moi'aïque  ,  pour  faire  des  tapifleries  ,  ùc. 
Carton,  en  Archite6ture,eft  un  contour  chantourné 
fur  une  feuille  de  carton ,  ou  de  fer  blanc  ,  pour 
•tracer  les  profils  des  corniches  ,  &:  pour  lever  les 
panneaux  de  deffus   l'épure.  Operis  Architeclonici 
exemplar  incisa  charta  yel  lamina  ferreâ  adum- 
hratum. 


O  n  '> 

Carton.  C'eft  fî-ir  la  mer ,  le  volume  des  cartes  ma- 
rines. Tabularuin  nauticarum  volumen, 

gCI*  Carton  ,  en  termes  d'Imprimerie  ,  fe  dit  d'un 
feuillet  d'imprcilion  qu'on  refait  j  à  caufe  de  quel- 
ques fautes  qui  s'y  font  glidces ,  ou  de  quelques 
changcmens  qu'on  y  veut  laire.  Dans  ce  cas  on  dé- 
chire la  partie  de  la  feuille  fur  laquelle  fe  trouve 
ce  qu'on  veur  fupprimer  -,  &:  l'on  y  fubftitue  d'autres 
feuillets  purgés  de  ces  fautes  ,  &:  ces  feuillets  fe 
nomment  cartons.  Folium  impreffum  denuo  ,  vitivji 
folii  loco  fubjtituendum.  On  a  refait  plufieurs  car- 
tons de  ce  livre  ,  pour  en  empêcher  la  cenfure.  On 
a  mis  plufieurs  cartons  à  ce  livre. 

Les  Marchandes  Lingères  du  Palais,  appellent 
auffi  des  cartons  ,  ces  efpèces  de  boîtes  de  cartes  , 
avec  un  couvercle  de  même  ,  dans  lefquelles  elles 
mettent  les  garnitures  de  tcte ,  les  engageantes  , 
&  autre  linge  fin  &  dentelles  des  Dames.  03°  On 
fe  fert  auffi  de  ces  mêmes  cartons  pour  mettre  des 
papiers  &  autres  chofes. 

$3-  CARTONNER  ,  chez  les  Tondeurs ,  c'eft  cou- 
vrir chaque  pli  d'une  pièce  d'éroife ,  d'un  carton  ou. 
d'un  velin  ,  avant  que  de  la  prefiTer  &  de  la  catir, 

CARTONNIER,  f.  m.  Ouvrier  qiti  tait  ou  qui  vend 
du   carton.  Spijjîorum  chartarurn  opifex. 

CARTONNIÉRES.  f.  f.  Efpèce  de  guêpes.  Nous  de^ 
vons  la  connoillance  de  ces  induftrieux  animaux  à 
des  Voyageurs  intelligens  ,  qui  nous  ont  apporté 
de  l'île  de  Cayenne  des  guêpiers  avec  les  guêpes 
qui  les  avoient  faits , bien  confervées  dansdel'eau- 
de-vie  fucrée.  Ces  guêpes  font  de  l'efpèce  de  celles 
que  l'on  appelle  aériennes ,  parce  qu'elles  établif- 
fent  leurs  demeures  en  plein  air.  Leur  guêpier  efl; 
.à  la  lettre  une  boîte  de  carton  ,  faite  en  forme  de 
cloche  allongée ,  dont  l'ouverture  feroit  fermée  * 
&  qui  n'auroit  pour  toute  entrée  qu'un  trou  d'en- 
viron cinq  lignes  de  diamêu'e  à  fon  fond.  Cette 
boîte  pend  à  la  branche  d'un  arbre  par  une  efpèce 
d'anneau  ,  qui  n'eft  qu'une  prolongation  de  la  ma- 
tière dont  elle  eft  compofée.  Abr,  du  l'HiJî.  des 
Jnfecles. 

CARTOPHYLAX.   Foyei  CrtARTorHYiAx, 

CARTOUCHE,  f.  m.  En  Sculpture,  c'eft  un  rouléailde 
carte  OU  fa  reptéfentation  ,  dont  la  fculpture  &  la 
gravure  font  divers  orncmens  ,  au  milieu  duquel 
on  met  quelque  inlcrjption  ou  dévife  ,  ou  quelque 
ornement,  des  armoiries,  des  chiffres  ,  Ê-c.  Voluta. 
hclix. Lesûites  des  cartes  géographiques  font  écrits 
dans   des  cartouches  fort  hiftoriés. 

On  appelle  aufll  cartouche  en  architediure ,  ces 
mêmes  repréicntations    qui  fe  font  de  pierre  ,  de 
plâtre  ou  de  bois,  &  qui  laiifent  au  milieu  un  vide 
capable  de  recevoir  quelque  infcription.  Clypeus  , 
fcutum. 
Ip"  Cartouche  ,  fe  dit  aufli ,  en  jardinage,  d'un  or- 
nemenr  en  forme  dé  tableau  avec  des  enroulemens, 
qui  fe  répètent  aUx  deux  côtés  ou  aux  quatre  coins 
d'un  parterre. 
Cartouche,  en  termes  d'Artilletie  ,  gargouccs ,  gar- 
gouges  ou  gargouifes,  eft  une  charge  d'arme  à  feu  , 
enveloppée  de  gros   papier  ou  de    carton  ,    pour 
charger  plus  promptement.  Oar/e/ «a;  arùe  gloluU  f 
fcloporurn  glandibus  ,  catenis  ,  aliifque  ferramentis 
inferti.  Celles  du  canon  font  ordinairement  dans 
des  cartouches  de  carton  ou  de  fer  blanc ,  qui  font 
des  boîtes  hautes  d'un  demi  pied ,  &  qui  occupent 
la  place  du  boulet  dans  la  pièce  ,  au  calibre  de  la- 
quelle fon  diamètre  eft  proportionné.  On  remplie 
ces  cartouches  de  petites  balles  ,  de  clous  ,  de  mi- 
traille de  fer ,  afin  que  le  coup  écarte  davantage.  Le 
canon  qu'o^n  cache  dans  les  flancs  retirés  fe  charge 
d'ordinaire  à  cartouches  ,  pour  faire  plus  de  tracas 
fur  les  ailiéiîeans.  Celles  des  moufquets  &:  des  pif- 
tolets  contiennent  feulement   de  la  poudre  &  du 
plomb  enveloppé  dans  de    gros  papier  :  alors  ce 
mot  eft  féminin. 
Cartouche  eft  au/Ti  une  efpèce  de  grenade  ou  bou- 
let creux ,  qui  eft  une  boîte  ronde  renifilie  de  bat 


z^4  CAR 

les  de  moufquet,  qui  s'ouvre  à   propos  quand  il 
ell:  belbin.  Granati   hcUici  g<;;2us. 

Cartouche.  Terme  d'Artificier.  On  appelle  ainfi 
routes  forrcs  de  boîtes  de  carton  ,  cubiques ,  l'phc- 
riqucs,  cylindriques,  ou  mixtes ,  dans  lelquelles 
on  renferme  les  matières  combuftibles  des  artifi- 
ces pour  en  dcrerminer  avarier  les  effets -,  en  gé- 
néral les  cylindriques  Ibnt  les  plus  ordinaires.  Ce 
mot  eft  malculin  chez  les  Arriticiers ,  &  féminin 
pour  les  charges  des  armes  à  feu  :  on  dit  dans  l'exer- 
cice ,  déchirez  la  cartouche  avec  les  dents. 
Ce  mot  vient  de  l'italien  cartocclo. 

Cartourche.  i'.  m.  C'eft  le  nom  d'un  fameux  voleur 
qui  fut  exécuté  à  Paris  en  1711.  De-là  eft  venu  que 
pour  dire  qu'un  homme  eft  unfcclérat,  on  dit  par 
un  proverbe  populaire,  que  c'eft  un  vrai  Cartouche. 

CARTOUCHIEN.  f.  m.  Voleur  de  la  bande  de  Car- 
touche. 

CARTOUCHIER.  f.  m.  Terme  de  guerre.  Efpecc 
de  petit  coffre  de  bois  couvert  de  cuir  ,  que  le 
foldat  porte  du  côté  droit ,  &  où  il  met  fes  car- 
touches ,  ou  charges  de  fufil ,  préparées  au  nom- 
bre de   dix-huir  ou  vingt. 

CARTULAIRE.  f.  m.  Les  canulaires  font  des  pa- 
piers terriers  des  Eglifes  ou  des  Monaftères  ,desRc- 
giftres  où  font  écrits  les  contrats  d'achat ,  de  vente, 
d'échange  ,  les  privilèges ,  immunités ,  exemptions  & 
autres  chartes.Ces  recueils  lont  ordinairement  poftè- 
rieurs  à  la  plupart  desaéles  qui  y  font  contenus,  &  ils 
n'ont  été  faits  que  pour  conlérver  ces  aétes  dans 
leur  entier.  Les  Compilareurs  des  cartulaires  n'ont 
pas  toujours  été  fidèles  ;  on  y  trouve  quelques  piè- 
ces manifeftement  fauffes ,  ou  corrompues  ,  comme 
on  le  prouve  en  comparant  les  originaux  avec  les 
copies  qui  ont  été  enregiftrées  dans  les  cartulaires  , 
ou  en  comparant  d'anciens  cartulaires  avec  d'au- 
tres plus  nouveaux,  où  les  mêmes  ades  fe  trou- 
vent ,  &  où  quelques-uns  de  ces  adles  ont  plus 
d'étendue  que  dans  les  anciens.  Les  ennemis  des 
Moines  ont  remarqué  de  plus  que  les  Monaftères 
ont  fait  quelquefois  confirmer  leurs  titres  par  les 
Princes  &  par  les  autres  Puiflances ,  en  leur  repré- 
fentant  que  leurs  anciens  titres  étoient  fi  vieux  qu'on 
avoit  de  la  peine  .à  les  lire  -,  &:  alors ,  difent-ils , 
il  eft  arrivé  ibuvent  que  fous  ce  prétexte  on  en  fubf- 
tituoit  d'autres  en  la  place  des  anciens.  Il  ne  faut 
donc  pas  recevoir  facilement  6c  fans  examen  les 
aâ.es  qui  ne  fe  trouvent  enregiftrés  que  dans  les 
cartulaires.  Confultez  là-deffus  Acofta  ,  Hijioire  des 
revenus  Eccléfia^Uques  ;  le  P.  Germon  ,  dans  fon 
ouvrage  fur  la  Diplomatique  du  Père  Mabillon , 
Se  ceux  qui  onr  répondu  à  ces  Ecrivains ,  tels  que 
Dom  Mabillon  même  dans  fon  fupplément ,  Dom 
Couftant ,  Dom  Ruimart ,  Fontanini ,  5cc.  Foye^ 
Chartulaire. 

CARTULAILE.  f.  m.  Officier  de  l'Eglife  Romaine. 
Gardien  des  chartes  ou  papiers  de  l'Eglife.  Saint 
Grégoire  le  Grand  envoya  Hilaire  ,  fon  Cartulaire 
en  Afrique,  pour  tenii  un  Concile,  &  remédier 
aux  délbrdres  que  caufoient  les  reftes  des  Mani- 
chéens &:  des  Donatiftes.  Sur  quoi  M.  l'Abbé  Fleury , 
Hijioire  Eccl.  Liv.  XXXV ,  /'.53,  remarque  que 
le  Cartulaire  n'éroit  originairement  qu'un  Secré- 
taire Gardien  des  chartes  ",  mais  qu'alors ,  c'eft- à- 
dire  au  temps  de  faint  Grégoire ,  il  avoit  juridic- 
tion dans  les  Provinces  où  il  étoit  envoyé  \  Se  il 
cite  le  Gloffaire  de  Du  Cangc. 

CARVANSERAS.  f.  m.  J^aifon  publique  ou  hôtel- 
lerie que  l'on  trouve  fur  les  chemins  en  Orient. 
Voyei  Caravansera. 

CARVELE.  f.  f.  En  termes  de  Marine  on  dit  qu'un 
navire  eft  mâtc  en  carvele  ,  lorfqu'il  a  quatre  mâts 
fans  mât  de  hune. 
CARVL  f.  m.  C'eft  une  plante  qui  a  tiré  fon  nom 
de  la  Carie ,  pays  de  l'Afic  mineure  ,  où  les  7\n- 
ciens  l'avoicnt  remarquée.  Sa  racine  eft  greffe  ,  lon- 
gue ,  blanche  ,  d'un  goûr  aromatique  &:  un  peu 
acte.  Ses  feuilles  naiffent  comme  par  paires ,  décou- 
pées menu  le  long  d'une  côte  •,  elles  font  fembla- 


CAR 

bles  aux  feuilles  de  carotte  fauvage.  Ses  fleurs  font 
en  parafol,  compolecs  de  cinq  petites  feuilles, 
rondes ,  blanches  on  rouges ,  difpofces  en  fleur-de- 
lis  de  France.  Sa  graine  eft  étroite ,  un  peu  lon- 
gue ,  canelée  fur  le  dos ,  d'un  goiit  âCre  &  aro- 
matique. C'eft  la  partie  de  cette  plante  qui  eft  le 
plus  en  ufage  :  elle  eft  ftomachique  &  diurétique  : 
elle  diflipe  les  vents ,  aide  la  digeftion  ,  &:  forti- 
fie le  cerveau.  Les  Allemands  &  les  Anglois  s'en 
fervent  beaucoup  ;  ils  en  mettent  dans  les  bifcuits  , 
dans  les  fromages ,  &:  dans  d'autres  fortes  d'alimens. 
En  latin  carvi  officinarum  ,   ou    cuminum  pratenfe, 

CARUS  ou  CAROS.  f.  m.  Carus.  Terme  de  Mé- 
decine. Affcclion  foporeufe ,  profond  affoupiffement. 
Il  y  a  différence  entre  le  coma  &  le  carus  ,  en 
ce  que  dMis  la  première  de  ces  affections ,  les  ma- 
lades répondent  quand  on  les  interroge,  ce  qu'ils 
ne  font  pas  dans  la  dernière.  Il  diffère  de  la  lé- 
thargie ,  en  ce  que  la  fièvre  accompagne  la  léthar- 
gie ,  &  que  le  fentiment  revient  aux  léthargiques 
quand  on  les  pique  ,  quand  on  les  agite  ;  il  eft 
diftingué  de  l'apoplexie  par  la  liberté  de  la  refpi- 
ration  ,  qui  eft  toujours  bleffée  dans  l'apoplexie  -, 
de  l'épilepfie,  en  ce  qu'il  n'y  a  aucun  mouvement, 
&  qu'il  n'y  a  point  d'écume  à  la  bouche  dans  ,1e 
carus  ;  de  la  fyncope  ,  par  le  pouls  qui  eft  grand  , 
par  le  teint  du  vifagcquieft  vermeil,  au  lieu  que 
le  pouls  eft  lent ,  &  la  face  cadavéreufe  dans  la  fyn- 
cope ;  de  la  fuffocation  hyftcrique ,  en  ce  que  les 
femmes  en  cet  état  entendent  &  fe  rcffouviennent 
de  tout  -,  ce  qui  n'arrive  point  dans  le  carus.  DÉgori. 
Le  carus  eft  un  long  èc  profond  affoupiffement  in- 
furmontable  ,  joint  à  la  perte  du  fentiment ,  du 
mouvement  &  de  l'imagination,  mais  avec  liberté 
de  refpirer.  La  caufe  du  carus  eft  l'interruption 
des  efprits  animaux ,  caufee  par  l'aftaiffement  quand 
ils  font  épuifés ,  ou  par  l'obftruiftion  qui  provient 
d'une  humeur  pituiteufe  ,  froide  &  groffière  ,  oa 
par   compulfion  à  caufe  de  quelque  coup. 

Le  Caros ,  la  cataphore  ,  ou  fubcta  d'Avicenne  , 
le  coma  ou  typhomania  de  Galien  ;  la  paralyfie  ; 
la  paraplégie  ,  hémiplégie  ,  &c.  ne  font  que  àes 
efpéces  différentes  d'apoplexie  dans  un  degré  moins 
fort.^DEMOuis  ,  Acaâ,  d'Ed.  T.  I  ,  p.  5 17. 

Le  nom  de  carus  vient  du  Grec  x«j«ç ,  qui  veut 
dire,  affoupiffement  avec  pefanteur  de  tète. 

CARYATE,  ATIDE.  f.m.  &  f.  Caryates,  ^m.  Ha- 
bitant de  la  ville  de  Caryc  dans  la  Laconie.  Les 
Caryates  s'ctant  alliés  aux  Perfes  ennemis  de  la 
Grèce,  les  Grecs  affiégèrenr  leur  ville,  la  prirent 
&  la  détruifirent,  pafsèrcnr  tous  les  Caryates  au 
fil  de  l'épée  ,  exnYnenè.tcr\i\ç%Cariatydes  captives, 
&  après  les  avoir  traînées  en  ttiomphe ,  ils  ne  per- 
mirent point  aux  femmes  de  qualité  de  quitter  leurs 
habits  longs ,  &  leurs  autres  ornemens  dans  leur 
fervitude.  Et  pour  perpcruer  leur  honte  &  leur  pu- 
nition, les  Architeéles  firent  de  leurs  ftatues  des 
pilaftres ,  qu'ils  nommèrent  Cariatydes ,  &  dont 
nous  allons  pailer.  ^fT  Cet  ornement ,  qui  n'eft 
rien  moins  que  naturel,  &  par  conféquent  dérai- 
fonnable  ,  fut  goûté  ,  par  la  douceur  que  les  âmes 
foiblcs  trouvent  toujours  dans  la  vengeance  ;  &  l'i- 
mitation l'a  perpétué  en  dépit  du  bon  fens ,  &:  à 
la  faveur  de  quelques  grands  maîtres  qui  ont  tra- 
vaillé dans  ce  goîit  là.  Dans  la  ialle  des  Gardes- 
Suiffesau  Louvre,  il  y  a  quatre  C^ryi^nV^j  qui  fou- 
tiennent  une  Tribune.  On  en  voyoit  il  y  a  quelques 
années  à  Bourdeaux  dans  le  célèbre  édifice  qu'on  ap- 
pcloit/«  Piliers  de  tutelle.  Voyez  Vitruve  ,  Liv.  /, 
ch.    I. 

CARYATIDES,  f.  f.  pi.  Terme  d'Architedturc.  C'eft 
une  efpèce  de  pilaftre ,  ou  de  colonne  ,  repré- 
fentant  des  figures  de  femmes ,  vêtues  de  longues 
robes ,  dont  les  anciens  fe  font  fervis  pour  faire  le 
fût  de  la  colonne  Ionique.  Caryatides.  L'origine 
de  cet  ornement  eft  connue  &  rapportée  par  Vi- 
truve ,  comme  nous  venons  de  le  dire.  Autrefois 
les  Caryatides  étoient  repréfentées  foutcnant  d'une 
main  le  fardeau  dont  elles  croient   chargées,  & 


CAR 

.'aiTant  aller  l'autre  main  en  bas.  Celles  qui  por 
toient  des  paniers  ou  corbeilles  Te  nommoient  Ca- 
nijlrx,  Cijiif<:m,  Il  y  a  des  Caryatides  qui  iinii- 
fent  en  gaines. 

CARYATIS.  f.  £  Surnom  de  Diane  ,  en  l'honneur  de 
laquelle  les  jeunes  filles  de  la  Laconic  s'ailembloicnr 
dans  le  temps  de  la  récolte  des  noix ,  &  cclcbroient 
une  tête  appelée  Caryes, 

CA.RYBDES  &  CARYBDIS  ,  ou  CHARYBDE  & 
CHARYBDIS.  Nom  d'un  gouffre  du  détroit  de 
Mcinnc ,  vis-à-vis  du  rocher  appelé  Scylla.  Cla- 
vier le  décrit ,  Sicil.  Am.  p,  6^  &  fuiv.  Ce  lieu 
s'appelle  aujourd'hui  Cupi  di  furo  ,  ou  Capo  faro , 
à  caufc  d'un  phare  qu'on  a  placé  là.  Les  Poètes 
feignqit  que  Carytde  étoit  une  femme,  grartdela- 
ronnefle  ,  qui  déroba  les  bœufs  d'Hercule  ,  &  que 
Jupiter  en  punition  de  ce  larcin  frapa  de  la  fou- 
dre,, &  cliangea  en  ce  gouffre,  qui  attire  encore  & 
qui  engloutit  tout.  Les  eaux  de  ce  gouffre  tantôt 
bouillent  comme  les  eaux  fur  le  feu  -,  tantôt  elles 
font  agitées  violemment  en  tourbillon  ,&  alors  elles 
•ibforbent  infailliblement  les  vaiifeaux  qui  y  paffenr. 
On  s'en  tire  plus  aifemcnt  quand  elles  ne  font  que 
bouillonner.  Une  longue  expérience  a  appris  que 
jamais  les  bouillonnemens  ne  ("ont  plus  Violcns  que 
lorfque  le  nord-ell  fouille.  Alors  1^  gouffre  pouffe 
les  eaux  avec  violence  en  l'air ,  &  en  forme  de 
colonne.  Frédéric  ,  Roi  de  Sicile  ,  fit  defcendre  dans 
ce  gouffre  un  fameux  plongeur,  que  l'on  nom- 
moit  Nicolas  Peic-îcola  ou  poiffon  à  caufe  de  fon 
habileté  à  nager  &  à  plonger.  Il  rapporta  1°  Qu'il 
avoir  fenti  Teau  fortir  du  fond  avec  tant  d'impé- 
tuolitc  ,  qu'il  n'étoit  pas  poffible  à  un  homme  d'y 
réfifter  •,  qu'ainfi  il  avoit  été  obligé  de  prendre  des 
détours  pour  y  arriver.  i°.  Qu'il  y  avoit  trouvé 
un  grand  nombre  de  rochers.  3".  Des  Euripes  ou 
des  courans  trcs-^violens  contraires  les  uns  aux  au- 
tres ,  &c  très-dangereux.  4P.  De  très-grands  trou- 
peaux de  poifîbns  appelés  Polipcs ,  pkis  grands  que 
des  honrHTics ,  &  qui  avoient  de  longs  cheveux  ou 
iilamens  dont  ils  aufoient  infailliblement  tué  un 
homme  qu'ils  en  euffent  entouré.  5^'.  Une  infinité 
de  grands  chiens  marins ,  carchariai  ,  qui  avoient 
trois  rangs  de  dents  très-^afilées  qui  les  rendoicnt 
terribles.  Ce  Plongeur  étant  retourné  uue  léconde 
fois  dans  ce  gouffre ,  par  l'eipérance  de  la  rccojTi- 
penlc  que  le  Roi  lui  promit ,  il  y  périt,  &  ne  re- 
parut plus.  Foye[  le  P.  Kirker,  Mundus  futt.  L. 

Il  -,    C.    l'y    &    16. 

Les  Poètes  ont  beaucoup  parlé  de  Scylla  &ç  de 
Caryhdis  ;  &  on  dit  en  latin  qu'un  homme  cft 
rombc  de  Carytde  en  Scylla  -,  pour  dire  ,  qu'en 
-Voulant  éviter  un  danger,  il  efl  tombé  dans  un 
plu»  grand. 

hicidit  in  Scyllam  cupietis  vitare  Caryhdim. 

C'eji  airiji  que  le  plus  fouvein  , 
Quand  an  penje  Jbrtir  d'une  mauvaife  araire  , 

On  s'enfonce  plus  avant  : 

Temom  ce  couple.-^  &  fon  falaire. 
La  Vielle  au  lieu  du  coq  les  fit  tomber  par  là  , 

de  Catybde  en  Scylla. 

La  Font.  Fah.  6  ,  Uv.  j, 

Bocha«  j  dans  fon  Chanaan  ,  ou  Liv.  Il  de  la 

Géographie  fr.crée ,  tire  fon  origine  de    l'hébreu  , 

ou  phénicien,  TalK-iin,  hhor  ohdan;c'ti\.-ï-àh2, 

.  for  amen  perditionis ,  Trou    ou  gouffre  de    perdi- 

.  tien  ,  &  veu-t  par  confequeot  que  ce  foient  les  Phé- 

,-Biciens  qui  aient  donné  ce  nom  à  cet  endroit  du 

déttoit  de  Mcffme. 
ÇARYE.  f.  f.  Carid.  Ville  de  la  Laconie  dans  le  Pé- 
loponèfc  ,  qui  tut   détruite  pat   les  Grecs  ,  pour 
avoir  pris    le   p^rti    des  Perfes  contre    la    Grèce. 
Etienne  le  Gcog.  Vitruve,  Liv.  I ,  ci. 
ÇARYES.  f.  m.  pi.  Fêtes  en  l'honneur  de  Diane  Ca- 

tyati?. 
i  ÇARYOCQSTÎNUM.  f.   m.  Terme  de  Pharmacie. 


CAR  2,95" 

Ceft  un   cleÂuiire  purgatif  qui    prend  fon  nom 
des  girofles ,  appelés  en  latin  caryophilli ,  &c  du  co- 
ftus ,  lefquels  entrent  dans  fa  compofition.  Il   eft 
bon  pour  les  gouttes  bilicufes. 
CARYOPHYLLATA.  f.  f.  Plante.  Voyé^  Benoîte* 

CAS. 

CAS.  f.  m.  Accident ,  événement  fortuit.  Cafus.  Pcr* 
lonne  n'efl;  refponfable  des  cas  fortuits.  Les  ora-» 
ges ,  les  tremblemens  de  terre ,  font  des  cas  ioi- 
tuits  que  la  prudcUce  humaine  île  peut  prévoir  j 
Se  auxquels  on  ne  peut  rciîller. 

Ce  mot  vient  du  latin  cafus ,  de  cadok 

%fT  Le  Did:.  de  l'Acad.  Fr.  dit  cas  ,  acciderit  ^ 
avanrure  ,  conjonélure ,  occaiioii.  Ces  mors  ne  doi- 
vent point  être  confondus ,  ni  pris  indifféremment 
l'un  pour  l'aurte. 

Occajion  »  felort  M.  I'Abee  GiRARd  ,  fe  dit  pour 
l'arrivée  de  quelque  chofe  de  nouveau  ,  foit  que 
cela  le  préfente  ,  ou  qu'oii  le  dherche  ,  &  dans  un 
lens  indéterminé ,  pour  le  temps  comme  pour  l'ob- 
jet. Occurrence  fe  dit  uniquement  poui  ce  qui  ar- 
rive fans  qu'on  le  cherche  ,  &  avec  un  rapport  fixé 
au  temps  préfent.  Conjonclure  fert  à  marquer  la  (i- 
tuatiori  qui  provienr  d'uri  concours  d'événemens , 
d'affiires  ou  d'inrérêts.  Cas  s'emploie  pour  indiquer 
le  fond  de  l'aHàire  ,  avec!  un  tapport  fmgulier  à 
l'efpèce  &  à  la  particularité  de  la  chofe.  Circon- 
fiance  ne  porte  que  l'idée  d'un  accompagnement  * 
ou  d'une  chofe  acceffoire  à  Une  autre  qui  eft  la 
principale. 

On  connoît  les  geiis  dans  Voccafion.  Il  faut  fe 
comporter  félon  l'occurrence  des  temps.  Ce  font 
ordinairement  les  conjonctures  qUi  déterminent  au 
paiti  qu'on  prend.  Eft-il  des  cas  où  la  raifon  dé- 
fend de  confoiter  la  vertu  ?  La  diverfité  des  c/r- 
Conllances  fait  qile  le  même  homiTle  penfe  diffe-» 
rcmment  fur  la  même  chofe. 

Quoique  tous  ces  mots  s'uniffent  affez  indiffé-" 
remmcnt  avec  les  mêmes  cpithètes ,  il  femble  pour- 
tant qu'ils  en  affedent  quelques-unes  en  propre.  On 
dit  quelquefois  avec  choix ,  une  belle  occajion  , 
une  occurrence  favorable  ,  une  conjoncture  avanta- 
geufe ,  un  cas  prcffan: ,  une  circonflance  délicate  -,  Se 
l'on  ne  diroit  pas  une  occajion  heureufe  ^  une  oc-^ 
currenCe  délicate  ,  une  belle  conjonclure ,  un  cas 
avantageux  »  une  cirConflance  préffante. 

Cas  fignific  auffi  matière  ,  fait ,  condition  ftipulce 
qui  s'exécute,  lorfqu'il  arrive  une  chofe  qu'on  pré^ 
voit  qui  peut  arriver.  Dans  les  contrats  on  fe  pré- 
cautionne félon  les  divers  cas  ,  comme  en  cas 
de  guerre,  de  perte,  de  ftérilité  :  en  cas  de  mort, 
en  cas  de  récidive,  le  cas  avenant  qu'on  foit  dé^ 
poffédé.  Le  dépôt  volontaire  ne  fe  prouve  par  té- 
moins qu'en  trois  cas  ,  incendie  ,  ruine  ,  naufrage. 
On  met  indifféremment  en  cas ,  ou  au  cas  ,  lorf- 
qu'il  eft  fuivi  d'un  que  :  en  cas ,  ou  au  cas  qu'il 
meure.  Mais  quand  il  eft  fuivi  d'un  fubftantif ,  l'on 
fe  fert  toujours  d'en  cas ,  en  cas  de  mort,    Bourt. 

Je  fais  des  vers  affe^  paffablement  : 
Mais  après  tout  je  fuis  un  pauvre  Prêtre  , 
En  cas  d'amour. 

Cas  ,  fignifie  encore  une  chofe  qui  convient  à  quel- 
qu'un. N'allez  pas  chercher  plus  loin,  c'eft  là  vo;:re 
cas  ,  votre  fait.  Il  eft  populaire. 

Cas  ,  en  rermes  de  Jurifprudence  ,  c'eft  l'efpèce  d'une 
loi.  Les  loixfont  bonnes  en  um  cas ,  de  ne  le  font 
pas  en  l'autre.  Ce  n'eft  pas  là  le  cas  ;  l'efpèce  de 
la  loi  que  vous  citez. 

Cas  fe  dit  encore  en  ftyle  du  Palais  en  plufieurs  for- 
mules. On  a  obfervé  les  formes  en  tel  cas  requifes 
&  accoutumées.  Il  a  été  condamné  pour  les  coi 
réfultans  du  procès  -,  c'eft-à-dirc  ,  pour  plufieurs 
chofes  dont  il  y  avoit  preuve  au  ptocès.  On  met 
dans  les  lettres  de  Chancellerie,  fi  le  cd*y  échett 


25»^ 


C  A  S 


c'eft-à-dire  ,  s'il  y  a  lieu.  Selon  l'exigence  des  cas  -, 
lelon  le  mérite  des  atïaircs. 
Cas  fe  dit  aulli  au  Palais  d'une  certaine  nature  d'at- 
faires    de  délits,  de  crimes.  Les  ...  Royaux  &Pre- 
votaux,  font  de  certains  crimes   dont  connoiHen 
ks  Tu^ês  Royau.  &  Prévotaux,  à  l'excluhon  des 
Tu.4s^-ubalternes,  ou  Juges  non  loyaux,  comme 
aulèmonnoie,  ra.t ,  i^ort  d'armes,  ^^^^'^^^^^^ 
fauve-garde  ,  &c.  En  matière  civdc  ,  comme  le  pol- 
fe  b  re    des  bénéfices ,  le  délit  tait  dans  les  torets 
du  Roi,  les  caules  de  ibn  Domau.e     les   Eghles 
de  fa  fondation,  &c.  font  des  cas  Royaux.    Les 
cas  Prévotaux  doivent  ctre  juges  prevotalcment , 
c'ea-à-dire,  en  dernier  reflbrt,  &■  lans  ap^cl  ;  mais 
les  cas  Royaux  qui  ne  forit  qup  Ptcvotaax  ,  doi- 
vent ctrcju^'és  r^"  les  BaiUih  ëc  Sencchaux ,  a  la 
clrir-e  de  l'appcl.  Les  cas  Royaux  ont  beaucoup 
pU,s"d'etendue  que  les  cas  Prévotaux  :  car  tous  es 
cas  Prévotaux  font  des  cas  Royaux  ^  mais  tous  les 
cas  Poyaux  ne  ibnt  pas  des  ca.  Prévotaux.  ^^oye^ 
l'explication  des  cas  Royaux  &  des  c^5  Prévotaux, 
dans   les  Jn.  u  cV"   n  ,    T.  I  de  1  Ordonnance 

^Oi/ditauflfi  à  l'égard  des  Eccléfiaftiqucs ,  le  <:.. 
privile^né  ,  pour  oppofer  au  dclic  commun.  Cajusju- 
ris  pr^cipuus  ,  fingulans.  L'Official  )uge  le   Pre- 
rre  pour  le  délit  commun  -,  mais  le    Juge    Roya 
connoît  des  .^.privilégiés,  c'eft-a-dire  ,  lorlqu  .1 
y  a  quelque  crime  qui  mérite  peine  corporelle  (atten- 
du que  l'E^^life  ne  condamne  point  a  peine  aftlic- 
rivc.  )  Quelques-uns  prétendent  que  l'adultère  elt 
un  cas  privilé-ié ,  &  donc  la  connoifTance  eft  audi 
attribuée  au  juge  fcculier  ,  privativement  au  Juge 
cccléfialtique.  Si  un  Eccléliaftiqtie  eft   lutpris  por- 
tant les  atmcs ,  il  ne  peut  point  non  ^Mus  deman- 
der fon  renvoi  devant  le  Juge  d'EgliIe.  On  dit  auHi 
des  affaires  qui  fe  font  cxtraordinairemcnt  en  con- 
fidération  du  mérite  de  quelque  perfonne ,  ou    de 
qu.^que  circonftance  importante  ,  que  c'elt  un  cas 
privilégié,  qu'il -ne  tite   point  à  conléquence. 
Cas,  ou  CAS   de  confcience ,   en  termes  de  Théolo- 
gie ,  fe  dit  des  aélions  des  hommes  conliderces  par 
■    rapport  à  la  confcience.  ^  Le  cas  de  confcience 
eft  une  ditEculté  fur  ce  que  la  Religion  permsrou 
défend  en  certains  cas.  C'eft  une  queftion  relative 
aux  devoirs   de  l'homme  Si  du  chrétien,  dont  il 
apparrient  auThéologicn,nomrac  Cafuijle  ,  de  pciet 
la  nature  &  les  circonflanccs  ,  Se   de  décider  félon 
la  lumière   delà  raifon,  les  loix  de  la  fociété,  les 
canons  de  l'Eglife  &:    les  maximes  de   l'Evangile. 
Cafu^  cojifcianiœ  ,    ou  fimplement  caftis.   Res  ad 
confrientiam  ,  ad  mores  peninens.  Ce  DoCleur  eu: 
■    favonr  dans  les  cas  de  confcience.  Il  enfeignc  les 

cas. 
Cas  réfei  vis  ,(onx.  ccnvim^  péchés  conlîdérablcs  dont 
les  Supérieurs  Eccléliaftiques  fe  réfervent  l'abfolu- 
tion,  a  eux-mêmes  ou  à  leurs  Vicaires.  Dans  les 
Communautés  Religieufes  il  y  a  des   cas  réfirvés 
par  les  Chapittcs,  ou    par  les   Supérieurs.    Barmi 
les  cas  réfervés  ,  il   y  a  des  cas  réfervis  au    Pape  , 
des  cas  ref-rvés  à  l'Evcque  ,  ou  à  les  Vicaires  Gé- 
néraux i  c'eft-à-dire  ,  qu'il  n'y  a  que  le  Pape.,  ou 
ceux  qu'il  commet ,  ou  bien  qu'il  n'y  a  que  l'Evê- 
que  6c  fes  Vicaires  qui  puiflent  en  abfoudre  ,  ex- 
cepté à  l'article  de  la  morr.  Voye:{^  fur  les  cas  ré- 
fervés le  Concile  de  Trente ,  Seff.  XIV.,  c.  j  de 
Réf.  &  Can.  ii. 
^Zr  Les  réfervations  font  différentes  fuivant  l'ufage 
des  Diocèles.  Le  Pénitencier  eft  établi  principale- 
ment pour  abfoudre  des  cas  réfervés.  Vlais  à  l'ar- 
ticle de  la  mort ,  tout  Piètre  peut  abfoudre  celui 
qui  fe  trouve  en  cet  état,  de  tous  les  cas,  pour- 
•  vvi  qu'il  ait  donné  quelque  ligne  de  pénitence. 
Cas   fignifie  auffi  ,  eftime.  Prxtium  eJUmatio.  Faire 
■  cas  de  quelqu'un,  c'eftl'eftimer ,  en  penfer  favo- 
rablement. En  faifant  trop  de  cas  de   foi-même  , 
on   pêche  contre  la  vraie   modeftie.   On  fait  cas 
'  de  cet  Avocat ,  il  a  de  beaux  talens.  On  tait  cas 


C  A  S 

des  gens  heureux  qui  peuvent  fervir,   5c  on  mc- 

prile  les  miférables.  Le  Ch.  de  M. 
TfT  Cas  fe  dit  populairement,  pour  excrémens.  Faire 

fon  cas  en  quelque  endroit. 
Cas  fe  prend  aullî  quelquefois  pour  chofe.  Res.  Cas     ■ 

étrange  ,  mais  vrai  pourtant.  Voit. 

Lame  efl  d'enhaut ,  &  le  corps  inutile 

N'e/i  autre  cas    quune  hafjé  prifon. 

En   qui  languit  l'ame  noble  6*  gentille.  Marot. 

Cas  ,  en  termes  de  Grammaire ,  fe  dit  ^^  des  dif- 
férentes indexions  ou  tetminaifons   des  noms.  L'on 
a  regardé  ces  rerminaifons  comme  autant  déchû- 
tes 'd'un  même  mot  :  Ainli  le  mot  cas  fe  Çrend  ici 
dans  un  fens  figuré  &  métaphotique.  Cafus.  Il  y 
a  '^\-i.  cas,   le  nominatif,  le  génitif,  le  datif ,  l'ac- 
cufatif ,  le  vocatif  Se  l'ablatif.  En  françois ,  ils  ne 
diffèrent  que  par  l'appolition  des  articles  -,  en  latin  , 
par  la  terminaifon.  §3°  Le  nominatif,  c'eft-à-dire  , 
la  première  dénomination  tombant ,  pour  ainfi  dire, 
en  d'autres  terminaifons,  fait  les  autres  fiij,  qu'on 
appelle  obliques.  Ces  terminaifons  font  auffi  ap- 
pellées  délinances  :  mais  cas  eft  l'efpèce  qui  ne  fe 
dit  que  des  noms  -,  car  les  verbes  ont  auflî  des  ter- 
minaifons différentes.  On  dit  communément  que 
les  Grecs  n'ont  que  cinq  cas.  Ceux  qui  ont  écrit 
fur  les  langues  dans  ces  derniers  fiécles ,  ont  pref- 
que  toujours  donné  lix  cas  aux  noms  de  toutes  les 
langues,  parce  qu'ils  ont  fuivi  les  idées  auxquelles 
ils  étoicnt  accoutumés.  Le  P.  Galanus  dit  que  la 
langue    arménienne  a 'dix  cas.,  Se  qu'outre  les  lix 
cas  ordinaires,  elle   en  a    un  pour  marquer   l'in- 
ftrument  dont  on  fe   fert  pour  quelque  chofe  ;  un 
qui  fert   aux    narrations ,  &   qui   défigne  le  fujet 
dont  on    parle  -,  un  qui  marque  qu'une  chofe   eft 
dans  l'autre  ;  un  enfin  qui  marque  la  relation  qu'une 
chofe  a  avec  quelque  autre.  Il  y  a   quelques  Au- 
teurs qui  n'en  donnent  que  trois  à  la  langue  arabe, 
parce  qu'il  n'y  a  que  trois  terminaifons  différen- 
tes ,  qui  font  on  ,  in  &  an.  Pour  accorder  les  fen- 
timens  diftcrens  des  Auteurs ,  il  faut  diftinguet -,  cac 
fi  par  le  mot  cas  on  entend  feulement    un  chan- 
gement qui  arrive  à  un  nom ,  il  y  aura  autant  de 
cas  qu'il  arrive  de  changemens  aux  noms  dans  le 
même  nombre  ;  &  il  femble  que  c'eft-là  propre- 
ment ce  qu'on  entend  par  le  mot  cas  ,  puifque 
ce  mot  dans  fon  otigine  grecque  ou  latine ,  figni- 
fie chute,  ou  terminaifon,   ^l-'^i,  cafus  :  ce  fera 
la  même  chofe  fi  le  changement  fe  fait  au  com- 
mencement du  mot.  Suivant  ce  principe ,  on  voit 
qu'il  n'y  aura  pas  le   même  nombre  de  cas  dans 
toutes  les  langues.  Mais  fi  pat  le  mot  cas  on  entend 
toutes  les  modifications  différentes  ,    Sc    tous  les 
rapports  de  la  chofe  exprimée  par  un  nom,  il  y 
aura  autant  de  cas  qu'on  pourra  imaginer  de  mo- 
difications &  de  rapports  dans  une  chofe  :  ce  qui 
va  à  l'infini. 

Il  ne  paroît  pas  que  ce  foit-là  la  notion  que  les 
Grammairiens  ont  donnée  du  mot  cas  ;  mais  ih  n'en 
ont  pas  donne  une  notion  claite  qui  en  formât 
une  idée  jufte  ;  ou  ils  le  font  écattés  de  la  notion 
qu'ils  en  avoient  donnée  :  car  ils  ne  laiffent  pas 
de  compter  cinq  cas  dans  tous  les  nombres  des 
noms  de  la  langue  grecque  ,  &  fix  dans  tous  les 
nombres  de  la  langue  latine  ,  quoique  plufieurs  de 
ces  cas  foicnt  femblables ,  comme  le  génitif  &  le 
datif  finçuliet  de  la  première  déclinaifon  des  la- 
tins,  k'^datifôc  l'ablatif  de  la  féconde,  frc.  le  gé- 
nitif &;  le  datif  du  duel  des  noms  grecs  ,  &c.  Il  eft 
plus  conforme  aux  principes  de  ja  Grammaire, 
qui  ne  confidère  les  mots  que  matériellement,  de 
marquer  aurant  de  cas  diffctens  qu'il  a^rrive  âef 
chans^emens  à  la  fin  d'un  non^  dans  le  même  nom- 
bre. En  effer,  c'eft  s'exprimer  mal  que  de  dire, 
par  exemple ,  que  du  père  eft  le  génitif  du  nom_ 
père ,  Se  qu'au  père  en  eft  le  datif;  cat  du  &  au  ne' 
font  point  partie  du  nom  père  :  ce  ne  font  point 
des  chiites ,  dès  terminaifons  -,  ce  font  des  articles- 

o» 


CAS 

ou  de?  modihcatits  qui  marquent  les  difFcrcnres 
relations  ciu  mot  père.  Il  faut  dire  la  même  choie 
des  cas  des  noms  dans  les  langues  italienne,  el- 
pau^nole  ,  portugaile  ,  angloife ,  &c.  Il  n'en  eli:  pas 
de  même  du  mot  grec  ^arpôç ,  ou  du  mot  latin  Pii- 
trls  ,  qui  font  de  véritables  cas  des  mots  Trxrr.p ,  & 
pacer,  delquels  ils  font  diftcrcns:  il  en  ell:  de  mê- 
me des  noms  des  langues  hébraïque,  arabe,  ar- 
ménienne ,  polonoife ,  allemande ,  &c.  lefquels  dans 
le  même  nombre  reçoivent  des  changemens  à  la 
fin  d'un  mot.  Tous  les  changemens  qui  fe  font  au 
commencement  font  des  prcpofitions,  ou  quelques 
particules  équivalentes  ajoutées  au  mot ,  pour  mar- 
quer quelque   rapport. 

Cas  cfl:  audl  un^  efpèce  d'interjedlion  ou  d'adverbe 
admiratif.  Mirum  ejl.  C'ert:  grand  c^j  que  les  hom- 
mes ne  fe  corrigent  point  par  les  fautes  d'autrui. 
ExpreiTion  qui  n'ell  pas   d'ufage. 

Cas  fe  dit  encore  advsrbial?ment  en  ces  phrafes  , 
Au  cas,  pour  A'm  ,  Jl.  Au  cas  que  cela  arrive,  y? 
ii  contigerit.  Au  cas  que  vous  eudîez  cette  idée  , 
quand  même  vois  n'adhéreriez  pas  intérieurem?nt 
à  cette  do6trine  ,  vous  êtes  trop  éclairé,  pour  croire 
que  vous  puiifiez  ,  fans  un  très-grand  fcandale,  vous 
faire  un  honneur  de  la  foutenir.  En  tout  cas  ;  poir 
dire  quelque  chofe  qui  arrive,  de  quelque  ma- 
nière que  les  chofes  tournent ,  au  moins  fi  la  chofe 
ne  réulTît  pas ,  on  fera  relie  &:  telle  chofe.  Saltem  , 
ai  minimum.  Pofe^  U  cas  que ,  on  met  un  fub- 
joniftif  après  -,  pour  dire ,  fuppofc  que  telle  chofe 
arrive.  Fac.  En  ce  cas  -,  pour  dire,  alors  ;  les  cho- 

■  fes  étant  ainfi ,  en  cette  occafion ,  à  cette  condi- 
tion, en  cette  fuppofition.  Tum. 

On  dit  auffi ,  en  cas  ,  pour  défigner  quelque  chofe 
particulière.  En  cas  de  fruits  ;  pour  dire ,  quant 
aux  fruits,  je  n'en  mange  poinr  de  crus,  &c.  En 
cas  de  chevaux,  en  fait,  en  matière,  on  trompe 
fans  fcrupule.  Il  crt:  du  ftyle  familier. 

Cas  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Au  cas 
que  Lucas  n'eut  qu'un  œil ,  fa  femme  auroit  épou- 
fc  un  borgne ,  pour  fe  moquer  de  ceux  qui  pré- 
voient trop  d'accidens  ,  qui  demandent  trop  de 
conditions.  On  dit  au/îi  ,  vous  mettez  trop  de  Ji 
K.  de  cas  en  cette  affaire  •,  pour  dire ,  vous  deman- 
dez trop  de  précautions,  vous  entrez  en  trop  de 
particularités.  On  dit  aufTi  d'un  homme  que  fon 
cas  efl:  fale  ,  vilain  ou  véreux  -,  pour  dire ,  qu'il  eft 
en  danger  pour  quelque  crime  ou  quelque  m.au- 
vaife  affaire.  On  dit  auflî ,  tous  vilains  cas  font 
leniables.  Cas  fur  cas  n'a  point  de  lieu  ;  pour  dire, 
que  quand  une  chofe  eft  faifie  pour  une  caufc  , 
on  ne  peut  la  faifir  pour  une  autre  caufe  ,  Juf- 
quesà  ce  qu'il  ait  été  jugé  S>C  décidé  de  la  première 
faifie. 

Cas.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'en  langue  malaye ,  on  ap- 
pelle une  petite  monnoie  des  Indes  ,  partie  de 
plomb  &  partie  d'écume  de  cuivre,  qui  fe  fabrique 
dans  là  Chine.  Son  nom  chinois ,  qui  eft  le  véri- 
table ,  eft  Caxa. 

CAS,  CASSE,  adj.  CafTé,  mal  articulé,  enroué.  Une 
voix  cajfe.  Vax  fufca, 

A  s -tu  pris  garde  ,  il  parlait  d'un  ton  cas ,' 
Comme  je  crois  que  parle 
La  famille  de   Lucifer La  Font. 

C'eft  ainfi  qu'il  faut  lire,  &  non  pas,  il  parlait 
d'un  ton  bas. 

L'un  vous  trainoitfa  voix  de  Pédagogue  , 
L'autre  brailloit  d'un  ton  cas ,  d'un  air  rogue. 
CoM.  DE  l'Enf.  Prod. 

Malgré  ces  exemples,  il  eft  vieux  au  mafculin. 
CASAL."Ca/à  ,  domus.  Villehardouin  fe  fert  de  ce 
mot ,  pour  dire  une  maifon.  En  quelques  Provinces, 
cafal  fignifie  le  lieu  où  il  y  a  une  maifon. 
Casal.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  village  ,  ha- 
meau. Certus  cafarum  numerus  ,  yicus. 
Tome  H, 


CAS 


297 


A  quinze  lieues  entaur  aus 

Ne  rem  ejl  villes  ne  cafaux.  Phil.  Moijskes. 

Ce  mot  eft  encore  en  ufage  dans  l'Ordre  de 
Malte.  Il  y  a  à  Malte  fept  Capitaines  des  cafaids 
ou  villages  de  la  campagne ,  qui  font  à  la  nomi- 
nation du  grand  Maîrre.  De  Vertot.  L'ufage  que 
l'on  fait  à  Malte  de  la  langue  italienne  y  a  con- 
fervé  ce  mot. 
CASAL.  Ville  épifcopale  d'Italie  ,  capitale  de  la 
partie  du  Montfcrrat ,  qui  appartcnoit  au  Duc  de 
Mantoue-,  &  qu'on  appelle  en  Italie,  Cafale  di 
S.Fafo^  Cafal  de  Saint-Vas.  Cafale.  Cafile  Sancli- 
Evajii,  Cafal,  qui  a  été  une  des  plus  fortes  places 
d'Italie ,  eft  lituée  fur  le  Pô.  Le  Duc  de  Mantoue 
vendit  au  Roi  le  Château  &  la  Citadelle  de  Cafal 
l'an  i(î8i,  nos  troupes  s'emparèrent  enfuite  de  la 
ville.  L'an  1(^75  ,  les  Alliés  l'atïiégèrent  ;  mais  avant 
que  la  place  fut  dans  aucun  péril,  le  Roi ,  par  l'en- 
tremife  des  Princes  voillns ,  confentit  .à  la  remettre 
démantelée  au  Duc  de  Mantoue.  Cafal  n'a  titre  ÔC 
droit  de  ville  que  depuis  1474,  que  Sixte  IV  le 
lui  donna  ,  .\  la  prière  de  Guillaume  Palcologue  , 
Marquis  de  Montferrat.  Hoitinan ,  Corneille,  Maty, 
Léand.  Defcript.  de  l'Italie. 

Il  y  a  encore  plufieurs  lieux  moins  importans 
qui  portent  le  même  nom  ,  qui  eft  italien,  Cafale  y 
8c  (Ignific  village,  hameau,  amas  de  plufieurs  mai- 
fons ,  de  l'italien  cafa ,  qui  veut  dite  maifon  ,  aulli- 
bien  qu'en  latin  ,  d'où  les  italiens  l'ont  confervc. 
CASALASQUE.  Territoire  de  Cafal.  CafaUnfis  agcr. 
C'eft  la  partie  feptentrionale  du  Montferrat,  près 
du  Pô. 

^  CASAL-MAGGIORE.  Petite  ville  d'Italie  ,  au 
Duché  de  Milan ,  dans  le  Crémonois ,  proche  du 
Pô ,  fur  les  confins  du  Duché  de  Parme  &  du  Man- 
touan. 

gCT  Les  François  difent  Cafal-Major. 

tfr  CASAL-PUSTARLENGO.  Petite  ville  ou  bour^ 
d'Italie ,  au  Duché  de  Milan  ,  dans  le  Lodcfan  , 
entre  Lodi  &  Plaifance. 

03-  CASAN  ou  CAZAN ,  royaume  d'Afie  ,  dans 
l'Empire  RufTien ,  aux  environs  du  Wolga.  Il  a 
pour  capitale  une  ville  de  même  nom ,  fituée  fur 
la  rivière  de  Cafank;a,au  6^à  de  longit.  &  au  55^ 
58'  de  latitude 

gO"  CASANGAS.  Nation  d'Afrique ,  dans  la  Nigritie, 
auprès  de  la  rivière  de  Cafamanfa, 

ffr  CASANIER,  ÈRE.  adj.  Qui  aime  à  demeurer 
chez  lui  ,  à  garder  la  maifon ,  par  efprit  de  fai- 
néantife,  &:  non  pas  par  efprit  d'indolence  ,  comme 
le  difent  les  Vocabuiiftcs.  On  ne  s'étoit  pas  en- 
core avifé  de  dire  que  l'indolence  confiftoit  à  refter 
dans  fa  maifon.  Iners ,  otiofus.  Ce  mot  vient  du 
latin  cafa ,  maifon.  C'eft  l'homme  du  monde  le 
plus  cafanier.  On  dit  dans  le  même  fcns ,  mener 
une  vie  cafaniere ,  être  d'humeur  cafaniere.  Il  eft 
auffi  fubftantif.  C'eft  un  cafanier ,  un  vrai  cafanier. 

^fT  Ce  mot  peut  fe  prendre  en  bonne  part ,  &  fe 
dire  d'une  homme  qui  n'aime  point  à  courir ,  qui 
garde  volontiers  la  maifon. 

Non  ,  non  ,  fuis  plutôt  PexempU 
De  tes  amis  cafaniers , 
Et  reviens  chercher  au   Temple 
L'ombre  de  tes  maroniers.  R. 

M.  de  Voltaire  appelle  Cafaniers  de  café ,  des 
gens  qui  fréquentent  les  cafcs,  &  qui  y  pa/îènt 
leur  temps  à  conter  des  nouvelles ,  a  réciter  des 
vers. 

D'un  vil  café  fuperbes  Cafaniers. 

CASAQUE,  f  f.  Sorte  d'habillement  dont  on  fe  fert 
comme  d'un  manteau  qu'on  met  par  deflùs  fon 
habit ,  &  qui  a  dct  manches  fort  larges.  Sa^um  , 

Pp 


2c)8  CAS 

chlamys.  Les  cafa^^ues  l'ont   commodes   pour  les 
gens  de  cheval. 

Ce  mot  vient  de  Caracalla  Empereur  ,  lequel 
étant  à  Lyon  fit  habiller  tous  les  gens  de  cette 
manière  de  vêtement.  On  dilbit  autrefois  ciraquin 
aulicu  de  cafaqmn  ,  &:  on  le  dit  encore  à  prcl'ent 
en  Ballis^ni.  D'autres  croient  que  ce  mot  vient  d'un 
habillenient  de  Colaques ,  &;  qu'on  a  dit  uijj.qud 
par  corruption,  comme  honordine  de  Hongrois. 
Covarruvias  le  fait  venir  de  l'hébreu  caj'ak ,  qui 
lignifie  couvrir ,  d'où  a  été  tiré  le  latin  cafa ,  ca- 
hdne  ,  commz  on  âiïituguriiim,  à  tegendo  :  Xàùcn 
Scheick  cft  aulli  de  ce  fenriment.  Chorier,  Hijt. 
de  Daiipk,  L.  Il ,  p-  8^,  prétend  que  nous  con- 
fervons  encore  dans  nos  aifaques  le  nom  &  l'u- 
fa£;e  des  anciennes  caracales.  Foyeict  mot. 

'On  appelle  cafaqiies  de  Moufquetaires  ,  de  Gar- 
des du  Corps ,  de  Gendarmes  ,  les  manteaux  de 
cette  Ibrte  portés  par  les  Cavaliers  de  ces  compa- 
■gnics,  qui  ont  des  marques  &  des  broderies  par- 
ticulières pour  les  diftinguer  les  uns  des  autres.  Il 
a  pris  la  cafaqiie  ,  ou  il  a  rendu  la  cafaque  de  Mouf- 
quctairei  c'eft-à-dire  ,  il  c'I  entré  au  fervice,  ou  , 
il  a  quitté  le  fervice  de  Moulqueraire.  ■ 

On  dit  fîgurément  &  familièrement  qu'un  homme 
a  tourné  cafaque  ;  pour  dire,  qu'il  a  changé  de 
parti.  Jif  altéra  ad  aller um  dejcifcere.  Ce  Prince 
étranger  s'étoit  mis  du  côté  du  Roi ,  mais  depuis 
il  a  tourne  cafaque.  Les  troupes  auxiliaires  font 
fujettes  à  tourner  cafaque.  Cette  expreflion  vient 
de  ce  que  les  foldats  qui-  déferrent  &  fe  vont  ren- 
dre aux  ennemis,  tournent  fouvent  leurs  cafaques, 
&c  la  mettent  à  l'envers ,  pour  n'être  point  Recon- 
nus dans  Icui  pailage. 

I^ASAQUIN.  f.  m.  Petite  cafaque.  Sagulum,  chla- 
mydula.  §3"  Efpcce  d'habillement  court  qu'on  por- 
te ponr  fa  commodiré.  On  dir  proverbialement  &C 
populairement,  donner  fur  le  cafaquin.  On  lui  a 
donné  fur   le  cafaquin  ;  pour  dire ,  on  l'a  battu. 

Casaquin.  C'eft  une  patrie  élevée  &  diftindte  du  dos, 
laquelle  fe  remarque  dans  quelques  animaux.  Traité 
de  Lithologie  &  de  Conchyliologie. 

1er  CASARCABIR,  ou  ALCASAR-QUIVIR.  Ville 
du  Royaume  de  Dcz ,  à  trois  lieues  d'Argile. 

CASAU.  f.  m.  En  quelques  Provinces  de  France  voi- 
fmes  de  l'Efpagne,  on  appelle  un  jardin  Cafau: 
Hortus. 

%fT  CASAUBON,  Petite  ville  de  France  dans  la  Pro 

'   vince  d'Armagnac ,  fur  la  rivière  de  Douze 

§Cr  CASBA.  Ville  d'Afrique  ,  au  Royaume  de  Tunis, 
à  cinq  milles  de  la  capirale. 

CASBEQUE  ,  qu'on  nomme  plus  ordinairmente  KA- 
BESQUI.  f  m.  Petite  monnoie  de  cuivre  qui  le  fa- 
brique en  Perfe. 

|CF  CASBIN  ou  CASWIN.  Casbinum.  Ville  de  Perfe 
dans   riraquc,  au  nord   d'Ifpahan. 

CASCADE,  f.  f.  Chiite  natutelle  ou  arrifîcielle  d'eau , 
qui  tombe  d'un  lieu  plus  élevé  dans  un  lieu  bas. 
Prœceps  aquce  lapfus.  Dans  les  montagnes  on  voit 
mille  petits  ruiffeaux  qui  font  des  cafcades  natu- 
relles. 

^CF  Les  cafcades  naturelles  s'appellent  cataractes.  Les 
cafcades  arrifîcielles ,  qui  fonr  l'ouvrage  de  la  main 
des  hommes ,  tombent  par  nappes  comme  la  ri- 
vière de  Marly  •■,  en  goulettes ,  comme  les  bofquets 
de  Saint  Cloud  ■,  en  rampe  douce ,  comme  celle  de 
Sceaux  ■■,  en  buffets ,  comme  à  Trianon  &  Ver- 
failles  -,  ou  par  chute  de  perrons ,  comme  la  grande 
cafcade  de  Saint  Cloud. 

Ce  mot  eft  venu  de  l'italien  cafcata  ,  qui  a  été 
fait  de  cafcare  ,  &  de  cado.  Ménage. 

'ip'  Cascades.  Terme  d'Algèbre.  Méthode  des  caf- 
cades qui  réfour  les  équations  déterminées  de  rous 
les  degrés.  On  approche  roujours  de  la  valeur  d'une 
inconnue  par  des  équations  différentes  &  fuccef- 
fives ,  ou  en  baiffant  d'un  degré  :  &C  de  là  eft  venu 
le  nom  de  cafcade.  Fontekelle. 

.Cascade   ds  feu.   Terme    d'Artificier.    C'eft    une 


CAS 

chute  de  feu  qui  imite  la  chute  d'eau  appelée  caf- 
cade. 

On  dit  fîgurément  d'un  homme  qui  eft  tombé 
d'une  grande  fortune  dans  une  grande  difgrace , 
qu'il  a  fait  une  grande ,  une  rude  ,  une  étrange 
cafcade. 
Cascade  fe  dit  aufïî  fîgurcmenr  des  fautes  de  juge- 
ment ,  des  inégalités  qui  ie  trouvenr  dans  un  0\x- 
wiage.  Lapfus  ,  errores  ,  /«e«i/iZ.  Jugement  de  l'Au- 
teur ,  où  ériez-vous ,  quand  vous  fîrcs  cette  magni- 
fique cafcade  ?  dit  Balîac.  On  dit  encore  d'une  nou- 
velle qu'on  ne  fait  point  de  h  première  main,  & 
qui  a  paifé  auparavanr  par  plufieurs bouches,  qu'on 
ne  la  fait  que  par  cafcade ,  qu'elle  n'eft  venue  à 
celui  qui  la  dit  que  par  cafcades. 
fjcr  CASCAES  ou  CASCAIS.  Pcrite  ville  de  Por- 
tugal ,  dans  l'Eftramadure  ,  à  cinq  lieues  de  Lil- 
bonne. 
CASCANE.  f.  f.  Terme  de  Forrification.  Ce  font 
certains  enfoncemens  en  forme  de  puits  qu'on  faic 
dans  le  tcrre-plain  proche  du  rempart ,  &  d'où 
fort  une  galerie  qui  eft  aufTi  conduite  fous  terre , 
pour  évenref  les  mines  de  l'ennemi.  Suhterraneus 
receffus  ad  vallum. 
gCT  C^   mot  eft  vieux.  On  dit  aujourd'hui /«/w  5c 

écoutes,  f^oye^  ces  mots. 
CASCARILLE  ou  CHACRIL.  f.  f.  Cafcarilla,  di- 
minutif de  cafcara  ,  qui  en  elpagnol  lignifie  écor- 
ce  ou  coquille.  On  nous  apporte  cette  écorce  des 
Indes  orientales ,  d'une  des  Iles  de  Bahama  dans 
l'Amérique,  appelée  Elatheria,  Elle  eft  roulée  en 
petits  tuyaux  6c  en  petits  morceaux,  de  l'cpail- 
feur  de  la  canelle ,  de  couleur  de  rouille  de  fer  en 
dedans ,  d'un  goût  acre  ,  aromarique  &  amer ,  Se 
d'une  odeur  fort  agréable.  Lorfqu'on  la  brùle,  elle 
eft  ordinairement  dépouillée  de  fa  première  écorce  , 
qui  eft  rud.e  6c  de  couleur  cendrée.  On  l'emploie 
dans  les  fumigarions  à  caufe  de  fon  odeur  agréa- 
ble,  &  pour  remédier  aux  conrradtions  fpalinodi- 
ques  de  l'utérus. 
§Cr  Sa  reflemblance  avec  le  quinquina,  dont  on  dif- 
tingue  fix  eijsèces ,  l'a  fait  compter  pour  la  feptième  : 
cependant  la  cafcarille  eft  plus  amère  Se  plus  brûlan- 
re  ;  mais  l'amerrume  du  quinquina  eft  plus  défa- 
gréable  &c  plus  ftyptique. 
IJCJ"  M.  Boulduc  avec  plufieurs  autres  font  indifférem- 
ment ce  mot  mafculin  ou  féminin.  Il  eft  plus  or- 
dinairement féminin. 
CASCATE.  M.  Félibien  dit  Cascade  ou  Cascate. 

Voye^  Cascade. 
CASCAVEL.  Voyei  Boicininga. 
Ip-  CASCHGAR.  (le  Royaume  de)  Pays  dans    la 
Tartarie ,  du  côré  du  Royaume  de  Thibet.  Il  tire 
fon  nom  de  la  ville  de  Cafchgar  qui  en  étoit  au- 
trefois la  capitale  •,  mais  depuis  que  les  Tartares  en 
fonr  en   pofleflîon  ,    elle   eft    bien    déchiie   de  fa 
première    grandeur. 
^  CASCL\.  Cafcia.  Périra  ville  d'Italie ,  dans  l'E- 
tat  de  l'Eglife  ,  en  Ombrie  ,  entre  Rieti  8c  Nurfie. 
CASE.  f.  f.  Maifon.  Cafa.  Eh  ce  fens  ce  mot  eft  em- 
prunré  de  l'iralien  cafa ,   &c  n'eft  en  ufage  qu'en 
peu  de  phrafes.  Dans  le  ftyle  familier  ,  c'eft  le  pa- 
tron de  la  cafc.  Il  renrre  dans  ma  café.  Il  ne  fort 
poinr  de  fa  café.  Ilidore  8^  Papias  difenr  que  c'eft 
une  perire  maîfon  de  payfan  fermée  feulement  de 
haies  ,  ou  de  palis. 
Case.  Terme  d'Imprimeur. C<î/ù  Typorum,loculi,cap' 
fa  ,  locumenta.  C'eft  la  rable ,  ou  boîre  plare  divifée 
en  plufieurs  compartimens ,  ou  petites  loges  caiiées , 
qu'on  nomme  cafetins ,   dans  chacun  defquels   fe 
mettent  les  caradères   de  même   efpèce  ;  ÔC  d'où 
le  Compofiteur  les  rire  à  mefure  qu'il  en  a  befoin 
pour  compofer  6c  faire  une  forme.  Une  café  de  grec  , 
une  café  d'Hébreu ,  une  café  de  S.  Auguftin ,  une 
café  de  petit  Romain  ,  une  café  d'Italique  ,  &c.  Mes 
cafés  font  pleines.  Je  n'ai  plus  rien  dans  mes  cafés. 
Des    cafés  bien   ou    mal    fournies.    Quelques-uns 
ccnwcni  caffe.  Cependant  on  prononce  c<z/è,   c'eft- 
à-dire  ,  caie. 


CAS 


CAS 


Case  ,  fe  dit  orcîirtairemenr  de  chacurt  deS  cartes  qui 
font  dans  un  échiquier ,  ou  damier ,  au  jeu  des  écliecs 
Se  des  dames.  Le  roi  nY  plus  que  deux  cafés  pour 
le  lauver.  Le  pion  avance  de  deux  cajes  le  pre- 
mier coup. 

Ménage  après  Saumaifi  tient  que  ce  mot  vient 
de  caffa  ,  ou  cafj'a  ,  qui  vient  du  grec  xa^x ,  qui  li- 
gnifie la  même  cliolc. 
Case  ,  le  dit  au  jeu  du  triélrac  ,  de  deux  dames  qui 
font  pofées  fur  une  même  ligne ,  flèche  ou  languette  , 
matquée  fur  le  tablier  où  on  joue  le  triétrac  ,  & 
qui  empêchent  les  dames  du  parti  contraire  de  paiïl-r 
outre.  Quand  on  fait  le  pctit-jan,  il  fert  à  abattre 
du  bois  pour  faire  des  cafés. 
IJC?  Case  ,  fe  dit  aufli  de  chacune  des  places  dcfignées 
par  cette  flèche  ou  languette. 

La  café  du  diable ,  c'eft  celle  qui  eft  immédia- 
tement avant  le  coin  ,  ou  bien  c'eft  la  onzième 
café  de  cliaque  jeu.  On  l'appelle  café  du  diable ,  par- 
ce que  par  plulieurs  expériences  on  a  reconnu  que 
quand  le  plein  s'achève  par  cetre  café  ,  il  eft  très- 
difficile.  Café  de  l'écolier.  C'eft  la  même  que  la  café 
du  diable  ,  félon  ce  qu'en  dit  l'Auteur  du  traité  de 
ce  jeu  -,  &  on  l'appelle  café  de  l'écolier  ,  parce  que 
les  habiles  joueurs  diffèrent  ordinairement  de  la 
prendre  tant  qu'ils  peuvent ,  &  la  gardent  pour  finir 
le  plein  ;  ils  font  par-là  moins  cxpofés  à  pafîer  les  da- 
mes qui  deviennent  inutiles  dès  qu'elles  font  paiîces. 
^fT  On  appelle  aufîi  café  du  diable  ,  celle  de  la  fé- 
conde flèche  du  grand-jan  ,  quand  c'eft  la  feule  qui 
foit  à  faire  ,  parce  que ,  comme  il  ne  refte  plus  que 
cinq  dames  dans  le  petit -jan  ,  &  que  toiis  les  coups 
qu'on  joue  fans  remplir,  avancent  ces  dames,  on 
ïifque  de  ne  point  faire  fon  plein ,  ou  de  ne  pas 
tenir  long-temps. 

FaufTe  café,   c'eft  une  café  à  laquelle  les  nom-' 
■bres  de  vos  dés  ne  vous    conduifent  point.  Celui 
qui  fait  une  fauffe  café  par   mégarde  ou  de  pro- 
pos délibéré  ,  eft  obligé  de  remettre  les  deux  dames  à 
leur  première  place  ,  &  l'adverfalre  eft  maître  de  les 
lui  faire  jouer  à  fa  volonté.  Il  peut  aufTi  ,  s'il  veut , 
laiffer  la  faiifTe  café  en  l'état  où  elle  eft  ,    en  cas 
qu'elle  convienne  mieux  à  fon  jeu ,  quand  même 
celui  qui  l'a  faite  ,  voudroit  en  revenir.  Poufîer  plu- 
fieurs  cafés.  Quand  deux  ou  plufieurs  cafés  fe  tou- 
chent mutuellement ,  &  qu'on  fait  un  coup  qui 
tranfpOfte  la  dernière  de  ces  cafés  immédiatement 
après  là  première  ,  enforte  qu'elles  fe  touchent  en- 
core après  avoir  joué  ,  comme  elles  fe  touchoient 
auparavanr,  au  lieu  d'enlever  avec  la  main  les  deux 
dames  de  cette  dernière  café  pour  la  porter  après 
les  autres ,   il  eft  permis  de  pouffer  toutes  les  caj'es  à 
la  fois  de  l'efpace  d'une  flèclie  j  &:  quoiqu'elles  chan- 
gent toutes  de  place ,  elles  produifent  le  même  effet 
c[ue  fi  l'on  eût  tranfporté  les  deux  feules  dames  de 
la  dernière  café.  On  ne  poufle  ordinairement  que 
pour  jouer  un  doubler.  On  peut  poulfer  les  demi- 
cafes  comme  les  cafés.  Les  cafés  baffes  font  celles 
qui  font  le  plus  près  de  votre  adverfaire.  On  ap- 
pelle café   toute  flèche    couverte  de  deux  dames. 
On  appelle  dcmï-cafe  toute  flèche  qui  n'eft  couverte 
que    d'une  dame  feulement.  L.  S, 
Case.    Petite  monnoie  de  cuivre  du  Japon  ,  qu'on 

nomme  aufTi  cache,  cafie  &  ca/Tie. 
1^  Case  d'Orfèvre.  Foye:^  Casse. 
ffT  CASELOUTRE.  Nom  françois  de  la  ville  de 

Keyfers-Lautern.  Voye7^  ce  mot. 

CASEMATE  ou  CAZEMATË.  f.  f.  Terme  de  Forri- 

fication  :  ce  qu'on  appelle  autrement  place  baffe , 

ou  flanc  bas.  C'eft  une  place  pratiquée  dans  le  flanc 

proche  de  la  courtine  ,  où  l'on  mer  une  batterie 

de  canon  ,   pour  défendre  le  fofîé.  Ima  crypta  ad 

latera  propugnaculoricm.  Ce  norh  vient  d'une  voûte 

qu'on  faifoit  autrefois  pour  féparer  les  plate-formes 

où  fe  faifoient  les  batteries  hautes  &  baffes ,  dont 

chacune  fe  nommoit  en  italien  cafi  armata  ,  ou  en 

cfpagnol  cafamata.  Quelques-uns  le  font  venir  de 

cafa  à  matti ,    maifon  aux  fous.   Covarruvias  dit 

qu'il  a  été  fait  de  cafa ,   maifon  ,  £c  maia ,  baffe 


^9^ 


Maintenant  on  '{:  contente  de  retirer  là  place  haute 
en  dedans  du  bàftion.  Quelquefois  on  fait  trois 
plate-formes  ,  dont  la  plus  haute  eft  fur  le  rem- 
part. La  cafemate  eft  aulll  appelée  flanc  retiré  3, 
parce  que  c'eft  la  partie  du  flanc  qui  eft  la  plus 
proche  de  la  courtine  &:  du  centre  du  baftion.  On  la 
couvroit  d'un  orilion  ou  épaulement,  qui  étoit  un 
corps  mafîlf  de  pierre,  rend  ou  carré,  qui  empcchoit 
qu'on  ne  vît  de  dehors  dans  les  batteries.  L'ufage 
en  eft  affez  rare  préfentement  j  &:  on  a  cefle  de  s'en 
fervir ,  à  caufe  que  les  batteries  des  affaillans  en- 
terroient  l'artillerie  de  ces  cafcmates  dans  la  ruine 
des  voûtes. 
Casemate,  fe  prend  aufll  pour  lïs  puits  &  les  ra- 
meaox  que  l'on  fait  dans  le  rempart  d'un  baftion  , 
jgf.]u'à  ce  que  l'on  entende  travailler  le  mineur ,  SC 
qu'on  évente  les  mines.  Difflandx,  avertendx  cuni- 
cularicz  machinationis  crypta. 
Casemate,  fe  dit  encore  en  termes  de  guerre  de  cer- 
rainsfouteirains  Bien  voûtés,  à  l'épreuve  du  canon  j, 
pratiqués  ordinairement  dans  les  baftions ,  fur-tout 
dans  les  citadelles ,  où  le  Soldat  qui  n'eft  pas  en 
faiStion ,  &;  de  jour  ,  va  fe  fepofer  à  l'abri  des  coupsi 
On  y  place  aufli  les  bleffcs. 
Casemate  ,  fe  dit  en   ftyle  badin  pour  prifon.  Il  a 

été  mis  dans  la  cafemate  ,  en  cafemate. 
CASEMATE,  adj.  "Voûté,  où  il  y  a  des  cafematesi 

Un  baftion  cafemate. 
{CT  CASEMÈNT.  f.  m.  Vieux  mot.   Foye^  Caser; 
CASENTIN.  Cifentinus ,  ager.  Petit  pays  de  Tofcane 
en  Italie ,  renfermé  dans  le  Florentin.  Le  Cafenùrt 
eft  à  l'orient  de  f  iorence ,  entre  cette  ville  &  lé 
boufg  du  Saint  Sépulcre  ,  aux  environs  des  fources 
de  l'Arno.  Camaldoli  eft  dans  le  Cafentin. 
CASER.  V.  n.  Qui    ne  fe  dit  qu'au  jeu  de  triclrac  j 
pour  fignifîcr  ,  taire  des  cafés ,  accoupler  des  dames  , 
en  mettre  deux  fur  la  même  flèche.  Scrupos  aiios  aliis 
fipponere  ,  ou  uni  laminiz  duas  imponere  rotidas, 
La  plus    grande   fcience    du   triélrac   eft  de  biea 
cafer. 

Ce  verbe  ,  fuivant  le  premier  fens  qui  fe  préfente, 
fignifie ,  faire  des  cafés  ;  mais  il  fe  prend  aufli  poui: 
cafer  à  propos ,  &  l'on  dir  ordinairement  d'un 
joueur  qui  place  bien  l'es  dames  :  cet  homme-là  cafe^ 
bien.  C'eft  un  grand  avantage  au  triftrac  que  de 
favoir  bien  cafer  ;  c'eft-à-dire,  que  les  habiles  joueurs» 
par  la  parfaite  connoiffance  qu'ils  ont  des  hazards  * 
que  l'on  court  plutôt  à  une  place  qu'à  une  autre  , 
favent  choiiir  en  jouant  celles  qui  vraifemblable- 
ment  leur  feront  plus  avantageufes.  L.  S.  Regardez 
toujours  le  jeu  de  votre  homme ,  plutôt  que  le  vô- 
tre ;  examinez  quand  il  fait  des  cafés ,  s'il  café  jufte  , 
Celui-là  ne  jouera  jamais  bien  ,  qui  ne  confîdère 
point  l'cffence  du  jeu  avant  que  de  cafer.  Il  faut 
donc  ,  pour  cafer,  examiner  les  coups  qui  font  pour 
ou  contre  vous.  Pour  biert  cafer  à  propos ,  &  ne 
vous  pas  donner  des  obftacles ,  il  faut ,  quand  votre 
homme  eft  fermé  par  en  haut ,  ne  pas  vous  prefTeC 
de  faire  les  cafés  baffes.  Id. 

Dans  les  vieilles  coutumes  ,  on  difoit  cafer  &C 
acafer  ;  pour  dire ,  donner  quelque  terre  en  fief  ; 
d'où  on  a  dit  cafement ,  chafement  &  chas  ;  poun 
dire  ,  maifon  :  &  en  latin  on  appelle  cafatus  ,  un 
domejlicjue ,  un  vaffaL 
CASERETE.  f.  f.  C'eft  un  moule  de  bois ,  une  fotme 
dans  laquelle  on  fait  des  fromages.  On  appelle  dans 
quelques  endroits  ces  fortes  de  formes  ou  de  mou- 
les ,  des  cagerotes  •■,  mais  dans  tout  le  pays  d'Auge 
d'où  viennent  ces  excellensftomages,  que  l'on  appe- 
lé de  Livarot  ,  on  ne  les  nomme  point  autrement 
que  Caferetes. 
CASERIÈS.  f.  f.  pi.  Les  Arabes  de  la  Terre-Sainte  nom- 
ment de  la  forte  ce  qu'on  appelle  ailleurs  des  Kans 
&  des  Caravanferas. 
go-  CASERNE,  f.  f.  Logemens  qu'on  fait  dans  une 
ville  ,  ou  fur  le  remparr  même  pour  loger  les  Sol- 
dats de  la  garnifon  ,  &  pour  foulager  les  Bourgeois. 
CafiiLi.  On  loge  ordinaircmenr  dans  chaque  cham- 
bre douze  foldats ,  qui  montent  la  garde  alternative^^ 

Ppij 


^co  CAS 

m/nt.  Le  Roi  a  fait  barir  dans  ics  villes  de  guette 
des   cajernes   magnifiques  ,     qui  font    de    gtands 
ôtels  pour  loger  les  garnilbns. 

gCF"  On  a  aufli  donné  le  nom  de  cafernes  à  des  bâti- 
mens  magnifiques  ,  de  grands  hôtels  que  le  Roi 
vient  de  faire  bâtir  dans  plufieurs  endroits  aux  en- 
virons de  Paris ,  pour  loger  les  Gardes  Suiffcs. 

CASERNER.  v.  n.  Loger  dans  des  cafernes.  On  fit 
cdferneT  la   garnifon. 

^fT  On  dit  adivement ,  caferner  des  Troupes ,  les 
renfermer  dans  des  cafcr/ies. 

Caserne  ,  part.  Sa  Majeilé  ordonne  que  dans  les  routes 
fes  troupes  Cei:om  cajernées ,  comme  il  fe  pratique 
dans  les  lieux  où'elles  tiennent  garnifon.  Ordonn. 
de  1718. 

|Cr  CASERTE.  Cafirta.  Petite  ville  d'Italie  ,  au 
Royaume  de  Naples ,  dans  la  terre  de  Labour ,  avec 
un  Evèché  fuffragant  de  Capoue. 

^CF  Cette  ville  donne  fon  nom  à  une  montagne 
voifine. 

CASETIN.  f.  m.  Terme  d'Imprimeur,  diminutif  de 
café.  Ty forum  cafula  ,  locuLus  ,  lociimentum ,  cap- 
fiila.  Les  cafetins  font  les  différens  compartimens , 
ou  petites  loges  carrées  de  la  café  ,  chacun  defquels 
eft  deftiné  à  un  caradère.  Le  cafetin  de  VA ,  du 
B,  &CC.  On  dit  aufli  Cassetin. 

CASEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  eft  de  la  nature  du  fro- 
mage. Epithète  qu'on  donne  aux  parties  les  plus  grof- 
fîères  du  lait ,  dont  on  fait  des  fromages.  Cafearius. 
On  les  appelle  zufTi  fromage ufes.  Le  lait  d'âneife  ne 
contient  que  peu  de  parties  cafeufes  ;  mais  celui 
de  vache  en  contient  beaucoup. 

Ce  mot   vient  du  latin  cafeus  ,  qui  fîgnifie  fro- 
mage. Voyez  Lait. 

|3=  CASHEL  ou  CASSEL.  Ville  d'Irlande,  dans  la 
Province  de  Munfter  ,  au  Comré  de  Tipperary. 
•  C'étoit  autrefois  la  capitale  de  la  Province.  C'eft 
encore  le  ficge  d'un  des  quatre  Atchevêchés  d'Ir- 
lande. 
l  CASI.  f.  m.  Terme  de  relation.  Juge  des  caufes  ci- 
viles en  Pcrfe.  Jiidex  rerum  ou  caufariim  civi- 
lium  cognitor.  C'eit  un  homme  de  loi ,  car  en  Perfc 
les  caufes  civiles  font  rcfervées  au  Clergé. 

CASIER,  f  m.  Vieux  mot,  qui  eft  encore  en  ufage 
en  Picardie  ,  &  dont  une  des  cent  Nouvelles  Nou- 
velles donne  l'explication  en  ces  termes  :  Pour  vous 
donner  entendre  quelle  chofe  eft  ung  cajier  ,  c'eft 
unç  garde  mangier  en  la  façon  d'une  huche,  long 
8c  étroit  pour  raifon  Se  aflez  profont ,  où  l'on  mufîe 

•  les  œufs  &c  le  beure  ,  le  fromaige  &  autres  telles 
"    vitailles.  Cafîer  vient  de  cafearius  ,  fous  en-cntendant 

/ocus  ,  le  lieu  où  l'on  ferre  le  fromage ,  &:  que  les 
*  Latins  nomment  d'un  feul  mot ,  cafeale.  Monet  l'ap- 
pelle Chajier  qui  eft  aulfi  dans  Nicot, 

^C?  CASIGLIANG.  Autrefois  ville  épifcopale ,  pré- 
fentement  Bourg  de 'l'Etat  de  l'Eglife  ,  dans  le 
Duché  de  Spolete. 

CASILLEUX.  adj.  Nom  que  les  Vitriers  donnent  au 
verre,  lorfqu'il  fe  cafle  en  plufieurs  morceaux ,  quand 

"    ils  y  appliquent  le  diamant  pour  le  couper.  Fra- 

•  gilis.    Cela    arrive    à    celui    qu'on    a    retiré    trop 

-  tôt  du  fourneau ,  où  il  n'a  pas  eu  affez  de  recuite. 

-  Celui  qui  eft  bien   cuit  fe  coupe  facilement. 
§Cr  CASIMAMBOUS.  (les)  Nation  particulière  d'A- 
'    frique ,  dans  l'île  de  Madagafcar  dans  la  Province 

•  de  Mantane.  Ils  font  tous  Ombra/Tes  ou  Ecrivains , 

■  &  enfeigncnt  à  lire  &:  à  écrire  l'arabe  dans  les  vil- 

'    lages  où  ils  tiennent  leurs  écoles. 

gCF^CASIUS.  Terme  de  Mythologie.  Surnom  don- 
né à  Jupiter  à  caufe  d'une  montagne  d'Arabie ,  à 
l'entrée  de  l'Ei^ypte,  où  il  étoit  particulièrement  ho- 

■  noté  fous  la  forme  d'un  rocher  efcarpé  ,  ayant  un 
aigle  à  côté  de  lui. 

CASLEU  ou  CISLEU.  f.  m.  C'eft  le  nom  du  neu- 

■  vième  mois  des  Hébreux.  Hofman.  Les  Auteurs  du 

■  Moréii  difent  du  dixième  mois  :  Zackarie  VII.  i  , 
"  l'appelle  le  neuvième.  n5;l1«n,  iVoziaiy&'nn  tznnhi 
"  c'eft- à-dire  ;  le  quatriime  jour  du  neuvième  mois  , 
*-  \jni  ejî  Cafleu,  Les  Hébreux  ne  donnèrent  point  d'à- 


CAS 


bord  de  noms  à  leurs  mois.  Ils  difoient  feulement 
le  premier ,  le  fécond ,  le  ttoificme  mois ,  comm.e 
on  le  voit  dans  le  Pcntateuque.  Ils  ne  leur  impo- 
sèrent des  noms  particuliers ,  qu'après  qu'ils  eurent 
eu  du  commetce  avec  les  Chaldécns ,  &  fur-tout 
au  retour  de  la  captivité ,  pendant  laquelle  ils  pri- 
rent une  partie  de  la  langue  Se  des  ufages  de  leurs 
Maîtres.  Le  nom  de  Cafleu  ne  fe  trouve  aufli  que 
dans  les  livres  écrits  depuis  la  captivité ,  Zacharie  j 
El'dras  &  les  Machabécs.  Il  commcnçoit  à  la  nou- 
velle lune  de  Novembre. 

Quelques  Auteuts  conjedurent  que  le  nom  Cafleu 
vient  de  Vd^  ,  Chejïl,  qui  dans  Job ,  IX ,  9  ,  Amos , 
K ,  8  ,  eft  pris  par  S.  Jérôme  pour  la  conftellation 
d'Otion  -,  qu'il  fut  donné  à  ce  mois ,  parce  que 
cette  conftellation  fe  couchant  avec  le  foleil  pen- 
dant ce  mois-là ,  elle  excite  des  tempêtes. 

gC?  CASMINAR.  Voyei  Cassummuninar, 

Ip"  CASOAR.  Voye'i  Casuel. 

CASPIE.  Nom  que  quelques  Auteuts  &:  ^L  Corneille 
lui-même ,  de  l'Académie  Françoife ,  donnent  à  la 
mer  d'Hircanie.  Je  ne  fais  pourquoi  ils  difent  Cajpie , 
communément  on  dit  Caj'pienne ,  Se  c'eft  l'ufage, 
Cafpie  eft  latin  plutôt  que  françois.  Voye^  Cas- 
riEN ,  adj. 

CASPIENS.  Nom  de  peuple.  Cafpius ,  a.  Les  Caf- 
piens  étoient  des  Scythes ,  qui  habitoient  la  cote 
méridionale  de  la  mer  qu'on  appelle  de  leur  nom  , 
mer  Cafpienne ,  &  qui  étoient  voifîns  des  Hircaniens. 
Les  Cafpiens  avoient  la  coutume  barbare  d'enfermer 
leurs  parens  quand  ils  avoient  atteint  l'âge  de  70 
ans ,  Se  de  les  laifler  mourir  de  faim.  Strab.  Liv. 
XL  Valerius  Flaccus  ,  Liv.  VI,  v.  106,  dit  en- 
core une  chofe  fingulière  de  ces  peuples.  C'eft  qu'ils 
avoient  des  chiens  aguerris ,  Se  qui  combattoient 
*  avec  leurs  maîtres.  Aufîl  leur  rendoit-on  après  leur 
mort  les  mêmes  honneurs  qu'à  leurs  maîtres  ,  les 
enterrant  avec  eux.  Alex,  ab  Alexandr.  L.  III ,  c. 
38.  Jufte  Lipfe  ,  Centur.l ,  ad  Belgas  f/».  44.  Elie 
Reufner,  Art.  Stratag.  L.  /,  c.  ij.  Gafp.  Fafcius , 
Axiom.  Bell.  c.  94,  parlent  des  Cr^/tf/zj. 

Caspien  ,  ENNE.  adj.  Nom  que  Ton  donne  à  différentes 
chofes ,  ou  lieux  ,  qui  appartenoient  aux  Cafpuns , 
qui  en  étoient  voifins. 

Les  montagnes  Cafpiennes ,  en  latin  montes  Caf- 
pii ,  font  une  longue  chaîne  de  montagnes ,  qui 
s'étend  fort  loin  du  feptentrion  au  midi  ,  entre 
l'Arménie  majeure  Se  la  mineure  depuis  la  mer  Cap 
pienne  jufqu'au  mont  Taurus.  C'eft  des  monts  Caf- 
piens ,  ou  des  montagnes  Cafpiennes ,  que  les  Turcs 
fortirent  au  milieu  du  VHP  fiècle ,  &  qu'ils  inon- 
dèrent l'Arménie  en  755. 

Les  portes  Cafpiennes,  Portez  Cafpicc.  Le  mont 
Taurus  s'ouvre  en  trois  endroits ,  où  il  laiffe  des 
chemins  qui  donnent  entrée ,  l'un  dans  l'Arménie  > 
l'autte  dans  la  Cilicie,  &  le  troifième  dans  la  Médie. 
Outre  cela  il  y  avoit  un  paflage  de  la  Médie  dans 
l'Albanie  ,  à  l'occident  de  la  mer  Cafpienne ,  entre 
les  hautes  montagnes  Se  cette  mer.  Quelques-uns  ont 
pris  ce  col  de  montagnes  pour  les  portes  Cafpien- 
nes ;  Maty  eft  de  ce  nombre  ,  Se  M.  Corneille  Ta 
copié.  On  s'y  étoit  trompé  dès  le  temps  de  Pline. 
Il  en  avertit  au  C.  Il ,  de  fon  VI^  Livre,  Se  dit  que 
ce  font  là  les  porrcs  Caucafiennes ,  &  non  pas  Caf' 
piennes.  Il  eft  étonnant  qu'après  cela  on  s'y  trompe 
encore  aujourd'hui.  Les  portes  Cafpiennes  ne  font 
point  dans  le  mont  Caucafe ,  ni  le  partage  qui  con- 
duit du  pays  des  Cafpiens  dans  l'Albanie  -,  c'eft- 
à-dite  ,  de  la  côte  méridionale  de  la  mer  Cafpienne 
à  la  feptenttionale ,  en  pafîant  le  long  de  la  côte 
occidentale  de  la  même  mer.  Les  portes  Cafpiennes 
ne  font  pas  même  dans  les  monts  Cafpiens  ;  elles 
font  dans  le  mont  Taurus ,  Se  font  la  communica- 
tion de  l'Aflyrie  avec  la  Médie  :  c'étoit  un  partage 
fort  éttoit,  long  de  huit  mille  pas  -,  il  avoit  été 
taillé  dans  le  roc ,  Se  il  n'y  pouvoir  paifer  qu'un  cha- 
riot à  la  fois. 

Ces  portes  Cafpiennes  étoient ,  félon  Pline ,  fous 
le  même  parallèle  que  la  Cappadoce  ,  le  mont  Tau- 


CAS 

rus ,  le  mont  Amanus,  Tlffas ,  les  portes  de  Cllicie  , 
Tarie ,  l'Ile  de  Chypre ,  l'île  de  Rhodes ,  &c.  & 
par  conlequenr  ce  poLirroit  être  le  paHage  qui  donne 
entrée  dans  l'Albanie.  Ptolcmce  les  place  auflî  beau- 
coup plus  au  midi  que  ce  paliage.  Fof/èi  fa  cin- 
quième planche  ou  table  de  l'Aile  -,  &  Plmc  ,  Liv. 
VJ ,  c.  1 1  ,  14  &  34.  On  les  appelle  qiîelquefbis 
les  portes  is   Te  fis. 

La  mer  Caspienne  j  qdè  quelques-uns  appellent 
mer  Caj'pie  ;  mais  Cafpienne  eft  plus  en  ulat^e,  ou 
jiplutôt  leul  en  ufage.  On  la  nomme  auffi  dans  l'an- 
tiquité, la  mer  d'Hircanie  ou  Hircanienne.  Pline 
dit  ,  L.  VI ,  c,  1 5  ,  qu'elle  s'appeloit  Cafpienne  de- 
puis Cyrus.  On  l'appelle  aujourd'hui  communément 
de  ce  nom ,  &  on  lui  donne  encore  ceux  de  mer 
de  Sala  ,  de  Bâcha ,  de  Kilan  ,  de  Tabariltan ,  &c. 
Mare  Caj'pium  ou  Hircanum.  Il  femble  cependant 
que  c'ctoit  la  partie  orientale  que  l'on  appeloit  pro- 
prement mer  d'Hircanie  ,  &  la  partie  occidentale 
CaJ'pienne  ;  mais  on  ne  garde  point  exaélement 
cette  difHnftion ,  Se  l'on  a  donné  ijidifFéremment 
ces  deux  noms  à  toute  cette  mer  ,  à  cauie  que  les 
Hircaniens  &  les  Cafpiens  habitoienf  les  côtes  mé- 
ridionales &  les  pays  voifms  de  cette  mer  ;  les  pre- 
miers du  côté  de  l'orient,  &  les  féconds  à  l'occident. 
D'autres  difent  qu'elle  prit  ces  noms  des  montagnes 
Cafpiennes ,  qui  la  reflerroient  du  côté  du  couchant , 
&  des  montagnes  Hircaniennes  qui  la  bornoient  au 
levant. 

Quoi  qu'il  eh  foit,  c'efl  un  grand  lac  qui  n'a 
de  communication  fenlible  avec  aucune  mer,  quoi- 
que Pline  Se  les  Anciens  ne  l'aient  regardé  que 
Comme  un  golfe  de  l'Océan  Scytique ,  ou  qu'ils 
aient  cru  que  cette  mer  avoir  communication  aVec  le 
Palus-Mxotide.  Cependant  toute  l'Antiquité  n'a  pas 
penfé  ainfi.  Hérodote  &:  Diodore  de  Sicile  con- 
viennent que  la  mer  Cafpienne  n'eft  jointe  à  au- 
cune mer.  C'efl:  fa  vafte  étendue  qui  lui  a  fait  don- 
ner le  nom  de  mer.  Clitarque  dit  dans  Pline  qu'elle 
eft  aulli  grande  que  le  Pont-Euxin.  Eratollhène  lui 
donnoit  cinq  inille  quatre  cens  ftades  du  nord 
au  midi-,  c'eft-à-direi  environ  iij  lieues  ;  quatre 
mille  huit  cens  ftades  ,  c'eft-à-dire  ,  ii6  lieues 
dans  un  autre  •  fens ,  &  encore  1400  ftades  qui 
font  environ  6à  lieues.  Noils  rie  lavons  pas  au 
jufte  l'étendue  de  cette  iner.  On  croit  qiie  l'opi- 
nion la  plus  probable  eft  celle  qui  lui  donne  2(îo 
lieues  du  levant  au  couchant  ,  &  environ  200 
du  nord  au  midi.  Cela  revient  à  ce  que  dit  Era- 
tofthène.  Oléarius  écrit  que  fa  longueur  depuis 
l'embouchure  du  Volga  Jufqu'à  Fcrabath  dans  la 
Province  du  Mefanderari  j  eft  de  huit  dégrés ,  qui 
font  fix  vingts  lieues  d'Allemagne  -,  &  fa  largeur 
du  levant  au  couchant ,  de  fix  dégrés ,  qui  font  po 
iieues.  Tout  cela  paroît  copié  d'après  Pline. 

Quinte-Curce  a  écrit,  Liv.  IF,  c.  4,  que  les  eaux 
de  la  mer  Cafpienne  ibnt  plus  douces  que  celles 
des  autres  mers.  Cela  n'eft  pas  vrai ,  excepté  du 
côté  de  l'Hircanie  ,  qu'elles  lie  font  en  effet  ni 
douces ,  ni  lalées.  Hotfinan  a  donc  eu  tort  d'ailli- 
rer  ablblument  &  généralement  que  les  eaux  de 
la  mer  Cafpienne  font  douces.  Cette  mer  eft  ex- 
trêmement poilfonneufe ,  6c  Quinte-Curce  dit  qu'elle 
nourrit  des  ferpens  d'une  longueur  prodigieufe.  Il 
ne  fort  aucune  rivière  de  cette  mer  i  &  il  y  en  en- 
tre un  grand  nombre  &  de  très-grandes,  comme 
le  Volga ,  le  Jaik,  le  Chefel,  le  Jehun  &  l'Araxe.  On 
ne  iait  ce  que  deviennent  toutes  ces  eaux.  On  con- 
jedure  qu'elles  s'écoulent  par  des  conduits  fou- 
terrains  ,  ou  dans  la-  mer  Noire ,  ou  dans  le  golfe 
Perfique  ,  ou  au  travers  de  la  terre  dans  l'Océan 
de  l'hémifphcre  oppolc  ;  ou  qu'elles  vont  fourdre 
■    en  diflcrens  endroits  de  la  terre  pour  faire  des  fleuves 

comme  par  exemple  l'Euphrate  ,  le  Tigre ,  &c. 
CASQUE ,  f.  m.  Arme  défenfive  pour  couvrir  la  tête  Se 
le  cou    d'un    Cavalier  ,    qu'on  appelle  autrement 
heaume.  Galea ,  caffis.  Boileau  ,  en  parlant  de  l'in- 
conftance  de  l'homme ,  conclut , 


CAS 


^01 


Il  tourne  au  moindre  vent,  illoHibe  au  moindre  choc. 
Aujourd'hui  dans  un  calque,  &  demain  dans  un  froc. 

Autrefois  en  France  les  Gendairme'^  avoient 
tous  le  cafque.  Le  Roi  le  pôrtoit  doré  ;  les  Ducs 
■&  Comtes  argenté  ;  les  Gentilshommes  d'ancien- 
ne race  le  portoicnt  d'un  acier  poli,  Se  les  autres 
amplement  de  fer.  Le  Gendre. 

Ce  mot  vient  de  ca(ficum  ou  cafjîcus  j  diminutif 
de  cafjîs.  Ménage.  Sa  racine  a  fignilié  une  chofi 
vide  Se  creufe.  On  dit  en  eipagnof  cafco  ,  pour  li- 
gnifier la  tête  ,  ou  un  morceau  d'un  pot  de  terre 
calfc.  On  dit  aulfi  cafquer ,  comme  le  montre  Nicoti 
en  rapportant  ces  mots  d'une  Ordonnance  de  Fran- 
çois I,  touchant  les  fervices  que  font  obligés  de 
rendre  ceux  qui  tiennent  des  iiefs  du  Roi.  Et  celui 
qui  tiendra  Jiefs  ou  trois  cens  livres  de  revenu  par 
an  ,fera  un  homme  de  pied  avec  le  corps  de  halle- 
cret ,  le  cafquet  &  la  pique. 

On  trouve  aiilli  des  cafques  fur  les  médailles  ;  & 
l'on  y  reconnoit  les  diiférentes  façons  de  ca/ques  i 
la  grecque ,  à  la  romaine.  C'eft  la  plus  ancienne  ar- 
mure de  tête  qui  paroiffe  fur  les  médailles  ,  Se  la 
plus  univerlelle.   Les   Rois  ,  les  Empereurs  &  les 
Dieux-mêmes  s'en  font  fer  vis.  Celui  qui  couvre  la 
tcte  de  la  figure  de  Rome  a  d'ordinaire  deux  aîles  i 
comme  le  Pctafe   de  Mercure  -,  celui  de  quelqueà 
Rois  eft  paré  de  cornes  de  Jupiter    Ammon  ,  ou 
funplcment  de  taureau  ,  ou  de  bélier ,  pout  mar- 
quer une  force  extraordinaire.  P.  Jo. 
Casque  ,  fîgnifie  aulli  figurément  la  tête.  Caput.  Il  en 
a  dans  le  cafque  ;  pour  dire  ,  il  a  un  peu  la  cervelle 
brouillée,  foit  de  vin  ,  foit  de  folie.  En  ce  fens ,  il 
eft  bas.  Il  manque  un  clou  à.  fon  cafque  ;  pour  dire  i 
il  eft  un  peu  fou. 
Casque  de  Pluton.  Les  Cyclopes ,  félon  la  fable,  en 
fabriquant  la  foudre  de  Jupiter  ,  firent  aulli  un  cz/- 
^wf  pour  Pluton.  Ce  cafque  avoit  la  propriété  de 
lailfcr  voir  tous  les  objets  ,  fans  que  celui  qui  le 
portoit  put  être  vu  lui-même,  Perfée  emprunta  ce 
cafque  admirable  ,  dit  Hygin  ,  pour  aller  combaure 
Ricdufe. 
Casque  ,  qu'en   termes  de  Blâfon  on  appelle  aulîî 
timbre ,  fc  met  fur  l'écu  pour  fon  principal  orne- 
ment. C'eft  la  vraie  marque  de  Chevalerie  &  de  No- 
blelfe.  Les  Allemans   mettent  plulîeurs  cafques  fur 
leurs  armes ,  quand  ils  ont  plufieurs  fiefs  ou  titres 
qui  leur  donnent  des  voix  dillcrentes  dans  les  Cer- 
cles de  l'Empire.  Les  Eccléfiaftiques  mettent  aulîî 
le  cafque  fur  leurs  armoiries ,  quand  ils  font  Sei- 
gneurs temporels:  &  quelques  Evèquesle  pratiquent 
en  France  ,i:omme  les  Evêques  de  Cahors  &  de  Gap, 
En  Allemagne  ,  les  Electeurs  Eccléfiaftiques  mettent 
Autant  de  cafques  qu'ils  ont  de  fiefs  qui  leur  don- 
nent féance  dans  les  Cercles.  Il  y  a  eu  un  Arche- 
vêque de  Cologne  qui  en  a  porté  jufqu'à  fix.  Les 
auteurs  donnent  divers  noms  à  ces  timbres  ou  caf- 
ques. Uhnpérial  eft  celui   fur    lequel  s'éleva   une 
aigle-,  le  Roy  al  ■>  ct\\x\  qui  eft  couronné  ;  le  fzWr^ 
d' exclamation  ,  celui  qu'on  portoit  dans  les  tour- 
nois ,  lorfque  les  Hétauts  crioient  pour  faire  con- 
noître  ceux  qui  enuoient  dans  la  lice  \  le  timbre 
éloigné ,  celui  qu'on  portoit  quand  on  alloit  cher- 
cher les  aventures  -,  le  timbre  de  hurte  ,  celui  qui 
étoit  affilé  en  pointe  par  le  devant  pour  faire  glif- 
fer  le  coup-,  le  timbre  de  vol,  celui  qui  avoir  un 
vol  au-deflus  -,  le  timbre  de  défenfe  ,  qui  étoit  en~. 
tièrement  fermé  ■■,  le  timbre  de  tourbe ,  celui  qui  étoit 
tout  uni  pour  les  courfes ,  qu'on  appeloit  la  tourbe 
ou  la  foule  ,  lorfqu'on  couroit  plufieurs  enfemble  i 
&  que  l'on  combattoit  comme  dans  une  mêlée  ,  ^c.- 
En  Blâfon  ,  on  diftingue  les  cafques  ou  timbres 
par  la  forme  Se  la  fituation.  Ceux  des  Rois  font  d'or  j 
ceux  des  Princes  Se  des  grands  Seigneufs ,  d'argent  ; 
Se  ceux  des  fimplcs  Gentilshommes ,  d'aciet  poli, 
A  l'égard  de  la  forme  ,  ceux  des  Souverains  font 

]      ouverts ,  Se  tarés  de  front ,  &  ont  la  vifière  levée  ; 
les  autres  font  à  demi-fermés  &  à  divers  nombres 


^oi  CAS 

d-  c-ïUles ,  qu'on  compte  pouï  marquer  les  di^^ers  | 
àc^ncs  de  qualité.    Les    moindres    Ibnt  tout  -  à  - 
fait  fermés.  Et  à  l'égard   de  la  iiruation  ,  elle  eft  ou 
de  front  ou  entière ,  de  en  profil.  Le  caf^uc  ferme 
ÔC  en  profil,  eft  la  marque  d'un  fimple  Gentilhomme  , 
ou  d'un  loldat  qui  s'eft  (ignalc.  Le  cajljue  terme 
^  placé  de  front ,  marque  une  noblelle  nouvelle, 
mais  acquife  par  quelque  adion  héroïque.  Le  grille 
èc  en  profil  ell  la  marque  d'un  Gentilhomnie  qui 
n'a  vue  que  (ur  tés  lujets.  Le  grillé  &  de  front , 
eft  celle  d'un  Capitaine  qui  a  commandement  lur 
les  troupes.    Le   rafyia   ouvert  5c  de  profil  eft  la 
marque  d'un  grand  Seigneur  qui  a  un  grand  fief 
dépendant  dirRoi.  Et  enfin  le  cajijue  ouverr  &  de 
front  ell:  celle  d'un  pouvoir  ablblu  &:  iouveram. 
Mais  toutes  ces  diftinif  ions  font  da  dernier  fiècle  , 
Se  on  ne  les  oblcrve  plus  -,  car  autrefois    tous   les 
cafques  étoicnt  fermes.  Voyei  Heaume. 

fCT  Ce  terme  eft  quelquefois  employé  en  Botanique. 
Tournciort  appelle  fleurs  en  cafjue ,  celles  qui  par 
leur  form  •  rellemblentà  cette  armure  de  tête.  Telle 
eft  la  fleui  de  l'aconit.  Flos  gaUatus. 

Casque  ,  en  termes  de  Conchyliologie  ,  fe  dit  d'une 
groife  coquille  que  fournit  la  mer  des  Indes  , 
&  que  les  Rocailleuts  emploient  à  faire  des  grot- 
tes parmi  les  autres  coquilles.  Galea  concha.  On  les 
apoelle  caf.jues  ,  à  caule  de  leur  figure.  Ce  coquil- 
lage paroît  doublé  par  dedans ,  &:  fur  les  bords  , 
qui  font  épais ,  plats  &:  dentelés.  Par  le  dehors  il 
eft  dentelé  d'une  agréable  ruftique  ,  relevé  de  plu- 
lîeurs  petites  to.ies  qui  font  entrelacées  de  petits 
compartimens  ,  fur  leiquels  on  voit  ondoyer  un 
panache  de  diverfes  couleurs. 

-J'en  ai  vu  un  fi  gros ,  &:  fi  reflemblant ,  qu'on  l'eût 
pris  pour  un  vénz3.h\Q.cafque.  difques  pavés.  Ger- 

SAINT. 

CASQUE ,  EE.  adj.  Terme  de  Médaillifte.  Qui  a  un 
cafque  en  tête.  Galeatus  ,  GaUà  teclus  ,  a  ,  um.  Une 
Pallas  cafquce  ,  ayant  fon  bouclier  au  bras  gauche, 
&:  lançant  un  javelot  de  la  main  droite.  Conftanti- 
nople  eft  repréfentée  fur  les  médailles  par  une  tête 
cafquée.  Dioclétien,  Conftantin,  Probus  &  quelques 
autres  Empereurs  font  répréfentés  quelquefois  caj- 
qués  fur  leurs  médailles  -,  les  premiers  Empereurs 
ne  fe  font  point  cafqués  ,  &c  même  parmj  ceux  du 
troificme  Se  quarricme  ficelés  cela  eft  plus'ïare  que 
la  tcre  nue ,  ou  couronnée  de  laurier.  Tère  cafquée. 
Avant  la  décadence  de  la  République  -  Romaine  , 
les  médailles  confulaires  font  marquées  fimpleinent 
de  la  tête  de  Rome  cafquée  ,  ou  de  quelque  Déité  ; 
Se  le  revers  ,  d'une  Vidoire  rraînéc  .1  deux  pu  à 
quatre  chevaux.  Science  des  MédailUs.  La  fplen- 
deur  des  villes  fe  reconnoît  fur  les  médailles  par 
des  aîles.  Ainfi  voit-on  fréquemment  Rome  cafquée 
6-:  allée.  Mém.  de  Trév.Nov.  1754. 

^  CARS.  Palais  ou  Château,  dans  lequel  un  Roi 
ou  un  Prince  fait  fon  léjour  ordinaire  dans  les  pays 
orientaux ,  fur-tout  en  Perfe  &  dans  les  pays  voi- 
fins.  u'Herb.  Bibliot.  Orient. 

tfT  CARS- AHMED.  Petite  ville  de  la  Province  d'A- 
frique, proprement  dite  ,  qui  eft  comme  le  magafin 
des  bleds  de  tout  ce  pays. 

^  CASSADE.  f.  f.  Menfonge  pour  plaifanter  ,  ou 
pour  fervir  d'excufe  ou  de  défaite.  On  appelle  don- 
neurs de  caffudes  ,  des  gens  qui  promettent  beau- 
coup ,  &  tiennent  peu. 

A  certains  jeux  de  renvi ,  comme  le  bréland  ,  on 
dit  faire  une  caffade  ;  pour  dire  ,  faire  un  renvi  avec 
un  vilain  jeu  ,  afin  d'obliger  les  autres  Joueurs  à. 
quitter.  C'cft  un  grand  faifeur  de  ca(fades. 

Ce  mot  vient'  de  ce  qu'un  Manceau  ,  pour 
s'exempter  de  prêrcr  fon  cheval  à  fes  amis ,  leur  difoit 
toujours  qu'il  avoir  une  caffade  ,  qui  eft  lin  vieux 
mot  qui  iignifioit  alors  une  blepire  de  cheval.  Il 
eft  familier. 

^  CASSAIGNE.  Petite  ville  de  France  dans  la  Gaf- 
cogne  ,  au  Diocèfe  de  Condom  ,  à  trois  lieues  de 
Condom. 

éCASSAILLE.  f.  f.  Terme  de  labourage  ,  qui  fe  die  de 


CAS 

la  levée  des  guérets ,  quand  il  faut  cafler  Si  ouvtk 
la  terre  pour  lui  donner  fon  premier  labour ,  fa 
première  façon.  Obtritus.  La  caffaille  fe  fait  entre 
Paquc  Se  la  S.  Jean. 

CASSA -LIGNEA  ou  CASSI A  -  LIGNE  A.  f.  f.  Quel^ 
ques  Auteurs  l'entendent  de  la  calfe  en  bâton  ;  mais 
la  véritable  cafa- /ignea  cQ:  un  bois  aromatique  , 
qui  eft  une  efpèce  de  cinnamone.  Diolcoride  l'ap- 
pelle de  la  caffe    dure. 

CASSANDRE.  l.  f.  Fille  de  Priam  &  d'Hécube.  Caf 
Jandra.  Elle  obtint  d'Apollon  le  don  de  prophéti^ 
mais  ayant  refufe  à  ce  Dieu  ce  qu  elle  lui  _  avoit 
promis ,  il  fit  que  lés  prédirions  ne  furent  jamais 
crues.  Elle  devint  captive  d'Agamemnon  ,  qui 
l'emmena  à  Argos.  Elle  mourut  à  Amyclée  ,  ville  de 
Laconie,&  y Vur  reconnue  pour  une  divinité.  Les 
Amycléens  lui  bâtirent  même  un  remple. 

Cassandre.  f.  f.  Sorte  de  danfe  du  temps  de  Ronfard. 
C'étoit  le  nom  de  famaïtrefie. 

Cassandre.  Golfe  de  Mégaris  &  de  Cafandre.  C'eft 
un  f^olfe  qui  eft  entre  la  Troade  &  l'Ile  de  Téné- 
dos'.jufqu'à  celle  de  Mételin ,  &  qui  a  cent  mille 
de  long,  Cafandrœfînus  ,  Megaridisfinus,  Ce  golfe 
eft  dans;ereux.  Du  Loir,/'.  185;. 

^  CASSANO.  Ville  du  Royaume  de  Naples  dans 
la  Calabre  citérieure ,  avec  un  Evcché  fufftagant  de 
Cofenza. 

«C  II  y  aauiîi  un  gros  bourg  de  ce  nom  dans  le  Du- 
ché de  Milan  ,  entre  Crème  &:  Bergame. 

CASSANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  fe  caflé  aifément  ,  corps 
dont  la  dureté  eft  accompagnée  de  fragilité.  Fra- 
gilis.  L'albâtre  eft  une  pierre  fort  caffante.  Les  mé- 
taux aigres  font  fort  caffins.  On  dit  auffi  qu'une 
mine  eft  caffante  ,  quand  le  métal  qu'on  en  tire  eft; 
caffant. 

0Cr  Cassant  ,  eft  oppofé  à  dudile ,  malléable. 

ftT  On  le  dit  aulTi  de  la  chair  &  de  la  fubftance 
de  certains  fruits.  On  appelle  poires  caffantes ,  &c 
poires  qui  ont  la  chait  caffante ,  celles  qui  fe  caf- 
fent ,  qui  font  légère  réfiftance  fous  la  dent  ;  par  op- 
pofition  à  poires  fondantes ,  qui  fondent  dans  la 
bouche.  Le  mellîte-jean  ,  le  martin  -  kc ,  &c.  font 
des  poires  caffantes  ;  le  bon  -  chrétien ,  les  amado- 
tes  ont  la  chair  caiïante. 

CASSATION,  f.  f.  Terme  de  Palais.  Jugement  pat 
lequel  on  caffe  un  ade  ou  une  procédure  pour  caufe 
de  nullité.  Abrogatio.  Il  pourluit  la  cnffation  de  foa 
mariage  ,  du  teftament  de  fon  père.  On  fc  pourvoit 
contre  les  arrêts  au  Confeil  par  caffation.  Un  de- 
mandeur en  caffation.  Aux  Requêtes  du  Palais ,  de 
l'Hôtel  &:  au  Confeil ,  on  prononce  pat  caffluion  de 
tout  ce  qui  a  été  fait  au  préjudice  du  renvoi  fait 
devant  eux.  Les  défenfes  portées  par  les  arrêts 
prononcent  Toujours ,  à-peine  de  nullité  ,  de  caffa- 
tion de  procédures,  &c.  Une  requête  en  caffation 
n'empêche  pas  l'exécution  du  jugement.  Ceux  qui 
fe  pourvoient  au  Confeil  en  caffation  d'arrêts  &  de 
jugemens  contradiéloires  ,  tant  du  Grand-Confeil 
que  des  Cours  &  Juges  en  dernier  reflbrt ,  font  obli- 
gés ,  en  préfcntant  leur  requête  ,  de  configner  l'a- 
mende de  450  livres  -,  favoir  500  livres  pour  le  Roi, 
6c  150  livres  pour  la  parrie  ,  qu'il  ne  retire  point, 
s'il  iuccombe  en  fa  demande.  Si  les  jugemens  font 
par  défaut  ou  congé  ,  l'amende  envers  le  Roi  n'eft 
que  de  150  livres,  &  de  75  livres  envers  la  par- 
tie. 

Les  moyens  de  caffation  font  1°.  Quand  un  ar- 
rêt fe  trouve  diredement  contraire  à  un  autre  ar- 
rêt ,  5c  que  tous  les  deux  ont  été  rendus  contre  la 
même  partie.  1°  Quand  les  formalités  font  contre 
la  difpofitionexpreflé  des  ordonnances  ou  des  cou- 
tumes. 3".  Quand  les  fonnalirés  prefcrites  par  les 
Ordonnances  n'ont  pas  été  fuivies. 

Larrey  dir  auffi  caffation  du  Parlement ,  en  par- 
lant de  celui  d'Angleterre. 

Ces  mots  viennent  du  latin  quajfare.  Secouet 
avec  force. 

CAS  SAVE.  1".  f.  Cdffavi.  C'eft  proprement  une  farine 
grofllère  de  la  racine  du  manyoque.  On  fait  diins 


CAS 

leç  îles  de  l'Amcnque  des  gâteaux  avec  cette  fa- 
rine, &  on  les  appelle  des  pains  de  caffave.  Le  jus 
de  la  caffave  eft  un  poifon  fort  dangereux  ;  mais 
fon  marc  Icrt-à  faire  le  pain.  Les  Indiens  occiden- 
taux ne  mangent  que  du  pain  de  caffave  ,  à  caulè 
que  notre  blc  ne  vient  point  en  Amérique  :  il  levé 
trop  tôt,  &:  ne  jette  'que  de  la  paille.  Foye^  Ma- 

NYOQUE. 

CASSE,  {'.  £  Foye:^  Cas  ,  adj. 

Casse,  f.  f  Terme  de  Droguifte.  Cajîa  ,Caffîa;  SUi- 
qua  Caffîce.  C'eft  la  moelle  du  fruit  ou  des  filiques 
clu  cadier.  Elle  eft  fort  employée  en  médecine.  Au- 
trefois on  tiroir  du  Levant  toute  la  caffe  qu'on  em- 
'     ployoit  en  France  :  à  prcfent  elle  vient  des  îles  d'A- 
mérique, où  elle  eft  devenue  ii  abondante  ,  qu'elle 
en  fourniroit  une  partie  de  TEurope.  La  caffe  du  Le- 
vant eft  ordinairement  plus  pleine  de  mocfle  que 
celle  d'Amérique.  La  moelle  de  caffe  eft  un  purga- 
tif plus  doux  &  des  moins  malfailans.  Elle  fert  de 
bafe  à  la  plupart  des  éleduaires  purgatifs.  La  tein- 
ture de  caffe  eft  une  infufion  légère  de  fa  moelle* 
réparée  des  gouffes  &  des  femences  ,  à  laquelle  on 
ajoure    une  certaine  quantité  de  fucre  en  poudre 
pour  la  conierver  &  empêcher  qu'elle  ne  s'aigrllfc. 
On  confit  en  Amérique  les   jeunes  goufles  ou  iili- 
ques  de  caffe  ;  on  ftit  auifi  une  confiture   de  lés 
fleurs ,   &  on  fe  fert  de  toutes  les  deux  pour  purger 
ies  enfans  &  les  perfonnes  qui  craignent  l'odeur  de 
la  caffe. 

Il  y  a  une  autre  efpèce  de  caffe  qui  vient  au  Bré- 
fil ,  elle  n'eft  pas   d'ufage.  Foye^  Cassier. 
Casse  odorante  ou  aromatique.  Foyei  Cassia- 

LiGNEA.  C'eft  la  même  chofe. 
Casse  lignifie  encore    la  partie  d'une  écritoirc  por- 
tative oii  l'on  met  les  plumes. 
Casse  ou  QuAissE,en  termes  d'Architeélure , fe  dit 
de  l'efpace  qui  eft  entre  les  modillons  des  corni- 
ches ,  dans  lequel  il  y  a  d'ordinaire  des  rofes  tail- 
lées. Modio/i.  Ces  caffes  doivent  être  carrées  dans 
tous  les  ordres. 
Casse.  Terme  d'Imprimerie.  Longue  caiffe ,  partagée 
en  plufieurs  petits    carres  ,  dans  chacun    defquels 
font  tous  les  caraélères  d'une  même  lettre.  On  dit 
auHi  café  ,  mais  caffe  vaut  mieux. 
Casse,  en  termes  de  Charpenterie  ,  eft  la  partie  du 
gouvernail  d'un  bateau  foncet,  qui  fort  en  dehors 
du  vaifleau ,  &  qui  en  foutient  toutes  les  planches 
jufqu'au  faffran. 
Casse  d'affnage  ,  en  terme  de  Monnoie  ,  eft  une  cou- 
pelle où  l'on  affine  les  matières  d'argent.  Catintis 
excoquendo  argento.  La  caffe  eft  faite  de  recoupes 
de  pierres  de  taille  les  plus  dures  ,  de  charbon  & 
-    de  grès  bien  piles  ,  &  de  cendres  lefTivées.  Il  y  a 
xm  couvercle  de  grès  fur  cette  caffe, zfm  d'entre- 
tenir la  chaleur  des  matières  fondues  ,  &  ce  cou- 
vercle a  une  couverture  par  où  l'on  jette  du  char- 
ton  fur  les  matières  fondues 
Casse  ,  chez  les  Orfèvres  ,  eft  une  jatte  ou  vaifTeau  de 
terre  qui  fert  à  affiner ,  &  féparer  l'or  &  l'argent. 
Catinus  excoquendo  aura  &   argento.  Ce   vaifTeau 
eft  ordinairement  fait  de  cendres   de  leffive  d'os 
piles. 
Casse,  en  termes  de  Verrerie,  eft  une    cuiller  de 
fer  fort  grande ,  avec  un  long  manche  ,  dont  on 
fe  fert  poui  tirer  le  mafTicot.  Cochlear  ferreum  lon- 
giori  inftruclum  manubrlo. 
Casse  eft  auffi   un  terme  dont  on  fe  fert  en  parlant 
des  métaux  qui   font    caffants.  Du  fer  clair  à   la 
caffe ,  eft   du  fer   qui  paroît  clair ,   blanc   &  bril- 
lant ,  dans  les  endroits  où  il  eft  rompu. 
fO"  Les  gens  de  guerre  fe  fervent  auffi  de  ce  mot , 
mais  dans  très-peu  d'occafîons.  Il  craint  la  caff'e  ; 
pour  dire,  d'être  caffé.  Cela  mérite  la  caffe. Com- 
pagnie  vacante   par  la  caffe.  Acad.  Fr 
fer  On  appelle  lettres  de  caffe,  l'ordre  du  Roi  pour 
caffer  un  Officier.  On  dit  aufTi  proverbialement  & 
baffement  dans  le  même  fens ,  donner   la   caffe  à 
quelqu'un,  le  deftituer,  cafler  aux  gages  ;  eA-rtw^o- 
rare  aliquem,  .  , 


CAS  50  j 

Casse.  Jcrme  de  Commerce.  C'eft  une  efpèce  de 
moufîelme,  ou  toile  de  coton  ,  blanche  ,  très-fine  , 
qui  vient  des  Indes  orientales,  particulièrement 
de  Bengale. 

On  appelle  caffe  en  quelques  Provinces ,  une 
chaudière  de  for  ou  de  potin  •,&  ce  nomdiftingue 
ces  fortes  de  vaiffeaux  de  ceux  qui  font  de  même 
ft'gure,  &  qui  font  de  cuivre,  qu'on  appelle c/za«- 
dures  dans  le  même  lieu.  En  ce  fens  Va  de  ce  nom 
eft  bref-. 

Ce  mot  vient  de  caffs ,  cafque  de  métal ,  poc 
de  ter  dont  les  foldats    armoient  leur  tète. 

Il  y  a  encore  des  Provinces  ,  comme  l'Anjou  ,  la 
Normandie,  fo  Maine  &  le  Beauvoifis  ,  où  le  mot 
caffe ,  avec  ['a  bref,  fignifie  la  même  chofe  que 
A^cAe/m^  ;  d'autres ,  comme  la  Champagne,  où  il 
fignifie  un  baifm  de  cuivre  à  longue  queue  récour- 
bée par  le  bout,  afin  dé  le  fufpendre.  Il  fert  à 
puiler  dans  le  fceau  &  à  boire  ,  &  dans  ce  fens  on 
dit  une  caffeiée  ;  pour  dire ,  plein  la  caffe. 

On  apptlle  encore  caffe,  le  trou  ou  le  pertuis 
dune  aiguille.  Il  eft  des  aiijuilles  à  caffi  ronde, 
â  caff  longue  Se  à  deux  caffes.  Les  aiguilles  àta- 
piilenc  font  à  caffe  longue.  La  première  fyllabe  de 
ce  mot  eft  longue. 

CASSE.  Les  Confifeurs  appellent  du  fucre  à  caffé , 
celui  qu'on  a  poulie  jufqu'au  cinquième  degré  de 
cuKfon.  On  reconnoît  qu'il  eft  à  ce  degré  ,  lorf- 
qu'on  trempe  le  doigt  ou  un  petit  bâton  dans  l'eau 
fraîche,  &  qu'on  le  retire  pour  le  plonger  dans  le 
fucre  bouillant ,  de  qu'après  l'avoir  reporté  une  fé- 
conde fois  dans  l'eau  fraîche,  le  fucre  attaché  au 
doigt  ou  au  bâton ,  devient  Cec  dans  cette  eau  , 
&  eft  facile  à  caffer  ;  car  s'il  eft  encore  un  peu  mou, 
&  qu'on  le  puiflé  manier  &  paîtrir  ,  il  n'eft  pas 
encore  affez  cuit.  Les  pâtes  d'abricots ,  de  prunes  , 
de  poires  ,  de  cerifes ,  &e.  fe  font  avec  du  fucre 
à  caffé ,  les  conferves  de  piftaches ,  &  quelques 
autres  demandenr  auffi  du  fuc   à  caffé^ 

CASSEAU.  f.  m.  Terme  d'Imprimerie.  C'eft  la  moi- 
tié de  la  caffe  où  les  Imprimeurs  placent  les  let- 
tres ou  caradères ,  en  fuppoCant  la  caflè  partagée 
horifontalement  dans  fa  longueur. 

CASSE-COU.  f  m.  On  appelle  ainfi  un  endroit  oiV 
on  court  grand  rifque  de  tomber.  Cet  efcalier  eft 
un  vrai  caffe-cou. 

CASSE-CLTL.  f.  m.  Terme  populaire  ,  pour  fignifier 
une  chute  qu'on  tait  en  tombant  fur  le  derrière.  H 
s'eft  donné  un  caffe-cul  fur  la  glace. 

CASSEE,  ou  MONT-CASSEL,  Ville  de  Flandre. 
Cajtellum,  Cajlellum  Morinorum.  Caff'el  eft  fitué 
fur  une  montagne.  Philippe  de  Valois  la  prit  par 
affaut  en  1518,  après  avoir  vaincu  les  Flamans  ré- 
voltés contre  leur  Comte ,  &  y  mit  tout  à  feu  3c 
à  fang.  La  bataille  de  Caffel,  eft  une  bataille  don- 
née en  xC-j-j  proche  de  Caffel,  où  feu  Monfieur , 
frère  unique  du  Roi ,  fortant  de  fes  retranchemens 
devant  Saint  Omer  qu'il  afllégeoit,  défit  entière- 
ment l'armée  d'Efpagne  &  de  Hollande,  com- 
mandée par  le  Prince  d'Orange  qui  venoit  au  fc- 
cours  de  la  place. 

Caff'el  diffère  du  méridien  de  l'Obfcrvatoire  ds 
Paris  de  o^.  z8'.  o".  orient ,  ou  7^.  o',  o";  &  a  par 
conféquent  "i^Td,  ji'.  50".  de  longitude,  &  51^.19* 
20".  de  latitude  leptentrionale.  Cassini. 

Caffel  eft  encore  une  ville  d'Allemagne  ,  capitale 
du  Landgraviat  de  Hefle-Caffel ,  Cajélia,  ou  Caf- 
Jilia ,  Cajlellum    Cattorum.     Quelques-uns  préten- 
dent que  c'eft  le  Stereontium  des  Anciens, 

^  CASSE-MOTTE.  Maffue  de  bois ,  cerclée  de 
fer  ,  avec  un  manche  d'environ  quarre  pieds  , 
dont  on  fe  fert  dans  les  terres  fortes ,  pour  caffer 
les  mottes. 

CASSE-MUSEAU,  f  m.  Terme  populaire.  Coup  qui 
offenfe  le  vifage.  On  appelle  aufTi  par  antiphrafe , 
caffe-mufeaux  ,  de  petits  choux ,  ou  une  efpèce  de 
pâtiflcrie  molle ,  tendre ,  creufe  &C  fort  délicate, 
Pifiorius  globulus. 


304  CAS 

CASSENEUL.  Ville  de  France   en  Cuicnne  ,  clans 

l'A^enois,  lur  la  rivièfe  de  Lot. 
•CASSE-NOIX  ou  CASSE-NOISLTTE.  Petite  inRru- 
ment  de  bois  en  forme  de  tenaille ,  qui  Icrt  a  cailcr 
■des  noix,  ou  des  noilcttes ,  qu'on  lervoit  autrjioii. 
fur  table.  Il  y  a  un  autre  inftrunient  diticrent  de 
celui     ci ,  &  qui  l'ert  au  même  ulàgc. 

Il  pft  lait  en  forme  de  vis  dcl'cenuante  qui  entre 
dans  une  boîte  ouverte  par  le  côte  ,  pour  faire  en- 
trer la  noiiette. 
CASSE-NOIX.  i'.  m.  C'eft  un  oileau  que  l'on  appelle 
auttement  Mer/e  de  pierre ,  &  en  latin  ,  Ahru/a 
Jaxacilis.  Il  eft  plus  grand  que  le  merle ,  taclijtc 
comme  l'ctourneau ,  &  noirâtre  pat  dcllus.  11  .il 
pourtant  moins  couvert  de  taches  lur  la  tcte  &  lur 
le  dos  ,  que  fur  les  aîles.  Il  eft  divernfié  de  taches 
blanches  en  forme  de  croiiiant  par  tout  le  corps , 
qui  font  plus  «grandes  llir  les  ailes  ik  au  le  derrière 
que  fur  la  tête.  Tout  le  devant,  depuis  le  bec  jul- 
qu'à  rextrêmitc  du  ventre ,  eft  jaunâtre ,  &c  tacheté 
de  marques  de  couleur  de  rouille  &  blanches.  Elles 
font  de  diffcientes  grandeurs.  Les  grandes  plumes 
des  aîles  font  noires"  &c  blanches  à  l'extrémité  des 
bords.  Le  delfus  de  fa  queue  efl:  noir ,  &  le  deîfous 
de  couleur  de  rouille-,  les  pieds  bruns.  Enfin,  cet 
oifeau  eft  très-beau,  &  très-agrcable  a  voir,  à  caule 
de  la  diverfitc  de  les  taches. 

On  appelle  auHl  cajp-noix  ,  une  cfpece  de  geai. 
En  latin  ,  graculus  alpinus. 
CASSENOLLE.  f  f.  Drogue  fervantaux  Teintutiers. 
GalLi.  Ceft  la  même  chofe  que  la  noix  de  galle  qui 
vient  fur  quelques  chênes. 
CASSER.  V.  a.  Rompre  ,  brifer.  Frangere ,  confrin- 
eere.  Un  peu  de  plomb  peut  cafer  la  plus  impor- 
tante tête  du  monde.  Voit.  On  cap  la  tête  aux 
déferteurs  en  les  pailant  par  les  armes.  Capr  des 
noix ,  citffer  un  verre. 

Ce  mot  vient  de  cafare,dc  la  baffe  latinité  , 
qui  a  été  fait  de  l'ancien  quajfcire  ,  fignifiant  la 
même  chofe.  Ménage. 
&3-  Casser  ,  eft  aulfi  réciproque.  En  élevant  cette 
machine ,  la  corde  cafa.  Une  poire  cap  fous  la 
dent.  Certains  corps  dont  la  dureté  ,  eft  accompa- 
gnée de  fragilité,  efpèce  de  dureté,  qu'on  fuppofe 
produite  par  l'engrencment  mutuel  des  parties,  fa- 
cile à  détruire  ,  cajfent  ou  lé  cajjent  facilement. 
Casser  ,  fignifie  aulfi ,  égruger  ,  réduire  en  menues 
parties ,  comme ,  cajfer  du  grès ,  du  fucre.  Oburere , 

conjiringere. 

On  dit  aulTi  en  termes  d'Agriculture  ,  cajjer  la 
terre ,  en  parlant  de  la  première  façon  ,  du  premier 
laboii'r  qu'on  lui  donne,  quand  on  levé  les  guérets 
d'une  terre  qui  s'eft  repol'ce  quelque  temps.  Il  fait 
très-bon  caffer  les  terres ,  lorfqu'ellesnefont  ni  trop 
dures ,  ni  trop  molles.  Liger. 

Casser  ,  en  terme  de  Palais  ,  lignifie  ,  annuler  un 
écrit ,  une  convention  ,  un  contrat  ■■,  le  rendre  nul 
fie  comme  non  fait.  Abrogare ,  reJcinJae.  Ce  ma- 
riage ,  ce  teftament  ont  été  ca[fes  par  arrêt.  Le  Con- 
feil  du  Roi  cajfe  les  arrêts  des  Parlemens.  Les  Re- 
quêtes du  Palais ,  &  de  l'Hôtel ,  cafent  tout  ce  qui 
a  été  fait  au  prcjucice  du  renvoi  fait  en  leur  juri- 
diéfion ,  comme  un  attentat. 

Casser  une  charge,  c'eft  la  fupprimer.  Un  Officier 
qui  en  eft  pourvu ,  c'eft  le  dd^ituer ,  l'en  dépoffe- 
fler.  E.xaucîorare.  On  a  cajfe  ce  Capitaine  à  la  tête 
des  troupes,  pour  avoir  commis  une  lâcheté.  Il  ca£'u 
quelques  Enfeignes  pour  n'avoir  pas  bien  fait  leur 
devoir.  C'eft  à  peu-près  en  ce  fens  qu'on  le  dit  du 
Parlement  d'Angleterre.  Le  Roi  d'Angleterre  peut 
caffer  le  Parlement  quand  il  lui  plaît ,  c'eft-à-dire , 
deftituer  tous  les  Membres  qui  le  compofent  du  pou- 
voir qu'ils  ont  en  vertu  de  leur  éiedlion.  Dilfoudre 
le  Parlement. 

En  général  on  dit ,  capr  des  troupes  ;  pour  dire 
amplement ,  les  licencier  ,  les  réformer.  Miffum 
exercitum  faiiTe  ,  copias  militiiz  folvere.  Voyez 
ilCSNCIEP., 


CAS 

gCT  Casser  fignifie  quelquefois  fimplement ,  affoi- 
blir ,  débiliter.  Dans  ce  fens,  il  ne  fe  dit  que  des 
choies  qui  ruinent  la  fanté.  Les  fatigues  de  la  guer- 
re ,  les  débauches  l'ont  fort  cajfe.  Dans  cette  ac- 
ception il  ell:  auifi  réciproque. 

On  dit  d'un  homme  vieux  &  miférable ,  que  les  an- 
nées ,  que  les  chagrins  l'ont  bien  caffe  ;  qu'il  fe  cajje 
beaucoup  ■-,  pour  dire  ,  qu'il  s'aifoiblit  beaucoup  , 
qu'il  dev  ent  caduc.  jEtate  ,  jeuectute  confecius. 

On  dit  tamilièrement  &  hgurcment,  fe  cajfer  li 
tête  i  pour  ilire,  s'appliquer  à  quelque  chofe  avec 
une  grande  contention  d'elprit.  Se  cajfer  le  cou , 
&  cal/er  le  cou  à  quelqu'un  -,  pour  dire ,  g'âter  lés 
ailaireb  &c  ruiner  fa  fortune  ,  ou  la  fortune  de  quel- 
qu'un i  5c  le  cajfer  le  nez ,  pour  dire ,  ne  point 
réuHlr  dans  lés  projets  ,  ne  point  venir  à  bout  de 
ce  que  l'on  a  entrepris.  Acad.  Fr.   1740. 

On  dit  proverbialement  &c  ironiquement,  cajfer 
du  grès  à  quelqu'un  -,  pour  dire ,  qu'on  ne  veut 
rien  laire  de  ce  qu'il  fouhaite  :  &  qu'un  homme  ell: 
caJfe  aux  gages  ;  pour  dire  qu'on  ne  veut  plus  avoir 
de  commerce  avec  lui ,  ou  qu'il  n'eft  plus  dans  la 
même  faveur ,  ni  dans  le  même  crédit  qu'aupara- 
vant. On  dit  aulfi  au  cabaret ,  qui  caJfe  les  verres 
les  paye  :  ce  qui  veut  dire ,  qu'il  faut  que  chaain 
porte  la  peine  de  la  faute  qu'il  a  commife.  On  die 
auili ,  qu'une  femme  a  cap  les  œuft  ,  quand  elle 
a  accouché  avant  terme  par  quelque  chute  ou  ac- 
cident. Tout  cela  eft  fanîîliei  ou  bas. 

Cassé  ,  ée.  part.  palf.  &  adj.  Fraclus  ,  riiptus  ,  ahro- 
gatus ,  &c.  Outre  les  lignifications  de  fon  verbe  , 
il  fe  dit  aulfi  quelquefois  de  la  voix  ,  Se  lignifie 
foible,  &c  qui  n'eft  plus  en  état  déchanter.  Chan- 
ter d'un  ton  trifte  &  cape.  Voit.  On  le  dit  en- 
core des  perfonnes.  Un  homme  cape  ,  eft  un  homme 
vieux  ,  infirme  ,  valétudinaire.  Senio  ,  aiate  con- 
fecius. Un  homme  capé  des  fatigues  de  la  guerre  , 
c'cft-à-dire  ,  à  caufe  des  fatigues  de  la  guerre. 

CASSEROLE,  f  f.  Manière  de  plat  de  cuivre  étamé, 
de  fort  petit  bord ,  &c  bien  plus  creux  que  les  plats 
ordinaires.  Catinus  ex  are  cyprio  altior  ,  orifquc 
angujiwribus  ù  plumho  albo  iliitus.  On  s'en  iért 
à  faire  des  fricalfées ,  &  des  ragoûts. 

Casserole.  _Terme  de  Verrerie.  C'eft  une  cuiller  de 
fer ,  dont  on  fe  fert  pour  ôter  la  crafle ,  &  l'or- 
dure de  defllis  le  verre.  Voye:^  Casse. 

§cr  CASSERON.  f.  m.  Petite  cafferole.  Cuire  ea 
caffcron.  Rabelais. 

CA^ERON.  f,  m.  Sorte  de  poiffon.  Voye^^  Calmar, 

CASSETEE.  f.  f.  Terme  ulité  dans  quelques  Pro- 
vinces. Ce  que  peut  contenir  une  cafTc ,  ou  une 
calfe  pleine.  Il  étoit  lî  altère,  qu'il  a  bu  une  grande 
cajfetee  d'eau,  f^oye^  Casse, 

CASSE-TETE.  f.  m.  Terme  du  difcours  familier.  C'eft 
le  nom  qu'on  donne  à  des  vins  fumeux  &c  malfai- 
fanî ,  qui  font  grolfiers,  qui  enivrent,  &  donnent 
des  maux  de  tête.  Les  auvergnats,  &  gros  vins' 
d'Orléans ,  font  des  cajfe-ùtes.  On  le  dit  auffi  des 
fciences,  des  connoiifances  difficiles  à  acquérir  i 
de  tout  ce  qui  demande  une  grande  ap>plication , 
une  grande  contention  d'elprit  &  de  ce  qui  donne 
de  l'embarras ,  qui  tourmente  l'efprit.  L'Algèbre 
eft  un  vrai  cajje-tèce.  Une  clalTe  nombreufe  eft  un 
grand   cape-téte. 

{fT  C'eft  encore  le  nom  d'une  arme  dont  fe  fer- 
vent les  Sauvages  de  l'Amérique.  C'eft  une  efpèce 
de  malfue  faite  d'un  bois  fort  dur. 

CASSETIN.  f.  m.  Terme  d'Imprimerie.  Foyei  CA- 
SETIN. 

CASSETTE,  f.  f.  Périt  coffre  portatif  où  l'on  enfer- 
me ce  qu'on  a  de  plus  précieux ,  &  les  chofes  qur 
ont  peu  de  volume.  Capjula  ,  arcula.  Une  caPette 
de  nuit.  Une  caPette  de  la  Chine  ,  d'écaillé  de 
tortue.  On  lui  a  volé  fes  pierreries  dans  fa  caf- 
J'ette. 

^fT  Cassette  du  Roi.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  là 
fomme  que  le  Garde  du  Tréfor  royal  porte  au  Roi 
;le  premier  Jour  de  chaque  mois.  Le  Roi  accorde 
quelquefois  çics  penlions  fui  fa  caPette, 

On 


CAS 

ça*  On  appelle  cafaie  chez  les  Tailleurs,  une  petite 
boue  divifce  eh  quatre  cafés",  où  ils  mettent  leur 
fil  Se  leur  poil  de  chèvre  dévidés  fur  des  pelotes. 
Ce  mot  vient  de  capjaa.  Ménage  &  Saumaise', 
C'cft  un  diminutif  de  capja  ,  où  le  p  devant   17 
s'eft  changé  en  f.  On  trouve  de  même  dans  la  vie 
de  fainte  Françoife  caffa   pour  ca/'Ja ,    Acia   SS 
Mart.  Tom.  II,  p.  m.    C.  &    T.  III,  p.    i6i.  & 
indifféremment  cap/a  &  cafa.  On  trouve  aufli   le 
diminutif  C,?yt/^.  Voyez  ^Mz  SS.  Jun.   Tom.  V, 
p.  i6  &  6:^.  isCa/fe  &  cajff'eue  iom  zités  du  celti- 
que Kaff.  Pezr. 
CASSEUR,  f.  m.  Qui  eft  en  ufacre  dans  cette  phrafe 
proverbiale ,  C'eft  un  grand  caf^ur  de  raquettes , 
pyur  dire,  un  homme  vert  &  vigoureux;  ou  dans 
uii  fens  ironiqu ,  cc'ell:  un  hibleur  ,'^  un  fanfaron  ,  qui 
le  vante  faufîémcnt  d'avoir  fait  pluiieurs  choies  dont 
il  n'ell  pas  capable.   T/iraJb. 
Ce  mot  vient  de  ijuajjator. 
CASSI.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Cajjius.  S.  Caf- 
iiusj  que    nous   appelons    vulgairement    S.  Cah'i , 
croit,  félon  la  tradition,  un  Prêtre  de  l'ordination 
de  S.  Auftremoinc,  l'Apôtre  d'Auvergne. Il  fur  cou- 
ronné du  martyre  vers  l'année  ^66.\l  ne  faut  dire 
Caffi  qu'en  parlax".t  de  ce  Saint-,  hors  de  là  il  faut 
retenir  le  mot  latin  dans  fon  entier.  Brutus  &  Caj- 
Jius  après  avoir  tué  Céfar,  fe  retirèrent  en  Grèce 
où  ils  levèrent  une  armce  ,  &  où  ils  furent  vain- 
cus dans  les  champs  de  Philippe  en  Macédoine. 
CASSI-ASCHER.  f.  m.  Ofîkiei'  de  l'armée  du  Turc 
Grand  Prévôt.  Capitalis  Turcarum  Tribunus.  Après 
la  bataille  que  Sciim  remporta  fur  les  Perfes,il  fit 
appeler  le  CaJjî-AJcher  ,  ou  Grand  Prévôt ,  pour  lui 
demander  ce  qu'on   devoir  faire   des  femmes    des 
Perfls  qu'ils  tenoient  captives.  Art.  Thomas  ,  Coii- 
tin.de  i'Hifi.  des  Ferjes ,   Liv.   III. 
CASSJA-LICNEA.  f.  t  C'eft  l'éccrce  d'un  arbre  fort 
femblable  «   celui  qui  porte  la^  cannelle  :  ils  croif- 
fent  l'un  parmi  l'autre   dans  l'île  de    Ceylan.  Ces 
deux  écorces  font   cueillies  &    féchces   de    même 
manière  :  leur  odeur  Se  leur  goût  font  prefque  fem- 
blabes  -,  elles  font  également'  douces  ,  Cliquantes  & 
agréables  :  leur  couleur ,  leur   figure  leur  épaifTeur 
ne  djffcrcnt  prefque  en  rien.  Mais  la   cajjîa-lignea 
cft  d'une  fubilance  grafîé ,  mucilagineufé  ,  &  telle , 
qu'en  la  mâchant  elle  fé  dillbut  toute  dans  la  bou- 
che,  fans  y  laiffcr  aucune  partie  ligneufe  ;  au  lieu 
que  la  partie  ligneufe  de  la  cannelle  rcfte  toujours 
dans  la  bouche,  quoiqu'on   l'ait  bien  mâchée.  Il 
y  a  des  Auteurs  qui  croient  que  l'arbre  qui  porte 
la  cannelle  cft  le  même  que  celui  qui  porte  la  caf- 
fia  /ignea,.Sc  qu'ils  n^e  différent  qu'en    ce  que  le 
preniier  vient  dans  l'île  de  Ceylan  ,  &  l'autre  fur 
la  côte  de  Coromandcl. 
r?  CASSIDAIRE.  f.  m.  Caffîdarius.  Celui  qui  avoir 
le  foin  &:  l'intendance  des  cafques  &   des  armures 
de  tête  dans  les  arfenaux  à  Rome.  Antia.  Grecj. 
&  Rom.  ^  ^ 

'CASSIDOINE.  f.  f.  Pierre  prccieufe  qui  a  des  veines 
de  plufieurs  couleurs,  dont  on  fait  des  vafes  qui 
ont  été  fort  eftimés  dans  l'antiquité ,  &  qu'on  a 
appelés  Murrha.  Cette  pierre  a  un  jour  fort  trou- 
ble, &  femble  polie  &  lifTée  plutôt  que  luifante. 
On  fait  cas  de  celles  qui  font  comme  purpurines  , 
tirant  fur  le  blanc.  On  eftime  forr  aufli  celles  qui 
ont  une  nuée  approchant  de  l'arc-en-ciel,  avec 
des\eines  gtaffes.  Les  blafardes  font  les  moindres 
de  toutes ,  &  celles  qui  ont  quelque  glace  ou 
des  porreaux  &  grains  de  mailles  plates." 
CASSIE,  f.  f.  Accacia  Indlca  Arbre  qui  a  éré  apporté 
des_ Indes,  &:  qui  reficmble  par  fes  feuilles  à  l'Ac- 
cacia  du  Levant,  csvCow  nomme  Accacia  ver  a  ,jLve 
Lsyptiaca.  On  c\.\lù\e\icajfie  en  Italie  ,  &  en  Pro- 
vence ,  à  caufe  de  l'odeur  de  fes  fleurs ,  avec  lef- 
quelles  on  fait  une  pommade  qui  fe  tiroir  autre- 
fois de  Grâce  en  Provence.  On  en  faifoit  aufli  une 
eilénce  ;  mais  aujourd'hui  on  prépare  bien  moins 
d.'efîences  &:  de  pommades  de  Cafie.  L'arbre  de 
C:iji:e  vient  en  Europe  d'une  moyenne  grandeur 
Terne  II. 


CAS  ^ô  k 

&  gro/Tcur-,  fon  tronc  eft  tout  au  plus  de  quatrft 
a  cmq  pouces  de  diamètre,  haut  comme  nos  oran^ 
gcrs ,  branchu  &  garni  de  feuilles  rangées  flir  une 
côte  branchue ,  &  dont  les  branches  font  comme 
par  paires  ,  auffi-bien  que  fes  feuilles ,  dont  deux 
terminenr  chaque  côté.  Elles  font  plus  petites  que 
celles  de  la  lentille ,  mais  un  peu  plus  fermes ,  gla- 
j       bres  ôilifTes,  d'un  vert  gai  qui  brunit  quelquefois; 
Llles  s'approchent  les   unes  des  autres  fur  le  foir*, 
c'eft  ce  qu'on  appelle  fe  fermer.  A  la  naiffance  de 
chacune  de  ces  feuilles  fbrtent  à  côté  un  ou  deux 
piquans  forr  aigus ,  purpurins   d'abord  ,    mais  en- 
iuite  blancs  ,  longs  d'un  pouce  environ.  Ces  piquans 
relient  long-remps  fur  ces  branches  ,    &  ne  tom- 
bent guère.  Il  fleurit  environ  le  mois  de  Juin  en 
Italie ,  en  Août  en    France   &  dans  les  Provinces 
un  peu  froides.  Sa  fleur  eft  une  petite  boule  ronde  i 
velue,  jaune,  fbutenue  par  un  pédicule  long  d'un 
pouce,  vert,  &  qui  part  des  endroits  où   les'vieil- 
Ics  feuilles  des  précédentes  années  avoicnt  été  pla- 
cées. Elles  naifîcnt  aufli  des  jeunes  pouffes  de  l'an- 
née ;  mais  ce  n'eft  qu'au  mois  de  Septembre  qu'elles 
fleurifîent.  Elles  ont  une  odeur  fort  douce.  A  l'aide 
de  la  coupe    on  découvre  que   cette    fleur  eft  un 
amas  de  petits  cornets  qui  n'ont  pas  une  ligne  de 
longueur  ,   évafés  ,    remplis  d'une  quantité    pro- 
digieufe  de  petites  étamines  fort  déliées, qui  en- 
vironnent   un    piftil.  Elles  font  ramaffées  en  une 
boule  qui  eft  compofée  quelquefois  de  plus    de 
cent  de  ces  corners  qui  font  autant  de  fleurs ,  dont 
,  la  ^plns  grande    partie  avorte ,   &  il    n'y  en  aura 
qu'une ,  deux  ou  trois  qui  noueronr  ce  truir.  Il  eft 
formé  par  le  piftil  qui  devient  une  goufîe  brunk? , 
longue  &  grolfe  comme  le  doigt ,  courbée ,  com- 
pofée de  deux  écorces ,  entre  lefquelles  il  fe  ren- 
contre une  marière  mucilagineufé  &  gluanre.  Cette 
goufie  eft    divifée  intérieurement  par  des  cloifbns 
fpongieufes  en  plufieurs   cellules    qui    renferment 
chacune  une  femence  arrondie ,  dure ,  pâle  ,  &  qui 
érant  mâchée,  iaiffe  un  goût  d'ail  à  la  bouche.  Cet 
arbre  donne  dans  les  îles  d'Amérique  une  goinme 
femblable  à  celle  qu'on  nomme  arabique.  Elle  en  a 
les  mêmes  ufages ,  &:  fe  fond  pareillemenr  dans  l'eau. 
L'écorce  de  fes  gouffes  fert  en  place  de  noix  de 
galle ,  pour  faire  de  l'encre. 

U Accacia  du  Levant  ,  comme  efpèce  du  même 
genre  de  la  cajjîe  ,  n'en  diffère  auffi  que  par  fes 
gouffes  principalemenr  ,  qui  font  d'une  ftruélure 
différente.  Chaque  filique  eft  longue  de  quatre  à 
cinq  pouces  environ  ,  &  compofée  de  plufieurs 
phalanges ,  rondes,  lenticulaires ,  de  demi-pouce  au 
plus  de  diamèrre  ,  qui  ne  renfermenr  dans  leur  ca- 
viré  qu'une  femence  arrondie  ,  &  qui  font  féparées 
les  unes  des  autres  par  un  étranglement  fort  con- 
lîdérable. 

Ces  gouffes   encore  vertes  font  exprimées  pour 
en  préparer  un  extrait  qu'on  nomme  accacia  vera , 
qui  éft  fort  aftringent.  La  décoélion  des  feuilles  & 
des  fleurs  eft  cftimée    aufîî  aftringenre.  La  gomme 
arabique  découle  de  l'accacia  du  Levanr.  La  plus 
belle  cft  blanche  &  vermiculée  ;  elle  eft  forr  adou- 
ciflànre  ,  &  entre  dans  pluiieurs  compofîtions  ga- 
léniques  :  on  l'emploie  encore  pour  former  des  tro- 
chifques.  On  cmployoit  beaucoup  de  cette  gomme 
autrefois ,  mais  depuis   que  la  gomme  du  Sénégal 
eft  devenue  commune  &  à  meilleur  marché,  il  n'en- 
rre  que   très  -  peu    de    gomme    arabique  dans    le 
Royaume.   Il  eft  vrai  que  la  gomme  du    Sénégal 
n'eft  différente  de  l'arabique  que  parce  qu'elle  eft 
moins  blanche.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  la  gomme 
du  Sénégal  coule  d'une  efpèce  à'accacia;  on  adonné 
ce  nom  à  cette  gomme  ,  parce  que  la  compagnie 
du  Sénégal  a  éré  la  première  qui  en  ait  apporté. 
Il  y  a  plufieurs  autres  efpèccs  d'accacia  ,  qui  font 
communes  dans  les  îles  d'Amérique.  Le  P.  Plumier 
en  a  trouvé  plufieurs  cipèces  qui   font  rapportées 
dans  les  Injlituts  Botaniques  de  M.   de  Tourne- 
forr. 
CASSIEN.  f.  m.  Cajjianus.  Nom  d'une  feéle  de  Jurif- 


jo^  CAS 

coniultes  Romains  qui  dcfendoieiit   les  fentimeiis 
de  Capiton  ,  &:  dont  le  ciief  fut  C.  Cadîus-Lon- 
ginus ,  Jurilconlulte  fous  Tibère  ,  &  qui  fat  Con- 
îul  l'an  50=  de  Jelus-Chrift  ,  avec  Vinucius  ,  l'ami 
de  l'Hiftorien   Paterculus.  t^oyes^  Proculien  ,  & 
Hijioria  Juris  Civi/is  Romani  de  Forfter ,  L.  IL 
CASbIER  ou  CANÉFICIER.  Uffia  purgatnx.  Arbre 
qui  porte  la  caffe.  Il  croît  de"  la   hauteur    de  nos 
noyers  :  fon  écorce  eft  plus  fine  &c  plus  lifl'e.Le  bois 
de  fon  tronc  eft  d'un  rouge  brun  ,  ferme  \  couvert 
d'un  aubier  pâle  :  fes  feuilles  font  arrondies  à  leur 
bafe  ,  pointites  à  leur  extrémité  ,    larges  de  deux 
pouces  fur  quatre  environ  de  longueur ,  d'un  vert 
brun  ,  rangées  par  paire  fur  une  côre  terminée  par 
deux  feuilles.  Du  même  endroit    que  naît  la  côte 
qui  fouticnt  les  feuilks  ,  part  auifi  une   branche 
chargée  de  fleurs  jaunes  portées  fur  des   pédicules 
affez"  longs.  Elles  font  à  cinq  pétales  ,  d'un  beau 
jaune ,  aii;ondies  3  cteufées  en  manière  de  cuilleron, 
inégales  j  deux  font  plus  amples  que  les  autres ,  &: 
ont  près  d'un  pouce  de  diamètre.  Elles  font  toutes 
fbutenues  par  un  calice  à  cinq  découpures  ovales , 
longues  de  trois  lignes  fur  deux  6c  demi  environ 
de  largeur  ,  creulces  en  cuilleron ,  d'un  vert  jaunâ- 
tre. De  leur  milieu  s'élèvent  dix  étamincs  d'un  jaune 
pâle  ,  inégales  :  c'e(l-à-dire  ,  dont  les  unes  font  plus 
longues  que  les  autres ,  &  dont  trois  font  crochues , 
pendant  que  les  fept  autres  font  droites.  Elles  font 
chargées  de  fommets  jaunes,  &  entourent  un  piftil 
qui  eft  mince  d'abord  ,  crochu  &:  verdâtre  ,  &:  qui 
devient  enfuite   une  goudé  d'un  pied  &c  demi  de 
long  5  d'un  pouce    environ  d'cpaifleur  ,  compofée 
de  deux  coiles  minces  ,  ligneufes ,  fort  voûtées  ,  ^ 
fi  fort  unies  cnfemble  qu'elles  ne  peuvent  fe  fcpa- 
rer  :  il  n'y  refte  pour  trace  de  leur  union  qu'une  raie 
6c  un  rebord  qui  fubfiftcnt  des  deux  côtés  de   la 
gouffe.Elle  efl:  ligneufe  >  couverte  d'une  écorce  fine  , 
qui  devient  bafanée  ou  couleur  châtain  ,  5c  ell  di- 
vifée  en  dedans  en  plulieurs  cellules  pat  des  cloi- 
fons  tranfvetfâles  Se  parallèles.  Chaque  cellule  con- 
tient une  femence  arrondie  ,  aplatie  ,  dure  &c  d'un 
châtain  clair  -,  les  parois  de  ces  cellules  font  revê- 
tues d'une  moelle  ou  pulpe  noire  ,  douceâtre  & 
fucrée.  Le  canejicier  fleurit  dans  nos  Iles  Antilles 
aux  mois  d'Avril  &  de  Mai  -,  pour  lors  ileft  dépouillé 
de   fes  feuilles.  La  goufle  du  caffîer  fe  nomme  com- 
munément la  caffe ,  Siliqua  eafjia.  Voyez  ce  mot. 
Il  y  a  un    cajjîer   ou  canejicier  du  Bréfil ,  qui  eft 
beaucoup   plus  gros  que  le  précédent  ;  fon  écorce 
bien  plus  épaifle ,  fe  gerfe  ,  6c  efl:  relevée  de  plufieurs 
veines  qui  parcourent  toute  fa  furface-,  les  rebords 
qui  marquent  la  jonélion  des  deux  coiîés  ,  forment 
un  cordon  confidérable  des  deux  côtés  de  la  goulfe. 
Elle  eH    partagée    de   même   en  plufieurs  cellules 
dans  fon  intérieur.  On  croit  cette  cajfe  moins  pur- 
gative. Marcgrave  la  nomme  T apyr acoaynana  ;  Se 
Bauhin ,  caffia  fijliila  Brajîliana. 

Il  y  a  des  cahiers  dans  les  îles  de  l'Amérique.  Ce 
font  de  beaux  6c  grands  arbres ,  qui  ont  les  feuil- 
les prefque  fcmblables  à  celles  de  l'accacia  ,  que  nous 
avons  en  France  •,  mais  deux  fois  plus  grandes  , 
plus   pointues  ,  plus  fbites  ?<.  plus  écartées.  Cet 
arbre  fleurit   gris-de-lin  ,  ou  couleur   de  fleur  de 
pêcher ,  te  non  pas  jaune  comme  celui  du  Levant. 
Ses  tuyaux  font  longs  de  deux  pieds  ,  6c  deux  ou 
trois   fois  aulîi  gros  que  les  autres.  Quand  il  efl 
dépouillé  de  fes  feuilles  (  ce  qui  lui  arrive  tous  les 
ans  une  fois,)  il  fe  couvre  entièrement  de  grands 
bouquets  de  fleurs  ,  longs  d'un  bon  pied  ,  en  forme 
de"^  panache    ,    de    couleur  de    fleurs    de    pêcher. 
Sur  chaque  bouquet  il  croît  tout  au  plus  un  ou  deux 
bâtons  de  ca^e.  Ces  bâtons  ont  la  forme  de  ceux 
du  Levant  ,  mais  ils  font  longs  de  deux  pieds ,  ic 
prefque  gros  comme  le  bras  :  Técorce  en  efl:  bafanée , 
rude ,  &  fort  difficile  à  rompre.  Les  petites  iépa- 
rations  qui  font  dedans  ,  font  auffi  extiêmement 
dures-,  de  forte  qu'on  a  bien  de  la  peine  à  les  mon- 
der ,  6c  à  en  tirer  la  moelle.  Quand  elle  efl:  récente  , 
elle  reiferable  fort  à   celle  du  Levant  ,  foit  pat  fa 


CAS 

Couleur ,  qui  efl:  pourtant  moins  noire  ,  foit  par  le 
goût,  qui  eft:  un  peu  gras  Se  douceâtre  ,  à  peu  près 
comme  les  pruneaux  -,  foit  par  l'effet  purgatif;  fi  ce 
n'efl:  que  caufant  des  tranchées,  elle  ne  purge  pas  fi 
aifément.  P.  Du  Tert. 

On  a  auifi  planté  des  grains  de  caffîers  du  Levant 
dans  les  îles ,  qui  y  font  fort  bien  venus.  Ils  ne  font 
pas  fi  hauts  que  les  autres  ;  mais  ils  ont  les  feuil- 
les plus  longues  6c  plus  polies  :  ils  fleuriflent  6c  fe 
dépouillent  comme  eux  -,  ils  portent  un  grand  pa- 
nache revêtu  de  plufieurs  fleurs  jaunes  ,  aflêz  ref- 
femblantes  à  celle  du  pied  d'alouette  •,  mais  un  peu 
plus  grandes ,  d'une  couleur  qui  a  quelque  rapport 
à  celle  de  la  giroflée  jaune.  Le  bois  de  cafficr  eilR 
cafiânt ,  qu'une  branche  gvolfe  comme  la  jambe  ne 
pourroit  portct  un  homme  fans  rifque  de  rom- 
pre. Id. 

Cajjier  ou  canejicier  bâtard  ,  c'cft  le  terme  par  le- 
quel on  diflingue  dans  les  îles  d'Amérique  certaine 
efpèce  de  canejicier,  dont  les  gouffcs  ne  font  point 
remplies  de'cette  moelle  purgative.  Cajjia  /ilvejiris. 
Voyez  Du  Tertre,  Rochefort  ,  Plumier  ,  Tour- 

NEFORT. 

CASSIN.  Le  mont  Ca(jîn.  Montagne  d'Italie  dans  la 
terre  de  Labour ,  province  du  Royaume  de  Naples , 
Cajjiniis  rnons.  Le  mont  Cajjin  efl:  proche  d'Aquin  , 
qu'il  a  au  nord.  Cette  montagne  a  pris  fon  nom  d'une 
ville  ancienne  6c  conlidérable  des  Volfques ,  nom- 
mée Ciijfin  ,  Cafiniim  ,  ou  Cajjinum.  Voyez  Vigénere 
fur  Tite-Live, /.  7, z'.  176^0  6c  i7(îi. On  appelle  en- 
core Mont-Cajjîn  une  célèbre  Abbaye  de  Bénédic- 
tins, qui  eft  dans  le  bourg  de  Saint  Germain  ,  bâti 
des  tuincs  de  la  ville  dont  nous  venons  de  parler. 
Cette  Abbaye  eft  le  Chef-d'Ordre  des  Bénédiélinsv 
6c  l'on  dit  ,  un  Moine  du  Moni-Caffin  ,  la  Con- 
grégation du  Monz-Cajpn.  S.  Benoît  fe  retira  en  5 19 
au  Mom-Caffin  ,  &c  y  bâtit  enfuite  un  Monaftère. 
Cette    Gongtégation  a  porté  le  nom  de  Sainte 
Juftine  de  Padoue  ,  jufqu'en  l'an  1504. ,  que  le  Mo- 
'  naftère  du  Mont-CaJ/in  y  ayant  été  uni  ,  Jules  II 
voulut  qu'elle  quittât  le  nom  de  Sainte  Juftine  , 
pour  prendre  celui  du  Mont-Cajjïn ,  qui  étoit  chef 
de  tout  l'Ordre.  Elle  a  environ  55  Monaftères  cé- 
lèbres, &C  une  centaine  environ  de  plus  petits ,  qui 
dépendent  des  premiers.  Tous  les  Abbés  de  cette 
Gongtégation  fe  fervent  d'ornemens  pontificaux  , 
èc  donnent  les  quatre  mineurs  à  leurs  Religieux.  Les 
Frères  Convers  s'appellent  Frères  commis.  Le  Su- 
périeur général  de  la  Congrégation  s'appelle  Pré- 
Jcdent ,  Se  eft  élu  tous  les  ans  dans  le  Chapitre-gé- 
néral. La  Congrégation  du  Moni-Caffin  fut  formée 
en  1 409  Se  les  années  fuivanres  par  Louis  Barbo , 
noble  Vénitien ,  Prieur  des  Chanoines  féculiers  de 
faint  Georges  in  Alga  à  Venilé.  Le  Page  Grégoire 
XII  lui  donna  cette  Abbaye  ,  Se  lui  otdonna  de 
l'accepter.  Il  obéit  -,  il  y  mit  la  réforme  ,  qui  s'éten- 
dit en  peu  de  temps  dans  plufieurs  autres  Monaf- 
tères d'Italie  dont   il    forma  une  Congrégation  , 
qui  fe  nomma  Sainte  Jultine ,  6^  que  Batbo  fit  ap- 
prouver par  Martin  V  ,  l'an  1417.  P.  Hel. /.  FI  , 
p.  19. 
Ip*  CASSIN. f.  m.  Partie  du  métier  à  étoffes  de  foie, 
à  gaze  ,  &c.  C'eft  un  cadre  de  deux  pieds  Si  demi 
de  long  fur   vingt  pouces  de  large ,  porté  par   les 
deux  eftafes  du  métier  ,  Se  qui  foutient  un  autre 
cadre  en  talus,  appelle  cage,  garni  de  petites  lames , 
entre  lefquelles  fonr  enfilées  fur  des  verges  de  fer , 
qui  leur  fervent  d'axe ,  les  rangées  de  poulies  fur 
lefquelles  les  cordes  de  rame  font  pafTées.  Encyc. 
Çd?  On  appelle  caj/in-vohm  un  caffïn    ordinaire  ,' 
garni  de  rous  fes  cordages ,  rame ,  femple  ,  dont  on 
fe  fert  pour  la  leiflure  des  defieins ,  tandis  que  les 
autres  métiers    travaillent.  Une  aiguille  de  plomb 
du  poids  de  quatre  onces  détend  la  corde  de  rame» 
Se  par  conféquent  celle  de  femple. 
CASSINE.  f.  f.  Nom  en  ufage  en  quelques  endtoits , 
pour  défigner  une  petite  maifon  à  la  campagne  : 
ce  qui  s'eft  dit  ptemièrement  de  l'habitation  d'un 
Herraite  ou  d'un  Moine  qui  s'eft  retiré  en  quelque 


CAS 

îîen  défert  pour  vivre  en  folitaire  :  Cafu'la  ,  vi'Ûa. 

Les  caffines  font  des  maifons  ou  l'on  retire  les 
grains  &  les  autres  fruits.  P.  Benoit.  Les  ennemis 
s'étoient  retranchés  dans  une  cajjlne  :  on  attaqua 
la  cajjine  ,  de  on  l'emporta  l'épée  à  la  main.  Ce  mot 
eft  formé  du  latin  cafa.  C'eil  ce  que  nous  appe- 
lons en  France  une  ferme  ou  une  métairie  j  &  dans 
quelqtics  provinces,  une  petite  maifon  de  plaiiir 
hors  de  la  ville  ,  qu'on  nomme  ailleurs  bajtide. 

Ce  mot  vient  de  cijjiiia ,  qu'on  a  dit  auflî  dans 
la  baflè  latinité  dans  le  même  fcns. 
CASSIOPÉE.  f.  f.  Conftellation  célefte  qui  eft  dans 
le  partie  boréale  du  ciel ,  compofée  de  1 5  étoiles 
fort  apparentes  -,  mais  Tycho  ,  Bayerus  &  Galilée, 
en  ont  obftrvé  pludeurs  autres.  Il  y  a  cinq  étoiles 
principales  dans  cette  conftellation  ,  dont  celle  qui 
eft  la  plus  éloignée  du  pôle  ,  s'appelle  ïz poitrine  de 
Ciijjiopée.  La  grande  ourle  ,  &  Cajjiopée  ,  font  au 
même  méridien  -,  mais  elles  font  oppolces  l'une  à 
l'autre  ,  de  Ibrte  que  quand  la  grande  ourle  eft  au- 
deffus  du  pôle  ,  Cajjiopée  eft  au  même  méridien  au- 
deiïbus  du  pôle.  CaJJwpeia,  Les  Arabes  l'appellent 
chaife  royale. 

En  l'année  1571,  il  parut  en  cette  conftellation 
une  nouvelle  étoile  ,  qui  lurpaflbit  en  grandeur  &  en 
éclat  Jupiter  même.  On  la  prit  même  pour  un  aftre, 
parce  qu'elle  en  avoir  le  brillant  &  la  clarré  :  elle 
avoir  un  lieu  fixe  comme  les  étoiles ,  &  en  avoit  le 
mouvement.  Elle  diminua  peu-à-peu  ,  &  difparur 
après  dix-huir  mois.  Tous  les  Aftronomes  de  ce  tems- 
là  firent  là-delfus  plulîeurs  dilfertations  ,  entr'autres 
Tycho-Brahé  &  Kepler ,  l'Abbé  Maurolycus ,  For- 
tunius  Licetus,  Thcodorus  Gramineus  i&c.  Théo- 
dore de  Beze  crut  qu'elle  étoit  du  genre  des  co- 
mètes -,  que  c'étoit  la  même  étoile  qui  apparur  aux 
Mages  pour  les  conduire  en  Bethléem  ,  &  qu'elle 
vcnoit  annoncer  le  fécond  avènement  de  Jésus  - 
Christ.  Le  Landgrave  de  Hefle&  Andréas  Rofa, 
ont  été  de  même  avis  :  il  a  été  réfuté  par  Tycho  , 
&  plus  forrement  par  l'expérience  du  temps  écoulé 
depuis  ,  qui  a  fait  voir  combien  cette  prédiùlion 
étoit  Vainc. 

Au  refte,  les  Poètes  difent  que  Cajjiopee  étoit 
femme  de  Céphée  ,  Roi  d'Ethiopie  ,  5i  qu'elle  eut  la 
rémcrité  de  fe  comparer  en  beauté  aux  Néréides. 
Ces  Nymphes  marines ,  pour  s'en  venger  ,  firent  en- 
voyer par  Neptune  un  monftre  qui  ravageoir  rout 
le  pays.  L'Oracle  conlulté  répondit  que  pour  ap- 
paifer  la  colère  des  Dieux ,  il  falloir  expolèr  An- 
dromède, fille  de  Céphée  &  de  Cafjîopée  ,  pour  être 
dévorée  par  un  monftre  marin  :  Perice  la  délivra  , 
&  obtint  même  de  Jupiter  que  Cajjiopée  (t'cohmïie 
au  nombre  des  aftres. 
IJC?  CASSIS.  Efpèce  de  grofeillier.  Foye^  Cacis. 
^3'  Cassis,  Petite  ville  de  France  ,  fur  la  côte  de 
Provence ,  entre  Marfeille  &  la  Ciutat ,  avec  un  pe- 
tit port. 
CASSOLETTE,  f  f.  Petit  vaiffeau  ou  réchaut  de  cui- 
vre ou  d'argent ,  où  l'on  fait  brûler  des  paftilles  & 
des  odeurs  agréables.  Anthepj'a  odoraria.  Il  fe  dir 
auflî  de  l'odeur  même  qui  fort  de  la  caffblette.  VoiLà 
une  agréable  caffolette.  On  dit  ironiquement  &  par 
antiphrafe  ,  voilà  une  étrange  cajfolette  ,  quand  on 
fent  quelque  chofe  de  fort  puant. 

On  donne  encore  le  nom  de  cajfolette  à  une  ef- 
pèce de  boîte  ou  étui ,  où  l'on  renferme  des  odeurs 
qu'on  porte  dans  fa  poche.  Les  cajfoletles  font  de 
diverfes  figures ,  &  ont  plufieurs  loges  ou  cellules 
c]ui  s'ouvrent  féparément.  Chaque  odeur  a  fa  cellule^ 
en  forre  que  dans  l'une  on  met  du  mufc  ,  dans  l'au- 
tre de  l'ambre  gris ,  dans  une  autre  de  la  civette  , 
&c.  Ceux  qui  aiment  les  odeurs  ont  toujours  la 
caffolette  à  la  main  \  les  autres  n'en  font  guère  ufage 
que  pour  fervir  de  correélif ,  lorfqu'on  fent  quel- 
ques mauvaifes  odeurs. 

Ce  mot  vient  de  caffoletta,  italien,  diminutif  de 
caffola  &  de  cajfa.  Men. 
Cassolette  ,  eft  aulfi  un  vafc  de  fculpture  ,  avec  des 
■   flararaes  ou  de  la  ilimée ,  <iui  ferc  d'araortiflemcnc , 


CAS 


ce 


50 


é|ui  fe  Élit  le  plus  fouvent  ifolé.  On  en  fait  auilj 
en  bas  reliet.  Authepfa  odoraria  opère  Architeào- 
nico  adumbr ata. 
Cassolette,  f.  f.  Efpèce  de  poire.  J'aime  aflez  les 
poires  qui  ont  la  chair  caifante  avec  une  eau  do.ice 
&  lucrce ,  &:  quelquefois  un  peu  parfumée ,  commfe 
la  cajjolette  ,  &c.  La  Quint. 

La  cajjolette  eft  une  poire  longuette  &  grisâtre  ^ 
qui  ne  le  cède  prefque  en  rien  à  la  robinc  ,  ni  par 
la  chair  ni  par  fon  eau  ,  ni  par  tout  ion  mcrit j  ,  fi 
ce  n'eft  qu'elle  eft  fujctte  à  mollir.  Sa  maturité  vient 
aux  environs  de  la  mi-Août  In. 
CASSONADE  ouCASTONADE.  f.  i.  L'un  &  l'autre 
fe  dit ,  mais  caffonade  eft  le  plus  ufùé.  Ménage  pré- 
tend que  c'ert  cajionade  -,  mais   on  croit  qu'il   fe 
trompe  ,  au-moins  eft-il  fur  qu'on  devroir  dire   ca\^ 
j'onadc.  Sucre  qu'on  apporte  &  qu'on  vend  en  pou- 
dre ou  en  gros  morceaux ,  qui  n'a  pas  eu  fa  der- 
nière préparation  ,  par  laquelle  on  le  durcit ,  on  lé 
blanchit  &  on  le  met  en  pain.  Sacchariun  impurum , 
minus  dejœcatiim  vel  expurgatum.  On  tient  que  la 
cajjonade  lucre  mieux  que  le  fucre  raffiné  &  mis  eil 
pam  ,  mais  elle  fait  bien  plus  d'écume.  flCT  On  s'en 
fert  quelquefois  pour  faire  des  confitures  ;  mais  il  y 
a  plus  de  perte,  &  les  confitures  ne  font  pas  fi  bel- 
les, 
Ip"  Les  Portugais  du  Bréfil  apportèrent  les  premiers 
en  France  cette  efpèce  de  lucre  dans  des' cailles  qu'ils 
appellent   cajfes  ,  d'où  eft  venu  le   nom   de  ca£'o- 
Tiade. 
CASSOORW AN.  f  m.  Petit  poifTon  rare  qui  fe  trouve 
aux  Indes  occidentales.  Il  eft  un  peu  plus  gros  qu'un 
anchois ,  mais  beaucoup  meilleur  ,  &  a  "deux  pru- 
nelles dans  chaque  œil ,  de  forte  que  lorfqu'il  nage  * 
il  voit  en    même    temps  en   dellus  &  en  de/fous. 
^fj  II  a  le  dos  plat  avec  l'épine  &  les  côtes  rondes  j 
prefque  à  la  façon  de  celles  de  l'homme. 
^fT  On  l'appelle  autrement  Cassororari. 
CASSOVIE.  Ville  de  Hongrie,  qu'on  appelle  en  lan- 
gage du  pays  Cafchaw  ,  capitale  du  Comté  d'A-' 
banvivar.  Caff'ovia. 

CASSUBIE.  Le  Duché  de  Cafuhie.  Cafihia,  Caj}'alHc& 
Ducatus.  C'eft  une  conrrée  du  Cercle  de  Haute-Saxe 
en  Allemagne.  La  Cajfuhie  eft  une  province  de  la 
Poméranie  ultérieure  ou  Ducale.  La  Poméranie 
propre  avec  la  Nouvelle-Marche  &  Brandebourg 
la  bornent  au  couchant ,  la  petite  Pologne  au  midi, 
la  Prulfe  &  la  Vandalie  au  levanr ,  &  la  mer  Bal- 
tique au  nord.  Sa  capitale  eft  Colberg. 

CASSUMMUNIAR  ou  CASMINAR.  f  m.  C'eft  une 
racine  qu'on  nous  apporte  des  Indes  orientales. 
Elle  eft  de  la  grolfeur  environ  du  petit  doigt  ,  Se 
coupée  par  de  petits  morceaux  ,  de  couleur  brune , 
d'un  goût  aromatique,  piquant,  mêlé  de  quelque 
amertume ,  &  entourée  par  dehors  de  cercles,  comme 
le  galanga.  On  ignore  quelle  eft  la  plante  dont  on 
tire  cette  racine  •,  mais  on  l'eftime  un  remède  ex- 
cellent peur  les  maladies  des  nerfs ,  pour  la  para- 
lyfie  ,  les  convulfions ,  la  colique  ,  les  tranchées  èc 
les  afîc6lions  hyftériques.  Miller  ,  cité  par  James» 

CASSURE,  f  f.  Ce  mot  fe  dit  en  parlant  d'une  lame 
d'épce  ,  de  couteau,  &c.  &c  fignifie  rupture.  Fraclura , 
fraclio.  Si  vous  caflez  une  lame  d'épée  ,  &  que  dans 
la  caffure  vous  découvriez  la  lame  de  couleur  grife, 
la  lame  eft  bonne.  Liancourt  ,  Maître  d'Armes. 

CASTAGNETTE.  f  f.  Inftrument  dont  fe  fervenr  les 
Mores  ,  les  Elpagnols  &  les  Bohémiens  ,  pour  ac- 
compagner leurs  danfes ,  leurs  farabandcs  &  leurs 
guitares.  Crumata.  Il  eft  compofc  de  deux  petits 
ronds  de  bois  de  prunier  ou  de  hêtre,  fec  8c  creufé 
en  forme  de  cuiller  ,  dont  les  concavités  fe  met- 
tent l'une  fur  l'autre,  qu'on  attache  au  pouce,  &: 
qu'on  bat  de  temps  en  temps  avec  le  doigt  du  mi- 
lieu ou  l'annulaire  ,  pour  marquer  les  mouvemens 
&  les  cadences.  On  peut  battre  huir  ou  neuf  fois 
les  cafiagnettes  dans  le  temps  d'une  mefure  ,  ou 
d'une  féconde  de  minute.  On  les  appelle  caj^caveaus 
en  Provence ,  &  cajcavelles  ea  Lansuedoe, 


jo8  CAS 

Il  danfoit  la  farabande  ,  de  n'étoit  jamais  fans  ca- 
flagncstes.  Scarron. 

Ce  mot  vient  de  refpagnol  caflannetas  ,  6i  a  été 
formé  de  la  reilemblance  qu'ont  ces  jnflrumens  avec 
les  châtaignes. 

ÇS'  Les  anciens  avoient  plufieurs  fortes  de  cajta- 
g  mites,  la  crotale,  crotaltim.  Voyez  ce  mot.  Cru- 
mata,  dont  nous  venons  de  parler-,  U  crupeiia  , 
dont  on  jouoit  avec  les  pieds  :  ainli  nommées  du 
grec  sri^« ,  frapper ,  èc  ^?hb>v  ,  la  plante  du  pied. 
On  les  appeloit  z\iiV\fcobella  ,  fcamilla  &ifcameUa  , 
parce  que  c'étoit  comme  une  petite  efcabelle  ou  un 
marche-pied  ,  qu'on  frapoit  diverlement  avec  un 
foulier  de  bois  ou  de  fer.  Mais  il  y  en  avoir  appa- 
remment de  différentes  façons.  On  en  reprélcnte 
comme  une  fandale  faite  de  deux  lemelles ,  entre 
lefquelles  il  y  a  une  ca/lagnette a.iia.chée.  Foye^  Bar- 
TOLiN.   De  tlbiis  veteriim. 

Castagnette.  Etoffe  de  ibie  ,  de   laine  &  de  fil  , 
qui  fe  fait  par  les  Hautelifleurs  de  la  Sayctcerie  d'A- 


miens. 


CASTAGNEUX.  f.  m.  Sorte  d'oifeau  de  rivière.  Ceft 
la  même  chofe  que  le  petit  plongeon.  gCT  Mergu- 
lus  ovL  mergus  minimus  fluviatilis.  Il  eft  de  couleur 
de  châtaigne,  d'où  il  paroît  qu'eft  venu  ion  nom.  11 
vit  dans  Veau  falée  &  dans  l'eau  douce.  Sa  chair  a 
un  goût  fauvage  dans  toutes  les  laiibns. 
tfT  CASTALIDES.  furnom  donné  aux  Mufes  ,  à 
caufe  de  la  fontaine  de  Caflalie  qui  leur  étoit  con- 
facrée. 
CASTALIE.  Nom  d'une  fontaine  confactée  à  Apollon 
&  aux  Mufes.  Callallia,Cafialius fons.  La  fontaine 
Cajlalie  étoit  dans  la  Phocide  au  pied  du  mont  Par- 
nalfe.  Les  Poètes  feignent  qu'Apollon  métamorphola 
une  Nymphe  qu'il  aimoit ,  en  cette  fontaine ,  &;  qu'il 
donna  à  fes  eaux  la  propriété  de  rendre  Poètes  tous 
ceux  qui  en  boiroient.  Le  murmure  de  la  fontaine 
Cajia/ie  palfoit  pour  infpirer  l'efprit  prophétique. 
C'efl:  pour  cela  que  Bochart ,  Chanann  ,  L.  I ,  c,  16 , 
tire  fonnom  denScop  ,  Kafiala,  mot  arabe,  qui 
fignifie  le  murmure  ,  le  bruit  que  font  les  eaux 
d'une  rivière  ou  d'une  fontaine.  Foye^  le  voyage 
de  Grèce  de  M.  Spon ,  P.  II,  p.  <îj. 
CASTANITE.  f.  f  Pierre  argilleufe  ,   de  la  couleur 

&   de  la  forme  d'une   châtaigne. 
CASTE,  f.  f.  Terme  de  relation.  Ceft  le  nom  que 
l'on  donne  aux  Tribus,  dans  lelquelles  font  divifés 
les  Idolâtres  des  Indes  orientales.  La  Cafie  des  Bra. 
mines.  La  Cajh  des  Banians. 
CASTEL.  Ceft  un  nom  qui  fe  donne  à  une  infinité  de 
petites  villes  &:  à  d'autres  lieux  en  Italie ,  en  Efpagne  , 
&  dans  les  Provinces  de  France  qui  en  font  voilines , 
comme  en  Languedoc.  Il  (ignifîe  château  ,  &  vient 
du  latin  caflellum.   Cajlel  Gundoli'e  ,  Cajiellum  Gan- 
dulphi.  Bourg  de  la  Campagne  de  Rome  ,  où  les  Pa- 
pes ont  un  château  ,  &  dont  l'air  eft  excellent.  Ca- 
Jiel  Mendo  ,  ville  de  Portugal  dans  la  Province  de 
Tra   /os   Montes.    Cafiel-Moion  ,    petite  ville   de 
France  en  Gafcogne.  11  y  a  aufll  Cajie/,  petit  pays 
du  cercle  de  Franconie.  Cajlelnnu ,  ville  de  Lan- 
guedoc ,  Caflellum  novum  ;  c'eft-à-dire  ,  Château- 
neuf.  On  dit  aulîl  Cajtelnou ,  lî  l'on  en  croit  Valois , 
Not.  Gai.  /'.155  ,  mais  Caflelnau  eft  mieux.  Le  Ma- 
réchal de  Caflelnau  mourut  des  blefTures  qu'il  re- 
çut au  fiége  de  Dunkerque ,  5c  eft  enterré  à  Bourges 
dans  l'Eglile  des  Dominicains.     Caftelnau-d'Ari  , 
autre  ville  de  Languedoc ,  Caflelliim  novum  Arii. 
Voyez  Valois,   Not.  G  ail.  p.  155.  Andoque  pré- 
tend dans  fon  Hifl.  de  Languedoc  ;  L.  XI ,  p.  314, 
qu'il  fut  ainfi  appelée  des  Gots  Ariens  qui  le  bâ- 
tirent. Catel ,  dans  fon  Hifl.  du  Languedoc ,  L.  II ,  dit 
qu'il  y  a  de  l'apparence  que  Caput  arietis ,  dont 
fait  mention  Grégoire  de  Tours ,  L.  XXX  de  fon 
Hfl.    ch.  8  eft  Caflelnaudry. 
^  CASTEL-GELOUX    ou  CASTEL  -  JALOUX. 
Petite  ville  de  France  dans  la  Guienne  ,  avec  Bail- 
liage du  Duché  d'Albert. 
^  CASTEL-SARRASIN  ,    ou  plutôt  CASTEL- 


CAS 

SUR-AZIN.  Petite  ville  de  France  j  dans  le  haut 
Languedoc  ,    fur  le  ruifleau  d'Azin. 
CASTELANE.  f.  f.  Efpèce  de  prune.  La  cafielane  eft 
une  prune  verte.  La  Quintinie.  Les  cajtelanes  font 
bonnes  en  compote. 
CÂSTELLAN.  f.  m.  Terme  d'hiftoire  &  de  relationsi 
Nom   d'une  dignité  ,  d'une    charge  en   Pologne» 
Les   Ca/iellans    ibnt  Sénateurs  du  Royaume.    Les 
Caflellans  font  en  Pologne  ce  que  font  en  France  les 
Lietttcnans-Généraux  des  Provinces  ,  &c  les  Lieu- 
tenans   de  Roi  ;  ils  commandent  dans  une  partie 
d'un  Palatinat  fous  l'autorité  du  Palatin.  Cajiella- 
nus  ,  CaflelU  Prafeclus  ,  Provinciœ  Legatus. 
?fT  On  divife  les  Caflellans  en  grands  &  petits.  Les 
petits    n'ont*  ni  feance ,  ni  voix   délibérative  dans 
les  affaires  d'Etat.  Les  grands  ont ,  comme  les  autres 
Sénateurs  du  Royaume  ,  féance  dans  les  Confeils 
&  aux  Diètes,  qu'ils  ont  droit  de  convoquer.  Ils  ad- 
miniftrent  la  juftice  dans  leurs  Diftricls,  &c. 
CASTELLANE.  f.  f  ou  CASTILLAN,  f.  m.  Ceft  une 
monnoie  d'or  particulière  ,  qui  a  cours  en  Efpagne  , 
valant  quatorze  réaies,  &  environ  dix  deniers.  Gaz. 
i7Zi,/7.465.  D'autres  difent  14  réaies  &  i(î  deniers, 
ou  3  livres  dix  fous  de  notre  monnoie.  Caflellanus 
nummus, 
Castellane.  Ville  de  France  en  Provence,  auDiocèfe 
de  Senès,    lùr  la  rivière  de  Verdon.  Elle  a  dioit 
de  députer  aux  Etats.  Caflellana. 
^Cr  II  y  a  aufîî  une  ville  de  ce  nom  en  Italie ,  dans 
les  terres  du  patrimoine  de  St  Pierre,  que  les  Italiehs 
appellent  Citta  Caflellana. 
§3"  CASTELNAU.  Ce  mot  fîgnifie  Château- neuf , 
&  eft  le  nom  de  plufieurs  villes  &  bourgs  de  France, 
qu'on  diftingue  par  un  fur-nom. 
§C?  Castelnau  de  Barbarens.  Petite  ville  de  France  , 
dans  l'Armagnac  ,  fur  le  Rat ,  au  Comté  d'Afterac*, 
ÇCT  Castelnau  de  Brajfac,  Petite  ville  de  France, 
dans  l'Albigeois,  Diocèfe  de  Caftres ,  à  cinq  lieues 
de  cette  ville ,  &  à  une  de  Bralfac. 
gCT  Casteenau  de  Bretenous.  Petite  ville  de  France, 
avec  titre  de  Baronie ,  dans  le  Querci ,  frontières 
du   Limofin  5c  de  l'Auvergne,  à  douze  lieues  au 
deffous  d'Aurillac. 
^T  Castelnau  d'Efirefon  ou  de  Trigefon.  Caflellum 
novum  de  tribus  fontihu s.  Petite  ville  de  Languedoc  , 
félon  Biudrand.  Mais  ce  n'eft  qu'un  village  affez 
près  de  Grenade  ,  au  nord  de  Touloufe. 
1^  Castelnau  de  Levi,  Petite  ville  de  France,  aU 

haut  Languedoc ,  dans  l'Albigeois. 
§3"  Castelnau  de  Af^g/zoacr.  Petite  ville  de  France  , 
dans  l'Armagnac ,  à  une  lieue  au  deffous  de  Mau- 
leon  ,  &:  à  huit  au-deffus  d'Auch. 
§Cr  Castelnau  de  Montartier.  Petite  ville  de  France  , 

en  Querci ,  au  midi  de  Cahors. 
IJCT  Castelnau  de  Montmirail.  Petite  villede  France, 

dans  l'Albigeois,  au  couchant  de  la  ville  d'Albi. 
^fF  Castelnau  de  Riherac.  Château  de  France  dans 

l'Armagnac  ,  près  de  l'Adour. 
CASTELNAUDARY.  f.  m.  Ville  de  France  ,  en  Lan- 
guedoc, a  de  longitude  i^d  19'  58"-,  fa  différence 
du  méridien  de  Paris  étant  de  oh  i'5  3",  ou  d^  23' 2.2". 
Pour  fa  latitude ,  c'eft  45^18'  35",  nord.  Cassini, 
tfJ'  Ceft  la  capitale  du  Lauragais ,  Diocèfe  de  Sainr 
Papoul.  Caflellum  Arianorum ,  ou  Caflellanium  Au" 
racium^Caflellum  novum  Arrii,  fuivant  Longue-Rue. 
CASTELOGNE.  f.  f.  Couverture  de  lit  faite  de  laine 
très-fine.  Lodix  lanea.  Ce  mot  vient  de  caflalana, 
parce  qu'on  les  fait  d'ordinaire  de  la  toifbn  des 
agneaux  :  on  les  appelle  quelquefois  mantes.  A 
Lyon  on  les  nomme  catalognes ,  parce  qu'elles  font 
venues  de  Catalogne.  Ménage. 
CASTERAUX.  f.  i^.  Ceft  la  même  chofe  que  CO- 

TERAUX. 
CASTIGLIONE.  Mot  purement  italien.  Ceft  un  di- 
minutif, qui  (ignifie  la  même  chofe  que  Châtillon  ea 
françois  ,  c'eft-à-dire  ,  petit  Château.  Caflilio.  Nous 
Icconfervons  dans  les  mots  italiens  en  notre  langue. 
Cafliglione  délie  Stivere  ,  ville  du  Duché  de  Man- 
i    ■  toue,  Cafliglione  di  Lago ,  Cafliglione  di  Pefiraria,  &6 


CAS 

Mouillez  le  gl  dans  la  prononciation.  Quelques-uns 
de  nos  Auteurs  plus  exads ,  ou  plus  Icrupuleux ,  di- 
fent  Cajhllon  &  non  pas  Caflighone.  Ainii  le  P  d'Or 
leans,  dans  Li  Fie  du  P.  Louis  de  Goniame ,  a 
toujours  dit  le  Marquis  de  Ca.jlUlon. 
CASIILLAN,  ANE.  i;  &  adj.  Qui  eft  de  Caftille , 
natit,  ou  native  de  Caftille.  Mouillez  les  deux  // 
dans  la  prononciation.  Cajhllanus ,  a.  Les  CattULins 
iont  graves  ,  fcrieux ,  fermes ,  conftans  ,  fidèles.  La 
nation  CaftilUne  a  donné  à  fon  Roi  pendant   la 
guerre,  qui  finit  Tan  1714  ,  l-u.lus  bel  exemple  de 
fidélité  dont  l'hiacire  ait  pa.^  La  langue  Caltil- 
lane  a  beaUcoap  de  majcHc, 
CASTurAN    f.  m.  Langue  CaftiUane.  Cafiellana  lin- 
gua.  Un  Cavalier  Efpagnol  fourinr  un  jour  haute- 
ment dans  une  bonne  compagnie  que  le  caltiUan 
_etoit  la  langue  naturelle  de  Dieu.  Comme  dit  un 
}our  un  favant  Cavalier  de  ce  pays-là,  qui  foutint 
hautement  dans  une  bonne  compagnie ,  qu'au  Pa- 
radis terreftre  le  Ibrpent  parloir  anglois  ,    que  la 
iemme  parloir  italien ,  que  l'homme  parloir  fran- 
çois ,  mais  que  Dieu  parloir  efpagnol.  Bouhours. 
11  n  y  a  rien  de  plus  pompeux  que  le  CalUlLui ,  il 
na  prefque  pas  un  mot  qui  n'enfle  la  bouche,  oU 
qui  ne  remplifle  les  oreilles.  Idem. 
Castillan,   T.   m.    Voye^   Castellank  ,    monnoie 
dor. 

Castillan,  f.  m.  Nom  d'un  poids  d'Efpagne.  Le 
cajiillan  eft  la  centième  partie  d'une  livre  d'Ef- 
pagne  ,  qui  eft  environ  d'un  (Je  &  3  quarrs  pour 
cent  moins  pefante  que  notre  poids  de  marc  ;  en 
forte  que  117  marcs  d'Elpagne  n'en  font  que  cent 
dix  de  France.  Le  cafiilUn  fe  divife  en  huit  to- 
mmes.   Six    caftilUns    &  deux    tomines   font  une 

r^f?^^rT^rt^l?°^^-    <^''"'fi'^^  P^^rs  librcc  Hifpanicc. 

I^AiilLLb  Nom  de  la  plus  grande  contrée  de  l'E'- 
pagne.  Cafiella.  La  Caltille\{i  au  milieu  de  l'Ef- 
pagne  ,  &  elle  a  au  nord  l'Aflurie  Santillane  &  la 
Bilcaye  ;  au  levant,  les  Royaumes  de  Navarre,  d'Ar- 
ragon  &  de  Valence  ;  au  midi  ,  celui  de  Murcie 
avecl'Aiidaloulie,  &  au  couchant  ,  le  Royaume  de 
Portugal  &  celui  de  Léon.  Ce  pays  le  divife  en 
deux  Provinces  féparées  l'une  de  l'autre  par  une 
grande  chaîne  de  montagnes  qui  le  traverfent  du 
couchant  au  levant.  La  partie  quj  eft  au  fepten- 
trion  de  ces  montagnes  s'appelle  la  Caliilk  vieille  , 

f  ^^î!f  ^""-l^'^^'  ^''°^^^  '  ^  ^^^^^  q"*  ^l^  au  midi , 
Ja  Lajhne  nouvelle.  La  première  s'appelle  Caftille 
vieille,  parce  que  les  Chrétiens  la  conquirent  fur 
les  Maures  long-temps  avant  la  nouvelle  Caftille 
La  vieille  Cafiilk  n'a  porté  que  le  titre'de  Comté  iuf- 
qu'au  milieu  du  XIP  fiècle ,  que  Don  Sanche  III 
ayant  epoufé  Nunna  ,  héritière  de  Caftille  par 
îa  mort  de  Garcias  fon  frère  unique  ,  &  dernier 
Comte  de  Cafiille  ,  la  donna  à  Ferdinand  fon 
fils  fous  le  titre  de  Royaume.  C'eft  ce  Ferdinand 
11=  du  nom  ,  qui  la  réunir  au  Royaume  de  Léon 
quil  avoir  déjà.  La  Cafiille  nouvelle  s'appeloit  fous 
les  Maures,  Royaume  de  Tolède.  Elle  n'a  pris  le 
nom  de  Caftille  que  depuis  la  fin  du  Xle  fiècle 
que  les  Chrétiens  l'enlevèrent  aux  Maures.  I  a  capi- 
tale de  la  vieille  Caftille  eft  Burgos  ;  celle  de  la  nou- 
velle a  ete  long-temps  Tolède  :  aujourd'hui  c'cft  Ma- 
drid, capitale  de  toute  l'Efpagnc, 

„  9" '^^'.^°"'^°î'"^  ^^  C^M^^Caftellanum  Re^num. 
LafteLlam  Regni  ditwnes.  La  couronne  de  Caftille  ne 
Comprend  pas  feulement  les  deux  Caftilks  la 
vieille  &  la  nouvelle  :  c'eft  l'une  des  deux  parties 
générales  qui  compofent  le  Royaume  d'Efpagne  ; 
&  qui  comprend  dans  les  quatre  parties  du  monde 
un  grand  nombre  de  pays  fort  vaftes  ,  &  fort 
ecarrés.  EnEfpagne,  les  deux  Cafiilles ,  l'Eftrama- 
madoure  callillane  ,  l'Andaloufie  ,  les  Royaumes 
de  Grenade,  de  Murcie,  de  Léon,  de  Navarre 
la  Galice  les  Afturies ,  la  Bifcaye  ;  en  Afrique 
les  villes  de  Marfalquivir,  de  Melila,  dcPennon, 
de  Vêlez,  de  Ceuta ,  de  l'Arrache,  &  les  îles 
Canaries;  en  Afie,  les  îles  Philippines,  les  îles 
Mananes,  ou  des  Larrons;  en  Amérique,  le  vieux 


LAS  QoQ 

mil' Ï^TT ^'''''^'''  '  ^^  'Î'erre-Férme  ou  la  Ca- 

domtrion.  '  ""^'^  ^""^'^  '"^  ^"---^  ^^  ^-^^ 
Le  nom  de  Caftille  a  été  donné  à  cette  contrée 
du  mot  elpagnol  .././,  château ,  c^.//,"',  TcaS 
des  châteaux  dont  elle  eft  pleine^  d'où  df  venu 
te  uv  ^"^'^^"-""^  '  .le. proverbe  de  bâtir  des  châ- 
TEAu.       ^'^''SnC'  ainfi  qu'on  l'a  dit  au  motCiiÂ-^ 

Castillle  J'or.  Vafte  région  de  l'Amérique  méri- 
aZf^C'T'^^^^  autrement  Terre-Ferme.  Caftellx 
ou  HM  ,  '  P'"^'^'^^  l'Amérique  méridionale, 
qui  elt  la  plus  avancée  vers  le  nord ,  &  que  l'on 

&Tnn^  ^l^ /o^-^eme  de  latitude  feptentrionale, 
Ci  entie  le  deux  cens  quatre-vingt-treizième  &  le 
Colomb"  -"^^-^------^elong^ude.  Chriftopl 

Colomb,  qui  dans  fcs^deux  premiers  voyages  n'a- 
voit  découvert  que  les  lies  de  l'Amérique,  parcourut 

con"rt"T  ""  "'  '^"""'"^  ^"  ^°-^  ^^  c'et'te  grand 
con    ee  ,  &  jugeant  que  c'étoit  un  grand  continent , 

Il  lui  donna  .e  nom  de  Terre-Ferme  ,\m  lui  eft 

refle   Cependant  les  Efpagnols  l'appelèrent  quet 

quefois  dans  la  fuite  Caftille  d'or  ,  à  caufe   de  la 

St.T'"i'''  d'or  qu'ils  y  trouvèrent.  Nos  Géo- 
graphes lui  donnent  au/H  ce  nom.  Foye?  Terres 
Ferme.  -^  ^   -^  i^i^i^c 

Castille.  f  £  Terme  populaire,  qui  fignifie  ,  pe- 
nte querelle  ou  différent.  Rtxa,jurgiu,n\  diftîduœu 
Ces  gens  maries  font  mauvais  ménage  ,  il  y  a  tou- 
démcler^'^''"  ^^'^^-^    entr'eux  ,    qudque  ehofe  à 

Ce  mot  vient  par  corruption  de  caftine  ou  caïïine, 
qui  fignifioit  autrefois  querelle ,  riotte 

Castille,  f.  f.  On  le  dit  en  Anjou,  en  Bretagne  ,  & 
peut-être  en  quelqu'autres  lieux  ,  pour  le  fmit  qu'on 
appelle  a  Pans  &  dans  la  plupart  de  nos  Pro- 
vinces ,  grofeiUe.  Foye^  ce  mot. 

CASTILLON.  Caftellio  ou  Caftilio,  ville  fur  la  Dor- 
dogne  en  Périgord  ,  où  les  Anglois  qui  vouloienc 
fecourir  la  ville  afl.egce  par  les  François ,  furent  fi 
bien  battus  par  Charles  VII,  qu'ils  prirent  le  parti 
d  abandonner  la  Guienne  qu'ils  poflcdoient  depuis 
long-temps.  La  bataille  de  Cajîillon  ne  fe  donna 
pas  en  145 1,  comme  difent  Hoffinann,  Maty,  &: 
M.  Corneille,  ni  eni45  2 ,  comme  l'écrit  Duchefne  , 
Amiq.  des  villes  de  France,  U  lU ,  c,  1 3  ;  mais 
en  I4J5  ,  le  15  Juiller,  comme  le  marque  du  Tillet 
dans  fon  Chronicon  de  Regib  Franc.  &  le  P    Da  ' 

ullon  de  Medoc,  Caftilio  Medulci,  petite  ville  de 
Guienne  dans  le  petit  pays  de  Médoc ,  &  fur  le 
bord  méridional  de  la  Garonne. 

Caftillon  eft  un  diminutif  de  Cartel ,  qui  fianifi^ 
château.  Ces  villes  apparemment  n'étoient  d'aljorci 
que  de  petits  châteaux.  C'eft  de-là  qu'eft  venil 
leur  nom. 

tfJ-  CASTINE,  f.  f,  Pierre  blanchâtre  qu'on  mêle 
avec  la  mine  de  fer  pour  en  faciliter  la  fufion  en 
abforbant  les  acides  du  foufre,  qui  font  la  matière 
la  plus  ennemie  du  fer. 

CASTOIGNAEU  ou  CASLOIGNEAU,  f.  Y.  Petit 
panier  dans  lequel  on  met  quelques  efpèces  de 
marchandifes. 

CASTON.  f.  m.  Vieux  irlor  qui  fignifioit  chaton  d'une» 
bague. 

CAStONADE.  Voyei  Cassonade. 

CASTOR  ou  BIEVRE.  f.  m.  Animal  amphibie ,  qui 
vit  tantôt  fur  terre  &  tantôt  dans  l'eau ,  &  qui  ne 
s'apprivoife  jamais.  Caftor  tiber.  Il  vit  de  feuilles 
&  d'écorces  d'arbres.  Les  anciens ,  comme  Solin  i 
Pline,  Andromachus ,  ^lian  ,  Apulée,  Cicéron  , 
6'c.  ont  cru  qu'il  s'arrachoit  lui-même  les  parties 
naturelles,  quand  il  étoit  poutfuivi  des  Chafieurs j 
fur  quoi  les  Poètes  ont  dit  des  merveilles  : 


lo 


CAS 


Imitaïus  Cuflora  ,  ^ui  fa 
Eunuchum  ipjc  facu ,  cupims  cvadere  damno 
Tefilculorum.     Juv. 

Ceft  pourtant  une  erreur.  C'en  eft  une  auffi  d'af- 
ilirer  avec  pluikurs  Naturalilles ,  que  les  tefticules 
du  cullor  font  attachées  à  l'cpine  du  dos.  Diolco- 
coride  a  fort  bien  remarqué  qu'ils  font  caches  dans 
les  aines.  Il  y  a  encore  dans  les  aines  ,  tout  auprès  des 
■tefticules ,  des  bourfes  de  la  groillur  d'un  œut  d'oie, 
dans  lefquelles  eft  contenue  une  liqueur  très -unie 
dans   la  médecine  ,    qu'on   appelle   cajlorum.    On 
confond  ordinairement  ces  bourles  avec  les  tefti- 
cules ;  mais  ce  font  des  chofes  entièrement  diitc- 
rcnfcs.  On  trouve  de  ces  bourfes  dans  les  femelles 
auilî-bien   que  dans  les   malcs  ,    ce  qui  détruit  le 
ientiment  de  ceux  qui  prétendent  que  le  caftoreum 
eft  renfermé  dans  les  tefticules  du  ca/lor.  Cet  ani- 
mal fe  icrt  de  cette  liqueur ,  lorfqu'il  eft  dégoûte, 
pour  fe  donner  de  l'appétit  :  il  la  fait  fortir  ,   en 
preflant  avec  fa  patte  les  véliculcs  qui  la  contien- 
nent.  Les   Sauvages  en  frottent   les   pièges  qu'ils 
tendent  à  ces  animaux ,  afin  de  les  y  attirer.   Cet 
animal  reffemble  à  la  loutre  ,  mais  il  eft  plus  gros. 
Sa  tête  ta  en  arrondiflanr ,  &  fon  muffle  eft  aplati 
&  camus  ,  garni  de  poil.  Il  a  la  langue  de  pourceau, 
des  joues  de  lièvre,  &:  des  yeux  de  rat.  Son  toie 
eft    gros  &     noirâtre  ,  &   divifé  en     cinq    lobes. 
Son 'fiel  eft  petit  aulfi-bien  que  fa  ratte.  Sa  veifie 
eft  femblablc  à  celle    de   pourceau.    Ses  rognons 
font.  gros.    Les  Sauvages  eftiment  fort  la  chair  de 

cajlor.  , ,     .       . 

Il   a  été  dilîéqué  un   capr  a  l'Académie    des 
Sciences,    qui  étoit  long  de  trois  pieds   Si  demi 
depuis  le  mufeau  jufqu'à  l'extrémité  de  fa  qUeuc.  Sa 
plus  grande  largeur  étoit  de  douze  pouces ,  &  il 
pefoit  plus  de  treme  livres.  Sa  couleur  étoit  brune 
&  fort  luifante ,  tirant  fur  minime.  Son  plus  long 
poil  étoit  d'un  pouce  &:  demi ,  délié  comme  des 
cheveux  i  fie  le  plus  court  d'un  pouce  ,    &  doux 
comme  le   duvet  le  plus  fin.  Ses  oreilles    étoient 
rondes  fie  fort  courres ,  fans   poil  par  dedans ,  &c 
velues    par  dehors.  Il  avoir  quatre  dents  incifives  , 
comme  les  écureuils ,  les  rats  fie  autres  animaux  qui 
aiment  à  ronger.   La  longueur   de    celles  d'enbas 
étoit  de  plus^d'un  pouce-,   fie  celles  d'enhaut  qui 
fe  ^liifcnt  au-devant  des  autres ,  ne  leur  étoient  pas 
diredemenr  oppofccs,  mais  étoient  difpofces  à  agir 
à  la  manière   des  cifcaux  en  partant  l'une   contre 
l'autre ,  étant  fort  tranchantes  par  le  bout ,  fie  tail- 
lées en  bifcau.  Leur  couleur  étoit  blanche  par  de- 
dans ,  ic  d'un  rouge  clair  par  dehors ,    tirant    (ur 
un  jaune  de  fafitan  bâtard.  Il  avoit  feize  dents  mo- 
laires ,  huir  de  chaque  côté.    Les  finus  de  fon  cer- 
veau étoient  difpofés  d'une  manière  exrraordinaire. 
Les  doigts  de  derrière  croient  joints  par  une  mem- 
branne  ,^comme  ceux  d'une   oie.  Ceux  de  devant 
étoient  fans  membrane  ,  femblables  à  ceux  des  rats 
de  montagne,  ou,  comme    dit  la  relation  d'une 
autre  diffcdion,  comme  les  mains  d'un  iînge ,  Se 
ils  s'en  fervent  comme  d'une  main,  de  même  que 
les  écureuils.  Ses  ongles  étoient  taillés  de  biais.  Se 
creux  par  dedans ,  comme  des  plumes  à  écrire.  La 
queue  de  cet   animal  tient  plus   de   la  nature  du 
poiifon ,  que  de  celle  des  animaux  terreftres ,  aulfi- 
bien  que  fes  pieds ,  qui. en  ont  le  goût.  Elle  étoit 
couverte  d'écaillés  de  l'épailleur  d'un  parchemin  , 
longues  d'une  ligne  ^  demie  ,  fie  d'une  figure  hexa- 
gone  irrégulièrc  ,  qui    formoient    une  épidémie 
ou  pellicule  qui  les  joignoit  enfemble.  Elle  avoit 
onze    pouces   de  long, 'fie  étoit   de  figure  ovale, 
lara;e  en  fa  racine  de  quatre  pouces ,  fie  de  cinq  au 
miHeu.  Cer  animal  s'en  fcrr  avec  fes  pieds  de  der- 
rière pour   nager ,   elle   lui  fert   auHl  de  battoir , 
pour  battre  le'mortier  dont  il  a  befoin  ,  quand  il 
bâtit  une  maifon  ,  qui  a  quelquefois  deux  ou  trois 
ctaîîes.  Ses  tefticules  n'étoient  pas  attachés  à  l'épine 
du  dos ,  comme  difent  Matthiolc ,  AiTUtus  Lufitanus 


CAS 

8c  Rondelet',  mais  ils  étoient  cachés  aux  parties 
latérales  de  l'os  pubis  à  l'endroit  des  aines,  fie  ne 
paroilfoicnt  point  au  dehors  non  plus  que  la  verge , 
ôe  on  ne  peut  les  retrancher  fans  le  faire  mourir. 
Il  avoir  quatre  grandes  poches  fituées  au  bas  de  l'os 
pubis.  Les  deux  premières  plus  élevées  que  les  deux 
autres,  avoient  la  figure  d'une  poire  ou  d'un  V, 
fort  ouvert,  fie  fe  communiquoient  enfemble.  Elles 
avoient  une  tunique  intérieure  charnue ,  d'une  cou- 
leur cendrée  ,  rayée  de  plufieurs  lignes  blanches 
qui  avoient  plufiéjks  replis  lemblables  à  ceux  de  la 
caillette  d'un  m?aton ,  fie  de  l'étendue  de  deux 
pouces.  On  y  trouva  les  reftes  d'une  matière  gri- 
fatre  ,  qui  avoit  une  odeur  fétide  Se  fort  attachée  : 
Se  c'ell;  -  là  le  cafioreum  dont  On  parle  tant. 

Les  plus  grands  cajtors  onr  trois  ou  quatre  pieds 
de  long ,  ilir  douze  ou  quinze  pouces  de  large  au 
milieu  de  la  poitrine ,  fie  d'une  hanche  à  l'autre. 
Ils  pèfent  ordinairement  depuis  quarante  jufqu'à 
foixante  livres.  A  l'égard  de  leur  vie  ,  on  ne  croit 
pas  qu'elle  foit  de  plus  de  quinze_  ou  vingt  ans. 
Ces  animaux  font  ordinairement  fort  noirs  dans 
le  nord  le  plus  reculé.  On  y  en  trouve  aufTi  de 
blancs.  Ceux  de  Canada  font  la  plupart  bruns  ;  mais 
certe  couleur  s'éclaircir  à  meilire  que  les  pays  ibnt 
plus  rempcrés  -,  car  ils  font  fauves ,  Se  même  ils  ap- 
prochent de  la  couleur  de  paille  chez  les  Illinois  Si 
les  Chaouanous. 

Cet  animal  eft  par-rout  couvert  de  deux  fortes  de 
poili  excepté  aux  pâtes,  où  le  poil  eft  très-court. 
Le  poil  de  la  première  efpèce  eft  long  de  huit  ou 
dix  lignes,  jufquà  deux  pouces ,  Se  diminue  en  ap- 
prochant de  la  tête  fie  de  la  queue.  C'eft  le  plus 
gros ,  le  plus  rude  fie  le  plus  luifant ,  Si  il  donne 
la  principale  couleur  au  cajtor. 

Il  fe  trouve  une  plus  grande  abondance  de  caf- 
tors  en  Canada  qu'en  aucun  autre  lieu  du  monde. 
Matthiole  dit  pourtant  qu'il  y  en  a  beaucoup  en 
Allemagne ,  Aurriche  fie  Hongrie. 

Quelques-uns  tirent  ce  mot  du  grec  ya^i^  ,  ven- 
tre ,  parce  que  cet  animal  eft  fort  ventru.  D'aurres 
aiment  mieux  le  faire  venir  de  c^z/^rare ,  à  caufe  qu'il 
fe  coupe  les  refticules  quand  il  eft  pourfuivi ,  fui- 
vaut  l'erreur  commune, 

Jean  Marius ,  Médecin  d'Ulme  ,  qui  imprima  en 
1^35  un  Traité  larin  fur  le  culior,  fous  le  titre 
de  Cajlorologia  ,  dit  que  cet  animal  eft  environ 
de  la  groficur  d'un  chat ,  qui  fe  nourrit  de  fruit 
&c  d'écorces  d'arbres  ■■,  qu'il  a  les  pattes  de  devant 
femblables  à  celles  d'un  chien  ,  &c  les  pieds  de  der- 
rière de  la  forme  de  ceux  d'une  oie  ;  que  fa  queue 
qu'il  garde  toujours  mouillée  ,  fouffrant  beaucoup 
quand  elle  eft  sèche ,  relfemble  entièrement  à  un 
pohfon ,  ce  qui  fair  dire  à  quelques  Aureurs  que  cet 
animal  eft  moitié  chair  fie  moitié  poiifon ,  Se  que 
p.xr  conlcquent  on  pouvoit  manger  la  moitié  de  fon 
CDtps  les  jours  gras,  fie  l'autre  moitié  les  jours  mai- 
gres. Il  rraiteforten  détail  de  tout  ce  qui  regarde 
c;t  animal ,  fur-rout  par  rapport  à  la  Médecine.  Foy. 
encore  Voffius ,  le  IdoloL  L.  III ,  cap.  6i. 
^  On  appelle  cafîors  neufs  ,  les  peaux  de  caf- 
tors  tués  à  la  chalfe  pendant  l'hiver ,  avanr  la  mue  i 
caflors  fecs  ou  maigres  ,  les  peaux  de  cajlors  qui 
ont  été  tués  pendant  la  mue,  quand  ils  ont  perdu 
une  partie  de  leur  poil. 
Castor  fis^nifie  aulfi  un  chapeau  fait  entièrement  de 
poil  de  c^//for.  Petafus  ex  fibrinis  pilis  confeclus. 
Derni-caftor  eft  un  chapeau  fait  en  partie  de  poil 
de  cafior ,  &c  en  partie  d'autre  poil.  On  fait  auili 
des  draps  de  cafior. 
Castor  ,  (  demi  )  dans  le  langage  des  libertins ,  eft 
une  femme  ou  une  fille  donr  la  conduite  eft  dé- 
réglée ,  quoiqu'elle  ne  fe  proftitue  pas  à  tout  le 
monde.  <>«^  copiamfui  corporis  alijuoties  facit. 
CASTOR  ET  POLLUX.  Météore  \  vulgairement,  le 
feu  Sainr  Elme.  Les  Phyficiens  donnent  le  nom  de 
Cafior  fie  PoUux  à  ces  doubles  feux  que  les  matelots 
apperçoivent  au  haut  de  leurs  mâts  fie  de  leurs  cor- 
dages ,  après  une  grande  tempête  ;  il  y  en  a  qusl- 


CAS 

quefois  quatre  ou  cinq.  |1C?  Lorfqu'on  n'en  Voit 
qu'un  ,  on  le  nomme  proprement  htlme  :  quand  on 
en  voit  deux  ,  Cajlor  Se  Pollux,  Voye:^  Feu  S. 
Elme. 

En  Aflronorhie  on  appelle  le  fîgne  des  Gémeaux 
Cajlor  &c  Pollux.  C'étoient  deux    trercs  jumeaux  , 
fils  de  Jupiter  transforme  en   cigne ,  &  de   Leda 
femme  de   Tyndare ,  &  fiere  de  la  fameufe  Hé- 
lène 5c  de  Clytemneftre.  Ils  naquirent  de  deux  œufs, 
Pollux  &  Hélène  entans  de  Jupiter ,  dans  un  ,  Caj- 
tor  &c  Ciytemneftre  dans   l'autre.    ïh   croient  de 
l'expédition  de  la  Toifon  d'Or  avec  les  autres  Ar- 
gonautes, On  les  appeloit  auiH  Tyndarides ,  c'eft- 
à-dire,  fils  de  Tyndare -,  &:  Dioj'cures,  qui  lignifie 
fils  de  Jupiter.  C'efl:  le  nom  qu'avoir  le  vaiiîeau  qui 
porta  faint  Paul  de  Malte  à  Syracufe ,  puifqu'il  en 
avoir  l'enlcigne.  Acl.  XXFIII,  H.  On   les  nom- 
moir  auffi  les  Cafiors  au  pluriel.  Les  Poètes  difent 
que  Jupiter  avoir  donné  l'immorralité  &  la  divi- 
nité à  Pollux  fon  fils  i  mais  qu'il  la  partagea  avec 
fon  frère  Cafïor ,  enforte  qu'ils  montoient  "au  ciel. 
Se  defcendoient   aux    enfers    alternariveracnt  l'un 
après  l'autre.  Cela  eft  fondé  fur  ce  que  les  étoiles 
des  Gémeaux  ne  fe  voient  Jamais  toutes  deux  en- 
femble ,  &  que,  fi  l'on  en  croit  Servius,  fur  Vir- 
gile, Enéide,  Liv.  FI,  v.  m  ,  l'une  fe  couche  tou- 
jours   lorlque  l'autre  fe  lève.   Tacite ,  De  moribus 
Germ.  cap.  45  ,  dit  que  les  Naharvales ,  peuples  de 
Germanie  ,  adoroient  Cajlor  &  Pollux.  Voyez  llar 
ces  Dieux ,  VofTius ,  de  Idolol.  Lib,  III ,  c.\o&  i^. 
Les  _  étoiles    de    Cajlor   &    de   Pollux  ,    avec 
ce  mot ,  Cum  luce  falutem  -,  eft  une  dévife  du  Lu- 
carini  pour  un  Sénateur  de  Milan.  A  l'entrée  du 
Cardinal  Ferdinand  d'Efpagne  à  Milan ,  leP.  Velli 
fit  pour  ce  Cardinal  &  pour  le  Roi  Philippe  fon 
frère  cette  dévife  -,  les  mêmes  étoiles ,  avec  ce  mot 
de  Claudien ,  Ipjîs  domantibus-  auras. 
CASTOREUM.  f.  m.   Terme  de  Pharmacie.    C'eft 
une  matière  enfermée  dans  les  poches  que  le  call:or 
a  vers  lés  aines,  &  qu'on  a  pris  fauffement  pour 
fes  tefticules ,  comme  on   l'a  dit  ci-delllis  au   mot 
Castor.  Elle  s'épailfit  &  &  fe  defsèche ,  de  forte 
qu'on  peut  la  réduire  en  poudre  :  elle  efthuileulé, 
d'une  odeur    forte     défagréable ,    d'un  goûr  pi- 
quant Se  amer.  Le  cafloreum  eft  propre  pour  for- 
tifier la  tête ,  Si   toutes  les  parties    nerveufes  :  il 
excire  les  efprirs  languilfans ,  réfifte  aux  venins  ,  & 
provoque  les  mois  des  femmes.  On  s'en  fert  dans  la 
léthargie  ,  apoplexie,  verrige,  tremblemens,  fuffo- 
cations  des  femmes ,  Se  dans  plufieurs  autres  occa- 
fions.  On  dit  que  le  cajloreum  a  la  propriéré  fin- 
giilière  Se  chimérique  de  poulfer  à  fond  quand  il 
eft  répandu  dans  l'eau.  Les    pêcheurs    de    Dane- 
mark s'en  fervent  pour  écarter   de  leurs   barques 
cerraines  baleines  qui  les  incommodent  -,  ils  le  jet- 
tent dans  la  mer ,  donr  il  trouble  l'eau  en  s'y  mê- 
lanr.  Bartholin  rapporte  qu'un  fameux  Plongeur  qui 
croit  lut  un  vaillcau  qui  fit   naufrage ,  fut  le  feul 
du  vaifleau  qui  périr ,  quoiqu'il  fût  forr  bien  na- 
ger ,  Se  qu'il  y  a  lieu  de  croire  que  le  cajloreum 
qu'il  avoir  fur  lui ,  fut  caufe  de  fa  mort.  Le   fait 
peut-être  vrai ,  fans  que  le  cajloreum  y  foir   pour 
quelque  chofe. 

Le  mot  cajloreum  vient  du  mot  caflor ,  qui  eft 
le  nom  de  l'animal  qui  ie  donne. 
CASTOS.  On  nomme  ainfi  au  Japon  les  droirs  d'en- 
trée Se  de  fortie  ,  que  l'on  paye  pour  les  marchan- 
difcs  qu'on  y  porre  ,  ou  qu'on  en  tire. 
CASTR  AMET  ATION.  f.  f.  Arr  de  bien  placer  un  camp, 
l'art  de  marquer  le  camp  Se  d'en  dérerminer  roures 
les  différenres  pvopon'ions.Caflrameuicio  ,  Caflrorum 
metatio.  \Jn  Maréchal  de  Camp  doir  bien  favoir  la 
cajlramétation.  On  ne  fe  ferr  s;uere  de  ce  mor  pour 
les  campemens  modernes.  Il  eft  plutôt  latin  que  fran- 
çois.  Caftramétation  des  Grecs,  des  Romains, 
CASTRATION,  f,  f.  Terme  de  Chirurgie.  Cajlratio. 
Aélion ,  opération  par  laquelle  on  chârre  un  nomme 
ou  un  animal ,  Se  on  le  mer  hors  d'état  d'engendrer. 
La  cajlration  eft  fort  en  ufage  en  Afie  ,  Se  fur-tout 


C  A 


S 


I  î  î 

chez  les  Turcs ,  qui  la  iprariquent  polir  empêcher 
leurs  femmes  d'avoir  commerce  avec  les  efclaves  qiti 
les  gardenr.  Les  Turcs ,  dans  la  cajlration.  Font  une 
amputation  générale  des  tefticules  Se  de  la  verge. 
Chez  les  Italiens ,  la  cajlration  eft  fort  fréquente. 
DioNis.  C'eft  l'amour  de  la  Mulique  qui  a  introduit 
en  Italie  l'ufage  de  la  cajlration  ,  afin  de  confervcr 
par  ce  moyen  la  voix  aux  enfans  qui  ont  de  la  difpo- 
linon  à  bien  chanter. 

Nous  appelons  poulardes ,  des  poulettes  châtrées  „ 
qu'on  cngrailfe  avec  dii  grain  dans  un  lieu  obfcur. 
Il  eft  à  croire  que  les  Anciens  n'ont  point  connu 
cette  cajlration  :  il  eft  conftant  qu'ils  n'ont  point 
connu  celle  des  poules  d'Inde  ,  que  j'ai  vu  pratiquer 
dans  l'Anjou  par  une  Dindoiinicre  du  Maréchal  de 
Brezé.  Les  Anciens  onr  pôurrant  connu  la  callratiom 
des  femmes.  Athénée,  /,.  1 1.  c.  5.  attribue  cette  inven- 
tion à  un  Roi  de  Lydie,  nomme  Andramyre  ,  ou* 
ïelon  Cafaubon ,  Adramycc.  Ces  femmes  lui  fervoient 
d'Eunuques  ,  Se  c'étoitafin  qu'elles  parulfent  toujours 
jeunes  Se  fraîches  à  fes  yeux  ,  qu'il  s'éroir  avifé  de 
certe  cajlration ,  laquelle  ,  fi  l'on  en  croit  Dalc- 
champ,  ne  confiftoitqu'à  boucler  ces  femmes,  Ména- 
GiANA  ,T.i,,  p.  174,  175,  i-js.  L'Amanr  de  la  Rofô 
nousdir,v,  2i3i6-,&  nous  devons  l'eh  croire,  que 

Pour  cinq  cens  fois  cent  mille  livres , 
il  n'auroit  pas  voulu  fouffrir  une  opération  fembla- 
ble  à  celle  que  le  Chanoine  Fulbert  fit  éprouver  au 
mari  d'Eloïfe,  On  trouvé    peu    de  perfbnnes    qui 
enrendent  raillerie  fur  cer  arriclé.  Sup.  au  Glof.  dit 
Rom.de  laRoJe,  au  mot  Grant  péchié ,  &c. 
53°  CASTRATS.  Cajlrati.  f.  m.  Nom  purement  ita- 
lien qu'on  donne  à  ceux  qu'on  a  faits   Eunuques 
dans  leur  enfance  pour  leur  procurer  une  voix  plus 
nertc  &  plus  aiguë.  Comment  la  caftrarion  pro- 
duir-ellc  cer  effet  là  3  Comment  y  trouve-r-on  des 
hommes  aifez  barbares  pour  faire  l'ubir  cette  cruelle 
opérarion  à  d'autres  hommes  uniquemenr  pour  la 
perfeéliôn  d'un  vain  talent  3 
CASTRENSE,  adj.  m.  Se  f.  Ternie  d'Antiquité.  Ca^ 
Jlrenjis-,  e.  Qui  a  rapporr  à  un   camp  d'armée.  Ce 
terme  ne  fe  dit  guère  qu'en  parlant  de  la   couronne 
cajlrenfc.  C'éroit   celle    que  les   anciens  Romains 
donnoient  à  un  foldat  qui  avoit  le  premier  péné- 
tré dans  le  camp  de  l'ennenli  que  l'on  attaquoir.Cb- 
fona  cajlrenjîs.  Elle  étoit  dans  les  cômmencemens , 
d'une  branche  d'arbre,  Voyei  Pline  ,  Hifl.  Nat.  L. 
XFI ,  c.  4.  Enfuire  elle  fur  d'or -,  &;   pour  la  di- 
ftinguet  des  aurres  couronnes,  par  exemple  ,  delà 
murale,  de  l'obfidionale  ,  &c.  elle  éroit  bordée  de 
figures  de  pieux ,  de  palilFades ,  qui  faifoienr  comme 
aurant  de  rayons.  Lifez  Aulu-Gelle,  L.  V  ,  c.  6. 
Pafchalius ,  dans   fon    Traité  des    Couronnes  ,    L. 
VU,  c.  3. 
|}C?  On  appeloit  auflî  cafirenfis  triurnphus,  le  triom- 
phe accordé  à  celui  qui  enlevoit  un  cainp  ennemi , 
ou   qui  s'en  rendoit  le  maître 
CASTRES,  Ville  du  haur  Lartguedoc  en  France ,  dans 
le  périt  pays  nommé  Albigeois  -,  d'où  vient  que  ,  fé- 
lon Du  Chefne ,  dans  l'es' Jntiq.  des  Villes  de  Fr, 
Cajlres  eft    furnommé    d'Albigeois,  Cajlrum,  Caj- 
triim  Alhigentium.  Cajlres  eft  fitué  fur    la   rivière 
d'Agoùr,  Acutum.  Cajlres  fut  érigé  en  Comté  par 
le  Roi    Jean,  &;  en  Evêché    en    1317  ,  par  Jean 
XXII,  qui  le  fit  fuffragant  de  Bourges.  Il  l'eftmain- 
renant  d'Alby.  Foje/Vur  cette  viÛe  Catel,  Hijl. 
de  Languedoc,  Liv.ll ,  ck.  ij. 

Sa  différence  du  méridien  de  Paris  eft  o  h.  o'. 
13",  OLioJ.  ;'.  40",  occid.  Sa  longitude  eft  19'',  45'. 
40",  Sa  latitude  45^.  3^?',  ^o",  Cassini. 

Ce  mot  vient  du  latin  Cajlra  ou  Cajlrum.  Les 
Romains  avoient  coutume  de  forrifier  des  camps 
dans  les  Provinces  donr  il  deverioicnr  les  maîtres , 
Se  d'y  avoir  des  corps  d'armées  pour  renir  les  peu- 
ples dans  la  foumilfion.  Nous  voyons  plufieurs  de 
ces  camps  fur  les  médailles ,  avec  ces  infcriptions , 

PrOVIDENTIA  Atig.  ou    AUGG.    VIRTÙS    AuGG.    VIR- 

Tijs   MiLiTUM,  &c.  Ces  caiTips  dans   la  fuite  font 
devenus  des  villes,  qui  en  ont  gardé  le  nom,   Ca- 


^i^  CAS 

/ira ,  ou  Cafîrum.  C'cfl:  de  là  qu'cft  venu  Capes. 
Plulieurs  de  nos  villes  de  France  ont  commence 
par-là-,  &  quoiqu'en  François  elles  ne  portent  plus 
ce  nom  depuis  plulieurs  iiécles,  elles  l'ont  néan- 
moins porté  ,  Selon  trouve,  par  exemple,  dans  les 
anciens  titres ,  Cajlrum  Cabilloiiinfe  ,  Cajirum  Ma- 
tifcoiunfe,  Chalons,  Mâcon,  Cajtruru  Jn/unfe,Vm\U, 
Cajlrum  Melodunenfe ,  Cajirum  Miroliaccnfe ,  Ca,- 
mcracenfe ,  &cc. 

CASTREZ.  Nom  d'une  petite  contrée  du  Langue- 
doc, qui  ne  fe  dit  point  lans  l'article.  Cajireiijis 
azcr.  Le  Capei  eft  la  partie  méridionale  de  l'Al- 
bigeois, qui  s'étend  d'orient  en  occident  entre 
l'Albigeois  propre  ,  le  Rouergue  ,  le  Lauraguais  & 
le  bas"  Languedoc.  Il  prend  ion  nom  de  Callrcs  la 
capitale ,  il\t  feul  lieu  conlidérable  qu'il  rentcrme. 

CASTRO.  Nom  de  lieu  purement  italien  &  efpagnol , 
qui  iis;nifie  la  même  chofe  que  Caflres  en  fian- 
çois ,  c'eil-à-dire ,  ce  que  les  Romains  appcloient 
Ca/lra ,  Camp.  Nous  nous  en  fcrvons  en  françois 
poLirlcs  lieux  d'Italie  Se  d'Elpagne  qui  le  portent. 
Cajho  petit  pays  d'Italie  ,  qi.i  a  titre  de  Duché. 
Cdjlre'nfis  Ducatus.  Il  eft  litué  entre  la  mer  de  Tof- 
cane  ,  le  Siennois ,  l'Orviétan  Se  le  Patrimoine  ne 
S.  Pierre.  Callro  ,  ville  du  Royaume  de  Naples  fur 
la  bouche  du  Golfe  de  Venilé,  Cajlrum ,  ou  Tem- 
p/um  Minerves.  Cajiro  de  Urdi.iies ,  petite  ville 
d'Efpaane ,  fur  la  côte  de  Bilcaye. 

CASTRo.Ville  Efpagnole  de  l'Ile  de  Chiloc.  Cajirum , 
url-s  Caftrenfis.  La  ville  de  Caftro  eft  petite.  Elle 
eft  dans  la  pointe  feptentrionale  de  l'Ile.  Drack 
la  détruifîtvers  l'an  1600.  A  peine  yrefta-t-il  trente 
habitans.  Elle  eft  à  deux  cens  cinquante  lieues  de 
S.  Jacques ,  ou  San  lago  ,  capitale  du  Chili.  Del 
TÉcHO  ,  Hijl.  Farag.  L.  III,  c.  18  6-  19.  , 
Cafiro ,  vient  de  Cajirum  ,  comme  Caftres. 

fp-  CASTPvOM,  CASTROMAR  ville  de  Ruflie , 
dans  le  Duché  de  Sufdal ,  lur  le  Wolga. 

i^  CASTROMAIM.  Petite  ville  de  Portugal,  à 
l'embouchure  de  la  Guadiana. 

tfj-  CASTROMENA.  Ville  de  la  Turquie  d'Afîe, 
dans  la  Narolie,  environ  à  dix  lieues  de  Pendc- 
rachi.  ^ 

CASUALITE.  f.  m.  Ce  qui  eft  fondé  fur  lecas  for- 
tuit, qui  n'a  rien  de  certain,  ni  d'affuré -,  ou  la 
qualité  d'une  telle  chofe.  Cajus  ,  fortuna.  Toutle 
revenu  de  cette  charge  conlifte  en  caJua/ité.CaJua- 
lité  eft  im  terme   didaéliqiie. 

ifF  CASUEL,  ELLE.  adj.  Epithcte  qui  $'applique 
aux  choies  qui  arrivent  par  cas  fortuit ,  qui  dépen- 
dent d'événemens  incertains  ,  qui  peuvent  arri- 
ver ou  n'arriver  pas.  Fortuitus.  Varron  a  dit  cafua- 
lis.  Le  gain  qu'on  tait  dans  des  entreprifcs  qui  llip- 
pofent  des  rifques  &  du  hafard  ,  eft  cajuel.  Le  pro- 
fit qui  vient  d'un  rapport  habituel,  foit  du  fonds, 
Ibit  d'induftrie,  eft  plus  fur  &  plus  fixe.  Tons  les 
cmolumens  aftéélés  aux  charges  &  aux  emplois, 
en  tant  que  ce  mot  marque  les  revenans-bons ,  Se 
non  la  finance  réglée  des  appointemens ,  font  des 
cmolumens  cajuels. 

§3"  On  le  dit  en  ce  fcns  des  revenus  qui  ne  fonr 
fondés  que  fur  des  cas  fortuits,  cpi  ne  font  ni  fi- 
xes ni  réglés.  Ce  qu'on  rerire  d'une  terre  ,  outre  les 
revenus  fixés  par  les  baux ,  eft  cafuel.  Fortuitus  , 
proventus  ,  frucius.  Les  droits  cajuels  font  certains 
profirs  de  fief  qui  arrivent  fortuitement,  comme  lods 
&  ventes ,  quint  &  requinr ,  déshérence  ,  amendes , 
confîfcations ,  &c. 

Le  Tiéforier  des  parties  cafuelles  reçoit  la  p.au- 
lette ,  les  prêts  &  les  taxations  au  quatrième  ou 
au  huitième  denier  des  Offices  qui  changent  de  ti- 
tulaire. On  appelle  iîmplemcnt  Parties  cajuelles  , 
les  droits  qui  reviennent  au  F^oi  pour  les  charges 
<le  Judicature  ou  de  Finance ,  quand  elles  chan- 
gent de  titulaire.  On  appelle  encore  Parties  ca- 
fuelles., le  bureau  établi  pour  le  recouvrement  de 
ces  fortes  de  droits.  Lever  une  charge  aux  Parties 
cafuelles. 

On  dit  qu'ujie  charge  vaque  aux  parties  cafuelles. 


C  A  T 

pour  dire  qu'elle  vaque  au  pvcft  du  Roi.  Acad.  Fr. 
CAsutL  eft  aufli  f.  m.  &:  en  cette  acccpticn,  il  le 
dit  du  revenu  des  Curés ,  qui  ne  conlifte  ni  en 
fordsj  ni  en  dîmes.  Fortuitus.  C<z  Curé,  outre  fa 
portion  congrue,  a  tout  le  cafuel, \t  baife-main, 
le  creux  de  l'Eglilé. 
(iC?  On  le  dit  de  même  du  revenu  cafuel  d'une 
terre  ,desrcvenans-bon  d'une  charge,  d'un  emploi. 
Le  cafuel  de  cette  terre  vaut  mieux  que  le  revenu 
fixe.  Ce  n'eft  pas  toujours  dans  les  places  où  il  le 
trouve  plus  de  cafuel ,  que  fe  trouve  le  plus  d'hon- 
neur. 
CASUEL,  GASUEL,  ou  CASOAR.  f.  m.  C'cft  le 
plus  grand  6e  le  plus  mallif  des  oiléaux  que  l'on 
connoillé  après  l'autruche ,  qui  n'eft  connu  en  Eu- 
rope que  depuis  l'an  1597,  où  il  fut  apporté  de 
Java  par  les  Hcllandois.  On  a  fait  à  rAcadcmie 
des  Sciences  la  dilléélion  d'un  Cajuel,  qui  a  étt 
quatre  ans  à  Verfailles.  En  voici  la  defcription  ti- 
rée des  Mémoires  de  M.  Perrault.  Il  avoir  cinq 
pieds  &  demi  de  long  depuis  le  bec  jufqu'aux  on- 
ijlcs  \  la  tête  &  le  cou  d'un  pied  &  demi  -,  le  plus 
îirand  des  doigts  de  cinq  pouces  -,  l'ongle  feul  du 
petit  doigt  de  trois  pouces  &  demi.  Les  plumes  qui 
le  couvroient  relfembloient  mieux  au  poil  de  l'ours 
•  ou  du  fanglier,  qu'à  des  plumes  ou  à  du  duvet, 
tant  les  fibies  en    étoient  grollVs.^ 

Ces  plumes  étoient  toutes  de  même  cfpèce.  Il  y 
en  avoit  de  doubles,  de  longueur  inégale  , qui  al- 
loicnt  jufqu'à  quatorze  pouces.  Son  cou  étoit  fans 
plumes  comme   celui    d'un   coq  d'Inde.  Ses  aîlcs 
étoient  fi    petites  qu'elles  ne  paroilîbient  point  , 
étant  cachées    fous    les  plumes  du  dos.  Elles  n'a- 
voicnt  pas  trois    pouces  de  long.  Ses  plumes    je- 
toient  chacune  cinq  gros  tuyaux  fans  aucune  barbe 
de  croient  de  longueur  différente  comme  des  doigts. 
Le  plus  long  avoit  onze  pouces  ,   ayant  trois  li- 
gnes de  diamètre  vers  la  racine.  L'autre  extrémité» 
au  lieu  d'être  pointue ,  paroilîbit  rompue  ou  ron- 
gée. Leur  couleur  éroit  d'un  tioir   forr  luifanr.  Il 
n'avoir  point  de  queue  ,  mais  un  croupion  extraordi- 
dinaireraent  gros,  couvert  de  plumes    comme   le 
refte.  Sa  tête  petite  avoit  une  crête  haute  de  ttois 
pouces  comme   un  cafque,  dont  la  circonférence 
croit  formée  en  tranchant,  luifante  &  polie  comme 
de  la  corne.  L'extrémité  de  fbn  bec  étoit  fendue 
en  trois  comme  le  coq  indien  ,  marquerée  de  deux 
taches  vertes,  le  refte  étant  gris  brun. Il  avoir  une 
rroificme  paupière  inrerne,  Sedeux  appendices  char- 
nues nu  bas  du  cou  ,  femblables  à  ceux  des  poules. 
Ses    jambes  grolles,    fortes    &    droires  ,   avoient 
des  écailles  hexagones,  pentagones  &  carrées.  Ses 
ongles  étoient  noks  en  dehors  Si  blancs  en  dedans. 
Cet  oifcau  fe  nourrir  de  légumes  Se  de  pain,  SC 
il  avale  conime'l'aurruche  tout  ce  qu'on  lui  préfente, 
quoiqu'il  n'ait  point  de  géfier.  Sa  langue  eft  den- 
telée ,  quoiqu'Aldrovandus  dife  qu'il    n'a  ni  aîles 
ni  langue.  Ses  aîles  lui  aident  plutôt  à  fraper  qu'à 
marcher,  Se  Clulîus  dit  qu'avec  les  pieds  il  brife 
des  troncs  d'arbres  gros  comme  la  cuifîé.  On  l'ap- 
pelle Eme  dans  les  Indes. 
CASUELLEMENT ,  adv.  D'une  manière  cafuelle  , 

Ibrruire.  Fortuitb.  Il  n'eft  guèresd'ulàge. 
^  CASUISTE.  f.  m.  Théologien,  qui  enfeigne  la 
Théologie  morale  Se  qui  réfout  les  cas  de  confciencc. 
Moralis  Tkcologus.  Rien  de  plus  important,  rien 
de   plus  épineux  que   les  fondrions  d'un  Cajuijte. 
Le  plus  fur  de  tous  les  Cafuijies  eft  la  confcience 
d'un  homme  de  "bien.  Un  CaJ'uiJie  a  plus  befoin 
de  droiture  Se  de  bon  fens  ,   que  de  pénétration 
se  de  fubtilité.  S.  EvR.  M.  le  Févre  appeloit  Ci- 
céron    fon   Cafuifie ,  par   rapport  aux   Offices    de 
Cicéron.    Un   Cafuifie   févère ,  un   Cajuijle    relâ- 
ché, un  CaJ'uiJie  de  morale  févère,  de  morale  re- 
lâchée. 

C  A  T. 

^fj-  CAT   ou  CATH.   Ville  principale  de  la  pro- 
vince 


C  AT 


Viftce  de  Khiiarezm  ,  dont  elle  étoît  autrefois  Ca- 
pitale ,  fur  le  fleuve  Oxus  ou  Gihon. 
?  CATABAPTISTE.  Oppole  au  Baptême.  Oh  dcli- 
gne  généralement  par  ce  mot  ceux  qui  nient  la  nc- 
ce/Hté  du  baptême.  K««  ,  contre  ;  ^«^t.,v  ,  baigner  . 
laver.  ^ 

t:r  CATABIBAZON.  Terme  d'Aftronomic.  Voyez 
queue  du  dracron.  ''- 

13=  CATACAUSTIQUE.  Terme  de  Géométrie.  C'eft 
la  cauftique  formée  par  des  rayons  réfléchis.  Voyez 
Caustique.  •'  ^ 

^  CATACHRÈSE.  T.  f.  Terme  de  Grammaire.  Fi- 
gure de  mot,  cfpcce  de  Métaphore,   qui  confifte 
dans  l'abus  d'un  mot,  dans  l'emploi  d'un  mot  im- 
propre à  la  place  d'un  mot  propre.  Catachrifis  , 
abujus  vocis.  Toutes  les  fois  que ,  faute  d'un  mot 
propre  pour  exprimer   une  idée  particulière  ,   on 
elt  oblige  de  fe  fetvir   d'un  mot  qui  eft  le  figne 
d  une  autre  idée,  mais  qui  a  du  rapport  avec  celle 
qu'on  veut  exprimer,  c'eft  une  caiachrèfe.  On  dit 
par    exemple  ferrer  un  cheval  d'argent ,  quoique 
ferrer    ne   iigmfie   proprement  que   clouer  un  fer 
fous  le  pied  d'un  cheval  ;  mais  comme  nous  n'a- 
vons point  de  mot  propre  pouir  rendre  cette  idée 
quand  l'armure  delà  foie  eft  d'argent,  nous  difons 
jer  d  argent,  /^rw  d'argent ,  plutôt  que  d'inven- 
ter un  mot   nouveau.  Ceft  la  même  chofe  fi  on 
^^^l^çWt j^arncide  celui  qui  a  tué  fa  mère,  fon  ft^re 
fon  maître  ,  fon  Prince  ;  parcequ'au  propre  il   ne 
lignifie  que  le  meurtrier  d'un  perc.  Aller  à  cheval 
fur  un  bâton ,  cette  expreffion  contient  une  cata- 
chrcje.  11  y  a  des  catachrèjes  dans  tous  les  ftyles  & 
dans  tous  les  genres    d'écrire  ;   c'eft   un   mal  fans 
doute  ,  mais  c'eft  un  mal  néceffaire, 

Ce  mot  vient   du    grec  «^7*xf«t.A.«( ,  qui  fîgnifie 
abutor. 

CATACOMBES,  f.  m.  pi.  Grottes,  lieux  fouterrains 
pour  la  fépulture  des  morts.  CatcLciimbx.  On  ap- 
pelle ainfi  en  Italie  les  fépultures  des  Martyrs  qu'on 
va  vi/iter  par  dévotion ,  &  dont  on  tire  les  reli- 
ques qu'on  envoie  maintenant  dans  tous  les  pays 
Catholiques ,  après  que  le  Pape  les  a  reconnues  fous 
le  nom  de  quelque  Saint.  Ils  font  à  trois  lieues 
de  Rome.  C'étoient  des  glottes  où  fe  cachoient  & 
s'afîembloicnt  les  premiers  Chrétiens  ,  où  ils'en- 
terroient  ceux  d'entre  eux  qui  étoicnt  martyrifés. 
Ces  Catacombes  font  de  la  largeur  de  deux  à  trois 
pieds ,  &  de  la  hauteur  de  huit  ou  dix  pour  l'or- 
dinaire ,  en  forme  de  rues  qui  fe  communiquent , 
&  qui  fouvent  s'étendent  jufqu'à  une  lieue  de  Ro- 
me. Il  n'y  a  ni  maçonnerie ,  ni  voûte ,  la  terre  fe 
foutenant  d'elle-même.  De  temps  en  temps  on  ren- 
contre depetites  chambres  pratiquées  &  faites  comme 
le  refte  des  Catacombes,  fans  jour  &  fans  ouver- 
ture par  en  haut.  Les  deux  côtés  de  ces  rues ,  que  l'on 
peut  regarder  comme  les  murailles ,  fervoient  de 
haut  en  bas  pour  mettre  les  corps  des  morts.  On 
faifoit  un  trou  de  la  longueur ,  de  la  largeur ,  & 
à  peu-près  de  l'épaifTeur  du  corps  mort  -,  l'on  y  mettoit 
le  corps  fans  cercueil ,  &  en  ligne  parallèle  à  la 
rue.  Ainfi  toutes    ces   ouvertures  étoient  différen- 
tes félon  la  longueur  &  l'épaiffeur  des  corps  qu'on  y 
enterroit.  Comme  les  Catacombes  n'ont  guère  que 
huit  ou  dix  pieds  de  hauteur  tout  au  plus ,  il  n'y 
a  ptefque  par-toUt  que  trois  ou  quatre  rangs  l'un 
fur  l'autre  de  ces  fortes  de  tombeaux.  On  Tes  fer- 
moir par  des  tuiles  fort  larges  &  fort  épaiffes ,  & 
quelquefois  par  des  morceaux  de  marbre ,  cimen- 
tés d'une  manière  qu'on  auroit  peine  à  imiter  de 
nos  jours.    Le  nom   du  mort  fe   trouve  rarement 
fur  ces  tuiles.  P.   E.  Chamillart.  Les  Catacom- 
bes font  dans  le  cimetière  de  Callifte  fur  la  voie 
Apple. 

Dans  l'ancien  uûge  ,  les  catacombes  nétoient 
autre  chofe  que  le  tombeau  de  faint  Pierre  & 
fjiint  Paul.  M.  Chaftelain ,  à  la  fin  du  premier  tome 
de  {onMartyrolov;e,  dans  l'explication  des  mots, 
ifc.  au  mot  Catacombes,  dit  qu'il  n'y  a  que  les 
étrangers  qui  donnent  abufivemenï  ce  nom  aux  ci- 

Tome  II, 


CA 


T 


metieres  fouterrains  de  Rome  ;  que  les  Rom-ii„s 
habiles  ne  le  donnent  qu'à  une  chapelle  fou^"  r 
ne  du  ,ond  de  l'aile  à  gauche  de  S.  Sébaftt  ,!'"„; 
des  (cpt  Eghfes  ftationales,  où  le  plus  ancien  de? 
Calendriers  Romams  marque  qu'a  c^té  mis  le  corDS 
de  laint  Pierre  fous  le  Confuir  de  Tuf  us  &  le 
Baflus,  c'eft-a-dire,  l'an  158. 

Quelques-uns  dérivent  celiiot  de  l'abord  &  de 
la  retraite  des  navires,  que  les  Grecs  &  les  Latin 
modernes  ont  appelés  combes.  D'autres  difent  qu 'on 
difoit  autrefois  cata  pour  ad;  &  que  CatacZbas 
.gnifioit  ad  tumhas.  Et  Dadin  de  Hautefcr'e  dans 
es  notes  fur  les  vies  des  Papes  .  par  Anaftafe,  g  ! 
bhothecaire,;,.  ,i  &  13  ,  montre  que  l'on  a  dit  a^ 
trefois  catatumbas ,  &  non  pas  catacumbas ,  &  cuS 
faut  corriger  le  texne  d'Anaftafe  dans  la  vie  du  Ci 


«corneille ,  ou  on  lit  catac^^nbas.  Et  en  ei^et ,  on  ^ 
donne  ce  nom  à  plufieurs  cimetières.  Du  Cange 
En  vieux  Irançois  on  appelloit  combes,  une  vallée 
environnée  de  tous  côtes  de  montagnes  q  J'on  appeUe 
encore  comè  en  anglois.  D'autres  dérivent  cataaZ 
^..dugrec..7i  &C..^S,,  ,  cavus  ,  receJTus  ;  ceft  à, 
dire,  un  heu  fouterrain  :  &  on  l'a  auDli 
•  tombeaux  ,  ou  au  lieu  où  étoient  les  tombeaux"! 
comme  en  françois  cave  &  caveau  ,  où  étoient  les 
corps  de  S.  Pierre  &  de  S.  Paul.  C.r.,.;.^,.  Voye^ 

nirca/.T       ' ^"'''"'  ''""'' Z'^^^-'---  't 

1^  Le  nom  de  catacombes  CgmÇxe  en  général  toutes 
fortes  de  lieux  fouterrains.  On  l'appliquoit  aut  e- 
fois  particulicremem  à  la  cave  où  avoient  été  mi<^ 
les  corps  de  S   Pierre  &  de  S.  Paul ,  comme  il  pa! 
roit  par  la  joeLettre  de  S.  Grég.  L.  III.  En  ce  temps, 
la  ,  on  appeloit  encore  criptes  ou  cimetières ,  criut<z 
6-  cœmeteria,  les  lieux  où  l'on  enterroit  les  mofts  i 
mais  depuis  on  donna  le  nom  de  catacombes  au^ 
lieux   fouterrains  qui  fervoient  de   tombeaux      &: 
que  l'on  ptctend  avoir  été  particuliers  aux  Ci'iré 
tiens.  Il  n'eft  pas  néanmoins  certain   qu'on  n'v  air 
pas  auflî  enterré  des  Païens  i  &  il  eft  évident  que 
tous  ceux  qm  y  font  enterrés  ne  font  pas  des  faintS 
&  des  mattyrs  ,  quand  même  c'eût  été  le  cimetière 
commun  des  Chrétiens  feulement ,  puifque  tous  les 
Chietiens  ne  lont  pas  des  faints  ou  des  martyrs 
Les  (ignes  dont  on  fe  fert  pour  diftinguer  les  corps 
de  ceux-ci ,  font  allez  équivoques -.la  croix,  la  palme 
le  monogramme  de  J.  C  ,  les  figures  d'un  bon  paA 
teur  ou  d  un  agneau ,  que  l'on  trouve  gravées  fur  les 
pierres  du  tombeau  ,  prouvent  bien'  qu'elles   ont 
feivi  à  des  Chrétiens,  mais  non  pas  que  ces  Chré 
tiens  foient  faints  ou  martyrs.  Les  palmes  rie^fonc 
pas  toujours  un  (igné  certain  de   la  couronne  dut 
martyre  &  les  phioles  teintes  de  rouge  ne  prouvent 
pas  qu'elles   aient  été  teintes   du  fang  plutôt  que 
d'une  autre  liqueur.  On  trouve  quelquefois  fur  une 
même    pierre    des  infcriptions   payennes ,  comme 
M.  D.  Dus  Mambus ,  d'un  côté ,  &  d'un  autre  des 
lignes  du  chnftianifme  :  ce  qui  fait  voir  qu'elles  ont 
fervi  a  des  Païens  ou  à  des  Chrétiens.  On  ne  doute 
point  que  dans  le  commencement  du  Chtiftianifme 
il  n'y  ait  eu  quantité  de  martyrs   enterrés  dans  les 
cimetières  des  Chrétiens ,  comme  ra/Turent  S   Te^ 
rôrne  &  Prudence.  Cependant  du  temps  du   Pape 
Grégoire  III  j  il  y  en  avoir  ttès-peu  de  connus ,  puif- 
que ce   Pape  écrivant   à  Otgar  ,   Archevêque  dô 
Mayence ,  qui  lui  demandoit  un  corps  faint ,  lui  fin 
reponfe  qu'il  n'en  avoit  point  à  lui  envoyer  ,  parc© 
que  fes  prédécefTeurs  &  lui  avoient  placé  \e%  corps 
des  faints  dans  les  Eglifes  nouvellement  dédiées  ;  &: 
qu'il  en  avoit  cherché ,  fans  en  pouvoir  trouver ,  &: 
qu'il  prioit  Otgar  de  lui  donner  du  temps  pour  en 
faire  une  plus  grande  perquifition.  D.  MabilJon  , 
Itinerar.  Ital.  Eufebi;  Rom.  Epiftola  ad  Théoph.  Gall 
r?  CATACOUSTIQUE.  f.  f.   ou  CALAPHANI- 
NIQUE.  Science  qui  confidère  les  propriétés  des 
fons  lefléchis  ,  c'eft-à-dire ,  qui  ne  viennent  pas  di- 
tellement  du  corps  fonore  à  l'oreille  ,  mais  qui  la 
frappent  après  avoir  été  renvoyés  par  quelqu'autra 
corps,  Voye^  Echo  ôc  Catoptriq.ue. 

Rs 


514  CAT 

gCTCATADIPTHIOQUE.  adj.  de  t.  g.  Terme  d'opti- 
que, qui  le  dit  de  ce  qui  appartient  tout-à-la  fois  a  la 
catoptrique  &  à  la  dioptrique.  CataMoprncas.  Tc^ 
leicope  catadioptrique,  lunette  qui  réfléchit  &:  rompt 
en  même  temps  les  rayons. 

CATADOUPE  ou  CATADUPE.  f.  f.  Qui  fignifie  la 
même  choie  que  catarafte  -,  c'eft-à-dire ,  la  chute  d'un 
fleuve ,  qui  d'un  liey  haut  tombe  dans  un  plus  bas. 
Catadupa,  On  parle  des  catadoupes  du  Boriftene. 
Ily  a  les  catadupes  du  Danube  Se  du  Rhin  ,  qui  lont 
les  endroits  où  ces  fleuves  lé  précipitent  des  ro- 
chers. Les  plus  fameulcs  catadoupes  Ibnt  celles  du 

Nil.  ,        ^ 

Puis  roulant  leurs  eaux  entre  des  rochers,tormoient 
un  gafouillement  à-peu-prcs  femblable  à  celui  des 
Catadupes  du  Nil.  La  Fontaine.  Le  fleuve  de  S. 
Laurenr  en  Canada  a  aulll  des  catadoupes  qui  ne 
cèdent  guère  à  celles  du  Nil  ,  li  l'on  en  croit  des 
François  qui  les  ont  vues,  Foyei  Cataracte. 

Ce  mot  vient  du  grec  x«t«^»ct«  ,  nom  pluriel  , 
qui  vient  dey-xia^a^lc^,  compole  de  y.«T«,  prépoiltion, 
qui  dans  la  compofition  lignifie  tendance  ,  inclina- 
tion vers  le  bas  ,  iituation  balle  -,  Se  de  ^a^iu ,  qui 
fi2;nifîe  faire  du  bruit  :  de  forte  que  x«T«^»jr£«  ,  eft  la 
même  chofe  que  faire  du  bruit  en  tombant  ;  dc-là 
le  forme  KariSnTra ,  le  bruit  que  fait  un  fleuve  en 
tombant ,  &c  r»  x«T«.?«5r« ,  les  chiites  d'un  fleuve ,  ainli 
appelées ,  parce  que  les  eaux  font  un  bruit  en  tom- 
bant. Windelin  ,  de  admirand,  Ni/i,  c.  5,  &Paul 
Lucas ,  dans  fon  premier  voyage  ,  décrivent  les  ca- 
tadupes du  Nil. 
CATADUPE.  f.  m.  Catadupus.  Les  anciens  donnoient 
ce  nom  aux  peuples  qui  habitoient  proche  des  cata- 
dupes ou  cararaéles  du  Nil.  Les  anciens  croyoient 
que  les  Catadupes  croient  lourds  ,  à  caufe  du  fracas 
que  font  continuellement  les  eaux  en  tombant.  Ci- 
céron ,  dans  le  Songe  de  Scipion ,  c.  5.  AmmienMar- 
ccnm,Liv.XXII,c.  546'  3  (î.  Pline  ,  Liv^  F,  c.  9. 
Vitruve,  L.  FUI  ,c.  1  parlent  aulfi  des  Catadupes. 
Les  catadupes  font  cenfés  dans  l'antiquité  des  peu- 
'     pies  de  l'Ethiopie.  Sîîneq.  Nat.  quœjt.  L,  IF,  c.  1. 

CATAFALQUE,  f.  m.  Echafaud  ,  ou  élévation  :  c'efl: 
une  décoration  d'architeiîture ,  de  Peinrure  &  de 
Sculpture  ,  établie  fur  un  bâti  de  charpente  pour 
l'appareil  &:  pour  la  tepréfentation  d'un  tombeau  , 
qu'on  élevé  pour  les  pompes  funèbres  des  Princes 
ou  des  Rois.  Tabulatum  ad  reprafentandum  tumuli 
pompam  extrucbim. 

Quelques-uns  écrivent  cadafalque  ,  mais  très-mal. 
Daviler  &  les  Maîrres  de  l'art  écrivent  catafalque  , 
&  les  Italiens  de  qui  nous  avons  pris  ce  mot ,  di- 
fent  catafalco  ,  un  echafaud  ,  &  non  pas  Cadafalco. 

CATAGLÔTTISME.  f.  m.  H.  Etienne  appelle  ainlî  le 
baifer  que  pratiquent  les  Italiens ,  en  mettant  la  lan- 
gue dans  la  bouche.  rAâro-a ,  yA»??»  5  langue. 

CATAGMATIQUES.  adj.  fouvent  employé  fub- 
ftantivement.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fc  dit  des 
médicamens  propres  à  fonder  les  os  calîes ,  &  à  faire 
plus  promptement  le  calus.  Medicamentum  fracluris 
cjjiiim  apparatum.  Ces  médicamens  font  le  bol  d'Ar- 
ménie ,  la  gomme  tragacanthe  ,  l'ofteocolle ,  les 
noix  de  cyprès ,  l'encens ,  la  farine  folle  ,  l'aloës  & 
l'accacia. 

Ce  mot  vient  du  grec  xaray^na ,  fraiflure. 

CATAIRE,  f.  f.  Foyei  Heb.be  aux  Chats. 

CATALAN  ,  ANE.  ad]  &  f.  qui  a  rapport  .à  la  Catalo- 
gne ,  qui  eft  de  Catalogne.  Catalonius  Gothalanius. 
Les  Catalans  aiment  mieux  la  guerre  que  le  travail,  & 
font  faire  prefque  tous  les  ouvrages  de  la  campagne 
par  des  François  qui  y  vont  des  provinces  voifmes. 
Maty. 

CATALECTE ,  ou  plutôt  CATALECTIQUE  ,  adj. 
Terme  de  Poëfie.  Cataleclicum  carmen.  Les  anciens 
appeloient  vers  catalecles  ou  catalecliques  ,  ceux 
auxquels  il  ne  manquoit  qu'une  fyllabe  :  car  lorf- 
qu'il  y  manquoit  un  pied  tout  entier  ,  on  les  nom- 
moit  Brachycatalecles  ;  &C  Acatalecîiques  ,  les  vers 
parfaits ,  auxquels  il  ne  manque  rien. 
Ce  mot  vient  du  grecx«T«A£x7(ic»s,  k«t«,  contra  j 


CAT 

&  A/y«,  dejino,  je  finis.  Ceft-à-dire,  ce  qui   n'efl 
pas  fini  dans  les  règles. 
Catalecte.  f.  m.  &  adj.  Les  Savans  fe  fervent  de  cô 
mot  pour  exprimer  certains  ouvrages  des  anciens  » 
qui  ne  font  que  des  fragmcns ,  ou  de  petites  pièces 
qui    leur  font  échapées.  Scaliger  eft  ,  je  crois  ,  le 
premier  qui  fe  foit  fervi  de  ce  terme  en  ce  fcns. 
Il  a  tiré  ce  nom  des  vers  catalecles  des  anciens  , 
qui  étoient  des  vers  auxquels  il  manquoit  quelque 
pied  ou  quelque  fyllabe  ,  &  le  donna  au   recueil 
qu'il  publia  de  toutes  les  pièces  ,  fous   le  titre  de 
Catalecles  des  anciens  Poëres.  Les  quarorze  petites 
pièces  attribuées  à.  Virgile  ont   été   traduites  par 
l'Abbé  de  Marolles,  fous  le  nom  général  de  Ca- 
talecles. Depuis  il  traduilit  toutes  les  petites  piè- 
ces des  anciens  Auteurs  ,  que  Scaliger  avoir  raflém- 
blées.fous  le  nom  de  Catalecles  :  enforre    qu'au- 
jourd'hui on  donne    le  nom  de  Catalecles  à  toutes 
ces  anciennes  petites  pièces  ,  foit    qu'elles  foient 
feintes,  ou  qu'elles  ne  ibicnt  que   des  ftagmens. 
CATALEPSIE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Ceft   une 
efpèce  d'apoplexie  ou  d'alîbupifTement  >  qui  laifl'e  la 
rcfpirationlibre.  CatalepJïs.Le  cataleptique  demeure 
les  yeux  ouvcrrs  Hc  dans  la  même  pofture  où  la  ma- 
ladie l'a  furpris  ,  5c  fans  fentir  ,  fans  voir ,  fans  en- 
tendre. Il  demeure  comme  pétrifié ,  &  comme  s'il 
avoir  vu  la  tête  de  Médufe.  ^CF  Si  on  levé  un  bras 
du  malade  ,  il  demeure  immobile  à  l'endroir  où  on 
l'a  mis.  Si  on  élève  une  paupière  ,  elle  ne  s'abailîe 
point  d'elle-même  •,  fi  on  lui  fait  fléchir  un  doigt 
ou  plufieurs  ,  ils  reftent  fléchis  jufqu'à  ce  qu'on  les 
étende.  Cette  maladie  eft  fort  rare.  Il  eft  même  dif- 
ficile d'en  affigner  la  caufe.  Il  y  a  de  l'apparence 
que  c'eft  le  plus  fouvent  une  extrême  mélancolie , 
par  le  moyen  de  laquelle  les  malades  font  fi  forte- 
ment attachés  à  quelque  objet  qui  les  occupe ,  qu'ils 
ne  penlént  en  aucune  manière  à  ce  qui  fe  paffe  hors 
d'eux-mêmes.  §CJ"  Les  afîeélions  vives  &  fubires  de 
l'ame, des  méditations  profondes  &  faifies ,  un  tra- 
vail forcé  dans  le  cabinet  peuvent  être  autant  de 
caufes  de  cette  maladie. 

Ce  mot  vient  du  grec  x«7«Af4'«  qui  fîgnifîe  déten- 
tion ,  dérivé  du  verbe  x«T«A:«^fâ.« ,  detineo ,  j'arrête , 
je  retiens.  Cette  maladie  s'appelle  autrement  catoé 
che  ou  congélation.  Kulox,i  vient  de  ««t/;»;»,  j'arrête, 
je  retiens. 

Dégori  dit  catalepjîs  au  lieu  de  catalepfie ,  &  il 
fait  catalepjis  du  genre  mafculin.  Foye^  cet  Au* 
teur  fur  la  catalepfie. 
CATALEPTIQUE,  adj.  quelquefois  employé  fubftan- 
tivement.  Qui  eft  attaqué  de  catalepfie.  Ca/^/f/'Wcwj. 
CATALOGNE.  Province  d'Efpagne  ,  qui  a  titre  de 
Principauré.  Catalaunia.  ou  plutôt  Catalonia.  La 
Catalogne  eft  bornée  au  nord  par  les  Pyrénées  qui 
la  feparent  de  la  France.  La  Méditerranée  la  bai- 
gne au  levant ,  &  au  midi  -,  elle  a  l'Arragon  &  une 
partie  du  Royaume  de  Valence  au  couchant.  La  ca- 
pitale de  la  Catalogne  eft  Barcelone.  Sur  la  fin  du 
VIP  fiècle  Bernard  fut  fait  Comte  de  Barcelone ,  Sc 
gouverna  la  Catalogne  çoni  les  François.  En  854, 
le  Comté  fut  donné  en  propriéré  par  Charles  le 
Gros  à  Geofroy  le  Velu ,  pour  lui  &  pour  les  deA- 
cendans.  En  11 57,  Raymond  Bérenger  ,  Comte  de 
Barcelone  ,  ayant  époufé  Pétronille, héritière  d'Ar- 
ragon  ,  unit  pour  toujours  la  Catalogne  à  l'Arra- 
gon. 

Ce  mot ,  Catalogne ,  s'eft  formé  dé  Gothalaniaj 
Gothalanie ,  terre  ou  pays  des  Goths  ,  parce  que  les 
Gorhs  s'établirent  autrefois  dans  cette  partie  d'Ef- 
pagne. 
CATALOGUE,  f.  m.  Lifte ,  dénombrement  de  per- 
fonnes  ou  d'autres  chofes ,  difpofées  félon  un  cer- 
tain nombre.  Index  ,  catalogus ,  album.  Le  bienheu- 
reux François  de  Sales  a  été  mis  au  catalogue  des 
Saints.  Un  Régent  a  le  catalogue  de  fes  écoliers. 
Le  catalogue  d'une  bibliothèque  fe  difpofe  par  l'or- 
dre des  matières.  Les  Jéfuites  d'Anvers  ont  donné 
un  catalogue  des  Papes,  avec  de  favantes  diffcrta- 
lions.  C'eft  ce  qu'ils  appellent  Propyltgum  ai  a3a. 


C  A  T 

.  SanSorum  Mali.  Il  y  a  en  particiilier  un  proîof^ue 
Ibr  les  anciens  catalogues  des  fbuverains  Ponti- 
fes. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  dé  catalogo  ,  qu'on  a 
dit  dans  la  balle  latinité  pour  lignifier  colleRio  ,  du 
grec  xcili.>,oyi>i ,  de  x.aTa>.iyu  ,  recenjeo, 

CATALOTIQUE.  adj.  fouvent  employé  Ibbftantîve- 
ment.  Terrtie  de  Médecine  ,  qui  fe  dit  des  remèdes 
propres  à  difîiper  les  marques  des  cicatrices  qui 
paroifîentfur  lapeau,  C'^ZM/onc/zj. Le  précipité  rouge, 
l'alun  brûlé  font  des  remèdes  catalotiques ,  de  bons 
catalotiqiies. 

Ce  mot  vietit  du  verbe  x<iT«A»«ii;  ^  comminuo ,  je 
broie, j'écrafe, je  diminue. 

CATAMARCA.  Vallée  de  là  tucumanie  ,  dans  l'A- 
mérique feptemrionale.  Cauimartana  va//is.LcsYa.- 
marines  &  les  Sanagaftariés  habitoicnt  la  Vallée  de 
Catamcirca.  De.  Techo  ,  Hijl ,  Parag.  L,  I  ,C.  20. 

G  ATANANCE.  f.  f.  Plante  commune  en  Languedoc , 
en  Provence  &  en  Dauphiné.  Sa  racine  eft  branclnie, 
fibreufe ,  rougcâtre  en  dehors ,  &  clic  pouiîè  plu- 
fieurs  feuilles  velues,  blanchâtres,  femblables  à  celles 
de  là  corne  de  cerf.  Du  milieu  de  lés  feuilles  s'élèvent 
une  ou  quelques  tiges  j  atrondies  ,  menues ,  bran- 
chues ,  hautes  de  deux  piés  environ ,  &  garnies  de 
quelques  feuilles  plus  petites  &c  plus  étroites  que 
celles  du  buis.  Les  fleurs  qui  terminent  les  bran- 
ches font  compofées  de  demi-fiéiirons  bleus  portés 
chacun  fur  un  eitibryon,  qui  devient  unefcmence 
garnie  d'un  chapiteau  à  cinq  feuilles.  Les  demi 
fleurons  &  ces  femences  font  Ibutenues  par  un 
calice  compofé  de  plufieurs  écailles  tranfparentes , 
blanchâtres  ,  &  comme  divifées  en  deux  par  une 
raie  roufsâtre  j  qui  parcourt  toute  la  longueur. 
Toute  la  plante  donne  un  peu  de  lait  lorfqu'oil  la 
coupe.  Cacananta  Dalechampii  ,  flore  Cyani ,  folio 
CoTonopi.  J.  B.  Il  y  en  a  une  autre  efpcce  plus  rare 
qui  vient  en  Sicile  ,  &  qui  a  lés  demi  fleurons  jau- 
nâtres. , 

Ip-  C  AT  ANE'  ou  CATANÉE.  Catana  ou  Catlna. 
Ville  de  l'Ile  de  Sicile,  fur  un  gollé  auquel  elle 
donne  Ion  nom  ,  avec  un  Evédié  lufFragant  de 
Montréal. 

ifj-  CATANZARO,  Ville  d'Italie,  au  Royaume  de 
Naples ,  dans  la  Calabre  ultérieure  ,  avec  un  Evêché 
fuffraçrant  de  ReçcEçio. 

^  CATAPACTAYNE.  Fête  des  habitans  du  Pérou, 
qu'ils  célèbrent  avec  folemnité  au  moisdeDécem- 
bte,  qu'ils  appellent  bayme  ,  &  qui  efl:  le  commen- 
cement de  leur  année.  Cette  fête  eft  conûcrée  aux 
trois  ftatucs  du  Soleil ,  nonimées  Apointi  ,  Chur- 
tiind  ,  &  Inùaquacqui  ;  c'eft-à-dire ,  au  Soleil  père  , 
au  Soleil  fils  j  au  Soleil  frère.  Jean-Hugues  Linf- 
chônac.  Hifl.  Ind.  occid.  cité  par  Mor; 

CATAPAN.  f.  m.  Nom  de  charge.  Gubernator ,  Rec- 
tor  y  Prœfecîus.  C'eft  le  nom  que  les  Grecs  ont 
donné  dans  les  derniers  temps, c'eft-à-dire, au  X^ 
&XIefiècles,  au  Gouverneur  de  ce  qu'ils  polfcdoient 
encore  en  Italie.  L'Empereur  Balile  avoir  ordonné 
au  Catapan  d'exiger  le  rribut  qu'il  prétendoit  lui 
être  dû  -,  &  en  exécution  de  cet  ordre  le  Catapan 
avoir  fubjugué  une  partie  de  la  Province  de  Béne- 
vent.  Fleury.  Guillaume  de  la  Pouille ,  dans  l'on 
Poëme ,  De  Geftis  Normannorum ,  Lih.  I.  dit  : 

Qiii  Czt^pznfuerat  Grcecorum  miffus  ab  urée  i 
Cui  Conftàntinus  noinen  dédite 
* 

Quelques-uns  difent  aufll  Catipan  ,  Catipanus  ; 
&  dans  Léo  Oftienfis ,  L.  Il,  c.  6?,  -,  Lupus  Pro- 
tofpathaire  ,  l'Auteur  anonyme  de  Barri,  qui  a  écrit 
là  vie  de  S.  Vital  de  Sicile ,  &  Ughellus  ^  hal. 
facr.  T.  IF,  c'eft  la  même  choie  que  Capitaneus , 
comme  fi  ce  n'étoit  qu'une  niétathèfe  ou  tranfpo- 
fition.  Guillaume  de  la  Pouille ,  dans  fon  11=  Livre , 
le  tire  de  x«t«,  juxtà.  Se  ^à»,  omne  ;  de  forte  que 
Catapan  figiiifie  un  Gouverneur  général ,  un  Officier ,  . 


CÀ 


T 


f  if 

i      un  Magiftrat  prcpofé  généralement  fur  tout,   mi 
a  la  aueélion  de  tout,  ^ 

Quod  Catapan  Grœci ,  nos  juxtà  dicimus  omne  j 
(^'"JquisapudDanaosvLcefungitur  hujus  honoris^ 
Vijpojitor  popiili ,  parât  omne ,  quod  expedit  illi  : 
Lt  juxta  quod  Claque  dan  decct ,  omne  mmifirau 

Et  quoi  qu'en  dife  M.  Du  Gange  dans  fes  Note* 
iLir  1  Alexiade  ,  certe  étymologie  n'eft  peut-être 
pas  h  mauvaife.  D'autres  prétendent  que  ce  mot  vient 
de  n«vro«^«r.^«,  c'eft-à-dire  ,  apr'es  l'Empereur.  C'eft 
e  lenciment  de  la  vie  de  Saint  Lietbert  da  Cam- 
bray  ch. y  ,  qui  dans  ce  fens  appelle  le  Catapan^ 
un  fécond  maure,  ou  fécond  Seigneur , /■.c^/.^w^- 
Uominus,  Voyez  d'Acheri ,  Spicikg.  T:  IX.  M 
Du  Lange  ,  à  l'endroit  cité/;,  zyy  ,  veut  qu'il  vienne 
de  «««^«^«  3  que  les  Grecs  ont  dit  de  tout  Capitan  , 
ou  Gouverneur,  &  même  de  tout  homme  de  con- 
dition Le  même  Auteur  a  donné  dans  fbn  Glolîiire 
une  hf te  chronologique  de  tous  les  Catapans  ,  de 
puis  le  IX  fiecle  jufqu'à  la  fin  duXP.  Il  y  en  a  foixante- 
un.  Lupus  Protofpathaire  parle  fouvent  dans  fa  Chro- 
nique dc^  Catapans  &  du  Proto-Catapan.  Bollandi 
lies  i  Acla  SS.  Mart.  T.  II ,  p.  *  ^ç,  E. 
Catapan  ,  fignifie  le  Magiftrat  de  Police  à  Na- 
ples. 

^  Aujourd'hui  on  donne  encore  le  nom  de  C^ra^ 

^(^''.nl^^P^'^'  ^^   ^^  P^li'^e  à  Naples. 

C.A  i  APASME.  f.m.  Terme  de  Pharmacie.  Mélange  de 
poudres,  ou  odorantes ,  dont  on  parfume  les  habus  ou 
les  cheveux,  ou  fortifiantes  qu'on  applique  furl'efto- 
mac,  furie  cœur,  fur  la  tête  ;  ou  efcarotiques  & 
propres  pour  confumer  les  chairs  mortes.  Cata^ 
pajme   vient  du  mot  grec  ^«.i^Tirru, ,   arrofer. 

CATAPELTE.  f.  f.  Nom  d'un  inftrument  de  fup^ 
plice  dont  on  fe  fervoit  autrefois.  Catapelta.  Le 
Gouverneur  avoir  fait  mettre  à  terre  d'un  côté  l'image 
de  Jésus-Christ  en  Croix  ,  &  de  l'autre  linftru- 
ment  de  fupplice  que  l'on  nomme  Catapelte,  Alors 
il  lui  dit  :  Tu  as  à  choiftr  des  deux  ,  ou  de  marcher 
lilr  l'image  ,  ou  d'aller  au  fupplice.  Fleury.  Le  Gou- 
verneur en  colère  le  fit  dépouiller  &  étendre  fut 
la  catapelte  ,  où  les  bourreaux  l'ayant  ferré  entre 
deux  ais ,  depuis  le  cou  jufqu'aux  râlons ,  &  at- 
taché par  tous  les  membres  avec  des  doux  de  fer  , 
le  pendirent  la  tête  en  bas ,  &  allumèrenr  autour 
un  grand  teu,  dont  il  fut  confumé.  Idem.  On  voit 
par  cet  exemple  que  la  catapelte  étoit  une  ef- 
pèce  de  prelToir ,  ou  de  ptefTe  compofée  de  plan- 
ches ,  entre  lefquelles  on  mettoit  &  on  preffoit  le 
patient. 

^  Le  P.  Montfaucon  conjecture  que  la  Catapelte 
éroit  une  efpèce  de  chevalet.  Equuleus. 

CATAPHORE.  Maladie  foporeufe.  Foyei  Coma.  Ce 
mor  vient  du  grec  K*io.^ifi, ,  gravis  Jhmnolentia  * 
fommeil  profond. 

IfT  CATAPHRACTE.  f.  m.  Cataphraclus,  Cavalier 
dans  les  armées  Romaines ,  armé  de  toutes  pièces. 
Ils  étoient  couverts  de  fer  ,  eux  &  leurs  che- 
vaux.   Voye:^  Clibanaire. 

gC?  Les  Grecs  &  les  Romains  donnoient  aulTi  le  nom 
de  Cataphracles  à  des  vailTeaux  de  guerre  longs 
&  qui  avoient  des  ponts.  Conpatx  naves.  Ils  ap- 
pcloienr  aphracles  les  vaiifeaux  fans  ponts, 

Cataphracte.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Efpèce  de 
bandage  dont  on  fe  fert  pour  les  luxarions  ou  les 
fracT:ures  des  côtes  ,  des  vertèbres ,  des  clavicule; , 
du  fternum.  Galienle  décrit  dans  fon  Livre  des  Ban- 
dages ,  ch.  851.  Ce  bandage  repréfente  une  cui- 
rafîé,  appelée  en  grec  *u.lci$gctKl<,r, ,  d'où  lui  vient 
fon  nom.  On  le  nomme  auffi  Quadriga ,  char  ou 
carroffe  à  quatre  chevaux  ,  parce  que  les  tours  de 
bande  fe  croifenr  comme  les  brides  de  ces  chevaux» 
Foye:^  le  Dictionnaire  de  M.  Col  de  Villars. 

CÀTAPHB.ACTE.  f.  m.  PoifTon  de  mer  ,  dont  parle  Lé- 
mery  après  Jonfton  &:  Schwenkfeldius,  Cataphrac- 
lus. Il  eft  long  d'environ  demi  pied.  Sa  tête  eft 
large  de  deux  doigts ,  anguleufe,  Se  prefque  trjan<^u- 

R  t  i| 


^  i6 


C  A  T 


laite.  Son  mufeau  eft  camus  &  barbu  par-dcfToiis.  I 
11  n'a  point  de  dents  ,  mais  à  leur  défaut ,  il  a  les 
lèvres  rudes  &  le  palais  parfemc  de  petits  os  pi- 
quans.  Son  corps,  du  côté  de  la  tête,  ell  de  ri- 
gure  odlogonc ,  &:  du  côté  de  la  queue ,  il  ne  pa- 
rok  qu'hexagone.  II  eft  couvert  par-tout  d'écaillés 
offeufes  ,  au  milieu  defquelles  eft  une  éminence 
ou  bofTette  dure.  Sa  queue  eil  petite  ,  ronde  , 
noire.  On  le  trouve  vers  l'Ile  de  Nortflande ,  où 
il  Te  nourrit  de  petits  poidbns.  Il  eft  excellent 
à  manger  ,  pedoral  èc  apéritif.  Il  n'a  point 
d'autre  nom  que  celui  de  Cataphracle  ,  qui  vient 
de  KUTcitppaKTOfj  qui  iîgnifie  clos  &  couvert  de  toutes 
parts. 

CATAPHRYGIENS.  Nom  d'anciens  Hérétiques  qui 
ont  été  ainfi  appelés ,  parce  qu'ils  étoient  Phrygiens. 
Cataphryges.  Ils  avoient ,  dit  S.  Epiphane  ,  les  mê- 
mes fentimens  que  les  Catholiques  fur  le  myftcre  de 
la  Trinité.  Ils  parloient  du  Père  ,  du  Fils  &:  du  S. 
Efprit ,  de  la  même  manière  que  l'Eglife  i  mais  ils 
l'avoicnt  abandonnée  en  reconnoiffant  Montan  pour 
Prophète ,  &  Prifcilla  &  Maximilla  pour  de  véri- 
tables Prophéteffes  ,  qu'il  falloit  confulter  fur 
tout  ce  qui  regardoit  la  Religion ,  comme  fi  le 
S.  Efprit  avoit  abandonné  l'Eglife  ,  &:  qu'elle 
n'eût  plus  aucuns  dons  céleftes.  Saint  Epiphane 
a  parlé  fort  au  long  des  Cataphrygiens  ,  liczr. 
48  ,  où  il  rapporte  en  même  temps  quelques  ex- 
traits des  livres  de  Montan  &  de  Maximilla.  Il 
explique  aufÏÏ  en  quoi  confifte  la  véritable  pro- 
phétie ,  &  en  quoi  elle  diiîere  de  l'enthoufiafme 
des  vifionnaires  ou  fanatiques.  Eufèbe  ,  L.  IV  de 
fon  H'iji.  Eccl.  c.  27,  fait  auffi  mention  des  Cata- 
phrygiens ,  &  des  Livres  qu'Apollinaire  Evêque  de 
Hiérapolis  écrivoit  contre  eux.  Godeau  dit  &:  écrit 
Cataphry^es. 

CATAPLASME,  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Les  uns 
prononcent  Y  s  ,  les  autres  ne  la  prononcent  pas ,  & 
quelques-uns  ne  l'écrivent  pas  ;  mais  il  faut  l'écrire 
&  la  prononcer.  Cataplafma.  C'eft  un  médicament 
externe  en  forme  de  bouillie ,  de  conliftance  molle ,  à 
peu-près  femblableà  celle  des  onguents,ou  descérats, 
recevant  dans  fa  compofition  diverfes  liqueurs  &  dif- 
férentes parties  de  plantes ,  d'animaux  6c  de  miné- 
raux ,  les  unes  molles  &  les  autres  sèches ,  &  même 
bien  Ibuvent  des  huiles ,  des  onguents  &  d'autres 
compofitions  externes  &  internes ,  le  tout  fuivantla 
diverfité  des  maux,  &  les  intentions  particulières 
pour  lefquelles  on  prépare  cette  forte  de  remède.  Les 
principaux  effets  des  catapUfmes  font  d'appaiier  les 
douleurs ,  de  ramollir  ,  de  réfoudre  ,  didlper ,  ou 
mènera  fuppuration  les  matières  amalfées  aux  par- 
ties extérieures  du  corps.  Le  cataplafme  le  plus  com- 
mun Se  le  plus  employé  pour  appailcr  les  douleurs , 
&  pour  réfoudre  &  diiFipef  les  tumeurs  nouvelles , 
fe  fait  avec  la  mie  de  pain  blanc  ,  le  lait  , 
quelques  jaunes  d'œufs ,  le  fafran  &  l'huile  rofat. 
On  dit  cataplafme  émollient ,  digérant  ,  forti- 
fiant,  fuppuratif,  &'c. 

On  appelle  populairement,  fJW/j/^y^z^  de  Venife , 
un  foufflet ,  un  coup  appliqué  du  plat  ou  du  re- 
vers de  la  main  iur  le  vifage  de  quelqu'un  ,  Alapa, 
Retire-toi  d'ici ,  je  te  donnerai  un  cataplafme. 

Ce  mot  vient  du  grec  Kara^Aas-o-» ,  c'eft-à-dire , 
illino  ,  ollino,  j'enduis,  j'applique   par-deflus. 

CATAPLEXIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine,  qui  fignifie 
un  engourdiflcment  fubit,  ou  une  privation  de  fen- 
timent  dans  quelqu'un  des  membres  ou  organes  du 
corps  KaTaffAi;|i5 ,  de  Tirxi.Tm ,  je  râpe.  Dict.  de 
James. 

CATAPUCE.  f.  m.  Nom  qu'on  donne  à  deux  plantes 
bien  diifcrentes  l'une  de  l'autre.  Il  y  a  la  grande 
&  la  petite  catapuce.  La  grande  catapuce  eft  ap- 
pelée autrement  ricin  commun  ,  ou  palma  Chrijli , 
ricin-us  vul^aris.  Voyez  Ricin,  h-xcaxapnce  eft  une 
elpèce  de  Tithymale ,  qui  a  une  tige  haute  d'une 
coudée'  &  demie  ,  ronde  ,  folide ,  &  de  la  gro/Teur 
du  pouce,  ga.rnie  de  quantité  de  feuilles.  Ces  feuil- 
les font  longues  de  trois  doigts ,  femblabics  à  celles 


C  A  T  ' 

du  faule ,  d'une  couleur  bleue  tirant  fur  le  vert ,  & 
difpofces  en  forme  de  croix.  Sa  fleur  eft  com- 
pofée  de  quatre  petites  feuilles.  Son  ftuit  eft  rele- 
vé de  trois  coins ,  &  divilc  en  trois  cellules  rem- 
plies chacune  d'une  femence  oblongue.  On  fe  fert 
de  la  femence  qui  purge  violemment  par  haut  & 
par  bas.  Tithy malus  latifolius  catapucia  duius.  On 
l'appelle  auffi  en  françois  epurge  ,  ab  expurgancTi 
facnltate. 

CATAPULTE,  f.  f.  Machine  de  guerre  dont  fe  fer- 
voient  les  anciens  pour  lancer  de  groffes  pierres 
&  quelque  fois  des  traits  ou  javelots  longs  de  douze 
&C  quinze  pieds  fur  les  ennemis.  Catapulta.  On  en 
voit  la  defcription  dans  Vegece ,  Jufte  Lipfe ,  & 
autres.  On  croit  que  l'invention  de  la  catapulte 
vient  des  Syriens.  Foye^  M.  Perrault  fur  le  pre- 
mier livre  de  Vitruve.  Quand  les  Romains  prirent 
la  nouvelle  Carthage,  aujourd'hui  Carthagène ,  ils  y 
trouvèrent  un  merveilleux  attirail  de  guerre ,  en- 
viron fix- vingts  des  plus  2,ïoi\\s  catap)dtes ,  deux 
cens  quatre-vingt  des  moyennes  ,  &c.  Vigenere  , 
Trad.  de  Tite-Live,L.  XX FI.  Marcellus  fit  porter  à 
fon  Ovation  les  catapultes  ,  les  baliftes ,  &  tous 
les  autres  inftrumens  de  guerre.  Ibid. 
Ce  mot  vient  du  grec  .«T«T!';i7jf. 

CATARACTAIRE.  f.  m.  Cataraclarius.  Terme  d'hi- 
ftioire  ancienne.  Dans  le  martyre  de  fainte  Féli- 
cité ,  c.  <; ,  il  eft  dit  que  les  douleurs  de  l'enfan- 
tement lui  ayant  pris  dans  la  prifon  ,  comme  elle 
fe  plaignoit ,  un  valet  des  cataraclaires  lui  dit  :  Si  tu 
foulfres  maintenant,  que  feras-tu  quand  tu  feras  ex- 
polce  aux  bêtes  J  Sur  quoi  les  Bollandiftes  remar- 
quent que  les  cataraclaires  étoient  les  Geôliers  , 
les  Gardes  des  portes.  En  eftet,  Tite-Live  prend 
cataracte  pour  ce  que  nous  appelons  une  herfe 
aux  portes  des  villes  de  guerre ,  &  dans  les  fiècles 
poftérieurs  ,  on  le  trouve  pour  des  barreaux  de 
ter  qui  ferment  une  entrée  ,  comme  on  le  peut  voir 
dans  Du  Cange  &  dans  Hoffman. 

CATARACTE,  f.  £  Terme  de  Médecine  &  de  Chi- 
rurgie. Une  taie  ou  petite  peau,  qui  nage  dans 
l'humeur  aqueufe ,  &  qui  fe  mettant  au-devant  de 
la  prunelle  de  l'œil ,  empêche  que  la  lumière  y  puifTe 
entrer.  Oculi  fuffujlo.  Elle  fe  forme  par  la  conden- 
fation  des  parties  les  plus  vifqueules  de  l'humeur 
aqueufe  ,  entre  la  ^tunique  uvée  &  le  criftallin. 
Quelques-uns  croient  que  cette  pellicule  fe  dé- 
tache du  criftallin  qui  n'eft  qu'un  compofé  de  plu- 
Ijeurs  petites  pellicules  appliquées  les  unes  fur  les 
autres. 

Il  y  a  deux  forres  de  cataractes ,  la  véritable ,  &: 
la  fâuffe  :  la  véritable  vient  d'une  humeur  amaflee 
dans  l'œil ,  coagulée  &  fixée  dans  cette  pattie  dont 
elle  ôte  l'ufage  ;  la  faulîe  vient  des  vapeurs  qui  font 
portées  aux  yeux  par  quelque  accident ,  comme  par 
une  fièvre.  La  véritable  cataracte  a  différens  noms. 
Dans  le  commencement  les  malades  voient  comme 
des  nuages  ,  des  poils  d'étoffe ,  de  petits  points 
répandus  flir  les  objets  qu'ils  regardent  :  la  catU' 
racle  en  cet  état  s'appelle  imaginaire ,  parce  qu'on 
ne  l'apperçoir  point  encore  dans  les  yeux  de  ceux 
à  qui  elle  vient.  Quand  la  fufïiifion  augmente ,  la 
prunelle  paroît  de  couleur  de  vert  de  mer ,  ou 
de  vert  fale  ,  ou  comme  l'air  rempli  de  nuages  : 
alors  la  cataracte  s'appelle  eau  ,  ou  dejcente  d'eau. 
Quand  le  mal  eft  arrivé  à  fon  plus  haut  période  ,  & 
que  la  matière  eft  fuffifamment  coagulée,  le  malade 
ne  voit  plus ,  la  prunelle  n'eft  plus  tranfparente  , 
mais  blanche  ,  ou  de  quelqu'aujre  couleur  -,  &  c'eft 
ce  qu'on  appelle  proprement  cataracte.  Voyez  De- 
gori  ,   Tréfor  de  la  Pratique  de  Médecine. 

Pour  la  cure  de  la  cataracte  ,  on  a  recours  à  l'o- 
pération ,  qui  fe  fait  en  perçant  avec  une  aiguille 
emmanchée,  la  conjoniilive  Se  la  cornée  :  on  poufle 
enfuite  cette  aiguille  au-defllis  de  la  cataracte ,  SC 
on  tâche  del'abailfer  doucement ,  la  tenant  un  peu 
de  temps  fujetre.  Willougby  obferve  dans  Ton  Or- 
nithologie que  le  fiel  de  perdrix  eft  bon  pour  les 
cataractes. 


C  A  T 

§3*  Contre  cette  théorie  commune  ,  M.  Heifter  & 
pliilieurs  autres    Savans    Médecins  &  Chirurgiens 
prétendent  que  la  cataracte  n'cll:  autre  choie  que 
le  criftallin  épaiffi  ,  &  qui  ayant  perdu  la  tranl- 
parence,  refulé  le  paUàge  aux  rayons  ,  &  les  empê- 
che de  palier  jufqu'à  la  rétine  ;  qu'ainlî  quand  on 
croit  abaillér  une  petite  membrane,    c'eft   le  cri- 
ftallin même  que  l'on  abailié.  La  plus  forte  railbn 
fur  laquelle  ils  appuient  cette  hypothcié  ,  c'eft  qu'a- 
près l'opération  de  la  cataracU ,   on  ne  voit  point 
fans  loupe.  Or,  dilént-ils,  li  l'on  n'avoit  abattu  qu'une 
membrane  étendue  devant  le   criftallin  ,   la  loupe 
ne  feroit  pas  plus  néceUairc  qu'auparavant  ;  au  con- 
traire ,  fi  l'on  a  abattu  le  criftallin  \  il  eft  évident 
qu'il  faut  une  loupe  à  fa  place  pour  donner  aux 
rayons  la  diredion  qu'ils  doivent  avoir  avant  que 
d'arriver  à  la  rétine. 
gCF  Mais    M.  Geifler  fît  voir  dans  un  œil    où  l'on 
avoir  fait  l'opération  de  la  cataracte ,  le  criftallin 
fans  aucune  altération  U.  dans  fa  place  naturelle  , 
&:  l'on  trouva  une  membrane  épailfe  dans  l'endroit 
où  l'aiguille  l'avoit  poulfce.  On  a  vu  plufieurs  fois 
la   même   chofe.  La  cataracte  eft   dans  une  mem- 
brane diftinguée  du  criftallin. 
^fF  D'ailleurs ,  il  s'eft  rrouvé  des  perfonnes  qui ,  après 
l'opération  de  la  cataracte  ,    ont  vu  fans  loupe  j 
& ,  (i  pour  l'ordinaire ,  on  en  a  befoin  j  c'eft  que , 
quoique  la  cataracte  ibit  abattue  ,  le  vice  qui  l'a 
produite   eft  encore   dans  l'humeur  aqueufe  :  elle 
eft  toujours  trop  épailfe  &  trop  trouble  ,    &  par 
conféquent  elle  ne  lailfe  pas  palfer  de   rayons  en 
allez  grande  quantité. 
IJCr  II  arrive  quelquefois  qu'une  perfonne  qui  a  vu 
immédiatement  après  l'opération  ,  eft  entièrement 
privée  de  la  vue  au  bout  de  quelque  tcmp,; ,  parce 
que  la  pointe  de  l'aiguille  aura  entamé  la  lùrface  anté- 
rieure du  criftallin,  &  aura  ouvert  la  membrane  dont 
il   eft  enveloppé.   Cette    membrane   ouverte  ,    le 
criftallin    fe  plilfe  &  fe  ride  ,    quoique    cela  n'ar- 
rive pas  dans  l'inftant  de  la  blclfure  où  le  criftallin , 
humeélé  par  l'humeur  aqueufe  dans  fa  partie  bief- 
fée  ,  doit  être  quelque  temps  fans  perdre  fa  confi- 
guration, du  moins  fenliblement. 
§5"  D'après  toutes  cesobfervations,  il  paroît  vraifcm- 
blable  de  dire  que  ce  qu'on  appelle  cataracte ,  eft 
quelquefois    une  véritable  membrane  formée  par 
les   parties  hétérogènes   introduites  dans  l'humeur 
aqueufe  ,  &  quelquefois  le  glaucome ,  ou  le  criftal- 
lin obfcurci  \  qu'on  abat  quelquefois  l'un  &  quel- 
quefois l'autre.  Car  après  l'opération  on  voit  quel- 
quefois fans  loupe  ,  comme  auparavant.  Verroit-on 
de  la  forte ,  fi  le  criftallin  ,  qui  rapproche  les  rayons, 
étoit  déplacé  t  Souvent  après  l'opération ,  on  ne  voit 
que  'de  gros"  caraiSlèrcs ,  &  avec  une  forte  loupe.  Si 
l'on  n'avoit  tiré  qu'un  rideau  de  devant  le  criftallin  , 
&  s'il  étoit  demeuré  à  fa  place ,  fans  être  obfcurci , 
^  ne  verroit  -  on  pas  mieux  î 

La  cataracte  s'appeloit  au^  autrefois  coulijfe  ;  &: 
quand  ellevenoit  à  s'endurcir,  maille  ou  bourgeon; 
fi  elle  n'arrivoit  qu'à  un  des  yeux ,  vairon  ou  bigarré  : 
niais  tous  ces  termes  ne  font  plus  en  ufage.    En 
grec  ùs-i^vnx. 
Cataractes,  au  pluriel,  fe  dit  d'une  chute  d'eau, 
.   qui  tombe  naturellement,  d'une  pluie  extrêmement 
abondante.  Catara&a,  cataractes.  Dieu  ouvrit  les 
•■cataractes  descieux,  quand  il  envoya  le  déluge. 
Ce  mot  de  cataractes ,  vient  du  grec  y.a.Tccpûa-Fù> , 
cum  impetu  décida.  Le  mot  cataracte  fe  trouve,  en 
ce  fens ,  dans  le  procès  de  la  vie  de  faint  Thomas 
d'Muin»  fait  en  1519,  cti.  2;  ^  Act.  SS.  Mart. 
^  Tom.  II,  <)-j ,  A,  ù  244,  F.  &c. 

On  appelle  auflî  cataractes  du  Nil ,  deux  lieux 
où  le  Nil  fait  des  chûtes ,  &  tombe  fur  des  rocl-iers 
efcarpés.  Ptolémée  ,  Strabon  &  Pline  en  font  men- 
tion. Voye-^  Nil.  Les  cataractes  du  Nil  fe  nom- 
moient  autrefois  catadupes  dans  la  balle  latinité. 
IJCT  On  appelle  généralement  cataracte  ,  la  chiite  , 
le  faut  d'une  rivière  qui  fe  précipite  de  haut  en  bas. 
Strabon  appelle  cataracte ,  ce  qu'on  appelle  au  jour- 


C  A  T 


317 


d'hui  la  cafcade    de   Tivoli.  Cataiitpe  ,  fio-nilîe  la 
même  chofe  que  cataracte.  ° 

La  cataracte  du  Parana ,  eft  la  plus  belle  &  la 
plus  lùrprenante  qui  ibit  au  monde.  Nous  en  par- 
lerons au  mot  Parana. 

Jean  Herbinius  a  fait  des  Diflertations  fur  les 
cataractes  du  monde.  Differtationes  de  admirandis 
mundi  cataractis  fupra  &  fubterraneis  ,  Amjlel. 
i6'S4  ou  85  ,  &  il  entend  par  cataractes  ,  les  mouve- 
mens  violens  des  démens.  C'eft  donner  à  ce  nom 
une  lignification  bien  étendue  &;  bien  nouvelle. 

On  appelle  cataractes  ,  les  portes  grillées  &  treil- 
lillées ,  Se  même  les  herfes  ou  farrafines  qu'on  fait 
tomber  par  des  coulilfcs ,  en  cas  de  befoin.  Porta. 
catarncta.  On  l'a  dit  aulfi  des  guichets  &    portes 
treilliifées  des    priions ,  qui    ont  fait   appeler   utt 
Geôlier  Cataractarius.  Voyez  CatAractaire. 
Cataracte,   f    f.  Oifeau   marin  ,  fi  femblable   au 
moucher,  qu'cà  peine  l'en  peut-on  diftinguer.  Ca^ 
tarages,  Oppien  l'a  décrit  d'une  manière  fort  dé- 
taillée. Ses  ailes  &:  fon  dos  font  diverlifiés  de  tanné, 
de  blanc  &  de  jaune,  mêlés  enfemble.  Ldi  cataracte 
eft  toute  blanche  par-dclfous,  avec  des  taches  bru- 
nes -,  elle  donne  fur  fa  proie  comme  l'épervier  ■■,  Sc 
pour  la  prendre,  elle  fe  fert   de  fon  bec,  qui  eft 
long  &  gros  à  proportion  de  fon  corps,  robufte, 
pointu  &  un  peu  courbé.  La  couleur  en  eft  noire  » 
fon  cou  eft  longuer  \  fa  tête  médiocrement  grolfe. 
Ses  aîles  finilfent  à  l'extrémité  de  fa  queue,  qui  efl: 
noire  &  longue  d'environ  ttois  pouces.  Ses  cuilfes 
font  couverres  de  plumes  jufques  fur  les  jambes, 
qui  font ,  ainfi  que  lés  pieds  &  leurs  membranes,  de 
couleur  cendrée.  Ses  ongles  font  noirs  ,  Crochus  S>C 
petits.  Cet  oifeau  ne  fe  plaît  que  dans  les  lieux  ma- 
ritimes. Oppien  rapporte  des  chofes  fort  fingulières 
de  fa  manière  de  faire  fon  nid ,  &  de  faire  éclorre 
fes  petits,  &c.  mais  apparemment    fabuleufes.   La 
chair  de  la  cataracte  eft  d'un  très  -  mauvais  goût  , 
parce  qu'elle  fent  fort  la  fauvagine. 
CATARACTER.  (  Sc)  Terme  d'Oculifte  ,  qui  fe  dit 
des  yeux  auxquels  il  le  forme  une  catarade,  Suf- 
fiindi.  On  remarque  un  nuage  au  criftallin ,  quand 
il  commence  à  fe^  cataracter.  Demours. 
CATARACTE,  EE.  part.  Terme  d'Oculifte,  qui  fe 
dir  de  l'œil ,  aftédté  d'une  catarade.  CataraÛa  ou 
fuffujione  vitiatus ,  a  ,  um.  Faire  l'ouverture  d'un 
œil  cataracte.  Journ.  des  Sav.  i-j\6 , p.  585.  Cet 
homme  a  les  deux  yeux  cataractes.  C'étoit  le  cril^ 
tallin  déjà  cataracte.  Demours. 
(fT  CATARRE  ou  CATARRHE ,  &  non  pas  CA- 
TERRE.  f.  m.  Catarrfius.  Fluxion  qui  tombe  fur 
la  tête  ,  fur  la  bouche,  fur  la  gorge  ou  fur  la  poi- 
trine j  rhume  de  cerveau  ,  efquinancie  catarreufe, 
toux  catarreufe.  Foye^  ces  mots. 

Les  catarres  proviennent  ordinairement  de  cha- 
leur ou  de  froideur  excelllves ,  ou  de  la  réplétion 
du  cerveau  &  de  la  débilité  de  la  partie  recevante. 
Les  catarres  ne  pioviennent  pas  de  la  tête  feule- 
ment ,  comme  on  le  fuppofe  d'ordinaire.  Ils  vien- 
nent aulîi  de  toutes  les  autres  parties  ;  parce  que 
les  vailfeaux  lymphatiques  qui  portent  les  férofités, 
fe  diftribuent  par  tout  le  corps  ,  &  que  les  glandes 
qui  les  préparent  font  répandues  prefque  par  tout. 
Ainfi  les  rhumes  arrivent ,  lorfque  les  vaifleaux  lym- 
phatiques dégorgent  leurs  férofirés  &  leur  lymphe 
fur  la  gorge  8c  fur  Ja  poitrine.  Le  froid  empêchant 
la  transpiration  &  l'évaporation  de  la  lymphe ,  eft 
la  caulé  la  plus  fréquente  des  catarres.  La  férofité 
étant  extravafée ,  s'aigrit ,  &  c'eft  ce  qui  caufe  des 
douleurs  en  diverfes  parties.  C'eft  par  cette  raifon, 
que  pour  guérir  les  catarres,  il  faut  adoucir,  ôC 
faire  tranfpirer  les  férofités  ,  par  le  moyen  des  dia- 
phorétiques  ,  &  par  des  remèdes  fomnifères  &  diu- 
rériques.  Van-Hel.  K«T«ff05  vient  du  grec,  Kalctfâo-Tti  ^ 
qui  fignifie  dejluo.  Nicol. 
^CT  II  y  a  une  efpèce  de  catarrtie  ,  qu'on  appell» 
fuff'oquant ,  parce  que  la  maladie  fe  jette  fur  le  la- 
rynx &  l'épiglotte,  &que  ces  parties  font  dans  un 
fi  grand  relferrement ,  que  l'air  ne  peut  entrer  ôc 


^i8  C  A  T 

ibrtir  que  très  -  difficilement  ;  d'où  il  arnvs  que  le 
malade  eft  en  danger  de  liitFoqucr  ,  ii  par  la  faignce 
on  ne  piocurûit  quelqu;  relâclicment ,  <:C  h  l'on  ne 
dctournoit  l'humeur  par  les  lavcmens  ,  les  vclica- 
toires  &  les  autres  remèdes  indiqués  en  pareil  cas. 
CATARREUX,  EUSE,adi.  Qui  eft  lujetaux  catarres 
Catarrhis  ,  Epiphoris  obnoxius  ,  ou  qui  a  rapport 
#         aux    catarres.  Vieillard  catarraix    ,    tempérament 
catarreux ,  humeur  catarreufe, 
gcr  CATARTHIQUE.    royei  Cathartique. 
CATASTASE.  (.  i.  Cataftafis.  Terme  de  Poede  -,  c'eft 
la  troificme  partie  des  tragédies  anciennes  ,  dans 
laquelle  les  intrigues  qui  lé  ibnt  nouées  dans  l'cpitafe 
fe  lbi;tiennent/continucnt&  augmentent  julqu'au 
dénouement,  qui  letait  dans  lacataftrophe.  Voye^ 
la  Poétique  de  Scaliger. 
Catastase.Eu  général,  conftitution,  habitude  , état , 
condition.  Hippocrate  emploie  Ibuventce  mot  pour 
marquer  la  conftitution  de  l'air  ou  des  failbns ,  ou 
la  nature  d'une  maladie.  Galien  rend  ««ris-ao-iç ,  par 
KdSi^-wii  •■,  d'où  il  paroît  qu'il  le  prend  aufli  pour  la 
rédudion,  le  remplacement  d'une  choie  dans  fon 
lieu  propre.  Ce  mot  vient  de  xafliVnuii,  conjlituer. 
CATASTROPHE.  T.  f.  Terme  de  Poefie.  C'eft  le  chan- 
gement ,  5i  la  révolution  qui  lé  fait  dans  un  Poème 
dramatique  ,  Ss.  qui  le  termine  -,  catajlrophe ,  trijtn 
fabules,  exims.  La  plupart  des  pièces  tragiques  d'Eu- 
ripide ont  une  catajlrophe  malheureufe  &  tunefte. 
Dac.  Ariftote   préfère    mie  fin  trifte,une  cataftro- 
pke  malheureufe,  pour  la  Tragédie,  parce  qu'elle 
eft  plus  propre  à  exciter  la  terreur  &:  la  pitié  ,  qui 
font  les  deux  fins  de  la  Tragédie.  P.  Le  Boss.  La 
catajirophe  eft  la  quatrième  &c  la  dernière  partie  des 
tragédies  anciennes. 
ÇCF  il  feroit  fort  à  délirer  pour  les  bonnes    mœurs 
que  la  catajlrophe  tournât  toujours  à  l'avantage  de 
la  vertu ,  qu'à  la  fin  de  la  pièce  le  crime  tïit  puni 
&  la  verru  récompenfée. 

Ce  mot  vient  du  grec  «.xln^potr, ,  fuhverfo ,  ren- 
\er Cernent  ,  houlverfement ,  rijfue  d'une  araire. 
Catastrophe  fe  dit  fîgurément  d'une  fin  funefte  & 
malheureufe  ,  parce  que  d'ordinaire  les  adions  qu'on 
repréfente  dans  les  Poèmes  dramatiques férieux,  font 
fançîlantes.  Il  n'y  a  guère  de  catajlrophe  plus  cton- 
naiite  que  celle  de  Charles  le  Gros  ou  le  Gras,  qui 
d'un  prodigieux    accroilfement    de  grandeur  ,  fut 
tout  d'un  coup  précipiré  dans  un  abyme  de  mifère. 
Maim.  La  vie  de  ce  grand  homme  fe  termina  par 
une  étrange  catajlrophe.  Dans  les  Etats  populaires 
delà  Grèce,  où  la  Monarchie  croit  odieufe  ,  l'on 
écoutoit  avec  avidité  la  funefte  catajlrophe  des  Rois. 
Le  P.  Boss.  C'étoit  une  catajlrophe  des  plus  furpré- 
nantes ,  que  celle  du  Duc  de  Joyeufe  ,  qui  de  Ma- 
réchal de  France  ,  fe  fit  Capucin  &  Prédicateur  , 
fous  le  nom  de  P.  Ange.  De  Vill. 
CATAUT.  Diminutif  de"  Catherine. 
CATAY  ,  qu'on  écrit  auffi  CATHAY  ,  Jr  quelques- 
uns  KATHAY  ou  KITHAY.  Cathaia.  Sanlbn  ,  dans 
fes  petites  cartes ,  met  le  Catay  dans  la  grande  Tar- 
tarie,au  nord  de  la  Chine;  mais  le  P.  d'Avril  al- 
fure   dans  fes  voyages ,  que  le  Kathay  ou  Klthay  , 
fe  prend  en  deux    fens.  Dans  un  fens  général  ,  il 
(ignifie  toute  la  grande  Tartarie  ;  &:  dans  un  fens 
particulier  c'eft  la  partie  fcptentrionale  de  la  Chine  , 
Maty.  Quelques  Auteurs  ont  cru  que  le  Cathay  eft 
Ja  Cathce .,  Cathœa  de  Strabon,  L.  Xt^ ,  qu'Etienne 
de  Byzance  appelle  C^Z/^tc^d  ,  dont  ils  font  une  ré- 
gion d,e  l'Inde.  D'aurres  croient  que  les  peuples  du 
Cathay  font  ceux  que  les  anciens  appeloient  Seres, 
CATE.  f.  f.  Efpèce  de  trochifquc  ou  tablette  que  les 
Indiens  compofent  avec  l'extrait  des  rameaux  d'un 
arbre  épineux  ,  qu'ils  nomment  Tracchie  ,  dont  le 
bois  eft  dur  &   pefant  ,  portant  des  feuilles  fem- 
blables  à  celles  de  la  bruyère.  Ils  mêlent  cet  extrait 
avec  de  la  farine  de  Nachani  ,  qui  aie  goûtdefei- 
gle,&:  la  raclure  d'un  autre  bois  noir.  Ils  en  font 
des  tablettes  qu'ils  fontféchei.  à  l'ombre.  Elles  font 
amèrcs  ôc  aftringcntcs.  Ils  s'en  fervent  pour  alîèr- 


C  A  T 

mir  ks  gencives  ,  pour  le  flux  de  ventre ,  &  pour  la 
douleur  des  yeux. 
CATEAU.  Château.  CcJJlrum.  C'eft  le  mot  château 
prononcé  à  la  manière  picarde  &  artéfienne  que 
nous  avons  adoptée  en  un  feul  mot ,  qui  eft  celui 
de  Cat^au  Cambrelis ,  Cajtrum  Cameracenje  ,  petite 
ville  du  Cambrélis  ,  firuée  fur  la  Selle  ,  renommée 
par  le  traité  de  paix  qui  y  fut  conclu  au  mois  de 
Février  de  l'année  1559,  entre  le  Roi  Henri  II  &: 
Philippe  II,  Roi  d'Efpagne.  M.  Corneille  veut  qu'on 
puilfe  également  dire  Càtcau  ou  Château  Cambrélis  , 
&  Maty  préfère  même  Château  à  Câteau,  dans  cette 
phrafe.  Cependant  il  femble  que  l'ufage  Ibit  ordi- 
naire de  dire  Cj/c-^K-Cambrélis ,  comme  Catelet.  La 
paix  du  Câteau-Qivnhx.tds. 
CATÉCHÈSE.  Terme  d'Hiftoire  -  Eccléfiaftique.  Ex- 
plicr.tion  de  la  Doétrine-Chréricnne  ,  laquelle  fe 
fait  de  vive  voix.  Inftruélion  pour  ceux  qui  veu- 
lent le  faire  Chrétiens.  C'eft  la  même  choie  que 
catichifme.  FiJei  Chrijliance  injlitutio  ,  Chrijliance 
leais  capitum  explicatio,  S.  Cyrille  a  compofé  de 
favantes  Catéchejes.  Ce  mot  vient  du  grec  Ki^y-io-içy 
inftrudion  de  vive  voix. 

Les  Catechefei  ne  fe  faifoient  pas  publiquement 
dans  les  Egliïcs  -,  m.ais  dans  les  lieux  particu- 
liers ,  comme  on  le  prouve  par  l'exemple  d'Origène , 
qui  a  été  Catéchifte d'Alexandrie.  Démétrius,Evê- 
que  lie  cette  grande  ville,  le  plaignit  écrivant  à  Ale- 
xandre, Evcque  de  Jéruf.dem,  &  à  Théorifte,  Evêquc 
de  Céfarée  ,  de  ce  qu'ils  avoicrtt  permis  à  Origène 
de  prêcher  publiquement  dans  l'Eglife.  Les  Catéche- 
jes ne  le  faifoient  donc  point  dans  l'Eglife  ,  mais 
hors  de  l'Eglife  dans  le  Baptiftère,  ou  dans  quelqu'au- 
tre  Hcudeftiné  à  cela  ,  &  qui  étoit  hors  de  l'Eglife. 
CATÉCHISER,  v.  a.  Enfeigncr  les  principaux  points 
de  la  Religion  Chrétienne  &  les  myftères  de  la  foi. 
Pueras  aut  ignares  Chrijliame  Religionis  myjleriis 
erudire.  Les  AliUionnaires  vonr  catéchifer  les  pay- 
fans  dans  les  villages. 
IfT  On  le  dit  figurcment  &  familièremenr  pour",  tâ- 
cher de  perfuader  quelqu'un  en  lui  difant  toutes  les 
raifons  qui  peuvent  le  déterminer  à  faire  quelque 
chofe.  Je  l'ai  bien  catéchijé  fans  pouvoir  rien  obte- 
nir ,  rien  gagner  fur  fon  efprit. 
Catéchisé  ,  Éh.  parr, 

CATÉCHISME,  f.  m.  Inftruiflion  fur  les  principes  & 
les  myftères  de  la  foi.  Catechijmus.  Catechijme  ,  fe 
dit  également  &  du  livre  &  de  l'inftrudiion.  Le 
Concile  de  Trente  ordonne  aux  Curés  de  faire  tous 
les  Dimanches  des  catéchijmes  dans  leurs  Paroilfes. 
Le  catechijme  de  Bellarmin  ,  de  Canilius.  S.  Au- 
guftin  a  fair  un  traité  du  catechijme  à  la  prière  de 
Deogratias ,  Diacre  de  Carthage  ,  qui  étoit  chargé 
de  cette  fonttion.  Il  lui  marque  comment  il  s'en 
doit  acquitter  ,  Si  la  fubftance  des  choies  qu'il  faut 
dire  aux  Catéchumènes. 
Catéchisme  du  Concile  de  Trente.  Ce  Catechijme., 
qui  eft  le  plus  eftimc  de  tous ,  n'a  pas  été  compofé 
par  les  Evêqucs  du  Concile  donr  il  porte  le  nom*, 
mais  feulement  par  leur  ordre.  Ce  font  des  Théo- 
logiens particuliers  qui  l'ont  compofé  ,  &  comitie 
la  plupart  éroient  Dominicains  ,ils  y  ont  répandu 
la  doctrine  de  S.  Thomas.  Le  P.  Alby  Jéfuite  i 
allure  dans  la  vie  du  Cardinal  Sirlet,  que  ce  Cardi- 
nal eft  l'Auteur  du  Catechijme  du  Concile  de  Trente. 
Anroine  Fabrice  de  Liège ,  dans  une  préface  qu'il 
a  mile  à  la  tête  de  ce  Catechijme  ,  prétend  que  lé 
Cardinal  Sirlet  n'eft  pas  le  feul  qui  y  ait  mis  là 
main  ,  mais  qu'il  a  été  aidé  par  plulieurs  autres 
Théologiens.  L'Auteur  d'un  écrit  imprimé  en  i(j07 
&  en  \6^-7 ,  &c  qui  a  pour  titre  ,  Qucejlio  Theolo-  < 
cica ,  &c.  De  mente  Concilii  Tridentini ,  circa  gra^ 
tiam  efpcacem  &  fcientiam  mediam  ,  dit  que  les 
principaux  de  ces  Théologiens  font  Léonard  Ma- 
rin Archevêque  de  Lanciano  ,  Dominicain  ; 
Gilles  Fufcarario  ,  Evêque  de  Modène  ,  &  François 
ForerJus  du  même  Ordre  -,  ce  qui  confirme  ce 
que  l'on  a  dit  d'abord.  Quand  ces  Théologiens 
&  les  autres  nommés  pat  le  Pape  eurem  compofé 


C  AT 

tout  îe  corps  du  Catéchifme  ,  on  choifît  trois  ex- 
cellens  hommes  pour  l'écrire  en  latin  d'un  ftyle 
pur  ,  élégant  &  intelligible.  Ce  tut  Paul  Manucc  , 
Julius  Poggianus  ,  &  Cornélius  Amalthce  ,  Méde- 
cin de  profeiîion  ■,  de  forte  que  ce  Catcchijme  n'cll: 
pas  feulement  inftrudtif  par  rapport  à  la  Religion, 
mais  il  eft  encore  un  livre  agréable  à  lire  pour 
le  ftyle. 

L'ouvrage  fut  enfuite  revu  &  perfectionné  ,  re- 
Cenjîtum  &  perfecîurn  ab  illulîrijjimo  Sirleto  ,  qui 
Tridentino  ConcUio  interfuerat  unà  cum  Cardinale 
SancliZ  Cnicis ,  cujiis  tune  erat  domejlicus  ,  6'  Silvio 
Antonio  Cardinale, 

Le  feul  défaut  eft ,  qu'il  y  ait  ,  comme  on  l'a  dit , 
quelques  fentimens  d'une  école  particulière  >  dans 
un  livre  ,  qui  ne  devoir  précifement  contenit  que  le 
dogme  &  la  doétrine  de  l'Eglife.  Voye:^  les  Auteui^ 
cités  j  &  Vigneuil-Marville,  T.  1  ,p,  549. 

Ce  Catéchifme  a  été  imprimé  par  ordre  de  S.  Pic  , 
Pape  ,  &  approuvé  par  un  bref  de  Grégoire  XIII 
en  1585  -,  par  S.  Charles  Borromée  ,  dans  cinq  Sy- 
nodes diiférens  qu'il  a  tenus  à  Milan  en  1565  ,  1 5<îi>  » 
i57<î,  1577  &  1579;  par  le  Clergé  de  France  af- 
femblé  à  Melun  en  1 579  ;  par  les  Conciles  de  Rouen 
en  1 5  8 1  ;  de  Bordeaux  ,en  1 5  8 1 ,  de  Tours  en  1 5  8  5  ; 
de  Touloufe  ,cn  1590  ;&  par  fept  autres  Conciles 
Provinciaux,  tenus  chez  les  nations  étrangères. 

L'édition  la  plus  recherchée  de  ce  catéchifme  eft 
celle  de  Paul  Manuce , z/2-/b/.   l'y 66. 

Ce  mot  vient  du  grec  x«7?;;ki»-'«  3  injiitutio ,  inflruc- 
tio.  Au  refte  ,  il  faut  dans  fa  prononCiarion  faire 
fonner  1'^  ,  &  dire  catéchifme ,  comme  fait  le  peu- 
ple. 
Catéchisme.  Ce  mot  fe  prend  quelquefois  abufive- 
ment  pour  routes  fortes  d'inftruélions  &  de  pré- 
ceptes ,  même  profanes. 

Ahbé ,  c'ejl-là  le  catécliifmô 
Q^iu  les  Mufes  m'ont  enfeigné  i 
Et  voilà  le  vrai  quietifme 
Qiie  Rome  n'a  point  condamné.  R. 

%1-  CATÉCHISTE,  f.  m.  Officier  Eccléfiaftique  dont 
la  fonélion  étoit  d'cnfeigner  aux  Catéchumènes 
les  premiers  élémens  de  la  Religion.  Voyc^^  Caté- 
chèse. C'étoit  une  fonction  très  -  importante.  Eu- 
fêbe ,  L.  FI ,  C.  5 ,'  rapporte  que  Démetrius  ,  Evêque 
d'Alexandrie  avoir  nommé  Origène  pour  cette 
fonélion  ,  de  laquelle  Pantanus  6c  Clément  s'étoient 
acquittés  avant  lui. 

1)3"  On  appelle  encore  aujourd'hui  Catéchifie  Celui 
qui  enfeigne  le  catéchifme  aux  enfans  dans  une 
Paroiflc.  Jean-Jerfon,  Chancelier  de  l'Univetlité  de 
Paris ,  fe  faifoir  gloire  ,  au  milieu  de  fes  grandes  oc- 
cupations ,  d'inftruire  les  enfans  &  de  les  catéchilér , 
&  répondoit  à  ceux  qui  lui  confeilloient  de  s'ap- 
pliquer à  des  emplois  confidérables ,  qu'il  ne  croyoir 
pas  qu'il  y  en  eiit  de  plus  néceflaire  oc  de  plus  glo- 
rieux que  celui-là. 

CATÉCHISTIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  par  deman- 
des &  par  réponfes,en  forme  de  catéchifme. Cette 
forme  catéchifiicjue  ne  laille  pas  d'avoir  fon  mérite 
&  fon  urilirç.  Desfontaines 

CATÉCHUMENAT.  f.  m.  Erat  de  Catéchumène  , 
c'eft-à-dire ,  d'un  homme  qui  fe  fair  inftruire  pour 
embrafler  la  Religion  Chrétienne  ,  &  fe  difpofet  au 
baptême.  Catechiimenorum  ordo  ,  Catechumenatus  , 
ûs.  Viélorin  reçut  les  cérémonies  du  Catéchuménat, 
Se  donna  fon  nom  peu  après  pour  être  baptifé  ,  au 
grand  éronnement  de  Rome  ,  &  au  grand  dépit  des 
Païens.  Fleury.  Le  temps  du  catéchuménat  n'étoit 
pas  réglé  \  il  croit  plus  ou  moins  long  ,  félon  les  dif- 
pofitions  du  Catéchumène.  Quelquefois  même  on 
piolongeoit  le  Catéchuménat ,  aptes  l'avoir  fixé.  Le 
Catéchuménat  éto't  comme  le  noviciat  du  Baptême  , 
&  de  la  pTofedlon  qu'on  faifoit  en  entrant  dans 
■  la  Religion  Chrétienne.  M.  du  Gué.  Maxim,  pour 

la  Pénit.  art.  16, pat;.  i6. 
CATECHUMENE,  f.  m.  Vk  ne  fe  prononce  pas.  Ce- 


AT  519 

lui  qui  fouhaite  lé  baptême  ,  &  qui  fe  ptcpare  .à  le 
recevoir,  en  fe  faifant  inftruire  des  myftères  de  la 
foi,  Se  des  principaux  préceptes  de  la  Religion.  Q  ui 
Chrijïiancz  fdei  myflenis  imbuitur  ■,  eruditur.  Cate- 
chumenus.  Dans  le  Concile  d'Elvire  l'an  305.6^«-. 
39  &  45  ,les  Catéchumènes  font  appelés  Chrétiens. 
Plulîeurs  diftinguent  trois  fortes  de  Catéchumènes  i 
fçavoir  ,ceux  qui  étoient  iéuiement  auditeurs,  qu'on 
nommoit  Audientes  ;  ceux  qui  fléehillbient  les  çe^ 
noux,  Genuflecientes  ;  &C  ceux  qui  étoient  aflezin- 
ftruits  pour  recevoir  le  Baptême,  Compétentes  ;  mais 
ceux  qui  étoient  appelés  Genuflecientes  ,  né  fai-»- 
foient  point  une  clalfe  diftinguce  de  celle  des  Com- 
pétentes ,  qui  étoient  auiïi  nommés  Genuflecientes  , 
parce  qu'ils  fléchllfo^ent  les  genoux  ,  loriqu'on  pro- 
nonçoir  les  prières  fur  eux.  Le  Scholiafte  Grec  fur 
Harménopule  ne  reconnoît  que  deux  ordres  de  Ca- 
téchumenes  ;  le  premier  qui  eft  le  plus  parfait  ,  eft 
celui  de  ceux  qui  fléchiflbient  les  genoux.  Le  fécond, 
qui  eft  celui  des  Auditeurs  ,  eft  le  degré  des  impar- 
faits qui  étoient  feulement  dans  le  rang  des  écou- 
tans.  Ariftenus  8i  Blaftarès  ne  diftinguent  aufli  que 
ces  deux  cfpèces  de  Catéchumènes.  On  appeloit  im- 
parfaits  &  ecoutans ,  ceux  d'entre  les  Gentils  qui  fe 
préfentoient  pour  embradér  le  Chriftianifme.  Oïl 
donnoit  le  nom  àe  parfaits  à  ceux  qui  avoient  été 
fuffifamment  inftruits.  Quelques-uns  ajoutent  une 
autre  forte  de  Catéchumènes  ,  qu'on  nommoit  les 
Elus  ,  parce  qu'ils  avoient  été  choifis  &  nommes 
pour  recevoir  le  baptême.  D'autres  appellent  ces 
trois  Ordres  les  ecoutans  ou  les  auditeurs  ,  qui  n'é- 
toicnt  encore  admis  qu'à  entendre  les  catéchèfes , 
ou  inftruéfions  &;  explications  de  la  dodlrine  chré- 
tienne -,  les  élus  ou  choifis  ,  qui  avoient  été  fuffifam- 
ment inftruits  ,  &  qui  étoient  choifis  &  admis  pour 
recevoir  le  Baptême ,  &  les  Compétens  ,  qui  étoient 
en  état ,  &  entièrement  difpofés  à  recevoir  le  bap- 
tême. 

Les  Catéchumènes  n'étoient  pas  feulement  diftin- 
gUés  par  le  nom  ,  ils  l'éroient  au/H  par  le  lieu.  Ils 
fe  plaçoient  avec  les  pénitens  dans  le  portique  , 
qui  étoit  l'extrémité  oppofée  au  chœur  ou  au  Sanc- 
tuaire. On  ne  leur  permettoit  pas  non  plus  d'afTiA 
ter  à  la  célébration  de  l'Euchatiftie  ,  après  les  priè- 
res &  le  fermon ,  un  Diacre  les  faifoit  retirer  ,  en  leur 
difant ,  ite  ,  Catechumeni ,  Mifja  efl.  Allez  Catéchu- 
mènes, c'efl:fait.  On  leur  cachoit  les  facrés  myftè- 
res ,  parce  qu'ils  n'étoient  pas  capables  de  les  com- 
prendre ,  &  qu'on  les  y  vouloir  conduira  par  degrés. 
On  faifoit  feulement  part  du  pain  confacré  aux 
Catéchumènes  ,  afin  qu'ils  euflent  une  efpèce  de  com- 
munion avec  les  fidèles.  Foye^  fur  les  Catéchumè^ 
nés  le  Thefaur.  Eccl.  de  Suicer. 

Ce  mot  Catéchumène  eft  grec ,  k«t?;k»V»'»«?  ,  de 
K!t]„xéouai ,  Je  fuis  infiruit ,  de  KaJux^"  3  j'inftruis  de 
vive  voix  ,  de  xarà  &  |;^;»ç ,  VOIX  ,  Ainfi  Catéchumène 
eft  proprement  celui  qui  eft  inftruir  de  vive  voix. 
Quelques-uns,  comme  M.  Fleury,  écrivent  Caté-* 
CUMÈNE  fans  h  ,  contre  l'origine  de  ce  nom. 
Catéchumène,  f.  f.  Sorte  de  galerie.  Foye^  Caté- 

CHITMÉNIE. 

CATECHUMÉNIE.  f.  f.  Catechumenum  ou  Catechu- 
memenium,  Superior  Templi  ou  Eccleftx  porticus  , 
Domus  Catechumenis  docendis  defUnata.  Il  y  a  deux 
fentimens  fur  les  catéchuménies  Les  uns,  comme 
Baronius ,  Volfius  &  Meurfius ,  difent  que  l'on  ap- 
peloit catéchuménies  ,  les  galeries  haures  des  Egli- 
fes ,  parce  que  c'étoit  le  lieu  ou  les  Catéchumènes  fe 
tenoient ,  ou  parce  que  c'éroit  là  qu'on  les  inftrui- 
foit.  Du  Cange  au  contraire  croir  qu'elles  s'appe- 
loienr  ainfi,uarceque  c'éroit  dans  ces  galeries  que  les 
femmes  affiftoient  aux  divins  offices.  Domin.  Macrî 
dit  qu'on  appeloit  auflî  catéchuménie ,  la  maifon  qui 
étoit  deftinée  à  affembler  les  Catéchumènes ,  pouC 
entendre  les  catéchèfes  ,  ou  recevoir  les  inftruc- 
tions  des  Ciréchiftes. 

Ce  mot  a  la  même  origine  que  catéchèfe  &  ca» 
téchumène.  On  rrouve  en  grec  ï^artix^naoi ,  Ka7«xs-' 
(««,*,  &  K<«T«;Ktff»i'»«t  j  ÔC  dans  Codin  X.ar^}ititii,ii»t, 


520  C  A  T 

CATtGORÉMATIQUE.  ad).  &  f.  Terme  de  Dialec- 
tique ou  de  Lo2;ique.   Categoremaùcus  ,  a ,  lun.  Il 
ie   dit  de    l'infini  ,    qui     eli:    actuellement    infini. 
Un  catégorématijue  contient  aduelleraent  une  in- 
finité de  parties.  En  général ,  on  peut  appelkr  ca- 
té^arèmatl.]ue  ,  toute  chofe    qui    eft  aduellement 
telle  que  Ibii  nom  l'énonce, 
CATÉGORIE,  f.  t;    Terme  de   Logique.  C'efl:   une 
divifion  de  tous  les  êtres  Si  de  tous  les  objets  de 
nos  penfées  ,   que  l'on   a   réduits    5c  rangés    par 
ordre  en  diverfes  clailés,  afin  d'en  avoir  une  con- 
noiflance  moins   confulé.    Caugoria.    Les    anciens 
Philofophes  ont  la  plupart  établi  dix  catégories  après 
Archytas  de  Tarente.  Jafury  ,  Race.   d'op.XH, 
page   ^6-j  &  Juivantes.    Toiles  les  fubftances  l'ont 
comprifes  fous  la   première  -,  &  tous  les  accidens 
fous' les   neuf  autres  ;  la  quantité  ,    la    qualité  , 
la    relation  ,  l'aétion  ,    la  paillon  ,  le  temps ,  le 
lieu  ,  la  fituation  ,    l'habitude  ou   la  difpolîtion. 
D'autres  n'en  ont  admis  que  deux ,    la  fubftance 
Se  l'accident.  A    dire  le  vrai ,    ces    dix  catégories 
d'Ariftote ,  dont  on  fait  tant  de  myftère ,  font  très- 
peu  utiles ,  d'autant  plus  que  c'eft  une  chofe  abfo- 
lument    arbitraire,  &  qui  n'a    d'autre  fondement 
que  l'imagination  d'un  homme ,  qui  n'a  eu  aucune 
autorité  de  prefcrire  la  loi  aux  autres,  qui  ont  au- 
tanr  de  droit  que  lui  d'arranger  d'une  autre  manière 
les  objets  de  leur  penfée.  feu  effet,  d'autres  Phi- 
lofophes ont  cru  qu'on  pouvoir  rendre  raifon  de 
toute  la  nature ,  en  y  confidérant  ces  fept  chofes  : 
l'efprit ,  la  matière  ,  la  quantité ,  la  fituation ,  la 
figure ,  le  mouvement  &  le  repos.  Port-R. 

Il  'n'efl:  pas  vrai  que  l'arrangement  des  idées  foit 
une  chofe  purement  arbitraire-,  on  doir  les  ranger 
dans  un  ordre  naturel  ,  &c  l'ordre  le  plus  narurel 
eft  celui  qui  ell  i».  le  plus  conforme  à  la  nature 
des  chofes-,  &  2°.  le  plus  propre  à  nous  faire  .ac- 
quérir aifément  une  connoiflance  claire  &  certaine 
des  chofes.  Il  eft  audi  néceffaire  de  ranger  nos  idées 
dans  un  certain  otdre ,  que  les  proportions  d'un 
traité  de  géométrie  -,  &  puifque  la  connoiflance  des 
Sciences  &  des  Arts  n'eft  autre  chofe  qu'un  amas 
de  propofitions  fur  un  cerrain  fujet ,  il  eft  vifible 
qu'on  les  apprend  bien  mieux  quand  les  idées  font 
rangées  dans  un  certain  ordre ,  que  li  elles  ne 
l'étoient  pas. 

Ce  mot  vient  du  gtec  K«Ti,v«f ''«  >  qui  fîgnifie /r^- 
dica-nentum ,  chofe ,  objer  dont  on  peut  parler. 
Catégorie  ,  fe  dit  figurément  des  chofes  de  même 
nature  ,  de  même  rang  Se  de  même  qualicé.  Or  de, 
natura ,  fpecies  yindoles.  Ces  deux  hommes  ne  font 
pas  de  même  catégorie.  Ces  deux  choies  ne  s'accor- 
dent pas  enfemble  ,  ne  font  pas  de  même  catégorie. 
^fF  Quand  ce  mot  s'applique  aux  perfonnes  qui  onr 
le  même  caraétère  ,  les  mêmes  mœurs  ,  il  fe  prend 
ordinairemenr  en  mauvaife  part.  Ces  gens-là  font 
de  même  catégorie, 
CATÉGORIQUE,  adj.  m,  &  f.  Qui  eft  rangé  fous  une 
catégorie.  Categoricus.  L'ordre  catégorique  veut  que 
la  fubftance  aille  avant  l'accident. 

En  Logique ,  un  terme  catégorique  eft  celui  qui 
fignifie  feul  Se  fans  adjoinr ,  comme  homme ,  pierre 
cheval  ,  &c.  Quelques  uns  écrivent  cathégorie,  ca- 
thégorique  :  c'eft  une  ignorance.  Ce  mot  vient  du 

Grec    ■xa.znyef'iin  ,  &   non  pas  x.a,eriy»^ia  ,  puifque  «'/of«  , 

fa  racine  ,  a  un  efprit  doux. 
Catégorique  fe   dit  figurément  de  ce  qui  eft  dans 
l'ordre  à  propos,  félon  la  raifon.  Confentaneus.  Certe 
réponfe  n'eft  pas  catégorique ,  cela  n'eft  pas  catégo- 
rique. 

On  appelle  des  réponfes  catégoriques,  lesrcponfes 
pertinentes  &  précifes ,  qu'on  fait  fur  les  fairs  ou 
objeélions  qu'on  nous  propofe.  Toutes  les  réponfes 
de  cet  accufé  font  ambiguës  :  il  n'en  fait  point  de 
(atégoriques. 

Je  crus  pieufement  fa  petite  fille ,  quoique  fa  ré- 
ponfe ne  fïit  pas  catégorique.  Le  Sage. 

Audition  catégorique.  Term.c  de  Palais.  C'eft 
guand  on  dit  à  fa  Partie  ;  n'eft-il  pas  vrai  que  vous 


C  AT 

avez  fait  ceci  Se  cela  ;  &c.  Foyei  Audition  Ga^ 

TÉGORIQUE. 

CATuGORIQUEMENTi  adv.  D'une  manière  caté- 
gorique Se^ïQCiicCategoricè.Onz.  ordonné  que  le 
défendeur  rcpondroit  catégoriquement,  par  oui ,  ou 
par  non  ,  fur  les  fairs  qui  lui  ont  été  lignifiés.  Tous 
ces  termes  figurés  ne  font  bons  que  dans  le  ftyle 
lîmple   &:  familier. 
§C?  CATEIA.  Efpèce  de  trait  ou  javelot  fort  pefant , 
dont  les  anciens  Gaulois  Se  Germains  fe  fervoient 
à  la  guerre.  Quelques-uns  le  regardent  comm.e  une 
efpèce  de  coin  millii,  Cateia.    C'étoit  auffi  une  ma- 
chine à  lancer  des  pierres, 
CATEL   ou  GATEUX,  adj.  C'eft  un  terme  de  plu- 
lieurs  C  outumes ,  qu'on  devroit  mettre  en  ufage  dans 
le  difcours  ordinaire,  parce  qu'on  n'a  point  le  mot 
propre   pour    exprimer  ce  qu'il  fignifie.  C'eft   une 
chofe  qui  tient    le  milieu  entre  les  immeubles  Se 
les  meubles,  qui  de  fa  nature  eft  immeuble  ,&  qui 
néanmoins ,  réputée  meuble  ,  lé  parrage  de  même  : 
comme  en  Picardie,  au  rapport  de  Bouteillier ,  des 
moulins  ,  des  navires,  des  fruits  pendans  par  les 
racines  après  la  mi-Mai  ,   Se  avant  le  pied-coupé  , 
parce  qu'après  la  cueillette  ils  font  répurés  meubles, 
Mar2cipium,  res  moyens ^moventia ,  cajiel/um.  ^iens 
catels  ou   cateux. 

Droit  de  meilleur   catel ,  eft  un  droit  que  pln- 
fieurs  Seigneurs  ont  dans  différentes  Provinces  des 
Pays-Bas  3  qui  eft  de  prendre  ,  après  le   décès   de 
leurs  hoirs  ou  vaflaux ,  le   meilleur  meuble   qui  fe 
trouve  en  la  fucceffion ,  lit ,  tapiflerie ,  bague ,  che- 
val ,  vaiffelle  d'argent ,  &c. 
CATELAN ,  ANE.  f.  m.  Se  f.  Qui  eft  de  Catalogne. 
Catalanus  ,  a.  Quelques-uns  ditént  Catalan  au  lieu 
de    Catelan  ,  qui  eft  plus   ordinaire.  Les  Catelans 
croient  en  défiance  qu'on  ne  les  voulût  ou  laiflet 
perdre  ou  abandonner,  pour  conclure  plus  facile- 
ment notre  paix  avec  l'Efpagnol.  Mascur. 
CATELET.  Le  Câtelet.  Petite  ville  de  France  j  dans 
le  Vermandois  en  Picardie,  aux  confins  du  Cam- 
brefis  Se  du  Hainaut ,  fur  l'Efcaut.  Les  Efpagnols 
prirent  le  Câtelet  en  1557.  Ils  le  rendirent  en  1559, 
par  la  paix  de  Château-Cambrcfis ,  L'ayant  encore 
pris  dans  le  dernier  fiècle ,  ils  le  rendirent  en  1(^59, 
par  la  paix  des  Pyrénées  ;  les  fortifications   du  Ca- 
telet  furent  rafces  en   1^74. 

Ce  mor  vient  du  latin  Cafielletum  petit  châ- 
teau,  Se  c'eft  le  nom  françois  Châtelet,  prononcé 
à  la  manière  du  pays ,  qu'il  faut  retenir  dans  ce 
nom ,  parce  que  c'eft  l'ufage.  Jamais  on  n'appelle 
cette  ville  Châtelet  pour  Câtelet. 
CATENE.  f.  f.  C'eft  ce  qu'on  appelle  communément 
chaine  ou  enchaînure  de  remarques  abrégées  fur 
les  livres  de  l'Ecriture.  iVI.  Huet ,  dans  fon  Traité 
de  la  fituation  du  Paradis  terrejlre ,  p.  25,  dit: 
On  cite  encore  une  catene  grecque  ,  pour  la  dé- 
fenfe  de  cette  explication.  Catena.  Voyez  Chaîne. 
CATERGI.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  aux 

Voituriets  dans  les  Etats  du  Grand  Seigneur. 
Cp-  CATERLAGH,  CATHERLAGH  ou  GATER- 
LOGH.  Petite  ville  d'Irlande  ,  dans  la  Province  de 
Leinfter  ,  capitale  d'un  Comté  auquel  elle  donne 
fon  nom.  Ce  Comté  eft  borné  par  les  Contrées  de 
Wicklow,  Wexford,  Kilkenni&  Kildare. 
CATERNISTE.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  l'on  donnoit 
autrefois  .à  Mrs  de  la  congrégation  de  S.  Jofeph. 
Ce  nom   vcnoit  de  celui  de  leur    fondateur,  qui 
fe  nommoit  Caternai,  Les  Caternifies  ont  un  Sémi- 
naire à  Lyon. 
CATERRE.  Foyei  Catarre. 
CATERREUX.  Voyei   Catarreux, 
CATHAIEN  ou  GATA  YEN,  ENNE.  f.  m.SelQai 
eft  du  Gatay  ou  Cathay.  Cathaienfis.  Ca  eft  la  pre- 
mière partie  d'un  Tchag  ou  cycle  de  dix  années  , 
que  les  Cataïens  font  rouler  avec  un  autre  cycle 
de  douze,  pour  compofer  une  période  de  <Jo  ans, 
qui  fert  à  marquer  les  caraélères  de  leurs  années 
Se  de  leurs  époques,  D'Her. 
CATHARES,  Nom  d'anciens  hérétiques ,  qui  ont  été 

ainjS 


T 

aîfifi  appelés  du  mot  grec  x-clafa]  ,  qui  ûgniRc purs, 
parce  qu'ils  le  croy oient  plus  purs  que  les  autres 
Chrétiens.  Euiebe  ,  Liv,  6  de  l'on  H'Lji.  Ecclef,  c.  45, 
&  S.  Epiph.  Hœr.  59,  font  Novat  le  Père  de  Li 
ieiite  des  Cachares.  Voyez  Novatiens.  On  a  donné 
dans  lalliitele  nom  de  Cathares  3.  quelques  autres 
hérétiques  ,  qui  ont  voulu  le  diftingucr  par  la  pu- 
reté de    leurs  mœurs. 

Les  principales  feéles  qui  ont  pris  ce  nom  fâi- 
tueux  ,  font  les  Apotacliques ,  parce  qu'ils  fùilbient 
profcdion  de  renoncer  à  tout  ',  plulîeurs  Montani- 
fles ,  parce  qu'ils  ne  reçevoient  jamais  parmi  eux 
ceux  qui  avoient  une  tels  renoncé  la  foi  dans  les 
tourmens.  On  a  donné  le  même  nom  par  antiphrafe , 
ou  par  ironie,  aux  Parétans,  ou  Patarins,  ou  Pa- 
trins ,  aux  Albigeois ,  &  aux  Cotercaux  •,  mais  ceux 
que  l'on  appelle  plus  communément  Cathares ,  Se 
dans  l'antiquité  5c  en  notre  langue  ,  ce  font  les  No- 
vatiens. Les  Calviniftes  de  la  grande  Bretagne , 
fur-tout  ceux  d'Ecofle,  s'appellent  Pwnw//?^  ,  qui 
eft  le  même  nom  en  françois  que  celui  de  Cathares  , 
en  grec   Cathari. 

CATHARINA.  1".  i.  C'eft  le  nom  de  la  treizième  ta- 
che de  la  Lune  ,  félon  le  catalogue  qu'en  a  fait 
le  P.  Riccioli.  Les  Allronomes  donnent  encore  le 
nom  de  Cyrillus  &  de  Théophilus  à  la  même  tache. 

CATHARISTE,  f  m.  &  £  Nom  que  l'on  donnoit 
parmi  les  Manichéens  à  quelques-uns  de  leur  feéle 
qui  commettoient  d'horribles  infamies.  Catharijlœ, 
Les  Manichéens  enorgueillis  de  l'abftinence  de 
la  viande  ,  qu'ils  croyoient  immonde ,  fe  regar- 
doient  non-feulement  comme  Cathares ,  c'eft-à-dire, 
purs ,  mais  encore,  dit  S.  Augultin,  comme  Ca- 
iharijies  ;  c'eft-à-dire ,  Purificateurs ,  à  caufe  de  la 
partie  de  la  fubftance  divine ,  mêlée  dans  les.her- 
bes  avec  la  fubftance  contraire,  dont  ils  féparoient 
&  purilioient  cette  fubftance  divine  en  la  mangeant, 
BossuET.  S.  Auguftin  ne  dit  pas  que  les  Mani- 
chéens en  général  s'appelaffent  Catharijles  ,  mais 
qu'ils  étoicnt  divifés  en  trois  fedes:  Les  Catharijles , 
Miinddtores  vel  Purgatores ,  les  Macariens  &:  les 
Manichéens  -,  &C  que  les  Catharijles  étoient  ceux 
qui  commettoient  certaines  abominations  exécra- 
bles ,  que  ce  Saint  rapporte  fur  le  témoignage  de 
quelques-uns  d'eux  qui  s'étoicnt  convertis. 

Ce  nom ,  Catharijie  vientde  x«fi«fo? ,  pur  ,  &c  li- 
gnifie Purificateur  :  S.  Auguftin  parle  des  Catha- 
riftes ,  hœr.  46^ ,  &  S.  Léon,  ép.^> 

ÇATHARTIQUE.  adj.  Terme  de  Médecine,  quife 
dit  tant  des  remèdes  purgatifs,  q'.ie  des  vomitifs; 
mais  plus  proprement  des  purgatifs.  Catharticus. 
Les  Cathartiques  pris  en  ce  dernier  fens  font  de 
plufieurs  fortes  -,  il  y  en  a  de  bénins ,  de  médio- 
cres &  de  violens.  Les  bénins  font  ceux  qui  purgent 
doucement;  tels  font  la  calfe ,  la  manne,  les  ta- 
marins, la  rhubarbe,  le  féné ,  &c.  Les  médiocres 
purgent  plus  fortement ,  comme  le  jalap  &  la  fca- 
monée.  Les  derniers  vident  avec  beaucoup  de  vio- 
lence &  d'émotion  ,  tels  font  la  coloquinte  ,  l'el- 
lébore, la  laureole  ,  &c.  On  les  divife  audi  en  cho- 
/agogues  ,  phlegmagogues  ,  mélanagogues  &  hydra- 
gogues.  Les  cholagogues  ,  à  ce  qu'on  prétend ,  pur- 
gent la  bile",  les  phlegmagogues  la  pituite  ;  les //;t'- 
lanagogues ,  la  mélancolie  -,  &c  les  hydragogues ,  les 
férofités. 

Ce  mot  vient  du  grec  xttSdipa  ,purgo, 

CATHAUT.  Foye^  Catos. 

.CATHEDRA.  (  ^'^t-  )  Nous  mettons  ce  mot ,  quoiqu'il 
■  foit  purement  latin,  parce  qu'on  s'en  ferten  notre 
langue,  &  qu'en  termes  dogmatiques  on  dit  fou- 
vent  ex  cathedra ,  quand  on  parle  du  Pape ,  ou 
de  fes  décrets.  On  dit  que  le  Pape  parle  ex  ca- 
thedra ,  ou    ne  parle  pas  ex  cathedra. 

Le  Pape  n'eft  cenfc  parler  ex  cathedra,  que 
lorfqu'il  fait  un  décret  public  ,  comme  chef  de 
TEglife  Univerfelle  ,  &  qu'il  l'adrefle  à  tous  les 
Fidèles,  pour  être  la  régie  de  leur  foi  ou  de  leurs 
moeurs. 

CATHÉDRALE,  adj.  f.   Qui  n'eft  d'ufage  que  dans 
Tome  II. 


C  AT 


J2Î 


I  cette  piirafe.  Ëglife  cathédrale,  Es,{[te  qui  eft  lé 
licgc  d'un  Evêque  ou  d'un  Archevêque ,  Ecckjia. 
cathedralis  ;  Templum  in  quo  fedes  ejl  Epifcopi. 
C'elt  toujours  la  principale  de  la  ville  où  elle  eft 
bâtie. 

Il  femble  que  le  nom  d'Eglife  Cathédrale  tire  fort 
origine  de  la  manière  de  s'aifeoir  dans  les  pre- 
mières Eglifes  ou  aifcmblces  des  Chrétiens.  Le  Con- 
feil  de  ces  premières  affemblées  étoit  appelé  Pref- 
kyterium  ;  c'eft-a-dirc ,  conl'eil  des  Prêtres ,  ou  An- 
ciens. L'Evêque  prelidoit  ;  les  Prêtres  qui  étoient 
à  fes  cotés,  avoient  chacun  leur  chaire,  &  c'eft 
pour  cela  qu'ils  font  nommés  AjfejJ'ores  Epifcopo- 
TUTU  par  les  anciens  Pères.  L'Evêque  étoit  fur  uri 
fiége  plus  élevé.  La  Juridiction  Epifcopale  ne  dé- 
pendoit  point  de  l'Evêque  feiil  j  mais  de  tous  les 
Prêtres ,  dont  l'Evêque  étoit  le  préfident.  On  ob- 
ferve  encore  préfcnrement  dans  l'Eglife ,  les  fêtes 
de  la  chaire  de  S.  Pierre  à  Romeôc  àAntioche, 
qui  font  les  deux  villes  où  ce  faint  Apôtre  a  pré- 
fidé  à  un  Confiftoire  fixe  des  Prêtres.  Par  le  mot 
d'Eglife  Cathédrale ,  on  n'cntendoit  pas  dans  ces 
premiers  temps  des  Cathédrales  ,  comme  elles  font 
aujourd'hui.  Car  les  Chrétiens  avant  Conftantin 
n'ont  gucres  eu  la  liberté  de  bâtir  des  temples^ 
Le  mot  d'Eglife  ne  fignifioit  autte  chofe  dans  fon 
origine  qu'une  aflemblée.  C'eft  pourquoi  il  n'y  2. 
rien  de  û  ridicule  ,  que  ce  que  nous  difent  quel- 
ques Ecrivains  ,  fur-tout  les  Efpagnols,  de  leurs 
Cathédrales  ,  qu'ils  prétendent  avoir  été  bâties  dès 
le  temps  des  Apôtres  ,  comme  fi  une  Eglife  eût 
été  autre  chofe  en  ce  temps-là  ,  que  le  fiége  d'un 
Evêque  accompagné  d'un  certain  nombre  de  Prê- 
tres. On  doit  aulH  mettre  au  nombre  des  fables, 
ce  qu'on  lit  dans  un  nouveau  Bréviaire  des  Car- 
mes ,  qui  n'a  point  été  approuvé  à  Rome  ;  lavoir , 
qu'il  y  avoir  autrefois  fur  le  Mont-Carmel  une  Eglife 
bâtie  en  l'honneur  de  la  fainte  Vierge  par  les  Pro- 
phètes fucceflêurs  d'Elie,  qui  rendoient  vifite  à  la 
fainte  Vierge. 

§3"  Le  nom  d'Eglife  Cathédrale  n'eft  pas  fort  ancien. 
On  appeloit  l'Eglife  principale ,  celle  où  l'Evê- 
que célébroit  ordinairement ,  la  grands  Eslife  , 
l'Eglife  Epifcopale  ,  l'Eglife  de  la  ville.  Le  nom  de 
Cathédrale  n'a  été  en  ufage  dans  l'Eglife  latine  que 
depuis  le  X^  fiécle. 

Ce  mot  vient  du  gtec  xxliS^f»   ,  chaire,  qui  vient 
de  xctêi^of^.a'  j  jedeo. 

Cathédrale  ,  eft  auffi  un  f.  f.  On  dit  l'Eglife  de 
Notre-Dame  eft  la  Cathédrale  de  Paris.  Les  Cathé- 
drales de  Bourges ,  d'Amiens  &;  de  Beauvais  ,  font , 
dit-on  ,  les  trois  plus  belles  Eglifes  gothiques  du 
moncje. 

CATHEDRANT.  f.  m.  Celui  qui  enfeigne  en  chaire  j 
en  parlant  d'un  Théologien  ,  ou  d'un  Philofophe* 
Cathedrarius, 

Cathédrant  fignifie  auflî  celui  qui  préfide  à  un 
aéte  de  Théologie  ,  ou  de  Plùlofophie  ,  qu'on  fou- 
tient  publiquement,  Pnefes. 

CATHÉDRATIQÛE.  adj.  Droit  Catkédratique.  C'eil 
un  droit  que  prenoient  les  Evêques  en  Efpagne  &C 
en  France ,  quand  ils  faifoient  leur  vifite.  Somme 
d'argent  qu'ils  exigeoient  propter  Cathedram  epif-' 
copalem.  Il  en  eft  patlé  dans  le  Concile  de  Brague, 
tenu  en  5:71 ,  &  qui  dans  la  colledion  du  P.  Labbe 
eft  le  troilîème  de  Brague ,  mais  le  fécond  feule- 
ment dans  la  colledion  des  Conciles  d'Efpaîne, 
faite  par  le  Cardinal  d'Aguire.  Aucun  Evêque ,  die 
ce  Concile  ,  dans  fon  I^anon  ,  quand  ils  font  la  vi- 
fite dans  leurs  Diocèfes  ne  prendra  rien,  outre  l'hon- 
neur de  fon  fiége  ,  prceter  honorent  cathedrce  Juœ  ; 
c'eft-à-dire  ,  deïix  fols  d'or.  C'eft  ce  que  je  trouve 

.     appelé  en  françois ,  droit  cathédratique.^ 

%fF  Ce  droit  fe  nommoit  encore  fynodafiique  ,  par- 
ce qu'on  le  payoit  au  fynode. 

'ijcr  Depuis  on  a  appelé  droits  cathédratiques  ,  les 
droits  afteélés  aux  Archidiacres  dans  leurs   vifites. 

CathÉdratique.  adj.  m.  Certain  droit  que  les  Evê- 
ques nouvellement  mis  en  pollefllon  donnoient  aux 

S  s 


322  CAT 

Evêques  qui  les  avoient  ordonnés ,  aux  Notaites , 
à  Icui-s  Clercs ,  &:  autres  OiHciers.  Ce  droit  ell:  dif- 
férent de  celui  que  prenoient  les  Evèqucs  d'Elpa- 
gnc  dans   leur  viiite. 

Cathédratique.  DoCleur  Cathéâratique,  Cathédranr, 
Docteur  pourvu  d'une  chaire  de  Théologie  dans 
une  Univerlité.  Doôteur  enleignant.  Docleur  Ré- 
gent. DocioT  Theologuvn  doccns ,  traders.  Doclor 
Cathedraticus.  Ce  mot  eft  en  ulage  en  ECpagne  ,  Se 
nous  ne  nous  en  fervons  dans  norre  langue  qu'en 
parlant  des  Dodeurs  &:  des  Univeriités  d'Eipagne. 
Doéieur  Cathédranque  de  Salamanque,  d'Alcala, 
&c. 

Ces  mots  viennent  de  KaSi^pa  ,  cathedra  ,  une 
chaire. 

CATHÉDRER.  v.  n.  Tenir  la  chaire ,  prcfider.  Prceejfe. 
Il  y  a  quantité  de  Juridictions  où  il  fe  trouve  plu- 
fîeurs  Juges  du  mcmc  titre  &  de  la  même  auto- 
rité ,  qui  cathidrent  tour  à  tour.  Il  y  a  trois  Lieu- 
tenans-Gcnéraux  dans  ce  Bailliage,  qui  cathèdrent 
chacun  leur  mois  alrernativemsnt.  C'eft  Monfieur 
J^ . . .  q\ii  cuikèdre  ce  mois-ci.  Un  Juge  en  chef 
peut  avoir  fes  Provilions ,  &  ne  pas  encore  cathc- 
drer ,  parce  qu'il  n'a  pas  encore  l'âge  requis  par 
les  Ordonnances.  ^fT  Jenefcaisli,  ni  où  ce  mot 
eft  eh  ufafîe. 

CATHÉRÉf  IQUE,  ad].  Terme  de  Médecine  &  de 
Chirurgie.  Ce  mot  veut  dire,  quiôte  ,  qui  emporte. 
On  appelle  remèdes  cathiréùques ,  ceux  qui  con- 
fument ,  qui  rongent  &•'  emportent  des  carnotités  ,les 
chairs  baveufes  &  fongucuiés,  qui  viL-nnent  dans 
les  plaies;  tels  font  le  précipiré  rouge  ,  l'alun  brûlé. 
Le  Chirurgien  préparera  l'on  remède  cathcntiqui 
plus  ou  moins  fort.  Dionis. 

Ce  mot  vient  de  cathereticus  ,  qui  eft  forme  de 
xaêi  ,  Se  d'y.'péii ,  j'âte,  j'emporte.  Quelques-uns  ap- 
pellent ces  remèdes  Sarcophages ,  c'elt-à-dire  ,  qui 
mangent  les  chairs. 

CATHERINE,  f.  f.  Nom  de  femme ,  prononcez  Ca- 
trine.  Catharina.  Sainte  Catherine,  Vierge  d'Ale- 
xandrie ,  martyre  fous  Maximin  ,  étoit  très-favante, 
fi  l'on  en  croit  les  adtes  de  fa  mort,  qui  font  fort 
fufpeéts.  Elle  difputa  contre  cinquante  Philofophes, 
&c  les  vainquit  par  la  force  de  fes  raifonnemens. 
C'eit  pour  cela  que  dans  les  Collèges  les  Erudians 
de  Philofophie  ,  prennent  fainte  Catherine  pour 
leur  Patrone.  On  n'a  rien  de  certain  touchant  fainte 
Catherine.  Les  faits  que  l'on  a  de  fi  vie  &  de  fon 
marryre  fonr  fuppofés.  On  n'a  point  parlé  de  cette 
Sainte  avant  la  tin  du  VIP  iîcclc ,  ou  au  commen- 
cement du  fuivant.  SdÀmt  Catherine  de  Sienne,  du 
tiers  Ordre  de  S.  Dominique  vivoit  au  XIV'  (iè- 
cle.  Catherine  de  Médicis ,  Reine  de  France ,  fille 
de  Laurent  de  Médicis  ,  femme  de  Henri  II , 
mère  de  François  II ,  Charles  IX  &  Henri  III,  eut , 
pour  le  malheur  de  la  France  ,  trop  d'ambition  & 
trop  peu  de  piéré,  ou  peut-être  de  religion. 

On  prétend  que  ce  nom  a  été  fait  en  Occident 
par  àbréviarion  de  celui  que  lui  donnoient  les  Grecs 
Aicatharine. 

On  appelle  Xz. fainte  Catherine ,  le  jour  de  la  fête 
de  cette  Sainte,  le  temps  auquel  elle  vient. 

Qatherine  (  Ordre  de  fainte  )  du  mont  Sinaï.  Equef- 
tris  Ordo  fancliz  Catkarinœ.  Après  que  le  corps  de 
fainte  Catherine  eut  été  trouvé  fur  le  monr  Sinaï, 
il  s'y  fît  un  fort  grand  concours  de  Pèlerins ,  que 
la  dévotion  y  artiroit.  Pour  faciliter  ce  pèlerinage 
peu  sûr  parmi  les  Arabes,  on  établit  en  loS;  îin 
ordre  de  Chevalerie  à  Tmiitation  de  celui  du  S. 
Sépulcre  ;  il  fut  mis  fous  la  règle  de  S.  Bafîle ,  Se 
fous  la  protection  de  fainte  Catherine ,  qu'il  prit 
pour  Patrone.  Les  Chevaliers  s'engageoient  par  vœu 
à  fuivre  la  règle  de  S.  Bafîle ,  à    garder  le  corps 

■  de  feinte  Catherine ,  à  pourvoir  i  la  fûreré  âks 
chemins  en  faveur  des  Pèlerins,  à  défendre  l'E- 
glifé  Catholique  ,  Sc  à  obéir^  au  Grand-Maître  de 
l'Ordre,  Leurs  eoftflitutions  furent  tirées  de  celles 
de  l'Ordre  du  fainr  Sépulchre.  Ils  porroienr  fur 
un  habit  blanc  les  initrumens  du  martyre  de  leur 


CAT 

fainte  Patrone  ;  c'eft-à-dire ,  une  demi-roue  armée 
de  poinres  tranchantes  Se  traverfce  par  une  épce 
teinte  de  iang.  f^'jye^  la  defcription  des  Ordres  Mi- 
litaires ,  imprimée  à  Paris  en  icîyi  ,  &  l'Abbé  Jufri- 
niani ,  Hijioria  di  tutti  gfOrd.  Mi.tit.  Tom.  I ,e,  i<). 
Cet  Ordre  eft  éteint,  aufli  bien  que  celui  du  faint 
Sépulchre.  Comme  les  Cordeliers  de  Jèrufalem  fe 
Ibnr  arrogé  le  droir  de  conférer  celui-ci ,  les  Moi- 
nes Grecs  Bafiliens  du  mont  Sinaï  donnent  celui- 
là.  La  bannière  de  l'Ordre  reprcféntoit  d'un  côté 
les  armes  dont  nous  avons  parlé ,  &  de  l'autre  le 
martyre  de  fainre  Catherine  ,  où  cette  fainte  elt 
entre  deux  roues ,  armées  de  pointes  &  de  couteaux- 
tranchans. 

Les  Auteurs  ont  donné  dans  deux  erreurs  au 
fujct  de  cet  Ordre ,  qui  ne  fut  inflitué  que  l'an 
1067,  félon  quelques  Auteurs,  &  en  10^3,  félon 
d'autres  ou  même  dans  le  douzième  lîècle,  com- 
me le  croit  le  P.  Hèlyot.  La  première  erreur  eft 
de  Forvyn,  qui  dit  que  les  Chevaliers  de  fainre 
Catherine  porroienr  par  dcffus  la  croix  de  Jèrufa- 
lem les  marques  du  martyre  de  cette  Sainte  ;favoir, 
une  roue  percée  ,  à  fix  raies  de  gueules  clouées 
d'argent ,  comm^  il  l'a  fait  graver  dans  fon  Théâ- 
tre d'honneur  &  de  Chevalerie  \  mais  il  n'a  pas 
fait  réflexion  que  M.  Daubray  ,  de  qui  il  avoir 
emprunté  la  croix,  éroit  non-lèulement  Chevalier 
de  fainte  Catherine,  mais  encore  du  faint  Sépul- 
cre. La  féconde  erreur  e!l  de  Schoombeck  ,  qui 
prèrcnd  que  les  Religieux  de  S.  François  ont  le 
pouvoir  de  faire  des  Chevaliers  de  fainte  Cathe- 
rine,  ce  qui  eft  faux.  Voye^  le  P.  Hclyot,  T.  J, 
C.   5^ 

La  Congrégation  de  fainre  Catherine  de  Sienne 
eft  une  Réforme  de  fOrdre  de  S.  Dominique  , 
faite  vers  la  fin  du  leizième  fîècle  ,  par  le  P.  Pau- 
lin ,  Bernardin  de  Luques ,  qui  la  commença  dans 
le  Royaume  de  Naples ,  fous  le  nom  de  Congré- 
gation de  l'Abruzze  de  fainte  Catherine  de  Sienne. 
P.  HÉLYOT.,  Tom.  III,  C.  16. 

Catherine.. (  5iZ/«/f)  Nom  d'une  efpcce  de  bonnes 
prunes.  Les  Sainte  Catherine  font  du  nombre  de 
celles  qui  ont  -la  chair  fine  ,  rendre  &  bien  fon- 
dante ,  l'eau  fort  douce  &  fort  fucrée ,  &  le  goût 
relevé.  La  Quint.  Les  Sainte  Catherine  font  lon- 
guettes, blanches ,  jaunâtres,  affez  grofTes,  &  bon- 
nes en  pruneaux.  Id.  On  voit  que  ce  nom  ne  change 
poinr  au  pluriel.  La  prune  de  Sainte  Catherine  en 
efpalier,  bien  expofé  en  bon  fond,  eft  un  excel- 
lent fruit ,  pourvu  qu'on  lui  donne  le  temps  de 
mûrir ,  tellcmenr  qu'elle  en  devienne  ridée  autour 
de  la  queue. 

CATHERINETTE.  f.  f.  On  donne  ce  nom  dans  quel- 
ques Collèges  de  Paris  à  des  rhèfes  que  l'on  fait 
fourenir  vers  la  fête  de  fainte  Catherine ,  Patrone 
des  Ecoliers  ,  Sc  fur-tout   des  Philofophes. 

0CrCATHETE.f.f.  Terme  d'Architedture.  Cathetus. 
C'eft  une  ligne  perpendiculaire  qu'on  luppofe  traver- 
fer  à  plomb  le  milieu  d'un  corps  cylindrique ,  comme 
une  colonne,  un  baluftre.  On  l'appelle  auffi  axe 
ou  effieu. 

|3"  C'eft  encore  la  ligne  perpendiculaire  qui  pafTe 
par   lœil  de  la  volure  du  chapireau  ionique. 

§3"  Cathete  fe  dit  généralement  en  Gèomèrrie  d'une 
ligne  qui  tombe  perpendiculairemenr  llir  une  llar- 
face  ou  fur  une  autre  ligne. 

gCr  On  le  dit  particulièrement  en  Catoptrique  de  la 
ligne  que  décrit  un  rayon  qui  rombe  perpendiculaire-' 
menr  fur  un  aurre  corps.  Cathetus.  La  cathete  d'in- 
cidence  ,  eft  une  ligne  droite  tirée  d'un  point  de 
l'objer  perpendiculairement  .à  la  ligne  réfléchifîante. 
Il  elt  évident  que  dans  un  miroir  fphérique  cetre 
ligne  paffe  par  fon  centre  fClT  en  continuant  men- 
talemenr  la  cathete  d'incidence  Sc  le  rayon  réflé- 
chi jufqu'à  ce  que  ces  deux  lignes  concourent  au  àe-lï 
du  miroir ,  il  fe  formera  derrière  le  miroir  un  rriangle  ' 
idéal ,  égal  au  triangle  qui  fe  forme  devant  le  même 
miroir ,  puifque  ces  deux  triangles  ont  leurs  angles 
égaux  &  un  côté  coi-oJXiun. 


C  A  T 

îfT  L'Im-Age  d'an  cb^.-t  vu  par  le  moyen  d'un  mi- 
loir,  paroît  toujours  dans  quelqu'un  des  points  de 
la  cathiu  d'incidence. 

^^  L'Image  d'un  objet  vu  par  le  moyen  d'un  mi- 
roir )  paroît  toujours  au  point  de  concours  de  la 
cathcte  d'incidence  &  du  rayon  réHéchi. 

IJCr  C'cll  pour  cela  que  l'image  d'un  ob'et  paroît 
toujours  aulli  enfoncée  en  dc-là  du  miroir  plan  , 
que  l'objet  eft  lui-même  éloigné  du  miroir.  Ain(î 
lorique  nous  avançons  vers  an  miroir  plan  ,  iiotre  • 
image  s'avance  vers  nous ,  &  lorique  nous  nous 
en   écartons ,  notre  image  s'enfonce. 

^fT  C'efl  pour  cela  auffi  qu'un  homme  qui  fe  trouve  de- 
bout, &  qui  fe  regarde  dans  un  miroir  placé  ho- 
rifontalcmcnt  à  fcs  pitds ,  ie  voit  dans  une  lîmation 
renverféei  parceque  fa  tête  étant  plus  éloignée  du 
miroir  que  fes  pieds ,  l'image  de  fa  tête  doit  être 
plus  enfoncée  en  de-là  du  miroir  ,  que  celle  de 
fes  pieds.  AuiJl  voyons-nous  rcnverfce  i'ii'nage  des 
arbres  plantés  au  bord  des  rivières. 

^CJ"  Ce  qui  diftingue  les  miroirs  convexes  des  mi- 
roirs plans ,  c'eft  que  deux  rayons  de  lumière  , 
après  avoir  été  réfléchis  par  une  furface  convexe  , 
font  plus  divergens ,  c'eft-à-dire  ,  plus  écartés  l'un 
de  l'autre  ,  qu'après  avoir  été  rciicchis  par  une 
furface  plane. . 

^f3"  Cette  propriété  des  miroirs  convexes  bien  con- 
ftatée  ,  on  comprend  qu'ils  doivent  nous  repréfen- 
ter  l'image  plus  petite  que  fon  objet  -,  parceque  les 
rayons  partis  des  extrémités  de  l'objet ,  &  devenus , 
après  la  réflexion  ,  plus  divergens  qu'ils  ne  l'au- 
roient  été ,  s'ils  avoient  été  réfléchis  par  un  miroir 
plan,fe  réunifient  plus  tard,  &  nous  repréfentent 
l'objet  fous  un  angle  plus  petit. 

Dans  les  miroirs  concaves ,  non  feulement  les  ima- 
ges des  objets  paroilfent  hors  du  miroir,  mais  encore 
elles  paroiflent  renverfées,  parce  que  les  rayons  ré- 
fléchis ne  concourent  avec  les  caihetes  d'incidence , 
qu'ap^  s'être  croifés  au  foyer.  Si  cependant  Ton 
plaçoit  l'objet  plus  bas  que  le  foyer  ,  l'image  ne  ie- 
roit  pas  renverfée ,  Si  elle  paroîtroit  en  dehors  du 
miroir,  parce  que  les  rayons  réfléchis  n'ayant  pu  fe 
croifer  au  foyer ,  concourroient  avec  les  cachetés  d'in- 
cidence cn-deià  du  miroir.  Voyei^  au  mot  Miroir, 
les  autres  propriétés  de  ces  trois  fortes  de  miroirs. 

CATHÉTER,  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Ceft  une 
fonde  creufe  Se  courbe  ,  dont  on  fe  fert ,  tant  pour 
tirer  l'urine  de  la  velfie ,  que  pour  reconnoître  fcs 
maladies ,  &:  celle  de  fon  canal.  Cathéter. 

Voyez-en  la  defcription  dans  le  Dictionrtaire  de 
M.  Col  de  Villars.  Ce  mot  eft  grec ,  '.xt^rv^  ,  immif 
tor ,  inftrument  avec  lequel  on  introduit  quelque 
chofe  ,  du  verbe  k^^s/îs-k/  ,  immitto  ,  infunio  -,  j'intro- 
duis, j'injedte.  L'accent  grave  fur  la  dernière  eft  né- 
ceflaire ,  pour  faire  fentir  la  prononciation  de  la  der- 
nière fyllabe  qui  n'a  pas  le  même  fon  que  la  termi- 
naifon  des  infinitifs.  C'eft  pourquoi  on  doit  écrire 
cathitïr. 

tATHÉTÉRISME ,  f.  m.  Opération  de  Chirurgie, 
parle  moyen  de  laquelle  on  tire  l'urine  qui  eft  rete- 
nue %fT  dans  la  veifie ,  ou  par  laquelle  on  y  fait  des 
injections  eh  y  introduiiânt  le  cathéter ,  Cathete- 
rifmiis.  Elle  eft  ainli  appelée  à'caufe  de  rinftrument 
dont  on  fe  fcrt ,  qu'on  nomme  cathéter ,  algalie  ou 
fonde  creufe.  Cette  opération  n'a  lieu  que  lorfqile 
la  fuppreilion  eft  à  la  velTie, 
CATHIMÎE  f.  f.  Cathimia.  Ce  mot  fignifîe  en  langage 
fpagirique  <,  i^.  une  veine  minérale  fourerraine,  d'où 
l'on  tire  de  l'or  &  de  l'argent-,  1°.  des  concrétions  qui 
fe  forment  dans  les  fourneaux  où  l'on  fond  l'or  &: 
l'argent;  ;c.  l'or -,4°.  les  fcories  d'argent;  5°.  la  fuie 
qui  s'attache  aux  murs  des  endroits  où  l'on  prépare  le 
cuivre.  Ruland  cité  par  James.  Cathimie  eft  auHi 
fynonyme  à  Cadmie. 
CATHIN.  rove^CATIN. 

CATHOLICISME,  f.  m.  CatkoHcifmus.  Mot  nouvel- 
lement employé  pour  diftinguer  la  Religion  Catho- 
lique. On  entend  par  le  mot  ca;Ao/z<:///72^,  la'Reli- 
gion  Catholique-Romaine,  fes  articles  de  toi,  fes 


"Q  A  T 


^f? 


dogmes  ,  fes  maximes.  Le  Quho/icifme  eftla  plus  rai- 
fonnable  de  toutes  les  Religions,  la  plus  favorable 
aux  Puiiiànccs  /ouveraines  &  aux  peuples.  Toutes  les 
Seules  d'Angktcrfe  font  toujours  réunies  contre  le 
Cittholicijme  leur  ennemi  commun.  Voltaire. 

CATHOLlCISSlME.  adj.  Très -Catholique.  Nicolas 
Rapin,  Auteur  de  la  Harangue  du  Reftcur  Rofe,  le 
fait  ainli  argumenter  contre  le  Duc  de  Mayenne; 
«  Quiconque  tait  pendre  les  Catholiques  zélés,  efL 
"  tyran  &  fauteur  d'Héfétiques  :  atqui  Monfieur  le 
"  Lieutenant  a  fait  pendre  Louchard  Ô<:  confors  ca- 
»  thulicijjimes^  zélatiilimes  ;  eri^o  Monfieiir  le  Lieu- 
»  tenant  eft  tyran  &  fauteur  d'Hérétiques,  pire  que 
»  Henri  de  Valois  qui  avoir  pardonné  HLouchard  , 
»  d'Hafte  ,  &  la  Morlicre  ,  dignes  du  gibet  pluS  de 
»  trois  ans  devant  les  barricades....  »\SV:^  Mcmp^ 
in  80.  pag.  85.  Ce  mot  ne  doit  être  employé  que  dans 
le  ftyle  badin. 

CATHOLICITÉ,  f.  f.  La  véritable  Eglifc.L'Eglife  Ca- 
tholique ■.Les  pays,ra(fcinblée  des  Fidèles  Catho- 
liques. Ecclefia  Ljtkolica.  Dans  la  Catholicité  on  ne 
voit  point  celibcrtinngc  étonnant  de  fentimens,  ces  ■ 
opinions  extravapnte's ,  ii  fréquentes  dans  les  pays 
hérétiques ,  ces  chang'emcns  perpétuels ,  ceis  doutes , 
cesirréfolutions.qui  aboutiifent  fi  fouvent  à  l'irré- 
ligion &  à  l'athéilme  /ou  pour  le  moins  au  Déifmc 
On  y  eft  au  contraire  confiant  &  tranquille ,  parce 
qu'on  a  une  règle  sûre  de  fa  croyance. 

ffT  Catholicité  de  l'Eglile  ,  c'eft-à-dire , fon  univer- 
falité  à  tous  les  temps ,  à  tous  les  lieux  ,  &  à  toutes 
fortes  de  perlbnnes.  Ce  caradère  de  la  vraie  Eglifc 
ne  convient  qu'à  l'Eglife  Romaine. 

:fT_  Catholicité  fe  prend  aulfi  quelquefois  ponc 
tous  les  Pays  Catholiques.  C'eft  un  ufage  reçu  dans 
toute    la  Catholicité. 

\fT  Catholicité  fe  dit  encore  de  la  dodlrine  Ca-' 
tholiiiiieSiC  de  l'attachement  d'une  perfo-^ne  à  cette 
dodtrine.  Catholicité  d'une  propofition.  Donner  des 
preuves  de   Catholicité. 

CATHOLICON.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft  un 
éleéluaire  mou  ,  ainlî  appelé  comme  qui  diroit  um- 
verJ'el,où  purgeant  toutes  les  hunuurj.  Cathoiicum 
medicamentum.  On  en  trouve  chez  les  Auteurs  diffé- 
rentes defcriptions.  Le  catholicon  qu'on  appelle  or- 
dinairemenr  de  Nicolas  eft  le  plus  en  ufage  :  il  eft 
compofé  de  leize  ingrédiens  dont  les  principaux  font 
les  ramarins ,  la  caile ,  le  fené  &  la  rhubarbe.  Ce  ca- 
tholicon eft  appelé  ^ow/^/^ ,  lorfqu'on  y  met  double 
poids  de  fené  &  de  rhubarbe.  On  lui  donne  aulfj 
le  nom  de  catholicon  fin  ,  parce  qu'on  y  met  du  fucre 
blanc  &c  de  la  meilleure  rhubarbe.  Le  catholicon  pour 
les  clyftères  ne  diffère  du  précédent  qu'en  ce  qu'il 
n'y  entre  point  de  thubarbe  ,  &:  qu'au  lieu  de  fucre 
on  y  met  du  miel. 

qatholicon  :  eft  aulîî  le  nom  d'une  Satyre  ingénieufe 
faite  du  teiilps  de  la  Ligue  ;  intitulée  Satyre  Mcnip- 
pée  de  la  vertu  du  Catholicon  d'EJpagne,  &•  de  la  te- 
nue des  Etats  de  Paris.  On  y  montre  que  les  intérêts 
des  Chefs  de  la  Ligue  étoient  tout  autres  que  ceux 
de  la  Religion.  Le  Catholicon  d'Efpagne  n'eft  pas 
l'ouvrage  d'un  feul  homme.  M.  Le  Roi ,  Aumônier 
du  jeune  Cardinal  de  Bourbon,  &  depuis  Chanoine 
de  l'Eglife  de  Rouen  ,  compofa  &  mit  au  jour 
en  1595  la  vertu  du  Catholicon  d'Efpagne.  Cet  écrit 
étoit  fortcourr,  &  fut  diftribué  cette  année-là  en 
feuilles  brochées.  Dès  qu'il  parut  chacun  en  fut 
chnrmé,  &  les  beaux-efprits  de  ce  temps-là  fe  pi- 
quèrent d'y  mettre  la  main  &  de  l'augmenter,  ou 
plutôt  d'y  joindre  une  féconde  pièce,  fous  le  titre 
à.' Abrégé  des  Etats  de  la  Ligue  convocjuée  au  dixième 
ftVr/er.  Pafiérat  &  Rapin,  deux  Poètes  fameux  en 
compofèrent  les  vers.  M.  Gillot  Confcillcr-Clerc  au 
Parlement  de  Paris ,  &  Chanoine  de  la  Sainte  Cha- 
pelle ,  fît  la  haiangue  du  Cardinal  Légat.  Floreqt 
Chrétien  compofa ^celle  du  Cardinal  Pellevé.  On  eft 
redevable  au  favant  Pierre  Pithou ,  de  la  harangue  de 
M.  d'Aubray,  qui  eft  la  meilleure  de  toutes.  L'on  doit 
encore  àRapin  la  harangue  de  l'Archevêque  de  Lyon  , 
&  celle  du  Doiiteur  Rofe.  C'eft  ce  même  Nicolai 

S  s  ij 


g  24  C  A  T 

Rapin  qui  prit  le  foin  de  recueillit  toutes  ces  haran- 
gues,  Se  d'en  compolcr  un  corps  qu'il  joiL^nit  mCu- 
\holicon  d'Elpagne;  fur  ce  fondement  plmicurs  lui  ont 
attribué  \eCiHholuon  tout  entier.  Cette  féconde  par- 
tie du  Catholicon  ne  fut  imprimée  qu'en  1 5 94, après 
le  retour  du  Parlement, qui  avoit  été  translcré  de 
ParisàTours.La  première  édition  à\i  Catholicon  d'El- 
pagne par  M.  Le  R.oi  en  1593,  ayant  été  bientôt 
di!tribuce,on  ne  l'imprima  plus  qu'avec  la  tenue  des 
Etats  en  i(Î94  ■-,  maislel^ibraire  mit  la  date  AiiCatlic- 
licon  feul  \6<)iy ,  au  lieu  de  11194  ,  qui  cft  la  véritable  ' 
date  de  la  Satyre  Ménippée.  La  meilleure  édition  eft 
celle  deRarilbonnechezMatthiasKerreri(Î94,/«-i£5'. 
Les  Notes  qui  s'y  trouvent  Ibnt  tirées  d'un  Manufcrit 
de  M.  ÎDupui,  Garde  de  la  Bibliothèque  du  Roi. 
ViGNEtti.  Makv.  tom.  II,  p.  io8  &juiy. 

J'ai  encore  ouï  appeler  Catliohcon  d'Elpagne  une 
cftampe  qui  fut  faite  dans  le  même  temps,  &  qui  rc- 
préfentc  l'armée  ou  les  troupes  de  la  Lieue  ,  compo- 
fée  non-feulement  de  Soldats  ik  de  Bourgeois ,  mais 
encore  de  toutes  fortes  de  Prêtres ,  d'Eccléiiaftiques, 
de  Religieux  &  de  Moines ,  la  cuiraife  fur  le  dos  ,  le 
cafque  en  tête  avec  le  froc ,  &c  armés  d'cpécs ,  de 
pertuifanes ,  de  moufqucts ,  &c. 

Catholicon.  f.  m.  C'cft  en  termes  de  Layetier,en  gé- 
néral, une  Boîte  de  15  pouces  de  long  ,10  de  large , 
&  8  à  9  de  haut.  Encyc. 

CATHOLICOS.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'efl:  le 
nom  du  Chef  du  Clergé  de  Mini;relie  ,  des  Abcas  du 
Guriel ,  du  mont  Caucafe  &:  d  Imirette. 

gcr  CATHOLIQUE,  adj.detout  genre.  Selon  la  force 
du  terme  ,  c'elî  la  miême  chofe  qu'Univerfel.  Catho- 
Uciis.  C'eft  un  titre  que  l'on  donne  a  la  vraie  Eglife, 
&  qui  efl:  un  de  les  caraélères  effentiels  &  diflinclifs. 
Ce  nom  de  catholique  marque  la  diffulion  de  l'Eglife 
par  toutes  les  nations  de  la  Terre.  Les  Doéleurs  de 
l'Eglife  qui  au  IV<:  fiècle  attaquèrent  l'erreur  des  Do- 
natiftes,  S.  Auguftin,  S.  Optât,  ùc.  s'attachoicnt 
principalement  à  ce  principe  comme  incontedable 
&  univetfellement  reconnu  ,  que  leur  S<:Ù.z  ne  pou- 
voir pas  être  la  véritable  Eglife  ,  par  la  feule  raifon 
qu'étant  confinée  dans  un  coin  de  l'Afrique  ,  elle  ne 
pouvoir  pas  être  catholique.  Aujourd'hui  la  dénomi- 
nation d'Eglife  catholique  defigne  l'Eglife  Romaine  , 
toute  la  communion  Romaine,  la  colleélion'des 
Eglifes  qui  reconnoiiîcnt  le  Pape  pour  Chef.  Un 
Concile  général  repréfente  l'Eglife  catholique.  Il  n'y 
a  point  de  Salut  hors  de  l'Eglife  catholique. 

De-là  on  a  dit  la  Religion  catholique,  la  Foi  ca- 
tholique, Ai.  Doélrine  eathoUque .,  pour  dire  la  foi 
de  l'Eglife  catholique  ,  les  vérités  de  l'Eglife  catho- 
lique ,  dogme  catholique ,  vérité  catholique ,  pro- 
portion catholique,  pour  dire  conforme  à  la  foi 
que  profe/Fe  l'Eglife  catholi-^ue, 

|g°CATHOLiQUE.Y.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  eft  mem- 
bre de  l'Eglife  catholique  ,  qui  profefle  la  foi  catholi- 
que. Cette  dénomination  défigne  ceux  qui  reconnoif- 
fenr  le  Pape  pour  Chef  de  l'Eglife  ,  &:  qui  lui  font 
unis  de  communion.  On  dit  quelquefois  Catholiques 
Romains. 

On  a  donné  au  Roi  d'Efpagne  le  titre  de  Roi  Ca- 
tholique, qui  eft  devenu  héréditaire  depuis  Ferdi- 
nand &  Ifabelle.  La  Colombiere  dit  que  c'cft  pour 
avoir  chaHc  les  Mores  d'Efpagne.  Les  Bollandiftes 
prétendent  que  les  Viiigoths  d'Efpagne  portèrent  au- 
trefois communément  le  titre  de  Catholique  ,  & 
qu'Alexandre  VI  ne  fit  que  le  renouveller  pour  Fer- 
dinand 8c  Ifabelle.  Philippe  de  Valois ,  après  la  morr, 
fut  par  les  Eccléiîaftiques  furnommé  Catholique  , 
parce  qu'il  avoit  favorifé  leurs  droits.  Dans  plu- 
fieurs  Epîtres  des  Papes ,  ce  nom  eft  donnx:  aux  Rois 
de  France  &c  aux  Rois  de  Jérufilem.  On  l'a  donné 
aulîi  à  plufieurs  Patriarches ,  comme  à  ceux  des  Jaco- 
bitcs ,  des  Egyptiens,  des  Arméniens ,  &  à  des  Pri- 
mats qui  avoient  ime  fort  ample  jurididion ,  Se  qui 
pouvoient  confacrer  des  Archevêques.  Du  Cange. 
En  Allemagne  ,  il  y  a  des  Princes  Proteftans  &  des 
Princes  Catholiques, 

On  appelle  Cantons   Catholiques ,  les   Cantons 


C  A  T 

SuifTcs  qui  font  profeffion  de  la  Religion  catholique; 
Et  Pays-Bas  catholiques,  les  provinces  des  Pays-Bas 
où  la  Religion  catholique  eit  demeurée  la  Religion 
dominante. 

Ce  mot  vient  du  grec  ><a«£A«  ,  qui  lignifie  univer- 
felhment  ,  d'où  vient  ««fo>i>:ôî ,  univerjel. 

En  termes  de  Chimie ,  on  appelle  un  fourneau  cc- 
tholique  ,  ou  univerlel ,  un  petit  fourneau  tellement 
difpofé,  qu'on  y  peut  faire  toutes  les  opérations  de 
Chimie,  même  celles  qui  le  font  avec  le  feu  le  ph;s 
violent. 

On  le  dit  aulli  en  Gnomonique  des  cadrans  uni- 
verfels  qui  Ibnt  tellement  conltruirs ,  qu'ils  peuvent 
faire  connoître  l'heure  en  divers  pays ,  &  fous  qucl- 
qu'élévation  du  pôle  que  ce  foit. 

On  appelle  proverbialement  un  Catholique  à  cras 
grains ,  un  homme  peu  fcrupuleux  à  l'cgard  des 
choies  défendues  par  la  Religion. 

ifT  Catholique,  f.  m.  Nom  de  dignité  dans 
l'Eglife  Grecque.  Ce  titre  répond  a  celui  de  Prim.at 
en  ulage  dans  l'Eglife  Latine, &  à  celui  de  Patriar- 
che dans  l'Eglife  Grecque.  En  Orient  Norfetis  ctoic 
Catholique  des  Arméniens,  c'eft-à-dire,  leur  Pc- 
triarche  ou  Primat.  Fleury.  Catholicus.  Grégoire 
Abuîfarage  croit  Catholique  d'Orient.  On  trouve 
dans  l'Antiquité  le  CiZ.'W^/z^e  des  Perfes ,  le  Ca//^- 

,  lique  des  Arméniens,  le  Catholique  de  Séleucie. Les 
Catholiques  furent  d'abord  des  Prélats  du  Patriarchat 
d'Antioche,  Se  ils  furent  appelés  Ca;;^o//'^«^j,  parce 
qu'ils  avoient  une  province  plus  grande  fous  leur 
juridiélion.  Il  n'y  eut  d'abord  qu'un  Catholique  fous 
le  Patriarche  d'Antioche  :  enfuite  on  en  créa  deux  : 
celui  qu'on  appeloit  Anienfis  ou  Annenfis ,  &  celui 
de  Bagdat ,  qu'on  nommoit  auili  le  Catholique  à'itz- 
nopolis.  Le  P.  Combefis,  dans  l'Hiftoire  des  Mono- 
thélites,a  donné  une  lifte  àcs Catholiques  d'Aïmi- 
nie.  Cette  dignité  s'eft  étendue  dans  la  fuite  à  bien 
d'autres  Diocèfes ,  &  l'on  rrouve  le  Catholique 
d'Ethiopie  dans  le  Patriarchat  d'Alexandii(j|5  ^"  Ca- 
tholique d'Alb3.mc  ,  &c. 

Catholique  étoit  aulfi  autrefois  dans  l'Empire  Grec 
le  nom  d'un  Oihce  féculier  &C  de  finances.  Les  Catho- 
liques étoient  en  Afrique  ceux  qui  levoient  les  de- 
niers du  filCjôc  comme  on  difoit  autrefois  en  France 
les  Généraux  des  finances.  Catholicus  fij'ci  Procuror- 
tor.  Voyez  Cujas  ,  fur  la  loi  5^  du  Code ,  De  Jure 
fifci.  Lts  Officiers  des  Catholiques  s'appeloient  Ca- 
tholicicns.  Catholiciarà. 

Catholique,  f  m.  Terme  d'Antiquité.  Ce  nom  fe 
donnoit  autrefois  dans  l'Empire  Romain  auTréforier 
général,  ou,  comme  nous  difons  aujourd'hui  en 
France ,  au  Contrôleur  général  des  Finances.  Catho- 
licus. Celui  qui  fe  diftingua  le  plus  ,  fut  un  certain 
Adaucus,  d'une  nobleife  conlidérable,  qui  avoit  pa/lè 
par  routes  les  charges ,  même  par  celle  de  Catholi- 
que,  ou  Treforler  général.  Fleup.y. 

Catholiques.  (^Nouveaux)  Maifon  établie  en  quel- 
ques endroits  de  France,  pour  y  recevoir,  &  y  in- 
ftruire  les  Hérétiques  qui  veulent  fe  convertir,  &  re- 
tourner à  l'Eglife  Catholique.  Il  y  a  un  Direéteur 
Prêtre  pour  les  inftruire ,  qui  a  quelcjuefois  un  ou 
deux  Eccléfiaftiques  avec  lui.  On  les  appelle  auifi 
{Nouveaux  Convertis. 

Catholiques.  [Nouvelles)  Ce  font  des  Communautés 
de  Filles  établies  en  France, pour  inftruire  des  véri- 
tés de  la  Religion  les  perfonnes  de  leur  fexe ,  qui  ont 
été  élevées  dans  l'héréfie.  On  les  y  enrretient  jus- 
qu'à ce  qu'elles  aient  fait  leur  abjurarion  ,  &  qu'elles 
foient  bien  affermies  dans  la  foi.  Elles  y  peuvent 
être  reçues  au  nombre  des  Sœurs  de  ces  Communau- 
tés; dans  quelques-unes  defquelles  on  fait  les  vœux 
fimples  de  pauvreté,  de  chaftcté,  d'obéiflance,  &: 
de  s'employer  à  l'inftruélion  des  Nouvelles  Conver- 
ries.  Dans  d'autres ,  on  ne  fair  vœu  que  de  ftabilité, 
&:  dans  quelques  autres  une  aflbciation  par  conrrat. 
Chacune  de  ces  Communautés  a  des  Règlemens  par- 
riculiers  ,  qui  leur  ont  été  donnés  par  les  Ordinaires 
des  lieux  où  elles  font  établies.  La  Communauté 
de  Paris  eft  fous  le  nom  de  Nouvelles  Converties . 


C  A  T 

Celles  de  Sedan  ,  &  quelques  autres  fous  celui  de  la 
Frop.igaiiun  de  la  Foi.  P.  Helyot,  Tom.FIIl,  c.  12. 
Catholique.  {Pauvre)  Nom  de  Religieux.  Pauper 
Catholicus.  Une    partie  des   Pauvres  de  Lyon  ou 
V.iadois  ayant  renoncé  anx  erreurs  de  ces  Héré- 
tiques ,  formèrent  Tous  deux  chefs  difterens  une  Con- 
grégation qui  fut  approuvée  ,  &  que  l'on  nomma 
les  Pauvres  Catholiques  ,   par  oppofition  aux  Vau- 
dois  Hérétiques ,  qu'on  appeloit  Pauvres  de  Lyon. 
Leur  chef  fut  Durand  de  Hiielca  en  Arragon  d'un 
côté,  &  de  l'autre  Bernard  Prime  &  Guillaume  Ar- 
naud. Cela  arriva  aux  années  M07 ,  izoS  &  fui- 
vantes.  En  115(5*,  ils  fe  réunirent  à  l'ordre  des  Er- 
mites de  faint  AuiîulHn.  P.  Hélyot.  T.  III,  c.  4. 
CATHOLIQUEMENT.  adv.  D'une  manière  catho- 
lique ,   conformém^t  à  la  foi  de  l'Eglife  Catho- 
lique. CathoUcï.  On  vie  dans  cette  famille  fort  ca- 
tholiquement. 
ft?  CATHUR.  f.  m.  {marine)  Voye?^  Catur. 
CATI.  f.  m.  C'eO;  une  monnoie  de  compte  ,  dont  on 
fe  fert  à  Java ,  &:  dans  quelques  autres  îles  voifmes. 
Il  revient  environ  à  dix-neuf  florins ,  monnoie  de 
Hollande...  Les  Maures  ont  emporté  au  Roi  de  Siam 
plus  de  vingt  mille  catis,  chaque  CiZ// valant  50  écus. 
y^oyage  de  Siam. 
Cati  ou  Catti.  f.  m.  Poids  de  la  Chine.  Il  revient  à 

une  livre  quatre  onces ,  poids  de  marc. 
^fT  Cati  ,  chez  les  Lapidaires  d'Orienr.  Petit  poids 
de  trois  grains ,  dont  ils  lé  fervent  pour  pefer  les 
émeraudes. 
Cati.  C'efl  une  forte  d'apprêt  qui  fe  donne  aux  étof- 
fes de  laine  par  le  moyen  de  la  prefle  ,  pour  les  ren- 
dre plus  fermes,  plus  luftrées,  &  d'un  plus  bel  œil. 
Cati.  part,  du  v.  Catir.  Poli ,  uni ,  Si  luifant,  Foye:;^ 

Catir. 
CATIANG.  f.  m.  Efpècc  de  légume ,  ou   petit  pois 
qui  croît  en  quelques  lieux  des  Indes  Orienrales , 
particulièrement  fur  les  côtes  de  Malabar. 
1^  CATIBA.  f.  m.  Nom  de  dignité  parmi  les  Prêtres 
de  l'île  de  Madagafcar.  C'eft  à  peu  près  la  même 
chofe  qu'Evêque  parmi  nous. 
CATICHE.  f.  f.  Terme  de  chalfe ,  qui  fe  dit  des  trous 
où  fe  cachent  les  loutres  &  les  autres  arîmaux  am- 
phibies  dans    les  eaux  ou  aux  bords  des  rivières 
&c  des  étangs ,  quand  ils  font  chaiTés.  Cuniculus , 
laticuliun.  Voyez  Crones. 
CATILINAIRE.f.f.  Oraifon  contre  Catilina.  Cicérona 
fait  quatre  Catilinaires  ,  qui  ont  été  élégamment  tra- 
duites par  M.  d'Oliver,  avec  de  favantes  remarques  de 
M.  le  Prélident  Bouhier  iur  le  texte.  Cette  Traduc- 
tion efl:  précédée  de  celle  de  la  première  &  de  la  fé- 
conde Philippique  de  Démofthène  par  le  même  Abbé. 
ffj-  CATILINETTE.  f.  f.  Foyei  Marguerite  d'Es- 
pagne. • 
CATILLAC.   Pêche  de  Catillac ,   Pavie  de  Catillac. 
Grollés  pavies   rouges  de  Catillac.  Efpèce  de  pê- 
cîies  qui  viennent  au  mois  d'Oétobre. 

Il  y  a  aulîi  une   poire  de  Catillac  qui  fe  mange 
en  Odobre  &  en  Novembre ,  &  que  la  Quintinie 
range  parmi  les  mauvaifes  poires.  Elle  n'eft  bonne 
qu'à   cuire, 
CATILLER.  v.  a. 
CATILLEMENT.  f.  m. 

CATILLEUX.  ad).  Vieux  mots  qui  viennent  de  Catul- 
LAiRE  ,  qu'on  a  dit  par  métaplafme  pour  Catullire. 
Les  Normands  &:  les  Picards  difent  encore  catouil- 
ler.  Nous  dilions  anciennement  catilUr ,  &c,catil- 
kment.  L'ancien  Diétionnaire  Latin-François  du  P. 
Labbe  :  Titilxatio.  Catillement.  Titillare.  Ca- 
tiller.  Ce  palfage  ne  permet  pas  de  douter  de  cette 
étymologic.  Julien  Taboet  dans  fon  Livre  de  Re- 
publica  &  Lingua  Francica ,  l'a  auffi  dérivé  de  Ca- 
'•tullire.  Ménage. 

Les  Chamgenoïs  ont  confcrvé  les  mots  catiller  , 

catillement  ,   catilleux  pour  chatouiller ,  chatonil- 

'  lement,  chatouilleux. 

CATIMARON.  Foyei  Cantimaron.  _ 

CATIMINI,   adv.  Secrètement.  Secreto ,  clam.  Il  cft 

allé  en  catimini  faire   une  telle  vifite  5  pour  dire , 


C  A  T  ^  2  y 

en  cachette  &  tout  doucement  ,  comme  vont  I-s 
chats  pour  attraper  les  fouris.  Il  eft  familier  &  n- 
fe  peut  dire  qu'en  riant.  Je  la  viens  de  llirprendrë 
qui  hloit  un  livre  d'amour  en  catimint  Mlle  l'Hé- 
ritier. 

CATIN.  f.  f.  Nom  de  femme.  Diminutif  de  Cathe- 
rine. Catharina.  Il  fe  donne  aux  filles  qui  f-  nom- 
ment Catherine  ,  mais  ce  n'eft  que  parmi  le 
peuple. 
Catin.  Mot  enfantin  que  les  petites  filles  en  pluficurs 
endroits  donnent  à  leurs  poupées ,  &  qui  fe  dirpour 
poupée.  Achetez-moi  une  catin ,  c'cft-à-dirc,  une 
poupée.^  J'ai  une  belle  catin.  Je  vais  habiller  ma  ca- 
tin ,  c'eft-à-dire ,  ma  poupée. 

On  le  fert  encore  du  mot  de  catin  ,  pour  ligni- 
fier une  femme  ,  ou  une  fille  de  mauvaife  vie.  C'cft 
une  franche  catin.  Il  eft  familier. 
Catin.  f.  m.  Vieux  mot.  Plat,  du  latin  catinus ,  qui 

veiir  dire  la  même  chofe. 
^  Catin.  C  m.  Badin  dans  lequel  un  métal  fondu 
eft  reçu.  Acad.  Fr.  Il  y  a  le  grand  catin  &  le  petit 
catin. 

CATIR.  V.  a.  Terme  de  Bonnetier  &:  de  Dégrai/feur. 
Preflér  le  drap ,  pour  lui  donner  du  luftre ,  pour 
le  rendre  poli ,  uni  &  luifant.  Premere.  On  le  dit 
aufli  de  toute  forte  de  laine  ainfi  préparée.  On  ne 
laurbit  bien  voir  la  fineife  d'un  bas  d'eftame  quand 
il  eft  cati.  On  catit  à  froid  &  à  chaud. 
IP"  Catir  ,  chez  les  Doreurs ,  c'eft  appliquer  l'or 
fur  les  filets  comme  ailleurs ,  au  moyen  du  catif- 
foir  qu'on  appuie  fur  du  coton  ou  du  linge  très-fin. 
Ency'c. 
CATISSEUR.  f.  m.  C'eft  cet  ouvrier  qui  dans  les 
Manufactures  de  lainage ,  travaille  à  prefTer  les  étofcs 
pour  leur  donner  le  cati.  Cet  ouvrier  fe  nomme  auifi 
Prejfeur  ,  quoique  ce  foit  fouvent  des  Fouleurs  qui 
faffent  cet  ouvrage. 
fp-  CATISSOIR.  f.  f.  Chez  les  Doreurs  ,  petit  cou- 
teau fans  tranchant  ,  qui  fert  à  enfoncer  l'or  dans 
les  filets  avec  du  coton  ou  du  linge  très-fîn. 
CATISSOIRE.f  f  Petite  poëleà  mettre  du  feu  àl'ufag; 

des  Bonnetiers  &  autres  Ouvriers  en  laine.  Encycl, 
CATIUS  ou  CAUTUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  d'un  Dieu,  adoré  chez  les  Romains.  Catixs.  C'c- 
toit  le  Dieudelarufe&delafinefTe,  qui  rendoit  les 
gens  fins  &:  adroits.  Si  la  vertu  ne  pouvoir  venir  qu'à 
ceux  qui  ont  de  l'efprit ,  dit  S.  Auguftin ,  De  la  Cas 
de  Dieu  ,  Liv.  IF,  cli,  21 ,  qu'avoit-on  befoin  d'un 
Dieu  Catiiis  pour  rendre  les  gens  fins  &  adroits, 
CATOCHE.  Terme  de  Médecine.  C'cft  la  même  chofe 
que  catalepfie.  Voyez  ce  mot.  Le  nom  de  catochî 
vient  du  grec  y-^To^c^, 
CATOCHITE.  f  f.  l'ierre  qu'on  trouve  dans  l'île  de 
Corfe  ,  &  qu'on  dit  attirer  &:  rerenir  la  main  quand 
on  l'applique  deflus ,  par  une  efpèce  de  colle  vil- 
queufe  qui  lui  eft  naturelle.  Catochites ,  de  xxt/;^"  }je 
retiens  ,  Pline,  Lilro  XXXFII ,  cap.  10. 
CATODON.  f^.  m.  Nom  que  l'on  donne  à  une  efpèce 
de  baleine  ,  parce  qu'elle  n'a  des  dents  qu'à  la  mâ- 
choire inférieure.  De  x«t«  ,  en-bas ,  &  ^'J^ç ,  dent. 
DicT.  DE  James. 
|p^_  CATOLICA.  (  la)  Nom  d'une  ville  &  d'une  Prin- 
cipauté d'Italie,  en  Sicile,  dans  la  vallée  deMazara, 
près  de  Siciliano. 
CATON.  f.  m.  Cato.  nom  propre.  Caton  d'Utique, 
Caton  ,  le  Cenfeur.  TertuUien  adrelfant  la  parole 
aux  Païens  à  la  fin  du  XI«  chapitre  de  ion  Apologé- 
tique ,  leur  dit  :  Qui  d'entre  vos  Dieux  a  été  plus 
grave  &  plus  fage  que  Caton  ?  Quis  ex  il/is  Diis 
vejlris  gravior  &  fapientior  Calorie  ?  C'eft  la  vingt- 
feptiéme  façon  de  patler  proverbiale,  au-devant  des 
Œuvres  de  TertuUien.  On  y  cite  un  paffage  du  Livre 
de  Cicéron ,  âe  l'amitié  ,  72.  9  ,  dans  lequel  Lxlius 
parle  ainii  à  Fannius.  Ou  il  n'y  a  Jamais  eu  d'homme 
fage ,  ou ,  s'il  y  en  a  eu  quelqu'un  ,  c'a  été  Caton. 
Aut  nemo  ,  aut  fi  quifquam  ,  ille  fapiens  fuit.  M3.is 
dans  l'uliige,  c'eft  un  nom  qu'on  donne  à  un' homme 
fage,  fevère ,  modefte,  retenu.  Faire  le  Caton ,  af- 
feder  d'être  fage.  Il  ctoit  furpris  de  le  voir  fi  faga 


Si6  CAT 

&  lî  modcftc  à  la  Cour  -,  parce  que  l'ayant  vu ,  il  y 
avoit'quelque  temps  en  Province,  il  ne  lui  avoit 
pas  paru  li  Caton.  Mlle  l'Héritier. 

Caton  le  Cehieur  &  Catoh  d'Utique  ctoient  fort 
renommes  dans  l'Hiftoire  pour  leur  intégrité.  Ce 


qui 


a  fait  dite  à  Juvcnal,  Sat.  t,  v.  39. 


Habeat  jam  Roma  pudorem  : 
Tertius  è  Cœlo  cecldit  Cato. 

»  Les  Romains  vonjc  être  fajjes  :  voici  un  troifième 
>■>  Caton  qui  leur  cft  tombé  du  Ciel.  Martignac. 
J'enrage  quand  je  vois  des  jeunes  gens  comme  cela 
faire  les  Catons  devant  des  barbons  comme  nous. 
On  appelle  cela  juftement  :  Apprendre  à  ion  père 
à  faire  des  enfans ,  &:  gros  Jean  qui  remontre  à 
fon  Curé.  PoiJJon  fous  le  nom  de  Cri/pin,  5'c.  8  , 
p-  iS  ,  du  Prologue  du  Coquet  trompe ,  Comédie 
de  Baron, 
CATOPLEBE  ou  CATOPLÉBAS.  f.  m.  Ccft  un 
animal  ,  qui ,  au  rapport  de  Pline  ,  c.  11  ,  //v.  8  , 
tue  tous  ceux  qui  le  regardent  entre  deux 
yeux. 

CATOPTRIQUE.  f.  f.  Seconde  partie  de  la  fcience 
qui  explique  la  vifion  :  fcience  qui  enfeigne  com- 
ment les  objets  peuvent  être  vus  par  la  reflexion 
qui  fe  fait  fur  les  miroirs.  Catoptrlca.  Voyez  au  mot 
Cathète  les  principes  généraux  de  la  catoptri- 
que, 

Catoptrique  ,  eft  auffi  quelquefois  adjeéT;if  &:  ligni- 
fie ce  qui  a  rapport  à  la  catoptrique  ,  ou  ce  qui 
s'exécute  par  des  rayons  réfléchis. *On  appelle  un 
cadran  catoptrique ,  celui  qui  marque  les  heures 
par  un  rayon  réfléchi ,  foit  dans  une  chambre ,  ibit 
ailleuts.  Catoptricus. 

^fT  On  appelle  aufTi  caiffe  ou  boîte  catoptrique  ,  une 
machine  dans  laquelle  on  voit  pluiîeurs  phénomènes 
amufans ,  par  le  moyen  de  plulieurs  miroirs  .dif 
pofçs  dans  une  el'pèce  de  caiife  j  fuivant  les  règles 
de  la  catoptrique. 

Ce  mot  vient  du  verbe  grec  KilaTrl fonte,. 

CATOPTROMANCIE.  f,  £  Efpèce  de  divination. 
Catoptromantia.  On  emploie  un  miroir  pour  cette 
efpèce  de  divination  :  &  c'eft  ce  qui  lui  a  fait  donner 
le  nom  de  catoptromancie  -,  du  grec  «â;a3j-7(ioi.  ,  mi- 
roir ,  &  uanhx ,  divination.  On  dit  audî  crijiallo- 
mantie.  Paufanias  rapporte  que  cette  elpèce  de  di- 
vination étoit  en  ufage  à  Patras  en  Achaïe,  où  ceux 
qui  étoient  malades  &  en  danger  de  mort  faifoient 
delcendre  un  miroir  attaché  à  un  filet  dans  une 
fontaine  qui  étoit  devant  le  temple  de  Cérès  ;  puis 
ils  fe  rcgardoient  dans  ce  miroir,  &:  s'ils  voyoient 
un  vifage  hâve  &  défiguré  ,  ils  prenoienr  cela  pour 
un  figne  de  mort  -,  A  leur  vifage  paroiflbit  vif  &c 
fain  ,  c'étoit  un  figne  de  vie.  ^fT  Juger  de  l'état  d'un 
malade  par  les  couleurs  de  Ion  vifage ,  je  ne  vois 
rien  de  ii  naturel  :  mais  deicendre  un  miroir  dans 
une  fontaine  devant  un  Temple ,  le  tenir  fufpendu 
à  un  fil ,  en  forte  qu'il  ne  touche  que  par  fa  bafe 
la  furface  de  l'eau ,  &  croire  que  l'idole  qu'on  adore 
dans  ce  temple  donne  les  connoiflances  que  l'on 
cherishe ,  c'eft  le  comble  de  la  folie  &c  de  l'extra- 
vagance. Il  y  avoit  plulîeurs  elpèces  de  catoptro- 
mancie. Voyez  encore  Gastromancie. 
CATORCHITE.  f.  m.  Efpèce  de  vin  ,  dont  on  trouve 
la  préparation  dans  Diofcoride ,  Lié.  F,  cap.  41. 
Il  fe  faiibit  en  Chypre  à  peu  près  de  la  même  manière 
que  le  vin  du  Palmier.  Yix-iaex'li-  On  fe  fert  de 
cette  liqueur  comme  du  vinaigre  -,  fes  parties  Ibnt 
très-fubtiles  ;  elle  donne  des  venrs  ,  elle  eft  malfai 
faute  à  l'eftomac  ,  &:  elle  fait  perdre  l'appétit  ;  mais 
elle  eft  bonne  pour  le  vcnrre  ,  elle  provoque  les  uri- 
nes &:  les  règles ,  &  elle  fait  venir  le  lait.  Dict.  de 
James. 

CATOS  ,  ou  CATOT  ,  ou  CATAUt  ,  ou  CA- 
THAtJT.  f.  f.  dans  lequel  la  dernière  fyllabe  eft 
longue^  &:  où  la  lettre  finale  ne  fe  fait  jamais  fen- 
tir.  C'eft  un  diminutif  de  Catherine,  qui  fe  donne 


C  A  T 

chez  les  Bourgeois  aux  jeunes  filles  qui  s'appellent 
Catherine.   Cutharina. 

^  CATTARO.  Cathara.  Ville  de  Dalmatie  ,  près 
des  frontières  de  l'Albanie ,  fur  un  golfe  ou  canal 
auquel  elle  donne  len   nom. 

CATTEQUI.  f.  m.  Toile  de  coton  bleue  qu'on 
tire  des  Indes  orientales ,  particulièrement  de  Su- 
rate. 

Ct3°  CATTEROLE.  1".  f.  Terme  de  chaflTe.  Trous  , 
efpèces  de  terriers  que  les  femelles  des  lapins  creu- 
fent ,  &  où  elles  Ibnt  leurs  petits.  Cuniculus. 

CATTU-SCHIRAGAM.  1'.  m.  Atbrilfeau  de  hauteur 
d'homme  ,  qui  croit  au  Malabar  dans  les  lieux  brû- 
lés du  folcil.  Foye:^-en  la  dejcription  dans  le  Diction- 
naire de  James.  Cette  plante  broyée  &:  bouillie  dans 
l'huile  eft  fort  bonne  en  fomentation  pour  les  pu- 
ftiiles.  Si  on  en  exprime  Is  fifp  ^  &  qu'on  en  trotte  la 
tête  d'une  p^-rlbnne  attaquée  d'une  fièvre  caufée  par 
la  bile  ,  elle  en  fera  Ibulagée.  La  graine  réduite  en 
poudre  *  &  prife  dans  de  l'eau  chaude ,  guérit  h, 
toux ,  chaffe  les  vents ,  &  tue  les  vers  dans  les  en- 
fans.  Elle  calme  aulli  les  douleurs  de  ventre  ,  pro- 
voque les  urines  -,  &;  li  on  la  mêle  avec  de  l'eau  chau- 
de ,  on  en  frétera  avec  lliccès  les  membres  affec- 
tés de  goutte  ou  de  douleurs  caufées  par  le  froid. 
Ray.  Hijt.  Plant. 

CATULLE,  f.  m.  Nom  d'homme.  Catullus.  C.  ou  Q. 
Valerius  Catullus ,  que  nous  nommons  en  françois 
Catulle  ,  étoit  de  Vérone  :  il  naquit  ibus  le  fep- 
tième  confulat  de  Marins ,  &  le  fécond  de  Corné- 
lius Cinna  ,  l'an  66^  ,  de  Rome.  Catulle  eft  enjoué 
&  délicat  i  mais  il  eft:  tiop  libre  &  plein  d'or- 
dureSi 

CATULOTIQUES,  adj.  f.  m.  pLK^7sA*7'>'«,  de  *,'/;, 
cicatrice.  Galien  ,  de  Dynamidiis.  Voyez  Cata- 

lOTIQUE. 

CATULUS.  f.  m.  Surnom  latin  de  la  famille  des  Lu- 
tatiens.  On  le  retient  toujours  dans  fa  forme  latine , 
&  l'on  ne  dit  ptîint  Catulle ,  apparemment  pour 
éviter  l'équivoque  qu'il  feroit  avec  le  nom  du  Poète 
dont  on  vient  de  parler ,  &  que  nous  nommons 
toujours  Catulle. 

Ce  nom  vient  de  cattis  ,  fin  ,  tufé  ,  avilé  -,  ou  de 
catulus,  qui  félon  Vatron,  eft  la  même  chofe  que  cU' 
tellus  ,  petit  chien.  Rien  n'étoit  plus  oïdinaiie  chez 
les  Romains  que  des  noms  de  bêtes  pour  furnom 
ou  fobriquet  ;  témoins  Afma,  Portius ,  Beftia,  Afel- 
lus ,  Coivus ,  Mus ,  Nodua  ,  Canina ,  Vitulus , 
Buteo  ,  Gallus ,  Graccus  ,  Lupus ,  &c. 

CATUR  ou  CATURE.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Les 
caturs  Ibnt  des  vaiifeaux  de  guerre  de  Bantam  qui 
font  courbes  &:  aigus  par  les  bouts,  &  qui  portent  une 
voile  tilfue  d'herbes  &  de  feuilles  d'arbres.  Mélo 
donna  le  catur  à  André  Tofcan.  Une  barque  aifei 
bonne  de  celles  qu'on  nomme  catur.  Bouhour.s  » 
Vie  de  S.  Xav.  L.   III. 

CATUS.  f.  m.  Cas ,    hiftoire ,    aventure  qui  ne  fait    «i 
pas  d'honneur.  Quand  on  dit  :  Il  y  a  là  du  câtus  1 
cela    lignifie  ,  Il  y  a  là  quelque  vilain  cas.  II  eft 
populaire. 

Ayant  fur  foi  ce  nouveau  couvre-chef. 

Et  s' étant  fait  raconter  de  rechef 

Tout  le  câtus ,  elle  dit  irritée  : 

Foye^  un  peu  la  petite  effrontée.  La  Font. 

Ip-  CATZENELLEBOGEN  ,  ^atti  Meliboci ,  oii 
Cattlmelihocenfis  Comitatus.  Comté  d'Allemagne 
dans  la  Hcile  ,  ainfi  appelé  d'un  Château  qui  eft  fur 
les  frontières  du  Comté  de  Naffau.  C'étoit  une  partie 
de  la  contrée  occupée  par  les  anciens  Cartes. 


C  A  V. 


•  • 


CAVA.  Petite  ville  du  Royaume   de*NapIes,   dans 
la  Principauté  citéiieure ,   avec  un  Evêché  fuffta-* 
gant  de  Salerne.  ♦^ 

ÇCT  CAVACHL  Province  du  Japon  ,  dans  l'Ile  de 
Niphon ,  au  pays  de  Jerfengen ,  qui  a  puur  capi- 


C  A  V 


talc  une  ville  de  même  nom,    au  mîdî   de  ceiîc 
de   Méaco ,  près  la  côte. 

CAVADAS ,  qu'on  nomme  aufTi  CAvADO.  f,  m. 
Mefure  dont  on  fe  lire  en  Portugal ,  pour  les 
huiles. 

CAVAGE.  f.  m.  Terme  en  ufage  à  Amfterdam,  qui 
/îgnifie  tantôt  i'aCtion  de  mettre  des  marchan- 
diles  en  cave ,  tantôt  le  falaire  qui  cft  dû  aux  tra- 
vailleurs qui  les  defcendenr  de  les  placent  dans  une 
cave  5  &  tantôt  encore  le  loyer  d'une  cave. 

CAVAGNOLE.  f.  m.  Jeu  de  hafard  ,  forte  de  biribi , 
où  tous  les  joueurs  ont  des  tableaux ,  &;  tirent  les 
boules  à  leur  tour. 

CAV  MLLON.  Ca^a//io ,  CaM/io ,  Cabellio,  Cava- 
Titm ,  CahillUiiin ,  Urhs  Cabellicorum.  Ville  Epif- 
copale  de  France ,  dans  le  Comtat  Venaiilin  en  Pro- 
vence, lut  la  Durance.  Cavaillon  eft  ancien.  Strab. 
L.  IF.  Ptolomce  ,  L.  Jll ,  c.  4  ,  en  parlent  ;  mais 
on  prétend  que  la  ville  d'abord  fut  placée  par  les 
Cavarcs  fur  le  haut  de  la  montagne  qui  la  domine 
aujourd'hui ,  &  fur  laquelle  on  dit  que  l'on  voit 
encore  quelques  refies  des  bâtimens.  Ptolémée  & 
des  anciens  marbres  la  nomment  Colonie.  L'Evê- 
ché  de  Layaillon  éfl:  ancien ,  &  S.  Vcran  ,  Patron 
de  la  ville,  en  étoit  Evêque  au  VI^  (iècle.  Du 
Chefne  dit,  dans  k'i  Antiquités  des  Villes  de  France, 
L.  V,  c.  10,  que  les  habitans  de  Cavaillon  jetè- 
rent les  premiers  fondemens  de  Grenoble.  Voyei 
audi  Bouche,  dans  fon  Hijloire  de  Provence. 

CAVALAGE.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  deux 
tortues  accouplées  par  la  génération.  Les  Pêcheurs 
apperçoivcnt  facilement  les  cavalages  pendant  la 
nuit,  parce  que  l'écaillé  qui  eft  hors  de  l'eau,  re- 
çoit toujoufs  quelque  lumière  ,  foit  d'un  refte  de 
jour ,  foit  de  la  lune  ou  des  étoiles ,  ce  qui  la  fait 
reluire. 

CAVALCADE,  f.  f.  Marche  de  gens  à  cheval ,  qui  fe 
fait  avec  pompe  bc  cérémonie.  Solemnis  &  ad pom- 
pam  inftituta  equitatio.  Il  fe  fît  une  belle  cavalcade 
à  la  majorité  du  Roi  depuis  le  Palais  Royal  juf- 
qu'au  Parlement.  Ayant  été  conduit  par  tout  le 
facré  Collège  en  cavalcade  à  la  porte  du  peuple, 
fuivant  la  coutume.  L'Abbé  Rignier  Desm.  Ce  mot 
eft  italien. 

Cavalcade,  fe  dit  au/Ti  d'une  promenade  ou  d'un 
petit  voyage  que  font  des  gens  à  cheval ,  pour  fe 
divertir.  Injlitnta  ad  obleclationem  equitatio.  Nous 
avons  fait  une  petite  cavalcade  dans  la  foret  de 
Fontainebleau. 

CAVALCADEUR  ,  ou  CAVALCADOUR.  f.  m. 
Ecuyer  qui  cnfeigne  à  montet  à  cheval.  Equitandi 
magificr.  11  n'eft  plus  en  ufsge  en  ce  fens  -, 
mais  il  y  a  encore  des  charges  chez  les  Rois  £c  les 
Princes  d'Ecuyers  cavalcadeurs.  Ce  font  ceux  qui 
commandent  l'écurie  des  chevaux  de  la  perfonne 
du  Roi ,  de  la  Reine ,  de  M.  ùc.  Ménage  ,  &  l'Au- 
teur de  VEtat  de  la  France  écrivenr  cavalcadour  , 
de  l'efpagnol  Cavalgador  ;  &  c'eft  le  meilleur  ,  & 
le  feul  en  ufage. 

CAVALCATE.  f.  f.  C'eft  la  même  chofe  que  caval- 
cade ■■,  mais  il  n'eft  pas  ufité.  L'Abbé  Régnier  Desm. 
s'en  eft  fervi, 

CAVALE,  f.  f.  Jument ,  la  femelle  du  cheval.  Equa. 
Les  anciens  ont  feint  que  les  cavales  de  Portugal 
concevoient  par  le  moyen  du  vent ,  à  caufe  que  les 
chevaux  de  cette  contrée  étoient  fort  vîtes.  On  fait 
faillir  les  cavales  aux  étalons  dans  les  haras.  Voye^ 

JlîMENT. 

CAVALERIE.  C  f.  Corps  de  gens  de  guerre  qui  com- 
battent à  cheval.  Equitatus.  La  Cavalerie  françoife 
eft  diftinguée  en  compagnies  d'OrdonnancesjComme 
Gardes-du-Corps ,  Gendarmes  ,  Chevaux  -  Légers  , 
&c.  &  en  régimens  qui  font  commandés  par  des 
Meftres-de- Camp  i  &  ce  font  ces  régimens  feuls 

•  qu'on  appeloit  autrefois  cavalerie  -  légère.  Aujour- 
d'hui on  dit  fîmplement  cavalerie.  Meftre-de-Camp 
d'un  régiment  de  cavalerie.  Les  corps  de  cavalerie 

..    rangés  en  bataille  s'appellent  efcadrons. 

ffj    Le  Colonel -Général  delà  cavalerie  eft  le  pre- 


C  A  V 


5^7 

mier  OfKcier  de  la  cavalerie  qui  la  commande  par- 
tout. ^ 

|C?  Le  Meftrc-de-Camp  Général  a  la  même  autorité 
pendant  l'ablence  du  Colonel-Général.  Un  Meftre- 
de-Camp  de  cavalerie,  c'eft  celui  qui  commande 
un  régiment  de  cavalerie. 

Les  Romains ,  dans  leurs  premières  guêtres ,  igho- 
roient  l'ufage  de  la  cavalerie  :  ils  faifoient  confif- 
ter  toutes  leurs  forces  dans  l'infanterie  :  en  forte 
même  que  dans  le  combat  ils  ordonnoieni  à  la  ca- 
valerie de  mettre  pied  à  terre,  &c  ils  ne  reprenoient 
leurs  chevaux  que  pour  mieux  fuivre  les  ennemis 
quand  ils  croient  en  déroute.  La  cavalerie  de  Pyr- 
rhus les  fit  changer  de  fenriment ,  &  furtout  celle 
d  Anmbal  leur  donna  depuis  de  fi  grandes  frayeurs , 
que  ces  mvmcibles  légions  romaines  n'ofoient  def- 
cen^ire  dans  la  plaine. 

Cétoit  la  coutume  de  la  cavalerie  françoife  (  fous 
la  L"  race,fîtôt  que  l'armée  étoit  campée,  d'aban- 
donner les  chevaux  ,  &  de  les  laiifer  aller  paître 
dans  les  prairies  ,  dans  les  campagnes  &  dans  les 
bois  d'alentour  du  camp,  en  leur 'attachant  à  cha- 
cun une  fonnette  au  cou  pour  les  retrouver 
plus  ailcment  en  cas  qu'ils  s'écartartent.  P.  Da- 
niel ,  T.  I  ,  pag.  272.  Depuis  que  dans  la  déca- 
dence de  la  mailon  Carlovingienne  les  fiefs  flirent 
devenus  héréditaires  dans  les'familles,  les  armées 
de  la  nation  ,  quelque  nombrcufes  qu'elles  fuifent , 
n'ctoient  prefque  que  de  cavalerie.  Un  jour  de  ba- 
taille on  ne  comptoit  que  fur  les  Cavaliers.  Leurs 
armes  off^ndves  étoient  la  lance  &  le  fabre  :  pour 
armes  défenfives,  au-lieu  de  jaques  de  mailles  ,  dont 
on  s'étoit  fervi  long-temps  ,  ils  prirent  vers  l'art 
1500  une  cuiraffe  ,  des  braifars,  des  cuiffars  ,  des 
jambières  &  des  gantelets.  Non-feulement  les  Ca- 
valiers étoient  armés  de  routes  pièces  ,  mais  leurs 
chevaux  étoient  bardés,  c'eft-à-dire,  couverts  d'une 
armure  ,  de  forte  que  ces  elcadrons  paroiflbientêtre 
tout  de  iti.  Le  Gendre.  On  difoit  autrefois ,  paf 
manière  de  proverbe  ,  cavalerie  françoiie  ,  infanre- 
rie  efpagnole  :  aujourd'hui  la  cavalerie  &c  l'infante- 
rie françoife  ont  une  égale  réputation  de  bravoure. 
On  appelle  art  de  cavalerie,  l'art  du  Manège, 
ou  l'art  de  dreilér  les  chevaux  ,  &  d'inftruire'^les 
Académiftes  à  les  monter.  Avant  Antoine  Pluvinel , 
on  ne  connoi/Toit  point  l'art  de  la  cavalerie  en 
France.  Ce  fut  ce  fameux  élève  de  Jean  -  Bapri'fte 
Pignatelli  qui  en  ouvrit  le  premier  pleine  Académie 
fous  le  règne  de  Henri  IV  ,  après  avoir  été  Ecuyer 
de  Henri  III.  La  Brue  ,  fon  contemporain  Se  élève 
du  même  Maîrre  ,  eft  le  premier  qui  ait  écrit  en 
françois  de  l'art  de  la  cavalerie.  M.  de  la  Gucri- 
nière  a  fait  un  bel  ouvrage  fur  cette  matière  ,  qu'il 
a  intitulé  Ecole  de  cavalerie.  Avant  lui ,  M.  de  So^ 
leifel.  Auteur  du  Parfait  Maréchal  ,  avoir  fait  un 
Diél:ionnaire  de  tous  les  termes  de  la  cavalerie.  L'art 
de  la  cavalerie  n'eft  pas  ancien.  Il  doit  fon  origine 
à  la  ville  de  Naplcs ,  d'où  étoit  Frédéric  Grifon  » 
le  premier  qui  ait  écrit  fut  cette  matière  au  com-" 
mencement  du  feizième  fîècle. 

CAVALERISSE.  f  m.  Vieux  mot  tiré  de  l'italien  , 
qui  fignifioit  autrefois  un  Ecuyer ,  un  maître  de  ma- 
nège ,  celui  qui  étoir  favant  dans  l'art  de  dreffer  & 
de  gouverner  les  chevaux.  Equitandi  magijîer. 

Cavalerisse.  f.  m.  C'eft  dans  l'Ordre  de  Malte  le 
grand  Ecuyer.  Magniis  jiahuli  Magijîer  Meliten- 
Jîs. 

Cavalerisse.  Scuderi  s'eft  fetvî  de  ce  mot  pour  /igni- 
fier  une  cavalière ,  une  femme  à  cheval.  Femina  equi^ 
tans.  Perfonne  ne  l'a  dit  aptes  lui. 

CA VALET,  f.  m.  Terme  de  Verrerie.  C'eft  de  qui  cou- 
vre la  lunelle  ,  &  qui  fait  bailler  la  flamme  pour 
échauffer  l'arche  du  four. 

CAVALIER,  f.  m.  Soldat  qui  fert  &:  qui  combat  à  che- 
val. Eques.  Il  eft  encore  diftingué  du  farttatrin  ,  en 
ce  qu'on  l'appelle  maître.  Une  telle  compagnie 
étoit  de  40  Maîtres  ou  Cavaliers. 

On  trouve  Cahallarius  8c  Cavatlarius  dans  là 
bafle  latinité  ,&  K<»Ç«A«/mî  en  grec,  Voyet^AîlaSS, 


3z8 


C  A  V 


Jamiar.  T.  /J  ,  p.  4^,.  J^-  ^prl!-  T-  ^Up-  i^^^-  ' 
B.,&cc.  Ces  mots  viennent  de  Cahallus  ,  cheval.  Le 
P.  PouHine  ,  Jélliite ,  dans  l'on  GloU".  l'ut  Pachymetc 
au  mot  K«S«AA«f  10; ,  temaïquc  que  des  le  temps  de 
cet  Hiltoiien,  c'ell:  -  à  -  dire  ,  au  XIIP  /lècle  ,  ce 
mot  lignihoit  dans  l'Empire  Giec  non  pas  fuiiplement 
un  homme  de  cheval ,  mais  un  Gentilhomme  qui  a 
Ibus  foi  d'autres  Cavaliers  ii  {a  Iblde  £càles  ordres. 
Cavalier  fe  dit  en  s^énéral  de  tout  homme  qui  cft 
à  cheval.  Il  avoit  autour  de  fon  cairolle  une  demi- 
douzaine  de  Cavat'urs. 

Je  vois  d'illuflres  Cavaliers , 

Avic  Laquais  ,  caroffé  &  pfiges  : 

Mais  ils  doivejit  leurs  équipages  , 

Et  je  ne  dois  pas  mes  jhuliers.  De  LigniereS. 

%fT  Cavalier  fe  dit  d'un    gentilhomme    qui    £iit 
profeifion   des  armes.  C'eft\m  Cavalier  accompli. 
0-  On  le  dit  auffi  d'un  jeune  Gentilhomme  deftiné  à 
porter  les  armes.  Voilà  un  jeune  Cavalier  qui  pro- 
met beaucoup. 

Les   Cavaliers  font  communs  en  Italie ,  à  caufe 
qu'il  y  a  plufieurs  Ordres  de  Chevalerie.  Il  lemble 
qu'en  parlant  des  Chevaliers  d'Italie  ,  l'on  ne  de- 
vroit  point  leur  donner  la  qualité  de  Cavalier  ,  qui 
à  la  rigueur  ne  (ignifie  en  trançois  ,  qu'un  homme 
d'épce',  &  ne  fuppofe  point  un  ordre  de  Chevale- 
rie. Cependant  l'ulage  eft  pour  Cavalier  >  à.  l'égard 
même  des  Chevaliers  Italiens.  M.  Taleman ,  qui  a 
traduit  VHiJloire  de    Fenije  de  Nani  ,  Chevalier  & 
Procurateur  de  S.  Marc,  l'appelle  le  Cavalier  Nani. 
On  dit  5  le  Cavalier  Bernin  a  été  un  grand  Archi- 
tedie   &  Sculpteur  :  le  Cavalier  Marin  un  grand 
Poète. 
Cavalier  ,  en  termes  de  manège  ,  fe  dit  auffi  d'un 
homme  qui  ell  bien  à  cheval  ,  qui  manie  bien  un 
cheval.    Equitandi  peritus.  C'cft  un   fort  bon  Ca- 
valier ,  il  manie  bien  un  cheval.  En  ce  fens  on  le 
dit  au/fi  au  féminin.  Cette  Dame  eft  une  fort  bonne 
Cavalière, 

On  dit  qu'un  homme  eft  un  beau  Cavalier ,  pour 
dire  qu'il  a  bonne  grâce  à  cheval.  Acad.  Fr. 
Cavalier  fe  dit  auili  de  celui  qui  accompagne  une 
Dame ,  qui  lui  donne  la  main  à  la  promenade  ■,  à 
ce  bal ,  chaque  Dame  avoit  ion  Cavalier. 
Cavalier  ,  iére    s'emploie    auiîi    adjectivement   &; 
adverbialement  ,  &  il  (îgnifie  ,  libre  ,  aifé  ,  dégagé. 
Liherior  ,  folutior.   Cet   homme    a  la    mine  cava- 
lière. On  dit  auffi  une  éloquence  cavalière  ,i\\\(iy\c 
cavalier ,  pour  dire  libre  ,  qui  n'a  rien  de  pédant  , 
ni  de  trop  adlijetti  aux  règles.  Il  avoit  pris  à  mer- 
veille les  airs  cavaliers ,  mais  non  pas  les  extrava- 
<T;ans.  Mlle  l'Héritier. 
Cavalier,  iere  ,  fe  dit  auffi  pour  ce  qui  eft  trop' 
libr^,  &  qui  approche  de  la  mal  -  honnêteté.  Illi- 
Meralis  ,  inurbanus.  Il  l'a  traité  d'une  manière  ca- 
valière ,  c'eft-à-dire ,  peu  civile.  Les  braves  de  votre 
voiiinage  m'ont  offert  de  me  venger  -,  mais  j'ai  penie 
que  ce  procédé  éroit  un  peu  trop  cavalier  p>our  un 
homme  de  bréviaire.  Cost,  Cela  eft  bien  cavalier. 
§Cr  Cavalière.  (A  la)  Façon  de  parler  adverbiale,  qui 
fîgnifîe  en  cavalier.  Il  eft  vêtu  à  la  cavalière.  Danfer 
à  la  cavalière. 
§Cr  Cavalier.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  une  pièce  du 
-v'.jeu  des    échecs  qui  faute  par-deiUis  les  aurres  dans 
fa  marche, &:  va  toujouts  de  blanc  en  noir  ou  de  noir 
en  blanc.  L'échec  du  cavalier  ne  le  peut  couvrir.  Si  on  • 
ne  peut  le  prendre  ,  il  faut  que  le  roi  remue.  Le  mot 
de  chevalier ,  pour  déligner  cette  pièce  ,  ne  fe  dit  que 
..'j-dans  quelques  provinces.  On  trouve  pourtant  che- 

.valier  dans  le  Dicx.  de  l'Acad.  Fr. 

Cavalier,  Monnoie  d'argent  de  Flandres ,  où  il  s'en 

fabrique  quelques-uns ,  mais  peu.  ^j;3'  Le  cavalier 

vaut  argent  de  Fpnce  ,  une  livre  fept  fols   deux 

deniers,  ir.^J 

Cavalier  ,  en  termes  de  fortification  ,  eft  une  terralfe 

:'  ou  plate  forme  qui  commande  autour  d'elle  ,&  qui 

eâ  élevée  de  18  ou  io  pieds  fur  le  rempart  pour  y 


C  A  V 

mettre  du  canon  ,  Si  battre  dans  la  campagne.  Ag- 
c^er  editior.  On  l'appelle  ainfi  ,  à  caufe  qu'il  cft  au- 
tant élevé  fur  les  autres  ouvrages  ,  qu'un  homme 
à  cheval  l'eft  fur  un  hoiv.me  de  pied.  On  en  fait 
quelquefois  dans  la  campagne  pour  battre  dans  la 
ville.  Ils  font  tantôt  ronds,  tantôt  carrés  -,  &:  ils  ont 
leur  parapher  pour  couvrir  le  canon.  Leur  largeur 
dépend  du  nombre  des  pièces  qu'on  y  veut  loger. 
On  obfcrve  pour  cela  de  donner  10  ou  11  pieds 
de  diftance  entre  chaque ,  afin  que  ceux  qui  fervent 
le  canon  aient  plus  de  commodité  à  le  charger  & 
à  le  tirer. 

Le  cavaliei  chez  les  anciens ,  étoit  une  terrafle 

qu'on  clevoit  avec  du  bois  &:  de  la  terre  contre 

les  murailles  ,  pour  lancer  des  traits  dans  la  place. 

?fT  Cavalier.  Terme  de  Conchyliologie.  Nom  d'un 

coquillage  de  mer.   Foye:^  Coquillage. 
CAVALIEREMENT,  adv.  D'une  manière  cavalière. 
Il  lignifie  quelquefois ,  agréablement,de  bonne  grâce, 
&  fe  pitcnd  en  bonne  part ,  comme  ,  il  écrit  cava- 
lièrement .  Comiler  ,  liber  aliter.  Il  fe  prend  plus  fou- 
vent  en  mauvaife  patt ,  &;  fignifie  incivilement,  d'une 
manière  brufque, comme  :  il  a  traité  cette  Dame  un 
peu  cavalièrement  ,  fans  refpcd:.  On  dit  auffi,  il  a 
parlé  de  la  Religion  un  peu  cavalièrement,  pour  dirç 
d'une  manière  un  peu  trop  libre  ,  un  peu  libertj;ne. 
llliberaliter ,  petulanter. 
tfj-  CAVALLE.  Voyei  Cavale. 
Ip-  CAVALLE  C  la)  ou  CAVALLA.  Ville  de  la  Tur- 
quie en  Europe  ,  dans  la  Macédoine ,  aux  confins  de 
la  Romanie.  Elle  a  porté  autrefois  le  nom  de  Bu- 
cephala,&ron  croit  que  c'eft  une  de  celles  qu'A- 
lexandre  le   Grand  fit   bâtir  en  l'honneur  de  fon 
cheval  Bucéphale. 
CAVALOT.  f.  m.  Monnoie  fabriquée  fous  Louis  XII , 
valant  6  deniers  de  loi.  On  l'appelle  cavalot ,  parce 
que  S.  Second  y  ell  rcpréfentc  à  cheval, 
Cavalot.  f.  m.  Terme  d'Artillerie.  Pièce  à  cavalot. 
Efpèce  de  canon  du  troifîème  genre ,  faite  de  fer 
battu  ,  pelant  depuis  quatante-lix  jufqu'à  Ibixante 
livres,  laquelle  tire  une  livre,  une  demi-livre,  & 
un  quart  cle  balles  de  plomb  ,  avec  égale  pcfanteur 
de  poudre  de  moufquers ,  ou  une  demi-pefantcur  de 
poudre  fine,  &  porrant  de  1000  à  iioopieds  de  point 
en  blanc  ,  &  entre   11  &  1400   pieds  en  la  plus 
longue  atcure  &  diftance.  Ces  canons  font  longs  de 
7  a  10  pieds  :  on  en  fait  auffi  qui  fe  chargent  par  la 
culafle  avec  cartouches  ,  pour  plus  grande  facilité. 
Avec  une  de  ces  pièces  on  peut  tirer  12  &  13  coups 
par  heure   continuellement ,  qui  font  en  14  heures 
188    coups.  Ces  fortes  de   pièces    font  meilleures 
que  nulle  autre ,  tant  pour  la  forterelîe  que  pour 
la  campagne.  De  la  Fontaine, 
Cavalot   ou  Cavarlot.  f.  m.  Terme  bas   &  po- 
pulaire. Petit  cheval ,  bidet.  Mannus.  Les  Gafcons 
"vantent   fort  leuis  cavarlots. 
CAVALQUET.  Terme  de  guette  ,  eft  une  manière 
de  fonner  de  la  trompette  ,  dont  on  fe  fert  lorfque 
l'armée  approche  des  villes  ,  ou  lorfqu'elle  palJé  pa|    1 
dedans.  Buccincz  fonus.  Il  y  a  auffi  un  double  ca-    I 
valquet. 
CAVAN.  f.  m.   Mefure  dont  on  fe  fert   dans  quel^    ■ 
ques-unes  des  Iles  Philippines  ,  pour  mefurer  les    | 
grains  &  les  légumes. 
^ft  Cavan  ou  Cavon.  Contrée  d'Irlande  ,  avec  titre 
de  Comté  ,  dans  la  Province  d'Ulfter.  La  capitale 
porte  le  même  nom. 
CAUCALIS.  f,  m.  Plante  agrefte  dont  plufieurs  Ro- 
mains font  la  defcription.  Ses  feuilles  relfemblent 
à  celles  du   panais  lauvage,  mais  elles  font  décou- 
pées plus  menu.  Sa  tige  croît  à  la  hauteur  d'enyi- 
ron  un  pied  :  elle  eft  rameufe  &:  velue  ainfi  que  la 
feuille  ,  &  porte  des  ombelles  au  fommet  qui  fou- 
tiennent  de    petites  fleurs   blanches  ,  odorantes   , 
compofées  de  cinq  feuilles  inégales  ,  difpofées  en 
flcurs-de-lis.  Les  vertus  de  cette  plante  font  con- 
fidérables.  Elle  eft,  dit-on  ,  apéritive,  propre  pour 
provoquer  les  règles  des  femmes ,  pour  aiguifer  U 
vue ,  &:  raréfier  les  humeurs  cralfes, 

ÇAVCASE, 


C  AU 

CAUCASE.  Nom  de  montagne.  Caucafus,  On  dît, 
le  Caucafe ,  5c  le  mont  Caucafe.  Ce  font  des  mon- 
tagnes de  l'Aiie  fcptentrionale  ,  qui ,  félon  la  Géo- 
graphie ancienne ,  divifoient  l'Inde  de  la  Scythie. 
Le  Caucafe  ert:  une  branche  du  mont  Taurus ,  qui 
s'étend  dans  toute  la  Géorgie ,  &:  dans  la  Circalfie  ;  & 
fouventil  a  été  confondu  avec  le  mont  Taurus.  Ces 
montagnes  font  extrêmement  hautes ,  efcarpécs ,  & 
toujours  couvertes  de  neiges  :  ce  qui  n'empêche 
pas  que  les  vallées  ne  foient  très-cultivées  &  ferti- 
les même  en  bons  vins.  Les  Poètes  difent  que  c'eft 
fur  1q  mont  Caucafe  que  Prométhée  fut  lié  pour 
avoir  le  foie  déchiré  par  un  aigle  ou  par  un  vau- 
tour. 

Le  mont  Caucafe  a  différens  noms.  On  le  nomme 
mont  d'E/lours  ou  de  Circafjie  ;  Thevet ,  Ada:^ar  : 
d'autres  AUfor.  L'Arménien  Hayton  dit  qu'il  s'ap- 
pelle Cocas  ou  Cocheas  ;  d'où  apparemment  s'eft 
formé  Caucafus ,  Caucafe.  Bochart  le  tire  de  la  pre- 
mière langue  ,  c'efi:-à-dire ,  de  l'hébreu  ,  Phaleg.  L. 
ni,  c.  1 3.  Selon  lui ,  la  terre  deGog&Magog  étoit 
une  partie  de  la  Scythie  le  long  du  mont  Caucaj'e , 
que  les  h:ihitans  delà  Colchide  &  les  Arméniens , 
dont  j  le  Dialcéte  étoit  un  demi-Chaldéen  ,  appe- 
Joient  fon  jIj  ,  Gog  hafan  ,  c'eil-à-dire  ,  Gogi  muni- 
mcntum  ,  fort  ou  fortification  de  Gog  -,  de  -  la  les 
Grecs ,  adoucilfant  la  prononciation ,  firent  K«àK«-<iç. 
Pline  ,L.  FI ,  C.  17  ,  prétend  que  Caucafus  ,  s'efl: 
dit  pour  Crocafus  ou  Crocajis  ,qui  eft  le  nom  que 
les  Scythes  donnoient  à  cette  montagne  toujours 
couverte  de  neige  ,  parce  que  ce  nom  dans  leur 
langue  lignifie  hlauc  de  neige  •,  &  pour  confirmer 
cette  étymologie  ,  Hoffinan  remarque  qu'encore 
aujourd'hui  les  Allemands ,  qui  font  Scythes  d'ori- 
gine ,  difent  o^riïw  pour  fignifier  blanc. 

Ariftote,  Meteor,  L.  H.  C,  61,  dit  que  l'on  voit  le 
Caucafe  du  lieu  appelé  Pro^ww^/^war/j, qui,  félon 
Ptoléméc ,  eft  fous  le  même  parallèle  que  le  Caucafe, 
&  en  eft  éloigné  en  longitude  de  1 1  degrés.  La  la- 
titude de  l'un  &  de  l'autre  eft  à  peu  près  Sy'J.  Le 
lieu  appelé  Profunda  pond  ou  maris  eft  la  partie 
du  Pont-Euxin  qui  touche  au  Bofphore  Cimmé- 
rien.  De-là,  M.  Scarfo  ,  Serm.  Géogr.  I,  conclut 
que  le  mont  Caucafe  eft  plus  haut  que  le  Pont- 
Euxin  de  tfjooo  pas. 

Saumaife  fut  Solin ,  p.  788  &  fuiv.  traite  fort  au 
long  de  cette  montagne ,  &  diftingue  deux  Cau- 
cafes  ;  l'un  dans  la  Colchide  ,  &  l'autre  dans  l'Inde  ; 
mais  je  ne  vois  pas  que  ce  fentiment  ait  été  luivi. 
Le  Chevalier  Chardin ,  dans  fon  Voyage  de  Perfe , 
parle  au/Il  du  mont  Caucafe  &  de  fes  habitans,  qui 
font  Chrétiens  du  rit  géorgien.  Il  dit  que  le  mont 
Caucafe  eft  la  cime  la  plus  élevée  du  mont  Taurus , 
&  le  décrit ,  p.  1 8  6*  fuiv. 
fer  CAUCAUBARDITES.  Foyei  Contobardites. 

CAUCHEMAR,  f.  m.  Il  y  en  a  qui  écrivent  canche- 
mare  ,  d'autres  chaufjemare  ,  d'autres  cochemar  ,  &: 
d'autres  cochemare.  Tout  cela  eft  ,  je  crois ,  fort 
indifférent ,  fi  ce  n'eft  que  chauffemare  eft  le  moins 
bon  ,  cochemar  ou  cauchemar  le  meilleur.  gC?  Nom 
qu'on  donne  à  une  certaine  maladie  qui  attaque 
ordinairement  les  perfonnes  qui  font  couchées  flir 
le  dos,  qui  ont  l'eftomac  chargé  d'alimens  lourds 
&  difficiles  à  digérer.  C'eft  une  efpèce  d'oppreffion 
qui  furvient  pendant  le  fommeil  -,  enforte  qu'on 
croit  avoir  l'eftomac  chargé  d'un  poids  confidéra- 
ble  dont  on  eft  délivré ,  quand  on  eft  éveillé. 
Ephialtes ,  incubus.  Cette  maladie  ne  vient  pas  , 
comme  on  le  prétendoit  autrefois ,  de  vapeurs  grof- 
fières"  qui  rempliffent  les  ventricules  du  cerveau  :  il 
y  a  plus  d'apparence  qu'elle  eft  caui'ée  par  une  trop 
grande  réplétion  de  l'eftomac ,  qui  empêche  le  mou- 
vement du  diaphragme  ,  &  par  conféquent ,  la  di- 
latation de  la  poitrine  -,  &  c'eft  pour  cette  raifon 
aufîl  qu'on  y  eft  plus  fujet ,  après  qu'on  a  trop 
mangé,  &  qu'on  eft  couché  fur  le  dos.  Plufieurs 
croient  avec  fondement  qu'elle  eft  encore  produite 
par  la  convulfion  des  mufcles  de  la  refpiration.  On 
Tome  II. 


C  A  IT  529 

I      rappelle  en  grec ,  £>«a7«5  »  chez  les  Latins ,  /«- 
eubus . 

On  dit  d'un  homme  ehnuyeujc  &  incommode j 
que  c'eft  un  homme  qui  donne  le  cauchemar.  Acad. 
Fr. 
CAUCHOIS,  OISE.  r.  m.  &  f.  Qui  eft  du  pâyS  de 
Caux.  Caletenjis ,  Caletus.  On  difoit  anciennement 
Caucheis  ,   ou  Chauceis  ;  &  il  n'y  a  pas  encore  long- 
temps qu'on  difoitauffi  Caillot  &C  Caillette.  Voyez 
la  Defcrip.  Geogr.&  Hifi.  de  la  Haute  Norm.  T.  I , 
p.  1.  On  appelle  à  Rouen  la  porte  Cauchoife ,  celle 
par  où  l'on  fort  pour  aller  au  pays  de  Caux  \  Se 
à  Paris  des  moutons  Cauchois ,  ceux  qui  viennent 
de  Normandie ,  du  pays  de  Caux.  Le  breuvage  des 
Cauchois  eft  le  cidre  ,  &  en  quelques  lieux  la  bière  ; 
leur  trafic  eft  le  lin ,  le  fil ,  la  toile  ,  les  blés  & 
les  cidres.  Du  Moulin  ,  Hifl.  de  Norm. 
0Cr  Cauchois,  [pigeons)  ce  font  de  gros  pigeons» 
ainfi  nommés  des  pigeons  de  Caux  en  Normandie  , 
qui  font  plus  gros  que  ceux  des  autres  lieux.  Voye:^ 
Pigeon. 
CAUCIAGE.  f.  m.  Vieux  rerme  de  Coutumes.  C'eft 
un  droit  feigneurial  ,    qui  eft  dû  pour  les  chauf- 
fées. 
CAUCOBARTITE.   Voyei  Contobartite. 
CAUDATAIRE.  f.  m.  Celui  qui  porte  la  queue  de 
la   robe  du   Pape  ,  d'un    Cardinal ,    d'un    Prélats 
Syrmatis^  gerulus ,  minijicr  ab  traheœ.   caudâ. 
CAUDE  ,  EE.  adj.  Terme  de  Blâfon  ,qui  fe  dit  des  co- 
mètes &  des  étoiles  qui  ont  une  queue.  Caudatus., 
Il  porte  d'azur  à  une  étoile  caildée  d'or. 
CAUDEBEC.  Ville  de  France  en  Normandie  fur  la 
Seine  à  fept  lieues  au-deflbus  de  Rouen.   Calido- 
beccum.  Caudebec   eft  capitale  du  pays  de   Caux. 
Caudebic  a  été  célèbre  par  fes  manutaétures  de  cha- 
peaux ;  aujourd'hui  elles  font  tombées. 

Du  Chefne  &  M.  Corneille  difent  que  cette  ville 
prend  le  nom  du  pays  de  Caux  ;  cependant  comme 
les  noms  latins  font  fort  difîércns  -,  que  le  pays 
de  Caux  s'appelle  Caletenjis  ager  ,  &  Caudebec ,  Ca-^ 
lidobeccum  ;  que  Caux  peut  très-bien  s'être  formé 
de  Calidus  ;  que  dans  le  nord  de  la  France  on. 
dit  caud  pour  chaud,  Calidus  ,  il  femble  qu'il  ne 
faut  point  recourir  au  nom  du  pays  ;  que  Cau- 
debec eft  la  même  j^chofe  que  Calidobeccum  ou  ca' 
lidum  beccum  ,  qui  eft  la  même  chofe  que  calidus 
rivus  ;  car  bec  en  gaulois ,  comme  bach  en  alle- 
mand ,  lignifie  rivière  ;  &c  qu'ainfi  Cau  dans  Cau- 
debec ne  vient  point  de  Caletenjis ,  &  n'eft  point  le 
nom  du  pays  de  Caux.  Sur  cette  ville  ,  &  fut  l'o- 
rigine de  fon  nom ,  Voye7  la  Defcription  Géogr. 
&  Hifi.  de  la  Haute  Norm.  T.  I ,  p.  8. 
Caudebec  f.  m.  fîgnifioir  autrefois  un  chapeau  fa- 
briqué à  Caudebec  ,  '&  en  ce  fens  il  a  un  plu- 
riel. Petafus  Calidobecci  fipatus.  Pileus  Calldo-' 
beccenjis.  Les  Caudebecs  font  fort  eftimés  ,  parce. 
qu'ils  réfiftent  à  la  pluie.  Corn.  Aujouid'ui  Cau- 
debec ne  fe  dit  plus  que  d'un  chapeau  de  feutre. 
gcr  CAUDESCOTES.  Petite  ville  de  France ,  dans 

l'Armagnac  ,  deux  lieues  au  deffus  d'Agen. 
CAUDICAIRE.    f.  m.   Caudicarius,    On  appeloit  à 
Rome  Caudicaires ,  les  Batteliers ,  les  Nautonniers , 
du  nom  de  certains  bâtimens  qu'on  appeloit  cau- 
dicariœ  naves.  Quelques-uns   écrivent  codicarix  ; 
fuivant  cette  oitographe,  il  faudra  écrire  codicarius 
&  codicaire.   Voyez   Feftus  Pomp.  Non.  Marcell. 
Varron  ,  de  la  vie  du  peuple  Rom.  L.  III ;  Séneque , 
de  la  brièveté  de  la  vie. 
^  CAUDIEZ.  Petite  ville  de  France ,  dans  le  haut 
Languedoc,    au  pié  des  Pyrénées,  à  fept   lieues 
d'Alet. 
CAUDIOT.  f.  m.  Le  peuple  de  bafTe-Normandie  , 
appelle  ainfi    un   feu  de  joie.    Il  vient  d'ignis  de 
gaudio,  feu  de  joie.  M.  Huft. 
0-  CAUDROT  ou  COUDROT.   Petite  ville   de 
France  ,  en  Guienne ,  dans  le  Bazadois  ,  entre  la 
Réole  &  Saint-Macaire. 
CAVE,  f  f.  Lieu  voûté  ,  ou  partie  d'un  bâtiment  qui 
eft  au-delTous  du  rez-de-chauflée.  Cavus ,  cavum , 

T  t 


5^o  C  A  V 

juhierraneus  cccviis.  Il  y  a  pliifîeurs  Ëglifes  où  il  y  I 
a  des   chapelles  hziXts,  comme  à  Notre-Dame  de 
Chartres ,  à  Sainte  Geneviève  ,  à  Saint  Viciior  :  on 
les  appelle  la  cave. 

On  appelle  auiîî  cave  dans  les  Eglifes ,  certains 
lieux  voûtés ,  oii  l'on  enterre  les  morts.  Crypta 
exc'ipiendis  mortuorum  corporlbus.  Une  telle  tamillc 
a  fa  cave  dans  une  telle  Paroifle. 
Cave  fe  dit  dans  les  maiibns  particulières  du  lieu 
foutertain  &  voûté  ,  où  l'on  m.et  le  bois ,  le  vin  8: 
les  autres  proviiions.  Cella  vinaria.  Ce  Cabaretier 
a  zoo  pièces  de  vin  dans  la  cave.  On  met  rafraî- 
chir l'eau  dans  la  cave.  f3"  Les  Ordonnances  de 
police  enjoignent  de  faire  la  vidang.ô  de  l'eau 
des  caves ,  où  il  en  eft  entré  par  les  inondations. 
De  la  Marre,   Traité  de  la  Pol.  t.  i  ,  /».  538. 

Ce  mot  vient  du  latin  cavea.  Dans  la  règle  du 
Monaftcre  de  Sainte  Céfàire  ,  Vierge  ,  écrite  au 
Vr  liècle  par  Saint  Céfaire  ,  Evêque ,  fon  frère , 
&  imprimée  par  BoUandus,  Januar.  T.I,  /7.730 
&  fuiv.  on  trouve  cavena  ,  §  5  ,  pour  lignifier  la 
cave  ou  le  cellier ,  &  la  Cellérière  eft  appelée  ca- 
venaria. 
§CF  On  dir  figurément  en  ftyle  familier-,  qu'un  homme 
va  du  grenier  à  la  cave ,  &  de  la  cave  au  grenier  ; 
quand  il  y  a  du  haut  Si  du  bas  dans  Ton  ftyle  ■■,  quand 
il  va  haut  &  bas ,  fans  garder  ni  mefure  ni  règle  : 
qu'il  eft  chû  du  grenier  à  la  cave  ;  quand  il  a  eu 
un  grand  revers  de  fortune. 

On  appelle  Rats  de  cave ,  les  Commis  qui  vont 
dans  les  caves  marquer  le  viîi  que  les  Cabaretiers 
débitent. 

Dn  appelle  du  faille   de  cave  ,  le  fable  fofTile 
qu'on  tire  de  la  terre  ,  par  les  puits  ou  ouvertures 
qu'on  y  fait. 
Cave   fe    dit  auill   d'un    coffre  féparé  en   plufieurs 
petits  carrés ,  qu'on  prépare  ainlî  pour  mettre  des 
bouteilles.  Capfu/a  dirnenjionihus  o\x  loculis ,  locu- 
lamentis  dijiincla.  Une  cave  d'armée  ,  dans  laquelle 
on  tranfporte  des  liqueurs.  Une  cave  de  toilette  , 
où  l'on  met  des  eflences  ,  des  pommades. 
|iCF  On  le  dit  chez  les  Confifeurs,   d'une  caifle  de 
fet  blanc ,  avec  un  certain  nombre  de  petits  pots 
de  même  métal  qui  y  font  emboîtés ,  dont  on  fe 
fert  pour  glacer  des  crèmes ,  &c. 
Cave,  chez  les  Joueurs,  fignifie  un  fonds  d'argent 
qu'ils  mettent  devant  eux  pour  tenir  bon  aux  au- 
tres ,  comme  au  breland  ,    à  la  grand'prime.    La 
première  ,  la  féconde  cave. 
Cave.  adj.  m.  8i  f.  Ce  qui  eft  creufé  ,  qui  a  été  cave. 
Caviis  ,  cavatus  t  excavatusi  II  eft  moins  en  ufage 
au  fimple ,  qu'à  fon  compofé  con-cave. 
Cave  ,  en  termes  de  Médecine  ,  fe  dit  delà  plus  groffe 
de  toutes  les  veines ,  qui  va  fe  terminer  au  ventri- 
cule droit  du  cœur  ,  où  elle  s'ouvre  par  une  large 
embouchure,  pour  y  verfer  le  fang  qui  lui  eft  ap- 
porté de  toutes  les  parties  du  corps  par  les  rameaux 
des  veines,  ^''ena  cava.  A  fon  entrée  dans  le  ventri- 
cule droit  ,  il  y  a   trois  valvules  membraneufes  , 
qu'on  appelle   triglochines  ou  tricujpides ,  à  caufe 
de  leur  figure   triangulaire  :  elles  font  difpofces  de 
manière  qu'elles  permettent  l'entrée  du  fang  de  la 
veine  cave  dans  le  cœur  ,  &  en  empêchent  le  retour 
dans  la  veine  cave.  Cette  veine  fe  divife  en  afcen- 
dante  &  defcendante.  La  veine  cave  afcendante  eft 
celle  qui  vient  des  parrifs  inférieures  :  elle  eft  ainfi 
nommée  ,  parce  que  le  fang  ,  qui  revient  au  cœur  par 
cette   veine  ,  monte.  La   veine   cave   dçfcendante 
vient  des  parties  fupérieures  :  elle  eft  ainfi  appelée, 
parce  que  le  fang ,  qu'elle  rapporte  du  cerveau  & 
des  autres  parties  fupérieures  au  cœur ,  defcend. 
Cave  ,  adj.  eftaulfi  un  terme  d'Aftronomie  &  de  Chro- 
nologie ,  qui  eft  oppofé  à  plein.  Le  mois  lunaire- 
fynodique  eft  de  Z9  jours  ,  11  heures ,  44  minutes. 
Pour  ôter  cette  fratiliion ,  on  fait  ce  mois-là  alter- 
nativement de  zp  jours  &  de  trente  ,  moyennant 
quoi  les  iz  heures  qu'on  ôte  à  l'un, on  les  donne 
à  l'autre  ,  &  il  y  a  égalité  ,  fuppofé  que  l'on  ne 
compte  pour  rien  les  44  minutes.  Ce  mois  de  zp 


C  A  V 

jouts  eft  appelé  cave  ,  c'eft-à-dire ,  creux,  diminué  '■> 
ëc  celui  de  trente  s'appelle  plein.  Il  en  eft  de  même 
des  années,  dont  quelques-unes  par  des  railbnsfem- 
blables  font  plus  longues  que  d'autres ,  ce  qui  fait 
que  les  unes  font  pleines ,  les  autres  caves.  L'année 
lunaire  commune  eft  quelquefois  de  553  Jours,  & 
ordinairement  de  354. 
Cave.  f.  f.  Nom  d'un  lieu  du  territoire  de  Salerne ,  au 
Royaume  de  Naples ,  entre  Nocera  Se  Salerne.  Cava. 
Il  a  été  ainii  appelé  à  caufe  d'une  carrière  ou  cavée 
qui  eP:  en  ce  lieu  ;  Si  il  eft  célèbre  pour  avoir  donné 
fon  nom  à  une  Abbaye  &z  Congrégation  de  Bcné- 
diétins. 

L'Abbaye  de  Cave  ,  la  Congrégation  de  Cave ,  en 
latin  Cavenjis  Abbatia  ,  Cavénfe  Monajlerium  ,  Con-' 
gregatio  Cavenjis,  Saint  Altère  ou  Adelfcre  de  Sa- 
lerne Se  de  la  maifon  des  PappaCarbons,  qui ,  à  ce 
que  l'on  prétend ,  defcendoit  des  Rois  de  Lombar- 
die  ,  ayant  reçu  à  Cluni  l'habit  monaftique  des 
mains  de  S.  Odilon  ,  revint  à  Salerne  ,  &  bâtit  une 
Eglile  Se  un  Monaftcre  au  lieu  appelé  Cava ,  vers 
le  commencement  du  XI<^  fiècle.  Ce  Monaftère  prit 
le  nom  du  lieu  où  il  étoit  bâti ,  auprès  de  la  car- 
rière ,  dont  nous  avons  parlé.  Après  la  mort  de  S. 
Alfréde  ,  il  fe  rendit  à  Cave  une  Ç\  grande  multi- 
tude de  gens  qui  demandèrent  l'habit ,  que  l'on  fut 
obligé  de  bâtir  plufieurs  autres  Monaftères  aux  en- 
virons de  celui  de  Cave,  En  iô(î(J  ,  Alexandre  II  , 
permit  à  l'Abbé  de  Cave  de  fe  fervir  d'habits  pon- 
tificaux. Grégoire  VII ,  n'étant  encore  qu'Aichidia- 
cre  de  Rome  ,  accorda  beaucoup  de  privilèges  à 
ce  Monaftère.  Urbain  II  les  confirma  en  109Z.  Ale- 
xandre III ,  en  1 11Î8  ,  le  mit  fous  la  proteélionduS. 
Siège  ,  accorda  aux  Religieux  le  droit  d'élire  un 
Abbé  ,  Se  confirma  tous  les  privilèges  qui  avoient 
été  accordés  par  fes  prédécelfeurs ,  Alexandre  II-, 
Grégoire  VII  ,  Urbain  II,  Pafehal  II ,  Calixte  II , 
Innocent  II  Se  Eugène  III. 

Ce  Monaftère  avoir  530  Eglifes  de  fa  dépen- 
dance ,  qui  fe  difoient  toutes  de  la  Congrégation 
de  Cave:  fix-vingts  étoient  des  Monaftères  ;  fa  voir, 
vingt-neuf  Abbayes  Se  9 1  Prieurés  -,  les  autres  étoient 
des  ParoifTes  deflervies  par  des  Religieux  de  cette 
Congiégation.  Elle  pafla  en  Sicile  ,  Se  y  pofTéda 
furtout  le  Monaftère  de  Montréal.  Celui  de  Saine 
Liiizenz  in  panis perna ,  étoit  aufll  de  cette  Congré- 
gation. Voye^  le  P.  Mabillon  ,  Acla  SS.  Benei. 
^SiEc.  ri  Se  Annales  Bened,  T.  IF  ,  Se  le  P.  Hé- 
lyot ,  T.  n ,  c.  x6, 
CAVEAU,  f.  m.  Petite  cave  où  l'on  enterre  les  morts 
dans  l'Eglife  ,  Se  où  l'on  met  du  vin  dans  des  mai- 
fons.  Crypta  ,  du  mot  grec  xf-S^la,  ahfcondo  ,  je  ca- 
che. 
=rr  ÇAVEÇON.  Foye^  Caves  son. 
CAVÉE.  f.  f.  Chemin  creux.  Via  cava.  Longue  cavée. 

Grande  cavée. 
CAVEHANE.  f.  f.  Mot  qui  vient  des  Turcs ,  Se  qui 
fignifie  un  lieu  où  l'on  vend  Se  prend  du  café.  Le  maî- 
tre de  la  cavéhane  gage  des   violons  pour  jouer  SC 
chanter  pendant  qu'on  prend  du  café.  Thévenot. 
CAVELIN.  f  m.  Terme  de  Commerce.  Le  c^veA/z  eft 
un  poids  ou  une  mefure  dont  on  fe  fert  à  Amfter- 
dam  pour  vendre  Se  acheter  le  vin.  Le  cavelln  con- 
tient deuxbariques,  ou  huit  tonneaux  ,  ou  huit  poin- 
çons ,  ou  quatre  piques  ou  bottes  ;  car  routes  ces 
mefures  différentes  font  la  même  quantité. 
CAVER.  V.  a.  Creufer  petit-à-petit.  Cavare ,  excavare. 
L'eau  de  la  gouttière  a  cave  les  fondemens  de  cette 
maifon.  La  petite  vérole  cave  Se  marque  le  vilage. 
ffT  On    dit    proverbialement  que  l'eau  qui  tombe 
goutte  à  goutte ,  cave  la  pierre ,  pour  dire ,  que  pat 
un  travail ,  quelque  petit  qu'il  foit ,  pourvu  qu'il 
foit  fuivi  ,  on  vient  à  bout  de  ce   qui  paroît  fort 
long  Se  difficile  à  faire. 

Gutta  cavat  lapidem  ,  non  vi  ,  fed  fœpè  cadendo. 

OVÎD. 

L'eau  qui  tombe  goutte- à-goutte 
Perce  le  plus  dur  rocher. 


G  A  V 

^^J'  On  dit  ab-roliuncnc,  l'eau  a  cave  ious  ce  rocher. 
Caver  iîgni/îe  aiirù  en  pluficurs  jeux  de  renvi.  Faire 
un  fonds  de  certaine  romme  ,  pour  avoir  devant 
foi  de  quoi  jouer. 
Caver  au  plus  fort  ,  c'cfl:  faire  bon  à  chaque  coup 
du  jeu  ,  d'autant  d'argent  qu'en  joue  dans  ce  mo- 
ment-là celui  des  joueurs  qui  en  joue  lejolus. 

On  dit  auffi  familièrement  &  figurém(^ ,  caver 
au  plus  fort  ;  pour  dire  ,  porter  tout  à  l'cxtrémc. 
Caver,  en  termes  de  Vitrier,  c'clT:  évidcr  dans  un  mor- 
ceau de  verre  de  couleur ,  pour  y  cnchaffer  d'autres 
de  diverfes  couleurs ,  qu'on  retient  avec  du  plomb 
de  chef-d'œuvre.  On  cave  avec  un  diamant ,  &  un 
grefoir  qu'on  doit  conduire   avec  adrefle  pour  ne 
pas  caiTer  la  pièce.  Cela  ne  fe  pratique  guère  que  pour 
les  expériences ,  &  les  chefs  -  d'œuvre   de  vitrerie. 
tfT  Caver  ,  en  termes  d'Efcrime  ,  c'eft  s'expofer  à  re- 
cevoir un  coup  d'cpce  dans  le  même  temps  qu'on 
le    porte.   C'efl:   le  contraire    d'oppofer.    /^oye^  ce 
'  mot.  Encyc. 
CavÉjÉe  ,  part. 

CAVER.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fe  trouve  dans  les  fors 
ou  coutumes ,  i"^  dans  les  adles  de  Navarre  &  de 
Gafcogne ,  &  qui  fignifie  Cavalier  ,  Chevalier  ,  un 
vaflal  qui  fert  avec  fes  chevaux  un  Seigneur.  Les 
Cavers. 

Ce  nom    vient   de    caballarius ,  Chevalier.    De 
Marca. 
CAVERIE-  f.  f  Terre  d'un  caver ,  terre  fujette  au  fer- 
vice  d'un  caver,  ou  dont  le  maître  efl:  un  vaflal  qui 
doit  fervir  avec  fes  chevaux  le  Seigneur  dont  il  re- 
lève. Cahallaria. 
CAVERNE,  f  f.  Grand  creux  qui  fe  trouve  fait  natu- 
"  rellcmcnt ,  &  fans  art ,  fous  quelque  montagne    ou 
rocher.  Specus  ,  fpelunca  ,  caverna.  Les    bctes  fa- 
rouches feretitent  dans  les  cavernes.^fThcs  cavernes 
fe  forment  comme  les  précipices  ,  par  l'àffaiflement 
des  rochers ,  ou  comme  les  abymes ,  par  l'adfion  du 
feu,  les  explofions  des  volcans  &c  les  tremblemens 
de  terre  ,&c. 
ffF  Les  anciens  diftinguoient  entre  àntrum  &  fpe- 
lunca ,  que  l'on  traduit  ordinairement  par  le  mot 
caverne  ,  &  donnoient  le  premier  nom  à  celles  qui 
font  l'ouvrage  de  la  nature  ,  &  le  fécond   à  celles 
qXie  l'art  avoir    creufces.  Nous    appelons   ordinai- 
rement caverne  ,  celle  qui  a  une  profondeur  confî- 
dérable,&qui  efl  acceffible  :  fi  elle  croit  profonde 
&  creufée  en  précipice  ,  ce  feroit  un  abyme.  Celles 
qui  n'ont  que  la  profondeur  néceflaire  pour  fervir 
de  logement  à  un  homme  ou  à  une  famille  ,  font 
proprement  des  grottes.  Les  grottes.,  font  la  plu- 
part l'ouvrage  de  la  main  des  hommes. 
CAVERNEUX  ,  EUSE  ,  adj.  Plein  de  cavernes.  Ca- 
vernofus.  On  dit  un  pays  caverneux  ,  des  terres  , 
des  montagnes  caverneufes. 
ffT  Ce  terme  fe  dit  en  Anatomie  de   plufieurs  par- 
ties du  corps.  Il  fignifie  la  même  choie  que  corps 
nerveux  &  corps  fpongieux.  Cavernofus.  Les  nerfs 
caverneux  font  deux  corps  plus  ou  moins  longs  & 
gros ,   dont  la  partie   la  plus    confidérablc  de  la 
verge  efl:  compofc.  Leur  fubftance  interne  efl:  rare 
&  fpongieufe  -,  lorfqu'clle  vient  à  s'emplir   de  fang 
&  d'efprits ,  les  nerfs  caverneux  s'enflent  :  ce  qui 
fait  la  tention  de  la  verge. 
'^C?  Il  y   a  encore  le  corps    caverneux  de  l'urcthre. 
f^oye^  ce  mot.   Le    finus  caverneux   de  la  dure- 
mere.  Foye^  ce  mot. 
CAVERNOSITE.  C.  f.  Efpace  vide   d'un  corps    Ca- 
verneux. Petites  cavernes  qui ,  le  trouvant  en  grand 
nombre  dans  un  corps ,  le  rendent  caverneux.  Ca- 
verna, cellula.  Les  plumes   renferment  dans  leur 
cavité  un  gros  5c  long  corps ,  charnu  ,  caverneux  , 
fur  lequeTrampent  une  infinité  de  petits  vailleaux 
fanguins,  qui  entrent  par   le  trou  inférieur  de  la 
plume ,  pour  verfer  leur  lymphe  dans  les  caverno- 
Jités  de  ce  corps ,  pour  être  de-là  portée  dans, toutes 
les  parties  de  la  plume  ,  afin  de  les  nourrir.  Acad. 
DES  SciENC.  KÎ99  ,  Hifi.  p.  44. 

CAVESSE  DE  MORE.  Terme  de.  Manège.  C'çfl:  la 


1^ 


C  A  V  5^î 

même  c^iofe  que  Cap  de  More  expliqué  ci  -  deflus; 
Ce  mot  vient  de  l'efpagnol ,  cabeça ,  qui  fignifie  tête. 
CAVESSON  ou  CAVEÇON.  (.  m.  Terme  de  Ma- 
nège. Capijlrum.  C'eft  une  clpèce  de  muferollc , 
demi-cercle  de  fer  ,  qu'on  met  fur  le  nez  du  cheval , 
qui  le  contraint,  &  fert  .à  le  domter  &  .î  le  drellér. 
Equi  retinaculurn  afperius ,  capijlrum.  Les  cavef- 
J'ons  de  cuir  ou  de  corde  ferv<:nt  à  mettre  les  che- 
vaux entre  deux  piliers.  Il  y  a  auOi  des  cavcffons 
de  fer,  faits  en  demi  cercle  de  deux  ou  trois  pièces , 
aflêmblccs  par  des  charnières ,  qui  fervent  à  drefler 
les  jeunes  chevaux.  Il  y  en  a  de  Btirs  &  de  plats  -, 
d'autres  creux  par  le  milieu  &:  denrelés  comme  des 
Icies,  qu'on  appelle  mordms ,  on  ^figuette  on  ca- 
vcffons camarcs.  On  ne  fe  fert  plus  de  ces  derniers  i 
&;  ils  font  abfolument  bannis  des  Académies.  Ils 
étoient  garnis  de  petites  pointes  très-aigues  qui 
tourmentoient  exceifivemcnt  le  cheval,  To'us  cavef- 
Jons  font  montes  de  têtière ,  de  fougorge  ,  &  de 
deux  lonares. 

Ce  mot  peut  venir  de  l'efpagnol  cah-ça,  qui 
fignifie  tête. 

On  dit  d'un  homme  fbugeux  &  emporté,  qu'il 
a  beibin  de  caveffon  ;  pour  di'^te,  qu'il  a  befoin  qu'on 
le  retienne. 

CAVET.  f  m.  Terme  d'architedure,  du  latin  àavus. 
C'eft  un  membre  creux  ou  moulure  rentrante  ,  qui 
eft  faite  de  la  quatrième  pairie  d'un  cercle  j  &  qui 
fait  pattie  des  ornemens  des  corniches.  Sim.i.  On 
s'en  fert  auflî  dans  les  ornemens  deS  bordures  de 
mcnuiferie. 

CAVIAL,  f,  m.  D'autres  difent  cavidt ,  &  d*autrcs 
caviar.  Sorte  de  mets  Ou  de  ragoût  qu'on  prépare 
comme  les  boutargues.  Il  fe  fair  d'œufs  d'éau-;^eon 
qu'on  laupoudre  de  fel ,  &  qu'on  expofe  après  au 
foleil,  en  les  remuant  plufieurs  fois  le  jour.  Le 
cavial  ei[  fort  commun  dans  tous  les  pays  du  nord 
On  l'aHaifonne  ordinairement  avec  du  vinaigre 
quand  on  en  veut  manger.  Les  uns  le  mangent  fur 
le  pain  ,  &:  les  autres  en  font  une  efpcce  de  falade  * 
comme  on  en  fait  aveé  des  anchois. 

(fT  Les  anciens  faifoient  un  ragoût  à-peu-près  fem- 
blable  des  inreftins  du  Thon  ,  qu'ils  nommoient 
Scornirus ,  &  ils  l'appeloient  garum  ou  muria. 

CAVIDOS  ou  CABIDOS.  f.  m.  terme  de  commerce 
&c  de  relations.  C'eft  le  nom  d'une  mefure  de  Por- 
tugal ,  qui  eft  environ  égale  à  l'aune  d'Amfterdara, 
ou  de  Hollande ,  qui  eft  de  deujf  pieds  un  pouce 
Se  deux  lignes.  Les  cavidos  dont  on  fe  fert  dans 
les  Indes  Orientales ,  Çonx.  environ  d'un  tiers  plus 
courts  que  ceux  de  Lifbonne. 

CAVIER.  Termes  de  Coutumes.  On  appelle  Sei- 
gneurs caviers,  cent  auxquels  les  cehs ,  rentes,  & 
devoits  fonciers  font  dûs  par  les  renanciers. 

Cavier  ou  Caver  ,  vient  de  Caballarius  :  ce  mot 
dans  la  balfe  latinité  ,  fignifioit  Chevalier  :  ainfi 
Cavier,  dans  fon  origine,  fignifioit  un  vaflal  qui 
doit  à  fon  Seigneur  fervice  de  cheval.  Voye:^  CaVer^ 

CAVILLATION.  f.  f.  Terme  d'Ecole.  Ceft  un  argu- 
ment faux  &  fophiftique  ,  un  raifonnemenr  qui  n'efl? 
fondé  que  fur  une  vaine  fubtilité,  Cavillatio.  La 
plupart  des  objeélions  qu'on  fait  au  Collège  font 
de  pures  cavillations.  Il  n'eft  pas  d'ufage  dans  le 
difcours  ordinaire. 

Ce  mot  vient  de  cavillari ,  que  l'on  fait  venic 
de  calvo. 

CAVIN.  f.  m.  Terme  de  guerre.  C'eft  un  lieu  creux  * 
Ibit  un  chemin  ,  foit  un  fofle  ,  dans  lequel  on  peut 
s'avancer  à  couvert  vêts  les  ennemis ,  comme  dans 
une  tranchée.  Fo(fd. 

|tcr  CAVINAS.  Peuple  de  l'Amérique  méridionale  ^ 
au  Pérou ,  dans  la  Province  de  Charcas ,  dans  Us 
montasnes.  . 

^  CAVITE  ou  CAVITA.  Ville  de  l'Ile  Manille, 
une  des  Philippines  ,   dans  la  Province  de   Bahi. 

CAVITE,  f.  f.  Creux  ou  vide  dans  uti  corps  folide  -, 
ce  qui  eft  cave  ou  cztnyi.  Caverna,  cavus finus.  Les 
Médecins  nomment  cavités ,  plufieurs  endroits  creuK 


35Z  CAU 

<iui  font  dam  le  corps,  comme  les  tavhés  à\xttt- 
veau ,  du  cœur  ,  des  veines. 
CAULACAU  ou  CAVLACAV.  f.  m.  Nom  que  les 
Nicolaïtes,  hérétiques  du  premier  liecle,  donnoient 
à  une  des  puiilances  qui  gouvernou  le  Ciel ,  abu- 
fant  d'un  pailas^^c  d'Haïe  ,  où  le  lirent  ces  mots  hé- 
breux ,  Cau-la^cau.  Fleuky.  Ces  mots  le  trouvent 
dans  Haïe  XXVIII,  lo  &  15.  On  lu  dans  le  texte 
de  S.  Epiphane  ,  héréfiedes  Nicolaïtes ,  c>^./J^,  5. 

ch.  V.  ^..x»v.^H  &  li''-^*-''*-'  i"^!^  ^^):  y^^- 
breu  eft  :  11'?  ip,  Kav-Li-cav.  ^  ou  le  k  eft  iuper- 
flu  ,  &  ne  peut  être  dans  l'hébreu.  Le  Caulacau  des 
Nicolaïtes  ctoit  un  Prince  ,  a'>j:«..  C'eft  tout  ce 
ciu'en  dit  ce  Saint,  qui  en  rapportant  la  lignifica- 
tion des  mots  hébreux  félon  l'interprétation  des 
Septante  ,  montre  le  ridicule  de  cette  fiébon  des 
Nicolaïtes ,  qui  ne  peut  avoir  aucun  fondement  dans 
Ifaïe  VoyeT  cet  Auteur  à  l'endroit  cite  ,  le  P.  Petau 
dans* fcs  notes,  &  S.  Jérôme  dans  Ion  commen- 
taire fur  Ifaïe.  ,    ^,  •        •         •  .t 

CAULEDON.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie  qui  defigne 
une  ftadure  tranfverfale  avec  inégalité,  qui  fc- 
pare  les  parties  de  l'os  rompu,  de  manière  qu'elles 
ne  font  plus  vis-à-vis  l'une  de  l'autre.  Ce  mot  eft 
ffrec,  y.uv^-,U  ,  Ciiulatim,     in   moium  cauhs ,   en 

■  ficre  -,  parce  que  cette  fradlure  lailTe  des  efquilles 
ou  inégalités  aux  bouts  fradurés ,  comme  uine  tige 
ou  un  tronc  de  chou,  quand  on  le  caik.  Col  de 

ViLLARS.  .       ,  .       r.  /- 

CAULICOLES.  f.  f.  pi.  Terme  d'Archite<aure.  Ce 
font  de  petites  tiges  qui  fortent  d'entre  les  feuilles 
d'Acante,  qui  femblent  foutenir  les  huit  volutes 
du  chapiteau  Corinthien.  Caidiculu  On  les  appelle 

aulTi  Tigetes. 

CAUMONT.  Nom  de  lieu.  Calviis  mons  ,  Calvomon- 
tium.  C'eft  de  ces  mots  latins  que  s'eft  formé  le  nom 
françois ,  qui  fe  prononce  quelquefois  Caumont , 
&  quelquefois  CImumont ,  quoiqu'il  ne  faille  pas 
confondre  ces  deux  noms ,  &:  les  donner  indiffé- 
remment aux  mêmes  lieux.  Car  l'ufage  &  la  diffé- 
rente prononciation  des  différentes  Provinces  ou 
des  fiècles  différens  ,  les  a  appliqués  à  différens 
lieux.  Il  faut  dire  Caumont ,  ville  du  Bazadois  fur 
la  Garonne.  Caumont,  ville  de  l'Armagnac  fur  la 
petite  rivière  de  Corre.  Caumont,  Baronie  dans 
le  Rouergue.  En  d'autres  il  faut  dire  Chaumont. 
Nous  en  parlerons  en  fon  lieu. 

Suivant  ce  que  nous  avons  dit ,  ce  mot  lignifie 
une  montagne  chauve,  c'eft-à-dire ,  ftérile,  fur  la- 
quelle il  ne  vient  rien. 

|Cr  CAUNAR.  Bourg  de  France  en  Gafcogne ,  Evc- 
ché  d'Aire ,  à  une  lieue  de  S.  Sever. 

ifT  CAUNE.  (la)  Ville  de  France  au  haut  Lan- 
guedoc ,  Diocèfe  de  Caftres  ,  fur  les  confins  du 
Rouergue. 

|Cr  CAÙNES.  Ville  de  France ,  dans  le  haut  Lan- 
guedoc ,  Diocèfe  de  Carcaifonne. 

0  CAOURS ,  ou  CAVOURS.  Petite  ville  d'Ita- 
lie dans  le  Piémont,  fur  les  frontières  de  France. 

CAUQUEMARE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  Sor- 
cière. Saga, 

Griffons  hideux  qui  mangent  gens , 

Barbares  &  fiers  lougaronx  ,  \ 

Vieilles  &  laides  Càuquemares.  Pesab-t. 

CAURAULDE.  f.  f.  Vieux  mot.  Sorcière  qui  a  le  vi- 
fage  défigure ,  de  cara ,  vifage. 

Comme  elle  a  été  en  preffe 
De  Sorcière  &  de  Caurauldcs. 

CAURIOLE.  f.  f.  Terme  d'Architeéiure.  Ce  mot  fe 
trouve  dans  la  traduélion  de  Palladio  ,  par  M.  de 
Chambray.  Les  caurioles  {ont  ce  qu'on  appelle  com- 
munément poftes. 

CAURIS  ou  CORIS.  f,  m.  Coquilles  blanches  dont 
les  Nègres  fe  fervent  pour  monnoie.  Les  habitans 
de  Siam  &  d'autres  endroits  des  Indes ,  font  char- 


CAU 

mes  quand  on  leur  porte  du  caurls ,  parce  que 
non-feulement  ils  en  font  leur  monnoie  -,  mais  les 
femiTics  s'en  font  encore  des  colliers  &  des  braile- 
lets  pour  rehauffer  la  noirceur  de  leur  teint ,  comme 
nos  Dames  mettent  des  mouches  pour  relever  leur 
blancheur.  Remarquez  cette  mère  qui  livre  tran- 
quillement la  fille  à  un  Etranger  pour  une  Ibmme 
de  càWris,  qui  font  des  coquillages  blancs  qui  fer- 
vent  de  monnoie  dans  ce  pays.  Plug. 

Ip"  CAURZIM.  Petite  ville  de  Bohême,  capitale 
du  Cercle  de  même  nom ,  à  fix  lieues  de  Prague. 

CAUSAL ,  ALE.  adj.  C'efl:  le  nom  que  quelques  Gram- 
mairiens donnent  à  certaines  particules ,  comme  : 
parce  que,  vit  que  ,  car.  On  les  appelle  caufales  , 
parce  qu'elles  fervent  à  rendre  compte  de  la  rai- 
fon  &  de  la  caufe  pourquoi  on  a  dit  ou  fait  quel- 
que chofe.  On  les  appelle  plus  communément  caufa- 
//vei.-mais  quelques-uns  les  appellent  caufales.  Cette 
particule  caufale ,  quia  ,t9i  décilive  pour  notre  fujet. 
caufalis.  L'Ab.  Faidit. 

CAUSALITE,  f.  f.  Terme  dogmatique.  ^Manière 
dont  une  caufe  agit.  Ratio  quâ  agit  caufa.  En  ter- 
mes barbares  de  l'école  on  dir  caufalitas.  Il  y  a 
une  caufalité  morale  ,  &  une  caufalité  phyfique , 
comme  il  y  a  des  caufes  morales  &  des  caufes  phy- 
fiques.  L'Auteur,  outre  les  queftions  ordinaires, 
traite  au  long  la  caufalité  des  Sacremens,  Mém. 
de  Trcv 

CAUSANT,  ANTE.  AIDANT,  ANTE. Toutes  chofes 
étant  caufées  Z<  caufantes,  aidées  &c  aidantes,&c  toutes 
s'entrerenant  par  un  lien  naturel ,  il  eft  impolTi- 
ble  de  connoître  les  parties  fans  connoître  le  tout, 
non  plus  que  de  connoître  le  tout,  lans  connoîtte 
les  parties.  Pascal, 

CAUSATIVE.  adj.  f.  Qui  fe  dir  en  cette  phrafe  gram- 
maticale ,  une  particule  caufative.  Voye^  Causal. 

CAUSE,  f.  f.  Ce  qui  produit  un  effet.  Caufa.  On  dit 
en  Théologie  ,  que  Dieu  eft  la  première  caufe.  La 
caufe  des  laufes.  On  appelle  catife  première ,  celle 
qui  agit  par  elle-même  ,  &  par  fa  propre  vertu.  Dieu 
feul  peut  être  caufe  première.  On  l'appelle  aufli 
caufe  univerfelle,   Caufa  univerfalis. 

Quand  tu  vois  du  Soleil  l'éclatante  lumière. 

Et  tous  les  feux  du  Tirmam-mt , 
La  raifon  &'la  foi  doivent  en  ce  moment 
Elever  ton  efprit  vers  la  Caufe  première, 

L'Ab.  Têtu. 

On  nomme  caufes  fécondes  ,  celles  qui  ayant 
reçu  de  la  rto/^  première  leur  vertu,  leur  pouvoir 
d'agir ,  leur  faculté  ,  n'agiffent  point  par  elles-mê- 
mes,  comme  la  caufe  première,  &:  qui  fonr  mues 
par  la  caufe  première.  Caufa  inferiores  ,  cauf(Z 
fecundiz.  Selon  les  notions  &  les  principes  de  la 
raifon  commune  à  tous  les  hommes,  l'on  peut 
décider,  qu'il  y  a  une  caufe  fupérieure  &  intel- 
ligente ,  à  qui  toutes  les  créatures  doivent  leur 
être.  S.  EvR.  Dieu  fufpend  quelquefois  l'adion  des 
caufes  fécondes ,  &  les  conduit  à  une  autre  fin 
que  celles  où  elles  rendoient  par  lear  deftination 
naturelle ,  quand  il  le  trouve  à  propos  pour  les 
deffeins  de  la  fagelfe.  Sherlock.  Si  Dieu  remue 
immédiatement  les  caufes  fécondes  pour  chaque  évé- 
nement, elles  ne  font  que  de  pures  machines  im-» 
mobiles  par  elles-mêmes ,  &:qui  n'ont  en  elles  aucun 
principe  d'aélion.  Id.  La  Providence  fe  fert  des  cau- 
fes fécondes ,  des  caufes  fublunaires ,  &  en  déter-' 
mine  le  mouvemenr  comme  il  Uii  plaît.  Les  caufes  fé- 
condes font  fubordonnées  à  une  caufe  générale, 
qui  les  met  en  adion.  Bay.  Par  un  enchaînement 
de  caufes  inconnues,  mais  déterminées  de  tout 
temps ,  chaque  chofe  marche  en  fon  rang  ,  &  achevé 
le  cours  de  fa  deftinée.  Vaug.  Socrate  ne  regarde 
la  beauté  que  comme  un  effet  de  la  nature,  qui 
s'eleve  à  la  connnoiffance  de  fa  caufe.  Vill. 

Les  caufes,  en  termes  de  philofophie  ,  onrété 
diftinguées  par  les  Anciens  en  caufe  efficiente ,  c'eft 
l'agent  qui  produit  quelque  choie  j  Caufa  efficiens 


1 


C  A  U 

tonjîcuns ,  ef'ecîrix.  Caufe  matérielle ,  c'eft  le  lujet 
•fur  lequel  il  travaille  ,  ou  ce  dont  la  choie  cft 
formée.  Materia. ,  mater ies.  Caufe  formelle  ,  c'eft 
le  changement  qui  rclulte  de  Ton  adlion  dans  le 
/lijet,  ou  ce  qui  rend  une  choie  telle,  &;  la  dil- 
tingue  des  autres.  Forma.  La  caufe  finale  ,  c'eft  le 
motif  qui  le  fait  agir ,  ou  la  fin  pour  laquelle  une 
chofe  elt.  Finis  ,  propojîtum  ,  caufa  finalis.  Quel- 
ques-uns ont  ajouté  la  caufe  exemplaire.  Caufa 
exemplaris ,  exemplum,  exemplar.  C'eft  le  modèle 
que  fuit  un  agent ,  &:  qui  le  conduit  dans  fon  aârion  \ 
mais  ce  n'efl:  pas  proprement  une  caufe, 

La  caufe  phyjî.que  eft  celle  qui  produit  un  effet 
fenlible  ,  &  corporel  :  comme  l'approche  du  Soleil 
cft  caufe  de  la    chaleur.    Caufa  phyjica.  La  caufe 
morale  eft  celle  qui   produit  un   erfet  réel ,    mais 
dans  des  choies  fpirituelles  •,  comme  le  péché  eft 
la  caufe  de  la  perte    de  la  grâce.  Caufa    moralis. 
D'autres  appellent  caufe  phyjîque -,  celle  qui  pro- 
duit l'effet  par  une  qualité  phyfique  ■-,  &  caufe  mo- 
rale ■>  celle  qui  détermine,  quoique   non  néceffai- 
rement ,  la  caufe  phyjlque  à  produire  l'effet  :  ainli 
■  le  Soleil  çù.  caufe phyjique  de  la  lumière  ;  une  pierre 
qui  écrafe  un  homme  en  tombant ,  eft  caufe  phy- 
fique de   fa  mort  ;  mais  les  prières ,  les  confcils , 
les  menaces  ,  les  ordres  ,  les  exhortations ,  ùc.  qui 
nous  portent  &  nous  déterminent  ,  quoique  non  nc- 
cedairem.ent ,  à  faire  ou  ne  pas  faire  quelque  choie  , 
font  des  caufes  morales.  Dans  ce  fens  ,  caufe  mo- 
rale ne  fe  dit  qu'à  l'égard  des  êtres  intelligens  & 
libres.  Cette  dernière  notion  de  cauÇe  phyfique  ,  &. 
caufe  morale  ,  eft  la  plus  jufte  :  elle  diftingue  mieux 
&  fait  mieux  connoître  les  deux  efpèces  de  caufes 
dont  il  s'agit. 

Caufe  occafionnelle ^  eft  l'occafion  feulement,  S: 
non  pas  la  caufe  directe  de  ce  qui  arrive.  Occafio , 
caufa  occafionem  ,  anfam  prcebens  :  par  exemple  , 
l'ame  ne  pouvant  pas  agir  fur  le  corps ,  ni  le  corps 
réciproquement  fur  l'ame  ,  Dieu  ,  à  l'occafion  d'un 
mouvement  du  corps ,  imprime  à  l'ame  une  penfce  ■■, 
&  de  même  à  l'occafion  d'une  penfée  de  l'ame  ,  il  im- 
prime un  mouvement  au  corps  •,  d'oïl  il  s'enfuit  que 
les  mouvemens  de  l'aiTie,  ou  du  corps,  ne  font  que  les 
caufes  occafionnelles  de  ce  qui  fe  paffe  dans  l'un  &;  dans 
l'autre.  Fo.nt.  Selon  les  Philofophes  modernes ,  le 
choc  ,  ou  la  perculfion  ,  n'cft  que  la  caufe  occafion- 
nelle  du  mouvement  produit  dans  le  corps  choqué  : 
c'eft  Dieu  qui  en  eft  la  caufe  immédiate  &  efficiente. 
Bay.  De  même  ils  difent  que  l'aélion  des  corps  fur 
nos  organes  n'eft  point  la  caufe  efficiente  de  nos 
idées,  &  de  nos  perceptions /elle  en  eft  feulement 
une  ca«yi  occafionnelle  •,  qui  détermine  Dieu  à  agir 
fur  notre  efprit  ,  fuivant  les  loix  de  l'union  de 
l'ame  &  du  corps.  Id.  C'eft  le  fentiment  des  Carté- 
fîens  de  nos  joufs. 

Ceux  qui  méditeront  un  peu  la  matière  ,  ver- 
ront aifément  les  fâcheufes  &  les  ridicules  conclu- 
ions qu'on  en  peut  tirer  :  par  exemple ,  ce  n'eft 
point  un  boulet  de  canon  qui  tue  un  homme,  ou 
qui  abat  une  muraille,  c'eft  Dieu  qui  fait  tout.  Le 
mouvement  d'un  Canonnier  ,  dont  le  bras  remué 
par  la  puilTance  de  Dieu  a  porté  du  feu  fur  la 
poudre  d'un  canon  ,  a  déterminé  Dieu  à  enflam- 
mer la  poudre  -,  la  poudre  enflammée  a  déterminé 
Dieu  à  poufler  le  boulet  ■,  le  boulet  pouffé  avec 
une  rapidité  inconcevable  jufqu'à  la  fuperficie  ex- 
térieure du  corps  d'un  homme  ou  d'une  muraille , 
a  déterminé  Dieu  à  brifer  le  corps  de  cet  hom- 
me ,  &  à  lui  fracaffer  les  os ,  ou  à  faire  voler 
des  éclats  des  pierres  de  cette  muraille.  Un  fan- 
taffm  qui  s'enfuit  ,  ne  s'enfuit  pas  -,  mais  le  mou- 
vement de  fa  glande  pinéale  agitée  par  l'im- 
preffion  d'un  bataillon  ennemi  qui  vient  à  lui  ,  hé- 
riffé  de  bayonnettcs  au  bout  du  fufîl ,  détermine 
Dieu  à  remuer  les  jambes  de  ce  FantalTîn,  &  à  le 
porter  du  côté  oppofé  d'où  vient  ce  bataillon.  Les 
conclufions  dangereufes  de  cette  nouvelle  Doctrine 
regardent  les  dogmes  catholiques  de  la  liberté  du 
péché,  du  mérite,  &c.  On  a  toujours  dit  dansun 


C  A  U 


S?? 


fens  moral ,  que  le  monde  eft  uîi  théâtre  où  l'on 
joue  la  comédie  ;  chacun  y  fait  fon  rôle  :  mais  on 
pourroit  dire  aujourd'hui  dans  un  fens  naturel ,  il 
la  choie  n'étoit  pas  fi  féricuie ,  &  qu  elle  ne  re- 
gardât pas  Dieu  &  la  Religion,  que  le  monde  eft 
un  théâtre  de  marionnettes,  "&  que  chaque  homme 
eft  un  Polichinelle,  qui  fait  beaucoup  de  bruit 
fans  parler  ,  &  qui  s'agite  beaucoup  fans  fc  remuer. 
La  caufe  univcrfcUc  eft  celle  qui  par  l'étendue 
de  fon  pouvoir  peut  produire  tous  les  effets  :  il  n'y 
a  que  Dieu  qui  foit  caufe  uniyerfelle.  Caufa  uni- 
verjalis.  La  caufe  particulière*  cft^  celle  qui  ne 
peut  produire  qu'un  feul  effet ,  ou  que  certaines 
efpèces  d'effets.  Caufa  fingularis ,  cw  panicularis. 
La  caufe  principale ,  eft  celle  qui  donne  le  mou- 
vement à  l'inftrument  \  qui  s'en  fert.  Caufa  princl- 
palis.  Dans  l'ufage  ordinaire  ,  bailleurs  que  dans 
les  ouvrages  dogmatiques  ,  on  appelle  caufe  prin» 
cipale  ,  celui  qui  a  plus  de  part  à  une  choie  que 
les  autres,  Caufe  totale  cft  Celle  qui  produit  tout 
l'effet.  Caufa  totalis.  La  caufe  partielle  ,  Caufa  -par- 
tialts  ,  eft  celle  qui  concourt  avec  un  autre  pour 
la  production  du  même  effet.  Caufe  univoque  cft 
celle  qui  eft  de  même  efpèce  que  fon  effet,  qui 
eft  lémblable  à  fon  effet.  Caufa  univoca.  Caufe  équi- 
voque eft  celle  qui  n'eft  pas  de  la  même  efpèce 
que  l'effet  qu'elle  produit.  Caufa  xquivoca. 

On  dit  qu'un  homme  eft  caufe  d'un  fcandale , 
d'une  querelle  ,  d'une  guerre ,  de  la  fortune  de 
quelqu'un-,  pour  dire,  qu'il  en  a  fourni  les  occa- 
fions.  Je  ne  fuis  pas  caufe  de  ce  qui  lui  eft  ar- 
rive. Les  hommes  par  leurs  artifices  &:  par  leurs  fein- 
tes pallions ,  font  caufe  du  malheur  de  celles  qui 
fe  laillent  tromper.  M.  Scud.  L'ignorance  invincible 
eft  une  excufe  légitime  des  crimes  dont  elle  eft 
caufe.  S.  EvR. 
Cause  fignifie  auffi  raifon,  prétexte,  fujet,  moyen 
qui  fert  à  défendre  ,  louer  ou  blâmer  quelque  chofe, 
C'eft  pour  cette  caufe  qu'en  l'a  fait  mourir.  Un 
Juge  fe  doit  déporter,  quand  il  fait  qu'il  y  a  des 
caufes  de  récufation  contre  lui.  L'Arrêt  déclare  qu'à 
bonne  &  jufte  caufe  il  a  formé  fon  oppofition.  Il 
a  été  accufé  à  tort  &  fans  caufe.  Sans  alléguer  au- 
cune caufe  elle  rompit  tout  commerce  avec  moi. 
Voit. 

As-tu  de  ton  efpoir  des  caufes  légitimes  ? 
Quand  tu  crois  te  fauver  fur  quoi  te  fondes-tu  ? 

Toi  ,  pécheur  ,  de  qui    la  vertu 
Confife  à  s'aljtenir   des  plus  énormes  crimes. 

L'Abbé  Teti;» 

Cause  ,  en  termes  de  Palais ,  fignifie  un  droit  acquis 
à  quelque  perlbnne  par  quelque  titre  que  ce  foit , 
vente,  ceffion ,  donation  ,  fucceffion,  confifcation, 
&c.  Jus.  Ainfi  on  dit ,  fes  héiiticrs  ou  ayant  caufe. 
On  dit  auffi,  qu'un  homme  a  une  bonne  caufe  y 
quand  il  a  un  droit  apparent.  Les  Juges  doivenc" 
être  toujours  pour  la  bonne   caufe.  JEquitas. 

Cause,  fe  prend  aulfi  pour  intérêt.  Caufa,  partes, 
La  caufe  des  pauvres  eft  la  caufe  de  Dieu.  En  ma- 
tière de  Religion,  la  caufe  de  Dieu  devient  d'or- 
dinaire la  nôtre,  patce  que  nos  paffions  fe  mêlent 
avec  elle.  S.  EvR.  Darius  fit  prier  Alexandre  de 
venger  fa  mort ,  &  lui  fit  dire  qu'il  devoir  cet  exem- 
ple au  monde,  &  que  c'étoit  la  caufe  commune 
de  tous  les  Rois.  Vaitg.  C'eft  la  caufe  publique 
qui  réfide  en  la  bouche  des  gens  du  Roi. 

Cause  fe  prend  auffi  pour  ce  qu'on  appelle  parti. 
Etre  pour  la  bonne  caufe.  Vauc.  La  faveur  de  Dieu 
n'eft  pas  moins  attachée  aux  bonnes  mœurs  qu'i 
la  bonne  Caufe.  Sherlock. 

Cause,  fignifie  aulfi  différent,  conteftation  qui  doic 
être  plaidée  à  l'audience,  fj^  On  dit  procès  quand 
il  s'agit  d'une  affaire  qui  s'inftruit  par  écritures. 
Caufe  fe  dit  quelquefois  du  plaidoyer  même.  Cau- 
fa ,"  lis  ,  controverfia.  Cette  caufe  a  été  appelée  à 
tour  de  t6\e.  Citata  prœconio  apparitoris  caufa  apud 
judices  ad    inftituendam   ejus  difceptationem,  Cet 


354  CAU 

Avocat  a  bien  plaidé  la  caufe.  C'eft:  imc  belle  caufe  , 
une  belle  quelbion  à  juger.  Le  renvoi  le  doit  de- 
mander avant  que  la  cauje  l'oit  contcltce.  La  con- 
teftation  en  caufe  le  tait  par  l'appointement  en  ma- 
tière civile  ,  6c  par  la   confrontation   en  matière 
criminelle.  Prendre  fait  &:  caufe  d'un  autre, c'eft, 
prendre  en  main  fa  dcfenle  ,  prendre  fur  foi  l'cvc- 
nement   du    procès.    Tueri    partes    ahcujus.    Cet 
homme  eft  fort  habile ,    il    défend  bien  la  caufe. 
Ceux  qui  perdent  leur  caufe  doivent  être  condam- 
nés aux  dépens.  On  dit  encore  ,  mettre  un  homme 
en  caufe  ;  pour  '(Sire  ,  le  rendre    partie  au  procès. 
Tous  les  iîarans ,  tous  les  cohéritiers  ont  été  mis 
en  caufe.  Il   n'eft  pas  en  caufe.  On  l'a  mis  hors 
de  caufe  ;  c'eft-à-dire  ,  on  l'a  débouté  de  Ion  in- 
tervention. Tite-Live   rapporte ,  qu'Horace  fut  ab- 
fous ,  plutôt  par  l'admiration  de  fa  vertu  ,  que  par 
la  juftice  de  fa  caufe.  S.  Evr.  Les  preuves  dont  un 
Avocat  appuie  fa  c^K/è ,  font  que  les  Juges  la  trou- 
vent bonne  -,  mais   les  atïediions  dont  il  l'anime , 
font  qu'ils  Ibuhaitcnt  qu'elle  Ibit  bonne.  Bouh. 

Huifjler  ,  faite  faire  Jilence  : 

Avec  tous  ces  caufeurs  ctes-vous  de  complot  ? 
Qiulle pitié  !  voilà  quatre  caufes  ,  je  penfe  , 
Que  7WUS  jugeons  ,  fans  en  entendre  un  mot. 

S.   USSAN. 

On  appelle  auffi  la  caufe  grajfe ,  une  caufe  plai- 
fante ,  &:  fur  un  fait  inventé ,  que  les  Clercs  de  la 
Bafoche  plaidoient  autrefois  pout  le  diverrir  le  jour 
du  Mardi  gras  ,  5c  qu'on  a  abolie  depuis  peu ,  à 
caufe  des  ordures,  dont  elle  étoit  fouvent  remplie. 
Caufijocularis.Qu^nd  on  plaide  au  Palais  quelque 
cauJe  plaifante  ,  on  dit  encore  une  caufe  graffe. 

On  appelle  Curateur  aux  caufes  ,  un  homme  pré- 
pofé  pour  avoir  foin  des  affaires  des  mineurs  éman- 
cipés ,  qui  ont  des  procès.  Pupilli  curator.  On  dit , 
qu'un  homme  a  fes  caufes  commifes  ,  quand  il  a 
droit  de  plaider  en  certaine  Jurididion  ,  comme 
les  Officiers  qui  ont  un  Committimus  aux  Requêtes 
du  Palais  5c  de  l'Hôtel  -,  rUnivcrIîtc  au  Châtelet  de 
Paris  -,  l'Ordre  de  Cluni  au  Grand  Confeil. 

Vnc  cauJe  d'appel,  eft  un  différent  lut  la  con- 
firmation ou  caflation  d'un  Jugement  donné  à  l'Au- 
dience par  un  premier  Juge.  Provocationis  eau  fa  , 
lis  ex  provocationc. 

Il  y  a  plufieurs  écrituies  qu'on  nomme  abfoUiment 
caufe  ;  comme  caufe  d'appel,  font  les  écritures  qu'on 
donne  en  conféquence  d'un  appoinrement  rendu  a 
l'Audience  fur  une  appellation  verbale,  à  la  diffé- 
rence des  griefs  qu'on  donne  fur  les  procès  par  écrit , 
qui  ont  été  appointés  devant  les  premiers  Juges. 
On  appelle  auffi  des  caufes  d'oppofition,  les  écritures 
qui  fe  fourniffent  dans  les  décrets  "&  inftances  d'ordre 
pour  foutenir  les  oppolitions  qu'on  y  a  formées. 
Lis  conteflata. 

Cause  Incidente ,  eft  une  demande  formée  incidem- 
ment pat  l'une  des  Paities ,  qui  a  quelque  connexité 
à  la  demande  piincipale. 

Cause  d'Intervention.  Voyez  Intervention, 

Cause  5oOTOT^/re  eft  celle  qui  eft  pure,  perfonnelle  , 
&c  n'excède  pas  la  valeur  de  400  livres  aux  Cours 
fouveraines ,  aux  Requêtes  de  l'Hôtel  &  du  Palais , 
&  par-tout  ailleurs  zoo  livres ,  luivant  l'arr.  I ,  tit  des 
Matières  'Sommaires  de  l'Ordonnance  de  ifîfJy. 
Cause  Bénéficiale,  eft  celle  dans  laquelle  il  s'agit 
de  bénéfice  Eccléliaftique,  de  dixme,  de  portion 
congrue ,  ?<.  autres  chofes  femblables. 

Cause  PIE  eft  celle  qui  provient  de  la  libéralité  des 
Fidèles,  exercée  envers  une  Eglifc,  un  Hôpital,  ou 
les  pauvres. 

Cause  eft  aulTi  le  motif,  le  fondement  d'un  ade. 
Une  obligation  fans  caufe  eft  nulle.  Une  proraelfe 
^owi  caufe  de  prêt. 

On  appelle  Donations  à  caufe  de  mort ,  les  dona- 
tions qui  font  faites  pat  un  malade  qui  meurt  de  la 
maladie  dont  il  eft  alité,  &:  qui  font  fujettes  aux 
wèmes  formalités  que  les  teftamens. 


CAU 

On  fe  fert  auffi  dans  les  Requêtes,  Arrêts,  Edits 
5c  Déclarations  ,  de  cette  formule  :  à  ces  cauj'es  , 
pour  commencer  la  conclufion  ,le  difpofitif  de  l'acte. 
Propterea  ,  idcircb ,  ob  eam  caufam.  La  féconde 
partie  du  décret  de  Gratien  fe  divife  en  trente-lix 
létf  ions ,  qu'on  appelle  caufes. 

Ce  nom  de  caufe ,  vient  de  ce  que  Gratien  exa- 
mine de  paît  6c  d'autre  dans  la  féconde  partie  les 
queftions  qu'on  peut  agiter  ,  tant  au  fot  intérieur 
qu'exterieut  de  l'Eglife  ,  en  une  telle  caufe ,  en  une 
telle  diftinélion. 

On  appelle  auffi  en  Droit  Canon  les  caufes  ma>- 
jeures ,  les  caufes  des  Evêques ,  ou  plutôt  les  gran- 
des affaires  de  l'Eglife.  Ces  caufes  majeures  font  de 
trois    efpèces   fuivant  l'ancien  Droit.  Les  unes  re- 
gardent la  foi  ;  les  autres  ont  pour  objet  les  points 
douteux  6c  impoitans  de  la  difcipline  ;  &:.  les  der- 
nières regardent  direétement  la  perlbnne  des  Evê- 
ques ,  lorfqu'ils  le  trouvent  coupables  de  quelque 
crime  qui  mérite  la  dépofition.  Le  Droit  nouveau  en 
a  introduit  encore  quelques  autres  efpèces.  Le  plus 
ancien  Canon  où  il  Ibit  fait  mention  des  caufes  ma- 
jeures, eft  tiré  de  l'Epitre  Décrétale  du  Pape  Inno- 
cent I,  à  Viélrice,  Archevêque  de  Rouen,  Ce  Canon 
qui  eft  de  l'an  404 ,  porte  que  lorfqu'il  fe  préfentera 
des  caufes  majeures  ,  elles  feront  terminées  par  le 
jugement  des  Evêques  ,  &    enfuite    rapportées    au 
Siège  Apnjiolique  ,  ainfi  qu'il  ejl  ordonne  par  le  Sy-  . 
node  ,  c'eil-à-dire  ,  par  le  Concile  de  Sardique  ,  6c 
non  pas  par  celui  de  Nicée,  comme  quelques-uns 
ont  cru  mal-à-propos.  M.  Gerbais ,  Doéleur  de  Sor- 
bonne,  imprima  en   1(^79,  à  Paris,  Differtatio  de 
Caujis  Majorihus  ad  caput  Concordatorum  de  Caujis. 
ffT  Le  Concile  de  Trente  ordonne  que  les  caufes  cri- 
minelles contre  les  Evêques ,  fi  elles  font  affez  graves 
pour  mériter  dépofition  ou  ptivation  ,   ne  feront 
examinées  Se  terminées  que  par  le  Pape.  Mais  l'E- 
glife de  France  a  confervé  l'ancien  droit. 

Ce  mot  de  caufe ,  en  y  ajoutant  la  particule  à  , 
fert  à  former  quelquefois  une  prépofition ,  de  quel- 
quefois un  advetbe.  Quand  il  eft  prépofition  ,  il  gou- 
verne le  génitif.  Rei  alicujus  caufâ ,  gratiâ.  Il  a  fait 
cela  à  caufe  de  moi.  On  l'eftime  à  caufe  de  fa  doc- 
trine. Les  animaux  ont  été  crées  à  caufe  des  hom- 
mes ,  c'eft-cà-dirc  ,  en  leur  conlidération.  Et  quand  il 
eft  adverbe ,  il  eft  fuivi  d'un  que  ,  6c  lignifie  parce 
que.  Propterea  quàd.  Cet  Ecolier,  a  été  châtié  à 
caufe  qu'il  ne  vouloit  point  étudier.  On  écrivit  une 
lettre  en  gros  caraélères  à  Antigonus  à-  caufe  qu'il 
croit  borgne  ,  Se  un  aveugle ,  dit-il ,  y  mordoit.  Abl. 
Mais  en  de  pareilles  occalions  il  vaut  mieux  fe  fer- 
v'n:  de  parce  que. 
Cause  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  C'eft  un 
Avocat  à  tort  Se  fans  caufe  ;  un  Avocat  de  caufes 
perdues.  La  guerre  eft  caufe  des  troubles  ;  ce  qui  fe 
dit  à  ceux  qui  fe  plaignent  d'un  malheur  public, 
-qu'on  ne  fauroit  empêcher. 
CAUSER.  V.  a.  Etre  caufe,  produire  ou  occafionner 
quelque  effet.  Creare.  Les  grands  peuvent  caufer 
beaucoup  de  bien  Si  de  mal.  les  fchifmes  caufent  un 
giand  fcandale  dans  l'Eglife,  Son  imprudence  a  caufé 
tout  ce  délbrdre. 

N'aye^^  point  ces  délicates  craintes , 
Qui  d'un  jujie  héritier  peuvent  cMkt  les  plaintes. 

Moi, 

En  ftyle  de  Notaire ,  caufer  s'emploie  palTivement. 

Cette  donation  eft  caufée  pour  récompenfe  de  fes 

vices. 
Causer  ,  v,  n.  fignifie  encore ,  s'entretenir  de  chofe* 

fàmiUères  &c  peu  importantes.  Garrire.  Il  eft  mal 

fcant  de  caufer  dans  l'Eglife.  Caufer  de  chofes  in- 

différenres. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  caufare  ,  dont 

on    s'eftfervi  dans  la  baffe   latinité,  pour   dire, 

plaider  une  caufe  ;  d'où  il  aéré  étendu  aux  entretiens 

tamiliers  Se  aux  railleries. 
Causer,  lignifie  encore  parler  trop,  ou  jndifcrètementi 


C  A  Ij 


lâcher  quelque  parole  qui  fait  découvrir  un  fecret. 
Gairire ,  loqui  temerc ,  inconjulù.  Ne  dites  rien  de- 
vant cet  homme-là ,  c'efl;  un  homme  qui  cauj'e ,  qui 
efi:  llijet  à  caufer.  Les  femmes  n'ont  pas  la  force  de 
fe  taire  :  elles  ont  une  furieule  dcmangeaiibn  de 
caiifar,  Bouh. 
Causer  ,  (ignifie  auffi,  médire, parJcr  avec  malignité. 
Aîalcdicerc ,  conviciari.  Cette  femme  à  une  répu- 
tation doutcuie  •,  on  en  cauj'e. 
Causer,  en  termes  de  Fauconnerie,  exprime  le  fon 
des  perroquets  &  des  pies.  Loqui.  On  dit  caujer 
des  perroquets  &c  des  pies.  Fault. 

On  dit  proverbialement  qu'une  perfonne  caufe 
comme  une  pie  borgne  ;  qu'elle  cauje  quand  elle  a 
les  pieds  chauds  ;  pour  dire  qu'elle  parle  trop. 
Causé  ,  ée.  Part. 

CAUSERIE,  f.  f.  L'aâiion  de  caufer.  Ceci  entre  nous 
deux  &:  Madame  de  Coulanges  ",  car  vous  jugez  bien 
que  cette  cauj'erie  fcroit  entièrement  ridicule  avec 
d'autres.  Mme  Sevigné.  Il  n'efl:  que  familier. 

Brantôme ,  qui  a  dédié  fes  Dames  Galantes  au 
Duc  d'Alençon  ,  frère  d'Henri  III ,  Roi  de  France , 
parle  dans  fon  Epître ,  des  cauferies  dont  ce  Sei- 
gneur l'avoir  honoré.  Ce  mot  le  trouve  auffi  dans 
le  Didlionnaite  de  Bayle  ,  remarq.  C,  de  l'arti- 
cle de  Catherine  de  Bore  ,  femme  de  Martin 
Luther.  Voici  le  pafî'age  :  Il  y  a  toutes  les  apparen- 
ces du  monde  que  l'on  parloir  mal  de  lui  &  d'elle , 
à  caufe,  fans-doute  qu'il  la  voyoit  familièrement. 
Il  l'aimoit ,  &  il  l'appeloit  fa  Catherine.  M.  Seckcn- 
dorf  conjeéture  que  ces  cauferies  furent  une  des 
raifons  qui  la  portèrenr  à  déclarer  qu'elle  ne  vou- 
loir pas  époufet  le  Docteur  Giacius ,  mais  que  vo- 
lontiers elle  le  marieroit  ou  avec  Luther  ou  avec 
Amfdorf 
tfT  CAUSEUR  ,  EUSE.  Loquax.  Il  eft  aulH  cauf€ur 
qu'une  femme.  Femme  caufeufe-.  Humeur  <aujeuje. 
Il  y  a  des  pallions  caujeuj'cs. 
IJCT  On  le  dit  auHi  fubftantivement.  C'cft  un  caufenr , 
une  caiifeuje.  Saumaifc  étant  à  Paris ,  n'aimoit  pas 
à  Ce  rencontrer  en  compagnie  avec  Blondel ,  parce 
que  celui-ci  étoit  un  grand  caufeur.  Colombie^.. 
tfT  Causeur  fe  dit  audi  dans  le  difcours  funilier 
pour ,  indilcret  dans  fes  ptopos ,  qui  ne  fait  pas  gar- 
der un  fecret.  Ne  vous  fiez  pas  à  luijc'eftun  cau- 
feur. Ce  n'efl:  qu'un  caufeur, 

Efforçons-nous  de  vivre  avec  toute  innoccn  ce , 
Et  laiffons  aux  caufeurs  une  pleine  licence.  Moi., 

CAUSSADE.  Pcrite  ville  de  France  en  Guienne , 
dans  le  Bas-Quercy,  près  del'Avéiron. 

^  CAUSTICITÉ,  f.  f.  Terme  didaélique  &  de 
Çhymie.  Qualité  d'une  fubllance  cauftique ,  qui  a 
la  propriété  de  brûler ,  de  corroder.  Fis  cauftica. 
Caustique.  l^oyeiLo.  caujiicité  de  cerrains  fels, 
de  certaines  préparations  métalliques  qui  entament 
la  peau ,  qui  brûlent  &  condiment  les  chairSk 

§3°  Causticité  ,  dans  le  fens  moral ,  fe  dit,  dans  la 
fignifîcation  de  malignité  ,  pour  inclination  à  dire 
ou  à  faire  des  chofes  mordanres  i<«:  iatyriques.  Mor- 
dacitds.  Sa  caujiicité  l'a  rendu  odieux.  M.  le  Franc 
dit  que  la  fameufe  Eglogue  du  pauvre  Ménage  ,  in- 
titulée Ckrilïine  ,  fe  trouve  réduire  aux  points  &  aux 
virgules,  par  la  caujiicité  d'un  mauvais  plailanr  qui 
avoir  de  la  mémoire.  Otferv.fur  les  Ecrits  mod.  T. 

CAUSTIQUE,  adj.  de  r.  g.  Qui  a  la  propriéré  de  brû- 
ler ,  qui  efl:  corrofif.  Le  fuc  de  rithymale  eft  forr 
cauftique,  Cauflicus  ,  adurens.  L'arfenic  n'eft  poi- 
fon  ,  que  parce  qu'il  eft  caujlique  ,  qu'il  corrode  & 
perce  les  parties  où  il*  s'attache.  Il  y  a  des  remèdes 
caujliques  &  corrolîfs ,  qu'on  appelle  au(H  pyroti- 
ques ,  qui  par  leur  fubftance  acre ,  mordante  &  ter- 
reftrc  ,  corrodenr ,  brûlent  &:  détruifent  la  peau  & 
la  chair  pour  pénétrer  au-dedans  des  corps  durs  Se 
calleux,  &  fondent  Se  liquéfient  les  humeurs  ;  comme 
alun  brûlé ,  éponges,  cantharidcs ,  &  aurres  véiica- 

^    toircs ,  Les.  caujliques  qui  font  eicarre ,  font  appe- 


_      C  À  U  ^iY 

les  ruptoires  ou  cautères    Les  crîftaux  de  lune  & 

I      pierre  infernale  ,  qu'on  fair  avec  l'argent  &  l'efpri'i: 

de  nitre ,  font  caujtiques ,  par  cette  union.  On  met 

.  auffi  au  rang  des  caujliques  l'orpiment  ,  la  chaux 

vive,  le  vitriol ,  la  cendre  de  figuier  &  de  frêne,  la 

cendre  de  lie  de  vin  ,  le  fcl  de  lerlive  dont  on  fait 

le  i'avon  ,  le  mercure  fublimé  ,  ùc.  Ce  mot  vient  du 

grec  y.cLv?iM% ,  urfns  ,  qui  vient  de  ««1« ,  uro, 

(Kr  On  appelle  fel  cauftique  ,  un  fel  alcali.  Foyei 

Alcali. 
(ry  Ce  nvot  eft  auffi  emploie  fubftanrivemcnt  ;  comme 
dans  l'article  précédent.  Faire  ufage  des  caufiiques^ 
La  pierre  infernale  eft  un  puiflanr  caïf tique. 
ÇC?  Caustique  perpétuel.  Caufticum  perpetuum.  Oix 

donne  ce  nom  à  la  pierre  infernale. 
^fT  CAUSTiQUEfe  dit  dans  le  fens  fîguré,d'un  homme 
mordant  t<i  fatytique,qui  parle  avec  maligniré.  Mor- 
dax ,  qui  iniquo  rrr.ordet  dente,  C'eft  un  homme  très- 
caujtique  ;  il  a  l'humeur  cauftique. 
§Cr  On  le  dit  auifi  fubftantivement  pour  caufticitc. 
Les  fatyrcs  de  Juvénal  n'approchent  pas  de  lamor- 
dacité  &:  du  cauftique  de  la  plume  de  Pogge  dans 
fes  ouvrages  appelés  invectives,  Journ.  dès  Say, 
ijio. 

§0"  Caustique  eft  auflî  fubftantif  féminin  ,  comme 
terme  de  dioptrique  &  de  caroprrique.  On  appelle 
caujlique  ,  la  courbe  fur  laquelle  fe  rafTemblenr  les 
rayons  réfléchis  ou  rompus  par  une  furface,  Cauj- 
tica.Un  rayon  foir  réflechi,lbit  rompu  parunecourbû 
quelconque  ,  doit  être  coupé  en  quelqu'un  de  fes 
points  par  un  autre  rayon  femblable  ,  &  infiniment 
proche  de  lui  -,  de  même  ce  fécond  rayon  doit  êtte 
coupé  par  un  troifième  ,  &c  ainfi  à  l'infini,  La  fuite  de 
tous  ces  points  d'interfection  forme  une  ligne  courbes 
que  M.  Tfchirnhaus  a  appelée  cauftique  ou  brû- 
lante ,  parce  qu'il  eft  vifible  que  les  rayons  ne  fonc 
en  aucun  autre  endroit  fi  ferrés  &  fi  capables  de 
brûler ,  que  fut  la  circonférence  de  cette  courbe , 
où  ils  fe  coupent.  Si  les  rayons  fonr  réfléchis,  la. 
courbe  s'appelle  cauftiqwe  ,  par  réflexion-,  &  s'ils 
font  rompus ,  caujlique  par  réfraélion.  Une  caujlique: 
peut  fe  réduire  toute  en  un  point.  Ainfi ,  fi  des  rayon? 
fiarallèles  à  l'axe  d'une  parabole  tombent  fut  fa. 
concavité  ,&  s'y  réfléchiflênt ,  ils  vont  tous  fe  réunie 
au  foyer  de  cette  courbe  ,  &  ce  point  feul  eft  toute 
la  cauftique.  Dans  un  demi-cercle  dont  la  concavité 
réfléchit  des  rayons  perpendiculaires  à  fon  dia- 
mètre ,  &•  parallèles  entr'eux,  ou  venus  du  foleiî 
que  Ion  fuppofe  infinimenr  éloigné,  la  cauftique  t^ 
une  courbe  aflez  étendue ,  qui  coupe  précifémenc 
par  le  milieu  un  rayon  perpendiculaire  au  diamèrre- 
C'eft  dans  ce  point  ,  qui  eft  par  conféquent  un 
quart  du  diamètre  d'une  fphère ,  ou  d'un  miroir 
concave ,  que  l'on  établit  communément  fon  foyer  ; 
mais  il  ne  faut  pas  croire  que  ce  foyer ,  ou  la  cauf-  . 
tique  ,  foit  alors  ce  feul  poinr. 

Toutes  les  courbes  qui  font  couvertes  du  côté 
du  point  lumineux,  au  lieu  de  raffembler  les  rayons 
réfléchis  ,  les  écartent  &  les  rendent  divergens ,  ôc 
alors  on  voir  que  leur  caujlique  eft  du  côté  op- 
pofé  à  celui  où  fe  fait  la  réflexion  ,   que  celle  d'une 
demi-fphère  convexe  ,  par  exemple  ,  eft  du  côté  de 
fa  concavité ,  que  par  conféquent ,    les   rayons  fe 
réfléchiflent  fur  la  convexité ,  comme  s'ils  étoient 
partis  de  cette  cauftique ,  fituée  du  côte  convexe  , 
c'cft-à-dire,  en  un  mot,  qu'ils  s'écartent  après  la 
réflexion.  Il  y  a  des  cas  où  les  courbes  ont  auffi  les 
rayons  réfléchis  fur  leur  concaviré ,  mais  cela  dé- 
pend de  la  firuation  du  point  lumineux  à  leur  égard , 
&  alors  la  cauftique  ne  manque  pas  de  pafTer  du 
côté  de  la  convexité.  Un  des  plus  grands  avantages 
de  la  méthode  des  caufliques  ,  c'eft  qu'elle  donne  la 
reétification  ou  la  longueur  des  courbes ,  roures  les 
fois  que  celles  qui  les  produifent  font  scométriques, 
Ainfi  l'on  voit  que  la  caujlique  par  réflexion  formée 
dans  un  demi-cercle  ,  qui  a  reçu  ,  comme  on  vient 
de  le  dire  ,  des  rayons  perpendiculaires  aux  rayons 
du  diamètre  qui  la  termine  ,  eft  au  diamètre  de  ce 
demi-cercle  comme  trois  à  deux.  De  même  la  eau 


35^ 


C  AU 


liique  par  réflexion  d'une  demi-circonférence  cir- 
culaire ,  qui  a  reçu  des  rayons  parallèles  à  Ion  axe , 
eft  au  diamètre  de  cette  demi-circonfctencc  ,  à  peu 
près  comme  cinq  à  trois. 

Comme  toutes  les  caufliques  font  produites  par 
'  des  rayons  foit  rcflcchis ,  foit  rompus ,  &  que  leur 
réflexion  ou  leur   rcfraôtion  dépend  de  leur  inci- 
dence ,  les  caujliques  cliangent  néceflàircment ,  fé- 
lon que  les  rayons  incidens  ont  une  direélion  dif- 
férente. Dans  la  caujiique-pzr  réflexion  formée  au- 
dedans  du  demi-cercle  ,   les  rayons  incidens  font 
fuppofés  perpendiculaires  au  diamètre  qui  termine 
ce  demi-cercle.  Mais  fi  ces  rayons  partoient  tous 
d'une  extrémité  de  ce  diamètre  pour  aller  frapper 
diffcrens  points  de  la  circonférence  concave  ,   Se 
qu'ils  en  fulîcnt  tous  autant  de  cordes ,  il  naîtroit 
une  autre  caujUque.  Elle  feroit  au  diamètre  de  fon 
demi-cercle  générateur ,  comme  quatre  à  trois ,  au 
lieu  que  la  première  étoit  comme  trois  à  deux. 

M.  Carré  a  donné  dans  les  Mémoires   de  l'A- 
cadém.ie  1705  ,  jP </£,'.  185  ,  la  rectification  des  caii- 
Jtiqiu-s  circulaires ,  des  caufliques  cycloïdales  &  pa- 
raboliques ,  &  de  leurs  développées  avec  la  mefure 
des  efpaccs  qu'elles  renferment.  On  dit  ordinaire- 
ment, les  caufliques  de  M.  Tfchirnhaus ,  comme  on 
dit  la  Spirale  d'Archimède  ,  la  Conclioïde  de  Ni- 
comède  ,  la  Ci/foide  de  Dioclis ,  &  les  Dévelop- 
pées de  M.  Huys^ens.  Fontenelle. 
CAUSUS.  f.  m.  C'eft-à-dire ,  Fièvre  ardente.  Efpèce 
de  fièvre  continue  ,  aiguë,,  accompagnée  d'une  cha- 
leur brûlante  &  d'une  foif  qui  ne  peut  s'éteindre. 
Ce  mot    eft    grec  xalc-oç  ,  il    vient    de  x«i«,    je 
hriile. 
CAUT  ,  AUTE.  ad).  Vieux  mot,  qui  fignifioit  fin  &: 
rufé.  Cautus ,  callidus ,  aflunus.  Le  Roi  d'Efpagne 
(Philippe  II ,')  eft  un  grand  Prince,  fage ,  cauc  &c 
avifé  -,  le  plus  puillant ,  &  plus  grand  terrein  de 
tous  les  Princes  Chrétiens ,  &:  le  feroit  encore  da- 
vantage,   fi  toutes  fes  terres  &  Royaumes  fe  te- 
noient,  &  étoient  joints  à  l'approche  l'un  de  l'autre. 
Sac.  Menii^ée.  T.  i  ■,  p.    121. 
ÇX  CAUTÈLE.  f.  f.  Vieux   mot,  qui,  dans  quel- 
ques anciens  Jurifconfultes ,  fignifie  la  même  choie 
que  riife  &  finejje. 

Ce  mot  n'eft  en  ufage  qu'en  Droit  Canonique  , 
où  il  eft  fynonyme  à  précaution  ,  quand  on  parle 
des  abfolutions  qu'on  prenoit  à  cauùle  pour  fe 
mettre  en  fureté  de  confcience.  Cautio.  Ainfi  quand 
un  Prêtre  étoit  excommunié,  ou  feulement  interdit 
par  une  fentence  ,  on  difoit  que ,  s'il  vouloit  dé- 
duire fes  caufes  d'appel ,  afin  d'être  capable  de  dire 
la  méfie  ,  il  étoit  obligé  d'obtenir  des  Lettres  d'ab- 
folution  à  cauùle.  ^fT  On  confcrve  ordinairement 
rexpreffion  latine  ai  cautelam ,  lans  la  francifer. 

Aujourd'hui  l'abfolution  à  caut'ele  n'a  d'autre  effet 
que  de  donner  droit  d'efter  en  jugement,  c'eft-à- 
dire  de  vous  donner  permiffion  de  pourfuivre  votre 
droit  en  juftice  ,  &  elle  ne  fufpend  point  autrement 
la  fentence  :  de  forte  qu'un  Prêtre  excommunié  qui 
a  été  abfous  ai  cautelam  ,  ne  peut  pas  pour  cela  dire 
la  méfie. 
CAUTELEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  fine  & 
cauteleufe.  Vafrè,  verfuù ,  veteratoriè.  Un  chica- 
neur agit  toujours  CiZK/e/fK/t-wf/zr  quand  il  contracte. 
Ce  mot  n'eft  pas  du  bel  ufage ,  &  ne  fe  peut  dire 
qu'en  riant, 
CAUTELEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  emploie  la  finefie  & 
la  rufe  pour  tromper.  Vafer ,  verfucus ,  verJipelUs , 
veterator.  Il  n'y  a  point  de  plaifir  de  traiter  avec  des 
£;ens  cauteleux.  Ce  mot  n'eft  en  ufage  que  dans  le 
ftyiefimple,  familier,  ou  comique,  où  il  fe  prend 
toujours  en  mauvaife  part.  La  Chapelle,  en  par- 
lant de  la  fainte  Baume ,  dit  : 

Le  Démon  cauteleux  &  fin , 

En  a  fait  l'abord  e Croyable  , 

Sachant  bien  que  le  Pèlerin 

Se  donnerait  cent  fois  au  Diable  , 

Et  fe  damnerait  en  chemin.      La  Chap, 


C  A  U 

^fT  CAUTÈRE,  f  m.  Terme  de  Chirurgie.  Ouver- 
ture qu'on  fait  à  la  chair ,  dans  quelque  partie  du 
corps ,  en  la  brûlant  avec  un  bouton  de  feu  ou  avec 
une  cauftiquc  ,  pour  faire  écouler  les  mauvaifes  hu- 
meurs. Voye:^  ces  mots.  Inujla  lapide  cauflico  plaga  , 
ou  cauterium  ,  qui  fignifie  également  le  remède  cau- 
ftique  Si  la  plaie  faite  par  ce  remède.  On  fait  un  cau- 
tère, c'eft-à-dire,  une  petite  plaie  ronde,  avec  un 
bouton  de  feu  ,  un  fer    brûlant ,  ou  avec  un  cau- 
ftique  quelconque  ,  qu'on  entretient  en  mettant  de- 
dans un  petit  pois ,  ou  une  boule  de  lierre ,  afin 
que    les   mauvaifes  humeurs  du  corps  fortent  par 
là.  On  a  foin  de  panfer  tous  les  jours  un  cautère. 
On  fait  des  cautères  au  bras ,  à  la  jambe ,  à  la  cuifle, 
&  à  la  nuque. 
^fj  Cautè-.re  fignifie  aufll  le  remède  cauftique  avec 
lequel  on  fait  cette  plaie.  Cauterium.  Le  cautère 
eft  aduel  ou  potentiel.    Le  cautère  actuel  eft  un 
bouton  de  feu ,  ou  fer  rougi ,  qu'on  applique  fur 
la  partie  ,  comme  aux  fiftules  lacrymales  ;  &  aux 
chevaux   fur    les  boutons  de  farcin.    Les  cautères 
actuels  font  auili  ces  fers  recourbés ,  dont  l'extrémi- 
té eft  faite  en  plufieurs  fortes  de  figures,  dont  on 
i't  fert  félon  le  befoin  •,  il  y  en  a  de  cultelaires  , 
d'olivaires ,  c'eft-à-dire  ,  de  figure  d'olive ,  &c.  Le 
cautère  potentiel ,  eft  un  fel  artificiel  qui  fait  une 
brûlure  fur  la  chair.  C'eft  une  fubftance  dont  le  feu 
ne  fe  développe  que  quand  elle  eft  appliquée  fur 
le  corps.  Il  fe  compofe  de  chaux,  d'eau  forte,  de 
cendre  gravelée    de  figuier ,   de  vigne  ,  de  tithy- 
male ,  de  troncs  de  choux  ,  ou  autres  cauftiques. 
Il  s'appelle  pierre  à  cautère.  Lapis  caufiicus.  Am- 
broife  Paré  enfcigne  la  manière  de  faire  des  cautères 
de  velours ,  qu'il  a  ainfi  nommés  ,  à  caufe  qu'ils  ne 
font  point  de  douleur ,  fur-tout  quand  ils  font  ap- 
pliqués   fur   des  parties    exemtcs    d'inflammation. 
On  dit  appliquer  un  cautère  à  quelqu'un  ,  au  bras  > 
à  la  jambe  ,  à  la  nuque. 
Ce  mot  vient  de  ««i^' ,  uro. 
CAUTERES.  C'eft  un  village  fitué  dans  cette  partie 
des  monts  Pyrénées ,  qui  eft  dans  la  Province  de 
Bigorre.  Il   y  a  trois  fources  d'eau  minérale  ,    & 
quatre  bains,    f^oye^  le  Dict.  de  James 
CAUTÉRETIQUE.  adj.  m.  &  f.  &  C  m.  Terme  de 
Médecine  ,  qui  fe  dit  des  remèdes  qui  brûlent ,  qui 
confument  les  chairs.  Pyrotique.  Caufiicus  ,  pyroti- 
cus ,  a,  um.  Si  un  hydrophobe  a  été  mordu  à  un 
endroit  qui  ne  peut  foufi^rir  le  fer ,  ni  le  feu ,  ni 
la  ventoufe ,  comme  font  les  extrémités  des  mem- 
bres ,  &  plufieurs  endroits  du  vifage ,  il  faut  alors 
avoir  recours  aux  cautériques  ,  ou  pyrotiques  ,  qui 
puiffent  confumer  les  chairs  infcétées.  Journ.  des 
Sav.  lyzo,  p.  172.. 
CAUTÉRISATION,  f.  f.  Effet  de  la  pierre  cauftique, 
opération  par  laquelle  on  applique  un  cautère,  ou 
l'effet^  qui  en  réfulte.  Aduflium ,  cauterium.    • 
CAUTÉRISER,  v.  a.  Appliquer  un  cautère.  Cauterî- 
:(^are.  Lapide  cauflico  alicuiplagam  inurere.  Cet  hom- 
me .s'eft  fait  cautérijer  le  bras. 

On  le  dit  aufTi  des  cauftiques  qui  corrodent  les 
parties  du  corps  humain.  On  a  ouvert  ce  corps  mort, 
on  a  trouvé  fes  boyaux  ,  fon  eftomac  cautérifés  par 
le  poifon,,ou  l'arfcnic. 
CAUTERISE  ,  EE.  part.  Qui  a  des  cautères ,  ou  qui 
a  été  gâté  par  des  cauftiques  ou  corrofifs.  Lapide 
cauflico  aduflus. 
Cautérisé  ,  le  dit  auflî  des  firuit's 'qui  ont  été  battuî 
de  la  grêle ,  ou  bèquetés  par  des  oifeaux  •,  qui  ont 
des  endroits  creux  &:  endurcis.  Percuffus  grandine , 
aut  avium  roflro.  Les  poires  de  meifire-jean  fonc 
fujettes  à  être  cautérifées. 

On  dit  figurément  de  la«confcience  d'un  méchant 
homme  ,  qu'elle  eft  cautérifée.  Vitiata  ,  corrupta. 
fceleribus  confcientia  ;  pour  dire ,  que  les  crimes 
y  ont  fait  plufieurs  taches ,  qu'elle  eft  corrompue , 
endurcie. 
|Cr  CAUTION,  f.  f.  Terme  équivoque.  Il  eft  quel- 
quefois fynonyme  de  cautionnement ,  aéle  par  le- 
quel on  s'oblige  à  l'exécution  de  quelque  engage- 
ment. 


1 


•    C  A  U 

■  went.  Sponflo  ,  caut'm  ,  cautela,  C'efl  dans  ce  fcns 
qu'on  dit,  élargir  quelqu'un  à  la  caution  d'un  autre , 
élargir  quelqu'un  à  fa  caution  juratoire ,  c'eft-à-dire , 
fur  la  prome/re  qu'il  fait  avec  ferment  de  fe  rcprc- 
ienter  quand  la  juftice  l'ordonnera.  Vadari  decan 
vadièus  >  obliger  quelqu'un  de  donner  dix  cautions 
de  fe  préfenter  en  juftice. 

#3°  Caution  ,  fe  dit  plus  ordinairement  de  celui  qui 
répond  pour  un  autre,  qui  s'oblige  pour  alfurcr 
l'exécution  des  engagemens  qu'un  autre  a  contrac- 
tés. Prczs  ,  fponfor ,  Jidejuffor ,  vas.  On  eft  caution , 
on  fe  rend  caution  de  quelqu'un,  on  lui  lert  de 
caution.  On  reçoit  une  caution,  on  certifie i  on 
décharge  une  caution.  Une  femme  peut  être  pré- 
fentée  pour  caution ,  pourvu  qu'elle  foit  autorifée 
par  Ion  mari ,  mais  un  Prêtre  ne  le  peut  pas  être  , 
parce  quil  ne  peut  être  contraint  par  corps.  On 
eft  obligé  de  difcutcr  le  débiteur  principal  avant 
les  cautions  pures  &  (impies,  qui  n'ont  point  re- 
noncé au  bénéfice  de  difcufîîon  &  de  divifîon. 

Caution  foUdaire ,  eft  celui  qui  s'oblige  à  payer  en 
fon  propre  nom  ,  lui  tout  feul ,  &  toute  la  ibmme , 
comme  s'il  étoit  principal  débiteur ,  fans  qu'on  ibir 
obligé  à  difcuter  les  biens  de  celui  pour  qui  il  s'o- 
blige ,  ou  de  divifer  la  dette  entre  les  cofidéjuf- 
feurs  :  en  ce  cas  celui  qui  intervient  caution  eft 
cenfé  coobligé  folidairement.  Sponfor  in  folidurn. 

^fT  Caution  hourgeoife.  C'eft  un  homme  qui  a  un 
domicile  connu  &;  des  biens  apparens. 

Caution  banale ,  eft  un  miférable  qui  s'oblige  pour 
la  forme  ,  &  pour  telle  fomme  qu'on  veut ,  comme 
le  Guichetier  des  Confuls ,  qui  s'oblige  moyen- 
nant deux  fous  pour  l'exécution  de  toutes  les  fenten- 
ces  qui  fe  rendent  aux  Confuls,  Sponfor  a/ienum  ad 
artitrium  obligatus. 

Chvxïon  juratoire  ^  eft  un  ferment  que  fait  une  per- 
fonne ,  ou  qu'on  picfuppofe  qu'elle  doit  faire  en 
Juftice ,  d'accomplir  ce  qui  lui  a  été  ordonné  ,  de 
le  repréfenter  à  toute  alfignation ,  de  rapporter  des 
meubles  &:  papiers ,  de  payer  le  Juge  ,  &c.  On 
élargit  fouvent  des  prifbnnjers ,  on  donne  des  main- 
levées à  des  débiteurs  à  leur  caution  juratoire, 
Cautio  jurejurando  confirmata. 

Caution  de  Tuteur. En  pays  de  Droit  écrit,  les  Tu- 
teurs font  tenus  de  donner  caution  ,  conformément 
au  Droit  Romain,  Mais  les  pères  &c  les  mères  Ibnt 
admis  à  la  tutelle  de  leurs  enfanS  fur  leur  caution 
juratoire  ,  &  ne  font  point  tenus  de  donner  aucun 
Fidéjufleur  qui  réponde  de  leur  adminiftration. 

Caution  judiciaire ,  font  les  fîdéjuflêurs  qui  s'obli- 
gent en  juftice  en  conféquence  d'un  jugement  qui 
l'ordonne  ;  comme  quand  il  eft  ordonné  qu'une 
fomme,  ou  quelque  chofe  foit  délivrée  à  une  des 
parties  ,    en  baillant  caution. 

Caution  certifiée  eft  celle  que  fournit  une  autre 
perfonne  qui  fe  rend  certilîcateur  de  folvabilité  ,  & 
qui  eft  caution  de  la  caution.  Confponjor.  Les  cau- 
tions &  certiiîcateurs  qu'on  donne  en  Juftice  font 
tous  obligés  folidairement ,  &  ne  font  point  reçus  à 
demander  lé  bénéfice  de  difcuflîon. 

Caution  ,  (  Réception  de  )  eft  une  procédure  qui  fe 
fait  en  juftice  par  un  procès  verbal ,  de  la  préfen- 
tation  de  la  caution,  de  fa  foumiifion,  delà  com- 
munication de  fes  effets  &   facultés ,   &  des  con- 
teftations    de   ceux   qui   l'impugnent  ,    &:   qui  la 
combattent  -,  fur  quoi  fe  fait  un  référé  à  la  Cham- 
bre ,  où  elle  eft  rejetée  ,  ou  reçue.  Cautionis  datez 
Jignificatio 
Ca.ution  ,   en  matière  civile  ,  eft  celui  qui  répond 
pour  un  autre  dans  une   affaire  purement  civile. 
Sponfor ,  prxs. 
Caution  ,  en  matière  criminelle  ,   eft  celui  qui  ré- 
pond de  repréienter  le  criminel  quand  il  le  faudra 
ou  de  payer  le  Jugé.  Vas ,  vadis. 
Caution  réféante.  Il  faut  ajouter  un  nom  de  lieu, 
comme  Paris,  Orléans,  &c.  Caution  téféante  à.  Pa- 
lis ,  eft  une  caution  qui  a  non-feulement  Ibn  do- 
micile à  Paris ,  mais  qui  y  fait  fa  demeure  ac- 
tuelle. 

Tome  II, 


C  A  U 


??/ 


_  ^7 

05"  Cautio  judicatum  folvi ,  eft  Une  caution  qui  fe 
donne  en  jugement  par  un  étranger ,  quand  il  eft 
demandeur  ou  appelant,  de  payer  les  dépens  & 
ce  qui  fera  porté  par  le  Jugement  ,  en  cas  qu'il 
Ibit  prononcé  contre  lui.  Cette  prévention  devient 
néceffaire ,  parce  qu'un  étranger  n'ayant  point  de 
biens  en  France  ,  pourroit,  en  s'en  retournant  dans 
fbn  pays,  lefouftraire  à  la  condamnation  pronon- 
cée contre  lui. 

%fT  On  dit  figurément ,  être  caution ,  fe  rendre  cati- 
tion  d'une  chofe  ,  pour  dire,  garantir  qu'elle  eft 
arrivée  ou  qu'elle  arrivera.  J'eii  fais  caution  ;  je  vous 
en  fais  caution.  Cette  nouvelle  eft  vraie ,  j'en  fuis 
caution. 

§CF  On  dit  de  même  qu'un  homme  eft  fujet  à  caU" 
tion  ,  pour  dire  ,  qu'il  ne  faut  pas  fe  fier  à  lui  -, 
Du  biœ  fidei  :  &:  qu'une  nouvelle  eft  fujette  à  cau~ 
tion  ,  pour  dire  ,  douteufe, 

CAUTIONNAGE,  f  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  quel- 
ques coutumes  pour  caution ,  ou  aétion  de  eau-* 
tionner.  Fid^juffio. 

CAUTIONNEMENT,  f  m,  A6lion  de  celui  qui  cau-^ 
tionne  ;  ou  l'ade  qui  en  eft  dreffé  chez  \m  No- 
taire, ou  au  Greffe.  Cautionis  Jignificatio.  Il  a  fait 
au  Greffe  fbn  cautionnement ,  ou  fa  f oumifTion  de 
caution.  Je  tiens  en  main  l'ade  de  fbn  caution- 
nement. 

CAUTIONNER,  v.  a.  Se  rendre  caution ,  foit  par 
écrit  en  fait  de  contrats ,  foit  vetbalemènt  par  ma- 
nière de  converfation.  Sponforem  effe  ,  vadem  effe  , 
vadari  aliquem ,  jpondere  pro  aliquo. 

Cautionné  ,  ée.  part. 

CAUX.  Pronom  pluriel.  Vieux  mot ,  qui  f  gnifie  , 
ceux,  llti, 

Caux.  Pays  de  France  en  Normandie.  Caletenjis  ager  , 
ou  pagus.  Le  pays  de  Caux  eft  borné  au  levan  ; 
par  le  territoire  d'Abbeville ,  au  midi  par  le  Beau- 
Vaifis ,  au  feptentrion  par  l'Océan ,  &  au  couchant 
par  la  rivière  de  Seine  avec  une  partie  du  Rou- 
mois.  Ce  font  les  Caletes  de  Céfar  j  Valois  ,  Notit, 
G  ail.  p.  115,  au  mot  Caleti.  La  capitale  du  pays 
de  Caux  étoit  anciennement  l'Illebonne,  On  dit 
rarement  ce  nom  feul ,  &  on  y  joint  prefque  tou- 
jours le  mot  de  pays.  Pays  de  Caux,  On  dit  cepen- 
dant Gelinote  de  Caux  ,  ou  Poule  de  Caux.  Ce  font 
les  poules  de  ce  pays  que  l'on  engraiffe  ,  &  qui  font 
excellentes.  Cap  ou  Chef  de  Caux  ,  c'eft  la  pointe  de 
terre  qui  s'avance  dans  la  mer  à  l'embouchure  de  la 
Seine' du  côré  du  Havre  de  Grâce,  Le  pays  de  Caux  eft 
environné  des  rivières  d'Eu,  de  la  Seine  .  &  de  la  met 
Occane ,  &  arrofée  des  eaux  de  Sie  ,  de  Dieppe  &  de 
Saint  Valéry,  Il  eft  fertile  dans  fa  plus  grande  partie  , 
&  abonde  en  rout  ce  qui  eft  néceflaire  à  la  vie  hu- 
maine. Ses  principales  villes  font  Caudebec  ,  Har* 
fleur  ,  le  Havre  de  Grâce  ,  Fécan ,  Montivilliet  , 
Dieppe  ,  Saint  Valéry ,  Eu ,  Neuchatel  &  Aumale. 
Le  ptemier  Tome  de  la  Defcript.  Géog.  &  Hifl.  de  la. 
Haute  Normandie  ,  eft  uniquement  employé  a  la  def- 
cription  du  pays  de  Caux. 

^3"  Caux.  Petite  ville  de  France  en  Languedoc  à 
quatre  ou  cinq  lieues  de  Beziers, 

C  A  X. 

CAXA.  Monnoie,  Voye^  Cas, 
Ç3=  CAXEN,  Ville  maritime  d'Afie  ,   dans  l'Arabia 
heureufe ,  à  vingt  lieues  de  Fartach, 

C  A  Y. 

CAYAPIA.  f.  f.  Herbe  du  Bréfd ,  dont  les  feuilles 
rendent  une  odeur  femblable  à  celle  des  feuilles 
de  figuier.  Sa  racine  eft  diftinguée  au  milieu  par  un 
certain  nœud  qui  étant  broyé  ^'  bû  avec  de  l'^au  , 
a  la  propriété  de  réfîfter  au  venin  des  ferpens ,  &  de 
garantir  ceux  qui  font  bleffés  de  flèches  empoifon- 
nées. 

Dcr  CAYAS.  f  m.  Petite  monnoie  de  cuivre  qui  s 
cours  dans  les  Indes, 

y  y 


35B  C  A  Y 

CAYELAC.  f.  m.  Bois  de  fenteur  qui  croît  dans  le 
■  Royaume  de  Siam.  Les  Siamois ,  auffi  bien  que  les 
Chinois ,  en  brûlent  dans  les  temples  en  l'honneur 
de  leurs  Pagodes.  ,    n    • 

CAYENNE.  (  la  )  Ile.  Elle  diffère  du  mendieii  de  Pans 
de  î  h  41'  o"occid.  ou  55^  30'  o".  Elle  a  de  lon- 
gitude 314'!  ^l'  8"  de  hauteur  du  pôle  ou  latitude 
4^  50'  o"  nord.  Cassini.  Par  les  obietvations  de 
M.  Des  Hayes  ,  la  Cayenne  eft  à  4^1  5  (î'  li"  de  lati- 
tude. AcAD.  DES  Se.  1701.  Hijt.  p.  III.  Voyei 
Caienne. 

CAYER.  Voyei  Cahier. 

CAYES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Marine.  Ce  font  des  roches 
molles ,  ou  des  bancs  de  fable  couverts  d'une  vafe 
fi  épaifle  ou  d'une  fi  grande  quantité  d'herbages ,  que 
les  petits  bâtimens  qui  échouent  s'en  relèvent  dif- 
ficilement. Arenar'm  moles. 

Cayes.  Cefl:  ainfi  qu'on  appelle  toutes  les  petites 
îles  des  Indes  occidentales ,  lelquelles  ne  font  pas 
aflez  confidérabks  pour  porter  des  noms  particu- 
liers ,  &  qui  ne  diffèrent  guère  des  bancs  de  fable 
que  par  les  herbages  dont  elles  font  revêtues. 

CAYEU.  Voyei  Caieu. 

§3"  CAYEU.  f.  m.  Efpèce  de  fardine  qu'on  trouve 
dans  les  mers  de  l'Amérique. 

CAYLAR.  (le)  Ville  de  France  en  Languedoc,  à 
cinq  lieues  de  Lodève. 

CAYLUS.  Petite  ville  de  France  dans  le  Quercy  ,  fur 
les  frontières  du  Rouergue ,  à  huit  lieues  de  Mon- 
auban. 

CAYMACAN.    Du  Loir  écrit  ainfi.   Voyei  Caïma- 


can. 


CAYMAN.  f.  m.  Cefl:  le  nom  qu'on  donne  aux  cro- 
codiles dans  les  îles  occidentales.  Voyei  Croco- 


dile. 


CAYON.  f.  m.  Ce  mot  s'eft  dit  autrefois  pour  aïeul. 
Avus. 

gcr  CAYOR.  Petit  Royaume  d'Afrique  danslaNigri- 
tie  ,  entre  le  Sénégal  &  le  Cap-Vert. 

CAYRAC.  Ville  de  France  dans  le  Quercy. 

CAYSTRE.  Petite  rivière  de  l'Afie  mineure  ,  fameufe 
chez  les  Poètes,  parce  qu'elle  étoit  autrefois  pleine 
de  cignes.  Cayfler  ,  ou  Cayjlrus.  Elle  a  fa  fource 
dans  la Phrygié  ,  ou,  félon  d'autres,  dans  les  mon- 
tagnes de  Lydie  •■,  elle  arrofe  cette  Province  &  la 
plaine  d'Ephèfe ,  partant  à  un  mille  de  cette  ville 
du  côté  du  couchant ,  &:  fe  jette  dans  la  mer  Io- 
nienne. Cette  rivière  fait  beaucoup  de  tours ,  &  de 
détours ,  qui  ont  trompé  quelques  gens ,  qui  l'ont 
prife  pour  le  Méandre  ,  éc  qui  font  que  les  Turcs 
l'appellent  Coutchouk-Mindre  ,  c'eft-à-dire ,  petit 
Méandre  -,  &  Minderfcare  ,  Méandre  noir.  Ils  la 
nomment  auflîî  Carafou  ,  qui  veut  dire  eau  noire  -, 
Se  d'autres  Chiay.  Mais  dans  notre  Poëfie  ,  où  l'on 
en  parle  encore  fouvent ,  elle  retient  toujours  fon 
ancien  nom  de  Cayjire. 

Sur  le  Cayftre  autrefois 
Faifoit  admirer  fa  voix 
Un  Cygne ,    dont  le  plumage 
Egalait  le  doux  ramage. 

Nous  dêfcendîmes  une  montagne  que  les  anciens 
appeloient  Mimas  ;  fon  pied  efl:  arrofé  du  fleuve 
Cayfîre  ,  où  nous  ne  vîmes  aucun  cygne  ,  &  nous 
le  paffàmes  aifément ,  parce  que  fes  eaux  font  baffes. 
Du  Loir,  /'.2-5.  De-là  à  Ephèfe  il  n'y  a  qu'un  ma- 
récage d'une  demi-lieue.  Idem, 

Au  refte,  il  faut  écrire  Cayfire ,  car  c'efl:  un  « 
en  grec  ,  ou  pour  le  moins  Caïjlre ,  &  non  point 
Caïjle ,  comme  a  fait  M.  de  la  Mothe  dans  fon 
Iliade,  L.  II ,  p.  1,7. 

Des  Cygnes  du  Caïfte  on  voit  les  bataillons , 
A  jlots  tumultueux  inonder  les  vallons  ; 

Il  y  a  dans  Homère  Kauç^i'a  àft^t  çiSpu.  Et  par  tout 
KitiZi-ftf ,  Cayjîer  ou  Cayjirus. 


C  A  Z 

CAYSTRIUS.  f.  m.  Terme  de  Mithoiogie.  Dieu  ou-. 
Héros  qui  fut  adoré  ,  ;&  qui  eut  un  temple  proche 
de  Cayitre  dans  la  Lydie ,  fi  l'on  en  croit  Sttabon  , 

Liv.  xir. 

C  A  Z. 

fer  CAZ.  Monnoie  des  Indes.  Foyei  Cas. 

Ip^-  CAZAN.  royei  Casan. 

fCT  CAZAN.   FoyelHAZA.^. 

|ïCr  CAZELLES.  1".  f.  Efpèces   de   bobines  chez  les 

fileurs  d'or  ,  fur  lelquelles  l'ouvrage  fe  dévide  après 

avoir  été  filé. 
q^  CAZEMATE.   Foye^  Casemate. 
CAZERES,  Bourg  de  France  en  Gafcogne  >  fur  la  Gz-i 

ronne  ,  au  Diocèfe  de  Rieux. 
CAZERNE.  Foyei  Caserne. 
Ip-  CAZEROM.  Ville  d'Afie ,  au  Royaume  de  Perfe  j 

capitale  de  la  Province  de  Sapour. 

CAZETTE  ou  CASSETANE.  Terme  de  Fleuriftc. 
Anémone  à  peluche,  qui  a  les  grandes  feuilles  rouges, 
bordées  de  couleur  de  foufre,  fa  peluche  d'un  rouge 
de  feu.  MoRiNi 

CAZIASQUER.  f.  m.  Terme  de  relation.  Intendant 
de  Juftice  dans  les  armées  des  Turcs.  Prœtor  in 
exercitibus  Turcicis.  Dans  le  Divan  les  Caiiafjuers 
font  à  la  gauche  du  ptemier  Vifit.  Du  Loir  ,  p.  78. 
Les  Caiiafjuers  venoient  enfuite  avec  leurs  tur- 
bans ,  gros ,  pour  le  moins  ,  d'un  pied  &  demi  de 
diamètre.  Id. /.  119. 

ffT  CAZIMIR.  Ville  de  la  grande  Pologne  ,  dans  le 
Palatinat  de  Lublin ,  fur  la  Vifl:ule. 

CAZORLA.  Ville  de  l'ancienne  BétiqUe  en  Efpagne. 
Cai^orla ,  anciennement  Carcefa.  Elle  eft  fituée  aux 
confins  de  la  Bétique,  de  la  Murcie  &  de  la  Cal- 
tille  ,  à  deux  lieues  de  la  fource  du  Guadalquivir , 
autrefois  Bœtis.  Voyez  Ambrof.  Morales  ,  defcript. 
Hifpan.  c.  XXII.  Ce  n'eft  point ,  comme  cet  Au- 
teur l'a  cru ,  la  Caijlaon  de  Strabon ,  ni  la  Cajlalon 
de  Polybe  &  d'Etienne  de  Byzance.  Celle-ci  efl:  la 
Cafiulo  de  Tite  -  Live  ,  grande  ville  de  l'Orétanie. 
Tit.  Liv.  Decad.  III,  L.  IV.  Le  Vega  partage  Ca- 
lorla  en  deux  parties.  Cefl:  l'ancienne  Carcefa  où 
S.  Héfychius  ou  Ifchius  prêcha  la  foi  fous  l'Empire 
de  Néron ,  &  fut  martyrifé.  Acla  Sanclorum  Mar- 
tyrum,  T,I,p.  4,5,7. 

CAZOU.  f.  m.  Nom  d'homme.  Caidocus.  L'Abbé 
Chaftelain  dit,  p.  3579  ,  qu'un  ancien  manufcrit  de 
la  vie  de  S.  Ca^ou  le  fait  mourir  à  Benavenne  en 
Angleterre.  Cette  ville  efl:  dans  l'Itinéraire  d'An- 
tonin.  Elle  croit  au  pays  de  Northampton  au  centre 
de  l'Angleterre  ,  à  l'endroit  à  peu  près  où  depuis  a 
été  bâti  Védon.  Ceux  qui  de  S.  Ca:;ou  font  un  Evê- 
que  de  Bénevent  en  Italie  fe  trompent  à  la  reflem- 
blance  de  ce  nom  avec  celui  de  Benavenne.  Il  iem- 
blc ,  ajoute-t-il ,  que  ce  faint  foit  celui  dont  l'Eglife 
de  Rennes  fait  mémoire  le  zi  Septembre  ,  &  dont 
Albert  de  Morlaix  a  donné  la  vie  le  premier  de 
Novembre  fous  le  nom  de  S.  Cado  ou  Cadouad  , 
où  il  dit  qu'il  demeura  quelque  ternps  en  une  Ile 
dé  la  côte  de  Vannes  ,  que  cette  île  eft  dans  la 
Paroifle  de  Bela,Sc  qu'elle  fe  nomme  Enes-Caduad, 
c'eft-à-dire,  IJle  de  S.  Caduad ;  car  \3>^,  en  hébreu, 
fignifie  île. 

C  E. 

CE.  Pronom  démonftratif ,  c'efl:-à-dire  ,  qui  fert  à  in- 
diquer les  perfonncs  &:  les  chofes  dont  on  parle, 
ou  dont  on  vient  de  parler ,  &  qui  répond  au  latin 
hic.  Cette  eft  le  féminin  de  ce  pronom  ,  &  répond 
•  à  hœc.  Ces  en  eft  le  pluriel  pour  le  mafculin  &  le 
féminin  ,  &  répond  à  hi  &  hœ.  Mais  il  faut  remar- 
quer que  ce  pronom  ce  fe  change  en  cet ,  devant  un 
nom  mafculin  qui  commence  par  une  voyelle  ,  ou 
par  un  h  qui  n'eft  pas  afpiré.  Cet  homme  eft  habile, 
&  non  pas  ce  homme.  Mais  il  faut  dire  ce  Héros , 
&  non  pas  cet  Héros  :  parce  que  Vh  dans  le  mot 
de  Héros  étant  afpiré ,  empêche  l'effet  de  la  voyelle 
*      qui  fuit. 


C  E 

^^  Quelquefois  on  ajoure  ,  pour  plus  cl'(?nergie  ,  les 
parriculesci  &là,  aux  fubftanrif's  précédés  de  Ci- ou 
C£[.  Cetre  Dame-ci  cfl  plus  honnête  que  cet  homnic- 
U.  Ci  indique  un  objet  plus  proche  ,  là  un  objet 
cloitçné. 

Ce  pronom  a  beaucoup  de  grâce  &  d'énergie 
lorfqu'il  cft  lliivi  du  pronom  relatif,  qui. 

Cette  particule  ,  en  quelques  manières  de  parler  , 
fe  trouve  retranchre  devant  jue  ;  mais  ces  manières 
de  parler  font  vieilles ,  &  ne  s'emploient  plus. 

Voye^  que  c'ePc  du  monde  ^&de  l'orgueil  humain. 

P.  Le  Moine, 

CE  efl:  aufTi  un  fubfl:antif,  &  figniSe  la  choie  dont  on 
parle.  Voila  ce  dont  il  s'agit.  En  vertu  de  ce  que 
defllis.  Ce  qui  rcfulte  de  ce  difcours.  Remarquez 
qu'il  cfl:  plus  élégant  de  répéter  c;  au  fécond  mem- 
bre de  la  période  quand  elle  a  commencé  par-là , 
que  de  le  fupprimer.  Par  exemple  ,  ce  qui  eft  le 
plus  déplorable  ,  c'ejt  ici  j  c'eji  cil  mieux  que  ,  ejL 
CV  qu'on  fouffre  avec  le  plus  d'impatience,  ce  font 
les  perfidies.  Dans  ces  exemples,  la  particule  ct?  figni- 
fie  la  chofe  qui  eft  déplorable  ,  ou  qu'on  foufee. 
Toutes  ces  expreffions  fe  rendent  en  latin  par  le 
pronom  neutre /ifuivi  du  relatif  ./«oi.  Mais  quand 
on  dit  ,ce  Rirent  les  Romains  qui  domptèrent  :  alors 
la  particule  ce  eft  fans  nombre  ,  &:  ne  régit  point 
le  verbe  qui  fuir.  Au  contraire  le  verbe  fub- 
fbnrif  qui  marche  après  ,  cft  déterminé  au  finçu- 
lier,  ou  au  pluriel  par  le  llibftantif  qui  vient  enfuite. 
Vaug.  Corn.  Le  pronom  ce ,  joint  à  cmelques  par- 
ticules ,  (ert  à  former  d'autres  pronom» ,  ceci ,  cela, 
dont  nous  parlerons  en  leur  place. 
Outre  ce.  Manière  de  parler  qui  n'eft  plus  en  ufage  ; 
on  dit  aujourd'hui ,  owr^  ce/^.  Ad  hcec  ,  praterea, 
prczter  hœc. 

On  dit  au  Palais  quand  on  infirme  une  fen- 
tence  ,  qu'on  a  mis  l'appellation  &:  ce  dont  il  a 
été  appelé  ,  au  néjnt  \  on  fous-entend  la  fentence 
C'cft  une  formule  de  prononcer  que  les  Cours  fupé- 
rieures  fe  font  réfervécs.  Les  autres  Juges  pronon- 
cent par. un  mil  juge.  Q.ielquefois  on  dit  abfolu- 
ment ,  on  a  mis  l'appellation  &  ce  ;  c'eft-à-dire  ,  que 
l'appelant  a  gagné  fa  caufe.  On  dit ,  à  ce  qu'il  foit 
dit  -,  pour  dire  ,  ahn  qu'il  foit  dit.  A  ce  que  j'en- 
tends ,  pour  dire ,  comme  on  me  fait  croire. 
Ce  dit-il  ,  ce  dit-on.  Ces  phrafes  ne  font  pas  du 
bel  ufage,  en  écrivant  ;  &:  dans  un  difcours  foutenu, 
grave,  férieux  ,11  faut  dire  ,  dit-il ,  dit-on,  Inquit  , 
aiunt. 
Ce  ,  pour  il ,  dans  ces  phrafes  &  autres  femblables. 
Quelle  heure  eft- ce  ?  Ce  lui  fut  force  de  bazarder 
bataille  j  il  n'eft  plus  en  ufage  ;  il  faut  dire  ,  quelle 
heure  eft-il  t  il  lui  fut  force.  Vaug.  Et  m*me  cette 
dernière  phrafe  a  aujourd'hui  quelque  chofe  d'em- 
barrade  ;  on  ne  peut  s"en  fervir  que  dans  le  difcoiirs 
familier. 

Ce  peu  veut  dire  le  peu  de  chofes  faites.  Paires  part 
aux  pauvres  de  bon  cesur ,  &  avec  joie  ,  de  ce  peu  que 
vous  avez.  Port-R.  On  ne  dit  jamais  ce  beaucoup  , 
quoiqu'cui  dife  fort  bien  ce  peu. 

Ce  peu  Je  lignes,  pour  dire  la  courte  lettre  ,\z  billet , 
exprelîion  bourgeoife  qui  a  vieilli. 

On  dit  aalfi  adverbialement, c'en  eft  fut.  ^i7«OT 
efi.  C'eft  moi.  Egofn/n.  C'eft  pourquoi.  Qjiapropter. 
C'eft  à  lavoir.  Scilicet ,  videlicet.  C'eft  mon  devoir. 
Ita  'placet. 

On  dit  encore  ,  quoique  c'en  foit.  Ut  ut  eft. 
Ce  ,  dit-il.  Ait.  Ce  dit-on.  Aiunt.  Ce  néanmoins.  Ce 
fut  un  tel.  Ce  font  les  gens  de  bicn,<S'c. 

On  dit  auffi  c'ejimon  ,  par  une  balfe  ironie  jon 
foufentend  nvis.  Ita  cenfeo.  Vraiment ,  c'ejimon. 

C  E  A. 

■ 

1   CEADDE.  f.  m.  Nom  d'homme  qui  fe  prononce  Ceddc, 
!       Cealdas.  S,  Ceadde  ,  Evêque  de  Lindish  ,  puis  de 


C  JE  A  j  I  ^ 

Lichfîeld  en  Angleterre,  étoit  deNorthumberland' 
&  vivoit  au  VII^  ijècle.  Il  mourur  en  671. 
CEANS,  adv.  Terme  demonftratif  du  lieu  où  Tort 
eft  quand  on  parle.  Hic  ,  m  hac  domo  ,  in  his  œdi^ 
bus,  hic  intùs.  Le  maître  àz  céans.  N'y  a-t-il  per- 
fonne  céans  ;■  Nq^zt.  dans  ,C'cft  ici.  Dieu  foit  céans, 
Monheur . ,  ,  revint  hier  céaiis.  De  Fenelon.  Ce 
mot  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

Quniljefouffrirai  moi ,  qu'un  ca^ot  de  critique 
Vienne  iijurper    céans  un  pouvoir  tyranniquc    > 

Mol, 
CEAU,  f  m.  Autrefois  on  difoit  Cedu  pour  ciel. 

De  rofes  y  ot  grand  morceau 

Si  belles  n'avait  fous  le  ceau.  Rom.  de  la  Rose. 

C  E  B. 

CEBLPIRA.  f.m.  Arbre  du  Bré/il ,  dont  l'écorce  ,  qu! 
eft  amère  &  aftfingente,  entre  dans  des  bains  &;  des 
fomentations  qui  paifent  pour  exccllens  dans  les  ma- 
ladies qui  ont  pour  caufe  le  froid  ,  dans  les  tumeurs 
des  pieds  &  du  ventre  ,  &  dans  les  douleurs  de 
rems,  que  les  Portugais  appellent  Curimentos.  Elle 
eft  aftringente  &  tant  foit  peu  acrimonieuié.  On 
s'en  lert  pour  la  galle  ,  les  dartres  &  les  autres  ma- 
ladies cutanées  de  la  même  efpèce. 

CE  5, 

CECHIN.  f  m.  C'eft  la  même  c\\q(ç  qaz  fequin.  Voyez 
ce  m  or. 

CECL  Protiom  demonftratif  qui  fe  dit  pour  ,  cette 
chofe -ci  ,  en  parlant  d'une  chofe  prcfentc  ou 
peu  éloignée.  Hoc.  Que  veut  dire  ceci  î  Ceci  eft 
crrangc.  Ceci  n'a  point  d'exemple.  Ce  pronom  ne 
fe  met  devant,  &  avec  le  verbe  efè ,  que  lor/que  le 
mot  qui  fuit  eft  adjeaif ,  &  jamais  quand  c'eft  un 
fubftantif.  Par  exemple  ,  ceci  eft  bsau  ,  ceci  eft  admi- 
rable. Cec/  n'eft  pas  affez  bien  traité  ;  il  faut  le  retou- 
cher. Maison  ne  dit  pas  ceci  eft  mon  chapeau ;<:e« 
eft  mon  gant  ■■,  ceci  cft  mon  livre ,  mon  ouvrage  ;  ceci 
cft  ma  maifon  ;  cea"  n'eft  pas  mon  cheval,  iftaut  fe 
fervir  de  ce  là  ;  en  féparant  ce  de  la  ;  &  dire,  c'eft 
là  mon  chapeau  ,  mon  gant ,  mon  livre  ;  c'eft  -  là  ma 
maifon  ;  ce  n'eft  pas  là  mon  cheval.  Voilà  l'ulàge. 
Cependant  il  en  faut  excepter  cette  phrafe  de  l'inl- 
titution  &  de  la  confécration  de  l'Euchariftie ,  ceci 
eft  mon  corps  ,  ceci  eft  mon  fang  ,  que  l'ufatre  a 
confacrée.  Le  P.  Bouhours  a  eu  la  penfée  detra- 
duire  ,  c'eji-là  mon  corps  ;  c' efl- là.  mon  fang,  difant 
que  la  manière  ordinaire  n'étoit  point  françoife  ;  que 
c'ejl-là  marquoit  en  françois  la  fubftance'mcme  de 
la  chofe  ,  comme  il  paroît  par  les  exemples  que  nous 
venons  de  rapporter  \  qu'ainfi  c'ejt-la  mon  corps  , 
lignifie  proprement  en  françois ,  &  félon  l'ufage  , 
cette  chofe  ,  cette  fubflance  eft  mon  corps ,  &  n'eft 
plus  du  pain  ;  que  pour  iignifîer  le  lieu  d'une  chofe , 
par  exemple ,  du  corps  de  J.  C.  il  ne  faur  pas  dire  ] 
c'ef-là  mon  corps ,  mais  mon  corps  efl  là  ,  ou  là  efl 
mon  corps.  Cependant ,  comme  cette  phraiè  eft  cen- 
facrée  ,  quoiqu'elle  fût  contre  l'uiàgc  ordinaire  ,  il 
n'y  voulut  rien  changer. 

On  dit  familièrement  :  ce  n'eft  ni  ceci  ni  ceba; 
c'eft-à-dire  ,  il  ne  s'agit  point  de  tout  cela. 
CECILE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Cœcilia.  Les  aifles  du 
martyre  de  fainte  Cécile  ne  font  point  fûts.  For- 
tunat  de  Poitiers ,  le  plus  ancien  des  Auteurs  qui 
ont  parlé  de  cette  Sainte  ,  fait  entendre  qu'elle  mou-^ 
rut  en  Sicile. 

Quelques-uns  donnent  aufîi  dans  notre  langue  ce 
nom  à  ceux  qu'on  appelle  en  latin  Cacilius  ,  &  qu'ils 
appellent  encore  CéciUens.W  eft  mieux  pour  éviter 
l'équivoque  de  retenir  le  mor  latin  Cecilius  ,  &  de 
dire  les  Cecilius.,  la  famille  Cécilia,  que  de  dire  les 
Ceciles  ou  les  Céciliens  ,  Se  la  famille  des  Céciliens. 
Il  paroît  que  nos  Antiqu.^.ires  en  ufent  ainlî ,  &  qu'ils 
retiennent  le  mot  latin.  D'ailleurs  fi  l'on  traduit  Ces,- 

y  V  ij 


540  CED 

cilius  t  pai  Cccilien,  quelle  différence  mcttra-t  on 
dans  notre  langue  entre  Cizciliamis  &i  Cizcitius. 

CÉCILIEN.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  qui  répond  dans 
notre  langue  au  nom  Imtï  Ciecilianus ,  Se  non  pas 
à  celui  de  Cxcilius.  Voyez  Cécile. 

,CeC1TÉ.  f.  i.  Privation  de  la  vue.  CtBcitas.  L'ufage  n'a 
point  établi  le  mot  de  cécité  ,  quoiqu'il  y  ait  des 
perfonnes  qui  s'en  fervent.  Il  eft  formé  du  larin 
cttcita.  ^fF  Le  Dicl.  de  l'Acad,  Fr.  prétend  qu'on 
dit  cécité  au  propre  ,  ôc  aveuglement  au  figuré.  Il 
eft  certain  que  fi  ce  mot  n'eft  pas  d'ufage,  il  eft  au 
moins  néceffaire  ,  puifque  nous  n'en  avons  point 
d'autre  pour  exprimer  l'état  d'une  perfonne  aveu- 
gle ,  ôc  que  nous  fonimes  accoutumés  à  prendre 
dans  un  fens  figuré  ,  le  mot  aveuglement  qui  ex- 
prime la  même  idée.  Foye^  Aveuglement. 

ÇCF  CECRYPHALE,  f.  f.  Sorte  de  vêtement  à  l'ufage 
des  femmes  grecques  ,  dont  on  n'a  confcrvé  que  le 
nom. 

fty  CECULUS  ,  Fils  de  Vulcain  ,  fut  conçu  ,  difent 
les  Poëres  ,  d'une  étincelle  de  feu  qui  vola  dans 
le  fein  de  fa  merc  Prenefte ,  pendant  qu'elle  fe  chauf- 
fe it  ,  &:  eut  toujours  une  inflammation  aux  yeux 
pour  marque  du  feu  qui  lui  avoir  donné  la  naiffance; 
il  bârit  la  ville  de  Prenefte  en  Iralie  ,&  prit  le  parti 
de  Turnus  contre  Enée.  Les  Poètes ,  pour  ajouter  du 
merveilleux  à  cette  fable,  prétendent  que  quelques- 
uns  voulant  contefter  à  Ceculus  l'honneur  d'être 
né  de  Vulcain ,  ce  Dieu,  pour  les  punir  excita  le  ton- 
nerre &  fît  tomber  ki  foudre  fur  eux.  D'autres  di- 
fent que  Ceculus  venant  de  naître  fut  trouvé  par 
des  bergers  dans  le  feu  ,  fans  être  endommagé  de 
la  flamme  ;  ce  qui  fit  croire  qu'il  croit  fils  de  Vul- 
cain. 

CED. 

CÉDANT  ,  ANTE,  Adjeftif  employé  comme  fubftan- 
tif  II  n'a  guère  d'ufage  qu'en  ftyle  de  pratique.  Ce- 
lui qui  cède ,  qui  tranfportc  quelque  fommc  ,  quel- 
que droir.  Ç«i  vel  qucE  cedit.  On  fair  appeler  en 
garantie  un  cédant ,  quand  il  a  cédé  une  dette  fauffe  , 
ou  lorfqu'il  l'a  foutenue  bonne  &  exigible.  Le  ce- 
dant  eft  oppofé  dans  le  droit  au  ceffionnaire. 

Le  cédant  eft  celui  qui  fair  cefîlon  de  quelque 
chofe  à  un  aurre ,  comma  le  ccfllonnaire  eft  celui 
à  qui  on  fair  la  cefîîon  5c  qui  l'accepte.  Cedens.  On 
lui  a  repréfenté  une  quittance  de  fon  cédant. 
Brousse. 

CEDAR.  Nom  de  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  l'écri- 
ture, Cédar.  Les  Interprètes  Grecs  le  traduifent  par 
«A««ffl,  Galaad ,  par  où  il  paroît  que  c*étoit  le  pays 
qui  porte  ce  nom  ,  &  qui  eft  à  l'orient  du  Jour- 
dain ,  en  tirant  vers  les  montagnes  de  l'Arabie  dé- 
ferre ,  nommées  Montagnes  de  Galaad ,  &c  une  par- 
tie de  l'Arabie  déferre ,  comme  il  paroît  par  le  Can- 
tique des  Cantiques  /,  4,  où  l'époufe  dit  qu'elle  eft 
noire  comme  les  tentes  de  Cédar.  S.  Jérôme ,  &  après 
lui  Ziéglerus  ,  difent  que  ce  pays  fut  ainfi  nommé 
de  Cédar  ,  fécond  fils  d'Ilrnael ,  Genef.  XXV,  1 5 . 
Adrichomius  prétend ,  avec  quelques  autres ,  qu'il 
cite,  que  Cédar  e{k  une  ville  de  la  demi-Tribu  de 
Mana(ré,quiéioit  à  l'orient  du  Jourdain.  Quelques 

.  Modernes  difent  qu'elle  étoit  fur  une  monragnc  , 
ce  qui  ne  convient  guère  au  nom  de  Cédar  qui  fî- 
gnific  ohfcur  ,  noir.  D'ailleurs  ,  où  ont-ils  trouvé 
cette  fituation  marquée. 

Cédât  où  la  fourbe  &  l'envie 
Contre  ma  vertu  pourfuivie 
Se  déchaînèrent  Jî  long-temps , 
A  quels  maux  ont  livré  ma  vie 
Tes  facrilèges  hahitans  ?  R. 

ÇT  CEDAT  AIRE.  f.  m.  Synonyme  à  cédam,  Voye^ 
ce  mot. 

§Cr  CEDER.  V.  a.  Tranfporter  une  chofe  à  une  autre 
perfonne ,  l'en  rendre  maître  ,  lui  en  donner  la  pro- 
priété. Cedere  ,  concedere.  Il  m'a  cédé  Se  tranfporté 
une  telle  rente, une  obligation. Dans  tous  les  con- 


CED 

trats  de  vente  ,  échange  ou  donation  ,  les  Notai- 
res mettent  ,  il  lui  a  cédé  ,  quitte  &:  délaiflc  ,  &c. 
CÉDtR  fignifie  aulFi  ,  laiffer  ou  abondonner  quelque 
chofe  pour  un  temps  ,  ou  par  civiliré.  Il  m'a  cède  l'x 
maifon  ,  fa  chambre  ,  fon  lit.  Cedere  alicui  domo  , 
cuUculo  ,  leclo.  Il  m'a  cédé  fa  place.  Il  m'a  cédé  le 
haut  du  pave. 

Un  grand  cœur  cède  un  trône ,  &  le  cède  avec  gloire. 
Cet  effort  de  vertu  couronne  fa  mémoire.  Corn. 

^fT  CÉDER  fe  prend  quelquefois  abfolumcnt ,  pour  fe 
rendre ,  fe  relâcher ,  fe  foumettre.  Il  faur  céder  ;  & 
dans  un  fens  neutre ,  pour  déférer  à  une  puiffance 
fupérieure  ,acquiefcer,  ne  pas  rciifter.  Cedere,  oh- 
fequi.  Il  faut  céder  au  temps ,  à  la  force.  Il  faut  cé- 
der à  l'orage ,  &  caler  les  voiles.  Il  faut  céder  à  fe$ 
fupcrieurs.  Tout  cède  à  ce  Conquérant. 

Vaine  erreur  des  Amans  ,  qui, pleins  de  leursdefîrst 
Foudroient  que  tout  ccàit  au  foin  de  leurs plaijirs. 

Rac. 

m 

CÉDER  ,  dans  cette  acception  fîgnifîe  encore  fe  recon- 
noîrrc  ou  erre  reconnu  inférieur  à  un  autre  en  quel- 
que chofe.  Cedere  ,  concedere  ,  inferiorem  fe projiteri^ 
Propofcz  vos  raifons  avec  beaucoup  de  retenue  , 
afin  que  ceux  qui  vous  cèdent  vous  puiifent  céder 
fans  chagrin.  Bell.  Cet  homme  eft  cent  fois  plus 
habile  que  moi ,  je  lui  cède  en  tout^  Ne  faites  pas 
comme  ceux  qui  en  cédant  ,  tâchent  de  donner  à 
connoître  qu'ils  ne  cèdent  que  par  complaifance  , 
&  que  Irt  -autres  ont  tort.  Ab.  Rec.  On  veur  bien 
céder  en  bonne  fortune  ;  mais  non  pas  en  efprit. 
Amelot.  Il  y  a  des  génies  dominans  à  qui  tout  le 
monde  «W«,  par  je  ne  fais  quelle  force  de  fupério- 
rirc  qui  les  fair  régner  par-rout.  Id.  Rien  n'eft  plus 
fade  que  d'avoir  à  faire  à  des  gens  qui  admirent 
toujours,  &  qui  ce'^e/zf.  Mont. 

Céder  fignifie  audi  ,  rabattre  ,  retrancher.  II  faut 
céder  quelque  chofe  de  ks  droits  pour  avoir  la 
paix. 

CÉDER  fignifie  auflî ,  fuccombcr.  Pour  moi  je  cède 
aux  ans.  Main. 

Cédé  ,  ÉE.  part. 

CEDES.  Ville  de  la  Terre-Sainte.  Cèdes.  II  y  a  troîé 
Cèdes  dans  l'Ecriture.  L'une  ,  dont  il  eft  parlé , 
Jof.  XII ,  21  ,  &  que  les  Septante  appellent  k«,?)k, 
Cadès  ,  étoit  dans  la  Tribu  d'Afer,  &  avoir  eu  un 
Roi  fous  les  Chananéens.  Jofephe  l'appelle  Cedefa , 
Se  d'aurres  Cedeffa.  Une  aurre ,  dont  il  eft  parlé  I. 
Parai.  FI,  71,  eft  la  même  chofe  que  Céfion. 
Foye^  ce  mot.  La  troifième  éroir  une  ville  Lévi- 
tique  de  la  Tribu  de  Nephthali ,  fur  une  montagne. 
Jofephe  la  nomme  Caedefa  ,  Cedejis  ,  Cydela  ; 
d'autres  Se^echte ,  Cades ,  &  Tharfa.  Au  temps  dé 
S.  Jérôme ,  fon  nom  éroit  CidifTus  ,  aujourd'hui  î 
c'eft  Sizis.  C'étoit  audi  une  ville  de  refuge.  j 

CÉDILLE,  f.  f.  L'/  fe  mouille.  Terme  emprunté  de  ; 
l'efpagnol  cedilla  ,  pour  fignifier  un  petite,  ou  une  f 
petite  virgule ,  qu'on  met  au-defTous  du  c  quand 
on  lui  veut  donner  le  fon  de  \'s  devant  les  voyelles 
a  ,  o  &  u  ,  comme  à  glaçon ,  maçon  ,  deçà.  Firgula 
littcrœ  c  fuhfcripta.  Le  c  dans  le  mot  de  leçon  eft 
accompagné  d'une  cédille, 

(fT  Le  c  avec  fa  cédille,  s'appelle  en  fonderie  de 
caraiSèrcs  &  en  imprimerie  c  à  queue. 

CÉDIMOTH.  Foyei  Cademoth. 

CEDMONÉEN  ,  ENNE.  f,  m.  &  f.  Oriental ,  qui 
habite  à  l'Orient,  Cedmonceus  ,  a.  C'eft  le  nom 
que  l'on  donne  dans  l'écriture  aux  peuples  qui 
liabitoient  dans  l'Arabie  déferre,  à  l'orient  de  la 
Tcrre-Sainrc.  Ce  nom  vient  de  mp,  kedem  ,  qui 
fignifie  l'orienr.  Les  Hébreux  le  donnoient  à  ces 
peuples ,  comme  nous  donnons  celui  d'orientaux 
à  ceux  qui  habitent  à  l'orient  de  l'Europe.  Pagnin 
dit  Cadmonéen  ,  qui  eft  bon  -ySeS.  Jérôme  Celhmo- 
nêen  \  c'eft  une  faute. 


CED 

CEDON.  C.  m.  Petite  plante  qui  fleurit  blanc, l'en 
pyramide.  Il  faut  écûis  J'edum, 

CEDRAT,  r.  m.  Efpèce  de  citronnier  ,  dont  le  fruit 
efl:  ttès-doux  &  odoriférant.  Malum  cUreum  duL- 
cijfimà  medullâ.  Quelques-uns  écrivent  Cédrac , 
aulieu  de  Cédrat  ;  mais  mal.  La  Quintinie  dit  que 
c'cft  un  oranger  ,  &  non  pas  un  citronnier.  Les 
fcuiJlcs  de  l'oranger ,  nommé  Cédrai ,  ont  le  même 
goût  que  l'orange  même,  &  pouroient  contribuer 
a  taire  de  la  limonade.  La  Quint.  Le  fruit  de 
^cet  arbre  s'appelle  auiliOWrrtf  ou  Cédra. 

CEDRE,  f.  m.  Cedrus.  Se  prend  fouvent  en  François 
pour  le  bois  du  c'^dre  du  Liban.  On  dit ,  un  ca- 
dre,  une  bordure  de  chdre.  On  imite  la  couleur 
de  cèdre  par  la  teinture  rougeâtre  qu'on  donne 
aux  ouvrages  qu'on  veut  faire  paHcr  pour  bois  de 
cèdre  -,  mais  l'odeur  ,fert  à  en  faire  la  différence  , 
le  véritable  cèdre  ayant  une  odeur  fort  aromatique. 
On  appelle  à  Paris  cèdre  ,  le  bois  de  l'Acajou  rou- 
ge ,  parce  qu'il  efl:  rougeâtre  &  d'une  odeur  aro- 
matique, qui  tient  un  peu  du  fantal.  Ce  dernier 
eft  très-amer  au  goût.  On  ne  connoît  point  le 
caractère  de  l'Acajou  rouge.  Du  Tertre  en  parle 
en  Ion  fécond  volume  de  ion  Hilloire  des  Antilles  , 

Cèdre,  f.  m.  Cedrus.  Efl:  le  nom  de  deux  ou  trois 
arbres  bien  diifcrens  les  uns  des  autres.  Il  eft  très- 
difficile  de  concilier  les  Anciens  avec  les  nouveaux 
fur  ce  qu'on  doit  appeler  proprement  cèdre.  Par 
les  defcriptions  de  Diofcoride  &  de  Thcophrafle  , 
ce  n'eft  point  un  arbre  conifere  :  peut-être  ne  con- 
noiffent-ils  pas  notre  cèdre  du  Liban.  Mais  fans 
entrer  dans  ces  difcuifions ,  dans  lefquelles  on  ne 
peut  avancer  que  des  Conjectures,  nous  conferve- 
rons  ce  nom  de  cèdre  aux  arbres  &:  arbriifeaux  aux- 
quels nos  prcdccelfeurs  l'ont  voulu  attacher  ;  mais 
pour  les  diflingucr,  nous  leur  ajouterons  le  nom 
du  pays,  où  apparemment  on  ks  a  trouvés  plus 
communément.  L'arbre  que  nous  nommons  à  pré- 
fent  cèdre ,  vient  du  Mont-Liban ,  &  c'eft  une  ef- 
pèce  de  Mélefe.  Foye^  Mélïse  ,  où  l'on  en  parle 
amplement.  Les  Anciens  failbient  mention  de  deux 
cèdres ,  l'un  de  Phénicie  &  en  Cilicie  ,  qu'on  ap- 
pelle Oxycèdre ,  6c  ils  le  comparoient  au  Genévrier 
ordinaire,  dont  cependant  il  étoit  différent  par  fes 
fruits ,  qui  étoient  beaucoup  plus  gros ,  &:  qui 
croient  rougeâtres.  Voyei  Genévrier.  Etilsnom- 
j-noient  enfin  cèdre  de  Lycie  ,  cedrus  Lycia  ,  ce- 
drus folio  Cupreffï,  un  arbriiîèau  dont  les  feuilles 
approchent  de  celles  du  Cyprès.  Ses  fleurs  font 
de  petits  chatons  fort  courts.  Ses  fruits  font  des 
baies  rougeâtres,  rondes,  beaucoup  plus  groflès 
que  celles  du  Genévrier,  &  qui  contiennent  pJu- 
fieurs  fcmences.  Ce  cidre  croît  en  Languedoc  ,  & 
il  y  en  a  deux  efpèces  qui  fe  dift:inguent  toutes  les 
deux  par  leur  haureur  ,  &  la  groffeur  de  leurs 
fruits.  M.  De  Tournefort  a  trouve  deux  efpèces 
de  ce  dernier  cèdre  dans  fon  voyage  du  Levant. 
Elles  s'élèvent  en  arbre  :  elles  font  tiès-puantes  ; 
au  lieu  que  celui  qu'on  vient  de  décrire  n'efl  point 
fi  défagréable ,  fon  odeur  approchant  du  Cyprès  & 
de  la  Sabine. 

Le  bois  de  cèdre  efl:  prefque  immortel  &  incor- 
ruptible ,  parce  qu'il  eft  forr  amer  ,  &  que  les 
vers  n'aimenr  que  ce  qui  eft  doux.  C'eft  pourquoi 
le»  Anciens  fe  fervoient  de  planches  de  cèdre  pour 
écrire  les  chofes  d'imporrance  ,  comme  on  peut 
recueillir  de  ce  paf]'age  de  Perfe  ;  Et  cedro  dis^na 
loqiiutus.  On  en  bâtit  des  palais  &  des  navires. 
Cet  arbre  eft  toujours  vert ,  &  aime  les  lieux  froids 
&  les  montagnes  ^  &  fi  on  lui  taille  fa  cime  ,  il 
meurt.  Le  cèdre  du  Liban  eft  femblable  au  fapin , 
que  les  Grecs  appellent  a^r,, ,  les  Latins ,  cedrus 
major,  cedrus  Pkœnicia  ,  Syriaca,  ou  en  un  mot 
cedrelate.  Son  écorce  eft  polie ,  lilTée  &  fans  mouffe , 
excepté  la  partie  qui  eft  depuis  la  terre  jufqu'aux 
premières  branches ,  lefquelles  environnent  l'arbre 
prefque  depuis  la  terre  jufqu'.!  la  cime  en  guife 
de  roue.   Elles   pouflcnt   par  certains  intervalles 


CED 


Hf 


toujours    en    diminuant   jufqu'en   haut,  de   forte 

funbiables  a  celles  du  pin  ou  mélcle,  mais  plus 
courtes,  &  ne  font  point  piquantes.  Bruyn,  dVns 
de  .  r^'/%^^  Terre-Satr^u  ,  dit  que  l/s  feuilles 
des  cèdres  an  Uh^n  qu'il  alla  voir,  font  fembla- 
blés  a  celles  du  romarin  5  que  les  petites  feuMles 
qui  font  aux  branches  montent  en  haut  ,  &  'aue 
le  ^ruit  pend  en  bas.  Ce  fruit  eft  fait  en  pommes 
femblables  a  ce  les  des  peflés ,  mais  plus  longues 
plus  dures  &  plus  nourries ,  &  font  diiiiciles^à  dé- 
nicher de  leurs  queues.  Elles  contiennent  une  graine 
fembhble  à  celle  des  cyprès .  &  jettent  une^réflne 
grallc  ,  cpaifîc ,  tranfparente  ,  d'une  odeur  forte, 
qui  n  eft  point  coulante ,  mais  qui  tombe  goûte 
a  goûte.  Les  Arabes  l'appellent  kitran  ou  alkitran. 
Salomon  donna  pluficurs  villes  au  Roi  Hiram , 
pour  les  c-.ir.^  qu'il  lui  avoir  envoyés  pour  bâtir 
e  temple  de  Jcrufalem.  Fernand  Cortel  fit  bâtir 
un  Palais  a  Mexique ,  où  il  y  avoit  fept  mille 
poutres  de^.^r.,  ^  plupart  de  douze  cens  pieds 
rie  long,  &  douze  de  tour,  â  ce  que  dit  Hcrrér.i. 
11  y  avoir  un  cèdre  abattu  en  Cypte  qui  avoit  tteizc 
cens  pieds  de  long,  &  «  gros ,  que  trois  hommes 
ayo.ent  de  la  peine  à  l'embraflér.  Il  fervit  à  la  ga. 
Icrc  de  Dcmctruis  Bruyn  dit  que  des  deux  plus 
remarquables  qu'il  vit  fur  le  Mont  Liban  ,  l'un 
avoir  cinquante-fept  paumes  de  tour,  &  l'autre 
quarante-lept. 

Ce  mot  vient  du  grec  ..^p., ,  qui  a  la  même 
i.gnification  qu,  vient  de  y.ui,.  ,  uro  ,  de  ,..'J^,„ , 
Juave  o  WLe  cèdre  brûlé  rend  une  odeur  fort  bonne. 
On  dit  proverbialement  i  depuis  le  cèdre  jufqu'à 
1  hyfîope  ,  pour  dire  ,  depuis  le  plus  grand  iul"-. 
qu  au  plus  petit.  Cette  phrafe  eft  prife  de  l'Ecri- 
ture, troiiième  Livre  des  Rois  IV,  33  ,  où  il  eft 
dit  que  Salomon  avoit  écrit  fur  les  arbres  depuis 
le  cèdre ,  qui  eft  fur  le  Monr  Liban  ,  jufqu'à  l'hyffo- 
pe  d'une  malure.  On  dit  auin  dansée  même  ftyle 
de  1  Ecriture  ,  les  cèdres  du  Liban  ,  pour  f.gnifier 
les  Grands,  les  Puiifans  du  fièclc  ,  les  orgueilleux. 

On  a  donné  pour  devife  à  un  Collège  célèbre, 
un  cèdre  chargé  de  fleurs  &  de  fruirs ,  avec  ce  vers 
du  Taffe,  Mentre  che  fpunta  l'un,  l'altro  maturci. 
tt  pour  marquer  la  purerc  du  Cardinal  Horace 
Spinola  ,  un  cèdre  ,  avec  ce  moz,  A putredine  tuta. 
Le  même  arbre  ,  &  ce  mot  Italien  ,  ^d  fiore  il 
frutto  ,  eft  la  devife  qu'un  Italien  fît  pour  marquer 
la  tecondiré  virginale  de  la  Sainre  Vierac 
Cèdre  de  Gaza  ou  Gaze.  Ceft  un  fruir  dSnt  Bruyn 
parle  dans  fon  Voyage  du  Levant , p.  305.  Il  en  décrir 
deux  ,  dont  l'un  avoit  deux  caïeux  ,  qui  au  bout  fe 
rerminoient  en  pointe.  Le  fruir  étoir  d'une  c^roifeur 
extraordinaire  -,  fa  longueur  jufqu'à  la  point'e  ayant 
14  pouces,  &  fon  diamètre  érant  de  y  pouces  trois 
quarts  :  l'autre  avoir  rreize  pouces  de  Long  &  fix  de 
diamètre.  Ce  fruit  a  peu  de  fuc.  On  le  peut  mano-ec 
comme  des  limons  doux.  ° 

CÈDRE  DOUX.  Efpèce  de  Citronnier  qu'on  appelle  aufîi 
Cédrat.  Voyez  CÉDRATi  >^ 

On  appelle  auffi  cèdre ,  une  efpèce  de  citrons ,  dont 
fe  fait  une  certaine  boiflbn ,  que  l'on  nomme  Aigre  de 
cèdre.  AcAD.  Fr. 
CÉDRIE.  f.  f.  Réline  qui  fort  du  cèdre.  Cedria.  C'eft 
une  liqueur ,  qui  pour  erre  bonne ,  doit  être  gra/fe  , 
épahfe,  tranfparenre ,  d'une  odeur  forte,  &  telle 
qu'en  la  verfant  elle  ne  coule  point  trop  vite, 
mais  qu'elle  tombe  également  goûte  à  goûte.  Elle 
a  deux  qualités  bien  oppofées  ':  elle  conferve  fort 
long-temps  les  corps  morts,  parce  qu'elle  en  dcf- 
feche  &  confume  les  humeurs  fuperflues ,  fans  en- 
dommager les_  parties  folides.  fCT  C'eft  pour  cela 
que  les  Egyptiens  s'en  fervoien^t  dans  leurs  embau- 
memens  ;  &  au  conrraire  elle  putréfie  les  chairs 
molles  &  délicates  des  corps  vivans  ,  fans  qu'on 
en  fouffte  aucune  douleur  ;  ce  qui  vient  fans  doute 
de  la  chaleur  des  corps  vivans  ,  qui  donne  de 
l'agitation  aux  parties  de  cette  réiine ,  &  en  augman- 
te  la  force. 


344  CED 

CÉi)RON.  Torrent  ou  ruiffcau  dont  il  efl  parle  dans 
l'Ecriture.  Cedron.  Ce  torrent  avoir  la  lourcep'vcs 
de  la  ville  de  jcrulalem,  &  couloir  au  pied  des 
montagnes  lur  Iciquelles  cette  viUe  ctoit  bâtie  ,  à 
l'orient  Se  au  midi.  Il  faloit  le  padcr  pour  aller 
de  Jérulalem  au  mont  des  Olives,  commei^it  J.  C. 
la  veille  de  là  padion.  Jean  XylU.  i.  De  -  la 
ce  torrent  pallànt  aux  confins  delà  Tribu  de  Juda  , 
&  de  celle  de  Benjamin  ,  alioit  le  jeter  dans  la 
mer  Morte.  Le  Roi  pallà  aulli  le  torrent  de  Cedron. 
Saci.  II  des  Rois  XF,  15.  Jelus  ibrtit  avec  fes 
Dilciples  pour  aller  au-delà  du  torrent  de  tl'Jrow , 
où  ctoit  un  jardin ,  dans  lequel  il  entra  &  Tes  Dil- 
ciples aulli.  BouH.  Jean  XFIII.  i.  Ce  torrent  eft 
prcfque  toujours  à  fec  quand  il  ne  pleut  pas. 

Ce  mot  eft  purement  hébreu.  De  11..  ,  itre  noir , 
ou  ohjcur  ■>  le  fait  V'.~,  ,  kidron,  qui  lignifie  «o/r- 
cei:T ,  ol'Jcurite,  nom  qui  fut  donné  à  ce  torrent, 
ou  parce  que  les  vallées  dans  Iciquelles  il  couloir 
autour  de  Jérufàlcm  étant  forr  profondes  &  fort 
reUcrrces  entre  les  montagnes,  elles  étoient  aulli 
fort  oblcures,  ou  parce  que  les  eaux  étoient  trou- 
bles &  boueulés.  En  S.  Jean,  XVIII  ,  i  ,  le 
texte  grec  l'apipelle  /e  torrent  des  Cèdres  ,  t<3»  yA^i,ù„  , 
au  lieu  de  t«  xs^plv.  Grotius  foutient  cette  leçon , 
&  la  préfère  à  celle  du  latin  -,  mais  il  fe  trompe ,  | 
c'ed  une  erreur  de  copifte.  Elle  s'eft  auflTi  gliffée 
dans  les  Seprante  ,  11«=  des  Rois  ,  XIII ,  4  ,des  Rois 
XXIII,^,  6,  &c.  Mais  dans  le  IP  Livre  des  Rois 
XV,  25  ,  &  ailleurs,  la  vraie  leçon  s'efl;  conlervée 
dans  les  bons  exemplaires.  Foye^  fur  ce  torrent 
de  Cèdron  le  Voyage  de  la  Terre-Sainte  du  P.  Nau, 
Jéf.  L.n,  C.  I,  &CL.IF,  C.  17. 

CEDULE.  f.  f.  Petit  morceau  de  papier  où  l'on  écrir 
quelque  chofe  pour  fervir  de  mémoire.  SckeduUi, 
On  donne  aux  Régens  des  cédules  où  font  écrits 
les  noms  des  caufeurs ,  &:  de  ceux  qui  n'ont  pas 
fait  leur  thème.  Ailleurs  le  mot  de  cedule  eft  moins 
en  ufage  que  ceux  de  promejfe  Se  de  billet. 
*»  Ce  mot  vient  du  grec  Tyjh ,  qui  lignifie  Vécorce 
des  tilleuls  fur  laquelle  les  Ahciens  écrivoienr. 

Cédule  ,  en  termes  de  Banque ,  eft  un-  motceau  de 
papier  où  les  banquiets  Se  les  marchands  écrivent 
leurs  promellès ,  lettres  de  change  Se  refcriprions. 
Chirographi  caiitio  ,  fyngrapha  ,  fyngraphis.  Cedule 
banqniere,  eft  l'obligation  d'un  Banquier  de  Rome 
qui   promet   acquitter  la  Ibmme  du   rachat    d'une 

■  penfion  créée  fur  un  bénéfice.  On  le  dit  aulli  des 
autres  billets ,  promeHés  Se  reconnoifîànces  qui  le 
font  fous  feing  privé.  Même  on  le  dit  des  minutes 
d'obligation  quand  on  les  garde  par  devers  foi  : 
&  c'eft  en  ce  fens  qu'on  dit ,  plaider  contre  fa  cé- 
dille -,  pour  dire  ,  conrre  fon  écrir ,  fon  obligation. 
On  l'appelle  auffi  chez  plulieurs  Marchands,  police, 
à  caufe  du  mot  efpagnol  polira ,  qui  lignilie  la 
même  chofe. 

^CT  II  y  a  cette  différence  enrre  cédule  ,  Sillet  ou 
promejfe  ,  &  obligation  ,  que  la  cédule  eft  fous  feing 
privé  ■■,  d^  l'obligation ,  pardevani  Noraire  :  ainfi  elles 
ont  des  effets  différeaa 

^3"  Le  créancier  d'un  limple  billet  n'eft  que  créancier 
chirographaire.  Et  le  créancier  en  vertu  d'une 
obligation  ,  eft  créancier   hypothécaire. 

§3*  Déplus  on  n'ajoute  point  foi  aux  billets  fous 
feing  ptivé,  qu'ils  ne  foient  reconnus  Se  on  n'a 
aucun   égard  à  leur  date. 

On  appelle  en  termes  de  Pratique  ,  une  cédule 
évocatoire  ,  la  lignification  qu'on  fait  à  une  partie  ■-, 
pour  avertir  qu'on  veut  faire  évoquer ,  Se  renvoyer 
le  procès  qu'on  a  contre  elle  en  un  autre  Parle- 
menr ,  à  caufe  des  parens  ,  Se  alliances  qu'elle  a 
au  lieu  où  l'inftance  eft  pendante.  Tranjlatitia  iitis 
diploma ,  injlrumentum. 

CEE. 

CEHR.  f.  m.  Poids  tout  enfemble  Se  mefure  ,  dont 
on  fe  fcrt  fur  la  côte  de  Corpmandel, 


C  El 


CEP. 


tfF  CEFALONIE  Voyei  Cephalonis. 
Ip-  CEFALU  ou  CEFALEDI.  Ville  de  Sicile,  daas 
la  province   de  Dcmonc,  fur  la  côte  de  l'Ile, avec 


n  Evêthé  fuffragant  de  Mellme. 


C  E  G. 


IP"  CEGINUS.  Terme  d'Aftronomie.  Etoile  fixe  de 
la  troifième  grandeur  ,  dans  l'épaule  gauche  du 
Bouvier. 

CEI. 

CEIGNANT,  ANTE.  adj.  ôe  part,  du  verbe  cfi;:^^^. 
Prononcez  ing  comme  une  feule  n  mouillée  ,  ou 
comme  Vn  con  tilde  des  efpagnols  ;  Se  comme  dans 
le  mot  françois  Seisneur  ;  Se  ainfi  des  autres  temps 
ou  perfonncs  du  même  verbe  qui  s'écrivent  pat 
eing  i  Se  que  l'on  indiquera  au  verbe  Ceindre. 

Ceignante,  f.  f.  Terme  d'Anatomie.  Cingens.  C'eft  le 
nom  que  l'on  donne  à  la  douzième  vertèbre  du  dos , 
à  caulc  qu'elle  eft  placée  à  l'endroit  où  l'on  porte  or- 
dinairement lac'einture. 

îfT  CEILA,  Ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  rribu  de 
Juda,  à  dix-fept  milles  d'Eleutlieropolis  du  côté 
d'Hébron  ,  félon  Eufcbe,  à  huir  milles  d'Hébron, 
félon  S.  Jérôme. 

CEILAN  ou  CEYLAN.  Le  P.  Bouhours  écrir  roujours 
ainfi.  Ceilanus ,  Ceilania  ,  Taprohana,  Ile  de  l'Océan 
oriental  ,  fituée  au  levant  méridional  de  la  pref- 
qu'île  de  l'Inde,  deçà  le  Gange,  entre  le  me  & 
i:.Y  degré  de  longitude.  Se  entre  le  6^  Se  le  10* 
,dc  latitude  au  nord ,  dit  Maty.  Mais  félon  les  Ob- 
fervarions  du  P.  Noël ,  Jéfuire ,  cette  longitude 
eft  faufle  de  plus  de  20  degrés.  Car ,  félon  lui  , 
Trinquemale  ,  ville  à  l'orient  de  l'Ile  de  Ceilan, 
diffère  du  méridien  de  Paris,  qui  eft  au  ic-' degré, 
de  8id  8'  15",  Se  par  conféquenr  cette  ville  de 
Ceilan ,  Se  la  côte  orientale  de  l'Ile  eft  au  loi* 
degré  15  fécondes.  Elle  n'eft  féparée  du  Continent 
de  la  côte  de  Coromandel ,  Se  de  celle  de  la  pê- 
cherie ,  que  par  le  détroit  de  Chilao  ,  ou  de  Ma- 
nai  ,  qui  eft  fort  étroit ,  Se  fi  peu  profond  ,  que 
quelques  Aureurs  écrivent  que  les  éléphans  le  palTenr 
à  gué.  Elle  eft  pleine  de  montagnes  fort  hautes, 
principalemenr  vers  le  milieu.  On  y  voit  en  plu- 
fieurs  cndroirs  plulieurs  forêts  fi  cpaiflès ,  qu'elles 
font  impraticables.  Le  refte  du  pays ,  qui  eft  bien 
cultivé,  eft  fort  ferrile  en  toutes  fortes  de  fruirs, 
figues,  raifins,  grenades  ,  oranges  ,  limons,  cirrons , 
lucre  ,  tabac  ,  Se  principalemenr  en  riz  Se  en  caneile, 
dont  il  y  a  des  bois  entiers.  On  y  trouve  au/îi  du 
gingembre  &i  du  cardamome.  L'Huillier,  dans  fon 
Voyage  des  Indes  ,  dir  qu'on  y  cueille  aulfi  le 
girofle  ,  la  noix  mufcade  Se  du  poivre,  que  l'odeur 
du  giroHe  eft  fi  forte  ,  qu'elle  le  fait  fentir  dans 
toute  l'Ile  ,  Se  même  à  quelque  diftance  en  mer. 
Mandell©,  plus  croyable,  dit  que  c'eft  la  canellc 
qui  porte  fon  odeur  bien  avant  dans  la  mer.  Il  y 
a  aulfi  beaucoup  d'aréca ,  dont  les  habitans  font 
un  grand  commerce.  On  y  trouve  des  pierres  prc- 
cieufes ,  Se  l'on  y  pêche  des  perles.  La  pêche  s'en 
fait  depuis  l'onzième  Mars  jufqu'au  vingrième  d'A- 
vril. L'Ile  de  Ceilan  nourrir  des  bœufs ,  des  brebis^ 
Se  fur-rour  une  grande  quanriré  d'éléphans  fauva- 
ges  Se  domeftiques,  qui  ne  font  pas  fi  grands  que 
ceux  que  l'on  rire  de  la  terre  ferme,  mais  qui  ont, 
dit-on ,  plus  de  courage  Se  de  docilité.  Les  Hol- 
landois  les  vendent  aux  Maures  Se  aux  Perfans, 
Se  en  tirent  un  grand  profir.  Schoten  dit  qu'il  y 
a  des  fatyres ,  dont  nous  patlerons  au  mot  Saty-  ■? 
RE.  Il  y  a  aulfi  un  nombre  prodigieux  de  finges, 
Se  de  guenons  très-incommodes ,  &  qui  défolent 
tout   le  pays. 

En  1505,  les  Portugais ,  fous  la  ^conduite  de 
Laurent  Almcida ,  abordèrent  en  cette  île.  En  i  y  17 , 
ils  curent  permilfion  de  faire   des   retranchemens 


C  Eî 


CEI 


autour  de  l'endroit  où  ils  s'étoient  portes.  Ces 
retranclrcmens  ie  cliangèrent  bientôt  en  forterefles. 
C'eft  ainii  que  Colombo  fut  bâtie.  En  1597  ,  le 
Roi  de  nie  étant  mort  fans  cnfans,  déclara  le  Roi 
de  Portug-al  fon  héritier.  En  iiîz3,  leRoideGan- 
dy  ou  Candy  ,  leur  fit  la  guerre  ;  mais  ayanr  été 
défait  &  vaincu,  il  fut  obligé  en  i(>5i  ,  d'accepter 
ia  paix,  à  condition  de  payer  tous  les  ans  un  tribut 
de  deux  éléphans.  En  1659  ,  fon  fils  recommença 
la  guerre.  Les  Hollandois  allèrent  à  fon  fecours. 
La  guerre  dura  jufqu'cn  i(î44  ,  que  l'on  fît  ime 
trêve  de  huit  ans.  La  guerre  ayant  recommencé 
en  i<^$S,  les  Hollandois  chaffcrent  les  Portugais, 
Si.  ils  font  maintenant  les  feuls  qui  y  commercent.^ 

Avaiit  que  les  Hollandois  fuflent  dans  cette  Ile , 
on  la  divifoit  en  cinq  Royaumes  principaux;  ceux  de 
Trinquemalc ,  de  Baticalo  &  de  Jala ,  ou  Yale ,  vers 
le  Levant  ;  &c  ceux  de  Ceitavaca  &  de  Candex ,  vers 
le  couchant.  Aujourd'hui  on  ne  la  divife  qu'en  trois 
parties  principales.  Prefque  roures  les  côtes  ap- 
partiennent aux  Hollandois,  On  y  joint  les  Iles  de 
Jaffanapatan  ,  de  Manar  &  de  Calpentin.  C'efl  la 
première  partie,  dont  la  principale  contrée  efl:  le 
Canneland ,  ou  pays  de  la  canelle,&  la  ville  capi- 
tale Colombo.  La  féconde  partie  eft  le  Royaume  de 
Candea  vers  le  midi  -,  &  la  troilîème  le  pays  de 
Wanny   au  nord. 

On  croit  que  l'Ile  de  Céïlan  efl:  la  Taprobane 
des  Grecs  &  des  Romains.  Les  Romains  la  nom- 
ment Tiranifm,  c'eft-à-dire,  T er m  de  délices  1  &  ils 
croient  que  c'a  été  le  lieu  du  Paradis  Terreftre.  I! 
y  a  une  fort  haute  montagne ,  à  laquelle  quelques- 
uns  donnent  fept  lieues  de  haut ,  &  d'autres  feule- 
ment deux,  que  l'on  nomme  le  Pic  d'Adam,  parce 
que  tous  les  Habitans  difent  qu'Adam  y  a  été  enterre. 
Quelques  Auteurs  prétendent  que  Céi/an  efl;  l'Ophir 
de  Salomon.  Les  Hiiloriens  de  l'Ile  de  Céi/an  font 
Mandeflo,  Voyage  des  Indes,  Liv.  H;  Jean  Ri- 
beyro  ,  Hi(loire  de  Vile  de  Céilan  ;  Robert  Knok  , 
Relation  du  Voyage  de  l'île  Céïlan  ;  Gauthier  Schou- 
ten  ,  dans  fon  Voyage  aux  Indes  Orientales.  Voye? 
au/Ti  le  VP  Recueil  des  Lettres  édifiantes  &  curieu- 
/es,  pag.  79-  , 

Wicqfort ,  dans  fa  Traduélion  de  Mandeflo  ,  dir 
Ceylon  ou  Zeylon ,  mais  mal  •,  l'ufage  efl;  de  dire 
en  notre  langue  Céïlan.  Mary  le  fait  tantôt  mafcu- 
lin ,  &  tantôt  féminin  ,  difant  le  Céïlan  Hollandois , 
&  la  Céïlan  Hollandoile.  Ni  l'un  ni  l'autre  n'eft  auto- 
rifé  par  l'ufage^.  On  ne  dit  guère  Céïlan  feul ,  on  y 
joint  le  nom  île.  L'île  de  Céïlan  efl  grande ,  eft 
fertile  ,  eft  abondante  en  canelle  ,  &  non  pas  , 
Céïlan  eft  grand ,  ou  grande  ,  fertile ,  &c  Les  Ara- 
bes l'appellent  Serandib  \  &  d'Herbelot  a  remar- 
qué que  ^les  Géographes  Orientaux  ,  en  parlant 
de  cette  île ,  ne  font  aucune  mention  de  l'arbre 
de  canelle  ,  qui  ne  croît  que  dans  cette  Ile , 
foit  ,  dit -il,  qu'il  ne  s'y"  trouvât  pas  encore  de 
leur  temps ,  &:  qu'il  y  ait  été  tranfporté  d'ailleurs , 
comme  de  la  Chine  ;  ce  qui  a  fait  donner  à  cet  ar- 
bre le  nom  de  Dar  Tchin  en  orient ,  mot  qui  iigni- 
fie  Bois  de  la  Chine  \  ou  qu'il  faille  entendre  cet 
arbre,  fous  le  nom  de  Nargil ,  dont  ils  parlent. 

CEILANOJS ,  OISE.  f.  m.  &  £  Qui  eft  de  l'Ile  de  Céï- 
lan, Les  Mémoires  de  Trévoux,  ijiï  ^  pag.  106^, 
difent  :  Les  Céïlanois  ont  la  peau  noire  ,  &  font  de 
petite  taille  j  ils  font  adroirs  &  fpirituels  ,&  fi  on  en 
croir  notre  Auteur  ,  (Schouten)  il  n'y  a  point  de  peu- 
ples aux  Indes  plus  civilifés  qu'eux  \  mais  cela  n'em- 
pêche pas  qu'en  comparaifon  des  Européens ,  ils  ne 
paroiffent  barbares  &  féroces.  Mais  d'autres  difent 
qu'on  ne  parle  point  ainfi ,  &  qu'il  faut  dire  Chin- 
gulais,  '_  Voye^  ce  mor. 

ffj"  CEINDRE.  V.  aét.  Cingere.  Je  ceins,  nous  cei- 
gnons ,  je  ccignois ,  j'ai  ceint ,  je  ceindrai ,  que  je  cei- 
gne. Entourer,  environner.  On  ceint  une  ville  de  mu- 
railles ,  de  fofles.  Cingere  nrbem  mccnibus  ,fofifâ.  On 
ceint  un  parc  de  murs ,  de  haies  vives. 

^CT  Ceindre  l'épée  à  quelqu'un,  C'eft  lui  mettre  l'é- 
pée  au  côté. 


54 


^fT  Ceindre  fon  corps,  fes  reins  -,  fe  ceindre  le  corps  , 
les  reins,  c'eft  les  ferrer  avec  une  ceinture  ou  quel- 
qu'autre  chofe.  Les  Juifs  étoient  obligés  de  ceindre 
leurs  reins, &  d'être  debout,  quand  ils  mangeoient 
l'Agneau  Pafchal.  Le  Roi  ceint  l'épée  aux  Gentils- 
hommes ,  quand  il  les  fait  Chevaliers.  Le  grand 
Muçhù  ceint  l'épée  au  Grand-Seigneur,  ce  qui  eft 
comme  la  cérémonie  du  Sacre  des  Rois  parmi  les 
Chrétiens.  Du  Loir  ,  page  6^. 

On  le  dit  aufïî  des  couronnes  ,  ou  autres  marques 
d'honneur ,  dont  on  environne  le  front.  Il  eft  ceint 
d'un  bandeau  royal ,  d'un  diadème.  Sa  tiare  ctoic 
ceinte  d'un  bandeau  de  pourpre.  Vaugel, 

0CT  Ceindre  ( fe  )  le  fronr  d'un  diadème,  c'eft  fe  mettre 

une  couronne  fur  la  rcte, 
ffT  Dans  le  ftyle  noble  &  foutenu ,  en  parlant  d*un 

Conquéranr ,  on  dit  que  la  Viâ:oire  lui  a  ceint  le 

front  de  lauriers. 

Et  ton  front  cette  fois 
Sera  ceint  de  lauriers  qu'on  ne  vit  jamais  luire 
Sur  la  tète  des  Rois     Malh. 

IJCF  Le  Poète  auroit  pu  trouver  un  mot  plus  propre 
que  luire. 

03°  On  dit  poétiquement  ceindre  la  couronne  ,  la 
thiare  ,  pour  parvenir  à  la  Royauté  -i  à  la  Papauté. 

Ceint  ,  einte  ,  part. 

CEINTES,  f  fi  Terme  de  Maririe.  On  dit  aufTi  chain- 
tes ,  carreaux  ,préceindes  ,  ou  per ceintes  ^  ou  liff'cs. 
Ce  font  des  rebords  ou  efpèces  de  cordons  qui 
régnent  au  pourtour  du  navire  , ,  dont  les  trois  pre- 
mières d'enbas  fe  nomment  particulièrement /riicw- 
tes ,  &:  les  autres  au-defl'us  carreaux  de  liffe.  Navis 
toronœ.  Ces  pièces  fervent  à  donner  la  grâce  &  la 
rondeur  au  pourtour  du  navire ,  auffi  bien  qu'à  le 
fortifier,  &  à  marquer  la  divifibn  des  tillacs  ,"&:  font 
le  même  effet  au  vaiflèau,  que  les  plinthes  aux  fàcadeS 
des  bâtimens  fur  terre.  La  première  fe  place  à  cinq 
pieds  ou  environ  au-deifous  du  premier  fabord  à 
l'endroit  du  maître  bau.  La  deuxième  eft  parallèle 
&  diftante  de  la  première  de  18  à  zi  pouces,  &  les 
aurres  de  même. 

CEINTRAGE.  f.  f.  Terme  de  Marine  ,  fe  dit  généra- 
lement de  tous  les  cotdages  qui  ceignent,  qui  lient 
ou  qui  environnent  les  vaiffeaux.  Fuues  quibus  cin." 
gitur  ac  religatur  navis. 

gcr  CEINTRE.    Voyei  Cintrer. 

gcr  CEINTRER   Voyei  Cintrer. 

CEINTURE,  f.  f.  Efpèce  de  lifière  ,  de  différentes  ma- 
tières ,  qu'on  met  autour  des  reins  pour  les  ferrer, 
Cingulum  ,  cingulus ,  ^ona.  IJCF  L'ufage  des  ceintures 
eft  fort  ancien.  Celle  que  Dieu  commanda  au  Grand- 
Prêtre  des  Juifs  de  porter ,  ctoit  un  tiffu  de  fil  d'or  , 
de  pourpre ,  d'écarlate ,  de  cramoifi  &  de  fin  lin 
retors.  Lorfque  les  Juifs  célébroient  la  Pâque,  ils 
avoient  àt%  ceintures  autour  de  leurs  reins,  fuivanc 
l'ordre  qu'ils  en  avoient  reçu  de  Dieu.  J.  C.  envoyant 
les  Apôtres  prêcher  l'Evangile  ,  leur  défend  de  por-i 
ter  aucun  argent  à  leurs  ceintures  :  neque  pecuniam 
in  lonis  veftris  :  la  bourfe  tenoit  à  cette  ceinture. 

^  Les  Pvomains  portoient  toujours  une  ceinture  qui 
leur  fervoit  à  retrouffer  leur  robe  quand  ils  vou- 
loientagir.  Cette  coutume  étoit  fi  générale,  que  ceux 
qui  n'avoient  point  de  ceinture,  Sc  qui  laiffoicnt 
traîner  leur  robe ,  palToient  pour  des  gens  oififs  &C 
voluptueux.  Dac.  De-là  les  exptefTions  latines ,  dif- 
cinclus  ,  &:  altè  cinclus ,  un  homme  indolent ,  SC  uri 
homme  alerte,  aélif. 

§3"  L'ufage  des  ceintures  a  été  aufïî  fort  commun  chez 
nous  ;  mais  les  hommes  ayant  cefTé  de  porter  des 
habits  longs,  &  la  mode  des  paniers  &  des  robes 
lâches  s'érànr  introduire  pour  les  femmes,  la  cein- 
ture  eft  demeurée  aux  premiers  Magiftrars ,  aux  gens 
d'Eglife  ,  aux  Religieux,  &  à  quelques  femmes 
feulemenr.  .  . 

?CT  L'aube  du  Prêtre  fe  ferre  avec  une  ceinture  de  fil 
ou  de  foie.  Cette  ceinture  eft  le  fymbole  de  la  chaf«, 


544  CEI 

te-c  •  celle  qu'il  porte  patdeirus  fafoutane  &  celle 
dc^  Ma^iftrats ,  cil  un  large  ruban  de  io.e  noue 
r^  La  défenfe  de  porter  la  ceinture  étoit  autretois 
%ne  tache  d'ignominie.  Les  Ce.iionnaues    ctmen 
obli^-cs  de  quitter  leurs  ceintures  en  Julhce.  L.ette 
coutume  venoit  de  ce  que  nos  ancêtres  ^voient  ac- 
coutumé de  porter  à  leurs  ceintures  tous  les  uiltru- 
„cns  néceflaires  pour  l'uftge    ou  pour  la  conferva- 
t.on-des  biens ,  comme  la  bourfe ,  les  clefs ,  &c   en- 
forte  que   la  ceinture  étoit   le  iymbole  des  biens. 
L'Hiftoire  remarque  que  la  veuve  de  Philippe  I,Duc 
de  Bourgogne,  renonça  à  la  fuccenion,  &  depola 
fa  ceinture  fur  le  tombeau  du  Duc.  i  asq. 
Ceinture  de  Vierge  ou  de  Virginité.  Cétoit  une  cou- 
tume chez  les  Grecs  &  chez  les  Romains,  que  le 
limier  foir  des  noces  le  mari  dénouoit  la  ceinture 
de  la  fille  qu'il  avoir  époufee.  Homère  ,  Av.  XI  de 
vndviïee  ,  appelle  cette  ceinture  Trapienv»  ^<>'.m,Uin- 
turei  >■//..  Feftus  dit  que  la  nouvelle  mariée  por- 
toït  une   ceinture  qnc  le    niari  lui  denouoit    dans 
le   lit  ,   &  qu'elle  étoit  faite  de  lame  de  brebis. 
Cette    ceinture,    ajoute  -  t  -  Û  ,    etoit    nouée    du 
nœud  d'Hercule,  &  le  mari  defaifoit  ce  nœud  pour 
un  bon  prcfage,  afin  qu'il  fût  heureux  en  enfans , 
comme  Hercule  l'avoir  été  ,  qui  laifla,  lorfqu  il  mou- 
rut, foixante-dix  enfans.  Confultez  Mczinac  dans 
fon  Commentaire  fur  la  Lettre  de  Philis  aDcmophon. 
«"Kr  On  appelle  aujourd'hui  ceinture  de   virginité 
Sum;2«r/virginale,uninftrument  injurieux  au  fexc, 
imaginé  parle  démon  de  la  jaloulie,  dont  les  maris 
fe  fervent  pour  s'aflurer  de  la  fagefle  de  leurs  fem- 
mes. Cette  ceinture  eft  fermée  par  un  cadenas  dont 
le  mari  feul  a  le  fecret.  Les  Poètes  attnbuoient  a 
Vénus  une  efpèce  de  ceniture  qu'ils  appeloient  cejtc. 
Cekus   Ils  y  attachoient  le   pouvoir  d'inlpircr   de 
l'amour ,   &  de  charmer  les  cœurs.  Foyei  Ceste. 
C'eft  dans  ce  iens  que  Boileau  a  dit  : 

On  dirait  que  pour  plaire ,  injlruit par  /a  nature, 
Homère  ait  à  Vénus  dérobé  fa  ceinture. 

Ceinture    de  Venus  eft  auHfi  un   terme  de  Chiro- 

■  mancie.  Il  fi^^nifie  la  lii^ne  de  la  main  qui  commence 
entre  le  fécond  ^  le  troificme  doigt,  qui  traverfe 
le  mont  de  ces  doigts ,  &  va  en  forme  de  demi- 
cercle  ,  finir  vers   le  petit  doigt.         ,      .   -     . 

Ce  mot  vient  du  Latin  cinclura  ,  ou  de  cinctorium. 
On  trouve  dans  la  baflb  Latinité  cinta ,  pour  dire  en 
srcnéral  un  cercle,  un  tour ,  amhtus  ,  circiatus,dç 
cimo,  cinclum  ;  &  il  eft  fur -tout  très  -  fréquent , 
poiu  fi-nifier  le  tour  des  murailles  ou  des  foflcs 
d'une  ville,  félon  la  Remarque  des  Jcluites  d An- 
vers ,  Acla.  SS.  Mart.  Tom.  II,  pag.  16$,  C. 

Ceinture  A  e'Angloise,  eft  """^P^^,^  ,^1^,  f /'^•f';" 
jufte,  dont  on  fe  fert  pour  porter  1  cpee,  ii///«.r, . 
cingulum ,  balteus  ,  balteum. 

Ceinture   de  Mercure.  Terme  de  Médecine.  G  eft 

■  une  ceinture  faite  de  drap  empreint  de  mercure ,  ou 
dans  laquelle  on  enferme  du  mercure  quon  pré- 
pare de  différentes  façons  -,  quelquefois  la  ceinture 
eft  de  cuir  ou  de  toile  de  coton ,  frc.  Ce  remède 
a  quelquefois  de  bons  effets-,  mais  û  eft^  dangereux 
pour  ceux  qui  font  foibles ,  ou  iujets  a  avoir  des 
convulfions.  On  emploie  ce  remède  pour  guérir  la 
o-ale ,  chafler  la  vermine ,  tuer  les  poux,  bntre  les 
remèdes  monftrueux  dont  les  Empiriques  ont  gâte 
la  Chirur'^ie,  pour  le  malheur  des  Malades ,  la  cein- 
ture de  mercure  n'c^  pas  la  moins  en  vogue  parmi 
levulaaire.  FABRicius,citc  &  traduit  par  Dcgory. 

-f^  On  appelle  quelquefois  cette  ceinture,  cein- 
ture de  fageffe ,  Cingulum  fapienticz. 
Ceinture  fe  dit  auff.  de  l'endroit  du  corps  où  l'on 
met  la  ceinture.  Renés.  Quand  on  fe  baigne  en  cet 
endtoit4à,  on  n'a  de  l'eati  que  jiifqu  a  \^  ceinture. 
Scarron  a  dit  des  Héros  à  l'égard  des  Geans  : 

Et  ne  vont  pas  à  /^ceinture 
De  ceux  dont  je  fais  la  peinture. 


CEI 

fCT  Ceinture  fe  dit  aufli  du  bord  d'en-liaut  d'un 
haut-de-chaulîe,  d'une  jupe.  Faire  élargir,  faire 
rétrécir  la  ceinture  d'une  culotte,  d'une  jupe. 

Chez  les  Maîtres  de  danfe  ,  en  parlant  de  la 
difpofition  du  corps,  de  l'air,  de  la  manière  de 
porter  le  corps  en  marchant ,  en  danfant  :  on  dit, 
la  ceinture  d'en  haut ,  la  ceinture  d'en  bas  ,  pour 
dire  la  partie  du  corps  qui  eft  depuis  la  ceinture  juf- 

qu'en  bas.  .     .    r 

Ceinture  de  la  Reine  eft  un  droit  fort  ancien  qui 
fe  lève  à  Paris  de  trois  ans  en  trois  ans ,  qui  etoit 
d'aboid  de  trois  deniers  pour  chaque  muid  de  vin , 
&  de  fix  deniers  pour  chaque  queue.  Fe&igal  tertio 
quoque   anno  pendi  folitum  ,  ex    yino  domefiicum 
Re^nnce  fubfidium.  Il  étoit  deftiné  à  l'entretien  de  la 
mahbnde  la  Reine.  On  l'a  depuis  augmenté,  &  on 
l'a  étendu  fur  d'autres  denrées  ,  comme  lur  le  char- 
bon, &c.  On  l'appeloit  autrefois  la  taille  du  pain  ù 
du  vin ,  comme  il  fe  voit  par  les  Regiftres  de  la 
Chambre  des  Comptes  de  l'an  1339. 

Vio-enere  croit  que  le  nom  de  ce  tribut  pourroit 
avoir^été  pris  de  ce  qu'autrefois  les  ceintures  fer- 
voient  de  bourfes ,  de  forte  que  ceinture  de  la  Reine 
fio-nifiât  la  même  chofe  que  Bourfe  de  la  Reine  , 
comme  fi  ce  tribut  s'étoit  levé  pour  la  bourfe  de  la 
P.cine.  Mais,ajoute-t-il,il  y  a  plus  de  deux  mille 
ans  qu'on  levoit  en  Perfe  un  pareil  tribut ,  &  qui  le 
nommoit  du  même  nom,  comme  témoigne  Platon 
dans  l'Alcnjiade ,  Ciccron  après  lui ,  &  Arhenee  au 
Liv  I.  desDeipnofophiftcs,ce:quin'empehe  point 
que  cette  étymologic  ne  puiffe  avoir  heu.  Aiinot. 
furTite-Live,  Liv.  I,  Tom.  I , pag.  9^6.    ^ 
Ip-  On  lève  en  Angleterre  un  impôt  a  peu  près  fera- 
blable  qu'on  appelle  aurum  Regin<z  ,  or  de  la  Régine. 

Les  Chrétiens  de  la  ceinture.  Motovakkelc ,  X  Ca- 
life de  la  Maifon  des  Abaflides,  obligea  les  Chrétiens 
&  les  Juifs  l'an  z  5  5  de  l'égire  8  5  (î  de  J.  C  de  porter 
une  Ux^rQ  ceinture  de  cuir,  qu'ils  portent  encore  en 
effet  dans  l'Orient.  Depuis  ce  temps  les  Chrétiens 
d'Afie  ,  &  principalement  ceux  de  Syrie  6c  de  Melo- 
potamie ,  qui  font  prefque  tous  Neftoriens  ou  Jaco- 
bites ,  s'appellent  les  Chrétiens  de  la  ceinture, 

L'Ordre  de  la  Ceinture.  Voye^  au  mot  Corde- 
lière. L'Ordre  de  la  Cordelière. 
Ceinture  fis^nifie  quelquefois  ,  enceinte.  Ambitus, 
circuitus.ijnz  ceinture  de  murailles,  de  tofles.  Un 
le  dit  aulli  du  cordon  de  la  muraille. 
Ceinture  s'eft  dit  enPocfie,  des  bandes  &  des  cer- 
cles qu'on  imagine  dans  le  Ciel,  comme  font  les 
zones ,   le  zodiaque.  Zona. 


Etde-là  traverfant  cette  ardente  ceinture. 
Qui  d'un  feu  tiède  &  clair  couronne  la  nature. 

^  P.  LE    M. 

Ceinture.  Terme  de  Boulanger.  Les  Boulangers  K 
P.itilliers  appellent  la  ceinture  de  leur  tour,  ce  tour 
intérieur   de   fa   cavité ,  où   la   chapelle   &  1  atre 

s'uniffent.  ,    ^i  •        •      /-■• 

Ceinture  d'Hildanus.  f.  f.  terme  de  Chirurgie.  Cm- 
sulum  Hildani.  C'eft  une  ceinture  de  cuir  dont  on 
%  fert  nuelquefois  dans  la  réduaion  des  luxations 
&  des  fraaures  des  extrémités  fupéneures  &  infé- 
rieures, pour  tirer  la  partie  en  droite  ligne.  I?;f7. 
de  Col.  de  Villars.  ^ 

Ceinture  ,  en  termes  d'Architedure  ,  eft  un  anneau, 
un  orle,  ou  un  lireau  qui  eft  au  haut ,  &  au  bas  du 
fût  de  la  colonne,  qu'on  appelle  autrement £/i:^p.. 
Baheus.  On  appelle  auffi  ceinture  de  la  volute 
Ionique  ,  ce  qu'on  appelle  autrement  Echarpe 
I^CFCeinture  fe  dit  encore  de  certains  rangs  de  feuilles 
de  refend  de  métal  pofées  fur  une  aftragale  en  ma- 
nière de  couronne ,  qui  fervent  autant  pour  Icpa- 
rer  fur  une  colonne  torfe  ,  la  partie  cannelée  d  avec 
celle  qui  eft  ornée,  que  pour  cacher  les  joints  des 
jets  d'une  colonne  de  bronze  ,  ou  les  tronçons 
d'une  colonne  de  marbre.  Baheus. 

On  appelle  auffi  ceinture  funèbre ,  autrement  ,//- 
tre,  use  bande  noire,  que  les  Patrons  des  Eghles^ 


C  P  t 

V>    JU/     XîJ 


ou  les  Seigneurs  Hauts- Jufticiers  ont  Hroît  de  fiire 
peindre  dedans  &  dehors  les  Eglifes ,  &  de  la  chai- 
ifer  du  blalbn  de  leurs  Armes  pour  honorer  la  mé- 
moire des  Fondateurs  dont  ils  font  delcendus ,  ou 
dont  ils  ont  les  droits.  Tania  funebris,  C'eft  un 
droit  honorifique. 

On   dit    proverbialement,  qu'une   perfonne    efi: 
toujours  pendue ,    toujours   attachée  à  la  ceinture 
d'une  autre;  pour  dire  ,  qu'elle  efi:  toujours  avec  elle. 
On  dit  auflî,  que  bonne  renommée  vaut  mipux  que 
ceinture  dorée;  pour  dire  que  l'eftime  qu'un  homme 
s'efl:  acquifc  dans  le  monde  vaut  mieux  que  les  mar- 
ques extérieures  qu'il  aifcfteroit  pour  faire  paroître 
ion  mérite.  Cela  vient  de  ce  qu'autrefois  il  n'étoit 
permis  _qu'aux  honnêtes  femmes  de  porter  des  cein- 
tures dorées.  Par  Arrêt  du  Parlement  de  Paris  rendu 
en    1446',   il  fur  défendu  à  toute  femme  de  mau- 
vaife  vie  de  porter  la  ceinture  dorée.  D'autres  difent 
que  ce  proverbe  iîgnifie,  qu'il  vaut  mieux  acquérir 
de  la  réputation  dans  les  aélions  militaires,  que  de 
vivre  dans  la  paix  &  dans  la  robe ,  à  caufe  que  les 
gens  de  robe  portoient  des  habits  longs,  &  étoient 
obligés  d'avoir  des  ceintures  ;  au  lieu  que  les  gens 
de  guerre  portoient  des  cottes  d'armes  qui  n'étolent 
pas  ceintes  ,  parce  qu'elles  croient  légères   6c  vo- 
lantes. 
CEINTURE ,  EE ,  adj.  Qui  porte  une  ceinture  ou  une 
ccharpe.  Le  Comte  de  Guiche  étoit  ceinturé.  Ma- 
dame DF  SÉviGNÉ.  Ce  mot  eft  nouveau,  &  n'a  pas 
fait  fortune. 
CEINTURETTE.  f.  f  Terme  deChafle.Ge  mot  n'efl 
en  tiiage  que  pour  fignifier  une  petite  bande  de  cuir 
qui  entoure  le  cor  de  chalîe.  La  ceinturetie  cfl:  large 
d'un  doigt ,  &  ordinairement  rouge. 
CEINTURIER  ,  1ÈRE  ,  f.  m.  &  f.  Celui  qui  fait  &  qui 
vend  des  ceintuies  &  des  baudriers.  On  appelle  à 
Paris  ce  corps  A'kïû(z.x\s,Ceinturiers-Baudroyers. 
IJCT   On  les  appeloit  ànuefols  Maîtres -Courroyenr s , 
du  m.ot  Courroie ,  parce  qu'ordinairement  les  teintu- 
res étoient  de  cuir. 
CEINTURON,  f.  m.  Ceînrure  de  cuir,  de  foie,  ou 
d'autre  matière,  à  laquelle  on  attache!  des  pendans 
pour  pader  une  cpée.  Cingu/um  militare ,  halteus. 
Ceinturon  de  foie  ,  de  maroquin. 

C  E  L. 
CËL.  pronom  mafculin.  On  le  difoit  autrefois  pour 
ce.  Hic. 

Cel  Chevalier  de  [fus  cel  charme.  Pi.Kciy, 

CELA.  Pronom  démoni1;rarif  &  indéclinable  ,  qui  fc 
dit  d'une  choie  qu'on  montre ,  ou  qu'on  prélenre ,  & 
qui  n'a  point  de  pluriel.  Hœc  res ,  ea  res. 

|CF  Cela  cfl;  bien  -,  cela  me  fait  plailîr  -,  ne  me  parlez 
point  de  cela. 

^fF  On  remarquera  que  quand  ce  pronom  va  feul ,  & 
fans  oppofition  à  ceci ,  il  a  la  même  lignification , 
c'efl:-à-dire ,  qu'il  défigne  iine  chofe  qu'on  rient  ou 
qu'on  montre.  Que  penfetîez-vous  de  cela  ^  Cela  eft 
fort  beaUi 

§Cr  C'eft  tout  le  contraire  quand  on  l'emploie  par 
oppofition  à  ceci ,  &  il  déligne  alors  une  choie  plus 
éloignée.  Cela  eft  plus  Iblide  ,  ceci  eft  plus  élégant  -, 
je  ne  veux  point  de  ceci ,  donnez-moi  de  cela. 

fc?  On  dit  ironiquemenr ,  en  parlant  d'une  action  que 
l'on  condamne;  cela  eft  bon;  &  familièrement  en 
parlant  de  quelqu'un  qu'on  a  vu  enfant;  je  vous  ai 
vu  que  vous  n'étiez  pas  plus  grand  que  cela ,  parce 
qu'alors  la  main  de  'celui  qui  parle,  montre  la  pe- 
tite taille  qu'il  veut  déligner. 

Cela  ledit  quelquefois  pour  lîgniner,  cet  homme, 
mais  dans  le  ftyle  lîmple  &  familier.  Is ,  ifle.  Cela 
ne  fait  que  jouer.  Cela  ne  fait  que  jurer.  Vaug. 
BouH. 

CELADON,  f.  m.  Couleur  verte ,  mêlée  de  blanc , 
ou  qui  tire  fur  le  blanc.  Color  thalajjinus  ex  viridi 
albicans.  La  peluche  de,  cette  anémone  eft  ce/a^w. 
Le  céladoji  eft  un  bleu  vcrdâtre  ,  on  vert  bleuâtre. 
Ce  mot  eft  un  véritable  adjedif  pris  fubftantivement, 
Toms  //, 


EL 


HT 


CÉLADON-,  eft  au/Ti  un  nom  propre  de  Bero-er.  Oti 
rrouve  fouvent  ce  mot  dans  les  Eclogues ,°  &  les 
Idylles  des  Poètes, 

%fy  On  dit  d'un  homme  à  beauJc  fentimcns  ,  en  ma- 
tière de  galanterie  ,  que  c'eft  un  Céladon. 

^  CELAMA.Ville  des  Indes  dans  l'Ile  de  Banda  ji 
l'une  des  Moluques. 

^fT  CELANO.  Celanum.  Petite  ville  avec  titte  de 
Comté  dans  l'Abruzze  ultérieure  ,  au  Royaume  de 
Naples,  fur  le  lac  du  même  nom,  ou  pour  parier 
plus  exaétement,  près  de  la  fource  d'une  petite 
rivière  qui  rombe  dans  ce  laC,  à  deux  milles  & 
demi  du  lac. 

CELANTES.  Mot  technique  ou  artificiel ,  que  Tori 
donne  en  Logique  au  fécond  mode  indireét  de  la 
première  figure  des  fyllogifmes.  Celantes. 'Lts  fyllo- 
gifinesen  celantes.v^z  diffèrent  des  fyllogifmes  en 
celarent  qu'en  ce  que  dans  ceux-là  la  conclufioa 
eft  renverfée,  &  que  l'attribut  en  eft  le  véritable  fujet. 

Tous  les  maux  pafTagers  ne  font  point  à  craindre. 
Tous  les  maux  de  la  vie  préiente  font  pafTagers  ; 
Donc  nul  des  maux  qui  font  à  craindre  ,  n'eft\m  mal 
de  cette  vie. 

CELARENT.  Terme  artificiel  que  l'on  donne  en  Lo- 
gique au  fécond  mode  direét  de  la  première  figure, 
CeLirent.  Un  argumenr  en  celarent  a  la  majeure  uni- 
verfelle  négarive  ,  la  mineure  univerfelle  affirma- 
tive ,  &  la  conclufion  comme  la  majeure  ,  &  dont 
le  moyen  terme  eft  le  Itijet  dans  la  majeure  j  &  l'at- 
tribut dans  la  mineure. 

Nul  pêcheur  impénitent  ne   doit  s'attendre  d'être 

faùvé. 
Tous  ceux  qui  meurent  après   s'êtie   enrichis  des 
biens  de  l'Eglilc  ,  fans  les  avoir  reftitués,  font 
des  Voleurs  impénitens. 
Donc  nul  d'eux  ne  doit  s'attendre  d'être  fauve. 

CELATE.  Vieux  mot ,  qui  veut  àltcfalade ,  heaume  , 
Cafque.  Galca.  Borel  croit  que  les  cafques  ont  été 
appelés  celâtes  à  cœlatura  ,  à  caufe  des  figures  d'a- 
nimaux &:  d'autres  chofes  qu'on  mettoit  fur  les 
cafques. 

|Cr  CELEBES.  (  Ile  de  )  île  de  la  mer  des  Indes  , 
fous  l'équateur ,  qui  la  coupe  en  deux  parties  in- 
égales ,  entre  les  Philippines  au  nord  ,  les  Molu» 
ques  au  Icvanr  &  au  midi  &  l'Ile  de  Bornéo  au 
couchant.  On  lui  donne  100  lieues  de  longueur 
&c  6%  de  largeur.  Il  y  avoir  auttefois  fix  Royau- 
mes dans  cette  Ile  :  elle  n'en  contient  plus  que  deux, 
celui  de  Celebes  vers  le  feptentrion,  &  celui  de 
Macadar  vers  le  midi. 

i)Cr  Les  habitans  étoient  autrefois  anrropophages  Si 
idolâtres.  Quand  quelque  habitant  des  Moluques 
étoit  condamné  à  mort ,  le  Roi  de  Ternate  l'en- 
voyoit  dans  l'Ile  des  Celebes  ,  afin  que  ces  Sauvages 
le  tuaffent  &  le  mangeaffent.  Ils  ont  embrafïe  le 
jVlufulmanilme. 

CÉLÉBRANT,  f.  m.  Prêtre,  ou  Prélat,  qui  dit  k 
Méfie,  qui  officie.  Reifacrœ  mini/ler. 

CELEBRATION,  f.  f.  Aélion  de  célébrer.  Célébra* 
tio.  Il  faut  fe  tenir  dans  le  refpeét  pendant  la  cé- 
lébration de  la  Mede,  On  délivre  des  certificats 
des  célébrations  des  mariages.  On  dit  auffi ,  la  cé- 
lébration d'un  Concile.  La  célébration  d'une  fête» 
de  l'Office  divin. 

CÉLÉBRATION  fe  dit  aufïl  des  jeux  S/,  des  combats 
athlétiques  des  Anciens.  Les  chaleurs  qu'il  faloit 
elfuyer  dans  la  célébration  des  jeux  mettoient  la 
patience  des  athlètes  à  une  rude  épreuve.  Acad». 
^DES   B.  L.T.I,   Mém.  p.  21^. 

CELEBRE,  adj.  m.  f  Qui  eft  en  réputation.  Ce/f^«r , 
celebris.  Un  Avocat ,  un  Prédicateur  célèbre.  Une 
hiftoire  cc/t/^re.  Une  Foire  ce7<;/^re ,  bien  fréquentée. 

|tCr  Rien  n'eft  plus  ordinaire  que  d'employer  indif. 
fércmment  les  mots  célèbre  ,  illuftre,  fameux  ,  re- 
nommé-,  bc  tous  nos  Diiftionnaites  nous  les  don-» 
nent  comme  fynonymes.  Cependant ,  quoique  tous 
ees  termes  i1:iar^uent  l'opinion  (^ue  les  hommes  onî 

Xx 


J46 


CEL 


conçu  de  nous ,  ou  la  réputation ,  ils  ont  tous  leur 
idée  propre  qui  les  caraiîlctiie. 
^CT  Celchre  ne  ic  dit  que  de    celui  qui   a  acquis  de 
la  réputation,  fondée  fur  un  mérite  de  talent  ou 
de  Icience  ,  qui  fans  le  placer  dans  le  grand ,  & 
lans  emporter    l'idée  de  dignité  ,  tait    néanmoins 
honneur  au  fujct.  Il  y  a  des  Auteurs  ccidrcs  ,  qu'il 
n'cft  pas  permis  de  blâmer  ,  même  dans    ce  qu'ils 
cnt  de  blâmable,  fans  faire    courir- beaucoup  de 
rifquc  à  fa  propre   réputation. 
^fT  lllujîre  marque   une    répuration  fondée  fur  un 
mérite  accompagné  de  dignité  &:  d'éclat ,  qui  fait 
non-feulement  connoîtte,   mais  encore   èftimcr  le 
liijet ,  &  le  place  dans  le  grand.  Les  Princes  bril- 
lent pendant  leur  vie ,  mais  ils  ne    l'ont    illiijires 
dans  la  poftérité  que  par  les  monumens  de   gran- 
.  deur,  de   fagcife  &:  de  bonté  qu'ils   laifîent    après 
eux.  Les  hommes  illulhes  :  on  comprend  fous  cette 
dénomination   les  Miniftres ,   les   Capitaines  ,    les 
Magiftrats  diiHngués,    même  les  Gens  de  lettres 
qui  joignent  des  dignités  au  mérite  littctairc. 
^fT Fumeux  ne  défigne  que  l'étendue  de  la  réputation  , 
fondée  fur  une  fimple  diftinélion  du  commun  qui 
fait  parler  du  fujet  dans  une  vafte  étendue  de  con- 
tréesSc  de  fiècles,  foit  que  cette  diftinétion  fe  prenne 
en  bonne  ou  en  mauvaife  part.  Eroftrate  brûla   le 
temple  d'Ephèfe  pour  fe  rendre  fameux.  Il  y  réul- 
lit ,  par  la  defenfe  que  les  Juges  firent  de  pronon- 
cer  fon  nom. 
I^CF  Renommé  offre  l'idée  d'une  réputation ,  fondée 
fur  la  vogue  que  donne  le  fuccèt  ou  le  goût  public, 
qui  fans    procurer  beaucoup  d'honneur  au   fujet , 
rend  fon  nom  connu  dans  le  monde.  Il  feroit  prcf- 
qvie  fynonyme   à  fameux  ,  s'il  fe  prenoit  en  bonne 
&  en  mauvaife  part.   Il  paroît  outre  cela  marquer 
une  réputation  moins  étendue.   Les  Gobelins  ont 
été  des  teinturiers  fi  renommés  que  leur  nom  eft  de- 
meuré au  lieu  où  ils  travailloicnt  &  aux  ouvrages 
que  d'autres  ont  continue  après  eux.  Les  vins  de 
Champagne  ,  Bourgogne  ,  font  renommés.  Il  fufEî 
d'être  renommé  dans  un  art,  pour  faire  fortune. 
03"  Fameux ,  célèbre  &  renommé  fe  difent  des  per- 
fonnes  &  des  chofes.  lllujîre  ne  s'applique  qu'aux 
perfonnes ,  du  moins  quand  on  veut  être  fcrupu- 
leux  fur  le  choix  des  termes, 
'  ^fT  Illufire ,   célèbre ,  renommé  fc  prennent  toujours 
en  bonne  part.  Fameux  en  bonne  ou  mauvaife  part. 
\Jn  fameux  Capitaine  ,  un  fameux  Voleur,  fi  l'on 
dit  un  homme  célèbre  par  fes  crimes  ,  comme  on 
le  trouve  dans  le    Dièlionnaire  de  l'Acad.  Fr.  &c 
même  ailleurs ,  c'efl:  un  abus  de  terme.  Fameux  eft 
le  vrai   mot.  yoyei  les  Synonymes  de  M.   l'Abbé 
Girard. 
Célèbre  fe  dit  aufïî  de  ce  qui  fe  fait  avec  cérémonie 
&:  folennité.  On  fît  une  célèbre  fête  au  facre ,  au 
mariage  du  Roi. 
CÉLÉBRER,  v.  a.  Honorer  quelqu'un  par  des  louan- 
ges ,  par  des   monumens  ,  fêtes ,  infcriptions ,  ou 
trophées  qu'on  fait  en  fon  honneur.  Celehrare.  Les 
Anciens  ont  cébébré  la  gloire   de  leurs  Héros  par 
tous  les  moyens  qu'ils  ont  pu  imaginer.  Alexan- 
dre envioit  le  bonheur  d'Achille,  qui  avoit  trouvé 
un    excellent   Poète    pour   célébrer    fes   louanges. 
Vaug. 
CÉLÉBRTR. ,  fignifie    auflî  ,    folennifer.   Fefia   colère  , 
diem  feflum  agere.  Il  faut  célébrer  les  grandes  fêtes 
avec  plus   d'éclat  que    les  ordinaires.  Les  Payens 
célébraient  les  jeux  Olympiques  tous  les  cinq  ans. 
Ludos  celebrare. 
CÉLÉBRER  fe  dit  plus  ordinairement  des  cérémonies 
Eccléfiaftiques-,  &  on  dit  fur-tout,  célébrer  la Mefle, 
ou   abfolument   célébrer ,    pour   fignifier ,    dire    la 
Méfie.  Facere ,  rem  divinam  facere.  Célébrer  la  Meflè 
dans  le  VHP  fiècle ,  fignifioit  fouvent    y  afllfter , 
&  fe    difoit    des    Laïques.  Ainfi  Sigebalde  ,    Roi 
d'Weftfex  en  Angleterre  ,   dit  dans  une  lettre  à  S. 
Boniface,  qu'en    célébrant  la  Méfie  il  fait  réciter 
fon  nom  comme  celui  des  Evcques  d'Angleterre. 
jC'eft  qu'en  latin,  d'où  cette  exprefilon  eft  prife. 


CE  L 

CeUhrare -,  fignifie.  hanter,  fréquenter,  fe  trouver 
en  quelque  lieu.  Ainfi  dans  les  bons  Auteurs  cele- 
brare Jîlvas ,  celebrare  templa  ,  celebrare  alïcujus  âo- 
mum ,  potentum  limina  ,  fignifie  ,  aller  dans  les  fo- 
rêts ",  être  allidu  au  temple  •,  hanter  la  maifon  de 
quelqu'un  ,  fréquenter  les  Palais  des  Grands.  Mais 
ce  fens  n'a  point  paflé  dans  notre  langue  ,  ou  n'eft 
point  venu  jufqu'à  nous.  On  dit  pareillement ,  cé- 
lébrer un  Concile  -,  pour  dire  ,  tenir  un  Concile. 

CÉLÉBRER  fe  dit  encore  du  mariage  qu'on  tait  avec 
toutes  les  folennités  du  Droit  Civil  &  Eccléfiafti^ 
(]ne.' Célébrer  des  noces,  les  faire  avec  beaucoup 
de  magnificence  &  d'éclat.  Agere  folennem  nuptia- 
Tum  diem. 

C/iÉBRÉ  ,  ÉE.  part. 

CÉLÉBRITÉ,  f.  ■  f.  Solennité  ,  cérémonie  qui  rend 
une  adtion  célèbre.  Celebritas.  La  célébrité  des  jeux, 
La  célébrité  des  noces.  La  célébrité  des  funérailles. 
Ludorum  ,  nuptiarum  ,  funerum  folennia.  L'entrée 
des  Légats  fc  fait  avec  beaucoup  de  célébrité.  Il 
fe  dit  auiîi  des  perfonnes  ,  &  alors  il  fignifie ,  grande 
réputation.  Il  a  toujours  eu  beaucoup  de  célébrité, 
La  célébrité  que  donnne  l'Hiftoire  à  ceux  qui  ont 
cultivé  la  vertu  ,  &  l'infamie  dont  elle  hôte  les 
fcélérats ,  font  de  pullfaùs  moyens  pour  infpirer 
l'amour  de  la  vertu,  &  l'horreur  du  vice.  Boss. 
y^oy^e:^  Celf:bre. 

CELEEMENT.  adv.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire,  en 
fccret.  Clàm  ,  fecreto ,  celanter.  Il  vient  de  celare , 
celer,  cacher,  Cvétion  eft  un  accroiflement  de  ce 
qui  vient  céleement.  Traduct.  des  Instit.  de 
Justin.  C'eft-à-dire,  fans  qu'on  s'en  apperçoive  , 
infenfiblement. 

CELENO.  f.  £  C'eft  le  nom  d'une  des  Pleyades ,  filles 
d'Atlas, 

gCF  C'eft  aufiî  le  nom  d'une  des  Harpies,  fille  de 
Jupiter  &  de  la  terre  ,  dont  Virgile  a  donné  la  def- 
criprion  dans  le  troifième  livre  de  VEneïde,  Voyez 
Harpies. 

CELEP.  f  m.  Liqueur,  breuvage  des  Orientaux.  Ils 
le  trouvent  délicieux.  Il  eft  fucré  &  ambré.  Les  Turcs 
appellent  cette  liqueur  ou  plutôt  cette  boifibn 
faleb.  On  la  boit  chaude ,  Scla  racine  de  fatyrion  en 
fait  la  bafe. 

CELER..  V.  a.  Tenir  une  chofe  cachée,  &fecrète, 
§Cr  n'en  pas  donner  connoiflance ,  la  taire,  & 
non  pas  la  déguiler ,  comsne  le  difent  les  Voca- 
buli'tcs.  Celare,  occultât e ,  tegere.  Un  bon  Capi- 
taine doit  celer  fes  defléins  à  tout  le  monde.  La  na- 
ture a  bien  des  fecrets  qu'elle  a  celés  aux  hommes. 
La  plus  grande  difcretion  d'un  Amant  eft  de  celer 
fon  bonheur. 

Soupirs  d'autant  plus  doux  qu'il  les  fallait  celer.' 

Racine. 

La  coutume  des  Perfes  eft  de  celer  le  fecret  avec 
une  fidélité  merveilleufe.  Vaug. 

On  dit  aulli  qu'un  homme  fe  fait  celer ,  quand 
il  fait  dire  qu'il  n'eft  pas  chez  lui ,  quoiqu'il  y  foit 
efïèdlivement. 

Celé^,  éf.  part. 

CELÈRES.  fi  m.  pi  Celeres.  Les  Célères  étoient  un 
Corps  ou  Régiment  de  la  garde  des  Rois  Romains 
établi  par  Romulus  ,  &  compofé  de  trois  cens  jeu- 
nes gens  ,  choifis  parmi  les  plus  illuftres  familles 
de  Rome ,  approuvés  par  les  fuffrages  des  Curies 
du  peupiedonr  chacune  en fourniflbit  dix.  Ils  étoient 
toujours  auprès  de  la  Perfonne  du  Roi,  pour  le 
garder  &  pour  recevoir  fes  ordres  &;  les  exécuter.  A 
la  guerre  ils  étoient  à  l'avantgarde  quand  il  faloit 
donner  le  combat  qu'ils  commençoient  toujours  les 
premiers  ,  &  dans  la  retiaite^ils  fàifoient  l'airière* 
garde.  Quoique  ce  fût  un  corps  de  cavalerie,  ils 
mettoient  pied  à  terre,  &  combattoicnt  à  pied, 
par-rour  où  la  cavalerie  ne  pouvoir  agir.  Leur  Corn-, 
mandant  s'appeloit  Tribun  des  Célères.  Tribunus 
Celerum.  Il  fàifoient  trois  compagnies  de  cent  maî- 
tres chacuoe,  qui  avoit  un  Capitaine  nommé  Cqn' 


/ 


C  E  L 

turion.  Leur  Tribun  étoit  la  féconde  perfonne  du 
Royaume.  Plutarque  dit ,  dans  la  vie  de  Numa ,  que 
ce  Prince  cafîà  le  Régiment  des  Ce/ères -.ii  cela  eft 
vrai ,  il  fut  rétabli  bientôt  après ,  &  l'on  en  trouve 
encore  fous  les  Rois  fuivans,  témoin  le  fameux  Bru- 
tus  qui  chaffa  les  Tarquins ,  &  qui  fut  Tribun  des 
Ce/ères.  Ro.'în.  Aniii].  Rom,  L.  FUI ,  c.  4.  Vigenere 
iur   Tite-Live,  Tom.I,  p.  1017,  1028,    1373. 

Ce  nom  vient  àe  Celer  ,  prompt,  vite  ;&  il  leur 
fut  donné  ,  ou  à  raifon  de  leur  promptitude  à  obéir 
au  Roi ,  ou  à  caufe  que  leur  premier  chef  s'ap- 
pela Celer ,  ou  d'un  autre  Celer  compagnon  de  Ro- 
mulus,  qui  lui  fut  d'im  grand  fecours  dans  le  com- 
bat contre  Remus ,  &  qui  tua  ce  Prince.  On  pré- 
tend que  c'cft  eux  que  l'on  nomma  dans  la  fuite  Tro/^ 
fuies,  cro(fuli,  parce  qu'ils  prirent  feuls  la  ville  de 
Troffulumtn  Etrurie,  fans  le  fecours  d'aucune  in- 
fanterie ,  ou  pout  quclqu' autre  raifon  qu'on  ne  fait 
pas. 

CÉLÉRET  ,  ou  COLORET.  f  m.  Filet  dont  on  fe 
fcrt  lut  les  côtes  de  Normandie. 

CELERI,  f,  m.  C'eft  une  efpèce  de  perfîl  qu'on  cul- 
tive avec  loin  dans  les  jardins.  Quelques-uns  l'ap" 

'  pellent  perfil  de  Macédoine.  Apium  Macedonicum. 
Il  eft  le  même  que  celui  qu'on  appelle  perjil  de 
marais  ,  en  latin-,  apium pali/Jire ,  Jiye  ojjicinarum  -, 
mais  par  la  culture  il  devient  plus  doux  ,  &:  de  meil- 
leur goût.  '^fT  On  feme  la  graine  de  cilirl  fur 
-couche  au  mois  d'Avril  :  on  le  replante  au  mois  de 
Juin  ,  on  l'arrofe  fouvent. 

^T  On  le  blanchit  en  butant  fes  tiges  de  terre  & 
de  fumier ,  juiqu'au  haut  des   feuilles. 

|tCF  Le  cclèr'i  fe  mange  en  ialade  &  entre  dans  plu- 
iîeurs  ragoûts.  Ce  mot  nous  eft  venu  des  Italiens , 
qui  nomment  cette  plante  céleri  ou  fceleri. 

tfT  CELERIER.  Foye^  Cellerier. 

CÉLERIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Celeriniis.  Saint  Cè- 
lirin  ,  Ledcur  de  l'Egliié  de  Carthàge  du  temps 
de  S.  Cyprien,  &  ConfcHeur  de  J.  C.  fous  Dcce , 
croit  d'une  race  très-illuftre  parmi  les  Chrétiens , 
6i  ne  doit  pas  être  confondu  avec  un  autre  Con- 
feflcur  Celérin  qui  étoit  à  Rome  dans  le  temps  de 
l'Eleftion  du  Pape  Corneille  ,  &:  fe  trouva  engagé 
dans  le  parti  Novatien ,  qu'il  quitta  bientôt  en  fe 
léunidant  aux  Catholiques. 

Le  peuple  dit  proverbialement  d'un  grand  par- 
leur, qui  dit  tout  ce  qu'il  fait,  &  ce  qu'il  devroit 
taire,  que  c'eft  un  faint  Celerin.  C'eft  une  froide 
équivoque,  pour  exprimer  un  homme  qui  ne  celé 
rien.  Le  peuple  prononce  rin   ou  ren  pour  rien, 

CÉLERIN.  f  m.  Petit  poilTon  de  mer  ,  qui  eft  une 
efpcce  de  fardinc.  Il  a  le  corps  blanc  &  la  tête 
dorée. 

ffT  On  trouve  dans  les  lacs  de  Savoie  un  petit  poif- 
fon  qu'on  appelle  auffi  célérin  à  caufe  de  fa  ref- 
fcmblance  avec  le  célérin  de  mer.  On  l'appelle  en 
ItiWe  far  dan  elle. 

CÉLÉRINE.  f.  f.  Nom  de  femme,  Celerina,  grand'- 
mere  de  S.  Célérin  ,  Diacre, 

CELERITE,  f  f.  Promptitude  ,  diligence.  Celeritas, 
C'eft  une  affaire  qui  requiert  aUrité,  Il  ne  fe  dit 
guère  qu'au  Palais. 

Cependant  le  P.  Catrou  a  dit  dans  fon  Hift,  Rom. 
Les  Romains  bâtiilênt  des  navires  avec  une  célérité 
capable  de  faire  croire  que  leurs  forêts  font  tout- 
à-coup  métamorpholées  en   galères, 

|tC?  CÉLÉRITÉ,  Terme  de  Phyiîque.  Voye:^  Vitesse 
qui  eft  le  mot  propre. 

Ce  mot  vient  du  latin  celer ,  qui  vient  du  grec 
y.lxKa ,  curro, 

CELESTE,  adj.  m.  &  f  Qui  a  rapport  au  ciel ,  qui 
appartient  au  ciel,  qui  vient  du  cie\.Cœ/eJiis.Lcs 
coips  célejles  Ibnt  incorruptibles.  Les  influences 
ce/ejie's  agifiént  lut  les  corps  fublunaires.  Ariftote  a 
admis  des  intelligences  celejies  qui  faifoient  mouvoir 

■  les  aftres.  Les  Poètes  appellent  les  aftres ,  les 
celejies  flambeaux.  Notre  ame  a  une  origine  celejle. 


CEL 


547 


Que  le  plus  coupable  de  nous 
Sefacrifie  aux  traits  du  cclefte  courroux.  La  Fon, 

Céleste  ,  (  Harmonie  )  eft  une  harmonie  que  quelques 
Philofophes  fe  l'ont  imaginés  être  produite  par  les 
aftres,  &  par  leurs  mouvemens ,  &  que  noire  cloi- 
gnement  nous  empêchoit  d'entendre  ,  comme  Pla- 
ton, Philon  Juif,  S.  Auguftin,  S.  Ambroife,  S. 
Ilidore,  Boéce  &  plufieurs  autres.  Ils  difenr  que 
le  mouvement  &  l'impullion  des  globes  célefes  , 
qui  lé  poulfent  par  des  intervalles" dilTemblables  , 
forment  des  tons  dont  la  variété  eft  tout-à- fait mu- 
licale.  Il  eft  impolfiblc ,  lelon  eux ,  que  des  corps 
Il  vaftes  ne  forment  pas  une  efpèce  d'harmonie  ,  en 
fourniffant  leur  carrière  avec  tant  de  rapidité.  L'ait 
Irapé  par  la  force  de  leur  impuUion ,  rend  nécef- 
faiiement  un  bruit  proportioné  à  la  violence  qu'if 
a  foufferte.  Ain(i  comme  la  fphère  céLjle  eft  mue 
avec  une  grande  jufteilc  par  la  main  toute-puilfante 
qui  y  préîide,  &  que  tous  les  globes  ne  font  pas 
tous  le  même  circuit  ,  &  ne'  roulent  pas  avec  la 
mcmeviteiîe,  les  tons  diffjrcns  que  produit  la  dif- 
férence de  leurs  mouvemens ,  forment  un  concert 
admirable.  Mais  cette  opinion  a  été  réfurée  d'a- 
vance par  S.  Irenée ,  &  enfuite  par  S.  Bafile  &  S. 
Epiphane, 

En  Aftrologie  on  appelle  thime  o\.\  figure  célefte 
la  difpolition  du  ciel  à  certain  moment  défigné , 
comme  la  nailfance  d'un  enfant  ,  quelque  accident 
lignalé  -de  fa  vie ,  de  fes  aélions  :  &  c'eft  et  qu'on 
appelle  autrement  horofcope. 

On  appillc  gloire  célcjie ,  la  béatitude  éternelle: 
les  Efprits  ceLft^s ,  les  Anges  &:  les  Saints  qui  en 
jouillent  :  les  inspirations  céleJies  ,  les  grâces  qui 
nous  viennent  du  ciel.  03"  Corneille  a  employé 
ce  mot  dans  les  Horaces, 

•  Tattefle 

Le  fouverain  pouvoir  de  la  troupe  célefte. 

Sur  quoi  Voltaire  remarque  que  cette  expr^llion  eft 
hors  d'ufage ,  &  bannie  du  ftyle  noble ,  fur-tout 
depuis  que  Scarron  l'a  employée  dans  le  ftyle  bur- 
lefque. 
Céleste  fe  dit  aulTi  par  extenfion  pour  extraordinaire. 
C'eft  une  beauté  celejle  ,  un  efprit  célejie. 

Et  dès  qu'on  vient  à  voir  vos  céleftes  appas , 
Un  cœurfe  laiffe  prendre  &  ne  raifonne pas.    Mol. 

Céleste,  (  Bleu  )  eft  un  bleu  qui  eft  de  la  couleur  du 
ciel  ferein.  Or  ce  bleu  du  ciel  vient  du  grand  éloi- 
gnement  où  il  eft  de  nos  yeux,  à  caufe  que  la  lu- 
mière fe  perd  dans  cette  vafte  étendue, 

_On  appelle  à  Paris  les  Sœurs  Celefies^  les  Reli- 
gieufes  de  l'Annonciade ,  à  caufe  qu'elles  font  en 
partie  habillées  de  bleu.  Moniales  annunciatx  Vir- 
gtnis  ah  habita  cœlejiis  coloris  ,  Cœlejîes  appellattzi 
Cœlejles  for  or  es,    Virgines, 

Il  y  a  en  Italie  desAnnonciades  que  l'on  nomme 
Annonciades  célejles ,  parce  que  fur  une  robe  blan 
che  &  un  fcapulaire  elles  portent  un  manteau  bleu. 
Elles  furent  fondées  en  iGoj^  Se  1^05  fous  Clément 
VIII  &  Paul  V  ,  qui  approuvèrent  leurs  conftitu- 
tions.  Leur  Fondatrice  fut  la  Mère  Viéloire  Fornari 
/■')V£-,7  Annonciade, 

CELESTE,  f  f  Cœlejlis.  Terme  de  Mythologie.  C'étoit 
une  Dée/fe  honorée  à  Carthàge.  Tertullien  dans  fon 
Apologétique  ,  &  Philaftrius  ,  difent  que  c'étoit  une 
Déelfe  d'Afrique  ;  Philaftrius ,  que  c'eft  celle  qu'on 
appeloit  ailleurs  Reine  8c  Fortune  du  ciel.  Baro- 
nius,  qui  parle  fort  au  long  de  cette  Décile  fur 
l'an  5  99  de  J.  C. ,  croit  que  c'étoit  l'Aftarte  des  Si- 
doniens,  qu'on  appeloit  la  Reine  du  ciel.  En  jc»)^ 
les  Chrétiens  de  Carthàge  changèrent  le  Temple  de 
Celejle  en  Eglife.  On  la  répréfentoit  portée  fur  un 
lion  -,  &  fi  l'on  en  croit  Capitolin  ,  dans  la  vie  de 
Pertinax  ,  elle  rendoit  des  Oracles  dans  ce  Temple. 
Lucien,  Apulée,  Hérodien  fie  pluiieurs  autres  te- 

X  X  ij 


548 


CEL 


moignent  que  l'idole  de  Cckjle  portoit  le  nom  de 
toutes  les  piincipales  Divinités  du  monde  ,  c'eil- 
à-dire ,  comme  parle  S.  Ambroile  adv.  Symrnach. 
que  cette  Décffe  ctoit  honorée  par  diftcrens  peu- 
ples ,  &  en  différons  endroits ,  Ibus  diticrcns  noms. 
Vers  l'an    341  ,  l'Empereur  Conftantius    fit    ruiner 
à  Cartilage  le  temple   de  Cetejie.   Hcliogabale   fit 
apporter  de  Carthage  l'idole  àcCcleJie,  que  toute 
l'Aririque  révéroit  extrêmement.  On  précendoit  que 
c'étoit  la  Lune  :  c'eft  pourquoi  Hcliogabale  diibit 
qu'il  la  vouloit  marier   avec  fon  Dieu ,  qu'on  pré- 
tendoit  être  le  Soleil.  Il  en  fit  célébrer  les  noces  à 
Rome,  Si  dans  toute  l'Italie,  &   obligea  tous  les 
fujcts  de  l'Empire  à  lui  faire  des  préfens  de  noces  : 
il  '  avoir    fait  apporter    de   Carthage     toutes    les 
richeifes  du  temple  de  Célefie  pour  avoir  de  quoi  la 
parer.  De  Tillem. 
CELESTE,  f.  f  Terme  de  Fleurifte.  C'eft  une  tulipe 
gris  lavande  avec  un  peu  de  rouge  &:  de  blanc  de 
lair,  MoRiN. 
CÉLESTIEL ,  ELLE.  adj.  Vieux  mot.  CélePte.  Cœlef- 
tis  ,  e.  Le  corps  de.M.  S.  Louis  fut  canonilc  à  Rome 
par  le  Pape  Boniface  VIII  de  ce  nom  l'an   1197  à 
la  requête ,  pourfuite  &  diligence  du  Roi  Philippe 
le  Bel ,  fon  neveu ,  &;  mis  au  catalogue  des  Saints 
de  la  Cour  céleJUelle  de  Paraciis.  Anon.  t^ie  de  S. 
Louis, 

Mais  par  difaut  d'efprit  ccleflièl , 
En  [''aimant  trop  ,  tu  me  hais  &  déprimes.  Marot. 

CÉLESTIN  ,  INE.  Vieux  ad).  Célelte.  Cœlefiis,  e. 

Et  quand  il  eut  fa  face  célcftine  , 
Q^ui  des  humains  la  mémoire  illumine  , 
Tournée  à  moi.  Marot. 

CELESTIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Cœlefiinus.  Célejlin  , 
Hiftorien  du  temps  de  Valéricn  &;  de  Galien.  Cinq 
Papes  ont   porté  le  nom  de  Célejlin.  Les  Célejlins 
dans  Pline  ,  Z/v,  ///,  c.   14,  font  des  peuples  de 
l'Ombrie. 
CÉLESTIN.  f.  m.  Religieux  d'un  Ordre  inftitué  par  Saint 
Pierre  Ccleftin,  Pape,   &  qu'il  réforma  de  l'Ordre 
de  Saint  Bernard  en  1 144.  Cœlejlinus.  Ce  Saint  né 
en  1125  ,  dans  la  petite  ville  d'ifernia,  ou  Scrgna, 
au  Royaume  de  Naplcs  ,  dans  le  Comté  de  Molifle  , 
fe  retira  (lit  le  mont  de  Mourrhon  ou  Mouron  ,  & 
y  mena  pendant  cinq  ans  une  vie  très-pénitente  ôc 
très-mortifiée.  Les  bois  qui  environnoient  fa  demeure 
ayant  été  abattus ,  il  paffa  fur  le  monr  Majella.  Quel- 
ques compagnons   fe  joignirent  .1  lui  :  il  y  établit 
vers  l'an  1154,  une  Communauté,  qui  fut  appellée 
le  Monaftère  de  Ste  Marie  de  Majella ,  comme  il 
paroît  par  une  Bulle  de  Grégoire  X  ,  &  enf  uite  le 
Mouaftcre  du  Saint  Efprit.  Cet  Ordre  fut  premic- 
remcnr  approuve  l'an  1 1^4 ,  par  Urbain  IV ,  qui 
l'incorpora  à  celui  de  Saint  Benoît.  Il  fut  confirmé 
eniuite  par  Grégoire  X  ,  l'an  1174,  dans  le  fécond 
Concile  général  de  Lyon.  Son  fondateur  qui  fe  nom- 
moit  Pierre  ,  Ss.  à  qui  le  féjour  qu'il  fit  fur  le  mont 
[  de  Mouron,  avoir  fait  donner  le  furnom  de  Mou- 
'  ton  ,  fut  élu  fouverain  Pontife  fous  le  nom  de  Cé- 
lejiin  V  ,  &   les  Religieux  de  cet  Ordre  prirent  le 
nom  de  Celejiins.  Jufques-la  ils  avoient  été  appelés 
les  Religieux  de  Saint  Damien.  Pierre  de   Tivoli  , 
Général  de  cet  Ordre,  en  obtint  encore  une  nouvelle 
confirmation  de  Boniface  VIII.  yoye:(  BoUandus , 
T.  ///,  de  Mats,  &  le  P.  Hélyot,  T.   FI.  c.  23. 
Philippe  le  Bel  fit  demander  douze  Celejiins  a.u  Gé- 
néral de  l'Ordre  par  Pierre  de  Sorte,  ion  Ambaffa- 
clcur  à  Naples ,  Si  les  introduiiit  en  France  en  1 300  , 
leur  donnant  d'abord  deux  Monaftères,  celui  d'Am- 
bcrt  dans  la  forêt  d'Orléans ,  &  celui  du  Mont  de 
Châtres  dans  la  forêt  de  Compiegne. 

Frères  Mineurs  Céle'stins,  ou  Ermites  Célestins, 
font  des  Relisîieux  de  l'Ordre  de  Saii.t  François, 
qui  fur  la  fin  du  XIIP  "fiècle  s'oppoferent  aux  relà- 
chemens  qiii  s'introduilbient  dans  l'Ordre  fous  le 


CEL 

gouvernement  de  Matthieu  d'Aquas  Spattas ,  Géné- 
ral ,  élu  dans  le  Chapitre  de  Monrpellier  en  1187» 
&c  voulurenr  vivre  félon  la  pureté  de  la   Règle  de 
Saint  François.  Le  Pape  Céleitin  V  ,  le  leur  permit, 
les  fbutint  de  leur  ordonna  de  quitter  le  nom  de 
Frères  Mineurs ,   &  de    prendre   celui  de  pauvres 
Ermites    Celejiins.  Mais   après  l'abdication    de   ce 
Saint  Pontife ,  ils  furenr  perlccutés ,   &  obligés  de  fe 
retirer  dans  une  Ifle  d'Achaïe.  Ils  en  furent  chalfes 
dans  la  fuite  ,  &  après  bien  des   foufftances ,  ceux 
qui  échapèrent  fe  rerirèrenr  en  France  ,  où    ils    fe 
joignirent?,  d'autres  Religieux  zélés,  ce  qui  donna 
occalion  à  deux  partis  qui  divikrent  l'Ordre  :  l'un 
fe  nomma  les  Spirituels ,  èc  l'autre  les  Frères  Mi- 
neurs de  la  Communauté,    l^oye^  Vading,  Annal. 
■  Min.  T.  Il  &  III,!k  le  P.  Hélyot ,   T.  VU,  c.  4. 
On  dit  dans  le  (tyle  bas  &;  familier  par  une  ma- 
nière de  proverbe  :  ydlà  un  plaifant  Celefiin  ;  pour 
dire,  voilà  un  impertinent ,  un  ridicule  ,  un  fbt.  Ce- 
pendant fi  l'on  avoit  égard  à  l'origine  de  cette  façon 
de  parler,    elle   devroit  fîgnifier  un  honnme  gai, 
plaifant ,  divertilfant  :  voici  fbn  origine.  Autrefois 
à  Rouen ,   capitale   de   Normandie  ,    les  Célejlins 
n'étoient  excmts  de  payer  l'entrée   de  leur  boiifon  , 
qu'à  condition  qu'un  de  leurs  Frères .marcheroir  à  la 
rète  de  la  première  des  charrettes ,  fur  lefquelles  on 
conduifbit  cette  boiflbn ,  &:  fauteroit  d'un  air  gai, 
en  paifant  auprès  de  la  mailbn  du  Gouverneur  de  la 
ville.  Un  jour  un  de  leurs  Frères  ayant  paru  devant 
les  charrettes  plus  gaillard  que  ceux  qu'on  avoit  vus 
jufqu'alors ,    le  Gouverneur  ne  put  s'empêcher  de 
dire  :  voila  un  plaijant  Célejlin. 

On  dir  â  la  Celejtine  ;  pour  dire  ,  à  la  manière  des 
Célejlins;  dcces  façons  de  parler  fontaffez  communes. 
Une  omelette  à  la  celejiine.  Elles  fbnt  forr  épailfes. 
CÉLESTINE,  f  f  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  à 
peluche ,  qui  a  les  grandes  feuilles  blanches  ,  fa 
peluche  blanche  ,  mêlée  de  citron,  qui  blanchit  fut 
la  fin.  MoRiN. 
|tT  CÉLESYRIE.  Voyei  Cœiesirie. 
CELIAQUE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Médecine  quî 
fe  dir  d'une  efpèce  de  flux  de  ventre  ,  dans  lequel  ïcs 
alimens  ne  fbrtent  pas  tout  crus  comme  dans  la 
licnrerie ,  mais  à  demi  digérés,  de  forte  que  ces 
deux  maladies  ne  diffèrent  entre  elles  que  du  plus 
au  moins.  Il  arrive  fouvent  auffi  que  les  alimens 
font  digérés  ;  mais  le  chyle  demeure  confondu 
avec  les  excrémens.  Les  caufes  de  la  céliaque  font 
ou  la  foiblefle  du  levain  de  l'eftomae,  ou  le  peu 
de  fcjour  que  les  alimens  y  font ,  ou  l'obftrudrion 
des  veines  laéfées ,  ou  bien  le  défaut  d'âcreré  de  la 
h'ûs.Cœliacus.IfT  C'efl:  ce  qu'on  appelle  ordinai- 
rcmenr  pallîon  ,  affeélion  céliaque.  On  le  dit  aufïi 
en  anatomic  d'une  artère  du  bas  ventre,  qui  vient  de. 
l'aortj  -,  l'artère  céliaque  fe  divife  en  deux ,  la  droite 
va  au  foie ,  &  la  gauche  à  la  rate. 

Ce  mor  vient  du  grec  y.o:>i» ,  venter ,  >o/A(«ïo«  , 
un  homme  fujet  à  ces  fortes  d'incommodités. 
CÉLIBAT,  f.  m.  Etat  d'un  homme  qui  vit  hors  du  ma- 
riasre.  Fita  cœlebs  ,  vulgo  cœlihatus.  La  dure  loi  du 
celihat  a  trouvé  de  grandes  rcfîuances  pour- s  éta- 
blir: le  cœur  ne  s'y  oppofoit  pas  moins  que  l'efprit. 
Saint  Evr.  Les  éloges  que  TertuUicn  a  donnés  à  la 
chafteté  firent  trouver  une  plus  grande  perfeétion, 
&  une  plus  grande  pureté  dans  le  célibat.  Id.  Dans 
le  premier  Concile  de  Nicée,  Paphnuce  s'oppofa 
haurement  à  la  loi  que  l'on  y  vouloit  faire ,  pour 
obliger  les  Evéques  &:  les  Prêrres  à  garder  le 
Cd/z/a/.  Du  Pin.  Cependanr  les  grands  applaudiffe- 
mens  qu'on  donna  au  célibat ,  &;  les  fortes  raifbns 
de  fes  partifans  ne  laifTerent  pas  de  faire  impreifion. 
Id.  Et  il  fut  ordonné  à  tous  les  Minifttes  lactés , 
fans  exceprion ,  de  garder  le  célibat  Dans  l'Occident 
les  Conciles  d'Elvire ,  d'Arles ,  d'Agde  ,  de  Tours , 
&c.  ont  reçu  ce  Decrcr ,  ou  l'ont  confiimé.  Tant 
d'autorités  font  voir  que  la  loi  qui  ordonne  le 
célibat  eft  fage.  Les  Prêttes  qui  fe  piquoient  d'une 
fainteté  plus  exaéte  gardèrent  le  célibat  n  en  forte 
qu'à  la  fin  du  IV  lîècle,  &  depuis  le  Décret  du  Pape 


CE  L 

Sirice  en  385  ,  il  y  en  avoir  peu  qui  fufîenr  man'cs 
Le  Concile  d'Orani.'-cen  441  ,  ordonna  la  dcpolirion 
de  ceux  qui  ne  s'abftenoienr  pas  de  leurs  femmes. 
Grégoire  VII ,  acheva  prelque  de  réduire  les  lïcclc- 
liafliqucs  à  la  loi  du  cdib^it.  Dans  le  XIP  liccle  k 
Pape  Céleftin  envoya  les  Légats  en  Bohême  pour 
foumetrre  les  Ecclcliailiqucs  au  cdibat.  Ils  refufcrcnt 
d'yconientir,&  répondirent  qu'ils  ne  fouffiroi'-nt 
pomt  un  joug  que  m  eux  ,  m  leurs  pères,  n'avoua: 
pu  porter:  on  lesconrraignir.  Au  Concile  d-  Trente 
on  propola  de  rendre  aux  Eccléliaftiques  la  liberté 
du  manage,  &  de  les  délivrer  de  la  contrainte  du 
cdibac  ,  c'ctoit  même  un    article   de  Vlmen./i  dt 
Charles -Qumt.  Mais  le  Pape  rehila  d'y  confentir  ■  & 
tous  les  Eccléfiaftiques   font  obligés  de   c^ardcr  in- 
vjolablement  le  ceàbat ,  comme  un  état  plus  pur, 
&  plus  convenable  à  la  fainteté  de  leur  proieiïîon. 
iAiNTtvR.Les  Hérétiques  ont  parlé  contre  le  cé- 
libat d  une  manière  ,  (i  groiîièrc  ,  qu'elle  eft  capable 
de  faire  rougir  même  les  libertins. 

M.  Ferrand,  dans  fa  Reporife  à  l'Apolode  pour 
ta  reformation,  moniK  que  les  Prêtres ,  les  Diacres, 
&  les  Soudiacres,  ont  toujours  été  en  obligation  d  ■ 
garder  le  ce//^^r;  que    dans  l'Eglife  Gallicane,  aux 
temps  de  Sainr  Loup  &  du  I   Concile  de  Mâcon  , 
on  obligcoit  les  Acolythes  &  les  Exorciftes  à  la  con- 
tinence comme  les  Ordres  ihperieurs.l'Hiftorien  So- 
crare ,  Liv.  1^,c.  2.1  ,  dit  qu'en  The/ialie  on  excom- 
munioit  un  Clerc  s'il  habiroit  avec  i'^  femme,  quoi- 
qu  U  1  eut  epoulce  avant  fon  ordination  ,  &  que  h 
même    coutume    s'obfetvoit  en  Macédoine    &    en 
Grèce;  qu'en   Orient  tous  obfcrvoient  volontaire- 
ment  cette  règle    Saint  Jérôme,  plus    ancien  que 
Socrate ,  dit  que  les  Eglifcs  d'Orient ,  d'Etrypte  ,  & 
du  Saint  Siège  Apoftolique,  c'eft-à-dire  T  les  trois 
grands  Patriarchats,    &  prefque  toutes    les  Eglifes 
du  monde  qui  leur  étoient  foumifes,  prenoient  pour 
Clercs  des  vierges  ou  des  continents  ;  ou  que  ,  s'ils 
avoient  des  femmes ,  ils  ceiîbient  d'être  leurs  maris 
S.  Epiphane  avant  Saint  Jérôme ,  quoique  du  même 
liecie  ,  dit  qu'un  homme  qui  a  été  marié ,  ne  l'eiit- 
Jl  ete  qu'iine  fois ,  n'eft  point  reçu  pour  être  Diacre  , 
Irerre  ,   Evêque  ,    ou  Soudiacre    du  vivant    de  fa 
iemme ,  s'il  ne  s'en  abftient  ;  que  s'il  ie  pratique  quel- 
que choie  de  contraire  en  quelques  endroirs ,  cela  eft 
contraire  à  la  règle  de  l'Eglife  ,  quoique  toléré  par 
condelcendance  pour  la  foibleife  humaine.   Ce  qui 
montre  qu'il  y  avoir  une  ancienne  règle  ou  Canon 
qui  ordonnoit  le  célibat  aux  Clercs.    Le  Prélidcnt 
Savaron,  dans  fes  Origines  de  la  ville  de  Clermont 
en  Auvergne,  p.  4,6,  remarque  que  \s  célibat  croit 
garde  pat  les  Evêques  dans  le  IIP  fîècle.  Foye?  le 
Traiié  deRatramne  contre  les  Grecs ,  Liv.  IV,  c. 
<î  ,  où  il  répond  aux  accufations  des  Grecs 'par  rap- 
port au  célibat  des  Clercs.  , 
|3"  Quoique  la  loi  du  Célibat  pour  les  Evêques ,  les 
Prêrres  &  les  Diacres  foit  fott  ancienne,  il  eft  po^r- 
tantvrai  que  le   Célibat  n'ell  pas  attaché  de  dtoit 
divin   aux  ordres   facrés ,  c'eft-à-dire,    qu'il  n'y   à 
point  de  loi  divine  qui  défende  d'ordonner  Prêtres 
des  pcrfonnes  mariées,  ni  aux  Prêtres  de  fe  marier. 
Dans  l'ancien  Teflament  il  étoit  permis  aux  Prêtres 
de  fe  marier,  même  après  avoir  été  élevés  à  cette 
dignité.  Dans  le  nouveau    Teffament    Jéfus-Chrift 
n'a  fait  aucune  défenfe  lur  cette  matière-,  &  (î  l'A- 
pôtre Saint  Paul  dans  fes  Epitres  à  Timorhée  &  à 
Tite ,  veut  que  les  Evêques  foient  chartes  &  con- 
tinens.cc  n'eft  pas  un  commandement  divin-  f- 
puis  ces  paffages  de  Saint  Paul  ne  s'entendent  point 
du  CeA^ar^puifque  l'Apôtre  défend  feulement  aux 
ïvcques  d'avoir  plufieurs  femmes  en  même  temps 
ou  fucceflivement.    Oporiet  Epifcopum  effe  uniul 
uxorts  virum.  Yoyez  M.  Morin  &  M.  l'Abbé   v^ 
Saint  Pierre  fur  le  Célibat. 

Scaliger  tire  ce  mot  du  grec  r.»,?;,  qui  f srnife  /it , 
«  >ï- >• ,  qui  figni/îe  linquo  ,  celui  qui  abandonne  le 
lit  nuptial,  ou  qui    n'en    a  jamais  voulu.    D'a'itv^s 

r?  CELIBATAIRE,  f  m.  Qui  vitdansk  Célibat,  qui 


^    -t.    1^  54.9 

rlf /^  o"  f""'  '-  ^1''°^^^"'^^  ^°"  ^'-^^e  à  iTtre 
t<zcb.    On  doit  ie  lervir  de  ce  mot,  piutôtq  ,e  S 

t^l^'^''  '  ri'  ^^"'^*^""  ^^^^-'^^  iu,nif.ca'tLt 
&  qui  d  adleurs  n'eft  pas  noble.  Lycurg  ,e  porta  de. 

loix  res-ngoureules  contre  les  ceLtuireJ^^  £- 

quelles  Ils  etoicnt  exclus  de  tous  les  emplois  c  vil    & 

militaires.  Tous  les  ans  les  femmes  dcLacédJmon" 

alloicni  prendre  chez  eux  tons  les  celibataire^Zs 

condudoient  au  Temple  de  Junon,  en  1  s  acci  a  J 

d:s;aïïr'^^^"^^'^"-^=-^^^°---p.cd: 

^^"vn^'d'^Ir'?'^"  Royat>me  de  Naples  ,  proche  de 

rl\TnTv   >^^^^'"^  '  'î"!  y  "-'q^'t  l'.n   1 1 1 1. 

Les  (?^  /  "';f  '•  ^°^"  "^'  ^'''^'-  ^'^^''^o^-' 
uneh/r^r  '°  ^*""''""^"  C*^l'  profeifoienc 
unehercii    qui  tenoit,  à  ce  que  l'on  croit,  du  Tu- 

daiime,  &  du  Paganifme.  Ils  pervertiifoient-' le 
Baptême  ,  comme  les  Donatiftes  ;  &  il  s'en  trouvo  t 
principalement  en  Afrique.  Honorius  £t  ou  con- 
hrma  be-^.icoup  de  loix  contre  eux  l'an  408,  que 

ui"  "  c'eft"  ''  ^"f-  ^^-^-'-"  ^ous  le^titrê  Ts 
juifs,  ceft  ceqm  tait  croire  qu'ils  judaifoicnt  au 
moins  en  quelque  chofe.  Quelques  Ariteurs  en  con- 

'ion  rhréî-""'"'  '"  ^'^°^="'  ^^'i  d^  '^Reli- 
gion   Chictienne  ctoient  pafics  dans  le  Juda.ïme. 

Ils  appeloient  leurs  Supérieurs  Majeurs.  ^ 
r?  Les  Juifs  avoient  été  au/îî  appelés  Celicoles  , 
parccque  quelques-uns  d'entr'eux  étant  tombes  dans 
Idolâtrie  du  temps  des  Prophètes,  ils  adoroient 
les  aftr.sduCiel,&les  Anges.  Ceft  pour  cela  que 
Samt  Jérôme  coîilulte  par  Algalie  fur  le  pafliiîe  de 
Sainr  Paul  aux  CololHens  ,  que  perjonne  ne  vous  Je- 
duiJeenafccTant  de  paraître  humble  par  un  culte 
Juperjiitieux  des  Anges,  repond  que  l'Apôtre  veut 
parler  de  cette  erreur  des  Juifs,  &  prouve  qu'elle 
ccoit  ancienne  parmi  eux  ,  &  que  les  Prophètes  l'a- 
voienc  condamnée.  Clément  d'Alexandrie  reproche 
les  mêmes  erreurs  aux  Juifs,  &  Saint  Epiphane  dit 
que  les  Pharifiens  croyoient  que  les  cicux  étoient 
animes,  &  les  conlidéroient  comme  les  corps  des 
Anges,.  MoR,  "^ 

CELipÉE.  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  à  pe- 
luche ,  qui  porte  de  grandes  fbuilles  blanches 
raclées  d  incarnat ,  fa  peluche  céladon  ,  mêlé  de 
couleur  de  rofe.  Morin. 

CELIGNE.f  f.Nom  de  femme.  Cœlini.t  ou  Celinia. 
C^W,  que  le  peuple  nomme  Sainre  a-//a„,.,  étoit 
de  la  ville  de  Meaux.  Baillet.  Elle  croit  contempo- 
raine de  Sainte  Geneviève,  fous  la  conduite  de 
laquelle  elle  coniacra  à  Dieu  fa  virginité.  Il  y  a  une 
autre  Sainte  Cehgne  veuve ,  hon Jtce  à  Laon  &;  à 
^Reims. 

CÉLIQUE,  adj.  m.  &  f  Qui  fe  trouve  dans  nos  vieux: 
Auteurs  pour  celefte.  CœleJUs ,  .  ;  cœlicus  ,  a ,  um. 
•'^L-  '-tLLA.l.  t.  ferme  d  antiquité.  Dans  les  o-rands 
Temples  des  païens ,  c'étoit  le  Temple  proprement 
dit,  ou  étoient  les  Dieux,  les  Autels,  les  Candé- 
labres. La  cella  avoit  trois  parties  principales ,  la 
Badhque  qui  répond  à  ce  que  nous  apoelons  la 
nef  dans  nos  Eglifes,  Vadytum  qui  répond  à  notre 
fandtuairc,  &  la  tribune  ou  rond -point  de  nos 
Eglifes ,  où  étoit  la  Statue  du  Dieu  dont  le  Tem^ 
pie  portoit  le  nom.  Lettre  dans  Les  MÉm.  de  Trév. 
Février,  17^9. 

CELLE  ,  pronom  fcm.   Foye^  Celui. 

CELLE  en  Provence,  eft  un  bourg  près  de  Brignolcs. 
L'Abbnyede  Celle  eft  une  Abbaye  de  Bcnédicfines 
de  la  Reforme  au  Val-dc-Grace  :  elle  a  éré  tranf- 

^  fcrce  daus  la  ville  d'Aix.  P.Hllyot  ,  T.  IF,  /^.552. 

>  ;,LLE.  f  f.  Vieux  mot  qui  iigni/ioir  autrefois  une 
petite  maifon  ,  chambre  ou  'retraire  d'un  Moine  , 
d'inHermite.  Cella  ,cellula.lï  n'eft  plus  en  uli^e 
qu'en  fes  compoles.  ° 

On  l'a  dit  originairement  de  la  maifon  où  demeu- 
roient  des  petfonnes  de  fervile  condition  ou  francs , 
ou  bien  des  enfans  qu'on  y  laiifoit  pour  aller  com- 
modément cà  l'école. 

Celle.  En  ufage  dans  l'Ordre  de  Grandraont.  Mona-^ 


5^0 


CEL 


ftère  de  cet  Ordre  roumis  à  celui  de  Grandmont.  ' 
Cella.  L'ordre  fonde  par  Saint  Etienne  de  Muret 
prit  le  llirnom  de  Grandmont ,  à  caulc  qu'on  Ibu- 
mettoit  à  ce  Monaftcre  qui  avoir  titre  de  Prieuré  , 
tous  ceux  que  l'on  bâtiflbit ,  auxquels  on  donnoit  le 
nom  de  Celles.  P.  Helvot  ,  T.  VU-,  c.  54.  De  ccnr 
quaranre  Celles  ou  environ ,  qui  dcpendoient  de 
Grandmont,  Jean  XXII,  en  érigea  XXXIX  en 
Prieurés  Conventuels  à  chacune  delquclles  il  unit 
quelqu'une  des  autres  Celles.  Idem./;,  418. 

Quelques  Auteurs  dérivent  ce  mot  de  l'hébreu 
tlVi  5  qui  veut  dire  un  lieu  où  l'on  enferme  quelque 
chofe ,  une  prifon. 

Les  Sœurs  de  la  Celle.  Nom  quia  été  donné  à 
une  partie  des  Religieulés  Hofpitallères  du  Tiers- 
Ordre  de  Saint  François.  Sororcs  à  Cclla  dicla.  Les 
Religieufcs  Hofpitalières  du  Tiers-Ordre  de  Sainr 
François ,  qui  n'avoienr  point  de  rentes ,  &  vivoienr 
des  aumônes  qu'elles  alloient  chercher  ,  furent  ap- 
'   pelées  les  Sœurs  de  ia.  Celle,  8<.  elles  alloient  fervir 
les  malades  hors  de  leurs  Monaftcres..P.  Hélyot. 
T.  FIL  c.  40. 
Celle-neuve.  Cella  nova.  Nom  de  lieu  5c  d'une  Ab- 
baye de  Bénédi6tins,  appelée  Saint  Sauveur  de  Celle- 
jieuve ,  fur  les  confins  du  Royaume  de  Galice  en 
Efpagne  ,  au  pied  du  mont  Léborite,ou  Léporate, 
proche  de  la  rivière  de  Sorgne ,  au  Diocèfe  d'O- 
renie.  Cette  Abbaye  ,  aujourd'hui  très-conlîdcrable  , 
flit  fondée  en  955  ,  par  un  JEvêque  de  Compoftelle. 
Elle  futjunie  à  la   Congrégation  de  Valladolid  en 
150(1  ,  par  Jules  II. 
Celle-volane.  Nom  d'un  lieu  d'Italie  &  d'une  Con- 
■    grégation  de  Chanoines  Réguliers.  Cella  volana.  La 
Congrégation  de    Saint    Jacques  de  Celle-volane. 
Congregatiofancli  Jacobi ,  in  Cclla  volana  ,  ou  iim- 
plementla  Congrégation  de  Cella-valane.  On  ne  lait 
ni  l'année  de  l'inftitution  de  cette  Congrégation,  ni 
quel  fut  fon  Inftituteur.  On  lait  feulement  qu'elle 
prit  fon  nom  de  Celle  volane  ,  lieu  où  étoit  fon  pre- 
mier Monaftère-,  que  Celle  volane  étant  au  milieu  d'un 
bois,  dans  une  fituation  fort  mal-faine ,  les  Religieux 
furent  obligés  de  l'abandonner.  Le  Prieur  leul  y  refta, 
&  en  1414,  il  le  donna  aux  Chanoines  Réguliers  de 
Sainte    Marie   de  Frifonnaire.  Ceux-ci  n'ayant   pu 
non  plus  en  foutenir  le  mauvais  air ,  tranfporrerenr 
Je  Monartère  dans  un  des  fauxbourgs  de  Ferrare , 
&  en  1 595  ,  dans  la  Ville  où  on  leur  bâtit  une  Eglife, 
qui  en  i^^S,   fut  érigée  en  Abbaye  par  Pie  V.  Ils 
eurent  encore  un  autre  Monafttre  à  Ravenne ,  qui 
eut  le  même   Ibrt  que  celui  de  Celle  volane;  &  la 
Congrégation   de  Ste  Marie  de  Frilbnnaire  ayanr 
été  unie  à  celle  de  Saint  Jean  de  Latran  ,  celle  de 
Celle  volane  s'y  rrouve  aulfi  maintenant  incorporée, 
roy^î  le  P.  HÉL.  T.  U.c.  5. 
•  CELLERAGE.  f  m.  Terme  de  courume.  Droit  fei- 
gneurial  qui  fe  prend  fur  le  vin  quand  il  efl:  dans  le 
cellier.  Cellarium  veclioal.  En  quelques  endroits  on 
l'appelle  Droit  de  Chantelage;  quand  on  le  met  fur  le 
chanrier. 
CELLERERIE.  (.  £  Titre  ou   bénéfice   de  l'Officier 

clauftral  qui  efl:  CcUérier.  Cellarii  Precfeclura. 
CELLÉRIER  ,  1ERE.  f  m.  &  f.  On  prononce  celcrié  , 
èc  quelques-uns  écrivent  célérier  avec  une  feule  /, 
(Econome  d'un  Manaftcre  :  Office  clauftral  chez  les 
Moines ,  qu'exerce  celui  qui  a  foin  des  provifions  de 
la  nourriture  du  Couvent.  Cellarius  ,  cellario  prœ- 
■    feclus,  Cellerarius  ,  Cellararius. 

On  dit  auffi  cellerùre  dans  les  maifcns  des  Re- 
ligieulés. Cellaria  ,  cujios  ohfonio  &  penori  prcefcSa. 
Dans  la  Règle  de  Sainte  Céfaire ,  écrite  au  VP  fièclc 
par  fon  frère  l'Evcque  S.  Céfaire,  la  cellériere  cft 
appelée  Cavenaria ,  &  Celleraria. 

Ce  mot  efl:  tiré  du  Droit  Romain.  Cellerarius 
dans  le  Digeft:e  efl:  celui  qui  étoit  prcpofé  à  l'examen 
des  comptes.  Ulpien  le  définit ,  Cellerarius  ,  id  e/i  , 
ideb prccpojîtus  ut  rationes  falvaijint.  Voyez  fur  l'of- 
fice de  Cellerier  la  règle  de  Sainr  Benoît,  &  les 
conftitutions  des  différentes  Cofigrégations  qui  fui- 
vent  cette  règle. 


CEL 

J,es  Anciens  donnoient  ce  nom  à  ceux  à  qui  ils 
commettoicnt  le  foin  de  leurs  aflaires  domeftiques. 
C'eft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  dans  les  grandes 
maifons.  Intendant.  Les  Prélars  6c  les  Monaftcres 
rartécferenr  pour  le   donner  à  leurs  Procureurs  & 
à  leurs  Agens.  L'Auteur  de  la  vie  de  Saint  Céfaire, 
dit  que  ce  grand  perfonnage  fut  Cellerier ,  c'efl:-à- 
dire  ,   Procureur    de  Luxtul ,  Cellerarius  ,  id  eji, 
Procuratur  fuit  Lexovienjis  Alonajierii,  Philippe  de 
Savoye ,    quoiqu'il   tût  d'une  nailfance  li  illuftre , 
étoit  Cellerier  de  l'Archevêque  de  Vienne  l'an  1243. 
Chorier.  'Hijé.  du  Daiiph.  Liv ,  IX ,  p.  x6^.  Le  Cel- 
lerier ,   Cellerarius  ,  Cellarius  ,  étoit    proprement 
l'Officier  qui  a  foin    de    la  provifion  de  bouche. 
Q^ui  cella:  vinarix  6'  efcarice  prceeft.   Les  anciennes 
fonctions  du  Cellerier  ont  rapport  à  cette  origine. 
Il  ne  fe  méloit  d'abord  que  de  faire  recueillir  les 
grains  du  Seigneur,  &  de  les  ferrer  dans  les  greniers  -, 
Ôcl'cs  droits  con?iil:oient  en  une  certaine  quantité  de 
grains   prife  fur  ceux  qui  fe   recueilloient   pour  le 
Seigneur  ;  de  plus  en  un  habit  avec  fa  fourrure.  Le 
foin  de  taire  porter  la  récolte  du  Seigneur  dans  le 
grenier  croit  commun  à  cet    Officier  ,  &  à  celui 
qu'on  nommoit  Baile.   Aufli  la    part  qu'il   devoir 
prendre  fur  la  recerte  étoit  réglée  furie  même  pied. 
L'un  5c  l'autre  ,  lliivant  les  titres  qui  nous  reftent , 
avoient  un  treizième  du  total.  Ainfi  les  offices  de 
Cellerier,  de  Miftral  &  de  Baile,  n'étoient  diftin- 
gués  que  par  le  nom,  &:  nullement  par  les  fondions. 
On  peut  remarquer  rourefois  une  différence  con- 
fidérable  entre  cet  Office  ,  &  celui  de  Miftral ,  c'efl: 
que  le  Cellerier  faifoit  la  recette  des  revenus  du  Sei- 
gneur dans  route  l'étendue  de  la  terre  par    préfé- 
rence même  au   Ch.âtelain.  Valbonnais.  On  peut 
voir  dans  cet  Auteur  plus  de  détail  fur  cet  Office. 
Mém.  pour  l'Hijtoire  de  Dauphin,  Difc.  Y  ,c.  ^, 

L'Office  de  Cellerier  étoit  plus  ordinaire  dans  le 
Viennois,  dans  la  Baronnie  de  la  Tour,  &  dans 
les  rertes  que  les  Dauphins  avoient  au-delà  du 
Rhône ,  que  dans  les  autres  parties  du  Dauphiné. 
On  n'en  trouve  prefque  point  dans  l'Ambrunois , 
ni  dans  le  Briançonnois.  Dans  tout  le  Gapençois  il 
n'en  paroît  qu'un  à  Ulpaix.  Dans  le  Graifivaudan 
ourre  les  Celleriers  d'Avalon  ,  de  Cornillon  ,  &  de 
Moirans ,  il  y  en  avoir  un  à  Grenoble.  Dans  le 
Viennois,  outre  ceux  de  S.  Donar,  de  Crémieu, 
de  Bourgouin ,  de  Quirieux  ,  de  la  Tour  du  Pin, 
il  s'en  rroave  un  pour  toute  la  Baronnie  de  la 
Tour ,  qui  avoir  Ibus  fa  charge  les  Châtelains  & 
les  auttes  Celleriers  de  Ja  terre.  Enfin ,  dans  les 
terres  iiruées  en  Breiîe  &  en  Bugey  dépendantes 
des  Dauphins ,  il  y  avoir  prefque  en  toutes  des 
Celleriers.  Valb. 

On  ttouve  forr  peu  d'inféodations  de  ces  of- 
fices :  il  n'en  paroît  qu'à  Avalon  &  à  S.  Donat.  Id. 
Le  Cellerier ,  dit  Pierre  de  S,  Julien  dans  fon 
origine  des  Bourguignons  ,  a  auffi  ctc  un  office  dans 
les  chapitres.  C'étoit  celui  qui  avoit  foin  des  affaires 
temporelles ,  &:  de  faire  difl:ribuer  aux  Chanoines 
le  pain,  le  vin  &  l'argenr,  à  raifon  de  leur  ailî- 
rtance  au  cœur.  On  l'a  nommé  en  différens  lieux 
Cellerier ,  Bourficr  ou  Courier ,  dit  le  même  Au- 
teur. Voye^  Courier. 

CELLERIERE.  f.  £  Nom  de  digniré  dans  les  Com- 
munautés de  filles.  Celleraria.  Dans  l'Abbaye  de  Re- 
mircmont ,  après  la  fecrere ,  qui  efl:  la  féconde  di- 
gnité ,  fuit  la  Souiière  ou  Cellériere,  qui  Jouir  de 
plufieurs  droirs  &  juridiclions  temporelles,  qu'elle 
polîede  ,  auffi  bien  que  de  quelques  Seigneuries  par 
indivis  avec  l'Abbeffe.  Elle  efl  pour  cer  effet  tenue  , 
par  forme  de  reconnoiffance  au  Chapitre-,  de  dift:ri- 
buer  à  toutes  les  Dames  Chanoinelfes ,  à  certains 
jours  de  l'année,  de  l'huile,  du  vin  &  autres  chofes 
femblables.  P.  HÉLYOT.  T.  VI ,p.\\^.  Elle  nomme 
auili  les  deux  petits  Miniftreux.  Id. /?.  414. 

CELLES.  Ville  de  Berry  fur  la  rivière  de  Cher  à 
nois  lieues  de  Romorantin,  Cellx.  Il  y  a  à  Celles 
une  Abbaye  célèbre ,  fondée  par  S,  Eufpicc  Moine 


^       Ji      ï^' 

•Aé  Micy  près  d'Orléans ,  qui  moiitLitert  5:41.  Les  ha- 
bitans  de  Ci-//es  ont  été  affranchis  par  Rob.rt  de 
Courtenay  (ieur  de  Mehun  &  de  Ce/les.  Il  y  a  à  Ce/L's 
un  Grenier  à  Tel ,  un  Couvent  d'Urllilines ,  un  Hôpi- 
tal des  Frères  de  la  Charité  ,  &  à  une  extrémité  de 
la  ville  un  très-beau  Château  iîirleChcr,  bâti  par 
Philippe  de  Béthune  ,  qui  fut  Ambalfadcur  à  Rome, 
au  commencement  du  dernier  iiècle.  f^oyc^la.  Thau- 
malficre  ,  Hijloire  de  Berry ,  L.  IX,  c.  40. 

CELLIER,  f.  m.  Lieu  où  l'on  ferre  les  provilions  d'une 
niaifon,  le  vin,  le  bois ,  &c.  Il  diffère  delar.nv, 
en  ce  qu''jl  efl  moins  profond  ■,  il  ell  quelquefois 
fouterrain  ,  ou  fort  peu  au-dcflbus  du  rez  de  chauf- 
fée. On  prononce  célU. 

C'eft  de  ce  mot  qu'eft  venu  celle ,  ou  cellule ,  qui 
fe  dit  d'une  habitation  de  Moine  près  d'une 
Abbaye  ,  ou  qui  étoit  de  fa  dépendance. 

CELLITE.  f.  m.  Nom  de  Religieux  autrement  dit 
Alexicn.  CdiuUrius ,  Alexianus  &  en  Flandre  CelU- 
broeders.  Ils  ont  pris  le  nom  d'Alcxien,  parce  qu'ils 
ont  choifi  S.  Alexis,  pour  leur  Patron,  &:  celui  de 
iSellites ,  à  caufe  des  petites  chambres  ou  cellules 
où  ils  panfent  les  malades ,  ii  l'on  en  croit  Modius, 
ou,  félon  le  P.  Hélyot,  de  cella,  pris  'dans  la  li- 
gnification de  fépulcie  ,  parce  que  la  prin- 
cipale obligation  de  ces  Religieux  étoit  d'enterrer 
les  morts.  Ils  font  appelés  Alexiens  en  Italie  ,  &c 
Cellues  en  Allemagne.  On  ne  fait  qui  fut  leur 
Inftituteuf.  Afcagne  Tambourin  met  leur  établiffe- 
Incnt  en  1509.  Ils  furent  d'abord  féculiets  ,  mais 
dans  la  fuite  ils  embraflerent  la  règle  de  S. 
Auguftin ,  &  firent  des  vœux  folennels ,  ce  que 
Sixte  IV  approuva  en  1 471.  Ils  font  tous  laïques,  & 
ne  reçoivent  point  de  Prêtres  parmi  eux.  Ils  ont  foin 
des  malades ,  affilient  les  peftiférés ,  enterrent  les 
morts ,  ont  aulfi  foin  des  fous ,  &:  leurs  Couvens 
fervent  de  lieu  de  correélion  pour  les  enfans  de 
famille  qui  s'écartent  de  leur  devoir,  t^oye^  le  P. 
Héliot.  t.  m,  c.  54.  On  les  appelle  Nollards 
à  Liège.  Il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  l'Ordre 
appelé  Ordo  Vefpilonuin.  Ordre  des  Enterreurs. 
Voye:^  Alexien. 

Cellite.  f  f.  Cellidaria.  Il  y  a  auifi  des  Rcligieufes 
Cellues  ,  appelées  eti  quelques  endroits  Colleétines  , 
&  plus  communément  Sœurs  Noires.  Elles  ne  fa- 
vent  point  le  temps  de  leur  origine.  Elles  n'ont 
point  de  clôture  -,  elles  fuivent  la  Règle  de  S.  Augu- 
ftin.  Elles  tont  un  quatrième  vœu  d'affifter  les  ma- 
lades ,  même  en  temps  de  pelle.  En  quelques  lieux 
elles  ont  foin  des  filles  repenties.  Il  y  en  a  qui  y  font 
foumilcs  aux  ^vcques ,  mais  la  plîipart  font  fous- 
l'obéiffance  des  Alexiens  ou  Cellites.  Elles  font 
ha'iillées  de  noir ,  avec  un  fcapulaire. 

CELLULAIRE,  adj.  m.  &  f.  Terme  d'Anatomie ,  qui 
fe  dit  des  parties  du  corps  animal ,  qui  contien- 
n.  at  pluficurs  petites  cellules.  Cellularius ,  a,  iim. 
Cilluhs  ahundans.    Un  tiffu  cellulaire  ,  la  tunique 
celluLtire.  Quand  ,  pout  préparer  des  injedions  , 
on  pouffe  de  l'eau  dans  les  vaiiîeaux  que  l'on  veut 
injeiitcr  ,  il  y  a  ordinairement  un  inconvénient  iné- 
vitable ,  qui  efl:  que  dans  toutes  les  parties  où  il  fe 
trouve  un  tiffu  cellulaire  tant  foit  peu  confidéra- 
ble  ,  la  tunique  cellulaire  ne  manque  Jamais  d'être 
engorgée  d'eau  ,    ce  qui  gâte  les  parties  que  l'on  a 
defléin  de  conferver  dans  les  liqueurs  ,  ou  de  faire 
delsèchcr.  Demours  ,  Acad.  d'Edimb.  T.  I ,  p.i  ij. 
La  fubftance  de  l'os  ell  une  partie  corapaéle  ou  foli- 
de,  en  partie  «//wA-z/r^  ou  ipongieufe ,  &  en  partie 
réticulaire.  Win  slow.  La  partie  que  j'ai  nommée  cel- 
lulaire ou  fpongieufe  fait  prefque  tout  le  tiffu  inté- 
rieur-des  os ,  qui  n'ontpoinr  de  grandes  cavités ,  & 
généralement  celui  de  toutes  les  épiphyfes ,  &  n'oc- 
cupe que  les  extrémités  des  os  creux.  Id.  Les  cellules 
de  ce  tiffu  font  plus  ou  moins  confidérables ,  dans 
certains  os  que  dans  d'autres.  Id.  Les  globules  du 
poumon  font  des  paquets  véficulaires  ou  cellulai- 
res. Id.  Les  deux  lames  de  la  pie-mère  ne  tiennent 
enfemble  que  par  un  tiflli  cellulaire.  Id. 

|Cr  C'eft  auffi  un  terme  de  Phyfique ,  &  d'Hiftoire 


CÊL 


Naturelle  ,  que  l'on  applique  à  quelques  parties  des 
arbres.  Ainfi  ,  l'<  ,-i  dit  en  parlant  des  différentes  fub- 
Itances  que  l'on  diftingue  dans  i'écorce,  enveloppe 
cellulaire ,  tiflu  cellulaire, 
Ip"  Quand  on  a  enlevé  l'épiderme  (  Voye^  ce  mot  ) 
on  trouve  immédiatement  au  delfous  une  lubftance 
qui  cft  fouventd'un  vert  foncé  ,  &  qui  ell  prefque 
toujours  fucculente  &  herbacée.  Cette  fubltanee  exa- 
minée avec  une  loupe  ,  a  paru  à  M.  Duhamel  fcm- 
lîable  à  un  morceau  de  frutrc  ou  de  chamois  :  car 
elle  cft  formée  d'un  nombre  prodigieux  de  fila- 
mens  très-fins  qui  s'entrelacent  en  toutes  fortes  de  di- 
reélions.  Un  petit  morceau  qu'il  avoit  tenu  long- 
temps en  macération ,  examiné  avec  un  mictofcope 
affez  foible,  lui  parut  femblable  à  la  fubftance  médul- 
laire. Une  plus  forte  lentille  lui  fit  appercevoir  çà 
&  là  de  petits  corpufcules  de  figure  affez  régu- 
lière j  qui  croient  fcparés  de  la  maflc.  Il  examina  un 
de  ces  petits  corps  avec  une  lentille  qui  forcoit  beau- 
coup :  il  lui  parut  encore  lémblable  à  de  petits  frag- 
mens  de  moelle  ,  traverfée  par  quantité  de  cloifons 
ou  de  fibres  très  -  déliées.  Voila  tout  ce  que  là 
mictofcope  a  fait  appercevoir  fur  l'organifation  dé 
cette  fubftance,  Qualid  on  tait  bouillir  une  branche 
dans  l'eau,  cette  fubftance  le  cuit  ,  &  alors, elle 
reffemble  à  une  pâte  ;  elle  s'endurcit  en  fe  refroi- 
diffant ,  &  elle  devient  friable  quand  elle  sèche. 

ijcr  Dans  les  arbres  où  ,  comme  dans  le  fureau  ,  il  eft 
aifé  de  l'obferver  ,  on  peur  remarquer  qu'elle  eft 
plus  fucculente  dans  le  temps  de  la  fève,  qu'en  hiver. 
Ainfi  ,  quand  elle  eft  bien  remplie  de  sève  ,  elle  eft 
moins  adhérente  à  l'épiderme ,  que  quand  elle  eft 
moins  humeélée. 

03"  Elle  paroît  formée  d'un  amas  du  tiffu  cellulaire  f 
(  Voyez  ce  mot  plus  b.as)  &  M.  Duhamel  croit  qu'on 
peut  la  regarder  comme  une  enveloppe  générale,  SC 
qu'il  lui  eft  permis  de  l'appeler  l'erivcloppe  cellulaire, 

QCF  II  eft  vrai  que  cette  fubftance  eft  fouvent  d'une 
Couleur  très-verte  &  fort  différente  de  celle  du  tiffu 
cellulaire ,  qui  affez  fouvent  tire  fur  le  blanc  :  mais 
comme  on  n'ignore  pas  que  la  couleur  verte  des 
feuilles  vient  du  contaél  de  la  lumière ,  &  que  celles 
qui  croiffent  à  l'ombre  font  blanches ,  ne  peut-on 
pas  conjecturer  que  cette  portion  du  tiffu  cellulaire , 
étant  la  plus  extérieure  ,  a  pu  contraéler  une  cou- 
leur dont  le  refte  eft  privé. 

03*  M  Duhamel  foupçonne  qu'elle  eft  produite  par 
une  extenfion  du  tiifu  cellulaire  qui  fe  comprime 
fous  l'épideime.  On  peur  conjeiSlurer  que  cette  enve- 
loppe fucculente  fert  à  prévenir  le  defféchement  des 
parties  qu'elle  recouvre.  On  peut  la  regarder  auffi 
comme  l'organe  qui  fépare  la  matière  de  la  ttanfpi- 
ration.  (  Voye:^  Transpiration)  &  elle  peut  encore 
fervir  à  la  répararion  de  l'épiderme. 

^fT  Cellulaire  {tiffu  ) ,  fous  cette  enveloppe  on  ap- 
perçoit  un  plexus  réticulaire ,  ou  réfeau  de  fibres 
longirudinales  ,  que  l'on  regarde  comme  des  vaif- 
feaux  lymphatiques.  (  Voye^^  Plexus  réticulaire.  ) 
Enfuite  un  tiffu  cellulaire ,  véficulaite  ou  parenchi- 
miteux  ;  (tetmes  que  M.  Duhamel  regarde  comme 
fynonymes.)  &  enfin  des  fibres  ,  qu'il  nomme  vaif- 
féaux  propres.  Voye^  Egorge. 

§3°  Suivant  l'idée  qu'on  doit  fe  former  des  plexus  réti- 
culaires  qui  forment,  pour  ainfi  dire,  la  charpente  de 
I'écorce ,  il  refte  bien  de  petits  efpaces  vides  qu'il  faut 
remplir,  puifque  les  alvéoles  qui  forment  les  plexus 
par  la  difpofition  réciproque  de  leur  réfeau ,  font  en 
grand  nombre,  La  fubftance  qui  les  remplit  eft  3:te- 
nue.  Grew  l'a  nommée  le  Parenchyme  ;  Malpighi , 
/e  tiffii  vêjiculaire  ou  utriculaire  ;  AI,  Duhamel ,  tiffu 
cellulaire, 

^C?  Malpighy  &  Grew  reptéfentent  ce  tiflli  comme 
étant  formé  de  petites  veffies ,  bourfes  ou  utricules 
qui ,  fe  touchant  immédiatement ,  font  des  files  ou 
des  fuites  de  veffies  dont  la  direcftion  eft  horiibn- 
tale  -,  de  forte  que  ces  files  de  veilles  coupent  à  an- 
gles droits  les  fibres  longitudinales ,  ce  qui  fait  un 
entrelacement  affez  femblable  à  celui  des  brins  de 
bois  dont  eft  compofce  une  claie  :  ôc  pour  fe  for- 


^^z  C  E  L  ^ 

mer  une  idée  aiTez  juftc  du  lentimcnt  de  Malf  ighi  Se  ' 
de  Grcw  ,  il  faut ,  dit  M.  DaluMicl ,  imaginer  que 
les  fibres  longitudinales  ,  ou  les  failceaux  qui  for- 
ment le  plexus  reticulaire  ,  font  difpofés  comme  les 
brins  de  bois  qui  forment  la  claie  -,  fie  les  files ,  ienes 
ou  fuites  de  véficules  font  repréfcntces  par  les  tra- 
verfes  de  la  claie  qui  croifent&  unifient  par  leur  en-  | 
lacement  les  brins  qui  fonr  placés  fuivant  la  lon- 
^eur  de  la  claie  .    ^. 

ftr  Suivant  ces  mêmes  Auteurs  toutes  les  utnc^p|s 
ne  font  pas  de  même  grofleur ,  &c  elles  ne  lont  pas 
toutes  de  la  même  figure  :  ce  qui  fait  que  Grsw  les 
compare  à  l'écume  qui  fe  forme  fur  le  vin  doux  dans 
le  temps  de  la  fermentation. 
gCr  II  femble  que  la  chair  des  fruits  eit,  pour  la  plus 
o-rande  partie,  une  mafle  de  tiflli  cellulaire  ttès-dilatce 
&  remplie  de  fucs.  Si  cela  eft ,  les  véficules  paroifient 
bien  fenfiblcment  dans  certains  fruits,  comme  dans  les 
oran£;es.  Elles  font  moins  fenfibles  dans  d  autres 
fruits^.  Si  l'on  convenoit  que  la  chair  des  huits  eft 
un  tilfu  cellulaire  très-dilatc  &  abreuvé  de  fucs ,  ce 
tiifu  feroit  difiFéremment  organifc  dans  les  arbres  de 
différente  efpèce.  ^ 

fp-  Dans  le  tilfu  cellulaire  des  racines  potagères ,  exa- 
miné au  microfcope  par  M.  Duhamel ,  il  n'a  ap- 
perçu  qiie  de  petits  flocons  femblables  a  de  petits 
morceaux  de  moelle  d'arbres  ou  à  la  moulfe  de  lavon. 
gCT  Le  même  Phyficien  n'a  pu  parvenir  à  découvrir 
d'une  façon  bien  diftinéte  lesbourfesou  les  utricules 
de  MalpIgW  5c  de  Grew.  Il  n'en  nie  cependant  pas 
l'exiftence  :  mais  il  fe  contente  d'avertir  que  fes  ob- 
fervations  au  microfcope  lui  préfentent  l'idée  d'un 
tillli  cellulaire,  qu'il  compare,  ajnfi  que  Grew  l'a  tait, 
à  l'écume  du  vin  qui  fermente  ,  ou  à  de  la  falive 
dans  laquelle  on  découvre  fouvent  des  grains  d'une 
fubftance  plus  compadle  qui  ne  diffère  peut-être  pas 
eflêntiellement  du  refte  du  tiflu  cellulaire. 
fjO"  Quoi  qu'il  en  foit ,  cette  fubftance  véficulaire 
ou  cellvlaire  remplit  les  mailles  du  refeau  ou  les 
alvéoles  qu'elles  forment  ■■,  de  forte  qu'elle  traverfe 
toutes  les  couches  de  l'écorce,  &  qu'elle  s'étend 
depuis   le  corps  ligneux  jufqu'à  l'épiderme.    Elle 
paroît   dans    les    alvéoles   comme  grenue  -,  &  les 
flocons  ou  grains  du  tiifu  cellulaire  font  plus  gros 
&:   plus   durs  dans  les  couches  corticales  6c  exté- 
rieures que  dans  celles  qui  approchent  du  bois, 
1^  La  couleur  de  cette  fubftance  n'efl:  pas  abfolu- 
ment  la  même  dans  tous  les  arbres  ,  fie  l'on  obferve 
bien  plus  aifément  fa  fituation ,  refpeélivemcnt  aux 
fibres  longitudinales ,  quand  fa  couleur  eft  différente 
de  celle  de  ces  fibres. 
03"  Pour  fe  former  une  idée  de  la  pofition  du  tiflu 
cellulaire  fur  ces  fibres ,  il  faut  fe  repréfenter  un 
fétu  de  paille  qui  feroit  enduit  d'une  matière  vif- 
qucufe ,   fie   qu'on    auroit  trempé   dans   du  gruau. 
Alors  les  flocons  de  gruau  qui  y  reftcroient  atta- 
chés ,  repréfenteroient  affez  exaélement  la   difpo- 
fition    du    tilfu  cellulaire  fur  les  fibres  longitudi- 
nales. 
CELLULE,  f.  f.  Petite  chambre  ou  maifon  ,  où  loge 
un  Religieux.  Cella  ,  cellula.  Ce  dartoir  eft  divifé 
en  tant  de  cellules  ,  ou  chambres.  Les  Char.reux 
ont  chacun  une  maifon  féparée  qui  leur  fert  de  cellule. 
La  fale-  où  l'on  tient  le  Conclave  eft  divifée  par  des 
cloifons  en  plufieurs  cellules  pour  loger  les  Car- 
dinaux. 

Cellule  ,  fe  dit  de  plufieurs  petites  féparations  ou 
carrés  qui  fe  font  dans  les  boîtes ,  dans  des  caflés 
d'Imprimerie  ,  pour  y  garder  plufieurs  chofes  fans 
confufion.  L'art  de  Raymond  Lulle  confifte  en  la 
diftribution  des  fujets  en  plufieurs  cellules ,  en  l'éva- 
cuation des  cellules. 

Cellules  ,  fe  dit  auflî  des  petites  divifions  qui  fe  trou- 
vent dans  les  ruches  des  mouches  à  miel ,  où  elles 
fe  retirent  ,  qui  font  toutes  admirablement  com- 
pairées  &  égales ,  Se  de  figure  hexagone.  Les  abeilles 
diftribuent  le  miel  dans  leurs   cellules.    Ablanc. 


C-EL 

Cellule.  Terme  d'Anatomie.  Petit  intcrftice ,  petite 
divifion  ,  petit  réfervoir  qui  fe  trouve  en  différentes 
parties  du  corps  animal ,  fie  reçoit  ou  contient  quel- 
que liqueur  ,  ou  quelqu'autre  matière.  Cellula. 
Ces  cellules  font  diftcndues  par  l'air.  Demoub-s  , 
Académie  d'Edirnb.  T.  I ,  p.  2.57. 
Cellules  adipeufes ,  font  les  petites  loges  ou  clp- 
fules  qui  contiennent  la  grailfe.  Elles  reifemblent  à 
une  membrane  flafque  quand  elles  ne  font  pas  rem- 
plies de  graifie. 

On  dit  que  le  cerveau  a  plufieurs  cellules ,  ou  plu- 
fieurs petites  cavités  féparées.  On  le  dit  aufli  de  plu- 
fieurs autres  parties  du  corps.  É 
Cellule.  Foyei  Cloison.                                9 
gC?  Cellule  ,  cellula ,  loculamevtum  ,  eft  pris  en  Bo- 
tanique pour  des  loges  ou  cavités  des  fruits ,  fépa- 
rées   entr'elles    par    des  cloifons.    Koyei    Fruit  , 
fie  Capsule. 
CELLULEUX  ,   EUSE.  adj.  Terme  d'Anatomie.  Cel- 
lulaire. Qui  a  des  cellules.  Cellulcfus ,  a-,  um.  La 
tunique  celluleufe  interne  du  canal  inteftinal.  De- 
MOURS.  Acad.  d'Edimb.  T.  1 ,  133.  Cellulaire  eft 
plus  ufi#. 
CELME  ou  CELMIS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie. 
Ce    fut  ,    dit-on  ,    le  père  nourricier  de  Jupiter. 
Pour  avoir  révélé  que  le  père  des  Dieux  étoit  mor- 
tel ,  il  fut  enfermé  dans  une  tour  impénétrable , 
d'où  vint  la  fable  qui  dit  qu'il  fut  change  en  dia- 
mant. 
CELMIS  ,  un  des  Curetés  ou  Corybantes ,  qui  ayant 
couché ,  dit-on  ,  avec  la  mère  des  Dieux  ,  fut  chafle 
par  fes  autres  frères.  Il  avoir  le  fecret  de  donner 
au  fer  dans  la  forge  une  fi  grande  dureté,  que  le 
fer  de  Celmis  pafla  depuis  en  proverbe, 

CELORS.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  mefure  en 
ufage  dans  la  Bourgogne.  Bien  eft  vrai  que  les  an- 
ciens ufoient  de  Celors  ,  qui  étoient  une  mefure 
de  laquelle  les  vingt-fix  faifoient  un  bouillon ,  comme 
dit  un  titre  de  l'an  1138  ,  fait  par  Gérard  de  Tir- 
reguerre  ,  qui  donne  à  Eftienne  ,  de  Vauxgrigneux, 
aujourd'hui  Vaugrenans.  Gollut.  Mern.  des  Bour- 
guignons, L.  Il,  ch,  35. 

CELOTOMIE.  f.  f.  Voyei  Castration. 

CELSITUDE.  f.  f.  C'eft  un  titre  de  dignité  qui  fe 
donnoit  autrefois  ,  comme  on  donne  aujourd'hui 
ceux  de  Majefté  ,  Altefie  ,  Grandeur ,  Hautelîè  , 
&c. 

CELTE,  f.  m.  Celta,  Les  Celtes  étoient  un  peuple  de 
'  l'ancienne  Gaule,  que  Céfar  pai^àge  en  trois  na- 
tions -,  les  Celtes,  les  Aquitains  fie  les  Belges.  Les 
Celtes  occupoient  tout  ce  qui  s'étend  entre  la  Ga- 
ronne, la  Seine,  ^  la  Marne  ,  féparés  des  Aqui- 
tains par  la  Garonne,  ôe  des  Belges  par  les  deux 
autres  fleuves.  Céfar  dit  que  Celts  étoit  un  nom 
de  la  langue  de  ces  peuples  ,  fie  que  les  Romains 
les  nommoient  Gaulois.  Appien  dit  qu'une  opi- 
nion fort  commune  croit  qu'Us  fe  nommoiertt  ainfi 
de  Celte,  fils  de  Polyphême  fie  de  Galâtée -,  d'au- 
tres tiennent  que  ce  fut  d'un  Roi  des  Gaulois  qui 
portoh  ce  nom.  Bochart,  dans  fon  Pkaleg.  L.  Ill , 
c.  6 ,  p.  i%6  &  fuiv.  prétend  qu'ils  furenr  ainfi  nom- 
més, parce  qu'ils  avoienr  communément  les  cheveux 
blonds.  Il  montre  par  plufieurs  témoignages  de 
l'antiquité  qu'ils  avoient  en  efl^^et  les  cheveux  blonds, 
fie  qu'ils  ont  été  appelés  ^xvlUpiyji  ,  &c  ^uv^^Ur^t 
&c.  c'eft-à-dire  ,  gens  à  cheveux  blonds ,  nations 
blondes.  Cela  étant  certain ,  il  croit  que  ce  mot 
vient  de  «nbn ,  chalta  ,  ou  chelta,  qui,  dans  le 
Thalmud  au  Traire  Nidda,  fignifie  du  fafran,  S^ 
qu'ainli  Celte  eft  la  même  chofe  que  |«»7o; ,  fldvus, 
blond.  Bodin,  dans  fa  Mérhode,  c.  9 ,  croit  que 
Celtes  eft  la  même  chofe  que  nh.nliç ,  de  «ea?;?, 
equus  defultorius ,  parce  qu'ils  monroient  des  che- 
vaux fans  felle  fie  fans  les  atteler  à  un  char.  La- 
zius  dit  que  Celtes  eft  fait  de  Galate  par  contrac- 
tion. Strabon  dit  que  les  Celtes  furent  ainfi  ap- 
pelés 


C  Ë  L 


G  E  M 


■pelés  à  caufe  de  leur  noblellV  ,  foit  paTce  qu'ils 
avoient  la  principale  autorité  dans  les  Gaules,  foit 
parce  qu'il?  étoient  plus  torts  &  plus  vaillans.  Quel- 
ques Modernes  pour  ibuîenir  ce  fentiment ,  dilent 
qu'encore  aujourd'liui  Gelun  a  cette  lignification 
en  allemand  •>  qu'en  riamand  Gehe-baors  lignifie  un 
poiflbn  excellent,  Se  Gi/dos ^  un  bœuf  fort  &  vi- 
goureux ;  que  ce  l'ont  autant  de  vertiges  de  l'an- 
cienne lignification  de  ce  nom. 

Dadin  de  Hauteferre  ,  Rer.  Aquitan.  L,  I ,  cli. 
I  ,  montre  que  tous  les  Gaulois  ont  été  appelés 
Celtes;  oi  le  P.  Pezron  a  tait  unTraitéde  l'Antiquité, 
&  de  la  langue  des  Celtes ,  où  il  prouve  qu'ils  étoient 
de  la  poftérité  de  Gonier  ,  fils  aîné  de  Japhet.  De- 
puis le  P.  Pezron ,  deux  Auteurs  nous  ont  appris 
bien  des  chofes  curieufes  &  intétellantes  fur  les 
Celtes.  M.  de  Saint-Aubin  dans  les  Antiquités  de 
la  Nation  &  de  la  Monarchie  Françoife  ;  &C  M.  Pel- 
loutier  dans  Ion  .fjfiJL  des  Celtes. 

CELTIBERE.  f.  m.  Se  f.  Ancien  peuple  d'Efpagne ,  qui 
poHcdoit  une  partie  de  l'Arragon  &  de  la  Caftille. 
Celcilerus  ,  a.  Les  Celtiberes  éroient  des  Celtes ,  qui 
étant  partes  de  Gaule  cii  Efpagne ,  &  s'étant 
arrêtés  &  fixés  lé  long  de  l'Ebre,  Iberus  en  latin, 
furent  appelés  Celtiberes  ,  comme  qui  diroit  des 
Celtes  de  l'Ebre  ,  c'ert-à-dire ,  habitans  fur  les  bords 
de  l'Ebre.  Les  Celtiberes  étoient  les  plus  vaillans 
hommes  d'Efpagne.  Florus  les  appelle  Robur  Hifpa- 
ni<E  ,  la  force  de  l'Elpagne  ;  &  Diodore  de  Sicile  , 
L.  FI.  Strabon  ,  L.  IV.  Pline  ,  L.  III,  c.  i.  Flo- 
rus, L.  II ,  c.  17  j  difent  qu'ils  réfiftèrent  long- 
temps avec  un  courage  incroyable  aux  Carthaginois 
&:  aux  Romains.  On  dit  aUffi  Celtibérien  ,  Celtibé- 
rienne.  Voyez  Vigcnère  fur  Céfar  ,  &  Cordemoy  , 
Hiftoire  de  France,   T.  I ,  p.  11. 

CELTIBÉRIE.  Pays  des  Celtiberes.  Celtibetia.  C'eft 
l'Arrason,  Vigenère. 

CELTIBÉRIEN ,  ENNE.  Foyei  Celtibère.  Ceft  la 
tnôme  choie. 

CELTIQUE,  f  m.  &  f.  Peuple  d'Efpagne.  Celticlis. 
Les  Celtiques  étoient  une  Colohie  de  Celtes ,  ou 
de  Celtiberes,  qui  pénétrèrent  jufqucs  fur  la  côte 
occidentale  d'Efpagne ,  où  ils  s'établirent  depuis 
le  Dourou  jufques  au  promontoire  ou  cap  appelé  pro- 
montoire Celtique ,  qui  ctoit  apparemment  le  cap  de 
Finifterre.  Foye^Meh  ,,L.  III.  c.  i.  Strabon  ,  L.  III. 

CELTIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  aux  Celtes. 
Celticus.  La  Gaule  Celtique ,  c'efl:  la  partie  de  la 
Gaule  qu'occupoicnt  les  Celtes.  BcUovèfe  &  Se- 
govèfe  ,  neveux  d'Ambigat  ,  Prince  Biturige  , 
Roi  des  Celtes ,  conduifirent  des  Colonies  Celti- 
ques en  AUemaglie  &  en  Italie  fous  le  règne  du 
vieux    Tarquin. 

CELUI ,  CELLE.  Au  pluriel ,  ceux  Se  celles,  celui-ci, 
celle-là  ,  font  des  pronoms  démonftratits ,  qui  figni- 
iîent  la  même  chofe  que  ce.  Ille ,  illa  ;  is ,  ea.  Ce 
pronom  eft  de  toutes  les  perlbnnes ,  comme  on 
parle  en  Grammaire  -,  &  l'on  dit  fort  bien  :  je  fuis 
celui  qui ,  &c.  Vous  êtes  celui  j  il  eft  celui  ;  ou 
avec  un  nom  propre,  Cefar  eft  celui  qui ,  &c.  Ceux 
qui  difenr  qu'on  ne  met  pas  bien  celui  après  un 
adjeélif-,  lé  trompent;  on  trouve  cette  conftruélion 
dans  les  ouvrages  les  mieux  écrits  en  notre  langue. 
Heureux  ceux  dont  les  iniquités  font  pardonnées. 
P.  Lall.  Jéfuite-.  Heureux  celui  que  fa  compalTion 
rend  attentif  aux  befoins  du  pauvre.  Id. 

■CELUI-LA  ,  CELLE-LA.  Autre  pronom  démonftratif. 
Ille ,  illa.  Is ,  ea.  C'eft  celui-là  qui  l'a  tué.  C'eft 
celle-là  qui  me  captive.  Mais  il  ne  faut  jamais 
joindre  la  particule  là  avec  le  pronom  démonftratif 
celui  ou  celle ,  quand  il  eft  immédiatement  fuivi 
du  pronom  relatif  i/r^/ ,  ou  lequel,  comme  ceux-là 
qui  aiment  Dieu.  Voiture  n'eft  point  à  imiter  dans 
cette  conftruélion. 

Car  h  (eu  qui  brûla  Gomorrhe , 
Ne  fut  jamais  jl  véhément  , 
Q«e  celui-là  qui  me  dcyore, 
Tome  II, 


,?tt 


Celui  -  la  ,  Celui  -  ci.  Pronoms  diftributifs.  Ils  ré* 
pondent  aux  pronoms  latins  diftributifs  ilh  Sc 
■hic  ,  dont  l'ufage  eft  de  déligner  ,  de  lignifier  l'une 
des  deux  chofes  ou  des  deux  perlbnnes  dont  on 
vient  de  parler,  6c  donr  on  ne  veut  pas  répeter  le 
nom.  Celui-là,  ille,  lért  à  défigner  la  première  donc 
il  a  été  parlé  -,  &  celui  -  ci ,  "htc ,  défignc  la  der'- 
riière.  Les  femmes  ne  s'accommodent  point  de  cette 
exprelîion;  elles  fe  brouillent  dans  l'ufage  de  ces 
deux  mots  :  celui-ci ,  celui-là  ;  mais  les  gens  de  let- 
tres les  trouvent  tort  commodes  ,  ôc  Ven  fervent 
pour  éviter  la  répétition  du  nom  propre ,  ou  de 
longues  phrafes  qui  font  languir  le  difcours. 

GELVL/LF.  f  m.  Nom  d'homme.  Ceolvulfus.  S.  Cel- 
vulfquina.  le  Royaume  de  Northumberland  pour 
le  faire  Moine.  Ce  fut  à  lui  que  Bède  dédia  fon 
Hijioire  d'Angleterre.  Voyez  M.  Chastelain  4 
au    15    de    Janvier. 

C  E  M.' 

CEMBEL.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  ciahs  nos  vieux 
Auteurs,  &  fignifie  deux  chofes.  1°.  Une  danfe  de 
campagne  fous  les  arbres ,  Ibns  l'ormeau,  ou  comme 
on  diJoit ,  fous  Vormel.  20.  Un  tournois ,  une  affem- 
blée  de  Chevaliers.  Ce  mot,  dit  Borel,  pourroic 
venir  de  xymbalum ,  puifqu'on  appelle  encore  en 
Languedoc  une  fonette ,   un  cimboul. 

Ip-  CEMENT  ,  mieux  que  CIMENT,  f.  m.  Terme 
de  Chymie.  On  appelle  généralement  de  ce  nom 
toutes  les  compolitions ,  tous  les  mélanges  de  fou- 
fre  ^  de  fels ,  de  charbon  ,  de  biique  pilée,  (S-c.  que 
Ton  arrange  dans  des  creufers  ou  autres  Vailfeaux 
avec  des  métaux  ou  autres  fubftances  ,  &  que  l'on 
expolé  enfuite  à  l'adion  du  feu  ,  pour  caufer  par 
ee  moyen  quelque  altération  dans  ces  fubftances. 
Camentufn.  f 

%fT  Les  CémenS  font  difFéfetis  &  différemment  corn- 
pofcs,  félon  les  diffcrenres  vues  qu'on  fe  propofe  , 
&  les  diiîerens  changemens  qu'on  veut  produire 
dans  les  fubftances  qu'on  foumet  à  cette  opération. 
Il  y  a  deux  principaux  cémens  ,  le  commun  &  le 
royal.  Le  commun  fe  fait  zvCc  la  poudre  de  bri~ 
ques  5  le  fel  commun  ,  le  nitre  &  le  verdêt.  Le  royal 
eft  compofé  des  fels  gemme  &  ammoniac,  de  cha- 
cun une  partie  ,  de  deux  parties  de  fel  commun  j 
&■  de  quatre  patries  de  bol ,  ou  de  briques  en  pou- 
dre ,  le  rour  malaxé  avec  une  qualité  fuffifante  d'u- 
irine  &  rédilit  en  une  pâte  dure. 

IJC?  On  fe  fert  du  cément  royal  pour  fépaler  l'argent 
d'avec  l'or  dans  l'opét'ation  du  départ.  Voye^  Dé- 
part. Cément  pour  convertir  le  fer  en  acier  -,  cément 
pour  convertir  le  cuivre  touge  en  cuivre  jaune;  cernent 
pour  donner  à  certains  verres  les  qualités  dé  la  por- 
celaine. On  ftrarifie  dans  un  creufet  des  lames  d'or 
avec  du  cément  royal  ;  on  cguvre  ce  creufer ,  puis 
l'ayant  entouré  de  feU  ,  on  fait  calciner  la  matière 
pendant  dix  ou  douze  heures  avec  beaucoup  de 
violence ,  afin  que  les  fels  mangent  &  coilfument  les 
impuretés  de  l'or. 

|p=- CEMENTATOIRE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Chy- 
mie. Poudre  cémentatoire  .  c'eft  la  même  chofe  que 
ce  qu'on  appelle  ciment. 

if^  Cémentatoire.  Terme  de  Minéralogie.  On  ap- 
pelle, quoiqu'improprement,  cuivre  cem.entatoire , 
le  cuivre  qui  a  été  précipité  de  certaines  eaux  vitrio- 
liques  ,  par  le  moyen  du  fer  que  l'on  trempe  dans 
cette  eau. 

'ifT  II  y  a  des  fources  d'eau  cémentatoires  en  Hon- 
grie, qui  dilfolvent  &  détruifent  le  fêr,  &:  mettent 
en  fa  place  le  cuivre  dont  elles  font  chargées. 

CEMENTER,  v.  a.  Terme  de  Chymie.  Faire  la  dé- 
meptation.  Purifier  l'or  par  le  moyen  du  cément. 

CÉMETERIAL  ,  ALE  ,  adj.  Qui  concerne  le  cimetière, 
qui  eft  fitué  dans  un  cimetière.  Ilyavoit  dans  l'en- 
ceinte du  Monaftèrc  une  chapelle  céméieriale  ,  fous 
le  nom  de  S.  Etienne.  Hifi,  de  l'Eglife  de  Meaux  , 
T.  I,  p,  70. 

CÉMON,  f.  m.  Nom  d'homme,  Ceadmanas.  S,  Cémon 


CEN 


3T4 

ccoit  Chanue  du  Monaftère  de  (ainte  Hilde.  Bcde 
a  écrit  ia  vie  au  !¥>;  livre  de  ionUiji.  d'Anglaerre. 

C  E  N. 

CÉNACLE,  f.  m.  Terme  confacré  ,  pour  dire,  le  lieu 
où  l'on  mange.  Cœnaculum.  Les  Anciens  avoient  une 
l'allé  deftinee  à  cela  -,  &  c'ccoi:  ordinairement  le  lieu 
le  plus  élève  de  la  mail'on.  Conftancin  avoir  fait 
bâtir  un  cénacle  à  Rome  pour  y  nourrir  des  pau- 
vres ,  6c  on  en  voit  encore  aujourd'hui  les  relies  qui 
font  ornés  de  quelques  mofaiques.  Ce  mot  n'eft  plus 
guère  en  ufage  ,  fi  ce  n'eft  pour  dcfigner  le  lieu  où 
notre  Seigneur  fit  la  Cène  avec  les  dilciplcs. 

Ils  étoient  entrés  dans  le  cénacU  pleins  d'igno- 
rance ,  de  ténèbres ,  d'aveuglement ,  de  foiblellè  ,  de 
mauvaifes  inclinations  &:  de  péché  ,  &  ils  en  forti- 
rcnt  plus  éclairés  &:  plus  brûlans  d'amour  de  Dieu  , 
que  des  Séraphins.  Faid. 

Ce  mot  de  Cœnaculum  fe  trouve  fouvent  dans 
notre  Bible  latine  ,  &  il  lignifie  ordinairement  le 
dernier  étage  d'une  mailbn.  Il  eft  dit  au  chap.  I  des 
Ades  des  Àpôtrcs  ,  qu'après  que  Jelus-Chrifl;  fut 
monté  au  ciel ,  fes  difciples  retournèrent  à  Jérula- 
lem  dans  une  maifon  ,  &  qu'ils  montèrent  in  ciETia- 
culum  ,  c'eft-à-dire  ,  au  lieu  le  plus  élevé  de  la 
nicùlbnjqui  étoit  un  lieu  retiré  &  propre  à  taire 
la  prière  :  c'ctoit  une  elpèce  de  terrafle  ,  parce  que 
les  Orientaux  failbient  les  toits  de  leurs  maiibns 
plats,  en  forme  de  terraife.  Us  s'y  retiroient  non- 
léulement  pour  y  manger  •,  mais  aulîi  pour  s'y  re- 
polér  &  pour  y  prendre  l'air. 

Autrefois  on  a  dit  cenailU  pour  Cénacle. 
CENAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  un  droit 
qui  fe  paye  à  caufe  de  ia  pêche  accordée  à  quel- 
qu'un fur  une  rivière 
CENAILLE.  f.  m.  Vieux  mot  ,  lieu  où  l'on  foupe  , 

du  larin  ^cœnaculum. 
CENCHREE.  (.  m.  Nom  du  port  de  Corinthe  du  côté 
-    de  l'orient.  Cmchraa  ,Cenchreum ,  Cenchreis.  Voyez 

Corinthe. 
tfr  CENCHRIS,  femme  de  Cinyras,  &mere  de  Myr- 
rha,  ayant  ofé  fe  vanter  d'avoir  une  fille  plus  belle 
que  Vénus  -,  cette  Déelfe  ,  pour  le  venger  de  l'or- 
gueil de  la  mère  ,  permit  que  la  fille  brûlât  pour  fon 
père  d'une  flamme  inceftueufe  ,  qu'elle   trouva  le 
moyen  de  fatistaire  fans  qu'il  le  fçur.  Myrrha  ,  pour 
cacher  fon  crime  &  fa  groffelfe  ,  fe  retira  dans  les 
forêts  ,  où  Vénus ,  qui  en  eut  pitié  ,  la  changea  en 
un  arbre ,  d'où  naquit  Adonis ,  ic   d'où  découle  la 
m  yrrhe. 
tfT  CENCHRITE.  f.  f.  Les  anciens  Naturaliftes  ont 
donné  ce  nom  à  une  pierre  précieufe ,  qui  femble 
parfemée   de  grains  de   millet.  Cenchrites  ou  Cen- 
chritis. 
CENCHRUS.  f.  m.  Efpèce  de  ferpent,  qu'on  nomme 
ainfî  à  caufe  qu'il  a  plufieurs  petites  taches  blan- 
ches ,  femblables  au  millet.  Cenchris.  Diofcoride  dit 
que   fes  morfures  font  auffi  dangereufes  que  celles 
des  vipères.  La  chair   s'enfle  comme  aux  hydropi- 
ques ,  &  tombe  enfuite  par  pièces.  Le  même  Diof- 
coride dit  qu'entr'autres  remèdes  contre  ces  fortes 
de  moifures  ,  on  peut  mettre  de  la  graine  de  laitue 
&  de  celle  de  lin  enduite  ,  fur  la  plaie, 
CENDAL.  f.  m.  Etoff:  qui  étoit  fort  eftimée  chez  les 
Anciens  ,  dont  on  faifoit  entr'autrcs  chofcs  les  ban- 
nières. Cilicii  panni  genus.  C'étoit  une  efpèce   de 
camelot,  Borel  eftime  que  ce  nom  lui  vient  àcfan- 
dal ,  dont  il  y  a  de  trois  fortes  ,  du  rouge  ,  du  blanc 
&   du  citrin.  Il  dit  aulfi  qu'il  vient  de  Simion,  & 
celui  -  ci  de  Sidon  ,   de  Syrie.  Du  Cange  dit  que 
c'étoit  une  étoffe  de  foie  ,  &c  que  ce  mot  vient  de 
fetal ,  à  caufe  qu'elle  étoit  tramée  de  foie.  D'aurrcs 
le  dérivent   de  \'zi3.be  Jïndali ,  uns  feuille  on  une 
!ame    mince  &   déliée. 
CENDRE,  f.  f.  Matière  terreftre  ,  poudre  qui  refte  du 
bois ,  ou  autres  matières  combuftibles ,  quand  elles 
ont    été  confumées  par  le  feu.  Cinis.  La  ville  de 
Londres  a  été  prcfque  toute  réduite  en  cendres  , 


CEN 

par  un  incendie.  Les  verres  fe  font  avec  des  cen- 
dres de  fougère  &;  autres  cendres.  Il  n'eft  permis 
de  faire  des  cendres  dans  les  forêts  que  des  hou- 
piers ,  troncs ,  racines  &  autres  bois  qu'on  ne  peut 
exploiter ,  ni  en  ouvrages  ni  en  bois  de  corde.  Un 
pain  cuit  fous  la  cf/z^rc  chaude.  Les  cendres,  (\\xci- 
les  qu'elles  foient ,  feroient  d'un  grand  ufage  pour 
améliorer  les  terres ,  li  on  en  avoir  beaucoup  ,  & 
comme  on  n'en  a  que  très-peu ,  on  les  met  au  pied 
de  quelque  figuier  ,  ou  de  quelqu'autre  arbre  ,  &: 
elles  n'y  font  pas  inutiles.  La  Quint.  03"  C'eft 
aux  fels  dont  les  cendres  font  chargées  ,  qu'elles 
doivent  la  propriété  de  blanchir  le  linge  ,  de  dégraif- 
ferles  étofres.  Les  cendres  de  bois  flotté  ,  qui  a  perdu 
la  plus  grande  partie  de  lés  lels  dans  l'eau  ,  font 
prefque  inutiles  aux  blanchillcufes. 

Ce  mot  vient  àc  cintre ,  ablatif  de  cinis  ,  comme 
gendre  de  gêner  ,  tendre  ,  as  tener.  Mén.  Le  mot 
cinis  en  latin  vient  du  grec  «<>.(« ,  ^qui  lignifie  pouf- 
Jïere ,  ou  de  candeo  en  latin ,  d'où  viennent  les  ver- 
bes ,  incendo  ,  Juccendo  ,  &cc. 
KT  On  dit  figurémeni  réduire  une  ville ,  une  Pro- 
vince en  cendres  ,  la  délbler ,  la  ravager  ,  y  mettre 
tout  à  feu  Si  à  fang,  Omnia  ferro  &  flammd  vaj- 
tare. 
UC?  En  parlant  d'une  palTion  mal  éteinte  ,  on  dit  que 
c'eft  un  feu  caché  fous  la  cendre.  îgnis  fuppojitns 
clneri  dolofo.  .La  rancune  lait  fe  couvrir   de  l'ex- 
térieur de  l'amitié,  jufqu'au  moment  qu'elle  trouve 
à  fe  fatisfaire.    C'eft   un  feu    qui   couve  fous   la 
cendre. 

■^fT  C'croit  autrefois  la  coutume  chez  les  Hébreux , 
dans  les  dciblations  publiques  ,  de  prendre  le  lac 
&  de  le  couvrir  de  cendre  ,  pour  marquer  une  grande 
douleur  Se  une  grande  pénitence.  Telle  fiit  la  pé- 
nitence des  Ninivites.  De  là  les  expreffions ,  pren- 
dre la  -cendre  &  le  cUice  ,  faire  pénitence  avec  le 
lac  &  la  cendre  ,  témoigner  une  grande  douleur  d'a- 
voir offenfé  Dieu ,  faire  pénitence  pour  obtenir  le 
pardon  de  fes  pèches.  C'eft  encore  une  pratique 
dans  quelques  maiibns  religieufes  d'expirer  fur  la 
cendre. 

0Cr  Le  Mercredi  des  Cendres  eft  le  premier  jour  de 
Carême ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'on  va  prendre  des 
cendres  bénites  à  l'Eglilé.  Sacrorum  Cinerum  dies , 
dies  Cinerum.  Le  Prêtre  marque  en  forme  de  croix 
le  front  des  Fidèles  de  la  cendre  qui  eft  faire  des 
lins;es  qui  ont  feivi  à  l'autel ,  ou  des  branches  de 
buis  qui  ont  été  bénites ,  en  prononçant  ces  mots , 
Mémento  homo  ^qiiia puh'is  es  ,  &  in  pulverem  re- 
verteris.  Pratique  ordonnée  par  le  Concile  de 
Bénevent  en  1091  ,  qui  enjoint  à  tous  les  fidèles 
Clercs  &  Laïques  ,  hommes  &  femmes ,  de  recevoir 
des  cendres  fur  leur  tête  ce  jour-là  ,  pour  fe  difpo. 
1er  à  l'cfprit  de  pénitence  &  d'humiliation  pendant 
le  Carême.  Cette  pratique,  quoique  générale  ,  n'eft 
pas  d'obligation. 

Cendre  gravelée.  C'eft  la  cendre  de  la  lie  de  vin  brii» 
lée  dont  on  fe  fert  pour  faire  la  lelEive;  mais  on  s'en 
fert  principalement  pour  faire  des  pierres  à  cautère. 
Cineres   clavellati. 

Cendre  d'azur ,  eft  de  l'azur  broyé  ,  lavé  &:  réduit  en 
poudre.  Cinis  aeruleus.  Voyez  Azur.. 

Cendre  verte  ,  eft  une  couleur  bleue  qui  fe  fait  en 
Flandre  ,  &  dont  les  Peintres  fe  fervent  dans  les 
payfaa:es  feulement  ,  à  caufe  qu'elle  verdir  rrop  ai- 
fément  -,  ce  qui  lui  a  fait  tlrit  donner  le  nom  de 
cendre  verte.  Voyez  Bleu. 

Cendre  de  fougère  ,e^i^loL  cendre  dont  on  fait  le  verre 
de  fougère.  Cinis  filicis.  Généralement  la  cendre 
de  toutes  fortes  de  bois  eft  propre  à  faire  le  verre 
de  vitre. 

C^^D-R-ï  de  plomb  ,  eft  du  plomb  en  fort  menus  grains, 
dont  on  charge  les  fulils  pour  rircr  au  menu  gibier, 
Pumhlx  pilulce  miniiti(Jimx. 

Cendre  de  bronze.  C'eft  ce  qu'on  appelle  autrement 
Pompholix  ,  ou  calamine  blanche. 

CendrF  d'Auvergne,  Cendre  tirée  de  plufîeurs  plan- 
tes nées  dans  les  montagnes   fort  expofées  au  fo-    j 


CE  N      ^ 

leil,&  toute  remplie  de  iels  alcalis.  Cinis  Arvcr- 
nicus.  La  cendre  d'Auvergne  a  été  employée  poiu- 
réparer  les  acides  volatils  du  fel  ammoniac  de  ia 
partie  volatile ,  d'avec  là  partie  fixe.  Acad.  d.  S. 

°Elle'  s'appelle  ainfi ,  parce  que  les  plantes  dont 
on  la  tire  fe  prennent ,  ou  ont  été  pril'es  d'abord 
des  montagnes  d'Auvergne. 

irr  Les  Grecs  &  les  Romains  étoient  dans  l'afage 
de  brûler  les  corps  morts  -,  &  ils  avoient  grand 
loin  d'en  recueillir  les  cendres  dans  des  urnes.  Ar- 
temife  but  les  cendres  de  l'on  mari  Maufole.  Le 
corps  étant  brûlé  ,  la  mère ,  la  femme  ,  les  entans  ou 
les  paient  du  défunt ,  en  habits  de  deuil  ,  ramal- 
foient  les  cendres  &  les  os  qui  n'avoient  pas  été 
coniumcs  par  le  feu.  Ils  commençoitnt  par  implo- 
rer les  Dieux  Mânes  &:  l'ame  du  défunt^,  le  priant 
d'avoir  pour  agréable  ce  pieux  devoir  qu'ils  alloient 
lui  rendre  -,  puis  fe  lavant  les  mains  5c  verlant  lut  le 
bralîer  du  vin  i^c  du  lait,  ils  ramallbient  les  cendres 
&:  les  os  qu'ils  arrolbient  de  vin  &  de  lait.  Le 
premier  os  qu'ils  recueilloient  s'appeloit  os  rejec- 
tmri ,  félon  Varron ,  ou  exceptum  ■■,  parce  qu'il  fer- 
voii  à  achever  le  refte  des  funérailles.  Les  relies  ainii 
arrofés,ils  les  renfermoient  dans  une  urne  faite  de 
différentes  matières ,  &  venoient  pleurer  delfus.  Ils 
renfermoient  ces  larmes  dans  de  petits  vafes  appe- 
lés Aîcryw^ron^jdeslacrimatoires ,  qu'ils  mettoient 
au  fond  de  l'urne  fur  laquelle  le  Prêtre  faifoit  une 
afperfion,  ainli  que  fur  les  adlftans  pour  les  puri- 
fier ,  avec  une  branche  de  romarin,  de  laurier  ou 
d'olivier  -,  &  congédioit  l'aflemblée  par  ces  mots 
i  ,  Ucet.  Allez-voiis-cn  ,  vous  pouvez  vous  retirer. 
Foyei  le  relie  au  mot  Bûcher,  On  ne  brûle  plus  que 
les'corps  des  fcélérats,  dont  les  cendres  font  jetées 
au  vent. 

|C?  De  cet  ufage  de  brûler  les  morts  &  d'en  recueillir 
les  cendres  dans  des  vafes,  eft  venue  l'exprelfion  poé- 
tique &:  fii^urée,  la  cendre,  les  cendres  des  morts.  Trou- 
bler les  cendres  de  qvidqu'un.  Mânes  iœdere,  blelfcr 
la  mémoire  d'un  more.  Cicerona  dit,  cineriaàcujus 
dolorem  ïnurere  ,  perfécuter  quelqu'un  jufque  dans 
le  tombeau-,  &:,  cïneri  alicujus  dure  panas,  être  puni 
pour  avoir  remué  les  cendres  ,  violé  le  tombeau  de 
quelqu'un  :  &  Virgile  ,  cinerifidem  fervare  ,  être  fi- 
dèle même  après  la  morr  :  &  Phèdre ,  cinis  durn- 
mod'o  ahfolvar  \  pourvu  qu'après  ma  morr  je  fois 
juftifié. 

Cendre  fe  prend  auflî  pour  la  mort  même  de  la  per- 
fonne  dont  on  réduifoit  le  corps  en  cendres. 

Traître  l [ans  lui  donner  le  loifir  de  répandre 
Les  pleurs  que  fon  amour  aurait  dûs  à  ma  cendre. 
^  Racine. 

Cendre  fe  dit  encore  pour  marquer  une  chofe  vile  , 
abjcéle ,  méprifable.  Cinis. 

Seigneur  ,  t'oferai-je  parler 
Moi  qui  ne  fuis  que  cendre  &  que  poujfùre  ?  Corn. 

On  dit  proverbialement  d'un  mauvais  ragoût  , 
rôti ,  bouilli ,  traîné  par  les  cendres.  On  dit  en  par- 
lant d'un  bon  maii  ou  d'une  bonne  femme  ,  qu'il 
faudroit  les  brûler  pour  en  avoir  les  cendres ,  pour 
fienifier  que  l'un  &  l'autre  font  fort  rares. 

On  dit  aulfi  que  les  c^^re^  ne  peuvent  pas  couvrir 
le  feu  ,  quand  une  perlbnne  doit  plus  d'intérêts 
qu'elle  n'a  de  revenu,ou  quand  une  fomme  n'efl  pas 
allez  forte  pout  fatisfaire  tous  ceux  qui  demandent. 

CENDRÉ  ,  ÉE  ,  adj.  Qui  eft  de  couleur  de  cendre. 
Il  y  a  un  certain  gris  qu'on  appelle  gris  cendré. 
Cinereus ,  cinericius.  Cheveux  cendrés  ,  étoffe  d'un 
sris  cendré 

CENDRÉE,  f  f.  eft  la  dragée  ou  la  plus  menue  pou- 
dre de  plom.b  ,  qui  fert  a  tirer  fur  le  menu  gibier. 
Cinis  plumbeus  ,  piliilœ  plumbex. 

Cendrée.  Terme  de  Plombier:  c'eft  l'écume  du  plomb. 

Cendrée,  f.  f.  Terme  de  Monnoie.  Les  coupelles  d'af- 


C  E  N  is") 

finage  font  aulîî  appelées  caffes  ou  cendrées.  Boi- 
ZARD.  Foye^  Coupelle. 

CENDREUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  eft  fali  ,  couvert  de 
cendres.  Cinere  afperfus  ,  confperjûs.  Ce  petit  chat 
ell  tout  cendreux  ,  il  s'eft  couché  dans  les  cendres. 
Habit  cendreux. 

On  appelle  du  fer  cendreux ,  celui  qui  demeure 
noir,  quand  même  il  eft  poli  , qu'on  ne  peut  rciv 
drc  bien  clair.  Ce  ter  n'eft  pas  fi  fujet  à  fe  rouiller , 
à  caufe  qu^'il  tient  un  peu  de  la   nature  du    plomb. 

CENDRIER,  f,  m.  Celui  qui  fait  des  cendres  dans  les 
forets  ,  le  Marchand  qui  en  fait  trafic.  Cinerarius. 
Dans  ce  dernier  fens ,  le  mot  de  cendrier  n'ell  en 
ufage  que  parmi  le  peuple. 

Cendrier  eft  aulfi  la  partie  la  plus  balle  des  four- 
neaux (Si  des  rechauts  qui  eft  au  deiîbus  de  la  grille 
ou  dufoyer  ,  deftinée  à  en  recevoir  les  cendres.  Ci- 
né rariu  m. 

CENDPvIOT  ,  OTE.  f.  m.  &  f.  Cineriota.  L'héréfiar- 
que  Vigilantius  donnoit  le  nom  de  cendriois  aux 
Catholiques ,  parce  qu'ils  honoroient  les  reliques  &C 
les  cendres  des  Martyrs. 

Ce  mot  vient  fie  cinis ,  cendre. 

■p-  CENDPvURES.  f.  f.  pi.  Mauvaife  qualité  de  l'a- 
cier. Elle  confifte  dans  de  petites  veines  ,  qui  , 
quand  elles  fe  trouvent  au  tranchant  d'un  inftru- 
ment ,  le  mettent  en  giollé  fcie. 

CÈNE,  f.  f.  Cérémonie  qu'on  fait  tous  les  ans  le  Jeudi- 
Saint  5  en  mémoire  de  la  Cène  ou  du  dernier  repas 
que  fit  Jefus-Chrift  avec  fes  Apôtres ,  où  il  leur  lava 
les  pieds ,  &  leur  recommanda  de  faire  de  môme. 
Uliima  Chrijîi  Domini  cxna.  Les  Princes  ,  les  Pré- 
lats ,  &c.  font  la  Cène  le  jour  de  la  Cène ,  c'eft-à- 
dire  ,  qu'ils  fervent  à  manger  aux  pauvres  ,  après 
leur  avoir  lavé  les  pieds ,  en  mémoire  de  la  Cène  que 
T.  C.  fit  avec  fes  Apôtres.  La  Cène  de  Paul  Vero- 
nèfe  eft  un  fameux  tableau  de  ce  Peintre  ,  qui  re- 
préfente  la  Cène  de  notte  Seigneur, 

Ce  mot  vient  du  grec  »«'»05 ,  qui  lignifie  commun. 
Ceux  de  la  Religion  prétendue  réformée  appc- 
lent  Cène,  la  Communion  qu'ils  font  entr'eux  fous 
les  deux  efpcces.  Les  Catholiques  ne  lé  fervent  pas 
du  mot  Cène  ,  pour  dire  VEucharifiie.  En  effet  ,  il 
ne  le  tiouve  point  en  ce  fens-là  dans  le  Nouveau 
Teftament.  Dans  le  procès  que  le's  Dodleurs  de 
Sorbonne  firent  à  leur  confrère  René  Benoît  ,  on 
lui  oppolà  principalement  le  mot  de  Cène  ,  dont  il 
s'étoit  fervi  félon  l'idée  des  Calvinlftes  j  &:  il  ne 
put  fe  purger  de  ce  reproche  ,  qu'en  rejetant  toute 
la  faute  fur'les  Imprimeurs ,  qui  l'avoient  trompé. 

>K?  CENEDA.  Ceneta  ou  Cenedj.  Jgathiœ.  Ville  d'I^ 
talie  dans  la  Marche  Trévifane  ,  du  domaine  de 
Venife,  avec  un  Evêché  fulftagant  d'Aquilée. 

CÉNÉE.  f,  m.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  le  nom 
d'un  des  Lapithes.  Les  Poètes  difent  que  Cénée  avoir 
d'.ibord  été  fille  &  s'appeloit  Cenis ,  qu'elle  fut  aimée 
de  Neptune ,  &  qu'elle  le  pria  de  la  transformer 
en  homme ,  mais  en  homme  invulnérable  -,  qu'il  lui 
accorda  fa  demande  -,  qu'elle  parut  en  homme  fous 
le  nom  de  Cénée  ,  &  qu'il  combattit  contre  les  Cen- 
tauiesdans  la  querelle  que  les  Lapithes  curent  avec 
eux  aux  noces  de  Pirithous  -,  qu'étant  invulnérable , 
il  n'avoit  rien  à  craindre  des  traits  des  Cenraures , 
mais  qu'ils  l'étoufïerent  par  la  quantité  d'arbres  qu'ils 
jetèient  fur  fon  corps  ;  qu'enfin  Neptune  ne  vou- 
lant pas  qu'une  perfonnc  qu'il  avoir  aimée  pérît 
entièrement ,  il  la  métamorphofa  en  oiléau.  Ovide 
parle  beaucoup  de  Cénée  ,  au  livre  XII  de  fes  Mé- 
ramorphofes, 

CENELLE.  f.  m.  Fruit  du  houx  ,  qui  eft  petit  &c  rouge. 

CENERETH,  CENEROTH  ou  CENNERETH.  Ville 
de  la  Tribu  de  Nephthali.  Jof.  XIX  3  5-  La  terre 
ou  la  région  de  Cénéreth  étoit  la  contrée  voiline 
de  cette  "ville,  qui  en  prenoit  fon  nom.  C'eft  celle 
que  les  Evangéliftes  appellent  Terre  de  Génefar , 
ou  Gêné  far  eth,  Matth.  XIV,  54-  M^ir^ ,  ^/ ,  ^  5.  La 
mer  de  Cénéreth  ,  dans  l'Ancien  Teftament ,  eft  auflî 
la  même  chofe  que  l'étang  ou  le  lac  de  Gencfar  ou 

Y  y  11 


35^ 


C  E  N 


de  Généfareth ,  la  mer  de  Tibériade  ou  de  Galilée 
dans  le  nouveau.  C'eft  le  grand  lac  que  forme  le 
Jourdain  enrre  la  partie  de  la  Tribu  de  Manailc  , 
qui  étoic  à  l'orient  du  Jourdain  ,  &c  la  Tribu  de 
Zabulon  à  l'occident , ayant  au  midi  une  partie  de  la 
Tribu  d'Iiîachar  ,  &  au  leptcntrion  une  partie  de 
celle  de  Nephthali. 

ŒNEVE.   Foy^:^  Sénevé. 

CENGLE.  i:    f.  Du  Cancre,  le  P.  Monet ,  ei/n'0/2 

CENGLE,EE,adj.>  .1-  Roiun  ,  1(^57,  le  P.  Binet,  Du- 

CENGLER.  /■  puisTur  Etienne,  &  Baudouin  liir 

j  Nicod ,  écrivent  de  la  ibrte. 
Furetière  &.  Ménage  conviennent  qu'autrclois  on 
écrivoit  clian^U ,  cli.inglcr  ,  cependant  ils  écrivent 
fangle  ,fangler  , comme  l'Académie  ,  Richclet ,  Jou- 
bert ,  Boudot  &  plulieurs  autres  Modernes.  Daner 
ccnifengkdc  cengle  ,  ce  qui  prouve  qu'il  balançoit 
iur  le  choix  qu'il  devoir  faire.  Foye^  Sangle. 

CENIS.  Montagne  qui  efl  dans  la  partie  des  Alpes, 
que  les  Anciens  appcloient  les  Alpes  Cotticnnes. 
Ceiiijïus  mons  ,  ou  Cinereits  mons.  Le  mont  Ccnis 
cft  le  pailage  ordinaire  de  ceux  qui  vont  de  France  en 
Italie.  Il  eft  aux  confins  du  Piéifiont  &  de  la  Savoie , 
entre  le  Marquifat  de  Suze  ^c  la  vallée  de  Morienne, 

§3"  CENIS.  (les)  Peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  dans  la  Louisiane  ,  vers  la  Iburce  d'une  ri- 
vière de  même  nom  ,  qui  a  fon  embouchure  à  l'oc- 
cident de  celle  du  Miinnipi. 

CENOBIARQUE  ou  CCENOBIARQUE.  f  m.  Supé- 
rieur de  Communauté,  Supérieur  d'un  Monaftcre, 
Supctieur  d'une  maifon  de  Moines  vivans  en  com- 
mun. Cœnob'uircha  ,  Cœnobuirchus,  MonajK'rii  Pra- 
fes ,  MonajLrio  Prafecius.  Quelques-uns  écrivent 
Ccnotiar^ue  , comme  l'on  piononce.  S.  Theodofele 
Ccnohuirque  ,  après  avoir  beaucoup  Ibuftert  pour  la 
foi  catholique,  mourut  en  paix.  Chastelain. 

Ce  mot  eft  compofé  de  trois  noms  grecs  y.ono;, 
commun  ,  ?:}; ,  vie  ,  &:  :i;^i ,  commandement  ;  6c  ^'gni- 
iie  proprement  celui  qui  a  le  commandement  fur 
des  Cénobites,  c'eft-à-dire,  fur  des  perfonnes  qui 
vivent  en  commun.  Cette  étymologie  montre  qu'il 
faudroit  écrire  Canobiarque. 

CÊNOBÎTE.  f.  m.  Religieux  qui  vit  dans  un  Cou- 
vent ,  ou  en  commun ,  Ibus  une  certaine  Règle , 
par  oppofition  a  Ermite  ou  Anachorète.  Cœnobita. 
Cafîien  remarque  que  le  Couvent  eft  dilfétent  du 
Monaftère  ,  en  ce  que  le  Monaftère  le  peut  dire 
de  l'habitation  d'un  feul  Religi-.ux  -,  au  lieu  que 
le  Couvent  ne  fe  dit  que  de  "plulieurs  Religieux 
habitant  enfemble  ,  &  vivant  en  communauté  ; 
comme  le  porte  la  lignification  du  mot  grec  r.o/wT^s , 
de  zoïKiç ,  commiinis ,  &  f/oç ,  vita.  Voyez  la  Règle 
de  Saint  Benoit,  ^  les  Commentaires  Çwc  ce.iiz'R.c.- 
gle  ,  de  Dom  Armand  Jean  de  Rancé  ,  Abbé  de  la 
Trappe  -,  de  D.  Mége ,  Moine  Bénéditftin  de  la 
Congrégation  de  Saint  Maur.  Dans  les  Monaftères 
d'Egypte ,  les  uns  étoient  Anachorètes  ,  gardant 
une  entière  Iblitude ,  &:  ne  parlant  qu'à  Dieu  2c  à 
eux-mêmes  :  les  autres  Cénobites  ,  pratiquant  la  loi 
de  la  charité  dans  une  Communauté  ,  morts  pour 
tout  le  refte  des  hommes ,  le  tenant  lieu  de  monde 
les  uns  aux  autres  ,  &  s'excitant  mutuellement  à 
la  vertu. Fleury.  Les  Difciples  de  Saint  Bafile  étoient 
Cénobites,  vivant  en  communauté;  auHi  le  pays 
(  la  Cappadoce  )  étoit  trop  froid ,  pour  fe  pouvoir 
écarrer  dans  les  déferts  comme  en  Egypte ,  &:  vivre 
en  Anachorères.  Id.  Dans  la  dix-huuihne  Confé- 
rence de  CaOîen ,  l'Abbé  Piammon  parle  de  trois 
différentes  fortes  de  Moines  qui  fe  trouvoient  en 
Egypte.  Les  Cénobites  qui  vivoient  en  communau- 
té i  les  Anachorètes ,  qui  après  s'être  formés  dans 
les  communautés,  paflbient  dans  la  iblitude  •■,  &c 
les  Sarabaïtes ,  qui  n'étoient  que  de  faux  Moines , 
&  des  coureurs.  Il  rapporte  au  temps  des  Apô- 
tres l'inftitution  des  Cénobites  ,  comme  un  refte , 
ou  une  imitation  de  la  vie  commune  des  premiers 
Fidèles  de  Jcrufalcm.  Les  Cénobites  &  les  Ana- 
chorètes étoient  à  peu  près  en  nombre  égal  dans 
l'Egypte. 


C  E  N 

Ce  n'eft  point  Saint  Pacôme   qui  a  été  le  père 
des  Cénobites  y  &  qui  a  fondé  les   premiers  Mo-i 
naftèrcs  parfaits,  comme  l'a  cru  M.  de  Tillcmonfi 
c'eft  Saint   Antoine.   Saint    Ammon  fonda    mêmej 
des   Monallcrcs  dans  la  partie  de  l'Egypte   qu'on 
appeloit   Nitrie,  avant  que    Saint  Pacôme  en  éta- 
blît aucun,  yoyei  le   P.   Hélyot  ,   Dijc.  Prelun 
cil.   6  &  7. 

CÉNOBITIQUE.  adj.  Qui  appartient  à  la  vie  rc- 
ligieufe  &  monaftiquc.  Cœnobiticus.  Saint  Paccrne 
ell:  rinftirutcur  de  la  vie  cenobiti^ue  ,  parce  eue 
c'eft  le  premier  qui  forma  des  Communautés  ré- 
glées. Du  Pin.  Saint  Pacôme  eft  le  premier  dont 
nous  ayons  une  règle  ,  &  qui  air  donné  la  forme 
entière  à  la  vie  cénobitique.  Il  vivoit  au  commen- 
cement du  rV"^  liècle  ,  &  fa  converlion  ne  peut  gtfète 
être  arrivée  plus  tard  que  l'an  515.  Fleury. 

Mais  le  P.  Hélyot  penfc  autrement  que  MM.  Du 
T'in  &  Fleury.  Kojt-^  la  fin  de  l'article  Cénobit'^. 

CENOMAN  ,  ANE.  f.m.  &f.  Nom  d'un  ancien  peuple 
de  la  Gaule  Celtique.  Cenomanus.  Ce  font  les 
anciens  Manfeaux  ,  ou  les  peuples  qui  habitoicnt 
le  Maine. 

Il  y  avoit  au/Ii  des  Cénomans  dans  la  Gaule  Cifa!- 
pine.  Leur  capitale  étoit  Brefle ,  Brixia..  Les  Romains 
eurcBt  quelquefois  affaire  à  eux. 

CÉNON.  f.  m.  Nom  de  dignité  parmi  les  hérétiques 
Montaniftes.  Les  Monraniftes  avoient  des  Patriar- 
ches,  às.'iCénons,  &c  les  Evêques  ne  tcnoient  que 
je  rroif  ème  rang  parmi  eux.  Du  Pin. 

CENOTAPHE.  C.  m.  Tombeau  vide  ■■,  monument  dreflc 
à  la  mémoire  de  quelque  mort  illuftte  enterré  ail- 
leurs ,  ou  dont  on  n'a  pu  trouver  le  corps  après 
une  bataille  ,  ou  un  naufrage.  Tumubiis  inanis  , 
fepulchrum  honorarium,  cœnotaphium.  Le  Cardi- 
nal Noris  a  fait  des  diifertations  fur  les  Cénotaphes 
des  Céfars  Caïus  &  Lucius ,  qui  fonr  à  Pile.  Voyez 
Tombeau. 

Ce  nom  vient  de  .ceA?,  vide,  &  de  ™?<.5,  fé- 
pulcre. 

tf?  CENS.  f.  f.  Terme  d'Hiftoire  Romaine.  Le  cens, 
cenjhs ,  chez  les  Romains ,  n'étoit  autre  choie  que 
la  déclaration  authentique  que  fàifoicnt  les  fujcts 
de  l'Empire  de  tous  leurs  biens  meubles  &  im- 
meubles ,  devant  les  Magiftrats  commis  pour  cela. 
Ils  étoient  appelés  Cenfeiirs  dans  la  ville  de  Rome, 
^  Cenfteurs  dans  les  Provinces.  Ces  déclarations 
étoient  accompagnées  d'un  dénombremenr  par  écrie 
des  fonds  qu'ils  polfcdoient ,  de  leur  qualiré  5c  de 
leur  quantité  ,  avec  les  tenans  &  les  aboutiilans. 
Chorier  ,  Z.  Il"^,  p.   195. 

IP"  Tullus  Hcftilius  inftitua  le  cens,  &  fit  le  pr:- 
mier  le  dénombrement  du  peuple  Romain,  pjar 
lavoir  quel  nombre  il  pouvoir  avoir  de  combart#s  j 
&  quel  fecours  d'argent  il  en  pouroit  tirer.  Cet 
ulage  le  pcrpérua  ibus  le  gouvernement  républi- 
cain. Les  Cenfeurs  étoient  obligés  d'avoir  un  re- 
giftre  exaél  de  toutes  les  déclarations ,  &  de  veiller 
à  ce  qii'aucun  étranger  ne  fe  fît  infcrire  par  furprifc; 
ne  quis  in  cenforias  tabulas  irreperet. 

§3°  Le  Cens  embraffoit  les  trois  ordres  de  la  répu- 
blique -,  les  Sénateurs ,  les  Chevaliers  &  le  peuple: 
leclio  &  Yecitatio  fen&tks ,  cenjlo  ,  recenfio  &  recog- 
nitio.  Se  cenfus  ou  Itiflrum.  Le  Cenfeur  alîls  fur 
la  chaire  curule  faifolr  appeler  les  fénateurs  pat 
l'Huidier  chacun  par  fon  nom  ;  legebant  ou  reci- 
tabant  fenatum.  Ils  rayoient  de  la  lifte  ceux  qu'ils 
vouloient  dépofer ,  &  en  fubftiruoient  d'autres  à 
leur  place  tires  du  nombre  des  Chevaliers.  In 
fenatum  leyre. 

tfT  On  appeloit  de  même  les  Chevaliets  les  uns  après 
les  auttes,  &;  lorfqu'il  n'y  avoir  rien  à  redire  à  leur 
conduite ,  le  Cenfeur  leur  difoit ,  Prœteri  &  traiuc 
equum.  Si  on  avoit  des  leprochcs  graves  à  lui 
faire  ,  on  lui  ôroit  la  penlion  &:  le  cheval ,  equus 
adimebatur. 

|tT  Enfuire  on  paffoit  à  la  revue  du  peuple,  non- 
feulemenr  de  Rome  ,  mais  de  toutes  les  villes  mu- 
nicipales qui  avoient*  le  droit  de  bourgeoilie  doat 


C  E  N 

oa  enyoyoitles  noms  aux  Cenfeurs;  &  Jodqu'ily 
avoit  à  redire  à  leurs  mœurs  ,  on  les  dcgradoit , 
en  les  privant  du  droit  de  futfrage  ,  &  en  les  met- 
tant à  la  raille.  JErarios  fierl  &  in  cer'uum  tabu- 
las ref^rri  ,  parce  que  les  habitans  de  cette  petite 
ville  avoient  la  qualité  de  citoyens  Romains,  mais 
ne  jouiiîbi;nt  pas  du  droit  de  iliifrage. 

^  Le  cens  achevé  ,  on  indiquoit  une  afTemblée 
générale  au  champ  de  Mars,  pour  aililter  au  la- 
criiice  d'expiation.  Le  peuple  s'y  trouvoit  en  armes , 
divifc  par  Centuries ,  &  l'on  prioit  les  Dieux  d'a- 
voir pour  agréable  le  cens  qu'on-  venoit  de  faire , 
&  qu'il  leur  plût  conferver  la  République  dans  fa 
fplcndeur  &  dans  fa  gloire. 

|3"  Ce  lacrifice  fe  cclcbroit  tous  les  cinq  ans ,  &  fe 
nommoitZ«//rz///z^  de-mcme  que  le  cens  du  peuple. 
De-là  on  nomma  aulfi  luftre,  la  révolution  de  cinq  ans 

lO"  L'illaftre_  Auteur  de  VEJpric  des  Loix  ,  prouve 
qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  cens  général  dans  l'ancienne 
Monarchie  Françoife ,  Se  que  ce  que  l'on  appcloit 
cens ,  étoit  un  droit  particulier  levé  fur  les  fcrfs 
par  les  maîtres. 

Cens.  Signifie  parmi  nous  ,  rente  feigneuriale  &  fon- 
cière ,  dont  un  héritage  eu.  chargé  envers  le  Sei- 
gneur de  Fief  d'où  il  dépend.  Cenfus.  Le  cens  cil 
la  marque  de  la  feigneurie  que  le  Seigneur  s'efl 
retenue  ,  quand  il  a  baillé  à  cens  &  rgnte  une  terre 
dépendante  de  fon  fief.  |p"  Il  eft  la  véritable 
marque  de  la  diredie  feigneurie  fur  les  rotures  , 
comme  la  foi  &  hommage ,  eft  le  caraélcre  de  la 
direde  far  les  fiefs.  Le  cens  eit  imprefcriptible  & 
non  rachetable.  Le  cens  emporte  droits  de  lods  & 
vente,  &i  faifine  d'amende  en  cas  de  vente.  Il  y  a  cens 
mort  on  cens  truant ,  qui  ne  porte  aucun  droit ,  dont 
il  eft  parlé  en  la  Coutume  de  Soêmes  &  d'Auvergne. 
Le  cens  eft  une  marque  de  eigneurie  ,  parce 
que  les  Francs  donnèrent  les  terres  qu'ils  conqui- 
rent, ou  à  charge  que  ceux  à  qui  ils  les  donnoient 
les  llrviroient  à  la  guette,  ou  à  charge  de  ce/zj  & 
de  rente.  On  dit  au  Palais  que  les  cens  &c  auties 
devoirs  féodaux  font  rendables  &c  non  requérables. 
Les  cens  Si  autres  devoirs  fcodaux  font  éteints  par 
i'acquiiition  que  font  les  Seigneurs  de  nef  4es  hé- 
ritages qui  font  fujets  à  ces  devoirs.  Koye^  Bodin , 
Iz  Coutume  de  Paris  ,  Bruneau ,  Chopin  ',  Lhomeau  \ 
Chaline  ,  &c.  Le  cens  eft  imprefcriptible  ;  le  te- 
nancier ne  peut  le  prefcrire  contre  forK  Seigneur  , 
en  ce  qui  regarde  le  fonds  du  Droit  du  Seigneur , 
&  non  en  ce  qui  concerne  les  arrérages  qui  fepeu- 
venr  prefcrire  par  un  décret  faute  d'oppofition.La 
quotité  de  cens  fe  peut  ptelcrire  par  trente  ans , 
entre  maieurs  non  privilégiés ,  &  par  quarante  ans 
contre  TEglile.  Voye^  Lange. 

Chef-cens  ,  eft  le  çïemieï:  cens.  Primîgenius  cenfus , 
primitivurn  vecii^al;  Sur-cens ,  celui  qui  a  été  ajouté. 
Secundarue  indictionis  cenfus  ,  fecundanum  vecliaal. 
Le  menu  cens  ne  conlifte  d'ordinaire  qu'en  tour- 
nois ,  mailles  &  autres  petites  monoies ,  mmuti 
œris  cenfus  annuus  ,  levior  cenfus  dominii  tantum 
indexW  eft  le  chef-cens  Se  capital ,  Se  plus  fcismcu- 
rial  que  le  gros  cens  ,  qui  eft  une  efpèce  détente 
dont  l'héritage  eft  chargé  ,  &  qui  fe  \iaye  en  gros 
&  en  bloc  pour  toutes  les  terres  qui  ont  été  données. 
Miilti  œris  cenfus  ,  gravior  cenfus  ,gravius  vecli^a/. 
Le  premier  n'eft  qu'un  figne  Se  reconnoiifance  de  la 
feigneurie  de  celui  qui  le  premier  a  donné  l'héri- 
tage à  cens. 

Le  fur-cens  ,  eft  le  cens  qui  a  été  impofé  depuis 
la  première  conceifion.  Il  y  a  a-uifian  cens  a.jue/îe , 
qu'en  la  Coutume  de  Melun  on  appelle  ropo,  que 
le  Seigneur  eft  tenu  de  demander  ;  Se  on  l'appelle 
autrement  cewj  requérable:  au  lieu  qu'on  eft  obligé 
déporter  les  autres  cens  er\  lamailbndu  Seigneur t à 
cauf^-de  ccla,on  Vz^^cWc  cens  ponalle.  Cenfus  col- 
leclitius ,  vecligal  colleclaneum. 

Cher-cens ,  on  appelle  le  cens-cher  ,  lorfque  l'hc- 
ntage  cenfuel  eft  chargé  de  cens  annuel  à  peu-près 
de  ce  qu'il  peut  valoir  par  an.  Cens  fimple ,  cens 
double.,  qui  eft  double  du  fimple.  Cens  truanr,ei\. 


CEN  5^7 

celui  qui  ne  porte  ni  lods ,  ni  ventes  ,  ni  aucun 
profit  au  Seigneur.  Croix  de  cens  ,  eft  la  monnole 
dont  on  paye  le  cens ,  parce  qu'autrefois  toute  la 
monnoie  etoit  marquée  d'une  croix. 

Ce  mot  vient  de  cenfus;  Nicor.' &c  cenfus  vient 
de  cenjere,  quiiignifie,  prifer,  eftimer ,  à  caufe  que 
les  Cenleurs  à  Rome  ,  appelés  d'abord  Cenfores , 
Se  eniuite  Cen/itores  y  eftimoicnt  de  temps  en  temps 
les  biens  des  particuliers ,  pour  impofer  les  tributs 
a  proportion. 

On  dit  proverbialement  ,  quittet  la  terre  pour 
le  cens  ;^  pour  dire  ,  fe  défaire  d'une  cliofc  qu'on 
poHéde  à  des  conditions  trop  onéreufes. 

On  dit,  des  Seigneurs  &  des  héritages  ce/z/i^/o- , 
cenfifs,  cenflers.  Se  cenfue/s  ,  félon  lès  divers  pays 
Se  Courûmes ,  en  parlant  d'un  Seigneur  qui  a  droit 
de  lever  un  cens,  ou  d'un  héritage'qui  en  eft  chargé 
^"^'frs  lui.  Cui  debitus  eji  cenfus  annuus. 

Cenfable  fe  dit  du  Seigneur  quia  droit  de  cens; 
Se  cerOable ,  de  l'héritage  qui  eft  chargé  de  cens  : 
Cerf  er  fe  dit  de   l'un  Se  de  l'autre. 
CEN.'/L,  f.  m.  Eft  un  terme  de  Commerce  du  Le- 
vant, qii  lignifie  Courtier.  Ce  mot   eft   en  ufaire 
principalement  en  Provence  Se  dans  les  Echelks 
du  Levant.  Pour  la  commodité  des  Matchands,  & 
pour^  faire  fleurir  le  négoce  ,  il  y  a  aujourd'hui  dans 
Marleille  a,6^  Cenfaux  ou  Courtiers ,  dont  l'ctablif- 
lement  eft  fi  ancien,  que  je  n'ai  pu  trouvet  fon  ori- 
gine-,  cardans  l'un  des  ftatuts  qui  furent  faits  l'an 
li^yj  il  eft  parlé  du  ferment  que  font  les  Cour- 
tiers tous  les   ans   le  jour  de  la  Purificarion  dans 
l'Hôtel-de-Ville  ,  entre  les  mains  du  Viguier  Se  des 
Confuls.  Vers  le  milieu  du  XV^  (iècle  il  y  en  avoir 
julqu'à  70.  En   1579,  les  Confuls  les  rcduifirent  à 
30.  En   1599,  le  nombre  fut  augmenté  de  huit  , 
avec  défenles  faites  à  toutes  perlunnes  d'exercer  la 
charge  de  Cenfal ,  à  peine  de  faux,  de  150  livres 
d'amende  ,  &  de  punition  corporelle.  Aux  années 
i(Jo4  Se  i6z<),  on  accrut  ce  nombre  de  fîx ,  &   à 
melure    qu'on   failbit    quelque    augmentation ,  les 
Confuls  drcflbient  de  nouveaux  Règlemens ,  dont 
les  principaux  articles  font  inférés 'dans  un  Livre 
intitulé  :  Le  PUglement  du  fort.  Louis  le  Grand  a 
érigé  la  charge  de  Cenfal  en  Office-,  Se  depuis,  les 
Cenfaux  prennent  des  provifions  du  Roi.  De'Ruffi  , 
Hip.  de  MarfeiUe  ,    T.  II ,  p.  12,0.  Quelques-uns 
écrivent  Senfal. 
IJC?  CENSE,  f  f.  Ce  terme  eft  ufité  dans  quelques 
provinces ,  en  Flandre  ,  dans  le  Hainaut ,  en  Bour- 
gogne ,  pour  dire  une  petite  ferme,  une  métairie. 
Pnzdiuni  y  prcedioliun  rujiicum.  Cette  terre  confifte 
en  deux  ou  trois  cenfes. 
^fT  CENSÉ,  LE,  adj.  du  latin  ce^/tr^,  croire,  pen- 
fer  ,  fignifie  la  même  chofe  que  réputé.    Habitus  , 
exijhmatus.  Les  Eccléliaftiques  abféns  pour  le  fer- 
vice  du  Roi  font  cenfes  prélens ,  Se  ont  part  aux 
difttibutions.  Il  eft  cenfé  complice  de  cetaiTaiTmat 
par  les  preuves  &  indices  du  procès.  Une  loi  eft 
cenjée  abolie  par  le  non  ufage. 
CENSER.IE,  {'.  f.  exprime  tout  ce  que  fignifie  cour- 
rage,  c'eft-à-dire,  la  profellion  duCenial;  &  quel- 
quefois le  droit  qui  lui  eft  dû. 
CENSEUR,  f  m.  Terme  d'Hiftoire  Romaine.  C'étoit 
autrefois  un  des   premiers   Se  des   plus   importans 
Magiftrats  de  Rome  -,  il  avoit  le  foin  de  l'intérêt 
public  Se  de  la  correftion  des  mœurs.  Cenfor.  C'é- 
toit comme  le  Réformateur  des   mœurs  Se  de   la 
Police.  Les  Cenfurs  furent  créés  l'an    511   de  Ro- 
me ,  lorlque  le  Sénat  eut  remarqué  que  les  Con- 
fuls ,  trop   appliques   aux  aiîàires   dé  la  guerre  & 
aux  expéditions  militaires,  ne  pouvoicntvciJlerafTez 
exadlieincnt  aux  affaires  privées.  Les  deux  premiers 
furent    Papirius   &   Sempronius  ■■>   ils  furent  créés 
l'an  de  Rome    511.    Chacun    leur   étoit   fournis, 
puifqu'ils  avoicnt  droit  de  reprendre  tout  le  monde. 
Les  Cenfeurs  ctoient  au  nombre  des  grands  Magil- 
tra'ts.  Au  commencement  ils  furent  tirés  du  Sénar  ; 
mais  depuis  que  les  Plébéiens   purent  afpirer   au 
Confulat ,  ils  parvinrent  auifi  à  la  dignité  de  Cen- 


qs8  CEN 

/«.r.  La  coutume  étoit  d'en   élire   deux;,' Van   de 
iamille  patricienne ,  l'autre  de  tamiUe  plcociennc  , 
&  quand  l'un  des  deux  mourou  aans  le  tempsde 
fon  emploi ,  l'autre  lortoit  de  charge  ,  &   on  en 
elilbit  deux  nouveaux.  M.  Rutihus  tut  le  premier 
du  peuple  qui  ayant  été  tait  Dictateur    an  4°^  de 
Rome,  après  avoir  été  deux  tois  ConUil,  demanda 
aair.  là  charge  de  C/r/i^r.PubUus  Philo  DiClatcur, 
ennemi  des  Patticiens ,  en  4H  ,  Porta  une  loi  par 
laquelle  il  tut  ordonne  que  l'un  des  Cerijenrs  ferait 
pris  d'entre  les  Plébéiens.  Elle  tut  en  vigueur  ,ul- 
qu'en  6it ,  que  les  deux  Cenjcurs  injnt  élus  d  entre 
le  peuple.  Depuis  on  en  a  repris  du  peuple  &  du 
Sénat.  Cette  Chari^^e  étoit  li  conhderable  ,  quon  ne 
l'obtenoit  qu'après^  avoir   pallc  par  les  autres -,  cV 
on  trouva  étrange  que  Craillis  en  eut  ete  pourvu 
avant  que  d'avoir  été  ni  Conlul  m  Prêteur.  Cette 
Mao-iftrature   tut    d'abord   établie   pour  cinq  ans-, 
mais  cet  ulage  ne  dura  pas  neuf  ans  leulement  après 
l'inftitution  des  Cenfeurs.  Mamercus  Emilius  ,  Dic- 
tateur ,  fît  porter  une   loi  qui    régla  que  la  Cen- 
fure  ne  dureroit  qu'un  an  ôc  demi ,  &  qui  tut  ob- 
fervée  depuis   à  la  rigueur.    Le    Cenjeur   avoir   le 
dtoit  d'exclure  les  Sénateurs  qu'il  jugeoit  indignes 
de  cette  dignité  ,  &  de  cadet  les    Chevaliers  qui 
ne  rempliifoient  pas  bien  leurs   devoirs,  en  les  pri- 
vant du  cheval  public.  Dac.  Les  a;2>//ritailoient 
auiri  la  taxe>  &    l'eftimation  des  biens  &  des  fa- 
cultés de  tous  les  Citoyens  de  Rome  ,  pour  impo- 
fer  le  tribut  à  proportion  de  ce  que  chacun  pol- 
fédoit.  Cicéron  a  décrit  très-préciiement  les  fonc- 
tions de  cette  charge.  Elles  le  réduiient  au  dénom- 
brement du  peuple\  à  la   correélion  des  mœuts , 
à  l'eftimation  des  biens  de  chaque  Citoyen  ,  a  l'im- 
pofition  des  taxes  'félon  les  facultés  d'un  chacun , 
■  à  la  furintendance    des  tributs ,  à  la   detenie  des 
Temples  &  au  foin  des  lieux  publics.  Les  gens  du 
Roi  ,  les  Magiftrats  de  police  ,  ont  des  tomilions 
qui  répondent  en  quelque  forte  à  cette  charge  ,  & 
ils  peuvent  être  appelés  les  Cenfeurs   diS  mœurs. 
Il  y  a  même  un  Magiftrat  dans  la  République  de 
Venife ,  qui  eil  charg'^é  de   ce  foin  ,  &:  qui  eft  iix 
mois  en  charge, 
la*  Censeur  fe  dit  chez  nous  dans  le  diicours  ordi- 
naire d'un  homme  qui  critique  ,  qui  contrôle  les 
,  adions  d'autrui.   Cenfor.  Quand  ce  mot  eft  feul , 
il  fe  prend  prefque  toujours  enmauvaile  part.Dire  de 
quelqu'un  que  c'eft  un  cenfeur  ,   c'eft    dire    qu'il 
trouve  à  redire  à  tout.  Quand  il  eft  joint  à  quelque 
cpithète  ,  c'eft  cette  épithète  qui    le   détermine  à 
un  fens  favorable  ou  défavorable.  Cenjeur  équita- 
ble ,  cenfeur   injufte.    Pour  s'ériger  en  Cenfeur ,  il 
faut  joindre  à  la  fupériorité  du  pouvoir  ,  l'autorité 
des    bonnes   mœurs  ,  &  des   bons   exemples.    De 
ViLL.   Un   cenfeur  indifcret   èc  imprudent ,   aigrit 
le  mal  au   lieu    de  le  guérir.   In.   On   foupçonne 
d'ordinaire  que  les  airs  chagrins  d'un  ce/z/ear  inexo- 
rable ,  proviennent  d'une  fecrète  envie  ,  qui  ne  peut 
fouffrir  le  mérite  des  autres.  Bell. 

Cenfeur  un  peu  fâcheux ,  mais  fouvent  néceffaire  ; 
Plus  enclin  à  blâmer  que  f avant  à  bien  faire.  BoiL. 

Censeur  fe  dit  aulTi  d'un  Critique  favant  qui  doit 
faire  l'examen  d'un  livre  fans  paillon  ,  pour  y  re- 
marquer ce  qu'il  y  a  de  mauvais  &  de  condamna- 
ble. Il  faut  être  le  premier  Cenfeur  de  fes  Ouvra- 
ges'. J'ai  prié  mon  ami  d'examiner  cette  pièce  en 
févère  Cenfeur.  Le  Cenfeur  fe  met  dans  la  néceflité 
d'avoir  évidemment  raifon  ,  afin  de  juftifier  par 
là  ce  qu'il  y  a  d'odieux  dans  la  cenfure.  Abbé  de 
Saint  Real. 

Faites  choix  d'un  Cenfeur  folide  &  falutaire , 
Que  la  raifon  conduife  ,  &  lefavoir  éclaire.  Boil. 

Censeur  des  Livres  ,  tO"  Cenfeur  royal ,  ou  tout 
limplement  Cenfeur.  On  nomme  ainfi  des  gens  de 
lettres  commis  par  M.  le  Chancelier ,  pour  exami- 


CEN 

ner  les  livres  qu'on  doit  imprimer.  "Ils  ne  donnent 
leur  approbation   qu'à  des  livres  qui   ne  contien- 
nent rien  de  contraire  à  la  Religion  &  aux  bonnes 
moeurs.  Les  Docteurs  de  la  Faculté  de  Théologie, 
prétendent  que  c'eft  un  privilège  qui  leur  appar- 
tient ,  &  que  les  Papes  l'ont  attribué  à  leur  Corps. 
En  effet ,  ils  ont  été  long-temps  en  pofleillon  de 
ce  droit.  Mais  en  1614,  par  Lettres    Patentes  du 
Roi ,  l'on  établit  quatre    Doéteurs  de  la  Faculté , 
pour    être  Cenfeurs    &    Appiobateurs  de  tous  les 
livres  concernant  la  Religion  ,  &  en  être  refpon- 
fables  en  leur  nom.  Quant  aux  livtes  qui  ne  traitent 
point   des  matières  de  la  Religion ,  il  paroît  que 
les   Maîtres  des  Requêtes  ont  eu   le    pouvoir    de 
les  examiner,  &  qu'ils  l'ont  confervé  jufqu'au rè- 
gne d'Henri  IV.  Il  n'eft  pas  cependant  bien  iïir  li 
ce  droit  étoit  annexé  à  leur  charge ,  ou  fi  c'étoit 
une  commiUion  perfonnelle  dont  l'on  chargeoit  quel- 
ques Maîtres  des  Requêtes.  Il  femble  même  qu'ils 
n'examinoicnt  que  les  Livres  de  Droit  &  d'Hiftoi- 
re  ,  dans  lefquels  on  peut  agiter  des  queftions  qui 
intéreflêroicnt  l'Etat.  ifT  Aujourd'hui ,  comme  nous 
l'avons  dit ,  les  Cenfeurs  font  des  gens  de  lettres , 
diftingués  par  leurs  lumières  &:  par  leurs  connoif- 
fances'',  commis  par  M.  îe  Chancelier   pour  l'exa- 
men des  livres. 

M.  Bayle  ,  compare  les  Auteurs  foUicirans  l'ap- 
probation des  Examinateurs ,  à  ces  âmes  errantes 
fur  les  bords  du  Styx  ,  &:  attendant  avec  impatience 
d'être  tranlportés  fur  l'autre  rive.  Il  leur  applique 
ces  vers  de  Virgile  ; 

Tendsntefque  manus ,  ripes  ulterioris  amore  : 
Navitafedtrifiis  nunc  hos  ,  nuncaccipit  illos. 
Ail  alios  lûiigh  fummotos  arcet  arenâ. 

On  appelle  Cenfeurs  dans  les  Univerfités  ,  & 
fur-tout  en  Sorbonne  ,  certains  Doéteurs,  qui  affif- 
tent  aux  thèfes  ,  afin  de  prendre  garde  à  ce  que 
tout  s'y  paflê  dans  l'ordre.  Ce  font  principalement 
ces  Cenfeurs  ,  qui  jugent  du  mérite  du  répondant. 
Il  y  en  a  deux  qu'on  appelle  Cenfeurs  de  difcipli- 
ne  ofi.  de  mœurs.  En  Sorbonne,  les  Cenfeurs  donnent 
leur  fuffraçes  par  billet.  Cenfeur  fe  dit  encore  dans 
les  Univerfitcs  de  celui  qui  eft  chargé  d'examiner 
les  cahiers  ,  foit  de  Philofophie ,  foit  de  Théolo- 
gie ,  de  ceux  qui  veulent  être  Maîtres  es  Arts ,  ou 
Bacheliers. 

Censeur.  Terme  de  Collège.  Les  Cenfeurs  font  parmi 
les  écoliers,  ceux  que  le  Régent  choiht  pour  l'ai- 
der à  maintenir  le  bon  ordre  &C  la  difcipline  fcho- 
laftique.  Un  Régent  doit  le  défier  de  la  probité  &: 
de  la  fidélité  des  Cenfeurs ,  qui  agiffent  fouvent 
parpaflion.  LesCew/èwri  des  leçons  ,  font  ceux  qui 
doivent  reprendre  ceux  qui  récitent  leurs  leçons_', 
lorfqu'ils  font  des  huxes.Cenfores  leclionum  ,  ou  Ceiu 
fores  exigendû  jnemoriœ  penfo  prapojîti.  Cenfeurs  Ae 
"la  chaire",  font  ceux  qui  font  auprès  de  la  chaire 
du  Régent ,  pour  apprendre  plus  facilement  de  lui 
ce  qu'ils  doivent  faire  en  chaque  occafion.  Jffi- 
dentes  Ma^ifro  Cenfores ,  &c. 

'53"  CENSIER.  adj.  Epithète  qui  s'applique  au  Sei- 
gneur auquel  le  cens  eft  dû.  Seigneur  Cen/er.  Pnc- 
^diatorii   ve&isalis ,  cenfus  dominus. 

IfF  On  dit  aui'H  papier  ceiifier ,  plus  communément 
terrier ,  cenfualis  liber,  où  font  écrits  les  cens  &: 
les  rentes  diies  à  un  Seigneur ,  ou  les  rcconnoif- 
fances  qui  en  ont  été  paffées  par  les  tenanciers. 
Codex  vecligdlium  ,  cenfuum  index. 

Censier  ,  ÈRE.  f.  Signifie  encore  celui  ou  celle  qui 
rient  une  cenfe  à  ferme ,  &  on  dit  le  Cenfur  d'un 
tel  Sei2;neur. 

?CT  CENSIF.  f.  m.  Vieux  mot ,  fynonyme  de  cen- 

five. 
CENSITAIRE,  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  a  une  terre 
ou  un  fonds  à  charge  de  cens ,  à  charge  de  payer 
à  un  Seigneur  de  fief  un  droit  de  cens,  une  rente 
annuelle.""  Cenfitus  ,  <z.  Il  a  trouvé  bon  que  les  nou- 
veaux anfitaires ,  comme  rcpréfentant  les  anciens 


C  È 

riiâhfîonnaîi'es ,  ou  fermiers,  éuflent  les  mêmes  im- 
munîtes  accordées  à  ceux-ci.  Normand.  Pouvoit-il 
dirpcnfer  les  nouveaux  cenjitaires  des  droits  de  Vi- 
comte qui  ne  lui  appartenoient  pas  î  Id. 

CENSITE.  adj.  m.  &  f.  Sujet  au  cens.  Cenfui  ohno- 
xius.  Il  y  a  un  Traite  des  perfonnes  de  main-morte , 
cmjites  &  taillables ,  par  Antoine  Colombet ,  qui 
l'a  intitulé  ,  Colonia  celtlca  lucrofa.  Il  eft  vieux. 
On  dit  plus  ordinairement  cen/itaire. 

CENSITEUR.  f.  m.  Caijitor.  Chez  les  Romains  c'c- 
toit  dans  les  Provinces  ce  que  le  Cenfeur  étoit  dans 
Rome.  Chorier.  Z,.  IV ^  p.  193. 

CENSIVE.  f.  £  Quelques-uns  difent  CENSIF.  f.  m. 
mais  ce  dernier  eft  vieux.  Etendue  d'un  fief  llir  le- 
quel il  efl  dû  des  cens.  Fumiiis  ve&igalis.  Il  y  a  une 
petite  cenjive  en  un  tel  endroit  qui  dépend  de  mon 
fief.  Les  héritages  qui  font  en  la  cenjive  d'un  Sei- 
gneur ,  lui  doivent  lods  &  ventes.  Rochefôrt  dit  que 
les  cenjives  ont  été  établies  fur  le  modèle  de  ce  que 
fit  Pharaon  par  le  conleil  de  Jofeph ,  &  que  les  Sei- 
gneurs cenfiers  l'onr  imité. 

Censive  fignifie  aulfi  la  nature  ,  la  qualité  des  héri- 
tages :  ainfi  on  dit  héritage  tenu  en  ce/z/^ve,  ou  a 
titre  de  cens ,  pour  dire  ,  qu'il  eft  roturier  &  chargé 
de  redevance. 

Censive  ,  fe  prend  encore  pour  la  redevance  en  argent, 
ou  en  denrées ,  que  certains  biens  doivent  annuel- 
lement au  Seigneur  du  fief  dont  ils  relèvent.  Cette 
terre  doit  tant  de  cenjive.  Cenfiis,  prœjîatio  cen- 
f lia  lis, 

CENSIVEMENT.  adj.  Terme  de  Coutumes,  qui  ex- 
prime la  manière  ,  dont  on  tienr  une  terre ,  c'eft- 
à-dire ,  à  droit  de  cens  d'im  Seigneur.  Tenir  des 
terres  cerjivefnent.  Cutn  onere  cenjks pendendi. 

CENSUEL  ,  ELLE.  adj.  m.  &c  f.  Terme  de  Droit.  Qui 
appartient ,  qui  a  rapport  au  cens.  Ad  cenfum  pcr- 
tinens,  cenjualis.  Le  dioit cenfuel  eft  noble,  &  il 
fe  partage  noblement.  Voye^  les  Auteurs  qui  ont 
traité  des  cens. 

^fT  Les  Romains  appeloient  livres  cenfuels  ,  cenfua- 
les ,  les  livres  où  les  pères  écrivoient  la  nailiànce 
de  leurs  enfans. 

CENSURABLE.  adj.  Qui  mérite  cenfure,  qui  peut 
être  ccnfuré.  Cenjiirâ  dignus.  Leur  cenfure  ,  toute 
cenjurable  qu'elle  eft ,  aura  fon  effet.  Pasc.  Con- 
duite ,  adtion  cenjurable.  Propofition  cenjurable. 

CENSURE,  f.  m.  Charge,  oiîice  de  Cenléur.  Cenjura. 
Il  n'y  avoir  point  à  Rome  de  dignité  dont  le  pou- 
voir &  l'autorité  s'étendiflcnt  plus  loin.  L.  Papinius 
&  L.  Semprcniiis  ont  les  premiers  exercé  la  cen- 
fure  à  Rome.  L'âge  &  la  gravité  des  mœurs  étoient 
une  efpèce  de  Cenjhre  &  de  Magiftrature,  qui  don- 
noit  droit  de  correétion.  A^oj'e{  Censeur.  S.  Evr. 

Censure.  Jugement  par  lequel  on  condamne  quclqu-c 
adrion.  Cenjura ,  reprehenjio. 

On  le  dit  particulièrement  du  jugement  par  lequel 
on  condamne  des  ouvrages  qui  regardent  la  Reli- 
gion ,  la  doétrine,  ou  les  mœurs.  Il  y  a  eu  une 
cenj'ure  de  la  Sorbonne  contre  un  tel  livre.  La  Let- 
tre du  Pape  Gélafe  aux  Evoques  de  Lucanie  con- 
tient une  cenfure  des  Livres  authentiques  &  apo- 
cryphes ,  c'eft-à-dire  un  décret  qui  diftfngue  les 
Livres  authentiques ,  &:  reçus  pour  tels  dans  l'Eglife , 
de  ceux  qui  ne  le  font  pas,  &  marque  les  uns  &: 
les  autres.  Le  Pape  Hormifdas ,  dans  fa  lettre  à  Pof- 
feflbr  ,  marque  que  l'on  ne  peut  fuivre  ce  que  la 
cenfure  de  Gélafe  ,  qu'il  indique  ,  n'a  pas  reçu. 

On  le  dit  auflî  d'un  jugement  par  lequel  on 
blâme  quelque  chofe  foit  en  critiquant  un  livre  où 
il  fe  trouve  quelques  fautes,  foit  en  reprenant  les 
aftions  d'autrui.  Rien  n'eft  plus  utile  pour  la  cor- 
redion  des  mœurs ,  qu'une  cenfure  fine  &:  ingé- 
nieufc.  De  ViLL.  Un  efprit  chagrin  interprète  tout 
mal  -,  6c  s'érigeant  en  pédagogue  impitoyable  du 
genre  humain ,  il  y  a  peu  d'aétions  a(fez  innocentes 
pour  échaper  à  fa  cenfure.  Bell.  La  cenfure  que 
l'on  exerce  fur  les  ouvrages  d'autrui  ,  n'engage 
point  à  en  faire  de  meilleurs,  à  moins  qu'elle  ne 
foit  amère ,  chagrine  &  orgueilleufe  j  mais  ii  elle 


C   E  N  ^y^ 

a  plutôt  un  air  gai  &:  libre  ,  que  décifif,  elle  laifle 
la  liberté  d'en  faire  encore  pis  ii  l'on  veut,  Fonten, 
La  cenfure  doit  être  accompagnée  de  quelques  louan- 
ges, qui  en  corrigent  l'amertunc.  Abu,  de  S.  Real- 

Censure  fignifie  aulfi  la  correttion  ou  réprimande 
que  fait  un  fupérieur ,  ou  le  public.  licprchenjio; 
11  faut  déférer  à  la  cenfure  de  nos  fupérieurs ,  de 
ceux  qui  Ibnt  plus  fagcs  que  nous.  Tous  les  Au- 
teurs font  expolés  a  la  cenfure  du  public. 

^fT  On  appelle  cenfures  Lcclejiajdques .,  ou  fimple- 
ment  cenfure  une  peine  publique  dont  l'Eglife  ou 
le  Supérieur  Ecclefiaftiquc  punit  quelquefois  les 
Chrétiens  qui  font  fous  fa  Jurididion.  Ces  cen- 
fures l'ont  l'excommunication ,  la  fufpenfe  &  l'in- 
terdit. Voye^  ces  mots. 

Ceux  qui  ont  le  droit  de  porter  des  cerfures  Ec- 
cléfiaftiques ,  font  le  Pape  ,  dans  toute  l'Eglife  \  les 
Evcqucs ,  dans  leurs  Dioccfesi  les  Vicaires  généraux* 
en  leur  nom -,  les  Chapitres, yè^e  vacâT^^?. 

Les  Rois  de  France  le  ibnt  toujours  maintenus 
exemts  &  affranchis  des  cenfures  &  des  excom- 
munications de  la  Cour  de  Rome.  En  eifct,  on  re^ 
marque  que  Ibus  la  première  race ,  les  Papes  iié 
cenllirèrent  aucun  Roi  de  France.  Lothaire  eft  le 
premier  qui  fut  excommunié  par  le  Pape  Nicolas  I , 
pour  avoir  répudié  Teutberge  ia  femme  légirime. 
C'eft  la  première  brèche  qui  fut  faite  aux  libertés 
de  l'Eglife  Gallicane  :  cependant  le  Pape  n'ofa  ha- 
farder  l'excommunication  liir  fa  propre  auroritéj 
ic  il  l'a  fit  confirmer  par  l'Affemblée  des  Evêques 
de  France.  Le  Pape  Urbain  III  ufa  de  la  même  pré- 
caution lorfqu'il  excommunia  Philippe  I.  Philippe 
Augufl:e  fut  auilî  excommunié  avec  les  mêmes  for- 
malités. Mais  depuis  les  Rois  ont  mieux  foutenu 
leurs  privilèges  :  car  le  Pape  Benoît  XIII  ayant  cen- 
fure le  Roi  Charles  VI ,  &  mis  le  Royaume  en  in-" 
terdit ,  le  Parlement  de  Paris  par  Arrêt  de  1408  or^ 
donna  que  la  Bulle  fût  lacérée.  Jules  II  ayanr  auiïî 
lancé  l'excommunication  contre  Louis  XII ,  l'Aflem-' 
blce  générale  tenue  à  Tours  cenfura  les  cenfures  de 
Jules  II.  LorfqUe  le  Pape  cenfura  &  excommunia 
Henri  IVen  ijpi  ,  le  Parlemenr  s'oppofa  à  la  Bulle 
du  Pape. 

Les  cenfures  fonr  portées  ou  par  le  Droit ,  à  jure  j 
ou  par  le  Juge  Eccléfiaftique  ab  liomine.  on  appelle 
cenlûres  ày'wrtf  celles  qui  font  ordonnées  ou  par  le 
Droit  commun ,  contenu  dans  ce  que  nous  nommons 
Droit  canonique ,  ou  par  le  droit  particulier  de  cha-" 
que  Diocèfe,  Les  cenfures  ab  liomine ,  font  celles  qui 
fbnt  portées  par  le  Supérieur  Eccléfiaftique  contre 
certaines  perfonnes  particiilières.  Les  premières  font 
générales  &  perpétuelles.  Il  n'en  eft  pas  de  même 
des  fécondes",  mais  aufli  elles  font  toujours  réfer- 
vécs.  On  divife  les  cenfures  par  rapport  à  l'effet 
qu'elles  produifent ,  en  celles  qu'on  appelle  latcs 
fententicz ,  &  en  celles  qu'on  nomme  ferendœ  jen-> 
tentiœ  ,  c'eft-à-dire ,  en  cenjures  de  fenrence  pro- 
noncée,  qui  s'encourent  par  le  feul  fait,  fans  qu'il 
foit  befoin  d'une  nouvelle  fentence  du  Juge  ;  &  en 
cenfures  de  fentence  comminatoire  ,  qui  ne  s'encou-» 
rent  pas  fans  une  nouvelle  fentence  du  Juge,  Ipfo 
faclo  eft  la  marque  la  plus  ordinaire  de  la  cenj'ure 
lat(Z  fententi(z.  Sub  pœna  excommuntiationis  ,  ne 
dénote  qu'une  cenfure  fer  endx  f  entendez.  fÇT  Dans 
nos  tribunaux  on  ne  regarde  comme  vérirables  ceji- 
fures  (\\xt  celles  qui  font  prononcées  par  fentence  j 
après  une  procédure  régulière.  Si  l'on  confidèreles 
cenfures  par  rapport  aux  fujets  pour  lefquels  on 
les  inflige ,  5c  à  la  conduite  des  Supérieurs ,  elles 
fe  divifent  en  juftes  &  injuftes ,  en  valides  &  in- 
valides. Les  cenjures  juftes  font  celles  qu'un  Supé- 
rieur prononce  ielon  les  loix  ,  obfervant  les  forma- 
lités prefcrites  par  le  Droit.  Les  injuftes  qu'on  rom- 
me  illicites ,  font  celles  où  ces  conditions  ne  fe  ren- 
contrent pas.  On  nomme  valide,  \a  cenfure  qiù  ed 
portée  par  le  Supérieur  qui  a  l'aurorité  rpquiff=  pour 
la  prononcer,  ^  où  l'on  a  gardé  les  formalités  ef 
fcntielles  qui  font  néceflaires  pour  la  faire  fubfi- 
fter  ;  Se  invalide ,  la  ce/Jure  qui  eft  portée  par  une 


■360 


CEN 


perfonne  qui  n'a  pas  l'autorité  requiic,  ou  qui  l'ayant, 
n'a  pas  gardé  les  formalités  eflentielles.  Il  ne  tant 
pas  confondre  la  cenfure  invalide  5:  \d.cenfurein- 
jufte  :  la  cenfure  peut-être  injufte  fans  être  invalide. 
La  dépofition  ,  la  dégradation ,  ni  même  rirrégula- 
hté  ne  font  point  àt%  cenfures.  Un  Eccléfiaîtique 
qui  exerce  les  fondions  des  Ordres  majeurs  étant 
lié  par  quelques  cenfiires ,  tombe  dans  l'irrégularité. 
On  excepte  l'excommunication  mineure.  Le  pou- 
voir de  porter  des  cenfures  a  été  donné  à  l'Eglife 
en  la  perfonne  des  premiers  Pafteurs,  Il  n'y  a  que 
ceux  qui  jouiflént  de  la  Jurididion  extérieure  ,  qui 
puiflent  porter  des  cenfures  ;  aiiifi  les  Curés  n'ont 
pas  ce  droit.  L'Hiftoire  Eccléfialtique  fournit   un 

.  grand  nombre  d'exemples  de  cenfures.  Foye^  les 
Conférences  d'Angers. 

CENSURER.  V.  a.  Condamner  un  livre  comme  préju- 
diciable à  la  Religion  ou  à  l'Etat.  Cenfnrer  une  pro- 
portion ,  c'efl:  déclarer  qu'elle  contient  quelque  er- 
reur. Diimmare. 

Censurer  fignihe  aulfi ,  critiquer,  reprendre,  iîe/^r^- 
kendere:  Cenforis  virgulâ  notare.  Cet  Auteur  ne 
s'occupe  qu'à  cenfurer  les  ouvrages  d'autrui.  Cette 
femme  eft  médifante  &  cenfure  les  aétions  de  tout 
le  monde.  Ce  n'efl:  pas  toujours  par  un  véritable 
zèle  qu'on  cenfure  ;  c'eft  par  chagrin ,  ou  parla  ma- 
lignité de  l'efprit  humain.  Bell. 

Aimei  qu'on  vous  cenfure.  Boil, 

Faites-vous  des  amis  prêts  à  vous  cenfurer,  Id, 

Tous  les  dévots  de  cœur  font  aifés  à  coimoitre  ; 
Ils  ne  cenlinenx:  point  toutes  nos  acïions  ; 
Ils  trouvent  trop  d'orgueil  dans  ces  corrections. 

Mol. 

Censuré,  iï,  Ç3.n.  Cenfurâ  riotatus ,  damnatus.'Luie 
cenfure ,  propoiition  ,  doéirine ,  opinion  cenfurée , 
condamnée. 

IJCT  CENT.  adj.  numéral  de  t.  g.  &  quelquefois  fub- 
flantif  mafculin.  C'eft  le  carre  de  dix  ,  le  produit  de 
dix  par  dix  ^  un  nombre  qui  contient  dix  fois  dix, 
cinq  fois  vingt.  Centum.  C'eft  ce  nombre  qui  com- 
mence la  troifième  colonne  des  chitres  arabes,  dil- 
pofés  en  ordre  d'Arithmétique.  Il  faut  cent  ans 
pour  faire  un  ficelé.  Une  compagnie  de  cent  maî- 
tres. Une  Hydre  à  cent  têtes.  Cent  hommes  &  cent 
femmes.  Cent  un,  cerit  deux ,  cent  trois.  Cent  un  an  , 
centwxi  chevaux.  Cf«r  mille.  Cent  millions.  Au  plu- 
riel on  dit  Se  on  écrit  cents  ou  cens.  Deux  cens 
ans ,  deux  cens  hommes.  Richelet  écrit  avec  un  t 
au  pluriel ,  quand  il  fuit  une  confonne  ,  deux  cens 
piftoles.  Mais  cette  ortographe  eft  mauvaife.  Il  faut 
une  s  au  pluriel ,  parce  qu'on  la  prononce  né- 
cefîairement  dans  deux  cens  ans,  deux  cens  hom- 
mes. Ainfi  on  ne  doit  pas  moins  écrire  deux  cens 
piftoles,  quoique  Vs  ne  s'y  prononce  pas ,  par  la  rè- 
gle générale  des  pluriels.  Quand  on  marque  l'année 
courante  depuis  une  époque ,  comme  quand  on  dit 
l'an  mil  fept  cent  trente-deux  depuis  la  naiflance 
de  J.  C.  Cent  ne  prend  pas  d'j  en  cette  occalîon  , 
quoique  précédé  de  fcpt ,  parce  que  c'eft  un  nom- 
bre abfolu  pour  un  nombre  ordinal ,  &  que  l'on 
n'y  parle  que  d'une  année  ,  comme  s'il  y  avoir , 
l'an  millième  fept  centième  trente-deuxième,  Res- 

TAUT. 

|iCr  Cent  eftaufTi  f.  m.  Un  cent  de  pommes.  Un  cent 
de  fagots.  Un  cent  de  matons.  C'eft  en  ce  fens  qu'on 
difoit  dans  la  dernière  édition  de  ce  Ditlionnairc , 
que  cent  étoit  un  terme  numéral  mafculin.  Mais 
on  ne  difoit  pas  un  adjectif  numéral  feulement  maf- 
culin. Ainfi  la  critique  des  Vocabulaires  porte  évi- 
demment à  faux ,  &:  fait  dire  à  l'Editeur  ce  qu'il 
ne  difoit  point. 

$3"  On  dit  jouer  un  ct-nr  de  piquet,  jouer  une  partie 
de  cent  points  au  piquet. 

Ce    mot  vient  du  latin    centum  ,  qui  vient  du 
grec  r.inùi  y  pungere.  A  chaque  '  cf/j;  on  faiibic  un 


C  EN 

point.  Ce  mot  à  été  pris  du  celtique  Cant.  Pezron; 
Cant  eft-il  celtique  ,  &  n'c{i:-il  point  Roman  î 

Cent,  fignihc  un  nombre  grand,  incertain,  indéter- 
miné. Je  lui  ai  dit  cent  &c  cent  fois.  Sapius.  Cet 
homme  a  cent  défauts,  cent  perfetlions.  Multus^ 
plurimus.  Je  temarquois  en  elle  cent  ittraits.  Voit. 
On  fit  encore  cent  réflexions  dans  lefquelles  on  s'em- 
prerta  de  rendre  juftice  au  mérite  de  ce  favant  hom- 
me. (  M.  Perrault  )  Mlle  l'Héritier, 

Cent  en  terme  de  commerce  ,  fert  à  régler  la  pro- 
portioii  du  profit  de  l'intérêt  qu'on  fait  dans  le  né- 
goce. On  demande  deux  &  demi  pour  cent  pour 
remettre  de  l'argenr  en  une  telle  ville.  L'intétêt  or- 
dinaire de  la  place  eft  de  huit  pour  cent ,  ou  le  de- 
nier douze.  Les  HoUandois  qui  trafiquent  aux  Indes 
gagnent  cent  pour  cent,  c'eft-à-dire  ,  le  double. 
centejimum  fruïium  afferre.  Rapporter  cent  pour 
cent. 

Cent  eft  encore  un  terme  de  commerce,  qui  fert  à 
exprimer  certaine  quantité  des  choies  dont  on  trafi- 
que. Un  cent  de  lel  à  Amfterdam ,  c'eft-à-dire  qua- 
torze tonneaux. 
Un  cent  de  fel  de  Marenne,  de  brouage  ,  de  l'Ile 
de  Re ,  &c.  c'eft-à-dire ,  vingt-huit  muits  ras ,  à  vingt 
quatie  boilîeailx  par  muid. 

Cent  de  l'ois.  C'eft  la  méfure  des  bois  de  charpente 
en  œuvre  de  diftcrentcs  longueurs  &  groiîeurs.  Cent 
fois  la  quantité  de  douze  pieds  de  longs  fur  fix 
pouces  de  gros ,  qui  font  cent  pièces  de  bois  ,  à 
quoi  on  les   réduit  pour  les  eftimer. 

IfT  CENTAINE,  f.  f.  Nombre  colJedrif ,  qui  renfermé 
cent  unités.  Centum ,  centenarius  ,  centenus  numc- 
rus.  Une  centaine  d'années.  Une  centaine  d'écus. 
JJnc centaine  d'hommes.  Nombre,  dixaine  ^centaine, 
mille ,  &c,  C'eft  l'ordre  des  nombres  en  Arithmé-» 
tique. 

0S?  On  dit  adverbialement  à  centaines ,  par  centaines , 
pour  dire  en  grande  quantité.  Je  reçois  des  lettres 
par  centaines  ,  à  centaines. 

Centaine  ,  fe  dit  auffi  du  brin  de  fil  ou  de  foie  par  où 
tous  les  fils  d'un  écheveau  font  liés  enfemble  ,  Se 
par  où  on  doit  commencer  à  le  dévider.  Fili  in  fpi^ 
ram  convoluti  initium.  Vous  mêlerez  cette  foie ,  ii 
vous  ne  trouvez  la  centaine. 

tft  CENTAL.  Petite  ville  des  Etats  de  Savoie,  dans 
le   Marquifat  de  Saluées  ,  fur  li  rivière  de  Malia. 

Ip"  CENTAURE,  i".  m. Terme  de  Mythologie,  Ani-» 
mal  fabuleux,  moitié  homme,  moitié  cheval.  C^n- 
taurus.  Le  Centaure  Chiton  eut  foin  de  l'éducation 
d'Achille.  Le  combat  des  Centaures  contre  les  La- 
pithcs.  Les  Centaures  y  périrent  prefque  tous,  par 
la  valeur  de  Thefée  &  de  PirithoLis  ;  le  refte  fe  fauva 
dans  les  montagnes  d'Arcadie,  de  manière  qu'on' 
n'en  entendit  prelque  plus  parler. 

Les  Poètes  ont  feint  que  les  Centaures  étoienf 
fils  d'Ixion  &  d'une  Nuée.  Le  château  011  ils  fe  re- 
tiroienr,  s'appeloit  neip/ai  ,  qui  fignifie  Nuée  ;  c'eft- 
ce  qui  a  donné  occafion  à  ce  que  l'on  a  dit  de  leur 
mère.  Il  eft  fouvent  parlé  des  Centaures  dans  les 
Lettres  d^Ovide.  M,  de  Méziriac  en  traite  fort  au 
long  dans  Ion  Commentaire  fur  la  lettre  de  Pliilis 
à  Démophon  ,    où   il    dit  :  les    Centaures   ctoient 
demi-hommes  &  demi-chevaux  :  ils  avoient  la  tête 
d'un  homme  &:  les  bras;  &:  peu-à-peu ,  defcendant 
vers  la  poitrine,  ils  commençoient  d'être  chevaux, 
ayant  quatre  pieds  comme  un  cheval ,  &  tout  le 
refte  du  corps  &même  le  cri  de  cheval ,  comme  les 
décrivenr  Lucien  ,  au  Dialogue  intitulé  Antiochusi 
&  Philoftrate  au  Tableau  des  Centaurelles.  Quant 
à  leur  origine,  Diodore  de  Sicile,  Liv.  IV,  en  a 
le  mieux  parlé  de  rous  ;  les  principaux  Au.teurs  qui 
en   ont  traité ,  font  Euftatliius  fur  le  premier  de 
V Iliade,  Tzetzès  Chiliade  7  ,  Hifi.   99  ,  Si    Palï- 
phate  en  fes  Hifioires  Incrovahles.  Confultez  Vige- 
nère  fur  les  Centaurelles  de  Philoftrate;  il  rapporte 
tout  ce  qu'en  ont  dit  Tzetzès  Si  Palxphate.   Les 
Centaures   dont   parle   les    Poètes ,  font  Chiron , 
Eurytus,  AmycuSj   Grynxus^    Rhpetus  ,  Ameus, 

Lycidas , 


C  Ë  N 

Lycidas ,  Médon  5    Pifehor  ,    CaUmaS-,   Mermetos 
Se  Pholiis. 

Pline ,  Liv.  Fil ,  c,  5  ^  dit  en  avoir  vu  un  q^i 
avoir  éré  envoyé  d'Egypcc  à  l'Empereur  Claude , 
dans  du  miel.  Se  que*  le  même  Empereur  avoir 
ccrir  qu'il  en  éroir  ne  un  en  Theflàlie ,  qui  mourut 
le  même  jour.  C'croit  un  monftre.  S.  Jérôme  rap- 
porte dans  la  vie  de  S.  Paul ,  que  S.  Alitoine  eu 
avoit  vu  un  ;  mais  ce  Père  doute  li  ce  n'croit  point 
un  Ipedre  .  ou  un  preftige  du  Démon,  f^oyei  Vof- 
fius ,  De  Jdololat.  Lib.  I ,  cap.  15. 

Ce  mot  vient  du  grec  xiviceûpaç ,  compcfé  de 
y.'vTia  ■■, pungo  5  &  de  T«uf05 ,  taiirus.  IL (îgnifie  littéra- 
lement piqut-biznfs.  Les  centaures  étoient  vrailém- 
biablement  de  certains  bergers  riches  en  beftiaux  , 
&  qui  habirbient  dans  les  montagnes  d'Arcadie. 
De-là  vient  qu'on  attribue  aux  bergers  de  ce  pays-  là 
rnivcntion  des  vers  bucoliques ,  parce  qu'ils  chan- 
toient  en  gardant  les  bœufs.  Pala-phate ,  daiis  l'on 
Livre  des  Chofes  incroyables  j  raconte  que  fous  le 
tegnc  d'Ixion  Roi  de  Theiîalie ,  un  troupeau  de 
taureaux ,  qui  devinrcnr  furieux  fur  le  mont  Pélion  , 
ravageoit  roilt  le  pays ,  &  rendoit  la  montagne 
inacceilible.  Quelques  jeunes  gens  qui  s'étoient 
aviics  de  drcfler  des  chevaux  pour  les  monter  ,  en- 
treprirent de  nettoyer  la  monragne  de  ces  animaux. 
Pour  en  venir  à  bour ,  ils  les  pourfuivoient  à  cheval , 
&  les  perçoient  à  coups  de  trair.  C'eft  pourquoi  on 
les  nomma  Centaures;  deH-à-dke  , perce-taureaux, 
Cer  heureux  fucccs  les  rendit  infolens,  en  forre 
qu'ils  infulroient  les  peuples  de  la  Theflàlie  ,  qu'on 
appeloit  alors  les  Lapithes  :  &c  comme  ils  prenoient 
la  faite  lorfqu'ils  étoient  attaqués ,  la  rapidité  avec 
laquelle  ils  fe  retiroienr,  fît  jugei:  qu'ils  étcfient 
demi-hommes ,  &;  demi-chevaux. 

1^  D'Ablancourt  s'eftfervi  de  ce  mor  au  féminin  , 
en  parlant  de  la  femme  d'un  Centaure.  D'autres 
dilent  Centaurelle.  Mors  peu  ufirés. 

Centau  RE ,  eft  auffi  le  nom  d'une  conftellarion  méri- 
dionale, qui  comprend  57  étoiles,  (ï  de  la  2' gran- 
deur ,7  de  la  3e ,  16  de  la  4%  &  8  de  la^.  Ce  qui 
irend  le  pied  le  plus  orienral  du  centaure  plus  bril- 
lant que  l'autre  ,  c'eft  qu'il  y  a  dans  cette  partie  de 
cette  conftellation  deux  étoiles  fort  proches  l'une 
de  l'autre. 

Centaure  dans  l'Hiftoire,  eft  le  nom  d'un  peuple 
de  Theflàlie.  Les  Centaures  habitoient  le  pays  qui 
eft  au  pied  du  mont  Pélius  :  c'étoir  une  narion 
^oiîière  &  féroce.  On  les  repréfentoit  demi-hom- 
mes &  demi-chevaux ,  parce  qu'ils  furent  les  pre- 
miers parmi  les  Grecs  qui  domprèrent  des  chevaux , 
&  qui  apprirent  aux  Grecs  à  combarrre  .à  cheval. 

CENTAURÉE,  f.  f.  Centaurium  ,  ou  plurôt  centau- 
reum  ou  centaurea:  Plante  qui  a  piis  fon  nom  dil 
Centaure  Chiron  ,  qui  fut  guéri ,  à  ce  que  l'on  pré- 
tend ,  d'une  bleffure  qu'il  avoir  au  pied ,  par  l'u- 
fage  de  cette  herbe.  On  diftingue  la  grande  &  la 
petite  Centaurée  ,  non  par  rapporr  à  leur  grandeur 
feulement,  mais  encore  par  rapport  à  leur  caraélère, 
qui  eft  bien  différent  dans  l'une  &  dans  l'autre. 

La  grande  Centaurée  ,  Centaureum  majus ,  eft  de 
la  famille  des  plantes  dont  les  fleurs  font  des  fleurons 
réguliers ,  l^vurenus  chacun  par  une  fcmence  aigre- 
tée ,  &  ramàflés  plufieurs  enfemble  en  une  tête  ou 
bouquet  arrondi  ou  écailleux.  On  ne  diftingue  la 
jacée  d'avec  certe  plants ,  qiie  par  les  têtes ,  qui  font 
plus  groflés  dans  celle-ci ,  &:  plus  perires  dans  celle- 
là.  Les  efpèces  de  grande  Centaurée  font  pour  la 
plupart  de  grandes  plantes  :  les  plus  connues  fonr 
celles  qui  porrent  des  fleurs  purpurines ,  des  feuilles 
découpées  en  fegmens  fort  larges ,  dentelées ,  & 
qu'on  compare  aux  feuilles  du  noyer.  Centaureum 
majus  ,  folio  in  plures  lacinias  divifo.  C.  B.  Pin.  ou 
Centaureum  maj us  ,ju^landis  folio  ^.^.  Ses  racines 
font  aflez  grofles ,  &  marbrées  comme  celles  du 
ïhapontic.  Aufîi  l'a-t-on  fait  pafler  ,  de  même  que 
les  elpèccs  fuivanres ,  pour  le  rhaponric.  La  ieconde 
efpèce  a  fes  feuilles  découpées  en  fegmens  plus 
i-nenus  Se  plus  étroits  :  Se  fes  fleuts  font  jaunâtres, 
Tome  Jli 


G  EN  ^61 

Veniaiireum  Àlpinum  ,  hiteum.  C.  B.  Pin.  Ces  dcuX 
elpcces  viennent  en  Italie  fur  le  mont  Baldo,  & 
dans  les  Alpes.  On  cultive  dans  les  jardins  des  cu- 
rieux une  troilîème  elpèce  femblablc  ,  à  la  féconde 
par  la  couleur  des  fleurs,  &  p.!:  les  découpures  pro- 
fondes des  feuilles  ;  mais  celle-ci  qui  vient  d'A- 
frique a  une  odeur  douce  ,  &  fes  feuilles  font  plus 
amples,  découpées  en  fegmens  plus  menus  &  plus 
arrondis.  Centaureum  majus ,  laciniatum ,  AÇrica- 
num.  5,/?.  har.  App,  La  quatrième  efpèce  vient  d:lns 
les  Pyrénées:  fes  feuilles  rclfemblent  à  celles  de  l'ar- 
tichaut ,  mais  elles  font  plus  vertes  en  deil'us  ;  fes 
têtes  font  fort  grofles  ,  Se  fes  fleurs  fonr  purpurines  , 
Centaureum Joliis  Cinarce,  Corn.  La  cinquième  a  fes 
feuilles enrières,  longues,  blanches  en  deifous  ,  Se 
verdâtres  en  deifus ,  &  pareilles  à  celles  de  l'année. 
Ses  liges  ne  font  point  branchues  i  ni  fi  haures  qua 
dans  les  précédentes  :  elles  font  cependant  garnies 
d'un  plus  grand  nombre  de  feuilles  à  proportion  * 
&  leurs  têtes  font  auffi  beaucoup  plus,  groflés,  écail- 
kufes.  Se  leurs  fleurs  font  purpurines.  Ses  racines 
font  plus  charnues,  &  marbrées  comme  dans  les 
premières  efpèces  ;  ce  qui  les  fait  prendre  pour  du 
rhapontic.  On  trouve  cette  dernière  efpèce  à  feuil- 
les larges  Se  à  feuilles  étroites,  dans  les  AlpeSi 
Centaureum  majus,  folio  helenii  ijicano ,  Centau- 
riurii  majus ,  folio  helenii  angiifiiore.  Infi.  R.  Herb, 

La  petite  Centaurée,  Centaureum  minus ,  C.  Bi 
Pin.  Elle  a  des  fleurs  en  forme  de  tuya.u  évafé  etî 
devant  ,  Se  découpe  profondément  en  plufieuvs 
parties.  Son  fruir  eft  ovale  ,  ou  cylindrique  ,  divife 
en  deux  cellules  remplies  de  fcmences  menues. 
L'efpècc  la  plus  commune  Se  la  plus  ufitée ,  a  fa 
racine  petite, blanchâtre,  ligneufe  &  infipide.  Elle 
donne  d'abord  quelques  feuilles  couchées  iur  terre, 
qui  Ibnr  verres ,  arrondies,  &  longues  d'un  f>ouce 
environ.  Du  milieu  de  fes  feuilles  s'élève  une  tiga 
branchue,anguleufe  ,  haure  d'un  pied  ou  environ, 
garnie  de  feuilles  lifles,  verres,  oppofées,  plus 
petites  que  celles  du  bas,  chargées  de  trois  nervures 
qui  parcourent  toute  leur  longueur  -,  les  extrémirés 
des  branches  font  terminées  par  des  bouquers  de 
fleurs  purpurines ,  dont  les  pédicules  font  courrs,  & 
les  calices  verts ,  étroits ,  à  cinq  découpures  fort 
aiguës.  Chaque  fleur  eft  un  tuyau  crroir ,  évafé  &: 
découpé  en  cinq  quartiers  ordinairement.  Ses  éta- 
mines  font  au  nombre  de  cinq ,  Se  leurs  fommets 
font  jaunes.  Les  fruirs  qui  fuccèdent  à  fes  fleurs  font 
cylindriques ,  grêles  ,  divifés  en  deux  cellules ,  qui 
renferment  des  graines  menues  comme  du  fable. 
Toute  la  plante  eft  extrêmement  amère  ;  d'où  vient 
auflî  que  Pline  Se  d'aurres  Anciens  l'on  nommée 
Felterrœ ,  Fiel  de  terre.  Sa  qualité  fébrifuge  lui  a  fait 
encore  attribuer  le  nom  de  Fébrifuge  par  excellence. 

Les  Médecins  emploienr  la  petite  Centaurée  dans 
prelque  toutes  les  occafions  où  ils  reconnoiflcnr  que 
les  amers  feront  utiles,  &  lorfqu'ils  véulenr  chafléc 
la  fièvre.  Ils  ordonnenr  par  pincées  les  femences  bien 
fleuries  de  cette  plante,  dans  les  infuiions  purgatives, 
apéritives ,  fébrifuges  Se  alrérantes.  Le  fel  de  petite 
Centaurée  eft  pareiliemenr  fébrifuge.  La  petite  Cen- 
taurée entre  dans  la  thériaque.  Galien  faifoit  tant 
de  cas  de  cette  plante ,  qu'il  a  compofc  un  livre 
enrier ,  où  il  a  ramaflé  toutes  les  propriétés  que  les 
Anciens  lui  avoient  attribuées,  Se  tout  ce  qu'il  en 
avoit  obfervé  lui-même. 

Il  y  a  quelques  autres  efpèces  de  petite  Centaurée 
qui  pourroient  être  employées  comme  celles-ci  : 
telles  fonr  la  perire  Centaurée  à  fleurs  difpofées  en 
épi ,  Centaureum  minus ,  fpicatum  ,  C.  B.  Pin  ,  qu'on 
rrouve  en  Languedoc  -,  Se  la  petite  Centaurée  à  fleurs 
jaunes,  planre"  différenre  des  précédentes  par  fes 
feuilles  qui  fonr  glauques ,  arrondies  ,  Se  jointes 
enfemble  de  telle  manière  ,  qu'il  femble  que  les  riges 
Se  les  branches  les  enfilenr,  Centaureum  luteum , 
perfoliatum.  C.  B.  Pin.  On  rrouve  cette  plante  afléz 
fréquemment  à  la  campagne  dans  des  endroirs  hu- 
mides. Ses  fleurs  ne  fonr  point  fi  alongées  en  tuyau  , 
Se  font  découpées  en  huit  quartiers  :  leurs  fruits  font 

Z  ï 


;^^2 


C  EN 


ovales  en  (,len:; loges,  qui  renfcmient  une  fcmence 
noirs  &:  menue. 

On  fc  lert  dans  le  Pérou  ,  à  Lima  (ur-tout ,  d'une 
cfpcce  de  pctire  Centaurée ,  qu'on  apporte  des  mon- 
tai?ncs  du  Chili ,  &  qu'on  nomme  Cacheu  :  elle  eft 
bonne  contre  les  fièvres  comme  notre  petite  Centau- 
rée ;  on  lui  donne  encore  pluficurs  autres  qualités 
qui  conviennent  avec  celles  que  nous  reconnoiffons 
dans  la  nôtre.  Cette  plante  diffère  de  notre  Centaurée, 
par  la  dil'polîtion  de  fes  branches,  qui   font  plus 
écartées  les   unes  des  autres ,  plus  longues ,  oppo- 
fées  cependant  par  fes  feuilles ,  qui  font  beaucoup 
plus  étroites ,  &;  par  fes  fleurs ,  qui  ne  font  point  ra- 
maflces  en  bouquet ,  &  qui  ont  chacune  leur  pédi- 
cule formé  par  l'extrémité  de  la  branche.  Centau- 
reum    minus  ^  purpureum  ,  patulum.  Hiftoire    des 
Plantes  du  Journal  hiftorique  du  Père  Feuillée. 
CENTAURELLE.  f.  f.  Femme  de  Centaure.   Voye^ 

Centaure. 
CENTENAIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  a  cent  ans  ^  qui 
contient  cent  ans.  Centenarius.    Il  n'eft  guère    en 
ufasre  qu'en  parlant  du  nombre  cent ,  de  la  poifef- 
lion  &:  de  la  prefcription  centenaire.  Centenarius.  Il 
n'y  a  que  la  prefcription  centenaire  qui  coure  contre 
l'Eglife.  Lapofléfîîon  centenaire  n'efl:  pas  valable, 
quand  on  prouve  la  mauvaife    foi  d'un  poUeilcur, 
On  d  r  aulîi  un  nombre  centenaire  j  pour  dire ,  qui 
en  comprend  cent.  Numerus  centenarius. 
Centenaire,  f.  m.  Cent  livres  pefant.  Le  Calife  Alma- 
mon    voyant  qu'il  ne  pouvoit  tirer  Lcon  de  Ion 
pays  ,    lui  propofa  par  lettres    plufeurs  queftions 
de  Géométrie  &;  d'Aftronomie ,  ^'  fut  fi  fuisfait  de 
fes  rcponfes ,  qu'il  écrivit  à  l'Empereur  Théophile  , 
le  priant  de  le  lui  envoyer  pour  un  peu  de  temps , 
&  offtapt  pour  cet  effet  cent  centenaires ,  c'eft-à- 
dire  ,    dix  mille  livres  d'or,  &  une   paix    perpé- 
tuelle.. .  Fleur  Y. 
CENTENE.  f.  f.  Centena.  Charge ,  dignité  de  Cente- 
naire. 
CENTENIER.   f.  in.  Chef  qui  commandoit    à   cent 
hommes   chez  les  Romains.  Centurio.  Jéfus-Chrift 
guérit  le  fcrvitcur  du  Centenier.  Je  n'ai  pas,  Seigneur, 
une  foi  auffi  vive  que  celle  de  l'humble  Centenier  , 
qui    lui  fit    tout  d'un  coup    obtenir    l'effet  de  fes 
prières;  je  m'unirai  à  vos  Apôtres,  afin  de   vous 
demander  avec  eux  l'augmentation  de  la  mienne. 
Mad.  de  la  Vall.  m.  d'e  Harlay  de  Chanvallon  , 
dans  faTraduéliûP  de  Tacite  ,  Vigenère,  dans  fon 
Tite-Live  &  fon  Céfar  \  M.  de  la  Mare  ,  dans  fon 
Traité  de  la  Police;  &  d'autres,  l'ont  dit  fouvent. 
Dans   cette  fédition  fut  tué  un  Centenier  nommé 
Lucilius.  Harlay.  Tous  les  autres  Centeniers  fe  ca- 
chèrent. Id.  La  folde  de  l'Jiomme  de  pied  légionaire, 
félon   Polybe,  ne  fut  premièrement  que  de  deux 
oboles   par  jour.  Le    Centenier  avoir    le    double. 
ViGEN.  Céfar  trouva  à  dire  neuf  cent  foixante  de 
fes  foldats ,  èc  quelques  trente  Centeniers.  Id.  fCFM. 
de  Cordemoi  s'eft   auffi  fervi  de  ce  mot.  Malgré 
toutes  ces  autorités ,  le  mot  de  Centenier  eft  parti- 
culièrement confacré  au  ftyle  de  l'Ecriture  &  aux 
matières  de  dévotion  -,  ic  dans  l'ufage  ordinaire  , 
on  dit  plutôt  Centurion  ,   que   Centenier. 
Centenier  a  auffi  été  un  Officier  de  nos  Rois  fous  la 
première  race.  Les  Comtes  n'avoient  eu  d'abord  que 
l'adminiftration  de  la  Juftice ,  mais  depuis  on  leur 
accorda  celle  des  armes.  Ils  n'avoient  l'une  &  l'au- 
tre que  dans    une  feule  ville  ;  &  cette  ville  étoit 
toujours  confidérable:  car  on  mettoit  des  Vicaires 
ou  Visuiers  dans  les  autres  villes  -,  &  ces  Vicaires 
étoient  fournis  aux  Comtes ,  comme  les  Centeniers  , 
qu'on  mettoit  dans  les  bourgs,  pour  tout  un   petit 
pays.  CoRDEM.  Il  paroit  que  c'étoient  les  Francs 
qui  avoienr  apporté    cet   ufage   dans  les  Gaules  ; 
car  les    Goths ,  leS  Germains  &  les  Lombards  l'a- 
voienr.  Il  en  ell  parlé  dans  les  Loix  des  Vifigors , 
Liv.  H,  Tit.n,L.i6,icLiv.  IX,  Tit.  II,  Liv. 
i.Les  CapitulairesdeCharlemagne,  &  de  Louis  le 
Débonnaire ,  la  Loi  de  Charlemagne  qui  fe  trouve 
dans  les  Loix  des  Lombards.  Z,/V.  Il,  Tit,  LU;  Liv. 


CE  N 

5  •,&  dans  fes  Capitulaircs  Liv.  /i/,f. 79,  décrivent, 
la  Juridiction  du  Centenier.  Grégoire   de  Tours  en 
parle  auUi,Z,/v.  IX ,HiJt.  Fr.c.  $.  Voyez  Hoffman 
Spelm.an,  ic  les  notes  d'Otton  fur  B.  Rhénan.  lierum 
Germ.  Lib.  11 ,  p.  161.  Voyez  auffi  le   Traite  de  la 
Police  de  M.  de  la  Marc,  Liv.  I  ,  Tit.  Kc.  i.  Les 
Centeniers  étoientdes  Juges  diftribués  dans  les  vil- 
lages.  Chorier  ,  Liv.  X  ,  p.  66^.  Le  Centenier  ne 
pouvoit  condamner   à  mort.  Le   Gendre.   On  les 
appcloit  aulli  Centénarions,   Centenariones.   Ils  ne 
jugeoicntque  des  affaires  de  peu  de  conicquence, 
&  Walafridus  Strabo  dit  qu'on  peut  les  comparer 
aux  Prêtres  qui  gouvernent  les  Eglifes  où  il  y  a  deis 
fonts    baptifmaux  -,  c'eft-à-dire  ,  aux  Curés,  &  aux 
moindres  Prêtres.  Outre  les  Auteurs  cités,  on  peut 
voir  le  Glcjjaire  Salique  de  Chifflet ,  6i  les  Glofes 
de  M.  Pithou. 

§C?  Les  Comtes  affenabloient  les  hommes  libres ,  & 
les  menoient  à  la  guerre.  Ils  avoient  fous  eux  des 
Officiers  qu'ils  appeloient  Ficaires  ;  Se  comme  tous 
les  hommes  libres  étoient  diviies  en  centaines,  qui 
formoicnt  ce  qu'on  appelle  un  Bourg  -,  les  Comtes 
avoient  fous  eux  des  Officiers  qu'on  appeloir 
Centeniers  ,  qui  menoient  les  hommes  libres  du 
Bourg  ou  leurs  centaines  à  la  guerre.   Montesq. 

|t3^  Encore  aujourd'hui ,  en  parlant  de  la  Milice  des 
bourgs  Se  villes  du  Royaume  ;  on  appelle  Cente- 
nier ,  un  Off.cier  qui  commande  cent  hommes. 

fCr  CENTIÈME,  adj.  de  t.  g.  Nombre  d'ordre  de 
cent.  Ccntefimus.  La  centième  année ,  la  centième 
perfonne.  'Malherbe  a  dit ,  pour  exprimer  cent 
ans  : 

Le  centième  Décemhe  ,  a  nos  plaines  ternies  i 
Et  le  centième  Avril  les  a  peintes  defieurs. 

IJCT  On  le  dit  fubftantivement  -,  Vous  n'êtes  pas  lé 
centième  à  qui  cela  foit  arrive.  Impôt  du  centième 
fur  les  denrées  6c  marchandifes.  Centejima  reruni 
venalium.  Avoir  un  centième  dans  une  affaire ,  dans 
une  ferme. 

^ÇT  Centième  denier,  eft  la  ce/z/zè/7ze  partie  du  prix 
ou  de  l'eftimation  des  immeubles  qui  fe  paye  au 
Roi  par  tous  les  nouveaux  Acquéreurs ,  à  quelque 
titre  que  ce  foit,  lucratif  ou  onéreux.  Il  n'y  a  que 
ce  qui  vient  par  fucceflion  en  ligne  direéte  ,  &  les 
autres  cas  énoncés  dans  l'Edit  de  création  qui  foit 
exempt  de  ce  droit. 

CENTINODE.  f.  f.  Petite  plante  qui  eft  ain/î  appelée, 
à  caule  que  fes  tiges  font  pleines  de  nœuds.  En 
latin  ,  polygojium  latifolium  ,  ou  centinodia.  C'eft 
une  efpéce  de  renouée.  /^oyf{  Renoltée. 

IJCT  CENTO,  Petite  ville ,  autrefois  fortifiée ,  dans 
le  Fcrrarois,  fur  les  confins  du  Boulonnois  &:  du 
Modénois. 

CENTON.  f.  m.  Ouvrage  compofé  de  plufîeurs  vers 
ou  pafîages  empruntés  d'un  ou  de  plulieurs  Au- 
teurs. Cento.  Proba  Falconia  a  écrit  la  vie  de  J.  C. 
en  centons  tirés  de  Virgile.  Etienne  de  Pleutre , 
Chanoine  régulier  de  Saint  Vidor  de  Paris ,  a  fait 
la  même  chofe.  Son  ouvrage  eft  approuve  par  deux 
Doéteurs  de  la  Faculté  de  Théologi^de  Paris,  qui 
difent  que  cet  Auteur  a  fait  des  entonnes  à  J.  C. 
&  aux  faints  Martyrs ,  de  l'or  de  ntdole  de  Mo- 
loch.  Voici  un  exemple  de  ces  centons  fur  l'ado- 
ration des  Rois. 

Adoratio  Magorum.  Matth.  2. 

6  X.  ifsEcce  autem  primi  fub  lumine  folis  & 

ortus  , 
Z  X.  6 ^^  Stella  facem   ducens   milita,  cum  luce 

cucurrit. 
S  X.  ^iCSignavitque  viam  *  cœli   in    regione 

fercna  8    s.   fzS 

8  X.  330  Tum{i)  Regcs  *  (  credo  quia  fit  divini-     (  i  )  Magi. 

tùs  illis  I    g.  41) 

I  g.  /^i6  Jngenium  ,   6"  rerum  fato  prudentia 

major  ) 


C  E  N 

^,J X.    98  Exurnlvcniii.it ,  *  quin aùqiu cj2 copùi 

Iteri  y    x.   100 

^tl  X.  5  }  j  Mu.icra  portantes  ;  *  molles  fua  thura 

Siibxi,^  _  I    S"-     f7 

j  !••  4tf+Z?u/iJ  dclùnc  atiro  gravia,  *  mvrr.Lj/ii: 

maderac!  li    .i".    100 

9  X.  6^y  Agnovcrc  Dcum  *  Rcgcrn    reguinquc 

pannti:m.  6    x.   ^48 

s  g.  ^li  Mutavcie  vins  ,*  perfi^is  ordinc  vous     3    x.    f  +  S 
iS  x.     I  û  liijnctum  pcr  ïtcni ,  *  fpatia  in  Jua. 

qu'ij^uc  iccijjit.  Il  X.    116 

Aufone  a  prcfcrit  des  règles  pour  compolcr  des 
cernons  :  il  tàut  prendre,  dit-il,  des  morceaux  dé- 
tachés du  même  Pocte ,  ou  de  pludeurs  :  on  peut 
partager  un  vers ,  &  en  lier  la  moitié  à  une  autre 
moitié  prile  ailleurs,  ou  employer  le  vers  tout  en- 
tier i  mais  il  n'ell  pas  permis  d'inlcrer  deux  vers 
iuivis,  &  pris  dans  le  même  endroit.  Il  a  fait  un 
infâme  ccnton  ,  tiré  de  Virgile,  Lélio  Capiluppi  n 
fait  plulieurs  Poèmes  latins  en  cernons. 
ffF  On  dit  un  centon  d'Homère,  de  Virgile,  pour 
dire-,  compoic  des  vers  de  ces  Poètes  :&  le  ccnton 
d'Aulbne;  pour  dire,  dont  Aufone  eft  l'auteur. 

On  appelle  auflî,  par  exrenfion  ,  centon  ,  un  ou- 
vrage rempli  de  morceaux  dérobés.  Les  politiques 
de  Lipfc  ne  font  que  des  centons .,  où  il  n'a  ajouté 
que  les  conjonélions  &  les  particules. 

Ce  mot  vient  du  latin  cento  ,  qui  (ignifie  un  man- 
teau rapetajj}-,  fait  de  pièces  rapportées  ,  &  celui-ci 
vicnr  du  çrec  xekîtko  ,  Les  (bldats  Romains  fc  icr- 
voient  de  ces  centons  ou  vieilles  étoffes  ramaiices , 
pour  fc  çrarantir  des  rraits  des  ennemis. 
CF.NTONÀIRE.  f,  m.  Il  y  a  dans  le  Code  Théo- 
dolien  un  titre  des  Centonaircs  &c  des  Dendropho- 
rcs  -,  6c  dans  les  anciennes  inicriptions  on  les  joint 
toujours  aux  Charpentiers ,  Tignarii,  aux  Serruriers, 
Ferrarii  ,  &:  aux  Dendrophores ,  Dendrophoii.  Ils 
ne  faifoient  qu'un  corps  de  métier  avec  ces  fortes 
d'Artifiins,  que  l'on  appeloit  Collcgium  Fahrorum  & 
Ceiitonarionim.  Voyez  Gruïer,/',  XLF ,  «,  8  & 
le  Code  Thcodojien.  Tout  ceci ,  qui  a  paru  à  quel- 
ques habiles  gens  rendre  douteufe  la  lignification 
de  ce  mot ,  ou  l'état  bc  la  profeflion  des  Centonai- 
rcs ,  cfl:  au  contraire  une  preuve  de  ce  qu'ils  croient  ; 
car  il  efi:  certain  que  l'on  appeloir  chez  les  Romains 
Centons ,  les  pièces  de  cuir  &  d'étoffe  dont  on  cou- 
vroit  les  galeries  couvertes  appelées  Vinecc  -,  fous 
leltjuelles  les  ailiégeans  faifoient  leurs  approches 
dans  un  iiégc,8i  les  tours  5c  autres  machines  dont 
on  fe  fcrvoit  pour  faire  les  attaques  &  pour  battre 
une  place.  Il  efl:  naturel  qu'on  ait  appelé  Centonai- 
rcs ceux  qui  travailloient  aux  centons  ,c'eft-à-clire  , 
à  ces  pièces  de  cuir  &  d'étoffe ,  &:  qui  les  prépa- 
roient.  De  plus ,  trois  Ibrres  de  gens  &  d'ouvriers 
étoient  nécelîaires  pour  les  galeries  &  autres  ou- 
vrages dont  nous  parlons,  i».  Des  Charpentiers  , 
Tignarii,  pour  préparer  les  bois , //ir/z<:z  ,  dont  ils 
étoient  compofcs  :  z°.  des'Serruriers ,  ferrarii ,  pour 
lier  ces  bois  avec  des  liens,  des  barres ,  des  che- 
villes de  fer  ;  5°.  des  Ccnt-enaires  ,  Centonarii ,  pour 
les  couvrir  de  centons  ou  de  pièces  de  cuir  cru  &: 
d'étoffes  mouillées , 'pour  empêcher  que  les  enne- 
mis ne  vilfent  ce  qui  fe  paffoit  deflbus  ,  &  qu'ils 
n'y  miffent  le  feu.  Il  n'eft  donc  point  étonnant  que 
l'on  joigne  tous  ces  gens  enfemble  ,  &;  qu'ils  ne 
faflént  qu'un  même  corps ,  puifqu'ils  travailloient 
de  concert  .à  différentes  parties  des  mêmes  ouvrages, 

CENT  PIEDS,  f.  m.  C'efl:  le  nom  d'une  efpèce  de 
ferpcnt  que  l'on  voit  à  Siam,  M,  Gervaife  ,  clans  fon 
H'ijloire  Naturelle  &  Politique  du  Royaume  de  Siam  , 
parle  àw  Cent  pieds  comme  d'un  animal  très-véni- 
mciix.  Centipes. 

ifT  CENTRAL ,  ALE.  adj.  Terme  du  fliyle  didadi- 
que ,  d'ufage  dans  un  petit  nombre  de  phrafes.  Il 
fignifie  qui  efl:  placé  au  centre  ,  au  milieu  •,  qui  a 
rapport  au  centre.  Centralis.  On  appelle  en  Géomé- 
trie point  centra/ ,  le  point  du  centre  ,  du  milieu 
d'une  figure.  Ligne  centrale  ,  celle  qui  abourit  au 
centre.  En  Phyllque ,  feu  central ,  efl;  un  feu  q^ue 


CEN  î^j 

qiielqucs  Philofbphcs  ont  cru  être  au  centre  de  li 
terre.  Vcjj't'^Fr.u.  Eclipie  centrale,  \oyci  Eclipse, 
Force  tv«:rû/(.' ,  c'efl:  celle  par  laquelle  un  corps  mii 
tend  vers  un  centre  de  mouvement ,  ou  s'en  éloigne. 
Fis  centralis.  Les  forces  centrales  Ibnt  centripc-tes 
ou  centrifuges.  Koye^  ces  mots.  Communion  cen- 
trale ,  en  matière  de  religion  ,  c'efl:  la  communion 
qu'on  a  avec  le  Pape,  ou  plutôt  avec  le  St  Siège, 
qui  cfl:  le  centre  de  l'unité  de  TEgliié. 

|p°  CENTRE,  f,  m.  Terme  de  Géométrie.  C'efl:  dans 
un  fens  général  ,  un  point  également  éloigné  des 
extrémités  d'une  ligne ,  d'une  figure ,  d'un  corps  ;  ou 
le  milieu  d'une  ligne ,  ou  un  plan  par  lequel  un 
corps  efl- divifé  en  deux  parties  égales.  Centrum. 

ftlF"  Le  centre  d'un  cercle  cft  le  point  du  milieu  du  cer- 
cle (ituc  de  façon  que  toutes  les  lignes  tirées  de 
la  .à  la  circonférence  Ibnt  égales. 

On  appelle  centre  apparent ,  le  point  qui  rcpré- • 
lente  le  centre  d'un  cercle  ;  &  centre  véritable  ,  celui 
qui  a  iervi  de  centre  pour  décrire  la  repréfentation 
d'un  grand  ou  d'un  petit  cercle  de  la  fphère.  L'an- 
gle du  centre  efl:  double  de  celui  de  la  circonfé- 
rence ;  c'eft-à-dire  ,  que  l'angle  qui  efl  fait  de  deux 
lignes  qui  font  tirées  du  centre  fur  un  arc  de  cercle  , 
cfl:  double  de  l'angle  qiic  font  deux  lignes  tirées 
des  extrémités  d'un  même  arc  ,  qui  aboiatiifent  ï  la 
circonférence,  Euclide  ,  Liv.  111. 

On  appelle  auHi  centre  dans  les  autres  figures  cur- 
vilignes, les  points  où  fe  ramalTcnt  les  rayons  ré- 
fléchis. Le  centre  de  la  parabole  eft  le  point  oùfe 
réfléchillènt  les  rayons  ou  le  point  brûlant.  On  l'ap- 
pelle autrement  le  foyer.  Focus.  L'ellipfe  a  deux: 
centres  ,  d'où  les  rayons  6c  les  Ibns  fe  rcfléchillcnc 
de  l'un  à  l'autre. 

Centre  fe  dit  aulTi  dans  les  figures  polygones,  du 
point  où  fe  coupent  leurs  diagonales ,  quoiqu'il  ne 
(bit  pas  également  éloigné  des  extrémités ,  comma 
dans  les  carrés  longs  ,  les  trapèzes ,  hexagones ,  &c. 
En  Gnomonique  ,  on  appelle  centre  divij'eur  ,  un 
point  dans  le  plan  du  cadran  qui  reprciénte  le  cen- 
tre du  monde  ,  &  qui  fert  pour  divifer  en  degrés 
la  repréfentation   d'un  grand  cercle  de  la  fphère. 

|i3°  Centre  de  figure  on  de  grandeur.  C'efl  im  point 
par  lequel  un  corps  quelconque  eft  divifé  en  deux 
panics  égales,  c'eft-à-dire  ,  en  deux  parties  qui  oc- 
cupent chacune  un  efpace  égal. 

^fT  Centre  de  gravité.  C'eft  un  point  par  lequel  un 
corps  quelconque  eft  divifé  en  deux  parties  aulH 
pelantes  l'une  que  l'autre.  Un  corps  fufpendu  par 
fon  centre  de  graviré  demeure  dans  un  parfait  équi- 
libre, La  gravité  totale  d'un  corps  peut  être  con-i 
eue,  réunie  à  fon  centre  de  graviré,  Aulfi  les  Phy- 
licicns  accoutumés  à  prendre  le  centre  de  gravité 
pour  le  corps  grave  ,  fuppofent  les  vérités  fuivan- 
tes,  comme  autant  de  principes  certains. 

ffT  1°.  La  ligne  de  direélion  des  corps  graves  fub- 
lunaires,  eft  une  ligne  droite  tirée  de  leur  centre  de 
gravité  au  centre  de  la  terre. 

IJCT  2°.  Lorfqu'un  corps  grave  defcend ,  fon  centre  de 
gravité  defcend  avec  lui,  n 

^fT  ;o.  Un  corps  grave  qui  defcend  libremenr  ,  ne 
quirte  jamais  fa  ligne  de  direétion, 

;)Cr  4°,  Le  centre  de  gravité  des  corps  fublunaires 
tend  toujours  à  s'approcher  du  centre  de  la  terre  i 
8c  par  conféquent ,  toutes  les  fois  que  le  centre  de 
gravité  s'écarte  du  centre  de  la  terre  ,  le  corps  eft 
regardé  comme  érant  dans  un  mouvement  violent, 

'^jfT  50,  Un  corps  grave  ne  peut  pas  tomber  lorfque 
la  ligne  de  direélion  paffe  par  fa  bafe  ;  mais  il  tomba 
nécelfairement ,  lorfque  la  ligne  de  dirc(5fion  paife 
hors  de  fa  bafe, 

^fT  6",  Les  hommes  &  les  animaux  ont  leur  centre 
de  gravité  vers  le  milieu  de  leur  corps.  Ces  prin- 
cipes fourni  Ifent  l'explication  de  problêmes  amufans. 

IJCT  Si  les  porte -fiix  &  tons  ceux  dont  le  dos  eft 
charge  d'un  poids  confidérablc  ,  ne  fe  courboient 
pas  en  avant  ;  fi  les  perfonnes  qui  ont  beaucoup 
d'embonpoint ,  ou  qui  portent  pardevant  ur^  pcfani 
fardeau  ,  ne  fe  courboient  pas  en  arrière  ;  li  ceu\ 

Z  z  ij 


5  H 


CEN 


qui  en  faifant  la  révérence  inclinent  la  partie  fu- 
péricure  du  corps  &;  panchcnr  la  tctc  ,  n'avançoicnt 
pas  un  pié  •,  lî  quelqu'un  vouloir  tenir  lés  pies 
appuyés  contre  une  m.iraille  ,  &c  ramailér  quel- 
que chofe  à  terre  ;  tous  ces  gens  -  là  téroicnt  des 
chûtes  auiîl  ridicules  que  dangereuCes  ,  parce  eu; 
leur  ligne  cte  direélion  ne  padéroit  pas  par  leur  baie, 

ftCT  Parles  mêmes  principes ,  on  explique  facilement 
pourquoi  ,  lans  une  adrtiîè  très-grande  ,  on  ne  fau- 
roit  marcher ,  ou  Air  une  corde  ou  fur  une  plan- 
che très-étroite ,  parce  qu'il  efl  alors  très  -  aile  que 
la  ligne  de  dircôtion  pallé  hors  de  la  bafe. 

^3"  On  voit  encore  qu'un  cheval  qui  galope  doit 
lever  en  même  temps  un  pié  de  devant  &c  un  de  der- 
rière ;  qu'un  vieillard  courbé  fous  le  poids  des  an- 
nées doit  fe  lérvir  d'un  baron  -,  qu'un  enfant  cui 
fautille  fur  un  pié  ,  doit  être  extrémemenr  lur  fcs 
(Tardes  ;  fans  quoi  leur  ligne  de  direélion  padéroit 
hors  de  leur  bafe  ;  le  cheval  s'abatcroit  ,  le  vieil- 
lard, donneroit  du  nez  en  terre  ,  &:  l'enfant  payeroit 
fa  fottife  par  une  chCite  inévitable. 

Outre  le  centre  de  gravité  ,  il  y  a  en  Mcchani- 
que  plufieurs  autres  efpèces  de  centres  ,  comme  celui 
d'agitation  ,  de  percuiîlon  ,  ùc.  félon  les  différentes 
circonftances  que  l'on  confîdère  j  &  c'cft  le  point 
où  les  différentes  puilfances  ont  toute  leur  action 
commune  réunie.  AcAD.  DES  Se.  1701, /^'//./7.  109. 
Une  verge  chargée  de  deux  poids ,  &:  mue  paral- 
lèlcmenr  à  elle-même  ,  doit  fraper  un  corps  par 
le  point  d'équilibre  ,  ou  par  l'on  centre  de  gra- 
vité ,  pour  le  fraper  avec  le  plus  de  force  qu'il  fe 
pui  (fe  •,  ce  centre  peur  s'appeler  aufFi  centre  de  percuf 
ifion.  Mais  fi  la  verge  ne  fe  meur  pas  parallclemenr 
à  elle-même ,  alors  le  centre  de  gravité  n'eft  plus  le 
centre  de  percuffion  Ib.  , /?.  iio. 

^fT  Centre  d'ojcillation.  C'efl:  un  point  dans  la  ligue 
de  fufpenfion  d'un  pendule  compofé,  tel  que  lî  toute 
la  gravité  du  pendule  s'y  trouvoitramaifée,  les  ofcil- 
lations  s'y  feroient  dans  le  même  temps  qu'aupa- 
ravant. Ce  centre  eft  plus  haut  que  celui  de  la  len- 
tille en  raifon  de  la  péfanteur  de  la  verge.  Tout  le 
jeu  du  pendule  s'explique  par  les  principes  qu'on 
vient  d'expolér.  Le  pendule  tranfporté  a.  droite  eft- 
il  abandonné  à  lui-même  ,  la  péfanteur  fait  def- 
cendre  fon  centre  de  graviré  dans  la  ligne  de  di- 
reélion ,  c'efl-à-dire ,  dans  la  ligne  perpendiculaire 
à  la  furface  de  la  terre.  Arrivé  à  cette  ligne  ,  les 
degrés  d'accélération  qu'il  a  acquis  en  deicendant 
lui  font  décrire  à  gauche  Un  a.rc  femblable  à  celui 
qu'il  vient  de  parcourir  à  droùe.  Cet  arc  décrit  la 
péfanteur ,  fair  defcendre  le  pendule  dans  la  ligne 
perpendiculaire  ,  Se  les  degrés  d'accélération  le  font 
remonter  à  droite  par  un  arc  femblable  à  celui  par 
lequel  il  vient  de  defcendre  -,  en  forte  que  ce  mou- 
vement feroit  perpétuel ,  s'il  fe  faifoit  dans  un  ef- 
pace  parfaitement  vide. 

gCJ"  Centre  de  gravitation  ou  d'attralUon,  C'efl:  le 
point  vers  lequel  un  corps  ,  une  comète  ,  une  pla- 
nète ,  &c.  efl  continuellement  poulfée  ou  attirée 
dans  fa  révolution  par  la  force  de  la  gravité.  Il  ne 
faut  pas  confondre  le  centre  de  gravité  d'un  corps 
particulier  avec  le  centre  de  gravitation  ;  c'efl- à- 
dire  ,  avec  le  centre  commun  de  gravité  de  plulîeurs 
corps  qui  s'attirenr  muruellement  les  uns  les  au- 
tres. Celui-là  eft  roujours  en  dedans  du  corps  grave  : 
celui-ci  fe  trouve  communément  hors  des  corps 
qui  gravitent  les  uns  fur  les  autres.  Appliquez  ,  par 
exemple,  deux  corps  a  un  levier  de  la  première  ef 
pèce:  mettez  ces  corps  en  équilibre:  le  point  d'ap- 
pui du  levier  fera  le  centre  commun  de  gravité.  En 
un  mot  ,  dans  le  fyftême  de  Newton  ,  le  centre 
commun  de  gravite  de  pluiîeurs  corps  qui  s'atti- 
rent mutuellement  n'eft  autre  chofe  que  le  point 
où  tous  ces  corps  iroient  fe  réunir  ,  s'ils  étoient 
abandonnés  à  leur  force  centripète.  Le  centre  com- 
mun de  gravité  du  fyftême  folaire  efl  donc  le  point 
du  monde  où  les  comètes  &  les  planètes  iroient  fe 
réunir  avec  le  foleil  ,   fi  tous-  ces  corps    étoient 


C  EN 

abandonnés  à  leur  force  artraélive.  Ce  point  ne 
iauroit  lé  trouver  ni  hors  du  foleil  ,  ni  .au  centre 
même  de  cet  aftre.  Il  ne  peut  pas  être  hors  du  fo- 
leil ,  parce  qu'alors  les  planètes  &  les  comètes , 
au-lieu  de  tourner  autour  de  cet  aftre,  tourneroient 
autour  de  leur  centre  commun  de  gravité.  Il  ne  fau- 
roit  non  plus  fe  trouver  au  centre  même  du  foleil  •, 
parce  qu'alors  il  faudroit  dire  que  le  foleil  attire 
tous  les  corps  qui  tournent  autour  de  lui,  &  qu'il 
n'en  efl  aucunement  attiré.  Ce  centre  de  gravita- 
tion fe  trouve  donc  dans  un  point  fitué  entre  le 
centre  &  la  circonférence  du  foleil.  De  combien 
de  lieues  ce  point  eft-il  enfoncé  dans  le  foleil  ;  C'eft 
à  la  plus  fubtile  Géométrie  à  multiplier  fes  calculs 
pour  le  marquer  avec  précifion.  Les  Phylîciens  moins 
Icrupuleux  dans  leur  marche  ,  fe  contentent  d'un  à 
peu  près.  Par  leurs  fuppurations  le  centre  de  gra-i 
viré  du  fyftême  folaire  doit  fe  trouver  dans  Ic^fo^ 
leil  même.  Donc  ,  quand  mênie  tous  les  corps  qui 
tournent  autour  du  foleil  ,  fe  trouveroieat  lur  la 
même  ligne  ,  &  du  même  côté  ,  ils  ne  devroient  pas 
opérer  fur  le  foleil  un  dérangement  fcnfible. 

Centre  des  corps  péfans.  C'efl  dans  notre  globe  le 
même  que  le  centre  de  la  terre  vers  lequel  \ous  les 
corps  graves  ont  une  efpèce  de  tendance.  Mais  comme 
la  terre  n'eft  pas  parj-aitement  fphérique ,  il  rCy  à 
point  à  la  rigueur  décentre  des  corps  péfans.  Ce- 
pendanr  comme  elle  eft  à  peu  près  de  figure  fphé- 
rique ,  il  s'en  faur  peu  que  les  corps  péfans  ne  ten- 
dent tous  vers  un  même  point  ;  &;  dans  le  lano-ao-g 
ordinaire ,  ce  point  eft  le  centre  de  la  terre. 

Centre  de  converJîon.Tctmc  de  Mcchanique.  C'efl  le 
point  immobile  fur  lequel  une  chofe  tourne.  Cen- 
trum  converJwnisNoj.  VAc.  des  Se.  1-700. p.  14^  £>  T 

Centre  de  mouvement.  Le  poïnz  autout  duquel  fe  fait 
un  mouvement  circulaire.  Centre  de  mouvement  ré- 
ciproque eft  la  même  chofe. 

Centre  d'équilibre  forcé,  eft  le  point  où  un  corps 
eftplacé  enrre  deux  refforts  bandés ,  lefquels  font  un 
effort  égal  pour  fe  dilater  en  diredions  oppoféesj 
&  eft  par  cela  même  retenu  en  équilibre  ,  étant 
foUicité  ou  preffé  de  part  &  d'autre  par  deux  for- 
ces égales  &  oppofées.  Le  centre  d'équilibre  oifif 
eft  le  point  où  un  corps  fe  trouve  entre  deux  ref- 
forrs  lâches  ou  débandés  ,  en  forre  qu'il  de- 
meure en  équilibre ,  ou  plutôt  en  repos  par  cela 
fetil  qu'il  n'eft  point  preHc  ni  d'un  côté  ni  de  r»utre. 

0C?*  Centre  phonique.  C'efl  le  lieu  où  celui  qui  parle 
doit  fe  placer  dans  les  échos  articulés  qui  répètent 
plufieurs  fyllabes. 

ffT  Centre  phonocamptique.  C'eft  le  lieii  ou  l'objet 
qui  renvoie  la  voix  dans   un  écho. 

On  appelle  en  termes  de  guerre  ,  le  centre  du 
baftion  ,  le  poinr  qui  eft  au  milieu  de  la  gor^^e  dii 
baftion  ,  où  commence  la  ligne  capitale  ,  &  qui  eft 
d'ordinaire  àl'angledupolygoncintérieur  delafigure* 
On  appelle  aulîl  le  centre  du  bataillon  ,  le^mi- 
lieu  du  bataillon  ,  où  on  lailfe  quelquefois  un  orand 
carré  vide  ,  pour  y  conferver  des  drapeaux  &  du  ba- 
gage. Ainfi  on  dit  ,  vider  ou  carrer  le  centre  du 
baraillon  \  pour  dire  ,  félon  l'ancienne  méthode  de 
former  des  bataillons ,  pratiquer  un  terrain  de  fi- 
gure carrée  dans  le  milieu  des  piquiers ,  afin  que  les 
Moufquetaires ,  les  drapeaux  &  les  bagage>  y  puifl 
fent  être  à  couvert ,  quand  les  troupes  plus  nom- 
breufes  attaquent  le  bataillon. 

IJC?  Centre  oviz/.  Terme  d'Anatomie,  ^oy^r  Voute 

MÉDULLAIRE. 

§C?  Centre  tendineux.  Terme  d'Anatomie.  C'eft:  la 
partie  dans  laquelle  les  queues  des  mufcles  du 
diaphragme  fe  rencontrent.  Ce  c^;z;rs  efl  rrouc  veis 
fa  'droire  pour  donner  palfage  à  la  veine  -  cave  • 
&  vers  fa  gauche  en  arrière  ,  fa  partie  charnue 
donne  partage  à  l'œfophage  ,  au  tronc  defcendanr 
de  l'aorre  au  canal  thorachique,  &  à  la  veine  azv- 
gos  entre  ces  deux  piliers.  Encyc. 

et?  Centre  fedir  dans  le  difcours  ordinaire,  comme 
fynonyme  de  milieu.  C'eft  ainfi  qu'on  dit  qu'un 
lieu  eft  le  centre  d'une  ville  i  qu'une  ville  eft  \ecea- 


C  Ë  N 

tre  d'une  Province,  qu'une  Province  cH  le  centre 
ti'un  Royaume. 
%T  Centre  fc  dit  par  extenfion  du  lieu  où  cli.iqne 
cJiolè  rend  naturcllementjcomme  au  lieu  de  l'on  repos. 
On  dit  en  ce  iens  que  chaque  chiite  rend  à  ion  centre. 
IJcr  On  dit  %urémcnt  qu'un  homme  eft  clans  Ion 
centre  ,  pour   dire    qu'il  efl  dans  un  endroit  où  il 
ie  trouve  bien  ,  où  il  a  l'es  aifes  ôc  fes  commodités. 
On  dir  dans  un  fens  conrraire  qu'il  eft  hors  de  l'on 
^  centre.  Un  ivrogne  au  cabaret  eft  dans  Ion  centre. 
§Cr  On   dit    encore    figurcment  qu'une  ville  eft   le 
ce7!tre  du  commerce ,  ie  centre  des  adaires  5  pour 
dire  que  c'cft  l'endroit  où  le  commerce  eft  plusflo- 
rjfîant,  où  ie  traitent  la  pluparr  des  airaires.  Paris 
eft  le  centre  des  fciences  ,  des  beaux  arts.  Le  centre 
du  bon  goiàtjde  la  poiiteflè  ,  &c. 
ffr  En  Théologie ,  on  dit  que  l'Eglife  Romaine  eft 
le  centre  de  l'unité  ,  le  centre  de  la  communion  des 
l'ideles  iiir  la  terre. 
^  On  dit  proverbialement ,  je  voudrois  être  au  cen- 
^   tre  de  la  terre  ;  c'eft-à-dire ,  bien  loin,  ou  bien  cache. 
iCr  Centre  vienr  du  latin  centrnm  ,  formé  de  y.i,-,fc, , 

pomr,  de  x- ivrrûv ,  j^ungere, 
Ip^  CENTRER  un  verre.  Terme  de  Lunerîer.  C'eft 
travailler  un  verre  de  manière  ,  que  la  plus  grande 
cpaiiîeur  de  ce  verre  fe  trouve  au  centre  de  la  li- 
gure quand  il  eft  achevé. 
CENTR.1FUGE.  adj.  Qui  tend  à  éloigner  du  centre. 
C'cft  un  terme  de  Phyfîque.  Un  corps  qui  ie  n-ueut , 
rend  toujours  à  décrire  la  ligne  qu'il  décriroit  s'il 

étoit  libre D'où  il  faut  conclure  que  les  corps 

qui  le  meuvent  circulairement,  tendent  continuel- 
•  lement  à  s'éloigner  du  centre  de  leur  mouvemenr  ; 
ce  qu'ils  doivent  faire  avec  uhe  force  d'auranr  plus 
grande  ,  qu'ils  fe  meuvenr  plus  vite.  Rohault.  Un 
corps  qui  décrit  un  cercle  ,  décrir  à  chaque  inftanr 
une  petite  li?:ne  droire  qui  fait  patrie  de  la  cir- 
conférence. Ce  corps  à  chaque  inftanr  fair  donc  ef- 
fort pour  continuer  à  fe  mouvoir  dans  la  diredion 
de  cette  petite  ligne.  C'cft  la  force  cejitnfuge.  M. 
DE  Maupertuis.  i^oyei  Mouvement  circulaire 
&  les  articles  relatifs. 

L'effcrdela  toicz  centrifuge  eft  rel  ,  qu'un  corps 
obligé  à  décrire  un  cercle,le  décrir  le  plus  grand  qu'il 
lui  eft  podible,  parce  qu'un  plus  grand  cercle  eft,pour 
amii  dire  ,  moins  cercle  &  diffère  moins  d'une  lii^ne 
droite  qu'un  plus  petit.  Un  corps  fouifre  donc  plus 
de  violence,  ^-  exerceplus  l\(or<ccccj7trifiige,  quand 
il  décrit  un  petit  cercle  ,  que  quand  il  en  décrir  un 
grand. /r//?.  de  l'Acad.  R.  des  Sciences  ,  année  1700  , 
p.  79.  de  l'Edit.de  1705. 
CENTRINE.  f.f  iPoillbn  de  mer  que  les  Iraliens  ap- 
]^c\\cnt  pefce perco.  Il  eft  gros,  épais  ,'courr ,  de  fi- 
gure triangulaire  ,  couvert  d'une  peau  fort  rude  , 
paribmée  de  poinres  fortes  ,  principalement  à  la 
rete  &  au  dos ,  de  couleur  oblcurc.  Sa  tête  eft  pe- 
tite &  comprimée  :  lés  yeux  font  vifs  :  fa  gueule  eft 
prcfque  toujours  ouverte.  Ses  dents  fonr' larges  & 
tranchanres  :  ia  chair  eft  nerveule  ,  vifqueufe  ,'&-ne 
fe^  mange  point.  Etant  fechée ,  elle  excite  l'urine. 
C'cft  le  chien  de  mer. 
CENTRIPÈTE,  ad],  in.  &  f.  Terme  de  Phyfîque.  Qui 
tend  à  approcher  d'un  centre.  Centripeta.  Un  mou- 
vement centripète,  La  force  centripète  ,  fi  célèbre 
dans  la  Phyiique  moderne  ,  eft  une  propriéré  des 
corps  ,  qui  les  fait  tendre  au  cenrre  du  cercle  qu'ils 
décrivent  dans  leur  Tourbillon -,  c'eft-à-dire,  que  ce 
n'eft  aurre  chofe  que  la  gravité  ou  péfanteur ,  ou 
i'attraétion.  La  force  centripète  eft  oppofée  à  la  force 
centrifuge.  Il  eft  parlé  dans  le  Journal  desSavans, 
de  Mai  1754»  du  conflir  des  forces  centrifuges  Se 
•  «n/r7/>èrM,nécel]àire  pour  retenir  dans  fonorbire, 
&  autour  de  fa  planète  principale  tout  fatellite  placé 
au-delà ,  (S-c. 

_    Ce  mot  eft  compofé  de  •centrnm  ,  centte ,  ?^peto , 
)e  tends,ie  vais. 
CPTCF.NTRIPETENCE.f.  f.  Terme  de  Phyfique.  Ten- 
dance au  centre.  Aux  appétits  ariftotéliciens ,  le  plus 
brillant  des  Modernes  ne  fubfticue  aujourd'hui  que 


CE  N 


,       ûzs  centripetences ,  des  attradlions.  Mém.  de  Trév 
Lmcc  prccile  de  Newton  eft  de  faire  tourner  les 
planètes  ;  la  lune  ,  par  exemple  ,  autour  de  la  terre 
dans  une  elhple  régulière  en  vertu  de  fa  centripé- 
r/««  ;   mais    certe   ccntripetence  eft  altérée  par  la 
force  heliocentrique  :  de  lortc  que  c'eft  delà  com- 
binailondeces  deux  forces  que  doit  réfuker  la  mo- 
dihcation  &  la  figure  de  l'orbe  lunaire.  Castei 
JiCr  CENTROBARlQUE,adj,  Méthode  cemroi^ari^ 
^ne.  En  Méchanique  ,  c'cft  une  méthode  pour  me-^ 
lurer  ou   déterminer  la  quantité  d'une  llirface  ou 
d'un  iulide ,  en  les  conlidérant  coiyme  formes  par 
le  mouvcm_ent  d'une  ligne  ou  d'une  furface  ,  &  mul- 
tipliant la  ligne  ou  la  furface  eénératrice  par  le  ch"- 
^  ™!"  P^'''^-"^'^  par  Ion  centte^de  gravité.  Encyc  ^ 
CF^NTROSCOPIE.  f.    f.   Terme  d^   Mathématique; 
1  raite  du  centre  :  partie  de  la  Géométrie  qui  traire 
du   centre.    Centrojcopia.   Il    y    a  deux    fortes    de 
centres      le  centre    d'une    figure  &  le  centre    de 
gravite.  La  cemrofcopie  traite  de  l'un  &  de  l'autre. 
Ce  mor  ne   le  trouve    point   dans  nos    Auteurs  , 
parce  quils  ne  réiiniHenr  pointées  dsuxchofesen 
un  tiaite  parriculier.  Ils  examinent  le  centre   des 
figures  dans  la  Géométrie  ,  &  le  cenrre  de  çravité 
dans  la  Méchanique.  Ce  font  les  vtais  lieux  de  par- 
ier  de  ces  deux  fortes  de  centres.  .11  a  plu  à  Cara- 
rauel  de  les  en  leparer,  tfc  d'en  fkire  un  traité  par^ 
nculier  ,  qu'il  appelle  Centrojcopia. 

Ce  mot  vient  de  ..,/.=, ,  centrum,  &  ^..^i^ ,  coV 
Jidero. 

CENT-SUISSES.  {.  m.  Ceftune  Compagnie  de  cent 
Sui/res ,  établie  en  148 1  par  Louis  XI  pour  la  garde 
du  Roi.  Centumviri  Régis  cujiodes  ex  Helvetia.  Ce 
nom  eft  fingulier  auHÎ  bien  que  pluriel.  Les  Cent- 
Suifes  de  la  garde  du  Roi  onr  un  Capitaine-Co- 
lonel ,  deux  Lieutenansjl'un  Fiançois  &  l'autre 
Suiflc.  Aux  jours  de  cérémonie  le  Capiraine  &  les 
Lieutenansdes  Ccnt-Suifes  (ont  vêtus  de  latin  blanc 
avec  de  la  toile  d'argenr  dans  les  entaillures  ^  & 
les  SuiHés  onr  des  habirs  de  velouis.  Un  CentSuiffi 
jouit  des  mêmes  privilèges  qu'un  François  narurel  ; 
il  n'eft  point  fujet  au  droit  d'aubaine  ;'il  a  exemp- 

,    tion  de  taille  pour  lui  ,  la  veuve  ,  les  cnfans 

CENTUMVIR.  f.^  m.  Magiftrat  &  Oiticicr  de  l'an- 
cienne Rome,  établi  pour  juger  de  cerraines  aifai- 
res  civiles ,  comme  des  rcftamens ,  des  tutelles ,  des 
prefcriptions.  Centumvir.  Comme  le  peuple  éroit 
diviié  en  trente-cinq  Tribus ,  on  élilbit  trois  per- 
lonnes  de  chaque  Tribu  pour  remplir  cette  charge  : 
cela  compolbit  un  nombre  de  105  Juges  ;  5i  qu^oi- 
que^  dans  la  fuite  on  en  augmentât  le  nombre  juf- 
qu'â  cenr_  quatre-vingr  ,  on  ne  lailfa  pas  de  les  ap- 
peler toujours  Centumvir  ,&c  leurs  jugemens  ce«/tt/7z 
viraha  judicia.  Voyez  Festus.  Lcs'Centumvirs  fu- 
rent créés  à  l'exemple  de  la  première  inftiturion  du 
Sénat  établi  par  Romulus  ,  ainfi  que  le  rapporre 
E)enys  d'Halicarnafîe  en  fon  fécond  livre,  Pompo- 
nius  le  Jurifconfulte  ,  en  fon  Enchiridion  du  Droit, 
dit  que  les  Centumvirs  furenr  établis  quand  les  Pré- 
teurs ne  purent  plus  fuffire  à  vider  tous  les  procès 
du  peuple  ,  d'aurant  plus  qu'ils  étoient  ordinaire- 
menr  diftraits  &  occupés  hors  de  Rome  ,  tant  aux 
guerres ,  qu'à  l'adminiftrarion  des  Provinces.  Vige- 
NÈRE  fur  Tite-Live,  T.I,p.  -766. 

Les  Centumvirs  connoiflbient  des  ufucapions ,  des  ' 
tutelle^ ,  des  teftamens ,  &  généralemenr  de  toutes 
les  affaires  qui  fe  porrent  parmi  nous  devant  le 
Juge  ordinaire ,  dont  la  plupâtt  étoient  auparavant 
du  refibrtdes  Préreurs ,  fur  la  juridiiffion  defquels 
ils  avoienr  beaucoup  empiéré  :  car  ils  éroient  alors 
(  fous  Velpalîen  )  compétens  pout  les  matières  cri- 
minelle<; ,  comme  pour  les  civiles.  Morabin  ,p.  1,82, 
Vovez  Ffstus  &  Quintilien,  L.  IF ,c.  i. 

CENTUMVIRAL  ,  ALE.  adj.  Qui  appartient  aux 
Centumvirs ,  &  qui  eft  de  leur  re/îbrt  &  de  leur 
dépendance.  Centumviralis.  Jugement  centumviral 

^  CENTUMVIRAT.f.m.  Centumvir atus.  Tribunal* 
clifz  les  Romains ,  compofé  des  Centumvirs,  Voyez 
ce  mot. 


o,(,6  CEN 

iCT  CENTUPLE.  1".  m.  Cent  t'ois  autant.  C^«/?//-///7;;.  Il 
a  dcpen!è  beaucoup  dans  cette  attaire-,  mais  on  lui 
adonne  le  centupU.Cs^i^  terre  rend ,  rapporte  au 
centuple.  Ccnujlmum  (ruanm  ajjcn.  Doubler  au  cai- 
mple.  Cenuipldrc  ,  cauupUcure  En  i'tyle  d'Ecriture  , 
Dieu  rendra  au  cc;nr«/'/<;  tout  ce  qu'on  lui  aura  lait. 
?p=  Centuple  eftauHi  adj.  de  t.  g.  Une  loinme  eft  ccn- 

pipk  d'une   autre.  UnmpUx  ,  centuplus. 
CENTURl  ATEUR.  r.  m.  Ifl  qui  dirrribue,qui  compile. 
par  centuries,  par  centaines.  Ce  mot  n'elt  ulité  qu'en 
parlant  de  certains  Auteurs  Proteftans ,  qui  ont  conv 
polc  une  hilk>ire  ecclchaftique,  &  l'ont  rédigée  par 
centaines  d'années ,  Se  qu'on  appelle  Centuriauius 
de  Ma2;dcbourg,C>«r«/7t2;oro-,  parce  que  l'ouvra 2;e 
fut  commencé  "dans  cette  ville.  Ce  lurent   quatre 
Miniftres  de  cette  ville-là,  qui  en  furent  les  pre- 
miers Auteurs ,  dont  le  chef  étoit  Matthias  Flaccius 
Illyricus.  Elle  a  été  revue  par  Lucius ,  Profciîcur  à 
Baie,  &c  réimprimée   en  16x4,  en  trois  volumes. 
,   On  dit  que  Baronius  n'avoir  entrepris  lés  Annales , 
que  pour  combattre  les  Centunateurs  de  Magde- 
bourcr,  dont  le  but  étoit  d'attaquer  l'Eglilé Romaine, 
&:  d'établir  la  réforme. 
CENTURIE,  f.  f.  Partie  d'une  chofc  divifée  ou  rangée 
par  centaines.  Centiiria.  Dans  le  temps  que  le  peu- 
ple Romain  s'alîémbloit  pour  créer  des  Magillrats, 
■   ou    pour  ■  établir  des  loix ,  ou   pour  délibérer  des 
affaires  qui   concernoient  la  République  ,  il  étoit 
divifc'  par  centuries  ;  &:  afin  que  l'on  pût  recueillir 
plus  facilement  les  fuffrages ,   on  opinoit  par  cen- 
turies. Cela  le  faifoit  dans  le  Champ  de  Mars ,  6c 
ces  aiTemblées  s'appeloienr  Comitia.  cerauriata.  Ce- 
toit   rallémblée  de  tout   le   peuple.  Les    cohortes 
romaines  étoientdiftribuces  par  décuries  &  par  cd«^?/- 
ries.  Le  Décurion  commandoir  la  décurie  ;  le  Centu- 
rion ,  la  centurie  :  chaque  cohorte  étoit  compofce  de 
lîx  .centuries  ;  &C  une  légion  ,  de  foixante  centuries. 
Plufîcurs   Auteurs  divilént  leurs  ouvragespar  centu- 
ries. Gombaut  a  fait  trois  centuries  d'Epigrair.mes. 
Cen-turie  ,  fe  dit  particulièrement  des  vers  de  Nof- 
tradamus ,  rangés  par  centaines  de  quatrains  ou  de 
fixains  :  chaque  couplet  s'appelle  quelquefois  une 
centurie ,  centiiria  ;  même  ceux  qui  font  des  qua- 
trains pour  imiter  ces  prcrendues  prophéties,  les 
appellent  des  centuries, 
Cen'tt'rie  de  Magdebours;.  Hiftoire  Ecclélîallique  di- 
vifée en  treize  Centuries  ;  elle  contient  treize  i:è- 
cles  ,  &  va  jufqu'à  l'année   1 198.  Res  Ecdejiajiicce 
per  centurias  annorum  à  Doclorihis  ATagJe/>uri;en- 
jihus  divifce  ac  rejcriptx ,    centuriœ.  Quelques   Sa- 
vans  en  formèrent  le   projet  ,    Se    y    travaillèrent 
fous  la  direétion  de  Flaccius  Illyricus.  Foye:^  Cen- 

TURIATEURS. 

Centurion,  f.  m.  Terme  de  Milice  Romaine. 
Oiiicier  Romain  d'infanterie ,  qui  commandoir  à 
cent  Soldats  ;  c'eft  la  même  chofe  que  Centenier.  Cen- 
turio.  Le  Centurion  de  la  première  cohorte  de  chaque 
légion  s'appeloit  Primipilus.  Il  n'obéiflbit  qu'au 
Tribun  ,  Se  commandoir  quatre  Centuries.  Il  gar- 
doit  l'étendard  ,  Se  l'aigle  de  la  légion.  Il  y  avoir 
à  Céfarée  un  homme  nommé  Corneille  ,  Centurion 
dans  la  cohorte  appelée  Italienne.  Simon  ,  ^cl.  des 
Ap.  X ,  I.  Le  Port-Royal  a  dit  Centenier.  Corneille 
le  Centurion  eft  le  premier  Chrcrien  d'entre  les 
Gentils.  Chastelain.  Si  S.  Longin  efl:  le  Centu- 
rion qui  fe  convertit  à  la  vue  des  miracles  qui  fe 
firent  à  la  mort  de  JesusChrist  ,  Corneille  n'eft 
pas  le  premier  Chrétien  d'entre  les  Gentils ,  ou  du 
moins  cela  n'eft  pas  lut. 

^fT  On  dit  Centurion  en  parlant  de  l'Hiftoire  Ro- 
maine. Centenier,  eft  ufité  dans  le  ftyle  de  l'Ecriture. 

CENTUSSE.  f.  f.  en  latin  centujfis  :  cent  fols  de 
monnoie  romaine.  A  la  béatification  Se  canonifation 
de  S.  François  de  Sales,  il  coûta  en  purs  dons  5 cîiz 
centujfes  de  monnoie  romaine.  Le  Card.  Lamber- 
TiNt.  On  donne  à  l'Avocat  conliftorial  cent  cen- 
tuffes  ,  qui  fe  partagent  entre  le  corps  des  Avocats 
confiftoriaux.  Idem. 


CEP 

C  E  O. 

CEOLS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ce/fus.  S.  Celfe  ,  vul- 
gairement  appelé  S.  Ceo/s ,  ou  S.  Ceouls ,  Se  par 
corruption  S.  Sous ,  dans  le  Diocèfe  de  Paris,  Sc 
en  Btrry  ,  nom  que  les  Géographes  ont  encore 
plus  défiguré  en  l'écrivant  fur  leurs  cartes,  Cinq- 

.  foies  ,  Se  que  les  anciens  titres  d'une  Paroilfc  du  Dio- 
cèfe de  Paris ,  vers  les  limites  de  l'Evêchc  de  Chartres, 
nomment  faint  Cheours ,  étoit  un  jeune  enfant  qui 
fut  martyrifé  à  Milan  dans  le  premier  fiècle  avec 
S.  Nazaire.  Voye^  Bailler ,  18  de  Juillet. 

CEP. 

CEP.  f  m.  Souche  ,   pié  de  vigne.    Fitis ,  vinea  , 

Jiirps  ,  truncus.  Arracher  un  cep.  Il  n'y  a  que  ttois 
ceps  à  cette  treille.  Ménage  dérive  ce  n^îot  de  cippus^ 
qui  veut  dire /ronc,  quoique  d'autres'le  dérivent  de 
capo.,  ou  caput.  Quelques-uns  écrivent  fep  par  abus. 
CEP  ,  ou  CED.  f.  m.  Efpèce  de  Satyre ,  ou  plutôt 
de  linge  ,  dont  parie  Solin  ,  c.  50.    Cepus  ,  ou  Ce- 
bus.  On  en  vit  a  Rome  au  temps  de  Jules  Céfar  , 
fi  l'on  en  croit  Solin.  Pline  cependant  dit  que  ce 
fut  à  des  jeux  que  donna  le  grand  Pompée  \  mais 
tous  deux  conviennent  que  c'eft  la  feule  fois  qu'on 
en  ait  va  à  Rome.  Il  avoient  les  pieds  de  derrière 
femblables  à   ceux  de  l'homme ,    Se  ceux   de   de- 
vant à  peu  près  femblables  .à  nos  mains.  Diodore 
de  Sicile  leur  donne  une   tête  de  lion ,   le  corps 
de  panthère.    Se  la  grandeur  d'une  chèvre.    C'eft 
une  fable  ,  quoique  Strabon  dile  la  même  chofe , 
Liv.  XVI  ■>  après  Artémidore.  Quelques  Auteurs  ont 
prétendu  que  ce  mot  étoit  grec,  x  =r»ç ,  qui  lignifie 
jardin  ,  Se  qu'on  l'avoir  donné  à  cet  animal ,  à  caufe 
que  la  variété  imitoit  celle  d'un  jardin.  Mais  Sau- 
maife ,  fur  l'endroit  de  Solin  que  j'ai  cité  ,  a  très- 
bien  remarqué  que  ce  mot  étoit  éthiopien  ,  Se  que 
les  Grecs  l'avoient  pris  ,  comme  beaucoup  d'autres 
des    langues    étrangères   ;    Se  Bochart  a  très  biea 
montré  ,  Hiero^oicon ,  p.  J ,  L.  IJI ,  c.  3 1 ,  que  c'é- 
toit  la  même  chofe   que   î\^,   koph,  animal  que 
la  Botte  de  Salomon  apportoit  de  Tharlis ,  Se  que 
les   Traducl:eurs  ont  rendu  par  Siinia.  ;  un  Jînge. 
C'eft'  apparemment  la  même  chofe  que  les  Bavia- 
nes  de  l'île  de  Ceïlan ,  dont  nous  parlons  au  mot 
Satyre.  Au  refte  ,  je  ne  fais  où  certain  Auteur  a  pris 
que  le  Ceb ,  ou  comme  il  dit,  Ceéus ,  a  le  vif'age 
d'un  Satyre  ,  Se  le  refte  du  corps  de  chien  Se  d'ours. 

Ceps  ,  fe  dit  au  pluriel  des  fers  qu'on  mer  aux  pieds 
&  aux  mains  des  pril'onnicrs.  Compedes.  En  ce  fens 
il  eft  vieux.  On  le  dit  auifi  de  deux  pièces  de  bois 
échancrées  où  l'on  engage  les  pieds  du  criminel 
pour  le  tenir  plus  furement  prif'onnier.  On  s'ea 
fert  aulfi  pour  lui  donner  la  queftion. 

Ce  mot  vient  de  cippus  ,  dont  les  Latins  fe  font 
fervis  en  la  même  lignification.  Ménage.  Joannes  de 
Janua  en  tire  l'origine  ex  eo  quod  capiat pedes.  Dans 
les  vieux  titres  on  trouve  cheps  pour  fignifier/)/-//ô^; 
Se  ainfi  on  a  dit  un  chep  à  mettre  un  malfaiteur  y 
pour  dire ,  un  cachot  ;  Se  on  a  appelle  chepier  , 
ou  cheper ,  un  Geôlier.  D'autres  prétendent  que 
c'eft  le  prilbnnicr  que  l'on  appeloit  chepier  ;  8C) 
pour  le  Geôlier ,  Nicot  dit  qu'on  l'appeloit  ceppier^ 
Mais  comme  il  n'y  a  pas  beaucoup  de  différence 
entre  cheppier  Se  ceppier ,  on  pourroit  bien  les  avoir 
confondus. 

CEP^A.  i".  f.  Petite  plante  qui  fait  beaucoup  de  pe- 
tites tiges  rondes  de  la  haurcur  d'un  pied  Se  demi, 
qui  traînent  par  terre.  Cepœa.  Ses  feuilles  font 
épaiflés  ,  femblables  à  celles  du  pourpier  ,  mais 
plus  petites ,  plus  étroites  Se  plus  longues.  Sa  ra- 
cine eft  fort  petite.  Ses  fleurs  font  petites ,  blanches, 
à  cinq  feuilles.  Sa  femence  eft  fort  menue.  C'eft 
une  efpèce  de  joubarbe. 

fCf  CEPEAU.  f  m.  Voyei  Ceppeau. 

CÉPEE  on  SÉPEE.  l".  f  Terme  d'exploitarion  Se  de 
commerce  de  bois.  Ce  terme  fignifie  quelquefois 
des  buiffons  :  mais  le  plus  fouvent  on  le  dit  d'une 
toufiFe  de  pluiieurs  tiges  de  bois  qui  repouifçnt  d'unQ 


CEP 

même  Touche  ,  comme  les  taillis  ,  qui  dcfa  Tonc  ap- 
pelés bois  de  cépces.  Voilà  de  belles  cépées. 

CEPENDANT,  adv.  de  tciTjps.  En  attendant ,  po^jr- 
tant ,  pendant  ce  temps-là.  Interna ,  intérim.  ]e 
vais  dîner  ,  allez  cependant  brider  mon  cheval. 
1^  Nous  nous  amufons ,  &  cependant  la  nuit  vient. 
On  le  prend  aufii  quelquefois  pour  nianmoins  ,  tou- 
tefois ,  pourtant.  Tamen  ,  nikilominus  ,  attamen. 
On  a  beau  crier  contre  les  vices  ,  cependant  on  ne 
s'amende  point.  Vous  ne  parlez  point  de  cette 
claule  ,  cependant  c'cft  la  principale.  On  commence 
une  période  par  cependant  ;  auquel  cas  il  lert  de 
transition  &.  de  conjondion.  Autrefois  on  difoit  ce- 
pendant que  ,Interea  diim  ,  dàin ,  donec  pour  tandis 
que ,  mais  aujourd'hui  on  dit  tandis  que. 

i>3'  M.  TAbbé  Girard  obferve  que  pourtant  a  plus 
d'énergie  &  affirme  avec  fermeté  ,  malgré  tour  ce 
qui  pourroit  être  oppofé.  Cependan?ç.\i  moins  abfolu 
&  moins  ferme  -,  il  affirme  feulement  contre  les  ap- 
parences contraires.  Néanmoins  diftingue  deux  cho- 
fes  qui  paroifiènt  oppofées ,  &  il  en  foutient  une  fans 
detiaire  l'autre.  Toutefois  dit  proprement  une  chofe 
par  exception.  Il  fait  entendre  qu'elle  n'efl:  arrivée 
que  dans  l'occafion  dont  on  parle, 

ICF  Que  toute  la  terre  s'arme  contre  la  vérité  ,  on 
n'empêchera/o«r^^«r  pas  qu'elle  ne  triomphe.  Quel- 
ques Doéleurs  fe  piquent  d'une  morale  févcre  ;  ils 
recherchent  cependant  tout  ce  qui  peut  flatcr  la  fen- 
fualité.  Corneille  n'efl:  pas  toujours  égal  à  lui-même  , 
néanmoins  Corneille  efl:  un  Aureur"  excellent.  Qui 
ne  haillbit  pas  Néron  î   Toutefois  il  aimoit  Popéa. 

^fT  Ce  mot  vient  du  latin  ,  Hoc  pendente  ne"otio. 

ip=  CEPHALAGRAPHIE,  f.  f.  Terme  d'Ànatomie. 
Defcription  de  la  tête  ,  ou  du  cerveau.  Ke^^a,;  , 
tlte.  VoKeiiy. ,  defcription. 

CEPHALALGIE,  f.  f.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit 
en  général  de  toutes  fortes  de  douleurs  de  tète  -, 
mais  en  fa  propre  fignifîcation ,  il  lignifie  une  douleur 
de  tête  violente  &  récente.  Cep/ia/a/gia.  Quand 
elle  eft  invétérée  on  l'appelle  céphalée,  &  quand 
elle  ne  tient  que  la  moitié  de  la  tête  ,  on  l'appeile 
migraine. 

Ce  mot  vient  du  grec  x£^«/^ ,  caput  ;  &  d'âAfo?  , 
dolor  ,  douleur. 

'^  CÉPHALALOGIE.  f.  f.  Partie  de  l'Anatomie  qui 
traite  du  cerveau.  lo^aa^C,  caput,  tête,  &  a^/o«  , 
£ermo  ,  traité. 

CÉPHALE.  f  m.  Fils  de  Déjonée  ,  Roi  de  Phocide  , 
époufa  Procris  ,  fœur  d'Orithie  ,  Roi  d'Athènes. 
Cephale  étoit  bifaieul  d'Uliife.  Euripide  dit  que 
l'Aurore  enleva  au  cieux  Cèpbale  après  la  mort  de 
Procris.  Céphale  &  Procris  font  le  fujet  d'un  Opéra 
de  Duché  ,  &  d'une  Comédie  de  Dancourt 

CEPHALEE,  f  f.  Cephaltza.  Terme  de  Médecine.  Dou- 
leur de  tête  invétérée.  Ce  mot  eft  formé  du  grec 
-E(j)K,\«i«.  Il  vient  de  r.ti^ci>,r, ,  the, 

CEPHALIQUE.  adj.  m.  &  £  Terme  de  Médecine  ,  qui 
fe  dit  de  tout  ce  qui  appartient  à  la  tête  ,  ou  à 
l'es  parties.  Cephalicus,  Ainii  on  appelle  remèdes 
cépkaliques ,  ceux  qui  font  propres  pour  les  ma- 
ladies de  la  tête.  Il  y  a  une  veine  qui  monte  le 
long  de  la  partie  externe  du  bras ,  &  qui  va  fe  ter- 
miner à  la  veine  axillaire ,  qu'on  nomme  cépha- 
lique  ,  parce  que  les  Anciens  avoient  coutume  de 
la  faire  ouvrir  dans  les  affeftions  du  cerveau  ;  ce 
que  font  encore  aujourd'hui  les  ignorans  &:  les  fuper- 
ftitieux  :  ou ,  comme  dit  Dionis ,  parce  qu'étant 
placée  dans  la  partie' la  plus  fupérieure  du  bras  , 
elle  eft  plus  plus  proche  delà  tête.  Vena  cephalica. 

^fT  II  y  a  plufieurs  poudres  cépkaliques  que  l'on 
croit  propres  à  foulager  les  maux  de  tête.  II. y  a 
auffi  un  baume   céphalique  excellent  dans  les  mi- 

ç    graines ,  les  étourdlifemens  &c.  On  en  frotte  la  tête , 

rt.jes  tempes  ,   les  narines. 

Ç^'^VUhLOmE, fephalonia.  Nom  d'une  île,  &  de 

.    fa  capirale..  L'île  AçÇephalonie  ,  appelée  autrefois 

Sarnos ,  n'eft  pas  la  fameufc  Saiijos  de  l'Archipel , 

£    mais  laSamos  Meione  des  Anciens.  Elle  eft  iituée 

,  -  Jans  la  mer  Ionienne  ,  vis-à-vis  des  golfes  de  Pa- 


CEP 


?^7 


«as  5:  de  Lépante,  entre  l'Ile  de  Sainte  Maure 
au  Icptentrion  ,  &  celle  de  Zanthe  au  midi.  Cepha- 

rn""'  a  -^"'*'  ''^  ""'^  de  la  ville  capitale  de  l'île. 
Elle  eft  iituée  fur  une  montage  qui  aboutit  au  ^^olfe 
qu'on  appelle  Porto  d'Jrgajioli.  C'eft  un  Ev'êxhé 
que  le  Marquis  de  Tocchis  ,  qui  dans  le  Xlle  liècle 
etoit  Prmce  d'Achaïc ,  &  maître  de  l'île  de  t'e- 
phalonie ,  fît  ériger. 

A  Céphalonie  fe  voit  la  Fortereffe  Naffau  ,  quî 
eft  fur  un  rocher  inexpugnable.  L'enceinte  de  cette 
Forterefîé  eft  fi  cxtraordinairemcnt  grande  ,  qu'elle 
peut  renfermer  tous  les  habitans  de  l'île,  quand 
ils  ont  belbiii  de  s'y  réfugier  pour  fe  fauver  des  Pi- 
rates. Du  Loir,  L.  X ,  p.  556. 
CEPHALOPHARINGIEN.  adj.  Terme  d'Anatomie  , 
qui  fe  dir  de  deux  mufcles  de  l'orifice  de  i'œfo- 
phage ,  qu'on  appelle  pharinx.  Ils  prennent  leur 
ongnie  de  l'articulation  de  la  tête  avec  la  pre- 
mière vertèbre  ,  &  vont  s'inférer  à  la  partie  fupé- 
rieure du  pharinx  ,  pour  le  tirer  eh  haut ,  &  en 

1  i-i-t  *'t-^ 


arrière. 


CEPHAS.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  Jesus-Chrîst  don- 
na a  iaint  Pierre  ,  après  qu'il  eut  confeifé  fa  divi- 
nité ,  &  qu'il  éroit  Fils  de  Dieu.  Matth,  XVI,  18. 
Ce  nom  eft  fyriaque  &  chaldéen  t)0 ,  &  N21d  * 
ou  tîûs<-3  :  il  iîgnifie  ;;wre ,  &  Jesus-Christ  le 
donna  a  Simon  fils  de  Jonas ,  pour  lui  déclarer  qu'il 
feroit  après  lui  la  pierre  fur  laquelle  il  batiroit  fon 
Eghfe  i  qu'il  en  feroit  le  Chefvifible,  &  fon  Vi- 
caire en  terre.  Car  pour  fignifier  cela  ,  il  n'eft  point 
ncceffaire  ,  comme  quelques-uns  le  croient,  que 
Fin,  Cepha,  vienne  de  kî/hu^y.  ,  tcte  ,  ou  chef 
ainfi  que  l'onr  cru  Optât  de  Mileve  ,  &  Bafoniiis  \ 
de  même  qu'il  n'eft  point  néceflàire  qu'il  le  lignifie, 
quand  il  eft  dit  de  Jesus-Christ  ,  pour  Inarquer 
qu'il  eft  le  Chef  de  l'Eglii'e  ,  dans  laquelle  tout 
fera  appuyé  lur  lui ,  rour  dépendra  de  lui ,  comme 
/,  Ep.  de  S.  Pierre  JI,6 ,  où  la  verlion  Syriaque 
fe  fert  du  mot  t?3i?-.  Foyei  Beliaraon  ,  £ccL 
L.  II,  c.  15-,  Baron,  ad.  an.  c,  3  2(S'  54;&  Valen- 
tia,  De  fide  Difput.  I,  Qucefl.  I ,  Puncl.  Fil,  q. 
5.  L'allulion  que  J.  C.  fait  de  ces  deux  mots ,  Vous 
êtes  Pierre ,  &  fur  cette  pierre  je  bâtirai  mon  Eglife  , 
n'eft  pas  rare  dans  l'Ecriture  ,  dans  les  prédiâions 
ou  les  promeflês.  Lamech  en  fait  une  fur  le  nom 
de  fon  fils  Noé ,  Gen.  V,  29,  Jacob  fur  celui  de 
Juda  ,  Gen.  XLIX,  8.  L'Auteur  Grec  du  Nouveau- 
Tejlament  ne  l'a  pas  gardée  ii  exadlement  ;  il  a 
mis  nélçH,  &  3r£Tf«.  Il  pouvoir  répéter  ji-é?^»;,  qui 
fe  dit  très-bien  engrecpour/^^rr^,  une  pierre.  Notre 
langue  rend  heiireufement  ce  jeu  de  mots. 

CEPHEE.  f.  m.  Conftellation  feptentrionale ,  com- 
polée  de  dix-neuf  étoiles,  félon  Hygin  ,  mais  dont 
aucune  n'eft  de  conféquence  ,  la  plus  grande  qui 
eft  dans  le  bras  droit  étant  de  la  troifieme  gran- 
deur. Céphée  étoit  un  Roi  d'Ethiopie  ,  qui  fut  le 
père  de  la  belle  Andromède,  que  Perfée  délivra 
d'un  monftre,  &  qu'il  époufa.  Le  père,  la  mère 
la  fille  &  le  gendre  ,  c'eft-à-dire ,  Céphée ,  Caffiope  \ 
Andromède  &  Perfée  ,  furent  métamorphofés  en 
aftres ,  qui  compofent  aujourd'hui  quatre  de-  nos 
Conftellations. 

CEPPEAU.  f.  m.  Teri-ne  d'ancien  monnoyage.  Ceft: 
le  billor  fur  lequel  étoit  arrêtée  la  pille  ^  ou  ma- 
trice d'écuffon,  fur  laquelle  fe  frapoient  les  mon- 
noies  dans  le  temps  qu'on  les  frapoir  au  rriar- 
teau.  ,„"' 

ffT^  CEPITE.  f.  f.  Terme  d'tfilîoire  Naturelle.  Efpèce 
d'agate,  ainfi  nommée,  parcequ'on  y  remarque quan- 
tiré  de  raies  concentriques  qui  la  font  reffembler  à 
un  oignon  {cèpe)  qu'on  auroit  coupé  en  deux, 
Cepites. 

CEPUZE.  Cepuiienfis  Comitatus.  Le  Comté  de  Cé- 
puie  eft  une  petite  Province  de  la  haute  Hongrie  , 
frontière  de  Pologne.  '  »      ' 

C  E  Q, 

\  C£QUIN.  Voyei  Sfquin, 


1- 


CE  R 


C  E  R. 


fer  ŒRACHATE.  f,  £  Cerachates.  Efpècc  d'agate 
jaune ,  ou  de  couleur  de  cire  ,  d'où  lui  vicnr  ion 
nom. 
CÉRAMBE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Vieux  habi- 
tant du  mont  OthrysenTheiralic,  qui,  s'c:ant  retire 
fur  le  Parnafle  poiir  cvitet  l'inondation  du  déluge 
de  Deucaiion  ,  y  fut  changé  en  oiieau  par  les  Nym- 
phes-de  cette  montagne,  ou  ,  fclon  d'autres  en  cette 
efpèce  d'efcarbot  qui  a  des  cornes.  Il  s'agit  la  de 
quelqu'un  qui  ie  fauva  heureufemcnt  d'une  inonda- 
tion. Quant  à  l'elcarbor,  c'eft  l'étymologie  de  ion 
nom  qui  a  donné  lieu  à  la  mctamorphoie.  Les  Grecs 
appcloient  refcarbot  •ci^uf^'^o,,  à  cauie  de  les  cornes, 
du  mot  x£^«5 ,  cornu, 
CÉRAMIQUE,  f.  m.  C'eft  un  nom  grec  ,  qui  vient 
de  x.f<.f.oç,  ceramos,  qui  lignifie  une  tiuk ,  d'où  ie 
fait  >tï/)«,«xoç,   lieu  où  l'on  fuit  de  la  tuile  ,  Tuilerie; 
ou  bien  ,  lieu  bâti  de  tuile ,  c'eft-à-dire  ,  comme  nous 
parlons  en  françois  ,  bâti  de  brique.  Plulieurs  lieux 
ont  porté  ce  nom.  Hélychius  &  Suicjas  dilent  qu'il  y 
avoit  deux  Céramiques  à  Athènes  -,  l'un  dans  la  ville 
&  l'autre  hors  de  la  ville.  Le  Céramique  de  la  ville 
croit  un  lieu  où  l'on  faifoit  aux  frais  du  public  les 
funérailles  6:    les   oraifons   funèbres  de  ceux    qui 
avoient  été  tués  dans  la  guerre.  Il  y  avoir  fur  leur 
tombeau  des  colonnes  fur  lefquelles  on  failbit  gra- 
ver l'endroir  où  ceux  qu'on  y  enterroit  avoient  été 
tués ,  &  leur  épitaphe.  Le  Céramique  du  fauxbourg 
éroit  un   lieu  où  les  femmes   débauchées  s'alîëm- 
bloient.  Le  Céramique  de  la  ville  étoit  un  des  plus 
beaux  quartiers  d'Athènes.  M.  Spon  en  parle  dans 
(on  Voyage  de  Grèce.  P.  n,p.  i8i  &  ii;5.  Koye.jauili 
Meuriius  Athen.  Att.  Le  Scholiafte  d'Ariftophane 
dit  qu'on  y   célébroit  des   jeux  ,  qui  s'appeloient 
O"  71!«  ;\«A<x«,?o«  afav,  le  combut  du  flambeau ,  parce  que 
ceux  qui  couroienr ,  portoient  un  flambeau.  Les  en- 
lûns  donnoient  des  coups  du  plat  de  la  main  à  ceux 
des  coureurs  qui  reftoient  derrière  ,  &  cela  s'ap- 
peloit  des  coups  céramiques.  Voyez  ce  Scholiall:e 
fur  la  fin  du  I V^  aétc  de  la  Comédie  des  Grenouil- 
les ■■,  fur  l'adc  I  de  celle  des   Oifeaux  ;  Se  fur  celle 
des  Chevaliers  ,  acte  II,  fcène  ,  3e.  Paufan.  Liv.  I. 
On  faifoit  des  jeux  trois  fois  par  an  dans  le  Cérami- 
que ,  pour  Minerve  ,  pour  Vulcain  o-:  pour  Promc- 
îhée.  C'etoit  peut-être  dans  ceux  de  Prométhée  que 
l'on  couroit  avec  des  flambeaux ,  à  caufe  du  flam- 
beau que  la  fable  difoit  qu'il  avoit  allumé  au  char  du 
foleil ,  pour  animer  le  corps  de  l'homme  qu'il  avoit 
formé.  Au  refl:e  ,  jamais  perfonne  n'a  mis  que  deux 
Céramiques  dans  Athènes ,  &  l'on  ne  fait  poutquoi 
dans  Moréri  on  en  diftingue  ttois. 

Pline ,  Liv.  XXXV ,  ck.  i  z  ,  dit  que  ce  lieu  fut 
".nommé  Céramique ,  parce  que  Chalcoftènes,  ouvrier 
fameux  en  ouvrages  &:  ftatues  de  terre ,  avoit  fa  bou- 
tique ou  fon  areliet  en  cet  endroit.  Paufanias,  Liv.  I , 
'    dit  que  c'eft  du  Hétos  Céiamus,  que  l'on  dilbit  êtie 
/.'fils  de  Bacchus  &  d'Ariadne. 

La  porte  d'Athènes,  qui  étoit  voifine  de  l'un  de 
fl-Ces  /Céramiques ,  s'appeloit  la  porte  Céramique. 
_£,-.    Ceramic^ue  étoit  encore,  félon  Pline,  Liv.   V, 
..^,-ch,  io  ,  un  petit  golfe  de  Carie  ,  proche  d'Halicar- 
.--Balfe. 

CERAN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ceraunus  ,  Ceraunius. 

i~  S.  Céran  ,  qui  vivoit  au  commencement  du  VIP  lîè- 

•r  cle,  fous  le  Roi  Clotaire  II,  entreprit  de  recueillir 

s   les  Aâ:es  des  Martyrs.  Baillet.  Il  fut  Evêquer  de 

Paris,  &  aflifta  au  Concile  de  Paris  de  615  ,  renu 

dans  l'Egliie  des  Apôtres ,  c'eft-à-dire  ,  de  fainte  Ge- 

-:•  "(neviève",  &  qui  fut  appelé  Concile  Général  par  ce- 

;  ;  lui  de  Reims  de  6z^  ,  parce  qu'il  étoit  cpmpofé  de 

79  Evcqucs ,  &  que  jamais  la  France  n'en  avoit  eu 

de  fi  nombreux.        ,., 

GERANT,  f  m.  Vieux  mot.  Petite  monnoie ,  ou  autre 

chofe  de  fort  peu  de  confequcnce. 


C  Ê  R 


Poures  devins  &  pain  querant  j 
Je  n'eus  vailleant  un  Ccranr. 

CÉRASINE.  f.  f.  Sorte  de  breuvage.  Guillaume  de  ; 
Aubruquis ,  Cordelier  ,  ayanr  été  envoyé  en  Tar- 
taric  par  S.  Louis ,  fut  mené  au  Palais  le  4  de  Jan- 
viei  115  à  l'audience  de  Mangou-can.  Il  me  fit  de- 
mander ,  dit-il ,  lequel  nous  voulions  de  quatre  breu- 
vages qu'on  nous  prélèntoit.  Je  goûtai  un  peu  de  ce- 
lui   qu'ils  nomment  cerajïne,  tait  de  riz 

Fleury. 
CÉRASTES.  Peuples  de  l'île  de  Chypre  qui  avoient 
chez  eux  un  autel  dédié  à  Jupiter  Hofpitalier ,  qui 
étoit  toujours   teint  du  fang  des  étrangers.  Vénus  _ 
olFenlée  de  cette  inhumanité,  les  changea  en  Tau-' 
reaux  ;  c'eft  pour  nous  marquer  les  mœurs  féroces 
de  ces  peuples.  D'ailleurs  comme  le  mot  y.îpa.',  ligni- 
fie corne,  on  dit  qu'il  portoient  des  cornes.  L'Ile 
même  de  Chypre  a  porté  le  faux  nom  de  Cérajie 
ou  Cotnue  ,  parce  qu'elle  eft  environnée  de  Pro- 
montoires qui  s'élèvent  dans  la  mer ,  Se  font  voir 
de     loin     des     pointes  de    rochers    comme    des 
cornes. 
CÉRASTE,  f.  m.  Efpèce  de  ferpent  qu'on  appelle  corniii 
Cérajtes.  Les   Auteurs  aflùrent  qu'en  Afrique ,  les 
Cerajies  ont  deux  cornes  comme  les  limaçons.  So- 
lin  leur  en  donne  quatre.  Ils  font  longs  de  deux 
pieds ,  quelquefois  plus.  Ils  ont  le  corps  de  cou- 
leur de  lablon ,  écaillé  vers  la  queue.  Ils  rampent 
de  biais  ;  &c  quand  ils  marchent ,  il  fenible  qu'ils 
lifflcnt ,  à  caufe  du  bruit  que  font  leurs  écailles; 
La  morllire  de  ce  ferpent  eft  rrès-dangereufe. 
gCT  Ces  prétendues  cornes  que  l'on  donne  au  Cérajie , 
ne  font  autre  chofe  que   deux  denrs   courbes ,  un 
peu  en  devanf,  qui  font  mobiles ,  ôc  qui  font  feà 
armes  offenfives. 
§3"  Ce  mot  vient  du  giec  kÉ/jv,;,  corne. 
ifT  CÉRAT.  Que  les 'Grecs  &;  les   Romains  appe- 
loient  CeroOT.'Z ,  étoit  une  mixtion  d'huile  &  de  cire, 
dont  le   frotoient  les  Athlètes.   Elle  ne  fervoit  pas 
feulement  à  rendre  les  membres  plus  glillans  de  mcrins 
capables  de  donner  prife ,  mais  elle  les  rendoit  plus 
foùples  &  plus  propres  aux  exercices.  Antiq.  Grecq, 
&  Romaine, 
CÉRAT.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  efpèce  d'on- 
guent,  ou  de  Uniment  fait  d'huile  &  de  cire,  qui 
ïcrr  de  remède  à  pluiîeurs  maladies.   Ceratum.   Lé 
cérat  eft  d'une  confiftance  plus  épaifle  que  le  lini- 
mcnt.  On  met  à  l'un  quatre  onces  de  cire  ,   &:  à 
l'autre. deux,  fur  douze  onces  d'huile.  II  eft  plus 
folide  que  l'onguenr,  &  moins  que  l'emplârre.  On 
fait  des  cérats  de  foufre  ,  de  fantal ,  &c.  li  y  en  a 
un  particulier  qu'on  appelle  cérat  de  Galien  réfri' 
oératif  -,  qui  fe  fait  avec  de  la  cite  blanche ,  &  de 
l'huile  rofat  cmphacin.  Cérat  citrin ,  cérat  de  bri- 
que reftrinCtif  ou  aftringenr ,  cérat  diafinapi ,  cérai 
rélblutif ,  cérat  oxeleum  &  cérat  divin. 
Ce  mot  vient  du  latin  cera. 
fCr  CÉRATIAS.  f.  m.  Terme  dont  quelques  Auteurs , 
comme  Pline  ,   fe  font   fervis    pour  déligner   une 
comète  cornue,  ou  plutôt  qui  a  deux  queues. 
CÉRATION.  f.  f.  Terme  de  Chimie.  C'eft  la  dilpo- 
fition  d'une  matière   pour  la  rendre  propre  à  être 
fondue  &  liquéfiée ,  quand  de  foi-même  elle    ne 
l'étoit  pas  :  ce   qu'on   fait   pour    lui  donner  plus 
facilemenr  le  moyen  de  pénétier  dans  les  métaux , 
ou  autres  corps  folides.  Prœparatio  materia  cujuf- 
piani  ad  liquamen.  Les  Chimiftes  difent  cer^no. 
gCT  On  le  dit  particulièrement  de  l'adion  de  rendre 

les  méraux  fulibles ,  comme  de  la  cire. 
^  Les  Vocabuliftes  prétendent  que  «Va//ow  ,  fe  dit 
encore  de  l'adion  de  pénérrer  de  cire  une  toile, 
une  étoffe  ou  quelqu'autre  corps.  Malgré  cette 
décilion,  on  continuera  de  dire"  incération ,  pour 
exprimer  l'action  d'incorporer  de  la  cire  avec  quel- 
qu'autre matière. 
CÉRATOGLOSSE.  f.  m.  ou  plutôt  adjedif  pris 
fubftantivement.  C'eft  un  des  mufcles  de  la  lan^e , 


G  E  R 

qiii  la  tire  à  côté  &  en  arrière.  Il  prend  fon  orî- 
ï^ine  de  la  partie  fupcrieure  de  la  corne  de  l'os 
hyoïde  ,  &  va  s'inférer  aux  côtés  de  la  langue.  Il 
y  en^a  deux  ,  un  de  chaque  côté. 

IP"  CERATOIDES.  f.  £  Pierre  de  nature  marneufe , 
durcie  par  le  temps  ,  parfemée  de  petits  points 
noirs ,  en  forme  de  cônes ,  traverfés  de  ftries  qui 

.  n'occupent  que  la  moitié  de  fa  fuperfîcie.  Le  refte 
eft  uni ,  &  fouvent  orné  de  ramifications.  On  dit 
cju'elle  vient  de  Néocaftro  cap  de  Romanie. 

CERATOPHYLLON.  f.  m.  Plante  aquatique.  Voyez- 
en  les  efpèces  dans  le  Dicl.  de  James.  On  ne  leur 
attribue  aucune  propriété  médecinale. 

fJCT  CERAUNE.  Ceraunus,  foudre.  SUrnom  qui  fut 
donné  à  Ptolomée  ,  Roi  de  Macédoine  ,  &  à  Scié- 
nus  ,  Roi  de  Syrie ,  à  caufe  de  leur  bravoure.  C'efl: 
ainlî  qu'on  parle  d'un  grand  Capitaine  ,  devant 
qui  tout  plie  -,  nous  difons  que  c'efl;  un  foudre  de 
guerre. 

"CËRAUNIEN.  Voyci  AcrocérAunien. 

CCT  CERAUNOSCOPION.  f.  m.  Partie  du  théâtre 
des  Anciens.  Efpèce  de  machine  verfatile  ,  de  la 
forme  d'une  guérite,  d'où  Jupiter  lançoit  la  foudre , 
dans  les  pièces  ou  ce  fpeitacle  étmt  nécelTairc. 
Encyclopédie. 

CERBÈRE,  f.  m.  C'efl:  un  chien  à  trois  têtes  -,  que 
les  Poètes  ont  feint  être  commis  à  la  garde  des 
enfers ,  qu'on  dit  avoir  été  enchaîné  par' Hercule  : 
fur  quoi  les  Mythologiftes  ont  fait  différentes  in- 
terprétations. Cerberus.  Hcliod.  Theog.  v.  511  >  lui 
donne  cinquante  têtes,  &:  Horace,  cent,  Liv.  U , 
Od.  15,  V.  34.  Les  Platoniciens ,  entendoicnt  par 
cerbère  un  mauvais  démon.  Foye^  Voilius  à  la  fin 
du  ch.  19  ,  du  Liv.  U.  De  Idolol. 

,  Ce  mot  vient  du  grec  x^toQ^», ,  qui  lignifie  car- 
najfier ,  qui  dévore  avidement  la  chair. 

On  appelle  fîgurément  &  par  exagération  ,  un 

Suilîé  ,  ou  un  Portier  rude  &  rebutant ,  un  Cerbère. 

Marot  appelle  Cerbère  le  Geôlier  d'une  prifon. 

Si  rencontrai  Cerberus  à  la  porte , 
Lequel  drejfafes  trois  tctes  en  hault , 
A  tout  le  moins  une  qui  trois  en  vault. 

Cerbère.  Terme  de  Chimie.  Les  Chimiftes  donnent 
ce  nom  myilcrieux  à  ce  minéral  qu'on  nomme  vul- 
gairement falpêtre. 

CERBONEY.  i".  m.  Nom  d'homme.  Cerbonius.  Cer- 
bonius  j  que  nous  appelons  Cerboney  ,  fut  l'un  des 
plus  faints  Evêques  qu'eut  l'Eglife  au  Vlefiècle.  Bail 
LET.  Il  tut  Evêque  de  Populone  en  Tolcanc. 

CERCACOLA.  f.  f  Drogue  employée  dans  le  Tarif 
de  la  Douane  de  Lyon  de   i6:^z, 

1^  CERCE  en  Architeéture. /^oye{  Cherche. 

CERCEAU,  f.  m.  Lien  dont  on  fc  fert  pour  relier  les 
tonneaux ,  les  cuves.  Circulus.  Les  cerceaux  font 
faits  de  branches  de  châtaignier  fendues  par  le  mi- 
lieu. ^fF  Ce  font  les  meilleurs  ;  quelquefois  de 
coudre  ,  de  bouleau  ,  de  frêne  ,  &c.  Il  faut  remettre 
des  cerceaux  à  cette  cuve.  Le  premier  cerceau  d'un 
tonneau  fe  nomme  le  talus  \  le  fécond ,  qui  ell:  dou- 
ble ,  fommier  ■■,  le  troifième  &  le  quatrième ,  collet 
&  fous-collet ,  ou  premier  &  fécond  collet.  Les  au- 
tres n'ont  point  de  nom  particulier  ,  excepté  celui 
qui  eft:  plus  proche  du  bondon  ,  qu'on  appelle  le 
premier  en  bou^e. 

fCT  Ce  mot  vient  du  latin  circulus ,  du  gtec  kôkMc,. 

IJCT  Cerceau  fc  dit  chez  les  Ciriers ,  d'un  petit  cer- 
cle garni  de  petits  crochets  où  ils  fufpendent  la 
bougie  de  diftance  en  diftance. 

§3"  Chez  les  Boutonniers ,  c'efl  un  fil  d'or,  plié  en 
cercle  qu'on  aplatit,  &  auquel  on  fait  prendre  à 
la  main  la  forme  du  bouton  fur  lequel  il  fe  jette. 

Cerceaux  ,  en  termes  de  Fauconnerie ,  fonr  des  pennes 
du  bout  de  l'aile  des  oifcaux  de  proie.  Les  faucons, 
facres  &  laniers  n'en  ont  qu'un  -,  les  autours  &:  les 
éperviers  rrois.  Il  y  a  jufqu'à  fept  pennes, les  pre- 
mières defquelles  font  appelées  cerceaux  ;  les  fui- 
Vantes  font  appelées  Vanneaux. 
^  Tome  II, 


C   E    R  ^^g 

■  Cerceau  eft  aulTi  un  terme  d'Oifeleur  ,  qui  fio-nifie 
une  forte  de  filets  pour  prendre  des  oifeaux  .1 
l'abreuvoir. 

Les  porteurs  d'eau  à  Paris  appellent  cerceau ,  un 
ovale  fort  aiongé  ,  au  milieu  duquel  ils  font  places 
quand  ils  portent  leurs  féaux,  &:  qui  les  tient  dans 
une  égale  diftance  à  leurs  côtés. 
Cerceau  eft  aulli  un  vieux  mot  qui  fignine  les  aa-jta- 
tions  de  l'air  ,  par  le  battement  des  aïles  des  oi- 
feaux,  qui  fendent  l'air.  On  ledit  auHl  des  ronds 
de  ces  cercles  concentriques ,  qui  fc  ront  dans  les 
eaux  calmes  quand  on  y  jette  quelque  pierre. 
CERCELLE  ou  CERCERELLE.  f.  f.  Quelques-uns 
dilcnt  SARCELLE.  Oifeau  aquatique.   Querquedu- 
la ,  cerceris.  La  Cercelle  eft:  une  elpèce  de  canard 
plus  petit  que  les  autres  ,  &  dont  la  chair  eft  plus 
délicate.'  L'on  n'en  voit  qu'en  Automne  &:  en  Hi- 
ver. Athénée,  Liv.  /,  c/z.  8.  Liv.  111,  ch.  i.Plinei 
Liv.X,  ch.  11.  Belon,  Liv.  111 ,  ch.  zi  ,  parlent 
de  la  Cercelle.  Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes ,  &  de 
diiïcrens  plumages. 

La  première  efpèce  a  une  couleur  qui  ne  change 
que  très-rarement  :  le  plus  fouvent  les  femelles  font 
grifes  aurour  du  cou,  &  jaunâtres  fous  le  ventre. 
Elles  ont  le  deifus  du  dos  &  des  aîles  ,  &  le  crou- 
pion brun  ,  avec  une  tache  luifante  fur  les  ailes  j 
ainfi  que  les  canards  ,  &:une  ligne  blanche  au-deilbus 
venant  de  l'extrémité  des  plumes ,  &:  qui  traverfe 
par  le^  Imilieu  de  l'aile.  Les  douze  premières  pennée 
de  l'aîle  font  d'une  même  couleur  -,  mais  les  autres 
qui  fuivent,  font  blanches  à  leurs  extrémités,  ce 
qui  compote  une  féconde  ligne  blanche  ,  la  première 
étant  de  l'extrémité  des  grofles  pennes  \  &c  comme 
les  plumes  des  aîles  font  noires  par  delîlis ,  eUes 
font  patoître  une  tache  noire  de  chaque  côté. 

La  féconde  efpèce  de  cercelle  a  le  bec  noir  &C 
large.  Sa  rêre  eft:  d'un  rouge  éclatant  ,  avec  une 
longue  tache  verdâtre ,  qui  commence  vers  les  yeux , 
&  va  finir  derrière  la  tête.  Son  cou  ,  fon  dos ,  & 
prefque  rout  fon  ventre  font  couverts  de  plumes 
noires  &  blanchâtres ,  en  façon  d'écaillés.  Sa  gorge 
eft  cendrée,  &  marquée  de  points  noirs  ;  fa  poitri- 
ne d'un  cendré  brun  ;  fes  aîles  &  fa  queue  d'une 
couleur  entre  le  brun  &  le  noir  ,  diverlîfiées  en 
plufieurs  endroits  de  blanc  ,  de  noir  &  de  vert. 
Ses  jambes  ne  ibnt  ni  groiîes  ,  ni  robuftes.  Ses 
pieds  font  étroits  &  bruns  ,  &  ont  des  membranes 
noires. 

,  La  cercelle  de  la  troifième  efpèce  eft  appelée  par 
Aldrovand  ,  cercelle  d'inde.  Elle  eft  beaucoup  plus 
petite  que  les  canes.  Le  deflùs  de  fon  bec  eft:  plus 
long  que  le  delfous.  Son  bec,  fes  doigts  &  fes 
pieds ,  font  d'un  beau  rouge.  Le  defllis  de  fa  tcte  , 
le  haut  de  fon  c^\x ,  &c  prefque  tout  fon  dos  font 
de  couleur  jaune,  auffi-bien  que  fon  croupion,  qui 
eft  couvert  de  taches  en  forme  de  croifiant ,  qui 
font  noires  &  aflèz  grandes.  Le  deflbus  de  fort 
cou ,  fa  poitrine  ,  &  tout  fon  ventre  font  blancs. 
Il  y  a  dans  fes  aîles  une  grande  diverfité  de  cou- 
leurs ,  qui  les  rendent  très-belles  -,  car  les  premières 
plumes  j  qui  font  à  l'épaule  ,  font  d'une  couleur 
de  rofe  paflce ,  &  marquées  de  taches  noires  faites 
en  croiflànt ,  ainfi  que  fon  croupion.  Les  plumes 
qui  fuivent  celles-ci ,  font  en  partie  blanches  &c 
en  partie  vertes.  Les  plus  longues  de  toutes ,  font 
ornées  d'une  couleur  bleue  très-éclatante.  Sa  queue 
eft  en  partie  verdâtre  ,&  en  partie  bleuâtre,  com- 
me celle  des  autres  cercelles.  Ses  doigts  font  fans 
membrane. 
CERCHE.  f.  f.  Foyei  Cherche. 
ftrr  CERCIFI.  f.  m.  Voyei  Salsifis. 
CERCIO.  f.  m.  Oifeau  des  Indes ,  dont  parle  Jonfton 
&  Lémery.  Il  eft  gros  comme  un  érourneau,  mar- 
qué de  diverfes  couleurs ,  &c  remue  prefque  rou- 
jours  la  queue.  C'eft  le  plus  difciplinable  de  tous 
les  oifeaux  pour  apprendre  à  parler.  Il  l'eft  encore 
plus  que  le  Perroquet. 
CERCLE,  f.  m.  Terme  de  Géomérrie.  C'eft  une  figure 
comprife  fous  une  feule  ligne ,  qui  a  un  point  au 

Aa  a 


31^ 


CER 


milieu  ,  duquel  ,  fi  on  tire  des  lignes  droites  a  la 
circonférence  ,  elles  font  toutes  égales.  Circu/us. 
fC?  Les  lignes  tirées  du  centre  à  la  circonférence 
le  nomment  rayons.  Et  une  ligne  qui  paffe  par  le 
centre  de  la  figure  ,  &  la  parfage  en  deux  parries 
cs;ales  le  nomme  diamètre.  A  proprement  parler 
k  cdic/e  eft  tout  Tefpace  renfetiné  dans  cette  ligne , 
ou  circonférence  ,  quoique  dans  l'ufage  vulgaire 
on  entende  par  ce  mot  la  circonférence  fi:ule. 

Un  corps  qui  décrit  un  cerc/e  ,  reçoit  par-tout 
une  égale  impreilion  de  la  force  centrale.  Acad. 
DES  Se.   1700  ,  HiJL  p.  75  ,  ~u- 

Le  cercle  eft  la  plus  partaite  des  figures,  5i  qivi 
a  le  plus  de  capacité.  Tout  cercle  fe  divife  en  3^0 
parties  qu'on  appelle  degrés.  Tracer  un  c^rc/*; ,  dé- 
crire un  cercle. Les  Grecs  écrivirent  les  noms  des 
iept  Sages  fur  un  cerc/e ,  ne  voulant  pas  détermi- 
ner quel  étoit  le  plus  fage  des  fept.  On  rapporte 
qu'un  Pape  ayant  commandé  aux  Cordelicrs  de 
lui  nommer  trois  de  leurs  Religieux,  dans  le  def- 
fein  de  donner  la  pourpre  à  l'un  d'eux ,  les  Cor- 
delicrs écrivirent  fur  un  cercle ,  les  noms  des  trois 
plus  habiles  de  leur  Couvent,  afin  que  fa  Sainteté 
ne  jugeant  pas  qu'ils  euifent  plus  de  penchant  pour 
l'un  que  pour  l'autre,  elle  choisît  qui  luiplairoit. 
ViGN.  Mary. 

Un  grand  cerc/e  ,  en  parlant  de  la  fphère ,  c'eft 
celui  qui  divife  égalemcnr  un  globe  ,  &c  qui  a  le 
même  centre  que  lui.  Les  grands  cerc/es  de  la  fphère 
lont  l'Horifon,  l'Equateur,  le  Mcridicn  ,  l'EcHp- 
tique ,  &:  les  deux  Colures.  Les  Azimuts  &  les  cercles 
de  pofition  font  audl  de  grands  cercles..  Le  1 1  de 
j\îars  ,  &:  le  15  de  Septembre  ,  le  Soleil  décrit  fon 
cercle  précifément  au  milieu  du  globe.  Ce  cercle 
eil  l'Equateur. 

Les  petits  cercles  font  ceux  qui  ne  divifant  pas 
la  fphère    également ,  n'ont  leur  centre  que  dans 
l'axe  du  ç^lobe  ,  &  non  pas   dans   le  centre  même 
de  la   fphère.    Ils    vont    toujours    en    diminuanr  , 
comme  les  Tropiques ,  les  cercles    Polaires ,  &  au- 
tres parallèles.  Les  Almucantaraths ,  qui    font   des 
cercles  parallèles  .à  l'Horifon ,  ont  le  Zénith  pour 
leur  pôle    commun.   Ils  diminuent  à  mefure  qu'ils 
approchent  du  Zénith  ;  on  les   appelle  cercles  de 
hauteur  ,  parce  qu'ils  fervent  à  marquer  la  hauteur 
d'un  aftre  fur  l'horifon.  Comme  l'on  conçoit   que 
tous   les  cieux  fe  meuvent   tous  les  Jours  d'orient 
en  occident,  &  qu'ils  achèvent  leur  tour  en  vingt- 
quatre  heures ,  l'on  imagine    en   même  temps  que 
tous  les  points  de  leur  fuperficie ,  hors  deux,  dé- 
crivent des  cercles  qui  font  parallèles  les    uns  aux 
autres  ,  &:   à  qui  l'on  a  donné  le  nom    de    cercles 
diurnes.   Ces  cercles  font  tous  inégaux  ,  &  le  plus 
î^rand  de  tous  eft  le  cercle  équinoclial.  Les  cercles 
parallèles  en  général ,  font  ceux  qui  font  également 
éloignés  les  uns  des  autres,  dans  toutes  leurs  par- 
ties. En  Aftronomie  on  entend  plus  particulièrement 
par  cercles  parallèles ,  ceux  qui  font  tirés  de  l'oc- 
cident à  l'orient  ,  par  tous  les  dégrès  du  Méridien , 
en  commençant  depuis  l'Equateur  ,  auquel  ils  font 
parallèles  ,  jufqu'aux  pôles  du   monde.  Les  cercles 
de  longitude  à  l'égard  des  étoiles  fixes,  font  plu- 
fieurs  petits   cercles  parallèles  à  l'Ecliptique  ,  leÇ- 
quels  diminuent  à  proportion  qu'ils  approchent  du 
Zodiaque.    C'eft   fur  les  dégrès  de  ces  cercles  que 
l'on  compre  la  longitude  des  aftres.  Les  cercles  de 
latitude  à  l'égard  des  étoiles  ,  font  plufieurs  grands 
cercles   perpendiculaires  au   plan  de  Técliptique  , 
&:  qui  paiTent  par  les  pôles.  C'eft  fur  les  arcs  de 
ces  cercles  que  l'on  mefure  la  latitude  des  aftres , 
ou  leur  diftance    de   l'Ecliptique.    Les    cercles  de 
longitude  terreflre  ,  font  plufieurs  cercles  que  l'on 
conçoit  fur  la  furperficie  de  la  tetre  ,  parallèles  à 
la  ligne  équinodiale.  Les  cercles  de  latitude  terrejlre, 
font  plufieurs  cercles  qui  patTent  par  les  pôles  de 
la  terre,  &  par  tous  les  points  de  la  ligne  équi- 
nodialc. 

Pour  les  lieux  qui  font  fous  rEquatcur ,  il  eft  clair 
que  c'eft  fur  les  dégrés  ôc  minutes  de  l'Equateur 


CER 

que  Ce  mefure  leur  longitude  :  5c  de  même  pir 
conféquent  des  parallèles  de  l'Equateur.  Par  exem- 
ple ,  iuppofanr  Paris,  comme  on  le  fuppofe  com- 
munément aujourd'hui ,  au  lo*^  degré  de  longitude,, 
un  lieu  plus  oriental  que  Paris  d'un  degré ,  fous  le 
même  parallèle  ,  fera  au  11=  degré  de  ce  même 
parallèle  i  &:  un  autre  lieu  qui  fera  plus  occidental 
que  Paris  de  iz"  fera  au  19''  48'  de  ce  même  pa- 
rallèle ,  &:  non  pas  au  ii'^  ou  au  i9<l  48'  d'un  cercle 
qui  paile  |)at  les  pôles  de  la  terre:  Sc'ainfi  de  tou& 
les  parallèles  que  l'on  peur  concevoir  entre  l'équa- 
teur  &  le  pôle.  Il  en  eft  de  même  des  cercles  de  la- 
titude :  ce  font  des  cercles  qui  pa/lênt  par  les  pôles 
de  la  terre ,  &:  par  tous  les  points  de  l'équateur  ; 
&  c'eft  en-  montant  fur  ces  cercles  de  l'équateur  Juf- 
qu'au  pôle ,  que  fe  comptent  les  degrés  de  latitude. 
Oeft  fur  un  de  ces  cercles  que  Paris  eft  au  48'i  50*" 
10"  de  latitude  nord. 

Les  cercles  verticaux,  que  les  Atabes  appellent 
a^i-:!Utks,  font  de  grands  cercles  qui  s'entrecou- 
pent au  zénith  Se  au  nadir ,  Se  dont  les  plans  font 
par  conféquent  perpendiculaires  à  l'horifon.  On 
compre  ordinairement  i8o  cercles  verticaux.  C'eft 
fur  ces  cercles  verticaux  que  l'on  compte  la  hauteur 
des  aftres ,  Si  leur  diftance  du  zénith.  Les  cercles 
de  diclinaifon  ,  font  plufieurs  grands  cercles  qirî 
s'entrecoupent  aux  p'ôtes  du  monde.  Ce  font  les 
mêmes  que  les  méridiens ,  &  les  cercles  horaires. 
Les  colures  font  auHi  des  cercles  de  declinaijon.  Le 
cercle  de  dijlance  entte  deux  étoiles ,  eft  un  grand 
cercle  paflant  par  ces  deux  étoiles  ,  dont  la  diftance  ' 
eft  mefurée  par  l'arc  de  ce  cercle,  compris  entre 
les  deux  étoiles.  Les  cercles  de  pofition  ,  font  fix 
grands  cercles  ,  lefquels  palîent  par  les  interfedlions 
du  méridien  avec  l'horifon,  &  coupent  l'équateur 
en  douze  parries  égales ,  que  les  Aftrologues  ap- 
pellent maifon  cêlejle.  C'eft  pour  cela  que  ces  cer- 
cles de  pofition  font  auflî  appelés  cercles  des  mai- 
Jbns  célefles.  On  appelle  cercles  mobiles  ,  ceux  qui 
fe  meuvent ,  ^fT  ou  font  fenfés  tourner  par  le  mou- 
vement dire61 ,  de  manière  que  leur  plan  change 
de  fituation  à  chaque  inftant,  comme  les  méri- 
diens. 
|)C?  Les  cercles  immobiles  font  ceux  qui  ne  tournent 
pas ,  ou  toutnent  en  reftant  toujours  dans  le  même 
plan  comme  l'écliptique ,  l'équateur  &  fes  parallèles. 
Cercles  horaires ,  font  ceux  qui  varient  à  mefure 
qu'on  change  de  lieu  fur-  la  rerre  \  comme  l'horizon 
&  les  cercles  invariihles  ,  font  ceux  qui  ne  varient 
poinr ,  comme  l'équateur. 

On  appelle  aufîî  cercle  horaire,  les  lignes  qui 
marquent  les  heures  fur  les  cadrans  fciatériques, 
quoiqu'ils  ne  foient  point  tracés  circutairemenr ,  & 
que  les  lignes  foient  prefque  droites  ,ou  peu  courbées. 
Il  faut  ajouter  que  par  analogie  on  tranfporte  fur 
la  fuperficie  de  la  terre  tous  ces  cercles  que  l'on 
conçoit  dans  le  ciel  ;  enforte  que  fi  tous  les  points 
de  chacun  de  ces  cercles  tomboient  perpendiculai- 
rement fur  la  furface  du  globe  terrcftre,  ils  y  marque- 
roient  des  cercles  placés  également;  ainfi  l'Equateur 
terreftre  eft  une  ligne  que  l'on  conçoit  précifément 
fous  la  ligne  équinoxiale  que  l'on  fuppofe  dans  Ic' 
ciel.  ^fT  t^oyei  les  définitions  de,  tous  ces  cerclet 
fous   leurs  noms  particuliers. 

La  quadrature  du  cercle  eft  un  problême ,  par 
lequel  on  cherche  la  manière  de  faire  un  carré  > 
dont  la  furftce  ibit  égale  parfiiirement  &  géomctri- 
quemenrà  celle  d'un  cercle,  quadratura  circuli.  De 
fa  vans  Mathématiciens  ont  nié  la  poiTibilité  de  la 
quadrature  du  cercle.  Defcartes  foutenoit  que  la 
ligne  droite  Se  la  circulaire ,  étant  de  différente 
nature  ,  il  ne  peut  y  avoir  nulle  proportion  entre 
elles.  On  ne  conçoit  pas  trop  la  proportion  qui  peut 
être  entre  une  circonférence  ,  Se  fon  diamètre.  Ar- 
chimede  eft  celui  qui  a  approché  le  plus  près  de 
la  quadrature  du  cercle.  Tous  ceux  qui  font  venus 
après  lui  ont  fait  des  paralogifmes.  Charles-Quint 
promit  autrefois  cent  mille  écus  à  celui  qui  réfou- 
droit  ce  fameux  problème.  Les  Etats  de  Hollande 


C  E  R 

ont  aurtî    promis    une  rédompenfe  à  quiconque  en 
pourroit  venir  à  bouc,  ^oy^^  Quadrature. 

On  dit  figurémenr,  quand  on  veut  parler  d'une 
choie  dirKcik,  ou  impoiiibie  ,  qu'on  auroit  auHi-côt 
trouvé  la  quadrature  du  cercle. 

On  appelle  cercle  d'or ,  une  efpcce  de  petite  cou- 
ronne chez  les  Romains,  qui  ctoit  la  marque  de  la 
dignité  du  Patriciat. 

Cercle  lignifie  auili  un  grand  cerceau,  ou  pièce  de 
bois  flexible ,  ou  de  fer ,  ou  de  quelqu'autre  matière 
qui  lért  de  lien  pour  ferrer  &  lier  quelque  chofe. 
Il  faut  tant  de  cercles  à  cette  cuve.  Ip"  Les  cercles 
ne  diffèrent  des  cerceaux  ,  que  par  leur  grandeur.  Ils 
fervent  pour  les  cuves ,  cuviers  ;  &c  les  cerceaux  pour 
les  tonneaux  ordinaires.  Il  faut  mettte  des  cercles 
de  fer  pour  tenir  cette  flèche  ,  cette  poutre ,  cette 
colonne.  On  appelle  aufli  dans  la  ("phère  armillaire  , 
cercle  ,  les  cerceaux  de  carton  qui  fe  coupent  les  uns 
les  autres ,  &  qui  compofent  cette  machine  qui  repré- 
fente  les  cercles  de  la  fphère  céleftc. 

On  dit  proverbialement  :  on  ne  connoît  pas  le 
vin  au  cercle ,  pour  dire,  qu'on  ne  connoît  pas  à  la 
mine  le  caraiftère  d'une  perlbnne. 

En  termes  de  Marine,  on  appelle  c^rc/t;  de  pompe , 
un  cercle  double  de  fer  ,  dont  l'un  efl:  rond ,  qui 
embrafTe  le  haut  de  la  pompe  pour  l'empêcher  de 
fe  fendre,  &:  l'autre  carré,  qui  fert  à  joindre  fa 
potence  à  la  pompe.  Les  cercles  de  hune  font  de 
grands  cercles  de  bois  qui  font  le  tour  des  hunes 
par  le  haut.  Les  cercles  d'e  houtehors  font  des  cercles 
doubles  de  fer ,  qui  font  au  bout  des  vergues  où  l'on 
pafîe  les  houtehors ,  qui  fervent  à  mettre  les  voiles 

.    d'étui. 

Cercles  Goudronnés  ,  en  termes  de  Guerre  ,  font 
de  vieilles  mèches,  ou  de  vieux  cordages  poiffcs, 
te  trempés  dans  le  goudron  ,  plies  ,&  tournés  en 
cercles.  Ils  fervent  à  mettre  dans  des  réchauts  pour 
éclairer  dans  une  ville  affiégée. 

Cercles  à  feu.  Machines  de  guerre.  Gc  font  deux  ou 
trois  grands  cercles  de  bois ,  liés  enfcmble  avec  du 
fil  d'archal ,  &  autour  defquels  on  met  plufîeurs  gre- 
nades ,  canons  de  piftolet  chargés ,  &  autres  choies 
de  cette  nature  ,  le  tout  entouré  de  feux  d'artifice. 
On  y  mec  le  feu ,  &  on  fait  rouler  cette  machine 
.fur  les  travaux  des  aHicgcans.  On  fait  auffi  de  ces  cer- 
cles à  feu  d'une  autre  manière  -,  mais  elle  revient  à 
peu  près  à  la  même  chofe ,  &  au  même  ufage. 

Grand  Cercle.  Petit  Cercle.  Terme  de  guerre  qui 
fe  dit  de  l'affemblée  que  font  tous  les  foirs  en  cercle 
tous  les  Sergens  d'une  garnifbn  ,  pour  donner  l'or- 
dre. On  l'appelle  ainii  pour  le  difiinguer  de  ceux  de 
chaque  régimem.Cœtus  ,  conventus/iruclarum  tur- 
marum.  Chaque  caporal  de  femaine  doit  fe  trouver 
armé  tous  les  foirs  à  l'heure  marquée  pour  l'ordre 
au  grand  cercle  que  les  Sergens  forment  pour  cet 
effet.  BoMBELLES.  Chaque  Caporal  de  confîgne  des 
portes  du  dedans  de  la  Place  doit  aller  à  l'ordre  au 
^rand  cercle  avec  le  Sergent  du  plus  ancien  Réiji- 
ment  de  fon  potle,  duquel  il  doit  recevoir  le  mot, 
&:  après  le  grand  cercle  rompu ,  fans  s'arrêter  à  celui 
de  fon  Régiment ,  ni  ailleurs ,  il  doit  s'en  retourner 
vite  à  fon  polte ,  pour  le  diftribuer  aux  autres  Ca- 
poraux. Id.  Celui  du  Corps-de-garde  de  la  Place 
aura  foin  de  porccr  le  fallot  allumé  pour  éclairer 
le  grand  cercle.  Id.  Dès  que  l'heupe  fera  venue,  &:  que 
l'on  appeleraà  l'ordre, tous  lesSergens  doivenr  for- 
mer le  grand  cercle  fuivant  l'ancienneté  de  leurRégi- 
ment,  Bataillon  &  Compagnie,  ayant  chacun  le\ir 
Caporal  derrière  eux,  qui  préfenteia  les  armes  du 
côté  de  dehors.  Id.  Le  «^r^î^ic^rc/.?  rompu  ,  les  Ser- 
gens de  chaque  Régiment  doivent  former  un  petic 
cercle  particulier,  où  leurs  O.fificiers-Majors  leur  ré- 
péteront ,  &  leur  expliqueront  par  détail  tout  ce 
qui  regardera  le  fervice  &  la  difcipline.  Ce  petit 

,  cercle  rompu  ,  chaque  Sergent  dira  à  fon  Caporal  ce 
qu'il  aura  à  faire.  Id.  Rompre  le  cercle.,  c'eft  ren- 
voyer ceux  qui  le  compofent. 

Cercle  fe  dit  aufTi  de  ce  qui  paroît  en  rond.  On  voir 
quelquefois  un  cercle  lumineux  autoui  du  foleil , 


C  EU 


?7I 


qu'on  appelle /;^rf&.  II  y  en  a  de  même  aurour  de 
la  Lune.  Voyc:^  Paraselene. 

^C^KCL^  magujue.  Le  peuple  donne  ce  nom  à  un 
1  hcnomene  affez  commun  dans  les  campagnes.  C'eil 
une  efpèce  de  rond  qu'il  fùppofe  avoir  été  tracé  par 
des  Sorciers  ou  par  quelque  efprit. 

Cercle  à  la  corne,  en  termes  de  Marcchallerie ,  fe 
dir  des  bourrelets  de  corne  qui  entourent  le  fabot , 
qui  font  connoître  que  le  cheval  a  le  pied  trop  Ççic  , 
&que  lacorne  fe  defléchant  ferre  le  petit  pied. 

Cercle  ,  en  termes  de  Blafon,  fe  dit  de  ce  qui  cft  rcjnd, 
uui  &  percé.  Quand  il  y  a  un  chatDn,  on  rappelle 
anneau.  Annulus.  Quand  il  y  a  un  ardillon,  on 
l'appelle ^o«c/<?.  F/*kAz. Quand  il  eft  lié  en  cerceau, 
il  faut  que  le  lien  ibit  d'un  autre  émail.  On  appelle 
cercle  perlé  ,  une  couronne  de  Vicomte.  Circulus 
margarms  dijUnclus,  perjperjus. 

Cercle,  d'équation.Ttïme  d'horlogerie. C'eft  un  cercle 
nouvellement  imaginé ,  &  ajou'té  aux  cadrans  des 
pendules,  pour  marquer  l'heure  vraie  du  Soleil. 
l^oyei  fin-  ce  cercle  le  Mémoire  de  M.  Dufay  ,  parmi 
ceux  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'année  lyzy 

Circle.  Terme  de  Chimie.  Les  Chimiftes  appellent 
ainfi  un  inftrumcnt  de  fer  rond,  avec  lequel  ils 
coupent  le  ccu  d'un  vaifîcau  de  verre  de  la  manière 
fuivante.lls  font  rougir  le  cercle  ,  &  l'appliquent  fur 
le  cou  du  vailfeau  jufqu'à  ce  qu'il  foit  bien  échauffe , 
aptes  quoi  ils  le  féparent  au  movcn  de  quelques 
gouttes  d'eau  froide ,  ou  en  ibuftlanc  deffus.  Dict. 
DE  James, 

Cercle  Membraneux.  Terme  d'Anatom.ie,  qui  fe  dit 
d'une  partie  de  l'oreillette  gauche  du  cœur,  qui  en- 
toure inrérieurement  fbn  embouchure.  Circulus 
memhranofus.  Le  cercle  membraneux  placé  à  l'em- 
bouchure de  l'oreillecte  gauche  du  cœut  ,  eft  une 
efpèce  de  petit  entonnoir  dont  l'ouverture  la  plus 
étroite  eft  tournée  vers  le  haut ,  ou  vers  la  bafe  du 
cœur.  Le  fang  pouffé  par  la  contradtion  de  l'oreil- 
lette gauche  eft  obligé  d'augmenter  fa  viteffcpour 
pafîer  d'abord  par  la  partie  la  plus  étroite  de  cet 
entonnoir  -,  après  quoi  il  coule  fans  difficulté  par  la 
partie  la  plus  large  dans  le  ventricule  gauche. 
AcAD.  DES  Se.  1701.  Hijl.p.  16.. 

Cercle  fe  dit  auffi  figurémenr  &  par  extention  d'une 
aflémblée  qui  fe  fait  chez  la  Reine ,  où  les  Dames 
fe  tiennent  en  rond  autour  d'elle ,  où  les  Ducheifes 
ont  le  privilège  d'êrre  alTifes  flir  un  tabouret.  Cir- 
culus ,  corona ,  conjéffus.  Cette  chambre  eft  le  lieu 
où  la  Reine  tient  fon  cercle.  Il  y  a  cercle  chez  la 
Reine. 

|p=-  On  appelle  aufTi  cercles,  des  afîcmblécs  qui  fe 
tiennent  dans  des  maifbns  particulières ,  principa- 
lement chez  les  Dames,  Un  pecic  cercle  d'amis. 
Briller  dans  les  cercles  &  dans  les  compagnies'. 
Qu'il  fait  beau  voir  un  ignorant  mondain  "^s'ériger 
dans  les  cercles  des  femmes  en  Juge  de  la  Religion! 

Cercle  fe  dit  aufîî  en  Logique  ,  du  vice  d'un  railbn- 
nement|î3"lorfqu'on  allègue  pour  preuve  ,  la  pro- 
polition  qu'on  avoit  avancée  ,  &  qu'il  s'agit  de 
prouver.  C'eft  ce  qu'on  appelle  circulus  vitiofus  ou 
petitio  principii  ,   pétition  de  principe. 

Cercle  fe  dit  auiTi  au  figuré  de  tout  ce'qui  revient  de 
temps  en  temps.  L'état  de  ceux  qui  vivent  dans  le 
monde  ,  eft  un  cercle  perpétuel  d'adions  &  d'occu- 
pations extérieures.  Flech. 

0Cr  On  le  die  auffi  de  l'étendue  &  des  bornej  de  nos 
connoiffances.  L'étude  des  belles  Lettres  étend  le 
cercle  de  nos  idées.  Le  cercle  de  la  plus  heureufe 
&  plus  riche  mémoire  eft  Toujours  fort  étroit. 

On  appelle  en  Géographie  Cercles  de  l'Empire,  les 
diverfes  Provinces  ,  &  Principautés  de  l'Empire 
qui  ont  dtoit  de  fe  trouver  aux  Diètes ,  &C  qui  font 
enfemble  le  corps  politique  d'Allemagne.  Circuli. 
Le' Cercle  de  Bavière.  Le  Cercle  de  la  baffe  Saxe  , 
&c.  La  divifon  de  l'Empire  en  fix  Cercles  a  été  éta- 
blie par  Maximilien  I  en  1500,  à  Aulbourg:  douze 
ans  après  il  parragea  l'Allemagne  en  dix"  Cercles  • 
ce  parrage  fut  confirmé  par  Charles-Quinr  dans  la 
Diète  de  Nuremberg' l'an  ijiz.  Quoique  le  rano-  de 

Aa  aij 


572. 


C  ER 


ces  Cercles  n'ait  jamais  été  bien  réglé ,  le  voici  tel  \ 
qu'il  efl:  dans  la  Matricule  Impériale  :  Le  Cercle 
d'Autriche,  celui  de  Bourgogne,  du  Bas-Rliin  ,  de 
Bavière  ,dc  la  Haute-Saxe  ,"de  Ftanconie ,  de  Suabe  , 
du  Haut-Rhin  ,  de  Weftphalie,  6c  de  la  baffe-Saxe. 
Htiss.  Plathner  a  donné  une  defcription  des  Cercles 
de  l'Empire ,  qui  comprend  plulieurs  tables.  Scia- 
graphia  decan  Circulorum  facri  Imperii  Komano- 
Germanici ,  &:c. 
CERCLER.  V,  a.  Vieux  mot.  Environner,  entourer. 

Circumdare. 
Cercler  un  tonneau  ou  une  cuve.  Terme  de  Tonnelier. 

C'eft  Y  mettre  des  cerceaux  ,  qu  des  cercles. 

Cerclé,  adj.  Terme  de  Blalbn  ,qui  le  dit  des  tonneaux 

liés  avec  des  cercles  ou  cerceaux.  Ligaïus  ,  conjlric- 

tns  circulis. 

CERCLIER.  r.  m.  Ouvrier  qui  travaille  .î  faire  des 

cercles    ou  cerceaux    dans   les    forces.    Circulorum 

opifex.  L'Ordonnance  veut  que  les  Cercliers ,  Tour- 

•     neurs ,  Saboticis ,  ùc.    ne   puiHcnt   tenir    ateliers 

qu'à  demi-lieue  des  forêts. 
CERCOPES.  Peuples  qui  habitoient  une  Ile  voifïne  de 
'     la  Sicile  nommée  Puhécufe.  On  dit  que  Jupiter  les 
changea  en  finges,  pour  les  punir  de  leurs  debau- 
c\-\tsXercopes  eft  le  nom  que  les  Grecs  donnent  aux 
finges. 
CERCOPITHEQUE,  f.  m.   Terme  de  Mythologie. 
Efpcce  de  fmgc ,  auquel  les  Egyptiens  rendoient  les 
honneurs  divins.  On  le  repréfentoit  avec  un  croiffant 
fur  la  tète,  &:  un  gobelet  à  fa  main. 
ffT  C'eft  aufli  un  nom  générique  par  lequel  on  dcfigne 

les  Singes  à  longue  queue. 
CERCOSIS.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Ceft  une  _ex- 
croiffance  de  chair ,  qui  fort  de  l'orifice  de  la  matrice, 
le  remplit  6c  le  bouche.  Cercofis.  On  emporte  cette 
excrcfcence  par  extirpation. 

Ce  mot  vient  du  grec  >c«V«5  »  q-ueue ,  parce  que 
cette  excrcfcence  efl  quelquefois  aufîi  longue  que  la 
queue  d'un  renard,  on  lui  a  donné  le  nom  de  xf^r-ar»;. 
M.  Dionis  le  dérive  de  ^sV^uv ,  qu'il  explique  par 
tromper-,  il  dit  que  cette  excrcfcence  s'appelle 
cercofis  y  parce  qu'elle  reffcmble  quelquefois  par  fa 
longueur  à  la'  queue  d\in  renard ,  qui  lui  fert  a 
tromper  les  autres  animaux. 
CERCUEIL,  f  m.  ^  Dans  l'ufage  ordinaire  ce  mot 
eft  fynonyme  de  bière.  Quelquefois  on  entend  par  ce 
mot  un  vaiffeau  de  plomb  propre  pour  tranfporter 
&  enterrer  les  morrs.  Feretrum.  Quand  il  eft  de 
bois  ,  on  l'appelle  /^ièr^.  Ménage  dérive  ce  mot  de 
farcolium,  qui  a  été  fait  du  grec  .r^/.? ,  &  prétend 
qu'on  difoit  autrefois  Jarcueil.  Saumaife  le  dérive 
de  facrophaculus  difant  que  facrophage  éroit  une 
pierre  dont  on  faifoit  anciennement  les  tombeaux  , 
&:  qu'on  a  étendu  ce  mot  aux  tombeaux  faits  de 
toute  autre  matière. 

Les  cercueils  de  la  Chine  ,  dit  le  P.  Fontanaye  , 
font  grands  8c  d'un  bois  épais  de  trois  ou  quarre 
pouces,  verniffes  &  dorés  par  dehors,  mais  fermés 
avec  un  foin  extraordinaire ,  pour  empêcher  l'air  d'y 
pénéttrer.  E^'ais  ,  /.  Hièroglyp.  p.  507. 
fer  On  dit  iigurément ,  en  parlant  de  quelqu'un  a 
qui  un  accident  a  caufé  la  mort ,  que  c'eft  ce  qui  fa 
mis  au  cercueil. 
CERDAGNE.  Petite  Province  d'Efpagne ,  qui  a  titre 
de  Comté.  Cerretania.  La  Cerdagne  eft  dans  les 
Pyrénées,  entre  le  Comté  de  Poix,  le  Rouifillon 
&  la  Catalogne.  Sa  capitale  eft  Puicerda.  La  partie 
qui  touche  au  territoire  de  Confiant  6c  aux  fources 
de  la  Sègre ,  jufqu'à  Livia  exclulîvement ,  eft  à  la 
France  depuis  la  paix  des  Pyrénées. 
CERDEAU.  yoyei  Serdeau.  . 

Iç3-  CERDEMPORUS,  teime  de  Mythologie ,  fur- 
nom  de  Mercure  ,  Dieu  des  Commerçans ,  tV^^^.ç, 

Commerçant.  „,   ,  . 

CERDONIENS.  Nom  d'anciens  Hcrcnques,  qui  ont 
été  dans  la  plupart  des  eireurs  de  Simon  le  Magi- 
cien ,  de  Saturnin  il  des  autres  Gnoftiques.  Ccrdon , 
qui  a  été  leur  Chef,  vinr  de  Syrie  à  Rome  fous  le 
Pape  Hy§in.  Il  y  abjura  fes  erreur» ,  mais  en  ap- 


CE  R 

parence  feulement  \  enlbrte  qu'ayant  été  convaincu 
qu'il  y  periilloit ,  5c  que  même  il  dogmatifoit  en 
cachette  ,  il  fut  chaffé  de  la  communion  des  fidèles. 
Il  reconnoiffoit  deux  principes ,  l'un  bon,  &:  l'autte 
mauvais.  Ce  dernier  croit,  félon  lui ,  le  Créateur 
du  monde,  &  le  Dieu  qui  avoit  apparu  dans  l'an- 
cienne loi.  Le    premier ,    qu'il  appeloit  inconnu , 
ctoit  le  père  de  J.  C.  qui  n'étoit  venu  au  monde 
que  félon  la  feule  apparence  de  la  chair  ,  ôc  qui 
pat  conféquent  n'étoit  point  né  d'une  Vierge  ,  6c; 
n'avoir    point  fouffert  véritablement  ',    mais  avoit 
feulement  femblc  fouffirir.  Il  nioit  la  réfurrélion  des 
corps  ■,  il  rcjeroit  toutes  les  écritures  de    l'ancien 
Tcftament ,  comme  ne  venant  point  du  bon  prin- 
cipe. Marcion  ,  qui  fut  fon  Difciple  à  Rome ,  fut 
le  fuccedeur  de  fes  impiétés.  Saint  Irénée  ,  Tertul- 
lien  Sk  faint  Epiphane  ont  parlé  au  long  de  l'hcréfie 
des,  Cerdoniens. 
CÉRÉALES,  adj.  f.  pi.  pris  fubftantivement.  Terme 
de  Mythologie.  Cerealiu.  Fêtes  de  Cérès ,  en  l'hon- 
neur de  Cérès.  Elles  furent  inftituées  par  Tripto- 
lème  d'Eleufîs  dans    l'Attique ,   &  fils  de  Celéus , 
Roi    d'Eleufîs  &c   de  Mehaline,  en  reconnoiifance 
de  ce  que  Cérès ,  qui  paffa  pour  avoir  cré  fa  nour- 
rice ,  lui  avoit  appris  l'art    de  cultiver  le  blé,  Sc 
d'en  faire  du  pain.  Ainfi  ces  fêtes  prirent  naiflance 
dans  la  Grèce.  Il  y  en  avoit  deux  à  Athènes  ;  les  unes 
fc  nommoient  Elculinies,  6c  les  auttes  Thefmopho- 
rics.   f^oyei  à  ces  mots  ce  qu'il  y  a  de  particulier  à 
chacune.  Ce  qui  convenoit  à  toutes  les  deux,  6c  en 
généial  aux  céréales  ,  c'eft  qu'on  les  célébroit  avec 
beaucoup  de  religion  6c  de  pureté,  jufques-là  qu'on 
s'abftenoit  de  vin  6c  de  tout  commerce  avec    les 
femmes  pendant  ce  temps-là.  On  y  honoroir  non- 
feulement  Cérès,    mais  encore  lacchus  6c  Liber, 
c'eft-à-dire,  Bacchus:  les  vidlimes  qu'on  immoloit 
étoient  des  porcs  ,  à  caufe    du  dégâr  qu'ils    font 
aux  biens  de  la  terre  -,    6c  enfin  il   n'y    paroiffoiï 
point  de  vin.  Plante  ,  du  moins ,  femble    le  dite , 
^u/ul.  Acl.  IL  Scen.  7.  8c  Macrobe  ,  Smirn.  L.  III, 
ch.  1 1 ,  dit  expreffcment  qu'il  étoit  défendu  d'offirir 
du  vin  à  Cérès  en  quelque  facrifice  que    ce  fiit. 
Cependant  Caton  dans  les  derniers  mots  du  c.  154, 
De  re  rujîica  ,  dit  le  conttaire  ,  &c  Macrobe ,  à  l'en- 
droit que  j'ai  cité  ,  excufe  Virgile  d'avoir  fait  offrir 
du  vin  à  Cérès.  Lambin  dit  qu'il  ne  faut  entendre 
Plante  que  des  Céréales  des  Grecs  ,  ^  non  pas  des 
Romains.  Un  Auteur  récent,    réfute  Lambin,  en 
difant  que  Plante  étoit  Grec-,  6c  il  ne  fair_ pas  atten- 
tion que  Plante  ne  parle  pas  de  fon  chef,  qu'il  fait 
parler  un  de  fes  perfonnages  ,  6c  que  fa  Comédie 
eft  Grecque  ,  ou  que  la  fcené  étoit  en  Grèce,  comme 
il  paroîr  par  les  feuls  noms  des  perfonnages  qui  font 
tous  Gtecs.  Pour  Macrobe ,  il  dit  qu'à  la  vérité  on 
ne  lui  offroit  point  de  vin, vinum  ;  mais  du  vin  doux, 
mulfiim  ;  ^  que  le  facrifice  que  l'on  faifoir  à  cett& 
Déefie  6c  à  Hercule  le  vingr-unième  de  Décembre 
croit  d'une  truie  pleine  de  pains  ,  èc  de  vin  doux , 
&  c'eft   ce  que  Virgile  entend  par    miti  Baccho. 
Voyez  Saumaife  fur  Solin  ,/7.  750,  &  les  Auteurs 
cités  ci-deffus. 

Les  Céréales  paflerent  des  Grecs  aux  Romains  qui 
les  célébroienr  pendanr  huit  jours,  depuis  le  dou- 
zième d'Avril  jufqu'au  dix-neuvième  inclufivement. 
C'croientles  Dames  feules  qui  les  célébroienr  en 
habit  blanc  -,  les  hommes  vêtus  aufli  de  blanc  n'en 
croient  que  les  fpedateurs  ;  ils  s'abftenoient  aufli  de 
vin  &C  de  tout  commerce  avec  les  femmes.  Les  Ro- 
mains crurent  devoir  honorer  par-là  une  Divinité 
qui  s'éroit  diftinguée  par  fa  chafteré.  On  ne  man- 
geoir  que  le  foir'  après  le  foleil  couché  ,  parce  que 
Cérès ,  malgré  la  farigue  du  voyage ,  n'avoir  pris 
de  nourritiire  que  le  foir ,  lorfqu'elle  cherchoit  fa 
fille.  Il  y  avoit  aufll  durant  le  jour  des  combats  à 
cheval,  qui  furenr  changes  dans  la  fuite  en  corn-* 
bats  de  Gladiateurs  ;  ce  qui  fur  regardé  comme  une 
chofe  de  mauvaife  augure  pour  la  République;  le 
peuple  avoit  parr  à  la  fête  par  les  largeffes  qu'on 
lui  faifoit  de  pois,  de  noix ,  6c  d'autres  chofes  fera- 


C  E  R 

blables.  Les  Ediles  préiîdoicnt  zux  Céréa/dS ,  comme 
on  le  voie  par  cette  médaille  de  Mcmmius.  C.  MEM- 
MIUS,  C.  F.  QUIRINUS  MEMMIUS  ^D.  CE- 
REALIA  PRIMUS  FECIT.  Il  falloit  au  moins  être 
nommé  Edile  pour  préfider  à  cette  cérémonie, com- 
me il  patoît  par  l.'s  témoignages  de  Cicéron  tirés 
d'im  dt  les  Dilcours  contre  Verres.  Cependant  il  eft 
arrivé  une  fois  que  le  Diclateur  ou  le  Général  de 
la  Cavalerie ,  pat  un  Senatuiconlulte  ,  prcfida  aux 
Céréa/es.  Cette  f'cte  duroit  huit  jours,  &  le  célc- 
broit  au  Cirque ,  à  commencer  le  lendemain  du 
jour  qu'avoient  fini  les  jeux  du  Cirque,  Après  la 
bataille  de  Cannes ,  la  délblation  fut  fi  grande  à 
Rome ,  qu'il  ne  fe  trouva  point  de  femmes  qui  puf- 
fent  célcbier  cette  fête  ,  parce  qu'il  n'y  en  avoir 
point  qui  ne  fût  en  deuil  -,  la  fête  fut  omilc  cette 
année-là  ",  mais  le  Sénat  ordonna  qu'on  quitteroir  le 
deuil  pour  quelque  temps,  pour  célébrer  les  au- 
tres fêtes.  On  y  célébroit  la  douleur  de  Cérès 
après  la  perte  de  la  fille  Proferpine.  On  y  poitoit 
en  proceilion  les  ftatues  des  Dieu>:.  On  dit  auifi 
qu'on  y  portoit  un  œuf,  apparemment  comme  la 
figure  dû  Monde,  qui  renferme,  comme  l'œuf,  une 
force  vitale  qu'il  communique  aux  fcmcnces  •,  ou , 
félon  quelques-uns,  mais  avec  moins  d'apparence, 
pour  reprélenter  l'œuf  dont  Caftor  &  PoUux  croient 
nés.  Ces  jeux  fe  failbient  dans  le  Cirque,  comme 
Ovide  le  marque,  FaJI.  L.  IF ,  v.  591  ;  &:  l'on  y 
fàifoit  des  courfes  &  des  combats  à  cheval.  Les 
vidfimes  ctoient  deux  truies,  l'une  dorée,  &  l'au- 
tre argentée,  ditFeftus;  c'eft-à-dire ,  l'une  couverte 
d'ornemcns  dorés ,  &  l'autre  d'.ornemens  argentés. 
Tout  ceci  eft  recueilli  d'Alexand.  ab  Alex.  Génial, 
dier.  L.  FI.  c.  19.  Rhodig.  L.  XXFlI,c.  57.  Rolîn. 
Antiq.  roin.  L.  F,  c.  iz.  Scalig.  Poetic.  L.  I, 
ch.  5  2.  Feftus  ,  Tire  -  Live  ,  Arnobe  ,  Ovide  , 
Cicéron  ,   &c. 

CÉRÉMISSES  ou  CZÉRÉMISE.S.  f.  m.  pi.  Ceft  le 
nom  qu'on  donne  à  de  certains  peuples  de  la  Mof- 
covie  orientale ,  qui  font  au  rivage  du  Volga  ou 
Rha ,  entre  Ni!i-Novogrood  &  Cazan.  Ce  font  les 
Tartares  que  le  Czar  Jean  Bazilowitz  fournit  au 
milieu  du  feizième  liècle.  Quelques-uns  font  Mabo- 
métans  ,  &:  les  autres  Païens.  Olearius  parle  au 
long  de  ces  peuples. 

CÉRÉMONIAL,  f.  m.  Livre  où  eft  contenu  l'ordre 
des  cérémonies  Eccléliaftiques.  Ritualis  liber ,  Ccsre- 
moniarum  codex.  Cérémonial  Koniain.  Dire  ,  comme 
Larrey  ,  que  Goodaker  ,  Archevêque  d'Armach  ,  & 
Bâle  Evèque  d'Ollêri  ,  furent  les  premiers  facrés 
en  Irlande  fous  Edouard  VI ,  félon  le  nouveau  ccré- 
moniel,  c'cOi  mal  parler  i  il  faut  dire  ,  félon  le  nou- 
veau cérémonial.  Cet  Auteur  répète  ce  mauvais  met 
cent  fois  dans  l'on  Hijioire  d'Angleterre.  Bayle  s'en 
eft  aulTi   lérvi. 

CÉRÉMONIAL  fe  prend  pour  l'aflcmblage  des  céré- 
monies que  l'on  obfcrve  les  uns  envers  les  autres 
par  civilité  j  par  honnêteté,  ou  par  devoir.  Mutua 
vitce  communis  urhanitas  II  y  a  un  certain  céré- 
monial entre  les  femmes  ,  qui  les  occupe  li  fort , 
qu'il  n'y  a  rien  qu'elles  ne  ("oient  capables  de  facri- 
ficr  pour  le  maintenir.  Cail. 

|kJ"  Dans  ce  fens ,  on  dit  d'un  homme  qui  n'aime  pas 
ces  fortes  de  cérémonies,  qu'il  n'aime  point  le  céré- 
monial; &:  pour  dire  qu'un  homme  entend  bien  les 
ufages  &  les  règles  du  cérémonial .,  on  dit  qu'il 
entend  bien  le  cérémonial ,  qu'il  eft  fort  fur  le  céré- 
monial. 

ttT  Dans  un  fens  plus  étroit ,  on  appelle  cérémonial 
certains  ufages  établis  par  une  longue  coutume, 
tant  pour  les  affaires  civiles  que  pour  les  autres , 
par  exemple ,  les  Mariages ,  les  Enterremens  ,  &c. 
que  l'on  doit  regarder  comme  autant  de  loix  aux- 
quelles on  eft  obligé  de  fe  conformer.    • 

ÇCF  On  appelle  encore  cérémonial  certaines  conven- 
tions entre  les  Souverains  concernant  la  manière 
dont  eux  ou  ceux  qui  les  repréfentent,  doivent  en 
ufer  les  uns  envers  les  auttes  dans  les  cérémonies 


politiques.   Le    cérémonial    eft  différent    illon   les 
Pays. 
Cérémonial  ,    ale  ,     adj.   Ceremonialis    Qui    coti^ 
cerne  les  cérémonies.  Les  Juifs  avoient   beaucoup 
de  loix  qui  n'étoient   que    céremoniaUs,   Les  pré- 
ceptes   cerévioniaux  de    la  loi  de   Moyle   ont    été 
abolis  par  la  prédication   de  l'Evangile. 
CÉRÉMONIE ,  f.  f.  Alîêmblage  de  plulieurs  forma- 
lités qui    fervent  à  rendre  une  choie  plus   magni- 
fique &   plus  folennelle.    Solemnes   ritux ,  cœremo- 
nia.  Les  Entrées  des  Rois  le  ibnt  avec  ^ïd.nA%céré-^ 
monie  ;  le  Bourgeois  va  'au-devant  d'eux  en  armes , 
les  Magiftrats  avec  leurs   robes   :  on   leur  prélênrs 
le  dais  ;    on  leur   érige  des  trônes  ,    des    arcs   de 
triomphe. 

Ce  mot  vient  du  Latin  acremonia ,  qu'on  a  fait  de 
quajî  Cereris  munia,  lignifiant  des  ablations  à  Ce-- 
ris,  d'autant  qu'on  faifoit  plus  de  cérémonies  aux 
gerbes    qu'on  lui    offroir  ,  qu'en    toute    autre    of- 
frande, ou  ,    avec  Valère  Maxime  ,  à  Cere  &  ma- 
nia, Céré  croit  une  petite  ville  proche  de  Rome , 
où      les     Romains     firent-     des     offrandes     avec 
un  culte    extraordinaire  ,    à    caufe    de    la    crainre 
qu'ils  avoient    alors    des    Gaulois  qui   artaquoifmt 
Rome.  D'autres  dérivent  ce  mot  de  cents-,  vieux 
mot  latin,  qui  lignifie  faine ,  (acre ,  confacré ;  quel- 
ques-uns le  font  venir  du  grec  x»'?^'"  ^  fi  réjouir , 
être  en  bon  état ,  parce  que  les  cérémonies  ont  été 
d'abord  employées  dans  les  chofes  de  religion  qui 
tournent  à  notre  avantage.  Enfin  il  y  en  a  qui  difent 
que  le  mot  de  cérémonie  vient  de  l'hébreu  mn  ,  tuer, 
confacrer.  Les  premières  érymologies  ne  font  guères 
plus  naturelles  ni  plus  vraifemblables. 
Céré?^onie   fe    dit   aulîî    en   matière  ecclcliaftique  , 
des  choies  qui  peuvent  rendre  le  culte  divin  plus 
augufte  &  plus  vénérable.  Cérémonie ,  dans  les  cho- 
fes ecclélialtiques,  eft  proprement  une  aêlion  exté- 
rieure   établie  par  l'Eglife ,  pour  rendre  le  lêrvice 
divin  plus  augufte  &:  plus  refpeiilable,  Sacer  ritus  , 
facri  ritîis  cœremonia.  L'ancien  Tcftament  étoit  tout 
plein  de  myftèrcs  èc  Az  cérémonies  ,com.rat  on  voit 
aux    livres  des  Nombres  &  du   Lévitique.  La  Loi 
nouvelle   a  abrogé    les  cérémonies  de    l'ancienne , 
comme  la  Circoncifion ,  &c.   On  doit   parler   avec 
relpcêl  des  cérémonies  de  l'Eglife.  La  bénédiftion 
des  cloches  n'eft  pas  un  baptême,  ce  n'eft  qu'une 
cérémonie.  Ceft  être    fuperftirieux   que   de  mettre 
fon  efpérance  dans  les  cérémonies ,  &  c'eft  être  fu- 
pcrbe  que  de  ne   vouloir  pas  s'y  Ibumettre.  Pasc. 
Les  cérémonies  de  l'Eglife  font  édifiantes  &  véné- 
rables ,  quand  on  les  fait  avec  décence  &  avec  gra- 
vité. Flech.  L'ufage  des  cérémonies  eft  trèî-propre 
à    édifier   le   Peuple  ,  à  faire    rcfpeéler  les  Ecclé- 
liaftiques.  Les  cérémonies  font  néceffaires  pour  at- 
tacher le  Peuple,  fur  lequel  la  pompe,  l'appareil 
myftérieux  des  cérémonies  fiit  fouvent  plus  d'imprel- 
fion  que  le  fonds  de  la  Religion.  Bouchel.  Il  pi- 
roît  par  les  Réponfes  de  Saint  Auguftin  aux  Qucftions 
de  Janvier,  qu'il  y  a  eu  dès  les    commencemens , 
dans  les  cérémonies ,  différens  ufages  en  différentes 
églifes. 
Cérémonie  fe  dit    aulîî  des    déférences  qu'on    a  les 
uns  pour  les  autres ,  par  civiliré  &   par  honnêteté. 
Scita.  vitce    communis   iirbanitas.   C'eft   une    céré- 
monie de  donner  le  pas ,  le  haut  du  pavé  ,  le  haut 
de  la  table  à  quelqu'un  \  de  ne  vouloir  laver ,  ou 
fe  coucher  qu'après  lui.  Quand  on  a  l'efprit  libre  , 
tout  ce  qui  contrainr ,  tout  ce  qui  eft  cérémonie , 
eft  ennuyeux.  M.  Scûd.  L'ufage  des  cérémonies  eft 
prefqu' aboli ,  &  on  a  eu  raifon  de  fe  défaire  de  ces 
manières  gênantes.  Bell.  Quelques  cérémonies  ttom- 
peufes  tiennent  lieu  d'amitié  dans  le  monde.  Bouh. 
CÉRÉMONIE   fignifie  encore  les  façons  ,  les    compli- 
mens ,  &  les  grimaces  qu'on  fait ,  ou  pour  refulêt 
quelque  chofe ,  ou   pour  y  conlentir.  Comitas  plus 
nimio  afjecîata.   C'eft    un  homme   timide ,    &  cir- 
confpe ,  qui  ne  s'eft  rendu  qu'après   bien  des  fa- 
çons,  &  bien  des  cérémonies.   Saint -Evremond. 
Théudofe  eut  la  modeftie  de  refufer  l'Empire  i  ^ 


^74  C  E  R 

l'on  remarque  que  ce  n'ctoit  point  par  une  vainc 
cérémonie ,  mais  par  une  véritable   l'agelîc.  FlÉch. 

Ce  mot  le  prend  quelquefois ,  en  mauvailc  part , 
pour  une  civilité  importune  &  outrée.  C'clt  un 
grand  faileur  de  cérémonies.  Il  faut  bannir  la  cé- 
rémonie. 

Habit  de  cérémonie  efl  un  habit  décent ,  conve- 
nable à  fa  proteilion.  FejUtus  ad  pompam  compa- 
rais. On  le  dit  aufîi  des  ornemens  &  des  mar- 
ques de  la  charge  &c  de  la  dignité  dont  on  ell: 
reyêtu.  Mener  en  cérémonie,  c'eft  conduire  folen- 
ncllcment  &  avec  éclat.  Traiter  en  cérémonie,  de^ 
faire  un  repas  magnifique  ,  &  dans  toutes  les 
fotmes. 

On  appelle  Officiers  des  cérémonies ,  ceux  qui 
ont  foin  de  faire  garder  l'ordre  &  les  cérémonies 
accoutumées  dans  les  adions  d'éclat  &  de  folen- 
nité.  Kituum  j'olemnium  Magifiri ,  moderatores.  Il 
y  a  le  Grand-Maître  ,  le  Maître  ,  l'Aide  des  céré- 
monies. Dans  les  Eglifes  il  y  a  auflî  un  Maître 
des  céremo7iies ,  qui  fait  obfcrver  l'ordre ,  de  tout 
ce  qui  efl:  porté  dans  le  Rituel. 

On  dit  ordinairement ,  fans  cérémonie.  Familia- 
riter ,  fine  ulla  comitatis   affeclatione  ;  pour  dire , 
franchement  &  fans  façon. 
CÉRÉMONIEUX,  EUSE.  adj.  &  f.  Formalifle,  qui 
fait  beaucoup  de  cérémonies ,  qui  fait  des  compli- 
mens  outrés    &  incommodes,  Nimiiis  comitatis  af- 
feclator.   La  plaifante  civilité  ,    de   prendre  le  pas 
devant  tout  le  monde ,  de  peur  de  palfer  pour  céré- 
monieux !  CosT.  Comme  les  pleurs  des  femmes  Ibnt 
d'ordinaire  artificielles  &  cérémonieufes  ,\\  ne  faut 
pas  s'y  oppofer ,  c'efl:  les  engager  à  faire  pis.  Mont,  ^ 
On  dit    ironiquement    d'un  homme  qui  en  ufe 
plus  librement ,  plus  familièrement ,  qu'il   ne  fau- 
droit ,    qu'il  n'eft  -point  cérémonieux.  Ac.  Fr. 
fCF  CÉRENZA,    (la)  ou  CIRENZA.    Cerentia  ou 
Geruntia.  Ville  du  royaume   de  Naples ,  dans    la 
Calabre  citcrieurc.  C'ctoit  autrefois  une  ville  cpif- 
copale,  dont  l'Evcché  a  été  uni  à  celui  de  Cariati , 
&  la  Cérenza  n'eft  plus  qu'un  village. 
CÉRÈS.  f.  £  terme  de  Mythologie.  Ceres.  Déefle  du 
Paganifme,  fille  de  Saturne  û    de  Rhea.   Hesiod. 
TÏieogr.  454.  Cérès  avoit  trouvé  l'art  de  cultiver  la 
tere  ,  &  on  l'honoroit   comme  la  Décile  des  Blés. 
Elle  eut  Proferpine  de  Jupiter ,  &;  Plutus  de  Jafius, 
Id.   Theog.  911  &  969.  Pluton  ayant  ravi  Proler- 
pine  pendant  qu'elle  cueilloit  des  fleurs  dans  une 
prairie ,  Cérès  courut  toute  la  terre  pour  chercher 
fa  fille.  Voyei  Claudien ,  De  Raptu  Proferp.  &  Ovid. 
Metam.  L.  V.  Quand  elle  fut  arrivée  dans    l'At- 
tique  à  Elcufis,  elle  prit  en  affeélion  Triptoicme  , 
fils  de  Celeus  Roi  d'Eleufis ,  &  fe  fit  fa  nourrice  -, 
quand  il  fut  grand ,  elle  lui  découvrit  le  fecret  de 
cultiver  la  terre,  de  recueillir  le  blé  &  d'en  faire  du 
pain ,  &    l'ayant  monté  fur  un  char  tiré  par  des 
ferpens  aîlés ,  ou    par  des  dragons ,  elle   l'envoya 
par  toute  la  terre  apprendre  fon  fecret  aux  hommes. 
Selon  quelques  Auteurs ,  la  vérité  de  cette  fable  eft , 
qiie  Pioferpine  ,  fille  d'ime  Reine  de  Sicile,  fut  enle- 
vée par  Orcus  Roi  des  Molofles.  Quand  on  eut  le 
fecret  de  femer  &  de  cultiver  les  blés ,  on  partagea 
les  terres  &  les  campagnes  ■,  on  mit  des  bornes  aux 
héritages,  &  on  fit  des  loix  pout  leur  confervation  ; 
c'eft  pour  cela  que  Cérés  paflbit  pour  avoir  inventé 
les  loix  ,  &:  qu'on  l'appeloit  Themofphore.  Au  refte  , 
ce  n'étoit  pas  feulement  l'invention    du  blé,  mais 
de  tout  ce  qui   regarde  les  richelfcs  &  le  ménage 
de  la  campagne  qu'on  lui  artribuoit,  De-là  quel- 
ques autres  noms  qu'on  lui  donnoit,  comme  Mal- 
lophore,  Por/e-ZizZ/ze;  Melophore,  Q^ui porte  ou  qui 
produit  des  brebis,  &  fur -tout   r\a.u.wtt>o,  mère  de 
tou;;,dans  les  hymnes  attribuées  à  Orphée.  Cérés 
étoit  repréfentée  de  différentes  manières  -,  quelque- 
fois elle  portoit  une  couronne  d'épis ,  d'autrefois 
on  la  repréfentoit  trifte ,  &  tenant  un  flambeau  à  la 
main,  ou  bien  portant  en  main  un  bouquet  d'épis  & 
de  pavots.  C'eft  ainfi  qu'elle  eft  gravée  fur  les  mc- 
<Jailles.  Cérsi  était  la  même  que  la  Terre ,  qu'Iiîs , 


C  E  R 

que  la  Lune  &:  Vénus.  On  la  nommoit  Elcufive , 
d'Eleufis;  Frutis  à  fruendo  ,]o\in;  Infcrna  ,  parce 
que  les  fcmences  s'enferment  dans  le  fein  de  la  terre; 
Mammofa ,  qui  a  beaucoup  de  gorge ,  à  railbn  de  la 
produiîlion  des  fruits  ,6'c.  Selon  Diodore  de  Sicile  , 
Cerès  eft  Ifis.  L'arrivée  de  Cérès  en  Grèce  eft  le  tranf- 
port  des  blés  d'Egypte  en  Grèce  dans  un  temps  de 
famine.  Erecfhce,  qui  fit  ce  tranfport,  fut  déclaré 
Roi  en  reconnoilfance  de  ce  bienfair,  &  il  établit  en 
Grèce  les  myftères  de  Cérès,  ou  Céréales,  à  la  ma- 
nière d'Egypte  ,  qu'Ifocrate  prétend  néanmoins , 
dans  fon  Panégyrique  ,  avoir  été  donnés  aux  Grecs 
par  Cerès  elle-même. 

Le  premier  lieu  où  l'on  ait  bâti  un  temple  à  Cérès, 
c'eft  Palantium  enArcadie,au  rapport  de  Diodore 
de  Sicile ,  Liv.  I.  C'eft  Evandre  qui  fit  paflcr  le 
culte  de  Cérès  de  Grèce  en  Italie.  Elle  n'eut  de 
temple  à  Rome  que  l'an  de  Rome  257,  après  la 
vidtoire  remportée  fur  les  Vollques.  La  première 
ftatue  de  bronze  qui  a  éré  faite  à  Rome ,  fiât  une 
ftatue  de  Cérès.  V\me  ,  XXXIV,  4.  Vofllus  croit, 
que  félon  l'Hiftoire,  Cérès  &c  Ifis  font  deuxDéeifes 
ibrt  différentes  -,  mais  que  ,  félon  les  raifbns  phyfi- 
ques  fur  lefquellcs  la  fable  eft  fondée,  ce  n'eft 
qu'une  même  divinité.  Le  même  Auteur  montre 
qu'il  y  a  deux  Cérès ,  l'une  celefte ,  qui  étoit  la  Lune, 
&  l'autre  terieftrc,  qui  étoit  la  Terre.  ^oyf{  de  Ido- 
lol.  L.I,  c.  17,  L.  II,  c.  ij  ,  &  c.  59.  On  repré- 
fentoit Cérès  aflife  fur  une  pierre  Se  avec  une  tête  de 
cheval.  Vofîlus ,  de  Idol.  L.  IX,  c.  23.  Les  animaux 
confacrés  à  Cérès  fbnr  la  grue ,  la  toutterelle ,  le 
furmulet  ou  mulet,  poillbn  de  mer;  &  le  ferpent 
aîlé  ;  &  pour  les  plantes,  le  blé  &:  le  fafran. 

Comme  Cérès  pafibit  pour  la  Dce/Te  des  fruits  & 
des  grains ,  &  comme  ayant  appris  aux  hommes 
l'arr  de  cultiver  la  terre ,  les  fruits  &  les  grains  s'ap- 
pellent en  Pocfie,  les  dons,  les  préfens,  les  tréfors 
de  Cérès, 

La  fourmi  tous  les  ans  ,  traverfant  nos  guérets , 
GroJJitfes  magafins  des  tréfors  de  Cérès.        Boil, 

C'eft  pourquoi  on  la  prend  pour  le  pain  même  , 
comme  Bacchus  pour  le  vin.  Sans  Ci^V^j  &  Bacchus , 
Vénus  eft  languiilante.  Sine  Cerere  &  Baccho,  friget 
Venus. 

Ce  nom  Cérès  eft  la  même  chofe,firon  en  croit 
Varron,  que  Gérés  ,  &  il  s'eft  lait  de-là  par  le  chan- 
gement du  G  en  C.  Et  cette  Deeffe,  dit-il ,  fut  ap- 
pelée Gérés,  quodgeratfruclus.  D'aurres  prétendent 
que ,  fuppofé  que  Cérès  ait  été  appelée  d'abord  Gérés , 
ce  nom  vient  du  grec  r?ç«ç ,  Gerys  ;  en  effet  Hef y- 
chius  dit  qu'Achero,  Ops ,  Helle,  Gerys,  la  Terre 
&  Cerès  ,  font  la  même.  Or  ry.pvq,  fuivant  le  fenti- 
ment  de  ces  Auteurs ,  eft  un  nom  hébreu  qui  vient 
de  ty^Ji  ,  gerefch  qui  fignifie  félon  eux  du  blé 
moulu  ,  broyé,  deï?i:,  garafch,  qu'ils  expliquent, 
frangere  ,  contundere.  Il  vaudroit  mieux  dire 
que  fsi ,  gerefch  ,  fignifie  les  fruirs  qui  font  pro- 
duits &  poufics  dehors  ;  car  en  effet  il  a  ce  fens. 
Deut.  XXXIII  14  ,  &  n'a  jamais  l'autre  en  hé- 
breu ,  t£)")3 ,  garafch ,  ne  veut  dire  que  expellere , 
protrudere,  8c  non  point  frangere ,  contundere.  On 
ajoute  que  Cérès  portoit  à  Cnide  un  nom  appro- 
chant de  rïf f? ,  qui  eft  Kvp-^  ;  mais  ce  nom  lui  fut 
donné,  dit-on,  parce  qu'elle  croit  "">'«  •?«  y^ç ,  la 
maîtreile  de  la  terre,  ce  qui  n'a  point  de  rapport 
à  l'étymologie  grecque  de  ra^vi.  D'autres  rirent 
Cérès  de  l'hchteii  oin,  Hhres,  qui  fignifie  le yo/^i/, 
auteur  de  rous  les  fruits  de  la  terre  ;  &  ils  difent 
que  Qin  a  bien  plus  d'analogie  avec  r^^wç,  que 
fT.  Ils  confirment  encore  ceci  par  Plutarque,  qui 
dit  que  Cyrus  en  Perfien  fignifie  le  foleil.  Voye^ 
VoHlus,  Deldolol.  L.II,  c.  S9- 
CÉRET.  Petite  ville  de  France  dans  le  Rouffîllon» 
avec  un  pont  magnifique  d'une  feule  arche.  C'eft  le 
lieu  où  s'afiêmblèrcnt  les  Commiffaires  d'Efpagne  Se 
de  France,  pour  régler  les  limites  des  deux  Royau- 


C  E  R 

mes,  en  i^^îo.  Elle  e(l:  prcs  du  Tcc  ,  à  cinq  Iie:ics  ' 
de  Perpignan.  Cer^ijidum  ou  Ctretnui. 
CtRÈTHÈ  ou  CERÉTHIEN,  ou  CÉRÉTHEN , 
ENNE,  f.  m.  ô^  f.  Ce'-ethxiis.  II  elT:  parle  de  deux 
Jbrtes  de  Céréthicns  dans  l'Ecriture;  ou  bien  il  elt 
parlé  des  Céréthiens  en  deux  manières  :  i^^.  Au  l. 
Livre  des  Rois -,  KXX-,  14,  il  eft  parlé  des  Céré- 
ihiens  qui  demeuroienr  vers  le  midi  de  la  Terre 
Sainte  du  côté  de  l'Egypte.  ^^  En  d'autres  endroits 
on  trouve  des  Ccrcthiens  que  l'Ecriture  joint  avec 
les  Phélcthiens ,  &:  qui  font  des  foldats,  des  gardes 
de  David,  ou  des  gens  de  fa  lui  te  &:  de  fa  mailbn. 
Quant  aux  premiers,  on  convient  allez  quec'ctoient 
des  peuples  qui  failbient  partie  des  Philiftins.  L'Ecri- 
ture iémble  le  marquer  allez  clairement ,  /.  L.  des 
Rois ,  XXX,  14  ;  Ezech  XXV,  16.  Sophon  ,11,';; 
Se  11.  Liv.  des  Rois ,  VIU,  I  i  &:  il  lenible  qu'ils 
ctoient  de  la  Satrapie  de  Gaze  qui  croit  la  plus  mé- 
ridionale. C'eft  le  fcntiment  de  Junius ,  de  Pilca- 
tor  ,  de  Malvenda,  de  Toltat,  de  Kimhhi ,  de  Va- 
table  S>i  de  Ménochius 

Pour  l;s  autres  Céréthiens ,  on  ne  ûit  pas  trop  ce 
qu'ils  ctoient.  Les  uns  veulent  que  ce  Ibit  un  nom 
appellatif ,  &;  d'autres  un  nom  propre.  Des  pre- 
miers efl;  le  Paraphrafle  Chaldaïque  Jonathan  ,  qui 
traduit  Ccretlii  par  Archers ,  &  PhiUthi  par  Froii- 
dzurs;  l'Arabe  traduit  Cerethi  par  des  gens  nobles , 
libres-,  d'autres ,  Conlcillers  du  Sanhédrin.  11  Icm- 
ble  que  c'ait  été  l'opinion  des  Septante.  Jofephe  les 
appelle  Gardes  du  corps,  'Zuv-xloD-Jxx'-xc.  Ceux  qui 
le  fuivent,  conjeélurent  qu'ils  étoient  ainiî  appelles 
de  rm  ,  exj'cindere  ,  parce  qu'ils  ctoient  toujours 
prêts  à  punir  les  coupables.  Munfter ,  yatal)le , 
Pierre  Martyr ,  Ménochius  rapportent  cette  opi- 
nion ,  ou  la  fuivent. 

Ceux  qui  croient  que  c'eft  un  nom  propre  di- 
fent  ,  que  ce  font  des  compagnies  ,  des  trou- 
pes de  ces  Cérèthes  Philiftins  ,  dont  nous  avons 
parlé,  que  David  avoir  à  fon  fervice,  comme  le 
Roi  a  des  Etrangers  pour  fa  garde.  Eorfterus ,  Cor- 
nélius .1  Lapide  gcTirin ,  fuivent  ce  fentiment.  Pierre 
Martyr  ne  croit  pas  cjue  David  eût  choifi  des  Païens 
pour  Gardes.  Junius  croit  que  c'ctoient  des  Iliraé- 
lites ,  qui  demeuroienr  parmi  les  Pliiliftins.  Scrra- 
rius  dit  que  ce  font  les  mêmes  qui  font  appelés 
Géthéens ,  //  L.  des  Rois  ,  XF,  18  ,  &  il  conjeclure 
que  ces  noms  leur  ont  pu  être  donnes  des  lieux  où 
ils  avoient  demeuré  avec  David.  Du  refte,  Grotius 
croit  que ,  ii  l'on  accorde  que  c'étoient  des  Philiftins , 
on  peut  dire  que  les  Cretois  en  font  defcendus. 
Mais  il  n'en  a  d'autres  preuves  que  la  reflemblance 
du  mor,  &  l'Iiabileté  des  Cretois  à  tirer  de  l'arc, 
que  les  Septante  femblent  audi  attribuer  aux  Céré- 
thiens. Il  paroît  plus  probable  que  c'étoient  des 
troupes  de  ce  peuple  qu'on  nommoit  OTiiQ  ,  Céré- 
thim  ,  Céréthiens ,  de  dont  parle  le  premier  Livre  des 
Rois,X-YX,  14.  Ilhabiroir  vers  le  midi  de  la  tribu 
de  Juda ,  comme  nous  l'avons  dit.  Ainfi  il  ne  faut 
point  diftinguer  des  Cérèthes  ou  Céréthiens  de  deux 
fortes. 

Nos  Interprètes  difent  Céréthiens.  Car  nous  avons 
fair  une  irruption  vers  la  partie  méridionale  des  Céré- 
thiens ,  /  des  Liv.  des  Rois  XXX,  14.  Tous  ces 
Officiers  marchoient  auprès    de    lui  ,   les    légions 
des    Céréthiens    dc  des  Phélétiens,  &:  les  lîx  cens 
hommes    de  pied  de    la  ville  de    Geth  ,    //    Liv. 
des  Rois ,  XV    18.  Banaïas,  fils  de  Joada,  com- 
mandoit  les  Céréthiens   &  les  Phélétiens,  U  Res:,. 
VIU.  Sacy.  c.  18.  Les  Traduclieurs  de  Genève  & 
les    Defmarets   écrivent  Kérétliiens  ;  mais   en   hé- 
breu ,  c'eft    un  r)  ,  de   non  pas   un  p.  On  trouve 
Cérèthes  &  Céréthéens  dans  les  Mcm.  de  Trévoux. 
CERF,    fuhft.  mafc.    L'/ ne  fe  prononce  pas.  Ani- 
mal fauvage ,  qui  eft  fort  léger  à  la  courfe ,  &  qui 
forte  un  grand  bois,  Ceryus.  Le  cerf  z  le  devant  de 
la  tête  plat,  fur  laquelle  il  porte  un    grand    bois 
qu'il  met  bas  tous  les  ans  vers  le  mois  d'Avril.  Il  a 
le  pied  fourchu  ,  le  cou  long  ,  de  petites  oreilles ,  dc 
la  queue  courte.  Il  eft  de  la  taille  d'un  bidet  ■■,  de  poil 


C  E  R 


brun,  fauve  ou  rougcâcre. Il  aime  le  francolin  ,  & 
h  rit  l'aigle  ,  le  vautour,  le  bélier  ,  les  chiens  &  ks 
tigres.  La  femelle  du  cerf  s'appelle  biche.  Cerva.  Le 
petit  cr/ s'appelle  /20«.  Hinnuliis.  Jean- André 
de  Grabe,  Médecin  d'Erford  ,  a  fait  un  Traité  de  la 
dofcription  du  c^r/",  tant  phyliquement  que  médi- 
calement, qu'il  appelle  Elapho<^raphie, 

ipT  Le  petit  du  cerf  ne  s'appelle /ao«  que  jufqu'à  fix 
mois.  Alors  les  bo/f.s  commencent  à  paroître ,  Se  il 
prend  le  nom  de  hère.  A  la  féconde  année,  quand  fes 
dagues  font  alongées  en  dagues,  il  prend  le  nom  de 
Da'^iiet.Cervus  bimulus.  En  la  troi(îcme,quatrième  & 
cinquième  année,  c'eft  un  cerf  à  fa  première ,  fecojide 
ou  troijiane  tête.  Cornua  prxfert  feriis  &  oclonis  pal- 
mitibus  hracchiata.  La  iixième  année ,  on  l'appelle 
cerf  de  dix  cors  jeiinement.  Sexennis  çervus  decem 
palmitibus  hracchiata  prœfert  corniia  recentia.  La 
leptiènic  ,  cerf  de  dix  cors.  Septennis  deam  ramo- 
riun  cornua  exhibet.  La  huitième  ,  on  l'appelle 
grand  cerf;  Se  la  neuvième  ,  grand  vieux  cerf;  après 
lequel  temps  fa  tête  n'augmente  plus.  On  connoit 
leur  âge  à  la  grolTeur  du  merrain,  à  la  profondeur 
des  raies  qu'il  a  aux  meules ,  aux  andouilleis  qui  en 
font  le  plus  près ,  à  la  quantité  des  chevilles ,  fur- 
tout  au  haut  de  leurs  têtes ,  qui  font ,  les  unes  cou- 
ronnées ,  les  autres  à  ramures.  On  dit  qu'un  cerf 
n'a  point  de  refus ,  quand  il  eft  chairable ,  SC  en 
faifon. 

Ce  mot  vient  du  latin  cervus ,  qui  vient  du  grec 
xipxio;,  de  yJpx(  ,  cornu  ,  corne.  Corne.  Cervus  ■, 
un  cjif,  prend  fon  origine  du  celtique  caru ,  & 
caro.  Pezron. 

Un  bois  de  cerfeÇi  le  terme  dont  les  Chaffeurs 
appellent  ce  que  les  Tablettiers  appellent  les  cornes. 
Cervi  cornua.  Et  l'on  appelle  Raclure  de  corne  de 
cerf,  ce  qui  en  fort  quand  on  râpe  ce  bois.  On  ap- 
pelle aulîî  une /àe  de  cerf,  le  bois  d'un  cerf:  Se 
on  dit  qu'un  cerf  poi'e  fon  bois  ou  fa  tête,  ou  met 
bas ,  quand  ce  bois  lui  tombe  ',  Se  on  dit  alors 
qu'il  fraie  &  décroûte  fa  tête.  Cadsntis  cervini 
cornu  tcmpeflas.  On  apgelle  une  tète  bien  née  y 
bien  femèe  ,  quand  elle  eft  également  marquée 
en  les  deux  perches.  La  perte  du  bois  des  cerfs 
vient  de  ce  que  tous  les  cerfs  ont  des  vers  qui  s'en- 
gendrent fous  la  langue  auprès  de  la  nuque  du  cou  , 
gros  comme  ceux  des  chairs  corrompues.  Il  y  en  a 
environ  une  vingtaine  qui  fe  tiennent  l'un  à  l'autre 
rout  en  un  tas.  Ils  rongent  la  racine  du  merrain.  Lorf- 
que  ce  bois  eft  rombé  ,  de  ces  mêmes  vers  s'engen- 
dre une  groffe  maffe  de  chair,  qu'on  nomme  le  re- 
venu ,  reditus  ;  puis  peu-à-peu  la  tête  s'alonge  ,  les 
meules  fe  forment ,  &  la  tête  fe  couvre  d'une  peau 
qu'il  frotte  contre  les  arbres.  Cela  s'appelle /rayt/- , 
affricare  \  Se  l'on  connoît  la  hauteur  d'un  cerf  à 
celle  des  lieux  où  il  a  frayé.  Quand  toute  cette 
peau  eft  tombée  ,  il  brunit  fon  bois  dans  les  char- 
bonnières ,  dans  les  ■  terres  noires  ou  roufsâtres. 
Grabe,  dans  fon  EAa^or^at;)//,,  rapporte  la  caufe  de 
la  chute ,  Se  le  renouvellement  du  bois  des  cerfs , 
à  un  fuc  plein  de  fel  dont  cet  animal  abonde ,  ainfi 
qu'il  paroîr  par  la  quanrité  de  fel  volatil  qu'on  tire 
de  fes  cornes ,  de  fon  fang  Se  de  fon  urine ,  lequel 
ceffant  de  fournir  chaque  année  en  certain  temps  l'ali- 
ment néceffaire  aux  cornes ,  les  détache  de  leur  lieu  , 
les  pouffe  enfuite  dehors ,  &  en  fait  naître  de  nouvel- 
les à  leur  place  -,  de  même  à-peu-prè<;  que  les  fucs  qui 
montent  au  printemps  dans  les  arbres ,  produifcnt 
de  nouvelles  feuilles,  &  de  nouveaux  fruits  à  la 
place  de  ceux  qui  font  tombés.  Les  cerfs  choiliifent 
les  lieux  les  plus  bas  &  les  plus  ombrageux  ,  afin 
d'éviter  les  mouches ,  Se  ils  ne  vont  que  de  nuit  aux 
viandes ,  comme  n'ofant  fe  montrer  jufqu'à  ce  qu'ils 
aient  recouvré  leurs  cornes. 

On  appelle  la  meule  du  cerf,  la  bofTe  qui  eft  fur 
fa  tête  ,  d'où  fort  le  merrain,  la  perche  ,  ou  le  fruit 
de  fon  bois  qui  produit  la  ramure.  Matrix  cervini 
cornu  ,  imus  torus  &  fumma  radix  cervini  cornu. 
AntouillcTS  ou  andouilUrs,  font  ks  premières  bran-' 


j7^>  C  E  R 

chcs  du  bois  du  ccrr/,  près  de  la  meule.  Primarius  i 
polkx  cervini  cornu.   SurandoitilUrs  ,  les  lecondcs 
branches.  Sccundarius  pollex  cervini  cornu.  Celles 
qui  ibnt  au-delllis ,  s'appellent  Clicvillure.  Cervini 
cornu  digitus.  Eniourchurc.   Bijidus  apex    cervini 
cornu.  Trochure.  Cervini  cornu  trijidurn  uut  quairi- 
fidum  cacumen.  Paumure.  Apex  cervini  cornu  pcù- 
maïus.  La  couronnure  fe  dit  des  cpois  ou  branches 
qui  font  à  la  cime  en  guife  de  couronne.  Cervini 
cornu  apex  coronatus.  Epais  de  tête  de  cerf,  font 
les    cors    ou    cornichons   de  la  couronnure ,  pau- 
mure,    troc/iure  ,  &C  enfourchure   de  tête.    Cervini 
cornu  fuji  coronarii.    On  appelle  tète    ajffburchie  , 
celle  qui  repréfente  une   fourche.  Cervinum  cornu 
l'ijidum.  Les  têtes  contrefaites  s'appellent  Imnplcmcnt 
tues,  h^ pince  ducerf,c'eil   l'extrémité    de  l'ongle 
d'en-basfur  le  devant.  Antica  &  inui  pars  cervintz 
iingulx.  Le  talon ,  le  côté  du  pied  ou  les  os.  Un- 
guis   cervi  pojticus  ,   cervinum  calcar. 
Cerf.  {Fumées  de)  Torches  ou  Plateaux ,  font  la  fiente 
du  cerf,    Cervinum  fîercus.    Mue   de  cerf,  c'efl:  la 
chute   de  fa  tête,  pendant  laquelle  il  fe  recèle  & 
demeure  caché  dans  fon  buiflbn.  Cervini  cornu  inte- 
ritus.  Les  marques  de  la  pifte  du  cerf  font  les  por- 
tées ,  les  fumées ,  les  allures ,  les  foulées ,  les  fuites 
ik  fa  manière  de  marcher.  Il  drefle  plus  volontiers 
fcs  fuites  &  fa  manière  de  marcher.  Il  drcife  plus 
volontiers  fes  fuites  par  les  grands  chemins  :  car  il 
va  toujours  à  côté  ,  &  jamais  dans  les    piftes  des 
autres.  On  appelle  auffi  pieds  de  cerfs  ,  les  voies  6c 
les  marques  qu^il  a  empreintes  lur  terre  en  mar- 
chant.  Vejîigia  cervini  pedis.  Le  cerf  n'a  point  de 
veffie  de  riel  -,  muis  au  bout  de  fa  queue  on  trouve 
un  ver  tirant  à  la  couleur  de  fiel  qui  eft  un  poifon 
aulfi  dangereux  que  le  napellus. 
Cerf.  (Rue  de)  C'eft  la  faifon  où  le  cerf  e(ï  en  cha- 
leur &  cherche  la  femelle.  Cervini  venerem  patien- 
tis  ù  (sjiuantis  tempejtas.  On   appelle    daimtiers , 
les    tefticules   du    cerf,  Cervini  tejiicu/i.    Les  cerfs 
privés  de  leurs  dnimtiers  ne  muent  plus  leur  tête  ; 
ou  ils  font   alors  fans  tête ,  il  ne   leur  en  revient 
plus  de  noiïvelle. 
Cerfs.   (  Hordes  de  )  Ce   font  des  cerfs  qui  vont  en 
troupe,  particulièrement,    quand  il    neige.  Cervo- 
rum  agmen.  On  appelle  lancer  le  cerf ,  quand  on 
le  fait  partir.  Le  cer/qu'on  a  lancé  s'appelle  ^m/. 
Celui     qu'on    rencontre    en    chemin    s'-.^ppelle    ic 
change.  On  dit  aulli  qu'un  cerf  eft  au  leiFui ,  quand 
il  eft  au  foleil  après  la  rofée  ,  ou  après  fa  courfe. 
Cervi  ab  Jilvejlri  madore  apricantis  jïatio.  On   ap- 
pelle mufe   de  cerf ,  la   trifte  contenance  où  il  fe 
trouve  tandis  qu'il  eft  en  amour.  On  dit  aufli  que 
le  cerf  fait  le  rouge ,  pour  dire ,  qu'il  rumine.  On 
appelle   le  lit,  la  chambre,,  ou  la  repcfée  du  cerf., 
fon  fort ,  fa  demeure  ,  un  lieu  ou  les  arbres  £c  les 
herbes  font  toufus. 

On  appelle  auflî  écuyer  de  cerf,  un  jeune  cerf 
en  compagnie  d'un  vieux.  Quelques-uns  l'appellent 
broquart.  Il  a  un  petit  bois  fort  pointu. 

On  dit  que  le  cerf  eH  de  bon  temps,  ou  de  hautes 
erres ,  quand  il  va  vite  &  loin  ,  ou  quand  les  piftes 
font  fraîches  :  qu'il  va  de  vieux  temps ,  quand  il  va 
deçà  &  de-là  ,  eft  incertain  dans  fa  courfe.  On  dit , 
démêler  &  redreffer  le  cerf,  pour  dire ,  quitter  le 
change ,  &  fraper  à  route. 

On  lève  le  pied  droit  du  cerf  pour  préfenter  au 
Seigneutou  Maître  de  la  chafle.  Le  maflacre  ,  qui  eft 
la  tête  féparée  du  corps  ,  eft  le  droit  du  Véncur 
qui  a  détourné  le  cerf.  Il  en  fait  le  premier  droit 
à  fon  limier.  Les  menus  droits  fonr  la  langue ,  le 
mufle  &:  les  oreilles.  Le  cimier  eft  le  delfus  du  dos 
approchant  des  cuilîes.  La  nappe  du  cerf,  c'eft  fa 
peau.  PelUs  cervina.  On  ôte  le  paremenr  du  cerf , 
c'eft-à-dire  ,une  chair  rouge  qui  eft  attachée  à  fa 
peau ,  quand  on  fait  la  curée. 

On  dit  qu'un  c^rf  prêt  à  fe  rendre,  va  feignant  fon 

corps, lorfqu'en  chancelant  il  fait  de  grands  bonds, 

de  grandes  gliflces,&.  donne  des  os  en  terre  :  qu'il 

■  eft  aux  abois,  quand  il  eft  las  5c  qu'il  n'a  plus  la 


C  E  R 

force  de  courir.  Viribus  defccii  cervi  ex  tréma  necef- 
Jitas  :  &  qu'il  pleure  quana  il  eft  en  cet  état ,  comme 
s'il  deniandoit  grâce  par  f_s  larmes.  Ariftote  dit  que 
la  branchure  gauche  àwcerf  vlz  pu  encore  étie  tiou- 
vée,  &:  qu'il  l'enterre  ôc  la  cache ,  comme  étant  pro- 
pre à  la  Médecine:  de-là  vient  qu'on  dit  en  pto- 
vcrbe ,  qu'une  choie  eft  au  lieu  où  le  cerf  a.  pôle  fa 
tête  ■■,  pour  dire ,  qu'elle  eft  mal-aifce  à  trouver.  Les 
cerfs  ont  la  moirié  de  leur  tète  à  la  mi-Mai ,  plutôt 
ou  plutaid ,  félon  que  le  climat  eft  plus  ou  moins 
chaud ,  ou  qu'ils  font  plus  jeunes  ou  plus  vieux.  Il 
faut  remarquer  que  tous  les  cerfs  d'un  pareil  âge  fe 
mettent  enièmble,  les  daguets  avec  les  daguets,les 
cerfs  de  dix  cors  jeunement  avec  leurs  l'emblables  » 
&c  ainli  des  autres.  Ils  ne  fe  féparent  qu'au  prin- 
temps pour  prendre  buiiîbns  £c  faire  leurs  têtes.  Le 
cerf  eft  d'un  tempérament  chaud  &  fec ,  &  d'un 
naturel  tiès-violent  i?c  colère  ■,  fur-tout  dans  le  temps 
de  fa  chaleui ,  où  l'on  a  trouvé  quelquefois  des  cerfs 
qui  fe  battoient  avec  tant  de  furie ,  que  leurs  têtes 
demeuroicnt  croifées  &  embarralîccs  l'une  dans 
l'autre  fans  qu'on  pût  les  féparer.  Ce  temps  com- 
mence à  la  fin  du  mois  d'Août ,  &  continue  les  autres 
fuivans.  Matthiole  dit  que  les  cerfs  traverfent  la  mer 
en  troupe,  &  fe  foulagent  les  uns  &c  les  autres,  en 
mettant  leurs  têtes  fur  le  derrière  de  ceux  qui  vont 
devant:  ^  qu'ils  vont  ainfi  de  Sicile  en  Chypre.  Ils 
vivent  plufieurs  iiècles ,  puifque  Pline  dit  qu'on  eri 
a  trouvé  qui  avoient  des  colliers  d'or  qu'Alexandre; 
leur  avoir  fait  mettre,  qu'on  a  pris  plus  de  cent  ans 
après  fa  mort',  &  que  ces  colliers  étoicnt  recou- 
verts de  leur  peau.  On  en  a  trouvé  de  fcmblables 
en  Allemagne  &  en  France.  Charles  VI  chaifant  dans 
la  forêt  de  Senlis,  prit  un  cerf  qui  avoit  un  collier 
de  cuivre  doré  avec  cette  infcription  latine ,  CœJ'ar 
hoc  me  donavit ,  c'eft-à-dire ,  Cefar  m'a  donne  ce 
collier.  Il  n'y  a  pas  d'apparence ,  dit  Mezetay ,  que 
ce  lut  Jules  Céfar,  ou  Charlcmagne,  comme  quel- 
ques-uns l'ont  cru-,  c'étoit  plutôt  quclqu'Empe- 
reur  d'Allemagne  beaucoup  plus  moderne,  dont  lé 
cerf  avoit  paifé  en  France.  Selon  Grabe ,  dans  fa 
Defcriprion  du  «r/,  la  caufe  de  cette  longue  vie  eft 
l'abondance  d'un  fel  balfamique  ou  préfervatif  dont 
la  nature  les  a  pourvus  au-delà  de  tous  les  autres 
animaux.  (fT  Cet  Auteur ,  comme  bien  d'autres ,  a 
trouvé  la  raifon  de  ce  qui  n'eft  pas ,  tout  ce  qu'on 
a  débité  lùr  la  longue  vie  des  cerfs ,  eft  aujour- 
d'hui regardé  comme  une  fable.  Pline  dit  audi 
que  ce  font  les  cerfs  qui  ont  montré  la  propriété 
du  diélame  pour  ^uérit  les  plaies  des  flèches.  Il  y 
a  un  ii  grand  nombre  de  cerfs  au  royaume  de 
Siam  ,  qu'on  y  en  rue  tous  les  ans  plus  de  cent  cin- 
quante mille,  dont  on  envoie  les  peaux  au  Japon. 
Il  y  a  aux  Indes  Occidentales  des  cerfs  privés  qu'on 
élève  dans  les  maifons  Se  qui  vont  paître  à  la  cam- 
pagne ibus  la  conduite  des  Bergers ,  &  qu'on  ra- 
mène le  foir;  &  du  lait  des  biches  on  en  fait  du 
fromage.  Herrera.  Virgile  fuppofe  des  troupeaux 
entiers  de  cerfs  en  Afrique ,  quoique  l'Hiftoire  na- 
turelle nous  apprenne  qu'il  n'y  en  eut  jamais.  Ort 
prétend  que  Caftor  eft  le  premier  qui  ait  monté  à 
cheval  pour  courre  le  cerf. 

Il  y  a  un  cerf  de  Canada ,  qui  a  quatre  pieds  de 
haut,  de  fon  bois  trois  pieds ,&  fes  andouillers  un 
pied.  Il  y  en  a  fîx  à  chaque  perche.  Pline  &  Ariftote 
difent  que  c'eft  le  plus  grand  nombre  que  les  cerfs 
en  peuvent  porter.  Cependant  il  y  en  a  ici  qui  en 
porrcnt  jufqu'à  vingt-deux.  Ce  bois  eft  couvert  d'une 
peau  fort  dure,  &  garnie  d'un  poil  épais  &c  court. 
On  en  a  di/féqué  un  à  l'Académie  des  Sciences ,  où 
on  n'a  trouvé  que  deux  ventricuJes  fort  diftindls , 
quoique  ce  foit  un  animal  ruminant.  Ses  inteftins 
pris  tous  enfemble ,  avoient  quatre-vingt-feize  pieds 
de  long.  On  y  a  trouvé  plufieurs  pièces  de  cuir,  de 
la  grandeur  d'un  écu  blanc  -,  des  morceaux  de  plomb 
grands  comme  l'ongle,  qui  parcuffoient  ufés  &  ton-, 
gés  ,  &  quelques  fragmens  d'ardoifes  :  ce  qui  fait 
croire  qu'ils  amafTent  à  la  hâte  leui  nourriture,  & 
qu'ils  l'épluchent  à  loifîr. 


C  ER     . 

ïî  y  a  une  cfpècc  particalicre  de  cerfs  cli  tout 
Semblables  aux  autres,  /înon  qu'ils  Ibnc  bai-bus,&: 
ont  tout  le  poii  de  reftoinac  long  ,  de  mcrae  que 
les  boucs.  Les  Anciens  les  appeloicnt  TraqilaDhus , 
c'cfUUdire,  Boiu-ccrf.  Il  ne  s'en  trouvôic  /  Ibloii 
Pline,  liv.  FIJI,  ch.  34,  que  le  long  du  Phafc , 
ileuve  de  la  Colcliide ,  aujourd'hui  de  Miniçre'lie  : 
mais  on  en  voit  auifi  dans  les  montagnes  de  Bo- 
hème &  dans  la  Milhie. 

La  raclure  de  corne  de  cerftii  un  remède  aftrin- 
genc.  On  en  hïx.  auili  de  la  gelée  qu'on  appelle  de 
foijjhn^  qui  eft  bonne  au  goiit,  mais  qu'on  rend 
de  même  qu'on  l'a  priie.  On  eftime  fort  en  Méde- 
cine la  moelle  de  cerf  i  ôc  on  tient  que  l'os  du  cœur 
d'un  cc;/tavoriie  l'accouchement.  Un  Médecin  du 
Nord  prétend  que  la  corne  de  cerf  eft  une  vraie 
panacée  ,  &;  qu'on  a  railbn  de  la  nommer  ainii. 
Foyei  Grabe ,  ET^aÇcypapia ,  jivc  Cervi  Defcriptio 
fhyJico-Medico-Chymica,  où  il  explique  la  nature,  la 
qualité  fie  les  divers  ulages  que  l'une  &  l'autre  Phar- 
macie peuvent  tirer  des  diverres  parties  du  corps 
du  cerf,  de  les  larmes ,  de  ion  fang,  de  Ton  urine  , 
&  même  de  iés  excrcmens.  On  trouve  au/ii  beau- 
coup d'antiquités  fur  les  cerfs  &  les  biches  dans 
Vollius,  De  Idol.Lih.  III,  cap.  49,  56,  57,58, 
59,  6^1  ,  (îi,  65,  (Î5,  67»  68,(Î9,  75  ,  Lib.  IV  , 
cap.  59  ,   61. 

La  chair  des  petits  cerfs  qui  font  encore  fous  la 
mère,  c'eft-à-dire  ,  des  faons ,  laciantes,  eft  la  meil- 
leure. Ceux  4'un  an  font  encore  bons  -,  on  les  nomme 
encore  )eunes  à  trois  ans  \  mais  alors  leur  chair  com- 
mence à  durcir.  Celle  des  vieux  cerfs  eft  dure  ,  difti-, 
cilc  à  digérer,  fait  un  mauvais  fuc,  mélancholique 
&  atrabilaire.  Les  chairs  de  cerf  ne  valent  rien  pen- 
dant les  mois  d'Août,  de  Septembre  &  d'Oétobre 
qu'ils  font  en  rut;  parce  qu'alors  non  -  feulement 
elles  font  plus  sèches,  &  plus  dures  qu'en  une  autre 
failbn,mais  encore  parce  qu'elles  font  d'une  odeur 
plus  lorce  S>c  plus  puante  que  celle  du  bouc.  En 
quelque  faifon  que  ce  foit,ron  n'eftime  des  viei;x 
cerfs  que  la  langue  ,  le  mufle  &  les  oreilles:  ce  que 
l'on  nomme,  en  termes  de  Vénerie,  les  menus  droits  ; 
&  l'on  y  ajoute  tout  au  plus  le  cimier ,  qui  eft  le 
delfus  du  dos  approchant  des  cuiifes.  A  l'égard  des 
faons,  le  meilleur  manger  font  les  filets,  ou  la 
longe.  Et  fi  on  les  châtre,  &  qu'on  les  apprivoilé 
à  l'âge  de  trois  ans ,  ils  s'engraiflént,  fie  leur  chair 
eft  bien  meilleure. 'De  la  Mare  ,  Traue  de  la 
Police,  Liv.  XXIII,  ch.    i. 

Sur  les  médailles,  le  cerf  marque  Ephèfe  ,  fie  les 
autres  villes  où  Diane  étoit  fingulièrement  hono- 
rée. P.  JoBERT.  Les  revers  qui  ont  pour  inlcrip- 
tion ,  DiANyE  CoNS.  AuG.  ont  pour  type  un  cerf; 
telles  qu'on  eu  voit  un  très -grand  nombre  de 
Gallien. 

Un  cerfqm  de  fon  fouffle  cliafle  un  ferpeht,  félon 
l'opinion  des  Naturaliftes,  avec  ce  mot  efpagnol  , 
Con  eljoflo  l'ahuyfema  ,  c'eft-à-dire  ,  De  fon  fouffle 
il  le  met  en  fuite ,  eft  dans  Picinelli  la  devilc  d'un 
guerrier,  devant  qui  les  ennemis  ne  fauroient  tenir, 
ûaint  Charles  Borromée  ,  dans  l'Académie  des  Affi- 
dati  de  Pavie ,  prit  un  cerf,  qui  mordu  d'un  1er- 
pent ,  court  à  une  fontaine  ,  avec  ce  mot  :  Una 
falus. 

On  appelle  dans  le  Manège,  mal  de  cerf,  un  rhu- 
matifme,  qui  tombe  fur  les  mâchoires  fie  lur  le  train 
de  devant  d'un  cheval. 

En  termes  de  Blafon  on  dit ,  un  cerffommé ,  c'eft-à- 
dire,  ramé  de  9,  10,  II  ,ou  15  cors;  quelquefois 
fans  nombre.  Cervus  corniia  novem  ,  decem ,  undicirn  , 
aut  tredecim  palmitibus  braclnata  praferens.  Quand 
on  n'y  met  que  la  tête  feule  -,  elle  doit  montrer  les 
yeux  fie  les  deux  oreilles,  ^  alors  plufieurs  l'ap- 
pellent Maffacre.  Obverfum  ccrri  caput. 

On  dit  proverbialement,  au  Cct/"  la  bière,  fie  au 
fanglier  le  mière ,  ou  le  barbier  -,  pour  dire  que  les 
plaie":  que  fait  le  cerf  font  mortelles  :  car  le  Mière 
ou  Mire  fignifioit  autrefois  Médecin.  On  dit  auifi 
qu'un  cerf  bien  donjié  aux  chiens ,  eft  à  demi-pris. 
Tome  II,    ' 


CEE 


.s. 


^■77 


Cerï-volantv  f.  m.  Prononcez  cet  volait:  I^etit  anima! , 
lorte  d  efcarbot,  ouinléde  volant,  ainfi appelé,  prrce 
qu'il  porte  des  cornes  dentelées  ibmblables  à  celles 
d'un  çc-r/.  Scnrabceus  Lucamis  ou  cornutus^  oïl  cwni. 
^ger.  11  ne  s'en  lert  pas  pour  fraper,  mais  pourpinccrj 
parce  qu'elles  font  mobiles ,  fie  peuvent  s'approcher 
Um  de  l'autre.  Scaliger  l'appelle  pi,  i.x.c^.:,-, ,   & 
Cardan  taurus.  Le  mâle  a  des  cornes ,  mais  la  fe- 
melle n'en  a  point.  Leurs  aîles  font  pliées  fie  i>en- 
tcrmées  dans  une  écaille   comme  dans  une  efpèce 
d'étui ,  qui  s'ouvre  quand  ces  iiHcdcs  veulent  vole^, 
il  a  une  efpèce  de  trompe   ou  langue  qui  lui  ibrt 
pour  prendre  fa  nourriture  ,  qui  eft  une  humidité 
qui    découle   des    chênes^    Swammerdam  lait  voit 
vmgt-une  fortes  de  boucs  ou  de  chèvres  volantes 
qui  ont  des  cornes  fort  longues,  branchues ,  femées 
de  petites  pointes  ou  boutons. 

11  y  a  une  efpèce  de  cerf- volant  dans  la  Vir- 
ginie 5  dont  le  chant  eft  fi  aigu  fie  fi  fort, que  tout 
le  bois  en  retentit. 
Cerf-volant  eft  auflî  un  jouet  d'enfans ,  qu'ils  font 
avec  de  l'ofiér  &  du  papier  qu'ils  attachent  à  une 
corde  s  fie  qu'ils  font  voler  en  l'air;  cet  inftrument 
eft  plat  en  ovale ,  un  peu  plus  alongé  par  un  bout 
que  par  l'autre  :  l'ofier  ne  fert  que  de  Cadre  pouc 
loutenirle  papier  qu'on  colle  deifus  s  au  bout 
alongé  on  arrache  une  longue  queue  de  papier  j 
qui  eft  quelquefois  de  différentes  couleurs.  Ludicra 
fcarabtei  Lucani  in  auras  volantis  effigies. 
Cerf-volant.  Terme  de  Tanneurs.  C'eft  ainfi  que 
les  Tanneurs  ^  les  autres  artifans  qui  font  com- 
merce de  gros  cuirs ,  appellent  les  cuirs  tannés  à  fort 
fait ,  ?<.  dont  ils  ont  ôté  le,  ventre. 

Taure  AU -Cerf,  PouRCEAt;-cERf.  Foyei  Taureau 
&  Pourceau. 

CERFEUIL,  f  m.  ChœrophyÛum  fativum ,  Cerefolium. 
Plante  potagère,  dont  la  racine  eft  blanche,  groiîe 
comme  le  petit  doigt  à  fon  collet ,  longue,  fibreufe  , 
acre  au  goût,  fie  qui  donne  des  feuilles  tendres ,  plus 
finement  découpées  que  le  perfil ,  un  peu  velues , 
d'un  vert  plus  gai ,  d'une  odeur  èc  d'un  goût  aro- 
matique. De  leur  centre  partent  une  ou  plufieuts 
tiges  ,  hautes  de  deux  pieds  au  plus ,  minces  ;,  can- 
nelées ,  creufes,  lifles ,  noueufes  d'elpace  en  efpace , 
divitces en  quelques  branches,  qui  d'abord  nairtent 
alternativement  des  ai/felles  des  feuilles  ,  mais  qui 
font  oppofées  auifi-bien  que  les  feuilles  en  appro- 
chant du  haut.  Elles  portent  de  petites  ombelles 
blanches ,  compofées  de  cinq  pétales  inégaux  fendus 
en  deux ,  fie  diipofés  en  manière  de  fleur  de  lis  de 
France.  A  ces  fleurs  lucccdent  des  fruits  longs  de 
demi-pouce  ,  fur  demi-ligne  environ  de  largeur  , 
faits  en  manière  de  bec  d'oifeau  ,  liifes  Se  glabres, 
compofés  de  deux  femences  aplaties  par  f'endroic 
quelles  fe  joignent,  convexes  fur  leur  dos.  Leur 
odeur  fi:  leur  goût  eft  douçâtre  &c  aromatique.  On 
mêle  le  cerfeuil  parmi  les  herbes  potagères,  pour 
relever  le  goût  de  celles  qui  font  un  peu  fades  ;  fes 
feuilles  Ibnr  employées  dans  les  bouillons  a^pétitifs 
fie  rafraichifians.  L'eau  de  cerfeuil  purifie  le  fang  en 
provoquant  les  Urines  fie  les  fueurs  ;  fes  racines  font 
auffi  apéritives  fie  diurétiques,  de  même  que  fes 
femences. 

La  Quintinie  diftingue  deux  efpèces  de  cerfeuil , 
le  c«r/è«j7  ordinaire ,  fie  le  cerfeuil  mufqué  ,  Tom^ 
II,  p.  274. 

L'un  fie  l'autre  cerfeuil  ne  fe  multiplie  que  par 
graine.  Celle  du  cerfeuil  ordinaire  eft  noire,  fort 
menue  fie  aifez  longuette  ,  rayée  dans  fa  longueur  -, 
elle  vient  fut  ies  pieds  en  automne  ,  Se  fe  forme 
èc  mûrit  dans  le  mois  de  Juin.  Celle  du  cerfeuil 
mufqué  eft  longuefte  ,  noire  &c  aflcz  groffe.  Sa  raci- 
ne eft  d'une  iâveur  agréable. 
§C?  Il  y  a  auffi  un  Cerfeuil  ÙLiiva.s;e  qui  croît  dans  les 
haies  fie  lesvctgers.  Il  a  à  peu  près  les  mêmes  caraélères 
extérieurs  que  le  cerfeuil  ordinaire.  Il  eft  amer  Se 
acre  au  goût.  Quelques  Auteurs  le  regardent  comme 
venénçux, 

Bbb 


V 


v^  7  8  C  E  R 

CERFOUETTE.  ry>-^  Serfquette. 
CERFOUIR.  Voyei  SfREOuiR. 
CERFROI.  Ctlcbrc  Mon^ftcre du  Dioccfe  de  Meaux 
ch-t  de  tout  l'Ordre  des  Matluinns ,  ou  de  la  bain- 
te-Trinité.  On  l'a  mal  appelé  en  latin  Cavus  jn^i- 
dus,cz  doit  êtte  Cerfredum.  Voyez  Dom  Duplelhs 
//,//.  de  l'Eu/,  de  Meaux ,  Tom.  i ,  jP.  1 7 ^  '-•'  M  i •      . 
CEIUACA.    l  m.   Arbre  qui  fleurit  blanc,    &c  qui 
porte    des  fleurs  qui  ont  de  l'air  de  la  ieuiUe  ap- 
pelée étoile.  ,     r     1       -^      j     1^ 
CERIGO.  île  de  la  Méditerranée  fur  la  cote  de    a 
Morce  ,  6c  dans  le  canal  qui  cil  entre  cette  prclqu  île 
&  l'île  de  Candie,  au  midi  du  cap  Malio.  Lyih<^ra 
Nous  cin^4amcs  avec  un  vent  allez  favorable  julques 
à  la  première  Ile  de  l'Archipclague,  appelée  autrefois 
i^o;Wzyri^,dcpuisCythcre,6i  maintenant  Urigo, 
ou    l"elon  les  Poètes ,  Vénus  aborda  dans  une  co- 
qui'lle.  Du  Loir,/..  5.  Cett--  ile  eftlituéc  à  la  plage 
Laconique  entre  le  promontoire  Tœnarlum,  main- 
tenant appelé  cap  de  Matapan  ,  &  celui  àcUûc^^ 
à  préfent  Malio,  dont  elle  eft  plus  proche. Elle  n  elt 
pas  fort  grande  -,  mais  elle  étoit  autrefois  d'une  li 
grande  importance  pour  les  Lacédémonicns ,  qu'elle 
îérvoit  de  rempart  à  leur  ville  capitale.  Se  de  havre  a 
tous  les  vailîéaux  qui  revenoient  d'Egypte  &  de 
Libye.  Ils  y  envoyoient  tous  les  ans  un  Magiitrar, 
pour  rendre  la  julHce  6c  pour  commander  la  garniion 
qu'ils  y  cntretenoient.  Les  Athéniens  s'en  rendirent 
maîtres,  ÔC  la  firent  tributaire  l'an  8^  de  la  guerre  Pclc- 
ponnéfiaque.  Idem./'.  5  fi- 4.Elle  étoitaux  Ycnitiens 
quand  Du  Loir  ecrivoif,  elle  eft  maintenant  aux 
Turcs.  Il  n'y  a  rien  de  rare  en  tout  ce  qu'elle  con- 
tient,  qu'une  grotte  prife  dans  la  montagne,  qui 
regarde  le  port"  de  l'autre  côté  du  Château',  elle  a 
plus  d'une  derni-lieue  de  profondeur ,  &  eft  percée 
d'un  bout  à  l'autre.  Les  habitans  y  ont  bâti  un  Cou- 
vent de   Caloyers,  parce  qu'ils  croient  que  Saint 
Jean  l'Evangelifte  l'ayant  choifi   pour  fa  retraite  ,  y 
commença  fon  Apocalypfe  ,  &  que  Dieu,  pour  fur- 
venir  à  la  nécefllté  de  ce  grand  Apôtre,  rit  rairacu- 
Icufemcnt  dégoutter  du  haut  du  rocher ,  de  l'eau  , 
qui  tombe  encore  tous  les  jours  en  quantité  fuiïifante 
à  la  Ibif  de  l'homme.  Du  Loir  ,/7.  4  fi*  5. 
ter  CERILLL   Petite  ville  de  France,  Diocèfe    de 
Bourges,  à  deux  lieues  de  Bourbon  l'Archam.bault. 
CERIR/^oy^î  Serin.  . 
CERIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Qiurinus.  S.  Qiurin,  que 
nous  nommons  S.  Cerin  ,  fut  compagnon  du  martyre 
des  Saints  Nicaife  &  Pientie.  Ceft  dans  le  Vexin 
François  qu'ils  fouffiirent  au  IIP  ou  IV=  iiècle. 
CÉRINTHIENS.  Anciens  Hérétiques  qui  ont  pris  leur 
nom  de  Cérinthe ,  contemporain  de  S.  Jean.  Cé- 
rinthc    fut  un   zélé  défenfeur  de  la  Circoncihon  , 

■  audi-bien  que  les  Nazaréens  Se  les  Ebionitcs.  Saint 
Epiphane  rapporte  de  lui  qu'il  fut  le  chef  d'une 
faéfion  qui  s'éleva  à  Jérufalem  contre  Saint  Pierre, 
à  l'occafion  de  quelques  Incirconcis  avec  lefqucls 
cet  Apôtre  avoir  mangé.  Il  eft  marqué  dans  l'Hiftoire 

■  des  Aéles  ,  que  les  fidèles  circonsis  difputoient  fur 
cefuiet  contre  lui-,  à  quoi  Saint  Epiphane  a  ajouté 
que  Cérinthe  fut  l'Auteur  de  cette  difpute  ,  lorfqu'il 
ctoit  encore  du  nombre  des  fidèles.  Il  croyoit  que 

■  Jéfus  étoit  un  pur  homme,  fils  de  Jofeph  &  de 
Marie  -,  mais  que  dans  fon  Baptême  une  vertu  célefte 
defcendit  fur  lui  fous  la  forme  d'une  colombe , 
en  forte  qu'il  fut  alors  comme  facré  par  le  Saint 
Efprit  Se  fait  Chrift.  Ce  fut  par  le  moyen  de  cette 
veitu  célefte  qu'il  fit  tant  de  miracles  -,  &  comme 
elle  étoit  venue  du  Ciel ,  elle  le  quitta  après  fa  paf- 
fion  Se  s'en  retourna  au  lieu  d'eu  elle  étoit  venue. 
Il  croyoit  donc  que  Jéfus ,  qui  étoit  un  pur  homme, 
étoit  véritablement  mort,  Se  qu'il  étoit  auHi  ref- 
fufcité-,  mais  que  Chrift,  qui  éroit  diftingué  de 
Tcfns,  n'avoit  point fouffert. 

Quelques  anciens  Auteurs  ont  attribue  a  Ccrinthe 
le  livre  de  l'Apocalvpfe ,  croyant  que,  pour  aurorifer 

■  les  rêveries  touchant  le  règne  charnel    de  Jefus- 

■  Chrift  fur  la  terre  ,  il  avoit  publié  des  ouvrages  fous 
k  titre  à'Jpocalypfes  ,  où  il  débitoit  fes  virions 


C  E  R 

louchant  Ce  règne  charnel,  &  il  prétendoit  être  un 
i^rand  Apôcre ,  qui  avoit  reçu  de  Dieu  Ci^s  révéla- 
tions. yoyeiEiûcbc  ,  Liv.  lU  de  fon  Hift  EccleJia.Ji, 
c.  i8.  S.  Epiphane  traite  Cérinthe  d'hornme  fans 
entendement ,  &  qui  lé  contredit  -,  parce  qu'il  dit 
que  Jéfus -Chrift  a  véritablement  fouffert,  &  qu'il  a 
été  crucifié,  mais  qu'il  ne  rcllufcitera  qu'au  temps 
de  la  réfuireétion  générale, lorfque  tous  les  hommes 
reflufcitcronr.  Le  même  S.  Epiphane  obferve  que 
quand  un  Cerinthien  mouroit  fans  avoir  été  bap- 
tifé,  on  baptifoiî  quelqu'un  en  fon  nom  -,  ils  croyoient 
fatistaire  par-là  au  précepte  du  baptême.  Ceft  le 
léns  qu'ils  donnoient  à  ces  paroles  de  Saint  Paul 
dans  fa  première  Epitre  aux  Corinthiens ,  C..15  ,  v. 
19.  Si  les  morts  ne  rejfiij'cicenc  point ,  pourquoi 
donne-t-on  le  baptime  pour  eux. 

Les  Ceruithiens   recevoient  l'Evangile    de  Saint 
Matthieu  ,  mais  ils  en  avoient  ôté  la  généalogie  de 
Jcfus-Chrift  :    ils    s'appuyoient   fur    cet   Evangile 
pour  prouver  que  les  Chrétiens  dévoient  être  cir- 
concis ,  puifque  Jcfus-Chrift ,  qui  étoit  leur  maître  , 
avoit  été  circoncis  -,  ils  ne  recevoient  point  les  Epi- 
tres  de  Saint  Paul,  parce  que  cet  Apôtre  avoit  aboli 
la  circoncirion.  Confultez  Saint  Epiphane,  A«r.  18. 
CERISAIE,  f.  f.  Lieu  planté  de    ccrifiers.  Locus   ce- 
rajîs  conjitiu.    J'ai  une  belle    cerijaie.  Voilà   une 
cerifaie  bi.n  étendue.  Liger. 
CERISE,  f.  f.  Petit  fruit  rouge  qui  mûrit  des  premiers 
au  printemps.  Cerafum.  Sous  ce  nom  général  on  com- 
prend les  guignes  ,  les  bigarreaux  ,  les  cerifes  ,   les 
griottes  les  guindous  ,  les  cœurets  Se  les  merifes.  Les 
griottes  du  Dauphiné  Se  de  l'Italie  font  la  même 
choie  que  ce  qu'on  appelle  en  France  cerije.  La 
guigne  eft  une  grolfe  cerife  noire,  douce,  dont  le 
noyau  eft  rouge.  Son  arbre  a  le  bois  plus  gros ,  &  fa 
feuille  plus  large  Se  plus  brune  que  les  autres.  Il  y  a 
des  guignes  blanches ,  rouges  Se  noires  ,  qu'on  grèfe 
fur  les  meriiiers  qu'on  trouve  dans  les  bois.  On  les 
appelle  en  Tofcane  machines  Se  duraffines ,  que  l'on 
comprend  fous  le  nom  de  cerije.  Il  y  a  auflî  des  merifes 
qu'on  apppelle  en  italien  corbines ,  qui   font  plu^ 
menues ,  douces  Se  fermes ,  Se  qui  noircilfent  les 
lèvres.  Il  y  a  une  cerife  à  bouquet  qu'on  appelle 
jemelle  ,  dont  quelques-unes  font  hâtives  &  pré- 
coces. Il  y  a  Une  cerife  blanche  ,  qui  étant  très-mûre, 
devient  ambrée  Se  jaunâtre.  La  cerife  de  Portugal 
eft  la  plus  belle  Se  la  plus  groffe ,  Se  la  meilleure  de 
toutes-,  &  fa  couleur  eft  d'uri  incarnat  admirable  \ 
mais  elle  charge  peu.  La  cerife  de  Montmorency  eft 
gi-oflé&  tardive,à  courte  queue.  Se  la  phis  eftimée* 
On  la  nomme  en  quelques  endroits  co?^/^rj.  Les 
puindous  font  des  c^rij^  du  Languedoc ,  qui  font 
fort  douces  Se  grolîés ,  Se  d'un  rouge-brun  ,  fort 
eftimées.  Le  bigarreau  eft  une  efpèce  de  cerife  plus 
longue  &  plus  dure,  qui  noircit  &  durcit  en  mûrif- 
fant.  Il  y  a  un  bigarreau  tardif,  ou  de  fer  ,  c^ui 
mûrit  plus  tard ,  &  qui  n'eft  pas  fi  fujet  aux  vers  que 
l'ordinaire.  Il  eft  d'un  goût  excellent ,  &  fait  un  bel 
arbre.  Le  cœz/re/ ,  eft  une  efpèce  de  bigarreau  plui 
rendre  ,  Se  fait  en  cœur ,  dont  le  goût  eft  relevé.Spi 
bois  eft  plus  gros ,  &fa  feuille  plus  large.  Il  y  a  enfirt 
une  cerife  bleue,  qui  eft  plus  rare  qu'aucune  autfe, 
qui  eft  venue  depuis  peu  de  Flandre,  &eft  d'un  goût 
délicieux.  Cependant  dans  l'ufage  on  n'appelle  ceti' 
fe,  Cerafum,  que  le  fruit  du  cerifier.  Voye^^  Cerisier. 
Les  premières  cerifes  fi.irenr  apportées   par  Lii- 
c\\\\n%  àcCerafunte,  ville  de  Pont,  après  qu'il  eût 
vaincu  Mithridate,  à  ce  que  dit  Pline:  d'où  vient 
qu'elles  en  portent  encore  le  nom  en  Latin ,  cerafum. 
Cerife  hhïve,  cerife  précoce ,  cerife  ta.ïdive.  En  An- 
goumois  on  appelle  g'K/o'/îej  ce  que  nous  appelons 
cerifes.   Bartholin  dit  que  pour  avoir   du  vin  de 
cerije    fort  délicat  ,  il  faut    l'entonner   dans    des 
mnids  faits  dubois  de  cerifier,  qui  lui  communique 
fa  qnaliré.  On  en  fait  encore  en  mettant   12  à  ij 
livres  de  cerifes  mondées  de  leurs  queues  &  de  leurs 
noyaux,  dans   un  demi-muid  de  bon  vin    blanc, 
avec  ces  mêmes  noyaux  calTés.  Un    mois  après  ce 
fruit  a  communiqué  au  viofa  gualité  rai'raichiiiante 


CER 

&  apcritive  ;  &  outre  lîi  couleur  agréable.  Se  Ton 
goût  délicieux ,  il  a  des  eftets  furprenans  ,  flir-tout 
pour  tempérer  les  reins ,  iSc  pour  en  vider  les  fablons , 
les  glaires,  &c  les  petites  pierres  qui  s'y  forment 
quelquefois. 

Le  mot  allemand  kerfe  &c  kirfe,  &  le  françois 
ccrife ,  Ibnt  pris  du  celtique  kiris.  Pezron, 

La  Quintinie  dit  quelquefois  cerije  ,  pour  ce- 
riji^r  ,  &  alors  il  le  fait  tantôt  mafculin  &  fé- 
minin. Six  cerifes  ,  tardifs  ,  deux  cerifes  hâtifs  , 
quatre  ccTz/èj  hâtives,  dit-il  dans  la  même  page& 
le  même  article  ;  mais  maL  II  faut  dire  Cerilier ,  ou 
li  l'on  fe  fert  du  nom  du  fruit  en  parlant  de  l'arbre  , 
il  faut  le  dire  au  pluriel ,  &  le  faire  toujours  féminin. 
Par  exemple  :  Quel  arbre  plantez^vous-là  ?  Ce  font 
des  cerifes  hâtives  ■■,  &c  non  pas ,  c'eft  un  cdrife  hâtifl 
Quels  arbres  mettez-vous  en  cet  endroit  î  Je  le.  def- 
tine  pour  des  cerifes  hâtives  ,  &  non  pas  hâtifs, 

PÊCHE- Cerise,  f.  f  Koye:^  Pêche. 

CERISÉE.  f.  f.  Lieu  planté  de  Ccrilîcrs.  Locus  cerajis 

conjitus.  Cerifaie  eft  mieux. 
CERISETTE.  f.  f  Efpèce  de  prune,  dont  la  coulent 
eft  rouge.  La  Quint.  C'ell:  de  là  qu'elle  a  pris   fon 
nom. 

CERISIER,  f.  m.  Cerafus.  Arbre  étranger  qu'on  a 
communément  dans  les  jardins  &  à  la  campagne  ,  &c 
.  qu'on  dit  avoir  pris  fon  nom  de  Cerafunte.LeCtr//zcT 
ordinairement  croît  d'une  médiocre  hauteur,  fur- 
tout  celui  qui  porte  les  fruits  aigres  ;  au  lieu  que 
celui  qui  en  porte  de  doux  s'élève  beaucoup  plus 
haut  :  leurs  troncs  à  tous  les  deux  font  lilfes ,  6c  cou- 
verts d'une  écorce  polie  ,  &  qui  fe  gerfe  dans  ia 
vieilleHe.  De  ces  gerfures  découle  une  gomme  tranf- 

,  parente  ,  un  peu  jaunâtre  ,  elle  fe  diiîbut  dans  l'eau 
comme  la  gomme  arabique.  On  la  nomme  ordinai- 
rement gomme  de  pays  Gumrni  nojlras.  Ces  troncs  le 
divifent  enfuite  en  de  groiîcs  branches  qui  ibnt  fub- 

.  divifécs  en  phifîeurs  rameaux,  &  dont  l'écorce  eft 

.  d'un  brun  clair  &  poli ,  &;  d'un  goiit  amer.  Ces 
branches  font  chargées  de  feuilles  alternes,  oblon- 
gués ,  entières ,  dentelées  lur  leur  bord  ,  lifics  ,  d'un 
vert  luifant  en  de.'fus ,  plus  pâle  en  deiîbus ,  portées 
par  des  queues  aflez  courtes.  Ses  fleurs  font  à  cinq 

.  pétales  blancs,  ou  lavés  d'un  peu  de  pourpre  ,  arron- 
dies ,  de  trois  lignes  environ  de  diamètre,  foatenues 
par  un  calice  verdâtrc,  à  cinq  pointes;  du  milieu 
duquel  s'élèvent  pluiîeurs  étamines  qui  environnent 
un  piftil ,  dont  la  bafe  renfermée  dans  le  fond  du 

.  calice  eft  l'embryon ,  qui  devient ,  après  que  la  fleur 

eft  padcc,  un  fruitcharnu  &  fucculent,  qui  renferme 

un  petit  noyau ,  dans  lequel  eft  contenu  une  femence 

ou  amande.  Ce  fruit  eft  proprement  appelé  la.  cerife. 

Nous   donnons  diifcrens   noms   françois  aux  ef- 

.  'pèces  de  cerifes  &:  de  Cerijiers;  car  on  appelle  or- 
dinairement cerife  la  cerife  aigre ,  Cerajiuin  acidum  ; 
&  l'arbre  qui  la  porte  Cerijlcr  ,  Cerafus  fativ a  ,fruclu 
Totundo ,  rulro  6"  acido.  On  nomme  griotte,  la 
ceiife  douce  -,  Si  l'arbre ,  le  Griotticr ,  Cerafus  fativ  a , 
fruclu  majore  ;  les   guignes   Cerafa  carne  tenerâ  & 

,  iîj;/oja.  La  chair  en  eft  tendre  &  pleine  de  lue.  Son 
arbre  fe  nomme  le  Guignier,  Cerafus  fruclu  aquofo. 

.   Les  meriies ,   ou  cerifes  noires ,  Cerajia  niç^ra ,   & 

.  l'arbre  fe  dit  le  Mérilicr  ,  Cerafus  major  ac  filvejiris 
fruHu  fnhdulci  nigro  colore  iiificiente.  Les  bigarreaux 
ont  la  chair  dure  &  ferme:  on  les  appelle  duraines 
dans  quelques  Provinces  du  Royaume,  Cerafa  craffa, 
carne  dura  :  l'arbre  qui  les  donne  ,  eft  appelé  Bigar- 
reautier ,  Cerafus  fruclu  magno  cordato.  On  confit 

,  les  cerifes  aigres;  on  les  conferve  dans  l'eau  de  vie  ; 
&  l'eau  de  vie  empreinte  de  leurs  fucs  eft  la  bafe  du 
ratafia,  forte  de  liqueur  qu'on  boit  après  le  repas. 
Les  merifes  donnent  une  belle  couleur  au  ratafia.  Il 
y  a  d'autres  efpèces  de  cerifes  qui   ne  font  point 

.  bonnes  à  manger  ,  telles  font  les  Cerifes  à  trochets. 
Cerafa  racemofa  ,  ruira.  Les  feuilles  de  ce  Cerijîer 
font  plus  larges  que  celles  des  autres  efpèces  dont 
nous  venons  de  parler.  Ce  qu'on  nomme  communé- 
ment Rois  de  Sainte  Lucie  ,  eft  un  arbre  aflez  <em- 
biable  au  CeriJier  à  trochets.  Ses  fleurs  &:  fes  fruits 


CER 


379 


font  pareillement  difpofés  en  grappe.  II  vient  dans 
les  bois  auptcs  de  Genève ,  &  dans  le  Lionnois.  On 
fait  plufieurs  ouvrages  avec  Ibn  bois ,  qui  a  une  odeur 
allez  agréable,  Cerafus  racemofa  filvejtris  ,  quibuf- 
dam  alus  Padus.  Les  Parfumeurs  emploient  le  fruit 
d'une  efpèce  de  Cerifier ,  différent  encore  de  tous 
ceux-ci  par  les  feuilles  &  fes  fruits.  Cette  dernière 
efpèce  devient  un  gros  arbre  :  fon  bois  eft  rougeâtre, 
un  peu  veiné,  tendre,  &  d'une  odeur  par^eille  à 
cehii  du  bois  de  Sainte-Lucie  ;  &  peut-êtte  les  ou- 
vriers confondent-ils  ces  deux  bois.  Ses  branches 
font  garnies  de  feuilles  allez  femblables  à  celles  du 
bouleau,  un  peu  plus  larges,  plus  arrondies,  plus 
fermes,  &  d'un  vert  plus  foncé  &  plus  luifant  en 
de/fus ,  &  d'une  amertume  très-grande.  Ses  fleurs 
font  blanches ,  petites ,  &  d'une  odeur  agréable  ;  lés 
fruits  font  fort  petits  en  comparailbn  des  autres  ef- 
pèces ,  vert-brun  d'abord,  &  d'un  pourpre  très- 
foncé  &  noirâtre  dans  leur  parfaite  maturité.  La 
chair  eft  très-amcre ,  aulîl-bien  que  le  noyau ,  qui  eft 
la  leule  partie  dont  les  Parfumeurs  fe  fervent  pour 
relever  l'odeur  de  leurs  parfums.  Ils  appellent  ce 
noyau  le  magalet,  par  corruption  de  mahaleb, 
Cerafus  ^filvejiris  amara  ,  Mahaleb  putata.  J.  B. 
Cerifier  a  fleur  double  ,  ou  Merifier  à  fleur  double, 
lont  des  variétés  qui  ne  dépendent  que  du  nombre 
de  pétales  des  fleurs  de  ces  Cerijiers. 

Les  Cerijiers  jettent  auflî  une  gomme  ou  glu ,  &: 
ne  peuvent  fouffrir  le  fumier.  Matthiole.  Il  y  a  un 
CeriJier  à  grappes ,  dont  la  fleur  eft  belle ,  &  vient 
en  grappes  comme  le  raifin  \  mais  fon  fruit  eft  petit 
comme  une  merife.  Il  y  a  desMeriliers ,  audî  biea 
que  des  Cerijiers  à  fleurs  doubles  &  fort  belles. 
.  On  appelle  Cerijiers  de  pié  ,  ceux  qui  nailîent  de 
la  racine  d'autres  C>r//?c;rj.gcr  Les  grofles  griottes 
rculliflént  bien  fur  ces  rejettons.  Le  vrai  CeriJier  fe 
greffe  plus  ordinairement  furie  Mérilier  rouge  qui 
cft-très  abondanr  en  fève. 
CÉRISOLES.  Village  des  Etats  dé  Savoie ,  fitué  fur 
une  colline  entre  Carmagnole  &  Albe.  Cerifola.  La 
bataille  de  Cerifoles  gagnée  en  1 544  ,  le  14  d'Avril 
par  les  François  fur  les  troupes  de  Charles  V,  a 
rendu  ce  bourg  fameux. 
§CF  CERISY.  Abbaye  de  France  en  baffe  Normandie, 
au  Diocèfe  de  Bayeux,  entre  Bayeux  &:  Saint  Lo, 
Elle  eft  de  grands  Bernardins. 

CERITES.  f.  m.  pi.  Ccerites.  Peuples  d'Etrurie ,  qui 
durant  la  guerre  des  Gaulois,  reçurent  chez  eux  les 
Prêtres  Se  les  Veftales  de  Rome  avec  les  ftatues  des 
Dieux  ,  &  les  inftrumens  de  la  Religion,  enforre 
que  le  culte  des  Dieux  ne  fut  aucunement  inter-» 
rompu.  Les  Romains  pour  les  récompenfer,  leur 
donnèrent  le  droit  de  Bourgeoifie  dans  Rome ,  fans 
cependant  leur  accorder  celui  de  fuffrage  dans  les 
aflèmblces  du  peuple,  ni  celui  de  pouvoir  afpirer 
aux  charges  de  la  République.  Strabon  blâme  les 
Romains  d'avoir  montré  fi  peu  de  reconnoiffance 
envers  IcsCerites.,  eo  quoi  je  rrouve  qu'il  a  raifon. 
Car  il  me  femble  que  c'étoit  un  deshonneur  que 
d'être  mis  au  rang  des  Cérites  ;  in  Cœritnm  tabulas 
referri ,  puifque  les  Cenfeurs  écrivoienr  fur  le  roUe 
des  Cérites  les  plébéiens  qu'ils  effaçoient  de  leur 
Tribu,  &  les  privoient  par-là  du  droit  de  fuffrage, 
de  même  qu'ils  eflâçoienr  de  la  lifte  des  Chevaliers 
&;  de  celle  des  Sénareurs ,  ceux  de  ces  deux  corps 
de  la  conduite  defquels  ils  n'étoient  pas  fatisfaits. 
Aulu-Gelle ,  A^of?.  ^f?/c.  16,  15.  De-là  vient  l'ex- 
preflion  Cœrite  cerâ  dignum  ,  qui  le  dir  de  ce  qui  eft 
méprifable.  Horat.  L.  /,  Ep.  6 ,  v.  6z. 

CERMOISE.  f.  f.  Terme  de  Fleiirifte.  Tulipe  dont  la 
couleur  eft  incarnat ,  tirant  au  colombin  avec  du 
blanc  de  lait.  Morin. 

CERNAY.  Ville  de  France  dans  la  Champagne,  à  huic 
lieues  de  Rheims. 

dERNAY.  Voye^^  Perdrigon  deCernay. 

CERNE,  f.  m.  Rond  qui  le  trace  avec  quelque  bâton 
fur  la  terre ,  fur  le  fable.  Circulas ,  orbis.  Il  fe  dit  pro- 
prement de  ces  figures  que  les  Ma2;iciens  font  avee 

B  b  b  ij 


58o 


CER 


leur  verge  enchanrce  pour  y  faire  leurs  charmes  8c 
leurs   conjurarions. 

^  minuit  à  la  Lune 

Va,  faire  en  terre  un  grand  ceïnc  tout  rond,  Marot. 

On  appelle  aufTi  cerne  les  enceintes  qu'on  fait  à  la 
chaffe.  Circuitus. 
Cerne.  Terme  de  Faucounerie.  On  appelle  vol  à  grand 
cerne  ,  celui  des  moineaux  &  des  autres  oiieaux  qui 
vont  haut  &  bas. 

Ce  mot,  auifi-bien  que  celui  de  cerneau  &  cerner, 
vient  dç  circinare  y  ôc  de  circinus ,  qui  iignifie  co/n- 
pas  qui  coupe  en  rond  ,  comme  dit  Ménage  ,  après 
Scaliger  &Nicor, 
Cerne  ,  fe  dir  aufli  du  trait  livide  en  forme  de  cercle 
qui  le  fait  quelquefois  autour  d'une  plaie  ,  qui  n'efl: 
pas  en  bon  état ,  autour  des  yeux  quand  ils  font 
battus. 
CERNEAU,  f.  m.  La  moitié  d'une  noix  verre  ,  qu'on 
tire  de  fa  coque ,  &c  qu'on  mange  avec  du  fel ,  quand 
on  l'a  épluche  Jii^/andium  nue/eus  è  viridi putami- 
ne  cultroeduilus.On  a  fervi  un  cent  de  cerneaux. 

On  appelle  Vin  de  cerneaux  -,  un  vin  fort  &  haut 
en  couleur,  qui  efl;  bon  à  boire  fur  l'arrière  faifon, 
au  temps  des  cerneaux  ,  comme  ayant  perdu  fa  vi- 
gueur ,  ou  fes  fumées.  Vinumvehemens  ac  viridi  co- 
loris extremâ  tempejiate  hibenàum.  Le  vin  d'Orléans 
eft  un  vin  de  cerneaux. 
CERNER.  V.  a.  Faire  un  cerne  avec  quelque  ferre- 
ment coupant  par  la  pointe ,  pour  en  retirer  ce  qui 
cft  enferme  dedans.  Enucleare  ,  educere  ,  eximere. 
On  cerne  les  noix  pour  en  rirer  le  cerneau.  On  cerne 
une  pomme,  une  poire  ,  pour  en  rirer  ce  qui  eu 
verreux  ou  pourri.  Les  Artifans  appellent  auiïi  cer- 
ner ,  couper  en  rond.    Circumcidere. 

On  dit  cerner  un  arbre  par  le  pied  i  pour  dire, 
y  faire  un  cerne  rout  autour,  foit  pour  l'arracher 
tout-à-fait  avec  fes  racines ,  foit  feulement  pour  le 
mieux  cultiver,  y  mettre  de  bonne  terre,  du  fu- 
mier ,  &c. 
CERNE  ,  ÉE.  part.  On  dit  qu'une  perfonnea  les  yeux 

cernés  ,  quand  elle  a  les  yeux  battus. 
^  CERNU.  Petite  ville   d'Afirique ,  au  Royaume 

de  Maroc,  dans  la  Province  de  Duquela. 
IJC?  CERNY,  Nom  d'une  petite  ville  de  France  ,  dans 
le  Gâtinois  Orlcanois ,  à  onze  lieues  de  Chartres. 
1^  CERO.  f.  m.  Nom  qu'on  donne  en  Provence , 
principalement  à  Antibe  ,  à  un  certain  poiiîbn  de 
mer ,  du  genre  des  tourds. 
CEROENE.  Voyei  Ciroene. 

ÇEROFERAIRE.  f.  m.    Ceroferarius.  Terme  de  Li- 
turgie. Le  Céroferaire  efl:  la  même  chofe  que  l'Aco- 
lythe.  /^ojy'eç  ce  mot.S.  Ifidore  de  Séville   dit  que 
ceux  que  les  Grecs  appellent  Acolythes ,  font  ap- 
pelés Cérofér aires  par  les  Latins  \  parce  qu'ils  por- 
tent les  cierges,  lorfqu'on  doit  lire  l'Evangile,  ou 
offrir  le  facrifice.  Céroferaire  veut  dire  Porte-cierge , 
&c  ce  mot  vient  de  cereus,  cierge  ;  Scfero ,  je  porte. 
ffT  CEROMA.  Voye^  Cerat. 
CÉROMANTIE  où   CÉROMANCE.  f.  f.  Efpèce  de 
Divination  ;  art  de  deviner  par  le  moyen  des  ligures 
de  ciie.Ceromantia.  Cardan  dit  qu'elle  fut  appor- 
tée de  Turquie  en  ce  pays-ci  de  fon  temps.  Ce  mot 
vient  de  xé^oj ,  cire ,  Se  nàvlna  ,  divination. 
§5"  On  verfoit  goutte  à  goutte  de  la  cire  fondue  dans 
un  vafe  plein  d'eau ,  &  l'on  riroit  de  bons  ou  de 
mauvais  préfages  des  figures  que  ces  gouttes  for- 
moient  en  fe  figeant. 
§3"  CEROMANTIEN.  f.   m.  Celui  qui  fe  vante  de 

deviner  par  le  moyen  des  ligures  de  cire. 
CERON.  f.  m.  Voyei  Suron. 

CÉROPISSE.  f.  f.  Emplâtre  faite  avec  de  la  poix  & 
de  la  cire.  Kifcvli^-T-i,',.  C'eft  avec  cette  forte  d'em- 
plâtre que  les  Anciens  faifoient  leurs  Dropaces.lh 
en  mettoient  ordinairement  une  certaine  quantité 
fur  du  linge  ou  de  la  peau ,  l'appliquoicnt  fur  quel- 
que partie  du  corps  &  l'ôtoient  enfuite  ,  ce  qu'ils 
iéitéroient  plufieurs  fois ,  à  delfein  d'attirer  au-de- 


CER    • 

hors  les  humeurs  ou  les  lues  qui  fervent  à  nourrir 
lïs  parties,  ou  d'ouvrir  les  pores.  Pour  rendre  cette 
emplâtre  plus  efficace  ,  ils  y  employoient  quelque- 
fois des  drogues  acrimonieufcs  :  par  exemple ,  la 
pariétaire  d'Efpagne  ,  du  poivre  ,  du  fel  ou  foufre 
en  poudre.  Ils  s'en  lérvoient  aulll  pour  faire  tom- 
ber le  poil ,  ou  l'arracher. 
CERQUEMANAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.OVc^- 
manaria.  Droit ,  ou  exercice  de  la  charge  ,  ou  of- 
fice de  Cerqucmaneur.  On  trouve  en  quelques  cou- 
tumes Cerquemage  ,  cerquemenage  ,  cherquemenage 
Se  cherquinmange  ;  poni  cherquemanage. 
CERQUEMANEMENT.  f.  m.  Terme  de   Coutumes. 

Aéfion  de  cerquemaner. 
CERQUEMANER.v.n.Terme  de  coutumes.  C'efl:  foira 
defcentefur  les  lieux  avec  jures  experts  Cerquema- 
neurs  pour  régler  les  différents  qui  naillent  au  fu- 
jet  des  limites  d'un  héritage,  d'une  maifon,  d'un 
chemin. 

M.  Des  Jaunaux  fait  venir  Cerquemaner  de  cher- 
cher &  de  manoir. 
CERQUEMANEUR.  f  m.  Terme  de  Coutumes  en 
Flandre  &  en  Picardie.  Circam.innus.  C'eft  un  juge 
ou  Expert  &  Maître-Juré  ,  qu'on  appelle  pour  plan- 
ter les  bornes  d'héritages ,  ou  pour  les  ralleoir  & 
les  replanter  ,  &  qui  a  quelque  juridiction  doue 
juger  les  difFérens  qui  peuvent  naître  à  ce  fujet.  Il 
a  à  fa  fuite  des  Scrgens  &  un  Greffier.  Il  y  en  a  en- 
core en  Picardie  &  en  Flandre ,  &  il  en  efl:  fait 
mention  dans  les  Coutumes  de  Mons,  de  Cambrai, 
de  Valenciennes  &  autres. 

Ce  mot  vienr  de  circare  agrum;  pour  dire  ,  mefu- 
rer  un  champ  \  tS:  de  mxn ,  qui  lignifie  homme  en 
Allemand  &  en  Flamand. 
CERRE.  f.  f.  Terme  de  Botanique.  C'eft  une  efpèce  de 
chêne ,    dont    les  feuilles  relfemblent  à  celles  du 
chêne  commun  ;  mais  elles  font  plus  longues ,  & 
ont  des  découpures   plus  fines  &  plus  profondes. 
Son  gland  eft  fort  amer ,  &:  fort  delâgréable  ,  pref' 
que  rout  engagé  dans  une  calotte  ,  qui  eft  garnie 
éc  entourée  d'aiguillons  larges, de  couleur  cendrée. 
Quelques-uns  appellent  ces  calottes  vallons  ,  ou  gal- 
lons. On  s'en  fert  au  lieu  de  galles  pour  teindre  les 
draps  en  noir  -,  mais  la  teinture  n'en  eft  pas  bonne 
&  fe  perd  bientôt.  On  s'en  fert  aulfi  comme  de  l'é- 
corce  du  chêne  pour  corroyer  les  cuirs.  En  latin  cer- 
rus  mas  majore  glande.  Il  y  a  une  autre  efpèce  de 
cerre  qu'on  nomme  cerrus  femina  minore  glande, 
CERS.  f.  m.  Vieux  mot  qui  lignifie  vent  de  bife,  Bo- 
reas  fAquilo.  On  a  dit  ciersScfers  dans  le  même 
fens.  Eorel  dérive  le  mor  de  cers  de  Circius  ventus. 
ffT  CERTAIN  ,  AINE.  adj.  Certus ,  minime  duhius  , 
induhitatus.  Véritable  ,  dont  on  ne  doit  point  dou- 
ter. Ce  mot  coniîdérc  dans  cette  fignification  qui  a 
rapporr  à  la  réalité  de  la  chofe  ,  eftfynonyme  aux 
mots  affîiré  Se  fur  ;  mais  certain  femble  mieux  con- 
venir à  l'égard  des  chofes  de  fpeculation  &  partout 
où  la  force  de  l'cvidence  a  lieu.  Les  premiers  prin- 
cipes fonr  certains  ;  ce  que  la  raifon  démontre  l'cft 
audi.  L'homme  doéle  doute  de  tout  ce  qui  n'eft  pas 
certain.  La  juftelTe  du  raifonnement  confifte  à  ne 
pofer  que  des  principes  certains  ,  pour  n'en  tiret 
enfuite  que  des  conclufions  nécelfaires.  M.  l'Abbé 
Girard  Syn.  Deux  &  deux  fonr  quatre  ;  9  multi- 
plié   par  9  eft  égal  à  81   ;  l'effet  ne    fauroit  être 
avant  fa  caufe  ,  &c.  ;   font  des  principes  certains^ 
Voyei  Certitude  ,  Sur  Se  Assure'. 
(iCT  Certain  le  prend  quelquefois  comme  fubftantif. 
Il  ne  faut  jamais  quitter  le  certain  pour  l'incertain.  ^ 
c'eft-à-dire  ,  un  peu  de  réalité  vaut  mieux  que  beau» 
coup  d'efpérance. 
Certain  le  dit  auflî  dans  un  fens  vague  d'une  per- 
Ibnne ,  ou  d'une  chofe  en  général  ;  de  ce  qu'on  ne 
fair  pas  avec  une  entière  certitude;  ou  d'une  chofe 
qu'on  tient  aflurée'au  fond,  mais  dont  on  ne  con- 
noît  pas  bien  toutes  les  circonftances.  Quidam.  Pre-? 
nez  garde  que   de  certaines  gens  qui  ont  tant  de 
plis  &:  de  replis  dans  le  cœur,  n'ont  jamais  l'efprit 
jufte.  Le  Ch.  de  M.  Il  y.  a  une  il  grande  diverfité 


CER 

d'erprits  &  de  goius ,  que  les  uns  font  touchés  par 
de  certùnes  railbns ,  qui  choquent  les  autres.  Nicol. 
L'envie  de  plaire  répand  fur  toutes  les  aélions  un 
certain  feu  qui  les  rend  plus  vives  &  plus  agréa- 
bles. M.  Se.  Certain  Renard  Gafcon  ,  d'autres  diienc 
Normand.  La  Fo.-jt.  Alors  le  mot  certain  (ignihc 
proprement  quelque  ,  ou  le  quidam  des  Latines  ;  ce 
qui  arrive  toutes  les  fois  qu'il  ett  employé  devant 
un  fubftantif.  Il  y  a  de  certains  principes  qui  ne  s'ac- 
cordent pas  trop  avec  les  vérités  de  la  Foi.  En  met- 
tant certain  après  le  fubftantif,  &  en  difant  un 
principe  certain  ,  cela  fcroit  un  fens  fort  différent. 
Ainii  il  chant,^e  de  lignification  felori  le  rang  qu'on 
lui  donne  dans  la  conftrudion. 
Certain  ,  eft  aulfi  un  terme  de  mépris,  foît  par  rap- 
port aux  perfonncs  d'une  condition  baflc  &  oblcure, 
ou  peu  eftimables  par  elles-mêmes  ;  foit  par  rap- 
port aux  choies  qu'on  méprife.  Nefcio  quis.  Super- 
venit  nefcio  quis.  Nous  fiimes  troublés  par  un  cer- 
tain homme  ,  qui  eft  le  fléau  de  toutes  les  conver- 
fations.  M.  Scud. 

//  ejl  bien  difficile  enfin  d'être  fidèle 
A  de  certains   maris  faits  d'un  certain  modèle. 

Mol. 

fp"  Dans  cette  acception  ,  on  dit  en  Jurifprudence  , 
un  certain  quidam  ,  de  certains  quidams  ,  une  cer- 
taine quidanc ,  en  parlant  de  gens  dont  on  ne  fait 
pas ,  ou  dont  on  ne  veut  pas  dire  les  noms. 

Certain  ,  fe  dit  au/Ii  pour ,  fixe  &  précis.  Certus  , 
conjîitutus.  Donnez-moi  un  jour  certain  pour  vous 
voir.  On  l'a  a/Figné  à  certain  &  compétent  jour  pour 
venir  plaider.  Il  ixm  un  certain  temps  d'étude  pour 
obtenir  des  Bénéfices  comme  gradué. 

|CF  Certain  fe  prend  auHi  dans  un  fens  relatif  à  la 
perfuafion  d'efprit  &  signifie  alors ,  qui  a  des  râl- 
ions indubitables  pour  être  perfuadé  d'une  chofe  ■■, 
dans  cette  lignification  le  mot  certain  eft  encore 
analogique  à  y/vr  &c  aj/uré ,  mais  il  femble  toujours 
être  mieux  à  fa  place  dans  les  choies  de  fpéculation, 
&  partout  où  la  force  de  l'évidence  a  lieu.  On  eft 
certain  d'un  point  de  fcience.  M.  l'Abbé    Girard 

Si'N. 

gC?  On  dit ,    qu'un  homme  eft  bien  certain  de  fon 

fait,  quand  il  eft  bien  affuré  de  ce  qu'il  avance. 
Certain  ,en  termes  de  Palais ,  fignifîe ,  inftruit  &  fon- 
dé  de  pouvoir  fufKfant.  Inlirucîus  ,  edoclus.  Ce  Pro- 
cureur demandoit  un  délai  ,  difant  qu'il  n'avoit  ni 
mémoires ,  ni  pouvoir  de  la  partie  :  il  a  été  ordon- 
né qu'à  la  quinzaine  il  viendra  certain  ;  pour  dire  , 
avec  pouvoir  &  inftruélion. 
CERTAINEMENT,  adv.  Véritablement ,  aflutément , 
indubitablement.  Certè ,  certb.  La  mort  doit  arriver 
certainement.  Les  Sceptiques ,  n'affirmoient  rien  cer- 
tainement. Bayl.  Certainement   il  n'eft  pas  raifon- 
nable  qu'un  Religieux  foit  fi  abforbé  dans  l'étude  , 
'     que  l'elprit  en  Ibit  accablé.  L'abb.Reg.  Et  certaine- 
ment qu'on  cherche  dans  tous  les  lieux  que  la  piété 
a  pu  confacrer  pour  le  foulagement  des  affligés , 
on  n'y  verra  rien  de  fi  déplorable  que  les  captifs. 
Pat.  Certainement  la  profulion  ,  &  les  autres  dé- 
fauts fuivent  de  près  les  rkheflcs  excefTives.  Bon. 
ffr  CERTAINETE.  f.  m.  Vieux  mot    qu'on  dilbit 

pour  certitude. 
CERTEAU.  f.  m.  Le  Certeau  d'Eté  eft  une  efpèce  de 
poire  qui  vient*  à  la  fin  de  Septembre.  La  Quinti- 
nie  la  met  parmi  les  mauvaifes  poires.  Le  Certeau 
mufqué  eft  une  poire  d'Automne  qui  ne  vaut  pas 
mieux  ,  au  jugement  du  même  Auteur. 
CERTES,  adv.  qui  fert  quelquefois  de  liaifon  pour 
les  périodes.  Certainement.  Certe.  Certes,  c'eft  avec 
juftice  qu'on  l'a  condamné,  Celaeft-il  vrai  ">.  Oui  cer- 
tes.  LeRoi  fe  faifoit  remarquera  la  bonne  mine,& 
à  la  grandeur  de  fon  courage ,  en  quoi  certes  per- 
fonne  ne  le  furpafîa  jamais.  Vau.  Certeslc  Barreau 
n'a  vu  que  trop  de  ces  malheureufes  entretenir  l'Au- 
dience des  indifcretions  de  leur  vie.  Pat.  |^  Le 
P.  Bouhours  trouvoit  que  certainement  vaut  mieux 
que  certes  :  &  d'après  l'ufage  le  P.  Bouhours  a  rai- 


CER 


581 


Ton.  La  Bruyère  trouvoit  pourtant  que  ce  mot  étoit 
beau  dans  fa  vieilleife,  &avoit  encore  de  la  force 
fur  fon  déclin.  La  Poëfie  lurtout  le  réclame.  Quoi 
qu  il  en  foit ,  dans  l'Hiftoire  ,  dans  un  difcours  d'é- 
loquence ,  il  a  quelque  chof-e  d'énergique  qui  fou- 
tient  &  qui  anime  les  endroits  pafnonncs  ou  raifon- 
nes.  Ainf. ,  en  le  banniffant  de  la  conteftation  ,  on 
peut  1  employer  dans  le  ftyle  foutenu. 

0Cr  LesVocabuliftes  décident  prccifémenr  le  contraire- 
mais,  en  matière  de  langage,  leur  autorité  n'eft  pas 
irréfragable,  ^ 

CERTIFICAT,  f.  m.  Témoignage  qu'on  donne  par 
cent  ,  pour  faire  connoître  la  vérité  de  quelque 
chofe^  Scripta  certificatio  ,  ficriptum  tefiimonium. 
Les  Cures  délivrent  des  certficats  de  mariages  qui 
lont  faits  en  leur  Eglife. 

Certificat  de  defcente.  Ceft  un  billet  par  lequel 
les  Commis  du  Bureau  des  traites  déclarent  &  cer- 
tifient qu'ils  ont  vu  &  vifîté  certaines  marchandi- 
les ,  conduites  ou  dcfcendues  i  leurs  bureaux.  Ce 
certificat  fe  met  ordinairement  au  dos  de  l'acquit 
à  caution  ,  &  c'eft  ce  qu'on  appelle  décharo-er  cet 
acquit.  ° 

00-  Il  y  a  au/îl  des  certificats  qu'on  appdle  dans  le 
commerce  certificats  de  franchife,  par  lefquels  ou 
déclare  que  certaines  marchandif.s  font  exemtes 
des  dtoits  de  foriie  du  Royaume  ,  parce  qu'elles 
ont  été  achetées  pendant  la  franchife  des  foires. 

CERTIFICATEUR.  f.  m.  Celui  qui  fe  rend  caution 
dune  caution  judiciaite,  qui  la  certifie  folvable. 
Confponjor.  Les  caurions  &  certificateurs  reçus  en 
Juftice  font  folidairement  obligés  avec  le  principal 
débiteur,  &;  fonr  également  condnmnés  au  paye- 
ment de  la  chofe  due,  parce  que  l'acceffoire  luit  le  • 
principal.  Mais  il  y  a  cette  différence  entre  la  eau- 
tion,  &  le  certificateur  :  c'eft  que  \q  certifie ateur 
n'eft  obligé  que  fublîdiairement ,  &  en  cas  d'in- 
folvabilité  de  la  caution -,  enforte  qu'il  fàutdiicu- 
ter  le  principal  obligé ,  &  la  caution  ,  avant  que 
de  s'adrefietau  certificateur.  On  les  appelle  dans 
l'ancienne  pratique  ,    contrepleiges. 

Certificateur  de  criées.  Avocat  ou  Procureur  Pra- 
ticien qui  certifie  en  juftice  que  les  criées  ont  été 
faites  dans  les  formes  judiciaires.  Teftis  fa&ie  Ma- 
gifiratûs  nomine  promul^ationis.  Au  Châtelet  de 
Paiis  il  y  a  deux  Cerficateurs  de  criées  en  titre  d'of- 
fice ,  dont  le  témoignage  fufïir  au  lieu  de  celui 
des  dix  Praticiens  requis  par  l'Ordonnance. 

CERTIFICATION,  f.  f.  |^  Terme  de  Pratique.  , 
C'eft  en  général  une  atteftation  donnée  par  écrit.  , 
Dans  ce  fens  c'eft  la  même  chofe  que  certificat. 

IJCT  En  termesdcFinance.  C'eft  une  atteftation  qu'un 
Comptable  &  un  Financier  mettent  au  bas  d'un  mé- 
moire, d'un  regiftre,  d'un  compte;  par  lequel  ils 
affirment  véritable  ce  qui  y  eft  contenu.  Conjîgna- 
tum  fcripto    tefiimonium. 

Certification  ,  en  termes  de  Palais ,  eft  une  for- 
malité qui  eft  requife  après  avoir  fait  faire  des  criées 
pour  faire  un  décret  valable.  Confiiç^natum  façl» 
Magi^ratks  aiicloritate  promuliationis  tefiimonium. 
C'eft  un  ade  par  lequel  dix  Anciens  Avocats,  ou 
Procureurs  d'un  Siège  Royal,  certifient  que  les  fai- 
lles &  criées  ont  été  faites  avec  toutes  les  formes 
&  folennités  requifes  pat  le  Droit ,  par  la  Coutu- 
me &  par  l'Ordonnance  •,  enfuite  de  quoi  le  Juge 
interpole  fon  autorité,  &  donne  fa  fentence  pour 
la  certification  des  criées.  Par  l'art.  5TI.  de  la  Cou- 
tume de  Normandie  ,  il  ne  faut  que  fept  Avocats, 
outre  le  Juge ,  pour  la  certification. 

CERTiFicATiONifeditaulTideratteftation  qu'on  donne 
en  Juftice  de  la  folvabilité  d'une  caution'préfentée  , 
dont  on  répond  en  fon  propre  nom.  Data  profpon- 
fore  cautio. 

CERTIFIER.  V.  a.  Rendre  témoignage  de  la  vérité  de 
quelque  chofe ,  foit  de  bouche  ,  foit  par  écrit.  Tef~ 
tari  verho-,  fcripto  ,  rem  aliquam.  Cette  nouvelle 
m'a  été  certifiée  par  bien  des  gens  d'honneur.  Il 


382  C  ER 

faut  qu'un  adte  Cohccriifa  par  quelque  perfonne  pu- 
blique, pour  taire  foi  en  3  uftice. 

Certifier,  ^fj  crues,  c'eA  donner  une  attcftation  , 
que  les  criées  font  faites  fuivant  les  toimes  requi- 
fes ,  fur  laquelle  on  donne  une  fentenccqui  les  ctr- 
tifie  ,  &  les  déclare  valabes.  Factam  auciornau  Ma- 
gijiratùs  promu Igationem  jcnpto  wjiari. 

Certifier  ,  fignifie  aiilfi.  Répondre  d'une  caution  , 
après  avoir  attcfté  fa  foivabilitc.  Spondcrcpro  aliquo. 

Certifié  ,  ée.  part. 

CERTITUDE,  f.  f.  La  certitude  eft  proprement  ur.e 
qualité  des  jugemens  de  notre  efprit  :  c'eft  l'adhé- 
fion  de  notre  efprit  à  la  propoiition  que  nous  affir- 
mons-, c'eft  la  force  avec  laquelle  nous  y  adhérons. 
Quand  je  dis ,  l'ame  cft  immortelle  i  l'ame  n'ell  que 
la  caufe  occafionnelle  des  mouvcmens  du  corps  \  je 
fliis  deux  jugemens ,  mais  la  certitude  du  premier 
cft  bien  au-dclfus  de  la  certitude  du  fécond.  La  cer- 
titudent  convient  qu'aux  jugemens  \  elle  ne  fe  ttouve 
point  dans  les  idées,  qui  ne  font  iimplement  que 
rcpréfenter  les  cIiofes.La  certitude  eft  «te  même  na- 
ture que  l'évidence  qui  la  produit.  La  certitude  eft 
plus  ou  moins  rrande,  Iclon  que  l'évidence  cft 
plus  ou  moins  grande.  L'évidence  eft  dans  les  cho- 
fcs  que  l'efprit  voit,  qu'il  confidère  ,  5c  dans  les 
idées  :  la  certitude  eft  dans  les  jugemens  de  l'efprit 
fur  ces  chofes.  Explorata  rei  notitia  ,  cogriitio  ,  rcr- 
titudo.  Il  faut  croire  avec  certitude  tout  ce  que  Dieu 
a  révélé.  Nous  ne  devons  prêter  notre  confente- 
ment  qu'aux  vérités  que  nous  connoiffons  avec  cer- 
titude. Maieb.  La  certitude  téméraire  de  l'ignorance 
eft  plus  tranquille  qu'une  feience  raifonnée  &  ré- 
fléchie. S.  EvR.  A  l'égard  des  vérités  chrétiennes 
&  des  promedés  générales  de  Dieu  ,  il  faut  avoir 
une  certitude  enûèïc ,  parfaite,  être  au  moins  in- 

_  failliblement  affuré  qu'on  eft  dans  la  voie  du  falut. 
Autrement  cène  feroit  plus  religion  6c  foi  divine, 
mais  opinion  &i  connoilfance  humaine. 

1^  Le  mot  certitude  fe  prend  en  différens  fens ,  s'ap- 

-     plique  quelquefois  à  la  vérité  oii  à  la  propoiition 

.•  même  à  laquelle  l'efprit  adhère  :  comme  quand  on 
dit,  la  certitude  de  telle  propofition.  Quelquefois  il 
fe  prend  comme  nous  venons  de  le  faire,  pour  l'ad- 
héfion  même  de  l'efprit  à  la  propofition  qu'il  regarde 
comme  certaine 

ifT  On  peut  encore  diftinguer  avec  M.  d'Alcmbert , 
l'évidence  de  la  certitude  ,  en  difant  que  l'évidence 
appartient  proprement  aux  idées  dont  l'efprit  ap- 
perçoit  tout  d'un  coup  la  liaifon  \  &c  la  certitude 
à  celles  dont  il  n'apperçoit  la  liaifon  que  par  le  fe- 
cours  d'un  certain  nombte  d'idées  intermédiaires. 
Ainfî  cette  propofition  ,  le  tout  eft  plus  grand  que 
fa  partie,  ainfi  que  celles  qu'on  appelle  ordinaire- 
ment premiers  principes,  axiomes,  eft  une  propo- 
fition évidente  par  elle-même,  parce  que  l'efprit  ap- 
perçoit  tout  d'un  coup  la  liaifon  qui  eft  entre  les 
idées  de  tout  &  de  plus  grand,  de  partie  ou  de  plus 
petit  :  mais  cette  propofition  ,  le  ciirre  de  l'hypcthe- 
nuj'e  d'un  reclangle  eji  égal  à  la  j'omrne  des  carrés 
des  deux  côtés,c^  une  prepofition  certaine  &:  non  évi- 
dente par  elle-mcme,parce  que  l'ef'prit  n'enapperçoit 
la  vérité  que  par  le  moyen  de  plulieurs  propolitions 
intermédiaires,  qu'il  ne  peut  envifager  toutes  à  la  tois. 
Les  Scholaftiques  diftinguent  deux  fortes  de 
certitude  :  l'une  de  fpéculation  ,  laquelle  naît  de  l'é- 
vidence de  la  chofe  -,  &  l'autre  d'adhcfion  ,  qui  naît 
de  l'importance  de  la  chofe,  qui  n'exclut  point  la 
certitude  de  fpéculation,  qui  même  la  fuppofe  tou- 
jours. Ils  appliquent  aux  chofes  de  la  foi  la  certitude 

'  d'adhéfion  ,  qui  n'eft  point  purement  arbitraire  , 
mais  très-raifonnable,  rationahile  oh\equiuni  ;  car  la 
raifon  démontre  que  nous  devons  croire  avec  cer- 
titude les  chofes  de  la  foi ,  &:  que  pour  quoi  que  ce 
foit  nous  ne  devons  jamais  quitter  cette  adhéfion. 
Ceci  eft  incontcftable  dans  les  ptincipes  de  toutes 
les  feéles  qui  partagent  la  Religion  Chrétienne.  11 
eft  vtai  que  les  chofes  de  la  foi  n'ont  pas  toujours 
une  évidence  intrinsèque  ,  <\m  ^^•^aànXit  ncceffaire- 
ment  une  artitude  de  même  eipèce  que  celle  avec 


CER 

laquelle  on  adhère  aux  propolitions  de  Géométrie* 
elles  tn  ont  toujours  une  qui  lui  eft  équivalente. 

1^  Quoique  les  chofes  de  foi  foient  très-certaines , 
quoiqu'elles  aient  une  certitude  équivalente  à  celle 
avec  laquelle  on  adhère  aux  propolitions  de  Géomé- 
rrie-,  cette  diftindion  des  Scholaftiques  n'en  eft  pas 
moins  frivole.  L'adhélion  de  notre  efprit  ne  naît 
point  de  l'importance  de  la  chofe  ,  mais  de  l'évi- 
dence ;  Se  1?.  certitude  de  fpéculation  6c  l'adhcfion 
font  un  (éul  &:  même  aôf  e  de  l'elprit.  Voir  la  liai- 
fon de  deux  idées  ,  c'eft  juger. 

On  diftingue  encore  dans  l'école  trois  fortes  de 
certitude  ,  par  rapport  aux  trois  degrés  d'évidence 
qui  la  fonr  naître  ;  la  certitude  métaphyfique  ,  qui 
vient  de  l'évidence  méthaphyfique  ,  telle  qu'cft  celle 
qu'un  Géomètre  a  de  cette  propofition  ,  que  les 
trois  anales  d'un  triangle  font  és^aux  à  deux  anç^les 
droits  i  la  certitude  phyfique,  qui  vitnt  de  l'évidence 
phyfique  ,  telle  qu'eft  celle  qu'a  un  homme  qu'il  y  a 
du  leu  fur  fa  main  ,  quand  il  le  voit  Se  qu'il  fe  fenc 
brûler  ;  une  certitude  morale  ,  fondée  fur  l'évidence 
morale  ,  telle  qu'eft  celle  qu'une  perfonne  a  ,  qu'il 
a  gagné  ou  perdu  fon  procès  ,  quand  fon  Procureur 
&  fes  amis  le  lui  mandent  ,  quand  on  envoie  co- 
pie de  l'arrêt ,  &c.  Sur  quoi  il  faut  remarquer  que 
la  certitude  morale  eft  fouvent  équivalente  à  Incer- 
titude métaphyfique  ,  non-feulement  dans  les  chofes 
que  l'on  ibuhaite  ,  comme  le  gain  d'un  procès  ji'c. 
mais  dans  celles  pour  lefqucUes  on  a  le  plus  d'aver- 
fion.  Ainfi  un  criminel  à  qui  on  a  lu  la  lèntencc  qui 
le  condamne  à  la  mort,  ne  doute  nullement  qu'il 
ne  foit  en  etfet  condamné  à  la  mort ,  Se  qu'il  ne  doive 
être  exécuté  au  temps  &  au  lieu  marque  ;  cependanc 
il  n'en  a  qu'une  certitude  morale ,  car  il  eft  vilible  que 
ce  n'eft  point  une  certitude  métaphyfique  ;  ce  n'eft 
pas  non  plus  une  certitude  phyfique  ■-,  la  certitude 
phyfique  qu'il  a  ne  regarde  que  la  led:ure  de  la 
iêntence  6c  les  adlions  qui  fe  font  autour  de  lui ,  lorf- 
que  l'exécuteur  prend  polfeilion  de  fa  perfonne: or 
toutes  ces  chofes  n'ont  point  une  liailbn  phyfique- 
ment  nécelfaire  avec  la  vérité  de  fa  condamnation. 
Cet  exemple  ,  quoique  défagréable  ,  a  été  choilî 
comme  le  plus  propre  à  faire  connoître  la  tbrce  de 
la  certitude  morale.  Enfin ,  il  faut  ajouter  que  dans 
les  chofes  de  pratique ,  la  certitude  morale  doit  nous 
fuffire.  Si  trois  ou  quatre  perfonnes  difent  à  quel- 
qu'un que  le  feu  eft  à  fa  maifon  ,  la  certitude  qu'il 
en  a  n'eft  que  morale;  mais  fans  attendre  une  certi-' 
tude  d'une  autre  efpèce,  il  doit  accourir  pour  étein- 
dre le  feu  ,  S<.  mettre  ordre  à  fes  affaires. 

Certitude  ,  fe  dit  aulfi  pour  ftabilité  ,  de  ce  qui  eft 
afluré  ,  qui  n'eft  poinr  fujet  au  changement.  Il  n'y  a 
point  de  certitude  dans  les  chofes  qui  dépendeMfade 
la  fortune.  M/;/7  certum. 

CERVAISON.  f.  f.  Terme  de  chaffe.  C'eft  la  faifon 
où  le  cerf  eft  gras  6c  bon.ichaflèr.  Tempe  fias  fi- 
gendis  ,  a^itandis  cervis  idonea. 

fCT  CERVARA.  Petite  ville  de  Portugal  ,  dans  la 
Province  de  Tra-los-Montes. 

^  CERVARO.  (  le  )  Cerbalus.  Rivière  d'Italie  j^ 
au  Royaume  de  Naples ,  dans  la  Capitanate.  Elle 
prend  ia  fource  dans  l'Apennin ,  6c  ie  perd  dans, 
le  Candclaro  ,  vers  Manfredonia. 

CERVEAU,  f.  m.  C'eft  cette  grofiê  mafle  molle  enfer- 
mée dans  le  crâne,  où  abouthfent  tous  les  organes 
des  fcns,&  où  on  croit  que  l'ame  réfide  principa- 
lement. Cerehrum.  Il  eft  enveloppé  de  deux  mem- 
branes qui  Ibnt  la  dure-mere  6c  la  pie-mere.  Il  eft 
fituc  au  lieu  le  plus  élevé  du  corps ,  pour  la  com- 
modité des  fondions  animales ,  dont  il  eft  le  prin- 
cipal organe.  Il  a  la  même  figure  que  les  os  qui  le 
contiennent,  étant  rond  6'  oblong,  aplati  par  les 
cctés.  Il  eft  plus  grand  dans  l'homme  à  proportion 
de  fon  corps  que  dans  rous  les  autres  animaux.  lia 
un  mouvement  de  fyftole  Zc  de  diaftole  de  même 
que  le  cœur ,  c'eft-î-dire  ,  qu'il  fe  dilate  ,  ^  qu'il  fe 
refferre.  Il  eft  divifc  en  trois  parties*,  favoir  ,  le  grand 
cerveau  ,  le  cervelet  èi  la  moelle  allongée.  Le  grand 
cerveau  fe  divife  en  deux  parties ,  la  droite  &  la 


I 


gauche  ,  par  le  moyen  d'an  repli  delà  duré-irieté, 
qu'on  appelle  la  [aulx ,  parce  qu'il  en  a  la  figure.  Il 
eft  aufli  fcparé  du  cervelcr  par  uh  autre  repli  de 
îa  dure-mcre.  Sa  liirf-acc  extcrieuic  a  pluiîeurs  cir- 
convolutions femblablcs  à  celles  des  iutellins  gnj- 
les.  Il  eft  compofc  de  deux  fubftances,  qui  foni  la 
corticale  ou  cendrée  ,  &  la  médullaire.  La  lubftance 
corticale  n'eft  autre  ehofe  qu'un  amas  de  glandes 
rangées  les  imcs  auprès  des  autres ,  deftinces  à  la 
(cpaiarion  des  efprits  animaux  ,  laquelle  ic  fait  du 
fàng  qui  a  été  porté  par  les  artères  carotides.  Ces 
glandes  ont  chacune  un  conduit  particulier  ,  dans 
lequel  font  reçus  les  eipiits  qu'elles  ont  filtrés.  La 
lubftance  médullaire  clt   formée  de  tous  ces    con- 
duits qui  Ibrtent  des  glandes ,  &  qui  fe  font  réunis  : 
elle  eft  iituce  fous  la  cendrée  ,  mais  elle  n'eft  pas  li 
molle.  On  trouve   dans  le  cerveau  quatre  cavités 
qu'on  appelle  des  ventricules.  Il  y  en  a  deux  dans 
fa  partie  moyenne  ,  qu'on  nomme  les  ventricules 
antérieurs  ou  ilipérieurs.  Ils  ont  la  figure  d'un  croif- 
fant,&font  féparés  par  une  cloifon  mince  &  tranf- 
parente  ,  qui  eft  une  portion  du  cerveau.  On  l'ap- 
pelle feptum  lucidum.  On  remarque  dans  ces  ven- 
tricules le  plexus  ou  lacis  choroïde ,  qui  eft  un  ti/ÏÏi 
d'artères  5c  de  veines ,  &  quatre  éminences  -,  les  pre- 
mières font  les  corps  cannelés  :  &  les  deux  aurres 
les  couches  des  nerfs  optiques.  On  y  voit  au/îi  le 
fornix  ou  la  voûte  ,  qui  fépare  le  troilième  ventricule 
des  deuxfupérieurs.  Au-deilbus  du  fornix  il  y  a  deux 
trous,par  lefquels  le  3*^  ventricule  communique  avec 
les  deux  autres.   Celui  de  devant  s'appelle  vulva  ; 
&  celui  de  derrière  anus.  Le  troilième  ventiicuie 
eft  une  cavité  longue  en  forme  de  fente ,  qui  eft 
dans  la  moelle  alongée:il  a  deux  ouvertures ,  l'une 
eft  l'orifice  de  l'entonnoir  ,  qui  eft  un  canal  qui  va  à 
la  glande  pituitaire  :  l'autre  eft  un  conduit  par  le- 
quel le  troiiième  ventricule   communique  avec  le 
quatrième  ,  qui  eft  auffi  dans  la  moelle  alongéc  au- 
defibus  du  cervelet.  Ce  quatrième  venrricule  eft  fait 
en  forme  déplume  à  écrire,  d'où  vient  qu'on  l'ap- 
pelle, calamus.  A  l'entrée  du  canal  qui  va  du  troi- 
fièrne  ventricule  au  quatrième  ,  eft  pofée  la  glande 
pinéale ,  ainfi  appeilce  parce  qu'elle  a  la  figure  d'une 
pomme  de  pin,  C'eftdans  cette  glande  que  Defcar- 
tes  amis  le  fiègede  l'ame.  Derrière  la  glande  pinéale 
il  y  a  quarre  éminences  ;  deux  fupérieures  &  plus 
grandes ,  qu'on  appelle  nates  ,  feffes  ;  &  deux  autres 
inférieures  &  plus  petites  ,  qu'on  nomme  reVfj.  Ces 
quatre  éminences  ,  de  même  que  les  corps  canne- 
lés ,  &  les  couches  des  nerfs  optiques  ,  appartien- 
nent à  la  moelle  alongée.  Si  on  renverfc  le  cerveau, 
on  voir  à  fa  bafe  les  dix  paires  de  tierfs  qui  en  for- 
tent ,  les  artères  carotides  &:  les  cervicales,  la  glande 
pituitaire  ,  la  moelle  alongée  ,  les  corps   pyrami- 
daux ,  les  olivaires  ,  &c.  Les  animaux  farouches  &:  la 
plupart  des  poifîbns  ,  ont  le  cerveau  fort  petit.  On 
fi'en  trouva   pas  plus  d'un  poiice  dans  la  rête  d'un 
crocodile  ,  qui  en  avoir  dix-huit  de  longueur ,  qu'on 
anatomiia  dans  l'Académie  des  Sciences.  Les   An- 
ciens ne  mangeôient  jamais  de  cerveau  ,  comme  le 
croyant  une  chofe  facrée.  On  fait  cas  de  ÏAnatomie 
du  Cerveau  ,  par  Willis.  .-'  •:,'"^'.- 

Boneti  croit  qu'on  peut  vivre  fans  cerveau.  Il  paxle 
de  quelques  fœtus  venus  au  monde  fans  cerveau  ,  & 
de  deux  enfans  ,  dont  l'un  vécut  quelques  heures  j 
&  l'aurre  trois  mois  entiers ,  fans  cerveau.  Il  parle 
encore  de  plufieurs  chofes  trouvées  daiîs  le  cerveau  ; 
entr'autrcs  d'une  pointe  de  dard  de  la  longueur  du 
doigt,  qui  y  rcfta  l'eipace  de  quatorze  ans  ,  &'' c^ui 
fut  enfin  rejeté  par  la  bouche.  Willis ,  qui  a  dife- 
qué  les  tètes  de  plufieurs  efpèces  d'animàùx ,  a  trouvé 
que  le  cerveau  de  l'homme  &  des  bêtes  à  quatre 
pieds  ont  une  grande  affinité ,  &  que  le  cerveau 
des  poiffons  ne  diffère  guère  de  celui^  des  oifeaux  , 
qui  ont  été  tous  créés  en  un  même  jour;  ViGi4.  Mar. 
On  a  trouvé  des  bœufs  qui  avoienr  1'^  cervtau 
pétrifié.  Bartholin  fair  mention  d'an  ,&  M.  Duvèr- 
ney  le  jeune  d'un  nutre,fur  lequel  il  a  fait  des  obfer- 
vations  dans  hsMem.  de  l'Ac.  des  5.  170  5  ,p,  iGi  &/. 


Ce  mot  de  cerveau  vient  du  latih  ctrehrum  -,  fait 
du  grec  ^î^a.x:,,  tète.,  comme  fi  on  diloit  cercilri.m. 
On  dit  figurémenr  qu'un  homme  s'alemhique  le 
cerveau  ,  quand  il  s'applique  trop  fortement  à  quel- 
que méditation  ■■>  &c  qu'il  a^  le  cerveau  creux  ou  le 
cerveau  vide  ,  quand  il  eft  un  peu  fou. 

Cerveau  ,  en  termes  de  fonderie  ,  eft  la  partie  rupc- 
rieure  de  la  cloche  ,  qui  fe  courbe  en  forme  de 
timbre  ou  de  calotte.  Superior  camparut  pars  oa- 
leœ  in  morem  arcuata. 

CERVELAS,  f,  m.  Boudin  ou  fauciiTon  gros  &  court  3, 
rempli  de  chair  de  pourceau ,  aflaifonnée  avec  beau- 
coup de  fel  &  d'épices  ,  pour  le  rendre  de  haut 
goût.  Botulus  fuillâ  carne  fartusï 

Cervelas,  eft  aufîi  un  inftrumetit  de  Mufiqiie ,  qui 
eft  une  eljjèce  de  baffon ,  de  courtaut  ou  de  tagoC 
racourci,  &  fi  petit,  qu'on  le  peut  cacher  dans  la 
main  ,  car  il  n'a  que  cinq  pouces  de  long.  Sa  par- 
tie iupérieure  a  huir  trous  qui  le  perceur  tout  du 
long  jufqu'auprès  de  fa  bafe  ,  qui  fe  communiquent  j. 
&  ne  font  qu'un  feul  canal  continu  -.  de  forte  que 
le  cervelas  harmonique  va  auHi  bas  qu'un  ihftru- 
ment  qui  feroit  huit  fois  aufli  long  ,  ou  qui  auroit 
trois  pieds  &  demi.  Il  a  l'étendue  d'une  15'  j  lorf^ 
qu'on  embouche  tous  les  trous  l'un  après  l'autre. 

CERVELET,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Ceretellurm 
C'eft  la  partie  de  derrière  du  cerveau,  auquel  il  eft 
joint  par  enbas  ;  mais  par  enhaut  il  en  eft  féparé 
par  le  repli  de  la  dure-mere.  Sa  figure  eft  plus  large 
que  longue.  Il  eft  fait  comme  une  boule  plates 
Sa  fubftance  eft  plus  dure  &  plus  fblide  que  celle 
du  cerveau  :  elle  eft  pourrant  de  même  nature ,  étant 
compofée  d'une  partie  corticale  ou  glanduleufe  ,  ôc 
d'une  médullaire.  Sa  furface  eft  fiUonée  comme  le 
cerveau  ,  mais  ces  filions  font  réguliers  :  ils  font 
difpofés  dans  un  cerrain  ordre,  comme  autant  de 
demi-cercleSi  Sa  partie  antérieure  &:  fa  poftérieure 
fonr  terminées  par  des  apophyfes  qu'on  appelle  ver- 
mi  forrnes  ,  parce  qu'elles  ont  la  figure  d'un  ver.  Le 
cervelet  a  quelques  autres  apophyfes.  On  ne  peut 
le  bleffcr ,  ni  la  moelle  de  l'épine  ,  qu'aulfi-tôt  l'a- 
nimal ne  meiire  :  ce  qui  n'arrive' pas  au  cerveau,  donj 
on  a  fouvent  retranché  une  partie  fans  danger* 
Willis  diftingue  les  fonélions  du  cerveau  Se  du  cer- 
yelet ,  &  donne  l'un  pour  principe  des  aélions  vo- 
lontaires ,  &  l'aurre  des  involontaires  ,  comme  font 
la  refpiration  ,  le  battement  du  cœur  ,  &c, 

CERVELIERE,  f,  f.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  fouvent 
dans  les  anciens  romans  ,  où  on  dit  que  des  Che- 
valiers étoient  armés  de  haubergeons  &  de  cerve- 
Hères.  Cajfis  ,  Galea.  C'étoii  une  eipèce  de  cafque 
ou,  armure  de  rête.  Elle  fut  inventée  par  un  Michel 
Scbtus ,  Aftrologue  ,  fort  aimé  de  l'Empereur  Fré- 
déric II,  donr  il  étoit  domeftique.  C'eft  celui  qui 
a  écrit  un  livre  de  la  Phyjionomie ,  dédié  à  cet  Em-* 

.   pereur.       ^.,  -    , 

CERVELLE^.  CfrSubftance  itiollè'  enfermée  dans  la, 
tête  de  l'animal.  C'eft  la  partie  molle,  blanche  &C 
fpongieiife  du  cerveau,  Cerebrum.  Un  Bouéher  d'un 
.coup  de  mafTue  fait  fauter  la  cervelle  d'un  bœuf^ 
La  cervelle  d'un  veau,  d'un  agneau,  d'un  lapin,  d'une 
volaille  eft  bonne  à  ittanger. 

On  appelle  aufiTi  le  cerveau  de  l'homme  >  là  cer' 
velle.  L'homme  ,  à  proportion  de  fon  corps ,  a  plus 
de  cerve//?.  qu'aucun  autte  animal  i  &  on  dit  même 
:  qu'il  en  :  a,  plus -que  deux,  bœufs,  §3°  Les  animaux 

-  ruminans  en  ipnt  plus  que  les  aurres  brutes.  Les 
animaux  qui  fe  battent  en  ont  fort  peu.  Les  muf- 
cles  temporaux ,  qui  font  fort  épais ,  étrécifTent  leur 
■crâne,  L^s' poiffons  en  ont  beaucoup  moins  que  les 
quadrupèdps.,  Lçs  infeéles  n>n  ont  prefque  poijit. 

,  L'iwmnie ,  le  plus  prudent  des  animaux,  en  a  le  plus , 

i>&:  ensuite  les  animaux  difciplinables, 

GfeR'^\*-Ett'E  '>,  -fe  dij  figurément  de  l'efprit  ou  du  juge- 
W&nt  de 'l'homme,  Ingenium,-,  rfiens.  Ce  Confeiller 
•d'Eràt  «ftlamftlleure  cervelle  du  Confeil,  Ce  jeune- 
homme  eft  fort  étourdi,  c'.eftuiie  têce  fans«rve//i?j 
il  a  la  <:«rve//«  d'unoJfOn.  .,;,  J, 


I  T 


584 


CE  11 


CES 


Jf  ne  puis  arracher  du   creux  de  ma  cervelle 

Que  des  vers  p/us forcés  queceuxde  LtPuceUe.V>oiu 

Cervelle  de  Palmier.  Ceft  ainli  qu'on  appelle  une 

cfpèce  de  moelle  douce  qu'on  trouve  au  haut  du 

P-dmier ,  qui  eft   bonne  à  manger.  Manger  de  la 

cervelle  du  palmier.  Ablanc. 

On  dit  proverbialement  qu'on  a  misquelqu  un  en 
cervelle  ,  qu'on  le  tient  en  cervelle  ,  pour  dire  qu'on 
l'a  mis  en  peine ,  en  inquiétude  ,  quand  on  lui  lait 
efpéier  quelque  choie  dont  il  attend  le  fucces.  On 
appelle  auifi  un  homme  qui  a  une  mauvaile  mémoire, 
cervelle  de  lièvre  ,  qui  le  perd  en  courant. 
ffr  CERVERA.  Petite  ville  d'Efpagne  ,  capitale  de 
Ja  Viguerie  de  Cetvera  en  Catalogne  ,  lur  une  ri- 
vière ^qui  porte  le  même  nom  ,  qui  le  perd  dans 
la  Scsrre  au-defloùs  de  Lerida.  _ 

CERVICAL  ,  ALE.  adj    Terme  d'Anatomie  ,  qui  fe 
dit  de  ce  qui  appartient  au  cou.  La  première  paire 
des  nerfs  cervicaux  ,  ou  la  première  paire  cervicale 
paire  entre  la  première  &  la  féconde  vertèbre  du 
cou.  Elle  eft  plus  poftérieiire  ou  en  arrière  que  les 
autres  nerfs  cervicaux ,  &  fes  ganglions  font  plus 
^ros    que    ks  leurs.  'WinsloW.  La  féconde   paire 
des  nerfs  cemr^îz^A- ,  ou  la  féconde  pzite  cervicale , 
palfe  entre  la  féconde  6c  la  troifième  vertèbre  du 
•   ;cou.  Id.  La  5«  paire  des  nerfs  cervicaux  ou  3=  paire 
cervicale  ou  vertébrale  palfe  entre  la  3'  &:  la  4'  ver- 
tèbre du  cou.  Id.  Les   quatre  dernières  paires  des 
nerfs  cervicaux  ou  les  quatre  dernières  paires  cer- 
vicales partent  entre  les  portions  du  mofcle  fcalène. 
.-i.Elles  font  en  général  plus  grortes  que  les  premiè- 
:>'  res,  Id.  La  veine  cervicale.  Id.  Les  nerfs  cervicaux , 
J\  les  p^nets  cervicaux.  Id.  Les  3;\^udes cervicales.  Id. 
Les  Médecins  appellent  cervicales  deuxartères  qui 
montent  par  le  cou  au  cerveau  ,  &c  qui  font  des  ra- 
meaux des  artères  fouclavières.  Cervicalis.  Il  y  a  aulli 
deux  veines  cervicales  qui  reportent  le  fan  g  du  rer- 
veau,&  qui  vont  s'inférer  dans  les  veines  fouclavières. 
Ce  mot  vient  de  cervix,  mot  latin  qui  lignifie  le 

■  :.  derrière  du  cou. 

CERVIER  ,  loup-cervier.  f.   m.  Animal  fauvage  qui 

..  -tient  du  chat  &  du  léopard  ,  qui  a  de  la  vitelfe  ,  Se 

-■x  qui  eft  ennemi  du  cerf. 7^oye{  Loup. 

§CT  CERVIX.  f.  m.'  Terme  d'Anatomie  ,  purement 

^atin  ,  qui  lignifie  la  partie  poftérieure  du  cou.  Il  n'y 

a  point  de  mot  françois  qui  lui  réponde  parfaitement. 
^3=  CÉRUMEN,  f.m.  Terme  de  Chirurgie  emprunte 

du  latin.  Matière  jaunâtre  &  épallfe  qui  fe  trouve 
...,  dans  l'oreille  qu'on  appelle  ordinairement  cire  des 
'"oreilles.  Voyez  ce  mot.  . 

Srr  CÉRUMINEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  appartient  a 
Xla  cire  des  oreilles.  Les  glandes  cérumineufes.  L'hu- 
-^  'meur  ccrumineufe  des  oreilles.  ,    ,  ,    , 

IfeT  CERVOISE.  f.  f.  Boilfon  taite  avec  du  bled  ou 

de  l'of-e  Si  du  houblon.  Ceft  une  efpèce  de  bière. 

Vosez'^ce  mot  qui  eft  plus  ufité.  Cervoije  ne  fe  dit 
*^' cu'en  parlant  de  la  boiflbn  des  ^ncKm.Cervifiaoxx 
^tiucu  t'  .r[-  .  j7sq   SA  .:.L^  .l£fnL<îe'[    ■'. 

ccrcviliu*         .  ^  .■.-*"  .      . 

CERVOISIE.  f.  f.  fe  trouve  dans  une  fabte  '&é  La  Fon- 
taine pour  cervoife,  bière.  C^rva//ze  cngraiifante. 
CERVOISIÈR  ou  CERVISIER.  f.  m.  Celui  qui  fut 

&  qui  vend  de  la  cervoife,  Ceft  ce  qu'on  nomme 
"■^VuiBralfeur.  Cervifiarius  ou  Cerevifiarms.         • 
ér  Œ-KHS.  Cœrùs,  a  été  appelé  par  les  Grecs  le 

Oiêu  du  temps  favotable ,  o/'/orw/n  temporis  ^Nu- 

men  'Sc  par  les  Latins  Occalion.  Occafio,  Les  Eléens 
*%i  avoient  confacré  un  autel.  Calliftrate  avoir  re- 

préfèntc  ce  Dieu  fous  la  figure  d'un  beau  jeune 
"i'-V-  .     -..^„v  ^oc  rlTPWPiiY  éDarS'&:  floftâns  au  sré 


luréd^un  homme  qui  a  des  avles,qul  n'a  d«  cheveux 
que  par  devant,  &  eft  chauve  par  dern^V^-v  qu-on 
••-pe  p^ut  rattrapper ,  lorfqu'une  fois  on  la:laiflc; 
^^khapper .  P«ce  qu'il  va  il  vite  ,_  qu  il  poutroit  mar- 
"-cheir  lur  le  ttanchant  <i'un  raloir ,  fans,  le  :biei?çr. 
é}-y1ntia.-Grecq.  ^'Rom.  ■  _'■'„,'«!'"- r 

CÉRUSE.  f.  f.  Blanc  de  plon4).  ^rw/i,  -  C  eft  ;Jiisifi 


q"e  la  nomment  les  Chimiftes.  Elle  fe  fait  de 
lames  de  plomb  fort  déliées ,  auxquelles  on  fait 
recevoir  la  vapeur  du  vinaigre  ,  qu'on  a  mis  dans 
qu.lc,ue  vaiifeau  fur  un  feu  modéré.  Ces  lames  le 
convcrtilfent  par  ce  moyen  en  une  rouillure  blanche, 
qu'on  ramalfe  ,  &  dont  on  forme  de  petits  pains. 
Cardan  enfeigne  le  moyen  de  faire  de  l'etain  &  de 
la  cérufe.  Ceft  de  celle-ci  principalement  que  les  teni- 
mes  fe  fervent  pour  fc  farder  -,  mais  elle  gâte  l'ha- 
leine 6c  les  dents ,  fait  des  rides ,  6C  apporte  plulicurs 
autres  incommodités ,  étant  une  efpece  de  poifon  , 
quand  elle  eft  prife  intérieurement  -,  mais  c'eft  un 
médicament  quand  on  l'applique  extérieutement  dans 
pluficurs  onguens,  emplâtre  Se  autres  préparations. 
ItT  La  <:i;rK//broyée  &c  préparée  eft  ce  qu'on  appelle 
en  peinture  blanc  de  plomb.  Ceft  le  leul  blanc 
qu'on  puirte  employer  à  l'huile  ;  mais  ceux  qui  pré- 
parent cette  matière  doivent  être  fur  leurs  gardes 
pour  fe  garantir  de  la  colique  des  Peintres ,  fouvent 
occaiionnée  par  le  plomb  &  par  toutes  les  prépara- 
tions du  plomb.  -  t  '  r  r 
Ce  mot  vient  du  grec  «fe«?5  i^ire.  Lz  ceruje  rel- 
femble  beaucoup  à la^cire. En  latin  cerufa,en  grec 

Il  y  a  une  cérufe  minérale  ,  dont  parie  hal- 
loppe  -,  mais  tous  les  autres  la  tiennent  fadice. 
CÉRUSE  ,  fe  dit  figurément  pour  faux-brillant,  à  caule 
du  mauvais  ufas^e  qae  les  femmes  en  font  quelque-- 
fois.  Tu  n'éblouis  pas  tes  lecteurs  avec  la  ceruje' 
6c   le   plâtre.  Main.  Mauvais  jargon, 

CES. 

CÈSAIRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Qvfarius.  Il  y  a  pla-' 
fleurs  faints  Céfaircs.  S.  Cefaire  Diacre  6c  Martyr  à 
Terracine  dans  le  premier  liècle  de  l'Eglife'  ;  S.  Ce- 
faire  frère  de  S.  Grégoire  de  Nazianze  dans  le  IV, 
Il  y  a  une  lettre  de  S.  Jean  Chryfoftome  au  Moine 
Céjaire,  où  la  comparaifon  qu'il  fait  du  myftère 
de  l'Incarnation  avec  celui  de  l'Euchariftie  ,  n'a 
rien  que  de  très-conforme  à  la  foi  de  l'Eglife,  comme 
on  l'a  montré. 
CÉsAiRE.  f.  f.  Nom.  de  femme,  dtfaria.  Sainte  Céfaire 
étoit  fœur  de  faint  Cèfaire ,  Archevêque  d'Arles. 

La  règle  de  S.  Cefaire  eft  une  règle  que  faint 
Cèfaire  ^  Archevêque  d'Arles  ,  fit  pour^  des  Reli- 
gieufes  auxquelles  il  bâtit  un  Monaftère  à  Arles  vers 
l'an  50(î.  Certc  règle  fut  aulTi  obfervée  dans  le  Mo- 
naftère de  fainte  Croix  de  Poitiers ,  lorfque  fainte 
Radéçonde  eut  fait  bâtit  ce  Monaftère  en  544.  Il 
y  a  e\i  auin  une  rèiîle  de  faint  Céfaire  pour  los 
hommes ,  que  l'Abbé' Tedvale  reçut  de  lui ,  Se  qu'il 
donna  par  fon  ordre  à  plufieurs  Monaftères.  Ceft  , 
.  à  peu  de  choies  près,  la  même  que  celle  des  Re- 

ligieufes.  P.  Héeiot.  T.  F  -,  c.  4. 
CÉSAR,  f.  m.  Ceft  un  nom  propre  de  £imille  Ro- 
maine ,  qui  a  établi  l'Empire  Romain.  Cxfar.  Jules 
Céfar.  Augufte  Cefar.  Les  douze  Cefars ,  ou  les  douzs 
premiers  ^Empereurs.  Il  eft  venu  en  ufige  dans  'la 
lingue  en  ces  phrafcs   proverbiales  :    Il  eft  brave 
comme  un  Céfar.  Il  faut  rendre  à  Céfar  ce  qui  appar-  ■ 
tient  à  Céfar  ;  pour  dire ,  il  faut  rendre  à  chacuQ  1«!, 
fien.,Le  P.  Bouhours  dit  que  cette  phrafe  eft  un  bar  ^' 
barifme  autorifé  par  la  tytannie  de  l'ufagc.  -^ 

03"  Céfar ,  dit  Ménage ,  au  fingulier  ne  fignifie  point 
Empereur  :6c  il  eft  bien  probable  que  celui  qui  a  tra- 
duit le  premier  ce  partage ,  reddite  quce  funt  C«- 
i  ,  faris ,  C^fari,  n'entendoit  pas  trop  le  fïançois.  Il 
;  '.eft:.  du  moins  évident  que  ce  premier  traducleur  a 
"fait  deux  fautes  dans    un  feul  mot  :  l'une  diiant 
Cefar  pour  Empereur  ;  l'autre  difant  à  Céfar.  C3.t 
..fuppofant  que  Cefir  fignifie  là  Empereur,  c'eft  un 
/nomappellatif,  qui  demande  un  article  -,  6c  dfau- 
'  droit  dire  rendez  au  Cefar ,  ce  qui  eft  au  Cejar , 
.   '  comme  nous  dirions  rendez  au  roi  ce  qui  eft_  au 
'     ^Roi,   k  Céfar  eft  aulli  irrégulier,   que  le  feroit  a 
Roi,   à   Empereur.  S'il   s'agillbit  de  Jules  Céjar , 
•  ~  'comme  Céfar  eft  un  non?  propre ,  qui  fe  met  fa^is 
i     article,  à  Céfar  feroit  régulier  :  mais  il  s'a^tî^t^  de 


CES 

Tibère ,  qui  régnoit  alors.  Cependant ,  ajouta-t-il , 
quelque  irrcgularicc  qu'il  y  ait  dans  cette  phraic  , 
il  faut  s'en  fervit  fans  Iccupule  ;  i'ufage  qui  a  établi 
des  Iblécili-nes,  peut  autoriicr  des  barbarilincs  quand 
il  lui  plaît.   C.tte  phraic  a  lieu  dans  le  propre  &: 
dans  le  figuré. 
1^  Il  eft  vrai ,    dit  M.  Ménage ,    que  par  ces  pa- 
roles notre  Seigneur  a  voulu  dire  qu'il  faut  payer 
aux  Souverains  les  tributs  qui  leur  appartiennent  : 
mais  quoique  ce  Ibit  là  le  iens  des  paroles  de  Notre- 
Seigneur  ,  cela  n'empêche  point  qu'il  ne  faille  les 
traduire  à  la  lettre ,  &c  Ccj'ar  ,  en  cet  endroit ,  c'cfl: 
Tibère ,  lequel  s'appeloit  Céfar  ;  non  pas ,  parce 
qu'il  étoit  Empereur  ;  mais  parce  que  c'étoit  ion 
nom  d'adoption.  Tibère  ayant  été  adopté  par  Cé- 
far  Augufte ,  qui  l'avoir  ctc  par  Jules  CéJ'ar ,  s'ap- 
pela Cefar  dès  le  jour  de  fon  adoption.  Il  efl  vrai 
que  tous   les  Empereurs  Romains  ont  été  eniliite 
appelés  Céfars  :  mais  ce  nom  de  famille  qu'ils  ont 
pris  efl:  toujouis  demeuré  un  nom  de  famille ,  comme 
celui  de  Ptolomce  parmi  les  Rois  d'Egypte.  Ren- 
dez au  Céf^ir ,  ce  qui  efl:   au  Céfar  ,  dit  Ménage , 
fetoit  donc  une  tradudfion  ridicule  ;  ëc  rendez  à 
Cejkr  ,  ce  qui  efl:  à  Ccjar  efl:  très-bien  traduit.  Il 
veut  être  Céfar  ,    ou  rien  ;  c'eft-à-dire  ,  bazarder 
tout ,  pour  être  tout  ou  rien  :  c'étoit  la  devile  de 
Cefar  Borgia ,   Duc   de  Valentihois. 

Quelques  anciens  Grammairiens  prétendent  que 
le  nom  de  Céfar  vient  du  mot  latin  cœfaries ,  che- 
velure :  ainfi  Cefar  voudtoit  dire  la  même  chofe 
que  chevelu ,  &  le  premier  qui  ait  potté  ce  nom 
ne  l'auroit  eu  que  parce  qu'il  avoit  de  beaux  che- 
veux i  mais  la  plus  commune  opinion  eft  que  le 
nom  de  Céfar  vient  à  cxfo  matris  utero-,  de  ce  qu'il 
fallut  ouvrir  le  ventre  de  fa  mère  pour  l'en  faire 
fortir.  Janus  Bircherodius  ,  dans  ion  ouvrage  fur 
l'Ordre  de  l'Eléphant ,  prétend  que  le  nom  de  Céfar 
vient  de  ce  que  celui  qui  le  porta  le  premier ,  tua 
un  Eléphant,  en  guerre  ,  à  cxfo  elephanto.  Il  appuie 
ce  fentiment  fur  une  médaille  critique  ,  fur  laquelle 
on  voit  un  Eléphant ,  avec  ce  mot ,  C^sar. 
CÉSAR  a  long-temps  f  gnifié  l'héritier  défigné  à  l'Em- 
pire ,  comme  aujoiird'^'hui  le  Roi  des  Romains.  De- 
puis Marc-Aurèle  jufqu'à  l'Empereur  Valens ,  nul 
n'a  été  fait  Augufl:e  ,  qu'il  n'eût  auparavant  été  créé 
Céfar.  Spartien  dit  que  Luce-Vère  efl:  le  premier 
qui  a  été  appelé  Céfar  avant  que  d'être  Empereur. 
Les  Céfars  étoient  adjoints  à  l'Empire  ;  Erant prin- 
cipes Imperïu  Arbogafte  tua  Vidor  que  Maxime 
fon  père  avoit  laiffé  dans  les  Gaules,  après  l'avoir 
créé  Cefar.  Voyez  Auguste. 

Le  Cefar  a  été  la  féconde  dignité ,  la  féconde 
petfonne  de  l'Empire ,  jufqu'à  Alexis  Comnène.  Cet 
Empereur  érigea  une  nouvelle  dignité  en  fwcur 
de  fon  frère  Ifaac  Comnène  ,  qu'il  appela  Sebajlo- 
crator  ,  auquel  il  donna  le  pas  fur  le  Céfar ,  ainli 
que  nous  l'apprennent  Anne  Comnène  ,  fa  fille  , 
Alexiad.  Lib.  ///,  &  CoàmDe  Off.  Confiant,  cap. 
1.  Voyez  fur  cet  endroit  les  notes  du  P.  Goar. 
Codin  décrit  la  création  du  Céfar ,  fes  habits  ,  fa 
couronne  ,  fes  droits ,  fes  privilèges  ,  &c.  Pour  dé- 
truire la  penfée  de  celui  qui  a  dit  qi^'on  ne  don- 
noit  la  couronne  de  laurier  qu'aux  Augufles  ,  & 
jamais  aux  Céfars,  il  n'y  a  qu'à  voir  le  médaillon 
de  Maxime  r.  ioï.  masimoc  kaicap,  où  il  a  la 
couronne  de  laurier ,  avec  la  qualité  de  Céfar  ;  fans 
parler  du  bas  Empire ,  où  Crilpus  Céfar  efl:  cou- 
ronné de  laurier.  P.  Jobert. 

Le  Cardinal  Noris,  De  Lie.  c.  p.  45,  prétend 
qu'on  marquoit  les  années  des  Céfars  fut  les  mé- 
dailles ,  &  que  celles  de  Confiance  Chlore  &  de 
plulicurs  aurres  enfuite ,  font  marquées  fur  les  mé- 
dailles ,  quoiqu'ils  ne  fyfTent  encore  que  Céfars. 
César  ,  fignifie  auffi  Empereur.  Imperator.  D'où  vous 
vient  cette  audace,    de  parler  publiquement  pour 
,    foulever  le  peuple  contre  la  religion  des  Céfars  > 
ij      PORT-R.  o  J 

Et  les  Rois  à  genoux  venaient  Je  toutes  parts  , 
Adorer  la  grandeur  du  Trône  des  Céfars.  God, 
Tome  II, 


CES 


3ST 


CESARE.  Terme  artificiel  de  Logique  ,  ftit  pour  cx- 
prnncr  le  premier  mode  de  la  féconde  figure  du 
fyllogifmc.  Dans  un  fyllogifme  en  Cejare  la  ma- 
jeure &  la  conféquence  doivent  être  univerfelles 
négatives  ;  la  mineure  univcriellc  a/lirmativc- ,  & 
le  moyen  terme  doit  être  l'attribut  dans  la  ma- 
jeure &  la  mineure.  Nulle  vertu  n'efl:  blâmable  : 
Tout  ce  qui  a  la  paiîîon  pour  principe  eft  blâ- 
mable ;  Donc  nulle  vertu  n'a  la  paflîon  pour  prin- 
cipe -.^c'eft  un  fyllogifme  en   Céfare. 

CjESAREE.  f.  f.  On  adonné  ce  norri  dans  l'antiquité  à 
des  Eglifes  Chrétiennes.  Ccefarea.  Il  y  avoit  une. CV- 
farée  célèbre  à  Alexandrie.  Eutychius ,  Patriarche 
d'Alexandrie  en  parle  -beaucoup.  Elle  étoit  dédiée 
à  faint  Michel ,  Archange  ,  &  quoi  qu'on  en  dife  , 
je  ne  crois  pas  qu'on  ait  donné  ce  nom  à  aucune 
autre  Eglilé.  Il  paroït  que  celle-ci  avoit  été  un  temple 
d'Idole  bâti  par  Cléopatre ,  èc  ainfi  nommé  appa- 
remment en  l'honneur  de  Céfar.  Il  fut  enfuite  changé 
en  une  Eglife  ,  &  dédié  à  faint  Michel  par 
Alexandie  ,  Pattiarche  d'Alexandrie  ,  fucceffeur 
de  l'aint  Athanafe  -,  &  elle  garda  fon  anciea 
nom.  ^ 

CÉSAREE.  Nom  de  plufieurs  villes  qui  ont  ce  nom 
du  mot  Céfar ,  parce  qu'elles  ont  été  bâties  ,  ré 
tablies  ,  ou  confacrées  à  l'honneur  de  quelqu'un 
des  Céfars.  Ccefarea.  Céfarée  ,  ville  maritùne  de  Pa- 
lefline ,  appelée  autrefois  la  Tour  dé  Straton ,  fut 
bâtie  par  le  grand  Hérode  ,  la  17'  année  de  fon 
règne  en  l'honneur  d'Augufte  ,  qui  vint  cette  année- 
là  en  Syrie.  On  mit  douze  ans  à  la  bâtir  ,  &  le 
Roi  Hérode  la  dédia  par  de  grandes  fêtes  &c  des 
combats  magnifiques  la  18*^  année  de  fon  règ-ne ,  dix 
ans  avant  la  nailfance  de  J.  C.  Foye^  ^Jofèphe 
Jntiq.  Jud.  Liv.  XVI,  ch.c,,  ^  De  Bello  Lib.  I, 
chap.  16.  Pour  ladiftinguer  des  autres,  on  la  nomme 
Céfarée  de  Paleftine.  Elle  étoit  entre  Ptolémaïde  au 
nord ,  &  Joppé  au  midi.  Quelques-uns  difent  que 
c'cft  la  même  qu'Apollonie. 

On  y  voir  de  belles  &  grandes  colonnes  enfc- 
yelies  dans  le  fable ,  des  reftes  de  fes  magnifiques 
édifices,  de  grands  foUcs  à  fond  de  cuve,  creu- 
fés  pour  défendre  les  murs  de  la  ville ,  &  qui  fubfi- 
ftent  encore  auiourd'hui  avec  leur  contrefcarpe. 
Mém.  des  Mif  du  Lev.  T.   V ,  p.  il. 

Céfarée  de  Philippe  efl:  une  autre  ville  de  laTerre- 
Sainre ,  nommée  auparavant  Panéas ,  &  rétablie  par 
Philippe  fils  d'Hérode  en  l'honneur   de  Caligula. 
Elle  croit  vers  les  fources  du  Jourdain  aux  confins 
de  la  Céléiyrie.  M.  Corneille  l'appelle  Céfarée  Phi- 
lippe ,  mais  le  Port-Royal  ,  le  P.  Bouhours  &  tous 
nos  Traducteurs  difent  Céfarée  de  Philippe  ;  c'eft 
I'ufage.  Céfarée  de  Cappadoce,  ville  Archiépifcopale 
de  Cappadoce  ,  ainfi  nommée  à  l'honneur  de  Ti- 
bère ;  elle  s'appeloit  auparavant  Mazaca  ;  elle  fiit 
fiirnommée  la  Grande.  Il  y  avoit  encore  Céfarée  en 
Mauritanie  qui  fut    la  demeure  du  Roi  Juba.  CV- 
farée  en  Italie  proche  de  Ravenne.  Céfarée  en  Pan- 
^nonie. 
CÉSARIEN  ,  ENNE.  adj.  Qui  appartient  à  Céfar , 
qui    a  quelque   rapport   à  un  Céfar.  Cœfarianus , 
a.  Les  troupes  Cefariennes  ;  c'eft-à-dire ,  de  Céfar. 
Ce  titre  a  été  donné  à  quelques  Provinces ,  comme 
la  Mauritanie  Céfarienne. 
CÉSARIEN.  f.  m.  Nom  d'Ofifice  ,  Cœfarianus  ;  Cafa^ 
rienfis.  Les  Cefariens  étoient  les  Officiers  ou  Mi- 
niftres   des    Procureurs  des     Céfars.    C'étoit   eux 
qui  tcnoicnt  les  comptes  du  fifc  ,  ou  des  revenus 
de  l'Empereur ,  &  qui  prenoicnt  po/TefTion  en  fon 
nom  des  biens  qui  lui  croient  dévolus ,   ou  con- 
fifqués.  Il  y  a    un  titre  du  Code  Thcodofien,  i7«î 
Cœfarianis.  Voyez  Godcfroy  fur  ce    tirre,  Se   les 
Didionnaires    de  Calvin  5c  de   Du  Cange.   Cujas 
croit  que  c'efl:  de  ce  mot  que  s'eft  formé  le  nom 
Sers.ent. 
%T  Césarienne  (  Opération  )  adj.  f.  Terme  de  Chi- 
rurgie. Opération  par  le  moyen  de  laquelle  on  tire 
un  enfant  du  corps  de  fa  mère ,  en  faifant  une  in- 
ciiion  au  deffous  du  nombril ,  à  côté  de  la  ligne 

Ce  c 


jS^  CES 

blanche  ou  du  imifcle  droic ,  incilîon  par  laquelle 
on  ouvre  le  péritoine.  Se  cnCuite  la  matrice. 
L'expérience  a  fait  voir  que  les  plaies  des  nuil-^ 
clcs  de  l'cpitîaftre  ,  du  péritoine ,  ^:  celles  de  la 
matrice  ne  lont  pa^  mortelles  ,  de  ibrre  qu'on  peut 
ouvrit  quelquefois  le  ventre  de  la  mère  pour  en 
faire  ibrtit  l'entant.  Mais  ce  n'efl:  pas  fans  un  trcs- 
tnand  danger.  Aulli  ces  fortes  d'opérations  le  pra- 
tiquent très-rarement.  Ceux  qui  font  venus  au  monde 
de  cette  manière ,  ont  été  appelés  Ccjarcs  &  Cœju- 
7ies,  à  cœjo  matris  utero,  comme  Célar,  Scipion 
l'Africain  &  Manlius.  François  Rouflct ,  Méde- 
cin du  Roi ,  a  fait  un  bon  traité  de  l'Opcratwn 
Ccfarienne. 
CÉSARïMO  di  S.  Maria.  Cétoit  autrefois  une  ville 
nommée  Appii  Forum ,  le  Marché  d'Appius.  Elle 
ctoit  entre  Terracine  &c  les  trois  Hôtelleries ,  dans 
le    Latium,    ou    Pays    Latin  ,    près    de    la  Palus 

Poutine.  .  ^    n 

CÉSARIN.  f.  m.  Nom  d'un  parti  qui  fe  forma  dans 
l'Ordre  de  S.  François ,  contre  les  rclàchcmens 
•  qu'y  intrbduiiit  le  P.  Hélie  ,  Général  de  l'Ordre  , 
après  la  mot  de  S.  François  Ce  parti  prit  ce  nom 
du  P.  Célairc  de  Spire  ,  qui  en  étoit  le  Chef.  Cc- 
farirms.  Les  Ccjarins ,  aprcs  l'apoftafie  du  P.  Hclie, 
curent  quelque  relâche ,  Se  jouirent  de  la  tranquil- 
lité dans  leur  folitude  jufqu'au  Généralat  de  Crel- 
cence  de  Jéfi ,  dont  les  relâchemens  les  obligè- 
rent à  fortir  de  leurs  retraites  pour  s'y  oppofer. 
Leurs  efforts  ayant  été  inutiles ,  ils  retournèrent 
dans  leurs  pauvres  maifons ,  fans  vouloir  faire  de 
Con2;ré2;ation  féparée ,  &  S.  Bonavenrure  ayant 
été  éhrCénétal,  8c  ayant  retranché  tous  Ics.rela- 
chcmens ,  il  ne  fut  plus  parlé  de  Ciifarius.  P.  Hé- 

T.YOT.    T.    f^ ,    C,    ].  ^    r      ■  r-'     1  I 

C/.SARION.  f.  m.  Nom  d'homme.  Cœfarion.  C'eii;  le 
nom  que  Céiar  fouffrit  que  l'on  donnât  au  fils  qu'il 
eut  de  Clcopatre  ,  SC  qu'Augufte  fit  mourir  après 
la  prife  d'Alexandrie.  Le  P.  Soucier,  Jéfuite  ,  a 
publié  une  médaille  très-lingulière  de  Jules  Célar , 
qui  repréfente  d'un  côté  la  tcte  d'une  Victoire  ai- 
lée de  même  qu'on  la  voit  fur  d'autres  médailles 
de  Jules ,  à  cela  près  qu'elle  efl;  un  peu  différemment 
cocffee.  L'infcription  eft  C^sas.  dict.  ter.  Au 
revers  il  v  a  une  couronne  de  laurier ,  dans  Li- 
qiielle  eft'la  tête  nue  d'un  jeune  homme,  tournée 
à  «gauche  :  devant  la  tête  &  dans  le  champ  de  la 
médaille  fc  voit  une  feuille  de  laurier  ,  qui  n'cil 
point  de  la  couronne.  A  droite  cft  un  A  ,  5c  à  gauche 
aii-deflhs  de  la  feuille  de  laurier  un  autre  A.  Quel- 
ques Mcdailliftes  prétendoient  que  ce  jeune  homme 
ctoit  afarion  ,  8i  que  l'époque  de  la  troifième  Dic- 
tature de  Ccfar,  marquée  iur  la  médaille,  etoit 
l'année  que'  cet  enfant  naquit  ;  mais  le  P.  Soucier 
a  montré  qu'elle  avoir  été  frapée  pour  Augufte  , 
g:  qu'elle  marquoit  la  diftinélion  que  Céfar  lui  fît 
cette  année-là  ,  à  fon  triomphe  de  l'Afrique ,  en  lui 
donnant  part  aux  diftributions  qu'il  fît  à  ceux  qui 
avoient  fervi  dans  la  guerre  d'Afrique.  Céjarion  rel- 

fembloit  fort  à  Céfar ,  à  ce  que  difoienr  quelques 

Hiftoriens   Grecs.    Suétone    en   parle  dans    Ju/es  , 

ch.  ";z,  &dans  Aui^ujie ,  ch.  17. 
CESÈNE.  Ville  d'Italie  ,  en  l'Etat  de  l'Eglife  ,  dans 

la  Romaç^ne  ,  fur  la  rivière  de  Savio  ,  avec  un  Evê- 

ché  fuiftagant  de  l'Archevêché  de  Ravenne,  C'efl: 

une  aflez  grande  ville  ,  peu  peuplée, 
SCT  CESIL^  Ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  Tribu  de 

Juda.   Eufebe  l'appelle    Xil ,   Se  la  .place  dans  la 

partie  méridionale  de  cette  Tribu. 
llCF  CESION.  Ville  de  la  Paleftine,  dans  la  Tribu 

d'Iflachar.  Elle  fut   cédée  aux  Lévites  de  la  famille 

de  Gerfon. 
CESSANT  ,  ANTE.  part.  &  adj.  qui  fc  dit  en  cette 

phrafe  ou  autres  iemblables.  Il  faut  exécuter  cet 

ordre  ,  roures  affaires  ceffanus  ,  tous  empêchemens 

ce  (fans.  Ce(fa7is. 
CESSATION,  f.  f.Difcontinuation  de  quelque  travail 

ou  de  quelque  adion.  Ce[fatio,intermi(Jlo.  La  trêve 

emporte  une  cejfation  d'armes,  d'hoitilitcs.  Il  y  a 


CES 

cefj'atlon  àc  plaidoiries  à  la  Grand'Chambre  le  14 
d'Août.  Cc(fancn  de  travail ,  ce  fanon  de  commerce , 
cej/ation  de  toutes  pourfuites. 
CESSE,  f.  f.  Qui  fe  dit  toujours  avec  la  négarive  ex- 
primée par  la  prcpolition  J'a/is  ;  Se  fignific  .^lors , 
continmlhmcnt ,  jans  relâche.  Sine  ulla  imermij- 
jlonc  ,  ajjiduè  ,  continenter.  Pour  devenir  lavant ,  il 
faut  ctuai.r  iâns  cejje.  L'Evangile  nous  avertit  qu'il 
faut  prier  Dieu  fans  cc(]e.  Son  advcrlâirc  le  rcpan- 
doit  fans  ccjje  en  bravades  -,  &:  étaloit  ton  éloquence 
avec  beaucoup  de  fafte.  P.  d'Okl. 

Et  le  defiin  d'Orep 
Efi  de  venir  fans  cctié  adorer  vos  attraits, 
ht  de  jurer  toujours  qu'il  n'y  viendra  jamais. 

Racinï. 

Seigneur  ,  afflige-moi  fans  cëfle  , 

Mais  ne  m'abandonne  jamais.  L'Abbé  Têtu. 

On  dit  fmiilièrement  ,  n'avoir  point  de  cejfe , 
n'avoir  aucune  celfc  ;  pour  dire  ,  ne  ce£er  point.  Il 
n'aura  point  de  ce(Je,  que  vous  ne  lui  ayez  accorde 
ce  qu'il  demande  ,  qu'il  ne  ibit  parvenu  à  fes  fins. 

ffT  CESSE.  Pente  rivière  de  France ,  dans  le  Lan- 
guedoc ,  qui  a  fa  iburce  dans  le  Diocèlé  de  Saint- 
Pons,  traverfe  le  canal  Royal,  dans  le  Dioccfe  de 
Narbonne ,  où  elle  fe  perd  dans  l'Aude. 

:,5Cr  M.  Corneille  met  une  rivière  de  ce  nom ,  dans 
le    Luxembourg.   Voye^  Lèche. 

tfJ-  CESSER.  Cen'are ,  definefe.  Selon  Vaugelas ,  le 
mot  de  cfj/tT  eit  naturellement  neutre,  &  plus  ra- 
rement aélif.  En  effet ,  il  efl:  d'un  ufage  moins  fré- 
quent à  l'adif ,  qu'au  neutre  -,  &  il  lignifîe  mettre" 
fin  à  une  chofe  ,  en  arrcrer  le  cours  en  l'abandon-, 
n'anr. 

On  dit  aélivement ,  ceffer  fes  pjaintes ,  fes  mur- 
mures i  cc[fei  vos  tendres  reproches ,  mettez  fin. 
MoUiumdeJine  qiierelarum.  Cefe^,  '^'#{5  PO^E 
moi  tous  vos  chants  d'allégrefTe.  Moi.. 

On  dit  neucralement  la  "pluie  ■■x\c4P  o^^  ^^  cèpe. 
L'orage  n'a  -point  ce(j'e.  Sa  fièvre  ne  ceffa  que  fur 
le  foir.  On  le  joint  à  l'infinitif  d'un  autre,  par 
le  moyen  de  la  particule  de.  Ceffer  de  médire  de 
quelqu'un.  Cefjarc  de  aliquo  detrahere,  Ceffer  de 
parler  ,  d'agir  ,  de  pleurer  ,  de  fe  plaindre.  Il  a 
ceffe  de  pleuvoir. 

Pour  être  Souverain,  faut-il cc&ï  d'être  homme? 

Corn. 

^  Souvent  aufTi ,  il  efl:  employé  avec  le  verbe  faire. 
Faire  ceffer  les  tiavaux. 

Ip-  Cesser,  finir,  difcontinuer ,  confidérés  dans  une 
fignification  fynonyme.  On  ceffe ,  en  abandonnant 
l'cntreprife  ",  on  dilcontinue  en  l'interrompant  ;  on 
finit  en  l'achevant.  Pour  finir  fon  difcours  .1  propos, 
il  faut  le  faire  un  moment  avant  que  d'ennuyer.  On 
doit  ceffer  fes  pourfuites  ,  dès  qu'on  s'appcrçoit 
qu'elles  fbnt  inutiles.  Il  ne  faut  difcontinuer  le  tra- 
vail que  pour  fe  délaffer.  Se  pour  le  reprendre  en- 
fuire  avec  plus  de  goiit  Se  plus  d'ardeur.  Les  per- 
Ibnnes  qui  ne  nnifFcnt  point  leurs  narrations ,  Se  ne 
ceffent  de  parler  fans  difconrinuer  ,  font  auHl  peu 
propres  à  la  converfation  que  celles  qui  ne  difent 
mot.  Syn.  Fr. 
0rr  Cessé,  Ée.  patt. 

CESSIBLE,  adj.  m.  5c  f.  Terme  de  Droit  François.  Qui  , 
peut  être  cédé  ,    tranfporté  d'une   pcrfonne  à  une  | 
autre.  Quod potef  ccdi ,  quodpotefl  tradi  altcri.  Le 
retrait  féodal  efl:  a'//:^/e  ,  à  moins  que  le  conrraire 
ne  foir  porré  par  la  Courume  ;  Se  comme  la  nôtre 
(celle  deCharrres)  n'en  parle  point,  il  faut  dire, 
que  le  retrait  féodal  eft  cefjihle  ;  Se  la  maxime  en 
efl:  aujourd'hui  confl:anre ,  contre  l'opinion  de  M' 
Charles  Du  Moulin  fur  l'arricle  20  de  la  Coutume 
de  Paris.  On  n'a  point  fuivi  en  cela  Du  Moulin  ,SC 
par  tous  les  Arrcrs ,  il  a  éré  jugé  que  le  retrait  féodal  " 
c'kceffibk.  De  Merville.  Mais  M.  De  MerviUe  ne 


■CES 

'à'it  pas  qiiô  tous  ces  Arrêts  aient  été  tendus  dians  ïà 
Coutume  de  Chartres,  qui  patoît»  comme  l'a  re- 
marqué Du  Moulin,  n'avoir  permis  de  retrait  tco- 
dal ,  que  pour  réunir  au  fief  dominant ,  le  bien  que 
le  Seigneur  raiteroit  en  cas  de  vente.  La  moindre 
circonllancc  peut  changer  refpèce  des  affaires ,  & 
rend  inutiles  les  induttiohs  qu'on  tre  des  Arrêts. 
Ain(i  Ton  ne  peut  point  encore  regarder  cette  quel- 
tien  comme  ablblument  décidée  pour  la  Coutume 
de  Chartres.  Jour,  des  Sav. 

L'ulufruitier  peut  exercer  le  rettait  féodal ,  fans 
être  tenu  de   rendre  après  l'ulufruit    les    héritages 

recirés &  quoique  Brodeau  &  quelques  aut'res 

foient  du  léntiment  contraire ,  j'eftimc  que  l'ufu- 
fruitier  peut  céder  fon  droit  à  un  autre,  vu  que  le 
retrait  féodal  eft  ceJ/i/'L\  Perrière  ,  in-ïi,  Jur  la 
Coutume  de  Paris  ,  Tom.  i ,  p.  62,  ,  de  l'ediuon  de 
1707.  Quoique  le  droit  d'habitation  ne  foit  pas 
cejfihle ,  6c  qu'il  foit  purement  perfonnel  &  inhérent 
à  la  perlbnne  du  propriétaire,  néanmoins  il  a  été 
jugé  qu'un  propriétaire  ,  d'une  feizièmc  partie  par 
indivis  d'une  mailbri  ,  ayant  le  confentement  des 
autres  copropriétaires  ,  étoit  bien  fondé  de  fùre 
vider  le  locataire  ,  pour  aller  habiter  en  peribnne  la- 
dite nvifon.  L'Arrêt  eft  du  17  Mai  1(^29,  rapporté 
par  du  Frefne  ,  dans  ion  Journal  des  Audiences ,  Liv, 
II,  c.  45.  Guéret  fur  le  chap.  ^1 ,  de  la  i  ,  cent,  des 
Arrêts  de  M.  le  Prejire. 

CESSION.  Il  f.  Adie  par  lequel  un  homme  tranfmet  à 
un  autre  le  droit  qui  lui  appartenoit.  Cejfw  juris  fui, 
velfuojure.il  dih'n  ceffion  &  tranfport  d'une  telle 
dette.  On  ne  le  dit  guère  que  des  obligations  ,  rentes 
ou  dettes  mobiliaires ,  qui  confiftcnt  en  la  tradition 
d'un  écrit.  A  l'égard  des  meubles,  offices,  ou  des 
héritages  &  immeubles,  le  traniport  qu'on  fait  de  la 
propriété  s'appelle  vert/^,  échange,  donation.  Cejjîon 
eft  un  terme  générique,  dont  les  efpèces  Ibnt  le 
tranfporr ,  l'abandonnement  de  biens  ,  la  fubro- 
gation ,  de  la  ce(Jîon  en  Juftice. 

Cession   eft  auffi  un  abandonnement  qu'on  fait    de 
tous  fes  biens  en  Juftice ,  ou  volontairement  à  fes 
créanciers ,  pour  éviter  la  contrainte  par  corps.  Bo- 
norurn  cejfio.  On  ne  peht  faire  cejjlon   qu'en  vertu 
des  Lettres  du  Prince ,  qu'on  appelle  bénéfice    de 
ceffion.  La  ceffion  eft  une  mort  civile.  On  n'y  eft  poinr 
reçu  pour  dettes  de  deniers  royaux  ,  de  mineurs ,  de 
dépôts ,  ou  cautionnement  en  Juftice  ,  ni  quand  il  y 
a  ftellionat  ou  ctime  -,  ni  pour  moiflbn  de  grains ,  ni 
pour  vente  du  poiifon  ialc  ,  &c.  Le  bénéfice  de  ce(fion 
n'eft  accordé  qu'à  ceux  qui  étant  tombés  en  pau- 
vreté, remettent  de  bonne  foi   leurs  biens  à  leurs 
créanciers.  Les   étrangers  non    naturaliiés  ne  font 
point  re.cu.s  d.  ceffion ,  ni  le  fermier  contre  le  pro- 
priétaire, ni  le  ptirtcipal  obligé  contre  la  caution  , 
ni  ceux  qui  ont  obtenu  des  remilés ,  6c  fait  des  con- 
trats d'atermoiement.  La  ceffion  emporte  note  d'in- 
famie ,  èc  oblige  à  portet  un  bonnet  vert  -,  autrement 
on  eft  déchu  de  la  grâce  :  ce  qui  a  eu  lieu  d'abord 
dans  la  Coutume  de  Laval ,  pour  fignifier  que  celui 
qui  avoir  tair  ceffion  de  biens  croit  devenu  pauvre 
par  fa  folie.  A  Lucques  le  ceffionnaire  porte    un 
chapeau  ou  un  bonnet  orangé.  Les  Doéteurs  d'I- 
talie difenr  que  Celui  qui  faifoK  abandonnement  de 
biens ,  étoit  tenu  de  fraper  trois  fois  du  cul  fur  une 
pierre  en  préfence  du  Juge.  Aurrefois  on  failbit  la 
cérémonie  de  faire  quirrer  la  ceinture  S<.  les  clefs  en 
Juftice  à  ceux  qui  faifoienr  ce(fion  j  parce  que  les 
.  Anciens  portoient  à  leur  ceinture  les  principaux  in- 
ftrumens  qui  leur  fervoient  à  gagner  du  bien  ,  comme 
un  homme  de  robe  fon  écritoire,  le  Marchand  ia 
gibecière  ou  efcarcelle.,  8c  le  Gendarme  fon  épée , 
ùc.  Elle  doit  être  faite  en  peribnne  ,  tête  nue  6c  fans 
ceinture.  La  forme  des  cejfions  chez  les  Romains  Ssi 
les    vieux   Gaulois  étoit  telle  ;  celui  qui  la  failbit 
ayant  amafle  dans  fa  main  gauche  de  la  poufllère  des 
quatre  coins  de  fa  maifon  ,  le  plantôit  fur  le  feuil  de 
la  porre,dont  il  rcnnir  le  poteau  avec  la  main  droite. 
6c  jetoit  la  poulïlère  qu'il  avoir  amafice  par  defliis  fes 
épaules:  puis  fe  dépouillant  tout  nu  en  chemife , 


CES  iSj 

àyàiYt  quitté  fa  ceinture  &c  fes  houlfaux  j  il  ihutoi't 
avec  un  bâton  par-delfus  une  haie  ,  donnant  à  en- 
tendre par-là  à  les  parens  6c  à  fes  créanciers ,  qu'il 
n'avoir  plus  rien  au  monde  ,  Si  que  quand  il  frutoit  i 
tout  fon  bien  étoit  en  l'air.  La  ceffion  fc  tàiloit  ainJi 
en  matière  criminelle:  mais  en  matière  civile j  il 
mettoit  feulement  une  houlline  d'aune,  ou  bien  un 
fcai ,  ou  une  paille  rompue  fur  le  feuil  de  la  porte  , 
pour  marquer  qu'il  abandonnoit  lés  biens  :  ce  que 
Ion  appeloit  Chrenecradaper  durpillum&  fefiucam  j 
Ceffion  par  le  feuil  &  par  le  fétu.  1 1  en  eft  parlé  dans 
la  Loi  Salique  au  titre  Chrenecruda.  Voyez  une  aurre 
ancienne  formule  de  ccjjion  au  mot  de  Scandale- 
Le  P.  Ruinarr,  dans  \' Appendix  de  Grégoire  de 
Tours/7.  1 3  3 1  ,  a  dohné  trois  anciennes  formules  de 
Ceffion.  Voyez  Banqueroute  &z  Abandonnement, 

CESSIONNAIRE.  f.  m.  Celui  qui  accepte  ,  6c  à  qui 
on  fait  une  ccllion  ou  tranfport  de  quelque  chofe. 
Is  cui  ali^jua  poffeffione  ceditur.  Le  ceffionaire  n'a 
pas  plus  de  droir  que  fon  cédant.  Ceffionnaire  des 
droits  de  quelqu'un. 

Cessionnaire  ,  lignifie  aulîi,  celui  quia  fait  celTion 
de  biens  en  Juftice.  Is  qui  cedit  alteri poffeffione  fuL 
On  peut  remettre  en  prilbn  le  ceffionnaire  qui  ne 
porte  point  de  bonnet  vert.  Le  ceijionnoirc  foit  vo- 
lontaire ou  judiciaire,  ne  peur  erre  élu  dans  les 
charges ,  non  plus  que  ceux  qui  ont  obtenu  des 
Lettres  de  répit  \  &c  il  ne  peut  être  réhabilité  qu'après 
avoir  entièrement  latisfairfes  créanciers. 

C'EST  FAIT,  cm  EST  FAIT.  Ces  deux  manières  de 
parler  n'ont  pas  la  même  conftruélion.  C'eji  fait  a  un 
régime  ,  on  dit,  c'cfifait  de  vous ,  de  lui ,  &c.  C'en 
eft  fait  n'a  point  de  régime  :  on  dit  par  exemple , 
c'en  ejifau  ,  il  n'y  faut  plus  penfer  ,  il  n'en  faut  plus 
parler. 

J'étais  dam  les  filets ,  c'étoit  fait  de  ma  vie.  Malh, 

CESTE.  f.  m.  Tetme  Poétique.  C'eft  une  ceinture  my- 
ftciieulê  quelesPoëres  Se  les  Peintres  attribuent  à 
Vénus  Se  à  Junon.  Zona  ,  cingulum ,  cefius.  Quel- 
"qucs-uns  dilent  que  c'étoit  un  corfet.  Cupidon  dé- 
roba le  cefie  à  Vénus.  Ablanc.  Comme  ce  mot  eft 
Latin,  6c  peu  commun  en  François,  bien  des  gens 
n'ont  pas  approuvé  l'ufage  qu'en  tait  M.  Ménage 
dans  ces  deux  vers. 

Elle  avait  en  fes  yeux ,  en  fa  voix  ,  en  fon  'gefle  , 
Plus  de  charmes  divers  que  Vénus  dans  fon  cefte. 

Chez  les  Anciens ,  cefle  étoit  ptoprement  la  cein- 
ture que  le  mari  donnoitàfa  femme  le  premier  Jout 
de  fes  noces.  Voye^  Ceinture. 

Ce  mot  vient  du  grec  5--;,-;,^ ,  qui  fîgnifioit  une 
ceinture ,oi\ -i-MVic  ouvrage  brodé  à  l'aiguille,  qui 
croit  un  ornement  ordinaire  des  femmes.  Voye^ 
Ceinture.  Il  faut  dire  en  Latin  ce/Z^j- fans  diph- 
thongue  ,  à  la  différence  de  ccefius ,  qui  fuit  \  car  on 
ne  dit  point  cœflus  en  ce  fens ,  non  plus  que  ceflum, 
neutre,  au  moins  dans  ■  la  bonne  Latinité,  quoi 
qu'en  dife  le  Moréri;  Keroç ,  cefius,  deinture  du  ventre, 
vient  du  Celrhique  Ceft ,  qui  lignifie  ventre.  Pezron. 

Ceste  eft  aulli  un  gros  gantelet  de  cuir  garni  de 
plomb  ,  donr  fe  fervoient  les  anciens  Athlètes  dans 
les  combats  du  pugilat.  Czflus.  Calepin  a  cru  que 
c'étoit  urie  malTlie  de  laquelle  pendoient  des  balles 
de  plomb  arrachées  par  des  morceaux  de  cuir.  Il  le 
trompe  ,  car  c'étoir  feulement  une  longe  de  cuir  gar- 
nie de  doux ,  de  plomb ,  ou  de  fer ,  donr  on  entou- 
roit  la  main  en  forme  de  liens  croifés,  6c  même  le 
poigner  Se  une  partie  du  bras,  pour  empêcher  qu'ils 
ne  fudênt  rompus  ou  démis.  On  l'anpcloit  ainlî,  i 
cxdendo  ,  tuer  S>C  fraper.  Voyez  fur  le  cefle  Vigénere 
dans  les  Annotations  fur  Tite-Live,  Tom.  I  ,p.  ^-jx, 

CESTIPFIORES.  f.  m.  pi.  C'croient  des  gens  qui  com- 
battoienr  à  coups  de  poing ,  ou  avec  le  gantelet ,  ap-^ 
pclc  Cefte. 

C'EST  POURQUOL  Voyei  Pourquoi. 

^  CESURE,  f,  f.  Terme  de  Poelie.  Cczfura.  C'eft  dans 

Ceci; 


^88 


CET 


les  vers  François  un  repos  qui  coupe  le  vers  en  deux 
hcmiftiches  ,  di  qui  dans  les  vers  alexandrins  le 
trouve  après  la  iixicmc  ("yllabe ,  èc  après  la  quatrième 
dans  les  vers  de  dix  (yllabes. 

Que  toujours  dans  vos  vers  lefens  coupant  les  mots, 
Sufpendc  rhémijiuhe  ,en  marque  le  repos.  Boil. 

II  n'y  a  que  les  vers  de  douze  &  de  dix  Syllabes 
qui  aient  une  céfure.  Cependant  les  vers  de  huit 
fyllabes  fc  ceux  de  (ept  paroiUcnt  plus  harmonieux 
quand  ils  ont  un  repos ,  ceux  de  huit  après  la  qua- 
trième lyllabe  ,  ceux  de  Icpt  après  la  troihème. 

Il  feroit  aflèz  mal  aile  de  bien  Ibutenir  la  voix  fur 
dix  ou  fur  douze  fyllabes  de  fuite  fans  refpirer ,  fur- 
tout  dans  une  prononciation  grave  &  majellueule , 
comme  lovfqu'on  récite  ou  que  l'on  déclame  des  vers. 
C'eft  pour  cette  raifon  qu'on  a  voulu  marquer  dans 
les  deux  efpèces  de  nos  plus  grands  vers  un  certain 
repos  qui  les  partage  en  ^deux  hémiftichcs,  &  c'eft 
à  quoi  on  a  donné  Te  nom  Açcefure.  Dans  les  vers  de 
dix  fyllabes,  la  cefure  porte  toujours  fur  la  quatrième, 
&;  fur  la  lixième  dans  ceux  de  douze.  La  fyllabe  qui 
porte  la  céfure  ne  fauroit  fouffrir  Ve  muer.  La  céjnre 
doit  toujours  tomber  fur  la  dernière  fyllabe  du  mot , 
à  moins  que  cette  fyllabe  n'ait  un  e  muet ,  car  alors 
on  rejette  la  céfure  fur  la  pénultième,  &  on  clide 
Ve  muet  avant  l'hémiftiche  fuivant,  qui  doit  com- 
mencer par  une  voyelle.  La  céfure  cil  faulfe  toutes 
les  fois  qu'en  s'y  arrêtant  on  fera  ofcligé  de  s'éloigner 
de  la  manière  naturelle  de  parler  ou  de  lire  ,  qui  ne 
permet  pas  de  fe  rcpofer  pour  reprendre  fa  refpira- 
tion,  en  défunillant  certains  mots  qui  font  liés  en- 
femble  ,  &:  qui  doivent  être  dits  tous  d'une  haleine  , 
comme  radjedif  &  le  fubftantif,    le  nom  &  l'on 
régime,  le  verbe  auxiliaire  &:  le  participe  qui  y  eft 
attaché,  lorfqu'ils  fefuivent  immédiatement  -,  à  moins 
que  ce  qu'on  réferve  pour  le  fécond  hémiftiche,  ne  le 
lempliflè  tout  entier,  &  ainli  des  autres.  P.Mourgues. 
En  latin,  la  céfure  eft  une  fyllabe  qui  refte  après 
unpié,   dont  elle  fcmble  être  détajchée  pour  com- 
mencer le  pié  fuivant.  Dans  ce  vers , 

Armavirumquecano  Tro]xqui  primus  ah  oris. 

les  fyllabes  «o&;^font  (kcs  céfures.  Les  vers  fans 
céfure  en  François  font  tout-à-Fait  vicieux.  L'endroit 
où  le  vers  doit  être  coupé,  &:où  il  doit  y  avoir  un 
repos ,  ne  peut-être  lié  avec  ce  qui  fuit.  Dès  qu'on  ne 
fait  où  s'arrêter ,  on  n'en  lent  plus  la  cadence. 

CET. 


CET  ,  CETTE.  Pronom  dcmonftratif  qui  répond  au 

Latin  hic,  htzc  ,  hoc.  C'eft  la  même  choie  que  Ce. 
Voyez  Ce.  Cet  le  met  devant  une  voyelle  ,  cet  autre  , 
cet  homme  ;  ^ce,  devant  une  confonne.  Ce  livre  eft 
beau ,  ce  caFé  eft  bon. 

CETACEE.  adj.  de  t.  g.  qui  fe  dit  des  grands  poilTbns , 
qui  approchenr  de  la  baleine  ,  cete ,  cetaceus.  Les  ti- 
burons  font  des  poifîbns  cétacées  qui  engloutirent 
les  hammes.  Les  orkes ,  phyfetères  ou  fouftleurs , 
priftères,  lamies,  fonr  des  poiffons  cétacées.  Les  urnes, 
qu'on  a  cru  jufqu'ici  de  licorne  ,  font  des  dents  ou 
défenfes  d'un  poiflbn  cctcicée  qu'on  trouve  dans 
la  mer  glaciale,  nommé  Narwal. 

§CF  On  dit  fubftantivement ,  \çi  cétacées,  le  genre  des 
cétacées.  Le  narwal  eft  du  genre  des  cétacées. 

CETERAC.  f.  m.  Terme  de  Botanique.  Cetherach ,  ou 
AfpleTuum.  Plante  qui  porte  fes  Fruits  levés  au  dos 
de  fes  feuilles  comme  la  plupart  des  fougères.  On 
croit  qu'elle  a  la  propriété  de  confumer  la  rate  ,  & 
que  ce  nom  (X Afpleninm  lui  a  été  donné  à  caufe  de 
cette  qualité.  Ses  racines  font  vivaces ,  &  compofées 
de  filamens  noirs,  du  collet  defquellcs  partent  des 
feuilles  longues  comme  le  doigt,  obtufes,  comme 
ondées  fur  leurs  bords,  charnues,  verdâtres  en  def- 
fus ,  écailleufes  à  leurs  revers  ;  &  d'entre  ces  écail- 
les rouillcufes  fortent  de  très-petites  capfules  fphc- 


CE  V 

ïiques ,  garnies  d'un  anneau  élaftique  ^ar  lequel 
elles  s'ouvrent  en  deux  pour  lailfer  cchapcr  fa 
fcmznce  ,  aullî  menue  que  la  poulilère  la  plus  iine. 

Le  Cétérac  eft  apéritif,  &:  on  s'en  fert  comme  des 
autres  capillaires  aansl.s  embarras  des  vifcères,5c 
pour  emporter  les  obftruclions  du  Foie  &  de  la  rare  , 
pour  dilhper  la  jauniiTe  ,  &  pour  arrêter  des  flux  de 
lang.  Pline  &:  Diofcoride  ont  écrit  que  la  dccodion 
des" feuilles  de  Citer ac  Faite  dans  le  vinaigre  ,  &  prifs 
en  breuvage  l'efpace  de  quarante  jours ,   confume  la 
rate.    ^ 
CETER.ee.  f  F.  Mefurc  qui  fert    à  l'arpentage  dans 
quelques  endroits  de  la  Guienne  ;  c'eft  proprement 
l'arpent  du  pays.  Voye?^  Seterée. 
CETES.f.  m.  Roi  d'Egypte,  dont  les  Grecs  ont  Fait 
leur  Protce.  Il  étoit  Fort  habile  dans  les  arts ,  6c  fe 
transformoit  en  diifcrentes  Formes.  Les  différons  or- 
nem;ns  que  les  Rois  d'Egypte  avoient  coutume  de 
prendre  &  de  changer  Ibuvent ,  donnèrent  occaf  on 
à  la  Fable ,  comme  l'a  remarque  Diodore  de  Sicile. 
Voy£:[_  auffi  le  P.  Kirk.  .£gypt.  Tom.  I ,  p.  ^6. 
CETRA.    Nom    d'une    arme    des    anciens   Gaulois. 
C'étoit  une  fCT  efpèce  de  petit  bouclier  rond ,  de 
cu^r ,  donr  le  fervoient  les    Ibldats  Efpagnols    & 
Africains  à  la  guerre. 
CETTE.  Cap.  Az  Cette.  Port  de  Cette.  "Voyez  Sete.  C'eft 
ainii  qu'il  Faut  écrire.  Le  Port  de  Cette  a  de  longi- 
tude iid  II'  i;8",&:de latitude  45'!  14' 4o".Cassini. 
CETUI ,  CETUI-CI ,  CETTE-CI.  Pronoms  qui  s'em- 
ploient en  Poëfie  en  ftyle  burlefque ,  ou  quand  on 
imite  l'ancien  langage.  Hic,  hœc  ;  ijle,ijla.  En  fa 
place  on  dit  celui-ci ,  celle-ci. 

C':tmpays  n'eflpays  de  cocagne.  Voltaire. 

Heureux  font  ceux  que  la  vanité  lafje 
De  cetui  fiecle.         M.  De  Théniseul. 

CETUS.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  les  Latins  appellent  ane 
conftellation  méridionale  que  l'on  nomme  plus  or- 
dinairemenr  baleine. 

?fr  CETZURA.  Petite  ville  de  Moldavie  ,  fur  la  riv© 
gauche  de  Pruth  ,  prefque  vis-à-vis  d'Yalfi. 

C  E  U. 

0Cr  CEU.  Ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Chanton  ou  Kantung.  Elle  eft  de  15  m.  plus  orien- 
tale que  Peking  .  à  }(î  d.  de  lar. 

C  E  V. 

CEVA  ou  CEVE.  Petite  ville  d'Italie  en  Piémont ,  au 

Comté  d' Afti ,  fur  le  Tanaro ,  capitale  du  Marquifac 

de  Ceva. 
CE  VAL,  &  CEVEL.  f.  m.  Vieux  mot  quis'eft  dit  pour 

cheveu ,  &  d'où  le  mot  de  cheveu  a  été  Formé  dans 

la  fuite. 

Les  ongles  grands  &  longs ,  les  ceveles  méelés. 

R,  DE  LA  CONCiUÊTE  d'oUTR.' 

CEVENNES ,  que  Maty  &  quelques  autres  en  petit 
nombre  écrivent  Sevennes ,  contre  l'ufage  ordinaire. 
Cemmenius  Tra&us.  Les  Cevennes  font  un  quartier 
du  Languedoc  -,  elles  ont  au  midi  le  bas  Languedoc , 
le  Rouergue  au  couchant ,  l'Auvergne  &c  le  Forez  au 
nord;  &"au  levant  le  Rhône  les  fépare  du  Dau- 
phiné.  Les  Cevennes  renfermenr  le  Gévaudan ,  le 
Vélay  &le  Vivarès,  dont  les  villes  principales  font 
Mende ,  le  Puy ,  &  Viviers ,  trois  Evêchés.  Les  mon- 
tagnes des  Cevennes,  Cemenmis,  ou  Cemmenius  monSy 
Mans  Cebenna  ,  ou  Gebennicus  ,  font  des  mon- 
tagnes de  trenre  lieues  d'étendue  ,  ou  environ  , 
depuis  les  fources  de  la  Loire  jufques  vers  Lodève; 
Les  Fanariques  des  Cevennes,  dans  la  guerre  de  KîSt;, 
croient  des  payfans  des  Cevennes  ,  fortement  abufcs 
par  de  prétendues  prophéties  duMiniftre  Jurieu.  M. 
de  Bruys  a  écrir  Fort  cxaélement  &  Fort  agréable- 
ment l'hiftoire  de  ce  Fanatifme  des  Cevennes. 

CEUFREY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ceolfridus.  Saint 
Ceolfrid  ,  que  le  vulgaire  de  France  appelle  Souf» 


C  H  A 

£roy,ou  Saint  Ceufrey  y  cto'it  A\i  pays  des  Bcrnî- 
■  ciens ,  &  Difciple  de   laine  Benoît  Bifcop,  Il  eut  le 
gouvernement  du  Monaiïèrc  de  Wermouth  ,  &  après 
s'en  erre  demis,  il  mourut  à  Langres  l'anyKî,  en 
allant  à  Rome  pour  finir  les  jours  au  tombeau  des 
Apôtres. 
f^  CEURAWATH.  Nom  d'une  Sedle  de  Éenjans , 
dans  les  indes  qui  croient  la  mctcmpCycoil; ,  avec 
tant  de  ilipentinon ,  qu'ils   craignent  même  de  faire 
mourir  les  moindres  infeiiles  \   &  les  Piètres  ont 
toujours  la  bouche  couverte  d'un  voile  ,  de   peur 
d'en  avaler  quelques-uns  •,  ils  mènent  une  vie  très- 
audcre  ;  ils  font  tous  admis  à  la  prctriie ,  même  les 
femmes ,  pourvu  qu'elles  aient  plus  de  vingt  ans. 
II  ne  faut  pour  cela  ,  que  prendre  l'habit  de  Prêtre , 
faire  vœu'  de  chafteté  ,  &  pratiquet  l'aultérité  de 
vie  ,  qui  cil  extraordinaire.  Les  veuves  ne  l'ont  point 
obligées  de  le  briller  avec  leurs  maris  -,  mais  elles 
promettent  une  viduité  perpétuelle.  Toutes  les  au- 
ttes  Seéles  des  Benjans  ont  beaucoup  de  mépris  & 
d'averlïon  pour  celle-ci. 
CEUTA.  M.  Corneille  dit  Ceute  &  Ceuta.  Le  dernier 
eft  pkis  ordinaire  ,  &:  je  ne  lais  (i  l'on  dit  jamais  au- 
trement. Septa  ,  Exiliffd  ,  Li(fa.  C'efl:  une  ville  du 
Royaume   de  Fez ,  dans  la  Province  de   Habata  , 
près  du  détroit  de  Gibraltar,  au  pied  d'une monra- 
gnc  qui  a  lept  fommets  li  femblables  qu'on  les  nom- 
me les  fept  frères;  &  cette  ville,  quelquefois  en  latin 
Adjc^tein  fratres  ,  eft  un  Evêché  fufftagant  de  Lil- 
bonne.  Elle  étoit  aux  Portugais  ;  mais  toutes  les  pla- 
ces des  Etats  de  Portugal  ayant  lecoué  le  joug  des 
Efpagnols  en  i'?40,  la  feule  Ceuta ,  qui  avoit  un 
Gouverneur  Efpagnol,  demeura  fous  la  domination 
Caftillanne ,  &  les  Portugais  la  cédèrent  par  la  paix 
de  i66^.ifT  Les  Maures  l'alfiégèrent  en  \6ç)j.  Ce 
ficge  dura  plus  long-temps  que  celui  de  Troie  •,  elle 
fe  défendit    vigoureufement  pendant  plus  de  cin- 
quante ans ,  &  elle  s'eft  maintenue  fous  la  domina- 
tion d'Efpagne. 

C  E  Y. 

^  CEYLAN.  Voyei  Ceïlan, 

|CF  CEYTAVACCA.  Ville  d'Afie.  Les  Géographes 
la  placent  dans  l'île  de  Ceïlan  entre  la  ville  de  Co- 
lombo &  la  montagne  qu'on  appelle  Adam-pic. 
Elle  appartient  aux  HoUandois. 

CEYX.  {'.  m.  Terme  de  Mythologie.  Il  étoit  fils  de 
Jupiter  &  fils  de  Lucifer;  il  fît  naufrage  en  allant 
confultcr  l'Oracle  d'Apollon.  Après  fa  mort,  Al- 
cyone  Sc  lui  furent  changés  en  oifeaux. 

C  E  Z. 

CEZE.  Rivière  de  France.  La  Ce^e  prend  fa  fource 
auprès  de  Villefort  dans  les  Ce  venues.  La  Ce^e  roule 
des  pailletés  d'or.  VoyeiY Hijl.de  l'Acad.  d^s  Se. 
di  171 8.  L'or  de  la  Ce^e  eft  à  18  karats  8  çrrains.lB. 

fCr  CEZIMBRA.  Ville  de  Portugal  dans  la'Province 
d'Eftramadure  ,  à  quatre  lieues  de  Setuval, 

C  H  A. 

• 

CHA.  f.m.  C'eft  une  étoffe  de  foie  très-fîmple  ,  &  très- 
Icgere  ,  dont  les  Chinois ,  chez  qui  elle  fe  fabri- 
que, s'habillent  le  plus  ordinairement  en  été. 

CHAA,  ou  TCHA.  C'eft,  à  ce  que  difent  quelques 
Auteurs ,  une  efpèce  de  thé  du  Japon  ,  ou  une 
feuille  faite  comme  le  thé  ordinaire,  mais  plus  pe- 
tite &  plus  agréable  au  goiit  &  à  l'odorat ,  de  cou- 
leur verte  plus  claire,  tirant  fur  le  jaune.  Elle  croît 
à  un  petit  arbrilfeau  de  la  grandeur  du  grofelier, 
qu'on  cultive  avec  foin  dans  le  Japon  pour  le  dif- 

.  /tribuer.  On  l'appelle  improprement  fleur  de  thé.  On 
met  infufer  pendant  demi-heure  au  plus ,  une  pin- 
cée de  cette  petite  feuille  dans  une  livre  d'eau 
chaude  ,  dans  un  vailfeau  couvert.  Elle  devient  d'un 
vert  jaune  ,  d'une  odeur  de  violette.  On  ajoute  un 
peu  de  fucre ,  &  on  la  boit  la  plus  chaude  qu'on 
peut.  La  prife  eft  de  quatre  ou  cinq  onces.  Elle  purifie 
le  fang ,  abat  les  vapeurs ,  éveille  les  efprits ,  em- 


CHA  189 

I       pêche  rafîoiipliîêment.  Mais  le  chaa.  n'cft  autre  ehofo 
j       que  le  thè,  &  c'eft  le  nom  chinois.  La  difienr-co 
des  noms  entre  cluid.  &  thé  a  fait  croire  à  quelques 
uns  que  l'un  étoit  dirfcrent  de  l'autte. 
CHABAN,  CHAHBAN,  CHAVAN,  ou  CHUAN. 
f  m.  félon  Laurcntius  Kar.Sacr.  p.4^6j  ,  Golius/* 
4;  ad  Affragen,  &  Fabricius ,  Mcno/o^io ,  p.  j^[ 
C'eft  le  nom  d'un  mois  des  anciens  Arabes ,  &  le 
troilième  de  leur  année  ,    qui   répondoit    au  mois 
de  Mai  ;  mais  il  paroît  par  la  Relation  Turque  de 
la   conquête  de  Babylone  ,  dont  Du  Loir  nous  a 
donné  le  texte  &  la  traduction  dans  la  VIIL-  Lettre 
de  l'on  voyage  du  Levant ,  que  ce  n'eft  pas  telle- 
ment un  terme  des  anciens  Arabes ,  qu'on  ne  s'en 
ferve    encore.  Le   15?=  de  la  lune  de  Chahban   on 
enrôla  ceux  des  troupes  qui  voulurent  être  enfims 
perdus,  &  on  les  diftribua  fous  des  enfcignes.  Du 
Loir  ,/".151.  La  lune  de  Chahban  eft  une"  des  trois 
pendant  lefquelles  les  Mofquées  font  ouvertes  pour 
leTemgid,  ou  la  prière  de  minuit.  Id.  p.  14^. 
CHABANEIX  ,  ou  plutôt  CHABANOIS.  Petite  ville 
de  l'Angoumois,  Diocèfe  de  Limoges,  Ij^uée    fur 
la  Vienne  où  elle  a  un  pont  de  pierre ,  à  trois  lieues 
au-deffous  de  Saint  Junien  ;  entre  cette  ville  &:  celle 
de  Confolenr. 
CHABAR.  f  f.  Terme   de   Mythologie.  Nom  dune 
fauife   Divinité  ,   dont    les  livres  des   Arabes  font 
fouvent  mention.  Chabar.  EuthymiusZyiîabenusdiç 
que  les  Arabes  furent  idolâtres  jufqu'au  temps  d'Hé- 
radius ,  c'eft-à-dire,  jufqu'à  Mahomet,  &  qu'ils  ado- 
roient  enrr'autres  divinités  Lucifer  &  Venus ,   qu'ils 
appellent,  dit-il,  dans  leur  langue  Chamar  :  il  a  voulu 
dire  677a.^(ir.  Le  P.  Kirker  veut  que  ce  foitialimej 
qu'on  l'ait  prife  pour  Venus,  à  caufe  qu'elles  pro- 
duifent  à  peu  piès  les  mêmes  effets.  Les  Mahomé- 
tans  renoncent  à  Chabar.  Ils  ont  un   acle  ou  formule 
de  cette  renonciation ,  que  le  P.  Kirker  a  rapporté. 
Voyei  fon  (Edip.  Egypt.  T.  l,  Sy?u.  IT,  ch.  i^,  §  5. 
Le   P.  Kjrkcr  écrit  Cabar,  il  eft  mieux  d'écrire 
Chabar.  CtÇz  un  Ae/ en  Arabe,  &:  non  pas  un  kaf. 
Ce  nom  fignifîe  proprement    grand ,  pui/îant     de 
l'hébreu  n:i-3  ,  Chabar ,   qui    lignifie    multiplicare , 
d'où  T^l ,  Chabir,  interprété  validas  ,■  fort. 
CHABLAGE.  f  m.   Peine  &  travail  du  Chableur.  La- 

hor ,  opéra  prtzfecli  fluininum. 
CHABLAIS.  Caballiacenjis  ,  ou  Caballicits ,   ou  Ca- 
balLiacus,  Le  Chablais  eft  une  Province  de  Savoie 
qui  a  titre  de  Duché ,  &  qui  eft  lîtué  entre  le  lac 
&  le  territoire  de  Genève  au   nord ,   le    Genevois 
au  couchant ,  le  Faucigny  au  fud  ,  &  le  Valais  au 
levant.  Tonnon  en  eft  le  principal  Bourg.  Quelques- 
uns  croient  que  c'eft  le.pays  des  anciens  Nantuates. 
CHABLE.  Voye?^  CA'S,i.)i.  Punis  nauticus ,  ruiens. 
CHABLEA'U.  f  m.  Voyei  Cableau  &   Cimcenelle, 
CHABLER.  V.  a.  Terme  de  rivière  &c  de  Marine.  Atta- 
cher un  fardeau  à   un  cable,  le  hâler,'  l'enlever, 
comme  on   fait  dans  les  ateliers.   Funem  pondari 
al/igxre.     ' 
Chabler  les  noyers.  C'eft    en    quelques  Provinces , 
faire  tomber  les  noix  de  deflus  les  noyers  à  coups 
de  perches.  Nuces  decutere. 
CHABLEUR.  f.  m.  Terme  de  Rivière.  Officier  de  ville 
commis  fur  les  rivières ,  qui  fert  à  faire  partir  les 
coches  &  les  bateaux ,  &:  à  les  faire  palfer  par  les 
permis ,  fous  les  ponts  8i  autres  palîages  difficiles. 
Fluminiim  ac  naviciilarum  prxfeclus.  Les  voituriers 
font  obliges  de  fe  fervir  de  Chableurs  pour  paffcr 
les  ponts  &  pertuis ,  dans  les  endroits  où  ils  feront 
établis.  Les  Chableurs  doivent  travailler  en  perfonne, 
&  ne  peuvent  faire  commerce  fur    la  rivière ,  ni 
renir  cabaret  ou  hôtellerie. 
CHABLIS,  ou  CHABLES,  ou  CAABLES.  f.  m.  ou 
adj.  pris  fubftantivement.  Terme  de  Forets.  Ce  font 
des  arbres  de  haute  futaie  ,  abattus ,  renverfés,  bri- 
lés  ou  arrachés  par  les  vents.  Conf.  de  l'Ordonnance 
des  Eaux  &  forêts.  Strages  arborum  ab  tempeflate. 
Les  Maîtres  des  Eaux  &  Forêts  font  obliges  après 
les   grands  orages  de  fe  tranfportcr  dans  les  forêts, 
flc  de  faire  un  procès-verbal  du  nombre  des  chablis 


J90 


C  HA 


&  en  faire  la  vente  enlliite.  Les  bois  de  délit  font 
vendus  avec  les  chablis.  Dans  les  titi'es  Latins  on  les 
appelle  ckabHùa. 
CHABLIS.  Bourg  de  Champagne  aux  confins  du  Duché 
de  Bourgogne  ,  fur  la  rivière  de  Scrain  enrrc  Ton- 
nerre (Se  Auxerre.  Le  vin    de   Chablis  eft    cftimc. 
Paradin,  dans  fes  Annales  de  Bourgogne,  LA-,  p. 
ICI,  dit  que  Chablis  k  dit  pour  cha'plis ,  &c  qu'il 
a  été  corrompu  par  le  vulgaire. 
CHABLOTS.  1".  m,pl.  Petits  cordages  qui  fervent  aux 
Maçons  pour  attacher  les  pièces  de  bois  qu'ils  nom- 
ment ichaffes.  Funiculi. 
CHABNAM.  J'.  m.    ou  Rofée.  Terme  de   Commerce, 
Efpcce  de  Mouffeline,  ou  toile  de  coton  très-claire 
&  très-fine,  qu'on  apporte  des  Indes  Orienrales. 
CHABOT,  f  m.  Petit  poiflbn  qu'on  trouve   dans  les 
ruiifeaux  6c  dans  les  rivières ,  qui  a  la  tête  grande , 
large  Se  plate ,  la  bouche  fort  ouverte  &:  fans  dents, 
&c  dont  le  corps   va  toujours  en  diminuant  depuis 
la  tête  Julqu'à  la  queue.  Gobius ,  gobio  capitatus. 
Rondelet.  La  maiibn  de  Chabot  a  des  chabots  dans 
fes  Armes.  Régnier  ,  en  parlant  d'un  troc  de  choies 
égales  ,  a  dit  :  Si  ce  n'eft  un   chabot  pour  avoir  un 
gardon. 

Ce  mot  vient  du  latin  capito ,  qui  lui  a  été  donné 
à  caule  de  la  grofleur  de  la  tête  pour  lamêmeraifon 
on  l'appelle  encore  a'«^,  ou  tète  d'âne.  On  l'appelle 
aulfi  cabo  &c  rhombiis. 
CHABOUC.  f  m.  Terme  de  P^elation.  Grand  fouet 
dont  les  Indiens  fe  fervent  pour  punir  les  criminels. 
Flagrum.  Il  n'a  pas  tenu  à  eux  que  je  ne  fulfe  battu 
cruellement  de  plufieurscoups  dechabouc,  &  chaifé 
d'une  Eglife   que  j'avois  auprès  d'une  grande  ville 
nommée  Tarkolan  :  Let.  cur.  et  ed,  t.  X.  Un  de 
mes  Catéchiftes,  qui  parla  alors  avec  une  fermeré 
vraiement chrétienne,  fut  rudemenr  maltraité  par 
des  foldats ,  qui  lui  déchargèrent  fur  le  corps  de 
grands  coups  de  chabouc.  Ib.T.  XI. 
De?  CHABRATE.  f.  f.  Efpèce  de  pierre  rranfparente 
à  laquelle  les  Anciens  ont  attribué  des  propriétés 
mervcilleufes. 
CHABYE.  Lieu  de  l'île  du  Cap  Breton ,  à  15  ou  i<î 
lieues  du  Cap  de  Norc^  Dznys,  F.I,  c.6.  LeCha- 
hye   eft    une  anfe   qui  a  environ   deux    lieues  de 
profondeur.  Dans  le  fond  elf  une   grave  de  lable 
mêlée  de  cailloux  ,   que  la  mer  y  a  faite  ,  derrière 
laquelle  eft  un  étang  d'eau  falée ,  &  cette  anie  eft 
bordée  de  rochers  des  deux  côtés.  La  morue  donne 
beaucoup  dans  cette  baie.  Il  y  a  peu  d'abri  pour 
les  navires. 
CHACABOUT,  ou  XACABOUT.f.  m.  Nom  d'une 
feôlie  établie  dans   le  Royaume  de  Siam  ,  dans  une 
partie  du  Jaj>on&:  dans  le  Tonquin ,  parunfoli- 
taire  nommé    Chacahout ,  dont  les  leétateurs  ont 
pris  le  nom.    Tavernier ,  qui    en    parle  dans    fon 
f^oyage  des  Indes  ,  dit  que  ce  Chacabout  donna  dix 
préceptes  à  fes  difciples  5  que  ces  précepres  défen- 
dent le  meurtre  ,  le  larcin  ,  les  ibuillures  du  corps , 
le  menfonge,  les  outrages,  la  perfidie;  les  defirs 
déréglés ,  la  médilance ,  fa  colère  ;  qu'il  recommande 
l'étude  des  Sciences  nécelfaires  à  chacun  félon  fon 
état  \  qu'il  établit  des  Religieux  qui  renoncent  aux 
délices  de  la  vie ,  qui  s'adonnent  à  la  méditation  & 
au  foulagementdes  malades  ;qu*ilenfeigna  lamétem- 
plycole  -,  qu'il  promettoit  aux  fidèles  obfervareurs  de 
faloi  une  joie  éternelle,  dans  laquelle  ils  entreroicnt 
immédiatement  après  leur  mort;  qu'il  menaçoit  les 
tranfgreflcurs   d'un  fupplice  éternel  ,  &  ceux    qui 
n'y  auroient  pas  entièrement  obéi,de  paffer  en  divers 
corps  pendant  5000  ans  avant  que  d'entrer  dans  la 
}oie  éternelle  des  juftes.Tout  cela  a  tant  de  rapport  au 
Chriftianifme ,  qu'il  eft  fort  probable  que  ce  Chaca- 
bout n'a  été  qu'un  Millionnaire    Chrétien  ,  qui   a 
prêché  la   foi  dans  les  Indes ,  &  que  cette  dodirinc 
eft  un  Cliriftianifme  défiguré. 
CHACAL.  1".  m.  C'eft  un  animal  à  peu  près  fait  comme 
un  Renard,  excepté  qu'il  eft  plus  gros,  &  qu'il  a 
le  poil  plus   épais  &  plus  rude.  C'eft  ,    dit-on  , 
l'Hiènc  des  Anciens,  &:  le  Dj.buh  des  Africains, 


CH  A 

^3"  Mais  on  a  torr  de  confondre  ces  deux  animaux 
qui  n'ont  rien  de  commun  que  le  goût  pour  la  chair 
pourrie  &;  les  cadavres.  Le  Chacal  c^  très-commun 
dans  les  pays  Orientaux  ■,  la  Mingrelie  princi-  ' 
paiement  en  eft  toute  couverte.  Les  Chacals  déter- 
rent les  morts,  &  dévorent  les  animaux  &  les 
charognes,  &  jufqu'aux  enfans  qui  ne  peuvenr leur 
rclifter.  Quand  ils  hurlent  cnfcmble ,  ils  s'entre- 
répondent  avec  une  ei'pèce  d'accord  ,  l'un  failant  la 
balfe  ,  &  l'autre  le  delfus;  &;  comme  leur  cri  eft  per- 
çant &:  traînant  comme  celui  d'un  chat  qui  miaule  , 
il  effraie  lorfqu'on  l'entend  pour  la  première  fois. 
Chardin  qui  rapporte  toutes  ces  particularités ,  dit 
qu'on  l'appelle  en  latin  C>oc;/w ,  &  en  s,iec  CyciJJ'a, 
Voyez  Hyenne  &  Da.buh. 
^  CHACAMA.  Vallée  de  l'Amérique  au  Pérou  dans 

la  Province  de  Lima,  fertile  en  cannes  à  fucre. 
|Kr  CHACAPOYAS ,  ou  SAINT    JUAN   DE  LA 
FRONTERA.  Petite  ville  de  l'Amérique  au  Pérou  j 
dans  l'Audience  de  Lima. 
^fT  CHACARAS.  Nom  des  Prêtres  idolâtres  qui  fa- 

crifioient  au  Soleil  dans  le  Pérou. 
CHACART.  i'.  m.  Terme  de  commerce.  Efpèce  de  toile 
de  coton  à  carreaux  de  différentes  couleurs.    Elle 
vient  des  Indes  Orientales  ,    particulièrement  de 
Surate. 
CHACELAS.  Voye^  Chasselas. 
CH  ACEOR ,  &  CH  ACEOUR.  f.  m.  Cheval  de  ChafTe. 

Vieux  mot  hors  d'ufage. 
CHACO.  Grand  pays  de  l'Amérique  qui  s'étend  envi- 
ron 300  lieues  du  Nord  au  Sud  entre  le  Tucumanj 
les  Provinces  de  Los  Charcas,  les  Chiquires ,  le  Pa- 
raguay &:  le  Parana;maisfa  longueur  del'eftà  l'oueft 
eft  fort  inégale.  Les  trois  principales  rivières  de 
ce  pays  l'ont  la  rivière  Salée ,  la  rivière  Rouge  6c 
le  Pileo  Mayo.  Dans  la  langue  Quichoane  qui  a 
cours  dans  tout  le  Pérou  ,  on  appelle  Chacu  Ce* 
grands  troupeaux  de  bêres  tauves  ,  que  les  Indiens 
raflcmblcnt  dans  leurs  chalîes  par  le  moyen  des 
battues.  Avec  le  temps  ces  mêmes  Indiens  ont  donné 
le  même  nom  à  tous  les  pays  extrêmement  peuplés 
&  en  particulier  à  celui  dont  je  parle.  Les  Efpagnols 
l'ont  pris  d'eux  ,  en  changeant  la  dernière  lettre.  Il 
parut  en  .1753  une  Defcriprion  Chorographiquede 
ce  pays,  compofée  parle  Père  Lozano ,  Jéfuite, 
qu'on  pourra  confulter, 
CHACONNE.  f  f.  Terme  de  Mufique.  Air  de  Mufi- 
que  ,  ou  danfe  qui  eft  venue  des  Mores ,  dont  la 
bafe  eft  de  quatre  notes ,  qui  procèdent  par  dégrés  ' 
conjoints ,  fur  laquelle  on  fiir  pluiieurs  accords  6J 
plulieurs  couplets  qui  ont  un  même  refrain.  Can* 
tici  vel  faltationis  z^niis  ,  cujus  partes  varice  eàdem 
terminantur  claiijulâ.  On  palfe  fouvent  dans  les  cha^ 
cannes  du  mode  majeur  au  mode  mineur.  De  Bros^ 
SARD.  On  tolère  dans  les  chaconnes  bien  des  chofes 
à  cauiê  de  la  contrainte  ,  qui  ne  feroient  pas  ré- 
gulièrement permifes  dans  une  compofition  plus 
libre.  Id.  ^f3'  On  dit  compofer  une  chaconne ,  Si 
danfer  une  chaconne,  en  parlant  de  la  danfe  ,  faite 
fur  l'air  de  la  chaconne. 

On  appelle  chaconne  chantante ,  des  paroles  faite? 
fur  l'air  de  la  chaconne.  On  appelle  auHî  chaconne 
chantante,  un  air  compofé  fur  des  paroles,  où  le  Mu- 
ficicn  s'eft  aflujetti  à  une  bafle  contrainre.  Acad.  Fr. 
Cemor  vient  de  l'italien  ciacona,  formé  de  ce" 
eone ,  qui  fignifie  gros  aveugle, à caufe  que  le  mou- 
vement en   fut  inventé  par  un  aveugle. 
Chaconne,  dans  l'hiftoire  des  modes,  a  lignifié  aulTi 
un  ruban  pendant  du  cou  de  la  chemifc  fur  la  poi- 
trine des  jeunes  gens  qui  font  à  demi-deboutonnés. 
Tccniola  de  collo pendens.  Cail. 
CHACOS.  f  m.  Sorte  d'arbre  qui  ne  fe  trouve  que 
dans  le   Pérou.  Il    naît  comme  un  arbriffeau  d'un 
fort  beau  vert,  ayant  les  feuilles  rondes  &  déliées 
&  porte  un  fruit  plat  d'un  côté  ,  rond  &  long  de 
l'aurre  ,  de  couleur    cendrée  ,    d'un   goût  agréa- 
ble &  fans  aigreur  ,  &:  contenant  une  femence  fort 
menue,  que  les  habitans  eftiment  fort.  Elle  provo- 
que l'uritic  ,  &  fait  fprtir  la  ^tavelle  &:  la  pierre  des 


C  H  A  • 

reins.  Ce  qu'elle  a  de  plus  particulier,  c*efi:   qu'on 
prétend  que  lî  onule  de  cette  icmcncc  ,  la  pierre  di- 
minue dans  la  veilie,  loriqu'cUeell  encore  moile  ;  is: 
qu'elle  peut  être  diminuci-  par  quelque  médicament. 
CHACRIL.  1".  m.  Arbre  de  l'Amérique,  que  quelques 
Auteurs  ont  donné   pour  une    Icptième  efpcce  de 
Quinquina  ,  &:  dont  l'écorce  a  en  effet  plulîeurs  pro- 
priétés icmblables  à  celles  de  ce  fébrifuge.  Hiji.  Jj 
/'.'Jcad.  iL's  Se.  ïyjfi,p.  iC8.   ^oyf^  Cascarii-le. 
CHACUN,  CHACUNE.  Pronom  diftnbutif.  gCF  lans 
pluriel,  qui  fert  à   déterminer  les  perfonnes  ou  les 
chofes.  Chaque  perfonne  ,  chaque  chofe.  Quisçins, 
^i/œ'j!it.Chacii;:]\.ige  comme  il   lui  plaît.  La  jullice 
cft  une  volonté  ferme  îk  confia nte  de  rendre  à  chacun 
ce  qui  lui  appartient.  Par  la  loi  de  la  nature ,  chacun 
eft  indépendant ,  Se  maître  abfolu  de  foi-même.  On 
ne  fc  pouffe  ,  &  on  ne  s'agrandit  danslemondc  que 
pour  augiiienter  l'idée  que  c/?rtr«/2  fe  forme  de  foi- 
même  dans  Ion  propre  ciprit.  Nie.  Il  y  avoir  plu- 
iîeurs  Dames,  &  chacune  3.V oit  Ç?i  parure. 
IJCr  On  le  dit  quelquefois  coUeélivement.  Chacun  en 
raifonne  ,  en  caufe.  Chacun  Vous  blâme  ,  pour  dire 
tout  le  monde. 
gC?  Chacun  cfl:  fuivi  de  fon ,  fa ,  fes  ,  quand  il  n'y 
a  point  de  pluriel  dont  il  doive  faire  la  diftriburi^-n. 
Dieu  récompenfera  chacun  iélon  fes  œuvres.  Main- 
tenir chacun  dans  fes  droits. 
ffT  Quand  il  y  a  un  pluriel ,  dont  chacun  doit  fiire  la 
diftribution  ,  on  met  leur  ,  eu  fon  ,  fa ,  fes  ,  fuivan: 
la  place  qu'occupe  chacun  avant  ou  après  le  régime 
du  verbe.  Dans  le  premier  cas  où  chacun  précède 
le  régime  du  verbe ,  on  dit ,  ils  payèrent  chacun  leur 
ccDt.  Dans  le  fécond  ,  où  il  efl:  placé  après  le  régime 
on  dit ,  les  hommes  ont  des  paiîîons  différentes ,  & 
ils  voient  les  objets  chacun  félon  fa  pa/îîon. 
ffT  Qu.and  le  verbe  n'a  point  de  régime  on  emploie 
indiffcrcmmeut  leur  ou  fon ,  fa  ,  fes.  Ils   vinrent  cha- 
cun avec  leurs  gens,  ou  avec  fes  gens. 
gCF  Les  Vocabuliftes  avcrtilfcnt  qu'on    ne  dit  point 
;//;  chacun  ,  &:  ils  ont  rai  fon  :  mais  ils   ajoutent  que 
cette  locution  eft  autorifée par  le  D ici.  de  Trévoux, 
&  cela  n'ell  pas  vrai.Ii  y  avoir  dans  la  dernière  édition 
un  chacun  ,  tout  chacun  ,  cette  exprefflon  ejt  hafje. 
On  apporroit  ces  deux  vers  de  Maror. 

Sous  ce  tombeau  gît  Françoife  de  Foix  , 
Deçui  toii.tbieji  tout  chacun  jou /oit  dire, 

fjG^  De  bonne  foi,dire  qu'une  locution  eft  baffe  ,  efl- 
ce  l'aurorifer  ;  il  faudroir  être  cenfcur  plus  équitable. 
Ménage  dérive  ce  mot  de^juif^ue  unus  ,  5c  écrit 
chafqu'un. 

On  dit  proverbialement ,  à  chacun  le  fien  n'eft 
pas  trop  ;  pour  dire,  qu'il  cft  jufte  qu'on  rende  à 
chacun  ce  qui  lui  appartient. 

(Zu\cv^.[un)Vx:onom.Unufquir^iue.  f^oye^  Chacun. 

CHACUNIÈRE.  f.  f.  Vieux  mot"qui  fiçrnifie  ,  maifon , 
logis,  lieu  particulier  de  chacun.  Mon  père  faifoit 
inférer  dans  le  regiftre  des  négoces  de  fon  ménage  , 
toutes  les  furvénances  de  quelque  remarque ,  &: 
jour  par  jour  les  mémoires  de  l'hiftoire  defamailbn 
très-plaifanre  à  voir,  quand  le  temps  commence  à 
en  effacer  la  fouvcnance ,  &  très-à-propos  pour  nous 
ôter  fouvent  de  peine  ....  Ulage  ancien  que  je 
trouve  bon  à  rafraîchir  chacun  en  Çi  chacunière  ,  & 
me  trouve  un  fot  d'y  avoir  failly.  Montaigne.  Hn 
fa  chacunière ,  c'eft-à-dire ,  chez  foi.  Ainfi  chacun 
s'en  va  en  fa  chacuniere ,  dit  Rabelais. 

CHADFC.  f.  m.  C'eft  une  des  qu?tre  fortes  d'oran- 
ges qui  fe  trouvent  dans  les  Iles  Françoifes  de 
l'Amérique.  C'eft  une  cfpèee  de  gros  limon  ,  donr 
la  fleur  eft  bien  nourrie  8c  fort  odorante.  On  met 
des  fleurs  de  chadec  dans  la  citronelle  ou  eau  des 
Barbades  ,  pour  la  rendre  plus  agréable.  Hijî.  nac. 
du  cacao  &  du  fucre. 

ffr  CHADET.  Terme  de  Conchyliolofrie.  Coquillage 
d'un  brun  violet,  du  p-'^nre  des  buccins.  Il  fe  rrouve 
à  la  Jamaïque  ,  dans  l'île  des  Barbades  ,  &  en  Afri- 
que vers  le    Séneçral.   . 

CHADOUIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Haduïnus  ,  Cha- 


39^ 


^      c  H  A 

domus^haJniudus ,  Harduïnus  ,  Hadwimus^  CL-- 
doaius.  S.^Chadoiny  queplufieurs  appellent  S.  Har- 
douin  &  d'autres  S.  Audouin  ,  vint ,  félon  quelques 
Auteurs,  d'Irlande  en  France  au  Wh  fièck,6cfut 
ciù  Evcque  du  Mans  en  613. 
CHAER,  v.  n.  Vieux  mot.  Tomber.  On  a  dit  auiii 

chaoir  &  chair. 
CHAFAUDIER.  f.  m.  On  nomme  ainfi  fur  les  vaiffeau.c 
bretons  qui  vont  à  la  pêche  de  la  morue  &  qui  la 
font  lécher  ,  ceux  de  l'équipage  qui    drcifcnt    les 
cchafauds  fur  lefquels  on  met  fécher  le  poif.on. 
CHAFE  ou  CHAFFE.  Li.  Terme  d'Amidonnier.  Ccyx 
qui  font  l'amidon  avec  du  froment  en  grainjappellent 
la  cha^e ,  l'ccorce  ou  ion  du  grain  qui  refte  dans  leurs 
facs ,  loriqtî'avec  de  l'eau  ils  en  ont  exprimé  toute  la 
fleur  du  homenr. 
CHAFERCONNLES.  f.  f.  pi.  Toiles  peintes  qui   fe 
fabriquent  dans    les    Etats  du  Grand  Mogol.    On 
les  tire  fiar  Surate.  Elles  font  défendues  en  France. 
CHAFFOURER.  v.   a.  Vieux  mot.  Défigurer  ,  bar- 
bouiller ,  grifonncr.  Cotgrave  &c  M.  le  Duchat ,  note 
9->jiir  le  iroijume  chap.  du  premier  livre   de  Rate- 
LiLs.  Le  Roi  Henri  III  étant  peint  à  genoux  pri.int 
Dieu  auprès  de  la  Reine  fa  femme, au  cloître  dts 
Jacobins  ,    ils  lui    barbouillèrent  &   chajjourèrtnt 
tout  le  wii'zge...  Journal  du  règne  de  Henri  III fur 
le  mois  de  Juin   1589.  C'eft  ,  difoit  Roger,  ce  mé- 
chant diable  aux    enfers  qui  nous  avoir  ainfi  chaf- 
fourés.  Qu'au  diable  foit  donné  le  vilain.  Nouvel- 
les des  régions  de  la  Lune  ,  p.  zji  du  pr.  tome  de  la 
Sat.  Men.  in-^o. 
(fj-  CHAFFOUREUR.  f.  m.  Dans  Rabelais  ,  griffon- 
ncur.   Chajjourcur  de   parchemin  ,  qui    remplit  le 
parchemin.  « 

CHAFFRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Thofredus ,  Thiet- 
fridus.  S.  Chajffre,  (ils  de  Leufroy  ,  Gouverneur  d'O- 
range ,  Se  neveu  d'Eude  ,  premier  Abbé  de  Cormery 
en  Vélay  ,  fe  fir  Moine  dans  ce  Monaftère  ,  dont  il 
fut  Abbé  après  Eude  fon  oncle  ,  &  dans  lequel  il 
mourut  en  718  des bleffures  qu'il  reçut  des  Sarrafins, 
qui  y  firent  une  courfe. 

Le  Monftier  S.  Chaffre  ,  c'eft  ce  Monaftère  de 
Cormery  en  Vêlai  ,qui  fut  fondé  depuis  par  Louis 
le  Débonnaire  ,  &  qui  prit  le  nom  de  S.  Chaffre 
fon  fécond  Abbé. 

Ce  nom  s'eft  formé  du  latin  Theofredus  par  cor- 
ruption. Quelques-uns  difent  Thifroy  &  Theofroy, 
Baillet, 
CHAFOUIN,  adj.  injurieux.  Qui  eft  maigre ,  ou  de 
mauvaifc  mine.  Quifpecie,  forma  efl  mâciUntd  aut 
parut?!  liber ali ,  macer  ,  macilentus.  Il  ne  fe  dit  guère 
que  du  vifage  &:  de   la  taille.  On  dit  auilî   mine 
chafouine ,a\x.  chafouin.  Il  eft  du  ftyle  familier. 
Chafouin  ,   fe  prend   auffi  quelquefois  fubftantive- 
ment.  C'eft  un  petit  chafouin,  Ceft  imc  petite  chu- 
fouine. 

tfT  CHAGNY.  Petite  ville  de  France  en  Bouraro- 
gne  ,  fur  une  perite  rivière  à  trois  lieues  de  Ch.i- 
lons ,  &:  à  deux  de  Bcaune. 

CHAGRES.  Port  de  l'Ifthme  de  l'Amérique  ,  far  la 
côte  de  la  mer  du  nord  ,  &  .i  une  journée  de  Porto- 
Bello  ,  du  côté  de  Panama.  C'eft  dans  cet  endroit 
que  la  fameufe  rivière  de  Chagres  fe  communique  à 
la  mer  du  nord.  Le  fort  eft  baigné  par  la  mer  ,  la 
gnrnifon  eft  conlidérable.  Il  y  a  beaucoup  de 
Caïmans  dans  la  rivière  de  Chabres  auiîl-bicn  qu'à 
Il  côtede  S.  Domingue,  Elleades  courans  rapiclcs. 
C'eft  par  cette  rivière  que  l'on  tranfporte  à  Porto- 
Bello  tous  les  millions  qui  viennent  de  Terre-ferme. 
Le  Pilore  nous  dir  que  depuis  Chagres  où  eft'  fon 
embouchure  jufqu'à  Creufe  il  y  a  18  lieues,  mais 
par  la  mefure  que  nous  en  avons  faite  ,  nous  n'en 
trouvons  que  14.  Il  fe  tiompe  de  beaucoup  ,  parce 
que  nous  prenons  la  lieue  marine  de  xo  au  liegrc , 
&  lui  une  lieue  commune  de  25  au  degré,  La  ri- 
-vière  de  Chagres  eft  bordée  d'arbres  fort  hauts  &: 
toufus ,  qui  donnent  de  l'ombre,  de  forte  que  l'on 
fait  les  trois  quarts  du  chemin  à  couvert  du  Soleil. 
Il  y  a  une  infinité  d'cfpèccs  d'animaux  ,  de  tigres , 


391  CH  A 

de  finges,de  léopards  :  on  y  voit  ip  très -grand 
nombre  de  perroquets  &:  d'autres  oileaux  en  quan- 
tité ,  blancs  ,  rouges ,  bleus  ,  verts ,  bruns  5;  noirs , 
iz  quelques-uns  ont  toutes  ces  couleurs  enlemble , 
qui   forment  un  magnifique    plumage.   Rien   n'eft 
plus  charm.int  que   cette  rivière. 
ffj'  CHAGRIN.!",  m.  Inquiétude  de  l'efprit  qui  vient 
du  mécontentement  Se  des  tracalîeries  de  la  vie  , 
&:  dont  l'humeur  ic  relient.  Syn.  Fr  Lz  trijleffe  cOi 
crdmairement  caufée  par  les  grandes  aftlidlions.  Le 
goût  des  plaifirs  en  cft  émoullc.  La  mélancolie  eft 
l'effet  du  tempérament.  Les  idées  lombres  y  domi- 
nent ,  &:  en  éloignent  celles  qui  font  réjouiflantes. 
L'clprit  devient  inquiet  dans  le  chagrin  ,  lorfqu'ii 
n'a  pas  aflez  de  force  pour  le  Ilirmonter.  Le  cœur 
efl:  accablé  dans  la  crijtejp  ,  lorlque  par  un  excès 
de  fenfibilité  il  s'en  laide  entièrement  laiiir.  Le  lang 
s'altère  dans  la  mélancolie ,  lorlqu'on  n'a   pas  foin 
de  fe  procurer  des    divertiUemens  &;  des  diflîpa- 
tions. 

Ce   chagrin  philofophe  eji  un  peu  trop  fauvage. 

Mol. 

Mais  peut-être  qu'aujfi  trop  prompte  à.  m^ affliger  , 
J'obferve  de  trop  près  un  chagrin  paffager.  Rac. 

03"  Chagrin  fîgnifie  aufTi  quelquefois  aigreur ,  dépit 
ou  mauvaile  humeur.  Difputer  fans  chagrin.  Acad. 
Fr.  Pourquoi  témoigner  un  chagrin  bilarre  contre 
les    fautes  d'autrui  qui  ne   nous  regardent  point; 
Dans  la  vieillcfle  nous  imputons  aux  objets  les  dé- 
fours   qui  viennent  parement  cie  notre  chagrin.  S. 
Ev.  N'atîeélez  point  un  air  auftère  pour  paroître 
lage  ;  cela  relfemble  rrop  au  chagrin.  Boll.  Il  eft 
fo\ivenr  arrivé  que  l'envie  Se  Torgueil  ont  été  les 
principaux  rciforts  qui  ont  fait  remuer  les  Auteurs  , 
èc  enfuite  ils  ont  voulu    faire  pailer  leur   chagrin 
pour  un  zèle  néceflàire  à  la  défenfe  de  la  vérité. 
§0"  Il  eft  auifi  adjedif  dans  ces  deux  acceptions.  Il 
eft  û  chagrin  depuis  la  mort  de  fon  ami ,  qu'on  ne 
le  teconnoît  plus.  Un  efprit  chagrin  èc  mélancoli- 
que fe  forme  d'ordinaire  des  idées  triftes  Se  affreu- 
fes  de  fes  devoirs  ,  &  le  prefcrit  un  genre  de  vie  auf- 
tère &  farouche.  Fiech.  Il  y  a  des  efprits  chagrins 
contre  toutes  les  vettus.  S.  Ev.  Un  efprit  né  cha- 
grin plaît  par  fon  chagrin  même.  Bon.   Les  faux 
dévots  fe  figuient  que  le  zèle  de  la  religion  les  auto- 
rife  à  agit  avec  une  humeur  chagrine ,  contre  tout 
ce  qui  n'eft  pas  conforme  à  leurs  idées.  De  Vill. 
On  foupçonne  d'ordinaire    que  les  airs    chagrins 
d'un  Cenïéur  proviennent  d'une  fecrcte  envie  qui 
ne  peut  fouffrir  le  mérire  des  autres.  Bell. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  aigrir  ,  parce 
qu'il  caufe  quelque  aigreur  ou  amertume  dans  l'ef- 
prit ;  Se  en  quelques  lieux  on  dit  encore  aigrîn  , 
pour  dire  chagrin. 
Chagrin  ,  eft  aufli  un  certain   cuir  graine  ,  fait  de 
peau  de  cheval,  d'àne  ou  de  mulet ,  dont  le  meil- 
leur fc  préparc  en  la  ville  dcTduns.  Pellis e<juina  , 
a/înaria,  mulina  granis  Jinapi prœparata.  Il  fe  fait 
leulcment  du  derrière  de  la  bête,  &  celui  de  l'âne 
eft  le  plus  beau  grain.  C'cft  avec  des  grains  de  mou- 
tarde qu'on  prefîc   defliis,  qu'on  y  fait  paroître  ce 
beau  grain  qui  le  fait  eftimcr.  Il  y  a  aulfi  un  poif- 
fon  nommé  chagrin,  qwi  a  le  cuir  fort  dur,  dont 
on  fait  le  premier  Se  le  vrai  chagrin ,  parce  qu'en 
effet  cet  animal  a  la  peau  toute  couverte  de  petits 
grains  fi  rudes  &  fi  durs ,  qu'on  en  peut  limer  &  po- 
lir le  bois.  Borcl   dit  que  c'eft    un   chat  matin   : 
•   de   forte  qu'il  femble  que  ce  (o'ix.  \s  gr ain  de  chat. 
Pellis  fijuawa.  D'autres  difent  que  chagrin  eft  le 
nom  que  les  Turcs  donnent  au  poiflbn  ,  dont  la  peau 
ptéparée  eft  ce  que  nous  appelons  en  France  cha- 
grin. |CT  Quelques-uns  font  venir  ce  mot  du  mot 
arabe  fagri,  qui  fignifie  âne. 
Chagrin  ,"  eft  auffi  ime  forte  d'étoffe  légère  de  foie  , 

dont  on  fe  fnit  des  h.i'iits. 
CHAGRINANT  ,  ANTE,  adj.  Qui  donne  du  cha- 


•    C  H  A 

gtin.  Qui ,  qua ,  quoi  mœrorem  ,  mokfiiam  ,  cEgntti- 
dinem  paru.  Ce  coup  de  malheur  elt  fort  ckagri- 
nant.  Ua.  fot  qui  parle  toujours ,  eft  un  homme 
fort  chagrinant. 
CHAGRINÉ  ,  EE.  adj.  Qui  reffemble  à  du  cliagiin, 
qui  eft  inégal  &  laboteux  comme  du  chagrin.  Aj'per, 
Jcaber,j'cat>rojiis,  a ,  um.  VAkyonium  durum  ne  pa- 
roît  autre  chofe  qu'une  éponge  lenfermce  naturcUe- 
ment  dans  une  coque  afléz  dure  ,  dont  le  dehors  eft 
blanchâtre,  &paroît  comme  c/iaçr/Vit-.  Cette  plante 
fe  ttouve  attachée  aux  rochers  dans  le  fond  de  k 
mer  autour  des  îles  d'Yeres  &  de  celles  de  Mar- 
feille.  TouRNEFORT  ,  Acad.  des  Se.  1700.  Mem.p. 
35.  La  peau  de  cet  animal  eft  chagrinee.YiiUovKS. 
^  On  le  dit  en  Botanique  des  fruits  Se  des  feuilles. 
Fruit  chagriné,  kmWt  chagrinée  ,\ot((\\ic  leurs  fur- 
faces  font  couvertes  de  petites  éminencesou  petits 
points  faillans ,  comme  les  éminences  qu'on  appelle 
chagrin. 
CH AGRINEMENT.  adv.  Avec  chagrin.  Ce  mot  n'eft 
guère  en  ufage  ,  Se  ceux  qui  s'en  font  fcrvis  n'ont  pu 
lui  donner  cours.  M.  le  Févre  ,  en  parlant  de  la  ca- 
dence des  vers,&  dutourvif&btillantde  lapoë- 
fie  ,  répond  chagrinement  que  cette  ftrudure  artifi- 
cielle de  paroles  ne  mérite  pas  tant  d'applaudiflê- 
mcns ,  &  qu'aptes  tout  elle  coûte  trop  de  médita- 
tion à  l'efprit ,  Se  ne  vaut  pas  la  peine  de  l'acheter 
fi  cher.  Hift.  des  Ouv.  des  Se.  Ocl.  \6ç)-j.  Je  paifc 
la  vie  à  Paris  chagrinement  quelquefois  ,  &  quel- 
quefois en  efpérance  &  en  amufemens  ;  car  pour 
de  plaifirs  je  n'en  ai  plus  :  j'ai  le  cœur  empoifonné 
d'une  impreffion    mélancolique   que  ma    mauvaifc 
fortune  y  a  faite ,  Se  mes  plus  doux  momens  ne  vont 
qu'à  n'être  pas  fott  trifte.  Mad.  de  Sevigné. 

Le  Comte  d'Englefac  ,  dit  la  Sylvie  de  Molière, 
m'cvitoit  avec  foin  ,  &  cette  cruauté  me  défefpé- 
roit.  J'y  revois  un  jour  chagrinement  dans  le  jardia 
du  Luxembourg.  M^  de  Villedieu  ,  T.  VU ,p.  xo%. 
CHAGRINER,  v.  a.  Donner  du  chagrin  ,  de  l'inquié- 
tude ,  de  l'humeur.  Molejiiam  ,  a'^ritudineui  parère, 
afferre  ;  molejhâ  afficere.  Les  afflictions  fecrètes  cha- 
grinent plus  que  les  auttes.  Les  déferts  Se  la  folitude 
chagrinent  ceux  qui  font  vains ,  parce  qu'ils  ne  leur 
parlent  point  d'eux-mêmes.  Nicole. 
?fF  II  eft  audi  técip.  Cet  homme  fe  chagrine  de  tout, 

II  ne  faut  pas  fe  chagriner. 
CHAHBAN.  Voyei  CHABAN. 
CHAHUANT.  Voye^  CHAT  -  HUANT- 
§rr  CH  AI  APA.  Petite  ville  de  la  Turquie  en  Europe  , 
dans  la  Morée  ,  au  Belvédère ,  fur  le  golfe  de  Zon- 
chio.  Baudrand  croit  que  c'étoit  anciennement  Le- 
prium. 
CHAIAR  f.  m.  Efpêce  de   melon  d'Egypte  qui   ne 
fent  que  l'eau  ,  dont   le  goût  eft  dcfagréable.  Ses 
feuilles  &  fes  tiges  font  peu  diffcrenres  des  nôtres  -, 
mais  la  femence   eft  bien  plus  rafraichiiîante  :  le 
fiuit  eft  plus  ovale  Se  plus  épais  au  milieu. 
ffT  CHAIDEUR,  f,  m.  Nom  que  l'on  donne  danç 
les  mines  aux  ouvriers  qui  pilent  lamine  à  bras. 
Encyc. 
CHAIE.  f.  f.  Belandre  dont  on  fe  fert  dans  les  canaux 

de  Flandre. 
rçj'  CHAIER.  f.  m.  Petite   monnoic  d'argent  qui  a 
courî  en  Perle  ,  valant  enviton  quatre  fous  fept  de- 
niers de  France. 
xfT  CHAILLOT.  Auttefois  village  de   France,  aux 
environs  de  Paris  -,  mais  érigé  depuis  qnclque  temps 
en  tauxbourg  de  cette  ville.  On  l'appelle  aUiTi  le  faux- 
bourg  de  Xz" Conférence.  Il  "eft  fitué  au  couchant  du 
Louvre  Se  des  Thuileries ,  fur  un  coteau  ,  à  la  vue 
de  Paris, 
'CHAINE,  f.  f.  Suite  de  plufieurs  anneaux  engagés  les 
uns  dans  les  autres.  Il  y  a  de  groflès  chaînes  :  il 
y  en  a  de  petites ,  de  courtes ,  de  longues  :  il  y  en 
en  a  d'or ,  d'argent ,  de  cuivre ,  de  lairon  :  elles  font 
ordinairement  de  fer.  Catena.  Les  ports ,  les  rivières , 
tes  rues  fe  ferment  avec  des  chaînes  de  fer.  On  tend 
les  chaînes  dans  les  féditions.  Les  armes  de  Navarre 
ibnt  des  (haines  d'or  en  champ  de  gueules.  On  dit 

que 


CHA 

que  l'oci^^ine  de  ces  armes  vient  de  ce  que  les  Rois 
,d'Eipayne  ligues  contre  les  Maures  ,  ayant  remporté 
en  121 2  une  célèbre  vicioire  fur  ces  Infidèles  , 
dans  la  diftribution  du  butin ,  le  magnifique  pavil- 
lon de  Mir.ilmumin  ccliut  au  Roi  de  Navarre,  qui 
en  avoir  rompu  les  chaines.  Lé  principal  orne- 
ment des  hommes  autorilcs  &  puiHans  prfrnii  les 
Gaulois,  croient  des  chaînes  d'or  qu'ils  portoient 
en  toutes  occafions ,  &  même  dans  les  combats  , 
pour  être  plus  facilement  difcernés  A'avec  la  (impie 
foldatefquc.  Chorier,  Hijl.  de  Daupk.  L.  III, p.  1 50. 

Ce  mot  vient  de  catena,  Nicox.  Tripault  le  dé- 
rive du  grec  ;k»'>'o«j  qui  lignifie  ya/zcaj,  parce  qu'on 
faifoit ,  dit-il  ,  les  chaînes  de  Jonc  avant  l'ufagc  du 
fer  :  ce  qui  n'a  aucune  apparence  ,  à  caufe  que  le  fer 
efl:  très-ancien, 

Caiena ,  une  chaîne ,  vient  du  celtique  chaden. 
Pezron. 

Chaîne  ,  lignifie  auiri  les  liens  de  fer  avec  lefquels  on 
attache  les  crin  Jnels ,  les  captifs ,  les  galériens.  Ca- 
tena,compedeSivincula.Ow  a  pris  ce  fcélérat ,  &c 
on  l'a  chargé  de  r/i^f/zo.  Les  Romains  ont  fait  por- 
ter leurs  chaines  à  plulîeurs  Princes.  Ce  criminel 
devoir  être  pendu  ,  on  s'ell  contenté  de  le  mettre  à 
la  chaîne  ,  c'eft-à-dire  ,  aux  galères. 

On  appelle  auifi  abfoliunenr  chaîne,  une  troupe  de 
galériens  attaches  enllmble.  Damnati  ad  trirèmes. 
La  chaîne  va  partir  pour  Marfcille. 

Chaîne  ,  fe  dit  aulîî  des  ornemens  faits  en  forme  de 
petites  chaines ,  foit  d'or  ou  d'argent  ,  ou  de  pier- 
reries. Catena  aurea  preiiofis  lapillis  dijlincîa.  Cetre 
Princeffe  a  une  belle  chame  de  diamans  &:  le  cro- 
chet d'une  montre. 

gCF  On  appelle  Huidler  à  \%  chaîne  ,  un  Huifller  du 
Confcil  du  Roi  >  parce  qu'il  porte  au  cou  une  chaîne 
d'or  où  ell  la  médaille  du  Roi.  Apparitor  tor- 
quatus. 

Chaîne  ,  s'eft  dit  aufH  du  préfcnt ,  de  la  paraguantc  , 
que  ftipulent  les  femmes  ,  quand  elles  vendent 
quelque  office  de  leur  mari ,  ou  quelque  terre  au- 
delà  du  prix  convenu  \  ou  quand  on  oblige  la  femme 
de  confentir  à  la  vente  faite  par  le  mari.  C'eft  ce 
qu'on  appelle  en  d'autres  rencontres /oz-^/f- vm. 
Pretii  accejjio  ,  ad  pretium  acceùîo  ,  [iimmcs.  corol- 
larium. 

Chaîne  ,  fe  dit  figurcment  des  engagemens  ,  des  liai- 
fons  ou  des  attachemcns  de  l'elprit  ;  de  la  fervitude , 
&  de  l'eiclavage  où  l'on  eft  réduit ,  foit  par  les 
pallions ,  foit  par  une  puifTance  fupérieure.  VincuU, 
nexus  ,  compedes.  Les  amans  fe  plaignent  qu'ils  lan- 
giiiflent  dans  les  chaînes  :  ils  difent  qu'ils  veulent 
brifer  leurs  chaînes.  Un  bienfait  ell  une  chaîne  dé- 
licate ,  qui  lie  notre  cœur.  Abad.  Les  Anglois  n'ont 
jamais  porté  de  chaînes  plus  pefantes  que  celles 
dont  Cromwcl  les  chargea.  Abad.  On  dit  qu'un 
pécheur  eft  dans  les  chaînes  de  la  mort  &  du  péché  , 
en  parlant  des  engagemens  qu'il  a  dans  le  vice. 
L'opinion  où  étoient  les  Stoïciens  que  toutes  cho- 
fes  font  gouvernées  par  une  fatalité  immuable  ,  fai- 
foit qu'ils  fe  foumettoient  comme  des  efclaves  at- 
tachés àleur  chaîne.  Les  EccléiiaftiqueSjaufli-bien  que 
le  refte  des  hommes ,  tiennent  au  monde  par  mille 
chaines.  Les  chaines  du.  mariage  ,  quelque  honora- 
bles'qu'elles  foient ,  portent  avec  elles  un  attache- 
ment néceflaire  ,  dont  les  nœuds  femblent  ravir  la 
gloire  d'aimer.  La  peuple  fe  forge  d'ordinaire  à  foi- 
même  fes  propres  chaînes  ;  une  partie  prête  les 
mains  à  fubjuguer  l'autre.  Ben.  Les  applaudifle- 
-mens  qu'il  reçoit  font  autant  d'engagemcns  qui  le 
lient  d'une  chaîne  honorable.  Rac.  Les  hom- 
mes font  tous  liés  entt'eux  par  une  chaîne  ,  qui  cil 
le  bcfoin  qu'ils  ont  les  uns  des  autres.  Nie.  Il  faut 
faire  de  grands  efforts  pour  rompre  cette  chaîne  de 
fer  qui  nous  lie  au  monde  &  à  nos  dciirs.  Port-R, 
L'homme,  ne  s'eft  pas  plutôt  affianchi  d'un  vice 
qui  le  tyrannifoit,  que  l'autre  le  reprend  ,  Se  le  re- 
met à  la  chaîne.  Flech,  Il  y  a  plus  de  confiance. à 
ufer  (à  chaim,  qu'à  la  rompre.  Mont. 
Tome  II, 


GH  A 


^93 


L'Amhîtion  ,  /'amour,  "avarice  ou  la  haine , 
Tiennent  comme  un  forçat  fon  ejprit  à  la.  chaîne. 

BOJL. 

|)3"ChaÎne  fe  dit  auffi  des  chofcs  qui  viennent  à  la  fuite 
les  unes  des  autres,  qui  en  attirent  d'autres  après  elles. 
Une  chaîne  d'affaires  ,  une  chaîne  continuelle  de 
malheuis.  Catena ,  labores.  L'cxprelîîon  latine  eft 
heureufe  :  mais  il  vaut  mieux  dire,  encliaînement  de 
travaux  ,  foins  continuels  ,  malheurs  qui  fe  fuccè- 
dcnt  les  uns  aux  autres ,  que  chaîne  de  travaux  ,  de 
malheurs. 

On  appelle  auffi  chaîne ,  à  peu  près  dans  le  même 
fens,  une  coUeClion  de  tous  les  Auteurs  qui  ont 
travaillé  fur  quelques-uns  des  livres  de  l'Ecriture. 
Paul  Comîtolus  a  fait  la  chaîne  des  Auteurs  qui  ont 
travaillé  fur  Job.  Balthazar  Corder  a  fait  la  chaîne 
des  (îj  Pères  Grecs  fur  fainr  Luc.  Il  a  fait  aulîi  la 
chaîne  des  Pères  Grecs  fur  laint  Jean.  Auguftin  Mar-'î*' 
lorar  a  compofé  une  chaîne  de  vingt  Auteurs  Pro- 
teftans ,  qui  ont  éctit  fur  les  Evangiles.  Il  y  a  une 
chaîne  dz  Pères  fur  la  Genefe  dans  la'bibliothèque  de 
l'Empereur.  Il  y  en  a  une  en  arabe  &  en  caraélères 
fyriaques  fur  tout  le  Pentateuque ,  dans  la  biblio- 
thèque Bodléïenne.  On  a  appelé  ainfi  ces  ouviages , 
parce  que  les  divers  Auteurs  s'y  trouvent  comme 
enchaînés  les  uns  aux  autres  fur  un  même  fujet. 

Chaîne  de  charrue  ,  terme  de  Laboureur  &C  de  Char- 
ron. C'eft  ce  qui  tient  le  timon  de  la  charrue  ,  avec 
le  paumillon ,  par  le  moyen  d'un  gros  anneau  de 
fer  dans  lequel  on  palfe  ce  timon ,  &  qu'on  arrête 
avec  un  inftrument  de  fer  qu'on  appelle  une  chappe, 
LiGER  :  ou  en  quelques  endroits  une  cheville,  parce  ' 
qu'en  effet  c'eft  une  cheville  de  fer.  J'ai  rompu 
ma  chaîne,  en  caffant  ma  terre.  On  avance  ou  on 
recule  la  chaîne ,  on  l'arrête  avec  la  cheville  ou  la 
huppe  ,  à  un  trou  plus  haut  ou  plus  bas,  félon  qu« 
l'on  veut  que  le  foc  enfonce  plus  ou  moins  dans  la 
terre. 

Chaîne  de  charrette ,  eft  une  chaîne  longue  de  dix- 
huit  à  vingt  pics ,  dont  les  anneaux  Ibnt  beaucoup 
plus  petits ,  &  plus  forts  que  ceux  de  la  précédente. 
Les  Charretiers  s'en  fervent ,  au  moins  dans  plufieurs 
vignobles ,  pour  attacher  &  tenir  ferme  les  ton- 
neaux de  vin  ,  ou  les  tines  de  vendanges  qu'ils 
charrient ,  en  la  bridant  ou  la  ferrant  avec  un  le- 
vier. LiGER. 

Chaîne  ,  en  termes  d'Architedlure  ,  eft  une  jambe ,  ou 
une  grande  rangée  de  pierres  de  taille  mifes  l'une 
fur  l'autre,  pour  fortifier  un  mur  de  moilon,  de 
brique  ou  de  pLârre ,  pour  foutenir  des  poutres  , 
&c.  Secti  lapidis pila  tignaria  ,  ou  moles  erecla  ,  or' 
thofiates.  On  a  fait  marché  avec  ce  Maçon ,  qu'il 
mettroit  des  chaînes  (bus  poutre.  Ce  mur  de  clô- 
ture a  des  chaines  de  pierres  de  trois  toifes  en  trois 
toifes.  On  appelle  chaîne  d'encoignure ,  celle  qui 
eft  au  coin  d'un  pavillon.  On  appelle  encore  chaîne 
de  lîaifon ,  certains  boflages  ou  refends ,  pofés 
en  manière  de  carreaux  d'elpace  en  efpace  ,  dans 
les  murs ,  aux  encoignures  d'un  bâtiment,  pour  le 
cantonner  :  ils  font  en  façon  de  carreaux  &  de  bou- 
tiffes.  Les  chaines  ne  font  quelquefois  que  de  moilon, 
de  cailloux  maçonnés  à  chaux  &  à  fable  ,  lorfque 
les  murs  font  de  matière  moins  forte  &  moins 
folide. 

On  appelle  aulïî  chaîne  de  hron^^e ,  ou  de  fer  « 
une  efpèce  de  barrière  faite  de  plufieurs  chaines  at- 
tachées à  des  bornes ,  efpacécs  égalemenr ,  qui  lert 
au-devant  des  places,  des  Palais,  pour  en  empê- 
cher l'entrée.  Catena  izrea ,  ferrea. 

Chaîne  de  fer  ,  eft  une  afrembiage  de  plufieurs  barres 
de  fer ,  liées  bout-à-bout  par  clavettes  de  crochets , 
qui ,  étant  mifes  dans  l'épaiffeur  des  murs  des  b.àti- 
mens  neufs ,  fervent  à  les  entrerenir.  On  en  met 
aulTi  autour  des  vieux ,  pour  les  retenir  quand  ils  | 
menacent  ruine. 

Chaîne.  Terme  d'Horlogerie.  Celle  qui  fert  à  la  fu- 
féc  eft  faite  de  petits  maillons  à  peu  près  ovalus, 

D  dd 


594  <^^  ^^  ^ 

L'outil  qui  les  fliit ,  coupe  &c  perce  chaque  maillon  I 
d'un  coup  de  marreau.  _        l 

Chaîne  ^/c  v,;r^iie.  On  appelle  ainii  ilir  mer  certaines 
chaînes  de  ^  fer  qu'on  tienr  dans  la  hune  du 
vaiiléau  ,  &:  dont  on  le  lert  dans  le  combat  à  tenir 
les  vergues ,  lorfqu'il  arrive  que  le  canon  coupe 
les  manœuvres  qui  les  tiennent. 

Chaîne  de  port  ,  '  cft  une  chaîne  qu'on  tend  devant 
les  poits  pour  en  fermer  l'entrée.  Quand  la  bou- 
che en  eft  grande,  la  chaîne   porte  lut  des  piles 

d'efpace. 

Il  y  a  auflî  des  chaînes  dans  les  villes  pour  fermer 
les  rues ,  Ôc  en  empêcher  le  pailagc ,  pour  le  bar- 
ricader dans  des  émeute-^  populaires.  C'eft  en  1 55(^5 
fous  le  Roi  Jean,  dans  la  révolte  des  Parificns  contre 
le  Dauphin  ,  que  les  Bourgeois,  pour  fe  mettre 
en  fureté ,  commencèrent  à  mettre  Se  à  tendre  des 
chaînes  dans  les  rues  de  Paris.  P>  Dan,  T.  I ,  f. 

En  termes  de  Géographie ,  on  appelle  chaîne  de 
monuignes  ,  une  grande  fuite  de  montagnes  atta- 
chées l'une  à  l'autre.  Continui  montes.^  L'Appcnnm 
eft  une  chaîne  de  montagnes  qui  divife  toute  l'Ita- 
lie.   La  chaîne  des  Alpes  tient  depuis  la  mer  Mé- 
diterranée julqu'au  Pont-Euxin. 
Chaîne  ,  en  termes  d'Arpentage ,  fe  dit  aufli  d'une 
certaine  mefure  compofée  de  pluOeurs  morceaux  de 
fil  de  laiton  ,  ou  de  fer ,  qui  icrt  à  arpenter ,  &: 
qui  a  de  gros  anneaux  au  bout  ,   où  l'Arpenrer.r 
fiche  fes  flèches.  Un  Arpenteur  a  toujours  un  compa- 
gnon qui  porte  fa  chaîne.    Chez  les  Auteurs  ,    la 
dtainc  eft  la  même  chofe  que  la  perche  ,  la  verije 
&c  la  corde  ,  que  les  Latins  ont  appelée  fiinîs  ,  cor- 
da ,   caiena ,  &  decempeda  ;  mais  elle  eft  fort  diffé- 
rente lelon  les  lieux. 
gCr  Chaîne,  dans  le  commerce,  fe  dit  auflTi  d'une 
certaine  mefure    taite  <i'une  chaîne  de  fer  divifée 
en  parties  égales,  &  qui  fsrt  pour  différentes  lbrt--s 
de  marchandifes;  Elle  eft  différente  fuivant  les  dif-! 
fércns  pays.  Le  bois  de  compte  à  Paris,  fe  mc;ui-c 
à  la  chaîne.  Voyez  Bois, 
Chaîne,  fe  dit  auiii  des  fils  étendus  en  long  fur  le 
métier  d'un  Tifferant   on    d'an  Tilfutier,  à  ttavfi's 
defquels  on   paife  la  tiame  portée  par  la  navctic 
pour   faire  de  la  toile  ,  du  ruban  ,  &  toute  forte 
d'étoffe.  Catella.  La  ch.dne  fait  la  longueur  de  l'é- 
toffe ,  &;  la  trame  fa  largeur. 
Chaîne  d'avaloîre.  Terme  de  Charretier.  C'eft  aipfi 
qu'on  appelle  la   chaîne  qui   eft   accrochée  au  li- 
mon. 
Chaîxe.  (la)  Contredanfe. 
CHAÎNE  AU.  Voyei  Chêne  Air. 
ChaÎneau,  [l'Inconnue)  t^  une  efpèce  de  poire. 
CHAÎNETIER.  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  &:  qui  vend 
des  agraffcs,  &  toutes  fortes  de  petites  chaînes ,  pour 
pend're  les  clefs,  pour  attacher  des  chiens  &  plu- 
fieurs  autres  inftrumens-,  fouricières ,  hameçons ,  &c. 
CateHariim  opîfe.x. 
CHAÎNETTE,  f.  f.  Petite  chaîne.    CateHa.  On  fait 
des    montres    avec    une    chaînette  ,    au    lieu    de 
corde. 

On  appelle  aufîî  chaînette  ,  la  partie  d'un  har- 
nois  de  chevaux  de  carroffe  qui  fert  à  les  faire  recu- 
ler, &  qui  confifte  eh  des  bandes  de  cuir  coullics 
les  unes  fur   les  autres,    qui  font  paffces  dans  un 
rond  de  cuir  au  bout  du  timon.    C'eft- un  terme 
de  Bourrelier. 
§Cr  Chaînette  ,   fe  dit  auiTt  chez  les   Eperonniers 
de  deux  petites  chaînes  placées  dans  le  bas  d'urt 
mors  pour  empêcher  les  branches  de  s'écarter  l'une 
de  l'autre. 
|Cr  Chaînette  ,  fe  dit  auffi ,  en  termes  de  Broderie , 
d'un  ornement  qui  fe  fait  au  iT!éci<?r  ou  à  l'aiguille 
ûiT  l'étoffe  ou  fur  la  toile.  C'eft  une  forte  de  lacs 
continue. 
Chaînette,  eft  auffi  un  terme  de  Rubanier  qui  R- 
gnifîe  un  petit  tiffu  de  ibie ,  qui  court  fur  toute 
la  rcte  de  la  frange.  Carella  .homhycina. 
CHAÎNON,  f.  m.  L'an  des  anneaux  ou  des  boucles 


CH  A 

qui  compofent  une  chaîne.  Catentz  annulus.  I!  fa.it 
raccommoder  un  chaînon  rompu  à  cette  chaîne. 
|t?  Les  "Vitriers  appellent  chaînons ,  des  vitres  dunt 
preique  toutes  les  pièces  paroiflent  liées  comme  les 
anneaux  d'une  chaîne. 
?Kr  CHAINOUQUAS.    Peuple   d'Afrique  dans    la 
Cafreric  ,  féparc  des   Coronas  à  l'occident  par  des 
montaçfnes.  Ils  ont  d'autres  Cafres  à  l'orient  &  au 
midi, "les  terres  du  Roi  de  Bixi  au  nord. 
CHAÏNS.  adv.  Ce  mot  veut  dire  céans,  il  eft  hors 
,       d'ufage. 

!  CHAINSE.  f.  f.  Vieux  mot.  Jupe  de  femme.  Clo^. 
des  Fuéf.  du  Roi  de  Nay. 
CHAIR,  f.  f.  Partie  de  l'animal ,  molle  &  fanguine , 
qui  fait  la  liaifon  2c  la  compofition  de  la  plupart 
des  parties  du  corps.  Caro.  Chaîr  dure  ,  tendre  , 
molle  ,  gralle  ,  maigre  ,  favoureufe ,  fucculcnte  ,  inli- 
pide,  éc.  Les  Médecins  diftinguoicnt  quatre  forces 
de  chairs  :  la  chair  proprement  dite ,  qui  eft  une 
partie  fanguine  &:  chaude  ,  telle  que  celle  des  miif- 
clcs  &  des  gencives  :  la  chair  des  entrailles ,  que 
quelques-uns  à^^eWcm  parenchyme  ,  amas,  ou.  af- 
f il  [ion  de  fang  :  la  chaîr  propre  à  chaque  partie  , 
qui  en  fait  la  liaifon  &  la  compofition  ;  &  la  chair 
clandukufe  ,    comme  le   pancréas.    Les  modernes 
ne  donnent  le  nom  de  chair  qu'aux  mufcles ,  qu'ils 
appellent  liraplcment  des  chairs  après  Hippocrate. 
Ils  le  donnent  audi  quelquefois  aux  glandes,  qu'ils 
nomment  chairs  glanduletifes ,   pour  les  diftinguer 
àç%  cluiirs  proprement  dites,  qui  font  les  mulcles. 
Pour  les  parenchymes,  &  les  chairs  propres  à  chaque 
partie ,  ils  ont  découvert  que  c'étoit  tout  autre  chofe 
que  ce  que  les  Anciens  penfoicnt.  Les  poumons  ne 
ibnt  qu'un  amas  de  véiicules  membraneufes,  dans 
leiqucUes  l'air   eft  reçu.  Le  cœur  eft  un  véritable 
mulcle  compolc  des  mêmes  parties  que  les  aucies. 
Le  foie  eft  un  affcmblage  de  glandes ,  où  la  bile 
fe  féparc ,  &  de  petits  conduits  où  elle  eft  reçue. 
La  rate  eft  un  amas  de  vcficules  remplies  de  iar.g, 
&  les  reins  font,  comme  le  foie  ,  un  affemblag    de 
glandes  qui  féparcnt  l'urine ,  &  de  petits  tuyaux 
par  où  elle  eft  portée  dans  l'entonnoir,  &  de  là 
dans  la  veffie  par  le  moyen  des  uretères.  La  lan- 
irue  eft  un  autre   mufcle  compoic   de   fibres  char- 
nues. L'hydropifie  qu'on  appelle  anarfacha  fe  fait 
des  eaux  qui  font  enfermées  entre  cuir  &:  chair.  Ni- 
cot  croit  que  ce  mot  vient  de  Vhchïcn  fcheer  ,  qui  fi- 
gninc  la  même  chofe. 

On  dit  qu'une  perfonne  eft  en  chair  ,  qu'elle  eft 
bien  en  chair  ,  quand  elle  eft  graHc  &  en  bon  point, 
Caro  fana,  opLm.i  ,  pinguîs.  On  le  ditauHî  des  ciie-^ 
vaux. 

En  termes  de  Fauconnerie,  on  dit ,  remettr.- en 
chair  un  oifeau  maigre.  Cet  oifeau  eft  bien  à  li 
chair ,  pour  dire  qu'il  chalfe  bien. 

Ow  appelle  chair  morte,    la   chair   cangrence  , 
mortifiée ,    pourrie  ,    ou  qui   fort  des  elc.-'.rres  des 
plaies  ,    laquelle  n'a  point  de  fentimcnt.  Caro  pu-  , 
trida,  vitiata ,  corrupta.  Chair  vive  ,  la  chair  faine 
&  qui  a  fentiment. 

On  dit  qu'un    homme  a  bonne  chair ,    quand 
étant  blelfé  en  quelque  endroit ,  la  chair  fe  reprend  c 
facilement  :  mauvaife  chair ,  quand  il  furvient  ton-  I 
jouts  quelque  humeur  maligne  qui  empêche  qu'elle 
ne  le  refeime. 

On  dit  qu'un  homme  eft  encore  en  chair  &.  en 
os,  pour  dire,  qu'il  eft  encore  plein  de  vie.  je- 
s^is-Christ  apparut  à  fcs  Difciples  en  chair  &  en 
os ,  c'eft-à-dire  ,  réellement  ,  &  corporellciricotj 
&  non  point  en  fpeclre  ni  en  efprit.  On  dit  a:i:;i 
des  corps  des  Saints  ,  qui  par  miracle  ont  été  con- 
fervés  entiers ,  qu'on  les  voit  encore  tous  entiers 
en  chaîr  U  en  os. 
Chapx,  (  Souillon  de)  en  termes  dé  Manège,  eft  une 
fuperfluité  ou  cxcrefcence  de  chaîr  qui  vient  àia 
fourchette  des  chevaux,  ou  à  côté  ,  qui  les  fait 
boiter.  Garnis  tumor. 
CrtAiR-,  fignifie  auffi  l;i  peau  &  le  teint.  Cutis.  Cette 
femme  a  la  chair  douce,  unie.,  blanche coram;  Ju 


CHA 

làtîn.  Cette  autie  a  la  chair  d'oiroh  ;  jpoui-  dîrè , 
rude  5  épaiife  &  grenue.  |G"  Ainfi  quand  on  dit  : 
voilà  une  belle  chair,  &  voilà  de  belle  viande  : 
on  dit  deux  chofes  bien  différentes.  La  première 
de  ces  expreflions  peut  être  l'éloge  d'une  jolie  fem- 
me ;  &  l'autre  efl:  cçlle  d'un  bon  morceau  de  betuf 
ou  de  veau  non  cuit.  Encyc. 

Chair   carrée   (la)   de    la    plante  du  pied»    Foye:: 

l'Accessoire  du  long  extenfeur  des  orteilles, 
DCr  Chair  ,  fe  dit  généralement  des  animaux  qui  fer- 
vent d'aliment  à  l'homme.  Chair  de  bœuf,  de  mou- 
ton. Chair  bouillie ,  rôtie.  Chair  fraîche ,  qui  eft 
nouvellement  tuée.  Caro  recens.  Chair  falée.  Chair 
■qu'on  file  pour  la  conferver  long-temps ,  telle  que 
celle  donr  on  charge  les  vaiiîeaux  dans  leis  voyages 
de  long  cours.  Caro  [alfa.  Chair  de  boucherie  ,\^ 
la  grofle  Viande  ,  bœuf,  mouton  &  veau.  Caro  bu- 
buLi  ,  vervecina ,  vitnlina.  Les  Antropophages  fe 
repaiflènt  de  chair  humaine. 

Le  Roi  Jean,  par  fon  édit  du  30  Janvier  135:0 
ordonna  aux  Bouchers  de  ne  vendre  que  des  chairs 
bonnes^  &  loyales ,  leur  défendit  de  les  garder  après 
être  tuées  plus  de  deux  jours  en  hiver ,  &  un  jour  & 
demi  en  été,  &  d'en  vendre  aucune  furfemée.Une 
ordonnance  du  Prévôt  de  Paris  du  14e  Septembre 
15 17  défend  que  la  même  perfonne  foit  Boucher  & 
Tavernier,  &  aux  Taverniers  de  tuer  des  beftiaux 
chez  eux ,  pour  en  vendre  les  chairs  ;  parce  que  ne 
les  débitant  que  cuites ,  il  y  a  beaucoup  de  défauts 
que  l'on  ne  pourroit  reconnoître.  Un  arrêt  du  Par- 
lement de  Touloufe  du  ^6  Mars  15:15  défend  aux 
Bouchers  de  vendre  des  chairs  morveufes  &  infec- 
tées. Le  Parlement  de  Paris  par  un  arrêt  du  29  Mars 
1 5  5 1  ,  porte  que  les  Bouchers  feront  tenus  de  four- 
nir les  Boucheries  chacun  jour  de  chairs  faines  , 
nettes  ,  &  non  coirompues ,  dnement  vilitées ,  fé- 
lon les  arrêts.  Par  fentence  du  Châtelet  du  20  Juil- 
let 1559  après  avoir  oui  les  Jurés  Bouchers,  qui 
dirent  qu'il  n'étoit  pas  bon  de  vendte  la  chair  le 
même  jour  qu'elle  eft  tuée,  mais  le  lendemain  -,  il 
efl:  fait  défcnfe  aux  Bouchers  d'expofer  en  vente 
les  chairs  chaudes,  à  peine  de  confifcation  &  d'a- 
mende. Voyei  M.  de  la  Marre  ,  Traité  de  la  Police  , 
Li\.  IF,  Titre  V ,  ch.  I,  où  rî  y  a  encore  d'au- 
tres Sentences  Se  Arrêts. 

U^F  Chair  conjtderée  comme  aliment ,  fe  dit  parti- 
culièrement des  animaux  terreftres  &  des  oifeaux. 
C'eft  pour  cela  qu'on  dit  qu'on  ne  mange  point 
de  chair  en  Carême. 

^fT  ChAir  blanche  ;  c'efl:  celle  des  chapons ,  des  pou 
lardes ,  des  dindons  &c  autres ,  dont  la  chair  efl:  vé- 
ritablement blanche.  Chair  noire,  celle  des  lièvres , 
des  bécajîès  5c  autres ,  dont  la  chair   efl:   toujours 
brune. 

Chair  ,  fe  dit  au/Ti  des  poifTons.  Caro  pifciiim.  Le 
brochet  à  la  c/zrti>  plus  ferme  que  le  barbeau  i  les  trui- 
tes faumonées  ont  la  chair  rouge. 

Chair  ,  fe  dit  aulFi  de  la  fubfl:ance  des  fruits.  Ce  me- 
lon a  la  chair  rouge  ,  a  une  belle  chair.  Caro  pepo- 
7ium.  La  c/z^nV  d'une  prune  ,  d'une  ccrife.  On  dit , 
une  chair  beurrée  &  fondante ,  quand  la  chair  fe 
fond  au/lltôt  dans  la  bouche.  Chair  cailante  ,  fe  dit 
des  poires  qui  font  fermes  fans  être  dures  :  chair 
pâteufe  ,  &c.  Une  chair  fine  j  une  chair  grofllère , 
farineufe ,  une  chair  tendie.  Liger.  Une  chair  co- 
riace &  dure,  fe  dit  de  cettaines  poires  qui  n'ont 
aucune  fineflê  ,  ni  délicateiTè ,  &  qu'on  a  de  la  peine 
à  avaler  ;  relies  Ibnt  le  catillac ,  les  double  fleur , 
les  fontarabie  ,  les  parmein ,  &c.  La  Q'jint.  Une 
chair  farineufe  ,  fe  dit  de  certaines  poires  qui 
font  mauvaifes  &  défagréables  au  goût.  Id.  Une 
chair  aigre.  Id.  Théophrafte  donne  aufli  aux  plantes 
leui  propre  chair  alentour  de  leurs  filamens. 

|CF  Le  mot  de  chair  a  un  rapport  à  la  compofition 
phyfique  de  l'animal  que  n'a  pas  celui  de  viande  : 
mais  le  mot  de  viande  porte  avec  lui  une 
idée  de  nourrirure  que  n'a  pas  celui  de  chair.  Ainfi 
l'on  dit  que  le  poiffon   &:  les  légumes  font  viande 


CHA 


de  Carême ,  &  que  la  perdrix  a  la  chair  Coulte  & 
tendre. 
fO"  Il  faut  encote  remarquer  que  le  Inot  de  viande 
fe  prend  dans  un  fens  plus  général  &  plus  abfl:rait 
que  le  mot  de  chair.  La  chair  de  poulet ,  de  per- 
drix ,  de  bécalfe ,  &c.  font  des  viandes  ;  mais  on 
ne  dit  pas  la  viande  de  poules ,  &c.  toute  viande 
fe  mange ,  toute  chair  ne  fe  mange  pas.  Tout  cela 
fe  trouve  renfermé  dans  l'idée  que  M.  l'Abbé  Gi- 
rard donne  de  ces  deux  mots. 

Mortifier  la  c-liair  ,  c'efl:  à  l'égard  des  opérations 
de  Chirurgie  ,  l'endormir  ,  l'engourdir  pour  dimi- 
nuer le  fentiment  de  douleur  quand  on  coupe  quel- 
que membre.  Carnem  jhpire.  A  l'égard  des  alimens  4 
c'eft  garder  la  chair  quelque  temps  avant  que  de  la 
manger  ,  pour  la  faire  trouver  plus  tendre.  Carnem 
teneram  facere  ,  reddere.  Et  à  l'égard  de  la  morale  i 
c'efl:   aflliger    fon  corps    par  plufieurs    aufl:érités  ^ 
comme  jeûnes ,  haires,  difciplines,  &c.  In  corpus', 
in  carnem  Jievire ,  infiiais  ultrb  doloribus  ,  carnem  j, 
corpus  affiigere. 
IJCr  Chair,  dans  l'Ecriture-Sainte ,  fe  dit  de  i'uriioili 
qui  efl:  entre  le  mari  &  la  femme.  Le  mari  &   la 
femme    font  deux  dans   une   même  chair.    Erunt 
duo   in  carne  una. 
|Cr  On  le  dit  encore  de  l'homme  &  de  tou*s  les  ani- 
maux vivans.  Toute  chair  efl:  arrivée  en  ma  prc- 
fence. 
UC?  Chair  ,    fe    dit   en  Théologie ,  en  parlant  des 
myflères  de  l'Incarnation  &  de' l'Euchaiifl:ie,  &  de 
la  Rélûrreétion. 
ifT  Le    verbe   s'eft  fait   chair.  Verbum  caro  faclunt 
efl  ,  c'efl:-à-dire.  J.  C.  a  pris  un  corps  humain  dans 
le  fein  de  la  Vierge. 
^fT  L'Eglife  Catholique  croit  que  le  pain  efl:  réel- 
lement changé  en  la  chair  de  J.  C.  dans  le  Sacre- 
m.cnt   de  l'Euchariflie.    On   mange    réellement   la 
chair  de  J.  C.  dans  la  fliinte  communion,  La  Ré- 
furreiSfion    de   la  chair  eft    un  article  de  foi  que 
nous  devons  croire. 
§3"  Chair  ,  en  ftyle  d'Ecriture -Sainte  &  en  morale  , 
fignifie  aufîi  concupifcence. 

C'eft  un  commandement  dé  la  Loi ,  (Euvre  de 
chair  ne  defireras  qu'en  mariage  feulement.  S.  Fran- 
çois fe  plongeoir  dans  la  heige  pour  dompter  les 
rébellions  de  la  chair.  Bail.  La  virginité  eft  un 
martyre  perpétuel  qui  combat  contre  les  aiguillons 
de  la  chair.  La  chair  eft  un  cheval  fougueux  3 
qu'il  faut  dompter  par  la  tempérance  &  par  le  tta- 
vail.  S.  EvR. 

Cette  chair  que  nous  avons  à  combattre ,  eft  une 
chair  fouillée  de  mille  défordres ,  une  chair  de  pé- 
ché, ...  La  chair  du  Fils  de  Dieu  n'avoir  rien  de 
tout  cela  -,  c'etoit  une  chair  fainte  &  fandlifiante , 
une  chair  fans  tache  toute  pure,  une' chair  plei- 
nement foumife  à  l'cfprit ,  c'étoit  la  chair  d'un  Dieu, 
BouRDAL.  Exh.  II, p.  9'2  ,  93.  Ce  que  S.  Paul  ap-  / 
pelle  les  œuvres  de  la  chair  ,  (  Galat.  V  )  font  les 
débauches  ,  les  impudicités ,  les  c]uerelles ,  les  diP 
fenfions,  les  envies.  Id.  p.  92.  Le  même  Apôtre 
appelle  prudence  de  la  chair ,  les  rufes  de  la  con- 
cupifcence de  de  l'amour-propre.  Les  defirs  de  la 
chair.  Oii  dit  aulli  au  même  fens  crucifier  fa  chair , 
c'eft  une  exprefllon  de  S.  Paul,  Gai.  V ,  ly.  Les 
cngagemens  de  la  chair  font  un  obftacle  invin- 
cible à  la  grâce  du  baptême.  Bouh.  Xav.  Livi 
III. 

Vous  êtes  donc  bien  tendre  à  la  tentation  ; 

Et  la  chdiïïfur  vos  fens  fait  grande  im.prejjion.  Moi, 

^fT  Chair  ,  fe  dit  encore  figurément ,  en  ftyle  d'é- 
criture ^  pour  défigner  l'humanité  &  les  foiblefles 
qui  l'accompagnent ,  l'homme  terreftre  &  animal , 
attaché  aux  fens  ,  fujet  aux  pafFions  &  aux  foi- 
bleifes  de  la  nature,  par  oppofition  à  l'homme  fpi- 
rituel  éclairé  par  la  foi.  La  terreur  d'un  ttaitement 
inhumain  ébranle  la  chair.  Patru.  Nous  portons 
par-tout  avec  nous  un  cœur  de  chair.  Id.  La  coa- 

D  d  d  ij 


^9^  CHA 

fiance  des  Evèqucs  les  élevoit  au-dc/Tus  des  infir- 
mités de    la  chair,   &  les  failbit  triompher  de  fa 
tbiblellc.  Herman.  Jesus-Christ  dit  à  S.Pierre, 
refprit  efl:  prompt  &:  la  chair  efl:  foible.  Les  gens 
du  monde  ne  raifonnent  que  fuivant  la  prudence 
de  la  chair.  L'cfprit  nous  élève  ;  mais  le  poids  de 
la  chair  nous  abbaifle.  Nicol.  Il  n'y  eut  point  dans 
fon  efprit  de  foiblefl'e  à  ménager  ;  la  chair  &  le 
fang  n'amollirent  point  fon  courage.  Fl.  Il  fe  mêle 
d'ordinaire    quelque    chaleur  aveugle  de  la  chair 
Se  du  lang  ,    à  l'ardeur  du  zèle.  Id.  Pour  les  ef- 
prits  de  chair  &  de  lang  il  faut  des  preuves  grol- 
fières  ,  parce  que  rien  ne  les  frappe  que  ce  qui  fait 
imprelilon  fur  leurs  fens.  Maleb.  Une  religion  qui 
a  foulé  aux  pieds  la  chair  &  le  fang  qui  lui  rcii- 
ftoient ,  ne  peut  s'être  établie  que  par  une  fuite  de 
miracles. 
^"  On  appelle  couleur  de  chair  ,  un  blanc  mêlé  d'un 
peu  de  rouge ,   une  certaine  couleur  rouge  pâle , 
qui  approche  de  la  couleur  de  la  chair  de  l'homme. 
Co/or  cxprejjam  ad  vivum  carnem  referens. 
0Cr  En  peinture  on  dit ,  bien  de  chair ,  en  parlant  des 
piarties  nues  d'une  figure  fmiplement  deflinée  -,  pour 
en  exprimer  le  tendre  &  la  moUelfe  :  &:  en  parlant  du 
coloris   d'un  bras,  d'une  cuifle  ou  de  quelqu'autre 
partie  ,  conliderée  en  particulier  ,  on  dit  que  cette 
partie  eft  d'une  belle  chair-,  ou  de  belle  chair  ,  pour 
dite  que  la  couleur  en  imite  très-bien  la  couleur  na- 
turelle de  la  chair.  Voye^  au  mot  Carnation  la  dif- 
férence qui  fe  trouve  entre  ces  deux  mots. 
^fT  Chair,  en  termes  de  Tanneurs,  Corroyeurs,  &c. 
lignifie  le  côté  de  la  peau  qui  touchoit  à  h.  chair  de 
l'animal  quand  il  étoit  vivant.  L'autre  côté  s'appelle 
■feur.  Donner  une  façon  de  chair  ,  c'eft  la  préparer, 
la  travailler  du  côté  de  la  chair. 
Chair,  fe  dit  proverbialement    en  ces  phrafes,  rire 
entre  cuir  &  chair  ■■,  pour  dire ,  intérieurement ,  & 
fans  qu'il  en  paroifle  rien  au-dehors.  On  dit  aulîi , 
que  la  chair  nourrit  la  chair  ;  pour  dire  ,  que  les 
meilleurs  alimens  font  les  viandes.   On  dit  aufli  , 
jeune  chair  bc  vieux  poiflbn -,  pour  dire  ,  qu'il  faut 
manger  certains  animaux  quand  ils  font  Jeunes,  &: 
les  poiflbns  quand  ils  font  vieux. 

Le  vin  nouveau  fait  animer 

Plus  l'efprit  que  vieille  hoiffon  , 

Et  puis  fon  n'oit  lien  ejlimer 

Q^ue  jeune  ch^iiù  vieux  poijfon.  Marot, 

On  dit  que  la  chair  la  plus  près  des  os  eft  la  plus 
tendre.  On  dit  au  contraire ,  qu'il  n'y  a  point  de 
belle  c/za/r  près  des  os-, pour  dire  qu'une perfonne 
maigre  n'eft  jamais  belle.  On  dit  aulli  d'un  homme 
caché  ,  dont  on  ne  connoît  point  ni  les  mœurs ,  ni 
le  génie  ,  ni  la  profefîlon  ,  ou  qui  n'efl:  bon  à  rien  , 
qu'^^onne  fait  s'il  eft  chair  ou  poidbn.  On  dit  auflî 
à  ceux  qui  veulent  maltraiter  quelqu'un  ,  ou  le  faite 
trop  travailler  ,  prenez  garde  ,  il  eft  de  chair  &  d'os 
comme  vous.  On  dit  d'une  petfonne  fort  grolfe  , 
&  fans  efprit ,  que  c'eft  une  pièce  de  chair ,  que 
ce  n'eft  qu'une  grofle  maffe  de  chair.  On  appelle  , 
chère  de  Commiflaire  ,  chair  &  poiflbn  ,  un  repas 
où  il  y  a  des  fervices  gras  &  maigres.  On  appelle 
vendeurs  de  chair  humaine ,  ce  qu'on  appelle  aufîi 
Racoleurs.  Voyez  ce  mot.  On  le  dit  aufli  de  ceux 
qui  font  commerce  de  proftituer  des  femmes.  On 
dit  d'un  homme  aflalTmé  &  blelfé  de  plufieurs  plaies 
qu'on  l'a  haché  menu  comme  chair  à  pâté. 
Ce  mot  vient  du  latin  caro  ,  du  grec.  «0/«?. 
On  a  dit  Car  ,  puis  Char,  Les  Chars  falées  dans 
Joinville.  Il  fe  conferve  encore  dans  Charogne.  En- 
fuire  adouciflant  la  prononciation,  on  aditCAer, 
que  l'on  a  écrit  Chair  pout  éviter  de  le  confondre 
avec  Cher ,  carus, 
CnAiR-A-DAME.f.  f.La  Chair-à-Dame  eft  une  e(p_èce 
de  poire  que  la  Quintinie  dit  être  des  madvaifes , 
&  fe  inani^cr  au  mois  d'Août. 
CHAIR  CUITIER.  Foyei  Charcuitier, 
■^  CHAIRE,  f.  £  Ce^not  eft  fynonime  de  fiège  ,  Ca- 


CHA 

tfiedra.  Mais  on  ne  le  dit  au  propre   que  dans   les 

phraics  fuivantes. 
ffr  Chaire,  fe  dit  en  pailant  du  fiège  qu'un  Evêque 

a  dans  fon  Eglife  Cathédrale  au  haut  du  Chœur.  Se- 

des  Pontijicia.  L'Evêque  étant  dans  fa  chaire  donna 

la  bénédiiition  ai.  peuple. 

Ce  mot  vient  de  «.««t/pa,  qui  vient  du  gtec  x*«;- 

|oftai ,  Jedeo. 
SfT  C'elt  du  mot  cathedra  ,  chaire ,  fiège  émincnt  que 
tous  les  Evcques  font  en  droit  d'avoir  dans  l'Eglife 
principale  au  haut  du  Chœur,  que  ces  Eglifes  font 
appelées  Cathédrales. 
Chaire,  lignifie  aulTi ,  le  lieu  émincnt  d'où  un  Prédi- 
cateur annonce  la  parole  de  Dieu  au  peuple.  5«^^- 
g,efius ,  fuggejtum.  C'eft  encore  le  lieu  d'où  les  Ré-i 
gens,  &  les  Proteilêurs  enl'eignent  les  Sciences  à 
leurs  écoliers.  C'eft  ordinairement  un  fiège  élevé  de 
menuilerie.  Cathedra ,  pulpitum  ,  Juggejius ,  fugge- 
lium.  Dans  cet  article  &  le  fuivant  on  dit  chaire 
plutôt  que  chaife.  Vaug. 

Avoir  la  chaire  d'une  Cathédrale,  d'une  Paroifle 
c'eft  être  nommé  pour  y  prêcher.  On  m'a  donné  la 
chaire  de  Notre-Dame.  Ce  Prédicateur  a  eu  toutes 
les  bonnes  chaires  de  Paris.  Le  P.  Rapin  &:  M.  l'Abbé 
de  Brettcville  ont  fait  des  Traités  &:  Réflexions  fut 
l'éloquence  de  la  c/ziî/re-,  c'eft-à-dire  iùr  l'éloquence 
qui  convient  à  un  Prédicateur.  Nous  avons  de  M.  dé 
Fénclon  des  Dialogues  fur  l'éloquence  en  général  j 
&  fur  celle  de  \-xChaire  enparticulicr.il  y  a  aufli 
les  maximes  fur  le  miniftère  de  la  chaire  par  le  P» 
Guèchiès.  Eloquentia  J'acra.  Tel  monte  en  chaire 
lans  autre  talent,  ni  vocation,  que  le  befoin  d'un 
bénéfice.  La  Bruy.  La  chaire  ne  demande  pas  la 
dernière  exactitude ,  &  les  Prédicateurs  ont  leurs 
licences  auffi-bien  que  les  Poètes.  Bouh.  Le  mot  de 
Fortune  doit  être  banni  de  la  c/i^z/r^,  parce  que  cela 
fent  trop  la  fable  Scie  Paganifme. Id* 

Je  ne  t' arrite plus  ,  vapricher  ^  monte  fTzéhaire  i 
Sans  relâche  au  péché  va  déclarer  la  guerre.  Vill. 

Chaire  au  figuré,  fe  dit  du  fiège  Apoftolique.  5'faf.'/ 
ApoJioHca.  On  dit  en  ce  fens  la  chaire  Apoftoliquei 
Le  Pape  eft  aflisdansla  chaire àc  S.Pierre. 

La  chaire  as  S.  Pierreà  Rome.  La  chaire  de  Si 
Pierre  à  Antioche.  On  appelle  ainfi  les  Fêtes  qui  fe 
font  en  l'honneur  des  trnnflations  des  fiéges  de  l'E- 
glife par  S.  V\cv:s.Cathedra  Sancti  Pétri. Noyczles 
Notes  de  M.  Châtelain  fur  la  chaire  de  S.  Pierre  à 
Rome  ,  Martyr.  18  Janv.  Il  y  remarque  que  dans 
l'ancien  Rit  Gallican,  qui  dura  jufqu'au  IX'  ficelé 
cette  fête  fe  cclébroit  en  France ,  &  étoit  même 
une  fête  particulière  de  France  ,  ce  qui  peut  paflêt 
pour  une  preuve  de  l'attachement  parriculict  de  l'an- 
cienne Eglife  de  France  pour  le  S.  Siège.  Fuyc:^ 
auffi  les  Notes  dû  même  Auteutfur  \^.  chaire  Ac  S. 
Pierre  à  Antioche,  où  il  remarque  que  les  plus  an- 
ciens Martyrologes  ont  ces  deux  tètes; celle  de  Rome 
le  18  de  Janvier  ,  qui  eft  le  premier  jour  que  puiilè 
arriver  la  Septuagéfime  •,  &  celle  d'Antioche  le  zi 
de  Février  ,  qui  eft  le  plus  tard  que  la  Septuagé- 
fime puiflc  fe  rencontrer.  C'eft  pourquoi  quelques 
Ritualiftes  ont  nommé  ces  fêtes  les  Clefs  de  la  Septud- 
séJïme.Ldi  dernière  a  été  auffi  nommée  S.Pierre  du 
Fcjlin ,  dit  Beleth ,  parce  qu'elle  fut  établie  pour 
abolit  la  coutume  qu'avoient  les  Payens  d'apporter 
à  manger  fur  les  rombeaux  de  leurs  parens  vers  h 
fin  de  Février  ,  &  q.u'elle  avoir  été  établie  pour  ho- 
norer le  Pontificat  de  S.  Pierre  ,  foit  d'Antioche , 
foit  de  Rome. 

Chaire,  fe  dit  encore  figurcment  de  la  prédication, 
du  droit  qu'on  a  d'enfeigner  dans  une  chaire,  & 
du  talent  qu'on  a  pour  y  réuffir.  Eloquentia  Chrif- 
iiana.  La  profonde  érudition  a  trop  de  féchercflé 
pour  la  chair ,  où  il  faut  de  la  pompe  Se  des  fi- 
gures. Bayl.  La  facilité  de  parler  eft  un  des  princi- 
paux talens  pout  la  chaire.  Le  P.  d'Orl.  Cet  liomme 
a  de  grandes  qualités  pour  la  chaire;  pout  la  pré- 
dication -,  pofleder  le  talent  de  la  chaire. 


G-ttA 

\Avec  moins  de  talens  vinp  Abbés  onï  priclié. 
Que  la  chaire  aportéjujques  à  L'Eviché,        Vill. 

1^  Chaire,  fe  dit  encore  fîgurcment  de  la  fonrdlion 
d'un  ProfclTeur  public.  Le  Grand-Aumônier  nommoit 
autrefois  aux  chaires  Aç.%  Profefleuts  Royaux.  C'clt 
aujourd'hui  le  Roi  qui   les  donne. 

IJCF  Quelques   chaires  font  mifes  au  concours ,  à  la 
difpute,  pour  dire  qu'on  les  donne  à  celui  qui   en 
I  cfl:  juffc  le  plus  di<^ne. 

(CHAIRE  CURULEt  Foje^  Chaise. 

%fT  CHAISE,  f  f.  Siège  qui  a  un  dos  contre  lequel 
on  peut  s'appuyer ,  &  quelquefois  des  bras.  Sella , 
cathedra.  Chaife  de  paille.  Chaife  à  bras.  Alors  on 
dit  ordinairement  fauteuil.  Les  femmes  qui  préten- 
dent à  la  Principauté  ,  croient  avoit  remporté  une 
grande  vidoire  quand  elles  n'ont  prefenté  qu'une 
chaife  à  dos  à  une  femme  de  qualité  qui  les  aura 
yifitées,  tandis  qu'elles  ont  été  afilfes  dans  une  chaife 
à  bras.  Cail. 

Une  chaife  de  commodité^  c'eft  nnc  chaife  Aont 
le  doHier  fe  haufîe  &  s'abaiflè  par  le  moyen  d'une 
crémaillère ,  &  fur  laquelle  on  peut  dormir  com- 
modément. Sella  percommoda,  fupina  in  delicias 
cathedra. 

|C?  Chaises,  dans  les  chœurs  de  certaines  Eglifes, 
ce  fonr  des  lièges  de  menuifcrie,  qu'on  appelle 
audi  formes,  plus  communément //^z/A-j,  où  les  Ec- 
cléfiaftiques  fe  placent  pendant  l'office.  Suhfellium. 
Les  hautes  chaifes  Ibnt  les  ficges  du  rang  d'en-haut 
où  font  placés  les  Chanoines  qui  font  dans  les  Or- 
dres. Les  baffes,  fonr  les  fièges  du  rang  d'en-bas , 
où  font  placés  les  autres  Chanoines  &  les  Officiers 
du  chœur.  Majora  &c  minora ,  Summa  &c  ima  fub- 
fellia.  ^ . 

^3"  Chaise  percée ,  mieux  que  chaife  tout  court. 
C'eft  ainli  qu'on  appelle  une  chaife  dans  laquelle 
on  fait  des  nécelfités  naturelles.  Sella  familiarica. 
Aller  à  la  chaije  percée.  Chez  le  Roi  on  l'appelle 
chaife  d'ajjaires. 

|t3°  Chaise  percée  à  Rome  ,  fur  laquelle  on  élève  le 
Pape  nouvellement  élu.  Les  Protcftans  ont  lait  fur 
cette  cérémonie  plufieurs  plaifanteries  auifi  froides 
que  dénuées  de  vraifemblance.  Ils  en  ont  attribue 
l'origine  à  l'aventure  de  la  prétendue  PapeOe  Jeanne 
ecàlanéceinrédeprendredes  précautions  à  l'avenir 
pour  s'alfurer  du  fexe.  Boile&  Blondel ,  tous  deux 
Proteftans ,  ont  fuffifamm.ent  démontré  l'abfurditc 
de  ce  conte  à  leurs  confrères.  Quant  à  cet  ufage , 
il  y  en  a  une  raifon  myftéricufe  rapporrée  par  le 
P.  Mabillon.  C'eft  dit-il,  pour  appliquer  au  nou- 
veau Pape ,  pofé  fur  cette  chaife ,  ces  paroles  de 
l'Ecriture  ,  que  Dieu  tire  le  pauvre  de  la  pouiTîère 
&  de  l'ordure  ,  fufcitans  à  terra  inopem  &  de 
fiercore  erigens  pauperem  ,  &cc.  afin  de  lui  faire  fentir 
le  néant  des  grandeurs. 

Chaise  de  Régenr  ou  de  Prédicateur.  Foy^^  Chaire. 
On  ne  dit  plus  aujourd'hui  chaife  en  ce  fens. 

Chaise  curule ,  étoit  un  liège  d'ivoire  qu'on  plaçoit 
fur  un  char ,  &  fur  lequel  étoient  afîis  les  premiers 
Magiftratsde  Rome  ,  &c  ceux  à.  qui  on  décernoit  les 
honneurs  du  rriomphe ,  comme  les  Confuls,les  Cen- 
feurs ,  les  Préteurs,  les  Ediles  qu'on  appeloir  Curuks. 
Sella  curulis.  Sur  les  médailles  ,  la  chaife  cu- 
rule mar-que  la  Magiftrature  à  laquelle  étoit  attaché 
le  privilège  de  s'y  aiîèoir. 

Chaise,  lignifie aulfi  une voirure  pour  aller  aiTîs  &  à 
couvert  tant  dans  la  ville  qu'à  la  campagne.  Sella 
gejlztoria. 

^  On  appelle  chaife,  chaife  \  porteurs,  un  fiège 
fermé  &  couvert  dans  lequel  on  fe  fait  porter  par 
deux  hommmes  avec  des  bricoles  fur  leurs  épaules. 
A  Verfailles  il  y  a  des  chaifes  de  places  ,  des  chaifes 
à  porteurs.  Plulieurs  parriculiers  onr  auffi  leurs 
chaijes.  Chaife  à  porteurs ,  porteurs  de  chaifes.  Où 
font  mes  porteurs? 

IJC?  On  appelle aufli  c;^d//i  une voirure  légère,  rraî- 
neepar  un  cheval ,  quelquefois  deux.  On  le  dit  auiTi 


Gh  A 


S  y 


d'une  voiture  pour  une  ou  pour  deuic    fierfonrc 
Monrer  dans  fa  chaije.  Defcendre  de'  chaife,  Uiaiu 
de  polie.  Chaife  roulante.  "^ 

Chaise  ,  en  termes  de  Charpenterie,  fe  dir  de  quatre 
pièces  de  bois  fur  lefqucUes  eft  allife  la  ca^c  d'un 
mouhna  vent,  &  ilir  lelquelks  elle  tourne^par  le 
moyen  de  la  queue.  On  appelle  auffi  chaife  d'un 
clocher ,  l'aflemblage  de  charpenterie  llir  lequel  cfl 
alîile  ou  poféela  cage  d'un  clocher. 

Ondirauffi  chaife  de  roue.  C'eft  fur  quoi  k  roue 
des  Couteliers  cft  pofée. 
Chaise  ,  en  termes  de  Fiefs ,  fe  dit  en  partage  de 
Fiet  noble,  de  quatre  arpens  de  rerre  qui  fonr  au- 
tour d'un  château  hors  les  folfés ,  qui  appartiennent 
al'amépar  préciput:ce  qu'on  appelle  à  Paris,  le 
vol  du  chapon.  Natalium prœrogativusfundus  ,  pnv~ 
rogativum  prœdium.  Voyez  la  Coutume  de  Tours. 
On  dit  proverbialcmenr  ,  quand  on  voir  un  itrnô^ 
rant  afîis  dans  une  chaife ,  que  ce  font  les  Armoi- 
ries de  Bourges ,  une  âne  dans  une  chaife.  Les  Di- 
ver fîtes  curieufes  ont  voulu  deviner  l'origine  de  ce 
proverbe.  On  y  lit  que  Céfar  s'étant  rendu  maître 
de  Bourges ,  il  y  érablit  Gouverneur  un  Officier  Ro- 
mam  appelé  AliniusPollio  :  la  ville  fut  enfuite  af- 
liégée  par  les  Gaulois  ;  tandis  que  le  Gouverneur 
étoit  malade:  comme  la  ville  alloit  être  emportée 
dans  un  aifaut  que  les  Gaulois  donnèrenr,  Alînius 
le  fir  porter  en  chaife  poin  animer  fcs  troupes  par 
la  préfcnce  ,  ce  qui  lui  réuffit  ;  le  bruit  s'étant  ré- 
pandu qu'Afinius  s'étoit  fait  porter  en  chaife.  Jfnius 
in  cathedra.  Les  Romains  reprirent  de  nouvelles 
forces,  &  chaflerent  les  Gaulois  :  dans  la  fuite  d'^- 
finius  in  cathedra  on  a  fait  ajinus  in  cathedra 
CHAISE-DIEU.  Cafa  Dei.  La  Chaife-Dicu  eft  liné 
pente  ville  de  France  dans  la  balle  Auvergne  ,  & 
du  Diocèfe  de  Clermont ,  fur  la  Senoire.  L^Abbaye 
de  la  Chaife-Dieu  de  l'Ordre  de  S,  Benoît  fut  fon- 
dée au  milieu  du  onzième  fiécle, 
CHAISNE.  Voyei  Chaîne. 
CHAISNEAU,  ouCHESNEAU.   /^(?y^{  ChaÎneau. 


CHAISNETTE. 

CHAISNETIER„ 

CHAISNON. 


Koye:^ 


l 


CHAÎNETTE. 

CHAÎNETIER. 

CHAÎNON, 


CHA-JUS.  Vieux  mot.  Ici-bas  Foyei  Jus. 

CHAL.  f  m.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire ,  Chevalier , 
Eques.De  Chai  on  a  formé  Sénéchal,  comme  qui 
diroit  fenior  Eques  ;  c'eft  le  fentiment  de  Borel. 

§cr  CHALABRE.  Petite  ville  de  France,  au  pays  de 
Foix,  Diocèfe  de  Mirepoix  ,  fur  la  rivière  de  Lers. 

§C?  CHALADE.  Abbaye  de  France ,  Ordre  de  Ci- 
teaux  ,  Diocèfe  de  Verdun  ,  frontières  de  Lorraine 
&  de  Champaççne. 

IfT  CHALAMONT.  Petite  ville  de  France  dans  la 
Principauté  de  Dombes,  fur  les  confins. 

CCr  CHALANÇON.  Petite  ville  de  France ,  au  bas 
Languedoc,  Diocèfe  de  Viviers, 

CHALAND,  f  m.  Bateau  plat,  de  moyenne  grandeur  , 
dont  on  le  fert  pour  amener  à  Paris  les  marchandifes 
qui  defcendenr  par  la  rivière.  Cymba.  On  appelle 
bateaux  Marnois ,  ceux  qui  font  conftruirs  vers  la 
fource  de  la  Marne  -,  la  forme  des  Marnois  eft  plus 
courre,  mais  plus  large.  Chaland  (c  ait  plus  parti- 
culièrement des  bateaux  de  la  Loire  qui  font  fore 
légers  ,  &  qui  vont  à  la  voile  ,  qui  ne  font  bâtis 
que  de  planches  ericoututées  l'une  fur  l'aurre  , 
jointes  à  des  pièces  de  liûres  qui  n'ont  ni  plats- 
bords,  ni  matières,  pour  les  tenir  fermes.  Ce  font 
ceux  qui  viennenr  par  le  canal  de  Briare.  Il  y  en 
a  de  douze  toiles  de  long  ,de  dix  pieds  de  large  ^ 
quarre  pieds  de  hauteur  de  bord. 

Ce  mor ,  félon  Borel ,  vienr  du  grec  xS^«f ,  qui 
fignifie  lignum.  Mais  félon  Du  Cange  ,  il  vient  du 
grec  yrxà^^^o': ,  qui  croit  une  efpèce  de  petite  Galcte 
qui  alloit  à  rames.  Ugurio  dir  qu'on  l'a  appelée  ce 
landria  ,  quia  currit  velociter  in  'i^^if,  c'eft-à-dire  , 
aqua.  On  l'a  appelée  danslabafle  latinité  ,  chelaU" 
dium  ,  chelandrium ,  chelindrus  &  falanira. 


3^8 


C  H  A 


CPI-A 


CHALAND.  AN  DE.  f.  f.  Celui  ou  celle  quîa 
coummc  d'acheter  à  une  bouiique  chez  un  même 
Marchand.  Apud  eunuLm  emtor  ajjiduus.  Aivaitor. 
Le  plus  grand  lecret  du  commerce,  c'eftde  lavoir 
bien  entrcrenir  les  chalands.  Le  marchand  a  les 
c/rrtAwi/^ ,  l'Ouvrier  a  les  pratiques. 

^fT  On  le  prend  quelquefois  limplcment  pour  ache- 
teur. Un  nouveau  chaland.  Attirer  les  chalands, 

Nicot  croit  que  ce  mot  vient  du  grec  «:«Aa  ,  voco , 
parce  que  les  Marchands  ont  coutume  d'appeler 
leurs  chalands, 

Ghaland  ,  fe  dit  au  figuré  &  par  raillerie  ,  pour  li- 
gnifier celui  ou  celle  qui  va  Ibuvent  en  de  certains 
Fieux ,  pour  fe  divertir  d'une  manièrp  qui  tient  un 
peu  du  libertinage.  Ses  fœurs  n'ctoient  pas  alors  en 
âge  de  lui  donner  des  c/zizAz/2t/j-;  toutes  maintenant 
font  o-randes ,  &c  en  la  fleur  de  leur  jeunelfe.  Patru. 
On  appelle  pain  chaland,  le  gros  pain  que  les 
Boulangers  de  la  ville  fournilfent  aux  bourgeois 
leurs  chalands ,  à  la  différence  de  celui  qu'appor- 
tent les  Boulangers  de  dehors  pour  vendre  au  pre- 
mier venu.  Ce  pain  eft  fait  d'une  pâte  forte,  qu'on 
pétrir  avec  les  pieds.  Il  efl  blanc ,  haut  de  mie  &: 
gros  de  croiite.  Il  n'y  a  guère  que  les  pauvres  gens 
de  Paris  &  des  fauxbourgs  qui  mangent  du  pain 
ch.iLind.  Panis  fcciindarius.  D'autres  croient  qu'on 
appelle  ce  pain  chaland,  à  caufe  qu'il  venoit  par 
des  bateaux  nommés  chalands ,  comme  il  en  vient 
encore  de  Corbeil ,  de  Ville-neuve-faint-Georges  , 
&c.  En  ce  fens  chaland  eft  adjeélif. 

CHALANDISE.  f.  f.  Concours  de  perfonnes  qui  vont 
acheter  dans  une  même  boutique,  &  ont  habitude 
d'acheter  chez  le  même  ïnzxcXiznA.Affïdiwrum  empto- 
riimconciliatio,  concurfus.  Depuis  que  ce  Marchand 
m'a  trompé  ,  je  lui  ai  ôté  ma  chalandife.  Ce  qui  lui 
a  attiré  tant  de  chalandife  ,  c'eft  qu'il  vend  de  bonnes 
étoffes.  Ce  mot  eft  vieux  -,  8c  n'eft  plus  guère  d'ufaae. 

|C?  CHALAOUR.  Ville  de  l'Indouftan",  fur  la  route 
de  Surate  àAçra,  entre  Amandabad  &  Agra. 

f:?  CHALARÔNNE.  Rivière  de  France.  ^Calarona. 
Quelques-uns  l'appellent  Chalarine.  Elle  a  fa  fource 
au  grand  étang  de  Joyeu ,  paffe  à  Villars ,  à  Cha- 
relar ,'  à  Châtillon ,  6c  fe  perd  dans  la  Saône  auprès 
de  Toiffcy. 

CHALASIE.  f.  f.  Terme  d'Oculifte.  Maladie  de  l'œil , 
relâchement  des  fibres  de  la  cornée.  Chalajis.  Les 
bords  externes  de  la  cornée  &  de  l'iris  s'enrretou- 
chent  dans  leurs  extrémités  ;  mais  dans  la  maladie 
appelée  Chalajîc,  ces  deux  membranes  ne  s'entretou- 
chenr  point ,  le  cercle  de  la  cornée  étant  plus  re- 
hauflé,  en  forre  qu'on  peut  entrevoir  le  jour  aux 
bords  mêmes  où  la  cornée  fe  joint  à  l'iris.  La  vue 
eft  prefque  détruite ,  &  cet  accident  eft  accompagné 
de  la  maladie  oculaire  que  les  Grecs  nomment 
Hippos,  qui  eft  une  palpitation  ou  un  trémoulfement 
de  l'iris.  Woolhouse. 

CHALASTIQUE.  adj.  (  Remède  )  Epithète  que  l'on 
donne  à  des  remèdes,  qui  ont  la  propriété  de  ra- 
mollir &  de  relâcher  les  parties,  lorfqu'ellcs  font 
tendues  jufqu'à  caufer  de  la  douleur  :  tels  font  la 
graiffe,  le  beurre ,  l'œfipe,  &c.  ft^"  On  prononce 
Calafiiqnes.  Cet  adj.  peut  fe  prendre  fubftantivcment, 
faire  ufage  des  chalafliques. 

Ce  mot  vient  du  grec  xixa.ù'  ,f  amollis. 

CHALAZOPHYLACÈS.  Voye^  Calazzophylaces. 

CHALCEDOINE.  (Prononcez  Calcédoine')  plufieurs 
même  l'écrivent  ainfi.  Chalcidon,  Tire  -  Live  dit 
Chalcedonia.  Ancienne  ville  de  Bythinie,  vis-à-vis 
de  Byzance  ,  aujourd'hui  Conftantinople ,  fur  la 
côte  orientale  du  Bofphore.  Chalcédoine  fut  bâtie , 
félon  quelques-uns,  par  les  Mégariens,  dix-huit 
ans ,  dit  M.  de  Fleury ,  après  la  fondation  de  By- 
zance ;  mais  il  fe  trompe ,  c'eft  dix-fept  ans  avant 
Byzance,  c'eft-à-dire  ,  l'an  de  Rome  8o  ,  &  ,  comme 
il  ajoute ,  la  z^  année  de  la  i6<:  Olympiade.  D'au- 
tes  difent  que  ce  ne  fut  que  148  ans  après  Rome  , 
ôc  par  conféquent  ^i  ans  après  Byzance  ;  mais 
cela  n°  s'accorde  point  avec  ce  que  l'on  rapporte , 
Q)ie  l'Oracle  l'appelle  la  vUla  des  Aveugles ,  parce 


•qiie  les  Fondateurs  n'avoient  pas  choifi  la  belle 
lituation  qui  étoit  vis-à-vis  a'cux  ,  &:  eu  depâs 
fut  bâti  Byzance.  Car  fi  Byzance  eût  déjà  étd  bâti, 
comment  pouvoicnt-ils  choiiir  cette  lituation  î  Chai" 
cédoine  fut  dans  la  fuite  une  ville  Archiépifco- 
palc.  Le  IVc  Concile  général  s'appelle  le  Concile 
de  Chalcédoine  ,^iiïcs  qu'il  y  fut  tenu  en  451,  Ce 
Concile,  compofé  de  61,0  Evêques ,  auquel  préfi- 
doicnt  les  Légats  du  Pape  Saint  Léon ,  Palcha-» 
finus ,  Lucentius  &  Boniface,  condamna  Eutychès 
&  Diofcore.  Le  P.  Lucchcfini  ,  Jéfuite  Italien,  a 
écrit  l'hiftoire  de  ce  Concile. 

Chalcédoine  s'appela  d'abord  Procérafte ,  Proce-' 
rajtis  ,  enfuite  Compulé  ,  Computa  ,  ou  ,  comme 
lit  Pintianus,  Colpoélfe  ,  ColpoaJJe.  Quelques  mo- 
dernes l'appellent  Caceline  ,  Cacelina;  &  d'autres 
difent  que  c'eft  Scutari  \  mais  ils  fe  trompent.  Les 
Turcs  la  nomment  Caliirieu,  Voyez  Ortelius , 
Petr.  Gillius  De  Bofph.  Thr.  L.  III,  c.  10,  le 
yoyage  de  Con(tantinople  de  Grelor ,  èc  VItiné-> 
raire   de  Bulbeq. 

Chalcédoine,  félon  Denys  le  Géographe,  étoit 
fituce  fur  une  rivière  de  même  nom  ;&  félon  Arriea 
&  Ménippe  ,  c'eft  de  ce  fleuve  qu'elle  prit  Ion 
nom.  Le  même  Arrien  dit  que  le  fleuve  fut  ainli 
nommé  de  Chalcédon  fils  de  Saturne ,  &  que  ce 
font  les  Doriehs ,  qui  y  ayant  conduit  une  colo- 
nie ,  donnèrent  à  la  ville  le  nom  du  fleuve.  D'au- 
tres difent  qu'elle  tira  fon  nom  d'un  fils  du  Devin 
Chalcas  ;  &  d'autres  de  Chalcide  ,  ville  d'Eubée, 
qui  y  envoya  une  colonie. 

CHALCEDOINE.  f  f.  (Quelques-uns  difent  Charù- 
daine)  eft  une  efpèce  d'agathe-onix  ,  d'une  couleuf 
tirant  fur  le  jaune  ,  ou  fur  le  bleu  ,  qui  eft  propre  à 
être  gravée.  Chalcedonius  lapis.  C'eft  aufîî  l'agathe 
blanche  des  Anciens.  On  en  trouve  aulîi  des  noirâ^ 
très ,  mais  l'azurée  eft  orientale  ,  &  la  meilleure  de 
toutes. 

ffT  Cefalpin  veut  que  la  Chalcédoine  foit  l'onix  blan- 
che :  mais  ce  n'eft  ni  l'une  ni  l'autre.  La  Chalcédoine 
fe  diftingue  par  une  eau  bleue  ,  &  l'orientale  eft 
de  couleur  de  chair.  Cette  pierre  eft  de  peu  de  va- 
leur, étant  extrêmement  neigcufe. 

ffF  Belon  dit  qu'elle  eft  fi  commune  parmi  les  Turcs  j 
qu'elle  leur  fert  à  battre  le  blé.  C'eft  une  e^tagé- 
ration. 

CHALCEDOINEUX ,  EUSE.  adj.  Terme  de  Jouallier, 
qui  fe  dit  d'un  défaut  qui  fe  trouve  en  plufieurs 
pierres  précicufes,  quand  en  les  tournant  on  apperçoit 
quelques  marques  ou  taches  blanches ,  comme  celles 
de  la  chalcédoine ,  Chalcedonius.  C'eft  une  épithère 
qu'on  donne  particulièrement  aux  rubis  &  grenats, 
quand  il  s'y  trouve  quelque  couleur  de  lair  mêlée  qui 
diminue  beaucoup  leur  prix.  On  chève  les  grenats 
&  rubis   pour  leur  ôter  la  chalcédoine. 

CHALCEDONIEN ,  ENNE.  adj.  Chalcedonius,  a.  Qui 
eft  de  Chalcédoine,  qui  appartient  à  la  Chalcé- 
doine. Prononcez  .Calcedonien,  L'Océan  Chalcêdo- 
nien.  On  appeloit  ainfi  autrefois  la  partie  de  la 
mer  qui  étoit  vis-à-vis  ôc  à  la  hauteur  de  Chalcé- 
doine. 

CHALCÉES.    Voye^^  Chalcies. 

CHALCIDE.  (Prononcez  Calcide.)  Chalcis,v\\\e  de 
Syrie  ,  fituée  près  du  Liban.  Elle  donnoit  fon  nom 
à  une  région  ou  Province  dont  elle  étoit  capi- 
tale ,  &  que  l'on  nomme  aulTi  Chalcidicc. 

CHALCIDICE.  Pays  de  Syrie ,  qui  prenoir  fon  nom 
de  Chalcide,  qui  en  étoit  la  capitale.  Chalaodice, 
Ce  pays  étoit  au  pied  du  Liban  du  côté  du  midi. 
C'étoit  un  petit  Etat  dont  nous  connoiifons  au 
moins  quelques-uns  des  Souverains,  qui  font  Pto- 
léméc  ,  fils  de  Mennée  ;  Philippion  fon  fils  &  fon 
fucceffeur -,  Lyfanias ,  frère  de  celui-ci,  &  autre  fils 
de  Ptolémée.  Agrippa  I  la  demanda  à  l'Empereur 
Claude,  à  titre  de  Royaume,  pour  Hérode  fon  frère. 
Il  fut  refufé.  Après  la  morr  d'Hérode,  fils  d'Arifto- 
bule  ,  l'an  48  de  Jefus-Chrift  ,  le  même  Empereur 
la  donna,  avec  titre  de  Royaume  ,  à  Agrippa  II. 
Quatre  ans  après  Claude  la  lui  ôta.  Je  trouve  néan- 


C  H  A 

moins  dans  Jo/cphe,  DeBelh  Jud.  !ib.  Fil,  c.  VIII, 
§  I,  qu'Hérode,  (ils  d'Aïiftobiile,  fut  Roi  de  Chal- 
cidc  ou  de  la  Clialcidice ,  &  que  ion  iils  Aiifto- 
bule  lui  fucccda. 
CHALCIDIQUE.  i".  m.  (  Prononcez  Calcidique.)  Salle 
grande  &:  lltperbe.  Chalcidicum.  Fellius  l'appelle 
i^halcedoiduin  ,  mais  peut-être  cil  -  ce  une  rautc. 
■Vitruve,  /iv.  F,  ch.  i  -,  Aufbne ,  Hygin,à  la  i^^;- 
bU  184  -,  Arnobe ,  liv.  111  &c  liv.  IF,  diient  Chalcidi- 
cian  Les  Chalcidiques  ctoienc  de  grandes  &  magni- 
fiques ialles  qu'on  ajoutoit  aux  palais,  comme  on 
l'a  tait  encore  en  des  iiccles  poftcrieurs ,  ainli  qu'il 
paroît  par  les  grandes  l'allés  des  palais  de  Paris , 
de  Vannes  &:  de  Bourges.  Si  le  terrain  que  vous 
avez  pour  bâtir  cft  trop  long  ,  dit  Vitruve ,  vous 
bâtirez  au  bout  un  chalcidiqiie.  Je  voudrois  bien  , 
dit  Arnobe ,  voir  vos  Dieux  &:  vos  Déciles  pêle- 
mêle  dans  vos  grands  chalcidi.pus,  6c  dans  ces  pa- 
lais du  Ciel.  On  écrit ,  dit-il  ailleurs,  que  vos  Dieux 
tbnt  leurs  fedins  dans  de  grandes  lalies  à  manger 
qui  Ibnt  aux  Cieux,  &  dans  des  chalcidi.jues  tous 
d'or. 

Feftus  dit  que  cette  cfpcce  de  bâtiment  avoit  pris 
fon  nom  de  la  ville  de  Chalcis ,  mais  il  ne  die  point 
pourquoi  Philandre  dit  que  c'étoit  un  édifice  dans 
lequel  la  Cour  des  Monnoies  avoit  fon  tribunal  -,  & 
qu'il  avoir  pris  fon  nom  de  ;t«-'"">«5  airain,  ma- 
tière de  la  monnoie,  &  cte  4/>-.);,  jiilUce  ;  mais  cela 
eft  faux ,  il  auroit  l'accent  fur  l'antcpénultièmc  , 
&  non  pas  fur  la  dernière.  D'autres  le  dérivent  de 
deux  mots  grecs ,  ;is«A«i ,  hron:^e ,  airain ,  &  axa , 
maifon  ;  &  ils  diienr  qu'on  frapoit  la  monnoie  dans 
cesmailbns-là  ,  qui  étoicnt  ce  que  nous  appellerions 
Hôtels  de  la  Monnoie.  Mais  que  deviendroit  l'o 
de  elxoç  ?  Comment  l'accent  feroit-il  fur  la  der- 
nière î  Comment  la  pénultième  feroir-clle  brève  ? 
Pour  former  un  nom  de  x.'^à'-h  ^  '^^  ''"'■"i  ■>  ii  ^^it 
dire  ^''■^''■"'•y-o^  ,  Calciczcus ,  &  comme  on  l'a  dit 
effeôtivement  pour  Minerve ,  dont  c'eft-là  une  des 

CpithctCS,    A<-)HNH    XAy^KIOlKaz. 

Il  y  a  eu  une  contrée  de  Macédoine,  une  de  Syrie  ,  & 
une  de  Perlé  ,  tiui  portoient  le  nom  de  Chakidiqiu. 
En  ce  fens,  il  eft  féminin. 

CHALCIES,o«  CHALCÉES.  f.  f.  pi.  terme  de  My- 
thologie. Fêtes  célébrées  par  les  Athéniens ,  en 
mémoire  de  ce  que  l'art  de  mettre  le  cuivre  en  œu- 
vre avoit  été  tiouvé  à  Athènes.  Ce  mot  vient  du 
grec  >  «Aiiàç ,  C  uivre  ,  airain. 

CHALCIGECÎES.  f.  f.  pi.  Fêtes  de  Lacédémone ,  où 
les  jeunes  gens  venoienc  tout  armés  pour  facrifîer 
à  Minerve  Chalciœcos. 

CHALCIS.  Chalcis.  Nom  qu'a  porté  l'Eubée  ,  & 
qu'elle  avoit  pris  de  fa  capitale, qui  le  portoit  auiTi , 
de  même  qu'une  ville  de  Syrie.  On  dit  que  la  Chalcis 
d'Eubce  fut  ainli  appelée  ,  parce  que  c'eft  le  premier 
endroit  où  l'on  ait  trouvé  de  l'airain ,  y^ù.iM; ,  en 
grec. 

Les  Anciens  nommoient  cette  ville  Chalcis ,  comme 
Combé,  fille  d'Alopus,  à  qui  l'on  donne  ce  furnom, 
parce  qu'en  cette  ville  d'Eubée  elle  avoit  inventé 
la  première  fabrique  des  armes  d'airain.  En  ce  temps- 
là  elle  éioiv  fi  confidérable ,  que  la  querelle  qu'eu- 
rent fes  Habitans  avec  les  Erythréens  leurs  voilîns , 
partagea  tous  les  peuples  de  la  Grèce  :  ils  prirent 
les  armes  pour  les  uns  ou  pour  les  autres-,  &  une 
de  leurs  colonies  fous  la  conduite  de  Teuciès  fut 
fuffifmte  pour  peupler  l'île  de  Naxos.  Du  Loir, 
pag.  199. 

CHALCITIS.  f.  m.  Efpèce  de  minéral  qui  efl:  rouge 
comme  le  cuivre  ,  friable  &  non  dur ,  ayant  des 
veines  jaunes  &c  luifantes  au-dedans.  Chalcitis.  Il  a 
le  goût  du  vitriol  :  il  fe  fond  au  feu  3  lorfqu'on 
le  met  feul  dans  un  crcufet,&:  le  diflbut  aifément 
dans  les  liqueurs  aqiieufcs.  Il  y  a  deux  autres  mi- 
ncr.iux  appelés  Mify  &c  Sory ,  qui  font  fort  lémbla- 
blcs  au  chalcitis.  Toute  letir  différence  ne  coniifte 
que  dans  la  ténuité  ou  groifièreré  de  leur  fubftance. 
Ils  fe  trouvent  tous  trois  dans  les  mines  de  cuivre, 


&:  même  ils  fe  changent  avec  le  temps  l'un  en  l'au 


'au-  I 


C  H  A  ^99 

tre.  Lefory  a  les  parties  les  plus  gtolTièrcs;  lec/iu/- 
citis  vient  après,  &  enfuire  le  mijy,  dont  les  par- 
ties ibnt  les  plus  tenues.  Le  miJy  fe  forme  fur  le 
chalcitis,  comme  le  verdet  fur  le  cuivre  ;  c'en  eft  pro- 
prement la  rouillure.  Le  chalcitis  le  forme  de  la 
même  manière  ilir  lefory.  On  trouve  ces  trois  iortes 
de  minéraux  en  Allemagne.  Le  chalcitis  eft  un  des 
ingrédicns  de  la  thériaque  :  on  a  courume  de  lui 
iubitituer  le  vitriol  calciné.  Ces  trois  minéraux  ibnt 
cauftiques  &  eicarrotiques  i  c'eft  pourquoi  on  ne  les 
donne  point  intérieuremenr.  Par  la  même  raifon 
bien  des  gens  voudroient  qu'on  retranchât  le  chal- 
citis de  la  thériaque. 

CHALCOGRAPHE.  f.  m.  Cœlator  ,fcalptor ,  f^  Pro- 
noncez Calcograpke  ,  fuivant  l'éthymologie  ,  Gra- 
veur en  airain  ;  mais  on  le  dit  généralement  de 
tous  Graveurs  fur  métaux.  Melan,  Edelinck,  Nan- 
teuil ,  &c.  étoient  de  fameux  Chalcographes.  Le  P. 
Lelong  dit  que  Rémi  Capitain  avoit  fait  graver 
pluiieurs  portraits  par  Jacques  Debic ,  célèbre  Chai- 
cographc.  On  lit  dans  le  Diélionnaire  de  Moreri  que 
Cailot  fut  un  des  plus  habiles  Calcographes  de  fon 
temps ,  &  Jacques  Debie  lui-même  prend  le  titte 
de  Clidlcographe  à  la  tête  de  ics  vrais  portraits  des 
Rois  de  France  tirés  de  leurs  monumens ,  &  de  fes 
familles  illuftrcs  de  la  France  par  les  monumens  des 
Médailles,  Ce  mo> vient  de  xa-^Ms ,  airain,  cuivre  ^ 
&  î-««.?>4.  ,  je  grave. 

ffT  CHALCOPYRITE.  Elpèce  de  Pyrite  où  il  fe 
trouve  des  parties  cuivreufes. 

CHALDAÎQUE.  adj.  m.  &  f.  La  langue  -chaldaljue. 
Chaldaïca  lingua.  On  dit  auflî  fubftantivement'  le 
chuldaïque ,  en  ibus-entendant  le  langage.  La  Para- 
phrale  chaldaique,  qu'on  appelle  en  langage  de  P.ab- 
bin  ,  le  Targum  ,  Paraphrajis  chaldaica.  Para- 
phrafte  chaldaique ,  c'eft  l'Auteur  d'une  paraphrafe 
chaldaique.  Il  y  a  dans  la  Polyglotte  d'Angleterre 
trois  paraphrafes  chaldaïques  ;  celles  d'Onkelos , 
une  de  Jonathan  fils  d'Uziel,  &  celle  de  Jérufa- 
lem.  On  attribue  auîfi  à  Jonathan  celle  qui  eft  fur 
les  Livresque  les  Juifs  nommeni  Prophètes.  Foyej^ 
fur  les  Paraphrafes  chaldaïques  Walton ,  dans  fon  Xlle 
Prolégomene ,  Se  VHiJloire  critique  de  l'Âne.  Tejla- 
ment ,  Liv.  Il ,  ch.  18. 

Ximénès  entreprit  de  faire  travailler  à  une  nou- 
velle édition  de  la  Bible,  qtti  contînt  pour  l'Ancien 
Teftament ,  le  Texte  hébreu  ,  la  Vulgate  ,  la  Verfion 
grecque  des  Septante  traduite  en  latin,  &  la  Para- 
phrafe ckalda'que ,  avec  une  Verfîon  latine.  Fi.éch. 

Chaldaique.  (Période)  Foye^   Période. 

CHALDLE.  Chaldiza.  Ancienne  province  de  l'Afie  » 
qui  occupoii  la  partie  de  la  Méibpotamie  la  plus 
bailé  &■  la  plus  proche  du  confluent  du  Tigre  &  de 
l'Eaphrate,  6c  qui  s'étendoit  encore  au  midi  juf- 
qu'au  détroit  Perfquc,  entre  les  défcrts  de  l'Arabie 
au  couchant ,  6c  le  Tigre  à  l'ovient.  La  capitale  de 
la  Chaldce  ctoit  Babylone  ;  de-là  vient  que  la  partie 
méridionale  de  cette  province ,  au-dcfibus  de  la  Mé- 
ibpotamie, ou  même  la  Chaldée  toute  entière,  eft  fou- 
vent  appelée  Babylone.  On  l'appelle  aujourd'hui 
Yorak  Arabi.  Foye:^  les  étymologies  du  mot  Qial- 
dcen.  Dans  le  rcxte  original  de  l'Ecriture,  le  pays 
n'a  point  d'autre  nom  que  celui  du  peuple ,  comme 
beaucoup  d'autres. 

Quelques-uns  voudroient  retrancher  Mh  des  mots 
Chaldée  ,  6c  Chaldéen ,  en  faveur  de  la  pronon- 
ciation.^ 

CHALDÉEN.  f.  m.  Se  dit  des  perfonnes  6c  du  lan- 
gage.  Chahhius.  Le  chaldcen  ,    les  Chaldéens. 

Chaldéen.  (  Miifel)  Titre  du  Miffel  des  Maronites  , 
qui  eft  en  langue  chaldaique  ou  fyriaque ,  6:  qui 
a  été  imprimée  in-folio  à  Rome  ,  en  cette  langue  , 
l'an  îî 91.  Ce  Miffel  contient  douze  Méfiés  ou  Li- 
turgies, fous  les  noms  de  faint  Jacques, de  faint 
Pierre,  de  faint  Jean,  des  faints  Apôtres ,  &c.  Foye^ 
le:  Remarques  fur  le  chapirre  vingt-quatre  du  Foyage 
du  P.  Jérôme  Dandini  au   mont  Liban. 

Chaldéen  ,  enne.  f.  m.  §c  ï.  Peuple  liabitant  la  Chal- 
dée, Chaldizus,  En  hébreu  ou  en  chaldéen  ,  les  Chai- 


4 


oo  C  H  A 

^«/2^  font  appeUcs  ChafcUns -,  DiTt-o  pint:'3  ,  Phi- 
Ion  ,  dans  l'es  Gloles  ou  Interprétations  des  noms 
hébreux ,  interprète  ce  mot  fipsvTEi?  ,   î  ftiifoi  >  ^  <^'' 
Jlaifiiu^ ,  c'eft-à-dirc ,  félon  l'interprétation  de  Saint 
Jérôme,  Vi  dizmoues  vel f^roas ,  ou  plutôt  Devins , 
ou  Mages,  ou  comme  Démons.  Ce  Pcre  fuit  encore 
ailleurs  le  fentiment  de  Philon,  &  dit  que  perfonne 
ne  doute  que  ChaUeen   lignihe  Dimon,  Cela    fup- 
pofé ,  il  eft  clair  que  Philon  &  Saint  Jérôme  ont 
cru  que  ce  nom  hébreu    étoit    compofc   d'un  3, 
marque  de   limilitudc ,  ou  de  rcdcmblancc',  &  de 
fchedim ,    qui  lignihe  Dcmons ,    S<:  vient    de   ll'CJ , 
fckalad ,  ravager  i  &  le  v  ou  s  ,  s'ell  changé  en  /, 
comme  le  d  dans    Ulyfîe.   Mais  il  eft    bien   plus 
probable  que  ces  Peuples  ont  été  ainlî  appelés  de 
"lun,  Cajed ,  ou  Chejcd  ,   dont  -il  eft  parle,   Gen. 
XXII.  Dans  ces  premiers  temps ,  toutes  les  Nations 
portoient  le  nom  de  leur  Fondateur.  Saintjérome  eft 
de  ce  fentiment  dans  fes  Qucftions  hébraïques ,  & 
Bochart.  Dans  ce  fentiment,  il  faut  dire  que  ,  quand 
l'Ecriture  fe  fert  du  mot  Chaldisn  avant    le   temps 
de  Chefed,  fils  de  Nachor ,  c'eft  une  anticipation, 
ou  prolepfe.    On  pourroit  dire  auifi  que   ce  nom 
leur  venoit  peut-être  de  quelqu'autre  Chcfcd ,  plus 
ancien  que  le  fils  de  Nachor.  D'autres  croient  que 
ce  nom  vient  de  celui  d'Arphaxad,  père  des  Chdl- 
^'enj ,  comme  le  dit  Jofeph^',  Amiq.  Jud,  Liv.  I, 
ch.  -j,  que  ce  nom ,  dis-je ,  en  vient  par  apocope , 
c'eft-à-dire  ,  en  retranchant  le  commencement  al- 
pha-^  refte  en  hébreu  "(Zij^  d'où  confondant  le  3, 
ou  c,  &  ■<t- ,  ouj,  en  uni,  ou  x -,  les  Grecs  ont 
fait  Ap-^ialàS,  Jrpha.xad.  Ce  fentiment  eft  de  tous 
le  plus  vraifemblable. 

Les  Chaldccns  pailbient  dans  l'i^ntiquité  pour  les 
inventeurs  de  l'Aftronomie,  &  ils  croient  fort  adon- 
nés non-feulement  à  cette  fcience ,  mais  encore  à 
l'Aftrologie ,  à  la  Devination ,  &c.  C'eft  pour  cela  que 
que  Clu-ldeen  ,  dans  l'Ecriture  &;  dans  les  Auteurs 
prorancs ,  eft  la  même  chofe  que  Mathématicien, 
Aftrologue  ,  difeur  de  bonne  aventure ,  faifeur  d'ho- 
rofcope,  magicien,  comme  on  le  peut  voir,  dans 
Daniel,//,  2,4,5,10,  IF,  j-yV,-',  n  -,  dans  Cicé- 
ro«  ,  De  Diiui ,  lib.  1  ,n.  1,  ■'■^i,  &  ht.  Il ,  n. 41,  87, 
£c  Lit.  II ,  /2.  41 ,  87,  &:  Lié.  I.  Tujcul.  ijuœJL  n.  95. 
Strabon,  Liv.  FI;  Aulu  -  Celle ,  Liv.  /  ,  ch.^,  & 
Liv.  XIF,ch.  I-,  Suétone,  dans  Vitellius ,  c/^.  14-, 
Saint  Jérôme ,  fur  Daniel ,  ch.  \i  ;  Javen.  Sut. X, 
verj:  94. 
Ch  ALDÉEN  ,avec  l'article  défini ,  lignifie  la  langue  chai  - 
daïque,  que  parloient  les  Chaldéens.  Chuldaica  lin- 
Sua.  Le  chaldcen  eft  un  dialcdte  de  l'hébreu.  Un 
Auteur  qui  écrivoit ,  il  y  a  quelques  années  en  Hol- 
lande, une  Dilfertation  fur  ces  Médailles  (5^OTan- 
tainss) ,  s'eft  imaginé  y  trouver  du  cha/d^eri.  P.  Souc. 
Diffère,  fur  les  Médailles  Hcbr.  Il  lignifie  aulîî  quel- 
quefois le  Paraphrafte  Chaldaïque  ;  c'eft -à- dire, 
Onkelos ,  quand  on  parle  du  Pentateuque  ;  &  Jona- 
than, s'il  s'agit  des  autres  Livres  de  l'Ecriture:  car 
pour  Jonarhan  fur  le  Pentateuque  &  le  Pataphrafte 
de  Jérufalcm ,  il  ne  faut  point  les  appeler  fimple- 
ment  ^  abfolument  le  chaldeen.  Le  chaldeen  paroït 
à  plulieuts  Chrétiens  8:  Juifs  convertis  fournir  des 
preuves  de  la  diftindHon  des  perfonnes  en  Dieu,& 
marquer  la  féconde  par  le  mot  XiOQ  ,  verbe. 

Chaldeen,  ENNi,  eft  aulTi  adj.  Chaldaïque,  qui  ap- 
partient aux  Chaldéens ,  ou  à  la  Chaldée.  Chaldtcus  , 
Chaldaicus.  Strabon  rapporte  qu'il  y  avoit  deux 
Sedcs  parmi  les  Philolbphes  Chaldéens  ;  les  Or- 
chènes ,  &:  les  Borfippènes.  La  langue  chaldéenne. 

fer  CHALDRON.    Mefure    d'Angleterre.    Foye^ 

Ci^ATIDRON. 

CHALEMÊE.  Vieux  f  f.  Flûte,  chalumeau.  Tibia, 
calamiis. 

CHALEMEL.  f.  m.  Calamus,  Ce  mot  s'eft  dit  autre- 
fois pour  chalumeau ,  comme  ormel  &c  mantel  pour 
ormeau  Sc  manteau.  De  chalemel  on  en  fait  chale- 
meler  ,  pour  dire  ,  jouer  de  la  fiiits,  du  chalumeau  ; 
ce  v-crbs  n'eft  plus  en  ufage. 


C  H  A 

CHALEMELER.  v.  a.  Vieux  mot.  Faire  danfer  au  Ipn 
de  la  flûte. 

Et  tint  un  JTeflel  de  rojiaux , 
Si  chalemoit  les  dan:^aux. 

CHALEMELLE.  f.  f.  Vieux  mot.  Flûte,  chalumeau. 
Tibia,  calamus. 

CHALEMIE.  f.  i.  Flûte  champêtre ,  chalumeau ,  ef- 
pèce  de  mufettc.  C'eft  plus  proprement  ce  qu'on  ap- 
pelle cornemuj'e.  Fajioritius  calamus.  La  chalemie  eft 
ditrerente  de  la  cornemuj'e ,  en  ce  qu'elle  n'a  point 
de  bourdon.  Ce  mot  n'eft  en  ufage  que  dans  le 
burlefquc. 

Ains  ejl  couru  voir  la  folennité. 

Et   a  foune  fa  flîue   &  chalemie 

Tout  à  ion  loi-,  honneur  &  disnité. 

Marot. 

UCr  CHALENTON.  Ville  de  France,  en  Auvergne, 
félon  quelques    Arias.  Ville  imaginaire. 

CHALET,  f.  m.  C'eft  ainfi  que  les  SuiUes  nomment 
certains  bâtimens  bas  ,  qui  fe  trouvent  répandus 
dans  les  montagnes  de  Griers ,  uniquement  deftinés 
à  faire  des  fromages. 

CHALEUR,  f.  f.  Ip-  On  peut  confidérer  la  chaleur 
comme  l'eftet  que  produit  en  nous  un  corps  chaud , 
&;  fous  ce  point  de  vue  c'eft  une  perception ,  une 
modification  de  notte  ame  occafionnée  par  l'adion 
du  corps  qu'on  appelle  chaud ,  qui  ne  peut  avoir 
rien  en  lui  de  lémblable  à  cette  fenfation  de  l'ame. 
Ou  bien  comme  une  qualité  qui  conftitue  le  corps 
chaud  ,  &  qui  le  rend  propre  à  exciter  dans  nos  or- 
ganes la  fenfation  de  chaleur.  Caler. 
gC?  On  peut  définir  la  chaleur,  un  fentiment  qui 
rélulte  de  l'aclion  &  du  mouvement  des  petits 
atomes  de  feu  qui  agilfent  fur  les  corps,  &  qui  en- 
trent dans  leurs  pores.  Quand  nous  fentons  la  cha- 
leur du  feu  ,  c'eft  que  nous  fentons  de  petits  atomes 
de  feu  qui  fe  détachent ,  &  qui  viennent  fraper  nos 
fens  :  fie  elle  eft  d'autant  plus  violente ,  que  ces  cor- 
pufcules  font  en  plus  erand  nombre  ,  &  plus  agités. 
Si  l'on  expofe  au  feu  ,  un  vafe  rempli  d'eau  , 
vous  verrez  cette  eau  s'échaufler  &  bouillir,  aullî- 
tôt  qu'un  grand  nombre  de  particules  ignées  aura 
communiqué  .à  fes  globules  fenfibles*&  infenfiblcs 
le  mouvement  dont  elles  font  animées.  On  fait 
fondre  les  métaux  les  plus  durs ,  en  les  plongeant 
dans  quelqu'une  de  ces  liqueurs  où  le  feu  fe  trouve 
en  grande  abondance,  telles  que  font  l'eau  forte, 
l'eau  régale.  Quand  on  veut  communiquer  de  la 
chaleur  aux  corps  Iblides  les  plus  froids ,  on  n'a 
qu'à  les  jetter  dans  le  feu.  Bientôt  leurs  pores  feront 
remplis  de  particules  ignées.  Une  infinité  dexpé- 
riences  de  cette  nature  donne  lieu  aux  Phyficiens 
de  conclure  que  l'on  doit  regarder  le  feu  comme  la 
vraie  caufe  de  \^  chaleur. 

%fT  Ce  feu  eft  répandu  également  partout ,  &  il  exifte 
en  égale  quantité,  dans  toutes  lespatties  de  l'efpace  ; 
mais  il  eft  caché  &  imperceptible  ,  &  ne  fe  découvre 
que  par  les  eifcts  qu'il  produit;  effets  qui  dépendent 
de  certaines  circonftances  qui  concourent  enfemble, 
dont  la  première,  &  la  plus  eiîentielle,  eft  que  ce 
feu  également  répandu  partout ,  foit  amalïé  &  réduit 
dans  un  plus  petit  efpace.  On  a  cru  que  les  grandes 
chaleurs  de  la  zone  roriide  la  rendoient  inhabitable. 
jEjlus.  Les  pointes  &  les  imaginations  de  Séneque 
fcntenf.in  peu  \ï  chaleur  d'Afrique.  S.  Evr.  La  cha- 
leur du  Soleil  aux  jours  les  plas  froids  de  l'hiver  eft 
égale  à  celle  des  jours  les  plu".  chauds  de  l'été:  Ce 
qu'on  a  prouvé  avec  le  miroir  de  la  Bibliothèque 
Royale;  parce  qu'il  fait  audi-bien  en  hiver  qu'en 
été  cet  Ci'fet  fucprenant ,  de  vitrifier  les  pierres  &les 
briques  en  peu  de  temps. 

La  chaleur  du  Soleil  en  été  eft  afîez  fotte  pour 
échaufer  une  barre  de  fer  de  fix  pieds  de  longueur , 
&  la  rendre  plus  longue  qu'elle  n'étoit  en  hiver, 
ayant  été   expofcc   â  la  gelée ,  de  deux  tiers  de 

ligne. 


/ 


C  HÀ 

ligne,  comme  Je  l'ai  reconmi  par  une  expérience 
trcs-cxaCte  que  j'en  ai  faite  autrefois.  De  la  Hire, 
Acad  des  Se.  1705.  Mim,  p.  io8. 

Vers  les  tropiques ,  les  chakurs  font  plus  grandes 
que  vers  la  ligne.  De  la  Hirej  Acad,  des  Se.  1703  ^ 
p.  Z93. 
1^  Selon  plufieurs  Phyficiens ,  la  chaleur  n'efl:  point 
une  propriété  originairement  attachée  à  une  elpèce 
de  corps  particuliers,  mais  une  propriété  méchanique 
que  l'on  peut  produire  dans  un  corps  par  un  cer- 
tain mouvement  d'extenfion,  violent,  rapide  &  erl 
tout  fens ,  communiqué  aux  parties  infcnlibles  de  ce 
corps.  Qu'un  ouvrier  lime  un  morceau  de  1er,  la  li- 
me &  le  morceau  de  fer  deviennent  excefîivement 
chauds.  Cependant  on  ne  voit  rien  là  qui  puilîe  pro- 
duire cet  effet,  que  le  mouvement  violent  &  en  tout 
fens  imprimé  aux  parties  infenlibles  par  lesfrottemens 
réciproques.  Quand  l'eau  devient  chaude  fur  le  feu, 
ce  mouvement  devient  feniible  à  proportion  du 
degré  de  chaleur ,  &  quand  elle  devient  bouillante  , 
cette  agitation  devient  encore  plus  fenfible  ,  par  les 
ondulations,  par  le  bruit,  par  les  vapeurs  qui  en 
forcent,  &€. 

En  Médecine  on  diftingue  deux  fortes  de  chaleur  ', 
Il  naturelle,  qui  efl:  le  principe  de  la  vie  des  ani- 
maux -,  &:  l'étrangère ,  qui  leur  arrive  par  accident , 
bu  de  dehors,  comme  par  les  remèdes,  par  les  ali- 
mens  :  &  c'efl:  celle  qui  caufe  les  maladies ,  &  fur- 
tout  la  fièvre.  Dansl'émotion  de  la  crainte,  lefang  & 
la  chaleur  fc  retirent ,  &   accourent  au  fecours  du 
Cœur.  Flech.  Chaleur  vitale ,  efl;  la  même  chofe  que 
chaleur  naturelle.  La  chaleur  vitale  fe  trouve  dans 
les  animaux  tandis  qu'ils  font  en  vie. 
Chaleur  fe  dit  figurément  ^fT  pour  paffion   vive, 
ardeur,  zèle  empreffé,  grande aftél:ion,  &c.  Ardens 
jiudium.  Cet  homme  fert  fes  amis  avec  beaucoup  de 
chaleur.  Il  va  à  l'aflaut ,  parle ,  difpute  avec  beaucoup 
de  chaleur.  La  peifualîon   qui  frappe  l'efprit  dure 
davantage ,  parce  que  la  raifon  dure  toujours,  & 
ce  qui  touche  le  cœur  fe  perd  à  mefure  que  la  cha- 
leur de  la  paillon  s'éteint.  P.  Rap.  Les    Pères  ont 
pouffé  avec  beaucoup  de  chaleur  &  de  feu  les  ma- 
tières qu'ils   avoient  à  manier ,  quelquefois  ils  ou- 
trent un  peu  les  chofes.  Le  zèle  ne  doit  pas  être  une 
chaleur  aveugle.  Vill.  Il  y  a  des  gens  que  la  contef- 
tation  échauffe  &  qui  tirent  de  leur  efprit  plus  qu'ils 
n'y  trouveroient  fans  cette  chaleur.  Pasc.  Quand  on 
propofe  fes  fentimens  avec  trop  de  chaleur  ,  on  les 
rend fufpeéts  de  paillon.  NicoL.  Une  heurcufe  cAa- 
/e2^r  anime  fes  difcours.  Boil.  Toute  la  chaleur  que 
la  Religion  femble  nous  infpirer  quelquefois,  cette 
chaleur  dont  nous  ofons  nous  faire  un  mérite  aux 
yeux  de  Dieu ,  c'eft  à  nos  pallions  que  nous  la  devons  ; 
&  ce  mérite  dont  nous  fommesfi  fiers  eft  peut-être 
un  crime.  Il  avoir  tant  de  chaleur  à  la  guerre,  qu'elle 
l'empêchoit  de  faire  des  réflexions.  S.  EvR. 
]^  On  dit  figurément  dans  la  chaleur  de  la  difpute  , 
dans  la  chaleur  du  combat,  dans  la  chaleur    de  la 
compofition  ,   pour  dire  dans  le  fort  du  combat, 
6-c.  Qui  eft  cçluiqui ,  dans  la  chaleur  de  la  Viétoire , 
confîdère  le  nombre  ?  Vaug. 
§Cr  Chaleur  fe  dit  encore  au  figuré  pour  un  mouve- 
ment de  colère  qui  dure  peu-,  &  en  général ,  pour  un 
mouvement  prompt  Ô£  pafTager  d'une  paillon  qui  eft 
attribuée  à  Tâge  &  au  tempérament.  MJîus,  impetus, 
ardor.  On  dit  en  ce  fens  chaleur  de  foie.  Il  a  eu  que- 
relle avec  fon  ami  -,  mais  ce  n'étoit  qu'une  chaleur  de 
foie.  ExprelHon  du  difcours  familier.  Pour  excufcr 
un  Jeune  homme  ,  on  dit  que  c'eft  la  chaleur  de  l'âge 
qui  lui  a  fair  commettre  une  faute  :  &  en  parlant 
d'un  homme  fait ,  on  dit  que  fes  grandes  chaleurs 
font  palfées,  pour  dire  que  l'âge  a  ralenti  fes.palfions. 
Deferhuit  adolefcentia. 
Chaleur  fe  dit  aulll  de  l'ardeur  qu'ont  les  femelles 
des  animaux  en  certains  temps  pour  rechercher  le 
m.âle  -,  comme  des  chiennes,  des  chates ,  des  cavales , 
des   élcphans,   &c;    Chienne    en   chaleur.    JEjius 
veneris. 

'     On  dît  proverbialement,  Couvrez-Vous,  îacA«/êar 
Tome  II. 


e 


H 


40 


vous  eft  bonne  j  à  ceux  qu'on    taxe    d'incivilité  i 
quand  ils  mettent  leur  chapeau  àcontre-t.mps. 

La  Baie  des  Chaleurs.  Elle  eft  ^3"  dans  la  Nou- 
Velle-France ,  &  fair  partie  du  Golfe  de  Saint  Lau- 
rent. Elle  eft  lîtuée  au  fud-oucft  du  Gafpé,  &  à  l'oueft 
&  oueft-nord-oueft  du  banc  des  Orphelins. 
Ip-  CHALEUREUSEMENT,  adv.  vieux  mot.  Par  uif 
prompt  mouvemenr  de  colère.  Subito  animi  impetu, 
CHALEUREUX ,  EUSE.  adj.  Qui  a  de  la  chaleur  na- 
turelle. Fervidus,  prœfervidus.  Il  ne   fe  dit   guère 
qu'en  cette  phtafe.  Les  vieillards  ne  font  guère  cha- 
leureux. On  a  dit  autrefois  chaloureux.  On  ne  dit 
plus  ni  l'un  ni  l'autre. 
#C?  CHALIACRA.  Ville  de  la  Turquie  en  Europe  i 
dans  la  Bulgarie  ,  avec  un  port  fur  la  côte  de  la  mer 
Noire. 
§3°  CHALIBE.  Voye^  Chalybé,   Je  préférerois   là 

première  orthographe. 
CHALINGUE  f.  Y.  Petit  vailTeau  des  Indes,  qui  n'a 
de  membres  plats  que  dans  le   fond  ,  &  qui  n'eft 
guère  plus  long  que  large.  Navicula  Indica.  On  ne 
fe  fert  point  de  dloux  dans  fa  conftruélion  ,  &  les 
bordages  de  les  hauts  ne  font  coufus  qu'avec  du  fil 
de  caret,  fait  de    cocos,  ou    détoupe  de  noix  de 
palme. 
CHALIT,  f.  m.  Bois  de  lit.  Leclus.  Nicot  croit  que  ce 
mot  vient  de  chajfis  de  lu.  Il  eft  vieux  :  en  fa  place 
on  dit  bois  de  lit. 
CHALLER.  V.  a.  Vieux  mot  qui  fignifie  écaler,ôtec 
l'écale  ou  la  coque  dure  des  noix.  Cependant  les  mé- 
tayers qui   là  auprès  challoient  les  noix ,  accouru- 
rent avec  leurs  grandes  gaules  ,    &    firapèrent  fur 
ces  fouaciers  comme  fur  feigle  vert.  Rabelais. 
CHALLIVOY.  Mouillez  les  deux  //.  Abbaye  de  l'Ordre 
de  Cîteaux  ,  de  la  filiation  de  Pontigny  ,   fondée  en 
1 1 3  3  ,  par  Guifroy  de  Magny    &  d'autres  Seigneurs 
de  Berry ,  dans  lequel  elle  eft  fituée  proche  de  San- 
cerre ,  faifant  une  partie  de  fon  vignoble.  Callovium  , 
collivetum.  M.  Furetiere  ,    premier    Auteur    de  ce 
Diélionnaire ,  étoit  Abbé  de  Challivoy.  Voyez  fur 
cette  Abbaye  ,  la  Thaumafllcre  ,  Hijhire  de  Berry^ 
Liv.  X,  ch.  i5,  &  le  nouveau    G  alita    ChrilUana. 
CHALLUA.  f.  m.  Sorre  de  poi/lbn  fans  écaille,  qui 
fe  trouve  dans  les  rivières  du  Pérou.  Il  a  la  tête  longue 
&  plate,  comme  celle  d'un  crapaud,  &  la  gueule 
fort  grande  ^  il  eft  d'un  fort  bon  goût ,  &  de  bonne 
qualité, 
CHALOIR  v.  n.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  im- 
porter,  avoir  foin.  Curare  ,  folllcitum  effe.  Il  n'eft 
guère  en  ufage  qu'à  l'imperfonnel  en  cette  phrafe 
populaire,  il  ne  m'en  chaut ,  pour  dire,  iJ  ne  m'im- 
porre.  Il  ne  m'en  peut  c/^^/o/r  ,  cela  ne  me  peut  être 
important.  Marot  s'en  eft  fervi  au  fubjonélif  en  difant 
â  fon  créancier  : 

Beau  Sire,  ne  vous  chaille  , 
Q^uand  je  ferai  plus  garni  de  cUquaille  j 
Vous  en  aurei  :  mais  il  vous  faut  attendre 
Un  bien  petit. 

Un  Poète  de  ce  temps  a  dit  .aiilfi  dans  une  Èpitra 
badine, 

Peut-ctre  fort  peu  vous  en  chaut  -,    , 
Mais  ,  ma  Chailly  ,  qu'il  vous  en  chaille 
K)u  qu'il  ne  vous  en  chaille /j^j  , 
Je  vais  tacher  ,  vaille  que  vaille  , 
Defortir  de  cet  embarras. 

?fT  CHALON.  f.  m.  Terme  de  pêche.  Filet  que  les 
Pêcheurs  traînent  dans  les  rivières,  par  le  moyen 
de  deux  bateaux  au  bout  defquels  les  côtés  du  filet 
font  attachés.  Amplum  rete. 

CHALONGE.  f.  m.  Vieux  mot.  Tromperie  ,  liargui- 
cnement.  On  a  dit  aulll  chalande  dans  le  même  fens. 

CHALONNOIS.  f.  m.  Nom  de  deux  di  fcrentes  con- 
trées de  France,  dont  l'une  eft  en  Champagne,  &: 
l'autre  en  Bourgogne.  Le  Châlonnois  en  Clumpagne, 
Catalaunenjîs  ager  5  ainfi  nommé  de  Ch.ïlons-fur- 
Marne  fa  capitale,  eft   entre  le  Rémois;  le  pays 

Eee 


402  C  H  A 

d'  ^rgonne ,  le  BafTigny  &c  la  Champagne  propre.  Le 
Châlonnois  de  Bourgogne ,  Cabillonenfis  ager  ,  trac- 
tus  y  a  le  Dijonnois  au  nord ,  le  Maconnois  &C  la 
Brefle  au  midi,  la  Franche-Comte  à  l'orient.  Se  à 
l'occident  l'Autunois-,  Châlons-liir-Saone,  en  efl;  la 
capitale ,  de  laquelle  il  prend  l'on  nom.  Ce  Châlon- 
nois a  eu  autrefois  fes  Comtes  particuliers.    C'cft 
Louis  le  Çcbonnaire  qui  lui  donna  le  titre  de  Comté. 
Châlonnois  ,  dise.  adj.  qui  eftde  l'un  des  deux  Cha- 
lons,  ou  des  deux  Châlonnois.  On  appelle  la  Breiîe 
ChâlonnoiJ'c,  lajiartie  de  laBrede  qui  touche  au  Châ- 
lonnois.    Cabillonenfis  ,    ou    ditalaunen/is  ,  félon 
qu'on  parle  de  l'un  ou  de  l'autre  Châlonnois. 
CHÀLONS.  Ciicj-launum.    Noviomagus  Vadicajfîum. 
Ville  de  Champagne  en  France,  qu'on  appelle  fou- 
vent  Cnilons-jur-M.irne  ,  parce  qu'elle  eft  fur  cette 
rivière ,  &  pour  la  diiHnguer  de  Châlons-fur-Saone.  j 
L'Evêque  de  Châlons  efl  un  des  (ix  Pairs  Ecclcliaftiques 
du  Royaume-,  &:  l'un  des  trojs  Comtes  éc  Pairs.  Châ- 
lons fur  la  Carte  de  M.  de  l'île  eft  prefque  fous  le  49^ 
degré  de  latitude,  &:  aa  ii^  quelques  minutes  de 
longitude.  • 

Selon  M.  Caffinî ,  cette  ville  eft  plus  orientale  que 
Paris  de  o^' ,  5' ,  16" ,  ou  i^ ,  z',  10".  Sa  longitude  eft 
de<2id,53'j  40".  Sa  latitude  de  48'! ,  57',   10", 

Ua  eft  long,  SiC  quelques-uns  même  écrivent  ce 
mot  par  deux  aa  ,  Ch:ialons.  On  ne  le  fait  plus.  Voye^ 
Valois,  NotitGall.  au  mot  Catalauni. 
^  CHÂLONS.  Ville  Epifcopale  de  France,  capitale 
du  Châlonnois ,  en  Bourgogne  ,  fur  la  Saône.  Quel- 
ques-uns pour  la  diftingue'r  de  Châlons  en  Cham- 
pagne  écrivent  Ch^lon.  Cibillo  jEduorum  ,   Cabil- 
lonum  ,   Cabillonia.  C'eft  une  ancienne   ville  dont 
Céfar,  Corn/n.  de  Bello  Gall.  Lib.VlI,  c.  41.  Strabon, 
Liv.  IV.  Ammien  Marcel.  Liv.  XF ,  &  l'Itinéraire 
d'Antonin  font   mention  ■,  &c  qui  dans  la  fuite  fut  le 
fcjour  des  Rois  de  Bourgogne  ,  &  en  particulier  de 
Sigifmond.  Saint  Donatien  ,  Evcque  de  Châlons,  le 
trouva  en  54(5'  au  Concile  de  Cologne,  Julien  Bal- 
leure  a  écrit  l'Hiftoire  des  Evêques  &  de  l'antiquité 
de  cette  ville,  qu'F^offinam  ,  au  mot  Cutalaunum  , 
appelle  mal  Catalaunum  comme  la  précédente.  Il  y 
a  en  françois  une  Hiftoire  Civile  &:  Ecclélîaftique 
ancienne  &  moderne  de  la  ville  &  cité  de  Châlons- 
fur-Saone  ^  par  le  P.  Claude  Perry  de  la  Compagnie 
de  jéfus.  Long,  ii'l,   51',  25"-,  lat.  41?-^ ,  ^6' ,  56". 
CHALOSSE.  Pays   de  France  en  Gafcogne.  Calofia. 
La  Chaloffe  eft  renfermée  dans  la  Gafcogne  propre  , 
près  de  l'Adour  ,  &:  Saint  Sever  en  eft  le  principal 
lieu. 
CEIALOUPE.  f  f.  petit  bâtiment  de  mer  deftinc  au 
fervice  des  grands  vaiiTeaux  ,  fur  lequel  on  Iraitau/îi 
de  petites  traverfes.  Lembus.  On  le  lauve  dans  des 
chaloupes.  On  a  mis  la  chaloupe  en  mer.  On  porte 
des  chaloupes  en  fagot.  Chaque  chaloupe  eft  armée , 
c'eft-à-dire  ,  équipée  de  trois  matelots ,  pour  la  nager; 
lavoir  du  A'Iaître   qui  la  gouverne  ,  du  Tctier  qui 
tire  la   rame    devant  ,  &  de  l'Arrimier  qui  tire  au 
milieu.  Il  y  a  des  chaloupes  doubles  dont  les  unes 
font  pontées ,  &  les  autres  n'ont  que  des  courcives. 
Chaloupe  bonne  de  na^e ,  eft  celle  qui  eft   facile  à 
manier ,  &:  qui  palfe  &  marche  bien  avec  les  avirons. 
Chaloupe  armce  ,  eft  celle  dans  laquelle  ,  outre  les 
matelots  ^ont  elle  a  befoin  pour  la  nager  ,  il  y  a 
encore  des  foldats  pour  quelques  expéditions.  On 
dit,  avoit  la  chaloupe  à  toue  ;   pour   dire,  l'avoir 
amarrée  à  bord  ,  &  la  faire  tirer  par  le  vailTeau  lorf- 
qu'il  eft  fous  voiles.  Les  gens  de  mer  fe  fervent  de 
chaloupes  pour  porter  des  provifions  au  vaiffeau.  P. 
HosTE,  Jéfuite. 

Ce  mot  vient  de  chalan,  qui  eft  une  efpèce  de  bateau 

de  rivière  ,  à  l'imitation  duquel  on  fait  la  chaloupe. 

Borel  croit  que  l'un  &  l'autte  viennent  du  grec  xSao»  ; 

qui  fignitîc  li^nurn. 

%fT  CHALUC.  f  m.  Poiflbn  de  m.er  femblable  au 

chabot ,  mais  ayant  la  tête  moins  groflè.  Labeo  ou 

labrus  ,  ainlî  nommé  à  caufe  de  fes  grolles  lèvres. 

Voyei^  Chabot. 

gcr  CHALUMEAU,  f.  m.  C'eft  proprement  la  tige 


C  H  A 

creufe  du  froment ,  des  rofeaux ,  ùc.  Calamus.  Ce  mot 
convient  aux  plantes  graminées.  Voyes^  Tige,  On  le 
dit  aullî  d'un ''tuyau  d'or ,  d'argent  ou  d'autre  ma- 
tière. Les  cnfans  font  de  petites  bouteilles  de  favon 
en  foufilant  dans  un  chalumeau.  Quand  le  Pape 
communie  folennellement ,  il  prend  le  fang  dans  le 
calice  avec  un  chalumeau  d'or. 

Ce  mot  vient  du    latin   culmus ,  ou  calamus  ; 
Nicot  :  ou  ,  félon  Du  Cange ,  de  calamellus ,  d'où  il 
dérive  audi  le  mot  de  chalemie. 
Chalumeau  fe  dit  auiîi  d'un  inftrument  de  mufique 
champêtre ,  compofé  Ibit  d'un ,  l'oit    de  pluficurs 
tuyaux  de  blé,  foit  de  quelqu'autre  matière  déliée, 
Calamus  ,fijiulapalioritia  ;  Avena.  Jouer  du  chalu- 
meau. Les  chalumeaux  ont  fervi  de  flûtes  à  nos  an- 
ciens ,  &:  on  en  a  tait  de  l'écorce  d'un  faule  levée 
quand  il  eft  en  fève.  Il  étoit  ouvert  tant  en  haut  qu'en 
bas.  Il  s'en  fait  audi  avec  un  tuyau  de  blé  bouché  par 
en  bas  par  le  nœud  du  tuyau,  avec  deux  trous &:  une 
petite  fente  au  milieu  en  forme  d'une  petite  lan- 
guette qui  fert  à  battre  l'air.   Les  Bergers  dans  les 
Eglogues  chantent  les  louanges  de  leur  Berstère  fur 
leurs  chalumeaux,    Sylvejirem  tenui   mufam  avenâ 
meditari. 

Viendrai-je  en  une  Eglogue  ,  entouré  de  troupeaux , 
Au  milieu  de  Paris  enjler  mes  chalumaux  3     Boil. 

Mufes  ,  quittons  nos  prairies  j 
Et  pendons  à  ces  ormeaux 
Les  rujiiques  chalumeaux 
Quijîattoient  nos  rêveries.      SarAS, 

On  appelle  chalumeau ,  la  flûte  qui  eft  attachée 
fur  la  peau  de  la  mufette,  Fijiula.  Chalumeau  de  mu- 
fette  ,  de  cornemufej 

1^  Chalumeau.  Terme  d'Emailleurs ,  de  Metteurs 
en  œuvre,  &c,  C'eft  un  petit  tuyau  creux  ,  de  cuivre  t 
dont  ces  ouvriers  &  autres  fe  fervent  poui  diriger  la 
flamme  de  leur  lampe  furies  pièces  qu'ils  veulent 
fonder, 

|kT  II  y  a  des  occafions  où  l'on  fe  fert  de  chalumeau 
pour  communier.  A  Saint  Denis  en  France ,  le 
Diacre  &  le  Sous-Diacre  communienr  avec  un  cha- 
lumcauA'oi ,  fous  l'efpèee  du  vin,  les  Dimanches 
à  la  grande  MelTe.  La  diftribution  du  fang  de  notre 
Seigneur  fe  faifoit  avec  un  petit  tuyau  ,  ou  c/itz/«- 
meau   d'or.  Foye^  Pipe.  Bouteroue. 

CHALUMER.  Vieux  mot.  |p^  Jouer  du  chalumeau  ; 
au  figuré  ,  boire  avec  un  chalumeau.  Dans  l'un  6» 
l'autre  fens  il  eft  hors  d'ufagc. 

Efope  quelquefois  la  nuit , 
■  I)e  complot  avec  lafervante  , 
ChaXumoh  fans  faire  de  bruit 
Les  tonneaux  de  fan  maître  Xante. 

FURETIERIANAJ 

CHALUMET.  f  m.  Prononcez  Calumet.  Petit  bout  d'i- 
voire ,  long  de  quatre  ou  cinq  pouces,  &dela  grof- 
feur  d'un  gros  tuyau.  Le  chalumet  eft  percé  dans  fa 
longueur ,  &  l'on  y  emboite  les  pipes  à  fumer  ,  pour 
éviter  l'incommodité  de  la  terre  ou  plâtre  de  la  pipe, 
qui  s'attache  aux  lèvres  ,  &  pour  ne  pas  mettre  dans 
fa  bouche  le  bout  d'une  pipe  qui  a  été  éprouvée  par 
plufieurs  autres.  L'ufage  des  chalumets  n'a  pas  duré 
long-temps,  parce  qu'ils  deviennent  puants  par  une 
^  forte  odeur  de  tabac  qu'ils  contrarient  prompte- 
ment. 

CHALYBÉ  ,  ÉE.  adj.  Calybé.  Ghalybatus  (  le  Didion- 
naire  de  l'Académie  écrit  chalibc.  )  On  donne  cette 
épithète  à  plulieurs  compolîtions  ,  dont  l'acier,  en 
latin  Chalybs,  fait  la  bafe.  Tels  font  le  tartre  chalvbê, 
l'eau  chalybée  ,  &:c.  Aqua  chalybata.  L'eau  chalibée 
eft  aftringente  :  c'eft  pourquoi  l'on  en  fait  boire  à 
ceux  qui  font  incommodés  diî  cours  de  ventre.    ■ 

CHAM.  f.  m.  Cham,  Charnus.  Prononcez  Cam.  Chameft 
l'un  des  rrois  fils  de  Noé  qui  repeuplèrent  la  terre 
après  le  déluge ,  Se  qui  fut  maudit  de  fon  père  pour 


C  H  A 

l'avoir  infulté  d'une  manière  peu  fcafite  ,  pendant  le 
ibmmeil  que  lui  caufa  TivreH  j  donc  il  cit  parlé  dans 
la  Genefe,IX.  Il  étoit  l'aînc  des  deux  aucres  :  Sem 
cfl  appelé  l'aîné  de  Japhct  feuljnon  pas  de  Japhec  &: 
de  Cham ,  Gen,  X,  2 1 .  Et  parce  que  Noé  eut  l'un  de 
ies  trois  fils  à  500  ans,  ce  ne  fut  pointSem ,  car  il  ne 
naquit  que  l'an  501  de  ion  père  Noé,  puifqu'il  n'avoir 
que  100  ans,  deux  ans  après  le  déluge  ,  qui  arriva  la 
60/  année  de  Noé,  Gen.  XI ^  10.  Ce  fut  encore 
moins  Japh;r,  puifqu'il  étoit  cadet  de  Sem.  Il  faut 
donc  que  Cham  ait  été  l'aîné  des  trois.  Sa  poftérité 
occupa  l'Afrique,  l'Egypte,  l'Arabie  heureufc  &  la 
Paleftme ,  ou  terre  de  Chanaan ,  &  régna  même  à 
Babylone,  comme  on  le  voit  par  les  noms  des 
peuples  qui  lesjubiterent,&:  qui  font  les  enfans  de 
Cluim  ,  Gen.  X,  6,  7,  8.  L'Egypte  même  eft  appelée 
dans  l'Ecriture  ,  les  Tentes  de  Ckam ,  Pf.  LXXVII , 
5 1  -,  &  Terre  de  Cha^n ,  Pf.  CIV ,  25  ,  27  ,  C^,  ii  -, 
&  dans  Plutarque  Chemie.  De-la  encore ,  fclon  Bo- 
chart ,  Phaleg ,  L.  IF,  c.  i  ,  les  noms  de  Ckemmis , 
Pfochemmis  .  Pfntache/nmis ,  donnés  à  des  cantons 
on  contrées  d'Egypte.  De-là  les  noms  d'Hammon  ; 
&  celui  à^E'^iAc^of^ioi ,  dans  Etienne  de  Byzance.  Le  P. 
Lubins'eft  trompé,  quand  il  a  cru  que  la  terre  de 
Cham  dans  les  Pfeaumcs  n'étoit  que  la  terre  de 
Geflén  ,  petite  partie  de  l'Egypte  où  habitèrent  les 
Ifraëlites.  Ceft  toute  l'Egypte.  Foye^  de  Muîs  ,  Pif- 
cator,Gejerus&  Bochart ,  à  l'endroit  cité;  &  en 
effet  David,  Pf.CIF,  23,  prend  ces  deux  mots 
DI-iVO,  Egypte,  &  DH  \"\-^  ,  Terre  de  C/iam,  comms 
fynonymes.  Le  prétendu  Bérofc  dit  que  Cham  efl:  le 
même  que  Zoroaltre ,  l'inventeur  de  la  Mas^ie. 
L'Arabe  Abenephius  dit  que  c'eft  audi  l'Ofiris  des 
Egyptiens ,  &le  feu  que  les  Perfes  adoroient.  Foyer 
le  P.  Kirker,  (Edlp.^gypt.  Tom.I,p.  84. 

CHAM,  f  m.  efl:  le  titre  qu'on  donne  aux  Princes  fou- 
verains  de  Tartarie.  Prononcez  A:(Z/7z.  Pludeurs  même 
récrivent  ainfî ,  comme  les  Auteurs  des  Relations  de 
Crimée  qui  fe  voient  dans  les  nouveaux  Mémoires 
des  Mijfions  du  Lev&nt ,  imprimes  en  17 1 5.  Charnus 
Scytharum  ad  Orieniem ,  Scythiiz  ad  ortum  hnpe- 
rator.  Le  grand  Cham  des  Tartares,  Le  Cham  des 
petits  Tartares.  Cingis  a  été  le  plus  fameux  des  Tar- 
tares, Il  vivoit  du  temps  de  Saint  Louis  >  &  efl: 
l'auteut  de  la  race  des  Rois  de  Perle  S>c  des  Mogols 
d'aujourd'hui. 

Quand  le  Cham  de  Tartarie  a  dîné,  un  héraut 
crie  que  tous  les  Princes  de  la  terre  peuvent  aller 
dînet ,  fi  bon  leur  femble  ;  &:  ce  Prince ,  qui  ne 
mange  que  du  lait ,  qui  n'a  pas  demaifon,qui  ne 
vit  que  de  brigandage,  tegarde  tous  les  Rois  du 
monde  comme  fes  efclaves,&  les  infulte  régulière- 
rement  deux  fois  par  jour,  Montesq. 

Ce  mot ,  en  langue  fclavonne,  fignifie  Empereur, 
comme  le  dit  Vincent  de  Beauvais  M.  Spcrlingius , 
dans  fa  Diflertation  fut  la  majcfté  du  nom  DanoïsXo- 
Tzmo',  qui  lignifie  Roi ,  croit  qu'on  pourroit  tirer  de- 
là le  nom  de  Cham  des  Tartares,  &  qu'on  a  dit  dans 
le   Septentrion  Kan  ,  Konnen  ,  Konge  ,  Konning. 

Cham  eft  amn  le  nom  que  l'on  donne  en  Perfe  aux 
grands  Seigneurs  de  la  Cour ,  &  aux  Gouverneurs 
des  Provinces, 

CHAMADE,  f,  £  Terme  de  Guerre.  C'eft  un  certain 
ion  de  tambour,  ou  de  la  trompette  ,  que  donne  un 
ennemi  pour  fignal  qu'il  a  quelque  propolition  à 
faire  au  Commandant ,  foit  pour  capituler ,  foit  pour 
avoir  permilEion  de  retirer  des  morts,  faire  une  trêve, 
&c.  Signum  huccinœ  ,  tympanl  ad  colloquium. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  V\x.^Y\zKv-chiamada  ,  qui 
a  été  fait  de  clamare. 

ffT  Ce  mot  ne  s'emploie  guère  que  pour  exprimer  le 
lignai  que  les  affiégés  donnent ,  foit  avec  la  trom- 
pette ou  le  tambour,  foit  en  arborant  le  drapeau 
blanc  pour  demander  à  capituler. 

CHAMifiCERASUS.f.m.Petit  arbriffeau  qui  croîr  à 
la  hauteur  d'un  pied  &  demi ,  ou  de  deux  pieds.  Ses 
rameaux  font  ligneux,  fragiles ,  revêrus  d'une  écorce 
blanchâtre,  remplis  d'une'moëlle  blanche.  Ses  feuil- 
les font  faites  comme  celles  du  pcrycliraenum  ou  du 


C  II  A  ^^-j 

xyloftcum,  mais  plas  grandes,  plus  large-j  !  niuS 
dures,  moms  vertes,  pointues,  velues,  principale- 
ment en  délions ,  rangées  vis-à-vis  l'une  de  l'autre. 
Ses  fleurs  naiilent  deux  à  deux  fur  une  pédicule  qui 
fort  des  ailiellcs  des  feuilles.  Elles  font  petites  » 
blanches,  formées  en  tuyaux  évafés  &  découpes  ca 
deux  lèvres,  ioutenues  chacune  par  un  calice  fen- 
blablca  une  petite  grenade,  lequel  devient  dans  la 
luite  un  fruit  ou  une  baie  rouge  ^  femblableàunc  pe- 
tite cenle  ,  marquée  de  deux  points,  remplie  d'un 
lue  amer  de  mauvais  gôûr,&  de  quelques  femences 
aplaties-,  prcfqu'ovalcs  &  blanches.  Cet  arbrhléau 
croit  aux  heux  montagneux ,  comme  les  Alpes  &  les 
Pyrénées.  Ses  fruits  naiffcnt  deux  à  deux  ,  attachés 
a  la  même  cjueue.  Ils  excitertt  au  vomiiièment,  SC 
purgent  au/îi  par  bas ,  lil'on  en  avale  quatre  ou  cinq. 
Son  nom  vient  de  x-^«} ,  humi ,  a  bas,  &  cerafusy 
cerHier  :  comme  qui  dirait  certfier  bas.  Lémiry  , 
après  quantité  d'autres  Botaniftes, 

CHAM^CISSUS,  f,  m.  Plante.  Fvye?  Lierre  ter- 
restre. C'eft  la  même  choie. 

CHAM^DRIS.  Plante.  Il  faut  écrire  chamœdrys , 
puilquc  ce  mot  vient  de  -^.u^, ,  humi ,  à  terre ,  8C 
^f.ç,  arbre,  petit  chêne.  On  prend  des  feuilles  de 
cette  herbe  j  comme  celles  du  thé,  pour  les  obC 
tr^udions  des  vifcères.  On  l'appelle  aulli  germandrk 
l^oye:^  GermAndrÉe. 

CHAM^LEON  blanc,  f.  m.  Plante  mèdecinale, 
qu  on  appelle  auili  Car  Une.  Voyez  Carline. 

Cham.£Leon  noir.  Plante  dont  la  racine  eft  brune 
par  dehors,  de  la  couleur  de  l'ariftoloche,  lon- 
gue en  dedans  ,  groiiè  ,  charnue  ,  &  fort  rarement 
rongée.  Chamxleon  niger.  Sa  tige  eft  de  couleur 
de  pourpre,  de  la  hauteur  d'environ  neuf  pouces  j 
les  feuilles  ibnt  iemblables  à  celles  de  l'artichaut , 
marquetées  de  taches  de  diveriés  couleurs  5  iés  fleurs 
ionr  en  ombelle,  environnées  de  quantité  de  pi- 
quans  :  elles  ibnt  de  couleur  de  pourpre ,  oblon- 
gues,  blanches  par  dedans,  minces,  rclfemblant  à 
celles  de  la  Jacinre. 

CHAM.£LEUCÉ.  f  f.  Plante ,  dont  les  feuilles  font 
rondes ,  iemblables  à  celles  des  violettes  de  Mars  j 
mais  plus  grandes  ,  un  peu  dentelées  à  Pentour  , 
&  d'un  vert  obicur,  La  tige  eft  rouge  &c 
branchue.  Ses  fleurs  nalifcnt  à  l'extrémité  des  tin-es 
Se  des  branches  :  elles  ibnt  à  cinq  feuilles  ,  de  cou- 
leur Jaune  ;  fa  graine  ,  qui  eft  menue  &  oblongue  , 
eft  renfermée  dans  de  petites  filiques.  On  l'apocile 
autrement  ca/iha  paliijiris  flore  limpUci. 

!»■  CHAMyEMELUM:  Elpice  de  plante  femblabla 
à  l'anthémis,  A^oye^  ce  mot. 

CHAM^NERION.  f.  m.  Plante  dont  la  tige  eft 
hanta  de  cinq  ou  fix  pieds,  rougeâtre  ,  raïueufe , 
remplie  de  beaucoup  de  moelle,  blanche,  fcn- 
gueufe.  Ses  feuilles  Ibnt  oblongucs ,  pointues,  unies 
&  approchantes  de  celles  du  faille ,  d'un  goCit  aftrîn^ 
gent,  glutineux,  avec  quelque  légère  acrimonie -, 
fes  fleurs  font  grandes ,  belles  ,  ordinaircmeat  à 
quatre  feuilles  diipofées  en  rofe  ,  de  couleur  bleue  > 
rarement  blanche.  Il  leur  luccede  des  iiliques  lon- 
gues ,  taillées  chacune  à  quatre  pans ,  arrondies ,  di- 
vifées  en  quatre  loges,  remplies  de  femenèes  lon- 
guetres,  menues,  cendrées,  furmonrées  d'une  ai- 
grette :  fa  racine  qui  s'étend  en  long  &  en  larse , 
eft  blanche  &  d'un  goût  vifqueux  &  infipide.  Elle 
croît  dans  les  lieux  montagneux  &  dans  les  jardins  : 
fes  feuilles  fonr  vulnéraires  &  déteriives.  On  nomme 
encore  cette  plante ,  epilobion.  Chamœncrion  vient 
du  grec  x«.!A.ai ,  'à  bas ,  &  .««m»  ,  laurier-rofe  :  comme 
qui  diroit  pea:  laurier-rofe. 

CHAM^PITIS,  f  m.  Plante.  Il  faut  écrire  chamœ^ 
pitys ,  parce  que  ce  mot  vient  de  ■.f.u.a.i,humi,  à 
terre,  6;  ■^^^\i,  pin.  Cette  petite  herbe  a  les  feuil- 
les de  pin  ,  ic  elle  eft  bonne  pour  ia  goutte.  Foye^ 
Ivette.  C'eft  la  même  chofe. 

CHAM^RHODODENDROS,  f  m.  Nom  d'une 
plante.  Chamccrhododendros  pontica  folio  laurocc^ 
rafi,  flore  cxruleo  purpnrafcsnte.  Cet  arbriileau  s'é- 
lève ordinairement  à  la  hauteur  d'un  homme,  Qxi 

Ee  eij 


4-04 


C  H  A 


en  trouve 
princ 


ouve    quelquefois   de    plus  grands  ,  dont  b  l 
^....^ipal  tronc  eil  prefque  auHl  gros  que  la  jambe, 
.^a  racine  trace  julqu'à  cinq  ou  lix  pieds  de  loni? , 
parcaffée  d'abord  en  quelques  autres  racines  grol- 
fes  comme  le  bras  ,  diftribuées  en  quelques  iubdi- 
viilons  qui    ne  l'ont  pas  plus  épailles  que  le  pouce. 
Celles  -  ci  diminuent  inleniibkment  ,  &t  lont  ac- 
compagnées de  beaucoup  de  chevelu.  Elles  lont  du- 
res ,  ligncufes  ,  couvertes  d-nnc  écorce  brune  ,  & 
produifent  plufieurs  tiffcs  de  différences  grandeurs, 
qui  environnent  le  tronc.  Le  bois  en  cft  blanc,caflanr, 
revêtu  d'une  écorce  grisâtre,  qui  tire  en  quelques  en- 
droits fur  le  brun.  Les  branches  fontaflez  touffues,  &: 
luiiiént  fouvent  dès  le  bas-,mais  elles  font  mal  tormc-rs, 
inégales  &  carnies  de  feuilles  ,  feulement  vers  les 
extrémités.  Ces  feuilles  ,  quoique  rangées  fans  ordre, 
font  d'une  i^rande  beauté  ,  &  reffem.blent  tout-à-tait 
à  celles  diï  lauricr-cerife.  Les  plus  grandes  ont  fept 
ou  huit  pouces  de  long, fur  environ  deux  ou  trois 
pouces  de  large  vers  le\i:rilicu -,   car  elles  fe  termi- 
nent en  pointe   par  les  deux  bouts.  Leur  couleur 
ell;  vert-gai  ,  leur  furface  liffe  &  prefque  luifante  , 
leur  conliftance  ferme  &  folide.  Le  dosen^eft  re- 
levé d'une  greffe  côte  arrondie  ;  ce  n'cft  qu'un  al- 
longement de  la  queue  ,  laquelle  a  prefque    deux 
pouces  de  long ,  fur  une  ligne  de  large.  Cette  côte 
qui  cft  fiUonnce  en  devant ,  diftribue  des  vailfejux 
de  part  &  d'autre ,  qui  fe  répandent  &  fe  fubdivi- 
•iént  fur  ces  côtes  dans    un  ordre    comme  alrcrne. 
Les  feuilles  deviennent  moindres  ,  à  mefure  qu'elles 
approchent  des  fommités;  cependant  on  y  rn  ppper- 
çoit  affez  fouvent ,  qui  font  plus  grandes^  que  leurs 
inférieures.  Depuis  la  fin  d'Avril  jufqu'à    celle  de 
Juin,  ces  fommités  font  chargées  de  bouquets  dequa- 
tres  ou  cinq  pouces  dediamèrre  ,  compofés  chacun 
de  vingt  ou  trente  fleurs  ,quinaiffent  chacune  des 
aiffelles  d'une  feuille  longue  d'un  pouce  S>c  demi  , 
membraneufe ,  blanchâtre  ,  large  de  quatre  ou  cinq 
lignes  ,  pointue ,  creufée  en  gouttière  ,  &  pofée  en 
éc.iille  avec   fes   voilins.  Le   pédicule  des  fleurs  a 
depuis  un    pouce   jufqu'.i  quinze  lignes  de  long  -, 
mais  il  n'eft  épais  que  d'environ   demi-ligne.  Cha- 
que fleur  eft  d'une  feule  pièce  ,  longue  d'un  pouce 
&  demi  ou  deux ,  rétrécie  dans  le  fond ,  évafée  Se 
découpée  en  cinq  ou  fix  quartiers.  Celui  d'en  haut, 
qui  cft    quelquefois  le  plus  grand ,  cft  large  d'en- 
'  viron  feprou  huit  lignes,  arrondi  par  le  bour,  ainfi 
que  les  autres ,  légèrement  frifé ,  orné  vers  le  mi- 
lieu de  quelques  points  jaunes ,  ramaflés  en  manière 
d'une  grofle  rache.  Les  quartiers  d'en  bas   font  un 
peu  plus  petits,  &  découpés  plus  profondémenr  que 
les  autres,  A  l'égard  de  leur  couleur  ,  le  plus  fou- 
vent elle  eft  violette ,  tirant  fur  le  gris  de  lin.  On 
trouve  des  pies  de  cette  plante  à  fleurs  bhnches. 
Toutes  ces  fleurs  font  marquées  de  points  ).aunes , 
dont  on  vient  de   parler.  Se  leurs  étamines  ,  qui 
naiffent  en  touffe ,  font  plus  ou  moins  colorées  de 
purpurin  5  mais  blanches  &  cotonneufes  à  leur  naif- 
fancc.  Ces  étamines  font  inégales,  crochues  ,  &  en- 
tourent le  piftil.  Leurs  fommets  font  pofés  en  tra- 
vers ,  longs  de  deux  lignes  ,  fur  une  ligne  de  large  , 
divilcs  en  deux  bourfes  pleines  d'une  pouffière  jau- 
nâtre. Le  calice  des  fleurs  n'a  qu'environ  une  ligne 
&  demie  de  largeur ,  légèrement  cannelé  en  fix  ou 
fept  pointes  purpurines.  Le  piftil  eft  une  efpèce  de 
cône  de  deux  lignes  de  long  ,  relevé  à  fa  bafe  d'un 
ourlet  verdâtre  6c  comme  frifé.  Un  filet  purpurin , 
&  long  de  quinze  ou  dix-huit  lignes  ,  termine  ce 
piftil  ,"&  finit  pat  un  bouton  vert  pâle.    Les  bou- 
quets des  fleurs  fonr  trcs-gluans ,  avant  qu'elles  s'c- 
panouiffent.    Lorfqu'elles    font    paffées  ,  le    piftil 
devient  un  fruit  cylindrique  ,  long  d'un  pouce  à 
quinze  lignes  ,  épais  d'environ  quatre  lignes,  can- 
nelé ,  arixindi  par  les  deux  bouts.  Il  s'ouvre  par  le 
haut  en  cinq  ou  fix  parties-  ,  Se  laiffe- voir  autant 
de  loges  qui  le  paitagent  en  fa  longueur  ,  Se  font 
îcparees  les  unes  des  autres  par  les  aîles  d'un  petit 
pivot  qui  en  occupe  le  milieu.  C'eft  ce  pivot  qui 
eft  terminé  par  le  filet  du  piftil .,  &  bien  loin  de  fe 


C.H  A 

deffécher ,  il  devient  plus  long  ,  tandis  que  le  fruit 
cft  vert ,  &  ne  tombe  point.  Les  graines  font  tres- 
mcnucs ,  d'un  brun  clair  ,  longues  de  près  d'une 
liiTiie.  Les  feuilles  de  certe  plante  font  ftiptiques  , 
fans  autre  faveur.  Les  fleurs  ont  une  odeur  agréa- 
ble ,  mais  quife  paffe  facikment.  Cette  plante  aime 
la  terre  graife  Se  humide.  Elle  vient  fur  les  côtes 
de  la  m«r  Noire ,  le  long  des  ruiffeaux.  Tournef, 

Il  y  a  une  anixe  eipccc  d'j:  thamicr/iododendros^ 
qui  s'élève  quelquefois  plus  que  la  précédente. 
Chamccrhododendros  Fontica  maxïma  ,  mejpdifolio , 
jlore  luuo.  Elle  produit  un  tronc  de  même  grof=- 
leur ,  accompagné  de  plufieurs  tiges  plus  menues , 
divilccs  en  braV.ches  inégales  ,  foibles  ,  caffantcs  , 
blanches  en  dedans  ,  couvcrres  d'une  écorce  jrisà' 
tre  &  liffe  ,  fi  ce  n'cft  aux  extrénnités ,  où  elles  font 
velues  Se  garnies  de  bouquets  de  feuilles  allez  fera- 
blables  à  celles  du  néflier  des  bois.  Ces  feuilles  font 
longues  de  quatre  pouces  ,  fur  un  pouce  &  "demi  de 
larg'eur  vers  le  milieu  ,  pointues  par  les  deux  bouts. 
Se  ilir-tout  pat  celui  d'enbas  ,  vert-gai  ,  légèrement 
velues  ,  excepte  fut  Ls  bords  ,  où  les  poils  forment 
comme  une  efpccc  de  fourcil.  LeuE  côte  eft  a(Ic£ 
forte  ,  &:  le  diftribue  en  nervure  fur  route  la  furface. 
La  queue  des  feuilles  n'a  fouvent  que  trois  ou  qua- 
tre lignes  de  longueur,  fur  une  ligne  d'épaiffeur.Les 
rieurs"  naiffenr  dix-huit  ou  vingt  enfemble  ,  ramaf- 
fces  en  bouquets  .à  l'extrémité  des  branches ,  fou- 
tenues  par  des  pédicules  d'un  pouce  de  long,  ve- 
lues ,  &  qui  naiffent  des  aiffelles  des  petites  feuil- 
les, membraneufes  ,  blanchârres ,  longues  de  fept 
ou  huit  lignes ,  fur  trois  lignes  de  large.  Chaque 
feuille  eft  un  tuyau  de  deux  lignes  Se  demie  de  dia- 
mètre ,  légèrement  cannelé  ,  velu,  jaune  ,  tirant  lut 
le  verdârre.  Il  s'évafe  au-delà  d'un  pouce  d'étendue  , 
Se  fe  divife  en  cinq  quartiers ,  dont  celui  du  milieu 
a  plus  d'un  pouce  de  long  ,  fur  prefque  autant  de 
largeur  ,  réfléchi  en  arrière  auffi-bien  que  les  au- 
tres ,  Se  terminé  en  arcade  gothique  ,  jaune  -  pâle  , 
quoique  doré  vers  le  milieu.  Les  autres  quartiers 
font  un  peu  plus  étroits  Se  plus  courrs,  d'un  jaune- 
p.ile  auffi.  Cette  fleur  eft  percée  par  la  partie  pos- 
térieure,  Se  s'articule  avec  le  piftil  qui  eft  pyrami- 
dal ,  cannelé  ,  long  de  deux  lignes  ,  verr  blanchâ- 
châtrc,  légèrement  velu,  terminé  par  un  filet  courbe, 
long  de  deux  pouces  ,  lequel  finir  par  un  bouton 
vert-pâle.  Des  environs  du  trou  de  la  fleur  fortent 
cinq  étamines  plus  courres  que  le  piftil ,  inégales  , 
courbes ,  chargées  de  Ibmmers  longs  d'une  ligne  5C 
demie ,  remplie  de  pouffière  jaunâtre.  Les  éramines 
font  delà  mêmecouleur,  velues  dès  leur naiffance, 
jufque  vers  le  milieu  :  toutes  les  fleurs ,  ainfi  que 
celles  de  l'efpèce  précédente  ,  font  penchées  fur 
les  côtés  ,  de  même  que  celles  de  la  fraxinelle.  Le 
piftil  devient  dans  la  fuite  un  fruit  d'environ  qua- 
tre lignes  de  long,  du  diamètre  de  fix  ou  fept  li- 
gnes,"  relevé  de  cinq  côtes,  dur  ,  brun  Se  pointu. 
11  s'ouvre  de  la  pointe  à  la  bafe  en  iept  ou  huit  par- 
ties ,  creufées  en  gouttière  ,  lefquelles  affemblées 
avec  le  pivot  cannelé,  qui  en  occupe  le  milieu  , 
forment  autant  de  loges.  Je  n'en  ai  pas  vu  la  graine 
niûre. 

Les  feuilles  de  cette  plante  font  ftiptiques.  L'o- 
deur des  fleurs  approche  de  celle  du  chèvrefeuille  v 
mais  elle  eft  plus  forte  ,  fie  porre  .à  la  tête.  Le  miel 
que  les  abeilles  tirent  de  ces  fleurs  rend  infenfé. 
Voyei  DioscoRiDE,  Z,.//,  c.  103. Pline  ,  Hijt.  Nat. 
L.  XXI,  c.  15.  Xénophon,  à  la  fin  du  quatrième 
ficelé  ,  livre  de  V Expédition  des  Grecs ,  ou  de  la  Re- 
traite  des  dix  mille;  Se  Tournefort,  ih.  p.  548  £f 
jaivantes. 
CHAMy£SYCE.  f.  m.  Efpèce  de  tithymale.  Chamxfyf- 
fus.  Sa  racine  eft  fort  petite  ,  longue  d'environ  qua' 
rre  doigts.  Elle  a  plufieurs  branches  de  la  même 
lonsîueur  ,  rouges,  un  peu  velues ,  couchées  parterre, 
plefncs  d'un  lue  femblable  à  du  lait.  Ses  feuilles 
font  un  peu  rondes  ,  rouges  par  deffous  ,  verres 
par  deffus.   Il  y  en  a    quelques-unes  au  bout  des 


C  H  A 

brnr.chcs ,  qui  font  rouges  des  deux  côtes.  Ses  fleurs 
viennent  entre  les  ieuilles  ,  &  font  de  couleur  de 
pourpre. 

Le  nom  de  chamœfyce  eft  grec ,  &  vient  de  ;j«^,; , 
huini ,  à  terre,  èi.  o-iy.r. ,  peplus  qui  cfl:  une  forte  de 
titliymale. 

CHAMAiLLER,  v.  n.  Se  batrre  contre  un  ennemi 
armé  de  toutes  pièces ,  frapper  réciproquement  lur 
les  armes  les  ims  des  auttes.  Interje  conjiigere.  Ces 
deux  Chevaliers  ont  long-temps  ckamaU/A'nn  con- 
tre l'autre. 

Nicot  croit  que  ce  mot  vient  de  mai/Ze ,  k  cauCt. 
que  les  anciens  Chevaliers  en  le  battant  irapoient 
fur  des  hauberts  faits  de  mailles  de  fer.  Il  dit  auili 
qu'il  pourroit  venir  de  maliens  ,  ou  de   malUarc. 

Chamailler  ,  fe  dit  auili  des  autres  batteries  ,  des 
querelles  &  difputes  qui  durent  long-temps  ,  foit  à 
coups  de  mains,  foit  de  paroles,  huer  je  conjiigere 
vérins, piignis.  Ces  écoliers  ont  long-temps  r^zw^^V/t 
enlemble  a  coups  de  poing.  Ces  Doâieurs  ont  long- 
temps c/^iZOTiZzV/*  en  difputant  fur  cette  qucftion. 

tfT  Ce  mot  ne  peut  s'cmploy.r  que  dans  le  (tylc  fa- 
milier ,  tout  au  plus  ,  &  fe  dit  de  plulieuts  pcrfon- 
nes  qui  lé  battent  avec  grand  bruit  ;  &  figurémcnc, 
de  ceux  qui  difputent  ou  conteftent  de*^  même.  Il 
s'emploie  auffi  avecle  pronom  perfonnel.  Ces  iem- 
mes  chamaillèrent  ou  Je  ckamaillererit  pendant  une 
heure. 

CHAMAILLIS.  f.  m.  Alêlcc  ,  difpute  oii  l'on  chamaille. 
Confiicîus.  Ce  mot  n'eft  plus  guère  en  ufage ,  pas 
m.ême  dans  le  ftyle  familier. 

CHAMANT.  f.  m.  Nom  d'homme.  Amantius.  Si 
Amant  ,  que  nous  appelons  plus  communément 
.S".  Cham.iru  ,  étoit  citoyen  de  la  ville  de  Rodez  , 
dont  il  fut  le  premier  Evêque.  II  mourut  vers  la  fin 
du  V  liècle.  Baillet.  Ce  nom  montre  que  nous 
avons  ajouté  quelquefois  fA  au  commencement  des 
mots ,  dont  la  première  lettre  ell  une  voyelle ,  6c 
peut  fervir  à  vérifier  quelques  étymologies. 

CHAMARAZ.  f.m.  Nom  dé  plante.  Quelques-uns 
écrivent  Chamarcix.  On  l'appelle  aulîi  la  German- 
drée  d'eau.  Ces  mots  fe  font  formes  de  Chamcsdris . 
parce  qu'on  a  appelé  cette  plante  Cltamcedris paluj- 
tris,  à  caufe  de  la  reffemblance  de  la  feuille  avec 
celle  de  la  véritable  chamxdris.  C'efl:  \t  Jcorduun. 
Voyez  ce  mot,  qui  en  grec  fignifie  az/.  Ses  feuilles 
fechées&  cuites  dans  le  vin  ,  fourniflcnt  un  antidote 
contre  la  morfure  des  ferpens.  On  prend  les  feuilles 
du  fcordium  intûfées  dans  de  l'eau  chaude  ,  à  la 
manière  du  thé  ,  pour  fortifier  l'eilomac.  Ces  mê- 
mes feuilles  dans  le  vinaigre  ou  dans  l'eau  ,  &  ap- 
pliquées extérieurement ,  foulagent  les  douleurs  de 
la  goutte.  Cette  plante  cft  un  remède  excellent  con- 
tre les  vers,  fille  rélîfte  à  la  gangrène  &  à  la  pour- 
riture. 

CHAMARIER.  f.  m.  Dignité  de  l'Eglife  de  Lyon; 
c'eft  ce  qu'on  nomme  ailleurs  plus  communément 
Ckamhrier. 

CHAMARRE,  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois 
un  hoijueton  ,  ou  habit  de  berger,Vait  de  peau  de 
mouton  ou  de  chèvre  ,  fur  les  coutures  duquel  il  y 
avoit  plufîeiirs  bandes  en  guife  de  pallément.  i?/if«o 
pajioritius  vir^Mus. 

^  CHAMARRER,  v.  a.  Orner  un  habit ,  un  meuble 
de  pademens  de  dentelles  ,  de  galons ,  de  bandes 
de  velours,  «S-c.  f^eftem  tranfverjis  fegmentis  defcri- 
here ,  dijlinguere.  Habit  chamarré  de  galons,  de  ban- 
des de  velours,  &c.  Ce  Seigneur  tan  chamarrer  fon 
habit  de  pafTcmensd'or,  de  broderie.  Chamarrer  en 
quille,  chamarrer  à  bâtons  lompus. 

Ce  mot  vient  de  l'ancien  gaulois  chamarré ,  qm 
croit  un  habit  décrit  ci-delfus. 

Chamarré  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Virgatus  ,fegmentatus. 
Habit  chamarré. 

Chamarré  ,  fe  dit  de  même  au  figuré. 

Et  d'un  pédant  chamarré  de  latin 
Elle  fabrique  un  nouvel  Augujlin.  R, 

CHAMARRURE,  f.  f,   Ornement  d'habits  avec  des 


C  H  A 


4^T 

pafîemens ,  broderies  ,  galon  ,  &c.  t^irg.ud  vcjtis 
jegmentata.  La  chamarrure  de  cet  habit'a  coûte  plus 
que  l'étoffe.  Il  fe  dit  auifi  de  la  manière  de  chamar- 
rer. Chamarrure  à  ondes  ,  en  bracelets  ,  à  bâtons 
rompus. 

03-  CHAMB.  Ville  du  Cercle  de  Bavière  ,  capital 
du  Comté  de  Chamb  ,  à  l'embouchure  de  la  n/ièrs 
de  même  nom ,  dans  le  Regeu.  Le  Comté ,  qui  a  "eu 
fes  Comtes  particuliers ,  a  été  uni  au  haut  Pala- 
tinat. 

CHAMBAY  ou  XAMBAY.  Ville  de  la  Chine.  Ella 
efl:  du  troilième  ordre,  fur  la  côte  orientale  de  U 
Chine ,  &  fur  une  rivière  nommée  Hoampou  ,  à  4 
petites  lieues  de  la  mer. Latitude  feptentrionale  31'! 
i(î'.  Les  obfervations  fur  lefquelles  on  a  tiré  cctta 
latitude  ,  ne  font  pas  entièrement  si^ires  :  il  peut  y 
avoir  deux  minutes  de  différence.  La  longitude  ell 

I4I''    41'   45"-    GOUYE. 

CHAMBELLAGEou  CHAMBRELLAGE.  f.m.  Terme 
de  Coutumes.  C'eft  un  dioit  que  le  vaHal  doit  au 
Seigneur  féodal  en  certaines  mutations ,  qui  cit  di:- 
forent  fuivant  les  lieux.  Il  y  a  auUi  un  droit  de 
chambelLige  qui  eO:  dû  au  premier  Huiffier  de  la 
Chambre  des  Comptes  par  ceux  qui  y  font  la  foi 
&  hommage  :  ce  qui  vient  de  ce  que  le  Chambel- 
lan du  Roi  avoit  un  droit  fur  les  vaflaux  qui  rele- 
voient  nuement  de  la  couronne ,  en  con/idérarion 
de  ce  qu'il  les  introduifoit  dans' la  chambre  du  Roi, 
pour  faire  la  foi  &  hommage  :  il  le  tenoit  à  côté  du 
Roi  ,  &  difoit  à  ceux  qui  fe  ptéfcntoicnt  ;  Fousde^ 
venei  homme  du  Roi  ,  de  teljief,  que  vous  conrwif- 
Jei  tenir  de  fa  couronne.  Pour  cela  on  lui  fàifoit 
Un  petitpréfent,quiaété  depuis  converti  en  droit 
&  en  obligation.  Les  Rois  ,  pour  fe  délivrer  de 
l'importunité  de  recevoir  les  hommag-s  de  leurs 
va/faux  ,  ayant  renvoyé  cette  cérémonie'  à  la  Cham- 
bre des  Comptes  ,  lorfqu'ellc  fut  établie  à  Paris  , 
le  droit  de  Chambellan  palfa  en  même  temps  au 
premier  Hui/Iler  de  la  Chambre  ,  lequel  introduit 
\ss  valfaux  du  Roi.  Il  eft  taxé  à  un  écu  par  la  Cou- 
tume de  Mante  ,  &:  à  vingt  fous  par  celle  de 
Senlis.  C'eft  ce  que  devoir  donner  le  moindre  vaf- 
fal  par  l'Ordonnance  du  Roi  Philippe  le  Hardi  , 
de  l'an  izyi.  Jus  cuhicularis  magijlerii  in  rems 
beneficiarios.  ^ 

^CF  On  a  encore  appelle  autrefois  chambslla<re ,  le 
droit  que  les  Bénéficiers ,  Evêques  &  Archevêques 
payoient  au  Roi ,  en  lui  prêtant  le  ferment  de 
fidélité. 

?tT  CHAMBELLAN,  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle 
les  Officiers  de  la  Chimbte  de  quelques  Princes 
les    Gentilshommes  qui  les  fervent  dans  la  Cham- 
bre, en  l'abléncc  du  premier  Gentilhomme  de  la 
Chambre. 

ifT  Grand  Chambellan  ,chiiz  le  Roi.  Grand  Officier 
de  la  Couronne  ,  premier  Oificicr  de  la  chambre 
du  Roi.  Cubiculo  regio  Prœpofitus ,  Cambellanus , 
Cambalarius  ,  Camerarius  ,  Cubicularius.  On  l'a  ap- 
pelé aullî  amKi'ohGrandChambrier  ;  &  fa  chart^c, 
grande  chambrerie.  C'étoit  la  féconde  dignité  "du 
Royaume.  Il  eft  d'ordinaire  nomméaprèsk  Chan- 
celier. On  n'expédioit  guère  de  lettres  -  patentes 
qu'en  la  préfence  du  Grand  Ch'imhellan  :  cela  fe 
fiifoit  encore  du  temps  de  Philippe  Augufte.  II 
avoit  alors  juridiélion  fur  la  friperie  &:  fur^lcs  mar- 
chandifes  ,  comme  le  Grand  Pannetier  l'avoir  fur  les 
Boulangers. II  inrroduifoitdans  la  Chambre  du  Roi 
les  vaffaux  qui  venoient  faite  hommage  ,  qui  lui 
faifoient  un  préfent  qu'on  appcloit  le  droit  de  Cham- 
bella'^e.  Il  gardoit  le  tréfor  d'i  Roi,  fa  i  foit  l'office 
de  Maître  d'hôtel ,  d'Ecuyer  tranchant ,  &c  de  Gen- 
tilhomme fervant.  Géliot,  en  (on  Indice  Armoriai  y 
dit  que  le  Grand  Chambellan  ,  pour  marque  de  fa 
charge  ,  met  derrière  l'écu  de  fes  armes  deu-i  clefs 
d'or  pafîceS  en  fautoir ,  dont  les  anneaux  font  ter- 
minés par  une  couronne  royale  ,  &  qu'il  reçoit  le 
ferment  de  tous  les  O.îiciers  de  la  Chambie  du 
Roi.  Il  dit  auffi  qu'autrefois  la  dépouille  &  les  ha- 
bits du  Roi  lui  appaitenoient  ,   lequel  eh  devoir 


4o^  C  H  A 

avoir  neuf  par  jour.  Mais  comme  il  étoit  incom- 
mode de  le  déshabiller  li  ibuvent ,  on  en  failbit  une 
eftimation  qui  le  convertilîbit  en  argenr.  Le  jour 
du  l'acre  il  tire  la  botte  ,  &;  dcchaullë  le  Roi  ;  &  il 
eft  alfis  cà  Tes  pieds,  loriqu'il  tient  les  Etats  ou  Ton 
Lic-de-Juftice.  Foye:^  aulfi  Du  Tillet. 

P.  Bardin  imprima  en  1615  un  livre  intitulé,  le 
Grand  ChambdUn  de  France  ,  où  il  cil  amplement 
traité  des  honneurs ,  droits  ôc  pouvoirs  de  cet  office. 
Il  prétend  au  c.  ^  ,  p.  6  ,  que  l'office  de  Grand 
Chambellan  eil:  prelque  auifi  ancien  en  Frapce  que 
la  Monarchie  -,  car  ,  dit-il ,  li  nous  ne  voulons  pas 
Ajouter  foi  à  un  Hiftorien(  Nicolas  Gilles  ,  en  la  vie 
de  Clovis,  qui  dit  qu'Aurclien  député  par  Clovis  vers 
Gombaut ,  Koi  de  I5ourgogne  ,  pour  aller  rechercher 
ia  nièce  Clotilde  en  mariage ,  étoit  Chambellan  de  ce 
premier  Roi  Chrétien  \  au  moins  lommes-nous  obli- 
gés de  croire  à  Guaguinus ,  Liv.  II ;  à  Nicolas  Gilles, 
en  la  vie  de  Clotaire  i  &  à  Faucher ,  Liv.  III ,  c.  8  , 
qui  ont  aifuré  que  Gautier  de  Calez  ou  de  Caux , 
Seigneur  d'Ivetot  ,  l'étoit  de  Ion  fils  Clotaire. 

Il  y  en  a  qui  croient  que  le  Grand  Chambrier  & 
le  Grand  Chambellan  ,  font  deux  offices  Icparés  de 
pouvoir  &  de  dignité,  &  que  le  Chambrier  étoit 
proprement  celui  que  l'on  appelle  DomejUque  du 
Roi  ;  mais  ce  font  deux  noms  que  le  même  office  a 
eu  en  differens  temps.  L'on  trouve  néanmoins  en 
la  Chambre  des  Comptes  deux  titres  de  ces  Officiers  i 
&  nous  voyons  que  fous  un  m.ême  Roi ,  Se  en  un 
même  temps ,  deux  font  pourvus  des  Etats  de  Chani- 
kellan  &  de  Chambrier.  Toutefois  cela  ne  s'cft  fait 
que  dans  la  dernière  race ,  dit  Bardin  ,  quand  nos 
Rois  ne  voulant  point  mécontenter  les  grands  Sei- 
gneurs qui  demandoient  cette  charge ,  la  divifèrent 
ainû  ,  donnant  à  l'un  le  nom  de  Grand  Chambellan  , 
&  à  l'autre  celui  de  Grand  Chambrier  ;  de  peut-être 
fervoienr  -  ils  alternativement  par  femeftre  ou  par 
quartier.  Plufieurs  railbns  ,  continue-t-il ,  m'auto- 
rifenr  en  cela  ,  &  entr'autres  que  nous ,  voyons 
les  noms  de  Grands  Chambellans  &c  Chambriers 
foufcrits  indifféremment  aux  chartes  qui  n'ctoicnt 
fignces  que  par  les  cinq  grands  Officiers  de  la  Cou- 
ronne ;  mais  l'on  ne  trouve  point  que  ces  deux 
Officiers  aient  foullîgné  les  mêmes  Lettres.  Au 
ch.  VI ,  il  fait  une  lifte  des  Grands  Chambellans , 
jufqu'à  Charles  IX  ;  &c  au  ch.  Fil ,  des  Officiers  & 
Domeftiques  établis  fous  le  Grand  Chambellan. 

Le  Grand-Chambellan,  lejour  du  facre  du  Roi, 
a  foin  de  faire  tenir  la  porte  fermée  ,  attendant 
^ue  les  Pairs  &  Seigneurs  frappent.  Alors  il  leur 
demande  ce  qu'ils  cherchenr ,  6c  eux  répondant  j 
notre  Roi ,  il  leur  ouvre ,  afin  qu'ils  l'aillent  qué- 
rir pour  le  conduire  à  l'Eglife.  Là  le  Grand-Cham- 
bellan reçoit  les  bottines  royales  que  l'Abbé  de  S. 
Denys  lui  met  en  main,  pour  les  chauffer  au  Roi, 
&  à  lui  feul  appartient  de  lui  vêtir  la  Dalmatique 
de  bleu  azuré  ,  &  pai-deiTus  le  manteau  royal ,  les 
orailbns  étant  achevées. 

Par  les  Etats  des  Hôtels  des  Rois  Philippe  le 
Bel ,  &  Philippe  le  Long ,  en  toutes  autres  céré- 
monies royales  il  a  toujours  la  préféance.  S'il  porte 
ia  bannière  de  France  ,  il  eft  entre  le  Grand-Maître  , 
qui  rient  fon  bâton  ,  &  le  Grand-Ecuyer  ,  qui  porte 
l'épée.  Aux  entrées  de  ville ,  il  eft  à  fa  main  droite  , 
&  la  tête  de  fon  cheval  vis-à-vis  la  jambe  droite 
du  Roi.  Aux  cérémonies  à  pied  il  marche  un  peu 
derrière ,  à  fa  main  droite.  Quand  le  Roi  tient  fon 
Lit-de- Juftice  en  fes  Cours  de  Parlement,  par  Arrêt  de 
l'an  145 1  ,  11,  Avril,  il  a  féance  à  lés  pieds  fur 
un  carreau  de  velours  violet  couvert  de  fleurs-de- 
îis  d'or.  Il  couchoit  anciennement  dans  la  chambre 
du  Roi ,  quand  la  Reine  n'y  étoit  point  -,  &  lorf- 
<5u'il  couche  chez  le  Roi ,  tous  les  matins  un  Valet 
de  Chambre  le  doit  aller  avertir  ,  quand  le  Roi 
,eft  éveillé ,  afin  qu'il  lui  préfcnrelachemife  &  fa  robe 
de  nuit  ;.  honneur  qu'il  ne  défère  qu'aux  enfans  de 
Trance  ,  &  au  premier  Prince  du  Sang.  Aux  grands 
hommages  que  l'on  rendoir  au  Roi ,  le  Grand  Cham- 
àellan  pa^oit  pour  lui,  ôc  faifoit  faire  aux  Sei- 


C  H  A 

gneurs  les  protcftations  de  leur  fidélité  &:  du  de- 
voir de  l'hommage.  Il  avoir  l'œil  à  ce  que  ceux 
qui  étoient  fous  fa  charge  fiffcnt  nettoyer  &  ra- 
piiier  magnifiquement  le  Palais  Royal ,  prilfenc 
garde  aux  habillemens  du  Roi ,  donnaflént  ordre 
que  fon  lit  fût  honnêtement  &  richement  paré  , 
fon  linge  bien  blanc,  &  fes  meubles  bien  propres: 
loin  qui  lui  croit  commun  avec  la  Reine.  11  difpo- 
Ibit  des  préfens  qu'il  falloir  donner  aux  Ambaffa- 
deurs  Etrangers.  Il  a  pouvoir  de  commettre  un 
Lecteur  pour  le  Roi,  ce  qui  vient  apparemment 
de  ce  qu'anciennement ,  lorfque  nos  Rois  &  nos 
Reines  prenoienr  leurs  vêtemens,  &  pendant  leur 
repas  ,  on  avoir  coutume  de  leur  lire  quelques  hil- 
toires  &  faits  héroïques  des  Princes. 

Il  avoir  anciennement  la  garde  du  rrcfor  du  Roj. 
Il  a  encore  celle  de  fes  ornemens  royaux ,  couronne , 
fceptre  ,  main  de  juftice  ,  anneau ,  manreau  royal , 
(ctl  de  fecret  j  celle  des  étalons  des  poids  &:'me- 
furcs.  Depuis  Philippe  I,  qui  l'ordonna,  il  a  tou- 
jours fouifigné  avec  les  quatre  grands  Officiers  dp 
la  Couronne  aux  chartes  &  lettres  de  conféquence. 
11  affiftc  au  jugement  des  Pairs ,  &  y  a  voix  dclibé- 
rative.  Cela  fut  jugé  l'an  1114  fous  Louis  Wll, 
Foyei  Pafquier  ,  Liv,  IF,  des  Rech.  ch.  9.  Philippe 
le  Bel  défendit  qu'aucun  ne  prît  vivres  à  Paris  aux 
taux  du  Roi ,  excepté  la  Reine  ,  les  enfans ,  le 
Grand-Chambellan  ,  &:c.  Il  avoit  autrefois  fa  table 
entretenue  chez  le  Roi.  Il  étoit  exemt  de  payer 
aucun  fceau.  Lorl'que  le  Roi  eft  en  campagne,'  les 
Maréchaux  des  Logis  doivenr  marquer  pour  le 
Grand-Chambellan  la  première  chambre  après  celle 
du  Roi.  Cela  fut  jugé  au  voyage  de  Louis  XIII , 
en  Languedoc,  en  faVeur  de  M.  le  Duc  de  Che- 
vreufe  -,  &:  la  railbn  eft  qu'ancienTiemenr  il  couchoit 
dans  la  chambre  du  Roi.  Enfin  la  marque  &  en- 
feigne  de  la  Charge  de  Grand-Chambellan  eft  la 
bannière  de  France.  Tour  ceci  eft  tiré  de  Bardin. 
On  peut  voir  encore  Du  Tiiler,  P.I,  p.  415  6r 
J  lavantes. 

Le  Prevôr  de  Paris  prend  le  titre  de  Chambellan 
ordinaire  du  Roi.  Cela  vient  de  ce  que  nos  Rois 
voulant  être  informés  exattement  par  ce  Magiftrat 
de  rour  ce  qui  concernoit  leur  fervice  ,  ou  le  bien 
public,  arrachèrent  à  fon  office  celui  de  leur  Cham- 
bellan ordinaire  ,  pour  avoir  accès  à  roure  heure 
auprès  de  leur  perfbnne.  De  La  Mare,  Traité  de 
la  Police,  Liv,  I,   Tu.   Fil,  ch.  3. 

Le  Gtd.nà-Chambellan  eft ,  à  Rome ,  celui  qui  a  foin 
du  gouvernemenr  de  la  ville ,  qui  prélide  au  Pa- 
trimoine de  l'Eglife  &  au  Fifc  ,  &  qui  fait  les  au- 
mônes du  revenu  de  l'Eglife  :  c'eft  comme  le  Préfet 
du  Trélbr  Romain  ,  ou  le  Surinrendant  des  Fi- 
nances. jErario  Romane  prcefeclits ,  prapojitus.  Il 
a  auffi  le  foin  des  édifices  publics  ,  comme  les 
Ediles.  Le  fîége  vacant,  il  loge  à  l'appartement  du 
Pape  ,  marche  avec  fa  Garde-Suiffe  ,  &:  ordonne  de 
l'aifcmblée  du  Conclave.  Il  y  a  auffi  à  Rome  une 
charge  de  Chambellan  du  Sacré  Collège,  qui  s'exerce 
tour-à-tour  pendant  un  an  par  les  plus  anciens  Car- 
dinaux. Il  a  foin  du  revenu  du  Sacré  Collège ,  & 
en  fortant  de  charge ,  il  diftribue  à  chacun  des  Car- 
dinaux ce  qui  lui  appartient.  Il  eft  différent  du  Ca- 
merlinajie  ou  Chambellan  du  Pape,  ^rario  Jacri 
Cardinalium  Collegii  prœfeclus. 
Chambellan  ,  le  dit  auifi  d'une  des  deux  grandes 
râbles  que  le  Roi  rient  pour  les  Courtifans  ,  qui 
étoit  autrefois  renue  par  le  Grand-Chambellan ,  SC 
que  le  premier  Maître  d'FIôtel  tient  aujourd'hui. 
Aller  dîner  au  Chambellan. 

Dans  l'Abbaye  de  S.  Claude  en  Franche-Comré , 
le  Chambellan  éroir  un  des  offices  clauftraux.  Le 
Chambellan  de  S.  Claude  devoir  faire  les  afl&ires 
de  l'Abbé ,  fournir  des  efluie-mains  ou  lerviettes  , 
pour  le  lavement  des  pieds  du  Jeudi-Saint,  &fervir 
les  foixantc  pauvres  à  qui  on  devoir  les  laver.  Il 
ctoir  encore  obligé  de  fournir  de  la  paille  pouc 
les  lits  des  Novices  &  des  autres  Religieux,  P.  Hs- 
iYOT,  T.  F,  p.  lyi. 


CH  A 

CHAMBELLANÎE.  f.  £  Charge,  dignité,  office  de 
Chambellan.  Camerarii  ,  ou  Cubicidarii  dignitas, 
DuTillec  le  (cet  de  ce  mot ,  Parc. p^rg^ p.  415.  Au- 
jourd'hui il  faut  dire  charge   de  Chambelian. 

fjà-  CHAMBELLENAGE.  C'eft  airifi  qu'on  appelle 
en  Bretagne  le   droit  de  chambellage. 

(fT  CHAMBERLAIN,  f.  m.  C'eft  en^  Angleterre  ce 
que  nous  appelons  en  France  Chambellan. 

CHAMBERLAN  ,  le  diibit  autrefois  proprement  d'un 
Gentilhomme  dormant  dans  la  chambre  du  Roi  au 
pied  de  fon  lit  en  l'abfence  de  la  Reine,  comme 
dit  Ragueau.  Magijier  c-hulami  regii  Régis  ad  pedes 
cubans  abÇente  Regltiâ,  Chamberïanus,  Il  y  avoit 
aufiî  de  petits  Chamberlans  qui  mettoient  la  nappe  , 
comme  témoigne  Borel,  Le  même  rapporte  que 
Chamberlan ,  Ckamhrelan ,  &  Chambellan  eft  la  même 
chof.:.  Voye^^  Chambrelan. 

Ces  mots  viennent  du  latin  camerd ,  chambte  ,  &c 
l'on  devroit  dire  Chambrelan  pour  ChambelLm  ,  dit 
de  Saint-Julien  ,  A'ndq.  de  Chilons  ,  p.  584.  L'ufage 
r.i  adouci  en  retranchant  Vr.  Caméra ,  Chambre , 
eft  formé  fur  le  celtique  Cambr.  Pezron,  Ce  pré- 
tendu celtique  n'eft-il  point  un  mot  roman,  ou 
romanefque  ,  que  les  Gaulois  ont  fait  du  latin  ou 
du  grec  ? 
CHAMBÉRY.  Ville  capitale  de  Savoie.  Cameriacum, 
Chambéry  eft  lîtué  au  confluent  des  deux  petites 
rivières  de  Laife  8r  d'Albans ,  ou  Albane.  Il  y  a 
un  Parlement  que  l'on  appelle  Sénat  compofé  de 
quinze  Sénateurs,  ic  quatre  Préfidens  ;  &:  une  Cham- 
bre des  Comptes.  Paradin  ,  dans  fa  Savoie ,  dit  que 
cette  ville  eft  dans  le  territoire  des  anciens  An- 
tuates ,  Arituates,  Cenalis  &  quelques  auttes  pré- 
tendent que  c'eft  l'ancienne  Civaro  ,  ville  des  Al- 
lobroges ,  que  d'autres  mettent  à  Civron ,  village 
litué  fur  rifère  à  trois  lieues  de  Chambéry  long. 
13'!,  ;o'-,  lat.  4^-'l,  3^'. 
|cr  CHAMBLY.  Petite  ville  de  France,  dans  le 
Beauvaifis  ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  Senlis. 

f3*  CHAMBON.  Petite  ville  de  France  en  Auver- 
gne ,  fut  la  Voife,  à  quatre  lieues  de  Mont-Luçon. 

CHAMBORD.  Mailbn  Royale ,  dans  le  Blaifois ,  à 
trois  ou  quatre  lieues  de  Blois ,  de  l'autre  côté  de 
la  Loire.  Camboritum.  Chambord-i.  été  bâti  par  Fran- 
çois 1 ,    6c  Henri  II.  C'eft  dans  cette  retraite  que    . 
le  Héros  de  notre  fiècle  mourut  en  1750. 

CHAMBOURIN.  f,  m.  Efpèce  de  pierre    qui  fett  à  . 
faire  des  verres ,  qu'on  appelle  verres  de  criftal. 

CHAMBRANLE,  f.  m.  Terme  d'Architedure  ^  de 
Menuifcrie.  Bordure ,  ornement  de  menuiferie,  ou 
de  pierre,  qui  borde  les  côtés  des  portes  des  chambres, 
des  fenêtres ,  des  cheminées.  Antepagmentum.  Il  eft 
différent  fclon  les  ordres  \  8c  quand  il  eft  iimple  & 
fans  moulure  ,  on  le  nomme  bandeau.  Le  cham- 
branle a  trois  parties  :  les  deux  côtés  qu'on  appelle 
montans ,  Scapi  cardinales  ;  Si  le  haut  qu'on  ap- 
pelle traverfe.  Supercilium.  Le  chambranle  à  crîi , 
eft  celui  qui  porte  fur  Taire  du  pavé  ,  ou  fur  un  ap- 
pui de  croifée  fans  plinthe.  Le  chambranle  à  crof- 
fettes  eft  celui ,  qui  a  des  crolTettes  ou  oreillons  à  fes 
encoignures.  On  fe  contente  maintenant  d'un  feul 
chambranle  pour  faire  un  manteau  de  cheminée,  aVec 
un  tableau  au-de(îus. 

|Cr  CHAMBRE,  f.  f.  Membre  ,  partie  d'une  maifon  , 
d'un  appartement.  Ce  mot  fe  dit  de  la  plupart  des 
pièces  d'une  maifon ,  mais  particulièrement  de  celle 
où  l'on  couche.  La  chambre  à  coucher  ,  ou  chambre 
du  lit ,  eft  celle  où  l'on  couche  ordinairement.  Elle 
eft  dans  l'appartement  d'ufage.  Cubicuhim.  Chambre 
lambriflce,  parquetée,  boifée,  planchetéc,catrelée. 
Chambre  à  feu ,  fans  cheminée.  Chambre  à  alcôve  , 
chambre  en  niche. 

|cr  On  appelle  chambre  de  parade  ,  la  plus  belle 
chambre  d'un  appartement ,  où  font  les  meubles 
les  plus  riches,  deftinée  à  recevoir  les  vilîtes  de 
cérémonie. 

J3"  Il  y  avoit  autrefois  des  chambres  en  eftrade ,  où 
le  lit  ctoit  élevé  fur  des  giadins  féparés  de  la  pièce 


CHÀ 


I  [at  une  baîuftrade.  Chambre  en  galetas.  On  appelle 
ainli  celle  qui  eft  prife  dans  une  partie  du  toit  d'un», 
bâtn-nent.  Ces  chambres  fervent  aux  principaux  dû- 
meftiques  de  la  maifon. 
^C?  Ce  mot  s'emploie  auffi  en  parlant  des  chofes  qui 
fervent  à  \z  chambre.  Valet  de  chambre.Cubiculanus, 
Premier  Valet  de  chambre.  Cubiculariorum  decurio. 
Fille  de  chambre.  Famiila  cubiculâris.  Robe  de 
chambre  ,  robe  qu'on  porte  quand  on  garde  la  cham- 
bre.   Toga  domsjiica.  Pot  de  chambre. 

Ce  mot  vient,  félon  Nicot ,  du  latin  caméra  j, 
qui  a  été  dérivé  du  gxec  jcafta^y, ,  fignifiapt  voi'ue  ^ 
ou  courbe  ;  parce  qu'originairement  l'on    ne    don- 
noit  le  nom  de  chambre  qu'aux  places  qui  étoienc 
voûtées  en  arc  de  cloître.  Les  Efpagnols  difent  autfi 
camara  ,  d'où  on  a  fait  camarade.  Du  Cange.  Dans 
caméra  \'e  devenant  muet ,  ou  fe  retraftchant ,  T/ra 
n'a  pu  fe  prononcer  immédiatement  devant  Vr  ;  il  a 
fallu  ajouter  un  b  entre  deux  ,  félon  les  remarques  & 
les  principes  de  M.  l'Abbé  Dangeau ,  dans  fes  ex- 
cellens  Ejfais  de  Grammaire. 
Chambre  garnie.  C'eft  une  chambre  qu'on  loue  four-i^ 
nie  de  toutes  les  chofes  néceflaires.  Quand  on  n'a 
point  de  meubles ,  on  fe  met  en  chambre  garnie. 
Par  un  règlement  de  Police  du   zo  Mars  Kîjj  ,  il 
eft  défendu  aux  loueurs    de  chambres   garnies  de 
loger  ,  ni  recevoir,  ni  jour  ni  nuit,  que  perfohnes 
de  bonne  vie  ,  &  bien  famés  ,  ni  leur  adminiftrec 
vivres  ni  alimens  à  peine  de  punition  exemplaire. 
Et  leur   eft  enjoint  de  s'enquétir  de  ceux  qui  lo- 
geront chez  eux  ,  de  leurs  noms ,  furnoms  j  qua- 
lités ,   conditions ,    demeurances ,    du    nombre   de 
leurs  ferviteurs',  chevaux  ,  le  fujet  de  leut  arrivée  * 
&  le  temps  de  leur  féjour  \  en  faire  regiftre  ,    & 
le  porter  le  même  jour  au  Commiffaire  de  leur  quar- 
tier ,  lui  en  laiffer  autant  par  écrit ,  &  s'il  y  a  au- 
cuns de  leurs  hôtes  foupçonnés  de  mauvaife  vie  , 
en  donner  avis  audit  Commiffaire  -,    &   de   bailler 
caution  de  leur  fidélité  au  QcciFe  de  la  Police.  De 
LA  Mare.  Traité  de  la  Police,  Liv.  /,   T,  Vlll ^ 
ch.  ^^. 
^fT  Dans  les  Couvens  on  appelle  chambre  noire ,  une 
chambre  qui  n'eft  point  éclairée  ,  où  l'on  enferme 
ceux  qu'on  met  en  pénitence.  Conclave  piaculari- 
bus  pœnis  dejiinaium.  On  peut  aulfi  s'y  retirer  pour 
faire   des  retraites  volontaires. 
ft?  Garder  la  chambre-,  c'eft  être  indifpofé  à  ne  pou- 
voir fortir  de  fa  chambre.  Tenir  une  fille  en  chambre  * 
c'eft    l'y  entretenir.   Au   figuré  tenir  quelqu'un  en 
chambre  ,  c'eft  l'obféder  pour  le  faire  jouer ,  &:  lé 
tromper. 
^3"  Travailler  en  cA^/w^r^f,  en  parlant  des  Ouvriers, 
c'eft  ne  pas  tenir  boutique.  Privatos  intra  parietes 
artem  exercer e.  Cet  Ouvrier  ne  peur  tenir  boutique  i 
il  travaille  en  chambre. 
^3'  On  dit  proverbialement  &  figurément  d'un  hom- 
me un  peu  fou ,  qu'il  y  a  bien  des  chambres  à  louei! 
dans  fa  tête. 
Chambre  obfcure ,  en  terme  d'Optique,  eft  une  chambré 
ou  un  vaiifeau  bien  fermé  de  toutes  parts ,  à  la  ré- 
ferve   d'une  petite  ouverture  par  où  on  lailfe  en- 
trer les  rayons  du  Soleil ,  qui  vont  p^eindre  fur  le 
mur  oppofé,  fur  un  papier,  les  images  de  tout  ce 
qui  eft  au-dehors.  §Cr  Par  le  moyen  du  verre  len- 
ticulaiie  ,  que  l'on  met  au  petit  trou  prariqué  h  la 
fenêtre  ,  les  objets  de  dehors ,  fuivant  les  principes 
de  la  dioprrique  ,  fe  peindront  renverfés  fur  le  carton 
blanc  que  l'on    place  au  foyer  du  verre  lenticu- 
laire. 
fiCF  On  redrefle  les  images  ,  en  plaçant  au  deffus  du 
verre  lenticulaire  un  miroir  plan  extérieur  inchnc 
de  45  degrés  lur   la   boîte.  L'expérience  nous    ap- 
prend qu'un  miroir  plan  incliné  de  45  degrés  repré-' 
fenre  un  objet  horifontal    dans   une  fituation  per- 
pendiculaire. 
ftcr  Par  ce  moyen  on  fe  procute  un    fpeélacle  fort 
amufant  ,    5c  l'on  peut  delTin-r  les  objets  avec  là 
plus  grande  exaiilitude.  Daniel  Barbaro  ,  Patriarche 
d'Aquilcc,  a  été  le  premier  qui  a  écrit  de  cexid 


4o8  C  H  A 

invention,    enfuite  A.  Porta,    Se  Catdan  dans  fa 

Subtilité.  '^ 

Chambrb  ,  fe  dit  par  excellence  de  la  chambre  du 
Roi ,  des  Officiers  qui  y  fervent ,  &  des  meubles 
qui  y  font  deftincs.  CubiaUum  remum.  Les  quatre 
premiers  Gentilshommes  de  la  Chambn  ont  chez 
eux  les  Pages  de  la  Chambre  ,  &C  fervent  par  an- 
née ;  les  Valets  de  Chambre ,  les  Huilîiers  de 
Chambre  ,  par  quartiers.  La  Mufique  de  la  Chambre 
ou  autrement  du  petit  coucher.  On  appelle  auffi 
la  Chambre,  le  lit  iic  la  Chambre  du  Roi ,  qui  marche 
toujours  quand  le  Roi  va  en  campasçne.  On  ap- 
pelle aufTi  la  Chambre  du  Roi ,  les  plus  belles  cham- 
bres  des  châteaux  ou  des  hôtelleries  où  le  Roi  a 
une  fois  couché  allant  par  pays.  On  appelle  enfin 
chambre  du  Roi ,  certains  Officiers  de  la  Chambre 
ou  qui  y  ont  rapport ,  &  quand  le  Roi  Louis  XIV  , 
le  matin  après  être  levé,  pendant  qu'on  l'habil- 
loit ,  demandoit  fa  Chambre ,  alois  les  Huiifiers  de 
la  Chambre  prenoient  la  porte  de  la  Chambre ,  & 
avec  eux  entroient  les  Valets  de  Chambre  ,  les  Porte- 
manteaux ,  les  Porte-arquebufes  &:  autres  Officiers 
de  la  Chambre.  gCT  Avoir  les  entrées  de  la  Chambre  , 
c'eft  avoir  le  privilège  d'entrer  avec  les  Officiers  de 
la  Chambre. 

Chez  le  Roi  il  y  a  aufll  la  Charrtbre  aux  deniers. 
Infiituta  moderandis  regix  domûs  fumtibus  prœfec- 
tuta  :  &  trois  Maîtres  de  cette  Chambre  fervent 
chacun  leur  année  ,  &  règlent  la  dépenfe  de  la  Mai- 
fon  du  Roi  dans  un  bureau  établi  pour  cela ,  où 
ils  ptéfident.  Regio'patrimonio  tuendo  tribunal. 

Autrefois  on  appeloit  Chambre  ,  le  lieu  où  l'on 
gatdoit  le  Tréfor-Royal ,  comme  on  voit  dans  les 
Capitulaires  de  Charles  le  Chauve.  On  dit  encore 
à  Rome  des  ducats  de  la  Chambre  ;  pour  dire  du 
Tréfor  des  Papes. 
ChambS-e  ,  fe  dit  àuflTi  de  plufieurs  Juridictions  où 
l'on  rend  la  juftice.  En  chaque  Parlement  il  y  a 
une  Gia.nd.e-Chami>fe  ,  qu'on  appelle  autrement  la 
Chambre  des  Audiences.  Et  il  faut  prononcer  Gran- 
Chambre  &  non  pas  Grande-Chambre ,  qui  ne  fe 
dit,que  lorfque  l'on  veut  exprimer  la  grandeur  , 
l'étendue  de  la  pièce  d'un  appartement  que  l'on  ap- 
pelle chambre.  C'eft  ainfi  que  l'on  dit  gran  ,  ou 
grand'mère ,  &  non  pas  grande-mèrcx  Voyez  le  mot 
Grand.  §3"  Grand' Chambre,  fe  dit  par  extenllon 
des  Magiftrats  qui  ont  féance  à  la  Grand' Chambre. 
Dans  la  pemière  inftitution  du  Parlement  il  n'y 
avoit  que  deux  Chambres ,  &  deux  fortes  de  Con- 
feiUers  :  l'une  étoit  la  Grand-Chambre  pour  les 
audiences ,  dont  les  Confeillers  s'appeloient  Jugeurs , 
qui  ne  faifoient  que  juger ,  Primarium  cemtumvi- 
ralis  Primat  as  tribunal  ;  l'autre  des  Enquêtes  ,  dont 
les  Confeillers,  s'appeloient  Rapporteurs,  qui  ne  fai- 
foient que  rapporter  les  procès  par  écrit.  Inquiji- 
torum  curia.  Des  Chambres  des  Enquêtes ,  qui  ju- 
gent des  procès  par  écrit  :  il  y  en  a  cinq  à  Paris  ,  ail- 
leurs moins.  Une  Chambre  de  la  Tournelle  ,  ou 
Chambre  Criminelle ,  ou  fe  jugent  lés  procès  cii- 
minels ,  qui  eft  ainfi  appelée  ,  parce  que  les  Con- 
feillers des  autres  Chambres^y  vonttour  à  tour.  Capi- 
talium  judicum  tribunal, 
J3"  Chambre  de  la  Tournelle  Civile.  On  appeloit 
ainfi  une  Chambre  qui  a  été  créée  pluûeurs  fois  pour 
juger  certaines  affaires  quand  la  Grand'Chambre  étoit 
furchargce  :  elle  jugeoit  à  l'Audience  les  affaires 
au  deffous  de  mille  écus,  ou  de  cent  livres  de  rente 
&:  au  deffous.  Elle  étoit  compofée  comme  la  Tour- 
nelle Criminelle ,  des  Confeillers  de  la  Grand'Cham- 
hre  ,  6-  des  Enquêtes,  qui  y  alloient  alternative- 
ment. 

Il  y  a  auffi  des  Chambres  de  Requêtes  du  Palais. 
Inflitutum  Ubellis fupplicibus  judicandis  tribunal, 
où  l'on  juge  en  première  inftance  les  affaires  des 
Officiers  du  Roi,  qui  font  privilégiés  ,^&:  qui  ont 
droit  de  Committimus.  Il"  y  en  a  deux  à  Paris ,  & 
une  dans  les  autres  Parlemens. 

On  appelle  Chambre  du  Confeil,  la  Chambre  où 


CHA 

les  Confeillers  jugent  les  Procès  par  écrit.  Interius 
conjilii  conclave. 

La  Chambre  des  Vacations ,  eft  celle  qu'on  éta- 
blit pour  juger  des  matières  provifoires  &  crimi- 
nelles ,  pendant  que  le  Parlement  vaque.  Tribunal 
dicendi  juris  per  Jiatos  vacationum  forenjium 
dies. 

La  Chambre  de  la  queflion  ,  eft  celle  où  on  donne 
la  queftion.  Tribunal  tormentormm. 

Chambre  i^  CEdit  ou  Chambre  mi-partie,  eft  une 
Chambre  établie  en  vertu  des  édits  de  pacification 
en  faveur  de  ceux  de  la  Religion  Prétendue-Ré- 
formée ,  dans  laquelle  il  y  a  autant  de  Juges  d'une 
Religion  que  de  l'autre.  Tribunal  mixtorum  ex  Ca~ 
tholicis  &  Cdlvinianls ]udicum.  hs.  Chambre  de  TE- 
dit  du  Parlement  de  Touloufe  étoit  à  Caftres,  celle 
de  Bourdeaux  à  Agen.  Elles  ont  été  fupprimées.  LeS 
Chambres  de  l'Edit  jugeoient  toutes  les  affaires  aux- 
quelles ceux  de  la  Religion  Prétendue- Réformée 
étoient  intéreffés ,  ou  comme  parties  principales ,  ou 
comme  garans ,  foit  en  demandant ,  foit  en  défen- 
dant, tant  en  matière  civile  qu'en  matière  criminelle. 
On  en  avoit  excepté  les  caufes  où  il  s'agiroit  du 
poffefïbire  des  bénéfices ,  des  dîmes  non  inféodées  j 
du  patronage  Ecclclîaftique ,  des  droits  &  des  de- 
voirs du  domaiile  de  l'Eglife^  A  l'égard  des  appel>' 
lations  comme  d'abus  interjettées  des  Jugemens  ec- 
cléfiaftiques  par  ceux  delà  Religion  Prctendue-Ré-i 
formée  ,  fi  elles  étoient  fondées  fur  entreprifes  faites 
par  desEccléllaftiques  contre  la  Juridiction  Royale, 
contraventions  aux  Droits  &  Ordonnances  du  Roi  j 
&  Arrêrï  des  Cours  Souveraines  ,  elles  étoient  traij 
tées  &  jugées  par  les  Chambres  de  l'Edit  :  mais  fi 
elles  étoient  fondées  fur  une  contravention  aui 
faints  Décrets ,  Sanglions  &  Conftitutions  cano-^ 
niques ,  les  Chambres  de  l'Edit  n'en  pouvoient  con-j 
noître;  cependant  le  Clergé  avoit  obtenu  plufieurs 
Déclarations  &:  Edits,  poui  que  les  appellations 
comme  d'abus  des  Jugemens  ecclcfiaftiques  ,  fuffent 
toutes  tiaités  dans  les  Parlemens.  Voye:^  Fevret  j 
de  l'Abus  ,  Liv.  I  ,  ch.  i. 

IJC?  Chambres  aJfembUes ,  fe  dit  de  l'affemblée  de 
toutes  les  Chambres  du  Parlement.  CoaSum  ex  uni^ 
verfo  Senatu  confiliurn. 

§C?  En  matière  criminelle ,  on  entend  pat  Chambrei 
ajfemblées ,  la  Gïiinà'Chambre  feulement ,  Jointe  à 
la  Tournelle.  Les  Prêtres,  les  Gentils-hommes,  leS 
Officiers  Royaux  ont  le  droit  de  faire  juger  les  pro- 
cès criminels  par  les  Chambres  a(femblêes ,  c'ell-à- 
dire  ,  par  la  Gtand'Chambre  &  la  Tournelle  réu- 
nies ,  fans  y  comprendre  les  autres  Chambres. 

Chambre  des  Comptes  ,  eft  une  Cour  fouveraineou 
fe  rendent  tous  les  comptes  de  tous  les  deniers  royaux 
où  l'on  enregiftre  les  aveus  &dénombremens  qu'oa 
donne  au  Roi ,  les  fermens  de  fidélité  ,  &  les  autres 
chofes  qui  regardent  les  Finances  du  Roi,  ou  foii 
domaine  ,  Rationum  regiarum  curia.  Cette  Chambre 
fut  rendue  fédentaire  à  Paris  fous  le  règne  de  Phi- 
lippe le  Bel ,  &  fut  nommée  Chambre ,  comme  le 
Parlement.  Les  Avocats  &c  Procureurs-Généraux  du 
Parlement  &  de  la  Chambres  des  Comptes ,  furent 
communs  jufqu'.!  l'an  14J4.  Elle  avoit  une  plus 
grande  autorité  qu'elle  n'a  aujourd'hui.  C'éto.it  tou- 
jours un  Archevêque  ou  un  Evêque  qui  y  préfidoit. 
La  charge  de  fécond  Prcfident  fut  pendant  quel- 
que temps  affedlce  au  grand  Bouteillier  de  France. 
Ce  fut  Louis  XI  qui  nomma  un  Laïque  poui  pre- 
mier Préfident  :  Louis  XII  donna  cette  charge  à 
Jean  Nicolaï,  dont  les  defcendans  en  ligne  dite(5le 
ont  rempli  la  même  place  jufqu'à  préfent.  Elle  eft 
compofée  de  Préfidens ,  de  Maîtres,  Corrc(;l:curs& 
Auditeurs  ;  d'un  Avocat  6c  d'un  Procureur  Général* 
Foye^  Pasquier. 

Il  y  a  quinze  Chambres  des  Comptes  en  France, 
Paris,  Rouen,  Nantes ,  Montpellier,  Pau,  Gre- 
noble, Aix  en  Provence,  Dole,  Dijon,  Aire  en 
Arrois,  Lille,  Blois,  Metz,  Nancy  &  Bar. 

Chambre  des  Monnaies,  érigée  en  Cour  Souveraine 
fous  Henri  II.  Monetalium  judicum  curia,  ^CT  Elle 

étoit 


C  H  A 

ctoît  excrtée  pàt  les  Généraux  des  Monnoies  ,  qui 
jugeoient  en  dernier  reflbrt  de  tout  ce  qui  avoit  rap- 
port au  monnoies. 

Chambre  du  Trcjor  ,  eft  une  Jurididion  ou  Ion 
juge  en  première  inftance  les  affaires  qui  regardent 
le  Domaine  du  Roi ,  &  dont  l'appel  reilbrtit  au  Par- 
lement. jErarii  regii  tribunal. 

Chambre  EccUfiaJùque ,  eft  une  Chambre  où  l'on 
juge  par  appel  les  difFcrens  qui  arrivent  lur  la  levée 
des  décimes,  don-gratuit,  &  autres  impôts  fur  le 
Clergé.  Tribunal  tccUjiajiicum.  Il  y  en  a  de  fubal- 
ternes  en  chaque  Diocele.  On  les  appelle  Bureaux 
Ecclcfiaftiques.  Foyci  Bureau  ,  bureau  des  décimes. 
Il  y  a  en  France  neat'  Chambres  Ecclejialtiques  , 
favoir  ,  Paris ,  Rouen  ,  Lyon  ,  Tours ,  Touloule  , 
Bourdcaux  ,  Aix  ,  Bourges  &  Pau.  Elles  font  ordi- 
nairement compoiees  de  l'Archevêque  du  lieu  où  eft 
établie  la  Chambre,  qui  en  eft  le  Préfident,  des  au- 
tres Evêques  du  reilbrt ,  d'un  Député  de  chacun 
des  Dioccles  du  reffort,  de  trois  Conleillers  du  Par- 
lement, ou  du  Prclidial  où  le  tient  l'aHémblée.  La 
Chambre  les  choilit ,  &  prend  ,  autant  qu'il  fe  peut , 
des  Confeillcrs  Clercs  :elle  choilit  auili  un  Promo- 
teur. On  s'aiîémble  tous  les  huit  joues  :  quand  il  ne 
s'y  trouve  point  d'Evéques  pour  y  pré/ider  ,  c'eft 
un  des  Conleillers  qui  prélîde.  Pour  rendre  un  arrêt , 
il  faut  qu'il  y  ait  au  moins  lept  perfonnes,  &c  qu'il 
fe  trouve  un  Evêque  ou  un  Conîciller  pour  Prési- 
dent. Le  Receveur  général  du  Clergé  a  fes  caufes 
commifes  à  la  Chambre  Ecclejiaftique  de  Paris  ,  qui 
retient  dans  le  Palais.  Quoique  les  villes  d'Avignon, 
de  Carpentras  ,  de  Cavaillon  &  de  Vaifon ,  appar- 
tiennent au  Pape  ,  leurs  rciforts  font  compris  dans 
le  refîbrtde  Xi  Chambre  Eccléfuifiique  âCkW,  parce 
qu'il  y  a  quelques  ParoifTes  de  ces  Diocèfcsqui  ,étant 
dans  les  terres  du  Roi ,  font  fujettes  aux  impofi- 
tiops  comme  les  autres  lieux  du  Royaume.  L'Ai- 

•  femblée  du  Clergé  tenue  à  Mclun  en  1579  ayant 
révoqué  les  Syndics  généraux  du  Clergé,  qui  ju- 
^eoient  en  dernier  reflbrt  avec  deux  ou  trois  Con- 
feillcrs du  Parlement  de  Paris  les  difputes  qui  ar- 
rivoient  à  l'égard  des  impofitions  fut  le  Clergé , 
elle  demanda  "au  Roi  l'érabliirement  de  quelques 
Chambres,  où  l'on  jugeât  fans  appel  ces  matières, 
&  le  Roi  l'accorda  par  te  contrat  du  20  Février 
1580:  ce  qui  fut  fuivid'un  Edit  qui  étigeoit  les 
Chambres  de  Paris ,  Rouen ,  Lyon  ,  Tours ,  Tou- 
loufe,  Bourdeaux,  Aix,  &  qui  marquoit l'étendue 
du  relfort  de  chacune  de  ces  Chambres.  Cet  établif- 
fement  a  été  confirmé  de  temps  en  temps  par  les 
Rois ,  ordinairement  pour  dix  ans  chaque  fois ,  mais 
avec  quelque  changement  ;  car  en  1 5  91?  le  Roi  Henri 
le  Grand  ajouta  la  C/^^/i^/^r^  de  Bourges  à  celles  qui 
étoient  déjà  établies  :  &eni<Î5;  ,  le  Roi  Louis  le 
Jufte,  après  avoir  rétabli  les  Ecclcliaftiques  de  Bcarn 
dans  leurs  biens,  créa  \xnt Chambre  Eccléjiafiique'^ 
Pau  pour  les  DiocèfeS  de  Leftar  &  d'Oleron  ,  qui 
jufques-là  avoient  dépendu  de  la  Chanibre  Ecclé- 
y?^yZi.;Ke  de  Bourdeaux.  Par  l'Edit  de  I5^<î,  Gap  fut 
ôté  du  rcffort  de  Lyon ,  pour  être  mis  en  celui  d' Aix  ; 


pour  être  mis  en  celui  de  Pans,  t^oyei 
de  Dangeau,les  Mémoires  du  Clergé  ,  les  Procès- 
verbaux"  des  Afiêmblées  du  Clergé  ,  &c. 
Chambre,  fe  dit  anlli  des  Juridiétions  extraordinaires, 
établies  patdesCommifTions  du  Roi  pour  un  certain 
temps ,  comme  la  Chambre  de  Jiiflice  ,  ou  la  Chambre 
ardente ,  pour  la  recherche  des  criminels  d'Etat , 
ou  de  ceux  qui  ont  malverfé  dans  les  Finances.  Cî- 
pitales  judices  ex traor dinar ii.  On  appela  d'abord 
Chambre  ardente  ,  une  Chambre  que  François  II  éri- 
gea dans  chaque  Parlement  pour  faire  le  procès  aux 
Luthériens  &:  aux  Calviniftes,  parce  qu'on  les  faifbit 
brûler  fans  miféricorde  dès  qu'ils  étoient  convaincus 
de  n'être  pas  bons  Catholiques.  Mez.  En  1679  ,  on 
appela  aufT:  Chambre  ardente  ,\^  Chambre  qui  fut 
établie  pour  la  pcurfuite  des  enipoifonrteurs.  Lr. 
Chai-'hre  Royale,  pôut  la  réformation  des  Mala- 
Tome  ÎL 


C  H  A 

<ïtcrïes.  ^fT  II  y  a  eu  plufieurs  Tribunaux  êxtraordi* 
naires  établis  en  différens  temps,  fous  ie  iritrc  àt 
Chambre  Royale  ,  qui  ont  tous  été  lUprimés.  La 
Chambre  du  Domaine ,  pour  les  aftaires  extraordi» 
naires  du  Domaine. 

CHAMBE.E,  fe  dit  aufli  en  parlant  des  juridi(à:ions  étrâtïi 
gères.  La  Chambre  Apojtoiique ,  eft  celle  où  l'ori 
traite  les  aftaires  qui  regardent  le  Tréibr  ou  le  Do^, 
maine  de  l'EgUfe&du  Pape,  fes  parties  cafuellest, 
Caméra  apojioLica.  Les  expéditions  qui  doivent  paffer 
^^.x:\3.' Chambre  y  font  taxées  à  tant  de  ducats  de 
la  Chambre.  La  Chambre  haute  &  la  Chambre  ba£è  g 
font  les  deux  Chambres  qui  compofent  le  Parlement 
d'Angleterre.  Tribunal Juperius  ,  Tribun'al  inferius», 
La  Chambre  haute,  eft  la  Chambre  des  Seigneurs  :  le 
nombre  eft  afbitraire,  &;  dépendant  du  Roi.  L'Etac 
d'Angleterre  imprimé  en  \6^x  ,  en  compte  188.  La 
Chambre  bajj'e,  eft  celle  des  Communes,  compofée 
des  Députés  des  Provinces ,  des  Villes  &  des  Bourgs* 
qui  montent  3510  lorfqu'ils  fbnt  tous  préfens.  Danè 
la  réunion  qui  s'eft  taire  de  l'Angleterre  &  del'EcofTé 
en  un  feul  Royaume ,  &  en  un  feul  Parlement ,  lé 
nombre  des  Députés  de  la  Chambre  haute  a  aug- 
menté de  \6  Pairs  d'Eco  ffe  ,  &  celui  Aqïz  Chambré 
baffe  de  45  membres  Ecoflbis. 

La  Chambre  Impériale ,  eft  une  Juf  ididtion  qui  Ct 
tenoit  à  Spire  :  elle  a  été  depuis  transférée  à  Vctzlar» 
On  y  juge  les  dilFérens  des  Princes  &  Villes  de  l'Em- 
pire d'Allemagne.  Tribunal  Impériale.  Ctnc  Cham- 
bre étoit  au  commencement  ambulatoire.  Elle  fut 
formée  l'an  1473  à  Augibourg,  par  Frideric  IV.  Ella 
y  fut  continuée  l'an  1495  par  une  nouvelle  confti- 
tution  de  Maximilienl,  du  confentcment  de  tous 
les  Ordres  de  l'Empire.  Nonobftant  cette  inftitution 
cette  Chambre  fut  envoyée  à  Francfort ,  &:  de  là  à 
Wormcs  l'an  1497.  Enfuite  après  avoir  été  tranf- 
portée  en  divers  lieux  ,  comme  à  Nuremberg  ^  à  Ra- 
tifbonne  ,  puis  encore  à  Wormes  &  à  Nuremberg  » 
&  de  cette  dernière  ville  à  Eflingen  ,  on  la  transfera 
enfin  l'an  1527  à  Spire,  où  Charles  V  la  rendit 
fédentaire  l'an  1 5  50  par  une  Déclaration  qui  fut  ex-* 
pliquée  en  1548  par  une  autre  plus  ample,  avec  la 
claufe  que  cette  Chambre  ne  pourroit  plus  être 
transférée  ailleurs  fans  le  confenrement  des  Etats 
de  l'Empire,  à  moins  que  ce  ne  fût  en  cas  de  guerre 
ou  de  pefte.  Heiss.  Il  n'y  avoit  que  16  AfîeffeurS 
dans  ion  inftitution  ;  mais  à  caufe  du  changement 
de  Religion  dans  une  pattie  de  l'Allemagne,  le  traité 
de  paix"  fait  à  Ofnabrug  en  1648  en  augmenta  le 
nombre.  Outte  cinq  Prélidens ,  on  y  crablit  ^o  A/fef^ 
feurs  ,  dont  font  z6  Catholiques  &  24  Protcftans, 
Entre  les  Prélidens  il  y  en  a  auffi  deux  Proteftans  , 
afin  de  tenir  la  balance  plus  égale  entre  les  deux 
Religions.  Cette  Chambre  a  le  pouvoir  de  jugeC 
par  appel  ert  dernier  reflbrt  de  toutes  les  affaires 
civiles  de  tous  les  fujets  de  l'Empire;  de  même  que 
le  Conleil  Aulique  ,  qui  réfide  à  h  Cour  de  l'Em- 
pereur. Les  Procès  n'y  font  prefquc  jamais  jugés ,  pac 
le  nombre  prefqu'infîni  de  formalités  dont  on  les 
embaralfe.  D'ailleurs ,  la  Chambre  Impériale  n'ofe  pas 
bien  fouvent  prononcer,  de  peurd'expofer  Tes  arrêts  à 
quelque  difgrace  -,  parce  qu'il  arrive  quelquefois  quô 
les  Princes  "ne  permettent  pas  qu'on  exécute  les  af* 
rets  de  la  Chambre  qui  ne  leur  plaifent  pas.  Comme 
les  Princes,  ouïes  Cercles  de  l'Empire,  ne  rem- 
pliflTent  pas  toujours  exadcment  les  places  vacantes  , 
le  nombre  des  AfTeffeurs  eft  prcfentement  réduit 
à  15. 

Chambre  des  affurances,  c'eft  une  Cour  de  Juftice 
&  le  lieu  où  l'on  juge  en  Hollande  les  affiiires  quâ 
les  afTurances  font  naître. 

Chambre  d'«  Tiers,  eft  une  Chambre qmk  tient  au 
Palais,  &qui  eft  compofée  de  dix  Procureurs ,  qui 
font  nommés  de  remps  en  temps  d'entre  ceux  qui 
ont  dix  ans  de  poftulation  ,  pour  régler  les  difFc- 
rens qui  naiflent  dans  les  taxes  de  dépens,  quand 
les  parties  ne  s'en  tiennent  pas  à  ce  que  le  Procureur 
tiers  a  arrêté.  *,  ^  „  • 

Fff 


4IO  CHA 

Chambre  ày^/,  font  des  cA^œ/^r^j  établies  dans  les 
lieux  dont  les  Greniers  à  lel  font  éloignés. 

Ch AMBKH  Jii  I^/diJoycr ,  qui  n'elt  aujourd'hui  connue 
que  fous  le  nom  de  Cïund' CAamire ,  connoit  des 
appellations  verbales ,  interjetées  des  autres  Juges 
ordinaires  ou  extraordinaires ,  dont  l'appel  reiibrtit 
au  Parlement. 

ÇCT  Chambre  dorée  du  Palais.  On  appeloit  ainli  la 
C\:a.nd" Lkamlre  ,  à  caufe  de  fon  plafond  qui  ell  doré. 
Elle  a  été  aulfi  nommée  h  grande  roùft,  parce  qu'elle 
elt  voûtée  delfus  &:  deiJôus  &c  que  la  voutc  fupérieure 
a  beaucoup  de  portée. 

Chambre  Royak  de  Médecine,  C'étoit  une  eipcce 
de  féconde  Faculté  de  Médecine  que  Theophralte 
Renaudot  J&:  quelques  Médecins  des  Facultés  étran- 
gères avoient  voulu  établira  Paris  vers  l'an  1670. 
S.  Germain ,  qui  avoir  été  Carme  Déchaulfé ,  iSc 
qui  étoit  à  la  tête  de  cette  affaire ,  obtint  de  M. 
le  Chancelier  d'Aligre  des  Lettres-Patentes  \  mais  le 
même  Chancelier ,  par  un  Arrêr  du  17  Juin  1675 
ordonna  le  rapport  de  ces  Lettres-Patentes ,  &:  dé- 
fendit à  ceux  qui  les  avoient  furprifes  de  s'en  fervir. 
Enfin,  une  Déclaration  du  5  Mai  iû'<>4  calià cette 
Chambre. 

Chambre  ,  ou  Commanderie  Magistrale.  Terme 
en  ul'age  dans  l'Ordre  de  Malte.  On  le  dit  des  Cotn- 
manderies  qui  font  affignées  au  grand  Maître  :  car 
les  Statuts  de  l'Ordre  portent  que  ,  pour  foutenii 
le  poids  de  la  dignité  de  Maître  de  l'Ordre  avec 
plus  de  magnificence  &:  de  commodité  ,  on  lui  af- 
îigne  une  Commanderie  dans  chaque  Prieuré.  On  les 
nomme  Magiftrales  ,  &  elles  ne  peuvent  plus  en 
être  féparées  :  le  Maître  a  cependant  coutume  de  les 
donner  à  bail  ou  à  penlîon  à  des  Frères  qu'il  aime. 
Les  Commanderies  ,  ou  Chambres  magijirales  en 
France ,  font  celles  de  Pézénas  ,  de  Puibran ,  de 
Salins ,  d'Itennut ,  du  Temple,  de  la  Rochelle  ,  & 
celle  de  Metz.  Il  y  a  auHi  des  Chambres  Prieurales. 

Chambre  Royale ,  ou  Chambre  Syndicale  des  Mar- 
chands Libraires  de  Paris.  C'eft  une  Chambre  éta- 
blie pour  y  tenir  des  aifemblées ,  &  y  délibérer  des 
affaires  du  Corps  de  la  Librairie. 

Chambre,  [Maure  de)  ou  Camérier,  c'eft  le  pre- 
mier Oiïicier  de  la  Chambre  du  Pape ,  ou  d'un  Car- 
dinal. Camerarius. 

En  termes  de  Fonderie  ,  on  appelle  chambre  y  un 
vide  ou  concavité  qui  demeure  dans  un  canon  ou 
une  cloche  qu'on  a  fondue ,  où  le  métal  n'a  pas 
coulé,  hiterior  cavus.  Il  faut  refondre  un  canon 
lorlqu'il  y  a  une  chambre  ;  il  pourroit  crever , 
parce  que  cet  endroit  efl:  plus  foible.  On  appelle 
aufTi  chambre  ,  un  endroit  au  fond  de  l'ame  de  cer- 
taines pièces  de  canon  &  certains  mortiers  de  nou- 
velle invention  ,  qui  efl:  concave,  fc  que  l'on  tait 
exprès,  en  les  fondant  pour  y  mettre  la  poudre  ,  & 
où  fe  va  terminer  la  liur.ière. 

Chambre  ,  terme  de  Selier ,  qui  fe  dit  du  vide  qu'on 
pratique  dans  une  felle  de  cheval ,  un  bât ,  un  collier, 
en  retirant  un  peu  de  la  bourre  ,  lorfque  le  che- 
nal eft  foulé  ou  bleifé  en  quelque  endroit ,  pour 
empêcher  que  la  felle  ne  porte  delfus.  Fars  Ephip- 
pii  camerata. 

Chambre  de  mine.  C'eft  l'endroit  où  l'on  met  la  pou- 
dre quand  on  fait  une  mine.  Cavus  pulverarius.  La 
chambre  d'une  mine  eft  un  vide  de  cinq  à  fix  pies 
cubes ,  &  fe  charge  d'un  millier  de  poudre  ou 
environ.  On  l'appelle  autrement  fourneau.  C'eft  là 
qu'aboutit  la  faucille  à  laquelle  le  Àlineur  met  le  feu 
pour  faire  fai:ter  la  mine. 

En  termes  de  Marine ,'  chambres  des  vaiffeaux  , 
font  les  lieux  où  couchenr  les  Officiers  Majors.  C«- 
pribicula.  On  ^.-ç^tWz  gr and' chambr e  .^  celle  qui  eft 
prife  fur  l'arrière  du  fécond  pont  du  vaiifeau  -,  5: 
Chambre  de  Conjéil,  celle  qui  eft  au-deifus  de  la 
grand' chambre  ^  dans  laquelle  fe  tient  leconfeil.  La 
c/;aOT^r«desCanoniers,  eft  l'étage  ou  retranchement 
de  l'arrière  vaiifeau  au-deflus  de  la  foute ,  &  au- 
defibus  de  la  chambre  du  Capitaine  :  les  vaiffeaux  de 
guerre  y  ont  ordinairement  deux  fabotds.  Chambres 


CHA 

1     aux  voiles  ;  c'eft  le  lieu  où  l'on  tient  les  voiles  de 
rechange  ,  pour  en  changer  quand  il  en  eft  bcfoin. 

Chambre  ,  dans  les  Relations ,  lé  dit  des  logemcns 
de  la  Milice  Turque.  Hoj'puium  militare.  IJn  peu 
au-delà  de  Sainte  Sophie  (  à  Conftantinople)  font 
leslogemens  des  Dgcbedgis,,  c'eft-à  dire  ,  desCui- 
ralliers ,  qu'ils  appellent  Chambres  ,  comme  tous 
les  autres  quartiers  de  la  mihcc.  Duloir,  ».  rj> 
De  l'autre  côté  de  la  Mofquée  de  Chahzade ,  Ibnt 
les  vieilles  chambres  des  Janilfaires ,  qui  font  les 
logemens  de  ceux  qui  demeurent  dans  Conftantino- 
pic,  &,  qui  ne  font  pas  mariés.  Id./.  cîo. 

On  appelle  aulii  chambre  ,  la  partie  intérieure 
la  plus  protonde  d'un  port,  qu'on  nomme  autre- 
ment paradis  ,  &  darcine  ou  bajjin ,  où  l'on  retire 
les  vaiifcaux  délàrmés,  pour  les  calfater.  iV^ny. 

Chambre  d'ecluje.  C'eft  l'cfpace  du  canal  compris  en- 
tre les  deux  portes  d'une  eclufe. 

%fT  Chambre,  en  termes  de  Tilferand  ,  eft  l'efpace 
qui  fe  trouve  entre  deux  lames  du  peigne,  &  dans 
lequel  paife  une  partie  des  fils  qui  forment  la  chaîne. 
Les  Vitriers  appellent  auHi  chambre  ,  le  creux 
qui  eft  dans  la  verge  de  plomb,  où  ils  placent  le 
verre  lorlqu'ils  font  des  panneaux  de  vitres. 

33°  Chambre  de  l'œil,  en  Anatomic ,  c'eft  l'efpace 
compris  entre  le  criftallin  i^  h  cornée,  lequel  con- 
tient l'humeur  aqueufe  qui  remplit  l'œil. 

^CF  Chambres  dans  les  Verreries.  Ce  font  des  ou- 
vertures parriculières  prariquées  dans  les  murailles 
du  four ,  &:  au  niveau  des  lièges ,  afin  de  pouvoir 
manœuvrer  plus  facilement  fur  les  pots ,  quand  il 
leur  arrive  de  caifer. 

§3"  Chambre  du  cerf,  en  Vénerie  ,  eft  l'endroit  où 
le  cerf  repofe  pendant  le  jour. 

§3*  On  donne  auHl  le  nom  de  chambre  à  une  efpcce 
de  piège  préparé,  pour  prendre  des  loups  &  des 
renards.   ^ 

CHAMBREE,  f.  f.  Nom  collcdif ,  qui  fe  dit  de  ceu« 
qui  occupent  une  chambre,  qui  logent  enferable 
dans  une  même  chambre.  fJCT  On  le  dit  particu- 
lièrement d'un  certain  nombre  de  Soldats  qui  louent 
enfemble ,  foit  dans  le  camp ,  foit  en  garnilbrt.  Con- 
tubernium.  Ces  trois  Soldats  font  d'une  même 
chambrée.  Contubernales. 

Chambrée  fe  dit  à  la  Comédie  &  à  l'Opéra,  poue 
déligner  le  nombre  des  fpeétateurs  &:  le  produit  de 
la  recette.  Ainli  l'on  dit  bonne  ou  mauvailé  chambrée. 
La  chambrée  a  été  forte  ,  médiocre ,  foible. 

Dans  les  ardoiliêres ,  on  appelle  chambrée  ,  les 
différentes  profondeurs  auxquelles  la  carrière  a  été 
percée.  La  bonne  chambrée  eft  celle  où  le  trouve 
l'ardoife  de  bonne  qualirc. 

CHAMBRELAN.  f.  m.  Ouvrier  qui  travaille  en  chamr 
bve  ,  qui  n'cft  pas  Maître,  qui  ne  peut  ouvrir  bou? 
tique.  Qîii  privatos  inter  parietes  opus  exercet. 

Il  fe  dit  aulfi  d'un  Locataire  qui  n'occupe  qu'une 
chambre  dans  une  maitbn.  Il  eft  populaire  en  ce 
fens. 

CHAMBRER.,  v.  n.  Terme  de  guerre.  Loger  enfembte 
fous  une  même  tente  ,  ou  dans  une  même  chambre, 
Eodem  uti  contubernio.  Les  Fantafîîns  chambrentût 
àlîx,  les  Cavaliers  trois  à  trois  ordinairement. 

03°  On  dit  aulli  à  i'adif ,  chambrer  quelqu'un  ,  le 
tenir  enfermé  par  une  forte  de  violence  ou  de  fer 
duélion  -,  le  tirer  en  particulier  dans  une  afiérablée. 

ACAD.   Fr.  -       ! 

On  dit  aufTi  en  termes  de  Sellier,  chambrer  WBR 
felle  :  pour  dire  ,  y  taire  une  chambre  ,  y  faire  de 
petits  trous  &  tirer  la  bourre ,  quand  le  cheval  ell 
bleifé  ,  de  peur  que  la  felle ,  en  pofant  delfus ,  ne 
le  bleffe  encore  davantage  :  alors  le  mot  de  cham- 
brer eft  encore  aiftif  Camerare. 

^fT  Chambrer  ,  eft  aulli  un  terme  de  Verrerie. 
Voye:^  Chambres. 

chambré  ,  EÈ.adj.  Il  n'eft  guerre  en  ufage  qu'en  par- 
lant des  armes  à  feu  ,  où  il  y  a  des  chambres.  Ca- 
mcratus.  On  rebute  les  canons  chambrés  ,  parce 
qu'ils  fonr  fujets  à  crever.  Un  fulil  dont  le  canon  efl; 
ch.vnbré ,  fe  falit  Si  repoullê  ,&  crève  ilicilemen:. 


» 


CH  A 

Chambré  j  ée.  Terme  de  Conchyliologie.  II  s'entend 
d'une  coquille  qui  efl:  cloilbnnéejou  réparée  dans 
fon  intérieur,  comme  le  nautille,  la  corne  d'Am- 
mon  &  quelques  Icpas. 

CHAMBRERIE.  f.  f.  §3"  Juftice  qui  ctoit  attachée 
autrefois  à  la  charge  de  grand  Chambrier  de  la  Cou- 
ronne ,  qui  tut  lupprimée  avec  l'office  de  Chambrier 
en  1545. 
'ÇC?  Chambrerie,  dans  les  Chapitres,  efl  un  office  ; 
&  dans  quelques-uns,  une  dignité,  qui  conlifte  à 
avoir  foin  des  revenus  communs  &  à  en  taire  des 
rapports  au  Chapitre. 
^fj"  On  appelle  aufTi  Chambrerie ,  office  de  Cham- 
brier, certain  bénéfice   qui  eft  un  des  principaux 
offices  clauftraux  dans  les  grandes  Abbayes.  Prœfec- 
titra  cubicularis  apud  monachos. 
CHAMRRET.  f.  f.  Diminutit".  Petite  chambre.  Anguf- 

tum  cuhiculum.  Il  eft  du  ftyle  familier. 
CHAMBRETTE.  f.  f.  Sorte  de  poire  §3*  ainfî  nommée 
de  la  paroifle  de  Chambrer  en  Limoufin.  Elle  mûrit 
en  Odlobre  :  elle  cft  de  couleur  jaune  ,  d'une  groHèur 
raifonnable.  En  mûrirtanr  elle  devient  pâteufe.  Elle 
dure  peu  de  temps.  C'eft  une  aflez  mauvaife  poire. 
CHAMBRIER.  f,  m.  Grand  Officier  qui  avoir  loin  de 
la  chambre  ou  du  Trélbr  chez  les  Rois  &  les  Empe- 
reurs. Regio  cubiculo  ,  ve/terario  prxpojitus  ,  fiipre- 
mus  Regii  cuhicull  vel  ararii  adminijier.  En  France 
le  Chambrier  donnoit  les  ordres  dans  la  Chambre  du 
Roi.  Le  Gendre.  Il  fignoir  autrefois  les  Lcttres-Pa- 
tcnres  en  qualité  de  Grand  Officier  de  la  Chambre 
du  Roi.  Le  Grand  Chambrier  avoir  juridiélion  par 
lui-même  &:  par  fes  Lieurenans  fur  tous  les  Mar- 
chands &  Artifans  du  Royaume ,  mais  il  ne  jugeoit 
pas  en  dernier  rcffort.  On  appeloit  de  lui  au  Grand 
Confeil.  Charles  V ,  dans  des  Lettres-Patentes  don- 
nées en  I  }68  ,  dit  que  le  Chambellan  avoit  dix  fous 
fur  chaque  Maîtrife ,  ôc  le  Chambrier  fix.  Quelques- 
uns  prétendent  que  le  premier  Chambrier  que  l'on 
connoiflè  efl:  Renaud  ,  qui  l'étoit  fous  Henri  I ,  en 
10^0.  M.  Du  Chefne  remonte  jufqu'à  Dagobert, 
fous  lequel  l'étoit  Taltus  ;  &  il   en  trouve  encore 
fept  autres  dans  la  première  &   la  féconde   race. 
L'office  de  Chambrier  fut  fupprimé  en    1 545; ,  pat 
François  I,  après  la  mort  de  fon  fils  Charles  de 
France ,  Duc  d'Orléans  ,  qu'il  en  avoit  poutvu  après 
la  mort  de  Charles  III ,  Duc  de  Bourbon.  A  la  place 
du  Chambrier  il  créa  un  premier  Gentilhomme  de  fa 
Chambre.  Quelques-uns  prétendent  qu'autrefois  le 
CAflOT^wr  étoit  la  même  chofe  que  le  Grand  Cham- 
bellan. Voyei  Chambellan  ,  &  du  Tillet ,  F.  1 ,  4^, 
79'  515  >  595)  410  5  &  Juivantes. 

On  trouve  Cambrerius  dans  labafle  larinité,  auffi- 
bien  que  cambra.  ,  pour  caméra  y  chambre.  Voyez 
Chambre. 
Chambrier  dans  les  couvens.  Officier  claufliralqui  efl 
pourvu  d'une  chambrerie  ;  qui  a  foin  des  revenus 
de  lamaifon,des  greniers  ,  du  labourage  &c  des  pro- 
vifions ,  tant  pour  la  bouche  que  pour  le  vefliaire. 
Monajlerii  Provifor.  On  l'appelle  en  quelques  en- 
droits Provifeur. 
Chambrier.  Nom  d'un  Officier  Eccléfiaflique.  Came- 
rarius.  L'Evêque  de  Coireou  ChurenSuiflc,  publia 
un  Mandemeut  l'an  1^44,  adreflc  à  rous  les  Doyens , 
Chambrier  s  ■,  Curés,  Coopérateurs  &:  Chapelains  de 
fon  Diocèfe.  P.  Hllyot  ,  Tom.  VllI  -,  p.  110. 

On  appelle  auffi  Chambrier,  d:ins  les  Eglifes,  celui 
qui  a  foin  des  revenus  communs.  A  Lyon  on  le 
nomme  Chamarier  ,  dans  quelques  endroirs  Proyi- 
y^zir.  Chez  quelques  Religieux  c'eft  celui  qui  préfide 
à  une  Chambre  particulière  ,  ou  petit  Chapitre  ,  où 
on  règle  la  dépenfe  &  les  nr>enues  affiiires  de  la 
mai  fon. 

On  appelle  dans  la  converfation ,  Grand  Cham- 
brier ,  un  Confeiller  de  Grand'Chambre.  La  vie  d'un 
grand  Chambrier  efl  fort  laborieufe. 

CHAMBRIERE,  f.  f.  Servante  des  perfonnes  de  petite 
condition.  Ancilla.  Ce  mot  n'cfl  plus  en  ufage  qu'en 
parlant  des  fervantes  de  ceux  qui  n'ont  qu'un  petit 


CH  A 


411 


ménage  ,  ou  qui  n'ont  pour  tour  domeflique  qu'une 
fervante.  Cependant  en  Provence,  en  Languedoc, 
on  ufe  du  mot  Chambrière  pour  toutes   fortes  de 
fervantes.  En  quelques  autres  Provinces ,  le  p<_uple 
conl'ervc  auifi  le  même  ufage  ,  qui  néanmoins  com- 
mence à  s'abolir. 
Chambrière  en  terme  de  manège  ,  efl  un  long  fouec 
fait  d'une  grande  courroie  de  cuir  attachée  au  bout 
d'un  bâton ,  quifert  à  fouetter  les  chevaux  pour  les 
faire  obéir  au  cavalier.  Flagellum  è  corrigid. 
Chambrière.  Terme  de  Fileufe.  Petit  ruban ,  ou  autre 
choie  pliée  &  attachée  au  haut,  du  fein ,  qui  tient  la 
quenouille  en  état  lorfqu'on  file.   TanioU  ad  fujii- 
jiendum  columen  comparata. 

On  donne  encore  ce  nom  à  un  demi-cercle  de 
fer,  fufpendu  par  une  anfe  auffi  de  fer,  que  l'on 
accroche  à  la  crémaillère  d'une  cheminée.  On  fe 
fert  de  la  chambrière  pour  fricaiîer  plus  commodé- 
ment ,  parce  que  l'on  pofe  la  poêle  delfus ,  pour 
foulager  fes  bras ,  &  lailfer  bouillir  ce  que  l'on  fri- 
cafle.  On  ne  lève  la  poêle  de  deflùs  la  chambrière, 
que  lorfqu'on  veut  tourner  ce  que  l'on  fricafle  ;  ce 
qui  fatigue  beaucoup  moins  que  s'il  falloir  toujours 
fupporter  la  poêle  à  frire  avec  fes  bras.  IK?  On 
appelle  auffi  chambrière  une  efpèce  de  chandelier  à 
l'ul'age  des  charrons  &  autres  ouvriers ,  fervant  à 
porter  leur  chandelle  quand  ils  rravaillent  le  foir. 
CHAMBRILLON.  f.  f.  Perite  fervante  qui  gagne  peu 

de  gages.  Ancillula.  Il  eft  bas. 
ÇCT  CHAME  ou  CAME.  Nom  générique  de  coquil- 
lages qui  comprend  plufieurs  elpèces,  telles  que  les 
flammectes  ,  les  iavignons,  les  palourdes.  Foye^ 
Came. 
CHAMEAU.  1".  m.  §3"  Animal  quadrupède ,  haut  de 
jambes ,  qui  a  le  cou  fort  lon^,  &  qui  rumine ,  pro- 
pre pour  la  charge ,  &  non  point  pour  ÙTer.  Came/us. 
Il  eft  fort  commun  en  Orienr.  Le  chameau  arabef- 
que  a  une  grolfe  boifc  fur  le  dos  :  le  médois  en  a 
deux.  Sa  charge  ordinaire  eft  de  mille  livres  pcfant. 
Le  chameau  a  cela  de  particulier,  qu'on  l'accoutume, 
dès  qu'il  eft  né,  à  fe  baifTer  pour  recevoir  fa  charge  : 
on  lui  plie  les  quatre  pieds  fous  le  ventre,  on  lui 
met  fur  le  dos  un  tapis ,  dont  les  bords  font  chargés 
de  pierres ,  afin  qu'il  ne  fe  puifle  relever  pendant 
vingt  jours.  Il  a  le  pié  large  &  folide  ,  &c  non  pas 
dur:  car  il  eft  couvert  d'une  llhiple  peau.  Le  poil 
de  chameau  fert  à  plulieurs  ouvrages  &  étofïês.  Le 
chameau  eft  dix  à  douzejours  fans  boire  ni  manger. 
Quand  il  eft  en  chaleur ,  il  fe  retire  à  part  avec  ia 
femelle  ,  &  la  couvre  tout  le  jour.  fJ^T  Pendant 
qu'il  eft  en  rur ,  il  eft  furieux  :  cela  dure  quarante 
jours.  La  femelle  s'accroupit  pour  recevoir  le  mâle. 
Elle  porte  onze  mois  &  ne  fait  qu'un  petit  à  la  fois. 
les  mâles  coupés  font  plus  forts.  On  n'en  lai/Te  qu'un 
enricr  pour  dix  femelles.  On  ne  h  fert  point  d'etriile 
pour  le  panfer.  On  le  frappe  feulement  avec  une 
petite  baguette  comme  fur  Un  tapis  pour  en  ôter  la 
poufficrç.  Le  maître  le  fuit  en  chantant  &  en  fiflant. 
Plus  il  chante  fort ,  &  mieux  il  marche.  Il  eft  fujet  à 
s'écarter  :  c'eft  pourquoi  lorfque  les  caravannes  paf- 
fcnt  dans  des  terres  gliflanres  ,  on  étend  des  tapis 
fous  les  chameaux,  quelquefois  jufqu'au  nombre  de 
cent.  Tavernier.  l^oye^  Dromadaire. 

Les  chameaux  gardent  de  l'eau  dans  leur  eftomac 
fort  long-temps  pour  fe  rafraîchir ,  par  le  moyen 
d'un  grand  ventricule  qu'ils  ont ,  autour  duquel  on 
trouve  un  nombre  confidérable  de  facs  enfermés 
entre  fes  tuniques ,  dans  lefquels  il  y  a  apparence 
que  ces  animaux  mettent  leur  eau  en  réferve.  On 
prétend  même  que  c'eft  la  dernière  rcffource  des 
Caravannes  ,  d'ouvrir  le  ventre  de  ces  animaux 
pour  fp  fervir  de  cette  eau.  Mais  par  les  Obfervations 
Phyjiijues,  Scc.  que  les  Jéfuites  ont  faites  à  la  Chine , 
il  paroît  que  ces  réfervoirs  prétendus  ne  fe  trouvent 
point  dans  les  chameaux  ;  ils  ont  vérifié  le  fait  pat 
ladifiedlion  de  divers  chameaux.  P.  Gouye.  Mais 
on  ne  doit  pas  regarder  ces  obfervations  comme 
bien  exaéles  :  il  eft  cerrain  que  les  ch-ameaux ,  outre 
les  quatre  parties  du  ventricule  qu'on  trouve  dans 

Fffij 


412  CHA 

tous  les  animaux  ruminans,  onc  une  clncluième  poche 

d'une  capacité  allez  conhdcrablc  ,  qui  ne  le  trouve 

point  dans  les  autres  :  c'cll  dans  cette  elpecc  de  rc- 

iervoir  qu'ils  mettent  une  grande  quantité  d  eau  qui 

s'y  conferve  lans  le  corrompre  ,  parce  que  les  autres 

liqueurs  du  corps  ne  peuvent  s'y  mêler.  C  elt  de  ce 

refetvoirquele  chameau  ,  ç^t  la  feule  contradion 

des  mulUes  tait  remonter  dans  fapanfc,  te  )ulqu  a 

l'œfophaçîe ,  une  partie  de  cette  eau ,  quand  il  en  a 

befoin.  Ceft  à  cette  conformation  particulière  qu  on 

doit  attribuer  la  facilité  qu'a  le  chameau  de  s  abitenir 

de  boire  pendant  pluiieurs  jours. 

Le  chameau  qui  porte    l'étendard  d  or ,  que    a 
Caravanne  de  Pèlerins  va  offrir  tous  les  ans  lur  le 


tombeau  de  Mahomet  à  la  Mecque ,  eft  exeu)C  de  por- 
ter aucun  fardeau  pendant  le  relte  ctc  la  vie.  La 
Croix.  Ils  prétendent  même  que  cet  heureux  cA«- 
/Tz.a/.  reflufcitcra  ,  &  )ouirades  télicites  du  Paradis. 
Chevr.  Ils  ont  de  l'averhon  pour  le  cheval ,  le  lion , 
&:  le  thon.  Ils  vivent,  félon  quclques-un.  ,  ^julqua 
cinquante  ans  -,  &  félon  quelques  autres  )ulqu  a  cent. 
Le  lait  de  la  femelle  du  chameau  eft  un  louvetain 
remède  pour  guérir   l'hydropiHe.  Il  faut  en  bo;re 
tous  les  jours  une  pinte  pendant  trois  lemaines.  Au 
printemps,  tout  le  poil  tombe  au  chameau  en  moins 
de  trois  jours  -,  la  peau  lui  demeure  toute  nue  ,  6c  les 
mouches  l'importunent  fort  ^  il  n'y  a  point  d  autre 
remède  que  de  lui  gaudronner  le  corps.  Tavernier. 
On  dit  chameau  mâle  ,  chameau  kmelle. 
Sur  les  médailles,  le  ch.imeau  eft  le  lymbole  de 
l'Arabie.  P.  Jobert.  Et  s'il  fe  trouve  lur  ks  médailles 
de  quelqu'autre  peuple,  comme  far  celljs  de  la  fa- 
mille Plautia  ,  fur  laquelle  on  voit  une  tête  de  femme 
avec  une  couronne  murale  ,  A  Plautius  aed.  cvr. 
S.  G.  Et  au  revers  dans  le  champ  Ivd/EUS  Hc  dans  1  e- 
xer<-uc  Bacchius  ,  &  pour  type  un  homme  a  genoux 
qui' tient  de  la  main  fauche  un  chameau  par  la  bride  , 
te  qui  tient  de  la  droite  une  palme  i  c'eft  une  marque 
de  Ibcictc  avec  l'Arabie.  Beger.  ^ 

Ce  mot  vient  de  Vhchitw  gamaly  lelon  Nicot  ;,  d  ou 
l'on  a  formé  K«,«„x.«  en  grec,  camelus  en  latin,  & 
enfuite  chameau  en  fiançois.  Mais  félon  Ilo  Magiller, 
il  vient  du  srec  xa„»jAov  ,  qui  lignifie  curvum  ,  a 
caufe  des  bofles  qu'il  a  fur  le  dos.  Charleton  dit 
qu'il  peut  venir  de  x«^,.. ,  je  travaille ,  parce  que  cet 
animal  porte  de  grands  fardeaux  -,  mais  cette  éty- 
mologie  eft  forcée.  _ 

Chameau  moucheté.  Autre  efpece  d'animal  reflemblant 
au  vrai  chameau  par  la  tête  -,  mais  par  le  refte  du 
corps ,  au  cheval  &  au  bœuf.  Camelopardalu.  Pomey. 
On  appelle  aulfi  chameau  ,  le  poil  de  chameau 
filé  en  forme  de  laine  fort  déliée ,  du  quel  fe  fervent 
les  Ferrandiniers    dans  leurs  ouvrages.  Filus    ca- 

melinus.  , 

En  termes  de  Blafon  ,  on  appelle  un  chameau  em- 
mufelé  ,  qui  eft  repréfenté  avec  une  mufelière.  Ca- 
melus os  ohfinUum  hahens ,  ou  capiftratus.        ^ 

Il  y  a  une  herbe  qu'on  appelle/J^mr*  de  chameau , 

à  caufe  que  les  chameaux  en  font  fort  friands.  On 

l'appelle  autrement  Jk/zcwj  odoratus  ,  ou  fcœnantum. 

Chameau  fe  dit  d'un  gros  &  grand  bâtiment  qu'on 

voit  en  Hollande  ,  &c  qui  n'a  été  inventé  que  vers  la 

fin  du  fiècle  paffé.  Le  chameau    fert  à  enlever  un 

vailfeau  d'un  lieu  où  il  y  a  peu  d'eau  ,  &  à  le  tranf- 

porter  dans  un  autre  où  il  y  en  a  davantage  ,  par  le 

moyen  des  machines  dont  eft  rempli  le  vaiflcau  qu'on 

zpptWe  chameau." 

fCT  On  a  donné  à  cette  machine  le  nom  de  chameau 

a  caufe  de  fa  grandeur  &  de  fa  force. 
CHAMEL^A  TRICOCCOS.  Arbrifleaubranchu,  qui 
s'élève  à  la  hauteut  d'environ  un  pié  &  demi,  ou 
de  deux  -,  Se  qui  eft  toujours  garni  de  feuille;  allez 
femblablesà  celles  de  l'olivier  ,obtufes,  charnues, 
fermes  ,  d'un  vert  foncé  en  delfus ,  &  rcintes  d'une 
couleur  un  peu  plus  claire  endeilbus.  Ses  fleurs  naii- 
fentdes  ailTclies  des  feuilles ,  Se  fontcompofees  d'une 
feule  pièce  découpée  en  trois  parties ,  d'un  jaune 
'vcrdâtrc.  Ses  fleurs  font  foutenues  par  un  pédicule 
fort  menu,  long  à  peu  près  d'une  ligne.  Le  piftile  1 


CHA 

qui  occupe  leur  centie  devient  un  fruit  verdàtrois 
coques  arrondies ,  dures  ,  grolîes  comme  des  petits 
pois ,  qui  renferment  chacune  une  petite  femcnce 
blanche.  Celte  plante  eft  commune  en  Languedoc 
&  en  Efpagne.  Le  fuc  de  fes  feuilles  eft  hydragogue , 
ôc  purge  violemment.  Ces  mêmes  feuilles  app_liquc-s 
fur  le^ventie  des  hydropiques ,  procurent' Ibuvent 
un  flux  d'urine  conlidérable. 

CHAMELIER,  f.  m.  Celui  qui  panfe  &  qui  conduit 
des  chameaux.  Qui  camelos  curât ,  Came/anus.  On 
appelle  aulfi  chameliers ,  les  Marchands  qui  font 
trafic  de  chameaux.  Le  premier  métier  de  Mahomet 
fut  d'être  chamelier.  Chamelier  eft  appelé  came- 
Urius  ,  dans  la  vie  de  Saint  Macaire  d'Egypte ,  & 
dans  celle  de  Saint  Alexandre  l'Acœmete. 

CHAMES.  f.  f.  Voyei  Chame  &  Came. 

CHAMFRAIN.  Voyei  CHANFREIN. 

CHAMFRAINER.  Toy^^CHANFREiNER. 

Ip-    CHEMFRER,  /^oye^CHAMERER. 

CHAMICO.  f.  m.  Sotte  de  femence  du  Pctou ,  fem- 
blableàcelle  des  oignons,  mais  dont  la  propriété 
eft  telle,,  dit-on  ,  queli  l'on  boit  l'eau  dans  laquelle 
elle  aura  bouilli  feule,  ou  avec  du  vin,  elle  pto- 
yoque  un  fommeil  de  vingr-quatre  heures  ;  &  fi  quel- 
qu'un l'a  bue  en  riant  ou  en  pleurant ,  il  demeure 
fort  long-temps  dans  ce  même  état.  ^Ces  pro- 
priétés paroiflént  trop  fingulières  pour  être  crues 
lé"-èrement.  Attendons  des  obfervations  plus  exades 
fur  la  nature  du  Chamico. 
frr  CH  AMLEMY,  Petite  ville  de  France  en  Nivernois 

à  huit  lieues  de  Nevers. 
CHAMOIS,    f.    m.    Animal  quadrupède    ruminant, 
elpcce  de  ehèvre  fauvage  qui  habite  fur  le  haut  des 
rochers  &  des  montagnes.^/^/icrt/ra.  Lq  chamois  îÏï 
queue  longue  de  trois  pouces ,  les  oreilles  de  cinq.  Il 
a  de  s;rands  yeux ,  avec  une  paupière  interne  &  rouge. 
Sa  Icv-re  fupéricure  eft  fendue  comme  au  lièvre.  Ses 
cornes  fortent  au  devant  du  front  fort  peu  au  dellus 
des  yeux.  Elles  font  longues  de  neuf  ou  dix  doigts, 
&  font  noires,  rondes",  &  rayées  circulairement. 
Ce  qui  l'a  fait  appeler  par  Oppian  5•p£^;.l«,.(.« ,  c'eft- 
à-dire,  qui  a  les  cornes  tournées  en  arrière.  lia  le 
pic  fourché  &  creufé  par  deflbus ,  &  non  rempli  de 
chair  comme  la  gazelle.  Il  marche  fur   fes  ongles, 
&  court  fort  vite.  Il  a  trois  ventricules  pareils  à 
ceux  des  bœufs.  Ses  inteftins  ont  quarante  pies  de 
Ions.  Il  eft  plus  grand  ,  &:  a  les  jambes  plus  longues 
que^  la    chèvre ,  mais  le  poil   plus  court ,  qui  eft 
pourtant  de  deux  fottes.  Le  petit  eft  fin,  frife  & 
onde ,  5c  caché  fous  le  gtand.  Il  y  en  a  une  pattie 
de  couleur  de  minime  brun.  Le  refte  «ft  un  blanc 
fale  &  roufsâtre.  Scaliger  veut  que  le  caprea  des  An- 
ciens foit  notre  chamois  ,  quoique  Jonfton  veuille 
que  ce  foit  le   chevreuil.  Pline  dit  que  les  chamois 
vivent  de    poifons    comme    les  caillesj    ou   qu'ils 
mangent  le  doronicam,  qui  eft  une  efpèce  d'aconit. 
On  twuve  quelquefois  dans  le  ventricule  des  ch::^ 
mois  des  pierres ,  qu'omp'^zWzhéioard d'Allemagne. 
La  peau  en  eft  fort  eftimée,  parce  qu'étant  préparée, 
elle  eft  chaude  Se  douce  fur  la   chair  ,  &  (c  peut 
favonner.  Elle  fert  aulfi  à  purifier  le  mercure  qu'on 
fait  pafler  par  fes  pores ,  qui  font  fort  étroits. 

Le  Chamois  eft  un  animal  timide.  Il  y  en  a  beau- 
coup dans  les  montagnes  du  Dauphiné.  Leur  prin- 
cipale retraite  eft  la  montagne  de  Donoluy ,  auprès 
de  Rochecourbe ,  jufques  à  celle  de  Montziou  ,  dans 
le  Gapençois.  Il  enparoît  fouvent  dans  ces  lieux  des 
troupes  de  cinquante  oc  plus.  Ils  marchent  fous  la 
conduite  de  l'un  d'entre  eux  ,  qui  eft  à  leur  tête.  Les 
chafleurs  lui  font  toujours  elfuyerles  premiers  coups. 
Quand  ils  le  tuent  les  autres  paroiflént  dans  un  fi 
grand  étonnement ,  qu'il  eft  aifé  aux  moins  adroits 
d'en  abattre  pluiieurs.  Ils  aiment  le  fel,  &  l'on  en 
répand  aux  lieux  où  l'on  veut  les  attirer.  Comme  ils 
font  très-peureux  ,  ils  ne  s'amufent  pas  à  paître  beau- 
coup. Ils  ne  choifilfent  jamais  de  pâturage  abondant 
ni  fertile ,  8c  fe  contentent  de  l'heibe  qui  cro't  dans 
le  Ejravier ,  Se  parmi  les  cailloux.  Pendant  qu'ils  pai(^ 
fçnt ,  l'un  d'eux  fait  le  guet  à  cent  pas  de-là ,  fur  I» 


CH  A 

pointe  d'un  rocher ,  &  d'abord  qu'il  apperçoit  un 
homme ,  il  avertit  par  un  iîflement  aigu  les  autres  de 
prendre  garde  à  eux.  Ainli  il  efl:  difficile  d'en  prendre 
de  vivans  ,  &  plus  encore  de  prendre  des  petits.  Ces 
petits  meurent  d'abord  qu'ils  font  portes  ailleurs. 
Un  air  plus  doux  efl  mortel  pour  eux.  Ils  diffèrent 
beaucoup  des  bouquetins  :  car  ils  Icmblent  rouges 
en  été,  &  gris  en  hiver.  De  plus  ils  n'ont  que  de  petites 
cornes  ailez  larges,  &  dont  le  bout  elt  fort  crochu. 
Leur  vitefiè  &c  la  rapidité  avec  laquelle  ils  s'élancent 
de  rocher  en  rocher ,  ne  cède  point  à  celle  des  bou- 
quetins :  mais  ils  ont  cet  avantage ,  que  Ibuvent  ils 
s'y  attachent  par  le  bout  de  leurs  cornes ,  &  demeu- 
rent ainli  long  -  temps  flilpendus  en  l'air  iufqu'à  ce 
qu'enfin  ils  s'en  arrachent  d'une  force  incroyable, 
éc  fe  jettent  au  lied  où  ils  vtulent  aller.  Chorier. 
Jliji,  de  Dauph.  Liv.  /,  p.  (»4. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'italien,  camuccia  ou 
camoccia  ;  mais  Belon  dit  que  ce  nom  vient  du 
grec  x£,i4«5. 

Chamois  veut  dire  dans  les  Troupes,  un  homme  qui 
ne  quitte  point  fon  Régiment  pour  venir  taire  fa 
cour ,  &  qui  ell  uniquement  appliqué  à  fon  mé- 
tier.... Ce  nom  vient  de  ce  que  les  vieux  Officiers  de 
Cavalerie  qui  ne  quittent  point  les  Troupes,  ont 

d'ordinaire  une  vefle  &  des  chauflés  de  chamois 

Mots  à  la  mode. 

Chamois  fe  prend  auiîî  pour  la  peau  de  chamois. 
Pellis  rupicapra.  Ainlî  on  dit,  gants  de  chamois ^, 
caleçons  de  chamois. 

Chamois  efl:  auffi  une  couleur  tirant  fur  l'ifabclle, 
dont  les  curieux  de  tulipes  font  grand  cas.  McLi- 
nus  &  futalhidus  color. 

CHAMOISERIE.  f.  f.  Lieu  où  l'on  prépare  les  peaux 
de  chamois ,  ou  d'autres  peaux ,  qu'on  veut  faite  paf- 
fer  pour  telles ,  en  les  apprêtant  &  les  paflant  en 
huile. 

^Zt  II  fe  dit  auffi  de  la  marchandife  même  préparée 
par  le  Chamoifeur.  Commerce  de  Chamoiferie. 

CHAMOISEUR.  f  m.  Celui  dont  la  profelfion  efl:  de 
préparer  &  pafler  en  huile  des  peaux  de  chamois , 
ou  de  travailler  à  les  imiter  avec  d'autres  peaux. 

CHAMOS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
Idole  des  Ammonites  &  des  Moabites ,  dont  il  eft 
parlé  au  Ilh  Liv.  des  Rois,  XI,  7,  53  j  IV^  Liv. 
des  Rois,  XXIII,    13  ;  Jérém.  XLFIII,  7,   13- 
Chamos.   Saint  Jérôme  fur  Ifaie ,  Liv.  V,  dit  qu'il 
ctoit    adoré  fur  le   mont   Nabo    ou   Ncbo  ;  &    il 
ajoute  que  Chamos  efl  le  même  Dieu  que  Bcelphé- 
gor ,  parce    que  l'un    &  l'autre  font  un  Dieu  des 
Moabites;  mais,  dit   le  Père  Kirker,  il  faudroit 
montrer  que  les    Moabites  n'avoient  qu'une  idole. 
Selden  fuit  néanmoins  ce  fentiment ,  de  Diis  Syris 
Synt.I,c.  5,  fur  la  fin.  Vatable  &:  Sandius  difent 
que  c'étoit  Priape  ,  ce  qui  revient  au  même-,  car, 
félon  Selden ,  Béelphégor  &  Priape  font  la  même 
chofe.  Cornélius     à  Lapide  ,    Tirin    &  Sanélius , 
fur  la    reflemblance    de  Chamos  &  Cornus ,  pren- 
nent Chamos  pour  Cornus  ,  le  Dieu  de  la  Bonne- 
Chère  &  de  rivreife.   Pierre  Martyr"  prétend  que , 
parce  que  cûj ,   Camos ,  en  hébreu  fignifie  occiil- 
tare  ,  c'eft-à-dire  ,  cacher  ,  il  fe  pourroit  bien  faire 
que  Chamos  fût  Pluton  le  Dieu  des  Enfers.  Le  Père 
Kirker   croit   que  Chamos  efl:    le  même  qu'Ofiris, 
ou  le  Bacchus  Egyptien  ,  &  qu'il  a  été  appelé  Cha- 
mos ,  du  mot  hébreu  DD^ ,  recondere ,  abfcondere , 
cacher  ;   ou  bien    d'une  Iblennité    que  les    Egyp- 
tiens faifoient  tous   les  ans  en  l'honneur  de  Bac- 
chus, en  courant  par  réjouiffance  &   en   folâtrant 
de  village  en  village  :  d'où  cette  fête  avoit  été  nom- 
mée Comajia,  de  r-Z^oi,  village.  Enfin,  le  P.  Kir- 
ker ne  veut  point  qu'on  mcprife  le  fentiment  qui 
dérive   ce  mot  de  D03 ,  &  qui    confond    Chamos 
avec  Pluton ,  parce  qu'en  effet  on  confond  très-fou- 
vent  Pluton ,  Dis ,  Ofiris ,  Dionyfius ,  Sérapis.  Il  con- 
fent  même  qu'on  dife  que  c'efl:  Béelphégor,  pourvu 
qu'on  tienne  que  Béelphégor  efl:  Priape  adoré  par 
les  Egyptiens. 

Les  Moabites  font  appelés  Peuples  de  Chamos  , 


CHA  41  j 

Nomh.  XXI,  tç, ,  Jérém.  XLniI ,  4«?.  Vous  êtes 
perdus ,  peuples  de  Chamos.  Voyez  Vojiius,  De  id<jL 
L.  Il ,  c.  8. 

Ce  nom  efl:  hébreu,  u?-OD  ,  Chemos.  Plulijurs 
Modernes  l'écrivent  &  le  prononcent  ainfi  félon  i'hc- 
brcu.  Les  Septante  &  la  Vulgate  difent  Chamos, 
Prononcez  Camos, 
CHAMP,  f.  m.  du  latin  Campus.  ^  Efpace  plus  ou 
moins  grand  de  terre  propre  à  être  labourée  :  c'eft 
proprement  une  certaine  étendue  de  terre  bornée 
par  des  limites  naturelles  ou  artificielles ,  pour  la 
diflfinguer  des  champs  voifins.  Agcr.  Champ  cultivé. 
Cultus  aocr.   Champ  en  friche.  A^er  inciUius, 

Héjiode  à  fon  tour,  par  d'utiles  leçons. 
Des  chzm^s  trop  parejfeux  vint  hâter  les  moijfons. 

BoiL. 

^(CF  Champ.  Terme  d'Hifl:oire  incizxmz. Campus.  Nom 
donné  par  les  Latins  à  certaines  plaines  de  Rome, 
dans  lelquelles  il  n'y  avoit  point  de  maifons,  deft» 
nées  pour  les  fpedacles ,  les  aifemblées  du  Peuple  , 
&  plufieurs  autres  ulages,  comme  le  Champ  de  Mars, 
Campus  Martius.  Le  champ  de  Flore.  Campus  Flo- 
ra ,  &c. 

Le  champ  de  Mars  étoit  une  place  ainfi  nommée 
à  caufe  d'un  temple  du  Dieu  Mars  qui  f  étoit:  on  y 
tcnoit  les  ailemblécs  appelées  comices.  Dans  la  fuite, 
Tarquin  le  fuperbe  prit  cette  place  pour  fon  ufage 
particulier  :  mais  après  qu'il  eut  été  challc  de  Rome, 
les  Confuls  Br^itus  &  Collatinus  firent  du  champ 
de  Mars  le  lieu  des  aiïêmblées  5c  des  éleiftions.  Le 
champ  de  Mars  n'étoit  au  commencement  qu'un 
pré  au  bord  du  Tibre  où  l'on  faifoit  paître  les  che- 
vaux ,  &;  où  la  jeunefle  s'exerçoit  à  la  guerre  :  on  en 
fit  depuis  une  place  magnifique ,  qu'on  orna  d'une 
grande  quantité  de  ft:atucs  &  d'une  belle  hotlooc 
enrichie  d'or.  Voye^  Aulu-GcUe,  Denys  d'Haly- 
carnafTe  ,  Strabon ,  Pline  ,  Barthélemi  Marlianus 
dans  fa  Topographie  de  l'ancienne  Rome,  (fc.  Le 
champ  de  Flore  cil  une  place  à  Rome  où  l'on  fait 
la  publication  des  Bulles,  des  Conflitutions,  €fc. 
§C?  C'étoit  autrefois  un  lieu  confacrc  à  cette  Déeflè, 
où  fe  repréfentoient  les  jeux  appelés  Fluralia  ,  infti- 
tués  en  fon  honneur. 

(fT  Champ  criminel.  {\.ç)Campus  fceleratus.^hcç  dans 
Rome ,  près  de  la  porte  Colline,  où  l'on  enterroit 
toutes  vives  les  Veflales  qui  n'avoient  pas  fu  con- 
ferver  leur  virginité. 

IKr  Champ  du  Rire,  {\e)  Campus  Ridicuii.Vhce  où. 
Annibal  avoit  campé  pendant  le  liège  de  Rome , 
qu'il  eût  pu  prendre  aifément,  s'il  n'eût  point  levé 
le  fiège  ,  épouvanté  par  de  vaines  terreurs  &  de  cer- 
tains fantômes  qui  le  troublèrent.  Ce  qui  fiit  caufe 
que  les  Romains ,  voyant  Rome  délivrée  p.ar  la 
retraite  d' Annibal ,  fe  mirent  à  faire  de  grands  éclats 
de  rire,  &  élevèrent  là  un  temple  au  Dieu  du  Rire. 
Antii].  Grecq,  &  Rom. 

On.appeloit  anciennement  en  France  Champ  de 
Mars  ,  les  aflémblces  de  toute  la  nation,  que  le  Roi 
convoquoit  tous  les  ans ,  ou  pour  drelfer  de  nou- 
velles loix  ,  ou  pour  décider  des  grandes  affaires  du 
Royaume.  On  les  nomma  ainfi,  foit  parce  qu'elles  fe 
tenoient  d'ordinaire  au  mois  de  Mars, foit  à  l'imi- 
tation du  champ  de  Mars  qui  étoit  deftiné  .à  Pvome 
pour  de  pareilles  aflemblées.  On  le  nomma  depuis 
le  champ  de  Mai ,  parce  qu'on  iranfporta  ic  qu'on 
tint  ces  affemblccs  au  mois  de  Mai.  Dans  Grégoire 
de  Tours  il  efl-  appelé  Campus  Martius  ,  dans  Frédé- 
gaire ,  Part.  IJ^,  c.  i  iv  &  1 3°-  Campus  MaJius,  & 
dans  les  Annales  de  Merz ,  Campus  Muf^ius.  C'eft 
Pépin  qui  le  fit  nommer  Campus  Mains ,  d'où  l'on  a 
fait  par  erreur  ou  par  corruption ,  Madius  &  Ma- 
gins. 

Le  P.  Daniel  prend  le  0<:2/72;'  de  Mars,  non  pas 
pour  l'aflemblée ,  mais  pour  le  lieu  où  fe  fnifoit  la 
revue  générale  des  Troupes-,  &  on  le  nommoit  ainfi  , 
dit  cet  Hiftorien  ,  non  pas  que  ce  fût  le  nom  particu- 
lier de  quelque  champ  ;  ces  revues  fe  fàifoien:  tantôt 


414  C  H  A 

en  un  endroit ,  &:  tantôt  à  un  aune  -,  mais ,  ou  à  caufe 
que  Mars  chez  les  Païens  ctoit  le  Dieu  de  la  guerre  , 
ou  plutôt,  à  cauie  que  la  revue  ie  hiiloit  orduiai- 
rement  à  la  fin  du  mois  de  Mars  :  d'où  vient  que 
dans  la  fuite  on  l'appela  le  Champ  de  Mai ,  parce 
que  la  coutume  étant  venue  de  le  mettre  plus  tard 
en  campagne ,  on  ne  faifoit  la  revue  qu'au  mois  de 
Mai.  P.  DIn.  Tome  Up.  7.  ^'oye:^  auili  M.  de  Marca, 
HilL  de  Béarn,  Liv.l,  c.  i8  ,  Se  M.  Le  Gendre, 
MceuTS  des  François  , page  12.   Ailleurs,  Tome  1 , 
paee  409 ,  il  dit  comme  les  autres ,  que  ce  font  ces 
diltcs  ou  aflemblées  générales  des  François  qu'on 
avoii  appelées  d'abord  le  Champ  de  Mars ,  &  qui 
■     s'appellèrcnt  depuis  le  Champ  de    Mai ,  parce  que 
Pépin  en  changea   le  mois.  Pcpin  tenoit  acluelle 
ment  rafTemblce  ordinaire ,  ou  le   champ  de   Mai. 
P.  Dan.  Sous  la  rroilième  race,  ces  alfemblces,  ont 
pris    le  '  nom    d'Eiats    Géncraux.  Regni    comina. 
Foyez  les  Articles  relarifs.  '  .^     , 

Champ  ^/«  bataille,  en  termes  de  Guerre,  figmfie  le 
lieu  où  fe  donne  quelque  bataille  ou  combar.  Fugna, 
pralii  locus.  Ce  Général  ell:  demeuré  maître  du 
champ  de  bataille.  Coucher  fur  le  champ  de  bauiilU. 

On  dit  figurément  qu'un  homme  a  bien  pris  fon 
champ  de  bataille  ,  pour  dire  ,  qu'il  a  pris  (es  avan- 
ta^^es  pour  réulfir  en  quelque  chofe.  Et  que  le  champ 
de  bataille  lui  eft  demeuré,  pour  dire,  qu'il  a  été 
fupérieur  dans  une  difpute ,  ôc  qu'il  a  réduit  Ion 
adverfaire  à  céder ,  ou  à  ne  rien  dire. 

On  dit ,  prendre  mal  fon  champ  de  bataille ,  d'une 
perfonne  qui  ne  prend  pas  bien  le  temps  ii  le  lieu 
propre  à  cela  :  ce  qui  fe  dit  encore  d'un  homme  qui , 
dans  une  difpute ,  auroit  propofe  un  objet  qu'il  lui 
feroit  difficile  de  foutenir ,  une  diftcuké  à  rclou- 
dre  qu'il  auroit  de  la  peine  à  éclaircir.  Vous  pre- 
nez mal  votre  champ  de  bataille  ;  ce  n'cft  guères 
ici  le  temps  ou  le  lieu  propre  à  cela.  M=  ou  Noyer. 

On  appeloit  autrefois  champ  clos  ,  on  camp  clos, 
l'cfpace  fermé  de  barrières,  où  les  Chevaliers  fai- 
foient  des  joutes  &  tournois ,  ou  des  combats  à  ou- 
trance. 5f/'r«J  (Zi^  certamen  locus-,  arena.  Le  champ 
e(l  demeuré  à  un  tel  Chevalier.  On  difoit  :  prendre 
du  champ  ,  pour  dire ,  faire  un  tour  ,  une  caracole , 
pour  mieux  fournir  fa  carrière. 
Ip-  On  dit  pourtant  le  Juge  du  camp ,  H  non  le  Juge 

du  champ. 
fp=  Dans  les  Arts,  ce  terme  eft  employé,  dans  un 
fens  fit^uré ,  pour  dcfigner  un  fond  fur  lequel  on 
peint  ,°on  çrave ,  on  repréfcnte  quelque  chofe. 
Champ  ,  en  termes  de  Blafon ,  fe  dit  du  fond  de  l'écu , 
qui  eft  chargé  des  diverfes  pièces  dont  fe  compo- 
fent  les  armo'iries.  Areafcuti.  La  bannière  de  France 
eft  un  champ  d'azur  fleurdelilc.  On  dit  plus  ordi- 
nairement Ecu  &  Ecufon. 

Le  champ  d'un  tableau  ,  d'une  tapilTerie  ,  c  elt  le 
fond ,  lequel  eft  d'ordinaire  obfcur ,  &  où  il  n'y  a 
rien  de  peinr.  Area.  Il  faut  rembrunir  le  champ  de 
cette  tapiffericjpour  en  relever  davanrage  les  cou- 
leurs -,  le  champ  de  ce  rableau ,  pour  en  dérachcr  les 
figures.  Le  champ ,  le  fond  &c  le  derrière  d'un  ta- 
bleau ,  fignifient  la  même  chofe.  On  appelle  auiïl  le 
champ  d'une  médaille ,  le  fond  où  il  n'y  a  rien  de 
gravé.  On  dit  encore  qu'une  draperie ,  ou  un  mor- 
ceau de  bâtiment  fert  de  champ  à  une  figure,  quand 
la  figuie  eft  peinte  fur  la  draperie  ou  fur  le  bâ- 
timent. ^  „  ,  r  .  ^  1 
(çj-  Champ  ,  chez  les  Orfèvres.  C'eft  le  fond  fur  le- 
quel font  diftribués  les  orncmens. 

On  dit,  mettre  des /olives  de  champ  ,  pom  dire, 
les  pofer  fur  la  partie  la  moins  large  -,  Tignum  quà 
parte  angitjlius  efi  collocare;  cnforte  qu'une  folive 
qui  a  fix"  pouces  d'un  fens ,  Se  quatre  de  l'autre  ,  eft 
mife  de  champ ,  fi  elle  eft  fur  la  partie  de  quatre.  Il 
en  eft  de  même  de  toutes  les  autres  pièces  de  bois 
équarries,  que  l'on  doit  mettre  de  champ,  po\iv  leur 
donner  plus  de   force,  &  pour  empêcher  qu'elles 

ne  plient.  ^    n  t 

Champ  eft  aufTi  un  terme  de  Peignier.  C'eft  le  milieu 
du  peigne  d'où  fortent  les  dents  de  chaque  côré. 


C  H  A 

Champ,  en  termes  de  Méchanique ,  fe  dit  de  ce  qui 
eft  pofc  horilbntalem.ent, /z>«  horijbnti  ad  libelUun. 
rejpoTi  dente  coliocatui.  Les  fablières  fe  couchenc 
de  champ. 
aO"  On  appelle  roue  de  champ  ,  celle  qui  eft  hoti- 
fontale ,  &  dont  les  dents  font  perpendiculaires. 
Celle  qui  fait  l'échappement  ,  s'appelle  roue  de 
remonte. 
Champ  ,  chez  les  Opticiens,  fe  dit  de  l'étendue  qu'em- 
bralfe  une  lunette  d'approche.  Cette  lunette  n'a  pas 
afléz  de  champ. 
§3-  Champ  fe  dit,  dans  un  fens  figuré ,  pour  yî^V/ , 
matière.  Campus ,  materies  ,  argumentum.Les  Poètes 
Païens  avoient  un  beau  champ  à  s'exercer  ,  à  caufe 
de  la  liberté  de  leurs  fixions.  Les  louanges  du  Roi 
font  un  beau  champ  pour  exercer  les  Hiftoriens,  Voilà 
un  beau  champ  pour  étaler  votre  cloqucnce.  Amplif- 
Jima  materia  ad  dicendum, 

Jl  faut,  pour  démafquer  ce  fuperbe  hypocrite, 

Flater  de  fon  amour  les  dejirs  effrontés , 

Et  donner  un  champ  libre  afes  témérités.    Mol. 

On  dit  de  ceux  à  qui  on  donne  permiflîon  de 
dire  ou  d'écrire  quelque  chofe  i  vous  le  pouvez, 
le  champ  vous  eft  libre. 
Champs  ,  au  pluriel,  fe  dit  par  oppofition  à  ce  qui  eft 
enfermé  dans  les  villes,  ii«5.  Aller  aux  champs,  i& 
maifon  des  champs. 

Pour  réparer  les  maux  preffans 
Que  le  tonnerre  a  fait  à  ma  maijon  des  champs , 
Nepourrois-je  obtenir ,  Sire,  avant  que  je  meure. 
Un  quart  d'heure  de  votre  temps  ? 
Sanguin,  dans  le  Recueil  de  Vers  fait  par  U  Pire 
Bouhours  ,1,    édit.  pag.  lis- 

^  Maifon  des  champs  n'eft  pas  une  façon  de  parler 
noble  -,  il  faut  dire  Maifon  de  campagne.  Les  Voca- 
buliftes  auronr  foin  de  ftire  entrer  cette  remarque 
dans  la  féconde  édition  de  leur  Dictionnaire, 
quoiqu'elle  ne  fe  trouve  point  dans  celle  de  l'Aca- 
démie. Il  faut  diftingùer  les  termes  bourgeois,  des 

autres. 
Champs,  au  pluriel,  fignifient  aullî  toutes  fortes  de 

terres ,  tant  labourables  que  piés,  bois ,  bruyères ,  &c. 

pris  tout-enfemble.  Mener  les  vaches,  les  brebis 

aux  champs.  Acad.  Franç. 
Ip-  En  Poëfie ,  le  champs  de  Mars  ,  c'eft  la  Guerre  ;  les 

champs  de  Neptune  ,  la  Mer. 

Quand  par-tout  dans  les  champs  de  Mars  ou  de 

Neptune , 
Sous  tes  heureux  drapeaux  combattait  la  Fortune, 

On  dit,  en  termes  de  Guerre  ,  battre  aux  champs , 

fignum  profeclwnis  indicerc ,   pour  dire ,   battre  la 

marche  pour  décamper,  pour  partir.  On  dit  auflî 

qu'on  bat  aux  champs ,  pour   dire  que  l'armée  fe 

mer  en  marche. 

Les  Païens  ont  appelé  les  Champs  Elyfées,  le  lieu  des 

Enfers  où  ils  croyoient  que  les  âmes  des  gens  de 

bien  &  des  Héros  alloient  après  leur  mort ,  pour 

y  être  heureux.  Campi   Elyfii.  Quelques  -  uns   ont 

cru  qu'ils  ctoienr   dans   les  îles  Canaries.    Virgile 

fait    la  defcrinion   des  Champs  Elyfées  ,  dans  Ic 

fixicme  de   l'Enéïdc.   On  dit  aufTi  Champs   Ely 

fans. 

guand  Segrais  ,  affranchi  des  terreftres  liens, 
efcendit  plein  ie  gloire  aux  Champs  Elyfîens , 
Firgile  en  beau  français  lui  fit  une  harangue  ; 
Et  comme  à  ce  difcours  Segrais  parut  fur  pris  y 
Si  je  fais,  lui  dit -il,  le  fin  de  votre  langue , 
Cefl  vous  qui  me  Tave^  appris. 

On  appelle  à  Paris  Champs  Elyfées,  nn  lieu  agréa- 
ble  hors  de  Paris ,  planté  d'arbres  qui  forment  des 


C  H  A 

allées  en  tout  fens.  Ce  nom  a  été  donné  à  ce  lieu-là 
par  allulîon  aux  champs  Elyfées  des  Anciens. 

LesXhamps  Elysées  croient  auffi  des  cimetières  où 
les  Païens  enterroient  leurs  morts  icparément  & 
dans  d£S  tombeaux  de  pierre.  On  en  peut  voir  quel- 
ques relies  dans  la  ville  d'Arles.  Les  Turcs  imitent 
ces  fortes  de  cimetières  :  &  ce  grand  nombre  de 
tombeaux  cÏQ^ti  fait  un  ^Ççctï  qui  reilèmble  à 
une  ville. 

Champ  fe  dit  advcibialement  en  ces  phrafes.  A  tra- 
vers champ,  pour  dire,  hors  des  chemins.  Pajjim  , 
extra  vuirn.  A  chaque  bout  de  champ ,  qiiocumque 
tempoTe.,  quàhbet  data  occajione ,  pour  dire,  à  toute 
heuie,  à  tout  propos.  Sur  \&  champ  ,  pour  dire,  pré- 
fentement,  à  l'inftant.  Extemp/o,  illico  y  continub ^ 
jldtim ,   ipj'o  temporis  articulo. 

On  dit  auffi,  parler  fur  le  champ  ,  diCcourir  fur  le 
champ,  pour  dire,  parler,  difcourir  fans  prépara- 
tion, ex  tempore  dicere.  Un  difcours  fait  fur  le 
champ ,  extemporalis  pratio.  Facilité  à  parler  fur 
le^  champ ,  ex tempor alitas.  M.  de  Harlay  ,  Arche- 
vêque de  Paris ,  avoir  ^ne  facilité  merveilleufe  à 
parler  fur  le  champ. 

Champ  ,  fe  dit  en  pes  phrafes  proverbiales.  Il  y  a  affez 
de  diamp  pour  faire  glane  ;  pour  dire  qu'il  y  a  affez 
de  bcfogne  pour  tout  le  monde  ,  ou  de  quoi  fe  con- 
tenter. On  dit  qu'un  homme  a  un  œil  aux  champs 
&  l'autre  à  la  ville  ,  pour  dire  qu'il  eft  fort  vigilant , 
&  qu'il^  fait  ce  qui  fc  fait  auprès  &  au  loin.  On  dit 
aulli  qu'un  homme  court  les  champs,  court  les  tues, 
pour  dire  qu'il  eft  fou  -,  qu'il  fe  met  aux  champs  , 
quandil  s'emporte  de  colère  ;  &  qu'on  lui  donne 
la  clef-  des  champs,  quand  on  lui  donne  la  liberté 
de  s'en  aller  de  s'enfuir,de  faire  tout  ce  qu'il  voudra. 

CCT  A  champ,  à  plein  champ.  Termes  de  Jardinage. 
Semer  à  champ  ,  d. plein  charnp  ou  à  volée  ,  fe  dit 
proprement  des  graines,  qui,  au  lieu  d'être  mifes  dans 
des  trous  préparcs  ,  font  famées  indifféremment  , 
Ihns  rayons  ni  allignement ,  foit  fur  une  couche  ,foit 
en  pleine  terre,  comme  les  grains  en  ^Xzxw  champ. 
Indifcriminatim  ferere  ,  terra  mandare.  On  feme  à 
plein  champ  les  choux  ,  les  laitues ,  les  raves  ,  les 
navets ,  &c. 

CHAMPACAM.  f.  m.  C'eft  un  grand  arbre  qui  croît 
dans  les  Indes  orientales  ,  &  qui  porte  deux  fois 
l'année  des  /leuts  extrêmement  odorantes  ■■,  mais  il 
ne  donne  du  fruit  que  long-temps  après  qu'on  l'a 
planté.  Sa  racine  étant  de(réchée,&  fon  ccorce  pilée 
&  mêlée  avec  du  lait  épais,  appelée  dayr,  fert  à  mûrir 
les  abcès:  dans  de  l'eau  chaude  ,  elle  excite  les  rè- 
gles &:  hâte  l'accouchement.  Ses  fleurs  étant  pilées 
&  cuites  dans  l'huile  ,  compofent  un  onguent  pour 
les  maux  de  tête,  les  maladies  des  yeux  Se  la  <routte. 
L'eau  diftillée  des  fleurs  a  une  odeur  très-agréable  , 
&:  ranime  les  efprits.  Ray  ,  cité  par  James. 

CHAMPADA.  f,  m.  Arbre  qui  croît  à  Malaca.  Le 
champada  eft  un  arbre  fort  grand  &:  touffu  -,  fes 
branches  font  de  couleur  cendrée  ,  noueufes  ,  & 
jcrtcnt  une  liqueur  gluante  &  .acre  comme  le  tithy- 
male  ,  lorfqu'on  y  fait  une  incifion  -,  le  fruit  naît  du 
tronc  Se  des  groffes  branches.  Il  fort  d'abord  un 
bouton  qui  s'ouvre  en  plufieurs  feuilles,  entre  Icf- 
quclles  naît  le  fiuit  :  il  devient  d'une  groifeur  fore 
conlidérable  ,  ayant  iz  à  14  pouces  de  long  ,  &  au- 
tant de  circonférence  ,  de  la  figure  de  nos-  melons  ; 
fon  écorce  eft  verte ,  toute  divifce  en  petits  penta- 
gones ,  au  milieu  defquels  il  y  a  un  petit  point  noir  : 
le  pédicule ,  qui  eft  gros  &  ligneux  ,  entrant  dans  la 
llibftance  du  fruit ,  fe  divife  en  plufieurs  gros  fîla- 
mcns  ,  qui ,  traverfant  tout  le  corps  du  fruit  ,  vont 
fe  rejoindre  vers  la  pointe.  Il  y  a  plulicurs  groifes 
châtaignes  couvertes  d'une    pulpe    blanchâtre  qui 

,  tiennent  toutes  à  ces  filamens  :  de  forte  que  fen- 
dant l'écorce  &  une  fubftance  fpongieufe  qui  en- 
vironne toutes  ces  châtaignes  ,  elles  fe  dégagent 
toutes  de  leurs  compartimens  ,  &  demeurent  at- 
tachées à  la  queue  comme  les  grains  du  raifin  à  la 
grappp  :  on  fuce  cette  pulpe  qui  eft  autour  de  la 
châtaigne  :  elle  eft  fucrée  &  d'un  affez  bon  goût , 


C  H  A  41 T^ 

inais  d'une  odeur   un  peu   forte  &  indigefte,   Les 
gens  du  pays  aiment  fort  ce   fruit    ,   parce    qu'il 
ccnauH-e  &  entête  ,  mais  moins  que  le  durion.  Les  ' 
Châtaignes  fe  mangent  cuites  dans  l'eau  ;  mais  elles 
ne  valent  pas  les  nôtres.  Obferv.  Fhyf.  &c.  ' 

CHAMPAGNE.  Province  de  France  .  ^(li  eft  bomca 
au  leptenmon  par  la  Flandre,  à  l'orient  par  la  Lor- 
Vii^L'^vr^":  ^'  Bourgogne,  au  couchant  par 

auf  W  î  ^^t'^P^'S^'^  ^e  divife  en  neuf  contrées  ,  > 
qui  ont  la  Champagne  ^zxùcnUèK  ,\z  Rémois,  le 
Chalonnois ,  le  Pertois  ,1e  Baifigni ,  le  pays  d'At- 
gone,le  Rételois  ,  la  Brie  &c  le^Séi^onoll^On  la 
divile  encore  en  haure  &  baffe  Champagne  ;  la  haute 
eft  fa  partie  ieptentrionale  ,  &  la  baffe  eft  celle  qui 
elt  au  midi.  La  Champagne  a  titrée e  Comté.  Elle 
a  même  eu  des  Ducs   fous  la   première   race.  Les 

pS^tins  t^f  ^7^^"^^^  ««"^  P"s  le  titre  de  Comtes 
1  a  anns  &.  les  Comtes  de  Joigny  ,  de  Rctel  ,  de 
Brienne  ,  de  Roucy  ,  de  Grand-Pré  ,  &  de  Bar-fur- 
ieme ,  portoienc  la  qualité  de  Pairs  de  Champagne, 
&  y  teno.ent  les  grands  jours.  La  capitale  du  Comté 
de  Champagne  eft  Troyes. 

LU:immpagne  particulière  renferme  les  territoires 
al'°'"  ^>  '^  ?'"'°"^-  Le  gouvernement  de 
de  Pfanœ!         "     "  '^°''''  g^'ands  gouvernemeias 

r..^l^l'°'^  ""  ^^^  "^^""^  ^  ""<^  Province  à  caufe  de 
vTns  campagnes  fertiles ,  fur-tout  en  grains  ^  en 

^.r?;^  ?^'"^  ^i-"^P^^?"^  pouilleufe ,  une  certaine 
partie  de  cette  Province  ,  fituce  à  Toueft  de  Vicri- 
le-François  ,  qui  eft  d'un  moindre  rapport  que  les 
autres  contrées  de  la  Province.  ■ 

Les  vins  de  Champagne  font  renommés  dans  toute 
1  Europe.  Deux  Poètes  (  M.  Coffin  &M.Grenan,) 
ont  fait  plufieurs  pièces,  l'un  en  faveur  du  vin  de 
Champagne,  &  l'autre  pour  le  vin  de  Bourc.o-ne 

Champagne  fe  prend  fouvent  pour  le  vin  même  de 
cette  Province.  L'Ephore  Biberius ,  qui  noie  Went 
fon  jugement  dans  les  flots  du  Coulange  &  du 
Champagne ,  ne  laiffe  pas  d'être  un  homme  de  pro-' 
bitc.  Ecole  du  Monde.  .     uc  pro 

Champagne,  f.  m.  C'eft  un  nom  que  l'on  donne  à  un 
valet  ou  laquais  ,  qui  eft  de  Cliamnaç;ne.  Où  eft 
Champagne  ?  Qu'on  me  faffe  venir  Champa^rre 

Champagne.   Terme  de  Blâfon.  C'èft  l'eipace  "en  bis 

On  1  appe  le  autrement  plaine.  Cette  pièce  eft  rata 
en  armoiries,  félon   le  P.  Méneftricr.       ■'"  -  '^'^ 

^^in^r  i''^^''^^'^"^-  .T?rnie  de  Coutume  &  de 
1  inance.  On  appdoit  ainfi  un  droir  qui  apparte- 
noit  aux  Auditeurs  des  Comptes  ,  fur  les  bu'x  i 
ferme  du  Domaine  de  Champa^...  h  éroit  de  vin.' 
fous  pour  les  fermes  de  mille  livres  &  au-deffous' 
i^  de  quarante  fous  pout  les  fermes  qui  excèdent 
mille  livres.  Ce  droit  ne  fub/îfte  plus.       —'■'''''^ 

r?  Champagne,  f.  £  Chez  les  Teinturiers  ,  efpècs 
dercfeau  formé  fur  un  cercle  de  fer,  de  ^luSs 
ordes  nouées  &  entrelacées  les  unes  dans'lcs  au- 
00,;^  "7"'""T''  rufpendent  dans  la  cuve, 
pour  empêcher  que  l'étoffé  qu'on  met  àlateiuture 
ne  touche  au  marc  &  à  la  pâtée. 

narrr/'"''''?  ^J'I^"'*'  ^'^^  d=  ^'^•'^"^e  dans  la 
parne  orientale  du  Berri.  On  l'appelle  affez  fouvent 
ia  Champagne  du  Bcrri. 

Ip-  Champagne  -  Moutqn.  Petite  ville  de  France 
de  PoîS  ^'^'  '^^^'^"gowiois  ,à  quatorze  lieues 

CHAMPAGNOL.  f.m.  Fungus.  Ce  mot ,  qui  n^eft  plus 
en  ufage  veut  dire  potiron,  «^/«/^^«u/ approche 
tort  de  cham-fjwn.  ' 

ÇHAMPAN.  Terme  de  Coutume.  Dtoit  qu'a  un  Sei 
gneur  de  prendre  un  certain  nombre  de  gerbes  fur 
les  champs  qui  dépendent  de  fa  Seisrneurie 

CHAMPANE.  f.  £  Bâtiment  des  Indes  de  60  à  8q 
tonneaux  ,  qui  n'a  que  des  courcives  ■  il  eft  conf- 
truit  lans  doux,  les  membres  étant  feulement  ar-? 


41^ 


C  H  A 


C  H  A 


rêtcs  avec  des    chevilles  de  bois,  &  les  bordagcs 

emboîtes.  Navi^ii/m  Indicum. 
^  CHAMPANÈLLES.  f.   m.   Grands  finges  ,   qui 
reiîeinblcnt  h  fort  à  l'homme  ,  qu'ils  n'en  dirtètcnt, 
dit-on  ,  que  parce  qu'ils  l'ont  prives  de  l'uiage  de 
la  voix.  Encyc. 
CHAMPART.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Droit  qu  a 
un  Seigneur  de  prendre  ûu  le  champ  une  certaine 
partie  'des  blés  ou  d'autres  fruits  d'une  terre  la- 
bourable ,  avant  que    celui  qui   tient   la  terre  en 
champart  ,  enlève  ce  qui  en  doit    rcfter  pour  lui. 
Jus  agranifo/arii  legendi.  Ce  droit  eft  appelle  cluim- 
part%uajipars  vel panus  agri  quemjibi  Dominus 
Tefervdvu.  On  l'appelle  auHi  agries  ou  terrage  ,  & 
il  oblige  celui  qui    tient  une  terre  en  champ ar t _, 
non-feulcmcn^  a  laiiîet  la  part  du  Seigneur  -,  mais 
auffi  à  le  faire  appeler  avant  que  d'enlever  ce  qui 
doit  relier  pour  lui ,  Ibus  peine  d'amende  :  la  part 
du  Seis;neur  cft  plus  ou  moins  forte  ,  fuivant   les 
diifcrens    endroits.   Dans   quelques -•  uns ,  c'eft  la 
dixième  partie  des  fruits ,  dans  d'autres  la  douzième 
ou  la  quinzième,  fuivant  l'uIàge  des  lieux. 
fp-  Ladixmc,  qui  eft  la  part  que  la  terre  doit  à  Dieu, 
doit  être  levée  avant  le  champart  qui  équipole  au 
cens.  Ainli  le  champart  ne  peut  être  pris  que  lur  le 
leftant  des  gerbes  ,  après  la  dixme  payée.  Il  y  a 
des  terres  qui  payent  la  dixme ,  d'autres  le  cham- 
part.  Favin  femblè  les  confondre  dans  fon  Hiltoire 
de  Navarre,  Liv.   VU,  p.  401  »  où  il  dit  que  ces 
terres  payoient  le  dixième  ,  &:  que  pour  cela  elles 
étoient  appelées  agri  decumates.Lt  Aïo'it  àc  cham- 
part emporte  lods  &  ventes  s'il  eft  feigneurial,  & 
tient  lieu  de  chef-cens  j  autrement.  Se  iî   ce  n'eft 
qu'un  droit  foncier  conftitué  après  le  cens ,  il  n'em- 
porte point  lods  &  ventes.  Lange.  On  levé  aulfi  le 
champart  ilir  les  légumes. 
^  CHAMP ARTAGE.  f.  m.  Dans  la  bafle  latinité , 
Campartaghim.  Second  droit  de  champart  que  quel- 
ques Seigneurs  dans    la  coutume  de  Mantes  font 
fondés  à  percevoir  ,  outre  le  premier  qui  leur  eft  dii. 
Héritages  ,  tenus  à  champart  &  champartage.  Ce 
fccond"^  champart  peut   être  léigneurial  comme  le 
premier. 
%fj  CHAMPARTEL  ,  ELLE.  adj.  Terme  de  Cou- 
tumes. Terre  Champartelle,  lujette  au  droit  de  cham- 
part. 
CHAMPARTER  ou    CHAMPARTIR  ,  félon  quel- 
ques-uns ,  V.  a.  Lever  le  droit  de  champait.  yignfo- 
larium  cogère.  Un  Laboureur  ne  peut  enlever  au- 
cunes de  fes  gerbes ,  que  le  champ  ne  Ibit  cham- 
■partc.  Il  vient  du  latin  partiri  Campum. 
CHAMPARTERESSE.  adj. ,  qui  ié  dit  de  la  grange 
feigneuriale  où  le  mettent  les  champatts.  Horreum 
manipulorum  decumanorum.  Les  Tenanciers  des  ter- 
res font  obligés  de  conduire  à  leurs  frais  les  gerbes 
,  prifes  par  le  Champartcur  dans  la  grange  champar- 

terefe ,  avant  que  d'enlever  aucune  de  celles  qui  leur 
appartiennent. 
CHAMPARTEUR.  f.  m.  Fermier  ou  homme  com- 
mis par  le  Seigneur  pour  lever  fon  droit  de  cham- 
part. Coaclor  agrarii  folarii. 
gC?  On    peut  auHl  appeler   Champartcur  ,   le    Sei- 
gneur qui  jouit  du  droit  de  champart. 
0-  CHAMPARTIR  ,  dans  quelques  Coutumes,  fy- 

nonyme  à  Champarter. 
1^  CHAMPAY.  f.  m.  Terme  employé  dans  la  Cou- 
tume d'Orléans,  formé  des  mots  ch^mp  Ss. paître, 
pacage  des  beftiaux  dans  les  champs. 
§Cr  CHAMPAYER.   Faire  paître   dans    les  champs. 

C'eft  encore  un  terme  de  coutume. 
ffT  CHAMPDENIERS.  Petite  ville  de  France  ,  en 

Poitou ,  à  quatre  lieues  de  Niort. 
CHAMPE.  adj.  Terme  de  Blâfon  ,  fe  dit  lorfqu'on 
ne  veut  expliquer  que  la  qualité  du  champ.  Mid- 
delbourg  porte  un  château  champé  de  gueules. 
Campus  minio  affeclus 
fp-  CHAMPEUGË.  f.  m.  Terme  de  coutume  qui 
paroit  fynonyme  à  Champay.  C'eft  un  terme  du  Ma- 
çon nois. 


CHAMPELURE.  f.  f.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle  en  Not- 
mandie  la  fontaine  ou  le  robinet  d'un   muid  ,  ou 
autre  vaiffeau  qu'on  a  mis  en  perce.  Guerin.  i;;ffr- 
>  cices  des  aides  de  Normandie.  On  dit  auifi  chante- 
pelure  lorfque  le  dernier  quarr  de  la  pièce  eft  entamé. 
Se  qu'elle  cft  à  peu  près  au  huitième  reftant,  &i  fur 
le  point  d'être  levée  :  le  commis  doit  la  faire  lever 
en  la  prélénce  ,  8c   après  avoir  rompu  Si  biffé  la 
rouanne  qu'il  y  a  polce  ,  faire  un  X  de  deux  demi- 
tours  de  rouanne  près  de  la  champelure  l'un  dans 
l'autre  ,  à  droit  &  à  gauche ,  pour  marquer  que  la 
pièce  eft  levée  ,  afin  qu'on  ne  la  remette  pas  en  Ion 
premier  état  fur  le  chantier....  Id.  ibid.  Voyez  Chan- 

CHAMPENOIS  ,  OISE.  f.  m.  S:  f.  Qui  eft  de  Cham- 
pagne. Campanus  ,  Cainpanenfis.  Nicolas  Perrot 
d'Ablancourt  de  l'Académie-Françoife ,  dont  nous 
avons  des  ttadudions  d'Auteurs  Grecs  &  Latins, 
fouvent  citées  dans  cet  ouvrage ,  étoit  Champenois. 
Eudes  II,  Comte  de  Blois ,  fut  furnommé  le  Cham- 
penois ,  parce  qu'après  la  mort  d'Etienne  de  Ver- 
mandois  l'on  coufm  il  s'empara  de  la  Champagne  , 
quoique  le  Roi  Robert  s'y  opposât.  Les  Champe- 
noises Demoilélles  ont  anobli  leurs  maris.  Ce  hit 
une  fuite  de  la  bataille  de  Fontenay  en  Champa- 
£;ne  entre  les  enfans  de  Louis  le  Débonnaire.  Car  , 
dit  GoUut,  Mem,  des  Bourauignons  ,  Liv.  IF,ch. 
6  ,  la  ncblelVe  de  Champagne  y  demeura  pref- 
que  toute  ;  de  forte  qu'il  fut  permis  aux  Demoilélles 
d'anoblir  leurs  maris. 

^  On  dit  proverbialement  ,  un  Champenois  8c 
quatre-vingt-dix-neuf  moutons  font  cent  bêtes  , 
gOLir  faire  entendre  qu'un  Champenois  eft  rarement 
un  homme  d'efprit.  Si  on  a  pu  le  dire  autrefois, 
l'expérience  prouve  aujourd'hui  le  contraire. 

0Cr  CHAMPÊTRE,  adj.  de  t.  g.  Epithète  qu'on  appli- 
que à  ce  qui  tient  quelque  chofe  de  la  campagne, 
à  ce  qui  appartient  aux  champs.  Rufiicus.  Ce  ber- 
ger jouoir  des  airs  champêtres  fur  fon  chalumeau. 
Rien  ne  charme  davantage  les  elprits  délicats, 
que  le  ruftique  ôc  l'innocence  des  plailîrs  champàres. 
S.  EvR. 


Et  dans  mon  cabinet  ajfis  au  pied  des  hêtres  , 
Faire   dire     aux   échos    des  Jotifes    champêtres. 

BoiL. 

Tous  les  foins  font  bannis    des  demeures  cham- 
pêtres. 
On  y  vit  fansfujets ,  mais  on  y  vit  fans  maures, 

ViLL, 

Les  Païens  appeloient  Dieux  champitres  Se  Di- 
vinités champêtres  ,  les  faux  Dieux  qui  prélîdoient 
aux  biens  de  la  terre ,  Se  qui  étoient  particulière- 
ment adorés  aux  champs. 

Champêtre.  Il  fe  prend  quelquefois  fubftantive- 
ment.  Ce  champêtre  eft  fort  agréable.  Acad.  Fr. 
On  appelle  un  cham.pètre  ,  un  champ  en  friche ,  ou 
fort  éloigné  des  habitations. 

nfT  CHAMPIGNI.  Campiniacum.  Ville  de  France  en 
Touraine  ,  fur  la  rivière  de  Vende. 

CHAMPIGNON,  f.  m.  Fungus.  Plante  dont  la  fubi: 
tance  eft  d'une  tillure  différente  de  celle  de  toutes 
les  autres  plantes,  fans  fleurs  Se  fans  femences  appa- 
rentes :  aufli  l'on  caradère  ne  fe  tire  point  de  ces 
parties-là  ,  comme  dans  les  autres  plantes ,  mais  feu- 
lement du  port  extérieur  de  fes  efpèces.  Le  vulgaire 
appelle  indifféremment  champignon  tontes  plantes 
fon2;ueufes  ,  qu'on  diftingue  cependant  en  celles 
qui  croiffent  fur  les  arbres ,  Se  en  celles  qui  croiffent 
fur  terre  ,  Se  font  compofées  d'un  pédicule  Se  d'une 
tête  ou  chapiteau,  convexe  pour  l'ordinaire  en  de- 
hors ,  concave  par-deflbus ,  S:  garni  de  plu/ieurs  la- 
mes ou  feuillets  ou  de  petits  tuvaux  ranges  les  uns 
auprès  des  aurres ,  ce  qui  rend  la  Çu'[hc<t  interne  toute 
poreufe.  On  remarque  en  général  que  le  champi- 
gnon eft  toujours  fulped  dans  fon  ufage  ;  l'expé- 
rience l'a  fait  quelquefois  éprouver  aux  plus  friands. 


CH  A 

II  efl:  vrai^ependant  qu'il  y  en  a  de  plus  ou 
moins  nuilibies  ;  ceux  qu'on  mange  plus  volontiers 
font  le  raouilcron.  Fungus  parvus  ,  moujfcron  die- 
■  tus;  on  en  trouve  en  plusieurs  endroits  du  Royaume. 
On  mange  prefque  toute  l'année  à  Paris  le  jungus 
pejiris  alhus  J'upernè  ,  inftrne  rubtus.  On  fait  une 
couche  avec  du  terreau  prépare  ,  &  il  ne  manque 
guère  d'en  lever  lorique  la  couche  eft  bien  faite. 
La  plupart  des  autres  cfpcces  font  nuilibies  ,  fur- 
tout  les  efpèces  qui  ont  des  feuillets  noirs  ,  &-  qui 
fentent  mauvais. 

On  appelle  agaric  un  ckampignon  qui  croît  fur 
le  mélèze  :  on  le  diftingue  en  mâle  &  en  femelle. 
Le  mâle  fert  aux  Teinturiers  en  noir  ;  la  femelle 
au  contraire  eft  un  purgatif  hydragogue.  Agancus  , 
Jive  fungiis  lancis  \  le  mâle  croît  l'ur  les  noyers  ,  &: 
le  jiomme  Agaricus pedis  equini  forma.  Le  fongoidc 
ne  diffère  du  champignon  que  par  fa  figure  exté- 
rieure. En  effet ,  ce  champignon  eft  ordinairement 
forme  en  coupe.  La  morille ,  hulatus ,  eft  même 
une  forte  de  champignon  ;  elle  eft  à  préfent  en 
ufage  comme  le  mouflêron&  les  champignons  bons 
à  manger.  Ce  <lernicr ,  fungiis,  eft  criblé  comme  les 
Xayons  d'une  ruche.  La  v<:£'<i-de-loup  eft  une  autre 
forte  de  champignon ,  qui  en  lé  fcchant  le  réduit 
tout  en  poudre  :  cette  poudre  eft  bonne  pour  ar- 
rêter les  hcmorrhagies  des  hémorrhoïdes  ;  fungus 
Jfve  crépitas  lupi ,  lycoperdon  vulgare.  Les  corra- 
/oides  ont  été  ainli  appelés  à  caufe  que  cette  plante , 
"quoique  fongueufe ,  eft  branchue  comme  le  corail  ; 
on  mange  quelques-unes  de  leurs  efpèces.  Le  cham- 
pignon de  fureau  eft  eftimc  pour  la  iquinancic  ,  fiai- 
gus  fambuccinus  yjlve  auricula  judx.  On  met  enfin 
la  truffe  ,  tuber  ,  parmi  les  plantes  fongueufes.  Il  y  a 
quelques  efpèces  de  champignons  dont  on  a  vu  tom- 
ber une  femence  noire  en  forme  de  pouflîcre.  L'Em- 
pereur Claude  fut  empoifonné  en  mangeant  des 
champignons  ;  Se  parce  qu'il  fut  mis  après  fa  mort  au 
nombre  des  Dieux,  on  les  appela  /e  ra<ioàt  des  Dieux. 
Il  y  a  des  champignons  qu'on  appelle /'orrz«/,  ou 
champignons  de  pourceaux ,  qu'on  fricaife  à  l'huile 
&  au  beurre  ,  parmi  lefquels  il  y  en  a  de  venimeux. 
Rhafîs  fait  mention  d'un  champignon  ,  dont  la  pou- 
dre mife  fur  un  bouquet,  empoilbnne  quand  on  le 
flaire.  Matthiole  dit  q  l'il  a  vu  des  champignons 
quipefoicnt  trente  livres,  qui  croient  jaunes  comme 
de  l'or  ;  &  qu'il  y  en  a  à  Rome  &  à  Naples  qui 
viennent  fur  des  pierres  qu'on  arrofe.  Ilobierve  auffi 
que  les  meilleurs  champignons  ne  vslIçiiz  tien  quand 
on  en  mange  trop  ;  qu'ils  llirmontent  Se  éteignent  la 
chaleur  naturelle  :  Sc  il  nomme  ]e  champignon  la  vraie 
enleignc  du  logis  de  la  mort.  Ferrantes  Impcratus 
dit  avoir  va  des  champignons  qui  pefoient  plus  de 
cent  livres.  Clufius  parle  d'un  qui  étoit  aflez  gros 
pour  nourrir  plus  d'un  'our  touf*  une  famille  ;  & 
&  on  dit  que  dans  les  confins  de  la  Hongrie  &  de 
la  Croatie  il  en  croît  de  lî  gros  ,  qu'un  fcul  peut 
remplir  &  faire  la  charge  d'un  chariot.  XV'  Journ. 
DES  Sc.  i6jS.  Creda:  Judtzus  apella.  On  a  vu  un 
homme  en  Allemagne  ,  dont  les  reins  ,  à  ce  que 
l'on  jugeoit ,  étoient  d'une  fubftance  de  champignon, 
parce  qu'après  d'épouvantables  douleurs  qu'on  avoir 
cru  être  caufées  parla  pierre  ,  il  jetta  de  temps  en 
temps  de  petits  champignons  ,  comme  les  autres 
font  des  pierres.  Ib.  KÎ79  ,  p. 

^CT  On  ne  fauroit  prendre  trop  de  précaution  dan'S 
le  choix  des  champignons.  On  doit  les  choilir  d'une 
grofTeur  médiocre,  avant  qu'ils  foient  développés , 
bien  charnus  ,  blancs  en  defTus ,  rougeàtrcs  en  def- 
fous ,  fermes  ,  &  ferrés ,  &  d'une  odeur  agréable. 

ffT  Les  champignons  viennent  de  graines  comme  les 
autres  plantes.  La  nature  eft  uniforme  dans  fes  opé- 
rations. On  apperçoit  même  de  ces  femcnces  avec 
la  loupe  fur  quelques  champignons  ;  &  la  man'ère 
dont  on  fait  venir  les  champignons  fur  nos  couches  , 
prouve  que  ces  graines  impercepribles  font  renfer- 
mées dans  le  crotin  de  cheval ,  où  elles  germent 
quand  il  eft  fuffifamment  échauffe ,  fe  développent 
Se  pr.roiflent  comme  de  petits  filets  blancs,  dont 
Tome  H. 


CHÂ  417 

une  des  extrémités  s'arrondit    &  devient  un  chaju- 
pignon  ,  la  partie  intérieure  un  pcd'cule. 

03*  S'il  arrive  qu'on  ioit  incommodé  pour  avoir  man- 
gé de  mauvais  champignons ,  il  faut  fur  le  cnamp 
avoir  recours  aux  vomitifs  -,  Sc  fi  on  n'en  a  point  » 
on  boira  coup  fur  coup  beaucoup  d'eau  tiède  d^ns 
laquelle  on  aura  fait  diflbudre  du  fcl  marin.  Cette 
eau  irrite  l'eftomac  &  provoque  au  vomiiîcmeni. 
Après  quoi  l'on  fait  ufage  des  la  voneux  &  adouciiTans. 
Ménage  tient  que  ce  mot  vient  du  latin  campinto , 
à  caufe  qu'il  îiaît  dans  les  champs  fans  être  ftmc. 
On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  s'cft 
élevé  ,  qui  a  fait  fortune  en  peu  de  temps ,  (]u'jl 
eft  venu  en  une  nuit  comme   un  champignon. 

IJCJ"  On  appelle  auiH  champignon ,  un  boucon  qui  fe 
forme  à  l'extrémité  du  lumignon  d'une  bougie,  d'une 
chandelle  ou  d'une  lampe  qui  n'a  pas  été  mouchée. 
LucerniS  fungus.  On  lui  a  donné  ce  nom  à  cau'c 
de  fa  rcllêmblance. 

Champignon,  en  Médecine,  eft  aulTi  une  tumeur» 
ou  une  excrefcence  de  chairs  ipongicules  qui  naiffcnt 
en  plulicurs  parties  du  corps,  comme  ai^x  paupières 
aux  parties  honteules  ,  ou  à  la  tête  ,  quand  le  cr.ine  a 
été  trépané  ou  rompu  ,  Sc  que  les  membranes  du  cer- 
veau ont  été  bleffées.  Fungofte  carnis  tumor.  Il  y  en  X 
qui  fortent  hors  des  fratflures  des  os  Se  qui  font  faites 
eifedf  ivement  comme  des  champignons  ;  ce  qui  leur 
en  a  fait  donner  le  nom. 

Champignon,  en  Architeéiure.  Elpèce  de  coupe  rcn- 
verfée  ,  taillée  en  écailles  par  delîlis ,  qui  il-rt  aux 
fontain:s  jailliffantes  à  faire  bouillonner  l'eau  d'un 
jet  ou  d'une  -erbe  ,  en  tombant.  Fun<^us. 

ff3'  Champignon  ie  Mer.  Erpccedc  peiitpoiifûn  afîêz 
commun  fur  les  côtes  de  Normandie.  Ces  poiflbns 
ne  quittent  point  le  lieu  où  ils  fc  font  utie  fois  acta- 
c:hés  ■,  quand  ils  fe  tiennent  renfermes.  Us  font  Icm- 
blables  à  des  champis^nons ,  ce  qui  leur  rn  a  fait  donner 
le  nom",  Se  à  une  anémone ,  quand  ils  oavrcnt  ou  dé- 
plient leuts  trompes.  Voye^^  k'Spicx.  de  la  Nat. 

CHAMPIGNONNIÈRE. f.  f.  Couche  de  fumier,  pré- 
parée pour  y  faire  venir  des  champignons  bons  à 
manger.  Il  faut  faire  là  un  champignonnière.  On  ac- 
commode des  chamri"nonnïeres  dans  des  caves, 

\  T  On  ne  dit  plus  champignonniae.  Il  faut  dire  cou- 
che. Voyez  ce  mot. 

0Cr  CHAMPION.  1".  m.  Ce  mot  figniae  en  général 
celui  qui  combat  en  champ  clos  pour  fa  propre 
caufe ,  ou  pour  la  caufe  d'un  autre  -,  Se  plus  parti- 
culièrement celui  qui  fe  bat  pour  un  autre,  ^ugnator. 
Les  injures  faites  à  l'honneur  des  Dames  le'ven- 
geoient  autrefois  par  le  combar  de  deux  cham- 
pions. Ce  Prince  avoit  piufieuts  braves  champions 
dans  fon  atmée. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  campio  ,  fuivant  les 
Gloiés  d'Ifidore  ,  qui  campa  deccrcant.  En  ce  ca» 
le  mot  de  camp  étoit  pris  pour  le  duel  qui  fc  failoit 
dans  un  champ  clos.  Campion  fignifie  aulii  en  alle- 
mand un  homme  qui  fe  bat  en  duelj  campnn  duel, 
&  campen  ,  fê  battre  en  duel.  Ces  mots  viennent 
de  camp  ,  qui  lignifie  champ  -,  le  lieu  où  l'on  le  bat, 
du  \2X\ncampus\  C'eftla  remarqu:  des  BoUandiftcs , 
Mart.  T.  II ,  p.  494.  D.  Ce  mot  campio  eft  tth- 
ancien,  quoiqu'il  ne  foit  pas  de  la  bonne  latinité. 
Il  lé  trouve  dans  Grégoire  de  Tours.  Du  Cangc  déiive 
champion  de  l'allemand  kampff',  qui  fignifie  combat  : 
Se  il  remarque  qu'on  appeloit  proprement^  ch.^m- 
pions  ceux  qui  fe  battoient  pour  d'autres ,  qui,  étant 
obliges  fclon  la  coutume  d'accepter  le  duel ,  avoicnt 
pourtant  une  jufte  excufe  pour  s'en  difpenlcr  ;  s'ils 
étoient  par  exemple  trop  vieux,  trop  jeunes,  ou 
infirmes,  ou  Ecclcfiaftiqucs.  Dans  tous  ces  cas  ,^  ils 
étoient  obliiîés  de  donner  des  champions  ,  qu'on 
appeloit  aulIi  avoués.  Il  ajoute  que  p'cioit  le  plus 
fouvent  des  mercenaires  qu'on  louoit  pour  de  l'ar- 
gent ,  &  qui  paflbient  pour  infâmes.  Il  y  avoit  aiifTi 
des  valïliux ,  qui  par  leur  foi  Se  hommage  étoient 
ohlin-cs  en  ver';  leurs  Sai;.'neurs  de  fe  battre  pour  eux 
en  cas  de  befoin.  C'éroient  feulement  des  combat- 
i       tans  à  pied  armés  d'un  bânon  SC  d'un  bouclier.  Il 


4i8  C  H  A 

vapif^ortc  fort  au  loni;  les  ccrcmonies  de  ces  com- 
bars ,  &  les  peines  des  vaincus. 

Cette   coutume  de   décider  les   difFérens  qu'on 
.avoif,  par  le  combat,,  vint  autrefois  du  Nord  en 
Allemagne  ,  en  France  ,  en  Bouriro^nç  ,  ^j^alia  in- 
'  '  ienliblement  dans  tout  le  relie  de  l'Eiirope.  On  choi- 
iiiîbit  deux  champions  pour  Joutenir  le  pour  &  le 
contre.  Avant  que  d'en  venir  aux  mains ,  il  ialloit 
qu'il  y  eût  Icntence  qui  autorisât  le  combat.  Quand 
le  Juire  avoit  prononcé ,  l'accuic  jetpit  un^[aL:e  (  a'or- 
dinaire  c'ctoit  un  gant.)  Ce  gage  de  bataille  ctoit 
relevé  par  le  Juge  i  ^  quelquefois  par  l'accule  avec 
la  perniillion  du  Juge  ■■,  cnmitc  les  deux  combat- 
tans  croient  envo)'cs  en  prilbn  ,  ou  mis  à  la  garde 
de  2;ens  qui  en  répondoient.  Celui  des  deux  qui  s'cn- 
fuvoit  ctoit  déclaré  infâme ,  &c  convaincu  d'avoir 
commis  le  crime  qu'on  lui  imputoir.  Les  gages  reçus , 
Taccuic  5c  l'acculatcur  ne  pouvoicnt  plus  s'accom- 
moder que  du  confentemcnt  du  juge.  Ils  ne  l'obtc- 
noicnt  qu'avec  peine,  &  jamais  iàns  payer  l'amende 
que  le  Seigneur  avoit  droit  de  prendre  iur  la  iuc- 
ceiïlon  du  vaincu.  C'ctoit  le  Juge  ou  le  Seigneur 
qui  hxo!r   le  jour   du  con":bat.    C'étoient  eux  qui 
croient  tenus  de  préparer  le  champ,  &de  fournir 
^    aux  combattans  des  armes  fortables.  Si  le  consbat 
,    fe  faiibit  à  pied,  les  c/ï^rw/j/o/ri  ne  pouvoient  avoir 
qu'une  épcc  &:  un  bouclier  ;  s'il  lé  tailbit  à  cheval 
on  les  armoit  de  toutes  pièces.  Ces  arnies  éroient 
portées  au  Ion  des  fifres  &  des  rrompettes,  par  le 
Ju  ge,  au  milieu  du  chr.mp  ■■,  &  là,  bénites  par  un  Prêtre 
avec  de  grandes  cérémonies.  Avanr  que  de  s'appro- 
cher ,  les  combattans  juroient  qu'ils  n'avoicnt  flir 
-_  ,eux  aucun   charme  ,    &  qu'ils  fe  comportoient  en 
j   -loyaux  &  preux  Chevaliers.  Enfuite  les  parrcinslcur 
ceignoient  l'epce,  ^  d'autres  gens  leur  prélêntoicnt, 
l'un  le  cheval,  l'autre  la  lance.  Eni:n  par  un  cri  pu- 
_  ■^^\ïc  les  Hérauts  défendoient  au  peuple  de  faire  ni 
ligne,  ni  bruit,  ni  de  tavorifer  en  quelque  manière 
que  ce  fut  l'un  ou  l'autre  des  combarrans. 

L'action  commençoir  par  force  dcmenris  que  fe 
;  donnoient  les  champions  ;  puis  les  trompettes  ayant 
._  Ibnnc,  ils  en  venoient  aux  mains.  Après  qu'ils  s'é- 
toient  donné  le  nombre  de  coups  de  lance ,  d'é- 
pce  ou  de  dague  qui  étoient  marques  dans  le  carrel , 
les  Juges  du  combar  jetoient  en  l'air  une  baguette 
pour  avertir  les  champions  que  le  combat  étoit  fini. 
S'il  duroit  jufqu'à  la  nuit  avec  un  fuccès  égal ,  l'ac- 
cule ctoit  réputé  vainqueur  :  la  peine  du  vaincu  étoit 
celle  qu'eût  mérité  le  crime  dont  on  l'accufoit.  Si  le 
crime  méritoit  la  mort ,  le  vaincu  étoit  défarmé  , 
traîné  hors  du  champ,  &  exécuré  auiri-tôt.  Il  n'y 
avoit  que  les  Eccléfiaftiques ,  les  malades  ,  les  eftro- 
piés,  les  jeunes  gens  au-delfous  de  lo  ans,  &  les 
hommes  au-deflûs  de  60  qui  fuflént  difpenlcs  du 
combat.  Tous  étoient  obligés  de  combattre  en  per- 
fonne  ,  ou  de  mettie  un  homme  en  leur  place.  On 
.  nommoit  proprement  cha?Tipions  ces  braves  de  pro- 
fe/fion  ,  qui  moyennant  bien  de  l'argent  entroient 
en  lice  pour  un  autre.  Si  le  crime  dont  il  s'agif- 
Ibitméiitoit  une  peine  capitale,  le  champion  qui  fuc- 
comboit  étoit,  fans  forme  de  procès,  mis  à  mort  le 
moment  d'après ,  avec  l'accufateur  ou  l'accufé  qui 
l'employoit.  Le  Gendre. 
Champion  du  Roi ,  en  Angleterre  ,  efl:  un  Héraut 
qui,  après  Le  couronnement  du  Roi ,  entre  à  cheval 
éc  armé  de  routes  pièces  dans  la  lalle  du  fefèin ,  jerte 
le  gant  par  terre ,  5c  préfente  un  cartel  à  quiconque 
oferoit  nier  que  le  nouveau  Prince  foit  létritiaie 
Roi  d'Angleterre. 

On  dit  figurémcnt ,  que  les  Marryrs  ont  cré  de 
braves  champions  de  la  foi ,  parce  qu'ils  l'ont  dé- 
fendue au  péril  de  leur  vie.  Et  en  général ,  il  fe 
dit  de  toutes  fortes  d'affaillans  braves ,  généreux , 
illuftres.  Martin  ,  Secrérair?  du  Pape  Félix  V  ,  a  fiir 
un  Poëme  en  faveur  des  Dames ,  qu'il  a  intitulé  , 
le  Champion  des  Dames. 

Une  palme  ji  vulgaire  , 
N'e/i  pas  pour  un  tel  cha.mpïon.     Voit. 


C  H  A 


CHAivrpioN  ne  fe  dit  guère  aujourd'hui  que  dans  le 
if)  le  familier  ou  le  ftyle  burlefque  ,  &  en  riant. 
Tandis  que  les  coups  de  poing  alloient  &  que  nos 
champions  Ibngeoient  à  le  défendre.  La  Fontaine. 
On  dit  par  raillerie  ,  d'un  homme  qu'on  cftime 
'.peu  vaillant ,  que.c'eft  un  vaillant  champion.  Ac.  Fr. 

Champions.  (Eau  de  deux)  Voyez  Eau. 

CHAMPISTLAUX.  adj.  On  l'a  dit  autrefois  pour  dé- 
piteux.  Murojns ,  fajudiojus. 

§Cr  CHAMPLEMY,  Ville  de  France  dans  le  Nivcr- 
nois  ,  à  lept  lieues  de  Nevers. 

g:T  CHAMPLEYER.  v.  a.  Chez  les  Bijoutiers  ,  c'eft 
lûrbailfer  avec  une  chape  le  champ  d'une  pièce ,  & 
le  rcdui-re  à  la  hauteur  précilé  où  il  doir  reftcr  , 
pour  y  incrufter  des  pierreries  ou  y  placer  des 
émaux.  Encyc. 

§Cr  Chez  les  Fourbiffcurs  fie  les  Citcleurs ,  c'cù.  creuser 
&  découvrit  au  burin  ,  fur  un  morceau  d'acier  , 
les  figures  qu'on  y  a  deifmées  ,  èc  qu'on  doit  mettre 
en  bas-relief 

(pr  CHAMPLITTE.  Petite  ville  de  France  en  Fran- 
che-Comté, fur  la  rivière  de  Salon,  à  trois  lieues 
£c  demie  de  Gray, 

^  CHAMPLURE.  C.  f.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle 
dans  quelques  campagnes  une  pcrite  gelée  qui  en- 
dommage les  vignes. 

iCr  CHAMPTOCEAUX.  Ville  de  France  en  Anjou, 
avec  titie  de  Baronnie  ,  à  neuf  ou  dix  lieues  d'An- 
gers fur  la  Loire. 

CHAMSIE.  (.  m.  &:  £  Nom  d'une  fede  de  gens  qui 
lé  trouvent  en  Syrie.  Cham/ius  ,  a.  Les  Ui.im.Jies 
adoroient  le  iblcil  Le  zèle  des  Millionnaires  a  iait 
qu'on  ne  voit  prefque  plus  aujourd'hui  les  fuper- 
ftitions  de  ces  hommes ,  que  l'on  appelle  Chamjies, 
Mémoires  des  Mijjions  du  Levant   T.  IV  ^    58. 

CHAN.   Voye^^  Cham  ,   &  prononcez  Kan. 

Chan.  f.  m.  C'eft  une  Hôtellerie  chez  les  Turcs,  & 
la  même  choie  que  Caravenferas..  Voyez  ce  mot. 
Les  Chans  fervent  de  rerraite  aux  Voyageurs ,  foit 
dans  les  campagnes  où  il  n'y  a  poinr  d'habitations, 
foit  dans  les  villes  mêmes  -,  fie  l'on  y  loge  gratis. 

CHANAAN.  f  m.  C'eft  le  nom  propre  d'un  fis  de 
Cham,  qui  donna  Ion  nom  à  la  terre  que  fa  pof^ 
tcrité  eut  en  partage  ,  ^  dont  nous  allons  parler. 
Les  enfans  ou  la  poftéritc  de  Ch.inaan  fut  mau- 
dite par  Noc.  Chanaan  eft  quelquefois  la  même 
chofe  que  les  Chananéens ,  la  poftcrité  de  Cha^ 
naan  ;  de  même  qu'Ilraël  lignifie  fouvent  les  If- 
raclites.  Les  Sidoniens ,  Amalec  fie  Chanaan  vous 
ont  opprimé.  Jud.  JC ,  11.  Chanaan  (ignifîe  aulli 
quelquefois  le  pays  qu'on  appelle  plus  communé- 
ment la  terre  de  Chanaan.  Ainfi  l'on  rrouve  dans 
l'Ecriture  les  bornes ,  les  confinf;  de  Chanaan ,  les 
Rois  de  Chanaan.  La  langue  de  Ch.inaan  ,  c'eft-i 
dire ,  chananéenne  ou  des  Chananéens ,  eft  celle 
que  nous  nommons  plus  ordinairement  la  langue 
phénicienne.  C'éroit  la  même  langue  que  Fhébreu  ; 
ou  du  moins  elle  en  différoir  très-peu  ,  comme 
nous  le  voyons  par  tous  les  noms  de  cette  langue 
qui  font  dans  l'Ecriture,  fie  par  les  mots  puniques 
que  faint  Auguftin  6c  les  autres  anciens  nous  ont 
conferves. 

Chanaan.  La  terre  de  Chanaan.  Terra  Chanaan  , 
Chanaanitis.  C'eft  la  rerre  qu'occupèrent  les  Cha- 
nanéens „  promife  enfuira  à  Abraham  ,  Se  donnée 
à  fa  poftérité,  &i  appelée  la  Terre  promife ,  la  Terre 
de  promilîion  ,  la  Terre-Sainte.  Elle  comprcnoit  en 
général  ce  qui  eft  enfermé  entre  l'Arabie  déferre 
au  midi,  la  mer  Morte  fie  le  Jourdain  au  levanr  , 
la  Phénicie  fie  l'Anti-Liban  au  nord,  la  Médirerra- 
née  ^  les  Philiftins  au  couchant ,  ic  outre  cela  les 
Royaumes  d'Og  ?<.  de  Bafan  à  l'orient  du  Jour- 
dain. Cependanr ,  quoique  les  Rois  fie  les  peuples 
de  ces  deux  Royaumes  fulfenr  des  Chananéens ,  on 
ne  les  comprend  poinr  communément  dans  ce  qu'on 
appelle  la  Terre  de  Chanaan.  Elle  étoit  divifée  en 
pioûeurs  Royatimes,  dont  il  eft  parlé  dans  les  Li- 
vres de  Moïfe  ,  fie  fur-tout  dans  celui  de  Jofi'c. 
De  la  Rue  a  fait  une  carte   de  la  Terre  de  Chtt- 


C  H  A 

naan.  Depuis  que  les  Ifraélires  en  furent  les  maî- 
rres ,  elle  hit  autrement  divilce ,  comme  nous  le 
dirons  au  mot  Terre-Sainte. 
CHANANÉEN ,  ENNE.  i".  m.  &  f.  Beaucoup  d'Auteurs 
écrivent  aujourd'hui  Cananéen  pour  Chananéen  ; 
mais  mal.  Jamais  cette  Chananeenne  de  l'Evangile 
ne  fe  vit  expofce  à  de  tels  rebuts.  Bourd.  Exk. 
I,  p.  3  ip.  En  parlant  de  cette  femme  de  l'Evangile  , 
communément  on  dit  Chananée  ,  èc  non  pas  C7ia- 
nanéenne.  La  Cananée  ou  Chananée ,  l'Evangile  de 
la  Chananée.  Ainfi  la  Dame  pénitente  qui  a  fait  les 
réflexions  fur  la  miféricorde  de  Dieu ,  a  dit  :  Sei- 
gneur ,  infpirez  moi  par  votre  fainte  grâce  les  mêmes 
difpolîtions  avec  lefquelles  la  Chananée  fe  vint  pro- 
fterner  à  vos  pieds. 

CHANCE,  f  m.  Premier  coup  de  dez  qu'on  jette  poùi 
en  faire  jouer  un  autre.  Primi  te^erarum  jaclus  , 
fortuita  puncla.  Ainfi  on  dit ,  livrer  chance  à  quel- 
qu'un ,  pour  lui  donner  lieu  de  jouer  un  coup 
enfuitc. 

ffj"  Chance  ,  fe  dit  non  feulement  pour  le  point 
qu'on  livre  à  celui  contre  lequel  on  joue  aux  dez , 
mais  encore  de  celui  qu'on  amène  pour  foi-même. 
On  livre  chance  à  quelqu'un  -,  &  l'on  amène  fa 
chance. 

On  dit  figurément ,  livrer  chance  à  quelqu'un  ; 
pour  dire  ,  défier ,  provoquer  quelqu'un  à  la  dii'putc. 
Ce  mot  vient  du  latin  cadentia  ,  félon  quelques- 
uns  ■■,  mais  il  y  a  plus  d'apparence  qu'il  vient  de 
chance  ,  vieux  mot  celtique  ,  ou  bas-breton ,  qui  li- 
gnifie cas  fortuit. 

Chance  ,  eft  aufll  un  jeu  patticulier  de  dez  qui  fe  joue 
avec  certaines  règles  ,  &  qui  ne  tombe  que  iùr  cer- 
tains points.  Certus  tejjerarum  jaclus. 

Chance,  fignifie  figurément  coup  heureux,  ^fT  un 
événement  heureux ,  qui  dépend  du  pur  hafard.  En 
quoi  le  mot  chance  eft  diftingué  du  bonheur  qui  s'é- 
tend à  tous  les  évcnemens.  On  peut,  par  une  fage 
conduite ,  contribuer  à  fon  bonheur.  On  ae  peut 
augmenter  fa  chance. 

Votre  arrivée  m'a  porté  chance.  On  dit  que  la 
chance  a  toutné  ,  lorfquc  d'heureux  au  jeu  qu'on 
étoit ,  on  devient  mal  heureux.  Formna  vertu.  J'ai 
gagné  au  commencement  ;  mais  la  chance  a  tourné. 

L'an  pajfé ,  qu'un  dejfein  queh^ue  peu  hasardeux 

Vous  avait  fait  Jortir  de  France  , 
A  tel  jour  qu'aujourd'hui  je  fis  pour  vous  des  vceux , 

Et  mes  vaux  vous  ont  porté  chance,  R. 

On  dit  proverbialement,  chance  vaut  mieux  que 
bien  jouer.  Fi  du  jeu  qui  n'a  chance -,  pour  dire  que 
quelque  précaution  que  l'on  prenne  ,  rien  ne  réuHit 
quand  on  eft  malheureux. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  a  conté 
:fa  chance  ;  pour  dire ,  fon  hiftoire ,  fa  bonne  ou 
mauvaife  fortune. 

CHANCEL  ou  CHANCEAU  ,  ou  plutôt  CANCEL. 
Voye?  ce  mot.  - . 

CHANCELADE.  Voye^  Chancellade. 

^  CHANCELAGUA.  f  f  Plante  de  la  Nouvelle  Ef- 
pagne,  fort  commune  dans  les  environs  de  Panama. 
Elle  eft  auffi  amère  au  goiit  que  la  centaurée.  Elle  fa- 
cilite ,  dit-on ,  la  tranfpiration  ;  &  on  s'en  fert  dans 
les  catharres ,  dans  les  rhumatifmes  ôc  dans  les  fiè- 
vres malignes 

CHANCELANT  ,  ANTE.  adj.  verbal.  Qui  chancelle  , 
qui  panche  de  côté  &  d'autre ,  comme  s'il  alloit 
tomber  -,  qui  n'eft  pas  ferme ,  ftable ,  aflfuré.  7"//«- 
tans  ,  vaciilans.  Aller  d'un  ^2.%  chancelant ,  dcmar-  ' 
che  chancelante. 

On  le  dit  auffi  au  figuré.  La  fortune  eft  fort  chan- 
celante ,  n'eft  jamais  alfurée.  Les  efprits  foiblcs  font 
chancelans  dans  leurs  opinions ,  font  irréfolus.  Etre 
chancelant  dans  fon  devoir.  Ablanc.  La  multitude 
étoit  déjà  toute  ébranlée  &:  chancelante.  Vaug. 
Combien  de  familles  chancelantes  ont  été  foutenues 
par  fon  fecours.  Fléch. 
CHANCELER,  v,  n.  N'être  pas  ferme  &  aflliré  fur  fes 


CH  A 


19 


pieds  ,  pancher  de  côté  &  d'autre  ,  comme  fi  on 
alloit  tomber.  Titubare  ,  vacillare.  La  marque  d'un 
homme  qui  a  trop  bû  ,  c'cft  qu'il  chancelé  ,  qu'il 
marche  en  penchant  le  corps,  tantôt  d'un  côté,  i>C 
tantôt  de  l'autre.  Vacillare  ex  vino.  Il  s'apperçut  que 
le  Roi  chancelait ,  &  laiffoit  allet  fes  atmes  de  foi- 
bleffe.  Vaug.  On  ne  voit  point  ines  pas  fous  l'âge 
chanceler.  Boil. 

Il  fe  dit  auffi  au  figuré  des  chofes  qui  font  fujettes 
à  varier ,  à  manquer ,  à  changer.  Alexandre  vit  ce 
jour-là  chanceier  fa  fortune.  Vaug.  Sa  mémoire 
chancela  dès  le  commencement  de  fa  harangue.  Ces 
gens  ne  feront  pas  long-temps  amis ,  leur  amitié 
chancelé  déjà. 

Sous  le  coupable  effort  de  fa  noire  infolence , 
Themis  a  vu  cent  jois  chanceleryiz  balance.  Boil, 

Chanceler,  fe  dit  auffi  figurément  de  ceux  qui  font 
incertains  dans  leurs  opinions ,  dans  leurs  décifions. 
Anima  titukare  ,  vacillare.  Il  ne  faur  pas  qu'un 
Auteur  grave  chancelle  dans  fes  opinions  ,  il  faut 
qu'il  décide  nettement.  Il  eft  encore  irréfolu ,  il 
chancelle. 

QuJques-uns  dérivent  ce  mot  de  cancellare. 

CHANCELIER,  f.  m.  Premier  Officier  de  la  Cou- 
ronne en  ce  qui  regarde  la  Juftice ,  &  qui  eft  le 
Chef  de  tous  les  Coniéils  du  Roi.  Franciœ  Caa- 
cellarius.  La  principale  fonélion  du  Chancelier , 
c'eft  de  garder  le  Sceau  Royal.  On  ne  dépoilêde 
point  un  Chancelier.  Le  Chancelier  de  France  eft 
Prélidenr  né  du  Grand  Conléil.  Les  Cours  Souve- 
raines lui  rendent  les  premiers  honneurs  après  le 
Roi  ;  il  a  feul  le  droit  d'y  préfider.  Il  ne  prête  le 
ferment  qu'entre  les  mains  du  Roi.  Il  ne  porte  ja- 
mais le  deuil  pout  quelque  raifon  que  ce  foir.  La 
raifon  de  ce  privilège  eft  qu'il  fe  détache  de  lui- 
même,  pour  ne  plus  repréfen  ter  que  la  Juftice,  dont 
il  eft  le  Chef  Le  Maît.  Les  Rois  ont  raflémblé 
dans  le  Chancelier  l'autorité  de  toutes  les  Magif 
tratures  :  c'eft  pourquoi  fes  Lettres  font  préfenrées 
dans  toutes  les  Cours  fouvcraines.  Il  a  chez  lui  les 
marques  de  la  Majefté  P.oyale  ;  fa  maifon  eft  ornée 
de  fleurs  de  lys.  Id.  Le  Chancelier  a  féance ,  & 
opine  le  premier  après  les  Princes  du  Sang  ■■,  &  au 
Parlement  il  précède  le  Connétable.  Le  P.  An- 
selme. Le  Chancelier  eft  la  bouche  du  Prince  SZ 
l'interprète  de  fes  volontés.  Le  Mait.  Le  Chan- 
celier fut  du  temps  du  Roi  Dagobert  appelé  Grand 
Référendaire ,  comme  on  recueille  d'un  paflage 
d'Aimoin.  Sous  Hugues  Capet,  il  appofoit  feule- 
ment fon  feing  aux  Lettres-Patentes ,  après  la  fîgna- 
ture  du  Grand  Maître  ,  du  Grand  Chambellan ,  du 
Grand  Echanfon,  &  du  Connétable. 

M.  Boyer  ,  de  l'Académie  Françoife  ,  faifant  au 
nom  de  fa  Compagnie,  compliment  à  un  C/z^nce- 
AVr ,  lui  dit  :  Souffrez  qu'elle  (  l'Académie  )  vous 
contemple  fur  le  plus  augufte  &;  le  plus  glorieux 
tribunal  de  l'univers ,  où  vous  êtes  devenu  la  pre- 
mière inrelligence  de  l'Etat ,  fous  le  plus  grand  Roi 
de  la  terre  -,  l'organe  de  fa  juftice  fouveraine  ,  l'o- 
racle de  fes  loix ,  le  difpenfateur  de  fes  grâces ,  & 
le  dépofitaire  de  fon  autorité. 

On  ne  peut  pas  douter  que  Pharamond,  &  Clodion 
&  Mérouée  fes  fuccefléurs,  n'ayent  eu  des  Chan- 
celiers &  des  Sécrétaites  ,  quoique  l'hiftoire  ne  rap- 
porte point  leurs  noms.  Quelques  Auteurs  moder- 
nes font  Widiomare  Chancelier ,  ou  Référendaire 
du  Roi  Childeric ,  mais  fans  aucun  fondement.  Gré- 
goire de  Tours  ne  lui  donne  point  cette  qualité. 
Le  premier  Référendaire  ,  (car  c'eft  le  nom  donr  les 
Chanceliers  àe  France  ont  été  appelés  fous  la  pre- 
mière race  de  nos  Rois  )  (é  nommoit  Aurélicn.  Il 
exerça  cette  charge  fous  Clovis,  cinquième  Roi  des 
François.  Hincmar  dit  qu'il  porroit  l'anneau  ou  le 
fc?au  de  ce  Prince.  Tesserfau.  D'autres  font  Au- 
rélien  Grand  Chambelbn  ,  &  non  pas  Référendaire. 
Voyei  Bardin  ,  6c  ci-delfus  au  mot  Chambellan'. 
Valentinien  eft  le  premier  qu'on  trouve  qui  ait  ligné 

Gggij 


\ 


42.0  C  H  A 

les  Chartres  de  nos  Rois  en  qualité  de  Notaire,  ou 
Secrétaire.  Amamunjù.  Il  iit  cette  fonction    Tous 
Childebert  Roi  de  Paiis,  5c  fils  de  Clovis.  Telfe- 
rcau,  qui  donne  une  fuite  Chronologique  des  Ré- 
férendaires &c  Chanceliers  de  France  ,  au  commen- 
cement de  l'on  Hiji.  ChronoL  de  laChancel.  Grégoire 
de  Tours ,  ch.  i3  des  miracles  de  S.  Martin,  donnent 
à  entendre  que  le  Référendaire  avoir  fous  lui  plu- 
sieurs Chanceliers.  Ainfi  ce  mot  en  ce  temps-là  C^ 
prenoit  poui  Notaire  ,  ou  Secrétaire.  Ces  Chance- 
liers ,  comme  dit  M.  de  Cordemoy ,  ne  fervoient 
qu'à  écrire  ou  à  ligner  les  actes  que  les  Rétéren-  i 
daires  dévoient  fceller  -,  &  par  fuccelfion  de  temps ,  ' 
le  nom  de  ces  petits  Officiers  a  été  donné  à  celui 
non-feulement  qui  garde  le  fceau  du  Prince  ,  comme 
faifûicnt  les  Référendaires,  mais  qui  préfide  encore  à 
tous  les  Confeils ,  comme  le  chef  de  la  Juftice  &  le 
premier  des  Magiftrars.  Sous  la  féconde   race  de 
nos   Rois ,    les  Chanceliers    ne  font  plus   appelés 
Référendaires,  mais    Aprocrifiaires  ,  Aichichance- 
liers ,  Archinotaires,  Archichapelains,  &  fouverains 
ou  fuprêmes  Chiinceliers.    Cette  dignité  augmenta 
beaucoup  fous  la  troificme   race  ,  fous  laquelle  le 
feul  nom  de  Chancelier  eft  refté  à  celui  qui  en  efl: 
pourvu.  C'efl:  Louis  le  Jeune  qui  donna  aux  Chan- 
celiers le  droit  d'affifter  avec  les  Pairs  aux  jugemens 
des  Pairs.  Philippe  le  Bel  leur  donna  ,  dans  le  Par- 
lement qu'il  établit  à  Paris  l'an  i^oi,  rang  immé- 
diatement après  un  Evêque,  un  Prince  du  Sang  ,  &: 
avant  tous  les  autres  Juges.  Voye^^  fur  tout  cela , 
6c  tout  ce  qui  regarde  le   Chancelier  ,  Tessereau  , 
déjà  cité. 
,        La  charge  de  Chancelier  ne  fe  vend  point.  Elle 
n'étoit  autrefois  que  la  cinquième  charge  de  la  Cou- 
ronne. Il  y  avoir  au-deffus  de  lui  le  Sénéchal ,  le 
Chambiier,  le  Grand  Maître  6c  le  Connétable.  Le 
Chancelier  ne  fe  mcloit  que  de  l'expédition  des  Let- 
tres. On    l'a  appelé  Référendaire,  comme  on  l'a 
dit,  puis  C'/i^ncc-Z/Vr  •,  Référendaire,  parce  que  c'é- 
toitluiquiiapportoit  toutes  les  lettres  devantleRoij 
C/z^;zci;A'er  ,  parce  qu'il  les  barroit  quand  elles   n'é- 
toienr  pas  bien  dreflces  ,  ou  plutôt  parce  qu'il  les 
fcelloit  dans  un  endroit  fermé  de  grilles ,  autrefois 
appelées  chanceaux  ,  en  latin  cancelli.  Son  pouvoir 
s'accrut  fort  fous  la  troiiième  race,  par  la  fuppreflion 
de  quelques-unes  de  ces  grandes  charges  qui  avoient 
rang  avec  la  lîenne.  Le  Gendre,  Il  y  a  dans  le  pro- 
cès de  M.  Fouquet  de  grandes  DifTertations ,  favoir  , 
lî  le  Chancelier  peut  être  récufé. 

Il  y  a  apparence  que  ce  mor  vient  du  latin  can- 
tellum  ,  qui  iignifie  chajjjs ,  à  caufe  de  fa  reffem- 
blance  avec  le  paraphe  du  Roi ,  qui  eft  fait  en  grille , 
auprès  duquel  le  Chancelier  appofe  le  fceau.  D'autres 
croienr  que  ce  mot  vient  de  canceller  ,  à  caufe  qu'il 
failbit  plufieuis  traits  de  plume  ,  fur  les  lettres  qu'il 
refufoir ,  comme  prétend  Nicot ,  &  quand  il  les 
trouvoit  inciviles  •,  &  audi  parce  qu'il  cafTe  les  arrêts 
des  Cours  fupérieures ,  lorfqu'il  prciîde  au  Confeil. 
Cancellare  en  latin  ,  (ignifie  biffer ,  rayer ,  pailér  une 
ligne  fur  quelque  choie.  Sarifber.  In  Euihetico  , 
parlant  d'un  Chancelier ,  dir , 

,  ffic  ejl  qui  regni  leges  cancellat  iniquas  , 

Et  mandata  pii  Principis  aquafacit. 

C'eft  aufTi  le  fentiment  de  Turnèbe ,  qui  favorifc 
le  vers  fynonyme  de  Briton , 

Cancellofcriho ,  Cancello  grammatafindo. 

Comme  Naudé  le  remarque  dans  fon  Mafcurat. 
Mais  Ménage  dit  qu'il  vient  \cancelHs ,  c'eft-à-dire, 
du  chancel  ou  treillis  où  éroit  l'Empereur  quand 
ilrendoitla  iuftice',  parce  que  le  Chancelier  étoit  à  la 
porte  de  la  clôture  qui  féparoit  le  Prince  ,  du  peuple. 
Naudé  préfère  cette  opinion,  qui  eft  ,  comme  il  dit 
dans  fon  Mafcurat,  de  Pithou  ,  deCafaubon,  6c  de 
tous  les  bons  Auteurs ,  6c  qui  fe  prouve  par  Caifio- 


C  H  A 

dore ,  8c  par  le  Moine  Erricus  en  la  vie  de  Saint 
Germain ,  où  il  appelle  un  Chancelier. 

Atque  à  cancellis  prifco  de  more  minijler. 

Du  Cange ,  après  Joannes  de  Janua ,  dit  que  es 
mot  vient  de  la  Paleftine ,  où  les  toits  étoient  plats 
&c  faits  en  terralfe ,  avec  des  parapets  ou  garde-fous 
grillés  qui  s'appeloient  cancelli ,  6c  que  ceux  qui 
montoient  fut  ces  toits  pour  reciter  quelque  haran- 
gue ,  s'appeloient  Cancellarii  ;  &c  qu'on  a  étendu  ce 
nom  à  ceux  qui  plaidoient  dans  les  barreaux ,  qu'il 
appelle  cancelli  fnrenfes.  Et  depuis  on  a  appelé 
Chanceliers  ,  ceux  qui  étoient  les  premiers  allis  en 
ces  barreaux  :  6i  enfin  ce  nom  s'eft  donné  à  ceux  qui 
éroicnt  les  Secrétaires  des  Rois ,  qui  gardoien rieurs 
cachets  &c  leur  fceau. 
IJ3"  Celui  qui  portoit  ce  nom  dans  l'Empire  Romain 
n'etoit  qu'un  Ofiicier  peu  confidérablc,  qui  fc  tenoit 
dans  un  lieu  fermé  de  grilles  ou  barreaux ,  pour 
copier  les  fenrcnces  des  Juges  S^  les  aurres  aclcs  ju- 
diciaires ,  comme  à  peu  près  nos  Greffiers  ou  Com- 
mis du  Greffé.  Ils  éroient  payés  par  rôles  de  leurs 
écrirures. 

On  trouve  aullî  des  Chanceliers  dans  l'Empira 
Grec,  Kxyxe^./âf  (cç -,  mais  ce  nefonrquedesTréforiers, 
Qua/fores,  ou  des  Logothètes ,  c'eft-à-dire  des  Of- 
ficiers qui  faifoienr  rendre  des  comprcs.  ^oye^  Cu- 
jas  ,  ad  l.  1  ,  Cod.  de  pétition,  bonor.  juhUit.  &  ad  l, 
ult.  de  difcujf.l.  lo ,  c.&  Paratit.  L.  1 ,  Cod.  tit,  30.. 

On  trouve  encore  dcsChanceliers  des  Eglifes.  Tel 
eft  dans  le  VP  Concile,  Ati.  Vlli- ,  Etienne ,  Diacre 
&c  Chancelier  ;  &c  dans  Sigcbcrr,  Jean  Chancelier  de 
l'Eglife  Romaine  ,  qui  l'ucccda  au  Pape  Pafchal. 
On  croit  que  ces  Chanceliers  écoienr  les  Chets  dés 
Notaiics  ou  Scribes,  f^oye:^  le  GJoffaire  de  Fabrot 
fur  Nicéras  Choniates  ,  au  mot  KArKEA-\APios. 
Chancelier  ,  fignifie  aullî  ,  celui  qui  garde  1  :s  Sceaux 
des  Princes  de  la  Maifon  Royale  ,  où  de  quelques 
Communaurés.  Le  Chancelier  de  la  Reine ,  de  Mon- 
fieur.  Cancellarius  Reginx  ,  unici  Régis  fratris  Can- 
cellarius ,    (fc. 

Le  Chancelier  de  l'Univcrfité  ,  eft  celui  qui  fcelle 
les  Lettres  des  grades  6c  des  proviiions  qu'on  donne 
dans  rUniverfité.  Académies.  Cancellarius.  Toutes 
les  Commi/fions  de  la  Cour  de  Rome  pour  l'Unie 
vcrfité  ,  font  adreifées  au  Chancelier.  Il  y  a  deux 
Chanceliers  dans  l'Univeriîté  de  Patis  :  l'un  qui  eft 
établi  dans  la  Cathédrale ,  d'où  vienr  que  les  bon— 
ners  S)C  les  degrés  de  Doéleurs  en  Théologie  l'ont 
pris  au  Palais  épifcopal  ;  ^  ce  Chancelier  eft  du 
Corps  du  Chapitre.  Il  y  en  a  un  autre  pour  les  aélcs, 
qui  eft  un  Religieux  de  fainte  Geneviève  ,  parce 
que  certe  Maifon  a  été  tirée  de  S.  Vidlor ,  où  l'e  Tin- 
rent autrefois  les  premières  écoles,  après  celles  de 
la  Cathédrale.  Ils  ont  tous  deux  un  pouvoir  égal , 
&i  font  établis  il  y  a  plus  de  huit  cens  ans.  Du  Chêne, 
Belleforêt ,  ^  autres  Hiftoiiens  François ,  donnent 
le  droit  d'ancienneté  au  Chancelier  de  Sainte  Gene- 
viève. 

Il  y  a  des  Chanceliers  dans  les  Ordres  de  Che- 
valerie ,  du  Sainr  Efprit ,  de  S.  Lazare.  II  y  aauffi 
un  Chancelier  du  Grand  Prieuré  de  France.  C'eft  lui 
qui  fcelle  les  Commilfions  3^  les  Mandemens  du 
Chapitre  de  l'Aiîemblée  des  Chevaliers  ■■,  qui  tient 
le  Rejiftre  des  Délibérations,  6c  qui  en  délivre  les 
a(ftes  fous  le  fceau  de  l'Ordre. 

La  dignité  de  Chancelier  de  tout  l'Ordre  eft  at- 
tachée au  Pilier  de  Caftille,  Léon  ic  Portugal,  Il 
préfente  le  v\cz-Chancelier  au  Confeil  ;  il  doit  être 
préfent  aux  Bulles  que  l'on  fcelle  avec  le  fceau  o;:- 
dinaiie,  ic  doit  figner  les  originaux.  L'Abbé  ds 
Vertot. 

L'Académie  Françoife  aaulTî  fon  CA.-x/zre/zVr ,  qui 
préfide  en  l'abfence  du  Directeur. 
§0"  Il  y  a  auifi  des  Chanceliers  dans  les  Académies 
de  Peinture  ic  de  Sculpture.  Il  y  en  a  de  même 
dans  quelques  Académies  des  villes  de  Province,  ÔC 
dans  quelques  Sociétés  littéraires. 


CH  A 

Dans  les  Académies  de  l'Empire ,  le  Chanfitlicr 
occupe  la  première  place  après  le  Recleur.  Sa  charge 
cft  perpétuelle.  Il  eft  l'Inipeiiteur  &  le  Cenfeur  com- 
mis pour  empêcher  qu'on  ne  viole  les  loix  5c  les 
ftatuts  de  l'Académie  ;  qu'on  ne  rempliife  les  em- 
plois de  perlbnnes  incapables  ,  &:  qu'on  ne  confère 
les  degrés  de  Bachelier  ou  de  Dodteur  à  ceux  qui 
en  lont  indignes ,  ou  par  leur  ignorance  >  ou  par 
leurs  mauvailés  mœurs. 

On  appelle  auiH  Chancelier ,   le  Greffier  qui  a  le 
fceau  duConfulat,  dans  les  Echelles  du  Levant. 
Chanceiier,  dans  les  Univcriités  d'Angleterre.  Dans 
celle  d'Oxford  ,  le  Chancelier  eft  le  premier  Magif- 
trar.  Il  eft  élu  par  les  écoliers  mêmes  :  fa  charge  c'on- 
fifte  à  gouverner  l'Univcrfîté  ,   à  en  conicrver  les 
privilèges  &  les  libertés,  à  convoquer  les  artemblées, 
&:  à  rendre  juftice  entre  les  membres  de  l'Univerlîté, 
qui  font  tous  fournis  à  fa  Jurididion.  Le  Chance- 
lier de  rUnivetfité  de  Cambridge  a  aurti  une  Cour 
de  Juftice,  &  jouit    des  mêmes  prérogatives   que 
celui  d'Oxford  \,  excepté  qu'il  n'eft  pas  élu  à  vie 
comme  celui  d'Oxford.  On  le  peut  changer  ou  le 
continuer  tous  les  trois  ans. 
Chancelier  en  Angleterre  ,  &  chez  nous ,  en  parlant 
de  l'Angleterre ,  fe  dit  du  principal  Officier  d'un 
Evêque.  Koy«£  Officiai. 
Chancelifr  ,  dans  quelques  Congrégations  de  l'Ordre 
de  S.  Benoît,  eft  un  Religieux  qui  rcgiftre  &;  con- 
ferve  les  aéles  &  papiers  qui  concernent  le  gouver- 
nement du  Monaftcrc. 
0Cr  Chancelier  J^Az  Bafocht.  Préfîdent  d'une  Juri- 
diction en  dernier  reffort ,  appelée  la  Bajoche,  que 
les  Clercs  des  Procureurs  au  Parlement  de  Paris  ont 
pour  juger   les  conteftations  qui  peuvent  furvenir 
entr'cux. 
|p°  Le  Roi  de  la  Bafoche  étoit  autrefois  le  Chef  de 
cette  Juridiction.  Henri  III  ayant  défendu  qu'aucun 
de  fesfujets  prît  le  titre  de  Roi,  le  Chancelier  Ae  la 
Bafoche  en  devint  le  premier  Officier. 
CHANCELÎÈRE.f  f.  Femme  du  Chancelier.  La  Chan- 
ceiiere  n'a  point  en  France  les  honneurs  du  Louvre. 
Chancelikre.  Terme   de  Fleurifte.  Tulipe  violet  & 

blanc.  MoRiN. 
§C?  Chancelière  ,  fe  dit  encore  d'une  petite  caiffe 
de  bois  ou    d'ofier ,  garnie  de  peau  d'ours  ou  de 
mouton  ,  qui  fert  à  mettre  les  pies  pendant  l'hiver 
pour  avoir  chaud.  J'ai  fait  faire  nnt  chancelier e  pour 
mon  cabinet. 
CHANCELLADE.  Chanoines  Réguliers  de  la  reforme 
àeWChancelLide.  Ctik  une  Congrégation  de  Cha- 
noines Réguliers  de  S.  Auguftin,  en  France.  Canonici 
Reptlares  de  fonte  cancelLuo.  Au  commencement 
du  XII<;  liccle ,  quelques  faints  Eccléfiaftiques  s'étant 
retirés  dans  une  folitude  à  une  lieue  de  Périgueux, 
auprès  d'une  fontaine  appelée  Chancellaie ,  fons 
Cancellants ,  y  menèrent  la  vie  érémitique  Ibus  la 
conduite  de  Foucault ,  Abbé  de  Cellofrouin  ,  Or- 
dre de  S.  Auguftin.  Ils  y  bâtirent  un  Oratoire ,  puis 
une  Eglife  en  IIi8^  qui  fut  appelée  N.  Dame  de 
la  Chancellade  \  &c  l'an  ii 5 3  ils  firent  protciTion  de 
la  Règle  de  faint  Auguftin  ,  &c  prirent    l'habit  de 
Chanoines  Réguliers.   Dans   le  XV^  fîccle  ,   cette 
Abbaye  fut  ruinée  par  les  Calviniftes.  Alain  de  Sol- 
miniac  ,  Abbé  de  la  Chancellade ,  $:  dans  la  fuite 
Evêque  de  Cahots ,  y  commença  la  réforme  en  Kîij 
qui  s'étendit  les  années  fuivantes ,  plufieuis  Abbés 
ayant  demandé  des  Chanoines  Réguliers  de  la  Chan- 
cellade ,  pour  réformer  d'autres  maiibns.  En  confi- 
dération  de  cette  réforme ,  Louis  XÏII  en  1610  leur 
accorda  le  droit  de  nommer  en  cas  de  vacance  trois 
Religieux  Réformés  ,    dont  il  choiliroit  un   pour 
Abbé ,  &  cela  pour  tout  le  temps  que  dureroit  la 
réforme. 
'CHANCELLEMENT.  f.  m.  Démarche  qui  n'eft  pas 
ferme  ,  qui  n'eft  pas  alfurée  ,  aétion  de  ce  qui  pen- 
che de  coté  ou  d'autre  ,  &  qui  menace  de  tomber. 
Titubatio ,  vacillaùo.D A-N'ET.  Tachard.  Son  chan- 
cellement  vient  d'avoir  trop  bu  de  vin. 
•CHANCELLERIE,  f.  m.  Quelques-uns  écrivent  avec 


CH  A 


421 


une  feule  /  la  Chancelerie,  Efpèce  de  Tribunal  où 
l'on  icciie  les  Lettres  avecle  fceau  du  Prince,  pour 
les  rendre  authentiques.  Cajzcellariijuduialtpr^io- 
rium.  La  grande  thanceUne  eft  celle  où  on  fcelle 
avec  le  grand  fceau  du  Roi  ,  gardé  par  M.  le  Chan- 
celier ,  &  qui  a  autorité  par  toute  la  France  ,  &  en 
tous  les  Parlcmens.  Superius  majoris  jigilli  prato- 
rium.  Il  y  a  auffi  des  Chancelleries  établies  près  les 
Cours  de  Parlemens  &  autres  Cours.  Ainli  il  y  a  les 
Chancelleries  de  Paris,  deTouloufe,  de  Bourdeaux, 
de  Dijon,  de  Bretagne,  dcDauphiné,  de  Rouen, 
Oc.  On  dit  auffi  Echiquier  de  Normandie.  Fùye? 
l'Edit  de  Charles  VlII ,  donné  à  Amboife  le  onzième 
Décembre  145,5,  "pporté  par  Teffereau  ,  Hift.  de 
la  Chanc.  T.I,  p.6s.l^  La  Chancellerie  du  Pabis 
qu'on  appelle  auill  petite  Chancellerie ,  pour  la  dif- 
tingucr  de  la  gr^dc  Chancellerie  de  France,  eft  la 
Chancellerie  particulière  établie  près  le  Parlement 
de  Paris ,  pour  expédier  aux  parties  toutes  les  lettres 
de  juftice  &  de  grâce  qui  font  fcellées  du  petit 
fceau ,  tant  pour  les  affaires  pendantes  au  Parlement 
que  pour  routes  les  autres  Cours  fouveraines  ,&  au- 
tres Juridi^ions  Royales  &  Seigneuriales  ,  dans 
l'étendue  de  fon  refîbrt ,  à  Paris  ou  dans  les  Pro- 
vinces. Le  commencement  de  la  Chancellerie  de 
France  a  cela  de  commun  avec  toutes  les  chofes 
qui  (ont  tort  éloignées  de  nous,  c ue  le  temps  em- 
pêche qu'on  en  puilicaifément  découvrir  la  vérité. 
Tessereau.  Il  y  a  de  gr.inds&  de  petits  OfEciers 
de  la  Chancellerie.  Les  grands  Ibnt  le  Chancelier  ,  le 
GardeciesSceaux,  les  Secrétaires  du  Roi,  &c.  Les 
petits  font  l'Aumônier,  les  Huiffiers,  Fourriers,  Ci- 
riers ,  Valet-Chauffecire  ,  &  Porte-coffres.  Le  Scien- 
dum  de  la  Chancellerie  eft  une  de  fes  plus  authen- 
tiques pièces, Tessereau  ,  T.I.p.T, 9. Nous  en  par- 
lerons au  mot  SciENDUM.  On  dit  greffe  Chancellerie 
de  cire  verte.  Id.  T.  1 ,  p.  14.  Cet  Auteur  appelle 
pentes  Chancelleries  celles  qui  ibnt  établies  près  les 
Cours  du  Royaume ,  tant  des  Parlemens  ,  que  Prc- 
fidiales.Il  y  a  auifi  des  Chancelleries  }pzh  les  Cham- 
bres des  Comptes ,  g-:  les  Cours  des  Aides.  Charcel- 
leries  Préfidiales ,  font  celles  qui  font  près  les  Pré- 
fidianx.  Inferius  minorisjiqilli prcstorium.  Uii  Maître 
clés  Requêtes ,  ou  autre  Officier  commis  pour  cette 
fonétion,  fcelle  les  Lettres  avec  le  petit  fceau  , 
dans  les  petites  Chancelleries.  Voyez  YHifioire  Chro- 
nol.  de  la  Chancellerie  par  Teffereau. 

Le  lieu  où  l'on  fcelle  les  Lettres  avec  le  petit  fceau, 
près  les  Parlemens ,  Chambres  des  Comptes ,  Cour» 
des  Aides  &  Préfidiaiix'j  fe  nomme  auffi  Chancel- 
lerie. 

On  appelle  auffi  la  Chancellerie  les  Maifons  où 
loge  le  Chancelier ,  qui  lui  fontaffeaées  auprès  des 
Maifons  Royales,  comme  à  Paris,  à  S.  Germain, 
à  Fontainebleau ,  à  Verfailles ,  &c.  AQi^natum  in 
regdlibus  domibus  Cancellario  Francia  hoÇpitium. 

On  fe  fert  encore  de  ce  terme  en  parlant  des  ex- 
péditions qui  fe  font  tn  Chancellerie  ,  quand  même 
elles  ne  feroient  pas  fcellées.  Comme  les  fignatures 
de  Cour  de  Rome  pour  les  provifîons  des  Bénéfices 
viennent  en  papier  de  la  Chancellerie  Romaine ,  on 
y  fait  différence  entre  la  Pcnitencerie  &  la  Chan- 
cellerie. Les  règles  de  la  Chancellerie  Romaine  ne 
font  reçues  en  France  qu'en  peu  de  rencontres.  On 
les  trouve  à  la  fin  de  la  pratique  de  Rebuffe. 

Le  ftyle  de  la  Chancellerie  ,  le  Tréfor  de  la  Chan- 
cellerie, font  des  livres  qui  contiennent  des  formu- 
les de  toutes  les  Lettres  de  Chancellerie  ,  foit  de 
grâce ,  foit  de  juftice. 

On  appelle  encore  Chancellerie  ,  le  corps  des 
Officiers  qui  font  néccfîaires  pour  le  fceau  ,  les 
Grands  Audienciers ,  les  Secrétaires  du  Roi,  les 
Tréforicrs,  Contrôleurs,  Référendaires  &  Chauffe- 
cires.  La  Chancelleries  été  au-devant  du  Roi  à  fon 
entrée.  Collegimn  Magijlratuum ad Cancellar'A  mu- 
nus  pertinemium. 

On  appelle  auffi  C^^nc^Z/er/e  de  rUniverfité  ,  le 
lieu  où  l'on  fcelle  des  Lettres  de  Maîtrc-ès-Arts  ,  de 
Doéteur,  ùc. 


422  C  H  A 

On  appelle  auffi  Chancellerie,  le  Greffe  d'an  Con- 
fulat  de  Marine  où  l'on  délivre  des  expéditions  au- 
thentiques ,  comme  celles  des  Notaires  &  des  Gref- 
fiers. 
Chancellerie  ,  en  Angleterre,  c'efl:  la  Cour  Souve- 
raine du  Royaume  pour  les  affaires  civiles.  Supremus 
totius  An^lia.  civiLibus  in  rébus  magijiratus.  Le 
Grand  Chancelier ,  ou  le  Garde  du  grand  Sceau  , 
ell  le  Icul  Juge  de  cette  Cour  :  feulement  dans  les 
cas  difficiles ,  il  prend  conleil,  &;  cependant  il  n'eft  pas 
obligé  de  s'y  conformer.  Il  doit  juger  félon  les  loix 
&c  les  ftatuts  du  Royaume  ;  mais  il  peut  auffi  juger 
félon  l'équité  ,  &  modérer  la  rigueur  de  la  loi , 
félon  laquelle  les  autres  Juges  font  obligés  de  pro- 
noncer. La  Cour  de  la  Lhancellerie  eft  au-deffus  de 
toutes  les  autres ,  dont  elle  peut  corriger  &  réfor- 
mer les  jugemens.  On  la  divife  en  deux  Cours  :  l'une 
où  l'on  juge  à  la  rigueur  ;  &  là,  les  procédures  & 
tous  les  aétes  fe  font  en  latin.  Il  y  a  vingt-quatre 
Clercs  établis  pour  cela.  L'autre  eft  celle  de  l'équité. 
Se  là  ,  les  procédures  ie  font  en  Anglois  ,  lix  Clercs 
font  ordonnés  pour  ces  ibrtes  d'adies.  Comme  la 
dernière  eft  une  Cour  de  confcience  &  de  mifé- 
ricorde ,  il  y  a  moins  de  chicane,  &:  on  y  abrège 
fort  les  procédures.  Le  Chancelier  a  douze  Ailiftans , 
qu'on  appeloit  autrefois  Coadjuteurs.  Ils  ont  des 
appointemens  du  Roi ,  &  doivent  être  Dofteurs  en 
Droit  civil.  Le  Chancelier  les  confulte  dans  les  cas 
importans  &  douteux  ,  fans  être  obligé  ablblument 
de  déférer  à  leur  avis.  Le  premier  de  ces  Aififtans 
eft  le  Maure  des  Rôles  ;  il  juge  en  l'abfence  du 
Chancelier.  Il  a  féance  dans  la  Chambre  haute ,  à 
coté  du  Chancelier.  C'eft  auffi  la  Cour  de  la  Chan- 
fellerie  qui  dreffe  les  Lettres  circulaires  du  Roi , 
pour  convoquer  le  Parlement,  lesEdits,  les  Pro- 
clamations, les  Pardons,  &c,  Chamberlain. 
CHANCEUX  ,  EUSE,  adj.  qui  a  des  hafards  heureux. 
Félix,  foniinatus.  Cet  homme  eftli  chanceux,  qu'il 
a  eu  deux  lots  à  la  loterie. 

Il  eft  des  gens  fi  chanceux ,  que  tout  leur  réuffit , 
jufqu'aux  fautes  qu"'ils  peuvent  faire.  Ce  terme  n'eft 
que  de  converfation,6i  de  peu  d'ufage  dans  les  livres, 
où  l'on  fe  fert  plutôt  d'heureux  (  Voye^  au  mot 
Chance  la  différence  de  ces  mots.)  Mais  il  fubfifte 
abfolument  dans  ce  proverbe  :  Mieux  vaut  jouer 
centre  un /'z/'e/z.r ,  que  contre  un  chanceux;  parce 
qu'il  faut  laiffer  les  proverbes  tels  qu'ils  font  :  c'eft 
pourquoi  on  dit  dans  celui-ci  fipeux  au  lieu  de 
f  if  eur  ,qm  eft  le  véritable  çiot. 

On  dit  proverbialement  &  iironiqucment,  c'eft  un 
homme  bien  chanceux  ;  pour  dire  ,  c'eft  un  homme 
entre  les  mains  duquel  rien  ne  réuflir. 
CHANCIL.  On  appeloit  ainlî  autrefois  une  forte  de 

roile. 
CHANCIR.  V.  n.  Commencer  à  fe  corrompre,  à  mol- 
lir. Mucidumfieri.  Il  le  dit  particulièrement  des  con- 
fitures fur  lefqu'elles  il  vient  une  certaine  .pellicule 
blanchâtre ,  quand  elles  n'ont  pas  été  allez  cuites. 
On  le  dit  aufli  quelquefois  du  pain ,  du  fromage , 
quoiqu'on  dife  plus  proprement  moiji.  On  le  dit 
aulfi  des  fruits.  '.',.• 
Chancir  fe  dit  en^tètiiiësjâé  Jardinage,  du  fumier 
qui  étant  dans  un  tas  ,^;OU  fur  une  couche  fort 
fèche,  commence  à  biaiVchir,  &  à  faire  une  efpèce 
de  fîlamens  que  l'on  regarde  comme  des  commen- 
cemens  de  champignons.  La  Quint.  &  Lie.  Le  fu- 
mier ne  produit  des  champignons  que  lorfqu'il  eft 
chanci.  Liger.         ''.  /'', 

On  le  joint  aufll' au  "pronom  perfonnel.  Le  pain  le 
chancit.  Pour  employer  les  fumiers  nous  n'avons 
que  les  cinq  mois  de  l'année  qui  font  les  plus  hu- 
mides ;  favoir ,  depuis  le  commencement  de  Novem- 
bre jufques  vers  la  fin  de  Mars,  Les  fumiers  qu'on 
emploie  dans  les  autres  temps  nV  font  que  fècher  , 
fe  choficir  ;  &  ainlî  bien  loin  d'être  favorables  aux 
végétaux,  ils  leur  font  pernicieux  &  funeftes.  La 
Quint. 
Chanci  ,  it.  part.  &  adj.  Mucidus ,  rancidus.  Cotignac 
"'    âJtancî,  famiet  chanci. 


C  H  A 

Ce   mot  vient   apparemment  de  canus ,  blanc , 
canejcere ,  blanchir  -,  de  canejcere  on  a  fait  cancir  , 
chancir.  Ce  qui  chancit  devient  blanc ,  la  chancii- 
flire  eft  blanche. 
IJCT  Quoiqu'on  confonde  affez  fouvent  ces  deux  mots , 
chancir  &  moijir  ,  &:  que  les  Vocabaliftes ,  après 
l'Académie,  les  définiffent  l'un  par  l'autre  ,  je  crois 
pourtant  qu'ils  ont  chacun  leur  idée  propre  &  p.Ti- 
ticulière.  Moijir  paroît  dire  quelque  choie  de  plus 
que  chancir.  Il  annonce  une  corruption ,  une  alté- 
ration plus  confidérable.  Chancir  ,  c'eft  commencer 
2i  moijir ,  fe  couvrir  d'une  pellicule  blanchâtre,  relie 
qu'on  en  voit  fur  les  confitures  &  fur  les  fruirs  qui  fe 
chanci£en[  ;  &  moijir  ,c'eii  non  feulement  le  couvrir 
de  cette  pellicule,   mais  encore  d'une  mouHe  oa 
efpèce  de  barbe  qui  s'élève  de  cette  pellicule  blan- 
châtre. Le  Diéiionnaire    de    l'Académie  Françoifc 
prétend  que  chanjir  ne  fe  dit  guère  que  des  choies 
qui  fe  mangent.  Les  Auteurs  qui  ont  traité  de  l'Agri- 
culture le  difent  du  fumier. 
CHANCISSURE.  1".  f.  Commencement  de  moiliffurc 
qui  vient  fur  la  furface  des  choies  humides  qui  fc 
corrompent,  &  qui   s'annonce  par  une    pellicule 
blanchâtre.  iV/z/j,  mucor.  Quand  on  regarde  un  mor- 
ceau de  chancijfure  avec  un  microfcope ,  elle  paroît 
comme  un  jardin  où  il  y  a  plulîeurs  fleurs  ,  les  unes 
en  bouton ,   les  autres   épanouies.  On  en  voit  la 
figure  dans  la  Micrographie  de  M.  Hook. 
CHANCRE,  f.  m.  Ulcère  malin  qui  ronge  les  chairs. 
Cancer  ,  cancinona  ,  carcinodes. 

On  diftingue  les  chancres  cn^mples ,  tnfcorlu- 
tiques ,  &  en  veroUques  ou  vénériens.  Les  Jimples 
viennent  dans  la  bouche  ;  ils  ne  font  point  differeas 
des  aphtes.  Les  Jcorbutiques  attaquent  aulTî  la 
bouche  ,  particulièrement  les  gencives.  Les  vénériens 
naiffent  aux  parties  naturelles  de  l'un  &  l'autre  fexe. 
Col  de  Vil. 

Quelques-uns  donnent  aulfi  ce  nom  à  la  maladie 
qui  eft  plus  connue  fous  le  nom  de  cancer.  Voyez 
Cancer. 
Chancre  ,  fe  dit  aulfi  ^fj"  de  certaines  puftules  ou 
élevures  que  la  chaleur  de  la  fièvre,  ou  autre  caufe» 
fait  venir  fur  la  langue  ,  au  palais ,  ou  aux  lèvres. 
03"  On  le  dit  aufli  de  la  cralle  ou  efpèce  de  tartre  qui 
s'amalfe  autour  des  dens ,  quand  on  n'a  pas  foin  de 
les  nettoyer. 

Le  chancre  vient  auffi  aux  oifeaux  -,  &:  erv  Fau- 
connerie on  dit  otêr  le  chancre  à  l'oifeau.  Il  faut 
.  prendre  du  miel  &  du  vin  blanc  ,  faire  bouillir  le 
tout  enfemble,  lui  en  laver  la  bouche,  après  l'élfuyer, 
&:  mettre  defîus  de  la  poudre' de  cerfeuil. 
Chancre,  enrermes  de  Jardinage  ,  eft  une  maladie  qui 
furvient  à  l'arbre  ,  qui  fait  mourir  fa  peau  ;  elle  eft 
femblable  à  la  dartre  ,  ou  la  galle ,  qui  vient  fur  le 
corps  humain.  On  fait  des  incifions  tout  à  l'entour 
avec  la  pointe  d'un  couteau  jufqu'aubois  pour  arrêtei 
cette  maladie,  ^fj  On  remplit  la  plaie  de  boule  de 
vache  couverte  d'un  linge  lié  à  la  partie  chancreuiê. 
On  a  donné  à  cette  maladie  le  nom  de  chancre  ^ 
parce  que  c'eft  une  certaine  pourriture  qui  leur 
furvient  &  qui  les  pénètre  jufqu'au  vif,  ainlî  que  le 
chancre  ronge  les  :  chairs.  Liger. 

On  dit  proverbialement  d'un  goulu,  d'un  grand 
mangeur ,  qu'il  man^e  comme  un  chancre. 
CHANCREUX ,  EUSE,  adj.  Qui  tient  de  la  nature  du 
,   chancre.  Cancer aùcus ,  carcinomate  affeclus.  Ulcère 
chancreux.  Bolfe  chancreufe. 

Ilfe  dit  aulfi  entérines  de  Jardinage  du  bois  de 
quelque  arbre  fruitier  fujet  au  chancre.  Le  bois  de 
cet  arbre  eft  tout  chancreux.  Liger. 
Ip"  CHANDEGRL  Ville  de  l'Inde  au  deçà  du  Gange, 
capitale  du  Royaume  de  Norlinque.  Quelques-uns    g 
appellent  Bifnaçar  le  Royaume  &  la  ville. 
CHANDELEUR.V.  f.  C'eft  une  fête  qu'on  célèbre  dans 
l'Eglife  le  z  de  Février ,  en  l'honneur  de  la  Prcfenia- 
tion  de  N.  S.  au  Temple  &  de  la  Purification  de  la 
Sainte  Vierge ,  où  l'on  fait  des  Proceflions  avec  des 
chandelles  de  cire  ,  ou  des  cierges-  Lujlrantis  Je 
J^irginis  Deiparte  fejlivitas,  Bedc  dit  que  l'Eglife-» 


C  H  A 

change  l'-eureufemcnt  les  kiftrations  des  Païens  qui 
Ce  faiibient  au  mois  de  Février  autour  des  champs  j 
en  la  fête  de  Ja  Purification ,  où  l'on  tait  des  procel"- 
/ionsavcc  des  chandelles  allumées  pour  marquer  que 
Jéllis-Chrift  eft  'la  limiicre  du  monde:  ce  c]iii  tut 
établi  par  le  Pape  Gclalc ,  qui  abrogea  les  Lupcr- 
Calcs.  Ce  tbnt  ces  chandelles  ou  cierges  qui  ont 
•ti  --donné  le  nom  à  la  Chandeleur  ,  quVh  quelques 
"""■'^  lieux  on  appelle  Chandt/cuje.  Fejtum  purijicatx 
f^irginiis-;  Chriiti  in  Tttnfio  obldù  Ju/ennitas, 

On  dit  -proS-erbialement  ,  à  la  Chandeleur    la 
srande  douleur,  pour  dire  qu'en  ce  temps-là  il  tait 
quelquefois  un  froid  exceliif.  La  rime  a  plutôt  .l'ait  ce 
proverbe  que  la  raifon. 
'■  CHANDELIER.'  f.  m.  Ouvrier  ,  du  Marchand  ,  qui 
fait ,  ou  qui  vend  des  chandelles.  Candelurum  con- 
driha:or,opifex.  On  dit  auHi,  une  Chundeliere  au 
féminin,     La    Police    défend    aux   Chandeliers   de 
vendre  des  grains.  De  la  Mare  ,Tr.  de  la  Police , 
Liv.  y ,  Tit.XÎV,  cA.  14  , /7.  1015, 
Ce  mot  vient  du  latin  Cundela. 
'  Chandelifu  f.  m.  Uftcnfile,  inftrument  qui    fert  à 
mettre  des  chandelles ,  des  éiçrges,  ou  des.  bougies 
piour  éclairer.  Candelabrum.  Il  y  a  des  chandeliers 
d'Eglife  où  l'on  met  des  cierges  qui  brûlent  pen- 
dant le  fervice  divin.  Les  Orfèvres  1-es  nomment  à 
•fié  trian<r'c ,   ou  à  pie  ovale.   Des  chandeliers  de 
cuivre,   de  criftal.  Des  chandeliers  à  plaqués.  Des 
Iras  de  chandeliers.  Le  grand   chandelier   que    fit 
MoiTe  dans  le  Tabernacle  ctoit  d'or ,  &:  pefoit  cent 
mines.  Il   avoir  fept  branches,  &   foixante  &  dix 
lampes.  Josepke. 

On  donne  aufTi  le  nom  de  thandelier  de  criftal 
à  ce  qu'on  appelle  autrement  un  luftrc. 

On  dir,  en  termes  de  Jardinage  ,  faire  le  chan- 
delier, lorfqu'on  coupe  avec  la  ferpette  ou  couteau 
de  Jardinier  rourcs  les  petites  branches  nouvelles  qui 
font  lur  les  plus  groifes,  pour  les  laiflér  dégarnies. 
§Cr  Méthode  peu  fuivie  pat  les  Jardiniers    intel- 
Jigcns ,  &  qui  n'efl:  uniquement   fondée  que  fur  le 
préjugé  que  ces  nouvelles   branches  appauvriifent 
l'arbre,  &  empêchent  les    fruits   de  devenir  gros. 
Arèorern  ad  candelahri  Jitnilitudinem  iondere ,  rej- 
cindere,  amputare. 
Chandeliers,  en  termes  de  Fortification,  font  des 
pieux  fichés  à  plomb  dans    de  longues  pièces  de 
bois,  entre  lefquelles  on  met  des  fafcincs  pour  cou- 
vrir les  travailleurs.  Pâli.  Onymctau/ïî  des  planches 
pour  empêcher  de  voir  ce  qui  fe  fait  derrière.  Ces 
pièces  de  bois  font  éloignées  de  fix  à  fept  pies.  Les 
chandeliers  font  propres  pour    faire  une  blinde  à 
l'épreuve  du  canon. 
Chandelier  fe  peut  dire  en  parlant  de  cerfs ,  mais 
non  pas  en  véritables  termes  de  Chalfe.  C'eft  quand 
le  haut  de  la  tête  d'un  vieux  cetf  eft  large  &:  creux. 
Salnove  V.  R. 
Chandelier  d'eau ,  c'eft  une  fontaine  dont  le  Jet  eft 
élevé  fut  un  pié  en  manière  de  gros  baluftre,  qui 
porte  un  petit  balfin  comme  un  plateau  de  guéridon, 
dont  l'eau  retoiribe  dans  un  autre  baflln  plus  grand 
au  niveau  des  allées ,  ou  avec  un  bord  de  marbre  , 
ou  de  pierre  audeflus  du  fable. 
Chandeliers  de  Perriers ,  ou  de  Piériers,  fe  dit  fur 
mer  ,  de  certaines  pièces  de  bois  reliées  de  fer ,  qiii 
font  petcées  en  long ,  fur  lefquelles  on  pOfe  le  pivot 
de   fer   fur  quoi  tourne  le   perfier.    Chandelier  de 
fer  de  perrier ,  eft  une  fourche  de  fer  avec  deux 
anneaux  qui  fouticnnent  les   deux    tourillons  des 
perriers ,  &  qui  tourne  fur  un  pivot  dans  un  chan- 
delier de  bois.  Le  pivot  fut  lequel  tourne  le  perrier 
s'appelle  auffi  chandelier  de-  fer  de  perrier.    Chan- 
deliers de  chalouye.,  font  deux  fourches  de  fer  qui 
foutiennent  le  mât,  là  voile,  &   ce  qui  eft  de  la 
chaloupe  lorfqu'on  la  nage  avec  les  avirons.  Chan- 
delierf  de  fanal,  eft  un  fer  où  il  y  a  un  pivot,  fur 
lequel  eft  pofé  le  fanal    de  poupe.  Chandeliers  de 
////è ,  font  ceux  que  l'on  met  dans  les  lilîes,  furie 
haur  des  vaifleaux  ,&  autour  de  l'ouverture  qui   eft 
faite  pour  pafler  la  manivelle  du  gouvernail.  Chan- 


C  HA 

deliers  d'échelle  ,  font  des  ch^tn  délier  s  tic  fci:  à  rcte 
ronde,  que  l'on  met  des  deux  côtés,  de. chaque 
échelle,  où  l'on  amare  des  cordes  qui  uaincncjuf» 
qu'à  l'eiu  pour  la  conuiioditc  de  ceux  qui  nioment 
au  vaiiieau ,  ou  qui  en  defcendenr. 

Tput-s  ces  diircrentes  fignihcations  du  mot  de 
chandelier ,  ie  peuvent  rendre  par  le  mot  latin 
candelui'rnm  ,cn  expliquant  l'ulage  qu'on  en  fait. 
On  dit  proveibiakmcnt,, qu'il  ne  faut  pas  mettre 
\t  chandelier  fous  le  boilfeau  ;  pour'  dire  y  qiiMl  ne 
faut  point  cadier  fes  bonnes  qualités  ,  &  que  les 
vertus  éclatantes  doivent  fervir  d'cdj/ication  au 
peuple.  C'elt  un  proverbe  facré  tiré  de  l'Eva/ijile. 
On  dit.  Etre  placé  fut  le  chandelier ,'^oui  .dire  , 
occuper  une  place  éminentC  ,  ptihcipalement  .dans 
l'Eglife.  Académie  pRÀNCoisE.  ...1  . 

CHANDELIERE.  f.  f.  Fei-nme.  de  ChaA<^:^t^er  ,";  ou 
d'ouvrier  qui  fait  des  chandelles,  ou  du  M^archand 
qui  ert  vend.  ,  ,     -  j.  ,' 

CHANDELLE.  (<.  f.  Qitelques-uns  écnventcnan^e/s^ 
Compolition  de  fuif  fondu ,  ou  de  cire  qu'on  fait 
prendfè  autour  d'une  mèche,  &  qui  fert  a  écLii'rcr. 
Candéla.  Celles  dont  onufe  dans  les  maifons  boiir- 
geoifes  s'appellent  fimplcmcnt  chandelles.  Elles  fe 
font  de  fuif  de  boeuf  en  dedans ,  &  de  mouton  en 
dehors.  Candela  e  j'eho ,  on  Jévj  ,  càndela  jebace^t. 
On  en  tait  aulli  de  lùif  de  bœuf ,  &  dii-foirdc  mo;!- 
ton  mêlés  enfcmble,  ou  de  tiiif  de  niouton  ieul, 
parte  qu'il  eft  plus  blanc,  &  a  plus  de"  conl'ftajici 
que  celui  de  bueuf.  De  la  Mare.  Traite  de  la.  PoUcîy 
Liv.  y,  To:n.  U,ch.t).l\  eft  défendu  parla  Police 
l'.'en  faire  de  fuif  de  porc.  Ces  chandelles  font  plon- 
gées, ou  mouillées.  Celles  qu'on  btûle  dans  les 
Eglifes  font  de  pure  cite  ,&  s'appellent  cierges.  Les 
chandelles  de  cire  qu'on  brûle  chez  les  Grands 
Seigneurs  s'appellent  bougies.  Canâela  cere.t.  Les 
chandelles  de  veille  ,  font  de  grolles  chandelles 
qu'on  lailie  brûler  toute  la  nuit. 

Ce  mot  vient  de  candur ,  ou  du  verbe  candeà. 
K«i<?^/«,  candela  ,  chandelle  ,  vient  du  celtique 
CantoL  Pezron.  k«»ï.'>*,  eft  un  mot  grec  pris  du 
Latin  depuis  la  tranflation  de  l'Empire  à  Conftan- 
tinople. 

Mouchet  la  chandelle,  c'eft  coupet  le  haut  de  la 
mèche  qui  eft  brûlée.  Candela'u  emungere.  C'eft  une 
charge  fort  confidérable  en  Efpagne  que  celle  de 
grand  Moùchcur  de  chandelles.  On  le  nomme  £/- 
pavildlado  major. 

C'eft  une  formulé  dans  les  adjudications  des 
Fermes  du  Roi,  de  les  donner  à  chandelle  éteinte. 
On  allume  une  chandelle,^  tandis  qu'elle  brûle  > 
tout  le  monde  eft  leçu  à  enchérir-,  &  apii's  qu'elle 
eftéteinte,on  n'y  eft  plus  "[çqa.  Licitari  ad extremam 
lucentis  candela  tnicani.  On  fait  auifi  des  cxcom- 
nlLinica'tions  à  chandelle  éteinte,  c'ell-à-dire,  qu'on  , 
donne  encore  le  temps  de  la  dutée  d'une  chandelle 
aiix  pécheurs  pour  venir  à  téfipifcence  ',  après  quoi , 
ils  demeurent  tout-à-tait  excommuniés.  Ces  chan" 
delles  font  de  petits  bouts  de  bougie. 
ChandIîlle  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafjs* 
Cette  femme  eft  belle  à  la  chandelle,  mais  le  jour 
gâté  touf,  pour  dire,  que  fa  beauté  ne  Icutient  pas 
le  grand  jour.  On  dit  auiïî  des  matières  fort  pen  ini- 
poitantes-,  que  le  jeu  ne  vaut  pas  la  chandvlle.  On 
ditauffs  de  celui  qui  eft  échappé  d*Lin  grand  péril , 
qu'il  doit  une  belle  chandelle  \  Dieu;  pour  dirçj 
qu'il  lui  doit  un  grand  remcrcîment.  On  dit  flui'fi 
d'un  ménage  oii  le  mari  dépenfe  d\in  côté,  &:  la 
femme  de  l'autte  ,  qu'on  y  brûle  la  chandelle  par  les 
deux  bouts.  Et  d'un  homme  qui  fait  en  même  temps 
pluiieurs  dépenfes  mai-.\-propos  ,  qu'il  brûle  fa 
chandelle  par  les  deux  bouts.  On  dit  encore  de  celui 
qui  a  de  la  peiné  à  s'expliquer ,  apportez-lui  un 
bout  de  chandelle  pour  trouver  ce  qu'il  veut  dire. 
On  dit  qu'un  homme  s'eft  venu  brûler  à  la  chandelle  , 
quand  il  a  quitte  un  afyle  où  il  étoit  en  fùrctc ,  pour 
venir  en  un  aurrc  lieu  le  faire  prendre.  On  dir  aurH, 
a  chaque  Saint  fa  chandelle;  pour  dire,  qu'il  faut 
faire  des  préfens  à  tous  ceux  dont  on  a  befoin,  pour 


^tJ^  C  ri  A 

faite  rculTir  une    affeire.  Ou    die   encore ,    qu'on 
donne  une  chandelle  à  Dieu ,  &c  une  autre  au  Diable , 
quand  on  eft  d'intelli^'ence  avec  les  deux  partis  pour 
fubliflier ,  quelque  clio!è  qui  arrive.  On  ait  auiii  d^-s 
chofes  fort  bigarrées ,  qu'elles  l'ont  bariolées  comme 
la  ckandells  des   Rois ,  parce  que  c'ctoit  autretois 
une    cérémonie  de  briîler  une  chiViiclh  peinte  de 
divcrfcs  couleurs  le  jour  des  Rois.  On  dit  aulii  des 
yeux  fort  vils  &  briilans  >  qu'ils  brillent  comme  des 
chanddUs  ;  &  de  ceux  qui  ont  reçu  quelque  grand 
coup  proche  des  yeux  ,  qu'on  leur  a  fait  voir  mille 
chandelles.  On  ditencore,  que  la  c/^.wi^;//*;  fe  brûle, 
quand  on  perd  le  temps  inurilemcnti  &:   fur-tout 
dans  les  voyages,  quand  on  veut  dire  que  le  foir 
approche  ,  &  qu'on  n'aura  pas  aifez  de  temps  pour 
arriver  au  gîte.  On  dit  auili  d'un  homme  qui  meurt 
inicnlibhment  Si  de  vieilleire,  qu'il  s'en  va  comme 
une  chandelle ,  que  c'eft  une  chandelle  qui  s'éteint: 
&dc  celui  qui  cil  à  l'agonie,  qu'il  ell:  réduit  à  la 
chandelU  bénite.  On  dit  auilî ,  pour  ie  moquer  de 
ceux  qui  attendent  à  faire  des  libéralités  pieufes  dans 
leurs  teftamens,   que    la  chandelle  qui    va  devant 
éclaire  mieux  que  celle  qui  va  derrière.' 

On  dit  qu'un  homme  eft  ménager  de  bouts  de 
chandelles  ,  pour  dite  ,  qu'il  eft  économe  en  de 
petites  chofes ,  ne  l'étant  pas  dans  les  plus  impor- 
tantes. AcA0.  Franc, 

On  appelle  figurément  5c  populairement  chan- 
delles de  glace ,  ces  e^ux  glacées  qu'on  voit  pendre 
des  toits  des  maifo  ns ,  des  gouttières  ,  des  arbres , 
■&  qui  (ont  des  neiges  fondues  qui  fe  convertiilcnt 
en    glace   avant  que    de  tomber.    Gelata  uclorum 
Jtillayvoncretum  gelu  jlilUcidium^  C'eft  ainli  que  le 
forment  dans  les  grottes  les  criftaux  de  roche.  On 
le  dit  auifi  des  toupies   glacées  qui  pendent  ou  di- 
ftillent  en  hiver  du  nez  des  gens  enrhumés.  Turpis 
Jliria  è  nafe penjilis  ;  mrji  mucnji liuLu. 
fp"   CHANDELLE.  Terme  de  Charpentier.  Ceft  ainfi 
qu'on  appelle  un   poteau  qu'on   place    de  bout  à 
plomb  fous  une  autre  pièce,  pour  la  foutenir  ho- 
rifonrale. 
CHANDERNAGOR.  Ville  des  Indes ,  près  d'Ougly. 
La  Compagnie  Françoife  y  a  un  comptoir.  II"  s'y 
fait  un  gtand  commerce.  M.  De  la  Hire  &  M.  Des 
Places  marquent  fa  différence  du  méridien  de  Paris 
i  îh  43';  mais  le  P.  Boudier ,  Jéfuite,  qui  y  a  de- 
meuré  long-temps,  par  phifieurs   obiérvations  du 
premier  fatcllit;  de  Jupircr,  ne  trouve   la  différence 
moyenne  entre  les  plusfures  de  ces  obfer varions  que 
de  5*1,  41',  16',  ce  qui  fait  pour  la  longitude  de 
cette  ville  lojJ,  15',  50',  &  non  pas  io5<i,'^3<î',  50", 
comme  il  réfulre  des  Tables  de  M-  De  la  Hire  &  de 
M.  Des  Places.  Je  fuppofe  toujours  la  longitude  de 
Parisde  iqJ,  51'  jo",  comme  M.  CaffiniVa  déter- 
-       minée  fur  les  obfervations  du  R.  P.  Feuillée ,  Mi- 
nime, &  non  pas  19^  ,  51',  35",  comme  la  marqué 
M.  Des  Places. 
|Cr  CHANÉE.  f.  f.  Dans  les  Manufadures  en  foie , 
cannelure  pratiquée  à  rcnTuple,  qui  fert  au  métier 
de  l'étoffe  en  foie.  Elle  fert  à  recevoir  dans  fa  ca- 
vité le  comportent,  &  à  fixer  &   rarêter  le  com- 
mencement de  l'étoffe  ou  de  la  chaîne ,  quand  on 
plie  fur  l'enfuple.  Encycl. 
CHANEL,  f  m.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  canal, 

d'une  rivière.  Alveus. 
CHANFREIN,  f.  m.  C'eft  la  partie  du  devant  de  la 
tête  du  cheval  depuis  le  dellbus  des  oreilles  jufqu'à 
la  bouche,  en  defcendant  par  l'intervalle  des  deux 
fourcils    Frons  equina. 

Ce  mot  vient  àt  camus  S<.  àc  frenum.  Mlnage, 
Chanfrein-blanc  ,  autrement  Belle  -face  ,  eft  une 
marque  blanche  qui  règne  le  long  du  chanfrein  du 
cheval,  c'eft  à-dire ,  depuis  fon  front  julqu'à  fon 
nez,  Frons  equina  a' là  macula  fî^nata. 
Chanfrein  eft  auffi  l'armure  du  cheval  qui  couvre 
cène  partie,  quand  il  eft  fous  un  Cavalier  armé  de 
toutes  'ç'\è.ct%.  Equina  frontis  tei:umentum,'Lç%V\\x- 
mafliers  le  difent  pareillement  du  bouquet  de  plu- 
îîies  qu'on  met  fur  la  tête  des  chevaux  -,  &  les  Sel- 


C  H  A 

lisrs  ,  des  pièces  de  cuir  ou  d'étoffe  qui  couvrent 
cette  partie. 
Chanfrein.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  une  piè;e ,  une 
petite  crénure   faite    en  cône  ,    dont  on  abat  les    ' 
quarts. 
Chanfrein  ,  en  termes  d'Architedure  ,  eft  un  orne- 
ment ou  dcuii-creux  ,  qui  eft  moUic  moindre  que  la 
fcoric.  Suia^iulcus  columniz.  On  l'appelL  autre- 
ment ejcape.  C'eft  auliî  le  pan  qui  fe  fait  par  l'arrête 
rabartue  d'une  pierre  ,  ou  d'une  pièce  de  bois  :on  le 
nomme  autrement  bijcau.  Obli^ui  angul.ua.  lapidis 
extremitas, 
gO"  Ce  terme ,  pris  pour  fignifier  une  furface  qui  fe 
termine  par  un  tranchant,  eft  quelquefois  employé 
en  Botanique  dans  la  defcription  de  certains  truits. 
CHANFREINDRE  ,   ou  Ebifeler   un  trou   avec  une 
fraife  ,  c'eft  le  faire  en  cône.  Thiout  ,  Traiié  de 
{'Horlogerie.  Chanfreiner  eft  plus  ufité. 
CHANFliEINER.  v.  a.  Terme  deMe.nuili.r  Vautres 
Ouvriers.  Couper  le  bout  d'une  planche  de  biais. 
Rabattre  une  des  arrêtes ,  &  généralement  faite  un 
chanfrein.  A^trem  obliqu'î  angulare. 
Chanfreiné,  ee.  p3.ft..0éliquc  anguUtus.  On  trouve 
ce  mot  dans  l'Art  de  tourner  y&c,  par  le  P.  Plumier. 
tfr  CFIANFRER.  Ce  terme  eft  auiIi  ufité  parmi  les 
Ouvriers  qui  travailLnt  les  métaux,  pour  dire,  for- 
mer fur  l'extrémité  d'un  rrou  une  efpèce  de  bifeau, 
qui  fe  remplit  par  la  tête  du  rivet  qu'on  y  refoule 
à  coups  de  marteau. 
iO-  CHANGANAR.    Royaume  de  la   prefqu'île   de 
Malabar ,  dans  les    montagnes  de  Jate ,  avec  une 
Capitale  de  même   nom. 
^  CHANGANOR.  Ville  &  pays  des  Indes  dans  la 
prefqu'île  de  Malabar,  au  midi  des  Etats  du  Sa- 
morin. 
§C?  CHANGCÉ.  Ville    de    la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chanfî.    Lat.   57J  8'. 
§C?  CHANGCHEU.  Ville  de  la  Chine  i  dans  la  pro- 
vince de  Kianli.    ^oyei^  Cantcheou. 
IKJ"  Changcheu.  Ville  de  la  Chine,  dans  la   pro- 
vince   de  Kiagnan  ou  Nanquin  ,    dont   elle  eft  la 
cinquième  métropole.  Elle  eft  de  z^  50'  plus  orien- 
tale que  FÉkiN.   Lat.   51^  45'. 
tfT  Changcheu.  Ville  de  la  troifîème  métropole  de 
*  la  province  de  Fokien.  Elle  eft  d'un  degré  10'  plus 

mentale  que  de  Pékin.  Lat.  14^  41'. 
^  CHANGCING.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Xantong  ou  Chanton.  Elle  eft  par  les 
3  5''  ^6'  de  lar. 
tfJ-  CHANGCO,  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Honan.  Lat.  ^^'^  19'. 
CHANGE,  f.  m.  Action. de  changer  une  cliofe  contte 
une  zmic.  Permutdtio.  ^fj  Le  mot  de  change  marque 
fimplement  l'aétion  de  changer  dans  un  fens  abftrait, 
qui  cxclud  tour  rapport  &  toute  idée  acccflbire. 
C'eft  peut-être  pour  cela  qu'on  ne  l'emploie  pas  à 
dénommer  direéfement  aucune  efpèce;  car  on  ne 
dit  pas  le  change  d'une  chofe ,  &  qu'on  l'emploie 
néanmoins  dans  toutes  les  efpèces ,  en  régime  indi- 
red,  avec  une  prépolition  ,  pour  indiquer  l'effentiel 
de  l'acre,  enforte  que ,  dans  toutes  les  occafions, 
on  dit  également  bien ,  perdre  ou  gagner  au  change. 
Troc  ,  échange  &  permutation  fervent  à  dénommer 
les  efpèces  ou  façons  de  changer  les  chofes  les  unes 
pour  les  autres.  Troc  fe  dit  pour  les  choies  de  fer- 
vice  5c  pour  tout  ce  qui  eft  meuble.  Ainii  l'on  fait 
des  trocs  de  chevaux  ,  de  bijoux  ,  d'uftenfîles. 
Echange  fe  dit  pour  les  terres,  les  perfonnes,  tout 
ce  qui  eft  fonds.  Ainfi  l'on  dir  des  échanges  d'états, 
de  charges,  de  prifonniers,  &c.  Permutation  n'eft 
d'ufage  que  pour  les  biens  &  titres  ccclèlîaftiques. 
On  /)<rr/;z«/£f  une  Cure ,  un  Canonicat ,  un  Prieuré  » 
avec  un  aurte  Bénéfice. 

Ce  mot  vient  du  latin  cambitio ,  camhium  &  cam- 
/zVwj,  qu'on  a  dit  dans  la  baffe  latinité  dans  le  mê- 
me fens ,  auill-bien  que  concambio  Se  contracam~ 
bium ,  pour  dire,  contre-change.  Du  Cange. 
Change  ié  dit  auffi  en  Morale,  &  fignifie  Change 
ment.  Mutatio.  Ua  inconftant  aime  k  change.  Ce 

mot 


C  H  A 

tnot  efl  plus  u/icé  en  Poëlie  qu'en  profe  :  &  même 
en  Poefie  on  ne  s'en  doit  Icrvir  que  rarement ,  à 
moins  qu'il  ne  foit  employé  dans  quelque  jolie 
façon  de  parler. 

//  n'ejl  permis  d'aimer  le  change 

Que  des  femmes  &  des  habits.   Malh.  &  Rac. 

Change  lignifie  quelquefois  la  menue  monnoie  qu'on 
donne  pour  de  la  groilè,  Pecunia  permutatio  ,  com- 
mutatw.  Il  m'eft  venu  demander  le  change  d'une 
quadruple.  On  ne  le  dit  plus  en  cj  icns. 
Change  iignifie  audi  le  commerce  d'argent  qu'on  fait 
en  donnant  de  l'atgent  dans  un  lieu ,  pour  le  re- 
mettre ou  le  faire  tenir  en  un  lieu  éloigné.  Fu/>/ica 
pecunix  commutatio.  Ce  Banquier  exerce  le  change 
avec  honneur,  il  entend  bien  le  change. 
Change  efl:  aufii  un  proht  qu'un  Banquier  ou  un  Nc- 
gociant  a  droit  de  prendre  d'une  fomme  de  deniers 
par  lui  reçue, pour  laquelle  il  tire  une  lettre  de 
change  payable  en  quelque  lieu,  &:  par  une  autre 
perfonnc ,  tant  pour  le  falaire  de  fa  négociation , 
que  pour  l'intérêt  de  fon  ■x'i'^^zxiX., permutâtes pecu- 
ni(Z  iij'ura.  Ce  profit  n'ert;  jamais  cgal,  &:  efl;  quel- 
quefois de  deux,  trois,  quatre,  ou  de  dix  ou  quinze 
pour  cent ,  fuivant  que  l'argent  efl:  rare,  ou  que  l'aloi 
des  efpèces  eit  différent.  Le  change  fe  règle  fui- 
vant l'ufage  de  la  place ,  du  lieu  où  les  lettres  font 
payables. 

Ce  mot  vient  dî  ce  que  ce  profit  ou  intérêt  change 
toujours,  &  n'elf  jamais  égal  -,  ou  de  ce  qu'il  efl:  tan- 
tôt haut  &:  tantôt  bas  -,  ou  bien  de  c;  qu'on  change 
fon  argent  contre  une  lettre ,  ou  qu'on  change  de 
débiteur. 

Le  change  mrnu ,  qu'on  appelle  quelquefois  pur 
ou  naturel,  ou  commun  ,  ou  manuel,  efl:  le  chante 
qui  fe  fait  tous  les  joins  &:  à  tous  momens,  cr-  laveur 
des  Marchands  &;  des  Voyageurs,  qui,  voulant  avoir 
de  la  monnoie  pour  de  gro(fes  pièces  d'or  i?,:  d'argent , 
ou  certaines  efpèces  pour  d'autres ,  donnent  quelque 
petit  profit  ci  ceux  qui  leur  font  ce  change. 

Le  c/zii/zge  réel ,  que  quelques-uns  appellent  mer- 
cantile ou  mixte,  efl:  celui  qui  fe  fait  par  lettres  de 
change  £'  négociation  d'argent  de  place  en  place. 

Le  change  léc  ,  Cambium  (iccum ,  qu'on  nomme 
feint,  ou  impur,  eft  celui  qui  n'a  que  le  njm  & 
l'apparence  du  change  :  &c  c'efl:  pour  cela  qu'il  eft 
appelé  fec,  c'eft-à-dire ,  qu'il  ne  donne  aucim  titre 
&  fondement  légitime  pour  prendre  quelque  profit, 
&  n'eft  qu'un  pur  prêt  Se  ufure  palliée.  Ainfi , 
quand  fous  le  nom  de  char:ge  on  prête  de  l'argent , 
&  qu'on  prend  quelque  choie  au-delà  du  capital , 
à  caufe  du  feul  délai  du  payement,  c'eft  un  change 

fec.  CONFÉR.  ECCL.  DU  DiOC.    DE  CoNDOM. 

Le  change  du  pair  fe  dit  quand  il  n'y  a  tien  à  per- 
dre ou  à  gagner  entre  les  Cambiftes ,  &c  quand  pour 
un  louis  d'or  qu'on  donne  en  un  lieu,  on  en  reçoit 
un  autre  en  la  même  efpèce  dans  une  autre  place. 
•  Gratnita  pecunia  commutatio  Les  Auteurs  qui  ont 
traité  du  change ,  font  Boycr ,  dans  fon  Arithmétique 
des  Marchands  ;  Le  Gendre ,  dans  Ton  Arithmétique 
en  perfcclion  ;  Barrême  ,  dans  fon  Livre  du  Grand 
Commerce  ;  Savari ,  dans  fon  Parfait  Négociant  ;  Sa- 
muel Ricard  ,  dans  fon  Traite  du  Commerce  ,  Sec.  Le 
■  change  eft  gros  d'ici  à  Rome,  à  caufe  de  la  diver- 

(îté  des  monnoies. 
Lettre  de  Change  ,  eft  une  refcription  que  donne  un 
Banquier  ou  un  Marchand  pour  faire  payer  à  celui 
qui  en  fera  le  porteur ,  en  un  lieu  éloigné  ,  l'argent 
qu'on  lui  compte  au  lieu  de  fa  demeure.  Publica 
pecuniœ  permutatio  ,  Aîenfarii  chirographum  ad  pe- 
cuniam  ab  alio  menf^rio  alio  in  loco  accipiendam  ; 
Cambium  nationale.  Quelques-uns  appellent  change 
Jec ,  les  lettres  de  chaiife  qui  fe  donnent  fans  faire 
aucun  tranfport  de  deriers.  Il  y  a  quatre  fortes  de 
lettres  de  change  :  la  première  ,  pour  valeur  reçue  -, 
la  féconde,  pour  valeur  en  marchandifcs -,  la  troi- 
fième  ,pour  valeur  de  moi-même;  de  la  quatrième  , 
ti  pour  valeur  entendue.  Les  lettres  de  change  font 
Tome  II. 


C  H  A 


4^7 


payables,  ou  à  lettre  vue,  ou  à  tant  de  Jours  de  vue, 
ou  à  certain  jour  nommé  &  précis ,  ou  à  uiancc  ,  qui 
eft  un  mois,  ou  àaouble  uiance ,  qui  eft  de  deux 
mois.  Elles  i.ont  auili  payables  au  porteur  ou  à  ion 
ordre.  L'origine  des  lettres  de  change  eft  v^^^nue  des 
Juifs i  lorlqu'ils  furent  chalfcs  de  France  fous  Phi- 
lippe Auguftc  en  ii  8 1 ,  &  Philippe  le  Long  en  1 3  Kf, 
Elles  furent  miles  d'abord  en  crédit  à  Ly'on.  D'au- 
tres en  font  remonrer  l'origine  jufques  fous  Daso- 
bert,  l'an  ^40  qu'il  chalia  1  s  Juifs   de  France.  Les 
billets  de  change  font  differens  des  lettres  de  chan- 
ge ,  en  ce  que  les  lettres  de  change  Je  font  pour  ar- 
gent fourni  &  reçu  eiféétivernent  \  au  lieu  que  le 
billet  de  change  eft  caufé  pour  valeur  reçue  en  une 
autre  lettre   de   change  qui  eft    fournie    en    même 
temps   &  en  certain    lieu   fur  certains  Marchands. 
Ces  bi  kts  font   lujcts  aux    mêmes  diligenc^cs   que 
les    lettres  de   change,  &  doivent  être   demandés 
dans  les  dix   jours  de    l'échéance  &  de   l'accepta- 
tion ,  après  lequel  temps  il  n'y  a  plus  de  recours 
fur  le  tireur;  à  la  rcferve  qu'il  fuftit  de  faire  pour 
ceux-ci  de  fimples  Ibmmations ,  au  lieu  d'un  protêt 
en  forme.  Tous  les  tireurs  de  lettres  ou  billets  de 
change  ,  donneurs  d'ordres  ou  d'aval ,  accepteurs , 
ou  fouicripteurs,  peuvent  être  contraints  par  corps. 

Les  Bonzes  du  Japon  donnoient  des   lettres  de 
change  pour  l'autre  vie.   Ils  donnoi.nt  des   lettres 
de  change  en  faveur  des   morts.  Idim. 
Place  du  change   eft  un  lieu  public  dans  les  villes 
de  commerce,  où  les  Marchands   &  Banquiers  s'af- 
feinblcnt   pour  exercer     leur    commerce    d'arj^ent. 
Forum   argentarium.  A  Lyon   on   l'appelle  abfolu- 
meni  le  Change ,  la  loge  du  Change  ;  à  Amfterdam 
&  autres  lieux,  la  Bourfe.  AParis^on  l'appelle  lîm- 
plcment    la  Place.  On  ne  fouifre   pas  qu'un  Mar- 
chand   qui  a    tait  faillite  entre    dans   la    loge   du 
Change.  On  appelle  auHi  le  Pont  au  Chinge  \  Pa- 
ris, le   pont   où  demeuroient  autrefois   les  Chan- 
geurs. Pons   argaitarius. 
Change  fignifie  encore  la  banque ,  ou   le  lieu  où  fe 
fait  précifcment  le  Change.  Menfa.  Aller  au  Change. 
Le  Change  eft  ouvert ,  eft  fermé ,  eft  plein  de  monde. 
Change,  en  terme  de  Vénerie,  fe  dit  quand  des  chiens 
qui  pourfuivoient  un  cerf  ou  quelque  gibier,  le  quit- 
tent pour   courre    après  un   autre  qui  lé  préfente 
devant  eux.  Erratio  feu  canum  ,  feu  venatorum  in 
perfequendo  cervo  adventitio  pro  eo  quem  jam  ali- 
quamdià  perfecuti  fuerant;  aberratio.  Cette  meute 
ne  prend  point  le  change.  Il  eft  oppofé  à  droit ,  qui 
eft  le  premier  gibier  qu'on  a  poarfuivi.  Garder  le 
change  ,  c'eft  luivre  toujours  le  même  gibier.  Pren- 
dre le  change,  c'eft  en  fuwie  un  nouveau.  Un  vieux 
cerf  donne  le  change,  &  laiffe  fon  écuyer  à  fa  place. 
On  le  dit  auffi  d'un   lièvre,  lorfqu'il  fe  dérobe  des 
chiens ,  &c  leur  donne  à  courre  quelqu'autre  lièvre 
à  fa  place. 
Change  ,  fe  dit  auflî  en  termes  de  Fauconnerie  ,  lorf- 
que   l'oifeau    quitte  fon  entreprife  pour  une  nou- 
velle, ou  lorfqu'il  prend  des  pigeons,  ou  d'autre 
gibier  qu'il  ne  doit  pas  voler.  Erratio  accipitris. 

En  ce  fens,  on  dit  figirément  qu'un  homme  a  pris 
le  chaw^e^a^u' on  up  a  donné  le  change  ,c,\i3.nà  on  lui 
a  fait  quitter  quelque  bonne  affiire  po'ir  en  pour- 
fuivre  une  autre  qui  lui  eft  moins  avantageufe. 
Aberrare  ,  falli ,  hallucinari ,  alio  adduci.  Il  eft  aifé 
de  faire  prendre  le  chin<^e  à  fon  adverfaire,  quand 
il  p'.ft  pas  ferme  fur  fcs  principes. 

Un  hom.me  prend  le  change ,  lorfque  dans  une 
difpute,  dans  un  raifonnement ,  dans  la  négocia- 
tion d'une  aff-Jre  ,  il  fort  de  fon  fujer  pour  s'atta- 
cher à  des  chofcs  dont  il  n'eft  point  queftion, 
Acad.  Franc. 

On  a  donné  le  change  aux  ennemis ,  on  a  fait  lèm- 
blanr  de  marcher  à  droit ,  6v'  on  a  pris  à  gauche. 

On  dit  proverbinlemcnr,  rendre  le  c^a/zp-c' à  quel- 
qu'un ,  lui  donner  fon  change  ;  pour  cijre  ^  [yj  répli- 
quer  fortement ,  lui  rendre  la  pareille.  Par  pari 
referre. 
CHANGEANT,  ANTE,  adj.  Qui  chance   fouvent. 

H  h  h 


CH  A 

lit  proprement  de  ce  qui  eft  inconftant. 
wlnlis ,  inconjtans.  Les  tcmmes  l'ont  d'hu- 


On   le    d 

Levis ,  nw         .  _, 

meur  changeante.  Voiià  un  temps  bien  changeant 
fort  inconlbnt.  On  ne  fauroit  nier  que  la  langue 
françoilc  ne  (bit  tort  changeante  ;  nons  changeons 
de  langage  prcfqu'auin    Ibuvent  que  de  mode.  La 
langue^clpagnole  le  lent  en  quelque  manière  de  la 
confiance  &c  du  flegme  de   la  nation  :  elle  ne  fait 
ce  que    c'eft  que  de  changer,  Bouh.  Ce  qui  nous 
rend  li  changeans  dans  nos  amitiés ,  c'eft  qu'il  eft 
trop  mal-aile  de  connoître  ceux  que  nous  aimons. 
RocHiF.  La   Fortune  eft   changeante;  &  je   n-e  fuis 
moi-même  (  Darius  )  qu'un  trop  illuftre  exemple  de 
fon  inconftance.  Vaug. 
Itr  Une  /ei;ère ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  ne  s'attache 
pas    fortement.  Une    inconjiante   ne    s'attache    pas 
pour   long-temps.  Une  volage  ne  s'attache  pas  à  un 
feul.'  Une  changeante  ne    s'attache    pas  au  même. 
;  La  légère  fe  donne  à    un  autre ,  parce  que    le  pjc- 
-  )  mier  ne  là  retient  pas  \  Vinconjiiinte  ,  parce  que  Ion 
(  amour  eft  fini  -,  la  volage ,  parcre  qu'elle  veut  goù-^ 
'  ter   de  pluficurs  -,  &c  la    changeante ,  parce  qu'elle 
en  veut  goûter  de  diffcrens. 

Les  hommes  font  ordinairement  plus    légers   &: 
plus  inconjtans  que  les  femmes  i  mais  celles-ci  font 
plus  volages  &  plus  changeantes  que  les  hommes  : 
ainli  les  premiers  pèchent   par  un  fonds  d'indiffé- 
rence qui  fait   cefler  leur  attachement  ^  &  •  les   fé- 
condes par  un  fonds  d'amour  qui  leur  lait  fodhai- 
ter  de  nouveaux  artachemcns. 
Couleur  changeante  ,  eft   une   couleur  qui    change 
fuivant  la  difterente  lumière  qui  lui  eft  eft  oppofce. 
Color  variiis.    Les  couleurs  de  l'iris ,  de  la  gorge 
de  pigeon  ,'  font  changeantes.    Taffetas  changeant 
eft  celui  qui  paroit  de^différentcs  couleurs ,  parce 
que  la  trame  eft  d'une  couleut ,  &:  la  chaîne  d'une 
autre. 
CHANGEMENT,  f.  m.  Transformation,   converfion 
d'un  corps  en  un  autre.  Mntatio  ,  immutatïo  ,  per- 
mutatio.  Le  changement  de  la  femme  de  Loth  en 
ftatue  de  fel ,  fut  une  punition  divine.  Toutes  les 
chofes  de  la  natute  fe  corrompent,  il  s'y   tait  de 
perpétuels  changemens. 
Changement  fe   dit    auffi  des    chofes  accidentelles, 
des  révolutions,  de  la  vicilîltude  ,  IfT  àt  tout  ce 
qui  altère  l'identitc    des  êtres  ou   des  états  :  c'eft 
le   partage  d'un   état  à  un   autre.  Les    changemens 
de  temps  font  ordinaires  en  ces  climats.  Les  chan- 
gemens de  mode  font  communs  en  France.  Le  chan- 
gement  de  vie.    Le  changenent  d'opinions.    Envi- 
fagez    cette    fuite    continuelle    de  changemens  qui 
arrivent ,  Se  dans  nos  corps ,   par  la  défaillance  de 
la  nature  ,   &  dans   nos    âmes ,  par    l'inftabilité  de 
nos   defirs.    Flech.   L'homme    eft  avide   de  chofes 
nouvelles  :  il    aime    le    remuement    &  le  change- 
ment .   Mont.  Le  changement  d'un  Amant   ne  doit 
pas  s'attribuer  au  deffein  d'une  infidélité  méditée  : 
e'eft  qu'on  fe  dégoûte  avec   le  temps.  S.  Evrfm. 
Te  regarderai    votre    changement    avec    autant   de 
mépris  que  de  tranquillité.  Vill. 

Ainji  de  vos  defirs  toujours  reine  ahfolue , 
Les  plus  grands  changemens  vous  trouvent  réjblue. 

Corneille. 


|13°  Changement  &  Variation  ,  conlîdérés  dans  une 
fignifîcation  fynonyme. 

IJCr"  La  Variation  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  confîfte 
à  être  tantôt  d'une  façon  &;  tantôt  d'une  autre. 
Le  changement  confîfte  feulement  à  cçffer  d'être 
le  même. 

Les  variations  font  ordinaires  aux  perfones  qui 
n'ont  point  de  volonté  déterminée.  Le  change- 
ment eft  le  propre    des  inconftans. 

On  dit  proverbialement  :  changement  de  propos 
téjouit  l'homme  ,  pour  dire ,  qu'il  ne  faut  pas 
tou'ours  parler  de  la  même  chofe.  Changement  de 
corbillon  fait  ai-ipctit  de  pain  bénit  -,  pour  dire  , 
«.ue  la  nouvLautc  eft  une  cfpècè  de  ragoût.  On  dit 


CHA 

aufTl  ,  changement   de    temps  ,   entretien    de   for , 
qui  eft  un  proverbe  efpagnol  :  Mudança  di  tiem- 
pos  ,   hordon  de  necios. 
^fT  CHANGER.  Ce  verbe ,  quelquefois  aétif ,  quel- 
quefois neutre,  dans  une  fignifîcation  générale,  fait 
naître  l'idée  d'une  choie  qui  ceiîê  d'être  ce  qu'elle 
étoit ,  qui  pa/ic  d'un  état  .à  un  autre  ;  mais  cette  idée 
générale  eft  différemment  modifiée  dans  les  diffé- 
rentes acceptions  du  verbe.  Foye^  Changement. 
ifT  Changer,  v.  a.  Convertir  une  chofe  en  une  autre 
tranfmuer,  faire  changer  de  nature.  Mu  tare,  conver- 
tere  ,  tranfmutare.  Aux  noces  de  Cana  ,  Jefus-Chrift 
changea  l'eau  en  vin.  La  femme  de  Loth  fut  changée 
en  ftatue  de  fel.  Dans  le  facrement  de  l'Eucharift'ïe  , 
le  pain  &  le  vin  fe,  changent  au  corps  &  au  faftcr 
de  Jefus-Chrift.  Les  Alchimiftes  prétendent  chan^ef 
les  métaux  en  or.  " 

ifT  Changer    fe  dit  aufTi  adl:ivement  dans  la  fignifî- 
cation de  quitter  une  chofe  pour  une  autre,  le  dé- 
faire d'une  chofe  pour  en  prendre  une  autre  à  la 
place.  Changer  une  chofe  pour  une  autre,  contre 
une  autre.  Aliquid   mutare   aliquâ  re.  Il  a  chan<yi 
Ion  chapeau  vieux  pour  un  neuf  II  a  chancre   tes 
tableaux  contre  des  meubles.  Ici  il  a  quelque^'cliofc 
de  la  lignification  de  troquer. 
f^  Changer  fe  dit  dans  un  fens  à  peu  près  le  mê- 
me ,  pour ,  fubftituer  une  chofe  à  une  autre.  Cette 
femme  a  changé  Ion  Amant  pour  un  autre.  Sufficert 
aliquem  alteri  ,  in  locum  alterius.  On  nous  a  changé 
notte  vin. 
IJCF  Changer  fîgnifie   encore  donner  une    nouvelle 
forme ,  un  nouvel   arrangement  aux  chofes.  Faire 
prendre  de  nouveaux  fcntimens,  de  nouvelles  incli- 
nations aux  perfonnes ,  en  Ibrtc  que  ces  chofes  & 
ces  perfonnes  ccffent  d'être  ce  qu'elles  étoient  aupa- 
ravanr.  Cet  homme  2.  changé  toute  fa  maifon.  Cet 
Auteur  a  changé  le  plan  de  fbn  Ouvrage.  Cet  évé- 
nement a  changé  la  face  de  l'Etat.  On'dit  en  pro- 
verbe ,  que  les  honneurs  changent  les  mœurs.  Ho' 
nores   mutant   mores. 

Le  temps ,  qui  change  tout ,  change  au£i  les  humeurs. 

BoiL. 

^  Changer,  v.  n.  terme  relatif  au  pnffage  d'un  état 
à  un  autre ,  ic  dit  des  chofes  dont  l'identité  eft  al- 
térée ,  ou  qui  ceficnt  d'être  les  mêmes.  Ch.anfer 
d'humeur ,  de  caractère,  de  conduite:  c/^^wo'er  d'ctar, 
de  pioteliion.  Changer  de  vie  •,  changer  de  bien  en 
mal ,  de  mal  en  bien.  Mutari  in  pejus  ,  in  melius. 
Changer  de  pays  ,  d'air.  Changer  de  place.  Mutare 
locum  ,  ou  mutare  Je  loco.  Changer  de  deffcin.  Mutare 
animum.  Platon  ne  trouvoit  rien  plus  domma^jea- 
ble  à  la  ibcictc ,  que  d'accoutumer  les  jeunes  gens 
.à  changer ,  même  dans  leurs  amulcmens  -,  parce  qu'ils 
viennent  enfuite  à  méprifcr  les  anciennes  confti- 
tutions.    Mont. 

Jamais  un  Affranchi  n'ejl  qu'un  Efclave  infâme  ; 
Quoiqu'il chànve  d'état ,  il  ne  change /jo/w;  d'ame. 

Corn. 

0^  Changer  s'emploie  quelquefois  abfolument. 
Le  temps  changera ,  fi  le  vent  vient  à  changer.  Les 
modes  changent;  tout  change  dans  ce  monde. 

On  le  dit  de  même  pour  changer  de  conduite» 
de  fentimens.  Vous  changerez  un  jour. 

Sa  flamme  à  tous  momens  peut  prendre  un  autre  cours; 
Et  qui  cha.nr;e  une  fois ,  peut  changer  tous  les  jours. 

QCJ"  Changer  &:  varier,  confidércs  dans  une  fignifî- 
cation fynonyme.  Varier ,  c'eft  être  tantôt  d'une 
façon,  &  tantôt  d'une  autre.  Changer ,  c'eft  cefler 
d'être  le  même.  C'eft  varier  dans  fes  fcntimens ,  que 
de  les  abandonner  5c  de  les  reprendre  fuccefTivemcnt. 
Cc(ï  changer  d'opinion,  que  de  rejeter  celle  qu'on 
avoir  embraflce  pour  en  fuivre  une  nouvelle.  Ceux 
qui  n'ont  point  de  volonté  déterminée ,  font  liijers  à 
varier  ;  changer  eil  le  propre  des  inconftans.  On 


CH  A 

n'a  point  de  peine  à  changer  de  dodrine,  quand 
on  eft  plus  attaché  à  la  fortune  qu'à  la  vciité. 
ffT  Les  Vocabulifks    en   font  aufli  un  pronominal 
réfléchi,  au  propre  &  ou  figuré.  Au  propre  :  fon  teint 
ne  s'eft  pas  changi.  Au  figuré  :  fcs  idées  ne  fe  chan- 
giTont  plus.  Nous  obf  rverons,  en  paflantjque  ces 
façons  de  parler  font  très- mauvaifes,  &  plus  que 
furannées. 
Changer  j  en  t:rmcs  de  Marine  ,  a  pluiîeurs  fignifî- 
cations.  Changer  les  voi4es  ,  c'eft  mettre  un  côté 
de  la  voile  au  vent ,  au  lieu  que  l'autre  côté  y  étoit 
avant  ce  changement.  Changer  \:$  voiles  de  l'avant 
&  les  mettre  fur  le  mât ,  c'cit  brader  tout- à- fait  les 
voiles  du  mât  de  milaine  du  côté  du  vent  -,  ce  qui 
fe  fait  afin  qu'il  donne   defius  ,  &:  que  le  vaifTeau 
étant  abattu  par-là  ,  on  puilfe  le  mettre  en  route. 
Changer  de  bord  ,  ou  virer  de  bord  ,  c'eft  mettre  un 
côté  du  vaiiléau  au  vent  pour  l'aiitrc,  afin  de  changer 
de  route.  Changer  l'artimon,  c'eft  faire  paflcr  la  voile 
d'artimon  avec  fa  vergue  d'un  côté  du  mât  à  l'autre. 
Changer  le  quart ,  c'eft  fiire  entrer  une  parrie  de  l'é- 
quipage en  fervice ,  en  la  place  de  celle  qui  étoit  de 
garde  ,  &  qu'on  relève.  Changer  la  barre  ,  c'eft  met- 
tre la  barre  du  gouvernail  du  côté  oppofé  à  celui 
où  elle  eft. 
ÇCT  Changer  de  main ,  changer  un  cheval ,  termes 
de  maïKge.  C'eft  porter  la   tête  d'un  cheval  d'une 
main  à  l'autre  ,1a  tourner  de  gauche  à  droite  ,ou 
de  droite  à  gauche. 

On  dit  proverbialement ,  il  a  changé  fon  cheval 
borgne  contre  un  aveugle  ,  pour  dire  ,  changer  une 
chofe  mauvaife  cont^rc  une  plus  rnauvaife  encore. 
On  dit  auifi ,  il  change  comme  un  caméléon  ,  à 
caufe  d'une  vieille  §;pinion  ,  qui  faifoit  croire  que 
le  caméléon  changeait  fouvenr  de  couleur.  On  dit 
auifi  d'un  enfant  qui  ne  rcffemble  point  à  fes  pa- 
rens ,  qu'il  a  été  change  en  nourrice.  On  dit  auffi 
que  le  temps  changera  ,  quand  on  voit  quelqu'un 
ftire  une  chofe  fort  contraire  à  fon  genre  de  vie 
ordinaire. 

On  dit  auffi  proverbialement  &  figurémcnt,  chan- 
ger de  note  ,  pour  dire,  changer  de  façon  de  faire 
ou  de  parler.  Ac.  Fr, 
Changé  ,  Ée.  part.  Mutatus ,  immutatus  ,  commutatus  , 
permiitatus, Scion  les  diverfes  lignifications  du  verbe 
changer. 

On  dit  qu'un  homme  eft  bien  changé  ,qn''ûn'e{\: 
pas  reconnoinàble  -,  pour  d're  ,  qu'il  a  été  fort  ma- 
lade, qu'il  eft  fort  défiguré.  On  le  dit  auflî  en  mo- 
rale de  celui  qui  a  changeas  genre  devie,foiten 
bien  ,  foit  en  mal. 
CHANGEOTTER.  Fréquentatif  de  changer.  Changer 
fouvent  >  à  tous  momens.  Fre.^  venter  mutare  ,  per~ 
miitare  ,  &c.  Il  eft  bas  &  hors  d'ufage. 
tfS"  CHANGEUR,  f.  m.  Celui  qui  eft  prépofé  en  titre 
d'oftice  pour  changer  les  efpèccs  d'or  &  d'argent, 
recevoir  les  monnoies  anciennes ,  étrangères ,  dé- 
fedtueufes  ou  altérées ,  &  en  donner  le  prix  à  ceux 
qui  les  portent. 
^fT  Les  Changeurs  font  obligés  d'envoyer  aux  hô- 
tels des  monnoies  toutes  les  efpèces  défeducufes 
qu'ils  ont  reçues.  M(.iijarius ,  nommularius.  Comme 
le  change  de  l'argent  eft  une  chofe  qui  regarde  le 
public,  &  d'une  grande  conlcoucnce  pour  le  bien 
de  l'Etat ,  nos  Rois  fe  font  appliqués  dans  tous  les 
temps  à  régler  le  nombre  des  Chanc^eurs  ,  &  l'exer- 
cice de  leur  charge.  Voye^  VEdit  d'Henri  III  ,  en 
1580;  les  Lettres-patentes  du  lo  jioàt  1581  \la  Di- 
claration  du  17  Ociolre  de  la  même  année;  l'Edit 
du  19  Décembre  nrSi  ;  F  F  dit  d'Henri  IV  de  1601  & 
de  ï6o7.  Chez  les  Romains  c'étoit  par  le  miniftère 
des  Chancrevrs  que  fe  fail'oienr  les  charges,  les  dé- 
pôts ,  les  achats ,  les  ventes ,  les  prêts  :  les  Chan<ieun 
faifoient  prefque  toutes  les  fonéVions  de  vo%  Chan- 
geurs,àt  nos  Banquiers  &  de  nos  Notaî-'f-s. 

On  a  appelle  autrefois  le  Tréforicr  du  Domaine 
Changeur  du  tréfor ,  jufqu'à  ce  que  Franço's  I ,  en 
fa  place,  créa  en  1545  ^^i^e  recettes  générales  de 
toutes  Ibrtes  de  deniers. 


C  H  A 


427 


On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  paye 
bien,  qu'il  paye  comme  un  Changeur  ,  parce  que 
les  Changeurs  payent  comptant,  &  qu'un  homme 
eft  riche  comme  un  Qiangeur  ,  quand   on  lui  voit 
beaucoup  d  arizent  comptant. 
C^  CHANGGAN.   Petite    ville    de  la  Chine    dans 
la  Province  de  Peking  ,   par  les  40^  \6'  de  lati- 
tude. 
^  CHANGHING.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Pro- 
vince de  Chekiang  ,  au  département  de  Hucheu. 
Lat.  ^l'I  iz'. 
^-  CHANGHOA.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Pro- 
vince de  Chekiang  ,  au  dcpartemenl  de  Hangcheu. 
Lat.  5  ci  6 , 
0a*  Il  y  a  une  autre  ville   de  ce  nom   dans  la  Pro- 
vince de  Quangtung  ou  Quanton,  au  département 
de  Kianchcu.   Lat.  19'*   zi. 
Ip»  CHANGKIEU.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Pro-, 

vince  de  Chanton.  Lat.  57'!  10'. 
03"  CHANGLO.  Il  y  a  trois  villes  de  ce  nom  :  l'une 
dans  la    Province  de  Chanton  ,    département    de 
Cincheu  ;  l'autre  dans  la  Province  de  Fokien  ,   dé- 
partement de  Focheu-,  &  la  troilième  dans  la  Pro- 
vince de  Quanton,  au  département  de  Hoeicheu. 
Ip-  CHANGLY.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province 
de  Peking  ,  au  département  de  Jungping.  Lat.    3p>i 
58'. 
îfT  CHANGNING.  Il  y  a  quatre  villes  de  ce  nom  : 
la  première  dans  la  Province  de  Suchuen  ou  Sou  - 
choiicn  ,  au  département  de  Sioucheu  ;  la  féconde 
dans  la  Province  de  Huquang  ,  au  département  de 
Heugcheu  ;  la  troilième  dans  la  Province  de  Kianf  > 
au  département  de  Canchcu  -,  &  la  quatrième  dans 
la  Province  de  Quanton  ,  au  département  de  Hoei- 
cheu. 
ifr  CHANGTÉ.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province 
de  Honan  ,  dont  elle  eft  trohicme  Métropole  ,  à 
^■j^  de  latitude. 
\fT  Changté.  Ville  de  la  Chine   dans  la  Province 

de  Houquan  ,  à  29J  58'  de  lat. 
^  CHANGUN.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province 

de  Chenfi ,  département  de  Sigan.  Lat.   ^^6^  54'. 
0C?  CHANGXA.  Ville  delà  Chine  dans  la  Province 
de  Houquan  ,  dont  elle  eft  MétroDole.  Lat.  zS''  jo'. 
0a-  CHANGXAN.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Pro- 
vince de  Channton,départementde  Cinan.  Latitude 
37^8'. 
=p"  CHANGXO.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province 
de  Nankin ,  département  de  Sucheu,  Lat.  31^  16'. 
0Cr  CHANGYANG,  Ville  de  la  Chine  dans  la  Pro- 
vince de  Houquan  ,  département  de  Kingcheu.  Lat. 

^.^  CHANGYE.  Ville  maritime  de  la  Chine  dans  la 
Province  de  Channton  ,  département  de  Laicheu. 
Lat.  t,G^  56'. 

rr  CHANGYVEN.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Pro- 
vince de  Peking  ,  département  de  Taming. 

CHANL ATE.  f.  f.  Tetme  de  Couvreur.  Pièce  de  bois , 
comme  une  forte  latte,  qu'on  attache  vers  le  bout 
des  chevrons, &  qui  faillit  hors  du  mur  pour  fou^- 
tenir  deux  ou  trois  rangs  de  tuiles  qu'on  met  ainfî 
en  dehors ,  pour  empêcher  que  la  pluie  ne  tombe 
le  long  du  mur  ,  ^  ne  le  gâte  ;  en  relevant  les  tui- 
les par  le  bout ,  en  forte  qu'elles  jettent  l'eau  plus 
loin. 

CHANNE  ,  yjyyn  ,  Jonjlon  ,  eft  un  poiffon  de  mer  qui 
relfemble  beaucoup  à  la  perche -,  la  tête  eft  grèLe, 
fon  mufeau  pointu,  toujours  entr'ouvert.  On  trouve 
A-.  petites  pierres  dans  fa  tête.  Son  corps  eft  couvert 
d'écaillés  minces.  On  l'appelle  hiatula  ,  parce  qu'il 
a  toi''ours  le  mufeau  ouvert. 

IfT  CHANNITE  ou  CHAMPLITE.  Petite  ville  de 
France  en  Franche  -  Comté  ,  aux  frontières  de  la 
Champagne. 

ffr  CHANNSI.  (  les  Portugais  difcnt  XANSI.  )  Pro- 
vince qui  tient  le  fécond  rang  cntte  celles  de  la 
partie  feptentrionale  de  la  Chine.  Cette  Province 
a  cinq  villes  du  prenller  rang  ,  qui  font  autant  de 
Métropoles. 

H  h  h  i; 


42.8  C  H  A 

g:?  CHANNYoN. ( chezlesPottiigaisXANTUNG ). 
Province  maritime  de  U  Chine  dans  la  partie  Icp- 
tentrionalc.    Elle  contient   cinq  villes  mctiopoli- 
taines.  Cette  Province  abonde  en  Ibie  ,  qu'on  trouve 
ilir  les  arbres  &:  dans  les  campasu^cs ,  6c  que  don- 
nent ,  non  des  vers  à  Ibie  qu'on  nourrit^  dans   les 
mail'ons ,  mais  des  vers  qui  reiicmblent  à  des  che- 
nilles. On  la  trouve  étendue  en  lon-s  filets  blancs 
liir   les  builîbns  6c  iur  les  arbrificaux.  Elle  n'a  pas 
la  finelfede  l'autre  eipèce  de  foie  -,  mais  elle  eft  d'un 
meilleur  uier. 
^  CHANOINE,  f.  m.  C;  mot ,  dans  fa  fignification 
là  plus  étendue  ,  lignihc  celui  qui  vit  ielon  la  règle 
particuiicre  du  chapitre  dont  il.  cft  membre  -,  mais 
dans  l'ulàge  ordinaire  on  entend  par  Chanoine  ^ce- 
lui qui  poilede  une  Prébende  dans  une  Egli.c  Ca- 
thédrale ou  Collégiale  ,  c'eft-à-dire  ,  un  certain  re- 
venu aife-lé  à  ceux  qui  y  doivent  faire  le  Service 
Divin.  Cinonlciis.  Les  Cliaizcincs  de  Notre-Dame  , 
de  la  Sainte-Chapelle  ,  de   fainte  Opportune.  Les 
Chanoims    des    Eglilcs    Cathédrales    ont    quelque 
prééminence  Iur  les  autres.  Ils  font  obliges  (  en  quel- 
ques lieux  )  à  fe  f-aire  Prêtres  lorsqu'ils  ont  atteint 
l'âge  requis  -,  autrement  ils  peuvent  être  privés  des 
di^ributions  quotidiennes.  Selon  Falquier  ,  on  ne 
connoiffoit  point  le  nom  de  Chanoine  av»ant  Char- 
lemagne  :  du  moins  11  plus   ancienne  origine  des 
Chanoines  ,  fe  trouve  dans  Grégoire  de  Tours ,  qui 
dit  que  Baudin  ,  feizième  Archevêque  de  cette  ville  , 
en  inftitua  le  premier  un  Collège   dans  fon  Eglhc 
du  temps    du  Roi  Clotaire  I.  Car   les  Chanoines 
H'étoiem  autrefois  que  des  Prêtres  ou  autres  Ecclc- 
fiaftiques  inférieurs ,  qui  vivoicnt  en   commun  ,  & 
qui  réiîdoient  auprès  de  l'Eglilc  Cathédrale  ,  pour 
aider  à  l'Evcque  à  la  deifcrvir.  Ils  dépcndoicnt  de 
fa  volonté  en  toutes  chofes.  Ils  étoient  nourris^  du 
revenu  de  l'Evêché,  &:  demcuroient  fous  Ic^même 
toi't,  comme  étant   la  vraie  famille  ,  ou  même  le 
Confeil  &c   le  Sénat  de  l'Evêque.  Ils  furent  nu  me 
héritiers  de  fes  meubles  jufqu'en  l'an  8i(î  ,que  cela 
leur  fut  défendu  par  un  Concile  tenu  à  Aix-la-Cha- 
pelle ,  fous  Louis  le   Débonnaire.  Ce  Concile  fit 
beaucoup  de  Rcgleraens  à  leur  égard.  Infenlible- 
mcn:  ces  Communautés  de   Clercs    formèrent    uri 
corps  à  part ,  dont  l'Evcque  étoit  pourtant  le  chef 
Il  arriva  même  au  X«  f.ècie  que  dans  les  villes  où 
il  n'y  avoit  point  d'Evèquc  ,  l'on  établit  de  pareilles 
Communautés    ou   Congrégations.  On    les  appela 
Colleu,iales  ,  parce  qu'on  fe  Icrvoit^  indifféremment 
du    mot  d-e  CongrJgaîion  ou  de  Col/ége  -,  celui  de 
Chapitre    qu'on   donne  à  leur  corps  ,  eft   le  plus 
nouveau.  La  vie  commune. fur  établie  -dans  toutes 
les  Cathédrales  fous  la  II'  Race  ,  &  chaque  Cathé- 
drale avoit  un  Chapitre  dillingué  du  refte  du  Clergé, 
avec  des  Supérieurs  particuliers.  Mais  ils  n'étoienr 
pas  dcftinés  à  une  vie  aufll  peu  aélive  que  celle  qu'ils 
mènent  a-ujourd'hui.  On  les  appela  Chanoines  ,  n'on- 
feulemenr  à  caufe  de  la  penlicn  qui  leur  étoir  alors 
aiïignée  ,  qu'on  appeloit  Canon  ,   ce  qu'en  vieux 
françois  on  appeloit  auflî    Provende  ,  &  en  latin 
Prϕenda,  d'oii  vient  que  quelques-uns  les  ont  ap- 
pelés Sponutames  Fratres  -,  mais  auflî  parce  qu'on 
leur   donna  des  règles  ^  inflirutions  canoniques  , 
félon  lefquelles  ils  étoient  obliges  de  vivre.  Ainii 
Yves  de  Chartres  dit  qu'on  les  appela  Oianoines  , 
eb  quod  canonicas  régulas   arcîiùs  oi'fervare  tene- 
bantur.  M.-  de  Marca  ,  en  fon  Hijhirc  de  Bearn  , 
dit  qu'ils  ont  été  ainfi  nommés  ,  aubd  in  eanonem  , 
/tftt  masriculam  Eeclefix  relati  ejjent.  Dans  la  fuite 
les  Chanoines  s'affranchirent  de  leur  règle  \  l'obfer- 
•    vance  fe  relâcha  ,  &  la  vie  commune  ayant  ceffé  , 
les  Chanoines  ne  laiiTèrent  pas  de  faire  corps.  Ils 
prétendirent  n'avoir  d'autres  fondions  que  la  cclé- 
■    bration  de  rOiïce,.&:  cependant  ils  s'attribuèrent 
les  droits  de  tout  le  Clergé  -,  d'être  le  Conléil  né- 
ccifaire  de  l'Evêque -,  de  çrouverner  pendanr  la  va- 
cance du  iièi^e  ,  &  de  faire  feuls  l'cledion.  Il  y  a 
îïicme  des  Chapirres  quife  font  foullraits  de  la  Ju- 
ridjftion  de  l'Evcque  ,  3:  qui  ne  icconnoiffenr  que 


CH  A 

le  Pape  au-defTus  de  leur  Doyen.  A  l'exemple  dtj 
Cathédrales ,  les  Chapirres  des  Collégial  s  ont  con- 
tinué à  faire  corps ,  après  avoir  abandonne  la  vie 
commune.  Autrefois  le  Pape  faifoit  de«  Chanoines 
fans  prébende  ,  fub  expectatione  prœiendx  ,  pour 
s'affurer  de  la  première  prébende  vacante. 

Du  latin  Canonicus  ,  nous  avons  tak  première- 
ment Canoine  ,  comme  l'on  prononce  encore  en  Pi- 
cardie 5  &  enfuite  Chanoine.  Ménage.  Et  Canonicus 
vient  du  grec  KavaJ»  ;  car  tous  généralement  tirent  ce 
nom  de  là;  thais  ce  mot  lignifie  trois  chofes.  1°.  Régie. 
z'\  Une  certaine  penfion,  une  affignation  de  quel- 
que revenu  fixe  pour  vivre.  3°.  Catalogue ,  matri- 
cule. Les  uns  donc  prétendent  que  les  Chanoines 
ont  été  nommés  Canonici,  à  caufe  de  la  règle  qu'ils 
doivent  i'uivre ,  de  la  vie  régulière  qu'ils  dévoient 
mener  ;  d'autres  dilcnt  que  c'eft  à  caufe  de  la  penlion 
qui  leur  étoit  afîlgnéeid'autres  prérendent  que  le  nom 
de  Chanoineson  Canoniques ,  le  donnoit  au  commen- 
cement à  tous  les  Clercs  -,  ibir  parce  qu'ils  étoient 
ccrirs  dans  le  Canon  ou  Catalogue  A(t  l'Eglife,  ibit 
parce  qu'ils  vivoient  félon  les  Canons  ;  mais  depuis 
on  le  prit  particulièrement  pour  ceux  qui  vivoient 
en  commun,  a  l'exemple  du  Clergé  de  S.  Auguftin, 
&:  avant  lui  de  faint    Eusèbe    de  Verceil.    l'oye^^ 
VHijl.  des  Ord.  Ecclejîajliques,part.  U  ,  ch.  1 ,/;.  1 5. 
Il  y  a  encore  différentes  efpèces  de  Chanoines.  Les 
CAj//o/72Ci- Cardinaux  font  àQsChanoines  attachés,  &, 
comme  on  dit  en  latin ,  incardinati-,  à  une  Eglife  ,  de 
même  que  les  Prêtres  l'étoient  à  une  Paroiflé.  Léon  IX 
en  créa    l'an   1051   à   S.Etienne  de  Befançon  ,  Se 
Alexandre  III  dans  l'Eglife  'de  Cologne.  Il  y  en  a 
eu  encore  à  Magdebourg  ,  à  Compoftelle  ,  à  Bé- 
nevent ,  à  Aquilée  ,  à  Ravenne  ,  à  Milan  ,  à  Pile  ,  à 
Naples  &:  ailleurs.  Les  Chanoines  damoifeaux ,  Cd- 
nonici  domicillares  croient  autrefois  les  jeunes  Cha- 
noines ,<\\.\\  n'étant  point   encore  dans  les  Ordres, 
n'avoient  point  droit  de  Chapitre.  Les  Chanoines 
cxpeéfans  étoient  ceux  qui,  en  attendant  une  pré- 
bende ,  avoicnt  le  titre  Se  la  dignité  de  Chanoines  ^ 
voix  en  Chapitre  ,  &  une  forme  ou  place  au  Chœur. 
Chanoines  forains  ■iforenfes  .tCori^ctMx  c^\  ne  def- 
fervcnt  pas  la  Chanoinie  dont  ils  font  pourvus  , 
mais    la  font  deifervir  par  un   Vicaire.  Chanoines 
honoraires ,  ibnt  les  mêmes  que  les  Laïques.  Cha- 
noines Manfionnaires  ,  font   oppofés  aux  forains. 
Voyei^  Mansionnaire.  Il  eft  parlé  dans  un  Ordi- 
naire manufcrit  de  l'Eglife  de  Rouen  ,  de  Chanoines 
de  treize  marcs.  Peut-être  étoit-ce  le  revenu  annuel 
de  leurs  canonicats.il  y  avoit  dans  l'Eglife  de  Lon- 
dres des  Chanoines  mineurs  ou  petits  Chanoines  t 
qui  failbienr  les  fondions  des  grands    Chanoines, 
11  y  a  à  Luques  des  Chanoines  mîtrés ,  qui  par  un 
privilège  qui  leur  a  été  donné  par  plufieurs  Papes, 
&:  c6nfi««é  par  Grégoire  IX ,  portent  une  mitre. 
Les  Chanoines  àz  la  pauvreté  ,  Canonici paupertatis. 
11  en  eft  fait  mention  dans  VHifioire  d'Aiineci,  d'O- 
don  Gelleius,  LzV. /,  c.  24.  f^^rwo/Tz^ j  Réfîdens , 
Rejidentes ,(o-ni\ç%  mêmes  que  les  Manfionnaires. 
Il  y  a  eu  auffi  des  Chanoines  qu'on  appeloit  Can(y- 
nifi  adfuccurrendiim.  C'étoient  des  gens  qui  fe  fai- 
fbient  Chanoines  à  l'article  de  la  mort.,  pour  parti- 
ciper aux  prières  du  Chapitre.  Les   Chanoines  Tei- 
t\z\TC'i,Tertiarii ,  étoient  ceux  qui  ne  touchoient 
que  la   troilième  partie  des  fruits  d'un   canonicàu 
IP"  Chanoines  ad  effeclum.  Voyez  Canonicat. 
Chanoine    (S'Honneur,   Canonicus    Honorarius.  On 
donne  ce  titre  à  ceux  qui  ont  été  Chanoines-,  Si  qui 
fé  font  démis  de  leur  canonicat.  On  le  donne  en- 
core à.  des  perfonnes  notables  ,  lefquelles ,  fans  être 
réellcmenr  Chanoines,  jouiflênt  de  tous  les  droiti 
des  Chanoines  ,  &C  ont  place   parmi  eux. 

Qiarlemagne  ordonne  dans  les  Capirulaires  ,  que 
ceux  qui  fe  feroient  Clercs ,  feroient  obligés  de  vivre 
canoniquement,&  félon  la  règle  qui  leur  avoit  été 
prefcrite,  obéiflânt  à  leur  Evêque  ,  comme  les  Moi- 
nes obéilTcnt  à  leur  Abbé.  Qui  adClericatum  acct-  1 
diint  ,  quod  nos  vocarni's  Cani'nicam  vitam ,  volu- 
mus  ut  illi  canonice  fecundùm  regulam  fuam  omni- 


CH  A 

mode  vivant ,  &  Epifcopus  eoriiin  regat  vitam ,Jlcut 
.  Abbas  Monachouim.  Ce  hic  par  cette  voie  que  Wi- 
prit  du  Monachilme  s'intvoduifît  dans  des  Eglifcs 
Cathédrales.  Les  Clercs  s'ctant  ibumis  à  certaines 
règles,  devinrent  demi-Moines;  &  au  lieu  de  s'ap- 
pliquer cl  des  iondions  purement  eccléiiartiqucs  , 
la  plupart  étoient  enfermes  dans  des  cloîtres  comme 
des  Moines  :  on  appela  même  le  nom  de  leurs  de- 
meures Monalhriutn  ;  &  il  ctoit  fermé  ,  comme  il 
paroît  par  les  Statuts  jynoduux  d'Huicmar  ,  faits 
en  874  :  en  forte  qu'il  y  avoit  deux  Ibrtes  de  Mo- 
naftcres  ;  les  uns  croient  pour  les  Chanouus ,  &  les 
autres  pour  les  Moines.  Le  ciiant  devint  peu  à  peu 
leur  principal  emploi.  Ils  ne  confcrvcnt  encore  au- 
jourd'hui prefque  que  le  chant  ,  &  les  Evoques  ne 
les  regardent   que  comme  des  Chapelains. 

Saint  Chroi:-gand  fit  au  VHP  liècle  une  règle 
pour  les  Chanoines.  Nous  l'avons  encore  en  54  ar- 
ticles, fans  la  préface.  Elle  elt  tirée  de  celle  de  S. 
Benoît,  qu'il  accommode,  autant  qu'il  p.  ut,  à  la 
vie  des  Clercs ,  qui  fervent  l'Eglife.  Elle  Un  reçue 
par  tous  les  Chanoines.  Il  y  règle  la  clôture  ,  les 
vêtemens ,  les  pénitences ,  les  domcltiques  ou  lérvi- 
teurs  des  Chanoines.  En  8i(î ,  au  mois  de  Septem- 
bre ,  la  dixième  indidlion  étant  commencée,  l'Em- 
pereur Charlemagne  cxhorra  les  Evêques  aflcmblés 
à  Aix-la-Chapelle ,  à  drelll-r  une  règle  pour  les  Cha- 
noines  ,  compofée  d'extraits  des  Percs  &  des  Canons. 
Cette  règle  des  Chanoines  contient  1 45  chapitres , 
donr  les  1 1 5  premiers  ne  Ibnt  que  des  extiaits  des 
Pères  &  des  Conciles  touchant  les  devoirs  des 
Evêques  Se  des  Clercs  •,  après  quoi  les  réglemens  du 
Concile  même  ,  par  rapport  aux  Ch.tnoines ,  com- 
mencent. On  trouve  certe  règle  dans  les  Conciles  de 
l'Edition  du  P.  Libbe,  T.  Vil ,  p.  1514.  Ceft  le 
premier  livre  du  Concile  d'Aiu. 

Chanoine  Régulier.  Canonicus  Regularis.  L-S  Cha- 
noines Réguliers  font  des  Chanoines  qui  vivent  en 
communauté  ,  5c  qui ,  comm,-  des  Religieux  ,  ont 
ajouté  dans  la  l'uite  à  la  pratique  de  plufieurs  ob- 
fervances  régulières ,  la  profeilion  folcnnrlle  des 
vœux.  On  les  appelle  Réguliers  ,  pour  les  dillin- 
guer  des  Chanoines  qui  abandonnèrent  avec  la  v!e 
commune  la  pratique  des  faints  Canons  laits  pour 
fervir  de  règle  au  Clergé  ,  &  en  maintenir  l'an- 
cienne dilcipline.  Les  Clercs  Ch.inotnes  fubfiftèrent 
jufqu'au  onzième  fiécle.  En  ce  temps  ,  quclquesHins 
s'en  étant  icparcs  ,  on  les  appela  iimplement  Cha- 
noines ;  ic  ceux  qii  la  retinrent  Chanoines  Ra^ulicrs , 
comme  on  a  lait  depuis  ce  temps-là  ,  c'efl-à-dire , 
depuis  cinq  ou  fix  cens  ans.  Quelques-uns  en  rap- 
portent l'origine  au  quatrième  Canon  du  Concile 
de  Rome ,  tenu  fous  Nicolas  II ,  en  1059  ,  qui  or- 
donne que  les  Prêtres,  Diacres  ou  Soudiacros,  qui 
auront  gardé  la  continence  ,  fuivant  la  conftitution 
du  Pape  Léon  IX ,  mangeront  &:  logeront  enfemble 
près  desEglifes  pour  lefquell  s  ils  font  otdonnés, 
mettront  en  commun  tout  ce  qui  leur  vient  de  l'Eglile, 
&  s'étudieront  à  pratiquer  la  vie  commune  &  apof- 
rolique.  Selon  d'autres ,  dès  le  fixième  iiècle  ,  plu- 
fieurs Clercs  ayant  quitté  cette  manière  de  vivre  en 
commun  &  régulièrement  ,  ceux  qui  la  retinrent 
furent  nommés  Clercs  Chanoines  ,  c'eft-à-dire.  Clercs 
Réguliers ,  vivans  félon  les  Canons  &  les  règles  de 

■  l'Eglife  i  &  les  autres  furenr  nommés  Clercs  Acé- 
phales,  c'eft-à-dire ,  fans  chef,  parce  qu'ils  ne  vi- 
voient  plus  en  communa'ité  avec  l'Evêque. 

Les  Chanoines  Rj'yid'ers  font  prefque  tous 
profelTîon  de  fuivre  la  règle  dite  de  faint  Au- 
guftin  ,  adoptée  par  beaucoup  de  focictés  de 
l'un  &  de  l'autre  fcxe.  Quoiau'ils  rcunhrcnt  en  eux 
les  différentes  fins  de  l'état  clérical  &:  de  l'érat  ré- 
gulier, on  doit  les  regarder  comme  faiûnt  partie 
du  corps  du  Clergé.  D'autres  croient  que  ces  Cha- 
noines Réguliers  font  infcrieuts  aux  Chanoines  fé- 
culiets ,  à  caufe  des  vœux  auxquels  ils  fe  font  aifu- 
jettis  :  enforte  qu'ils  doivent  plutôt  être  comme  des 
Religieux ,  que  comme  faifant  partie  du  corps  du 
Clergé.  On  met  pourtant  quelque  différence  entre  / 


CHA  425, 

les  Chanoines  Réguliers  ,àc  les  Moines.  La  princi- 
pale clique  les  premiers,  par  leur_état,  font  appelés 
au  ibin  des  âmes  :  &  les  autres  "feulement  a  leur 
propre  fanctification.  Ils  ont  cela  de  commun  qu'ils 
ne  peuvent  plus  ni  hétiter  ,  ni  teiler  ■■,  mais  que 
leur  Communauté  cfl:  leur  héritière  naturelle.  Les 
Chapitres  d'Ufcz  &  de  Pamiers  étoient  encore ,  il 
n'y  a  pas  long-temps ,  compofés  de  Chanoines  Ré- 
guliers, comme  l'ont  cté  autrefois  ceux  de  quclq'jts 
autres  Cathédrales. 

Saint  Bernard  fut  très -favorable  aux  Chanoines 
Réguliers  y  donr  il  fait  fouvent  l'éloge.  Il  les  pré- 
féra aux  aurres  Chanoines ,  pour  ce  qui  éroit  des 
fondions  ecclcfialliques.  Audi,  nonobftant  dirfc- 
rentcs  obfervanccs  régulières  auxquelles  ils  fe  lont 
affujcrtis  ,  &  quoiqu'en  verru  de  leurs  vœux  ils 
fuient  véritablement  Religieux  ,  que  plulieurs  d'en- 
tr'cux  vivent  en  Congrégation ,  ils  fe  font  pourtant 
maintenus  dans  la  polfedion  des  bénéfices  à  charge 
d'ames.  Tout  le  Droit  Canonique  leur  eit  favo- 
rable en  cela ,  parce  qu'étant  Clercs  par  leur  ori- 
gine &  par  leur  ctat ,  ils  jouilfent  des  droirs  eifenticls 
attachés  à  la  cléricature  :  lorfque  les  Conciles  ont 
exclu  les  Moines  Bénédictins  de  certaines  Cures , 
quoiqu'ils  ne  les  crailênt  point  incapables  parleur 
proreiiion  du  gouvernement  des  âmes  ,  ils  y  ont 
confervc  les  Chanoines  Réguliers ,  qui  depuis  en- 
viron zoo  ans,  font  devenus  prefque  par-tour  titu- 
laires de  leurs  bénéfices,  comme  les  féculiers. 

Il  parut  en  1(^99  à  Paris  une  Hiftoire  des  Chanoi- 
nes, ou  Recherches  Hiporiijues  fur  l'Ordre  Cano- 
nique, par  le  P.  Chaponel,  Chanoine  Régulier.  Il 
y  a  un  Livre  inritulé ,  De  Canonicorutn  Ordine 
Dijquijîtiones  ,  dont  le  but  principal  efl:  de  mon- 
trer la  différence  que  l'on  a  toujours  mife  dans  l'E- 
glile enrre  les  Moines  &:  les  Clercs ,  ou  les  Cha- 
noines Réguliers  ,  dont  il  établit  d'abord  l'anti- 
quité -,  fur  quoi  il  diftingue  quatre  fentimens.  Le 
premier ,  qui  eft  nouveau ,  félon  cer  Auteur ,  &:  qu^ 
notre  liècle  a  ,  dit-il ,  produit ,  veut  que  l'Ordre  des 
Chanoines  Réguliers  n'ait  commencé  que  dans  le 
onzième  fiècle.  Le  fécond  le  fait  remontet  jufqu'au 
temps  de  Louis  le  Débonnaire  &  au  Concile  d'Aix- 
la-Chapelle  tenu  fous  cet  Empereur.  Le  troilicme 
en  attribue  l'inllitution  à  S.  A.uguftin.  Le  quatrième 
fuppofe  qu'ils  font ,  quant  à  leur  manière  de  vie , 
les  fuccefleurs  des  Apôtres  &  des  premiers  Clercs 
de  l'Eglife.  Ceft  ce  dernier  fentimcnt  que  l'Auteur 
de  cet  ouvrage  embralfe  ,  après  avoir  tâché  de  ré- 
futer les  autres ,  &  de  montrer  en  particulier ,  que 
S.  Auguftin  n'eft  pas  le  premier  qui  ait  inftitué  des 
Chanoines  Réguliers  ,  pas  môme  en  Afrique  ;  &  il 
prétend  qvi'à  conlidérer  les  trois  états  différens  dans 
lefquels  vivent  les  Chanoines  Réguliers  en  com- 
munjiuté  ,  en  particuliet,  dans  des  Paroiffes ,  ou 
bien  attaches  à  des  Eglifes  fcculiètes  dans  Icfqucllcs 
ils  ont  des  prébendes  ,  leur  vie  ne  peut  paifer  que 
pour  un:  inftitution  apoftolique  ,  &  une  fuite,  une 
imitation  de  la  manière  de  vie  des  premiers  Clercs 
établis  par  les  Apôties.  L'Auteur  de  l'Hiftoire  des 
Chanoines  eft  dans  la  même  opinion,  &  tache  de 
montrer  cette  defcendance. 

Les  Chanoines  Réguliers  ont  eu  de  tout  temps 
des  conteftations  au  fujet  de  la  prcféance  au-deifus 
des  Moines ,  qu'ils  prétendent ,  comme  fondés  par 
les  Apôtres  ,  éc  faifant  partie  du  Clergé.  Pie  V , 
par  une  bulle  de  l'an  I5;<?4,  ordonna  que  les  Cha- 
noines Réguliers  de  Larran ,  qui  elf  la  première 
Eglife  de  Rome  ,  prccéderoient  les  Moines  du 
Mont-Caffin  ;  mais  les  autres  Chanoines  Réguliers 
font  précédés  à  Rome  dans  les  cérémonies  par  les 
Bénédidins,  les  Camaldules,  les  Religieux  de  Ci- 
teaux  ,  ceux  de  Vallombreufe ,  les  Feuilians , 
&c. 

L'habit  des  Chanoines  Réguliers  doins  le  XlP/îèclc 
étoit  une  aube  ,  qui  a  depuis  été  changée  en  ro- 
chet ,  ou  en  ilirplis ,  Se  en  tout  temps  une  chape 
fermée  ,  à  laquelle  a  fuccédé  l'aumuife  pour  l'été  , 
&  la  chape  ouverte  en  hiver.  L'ufage  des  bonnets- 


4^0  CHA 

elt  moderne  -,  5c  ce  n'ccoit  d'abord  qu'une  cfpèce 

de  calotte,  ^,        .         n       ,■ 

Ceux  qui  ont  traité  des  Chanoines  Keguùers  , 
outre  les  Auteurs  déjà  cités ,  l'ont  Gabriel  Pcnno- 
tus  ,  Chanoine  Régulier  ,  Hijioria  Canonicornm  Re- 
çrularium,  à  Rome  i6i^.in-foL  Jean-Bapt.  Male- 
garus ,  Chanoine  Régulier  aulfi  ,  Inltitiua  &  pros^rej- 
Jus  CUricalis  Lanonic.  Ordinis ,  contre  le  P.  Cel- 
lot,  à  Veni/e  en  1^43-  Jean-Bapt.  Sijjnius  autre 
•  Chaiwine  Rcgulur  ;  De  Oniine&  (Inu  C.inomco , 
à  Bouloç^ne  en  i<îoi.  Le  P.  Du  Moulinet  a  donae 
les  fi<rures  de  differens  habits  des  Chanoines  Ri- 
eidiers  ,  à  Paris'  en  i666.  Tout  le  fécond  tome  de 
la  nouvelle  Hijbire  des  Ordres  MonaJIi^ucs  eft  em- 
ployé a  celle  des  Chanoines  R:guUers,  de  leurs  dif- 
férentes Com^régations  ,  tant  d'hommes  que  de 
filles  ,    &   des    Ordres  militaires  qui   y  ont  rap- 

Chanoine- Moine,  f.  m.  Canonicus  Monachiis.  On 
croit ,  &  il  eH:  bien  vrai-lcmblable  ,  que  les  Cha- 
nomes-Moines  n'ctoient  point  dinferens  des  Cha- 
noims-Re^idiers  ,  Se  que  les  Chanoines  ont  ctc  ap- 
pelés Moines.  Anaftife  le  Bibliothécaire,  dans  la 
vie  de  Grés^oire  IV  ,  dit  que  ce  Pontife  ayant  hit 
rétablir  la  'Bafilique  de  Sainte  Marie  au-delà  du 
Tibre ,  y  mit  des  Chanoines-Moines  ;  &  on  lit  dans 
un  vieux  Pontifical  de  S.  Prudence,  Evêque  de 
Troyes ,  que  dans  le  premier  Mémento  de  la  Meflc 
on  y  faifoit  mention  des  Chanoines-Moines  de  cette 
Ei^liie.    Hijloire    des  Ordres  Mjnajïiques  &  Rel.f. 

^^.  ch.  i8. 

Ilya  auffides  Chanoines  Laïques  ■>  ov\  Séculiers  ^ 
qui  ont  été  reçus  par  honneur  &c  par  privilèges 
dans  quelques  Chapitres  de  Chanoines.  Canonici 
Seciilares  ,  ou  Laici.  Et  ainfi  dans  le  cérémonial 
Romain  l'Empereur  eft  reçu  Chanoine  de  S.  Pierre  ; 
les  Comtes  d'Anjou  dans  TEglife  de  S.  Martin  de 
Tours ,  auiTi-bien  que  ceux  de  Nevers.  Les  Rois 
de  France  ,  par  le  feul  titre  de  leur  Couronne  ,  font 
Chanoines  de  l'Eglife  de  S.  Hilaite  de  Poitiers ,  de 
S.  Julien  du  Mans ,  de  Tours ,  d'Angers  &  de  Chà- 
lons  -,  les  Ducs  de  Berry  Chanoines  de  Lyon.  Hum- 
bcrt,  Dauphin  de  Vienne],  étoit  Chanoine  de  la 
grande  Eglile.  Du  Cange. 

^  Chaî^o"ines  jubilaires  ou  jubilés,  font  ceux  qu' 
jouiflent  de  leurs  prébendes  depuis  50  ans.  Ils  foni 
tenus  préfens  cC  reçoivent  les  diftributions  ma- 
nuelles, 

^  Chanoines  majeurs,  dans  quelques  Eglifes ,  font 
•     ceux  qui  pofscdent  les  grandes  prébendes ,  par  op- 
poiition   à  ceux  qui  ont  de  moindtes  prébendes  , 
qu'on   appelle  Chanoines  mineurs. 

Se?  Chanoines  in  minoribiis  ,  ceux  qui  ne  font  pas 
encore  dans  les  Ordres  facrés.  Ils  n'ont  point  de 
voix  au  Chapitre,  &:  font,  dans  plufieurs  Eglifes , 
dans  les  balfes  ftalles  ,  &  de  bout  pendant  l'of- 
fice, . 

On  dit  proverbialement ,  vivre  comme  un  Lha- 
noine,  c'eft-à-dire  ,  paifiblement,  dans  l'abondance 
Se  dans  l'oifiveté. 

Et  comme  un  gros  Chanoine,  <è  mon  aifr  &  content, 
Paffer  tranquillement,  fans  fou  ci  ,  fans  affaire, 
La  nuit  à  bien  dormir,  &  le  jour  à  rieu  faire. 

Boiieau. 

Les  Chanoines,  vermeils  &  hrillans  de  fonte, 
S'ewraiffent  d'une  longue  &  fainte  oifiveti.  Id. 

CHANOINESSE.  f  £  Filie  qui  pofsède  une  prébende 
affeûée  à  des  filles  par  la  fondation  ,  fans  qu'elles 
fuient  obligées  de  renoncer  à  leur  bien  ,  ni  de  faire 
aucun  vœu.  Canonica  yirgo ,  Canonica.  On  n'en 
voit  guère  qu'en  Flandre, '^en  Allemagne  &  en  Lor- 
raine! Les  Chanoinefes  de  Remiremont.  C'eft  au- 
îourd'ui  plutôt  un  Séminaire,  &  une  retraite  honnête 
de  filles  à  marier ,  qu'un  engagement  pour  le  Ser- 
vice de  Dieu,  Le  Concile  d'Aix-la-Chapelle  en  8i(î, 
fit  une  règle  pour  les  Chanoineps  ,  comprifa  en  zS 


CHA 

articles  Elle  eft  dans  l'édition  des  Conciles  du  P. 
Labbe,  T.  Fil ,  p.  i  +  ^î.  C'eft  le  Ii=  Liv.  di  Con- 
cile d'Aix,  Le  premier  eft  la  règle  des  Ciianoi- 
nes. 
Chanoinesse  d:  S.  Au^ièflin,  e(l  une  forts  de  Reli- 
gieufes  qui  fuit  la  règle  de  S,  Aaguftin',  &  q  li  eft 
habillée  de  ferge  blanche  ,  avec  un  lurplis  de  toile 
fine  fur  Çx  robe  ,  un  voile  noir  fur  fa  tète  ,  &  q  lel- 
ques-unes  une  aumu.le  fut  le  bras,  Canonicf.  fancli 
Au^ujiini  régula:  ad.iicli,  mtncipata.  Les  Chuioi- 
neffes  de  faint  Augujlm  font  fondées ,  &  plufieurs 
d'enrt'elles  onr  des  Abbeir:s, 

Quant  à  l'origine  des  Chanoineffes  Régulières , 
on  ne  peut  dire  que  S,  A  ig  iftin  fo't  leut  inliitu- 
teut,  A  la  vérité  il  établit  des  Religieufes  à  H/p- 
pone  -,  &  elles  purent  s'appelet  Chanoi/ieffes ,  Ca- 
nonicx  ;  patce  que  c'étoit  alors  la  coutum:  tant  e*n 
Orient  qu'en  Occident ,  d'appeler  Chanoines  &  Cka- 
noineffes   tous    les  Eccléfiaftiques ,    Moines ,  Reli- 
gieufes,  Vierges,  bas  Oiiiciers  de  l'Eglife  ,  dom>- 
ftiques  des  Monaftères ,  &  généralement  tous  ceux 
qui  étoient  compris  dans  la  matricule  ou  catalogue 
appelé  canon.  Le  P,  Le  Latge  ,  Chanoine  Régulier 
de  France,  avoue  cet  ufage  ;  mais  il  foutient  que 
depuis  le  Vl=  fiècle  ,  il  y  a  eu  en  Occident  des  Cha- 
noineffes différentes  des  Moniales  ,  fondées  fur  l'é- 
tablillement  d'un  Monaftcre  fait  par  faint  Fridolia 
à  Seking,  où  il  mit  des  Chanoineffes.  Mais  Baker, 
Moine  de  Seking,  du  X'  fiècle ,  qui  feul  rapporte 
ce  fait ,  ne  femble  pas  à  d'auties  devoir  être  cru. 
Les  Chanoineffes  ,  difent-ils ,  étoient  inconnues  au 
commencement   du   VHP  (îècle.  Le  Concile  tenu 
en  Allemagne  l'an  741,  ordonna  que  tous  les  Re- 
ligieux &"les    Religieufes   luivroient  la    règle  de 
s!"  Benoît,  Le  Cipitulaire  de  Charlemagne  de  l'an 
779  fit  la  même  choie,  fans  fiire  aucune  mention 
de  Chanoineffes.  Ce  n'eft  qu'à  la  fin  du  même  ficcle 
qu'on  en  trouve  quelques   vertiges,  Foye^  le  Con- 
cile de  Francfort  de  l'an 794,  canon  47,  &  l'Aîrein- 
blée  d'Aix-la-Chapelle  en  8oz,  Le  Concile  de  Cha- 
lon-fdt-Saône  l'an  815  fit  des  règles  pour  les  Clia- 
noines  &  pour  les  Chanoineffes ,  auHl  bien  que  ce- 
lui d'Aix-la-Chapelle  en  ii6.  Par  ces  règles,  i-I 
ne  paroît  point  que  ni  les  uns  ni  les  autres  paf- 
faffent  pout  enfans  de  S.  Auguftin.  Au  contraire, 
celle  des  Chanoineffes  cft  rirée  de  S.  Jérôme,  de 
S.  Cyprien  ,  de  S.  Athanafe  &  de  S.  Cefaire,  Il  n'y 
eft  point  parlé  de  la  règle  de  S,  Auguftin,  Le  Con- 
cile de  Rome  tenu  en  1060  ,  par  Nicolas  II ,  nous 
apprend   que  jufqu'à  cette  année  l'Inftitut  de   ces 
fortes  de  Chanoineffes  n'avoir  été  reçu  dans  aucun 
endroit  d'Afie  ,  d'Afrique,   ni  même  d'Europe,  ex- 
cepté dans  un  petit  coin  de  lAUemagne  -,  &  qu'a- 
vant Louis  le  Débonnaite  toutes  les  Religieufes , 
quelque  part  qu'elles  fulfent ,  fuivoienr  la  règle  de 
S.  Benoît,  Ainfi  l'on  voit  &  le  temps  &c  le  lieu  de  leut 
inftitution. 

Dès  le  temps  de  S,  Bafile  le  Grand ,  le  nom  de 
Chanoine ffe  étoit  en  ufage.  Il  y  avoit  à  Céfatée  de 
Cappadoce  un  Monaftcre  de  Vierges  que  ce  Père 
appelle  Chanoineff'es  ou  Canoniques.  Voyez  rHif- 
toire    Ecclefiafiique    de  M.  Fleury ,    Liv.  XFll  , 

n.  9. 

On  ne  peut  tien  dire  de  certain  touchant  l'ori- 
gine des  Chanoineffes  féculières.  Il  y  a-plufieurs  Ab- 
ïîayes ,  où  pour  le  moins  l'Abbelfe ,  avant  que  de 
recevoir  la  bénédiéiion  Abbatiale,  doit  s'engager 
&  s'engage  en  effet  à  la  Règle  de  S,  Benoît.  Cette 
obligation  des  AbbelTes ,  &:  de  toutes  celles  qui  oc- 
cupent les  ptemières  dignités ,  porta  le  P.  Hélyot 
à  croire  que  les  Chinoineffes  ont  été  dans  la  même 
obligation  ,  Si  qu'elles  ne""  font  venu  es  à  cet  état  de 
libet'té  qu'elles  ont  préfentement ,  que  par  le  re- 
lâchement qui  s'y  eft  introduit  peu  à  peu.  Et  en  ef- 
fet, 11  eft  sûr  que  les  (7/za/20î«tr^i' de  Remiremont, 
de  Nivelles  &c  d'Andennes  étoienr  autrefois  régu- 
lières ;  préjugé  feien  fort  pour  les  autres,  C'eft  aufïï 
le  fentiment  du  P,  Mabillon,  On  ne  commença  à 
reconnoître  ces  filles  en  France  fous  le  nom  de  Chd' 


C  HÀ 

noineffes^  qu'au  neuvième  fiècle.  Le  Concile  d'Ai.v- 
1.1-ChapelIc  iic  en  Si(7^ies  réglemens  pour  des  fiilcs 
qui  n'étoient  pas  (bumiles  à  la  dcfappropriation  , 
&  que  le  P.  TlionLiilia  croit  avoir  été  ces  Cbanoi- 
nejfes  que  le  Cardinal  de  Vitry  dit  être  tombées  en 
décadence.  Sut  quoi  le  P.  Tlioma/Iin  dit  que  iî  ces 
Chanoinejj^s  euficnt  été  de  quelque  inflitut  rct^u- 
lier,  ce  Cardinal  n'eût  pas  manqué  cette  circon- 
llance.  Mais  ce  n'ert:  pas-là  une  preuve  qu'elles  lul- 
fenr  Icculièrcs  ,  comme  elles  le  font  aujourd'hui  ; 
&  les  réglcmens  du  Concile  l'ont  tels ,  qu'ils  ne 
conviennent  point  à  des  léculiers,  En  1549  le  fé- 
cond Concile  de  Cologne  fit  aulli  des  réglemens 
pour  elles,  Bonitace  VIII  en  avôit  auflfi  /ait,  mais 
en  déclarant  qu'il  n'approuvoit  point  par-là  leur 
inllitut.  Clément  V  déclara  la  même  choie,  en  les 
foumetcarit  à  la-viiîte  des  Evcques ,  (i  elles  ne  font 
pas  exemtcs.  Honorius  IV  ayant  appris  que  ces  Cha- 
noineffès  Icculières  avoient  été  autrefois  établies  à 
Andennes  par  Guy  ,  Comte  de  Flandre  ,  à  condi- 
tion qu'on  y  féroit  des  preuves  de  noblefle ,  &  que 
lépr  perfonnes  nobles  l'adlireroient  avec  ferment  , 
il  ca(îà  ce  Statut,  comme  donnant  occalion  à  une 
infinité  de  parjures.  Il  paroît  néanmoins  par  un  titre 
qu'Aubcrt  le  Mire  a  donné,  que  ce  fut  Philippe, 
Marquis  de  Namur,  qui,  l'an  1107,  ordonna  qu'à 
l'avenir  on  ne  rcccvroit  à  Andennes  que  des  Chanoi- 
neffis  nobles ,  &  qui  auront  fait  preuve  de  leur 
noblefle.  P.  Hélyot  ,  Tom.  Kl,  c.  ^ô. 

Les  Chapitres  des  Chanoine ff'i s  ionr  ceux  de  Re- 
mireront, d'Epinal,  de  Pouday  ,  de  Bouxieres  en 
Lorraine,  de  Saint-Pierre  &  de  Sainte-Marie  à  Met/., 
deCoIoanc,  de  Lindaw ,'  de  Buoha-y  en  Allema- 
gne ,  d'Ôdermunfter  ,  de  Nidermunfter  à  Ratii- 
bonne  ,  d'Elfen ,  d'Andlaw  ,  de  Hombourg  ,  de 
Saint- Etienne  à  Stralbourg  ,  de  Nivelle  ,  de 
Mons  ,  de  Maubeuge  ,  de  Denain  ,  d'Andennes  , 
de  Munfler-Bcllife  aux  Pays-Bas ,  de  Gendersheim  , 
de  QuedI imbourg  ,  de  Hcrford  &  de  Gerenrodc  en 
Allemagne.  Ces  quatre  derniers  Chapitres  de  Cha- 
noinejjes  font  Proteftans.  Voyei  le  iixicme  tome  du 

^     P.    HÉLYOT,   cA.  51  ,  5J. 

CHANOÎNIE.  f.  f.  Titre  du  Bénéfice  de  celui  qui  cil 
Chanoine.  Canonici  rniinus ,  dis;nitas.  On  l'appelle 
ordinairement  Canonicat.  On  diftingue  la  Chanoinie 
d'avec  la  Prébende  :  la  Prébende  peut  fubfifter  fans 
le  Canonicat  ;  au  lieu  que  la  Ch.inoinii  eft  infépa- 
rablc  de  la  Prébende  ,  excepté  les  CLipoinics  ou 
Canonicats  honotaires.  C'efl  à  Xti  Chanoinie  ^  non 
pas  à  la  Prébende,  que  le  droit  de  fuffrage  &  les  autres 
droits  font  annexés.  Permuter  une  Chanoinie.  Cette 
Chanoinie  eft  vacante  en  Régale.  Le  terme  de  Ca- 
nonicat eft  plus  en  ufage. 
.  Ce  mot  vient  de  canonia ,  qui  Ce  trouve  en  quel- 

.   ques  Auteurs  Latins ,  pour  fignifier  la  même  chofe. 

§3-  CHANONRY.  Ville  de  l'Ecoile  méridionale  , 
au  Comté  de  Rofs ,  près  du  Golfe  de  Murray. 

CHANSIR.  Foye^  Chancir. 

CHANSISSURÈ.  roye^  Chancissure. 

CHANSON,  f.  f.  Petite  pièce  de  vers  aifés ,  fimples 
&  naturels ,  qu'on  mer  en  air  pour  les  chanrer  , 
&  dont  chaque  ftance  s'appelle  un  couplet.  Can- 
tilena  ,  canticum  ,  cantio.  C'eft  proprement  une 
compofition  de  mufique  où  il  n'y  a  que  le  delfus 
qui  parle  ,  qu'on  appelle  Icfujet  ;  ou  tout  ce  qu'on 
met  en  chant.  Le  refrain  d'une  Chanfon ,  c'eft  la 
partie  qui  le  répète  à  la  fin  de  chaque  couplet.  Pars 
cantilence  intercalaria.  Nous  avons  une  prodigieufe 
quantité  de  chanfons  toutes  pleines  de  feu  &  d'ef- 
prit  -,  &  fi  Anacréon  les  avoit  fues ,  il  les  auroit 
plutôt  chantées  que  les  fiennes.  Fonten.  Il  faut 
même  en  chanfons  ,  de  l'efprit  &de  l'art.  Boil. 

La  chanfon  reflémble  allez  au  madrigal  ;  elle  a 
ordinairement  pour  objet  l'amour  ou  le  vin  j  fi 
^  l'on  en  croit  M.  le  Brun ,  qui  prétend  que  Iz  chan- 
fon n'eft  aujourd'hui  qu'une  penfce  tendre  ou  bachi- 
que exprimée  en  peu  de  mots.  C'eft  la  renfermer  en 
des  bornes  trop  étroites  -,  on  en  fait  de  dévotes , 
qui  font  très-belles  ;  il  y  en  a  qui  contiennent  des 


C  H  A  4  ?  ^- 

cloges  ;  il  y  en  a  fur-tout  un  grand  nombre  de  faty- 
riques.  Quelle  que  foit  la  chanjon  ,  fes  vers  doi- 
vent être  aifés ,  coulans ,  naturels ,  &:  avoir  urie 
certaine  harmonie  qui  ne  choque  ni  les  oreilles ,  ni 
laraifon,  &  qui  marie  agréablement  la  Poefie  avec 
la  Muiique.  On  ne  confervoit  autrefois  la  mémoire 
des  belles  chofes  &  de  l'antiquité,  que  dans  des 
chanfons.  Il  y  a  encore  dans  le  Nord  &  en  Améri- 
que des  peuplés  qui  confervent  dans  des  chanfons 
leur  ancienne  hiftoire. 

Le  mot  chanfon  vient  de  l'italien  canione ,  qui 
veut  dire  la  même  choie ,  ou.  At  cian^one  ,  qui  ap- 
proche encore  plus ,  par  la  manière  dont  on  le  pro- 
nonce, du  mot  de  chanfon. 

On  appelle  chanfons  fpirituelles  ,  celles  qui  fe 
font  fur  des  matières  pieufés.  Pia  cantica.  Chanfons 
à  boire  ,  ou  chanfons  bacchiques  ,  celles  qui  fe  font 
pour  fe  réjouir  à  table ,  &  fe  provoquer  à  boire. 
Bacchica  cantikna.  Chanfons  à  danfer,ce\\z%  qu'on 
chanre  quand  pkifieurs  perfonnes  danfent  en  rond. 
Cancilena  faltatoria.  Vaudevilles  ,  ou  chanfons  du 
Pont-neuf,  les  chanfons  communes  qui  fe  chantent 
parmi  le  peuple  avec  une  grande  facilité  ,  &  fans 
'^!"^".  .^'  "''^^-^-f  cantikna.  Les  vieux  Muficiens  ont 
divifé  les  chanfons  en  trois  genres.  L'un  eft  \eyau- 
deville  ,  bu  la  limple  chanfon  ;  l'autre  eft  le  motet 
bu  \3.  fantaijïe  ;  &  le  troifième  comprend  tous  les 
airs  propres  aux  danfes.  Les  faifeurs  de  chanfons 
injurieuiés  font  punis  comme  les  Auteurs  des  libel- 
les diffamatoires. 

On  appelle  poétiquement  c^iï/z/o/zj;  toutes  for- 
tes depoêfie:&;  en  parlant  des  Mufes ,  on  dit  les 
dodies  chanfons  de  vos  nourriffons  -,  pour  dire  ,  les 
ouvrages  des  Poètes.  Carmina,  cantica. 
Chanson,  fe  dit 'figutément  de  toutes  fortes  de  vains 
propos,  des  raifons  frivoles ,  des  propofitions  qui 
n'ont  point  d'effet.  C(7;z///ena.  Je  ne  me  paye  point 
en  chanfons.  Tout  ce  que  vous  me  dites  n'a  rien 
de  folide  -,  ce  font  des  chanfons. 

Un  Amant  de  fon  père  écoute  les  leçons  , 

Et  court  che^J'a  ffiaitre£e  oublier  ces  chanfons, 

Boil, 

On  le  dit  au  fit  de  ce  qu'on  répète  plufieuts  fois. 
Eczndem  cantilenam  canere  ,  eandem  oh^annire. 
Cet  /vuteur  ne  dit  rien  de  nouveau,  c'eft  toujours 
la  même  chanfon.  Il  n'a  qu'une  chanfon  ,  il  ne  fait 
qu'une  chanfon. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  qui  re- 
commence toujours  à  dire  ,  ou  à  faire  la  même 
chofe  ,  que  c'eft  la  chanfon  an  ricochet,  dont  on 
ne  voit  point  la  fin.  On  dit  auffi ,  il  n'aura  qu'un 
double,  il  ne  fait  c^n'xxne chanfon.  Expreifiôns  po- 
pulaires. 

On  dit,  voilà  bien  une  autre  cAiZ/z/ort  ,  pour  dire 
voilà  une  nouvelle  chofe,  toute  différente  de  la 
première ,  &  à  quoi  on  ne  s'attendoit  pas.  Les  mots 
font  les  chanfons;  pour  dire,  qu'il  faut  s'en  tenir 
à  ce  qu'on  a  dit  ou  écrit ,  ou  pour  exciter  quelqu'un 
à  s'expliquer. 
CHANSONNER.  v.  a.  Faire  des  chanfons  contre 
quelqu'un.  Ce  Poète  femit  entête  de  ckanjffnner 
tous  ceux  qu'il  criit  n'avoit  pas  pris  fon  parti  avec 
ailcz  de  chaleur,..  Anti-Rousseau. 

Le  lendemain  ,  fans  trop  favoir  comment , 
Dans  tout  Paris  on  lui  donne  un  amant. 
/loy /rt  chanfonne,  &  fon  nom  par  la  ville 
Court  ajujU  fur  F  air  d'un  Vaudeville.  Voltaire. 

Pauvre  innocent  !  tu  ne  les  voyois  pas 
Te  chanfonnei"  au  fortir  d'un  repas .... 

L'enfant  Prodigue.,  Com, 

Et  fe  difoient  :  Oh  !  qu'il  chanfonne  bien  ! 
Seroit-ce  point  Apollon  Delphien  ?  R. 

Chansonné  ,  EE.  part.  Il  a  été  biçïi.chaTifohné>Ctx.tt 
femme  a  été  chanfonnei. 


45^  C  H  A 

CHANSONNETTE.  1".  t.  Petite  chanlbn  ,  chanfon 
jolie  ,  tendre  ,  araoureuie  ,  paftorale.  Cantifincula. 

Chansonnette  ,  le  dit  pat  oppolition  aux  airs  graves 
&  leticux. 

Pour  quelques  chanfonnettes 
N'alU^^pas  prendre  droit-  de  vous  croire  Poètes.  Boil. 

CHANSONNIER,  f.  m.  Faifeur  de  chanlbns.  Cantile- 
naruin  jcriptor ,  ou  camus  modulator.  Il  y  a  de 
deux  fortes  de  Cli-infonniers.  Les  uns  compolent 
les  vers  &  les  airs  de  leurs  chanfonsi  &;  les  autres 
fe  contentent  de  compcler  des  vers  l'ur  les  airs  que 
les  Muficiens  leur  donnent.  Ce  terme  n'eft  que  du 
ftyle  familier. 

Chansonnier  ,  ère.  adj.  Propre  à  faire  des  chanfons. 
Cantilenis  pangendis  idoneus.  Le  génie  chanjonnier 
efl:  le  partage  de  la  Nation  françouc  :  les  Etrangers 
ne  peuvent  pas  atteindre  à  cette  légèreté  &i  à  cette 
délicatefTe  qui  anime  nos  chanlbns.  C.  De  Rior. 
Un  Poète  chanjonnier.  Id.  Le  Baron  de  C.  célèbre 
par  fon  génie  chanjonnier.  Id.  Comme  adjeéïif, 
ce  terme  n'eft  pas  en  ufage.  , 

CHANT,  f.  m.  Le  chant  en  général ,  eft  l'élévation 
&:  l'inflexion  de  la  voix  fur  diifércns  tons ,  avec  mo- 
dulation. Cantus.  Chant ,  harmonieux ,  mélodieux. 
Chant  trifte ,  lugubre.  Chant  d'alégreilé.  Chant 
de  triomphe.  Chant  nuptial.  Chant  paftoral. 

En  muiique  le  chant  eft  proprement  un  air ,  qui 
cft  compofc  de  tons ,  de  demi-tons  &  de  temps , 
ou  de  mefures,  C'eft  une  modulation  de  voix  qui 
élève  ou  qui  baiilc  les  tons  de  la  prononciation  des 
paroles,  en  forte  qu'elles  rendent  un  fon  agréable  à 
l'oreille.  Arétin  &;  les  anciens  divifoient  le  chant 
en  trois  fortes,  le  cha/zt  dura!,  c'eft-à-dire,  dur 
&c  rude ,  durus ,  afper  ;  le  chant  nature/  qui  eft 
entre  les  deux  autres ,  &  qui  n'en  a  point  les  cz- 
làHètcs ,  natura/is , /nedius ;  &  le  chant  mol ,  qui 
eft  doux ,  mollis. 

Cantus  Amhrojianus ,  eft  un  chant  compofé  de 
quatre  tons  authentiques  des  Anciens ,  le  Dorien  , 
le  Phrygien  ,  le  Lydien  &  le  Miiiblydien  ,  que  S. 
Miroclct  ,EvêquedeMrlan,  ou  ll'lon  d'autres,  S. 
Ambroife  j  choilît  pour  en  compofcr&en  former 
le  chant  de  l'Eglife  de  Milan.  On  croit  que  ces 
quatre  tons  furent  appelés  authentiques,  paice  qu'ils 
furent  approuvés ,  autoiifés ,  &  choilis  pour  le 
chant. Y  oyez  M.  deBrolIart. 

'^Cr  QuA-f^T. [Plain)  Planus  acjlmplex  canendimo- 
dus.  Dans  VHijloire  EccUJiajlique  il  eft  fait  mention 
de  plufieurs  fortes  de  chants.  Le  premier  eft  le 
chant  Ainbrojien ,  le  fécond  le  chant  Grégorien 
qu'on  appelle  aulH  Plain-chant 

Le  chant  Ambrojîen ,  eft  une  forte  de  plain-cAaw/ 
dont  l'invention  eft  attribuée  .à  S.  Ambroife. 

IJC?  Le  chant  Grégorien,  eft  une  efpcce  de  plain- 
chant  dont  l'invention  eft  attribuée  à  S.  Grégoire 
Pape,  &  qui  a  été  fubftitué  dans  la  plupart  des  Eglilés 
au  chant  Ambrofien. 

La  différence  qu'il  y  a  du  plain-chant  avec  les 
autres  chants  ,  c'eft  d'être  divifé  en  parties  égales. 
Dans  les  vieux  livres  d'Eglife  ,  on  ne  faifoit  point 
de  notes  plus  longues  les  unes  que  les  autres.  De- 
puis quelques  temps  on  y  a  mis  des  notes  longues 
Si  brèves,  mais  c'eft  feulement  pour  marquer  les 
accens.  S.  Grégoire  le  Grand  a  établi  dans  l'Eçlife 
Latine  cette  forte  àt plain-chant ,  qu'on  appelle  de 
fon  nom  chant  Grégorien.  Franchin  a  marqué  tous 
les  caraélères  différens  du  chant  Grégorien.  Dans 
les  répons,  dit-il,  le  t/^<z;zi  eft  véhément ,  &  femble 
réveiller  par  des  fons  rompus  ceux  qui  font  affon- 
pis.  Dans  les  Antiennes,  le  chant  eft  uni  Se  doux; 
dans  les  Introït,  il  eft  élevé,  pour  exciter  à  chanter 
les  louanges  de  Dieu,  Dans  les  Alléluia  Se  IcsVerfcts, 
il  eft  doux  &■  infpire  de  la  joie  ;  dans  les  Traits  &: 
dans  les  Graduels,  il  eft  allongé  ,  traînant ,  modefte, 
humble-,  dans  les  Offertoires  &:  les  Communions, 
il  tient  un  certain  milieu.  ]ean  Diacre  fe  plaint 
dans  la  vie  de  S.  Grégoire ,  de  ce  que  les  Germains 


CH  A 

&  les  peuples  de  Gaule  avoient  changé  quelque 
choie  au  chaut  Grégorien ,  &;  qu'ils  en  avoient 
altéré  la  douceur  :  lataifon  qu'il  en  apporte  ,  c'eft 
que  les  voix  de  tonnerre  de  ces  grands  corps  for- 
tant  de  leurs  goliers  toujours  arrofés  de  vin  avec 
grand  bruit ,  &  par  des  tons  élevés ,  au  lieu  de 
former  des  fons  doux  &  agréables,  reptcfentent 
l'horrible  ftacas  que  font  des  charettcs  qui  roulent 
confufément  enfemble  dans  des  lieux  raboteux 
comme  des  dégrcs.  M.  Nivcrs ,  dans  fa  DiUérta- 
tion  fur  le  chant  Grégorien  ,  fait  voir  qu'il  a  été 
fouvent  altéré  &;  corrompu ,  &  qu'on  a  fouvent 
tâché  de  lui  rendre  fa  première  beauté  ■■,  mais  qu'on' 
ne  pouvoit  empêcher  qu'il  n'y  arrivât  des  chan- 
gemens  avant  l'invention  des  notes ,  lefquellcs  avant 
Arétin  ,»ne  confiftoient  que  dans  des  points,  des 
virgules ,  des  accens ,  en  quoi  il -eft  aifé  de  fe  trom- 
per, 11  ajoute  qu'ayant  examiné  &  comparé  les  An- 
tiphonaires  &  les  Graduels  manulcrits  de  la  Biblio- 
thèque du  Roi ,  de  celle  de  Saint  Germain-des- 
Prez,  &  de  plufieurs  autres,  &  fait  confultcr  les 
manufcrirs  de  celle  du  Vatican ,  il  y  a  trouvé  de 
grandes  différences,  &  même  des  contradiéfions. 
On  imprima  à  Paris  en  171 5  ou  17 14  un  livre  in- 
titulé ,  Aloyens  certains  de  perjeclionner  toutes  les 
méthodes  de  plain-chant ,  &c. 

JeanBona,  Abbé  de  l'Ordre  de  S.  Bernard,  & 
connu  fous  le  nom  de  Cardinal  Bona ,  a  fait  un 
traité  de  la  divine  Pfalmoiie  ,  où  il  comprend  tout 
ce  qui  regarde  le  chant  de  l'Eglife.  Il  eft  certaia 
par  les  exemples  de  l'Ancien  Tejiament,  qu'on  a  dès 
les  premiers  temps  employé  le  chant  pour  célébrer 
les  louanges  de  Dieu -,  &  l'on  a  toujours  confervé 
cette  coutume  jufqu'â nos  jours,  quoique  le  client 
n'ait  pas  toujours  été  réglé  comme  il  l'eft  aujour- 
d'hui ,  &  que  les  perfécutions  n'aient  pas  toujours 
permis  de  l'employer. 

L'ufage  du  chant  ï  deux  chœurs,  le  peuple  mê- 
lant fa  voix  à  celle  du  Clergé,  eft  ancien  :  Gré- 
goire de  Tours  en  parle,  Lib de  Glor.Conf.  c.  47, 
quoiqifà  parler  exadlement ,  et  tut  bien  moins  un 
chant  les  trois  ou  quatre  premiers  iîècles ,  qu'une 
prononciation  plus  pathétique  &  plus  ferme.  S, 
Grégoire  Pape ,  qui  favoit  la  Mufique  ,  corrigea  le 
chant  ancien  -,  le  chant  réformé  s'établir  audi-tôt 
dans  les  Eglifes  d'Italie.  Le  Gendre.  Pépin  ,  pour 
mettre  de  l'uniformité  dans  les  Eglifes  de  France, 
&:  en  Ij^çne  deTunion^  de  la  concorde  qu'il  vou- 
loir que  ces  Eglifes  euffcnt  avec  l'Eglife  de  Roms, 
avoit  ordonné  qu'on  établît  dans  tous  les  Mbnaf- 
tèrcs  &  dans  toutes  les  Eglifes  le  chant  Grégorien, 
c'eft-à-dire ,  le  chant  Romain,  réformé  félon  la  mé- 
thode du  Pape  S.  Grégoire  le  Grand.  Le  Clergé 
avoit  eu  peine  à  obéir  à  cet  ordre ,  &  on  ne  l'obfer- 
vojt  pas  dans  quantité  d'Eglifes  -,  on  y  étoit  jaloux 
des  anciennes  coutumes ,  &  on  s'y  piquoit  de  ch.an- 
ter  auffi-bien  qu'à  Rome.  Dans  le  voyage  que  Char- 
lemagnefit  à  Rome  en  787,  il  fut  témoin  de  cette 
jaloulie  -,  car  pendant  les  fêtes  de  Pâque ,  les  Chan- 
tres de  fa  Chapelle  ayant  alTifté  au  fervice  de  l'E- 
glife de  Rome,  fe  moquèrenr  des  Chantres  Ro- 
mains ;  &  ceux-ci  ayanr  entendu  chanter  ceux  du 
Roi ,  en  raillèrent  à  leur  tour.  Charlemagne  prit 
cette  occalion  pour  les  engager  à  un  défi,  &s'é-' 
tant  fait  le  Juge  du  combat ,  il  prononça  en  faveur 
des  Romains.  Il  obtint  du  Pape  des  Antiphonaires 
norés  à  la  manière  Grégorienne,  &  deux  Maîtres 
de  chant  :  il  en  établit  un  à  Mets ,  &  l'autre  à  SoiA 
fons,  pour  y  tenir  des  Ecoles,  où  l'on  apprît  à 
chanter ,  &:  où  Ton  corrigeât  tous  les  livres  d'E- 
glife. P.  Dan.  Tom.  I ,  p.  ■^■^1.  Quelques  Eglifes  ne 
prirent  qu'une  patrie  de  ce  chant  Grégorien,  &  !e 
mêlèrent  avec  le  leur.  Ce  chant  mi-parti  de  Gré- 
gorien &  de  François  demeura  en  beaucoup  d'E- 
glifes ,  &on  continua  de  s'en  fervir  pour  les  Pfeau- 
mes  &c  pour  les  Antiennes ,  depuis  même  qu'il  y 
eut  muiîque.  Le  Gendre. 
0CF  Chant  éc^al ,  ou  chant  en  ifon.  Chant  qui  ne 
roule  que  fur  deux   fons ,  Si  ne  forme  par  confc- 

queni 


CHA 

quent  qu'un  fcul  intervalle.  Quelques  Ordres  Re- 
ligieux fe  fervent  de  ce  ckaru  dans  leurs  Egliies. 
1)3"  Chant  fur  h  livre.  Contre-point  à  quatre  par- 
tics  ,  que  ks  Mufîcicns  compoient  &:  chantent  llir 
le  champ  lur  le  livre  qui  cft  au  lutrin  :  en  forte , 
qil'exceptc  la  partie  notée  qu'on  met  ordinairement 
à   la  raille  ,  les  Muiîciens  affedics  aux  trois  autres 
parties ,  n'ont  que  celle-là  pour  guide ,  &   com- 
polent  chrcun  la  leur  en  chantant.  Ainh  le  chant 
iur  le  livre  dLmande_bcaucoup  de  icience,  d'habi- 
tude ,  &:  d'oreille. 
Chant  jin^A/v  en  Mufîque,  eft  ce  qu'on  appelle  fiip- 

pojition.  Voye[  Suptosition. 
Chant  ,  cftaufli  l'air,  le  récit ,  le  deffus  de  la  Mu- 
que,  le  (ujet  lur  lequel  on  compole  les  autres  par- 
ties. CantiUna ,  modus ,  moduUtio.  Les  beaux  chants 
fe  fonrn-oins  par  art  que  par  génie.  Cela  cfl  fait 
fur  le  cha;,tà"\xn  tel  endroit  de  l'Opéra.  Vous  ne 
mettez  pas  cela  en  chant. 

On  dit  ,  qu'une  pièce  n'a  point  de  chant ,  pour 
dircj  qu'elle  n'a  rien  d'egréable  ni  de  gracieux, 
quoiqu'elle  foit  félon  !cs  règles  de  la  Mufique. 

Quelques  vieux  Muiiciens  ont  divifé  tous  les 
chants  en  àouzc\  favoir,  Izs  motets,  les  chanfons  , 
ou  les  airs ,  les  pûjfcmeies  ,  les  pavanes ,  les 
a//cmcndes  ,  lesvo/tes  ,  les  courantes  ,  les  faraban- 
des  ,  les  Canaries  ,  les  branches  &c  les  ballets.  Il 
y  a  autant  d'cfpéces  de  chants  q^e  de  modes  difFe- 
réns.  Maintenant  on  en  a  invente  une  infinité  d'au- 
tres. 

On  appelle  aufHc/i.î/j/' des  oifeaux,  les  difFérens 
fons  &  inflexions  de  voix  que  font  les  oifeaux  dans 
leur  ramage.  Avium  cantiis ,  concentus.  Le  chant 
du  rolllgnol ,  du  ferein  de  Canarie,  de  la  fauvette, 
flatc  l'oreille.  On  dit  auffi  ,  le  chant  de  la  cigale. 
C'efl:  le  feul  infeéle  auquel  on  applique  le  nom  de 
chant. 

Le  chant  du  coq ,  fe  dit  pour  (îgnifier  le  grand 
matin,  à  caufe  que  le  coq  chante  dès  le  point  du 
jour.  Ga'Ii  cantus.  Horace  dit  que  l'Avocat,  doit 
être  éveillé  des  le  premier  chant  du  coq  ,  pour 
dire ,  que  le  Client  vient  frapper  à  fa  porte  de  grand 
matin. 
Chant,  lignifie  aufTi  la  même  chofe  que  cantique^ 
chanfon  ,  ou  une  pièce  de  Poefie  qui  fe  peut  chan- 
ter. Cantilena  ,  canticum.  ^ 

Cejfei ,  ce^c^pour  moi  tous  vos  chants  d'allcç^rejfe. 

Molière. 

Piiife-je  demeurer  fans  voix  , 
Si  dans  mes  chants  ta  douleur  retracée 
JuJ.ju'au  dernier foupirn' occupe  mapenfèe,  Rac. 

|Cr  Chant,  cantus ,  vient  des  Celtes ,  qui  difent  caîi. 
De  même  cancre ,  chanter ,  eft  pris  de  cana ,  Sccan- 
tare ,  de  chanta,  qui  cft  la  même  chofe.  Pezron. 
Chant  vient  de  cantus  ,  en  changeant  le  c  en  ch. 
Tout  le  relie  efl  incertain. 

Chant  fe  prend  quelquefois  pour  air  -,  mais  en  ce  fens 
il  efl:  moins  ufité  &  moins  bon  qu'a/r.  Modus,  modu- 
latio. 

Chant  nuptial,  efl:  une  pièce  de  vers  compofée  à  l'oc- 
cafion  du  mariage  de  quelques  perfonnes  illufl:res. 
Carmen  nuptiale,  epithalamïum  ;  du  grec  l-aiânxà^iM. 

Chant  de  victoire ,  Chant  triomphal.  Vers  compofes 
ou  chanrés  fur  la  victoire  ou  le  fuccès  des  armes  de 
quelque  Prince.  Epinicium.  eViuV.mv. 

CnAtiT  funèbre.  Chant  compofé  fur  le  trépas  de  quel- 
que perfonne  illuftre.  Epicedium ,  du  grec  eVi«ÎJ^,«,, 

Chant  pafioral,  efl:  un  ouvrage  de  Poefîe  où  l'on  in- 
troduit des  Bergers  qui  chantent.  Cantus pafloralis. 

ffT  Chant  de  Mai.  Elpèce  de  ballade  qui  roule  fur  le 
retour  du  mois  de  Mai ,  des  beaux  jours. 

Chant  Royal .,  cft  en  général  une  efpèce  de  Poefie 
Françoife  qui  a  la  mêmeconftrucftion  que  la  ballade. 
Carmen  resium  de  arç'umento  pio  aut  ferio  fcriptum 
Le  Chant  P.oyal  efl:,  'à  Térard  de  la  ballade ,  ce  que 
le  rondeau  eft  à  l'égard  du  triolet.  Le  Chant  Royal 
Tome  II.  •' 


a  ctc  amfi  nomme ,  à  caufe  que  le  fujet  ctoit  donné 
par  le  Roi  de  l'année  courante.  Or  on  appeloit  Roi 
on  Prince,  celui  qui  avoit  emporté  le  prix  l'année 
précédente.  C'ctoit  à  lui  que  s'adreflbit  l'envoi  de  la 
ballade.  Le  Chant  Royal  fe  faifoit  à  l'honneur  de 
Dieu  ,  ou  de  la  Vierge  ,  ou  fur  quelque  autre  grand 
iujet.  Il  ne  fe  fait  qu'en  matière  grave  &  férkufe. 
Foye^  Pafquicr.Quand  on  difpute  des  ptixà  Rouen, 
il  faut   faire  un  Chant  Royal. 

Le  Chant  Royal ed  un  fort  beau  rcfle  d'ancienne 
Poëlie,  qui  a  été  retenu  en  quelques  endroits  feu- 
lement, comme  à  Touloufe  dans  l'Académie  des 
Jeux  Floraux.  Il  efl:  compofé  de  cinq  couplets  d'onze 
vers  chacun  ,  &  efl  terminé  par  l'envoi ,  ou  expli- 
cation de  l'allégorie ,  qui  eft  de  cinq  vers  ou  tout 
au  plus ,  de  fept.  Dans  le  Chant  Royal  les  rimes  du 
premier  couplet  règlent  celles  des  couplets  fuivans, 
lefquelles  y  doivent  être  les  mêmes  &  dans  le  même 
■     ordre-,  de  forte  que  toute  la  pièce,  compofée  de 
foixante-deux  vers  ,  roule  fur  cinq  rimes  ou  termi- 
naifons    différentes ,  dont  les  deux  premières  re- 
viennent dix  fois ,  la  troifième  &  la  dernière  douze 
fois,    &    la  quatrième  jufqu'à  dix-huit   fois.  Un 
Chant-Roy  al  id.ns  défaut  devroit  être  regardé  encore 
aujourd'hui  comme  un  chef-d'œuvre  d'application 
&  d'efprir.  Mais  ce  qui  rebute  de  travailler  en  Chant 
i^oj^/,c'eft  que  l'Auteur  n'eft  pas  fur  que  Ces  lecteurs 
lui  tiennent  compte  de  toute  la  gêne  qu'il    s'efl: 
donnée.  En  effet,  rien  n'eft  plus  gênant  que  la  règle 
ànfhant  Roy.il.  1°,  Il  faut  quele  dernier  vers  du 
premier  couplet  ferve  de  refrain  ou  d'intercalaire 
pour  l^s  fuivans ,  qui  doivent  finir  de  la  même  forte, 
zo.  Les  vers  de  l'envoi  doivent  être  unifones  ,  c'eft- 
.à-dire,   femblables  en  rimes  à  autant  de  vers  pris 
far  la  fin  des  couplets  précédens.    5".  On  garde 
dans  toute  la  rigueur  les  règles  de  la  rime  françoife  ; 
enlbrte  qu'il  n'eft  pas  permis  de  mettre  le  fi'mple 
dans  une  rime,  &  le  compofé  ou  le  dérivé  dans  une 
autre ,  quelque  éloignées  qu'elles  foient.  4°.  Enfin  , 
toutce  qui  lent  la  licence  en  eft  abfolument  banni. 
On  faifoit  autrefois  les  Chants-Royaux  en  vers  de 
dix  fyllabes  :  on  les  fait  maintenant  en  vers  ale- 
xandrins, ou  de  douzefylhbes.il  feroit  bon  auflî 
de  couper  exaélement  les  couplets  du  Chant-Royal 
après  le  quatrième  vers  &:  le  feptième ,  comme  on 
fait  dans  les  dizains.  P.  Mourgtjes. 
Chant. 't3°  feditauffi  d'une  des  parties  danslefquelles 
les  Italiens,  &  les  François  à  leur  exemple,  divifenc 
leurs  Poèmes  épiques.  Dans  ce  fens,  il  eft  fynonyme 
.à  livre,  Cantus.  Le  Tafle ,  l'Ariofte,  ont  divifé  leurs 
Poéfies  en  plufieurs  Chants.  Les  Auteuts  du  Lutrin  , 
de  l'Art  de  prêcher ,  &  du  Poème  de  l'Amitié ,  de 
la  Henriade ,  ont  auilî  divifé  ces  Poèmes  en  plufieurs 
Chants. 

On  appelle  un  langage  trompeur  ,  un  chant  de 

Sirènes  ,  Sirenum  cantus.  Et  cela  fe  dit  fur-tout  des 

femmes  ,  qui  emploient  divers  art'ifices  pour  mieux 

ençrager  leurs  Amans. 

tfT  CHANTABOUN,  CHANTEBON  ou  CHAN- 

TEBOUNNE,  Ville  maritime  d'Afie ,  fur  la  côte 

orientale  de  la  baie  de  Caffomet ,  fur  une  rivière 

qui  porte  le  même  nom  que  la  ville. 

CHANTANT  ,  ANTE.  adj.  verbal.  Ce  mot ,  qui  a  1.x 

terminaifon  aélive,  ffT  fe  prend  dans  une  fignifica- 

tion  paffive  ,  comme  quand  on  dit ,  cela  n'eft  pas 

chantant ,  c'eft-à-dire  ,  cela  n'eft  pas  bon  pour  être 

chanté.  Des  vers  chantans  ,  font  des  vers  propres  à 

être  chantés.  Les  vers  des  Opéra  doivent  être  des  vers 

chantans.  Ferfus  ad  cantiim  idonei ,  accommodati* 

L'Aureur  des    principes    pour    la  led-ure    des 

Poètes,  appelle  Quinaut  &  Lulli  les  héros  de  la 

Scène  Chantante  ;   pour  dire  qu'ils  ont  le_  mieux 

réulTi  dans  les  Opéra. 

CHANTEAU.  f.  m.  fJCF  Morceau  coupé  d'un  grand 

pain.  Fruflum  ,  panis.  Il  mange  un  gros  chanteau 

de  pain  à  fon  déjeuné. 

Ce  mot  vient  de  cantelhim,  diminutif  de  cantum. 
MÉNAGE.  On  difoit  autrefois  c/zrtwre/. 

On  appelle  auffi  chanteau  du  pain    bénir ,  ou 

lii 


4H 


C  H  A 


zbiolnmeni  chanuau ,  c.tte  partie  qu'on  coupe  en 
entamant  [c  pain  beiiit ,  pour  envoyer  à  celui  qui 
le  doit  rcndrj  au  premier  jour,  An'^ulaturn  lujtrdUs 
parus  frujiuni ,  jcpneiitiun. 

On  appelle  au;j1  chanti^au  ,  une  grofle  pièce  de 
pâtillcrie  formée  en  long  ,  &  de  même  que  la 
bordare  de  pain  bénit ,  qu'on  fait  faire  pour  en- 
voyer à  fcs  parcns  &;  à  lés  amis  -,  c'ell  pourquoi  on 
l'appelle  autrement  coulin.  Il  eft  plus  honnête 
d'envoyer  des  brioches. 

IP"  On  appelle  encore  chanteau  un  morceau  d'étoffe 
coupe  d'une  grande  pièce.  Ce  manteau  a  été  coupé 
en  plein  drapV  il  ne  fera  pas  ncceHaire  d'y  mettre 
de  ch.muj.lL.  il  tant  un  chxnuaii  à  cette  robe. 

Chan'teau  eit  aulîl  un  terme  de  Tonnelier ,  qui  ligni- 
iîe  la  dernière  pièce  du  fond  d'un  muid,  qui  cft 
faite  en  portion  de  cercle.  Ajfis  doliariijsgmmtum 
an^ulatum. 

On  dit  proverbialement  ,  qu'on  a  donné  le 
chanteau  à  quelqu'un  \  pour  dire  ,  que  c'eft  à  lui  à 
taire  au  premier  jour  &:  a  fon  tour  ce  que  les 
autres  ont  fait  avant  lui.  On  dit  dans  le  même 
fens  qu'on  lui  a  donné  le  bouquet. 

^  CHANTEL  le  CHASTEL  ou  le  CHASTEAU  , 
oullmplem.-nt  CHASTEL.  Petite  ville  de  France 
dans  le  Bourbonnois ,  Eledion  de  Gannat, 

CHANTELAGE.  i'.  m.  Terme  de  coutumes.  Droit 
qu'on  paye  au  Seigneur  pour  le  vin  vendu  en  gros 
ou  à  broche  fur  le  chantier  de  la  cave  &  du  fellicr , 
dans  l'étendue  de  fa  Seigneurie.  Cantiriariuji^uU- 
^ul,  tributum,  cantcnarii  vini  veciig.il.  'iians  les 
vieux  titres  ,  chantelagium. 

^  CHANTELLE.  f.  m.  Terme  de  coutumes.  Dans 
quelques  Provinces  ,  c'eft  une  taille  per/onncUe 
due  au  Seigneur  par  fes  morcaillables,  à  caufe  de 
leur  fervitùde,  pour  la  permiiHon  de  demeurer 
dans  fa  Seigneurie,  &  d'y  polfeder  certains  héri- 
tages. Charnel,  chantdlus  ,  paroît  avoir  fignific 
kdlUJtiûn. 

CHANTEPLEURE.  i:  f.  Arrofoir  de  Jardinier ,  ou 
entonnoir  à  longue  S<:  étroite  queue  percée  au  fond 
de  plulîeurs  petits  trous,  pour  faire  couler  quelque 
chofc  dans  un  muid  de  vin  fans  le  troubler  G:.v- 
Jdturn  infundihulum  ,  clcpj'ydra  doliaria. 

En  Normandie  5i  ailleurs,  on  appelle  chante- 
pUure,  le  robinet  d'un  tonneau  de  vin,  ou  de 
cidre.  Une  ChantepUurc,  avec  ce  mot,  Rien  ne 
m'cjtflus,  croit  la  devife  de  Valcntine,  veuve  de 
Louis  Duc  d'Orléans.  Elle  fe  voit  par-tout  dans  le 
château  qu'elle  fit  bâtir  à  Châtcauneuf ,  à  cinq 
lieues  d'Orlénns.  Vove^  Champifure. 

CHANTEPLEU'IE  ou  PATENOTRE,eft  au/Ti  une 
efpèce  de  fontaine  de  bois,  compofce  d'un  petit 
ruyau,  &  d'une  cheville  pour  le  boucher.  On  s'en 
fcrt  pour  les  cuves  à  fouler  la  vendange.  Se  pour 
les  cuviers  à  lefllve. 

Chantepleure  cft  aulTiune  fente  ou  vcntoufe  qu'on 
laiiîe  dans  des  murailles  qui  font  proches  des  ri- 
vières,  ou  qui  foutiennent  des  terrallês,  pour  y 
laiifer  entrer  &:  écouler  les  eaux.  Rim.i ,  apertura. 
Les  ch  intérieures ,  ventoufes ,  &  autres  ouvertures 
,  pour  l'écoulement  des  eaux  ,  font  permifes  par 
rOr.'oi-'nance. 

CHANTER.  V.  aCl.  Faire  diverfes  inflexions  de  voix 
as^réables  à  l'oreille ,  fiivanr  les  règles  de  la  modula- 
tion. Ca/rcr^  ,  c  mtiire.Cez  homme  chante  bien.  N'as- 
tu  point  de  honte  de  chanter  (i  bienî  difoit  Philippe 
à  Alexa"drc  1°  Grand,  comme  étant  une  des  chofes 
-qu'un  Pr'nce  do't  isrnorer.  Ablanc.  Les  payfans 
chantent  au  lutrin.  Le  Diacre  chance  l'Evangile.  Le 
Sondiacre  chante  l'Epitre.  Cette  Antienne  fe  chante 
à  deux  chœurs.  Chanter  un  Te  Deurn.  Soîenuem 
hymnum  connnere  ;  on  peut  aiouter^  r^ro  viaoria  , 
ou  quelque  a"tre  mot  qui  marque  le  ùijet  de  la  joie. 
Chanter  enpiam  z^-^^-^t.  Plane  ac  fi.nplicibus  m:i- 
diilis  canere.V.'^  Mufique  ,  ai  hannoniam  canere  ; 
mil  fias  modis  concinere.  En  faux-bourdon.  PLinns 
JiinrUxque  rantus  mnduhs  muCicis  mi.xtus.  Chanter 
fa  partie.  Chanter  Vêpres.  Chanter  Matines.  Muiu- 


C  H  A 

tinas ,  Vefpertinas  horas  canere.  Chanter  un  Salvi, 
Salutailoium  f^irgini  deipara  decantare.  Chanter 
des  Noé\s.  Najcenti  Chnjto  £;enethliacon  canere.  Le 
Peuple  chante  dans  les  Églifes  avec  le  Cierge. 
L'Auteur  de  la  vie  de  S.Céfaite  d'Arles,  L.I,ji.  1 1, 
dit  que  ce  fut  ce  Saint  qui  commença  à  faire  chanter 
les  Laïques  dans  l'Eglife ,  &c  que  même  il  les  y 
obligea  ,  pour  les  empêcher  de  caufer  dans  l'Eglife. 

Mes   filles  ,    chantez  -  nous  quelqu''un    de    ces 

cantiqiLes 
Où  vos  voixjifouvent ,  fe  mêlant  à  mes  pleurs  , 
De  la  trijle  ^lun  célèbrent  les  malheurs.  Rac. 

On  dit  qu'un  homme  chance  Méfie-,  pour  dire, 
qu'il  cft  Prêtre.  5ircr il  facere  ,  rem  divin.i/n  facer^^, 
M.  Lancelot  a  fait  un  Traité  de  l'Art  de  chanter. 

Chanter,  fur  le  livre ,  fe  dit  lorfque  les  Chantres 
chantent  le  plain  chant ,  &c  qu'il  y  a  plulicurs 
dellus  ou  autres  parties, qui  font  des  accords  fur  le 
champ  ,  ik  forment  une  eipèce  de  concert  ou  .de 
mulîque.  Flannm  fimplicemqiie  cantum  frequema- 
inentis  quibujdam  ac  modulis  variare,  ornare.Oa 
dit  aulTi,  il  chante  ti  partie  à  livre  ouvert^  pour 
dire,  qu'il  fait  il  bien  la  Mulîque,  qu'il  n'a  pas 
bcibin  d'étudier  la  note.  Canendi  peritus. 

Chanter  fe  dit  a^ilî  de  ce  qui  eft  (împlement  con- 
tenu en  quelque  cciit.  Voyons  ce  que  chante  ce 
livre-Là,  quid  ctnat ,  quidferat;  pour  dire,  voyons 
ce  qu'il  contient.  Voyons  ce  que  chante  cet  exploit. 
Cela  eft  du  ftyie  familier. 

Maître  à  chanter,  cft  un  Mufîcien  qui  enfeigne  à 
chanter  ,  qui  montre  la  Mulîque.  Mujicus. 

^fT  Chanter  s'emploie  aulfi  comme  fynonyme  de 
publier  ,  célébrer.  Canere,  prxdicare,  celcbrare. 
Toutes  1  .s  créatures  chantent  les  louanges  du  Sei- 
gneur. On  ch.mte  par-tout  la  gloire  de  ce  héros. 
Quand  je  chîntc  vos  hauts  faits ,  grand  Roi ,  on 
croit  que  c'eft  une  fable ,  5c  c'eft  une  hiftoire.  S. 
EvR.  Dans  l'oilîveté  où  fe  riouvèrenr  les  premiers 
Bergers  ,  ils  s'avifèrent  de  chanter  leurs  amours. 

FoNTTN. 

03"  C'eft  dans  ce  fens  que  les  Poètes ,  principalement 
les  Poètes  épiqaes,  difent  qu'ils  chantent;  &:  ils 
commencent  ordinairement  leurs  Poèmes  par  ces 
mots  :  Je  chante.  C'eft  ainfi  que  Virgile  a  dit ,  qifil 
chantait  Ence  &  fes  armes.  Chapelain  a  dit  : 

Je  chante  la  Pucelle  &  lafainte  vaillance.,  &:c. 

Scuderi  a  dit  en  vers  bourfoufflc*: 

Je  chante  le  Vainqueur  des  Vainqueurs  de  la  terre. 

tfT  Bien  mieux  que  tout  cela,  l'incomparable  Auteur 
de  la  Henriade  débute  par  ces  vers. 

Je  chante  ce  Héros  qui  régna  fur  la  France, 

Et  par  droit  de  conquête,  ùpar  droit  de  naijfojice. 

LeTalfe,  Canto  l'arme pietofe  ,Scc.  Le  Roman 
Bourgeois ,  Je  ch.znte  les  aventures  de  pluiîeurs 
Bourgeois  de  l'un  &c  de  l'autre  fexe.  Alexandre  n"a 
point\i'Hiftorien  ni  de  Poète,  qui  puifie  allez  di- 
gnement chanter  fes  vidoires.  Ablanc. 

Pour  chanter  un  Au^ufie,  il  faut  être  un  'Virgile. 

Boileau^ 

Chanter  fe  dit  pareillement  d'un  Orateur  ,  d'un 
Dcclamatcuf ,  d'un  Comédien  ,  lorfqu'ils  ne  va- 
rient pas  allez  leurs  voix  ,  ou  qu'ils  retombent 
toujours  dans  une  même  cadence-  Quand  ils  pro- 
noncent d'une  manière  qui  n'eft  pas  naturelle  & 
qui  approche  du  chant.  Une  quodam  fpiricu  ac 
fono  vocem  intcnderc.  Quelqu'un  difoit  à  un  mau 
vais  lecteur:  Si  tu  veux  lire,  tu  chantes,  &  fi  ru 
veux  chanter  ,  tu  chantes  mal.  Ablanc, 


CH  A 

On  dit  en  termes  de  Blalbn,  des  armes  parlantes , 
qu'elles  chantent. 
Chanter  le  ditaiiHl  Ac%  o'iCzzwyi.Cantare.  Jcfus  Chrill: 
dit  à  Saint  Pierre,  avant  que  le  coq  chante  ,  tu  me 
renieras  trois  fois.  Le  roffignol  ne  chante  qu'au 
printemps.  Il  fe  dit  auHt  de  quelques  iniedtes  , 
comme  de  la  cigale. 

La  cif^ale  ayant  chanté 
Tout  l'été.    La  Font. 

On  dit  figurément  d'un  homme  à  qui  on  vent  faire 
fiiire  quelque  chofe  par  force ,  qu'on  le  fera  bien 
chanter ,  qu'on  l'obligera  à  payer  ,  à  faire  ce  qu'il 
doit.  Adigere  aliquem  ad  folvendum.  On  dit  qu'un 
criminel  a  chanté  à  la  queftion  -,  pour  dire ,  qu'il  a 
trop  parlé ,  qu'il  a  découvert  la  vérité.  Adigere 
vi  tormentorum  ad  operiendam  veritatem.  On  dit 
de  ceux  qui  ont  découvert  quelque  fecrct ,  il  faut 
que  quelqu'un  ait  chanté,  puifqu'on  a  découvert 
cctre  entreprife.  Aperire ,  detegere.  On  dit  aufFi 
d'un  homme  qu'on  a  mis  prifonnier  pour  avoir  été 
trop  libre  en  paroles,  qu'on  l'a  mis  en  cage  pour 
lui  apprendre  cà  chanter.  Ut  pnidenter  ioqiii  difcat. 
Lorfqu'on  eft  une  fois  marié  ,  il  faut  chanter  ,  pour 
dire ,  il  faut  changer  de  train  de  vie.  Mutanda 
vitce   ratio.  Tout  cela  eft  du   ftyle   très-familier. 

Chanter  fc  dit  proverbialement  en  ces  phraies. 
Quand  un  importun  fait  plulieurs  redites ,  on  dit 
qu'il  chante  toujours  la  même  chanibn.  On  dit 
d'une  pcrlbnnc  qui  dit  quelque  méchante  railbn, 
qui  ne  iatisFait  pas ,  vuila  bien  chanté.  On  dit , 
cy^iz/zftT  la  palinodie  i  pour  dire,  fe  rétrader,  dire 
le  contraire  de  ce  qu'on  avoir  dit.  Chanter  la 
gamme,  reprendre,  corriger  quelqu'un,  le  que- 
reller fur  quelque  aélion  qu'il  aura  faite.  On  dit 
auifi ,  il  faut  bien  chanter  plus  haut  ;  pour  dire , 
il  faut  enchérir ,  il  en  faut  offrir  davantage.  On  dit 
encore  ,  chanter  pouillc  ,  chanter  goguetrcs  , 
chanter  des  injures  à  quelqu'un,  pour  dire,  le 
quereller  en  face ,  lui  faire  des  reproches ,  l'injurier. 

ffT  On  appelle  pain  à  chanter,  un  petit  pain  rond 
fans  levain,  dont  on  fe  fcrt  pour  célébrer  la  meife. 
panis  (thymus  ,  panis  facro  celehrando  idoneus. 

IJCT  On  appelle  auili  pain  à  chanter  ,  celui  dont  on  fe 
fcrt  pour  cacheter  les  lettres.  Obfignandis  epijiolis 
idoneus. 

Chanté  ,  ée.  part. 

CHANTERELLE,  f.  f.  La  corde  la  plus  déliée  d'un 
luth,  d'un  théorbe,  d'un  violon  &:  aurres  fembla- 
bles  inftrumens,  &  qui  a  le  fon  le  plus  aigu.  Chorda 
omnium  acutijjima,  tenuijjîmus  idemjue  acuti[]imi 
foni  nerviis.  Hauffer,  bailler  la  chanterelle.  La  c/z^/î- 
/ere//<?  s'efi:  rompue  ,  il  en  fiut  mettre  une  nouvelle. 

Chanterelle  feditauffi  des  oileaux  que  le  Chaffeur 
ou  rOifelcur  ont  dans  une  cage  pour  fervir  d'ap- 
.jpeau.  Si  attirer  par  leur  chant  les  oifeaux  dans  les 
pièges  qui  leur  font  préparés.  Avis  illex.  On  ap- 
pelle fur-tout  chanterelle  une  femelle  de  perdrix  ; 
que  l'on  pofe  au  bout  des  filions  où  l'on  a  tendu 
des  paflées  &  des  filets ,  dans  lel'quels  elle  fait 
donner  le  mâle  qu'elle  appelle. 

On  donne  encore  le  nom  de  chanterelle  à  une 
certaine  bouteille  de  verre  qui  eft  fi  mince  ,  qu'elle 
fléchit  vifîblement  a  la  voix.  Le  fond  en  eft  plat  & 
percé  ,  &  c'eft  fur  ce  fond  que  l'on  chante  avec  une 
certaine  méthode  qui  fait  paroîrre  qu'il  y  a  un 
inftrument  qui  accompagne  la  voix. 

Chanterelle.  CanterclLi.  C'eft  un  champignon  d'un 
pouce  de  haut,  &  d'une  ligne  ou  deux  d'épaifleur, 
qui  croît  pour  l'ordinaire  en  grappes.  Ses  tiges 
font  un  peu  aplaties  &  fil'onnccs  d'un  côté ,  &: 
leur  fuperficie  en  façon  de  chagrin.  Sa  tête  eft  or- 
dinairement angulaire,  avec  un  enfoncement  dans 
)  le  milieu  qui  a  la  figure  d'un  nombril ,  &  fes  bords , 
qui  font  renverics,  font  découpés  en  trois  bu  quatre 
fegmens  arrondis.  La  lurfacc  fupérieure  de  la  tête 
eft  jaune ,  mais  plus  livide  &:  plus  fale  que  les  tiges. 


CHA  4^5- 

Lorfqu'il  fe  pourrit  ,  il  fe  change  en   une   o-dce 
verdaifre.  Dict.  de  James. 
Chanterelle.  Terme  de  Chapelier.  Cheville  de  fer 
ou  de  bois ,  qui  lert  dans  l'arçon  des  Chapeliers,  à 
bander  la  corde  ,  en  la  mettant  entr'elle  &  ce  qu'on 
nomme  le  panneau.  ^fT  Elle  lért  à  taire  refbnner 
la  corde  ,  afin  d'indiquer  à  l'ouvrier  fi  elle  eft  fuf- 
fifamment  bandée  pour  battre  &  voguer. 
(Kr  Chanterelle,  chez  les  Tireurs  d'or,  eft  une 
petite  bobine,  fous  laquelle  paffe  le  battu,  en  for- 
tant    des  roues  du  moulin.  On  la  nomme  ainli  à 
caufe  du  bruit  qu'elle  tait. 

CHANT  ERES.  Vieux  mot  ,  qui  s'cft  dit  des  an- 
ciens Ménétriers  ou  Chantres  qui  alloient  dans  les 
mailbns  des  Grands  ,  chanter  avec  la  viole  ou  la 
harpe  des  compofitions  des  Trouvères ,  qui  étoient 
les  Poètes  Provençaux  de  ce  temps-là  Aulœdus. 
Quelques-uns  croient  qu'Homère  alloit  ainfi  chan- 
tant, &;  récitant  de  ville  en  ville  fon  Iliade. 

CHANTEUR,EUSE.  f.  m.  Muficien,  celui  ou  celle 
qui  fait  métier  de  chanter  des  airs,  des  chanfbns. 
Cantator ,  cant.itrix.  Les  Chanteurs  de  l'Opéra.  Les 
chanteurs  du  Pont-Neuf,  de  la  Samaritaine.  C'eft 
une  excellente  chanteuje. 

(.hauteur  ,  ne  fe  dir  que  des  chanteurs  profanes, 
Qnand  on  parle  de  ceux  qui  chantent  dans  l'E- 
glife  ,  dans  l'Office  divin  ,  principalemenr  s'ils  font 
Ecclcfiaftiques ,  il  faut  dire  Chantre,  Les  Chantres 
de  Notre-Dame  de  Paris ,  de  la  Sainte  Chapelle , 
6'c.  &  non  point  les  chanteurs.  Et  au  contraire, 
les  Chanteurs  de  l'Opéra  chantoient  dans  une 
Eglile  à  quelque  Office  ;  alors  on  pourroit  fe  fer- 
vir du  mot  de  chanteur  ,&c  dire ,  il  y  aura  quatre 
Chanteurs  de  l'Opéra  à  ce  f'alut  :  mais  le  mieux  & 
le  plus,lelon  l'ufage,  eft  d'éviter  ce  mot,  même 
en  ce  cas  ,  &  de  dire,  il  y  aura  quatre  voix  de 
l'Opéra  à  ce  falut. 

Chanteur,  f  m.  AJilus.  C'eft  un  oifeau  qui  a  le  plu- 
mage diverfîfié  de  belles  couleurs ,  &:  qui  chante  à 
peu  près  comme  le  pinçon.  Il  eft  bon  pour  les 
volières,  mais  il  n'eft  pas  bon  en  cage.  Excepté  le 
roitelet  &  le  poul ,  il  n'y  a  pas  d'oifeau  qui  ibit 
plus  petit.  Il  chante  prefque  toujours  :  c'eft  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  nom  de  chanteur.  Les  Lorrains 
le  nomment  chofti  ,  qui  fignifîe  la  même  chofe. 
Les  Italiens  l'appellent  itolo  ,  &  les  Giecs  »1«-^»?.  Il 
a  le  pli  &  les  extrémités  des  ailes  jaunâtres  ,  ainfi 
que  la  queue  &  le  derrière.  Ses  jambes  ,  fes  pieds , 
fes  ongles  &  fbn  bec ,  font  noirâtres  ;  les  bords 
de  fon  bec  onr  aulfi  quelque  chofe  de  jaune. 
Il  eft  foible  &  longuet  ,  très  -  propre  à  prendre 
des  vermilTeaux.  Il  fe  retire  dans  les  hautes  fu- 
taies &  dans  les  lieux  les  plus  couverts  &  les  plus 
ombragés. 

CHANTIER,  f.  m.  Grofle  pièce  de  bois  <iui  fert  de 
chevalet  à  un  Charpentier  pour  en  élever  une  autre 
qu'il  coupe  ou  qu'il  façonne.  Cnnterius.  On  tra- 
vaille à  faire  votre  charpenre ,  elle  eft  fur  le  chan^ 
lier. 

Chantier  ,  fe  dit  auffi  des  pièces  de  bois  de  pa- 
reille nature ,  fur  lefquellcs  on  pofe  les  tonneaux 
de  vin  ,  afin  qu'ils  ne  fe  pourrifîent  point  à  terre. 
Tignum.  Ce  Marchand  a  cenr  mul^s  de  vin  fur 
l'étape  qui  font  fur  le  chantier.  Ce  Tavernier  eft 
riche  ,  il  a  toujours  dans  fa  cave  cent  pièces  devin 
fur  le  chantier.  On  le  dit  aulTi  des  pièces  de  bois 
fur  lefquelles  pofent  les  facs  de  blé  qui  font  dans 
les  ports  de  Paris. 

Chantier  ,  en  Marine,  fe  dit  de  l'endroit  où  l'on 
conftruit  un  vaifTeau.  On  dit  un  chantier  de  conf- 
truftion.  On  dit  qu'un  vaiffeau  eft  fur  le  chantier  , 
pour  dire  qu'on  le  conftruir. 

Chantier  ,  fe  dit  aiiiTi  parmi  les  Loueurs  de  carroffe  , 
d'une  ei'pèce  de  grande  remifeoù  ils  rangent  leurs 
carrofTes.  Rhedarum  receptaculun?.  Vous  pouvez 
choifir  de  tous  les  carrofTcs^de  mon  chantier  celui 
qui  vous  accommodera  le  mieux. 

Ch  ANTiFR  ,  fiçnifi^eaufTi ,  l'attclier  d'un  Charron ,  d'an 
Charpentier  ,  le  lieu  où  ils  coupent,  façonnerai  64 

I  i  i  i] 


43^ 


C  H  A 


gardent  leur  bois.  Fahri  curruum  ,  pLiufiorum  , 
fiirrorum    ojficina.    On  dit  aulli    que   les  .pierres 
ibnt  en  chaniur ,  q-uaiid  elles  lont  dans  le  lieu  où 
on  les  a  taillées. 
Chantier,   le  dit  auiîî  d'un  magafm,  ou  des  lieux 
où  Igs  Marchands  de  bois  empilent  ou  Ibrrentleur 
bois  pour    le  vendre  aux  particuliers.  Strucs  lig- 
norum  ,  apotkecu  lignunu  ,  nLitcniiria.  Il  y  a  des 
chantiers  de  bois  de  chauffage  ,  d'autres  de  bois 
de  menuilerie  6c  de  charpenterie. 
^fT  On  dit  Ibuvent  parmi  les  ouvriers  ,  qu'une  choie 
efl:  lut  le  charnier  ,  pour  dire  qu'elle  le  travaille 
actuellement.   Cette   expreiHon  a  palîc  des    acte- 
licrs  dans  la  fociété  ,  où  elle   s'applique  à  d'au- 
«tes  ouvrages  qui  n'ont  rien  de  mechaniquc. 
CHANTIGNOLE.  t'.  f.  Elpcce  de  brique,  qui  doit 
avoir  huit  pouces  de  long  lut   quatre  de  large  , 
.  qu'on  appelle  autrement  demi-cri^jue ,  parce  qu'elle 
n'a  que  la  moitié  de l'cpaillèur  des  nuiïcs. Laterca/us, 
CîîANTjGNOLES  ,  en  tetmes  de  Charpenterie  ,  fe  dit 
des  petites  pièces  de  bois  qui  Ibnt  au-deflous  des 
tallaux ,  qui  Ibutiennent  les  pannes  de  charpente- 
lie  &c  autres  pièces  lèmblables.  Elles  ont  autant  en 
hauteur  que  les  pannes,  en  grofleur ,  &c  font  de  la 
groflcur  des  jambes  de  force.  Les  chantignoUs  Ibnt 
encadrées    d'un  pouce  dans  le  corps  de  la  force , 
&  viennent  à  mourir  à  rien  ,  c'eft- à-dire  ,  Ibnt  cou- 
pées &:  cchancrées.  On  appelle  aulfi ,  chamignoUs  , 
les  pièces  de  bois  qui  fervent  à  porter  les  poaliers 
fur  lefquels  roulent  les  tourillons  des  cloches. 
CHANTILLY.  Bourg  de  l'île  de  France,  à  fept  lieues 
de  Paris  ,  &  à  une  lieue  de  Senlis.  Cantiliacuin, 
Il  y  a  une  maifon  magnifique  qui  appartient  à  M. 
le  Prince  de   Condé  ,  &  qu'on  appelle  aufîi   du 
nom  du  bourg  de  Chantilly.  Le  Prince  de  Condc  , 
Louis  de  Bourbon,  parut  auiîi  grand,  retiré  à  Chan- 
tilly les  dernières  années  de  fa  vie ,  qu'il  avoir  paru 
à  la  tête  de  nos  armées  &  dans  les  batailles. 
ffT  CHANTOCÉ.  Petite  ville  ,  chàte.au  &  Baronie 
de  France  en  Anjou ,  près  de  la  Loire  ,  un  peu  au- 
dclîus  d'Inerande. 
^  CHANTOCEAUX.  Bourg,  ou  petite  ville  de 
France  en  Bretagne ,  liir  la  Loire  ,  à  rrois  lieues 
au-deffus  de  Nantes. 
CHANTOURNÉ,  f.  m.  Pièce  d'un  lit  qui  efl:  de  bois 
bien  travaillé  ,  ou  couvert  d'étotïè ,  oc  qui  fe  met 
entre  le  dodier  &  le  chevet.  Chantourné  bien  fait , 
mal  fait. 
CHANTOURNER,  v.  a.  Terme  d'Architeéiure  & 
de  Menuilerie.  Couper  en  dehors  ou  évider  en  de- 
dans une  pièce  de  bois ,  de  fer  ,  ou  de  plomb  ,  fui- 
vant  un  profil  ,  ou  deflein  donné.  Extrorfum  yel 
retrorfum  incidere. 
^fT  Chantourner  ,   fc  dir  aufTi  en   Peinture  des 
objets  repréfentés  liât  la  toile  ,  &:  des  bordures  aux- 
quelles on  a  pratiqué  des  éminences  ou  contours 
qui  font  rentrer  &  faillir  quelques-unes  de  leurs 
parties.  Encyc, 
CHANTRE,  f.  m.  Celui  dont  la  fonélion  efl  de  chan- 
ter dans  une  Egliïe  au  fervice  divin.   On  ne  dir 
chanteur  que  quand  il  s'agit  d'un  chant  profane. 
■Cantor.  Tous  les  grands  Chapitres  ont  des  Chan- 
tres Se  des  Chapelains  ,  pour  fbulager  les  Chanoi- 
nes ëc  faire  rÔfïice  en  leur  abfence.  C'eft  S.  Gré- 
goire ,  qui  a  inftirué  les  Chantres ,  &  qui  en  fît  un 
corps  qu'on  appela  l'Ecole  des  Chantres.    Sciiola 
C^/zior«/n.  Anaftaié  le  Bibliothécaire  femble  cepen- 
dant l'attribuer  au  Pape  Hilaire  ,qui  vivoit  plus  de 
Cent   ans  avant  S.  Grégoire.  -Dans  le  Concile  de 
Rome  tenu  en  595,  ce  Saint  le  plaiiK,  comme  d'une 
mauvaife  coutume  ,   de  ce  qu'on  choiliifoit  des 
Chantres  parmi  les  Miniftres  du  faint  Autel  ,  & 
de  ce  qu'étant  Diacres,  ils  continuoient  de  chan- 
ter; au  lieu  de  vaquer  à  la  prédication  Se  à  la  dii- 
tribution  des  aumônes.  Il  le  défend  ,  &:  ortlonne 
qu'il  n'y  ait  point  d'autres  Chantres  que  des  Sou- 
diacres ,  ou  s'il  eft  belbin  ,  des  moindres  Clercs  , 
■&  que  lés  Diacres  ne  feront  que  lire  l'Evangile  à 
ii  ia  Mcile.  Quelquefois  les  Chantres  font  des  Sccu- 


C  H  A 

liers  gagés  qui  portent  l'habit  ccclcfiaftique  quand 
ils  font  à  l'Eglile. 
CHANTRE  ,  fe  dit  par  excellence  du  Maître  du  chœur , 
qui  eft  une  des  premières  dignirés  d'un  Chapitre. 
Chori  Cantorum  Prafecluf,  Cantor ,  Pmcentor.  Il 
porte  la  chape  &;  le  bâton  dans  les  fêtes  folcnnelles , 
&  donne   le  ton  aux  autres  en  commençant  les 
Pléaumes  &  les  Antiennes.  Le  Chantre  porte  dans 
iés  armoiries  un  bâton   de  chœur  derrière  l'ccu  ,  ' 
pour  marque  de  fa  dignité.  On  l'appeloit  Primi- 
ceritis  \  c'étoit  lui  anciennement  qui  dirigeoit  les 
Diacres  fc  les  autres  Miniftres  inférieurs ,  pour  le 
chiinr  iS:  les  aurrcs  fonctions  de  leurs  emplois. 
gCr  Dans  quelques  Eglifes  le  Chantre  eft  la  première 
dignité  ;  dans  d'autres ,  la  féconde ,  la  troilième  ou 
la  quatrième.  Dans  l'Eglife  de  Paris,  le  Chantre,  qui 
eft  la  féconde  digniré,  a  une  juridiction  contentieufe 
fur  les  Maîtres.  &  Maitreffes  d'école  de  certe  ville. 
Chantre  ,  en  Poëfie,  fe  dit  de  ceux  qui  ont  excellé 
dans  la  Mulique  8c  dans  la  Poéiic.  On  le  dit  d'Or- 
phée ,   d'Amphion  ,  d'Homère  ,  de   Pindare  ,  &c. 
Chantre  de   la  Thrace  ,  c'eft  Orphée  ••,  le  Chantre 
Thcbain  ,  c'eft  Pindare  ,  &c. 

On  appelle  les  Poètes  Chantres  ,  Chantres  d'A- 
pollon ,  Chantres  du  Parnaffe ,  divins  Chantres  des 
Mules. 

On  appelle  auflî  fîgurément  &  poétiquement  les 
roffignols  5  &;  les  autres  oifeaux ,  les  chantres  des 
bois. 
Chantre,  eft  aufîl  un  méchant  Muficicn.  Gî/z/or.  Les 
Chantres  du  Pont-Neuf,  de  la  Samaritaine.  Chan- 
teur eft  mieux.  On  doit  dire  chanteur ,  quand  il 
s'agit  d'un  chant   profane  •,  &  on  ne  dit  Chantre- 
que  quand  il  s'agit  d'un  chant  d'Eglife. 
Chantre  ,  efl:  aullî  un  flibftant'f  féminin.  Il   fe  dit 
d'une  Religieulc  qui  a  bonne  voix  ,  qui  lait  le  chant 
&  les  rubriques  de  l'Ofîice  ,  afin  de  redrelfer  les 
manquemens  qui  fe  font  au  chœur.  Cantatrix.  La 
Chantre  dira  tout  haut  ce  qui  regarde  l'Oiiice  du 
lendemain.  Conji.   de  Port-Royal. 
Chantre  ,  eft  un  nom  de  dignité  dans  quelques 
Chapirres    de  filles.    Les  principales   dignités  du 
Chapitre  d'Andennes ,  font  celles  de  Prévôté  ,  de 
Doyennne ,  d'Ecolârre  £c  de  Chantre.  P.  Hélyot  , 
Tonu  yi :,p.  458. 
CHANTRERIE.  f.  f.  Eft  la  dignité  ,  l'office  ou  le  bé- 
néfice du  Chantre  dans  une  Eglife  Cathédrale  ou 
Collégiale.  Chori ,  Cantorum  Pmfeciura.  L3.  chan- 
trerie  d'une  telle  Eglife  vaut  tant. 
CHANVRE,  f.  m.  Cannabis  fativa.  Plante  qui  porte 
le  chénevis ,  &  dont  l'écorce  fert  à  faire  la  fi! allé. 
Elle  eft  annuelle  ,  &  on  en  fème  des  champs  entiers 
dans  plufieurs  endroirs    du  Royaume.  La  récolte 
du   chanvre  eft   d'un  grand   profit  pour   certaines 
Provinces ,  6c  la  culture  eft  beaucoup  plus  utile  que 
celle  du  lin.  Sa  racine  eft  longue  d'un  demi-pic, 
blanchârre  ,  ligneufe,  fîbreufe  ,   épaifle   de  demi- 
pouce  au  plus  .1  Ibn  collet,  ci'où  part  une  tige  car- 
iée ,  velue  ,  rude  au  toucher  ,  creufe  ,  ligneufe  & 
tendre,  couverte  d'une  écorce  verdâtre  6c  filamcn- 
teufe.  Cette  tige  eft  rarement  branchue  ,  fi  ce  n'ell 
à  fbn  extrémité.  Elle  efl:  haute  ordinairement  de  5 
à  4  pies  :   dans  les  bonnes  terres  elle  devient  plus 
grande  :  elle  eft  chargée  de  feuilles  coupées  en  qua- 
tre ou  cinq  fegmens  longs  de  deux  à  trois  pouces, 
fur  un  demi-pouce  de  largeur ,  difpofées  en  main 
ouverte  ',  rudes,  d'un  vert  brun  ,  relevé  de  quelques 
veines  fur  la  furface ,  dentelées  à  leurs  bords  ,  Sc 
d'une  odeur  forte    S>:  qui  entête.  Ses  fleurs  naif- 
ferrt  fiar  des  pics  féparés   de  ceux  qui  porrcnt  les 
femences.  Elles  font  difpofées  en  manière  de  grappe, 
&  oppofées  en  manière  de  croix  de  S.  André.  Cha- 
que fleur  eft  penchée  en  bas ,  Se  compofée  de  cinq 
éramines    jaunâtres  ,    enrourées  de    cinq  feuilles 
longues  de    deux  à  trois   lignes  fur  moins   d'une 
ligne  de  largeur  ,  purpurines  en  dehors  6c  blan- 
ches   en  .dedans.  Ces  fleurs  ne  font  fuivies  d'au- 
cun fruit.  Ce   n'eft  que  fur  les  individus  femelles , 
appelés  mâles  improprement  ,  qu'on  trouve  les 


CHA 

fruits  qui  naiflent  par  paquets  le  long  des  tiges. 
Ce  fruit  eft  terminé  d'un  ftyle  fourchu  ioriqu'il 
n'elt  qtl'embryon,  &  il  cil  enveloppé  d'une  mem- 
brane qui  le  garantit  jufqu'à  ce  qu'il  ait  acquis  fa 
maturité.  Pour  lors  il  eft  arrondi  ,  un  peu  com- 
primé, liifc  &  glabre  ,  &c  compofc  d'une  coque  gri- 
sâtre qui  renferme  une  lémence  tendre  ,  douce  iSc 
d'un  goût  d'amande,  La  même  Icmence  donne  les 
deux  individus  mâles   &  femelles.    ■■ 

On  fe  fert  en  Médecine  principalement  de  la 
fcmencc  ,  dont  la  décoCiiion  faite  dans  du  lait  ell; 

.  .très- bonne  contre  la  toux  &c  contre  la  jauniiîe. 
Les  feuilles  font  bonnes  aulii  contre  la  brCdure  : 
on  en  tire  un  fuc  qui  eft  propre  pour  la  furdité. 

Chanvre  bâtard.  Galeopjis.  Sa  Heur  eft  une  ef- 
pèce  de  tuyau  découpe  par  le  haut  en  deux  lè- 
vres ,  dont  la  fupérieure  eft  expofée  en  cueilleron  \ 
&  l'inlcrieure,  divifce  en  trois  parties,  dont  celle 
du  milieu  eft  la  plus  grande  :  fon  calice  eft  comme 

i  un  entonnoir  fendu  en  cinq  pointes.  Boerhaave 
fait  mention  de  quatorze  efpèces  diîférentes  de 
galeopjis ,  entre  lefquelles  il  n'y  en  a  que  quatre 
qui  aient  des  propriétés  médicinales  connues, 
Voye:;^  le  Dicx.  de  James  ,  au  mot  GaUopJis. 

L'huile  de  chanvre  eft  recommandée  pour  les 
pommades  dans  les  petites  véroles.  Sa  graine,  qu'on 
nomme  chinevis ,  fert  à  nourrir  les  oifeaux.  Les 
ieuilles  de  chanvre  fcches ,  ou  i"a  farine  mêlée  dans 
la  boiifon  ,  rendoient  ceux  qui  en  ufoient  ivres  , 
ftupidcs  &  hébétés.  Les  Arabes  néanmoins  s'en  fer- 
vent ■,  ils  en  font  une  efpèce  de  vin  qui  enivre.  De 
lA  Mare,  Traite  de  la  Police  -,  L.  V -,  T.  II ,c.j  , 
où  il  cite  Siméon  Sethi ,  ^t;  aliment,  facult.  Cœ- 
lius  Apitiusj^d  re  cw/z/z^r,  L'Auteur  du  Traite  de 
la  Police  appelle  chenevis  ,\ï  plante  d'où  l'on  tire 
le  chanvre  :  mais  cela  eft  contre  l'ufage  conftant  &: 
univcr/el.  Il  n'y  a  que  la  femeace  de  cette  plante 
qui  s'appelle  chéncvis ,  la  plante  fe  nomme  chan- 
vre. Chanvre  mâle  ,  canjiabis  fativa  mas  frnclifera  , 
fœcinida.  Chanvre  femelle  ,  cannabis  fativ a femina, 
flori'^era ,,  Jierilis. 

Teiller  outiller,  broyer  le  chanvre. Y  o^ct^  ces 
mots.  Rouir  le  chanvre  ,c'<zft  le  faire  tremper  quel- 
que temps  dans  l'eau  pour  le  faire  fccher  ic  tiller 
plus  facilement.  Cannabim  riva  macerare  ,  aqiiâ 
J'uligere.  Il  eft  défendu  de  faire  rouir  le  chanvre 
dans  des  eaux  vives  où  il  y  a  du  poilfon.  L'eau  où 
a  croupi  le  chanvre  pour  le  rouir ,  eft  ttès-perni- 
cieufe  pour  la  fanté  ;  Si  l'on  remarque  que  les  fiè- 
vres en  automne  font  fort  fréquentes  dans  les  pays 
où  le  chanvre  eft  commun,  Aulfi  l'on  y  défend  de 
mettre  tremper  les  chanvres  dans  les  rivières  &: 
les  eaux  courantes  qui  font  bonnes  à  boire,  Oii 
fait  avec  le  chanvre  de  la  toile  &:  des  cordes.  Le 
plus  gros  shanvre,  dont  l'écorce  eft  plus  rude  ,eft 
employé  aux  cordes  -,  &:  celui  qui  eft  plus  fin  fait 
du  linge  fin. 

On  nomme  chénevotte  les  fragmens  des  tiges 
du  c^^wvrt;  dépouillées  de  leur  écorce.  On  dit,  j'en 
fais  autant  de  cas  que  de  chenevottes  ,  pour  dire  , 
j'en  fais  peu  de  cas  :  il  n'eft  bon  qu'A  brûler. 

Chanvre  ,  f.  m.  fe  prend  fouvent  en  françois  pour  la 
fîlafle  qu'on  tire  des  tiges  de  la  plante  du  chanvre 
après  qu'elles  ont  été  rouies.  On  dit ,  voilà  du  cha?i- 

"  vre  ,  du  chanvre  peigné  ,  du  chanvre  fin  prêt  à  filer, 
Cannabini  corticis  jilamenta.  Des  cordes  de  chan- 
vre. Tunes  cannabini.  Il  a  vendu  tant  de  chanvre. 
De  la  toile  de  chanvre.  Tela  cannabina. 

Chez  les  P.omains  ,  le  chanvre  néceffaire   aux 

■  '-emplois  de  la  guerre  ,  s'amaflbit  par  les  ordres  des 
Empereurs ,  feulement  en  deux  villes  de  l'Empire 
d'Occident ,  à  P^avenne  en  Italie  ,  ic  à  Vienne  dans 
les  Gaules,  Celui  qui  en  avoit  l'Intendance  au  deçà 
des  Alpes ,  étoit  appelé  le  Procureur  du  Linificc 
des  Gaules,  &  avoit  fon  établiflément  à  Vienne. 

¥.i.iix-.it ,  cannabis  t  chanvre  ,  vient  du  celtique 
Canab.  Pezron, 
CHANVRiER,  f.  m.  Ouvrier  qiii  habille ,  prépare  &c 
vend  du  chanvre. 


CHA  457 

^  CHANVRIÈRE,  Ç.  f.  Lieu  femé  de  chanvre,  L* 
Fontaine  s'eft  fervi  de  ce  mot. 

Quand  la.  chanvrière  fut  verte,    • 

îfT  On  dit  plus  communément  c heneyière,  Y oy et 
ce  mot.  ,>  , 

CiS^  CHAO,  Ville  de  la,  Chine  dans  le  Pekeli ,  du 
dépattement.  de  Chinting,  Lat.  58^  10'.  ' 

0Cr  Chao.  Autre  ville  de  la  Chine  dans  la  Province 
de  Junnan    ,  département  de  Tali.  Lat.  2<îJ    46'. 

^  CHAOCHEU,  Grande  ville  de  la  Chine  dansk 
Province  de  Quanton  ,  fur  jes  frontières  de  celle 
deFokien,  Par  les  13'!  5-0' de  lat.  Son  département 
comprend  dix  villes, 

ifT  CHAOCHING.  Ville  de  la  Chine  au  déncrte- 
ment   de  Pingyang  ,  par  les  57J  2.7'  de.  latirude. 

ffCT  II  y  a  une  autre  ville  de  ce  nom  dans  la  Pro- 
vince de  Channton  ,  département  de  Tungchang. 
Lat.  ;7J  44'. 

IJCr  CHAOGAN.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province 
de  Fokien ,  département  de  Changchar,  Lat.  Z4.d. 

ity_  CHAOHOA.   Ville  de   la  Chine  dans  la  Pro-^ 
■  vince  de  Soutchouen  ,  département  de  Paoning. 
Lat,  5  3^  10'. 

tfT  CHAOKING.  Grande  ville  de  la  Province  de 
Qiianron  dans  la  Chine  ,  capitale  d'un  territoire 
de  même  nom.  Elle  a  dix  cités  dans  fon  reflbrr. 
Le  Viceroi  fait  fa  réfidence  dans  cetre  ville,  Lat. 
M'^  50'. 

CH AOMANTÎE,  f,  f.  Parmi  les  Alchimiftes ,  c'cft  l'arc 
de  prédire  l'avenir  par  le  moyen  des  obfer varions 
que  l'on  fait  fur  l'air.  Chaos  ,  dans  le  ftyle  de  Pa- 
racelfe,  (îgnifie  Vair.  Dict,  de  James, 

CHAOS,  On  prononce  Caos.  f.  m.  Maife  informe  » 
grofîière  \  mélange  confus  de  tous  les  élémcnsi 
Chaos.  Les  Poètes  ont  feint  qu'il  a  fervi  de  ma- 
tière première  à  la  produdlion  du  monde  ,  &  qu'il 
fubfiftoit  avant  que  toutes  les  chofes  fuilênt  ran- 
irécs  dans  l'ordre  où  elles  font.  Comment  la  ma- 
tiere  s'eft-elle  trouvée  dans  le  degré  4e  mouvement 
ncceflâire  pour  former  un  monde  ,  plutôt  qu'un 
chaos  ?  Vail,  La  terre  eft  fortie  d'un  chaos  noir, 
ténébreux  &  indigefte  -,  &;  le  monde  s'eft  déve- 
loppé de  cette  maffe  informe  &c  confufe.  S,  Evr. 
Chaos  ,  dans  l'Ecriture  ,  eft  appelé  un  efpace  im- 
menfe  &  impénétrable  ,  tel  que  celui  qui  eft  entre 
le  lieu  des  bienheureux  &  l'enfer,  Luc,  Jt/1, 
16,  Le  Port-Royal  a  traduit  un  grand  ahyme.  Le 
P.  Bouhours  un  gouffre  tres-vafle.  Il  y  a  un  goufife 
très-vafte  entre  vous  &:  nous.  Le  P.  Simon  l'a  lliivi.  Il 
y  a  de  plus  un  grand  gouffre  entre  vous&:  nous. 
Les  Grecs  anciens  entendoient  l'air  par  le  chuos^ 
Vossius ,  De  IdoM.  L.  II ,  c.  25. 

Ce  mot  eft  purement  grec ,  x«»5  >  qui  vient  de 
;y«/ï« ,  dehiff:o. 

Le  chaos  des  Poètes  n'cft  autre  chofe  que  l'état 
où  toutes  chof;s  étoient  dans  l'inftant  de  la  créa- 
tion ,  avant  que  Dieu  les  eût  arrangées  dans  l'or- 
dre où  elles  font.  Foye^  les  notes  de  Grotius  liit 
fon  premier  livre  de  la  Firité  de  la  Religion  Chré- 
tienne. Héfîode  ,  dans  la  Théogonie  ,v.  i\6  &  jiiiv. 
&C  Ovide  au  commencement  de  les  Métamorphofes  , 
ont  décrit  le  chaos.  Jean  André  d'Anguillara  a 
.  traduit  la  Defcription  d'Ovide  en  vers  italiens 
Gafparo  Murrola  le  décrit  dans  le  premier  chant 
de  fon  Poème  délia  Creatione  del  Mondo  ,n.  25 
&  fniv.  De  Barras  l'a  auffi  décrit  dans  Le  premier 
Jour  de  lapremière  Semaine  ,  6c  il  commence  ainiî  : 

Ce  premier  monde  étoit  une  forme  fans  forme. 
Une  pile  confufe-,  un  mélange  difforme, 
D'abymes  un  abyme  ,  un  corps  mal  compaffe  , 
Un  chaos  de  chaos  ,  un  tas  mal  entafff,  &c. 

D'Aflbuci    décrit  ainfî   le    chaos   en    vers  bur- 
lefques  : 

Jlors  il  n'était  point  de  monde  ^ 

Point  de  miroir  ni  de  rotonde ,  ^ 


4J8 


C  H  A 

D'heures ,  de  jour  ,  dd  mois  ,  ni  d'an  ,' 
Point  d'horloge ,  m  de  cadran. 


Là  ,  le  ch.nid  puijfant  Margajat 
Cha(j'oit  le  froid  fauve  Goujat  , 
El  le  froid  l'aggrippant  aux  quilles. 
Lui  faijoit  anjji  jaire  giltes. 
Ici  le  mol  choquant  le  dur 
Se  ca[joit  le  «f{  contre  un  mur  ; 
Là  ,  lejec ,  comme  un  autre  Alcide , 
Coml'nttant  la  puij/ànce  humide  , 
Ne  s'épargnait  m  prou-,  ni  peu, 
La.  terre  &  l'air  crioient  au  feu  ; 
Et  le  feu  deffous  Amj  hitrite  , 
Comme  au  cul  de  notre  rnarmiie  , 
Surmonte  par  jon  propre  ejjorl , 
Crioit  à  Jon  tour ,  je  Juis  mort. 

Les  Poètes  firent  un  Lieu  du  Chaos,  qui  fut  le  pre- 
mier ,  le  plus  ancien  ,  &  le  père  des  tous  les  autres. 
Voye^  Héi'ode,  cité. 

Chaos  ,  fe  dit  fisu»cment  de  ce  qui  eft  contus  5: 
brouillé.  Rerum  ccnfijio.  Les  alîaires  de  cette  mai- 
fon  font  fi  brouillées ,  &  il  y  a  tant  de  procès , 
quec'eftun  c^rtoj;  on  n'y  voit  goûte.  Qui  peut 
débrouiller  cette  confufion  &:  ce  chaos  ?  Arn.  Son 
dilcours  efl:  pour  moi  un  chaos  impénétrable.  S, 
EvR.LaComédie  demeura  dans  fon  prem.ier  chaos  , 
pendant  que  la  Tragédie  fit  de  grands  progrès. 
Dac. 

^  CHAOURΠ ou  CHAOURS.  Petite  ville  de 
Champagne  ,  Diocèfe  de  Langres ,  Eledion  de 
Bai-fur-Aube,. 

CHAOURL  f  m.  qu'on  nomme  auifi  SAIN.  Monnoie 
d'aro^ent  qui  a  cours  à  Teflis ,  capitale  de  Géorgie. 
f^oye^  Sain. 

fCT  CHAOYANG.  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  Pro- 
vince de  Quanton  ,  département  de  Chaochcu. 
Latir.  i;<'  io'. 

^  CHAOYVEN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Pro- 
vince de  Channton  ,  dépaitement  de  Tengchcu. 
Latit.  ;<î^l  6'. 

CKAPE.  f.f.  |p=-  Ornement  d'Eglife  qui  va  jufqu'aux 
talons,  &  s'agratfe  par  devant,  &:  que  portent 
l'Evêque  ,  le  Prêtre  officiant ,  les  Chantres  ,  &c. 
Sacra  trabea  ,  vejtis  pluvialis.  Les  Anciens  l'appc- 
loient  pluvial,  k  la  Proceilîon  du  Saint  Sacrement 
tout  le  chœur  efl:  en  chape.  Les  Officiers  avoient 
des  chapes  en  btoderies  d'or  &:  de  perles.  La.  chape 
rouie  n'appartenoit  autrefois  qu'aux  Papes.  La  chape 
de  S.  Martin  étoit  autrefois  une  précieufe  relique 
que  nos  Rois  portoient  à  la  guerre.  ^  C'étoit 
un  voile  de  taffetas ,  fur  lequel  ce  faint  étoit  peint 
&  qui  avoit  été  un  jour  ou  deux  fut  fon  tombeau. 
Ce  voile  étoit  gardé  avec  rcfpccl  fous  une  tente. 
Avant  que  que  d'en  venir  aux  mains ,  on  le  por- 
toit  comme  en  triomphe  autour  du  camp.  LeGîkd. 
A  \2.chapeàz  S.  Martin  ,  qui  fut  en  vogue  pendant 
fix  cens  ans ,  fucceda  au  XII«  fiècie  une  autre  bannière 
non  moins  fâmeufe ,  que  l'on  appela  Oriflamme. 
Quelques-uns  onr  cru  que  la  chape  de  famt  Mar- 
tin étoit  l'oriflamme  -,  mais  Borci  prétend  que  c'étoit 
l'étendard  de  France  ,  dont  les  Ducs  d'Anjou  étoient 
Gardiens,  comme  Grards  Sénéchaux  de  France: 
c'étoit  une  efpcce  de  rocher  aflez  court ,  fans  man- 
ches. Or\  préroit  autrefois  le  iermenr  fur  la  chape 
de  S.  Martin  Voyez  Etendard&:  Oriflamme. 
Ce  mot  vient  du  latin  capa. 

Chape  ,  fe  ditaufTi  de  l'habit  que  portent  les  Cardi- 
naux ,  oui  a  un  capuce  doublé  d'hermine.  Chape 
touçre,  chape  violette. 

Chape,  eflrauflî  le  vêtement  de  deiîlis  que  portent 
les  Chanoines  &  quelques  Religieux,  &  particulière- 
ment les  Chanoines  Réguliers.  C'étoit  le  vrai  ufage 
du  p''vi.il ,  parce  qu'ils  s'en  fervoient  en  hiver  pour 
fe  défendre  conrrela  pluie,  6c  conferver  leur  linge 
ou  rochet. 
Chape,  fé  dilbit  autrefois  de  toutes  foites  de  robes 


C  H  A 

ou  capes ,  ou  de  manteaux  dont  on  fe  couvrok 
la  tête  pour  le  défendre  aes  injures  du  temps.  Tra- 
bea  ;  &:  on  appcloit  forte-chape  chez  le  Roi ,  celui 
qu'on  appelle  maintenant    forte-manteau.  Quel- 
ques-uns font  venir  ce  mot  de  capclla.  ou  capra, 
parce  qu'anciennement  les  étoffes  ctoicnt  de  poil 
de  chèvre.  De  chape,  pris  en  ce  fens,  on  a  forme 
chapeau  ôc  chaperon. 
Chape  ,  fe  dit  auflî  de  plufieurs-chofes  qui  ferventà 
couvrir  ou  à  mettre  fur  une  autre.  Uperculum.  Ainfi 
on  appelle  la  chape  d'un  alembic  ,   fa  couverture, 
&  autrement ,  chapelle  ;  &  on  appelle  chape  avei.- 
gle ,  celle  qui  n'a  point  d'autre  ouverture  que  le 
trou  j)ar  où  elle  reçoit  la  vapeur.  ^C  Dans  ce  fers 
r»ide  chape  eÙ.  bref,  au  lieu  que  la  prononciation 
en  cA  longue  en  parlant  de  la  chape  d'un  Evêque. 
Le  mouflle  d'une  poulie  s'appelle  auHi  chape.  Le 
chapiteau  cteuxfait  en  forme  de  cône  concave,  & 
qui  couvre  le  pivot  fur  lequel  roule  l'aiguille  ai- 
mantée ,  fe  nomme  de  même  chape.  Les  Maîtres 
Cuifiniers  prennenr  la  qualité  de  Forte-chapes  de 
la  ville,  fauxbourgs  fie  banlieue  de  Paris,  parce 
qu'ils  appellent  fArf/f|jCT  le  couvercle  d'argent  ou 
àc  fer  blanc  dont  ils  couvrent  les  plats  pour  les 
trani porter  chaudement  &  proprement. 

On  nomme  aulli  chapes  ,  les  planches  dans  lef 

qu'elles  fe  fichent  les  tuyaux  d'orgues ,  qui  fervent 

en  eflét  de  couverture  au  fbmmier,  où  fe  fait  la  diA 

tribution  du  vent.  Operculum. 

Chape.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  la  monture  d'une 

ou  de  plufîeurj  poulies. 
Chape,  on  appelle  encore  chape-,  le  bout  des  mitai- 
nes des  femmes,  ce  qui  couvre  le  dos  des  doigts 
de  la  main.  La  chape  eil  arondie  &  doublée  ordi- 
nairement de  taffetas. 
Chape,  en  termes  de  Monnoyage  ,  fignifie  le  defîûs 
des  fourneaux  où  fe  fondent   les  métaux ,  &  où 
l'on  fait  les  affinages. 
Chape,  le  dit  pareiîU  ment  dans  le  commerce  delà 
poudre  à  canon,  &  dans  les  mioulins  où  on  la  6- 
brique  ,  d'un   doible  baril  que  l'on  met  ordinai- 
rement aux  poudres  qui  font  deftinécs  pour  l'artil- 
lerie de  terre  ,  afin  de  les  garantir  de  l'humiefitc 
des  fouterrains  où  l'on  a  coutume  de  les  confer- 
ver. 
I^T  On  met  autîi  des  chapes  aux  vins  qu'on  tranf- 
porte  ,  non-feulement  pour  que  le  vin  ne  s'évente 
point ,  mais  encore  pour  empêcher  les  Voinuiets 
de  le  voler. 
Chape.  Terme  de  Marine.  On  appelle  fur  mer  faire 
chape,  ou  l'on  dit  qu'un  navire  tait  chape,  lorf- 
qu'il  tourne  toujours  &  revient  dans  la  même  fi- 
tuation,A'  qu'au  lieu  de  \irer,  il  vient  arrière. 
Chape,  en  Architedure,  eft  l'enduit  fur  l'extrados 
d'une  voûte,  ou  lunette    gothique,  fait    de  bon 
mortier ,  &:  quelquefois  de  ciment.  Inducia  arenatù 
e.xtima  camerœ  Juperfcies. 
Chape  ,  en  tctmes  de  Fondeurs  fe  d't  aulîl  des  creux 
de  plître  qui  enferment  les  plus  petites  pièces  d'un 
moule  dont  on  forme  quelque  figure. 
Chape  ,  en  tetmes  d'Otfévre ,  eft  la  partie  de  la  bou- 
cle où  cil:  le  bouton,  Se  qui  eft  un  peu  plate  &;  large. 
On  fait  aujourd'hui  plufieurs  fortes  de  boucles,  dont 
les  chapes  n'ont  point  de  bouton.  Extrema  pars 
quâjihulainferitur&aihœrefcit.  Ce  font  les  chapti 
mêmes  qui  étant  par  le  bout  en  forme  de  deux  cro» 
chers ,  enrrent  dans  la  fente  de  i'oreille  du  foulier 
où  la  boucle  eft  attachée.  C/ï^r/^e  à  l'Angloife. 
ChaTE.  Terme  de  Ccinturier.  Morceau  de  cuir  qui 
fouticnt  les  boucles  de  devant  &:  celles  du  remoiv- 
tant  d'un  baudrier. 

On  dit  proverbialement ,  f?  débattre  de  la  chape 
à  l'Evêque  ;  pour  dire,  conteftcr  fur  une  chofeoù 
on  n'a  ni  on  ne  peut  avoit  d'intéict.  Ce  proverbe 
eft  fort  ancien ,  &  on  dit  en  latin  de  capa  Epif- 
copi.Du  Cange.  Il  fignifie  ,  fe  débatte  de  queloue 
chofe,  conteftet  pour  en  tirer  chacun  ce  que  l'on 
pourra.  Ce  proverbe  eft  très-ordinaire  en  Berry  , 
où  fubfifte  encore  l'ancienne  coutume ,  gui  ap^^a- 


CH  A 

refnmeRt  lui  a  donne  le  commencement  •,  car  lorf- 
quc  l'Archevêque  de  Bourges  met  pour  la  première 
fois  le  pied  dans  la  Cathédrale  ,  pour  en  prendre 
poHeinon  ,  le  peuple  qui  eilà  la  porte  ie  jette  fur 
la  chape  dont  le  l'rcLu  eft  revêtu  ,  &  qui  ne  tient 
qu'à  un  fil  de  l'oie  ;  &  on  la  met  en  pièces ,  ciiacun 
le  battant  à  qui  en  auia  un  morceau ,  &;  à  qui  en 
emportera    davantage.  On  dit  aulfij  qu'un  homme 
cherche  chape-chute  ■■,  pour  dire ,  qu'il  cherche  ,  ou 
qu'il  trouve  quelque  occalion  ,    quelque  hazard  , 
quelque  rencontre  avantageule ,   parce  qu'autrefois 
chape  (igniiioit  un  manteau.  fjCJ"  Mais  aujourd'hui 
on  dit  plus  communément ,  chercher  &   trouver 
chape-chute ,  pour  dire,  quelque  chofe  de  del'agréa- 
ble  ,  à  la  place  de  ce  qu'on  cherchoit  d'avanta- 
geux. 

Je  lui  dis  que  ce  n'eft  point  là  la  vie  d'un  hon- 
nête hom.me  ,  qu'il  trouvera  quelque  chape-chute , 
Se  qu'à  force  de  s'expofer ,  il  aura  l'on  fait.  M^^ 

DE   SeV. 

CHAPE,  ad].  En  termes  de  Blafon  ,  (e  dit  d'une  pièce 
£iite  en  figure  de  chevron  ,  mais  qui  eft  pleine  au- 
dedans  &  mailive,   en  forte  que  le  champ  de  de- 
hors qui  eft  dans  l'ccu  f  mble  lui  fervir  de  chape, 
ou  de  manteau  :  &  en  ce  cas  on  l'appelle  ccu  chap^ , 
parce  qu'il  s'ouvre  en  chape  ou  en  pavillon,  depuis 
le  milieu  du  chef  jufqu'au  milieu  des  flancs.  Tra- 
teatus    Telles  font  les  armoiries  des  Dominicains 
&  des  Carmes  \  &  c'eft  l'image   de  leurs  robes  &; 
de  leurs  chapes.  Il  s'en  trouve  de  plulieurs  fortes , 
un  ccu  chape  lojangé ,  un  écu  chape  enté  ,  un  écu 
chape  crénelé  ,  un  ccu  c'htipe  écartellé ,  fuiv.int  les 
figures  ouïes  ornemens  qu'on  met  en  ces  chape:>. 
Son  oppofc  eft  chauffe. 
Chape,  adj.  m.  Revêtu  d'une  chape.  L'Evêque  va  le 
revêtir  des  ornemens  pontificaux  dans  la  Chapelle 
paroifîiale  qui  eft  au  bas  de  la  nef,  où  le  chœur  tour 
chape  le  va  quérir,  f^'oyages  Liturgiques  de  France. 
■  Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage  dans  cette  acception. 
CHAPEAU,  f.  m.  Habillement  ou  couverture  de  tête, 
^fT  qui   eft    ordinairement   d'etotie    foulée  ,   de 
laine  ou   de  poil  ,  &:  qui  a  une    forme  avec   des 
bords.  Petajus  ,  caujia.  On  met  des  bords  au  cha- 
peau pour  garantir  le  haut  du  corps  de  la  pluie. 
Un  chapeau  de  laine.  Petajus  laneus.  Un  chapeau 
de  caftor  ,  de  vigogne.  Fibrinus.  Un  chapeau   des 
fept  fortes.  Un  chapeau  de  paille.  Stramineus.  La 
forme,  les    bords  d'un    chapeau.   Tcjtudo ,  cavum 
pilei ,  pilei mari^ines.  On  a  dit  autrefois,   un  cha- 
pe! orfroifié  de  l-i jettes  d'or  &  de  greffes  perles  ,  c'eft- 
à-dire ,  bordé  de  palTemens  &  de  perles.  On  a  ap- 
pelé aufn  un  heaume ,  chapel  de  fer  a  vijlere.  Naudé 
appelle,  dans  fon  Mafcurat,  \{i%z.x\c\tn^ chapeaux 
des  Efpagnols,  des  chapeaux ^'^ot  à  beurre. 

On  ne  voit  point  de  chapeau  avant  le  règne  de 
Charles  VI.  On  commença  de  fon  temps  à  en  por- 
ter à  la  campagne  :  on  en  porta  fous  Charles  VII 
dans  les  villes  en  temps  de  pluie  ,  &  fous  Louis  XI 
en  tous  temps.  Louis  XII  reprit  le  mortier.  Fran- 
çois I  s'en  dégoûta  ,  &:  porta  toujours  un  ch.ijeau. 
Le  Gendre.  Quand  Charles  VII  fit  fon  entrée  dans 
Rouen  le  I G  Novembre  1449,  il  avoir  un  chapeau 
de  caftor  doublé  de  velours  rouge  furmonté  d'une 
houpe  de  fil  d'or.  C'eft  dans  cette  entrée  ,  ou  du 
moins  fous  ce  règne ,  qu'on  commença  à  voir  en 
France  l'ufage  des  chapeaux  &  des  bonnets ,  qui 
?'introduifit  depuis  peu-à-peu ,  à  la  place  des  chape-  . 
rons ,  dcfquels  on  s'étoit  fervi  de  tout  temps  P. 
Daniel  ,  Tom.  Il ,  p.\  104. 

On  regardoit  comme  un  très-grand  défordre  en 
149«;  ,  que  les  Ecclcliaftiques  commençafîent,  à  la 
manière  des  féculiers  ,  de  porter  des  chapeaux  fans 
cornettes.  Il  fut  ordonne  qu'ils  auroient  de<.  cha- 
perons de  drap  noir  avec  des  cornrrre'--  honnêtes  ; 
t'^' que  s'ils  étoient  pauvres ,  ils  auroient  du  mo'ns 
des  cornettes  attachées  àl^nts  chapeaux,  ?<  cela  fous 
peine  de  fufpcnlicn  ,  d'excommunication  ,  &  de 
paver  cent  fois  d'amende.  L'ufage  des  chapeaux 
ctoit   plus  ancien    en  Bretagne  de  plus  de  deux 


CHA  459 

cents  ans  parmi  les  Ecclcliaftiques ,  principalement 
parmi  les  Chanoines  :  mais  ces  chapeaux  croient 
comme  des  bonnets ,  &  c'eft  d'où  lont  venus  les 
bonnets  carrés  des  Ecclcliaftiques.  Un  Evêque  de 
Dol ,  du  XlPfiècle  ,  zélé  pour  le  bon  ordre,  per- 
mit aux  Chanoines  feulement  de  porter  de  ces 
fortes  de  chapeaux^  &  voulut  que  li  d'autres  en 
portoient  dans  l'Eglife  ,  l'Office  divin  celsât  auifi- 
tôt.  LoBiNEAU  ,  Tome  1 ,  p.  845. 

Ce  mot  vient  de  cape  &  de  capellum  ,  félon  Mé- 
nage, ou  de  capelliu  ,  que  l'on  trouve  dans  la  bafîè 
latinité  ,  fynonyme  de  caputium ,  capuce  ,  habille- 
ment de  tête.  Kaye^  Aci.  SS.  April.  T.  11.,  p.^i. 
On  a  dit  autrefois  capel,  que  l'on  dit  même  quel- 
quefois encore  en  badinant ,  &  dans  le  ftyle  bur- 
lefque  : 

Mais  je  jugeai  portant  fous  mon  capel  , 
Tout  tien  compte ,  qu'il  etoit  bon  d'attendre. 

D'autres  le  dérivent  de  l'allemand ,  fchapel , 
lignifiant  un  chapeau  de  fleurs.  Joannes  de  Janua, 
dit  que  c'eft  parva  capa ,  eà  quod  capillos  tegat , 
&  ejt  quafi  capitis  pellis. 

On  dit ,  mettre  la  main  au  chapeau.  Pafquier 
remarque  en  fes/ftfc/ztrc/^ej,  qu'en  beaucoup  d'U- 
niveditcs  d'Allemagne  ,  lorfque  les  Profeifeurs 
nomment  Turnèbe  ou  Cujas ,  tous  les  Auditeurs 
ne  manqr.ent  jamais  de  mettre  la  main  au  chapeau  ; 
t.int  eft  grand  l'honneur  &  le  refpeél  qu'ils  por- 
tent à  leur  mémoire.  J'ai  oui  dire  que  dans  l'Uni- 
verfitc  de  Bourges  on  fait  la  même  chofe  pour 
Cujas.  Donner  un  coup  de  chapeau  ,  ôtet  le  cha- 
peau à  quelqu'un ,  être  devant  lui  chapeau  bas. 
Caput  aperire  ,  petafum  ponere  ;  pour  dire ,  fe 
découvrir ,  être  tête  nue  devant  lui ,  pour  le  faluer, 
ou  lui  rémoigner  du  refpeél.  EJfe  aperto  capite. 

On  dit,  mettre  chapeau  bas,  pour  dire,  ôter 
fon  chapeau ,  &  abfolument ,  chapeau  bas ,  pour 
dire ,  découvrez-vous ,  ôtez  votre  chapeau.  Oter 
fon  chapeau  à  quelqu'un,  pour  dire,  le  faluer, 
en  fe  découvrant  la  tête.  Acad.  Fr. 

On  dit  d'une  querelle  qui  s'eft  pafîce  fans  beau- 
coup  de  '.'éfordre  :  tant  de  tués  que  de  blelfés,  il 
n'y  a  qu'un  chapeau  de  perdu. 

On  dir  familièrement  6c  populairement  que  le 
père  d'un  enfant  nouveau  né  va  toutner  fon  cha- 
peau^ pour  prier  un  parrcin  &  une  marreine. 

Les  Chapeliers  appellent  chapeau  en  blanc  ,  un 
chapeau  qui  n'eft  pas  encore  teint.  Petafus  nullo 
culoro  imlutiis ,  tinclus. 
Chapeau  ,  lignifie  quelquefois  un  homme.  Il  y  avoir 
pluficurs  femmes  à  cette  affemblée  ,  mais  il  n'y 
avoit  pas  un  chapeau.  Cela  eft  du  ftyle  familier. 

On  appelle  chapeau  de  fleurs  ,  une  couronne  de 
fleurs  qu'on  met  fur  la  rctc  des  filles,  loifqu'on 
les  époufe.  Florea  corolla. 

Chapeau  de  rofes,  ou  chape/  de  rofes ,  lignifie 
anlll  un  léger  don  que  les  pères  &  mères  font  à  leut 
fille ,  quand  ils  la  matient  ;  de  manière  qu'ils  ne  lui 
donnent  pas  tout  fon  advenant  8é  légitime  por- 


t;on. 


(CT  II  y  a  quelques  coutumes  où  la  fille  mariée  par 
ft  s  père  &:  mère  avec  un  chapeau  de  rofes ,  re  peut 
plus  venir  à  leur  fuccelfion.  Fove:^  la  Coutume  de 
Tours  &  celle  d'Auvergne.  C'eft  une  difpofitîon 
introduite  en  faveur  drs  mâles ,  pour  leur  confervcr 
les  biens  des  familles.  La  Cortumede  Normandie  a 
une  difpofition  femblable.  Si  rien  n'a  été  promis 
à  la  fille,  rien  n'aura. 

Cette  difpofition  a  aulîî  lieu  entre  nobles  dans 
la  Coutume  de  Touraine.  Suivant  toutes  ces  Cou- 
tumes ,  les  filles  doivent  fe  contenter  de  ce  qui  leur 
a  été  donné  en  mariage  par  leurs  pères  ^  mères , 
fuirenr-elles  mariées  avec  des  chapeaux  de  rofes  -, 
en  forte  qu'étant  une  fois  mariées ,  elles  ne  peuvent 
plus  précendre  à  leurs  fucc^ffions. 

Chapeau  de  fleurs  ,  fe  dit  aulfi  pour  la  couronne 
de  fleurs  que  le  Clergé  porte  fur  la  tête  aux  pto- 


44^  C  H  A 

cefTions   du   faine  Sacrement  ,    ou    dans    d'autres 
cérémonies. 
ft^-  On  appelle  chapeau  de   Cardinal ,  une  iorte  de 
chapeau  rou^e ,  qui  a  la  forme   très-plate    &  les 
bords  très-grands,  &  d'où  pendent  de  grands  cor- 
'  dons  de  foie  rouge. 
Chapeau   de    Cardinal  ,    &   abfolument   cimpeau  , 
'  fe  dit  aufll  de  la  dignité  de  Cardinal  &  de  la  pro- 
motion à  cette  dignité.  Prétendre  au  chapeau  ,  at- 
tendre; recevoir  le  chapeau.  Les  Catdmaux  por- 
tent le  chapeau  rouge  à  Rome  dans  les  cercmonies. 
Ceft  Innocent  IV  qui  établit  cet  ulage  l'an' ■r245, 
pout  leur  apprendre  qu'ils  doivent  êvK  prctsa  ré- 
pandre leur  fang  pour  Jesus-Christ.^ 

Lé  Roi  ne  put   jamais  fe-réloudre  a  permettre 
que  l'Evêque  reçut  le  chapeau.  BouH.Kiê  deSAsn. 
L  IV  Le  Cardinal  Bellarmin  fut  le  fécond  de  la 
Compagnie  de  Jéfus ,  que  le  Pape  Clément  VIII 
obligeaVfous  peine  de  péché  ,  à  recevoir  le  cha- 
peau.^ Id.  L.  VI. 
Chapeau  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'une  marque 
de'dienité  eccléhaftique., /^ew>-y  >  &  principale- 
ment de  celui  des  Cardinaux,  qu'on  appelle  -ab- 
folument chapeau  rouge.  Fecajus  purpureiis.  Voyez 
Chapeau  de  Cardinal.  H  eft  garni  de  longs  cor- 
dons de  foie  entrelacés ,  qui  pendent-du  dedans  &; 
aux  côtés  avec  cinq  rangs  de  houpes  ,   que    les 
Italiens  appellent  fiocchi ,  qui  croilfenf  en  nombre 
à  mefure  qu'elles  defcendcnt.  Se  font  jufqu'à  quinze 
houppes  dans  cet  ordre  ,  1,1,  3  ?  4  ^^  5.  Ce  c/i^z- 
peau  leur  fut  donné  par  Innocent  IV,  l'an  1150, 
comme   difent  Volaterran    &:    Polydore    Virgilt, 
D'autres  difenr  que  ce  fut  l'an  114^,  au  Concile  de 
Lyon  j  mais  on  ne  les  a  mis  fur  le  timbre  des  Ar- 
moiries que  depuis  l'an  1300.  Auparavant  les  Car- 
'    dinaux    étoient  repréfentés   avec  des    mitres.  Les 
Patriarches  &  les  Archevêques  ont  le  chapeau  vert, 
avec  quinze  houpes  comme  les  Cardinaux.  Les  Eve- 
■.    ques  Tout  de  même  couleur,  avec  dix  houpes. 

Les  Abbés  S;  les  Protonôtaires  le  portent  ncr 
avec  deux  rangs  dé  houpes  :  i,  1.  Ces  chapeaux 
fe  mettent  par  ornement  au  -  deflus  de  l'ccu  , 
comme  les  m'itrcs  &  les  couronnes.  Le  P.  Mcne- 
ftrier ,  dans  Ï0rï<(ine  des  Ornemens  des  Armoi- 
ries ,  dit  que  l'ufagc  du  chapeau  pour  tous  ic.s 
Prélats  vient  d'Efpa^nc ,  où  on  le  voit  dès  l'an  1400  , 
&  que  Triftan  de^Salazar  ,  Efpagnol  de  nation  , 
Archevêque  de  Sens,  femble  être  le  premier  qui 
l'a  introduit  en  France  pour  les  Archevêques. 

Il  y  a  des  Ecus  qui  portent  aufll  des  chapeaux  de 
divers  émaux.  Dans  un  des  bas-reliefs  de  larour 
iituée  au  côté  méridional  de  l'Eglife  Cathédrale 
de  Nantes ,  il  y  a  un  écuifon  d'hermines  ,  ou  de 
Bretagne  moderne,  couché  6c  timbre  d'un  cafque 
fermé,  couvert  d'un  lambrequin  d'hermines,  & 
d'un  chapeau  fourré  &:  rebrafle  de  même.  On  croit 
qu'il  eft  de  Jean  V,  Duc  de  Bretagne,  qui  rit 
conftruirc  la  façade  de  cette  Es^life  ,  où  il  pofa 
la  première  pierre  au  mois  d'Avril  1454. 

Les  Anciens  ont  pris  le  chapeau  pour  un  fym- 
bole    de  liberté,  comme  on  voit  dans   plufieurs 
médailles ,  avec  cette  légende ,  Libertas  puHica. 
La  raifon  efl  que  les  Romains,  en  affranchilîanc 
leurs  Efclaves ,  leur  donnoient  le  chapeau. 
|Cf  Les  Armuriers  appellent  chapeau  à  l'épreuve  di 
monfijuet,  une  efpèce  de  coëffe  de  fer  que  les  Sol- 
dars  mettent  dans  la  coéffe  de  leur  chapeau.  Cajjis 
ferrea  plumbo  mijfili  impervia. 
Chapeau,  en  termes  de  Charpenterie,  fe  dit  d'une 
efoèce    de   petit  fironton    qui  fait  la    couvertute 
d'une  lucarne  fur  un  pan  de  bois.  On  le  dit  auffi 
de  la  plus  haute  pièce  de  charpente  qui  aifembL- 
des  poteaux  corniers  dans  un  clocher,  ou  un  pan 
de  bois ,  &c. 
Chapeau    fe  dit   aulîî   de  la    pièce  de  bois  qu'on 
met  au-defll'-s  des  étales  pour  foutenir  des  pou- 
tres ^  des  folives.  On  l'appelle  chapeau  d'étaie.^ 
"  '       On  appelle  encore    chapeau  ,  la  pièce  de.  bois 


C  H  A 


"qui  fert  d'appui  tout  au  haut  d'un  efcaiicr  de  cher- 
pente. 

En  Mâconneiie ,  l'on  appelle  chapeau ,  le    cou- 
ronnement ,  le   chaperon  ,  ou  le  haut  d'une  mu- 
raille en  talut  ,  pour  donner  l'égoùt    aux  eaux. 
Chapeau  ,  terme   d'Horlogerie.   Ceft    une     pièce 
faite  en  cône ,  dont  la  baie  couvre  ,  par  exemple , 
une  roue  que  l'on  veut  ferrer  fur  un  des  arbres  d'une 
machine  à  fendre  :  le  fommet  du  chapeau  entre 
dans  un  petit  trou  fait  au  bout  d'une  vis  qui  le 
fetre  fortement  contre  la  roue. 
Chapeau.  On  nomme  ainfi   en  Hollande  une  cer- 
taine mefure  de  compte ,  lur  laquelle  s'évaluent 
les  droits  d'entrée  &  de  Ibrtie  qui  fe  payent  pour 
le  thon. 
Chapeau.  C'eft  encote  une  ir.efure  pour  les  grairis , 
dont  on  fe  fert  à  Delft.  Le  chapeau  contient  treize 
viertels  de  Breda ,  ou  quatoize  d'Anvers. 
Chapeau     de  Maure  ,  en  tetmes  de  Commerce  de 
mer,    lignifie  un  certain  droit,  ou  préfent,  que 
les  Maîttes  des  vaillêaux  marchands  fe  font  don-, 
net  pour  chaque  tonneau  de  marchandile  qui  fé 
charge  dans  leurs  bords.  Ainfi  un  Maître  de  navire 
ditTll  me  faut  tant  pout   le  fret,  &  tant  pour 
mon  chapeau. 
Chapeau  de  fil  de  pieux.  C'eft  une  pièce  de  bois 
que  des  chevilles  de  fer  tiennent  attachée  fut  les 
coutonnes  d'un  fil  de  pieux,  foit  dans  un  batar- 
d'eau,  foit  dans  une  chauflce. 
Chapeau  de  rofes.  Teime  de  Phaimacie,  qui  fe  dit 
des  rofes  am'aliccs  en  forme  de  gâteau  au  fond  d'un 
alembic,  aptes  en  avoir-fait  diftiller  lleau.  On  s'en 
fert  en  fomentation ,  en  le  taifant  bouillit  dans  du 
vin- pout  fortifier. 
fC?  On  donne  en  général  le  nom  de  chapeau  ,  aa 
marc  qui  refte  au  fond  des  alembics ,  après  cer- 
taines diftillations  de  végétaux. 
£)Cr  Chapeau,  chez  les  Titeurs  d'or,  efpèce" de  bo- 
bine, lùr  laquelle  ils  roulenr  l'or  avant  "qu'il  foit 
dcgrolîi ,  ainfi  nommée  à  caufe  de  fa  relfemblance 
avec  un  chapeau  dont  les  bords  feroient  abattus.  _ 
On  dit  proverbialement  d'une  peifonne.à  qui 
il  eft  arrive  quelque  fu;et  de   honte,  ou  de  qui 
'   on  a   fait  quelque  médifance  :  voilà  un  beau  cha- 
peau que  vous  lui  mettez  fur  la  têtcl  On  dit  aulli, 
qu'elle  a  perdu  la  plus  belle  rofe  de  fon  chapeau, 
pour  dire  ,  qu'elle  a  fait  quelque  perte  conlidé- 
rable,  fur -tout  en  ce    qui  regarde  l'appui  &C  la 
protcd;ion. 
^  Chapeaw-Cornu.  Petite  ville  de  France  ,  dans 

le  Dauphiné ,  aux  frontières  du  Bugei.- 
CHAPEL.  f.  m.  On  a  dit  autrefois  ce  mot  pour  chai 
peau.  Un  chapel  de  rofes  ,  c'eft  un  chapeau  ou  une 
couronne  de  xoi^Capellus ,  capelhun ,  capaellum  , 
pileus.  Froifrardnoinville,  de  Viilehardouin,  fi-c, 
appellent  chapel  de  fer,\inc  efpèce  de  cafque  fait 
en  forme  de  chapeau  à  petits  bords ,  duquel  les 
Chevaliers  le  fervoient  hots  le  combat  pour  pren- 
dre haleine ,  à  caufe  de  la  trop  grande  pefanteut 
des  heaumes,  qui  leur  accabloient  la  tête,  de  que 
Nicctas  dit  avoir  été  à  s;uife  de  tours.  Du  Cange. 
CHAPELAIN,  f.  m.  C'eft  proprement  celui  qui  eft 
pourvu  d'une  Chapelle  ou  Chapellenie,  formant 
un  titie  de  Bénéfice.  Sacrario  prcefecius ,  Capel- 

lanus.  ... 

On  appelle  aulTi  Chapelain,  m  Prêtre  qui  Vien? 
dire  ordinairement  la  Melfe  dans  les  maifons  parti- 
culières, ou  qui  delîêrt  une  Chapelle  dans  Une 

■pi*/' 

Chapelain  ,  dans  l'Ordre  de  Malte ,  autrement  Dia- 
co  ,  &  Cleic  Conventuel.  C'eft  le  nom  qu'oit 
donne  au  fécond  ordre  de  l'Ordre  de  Malte.  LeSi 
Chevaliers  font  le   premier,  &  les  Scrvans-d'Ar-; 

mes  le  troifième.  y-  '  1  -  ' 

On  appelle  aufTÎ  Chapelains  les  Officiers  Eccle- 
fiaftioues  de  la  Maifon  du  Roi  &  des  Princes ,  qui 
fervent  à  leurs  Chapelles.  Il  y  a  huit  Chapelains 
de  l'Oratoire  du  Roi  fervans  par  quartier.  Les  pre- 
miers Chapelains  ont   été  ceux  qui  gardoicnt  la 

chape 


CHA 

chape  de  S.  Martin ,  &  les  aiities  reliques    que 
les  Rois  avoicnt  dans  leurs  Palais ,  &  qu'ils  por- 
roienc  à  l'armée  ,   comme    témoigne   Walafridus 
Strabo.  Les  Aumôniers  du  Roi   s'appeloient  autre- 
fois Chapelaihs.  Guillafine  de  Melmes  écoit  pre- 
mier Chapelain  de  S.  Louis.  Ce  Prince  lui  donna 
fon  Livre  de  prières  :  c'cfl:  un  in-folio  écrit   à  la 
main  en  caraûères  gothiques ,  &  orné  de  migna- 
uires ,  qui  étoiènr  fort  belles  en  ce  temps-là ,  ^' 
qu'on  cftimc  encore  aujourd'hui^,  à  caulc  de    la 
beauté  des  couleurs ,  &  fur-tour  de  l'or ,  qui  ne 
s'écaille   poinr.   Guillaume   de    Mclines    laiflà  en 
mourant  ce  Livre  aux  Cordeliers  de  Paris  ,  d'où 
il    paifa  entre  les  Inains  du  Chambellan  du  Duc 
de  Bourgogne,  de  qui  ce  Prince  l'eut  :  enfuite  les 
Rois  d'Efpagne  l'ont  eu  par  Marie,  fille  unique  & 
héritière  de  Charles,  dernier   Duc  de  Bourgogne, 
Philippe  II,  Roi  d'Elpagnclc  porta  en  Angleterre, 
&  le  bifla  à  A4arie ,  fille  d'Henri  VIII  &  de  Cathe- 
rine d'Arragon.   Ce  Livre ,  après  avoir  appartenu 
aux  plus  grands  Princes    de  l'Europe  ,    fut   rap- 
porté d'Angleterre  en  France  par  M.  de  Bellièvre  , 
qui    le    rendit  à    MM.    de   Mcfmes ,  fes  premiers 
maîtres  :  il  efl  dans    la    Bibliothèque  de  M.  de 
Mefmes ,  ci-devant  premier  Président  du  Parlement 
de  Paris, 

Chapelains  du  Pape,  lont  les  Audireurs  ou  Juges 
des  caufts  du  facré  Palais,  Controverfiarum  facrl 
Palatii  Judices.  Ils  ont  été  ainli  nommés ,  patce 
.que  le  Pape  donnoit  autrefois  audience  dans  la 
*"  Chapelle,  pour  Juger  les  queftions  fiir  lefquelles 
il  étoit  coiifulté  de  tous  les  endroits  de  la  Chré- 
tienté. Il  Y  appeloit  pout  Afléircurs  les  plus  favans 
Légiftcs  du  temps,  qui  pour  cela  étoient  appelés 
{es  C/iapd/ains;  de  c'cil  des  décrets  qu'ils  ont  don- 
nés auttefois  qu'eft  compofé  le  corps  des  Décré- 
tales.  Ils  ont  été  réduits  au  nombre  de  douze 
par  Sixte  IV; 

S'il  étoit  vrai  que  ce  mot  Chapelains  >  comirie 
on  l'a  remarqué  ci-delllis ,  eût  été  dit  d'abord  de 
ceux  qui  gardoient  la  chape  de  S.  Martin  ,  il  fe 
leroit  fôïmé  de  capa ,  &  non  pas  de  capella ,  fait 
de  capji/la  oii  capja  ,  &  lignifiant  uiie  châlle ,  com- 
me d'iutres  le  pcnlcnt  :  mais  les  noms  de  Capella 
&  CapcUanus  ne  font  connus  ,  ni  du  temps  de 
S.  Martin,  ni  dans  le  liccle  luivant.  Quelques  Au- 
teurs difent  que  les  châllés  des  Reliques  étoient 
couvertes  d'une  efpècc  de  tente,  ou  cape  ou  ca- 
pelle,  c'eft-à-dire,  petite  cape ,  &  que  c'efl:  dc-là 
que  les  Prêtres  qui  en  avoienr  foin  furent  nom- 
mes Chapelains.  Dans  la  fuite  ces  icliques  furent 
mifes  dans  une  petite  Eglife ,  ou  attenante  à  une 
grande,  ou  féparée ,  à  laquelle  on  donna  le  nom 
de  cliapelle-,  que  l'on  donnoit  à  ce  qui  couvroit  la 
châflc  -,  de  les  Prêtres  qui  avoient  foin  de  ces  cha- 
pelles, s'appelèrent  de  même  Chapelains  :  &  de-Là 
tout  Clerc  deflérvanr  une  Eglife  fut  appelé  de 
ce  nom.  Voye^  M.  Du  Cange  dans  fon  Glojfaire. 
On  trouve  dans  quelques  anciens  titres  Cahella- 
narius ,  pour  dire  Chapelain. 

CHAPELAINE.  f.  f  Qui  fe  dit  d'une  Officière  de 
l'y^bbellé  d'Ellrun  proche  d'Arras.  Capellana,  L'Ab- 
belfe  d'Eftrun  tient  table  dans  fon  appartement, 
où  elle  reçoit  les  externes ,  félon  l'obligation  qui 
lui  en  efl  impofée  par  fi  Règle.  Elle  y  a  pour 
compagne  fa  Chapelaine ,  &  elle  y  peut  appeler 
quelquefois  des  Religieufes  de  la  Communauté, 
P.  }-\i.i.Ycn ,  tom.  VI,  c.  40. 

CHAPELAINIE,  Foyei  Chapellenie. 

CHAPELER.  V.  a.  Retrancher,  enlever  avec  un  cou- 
teau le  defTus  de  la  croûte  du  pain ,  pour  la  ren- 
dre plus  mince  &  plus  aifée  à  mâcher.  Summas 
paras  cruiias  clavulâ  decutere  ;  cruflas  panis 
dijlrin^ere.  Ce  vieillard  fait  chapeler  fon  pain  à 
caulé  de  fes  mauvaifes  dents. 

Ménage  prouve  que  ce  mot  vient  du  latin  capel- 
,     lare,  d'autres  de  capnlare.  Borel  dit  qu'il   vient 
de  f  •?"(?,  c^iî/?or,  parce  que  c'eft  un  animal  à  qui 
Tome  II, 


CHA  44Î 

oh  a  ôtc  une  partie  en  le  châtrant  :  origiries  foré 
incertaines, 
CHAPELE  ,  EE,  part.     Du    pain    chapdL   Panis 

jiunmis  crujiis  exutiis. 
i:fr  CHAPELERIE.  f.  f.   Arr  de  fabriquer  les  cha- 
peiincrt  Apprendre  la  Chapelerie. 

On  le  dit   aulH    du  négoce  de    chapeaux.  Se 

mêler  de  la  Chapelerie.. 

CHAPELET,   f.   m,  Plulieurs    grains  qui   fervent  à 

compter  le  nombre  des    Pater  nojhr  &  des  Ave 

Maria   qu'on  veut  dire  en  l'honneur  de  Dieu  &: 

de  la  fainte  Vierge,  Glohiilorum  facrorum  feries  ; 

Beatœ  Virginis  corona.  On  les  appelle  autrement 

patenôtres.  Un  refaire  ell  un  chapelet  de  quinze 

dixaines  à' Ave  Alaria.  Beatœ  Firginis   rofariiim. 

Il   y  a  des  chapelets  de  corail  ,  de  diamans ,  de 

calembouc,de  bois   de  fainte  Lucie,  &c. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  la  rclTem- 
blance  qu'il  a  avec  un  chapeau  de  rofes,  dont  on 
a  fait  rojaire.  Les  Italiens  difent  corona.  On  l'a 
appelé  auin  en  italien  &  dans  la  balle  latinité 
capcllina.  On  trouve  dans  un  procès  de  la  vie 
d'Urbain  V,  fait  au  quatorzième  iiècle,  &  rapporré 
par  le  Père  Janning ,  v^f7a!  SS.  Jim.  t.  V,  p.  443. 
E.  Capellatum  reginale  cum.  gertimis  &  Lapidibus 
pretiojis  ,  pour  lignifier  une  "couronne  ornée  de 
perles  &:  de  pierres  précieufes. 

M.  Fleury,  dans  le  Difcours  préliminaire  de  fon 
XXc  tome  de  VHiJloire  Ecclejialiique ,  xapporte 
Porigine  du  chapelet  aux  Moines  du  onzième  Iiècle. 
Il  dit  que  quand  on  inftitua  des  Frères  lais  ou 
laïques  dans  ces  Ordres  Religieux  ,  on  leur  pref- 
crivit  un  certain  nombre  de  Pater  à  chacune  des 
heures  canoniales  :  &  afin  qu'ils  s'en  puHent  ac- 
quitter ,  ils  portoient  des  grains  enfilés ,  d'où , 
dit-il ,  font  venus  les  chapelets^ 
^fT  Larrey,  dans  Edouard  VI,  p.  5^0,  &  Pierre 
.  Viret  3  difent  que  l'ufage  en  fut  établi  par  Pierre 
l'hermite,  perfonnage  fameux  dans  l'Hilloire  des 
Croifades.  Saint  Dominique  inftitua  le  refaire  da 
quinze  dizaines  de  grains,  dont  on  a  diminué  le 
nombre  dans  les  chapelets  ordinaires. 

Il  y  a  aulîl  un  chapelet  ou  couronne  de  Notre 
Seigneur,  de  trente-trois  grains ,  en  l'honneur  des 
trenre  trois  années  de  fa  vie  f.ir  la  terre.  Le  Perd 
Michel  de  Camaldule  en  fut  l'Inftiruteur. 

Enfiler  des  chapelets  ,  c'eft  palfer  des  grains  dans 
un  fil  ou  un  cordon  pour  en  faire  des  chapelets. 
Défiler  un  chapelet ,  c'efl:  en  tirer  les  grains  du 
fil  ou  du  cordon  où  ils  croient  enfilés. 

On  dit  figuremcnt  ,  enfiler  &  défiler  des  cha- 
pelets ,  pour ,  faire  &  défaite  des  afïiuves  ,  les  gâ- 
ter ,  les  troubler.  Le  Cardinal  de  Richelieu  ne 
difoir-il  pas,  qiic  fix  pies  de  terre,  voulant  par- 
ler des  intrigues  du  cabinet,  lui  donnoient  plus 
de  peine  ,  qiie  tout  le  refle  de  l'Europe.  Pourquoi 
cela  î  finon  à  caufe  des  chapelets  que  l'on  y  enfile 
&  défile  continuellement.  Masc.  En  cet  endroit,) 
il  lignifie  les  affaires  que  l'on  fait  &  défait ,  les 
rcfolutions  que  l'on  prend  &  que  l'on  change 
continuellement  :  c'eft  du  ftyle  familier. 

Les  Orientaux  Otit  aufîl  des  efpèces  de  chape- 
lets qu'ils  appellent  chaînes ,  pout  faire  leurs  priè- 
res, en  difant  le  nom  de  quelqu'une  des  perfeélions 
de  Dieu  fur  chaque  grain.  Le  Grafid-Mogol  porte 
jufqu'à  huit  de  ces  chaînes;  les  unes  de  perles^ 
les  autres  de  rubis,  de  diamans  ,  de  corail,  &c. 

Les  Turcs  ont  audi  des  chapelets  fur  lefquels  ils 
récitent  des  prières.  Le  P.  Jérôme  Dandini ,  Jélùite, 
en  parle  de  cette  manière  dans  fon  Voyage  dit  MonÉ 
Liban,  c.  XI.  Les  Tufcs  ont  des  chapelets  qu'ils 
portent  à  leur  main,  ou  pendus  à  leurs  ceintures ^ 
mais  ils  différent  beaucoup  des  nôtres  5  car  les 
grains  y  font  tous  d'une  iricme  groffeur,  &ils  n'ont 
point  cette  diftinélion  qnè  nous  avons  de  dix  en 
dix  grains,  quoiqu'ils  les  cdmpofcnt  de  fix  dixaines. 
Ils  ont  anlJi  une  autre  forme  de  chapelet  qu'ils  di- 
vifcnr  en  trois  parties  avec  de  petits  fils ,  parce 
qu'il  efl  plus  grand  que  l'autre  ,  contenant  cent 

K  k  k 


442. 


CH  A 


crains  :  ils  n'emploient  pas  néanmoins  plus  de 
Temps  que  nous  à  le  réciter  ;  au  contraire  ils  ont 
plutôt  fait ,  parce  qu'ils  ne  dilent  à  chaque  grain 
pour  toute  prière,  que  ces  paroles  ,  Louange  à 
Dieu ,  ou  celles-ci ,  Gloire  à  Dieu. 

Comme  ce  Jciuite  n'eft  pas  tout-à-fai#  exaft 
<ians  la  delcription  des  chapelets  des  Turcs ,_  M. 
Simon,  qui  a  traduit  ce  Voyage  d'italien  en  fran- 
cois ,  a  ajouté  cette  remarque.  Il  eft  vrai  que  les 
crains  de  leurs  chapeUts  ne  l'ont  pas  inégaux  à  la 
fecondes  nôtres-,  aulli  ne  récitent-ils  pas  delTus 
deux  différences  prières.  Ils  ont  néanmoins  quelque 
diftindion  dans  leurs  chapelets  de  cent  grains-  ils 
les  divifcnt  en  trois  parties ,  &:  ils  difent  fur  une 
de  ces  parties  trente-trois  fois  foubhan  lallah ,  c'eft- 
à-dire ,  que  Dieu  eft  louable  î  fur  la  féconde  EUamd 
lallah,  gloire  à  Dieu  j  ô:  fur  la  troifième.  Alla 
echer  ,  Dieu  eft  grand.  Ces  trois  fois  trente-trois 
fois  ne  fiifant  que  quatre-vingt-dix-neuf,  ils  ont 
ajouté  une  autre  prière  fur  la  tcte  du  chapelet ,  pour 
faire  le  nombre  de  cent-,  Se  c'elt  en  quoi  leurs  cha- 
pelets font  fcmblables  aux  nôtres ,  parce  qu'outre 
la  couronne  6c  le  rond  de  leur  chapelet ,  il  y  a 
encore  au  bout  quelque  choie  qui  tient  la  place  de 
ce  que  nous  appelons  la  croix  du  chapelet. 

M.  Simon  croit  que  ce  chapelet  des  Mahomécans 
tire  fon  origine  de  Mea  heracoth  ,  ou  cent  béné- 
diilions ,  que    les    Juifs    font  obligés    de  réciter 
tous  les  Jours ,  &c  qu'on  trouve  dans  leurs  Livres 
de    prières.  Les  Juifs  &:   les    Mahométans ,  dit-il 
dans  cette  même  note  ,  ont  cela  de  commun ,  qu'ils 
ne  font  prefque  rien  fans  prononcer  quelque  louange 
ou  bénédidion  -,  mais  comme  les  Mahométans  ont 
réduit  CCS  cent  bénédidions  à  trois  fortes  d'aélions 
de  grâces ,  cela  les  a  obligés  d'inventer  ce  chapelet , 
divifé  en  trois,  comme  nous  avons  divifé  les  nôtres 
en  dizaines,  pour  marquer  le  nombre  des  Pater  5c 
des^v^;  outre  qu'ils  récitent  le  chapelet  en  parti- 
culier ,  ils  ont    des  chantres  qui  le  récitent  tout 
haut  dans  leurs  mofquées. 
Chapelet  de   chevalerie,  étoit  autrefois  une  guir- 
lande de  rofcs  qui    arrêtoit  les  cheveux,  &  qui 
ctoit  fort  ufitce  ,  &  connue  dans  les  vieux  Romans 
fous  le  nom  de  chapelet. 
Chapelet  ,  en  termes  d'Hydraulique,  |p*  fe  dit  d'une 
pompe  qui  va  par  le  moyen  d'une  chaîne  fans  fin ,  à 
laquelle  font  attachés  de  fuite  plufieurs  godets  ou 
féaux  ,  fervant  à  élever   les   eaux  ,   defTéchcr  des 
maraiis ,  &c. 
Chapelet  en  termes  de  Fonderie,  morceau   de  fer 
rond  Se  plat ,  avec  trois  tenons,  qui  fe  met  à  l'extrc- 
iiiité  del'ame  d'une  pièce  de  canon,  lorfqu'on  en 
fait  le  moule,  pour  affemblerla  pièce  avec  la  culafTe. 
En  terme  de  Chirurgie  ,  chapelet  eft  un  rang  de 
certaines  puftules  malignes  qui  viennent  au  front , 
Se  que  l'on  ne  manque  jamais   de  prendre  pour  un 
mauvais  ligne.  Pujhdarum  in  fronte  feries. 
Chapelet  en  termes  de  Manège  ,  eft  une  paire  d'étri- 
vieres  garnies  de  leurs  étriers ,  &  ajuftées  au  point 
du  cavalier,  qu'il  attache  au  pommeau  delà  lelle 
par  une  efpèce  de  boucle  de  cuir  qui  les  joint  en 
haut.  Cela  lui  épargne  la  peine  de  les  alonger  ou 
de  les  accourcir ,  quand  il  veut  monter  à  cheval , 
ou  en  changer.  Lorafuhicibus  peianeis  infirucla  ad 
cornmodum  equitantis. 
Chapelet  en  termes  d'Architedure  ,    eft  un    petit 
ornement  |P"  en  forme  de  petits  grains  fphériques 
ou  elliptiques  que  l'on  taille  ordinairement  fur  les 
ba2;uettes  des  architraves.  Tceniola  globuUs  incifa. 
Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes  ,  de  Hcuions ,  de  gre- 
lots ,  d'olives ,  de  patenôtres. 
Ip*  Chapelet  ,  terme  de  Pêcheur.  On  appelle  ainli 
les  balles  de  plomb  que  l'on  met  au  bas  de  cettains 
filets  pour  les  faire  aller  au  fond.  Le  haut  de  la 
fcine  demeure  fur  la  furface  de  l'eau ,  fur  les  pate- 
nôtres de   liège.  Le  bas,  appefanti  par    un  long 
chapelet  de  plomb  ,  gagne  le  fond  de  l'eau.  Pluche. 
^  Chapelet  fe  dit  plus  particulièrement  des  balles 
de  plomb  qu'on  met  au  bas  de  la  circonfétcnc;  du 


CH  A 

filet  appelé  épervier.  Il  repréfentc  en  effet  la  cou- 
ronne d'un  chapelet. 
Chapelet  le  dit  aulft  de  cette  verroterie  ou  rafîade, 
dont  il  fe,  fait  un  fi  grand  commerce  avec  les  Nè- 
gres de  la  Guinée ,  &  \at  Sauvages  de  l'Amérique  -, 
parce  que  ces  grains  de  verre  l'ont  enfilés  comme 
des  chapelets  ,^^^oni  la  facilité  du  négoce. 
Chapelet.  C'eft  encore  un  ouvrage  de  Serrurerie, 
qui  eft  du  nombre  de  ces  ibrtes  de  pencures ,  que 
l'on  appelle  des  fiches. 

Les  Marchands  d'eau-de-vie  appellent  auffi  le 
chapelet ,  une  petite  mouffe  blanche  qui  fe  forme 
en  rond  fur  la  furface  de  l'eau-de-vie ,  lorfqu'on 
la  verfc  dans  un  verre.  Ce  cercle  marque  la  bonté  de 
cette  liqueur, 
rfj-  Chapelet  ,  machine  d'Opéra.  On  appelle  ainli 
plufieurs  petits  chaflis  de  formes  différences ,  peints 
en  nuages  ,  î5c  enfilés  à  des  cordes  les  uns  après 
les  autres ,  qu'on  defcend  &  qu'on  remonte  par  le 
moyen  d'un  contre-poids. 
Chapelet,  en  termes  de  Fauconnerie,  fe  dit  pour 

chaperon. 
Chapelet,  en  Jurifprudence  coutumière,  eft  une 
marque  d'honneur  Se  de  diftinclion  que  les  Sei- 
gneurs des  Comtés  &  Baronnies  ont  droit  de  faire 
mettre  aux  fourches  patibulaires  de  leurs  Seigneu- 
ries. 'Vigier  fur  Angoumois ,  art.  i. 

On  dit'en  proverbe  ,  lorlqu'il  meurt  coup  fur  coup 
plufieurs  perlbnnes  d'une  même  famille  ,  ou  qu'elles 
fe  détachent  d'une  cabale  ,  que  le  chapelet  le  défile. 
On  dit  quand  quelqu'un  eft  puni  de  quelque  faute, 
qu'il  n'a  pas  gagné  cela  en  difant  fon  chapelet. 
CHAPELEJJKE^ de  pain.  Voyez  Chapelure. 
CHAPELIER,  f.  m.Marchand  qui  vend  deschapeaux, 
ou  l'Artilan  qui  les  fabrique.  Petaforum  Mercator , 
yel  Opifex. 
CHAPELliRE.  f.  f.  Celle  qui  vend  des  chapeaux,  ou 

la  femme  du  Chapelier. 
CHAPELLE,  f  f.  Ce  terme  a  plufieurs  acceptions, 
même  en  matière  eccléfiaftique.  Il  fignifîc  quelque- 
fois une  petite  Eglité  particulière ,  qui  n'eft  ni  Pa- 
roilfe ,  ni  Cathédrale ,  ni  Prieuré ,  qui  fubfifte  d'elle- 
même  ,  Si.  que  les  Canoniftes  appellent  fuh  dio. 
C'eft-à-dire  détachée  &  féparée  d'une  autre  Eglife. 
Sacrarium  ,  facellum. 

Il  y  a  plufieurs  Eglifes  Collégiales  qu'on  appelle 
faintes  Chapelles  ,  comme  celles  de  Paris ,  de  Dijon, 
de  Bourges  ,  de  Bourbon ,  de  "Vinccnnes ,  à  caufe 
qu'on  y  gardoit  les  reliques ,  &c.  Celle  de  Bourges 
eft  appelée  fainte  Chapelle  dans  la  Pragmatique- 
fandion  -,  mais  celle  de  Dijon  fut  d'abord  nommée 
Chapelle  Palatine  ,  ou  du  Palais ,  par  Hugues  III , 
Duc  de  Bourgogne,  qui  la  fonda  en  1172,  L'an 
1175  Philippe  fe  Hardi  ayant  fait  couronner  la 
Reine  Marie  ,  fœur  de  Jean  Duc  de  Brabant,  qu'il 
avoit  cpoufce  en  fécondes  noces  l'année  précédente , 
Se  la  cérémonie  s'étant  faite  par  l'Archevêque  de 
Reims  dans  la  Sainte  Chapelle  de  Paris ,  l'Archevêque 
de  Sens ,  en  qualicé  de  Mécropolicain  de  Paris ,  en 
fit  grand  bruit ,  îs:  en  porta  fes  plaintes  au  Légat  ; 
maïs  le  Roi  fit  ccfîèr  les  murmures ,  en  lui  décla- 
rant que  {a.  Chapelle  étoit  un  lieu  exemt,  fur  le- 
quel il  ne  pouvoit  prétendre  de  Juridiel:ion, 

Ce  mot  vient  ,  félon  quelques-uns ,  du  grec 
xaa-fAsT»,  qui  lîgnifîoit  de;7en/f5  tentes,  que  dref- 
foient  les  Marchands  dans  les  Foires  pour  fe  mettre 
à  couvert.  Papias  le  fait  venir  du  mot  grec  a«ç 
Se  du  latin  capio  quafi  capiens  a«>»  ,  ou  populum 
vel  lauiem  ;  ce  qui  eft  une  étymologie  de  Jurif- 
conflilte  impertinente.  D'autres  le  dérivent  de  cape 
Se  chape  ,  qui  fervoit  .à  fe  couvrir  le  corps ,  comme 
li  la  chapelle  n'étoit  autre  chofe  qu'un  lieu  cou- 
vert :  &:  c'eft  ainfi  qu'on  difbit  la  chape  de  fainc 
Martin  ,  qui  éroit  une  efpèce  de  manteau ,  ou  d'é- 
tendard ,  dont  les  Ducs  d'Aniou  étoient  gardiens , 
comme  Grands-Scnechaux  de  France,  Se  qu'on  por- 
toit  à  l'armée  comme  un  étendard.  D'autres  le  tirent 
à  pellihus  caprarum  ,  parce  que  ces  lieux  fe  cou- 
vroisnc  de  peaux  de  chèvres.  On  a  auffi  appelé  au- 


CH  A 

trefbis  chapelles  ^  les  châ/îcs  où  Pon  gardoit  les 
reliques  des  Saints.  Peut-être  vient-il  de  ce  que  les 
Rois ,  dans  les  voyages  &  expéditions  militaires  , 
ne  pouvant  pas  entendre  la  Meifc  dans  les  Egliles , 
qu'ils  trouvoient  Ibuvent  brûlées ,  la  failbient  dire 
ilir  une  pierre  conlacrcc  &  portative  -,  &  le  lieu 
couvert  où  on  la  diibit  s'appeloit  chapelle. 

Rebuflè  ,  dans  Ton  Traite  de  Pacificis  poffejfori- 
lus  ,  dit  que  le  mot  capella  vient  de  cappa  j'ancli 
Martini,    qui  étoit  une  chape  ou  manteau  que 
nos  Rois  de  France  avoient  coutume  de  faite  por- 
ter avec  eux ,  loriqu'ils  alloient  à  la  guerre.  Comme 
ils  failbient  garder  très-foigneuiem'ent  cette  chape 
dans  des  tentes  particulières,  on  appela  ces  tentes 
chapelles.  On  donna  le  nom  de  Chapelains  à  ceux 
qui  en  avoient  le  foin. 
Chapelle.  {Chevaliers  de  la)  Ce   font  des  Cheva- 
liers fondes  par  Henri   VIJI,    Roi  d'Angleterre, 
dans  Ibn  rellament ,  au  nombre  de  tieize.  Ce  nom- 
bre a  été  augmenté  depuis  de  la  moitié  ,  &  ils  font 
2.<î.  Ce  ne  font  point  des  Chevaliers  de  la  Jarre- 
tière -,  mais  ils  doivent  en  remplir  tous  les  devoirs 
dans  les  fervices  funèbres  des  Rois  d'Angleterre.  Ils 
font   affuicttis  à  TOifice  des  Chanoines  de  Vind- 
for  ,   &    vivent  des    penfions    que    l'Ordre    leur 
aifigne    ;     ils   en   portent   auffi   le  manteau  bleu 
ou  rouge,  avec  les  armes  de  S,  Geor<?e  fur  l'é- 
paule gauche  ;  mais  ce  manteau  n'eft  que  de  drap  , 
&  lis  ne  portent  pas  la  Jarretière  comme  les  Che- 
valiers de  cet  Ordre. 

On  appelle  aulfi  chapelle  une  partie  d'une  grande 
Eglile  Cathédrale ,  Collégiale ,  ou  autre  dans  la- 
quelle il  y  a  un  Autel  où  l'on  dit  la  Melfe,  &  que 
les  Canonises  appellent/w/'  tedo,  c'eft-à-dire,  ren- 
fermée fous  le  toit  d'une  plus  grande  Etrille.  Les 
chapelles  font  d'ordinaire  aux  arcades  quf  font  aux 
côtés  des  Eglifes  ,  ou  au-devant  des  piliers  La 
chapelle  Notre-Dame ,  de  S.  Roch  ,  &c.  mais  celle- 
ci  s'appelle  proprement  une  chapellenie.  Les  An- 
ciens les  ont  appelés  cuUcula.  Du  Cange, 
^  Il  y  a  auHl  des  chapelles  domeftiques  dans  les 
palais ,  dans  les  châteaux  &  dans  les  maifons  des 
particuliers.  Ce  ne  font  proprement  que  des  ora- 
toires privés.  Le  canon  ii  du  Concile  d'Aa:de , 
tenu  en  505,  permet  aux  particuliers  d'avoir  des' 
chapelles  dans  leurs  maifons  ,  avec  "défenfc  aux 
Clercs  d'y  célébrer  fans  la  permlifion  de  l'E- 
veque. 
|CF  On  appelle  auffi  chapelle ,  le  bénéfice  fondé  ou 
attaché  à  la  chapelle.  Annuiis  ex  facello  reditus. 
Cette  chapelle  eft  un  bénéfice  fimple.  On  lui  a 
donne  une  chapelle  qui  vaut  cent  écus.  Une  cha- 
pelle prelbytérale  ne  peut-être  poflédée  que  par  un 
Prêtre.  On  dit  plus  communément  chapellenie. 
Chapelle  ardente  ,  eft  l'appareil  funèbre  qui  envi- 
ronne le  corps  ou  la  repréfentation  d'un  défunt , 
dans  une  Eglife ,  dans  une  chapelle  particulière  ' 
ou  dans  un  appartement ,  avec  un  grand  nombre 
de  cierges  allumés.  Pyra  ardentihus  cereis.  Cliifflet 
prétend  que  les  chapelles  ardentes  ont  été  intro- 
duites fur  la  re/lcmblance  des  bûchers ,  fur  lefquels 
les  Gentils  brùloient  les  corps  morts. 

On  dit  de  quelques  Princes,  comme  le  Pape,  ou 
,  leRoid'Efpagne,  qu'ils  tiennent  cy^<z;;e//t,  quand 
ils  adiftcnt  à  l'Office  avec  de  grandes  cérémonies 
aux  jours  lolennels.  Sacrce  fupplkationes  à  Princi- 
pibus  viris  obiri  folitcc  in  templis  ex  folenni  for- 
mula. ■' 

la-  On  appelle  la  chapelle  du  P.oi ,  le  lieu  où  le 
Roi  entend  ordinairement  la  Meife  ;  &lamuiique 
de  la  chapelle  ,  les  Muficiens  qui  chantent  pendant 
la  Melfe.  On  appelle  aufîi  la  chapelle  du  Roi ,  le 
corps  de  tous  les  Officiers  qui  fervent  à  fa  chapelle , 
&  particulièrement  ceux  de  la  Mufique.  Sympho- 
niacoriim  muficorum  chorus.  Cette  manière  de  par- 
ler vient  des  Italiens  ,  qui  appellent  chapelle  ,  ca- 
pella ,  une  artemblée  ,  un  corps  de  Mufîciens  ,  & 
Maure  de  chapelle  ,  Maeftro  di  capella,  celui  que 
nous  appelons  Maître  deAlulîque.  Les  Maîtres  de 


V-'  ira  A  A  A  ^ 

la  Chapelle  du  Roi  ont  été  autrefois  appelés  Ahhe^ . 
Arcln-chapela;ns,   Secretaues  &  CV/i.c./ .f/,  ca 
Ils  gardoient  le  cachet  du  Roi.  Du  Cange 

On  appelle  encore  c^.;,.//. ,  l'argenterie  que  les 
Rois ,  les  Prélats  &:  les  Grands-Seigneurs  on  pout 
i^^^^^Y^,  chapelle,  la  croix  ,  les  chandeliers^  \t 
tnnu  ^'V      "r''"'  ^'   ^''""'  ^^-  ^^crafacdll 

Chapelle  ,  fe  dit  auffi  des  petits  temples  des  Eiufl'eS 
Religions.  F^«//,«  oranum.  Le  Chérif  alloitquel» 
quefo.s  a  une  efpèce  de  chapelle  qui  eft  dans  le  de^ 
hors  de  Moka  ,  ou  l'on  prétend  qu'il  y  a  des  Pro- 
phètes enterrés.   Voyage  de   l'Arabie  Heureufe  p. 

Chapelle,  en  Chimie,  cftle  couvercle  d'un  alembîtf» 
pour  diftiller.  Aquce  jtillatum  apex  clihanaris.  II 
le  prend  auffi  pour  une  efpèce  d'akmbic  dont  la 
çucurbite  eft  baffe,  cylindrique,  le  fond  plat,  & 
le  chapiteau  conique  &  très-élevé. 

Chapelle,  en  terme  de  Marine,  eft  un  revirert-nt 
de  navire  inopiné  ,  &  qu'on  fait  malgré  foi.  Cir- 
cumaawnavis  i^opina.  Faire  chapelle,  c'eft  virer 
maigre  loi  ,  lorfque  le  Timonier  gouverne  mal,  & 
que  par  ion  imprudence  le  vaiflcau  eft  venu  trop 
au  vent.  On  fait  auffi  chapelle  ,  ou  pat  la  force 
des  courans ,  ou  lorfque  pendant  un  calme  on  n'a 
pu  reconnoitre  le  peu  de  vent  qui  rè<ïne:  quand  cela 
eft  arrive  ,  ,1  faut  prendre  le  vent  ;  6;  remettre  le 
vanfeau. 

Chapelle,  eft  auffi  un  petit  "chapiteau  de  cuivre  qui 
couvre  le  pivot  de  l'aiguille  aimantée  dans  la  bouf- 
lole.  Operculum   œreiitn. 

Chapelle  de  viole.  C'eft  en  termes  de  Luthier,  la 
partie  de  la  viole  qui  couvre  la  roue.  Opercu- 
lum. ^ 

Chapelle  ,  fe  dit  parmi  les  Boulanç^ers  &  les  Pâtif- 
fiers  de  la  voûte  du  four.  Fornix  ,\amera.  La  cha- 
pelle de  ce  four  eft  trop  ardente. 

§Cr  Chapelle,  {droit  de)  eft  une  rétribution  en  ar- 
gent que  les  Magiftrats  ,  Avocats ,  Procureurs  &: 
autres  Officiers  payant  lors  de  leur  réception  ,  pour 
1  entretien  de  la  chapelle  commune  qui  eft  dans  l'en- 
ceinte du  Tribunal.  Encyc. 

CCr  Chapelle  de  la  Reine,  (la)  Petite  ville  de  France 
au  Gâtinois ,  à  trois  lieues  de  Fontainebleau 

IJcr  Chapelle  du  Viller,  (h)  Ville  de  France  dans 
le  Charolois,  à  une  lieue  de   Sainte-Hélène. 

ÇC?  Il  y  a  en  France  un  grand  nombre  de  lieux  & 
de  villages  qui  portent  le  nom  de  la  Chapelle,  dont 
la  lilte  leroit  trop  longue. 

CHAPELLENIE.  f.  £  C'eft ,  félon  RebufFe  ,  la  même 
chofe  que  la  chapelle  au  fécond  fens  ci-deffus  ex- 
plique ;  c'eft-î-dire  ,  un  Autel  renfermé  fous  le  toit 
d  une  autre  Eglife.  Sacellum  reditibus  annuis  in- 
jtruclum.  Panorme  eft  d'un  avis  tout  contraire  &C 
prétend  que    c'eft  une  chapelle  fub  d'o.    D'autres 
avec  plus  de  railbn  ,  appellent  chapellenie ,  le  titre 
du  bénéfice  -,  &  chapelle  ,  l'Autel  où  il  eft  deifervi. 
Loifcau  appelle  chapellenie  tout  bénéfice  à  fimple 
tonlure.  La  différence  la  plus  jufte  entre  chapelle  & 
chapellenie  ,  eft  que  la  chapelle  eft  corpus  per  Ce 
exijiens  ,  &  jnb  dio  ;  &  la  chapellenie  &{k  Jub  teSo , 
&  ie  qualifie  fub  invocatione ,  ou  ad  altare  talis 
Sancli  ou  Sayzace  ,  &:c.  C'eft-.à-dire  ,  que  la  chapelle 
clt  proprement  une  petite  Eglife  féparée  de  toute 
autre  Eglile-,  &  la   chapelknie ,  une  partie  d'une 
grande  Eglife ,  dans  laquelle  il  y  a  un  Autel.  M. 
Chaftclain  ,  dans  l'explication  des  noms  anciens  ou 
peu  connus,  définit  la  chapellenie  ,  un  bénéfice  qui 
doit  être^  deflervi  à  l'Aurel  d'une  chapelle. 

M.  Fléchier  écrir  chapellainie.  Quand  il  fut  en 
liberté  &  paifible  poflcffieur  de  fon  bénéfice ,  il  le 
permuta  avec  la  grande  chapellainie  de  l'Eglife  de 
Siguença.  FlÉch.  Viede  Ximénes  ,  L,  I , p.  \o,  L'u- 
fage  eft  pour  chapellenie. 

CHAPELURE,  f  £  Particule  qu'on  retranche  des 
croûtes  du  pain  quand  on  le  chapèle.  Cruftcc panis 
clavâ  decujfa  ;  crufia  decifx.  Les  Boulangers  ven- 

Kkkij 


C  H  A 


444 

lient  aux  pauvres  cens  les  chapelures  de  paui  pour 
faire  du  pota!j;e.  On  s'en  Icit  aulîi  tort  louvent  a 
cpailllr   de   ce^rtaines    lauces ,    à    nourrir  des    vo- 
lailles. 
CHAPERON,  f.  m.  Ancien  habillement  ou  couver- 
ture de  tête ,  tant  pour  les  hommes  que   pour  les 
femmes.  Tegmen   capiiis   qiio  vcteres   Franci  ute- 
bantuT ,  vuls,o  capero.  Le  chaperon  des  hommes  étoit 
une  coërturc  de  drap  bordée  de  fourrures  par  de- 
vant, quiavoit  une  longue  queue  pendante  par  der- 
rière. Les  Ma^iftrats  en  avoient  de  rouges  lourrcs 
de  peaux  blanches ,  &  les  Avocats  de  noirs  tourres 
de  mêmes  peaux.    L'aumulfe  des  Chanoines  croit 
auIll  une  eipèce  de  chaperon  qu'ils  portoient  en  tête , 
qu'on  appeloit  capulare.  Depuis  les  gens  de  robe 
l'ont  mis  fur  l'épaule  ,  &  les  Chanoines  fur  le  bras. 
Amicidum   quod  aliero  gejlant  humera  Magijira- 
tus  ,  brachio  Canonici ,  epomis.  Borel  remarque  que 
ce  fut  un  nommé  Patrouillet  qui  changea  l'ufage 
des  chaperons,  5c  qui  amena  la  mode  des  bonnets 
carrés.  Ménage  dir  que  les  gens  d'Eglifc  portoient 
un  chaperon  de  diveries  couleurs.  Borel  dit  de  deux 
couleurs  leulement,  t 

Li  chaperons  partis ,  longue  robe  vergie , 
Sont  li  aornement  dont  bokande  Lbergie. 

En  général  les  chaperons  éroienr  portés  tant  par 
les  grands  Seigneurs  que  par  le  peuple  -,  iJ:  on  laluoit 
en  le  rcculant\m  peu  ,  comme  font  mainrcnanr  les 
Moines.  Cette  mode  a  duré  en  Franc;  pendain  la 
première  ,  deuxième  &  troifième  race  julcu'à  Char- 
les V  ,  VI  Se  VII ,  fous  le  règne  deiquels  on  por- 
toit  encore  ces  chaperons  à  longue  queue  ,  que  les' 
Docteurs  &:  Licenciés  ont  retenu  pour  marque  de 
leurs  dégrés,  &  qu'ils  ont  fait  defcendre  de  leur 
tête  fur  répaule  ;  ce  qui  fe  prouve  par  plufieurs 
anciennes  médailles ,  monnoies  &  figures.  Alain 
"  Charrier  dit  cfi'en  1447  ,  Char/es  Fil  fit  comman- 
dement à  tous  hommes  de  porter  une  croix  fur  leur 
robe  ,  ou  chaperon;  ce  qui  prouve  que  tout  le 
monde  en  portoit  alors.  Et  MonRreler  dit  dans  fou 
premier  Tome  ,  que  la  Reine  Ijabelle  haijjcit  Jean 
Tord,  de  ce  que  lui  parlant  il  ne  kvoït  jvn  cha- 
peron ,  ce  qui  fair  connoître  qu'on  le  levoit  en  par- 
iant. Mais  cela  ne  fe  failbit  que  par  les  hommes  ,  & 
non  par  les  femmes.  Pasq.  Pendant  plus  de  mille 
ans  on  ne  s'eft  couvert  la  tête  en  France  que  d'au- 
muffes  &  de  chaperons.  Le  chaperon  croit  à  la  mode 
dès  le  temps  des  Mérovingiens  :  on  le  fourra,  fous 
Charlemagne ,  d'hermine  ou  de  menu  vair.  Le  lîècle 
d'après  on  en  fit  toùt-à-fait  de  peaux.  Ces  derniers 
s'appeloient  aumuflês  -,  ceux  qui  ctoient  d'étoffes 
rerinrenr  le  nom  de  chaperons.  Tout  le  monde 
porroit  le  chaperon  :  les  aumuflês  étoient  moins 
communes.  On  commença  fous  Charles  V  à  abattre 
fur  les  épaules  l'aumuife  &:  le  chaperon  ,  &:  à  fe  cou- 
vrir d'un  bonnet.  Le  Gendre. 

'Le  chaperon  Ac%  femmes  ctoir  une  bande  de  ve- 
lours qu'elles  portoient  fur  leurs  bonnets  -,  &:  c'c- 
toit  une  marque  de  bourgeoifie.    Tegmen  capitis 
mulielre. 
IP"  On  appelle  figurémenr  grand  chaperon  ,   ou  cha- 
peron rout  court ,  une  femme  déjà  âgée ,  fous  la 
conduite  de  laquelle  on  met  une  jeune  fille,   &: 
qui  l'accompagne   dans  les  compagnies ,    ou  par 
bienféance  ,  ou  pour    répondre   de   ia   conduite. 
Fcmina  œtate  prove&ior. 
IP'  Chaperon  ,  fe  dit  aulfi  de  l'ornement  en  brode- 
rie qui  eft  au  dos  d'une  chape.    Aureum    textile 
poflicam  trabce  fiacra.  partent   adornans.  Pluvialis 
humerale. 
Chaperon,  ell  une  innrque  de  Doitlcur  ou  de  Li- 
cencié-ès-Arts  ,   en  Théologie,  Jiirilprudence  & 
Médecine,  laquelle  fe  porte  fur  l'épaule  gauche, 
&:  qui  efl:  de  même  forme  que  ce  que  les  Anciens 
mettoient  fur  leur  tête  pour  la   couvrir.    Amicu- 
bim  quod  flnifiro  humero  gefiare  Jblent  Docîores  , 
humerale.' Ceux  qai  portent  "le  demi,  mettent  une 


CH  A 


grande  pièce  d'étoffe  carrée  au  haut  de  leur  robe , 
qui  traverl'e  d'une  épaule  à  l'autre ,  qui  s'appelle 
aulîi     chaperon  ,      parce    qu'elle     f^rvoit    autre- 
fois à  mettre  autour  de  la  tête.  Les  Dodleurs  & 
Bacheliers    portent  le  chaperon  pour  marque  de 
leurs  dégrés.  Il  eft  différent  félon  leur  Ordre ,  & 
de  différente  couleur  félon  les  différentes  Facultés, 
Les  Dodeurs  en  Théologie  le  portent  noir  ou  vio- 
let ,  &:  les  Docteurs  en  Droit  &  en  Médecine  le 
portent  rouge. 
Chaperon,  eîl  auffi  le  devant  d'une  robe  de  deuil , 
dont  on  ne  fe  Icrt  plus  que  dans  les  grandes  céré- 
monies ,  lequel   pend  prefque  fur  ks  genoux  ,  &C 
qui  cache  entièrement  le  vifage.  Pars  togœ pullatie 
arterwr  totum  hominem    à  capite  ad  genua  ope- 
riens, 
fff  On  donne  encore  ce  nom  à  certains  petits  écuf- 
fons  &:  autres  ornemens  qu'on  met  fur  la  tête  des 
chevaux   qui    tirent    le  cercueil  dans  les  pompes 
funèbres. 
Chaperon  ,  eft  encore  une  cfpèce  de  camail  qui  cou- 
vre la  tête  ,  les  épaules  &:  l'eftomac  de  ccrrains  Re- 
ligieux, comme  Marurins ,  Bernardins-,  Auguftins , 
&c.  Il  fe  termine  en  pointe,  &  delcend  fort  bas 
par  derrière.  Humerale.  Voyez  Thiers.  Hifioire  des 
perruques. 
Chaperon,  f  m.  Nom  de  faélion.  Il  y  a  eu  deux 
fanions  en  France ,  dont  les  Parrilans  ont  été  appelés 
cha'-erons  ,  à  cauié  des  chaperons  qu'ils  portoient. 
|r/  Nos  Hiftcriens  au  moins  le  dilent  ainfi.  Mais 
s'il  eft  vrai ,  comme  on  n'en  fauroit  douter ,  que 
l'ufage  des  chaperons  étoit  alors  général ,   &  qu'il 
le  fut  m.ême  long-temps  après,  comment  auroit- 
on  donné  une  dénomination  particulière  a  un  parri, 
prife  d'un  habillement  commun  à  tout  le  monde  ? 
A  moins  qu'on  ne  fuppofe  que  ceux  de  ce  parti  por- 
toient des  chaperons  d'une  forme  particulière. 

Les  praniers  chaperons  s'élevèrent  fous  le  Roi 
Jean  en  1358.  Leur  Chef  étoit  Marcel ,  Prevcr  de 
Paris  ;  ?<  les  féconds  en  141?  ,  fous  Charles  VI: 
ils  avoient  à  leur  tête  Jean  de  Troyes ,  Chirurgien, 
Ceux-ci  portoient  un  chaperon  mi-parti  de  rouge 
&  de  bleu. 
tfF  En  I5<j5,  il  parut  en  Flandre,  fous  le  Comte 
Louis ,  des  factieux  ,  nommes  chaperons  blancs , 
dont  l'objet  étoit  de  faire  diminuer  les  impôts 
dont  le  peuple  étoit  lurchargé,  &  de  rétablir  l'ordre 
dans  les  Finances. 
Chaperon,  en  termes  de  Fauconnerie,  eft  le  mor- 
ceau de  cuir ,  donr  on  couvre  la  tête  des  oifeaux 
de  leurre  ,  pour  les  affairer.  Accipitris  cucullus. 
Les  chaperons  iom  marqués  par  points  depuis  un 
jufqu'à  quatre.  Le  premier  d'un  point ,  eft  propre 
au  rierceler  du  faucon.  Chaperon  eft  auffi  le  def- 
fus  de  la  tête  de  certains  oifeaux. 

On  appelle  aufîi  chaperon  ,  cette  patrie  du  four- 
reau des  piftolets  qui  fcrt  à  les  couvrir ,  quand  il 
pleut. 
Chaperon  ,  en  termes  de  Maçonnerie,  eft  la  couver- 
ture d'un  mur  qui  a  deux  cgouts,  ou  un  petit  re- 
bord de  deux  ou  trois  doigrs ,  qu'on  fait  aux  faîtes 
des  murs  de  clôture,  &  qui  fair  connoîrre  à  qui 
appartient  le  mur.  Mûri  fajiigium  utrinque  inclk^   I 
natum.  Ainlî  quand  le  chaperon  n'a  d'cgout  ou  de-  ■ 
larmier  que  d'un  côté ,  le  mur  apparrient  à  celui 
dont  il  ferme  l'héritage.    Quand  il  eft  des  deux 
côtés ,  c'eft  une  marqiie  que  le  mur  eft  mitoyen. 
On  appelle  chaperon  en  bahu,  celui  dont  le  con- 
tour eft  bombé. 
Chaperon.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft    une   plaque 
ronde,   placée,    par  exemple  fur   le   pivot  d'une 
roue  de  cheville  de  fonnerie  des  quarts ,  pour  faire 
lever  le  dérentillon  de  la  fonnerie  des  heures  par 
le  moyen  d'une  cheville.  Chaperon  fe  dit  de  plufieurs 
cercles  qui  Icrvenr  à  diffcrens  ufages. 
Chaperon  ,  en  rermes  d'Eperonnier ,  eft  ce  qui  rer- 
minciine  embouchure  à  ccache,&  par  où  on  l'af- 
fcmble  avec  la  branche. 
Le  deffus  d'une  potence  s'appelle   chaperon   àt 


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potence-,  &  celui  d'une  preiîe  à  imprimer  des 
eftampes  ,  s'appelle  thaperoii  de  pielfe. 
T  Dans  les  Imprimerie-son  appelle  auffi  f,4a/)c'ro«, 
un  certain  nombre  de  feuilles  de  papier  qu'on  veut 
faire  imprimer:  pour  lervir  aux  épreuves  &;  à 
remplacer  celles  qui  font  dcfedueufes. 

-On  difoit  autrefois  proverbialement ,  qui  n'a 
point  de  tête  ,  n'a  que  taire  de  chaperon.  Deux  têtes 
en  un  chaperon,  dans  le  même  fens  qu'on  dit  au- 
jourd'hui, deux  têtes  dans  un  bonnet  -,  pour  lignifier 
deux  personnes  dans  les  mêmes  intérêts,  ou  dans 
les  mêmes    fcntimcns.    Pasquier. 

CHAPERONNER,  v.  a,  Bonncter  quelqu'un  ,  lui  faire 
bien  des  révérences,  &  des  follicitations.  Nudato 
capitejijiere  Je  a/icui  fupplicem.  Les  Juges  veulent 
être  bonnctcs  Se  chaperonnes.  Ce  terme  eft  populaire 
6c  nulîtc  aujourd'hui. 

Chaperonner  ,  en  termes  de  Fauconnerie ,  c'eft  cou- 
vrir la  tcte  d'un  oifeau  de  proie  de  ion  chaperon. 
Accipitns  caput  cucullo  injtruere. 

Chaperonnfr  ,  terme  d'Architcéfe  ,  lignifie  pofer 
un  chaperon  au  haut  d'un  mur  de  clôture.  Murum 
fiijiigio  fuo  coronare.  Je  veux  qu'on  ne  chaperonne 
cette  muraille  que  de  mon  côré  ,  car  elle  eft  bâtie 
fur  mon  fond  &  à  mes  dépens. 

CHAPERONNÉ  ,  ÉE.  particip.  en  termes  de  Bla- 
fon,  fc  dit  d'un  épervier  ,  ou  d'un  autre  oileau  de 
proie  qui  eft  armé  de  fon  chaperon.  Cucullo  in- 
Jlruclus  ,  tecius. 

CHAPERONNIER.  Terme  de  Fauconnerie ,  qui  fe 
dit  d'un  oifeau  de  proie.  Ce  faucon  eft  bon  cha- 
peronmer ,  il  porte  patiemment  le  chaperon.  Jc- 
cipiter  cuculu  p.iticns, 

CHAPIER.  f.  m.  Chantre  ,  ou  celui  qui  porte  la  chape 
dans  une  Eglile ,  pendant  qu'on  y  fait  l'Office 
divin,  ou  dans  quelque  cérémonie  ecclélîaftiquc. 
Sacerdos  jdcrà  trabcd  injtructus.  A  la  campagne 
on  fe  fert  quelquefois  djs  paylans  pour  être  Cha- 
piers. 

On  appelle  encore  Chapier  ,  une  grande  armoire 
où  l'on  garde  dans  les  Sacrifties  les  chapes  ten- 
dues ou  plices. 

CHAPITEAU,  l.  m.  Ornement  d'Architeélure:  partie 
fupérieure  d'une  colonne ,  &  qui  porte  immédia- 
tement i'ur  fon  lïir.  Capitiilum ,  capiullitm.  Cha- 
piteau Toj  can ,  Etrujcum.  C'eft  le  plus  lîmple. 
Son  railloir  eft  carré  &  fans  moulure.  Chapiteau 
Dorique ,  Doricum  ;  ion  tailloir  eft  couronné  d'un 
talon  ,  il  a  trois  annelets  fou5  l'ove.  Chapiteau 
Compofite  ,  a  deux  rangs  de  feuilles  du  Corinthien  , 
&  les  volutes  de  l'Ionique  ;  Cornpojitum.  Chapi- 
teau Attique  ,  a  des  feuilles  de  refend  dans  le 
gorgerin  ;  Atticum.  Chapiteau  Symbolique  ;  il  eft 
orné  d'attributs  de  Divinirés,  comme  les  chapi- 
teaux antiques,  qui  ont  des  foudres  6c  des  aigles 
pour  Jupiter ,  des  trophées  pour  ,Mars  ;  Syrnho- 
licum.  Les  modernes  portent  la  devilc ,  ou  les 
armes  d'une  narion.  Le  chapiteau  Corinthien  eft  le 
plus  riche  de  tous  5  Corinthiacum.  Il  eft  orné  de 
petites  volutes  K  d'oves  ;  lonicum 

Chapiteau  pilalire ,  eft  un  chapiteau  carré  par  fon 
plan  ,  ou  fur  ligne  droite.  Capitellum  quadratum  , 
feu  recîd  lined  defcriptum.  Chapiteau  angulaire , 
eft  un  chapiteau  qui  porte  un  retour  d'entable- 
ment à  l'encoignure  d'un  avant-corps  ou  d'une  fa- 
çade. Angulare  ,  aniuilo  extrorfum  faliente.  Cha- 
piteau plié  eft  le  chapiteau  d'un  .pilaftre ,  qui  eft 
dans  un  angle  rentrant  droit ,  ou  obtus.  Plicatum 
angulo  introrjiim  recedente ,  ou  retrorjum  promi- 
nente  ,  ou  protenfo  ,  ou  eminente.  Chapiteau  ^albé , 
eft  un  chapiteau  dont  les  feuilles  ne  font  qu'ébau- 
chées. Capitellum  foliis  rudibus  &  imper  feclis  ,  ou 
rude.  Chapiteau  refendu,  eft  nv\  chapiteau  dont  la 
fculpture  des  feuilles  eft  terminée.  Capitellum  fo- 
liis elaboratis  ac  perpolitis  abfolutum.  Chapiteau 
écrafé  ,  eft  un  chapiteau  trop  bas ,  parce  qu'il  eft 
hors  de  la  proportion  antique.  Capitellum  depre(fius. 
Chapiteau  mutilé,  eft  un  chapiteau  qui  a  moins  de 


C  H  A 


44T 


faillie  d'un  côté  que  de  l'autre.  Capitellum  altcrâ 
parte  mutilum.  Chapiteau  de  balujire  ,  eft  un  cha- 
piteau qm  couronne  un  baluftre.  Capitellum  col- 
lumellis  impojitum.  Chapiteau  de  moulin,  eft  la 
couverture  en  forme  de  cône  ,  qui  tourne  vertica- 
lement lur  la  tour  ronde  d'un  moulin,  pour  expoiér 
les  volans  nu  vent.  Moktrina  fajlis^ium  coni  inmo- 
rem  &  verjatile.  Chapiteau  de  triglyphe  ,  eft  une 
plate  bande  fur  le  triglyphe ,  Tœnia  ;  c'eft  aufli 
quelquefois  un  triglyphe  qui  fait  l'office  de  cha- 
piteau à  un  pilaftre  Dorique.  Chapiteau  de  niche  ^ 
eft  une  efpcce  de  petit  dais  à  une  niche  peu  pro- 
fonde ,  qui  couvre  une  ftatue  portée  fur  un  cul- 
de -lampe  en  mzoïhtWzn-^zni.  Capitellum  jlatux 
loculamento  in  umbellce  morem  impojitum. 

On  appelle  auffi  chapiteaux  de  moulure ,  le  Tof- 
can  &  le  Dorique ,  qui  n'ont  point  d'ornemenr. 
Capitellum  fimplicibus  toris  ornatum.  Et  chapiteaux 
de  Sculpture,  tous  ceux  où  il  y  a  des  feuilles,  &: 
des  ornemens  taillés.  Capitellum  variis  incijiim 
ornatumque  foins.  Chapiteau  colonne  ,  eft  celui  qui 
eft  rond  par  fon  plan.  Capitellum  cylindraceum.  Cha- 
piteau de  lanterne  ,  eft  la  couverture  qui  termine 
une  lanterne  de  dôme.  Concamerati  fajiigii  orna- 
mentum ,  tecîum. 

Chapiteau,  en  termes  de  Menuiferie,  fe  dit  de  la  cor- 
niche d'un  buffet ,  ou  du  petit  fronton  ou  orne- 
ment qu'on  met  delllis ,  &  même  de  ce  qui  fert 
cl  couvrir  quelque  choie.  Abaci  corona ,  fajiigium. 
On  a  brifé  en  déménageant  le  chapiteau  de^cette 
armoire. 

Chapiteau.  En  termes  d'Arrillerie ,  ce  font  deux: 
ais  joints  enlémble  que  l'on  met  fur  la  lumière 
d'un  canon  ,  pour  empêcher  le  vent  d'emporter 
l'amorce ,  ou  la  pluie  de  la  mouiller. 

Chapiteau.  Terme  de  Ciricr,  eft  aulH  un  morceau 
de  carte  qu'on  met  au  milieu  des  torches  pour 
recevoir  la  cire  qui  en  dégoutte  dans  les  procef- 
fions.  Cucullus  cartaceus.  il  eft  raillé  en  forme  de 
cône  renverfé. 

Chapiteau  d'Artifice,  eft  une  efpèce  de  cornet  ou 
couvercle  conique ,  qu'on  met  fur  le  pot  au  fom- 
met  d'une  fufée  volante  ,  non-feulement  pour  le 
couvrir  ,  mais  auffi  pour  percer  plus  facilement 
l'air  en  s'élevant  en  pointe. 

|CF  Chapiteau  ,  en  Botanique.  Ce  terme  eft  très- 
commode  pour  exprimer  certaines  parties  des  fleurs 
§i  des  fruits.  Du   Hamel. 

tfT  En  Chimie  on  appelle  chapiteau,  un  vaiiTeau 
qu'on  place  au-delîiis  d'une  autre  appelé  cucurbite., 
&  dans  lequel  s'élèvent  les  vapeurs  ou  liqueurs 
que  le  feu  fait  monter  dans  la  diftillation.  Le 
chapiteau  eft  garni  d'un  tuyau  que  l'on  nomme 
bec ,  par  où  vont  tomber  les  liqueurs  dans  le  ré- 
cipient. Les  chapiteaux  qui  n'ont  point  de  bec 
ou  d'illùe  pour  le  palîàge  des  vapeurs,  fe  nom- 
menr  chapiteaux  aveugles. 

CHAPITRE,  f  m.  Ce  mot  défignek  corps  des  Chanoi- 
nes. La  Communauté  des  Ecclélîaftiques  d'une  Eglifc 
Cathédrale ,  ou  Collégiale.  Canonicorum  Collegium. 
Le  Chapitre  n'a  plus  de  part  dans  l'adminiftration 
du  Dioccfe,  pendanr  la  vie  de  l'Evêque  ;  mais  il 
fuccède  à  route  la  Juridiction  Epifcopale  pendanr  la 
vacance  du  Siège.  Chaque  Chapitre  a  fes  droits 
&  les  privilèges  particuliers  :  cela  dépend  de  la 
poilèffion.  Le  Chapitre  peut  conférer ,  pendanr  la 
vacance  du  Siège  ,  les  Bénéfices  auquels  l'Evêque 
&  le  Chapitre  avoient  droit  de  pourvoir  conjoin- 
tement -,  mais  il  ne  peut  pourvoir  à  ceux  qui  font  à  la 
nomination  de  l'Evêque  feul  -,  il  fuit  les  réfcrver  à 
l'Evêque  futur.  Pour  les  collations  forcées ,  comme 
celles  qui  fe  font  à  la  nomination  des  Patrons 
laïques ,  ou  en  vertu  des  induits ,  elle*  apparrien- 
nent  au  Chapitre,  fede  vacante. F^VKn.LesDoyen, 
Chanoines  &  Chapitre  d'un  rel  lieu ,  font  les  qua- 
lités qu'on  donne  dans  les  procès  à  ces  Commu- 
nautés. L'Archevêque  a  reçu  le  Roi  à  la  tête  de 
fon  Chapitre.  Ce  Bénéfice  ell  à  la  collation  d'un 


^4^ 


CH  A 


tel  Chapitre.  La  plupart  des  Chapitres  cV Allemagne 
fe  font  rendus  fameux  ,  parce  qu'on  n'y  reçoit  que 
des  Nobles  de  quatre  races.  Il  n'y  en  a  en  France 
que  trois  de  cette  elpcce  ,  celui  de  S.  J  an  de 
Lyon ,  de  S.  Pierre  de  Mâcon  &  de  S.  Julien  de 
Brioudc.  Dans  celui  de  Lyon ,  il  s'eft  trouvé  en 
même  temps  un  fils  d'Empereur ,  neuf  fils  de  Rois , 
&  quatorze  fils  de  Ducs,  comme  témoigne  le  Pcre 
Jean  de  S.  Aubin  dans  VHijtoirc  de  la  ville  de 
Lyoji,  Les  noms  de  Chapitre  &  de  Chanoines  n'ont 
commencé  à  être  en  uiage  que  vers  le  temps  de 
Charlemagne  ,  comme  le  prouve  Marcellus  An- 
cyranus  dans  le  Traité  qu'il  a  fait  fur  la  Dccré- 
ale  d'Honoré  Wl  ,  Jitper  Jpeculd  de  iMa^iJiris. 


ta 


Chapitre  ,  eft  auHî  l'aii;  mblce  que  tiennent  les  Cha- 
noines ,  les  Religieux  &  les  Ordres  Militaires  pour 
délibérer  de  leurs  affaires,  &  régler  leur  difcipline. 
Canonicnrum  ,  Religinjoriim  ,  Ordinum  Milita- 
rium  conventus.  Les'^Ôrf/ùrtJ  généraux  de  Cluni , 
de  Citeaux.  Le  Chapitre  s'afl'emble  au  fon  de  la 
cloche.  Le  Chapitre  général  de  l'Ordre.  Generalis 
trtins  Ordinis  conventus.  Ce  Religieux  a  été  blâmé  , 
châtié  en  plein  Chapitre.  Les  Chevaliers  du  S.  Ef- 
prit  ont  tenu  leur  Chapitreun  tel  jour.  Papias  dit 
qu'on  les  a  appelés  Chapitres,  qu'od  capitula  ihi 
les,antur.  Le  nom  de  Chapitre  autrefois  ne  con- 
venoit  proprement  qu'aux  Eglifes  Cathédrales. 

J\ii  maints  Chapitres  vtïs  , 
Qui  pour  néant  je  font  ainjl  tenus  ; 
Chapitres  non  de  rats ,  mais  Chapitr:s  de  Moines, 
Voire  Chapitres  de  Chanoines.  La  Font. 

C'efl:  l'Ordre  de  Citeaux  qui  a  le  premier  établi 
des  Chapitres  généraux  ,  que  les  autres  cniliite  cnt 
imités.  La  fameufe  Conilitution  qu'on  nomme  dans 
cet  Ordre  la  carte  de  charité,  qui  fut  faite  en  1115, 
ordonne  que  tous  les  Abbés  viendront  au  Chapitre 
général  qui  fe  tiendra  tous  les  ans.  Ce  n'cfi:  p^s  ce- 
pendant par  certe  carte  de  charité  qu'ils  ont  été 
établis,  car  elle  ne  fut  publiée  qu'en  11 14  dans  le 
Chapitre  général ,  &  le  premier  s'étoit  tenu  en 
1116,  ainli  que  nous  l'apprend  l'Hijloire  Latine  de 
Citeaux  par  D.  Manrique,  à  l'an  1116  ,  ch.  i. 

On   appelle  pain  de  Chapitre  ,   le  pain  qu'on 
diftribue  chaque  jour  aux  Chanoines  dans  quelques 
endroits.  Panis  triticeus    Canonicis    dijirihui  Jîn- 
gulis  diehus  jolitus.  Il  y  a  auflî  une  efpècc  de  pain 
qu'on  appelle  pain  de  Chapitre, 
Chapitre,  fe  dit  audi  de  la  falle  ou  du  lieu  où  fe 
tient  cette  affemblée  des  Chanoines ,  Religieux  , 
ou  Chevaliers.  Locus  conventibus  habendis  dejiina- 
tus  ,  capitulurn  ,  conciliahulum.  Chez  les  iVloines 
le  Chapitre  efl:  ordinairement  au  milieu  du  cloître. 
Le   Chapitre  fait   partie    des   lieux   réguliers.    Le 
Chapitre  de  Saint  Lazare  fe  tient  préfentement  à 
S.  Jacques  de  l'Hôpital. 
Chapitre,  efl;  au/Ti  une  divifîon  d'un  ouvrage,  ou 
d'un  livre,  afin  que  les  matières  foient  plus  diftin- 
guées  &  moins  confufes.  Caput.  Les  anciens  ne  di- 
ftinguoient  point  leurs  livres  par  chapitres  &  par 
articles.  C'efl:  une  grande  commodité  pour  les  Lec- 
teurs de  faire  une  table  des  chapitres.  Cette  au- 
torité efl:  tirée  d'un  tel  chapitre  de  la  Genèfe.  Pa- 
pias dit  que   ce  nom  lui  a  été  donné  ex  eo  quod 
fit  alterius  fententicz  caput,  vel  quod  capiat  totam 
fummam.    S.    Auguftin  a    dit   que  les  chapitres  , 
qui  font  le  )ufl:e  partage  d'un  livre,  foulagent  les 
Lefteurs  ,    comme    les    hôtelleries  foulagent  les 
Voyageurs. 
Chapitres.  (  Les  trois  )  Cette  exprefTion  efl:  fi  fa- 
meufe dans  routes  nos  Hijloires  EcckJîaJliLjues  ,  ôc 
Ton  en  parle  fi  fouventdans  les  difputesdc  ce  temps , 
qu'il  efl:  .i  propos  de  l'expliquer.  En  43(î,  Théo- 
dorer,  ami  de  Nefl:orius ,  condamné  en  431    ar 
Concile  d'Ephèfe,  crut  qu'un  moyen  fCir  de  fou- 
tenir  la  doétrine  &  le  parti  de  fon  ami ,  &  d'acca- 
bler faint  Cyrille  ,  étoit  de  lui  oppofcr  Diodorc  de 
Tarfe  &  Théodore  de  Mopfuefle,  qui  étoicnt  dan' 
une  grande  réputation  parmi  les  peuples.  Dans  ce 


CH  A 

dcilcin,  il  fir  des  extraits  des  ouvrages  de  ces  deux 
Auteurs ,  dans  lefquels  ils  difoicnt  la  même  chofe 
que  Nefl:orius ,  &  prefque  dans  les  mêmes  termes. 
On  fit  un  volume  de  ces  extraits ,  dans  lequel  à 
chaque  propofiticn  des  douze  anathèmes  de  faint 
Cyrille  ,  on  oppoloit  un  ou  plufieurs  chapitres  des 
&S.  Pères  ;  c'efl  ainfi  qu'on  appeloit  Diodore  & 
Théodore.  En  niênie  temps  Ibas  ,  Prêtre  d'Edefîê , 
grand  Ncftoricn  &  ami  de  Théodorer,  écrivit  à 
Alaris ,  Evcque  en  Perfc , dont  il  étoit  ami,  ôi  avec 
lequel  il  entrctenoit  un  commerce  de  kttres  -,  il 
lui  écrivit,  dis-je ,  une  lettre  par  laquelle,  après 
lui  avoir  ait  que  l'affaire  de  Neftorius  étoit  finie, 
6c  la  paix  rendue  à  l'Eglife  ,  il  lui  laifoit  entendre 
que  c'étoit  une  intrigue  de  la  Cour ,  qu'il  avoir 
fallu  céder  au  teir.ps ,  ëc  iacrificr  Ncflorius  à  la 
haine  des  grands,  eue  la  févérité  de  fa  morale  avoir 
irrites  contre  lui  ^que  d'ailleurs,  il  avoir  eu  tort  de 
ne  pas  éviter  dans  fcs  Sermons  quelques  termes 
nouveaux,  oont  il  avoit  ufé.  On  mit  cette  lettre 
à  la  tète  des  extraits  dont  j'ai  parlé,  pour  y  fervir 
comm.e  de  préface  ■,  &  après  ces  mêmes  extraits , 
Théodorer  ajouta  deux  écrits  qu'il  avoit  compofés, 
l'un  devant  le  Concile  d'Ephclé  ,  &  l'autre  après, 
contre  les  anathèmes  de  faint  Cyrille.  Ce  font  ces 
trois  choies,  la  lettre  d'Ibas,  les  ouvrages  ou  plutôt 
les  extraits  de  Diodore  &  de  Théodore,  &  lc5 
écrits  de  Théodorer  courre  les  anathèmes  de  faint 
Cyrille  ,  qu'on  appela  Se  qu'on  appelle  encore  au- 
jourd'hui les  trois  chapitres.  Le  P.  Doucin  pré- 
tend ,  dans  fon  Hijtoire  du  Nejiorianijme  ,  L.  JUi, 
p.  z8i,  que  pour  parler  plus  exaéfcment,  il  faut 
dire  ,  les  trois  articles  ,  au  lieu  des  trois  chapitres. 
Mais  outre  qu'on  ne  voit  pas  rrop  la  différence  , 
ni  à  quel  égard  il  importe  de  dire  articles  ,  plutôt 
que  chapitres  ,  Tufage  efl  de  dire  ,  les  trois  cha- 
pitres ;  Se  en  fait  de  langue ,  c'efl:  à  l'ufage  qu'il 
s'en  faut  tenir. 

En  553,  le  Vf  Concile  général,  qui  efl:  IF  de 
Ccnft^antinoplc ,  condamna  dans  ia  YUI<^  Confé- 
rence les  trois  Chapitres.  Le  Pape  Vigile  les  con- 
damna aufli.  La  difpute  que  le  Pape  Vigile  eut 
avec  l'Empereur  Juflinien  pour  les  trois  Chapitres, 
c'cll-à-dire  pour  les  trois  perfonncs,  de  Théodore, 
d'îbas  &  de  Théodorer ,  &c  non  pas  pour  la  doc- 
trine de  la  foi ,  dont  il  ne  s'agiffoit  point ,  fut  plus 
importante  &  plus  aigre.  Godeau.  Il  parle  plus 
exaclcment  encore  un  peu  après,  où  il  dir  que 
dans  cette  queftion ,  il  ne  s'agifibit  pas  de  la  doiflrine 
de  l'Eglife  ,  mais  feulemenr  des  perfonncs  de  Théo- 
dore de  Mopluefte  ,  d'Ibas  d'Edeffe ,  &  de  Théo- 
dorer de  Cyr,  &  du  fair  de  leurs  écrits.  Ce  qui 
montre  que  la  queftion  étoit  de  favoir  fi  ces  rrois 
cents  étoient  héririques  ou  non,  &:  qu'on  croyoit 
alors  l'Eglife  Juge  infaillible  de  ces  forres  de  fairs. 

Chapitre  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  feulement  des 
différenres  parties  dans  lefquellcs  un  compte  eft 
divifé.  Le  chapitre  de  recerte ,  de  dépenfc  ,  de 
reptile.  Le  premier  article  du  chapitre  de  recette  a 
été   rayé. 

Chapitre  ou  Capitule,  entérines  de  Bréviaire,  eft 
un  trair  de  l'Ecriture,  oui  fé  dit  par  l'Officiant  en  . 
toutes  les  heures  avant  l'hymne ,  ou  avant  les  ré- 
pons des  pérîtes  heures.  6rf/i/i.'/wOT,  leclio  Breviarii. 
Saint  Benoît  appelle  le  chapitre  de  l'oiîice  ,  leçon, 
leclio  ;  quelques  autres  anciens  Auteurs  cccléfiafti- 
qucs  l'appellent  colleRion,  colLclio,  on  petite  leçon, 
Itcliuncula  ou  verfet,  petit  verjet ,  verjiculus.  Le 
vénérable  Bède  prétend  que  la  coutume  de  ré- 
citer plufieurs  fois  le  jour ,  c'eft-à-dire ,  à  toures  les 
parrics  de  l'ofSce  divin,  de  perits  chapitres  delà 
fainte  Ecriture,  a  été  établie  pour  imiter  les  Ifraë- 
lites,  qui  du  remps  d'Efdras  lifoienr  quatre  fois  le 
jour  quelque  chofe  des  livres  de  la  Loi.  Voye^ 
le  Cardinal  Bona.  Les  capitules  ou  chapitres, 
fe  doivent  chanter  rout  droit  ,  avec  une  feule 
inflexion  de  la  tierce  mineure  à  la  fin  ,  conformé- 
ment &:  félon  l'ulnge  univerlél  de  toures  les  Eglifes 
cathédrales ,  collégiales  6c  confidérables,  Nivbrs. 


C  H  A 

, Chapitre,  Te  prend  aufïl,  pour  fuje(,  matière.  u4rgU' 
jncnium.  Cette  manière  de  parler  &  d'uler  du  mot 
de  chapitre  eit  figurée  i  mais  elle  eft  fort  en  ufage. 
Chapitre  en  ce  l'eus,  s'exprime  quelquefois  par  la 
propofîtion  de  avec  l'ablatif,  comme  dans  les  deux 
premiers  exemples  fuivans.  Quand  cet  homme    eft 
fur  le  chapitre  des  cagots ,  il  ne  fe  peut  taire,  N  'at- 
taquez pas  cet  homme  fur  le  Droit ,  il  eft  plus  fort 
que  vous  fur  ce  chapitre-W.  Quelquefois  on  le  fup- 
prime  dans  le  latin ,    comme   dans  les    exemples 
fuivans.  Ce  goinfre  entend  bien  le    chapitre  des 
fauces  i  c'ell-à-dire ,  il  entend  bien  les  fauces.  Après 
qu'on  eut  parlé  de  plufieurs  chofes ,  enfin  on  en 
vint  fur  fon  chapitre -y  c'eft-à-dire,  à  parler  de  lui, 
à  l'examiner. 

On  dit  proverbialement,  qu'un  homme  n'a  point 

de  voix  en  chapitre  ;  pour  dire ,  qu'il  n'eft  d'aucune 

confidération  dans  fa  compagnie  ,  dans  fa  famille. 

,  Quand  la  femme  gouverne  la  maifon ,  on  dit ,  le 

mari  n'a  point  de  voix  en  chapitre ,  eft  fans  cïédit, 

fans  autorité. 

CHAPITRER,  v,  a.  Corriger,  châtier  un  Moine,  un 

■  Chanoine  en  plein  Chapitre.  Aliquemreprehendere. 

Il  n'a  guère  d'ufage  au  propre. 

Ce  mot  vient  de  capitulare  ,  qu'on  a  dit  dans 
la  baife  latinité  dans  le  même  fens. 
jChapitrer  ,  au  figuré ,  fe  dit  pour  réprimander  quel- 
qu'un ,  lui  remontrer  fa  faute  en  paroles  un  peu 
fortes.  Vous  faites  cela  fans  en  parler  à  votre  femme, 
vous  ferez  tantôt  chapitré.  Ce  mot  figuré  eft  venu 
.    du  propre  ;  mais  il  eft  du  ftyle  familier.  Je  l'ai  cha- 
pitre fur  le  peu  de  refpei5l  qu'il  portoic  à  fon  père. 
Molière. 
Chap!  tré  ,  ÉE.  part. 

CHAPLIS.  Vieux  mot  ftançoisqui  fignifie,  bruit  des 
coups  d'épées  donnés  fans  cefle  &  fort  redoublés, 
particulièrement  fur  les  armes.  Armorum  ex  fre- 
qiienti  coliifu  jirepitus.  Il  étoit  fort  en  ufage  dans 
\ts  romans ,  aufîi-bien  que  chaple  ,qui  fignifie  com- 
bat ,  &  venoit  de  chapla  ,  mot  de  Languedoc ,  qui 
fignifie  frapper. 
CHAPON,  f.  m.  Poulet  mâle  qu'on  châtre  pour  l'en- 
graiffer.  Capo ,  capus. 

Ce  mot  vient  de  capus  ou  capo  ,  qui  en  latin 
fignifie  la  même  chofe  ,  &  qui  vient  du  grec  xatrlu)! , 
qui  fignifie  la  même  chofequ'«■o■^^£<^,  manger  ,  ainfi 
il  paroit  par  fes  dérives,  y.<i3!7s,prtzfepe ,  une  auge  , 
j-a-vpîAi,  ,caupo,  unhomiiie  qui  donne  à  manger  ,  un 
hôtelier  ,  un  cabarctier.  On  a  donc  ainfi  nommé  ces 
animaux  parce  qu'on  les  engraifle.  Vossius ,  De 
Idolol.  ,  Lib.  m  ,  c.  91.  Le  P.  Pezron  dit  que  le 
grec  y.àzsoî  ,  d'où  font  dérives  le  latin  capo  ,  &  le 
françois  chapon  ,  vient  du  celtique  cabon  ,  qui  a  le 
mêmoi  fens.  ^3" La  chair  du  chapon  ,  foit bouillie, 
foit  rôtie ,  eft  nourriflîante  &  de  facile  digeftion. 
C'cft  pourquoi  elle  convient  aux  convalefcens. 
Chapon  ,  fe  dit  figurément  d'un  morceau  de  pain 
qu'on  met  bouillir  dans  le  pot.  Immerfum  ollce 
punis  frujiulum. 

On  appelle  en  termes  de  Palais  le  vol  du  chapon, 
une  pièce  de  terre  qui  eft  autour  d'une  maifon 
noble ,  d'auiîî  grande  étendue  que  pourroit  avoir 
le  vol  d'un  chapon.  Frœrogativi  juris prxdium. 

L'aîné ,  dans  le  partage  d'une  maifon  noble ,  a  le 
principal  manoir  ,  ou  le  vol  du  chapon.  Suivant  la 
coutume  de  Paris ,  ce  vol  de  chapon  eft  eftimé  à  un 
arpent  de  71  verges  ,  ou  1580  pieds,  ou  ^16  pas. 
Chapon  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Qui 
chapon  mange  ,  chapon  lui  vient ,  pour  dire ,  que 
le  bien  vient  plutôt  dans  la  maifon  de  ceux  qui  en 
ont  déjà  ,  que  chez  ceux  qui  n'en  ont  point.  On 
appelle  aulTi  deux  chapons  de  rente ,  deux  cho- 
ies ,  ou  deux  pcrfonnes  d'inégale  valeur  ,  de 
taille  différente,  parce  que  de  ces  chapons  il  y  en 
a  d'ordinaire  un  gras  ,  &  l'autre  maigre.  On  dit 
auili  d'une  terre  ufurpée  par  quelqu'un  ,  que  ce 
n'eft-  pas  celui  à  qui  elle  appartient  qui  en  man^e 
i  les  chapons.  On  dit  aufli  d'un  homme  qui  eft  fujet 
à  dérober ,  qu'il  a  les  mains  faites  en  chapon  rôti. 


C  H  A  447 

I       On   appelle    auflî   quelquefois   ironiquement   mx 
1       châtré ,  un  chapon ,  &  on  dit  qu'il  a  été  chaponné. 
^3"  Chapon  ,  terme  de  Vigneron  ,  fe  dit  en  quel- 
ques   endroits  ,    comme    iynonyme   de    crojjette.. 
Ce  n'eft  pas  précifément  comme  le  difent  les  Vo- 
cabuliiles  ,  un  farment  que   le  Vigneron  détache 
pour  en  faite  du  plant  ;  (  &  non  pas  an  plan  )  mais 
une  branche  de   vigne  ou  un   larment    de  l'an- 
née,  où  on  laiife  un  peu  de  bois  de  l'année  pré- 
cédente, que  l'on  détache  pour  en  faire  une  bou- 
ture. Ces  branches  ont  le  nom  de  chapon  ,  à  caufe 
qu'en  leur  extrémité  d'enbas  il  y  a  ordinairement  de 
vieux  bois, qui  fait  comme  un  cul  de  chapon.  On 
fe  fert  de  ce  moten   Bourgogne,  &c  fur-tout  aux 
environs  d'Auxerre ,  au  lieu  qu'ailleurs  on  appelle 
ce  plant  des  ctoffettes.  Ainfi  on  dit ,  voilà  de  beaux 
chapons.  Ces  chapons  font  tous  altérés.  Liger. 
Chapon.  On  appelle  ainfi  les  plus  grandes  peaux  des 
élans.  Pellis  alces  maxitna.  On  employé   les  cha- 
pons à  faire  des  bufles. 
CHAPONNEAU.  L^  m.  Diminutif  du  chapon.  Cocj 

nouvellement  châtré.  Junior  capo. 
CHAPONNER.  v.  a.  Châtrer  un  poulet  mâle  pour 
le  faire    engraiffer.    Pulluni  gallinaceum  carrare. 
Les   Coquetiers   de  Délos  font  les  premiers  qui 
ai  ent  chaponné  les  coqs ,  comme  l'a  remarquéVojp 
fins  fur  un  pallage  de  Pétrone.  Vo'^ei  De  FoJJius^ 
Idol.  Lib.  111,  c.  91. 
Chaponné  ,  ée.  part.  Cajlratus. 
CHAPONNIÈRE.  f.  f.  Vaifleau  d'argent  ou  de  cui- 
vre étamé  ,  pour  mettre  un  chapon  en  ragoût.  Fus 
coquinarium  coquendis  caponibus  idoneum. 
CHAPPAR.  f  m.  Terme  de  relation.  Courier  du  Roi 
de  Perfe ,  portant  les  dépêches  de  la  Cour  dans  les 
Provinces  -,  ôi  les  lettres  des  Gouverneurs  à  la  Cour.. 
Curfor.  Les  poftes  ne  font  point  établies  ni  réglées 
en  Perfe  comme  nous  le  voyons  en  France  \  mais 
fi  l'on  en  croit  M.  Tavernicr  ,  quand  la  Cour  y  tait 
partir  un  Chappar  f  on  ne  lui  fournit  qu'un  cheval, 
quelque  long  que  foit  fon  voyage.  C'eft  l'Ecuyer 
du  Sophi  qui  le  lui  donne.  Il  y  Joint  un  homme 
qui  court  après  lui.  Quand  fon  cheval  eft  las  ,  il 
prend  celui  du  premier  Cavalier  qu'il  rencontre, 
&  qui  n'oferoit  le  lui  refufer;  &  il  renvoie  le  fien 
à  l'Ecuyer  qui  le  li'i  a  fourni ,  par  l'homme  qui  le 
fuivoit.  Pour  le  maître  du  cheval  nouveau  qu'il  a 
pris ,  il  faut  qu'il  courte  après  le  Chappar ,  ou  qu'il 
envoie  quelqu'un  courir  après  lui  pour  ravoir  fon 
cheval ,  quand  le  Chappar  démontera  quelqu'autte 
Cavalier  pour  en  changer. 
CHAPPE.  f.  f.  Foye:^  Chape. 

CHAPPIN.  f.  m.  Ëfpece  de  chaufTure  dont  an  fe  fcrr 
en  Elpagne  ,  &  qui  fert  de  furtout  ai>  fbulicr.  Les 
chappins  font  à  peu  près  comme  nos  galoches  , 
excepté  qu'on  ne  fe  fert  de  galoches  cK  France  que 
pour  tenir  les  fouliers  plus  propres  &  ptus^-rtets, 
&  pour  éviter  le  froid  en  hiver  ^en  forte  qu'on  les 
ôte  en  entrant  dans  l'Eglife  ,dans  les  maifbns  dif- 
tinguées  -,  &  qu'au  contraire  en  Efpagne  les  chap- 
pins des  Dames  font  des  chaufTures  de  cérémonie 
&  de  refpeél.  Si  les  Dames  avoient  paru  devant 
la  Reine   fans  chappins  ,  elle  le    trouveroit  fort 
mauvais.  Mad.  Daunoy.  Cotgravc  eft  le  feul  Lexi- 
cographe qui  parle  des    chappins.   On  peur  dire 
que   le  déguifement  d'Aurore  (  en  Cavah'er  )  la 
changeoit  à  un  point ,  qu'Aurore  &  Don  Félix  pa- 
roilîbient    deux  perfonnes  différentes.  Il  fembloit 
même  qu'elle  fût  beaucoup  plus  grande  en  femme 
qu'en  homme.  Il  eft  vrai  que  fes  chappins  ,  car  elle 
enavoit  d'une  hauteur exceffive  , n'y contribuoienc 
pas  pcv^.Gil.  Blas  ,tom.  11  ,p.  I03. 
CHAPTEL.  Foye^  Chepteil. 

CHAPUCIER.  f.  m.  Nom  ufitc  dans  quclaucs  Cha- 
pitres, comme  dans  celui  de  Reims.  C'cft  un  Offi- 
cier qui  a  loin  des  chappes.  Capparum  cujios. 
CHAPUIS.  f.  m.  Charpentier.  Carpentarius.' Ce  mot 
fe  difoir  autrefois,  il  eft  aujourd'hui  hors  d'ufage. 
De  c/ijpuis  ,  on  avoir  fiit  chapuifer ,po\.n  dire  , 
travailler  du  métier  de  Charpentier,  Ce  verbe  ctoi: 


44^ 


C  H  A 


actif,  on  difoîr  clmpuifur' dis  engins  ,  pour  dire  ,; 
faire  J^s  machines. 

§CF  CHAPUT.  f.  m.  Efpècedc  billot  pour  travailler 
l'ardoile  &:  lui  donner  telle  fîs;iire  qu'on  Veut. 

CHAQUE.  Pronom  m.  &  f .  qui  fert  à  lîngularifer  les 
choies  &:  les  perfonnes.  Qttifque  ,qU(X:cjue  ,  quoi- 
que ,  quidijue.' h"  chaque-  Saint  fa  chandelle.  Il 
rhandie  à  chaque  porte.  Il  étudie  dix  htnit$  chaque 
jour.  C'elT:  la  même  choTcque  cA-^r?m  ;  mais  il  ne 
s'emploie  pas  indifféremment.  Par  exemple  ,  on' dit  { 
chaque  langue.   Vat'g.  N.' Rem.  On  drt  auéon-j 

-  contraire  chacun  en  parle  ,  chacun  en  caufe.  En  gé-  ! 
n(,'néral,  chaque  fe  mctavectinfubftantif,ç'eft-à-dire,  j 

■avec  le  nom  de  la-chofe  dont  on  ^z'l]z  ,^v  chacun  , 
-    fe  met  abfolumcnt  &  fans  fubftantif.    Chaque  fc  , 
place  toujours avàBÉ'ié-fubftantif'^iiq'aclil Te  r'ap- 
po-rte;  .-■    'r'.:;  <.'-'■■•    •■    >'    ■       ,■':-'    ""-  j 

Depuis  cinq  dns'/enner S  c\\2.c\nejour  je.^ous  vqis  ■  ' 
"  Ei  crois  t&ufdur's  vous  voir  pour  la  première  fois. 

,    D.fK^cnr,       .   -■ •  "  :/;,■' ■;î!cyv^NE. 

'fp-  CHÀQUI ,  CHUQtriSACA  ou  la  PMTAXa-  , 

-  .,pitalède  la  Province  de  Los-Chatcas  aii  Pcrdir',  ' 
,.,-,  le  ,fiçg:e  d'une  audiencfe  royale  6C  d'un  riche  A.r- 
i;  ;  chevêche.  ■.    -  ■ 

.IP"  CHAR.-  f.  m.  Efpèce  de  voiture  à  deux  foû'es  , 
^,_.dont  l£S  anciens  Je  fcr-voient-  dans, les  triomphes , 
dans  les  cérémonies  publiques ,  da'ns  ies  jeux  ,  dans 
les  combats,  fi'c.  Currusl^W  étoit  monté  fur  un  char, 
brillant.  Pùutarque  a  oblérvé  que  Camille  étant  en- 
tré triomphant  dans  Rome  ,  monté  fur  un  char 
traîné  par  quatre  chevaux  blancs ,  cela  fiit  regardé 
comme  une  innovation  trop  fuperbe.  Pontanus  ; 
L.  III ,  De  Stellis,  dit  qu'Erichthonius  fut  le  pre- 
mier qui  attela  les  chet-aux  &  les  joignit  à  nnchar. 
Dufage  àQSchars  h.  la  guerre  étoit  très  -commun 
,  dès  le  temps  de  Moïfe\les  Egyptiens  &  les  Clia- 
nanécns  en  avoient  grand  nombre,  Cyrus  eft  le  pre- 
ginier  qui  les;a;armcs'de  faux,  •  " 

,     ....  Et  tel  ijue  fur  fon  char 
Victorieux  dans  Rome  entre  notre  Céfar.  CoRn. 

'  Voilà  donc  le  triomphe  où  j'étais  amenée  ! 

Moi-même  à  votre  char  je  me  fuis  enchaînée. 

Rac. 

On  dit  poétiquement  le  char  du  Soleil  ,  de  la 
Lune.  On  le  dit  de  même  d'un  cairoffe  magnifique. 

^to"  Ce  mot  eft  ancien  gaulois ,  &  vient  de  carr  , 
vieux  mot  celtique  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans 
les  Commentaires  de  Céfar,  Carrus. 

Sur  les  m.édailles  un  char  traîne ,  foir  par  des  che- 
vatix  ,  foit  par  des  lions ,  foit  par  des  cléphans ,  li- 
gnifîe ,  ou  bien  le  triomphe  ,  ou  l'apothcofe  des 
Princes.  Pour  le  char  couvert  traîné  par  des  mules , 

.  il  ne  marque  que  leur  confécrarion  ,  &:  l'honneur 
qu'on  leur  faifoit  de  porter  leur  image  aux  jeux  du 
Cirque.  P.  Jobert.  Ce  char  des  femmes  fe  noni- 

•  nioit  pilentum  ,  carpentum  ou  ba\lerna.  Voyez 
Bas  TERNE.  Le  char  attelé  de  deux  ,"de  quatre  ,  ou 
de  fx  chevaux  ,  ne  marque  pas  toujours  la  viéfoirc , 
ou  le  triomphe.  Il  y  a  d'autres  cérémonies  où  l'on 
fe  fervoit  de  char  s  \\:  on  y  portoit  les  images  des 
Dieux  dans  les  fupplications  -,  l'on  y  mettoit  les 
images  des  familles  illuftres  aux  funérailles ,  &:  de 
ceux  dont  on  faifoit  l'apothéofc.  Enfin  ,  l'on  y  cûn- 
duifoit  les  Confuls  qui_entroient  en  charge,  comme 
nous  l'apprenons  par  les  médailles  de  Maxence  Se 
de  Conftantin.  L'une  &  l'autre  portent ,  Félix prc- 
cejjiis  Corifulis  Augufti  nojiri.  P,  Joeert. 

Char  de  Junon.  Cette  Dccife  avoir  deux  chars,  l'un 
pour  traverfcr  les  airs ,  qui  étoit  tiré  par  des  paons  y 
&  l'autre  pour  combatrre  fur  la  terre ,  attelé  de 
deux  chevaux.  Celui-ci  étoit  à  Carthage  ,  ville  fa- 
vorite de  la  Dceffe. 

Char  ,  fe  dit  de  femblables  voitures  dont  on  orne 
les  catroufcU,  clont  en  fc  fer:  au.'i  courfes  de  prix, 
&i  autres  femblables  fêtes.  .;.     ;.  .  . 


CH  A 

Ip*  On  appelle  char  à  l'Opéra  ,  une  efpèce  de  trôrfe 

■dan5  lequel  defcendent  les  divinités,  les  magiciens 
-_  ,le§'  génies  &  autres  perlbnnages  ,  par  le  moyen  des 
'  cordes  auxquelles  cette  machine  eft  fufpendue. 
Char,  fe  dit  aulfr d'une  grande  charrette  à  quatre 
'  •■  roues  qui  porte  quantité  de  marchandifes  tout  à.  la 
• -foisi  Carrus  ,p/aujlrum.  Ce  char  porre  tout  d*un 
coup;  400  deïbin.  Il  eft  de  peu  d'ufage  en  ce  fens. 
.Ort'appelle  en  Flandre  Gzr/o;z ,  celui  qui  conduit 
:  -  Uh-  iliar ,  ou  chariot.  Âuriga,  Ce  mot  Vient  de  char  , 
<     qui'fe  prononce  car  en  ce  pays-là, 
©î-Xr  pour  Chair  j  étoit*  il  y  a  250  ans  ,  le  mot 
-1-'  d'ufage.  Glojfaire  Bourguignon.  Ce  mot ,  ainfi  que 
-ibea«c<)ùp  d'autres  ,  s'ell:  confervé  parmi  le  menu 
peuple  de  Bourgogne  &  de  Champagne  ,  qui  font 

■  'deux  Provinces  contigues.  L'Auteur  V«   Gloffaire 
-  :  d'à  Rom  an  de  la  Rofe ,  dit  qu'il  fe  prononce  encore 

■  aïnli' en  quelques  Provinces. 

|fc?CKAR  ('le  )  Petite  rivière  de  France  enSaîntonge, 
qui  a  fa  fource  à  Paillé ,  &  fe  jette  dans  la  Bou- 
lonne à  Saint  Jean  d'Angcli. 

GHARA.  f.  f.  C'eft  le  nom 'd'une  des  conftelIationS 

.-■.informes.  C'eft.Un  chien  de  cbalfe  qui  eft  fous  la 
aueue  de  la  grande  Ourfe. 

CW^ARÀDE.  f  m.  Terme  de  relation.  C'eft  le  nom 
d'une  des  fept  principales  Seéles  îdolârrcs  de  l'Inde, 

■'■"La  principale  occupation  des  Charades  eft  le  mctieî? 
de  la  guerre ,  à  laquelle  ils  s'appliquent ,  comme  les 

-  Rafpoutes  -,  mais  IcS  Charades  ,  qu'on  appelle  au- 
xitmcni  Soudras ,  tïz  fervent  que  darts  l'Infanterie, 

CHARADRIOS.'f;-'m.  Nom  d'oifeau  ,  que  je  trouve 
employé  paf  quelques  habiles  Fauconniers.  On 
l'appelle  aulli  hiaticula  ,  èc  oifeau  de  roche.  Voyez 
ce  dernier  mot ,  qui  eft  françois,  dans  l'article  de 
Roche.  -,  .  ., 

CHARAG.  C'W-Térme  de  relation,  C'eft  le  tribut 
que  les  Chrétiens  Se  les  Juifs  payent  au  Grand- 
Seigneur.  Vecligal  à  Clirijlianis  Judœifve  Turca- 
rum  Imperatori  pendi  folitum.  Les  femmes  en  font 
exemtes.  Les  Prêtres ,  les  Religieux  Chrétiens ,  SC 
les  Rabbins  des  Juifs  font  dilpenfés  de  le  payer. 
Les  hommes  commencent  aie  payer  .à  9  ou  .à  i.é 
ans.  Il  eft  de  10  ,  de  1 2  ,  de  1 5  francs ,  félon  la  ri- 
chelfe  &  l'ordonnance  des  lieux. 

CHARAMEIS.  f  m.  Arbre  des  Indes  ,  dont  il  y  a 
deux  efpèccs.  L'un  eft  grand  comme  un  néRier,&: 
fes  feuilles  font  femblables  ,à  celles  du  poirier ,  5c 
d'un  vert  clair.  Son  fruit  naît  en  grappes  ,  il  ref- 
femble  à  une  aveline  :  il  fe  termine  en  plufieurs: 
angles  de  couleur  fort  jaune  , -d'un  goût  ftiptique» 
accompagné  d'une  acidité  ttès-agréable.  Les  In- 
diens le  mangent  mûr  &  non  mûr,  confit  avec  du 
fel,  pour  exciter  l'appctit.  Ils  en  mêlent  auiïidans 
leurs  fauces.  L'autre  efpèce  eft  de  la  même  gran- 
deur ,  mais  Ion  fruit  eft  plus  gros.  Ses  feuilles  font 
plus  perites  que  celles  du  pommier.  Sa  racine  efl: 
lairculê.  Ces  arbres  croiffent  dans  les  forcrs  &  fui^ 
les  montagnes  éloignées  de  la  mer ,  en  Canada  & 
en  Decan.  Les  habitans  s'en  fervent  en  décoêtion  ' 
contre  les  fièvres.  Ils  broieflit  l'écorce  de  la  racine 
de  la  première  efpèce  avec  de  la  moutarde  ,  &  en 
donnent  aux  afthmatiques,  que  cela  purge  vigou- 
reufement  par  haut  &:  par  bas.  Lémery. 

CHARANSONou  CHARANÇON,  f.  m.  Efpèce  de 
petit  vet  qui  ronge  le  blé  dans  les  greniers.  Cur- 
ciilio.  Le  charanjon  qui  fe  met  dans  les  pois ,  eft  un 
peu  plus  gros  que  ceux  qui  fe  mettent  dans  le  blé. 
Il  ne  tant  point  écrire  charenfon.  Ce  iriot  vient  de 
X«ùàTTfiii,  fculpere,  excavare. 

CHARANTÈ.  1.  f.  Quelques-uns  écrivent  Charente. 
Rivière  de  France.  Carantoniis  ,  Caranthonus.  La 
pénultième  t\t.  brève  dans  ce  mot  latin.  La  Cha- 
rante  prend  fa  iource  aux  confins  de  la  Marche  S£ 
du  Limofin,  travcrfe  une  petite  partie  du  Poitou, 
l'Angoumois  Z<.  la  Saintonge  ,  ^  fc  jette  dans  la 
mer  de  Gafcosne  ,  vis-à-vis  de  l'Ile  d'Oleron. 

CîO"  CHARAPïiTI.   Voye?^  CnirpiRi. 

^fT  CHARBON,  f  m.  Bois  à  demi-brulé,  corps  noir, 
léger ,  ptovcnu  de  la  combuftion  du  bois ,  qui  ne 

va 


CH  A 

va  point  jufqu'à  la  deftriidlion.  Carbo.  Ce  bois  ne 
fait  point  de  charbon  ,  il  ne  fait  que  de  la  cendre. 
On  fe  fende  charbon  dans  les  cuifines,  &  par-tout 
où  l'on  ne  veut  point  de  feu  qui  talîe  de  la  fumée. 
Les  Phyfîciens  difentquele  charbon  eft  noir,  parce 
qu'il  ne  renvoie  prefque  poinr  de  lumière  ,  ce  qui 
vient  de  la  quantité  prodigieufe  de  pores  qu'il  a , 
&  qu'on  y  remarque  avec  le  microlcope.  Le  char- 
bon ne  fait  prcique  point  de  fumée  ,  parce  qiie  la 
plus  grande  partie  de  l'humidité  du  bois  a  été 
diilipée  par  le  feu  quand  on  a  fait  le  charbon. 

C'efl:  une  chofe  furprenante  de  voir  la  quantité 
de  petits  pores  que  le  microfcope  découvre  dans 
le  charbon.  Ils  font  difpofés  par  ordre ,  &:  traver- 
fent  toute  fa  longueur  ,  de  manière  qu'il  n'y  a  point 
de  charbon,  quelque  long  qu'il  ibit,  au  travers 
duquel  on  ne  puiile  aifém'cnt  ibufler  -,  &  li  l'on  en 
rompt  un  morceau  un  peu  court ,  on  voit  le  jour 
au  travers  avec  le  microfcope.  Dans  un  rang  long 
de  la  dix-huitième  partie  d'un  pouce,  M.  Hooka 
compté  jufqu'à  ijo  pores,  d'où  il  conclut  que 
dans  un  charbon  d'un  pouce  de  diamètre ,  il  n'y 
en  doit  pas  avoir  moins  de  cinq  millions  fept  cens 
vingt-quatre  mille.  C'efl:  à  cette  grande  quantité  de 
pores  qu'il  attribue  la  noirceur  du  charbon  ;  car 
il  dit  que  quand  un  corps  a  beaucoup  de  pores  , 
dans  lefquels  la  lumière  n'eft  point  reliéchie ,  il  pa- 
roît  nécedairement  noir -,  la  noirceur  n'étant  autre 
chofe  qu'une  privation  de  lumière ,  ou  un  défaut 
de  réflexion.  Voyei  la  Micrographie  de  cet  Auteur. 
Les  charbons  fervoient  autrefois  de  bornes  pour  les 
jurididions  &  héritages  ,  à  caufe  qu'ils  font  incor- 
ruptibles :  on  les  mettoit  bien  avant  dans  la  terre. 
De  Rochef.  Ils  fe  conlervent  en  eiîér  li  long-temps , 
qu'on  en  trouve  de  tout  entiers  dans  les  anciens 
tombeaux  des  peuples  du  Septentrion. 

Il  y  a  aulîi  un  charbon  arriiiciel ,  qu'on  fait  ex- 
près dans  les  forêts  de  pluiieurs  moyennes  branches 
d'arbres  qu'on  arrange  en  pyramide  dans  une  grande 
foHë  faite  exprès,  où  on  ne  lailfe  qu'une  petite  ou- 
verture par  où  on  met  le  feu,  &  qu'on  bouche 
quand  le  bois  efl:  afiez  confumé.  Les  forges  ne  fe 
fervent  que  de  ce  charbon.  Le  feu  de  charbon  efl: 
très-violent.  ffT  La  vapeur  infenlible  qui  s'en  ex- 
hale efl:  très  pernicicufe  ,  &  capable  d'affeder 
dans  un  moment  le  cerveau  &:  le  genre  nerveux. 
C'efl:  pour  cela  qu'il  eft  dangereux  de  fe  trouver 
dans  un  endroit  fermé  où  l'on  brûle  beaucoup  de 
charbon  ou  de  braife.  Ces  vapeurs  invifiblcs  répan- 
dues dans  l'endroit ,  caufent  des  étourdiffemens , 
des  défaillances ,  des  maux  de  tête  accompagnes 
d'une  privation  de  fentiment  &  de  mouvement , 
&  dans  peu  la  mort ,  fi  on  n'efl:  pas  promptement 
fecouru.  Le  moyen  le  plus  fur  eft  d'expofer  fur  le 
champ  le  malade  au  grand  air,  &  de  lui  faire  ref- 
pirer&:  avaler  du  vinaigre,  dont  l'acide  eft  appa- 
remment capable  d'arrc'^ter  &  de  brider  l'adion  de 
ces  matières  inflammables  très-volatiles.  M.  Dodard 
dit  qu'il  y  a  du  charbon  Ae  blé,  qui  eft  probable- 
ment du  temps  de  Céfar  ,  qui  s'eft  fi  bien  confervé  , 
qu'on  diftingue  le  froment  d'avec  le  feigle  ,  ce  qui 
fait  qu'il  le  croit  incorruprible. 

Charbon,  eft  aufli  une  efpèce  de  terre  minérale, 
foffile  &  fort  noire ,  qui  fert  aux  forges  des  ouvriers 
qui  travaillent  en  fer  -,  &  on  l'appelle  charbon  de 
terre.  Carbo  foffîlis.  Il  y  a  des  mines  de  charbon  de 
terre  à  S.Etienne  en  Forêt ,  en  Nivernois ,  en  Bour- 
gogne. Prefque  toute  l'Angleterre  eft  pleine  de  cette 
forte  de  charbon.  Voyez  \'Hi[loire  de  Nonhampton. 
par  M.  Morthon.  Il  y  a  des  mines  de  charbon  de 
terre  dans  les  côtes  de  l'Acadie. 

ÇO"  Ce  charbon  nommé  aulîi  Lithautrax  ne  s'en- 
flamme pas  aifémenr ,  mais  il  brûle  long-temps  & 
rend  une  chaleur  plus  vive  que  toute  autre  matière 
inflammable -.il  eft  engendré  par  un  lue  birumineux, 
amii  que  le  Jayer.  Sa  couleur  noire  le  fait  nommer 
charbon  -,  ce  n'eft  cependant  qu'un  limon  noir ,  dont 
les  parties  fedurciffent  en  pierres.  Il  ne  laiife  point 
de  cendres  après  qu'il  eft  brûlé ,  mais  uue  matière 
Terne  II, 


C  H  A  44^ 

noîfe,   nommée  mache-fer.  On  en  fait  un  grand 
ufage  en  Angleterre  ,  à  caufe  de  la  difetre  du^bois. 
Quand  on  l'emploie  cà  cuire  les  viandes,  il  leur 
communique  une  mauvaife  odeur.  On  peut  même 
croire  que  ia  fumée  eft  très-pernicieufe  à  la  fanté. 
Ne  cauléroit-elle  pomt  la   confomption,  maladie 
i\  commune  en  Angleterre.  Il  y  en  a  qui  eft  mêlé 
d'ai'phalte  &    de  Jayet  ,   d'autre  mêlé   d'un  bois 
plein  de  bitume  ,  d'autre  rempli  de  fouffte  èc  de 
pyrites ,  d'autre  alumineux  ,  &c. 
Charbon  de pierre.de charbon  ,que  quelques-uns  con- 
fondent mal-à-propos  avec    le   charbon  de  terre  , 
quoiqu'ils  n'ayent  rien  de  commun  que  leur  qua- 
lité imflammable  ,  eft  une  pierre  minérale  ,  fêche 
&:  fulfureufe  ,  dont  il  fe  trouve  diverfes  carrières 
dans  plulieurs  Provinces  de  France,  particulière- 
ment dans  le  Nivernois  &  le  Boutbonnois. 
Charbon  défaille  ,  eft  celui  dont  les  Peintres  ti  les 
Graveurs  fe  fervent  pour  faire  des  elquiflés  de  leurs 
defleins.  Picloris  carbo  linearis.   On  le  fait  dans 
un  canon  de  piftolet  qu'on  met  au  feu,  pour  faire 
brûler  du  bois  de  faule,  &  le  convertir  encharbon. 
Le  charbon  dont  on  fe  fert  pour  faire  la  poudre  à 
canon  ,  eft  de  bois  de  bourdaine ,  autrement  pe-» 
vine ,  ou  noir-prun. 

Les  Chimiftes  appellent  charbon ,  Ce  qui  refte 
des  plantes  dans  le  vahfeau  diftillatoite ,  lorfque 
le  feu  ne  peut  plus  rien  pouffer  dans  le  récipient. 
Charbon  ,  eftaulfi  une  tumeur  maligne  qui  furvienc 
dans  différentes  parties  du  corps.  Carbuntulus.  Elle 
eft  accompagnée  d'une  chaleur  très  douloureufe , 
de  mortification  ,  de  lividité  ,  &  enfin  de  noirceur  j 
elle  commence  par  une  ou  plulîeurs  puftules ,  fous 
lefquelles  on  trouve  un  ulcère  putride  couvert  d'une 
croûte  noire  :  elle  commence  auffi  quelquefois  par 
une  croûte  fans  aucune  puftule  ,  &  l'ulcère  fe  forme 
fous  cette  croûte.  Autour  de  cette  tumeur  il  y  a 
un  cerne  fort  douloureux ,  quelquefois  rouge ,  S>C 
quelquefois  livide  on  noirâtre.  Le  charbon  eft  caufé 
par  un  fel  extrêmement  acre ,  cauftique  &  malin  , 
qui  ronge  &  corrompt  en  peu  de  temps  la  partie 
fur  laquelle  il  fe  décharge.  Il  eft  ainfi  appelle  de 
certe  croûte  noire  qui  reflemble  àun  c/^ar^o/z;  les 
Grecs  l'appellent  «»-7f«::.  Le  charbon  eft  quelque^ 
fois  peftilentiel ,  &  quelquefois  il  ne  l'eft  pas.  Lorf- 
qu'il  vient  fans  puftules ,  on  le  nomme  prima  ou 
charbon  ;  lorfqu'il  a  des  puftules ,  on  le  nomme 
feu  pirfan ,  ianis  perjiciis. 
Charbon,  en  termes  de  Haras  &  de  Maréchallerie, 
lignifie  une  petite  marque  noire  qui  refte  à  la  fève 
qui  n'eft  pas  encore  toute  effacée.  Ce  cheval  prend 
huit  ans,  il  n'a  plus  qu'un  petit  charbon  :  ce  terme 
n'eft  en  ulage  que  dans  quelques  Provinces.  Dict. 
DE  Manège. 

On  dit  proverbialement ,  il  y  a  bien  du  charbon 
jHe  rabais',  pour  dire,  que  quelque  chofe  a  bien 
diminué  de  prix.  On  dit  d'un  homme  qui  a  une 
fièvre  ardente,  qu'il  brûle  comme  un  charbon. 

On  dit  figurément  dans  le  ftyle  de  l'Ecriture  , 
amaflér  des  charbons  lur  la  tête  de  fon  ennemi  \ 
pour  dire,  le  rendre  plus  inexcufable ,  &  attirer 
fur  lui  la  vengeance  de  Dieu ,  en  lui  rendant  le 
bien  pour  le  mal.  Acad.  Fr, 
CHARRONNÉE.f  f  Petit  morceau  de  chair  de  porc 
ou  de  bœuf ,  fans  graille,  qu'on  fait  ordinairement 
griller.  Tojlx  carnis  offella ,  fru(iulum.  Il  lignifie 
encore  un  petit  aloyau,  ou  une  côte  de  bœuf 
CHARBONNER.v.  a.Gâter,  falir  avec  du  charbon. 
Carbone  denif/are.  On  le  dit  auffi  de  ceux  qui  def- 
finent  avec  du  charbon.  Carbone  defcribere ,  de/i' 
neare. 
Charbonner  une  figure  ,  une  efquifle ,  une  muraille: 
c'eft  y  tracer  des  figures  avec  du  charbon.  Les  Pein- 
tres emploient  aujourd'hui  le  charbon  de  fiiule  pour 
leurs  efquifl[es.  ffT  Quand  un  deifein  eft  trop  char- 
gé de  crayon,  quand  les  traits  ne  font  pas  nets  ,  quel- 
que foir  le  crayon  ,  on  dit  qu'il  edckarbonné.  Alors 
il  eft  fynonyme  à  barbouillé,  &  fe  prend  toujours 
en  mauvaife  part. 

LU 


4TO 


C  H  A 


Charbonner,  fe  dicauiîl  au  figuré  ,  pour  noiicir  la 
rcouration  J'unc  pcrlonne  ,  la  déchirer  par  quel- 
que i'aiiHlanre  raillerie  i  mais  ce  nelt  que  du  llyle 
b^s  &c  comique.  Jlicui  infamiam  inferre  ,  alupiem 
infamsmficere.W.  me  ibllicire  de  la  charbonner  dans 
mes  vers.  Main. 

Charbonné,  ée.  part. 

^  Blé  charhonni.  Celui  qui  eft  artaquc  par  une  ma- 
ladie qui  rend  la  larine  noire  &  de  mauvaile  odeur. 
Voyei  Charbouillkr. 

gCr  "Charbonné,  en  Peinture.  Foji'^  Carbonner. 

CHARBONNEUX ,  EUSE.  adj.  Terme  de  Médechie. 
Qui  tient  du  charbon  pcfiiilcnticl ,  qui  y  reflem- 
ble  en  quelque  manière.  Jnthracodes.  Des  pullules 
charbonneufes  l'ont  des   lignes  de  la  pePcc.  Astruc. 

CHARBONNIER,  f.  m.  Celui  qui  fait  ou  qui  vend 
le  charbon.  Carbonarius.  On  le  dit  aulli  de  ceux 
qui  portent  le  charbon  ,  dont  les  uns  font  Maures 
créés  en  titre  d'Office ,  &  ainiî  Officiers  de  Ville  •. 
les  autres  font  valets,  &  fervent  ibus  eux -,  &  us 
les  appellent  Plumets  &  G  arçons  de  la  f  elle. 

Charbonnier  ,  eft  aufll  un  petit  lieu  où  on  ferre  le 
charbon  dans  les  maifons.  Conclave  Carbonarium. 
On  dit  proverbialement ,  la  foi  du  charbonnier^ 
quand  on  parle  de  la  foi  d'un  homme  fimple  qui 
croit  bonnement  &  fans  examen  tout  ce  que  l'E- 
glife  croit.  Ce  qui  tire  fon  origine  de  ce  qu'on  dit 
que  le  Diable  tenant  -an  Charbonnier  ,  lui  demanda 
quelle  étoit  fa  croyance.  Il  répondit  :  je  crois  tout  ce 
que  l'Eglife  croir.  Et  étant  preifé  par  le  même  Ef- 
prit  de  lui  dire  ce  que  croyoit  l'Eglife  ,  il  répli- 
qua ,  elle  croit  ce  que  je  crois.  Er  ayant  toujours 
perfévéré  dans  les  même  réponfes ,  il  rendit  le  Dia- 
ble confus.  M.  Drelincourt  a  ditlà-dciliis  que  c'é- 
toit  quelque  pauvre  jeune  Diable  qui  n'étoit  pas 
des  plus  fins  -,  parce  qu'autrement  il  auroit  demandé 
z\.KCharbonnicr ,  qu'eft-ceque  toi  &  l'Eglife  croyez  î 
ik'  alors  le  Charbonnier^  n'auroit  fu  que  répondre. 
La  raillerie  de  ce  Miniftre  Calvinifte  eft  fade  ■-,  car 
en  fuppofant  que  l'hiftoire  qui  a  donné  lieu  au  pro- 
verbe eft  véritable  ,  le  Charbonnier  étoit  très-  lage 
de  ne  répondre  qu'en  général  au  Diable  qui  vou- 
loir rcmbarrailér  ,  &  lui  faire  perdre  la  foi  :  & 
M.  Drelincourt  qui  blâme  la  réponlé  du  Charbon- 
nier:, &  qui  ritde  la  prétendue  fimplicitédu  Diable, 
ne  blâmeroit  pas  apparemment  la  conduite  d'une 
Dame  de  qualité,  qui  étoit  Huguenote,  &  qui 
rcpondoit  à  Rouen  à  peu-près  la  même  chofe  à  un 
Catholique  ,  il  auroit  appréhendé  qu'en  venant  au 
détail  elle  n'eût  reconnu  la  vériré.  De  plus ,  le 
Charbonnier  eur  répondu  à  la  queftion  du  Diable 
de  Drelincourr ,  s'il  l'avoir  faite ,  je  ne  fuis  pas 
obligé  de  lavoir  en  dérail  tout  ce  que  l'Eglife  croit. 
J'en  fais  ce  que  j'en  dois  lavoir  ,  &  pour  le  refte 
je  le  crois  dans  la  foi  de  l'Eglife,  difpofc  à  fafce 
un  adle  de  foi  fur  chaque  article  en  parriculier  , 
quand  il  me  fera  propofé  à  croire^-,  &  le  Diable  de 
Drelincourt,  quelque  fin  qu'il  eût  été  ,  n'eût  pas 
eu  un  mot  à  répliquer. 

On  dir  auffi  proverbialcmenr  que  le  Charbonnier 
eft  maître  en  fa  maifon.  C';  proverbe  vient  de  ce 
que  le  Roi  François  I,  s'étant  égaré  à  la  chafle, 
fut  contraint  de  pafîcr  la  nuit  dans  la  loge  d'un 
Charbonnier  ,  comme  un  Chafléur  inconnu.  Le 
Charbonnier  s'alTit  le  premier  à  la  table  ,  en  difant 
que  chacun  étoit  le  maîrre  en  fa  maifon.  Cepen- 
dant il  fervir  le  Roi  d'un  morceau  de  venaifon  , 
en  le  orianr  de  n'en  rien  dire  au  grand  nez  :  c'eft 
ainfi  aue  le  peuple  nommoir  le  Roi.  Le  lendemain 
pour  recompenfer  fon  hôte,  le  Roi  o^roya  à  fa 
confidcrarionqnelerrafic  du  charbon  feroit  excmt 
pour  lui  de  tous  impôts ,  tant  par  eau  que  par 
tcvi-e. 
CHARBONNIER,  f.  m.  C'eft  une  efpèce  de  mé/aiige 
qui  eft  plus  noire  que  les  mézanges  ordinaires  :  ce 
oui  lui  a  fait  donner  ce  nom. 
CHARBONNIÈRE,  f.  f.  Eft  une  place  qu'on  marque 
dans  le  bois  pour  faire  le  charbon.  Carhonarli  for- 


C  H  A 

nax.  L'Ordonnance  ne  permet  en  coupant  les  bois , 
qu'un  certain  nombre  de  charbonnières 
Charbonnière  eft  aufli ,  celle  qui   fait  ou  vend  du 

charbon,  ou  la  femme  d'un  Charbonnier. 
(tir  Charboî.nierf.  f.f.  Prilbnà  l'hôtel  de  ville  où 
l'on  cnlerme  ceux  qui  onr  commis  quelque  délit 
fur  la  rivière ,  quais ,  ports  &  autres  lieux  dont  la 
Juridiction  apparrient  aux  Prévôt  des  Marchands 
iJc  Echevins. 
iCT  II  y  a  de  même  dans  quelques  maifons  royales , 
au  Luxembourg  &:  ailleurs ,  des  priions  ainli  nom- 
mées à  caufe  de  l'oblcuriré  de  ces  endroits. 

Le  mot  de  charbon  &c  les  dérivés  viennent  du 
latin  carbo  ,  qui  vient  du  grec  xcc^^ni ,  Jiccare,  are- 
faccre. 
Ip-  Charbonniiîres  ,  en  Vénerie,  Terres  rouges  ou 
les  cerfs  vonr  fraper  leurs  têtes  ,  après  avoir  rou- 
ché  aux  bois -,  ce  qu'on  appelle  brunir.  Elles  en 
prennent  la  couleur. 
CHARBOUILLER.  v.  a.  Terme  d'Agriculture  ,  pour 
exprimer  les  clîéts  de  la  nielle.  La  nielle  chur- 
bonille  les  blés  ,  clic  les  rouille  ,  8i  remplir  quel- 
ques t^rains  de  chaque  épi  de  froment ,  d'une  cer- 
taine poullière  noire  ,  au  lieu  de  farine  ,  qui  noircit 
tout  l'aurre  blé.  Pour  préfcrver  les  blés  de  la  rouille, 
laquelle  char  bouille  ,  comme  on  dit,  plufieurs 
srains  de  chaque  épi  de  fromenr,onfccoue  laro- 
fce  du  ir.arin  avanr  le  lever  du  foleil ,  par  le  moyen 
d'une  corde  qu'on  rend  des  deux  côtés  du^  blé , 
qu'on  touche  par-delfus  avec  violcnce.7c;//rn.  des  Sç. 
du  4  Janvier  1677.  On  eft  obligé  de  laver  dans 
des  cuves  le  blé  qui  a  été  charboinUe  par  la  nielle, 
&  de  l'étendre  fur  des  draps  au  foleil ,  pour  le  taire 

fcohcr.  .      / 

CHARBUCLE.  f.  f.  Voyei  dans  le  Dictionnaire  Eco- 
nomique la  manière  d'empêcher  les  charhucles  au 

CHARCANAS.  f.  m.  Eroffe  de  loie  5c  de  coron  ,  qui 
fe  fabrique  aux  Indes  Orientales. 

'^K?  CEIARCAS.  Province  du  Pérou  avec  une  Au- 

"*  dietîce  Royale  ,  dent  la  capitale  eft  ChuquJiàca  ou 
la  Plata,  Archevêché  rrcs-riche. 

CHARCUTER.  V.  a.  Hacher,  ou  railler  de  la  viande, 
comme  font  les  Charcutiers  -,  parce  qu'on  difoit 
autrefois  r^izr  pour  chair.  Concidererninutim,  mi- 
nuiatim  concidere.  ^fT  II  n'eft  plus  d'ufage  au  pro- 
pre-,  mais  figurémcnt  on  le  dit  de  ceux  qui  cou- 
pent mal-adroitcmenr  les  viandes  à  table.  Alalé,  im- 
veriû  concidere.  Il  a  charcuté  cette  longe  de  veau. 

jK?  On  le  dit  dans  le  même  fens  d'un  Chirurgien 

'  mal-adroir ,  qui  dans  une  opérarion  ,  taillade  les 
chairs  d'un  malade  ou  d'un  bleil'é.  Au  refte  tout 
cela  eft  du  difcours  familier. 

ftr  Si  on  le  dir  des  autres  chofes  taillées  mal-pro- 
premcnr ,  ou  défigurées  -,  d'un  Tailleur,  qu'il  a  char- 
cuté une  étoffe  -,  \i'un  Menuifier  ,  qu'il  a  charcuté  y 
iïâté  une  pièce  de  bois  :  cela;  eft  du  ftyle  bas. 

Charcuté,   éf.  part.  palf.  &  adj. 

CHARCUTERIE,  f.  f.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey 
pour  fianifier  le  peu  d'adrefle  avec  laquelle  on  raille, 
on  fair  quelque  chofe.  Faciendi  traclandique  ope- 
ris  infcitia. 

CHARCUTIER,  f.  m.  On  écrivoit  &  on  diloit  autre- 
fois Chaîrcutier  ,  ou  plùrôt  Chaircuitier  ,  comme 
fait  M.  de  la  Mare  dans  fon  Traité  de  la  Police. 
Dans  les  Sraruts  qui  leur  furenr  donnés  en  14^^, 
on  écrit  Charcutier.  On  devroit  dire  &  écrire  chair- 
cuitier; car  ce  mor  eft  compoié  de  chair  &  de  cuire, 
&  fisînifie  un  Cuitier  de  chair ,  c'elt-à-dire  ,  un 
homme  qui  cuit  de  la  chair  ,  qui  vend  de  la  chair 
cuite  ,'&  non  pas  crue ,  comme  les  Bouchers.  Mais 
l'ufrtîe  y  eft  contraire.  Carnium  coaarum  propolu. 
C'eft^  un  Marchand  de  chair  de  pourceau.  C'eft 
aufTi  celui  qui  la  fale ,  qui  la  hache ,  qui  l'aflai- 
fonne,  &  qui  en  fiit  divers  ragours,  comme  feu- 
cifîes,  iaucillons,  cervelas,  boudins ,_andouiIles, 
&c.  Il  eft  ainfi  nomm.é ,  parce  qu'il  fair  cuire  les 
chairs  ,  &  qu'il  vend  non-feulemenr  delà  chair  de 
pourceau  cuite  ,  mais  aulEi  des  langues  de  bœuf. 


CH  A 

ic  autres.  Les  Bouchers  faifoient  autrefoiis  îedcbit 
de  la  chair  de  porc.  Les  Charcutiers  ont  depuis 
ctc  dirpenlcs  d'acheter  des  porcs  chez  les  Bouchers. 
Ils  ont  eu  la  permiUion  d'en  débiter  eux-mêmes 
la  chair  crue  •,  mais  fous  les  mêmes  conditions  que 
les  Bouchers  ,  c'cft-à-dire ,  de  paflcr  l'examen  des 
Languayeurs ,  des  Tueurs  &  des  Courtieis  ou  Vi- 
lîteurs  de  chair.  De  la  Mare  ,  Traité  di  La  Police, 
Liv.  IK ,  T.  V y  cap.  1,  Il  ell;  défendu  aux  Char- 
cutiers de  vendre  les  chairs  d'aucun  porc  ladre.  1d. 
Ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  Charcutier  >  ne  tai- 
foit  autrefois  qu'un  même  métier  &  un  même  corps 
avec  ceux  que  l'on  nomme  Rotijfeurs  ,  &  les  mômes 
gens  apprêtoiem  &  vcndoicnt  la  chair  de  porc  avec 
toutes  fortes  d'autres  viandes  cuites ,  Se  on  les  nom- 
moit  Oyers.  Il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  ces 
Oycrs  retranchèrent  de  leur  profeilion  le  dcbir  des 
chairs  de  porc ,  &  de  toutes  les  chairs  bouillies 
ou  alfailonnées ,  &  celui  du  poilîbn  &:  des  légumes. 
D'autres  particuliers  prirent  ce  qui  avoir  été  re- 
tranché de  la  profefîion  des  Oyers ,  ou  ce  qu'ils 
en  avoient  eux-mêmes  abandonné  ,  &:  l'on  en  forma 
enfuite  une  autre  Communauté,  fous  le  nom  de 
Charcutiers ,  par  Lettres  Patentes  du  17  Janvier 
1475.  Ces  Lettres,  qui  font  du  Prévôt  de  Paris  , 
contiennent  les  premiers  ftatuts  qui  aient  été  don- 
nés aux  Charcutiers  en  dix-iépt  articles.  On  en 
ajouta  8  ou  51  en  1477  ,  en  donnant  entrée  dans  ce 
mctiet  à  un  plus  grand  nombre  de  gens  qu'on  n'a- 
voir fajt  deux  ans  auparavant  :  &  ainli  fe  forma 
la  Communauté  des  Charcutiers  à  Paris,  Ces  Pvc- 
gleméns  &  ces  ftatuts  ie  trouvent  dans  le  Traité 
delà  Police ,  àt  M.,  àe  la  Mare,  Liv.  V,  T. 
XXI,  c.$  ,  où  il  traite  des  Charcutiers ,  Se  ils  y 
Ibnt  appelés  Chaircuitiers  &  SauciJJiers.  Ces  fta- 
tuts reçoivent  fans  apprcntllfage  &  fans  chef  d'œu- 
vre  ceux  qui  exerçoient  aâuellement  ce  métier 
dans  Paris  -,  mais  ils  demandent  pour  la  fuite  quatre 
ans  d'apprentiflage  &  chef  d'œuvre.  D'autres  régle- 
mens  leur  permettent  d'ouvrir  les  Dimanches ,  & 
les  obligent  à  remplir  chacun  à  leuT  tour  les  qua- 
rante places  de  la  Halle  le  Mercredi  &  le  famedi. 
Voye:;^  tous  ces  réglcmens  de  Police  dans  l'endroit 
cité  ,  &:  ch.  6. 

CHARCUTIÈRE,  f.  f.  Femme  de  Charcutier  ,  ou 
femme  qui  fait  le  métier  de  charcuter.  Propola  coc- 
tiv(z  carnis  ,  coquelet  carnaria. 

CHARCUTIS.  Vieux  mot  qui  s'employoit  autrefois 
en  parlant  d'un  grand  maifacre  ,  d'une  grande  dé- 
faite. En  cette  journée  il  fe  fît  un  horrible  char  cutis, 
Cœdes. 

CHARDON,  f,  m.  Ce  mot  s'applique  par  le  vulgaire 
à  toute  Ibrte  d'herbe  épincufe  &:  piquante.  Quel- 
ques ouvriers  en  laine  appellent  chardon  une  plante 
dont  les  têtes  fervent  à  chardonner  les  étoffes , 
d'où  vient  le  mot  de  chardonner  ,  peclere.  On  dit 
aulfi  d'une  plante  qu'elle  a  les  feuilles  de  chardon  , 
lorlqu'elles  font  découpées  liar  leurs  bords  en  quel- 
ques fegmens  qui  font  armés  •de  piquans ,  de  la 
même  manière  que  les  c/zarJc/zj  ordinaires  en  font 
fournis. 

Chardon,  f.  m.  Carduus,  eft  parmi  les  Botaniftes 
le  nom  propre  d'un  genre  de  plantes,  dont  les 
fleurs  font  à  fleurons  pofés  fur  des  embryons  qui 
deviennent  des  graines  chargées  d'une  aigrette.  Ces 
fleurons  font  renfermés  dans  un  calice  qui  eft  d'a- 
bord arrondi ,  &  qui  s'évafe  enfuite  dans  fa  matu- 

.  rite.  Il  eft  formé  par  plufieurs  écailles  appliquées 
les  unes  fur  les  autres ,  &  terminées  toujours  par 
un  piquant.  Cette  pointe  des  écailles  du  calice  fert 
à  diftinguer  le  chardon  d'avec  les  cirfium  &les  ja- 
cécs.  Il  y  a  plufieurs  efpèces  de  chardons.  Les  unes 
font  épineuies  de  tous  côtés ,  &  par  leurs  feuilles 
&  par  leurs  tiges  ,  &  par  leur  tête  -,  d'auttes  ne  le 
font  que  par  leurs  feuilles  &c  leur  tête  -,  d'autres 
enfin  n'ont  que  la  tête  armée  de  piquans.  Les  feuil- 
les de  chardon  ne  font  pas  pareilles  dans  toutes  les 
efpècc";:  les  unes  les  portent  entières  comme  le  char- 
donétoili:  à  feuilles  de  giroflée  jaune.  Dansd'au- 


C  H  A  ^^  i 

très ,  elles  font  larges ,  plilfées  Se  coupées  en  feg- 
mens larges  ou  étroits  ,  femblables  aux  feuilîes 
d'acanthe,  ou  de  coquelicot ,  de  chicorée,  ou  de 
corne  de  cerf.  Le  chardon  Notre-Dame,  <:<zr^««^  ma- 
rianus  ,  jive  lacleis  macuUs  notatus -,  les  a  larges, 
&  marquées  de  veines  ou  de  taches  blanches,  Foye:r 
les  Injtituts  de  Botanique  de  M.de  TourncfortpouiT 
le  dénombrement  des  elpèces. 

Chardon  à  Bonnetier  ou  a  Foulon  ,  ou  Chardon  à 
carder,  Carduus  Fullonum  ,  Diffacus,  Plante  dont 
les  Bonnetiers  &:  les  Foulons  de  lame  fe  fervent 
pour  carder  la  laine  ,  &c  pour  tirer  les  poils  des 
draps.  Sa  racine  eft  fimple  ,  blanchâtre,  chargée 
de  quelques  groffes  fibres ,  &  qui  donnent  des  feuil- 
les longues  d'un  pied ,  &  d'un  pied  &  demi  liir  qua- 
tre pouces  de  large,  vert  clair,  ridées,  un  peu  ve- 
lues, dentelées  fur  leurs  bords  ,  relevées  en-defllis 
d'une  groife  côte  épineufc  &:  plus  tendre  que  dans 
les  feuilles  des  tiges  :  fa  tige  l'orr  feule  de  la  mêms 
racine  ,  &  s'élève  à  la  hauteur  de  quatre  à  cinq  ,  &: 
même  de  fîx  pieds  quelquefois ,  grollc  comme  le 
doigt  ,  droite  ,  cannelée  &  cpineufe  ,  garnie  de 
feuilles  oppofées ,  &  tellement  jointes  à  leur  baie 
qu'elles  embraifent  la  tige  qui  les  enfile.  Ces  feuil- 
les fe  terminent  en  pointe  ,  &  font  plus  petites  & 
plus  cpineufes.  De  leurs  aiffelles  ibrtcnt  des  bran- 
ches oppofées  &  divil'ces  en  deux  autres  branches , 
qui  portent  à  leurs  extrémités  une  tête  longue  de 
deux  à  ttois  pouces  ,  quelquefois  plus ,  compolce 
de  plulieurs  écailles  fermes  &:  terminées  en  pointe , 
lefquelles  forment  comme  des  alvéoles  aux  fleurs 
qui  fortent  d'entr'elles  ,  &  qui  font  des  fleurons 
pâles  légèrement  lavés  de  pourpre  i  découpées  à 
leurs  bords  en  quatre  fegmens  obtus.  Elles  portent 
fur  des  embryons  qui  deviennent  autant  de  femen- 
ces  oblongues  ,  cannelées ,  &  à  quatre  pans.  On 
diftingue  le  chardon  à  Bonnetier  tn  cultivé,  qui  a 
les  écailles  de  fa  tête  terminées  par  une  pointe 
crochue  •,  &  en  fauvage,  qui  les  a  toutes  droites.  Les 
Cardeurs  ne  fe  fervent  que  du  cultivé.  Il  fe  ren- 
contre quelquefois  des  vers  dans  les  têtes  de  cette 
plante  ',  &.  on  prétend  que  li  on  les  porte  fur  foi , 
elles  éloignent  les  maux  de  dents  &  la  fièvre.  L'eau 
qui  fe  ramaffe  à  la  baie  de  les  feuilles  eft  recom- 
mandée pour  les  maladies  des  yeux. 

Chardon  bénit.  Cnicus  Jilveliris  hirfutior  ijîve  car- 
duus benediclus  C.  B.  Plante  fudorifique  tort  em- 
ployée en  médecine  -,  mais  comme  elle  n'eft  pas 
bien  commune,  on  la  cultive  dans  les  jardins.  Sa 
racine  eft  blanchâtre  ,  charnue  ,  &  divifée  en  quel- 
ques branches.  Elle  donne  des  feuilles  découpées 
comme  celles  du  laitron  ,  gluantes  &  cpineufes  au 
toucher  ,  velues ,  &  d'entre  lefquelles  s'élève  une 
lige  branchue  prefque  dès  fa  naiffance  ,  droire  en 
partie ,  &;  en  partie  couchée  fur  rerre ,  garnie  de 
feuilles  alternes ,  des  aifîelles  dcfquelles  fortent  de 
petites  branches  ,  terminées  par  une  tête  écailleufe 
&  épineufe  remplie  de  fleurons  jaunes  découpés 
en  cinq.  Ces  têtes  ibnt  groflies  par  quatre  à  cinq 
feuilles  vertes  ,  dentelées  ,  &  armées  de  piquans 
fur  leurs  bords ,  Si  à  leurs  extrémités.  Ces  feuilles 
forment  une  efpèce  de  chapiteau  qui.  diftingue  ce 
genre  de  fes  femblables.  Lorfque  la  fleur  eft  paflce, 
chaque  embryon  de  graine  ,  qui  ibutenoit  un  fleu- 
ron ,  devient  une  femence  oblongue  ,  étroite  ,  gri- 
sâtre ,  &  garnie  d'une  aigrerte  blanche.  L'eau  du 
chardon  bénit  entre  dans  les  potions  cordiales  & 
dans  les  potions  fudotifiques.  Son  fel  a  à  peu  près 
les  mêmes  ufages.  La  décoélion  de  toute  la  plante 
eft  quelquefois  purgative ,  &  fait  vomir  ,  furtouc 
lorfqu'elle  eft  trop  chargée.  Le  chardon  bénit  mêlé 
avec  des  diurétiques,  pouffe  par  les  urines  au  lieu 
de  faire  fuer.  Au  défaur  de  chardon  bénit  on  peut 
fe  fervir  de  l'efpèce  nommée  Cnicus  attraclilis^  lu- 
tea  diclus.  On  a  remarqué  qu'elle  avoir  les  mêmes 
propriétés. 

Chardon  étoile,  ou  Chauffe-trappe.  Carduus  ftellatiis^ 
Jive  Calcitrapa.  Efpèce  de  chardon  dont  la  racine 
eft  arofle  &  longue  comme  celle  des  perits  raiforts 

Lilij 


45'2r  C  H  A 

qu'on  appelle  mvcs  à  Paris ,  longue  d'un  pié  au 
plus ,  de  lagrofl'j'UL-  du  doitç:  vers  ion  collet ,  blan- 
châtre,  changée  de  quelques  fibres  branchucs  ,  & 
qui  donne  plulicurs  feuilles  velues  ,  couchées  lur 
terre ,  longues  de  trois  à  quatre  pouces ,  découpées 
comme  celle  du  bluct  ou  du  coquelicot ,  mais  d'un 
vert  gai.  De  leur  milieu  part  une  tige  branchue , 
arrondie  ,  blanchâtre ,  haute  d'un  pic  ou  deux  , 
chargée  de  f-'euilles  pareilles  à  celles  du  bas ,  mais 
plus  découpées  ■■,  les  extrémités  de  ces  tiges  &  bran- 
ches portent  des  tètes  écailleufcs ,  épineulés ,  grof- 
ies  comme  des  noilettes ,  Se  dont  les  épines  l'ont 
longues  de  plus  de  demi-pouce  ,  blondes,  &  dif- 
pofées  en  manière  d'étoile  ,  lorique  la  tète  ne  s'eft 
point  évarée,&  que  les  Heurons  qui  ibnt  pourpres 
ne  paroiifent  point.  Sa  Temence  eft  oblongue  ,  liile  , 
polie,  plus  petite  que  la  graine  de  perroquet,  au- 
trement canhama.. 

Cette  plante  croît  communément  à  la  campagne 
fur  le  bord  des  chemins ,  &  dans  des  lieux  &  terres 
incultes.  Sa  racine  eft  très-apéritive  &C  diurétique. 
On  l'emploie  avec    luccès  pour  les  coliques  né- 
phrétiques. M.  de  Balville  ,  Intendant  du  Langue- 
doc ,  fe  trouvant  bien  de  l'ulagc  de  cette  racine, 
iit  imprimer  la  manière  dont  il  s'en  étoit  fervi.  De- 
puis ce  temps-là  on  iùit  prendre  la  poudre  de  ion 
écorce  délayée  dans  du  vin  \  &;  pluiieurs  peribnncs 
fc  font  apperçues  qu'elle  charrioic  le  fable  &  le 
gravier  ,  &:  qu'en  en  prenam  de  temps  en  temps 
avec  précaution ,  leurs  accès  de  colique  néphréti- 
que n'étoient  plus  ii  fréquens.  Dans  le  mémoire 
de  M.  de  Balville ,  on  ne  prend  l'infulion  de  l'é- 
corce  de  cette  racine  que  le  28'  jour  de  la  lune  de 
chaque  mois ,  &:  il  faut  que  la  racine  ait  été  cueillie 
vers  la  fin  du  mois  de  Septembre  :  deux  circonftan- 
ces  alTez  inutiles ,  puifque  ce  remède  agit  tout  auiîl- 
bien  les  autres  jours  de  la  lune  que  le  18 ,  &  qu'on 
peut  pr^fque  en  tout  temps  cueillir  ces  racines  , 
parce  que  cette  plante  ne  porte  point  de  tige  la 
première  année  ,  &  qu'elle    paroit  dès  qu'elle  a 
donné  fes  femences ,  de  même  que  les  autres  char- 
dons. On  a  foin  de  prendre  les  racines  de  celles 
qui  ne  font  pas  montées  -,  leurs  racines  n'étant  pas 
fl  ligneufes  ,  comme  il  arrive  à  toutes  les  autres 
plantes,  dont  la  racine  n'a  prcfque  point  d'écorce  , 
lorfqu'elles  font  ptêtes  adonner  leurs  fi:uits.  Leurs 
racines  font  cordées  ,  comme  on  dip  communé- 
ment. 
Chardon  hémorroïdal.  Cïrjlum  arvenfe  ■,  fonchi folio 
radiée  repente  ,  caule  tuberojb  ,  Inji.  R.  Herb.  On 
mettoit  autrefois  cette  plante  parmi  les  chardons 
à    caufe    qu'elle    eft  remplie  de  piquans.   On  l'a 
appelé  chardon  hiinorroidal ,  parce  qu'il  fe  forme 
quelquefois  des  nœuds  à  fa  lige  à  l'occafion  des 
piquures  d'infedes  ',  Se  on  prétend  que  ces  nœuds 
portés  dans  la  poche  garantiffent  des  douleurs  des 
hémorroïdes.  Cette  plante  a  fa  racine  blanchâtre 
te  rampante.  Elle  donne  dans  fa  longueur  des  ti- 
ges   hautes  d'un   pié  &  demi   ou  de  deux  pies  , 
plus  menues  que  le  petit  doigt ,  cannelées  ,  mocl- 
leufes  ,  8c   longues  de  quatre  à  cinq  pouces   far 
moins  d'un  pouce  de  largeur  j  découpées  &  plif- 
fées  fur  leurs  bords ,  armées  de  piquans  ttès-fins  ; 
vertes  en^deifus ,  &c  pâles  ou  blanchâtres  en-deflbus. 
Lorfque  cette  tige  n'eft  point  piquée  ,  Se  qu'elle 
ne  forme  pas  un  nœud  vers  fon  extrémité  ,  elle  fe 
divife  en  quelques  branches  qui  portent  des  têtes 
allongées ,  à  écailles,  dont  les  piquans  fontfoibles, 
&  à  fleuron  d'un  pourpre  pâle  ,  portés  fur  des  em- 
bryons qui  deviennent  des  femences  couleur  d'a- 
lun &  chargées  d'aigrettes.  Cette  plante  vient  com- 
munément dans   les  champs  &:  dans  les  vignes  ; 
mais  on  ne  trouve  ces  fortes  de  nœuds ,  que  lorf- 
■qu'elle  naît  dans  des  lieux  humides  à  Tabri  de  quel- 
ques arbres. 
Chardon  Noire-Dame,  ou  Chardon  laité.'Carduus 
alhis  maculis  notatus  ,  vulgaris.  C.    B.    Pin.  Il 
cft  ainli  appelle  à  caufe  des  taches  blanches  qui 
:     ^ont  répandues  fur  fçs  feuilles.  Les  racines  de  ceae 


CH  A 

plante  font  grofles ,  longues  ,  &  poulfent  plulîeurs 
teuillcs  longues   d'un  pic  &c  demi ,  larges  de  demi- 
pié  environ ,   découpées  fur  leurs  bords ,  comme 
ondées ,  armées  de  piquans  affilés ,  vert  gai  en-def- 
fus ,  &  comme  veinées  par  des  taches  d'un  blanc 
de  lait  dans  les  endroits  de  leurs  principales  ner- 
vures Ses  tiges  font  droites ,  chargées  de  quelques 
feuilles  pareilles  à  celles  du  bas ,  mais  moins  am- 
ples i  elles  font  terminées  par  quelques  branches 
qui  portent  des  têtes  écailleufes  ,  fort  épineufes.  Ses 
fleurs  font  purpurines,&:  fes  femences  grolîës  comme 
celles  du  carchame  ,  noirâtres  &:  fort  adoucilfantes. 
On  les  emploie  en  émulfion  dans  les  ardeurs  d'u- 
rine. On  mange  les  jeunes  pouffes  de  cette  plante 
de  même  que  celles  de  quelques  autres  chardons. 
Chardon  Roland.  Eryngium  vulgare  ou  le  panicaut, 
le  chardon  à  cent  têtes.  Plante  qui  n'eft  point  du 
genre  des  chardons.  Sa  racine  eft  longue  de  plus 
d'un  pié ,  grofle  comme  le  doigt ,    brune  en  de- 
hors ,  blanche  en  dedans ,  douçâtre  ,    compofée 
d'une  écorce  épaifîé  ,  tendre ,  &  d'un  nerf  ou  cœur 
ligneux.  Elle  donne  quelques  feuilles  fermes ,  lè- 
ches ,  piquantes ,    découpées   en   trois   ou  quatre 
fegmens  longs  d'un  pouce  &  demi  ou  de  deux  pou- 
ces ,  fur  moins  d'un  pouce  de  largeur ,  dentelées 
fur  leurs  bords  &  d'un  vert   pâle.  La  tige  qui  fort 
d'entre  ces   feuilles ,  eft  haute  d'un  ou  deux  pics , 
plus  mince  que  le  petit  doigt,  cannelée,  &  chargée 
de  feuilles  pareilles  à  celles  du  bas ,  mais  plus  ar- 
rondies Se   plus  découpées.  Cette   tige  le   divife 
enfuite  en  plulicurs  branches  qui  portent  chacune 
une  tête  groife  comme  le  pouce;  longue  d'un  demi 
pouce,  garnie  à  fa  bafe  de  quelques  petites  feuilles 
qui  forment  une  efpèce  de  fraife.  Chaque  fleur  eft 
compofée  de  cinq  petites  pétales  blanchâtres ,  & 
foutenues  par  un  calice  qui  devient  eniuitc  un  fruit 
à  deux  femences   jointes    enfemble.  Le   panicaut 
marin  fe  diftingue  du  vulgaire  par  fes  feuilles  plus 
arrondies ,  moins  découpées   &   plus  plilfées ,  Sc 
par  leur  couleur.    La  racine  du  panicaut  eft  apé- 
ritive,  diurétique-,  on  l'emploie  dans  les  bouillons, 
les  tifanes  Se  les  aposèmes.  On  recommande  les 
racines  confites  du  panicaut  matin,  pour  la  phthilie. 
Voye^  LE  DicT.  DE  James. 
CH.VRDON.  Terme  de  Fleurifte.  C'eftune  anémone 
dont  les  béquillons  font  fort  étroits.  Morin".  Quel- 
que grolleur  Se  quelque  coloris  qu'elle  ait,  clic  eft 
déteftablc.  Id. 
Chardon,  chez  les  Serruriers,  fe  dit  des  pointes  SC 
crochets  de  fer  qui  fe  mettent  fur  des  barreaux , 
fur  une  grille  de  fer  ou  fur  le  chaperon  d'un  mur, 
pour  empêcher  qu'on  ne  palTe  par-dellus.  Carduss 
ferreus. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  cft  amou- 
reux, gracieux  comme  un  chardon;  poux  dire,  qu'il 
eft  mal  gracieux ,  rébarbatif. 
Chardon.  [Notre-Dame  du)  Ordre  militaire 
projeté  en  13^9  &  inftitué  en  1570,  le  jour  de 
la  Purification  de  la  fainte  Vierge,  à  Moulins  , 
par  Louis  II ,  Duc  de  Bourbon.  Cet  Ordre  éroit 
compofé  de  z(î  Chevaliers.  Le  Prince  Se  fes  fuc- 
ceffeurs  dévoient  être  les  Chefs  de  l'Ordre.  Les 
Chevaliers  portoient  toujours  la  ceinture  d-e  cou- 
lent bleu  célefte,  doublée  de  fatin  rouge,  brodée 
d'or,  Se  fur  laquelle  on  lilbï:  ce  mot  Efpérance, 
en  broderie  d'or  auffi.  Aux  grandes  fêtes ,  Se  prin- 
cipalement à  celle  de  la  Purification,  que  le  Prince 
tenoit  table  ouverte  aux  Chevaliers ,  ils  étoient 
vêtus  de  foutanes  de  damas  incarnat ,  à  manches 
larges.  Se  ceintes  de  leurs  ceintures  bleues.  Le 
grand  manteau  de  cet  Ordre  étoit  d'un  bleu  célefte, 
doublé  de  fatin  rouge  :  Se  le  grand  collier  de  fin 
or ,  du  poids  de  <iix  marcs ,  fermant  à  boucle  & 
ardillons  d'or  par  derrière.  Il  étoit  compofé  delo- 
zanges  Se  de  demi  -  lozanges  à  double  orlc ,  email-» 
lées  de  vert ,  percées  à  jour ,  remplies  de  fleurs- 
de-lis  d'or ,  Se  du  mot  Efpérance  ,  écrit  dans  les 
lozanges  en  lettres  capitales  à  l'antique.  De  ce  col- 
lier, pendoit  fur  i'eftomac  une  Qvaie,  dans  laquelle 


CH  A 


étoit  l'image  de  la  fainte  Vierge ,  entourée  d'un 
foleil  d'or  ,  couronnée  de  douze  étoiles  d'argent , 
avec  un  croiffant  de  même  Tous  les  pies,  &c  au 
bout  une  tête  de  chardon  émaillé  de  vert.  Leurs 
chapeaux  étoient  de  velours  vert  rebrallcs  de  pal- 
mes de  foie  cramoilie ,  llir  lequel  étoit  l'écu  d'or  à 
la  devife  j4àn  ,  Akn  ,  qui  veut  dire  ,  allons  en- 
femble ,  pour  marquer  l'union  qui  devoir  être  en- 
tr'eux. 

Le  nom  de  Notre-Dame  du  Chardon  vient  du 
chardon  qui  étoit  au  bout  de  l'ovale  qui  pendoit 
du  collier ,  &  de  ce  que  la  ceinture  de  l'Ordre  fer- 
moir à  boucle  &;  ardillons  de  fin  or,  ébarbillonncs 
&:  déchiquetés  avec  l'émail  vert,  comme  la  tcte 
d'un  chardon.  L'Abbé  Juftmiani  traite  de  cet  Or- 
dre dans  Ion  Tom,  II,  ch,  60,  p.  16, 

Il  y  a  auJli  en  Ecoire  un  Ordre  du  Chardon  ,  au- 
trement du  bouquer  de  Rue,  ou  de  fainr  André, 
Se  de  faint  André  du  Chardon.  Nous  en  avons 
parlé  au  mot  André.  L'Abbé  Juftiniani  en  traite 
tort  au  long  dans  Hijioria  di  tutti  gl'  Ordini  mi- 
litari &  Cav aller ej'chi.  Tom.  I ,  chap.  16. 
CHARDONAL  ou  CHARDOUNAL.  f.  m.  Vieux 
mor.  Cardinal.  Cardinalis.  Le  Reclus  de  Moines 
manufcrit  dit  : 

Quand  je  me  fuis  el  retour  , 

De  la  grant  court  je  fis  un  tour , 

La   ou  mainent  li  Chardounal 

Mais  tous  les  trouvai  d'un  atour 

Cha  &  la  tous  font  mercatour.  Du  Cange. 

CHARDONNER.  v.  a.  Terme  de  Manufactures  de 
de  lainage.  C'eft  tirer  le  poil  d'une  étoffé  avec 
des  chardons.  Pilos  carduis  erigere.  On  ne  char- 
donne  que  les  ouvrages  en  laine. 

CHARDONNERET,  f.  m.  Petit  oifeau  recomman- 
dable  pour  la  beauté  de  fon  plumage  ,  &  celle  de 
l'on  chant.  Le  chardonneret  eft  plus  petit  que  le 
pinfon  :  il  a  fur  le  devant  de  la  tête  &  à  la  gorge 
des  marques  rouges  ;  le  haut  de  fa  tête  eft  noir  ; 
les  rempes  blanches  ;  les  aîles  noires  &  diverfifiécs 
de  blanc  :  dans  les  grandes  pennes  on  voit  une  bande 
jaune  de  part  &  d'autre.  Le  jeune  chardonneret 
n'a  point  de  rouge  fur  la  tête  ;  mais  il  eft  d'une 
coulent  cendrée  qui  tire  fur  le  roux.  Les  Oifeleurs 
les  appellent  grifets  ;  ils  les  vont  prendre  dans  les 
prés  pendanr  le  mois  de  Juillet.  Le  chardonneret 
mâle  a  la  tête  ,  la  gorge  &:  le  dos  plus  noirs.  Sa  tête 
eft  aufli  plus  longue  &  plus  plate  que  celle  de  la 
femelle  :  celle-ci  a  les  aîles  cendrées ,  la  gorge  blan- 
che &  la  tête  rouge.  Il  y  a  d'autres  chardonnerets 
qui  onr  le  tour  du  bec  noir  ,  &  le  tour  des  yeux  , 
qui  a  coutume  d'être  rouge  aux  autres ,  eft  blanc. 
L'on  en  trouve  auifi  en  Iralie  qui  ont  tout  diver- 
lîfié  de  couleurs  diflcrcnres  des  aurres ,  fi  l'on  en 
croit  quelques  Auteurs.  Enfin  il  y  en  a  qui  fonr 
blanchâtres,  &  d'autres  qui  font  blancs,  &  ont  la 
tête  rouge. 

Le  chardonneret  fait  fon  nid  dans  les  épines , 
&  dans  les  arbriifeaux.  Il  fair  ttois  fois  l'an  des 
petits  -,  favoir ,  aux  mois  de  Mai ,  de  Juin  &  d'Août. 
Ceux  du  mois  d'Août  font  les  meilleurs.  Ils  font 
fcpt  ou  huit  œufs  pour  l'ordinaire.  Ceux  qui/onr 
leur  nid  dans  les  épines ,  ont  quelques  plumes  oran- 
gées ,  &  fonr  plus  eftimcs  que  les  aurres  ,  parce 
qu'ils  font  plus  forts  &  plus  robuftes  ,  &  qu'ils 
chantent  mieux.  Ils  font  différens  des  autres  en 
ce  que  leur  pennage  eft  plus  gris  &:  plus  obfcur. 
Les  noirs  font  coirmuncmcnt  bons.  Les  chardon- 
nerets vivent  jufqu'à  vinpt  ans  &:   plus. 

Le  chardonneret  niais  eft  beaucoup  meilleur  que 
les  auttes  à  tenir  en  cage.  Il  faut  le  mettre  auprès 
d'une  linotte  ,  d'un  ferin  de  Canarie  ,  ou  d'une 
fauvette  ,  &c  fon  chant  fera  compofé  de  quelque 
partie  des  leurs  i&  la  diveriîté  en  fera  plus  agréa- 
ble. II  faut  prendre  garde  qu'il  n'entende  point 
d'autre  chardonneret  ,  afin  qu'il  ne  s'arrère  point 
à  fon  chant.  Willoughby  parle  dans  fon  Ornitho- 


CHA  4^j 

iogîe  d'un  chardonneret  qu'on  nourri/lbit  dans  une 
cage  depuis  25  ans  ,  &  auquel  on  étoit  oblige  da 
couper  tous  les  huit  jours  le  bec  &c  les  ongles , 
afin  qu'il  pût  manger  &;  le  foutenir. 

On  appelle  cet  oiicau  char  donnent ,  parce  qu'on 
le  voit  ordinairemcnr   lur  les  chardons  ,   dont  il 
mange  les  femences.  Il  vit  environ  1 5  ans ,  &  clt 
fujet  à  des  verrigcs.  Olina.  Les  Grecs  l'appellent 
ÙKcctt^r.i ,  d'«KO(ïi'«  ,Jpina  ;  les  Latins  carduelis ,  de  car- 
duus.  Les  Italiens  le  nomment  cardello  ,  ou  car-' 
dellino--,  les  'Ei'\;i3.s,no\%  firguento. 
CHARDONNERETTE.  ^oye:;^  Chardomnitte. 
CHARDONNET.  f.  m.  Ce  mot  eft  un  diminutif  de 
chardon,  &:  lîgnirie/'tY/f  chardon  ,  mais  il  ne  fedic 
qu'en  parlant  d'une  Eglife  de  Paris  ,  qu'on  appelle 
Saint  Nicolas  du   Char  donne  t. 
CHARDONNETTE.  f.  f.  Quelques  -  uns  difent  car- 
donnette.  Plante  qui    eft  une    efpèce    d'artichaut 
fiuvage.    Elle  eft  femblable  à  l'artichaut  des  jar- 
dins. Sa  tige  eft  forrhaure.  Ses  feuilles  ibnt  grandes, 
garnies  de  piquans  rout  .à  l'entour  ,  de  m.êmc  que 
fes  têtes.  Ses  fleuts  font  de  coulent  de  pourpre.  CV- 
nara  filvejtris  latifolia  o\i  j'colymus  Diojcoridis, 
f^oy,  Carline  :  c'eft  la  même  chofe. 
Chardonnette  ,  fe  dit  aulfi  des  fleurs  de  la  pl.inrc 
qu'on  appelle  chardonnette.  Les  Payfans  s'en  fer- 
veur au  lieu  de  prédire  pour  cailler  le  lait. 
Chardonnette  ,  ou  Chardonnfrette.  Aflaifoniic- 
mentfait  avec  le  chardon  d'Efpagne,  N'ayez  point 
de  Religion ,  moquez-vous  à  gogo  des  Prêtres  &c 
des  Sacremens  de  l'Eglife  ,  &:  de  tout  droit  divin 
&  humain  :  mangez  de  la  chair  en  Carême  en  dépit 
de  l'Eglife  ,il  ne  vous  faudra  d'autre  abfolurion  ,  ni 
d'autre  char  donner  ette  ,  qu'une  demi-dragme  de  ca- 
rhclicon  Sat.  Mcnip.  t.L,  p.j  ,  art.  1 5.  M.  Le  Du- 
chat ,  tom.  i,p.^i&  33  de  la  Sat.  Menip,  a  fait  une 
favante  remarque  fur  ces  mors ,  qui  aétémal  copiée 
oar  le  dernier  Editeur  du  Richelet. 
CHARDONNItRE.  f.  f.  Terre  pleine  de  chardons. , 

Carduetum. 
CHARDOUSSE.  f.  f.  Nom  qu'on  donne  en  quelques 

endroits  à  la  carline.  A^oyt;^  Carline. 
CHARÉE.  P'oyei  Charrf.e. 
CHARANÇON.  Foyei  Charanson. 
CHARENTE,  f.  i.  Eft  le  nom  que  nos  Hiftoriens  don- 
nent à  un  fam^eux  vaillcau  de  la  flotte  que  Louis 
XI  fit  partir  de  Provence  en  1 500  pour  la  conquête 
de  Naples  fous  les  ordres   du  Seigneur  de  Ravef- 
tein  ,  Gouverneur  de  Gènes.  Ce  vaiifeau  ,  dit  un 
Auteur  conrempotain  ,  porroit  douze  cens  foldats 
fans  les  matelots  ,  &  deux  cens  pièces  d'artillerie, 
dont  il  n'yenavoit  que  quatorze  groffes ,  les  au- 
tres n'étoient  que  des  fauconneaux  &  d'autres  fem- 
blables  petites  pièces.  P.  Daniel  ,   T.II ,  p.  i6Sj 
1788. 
Charente.  Rivière,  f^oye^  Cmar1;nte. 
CHARENTON.  Bourg  de  France  fur  la  Marne,  un, 
peu  au-deifus  de  l'endroit  où  elle  fe  décharge  dans  la 
Seine.  Carentonium.  Un  Temple  que  les  Huguenots 
y  avoient  avant  la  révocation  de  l'Edit  de  Nantes  , 
&  où  ceux  de  Paris    faifoient  leurs  affcmblées ,  a 
fait  fouvent  parler  de  ce  lieu.  Daillc  ,  Alix  ,  Claude, 
ont  été  Miniftrcs  àcCharenton.  On  a  dit  par  une 
efpèce  de  proverbe  ,  aller  à  Charenton.  Aller  à  la 
Mcife  à  Charenton  ,  pour  fe  faire  Huguenor. 

Il  y  a  Charenton  en  Bourbonnois ,  célèbre  par 
une  Abbaye  de  Bcnédiélines  ,  qui  vers  le  conimen- 
cement  du  dernier  fiécle  reçur  la  réforme  du  Val- 
de-Gracc.  P.  Hélyot,  T.  FI .  p.  ;;2. 
1ÇT  CHARETTE.  Foyei  Charrette. 
ffT  CHARGE,  f  f.  Ce'mot  fe  prend  dans  je  ne  fais 
combien  d'acceptions  diflfercntcs.  Quelquefois  il 
eft  employé  dans  la  fignificarion  de  fardeau  ,  faix  ; 
&  pour  l'ordinaire  on  fait  ces  trois  motsfynony- 
mcs ,  qui  ne  le  font  pourtant  que  par  l'idée  géné- 
rale qu'ils  renfermcnr.  La  charge  eft  ce  qu'on  doit 
ou  ce  qu'on  peut  pottcr  ;  de  là  l'expreflion  pro- 
verbiale qui  dir  qut  la  charge  d'un  baudet  n'eft  pas 
celle  d'un  éléphajat.  Omis.    On  dit  de  la  charge 


4T4 


C  H  A 


qu'elle  eft  forte.  Cette  charge  efl:  trop  forte  pour  • 
moi.  je  ne  laispas  pourquoi  les  Vocabululcs ,  qu.  \ 
avoient  pourtant  Ibus   ks  yeux  les  remarques  de 
M.  l'Abbé  Girard,  s'avilent  d.- dire  charge  lourde 
C'cfl  du  fardeau  qu'on  dit  qu'il  eft  lourd  ;  parce 
que   le  fardeau  eft  ce  qu'on  porte  -,  de  même  qu'on 
dit  à^MJaix  qu'il  accable  ,  parce  qu'il  joint  a  l'idée 
de  ce  qu'on  porte  celle  d'une  certaine  imprellion 
fur  ce  qui  porte. 
IJCr  Ce  mot  vient ,  dit-on  ,  de  c^rgrqui  en  vieux  lan- 
gage bas-breton  iignihoit  la  même  chofe. 
Charge,  en  terme  de  Maçonnerie  ,  le  dit  de  ce  qui 
pel'e  fur  un  mur  ,  poutre ,  ou  autre  corps.  On  donne 
de  la    charge  à   une  voûte  .à  proportion  que   les 
arcboutansfont  forts.  Il  faut  ctr.yer  cette  poutre  , 
parce  qu'elle  porte  une  charge  rrop  tortc.  Les  Ma- 
çons appellent  auffi  charge  de  plancher ,  une  certaine 
cpailfeur  que  l'on  met  fur  les  foiivcs  &  aisd'entre- 
voux  ,  ou  fur  le  hourdi  d'un  plancher ,  pour  recevoir 
le  carreau  ,  ou  aire  de  plâtre  ,  qu'on  y  doit  mettre. 
On  dit  particulièrcmenr ,  qu'il  faut  payer   les 
changes  d'un  mur  ,  quand  un  voilin   élevé  un  mur 
mitoyen  pour  bâtir  defius  :  c'cft  indemnilerle  voiiîn 
de  la   nouvelle  charge  qu'on  met  fur  le  mur  mi- 
toyen ,  ce  qui  s'eftime  à  railbn  de  iix  toiles  l'une. 
Foyci  l'art.  197  delà  Coutume  de  Paris. 
Charge  ,  eft  aulfi  une  certaine  mefure  d'un  poids  pro- 
portionné à  la  force   de  celui  qui  le  porte.  Ainii 
on  dit ,  une   charge  de  cotrets ,  de  fagots  ;  pour 
dire,  18  ou  lo  cotrets  ou  tagots ,  que  peut  porter 
un  Crocheteur.  Une  charge  de    charbon  contient 
deux  mines.  Une  charge' de  blé.  La  charge  d'un 
mulet  c'eft  400  livres  ;  d'un  chameau,  c'eft  mille 
livres.  Ce  vaifleau  a  fa  charge  ;  pour  dire ,  il  en 
a  autant  qu'il  en  peut  porter.  La  f/^^rn't;  des  carra- 
ques  de  Portugal  eft  de  deux  mille  tonneaux  ,  c'eft- 
à-dire ,  qu'elles  portent  quatre  millions  de  livres 
pelant.  Ce  vaiffeau  n'a  pas  trouvé  en  ce  port  des 
marchandiles  pour  fa  charge ,  il    en  eft  forti  avec 
dtmi-charge.   On    appelle   FaiJJeaux  de   charge  , 
ceux  qui  fuivent  une  armée  navale  pour  porter  les 
munitions  Se  les  provihons. 
Charge  ,  le  prend  encore  pour  une  certaine  mefure 
eu  quantité  de  chofes  qui  font  dans  le  commerce. 
La  charge  de  Marfeille  eft  compofée  du  poids  de 
trois  cents  livres.  Celle  d'Arles  eft  du  même  poids. 
La  charge  de  S.  Gilles  eft  de  dix-huit  à  vingt  pour 
cent  plus  grande  que  celle  d'Arles.  La  charge  de 
Tarafcon  eft  de  deux  pour  cent  plus  foible  que  celle 
d'Arles.  La  charge  de  Toulon  eft  compofée  de  trois 
fetiers    du    pays  -,  chaque    fetier  contient  une  hé- 
mine  &:  demie  ,  &  eft  égal  à  celui  de  Paris. 
Charge  ,  fignifie  anifi  l'aélion  de  charger.  Impojitio 
oneris.  Pour  la  navigation  des  rivières  il  y  a  trois 
jours  de  char<^e ,  ou  de  planche,  &  autant  pour 
la  décharge  ;  c'eft-à-dire  ,  pour  donner  le  lôifir  aux 
Marchands  de  charger  &  de  décharger. 
Charge  ,  en  termes  de  l'art  militaire  ,  fignifie  le  choc 
de  deux  armées  qui  en  viennent  aux  mains.  Pugna. 
On  dit  en  ce  fens  la  première  ,  la  féconde  charge. 
La  charge  a  été  rude ,  vigoureufe.  Sonner  la  charge. 
Bellicum  canere  ,  donner  le  fignal  du  combar.  Sou- 
tenir la  charge.  Retourner  à  la  charge. 

En  ce  fens  oh  dit  figurement,  qu'on  retourne  à 
X'}.  charge,  §C?  quand  on  fait  une  nouvelle  tenta- 
tive ,  quand  on  fait  de  nouveau  la  même  demande 
quia  été  dcja  refufée.  ii^OT  eamdem  pojt  repulj'am 
dciiuo  peter  e. 
Charge  eft  auffi  une  certaine  mefure  de  poudre  qu'on 
met  dans  les  armes  à  feu  pour  leur  taire  faire  leur 
effet.  Pulveris  ac  globitormento  difplodendo  modus. 
La  charge  de  canon  eft  environ  la  troifième  partie 
du  poids  defon  boulet.  La  chr.rge  d'une  mine  eft 
ordinairement  un  millier  de  poudre-,  mais  on  la 
proportionne  à  la  nature  &  au  poids  du  rerrain  qu'il 
faut  qu'elle  enlève.  On  donne  double  charge  aux 
canons  pour  les  eflayer. 
Charge,  fe  dit  auffî  des  fournimens  qui  font  atta- 
flics  aux  bandoulières  des  Moufc^uccairçs  jciui  fer- 


C  H  A 

vent  à  donner  la  charge  à  un   rnoufquct.  Pulveris 
ac  plumbi  arex  fijtuli^  difplodendà  modus  ,  pulve- 
ris py  ni  theca.  Cus  tournimens  ne  lont  autre  chofe 
que  plufiturs  petits  étuis  couverts  de  veau ,  dans 
chacun  defquels  les  Ibldats  renterment  ce  qu'il  faut 
de  poudre  pour  charger  leurs  armes  à  feu.  Ouvrir 
la  charge  avec  fes  dents. 
Charge  ,  lé  dit  figurement  de  tout  ce  qui  gCT  donne 
lieu  à  l'exercice  des  facultés  de  l'ame,  Se  dansée 
fens ,  ainli  que  dans  le  propre ,  il  emporte  avec  lui 
une  idée  de  contrainte.  On  le  dit  de  tout  ce  qui 
eft  onéreux.  Omis.  L'adion  de  l'efprit  s'étouiTe  pat 
trop  d'étude  ^  c'eft  une  charge  qui  l'accable.  Mont. 
11  eft  mal-aifé  de  bien  aimer  ceux  qui  nous  font  à 
charge.  Vaug.  Une  vieille  fille  eft  à  charge  aux  au- 
tres ,  Se  à  elle-même.  Le  Grand  Thcodofe  rchifa 
l'Empire  ,  &  l'on  remarqua  que  ce  n'étoit  point  par 
une  vaine  cérémonie ,  mais  par  une  véritable  fa- 
gcfle  ,  qui  lui  faifoit  regarder  cet  honneur  comme 
une  charge  difficile,  Fléch. 

Cefi  une  charge  bien  pesante  , 

Qu'un  fardeau  dcj^uatre-vingts  ans.  Quinaut, 

Une  tutelle  eft  une  charge  ,  &  non  pas  un  avan- 
tage. Cette  veuve  a  cinq  cnfans  à  fa  charge  ;  c'eft- 
à-o.ire,  qu'elle  eft  obligée  de  les  nourrir  ,  entrete- 
nir &  avancer.  Cer  importun  eft  à  la  charge  de  les 
amis,  c'eft-à-dire,  qu'il  leur  emprunre,  &  qu'il  vit 
à  leurs  dépens.  Une  Abbaye  régulière  eft  un  béné- 
fice à  charge  d'amcs.  Les  iecrets ,  Ibit  les  nôtres, 
ibit  ceux  que  l'on  nous  confie  ,  peuvent  encore  por- 
ter le  nom  de  charge ,  à  caufe  de  la  peine  que  le» 
indifcrets  ont  à  les  garder. 

L homme  indifcret ,  dont  la  bouche  imprudente, 
Depofe  d'unfecret  la  charge  trop  pejante-, 
Von  bientôt  fonfecret  follement  corifié  ; 
Par  d'indifcrets  amis  à  d'autres  publié.    Vill. 

Charge  ,  fe  dit  en  ce  fens  des  claufes  &  condi- 
tions qui  font  ftipulées  par  un  ade  ou  contrat, 
ou  qui  font  naturellement  arrachées  à  la  chofe 
dont  on  traite. Lex  ,  conditio.  Il  a  vendu  cette  terre 
à  la  charge  d'une  telle  iervitude ,  à  la  charge  de 
payer  rels"  &  tels  créanciers,  à  la  charge  du  réméré^ 
eâ  Icge ,  ci  conditione.  On  donne  tous  les  baux  a 
la  charge  de  cultiver  &  entretenir  les  lieux  en  bon 
père  de'^ famille.  Il  lui  a  fait  ce  plailîr  à  charge  d'au- 
tant. 

Charges  d'un  teftament,  font  des  engagemens  que 
le  Teftateur  impofe  à  l'héritier  ou  aurre  ,  à  qui 
il  fait  quelque  libéralité  par  fbn  t:ftament,  coirimc 
s'il  charge  fon  héritier  ou  un  légataire  d'un  ufufruit, 
d'une  fetvitude,  ou  d'une  rente  viagère  en  faveur 
d'une  tierce  perfonne. 

Charges  de  la  Ccmi}:unauté.,(oriX.  des  dettes  mobiliai- 
res  qui  doivent  être  acquittées  par  la  communauté 
des  conjoints. 

Charge,  fignifie  aulfi ,  penfion ,  rente,  redevance 
dont  une  chofe  eft  tenue  envers  une  autre.  Onus , 
impenfa.W  a  quitté  leBénéfîce  à  caufe  de  ks  charges. 
Il  doit  une  rente  de  cent  fetiers  de  blé,c'eft  une  grojfe 
charge.  Il  ne  vaut  pas  cent  écus  ,  toutes  charges  fai- 
tes. Cette  redevance  eft  une  charge  foncière.  Les 
charges  foncières  font  les  redevances  qu'on  a  impo- 
iees  après  le  cens ,  fur  Icshéritages  lorfqu'ils  onrété 
aliénés.  Cenfiis  fecundarius ,  cerifus.  Les  charges^ 
foncières  ào'wcni  être  payées  Scfupporrées  par  celui 
qui  polfède  l'héritage  qui  a  été  aliéné  -,  finon  il  1% 
doit  abandonner.  Loiseau. 

CnKKGïs  réelles  ,  &  redevances  annuelles  ,  font  des 
droits  dus  par  les  héritages,  comme  le  cens,  le 
furcens  ou  rente  foncière,  le  champart  ou  autres, 
félon  la  difpofition  des  coutumes ,  ou  l'ufâge  des 
lieux. 

Charge  ,  cil  encore  un  impur ,  une  levée  de  deniers 
pour  fournir  aux  dépenfés  &  aux  nécefTités  de  l'E- 
tat ,  d'uoe  Coraipunautc.  Tri,butum ,  yscligal.  C'eft 


C  H  A 

au  peuple  .1  fupport  r  les  charges  de  l'Etat.  Dutant 
la  guerre  on  eft  obligé  de  mettre  de  nouvelles  char- 
ités ,  de  nouvelles  impolîtions.  Les  propriétaires  des 
maiibns  Sont  obliges  aux  charges  de  ville  ,  qui  Ibnt 
boues,  lanternes,   pauvres ,  logemens  de  ibldats  , 
ibrtiiîcations ,  &c. 
Change  ,  lignifie  encore  §3°  figurcment  en  matière 
criminelle,  les  preuves,  les  indices  qui  reluirent 
des  inlbii-.iations  &i  autres  pièces  du  procès  contre 
un  accule.  Dans  ce  Tens  il  efl:  employé  au  pluriel. 
Examiner  les  charges.  On  a  porté  les  ch.argcs  Se  in- 
formations au  Grcri'e ,  c'cft-à-dire  ,  les  actes  qurcon- 
ticnnentla  plainte  de  la  partie  ,  &c  les  Jépoiitions 
des  témoins.  On  dit  qu'un  accule  prend    droit  par 
les  charges  ,  lorfqu'il  eft  lut  de  Ton  innocence  -,  qu'il 
n'y  a  point  de  preuve  contre  lui -,  &  qu'il  s'en  rap- 
porte au  dire  des  témoins  ,  qu'il  n'eft  point  bclbin 
de  lui  confronter.  L'Ordonnance  veut  qu'on  en- 
tende les  témoins  à  charge  &.  décharge  ,  pour  êtie 
contre  l'accuic. 
Charge,  lignifie  fouvent  une  dignité,  un  office  qui 
donne   pouvoir  &  autorité  à  quelqu'un  fur  un  au- 
tre. Alunus  ,  Jignitas,  magijiratus.il  y  3-  des  char- 
ges feulement  utiles  pat  les  revenus ,   les  émo'u- 
mens  qui  y  iont  attachés  ;  &  d'autres  qui  fonr  ho- 
norables par  les  fondions  &  par  le  rang  qu'elles 
donnent.  Les  charges  de  Chancelier,  de  Premier  Pré- 
sident, font   les  premières  charges  du  Royaume. 
Il  y  a  quatre  principales  fortes  de  charges  :  celles 
de  la  Maifon  du  Roi  ou  des  Prinqes,  comme  Grand 
Chambellan  ,   Grand-Maître  de  la  Gardcrobe ,  des 
Cérémonies  :  celles  de  l'armée,  comme  de  Maré- 
chal de  Camp ,  Mcftre  de  Camp ,  de  Capitaine , 
d'Enfeigne  :  celles  de  Robe,  ou  de  judicaturc, 
comme  de  Conleiller ,  de   Greffier  :  &  celles  de 
Finances,  comme  Intendant,  Contrôleur ,  Trélb- 
rier ,  Receveur ,  &  Payeur.  On  dit  qu'un  homme 
c(i  en  charge  ,  pour  lignifier  qu'il  exerce  une  charge 
qu'il  en  fait  actuellement  les  fonctions.  Magijlra- 
tum ,  miiuiis   exercerc  :  qu'il  eft  hors  de  charge  , 
quand  le  temps  de  fbn  exercice  eft  expiré  ;  &  cela 
fe  dit  particulièrement  des  magiftratures  &  des  di- 
gnités éledtives  ,  &  non  perpétuelles.  Defuncius 
magijiratu.  On  dit,  exercer  une  charge  en  titre, 
quand  on  en  a  les  provilions  ;  Exercere  magijlratun 
ciim  jure  ohtentijque  ai  earn  rem  tabuUs  ,  &:  par 
commiffîon  ,  lorlque  la  charge  n'a  point  Az  titulaire  , 
ou  qu'il  eft  interdit  ou  ablént.  Cum  delegatâ  po- 
tejlate  alujno  miinerc  defungi ,  ou  atjentis  nia  mor- 
tui  partes  implere.  On  dit,  être  pourvu  d'une  charge 
enfurvivance,  quand  on  a  droit  de  l'exercer  après 
la  mort  ou  en  l'abfence  du  titulaire.  Z>c-/%«(zr/y/^t- 
cejforem  alteris  muneris.  Il   y    a  aulll  des  charges 
municipaîes  ,  ou  des  charges  de  ville  qu'on  obtient 
par  élection  ;  &  des  charges   de  Communautés. 

La  vénalité  des  charges,  qui  fe  pratique  en  France 
n'a  été  en  ufage  dans  aucune  République,  &  ne 
trouve  point  d'exemple  ailleurs.  Il  fémblc  que  les 
charges  doivent  être  la  récompcnfe  du  mérite  ,  & 
qu'on  les  doit  ptopoiér  comme  un  prix  qui  ferve 
d'aiguillon  à  la  vertu,  &  qui  anime  au  travail.  On 
hafarde  à  remplir  les  charges  de  perfonnes  inca- 
pables, en  n'y  admettant  que  ceux  qui  ont  de  quoi 
les  acheter.  C'eft ,  difoit  un  Ancien  ,  comme  li  dans 
un  vaifîeau   on  faiibit  quelqu'un  Pilote   pour  fon 


CHA  4Tr 

I       les  Sénéchaux   étoient  auffi  pourvus  diredtemcnr 
par  le  Roi.   Mais  les  Officiers  inférieurs   étoient 
choifis  par  les  Comtes  ou  par  les  Ducs ,  i?c  par  les 
Officiers  llipérieurs.  Julqu'i  François  I  ,  le  Chan- 
celier avoir  droit  de  pourvoir  à  to\ites  les  charges 
fans  gages ,  ou  dont  les  gages  n'excédoicnt  ponit 
vingt-cinq  livres.  Par  une  Ordonnance  de  Char- 
les VI  de  l'an   1440,  il  y  fut  réglé  que  les  Offi- 
ciers du  Parlement  &  autres  de  Juftice,  feroient 
nommes  par  le  Parlement  même,  en  préfénce  du 
Chancelier  ;  &  ceux  des  Finances  par  la  Chambre  des 
Comptes.  Pendant  que  les  Anglois  occupoient  la 
France  ,ilsintroduiIirent  la  collation,  la  nommina- 
tion  arbitraire  du  Roi.  Après  qu'ils  fiirenr  expuilés, 
l'on  inventa  fous  Charles  VIII  un  expédient  entre 
la  nomminarion  abfolue  du  Roi  &  l'éleétion;  c'eft 
que  le  Parlement  &  la  Chambre  des  Comptes  nom- 
meroient  trois  perfonnes ,  &  que  le  Roi  choifiroic 
celui  qu'il  lui  plairoit  de  préférei.  Ce  partage  équi- 
table entre  le  Roi  &  ks  Sujets ,  a  fubfifté  jufqu'à  la 
vénalité  des  charges.  Elle  commença  du  temps  de 
Louis  XI,  par  le  beibin  d'aquitter  les  dettes  de 
Charles  VI II ,  fon  prédéceffèur. 

Au  XIV'    fîècle  ,    toutes   les  Charges   de  Judi- 
cature  croient  cenfées  vacantes  par  la  mort  du  Roi. 
Louis  XI,  pour  fe  concilier  l'amitié  des  Officiers 
du  Royaume  ,  fir  en  leur  faveur  une  Ordonnance  , 
par  laquelle  il  leur  affuroir  leurs  Charges  pour  toute 
leur  vie  ,  déclarant  qu'elles  ne  feroienr  jamais  va- 
cantes que  par  leur  mort,  ou  en  cas  de  forfaiture  ,  ou 
par  leur  démiifion  volontaite.  P.  Daniel,    T.  II, 
p-  14^  5.  Louis  XII  rendit  vénales  les  Charges  qu'on 
appeloit  Offices  Royaux ,  qui  n'étoient  point  de 
judicature.  Id.  T,  II,  p.  16 ji  é>  1671.  Ce  fut  en 
1515  ,  à  l'occafion  de  la  guette  d'Italie,  que  Fran- 
çois I  entreprenoit ,  que  les  Chargea  de  judicature 
commencèrent  à  devenir  vénales  en  France.  A  la  vé- 
rité Louis  XII,  preflé  par  la  néceffité  de  l'Etat,  avoit 
déjà  vendu  quelques  Offices  ;  mais  c'étoit  dans  le 
deffein  de   remettre    les  chofes  fur  l'ancien  pié  , 
dès  qu'il  auroit  la  paix  -,  &  il  avoit  excepté  de  ce 
nombre  les  Magiftraturcs  de  Juftice  :  le  Chance- 
lier Duprar  fut  auteur  de  cette  innovation.  Foyer 
le  P.  Daniel  dans  François  I  ,    Tom.  III ,  p.  >. 


Uargentfeid  an  Palais  peut  faire  un  Magifirat. 

BoiL. 

Dans  le  temps  de  la  République  Romaine  les  char- 
ges étoient  conférées  par  l'éleétion  du  peuple.  Les 
Empereurs  s'étant  emparés  du  droit  du  peuple  , 
nommoient  feulement  les  Grands  Officiers  ;  &  ces 
Grands  Officiers  nommoient  les  Officiers  inférieurs, 
qui  dépendoicnt  de  leurs  charges.  Le  même  ordre 
fut  obférvé  en  France.  Le  Roi  par  l'avis  de  fon  Con- 
feil  nommoit  les  premiers  Oiîîciers  de  la  Cham- 
bre des  Comptes  &  des  Finances.  Les  Bailliis  & 


Je  pourrois  vous  faire  voir  S.  Auguftin  dans  une 
fainte  horreur  des  Charges ,  Sc  regardant  comme 
un  fardeau  redoutable  ces  dignités  qu'on  recherche 
avec  une  ambition  feculière.  Flech,  Une  téméraire 
jeuneffe  fe  jette  d'otdinaire  lans  étude  &  fans  con- 
noiffances  dans  les  Charges  de  la  Robe.  Id.  La  prin- 
cipale  choie    qui   foutient  les    hommes  dans   les 
grandes  Charges,  d'ailleurs  fi  pénibles  ,  c'eft  qu'ils 
fonr  fans  ceffe  détournés  de   penfer  à  eux.  Pa'jc. 
Combien  d'ames  oifives  qui  n'apportent  d'autres 
préparations  à  leurs  Charges ,  que  celle  de  les  avoir 
de/îrées ,    pour   fatisfaire  leur  orgueil  &  honorer 
leur  parelîè  ?  Flec. 
§3*  Quoiqu'on    donne    indiftinétement  le  nom   de 
Ch-irges  À  toutes  fortes  ;/' (9^c-ej  ,  paice  qu'en  elfec 
tout   O^^ce  eft  une  Charge  ,   il  ne  faut  pourtant 
pas  confondre  ces  mots. 
ïfF  Charge  eft  un  nom  général  qui  comprend  d'au- 
tres emplois  diftingués  des  Ofices ,  en  ce  qu'on 
les  exerce   fans  provilions ,  &  feulement  pour  un 
temps  :  au  lieu  que  pour  les  Offices,  il  faut   des 
lettres  du  Prince  qui  en  affûtent  le  titre  aux  Offi- 
ciers pendant  leur  vie. 
^fT  Ainfi   les   Ckarc^cs  des  Parlemens  &  des  autres 
Compagnies  flipéiieures  ,    celles  des  Préfidiaux  , 
Bailliages  &  Sénéchauflces ,  font  des  Offices  ;  au 
lieu   que  les  Charges  Municipales ,    comme  d'E- 
chevins ,  de  Conllils ,  &c.  ne  font  pas  des  Offices , 
piarce  que  ceux  qui  y  font  appelés  ne  les  exercent 
que  pour  un  temps  ,  &  fans  autre  ritre  que  celui 
de  leur  éle<5tion. 
^3"  Les  Commi[jions  que  le  Roi  donne  font  une  autre 
efpèce  de  charges  :  quoiqu'on  ne  leur  en  donne 
pas  le  nom ,  elles  en  ont  en  effet  le  cata6tère  , 
qui  eft  de  revêtir  d'un  emploi  public.  Les  Air.- 


45^  C  H  A 

bafladeiivs ,  léslntcndans  des  Provinces ,  les  Cham- 
bres de  Jullice  ,  &c.  l'ont  des  Comrnijjlons  ,  ôi  l'ont  à 
ceux  que  le  Roi  y  appelle,  une  Charge  pour  exercer 
une  fontlion  publique  ,    ians  titre  d'office. 
^fT  Mais  il  y  a  certe  dittcrence  entre  ces  Commij- 
fions  &  les  Charges  Municipales  &  autres  l'enibla- 
bles  ,   que     les    Commi[/ions  ibnt  pour   un  temps 
indélini ,  &  cellènt  quand  il  plaît  au  Roi  de  les 
révoquer  ;  au  lieu    que   les  Charges   Municipales 
ont  leur  durée  pour  un  temps  rct;lé, 
|CF  Ainlî  les  Oj/ices  font  pour  la  vie  ,   de  ceux  qui 
en  Ibnr  pourvus  ne   peuvent  être  révoques  fans 
caufe. 
fp'Les    Charges    Municipales    &  autres   font   pour 
un  certain  temps,  après  lequel  leur  emploi  finit, 
&:  palîe   à  une  autre  perlbnne  ;  mais  ceux  qui  en 
font  revêtus  ne  peuvent  être  révoqués  ni  deftitués 
ians  caulê,  pendant  le  temps  que  doit  durer  leur 
exercice. 
Ip*  Enfin  les  Commiffions  font  pour  un  temps  in- 
défini ,  tel  qu'il  plaît  au  Roi  ,  de  Ibrte  que  ceux 
qui  en  font  charges  ,  peuvent  être  révoqués  en  tout 
temps  &  ians  aucune  caufe. 
Charge  ,   fe  dit  quelquefois  d'une  commilTion  ver- 
bale, ou  ians  titre  ou  paflagère,  quand  on  donne 
à  quelqu'un  le  foin  ou  la  garde  de  quelque  choie. 
Provincia ,   negotium.  On  lui  a  donné  la  charge 
d'un  tel  recouvrement.   Il  a  la  charge  de  fournir 
des  vivres ,  des  logemens  à  l'es  troupes.  11  n'eft  pas 
relponlable  du  vol  qui  a  été  fait  en  cette  mailbn  , 
les  meubles  n'étoient   point  en  ia  charge.    En  ce 
fcns -,  on  appelle  une  femme  de  charge,  celle  qui 
a  le  foin  de  la  vailîêlle  d'argent ,  du  linge  ,  ùc , 
dans    une   grande  maifon  -,  &c  dans  les  Commu- 
nautés ,  un  tel  a  la  charge  de  la  Sacriflie  ,   du  Cel- 
lier ,    de  l'Infirmerie,   &c,    C'eft  aulli  en  ce  lens 
que  l'on  dit,    un  bénéfice  à  charge   d'ames  ,  tel 
qu'une  Cure ,  parce  que  les  âmes  des  fidèles  font 
confiées  au  foin  du  Curé. 
Charge,   fignifie  encore  mandement,  procuration. 
Frcp.fcripta  ne^otii  gerendi  aiicloritas.    Il  a  donne 
ck.irse  à  ion  Commis  de  faire  votre  expédition. 
Un  Procureur  eft  iu;et  à  défaveu ,  quand  il  a  oc- 
cupé ,  quand  il  a  fait  des  offres  fans  change ,  fans 
mandement  fpécial.  Ce  Banquier  a  donné  charge 
à    fon   correfpondant   d'acquitter  une  telle  lettte 
de  change. 
Chap.ge,  fe  dit  aulTi  du  foin  qu'on   prend  des  af- 
faires d'un  Etat ,   d'une  maifon ,    en   vertu  d'une 
con  million    particulière.    Ce    Miniflre  prend  fur 
lui  toute  la  charge,    tout  le  faix  des    affaires  du 
Royaume.  Cet  Intendant ,    ce   Solliciteur ,    a  la 
charge  des  affaires  Se  procès  de  cette  famille. 
Charges  du  mariage  ,  font  l'entretien  du  ménage , 
la  nourriture  &  l'éducation  des  enians  qui  en  pro- 
viennent •,  pour  railbn  de  quoi  la  dot  efl:  donnée  au 
mari ,  afin  qu'il  puiife  fubvcnir  aux  nécelfités  de  fa  lii- 
millc  ,  dont  il  efl:  le  chef. 
.Charge,  en  termes  de  Maréchallerie,  efl:  un  cata- 
plafme  ,  un  appareil  ou  onguent  fait  de  miel ,  de 
graiflé ,  de  térebcntine  ,  &:  quelquefois  de  lie  de 
vin  ,  6i  autres  drogues ,  qui  fert  à  guérir  les  fou- 
lures ,  les  enflures ,  ou  autres  maladies    des  che- 
vaux ,  procédentes  de  quelque  travail  ou  effort  vio- 
lent ,  lorfqu'on  l'applique  fur  les  parties  ofFenfées , 
ou  qu'on  les  en  frotte.  Cataplafma. 
Charge  ,  en  termes  de  Peinture ,  efl:  une  repréfen- 
tation  exagérée  de  quelque  perfonne ,  que  le  Peintre 
fair  pour  fe  réiouir ,  &'  à  laquelle  il  conferve  de  la 
reffemblance  en  ridicule.  Il  n'efl:  pas  nécelîaite  que 
le  Peintre  ait    toujours    inrention    de  fe  divertir 
pour  qu'on  pu'ife  dire  qu'une  choie  eft  chargée.  Res 
aligna  per  piUuram  exazgerata.  Ceux  qui  ont  une 
véritable  idée  de  la  correûion  ,  de  la  fimplicité 
réçulièrp,   &   de  l'élégance  de  la  nature,   traite- 
ront de  fuper'lu   ces  charges  qui  altèrent  toujours 
la  vérirc.  De  Pïles.  Peu  de  Peintres  ont  le  génie 
'  de  bien  faire  des  charges.  Ces  fortes  de  charges 


C  H  A 

fe  font  en  outrant  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  la  per- 
fonne que  l'on  peint ,  Ibit  dans  l'excès ,  Ibit  dans  le 
défaut.  Ainlï ,  quand  d'un  nez  un  peu  plus  long 
que  la  nature  ne  le  donne  au  commun  des  liommes , 
on  en  tait  un  nez  excellivement  long  •,  ou  que  d'un 
nez  un  peu  plus  court  qu'il  ne  devroit  être  ,  en  en 
fait  un  nez  tout-à-fait  camus,  cela  s'appelle  la  chargé 
de  celui  qu'on  a  voulu  repréfenrer.  Il  en  cil  de  mê- 
me de  toutes  les  autres  parties  du  corps ,  dont  les 
excès  &:  les  défauts  font  outrés  par  le  Peintre. 
tfJ'  La  proie  (?<:  la  poêfie  ont  leurs  charges  comme 
la  peinture.  Ces  charges  dans  lefquelïcs  la  vérité 
&  la  reffemblance  exaCles  ne  font  altérées  que  pat 
l'excès  du  ridicule,  ne  doivent  jamais  rendre  l'objet 
méconnoiffable.  C'ef^-me  règle  qui  ne  paroït  pas 
alTez  fcrupulcufement  obfervéc  dans  la  pli^ipart  deS' 
pièces  de  Théâtre ,  où  les  caraélères ,  dans  le  co- 
mique ,    font  prefque  toujours  trop  charges. 
Charge,  en   termes  de  Jardinage,   efl  une  bourfe 
ou  œil  de  fleur  ,  oculus  ,  d'où  vient  qu'on  dit  que 
les  arbres  chargent  beaucoup  ,  quand  ils  ont  beau- 
coup de  ces  charges ,  &  qu'ils  apportent  beaucoup 
de  fruit. 
Charge  à  cueillette  ou  au  tonneau.  C'efl:  un  terme 
ufité  fur  l'Océan.  On  dit  qu'un  vaiffèau  efl:  chargé 
à  cueillette  ,  lorfque  fa  charge  a  été  faite  de  l'i- 
mas  de  diverfes  marchandifes  que  le  maître  a  reçues 
de  divers  particuliers ,  pour  faire  le  chargement  de 
fon  vaiflcau. 
Charge  à  quintal  ,    c'ed  un  terme  de  Méditerra- 
née ,  qui  fignifie  la  même  choie  que  charge  à  cueil- 
lette. 
Charge  à  la  cote.  Vaifleau  chargé  à  la  côte.  C'eft 
quand  il  a  été  forcé  par  le  gros  vent  à  il;  tenir  près 
de  la  terre  ,  dont  il  ne  peut  s'éloigner  quelqu'ef- 
fort  qu'il  talfe. 
Charges,  en  termes  de  Magie  noire  &  de  Sorti- 
lège ,  lignifie  le  charme  &  le  fort  que  les  Sorciers 
merrcnt  en  quelque  lieu  peur  y  faire  leurs  prétendus 
maléfices,  hicaraamentum ,  faj'cinaùo,  C'eil:  un  pot 
de  terre  neuf,  vernifie  ,  non  acheté ,  ni  marchandé , 
dans  lequel  ils  mettent  du  fang  de  mouton  ,  de  fa 
laine ,  tk  du  poil  de  pluficurs  bétcs ,  avec  quan- 
tité d'herbes  de  de  poilbns  qu'ils  brouillent  avec 
pluUeurs  grimaces  &  cérémonies  fupcin:itieufes  & 
facrilèges ,  en  proférant  plufieurs  paroles  &  invo- 
cations des  Démons.  Ils  mettent  ce  pot  dans  un 
1  e  1  fecret  de  la  bergerie  ,  ou  aurre  endroit  où  ils 
veulent  faire  quelques  maléfices  -,  8c  alors  ils  l'ar- 
rofent  avec  un 'peu  de  vinaigre  ,  félon  l'effet  qu'ils 
veulent  qu'il  produifc.  Ce  fort  dure  certain  temps , 
&  ne  faiiroit  être  levé  que  par  celui  qui  l'a  mis ,  ou 
par  quelque  fupcrieur  qui  caufera  la  mort  du  pre- 
mier. L'hiftoire  de  cette  efpèce  de  fortilége  eft  am- 
plement décrite  dans  les  procès  d'un  nommé  Bras 
de  fer  ,  fameux  Sorcier,  qui  étoit  au  mois  de  Mars 
lô^SS  ,  dans  les  priions  du  Parlement  appelant  d'une 
lentence ,  par  laquelle  lui  &  fes  complices  furent 
condamnés  à  être  pendus  &  brûlés.  Dans  ce  pro- 
cès il  y  a  des  choies  fi   cxrraordinaircs ,    qu'elles 
feroient  prefque  croire  aux  fortiléges. 
Charge,  (à  la)  adv.  A  condition  Ed  lege  ,  eâ  con- 
ditione.  A  la  charge  de  reprife.  A  la  charge  d'au- 
tant ,  c'eft-à-dire ,  à  la  charge  de  faire  le  réciproque, 
ou  de  rendre  la  pareille. 
Charge  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes ,  il 
faut  prendre  le  bénéfice  avec  fes  charges  ;  onera; 
pour  dire  ,    qu'il  faur  fouffrir  les   incommoditési 
d'une  chofc  ,  dont  on  tire  d'ailleurs  des  avantages, 
Quem  feijitentur  commoda ,  debent  fequi  &  incomrjio- 
da.  Onditauffl,  qu'une  c/Mr^i?  eft  le  chauffe-pied 
du  mariage  -,  pour  dire,  qu'un  homme  en  France 
trouve  plutôt  à  fe  marier  quand  il  eft  revêtu  d'un* 
ch.trge. 
CHARGEAGE.  f.  m.  L'adion  de  charger.  Sciences 

des  Jnp-cnieurs  ,    L.    I!I ,   p.   41. 
CHARGEANT ,  ANTE.  adj.  Ce  qui  pèfe ,  ce  qui 
charge,  ce  qui  incommode.  Gr^v/'j  ,  onerofus.  On 
ne  s'en  fert  point  au  propre.  On  l'a  dit  au  figuré 

en 


CHA 

en  parlant  des  emplois ,  des  charges  ou  dignités , 
desafiâires.  Il  difoit  que  cette  dignité  étoit  trop 
chargeante  pendant  les  troubles  de  ce  liècle,  Flech. 
Malgré  cette  autorité ,  ce  mot  n'a  pas  été  reçu. 
CHARGEMENT,  f.  m.  Terme  de  Marine  &  de 
Commerce.  C'ert:  la  charge  d'un  vaifFeau  :  on  le 
dit  aulfi  de  toutes  les  marchandiles  chargées  fur  un 
vaifleau.  Navis  onus,  C'eft  la  même  chofe  que 
cargaifon. 

Chargement  ,  (îgnifîe  auflî  l'adla  par  lequel  il  pa- 
roît  qu'un  Marchand  a  chargé  telle  quantité  de 
marchandircs  fur  un  vaiireau.  Acad.  Fr.  Il  a  pro- 
duit le  chiir'^zmsm  &  les  connoiflances  de  telles 
marchandiies. 

§Cr  CHARGE\fENT,  dans  Rabelais,  fignifie  l'aétion 
par  laquelle  on  frappe.  Et  de  cettui  coup  ne  lentit 
que  le  chaTgcmcni. 

ÇHARGEOIR.  f.  m.  Terme  de  Canonier.  Inflru- 
ment  avec  lequel  on  charge  le  canon.  Inflrumzn- 
tum  quo  piilvis  fiilfuratus  &  globus  tovmento  in- 
duntur.  Cet  inftrument  eft  garni  de  fa  lanterne ,  de 
fa  lampe  ,  &  de  deux  boîtes  pour  charger  la 
poudre  à  canon 
0C?  C'efl:  auifi  dans  les  Minufaélurcs  de  falpètre  une 
efpèce  de  felle  à  trois  pies  fur  laquelle  on  place 
la  hotte ,  qu'oa  appelle  bachou ,  quand  il  s'agit  de 
la  charger. 
fpr  CHARGER.  V.  a.  Ce  mot  a  toutes  les  acceptions 
du  mot  charge  ,  tant  au  propre  qu'au  figuré.  C'ell 
en  général  mettre  une  charge  fur  quelque  chofe. 
Orumre.  On  charge  un  malet ,  un  cheval ,  un 
bateau.  Charger  un  âne  de  pommes.  Onerare 
pomis  cjfi-is  afelli.  Il  faut  un  homm?  pour  char- 
ger ces  Croc'aeteurs.  Les  Ciam:aux  font  drelfcs 
à  fe  baiiTer  quand  on  les  charge. 
On  le  dit  dans  un  fens  approchant ,  pour,  pefer  fur. 
Cette  poutre  charge  trop  cette  muraille.  Gravure, 
Tout    cet  attirail  chargerait  trop   le  carolTe. 

On  dit  en  termes  de  Marine ,  charger  un  vaif- 
feau  ,  pour  dire ,  lui  donner  fa  charge  ,  le  remplir 
d'autant  de  marchandifes  qu'il  peut  en  porter  ;  le 
charger  en  grenier ,  c'cft-à-dire  ,  le  charger  de  mar- 
chandifes fans  être  embalées  ni  enronnées.  Charger 
un  vailfcau  à  cueillerte  ,  c'eH:  le  charger  de  mar- 
chandifes reçues  de  différens  particuliers  :  ce  terme 
cft  ulité  en  ce  fens  fut  l'Océan  ;  mais  fur  la  Mé- 
diterranée,  pour  exprimer  la  même  chofe,  on  dit 
charger  au  quintal.  Charger  la  pompe  d'un  vaifleau  , 
c'eft  y  jeter  de  l'eau  par  en  haut  ;  charger  à  la  côte  , 
fe  dit  fur  mer  d'un  gros  vent   qui  force  un  vaif- 
feau  à  fe  tenir  près  de  terre,  fans  pouvoir  gagner  la 
pleine  mer. 
Charger  ,  fe  dit  auffi  des  alimens  qui  font  difficiles 
à  digérer.  Les  écrevifles  chargent  l'eftomac ,   on  a 
de  la  peine  à   les  digérer.  Vous  me  charge^  trop , 
en  me  voulant  faire  boire  des  rafades.  L'ufage  de 
ce  mot  en  ces  phrafes  eft  fondé  fut  ce  qu'on  font 
un  poids  dans  l'eftomac  après  avoir  beaucoup  man- 
gé Sk.  beaucoup  bu  ,  ou  après  avoir  mangé  de  cer- 
taines chofes. 
Charger,  fe  dit  encore  en  termes  d'Hoûogev,  Charger 
un  balancier  ,  c'eft  le  rendjre  plus  lourd  pour   re- 
tarder la   monrre  ou  l'iiorloge.    Tardare  Horolo- 
'  .  p.um  addlto  ad  lïbr amentum  pondère  Les  balan- 
ciers des  monnoies  font  fort   chargés  de  plomb. 
^C?  Charger   la  glace ,   chez  les  Miroitiers ,    c'eft 
mettre  le  mercure  derrière  la  glace  ,  &  mettre  des 
poids  fur  la  furfece  pour  en  faire  écouler  le  vif- 
argent  fupeiflu.  Diffundere ,  oblinire  mercurio. 
^Cr  Charger  ,  chez  les  Doreurs,  c'eft  appliquer  l'or 
fur  une  pièce  où  il  n'y  en  a  point  encore  ,  ou  en 
mettre  de  nouveau  dans  les  endroits  oii  il  n'y  en 
a  pas  aflcz. 
IfCT  Dans  plufieuts  arts  &  métiers',  le   mot  charger 
conferve  cette  fignification  ,  ou  une  a  peu  près  fem- 
blable.  Voye:^  Charge. 
^  ^fJ  Charger  ,  fe  dit  auffi  chez  les  Brodeurs ,  les  Ci- 
•  •      feleurs ,  ùc.  Un  habit  chargé  de  broderie  ,  de  palfe- 
Tomc  II, 


CHA  4^7- 

mens.  Cet  ccu  eft  chargé  de  trois  fleurs  de  lis.  Em 
parlant  des  grandes  qualités  du  Roi. 

Déjà  four  les  chanter  tel  accorde  fa  lyre , 

Et  tel  pour  en  charger  le  marbre  6'  le  porphyre  > 

D'un  ardeur  incroyable  aiguife  fon  ci/eau. 

Charger.  En  termes  de  Monnoie  on  dit,  charger  l^ 
coupelle  d'affinage  ;  c'eft  aptes  que  le  plomb  y  a 
bouilli  quelque  temps ,  y  jeter  ks  matières ,  c'eft- 
à-dire  ,  l'or  ou  l'argent  qu'on  veut  affinet.  Charger 
les  crcufets ,  charger  le  creufet  de  matières  ■,  c'eft 
y  jeter  les  matières  ,  c'eft-à-dire ,  l'or  ou  l'argent 
pour  les  fondre.  Charger  le  fourneau  de  charbon, 
c'eft  y  jeter  du  charbon. 

Charger.  Les  Corroyeurs  fe  fervent  de  ce  terme 
en  parlant  de  divers  apprêts  qu'ils  donnent  à  leuts 
cuirs.  Ils  difent  ,  charger  un  cuir  de  bière  ,  le 
charger  d'alun ,  le  charger  de  couleur  -,  pour  ligni- 
fier ,  l'imbiber  d'un  dofe  fuffifante  de  toutes  ces 
drogues  &  ingtédiens. 

Charger  la  chaudière-,  c'eft  y  mettre  les  ingrédiens 
néceflaires. 

Charger  le  peigne.  Terme  de  Manufadure  de  lai- 
nage. C'eft  mettre  &  inférer  dans  les  dents  du 
peigne  la  quantité  convenable. 

Charger,  eft  auffi  un  terme  de  Vinaigrier,  qui  (i- 
gnifie,  emplir.  ImpUre.  Charger  les  vaiileaux.  PoC 
à  charger.  Entonnoir  à  charger. 

Charger,  eft  auffi  un  terme  de  Fileufe.  Il  fignifie> 
mettre  du  chanvre,  du  lin  autour  de  la  quenouille 
pout  filer.  Circumdare.  Je  vais  charger  ma  que- 
nouille. Ma  quenouille  eft  bien  chargée. 

Charger,  en  termes  de  Guerre  ,  fignitie ,  attaquer 
vigoureufement  l'ennemi.  In  aciem  hojlium  irruer e. 
Les  ennemis  nous  chargèrent  d'abotd  en  telle  oc- 
calion  i  mais  nous  les  chargeâmes  à  notre  tour.  Ils 
avoient  ordre  de  ne  fe  point  découvrir  ,  que  l'en- 
nemi ne  fût  paffé  ,  pour  le  charger  en  queue, 
Ablanc. 

§3"  Charger  fe  dit  auffi  ,  pour  exprimer  l'adion 
de  celui  qui  en  frappe  un  autre.  Si  vous  le  mettez 
en  colère  ,  il  vous  chargera.  Charger  quelqu'un  de 
coups,  le  battre  exceflîvement  ;  le  charger  d'in- 
jures, d'opptohtcs  ,  Contumeliis  profcindere  ;  c'eft 
l'en  accabler. 

gC?  On  dit  burlefquemcnt ,  charger  de  bois ,  le  dos 
de  quelqu'un  fujle  dolare  luinbos  ;  lui  donner  des 
coups  de  bâton. 

Il  pourrait  bien ,  mettant  affront  dejfus  affront , 
Charger  de  bois  mon  dos  comme  il  a  fait  mon  front. 

Mou 

Charger,  fe  dit  auffi  des  armes  à  feu.  Tormento  ou 
jijtuliz  ferreœ ,  fulfuratum  pulverem  ac  globum 
indere.  C'eft  mettre  dans  une  arme  à  feu  ,  ou  dans 
une  pièce  d'artillerie  la  quantité  de  poudte  fuffi- 
fante &  les  balles  ,le  boulet  ou  autres  chofes  nécef- 
faires  pour  l'effer  qu'on  fe  propofe.  Un  canon  fe 
charge  avec  des  boulets ,  des  cartouches ,  des  balles 
ramées.  Les  ennemis  ont  éventé  la  mine  depuis 
qu'elle  a  été  chargée,  ils  en  ont  tiré  la  poudre. 
Il  a  chargé  fes  piftolets. 

jCJ"  Charger  ,  fe  dit  au  figuté,  de  ce  qui  peut  donner 
lieu  à  l'exercice  des  facultés  de  l'ame.  Charger  (a. 
mémoire  d'une  chofe ,  mettre  une  choie  dans  fa 
mémoire  ,  &  s'appliquer  férieufement  à  la  retenir. 
Memorià  aliquid  cujladire.  Il  ne  faut  charger  fz 
mémoire  que  de  bonnes  chofes.  Charger  fa  mémoire 
de  bagatelles. 

^  On  dit  auffi  qu'il  ne  faut  pas  trop  charger  la 
mémoire  des  enfans ,  pour  dire  ,  qu'il  ne  faut  pas 
les  obliger  à  retenir  trop  de  chofes. 

1^  Charger  fa  confcience  de  quelque  chofe,  pren- 
dre quelque  chofe  fur  fa  confcience  ,  s'en  rendre 
refponfable  devant  Dieu. 

Charger,  fignifie  auffi,  impofer  quelque  condition 
onéteufe.   ^Onus  imponere.  Un  héritier  cft  chcirgi 

M  mm 


4t8  CHA 

d'acquitter  les  dettes  de  les  legs  d'un  tcftateur.  Un 
ulufruitiei:  eft  charge  d'acquitter  les  rentes  annuel- 
les dont  le  bien  qu'il  poi'scdc  eft  tenu. 

Charger  ,  fignifie  aulli  ,  mettre  des  impoiîtions  trop 
fortes.  Tributum,  veciigal  imponere.  On  a  trop 
chargé  de  tailles  ce  pauvre  homme  fur  le  rôle. 
Cette  marchandile  eH  trop  chargée  de  douanes. 
On  dit  dans  le  même  fens  ,  charger  une  Election , 
une  Province,  6'c. 

Charger  iigniiie  encore  ,  donner  ordre  ,  commif- 
fionàquelqu'imdefaire  quelque  chofe.  Dure  rei 
alicujus  provinciam  ,  negoùum.  Cet  homme  a 
été  chargé  d'une  négociation  où  il  a  bien  rcuifi. 
Il  ne  de^voit  pas  fe  ''charger  de  faire  une  telle  ha- 
rano-ue ,  puifqu'il  n'ctoit  pas  en  état  de  parler.  Cer 

.  Ambafladeur  étoit  expreflcment  chargé  par  fcs  inf 
trudions,  de  faire  inftancc  fur  la  reftitution  d'une 

-  telle  place.  C'efl:  un  tel  Avocat  qui  eft  chargé  de 
ma  caufe ,  de  mon  fac ,  de  mes  mémoires. 

Charger,  d'ordinaire  avec  le  pronom  perfonnel, 
iignifie ,  prendre  fur  foi ,  fe  rendre  relponfable. 
ALiquii  in  je  recipere.  Jcfus-Chrift  s'eft  c/i^zr^e  de 
tous  'nos  péchés  &  de  toutes  nos  miieres.  Con- 

...  fiez-moi  votre  affaire,  je  me  charge  au  {nccès.  Cet 

rj;,Entr,cpreneur  s'efl:  chargé  de  venir  à  bout  d'un  tel 
deHéin.  Le  Courier  ie^charge  de  rendre  ma  lettre 
en  main  propre.  Je  ne  me  fuis  charge  que  de^ma 
propre  conduite ,  &  je  ne  répons  qu'à  moi-même 
de  mes  études  &  de  mon  loilîr.  Flech.  Les  Rois 
chargés  du  gouvernement ,  n'auront-ils  que  les  in- 

•     quiétudes  &  les  fatigues  >  &  veut-on  qu'ils  trem- 

-  blent  devant  la  loi ,  qui  eft  leur  propre  ouvrage  î 
TouRR. 

De  r intérêt  du  ciel  pourquoi  vous  chargez-vo//^  .-* 
Pour  punir  le  coupable  a-t-il  hejoin  de  nous?  Mo  l. 

Se  charger ,  fe  dit  auffi  dans  un  fens  propre , 
pour ,  mettre  quelque  fardeau  fur  fa  tête  ,  fur  fes 
épaules ,  fur  foi ,  fur  fon  corps ,  de  quelque  ma- 
nière que  ce  foit.  Il  n'^  que  faire  d'aide ,  il  fe  charge 
bien  lui-même. 

§Cr  On  le  dit  aulfi  dans  le  commerce  des  marchandifes 
de  mauvais  débit,  &  dans  la  vie  civile,  de  ce  qui  nous 
eft  à  charge.  Onerare  ,  gravare.  Un  Marchand  in- 
telligent nefs  charge  point  de  mauvaifes  marchan- 

;     difes  ,  n'en  prend  point  dans  fcs  magalins, 

.^3°  C'eft  quelquefois  un  malheur  d'avoir  des  parens 
pauvres ,  dont  on  eft  obligé  de  fe  charger. 

Charger  ,  fe  dit  auflidans  le  commerce ,  pour,  mar- 
quer fur  fon  regiftre.  Aliquam  pecuniœ  fummam  in 
rationem  inducere ,  rationihus  inferre.  Il  tant  qu'un 
Marchand  charge  fon  regiftre  des  payemcns  qu'on 
lui  fait.  Le  regiftre  de  ce  Banquier  eft  chargé  de 
l'envoi  d'une  telle  commiffion  en  Cour  de  Rome. 
On  dit  dans  le  même  lens,  charger  un  compte 
d'une  depenfe,  d'une  recette,  pour  dire  qu'on  a 
porté  dans  ce  compte  la  recette  6t  la  dépenfe  dont 
il  s'agit.  \   ;  . 

'Charger  fignifie  ,  accufer  quelqU^un  en  Juftice ,  ou 
dépofex  contre  celui  qui  eft  déjà  zccufé.  Accufare  , 
criminari.  Ce  prifonnier  eft  chargé  ,eR  prévenu  de 
plufieurs  crimes,  il  y  a  divers  témoins  qui  le  char- 
gent. Il  a  été  chargé  par  le  teftaraent  de  moit  d'un 
tel.   -    -  ; 

gCF.  On  le  dit  dans  le  même  fens  dans  les  chofes  où  il 
n'eft  pas  queftion  du  criminel.  Ils  ne  ccflbient  de 
le  charger ,  tantôt  d'avarice  Si  tantô;  de  trahifon. 
Vaxtg.  Les  vieillards  louent  le  paffé  Sc  blâment 
le  préfent ,  charaeant  ainfi  le  mqnd.e  du  chagrin  de 
leur  âge.  Il  fignifie  ici  rejeter,  faire  tomber  fur. 
■'  Trans ferre  in ,  &c, 

Ainji  r  antiquité  ,  de  cent  crimes  divers , 
Ofa  charger  les  Dieux  qu'adoroit  l'Univers. 

Charger  ,  en  termes  de  Peinture,  fignifie  ,  outrer  une 
cho'é ,  ajouter  à  la  vérité  ,  faire  une  exagération 
burlefcjue  des  principaux  traits  qui  contribuent  à  la 


CHA 

rcflcmblance  -,  repréfentet  avec  exagération.ies  tçaitî 
qui  rendent  le  vifage  d'un  homme  difforme  &  ri- 
dicule, fans  le  rendre  méconnoiffable.  Rem  aliquam 
vinsendo  exasserare.  Ce  Peintre  a  chargé  ce  por- 
trait ,  pour  dire  ,  il  a  bien  fait  un  portrait  qui  ref- 
fembk  en  quelque  choie  ;  mais  dans  lequel  la  vérité 
6c  la  rcfiémblance  exaéfe  fonr  altérées  par  l'excès  du 
ridicule.  gCF  On  le  dir  dans  le  même  fens  au  figuré. 
Ce  médifant  a  chargé  l'hiftoire  qu'il  nous  raconte ,  il 
y  a  ajouté  beaucoup  de  chofes  de  fon  crû ,  il  a  exa- 
géré avec  malignité.  Charger  un  portrait ,  un  carac- 
tère ;  exagérer  avec  malignité  les  défauts  d'une  per- 
fonne. 
|KF  On  le  dit  de  même  en  Littérature ,  de  l'a  Profe 
&  de  la  Poëfie  ,  voye^  Charge  ;  ainfi  que  des  or^ 
nemens  fuperflus  du  ftyle.  On  reprochoit  à  Cice- 
rcn  que  fon  éloquence  étoit  chargée  de  paroles  &C 
de  penfces  fuperllues.  Nicol.  Les  Commentateurs 
font  d'ordinaire  chargés  d'une  vaine   &  faftueufe 
érudition.  La  Bru  y.  Charger  unt  pièce  d'incidens, 
mettre  trop  d'incidens  dans  une  pièce  de  théâtre. 
Charger  un  mot.  Cette  expreflîon  fe  dit  des  écri- 
tures fur  Icfquelles  on  met  d'autres  écritures ,  pour 
les  corriger  :  ainfi  un  mot  chargé ,  eft  un  mot  qu'il 
faut  corriger  -,  &  au  lieu  de  l'effacer ,  on  écrit  fut. 
ce  même  mot  un  autre  mot:  ce  qui  fait  bien  fou-  ' 
vent  qu'on  ne  peut  lire  ni  l'un  ni  l'autre.  Cela  eft 
défendu  ;  &  dans  des  procédures  criminelles  ,  il 
ne  faut  point  charger  les  mots ,  mais  raturer  &  te-^ 
mettre  le  véritable  mot  à  la  marge  avec  renvoi. 
|3"  Charger  eft  aulfi  un  terme  de  Jardinage.  On 
dit  qu'un  arbre  charge  peu  ou  beaucoup  ,  pout 
dire  qu'il  donne  peu  ou  beaucoup  de  fruit.  L'épar-< 
gne  charge  beaucoup  tous  les  ans  ;  Ferax  efi,  mul" 
tis  pomis  fe  fe  induit.   Le  petit  touffelet   charge 
peu  ,  prend  peu  de  boutons  à  fruit.  Dans  cette  ac- 
ception ce  verbe  eft  neutre.  Les  Vocabuliftes  au*- 
roicnt  dû  le  dire. 
Charger  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il 
a  été  bien  chargé  d'appointement ,  pour  dire  ,  il 
a  été  bien  battu  à  coups  de  poing.  Il  eft  revenu 
chargé  comme  un  mulet,  pour  dire ,  il  en  avoir  au-- 
tant  qu'il  en  pouvoit  porter.  On  dit  d'un  homme 
qui  n'a  point  d'atgent  ,  qu'il  eft  chargé  d'argçnt 
comme  un  crapaut  de  plumes.  Tout  cela  eft  bien 
bas.      ,     , 
CHARGE,EE.  part.  Il  a  Icsfignifications  de  fon  verbe< 
On  dit  au  figuré ,  un  homme  chargé  de  famille  « 
d'enfans  ,  de  dettes  ,  de  crimes.  Un  Héros  chargé 
de  gloire.  Ces  deux  premiers  Miniftres  chargés  deS 
intérêts  &  du  deftin  des  deux  nations  ,  faifoient 
valoir  leur  habileté  à  difputer  les  droits  des  cou- 
ronnes. Flech. 

On  appelle  une  couleur  c/:.ïrçeV  ,  lorfqu'elle  eft 
foire  ,  &  tire  vers  le  plus  obfcurdelamême  nuance. 
Color  adjlriclus ,  nulilus  & preffus  ,  aufterus  ,fatur. 
On  dit  aulTl  ,  une  écriture  trop  chargée ,  quand  il 
y  a  rrop  d'encre.  Une  feuille  d'imprefllon  trop 
chargée ,  lorfqu'elle  eft  trop  pleine  &  tiop  grande. 
^fJ"  On  dit  populairement  d'un  homme  forr  gras, 
qu'il  eft  chargeât  cuifine  -,  de  celui  qui  a  de  groffes 
mâchoires ,  qu'il  eft  chargé  de  ganache  :  ce  qui  fe 
dit  figutément  d'un  homme  épais  de  corps  avec 
un  efprit  matériel.  Chargé  d'années  ,  quand  il  eft 
fort. vieux.  Gravis  (ztate,  annis.  En  termes  de  Ma- 
rechallerie  &  de  Manège.  Un  cheval  chargé  d'en- 
colure ,  chargé  de  tête  ,  c'eft-à-dite  ,  qu'il  y  a  quel- 
que chofe  de  rrop  dans  les  parties  du  cheval  que  l'on 
nomme  la  tête  ,  l'encolure  ,  qu'elles  font  trop 
grofies  ,  trop  épaiffes. 
;Chargé  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fê  dit  quand  fur  le 
chef,  îa  croix,  le  pal ,  &  fur  toutes  les  autres  pièces  y 
honorables  de  l'écu  ,  il  y  a  quelqu'autre  figure  ,  8c 
quand  fur  cette  dernière  on  y  en  a  mis  quelqu'au- 
tre,  on  dity/^rcA^rg^e.  Onujius.îl  potze  d'or  à  la 
croix  de  gueule  chargée  de  cinq  coquilles  d'ai- 
genr. 
Chargé  ,  ée  ,  fe  dit  aufTi  en  Peinture  de  ce  qui  eft 
trop  marqué  ,  exagéré.  Exaggeratus,  Annibal  Ca- 


CH  A 

rache  Ce  plaiibit  à  faire  des  portraits  charités  ,  8c 
y  rcuiiiibit  fort  bien.  Four  qu'une  choie  ioitc/uir- 
gce  il  n'eft  pas  necciiaire  que  le  Peintre  ait  eu  in- 
tention de  la  rendre  ridicule ,  il  fuiiit  qu'elle  foit 
outrée.  Tout  ce  qui  eft  charge  e(t  hors  du  vrai. ..  . 
cependant  il  y  a  des  contours  charges  qui  pl.iifcnt , 
parce  qu'ils  lont  éloignes  de  la  balic/fe  du  naturel 
ordinaire.  De  Piles.  On  ne  peut   s'empêcher  de 
louer   dans  quelques    grands  ouvrages  les  chofes 
chargées  ,  quand  une  railbnnable  dilbnce  d'où  on 
les  voit  les  adoucit  à  nos  yeux.  Idem.  Les  Peintre; 
appellent  un  portrait  charge  ,  lorlqu'on  reprcfente 
un  viiage  avec  des  traits  matqués  avec  excès  ,  &: 
de  telle  manière  qu'avec  trois  ou  quatre  coups  de 
crayon  ou  autrement  on  connoît  une   perlonne  , 
quoique  c:  nc_  foit  pas  un  véritable  portrait,  mais 
plutôt  des  défaits  marques.  Félibien. 

On  dit  cfiic  le  temps  e(l  chargé ,  quand  il  eft 
couvert  de  nuages  &  difpoic  à  la  pluie. 

_  On  dit  qu'un  homme  a  les  yeux  chargés ,  pour 
dire  qu'ils  lont  enflés ,  remplis  d'humeurs. 

On  appelle  des  de:^  charges ,  de  faux  dez  ,  des 
dez  pipés ,  dont  le  fervent  ceux  qui  veulent  trom- 
per aux  jeu. 

Ce  font  des  dez  ,  dans  les  trous  dcfquels  ils  met- 
tent du  plomb  d'un  côté,  afin  de  les  faire  tomber 
de  ce    côté. 

On  appelle  une  pièce  chargée  ,  celle  qu'on  a  af- 
faibli de  fon  propre  métal ,  &  a  laquelle  on  a  ajouté 
lin  morceau  de  mctal  étranger  pour  la  rendre  de 
poids.  Nummus  aureus  au  pars  metalli  ahcujus 
adjecid  eji  ,  ad  compenfandam  ejitjdem  levitatem  ; 
ou  addito  pondère  facius  leguimus. 
CHARGEUR,  f  m.  Officier  de  ville  qui  eft  établi 
pour  charger  &:  arranger  les  bois  dans  les  mem- 
brures fur  les  ports ,  afin  que  le  bourgeois  ne  foit 
point  trompé.  On  les  appelle  ^wiXC Gagne  -  de- 
niers. 
CiiARGFiiR,  eft  aulli  un  manœuvre  qui  fert  dans  les 
attelicrs  à  charger  les  autres.  Il  y  avoir  tant  de  hot- 
teurs  8c  tant  de  chargeurs  à.  faire  cette  tcrrafîe.  Dans 
les  groflcs  forges  c'eft  celui  qui  eft  chargé  d'en- 
tretenir le  fourneau  toujours  en  fonte. 
Chargeur  ,  eft  aulIi  un  Officier  d'Artillerie  commis 
pour  charger  le  cd.non.Pmfe3us  injtruejidis pulvere 
ac  gloho  tormentis. 

Pour  un  canon,  il  faut  deux  Canonicrs  ,  trois 
Chargeurs  8c  trente  Pionniers.  De  la  Font, 
Chargeur.  Celui  qui  charge.  On  appelle  Marchand 
Chargeur  ,cslui  à  qui  appartiennent  les  marchan» 
difes  dont  un  vaiffeaii   eft   chargé. 
CHARGEURE.  i".  f  le  dit  en  terme  de  Blafon  ,  des 
pièces  qui  en  chargent  d'autres.  Partes  jciai  onnjiœ. 
La  chargeur e  ne  diminue  pas  lanobleile  des  armes  : 
comme  tait  la  brifure. 
CHARIAGE.  f,  m.  Charroi  ,  l'adlion  de  tranfporter 
dans  une  charerte  ou  chariot,  Veclura.  Il  ligniHe 
aiUli  la  peine  ^  le  falaire  du  Voiturier,  Veciurœ 
fretium  ac  mer  ces  ..ow  labor.  Le  char  i  âge  zCk  fort 
difficile  en  cette  faifon.  Il  conte  tant  pour  le  cha- 
riageàz^m'i  là  iufqu'ici.  Il  hiudroit  charriage  ,cQi\- 
formément  à  l'étyraologie  ■■,  mais  l'ufage  y  eft  con- 
traire, 
CHARIEN,  f,  m,  C'eft  le  nom  d'une  plante  dont  la 
racine  étant  appliquée  pendant  quelque  temps  fur 
le  nombril ,  fiit  fortir  le  fœtus  qui  eft  mort  dans 
la  matrice.  Je  ne  laurois  ânz   précifément  quelle 
eft  cette  plante.  Quelques  Auteurs  prétendent  que 
c'eft  le  lithy malus  char aci as.  x«pirv,  Dict,  de  Jam. 
§Cr  CHARIER.  v.  a.  Voiturer  dans  une  charrette  ou 
chariot,  Carro ,  plaujiro  vehere.  Charier  du  vin  , 
du  blé  ,  du   bois.  J'ai  tais  charier  tous  mes  foins. 
^3"  Charier  ,  fe  dit  aulU  des  chofes  liquides ,  qui 
dans  leurs  cours  en  emportent ,  en  entraînent  d'au  - 
très  avec  elles.  Vehere  ^fecum  déferre.  Cette  rivière 
charie  du  lable,du  gravier.  Il  y  a  des  rivières  qui 
charient  de    l'or.  Jurifiuus.  Le    fang  charie   des 
mauvaifes  humeurs.  On   le  dit  aulTi^de    l'urine  , 
quand  elle  enttaînc  quelqu'autre  matière  avec  elle. 


C  H  A  4^9 

Urine  qui  charie  une  grande  quantité  de  matiè- 
res cpaiifes  ^  grollières,  Degori, 

Charier  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  fe  dit  quand 
l'oiicau  emporte  fa  proie,  8c  ne  revient  point  lorl- 
qu'on le  réclame,  Avolare  cum  prœda.  On  dit  aulli 
qu'un  oifeau  de  proie  charie  un  perdreau  ,  quand 
il  le  pourlliit  8c  le  pourchalfe,  Perfe^ui ,  uje^ui. 

ijCT  Ce  verbe  eft  quelquefois  neutre  ,  comme  quand 
on  dir  charier  droit,  fe  conduire  comme  l'on  doit, 
s'acquitter  de  fon  devoir.  Officio  fungi ,  parère  y 
ojjuunn  impiété.  Je  vous  apprendrai  à  charier  droit. 

Ïf3'  On  dit  par  ellipfe  qu'une  rivière  c/z^ri'e ,  quand 
on  voit  plulieiirs  glaçons  fuivre  le  courant  de  la  ri- 
vière, 

%(3'  Ce  mot  vient  de  carrucare ,  qu'on  a  dit  dans 
la  balle  latinité.  Carruca ,  coche ,  catrofle. 

§3"  Charie  ,  ée.  part, 

IfT  Charie  ,  ée.  adj.  Vieux  mot  :  catié  ,  vermoulu. 

i^  CHARIOT,  f.  m.  Voiture  ordinairement  à  qua- 
tre roues ,  propre  à  tranfporter  différentes  chofes. 
Carrus ,  currus.  Il  a  amené  deux  chariots  de  ba- 
gage. On  envoie  chercher  des  proviiions  avec  un 
chariot.  Les  enfans  ont  de  petits  chariots  pour  fe 
divertir  :  ils  font  faits  d'olier  :  on  s'en  fert  pour  di- 
vertir 8c  pour  promener  les  enfans  qu'on  fait  af- 
feoir  dedans. 

Chariot  ,  a  lignifié  autrefois  la  même  chofe  que 
char  :  8c  ainli  on  a  dit ,  le  chariot  du  Soleil.  Il  y 
avoit  des  chariots  de  triomphe  à  ce  carroufel.  On 
couroit  aux  jeux  olympiques  avec  des  chariots. 
On  combartoit  fur  des  chariots  armés  de  taulx  , 
chez  les  anciens. 

On  appcloir  autrefois  dans  les  armées  le  chariot , 
&c  en  italien  ,  il  caroccio  ,  un  grand  chariot,  cou- 
vert d'ais,  &c  tapiflc  de  fins  draps  mi-partis  de  blanc 
&:  de  rouge  ,  ou  bien  d'auttes  livrées ,  fuivant  le 
caprice  du  peuple  qui  s'en  fervoit.  Au  milieu  de 
ce  chariot  il  y  avoit  comme  un  mât  de  navire 
élevé ,  du  haut  duquel  la  bannière  de  la  ville  ou 
du  peuple  voltigeoit  çà  &c  là  avec  plulîeurs  cor- 
dons de  foie ,  qui  étoicnt  gouvernés  8c  tenus  en 
état  par  autant  de  jeunes  hommes  forts  8c  robul- 
tes ,  qui  avoient  auiii  le  foin  de  Ibnner  les  alar- 
mes 8c  les  diverfes  faéfions  de  guerre  ,  avec  une 
cloche  5  qui  étoit  attachée  au  fommct  ou  à  côté  de 
l'arbre.  Toute  cette  machine  étoit  ordinairement 
traînée  par  trois  paires  de  bœufs  houflcs  8c  capa- 
raçonnés des  mêmes  couleurs  que  le  chariot  :  huit 
trampettes  la  fuivoient ,  comme  aulli  tous  les  Prê- 
tres 8c  Religieux  de  l'année  ;  ik  celui  qui  avoit 
charge  de  la  conduire  ,  étoit  accompagne  de  grand 
nombre  de  foldats  pour  la  défendre.  Antonio  "Cam- 
po  6z  Collenucio  décrivent  à  peu  près  de  cette 
façon  il  carrocio ,  dont  les  habitans  de  Milan  & 
de  Crémone  fe  fervoient  pendant  les  guettes  de 
l'Empereur  Frédéric  II.  Chaque  ville  y  ajoutoit 
ou  diminuoit  quelque  chofe.  Celui  des  Florentins, 
au  rapport  de  Giovan  Villani ,  avoit  deux  arbres , 
étoit  couvert  de  rouge,  n'ctoit  tiré  que  par  deux 
bœufs ,  cv  pour  la  cloche  nommée  par  eux  marti-r 
lulla ,  elle  croit  portée  fur  un  autte  chariot.  Les 
villes  de  Parme  8c  de  Boulogne  avoient  aullî  cha- 
cune le  leur  ,  aux  environs  duquel  on  tenoit  le 
Confcil  de  guerre,  on  rallioit  les  troupes  ,  on  re- 
tiroir les  blefIcs,on  gardoit  les  prifonnicrs  ,  &c 
l'on  s'obftinoir  furicufement  au  combat.  Perdre 
certe  machine  c'étoit  une  infamie  -,  8c  la  lauvcr  en 
cas  d'une  déroute,  c'étoit  chofe  impollible ,  à  caufe 
de  fa  péfanteur  ,  ^  de  l'embarras  qu'il  y  avoit 
tout  à  l'entour  :  aufll  n'étoit-il  non  plus  permis 
aux  Lombards  d'abandonner  cette  machine  ,  qus 
l'Aigle  aux  Romains ,  l'Oriflamme  aux  François , 
8c  le  grand  étendard  à  ceux  de  Gand,  Mascur. 
Nous  avions  aulfi  dans  nos  armées  un  chariot 
femblable  ,  fur  lequel  étoit  portée  la  bannière  de 
France.  Voye:^  Bannière,  Cette  machine  a  duré 
jufqu'à  l'invention  de  l'artillerie,  Mascur, 
Les  Cordiers  appellent  chariot  ou  carrojjc ,  une 

M  m  m  ij 


^6^0 


C  H  A 


planche  montée  fuï  deux  petites  roiies  qui  îeuï 
lert  à  aliembler  du  cordage. 
Chariot  cil  aulfi  une  conftcUation  cclefl:e  ,  ainii 
nommée  par  le  peuple  ,  à  caufc  qu'elle  rencii>ble 
en  quelque  façon  à  im  chariot.  Plaujimm.  C'cfl: 
celle  qu'en  Aftronomie  on  appelle  la /••t'.t//^  Oiirjc, 
qui  a  Tept  étoiles,  dont  quatre  font  la  rcilemblance 
■des  quatre  roues ,  &les  trois  autres  en  droite  ligne 
paroillent  en  être  l'attelage  ou  le  timon.  C'cfl;  la 
dernière  &  la  plus  voifuie  -de  notre  pôle.  11  y  a 
le  grand  &;  le  petit  chariot.  La  grande  Ourfe  efl 
le  grand  chariot ,  ou  le  chariot  de  David.  On  ?p- 
pe  île  au/fi  chariot  de  mer  ,  l'une  des  confteliations 
méridionales ,  autrement  nommées  Navire  d'Ar^o. 
Chariot.  C'eft  une  mefure  ou  eftimation  ,  à  laquelle 
on  vend  à  Patis  la  pierre  de  taille  ordinaire.  Le 
cAarr'o/  contient  deux  voies,  &  chaque  voie  cinq  car- 
reaux ,  c'efl-à-dire  ,  environ  15  pies  cubes  de  pierre. 
^3"  Il  y  a  aulfi  des  chariots  deftinés  uniquement  à 

porter  le  corps  d'une  pièce  de  canon. 
CHARISlES.  f.  £  Fêtes  en  l'honneur  des  Grâces  ,  que 
les  Grecs  appellent  Charités.  ^fT  On  y  doîinoit 
pour  prix  au  plus  vigoureux  danfcur ,  des  efpèces 
de  g<âteaux,  nommés  charifia. 
CHARISTICAIRE.  f.  m.  Commendataire  .,    Dona- 
taire. Celui  à  qui  l'on  a    donné  la  jouiflance  des 
revenus  d'un  Monaficre  ,  Hôpital  ou  Bénéfice.  Ch.i- 
rijiicariiis-,  Commendatarius  ;  honoritm  jacromm  , 
ou  Ecckjiajlicorum    nfufrucluarius.    Les  Ckarijti- 
caires  étoient  parmi  les  Grecs  des  efpèces  de  do- 
nataires ou  commcndataires  ,  qui  jouifioicnt  de  tous 
les  revenus  des  Monallcics ,  ou  des  Hôpitaux  ,  fans 
en  rendre  compte  à  perfonne.  On  rapporte  le  com- 
mencement de  cet  abus  aux  Iconoclartes  ,  &  par- 
ticulièrement à  Conftantin  Copronyme  ,  le  mortel 
ennemi  des  Moines ,  dont  il  donnoit  les  Monaf- 
tères  à  des  étrangers.  Après  l'extinéfion  de  cette 
hérelîe ,  leurs  biens  leur  furent  rendus  -,  mais  dans 
la  lliire  les  Empereurs  &  les  Patriarches  confièrent 
des  Monaftères  &  des  Hôpitaux    à  des   gens  de 
qualité,  non  par  manière  de  don,&  pour  en  ce- 
tirer  aucun  profit  temporel, mais  pour  les  réparer , 
ou  les  orner  ,  &  en  être  les  protedeurs.  Enfuixe 
on  alla  plus  loin  ;  l'avarice  s'y  nicla  :  on  donna  les 
Tvïonaftères  &  les  Hôpitaux  à  ceux  même  qui  ctoient 
en  bon  état,  &  les  plus  riches-,  Sifinnius,  Patriar- 
che de  Conllantinople  ,  s'y  oppofa  ,  mais  en  vain. 
Après  lui  le  mal  devint  encore  plus  grand  ;  on  donna 
toutes  ces  maifons   grandes  êc  petites  ,  riches  & 
pauvres-,  celles  des  femmes  comme  celles  des  hom- 
iTies  -,  Se  on  les  donna  même  à  des  Laïques  &:  à 
des  gens  mariés  -,  que  dis-je  ;  à  des  Gentils,  &  quel- 
quefois deux  à  une  feule  petfonne.  Jean  d'Antioche, 
qui  rapporte  tout  ceci  dans  une  traité  qu'il  a  fait 
contre  cet  abus,  &  que  M.  Coutelier  a  publié  dans 
fes  Ecclefm  Grxcœ  Monumenta  ,  T.  /  ,/'.  159-.  rap- 
porte la'  formule  de  ces  donations ,  par  laquelle  il 
paroît   qu'on    donnoit    ces   maifons    .à    vie  ,    &: 
quelquefois   pour    deux  perfonnes   ,  c'eft- asiire  , 
qu'on  donnoit  aufli  quelquefois  la  furvivance  à 
l'héritier ,  è-a\  «'  la'ijs  »•«  ï  f'^'  ^I"*";  wj97»îc«j5.  Voye:^ 
ce  difcours  de  Jean  ,  ch.  FUI,  IX  ,  X. 
CHARISTIES.  C.'f.  pl.~Fètes  que  les  Romains  célé- 
broient  le  n'  des  kalendes  de  Mars,  c'cft-à-dire  , 
le  19^  Février.  Foye{  Caristies. 
Ip-  CHARITABLE,  ad),  m.   &  f  C'eft   en  général 
celai  qui  a  de  la  charité  pour  fon  prochain.  Foyci 
Charité  -,  &  plus  particulièrement  celui  qui  efl: 
prompt  à  l'aflTifter ,  foit  par  fes  aumônes ,  foit  au- 
trement ;&  en  parlant  des  chofes  ,  il  fignifie  ce  qui 
part  d'un  principe  de  chariré.  Erga  inopes  liber alis  , 
henignus ,  beneficus.  On  ne  peur  être  bon  Chrc- 
aienfi  on  n'eft  fort  charitable.  Les  hommes  ap- 
pellent charitable  ceux  qui  flattent  leurs  défauts , 
parce  qu  ils  ne  fauroient  convenir  qu'on  les  puiHê 
découvrir  avec  juftice.  Port-R.  On  fe  fait  un  de- 
voir extérieur  de  l'aumône ,  on  la  donne  comme 
riche  ,  &:  non  pas  comme  charitable.  FxtcH.  Il  ne 
faut   pas  s'autorifei  dans  l'indifcrétion  d'un   faux 


C  H  A 

zèle,  ou  dans  le  plaifir  malicieux  de  cenfuretfoii 
prochain  ,  fous  prétexte  de  donner  un  avis  charita- 
ble &  fraternel.  De  Vill,  Jefuppofe  qu'un  Moine 
eft  toujours  charitable.  La  Font.  Il  y  a  un  livre 
du  Médecin  &C  de  l'Apothicaire  charitable  ,  qui 
enleigne  à  faire  les  remèdes  a  la  maifon  ,  en  faveur 
des  pauvres: il  eft  du  fieur  Guibert. 

CHARITABLEMENT,  adv.  D'une  manière  chari- 
table. Amice  ,  bénévole  ,  amanter  ,  Jiudiosè.  Dans 
cette  Abbaye,  en  cet  Hôpital,  on  reçoit  charita- 
blement tous  les  paflans.  Il  faut  corriger  charita- 
blement fon  prochain.  Arn. 

CHARITATIF.  ad),  m.  Terme  du  Droit  Canonique, 
qu'on  joint  toujours  avec  don  on  Jhbjide.  On  ap- 
pdhfiibjùle  charitatif ,  un  iécours  modéré  que  le 
Concile  accorde  à  l'Evcque  lorfqu'il  le  trouve  dans 
quelque  urgente  nécefllté.  Impenjum  Epifcopo 
egenti  fubjidmm.  Par  exemple  ,  quand  fes  revenus 
ne  fufhfent  pas  pour  fe  trouver  à  un  Concile  ,  ùc. 

CHARITÉ,  {.i.  L'une  des  trois  vertus  théologales, 
&  celle  qui  eft  principalement  recommandée  aux 
Chrétiens.  Chantas.  §3"  Les  Théologiens  la  dé- 
finiffent ,  une  vertu  Théologale  par  laquelle  nous 
aimons  Dieu  de  tout  notre  cœur,  6c  notre  prochain 
comme  nous-mêmes.  Ainfi  la  charité  a  deux  objets 
matériels,  comme  on  parle  dans  l'école,  fur  lef^ 
quels  elle  s'exerce ,  Dieu  &  le  prochain.  On  doit  ai- 
mer Dieu  par  delllis  toutes  chofes-,  on  doit  to-tit 
faire,  tout  facrifier  ,tout  entreprendre, tout  foulfrir 
pour  Dieu ,  &:  être  prêt  à  cela.  La  charité,  nous  met 
habituellement  dans  cette  dilpofition.  La  chariti 
nous  fiit  aim.er  Dieu  pour  lui-même,  K  le  prochain 
pour  Dieu.  La' c/z(W«e  nous  fait  aimer  le  prochain 
comme  nous-mêmes,  c'eft-à-dire,  qu'elle  nous  le 
fair  aimer  véritablement  8c  fincèrement  comme 
nous  nous  aimons  nous-mêmes ,  mais  ce  n'eft  pas  à 
dire  qu'on  foit  toujours  obligé  à  faire  pour  k  pro- 
chain tout  ce  qu'on  fait  pour  foi-même  -,  ainfi  dans 
un  naufrage  on  n'eft  point  obligé  de  donner  une 
planche  fur  laquelle  on  fe  fauve  ,  à  un  autre  qui 
pcrira  infailliblement  fi  on  ne  la  lui  donne.  Mais 
elle  nous  oblige  à  faire  pour  le  prochain  tout  ce 
que  nous  voudrions  raiibnnablement  qu'on  fit  pour 
nous  -,  cc  à  ne  lui  point  faite  ce  que  nous  ne  vou- 
drions  pas  qu'on  nous  fît.  La  charité  eft  la  plus 
excellente  de  toutes  les  vertus-,  elle  n'eft  pas  la  pre- 
mière ,  c'eft  la  foi  qui  eft  le  principe  ôc  le  fonde- 
ment de  notre  juftification  :  mais  la  charité  eft  plus 
parfaite,  elle  fubfiftera  toujours.  Dans  le  ciel  la  foi 
cédera  par  la  claire  vifion  de  Dieu,  l'efpcrance  pat 
la  poifedion  des  biens  que  Dieu  nous  promet, 
mais  la  charité  fera  encore  plus  parfaite  qu'elle 
n'étoit  fur  la  terre. 

Il  y  a  beaucoup  d'endroits  dans  S.  Auguftin  qui 
femb'lent  demander  la  chanté  aduelle  dans  toutes 
nos  œuvres.  Voici  ce  que  le  P.  Amelot  a  remarqué 
fur  cette  queftion  dans  fon  Abrège  de  Théologie,  p. 
547.  Les  plus  éclairés  d'entre  les  Doétcurs  Scies 
plus  ardens  pour  la  doéfrine  de  Saint  Auguftin , 
comme  Eftius ,  Sylvius,  Sinnichius ,  Bannes  &  tous 
les  Difciplcs  de  Saint  Thomas  ,  ne  croient  pas 
que  l'amour  aftuel  de  Dieu  foit  toujours  com- 
mandé-,  &  quelque  zélés  qu'ils  foicnt  pour  la 
charité  ,  ils  fe  règlent  par  Saint  Thomas ,  qui  n'a 
pas  craint  de  dire  dans  fa  Somme  ,  que  nous  ne 
péchions  point  contre  le  précepte  qui  nous  oblige 
de  rapporter  toutes  nos  œuvres  à  la  gloire  de  Dieu , 
en  ne  les  y  rapportant  pas  aduellement,  fe  qu'il  luftit 
derapportet  habituellement  à  Dieu  notre  perlbnne, 
&  ce  qui  en  dépend. iVo;2  facit  contra  hocprœceptum 
quicumque  non  aclu  refert  in  gloriam  Dei  omne 
quod  facit  ,  Çnfficit  m  habitualiter  referai  fe  & 
ornniafua  in  Detim.  Tom.  II,  quœfl.  88  ,  j  i ,  adi. 
Le  même  Saint  Douleur  s'étoit  contenté  de  dire 
que  le  rapport  de  tout  ce  qui  eft  en  nous  à  la 
sloire  de  Dieu  ,redevoit  entendre,  ou  du  rapport 
acluel ,  ou  de  l'aptitude  à  y  être  rapporté  ,  vel_  in 
aclu  ,  in  aptitadine  referendi.  Ce  qu'Eftius  dit  fans 
le  reprendre ,  que  le  Cardinal  Cajetan  a  étendu  aux 


C  H  A 

tEùvtes  des  Infidèles ,  que  l'on  appelle  moralement 
bonnes ,  parce  qu'en  ce  qu'elles  Ibnt  bonnes ,  elles 
font  capables  d'être  rapportées  à  la  gloire  de  Dieu  , 
&  qu'elles  ne  l'ont  donc  pas  des  pèches.  Le  fenti- 
ment  de  Saint  Thomas  &  des  Théologiens  Catho- 
liques n'cft  p.is  que  ces  fortes  d'aélions  méritent  le 
Ciel ,  ce  Icroit  une  héréiie  de  le  penfer  ;  mais  ils 
Veulent  dire  que  ces  aétions  non-feulement  ne  font 
pas  des  péchés ,  mais  même  qu'elles  font  bonnes 
moralement-,  c'efl- à-dire,  qu'elles  ont  une  bonté 
morale  d'un  ordre  naturel ,  &  qui  pourroit  par  h 
grâce  &  un  motif  furnaturel  ,  être  élevée  à  l'ordre 
furnaturel.  Tel  efl:,  par  exemple,  le  fecours  qu'un 
Païen  donne  à  un  pauvre  dans  fa  nécciiîté. 

Le  mot  de  chariti  n'a  point  de  pluriel  en  ce  fens. 
Les  hommes  fe  font  une  idée  de  là  charité  >  en 
prenant  pour  contraire  à  cette  vertu ,  tout  ce  qui 
incommode  l'amour  propre.  Port-Royal.  Les 
gens  du  monde  conçoivent  la  charité  comme  une 
vertu  toujours  flateufe  &  agréable ,  &  qui  ne  choque 
jamais  pcrfonne.  Ibid, 

La  route  àe  la  vie  humaine 
De  mauvais  pas  cjl  toute  pleine  J 
Pour  m'en  tirer  facilement  ^ 
Voici  ce  que  je  fais  :  J'attelle 
A  cette  voiture  mortelle , 
;  Qiie  je  conduis  au  monument , 

■La  Juflice  premièrement , 
Q^ui  marche  toujours  rondement  ^ 
Et  la  charité,  y«z/2j  laquelle 
Elle  iroit  moins  légèrement. 

L'Abbé  Regn.  des  Mah, 

Charité  efl:  au/îî  l'eifet  d'une  vertu  morale,  qui 
confifte  à  fecourir  fon  prochain  defonbien,  de  fes 
confeils,  6»c.  En  ce  fens  ce  mot  de  charité  a  un 
pluriel.  Inopice  ,  egeflatis  fuljidium  ,  levamen.  Cet 
homme  ,  qui  s'efï  engraiflc  de  la  fubflance  du 
peuple  ,  tire  du  fonds  même  de  fes  concuiîions  , 
une  bizarre  charité,  &c  des  aumônes  irrégulières. 
Fi.ECH.  Une  charité  aulli  vive  ,  &  auffi  agidante  que 
la  vôtre  ,  n'a  pas  befoin  d'être  excirée  par  l'artifice 
&  par  le  menlbnge.  La  charité  bienfaifante  &r  li- 
bérale, a  toujours  les  mains  ouvertes  pour  foulager 
lamilère  d'autrui.  Le  Mait.  La  Provideiicc  a  voulu 
entretenir  la  charité  parmi  les  hommes,  par  le  com- 
merce des  fecours  &;  des  alliflances  mutuelles  qu'ils 
fe  rendent.  Flech.  Dans  ce  fiècle  la  chanté  efl  non- 
-  feulement  refroidie,  mais  prefqite  éteinte ,  &  l'on 
croit  perdre  le  bien  qu'on  diflribue  en  aumônes. 
Flech.  La  charité  prife  en  ce  fens  ne  doit  point  être 
pratiquée  au  préjudice  de  la  juftice.  Il  faut  payer  fes 
dettes,  le  falaire  des  artifans ,  les  gages  des  domefli- 
ques ,  avant  de  faire  des  charités.  Voyez  Aumône  , 
Amour,  Amour  de  Dieu,  Amour  du  prochain. 

Quand  on  veut  corriger  certain  Moine  en 
Chapitre ,  le  Supérieur  dk  à  un  des  Religieux  , 
mon  Frère  faitesdui  la  charité;  pour  dire,"  aver- 
tiffez-le  de  fes  fautes ,  déclarez  celles  que  vous  avez 
remarquées ,  donnez-lui  la  dilcipline,  la  correélion 
fraternelle.  Reprehenjio  ,correclio. 
Charité.  Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  grec 
xk'^i  grâce;  mais  rien,  dit  Vodius,  n'eft  iî"  in- 
certain que  cette  étymologie.  Ce  qui  eflfL!r,c'efl 
<]ue  dans  les  anciennes  infcriptions  ,  comme  l'a 
montre  Manuce  dans  fon  Orthographie  ,  carus , 
caritas ,  font  écrits  ians  h.  Il  efl  donc  bien  probable 
que  ces  mots  viennent  de  carus  ,  précieux ,  &  que 
carus  en  ce  fens  ne  vient  point  de  careo,  comme 
Pérrot  l'a  cru,  mais  de  l'hébreu  "ipi  *  pretiofus, 
par  le  retranchement  de  la  première  lettre  i.  • 
Charité  chrétienne.  Ordre  Militaire  établi  par 
Henri  III ,  en  faveur  des  foldats  eftropiés  au  fervice 
de  l'Etat.  Ordo  Militaris  à  chrijtianâ  charitate  nun- 
cupatus.  Il  alTigna  quelques  revenus  ppuï  cette 
charitable  fondation.  Ceux  qui  étoicht  reçus  dans 
1  Ordre  portoienr  une  croix  fur  le  majitcau  au  côté 
gauche ,  &  autour  de  la  croix  ces  mots  en  broderie 


CH  A 


d'or  ,  pour  avoir  fidèlement  fervi.  Un  établiflcment 
h  louable  n'eut  point  de  fucct^s.  Le  Père  Anselme 
Frères  de  la  Charité.  Nom  de  Religieux.  Cet 
Ordre  porte  dilFérens  noms  en  diiftrens  pays  En 
Efpagne  on  appelle  ces  Religieux ,  les  Frères  de 
1  Holpitaiitc.  En  Italie  ils  ne  font  connus  que  fous 
celui  do  Fate-Ben  ,  Fratelli,  on  Ben  Fratelli ,  parce 
qu'ils  ont  coutume  de  demander  ainfi  l'aumône  En 
France  on  hs  appelle  Frères  de  la  Charité  ;  Frèrel , 
parce  qu'ils  (ont  laïques,  &  qu'ils  iVont  qu'un  Prcciâ- 
cn  chaque  ir.aifon ,  lequel  ne  peut  avoir  aucune 
charge  de  l'Ordre  ;  de  la  Charité,  parce  qu'Henri 

IV  ,  donna  a  leur  Hôpital  de  Paris  le  nonl  de  Charité' 
deSainr  Jeande  Dieu. 

Saint  Jean  de  Dieu,  leur  Fondateur  ^  croit  Urt 
Portugais,  né  à  Mont.;-ma)or  el  novo  ,  petite  ville 
du  Diocèfe  d'Evora,  en  1495-,  H  commença  cet 
Ordre  a  Grenade  en  1540,  par  une  maiibn  qu'il 
loua  pour  y  retirer  les  malades ,  £z  leS  y  aOlIleiV 
Cet  établiifement  fut  approuvé  par  l'Archevêque 
de  Grenade,  D.  Pierre  Gucrrcro.  Son  intentioii 
n'etoit  d'abord  que  <{e  former  une  Congrégation 
de  perfonrtes  féculières  pour  avoir  foin  de^'l'liôpital 
de  Grenade.  Il  ne  fit  point  de  règle.  L'Evêque  de 
Tuy  lui  prefcrivit  à  lui  &  à  fes  difciples  une  form-i 
d'habit.  Ce  ne  fut  qu'après  fa  mort  arrivée  en  1550, 
que  ion  inflitut  fut  approuvé  par  Léon  X.  Cefl:  Fié 

V  ,  qui  l'approuva  par  uue  Bulle  du  premier  Janvier 
H71  ,  par  laquelle  il  leur  prefcrivit  une  forme 
d'habit,  &  leur  donna  la  règle  de  Saint  Aumjflifi. 
Grégoire  XIII,  fucceffeuif  de"  Pie  V  ,  le  conHtma  » 
&  lui  accorda  plufieurs  privilèges.  Clément  Vlli  , 
(ous  prétexte  qu'ils  s'étoient  "relâchés  -,  &  qu'ils 
cti'dioient  au  lieu  d'avoir  foin  des  malades  ,  leà 
ibumit  aux  Evêques,  leur  défendir  l'étude  &  de 
prendre  les  ordres  ;  ordonna  qu'ils  ne  fiîlênî  qu'un 
fcul  vœu  de  pauvreté  Se  d'hofpitalité  :  mais  pii:  un 
Btetde  i57<j,  il  les  remit  dans  leur  premier  ccat, 
Paul  V  ,  en  1(509  ,  leur  permit  de  promouvoir  aux 
ordres  quelques-uns  de  leurs  Frères  ^afin  qu'il  y  en 
eût  un  dans  chaque  hôpital  pour  adminiflrer  leS 
facremens  aux  malades.  Le  même  Pape  approuva 
leurs  Conftitutions  en  itîiy.  Marie  de  Médicis  les 
amena  en  France  en  1601  Se  en  kToi.  H^-nri  IV, 
leurdonna  des  Lettres  Parentes.  P.  Hélyot,  Tom. 

ir,  ch.  xriu. 

Il  y  a  un  autre  Ordre  de  la  Charité,  dont  les 
Religieux  s'appellent  les  Frères  de  la  Charité  de 
Saint  Hippolyte.  Il  fut  infticué  environ  l'an  1585  , 
fo;i5  le  Pontificat  de  Grégoire  XIII ,  par  un  Bour- 
geois de  la  ville  de  Mexique  aux  Indes  occiden- 
tales. Il  fonda  un  hôpital  hors  des  murs  de  la  ville , 
?<.  le  dédia  en  l'honneur  de  Saint  Hippolyte  , 
patron  du  Mexique.  Il  drefla  des  réglcmens  que 
Grégoire  XIII,  confirma  après  qu'ils  eurent  été 
examinés  par  l'Archevêque-,  mais  ce  fouverain 
Pontife  étant  mort  avant  que  ces  lettres  fuifent 
expédiées ,  Sixte  V  fon  fucceflêur  les  figna  ,  ^ 
approuva  rouî  ce  qui  aVoir  été  fait  en  faveur  de  cet 
hôpiral.Les  hôpitaux  fe  multiplièrent,  ils  s'unirenî 
enfemble  ,  Si  formèrent  une  Congrégation  foiis  le 
ti:re  de  la  Ch.irité  de  Saint  Hippolyte,  du  nom 
du  premier  hôpital.  Clément  VIÎI ,  par  un  Bref  du 
1  Avril  15;  54,  leur  accorda  toUs  les  privilèges  don: 
jouiifent  les  Frères  de  la  Charité  de  Saint"  Jean  di 
Dieu.  Ils  ne  faifoient  que  des  vœux  fimples ,  l'uil 
de  charité  ,  Se  l'autre  de  pauvreté ,  Se  fortoient 
de  la  Congrégation  quand  bon  leur  fembloit.  Celi 
obligea  le  Frère  Majeur  Ou  Général  de  cette  Con- 
gtcga'tion  de  s'adrellêr  à  Clément  VIII ,  pour  re^ 
médier  à  cet  inconvénient.  Le  Pape  ordonna  qu'ils 
feroitnr  à  l'avenir  des  vœux  de  perpétuelle  hof- 
pitalité  &  d'obéiilance,  au  lieu  de  ceux  de  charité 
&  de  pauvreté  ,  qu'ils  avoieht  fait  jufqu'alors. 
Cela  n'ayant  point  encore  fufïï  ,  Innocent  XII  , 
par  une  Bulle  du  lô  Mai  1700,  les  obligea  à  des 
vœux  folemnels  de  pauvreté  ,  chafleté  ,  obéirtance 
&  d'hofpitalité  ,  ibiis  la  règle  de  Saint  Auçuflin, 
i>c  déclara  leur    Congrégation    Ordre  Relideux. 


4^-2' 


C  H  A 


Clément  XI ,  en  1701  ,  accorda  la  communication 
des  privilcsscs  des  Ordres  Mendians  ,  &  de  la 
Coniîrcgation  des  Clercs  Miniftres  des  Infirmes ,  à 
ces  Holpitalicrs  de  la  Charité  de  Saint  Hippolyce. 
Leur  habit  efl;  le  même  que  celui  des  Frères  de  la 
Chante  de  Saint  Jean  de  Dieu  ,  i?c  n'en  diftcic  que 
par  la  coideur  ,  qui  eft  tannée.  P.  Hèlyot  ,  Tom. 
IP\  c.  19.  BoNANNi,  Càtal.  Ord.  Relig.p.  1. 

Filles  de  la  Charité  ,  lervantes  des  pauvres  ma- 
lades. C'eftle  nom  d'une  Congréiration  de  filles, 
qui  le  deftinent  au  lérvice  des  malades.  Sorores  a 
Charitate ,  pauperum   cegrotonim  MiriifîriE.  Cette 
Congrégation  commença  d'abord  à  Cliatillon-lès- 
Dombes  en  Breiîe  l'an  1517,  comme  une  elpèce 
de  Confrérie ,    par  le  zelc  &  les  Ibins  de  Saint 
Vincent   de  Paul.  Quoique  le  premier  deiîcin  ne 
fut  que  pour  la  campagne  ,  il  s'en  établit  à  Paris 
en  liîif?,  dans  laParoille  de  Saint  Sauveur,  &  en 
beaucoup  d'autres  villes.  Madcmoilclle  Le  Gros  , 
fille  de  Louis  de  Marillac  ,  Sieur  de  Ferriercs ,  tk 
de  Marguerite  Le  Camus ,  tut  leur  Fondatrice  Tous 
ladiredtion  de  Saint  Vincent  de  Paul.  Elle  fit  Ion 
premier  érablillcment  à  Paris  dans  la  Paroifîé  de 
Saint  Nicolas  du  Chardonnet  la  Paroilic.  En  iiS^i  , 
elle  obtint  de  M.  de  Gondi  Archevêque  de  Paris , 
l'approbation  de  l'éredion  de  fa  Compagnie  ,  dont 
il  lai  fit  expédier  des  lettres  par  le  Cardinal  de  Rets 
l'on  Coadjureur,  qui  en  donna  encore  de  nouvelles 
en  i'î5  5 ,  par  lefquelles  il  l'érigca  en  Congrégation 
fous  le  titre  de  Servantes  des  Pauvres,  is:  lous  la 
direéîzion  du  Supérieur  général  de  la  Million.  Cette 
Congrégation    fut    cnfuite    autorilce    par  Lettres 
Patentes  du  Roi  en  kîjt,  &c  confirmée  en   1660, 
par  le  Cardinal  de  Vendôme  ,  Légat  en  France  fous 
Clément  IX.  Saint  Vincent  de  Paul  fit  leurs  Statuts 
^  réglemens-,  il  nomma  leurs  Ofïcières ,  qui  font 
luie    Supérieure    générale  ,   une ,  Aliiftante  ,  une 
Économe  ,    &  une    Dépcnlière.    Louis    d'Abely  , 
Vie   de  Saint   Vincent  de  Paul;  Hcrmant  ,  Hiji. 
des  Ordres  Rel.  P.  Hélyct ,  Tom.  VIII,  c.  14. 
Ch  ARiTL  de  Notre-Dame',  Hofpitalièrcs  de  la  Charité 
de  Notre-Dame.  Nom  d'un  Ordre  Religieux  fondé 
au  treizième  liècle.  Guy ,  Seigneur  de  Joinville  & 
de  Dongiers ,  Domno  Georgio  ,  aujourd'hui  Don- 
gens ,  fonda  un  hôpital  à  Boucheraumont ,  dans  le 
Diocèfe  de  Châions,  dont  il  donna  la  direélion  à 
des  féculierSj  ou,  félon  d'autres,  à  des  pcrlbnnes 
du  Ti ers- Ordre  de  Saint  François ,  qui ,  .1  la  prière 
du  Fondateur,  firent  de  leur  propre  autorité  les 
vœux  de  pauvreté  ,  chafteté  &c  obéilîance.  Dans  la 
fliite  Clément  VI ,  en  1541?,  leur  en  ayant  donné 
la  permillion  ,  les  foumit  à  la  règle  de  Saint  Au- 
-gullin.  Comme  c'étoit  la  charité  qui  les  portoit  à 
fe  confacrer  au  lérvice  des  pauvres,  Se  qu'ils  prirent 
la  Sainte  Vierge  pour  proteélrice ,  on  donna  à  leur 
premier  hôpital  le  nom  de  charité  de  Notre-Dame , 
qui  pafia  cnfuite  à  tout  l'Ordre.  Le  dérèglement 
s'étant  glifle  dans  cet  Ordre ,  il  s'abolit  peu-.à-peu. 
En    16 ji   ,  ils   tranf gèrent  avec  les  Carmes    des 
Biltertes ,  &:  leur  cédèrent  ce  couvent  que  joinville 
leur  avoir  donné.  En  1^52  ,  il  ne  rcftoit  puis  qu'un 
feul  Religieux  de  cet  Ordre.  En  icÎ7z,cet  Ordre 
fut  un  de  ceux  ,  qui  comme  éteints ,  furent  réunis  à 
l'Ordre   militaire  du   Mont-Carmel    &    de   Saint 
Lazare,  par  Edit  de  Louis  XIV,  qui  leur  donna 
le  nom  de  Saint  Louis  de  Roacheraumont  i  ce  qui 
fait  coniedurer  que  les  Religieux  du  Tiers-Ordre 
de  Saint  François  qui  formèrent  d'abord  cet  Ordre  , 
prirent  ce  nom,  lorfque  Saint  Louis  fiitcanonifé  par 
•     BonifaceVIIL  Voyelle  ?. Hèlyot  ,  T.  III  ,c.  s  h 
L'Ordre    de   Notre  -  Dame  de  Charité.   Nom 
-d'un  Ordre  de  Religieufes  fous  la  règle  de  Sainr 
Auguflin.  M  Eudes ,  frère  de  l'Hiftoricn  Mézeray  , 
peut  être  reg.irdé  comme  le  fondateur  de  cet  Ordre. 
Dans  les  miflîons  qu'il  fit  en  1(758  ,  16^9  &  itf40  , 
plulîeurs  filles  &  femmes  d'une  conduite  peu  réglée, 
furenr  fi  touchées  de   fes    prédications ,    qu'elles 
vinrent  le  trouver,  &  le  prièrent  de  leur  indiquer 
un  lieu  de  refuge  pour  faire,  pénitence.   Le   xs^ 


C  H  A 

Novembre  1641  ,  elles  furent  renfermées  dans  une 
maifon ,  fous  la  conduite  de  quelques  filles  dévotes, 
dans  la  ville  de  Caen,  capitale  de  la  Baire-Ncr- 
mandie.  L'Evêque  de  Bayeux  permit  qu'on  y  érigeât 
une  chapelle.  Louis  XIII,  leur  donna  des  Lertres 
Patentes  au  mois  de  Novembre  ï6j^i.  Elles  font 
vêtues  d'une  robe,  d'un  fcapulaire  6c  d'un  manteau, 
le  rout  blanc.  Elles  ont  un  voile  noir  ,  ^^c  portent 
fur  le  fcapulaire  un  cœur  d'argent ,  ou  ell:  gravé  en 
relief  l'image  delà  Sa)nte  Vierge  ,  tenant  l'Enfant 
Jéius  entrefcs  bras,  le  cœur  environné  de  deux 
branches,  l'une  de  rofe  ,&;  l'autre  de  lis. 

La  Charité  de  Notre-Dame.  Religieufes  Hofpi- 
talières  de  hCharité  de  Notre-Dame,  Mo72m/w  hof- 
pitahiria ,  à  charitate  Domince  nojtrœ.  Ordre  de 
Religieufes  établi  «à  Paris  par  Simone  Gauguin  de 
Paré,  au  Diocèfe  d'Orléans,  qui  fut  appelée  en 
Religion  ,  la  Mère  Françoife  de  la  Croix.  Cet  Or- 
dre commença  l'an  16^24.  Elles  avoient  d'abord  la 
règle  du  Tiers-Ordre  de  faint  François  -,  elles  la 
quittèrent  enfuite  pour  prendre  celle  de  laint  Au- 
guftin.  M.  de  Gondy  ,  premier  Archevêque  de 
Paris ,  leur  permit  de  s'y  établir.  Il  approuva  leurs 
ConRitutions  le  10  Juillet  1628  &  k  12  Novembre 
1(^34  ,  après  qu'elles  eurenr  été  approuvées  par 
Urbain  VIII,  dès  le  10  Décembre  KÎ33. 

Société  de  la  Charité  de  Pajolo.  C'eft  le  nom 
d'une  des  trois  Sociétés  eu  Confréries  ,  dont  les 
Confrères  fe  qualifient  Frères  &:  Sœurs  du  Tiers- 
Ordre  de  S.  François.  En  1493,  le  Pape  Alexan- 
dre VI  confirma  un  accord  qui  avoir  été  fait  en- 
tre l'Evêque  &  les  Sénateurs  de  la  même  ville, 
touchant  le  droit  de  nommer  des  Confervateurs, 
des  Mafliers,  un  Notaire,  &  autres  Ofiiciers  dç 
cette  Société  ,  quoique  cette  afiaire  eûr  été  déjà 
terminée  par  le  Cardinal  Belfarion ,  Evéque  deFref- 
cati  ,  &  Légat  de  Boulogne.  C'eft  tout  ce  que 
nous  lavons  de  cette  Société.  P.  Hélyct,  tom,  VU  y 
pag.  350. 
Charité  de  la  Sainte  Vierge.  Ordre  Religieux 
établi  dans  le  Diocèfe  de  Châlons-fur-Marne  par 
Guy,  Seigneur  de  Joinville  &  du  bour^  S.  George, 
fur  la  uri  du  treizième  lîccle.  Cet  Inltitut  fut  ap- 
prouvé fous  la  règle  de  S.  Auguftin  par  les  Papes 
Boniface  VIII  &  Clément  VI.  Sponde  a  parlé  de 
cette  Inftitution  à  l'an   1290. 

Il  y  a  Paris,  dans  chaque  Parofffe , une  focicté 
de  Dames  vertuculés,  qui  s'appliquent  à  connoître 
&  à  ibulager  les  bclbins  des  pauvres  de  la  Paroiflé, 
&  qu'on  appelle  pour  cela  ,  \ts  Dames  de  la  Cha- 
rité. Il  faut  que  lEvêque  autorife  ces  fortes  de 
Ibciétes  pieufes.  Chaque  fociété  a  la  Tréforière 
qui  ramalfc  les  aumônes ,  &  des  Sœurs  qu'on  ap- 
pelle Sœurs  de  la  Charité.  Ce  font  des  filles  vcr-- 
tueufes,  habillées  d'une  grolîe  étoffe  grife  ,  qui  ont 
foin  de  préparer  les  alimens  &  les  remèdes,  Sc 
de  les  porter  aux  malades. 

Le  mot  de  Charité  lignifie  aufli  tout  feul  ces 
fortes  de  fociétés.  Il  a  été  enterré  aux  dépens  de 
la  Charité  de  la  Paroilfe.  Chaque  Charité  n'entre- 
tient un  malade  qu'environ  trois  lémaines  ;  s'il 
n'y  a  poinr  d'efpérance  de  le  guérir,  on  le  fait 
porter  à  l'Hôtel  -  Dieu.  Charité  f  gnifîe  aulfi  le 
fonds  des  aumônes  de  ces  fociétés.  La  charité  de 
telle  Paroilfe  eft  bonne  ,  riche ,  bien  réglée ,  &c. 
Il  eft  à  la  charité  de  la  Paroifîé  ;  c'eft-à-dire ,  il 
eft  enrretenu  des  fonds  de  la  Charité. 

Il  y  a  auffi  à  Paris  des  Charités  des  Pauvres 
honteux  :  ce  fonr  des  fociétés  compofces  du  Cure 
&  des  Marguilliers  de  la  Paroiflé.  Ces  Meilleurs 
font  fublîfter  les  pauvres  honteux ,  du  fonds  des 
aumônes  qu'on  ramaffe  pour  cela,  &  des  legs 
qu'on  fait  à  cette  intention, en  leur  envoyant  de 
temps  en  temps  quelque  fom.me  d'argent. 
Charité  fe  prend  quelquefois  pour  l'Hôpiral ,  ou 
le  lieu  où  l'on  entretient  les  malades.  Il  y  a  à  Paris- 
trois  Charités  de  femmes ,  6:  une  d'hommes ,  c'eft-à- 
dire,  trois  Hôpitaux  pour  les  femmes  malades,  & 
un  pour  les  hommes.  On  ne  donne  le  plus  corn- 


C  H  A 

munément  ce  nom  qu'aux  Maifons  ou  Hôpitaux 
des  Frères  de  la  Charités  II  a  été  trois  mois  ma- 
lade à  la  Charité. 
^fT  Ecoles  de  Charité.  Ce  font  des  Écoles  établies 
dans  les  paroilfes ,  où  l'on  montre  aux  enfans  des 
pauvres  à  lire,  à  écrire,  &  les  premiers  principes 
de  la  religion. 

On  dit,  proverbialement,  c/z^trife, bien  ordon- 
née commence  par  Toi-même ,  lorfqu'on  ne  s'ou- 
blie pas ,  &  qu'on  fe  partage  le  premier.  On  diti 
figurément  &  proverbialement ,  par  contre  vérité , 
prêter  une  charité ,  des  charités  à^quelqu'un ,  pour 
dire,  vouloir  faire  croire  qu'il  a  dit  ou  fait  quel- 
que chofe  qu'il  n'a  ni  dite  ni  faite.  La  Cour  eft 
un  pays  où  Ton  prête  fouvent  des  charités. 
Charité.  Carte  de  Charité,  Voyez  Carte. 
CHARITÉ.  Ville  de  France  fur  la  Loire  ,  dans  le 
Nivcrnois.  Il  ne  fe  dit  point  fans  l'article.  (  La  ) 
.  Charité  ,  de  la  Charité  ,  à  la  Charité.  Caritas.  JLs 
Prieuré  de  la  Charité  eft  un  bénéfice  fimple  de 
plus  de  2.0000  liv.  de  rente ,  à  la  nomination  de 
l'Abbé  de  Clugny.  Le  Prieur  de  la  Charité  eft 
Seigneur  temporel  Se  fpirituel  de  la  ville.  C'eft, 
entre  tous  les  Bénéfices  de  France ,  un  de  ceux 
qui  a  de  plus  belles  nominations. 
CHARITÉS  (  pronocez  Carites.  )  Les  trois  Charités  , 
les  trois  Grâces.  Divinités  fabuleufes  de  l'Antiquité. 
Charis  ,  Charités  ,  Gratice.  Le  mot  grec  •/,«■' p'^^  figni- 
fie  joie,  pour  marquer  que  nous  devons  nous  faire 
un  plaifir  de  rendre  de  bons  offices ,  &  de  recon- 
noître  ceux  qu'on  nous  rend.  Kaye^  Grâces ,  en 
Mythologie. 
CHARITÔN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Charito.  Il  y  a 
deux  Saints  Charitons\  l'un  Martyr,  qui  étoit  d'I- 
cone  en  Lycaonie ,  &  qui  fouffrit  fous  l'empire 
d'Aurélien-,  l'autre  Moine  &  Fondateur  des  Laures. 
F'uyei  ce  mor.  De-là  vient  qu'on  appelle  Moines 
de  S.  Chariton ,  les  Religieux  qui  habitoient  ces 
Laures ,  &  dont  ce  Saint  fut  l'Inftituteur, 
CHARIVARI,  f.  m.  Bruit  confus  que  font  des  gens 
du  peuple  avec  des  poêles,  des  badins  &  des  chau- 
drons ,  pour  faire  injure  à  quelqu'un.  Noclurna:  voci- 
feraiiones  &  vaforum  ccneorum pjiljationes.Ow  fait 
les  charivaris,  en  détiiion  des  gens  d'un  âge  fort 
inégal  qui  fe  marient.  On  les  taifoit  auflî  à  ceux 
quipaflbient  à  de  fécondes  &  à  de  ttoifièmes  noces. 
Ces  tumultes  furent  deffendus  par  le  Concile  de 
Tours,  fous  peine  d'excommunication.  Ils  ont  été 
prohibés  depuis  par  différens  réglemens. 

Nicot  dérive  ce  mot  du  grec  -.ca^uSte^U ,  qui  figni- 
Jîe  pefanteur  de  tête,  provenartt  de    trop  boire, 
ou    d'entendre  trop  de  bruit,  ou    d'autre  caufc; 
Borel  ,  du  Verbe  grec  Kaf«Ç«f£V,  c'eft-à-dire,  y> 
romps  la  ttte.  Du  Cange  le  dérive  de  cari ,  can , 
qui  eft  un  cri  que  font  les  Picatds  de    Boulogne 
ou  de  Calais ,  pour  foulever  le  peuple  contre  les 
injudes  exadions  qu'on   veut   faite  iur  eux  -,  & , 
comme  le  bruit  eft  gtand  &  tumultueux,  &  que 
les  Picards  prononcent  ca ,  ce  qu'ailleurs  on  pro- 
nonce chao,  on  a  appelé  c/z<znv(ir/ le  grand  bruit 
que  faifoicnr  des  mafques  ou  des  pcrfonnes  dégui- 
fécs  ,   pour  faire  infulte  à  quelqu'un.   Sc.-\iiger  le 
dérive  de  chalyharium  ,  à  caufe  que  ce  brijit  fe  tait 
en  frappant  des  vaifleaux  d'airain.  l^oye^Evcillon, 
Traité  des  Excommimications.  Voyez  encore  les 
Arrêts  rapportés  par  Guy  Baflet,  Titre. des  Inju- 
res FI,  l.  lo.  Le  P.  Lobineau  dit  charivari   ou 
chevalet  ;  apparemment  qu'on  dit  indifféremment 
l'un  &:  l'autre  en  Bretagne.  Hifi.  de Brit.'Tom.  I, 
L.  XXll,  p,  84% 
Charivari  fe    dit  figurément,  d'un   bruit  confus, 
des  querelles,  des  cricries  entre  petites  gens  Tur- 
bo: ,  tiimidtvs.    Le  jnari  &  la    femme   fe  battent 
fouvent,  c'eft  un  étrange  charivari. 
Charivari  fe  dit  aufTi  ironiquemenr ,   d'une  mau- 
vaife  mulîque.  Infitlfa  imifica.  Ce  Muiîcien  a  fait 
un  concert,  qui  étoit  plutôt  un  charivari. 
ifT  Charivari,  Terme  dejeu,fe  dit ,  à  l'ombre  à 


CH  A 


■3 


trois  ,  d'un  hafard  qui  confifte  à  porter  les  quatre 
dames.  On  reçoit  pour  ce  jeu  de  chacun  une 
fiche ,  fi  l'on  gagne  :  on  la  paye  à  chaque  Joueur  » 
fi  l'on  perd. 

lier  CHARLATAN,  f  m.  Empyrique,  vendeur  de 
drogues,  qui, monté  fur  des  tréraux  dans  une  place 
publique,  diftribue  au  petit  peuple,  qu'il  amufe 
par  des  bouffonneries ,  fon  orviétan  &  autres  re- 
mèdes, auxquels  il  attribue  des  propriétés  mer- 
veilleufes.  Circulator  ,  circumforaneits  pharmaco- 
pola.  Comme  il  y  a  des  charlatans  dans  tous  les 
états  ,  on  appelle  généralement  charlatans  ceux 
qui  cherchent  à  ie  faire  valoir  eux-mêmes ,  ou  à 
donner  du  prix  aux  chofes  qui  leur  appartiennent, 
par  des  qualités  fimulées. 

^CT  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  Charlatan  un  Méde- 
cin qui  fe  vante  de  guérir  toutes  fortes  de  ma- 
ladies. 

Ce  mot  vient  de  l'italien  Ceretano ,  qui  a  été 
fait  de  Cczretum  ,  qui  eft  un  bourg  proche  de  Spo- 
lète  en  Italie ,  d'où  font  venus  premièrement  ces 
fourbes  qui  courent  de  ville  en  ville ,  comme  dit 
Calepin.  Ménage  le  détive  de  circulatanus ,  qu'il 
croit  qu'on,  a  dit  pour  circulator. 

Charlatan  fignifie  aufîi  trompeur ,  engeôleur  ,  ce- 
lui qui  veut  tromper  quelqu'un  par  des  flateties  &C 
des  fanfaronnades  ,  pour  en  tirer  avantage.  Prcejli- 
giator ,  callidus  affenfator.  Il  fe  dit  aufli  d'un 
hypocrire  ,  d'un  faux  dévot ,  Probitratls  ac  pieta- 
tis  fimiilator  Mais  en  tous  ces  fens  figurés  il  eft 
du  ftyle  fimple,  familier  &  comique.  Il  en  eft  de 
même  de  charlutaner ,  &  de  charlatanerie  qui 
fuivent. 

Le  monde  71' d  jamais  manqué  de  charlatans.  La  Font 

Qjie  l'Eglife  ejl  fertile  en  dévots  Empyriques  l 
Que  de faints  ChzûdkUnsl  S.  Evrem. 

Enfin  je  ne  vois  rien  qui  fait  plus  odieux  , 
(^u£  ces  francs  Charlatans,  que  ces  dévots  déplace^, 
De  qui  lafacrilége  &  trompetî/'e grimace ,  ôcc.  Mol, 

CHARLATANER.  v.  a.  Cajoler  quelqu'un  poilr  le 

tromper.  Ce  jeune  homme  a   tant  charlatané  ce 

vieillard,  qu'il  a  trouvé. le  moyen  de  lui  attrape^ 

fa  bourfe. 

|p=-  CHARLATANERIE.  f,  f.  Titré  que  l'ôri  donne 

aux  Charlatans.  Foye:^  ce  mot, 
§CF  Charlatanerie  fe  dit  auffi  des  prômefles  fpé- 
cieuics,des  infinuations  aitificleufes  d'une  cliofe  qui 
eft  préjudiciable  à  celui  qui  l'écoute.  Callida  afifen- 
tatio  ,  artijiciofa  oratio  ,pr<ejiigia.  Tout  ce  que  dit 
cet  homme  eft  pure  charlatanerie. 
CHARLATANESQUE,  adj.  de  Charlatan.  Amufec 
les  malades  par  l'ulage  des  eaux  inutiles',  &  d'autres 
remèdes  charlatanefques.  Merc.  Septembre  17 18, 
CHARLATANISME,  f.  m.  Manière  d'agir  ,  menées 
d'un  Charlatan  ,    d'un  trompeur ,  caraélèré  d'un 
Charlatan,    Fallacia ,  fraus  ,   artes ,   circulatoria, 
jaclatio. 

Mais  le  Public  rebelle  j 
Examinant  votre  petit  héros 
Sur  fon  mérite,  &  non  fur  vos  grands  mots  $ 
Dévoile  enfin  tout  fon  charlatanifme. 

Rouss.  Ep,  FIL 

Le  manège  des  hommes ,  dans  ptefque  toutes 
leurs  opérations ,  n'eft  qu'un  pur  charlatanifme. 
CHARLEMAGNE.  f.  m.  Carolus  Magnus.  Premier 
Empereur  d'Occidenr,  depuis  le  rérabliiîement  de 
l'Empire  ,  &  un  des  plus  grands  Rois  que  la  France 
ait  eu.  Charlemagne  éroit  maître  de  toutes  les 
Gaules,  d'une  partie  de  TEfpagne  ,de  la  plus  grande 
partie  de  l'Italie  ;  il  étendit  fa  domination  jufqu'en 
Saxe,&  au3{  frontières  de  Hongrie.  Charlemagne 
étoit  grand  &  bien  fait ,  pieux  &  zélé  pour  là 
Religion ,  fage  &  vaillanr.  Il  étoit  fils  de  Pépin , 
il  s'appeloit  Charles ,  qui  s'écrit  Cari  ou  Karl ,  dans 


4^4 


CH  A 


la  langue  uidefque.  Ses  ddions  héroïques  lui  firent 
donner  le  nom  de  Grand,  Magnus  ,  d'où  l'on  a 
formé  le  nom  de  Ckarhmagne ,  qui  dl  compoic 
d'un  mot  tudefque  Si  d'un  mot  latin  ,  auxquels  on  a 
donné  la  tetminailbn  françoife.  Le  Père  Mabillon 
a  oblcrvc  que  Ckar/mia^ne  éctivoit  toujours  Ion 
nom  de  CharUs  ,txT:  anC,  Sc  que  quelque  temps 
après,  les  Princes  qui  le  iuivircnt  écrivirent  leur 
nom  de  Ckàrks  par  un  K .  Kuro/us ,  au  heu  de 

Carolus.  .        _,  ,  ... 

CH  \RLEï»lONT.  Carolomontium.  Il  y  a  deux  villes 
de  ce  nom-,  l'une  en  Irlande  dans  l'Ultonie,  fur  la 
rivière  de  Blackwatcr  dans  le  comté  d'Armach  ,  5c 
l'autre  aux  Pays-Bas  dans  le  comté  de  Namur ,  iur 
une  montagne  dont  la  Meufe  baigne  le  pié.  Chark- 
mont  eft  aujourd'hui  à  la  France.  Il  tut  bati  par 
les  Impériaux  vers  l'an  15  55  .^'  nomme  ainli  de 
Charles  -  Quint.  Larrey. 
CH\RLEROY.C'^ro/orc^5r/.vOT.  Ville  &  forterefle  des 
Pivs-Bas  dans  le  comté  de  Namur,  fur  la  Sambre. 
(îuirUroy  n'étoit  qu'un  villaEje  nommé  Charnoy. 
En  i666  les  Elpai!,nols  le  fortifièrent,  &  lui  don- 
nèrent le  nom  de  leur  Roi  Charles  II. 
CHARLES,  f.  m.  Nom  d'homme.  Carolus.  Ce  mot 
■    efl:  de  la  langue  des  Francs  ou  François,  &  il  paroît 
que  c'efl:  eux  qui  l'ont  apporté  dans  les  Gaules , 
riais  on  ne  lait  ce  qu'il  lignilioit  en  leur  langue. 
Depuis  Charles  Martel  Se  Charlemagne  Ion  pecit- 
fjs,  ce  nom  eft  devenu  commun,  non-léulement 
en  Frapce  ,  mais  dans  les  autres  pays  de  l'Europe, 
Il  ne  p'^roît  pas  qu'il  le  fût  tant  avant  ce  temps-là, 
il  ne  faut  jamais  prononcer  Vs  que  l'on  met  à  la 
fin  .  même  quand  il  fuit  une  voyelle.  Ainfi  l'on  dit  : 
Char  le  animoit  fes  troupes,  &  non  pas  Charlt-s-aui- 
moit  fes  troupes.  Charles  s'efi:  formé  de  Carolus , 
que  l'on  écrivoit  par  un   K  fous  la  féconde  race 
après   Charlemaspc  ,  Karolus. 
<^3-  CHARLES-TOWN,  Ville  de  l'Amérique  An- 
*"   gloile  dans  la  Caroline,  près  du  cap  Fear.  Le  Gou- 
verneur y  fait  fa  réfidence. 
^CT  Charl£s-To\vn.  Ville  de  l'Amérique  dans  l'île 
des  Barbades ,  fur  la  côte  feptentrionale.  On  l'ap- 
pelle aulli  Ollines.  _ 
CHARLEVAL.   Bourg  &  Prieure  du  Vexin.  Foye:^ 

Novo:;-sur-Andéi-e. 
CHARLE-VILLE,  Petite  ville  de  France  dans  le 
Rctélois ,  fituce  fur  la  Meufe.  Carolopolis.  C'étoit 
un  village  qui  povtoit  le  nom  d'Arches  ;  Charles 
dcGonzaguc,  Duc  deNevers  &  de  Mantoue,  y 
fit  bâtir  une  ville  en  i5op  ,  &  lui  donna  Ion 
nom.  Les  Ducs  de  Mantoue  en  étoient  Souverains. 
CHARLIEN,  pour  Carlovingien.  Du  Tillet,  P.I, 
vac.  ^8,  5C  Bardin,  dans  fon  Grand-Chamhellan 
de^'France  ,  difcnt  Charliens  pour  Carloyingiens. 
La  li^mce  des  Charliens ,  la  race  des  Charliens. 
Aujourd'hui  il  tant  dire  Carlôvingiens  Foye^  ce 

Srr  CHARLIEU ,  ou  Cherlieu.  Carilocus  ou  Caroli- 
locus.  Petite  ville  de  France  au  diocèfe  de  Mâcon  , 
près  la  Loire  ,  fur  les  frontières  de  Bourgogne 
^  du  Beaujolois.  . 

CHAPvLOT.  f  m.  Ce  mot  eft  bas  &  populaire: 
c'tft  un  diminutif  de  Charles.  On  appelle  Ch.irlot 
un  petit  garçon  qui  s'appelle  Charles,  On  pro- 
vionce  Charlo.  Carolus  ,  Caroletus. 

CHARLOTTE,  f.  f  Nom  de  femme.  Carola.  Ce  nem 
fe  donne  aux  femmes,  qui  ont  eu  au  baptême  le 
nom  de  S.  Charles.  Car  il  n'y  a  rien,  que  l'on 
fâche,  de  fainte  Charlotte.  Ce  terme  n'cft  pas  bas 
gc  populaire  comme  celui  de  Chariot  :  On  le  donne 
non-feulement  parmi  le  Peuple  &  aux  jeunes  filles , 
mais  toujours,  &  à  toutes  les  femmes  qui  ont  faint 
Charles  pour  patron  ,  de  quelqu'.îge  &:  de  quelque 
condition  qu'elles  foient.  Charlotte  de  Bourbon  , 
Reine  de  Chypre  ,  fille  de  Jean  de  Bourbon , 
cpoudi  Jean  ÏI ,  Roi  de  Chypre  ,  dont  elle  eut 
Jean  ITI,  père  d'une  autre  a^r/o«e,^qui ,  chaflce 
de  fes  États  de  Chypre  par  fon  frère  b.nrard  ,  en  f-t 
donation  à  Chark-s ,  Duc  de  Savoie,  fon  nc\eu 


CH  A 

II  y  a  aufTÎ  des  Charlottes  de  Savoie,  de  Bourbon 

de  Montpcnlier ,  &c. 

Ip"  CHARMANT,  ANTE,adj.  Ce  terme  eft  em- 
ployé, non -feulement  pour  marquer  l'impreflion 
que  font  fur  le  coeur  les  agrémens  du  fcxe  ;  mais  il 
fe  dit  encore  de  tout  ce  qui  plaît  par  fon  propre 
mérite.  Femme  charmante  ,  i'è]oin  charmant ,  fiiion. 
charmante.  Eximius  ,  admirahilis  :  c'cd  en  géné- 
ral ce  qui  fait  une  force  imprellîon  fur  nous,  à 
laquelle  il  eft  diiîicile    de  réliftcr. 

§^3*  Une  chofe  eft  charmante  ,  quand,  par  fon  pro- 
pre mérite,  par  les  chofcs  qui  l'accompagnent,  elle 
plaît  extraordinairemcnr.  Cette  femme  a  toutes  les 
manières  charmantes.  Cette  maifon  de  plaifance  eft 
un  fejour  charmant.  11  y  a  une  éloquence  mâle  &C 
viu-ourcufe  ,  comme  il  y  en  a  une  agréable  ik'  char- 
mante. P.    Rap. 

Bérénice  eft  charmante  ,&■  de  fi  belles  maiaî 
Sembloient  vous  demander  l'empire  des  humains. 

RAcrNï. 

Mais  Ji  vous  condamnes^^faveu  ^ueje  vous  fais , 
yous deve:^vous  en  prendre  à  vos  charmans  attraits. 

Mol, 
Il  eft  des  /«^Ai^yT  charmans , 
Qu'ils  peuvent  être  époux  ifans  ceffer  d'être  amans. 

ViLL. 

ifT  CHARME,  f.  m.  Cantio,  carmen,  incantamen~ 
tiini.  C'eft  ce  qu'on  fuppofe  lliperftitieulcment  fait 
par  arr  magique  ,  pour  arrêter  les  effets  ordinairesSc 
naturels  des  caufes.  Les  vieux  contes  difent  qu'il  y 
a  un  charme  pour  empêcher  l'effet  des  armes,  6C 
rendre  invulnérable.  Faire  un  charme,  des  char- 
mes. Porter  un  charme  fur  foi.  Rompre,  ôtcr  ,  levée 
un  charme.  Les  Poètes,  tant  anciens  que  moder- 
nes ,  ont  fondé  la  pliîpart  de  leurs  fixions  fur  les 
charmes  &:  les  enchantemens.  Ariofte ,  Amadis , 
nos  Coures  des  Fées,  font  pleins  de  charmes. 

§3=-  Charme  fe  dit  des  chofes  infcnfibles  ;  e/zc/za/z- 
temcnt  des  êtres  intelligens.  Des  armes  font  char- 
mies.  Une  perfonne  eft  enchantée.  Voye^  Enchan-! 
TEMENT,  Enchanté.  Voye^^  aulfi  Sort. 

Ce  mot  vient  de  Carmina.  Ménage,  Voye:^  En-t 

CHANTEMENT  ,    SoRT. 

^;Cr  Charmes,  f.  m.  pi.  Ce  mot ,  dans  le  fens  figuré , 
lignifie  un  je  ne  fais  quoi ,  qui ,  dans  une  femme  ou 
dans  un  autie  objet ,  nous  plaît ,  Se  fait  impref- 
lion  fur  notre  cœur.  Les  charmes  &  les  attraits 
ont  quelque  chofe  de  plus  naturel  que  les  appas. 
Il  y  a  quelque  chofe  de  plus  fort  &  de  plus  ex- 
traordinaire dans  les  charmes  que  dans  les  attraits 
Z<  les  appas.  Il  eft  prelqu'impodible  de  rcfifter  aux 
clutrmes  d'une  beauté.  Les  charmes  viennent  de 
ces  grâces  fingulières  que  la  nature  donne  comme 
r.npréient  rata  &  précieux,  &:  qui  font  des  biens 
particuliers  &  perfonnels.  Les  charmes  n'ont  plus 
d'effjt ,  lorfque  le  temps  ëc  l'habitude  les  ont  ren- 
dus trop  familiers ,  ou  en  ont  ufé  le  goût. 

^fF  C'eft  ordinairement  par  les  brillans  attraits  de 
la  beauté  que  le  cœur  fe  laiffe  attaquer;  enfuite 
les  appas  étalés  à  ptopos  ,  achèvent  de  le  fou- 
mettre  à  l'empire  de  l'amour  -,  mais  s'il  ne  trouve 
des  charmes  fecrets ,  h  chaîne  n'eft  pas  de  longue 
durée.   Voye:{^  Attraits  &  Appas. 

^fT  Le  mot  de  charmes  eft  non-feulement  employé 
pour  marquer  le  pouvoir  de  la  beauté  &  des  agré- 
mens du  fexe  ;  mais  il  l'eft  encore  à  l'égard  de 
tout  ce  qui  plaît.  La  Mufique  &  la  Poefie  ont  des 
charmes  pour  certaines  perfonnes.  Les  charmes  du 
pi.iifir  -,  mais  il  faut  remarquer  que  dans  ce  cas 
le  mot  de  charmes  ne  s'applique  qu'aux  chofes 
qui  font ,  ou  qu'on  fuppofe  être  aimables  en  elles- 
mêmes  ,  8i  par  leur  mérite.  Il  n'en  eft  pas  ainfî 
du  mot  appas.  Le  plaifir  a  des  charmes  qui  le 
font  rechercher  par  -  tout ,  dans  la  vie  retirée, 
comme  dans  le  grand  moude ,  dans  l'école  mêms 
de  la  mortification. 

?fr  On 


c  i-iÀ 

^jT    On  dit  d'invincibles  charmes.  La  gloire  a  des 
charmes  invincibles  pour  les  cœurs  ambitieux.  Les 
charir.is  ne  deviennent  véritablement  invincibles , 
qucpar  lalbliditc  du  mérite  &  la  force  du  goût. 
^5;  Ce  mot  s'emploie  au/fi  au  iingulier  dans  cette 
dernière  lii^nification ,  quoiqu'aiièz  rarement.   La 
nouverutc  a  un  chiirme  dont   on  fe  détend  mal- 
aiicment.  S.  Évr» 
ÇC?  CHARME.  î.  mJCarpinus.  Arbre  de  haute  tige, 
qui  poulie  des  branches  dès  la  racine  &  qui  lert 
ordinairement  à  faire  des  paliliades.  Son  tronc  cfl: 
médiocrement  gros.  Son  ccorcc  efi:  bifc  ,  l'on  bois 
dur ,  compacte  &  blanchâtre.  Ses  feuilles  font  af- 
fcz  femblables  à  celles  de  l'orme  ordinaire  :'  mais 
elles  font  un  peu  plus  étroites  ,  lilles  des  deux  cô- 
tés, de  couleur  vert-gai  en  delfus,  dentelées  fur 
les  bords ,  èc  comme  épineufcs.  Au  Printemps  les 
branches  font  chargées  de  chatons ,  longs  de  deux 
pouces  environ,  compofces   de  plulieurs  écorces 
couvertes  en  de/fous  d'ctamincs  jaunes.  Ses  fleurs 
font  ftériles  •-  les  fruits  viennent  dans  des  épis  fc- 
parés,  qui  naiifent  cependant  fur  la  même  bran- 
the.  Ces  épis  font  des  teftons  longs  comme  le  doigt, 
formés  de  feuilles  roufsâtres  ,  entre  lefquelles  font 
contenues  des  fruits  pyramidaux  ,  de  quatre  à  cinq 
lignes  de  largeur  à  ieur  bafe  ,  cannelés  dans  leur 
longueur,  aplatis,  ligneux,  garnis  d'une  petite  cou- 
ronne. Ils  renferment  chacun  une  graine  oblongue. 
Le  charme  fert  à  faire  des  ailîieux  ^  des  formes. 
Le  charme  qu'on  met  en  paliflade  s'appelle  char- 
mille. 
'Hjrr  CHARMER.  V.  a.  Produire  un  effet  extraordi- 
naircfur  quelque  chofe,ou  fur  quelque  perfonne  par 
charme,  par  urt  prétendu  art  magique.  On  dit  que 
les  forcicrs  charment  les  armes  >  les  empêchent  de 
tirer.  On  dit  mille  autres  choies  ridicules  de  cette 
efpècc.  L'Ordonnance  des  Eaux  &  Forêts  défend 
de  charmer  les  arbres ,  c'eft-à-dirc ,  de  les   faire 
mourir  malicieufemenr. 
0CJ"  Ce  inot  vient  du  {■azmcatminareyOWcartninihus 
incarâare. 

Ckarmfr  ,  fe  dit  dans  un  fens  figuré  pour ,  plaire 
extrêmement.  Ce  n'eft  pas  ravir  en  admiration  , 
comme  difcnt  les  Vocabuliftes ,  d'après  l'Académie; 
c'cft  faire  une  imprellion  très-forte  fur  le  cœur , 
fe  faire  rechercher  par  un  mérire  réel  ou  prétendu. 
Allicere  ad  fe  ,  illicere.  Cette  femme  charme  tous 
ceux  qui  la  regardenr.  Cette  mufique  hi'a.  charme. 
L'éloquence  de  Ciccron  charme  &c  le  fait  aimer  : 
celle  de  Demoftène  frappe  ,  étonne  &c  fe  fait  obéir. 
P.  Rap.  Charmé  de  lés  vertus  éminentes ,  je  m'af- 
V  fcdtionnai  fans  y  penfer  à  fa  réputation  &  à  fa  gloire. 
Fr.EcH.  La  vraie  éloquence  n'éclate  jamais  par  des 
Couleurs  em.pruntces  ;  c'eft  par  les  traits  de  fa  beauté 
naturelle  qu'elle  charme  Se  qu'elle  perfuade. 

On  dit  encore  au  figuré,  charmer  la  douleur, 
charmer  VcxwwXi ,  en  fufpendte  le  fentiment,  le  di- 
minuer. Delinire,  mollir  e,jeiare  dolorem,  trijiitiam. 
Charmer  les  ennuis  d'une  longue  nuit.  Spatiofam 
falUre  noclem.  Il  faut  fe  faire  des  plailîrs  par  lef- 
qucls  on  puifie  charmer  les  ennuis  de  lafolitude. 
La'Poëlie,  endélalTant  l'efprit ,  charme  les  chagrins 
de  r.imc  par  Ion  harmonie,  &  par  toutes  les  grâ- 
ces de  l'exprelîion.  P.  Rap. 
^T  CHARMÉ  ,  ÉE.  parr.  Il  a  les  fignifications  dil 
verbe.  Fufil  charmé  ,  dont  on  arrête  l'effet  naturel 
par  une  opcrarion  prétendue  magique ,  par  cer- 
taines compolitions  accompagnées  de  paroles.  Ce 
qu'on  appelle  proprement  charme. 
fJCJ*  Arbres  charmés ,  en  termes  d'Eaiix  &  Forêts , 
font  des  arbres  qu'on  a  cernes  ou  creufés ,  ou  aux- 
quels on  a  fait  quelqu'autte  chofc  pour  les  faire 
périr. 
CHARMEUR,  f.  m.  Sorcier  qui  a  la  vertu  oularc- 
p'.tation  de  charmer.  Magus  ,  vcneficus.  Il  n'eft  pas 
d'iifare. 
CH  ■'.'^.MEUSE  ,  fe  dit  en  burlefque  d'une  femme  qui 
fe  fait  aimer.  Mrdler  illecchrnfa.  Corneille  s'en  eft 
fervi  ùaiTs  riUnfion  comique^  uge  alors  quel  dcfordre 
Tome  Ih 


t'VLk 


■¥S 


^- 


aux  yei!xdemac/zjr/;;tv//è,  &c.  Corneille  ne  l'a  pas 
mis  a  la  mode. 
CHARMiE.  f.  f.  Ce  mot,qui  n'eft  plus  en  ufage  ,  veut 

dire  chcmije,   Indufium ,  tiinïca  intcrior. 
CHARMILLE,  f.  f.  C'èlt  du  plant  de  charme  qu'ont 
clcve,  pour  faire  des  palilfades.  On  donne  aulïï 
ce  nom  aux  pallifladcs  mêmes  qui  font  plantés  de 
charme.  Carpinea  virgu/iu.  Il  a  acheté  un  niilier  dé 
charmille.  No^iic' char  mille  borde  agréablement  ces 
allées. 
CHARMOYE,  ou  CHARMOIE.  f.  f.  Mot  dorit  bn  fe 
fert  pour  lignifiet  un  lieu  planté  de  charmes,  Car^ 
pineium. 
CHARNAGE.  f.  m.  Temps  où  il  efl:  pcrriiis  de  manger 
delà  chair,  temps  oppofc  aux  jours  d'abftinencc. 
Tempus  quo  vej'ci  carnibus  liciliim  ejl.  Terme  po- 
pulaire. 
Charnage,  fe  dit  aulîi  en  fait    de  dîmes.  Decïmcè 
carnariœ.  Cet  Abbé  a  les  dîmes  des  lainages  &  char- 
nages  ,  c'elt-à-dirc ,  des   toifons ,  des  moutons  , 
des  agneaux ,  des  cochons ,  &c.   On  a  appelé  en 
latin  carnaturtide  porcis  ,  la  dîme  des  cochons. 
CHARNAIGRES  ,  en  termes  de  Chalfe ,  eft  une  ef- 
pèce  de  chiens  métifs ,  ou  chiens  courans ,  qui  chaf- 
fent  de  gueule  ,  qui  ridenr ,  qui  forcent  les  lapins 
dans  les  broulfailles.  Voye^  Lévrier, 
|Cr  CHARNEL ,  ELLE.  adj.  Qui  appartient  à  la 
chair ,  qui  a  rapport  à  la  chair.  Carnalis.  On  ne  le 
dit  guère  que  dans  ces  phraiès.  Appétit  charnel.  Pla'i- 
lir  charnel.  En  ftyle  de  Pratique ,  copulation  char-^ 
nelle.  S.  François  fe  roUloit  dans  la  neige  pendant 
les  accès  de  fa  convoitife  ,  pour  réfifter  aux  tenta- 
tions de  la  volupté  charnelle. 
03"  CHARNEL  ,    s'eft  dit  autrefois  pour  parent , 
qui  tient  à_guelqu'un  par  les  liens  du  fang ,  de  là 
chair. 
gCF  Charnel,  fe  dit  aulTî  par  oppôfîtion  àfpifituel. 
Homme  charnel,  fenfuel ,  qiii  efl;  plus  attaché  aux 
chofes  mondaines  Se  terreftres ,  ou  aux  plaifirs  dit 
corps,  qu'à  ceux  de  l'efprit,   J^oliiptàrius ,  rébus 
quœ  jenfibus  percipiuntur  ;  qucefub  fenfus  cadunt , 
l'erviens  ,  deditus  ,  voluptaiihus  dedicus.  Les  hom- 
mes charnels  &  fenfuels  ne  goûtent  point  les  chofes 
de  la  Religion, Les  Juifs  charnels  n'avoient  qu'un 
ainour  fervile  &  mercenaire  -,  ils  n'aimoient  Dieu 
que  poui:  la  fertilité  de  la  terre  deChanaan.pENEU 
Parmi  cette  multitude  d'hommes  charnels  qui  rem- 
plilfent  l'Eglife  vifible  ,  il  eft  impoflîble  qu'on  n'y 
voie  des  exemples  de  .tous  les  dércglemens  des 
hommes.  Port-R.  Le  joug  des  cérémonies  de  la 
Loi  Mofaïque  contribuoit  à  détacher  les  IfraëliteS 
du  culte  cA^rwe/ de  la  Loi.  Cl. 
CHARNELLEMENT,  adv.  D'une  manière  charnelle. 
Impure ,  libidinofè.  Il  a  eu   affaire  charnellement 
avec  cett;e fille.  Style  àw'^z.ntiM.  Remhabere  cum 
aliquâ.  On  dit  figurément ,  vous  ne  conlîdérez  les 
chofes  que  charnellement ,  c'eft-à-d ire,  félon  que 
les  fens  les  repréfentent ,  ou  par  rapport  à  des  vues 
mondaines  &  temporelles.  Quantum  fub  fenfus  res 
cadunt  ,fenjil'us  percipiuntur  ;  pro  fenfuum  judicio. 
Ip-  CH  ARNEUX  ,  EUSE.  adj.  Terme  de  Médecine, 
qui  défi gne  des  parties  compoféeS  principalement 
de  chair ,  comme  les  joues ,  les  felTes,  &  en  géné- 
ral tous  les  mufcle^.  carneus.  Le  cœur  eft  une  par- 
tic  charneufe.  On  le  dit  par  oppofitioû  aux  parties 
olfeufes. 
Cp"  Charneux  ,  carneus,  &:  Charnu,  carnofiis  ,  car- 
nulentus ,  ne  font  point  fynonymes.  Charneux  , 
qui  eft  compofé  principalement  de  chair.  Charnu , 
qui  eft  bien  en  chair ,  bien  fourni  de  chair. 
gcr  CHARNIER,  f.m.  Endroit  couvert  auprès  ou  au- 
tour des  Eglifes  paroiHiales ,  où  l'on  met  les  os  des 
morts.  Oiïium  conditorium.  Les  charniers  des  Inno- 
cens ,  des  Saints  Innoccns ,  populairement  de  Saint 
Innocent.  Il  y  avoir  autrefois  de  ces  fortes  de  chat' 
«/■^ri  auprès  des  Eglifes  paroiffiales.      ' 
Çu?  Aujourd'hui  on  appelle  charnier,  une  gallerie  qui 
rè^ne  ordinairement  autour  dès  Eglifes  paroilîialess 
^  N  nn 


^u 


C  H  A 


Se  atu^'ice  à  l'Egliie  ,  où  l'on  donne  la  Commu- 
nion aux  Paroiiikns  les  jours  de  fri'^ndes  têtes. 

Charnier,  %nific  encore  le  lieu  dans  une  maifon 
deftinc  à  garder  les  chairs  Talées.  Carnarium, 
C'ell  de  ce  moc ,  qui  eft  dans  Plante  en  la  même 
figni/îcation  ,  que  vient  celui  ô! acharner. 

Charnier  ,  fignifie  auill  des  bottes  d'cchalas  pour 
mettre  dans  les  vignes.  Fcdaminum  faj'ciculus.  Le 
bon  charnier  doit  être  tait  de  cœur  de  chêne. 

Ce.  mot  vient  de  carnarium  ,  comme  chair,  de 
caro, 

^fT  Charniers,  fe  dit  en  termes  de  Marine,  des 
barriques  dans  lelquelles  on  met  l'eau  que  l'équi- 
page doit  boire  chaque  jour. 

%F  CHARNIÈRE,  f.  f.  Terme  de  Faifeurs  d'inftru- 
mens.  Endroit  par  lequel  les  parties  d'un  inftrument 
font  ademblces.  C'efl  une  fente  iim.ple  ,  ou  double  , 
qu'on  fait  aux  extrémités  fupérieures  des  jambes 
d'un  compas ,  d'une  faufle  équerre&  autres  inftru- 
mens ,  pour  les  enclaver  &  les  âlTembler  l'une  avec 
l'autre  par  le  moyen  d'un  clou  rivé  ,  fur  lequel  elles 
font  mobiles.  Commiffitra  ,  vernculus.  La  jufteife 
des  inltrumens  de  Mathématique  dépend  d'avoir 
des  charnières  bien  faites.  En  général  on  appelle 
charnière  ,  deux  pièces  de  fer  ,  de  laiton  ou  d'autre 
métal ,  qui  s'enclavent  &:  entrent  l'une  dans  l'au- 
tre ,  Se  qui  étant  percées  ,  fe  joignent  enlémble  avec 
une  rivure  qui  les  traverlc-,  enforre  qu'elles  peuvent 
fe  mouvoir  en  rond  ,  fans  fe  leparer ,  tournant  l'ur 
un  même  centre.  En  ce  fens  on  le  dit  en  parlant  de 
tabatières  8c  d'étuis ,  &c. 

CharniJlre  ,  eft  aulH  un  outil  fcrvant  à  ceux  qui 
gravent  fur  des  pierres  dures.  Cizlum.  Il  eft  fait  en 
manière  de  virole ,  &  fert  à  enlever  les  pièces. 

Charnière,  far^o.  Terme  de  Conchyliologie.  C'ell: 
la  jonélion  d'un  coquillage  bivalve  ,  ou  pl.itôt  l'en- 
droit où  les  deux  parties  de  ce  coquillage  tiennent 
l'un  à  l'autre.  Les  univalves  n'ont  point  de  char- 
nière. 

On  a  appelle  autrefois  charnière ,  une  faucon- 
nière  où  le  Fauconnier  porte  fon  leurre ,  &;  la  chair 
dont  il  l'acharné.  L'Empereur  Frédéric  II,  en  fon 
livre  de  Vénerie,  l'appelle  Carnarial 

Il  fe  dit  aufîl  d'une  poche  de  gros  rézeàuoù  les 
Challeurs  mettent  leuf  gibier.  Il  cft  revenu  de  la 
chalfe  avec  quatre  bonnes  pièces  de  gibier  dans  la 

■  charnière. 

En  ce  fens  ce  mot  vient  de  chair  ;  Se  Cette  po- 
che s'appelle  auHî  carnajjïere. 

Ip-  CHARNON.  f.  m.  terme  de  Bijoutier.  Efpèce 
d'anneau  foudé  ,  ou  au  defllis ,  ou  au-deflbus  d'un  bi- 
jou ,  en  forme  de  boîte.  C'eft  l'enlemble  des  char- 
nons  qui  forme  la  charnière.  Il  y  aaulfi  des  char- 
nons  en  ferrurerie. 

ifr  CHARNU ,  UE.  adj.  Plein  de  chair ,  bien  en 
chair,  carnofus  ,  carnulentus.  Corps  charnu.  Per- 
drix charnue.  Cette  poularde  a  l'eftomac  bien 
charnu, 

fC?  On  le  dit  non-feulement  des  hommes  Se  des  ani- 
maux ,  mais  encore  des  fruits,  à  la  pulpe  dcfquels 

■  on  donne  le  nom  de  chair.  Fruit  charnu,  Pulpofus. 
Ces  pruneaux  font  bien  charnus. 

Charnu.  Terme  de  Botanique.  Une  plante  c/z^zr/ZK^ , 
eft  une  plante  dont  la  racine  eft  groife  &  d'une 
fubftance  moëlleufe,  d'où  il  fort  peu  de  fibres  qui 
l'attachent  à  la  terre  ;  comme  les  raves ,  les  bettes , 
&c,  Carnofus.  Ce  mot  fe  dit  encore  des  feuilles  de 
quelques  plantes  ,  comme  de  celles  de  plufieurs  for- 
tes de  joubarbe  ,  qui  four  formées  d'une  pulpe  fuc- 
culente,  &  qu'on  appelle  ordinairement  gralle.  Car- 
noj'um  folium, 

ffT  CHAR.NURE.  f.  f.  Terme  relatif  aux  parties 
charnues ,  confiderées  félon  les  différentes  qualités 
qu'elles  peuvent  avoir.  Caro,  On  ne  le  dit  que  des 
perfonnes.  Cette  femme  a  la  charnure  ferme  , 
molle. 

tft  On  le  dit  ordinairement  pour  défigner  la  peau. 
Il  »  une  belle,  une  vilaine  ckarnurt.  Il  avoit  le 


C  H  A 

corps  robuftc ,  ramalfc ,  Se  d'une  belle  charnnre, 
Vai.ig. 

CHAROGNE,  f,  f.  Corps  d'un  animal  mort  infed  & 
corrompu,  t'^^.zj'ér.  Les  chefs  des  Stoïciens  ont  cru 
qu'il  n'y  avoit  point  de  mal  à  fe  fcrvir  de  notre 
charogne  ,  &  de  s'en  nourrir.  Mont,  on  dit  d'une 
choie  bien  infectée  ,  qu'elle  eft  puante  comme  une 
charogne. 

Ce  mot  vient  du  grec  x"?'^'"-'" ,  qui  fe  dit  des 
lieux  qui  exhalent  de  mauvailcs  odeurs ,  comme  font 
les   bctes  mortes.  AIénage. 

On  dit  figurément  du  cotps  humain ,  pour  le  ra- 
valer audclfous  de  l'efprit ,  qu'il  ne  faut  pas  le 
traiter  délicatement,  que  ce  n'eft  qu'une  charo^m^ 
On  dit  aufll  que  l'ame  noircie  de  péchés  ,  &  qui 
croupit  dans  l'ordure  ,  n'eft  qu'une  puante  cha- 
rogne. On  dit  communément  d'une  perfonne  dont 
il  s'exhale  une  mauvaife  odeur ,  que  c'eft  une  ch.i-, 
rogne;  ou  proverbialement ,  qu'il  put  comme  cha- 
rogne. Tout  cela  eft  du  ftyle  populaire.  Ce  mot 
réveille  une  idée  dégoûrante. 

CHAROLLES.  Ville  de  France,  capitale  du  Comté 
de  Charoloisen  Bourgogne,  à  dix  lieues  d'Autun, 
Caro/ia. 

CHAKOLOlS.CaroIefum;  Se  dans  Vigenère,^//?- 
i>arri.  Pays  du  Duché  de  Bourgogne ,  qui  a  pour 
bornes  le  M.îconnois  au  levant  "&  au  midi  ;  au 
couchant  le  Bourbonnois,  dont  il  cft  féparé  par 
la  Loire  -,  Se  le  Chalonnois  au  feptentrion.  Cha- 
roUes  qui  en  eft  la  capitale  ,  lui  a  donné  fon  nom. 
Le  Charolois  étoit  poifédé  pat  les  Rois  d'Efpaçcne, 
.  fous  la  fouverainerc  des  Rois  de  France.  A  la  paix 
des  Pyrénées,  ils  le  cédèrent  au  Prince  deCondé, 
en  payement  des  fommes  qu'ils  lui  dévoient. 

Quelques-uns  on  dit  Charolois -,  oife ,  pour  ha- 
bitant du  Charolois.  Carolejlus. 

CHARON.  f.  m.  Prononcez  Car  on.  C'eft  dans  la  Fable 
le  nom  du  Nautonnier  des  Enfers.  Charon.  Quel-- 
ques-uns  en  font  un  Dieu  fils  de  l'Erèbe  Se  de  la 
Nuit  :  Hcfiode  n'en  parle  point  dans  fa  Théogonie ^ 
dans  laquelle ,  v,  1 24  ,  il  ne  donne  que  deux  entans 
à  l'Erèbe  &à  la  Nuit,  qui  font  l'^thcr  Se  le  Jour, 
Les  Pcëtes  tcignoient  que  les  âmes  des  morts  fe 
rendoient  fur  les  bords  du  Styx  ;  que  là  Charon 
paflbit  celles   qui  le  payoient  ;  &  qui  avoient  eu 
les  honneurs  de  la  fépulture  ,  Se  laiffoit  les  autres 
errer  cent  ans  fur  les  bords  du  lac ,  après  quoi  il  les 
paifoit  audi.  ^fT  Ce  droit  de  péage  qu'on  payoit 
à  Charon  étoit  taxé  .1  une  obole.  On  m.ettoit  cette 
pièce  dans  la  bouche  des  morts.  Elle  s'appeloic 
nauli ,  Se  ce  tribut  iinaque.  Naulum.  Cette  coutume 
étoit  générale  chez  les  Grecs  &:  chez  les  Romains. 
On  y  ajoutoir  quelquefois  un  certificat  de  vie  &  de 
mœurs,  qui  étoit  délivré  par  le  Prêtre  du  lieu.Pow- 
tifex.  On  le  dépeint  comme  un  vieillard  mal  pro- 
pre ,  fort  grpdîer  Se  fort  rude.  Voye^^  les  élégantes 
defcriptions  qu'en  ont  fait  Virgile,  Enéide  ^tiv.  VI, 
V.  if)8  ;  Senèque,  dans  fon  Hercule  furieux ,  JS. 
Jll ,  II,  V.  -jCi,.  Euripide  en  parle  aulîî  dans  foa 
Alcejle ,  mais  il  ne  le  décrit  point.  Diodore  de  Si- 
cile, Liv.  I ,  ch.cfz,  dit  qu'Orphée  ayanr  remar- 
qué qu'en  Egypte  il  y  avoit  une  ville  où  l'on  paf 
foit  les  corps  morts  dans  une  barque  ilir  un  grand 
lac  pour  les  aller  enterrer  de  l'autre  côté  du  lac, 
il  fit   de  cela  la  fable  de  Charon-,  qu'il  débita  en 
Grèce.  Peut-être  que   cette  fable  ne  vient  que  de 
Memphis ,  où  l'on  paflbit  les  corps  morts  lùr  le 
Nil ,  pour  aller  les  enterrer  du  côté  où  font  les  py- 
ramides. Diodore  ajoure  que  Charon  fignifioit  en 
égyptien  ,  iNautonnier  ou  Batelier.  D'autres  dilent 
qu'il  fut  appelé  Charon  par  antiphrafe  de  x'^k"  » 
gaudeo ,  je  me  réjouis,  pour  uv^.pm  ,  fâcheux  ,  déf- 
azréable  ,  trifle.  Vigenère  traite  de  cette  fable  fur 
Tite-Live,  Tom.  I,  pag.%^o  &  851.  Dans  le  4%  le 
10' ,  le  2.5'^  dialogue  des  Morts  de  Lucien  ,  Se  dans 
celui  qui  eft  intitulé  Charon,  Jive  Contemplantes  ■, 
Charon  joue  de  plaifans  rôles.  La  Scène  de  Charon 
dans  le  quatrième  aifle  de  l'Alcefte  de  Quinault, 
eft  for:  belle. 


CH  A 

Lapidé  n'ejl point  ici  bas-. 

Et  Charon  ne  fait  point  de  grâce,  Quinault. 

//  m'importe  peu  que  l'on  'crie  , 
Helas  !  Charon  ,  kelas  !  hélas  I 
Il  faut  encore  payer  au-delà  du  trépas  Id, 

Voflîus,  De  Idolol.  Lib.  II,  cap,  jy ,  à  la  fin 
croit  que  Charon  eft  le  même  Dieu  que  le  Mercure 
infernal  ;  &  que  ce  nom  Charon ,  vient  de  l'hébreu 
:nn  ,  colère  ;  qu'il  lui  fut  donné  ,  parce  qu'il 
étoit  le  Miniftre  de  la  colère  divine.  De  forte  que 
Charon  lignifie  proprement  un  mauvais  Ange,  dont 
l'office  efl:  de  conduire  les  âmes  criminelles  au  lieu 
du  liipplice, 

Charon  ,  eft  aulfi  un  nom  d'homme  que  deux  an- 
ciens Hiftoriens  ont  porté  ,  l'un  de  Lampfaque ,  & 
l'autre  de  Carthage. 

CHARONIENNE/adj.  f.  Epithète  que  l'on  donne  à 
quelques  grottes  que  l'on  trouve  en  Italie  &  dans 
quelques  autres  parties  du  monde  ,  dans  Icfquellcs 
l'air  eft  tellement  chargé  de  vapeurs  venimcufes , 
que  les  animaux  ne  fauroient  y  vivre  un  leul  inf- 
tant.  XttpTt'vùx.  DicT.  de  James. 

CHAROSTIER.  adj.  Vieux  mot ,  carnaffier. 

CHAROTE.  C'cft  un  panier  iàit  en  façon  de  hotte 
ou  de  buffet ,  dans  lequel  les  preneurs  de  pluviers 
mettent  leurs  entes  Se  les  oifeaux  qu'ils  ont  pris , 
pour  les  tran'porter. 

CHAROUX.  Ville  de  France  dans  le  Poitou  ,  près 
d<"  la  Charente.  Carrcjium. 

CHARPENTE,  f,  f.  Gros  bois  propre  aux  grandes 
conftruélions  de  maifons ,  de  bateaux  ,  de  navires , 
taillé  &:  cquarri.  Materiaria  /Iruciura ,  materatio. 
materiatura.  Ce  Marchand  ne  fait  trafic  que  de 
bois  de  charpente.  On  le  dit  auifi  du  gros  bois 
taillé  &  aifemblé.  La  charpente  de  cette  mailbn 
a  tant  coûte. 

Charpente  ,  le  dit  aufTi  de  tout  le  bois  aflembic 
qui  foutient  la  couverture  d'un  édifice.  La  char- 
pente de  plufieurs  Egliies  de  France  eft  de  bois  de 
châtaignier.  On  le  dit  auifi  de  l'art  d'aflembler 
le  bois  pour  en  faire  un  ouvrage  de  charpente. 
Maifons  dont  la  charpente  ne  vaut  rien.  JEdes 
malé  materiattz. 

Charpente,  fe  dit  figurcmcnt  &  élégamment  de  la 
ti/lure  de  quelques  corps  naturels.  Textura  ,  con- 
textura,  compago.  La  charpente  des  ouies  qui  fer- 
vent de  poumons  aux  poillbns ,  eft  compoice  de 
quatre  côtes  de  chaque  côté  ,  qui  fe  meuvent  tant 
fur  elles-mêmes  en  s'ouvrant  &:  fe  reilêrrant,  qu'à 
l'égard  de  leurs  deux  appuis  fupérieur  &  in- 
férieur ,  en  s'écartant  l'un  de  l'autre  ,  &:  en  fe  rap- 
prochant. Du  Verney  ,  Acad.  des  Se,  1701.  Mcm. 
p.  114. 

§Cr  La  charpente  offeufe  du  corps  humain.  Winslow. 
C'eft  l'a/remblage  &  la  difpolition  des  os  du 
corps  de  l'homme  ,  &  du  corps  des  ani- 
maux. 

CHARPENTER.  v.  a.  Tailler ,  équarrir  du  bois  de 
charpente  pour  le  mettre  en  état  d'être  afiemblé. 
Materiarium  opus  facere.  Il  n'eft  guère  d'ufage  au 
propre. 

On  le  dit  auiîî  au  figuré  pour,  couper,  tailler 

■  mal-adroitement.  Imper ite  fecare,  incidere.  Ce  Chi- 
rurgien eft  ignorant ,  il  a  charpenté  le  bras  de  cet 
homme.  Vous  avez  charpenté  cette  volaille.  Il  eft 
du  ftyle  familier. 

Charpenté  ,  ée.  part. 

CHARPENTERIE.  f.  f.  Art  qui  enfeigne  à  tailler 
&  à  alfembler  de  groffes  pièces  de  bois  pour  bâtir 
des  maifons ,  &  les  couvrir  -,  pour  conftruire  des 
bateaux ,  des  navires ,  faire  des  machines ,  &c.  Ars 
Tuateriaria  ,  materiaria  fabrica.  Comme  les  mai- 
Ions  ne  furent  d'abord  conftruites  que  de  bois  , 
l'art  de  Charpenterie  eft  plus  ancien  que  celui  de 
Maçonnerie.  |]3"  Il  entend  bien  La  charpenterie. 
■  On  le  dit  aulïi  comme  un  fynonyme  d«  charpente. 


CH  A 


4^7 


La  charpenterie  ie  cette  maifon  eft  belle ,  eft  bien 
faite.  François  Pyrard  dit  qu'aux  Maldives  la  chdf 
pente  eft  fi  ingénieufement  travaillée  ,  qu'elle  tient 
ians  clous  &  fans  chevilles  ;  &:  qu'elle  eft  fi  ferme  , 
qu'on  ne  la  peut  délallcmbler  fans  en  favoir  l'ar- 
tifice. 
CHARPENTIER,  f.  m.  Ouvrier  qui  taille  &  qui  af- 
femble  la  charpente.  Materiarius  ,  tignarius  faber. 
Charpentier  de  maifons  ,  Charpentier  de  vaifTeâUx! 
On^  Ta   nommé   autrefois    Chapuis.    On    appelle 
audi  Charpentier  le  Maître  qui  entreprend  &  con- 
duit un  ouvrage  de  charpente. 
Charpentier  ,  en  terme  de  Marine  ,  s'appelle  Maître 
de  hache.  Les  métiers  de  Charpentier  ,  Calfateur 
&  Perceur  de  navire,  peuvent  être  exercés  par  une 
même  perlbnne  ,  fuivant  le  titre  9  du  liv.  i  de  l'Or- 
donnance  de  la  Marine.  Le  Charpentier  du  Roi 
portoit  autrefois  pour  armoiries ,  deux  haches  adof- 
lécs  dans  un  ccu. 

Ce  mot   vient  de  carpentarius  ,  qui  a  été  fait 
de  carpemum  ,  qui  fignifie  un  char  ;  bien  que  ceux 
que  nous  nommons  aujourd'hui  Charpentiers  fafient 
tout  autre  chofe  que  les  voitures  appelées  carpenta, 
BoLLANDisTEs.   A^,  SS,  Mart,  T.  I ,  p.  589  £, 
&  Ménage. 
Charpentiers  de  la  grande  coignée.  On  diftinguoît 
ainfi  autrefois  les  Charpentiers  d'avec  les  Menui- 
fiers ,   qui  fe  nommoicnt  Charpentiers  de  la  petite 
coign-ée.  . 
CHARPENTIER.  Herbe  aux  Charpentiers.  Barbarea. 
C'eft  une  eipèce  éejifymbrium  ,  ou  une  plante  qui 
poulie    plufieurs   tiges  à   la    hauteur  d'un    pié  & 
demi ,  branchues ,  ^  creufes ,  portant   des  feuilles 
plus  petites  que  celle  de  la  rave  ,  &  ayant  quel- 
que relîcmblance  avec  celles  du  crelîbn  ,  de  cou- 
leur verte ,  noirâtres,  luifantes.  Ses  fleuts  font  pe- 
tites ,  jaunes ,  .ayant  chacune  quatre  feuilles  difpo- 
fées  en  croix.    Il   leur  fuccède  de  petites  goufileS 
longues  ,  rondes ,  tendres  ,  qui  contiennent  des 
femenccs  rougeâtres.  Sa  racine  eft  oblongue ,  mé- 
diocrement grolfe  ,  &:  d'un  goût  acre.  Elle  contient 
beaucoup  de  fel  eilentiel  &\i'huile.  Elle  eft  déter- 
five    &:    vulnéraire  :    Ibn  fuc  employé  feul  guérie 
promptcment  les  blelllires.  Elle  excite  l'urine  ;  elle 
eft  fort  bonne  pour  le  fcorbut ,  pour  les  maladies 
de  la  rate ,    &  pour  la  colique  néphrériqne.    On 
s'en  fert  intérieureinent  &  extérieurement.  Dict. 
de  James. 
Charpentier.  Oifeau  qui  n'eft  oasplusgtos  qu'une 
alouette ,  qui  fe  trouve  dans  l'île  de  S.'Domingue. 
On  l'ippelle  ainfi  à  caufe  de  la  force  qu'il  a"  de 
percer  un    palmifte  jufqu'au  cœur,  pour  en  tirer 
la  moelle  ,  dont  il  eft  plein.  Quoique  le  bois  de 
cet  arbre  foit  fi  dur  que  les  meilleurs  inftrumens 
rebroulfent  dellus  ,  il  ne  Jui  faut  qu'un  jour  pour 
cela.  Son  bec  eft  pointu ,  &  long  d'un  bon  pouce. 
Il  eft  du  genre  des  piverts. 
§0"  CHARPIE,  f.  f.  Il  n'y  a  que  le  peuple  qui  difc 
charpi  &  charpis.  Tente  qu'on  met  dans  une  plaie  ; 
amas    de    petits    filets     ou  filamens  ,  tirés    d'une 
toile  ufce  qu'on  dépèce.  Linamentum,  La  charpis 
fert  pour  le  panfcment  des  plaies.  On  en  met  dans 
les  plaies ,  dans  les  ulcères.  On  fait  provifion  de 
charpie  pour  les  hôpitaux  à  l'armée. 

Ce  mot  vient  de  carpia  ,  ou  carpita  ,  qui  fe 
trouve  dans  les  G  lofes ,  qui  a  été  dit  à  carpendo. 
Mén. 

On  dit  figurémcnt  d'une  viande  trop  cuite,  &: 
qui  à  force  de  bouillir ,  eft  comme  réduite  en  filets  , 
qu'elle  eft  toute  en  charpie. 
CHARPIR.  Vieux  mot,  fignifioit  autrefois,  faire 
de  la  charpie  ,  effiler  la  vieille  toile.  Telam  filatim 
difjolvere.  D'où  on  a  fait  fon  compofc  decharpir, 
qui  fe  dit  quelquefois  en  parlant  des  gens  qui  fe 
battent  ,  qu'on  a  de  la  peine  à  fepar  t. 

Nous  trouvon-s  encore  aujourd'hui  oharpir ,  &c 
même  employé  figurément  pour  déchirer  ,  mettre 
en  pérîtes  pièces.  Lacerare  ,  difcerperc.  Un  Tel  acre 
venant  à  fe  développei  S>:.  à  être  mis  dans  un  gran  J 

N  n  a  ij 


4^8 


C  II  A 


mouvement,  déchire  par  fa  ûipcrficie  henflTec  les 
E;lobules  lultureux  du  lang  ,  &  en  dcgaij;c  des  lels , 
qui ,  venant  à  le  diiîbudre  dans  la  IcioUtc  du  lang  , 
achèvent  de  les  déchirer,  &  ,  pour  ainii  dire,  de 
char  VIT  ces  mêmes  loutres.  Jour,  des  Sç.i-ji'è,p. 
373,  Un  Médecin  a  du  depuis  peu  charpir  ,  pour , 
inciler,  divilér.  Incidirs -,  dividera  ,  dij/ulvcrc.  Ces 
parties  lliltureulcs  &c  métalliques  (  des  mialmes 
pcftilentiels  )  qui  formoicnt  de  petits  corps  unis , 
ne  forment  plus  que  des  corps  hcriUcs ,  a  l'occa- 
lion  de  l'écartement  de  leurs  parties  oblongues ,  ra- 
meulcs  &c  crochues,  capables  de  trancher,  divilcr 
£c  déchirer ,  iuivant  les  diilcrens  mouvemens  donc 
ils  Icront  agités  -,  &:  par  conlcqucnt  très-propres  à 
ckarpir  on^dWïîer:  les  parties  ballamiqucs  du  lang 
des  animaux.  Lorin.  On  peut  abandonner  ce  terme 
aux  Médecins. 
"CHARRÉE.  f.  f.  Cendre  qui  rcfte  fur  le  cuvier  quand 
on  a  coule  laleilive.  Lexivics  cinis.,  &  non  pas  kxi- 
viiis ,  qui  le  trouvoit  dans  la  dernière  édition  -,  faute 
qui  vient  d'être  copiée  par  les  Vocabuliftes.  Pronon- 
cez charée.  La  charrée  eft  bonne  au  pié  des  arbres. 
Elle  fortifie  les  terres  fortes. 

^  Charrée,  eft  aulfi  le  nom  d'un  infeéle  aqua- 
tique ,  efpèce  de  petite  chenille  ,  de  couleur 
de  charrée  ou  cendre  leinvée,  quia  iîx  pattes  de 
chaque  côté ,  avec  lelquelles  il  marche  fur  l'eau. 
Cet  animal  le  fait  une  enveloppe  autour  du  corps 
avec  de  petits  brins  d'herbe  ou  fétus  collés  eplem- 
ble ,  par  le  moyen  d'une  humeur  vifqueule  qui 
fort  de  fa  bouche.  Les  truites  aiment  beaucoup 
les  charries  ,  &  elles  fervent  d'appas  pour  prendre 
plufieurs  poilîbns. 

CHARRETÉE,  f.  f.  Ce  que  peut  contenir  ,  ou  ce 
que  peut  poiter  une  charrette.  Feh^s  ,  vehis ,  plau- 
Jiri  onus.  La  corde  de  bois  contient  deux  charre- 
tées ou  voies  de  Paris.  ^ 

ftT  CHARRETIER,  f.  m.  CHARRETIERE,  f.  f. 
&  non  pas  CHARTIER  ,  CHARTIERE.  Celui 
ou  celle  qui  conduit  une  charrette  ,  un  cha- 
riot. Carrï ,  plaufiri  ducior ,  auriga.  On  trouve 
aulfi  carrucarius.  La  Police  défend  aux  Charre- 
tiers d'êtie  montés  fur  leurs  chevaux  ;  ils  doivent 
conduire  à  pié  leurs  harnois  ,  &  ne  point  faire 
courir  leurs  chevaux  dans  les  rues. 

On  dit  proverbialement ,  il  n'cft  H  bon  Char- 
retier .yC^m  ne  veife  -,  pour  dite ,  il  n'y  a  point  d'hom- 
me fi  habile  qui  ne  faife  quelque  faute.  On  dit 
aufîi  d'un  grand  jureur,  il  )ure  comme  un  Charretier 
embourbé.  Charretier  vient  de  carretiero,  comme 
charrette  de   carretta. 

CHARRETitR  ,  le  dit  aulîî  de  celui  qui  mène  une 
charrue.  Acad.  Fr. 

Ch  ARRETiER.Terme  d'Aftronomie.  C'cft  le  nom  d'une 
des  conftellarions  feprentrionales ,  qu'on  appelle 
autrement  le  Cocher.  Auriga.  Entte  les  étoiles  dont  . 
cette  conftellation  eft  compofée  ,  il  y  en  aune  de  la 
première  grandeur  à  fon  épaule  gauche ,  qu'on 
appelle  \c  houe,  ou  la  chèvre  ;  &  une  aurre  de  la 
féconde  grandeur  dans  l'épaule  droite.  Elles  font 
toutes  deux  de  la  nature  de  Mars  &  de  Mercure. 
C'eft  la  même  chofe  qu'Erichton. 

CHARRETIN  ou  CHARRETEIN  ,  comme  écrit 
Liger.  Efpèce  de  charrette  fans  ridelles ,  &;  dont 
les  Bourguignons  le  fervent,  fur-tout  pour  charier 
du  vin.  Liger.  Il  paroît  que  ce  mot  n'eft  en  ufage 
qu'en  Bourgogne  -,  ailleurs ,  on  dit  fimplement  char- 
rette. 

CHARRETTE,  f.  f.  Sorte  de  voiture  montée  fur 
deux  roues,  &  à- deux  timons,  qui  fert  à  ttani- 
porter  difFétentes  chofes.  Carrus  ,  plaujirum.  Une 
charrette  à  mener  du  bois  ,  du  vin  ,  de  la  pierre  , 
&c.  On  mène  les  criminels  au  fupplice  dans  une 
charrette.  Les  limons  ,  les  ridelles  d'une  charrette. 
Une  charrette  à  gerbes  eft  une  grande  charrette. 
Charrette  à  ridelles.  Liger. 

Ce  mot  vient  de  carrecla  diminutif  de  c<zrr?/i- , 
comme  charrue  de  carruca.  Mén.  On  l'a  appelée 
^ulïï  cârr^Sd;  8c  caneBarius  ^  charretier  ;  èc  car- 


C  H  A 

recfa ,   charretée.    Du  Gange.  On  trouve  dans  la 
baife  latinité  carrata,  au  même  fens. 

On  appelle  proveibialeraent  un  avaleur  de 
charettes  jerrees  ,  un  taux  brave  ,  un  Capitan. 
C'eft  une  phrale  grecque  qui  te  trouve  dans  Athé- 
née &;  Xcnophon. 

CHARRIER,  f^'vyei  Charier. 

Charrier,  f.  m.  (La  première  fyllabe  eft  longue.) 
Pièce  de  grohe  toile  dans  laquelle  on  met  la 
cendte  au-delUis  du  cuviei ,  quand  on  tait  la  Icl- 
five.  Ce  drap  fervira  de  charrier.  Ac.  Fr. 

CHARRIOT.  Foyei  Chariot. 

CHARROI,  f.  m.  Conduite  de  voitures  fur  des  roues , 
Ibit  charctte  ,  charriot ,  coche  ,  fourgon  ,  &c.  Fec- 
tio  qux  carris  ,  plaujlris  fit  ;  veclatio.  Les  partages 
des  montagnes  font  difficiles ,  on  n'y  fauroit  aller 
par  charroi  ;  on  n'y  peut  mener  le  charroi  ;  on 
travaille  à  y  faire  un  chemin  de  charroi.  Payez- 
moi  mes  charrois  ,  c'eft-à-dire  ,  ce  que  je  vous  ai 
charié.  Liger  ,  ou  plutôt  ce  que  vous  me  devez 
pour  l'avoir  charié.  Il  y  a  à  la  Cour  des  charges 
de  Capitaine  de  charroi.  On  dit  auill  charriage 
dans  le  même  fens. 

Il  y  a  dans  l'Artillerie  un  Capitaine  général  du 
charroi,  &c  des  Capitaines  fubalternes  qui  font  pré- 
pofés  à  la  conduite  du  charroi  de  l'Artillerie.  Ils 
doivtnt  vilîter  les  chemins  ,  &  les  faire  mettre  en 
tel  état  que  l'équipage  de  l'Artilleiie  puille  palfec 
par-rout  commodément. 

Charroi  ,  fe  dit  fur  mer ,  d'une  grande  chaloupe 
relevée  de  deux  targues  de  toile  ,  pour  porter 
la  morue  en  Terre-Neuve.  Exportatio  in  navigio. 

Charroi  ,  s'eft  dit  autiefois  pour  char.  Char  de 
triomphe.  Currus. 

A  donc  il  vit  autour  de  fes  charrois 

D'unjéul  regard  maints  victorieux  Rois.  MaroT. 

CHARRON,  f.  m.  Artifan  qui  fait  les  trains  d'ar- 
tillerie ,  de  charettes ,  de  chariots ,  de  carolTes. 
PLiujirorum ,  carrorum  ,  curruum  faber.  On  tait 
marcher  force    Charrons  avec  l'équipage  de  l'ar- 


mée. 


CHARRONAGE.  f.  m.  Travail  &  ouvrage  de  Char- 
ron. PLiujirorum  ,  carrorum  fabrile  opus.  Il  y  a 
un  tel  fonds  pour  le  charronage  de  tant  de  cha- 
liots. 

Charronnage.  {Bols  de)  eft  celui  qu'emploient  les 
Charrons,  &  particulièrement  l'orme,  qui  fert  à 
faite  les  moyeux  des  roues  i  le  chêne  dont  on  tait 
les  rais,  &c.  Lignum  fabricandis  curris  ac plaujiris 
idoneum.  La  plupart  du  bois  de  charronnage  fe  vend 
en  gtume. 

CHARROTS.  Ville  de  France,  dans  le  Rerry,  fur  la 
rivière  d'Arnon  ,  entre  Bourges  &  Ilfoudun.  Char- 
rottium ,  Carophium.  Charrois  eft  un  Duché  qui 
appartient  à  la  Branche  de  Béthune-C^ar/o/^ ,  K 
que  le  Roi  érigea  en  Pairie  l'an  \6^o.  Voye^  fur  la 
Ville,  Comrék  Duché  àz  Charrots ,  &  fur  l'an- 
cienne Maifon  de  Charrois  ,  i'Hifi.  de  Berry  par  la 
Thaumalfiere ,  Liv.  IX,  ch.  58  &  39.  Aimon  de 
Charrois  eft  nommé  en  une  Charte  de  Chezal  Be-  ^ 
noît ,  de  l'an  1093  :  c'eft  le  piemier  de  cette  maifon 
qui  foit  connu.  Elle  finit  vers  la  fin  du  XlV'fiècle, 
en  Ilabelle  de  Charrois ,  mariée  à  Eudes ,  Baron  de 
Culanr ,  qui  n'eurent  qu'un  fils ,  qui  mouiut  jeune. 

go-  CHARROUX.  Nom  de  deux  Villes  de  France  j 
l'une  eft  en  Poitou ,  à  neuf  lieues  de  Poitiers  y 
l'autre  en  Auvergne,  à  rrois  lieues  de  Gannat. 

CHARRUAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  On  ap» 
pelle  en  quelques  endroits  les  terres  labourables, 
ch.irruages.    Arva. 

|tT  On  donnoit  ce  nom  au  dtoit  que  les  Seigneurs 
levoient  en  Champagne  fut  leurs  fajets ,  à  raifon 
des  charrues. 

CHARRUE,  f.  m.  Inftrument  de  Laboureur,  com- 
pote d'un  train  monté  fur  deux  roues,  qui  a  un 
gros  fer  pointu  &  un  autre  tranchant ,  pour  ouvrir 
Se  couper  la  terre ,  Se  y  faire  des  filions.  Aratrum, 


C  H  A 

Dans  la  ba/Te  latinité ,  on  a  dit ,  carruca  ,  &  carru- 
cata.  On  y  attèle  tles  bosufs ,  des  chevaux  pour 
la  tirer.  Il  étoit  défendu  par  la  Loi  de  Moiïe  > 
d'atteler  un  bœuf  &  un  âne  à  la  charrue.  Les  Dic- 
tateurs de  Rome  ie  tiroient  quelquefois  de  la 
charrue  ,  &  la  reprenoient  quand  l'expédition 
ctoit  achevée ,  moins  par  choix  d'une  condition 
tranquille  &  innocente  ,  que  pour  être  accoutumés 
à  une  Ibrte  de  vie  ii  inculte.  S.  EvR. 

Et  la  pojlérité  d' Alfane  ,  ou  de  Baïar , 

Sans  rejpea  des  aïeux  dont  elle  cji  dejcendue  , 

5V«,  vaporter  la  malle  ,  ou  tirer  la  charrue.  Bon. 

Être  à  la  charrue ,  c'cfl:  être  aduellement  ou  ha- 
bituellement occupé  à  labourer  avec  une  charrue. 
Ainfi  l'on  dit  en  deux  fens ,  il  eft  à  la  charrue.  Que 
fait  ce  valet  chez  vous  5  II  eft  à  la  charrue  ,  c'eft- 
à-dire  ,  c'eft  lui  qui  conduit  la  charrue  dans  la  fai- 
fon-,  &  Maturin  eft  à  la  charrue,  c'eft-à-dire,  cft 
aéluellement  dans  un  champ  ,  qu'il  laboure. 

Ce  mot  vient  de  carruca ,  latin.  Nicot.  Quel- 
ques-uns le  dérivent  de  aratellum ,  comme  qui  di- 
xo'ix.,  char  propre  pour  arer.  Ce  mot  artr  le  dit  en- 
core en  termes  de  Marine  ,  lorfque  l'ancre  ne  tient 
pas  ferme  dans  le  fable  ,  &;  qu'elle  y  fait  des 
îillons. 

On  appelle  une  terre  à  une  ,  deux  ou  trois 
charrues,  quand  elle  a  allez  d'étendue  pour  oc- 
cuper le  labour  de  tant  de  charrues.  Solum  quo  in 
arando,  vel  duo,  vel  tria  aratra  occupantur.  Il 
eft  défendu  aux  Nobles  de  faire  valoir  par  leurs 
mains  des  terres  à  plus  de  deux  charrues.  On 
l'appeloir  autrefois  carruée  ou  charruee.  ^fj"  Dans 
ce  fens  ,  charrue  eft  proprement  l'étendue  de 
terre  que  peut  labourer  par  an  une  charrue. 
Charrue  de  Jardin ,  eft  une  machine  compofée 
de  trois  morceaux  de  bois  enchâdcs  l'un  dans  l'au- 
tre 5  &  d'un  fer  tranchant  pofé  un  peu  de  biais , 
pour  mordre  un  pouce  fur  la  iupercifie  des  allées. 
Cette  machine  eft  ordinairement  traînée  par  un 
cheval  ,  &  fert  à  nettoyer  les  allées ,  à  couper 
&  à  déraciner  les  herbes  qui  y  naiflênt. 

On  dit  proverbialement  ,  mettre  la  charrue 
devant  les  bœufs  -,  pour  dire ,  changer  l'ordre  na- 
turel deschofes,&  mettre  au  commencement  ce 
qui  devoit  être  à  la  fin.  On  appelle  un  cheval  de 
charrue ,  un  homme  groffier  &  ftupide.  On  dit 
aufli,  j'aimerois  autant  être  à  la  charrue,  tirer  la 
charrue  ,  en  parlant  d'un  emploi  fort  pénible ,  fort 
labotieux.  On  appelle  aulfi  une  charrue  mal  attelée , 
ou  une  charrue  à  chiens,  des  gens  qui  font  liés 
par  quelque  fociété  ,  &  qui  s'accordent  mal  en- 
femble. 
CARRUYER.  Vieux  mot.  f.  m.  Qui  charroie.  Char- 
retiet,  Carri  ou  plaujlri  ducîor  ,  ou  plutôt ,  qui 
conduit  la  charrue  ,  Laboureur.  Arator  ,  Agricola. 

Ne  les  Princes  ne  font  pas  dignes 

K^ue  les  coeurs  du  ciel  donnent  ji%ne s 

De  leur  mort ,  plus  que  d'un  autre  homme  ; 

Car  leur  corps  ne  vaut  pas  deux  pommes 

Envers  le  corps  d'un  Charruyer  , 

Ou  d'un  Clerc  ou  d'un  Ecuyer. 

RoM.  DE  LA  Rose. 

CHARS.  Petit  canton  du  Vexin-François.  Voyei  la 
Defcript.  Geogr.  &  Hijl.  de  la  Haute  Norm.  tome 
1 ,  r.  140. 

CHARTE.  Vovei  CHARTRE. 

CHARTE,  f.  f.  Se  trouve  dans  nos  anciens  Poètes, 
poi)'- ,  lettre  ,  épitre.  Charta ,  epiftola. 

CHARTF-PARTIE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft 
l'afte  d'aflfrcrement  fur  l'Océan,  ou  de  noliflement 
fur  la  Méditerrannée.  C'eft  un  écrit  contenant  la 
convention  pour  le  louage  d'un  vai  fléau  ,  ou  la  let- 
tre de  faelure  ,  ^'  le  contrat  de  cargaifon  du  vaif- 
{ediU.  Nauticce  rationis  dividuum  folium.  Elle  doit 
être  rédigée  par  écrit ,  &  paffée  entre  les  Marchands 


C 


H 


&  le    Maître    ouïes    Projjriétaires.  du  lAv'- 
Elle  doit  contenir  le  nom  ôc  le  port  àv. 
celui  du  Maître   &  de    l'Affréteur  ,    le    t'i.x 
fret ,  &C  les  autres  conditions  dont  les  parties  i. 
convenues ,   comme  il  cft  porte  par  le  Livre  il.. 
de  l'Ordonnance  de  la  Marine.  Danscet  acte,  !.. 
Capitaines  &  les  Officiers  confclicnt  avoir  reçu  u: . 
tel  navire  bien  &  dûement  calfaté  ;  étanché  ,  vie 
tuaillé ,  munitioné  tk   agrcc  pour  un   tel  voyag>.. 
La.  charte-partie  eft  diftinguée  d'avec  le  connoi^é- 
ment ,  parce  que  celle-là  fc  fait  pour  l'entier  af- 
frètement du  navire  ,  &  pour  l'aller  &  pour  le  re- 
tour ;  au  lieu  que  le  connoijjemeiit  ri'eft  Fait  que  pour 
une  partie  de  la  charge  ,  &c  le  tait  par  une  promefle 
particulière  pour  l'aller    ou  pour  le  retour  feule- 
ment. Le  Prélident  Boyer  dit  que  ce  mot  vient  de 
ce  c\v\eper  médium  carta  incïdebatur ,  d'  fie  jicbat 
carta  partira  \  parce  qu'au  temps  que  les  Notaires 
étoient  moins  communs,  on  n'expédioit  qu'un  aèle 
de  la  convention  qui  fervoit  aux  deux  parties.  On 
le  coupoit  en  deux  ,  pour  en  donner  à  chacune  fa 
portion.  Elles  les  rallêmbloicnt  au  retour  pour  con- 
noître  li  elles  avoienr  fatisfait  <à  leurs  obligations. 
Ce  qu'il  attefte  avoir  vu  pratiquer  de  Ion  temps 
encore  de  même  qu'en  ufoient  les  Romains  dans 
leurs  ftipulations,  au  rapport  d'Ifidore  ,  qui  rom- 
poient  un  bâton  ,  dont  chacun  gardoit  un  morceau 
pour  en  conferver  la  marque. 

CHARTIER.  Toye^ 'Charretier. 

CHARTIL.  f.  m.  Grande  &  longue  charrette  ,  dont 
les  payfans  le  fervent  pour  tranfporter  leurs  gerbes 
en  la  grange.  Carrus  longior.  Il  vaut  mieux  dire 
avec  Richelet ,  charti  ;  èc  ce  mot  lignifie  propri?» 
ment  le  corps  de  la  charrette. 

Ceiartil  eft  auili  un  lieu  couvert  dans  une  bafle- 
cour,  où  l'on  met  à  couvert  les  charrettes,  charrues, 
herfes  ,  &  autres  choies  fervanr  au  labour,  Car- 
rorum ,  plaullrorum  receptaculum. 

CHARTON, f".  m.  Vieux  mot,  qui  fignifîoit  autrefois 
wn  cocher,  ou  celui  qui  menoit  un  char,  ou  une 
charrette.  PLiuJiri ,  vel  currus  ductor. 

irCHARTOPHYLAX.  f.  m.  Nom  d'Office  dans  l'E- 
glife  de  Conftantinople.  Chartophylax,  Codin  ap- 
pelle le  grand  Chartophylax  ,  le  Juge  de  toutes  les 
caufes ,  &  le  bras  droit  du  Patriarche  •,  &  Ballamon, 
la  bouche  &  les  lèvres  du  Patriarche.  Codin  dit  aulîi 
qu'il  étoit  le  dépofitaire  &  le  garde  de  tontes  les 
Chartes  qui  tegardoient  les  droits  eccléliaftiques  ; 
qu'il  préfidoir  à  la  dccilion  des  caufes  matrimo- 
niales ,  &  qu'il  étoit  Juge  des  Clercs.  Théodore 
Balfamon  dédia  l'on  Commentaire  fur  les  Canons 
à  George  Xiphilon  . . .  Théodore  étoit  né  à  Conf- 
tantinople ,  &  dès-lors  Nomophylax  &  Charto- 
phylax ,  c'eft-à-dire  ,  garde  des  Loix  &  des  Chartes 
de  Sainte-Sophie,  &:  premier  Prêtre  des  Blaquernes , 
mais  il  n'étoir  pas  encore  Patriarche  d'Anrioche. 
Fleury.  Lcunclavius  &  d'autres  le  font  trompés, 
quand  il  le  confondent  avec  le  Chartulaire.  C'é- 
toient  deux  Offices  fort  diltcrens  ,  &  le  Chartu- 
laire étoit  bien  au-delfous  du  Chartophylax.  C'étoic 
le  Chartophylax  qui  rédigeoit  les  fentenccs  &  les 
décilîons  du  Patriarche ,  qui  les  lignoit ,  &  y  ap- 
polbitlefceau.il  préfidoir  au  grand  Confeil  du 
Patriarche  ,  &  connoiflbit  de  toutes  les  caufes  &: 
matières  eccléfiaftiques ,  tant  du  peuple  que  du 
Clergé  &  des  Moines.  Il  avoir  féance  avant  les 
Evêques.  Dans  certaines  cérémonies  il  monroit  le 
cheval  du  Patriarche  ;  il  avoir  fous  lui  douze  No- 
taires à  Ibn  fervice.  Enfin  ,  nulle  autre  dignité 
n'avoit  tant  de  prérogarives  &  de  fi  beaux  droits. 
Le  Garde-Charte  ,  ou  Chartophylax ,  étoit  à  Conf- 
tantinople ce  que  le  Bibliothécaire  étoit  à  Rome, 
Il  porroit  les  mêmes  ornemens  que  les  Miniftres 
Eccléfiaftiques,  &:  en  faifoit  1rs  fondions.^ C'étoit 
lui  qui  préfenroit  au  Patriarche  tous  les  Evêques  Sc 
les  Clercs  étrangers ,  toutes  les  lettres ,  tous  ceux 
qui  dévoient  être  pourvus  d'Evêchés ,  d'Abbayes , 

I      ou  promus  aux  Ordres  :  tous  dévoient  avoir  fon 


470  C  H  A 

approbation.  Flï.ury,  qui  a  pris  cela  de  Du  Cange,  i 
qui  l'a  rapporte  d'après  AnAlniç,  ad    FUI  Sy/wd. 

ja.  i. 

Quelques-uns  écrivent  CartophyLix.  Ce  mot , 
moitié  latin  &c  moitié-  grec  ,  s'cll  tormc  à  Conltan- 
tinople  depuis  que  lEmpircy  eut  été  tranfportc,  de 
y:,«fc,. ,  fait  du  latin  cliarui,  U  de  P-^'«7l»>  ciijtodio  ; 
&:  lignihe  Gardt-Churus.  Cétoit  un  Oiiicier  pré- 
pol'e  à  la  garde  des  chartes  &  des  adles.  Il  y  en 
avoit  un  pour  le  Palais  de  l'Empereur  ,  &  un  pour 
le  Patriarche  îk  pour  l'Eglill- ,  qui  avoient  encore 
chacun  un  nom  particulier  ,  comnic  il  paroït  dans 
Codin.  Le  Cartophylax  du  Palais  s'appdoit /it;g^/- 
jiratoT  -,  celui  qui  tient  les  Rcgiftrcs  \  &  celui  de 
l'Egliie  ,  Scriniarius  ,  celui  qui  a  ibin  des  papiers , 
des  adles.  Cependant  on  les  confond  Ibuvcnt ,  à 
caulé  de  la  reflémblance  de  leurs  fondions. 

CH  ARTRAIN  ,  AINE.  f.  m.  &f.  &  adj.  Qui  eft  de 
Chartres,  ou  du  pays  qui  en  dépend.  Carnutenjù  ^ 
Carnotenjis.  Céfar  ayant  envoyé  C.  Fabius  avec  ibs 
troupes  vers  Chartres,  les  C'/2a7'rr.z//zi  lui  donnèrent 
des  otages ,  &  le  rendirent.  Aujourd'hui  on  ne  le 
Tert  guère  de  ce  mot  que  dans  cette  phrale.  Le  pays 
Chartrain.  Carnuteus  ,  Carno^cjijïs  uger.  C'eit  le 
territoire  de  Chartres.  Quelques-uns  le  prennent 
pour  toute  la  Beauce  propre. 

CHARTRE  ,  ou  CHARTE,  f.  f.  Titre  expédié  fous  le 
fcel  d'un  Prince ,  d'un  Seigneur  ,  d'une  Eglile  , 
d'un  Chapitre ,  d'une  communauté.  Vieux  titre  ou 
enleignement  qu'on  garde  foigneulcment  pour  la 
confervation  &  la  défonle  des  droits  d'un  Etat, 
d'une    Communauté  ,  d'une   Seigneurie,    Veures 

«  chart(Z  ^membranœ..  Le  Tréfor  des  Chartres  du  Roi 
cfl:  à  la  garde  de  Ton  Procureur  Général.  Tahula- 
riiim.  On  a  fait  l'inventaire  du  Tiéibr  des  Chartres 
en  huit  volumes.  M.  le  Maître  dit  Qar/e,  |.C?"  les 
uns  difent  Chartre  ,  les  autres  Charte ,  &  l'ufage 
paroït  aflcz  partagé  fur  cet  article.  On  dit  l'un  & 
l'autre  dans  les  édits  &  ordonnances  du  Roi. 
Nonobftant  C>^izr/e-Normande  ,  ou  Ckartre-i^oi- 
mandc. Il  eft  parlé  de  ce  Saint  dans  une  Chartre, 
dit  M.  Patru.  Vous  pourrez  vous  détromper  li  vous 
prenez  la  peine  de  confulter  les  anciennes  Chartres, 
dit  M,  Froimond.  Plulieurs ,  comme  Bardin,  dans 
fon  Grand-Chambellan  de  France  ,  3c  Teifereau 
dans  fon  Hijloire  Chronologiijue  de  la  Chancellerie , 
écrivent  Charte, 

Le  mot  de  Chartre,  dit  Ménage  dans  les  Obser- 
vations jur  la  langue  françoife  ,  vient  de  charta; 
&C  ainfi,  félon  l'étymologie,  il  faudroit  dire  Charte. 
Cependant  on  dit  Chartre,  &  le  Barreau  ne  parle 
point  autrement.  Nicot  croit  qu'il  vient  du  grec 
X''?^^i>  qui  fignidc  gros  papier  ,  ou  plulieurs  feuilles 
collées  enfemble ,  fur  quoi  on  éctivoit  autrefois 
tous  les  aéles  d'importance.  x«p7r; ,  vient  du  latin 
charta ,  qui  fe  trouve  dans  la  balfe  latinité  pour  un 
aéte  public  Se  authentique ,  une  donation  ,  un 
conrv3.z  Foye:^Bo\\a.nàus ,  Janv.  Tom.I,p.  75  & 
151. 

^fT  CommifTaires  aux  Chartres.  Nom  qu'on 
donne  à  ceux  qui  font  commis  par  le  Roi ,  pour 
travailler  à  l'arrangement  des  Chartres  ou  anciens 
titres  de  la  Couronne,  fousl'infpedlion  du  Garde  du 
Tréfor  des  Chartres.  Encyclopédie. 
^3°  Il  y  a  eu  autrefois  des  Intendans  des  Chartres  5c 
des  Greffiers  des  Chartres  ,  dont  les  Offices  ont  été 
fupprimcs. 

CiiAKT Kt-Normande ,  ou  la  Charte  aux  Normands ,  eft 
un  titre  fort  ancien  contenant  plulieurs  privilèges 
&  conceffions  accordées  aux  habitans  de  Nor- 
mandie, &  confirmées  par  les  Rois  Jean,  Philippe 
VI ,  Charles  VI  Se  VII.  Louis  XI  les  confirma  en 
l'année  1461  ;  mais  le  titre  originaire  &;  primitif 
eft  du  1 0  Mars  1 5 1  ^  ,  qui  a  été  accordé  par  le  Roi 
Louis  X  ,  dit  Hutin.  Veteres  charta  cjuibiis  concejfa 
Normannis  privilégia  continentur .  Il  y  en  a  une 
autre  confirmation  par  le  Roi  Henri  III,  au  mois 
d'Avril  1 579.  Les  vidimus  en  (ont  contenus  à  la 
fin  du  Coutumier  de  Normandie.  On  met  d^ns  la 


C  H  A 

plupart  des  Lettres  de  la  grande  Chancellerie  , 
nonobftant  clameur  de  haro,  Char  tre-N or  mande , 
&:c.  ^^fs  quand  il  s'agit  de  faire  quelques  rcglemens 
qui  intérellént  la  Province  de  Normandie,  ou  que 
l'on  veut  déroger  à  cette  Chartre. 

IJCr  Chartre  de  communç.  Charta  communis ,  com- 
munitatis.  Lctzïcs  par  Iclquelles  le  Roi,  ou  quelr 
qu'autre  Seigneur  ,  avec  la  permiHion  du  Roi , 
érigeoit  les  habitans  d'une  ville  ou  bourg  en  corps 
&; communauté,  après  l'affranchiUcment.  Les  fcrfs 
ne  tormoicnt  point  cntr'eux  de  communauté.  Ces 
Chartres  contcnoicnt  les  droits  rcfpedlifs  des 
Seigneurs  &  des  fujets, 

0C?  La  grande  Chartre,  magna  charta ,  en  Angleterre, 
eft  une  ancienne  Patente  contenant  les  privilèges 
de  la  nation  ,  accordée  par  le  Roi  Henri  III  ,"& 
confirmée  par  Edouard  I. 

Chartre  en  termes  de  Palais,  eft  un  vieux  mot  qui 
lignifioit  autrefois  une  ptifon.  Carcer.  Il  faut  tou- 
jours écrire  Chartre  en  ce  fens.  Il  eft  encore  en 
ufagc  en  cette  phrafe ,  il  eft  défendu  de  tenir  une 
petfonne  en  prifon  ,  en  chartre  privée  ,  c'eft-à-dire, 
hors  d'une  prifon  publique.  C'eft  de-Ià  auHi  qii'cft 
nommé  le  Prieuré  de  Saint  Denis  de  la  Chartre  à 
Patis,  parce  qu'on  prétend  que  Saint  Denis  y  fut 
emprifonné. 

Ce  mot  s'étoit  formé  du  latin  carcer  ,  carceris , 
dont  on  avoit  fait  çarcere  ,  carcre ,  chàrcre  ,  chartre. 

Chartre  fe  dit  auffi  d'une  maladie  qui  fait  tomber 
en  langueur.  Se  maigrir  infenliblement ,  qu'on 
appelle  communément  m2.ii(mç  ,pthijh.  Tabès, 
talijicusmorbus.  On  voue  à  Saint  Glandé  les  enfans 
qui  tombent  en  char  tri.  On  a  été  obligé  de  donner 
une  nourrice  à  ce  malade ,  parce  qu'il  tomboit  en 
chartre. 

On  appelle  encore,  cA^rrr?  ,  une  autre  maladie 
à  laquelle  les  enfans ,  principialemenr  ceux  du  nord, 
font  fujets.  M.  Courtial ,  Médecin  de  Montpel- 
lier ,  dans  l'obfervation  qu'il  a  faite  fur  les  os , 
fait  coniifter  cette  malad'e  dans  une  courbure  des 
os  en  arc  ,  caufée  par  l'accroillement  des  os  qui  re- 
çoivent de  la  nourriture  ,  pendant  que  les  muf-~ 
clés  qui  y  font  attachés  ne  fe  nouiillént  point ,  l'ef- 
prit  animal  ne  leur  étant  pas  porté  ,  à  caufe  que  les 
nerfs  qui  s'y  diftribuent  îbnt  bouchés.  Enforte  que 
ces  mulcles  fontle  même  effet  qu'une  corde  qu'on 
attacheroit  au  haut  &:  au  bas  d'un  jeune  arbre;  il 
ne  pourroit  croître,  fi  l'on  n'en  détachoit  cette 
corde.  Kachitis  :  on  le  dit  même  quelquefois  en 
françois. 

Ce  mot  apparemment  vient  du  précédent ,  par- 
ce que  la  priibn  caufe  de  la  ttifteffc  &:  de  la  mai- 
greur. Du  Cange  dit  qu'on  appeloit  anciennement 
les  mdl3.Açs  chartriers  ,en  latin  ,carceTarii. 

Le;  Auteurs  du  Journal  de  Leipfick    ifîSz  ,  p. 
^11?,  parlent  d'une  efpèce  de  c/^-^rr/re ,  ou  maladie 
inconi-.ue  aux  Anciens,  Si  dont  les  Médecins  par- 
lent beaucoup  depuis  deux  fiècles.  Elle  fait  maigrir 
les  enfans,  leur  caufe  dès  infomnics ,  les  rend  in- 
quiets ,  2c  femble  leur  cauler  une  extrême  deman- 
geailbn.  Le  bain  donné  à  propos  leur  fait  forrir  par 
les  pores  des  corpufcules  femblables  a  de  gros  poils 
épais  &  denfcs  ,  ce  qui   fait  qu'on  les  appelle  cri- 
nones  ,  comme  qui  ditoit  de  gros  cheveux  :  &  la 
maladie  pilaris   morbus.  Quelques  Médecins  qui 
font  perfuadés  que  ces  efpèces  de  poils  font  de  pe- 
tits animaux,  les  appellent  Comedones  ,  Az  corne ~ 
dere  ,  manger.  On  a  tort  difpucé  li  c'étoient  des  ex- 
crémens  épaidîs  de  la  troilicmc  coc^ion  ,  ou  fî  c'é- 
toient des  infedtes.  Quoi  qu'il  en  foit ,  quand  on  les 
a  fait  fortir  une  ou  deux  fois  ,  les  enfans  (e  portent 
mieux.  Les  microicopes  démontrent  que  ce  font  en 
effet  des  animaux  vivans.  Ils  font  grisâtres ,  titans' 
tantôt  plus ,  tantôt  moins ,  fur  le  noir  :  ils  ont  deux 
efpèces  de  cornes  fort  longues,  deux  yeux  ronds 
Se  fort  gros ,  Se  une  queue  longue  Se  velue  au  bout. 
Ils  viennent  plus  ordinairement  aux  enfans ,  5:  fur- 
tout  aux  cuifibs,  aux  bras  Se  aux  épaules.  Georg. 
Jérôme  Vehchiui- a  faitune  Exercitatioa -.  Z>«  Fer' 


CH  A 

mîcuiis  Capi'laril'us  Jnfvnum  y  dans  laquelle  on 
trouve  tout  ce  que  différcns  Auteurs  ont  écrit  fur 
ce  lajet ,  &i  tour  ce  qu'on  en  peut  favoir ,  tant  pour 
la  théorie  que  pour  la  pratique. 
Chartre.  Cri  d'armes  de  Thibaut  Comte  de  Cham- 
pagne. 

Flamans  crie  Aras  ;  Se  Ahgèvin  rallie , 

Et  li  cuens  Thicbaut ,  Chartre  6*  Paffavant  crie , 

dit ,  dans  /on  Roman  de  Normandie ,  Maître  Vace , 
natif  ne  l'Ile  de  Gericy  ,  Chanoine  deBayeux,  iur- 
nommc  le  Clerc  de  Caca,  JVIlnage.  Hiji.de  Sable, 
L.  I ,  ch.  z  ,  page  4. 
CHARTRES.  Carnutiim  ,  Autricum  carmitum.  Ville 
très-ancienne  ,  Capitafc  de  la  Beauce  ,  Province  de 
France.   Quelques   Auteurs  prétendent  qu'elle  l'ut 
bâtie  par  les  Gomérites  j  ou  enfans  de  Gomer ,  peu 
de  temps  après  Noé.  D'autres  diiént  que  ce  furent 
les  Saronides  &  les  Druides ,  qui  y  jcttcrent  les  fon- 
demens  d'une  ville  -,  qu'ils  y  érigèrent  un  autel  à  la 
Vierge  qui  devoit  enfanter  ,    Virgini    Pariturœ, 
D'autres  foutiennent  feulement  qu'un  certain  Pril- 
cus ,  ayant  appris  de  la  docîtrine  des  Druides  ,  qu'il 
y  auroitune  Vierge  qui  enfanteroit ,  ce  Seigneur 
ou  Gouverneur  ,  lui  fit  ériger  un  autel  &  bânr  un 
temple.  Chartres  efl:  lituc  fur  la  rivière  d'Eure.  Jul- 
qu'à  François  I  cette  ville  n'a  eu  que  le  titre  de 
Comté.  Ce  Prince  l'crigea  en  Duché  en  faveur  de 
Renée  ,  Duchefle  de  Ferrare.  La  Cathédrale  de  Char- 
tres e9i  une  des  plus  belles  Eglifes  du  Royaume. 
Il  y  a  un  Vidame  de  Chartres,  Les  fils  des  Ducs 
d'Orléans  portent  le  titre  de  Ducs  de  Chartres.  La 
latitude  de  C/2^r/r«  efl:  48J  30' &:  fa  longitude  irjJ 
15',  filon  l'Académie  des  Sciences. 

Chartres  a  fon  méiidien  de  oh  j'  14"  ou  od  51' 

»b"  plus  occidental  que  celui  de  l'obrervatoire  de 
Paris.  Ainfi  il  a  19J  d  zi"  de  longitude.  Sa  lati- 
tude efl  48^  i-?'  io".  Cassini. 

Les  habitans  de  Chartres  Se  de  fon  territoire  s'ap- 
loient  autrefois  Carnutes ,  aujourd'hui  Chartrains. 
Quelques  Auteurs  j  au  rapport  de  Du  Chcfhe 
dans  fcs  Antiquités  des  Villes  de  France ,  croient 
que  le  nom  de  cette  ville  vient  du  mot  grec  x'^?^»', , 
ou  plutôt  %««io» ,  ou  xa^-jt ,  nux  jiiglans ,  une  noix  ; 
de  même  que  celui  de  Druide  vient  de  clpZ; ,  un 
chcne ,  parce  que  ces  arbres  vertoient  en  abondance 
dans  les  f'orêrs  de  ce  pays-là. 

Chartres.  Congrégation  de  S.  Jean  de  Chartres^ 
Voyez  Jean. 

CHARTREUSE,  f.  f.  Lieu  de  Dauphiné  dans  les 
montagnes,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  Grenoble, 
.  du  côté  du  nord.  Carthufia.  S.  Bruno  ,  quand  il 
quitta  le  monde  pour  vivre  dans  la  folitude  ,  choifit 
pour  fa  demeure  ce  lieu  des  montagnes  de  Dauphiné 
nommé  Chartreiife  ,  ;&  c'efl:  de-là  que  les  Monaftè- 
res  &  les  Religieux  de  fon  Ordre  ont  pris  leur  nom. 

Chartreuse,  f.  f.  Maifon  de  Chartreux.  Monajïerium 
Carthiifianorum ,  Charthufia.  M.  Ménage  ,  qui  étoit 
d'Anjou  ,  &  qui  devoit  connoître  le  caraiftère  de 
ceux  de  fon  pays  ,  dit  qu'il  n'y  a  point  de  Char- 
treuse en  Anjou,  parce  que  les  habitans  y  aiment 
trop  à  parler  :  on  dit  la  même  chofe  de  Beauvais. 
■  La  grande  Chartreufe  efl:  bâtie  fur  un  rocher  dans 
une  folitude  afîreufe  ,  à  cinq  lieues  de  Grenoble. 
On  y  arrive  par  des  chemins  pratiqués  dans  le 
roc  ,  d'où  l'on  voit  d'un  côté  des  précipices  af- 
freux ",  ce  qui  oblige  quelquefois  les  voyageurs  de 
defcendre  de  cheval.  Ce  fut  en  io8(î,  que  S.  Bruno 
fe  retira  à  la  Chartreufe  ,  qui  depuis  a  été  appelée 
la  grande  Chartreufe  ,  parce  que  c'efl:  la  première 
mailbn  de  l'Ordre:  les  autres  Monaftères  s'appel- 
lent du  nom  de  Chartreufe  ,  en  y  ajoutant  le  nom 
du  lieu  où  ils  font  (itués  ;  la  Chartreufe  de  Paris  , 
de  Rouen  ,  de  Gaillon  ,  du  Val-Dieu  ,  &c. 

Chartrîuse.  f.  f.  Nom  de  P.elisrieulcs  qui  fuivent 
rinftitut  des  Chartreux.  Carthufienfis  Monialis. 
L'origine  de  ces  Religieufés  efl:  inconnue.  Il  paroit 
néanmoins  que  le  premier  Monafl:ère  de  ces  filles 
a  été  fondé  du  vivant  du  B.  Guigues  ,  cinquième 


C  H  A 


47  i 

Général  de  l'Ordre,  &  que  c'cft  le  MonaRcre  de 
Bertaud ,  fondé  l'an  1 1  itî.  La  première  fois  qu'jl  eft 
parlé  des  Chartreufes  ,  c'efl:  dans  les  Statuts  de  l'Or- 
dre, rédiges  par  le  Général  Dom  Rilfer ,  l'an  1150, 
Le  P.  Innocent  Mailbn  croit  qu'elles  avoient  les 
les  mêmes  obfervances  que  les  Chattreux.  Gcpen- 
danr ,  s'il  en  faut  croire  Camille  Turin  ,  dans  fbn 
Hijioire  des  Chartreux  ,  les  Religieufés  de  cet  Or- 
dre du  Monaltère  de  Pré-Baïon  ayant  été  fondées 
l'an  1250  ,  le  B.  Jean  d'Efpagne  leur  donna  des 
Conrtitutions  particulières.  Ce\]ui  efl:  certain  ,  c'elt 
que  préfentement  toutes  les  Religieufés  Chartreu- 
Jes  le  conforment  en  toutes  chofés  aux  Religieux 
du  même  Ordre ,  excepté  qu'elles  mangent  ^tou- 
jours en  commun. 

Les  Chartreufcs  furent  inllituces  vers  l'an  i  n  j 
par  unc^fainte  fille,  nommée  Agnès,  dans  la  Char- 
treufe d'Efl:oges  ,  ou  plutôt  des^Ecouges  ,  fous  le 
Dauphin  Humbert  II.  Il  n'y  a  préfentement  que 
cinq  Monafl:ères  de  Chartreufes  5  qui  font  Prémol , 
à  deux  lieues  de  Grenoble ,  fondé  l'an  1154  pac 
Béatrixde  Montferrat ,  époufe  du  Dauphin  André; 
Mclun  dans  le  Fofllgny  en  Savoie  ,  &  du  Diocèfb 
de  Genève,  fondé  par  le  Dauphin  Humbert  I ,  Anne 
fon  époufe,  &  Jean  leur  fils,  l'an  1199.  Grofné 
au  Diocèie  d'Arras  ,  fondé  par  l'Evêque  Thierry 
Hériffon  en  i;o8  ;&  Bruges,  fondé  en  1344.  Leur 
habit  efl:  fcmblable  à  celui  des  Charrreux  ,  excepté 
qu'elles  porrent  un  manteau  blanc.  D,  Innocenta 
Maffon,  le  P.  Helyot,  T.  Vil,  c.  33. 
Chartreuse.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  gris  dé  lin-, 
qui  a  peu  de  pourpre  &  de  blanc  de  lait  d'entrée. 

MORIN. 

CHARTREUX,  f.  m.  Religieux   de  l'Ordre  de  S. 
Bruno,  qui  vit  fort  auftèrement ,  &  dans  une  clô- 
ture &  une  folitude  fort  étroite.  Carthujianus  , 
Carthufienjîs.  Ce  nom  vient  du  village  de  la  Char- 
treufe en  Dauphiné,  que  Hugues,  Evêque  de  Greno- 
ble,donna  à  S.  Bruno,  &  où  ce  faintfe  tetira  lorfqu'il 
commença  à  fonder  cet  Ordre  en  \6%G  ;  &  l'on  a 
donné  ce  nom  aux  autres  mailbns   de  Chartreux. 
On  fair  dire  à  M.  Valois  dans  le  Valefiana ,  que 
les  Chartreux  ne  devroient  pas  s'appeler  en  latin 
Carthujienfes  ,  mais  Caturciences  ,  du  nom  du  vil- 
lage qui  epE  proche  du  lieu  où  ils  s'établirent  la 
première  fois ,  qui  s'appelle  en  latin  Catorifjlum  , 
on   Caturiffium  ,  &  en  françois   Cliatroufe.  Mais 
dans  la  lettre  de  fondation  du  Monafl:ère  de  Char- 
treufe, fignée  du  Curé  &  des  habitans  du  village 
dont  il  s'agit ,  les  Religieux  de  ce  Monafhère  font 
appelés  Cartujienfes,  Se  non  pas  Caturcienfes.  Pierre 
de  Cluni  ,  Sajnt  Bernard  &   les  autres  Ecrivains 
qui  les  ont  vu  naîtie  ,  ne  les  ont  point  appelés 
autrement  que  Cartufienfes  ;  &  il  ne  faut  point  al^ 
léguer  la  chronique  de  faint  Médard  de  Soiffons  , 
où  M.  Valois  a  lu  Ordo  Caturcienjîs  ,^pm['q\iQcctzQ 
dironique ,  qui  finit  en  1 16 1  ,  efl:  pon:érieure  de  près 
de  deux  cens  ans  à  la  fondation  des   Chartreux , 
qui  efl:  de  l'année  io8tf,  Vign.  Marv.  Cet  Auteur 
étoit  Chartreux. 

Les  Confl:itutions  des  Chartreux  fe  trouvent  dans 
un  livre  imprimé  à  Bafle  en  içio.  Il  contient  tous 
les  Statuts  de  leur  Ordre,  &:  il  n'y  a  point  d'im- 
piefîlon  de  ces  Confl:itutions  plus  ancienne  ni  plus 
authentique  ;  car  elle  a  été  teçue  ,  approuvée  & 
autotifée  de  tout  l'Ordre ,  comme  on  le  voir  paC 
le  témoignage  de  François  Dupuis,leur  Général, 
qui  fe  lit  à  la  fin  de  cette  compilation.  Les  Sta- 
tuts de  Guigues  y  font  les  premiers  ,  fous  le  titfe 
de  Statuta  &  confuetudines  D.  Guigonis  prioris 
Carthujice.  M.  l'Abbé  de  la  Trappe  ,  dans  fon  ou- 
vrage de  la  Vie  Monaflique ,  s'efl:  fervi  de  ce  livre 
pour  prouver  que  les  Chartreux  ne  vivoient  plus 
dans  cette  grande  aufl:érité  à  laquelle  ils  étoient 
obligés  par  les  Confl^irutions  de  Guigues  leur  cin- 
quième Général.  D.  Innocent  MafTon  ,  leur  Géné- 
ral ,  a  fait  une  réponfe  à  l'Abbé  de  la  Trappe ,  fous 
le  titre  d'Explication  de  quelques  endroits  des  an- 
ciens  Statuts  de  l'Ordre  des  Chartreux,  Dans  ce 


472-  CHA 

petit  ouvrage ,  qui  n'a  été  communiqué  qu'à  trc--- 
peu  de  peiVonncs,  il  prétend  quj  ce  que  le  P.  Gui- 
gnes a  écrit  ,  n'étoit  que  des  Coutumes  dans  le 
temps  qu'il  l'a  écrit ,  comme  il  s'en  explique  lui- 
même  dans  ion  Prologue  ,  &:  qu'il  eft  demeuré  fous 
le  titre  ik  les  qualités  de  Coutumes ,  Juiqu'à  ce  que 
l'Ordre  les  a  converties  en  Statuts  quelque  temps 
après  ,  en  leur  donnant  la  force  de  loi  par  l'ulage  , 
&  en  les  rédigeant  enfin  en  forme  de  Conftitu- 
tions. 

Dans  l'année  iîjo,  c'cft-à-dire ,  environ  deux 
ficelés  après  la  fondation  de  l'Ordre  des  Chartreux, 
un  de  leurs  Généraux ,  nommé  Riiiier ,  fit  une  com- 
pilation des  Coutumes  de  Guignes,  qui  ctoient  de- 
venues Statuts  par  l'ufage  &  par  l'approbation  des 
chapittes  généraux  de  l'Ordre.  Dom  Mailbn  pré- 
tend que  T'Abbé  de  la  Trappe  a  donné  mal  à  pro- 
pos le  nom  de  Conjiiuuions  aux  Statuts  de  Gui- 
«îues ,  qui  n'ont  été  dans  les  commencemens  que 
des  ulat^es ,  &:  non  pas  des  loix.  Un  Chartreux  , 
nommé' Raynaud,  fit  en  i^6ç)  une  nouvelle  com- 
pilation des  Statuts  de  Ion  Ordre:  comme  ilfe  trou- 
voit  une  multiplicité  d'Ordonnances  faites  depuis 
k-s  anciens  Statuts ,  il  ôta  cette  multiplicité  ,  en 
en  les  réduifant  à  un  plus  petit  nombre  ,  fans  rien 
diminuer  cependant  de  l'ancienne  auilérité.  La 
pieté  clauftrale  eft  encore  aujourd'iiui  plus  en  vi- 
gueur chez  les  Chartreux  que  dans  aucune  autre 
Maifon  Religieufe. 

Borel  dit  qu'autrefois  on  appeloit  les  Chartreux  , 
ChartruQins,  Se  que  ces  mots  viennent  de  chartre  , 
qui  veut  dire  priJoK  ,  comme  li  les  Chartreux 
ctoient  amfi  nommes  ,  c'ci\.-3.-dke  ,jprijbnniers  ,  à 
caufe  de  la  grande  retiaite  dont  ils  font  profeilîon. 
Il  eft  vifible  que  le  nom  de  Chartreux  vient  de 
Chartreufe ,  où  leur  premier  Monaftère  fut  bâfi. 

L'hiftoire  du  Docteur  de  Paris  ,  qui  pendant 
qu'on  faifoit  fes  oblcques,  refilifcita  ,  déclara  qu'il 
ctoit  damné  ,  &  que  l'on  prétend  avoir  été  l'occa- 
lîon  de  la  converfion  de  S.  Bruno,  eft  une  fable, 
dont  on  n'a  parlé  que  long-temps  après  la  mort 
de  S.  Bruno ,  comme  lé  Chartreux  déguifé  fous 
le  nom  de  Figneul  de  Marville  l'a  démontré.  Le 
B.  Guignes,  cinquième  Général  de  l'Ordre,  écrivit 
les  Coutumes  de  la  grande  Chartreufe ,  &  ces  Cou- 
tumes ont  fervi  de  règle  &  de  loi  à  toutes  les  mai- 
fons  de  l'Ordre.  Le  "Chapitre  tenu  en  1571,  or- 
donna que  les  Coutumes  de  Guigues  &  les  Sta- 
tuts qui  ie  trouvoient  dilperfés  ,feroient  rafîemblés 
avec  toute  l'cxaélitude  &  la  brièveté  poflîble.  Quel- 
ques-uns voulurent  à  cette  occafion  faire  diminuer 
les  auftéritésde  l'Ordre;  mais  le  Chapitre  général 
n'y  voulut  point  confentir ,  &  les  nouveaux  Sta- 
tuts furent  imprimés  en  1 581.,  fous  le  titre  de  AW- 
yelle  collection  des  Statuts  ,  après  avoir  été  confir- 
més par  trois  Chapitres  généraux,  fui  vant  la  cou- 
tume de  cet  Ordre ,  où  aucune  Ordonnance  faite 
dans  les  Chapitres  généraux  ne  peut  être  reçue , 
&  ne  peut  prtlfer  pour  loi  ,  qu'après  cette  forma- 
lité. Par  ces  nouveaux  Statuts  il  eft  ordonné  que 
toutes  les  perfonnes  de  l'Ordre  feront ,  Moines  , 
Cortvers ,  Donnés  &:  Religieux.  Il  y  avoir  aupa- 
ravant des  Rendus  ;  par  ces  nouveaux  Statuts ,  il 
eft  défendu  d'en  recevoir.  Nous  expliquerons  en 
fon  lieu  ce  que  c'étoit  que  Rendu. 

L'habillement  des  Moines  confifte  en  une  robe 
de  drap  blanc  ,  ferrée  d'une  ceinture  de  cuir  blanc  , 
ou  de  corde  de  chanvre  ,  ou  de  l'un  Se  l'autre  mê- 
lés enfcmble, avec  une  petite  cuculc,  à  laquelle  eft 
artaché  un  capuce  auifi  de  drap  blanc.  Au  chœur 
^lic  quand  ils  paroiflént  en  public,  ils  ont  une  cu- 
cule  plus  grande  ,  qui  dcfcend  juiqu'à  terre  ,  &  à 
laquelle  eft  aufîî  attaché  un  capuce  ;  aux  côtés  de 
cette  cuculc  il  y  a  des  bandes  de  drap  aflcz  lar- 
ges. Ces  cucules  l'ont  ce  qu'on  appelle  ailleurs  des 
fcapulair?s. 

On  peut  regarder  le  Bref  que  le  Pape  Urbain 
II  écrivit  à  Seguin  ,  Abbé  de  la  Chaifc-Dieu ,  pour 
f  émettre  les  premiers  difciplés  de  S.  Bruno  en  pof- 


CHA 

fcifion  de  la  grande  Chartreulé  ,  comme  la  prcrsièrs 
confirmation  de  cet  Ordre.  Guigues  II ,  neuvième 
Général ,  en  obtint  une  plus  authentique  d'Alexan- 
dre III ,  donc  la  Bulle  eli:  du  17  Septembie  11 70, 
Se  les  mit  fous  la  proredion  du  Saint  Siège.  Voye^^ 
les  Annales  Ordinis  Carthiijienjis  ,  par  le  R.  P. 
Innocent  Malibn  ,  Général ,  Ss.  le  P.  Hélyot ,  Turn. 
ru,  c.  51. 

Chartreux,  le  dit  auflTi  d'un  Monaftère  de  Chartre^, 
Saint  Louis  a  fait  bâtir  les  Chartreux  de  Pari* 

Chartreux.  On  appelle  Pille  des  Chartreux,  une 
clpèce  de  laine  que  Ton  tire  d'Elpagne  ,  pour  l'em- 
ployer dans  les  meilleures  manutaclurcs  de  lai- 
nerie. 

Chartreux.  Le  vulgaire  nomme  ainfi  une  forte  de 
chat ,  qui  a  le  poil  gris  cendré  tirant  fur  le  bleu. 
C'eft  une  efpèce  de  fourrure  dont  les  Pelletiers  font 
négoce. 

CHARTRIER.  f.  m.  Tréfor ,  lieu  où  l'on  garde  les 
Chartres  a'une  Abbaye  ,  d'une  Communauté, d'uno 
Seigneurie.  Tabularium,  Richard  ,  Roi  d'Angle- 
terre,  ayant  défait  l'arrière-garde  dePhilippe-Au- 
gufte  entre  Châteaadun&  Vendôme, l'an  1 194,  lui 
enleva  tout  fon  bagage ,  l'argent  deftiné  au  paye- 
ment de  l'armée ,  &  lur-tout  le  Chartrier  de  France. 
Ainh  il  ne  faut  pas  s'étonner  fi  les  tréfors  des  Char- 
tres &  des  regiftres  publics  ne  montent  plus  au- 
delà  de  Philippe-Augufte;  car  jamais  le  Roi  d'An- 
gleterre ne  voulut  fe  delfaifir  de  ces  papiers.  Cette 
perte  fut  caufe  qu'on  établit  à  Paris  le  tréfor  des 
Chartres. 

Chartrier  ,fedit  aufîî  du  garde  de  ce  ttcCot.Cufios 
tabularii.  Dans  les  Couvens  il  y  a  un  Religieux 
Chartrier  ,  Cartularius.  Voyez  Chartulaire. 

03"  Chartrier,  s'eft  dit  auill  en  quelques  endroits 
pour  prifonnier.  Chartre  fignifioit  priibn. 

CHARTRONS.  On  nomme  ainfi  à  Bourdeaux  uri 
faubourg  qui  s'étend  tout  le  long  du  port  ,  &C 
qui  eft  féparé  de  la  ville  par  la  citadelle. 

CH ARTULAIRE.  f.  m.  On  prononce  Cartulaire.  Vo- 
lume où  l'on  a  recueilli  ou  tranfcrit  les  principa- 
les Chartres  d'un  Abbaye ,  d'une  Seigneurie.  Fête- 
rum  chartarum  volumen  ,  codex, 

Chartulaire  ,  eft  auifi  le  nom  de  difFérens  Offi- 
ciers qui  ctoient  chargés  de  Chartres  ,  de  papiers 
qui  concernoient  le  public.  Cliartularius.  Le  Char~ 
tulalre  préfidoit  aux  jugemens  eccléfiaftiques  au  lieu 
du  Pape,  &  gardoit  les  Chartres  de  l'Eglife.  Dans 
l'Eglife  Grecque  on  appeloit  C'/^arro/jAj'/^^e,  celui  que 
les  Latins  appeloient  Chartularius ,  Chartulaire  ; 
mais  fa  charge  étoit  bien  plus  confidérable  :  &  plu- 
fieursdiftinguent  même  dans  l'EglifeGrecqueleC/iar- 
tulaire  du  Chartophylax.  Voyez  ce  dernier  mot.  Le 
Chartulaire  de  Conftantinople  préfidoir  aux  juge- 
mens civils  ou  criminels ,  au  nom  du  Parriarche  : 
on  l'appeloità  caufe  de  cela,  la  boucheic  la  maindu 
Patriarche  :  il  portoit  un  anneau  d'or  &  une  tiare  or- 
née d'or ,  6c  fur  fa  poitrine  une  efpèce  de  bulle,  corn» 
me  IcsEvcques  portent  en  France  une  croix.  Il  avoiti 
coinmc  le  Patriarche,  le  droit  de  catéchifer  le  peuple 
dans  rÈglife.  Quand  le  Patriarche  établifibit  un 
Chartulaire  ,  il  lui  donnoic  des  clefs ,  pour  marquer 
l'érendue  de  fon  autorité.  Quoique  le  Chartulaire  de 
Conftantinople  ne  fut  que  Diacre  ,  il  précédoit  les 
Evêques  ,  malgré  leurs  fréquentes  proteftations  ; 
mais  il  n'avoit  point  féance  aux  Conciles  œcu- 
méniques ,  quand  dn  en  tenoit.  Il  avoir  foin  de  ti- 
rer des  archives  dont  il  avoit  les  clefs ,  les  papiers 
que  les  Pères  du  Concile  demandoient ,  &  de  les 
retirer  enfuite.  FoYe:^^  Balsamon  ,  Liv.  FJI  du 
Droit  des  Grecs ,  l'aélion  1 5  &  14  j  du  fixicme  Con- 
cile. 

Chartulaire  ,  dans  l'Empire  ,  croit  un  Officier  de 
l'Empereur  à  Conftantinople.  Il  y  avoit  plufieurs 
Chartulaires  ,  &  l'un  d'eux  étoit  le  chef  des  autres, 
auquel  ils  éroienr  fubordonnés  :  on  l'appeloit  c^rand 
Chartulaire.  Quand  l'Empereur  monroic  à  cheval 
c'éroir  le  Chartulaire  qui  rcnoitfon  cheval  &  qui 
le  menoit.  Chartularius.  Le  P.  Goar  l'appelle  aufli 

Scriniarius. 


C  K  A     "" 

Scriniarius.  C'ctoit  un  commis ,  cehiîqui  tcnoît  îe 
regiftre  public  ,  qui  y  écrivoic  les  adles  &:  les  comp- 
tes. S.  Pierre  de  Maiuma ,  Martyr,  ctoi:  Chartulaire 
des  impôts  publics  ,  ChartuLarius  vecligalium  pu- 
élicorum.  Voyez  Bollandus  ,  Acla  SS.  Fehr.  T. 
m  ,p.  i66  ,  i6j.  Au  refte  ,  il  paroit  par  le  Diacre 
Jean,  dans  la  Fie  de  S.  Grégoire  ,c.  6 ,  que  l'office 
de  Lhartuldire  ctoit  conlidérable  \  car  il  lui  donne 
les  litres  de  Magnifique  &  de  Seigneur.  Veniente 
autem  viro  Magnifico  domino  Maurencio  Chartu- 
lario. 

Chartulaire  ,  ctoit  aulFi  un  Copifte  ,  un  Clerc ,  un 
Scribe  d'un  ordre  inlcrieiix,  P,  Goak,  fur  Codin  , 
p.  I  o ,  noie  7. 

Chartulaire,  dans  le  Clergé  ,  ctoit  encore  celui 
qui,  avoir  ibin  des'charrrcs  ,  des  codiciles ,  des  li- 
vres de  compte.  II  avoir  audî  loin  de  tous  les  li- 
vres qui  concernoientles  Letleurs  &  les  Cliantres. 
Goar  ,noie  $6  fur  Codin  ,  p.  16  de  i'éd,  dii  Louvre. 

CHARYBDE.  {'.  m.  Gouffre  horrible  vers  le  rivage 
de  la  Sicile.  Charyhdis.  Il  n'efr  pas  éloigné  d'un 
autre  gouike  appelle  ScylLi  :  èc  de-là  cft  venu  le 
proverbe ,  qu'il  taur  prendre  garde  de  tomber  en 
5cylla,en  voulant  éviter  Charyéde ,  c'eft-à-dire  , 
qu'en  fuyant  un  péril  on  ne  le  précipite  dans  un 
autre  oppofé. 

Incidit  in  Scyllam  cupiens  vitare  Charyhiim. 

^fT  Horace  donne  ce  nom  aux  courtifancs  qui ,  abu- 
jant  de  l'amour  qu'on  a  pour  elles  ,  épuifent  les 
i'orces  &  la  baurle  de  leurs  aman;. 

Ah  mi  fer  ! 
Quanta  laboras  in  Charyhdi  , 
Digne  puer  ,  mehore  fixmniâ. 

ffT  Charybde  ,  félon  la  fable  ,  étoir  une  femme  de 
mauvaife  vie  qui  voloit  fur  les  côtes  de  Sicile. 
Ayant  détourné  les  bœufs  d'Hercule, elle  fut  frappée 
de  la  foudre  par  Jupiter,  &  métamorphofée  en  ce 
gouifre,dont  les  Anciens  ont  fait  des  defcriptions 
iî  eil'r.Tyantes.  Ce  pallage ,  aurrefois  li  rerrible  pour 
les  Navigateurs ,  ne  mérite  pas  aujourd'hui  l'atten- 
tion de  nos  matelots.  Le  nom  moderne  eft  capo 
di  faro. 

CHAS  ou  CHAAS.  f.  m.  Vieux  mot  qui  (îgnifîoit 
autrefois  l'intervalle  qui  eft  entre  deux  pourres  d'un 
bâtiment  :  ce  qu'on  appelle  maintenant  travée.  In- 
tertignium  :  inter  proxima  duo  ligna  tahulati  in- 
(ervallum. 

On  dit  dans  quelques  campagnes,  qu'une  vaclie  efl: 
en  chas ,  pour  dire ,  qu'elle  eft  en  chaleur.  Appeterus 
maris  vacca. 

Chas  ,  eft  auflï  un  terme  de  Maçon  ,  qui  lignifie  une 

•  pièce  de  cuivre  carrée,  du  m.ilieu  de  laquelle  pend 
une  pièce  de  méral  ronde  qu'on  appelle  plomb, 
Koye^  Plomb. 

Chas.  Vieux  nom  d'une  ancienne  fortification  qui  fe 
faifoit  pour  garder  quelque  pofte ,  ou  les  travail- 
leurs de  quelque  ouvrage.  Munitio.  S.  Loys  fit  faire 
■deux  befl'raiz  que  l'on  appelle  chas  chateils  ;  car 
51  y  avoir  deux  chateils  devant  les  chas  &  deux  mai- 
ions  d'arrière.  Le  frère  du  Roi  guettoit  de  jour ,  & 
nous    autres    Chevaliers  guettions  la  nuit.  Join- 

VILLF. 

Chas.  Quelques  Marchands  Merciers  &  Aiguilliers 

appellent  ainfi  l'endroit  troué   de  l'aiguille. 
Chas  ,  fignifie  une  certaine  colle  ,  dont  les  Tllferands 
frottent  la  chaîne  du  fil  tendue  fur   leur  métier. 
PoMEY-  Textorium  glutinum.  Cette  colle  des  Tif- 
ferandsn'eftaurre  chofe  qu'une exprcdlon  de  grain 
amolli  dans  l'eau  ,  à  laquelle  les  Amidonniers  don- 
nent auHi  le   nom  de  chas.  Les  Tilferands  la  ré- 
duifent  en  colle  pour  frotter  les  fils  de  la  chaîne 
&  les  rendre  moins  flexibles. 
CHASERET.  f.   m.    On    prononce   Chaieret.  C'eft 
un  petit  chaffis  de  bois  large  de  trois  bons  doigts , 
qui  a  un  fond  d'ofier  ,  &  dont  on  fe  fert  pour  faire 
Tome  II. 


C  H  A  47  ^ 

des  fromages.  Un  chaferet  fort  propre.  Ce  fonde» 
Boifléliers  qui  font  les  chaferets, 
.  CHASNAEMIN.  f.  m.  Officier  de  lamaifon  du  Grand- 
Seigneur,  Chefde  dix  Commis, oupetits  Tréforiers 
qui  font  fous  le  CafnatarbaHl ,  lequel  a  outre  cz\z.- 
fous  lui  foixante  ou  quatre-vingft  jeunes  garçons , 
de  ceux  qui  font  nourris  au  Serrail.  Vigen.  dans^ 
fis  Ulujir.  fur  l'HiJl.  de  Chalcondylci  p,  551. 

Ce  mot  eft  turc  ,  compofé  de  n  ;o  ch.ifna., 
bourfe  ,  &  nat?,  cniin  ,  proorcmenr^^ii/d  ,  comma' 
en  hébreu  Se  en  arabe  j  &  de -là  Commis ,  Garde 
prépofé  à  auelijue  office. 

CHASNATARBASSI  ou  CHASNADARBACHL; 
f.  m.  Nom  d'un  Officier  du  Serrail  du  Grand-Sei- 
gneur ,  Grand-Trcfotier  du  Serrrail.  C'eft  lui  qui 
donne  aux  Pages  l'argent  qu'il  faut  pour  les  menus-, 
plailîrs  du  Grand-Seigneur-,  lavoir,  quarante  ducatS; 
par  jour,  rantenafpres  qu'en  Hilranins  ,  qu'on  lui 
mît  dans  les  poches  de  fon  doliman.  Vigen. 

Ce  mot  vient  de  chafna ,  qui  en  turc  lignifie 
trifor  ,  harfi ,  dit  Meninski  au  mot  n;D3  ;  &  de 
tefc<i ,  chef. 

(fT  CHAS-ODAH.  Appartement  intérieur  du  Ser- 
rail du  Grand  Seigneur, 

^fT  Le  Châs-odah  Bachi  ,  dans  la  C3ur  du  Grand-, 
Seigneur  eft  auilî  le  grand  Chambellan  qui  com- 
mande à  tous  les  Officiers  de  la  chambre  où  couche 
le  Sultan.  Chas-oiaJi ,  fignifie  chambre particuliire  3 
5-:  Bachi ,  chef. 

CHASSAKI.  f.  m.  Se  f.  Terme  de  Relation.  Nom 
qu'on  donne  à  un  principal  Officier  de  l'Empe- 
reur Turc.  Et  quand  on  fe  fert  de  ce  terme  pour  une 
femme  ,  il  lignifie  celle  que  le  Grand-Sei^jneur  a 
honoré  de  la  tendrelfe ,  une  fille  du  Serrail  qui  a 
eu  le  mouchoir. 

Ce  nom,  qui  eft  en  ufage  chez  les  Turcs,  eft 
compofé  du  mot  arabe  Ckaffah  ,  &  du  nom  perfan 
Ki ,  Roi. 

CHÂSSE,  f.  f.  Ce  mot  a  la  pénultième  longue.  Vail- 
fcau  où  eft  enfermé  le  corps  ou  les  reliques  d'un 
Saint  ou  d'une  Sainte.  Sacrarum  reliquiarum  theca  , 
capfa.  On  defcend  la  chà(fe  de  fainte  Geneviève  avec 
de  grandes  eérémonies  ,  &:  dans  les  grandes  né- 
celfités  publiques.  Les  ch.ijfès  anciennes  font  faites 
en  forme  d'Eglifes  gothiques. 

Ce  mot  vient  de  cacia ,  ou  capfa  ,  que  Papias 
dit  avoir  été  ainfi  nommé  ,  qubd  in  fe  ali.juid 
capiat  ;  6c  eft  dérivé  du  grec  ytù-^a. 

On  dit  proverbiatemenr  d'une  pcrfonneforr  pa- 
rée ,  qu'elle  eft  décorée  comme  une    châffe. 

Châsse  ,  fe  dit  aulfi  chez  plufieurs  Artifans ,  de  la 
partie  qui  fert  à  tenir  quelque  chofe  enchâlTée  ^ 
comme  la  corne  des  lunettes  ordinaires.  Margo 
interiore  finu  creimtus.  Châfje  ou  manche  de  ra- 
foir ,  &'c.  Manubrium.  La  chàfje  d'une  bouclé  eft  la 
partie  où  eft  le  bouton,- 

Ce  mot  vienr  de  capfa  ,  félon  Nicor» 

Châsse,  fignifie  auffi  cette  partie  delà  balance  qui 
fert  à  la  tenir  lufpendue  par  le  moyen  des  pivots  da 
fléau.  Anfa.  La  languette  marque  l'équilibre,  quand 
elle  eft  toute  droite  6c  de  niveau  avec  les  deux 
côtés  de  la  chàfje. 

Châsse,  eft  auili  un  tetmt  d'Orfèvre,  &de  Faifeurs 
de  boucles ,  &  fignifie  la  même  chofe  que  chape. 
Voyez  Chape. 

CHÂSSE,  f.  f.  Ce  mor  a  la  pénultième  brève.  Aclioii 
de  challer,  de  pourfuivre-,  courfe  pour  attraper  quel? 
qu'un.  Cet  efcadron  étoit  plus  fort  que  celui  des 
ennemis,  il  lui  a  donné  la  chaffe.  Hoftes  fugare  ^ 
hnjies  in  fugam  conjicere ,  vertere  ,  dejicere.  Ce 
Prcvôt  donne  bien  la  chàffe  aux  voleurs. 

Châsse",  en  terme  de  Marine,  fe  dir  en  général 
de  la  fuite.  Donner  la  chafe ,  c'eft  obliger  les 
vaifleaux  ennemis  à  s'enfuir.  Prendre  chaffe  ,  c'eft 
s'enfuir  foi-même.  Fugere ,  fugam  capere.  Soute- 
nir chaffe  ,  c'eft  fe  bartte  en  retraite.  Cedendo  pug-% 
nare.  On  appelle  pièce  de  chafjé  ou  chafe  de 
proue,    les  canons  qui  font   logés  fur  l'avant  du 

O  0  o 


474  ^  ^'^  ^ 

vaiHeau,   pour  tirer  fur  les  vjiUcauj:  qui  prennent 
chajji  ,  &c  a  qui  on  donne  la  c/uip. 
Chasse  ,  le  dit  particulièrement  de  li  pourluue  eu  on 
hïi  du  gibier  gros  Se  menu ,  à  poil  ou  a  plume.  /  c- 
natus  ;  vamtio.  La  chaf^  eft  le  plus  ancien  moyen 
d'acqucrir,  Se  le  premier  art  que  la  nature  ait  en- 
rci2;ne  aux  hommes  pour  le  nourrir.  Delaunav.  Les 
chahs  iLir  terre  font  de  plulicurs  ibrtes.  L:ic/u!j,e 
royale  eft,  aux  chiens  coarans  avec  meute  &  équi- 
pages ,  où  l'on  force  le  gibier ,  tant  les  ccrts ,  daims , 
chevreuils  Se  fangliers ,  que  des  lièvres  Se  renards  : 
Se  on  appelle  cela  chaQ'tr  à  bruit.   Fenatio  cUmoja. 
Il  n'y  a  que  les  François,  Anglois  Se  Polonois  qui 
ufent  de  cette  chajfe.  La  chap  des  Gentilshommes 
le  fait  avec  des  lévriers ,  avec  des  chiens  courans  , 
pour  prendre  Se  forcer  des  lièvres.  La  cha[le  aux  fi- 
lets  eft  défendue  par  l'Ordornance  d'Henri  IV  , 
du  mois  de  Juin  i(îoi  ,  Se  de  Louis  le  Grand  ,  du 
mois  d'Aoïit   1699. 

Un  Poète   dit   dans  une  Ode  dégante   lur  la 

chajj'i. 

Ces  jeux  ,  amis  de  lajeuncjfe. 

Du  vice  écartent  les  ajj'auts  ; 

Ils  nourrijjent  la  hardiejfe  , 

Us   ont  fan  les  premiers  Héros.  _ 

Sous  les  yeux  d'un  Centaure  habile. 

De  fa  valeur  le  jeune  Achille 

Fit  éclater  les  premiers  traits. 

Il  prenait  les  cerfs-  à  la  courfe , 

//  domptait  la  lionne  &  l'ourjé  , 

Avant  qu'il fecouriit  les  Grecs.  De  S.  Gilles. 

ItT  D'un  autre  côte,  la  chaffe  endurcit  le  cœur  aulli 
bien  que  le  corps.  Elle  accoutume  au  fang  Se  à  la 
cruauté.  On  a  fait  Diane  ennemie  de  l'amour ,  Se 
l'allégorie  eft  jufte.  Les  langueurs  de  l'amour  ne 
naifient  que  dans  un  doux  repos.  Un  violent  exer- 
cice étouffe  les  fentimens  tendres. 

Il  y  a  un  Traité    du  droit  de  la  chap   par  F. 
De  Launay  ,  Profeiîeur  du  Droit  françois.  Sur  les 
paroles  de  Dieu  .à  Adam,  Gen,  /,  i(î  Se  18,  Se  a 
Noé ,  G  en.  A7,  z ,  ^ ,  on  a  conlîdcré  la  chaffe  comme 
nn  droit  acquis  à  l'homme.  On  a  eu  la  même  pcn- 
lee  dans  les  fiècles  iuivans  -,  aulîi  les  peuples  les 
plus  civilifés ,  comme  les  Perles  ,  les  Grecs  Se  les 
Romains ,  ont  fait  de  la  cha[l'e  un  de  leurs  plus  hon- 
nêtes divertilîemens  -,  Se  elle  a  fourni  aux  plus  fau- 
vages  ce  qui  croit  ncceflaire  à  leur  entretien  Se  à 
leur  nourriture.  La  Jurilprudence  Romaine ,  for- 
mée  fur  les  mœurs  des  premiers  peuples,   en  a 
fait  une  loi ,  Se  établit  pour  maxime ,  que  de  droit 
naturel  les  choies  qui  n'ont  point  de  maîtres ,  ap- 
partenant au  premier  occupant ,  les  bêtes  fauvages , 
les.oifeaux  S:  les  poillbns  ,  font  à  celui  qui  les  prend 
le  premier.  Dans  le  Droit  François ,  lac/zii/c  eft  un 
droit  royal,  Seperfonne  n'en  peut  jouir  que  par  la  pcr- 
milfion  du  Roi.  De  Launay  prétend  même,  dans  l'on 
Traité  du  droit  de  la  chap,  que  c'eftun  droit  divin, 
fondé  fur  ce  que  Daniel  dit  à  Nabuchodonolbr , 
c.  Il ,  V.  58  , que  Dieu  a  mis  entre  les  mains  les  ani- 
maux de  la  terre  ,  lesoifeauxduciel ,  Se  les  poilîbns 
de  la  mer ,  Se  l'a  établi  Seigneur  de  toutes  choies.  Il 
eft  allez  difficile  de  décider'dc  l'antiquité  de  ce  droit. 
On    rapporte    fur    cela  des  Ordonnances  du  Roi 
Jean,    de  Charles     Duc  de  Normandie  Se  Dau- 
phin de  Viennois  ,  de  Charles  le  Bel  ,  un  décret 
du  Concile  de  Tours  de  l'an  815,  la  Conftitu- 
tion  de  Frédéric  I,  appelé  à  l'Empire  l'an  ii^i. 
Mais  tout  cela,  félon  De  Launay  ,  ne  prouve  rien 
moins  que  ce  que  l'on  prétend.  Il   n'cft  pas  non 
plus  de   l'opinion  de  ceux  qui  regardent  Charles 
VI,   comme  le  premier  Légiflateur  de  cette  dé- 
fenfe.  Il  prétend  que  dès  nos  premiers  Rois,  le 
fair  de  la  chaffe  croit  au  nombre  des  crimes  ca- 
pitaux,  Se  le  prouve  par  Grégoire  de  Tours ,  qui 
rapporte  que  Contran  fir  lapider  Chondp  ou  Chan- 
dou ,  pour  avoir  tué  un  buflc  dans  fa  forêt. 
Ce  mot  vient,  en  ee  fens ,  de  chacea,  chafea  ,  ou 


C  H  A 

chacia,  ou  cafj'a,  qu'on  a  dit  dans  la  baflc  latinité 
au  lieu  de  venatio.  On  dit  auUi  caciare  Se  cha- 
ciare  ;  pour  dire  ,  chaffer.  Du  Cange.  On  a  dit 
aulli  fuga  Se  fugare  ;  pour  dire ,  chafjér. 

La  chaffe  'du  fanglier  le  fait  à  force ,  aux  ac- 
cours,  aux  chiens  courans ,  lévriers.  Se  avec  des 
limiers  Se  abboyeurs,  en  routillantavec  des  amotces, 
des  arquebules  Se  des  toiles.  Le  vautrait  eft  un 
équipage  entretenu  pour  courre  le  fanglier» 

La  chaffe  au  loup  le  fait  par  le  trictrac  ou  bat- 
tues ,  quand  on  aliemblc  plulicurs  Paylans  qui  tont 
du  bruit  pour  effaroucher  le  gibier ,  Se  le  taire  pal- 
fer  devant  des  Arquebuliers  qui  le  tirent.  On  la  fait 
auiIi  avec  des  pièges  Se  des  amorc.s. 

Leschaf/és  meurtrières  ,  font  1.  s  chaffes  qu'on  fait 
en  Allemagne.  Se  en  Italie ,  où  l'on  abat  grande 
quantité  de  gibier  ,  qu'on  ne  force  point  à  la  courfe, 
mais  qu'on  enferme  dans  des  toiles  ou  filets ,  Se 
qu'on  tue  avec  des  épieux  ou  des  arquebules. 

La  chadé  aux  lapins  le  fait  avec  des  ballets  Se 
des  furets,  qui  les  font  Ibrrir  de  leurs  terriers,  où 
l'on  tend  quelquefois  des  bourfes  ,  panneaux  Se 
ailiers.  On  chaffe  aulli  de  même  les  bêtes  puantes , 
les  renards  ,  chats-harets  ,  fouines ,  putois ,  blé- 
rcaux  ,  Se  les  porc-épics. 

La  chajj'c  qui  le  fait  de  nuit  au  feu  s'appelle  rowi/? , 
ou  a  la  foie  ,  quand  la  nuit  en  hiver  on  va  avec 
un  feu  de  paille  battre  les  haies ,  tandis  que  de 
l'autre  côté  il  y  a  des  hommes  qui  avec  des  ra- 
vaux  abattent  tout  le  gibier  qui  le  lève.  On  ap- 
pelle aulli  la  chaffe  du  rabat ,  celle  où  l'on  va  la 
nuit  avec  des  filets  pour  rabatrre  fur  le  gibier ,  qu'on 
poude  dedans  par  le  moyen  des  chiens  lecrcrs. 

On  fait  audi  des  cha/fes  aux  chiens  couchans  , 
braques ,  cpagneuls ,  baHets  Se  barbets ,  ou  avec  . 
des  traîneaux",  ailiers ,  panneaux  ,  rets  faillans , 
bricoles ,  tentes ,  éraingucs ,  colets ,  pièges ,  amor- 
ces,  broyons,  &c.  On  en  fait  aulîi  à  l'afflit,  qui 
font  en  ufage  chez  les  roturiers  ,  qui  y  vont  clan- 
deftinemcnt  ■■,  elles  font  défendues  par  l'Ordon- 
nance. 

On  appelle  équipage  de  chaffe  ,  des  chiens ,  des 
chevaux,  des  Piqueurs ,  Se  tout  ce  quilert  à  la  chaffi:, 
Venatoria  fuppcllex.    L'Ordonnance   des   Chaffes 
veut  que  l'on  condamne   au  fouet  tous  tendeurs 
de  lacs ,  tiralîes  ,  tonnelles ,    traîneaux  ,  bricoles  , 
pans  de  rets ,  colliers  ou  ailiers ,  &c.  On  fait  des 
chaffes  générales  au  loups,  aux  renards  Se  autres 
bêtes  nuifibles.  0\\  dit  aulli ,  en  termes  de  chaffe  , 
des  bottes  de  chauffe ,  de  demï-chaffe,  c'-eft-à-dire  , 
.de  grolles  bottes. 
L^Chaffe  icC Aç^riculture  font  appelés  des  exercices 
ferviles  chez  Sallufte.  Le  Concile  d?  Tours  défend 
aux   Ecclélialtiques  d'aller    à  la  chaffe  ,  auHi-bieii 
qu'au  Bal  Se  à  la  Comédie.  Fouillons ,  Salnove , 
Solincourt,  ont  écrit  de  la  chaffe,  ou  vénerie.  0*i 
donne  à  PoUux  la  gloire  d'être  le  premier  qui  a 
drellc  des  chiens  à 'la  chaffe  ;   Se  à  Caftor ,  d'être 
le  premier  qui  a  drelle  des  chevaux  pour  courre  le 
cerf. 
Chasse  ,  fe  dit  audl  de  la  troupe  des  Chalîeurs.  Ke- 
natores.  La  chaffe  eft  à  une  lieue  d'ici.  Ce  cerl-  a 
mené  la  chaffe  bien  loin. 
Chasse,  le  dit  aulli  du  gibier  qu'on  a  pris  ou  tué. 
Pr<zda  venatica.  Il  lui'a  envoyé  un  ptcfent  de  fa 
chaffe.  Voulez-vous  venir  manger  de  ma  chafe  ? 
Chasse,  fignifie  aulli,  le  lieu  où  eft  le  gibier,  où 
l'on  chalTe.  Res.io ,  traclus  ,  folum  prcedx  venatica 
ferax.  Cette  terre  eft  dans  un  beau  pays  de  chaffk. 
'Un  Capitaine  dçsChaffes  a  une  certaine  étendue  de 
pays  dans  la  Capitainerie. 
Chasse  ,  {Garde  de)  eft  un  Garde  qui  court  les  plaines 
Se  les  bois  pour  conlerver  le  gibier  qui  eft  dans  le 
pays.  Silvarum  cujîos  &  actrorum. 

On  appelle  huitres  de  chuffe,  les  huitres  qui  vien- 
nent fur  des  chevaux  de  chaffe-marèe  en  plus  grande 
diligence  que  celles  qui  viennent  par  batteau  ,  & 
qui  font  par  conféquenr  plus  fraîches.  Ofirea  ce- 
leriter  terrcflri  itinere  vecla. 


CHÀ 

Ëii  termes  de  Chimie  ,  on  appelle  feu  de  chajfe  , 

lin  feu  violent ,  quand  on  a  ouvert  tous  les  régi- 

ftres  d'un  fourneau.  Ifrnis  ardaitior. 

§C? Chasse,  terme  de  Aîcchaniquc  ,  (e  dit  en  général 

d'un  clpace  lit»te  qu'il  faut  accorder  à  la  machine 

enrière ,  ou  à  quelqu'une  de  fes  parties ,  pour  en 

augmenter  ou  faciliter  l'adion.  Far  exemple  ,  une 

fcie  pour  fcier  du  marbre  ou  de  la  pierre  ,  doit 

avoir  depuis  un   pié  jufqu'à  i8    pouces  de  chajp  ; 

c'cft-à-dire ,  plus  de  longueur  au-delà  dû  bloc  qui 

eft  à  fcier. 

On  dit  d'une  chaife  de  pofle  ,    d'un  caroîle  , 
&  de  plufieurs  aurres  machines ,  qu'elles  ont  plus 
■ou  moins  de  c/;<î/^  ,   pour  dire,  qu'elles  ont  plus 
ou  moins    de    difpofition   à    fe  porter  en  avant. 
ACAD.  Fr. 
tfJ"  Chasse,  en  termes  de  Mufique,  fedit  de  cer- 
tains airs  ,    de  certaines  fanfares  de  cors  vC  d'in- 
ftrumens  qui  réveillent  l'idée  des  tons  ,   que  ces 
inPcrumens  donnent  à  la  cha(J,:. 
Chas.îe  ,  eft  auffi  une  cfpèce  de  niveau  donrfe  fervent 
les  Maçons ,  qui  coniiil:e  en  une  planche  percée  par 
le  bas ,    pour  recevoir  un  plomb   au  bout  d'une 
corde  attachée  en  haut ,  qui  cfl  conduit  par  une 
ligne  tracée  dans  le  milieu.  Libella. 
Chassï.  carrée  ,  Chasse  ronde  ,  &  dcmi-rondc ,  font 
des  outils  d'Artifans ,  &  fur-tout  de  ceux  qui  tra- 
vaillent en  fer ,  qui  fervent  à  percer  &  à  enlever  les 
pièces  en  carré  ,  rond  ou  demi-rond.  Ce  font  des 
marteaux  ou  poinçons  de  fer  fort  acérés. 
Chasse.   Terme  d'Artificier,  On  appelle  ainf  toute 
charge.de  poudre  grénée ,  ou  grolfièrement  écra- 
fée  ,  qu'on  met  au  fond  d'un  cartouche ,  pour  ch;.f- 
fer  Se  faire  partir  les  artifices  dont  il  eft  rempli  , 
eh  leur  communiquant  le  feu  en  même  temps. 
'CuAssE-vdante.   Terme   en  ulage  en   bien   des  en- 
droits ,  où  l'on  appelle  ckaff'e-voLinte  ,    la  pour- 
fuite  prétendue  que  les  démons  font  des  âmes  après 
leur  mort,  ou  plutôt  après  leur  féparation  du  corps  ! 
qu'elles  animoient.  La  chajfe-volaiite  eft  un  conte 
de  vieille.    Le  peuple,    &   lur-tout  les  payfans , 
Croient  en  quelques  endroits  que  les  démons  pour- 
fuivcnt  le;;  âmes  après  la  mort  ,  &  qu'ils  aboient 
après    elles ,    comme  des    chiens  qui  courent  un 
bête.  C'efl:  ce  qu'ils  nomment  chajp-vo/ante. 
Chasse.    Les    Raffineurs  de    lucre   fe  fervent  d'une 
chajfe  pour  cercler  leurs  formes  neuves ,  ou  pour 
capper  leurs  formes  calices  -,  elle  n'eft  guère   dif- 
férente du  cha/foir  des  Tonneliers. 
Chasse,  en  termes  de  Joueurs  de  Paume,  03"  eft 
le  lieu  où  la  balle  finit  fon  premier  bond  au-dc  lA 
duquel  il  faut  que   l'autre  Joueur  poufle  la  balle 
pour  gagner  le  coup  :  ce  qui  fe  tait  tant  à  la  longue 
qu'à  la  courre  paumiC.  Il  y  a  des  Marqueurs  pour 
marquer  les  ckajfes.  Cha^e  au  pié  de  la  muraille, 
ou  iîmplement  chaff'e  au  pic.    Gagner  une  chaiïe. 
On  dit  provetbialemerit,  marquez  cette  cha£e  ; 
pour   dire  ,   fouvenez   vous  bien   de  ce  que  vous 
venez  de  faire  ,  vous  vous  en  repartirez  en  temps 
&  lieu.  On  appelle  chaffe-morte ,  un  coup  perdu , 
une  aélion  qui  n'a  aucune  fuite,  dont  on  ne  fe  rel- 
fentira  point.    Irritas   conatiis. 
Chas  Si.- avant;  f.  m.  C'eft  un  homme  prcpofé  dans 
les  grands  atteliers  pour  veiller  fur  les  manœuvres  , 
hotteuts ,  Se  autres  gens  de  Journées ,  5c  preffer  le 
travail.  Exaclor  operarum. 
CnAssi-loffe.  f.  m.  Planre.  Voye^  Corneille  ouLy 

siMAcHiE.  C'eft  le  même  chofe. 
QuASSE-coquin  ,  ou  (ZnAssE-ckien,  f.  m.  éft  un  Suifle 
ou  Bedeau  qui  a  foin  de  chafler  les  mendians  des 
Eglifcs ,  &  les  chiens.  Ahaclor  petulantinm  men- 
dicorum. 
Ch Assï-coujin.  On  appelle  ainfi  le  méchant  vin  ,  qui 
fait  que  les  confins ,  parens  &  amis  ne  fréquen- 
tent pas  une  maifon ,  de  peut  d'y  faire  un  mau- 
vais repas.  Deterius  vihum  appojitum  hofpitibus 
ad  eofdem  ahigendos.  Il  eft  du  ftyle  populaire. 

On  appelle  auffi  cJiaffe-couJin  ,  chez  les  Maîtres 
d'armes,  un  fleuret  ferme  Se  qui  n'obéît  pas,  propre 


'G  H  A  47  ^ 

à  bourrer  de  certaines  grns  qui  viennent  faire  a/faut, 
11  elt  du  ftyle  bas  aufli-bien  que  le  précédent 
Chasse-^/;/?///.  Ce  qui  ôte  le  chagrin,  l'inquiétude 
de  l'cfprit.  Le  vin    eft  un  bon  cha/fe  -  enmn     \\ 
eft  bas. 
f;?  CnAss-E-fieurée.  f  f  Flanche  carrée,  percée  dans 
le   milieu,    fervant  .aux  Teinturiers   à  écarter  de 
dcffus  la  cuve  l'écume  oufleurée,  qui  gâteroit  les 
étoffes  fi  elle  s'y  attachoir. 

CHAssE-OT(zre.  f  £  Vieux  mot,  qui  veut  dire  Sorcière, 
Saga. 

C-AAssE-rnarée.  (.  m.  eft  un  Marchand  ou  Voiturier 
qui  apporte  en  diligence  le  poiiîbn  de  mer  dans  les 
villes.    Qui  marinas  pi/ces  aliqu'o  celer iùs  vehic. 
ffT  Chasse  de  Meunier.  Voyez  Chasseranderie. 
CuAssE-miilet.  Valet  de   Meunier    des  environs   de 
Paris ,  qui  rapporte  fur  fes  mulets  les  facs  de  farine 
au^i  Boulangers ,    &  porte  le  blé  des  Boulanger? 
fur    fes    mulets    au    moulin.    Muloriim    ducloî  & 
alaclor. 
CuAssE-partie.   C  f  Terme    d'Aventurier.    C'eft    un 
accord  par  lequel  les  Aventuriers  règlent  entr'eux 
ce  qui  doit  revenir  à  chacun  d'eux  pour  fa  part , 
Idrfqu'ils  ont  fdt  quelque  entrcprife.  Pacliim  con- 
vcntiim  inter  Piratas  de  partienda  inter  fe  prœdâ, 
CuAssE-poignée.    f   m.    Outil  de  Fourbifîeur ,  ainli 
nommé,  parce    qu'il  fert  à  chafler  &   poui'fer  la 
poignée  d'une  épée  fur  la  foie  de  la  lame,  jufqu'à 
ce  qu'elle    fbit   bien  jointe  avec   le  corps   de  la 
garde. 
3cr  CnAss-E-pointe.  Morceau  d'acier  très-pointu ,  donc 
Ce  fervent  plufieurs  Ouvriers  pour  chailer  les  pointes 
ûu  goupilles  fur  lefquelles  il  n'y  a  pas  de  prife. 
Ch AssE-pom/neau ,  qu'on  nomme  aufTi  boule.  Outil 
de  Fourbi ifeur  qui  fert  à  poufler  le  pommeau  de 
l'épée  fur  la  foie  de  la  lame ,  pour  le  joindre  à  la 
poignée. 
QjHAss-i.-raae.  f  f  Plante.  Voye:;^  Passe-rage  ,  c'eft 

la  même  chofe.  En  latin  ,  lepidium ,  ou  ibe-ris. 
CHASSE,  adj.  &  f.  m.  Terme  de  danfe.  C'eft  le  nom 
d'un  pas.  Il  y  a  plufieurs  chaffes  différens  les  uns  des 
autres.  Ce  pas  eft  ordinairement  précédé  d'un  coupé 
ou  autre  pas,  qui  conduira  la  deuxième  poiîtion, 
en  ce  que  ce  pas  fe  prend  de  cette  pofition,  &  fe 
fait  en  allant  de  côrc  ,  foit  à  droit,  fbit  à  gauche. 
Par  exemple  ,  ii  vous  allez  du  côté  gauche  ,  il  faut 
pliet  fur  les  deux  jambes ,  &  vous  rélever  en  fau- 
tant à  demi,  c'eft-à-dite  ,  raze-terre;  Se  en  prenant 
ce  mouvement  fur  les  deux  pies,  la  jambe  droite 
fe  rapproche  de  la  gauche  pour  retomber  à  fa  place , 
par  conféquent  la  chafl'^  en  l'obligeant  de  fe  porter 
plus  loin  à  la  deuxième  pofition  :  ce  qui  fe  doit 
faire  très-vîte  ,  patce  que  vous  retombez  fur  le  droit 
premier,  &  la  jambe  gauche  fe  pofe  vite  fur  la  deu- 
xième pofition  -,  ce  qui  fait  paroître  que  l'on  re- 
tombe fur  les  deux  pies.  Et  comme  l'on  en  fait  ordi- 
nairement deux  de  fuite  ,  au  premier  faut  vous  re- 


tombez ,  pliez,  Se  du  même  temps  fautez  une  fé- 
conde fois ,  en  portant  le  corps  fur  lé  droit  ou  fur  le 
gauche  ,  félon  que  le  pas  qui  fuit  le  demande.  Mais 
lorfque  vous  en  avez  fait  plufieurs  de  fuite  ,  comme 
à  l'allemande  ,  vous  faites  vos  fauts  de  fuite  ,  fans 
Vous  relever  fur  un  feiil  pié  ,  Se  fans  vous  relever 
comme  il  le  pratique  quand  il  n'y  en  a  que  deux. 
Ce  pas  eft  coulant ,  parce  qu'en  fautant  vous  gagnez 
le  terrain  pour  faire  la  figure  que  la  danfe  demande. 
Il  eft  gai  i  carlorfqu'il  y  en  a  plufieurs  de  fuire  ,  il 
femble  que  l'on  fbit  toujours  en  l'air ,  néanmoins 
fans  fauter  qu'à  demi.  Il  fe  fait  de  même  en  arrière  » 
en  ménageant  feulement  les  pofitions.  Il  y  en  a  un 
diffcrenr  des  autres  ,  en  ce  qu'il  a  deux  pas  dans  fa 
conftruétion  :  le  premier  eft  un  jeté,  &  le  fécond 
un  marché.  Rameau. 
CHASSELAS,  f  m.  Sorre  de  raifin  bon  à  manger.  Ra- 
remenron  l'emploie  à  faire  du  vin.  11  faut  écrire 
Chaffelas  ,  c'eft  l'ufage.  Je  fais  grand  cas  du  ckaf- 
fêlas  en  ce  pays-ci ,  par  la  beauté  de  la  grappe  Sc  du 
grain,  par  la  douceur  de  l'eau  fort  fucrée,  &  fui- 

■     O  o  o  ij 


47^  C  H  A 

tout  pat  la  facilite  du  lappott  &C  de  la  maturltc. 
Il  en  eft  de  tougc  &  de  noir ,  que  je  n'aime  pas 
tant  que  le  blanc.  Id, 

CHASSELAY.  Petite  ville  de  France  dans  le  Lionnois, 
près  du  bord  occidental  de  la  Saône. 

sp-  CHASSELET.  Petite  ville  des  Pays-Bas ,  fur  la 
Sambre  ,  à  une  lieue  au  dellbus  de  Charleroi. 

CHASSENEUIL.  Bourg  de  France  dans  l'Angoumois, 
fut  le  chea-iin  de  Limoges  à  Angoulcme. 

CHASSER.  V.  a.  Eloigner ,  pouffer  quelque  chofeavec 
violence,  robliger\i  fc  retirer ,  lui  donner  la  chaf- 
fe.  On  ledit  dans  le  fens  propre  &  dans  le  figura. 
Filli-re  ,  depelUre  ,  aligcre  ,  exigere  ,  ejicere  ,  fu- 
gari.  Ce  Général  a  chap  les  ennemis  du  Royaume. 
Pourquoi  êtes-vous  fi  prompt  à  fortir ,  quand  le 
dépit  vous  en  chap-;  6:  ii  lent  à  revenir  quand  l'a- 
mour vous  y  rappelle  î  ttès-fouvent  la  raifon  ne 
vient  au  fecours  d'un  Amant ,  que  lorfque_  quelque 
s;rand  dépita  prefque  chap  l'amour  de  fon  ca-ur. 
A^ScuDERi.L'homme  doit  ctte  dégoûté  2c  chaf^  de 
la  vie  par  les  douleurs  &  par  les  aftliitions.  Abad. 

Rois  ,  chaflcz  la  calomnie , 

Ses  criminels  attentats , 

Des  plus  faijibles  Etats 

Trouble  l'hcureufe  harmonie.     Racine. 

On  dit  aufTî ,  la  nuit  vous  chajje ,  vous  oblige 
à  partir  ;  Se  par  civilité  ,  je  vous  chafe  ;  pour  dire  , 
je  vous  confeille  de  vous  en  aller.  On  dit  qu'un 
homme  a  été  c/iap  de  la  Coût  -,  pour  dire,  qu'il  a 
été  exilé.  On  dit  encore  ,  chafer  le  mauvais  air , 
quand  on  renouvelle  l'air  d'une  maifon.  On  dit  au 
Manège  ,  chaffer  un  cheval  en  avant  ,  pour  dire  , 
le  portet  ou  le  faire  aller  en  avant. 

|ta=-  On  dit  c/zj/cT  un  valet -,  pour  dire  ,  congédier, 
renvoyer  un  domellique  dont  on  cft  mécontent. 

03=-  Chassir,  iignifie  quelquefois  Amplement  me- 
ner, faire  marcher  devant  foi.  67ja_//^r  un  troupeau 
de  moutons.  Chajfc-r  les  vaches  aux  champs,  ylbi- 
gare. 

|Cr  Chasser  ,  fignifie  au/Ti  pouCer  quelque  chofe  en 
avant.  Propel/ere.  Ce  joueur  de  paume  clia^i-^  la 
balle  avec  bien  de  la  roideur.  La  charge  de  ce  fufil 
n'eft  pas  allez,  forte  pour  chajfer  la  balle  bien  loin. 
Le  vent  chajfe  les  nuages.  Dijcutit ,  dijjîpat. 

Chasser  ,  lignifie  encoie  ,  pou(fer  ,  frapper  avec  vio- 
lence fur  une  chofe  pour  la  faire  entrer  dans  une 
autre.  Trudere  ,pu/Jarefortiter. Les  Menuilicrs  chrf- 
feut  à  force  une  cheville  dans  un  trou.  Les  Tonne- 
liers ckaffentX  force  les*cerceaux  pour  bien  ferrer 
les  douves  d'un  tonneau. 

Chasser  ,  lignifie  aufTi ,  pourfuivre  |p°  avec  des 
chiens  certaines  bêtes  ,  le  lièvre  ,  le  renard  ^  &c.In- 
fecjiii  canihiis.  Ckajjer  le  cerf,  le  fanglier,  Aprum 
venari. 

%fF  Chasser  ,  pris  abfolument ,  fignifie,  pourfuivre 
toute  fotte  de  gibier.  Venari.  On  chaffe  au  tufil, 
avec  des  chiens  couchans ,  avec  des  chiens  cou- 
rans.  On  chaffe  à  grand  bruit ,  à  cot  &:  à  cri.  On 
cha^e  à  l'oifeau  ,  avec  l'oifeau.  On  chaffe  dans  la 
plaine  ,  dans  les  fotcts ,  fut  fes  terres  ,  fur  les  terres 
d'un  autre  :  ce  qui  au  figuré  fignifie  , entreprendre 

'    fur  la  juridiiftion  ,  fur  les  droits  de  quelqu'un, 

IJC?  On  dit  audi  neutralement,cA^^r  à  la  perdrix  , 
aux  bécafTes ,  au  fanglier,  (/c. 

On  dit  en  termes  de  chafle  ,  ce  chien  cha(fe  de 
haut  vent  j  pour  dite ,  chaffe  contre  le  vent.  Acad. 
Franc, 

Chasser  de  gueule.  C'efl:  laifTer  crier  &  aboyer  un  li- 
mier lorfqu'on  le  laifle  courre -,  car  le  matin  il  doit 
êtte  fecret  &  ne   dire  mot ,  pour  ne   pas  donner 

•    de  l'effroi ,  &  lancer  la  bête. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'italien  cacciare ,  & 

-  de  caLcia,'c[\\\  a  été  fait  de  captare ,  dont  les  La- 
tins fe  font  f^rvis  en  la  même  fignification. 

Chasser,  fe  ditauflidcs  Meuniers  qui  n'ont  pas  un 


CH,A 


moulin  bannal ,  &  qui  vont  chercher  çà  5c  là  leur 
mounées. 

On  dit  enlmptimeiie.quele  Parangon  ckajffepliK 
que  le  S.  Auguiliin  •,  pour  dire,  que  ce  caractère  oc- 
cupe plus  de  place  que  l'autre  ;  '%f^  c'ell-à-dire  que 
les  niêmes  mots  rangés  delà  même  manière,  occ..- 
pcnt  plus  d^'fpace  étant  imprimés  de  ce  caractère, 
que  s'ils  l'étoient  de  l'autre.  En  ce  fens,  iiefl  neutre. 
Ampli  us  fpatium  occupât. 
Chasser  ,  en  tctmes  de  Marine,  fignifie  acffi,  pour- 
fuivre ou  donner  la  ch.i^'e  x  d;s  vaifîeaux  ennemis. 
Fugare  ,  in  fugam  conjicere  ,  vertere.  Nos  vaiileaux 
chajjerent  àéux  jours  fur  ces  Coriaites ,  les  pour- 
fuivirent  julques  dans  leuts  potts.  ChaJ]i:r  un  vaif- 
feau  ,  c'eft  le  pourfuivre  :  chaffer,  fur  un  vailleai: , 
c'cft  courir  fur  lui  pour  le  joindre. 

On  dit  qu'un  vaiif;au  chajfe  fur  fon  ancre  ,  lurf- 
que  le  fend  efl:  de  mauvaife  tenue  ,  &  que  le  vent 
&  les  matées  entraînent  le  vailfeau  ,  ou  le  font 
arer,  parce  que  l'ancre  n'a  pas  mordu  afiez  avant, 
&:  qu'elle  laboure  le  fable.  Nivis  jacli  nequicquani 
anchori  vi  tempejt.itis  ahripitur.  Quelques-uns  di- 
fent  chaffer  au  fud  ,  cLtJJer  à  V.W. ,  pour  courirau 
fud  ,  &c.  Ici  il  cil  encore  neutre. 
Chasser,  fe  dit  provcrl-r.'er.i.'nt  en  ces  phtafes  ,  on 
dit  qu'un  clou   cli.'i,  e  -,  peut  dire,  qu'une 

nouvelle  paillon  en  t.  .  n;  autre  ,  qu'un  grand 

mal  en  fait  oublier  a;  j..  '^n  dit  aulli  qu'un  bon 
chien  ch.iffe  de  race  i  pour  dire  ,  qu'on  tient  tou- 
jours quelque  choie  de  la  nrafanc,  &  qu'elle 
vaut  mieux  que  l'éduCAtion.  Cn  clic  a.iflî  qu'un 
gatçon  ,  qu'une  fille  chajj'cnt  de  race  ,  en  nà  il?  ont 
les  mêmes  inclinarions  que  leur  pcre  ou  leur  mère. 
On  dit  qu'un  homme  chajjl'.  bien  au  plat  ;  pour- 
dire,  qu'il  a  bon  appétit,  qu'il  aime  à  manger  le 
gibier  que  les  autres  tuent.  On  dit  aulfi  5  que  laf-im 
chaffe  le  loup  hors  du  bois  -,  pour  dire ,  que  la  néfce- 
lîite  oblige  les  gens  à  tiavaiiler. 
Chassé  f.e.  part,  pafl^ 

CHASSERANDERIE.  f.  f.  Terme  de  Cciutume.  C'eft 
le  dfoit  queles  Meunietspayent  en  certains  pays  à 
un  Seigneur  qui  a  droit  de  moulin  banal ,  pour 
avoit  permhîîon  de  chalfer  dans  l'étendue  de  fa 
terre-,  %fT  c'eft-à-dire  ,  d'y  venir  chercher  du  blé 
pour  le  moudre.  Le  droit  de  banalité  emportoit  le 
droit  d'empêcher  les  Meuniers  de  venir  chercher  ou 
quêter  le  blé  fur  les  tettes  du  Seigneur.  Le  Seigneur 
leur  accordoit  cette  petmilîion  moyennant  une  cer- 
taine fomme,qu'on  3L^}^c\o\zchaffera7iderie. On  avoit 
mal  entendu  ce  mot,  en  l'appliquant  à  la  petmilîion 
de  chajfer  le  gibier. 
|Kr  CHASSERESSE,  f.  f.  Venatrix.  Ce  terme  fe  dit 
rarement,  &  ne  le  dit  qu'en  Poëlie  en  parlant  des 
divinités  de  la  challe.  Yi'iinzChajfereffe.  LesNym- 
ph  s  Chaff'erefjes. 
ffT  CHASSEUR,  f.  m.  CHASSEUSE,  f.  f.  Fenator , 
veyiatrix.  Celui  ou  celle  qui  aime  la  chalfe ,  ou 
qui  chafie  aduellement.  C'cft  un  grand  chaff'cur , 
une  grande  ckajfjuje.  S.  Huberr  cft  le  patron  des 
Chaleurs.  Jai  trouvé  des  chajfeurs  Se  des  chajfeitfes 
dans  la  plaine.  Ces  Dames  étoient  habillécs-en  chaf- 
feufes.  Un  homme  de  campagne  qui  ne  fêta  que 
c/iaffeur,z  pout  l'ordinaire  un  air- grolller  &  ruf- 
rique  ,  Se  faura  mieux  prendre  des  cerfs  que  gagner 
des  cœurs, 
Ip"  On  appelle  aufTi  chaffeur ,  un  domeftique  dans- 
une  campagne  occupé  à  chalfer  pour  fon  maîtte. 

Quel  bruit  !  la  foret  embrafés 

S'offre  à  mes  re<rards  alarmés  ; 

D'une  canne  d'acier  creufée 

Cent  nouveaux  Chalfeurs  /owr  armés. 

Du  fouffre  bruyant  qu'elle  cache  , 

Au  sré  du  doi?t ,  le  feu  détache 

Un  plomb  qui  part  avec  l'éclair. 

On  dirait  que  l'art  téméraire 

A  fait  rhvmm.e  d^rojîtaire 

De  la  foudre  de  Jupiter.    De  S.  Guies, 


CH  A 

Un  pro.'ii:^e  encore  fe  déploie  t 
Je  vvisjur  la  muLn  du  Challcur 
Le  faucon  avide  de  ^roi^  t 
Vcpervier ,  l'autour  ravijfeur. 
Un  prompt  ej^ort  aux  deux  les  guide  j 
Ils  tombint  tels  quun  trait  rapide  : 
Malheur  à  qui  volent  fous  eux. 
Quel  efl  cette  amitié  jidele  ! 
L'adroit  Chafleur  qui  les  rapelle  y 
Fartage  la  proie  avec  eux.  Id» 

On  dit  proverbialement  d'an  homme  qui  a  grand 
appctit ,  qu'il  cfl;  affamé  comme  un  chajj'eur. 
JfLT  CHASSIE,  r.  i.  Humeur  viiqueulequi  le  filtre  des 
glandes  ciliaires ,  iJc  qui  venant  à  s'épailîir  coiic  les 
bords  des  paupières  l'un  contre  l'autre.  Gramia ,  le- 
ma  y  lippitudo.  Pour  y  remédier,  il  faut  bafllner 
les  paupières  avec  des  eaux  convenables;  Si  le  mil 
vicnr  de  l'cpaiilidèment  ou  de  l'acrctc  de  la  lymphe , 
il  tant  en  corriger  le  vice. 
§Cr  CHASSIEUX,  EUSE.Quiala  ch^ffxz. Lippus. 
Les  vieillards  (ont  ordinairement  cliaffleux.  Cette 
femme  el^  chaffieufe.  On   devient  chdjjieux.  Lippi- 
tur.  Cette  épithcte  s'applique  aulfi  aux  yeux.  Des 
yeux  cka(Jieux,  La  petite  vérole  lui  a  rendu  les  yeux 
ckajjieux. 
CHASSIPOLERIE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes.  Droit 
que  1  -s  llijets  payent  à  un  Seigneur  pour  avoir  la 
liberté  de  lé  retirer  dans  fon  château  avec  leurs  ef- 
fets en  temps  de  guerre.  Jus  a^yli,  tributum  pro 
a-iylo.  Chairipol  en  Brelfe,  où  ce  droit  a  lieu,  lignifie 
concierge. 
^3*  CHASSIS,  f.  m.  C'eft  en  général  un  afllmblage  de 
quelque  matière  que  ce  foit,  quilért  à  environner, 
enchàiîcr  ou  contenir  quelque  choie. 
Châssis  de  croijée,  C'eft  la  partie  mobile  delà  croifée 
qui  porte  le  verre  ;  ouvrage   de  mcnuifcrie  divifé 
en  plulieurs  carreaux  qu'on  garnit  de  verre ,  ou  de 
papier ,  pour  empêcher  que  le  vent  n'entre  par  les 
fenêtres  de  quelque  apparrement.  CanceUi  vitro  inf- 
tructi ,  vel  chartâ  obducii.  C.'tte  chambre  a  double 
chafjis  :  ou  un  contre  chajjis  ,  l'un  de  verre,  l'autre 
de  papier.  ChaJJis  à  carreaux  ,  celui  qui  eft  partage 
de  croilillons  de  petits  bois,  &c  garni  de  grands 
carreaux  de  verre.  Ckaffis  à  coulijfe  ,  celui  dont  la 
moitié  fe  double  en  la  haullant  fur  l'autie.  Chajfu 
à  pointe  de  diamant ,  eft  celui  dont  les  petits  bois 
fe  croifentà  ons,ht.CkaJJIs  a  Jiches ,  eft  celui  qui 
s'ouvre  comme  les  volets.  Chajjis  dormant ,  eft  ce- 
lui qui  ne  s'ouvre  point.  Chajjis  dormant  eft  auîii , 
en  termes  de  menuiferie,  le  bâti  dans  lequel  eft 
ferrée  à  demeure  la  fermeture  mobile  d'une  baie, 
&  qui  eft  retenu  avec  des  pattes  dans  la  feuillure. 

ChdJJis  de  jardin,  eft  un  bâti  de  bois  de  chcne 
peint  à  l'huile,  Se  garni  de  panneaux  de  vîrre,  pour 
fervir  dans  les  jardins  en  difpolanr  deux  ou  plu- 
iieurs  de  ces  chajjis  en  manière  de  comble  à  deux 
égouts,  qu'on  bouche  par  les  extrémités  d'un  pan- 
neau triangulaire  fur  les  couches,  les  plates-bandes 
de  fleurs,  &:les  pépinières,  pour  garantir  les  plan- 
tes du  froid  ,  &  faire  avancer  les  Heurs  &  les  fruits, 
en  les  échauffant  pat  un  feu  modéré  qu'on  fait  def- 
fous  durant  l'hiver.  Voye^li.  Quintinie  &  Liger,au 
mot  Châssis. 

Chajfis  d'oller ,  eft  une  cliffe  ,  une  clôture  d'ofîcr 
que  l'on^met  devant  les  fenêtres.  On  fair  aulfi  à  la 
campagne  des  chajjis  de  toile.  On  fait  encore  des 
chajjis  à  claires  voies  d'olier ,  de  fil  de  fer ,  pour 
conlérver  les  virres. 

Ce  mot  a  été  fait  de  capfilium,  diminutif  de 
capfum  ,  qu'on  a  dit  çouï  capj'a.  Ménage. 
Châssis,  fe  dit  auffi  d'un  ouvrage  de  Ménailere,qui 
enferme  ,  qui  enchàffe  ,  qui  entoure  ,  qui  fupporte 
quelque  choie.  Lisnearum  re^ularum  compares. 
Ainfi  on  dit:,  le  chajjis  d'une  porte ,  d'une  fenê- 
tre. Mettre  une  table  lut  fon  chajjis.  Le  chijfis  d'une 
table  eft  ce  qui  foutient  le  dellus.  Chajjis  de  fer , 
eft  le  pourtour  dormant  qui  reçoit  le  battement 


G  H  A  47^ 

d'une  perte  de  fer.  C'eft  auff»  ce  qui  en  retient  les 
barres,  &  traverl'>?s  desvanteaux. 
Châssis  ,  fe  dit  encore  d'un    métier  fur  lequel  oïl 
étend  de  la  toile  ou  de  l'cto.Te  pour  broder ,  ou 
des  rél'jauxpour  y  faire  des  dentelles,  ou  autres 
ouvrages,  ou  des  matelas  pour  les  piquer.  &c. 
QûASSis  de  pierre  ^  eft  une  dale  de  pierre  qui  en  re-* 
çoit  une  autre  en  feuillure.  Lapis  incijus  in  medio^ 
t>  injtrtumjibi  lapiaem  alterum  excipicns.  Elle  fcrc 
aux  aqueducs ,  aux  regards ,  &:  aux  cloaques  pour 
y  travailler  ,  aux  Iroiies  d'aifances  pour  .es  vider. 
Châssis,  fe  dit  encore  en  termes    de   Peinture  ou 
de  Perlpecî:ive,d'un  carré  compoie  de  quatre  rèi^les 
de  bois ,  affemblé-^s ,  dont  le  vide  cil  divif;  "p^.r 
plulieurs  filets  &c  petits  carreaux  :  ce  qui  fert  à  ré- 
duire les  figurrs  du  petit  au  grand  ,  &  du  grand  au 
petit.  Lignearum  regularum  compagescujus  vacuum 
in  medioj'patium purtita  in  quddrumjila  occupant.  - 
On  appelle  auiIl  chajjis  ,  le  bois  fur  lequel  eft  ten- 
due la  toile  où  l'on  applique  la  peinture. 
C;i  ASSIS ,  en  termes  d'Imprimerie ,  eft  un  grand  carré 
compofé  de  quatre  bandes  de  fer,  dans  le  vide  du- 
quel on  enferme  les  formes  de  plomb ,  ou  carac- 
tères arrangés  ^qu'on  ferre  de  tous  les  côtés  avec  .des 
coins.  F  erre  arum  regularum  compages.  Le  chajfis  fe 
dit  proprement,  quand  il  y  a  une  barre  dans  le 
milieu  -,  car  iorfqu'il  n'y  en  a  point ,  on  l'appelle 
rainette . 
C:i As-iis  de  la  galLrie.  Ce  font  des  poutres  ou  foli- 
vaux  ,  ou  pour  mieux  dire ,  des  montans  de  fix 
pieds  de  haut.  Les  Anciens  s'en  fervoient  dans  les 
tfrres  pour  ks  foutenir.  Ces  montans  ainfi  pofés , 
s'appuienr  chacun  ilir  la  femelle ,  c'eft-a-dire,   fut 
un  motceau  de  bois  couché  à  plat ,  de  peur  que  la 
pe'fanteur  des  terres  ne  les  falfe  enfoncer. 
03"  Châssis  d'une  mailbn  ,  fignifiela  mêmechofe  quô 

carcalfe  de  charpente. 
ffC?  Châssis  à  l'Opcra  ,  fynonyme  à  coulilTe. 
C  HASsis.On  fe  fert  Ibuvenr  en  Botanique  de  ce  termes 
'  pour  exprimer  la  partie  de  certains  firuits  qui  ref- 
femble  alfez  à  un  chalfis ,  &;  dont  le  vide  eft  rem- 
pli par  une  membrane  ou  peau  délicace.  Dicl,  de 
James, 
Châssis  de  Monnoyeur.  C'eft  le  moule  où  les  Fon* 
deurs  employés   dans  les    Hôtels    des  Monnoies 
coulent  les   lames  d'or,  d'argenr,  de  cuivre,  qui 
doivent  fervir  à  faire  les  flancs.  Il  eft  tout  fembla- 
bleàcelui  des  Fondeurs  en  fable,  &  il  fe  prépars 
de  même. 
Châssis  de  laiton  ,  dejild'archal,  conipoféde  petits 
filets  de  laiton  travaillés  par  mailles,  &  cloués  fut 
un  cha[Jis  de  bois. 
Châssis  deparavant.  C'eft  le  bois  d'un  paravanr. 
Châssis  ,  Papier  coupé  de  certaine  manière  ,  dont  on 
fe  fert  pour  écrire  en  chiffre.  Dépêche  écrite  avec 
un  ch  '(Jis. 
CHASSOIR.  f.  m.  Inftrument  qui  fert  dans  les  fucre- 

ries.  Voyei^  Chasse. 
CHASSOIR.  Terme  de  Tonnelier.  C'eft  un  morceau 
de  bois  qu'on  firappe  avec  le  maillet ,  pour  chalîer 
le  cerceau  quand  on  lie  des  futailles.  Cuneus  li-> 
gneus. 
CHASSOIRE.  f,  f.  Terme d'Autourferie.  Baguette  que 
portent  les  Autourfiers.  Firgula, 


CHASTAIGNE, 
CHASTAIGNERAIE. 
CHASTAIGNTER. 
CHASTAIN. 


C 


CHATAIGNE. 


,^        ^CHATAIGNERAIE, 
^''J^nCHATAIGxMER. 
C  CHÂTAIN. 


CHASTE,  adj.  m.  &  f  Prononcez  1'^.  îfj'  Qui  fait  mo- 
deter  les  defirs  déréslés  de  la  cliair ,  qui  fait  s'abf- 
tenir  des  plaifirs  de  la  chair,  ou  qui  n'en  uié  que 
lùivant  la  loi.  Dieu  a  pris  chair  humaine  dans  les 
chafles  entrailles  de  la  l'ainte  Vierge.  On  peut  être 
chajie  dans  le  mariage.  J'ai  toujours  été  aulfi  chajU 
qu'une  Deraoilélle  que  vous  lavez.  Voit.  On  a  dit 
de  Lucrèce  ,  que  fon  corps  avoir  reçu  l'injure  ,  tan- 
dis que  fon  ame  ctoit  demeurée  chajie.  Le  Mait, 


47  S^ 


C  HA 


Cell  peu  pour  Pompée  que  l'on  cpoufe  foit  dc- 
niearcj  chajU  ,  li  elle  a  feulement  pu  concevoir  la 
penfce  de  ne  l'être  plus.  ViLL. 

Ilîdore ,  L.  X.  Orig.  dit  que  ce  nom  vient  a  caj- 
tratioîie  ,Jivc  reall ,  Jive  mentali.  _ 

On  le  ciit  audi  (Cr  de  tout  ce  qui  cft  pur,  cloi- 
çnéde  tout    ce  qui  bielle  la  pudeur.  Purns ,  pu- 
dicus.  Un  ftyle   ckajk.  On  a  loué  Virgile   de  ce 
qu'il  ctoit  un  Pocte  chajie.  La  langue  trançoile  eil 
(i  ck.i/ic ,  qu'elle  rejette  non-leulement  toutes  les 
exprcilions  qui  bleiîent  la  pudeur  ,  Se  qui  fahffent 
tant  Ibit  peu  l'imagination  ,  mais  encore  celles  qui 
peuvent  être  mal  Muerprctées.  Sa  révcritc  va  jul- 
qu'au  Icrupulc  ,  comme   celle  des  perlonnes   qui 
ont  la  conicience  tendre,  &  auxquelles  l'ombre 
même  du  mal  fait  horreur.  Bouh.  La  c/ia/id   élo- 
quence ne  met  point  de  fard  fur  fon  vifage  pour 
paroîrre  agréable.  S.  EvR.  On  le  dit  encore  pour 
marquer  la  pureté    grammaticale  ,  &  il  fe   joint 
d'ordinaire  avec  un  autre  mot  qui  l'explique ,  Se 
qui  le  détermine  :  comme  ,  on  ne  peut  pas  voir  une 
diétion  plus  chajîe ,  ni  plus  correcte.  Bouh. 
CHASTEMENT,  adv.  D'une  manière  chafte.  Cap  , 
purè,pudich.  Les  Prêtres  &:  les  Religieux  font  obli- 
ges de  vivre  chajlanent ,  &  de  s'abftenir  de  tout 
commerce  de  femmes. 

L'amour  L- moins  honnèCe,  exprimé  chTL^traznt , 
î^' excite  point  en  nous  de  honteux  mouvement.  Boil. 


CHASTEAU. 

CHASTEL. 

CHASTELAIN. 

CHASTELÉ. 

CHASTELLENIE 

CHASTELET 


f CHATEAU. 

l  CHATEL. 

^  CHATELAIN. 
^  Voyei  CHATELt".  ■ 
(  ^  CHÂTELLENIE. 

\  /CHÂTELET. 


C  H  A 

elle  feule  faura  jouir  du  paiîc.  P.ouss.  La  chaÇuté'Çè 
prend  quelquefois  pour  une  entière  ablHnence  des 
plaillrs  de  la  chair.  Les  Prêtres  font  obligés  à 
la  chajlete^Lcs  ReligieuxS^;  les  Reli^'ieufcs  lonc  vu:a 
de  ckdfiete   &  de  continence  perpétuelle. 

§CF  La  'c/iajieté  cli  de  tous  les  temps ,  de  tous  les 
âges ,  de  tous  les  états.  La  continence  cftdu  célibat, 

§Cr  La  chajieté  des  vierges  confifte  à  vivre  dans  une 
perpétuelle  continence,  fans  avoir  jamais  été  ma- 
rié. Celle  des  veuves,  à  garder  la  continence  pen- 
dant le  temps  de  leur  veuvage.  Celle  des  perlonnes 
mariées,  à  vivre  faintement  dans  le  mariage  ,  Se  à 
n'en  ufer  que  félon  Dieu,  fans  le  lailîér  dominer 
par  la  cupidité. 


CHASTELLERAUD.  J  (.  CHATELLERAUD. 

§3="  CHASTETÉ,  f,  f.  Captas.  Dont  les  Romains 
firent  une  Déelfe  ,  Se  qu'ils  reprclcntcrcnt  en  ha- 
bits d'une  Dame  Romaine ,  tenant  un  fceptre  en 
main  ,  Se  ayant  à  fes  pies  deux  colombes  blan- 
ches. 

Chasteté.!',  f.  Verni  chrétienne  6e  morale,  par  la- 
quelle on  s'abftient  des  plaifirs  illicites  de  la  chair, 
éc  on  ufe  modérément  des  légitimes  ;  ou  (împle- 
ment ,  qui    nous  éloigne    de    l'amour  des    choies 
déshonnctes.  Cafiimonia  ,   cajîitas.  La  chafieté  fe 
peut  garder  dans  le   n-iariage.  Si  les  hommes  n'a- 
voient  pas  attaché  l'honneur  Se  la  gloire  des  fem- 
mes à  la  chajieté i  elles  porteroient  peut-être  la  li- 
cence plus  loin  qu'eux.  Bayl.  Ce  n'eft  pas  toujours 
par  chafieté  que  les  femmes  font  chaftes.RocH.  On 
peut  douter  de  la  chajteté  d'une  femme  qui  n'a  pas 
été  attaquée.  S.  Evr.  Anciennement  à  la  Chine,  on 
pouflbitfi  loin  les  loix  de  \d.  chafieté  ,<]ae  les  fem- 
mes ne  paflbient  jamais  à  de  fécondes  noces.  Le  P. 
Couplet.  La  chajieté  efl:  la  gloire  Se  le  partage  des 
femmes.  Le  Mait.  Si  les  hommes  fe  font  difpenics 
du  foin  exadl  Se  fcrupuleux  de  leur  chajieté,  c'eft 
qu'ils  ont  cru  que  l'cminence  de  leur  fexe  confifle 
en  la  liberté  de  faillir.  Id.  Un  honnête  homme  ne 
fe  rebute  jamais  d'un  refus  de  chajieté  ,  Se  non  de 
choix.  Mont.  §CIF  La  chajieté  doit  être  une  vertu 
délicieufe  pour  une  belle  femme  qui  a  quelqu'élé- 
vation    dans    l'ame.  Tandis  qu'elle  voit  toute  la 
terre  à  fes  pics ,  elle  triomphe  de  tout ,   Se  d'elle- 
même.  Elle  s'élève  dans  fon  propre  cœur  un  trône 
auquel  tout  vient  rendre  hommage.  Les  fentimens 
tendres  ou  jaloux,  mais  toujours  refpeélueux ,  des 
deux  fexes ,  l'eftime  univerfclle ,  Se  la  fienne  pro- 
pre, lui    payent  fans  cefTe,  en   tribut  de  gloire, 
les  combats  de  quelques  inftans.  Les  privations  font 
paflagcres ,  mais  le  prix  en  eft  permanenr.  Quelle 
jouiflance  pour  une  ame  noble,  que  l'orgueil  de   la 
vertu  joint  à  la  beauté  !  Réalifez  une  Héroïne  de 
Romans,  elle  goûtera  des  voluptés  plus  exquifes  que 
les  LaïsSe  les  Cléopatres  -,  Se  quand  fa  beauté  ne 
fera  plus ,  fa  gloire  &  fes  plaifirs  relieront  encore  ; 


CHASTIER. 
CHASTILLON. 
CHASTILLC)NET. 
CHASTIMENT. 


,   CHATIER. 

,,      S  chatillon. 

''^^y^i  )  CHATJLI.ONE': 
C  CHATIMENT. 


CHASTOIS.  f.  m.  Pœna.  Vieux  mot  qu'on  trouve 
dans  quelques  Coutumes  Se  Ordonnances  :  il  veut 
dire  punition  ,  châtunent ,  Jupplice.  Chajiois  cor- 
porel, c'eft  ce  que  nous  appelons  punition  cor- 
porelle 5  du  mot  châtier^, 


CHASTRE 
CHASTRÉ 
CHASTRER. 
CHASTREUR 


(la) 


Foyei 


CHATRE. 
CHÂTRE. 
CHATRER. 
CHÀTREUR 


(la) 


CHASUBLE,  f.  f.  Ornement  d'Eglife,  que  le  Prê- 
tre met  par-  defl'us  fon  aube  ,  quand  il  va  dire  la 
Mefle.  Cajula.  Les  chaJuFles  des  Anciens  étoient 
toutes  rondes  ,  Se  fe  retroulîbient  fur  l'épaule  5 
au  lieu  que  maintenant  elles  font  fendues  par  les 
côtés.  Un  Concile  tenu  en  Gcrm.anie  par  S.  Boni- 
tace  ,  l'an  741 ,  ordonne  que  les  Prêtres  Se  les  Dia- 
cres ne  porteront  point  des  manteaux  femblables  à 
ceux  des  Laïques ,  mais  des  chajuhles  ;  d'où  quel- 
ques-uns concluent  que  c'étoit  donc  encore  au  fep- 
ticme  fiècle  l'habit  ordinaire  des  Eccicliafncucsi 
Les  prcm.ières  chajuhles  étoient  rondes ,  £<  fer- 
mées de  tous  côtés ,  excepté  à  l'endroit  par  où 
l'on  pnflbit  la  tête  pour  les  vêtir  -,  ainf.  elles  cnfer- 
moient  les  bras  comme  tout  le  reflc  du  corps: Se 
peur  agir  des  bras,  on  rclevoit  la  chaj'uble  des  deux 
côtés  ;  ce  que  l'on  faifoir  au  temps  du  faciince.  C'eft 
la  forme  qu'elles  ont  fur  tous  les  anciens  ir.onu- 
mens.  Tous  les  Papes  des  douze  premiers  iiccks 
ibnr  vêtus  de  ces  fortes  de  chajuhles.  Hcnorius  IV 
eft  le  premier  que  l'on  voie  orné  d'une  chape. 
f^oye-i  les  BoUandiftes ,  à  la  fin  du  Tom.  Fil  des 
^cia  SS.  Mail,  pp.  ^6  ,  ç)-j. 

Les  Orientaux ,  lorfqu'ils  cclèbrenr  la  Mefle  dans 
nos  Eglifcs,  fe  ferveur  plurôt  de«  chapes,  que  de 
chajuhles.  Et  en  effet,  on  difoit  autrefois  la  Méfie 
avec  des  chapes  -,  mais  comme  on  les  ttouva  embar- 
ralfantes,  on  les  coupa  par  le  bas ,  Se  on  les  fendit 
p^ar  les  cotés  •,  ce  qui  efl:  beaucoup  plus  commode. 
A  l'égard  des  chapes,  elles  viennent  originaire- 
ment des  manteaux  ou  des  robes  qu'on  portoit  j 
car  dans  les  commencemens  les  Prêtres  ne  fe  fer- 
voient  ni  de  chapes  ni  de  chafuhles.  Walafride 
Strabon  a  eu  raifon  de  dire  ,  que  dans  la  primitive 
Eglijé  ,  on  dijoit  la  Meffe  en  habit  ordinaire.  Il  eft 
furprenant  que  le  Cardinal  Bona  fe  foit  fi  fort  em- 
porté contre  Nicolas  Alémanius,  qui  a  prétendu 
que  les  Apôtres  n'ont  point  eu  l'ufagc  des  habits 
facrés.  Les  premiers  Chrétiens  célébroient  les  Myftê- 
res  avec  les  mêmes  habits  qu'ils  avoient  accoutumé 
de  potter.  Il  n'y  avoir  en  ce  temps-là  aucune  diffé- 
rence cntteles  vêtemens  de  cérémonie,  Se  ceux  donc 
on  fe  fervoit  d'ordinaire, fi  ce  n'eft  qu'on  gardoic 
les  plus  propres  pour  la  célébration  des  Myftères. 
Confultez  la  Préface  qui  eft  à  la  tête  des  Cérémo- 
nies Se  Coutumes  des  Juifs  ,  imprimées  à  Paris 
en  i6%i.  Lindanus  ,  Liv.  XL  VU ,  de  fa  Panoplie  , 
ch.  jfJ  ,  parlant  des  chafubles  dont  on  fe  fert  pré- 


C  H  A 

fcntcment  dans  l'Eglilc,  die  qu'elles  différent  entiè- 
rement des  anciennes,  qui  couvroicnt  tout  le  corps , 
ctant  de  vcritablcs  robes,  f'^oyci  Grimault,  dans 
ià  Litur'/ie  J'acrée. 

Ce  mot  a  été  fait  de  capfa  ou  capfula ,  qui  eft 
dans  le  Cérémonial.  Mén.  D'autres  le  dérivent  de 
■cifhu/iim  ou  lafiiis  JihjJum,êc  prétendent  qu'on 
dilbit  autrefois  chaffitl'le ,  &:  qu'on  s'en  artlibloit 
la  tête.  Raôanus ,  Ùgario  ,  liidore  &  Joannes  de 
Janua,  quia  injtar paiva  cajls  totiim  homlncn  u*^i- 
hat.  On  trouve  Cajubiita  dans  la  balle  latinité. 
Voyez  Acia  SS.  Januar-,  tom.  Il ,  pag.  650. 

CHASUBLlEPv.  i".  m.  Marchand  qui  fait  &  vend 
des  chalLiblcs  &:  les  autres  orntmcns  d'cirlife.  Caju- 
larurn  cpifix. 

CHAT.  f.  m.  Petit  animal  domeflique,  §3°  qui  prend 
les  rats  Si  le&fouris,&:  dont  la  femelle  s'appelle 
chatte.  Fe'es  via  feula  ,  mas  :  fêles.  Chat  privé,  chat 
domedique ,  t/2(Z/  fauvage,  c-À/zr  d'Efpagne.  Le  c/z;?/- 
a  les  partes,  les  dents,  les  yeux  &  la  langue  fem- 
blables  au  liotl'.  Ces  animaux  ont  tant  de  confor- 
mité cnfcmble,  que  les  Turcs  font  perluadés  qu'il 
y  a  quelque  fondement  à  ce  que  dit  l'Alcoran  •,  que 
le  chat  naquit  dans  l'arclie,  de  l'éternuement  du 
lion.  Par  les  loix  d'Arragon ,  on  puniflbit  les  lar- 
rons ,  en  les  fouettant  avec  un  chat  attaché  au  cou. 
Ambroile  Parc  fouticnt  que  le  chat  eft  un  animal 
venimeux,  qui  infecf  c  par  fon  poil ,  par  Ton  haleine 
&  par  la  cervelle.  Son  poil  cfl:  dangereux ,  comme 
on  voit  par  l'exemple  de  ce  Romain  qui  mourut 
pour  en  avoir  avalé  un  dans  du  lait.  Son  haleine 
infccle  d'un  poilbn  tabifique  qui  donne  la  phthy- 
iie ,  dont  Matthiolc  rapporte  pluficurs  exemples  ; 
li  on  mange  de  la  cervelle  de  chat,  elle  caufe  une 
grande  douleur  de  tête,  &  rend  quelquefois  infenfc  , 
ou  caufe  de  continuels  vertiges.  On  dit  même  que 
l'Amiral  Tromp  fat  empoifonné  avec  de  la  cervelle 
de  chat.  Il  ajoure  que  leur  fouille  &:  leur  regard  Ibnt  ■ 
notoirement  £ontasTieux;&:  il  dit  avoir  vu  des  cens 
qui ,  pour  avoir  tou^outs  couche  avec  un  chat,  font 
devenus  phthylîqucs  Se  élances ,  &  enfin  en  font 
morts. 

{JCT  Quand  même  il  y  auroit  beaucoup  .1  rabattre  de 
tout  cela,  n'en  refte-t-il  pas  aHcz  pour  nous  faire 
voir  le  danger  qu'il  y  a  à  fe  laiiler  carefler  Se 
lécher  le  vifage  par  les  chats ,  qui  ,  d'ailleurs  , 
quelqu'apprivoifés  qu'ils  ibient,  confetvent  tou- 
jours quelque  choie  de  la  tcrocitc  naturelle  à  leur 
elpcce. 

Les  chats  étoient ,  entre  toutes  les  bêtes  à  quatre 
pies  ,  ceux  dont  les  Egyptiens  puniiîbient  plus 
fcvèrement  la  m.oi  t.  C'étoit  aufli  l'animal  pour  la 
mort  duquel  ils  s'aftligcoienr  le  plus.  Carte  véné- 
ration pour  le  chat  ctoit  fondée  fur  l'opinion 
qu'ils  avoicnt  que  Diane  ,  pour  éviter  la  fureur 
des  Géants  ,  s'étoit  cachée  fous  la  figure  de  cet 
animal.  On  repréfcnroit  le  Dieu  O^i/ ,  tantôt  avec 
toute  fa  forme  naturelle ,  Se  tantôt  avec  le  corps 
d'un  homme  qui  porte  une  tête  de  chat.  Qui 
pourroit  voir  ,  i'ans  rire  ,  en  quelques  villes  de 
Turquie  ,  des  maifons  bitics  pour  les  chats  ,  Se 
rentées  pour  leur  nourriture ,  avec  des  intendans 
&:  des  domefriques  pour  régler  Se  pour  fervir  ces 
nobles  familles?  Du  Loir,/?.    if)-2. 

On  eftime  Ibrt  en  France  les  Ci^^/j  d'Efpagne, 
Henri  ÎII  Roi  de  France  avoir  tant  d'averfion  pour 
les  chats,  qu'il  changeoit  de  couleur  &  tomboit 
en  fyncope  ,  loriqu'il  en  voyoir.  Prade  ,  Hijloire 
de  France.  Molinctti ,  Médecin  Vénitien  ,  prétend 
que  les  cliats  Se  les  chiens  ne  luent  jamais ,  quelque 
fatigue  qu'ils  aient  ;  ce  qu'il  attribue  à  la  confor- 
mation de  leur  cuticule,  qui  n'a  point  de  pores. 
Le  TafTe  fut  réduit  à  une  fi  grande  pauvreté  , 
qu'il  fut  contrainr  de  prier  fa  chatte,  par  un  Joli 
fonnet,  de  lui  prêter  la  nuit  la  lumière  de  fes  yeux  , 
n'ayant  pas  de  chandelle  pour  écrire  fes  vers. 
Les  Alains  ^  les  Vandales  Se  les  Suèves  portoicnt 
d'argent  au  chat  de  fable  ,  fymbole  de  liberté , 
dit  Méthodius.FAVYN ,  Hiji,  de  Nav.  Liv. I,p,  34. 


C  H  A 


479 


Ce  mot  vient  de  catus,  ou  cattus  ,  comme  ccluî 
de  chatte ,  de  catta ,  qui  fe  trouvent  dans  les  an- 
ciennes Glolés.  Il  ell:  dérivé  du  grec  ;k«p7«ç,  ligni- 
fiant la  même  choie.  Men.  x^Jfi);?,  catns,  un  chat 
vient  du  celtique  cat,  ou  ca^.  Pezron.  Les  Italiens 
difent  gatto,  llidote  veut  qu'il  vienne  ex  eo  quoâ 
cattet ,  id  eji,  videat.  D'autres  l'appellent  cattus  à 
captura,  Ugutio  croit  qu'on  a  dit  catiis  quafi  can- 
ins ,  unde  Deus  C'a  tins  ,  qui  cautos ,  acutos  effi- 
ciebat,  dit  S.  Auguftin.  On  a  appelé  aulîl  le  chat , 
murilegus  ,  mujio  ,  mujicula  ,  Se  pilax ,  patce  qu'il 
prend  des  fouris.  Du   Cange. 

En  termes  de  Chalfe ,  on  appelle  chats-harets  , 
les  chats  lauvages ,  qui  font  retirés  dans  les  bois 
&e  garennes ,  Se  font  un  grand  dégât  de  lapins. 
Fe/es  Jilvejtris, 

Il  y  a  une  efpèce  de  chats  dans  les  Indes  occi- 
dentales ,  qui  ont  une  poche  à  leur  côté ,  où  ils 
mettent  leurs  petits ,  qu'ils  portent  toujouts  avec 
eux ,  fans  que  cela  les  empêche  de  courir  Se  de 
fauter ,  6c  fans  qu'on  s'apperçoive  qu'ils  ayenr  au- 
tre choie  que  leur  corps.  Il  y  a  des  chats  fau- 
vagcs  dans  les  Indes  ,  qui  volent  pat  le  moyen 
d'une  menibranc  fort  large ,  laquelle  s'étend  le  loncr 
des  côtés  du  pié  de  derrière  au  pié  de  devant.  Elle 
eft  plilîée  Se  rcttoulîce  quand  ils  marchent ,  Se  fe 
déplilîé  quand  ils  volenr.  On  en  a  apporré  des 
peaux  en  Europe.  |JCF  Ces  peaux  de  chats  vo- 
lans  étoient  peut-êtte  des  peaux  d'écureuils  volans. 
M,  Boile  a  écrit  qu'en  l'année  1584,  à  Londres, 
un  gros  rat  s'étoit  accouplé  avec  une  chatte ,  quf 
fît  des  petits  qui  tcnoient  du  chat  Se.  du  rat  ,  Se 
qu'on  en  mit  un  au  parc  des  animaux  que  le  Roi 
d'Angleterre  fait  nourrir. 

Le  chat ,  en  termes  de  Blafon  ,  le  dit  effarouché  ^ 
loriqu'il  eft  rampant  ,  feles  efferata  ;  mais  lorf- 
qu'il  lève  le  train  de  derrière  plus  haut  que  la 
tête ,  on  l'appelle  hérij/onné.  ArreHa. 

On  dit, en  termes  de  Jardinage,  couper  les  bran- 
ches d'un  arbre  en  dos  de  chat,  pour  dire,  leur 
faire  faire  un  coude,  comme  on  fair  en  palilîant , 
ou  aux  efpaliers ,  lorfqu'on  eft  contraint  d'attacher 
ainli  une  branche  -,  car  en  tout  autre  cas ,  c'eft  un 
défaut  qu'il  faut  éviter.  Cette  btanche  aura  meil- 
leure grâce ,  étant  couibée  en  dos  de  chat ,  que 
d'y  voir  ce  vide,  Liger. 

O'n  appelle  ,  figurément ,  une  perfonne  friande  , 

chat  ou.  chatte;  expreflîon  populaire. 

On  appelle  du  Jîrop  de  pié  de  chat ,  celui  qui 
eft  fait  avec  les  feuilles  Se  les  fleurs  d'une  petite 
plante  qui  eft  nommée  pié  '  de  chat.  GnaphuUum 
montanum  folio  rotundiore ,  ou  hifpidula. 

Chat,  en  termes  d'Artillerie  ,  eft  un  morceau  de  fer 
portant  une,  deux  ou  trois  griffes  fort  aiguës ,  difi- 
pofées  en  triangle,  montées  fur  une  hampe  de 
bois.  Ce  chat  fert  à  gratter  Se  vifiter  le  dedans  des 
pièces  de  canon  ,  pour  voir  s'il  ne  s'y  trouve 
point  de  chambte  :  c'eft  pourquoi  les  Fondeurs 
l'appellent  aulfi  Diable.   Ûncus  ferreus  trifidus. 

Chat,  en  termes  de  Marine,  eft  un  gros  vailfeau  du 
Nord,  à  cul  rond,  qui  n'a  pour  l'ordinaire  qu'un 
pont,  qui  porre  des  mâts  de  hune,  fans  avoir  de 
hune  ,  ni  de  bares  de  hune.  Ce  bâriiTient ,  dans  fa 
conftruftion,  a  quelque  chofe  de  la  Flûte  Se  de 
ia  Pinalfe. 

Chat,  dans  le  commerce  de  Lainages,  eft  un  nom 
que  l'on  donne  à  une  forte  de  draps  dont  la 
chaîne  eft  pour  l'ordinaire  de  laine  de  différen- 
tes couleurs,  qui  provient  du  refte  des  laines  filées 
dont  on  s'eft  fcvvi  pour  fabriquer  les  draps  de 
couleur  teints  en  laine. 

Chat.  On  fe  ferr  aulTi  de  ce  mot,  au  pluriel,  pour 
li2;nifier  certaines  folles  fleurs  qui  viennent  à  de 
certains  arbres, comme  aux  noyers,  aux  coudriers, 
aux  faules,  fe-iT,  On  les  appelle  aufli  chatons.  Foye^ 

ce  mot, 
|K?  Chat,  dans  les  Ardoifières,  fe  dit  de  l'ardoife 
de  mauvaife  qualité,  qui  ne  peut  pas  fervir  dans 
la  couverture  des  bâtimens. 


4S 


C  H  A 


IP"  Dans  lïsMonnoies ,  on  donne  aufTi  ce  nom  à  la 
maticre  qui  coale  ,  par  accident ,  d'un  creulec. 

CiiAT  le  dit  provcibialement  en  ces  phral'es.  On  dit 
d'un  homme  qui  s'en  va  d'une  mailon  l'ans  dire 
adieu  ,  qu'il  a  emporte  le  chat.  On  dit  de  celui 
qui  prend  carde  loignculcment  aux  actions  d'un 
autre ,  qu'il  le  guette  comme  le  chat  lait  la  ibu- 
ris.  On  dit  aulh  qu'un  ch^t  cchaudé  craint  l'eau 
froide-,  pour  dire,  que  cJui  qui  cli:  écliapé  d'un 
péril ,  craint  tout  ce  qui  ell  de  même  nature.  On 
dit  aulli  de  deux  perfones  ennemies ,  qu'elles  s'ai- 
ment comme  ch:cns  &C  chats.  On  dit  aulii ,  je- 
ter le  chai,  aux  jambes  à  quelqu'un  ,  pour  dire, 
le  rendre  coupable  d'une  faute  qu'un  autre 
a  faite.  On  dit  qu'une  fille  a  laiilé  alkr  le  chat 
au  fromage ,  pour  dire  ,  qu'elle  a  fucccnibc  à  quel- 
que tentation  amoureulc.  On  dit  qu'une  peribnne 
s'eft  icrvi  de  lï  patte  du  chat  pour  tirer  les 
marrons  du  feu  ,  pour  dire  ,  qu'elle  a  fait  faire 
à  un  autre  ce  qu'elle  craignoit  de  faire  elle- 
même.  On  dit  de  deux  antagoniftcs  qui  favent 
bien  attaquer  &:  le  défendre  ,  à  bon  chat ,  bon  rat. 
On  dit  encore  d'un  homme  habile,  &:  qui  entend 
a  demi-mot ,  qu'il  entend  bien  le  c/zt/r,  fans  qu'on 
dife  minon.  On  dit  d'un  méchant  payeur ,  & 
qui  ne  paye  pas  en  argent  comptant ,  qu'il  a 
payé  en  chats  &  en  rats.  Ce  proverbe  eft  ancien, 
&  feroit  ridicule  ,  au  pic  de  la  Iccrre  ,  à  ceux 
qui  n'en  lauroient  pas  i'ori^nnc.  Je  crois  qu'il 
vient  du  mot  decA(Zj,.qui  lîgnifioit  autrefois  une 
maijon  ;  &  on  dit  encore  en  Lyonnois  &  en 
Bcrry,  qu'une  maiibn  cosfille  en  rrois  chas,^o\xx 
dire  ,  en  trois  chambres  ou  en  trois  étages.  Le 
mot  de  ras  a  lignifié  aulîi  un  champ  ow  hcritage  uni , 
où  il  n'y  a  point  de  bâtiment:  d'où  vient  qu'on 
dit  encore  raje  campagne  ,  rf^-de-chauflée ,  rc.-- 
piés  ,  r^{  -  terre.  Ainli  on  a  dit  qu'un  homme 
payoit  en  chats  &  en  rats,  lorlqu'au  lieu  d'argent 
comptant  qui  a  un  prix  certain,  il  payoit  Tes  créan- 
ciers en  héritages  bâtis  &c  non  bâris ,  qu'il  obli- 
geoit  de  prendre  au  prix  qu'il  vouloir.  On  dit 
encore  que  la  nuit  tous  chats  font  gris  ,  pour 
dire,  qu'on  ne  diftingue  pas  une  belle  femme  d'une 
laide.  On  dit  encore  d'un  homme  qui  a  quelques 
cgtatignures  au  vilage ,  qu'il  s'eft  joué  avec  les 
chats.  Régnier  a  dit  aufîi  dans  lés  Satyres:  Je  devins 
auffi  fier  qu'un  chat  am.adoué.  On  dit  aulll  ,  dès 
que  les  chats  feront  chauffés  ,  pour  dire ,  de  bon 
matin.  On  dit  d'un  homme  mal-propre  ,  qu'il  eft 
propre  comme  une  écuelle  à  chat.  On  dit  encore  : 
Il  fie  faut  pas  réveiller  le  chat  qui  dort, pour  dire  , 
qu'il  faut  lailfer  en  repos  ceux  qui  nous  peuvent 
iaire  du  mal.  On  dit  acheter  chat  en  poche  ,  pour 
dire, acheter  quelque  chofe  fans  la  voir.  On  dit 
encore  d'un  homme  qui  parle  franchement ,  &: 
fans  rien  déguilcr,qui  nomme  les  chofcs  parleur 
nom  ,  qu'il  appelle  un  cJiat ,  un   chat. 

3' appelle  un  chat  un  chat,  £•  Rolct,  un  fripon.  Boil. 

On  dit ,  il  n'y  a  pas  là  de  quoi  fouetter  un  chat , 
pour  dire ,  que  l'affaire  dont  il  s'agit  n'cft  qu'une 
bagatelle.  On  dit  aufll,  bailler  le  chat  par  les  parrcs, 
pour  dire  ,  préicntcr  une  chofe  par  l'endroir  le  plus 
difficile.  On  appelle mulîque  de  chats ^unç mulique 
dont  les  voix  font  aigres  &  dilcordantes. 

On  dit  d'un  homme  qui  coule  avec  rapidité  fur 
un  fait  peu  honorable:  Il  paffc  là-dcfllis  comme 
chat  fur  braifc.  Jl  va  du  pié  comme  un  chat  mai- 
gre ,  pour  dire,  qu'on  va  légèrement.  On  ne  fauroit 
retenir  le  chat ,  quand  il  a  goiité  à  la  crème  ,  pour 
dire  ,  qu'on  a  bien  de  la  peine  à  corriger  un  homme 
qui  eft  affriolé  à  quelque  chofe.  Chat  cnganré  re 
|)ric  jamais  fouris,  pour  dire,  qu'afin  de  bien  faire 
quelque  chofe  ,  il  faut  éloigner  tout  embarras , 
avoir  lés  coudées  franches,  ne  faire  que  ce  que 
aon  veut.  Il  n'y  a  fi  petit  chat  qui  n'égrarignc, 
pour  dire  ,  que  les  plus  i^'norans  fe  mêlent  de  con- 
irôlei ,  ou  que  le  plus  pckcifique  donne  quelquefois 


C  H  A 

fon    coup    de  dent.    On  ne  prend  pas  des  chats 
comme  nous ,  fans  mitaines.  K.  Cajf.  Corn. 

On  appelle  ,  félon  Nicot,  herbe  aux  chats  ,  ce 
que  les  Latins  appellent  nepeta  ou  calaniintha. 
QuAT-hrâU.  f.  m.   Efpcce  de  poirier  ,  &  de  poire 
d'Octobre  Si  de  Novembre  ,  qu'on  nomme  autre- 
ment  l'uceUc.  Voye«  Pucelle. 
CHAT,  POiRE-CHAT,  k^oyei  Poire. 

CnAT -putois.  Chat  fauvage  ,  ainli  nommé  à  caufe 
de  la  puanteur,  11  a  le  poil  brun.  Il  eft  grand  en- 
nemi de  la  volaille.  Il  lé  cache  dans  les  galetas  , 
greniers  à  foin  ^Ôc  autres  endroits  lémblablcs.  On 
le  trouve  audi  dans  les  bois  :  il  rode  tout  le  jour, 
&  fait  la  guerre  aux  oilcaux.  Ces  animaux  lé  met- 
tent aulli  en  embufcade  fur  le  bord  des  rivières , 
pour  artraper  le  poilfon  &:  les  grenouilles.  Ils  fç 
prennent  de  la  même  manière  que  les  fouines. 

CHATAIGNE,  f.  f.  Il  y  en  a  qui  écrivent  chàteigne. 
Fruit  d'un  grand  arbre  qu'on  appelle  châtaignier , 
&  qui  eft  allez  connu.  Cajianea.  Ce  fruit  eft  ren- 
fermé dans  trois  enveloppes.  L'extérieure  eft  lém- 
blable  à  un  hérifibn  ,  garnie  de  piquans  Celle  du 
milieu  eft  comme  du  cuir  délié  ,  brune  &c  polie, 
La  troificme  eft  plus  mince  èc  ridée.  Au-deflbus 
on  trouve  \a châtaigne  ,  qui  eft  blanche, allez  dure, 
d'un  goût  agréable ,  &  fort  bonne  à  manger.  On  en 
fait  de  la  bouillie  en  quelques  endroits,  5c  même 
du  pain.  Les  châtaignes  fonrfort  venteufcs.  Le  menu 
peuple  à  Paris  dit  châtaignes  boulues ,  pour  châ-> 
tuignes  bouillies.  On  engraillè  les  pourceaux  avec 
des  châtaignes  dans  le  Limoufin.  Les  Montagnards 
vivent  tout  l'hiver  de  c/z.'fwii;'/î«  qu'ils  font  Icchcr 
fur  des  clayes.  Cefruit  eft  aftringent  ,&:  fur-tout  fa 
pelure  du  milieu. 

Châtaigne  i^  cheval,  o\i  chevaline.  Arbre  qui  nous 
a  été  apporré  de  Conftantinoplc  8c  de  l'Ile  de  Can^ 
die,  à  qui  ceux  du  pays  ont  donné  ce  nom  ,  parce 
que  fon  fruit  eft  femblable  .à  nos  châtaignes  ,  & 
bon  à  guérir  les  chevaux  poullîfs  lorlqu'on  leur  en 
donne  à  manger.  On  l'appelle  autrement  Marro- 
nicr  d'Inde.  Hippocajianum  ou  cajiujiea  equina. 
Voyez  Marroniep-  d'Indf. 

Châtaigne  d'eau  ,  eft  une  autre  forte  de  plante  , 
qui  eft  ainfiappelîée  ,  parce  que  fon  fruit  eft  fem- 
blable à  nos  châtaignes  ,  &  qu'elle  croît  dans  l'eau. 
On  la  nomme  autrement /r/^«/e  aquatique.  Tribu- 
lus  aquaticus.  Voyez  Macre. 

CHATAIGNERAYE.  f.  f  Lieu  ou  terre  plantée  de 
châtaigniers.  Cajlanctum. 

CHATAIGNIER,  f.  m.  Prononcez  châtaignier  fans 
faire  fentir  IV.  Cajianea  fat  iv  a.  Arbre  qui  a  pris  fon. 
nom  du  pays  d'où  il  a  été  apporré.  Cajianea  a  CaJ-' 
tanide  terra.  Les  vieux  pies  des  châtaigniers  lonc 
fort  gros  :  on  en  a  vu  en  France  de  fi  gros ,  que 
quatre  perfonnes  auroient  eu  peine  à  les  embraifèr. 
Ce  tronc  jette  pluficurs  groflés  branches ,  qui  font 
divifées  en  une  infinité  d'autres  plus  petites.  Elles 
font  toutes  ordinaircmenr  un  peu  longues  ,  cou- 
vertes d'une  écorce  lillé ,  brune  &  radiée.  Son  bois 
eft  un  peu  dur  Se  blanc.  Ses  feuilles  font  longues 
de  quarre  à  cinq  pouces  fur  deux  pouces  environ 
de  largeur  ,  dentelées  en  manière  de  Icie  fur  leurs 
bords ,  ridées ,  d'un  verr  gai ,  Se  relevées  en  deffous 
d'une  côte  qui  partage  en  deux  toute  fa  force ,  S: 
qui  Jette  par  fes  côtés  plufieurs  nervures  tranfverfa» 
les ,  qui  vont  aboutir  à  la  marge.  Ses  fleurs  font 
rrès-petitcs ,  à  cinq  pétales ,  jaunâtres ,  &  à  cinq 
éramines  un  peu  plus  jaunes  ;  ces  fleurs  fonr  fté- 
riles  ,  Si  font  attachées  en  forme  de  chaton  à  un 
filet  long  de  trois  pouces.  Ses  fruits  naiflent  fur 
le  même  pié  ,  mais  dans  des  endroits  féparés  de 
fes  fleurs  en  forme  de  hériffons  gros  comme  de 
petites  pommes  ,  divifés  en  trois  loges ,  dans  les 
jeunes  fruits ,  parce  que  la  châraigne  ou  fenience 
d'une  ou  de  deux  de  ces  loges  avorte  quelquefois, 
L'écorce  de  ces  fruits  eft  d'un  vert  clair  d^abord. 
Si  charnu  ;  mais  dans  fa  maturité  ,  elle  relTemblc  a 
du  cuir  par  fa  rilUire  &C  par  fa  coulcar.  Elle  eft 
toujours  chargée  de  piquans  pointus  Si  bruns.  Elle 

s'euvrg 


C  M  A 


I-ï  A 


s'ôûvrë  d'elle-même  vers  la  fin  de  Septembre. 

La  châtaigne  qu'elle  renferme  efl:  couverte  de 
deux  peaux ,  dont  l'extérieure  efl:  liffe  en  deliors , 
velue  en  dedans ,  de  couleur  châtain  ,  comme  on 
dit  communément  ;  l'intérieure  efl;  plus  mince  , 
rougeâtre  ,  &  eft  très-âpre  au  goût.  La  fubflance 
de  la  cliâtaigne  eft  douce  ,  farineufe  ,  bonne  à  m.m- 
ger  lorsqu'elle  eft  cuite.  Il  y  en  a  de  différentes 
grofTeurs.  Celles  qui  font  catrées  &  groffes  comme 
le  pouce  fe  nomment  marrons.  Elles  viennent  dans 
le  Vivarais,  d'où  on  les  tranfporte  à  Lyon.  A  Paris 
on  dit ,  marrons  de  Lyon  ,  parce  qu'on  les  reçoit 
de  Lyon.  Celles  qui  lont  moins  groffes  que  les 
marrons  font  les  châtaignes  ordinaires  ;  &  les  plus 
petites  viennent  des  fauvageons.  Les'^Cévennes  & 
le  Vivarais  fourniffcnt  beaucoup  de  châtaignes.  Le 
peuple  vit  en  ce  pays-là ,  une  partie  de  l'année  ,  de 
ce  feul  fruit.  On  fait  cuire  les  châtaignes  tantôt 
dans  l'eau  fimplement  ,  tantôt  fous  les  cendtcs 
chaudes  -,  ou  l'on  les  fait  rifloler  à  la  poêle  percée. 
Les  châtaignes  font  fort  incraffantes.  On  laiffe  des 
châtaigniers  en  taillis  -,  le  bois  en  eft  bon  pour  des 
perches  j  &  pour  difFérens  ouvrages.  Le  charbon  du 
châtaignier  pétille  trop  au  feu  ,  &  ne  peut  être 
employé  qu'à  la  forge.  Il  n'y  a  guère  de  Province 
dans  le  Royam-ne  qui  n'ait  des  bois  &  taillis  de  châ- 
taigniers. On  fe  fert  quelquefois  des  châtaignes  en 
Médecine ,  pour  faire  un  look  pour  la  toux.  Le 
marronier  d'Inde  ,  quoique  fon_  fruit  donne  des 
châtaignes ,  n'eft  point  du  genre  de  cet  arbre.  Foye^ 
Marronier.  Les  plus  belles  charpentes ,  celles  de 
la  plupart  des  anciennes  Eglifes  ,  font  de  châtai- 
gnier. Il  fert  aufîi  à  faire  des  cercles  de  cuves  & 
futailles ,  ou  des  perches  pour  les  treilles  &  efpa- 
iiers.  Il  y  a  une  Ordonnance  de  Henri  III ,  de  15  8oj 
cjui  vcur  qu'on  les  coupe  de  fix  à  fept  ans. 

Kajtanie  &  kejlen  en  allemand  ,  châtaigne  en 
ftançois ,  font  tirés  du  celtique  kejlen.  Pezron. 
Kajianie  vient  évidemment  du  latin  caflanea ,  & 
kejten   en  vient  auffi. 

Châtaignier  ,  eft  auffi  le  nom  d'urte  efpèce  de  pom- 
me. Les  châtaigniers ,  qu'on  appelle  martanges  en 
Anjou ,  font  blanches ,  touffes ,  avec  un  coloria  aifcz 
fale  &  obfcur.  La  Quint, 

CHÂTAIN,  adj.  m.  &  f.  Ce  mot  ne  fe  dit  que  du  poil 
qui  eft  entre  le  blond  &:  le  noir ,  qui  eft  la  cou- 
leur de  la  féconde  enveloppe  des  châtaignes.  Ex 
rutilo  nigrefcens ,  caflaninus  color.  Poil  châtain  , 
cheveux  châtains.  Les  châtains  font  plus  communs 
que  les  blonds.  On  dit  châtain  -  clair  ,  châtain- 
cendré, 

^fT  II  eft  indéclinable  ,  quand  il  eft  fuivi  d'un  autre 
adjeélif  qui  le  modifie.  Des  cheveux  châtain-clair , 
8c  non  pas  châtains-clair  ,  ni  châtain  •  clairs. 

CHÂTEAU,  f.  m.  Place  fortifiée  par  art  ou  par  na- 
ture ,  fbit  dans  la  campagne,  fbit  dans  une  ville, 
pour  tenir  les  peuples  dans  le  devoir  :  efpèce  de 
petite  citadelle  ,  de  fortercffe  ,  ordinairement  en- 
vironnée de  folfés  &:  de  gros  murs ,  flanquée  de 
murs  &  de  baftions.  Cajirum  ,  Cajlellum.  La  Flan- 
dre a  plufleurs  châteaux  qui  peuvent  fe  défendre. 
Ce  château  commande  à  la  ville. 

Château  ,  fe  dit  auffi  fimplement  du  manoir  d'un 
Seigneur,  d'un  hôtel  où  il  demeure,  &  où  l'on  vient 
lui  rendre  hommage  ,  bâti  en  manière  de  forte- 
refle ,  avec  foffc  &  pont-levis.   On  appelle  auffi 
château  ,  une  maifon  fans  défenfe  ,  où  les  foffés  ne 
fervent  que  d'ornement.  Le  Château  du  Louvre.  Le 
Château  de  Vincennes.  Le  Château  Saint-Ange  à 
Rome. 
Château  ,  fe  dit  auffi  d'une  maifon  de  plaifance  , 
quand  elle  eft  bâtie  magnifiquement.  Ce  n'eft  pas 
là  une  mailbn  de  bourgeois  ,  c'eft  un  château.  En 
général  ,  les  maifons  où  loge  le  Roi ,  &  qui  lui 
appartiennent ,  s'appellent  châteaux.  Le  Château 
de  Saint-Germain  ,  le  Château-neuf,  le  vieux  Châ- 
teau, le  Château  de  Vcrfailles,  le  Château  de  Cham- 
bort ,  &c.  Ht  l'on  dit  château  tout  court ,  pour  dé- 
signer la  Maifon  Royale.  Il  y  a  tant  de  la  machine 
Tome  II, 


48  I 

de  Marli  au  château.  Ce  Seigneur  h'à  point  d'hô- 
tel à  Vcrfaillcs ,  il 'loge  au  château, 

fie?"  On  donne  pourtant  plus  particulièrement  le  nom 
de  palais  aux  Maifons  Royales»  lîtuées  dans  la  C3.pi- 
hûc.  Palais  des  Tuilleries.  Palais  dU  Luxertiboùrg. 
On  appelle  figurément  château  de  carte  $  une 
maifon  tort  enjolivée  ,  &  bâtie  peu  fblidcmcnt.  OA 
appelle  aufli  château  branlant ,  une  chofe  qui  n'eft 
pas  appuyée  fur  de  bons  fondemens ,  qui  menacé 
ruine.  Ces  phrafes  font  proverbiales. 

Château  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  dans  leS 
grands  bârimens  de  mer.  Le  château  de  proue  ou 
château  d'avant , le  gaillard  d'avant  ville  theâir.:^ 
eft  l'exhauffement  qui  eft  à  la  proue  des  grands 
vaiffeaux  au  deffus  du  dernier  pont  vers  la  mifaine  t 
c'eft  le  lieu  où  fbnt  les  cuilines.  Le  château  de 
poupe  bu  le  château J^'arriere  ,  ou  le  gaillard  d'ar' 
rière  ,  eft  toute  l'élévation  qui  règne  fur  la  poupé 
au  deffus  du  dernier  pont ,  où  fbnt  les  chambres 
du  Confeil  &  du  Capitaine. 

Château  d'eau  >  c'eft  un  pavillon  différent  du  re- 
gard, en  ce  qu'il  a  de  plus  un  refervoir,^  quel- 
que façade  d'architecture  enrichie  de  nappes  d'eau  j 
rie  cafcades ,  &c.  C'eft  quelquefois  un  corps  de  bâ- 
timent avec  une  fimple  décoration  de  croifces  fein- 
tes ,  parce  qu'il  ne  renferme  que  des  rélérvoirs  , 
comme  le  château  d'eau  de  Vetfailles,  Les  Archi- 
tectes Latins  appellent  auffi  Caftellum  ,  une  cave 
ou  voûte  ,  dans  laquelle  toutes  les  eaux  s'affem- 
blent  ,  &  d'où  elles  fbnt  conduites  dans  l'aque- 
duc. C'eft  une  remarque  de  Catel ,  dans  fbn  Hifl, 
de  Lang.  Liv.  II  i  c.  x  ,p.  127. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Blafon  ,  un  château 
fondu ,  .celui  qui  eft  repréfenté  en  fa  partie  d'en 
haut  feulement  ,  &:  lorfque  celle  d'en  bas  femble 
coupée.  Cajîellurn  injimâ  fui  recifum  parte.  Il  doit 
du  moins  avoir  deux  tours ,  6c  un  logement  aU 
milieu 

Château,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Ville 
pnie,  château  rendu,  pour  dire  ,  qu'on  ne  peut 
plus  guère  renir  dans  uil  château  ,  quand  la  ville 
eft  pr'ife.  Faire  des  châteaux  en  Elpagne,  pour  dire, 
fe  repaîtie  de  chimères  ,  de  vaines  imaginations. 
En  quelques  vieux  Aurcurs  on  trouve  ,  taire  des 
châteaux  en  Afie  ,  dans  le  même  fcns  qu'on  diî 
à  préfent,en  Efpagne. 

Lorfijue  je  pars  pour  la  campagne , 
Je  fais  toujours  de  grands  projits  : 
Poètes  font  a[fe{  fujets 
A  bâtir  châteaux  en  Efpagne  , 
Et  bâtifj'ent  à  peu  de  frais. 
Ce  nom  entre  dans  la  compolîtion  de  plufîèurs 
noms  de  lieux  auxquels  on  l'a  donné  ,  parce  qu'il 
y  avoir  des  châteaux, 
Ch ATI.AV  -Briant,    CaJlrum  Brientii ,  en  Bretagne 
fur  les  confins  de  l'Anjou  ;  où  Merlian ,  &  ,  comme 
parle  Du  Chefhe  en  iés  Antiquités  des  villes  de 
France  ,   l'interprétation   commune  place  les  Ca- 
detes  de  Céfar. 
Château  -  Chinon,  Ville  du  Nivernois.  Caflrum  Cx' 
ninum.  C'eft  la   capitale  du  Morvan  ,  lituée  fut 
une  montagne  à  la  fource  de  Tlorte, 
Château -CoVk«/.  Bourg  de  l'île  de  Garnefey.  Caf 

trurn  Buccince. 
QwKT^  KM -Dauphin,  dans  le  Dauphiné,  entre  Am- 

brun  &  Saluffes.  Caflrum  Delphini. 
Chatt-AV- de- Loir  ou  du- Loir.  Petite  ville  du 
Maine  ,  qui  a  titre  de  Baronie.  Cajirum  ad  L<zdum 
ou  Lidium.  Elle  eft  fur  le  Loir ,  vers  les  confins  de 
la  Touraine  &C  du  Vendômois.  C'étoit  la  patrie  de 
Coefïeteau.  ^ 

Château   d'If  ForterefTe  de  l'Ile  d'If,  à  une  lieue 

de  Marfeillè.  Callrum  Iphium  ou  Taxianum. 
Château  -  Dun.  Ville  de  France  dans  le  Blaifois, 
&  capitale  du  Dunois.  Cafiellodunum.  Du  Chefne 
dit  qu'on  l'appcloit  autrefois /îw/'fcAnVe  ,  Comme 
qui  diroit  l/rbs  clara  ,  par  rranfpofition  de  lettres , 
à  caufe  qu'on  la  pouvoit  voii  clairement  de  loin. 

Ppp 


48 


C  H  A 


Elle  efl:  far  une  montai;ne  de  difficile  accès  :  c'efc  j 
de  là  que  lui  vient  l'on  nom  -,  car  dum  en  gau- 
lois Ii'gnifioit  hauteur  ,  manta^ni.  Cette  ville  a  été 
li  conlidcrable  ,  qu'il  y  a  eu  autrefois  un  Evéché. 
M.  de  Valois ,  dans  fa  Notice  des  Gaules ,  Ibutient 
le  contraire  -,  mais  M.  Ménage  le  réfute  dans  Ion 
JiijL  de  SdbU  ,  p.  205  ,  io6.  Chàteau-Dun  efl  plus 
occidentale  que  Paris  de  0^  4'  4" ,  ou  en  degrés 
de  10  i'  o".  Il  a  de  longitude  18°  58' zo"  ,  de  lati- 
tude 48"  4'  5".  Cas  s  INI. 
Château-Fo//.  Petit  [vays  dans  la  Marche. 
Château  -  Gontier.   Ville   d'Anjou.    Cajlrum    Gon- 
therii.  Elle  efl:  lituce  fur  la  Mayenne ,  à  fept  lieues 
d'Angers. 
Châtzav  -Ladon  eu  Ckatiav  -  Lan  don.  Ville  du 
Gâtinois ,  afkz  ancienne  ,  fi  nous  en  croyons  Vi- 
gcnère  ,  qui  la  prend  pour  le  Vellaudumim  de  Cé- 
far  ;  d'où  il  croit  que  s'eft  fait  Landon  ,  en  raan- 
i^eant  la  première  fyliabe  ve.  CIiâieau-LaTidon  ell: 
aux  confins  de  l'île  de  France  ,  fur  le  Loin  ,  entre 
Montargis  &  Nemours.  Voye^  aufll  Du  Chesne, 
Antiq.  des  villes  de  i'r.  Liv.  I ,  c.  6$. 

La  Congrégation  de  Château-Landon.  Congré- 
gation de  Chanoines-Réguliers.  Jacques  d'Aubui- 
fbn  de  laFeuillade  ,  AbbéCommendataire  de  l'Ab- 
baye de  S.  Severin  de  Cbâtcau-Landon ,  y  fit  venir 
vers  l'ap  1497  fix  Chanoines  de  la    Congrégation 
de  Vindefeim  ,  pour  y  mettre  la  réforme.   Cette 
réforme  eut  tant  de  réputation  ,  que  pluficurs  Mo- 
naftères  confîdérables  ,  &  entr'autres  S.  Viélor  d  ■ 
Paris,  s'y  unirent,  &  compofèrent  une  Congréga- 
tion, qu'on  appela  la  Congrégation   de  Chdtsau- 
Landon.EWe  fub(îfl:a  jufqu'en  1577  ,  que  l'Abbaye 
de  S.  Victor  ayant  été  jugée  plus  commode  pour 
la  tenue  des  Chapitres  généraux  ,  on  les  y  tint  dans 
la  fuite  ,  &c  cette  Congrégation  prit  le  nom    de 
Congrégation  de   S.  Vidor.  En  1614  ,  l'Abbaye  d; 
S.  Severin j|le  Château- Landon  s'en  fépara,  &:  er 
16^6  ,\a.  réforme  de  la  Congréirarion  de  France  en- 
tra dans  S.  Severin.  Pour  la  Con2;régation  de  S. 
VicT:or ,  elle  ne  fublifte  plus.  P.  Hélvot  ,   T.  Il  , 
c.   55. 
Château -Z-rw.    Bourg  de  Baffe -Bretagne  dans  1: 
Diocèfe  de  Quimpcr ,  confidcrable  par  fes  carriè- 
res d'ardoifes.  Cajlro/inum. 
Qïi'kr-EA.Tj  -  Meiltant.  Ville  de  France  dansleBerri. 
Cajirum-AL'illiaiù.   Louis  XIII  l'érigea  en  Comt''. 
Voye:^  La  Thaumaiilcre ,  Hijl.  de  Berri ,  L.  FUI , 
ch.  I. 
CuATixv-Neuf.  Nom  de  différentes  villes.  Caflrum 
Noviim.  L'une  ell  dans  l'Angoumois  fur  la  Charante. 
C'eft  proche  de  cette  ville  que  le  Prince  de  Condc 
fut  tue,  dans  le  combat  qui  fe  donna  l'an  ijfîp. 
Une  autre  en  Bcrri  ilir  le  Cher,  qui  a  titre  de  Ba- 
ronnie.  Fvyei'^  La    Thaumailiere,  Hijt.de  Bern , 
Liv.  IX,  c.  iS.Une  troifième  dans  rOrléanois,qui 
a  un  château  fitué  fur  une  montagne ,  &  bâti  par 
Valentine,  veuve  de  Louis  Duc  d'Orléans.    Une 
quatrième  efl:    capitale   du   Valromey.    Une   cin- 
quième nommée  Château-Neuf  tn  Timerais  ,  périr 
pays  dont  elle  efl:  la  ville  principale  ,  apparrient  à 
l'Ile  de  France.  Je  ne  parle  point  des  deux  bourgs 
de  même  nom  ,  l'un  en  Anjou  fur  la  Sarte  ,  &  l'aurre 
en  Bretagne.  Il  y  a  encore  Château-Neuf  Aq  Randon, 
ville  de  France  dans  le  Gevaudan  ,  qui  appartienr 
au  Vicomte  de  Polignac.  Foye^  Valois ,  Noc.  Gall. 

f. 135. 

Cu ATtAu-Pélerin.  C'efl:  un  château  fur  la  côte  de 
Phénicic,  entre  Saint  Jean  d'Acre  au  nord,  &  l.i 
ville  de  Tartoura  au  midi.  Pere^rinorum  Cajtellum 
Il  s'appelle  ainfi ,  parce  que  les  pèlerins  y  venoient 
autrefois  aborder  ,  &:  y  trouvoient  leur  fureté. 
MÉM.  DES  M:ss.  DU  Lev.  t.  y ,  pas;.  11. 

CHÂTEAU-PcraV/2.  Petite  ville  &:  principauté  en  Cham- 
pagne, fur  l'Aine ,  à  une  ou  deux  lieues  audeffu- 
de  Rétel.  Cajlrum  Porciani. 

CïiAThAv-Re^nau!.  Autre  Principauté  5«:  petite  vill 
du  Rétélois ,  fur  k  Meufe.  Cajirum  Reginaldi. 


CH  A 

ChaTIAV  -  Renard  ou  Regnard  ,  dans  le  Gâtincis. 
Cajlrum  Viilpium  ,  ou  Cujtrum  Raynaldi. 

Châteauroux.  Ville  de  Berri.  Cajimm  Rodulphi ,  ou 
Radulphi.  Elle  efl:  fur  l'Indre.  Louis  XIII  l'érigea 
en  Duché-Pairie  i  elle  a  cré  à  la  maifbn  de  ConJc. 
On  y  fait  beaucoup  de  draps  de  Berry.  Ce  nom  s'eft 
fait  par  corruption  de  Château-Raoul.  Voye:i  la 
Thaumailiere  ,  Hijioire  de  Berry  ,  Liv.  VU ,  c.  1  , 
&i  lijiv.  Châteauroux  ,  eft  auffi  une  ville  Epifcopais 
de  l'île  de  Nègïeponi,  Cajial'ro^o  ,  en  italien, 
Cajlrum  rufum. 

CuATEAV-Salins.  Bourg  de  Lorraine.  Cajlrum  Sali- 
«iar«/72,  près  de  la  rivière  de  Seille,  Son  nom  l.ii 
vient  de  fes  bonnes  lalines. 

CHATtAV-J'ur-Epte.  Paroiffe  du  Vexin  Normand,  ainfl 
appelé  à  caule  de  fon  château  ,  qui  défendoit  le  pal- 
fage  de  la  rivière.  Cajlrum  ad  Eptam.  Voyez  la 
Description  Gco'^t.  &  Hijt.ie  la  Haute-Normandie , 
Tom.  Il ,  p.   315. 

CnÂTEAU-ry^iVrry .Ville  de  la  Brie  pouilleufe.  Gï/?r//OT 
Theoderici.  Elle  efl:  liir  la  Marne.  C'étoit  la  patrie 
de  notre  illufl:re  La  Fontaine. 

Château-/'7/j/«.  Bourg  de  Champagne  vers  la  foilrce 
de  la  rivière  d'Aube.  Cajirum  Vdlanum. 

Tous  CCS  noms  font  mafculins ,  comme  celui  de 
Château. 

Châteaux.  (les)  Ce  font  les  Dardartelles;  les  deux 
Châteaux  de  Sellos  &:  Abydos,  Voye^  Dj^^rda- 
niLLis.  Cajie lia.  No'^  Cartes  marines  les  appellent 
Cajtelli ,  qui  ell  le  nom  qu'on  leur  donne  en  italien. 
Il  n'y  a  qu'enviion  douze  milles  àzs  Châteaux  à 
Téncdos.  Du  Loir.  L.  VII ,  /».  11  j. 

CH.^TÉE.  f  f.  La  po:tée  d'une  chatte,  tous  les  petits 
d'un.?  chatte.  Ce  mot  n'cfl:  pas  r.'cu. 

1^  CHATElGNERAîE.(Ai)  petite  ville  de  Francâ 
en  Poitou ,  à  fix  lieues  de  Luçon. 

CHÀTEL.  f.  m.  Petit  ch.îteau.  Cdjhllum.  C'efl  un 
vieux  mot  francois ,  formé  de  ce  mot  latin ,  &  qui 
n'efl:  refl:é  que  dans  quelques  noms  propres  de  lieux  , 
&:  quelques  noms  de  famille.  Ainfi  l'on  appeloit 
Chitel-  Aillon  une  ancienne  ville  du  pays  d'Au- 
nis  ,  qui  eft  détruite  ,  Cajirum  ou  Cajlellum 
Julii.  Chitel- (m -}si\o(c\\c  eft  une  Seigneurie  ds 
Lorraine. 

CHÂTELAIN,  f.  m.  C'étoit  autrefois  le  Gouverneur 
d'un  ch.iteau  ,  établi  pat  les  Ducs  ou  Comtes ,  dans 
1-js  principales  bourgades ,  rant  pour  les  tenir  dans 
l'obéiffance ,  que  pour  y  rendre  la  jullice.  Cajlellanus 
dinajta.  Il  femble  que  la  principale  fonction  de  cet 
Officier  étoit  la  garde  du  château  ,  d'où  lui  eft  venu 
le  nom  de  Châtelain.  Il  étoit  tenu  par  conféquent 
de  le  pourvoir  de  toutes  fortes  de  munitions  de 
guerre  &:  de  bouche  ,  &  d'y  entretenir  un  certain 
nombre  d'hommes ,  tel  que  le  Seigneur  ou  fou 
Bailli  l'avoir  réglé.  Suivant  quelques  Ordonnances, 

4'1  étoit  oblige  d'y  faire  fa  réfidence  :  quand  les 
nilices  de  la  Chârellenie  marchoient  pour  quelque 
expédition,  c'étoit  à  lui  de  les  conunander,  fous 
les  ordres  toutcibis  du  Bailli.  Il  étoit  auffi  de  fon 
emploi  de  fournir  des  vivres  à  ceux  que  le  Dauphin 
étoit  tenu  de  défrayer  en  campagne.  L'emploi  du 
Châtelain  exigeoit  llir-tout  de  veiller  à  la  confer- 
vation  des  biens  du  Seigneur  ,  &  de  faire  recueillir 
les  fruirs  qui  provenoient  dans  les  fonds  pour  les 
vendre  à  fbn  profîr ,  après  en  avoir  réfervé  la  quan- 
tité néceffaire  pour  la  provifion  du  château.  Le 
même  étoit  chargé  de  la  recette  générale  des  droits 
fcigneuriaux ,  pour  lefquels  il  avoir  un  receveuï, 
ou  qu'il  donnoit  à  ferme  pour  s'épargaer  l'embarras 
du  détail.  Il  jouiffoit ,  au  moins  en  quelques  lieux  , 
du  privilège  qu'avoir  le  Bailli ,  de  pouvoir  en  cer- 
tains cas  aliénet  les  fonds  domaniaux,  les  échanger, 
ou  les  donner  en  emphiréofe.  Il  pouvoir  auilî  don- 
ner l'inveftiture  des  fonds  qu'il  avoir  inféodés,  & 
en  recevoir  l'hommage  au  nom  du  Seigneur.  Pu., 
DE  V  ALBONNET ,  Mcm.  pour  l'Hlfl.  du  Daurh.  Difc. 
y,  c.  V  Les  fondions  miliraircs  arrachées  à  ces 
offices  les  faifoient  rechercher  des  principaux  de  Is. 
noblefle  5  qui  s'en  trouvoient  honorés,  Id.  Dans  la 


CH  A 

fuite,  \tsChduliiins  ul'urpcrent  la  propriété  5c   îa 
Seigneurie  de  leur  Juridiction.  Maintenant   il  ne 
/îgni/ic  plus  que  le  Seigneur  d'une  terre,  qui  a  un 
dcirrc  d'élévation    au  deillis  d'une  Seigneurie  or- 
dinaire. Le  Seigneur  CliduUin  ne  peut  porter  fes 
armoiries  qu'en  éculfon ,  &  non  en  carré    ou  ban- 
nière, comme  lont  les  Comtes,  Vicomtes  &:  Ba- 
rons ,  qui  ont  droit  de  bannière,  de  haute  Juftice  , 
de  fourches  patibulaires  à  quatre  piliers.  Le  Chl- 
teUin  a  droit  d'avoir  maifon  forte  5  c'cft-à-dire 
munie  de  folfés  &  pont-levis,  lUns  permiUion  du 
Roi  :  il  peut  même  empêcher  que  l'on  ne    bîtiire 
iim  mailbn  forte  dans  l'crendue  de  fa  Chatcllenie 
Autrefois  pour  être  Chatelam ,  il  falloir  avoir  un" 
château  &  fortere/fe ,  Seigneurie  &    Jurididion  ; 
&  pour  faire  la   Châtcllcnie,  il  falioit  qu'il  y  eut 
une  Abbaye  ou  Prieuré  conventuel ,  four  banal ,  ùc. 
De  Châtelain ,  pris  pour  Seigneur  d'un  château  ,' 
on  diloit  autrefois  Cluudaint ,  pour  ^  Dame  d'un 
Château 
Châtelain  ,  ePc  auiT»  un  Juge  ,  ou  Officier ,  qui  rend 
la  Juftice  dans  l'étendue  de  la  terre  d'un  Seigneur 
Châtelain.  Cajiellanus  Judex.   En  Auvergne  °,    en 
t)auphiné,  en  Poitou,  les  Châtelains  des  villes  font 
aufTi  des  Officiers  exerçans  lajuftice. 
|Cr  Châtelains  Royaux,  qu'on  appelles  autrement 
Prévôts,  font  des  Juges  qui  iont  dans  le  premier 
degré  de  la  Juftice  Royale.  Ils  connoiHent  en  pre- 
mière inftance  des  diff;rens   des  particuliers ,  tant 
en  maticr;  civile  que  criminelle ,  excepté  des  caufcs 
dont  la  connoinance  ell   rcicrvée  aux   Baillis.  Ils 
connoiirent  au/Ti  des  appellations  des  hauts  Julti- 
Giers   ;    &    leurs    appellations    s'interjettent    -^ar 
devant  les  Baillis  &  Sénéchaux.  ^" 

fer  CbÂtelains  Seigneuriaux  ,  font  ceux  qui  font 
établis  dans  les  terres  des  Seigneurs  particuliers 
r?  CHATELAINÎE.  Voye^  Châtellenie. 
tfr  CHATELDON.  Ville  de  France  dans  le  Bour- 
bonnois ,  Diocèfe  de  Clermont ,  à  quatorze  lieues 
de  Moulms.^ 
CHATE  LE ,  EE.  adj,  "ferme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  des 
pièces  d'un  écu  chargées  de  figures  de  châteaux, 
Cajtellis  injtrucliis.  La  bordure^  de  Portu"-al ,  le' 
lajnbel  d'Artois ,  font  châteUs. 
CHaTELET.  f.  m.  C'eft  ainlî  qu'on  appeloit  autrefois 
de  petits  châteaux  ou  fortetedes,  où  les  Seigneurs 
Châtelains  logeoieht.  Caflella.  Mais  préient^ement 
on  appelle  à  Paris  le  Grand  Châtekt ,  le  lieu  où  fe 
tient  le  Préiîdial,  ou  la  Juftice  ordinaire  du  Prévôt 
de  Paris,  qui  eft  compote  d'un  Prelîdial  ,  d'une 
Chambre  civile,  d'une  Chambre  criminelle  ,  & 
d'une  Chambre  de  Police.  Cajlcllana  Parifiorum 
curia.  On  appelle  de  même  à  Orléans ,  à  Mont- 
pellier ,  &c.  les  lieux  où  Ion  rend  la  Juftice.  Les 
fentences  5C  le  fceau  du  Chàtelet  de  Paris  l'ont  exé- 
cutoires par  toute  la  France.  Les  Notaires  du  Chà- 
telet dépendent  de  cette  Juridiélion.  Le  fceau  du 
C/zaVê/^/eft  attributif  de  Jurididion-,  en  forte  que 
quiconqueeft  obligé  en  vertu  d'un  contrat  pafle  au 
Chàtelet,  y  peut  être  alfigné  pour  l'exécution  du 
même  contrat,  en  quelque  lieu  du  Royaume  qu'il 
foit  domicilié.  Le  petit  Chàtelet  efl:  un  ancien  fort, 
qui  fert  aujourd'hui  à  mètre  des  prifonniers.  Le 
grand  Chàtelet  fat  bâti  du  temps  de  Julien  l'Apoftat- 
&:  rebâti  fous  Philippe  le  Bel ,  tel  qu'on  le  voit  au- 
jourd'hui, excepté  l'arcade  fous  laquelle  on  pa'fe  , 
qui  fut  faite  fous  Louis  XII.  Favyn.  Hijioire  de 
Nav.  L.  V.  Cefl  Charles  V  qui  fit  bâtir  la  Baftille 
&  le  grand  Chxtele',.  L'ancien  ,  le  nouveau  Chàtelet , 
font  deux  corps  de  Juridiiftion  ,  qui  forment  main- 
,tenant  le  Prcfidij!.  En  latin  ,  Cafielletum, 

Quelques-unG  croient  que  le  grand  &  le  petit 
Chàtelet  de  Paris  ont  été  bâtis  par' Jules  Céfar ,  ou 
par  quelqu'un  de  fes  fuccefTeurs ,  qui  a  porté  le 
même  f.irnom  \  ce  qui  piroît  certain,  du  moins  pour 
la  forterefTj  que  nous  appelons  le  grand  Chàtelet , 
dont  l'une  d-îs  chambres  porte  encoure  à  préfent ,  & 
de  temps  immémorial,  le  nom  de  chambre  de  Céfar 
&  ou  l'on  a  vu  jufqu'à  la  fin  du  XVIe  fiécle ,  au  deOus 


CM  A 


s  i 

de  la  porte  d'un  bureau,  ces  mots  feraVcs  iut  Uhe 
plaque  de  marbre:  Tnbutum  C^Jarts^  L'autre 
forterc/fc  que  nous  hommons  petit  ChdtelM ,  m 
entièrement  ruinée  par  les  Normands,  &  na  été 
rebatre  comme  elle  eft  à  préfent,  que  fous  lere-ne 
de  Charles  V,  plus  de  450  ans  après  fa  deftruclici 

U.  fELIBïEN. 

Ce  mot  Chàtelet ,  eft  un  diminutif  de  château  ^ 
&c  s  eit  forme  de  cajiellum,  diminutif  de  ca/irum , 
château,  ou  de  cyteu'etum ,  diminutif  de  tJiellum 
CHATELET,  eft  aulhie  Corps  des  Juges  du  Chàtelet 
5:   eur  Juridiction.  Une  Icntence  du  Châtekt,  Con-, 
<eiller  au  Chàtelet,  Procureur  au  Chaidet.  Les  au- 
diences du  Chàtelet  font  divifées  en  celles  de  la 
i  revote,  auxquelles  prelide  le  Lieutenant  Civil;  Se 
celles  du  Prefidial ,  auxquelles  préfidcnt  les  deux 
Lieutenans  Particuliers  par  tour ,  de  mois  en  mois; 
Le  Chàtelet  cft  aujourd'hui  la  feule  Jurididion  bt^ 
dinairc  de  la  ville  de  Paris;  routes  les  autres  Turi- 
diéhons  y  ont  été  réunies ,  pour  éviter  les  conHit? 
de  Juridiction.   A^o_y^^  Lange ,  dans  la   Nouvelle 
rratique  ,  &c. 

Chàtelet,  eft  aufîî  le  liom  propre  de  quelques 
heux,  comme  le  Chàtelet  en  Berry.  Cattelkmm, 
C  eit  un  lecond  diminutif  de  cajirum  ,  château  ,  qui 
figniiie  un  fott  petit  château.  Un  autte  en  Franche- 
Comte  s'appelle  Chàtelot.  Il  eft  lut  le  Doux 

Chàtelet.  l.rme  de  Rubanier.  C'eft  la  partie  dà 
métier  du  Rubanier ,  qui  foutient  les  ardoiles  &  les 
hautes  lices. 

Chàtelet.  Terme  de  Fetrahdinier.  Le  çôtte-châtslet 
eft  une  traverle  qui  eft  au  haut  du  métier  où  fè 
fabriquent  les  gazes  ,  &  qui  fert  à  porter  les  trois 
bricoteai'.x. 

CHATE-LEVANT  ,  CHATE-PRENANT.  Terme 
de  Coutume.  Ces  mots  figni/ient  une  claufe  qu'on 
mettoit  autrefois  dans  les  contrats  au  pays  Mclfini 
Par  cette  claufe  oh  donnoit  pouvoir  à  ceux  qui 
prenoient  des  fonds  à  gagière ,  ou  à  mort^gaçe  i 
d'en  prendre  ,  d'en  percevoir  les  fruits. 

CHATELLENIE.  C  f^  Seigneurie  d'Un  Selgnéiît 
Châtelain ,  &  l'étendue  de  fa  Terre  &  de  fa  JuA 
tice;  Ditio  Cafiellani  dynajla.  C'étoit  ahcieane- 
mentuhnom  d'Officei  gr  non  de  Seigneurie.  La 
Cour  de  k  Chatellerue  étoit  compolee,  outre  le 
Châtelain ,  d'un  Procureur  Filcal ,  d'un  Notaire  , 
ou  Greffier  ,  &  de  quelques  Sergens.  Vâleonnet. 
Foyei  ChÂTELAiN.  Dans  l'ancie'^nne  pratique ,  Châ- 
tellenie figniiie  k  reifort ,  l'enclave  d'une  haute- 
Juftice.  Il  y  a  tant  de  Châtellenie  s  qui  reHortillcilt 
à  ce  Prefidial.  Cette  Province  eft  divifée  en  tant  de 
Châtellenies.  On  fe  fert  indifféremment  du  titre  de 
Prévôté  ou  de  celui  de  Châtellenie  ,  pour  exprimée 
une  Seigneurie  ou  Juftice  qui  ne  relève  pas  direc- 
tement de  la  Couronne. 

On  donne  Ce  nom  en  Flandre  aux  diverfes  parties 
ou  contrées  dont  cette  Province  eft  compofée  ,  & 
chacune  de  ces  Châtellenies  porte  le  nom  de  fa 
capirale.  Châtellenies  de  Lille  ,  d'Iptes ,  de  Gand  i 
(ic.  On  le  donne  aùffi  en  Pologne  aux  petits  Gou- 
vernemensqui  dépendent  des  Caftellans ,  ou  Châ- 
telains des  villes  ,  &  qui  font  fournis  aux  Palatins  ^ 
dont  les  Gouvernemens  ou  Pa'.atinats  renferment 
pSulieurs  Châtellenies.  Et  en  françois,  nous  nous 
fcrvons  de  ce  mot  en  parlant  de  ces  lieux. 
CHaTELLERAUD  ,  ou  plutôt  CHATELRÀl/D. 
Ville  de  France  dans  le  Poitou.  Cafirum  fferaldi. 
C'eft  de  ce  nom  latin  que  le  françois  s'eft  formé. 
Châtelleraud  eft  firué  fur  la  Vienne.  Francoi.s  I , 
l'crigea  en  Duché  ,  en  faveur  de  François  de 
Bourbon,  fils  de  Giiberr  de  Bourbon,  Comte  de 
Montpenfier.  Il  ne  faut  point  écrire  Châtel-Heraiilt  ■, 
comme  a  fait  M.  Corneille,  p.  616 ,  après  avoir 
fort  bien  mis  Châtelleraud  à  la  page  précédente  j 
ni  diftinguerces  deux  villes  ,  comme  il  femble  le 
voujoir  faire.  Et  la  contrée  .à  laquelle  cette  ville 
donne  fon  nom  ,  il  fiut  l'appeler  Châtelleraudois  ^ 
ou  plutôt  Châtelraudois ,  comme  écrit  Naudc  dans 
ioïiM.ifcurdtip.  ij<j  j&rvonpas  Châtel-Hcraudoist 

Pppij 


CH  A 


484 

comme  a   fait  Corneille  ,   après   l'Atlas   qu  il   a 

copié.  ,  ^ 

^  CHATEL-SUR-MOSELLE.   Ville  de    Trance 
en  Lorraine,  fur  laMolclle,  à  trois  lieues  d'Epinal. 
fp-  CHATELUS.  Villcde  France  dans  la  Marche, 

fur  le  Taurion  ,  à  deux  liciies  de  Boiirganc.ih 
CHATEPELEUSE,  C  i'.  Petit  inlctle  ou  vermine  qui 
ron^e  le  blé.  On  l'appelle  ^uiVi  calerJre  y  ou  cha- 
rencon.  C«/c«/«o.  C'cft  aulîî  un  terme  bas  &  popu- 
laire', qui  fignifie  une  chenille  qui  eft  couverte  de 
poil  comme  un  chat» 
CHATER,  f.  m.  Tcrm.e'de  Relation  ,   Curfor.  Les 
Ckaters  Ibnt  en  Perle  des  valets  de  pic  qui  courent 
dans  les  rues  devant  leur  m.aure  pour  faire  faire 
place  ;  parce  que  les  hommes  vont  à  cheval  &:  très- 
vite.  En  Perle  les  Chaters  font:  un  corps  comme  les 
Artilans  -,  il  faut  être  palEé  maître  à  la  Courfe  pour 
être  Ckater.  Tavernier. 
CHATHIB,  ou  CHATHEB.  f.  m.  Terme  de  Relation. 
Mot  turc  qui  lignifie  Prédicateur ,  harangueur ,  qui 
parle  en  puhUc.  Concionacor  ,  Ecc/ejîajies,  C'eft  aulli 
parmi  les  Mahométans  celui  qui  tient ,  dans   les 
Molquées  ,  la  place  que  les  Curés  tiennent  dans  les 
Paroiffes  parmi   les  Chrétiens  ;  parce  qu'outre   la 
prière ,  il  leur  fait  encore  des  fermons  &  des  prônes, 
en  les  averthrant  de  leurs  devoirs,  &  fouvent  en 
leur  annonçant  les  ordres  du  Prince.  Les  Chefs  des 
Mofquces  Royales  ou  principales  de  chaque  ville, 
portent   ordinairement  ce  nom  ,  à  la  diftinéiion 
des  Chefs  des  autres  Mofquécs ,  qui  s'appellent  iîm- 
plement  Imans.  D'Herbel, 

Ce  mot  vient  de  2rD  ,  Chatkab  ,  qui  en  hébreu  , 
chaldéen,  fyriaque,  atabe,  lignifie  écrire.  KM\ 
Chaiheb  proprement  en  arabe  lignifie  un  Ecrivain  , 
un  lavant ,  un  Doélcur  de  la  Loi.  Il  làut  prononcer 
Caiib  ,  ou  Caceb. 
CH  AT-HUANT,  f.  m.  Le  t  ne  fe  prononce  pas ,  &  l'A 
eft  alpirée.  Il  faut  donc  prononcer  chahuant.  C'eft 
un  oilcau  de  nuit  qui  mange  les  fouris  &  les  petits 
oifeaux  ,  que  le  peuple  regarde  comme  un  oifeau 
de  mauvais  augure.  C'eft  la  même  chofe  que  Je 
hibou  &C  le  duc.  Bubo,  noclua.  Il  eft  de  la  figure 
d'une  chouette,  &  de  la  grandeur  d'une  petite 
aigle ,  tanné  &:  roux ,  &:  tacheté  de  noir,  ayant  la 
tête  &  les  griffes  de  chat.  Il  y  en  a  de  différentes 
efpèce  ,  plumage  &  gtofleur.  Les  chat-hudnts  &  les 
chouettes  ont  été  adoiés  au  Pérou ,  à  caulé  de  la 
beauté  ?c  fubtilitc  de  leurs  yeux  ,  qui  voient  dans 
les  ténèbres. 

Il  y  a  dans  les  îles  de  l'Amérique  une  efpèce  de 
chat-huant  que  l'on  nomme  canot  ,  parce  qu'il 
jette  un  cri  lugubre  ,  comme  qui  crieroit  au  canot. 
Il  n'eft  pas  pfus  gtos  qu'une  tourterelle  ,  mais  tout 
{emblable  par  fon  plumage  aux  hiboux  de  France. 
Il  a  deux  ou  trois  petites  plumes  aux  deux  côtés  de 
ia  tête  qui  refTemblent  à  deux  oreilles. 

Il  y  a  un  chat-huant  cornu  ,  nommé  autrement 
hibou  cornu  ,  ou  moyen  duc.  Il  y  en  a  même  de 
deux  efpèces.  Voye^  Hibou  cornu. 

On  donne  ordinairement  à  Minerve  le  chat 
huant  &  le  ferpent ,  tous  deux  fymboles  de  la 
fagefle  :  l'un  parce  qu'il  voit  clair  au  milieu  des 
ténèbres  ,  l'autre  ,  ùc.  P.  Jobert.  Il  eft^  mis  quel- 
quefois fur  fon  cafquc  ,  Si  quelquefois  à  fes  pieds. 
Dans  une  médaille  de  Néron  ,  on  le  voir  fur  un 
autel  :  il  marque  que  ce  Prince  avoir  célébré  les 
jeux  de  Minerve  appelés  Quinquatria.  Id.  Il  eft 
auffi  le  fymbole  d'Athènes ,  fur  les  monnoics  de  la 
quelle  on  le  ttouve  toujouts,  ou  prcfque  toujours. 
Voyez  Nonius  ,  Grcecice  Univerf.  Tab.  XIII. 

Ce  mot  vient  de  catus  ululans ,  parce  que  cet 
oifeau  a  une  tête  de  chat ,  piend  les  fouris  comme 
un  chat,  &  crie  fort  haut  la  nuit,  ce  que  l'on  ap- 
peloit  autrefois  huer.  Mén.  Du  Cange  le  dérive 
de  cavanna ,  ou  cavannus ,  qu'on  a  dit  dans  la 
baffe  latinité  au  même  fens. 
CHAT -HU ANE,  ÉE.  adj.  Tetme  de  Fauconnerie. 
Qui  a  le  peunage  de  chat-huant.  Pennis  noSua 
fimilis. 


CH  A 

03"  CHÂTIER,  v.  a.  C'eft  faire  fubir  à  quelqu'un  lé 
châtiment  que  mérite  une  faute  qu'il  a  commilé  , 
afin  de  l'empêcher  d'y  retomber,  &  de  le  rendre 
meilleur.     Cajiigare.    Lé   mot    de    châtier    porte 
toujours  avec  lui  une  idée  de  lubordination  ,  qui 
marque  l'autorité  ou    la  fupétiorité  de   celui   qui 
cAime,  fur  celui  qui  eft  chauc.  11  faut  châtier  ra- 
rement, 6c  punir  fcvèrcment.  M.  L'Abbé  Girard. 
C'eft  une  vérité  qui  paroît   un   peu  auftère ,  que 
Dieu   nous  aime  quand  il  nous  châtie.  Flechier. 
0Cr  On  dir,  en  termes  de  Manège,  châtier  un  cheval: 
c"eft  lui  donner  des  coups  de  gaule  ou  d'éperon 
lorfqu'il  rélîfte  à  ce  qu'on  lui  demande. 
ÇCT  Châtier  jvn  corps ,  fe  dit  des  pénitences  que 
font  les  Saints,  des  mortifications  dont  ils  affligent 
leurs  corps.  Cajiiç;iire ,  affligere  corpus.   Ce    Saint 
châtiait  rudement  fon  corps  trois  fois  le  jour.  Châ- 
tier fon  corps  par  les  jeûnes  Se  les  veilles ,  les  haires 
Se  les  ciliées. 
TfT  Châtier  fignifie  auffi  corriger,  polir  un  ouvrage  j 
le    purger    de  fes    fautes.    Corrigere  ,  emendare , 
mutare.  Le  ftyle  de  cet   Orateur  eft  fort  châtié. 
Eutipide ,  le  plus  tragique  de  tous  les  Poètes  ,  eft 
d'ailleurs  peu  exaéf,  peu  châtié,  dans  la  conduite  & 
la  difpofition  de  fes  fujets.  Dac.  îfT  Quoique  le 
ftyle  de  Voiture  ne  foit  pas  fort  châtié ,  parcequ'il 
n'a  j.imais  revu  les  ouvrages  ,  on  y  trouve  une  naï- 
veté 5c  une  dclicatclfe  qui  ne  fe  rencontrent  point 
par-tout  ailleurs.  Bouh. 
tCT  On  difoit  autrefois  chajîoier  'pout,  châtier. 
hzT  On  dit  proverbialement,  qui   bien  aime,  bien 
châùe  ,  en  parlant  de  l'amour  d'un  père  envers  fes 
enfans.  On  dit  auHî  châtier  bien  ,  &  récompenfet 
de  même.  L'auteur  de  ce  mot  eft  le  Duc  d'Albe , 
qui  étoit  fort  exaél  à  payer  fes  troupes,  &fbrt  févère 
à  les  punir,  ^oyei^a  mot  Punir,  les  différences 
deces  deux  verbes. 
Châtié.,  ée.  part. 

CHATIERE,  f  f.  Ouverture  ou  trou  qu'on  laifle  à  une 
porte  ,  ou  à  une  cloifon  ,  pour  donner  entrée  aux 
chat:  dans  des  chambres  &C  des  greniers ,  afin  qu'ils  y 
aillent  faire  la  guerre  aux  fouris.  For  amen  per  quod 
lubire  [dis po(jit. 
0-  CHàTIGAN.  Ville  d'Afie  dans  l'Indouftan  ,  au 

Royaume  de  Bengale. 
CHATILLON.  Nom  de  lieu  ^  de  famille.  Cajlellio. 
Les  lieux  qui  portent  ce  nom  ,  fe  diftinguent  en 
y  ajoutant,  ou  le  nom  de  la  contrée  dans  laquelle  ils 
fe  trouvent  renfermés ,  comme  Châtillon  deMédoc  , 
bourg  fur  la  Garonne  ,  dans  le  pays  de  Médoc  en 
Guienne  ,  Cafiellio  Medulci  :  &c  Châtillon  de  Mi- 
chaille  ,  petite  ville  lituée  dans  une  petite  contrée 
du  Bugey  ,  appelée  Michaille ,  vers  le  Rhône.  Caf- 
tellio  de  Michalia.  Ou  bien  plus  communément 
par  le  nom  des  rivières  qui  les  arrolént.  Ainfi  Châ- 
tillon -Jur  -  Cher ,  eft  une  ville  de  Berry  fituée  fur  le 
Cher ,  au  confluent  de  la  Sandie.  Chatillon-fur-lndrs 
eft  cnTouraine,  aux  confins  du  Berry,  fur  la  rivière 
d'Indre.  Voyei  la  Thaumalf.  Hijt.  du  Berry ,  L.  IX, 
c.  57.  Cajiellio  ad  Ingèrent.  Chatillon-fur-Loin,  eft 
une  petite  ville  du  Gatinois ,  fur  le  bord  du  Loin. 
Cajlellio  ad  Lupiam.  Châtillon- j'ur- Loir  s  ,  ville  du 
Berry.  Cafiellio  ad  Ligerim.  Elle  eft  au-deffus  de 
Cône ,  de  l'autre  côté  de  la  Loire.  Chatillon-fur- 
Marne,  en  Champagne,  Cajtellio  ad  Matronam , 
eft  fur  la  Marne ,  entre  Epernay  &  Château-Thierry; 
c'eft  la  patrie  du  Pape  Urbain  IL  Chatillon-Jur- 
Saône,  petite  ville  de  Lorraine  dans  le  Barrois , 
Cajiellio  ad  Ararim.  Chdtillon-fur-Seine ,  Cajiellio 
ad  Sequanam  ,  eft  une  ville  de  Bourgogne,  feparée 
par  la  Seine  en  deux  parties,  dont  l'une  s'appelle 
le  Bcur? ,  &  l'autre  Chaumont ,  qui  font  comme 
deux  villes  qui  ont  chacune  leur  Maire  &  leurs 
Maaiftrats  à  parr. 
CHATILLONET.  Diminutif  de  Châtillon,  Capl^ 

lionetum.  Bourg  de  laBreffe  fur  la  rivière  d'Ains. 
SCr  CHÂTIMENT,  f.   m.  Cajlizatio  ,  animadverjio. 
Terme  qui  comprend   géneralememcnt    tous  les 
moyens  de  fcvcritc  permis  aux  chefs  des  petites 


C  H  A 

focictcs  qui  n'ont  pas  le  droit  de  vie  &  de  mott  Sc 
employés ,  ibit  pour  expier  les  fautes  commiics  par 
les  membres  de  ces  focictcs,  Ibit  pour  les  ramener 
à  leur  devoir  6c  leS  y  contenir,  La  fin  du  c/i  ju- 
ment eft  toujours ,  ou  l'amendement  du  châtié ,  ou 
la  latisfadlion  de  rolfehfé. 

1^  Il  eft  eiicntiel,  pour  bien  corriger,  que  le  châti- 
ment ns  foit  ni  ne  paroilie  être  l'effet  de  la  mau- 
vaiie  humeur.  M.  l'Aebé  Girard. 

§C?Le  châtiment  dit  une  correction',  mais  la. punition 
ne  dit  précifémcnt  qu'une  mortification  faite  à  ce- 
lui qu'on  punit.  On  peut  définir  le  châtiment  ^  une 
correiilion  dont  ule  un  maître,  un  fupérieur,  envers 
quelqu'un  qui  a  fait  une  faute  j  afin  de  l'empêcher 
d'y  reromber  >  ou  de  le  rendre  meilleur.  Il  n'cft 
pas  d'un  bon  maître  de  châtier  fbn  élève  pour  toutes 
les  fautes  qu'il  fait ,  parce  que  les  châtimens  trop 
iréquens  contribuent  moins  à  corriger  du  vice, qu'à 
dégoûter  de  la  vertu.  Voye^  aux  articles  particuliers 
les  nuances  qui  diftinguent  les  prétendus  iynony- 
mes  ;  &  ne  dites  pas  avec  les  Vocabuliftes  ,  accou- 
tumés à  confondre  toutes  les  idées  ,  châtiment , 
correction ,  punition  ,  peine  que  l'on  infiige  à  celui 
quia  fait  quelque  faute. 

^CT  On  dit ,  en  termes  de  Manège,  les  châtimens  du 
cheval  :  c'cft  lorfqu'on  le  pique  ,  qu'on  le  fouette  , 
ou  qu'on  fe  fert  des  aides  avec  rudelîe  quand  il  ne 
veut  pas  obéir.  j 

1^  Le  mot  châtiment  1  quelquefois  urtêfignification 
plus  étendue  ôi  très-rapprochée  de  celle  du  m.ot 
iupplice. 

Il  faut  des  châtimens  dont  Vunivers  frémi ffe  t 
Qu'on  tremble  en  comparant  l'oQenj'e  ù  le  jupplice. 

Racine. 

^3"  Châtiment  militaires ,  font  les  peines  qu'on  im- 
pofe  à  ceux  qui  luivcnt  la  profefîion  des  atmes, 
îorllju'ils  ont  manqué  à  leur  devoir. 

CHATIR.  f".  m.Terme  de  Relation.  Valet  de  pié  chez 
les  Turcs,  f^oye:^  Chater. 

CHATON,  f.  m.  Petit  chat.  Felis  catulus. 

Chaton,  terme  de  Bijoutier,,  lîgriifîe  l'endroit  où 
l'onenchàill-  une  pierre  précieufe  dans  un  anneau  , 
un  poinçon  ,  un  cachet ,  <îfc.  Pala ,  funda.  Ménage 
prétend  que  ce  mot  vient  de  ca/lrum  ,  &  qu'on  a 
dit  autrefois  azy/oT?. 

§:?  Chaton.  Terme  de  Botanique.  Julus  i  nucamen- 
tum.  On  appelle ainfi  en  Botanique,  certaines  fleurs 
attachées  piulîeurs  enfembb  le  long  d'un  filet  com- 
mun ,  en  forme  de  queue  de  chat:  d'où  vient  le  mot 
de  chaton.  Souvent  ces  chatons  ,  ne  contenant  que 
des  fleurs  mâle?,  ne  donnent  point  de  fruit.  Les 
payfans  les  nomment  des  roupies.  Tout  le  monde 
connoh  les  chatons  du  noyet,  du  noifettieti  II  y  a 
aufli  dels  chatons  qui  portent  des  fleurs  femelles. 
Cette  fleur  efl:  toujours  icparée  du  fruit ,  ibit  qu'eUe 
fe  trouve  fut  un  individu  différent  de  celui  qui 
porte  le  fruit ,  foit  que  la  même  plante  produife 
la  fleur  &c  le  fruit. 

On  appelle  aulfi  ci^.rw;7 ,  le  vert  qui  couvre  la 
coquille  de  la  noifette ,  loriqu'elle  eO:  encore  fur 
le  noifeticr.  On  le  dit  auffi  de  la  partie  qui  enferme 
la  graine  de  la  tulipe.  Liger, 

Chaton  fe  dit  encore,  en  termes  d'OcuUfte ,  de 
l'endroit  où  le  criftallin  de  l'œil  eft  enchâfle. 
Vmlw  ,  pala.  Ce  chaton  ,  dit  M.  Morand  ,  eft 
formé  par  la  tunique  vitrée.  Il  dit  encore  que  des 
deux  membranes  qui  'ont  dans  l'œil,  la  féconde 
eit  celle  qui  tapifle  le  chaton  où  le  criftallin  eft 
enclavé.  M.  de  la  Peyroniea  obfervé  que  la  mem- 
brane criftaliine  ne  tient  au  criftallin  que  par  les 
bords,  quoiqu'elle  le  couvre  en  entier-,  mais  que 
peu  à  peu  elle  fe  retire,  &  devient  adhérente  au 
cercle  de  l'Iris ,  fans  cefler  dé  tenir  encote  au  crif- 
tallin par  fes  rebords  :  &  qu'au  lieu  qu'elle  étoit 
une  enveloppe,  elle  devient  un  chaton  où.  le  crif- 
tallin demeure  enchâffé.  M.  de  S.  Yves ,  fameux 
Oculifte ,  reconnoît  au/Ti  que  la  féconde  membrane 


C  H  Â  4^1 

efl:  celle  qiîi  tapifTc  le  chaton  dû  criftallin.  Le  criltai- 
lin  étant  fbrti  de  fon  chaton ,  11  trouVa  l'hilméiit 
criftaliine  dans  fort  fA«o«  naturel.  ,  *  ;  GeislEr  ,^ 
Journ.  des  Sçav.  1710,  p.  44(>. 

CHATOUILLEMENT,  f.  m.  Action  par  iaqufelle  oÀ 
chatouille.  C'eft  aufli  le  féntiment  qui  naît  de  cette 
àdtion.  Titillation  II  y  a  bien  des  gens  qui  ctaignent 
le  chatouillement, 

l}"T  L'organe  du  toucher  cônfîfte  dans  les  fibres  iléir- 
veufcs  répandues  dans  tout  le  corps.  Ces  fibres  vont 
fe  terminer  à  l'épiderme  en  petites  hoitpcs  ou  pe- 
tits mamelons.  Elles  reçoivent  les  impreflionS  ith- 
fîbles ,  &  les  font  paflêr  jufqu'à  l'.ame  par  le  moycii 
desefprits  animaux  :  de-là  les  diffcrentcs  fcnlations, 

ffT  Aullî  les  endroits  où  il  y  a  plus  de  ces  fibres 
nerveufcs  »  comme  la  plante  des  pies ,  font  les  plus 
fenfîbles  au  chatouillementi 

1^3°  Toutes  les  fenfations  île  diflcrcnt  qife  par  le  piuS 
ou  le  moins.  Le  plaifir  n'eft  que  le  commencement 
de  la  douleur ,  &  la  douleur  commence  où"  le  plai- 
fir finit.  Un  chatouillement  doux  &  modéré  fait 
du  plaifir  ;  il  ne  caufb  qu'un  léger  ébranlement  dins 
les  nerfs.  S'il  augmente  ail  point  de  jeter  l'aine  Sc 
les  nerfs  dans  des  mouvemens  plus  violens  que 
tcux  qui  accompagnent  le  plaifir ,  s'il  déchire  ,  s'il 
bleffe  les  fibres  nerveufes ,  c*eft  un  fentimeht  dé 
douleur; 

Chatouillement  fe  dit  auffi  an  figuré ,  du  plaifîr  qùd 
l'on  a  de  s'entendre  dire  des  choies  flatcules  &  agréa- 
bles. Quel  agréable  chatouillement  cauCe  l'approba- 
tion du  monde  dans  les  efprits  vains ,  lorfqu'ils 
s'entendent  nommer  parmi  les  Doiileurs  célèbres  ! 
Bens. 

CHATOUILLER,  v.  a.  Toucher  légèrement  quelque 
partie  du  corps ,  §Cr  de  manière  qu'on  n'cxcire  dans 
les  nerfs  qu'un  léger  ébranlement ,  un  ,  mouvemens 
doux& modéré  qui  accompagne  le  plaifir.  Titillarei 
On  chatouille  les  perlbnnes  aux  hanches ,  à  la  plante 
des  pics,  /''oye^  Chatouillement.  Malherbe  a  dir» 
chatouiller  fon  ame  \  pour  dire  ,  fe  flater  de  quel- 
que efpérance  j  s'entretenir  agréablement  dans  quel* 
que  douce  penféc. 

Maïs ,  o  rigueur  du  fort  !  tandis  que  je  m^arrcte 
A   chatouiller  mon  ame  en  et  contentement , 
Je  ne  m'apperqois  pas  que  le  dejiin  m'appfrité 
Un  autre  par tement. 

Ce  tnot  vient  de  catuUare  ,  qu'on  a  dit  pourc^î- 
tullire.  Les  Picards  difent  encore  catouiller,  MÉ-^ 
nage. 
CHATOltiLtER  3  fe  dit  aUfTi  de  ce  qui  flatte  agréable- 
ment les  fens.  Caufer  des  fenfations  agréables.  Là 
Miifique  chatouille  l'oreille.  Les  bonnes-  odeurs 
chatouillent  le  nez.  Les  bonnes  faveurs  chatouillent 
le  goût. 

UnAutéiir  vertueux  ,  dans  fes  vers  innocens  ^ 
Ne  corrompt  point  le  cœur  en  chatouillant  les  fens. 

BoiLEAU. 

On  le  dit  figurcmént  de  l'efprir.  Les  àpplaudi/lc- 
mens  chatouillent  refprit.  Ce  difcours  chatouille 
bien  fa  vanité.  La  louange  chatouille  &  gagne  les 
efprits.  La  Font.  Per^e/zwre.  ..      .       . 

On  dit ,  en  termes  de  Manège ,  chatouiller  de  l'é-» 
peton.  Stimulas  leviter  admovere  ,fiimulos  perflrin- 
gere.  Toucher  légèremenr  un  cheval  avec  l'éperon.; 
On  dir  proverbialement  qu'un  homme  fe  cha- 
touille pour  fe  taire  rire,  quand  il  rit  fans  fûjct  ajD- 
parcnt,  ou  qu'il  s'-^xcite  lui-même  à  rire  j  quoiqu'il 
n'en  ait  point  de  fujct.  , 

Chatouiller  le  remède.  Terme  de  Monnoie^  qui 
fe  dit  quand  le  Maître  approche  exrrêiîiement  du 
remède  tout  entier  ,  fans  néanmoins  l'excéder. 
A^oye?  Remède  DE  Loi.  , 

Chatouillé,  éc.  participe.  Il  fe  dit  au  propre  &  au 
figuré.  ' 


48^  C  H  A 

Mon  odorat  par  vos  vers  éveilla  ^ 

Par  d'autres  vers  pins  nt  juc  chatouille.  R. 

CHATOUILLEUX  »  EUSE.  adj,-  Qui  cft  fort  fen~ 
jible  au  chatouillement.  Tuillaiiorns  impaiuns.  Les 
jeunes  gens  Ibnt  plus  chatouilkux  que  les  vieillards.. 
Ip"  Eu  général ,  les  hommes  ibnt   plus  ou  moms 
chatouilUux  ;  ils  le  lont  plus  ou  moins  dans  les 
difte.ens  âges ,  &  plus  ou  moins  encore  dans  les 
différentes  parties  du  corps.  Dans  diffcrentts  per- 
ibn.es  ,  les  tcmpcramcns   font  difFcr-^ns,  les  libres 
■font  diffcremm.nt  dilpolees  ,  plus   ou  moins  flexi- 
bles, plus  ou  moins  dures,  les  papilles  nerveules 
de  la  peau  plus  ou  moins  hombreufes ,  &  four- 
nies de  1  lus  ou  moins  d'efprirs ,  plus  ou  moins  dé- 
liés. Le  même  chatouillement  ébranle  donc  diflc- 
reramentles  el'pritSjles  libres  £c  les  nerfs  dans  les 
dilféanics  pcrlonnes.  De-là  des  lénl'a.fions  plus  ou 
moins   vives,  plus  ou  moins  agréables,  fi'c.  Il  ar- 
rive de  grands  changcmens  aux  fibres ,  aux  nerfs  , 
aux  clprits,  pendant  le  cours  delà  vie.  Dans  l'en- 
fance ,  les  fibres  font  molles  ,  flexibles  &  délicates  \ 
les  efprîts  plus  nombreux.  Avec  l'âge,  les  fibres  de- 
viennent plus  fortes  :  Dans  la  vieillelle  ,  elles  de- 
viennent inflexibles.  Les  mêmes  chatouillemens  doi- 
vent donc  ,  dans  ditîcrens  temps,  faire  des  impref- 
lîons  différentes  fur  les  papilles  nerveules  \  &  ces 
impreilions  différentes  font  fuivics  dans  Tame  de 
diffcrentcs  fenfations  dans  les  perfohnes  de  diffé^ 
r?ns  âges ,  8c  mîme  dans  la  même  perlbnne,  dans 
ies  differens  temps  de  fa  vie. 
§Cr  Les  parties  du  corps  les  plus  chatouille ufes  font 
•      celles  qui  font  les  plus  fournies  de  nerfs,  où  les 
houpes  nerveules  font  plus  nombreufcs  ,  plus  fuf- 
ceptibles  d'ébranlement,  &  les  efprits  plus  abon- 
dans -,  la  plante  des  pics,  les  lèvres,  &c. 
"■§3"  On  appelle  un  cheval  chatouilleux  ,  celui  qui  cft 
trop  fenlible  à  l'éperon  ,  qui  n'y  obéit  pas  d'abord , 
mars  y  rélifte  en  quelque  manière. 
^pT  On  dit ,  dans  un  fens  figuré  ,  qu'un  homme  eft 
chatouilleux  ;  pour  dire,  qu'il  s'olfenfe  ou  le  fâche 
po-ur  la  moindre  chofe  -,  &  qu'une  aiïàire  ,  une  quef-' 
tion  eft  chatouilUufe  ;  pour  dire,  qu'il  faut  la  trai- 
ter avec  beaucoup  de  circonfpcétion  ,  parce  que 
les  fautes  les  plus  légères  qui  pourfoient  échapper , 
gâreroient  tout. 
Chatoyer,  v.  n.  L'aftérie  ou  raventurîne  natu- 
relle fait  paroître  l'image  du  foleil  en  chatoyant , 
ou  en  rayonnant.  Traité  de  Lythologie.  ^fT  Cette 
exprelfion  eft  tirée  de  l'œil  du  chat.  C'eft  montrer 
dans  une  certaine  expolition  à  la  lumière,  un  ou 
plulîeurs  rayons  brillans ,  colorés,  ou  non  colorés 
au  dedans  ou  à  la  furface,  partant  d'un  point  de  la 
pierre,  s'étendant  vers  lesbords  ,&:difparoiirant  à 
une  autre  expolition  à  lalumière.^oye^RAvoNNER. 
CHAT'P ARD  ,  eft  un  animal  féroce  ,  qu'on  a  cru  au- 
trefois être  engendré  de  deux  efpèces  :  ^3^  favoit , 
du  chat ,  auquel  il  rcflemble  par  la  forme,  du  corps, 
6c  du  léopard  ,  auquel  il  relfemble  par  les  couleurs  : 
d'où  vient  le  nom  de  chat-pard ,  animal  d'Améri- 
que. On  en  a  difféqué  un  à  l'Académie  Royale  des 
Sciences.  Sa  hauteur  étoit  d'un   pié  &:  demi ,   &  fa 
longueur  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'au  com- 
mencement de  la  queue  ,  de  deux  pies  &  demi.  Il 
étoit  du  refte  femblable  au  chat  ,    excepté  qu'il 
avoir  le  cou  &c  les  barbes  un  peu  plus  courts  ,  & 
qu'il  étoit  bien  plus  grand  que  les  chats ,  mais  aulll 
bien  plus  petit  que  le  léopard.  Son  poil  éroit  roux, 
&  le  ventre  ifabelle.  La  gorge  &  le  dcflous  de  la 
m.îchoire  étoient  blancs,  &  par-tout  il  y  avoit  des 
taches  noires  qui  étoient  longues  fur  le  dos,  fron- 
des fur  le  ventre  &  les  pattes. 
CHaTRE.  (la)Ville  de  France  dans  le  Berry.  Nos  Mo- 
dernes l'app  lient  Cafîra.  Elle  eft  fituée  fur  l'Indre 
vers  les  confins  delà  Marche.  C'eft  de  cette  ville 
que  l'illuftre  famille  de  la  Châtre  tire  fon  nom.  Ce 
nom  ne  fe  dit  jamais  fans  l'article.  Il  eft  de  la  Châ- 
tre t  c'eft  l'ufage  conftant  en  Bërry.  Du  Chefnc  y 


C  H  A     ' 

a  manque  quelquefois  dans  fes  antiquités  des  Villes 
de  France ,  &c  les  aunes  femblent  l'avoir  ignoré. 
f^oyei  Chaumeau  ,  Hijt.de  Berry  ,  L.  /'7/,  c'.  27, 
de  la  ville  & châtellenie  de /a  Châtre;  &  La  Thau- 
mallière  ,  L.  VU,  c.  55. 
CHATRE  ou  CHATRES.  Petite  ville  de  France 
dans  le  Hurepoix.  Cajlrum  "ou  Cajira.  Elle  eft  li- 
tuée  fur  la  rivière  d'Orge  ,  à  fcpt  ou  huit  lieues  de 
Paris ,  du  côte  du  midi. 
CHATRER.  V.  a.  Couper ,  retrancher  les  tefticules  à 
quelque  animal,  Cajlrare.  On  châtre  les  taureaux 
te  les  béliers ,  pour  les  cngraiflér  ,  ou  pour  les  ren- 
dre plus  dociles.  ^fF  On  ne  chatte  pas  les  tau- 
reaux &  les  béliers  comme  les  autres  animaux, en 
leur  coupant  les  tefticules.  On  ne  fait  que  les  prcf- 
fer  forcement ,  les  tondre  ,  les  frciffcr.  Enfuite  en 
les  fait  rcmonrer  vers  le  ventre  ,  après  quoi  on  lie 
la  partie  inférieure  de  la  bourfc ,  afin  qu'ils  ne  pui!^ 
fent  pas  defcendre.  Les  Orientaux  c^aVr^wi  les  hom- 
mes ,  pour  avoir  des  gardiens  fidèles  de  leurs  fem- 
mes. Leur  jalouf.e  quelquefois  ne  fe  contente  p.is 
de  cette  barbare  précaution ,  ils  retranchent  abfblu- 
rnerit  toutes  les  parties  fufpeéles ,  &:  tout  ce  qui  dif- 
tingue  l'homme  &:  le  fexc.  Abélard  dit ,  pour  ex- 
primer un  pareil  accident  qui  lui  étoit  arrivé  :  Je 
ceflai  d'être  homme  ,  fans  cefler  de  vivre. 

Ce  mot  vient  du  latin  cajlrare.  On  appelle  un 
mouton  châtré  ,  .cajior.  Du  Cange. 

Châtrer  ,  fe  dit  quelquefois  des  femmes.  Athéné* 
rapporte  que  le  Roi  Andramiris  furie  premier  qui 
fit  châtrer  des  femmes.  Hélichius  &  Suidas  difent 
que  Gygès  fit  la  même  choie.  Galien  dit  qu'on  ne  les 
peut  châtrer  fans  les  mettre  en  danger  de  la  vie. 
Daléchamp  dit,  fur  ce  paffage  d'Athénée,  que  c'étoit 
fimplement  les  boucler. 

On  ditauiric/zirrcr  une  truie,  cAi/rfr  une  chienne, 
pour  dire  ,  leur  faire  une  opération  qui  les  metta 
hors  d'état  d'avoir  des  perits. 

fer  Châtrer  ,  fe  ditau  figuré  j  aufîî-bicn  qu'au  fim- 
p!e.  Châtrer  un  livre ,  c'eft  en  rerrancher  ce  qui 
choque  les  bonnes  mœurs  ,  la  religion,  ou  le  gou- 
vernement. 

(JCF  Châtrer  des  coterets  ,  des  fagots ,  en  ôter  quel- 
ques bâtons. 

§3°  Châtrer  des  ruches,  en  ôter  une  partie  des 
gaufftes  où  eft  le  tnicl.  -Alveos  cafirare ,  favosfuc" 
cidere  ,  eximere 

§3°Chatrer  ,  eft  un  terme  fort  ufitc  dans  le  Jardinage* 
Châtrer  \m  cep  de  vigne,  en  retrancher  les  reje- 
tons inutiles.  C/t/ïVrer  un  arbre.  Amputare,  deme" 
tere ,  cajlrare. 

§CF  On  le  dit  aulTi  de  la  taille  des  melons  &  des  con* 
combres ,  les  décharger  de  leurs  branches  inutiles. 

Châtrer,  en  termes  de  Jardinier  Fleurifte  ,  c'eft 
couper  les  rcjerons  qui  croilfcnt  vers  le  pié.  CAi- 
trer  un  œiller ,  c'eft  couper  les  marcottes,  lorl- 
qu'elles  montent  à  dard ,  dans  le  fécond  nœud  le 
plus  voifin  du  pié  de  l'œillet,  Morin. 

Châtré  ,  ée,  part. 

Châtré,  f.  m,  Eft  un  homme  qu'on  a  fait  eunuque. 
Cajiratus  ,  exfeclus.  Les  châtrés  n'ont  point  de 
barbe.  Les  châtrés  ont  la  voix  claire  &  féminine. 
On  appelle  une  mine  de  châtré ,  un  vifage  défagréa*- 
ble,  pâle,  &  tout  efféminé.  Voye^  Castrats. 

CHÂTREUR.  f.  m.  Celui  qui  fait  le  métier  de  châtrer 
les  animaux. 

fO-  CHATTE.  Foyei  Chat. 

Chatte  ,  en  termes  de  Marine ,  eft  une  barque  d'en* 
viron  60  tonneaux,  ronde  de  hanches  te  d'épaules» 
qui  eft  rafe  &  Uns  aucun  acaftillage ,  qui  n'a  que 
deux  mâts ,  dont  l?s  voiles  portent  des  bonnettes 
maillées.  On  fe  fcrt  de  chattes  pour  tranfportcr  la 
canon  &  les  provifions  d'un  vailTeau. 

On  s'en  fert  fur  les  côtes  de  Porto-Bello  ,  de  Ghn^ 
grès ,  de  Panama.  La  Chatte  eft  un  bâtiment  fort 
étroit  &  forr  long.  Il  roule  beaucoup  en  mer>  Il  eft 
ponté  &:  maté. 

Chatte  ,  eft  auiTl  le  nom  qu'on  donne  à  une  efpèce 
de  concombre  qui  fe  drouve  en  difféxens  endroits 


C  H  A 

ide  l'Egypte  5  Se  qm  eft  tcès-agtcabic  ad  goût,  & 
facile  à  digérer.  Il  eft  dilîercnr  des  nôtres  en  gran- 
deur Se  en  couleur.  II  ed  plus  long  &:  plus  vert  ,  de 
ion  ccorce  eft  plus  unie  &  plus  ronde.  Il  ell  ban 
contre  les  fièvres  chaudes, 

GHATTEMITE.  f.  f.  Prononcez  chcttetnite.  |CFTeri:i? 
d'ulagedans  le  ftyle  familier ,  feulement  pour  d;- 
figner  une  perfonne  qui  arFeiile  une  contenance 
douce,  humble,  dévote  &  fiiteufe,  pour  tronip.:r 
les  autres  -,  qui  atrei5te  une  douceur  hypocrite. /"ifriz- 
tis  ,  probitatis  Jiniulator.  Il  tait  la  chattenùu  ;  c'eft 
Une  chaiiimite  qui  vous  trompe. 

J'ai  deffdn  de  me  faire  lier  mite , 
Non  de  cette  fecle  hypoirite  , 
Qid  trouve  toujours  cent  raifons 
Four  rendre  ou  recevoir  vijne  ; 
De  ces  gens  à  face  ùénite  , 
Qu'on  voit  en  certaines  faifons 
Couverts  d'un  froc  hétéroclite , 
Et  hridés  comme  des  oifons , 
Aller  faire  la  chattemite  ■■, 
Et  fe  coulant  par  les  maifons 
Qiiéter ,  dit-on ,  pour  la  marmite^ 

NOUV.    CHOIX    DE    VERS. 

CrîATTER  ,  CHATONNER.  v.  n.  Faire  des  petirs 
chats.  Catulos  edere  ^parère.  Chatonner  ne  le  dir 
plus. 

CHAT-VOLANT.  Eelis  volàns.  Il  y  a  dans  le  cabi- 
net de  la  Société-Royale  de  Londres  ,  un  animal 
que  Grew  appelle  Sciurns  volans  ;  ccureil  volant , 
qui  efl: ,  à  ce  qu'il  croit  ,  le  même  que  celui  que 
Scaliirer  appelle  felis  volans-,  chat  volant. 

13-  CHATZAM.  Ville  d'Aiie  dans  l'Indouftan  ,  & 
dans  la  Province  de  Mulfan ,  entre  Candahar  &  le 
fleuve  Indus. 

CHATZINTZ ARIEN,  ENNE.  f.  lîi.  &  f.  Nonj  de 
Seiîle.  Chat^int^arius  ,  a.  Prononcez  Cat:^int^arien, 
Codin  ,  des  Origines  de  Conjlantinople  ,  nombre 
25  S>c  16  ,  parle  de  deux  fortes  de  gens  3  qui,  dans 
un  tremblement  de  terre  qui  arriva  fous  Théodoie 
le  Jeuiie ,  la  cinquième  année  de  fon  empire ,  fe 
mocquoiént  du  trilagion  ■,  les  Amalécites  ou  Ama- 
licites ,  &  les  Chatijntiariens.  Cepehdaht  Dieu 
ayant  approuvé  par  un  miracle  les  prières  &  les 
procelîions  publiques  que  l'Empereur  &  le  Patriar- 
che ProClus  firent  faire  Si  inftituèrent ,  &  le  trem- 
blement de  terre  ayant  Cefîè ,  l'Empereur  ,  dit  Co- 
din ,  chaffa  de  ConRantinople  tous  les  Hérétiques. 
Ce  qui  fait  juger  que  ces  Chatiint^^ariens  &  ces  Ama- 
lécites étoient  des  Hérétiques. 

CHAU.  adj.  "Vieux  mot.  Tombé,  venant  de  chair , 
choir, 

|Cr  CHAVAGE.  Foyei  Chevage  ,  qui  efl  plus 
uiîté. 

CHAVARIGTE.  f.  m.  Nom  de  fcdte  Mufulmàne.  La 
fcdiedes  Chavarigtes  cft  oppofée  à  celles  des  Schi- 
tes.  Ils  foutiennent  que  Dieu  n'a  jamais  envoyé  de 
Prophète  qui  fût  infaillible  ,&  qui  eût  le  pouvoir 
d'établir  une  nouvelle  loi  parmi  les  hommes  i  que 
fi  jamais  il  eft  néceifaire  qu'il  en  envoie ,  ils  ne  fe- 
ront point  d'une  même  race  -,  que  tout  homme  jufte 
cft  capable  de  l'être.  Les  Chavarigtes  font  regar- 
dés par  les  Mahométans  comme  des  Hérétiques. 
Auffi  en  portent-ils  le  nom  s  car  u  isn  J~iï?n  ,  Cka- 
ragi  ou  Charagi,  iîgnifie  en  arabe  un  Apoftat ,  un 
Hérétique.  Il  a  au  pluriel  ilj^in ,  Ckavdrg,  d'où 
Ricaut  a  fait  Cavarigte.  Voyez  cet  Auteur,  dans 
fon  livre  de   l'Empire  Ottoman. 

CHAUCE.  f.  m.  &  f.  Nom  d'un  ancien  peuple  de  Ger- 
manie. Chaucus  a.  Les  Chauces  habitoient  les  pays 
.  qui  font  au)ourd*hui  les  Duchés  de  Bremen  &  de 
Vcrden.  M.  Kelp  a  fair  un  eflai  fur  la  langue  des 
Chauces  ,  fur  lequel  M.  Leibnitz  a  fair  des  notes, 
_  que  M.  Eccard  a  imprimées  dans  les  Mifcellanea 

Ttvmolca'ica  de  M.  Leibnit/, 
ÇHAU.CHE  -  BRANCHE.  Terme    d'ouvrier.  G'efl 


CHA  4S7 

un  ievi'er,  liiais  un  levier  capable  d'élevei  de  grands 
Inrdeaux-. 

CHAUCHIQUE.  f  f.  &  ad).  Ceft  le  noni  dé  lalaii^ 
gue  qu'on  parie  dans  l'Oftfrife  ou  Comté  d'Emb- 
den,bu  Frife  orientale.  La  langue  chauchiqnc  c<\ 
celle  que  les  peuples  de  ce  pays  parlent  cntr'eux  ^ 
mais  lorfqu'ils  parlent  à  des  étrangers  ,  ils  fe  fcr^ 
vent  de  la  langue  allemande. 

r?  CHAUD  ,  AUDE.  adj.  Qui  a  de  la  clialeur  ,  qui 
contient  en  foi  des  principes  de  feu.  Fuye^  Cha-' 
LiuR.  Calidus.  Le  feu  efl:  chaud.  Le  Soleil  eft  chaud, 
Baifi  chaud.  Fer  chaud.  Bouillon  chaud, 

^3'  Chaud  ,  fe  dit  auifi  de  ce  qui  donne  de  la  cha-» 
leur.  Calefacicns ,  calefaclorius.  On  die  que  du  vin 
eft  chaud.  Les  épiceries  font  chaudes.  Un  habit  de 
ratine  eft  chaud. 

On  appelle  fièvre  chaude ,  celle  qui  caufe  le  dé-* 
lire  &  le  tranfport   au  cerveau.  Eelris   ardens. 

Chaud  ,  fe  dir  encore  des  femelles  qui  iom  en  amour* 
Une  chienne  chaude.  Maris  appctensi 

Chaudes  larmes  ..iowx.  celles  qui  coulent  avec  im-» 
pétuofité ,  quand  on  a  le  cœur  ferré  de  quelque 
douleur  violente  ,  à  la  différence  de  celles  qui 
viennent  goutte-à-gontte,  par  quelques  mouvenvjns 
de  muCcles  ou  bleliure  de  l'oeil ,  ou  qui  viennent 
de  joie  &  de  tendrelfe.  Eervidce.  lacrvmiz -,  magna 
vis  lacrymarum:  Pleurer  à  chaudes  larmes.  Pleurer 
excelfivement. 

Chaud  j  fe  dit  auffi  en  morale  dds  prompts  &vio^ 
lens  mouvemens  que  caufcnt  les  pallions  dans  l'ef- 
prit  ou  dans  le  cœur  des  hommes.  Fervidus ,  ar' 
dens  ,promptus.  Ainli  on  appelle  un  chaud  :s.\m  ^ 
un  homme  prompt  à  rendre  fervice.  Il  eft  bienheu- 
reux d'avoir  un  1:  chaud  protedeur  que  vous» 
Mol. 

Je  crois  qu'un  ami  chaud  &•  de  ma  qualité ^ 
N'ejl  pas  apurement  pour  être  rejeté.  Idem. 

On  dit  d'un  homme  indolent  ,  nonchalant  ,■  ii 
qui  ne  fe  détermine  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre  i 
qu'il  n'eft  ni  chaud  ni  froid. 

On  dit  figurément  d'une  chofe  qui  ne  fcrt  ni  ne 
nuir  .1  une  affaire  :  cela  lie  tait  ni  chaud  ni  froid, 
Ac.  Fr. 

On  dit  qu'un  homme  a  le  facg  chaud  ,  pouB 
dire  ,  qu'il  eft  colère  &c  emporté ,  calidus ,  fervens , 
fervidus  :  que  les  Picards  ont  la  tête  chaude. 

On  dit  en  ce  iens  une  chaude  alarme,  pour  dire^ 
une  émotion  caulce  fubitement  par  la  nouvelle  de 
quelque  danger  prochain.  Une  chaude  attaque  ^ 
pour  dire  ,  une  attaque  violence ,  impétueufe.  Il 
BiCoit  chauden  cette  occaiîon  ,  pour  dire,  le  com- 
bat étoit  rude  Se  fanglant.  Nous  nous  ibmmes  vus 
dans  un  endroit  où  il  faifoir  chaud.  Mol. 

1^  Chaud  ,  fe  dit  quelquefois  dans  le  ftyle  fami-    ■ 
lier  pour,  récent ,  nouveau.  Ainf  l'on  dit ,  en  par- 
lant d'une  chofe  qui  vient  d'arriver,  cela  eft  encore 
tout  chaude 

On  dit  aufîi  parmi  les  Joueurs ,  qu'un  homme  a 
la  main  chaude  ,  pour  dire  ,  qu'il  eft  heureux  ,  qu'il 
a  lair  plufieurs  mains ,  qu'il  a  gagné  plufieurs  coups 
de  faite. 

Fer  chaud  ,  fe  dit  aufïï  d'un  ferment  qu'on  faifoitf 
autrefois  en  Jufticc  par  l'attouchement  du  fer  ar- 
di'ur.  Ferrum  calens.  Voyez  Preuve. 

Chaud  ,  eftaullî  une  manière  d'adverbe,  ^o'nc  chaud, 
c'eft-à-dire  ,  boire  une  liqueur  qui  eft  chaude. 
-Aquam  potare  calidant. 

ItT  Chaud,  eft  au/fi  fubftantif ,  &  ïïiTnifie  la  même 
chofe  que  chaleur.  Cet  homme  efl  accoutume  à 
fouffrir  le  chaud  &  le  froid.  On  brûle  , an  meurt , 
on  étouffe  de  chaud.  En  16'%  i  on  vit  d -s  hom- 
mes mourir  de  chaud  en  Pologne  &  en  Lithua- 
nie,  quoique  ce  foit  un  pays  froid. 

ffT  En  pavlnnt  d'une  occafion  pcrilleufe ,  d'une  at- 
taque ,  d'une  remonre ,  où  il  y  avoir  bcanco'.tp  de 
périls  à  courir  :  on  dit  familièrement  qu'il  y  faiiài« 
chaudi 


4^8 


C  H  A 


CH  A 


jrr  A  la  cA^;.' Je-,  façon  de  parler  adverbiale  ,  qlli 
ii^nific,  lur  l'heure  ,  dan.  le  premier  mouvemenr. 
Les  choies  qui  l'e  font  à  la  <:/2.z«  Jt;  ionc  cxculablcs. 
Cette  façon  de  parler  n'eft  pas   noble.      ^ 

On  dk  proverbialement,  tomber  de  fièvre  en 
chaud  mal  -,  pour  dire  ,  d'un  petit  malheur  entrer 
en  un  plas  ^rand.On  dit  qu'un  homme  ne  trouve 
rien  de  tiop  froid  ni  de  trop  chaud ,  pour  dire  , 
qu'il  n'elt  point  dc2;oiitc  ,  que  tout  lui  eft  bon» 
qu'il  prend  par-toiu.  On  dit  qu'un  homme  fou.file 
le  froid  èc  le  chaud ,  pour  dire  qu'il  n'eft  d'aucun 
parti  allure  ,  qu'il  loutient  le  pour  &:  le  coïitre  , 
qu'il  dit  du  bien  ÔC  du  mal  des  mêmes  gens.  On 
dit  aulli  qu'il  faut  battre  le  fer  tandis  qu'il  eft  chaud , 
pour  dire  ,  qu'il  ne  faut  pas  laiffer  échapper  l'occa- 
lion.  Et  on  dit  ironiquement  à  ceux  qu'on  veut  taxer 
de  froideur  :  vous  êtes  un  chaud  lambin  ,  un  chaud 
lancier.  On  dit  aulîi ,  pour  exagérer  la  chaleur  d'une 
chambre  ,  qu'il  y  fait  chaud  comme  dans  un  four. 
On  dit  encore,  fi.vous  n'avez  rien  de  plus  chaud, 
vous  n'avez  que  faire  de  fouffler -,  pour  donner  à 
entendre  à  quelqu'un  ,  qu'il  fe  flatte  vainement  de 
quelque  efpérance. 
■|Cr  Chaud  ,  vient  du  latin  c«W//ot.  On  difoit  autre- 
fois caïd. 
CHAUDE,  f.  f.  Feu  violent  que  donnent  les  ouvriers 
qui  travaillent  aux  forges  &  aux  verreries.  Chez 
les  "Verriers ,  on  le  dit  de  la  cuilTon  de  la  matière 
propre  à  faire  le  verre.  On  a  fait  tant  de  cens  de 
verre  d'une  telle  chaude ,  d'une  telle  quantité  de 
matière  cuite.  Dans  les  forges ,  on  appelle  chaude 
gralle  ou  fuante  ,  le  feu  qu'on  donne  au  fer ,  quand 
il  eft  (i  violent    qu'il   commence    à    tomber    par 
gouttes  &  à  fe  fondre.  Dans  les  Monnoics  on  dit , 
battre  la  chaude  ,  loriqu'on  bat  les  lingots  d'or  fur 
l'enclume  à  coups  de  marteau ,  après  qu'ils  ont  été 
tirés  du  moule  ,  avant  que  de  les  donner  aux  ou- 
vriers. 

On  dit ,  en  termes  d'Orfèvre ,  donner  une  chaude 
à  la  befogne  ,  pour  dire  ,  mettre  le  métal  au  feu  à 
chaque  fois  qu'on  veut  le  travailler  fur  l'enclume. 
Ces  termes  s'expriment  en  latin  par  les  adjeiftjfs 
calidus  ,  calens  ,  fervens  ,  que  l'on  joint  aux  diiïc- 
rens  fubftantifs  auxquels  le   mot  de   chaude  con- 
vient. 
CHAUDE  AU.  f.  m.  Bouillon  qu'on  porte  aux  mariés 
le  matin  du  lendemain  de  leurs  noces.  Calens  juf- 
culum.  Il  eft  vieux.  Il  s'entend  fou  vent  de  lait  bouilli 
avec  du  fucre  ,  des  jaunes  d'œufs  &:  de  la  cannelle  , 
qu'on  donne  aux  femmes  nouvellement  accouchées. 
CHAUDE  -  CHASSE,  f.  f.  Pourluite  d'un  prifonnier. 
Ce  mot  eft  compofé  de  deux  autres,  chajfe,qm 
veut  dire  pourfuite  ,  &  chaude ,  qui  marque  que  la 
pourfuite  eft  vive. 
CHAUDE  -  COLE.  f.  f.  On  trouve  ce  mot  dans  quel- 
ques   anciennes   Loix  Se   Ordonnances  ;  il  lignifie 
chaude  colère ,  &  il  eft  formé  de  ces  deux  mots  par 
abréviation.  On  rrouve  dans  les  Auteurs  latins  des 
fiècles  du  bas  Empite  ,  &  dans  ceux  qui  ont  écrit 
encore  depuis,  Ciî//^^  co/era ,  pour  dire  chaude-cole. 
■  ^fT  Chaude  -  Medée  ,  fynonyme  à  chaude-cole. 
§Cr  CHAUDEMENT.  Ce  mot  a  différentes  accep- 
tions au  propre  &  au  figuré.  Se  bien  vêtir  ,  &:  fe 
tenir  chaudement  quand  on  eft  enrhumé  -,  c'eft-à- 
dite  ,  de  manière  que  la  chaleur  puilfe  le  conferver. 
Au  figuré  il  fignifie  avec  ardeur  ,  avec  vivacité  ou 
promprement''.  Ardenter  ,  fervent er.  Les  procès  cri- 
minels doivent   fe   pourfuivre  chaudement.   Cette 
réfolution  fut  prife  chaudem.ent. 
ifT  Voltaire  prétend  que  l'adverbe  chaudemerJt,  dans 

ce  fens ,  eft  profcrit  du  ftyle  noble, 
CHAUDE- PISSE,  f.  f.  Efpèce  de  maladie  qu'on  ap- 
pelle autrement  gonorrhée.  Le  mot  de  chaude-pi ffè 
a  quelque  chofe""  d'oblcène.  Ce  mal  eft  ainfi  nommé 
à  caufe  de  l'ardeur  que  fentent  en  urinant  ceux  qui 
en  font  attaqués.  Foye^  Gonorrhée. 
CHAUDERET.  f.  m.  Les  Batteurs  d'or  nomment 
ainfi  le  troifième  moule  de  ceux  qui  leiu:  fervent  à 
éteindre  l'ot  Se  l'argent ,  fin  ou  faux. 


^  CHAtJDERON.  Quelques  -  uns   écrivent  aihfi. 

Chaudron  paroit  plus^ufité.   Foye^  ce  mot. 
|KF  CHAUDERONNEE.  Foye^  Chaudronnée. 
Ip-  CHAUDERONNERIE.  Foye^  Chaudronne^ 

RIE. 

fjcr     CHAUDERONNIER.     Voye^    Chaudron  - 

NIER. 

ffr  CHAUDE  -  SUITE.  Terme  de  Coutume ,  fy- 
nonyme de  chaude-chalfe. 
CHAUDIER.  V.  n.  Terme  de  Chafle  ,  qui  fe  dit  des 
levrettes  ou  lices  qui  entrent  en  chaleur.  ^Jlu  ve- 
nereo  percitus.  On  fait  chaudicr  les   lices  en  leur 
donnant  des    omelettes  avec  du  poivre  &    de  la 
mufcade ,  &c. 
CHAUDIÈRE,  f.  f.  Grand  vailfcau  de  cuivre  ou  de 
fer  ,  fous  lequel  on  met  du  feu  pour  faire  cuire, 
bouillir  ,  ou  chauffer  quelque  c\\o(c.  Cortina  ,.ahc- 
num  ,  caldarium.  Chaudière  de  Bralleur  de  bière  , 
de  Chapelier  ,  de  Teinturier,  d'Afhncurde  fucre, 
ùc.  Les  Payens  ont  fait  foufftir   le  martyre  dans 
des  chaudières    d'huile    bouillante.  Chaudière    de 
Saulnerie  ,  faite  de  platines  de  fer  battu.  Golluï. 
Mém.  de  Bourges,  Liv.  Il,  c.  27. 

Ce  mot  vient  de  caldarium  ,  qui  fe  trouve  dans 
de  bons  Auteuts  ,  &  de  caldaria  ,  qui  s'eft  dit  dans 
la  balle  latinité ,  pour  fignifier  ce  que  nous  appe- 
lons  chaudière, 

La  chaudière  ,  eti  termes  de  Blafon  ,  eft  une  mat- 
que  de  grande  nobleffe  ,  fur-tout  en  Efpagnc  &  en 
Poitugal ,  parce  qu'elle  n'étoit  portée  fur  les  écuS 
que  pat    de  grands  Seigneurs  ,  qu'ils  appeloient 
ricos  homhres ,  ou  de  caldera  y  depeiidon  :  ce  qui 
répondoit  à  nos  Seigneurs  Bannerets  de  France  , 
parce  qu'ils   pouvoient  non  feulement  lever  des 
foldats  ,  mais  de  plus  ,  ils  étoient  obligés  de  les 
nourrir. 
CaAUDiÈRi ,  en  termes  de  Marine  ,  fignifie  cnijîne  , 
bonne-chere.  Epulum.  Les  Mariniers  qui  ont  pris  à 
la  ligne  ou  au  harpon  ,  de  gros  poilfons  ,  en  font 
chaudière  ,c"e{k-ï-dnt ,  en  font  un  fcftin  entt'eux. 
Il  y  a  en  Canada  un  grand  lac  ,  qui  a  de  dia- 
mètre environ  douze  lieues  ,  que  l'on  appelle  le 
lac  de  la  Chaudière ,  à  caufe  de  fa  forme  ronde  , 
&  par  allufion  aux  chaudières  des  fauvages.  Il  eft 
vers  l'occident ,  &  fe  nomme  aulfi  le  lac  des  eaui 
falées  ou  de  mer. 
CHAUDRON,  f.  m.  Uftenfile  de  cuifine  ,  fait  de 
cuivre  ou  de  fer  de  fonre  ,  qui  a  une  anfe  mobile, 
par  laquelle  on  l'accroche  à  la  cremaillière.  Ilfert 
à  faire  cuire,  ou  à  faire  chauffer  quelque  chofe  fut 
le  feu.  Lebes.  Les  Orfèvres  appellent  aulfi  le  chau- 
dron d'une  caflblette  ,  la  partie  où  l'on  met  les 
odeurs ,  &  fous  laquelle  on  met  le  feu.  On  dit  aufli, 
pour  bl.âmer  le  fon  d'une  cloche ,  que  ce  n'eft  qu'un 
chaudron. 

Ce  mot  vient  du  liatin  caldarium  ,  de  caldus  ; 
pour  calidus. 
Chaudron  de  pompe  ^  en  termes  de  Marine  ,  eft  une 
pièce  de  plomb  ou  de  cuivre ,  faite  en  façon  de 
chaudron ,  6c  percée  en  divers  endroits  ,  laquelle 
embrallc  le  bas  de  la  pompe  ,  pour  empêcher  qu'au- 
cune ordure  n'entre  dans  la  pompe.   Operculum. 
^Zt  Chaudron  ,  chez  les  Boyaudiers ,  efpèce  de  ba- 
quers  cerclés  de  fer ,  où  ils  mettent  ttemper  les 
boyaux. 
§T  Chaudron  ,  chez  les  Bottiers ,  c'eft  une  genouil- 
lère auffi  haute  en  dedans  qu'en  dehors ,  &  qui  pat 
fon  égale  profondeur  reffemble  alfez  à  un  chau- 
dron. 
Chaudron  ,  eft  aufli  une  grande  mefure  donr  on  fe 
fcrt  en  Angletetre,  dans  le  commerce  du  charbon 
d"  terre  :  elle  contient  ;<î  boilièaux, 
CHAUDRONNÉE.  f.  f.  Si  l'on  veut  donner  la  cou- 
leur de  vin  rouge  à  la  géncvrette ,  il  faut  mettre 
des  bèteraves  coupées  en  tranches  infufer  pendant 
un  demi-jour  dans  une  c/i<7K^ro/zr2e<?  d'eau  chaude, 
bc  puis  jeter  cette  eau  dans  le  tonneau  de  géne- 
vrctte.  Jour.  Hifl.  Avril  nio. 
CHAUDRONNERIE,  f.  ^  Marchandife  de.  chau- 
drons 


CH  A 

drons  &  autres  uftenlîles  de  cuivre.  Lebttum  offt- 
cina,  A  la  foire  S.  Germain ,  il  y  a  une  rue  de  la 
ChaudronneiU. 
CHAUDRONNIER,  f.  m.  Artifan  qui  fait  ou  qui 
vend  des  chaudrons  ,  des  rcchauts    &   autres  uf- 
teniîles  decuifine.  Lebetum  faber.  On  reproche  aux 
Chaudronniers ,  qu'ils  ion:  fujcts  à  mettre  la  pièce 
auprès  du  trou  :  ce  qui  le  dit  iigurcmeut  de  ceux 
qui  raccommodent  mal  quelque  befognè   que  ce 
ibit. 
Chaudronnier  au  iîftlet.  On  nomme  ainfi  les  Chau' 
dronniers  des  Provinces  ,  particulièrement  d'Au- 
vergne ,  qui  courant  la  campagne  ,  fe  lervent  d'un 
iîfflet  à  l'antique  ,  pour  avertir  les  habitans  des  lieux 
où  ils  paflènt ,  de  leur  apporter  à  raccommoder  les 
uftenfiles  de  cuiline. 
^  CHAUDRONNIÈRE,  f.  f.  Femme   du  Chau- 
dronnier ,  ou  qui  vend  de  la  chaudronnerie. 
ÇHAVERI.  f.  m.  Terme  de  relation.  C'eft  aux  Indes 
une  efpèce  de   halle  carrée ,  &  ouverte  feulement 
d'un  côté.  C'eft  un  lieu  public  où  il  eft  permis  à 
tout  le  monde  d'entrer.  Forum  ^ponicus-,  atrium. 
On  me    conduifit  au  milieu  des   clameuis  de   la 
ville  dans  un  chaveri  public.  Lett,  Édif.  et  Cur. 
Tom.  XL  Au'fortir  Au  chaveri  on  me  fit  traverfer 
une  grande  rue  ,  au  bout  de  laquelle  eft  la  forte- 
refle  ,   où  par  la  grâce  de  Dieu  j'entrai  avec  un 
vifage  tranquille  &  ferein,  Ib.  En  arrivant  au  cha- 
veri ,  je  trouvai  mes  Catéchiftcs  étendus  par  terre  : 
ils  avoient  les  pies  violemment  pre/Tés    entre   de 
grolfes  pièces  de  bois  attachés  avec  des  cordes  , 
&  ils^  ne  pouvoient  remuer  les  mains  ,  quoiqu'on 
les  eût  un  peu  dellcrrés. 
i^  CHAVEZ.  Ville  de  Portugal ,  dans  la  Province 

de  Tra-los  Montes  ,  à  dix  lieues  de  Bragance. 
CHAUF  ,   CHOUF  ou  CHAUFETTES.  Soies  de 
Petfe  ,  qui  viennent  par  diverfes  Echelles  du  Le- 
vant ,  particulièrement  par  Alep  &  Seyde. 
CHAUFFAGE  ou  CHAUFAGE.  f.  m.  On  ne  pro- 
nonce qu'une  /  dans  ce  mot  &  dans  les   fuivans , 
qui  ont  une  même  origine.   Provifion  de  bois  à 
brûler  qu'on  fait  dans  une  maifon  pour  fe  chauf- 
fer. Lignatio.  Il  faut  tant  de  cordes  de  bois  par 
an  pour  le  chauffage  de  cette  maifon. 
Chauffage  ,  eft  auHî  un  droit  qu'ont  plufieurs  Sei- 
gneurs ,  Communautés  &  Officiers  ,  de  couper  du 
bois  pour  leur  proviiîon  dans  les  forêts  du  Roi. 
Jus  lignationis  in  aliquajilva  habere.  Les  Maîtres 
des  Eaux  &  Forêts  ont  parmi  leurs  droits  celui  de 
chauffage  :  ils  prennent  fouvent  leur  chauffage  en 
atgent. 
Chauffage  ,  fe  dit  en  particulier  des  bourrées  de 
menu   bois  que  l'on  emploie  à  chauffer  le  fond 
du  vailleau  pendant  qu'on  lui  donae  la  carenne. 
Calfacîio. 
CHAUFFE,  f.  f.  Termcde  Fonderie.  Lieu  où  fe  jette 
&  fe  brûle  le  bois  que  l'on  emploie  à  la  fonte  des 
pièces,  Fotus  ,  fornax.  La  chauffe  eft  fituée  à  côté  , 
&  a  trois  pies  plus  bas  que  le  fourneau  où  eft  le 
métal ,  &  la  flamme  fortant  de  la  chauffe  fe  ré- 
pand par  ondes  tout  du  long  de  la  voûte  du  four- 
neau ,  6c  pat  fon  excellîve  ardeur,  fond  le  métal. 
IP*  Le  fond  du  fourneau  où  tombe  la  cendre  s'ap- 
pelle le  cendrier  ,  féparé  de  la  chauffe  par    une 
double  grille  de  fer  où  l'on  met  le  bois. 
CHAUFFE-CHEMISE  ou  CHAUFFE-LINGE,  f  m. 
Panier  d'ofier  donr  le  tiffu  eft  à  claire  voie,  fervant 
à  féchet  ou  chauffer  le  linge  qu'on  étend  deffus  , 
par  le  moyen  d'une  poêle  de  feu  qu'on  met  def- 
fous.  Machina  linteorum  excalfucloria. 
CHAUFE-CIRE.  f.  m.  Officier  de  Chancellerie,  qui 
amollit  &  prépare  la  cire  pour  la  rendre  propre  A 
fceller  ,  &:  qui  appofe  le  fceau  aux  lettres.  Cerarii 
prafeclus.  Il  y  a  quatre  Chauffe'cires  en  la  Grande 
Chancellerie  établis  anciennement ,  &  qui  font  hé- 
réditaires. Ils  fervent  par  quartier.  Ils  font  appe- 
lés CA^a^e-cirej,  Scelleurs héréditaires  de  la  Chan- 
cellerie de  France.  Il  y  a  auffi  des  Chauffe-cires 
I        des  Chancelleues  près  les  Cours  de  Parlement  & 
a»  Tonte  II, 


CH  A 


4^9 

autres.  Il  y  a  dans  la  Chancellerie  de  France  un 
Valet  de  Chauff'e-cire  ;  &  dès  l'an  1285  dans  l'é- 
tat de  la  Maifon  du  Roi  Philippe  le  Bel ,  il  eft 
parlé  du  Chauffe-cire  de  la  Chancellerie  ,  ÔC 
du  vallct  Chauffe-cire.  Voyez  dans  l'HiJL  de  la. 
Chancellerie  par  Telfcreau,  rousles  rcglcmens ,  pri- 
vilèges ,  &c.  de  ces  Officiers, 

Dans  le  premier  Tome  de  VHiJl,  Chronologique 
de  la  Chancellerie ,  on  écrir  Toujours  au  pluriel 
chauffe-cires ,  ajoutant  Vs  à  la  fin  ;  &  dans  le  fé- 
cond Tome  ,  dans  les  tables  ,  toujours  chauffes- 
cire  avec  r^  du  pluriel  après  cAaujfe  ;  &  dans  le 
corpside  l'ouvrage,  quelquefois  chauffe-ares  comme 
dans  le  premier  Tome  ,  quelquefois  chauffes-cire 
comme  dans  les  tables,  &  quelquefois  même  chauf- 
Jes-cires  avec  deux  s ,  l'une  au  milieu  &:  l'autre  à  la 
fin. 

CHAUFFE-LIT.  f.  m.  Ce  qui  fert  à  chauffer  un  lit , 

loitunebaHinoire,  un  moine,  ou  autres  uftenlîles 

de  cette  nature.   F  as  excalfaclorium. 
CHAUFFE-PANCE.  C  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Po- 

mcy ,  pour  fignifier  une  cheminée  baffe.  Caminus 

depreffior, 

CHAUFFE-PIÉ.  f.  m.  Koyei  Chaufferette.  C'eft 
la  même  chofe. 

CHAUFFER,  v.  a.  Expofer  à  la  chaleur  du  ftu ,  rendre 
chaud  en  appliquanr  l'adion  du  feu.  Calfacere  ; 
calefacere.  Quand  on  a  chau§é  un  poêle  ,  on  fe 
paffe  aifément  de  feu.  On  chauffe  le  four  avant 
que  d'y  mettre  du  pain. 

^  Chauffer  ,  chez  les  Ouvriers  de  forge  ,  c'eft 
faire  jouer  le  foufîlet  tandis  que  le  fer  eft  au  feu. 

Chauffer  un  vaiffeau  ,  en  termes  de  Marine ,  c'eft 
chauffer  le  fond  d'un  vaiffeau  lorfqu'il  eft  hors 
de  l'eau  ,  pour  le  nettoyer  &  en  découvrit  les 
défecluofîtés.  Chauffer  un  bordage  ;  c'eft  le  chauf- 
fer avec  quelque  menu  bois  ,  afin  qu'il  prenne  U 
forme  qu'on  lui  veut  donner.  Chauffer  les  foutes  ; 
c'eft  les  lécher  ,  afin  que  le  pain  s'y  conferve  mieux. 
On  trouve  dans  la  relation  de  la  prife  de  l'île 
Royale.  Tandis  que  les  Anglois  nous  chauffoiehc 
de  la  batterie  royale,  il  vint  cinq  frégates  qui  chauf- 
fèrent le  Vigilant  {wom  d'un  vaiffeau )  de  toutes 
parts.  On  voit  que  chauffer  eft  pris  dans  ces  deux 
endroits  pour  ,  canonner  vivement.  Aurefte,  cette 
expre/fion  figurée  n'eft  pas  d'uiage. 

CnAVffEK  les  pies  à  i^ueLju'un,  fignifie,  lui  donner 
la  queftion  par  le  moyen  du  feu.  Aliquem  tormento 
ignis  cogère  verum  conjiteri.  On  met  le  patient  fuc 
une  roulette  ,  ^  on  approche  fes  pies  nus  bien 
près  du  feu, 

ffT  Chauffer  eft  aufTi  neutre.  Calefieri.  Le  four 
chauffe.  Il  y  a  long-temps  que  le  bain  chauffe. 

ifT  On  dit  d'un  nuage  éclairé  du  foleil  pendant  un 
temps  chaud  &  pluvieux,  que  c'eft  un  bain  qui 
chauffe. 

On  dit  proverbialement ,  ce  n'eft  pas  pour  vous 
que  le  four  chauffe ,  à  ceux  qui  prétendent  avoir 
part  en  quelque  affaire  ,  à  quelque  (èts ,  &  qu'on 
veut  exclure.  On  dit  auffi  à  un  méchant  homme , 
tu  feras  bien  chauffé  en  l'autre  monde,  pour  le  me- 
n^cr  qu'il^fcra  damné.  On  dit  auffi,  il  verra  de 
quel  bois  Je  me  chauffe  ;  pour  dire,  quel  homme 
je  fuis.  On  dit  encore,  allez  lui  dire  cela,  &  vous 
allez  chauffer  au  coin  de  fon  feu  ,  pour  défier  quel- 
qu'un d'aller  dire  en  face  à  quelqu'autre  une  chpfa 
qui  le  doit  choquer. 

Chauffé,  ée.  part.  CalfaHus  ,   calefaclus. 

CHAUFFERETTE,  f.  f.  tfT  Efpcce  de  petite  boîte 
doublée  de  fer  blanc  ,  percée  en  deffus  de  plulieurs 
perits  trous  ,  dans  laquelle  on  met  du  feu  pour  fe 
chauffer  les  pies.  Foculus  calefaciendis  pedibua 
comparatus.  Il  y  a  aufTl  des  chauff'erettes  de  terre. 

Chaufferette  ,  efl  auffi  un  petit  rechaud  qu'on  met 
fur  la  rable  pour  empêcher  les  viandes  de  fe  re» 
froidir ,  ou  pour  les  tenir  chaudes  pendant  le  re- 
pas. On  ne  prononce  qu'une /dans  \z  mox.  chauf- 
ferette. On  dit  plus  ordinairement  réchaud  dau$ 
cette  dernière  acception.  Pyrophorus. 


^.c)o  C  H  A 

CHAUFFERIE,  f.  f.  On  appelle  ainfi  dans  les  forges 
où  i'c  tond  le  fct ,  une  tor-e  dellinée  à  chauffer  le 
le  fer  qui  a  pallé  une  féconde  tois  à  la  fonderie , 
6i  qu'on  veur  réduire  fous  le  marteau  ,  &  lur  l'en- 
clume ,  en  barres  de  fer.  ,    ,       ,    •        c 
CHAUFFEUR,  f  m.  Celui  qui  tire  labranloire,  ôc 
fait  aller  les  fouftlers  d'une  forge  pour  taire  rougir 
le  métal.  Iricjnjbr. 
CHAUFFOIR.  r.  m.  Liny;e  qu'on  chauffe  pour  cou- 
vrir ou  elfuycr  un  malade  ou  une  perlonne  en  fueur. 
Linteurn   excalfuaoruan.    C'efc  auHl  un  linge  de 
propreté  à  Tufas^e  des  femmes. 
Chau^foir  ,  eft  aulll  une  chambre  commune  ou  1  on 
va  le  chauffer  dans  les  Couvens ,  dans  les  Hôpi- 
taux. FoCUS.                                         ,      m       J 
rrj-  On  donne  le  même  nom  dans  les  ftlles  de  comc- 
dies,  à  un  lieu  pratique  derrière  le  théâtre,  ouïes 
Comédiens  &  les  Spectateurs  vont  le  chauder. 
ter  On  appelle  encore  chciupir  chez  les  Carriers,  une 
cfpccc  de  poêle  avec  des  grilles  de  fer ,  lur  lelquelles 
on  fait  fccher  les  feuilles  de  cartes  quand  elles  lont 

collées. 

Cl  lAUFFURE.  f.  f.  Terme  de  forges ,  mauvaile  qua- 
lité du  fer  ou  de  l'acier  qui  a  été  trop  long-temps  au 
feu  ,  OH  expofé  à  un  feu  trop  violent.  ffT  Quand 
le  fer  ou  le  cuivre  a  eu  trop  de  feu  ,  il  eft  fujet  a 
s'écailler  .^  à  taire  des  pailles  ;  c'eft  ce  déiraut  qu'on 
appelle  chauffure.  ^         ,       ,         < 

CHAUFOUR  f.  m.  Grand  four  dans  lequel  on  cuit 
la  chaux,  fornax  calcaria  ,  calcaria.  On  dit  mieux , 
four  à  chaux.  C'eft  auHi  le  lieu  ou  l'on  ferre  le  bois . 
la  pierre  .à  chaux  ,   8i  la  chaux  quand  elle  elt  faite. 

CHAUFOURNIER,  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  la  chaux, 
qui  la  fait  cuire  dans  le  fourneau.  Cakarius  coclor , 
calcarius.  C'eft  auifi  le  Marchand  qui  vend  la  chaux. 
Philibert  de  Lorme  déclame  fort  contre  les  C/iau- 
fourniirs  d'Italie ,  auxquels  il  voyoit  faire  de  la 
chaux  des  plus  beaux  chapiteaux  &  corniches  de 
l'antiquité.  On  l'appelle  en  latin  califurmum. 

CHAVIET.  f.  m.  Vieux  mot.  Le  chevet  du  lit. 

CHAVIRER  ou  TREVIRER.  v.  a.  Terme  de  Ma- 
rine. Chavirer  une  manœuvre,  c'eft  mettre  deilus 
ce    qui  étoit   deffous.    Inverure.         ^ 

iCr  CHAUL  Ville  des  Indes ,  fur  la  cote  de  Mala- 
bar ,  à  huit  lieues  de  Dabnl.  Il  s'y  fait  un  com- 
merce conlidérable  de  foie.  Cette  ville  appartient 
aux.  Portugais.  ^,      ,      , 

CHAULER.^  V.  a.  Terme  d'Agriculture.  Chauler  le 
blé ,  c'eft  le  mêler  avec  une  certaine  quantité  de 
chaux  vive  &  d'eau  pour  le  femer.  Il  y  a  des  Pro- 
vinces où  l'on  lème  le  blé  tel  qui  fort  de  l'aire  , 
fans  être  chaulé  ,  &  fam  aucune  autre  préparation, 
Journ.  Hill.  Ocl.   11^9  ,  p.  ^AS' 

CHAUME,  f  m.  Partie  du  tuyau  du  ble  qui  relte  ar- 
taché  à  la  terre  quand  on  l'a  fcié.  Culmus.  On 
brûle  les  chaumes  en  beaucoup  d'endroits  pour  en- 
srallfer  la  terre.  Des  terres  en  chaume.  Liger  ,  dans 
fon  Diclionnaire  d'A-riculture ,  donne  deux  fens 
à  ce  mot  dans  cette  phrafe  -,  car ,  dit-il ,  félon  beau- 
coup de  gens,  ce  font  des  terres,  qui  depuis  long- 
temps n'ont  point  été  cultivées  -,  &c ,  fuivant  le  fenti- 
ment  de  quelques  autres ,  des  terres  où  le  tuyau  du 
blé  refte  attaché  à  la  tetre,  quand  on  l'a  fcie  -,  car 
c'eft  un    tuyau  qu'on    appelle  chaume. 

Le  mot  chaume  fe  prend  auffi  pour  un  champ 
où  le  chaume  eft  encore  fut  pié.  Il  y  avoit  trois 
lièvres  dans  ce  chaume  là.  Acad,  Fr. 

Chaume,  fe  prend  auffi  fort  fouvent  pour  le  tuyau 
tout  entier  du  blé  ,  pour  la  paille  dont  on  couvre 
les  maifons  des  Payfans.  Stipula.  On  couvre  les 
maifons  de  chaume. 

Le  pauvre  en  fa  cihane  où  le  c\\iw\x\t  le  couvre, 
Efi  fujet  à  fes  loix.  Malherbe. 
Ce  mot  vient  de  culmus,  NicoT  ;  ou  plutôt  de 
calamus. 
Chaumf,  eft  auffi  le  nom  de  plufieurs  petits  lieux , 
comme  bourgs ,   hameaux  ,  villages.  Calmxrui    Le 
plus  confidérable  eft  La  ville  de  CÂtf«/«edans  la  Brie, 


CH  A 


Diocèfe  de  Sens.  Calami.  Ilyaiine  Abbaye  de  Bé- 
nédictins nommée  S.  Pierre  de  CA^kot^.  S.Petrus 
di  Calamis. 

CH  AU  MER.  V.  a.  Couper  ou  arracher  le  chaume ,  &  le 
mettre  en  borte  pour  fervir  à  couvrir  des  maifons, 
des  murailles  de  bauge.  Stipulas  colli^ere  ,  fecare. 
Chaumer    un   champ. 

|p^  Chaumer  s'emploie  auffi  abfolument  -,  dans  cer- 
tains endroits  il  eft  défendu  àq  chaumer.  On  dit 
aulll ,  chaumer  dans  un  champ. 

On  appelle  chaumer  les  arbres ,  quand  on  met 
du  feu  au  pié  par  malice  pour  les  faire  périr,  ou 
qu'on  y  fair  quclqu'autrc  chofe.  Confer,  de  l'Or- 
donn.  des  Eaux  &  Forêts. 

Chaume  ,  ée.  part. 

CHAUMIERE,  f.  f  Petite  maifon  couverte  de  chaume^ 
telle  que  font  celles  des  pauvtes  Payfans.  Cafa^ 
tasurium. 

On  le  dit  figurément,  &  par  exagération ,  quanef 
on  veut  parler  modeftemenr  de  quelque  maifon  de 
campagne  qui  n'eft  pas  confidérable.  J'ai  en  cette 
Province  une  petite  chaumière  a  votre  feryice, 

CHAUMINE.  f  f  Petite  chaumière. 

Un  pauvre  Bûcheron  tout  couvert  de  ramée. 

Qui  tâchait  dégainer  fa  chaumine  enfumie.hk  Font. 

CHAUMOND.  f.  m.  Nom  d'homme.  Anemundus , 
Fnnemundus  ,  Lhanernundus.  Annemond,  que  nous 
appelons  communément  S.  Chaumond  ,  étoit  iîls 
de  Sigon ,  ou  Signes ,  Gouverneur  de  Lyon  du 
tcmps'de  Dagobert  I ,  &  de  Clovis  II.  Il  fut  nommé 
encore  Dalfin  ,  ou  Dauf  n  ,  Daljinus  &  Dalvinus , 
du  nom  que  portoit  déià  un  de  lés  frères ,  qui  eut 
le  Gouvernement  de  Lyon  après  la  mort  de  leur 
père.  Baillet.  Il  fut  élu  Evoque  de  Lyon  vers 
le  milieu  du  VIP  liccie ,  &  fut  affallinc  vers  l'an 
660,  lorfqii'il  venoit  à  la  Cour  de  faintc  Bathilde» 
pour  fe  juftifier  d'une  calomnie  dont  on  ne  l'avoic 
accule  que  pour  le  tirer  de  ton  Eglife  &:  le  tuer. 

CHAUMONOIS.  f.  m.  Comté  de  Baffgny  en  Cham- 

'  pagne ,  diftriél:  de  Chaumont ,  capitale  du  Baffi- 

(rny.  Calvomontanus  pagus.  Le  Langrois ,  le  Di- 

jonnois ,  le  Tonnerois  &  le  Chaumonois,   Le  P, 

HÉL.  T.  FUI,  p.  ii(î. 

CHAUMONT.  Nom  de  plufieurs  lieux.  Calvus 
mons.  Chaumont  en  Baffigny  ,  fur  la  Marne.  Chau^ 
mont  dans  le  Vcxin  François,  proche  de  Gilbrs.  Chau' 
mont  en  Touraine,  autrefois  à  la  Maifon  d'Am- 
boife.  Chaumont  en  Sologne,  fur  la  Calne,  entre 
Orléans  &  Romorentin.  Chaumont  dans  le  Rété- 
lois ,  en  Champagne.  Chaumont  dans  le  Charolois, 
Le  Prieuré  de  Chaumont  en  Auvergne.  Chaumont 
dans  le  Genevois  ;  c'eft  un  des  douze  Mandcmens 
qui  divifcnt  cette  contrée.  Chaumont  eft  aulli  une 
partie  de  Châtillon  fur  Seine.  Sur  Chaumont  en 
Vexin  ,  vojt'^  la  Defcripc.  Geogr.  &  Hijt.  de  la. 
Haute^ormandie ,  T.  II ,  p.  2.85,  &fuiv. 

Ce  mot  vient  du  latin  Calvus  mons  ,  c'eft-à-dire, 
montagne  chauve  ou  pelée  ;  &  il  a  été  donné  à  ces 
lieux  ,  parce  qu'ils  font  litués  fur  des  hauteurs  fté- 
riles  qui  ne  produifent  rien  ,  ou  prefque  rien. 

CHAUMOUPLET.  f  m.  Vieux  mot,  qui  Hgnilîoitce 
que  nous  nommons  aujourd'ui  un  camouflet. 

CHAUMOUSEY.  Abbaye  de  Chanoines  Réguliers  en 
Lorraine  ,  fituée  à  une  lieue  de  la  ville  d'Efpinal  en 
Vofge.  Enviton  l'an  109?,  Scérusqui  en  étoit  Abbé, 
envoya  à  l'Abbaye  de  S.  Ruf  pour  y  prendre  la 
réforme  que  S.  Norbert  y  avoir  introduite.  P.  Hugo  , 
Fie  de  S.  Noriert. 

IP"  CHAUNE.  f.  f.  Inftrument  d'Epinglier  fervant 
pour  couper  les  ttonçons. 

Chaumes.  Calnia.  Bourg  de  France  dans  la  partie  de  Pi- 
cardie qui  s'appelle  le  Santerre.  Il  a  titre  de  Duché, 

§:T  CHAUNL  Calniacum.  Petite  ville  de  France, 
autrefois  de  Picardie ,  comprife  aujourd'hui  dans 
le  Gouvcrnemenr  de  l'île  de  France ,  fur  la  rivière 
d'Oife,  entre  Noyon  &  la  Fere. 

CHAUONIS.  f.  m.  Mouffeline ,  ou  toile  de  coton  ,  qui 
vient  des  Indes  orientales.  On  la  fabrique  à  Bcng42. 


>  mot  vient  de  cal^a.  ,  (  comme  fraife  de  fra- 
qui  avoit  ctc  tait  de  câlina,  d'où  vient  aiiilî 


CHA 

Ip"  CHAUS.  Province  d'Afrique,  au  Royaume  de 
Fez,  entte  les  fleuves  Zha  &  Guiaigura. 

CHAUSSAGE.  f.  m.  Ce  qui  eft  ncceflairc  pour  entre- 
tenir quelqu'un  de  IbuUers.  Cakcarium.  A  peine  ce 
Valet  gagne-t-il  l'on  ckauJfage.VouEY.  Ce  mot  n'eil 
pas  d'ulage. 

CHAUSSANT  ,  ANTE.  adj.  verbal.  Qu'on  chaufle 
aifément ,  qui  s'étend  ailcment  fur  la  jambe.  Quod 
facile  inducniir.  On  ne  le  dit  que  des  bas  ,•■  en- 
core ne  le  dit-oa  guère.  Les  bas  de  foie  font  plus 
chauffans  que  les  autres. 

^  CHAUSSE,  f  f.  Partie  de  l'habillement  qui  ferr 
à  couvrir  les  jambes.  TilnaU.  Dans  ce  fens  ,  il 
n'eft  plus  guère  en  ufage.  On  dit  communé- 
ment has. 

C 

ga)  qui 

ie  mot  de  chaiijjon  &  de  calçon.  Ménage.  Du 
Cangé  le  dérive  de  cakia  ,  mot  de  la  balfe  lati- 
nité qu'on  a  dit  dans  le  même  fens ,  quod  intcr- 
diim  cum  cakeis  corijungereiicr  &  unà.  calaa- 
retur. 
Chausse  d'kypocras  ,  eft  une  pièce  de  drap  ou  d'é- 
tamine  ,  oii  funplement  chauffe,  qui  aboutit  en 
pointe  comme  un  capuchon  ,  qui  Icrt  aux  Chi- 
miftes  j  aux  Apothicaires  &;  autres  ,  pour  filtrer  & 
clarifier  les  liqueurs.  Succi/s  qiio  viniim  aroma.ti- 
tes  ,  aiit  liquoTcs  alii  liqucimur  ,  ptirgamur  ,  ex- 
purgantur.  On  palfe  l'hypocras  ,  l'eau  de  blanc 
d'œuf  par  la  chauffe. 

On  appelle  aulîi  chauffe,  une  pièce  d'étoffe  qfle 
'les  Suppôts  des  Univerfités  portent  fur  l'épaule 
dans  les  fonCliions  publiques.  Chauffe  de  DocTieur 
en  Theoloçie.  Chauffe  de  Doitcur  en  Droit.  C'efl: 
ce  que  l'on  appeloit  chaperon. 

Ceux  qui  ont  des  degrés  dans  quelqu'une  des 
quatre  Facultés    qui    compofent  une  Univerfité , 
ont  droit  de  poiter  la  chauffe.  Elle  eft  différente, 
ou  quant  à  la  matière  ,  ou  quant  à  la  couleur ,  ou 
quant  à  la  foimtf ,  dans  les  différentes  Facultés ,  à 
raifon  des  degrés  qu'on  y  a.  La  chauffe  fe  porte  fur 
l'épaule  gauche ,  à  découvert ,  &  pardeffus  tous  les 
habillemens.  C'eft  une  pièce  de  drap  ,  large  par  le 
bout  qui  pend  detrière  l'épaule  ,  5:  qui  va  en  di- 
minuant vers  l'autre  bout ,  à  peu  près  comme  le 
haut  d'im  bas  ordinaire  qui  va  en  diminuant  par 
en  bas.  C'eft  fans  doute  cette  reffemblance  qu'elle 
a  avec  le  bas  ordinaire  dont  nous  nous  couvrons 
la  Jambe ,  ou  la  chauffe ,  qui  lui  a  fait  donnet  ce 
nom.  Un  Dodeur  qui  prêche,  porte  la  chauffe  en 
chaire.  Il  la  tient  fur  fon  épaule  pendant  l'cxorde, 
après  quoi  il  la  met  fur  le  bord  de  la  chaire. 
|P"Chausse.  (  Chevaliers  de  la  )  Pluficurs  compagnies 
qui  fe  formèrent  à  Venife  avant  la  fin  duXV^  fiicle, 
eurent  le  nom  de  la  chauffe  ,  commun  cntt'elies , 
parce  qu'elles  étoient  diftinguées  par  la  couleur  de 
leurs  chauffes.  Quelques-uns  de  ces  Chevaliers  de 
la  chauffé  ,  étoient  appelés  Sempiternels.  Leurs  ré- 
glemens ,  rapportés  pat  Giuftiniani ,  n'ctoient  pro- 
pres qu'à  jeter  les  Chevaliers  dans  des    dépenfcs 
excelfives  &c  ruineufcs.  En  15x5; ,  il  y  en  avoit  une 
autre   compagnie  appellce  des  Florides.  On  fait 
encore  mention  d'une  troifcme  compagnie,  diffé- 
rente des  deux  autres.  On  n'a  pas  meilleure  opinion 
des  unes  que  des  autres.  Tous  leurs  réglcnscns  ne 
roi'loienr  que  fur  l'ordre  des  feftins,  des  fpectacles 
&  des  divertiffemens  -,  ^  l'on  ne^  faifoit  point  de 
faute  qui  ne  fût  punie  par  une  très-gioffc  amende 
au  profit  de  la  compagnie. 
Chausse  ,  au  pi.  ou  hauts-de-chauffes  ,   f  gnifie   la 
partie  inférieure  du  vêtement  d'un  homme  ,  qui  le 
couvre  depuis  les  hanches  jufqu'aux  genoux.  Braccœ, 
femoralia  ,  fcminalia  ,  fuhligar  ,  fuhlis,aculu!n.  Les 
'canons  des  chauffes  font  Ics'^deux  côtés  par  où  l'on 
paflcs  les  j.niil^es.  Chauffes  à  tuyaux  d'orgues  ,  ce 
font  des  chauffes  qui  font  fi  amples  ,    que  les  plis 
qu'elles    font   naturellement    imicent    les    tuyaux 
d'orgues.  Femoralia.  ampliora. 


CHA 


491 


Chausses  à  plein  fond,  comme  celles  des  Suites. 
Rabelais  les  diftingue  d'avec  les  chauffes  à  queue 
de  merlus ,  qui  l'ont  pointues  &  fort  cttoites.  Re- 
marque fur  la  Sat.  Menipp. 
(pr  On  appelle  chauffes  de  Page  ou  trouffes  ,  des 
chauffes  courtes  &  plilfces ,  que  les  Pages  portoienc 
autrefois.  Braccœ.  De-là,  l'expreflion  figurée  ,  quit- 
ter les  chauffes  ,  pour ,  fortir  de  Page  ;  prendre  les 
chauffes ,  fe  faire  Page. 
Chausses,  en  termes  de  Marine,  fe  dit  par  quel- 
ques-uns, du  préfent  ou  pot- de -vin  que  le  Mar- 
chand Chargeur  donne  au  Maître  ,  tant  pour  lui, 
que  pour  diftribuer  dans  roccalion.'/';t'//«;«,  merces. 
Ce  qu'on  lui  donne  pour  lui  en  particulier ,  &  qu'il 
ne  partage  point,  eft  d'ordinaire  autant  que  le  fret 
d'un  tonneau.   On  dit  ordinairement,  chapeau. 
Chausses  d'aifance.  Tuyau  de  plomb  ou  de  pierre, 
percé  en  rond  ou  en  carré  j  &  plus  fouvent ,  de  boif- 
feaux  de  poterie.  Latrina  meatus.  La  chauffe  d'ai- 
fance doit  avoit  trois  pouces  d'ifolement  contre 
un  mur  mitoyen. 
Chausses  ou  fac ,  teime  de  pêche.  C'eft  une  efpèce 
de  petit  filet  qui  fe  met  au  fond  des  gtands  filets, 
que  l'on   nomme  des  dideaux.  ^fj'  Ce  filet  a  la 
forme  d'une  chauffe  large  en  s'ouvrant  ;  mais  va 
toujours  en  diminuant  jufqu'au  bout. 
Chausses  fe  dit  proverbialement  en  ces  phtafes.  Oti 
dit  à  celui   qu'on  veut    chalfer    d'auprès   de  foi , 
vas- te  promener,  tu  auras  des  chauffes  :  oa  lîmpie- 
ment ,  vas-t-en ,  tires  tes   chauffes.  On  dit    auilî 
de  csux  qui  fe  font  mis  en  fureté  par  la  fuite ,  qu'ils 
ont  bien  fait  de  tirer  leurs  chauffes.  On  dit ,  pour 
fe  mocquer  de  la  pauvre  Nobleife  :  c'eft  un  Gen- 
tilhomme de  Beauce ,  qui  fe  tient  au  lit  au.ind  on 
racoùtre  fes  chauffes.   On  dit  auffi ,  il  eft  li  pau- 
vre ,  qu'il  n'a  pas  de  chauffes.  On  dit  d'un  jeune 
homme  qu'il    a  la  clé  de  fes  chauffes  ,  quand  il 
eft  hors  d'âge  d'avoir  le  fouet.  On  dit   d;s  Ser- 
gens  qui  mènent  un  homme  prii'onnier,  qu'ils  le 
tiennent  au  cul  &  aux  chauffes.  On  le  dit  auffi  des 
parties  adverfes  qu'on  a  réduit  à  l'extrémité,  qui 
ne  peuvent  plus  fuir  leur  condamnation ,   ou  de 
qui  on  juge  le  procès,  qu'on  les   tient  au  cul  & 
aux  chauffes.  On  dit  d'une  femme  qui  gourmande 
fon  mari ,  qui  fait  les  affaires  de  la  maifon  ,  qu'elle 
porte  le  hz\xx.-àt- chauffes.  On  dit  à  celui  à  qui 
on   voit  des  bas   dépareillés  ,  qu'il  a  des  chauffes 
de  deux  paroi ffes. 

On  dit  qu'on  a  chauffes  &  manches ,  pour  dire  , 
qu'on  a  tout  l'avantage ,  qu'on  a  tout  ce  qu'on 
pouvoit  fouhaiter.  C'eft  chauffes  grifes ,  £c  gtifc» 
chauffes ,  pour  dire,  que  c'eft  lamcm.e  chofe  :  tous 
proverbes  populaires  &  bas. 

Tirer  ks  chauffes,  dans  le  fens  propre ,  c'eft  le 
déchauffer  ;  dans  ie  figuré  ,  c'eft  une  expreffion  baffe 
&  populaire,  qui  veut  dite  ,  quittet  promptement 
un  lieu,  en  fortir,  s'enfuir. 
CHAUSSEAGE.  f.  m.  Droit  qui  fe  lève  fur  les  per- 
Ibnnes,  voitures  &  marchandifes,  pour  avoir  per- 
miffion  de  paffer  fur  de  certaines  chauffées.  En 
quelques  lieux  ce  dioit  eft  domanial ,  &  appar- 
tient au  Roi-,  en  d'autres  il  eft  feigneurial. 
CHAUSSÉE,  f,  f.  Conftrudion  de  pierres ,  de  pieux, 
de  fafcines  -,  ou  élévation  de  tette  graffe  ëc  bien 
battue ,  pour  retenir  les  eaux  d'un  étang ,  ou  em- 
pêcher que  des  rivières  ne  fe  débordent  dans  les 
lieux  plus  bas.  Moles.  On  fait  une  chauffée  le 
long  de  cette  vallée,  pour  empêcher  les  inon- 
dations. On  ccrivoit  autrefois  chaukée. 

Ce  mot  vient  Ac  calcea.  Nicot.  Palquicr  croit 
que  ce  mot  a  ctc  dit  par  corruption  de  hauffee. 
Spelman  &:  Sommerus  le  dérivent  à  cakeando,  aut 
à  cake ,  quia  hujufmodi  vix  cake  mumuntur. 
Bergier ,  dans  fon  Hijloire  des  (grands  Chemins  de 
t Empire  ,A\x.  qu'il  vient  àpeditum  calceis  quitus 
terumur.  On  l'a  appelé  dans  la  baffe  latinité  cal- 
cea ,  calceia  ,  cakeata  ,  6c  cakeium.  Du  Cange. 
Chaussée  fe  dit  des  chemins  de  pierres,  des  jetées 
de  terre  qu'on  Élit  dans  les  lieux  bas  &  roaréca- 


4^2  C  H  A 

geux,  pour  y  faire  un  partage  fur  &;  commode. 
-4ggCT.  La  ville  de  Mexique"  cft  bâtie  au  milieu 
d'un  lac ,  Bc  on  n'y  arrive  que  par  de  longues 
chaufccs.  Chaujjce  a  iignific  auffi  autrefois  édufe. 

^  Chaussée  de  pavé.  C'cfl:  l'eCpaxTe  cam.brc  qui 
eft  entre  deux  revers  ou  bordures  de  pierre  rufti- 
que,  pour  les  grandes  rues  ou  les  grands  che- 
mins. 

On  appelle  le  re^- de -chauffée ,  le  haut  de  la 
chauffée  qui  eft  d'ordinaire  au  niveau  de  la  cam- 
■  pagne  ,  parce  qu'on  ne  les  bâtit  ordinairement  que 
dans  les  lieux  bas  où  s'écoulent  les  eaux  ,  pour 
les  tenir  au  niveau  des  terres.  Summa  joli  faciès. 
Ainfi  on  dit  que  des  fondcmens  font  élevés  jaf- 
qu'au  re^-de-chaupe  .,  pour  dire,  au  niveau  du 
terrain  où  l'on  bâtit  ,  &:  iufqu'où  on  élcveroit 
une  chauffée ,  lî  on  y  en  voaloit  bâtir  une  eiîeili- 
vcment. 

Chaussée  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  le  canon  fur 
lequel  l'aiguille  des  minutes  d'une  montre  eft 
placée. 

CHAUSSEMAR.  Voye^  CAUCHEMAR. 

CHAUSSEMENT.  f.  m.  Pomey  employé  ce  mot 
pour  lignifier  l'-adrion  d«  chaufler ,  &  aulfi  la  pro- 
vifion  de  chaujfure ,  calceatus  ;  mais  il  n'cft  pas 
ulitc.  , 

CHAUSSE -PIE.  f.  m.  fp*  Lanière,  ou  morceau 
de  cuir,  lar^e  par  un  bout ,  étroit  par  l'autre,  cou- 
vert dé  fon  poil  ,  dont  on  fe  fert  pour  chauiîèr 
aifcment  des  foiiliers ,  &  en  relever  les  quartiers 
fur  Je  talon.  Talaris  ajfula  induendis  calceis.  On 
en  faifoit  autrefois  de  corne ,  nrême  de  fer. 

Chaussf-pié  fe  dit  figurément  des  chofes   qui  don- 
nent de  la  facilité  à  en  faire  une  autre.  FrœJIdium 
ad  rem  aliquam.  Une  charge  qu'achette  un  Jeune 
homme  eft  un  chaujfe-pii  :  cela  eft  du  ftylc  tout-à- 
.  fait  bas. 

On  dit  figurément  &:  proverbialement  quand  on 
a  réudi  en  quelqu'affiiire  lans  le  fccours  d'autrui  : 
Nous    voila  dedans   fans  chaujje-pié. 

CHAUSSER,  v.  aéf.  ifT  Ce  verbe  a  différentes  ac- 

'  ccptions  dans  notre  langue.  Il  fignifie  ,  mettre  des 
bas ,  des  fouliers ,  des  bottes ,  &c.  Ccilceare  ,  ùtia- 
lia  inducer'e. 

^S"  On  le  dit  du  Cordonnier  qui  fournit  la  chauf- 
fure.  Quel  eft  le  Cordonnier  qui  vous  chauffe  ?  pour 
dire  ,  qui  fait  des  Ipuliers  pour  vous  \  Calceos  fa- 
cere  ,  vendere. 

§CF  On  l'applique  à  l'ouvrage  même.  Ce  bas ,  ce  fou- 
lier  vous  chauffe  bien  ,  c'cft-à-dire  ,  qu'il  va  bien 
fur  la  jambe ,  fur  le  pié.  Congruere. 
~  On  difoit  autrefois  d'un  certain  homme  à  Paris , 
qu'il  le  chauffait  comme  les  autres  fe  coiffent,  S< 
qu'il  fe  coiffoit  comme  les  autres  le  chauffent , 
parce  qu'il  "portoit  des  fouliers  de  caftot ,  &;  des 
calottes  de  maroquin.  Vign.  Marv. 

Chausser  fe  dit  non -feulement  des  fouliers  qu'on 
met  à  fes  pics  ,  mais  aufll  du  pié  que  l'on  met 
dans  les  fouliers  ,  ou  que  l'on  couvre  d'une 
chauffe  ou  d'un  bas.  Inducere  pedi  calceum ,  ou 
tibiale.  Chaiffer  les  deux  pies  l'un  après  l'autre. 
Chauffer  le  pié  droit  ,  chauffer  le  pic  gauche. 
Pour  l'autre  pié  qui  fe  fentoit  de  fa  bleflurc,  & 
qui  s'cntloit  toutes  les  nuits,  il  jugea  à  propos  de 
le  chauffer.  Bouh. 

Chausser  eft  auHî  v.  n.  &  dans  cette  acception 
il  n'a  d'ufage ,  au  propre ,  que  dans  ces  phrafes  : 
Chauffer  à  lîx  points ,  à  fcpt  points  :  chauffer  à 
tant  de  points  ,  pour  dire  ,  porter  des  fouliers 
d'une  telle  ou   telle  longueur.  Acad.  Fr. 

Chausser  les  éperons,  fe  dit  d'une  cérémonie  qui  fe 
fait  en  recevant  un  Chevalier ,  quand  le  Roi  ou 
le  Grand-Maîrre  de  l'Ordre  lui  ceint  lui-même 
l'cpée  au  coté ,  &  lui  met  aux  pies  les  épctons. 
AJbingere  calcaria ,  adneclere. 

On  dit  figurément  ,  chauff'er  les  éperons  aux 
ennemis  -,  pour  dire  ,  les  pourfuivre  vivement 
après  qu'on  les  a  défaits,  les  obliger  à  fe  fervir  de 
leurs  éperons,  Perfequi  viriliter ,  acrifer  ,  celeTitcr. 


CH  A 

Chausser  des  arbres  ,  terme  de  Jardinage  -,  c'eft  met- 
tre aux  pies  des  arbres  de  la  terre  nouvelle ,  du 
terreau,  du  fumier,  pour  les  faire  porter  davan- 
tage. Arhorem  ff.erco'are. 

En  rermes  de  F»uconSerie ,  chaufffer  la  grande 
ferre  de  l'oifcau ,  c'eft  entraver  l'ongle  du  gros 
doigt,  d'un  petit  morceau  de  peau.  Unguem  acci^ 
pitris  maximum  induere. 

ChAusser  les  voix  à  leur  point,  terme  de  Mulîque, 
C'eft  proportionner  l'étendue  des  chants,  tant  dans 
le  haut  que  dans  le  bas ,  à  l'étendue  des  voix  qui 
les  doivent  chanter. 

On  dit  figurément  chauffer  le  cothurne,  ffT  d'un 
Auteur  qui  fe  met  à  compofer  des  Tragédies.  On 
le  dit  auill  de  l'Aéteur  qui  les  repréfente.  Cotur- 
num  induere. 

De?"  On  le  dir  encore  d'un  Auteur  qui  enfle  fon 
ftyle. 

On  dit  encore  figurément  &  baffement,  que  deux 
hommes  chauffent  à  même  point ,  pour  dire  qus 
ce  qui  convient  à  l'un  eft  propre  à  l'autre;  qu'ik 
font  de  même  humeur ,  de  même  génie.  On  dit 
aulîi ,  chauffe:^  vos  lunettes ,  pour  dire  ,  regarder 
la  chofe  plus  exactement ,  de  plus  près.  Se  chauffer 
une  opinion  dans  la  tête,  s'entêter  d'une  opinion: 
on  le  dit  roujouts  en  mauvaifc  part.  Cet  homme 
n'eft  pas  aile  à  chauff^er  ,  pour  dire ,  n'cft  pas  aifé 
à  perfuader ,  à  gouverner.  Quand  il  a  fon  bonnet 
chauffe,  fa  tête  chauffée,  pour  dire,  quand  il  eft 
aheurté  à  une  opinion  ,  il  y  eft  ferme. 

Chaussé  ,  ée,  part. 

On  dit  au  Manège,  qu'un  cheval  eft  chauffa 
trop  haut ,  quand  fes  balfanes  &  marques  blanches 
montent  trop  haut  fut   les  jambes. 

Chaussé,  en  termes  de  Blafon,  eft  le  contraire  de 
chape  ,  Se  fe  dit  lorfqu'une  elpècc  de  chevron  plein 
&  mailif  eft  rcnverlc,  &  touche  de  fa  pointe  celle 
de  l'écu  ;  en  Ibrte  que  le  champ  de  i'écu  lui  ferc 
comme  de  chauffe  ou  de  vêtement  qui  l'entoure 
de  bas  en  haut.  Infertus  ,  immiffus  ;  au  lieu  que, 
quand  il  eft  droit,  il  lui  fert  de  chape  ou  de  man- 
rcau.  L'un  &  l'autre  lé  forment  fur  un  triangle  fur 
le  champ  de  l'ceu.  De  gueules,  à  trois  pals  d'ar- 
gent, chauffe   d'or. 

Chaussé  ou  Chauchié  (îgnifioit  autrefois  ,  chemin 
ferré.  Fia  {errata  ,  d'où  eft  venu  le  mot  de  chauf- 
fée ,  félon  Borcl. 

On  dit  proverbialement  &  figurément;  les  Cor- 
donniers fonr  les  plus  mal  chauffes  ,  pour  don- 
ner à  entendre  que  ceux  qui  en  lavent  plus  que 
les  autres,  |&  qui  par  conléquent  devroient  mieux 
faire,  font 'le  plus  fouvent  beaucoup  plus  mal. 

On  dit  d'une  jolie  femme ,  qu'elle  eft  toute  des 
mieux  chauffées,  ^fT  Ss.  d'un  jeune  homme  qui  ne 
s'adrclfe,  dans  fes  galanteries,  qu'à  des  perfonnes 
jolies  8c  de  qualité,  qu'il  ne  s'adrelTe  qu'aux  mieux 
chauffées. 

On  dit  d'un  homme  qui  fe  fauve  à  la  hâte  , 
qu'il  eft  forti  un  pié  chauffe  &:  l'autre  nu.  On 
dit  auHl  ,  le  Diable  l'a  emporté  tout  chauffe  &: 
tout  vêtu.  On  dit  aulfi ,  dès  que  les  chats  font 
chauffas,  pouir  dire,  de  bon  matin  ;  tout  cela  eft 
bas  &:  populaire. 
CHAUSSETIER.  f  m.  Faifeur  de  chaufi^es.  Ce  mot 
fe  joint  ordinairement  avec  Drapier.  Tibialium 
farciuator.  C'eù.  un  Marchand  de  draps  de  laine, 
qui  fait  un  des  fix  Corps  des  Marchands  de  Pa- 
ris. On  les  a  appelés  Drapiers-Chauffetiers  ,p2r:ce 
que  dans  le  ficelé  pafîe  il  falloir  avoir  affaire  à 
deux  Marchands  pour  fe  faire  un  habit.  Les  Pout- 
pointiers  faifoient  des  pourpoints  qui  étoient  de 
fatin  ,  de  velours  ou  de  peaux  de  fenteur.  Les  Dra- 
piers faifoienr  les  cî^aulfes  qui  étoient  toujours 
de  drap,  &:  différentes  des  pourpoints.  Les  Tail- 
leurs n'éroienr  appelés  que  pour  les  façons,  &  ne 
po'-ivoicnt  rien  fournir ,  à  caufe  qu'ils  n'étoient  pas 
Marchands.  On  n'a  fait    la  réunion  de  ces  deux 


CH  A 

Corps,  de   Pourpointiers   &   de  Tailleurs,  qu'en 
l'anirî^e    16^6, 
CHaUSSETRÀPÊ,  f.  f.  Inftrument  garni  de  cjnatre 

.  poinres  de  fer,  ou  morceau  de  fer  à  quatre  poin- 
tes difpofées  en  triangle,  de  telle  forte  qu'il  y 
en  a  toujours  trois  qui  portent  à  terre,  &  une 
demeure  dre/fée  en  l'air.  Murex  ferreus.  Budce  ks 
appelle  calciatrappa.  Les  plus  petites  ont  des  poin- 
tes de  trois  pouces ,  &  les  plus  grandes  de  cinq. 
On  en  fcme  plufieuts  dans  un  champ  où  la  Cava- 
lerie doit  pa/ier,  aiin  qu'elles  fe  iîchent  dans  les 

pies  des  chevaux  ,  &  les  enclouent.  Quelques-uns 

les  nortiment  cloux-i^a.urspc. 

On  appelle  en  termes  de  ChafTe ,  Chauffétrapes , 

des  pièges  à  prendre  des  loups  &c    autres  bêtes. 

Chaussetraît.  f.  f  Terme  de  Botanique.  Efpècje  de 
chardon.  Kojv^  Chardon  étoile,  au  mot  Char- 
don. 

Chaussetrape.  C'eft  aiÈffii  une  pièce  de  Blâfon  Se 
d'armoiries. 

^  CHAUSSETTE,  f.  f.  Bas  de  toile, de  fil  ou  co- 
ton, que  l'on  porte  fous  d'autres  bas,  pour  la  com- 
modité &  pour  la  propreté.  Linteum  tibuile, 

CHAUSSON,  f  m.  ^  Chaaifure  qu'on  met  au 
pie  par-delfous  le  bas.  C'eft  proprement  le  pié 
d'un  bas.  Udo.  On  fait  des  ckj.uJfons  de  roil  e, 
de  laine,  de  coton,  de  chamois,  d'ouate. 

Chausson  ell:  auifi  une  efpcce  de  fouliers  légers , 
plats ,  fans  talons  ,  dont  la  femelle  eft  de  feutre 
ou  de  drap ,  &  dont  on  fe  fert  pour  jouer  à  la 
paume,  pour  apprendre  à  danfer  ,  à  faire  des  ar- 
mes &  autres  exercices  où  il  faut  avoir  le  pié  ferme 
&C  léger.  Levions  calcei. 

On  dit  par  raillerie  d'un  homme  qui  n'a  guère 
de  linge,  guère  de  hardes ,  que  tout  fon  équipage 
ticndroit  dans  un  chai/£bn:  Saint  Amant  a  dit, 
de  la  toilette  d'un  débauché  , 

Oit  le   luxe   mis  hots  d'afçjn 
l^e  montre  -,  pour   tout  équipage. 
Qu'un  peigne   dédains  un  chaulfon. 

CHAUSSURE,  f  f  Couverture  du  pié  ou  de  la 
jambe.  Cakeamentum  ,  calceamen.  Les  chaulfes , 
fouliers,  bottes,  panto  ifles, brodequins, font  com- 
pris Tous  le  nom  de  chau(fure.  Les  noms  françois 
des  chauffures  (ont ,  chauHe,  chauffette,  chauHbn , 
bas  ,  botte ,  bottine  ,  brodequin  ,  cothurne  ,  efcar- 
pin,  pantoufle,  foulier,  fandale,  galoche,  foque, 
fabot. 

Les  chiujfures  des  anciens  Romains  furent  d'a- 
bord de  cuir  cru,  &  même  avec  le  poil.  Encore 
aujourd'hui  le  peuple  d'Efpagne,  au  moins  en  bien 
des  endroits,  n'a  point  d'autre  chauffure  qu'un 
morceau  de  peau  ou  de  cuir  qui  s'envelope  au- 
tour du  pic  &  du  bas  de  la  jambe.  Cela  s'appe- 
loit  chez  les  Romains  Carbatiniz  crepidx.  Vovct 
Catole,  Ep.  XCIX,  Ils  faifoient  aulfi  des  chauj- 
fures  de  genêt  ou  de  ]onc, Jpanei  &  juncei  ca/cei ; 
de  même  qu'on  fait  quelquefois  en  France  de 
grofiês  pantoufles  de  paille  ou  de  nattes,  pour 
tenir  les  pies  chauds  pendant  l'hiver.  On  en  faifoit 
auili  de  toile  de  lin  :  le  fer  même  &  l'airain,  l'ar- 
gent &  l'or  y  étoient  employés.  Ils  avoient  auif: 
i'ufnge  des  fabots  de  bois.  On  le  lêrvoit  au/fi  de 
liège  pour  mettre  fous  les  fouliers,  de  rendre  la 
chauffiire  plus  hiute.  C'étoit  l'ulage  des  Perfes-,  &: 
Augufle,  dit-on,  en   ulbit  auffi. 

Benoit  Baudouin  ,  natif  d'Amiens,  fils  d'un  Cor- 
donnier, &  Cordonnier  lui-même  dans  la  bou- 
tique de  fon  pcre ,  a  fait  un  Traité  de  la.  C/i a uj- 
y  fure  des  Anciens,  De^Calceo  Antique  ;  Sc'His.zo- 
nius ,  De  CoJizx  Veterum.  ;  &  Antoine  Byn<cus , 
De  Calceis  Hebyxorum  ,  Lit.  II,  DorJraci  i(J82. 
Voye?  auffi  la  Dilîertation  de  Dodwel ,  De  Parmi 
Equejlri  Wordwardiana ,  à  la  fin.  Le  petit  Traité 
de  Nigronius  eft  fort  eftimé  -,  il  le  divife  en  quarre 
chapitres,  où  il  montre  qu'elle  étoit  particulière 


CH  A 


4 

^,       ■% 

anx  Soldats ,  &  que  ce  n'étoit  aùtife  chofe  que  ck 
que  nous  nommerions  des  fanda/es  ^  garnies  de 
clous  par-dertbus,  Rattachées  avec  deux  ou  trois 
courroies  au-deifus  de  la  cheville  du  pié.  M.  Nilaht 
le  fit  imprimer  il  y  a  quelques  années  pour  la 
cinquième  fois  à  Leyde.  Albert  Rubeus  a  fait  i-n 
Traite  De  Ulceo  Senatorw  ,  de  la  Ch^umire  des' 
Sénateurs.  ^ 

Nos    anciens  François  ,  dit  le  Moine  S,  Gai 
avoient  des  chaufures  dorées  par  dehors ,  te  or- 
nées de  courroies    ou  lanières    lons^ues  de  trois 
coudées.  Telle  étoit  la  ch<'uffure  de  Charlemasne 
&  de  Louis-le-Dcbonnàivc,  comme  il  paroît  pai; 
les  Notes  ,;e  M.  Baluze  fur  les  Capitulaires  de  110$ 
Rois,  pag.  1180.  Jean -Pierre  Puricelli ,  dani  fes 
A'^onnmens  de  Li  Bajilique  Amhrofienne  ,  décrit  la 
chaufure  de  Bernard,  Roi  d'Italie,  &  fils  de  Pebin , 
dont  le  corps  y  fut  ttouvé  ,  &  levé  de  terre.  Ses  fou- 
liers, dit-il,  étoient  encore  entiers.  Ils  étoient  de 
cuir  rouge i  &  la  femelle  étoit  de  bois.'  Ils  étoi-nt 
fi  juftes ,  il  bien  faits  à  chaque  pié  ,  &  aux  doi^rts  de 
chaque  pié ,  que  le  foulier  gauche  ne  pouvoir  fervii 
au  pié  droit,  ni  le  droit  au  pié  *auchc ,  finiifant  en 
pointe  du  côté  du  gros  àoi^i.Foyei  ^^  Du  Can<-e, 
au  mot  Armiger   &c  au  mot  Fafciola.  Nous  rertfar- 
quons  la  même  figure  dans  les  anciens  tombeaux; 
M.    Nilant  ,  dans  fes    Notés   fur  Baudouin.  Dé 
CVcio,ditqueles  Dames  Vénitiennes  fe  donnent 
une  cluiujfure  fort  élevée ,  &c  qu'il  en  a  vu  w.oiv 
tées  fur  des  fouliers  hauts  de  trois  pics. 

Pline  rapporte,  Zm  Fil,  c.  ^6,  qu'uii  Tibus 
de  Bœotie  lut  le  premier  qui  fe  chauffa.  Baudouin 
prétend  que  Dieu  donna  des  fouliers  de  peau  à 
Adam  &:  à  Eve.  Bynarus  rejette  cette  cohjédure. 

On  dit,  qu'un  homme  a  trouvé  chaujfurei  fon 
pié ,  pour  dire ,  qu'il  a  rrouvé  une  chofe  qui  lui 
convient,  une  perfonne  qui  eft  de  même  humeur, 
de  même  génie.  Cet  homme   eft  pacifique,  il  a 
époufé  une  femme  fort  douce  ;  il  a  trouvé  chauffiire 
à  fon  pié.  On  le  dit  au/fi  d*un  ennemi,  quand  on 
l'a  trouvé  d'égale  force.  Cst  homme  eft  un  grand 
chkaneur ,  mais  il  a  troiuvé  chaicjjure  à  fon  pié.  Il  a 
affaire  à  Un  homme  qui  en    fait  autant  que  lui. 
Tout  cela  eft  familier» 
CHAUVE,  adj.  m.  &  f  Qui  a  toute  la  tête  ou  la  plus 
gtande  partie,  principalement  le  devant^fans  che- 
veux. Calvus.  Charles  le  tha.uve  étoit  favant ,  mais 
foible.  Me2.  La  mode  des  perruques  a  été  favo- 
rable  aux  chiiuves.   EfFacez  vos  défauts  pax    vos 
vertus,  6c  imitez  Céfar  ,  qui  couvrit  de  laurier  fa 
tête  chauve.  Ame  lot.  Les  gens  chauves  paffoient 
autrefois  pour  trompeurs ,  d'où  vieftt  le  proverbe 
latin. 

Si  non  vis  fdlli ,  fugias  confortia  Calvin 

On  dit  figurément  que  l'occafon  eft  chauve  paf 
derrière  ;  pour  dire  ,  qu'il  la  faut  prendre  dès  qu'elle 
fc  nréfcnte  ,  &  ne  la  pas  laificr  cchapcr. 
CHAUVE-SOURIS,  f.  f  Petit  oifeau  nodurne  ,  dont 
les  allés ,  au  lieu  de  plume,  font  de  peau  &:  de  car- 
tilage. Il  reilêmble  à  une  foutis.   Il  n'a   ni    bec^ 
ni    plume.    Fej'pertilio.  La  chauve  -jouris  fe  lêrt 
des  deux  pies  de  devant  pour  voler  -,  c'cft-à-dire  , 
pour  étendre  feS  aîles ,  qui  y  font  attachées.  Elle  ne 
s'apprivoife  jamais.  Elle  vit  de  mouches  &  de  chofcs 
graifes ,  comme  de  chandelles ,  de  graifie  &  de  chair. 
Elle  a  été  ainfi  appelée  du  mot  chauve,  à  caufe 
qu'elle  n'a  ni  poil ,  ni  plumes  -,  &  pour  cela  on  l'a 
appelée  en    plufieurs  endroits,    rdt  pennad.    La 
chauve-fouris  rl'a  ni   plume  ni  partes  -,  elle  a  feule- 
ment  deux  petites  griff?s  arrachées  au  bas  de  fes 
aîles ,  lefquelles  fonr  compofécs  d'une  pellicule  ou 
membrane  fort  déliée.  Elle  a  la  tête  comme  une 
fouris ,  5-;  du  poil  de  même.  Il  y  a  les  deux  fc'xes» 
Elles  pofrent  leufs  petits  ainfi  que  les  b^tes  à  quatre 
pics ,  &  les  riourriffeni  à  la  mammelle  Les  chauves- 
fourisne  piroiifenr  que  la  nuit,  encore  n'eft-ce  que 
quand  il  fait  beau  ,  Si  que  le  temps  eft  chaud,  Elles 


494  ^'  ^~^  ^ 

ne  vivent  que  de  mouches  &;  d'autres  infeâres.  On 
dit  que  fon  lang  eft  bon  pour  la  gucrilbn  des  blcl- 
furcs.  Elles  ont  beaucoup  de  diverlitc  dans  leurs 
figures.  Les  unes  ont  la  tête  de  Iburis ,  les  autres 
d'un  chien.  Les  unes  l'ont  lans  queue  ,  ou  n'ont  du 
moins  qu'une  petite  membrane  entortillée  de  parc 
&:  d'autre ,  comme  l'ont  preique  toutes  celles  de 
rEuropc.  Celles  d'Afrique  &:  d'Egypte  ont  une 
queue  longue  ,  &c  Icmblable  a  celles  des  fouris,  qui 
s'étend  par  delà  leur  membrane.  Il  s'en  trouve  qui 
ont  quatre  oreilles  -,  d'autres,  en  plus  grand  nombre, 
deux  feulement.  Quelques-unes  font  noires  ,  les 
autres  fauves  ,  les  autres  blanchâtres  ,  d'autres 
cendrées.  Quelques-unes  ont  vingt-quatre  dents  ,  ' 
douze  à  chaque  mâchoire,  BcUon  rapporte  qu'il  y 
en  a  qui  en  ont  trente-quatre  •,  lavoir ,  dix-huit  à  la 
mâchoire  d'en-bas ,  &c  feize  à  celle  d'enhaut. 

Les  chauve-four is  nebâtiflent  point  de  nid  -,  elles 
font  leurs  petits  dans  toutes  fortes  de  fentes  &  de 
trous  indifféremment,  plus  communément  dans  les 
ouvertures  qu'elles  rencontrent  aux  toits  &  aux 
couvertures  des  mailbns.  Elles  allaitent  leurs  petits 
(iafpendus  à  leurs  mammelles ,  ou  attaches  contre 
les  murs ,  dont  ils  ne  fe  féparent  jamais  quand  ils 
y  font  une  fois  attachés.  Un  jour  ou  deux  après 
que  la  mère  a  mis  bas  fes  petits ,  lorfqu'elleeft  con- 
trainte d'aller  chercher  fa  nourriture  ,  elle  les  dé- 
tache de  fes  mammelles ,  &  les  fufpend  ainli  à  la 
muraille. 

BcUon  rapporte  qu'en  l'île  de  Corfe  il  y  a  une 
carrière  qui  en  e(f  toute  remplie  ,  &  qu'il  y  en  a 
quelques-unes  qui  ont  deux  dents  en  haut  &  deux 
en  bas  ,  qui  font  longues  comme  les  canines  ; 
ce  qui  ne  fe  rencontre  point  aux  rats,  niaux 
fouris. 

Les  aîlcs  des  c/ii!.vvi.'-/o.'/m  ,  qui,  comme  on  l'a 
dit,  ne  font  que  des  membranes,  nont  point  de  fang. 
Elles   commencent  depuis  l'épaule,  leur  prenant 
tout  le  long  des  aîles ,  6c  environnant  leuts  jambes , 
qui  ont  quatre  arriculations  dont  elles  fe  fervent  au 
lieu  de  pics ,  tant  de  celles  de  devant  que  de  celles 
de  derrière.  Elles  ont  cinq  doigts  à  chaque  pié , 
allez  bien  munis  d'ongles  crochus:  Se  une  paumt 
ouverte  aux  pies  de  derrière  ,  qui  relîemble  à  une 
main.  Il  y  a  à  Madagafcar  ,  au  Brcfil  Se  aux  Maldi- 
ves ,  des  chauve-fouris  grofles  comme  des  corbeaux  , 
qui  ont  la  tète  comme  celle   d'un  renard.  Ellei  le 
pendent  aux  arbres  pour  lé  repofer  par  de  petites 
agrafïés  qui  font  aux  naaids  de  leurs  aîles.  Elles  fuccnt 
le  lang  des  hommes  la  nuit ,  s'attachant  au  premier 
membre  qu'elles    trouvent^ découvert.  Hist.  des 
Ind.  Les  chiiuve-Jburis  des  îles  de  l'Amérique  font 
,,.^        plus  groHès  que  celles  de  France.  Celles  du  Brélil 
^         impriment  une  petite  morfure  à  l'oreille  dont  on  a 
bien  de  la  peine  à  étancher  le  fang.  P.  Du  Tert. 
A  la  côte  de  Darien  aux  Indes  occidentales  ,  il  y  a 
des  c/iauves-fouris  dont  la  piquure  eft  venimcufe,  & 
quelquefois  mortelle.  Elles  ont  cela  de  r-jmarquable, 
que  quand  elles  ont  piqué  un  homme ,  les  jours  fui- 
vans  elles  le  choiliront  entre  cent  petfonnes  pour 
le  piquer  encore  dans  le  même  endroit.  Herrera. 
On  les  honore  fort  chez  les  Caraïbes.  Ils  les  tiennent 
pour  les  hors  Anges  qui   gardent   leurs   mailbns 
pendant  la  nuit ,  Si  appellent  facriléges  ceux  qui 
les  tuent.  Il  y  en  a  d'autres  à  la  Chine  qui  font  aulli 
grodés  que  des  poules ,  Se  dont  les  Chinois  man- 
gent la  chair ,  qu'ils  ne  trouvent  pas  moins  délicate. 
"VovAGE  DE  LA  Chine,  Le  P.  Souclct  ,  dans  l'es 
Ohferv.  publiées  en   1719»  dit  qu'il  y  a  à  Poulo- 
Condor  de  pareilles  chauves-fouris. 
IJCT  II  paroît   que  la  chauve -fouris ,  que  la  plupart 
des  Auteurs  prennent  pour  un  oilcau  ,  eft  un  vé- 
ritable animal  quadrupède.   Elle  efl:  vivipare,  elle 
n'a  ni  bec  ni  plumes.  Elle  vole  â  la  vérité  par  V: 
moyen   d'une   membrane  ;  mais  l'écureuil  volant , 
vole  aulTi,  Se  n'en  eft:  pas  moins  un  animal  qua- 
drupède. Si   h  chauve -fouris  ed  imparfaitcmcnr 
quadrupède  ,   elle  efi;  encore  bien  plus  imparfai- 
tement oifeau. 


CH  A 

CMAUVETî;.  f.f.  Etat  d'une  tête  chauve  dont  le  poil 
eft  tombé  ,  ou  la  plus  grande  parrie.  Calvities.  Les 
Médecins  dilénr  plus  ordinairement cdAi/iV.  Voyez    . 
ce  mot. 

CHAUVIGNY.  Petite  ville  de  France  en  Poitou, 
fur  la  Vienne,  à  rrois  ou  quatre  lieues  de  Poitiers. 

CHAUVIR.  V.  n.  Dreifcr  les  oreilles  Aures  fubrif/re. 
§C?  Il  ne  le  dit  que  des  chevaux,  des  ânes ,  des 
mulets.  Ce  cheval  chauvit  des  oreilles.  On  dit 
mieux ,  drelfer  les  oreilles. 

CHAUX,  f.  f.  Pierre  calcinée  ,  marne  ,   marbre   ou 
autre  matière  femblable  ,  qu'on  brûle  ,  S*  qu'on  fait 
cuite  à  grand  feu  dans  un  four  bâti  exprès ,  dont 
enfuite  on  fait   du  mortier  pour  bâtir.   C'cft  pro- 
prement le    produit  de  la  calcination  des  pierres 
Se  des  terres  calcaires,  Calx.  Le  feu  en    delleche 
toute  l'humidité,  Se  en  ouvre  tous  les  pores,  ce 
qui  fait  qu'elle  fe  réduit  li  facilement  en  poudre. 
La  chaux   vive ,  calx  viva ,  eft  celle  qui  fort  du 
fourneau.  Chaux  euinie  ,  fufée ,  ou  amortie  ,  efl: 
celle  qu'on  délaye  Se  qu'on  détrempe  dans  unbaHm 
avec  de  l'eau ,  pour  faire  du  mortier.  Rejtincla , 
cxtincla.  Chaux  fufee  ,  eft  celle  qu'on  a  lailiè  long- 
remps  à  l'air  fans  l'éteindre,  dont  toutes  les  parties 
ignées  fe  font    évaporées  peu-à-peu,  qui  s'eft  ré- 
ciuice  en  poudre  très-menue  ,  Se  qui  n'eft  plus  bonne 
à  rien.  Macerata.  On  blanchit  les  murailles  avec 
delà  chaux.hciiîqutl'X chaux  eft  mouillée  elle  le 
lie  au  rabot ,  quand  on  la  détrempe.  Les  murs  des 
fondcmens  fe  font  à  chaux  Se  à  iâble.  Les  Siamois 
font  une  chaux  qui  dure  cent  Se  deux  cens  ans, 
avec  laquelle  ils  font  des  ftatiics  &;  des  maufolécs. 
Il  le  trouve  beaucoup  de  pierres  de  chaux  près  de 
Malmoc  en  Suéde.  Il  y  en  a  de  deux  cfpèces ,  l'une 
qui  fe  rire  de  terre.  S:  l'autre  qui  fe  prend  fur  le 
riv.ige  ,  ou  au  bord- de  la  mer  :  la  dernière  efpèce  eft 
meilleure ,  on   en  tire  beaucoup  plus   de    chaux. 
En  mêlant  ces  deux  chaux ,  on  en  fait  une  troilièrae 
efpèce  beaucoup  meilleure  encore.  Se  qui  épargne 
beaucoup  ,  parce  qu'elle  Ibutient  les  trois  quarts  de 
fable.  Aux  Indes  la  chaux  fe  fait  d'ordinaire  avec 
des  coquillages  de  mer  -,  celle  qui  fe  fait  de  coquil- 
les de  limaçon  lért  à  blanchir  les  mailbns  ;  Se  celle  de 
pierres,  à  mâcher  avec  des  [feuilles  de  bétel.  On  en 
voit  qui  en  prennent   par  jour    gros  comme  un 
oeuf.  Lettres  edif,  Tom.  IX. 

Il  y  a  un  Traire  de  la  manière  de  bien  préparer  la 
chaux,  M.  Du  Hamcl  en  a  donné  un  précis  dans 
l'Hiftoire  de  l'Acad.  des  Sciences,  Liv.  I ,  Sccl.ll, 
c.  V.  En  voici  les  points  principaux.  La  pierre  la 
meilleure  pour  faire  la  chaux ,  eft  la  plus  dure.  11 
faut  qu'elle  ait  été  tirée  de  la  carrière  long-rcmpi 
auparavant.  Plus  il  y  a  de  fel  fixe  dans  la  pierre, 
meilleure  eft  la  chaux.  Pour  la  bien  cuire ,  il  faut 
d'abord  ne  lui  donner  qu'un  feu  Icnr,  de  crainte 
que  l'humeur  cralle  qu'un  feu  ardent  en  feroit  Ibrtir 
avec  impf  ruofité ,  n'emportât  avec  elle  le  fel  vo- 
latile. Après  que  l'humide  épais ,  s'eft  exhale  parce 
feu  lent,  on  ne  fauroit  donner  à  la  chaux  un  feu 
trop  violent.. Plus  il  eft  ardent,  plus  il  divife  en 
parties  fixes  la  terre  Se  le  fel ,  qui  en  deviennent 
plus  propres  à  faire  une  liailbn  Iblide  Se  ferme. 
Quand  la  chaux  eft  cuite ,  le  mieux  eft  de  l'éteindre 
aulli-tôf,  li  on  ne  le  fait  pas ,  il  faut  au  moins  la 
mettre  dans  des  tonneaux  bien  fermés.  Les  meil- 
leures pierres  ou  morceaux  de  chaux  ,  après  qu'elle 
eft  cuite  ,  font  ceux  qui  font  pelâns ,  fonores ,  qui 
ont  les  parties  plus  compares  ,  qui  s'éteignent 
dans  l'eau  avec  bruit,  qui  fument  en  s'éteignant; 
qui,  quand  ils  font  éteints  ,  font  une  chaux  hu>  ■ 
roide,  gralîe  Se  blanche,  parce  qu'elle  abonde  en 
fel  fulfureux ,  Se  que  les  parties  font  unies  par  une 
humeur  déliée  qui  leur  fcrt  d'une  efpèce  de  glue. 

Pour  bien  éteindre  la  ch.uix ,  il  ne  faut  pas  jeter 
de  l'eau  defTus ,  il  faut  la  jetter  dans  l'eau  ,  enfuite 
la  remuer  conrinuellemcnt  ,  Se  comme  la  pétrir 
avec  le  bouloir ,  fans  cela  elle  fe  ramafleroit  encore 
en  pierres  dures.  Il  faut  la  remuer  long-temps  ,  ^ 


CHA 

y  jeter  beaucoup  d'eau.  Quand  elle  cft  éteinte  ,  i'î 
taiit    jeter  quantité  d'eau   deilus ,  afin  qu'elle  re- 
tienne le  Tel  le  plus  fubtil ,  )ui"qu'à  ce  que  ce  fel  nâgc 
fur  l'eau  comme  une  elpèce  de  crcme,  &  qu'il  le 
tafre  un  parfait  mclanî^e  desfels  &  de  l'eau. 
IP^-  L'eftérvcfcence  delà  chaux-Sc  de  l'eau  s'explique 
pat   la  théorie  a;cncralc  de  rctfcrvcfcencc.  Foyc:^ 
ce  mot.  Pour  expliquer  fa  chaleur ,  dont  cette  eHcr- 
velcence  eft  accompagnée,  nos  Phyficiens  &^nos 
Chimiftes  n'avoient  rien  imaginé  de  mieux,  qu'une 
infinité  de  particules  de  feu  emprifonnées  dans  les 
pores  nombreux  de  la  chaux  ,  formés  par  la  cal- 
cination.  Ces  particules  de  feu,  dégagées  de  leur 
prifon  par  les  particules  d'eau,  produifoicnt  la  cha- 
leur. A  ce  méchanifme,M.  Homberg  ajoutoit  le 
froctement  caufc  dans  toutes  les  pr.rtics  de  la  chaux 
parleTnouvement  impétueux  des  particules  d'eau 
qui  pénétrent    fcs  pores.  Ces  explications    ingé- 
nicufes,  &  qui  paroiffent  fondées  fur  le  mccha- 
nifme,  ont  été  reçues  avec  avidité,  &  adoptées  par 
tous  les  Phyficiens",  pendant  qu'elles  avaient  la  grâce 
de  la  nouveauté.  La  Chimie  moderne  n'a  retenu 
que  l'explication  de  M.  Hombcrg, 

Quand  la  chaux  a  été  éteinte  en  cette  manière  , 
on  l'''enferme  dans  la  terre.  Elle  s'y  raffine  -,  &  plus 
on  l'y  garde  ,  plus  elle  eft  parfaite.  Ceft  pour  cela 
que  les  Romains  éteignoient  la  chaux  trois  ans 
a/antque  de  s'en  fervir.C'eft  ce  qui  tait  que  dans 
leurs  bâtimens  le  mortier  cil  plus  dur  que  la  pierre 

Pour  faire  le  mortier ,  on  met  deux  tiers  de  fable 
fur  un.  tiers  de  chaux.  Les  Romains  mettoicnt  les 
trois  quarts  de  fable  de  rivière,  &  quatre  cin- 
quièmes de  fable  de  terre.  Et  afin  que  le  mortier  lût 
plus  tenace  &  plus  fetme  ,  ils  le  prcparoient  quel- 
ques jours  avant  que  de  l'employer.  Us  y  ajoutoient 
même  quelquefois  une  troificme  partie  de  tuile  ou 
de  brique  broyée  ,  ce  qui  fait  un  excellent  ciment. 
Le  fable  de  terre  doit  être  employé  auffi-tôt  qu'il  eft 
tiré.  Celui  qui  fait  du  bruit  quand  on  le  trotte  entre 
les  doigts ,  '&  qui  eft  rouge  ,  eft  le  meilleur. 
Chaux  le  dit  en  Chimie  de  cette  eipèce  de  cendte 
ou  poudre  très-menue  ,  qui  refte  des  métaux  ou 
des  minéraux  qui  ont  été  long-temps  en  un  feu 
très-violent.  IfT  Ce  font  les  métaux  calcinés ,  aux- 
quels l'aclion  du  feu  a  fait  perdre  leur  liaifon  & 
leur  forme  métallique  ,  Si  que  cette  adion  a 
changés  en  une  fubftance  femblable  à  une  terre.Lcs 
précipites  des  moraux  font  des  produits  tous  diffé- 
lcns.djs  chaux  métalliques.  L'or  &  l'argent  qu'on  a 
réduits  en  chaux  fe  remettent  par  l'art  dans  leur 
première  nature.  La  chaux  d'étain  s'appelle  de  la 
potée  ,  qui  fert  à  polit  les  mitoirs  d'acier.  La  chaux 
^•airain  s'appelle  xs  uflum  chez  les  Droguiftes._ 

On  dit  proverbialement ,  qu'une  afiàite  eft  taite 
à  chaux  &  à  ciment  -,  pour  dire  ,  qu'elle  fubfiftera , 
qu'elle  eft  faite  folidement  8c  avec  toutes  les  pré- 
cautions ncceliaires. 

Ce  mot  de  chaux  vient  du  latin  caleo.  Calxfic  ex 
lapidihus  calefaclis  &  adullis.  Le  françois  chaux  ,  & 
le  teuton  kalck  ,  font  tirés  du  celtique  calch.  Pezr. 
CHAY.  f.  m.  Plante  qui  ne  croît  que  dans  le  Royaume 
de  Golconde ,  dont  on  tire  cette  belle  couleur  rouge 
qui  fait  tant  eftimer  les  toiles  de  Mafulipatan.  C'cft 
pour  cette  partie  des  Indes  ce  qu'eft  ailleurs ,  &  par- 
ticulièrement en  Europe  ,  la  cochenille. 
SCr  C'eft  une  petite  plante  qui  s'élève  à  la  hauteur 
d'un  pié.  Ses  feuilles  font  petites ,  rangées  trois  à 
trois  fur  les  tiges  &  fur  les  rameaux.  La  fleur  eft 
petite  ,  blanche ,  compofée  de  quatre  pétales  dif- 
pofés  en  croix.  La  racine  eft  longue,  menue,  ondée, 
&  de  couleur  jaune  pâle.  C'eft  cette  racine  qui  fert 
à  faire  la  teinture  -,  mais  on  ignore  la  manière  dont 
.  les  Indiens  la  préparent  &  l'emploient  pour  faire 
ces  couleurs  fi  vives  &  fi  brillantes  que  nous  admi- 
rons fur  leurs  toiles  peintes  ou  imprimées. 
CHAYÈRE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  fignifie  chaire.  On  le 
trouve  dans  le  Roman  de  la  Rofe  ,  &  il  eft  encore 
en  ulage  dans  quelques  PvovinceSj 


f 


Sans  plus  faire  longue  prière  ^ 
Il  s'a(jlt  en  une  Chayere  j 
Jouxte  âe  j'on  Autel  ajjife, 

CHAYET.  f.m.  Monnoie  de  Perfe.  Le  chayeï  vaut 
cinquante  deniers  ôi  dix  mailles  de  notjce  monnoici 
Tavernier. 

CHAZAN.  f,  m.  M.  Ligthfoot  dit  que  les  Evêques 
dont  il  eft  patlé  dans  l'Ecriture ,  tiroient  leur  ori- 
gine du  cha^an ,  ou  de  l'Evêque  de  Synagogue. 

1^  CHAZELLES.  Ville  de  France  en  Forez,  à  fept 
ou  huit  lieues  de  Lyon, 

CHAZINZARIEN ,  ENNE.  f.  ni.  &  f.  Nom  de  fede. 
Cha^n:^arius  i  a  ;  Staurolatra.  Hérétiques  qui 
s'élevèrent  ert  Arménie  au  Vil'  ficcle.  On  les 
nomma  autrement  Staurolatres ,  nom  qui  fignifife 
en  grec  ce  que  Chaiin^arien  fignifie  en  arménien , 
c'cfî:  a-dire  ,  Adorateur  de  la  Croix  ;  car  cha^us  en 
cette  langue  fignifie  Croix ,  dit  Nicéphore  ,  Liv, 
Xnil,  c.  ^,&c  on  les  nommoit  ainfi,  continue-t-il, 
patce  qu'ils  paflbient  pour  n'adorer  que  la  Croix. 
Ils  faifoient  une  gtande  feéle,  &  étoient  Nefto- 
riens ,  admettant  deux  perfonnes  en  Jéfus-Chrift. 
Ils  avoient beaucoup  d'autres eireurs,  qu'ils  difoienc 
tenii  par  tradition  d'un  Grégoire  j  Evêque  de  la 
grande  Arménie.  Nicéphore  les  accufe  encore  d'of' 
frir  des  azymes ,  de  ne  mettre  point  d'eau  dans  lé 
calice,  &  d'obferver  un  jeûne  annuel  au  jour  de  la 
mort  du  chien  de  Sergius ,  leur  faux  Docl:eur ,  qu'ils 
nommoient  Art^ihurcies.  Le  texte  grec  de  Nicé-i- 
phore  les  appelle  Chat^ui:;^ariens.  Kv.;(„7>'«5/.t, 

CHAZNADAR-BACHL  Foyei  Chasnatarbassi 
ou  Chasnadar-bachi. 

CHAZNAH-AGASI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Eu- 
nuque prépofé  à  la  garde  du  tréfor  de  la  Sultane 
Mete  ,  &  qui  a  l'intendance  fur  toutes  les  filles  de 
fa  Chambre.  Senioris  Turcarum  Imperatricit 
Quceflor. 

Ce  nom  eft     turc  ",    &  compofé  de  Chafnah  » 
tréfor,  &c  Aga  ,  dont  nous  avons  parlé  en  fon  lieÛi 

C  H  Ei 

CHÉABLE.  adj.  m.  8c  f.  Vieux  mot.  Caduc  ^  fujet  i 
to^Tiber. 

CHEANCE.  f.  f.  Vieux  mot,  qui  veut  à\iz,  profit  i 
utilité.,  avantage.  Commodum -,  utilitas. 

CHÉANTE.  f.  f.  Vieux  mot.  Chute. 

CHEAUS.  f.  m.  Terme  de  Chaife  ,  qui  fe  dit  des  .pe- 
tits de  la  louve  &  même  des  chiens  &  des  renards* 
Catuli. 

CHÉBULE.  f.  f.  Kebula.  Noni  que  l'on  donne  en 
Afie  à  ces  fruits  que  l'on  nomme  en  Europe  My- 
robolans.  On  les  nomme  chibules  ,  du  Cabuleftan 
d'où  il  s'en  tire  une  grande    quantité.   Voye:^  Mr- 

ROBOtANS. 

CHECAYA.  f.  m.  Second  Officier  des  Janiffaires  , 
qui  les  commande  fous  l'Aga  ,  &  qui  cl,  dir  Vi- 
genère,  dans  fes  lllufirations  fur  THifloire  de  Chai- 
"condyle,p.  575  ,  comme  un  Meftre-de-Camp,  oii 
plutôt  fon  Lieutenant.  lia  connoiiîance  de^  tout  ce 
qui  peut  furvenir  entr'cux,  &  qui  les  concerne. 
C'eft  lui  qui  les  range  en  bataille ,  quand  il  faut 
combattre.  Il  a  quatre  ducats  par  jour,  &  fix  cens 
de  timar  par  an  ,  avec  un  Jazgi  ou  Ecrivain,  pour 
faire  les  rôles ,  &c.  On  appelle  encore  le  Checaya. 
des  Janiflaires  Protogero  ,  mot  grec  ,  qui  fignifie , 
premier  vieillard. 

Il  y   a  aulfi  le  Checaya  de  cuifine  ,  qui  eft  im 

Surintendant,  ou  Contrôleur  des  cuifînes  du  Serrait, 

qui  eft  le  fécond  Maître-d'HAtel.  Vigfn.  p.  557.  Le 

.Checaya  de   l'écurie,  qui  eft  fous  l'Imbroorba/fl 

ou  Grand-Ecuyer  ,  &:  qui  eft  comme  fon  Lieute- 

tenant. 

Ce  mot  fignifie  Lieutenant,  &  fécond  toujours 
d'aptes  le  premier.  Vigen. 
CHECAGNI.  f  m.  Officier  du  Serrail  du  Grand  ScU 
"neuf ,  Commis  ou  petit  Tïétbrier<  Lçs  Çheca^nit 


^^^ 


CHE 


ront  fous  le  Chiihadarbatri.  Vigen,  Wiijî.fur  l'HiJL 
de  CkdlconJ.p.  551. 

CHECHINQUAMIN.  f.  m.  Petit  fruit  de  la  Virginie  , 
qui  efl:  fort  eftimé  parmi  les  Sauvages  v  il  eft  fore 
femblableau  gland,  ficen'eft  qu'il  a  des  écailles 
comme  les  noifcttcs, 

0CF  CHECO.  Grande  ville  d'Afie  ,capitale  du  Royau- 
me  de  Tonquin. 

fer  CHECUAN.  Ville  d'Afrique  ,  au  Royaume  de 
Fez  ,   dans  la  Province   d'Errif. 

CHEDA.  f.  m.  Monrioie  d'ctain  qui  fc  fabrique  &: 
qtii  a' cours  dans  le  Royaume  du  même  nom,  fi- 
tué  djns  les  Indes  orientales,  proche  les  Etats  du 
Grand-Mogol. 

CHEDABOÙCTOU.  f.  m.  Rivière  de  l'Acadie,  qui 
fe  dcchar^'e  dans  la  baie  de  Campfsaux.  Chcduboc- 
lousJluyius.LWe  efl:  fi  abondante  en  faumons ,  que 
Denis  la  nomme  la  rivière  au  faumon.  Les  faumons 
y  font  forts ,  les  moindres  ont  trois  pics  de  long. 
Il  y  a  aulJl  beaucoup  de  truites  faumonnées.  La 
rivière  monte  bien  avant  dans  les  terres  ;  il  n'y 
va  que  des  canots. 

§CF  CHEDERLES.  Héros  fabuleux ,  révéré  par  les 
Turcs,  Il  difent  que  c'étoit  un  des  Capitaines  d'A- 
lexandre ,  qui  tua  un  furieux  dragon  auquel  on 
avoir  expolé  une  jeune  fille  ,  à  qui  il  fruva  la  vie. 
Ils  ajoutent  qu'après  avoir  bu  des  eaux  d'un  fleuve, 
qui  Tont  rendu  immortel ,  il  court  le  monde  fur 
un  cheval  immortel  comme  lui ,  &  alTifte  les  guer- 
riers qui  l'invoquent.  Ils  ont  dans  leur  Mofquée  une 
fontaine  de  marbre  ,  dont  l'eau  efl;  fort  claire  ,  qui 
doit ,  difent-ils ,  fon  commencement  à  l'urine  du 
cheval  de  Chederles.  L'hippocrène  des  Poètes  fut 

_  moins  grollièremenr  imaginée.  Ils  montrent  fort 
près  delà  les  tombeaux  de  fon  palefrenier  &  de  fon 
neveu,  où  ils  difenr  qu'il  fe  fait  continuellement 
des  prodiges  en  faveur  de  ceux  qui  les  invoquent. 
Ils  prétendent  que  fi  l'on  avale  une  infufion  de  la 
raclure  des  pierres  &  de  la  terre  où  Chederles  s'ar- 
rêta  pendant  qu'il  attendoit  le  dragon,  c'efl:  un  re- 
mède fur  contre  la  fièvre  ,  le  mal  de  tête  &  contre 
le  mal  des  yeux.  Voyei  dans  les  hiflioires  orientales 
de  Poficl ,  julqu'où  va  la  fuperflition  des  Turcs  pour 
leur  ChederUs, 

CHEF.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  aurrefois  la  tête 
de  l'homme,  la  partie  la  plus  élevée  dans  l'homme , 
&  qui  n'efl:  plus  en  ufage  qu'en  Poefie  &  en  matière 
de  dévotion.  Caput.  Ainii  Corneille  a  dit  dans  le 
Cid  : 

Et  le  mortel  auront 
Qui  tombe  fur  mon  chef,  rejaillit  fur  ton  front. 

Il  y  a  plufieurs  chefs  ,  plufieurs  reliques  de  Saints 
dans  cette  Eglife.  On  conferve  dans  l'Eglife  d'A- 
miens le  chef  Aq  S.Jean.  Chef  k  ditaudî  dans  le 
ftyle  burlefque  ,  pour  fignifier  la  tête ,  la  perfonne. 
Je  n'air  fait  aucune  chofe  qui  doive  attirer  fur  mon 
chef  un  fi  déplorable  méchef  Bens.  On  dit  auili  en 
parlant  férieufement ,  le  chef  de  MéduCe. 

Nicod  dérive  ce  mor  du  grec  xitpu?^^  ,  fignifiant 
zite  comme  qui  diteceph,  aulll-bien  qu'Henri  Ef- 
tienne  -,  mais  Ménage  fourient  qu'il  vient  de  capo, 
qui  a  été  fait  de  caput. 

Chef  ,  fe  dit  encore  à  préfent  en  parlant  des  befliiaux. 
Capita.  Ccrhommea  deux  cens  chefs  de  bêtes  à 
cornes  qu'il  a  donné  à  chepreil  à  fon  Fermier.  Il 
y  a  deux  cens  chefs  de  volailles  dans  cette  baffe- 
cour  -,  pour  dire  ,  tant  de  pièces, 

^3"  Tête ,  chef.  Le  fécond  de  ces  mors  n'efl;  d'ufage 
dans  le  fens  lirréral ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  que 
quand  on  parle  des  reliques  des  Saints  :  le  chef  de 
S.  Jean  ,  de  S.  Denis  :  mais  ils  font  tous  deux  fort 
ufités  au  figuré  ,  avec  certe  diflFcrence  que  le  mot 
de  tête  convient  mieux  lorfqu'il  efl:  queflion  de  place 
ou  d'arrangement,  &  que  lemotde  fAt/'s'emploie 
très-proprement  lorfqu'il  s'agit  d'ordre  ou  de  fubor- 
dination.  Svn.  Fr.  . 

^CT  On  dit  la  tête  d'un  bataillon ,  d'un  bâtiment  ;  5c 


.C  H  E 

le  chef  d'une  entreprife ,  d'un  parti.  On  dit  àu/H  , 
être  à  la  tctc  d'une  armée ,  &:  commander  en  chef 
Ilfiedbien  au  Chef  de  marcher  à  Iztùe  des  troupes. 

§3"  Ce  mot  chef  à  différentes  acceptions  au  figuré  , 
relatives  à  la  iituation  de  cette  partie,  qui  eft  la 
plus  élevée  ,  &  à  fa  fonétion  dans  le  corps  humain. 

§3"  On  le  dir  de  celui  qui  elt  le  principal,  le  pre- 
mier, qui  a  le  premier  rang  ,  la  principal aurorite. 
Pnnceps,  caput,  Jesus-Chmst  efl:  le  CYze/'ir.vili- 
blc  de  l'Eglilé.  Le  Chancelier  efl:  le  Chef  de  la  Juf- 
tice ,  &:  de  tous  les  Confeils  du  Roi.  Le  Premier 
Préfident  efl  le  Chef  du  Parlemcnr. 

Il  fe  dit  auHi  au  féminin.  La  Reine  Anne  d'Au- 
triche s'eft  rendue  la  Proteélrice  ,  le  Chef,  Se  la  Ré- 
gente fouveraine  de  la  Confrairie  de  N.  D.  des  fept 
douleurs ,  érigée  en  l'Eglife  des  Auguftins  Dcchau- 
fes,  &c.  Lett.  Pat.  du  lo  Novembre  i  <j 5  6.  Pe  Maire, 
Paris  anc.  &  nouv. 

Chef  ,  lé  dit  encore  en  termes  de  Guerre.  Dux.  Aga- 
memnon  étoit  le  Chef  des  Grecs  qui  aifiegèrent 
Troye.  Tous  les  Chefs  de  l'armée  s'aficmblcrent , 
c'eft-à-dire,  tous  les  principaux  Officiers.  On  lan- 
guir avec  le  pieux  Enée  de  f^irgile,  SC  avec  tous 
ceux  qui  accompagnoienr  ce  Œe/médiocre.  S.  Evr, 
Les  Romains  onr  quelquefois  réfufé  le  triomphe  à 
d'utiles  victoires,  parce  que  la  conduite  du  Chef  ne 
répondoit  pas  à  fon  bonheur.  Mont.  Quand  une 
populace  efl  frappée  d'une  vaine  image  de  Religion, 
elle  obéit  plutôt  à  des  devins ,  qu'à  fes  Chefs.  Vauç. 
On  appelle  chef  de  file ,  le  foldat  qui  efl  au  pre- 
mier rang  d'un  bataillon.  Miles  principalis.  Chef 
de  demi-fiU  ,  celui  qui  efl  le  quatrième  ,  quand  les 
bataillons  ne  font  compofés  que  de  fix  foldats  de 
hauteur. 

Chef,  fe  dit  aufîi  de  ceux  qui  font  les  premiers  en 
quelque  charge,  quoiqu'ils  n'aycnt  pas  droit  de  com- 
mandement fur  les  autres -,  mais  feulcmenr  quelque 
prérogative.  Prafeclus.  Comme  ,  le  Chef  d'une  dé- 
puration porte  la  parole  ,  le  Chef  de  gobelet  donne 
à  boire  au  Roi.  Un  Chef  de  Panncterie.  Chef  da 
Cuifine.  CAffd'Echanfonnerie,  Chef  de  Fruiterie, 
6'c.  La  Dauphine  avoir  deux  Chefs  de  Panneterie 
&  deux  Chefs  d'Echanfonnerie.  Valbonnet. 

Chef  de  parti,  C'eft  celui  qui  fe  met  à  la  tête  de  quel- 
que parti ,  de  quelque  faélion ,  qui  en  fait  mouvoir 
les  reflbrrs ,  &:  fans  les  avis  duquel  on  ne  fait  rien. 
Dux  partium ,  faclionis  ,  feclœ.  Combien  de  gens 
fe  confolent  de  voir  l'Eglife  divii'ée ,  parce  qu'ils 
fe  voient  Chefs  départi  !  Benn.  Le  Prince  deCondé 
éroit  le  Chef  muet  de  la  conjurarion  d'Amboife. 
Maimb.  Les  mutins  étoicnt  d'autant  plus  formida- 
bles ,  qu'ils  avoient  à  leur  tête  un  Chef  infolent  & 
audacieux.  S.  Evr. 

Cmv-d'Efcadre.  f.  m.  Terme  de  Guerre  &:  de  Ma- 
rine, C'eft  le  nom  d'un  Officier  Général  des  armées  _ 
navales ,  qui  commande  un  détachement  ou  divi- 
fioFi  de  vsifléaux,  La  charge  de  Chef-d'Efcadre  eft 
à  peu  ptès ,  fur  mer,  ce  qu'eft  celle  de  Brigadier  fut 
terre.  Les  Chefs-d'EJ'cadre  ont  fcance  &  voix  dc- 
libérative  dans  le  confeil  de  guerre.  La  Cornerre 
eft  le  pavillon  du  Chef-d'Efcadre  II  faur  faire 
fentir  la  lettre  /,  en  prononçant  le  mot  Chef- 
d'Efcadre. 

Chef,  fe  dit  encore  dans  les  famille  sSc  les  maifon» 
parriculières.  Caput ,  Paterfamilias.  Il  y  a  tant  de 
Chefs  de  famille  dans  cette  Paroiffe.  Un  tel  Sei- 
gneur eft  Chef  d\i  nom  &c  des  armes  de  cette  Mai- 
fon ,  c'eft-à-dire  ,  l'aîné  ou  defcendant  de  l'aîné  : 
c'eft  lui  feulqui  doitporrer  les  armes  pleines  delà 
Maifon.  On  l'appelle  en  quelques  lieux ,  Chef- 
d'hoflie;  pour  dire,  d'hôreli&  en  la  Coutume  de 
Saintonge  &  de  Poitou ,  Chemier, 

Chef  ,  fe  dit  aufïï  d'une  perfonne  particulière ,  ea 
quelques  phrafes  :  comme  ,  il  a  dit  cela  de  fon  chef 
à  feipfo  ;  pour  dire ,  de  lui  -  même ,  fans  milfion 
ni  pouvoir ,  de  fa  tête ,  de  fon  autotité  privée.  Cet 
Auteur  ne  dit  rien  de  fon  chef,  il  emprunte  tout 
des  autres,  Il  n'a  point  de  bien  de  fon  chef  ;  mai« 

il 


CHE 

il  a  beaucoup  hérité  du  chef  de  Con  oncle,  de  Ton 
côté  ,  du  côté  de  Ion  oncle. 

On  ditauiîi,  &  louvcncen  mauvaife  part,  dire 
ou  faire  une  choie  de  fon  chef,  c'eft-à-dire  ,  ihns 
conlulter  perfonne  ,  lans  avoir  d'autorité  pour  cela; 
&i  quelquefois  mcme,rur-tout  quand  on  parle  de  jeu- 
nes i^cns  ou  d'autres  perfonnes  qui  par  leur  état  no 
doivent  rien  taire  ians  conléil',  taire  une  choie  de 
ion  c/it;f,  c'eft  la  taire  lans  railbn  ,  par  purefantr.i- 
lie.  Un  infciieur  ne  doit  pas  de  l'on  chefpzomcms 
ce  qui  dépend  de  la  volonté  de  Ion  lupcricur.  Un 
Commis  ne  doit  pas  de  ion  cAe/ écrire  au  nom  de 
fbn  maître.  Ce  que  nous  aurions  pu  mettre  ,  n'eût 
pas  été  le  texte  indubitable  de  l'Evangile,  &  il 
nous  doitluftirc  de  lerepréfcnter  tel   qu'il  eft,  lans 
en  retrancher  rien  ,  mais  auiîl  lans  y  rien  mettre  Je 
notre  chef.  P.  Bouhours  ,  Pref.  du  N.   T. 
Chef,  le  dit  encore  du  commencement  d'une  pièce 
de  toile  ,  de  drap ,  ou  d'une  autte  étoffé.  C-z^i^K/.  Le 
chef  d'une  pièce  cfl  toujours  plus  grolîler ,  n'eft  ja- 
mais li  beau  que  le  milieu.  On  l'appelle  auHi  la 
tête. 
Chi?  d'Ocloire ,  pour:  dire,  le  premier  jour  d'Octo- 
bre. Cette  cxprcllipnell  ui;tce  non  feulement  dans 
les  baux,  mais  encore  dans  le  difcotirs  familier, 
&  dans  le  ftyle  didactique.  La  rente  ,  la  penfion 
écheoit  au  jour  de  S.  Rémi ,  chefd'Ociohe. 
Chef,  en  termes  de  Charpenterie  j  eft  la  partie  qui 
termine  le  devant  d'un   bateau.   Pars  ex  tréma.  Cq 
foncet  a  tant  de  toiles  entre  chef&c  quille  ,  c'eft- 
à-dire  ,  depuis  le  fond  qui  commence  à  lé  courber , 
jufqu'à  l'autre  bout.  Sur  la  mer,  oh  appelle  cette 
partie  ejirave. 
Chef  ,  fe  dit  auifi  ,en  quelques  lieux  de  la  mer  ,  pour 
lignifer  cap  ou  promontoire,  &  fur-tout  en  Nor- 
mandie &  en  Poitou.  Cornu ,  promontoriutn.  Chef 
de  Baye  ^  cap  à  une  lieue  de  la  Rochelle. 
Chef  ,  lignifie  encore  ,  en  termes  de  Marine  ^  un  bout 
de  cable  qUi  eft  amatré  à  l'arrière    d'un  vailfeau 
qu'on  veut  lancer  à  l'eau ,  &  à  une  boucle  de  fer 
ou  à  un  pieu  qui  eft  en  terre.  On  coupe  le  c/zf/avec 
une  hache,  lorfque  le  vailfeau  peut  être  lancé. 
Chef  lignifie  encore  ,  chapitre  ,  article  en  fait  de  lit- 
térature ou  d'affaires.  C^jPJ/f.  Toute  cette  doCtrine 
fe  peut  réduire  .x  tant  de  chefs.  Il  y  a  plulieurs  chefs 
d'accufation  contre    un    tel.    Il  n'eft  appelanr  de 
cette  fcntence  que  d'un  i:Ac;/"qUi  lui  fait  préjudice. 
Cette  requête  contient  tant  de  chefs  de  demande. 
On  dit  en  cefens,  au  Palais  ,  qu'une  fentence  eft 
prélidiale  au   premier  chef  de  l'Edit ,  lorfque   la 
condamnation  définitive  n'excède  pas  150  livres, 
Prirnum  caput  ;  qu'elle  eft  au  fécond  chef,  quand 
elle  ne  juge  par  provilion  que  jufqu'à  500  livres.  On 
ditaulli,  un  crime  de  lèze-Majefté  au  premier  chef, 
quand  il  concerne  la  propre  perfonne  du  Roi.  Cri- 
men  in  ipfum  Re^em  ,  in  ipfam  Principis  perfonum 
admiffum.  Au  fécond  chef,  quand  il  concerne  l'Etat, 
comme  la  faulTe  monnoie  ,  &c. 
Chef.  Terme  de  Coutumes,  Ce  mot  chef,  joint  à  quel- 
ques autres,  fe  dit  de  plulieurs  choies  dans  le  Droit  , 
dans  les  Coutumes ,  6'c. 
CnEF-ct/ii-.  On  appelle  chef-cens  ,Primigenius  cenfus, 
primitivum  vecliiial  ,\e  premier  cens  dû  fur  un  hé- 
ritage, paropnoiition  ïjurcens  ,  fecundarimn  vec- 
tigaLVoycT.  Cens. 
Chef-Z/Vw,  fedit  des  lieux  principaux  &  dominans 
d'une  Seigneurie ,  d'un  Ordre  ,  &c.  Dynafice  prin- 
ceps  bajilica.,  Ordinis  domus primaria.  C'eftlelieu 
où  le  principal  manoir  du  Seigneur  eft  alfis.  Il  tant 
aller  rendre  foi  &  hommage  au  chef-lieu,  au  lieu- 
chevel  du  fief  dominant  dont  on   relève.  Dans  la 
Coutume  du  Comté  d'Hainaut,la  ville  de  Mons, 
qui  eft  la  capitale  du  Comté,  eft  appelée  c/ie/-//V«. 
Dans  pluficurs  Coutumes  des  Pays-Bas ,   chef  lieu 
veut  dire  Banlieue. 
CuhT-lieu  ,  en  matière  de  Finance  ,   fe  dit  de  la  Ville 
capitale  d'une  Généralité  ,  où  eft  le  Bureau  de  la 
recette  générale  des  Finances,  &:  où  les  Receveurs 
des  tailles  apportent  les  deniers  «fe  leur  tccetce* 
Tome  II, 


CHE  497 

§Cr  En  matière  béné/iciale  ,  chef  lieu  ledit  duprin-i 
cipal  manoir  d'un  bénéfice  qui"  a  d'autres  béncriees 
oa   annexes  dans  fa  dépendance. 

^$3"  C'eft  encore  la  principale  maifofi  d*un  Ordre  ré* 
guiierou  aurre,  compofe  de  plulieurs  mailbns. 

CuLF-Mets.  Quelques-uns  ccn\em,  chef-mais ,  chef- 
mois.  C'eft  le  principal  manoir  d'une  fucceffion. 

Cm^-d" Ordre.  C'eft  la  principale  Mailbn  de  l'Or^ 
dre,  &  celle  dont  les  autres  dépendent.  Les  Ab- 
bayesqui  iomchefs-d'Ordre  font  toutes  Régulières, 
&  c'elt-la  où  fe  tiennent  les  Chapitres  généraux  1 
comme  Cluny,  Prémontré,  Cîteaux.  On  a  réuni 
cette  Abbaye  à  zzt  Evêché ,  tant  en  chef ,  qu'en 
membres. 

CHEF-v^'t;/o-/z^Kr;  Ternie  de  Coutumes.  Ce  mot  lignifié 
Seigneur  féodal,  fuzerain  ,  cenlier ,  foncier:  il  fi- 
gnifie  aulîî  Seigneur  du  lîef-chevel  d'où  dépendent! 
les  autres.  Tout  homme  qui  poiîédeun  fiefnoblei 
&  qui  tombe  en  garde,  t.'k  chefSci^neur ,  mais  il 
n'clt  pas  néceifaire  que   le  chef-Seigneur  relève  im-' 

Ch 


caput ,  fn. 
font  trois  Heurs-de-lys  d'or  en  champ  d'azur  ,   deuji 
en  chef.  Se  une  en  pointes 

Chef,  lé  dit  plus  particulièrement  d'une  des  î!>ièce3 
honorables  dont  l'écu  eft  chargé.  C'eft  celle  qui  fe' 
met  au  haut  de  l'ccii ,  &:  qui  doit  contenir  la  rroi- 
l;èm;- partie  de  fa  hauteur.  Coronis.  Quand  on  taille 
l'écu  en  pierre  ,  ou  en  relief,  le  chefis  relèVe  ,  & 
frit  une  éminence  par  deliùs  le  refte.  Il  repréiénte 
l'ancien  diadème  des  Rois  ou  des  Prélats ,  ou  le 
timbre  ,  ou  le  calque  du  cavalier.  Souvent  il  eft  fans 
ornement,  mais  d'un  autre  émail  que  l'écu,  Souvent 
aulll  il  eft  chargé  de  diverfes  pièces,  &  qui  ont  di-* 
vers  orncmcns.  Il  y  a  des  chefs  cchiquetés ,  co- 
ronis  tefjellata  ;  lofangés ,  jcutuLua  ;  hermines  ^ 
rnujic'l/is  albis  fparj'a  ;  emmarfchés,  runcmata  ; 
dentés ,  deniiculata  ;  de  vair ,  petafata ,  &c. 

Le  chefahaiffe  ,  fe  dit  quand  le  chef  cil  détaché 
du  bord  fupérieur  de  l'ccu  par  la  couleur  du  champ 
qui  le  furmonte  &  qui  le  rétrécir  du  tiers  de  fa 
hauteur,  depreff'.i.  Er  quand  il  eft  féparé  du  bord 
par  une  autre  couleur  que  celle  du  champ  ,  on 
VaçpsWz  furmonte  ,  operta.  On  l'appelle  auffi  cA^-A 
chevronné,  canthcriata  ;  chef-paU ,  palata  ;  chef- 
bande ,  tceniata ,  &c.  quand  le  chef  a  un  chevron  i 
un  pal ,  ou  urle  bande  qui  le  touchent  du  même 
émail  que  lui. 

Cuiv-coufu,  eft  un  chef  de  couleur  aufïl-bien  que 
le  champ  de  l'écu  ,  quoiqu'elle  Ibit  différente.  Àf-^ 
futd.  Car  afin  que  les  armes  ne  fuient  poinr  fnufles , 
&  qu'il  n'y  ait  point  couleur  iùr  couleur  ,  ni  ir.é- 
tal  fur  métal ,  on  a  feint  qu'on  avoit  rogné  l'écu 
par  ledeifus.  &  qu'on  y  avoit  couiù  &'  collé  à  la 
place  \\n  autre  chef  qui  garde  le  môme  nom  avec 
l'épithètc  de  coufu, 

CùEv-retrait ,  fe  dit  quand  \c  chef  c(ï  moindre  que 
la  troifième  partie  de  l'écu,  Accifa  ,  rupta.  On  l'ap- 
p^ile  aulfi  chef-rompu. 

CHv.v-foutenu,  fe  dit  lorfque  les  deux  troifièmes  parties 
du  chef  font  au  haut  de  l'écu  ,  &  que  la  troilîème 
parti?  qui  eft  en  bas,  eft  d'un  autre  émail.  Fulta, 

Chef.  Nom  d'un  bandage  pour  la  faignée  du  fronts 
Il  le  fait  à  peu  près  comme  le  difcrimen,  de  avec  la 
même  bande,-  excepté  qu'au  lieu  de  palier  par- 
dcliùs  la  future  faL^ittale,  on  va  le  long  de  la  partis 
moyenne  du  pariétal,  &  l'on  renverfe  le  bout  de 
la  baridc  fur  la  partie  moyenne  de  l'autre  pariétal  •,■ 
en  forte  qu'on  forme  Une  efpèce  de  petite  barque 
fu*  la  tcre. 

On  appelle  aulîi  chef,  le  rouleau  d'une  blinde» 
Lorfqu'on  la  roule  par  los  deux  bouts,  on  la  nomma 
bande  roulée  à  deux  chefs. 

CiîEF  ,  par  rapport  aux  Soldats,  eft  celui  qui,  danS 
une  chambrée,  eft  le  plus  ancien  ,  comme  un  Ca- 
poral ou  un  Anfpeflade,  &  qui  a  foin  de  leur  fub" 
fiftance,  tant  en  garnifon,  qu'en  campagne.  On  dit, 
c'/:-/dc  chambrée ,  povir  fignifier  celui  qui  eft  chargé 


49^ 


C  H  E 


du  loin  d'aller  ou  d'envoyer  à  la  proviiîon  ,  pour 
faire  vivre  les  camarades ,  qui  l'ont  ordinairement 
au  nombre  de  cinq ,  fept  ou  neuf.  Chez  les  Ro- 
mains ,  un  chef  de  chambrée  s'anpeioit  Dixainicr. 
Decanus. 

CuiT-d'cau.  Terme  de  Marine.  On  appelle  ainlî  la 
haute  marée. 

Chef  fe  dit ,  parmi  les  Maures  Colffetiers-Malletiers , 
de  la  double  ficelle  qu'ils  emploient  pour  taire  les 
coutures  des  ourlets  &  trcpointes  de  pluficurs  de 
leurs  ouvrages.  Coufu  à  deux  chafs. 

Chef,  On   appelle  dans    une   Boulangerie,  où  l'on 

fait  le  bifcuit  de  mer ,  le  chef  d'une  fournée  ,  un 

morceau  de  pâte  du  poids  d'environ  vingt  livres , 

-que  l'on  tire  du  levain  de  la  dernière    tournée  , 

pour  travailler  aux  fournées  fuivantes. 

Chhf  iili  iemps.  Vhiis.ie  adverbiale,  qui  fut  autre- 
fois en  ulage  ,  &fe  trouve  dans  Marot.  Elle  lignifie 
enfin ,  à  la  fin  du   temps.   Tandem. 

Chef  de  Bureau,  titre  qu'on  donne  au  premier  Com- 
mis d'un  Bureau  chargé  d'une  atïàire  ,  &  qui  a 
infpedion  llir  d'autres  Commis  qu'il  fait  tra- 
vailler. 

ChlF  des  Saints.  Dans  le  IV^  fiècle,  Maxime  &  Fa- 
dir  j  chefs  de  Circoncellions,  lééle  des  Donatiftes, 
.    prirent  le  titre  de  Chefs  des  Saints. 

Chef,  (en)  le  dit  adverbialement,  pour  marquer 
la fupériorité  &  le  premier  rang,  &  le  titre.  Su- 
premns  Prœfeclus  ;  fummo  cum  imperio  Prœfecl::s. 
Il  eft  Gouverneur  en  c/zt/ d'une  telle  place,  c'cft- 
à-dire ,  en  titre ,  &  non  point  par  commiilîon  ni 
fubordination.  Le  Greffier  en  chef  du  Parlement, 
c'eft  le  Greffier  titulaire ,  qui  a  droit  de  ligner  les 
Arrêts,  le  Greffier  principal  d'une  JuridicVion. 

Mettce  à  chef,  ou  venir  à  chef,  lignifie  ,  ache- 
ver ,  venir  à  bout,  yid  exitiim  perducere.  Les  Hé 
ros  ont  entteptis  plulîeurs  aélions  difficiles ,  qu'ils 
ont  miles  à  chef. 

Le  pis  de  leur  méchef. 
Fut  qu'aucun  d'eux  ne  put  venir  à  chef 
De  fon  deffein La  Font. 

Chef.  f.  m.  Nom  d'homme.  Theuderius ,  Theodarius. 
Theudier ,  que  le  vulgaire  appelle  faint  Chef,  ou 
faint  Chetf,  de  famille  honnête ,  naquit  au  terri- 
toire de  Vienne,  en  Dauphiné,  vers  le  comraen- 
ccmenr  du  VI=  fiècle.  Il  y  avoir  alors  à  Vienne  une 
courume  fort  fingulière.'On  y  choifiHbit  un  So- 
litaire ou  un  Religieux  ,  que  l'on  croyoit  plus 
avancé  dans  la  perfedlion.  On  le  renfermoit  dans 
une_  cellule,  où  il  s'engageoit  de  palier  le  refte  de 
fes  jours  à  prier  fans  cclfe  pour  la  ville ,  pour  dé- 
tourner les  malheurs  que  leurs  péchés  pouvoienr 
leur  attirer.  Saint  Chefiai  choifi  -,  on  le  tira  de  Ion 
Alonaftère  ,  &:  on  l'enferma  dans  une  cellule  ,  où  , 
après  avoir  demeuré  douze  ans ,  il  mourut  l'an 
57  V 

CHEF-D'ŒUVRE,  f.  m.  Prononcez  chè-d'euvre. 
Ouvrage  exquis  &  extraordinaire  de  quelque  art 
ou  fcience.  Opus  elegans  ,  elaboratum  ,perficlnrj:. 
L'Eglife  de  S.  Pierre  de  Rome  elt  un  chef-d'xu- 
rre  d'Architedhire.  Le  frontifpice  du  Louvre  eft 
lin  autre  chef-d'œuvre.  Cinna,  les  Horaccs  ,  An- 
dromaque,  font  des  chef-d'ctuvres  dramatiques.  Le 
Jugement  de  Michel-Ange  cil  un  chef-d'œuvre  en 
Peintute.  Les  Amans  appellent  auflî  leur  Maîtreiîe 
im  chef-d'œuvre  de  la  nature.  Les  moindres  ouvra- 
ges de  Dieu  font  des  chef-d'œuvres.  L'art  ,  dans 
fes  plus  beaux  chef-  d'œuvres  ,  n'a  fair  qu'i- 
mirer  grofllcremenr  la  nature.  P.  Dan.  Les  jan- 
féniftes  ont  pvoné  [e-i  Lettres  Provinciu/es ,  comme 
le  chef-d'œuvre  de  l'elprit  humain.  Id. 

Chef-d'œuvre  ,  fe  prend  auffi  quelquefois  en  mau- 
vaife  part ,  &:  pour  lignifier  un  ouvrage  ridicule. 
Opus  ridiculum.  A  vous  dire  le  vrai ,  cette  haran- 
gue croit  im  chef-d'œuvre  d'impertinence  \  &:  en 
lalifant,  j'aidélérpérc  dufalut  de  Ion  efprit.  Balz. 

C^HEf-D'ŒUYRE  fignifie  ,  chez  les  Anifans,  un  ouvrage 


CHE 

qu'ils  font  pour  faire  preuve  de  leur  capacité  dans 
le  mener  où  ils  veulent  fe  faire  palier  Maîrres. 
§Ç?  Tous  les  afpirans  à  la  maîtrife  fubillent  cette 
efpèce  d'examen  dans  chaque  métier ,  en  prélence 
des  Jurés.  Artis fpecimen.  Il  y  a  des  Maîtres  de 
lettres ,  &  des  Maîtres  de  chef-d'œuvre^.  Les  fils  de 
Maîtres  font ,  au  lieu  de  chef-d'œuvre  ,  une  limple 
expérience.  Le  chefd'œuvre  des  Selliers  eft  un  ar- 
çon à  corps  ;  celui  des  Boulangers  eft  du  pain  broyéj 
celui  des  Saveriers  un  foulier  qui  fe  rerourne;  ce- 
lui des  Maçons  ,  une  pièce  de  trait ,  telle  qu'une 
defcente  biaife  par  tête  &  en  talus  qui  rachète  un 
berceau  ;  celui  des  Charpentiers ,  la  courbe  ram- 
panre  d'un  efcalier  à  vis  bien  dégaucliie  -,  celui  des 
Serruriers ,  une  ferrure  de  coffire"  fort ,  ou  quelque 
panneau  de  rampe  d'efcalier  ;  celui  des  Menuilicrs, 
une  armoire  ,  un  coffre  de  moderne  à  fond  de  cuve  , 
un  chambranle  de  porte  ou  de  cheminée  ;  celui' 
des  Couvreurs  ,  une  lucarne  proprement  raccor- 
dée en  fa  foutchcrte  avec  un  comble  ;  celui  des 
Plombiers  ,une  cuvette  à  cul  de  lampe,  ou  un  ca- 
non de  gouttière  ,  enrichi  de  moulures  bien  abou- 
ties \  celui  des  Vitriers  un  panneau  de  comparti- 
ment de  verres  de  couleurs  ,  caves ,  encaftrcs  & 
allèmblés  avec  du  plomb  de  chef-d'œuvre  ;  celui 
des  Paveurs  ,  une  rofe  de  petit  pavé  de  grès  &■.  de 
piejre  à  fufil  ,  &c.  Mais  on  dit  que  le\->rincinal 
point  eft  de  bien  arrofer  le  chef-d'œuvre  ,  c'cft-à- 
dire ,  de  faire  bien  boire  les  Jurés. 

On  dit  à  ceux  qui  ont  brifé  ou  ca/îé  quelque 
choie  ,  ou  fait  quelque  aiTrion  d'étourdi  &  nuili- 
ble  à  quelqu'un  ,  voilà  de  vos  chef  d'œuvres  ,  voilà 
un  beau  chef-d'œuvre. 

Il  ne  faut  point  faire  fentir  Vf  en  prononçanj 
le  mot  de  chef-d'œuvre. 
CHEFCIER  ou  CHEFECIER  ,  ou  CHEVECIER.  f, 
m.  Nom  d'une  dignité  dans  les  Eglifes.  Crpice- 
rius  ,  Capitiarius.  On  écrit  plus  communément  che- 
vccier.  Les  uns  dilént  que  c'étoit  la  même  chofe 
que  le  Pr'imicerius  ,  c'eft-à-dire ,  le  premier  inlcric 
dans  la  marricule  d'une  Eglife ,  Se  "que  de  même 
qu'il  étoit  nommé  pour  cela  Primicerius  ,  c'eft-à- 
dire,  le  premier  de  la  matricule,  du  catalogue  ap^^ 
pelle  cera  ,  parce  qu'on  écrivoir  ce  catalogue  fur 
une  petite  planche  enduire  ou  couverte  de  cire; 
on  l'appeloit  auffi  dans  le  même  fens  Capicerlus, 
en  ftançois  Chefciér  ;  de  caput ,  chef,  &  cera,ca)- 
talogue  ,  parce  qu'il  étoit  le  chef,  c'eft-à-dire ,  le 
premier  dans  le  catalogue  ou  la  matticule  de  l'E- 
glifc.  IJC?  Celui  qui  étoit  matqué  le  fécond  àins 
la  table,  s'appeloit  Secondlcerius  ,  comme  qui  d> 
lo'ii  fecundus  in  cerâ. 

D'autres  prétendent  que  le  chefciér  étoit  celui 
qui  avoit  foin  des  ornemcns  des  Miniftres  des  Au- 
tels ,  une  efpèce  de  Sacriftain.  Ceux  qui  font  de 
ce  fentiment ,  dérivent  ce  nom  de  Cupitium  ,  qui 
fignifie  la  partie  d'une  Eglife  qui  eft  derrière  l'Au- 
tel,  où  eft  ,  difent-ils  ,  la  Sacriftie  ,  &  qu'on  ap- 
pelle en  ftançois  chevet  ou  chevais.  C'eft  le  l'en-' 
riment  des  Bénédictins.  Acla  SS.  Bened.  fxc.  III , 
P.  I  ,p.  3  lo.  Ce  lénrimenr  ne  paroîr  pas  bien  fondé. 
Dans  nos  anciennes  Eglifes  ,  la  Sacriftie  n'eft  poinc 
derrière  l'Autel ,  mais  à  côté  de  l'Autel ,  &  avancée 
plutôt  en  devant,  que  reculée  vers  le  derrière  de 
l'Autel.  L'Auteur  de  l'hiftoire  de  S.  Aignan  d'Or- 
léans,  le  tire  <î  capiendicerâ,  de  ce  qu'il  prenoil 
la  cire  ,  parce  qu'il  avoit  foin  des  cierges  &  du 
luminaire.  Enfin ,  d'autres  femblent  le  dériver  de 
capa  ,  chape  ,  &  cerct  t,  cire  -,  quand  ils  difent  que  le 
Chefciér  eft  un  Officier  qui  avoit  foin  des  chapes 
&  de  la  cire. 

Les  Macri,  VoIîius&:  Meurfius  ,  alTurent  que  le 
Chefciér  eft  celui  qui  levoit  un  tribut  qui  fe  pre- 
noit  par  têre  ,  une  capitation  ;  &  que  ce  mot  s'eft 
j  fotmé  de  capitcicio.  Le  premier  fenriment  paroît  le 
plus  vrai.  Le  Chefciér  de  S.  Etienne  des  Grès  & 
des  aurres  Collégiales  qui  ont  cette  dignité ,  n'en 
eft  pas  le  Sacriftain  ,  mais  le  chef  &  la  première 
dignité,  FoyefUwz-wi.ç.ihK. 


CH 

CHEFVETAINE.  f.  m.  Vieux  mot.  Crtpitam^. 
IfT  CHEGIi.  Petite  ville  de  la  haute  Hongtie  ,  ca- 
pitale du  Comté  qui  potte  ion  nom  ,  fur  une  btan- 
che  de  la  Teiiîc, 
CHEGOS.  r.  m.  Poids  dont  les  Pottugais  fe  ferveiu 
aux  Indes  pour  peier  les  perles.  Il  faut  quatre  che- 
gos  pour  faire  un  carat. 
CHEGROS  ou  CHIGROS.  f.  m.  Filet  enduit  de  poix, 
avec  lequel  les  Savetiers  ,  Boureliers  &:  autres  ou- 
vriers,  coufent  &  attachent  les  cuirs.  Linum  fiuo- 
riitm.  On  l'appelle  autrement  ligneul.  Le  mot  de 
che'^rvs  ne  ie  trouve  que   dans  Nicod,  qui  avoue 
que  plufieurs  àiknx.  Jii-gros  au  lieu  de  chegros.'Ei 
en  eifjt ,  on  ctoit  que  fil-gros  ell:  beaucoup  meil- 
leur. Plufieurs  prononcent  ehigros ,  au  lieu  de  ckc- 
gros  ,  particulicremeni  en  Picardie,    f^oy^'i  Fil- 
Gros. 
IP"  CHEIROBALISTE  ou  CHIROBALISTE.  f.  m. 
Baliric  à  la  main  ;  machine  pour  lancer  des  flèches 
à  la  main,  yj  ip,  marins  ,  main;  &  balifla,  balifte. 
Voye^  ce  mot. 
CHEiT-A-BUND.  Sorte  de  foie  qui  fe  fait  dans  les 
Etats  du  Mogol  ;  elle  tient  le  iecond  rang  parmi 
les  iix  efpèces  qui  s'y  recueillent. 
GHEILOCACE.  f.  f  Laknjulcium.  Crevaifc  à  la  lè- 
vre. Le  Labrifulcium  ,  ou  l'ouverture  de  la  lèvre 
fupcrieurc   ,    ell:  un    lymptôme    concomitant  des 
écrouelles.   Voye?^  le  Dicx.  or  James. 
IJCT  CHEKAO.f.m.  Efpcce  de  pierre  que  les  Chinois 
font  entrer  dans  la  compofition  de  la  porcelaine. 
Elle  cil:  formée  de  filamens  &  de  Ifries  allez  fembla- 
bles   à  ceux  de  l'amiante.  Quand  on  la  calcine  , 
elle  fc  réduit  en  plâtte. 
|p°  CHEKIANG.  Province  de  la  Chine,  fut  la  côte 
otientaie  ,  entre  Nanking  &  Fokien.  Elle  com- 
prend onze  grandes   villes  qui  ont  chacune  leur 
territoire. 
CHÉLE  ,  f.  f.  fignific  une  fonde  crochue,  dont  on  fe 
fert  pour  extraire  les  polybes  du  nez  ,  y_nxl^  Il  en  eft 
parlé  dans  Hippocrate  3  Z,/'^.  II de  Aîoréis  ,  dedans 
Ruffus  Ephelius ,  cap.  4. 
CHELEZZI.  {.  m.  Officier  de  la  maifon  du  Grand- 
Seigneur  ,  Grand-Dépcnfier ,  qui  a  fous  lui  trente 
Soufchelezzi,  lefquels  ont  la  garde  des  menues  pro- 
vilions ,  comme  ris ,  miel ,  olives ,  fromages,  beurre, 
fucre,  &  lemblablcs  choies ,  &  dix  Calvagis.  Vigen. 
Illufi.  fur  rHi/L  de  Chalc.  p.  557. 
^  CHÉLICIE.  Petit  Royaume  d'Afrique  ,  dans  la 
balle  Ethiopie  ,  près  de  ceux  de  Siam  ôc  d'Am- 
paza. 
CHELIDOINE.  f  m.  Chelidonius.  Nom  d'homme. 
Prudence  compofa  ilir  la  fin  du  IV  lîècle  ,  un  poëme 
fous  le  titre  des  Couronnes  ,  divifé  en  quatre  chants , 
dont  le  premier  ell  conlacrc  à  la  mémoire  des  deux 
faints  frères,  Emetcre  &  Chéluioine  ,  qui  Ibutfrircnt 
dans  la  ville  de  Calahorra.  Baillet  ,  11,  de  Mars. 
ChÉlidoine.  f  f  Autrement  la  grande  éclaire.  C^e- 
Udoniuin  majus  ou   Chelidonut.  Prononcez   Keli- 
doine.  Plante  qui  a  pris  fon  nom  du  mot  grec  x-xi^ùi 
qui  lignifie  une  hirondelle  ,  parce  qu'on  a  cru  ,  dit 
Pline  ,  que  cette  plante  fleurilfoit  au  retour  de  ces 
oifeaux  ,  c'eft-à-dire  ,  au  premier  printemps  ,   ou 
qu'étant  bonne  pour  la  vue  ,  les  hirondelles  s'en 
fervoicnt  pour  la  rétablir  à  leurs  petits.  Sa  racine 
'  efl:  groffe  comme  le  petit   doigt  ,  fibreufe  ,  rou- 
geâtre  en  dehors  ,  &  d'un  jaune  de  faffran  en  de- 
dans. Elle  jette  de  l'on  collet  plufieurs  feuilles  lon- 
gues au  moins  de  demi-pié ,  velues ,  d'un  vert-pâle  , 
&    découpées    profondément   en  quatre  ou  cinq 
fegmens  en  manière  d'aîlerons  rangés  comme  dans 
les  feuilles  ,  compofées  &  terminées  par  un  Çç%- 
iTient  beaucoup  plus  large  que  les  autres.  Chaque 
fegmcnt  rclfcmble  à   la  feuille  du  chêne  ,  &:  il  ell 
pareillemcnr  incifé  lut  fes  bords  en  ondes.  Les  ti- 
ges «nui  s'élèvent  d'entre  ces  feuilles  font  grêles  , 
divifées  en  quelques  branches  ,  chargées  de  quel- 
ques feuilles  aflez  femblables  à  celles  du  bas  ,  & 
font  terminées  par  des  bouquets  de  fleurs  dont  les 
|>cdiç',il.es  communs   fortent  du  côté  oppofé  des 


CM  Ë 


...    ,  4^9 

branches  de  la  tige  ,  lefquelles  branches  naiiî-nt 
aes  ailïelles  des  feui41es.  Ces  fleurs  font   jaunes  , 
couleur    de   la  teinture    du  faliran  ,  à  quatre  pé- 
tales foutenus  par  un  calice ,  à  deux  pctit.s  feuil- 
les qui  tombent  en  même  temps  que'ia  fleur  s'é- 
panouit. Des  étamines  fans  nombre  ,  &  de  la  même 
couleur  des  pétales ,  entourent  un  pillil  qui  devient 
enluitc  une  lilique  longue  de  deux  pouces  environ, 
fur  une  ligne  &c  demie  de  largeur ,  couleur  d'olive  » 
compoléc  de  deux  panneaux  appliques  fur  les  bor.ls 
cl^un  chaliis  à  jour  ;  c'eft-à-dire  ,  qui  n'eit  couvert 
d'aucune  membrane,  comme  dans  prefque  toutes 
les  autres  liliques.    Aux   deux  côtés  de  ce  chaiîis 
font  attachées  des  femences  menues ,  longuettes  j 
noires    &  luifantes  dans  leut  maturité.  Toute  là 
plante  donne  un  lue  jaune  &  acre  :  elle  efl:  très- 
apéririve.  On  en  recommande  l'ufage  à  ceux  qui 
ont  des  dartres,  foit  prife  intérieurement  dans  des 
aposcmes,  foit  extérieurement  en  fomentation.  On 
s'en  fert  aulfi  pour  les  maladies  des  yeux  ;  mais  on 
tempère  l'acreté  de  fon  fuc  avec  le  lait.  La  plante 
qu'on  nomme  çcùiq chelidoine  ,  petite  éclaire,  ou 
petite  fcrophulaire,  car  on  lui  donne  ces  noms,  ell 
tout  à  fait  différente  de  celle-ci.  Ceft  une  elpccô 
de  renoncule  qui  poufle  des  feuilles  prefque  ron^ 
des,  vertes ,  lilfes ,  luifantes  ,  nerveulés ,  plus  pe- 
ntes que  celles  du  lierre  &  plus  molles,  marquées 
quelquefois  d'une  tache  purpurine  ;  la  queue  lon- 
gue, le  couchant  en  partie  par  terre.  Il  s'élève  d'en- 
tre les  feuilles  de  petites  tiges  environ  à  la  hautaiE 
de  la  main,  blanchâttes  en  bas ,  purpurines  en  haut, 
portant  en  leurs  fommets  d.;  petites  fleurs  fembla- 
bles 3.  celles  des  renoncules  ,  d'une  belle  couleur 
dorée  éclatante.  Il  leur  fucccde  un  fruit  arrondi  , 
vert-jaune  ,  rempli  de  femences  oblongues.  La  pe- 
tite cheiidoine  ell  rafraichilfante ,  rélbkitive  ,  apé- 
ritive,  propre  pour  les  maladies  de  rate&lefcor- 
but.  On  applique   fa  racine  pilée  fur  les  hémor- 
rhoïdes.   Voye:^  Eclaire, 
CHELIDONIAS.    f  m.  Petite  pierre  figurée  dcmi- 
fphérique ,  qui  imite  les  plumes  de  Thirondelle  , 
ou  qui,  félon  d'autres,  fe  trouve  dans  l'eftomac  des 
jeunes  hirondelles.  Elle  eft  ttès-mince,  creufe  ,  6c 
d'un  gris-fale.  Elle  vient  le  plus  fouvent  de  Malte. 
CHELLES.   Bourg    de  l'île    de    France  ,  à    quatre 
lieues  de  Paris ,  fur  la  Marne.  Cala.  Sainte  Bau- 
dour ,  femme  de  CloVis  II   y  fonda  une  Abbaye 
de  Religieufes ,  dans  laquelle  elle  le  retira  après  U 
mort  du  Roi  fon  mari  ;  &:  où  Clotaire  II  l'on  fils  fur , 
enterré.    Le  Roi  Robert  y  avoit  un  palais ,  qu'il 
appelle  dans  un  Edit  Ralx  no[lr(z  Palaùum.  Dir 
ChesnE)  Anùq.  des  vill,  de  Fr.  L,  I ,  c.  30. 
Cmelles  f  f.  pi.  Toiles  de  coton  à  carreaux  de  diffé- 
rentes couleurs  ,  qui  viennent  des  Indes  orientales  * 
parriculièrement  de  Surate. 
Dcr  CHELEN.  Ville  de  Pologne  ,  au  Palatinat  de  . 

Rulfie  ,  à  huit  milles  de  Lublin. 
CHELME.  adj.  de  t.  g.  Vieux  mot.  Rebelle ,  tutbu- 
lent  ,  fcdineux  ,  fanatique.  La  rail'on  qu'on  rend 
de  la  différence  qui  fe  trouve  entre  la  longue  Sc 
férieufc  harangue  de  M,  d'Aubray ,  8c  celles  des 
autres  Ligueurs ,  qui  font  toutes  courtes  &  burlef^ 
quesjc'eft  qu'il  aimoit  la  vérité  ,  &  qu'il  vouloir 
la  manifefter  à  fes  auditeurs  ;  ce  qu'il  ne  pouvoir 
faire  fans  entrer  dans  un  grand  détail  des  mauvais 
defl'eins  des  chefs  de  la  Ligue  ,  dont  il  ctoit  inl- 
truit  mieux  que  perfonne:  au  lieu  que  les  aurres 
harangueurs  étant  tous  Chelmes  ,  il  n'eut  pas  été 
iéant  de  leur  faire  dire  rien  de  bon.  yoyei  la  Sa- 
tyre Ménippée ,  /««S».  T.  /,/?.  257  6*  158. 
CHELONE.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nymphe 
qui  fut  changée  en  tortue  ,  parce  qu'elle  avoit  re- 
fufé  de  fe  trouver  aux  noces  de  Jupirer  avec  Junon, 
au  l'ujet  defquelles  elle  s'étoit  permife  quelques 
plaifanteries. 
Chéloné.  f  f  C'efl:  une  plante  à  laquelle  M.  de  Tour- 
nefort  donne  ce  nom ,  à  caul'e  de  fa  relfemblance 
avec  l'écaillé  d'une  tortue  ,  ;:,eXm>, ,  tortue,  /^oyc^- 
en  la  defcription  dans  le  Dicx,  de  James. 

Rrrij 


^oo 


CH  E 


CHtLONITE.  r,  f.  Ccft  une  pierre  qui  Te  trouve  au 
ventre  des  jeunes  hirondelles ,  qu'on  croit  bonne 
pour  le  mal  caduc.  Chdonia.  11  y  a  une  autre  chc- 
lorAte  qui  le  trouve  aux  tortues  des  Indes ,  qui  a 
la  propriété  de  rélifter  au  venin.  Quelques- uns  la 
confondent  avec  la  crapaudine. 

CHrLONiTE.  i".  f.  Pierre  figiuce,  repréfcntant  le  corps 
d'une  tortue  qui  n'a  point  de  tête. 

CHÉLONOPHAGES.  f.  m.  pi.  Peuples  qui  habitent 
un  coin  de  la  Cannanie.  Ils  ne  mangent  point  d'au- 
tre chair  que  celle  des  tortues ,  dont  les  écailles 
fervent  à  couvrir  leurs  mailbns.  Voye^  le  Dicx. 
d'Hoifman. 

îfT  CHELVET.  f  m.  Ceft-à-dire  ,  retiiez-vous ,  fai- 
tes place.  Cri  par  lequel  on  annonce  au  ferrail  que 
le  Grand-Seigneur  veur  aller  au  jardin  des  Sulta- 
nes :  à  ce  cri\out  le  monde  fe  retire  ,  &;  les  Eunu- 
ques occupent  toutes  les  avenues.  Il  y  va  de  la  vie 
d'approcher  dans  ces  momcns-là  des  muraille;  de 
ce  jardin.  Ricaut.  de  l'Emp.  Otïom.   cili  par 

MoR. 

Xp^  CHEMA.  f.  m.  Sorte  de  poids  en  ufage  chez 
les  Athéniens.  Ils  en  avoientdcux.  L'un  peioit  trois 
gros,  l'autre  deux. 

|Cr  Le  Chima  des  Romains  étoit  une  mefure  de  flui- 
des, contenant  une  livre  Si  demie.  Encyc. 

|Cr  CHEMACK.  Ville  delà  Natolie,  dans  le  gou- 
vernement de  Chipre  ,  fur  les  frontières  de  celui 
d'Alep. 

CHEMAGE  ou  CHINAGE.  Voyei  Chinage. 

CHEMAHICOGIN.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Ja- 
ponois  donnent  au  Portugal.  Chemahico^inum. 

CHEMBALIS.  f.  m.  Sortes  de  cuirs  qui  viennent  du 
levant  par  la  voie  de  Marfeille. 

CHEMER  (  fe  )  v.  récip.  Terme  populaire  »  qui  Çc  dit 
particuliètement  des  enfans  qui  ont  du  chagrin  , 
du  dégoût ,  ou  de  quelque  mal  inconnu  qui  les  fait 
crier  /&  les  empêche  de  prendre  nourriture  &  de 
profiter.  Tomber  en  chartre  ,  coiificere  fe ,  confici 
tœdio.  On  le  dit  quelquefois  des  perfonnes  un  peu 
plus  avancées  en  .ige.  Cet  enfant  s'cft  ckcmé  de- 
puis qu'on  l'a  changé  de  nourrice. 
Ce  mot  vient  du  latin  gemere, 

03"  CHEMER  AGE.  Terme  de  Coutume.  Avantage 
du  droit  d'aînefle ,  en  vertu  duquel  les  puînés  dans 
les  Coutumes  de  parage  tiennent  de  l'aîné  leur  por- 
tion de  fief  en  parage  ,  c'cft-à-dire  ,  fous  ion  hom- 
mage. 

CHEMIER.  f.  m.  Vieux  terme  de  Coutume,  C'efl: 
l'aîné  d'une  famille  noble  ,  ou  celui  qui  le  repré- 
fente  dans  un  partage  de  fiefs  ,  comme  qui  diroit 
le  chef  de  la  flunille  qui  a  un  préciput  ,  ou  chef 
premier  ,  qui  jouit  du  droit  de  chemerage.  Natu 
maximus  ou  gentis  caput.  Tous  les  puînés  s'appel- 
lent/'^zr^gf/j  ,  parce  qu'ils  partagent  également  en- 
tr'eux. 

^5"  CHEMIN.  Terrain  qu'on  fuit  ,  fur  lequel  on 
marche  pour  faire  fa  route  ,  pour  aller  d'un  lieu 
à  un  autre.  Fia.  gCT  La  plupart  de  nos  Didion- 
naires  ,  comme  le  Vocabulaire,  d'après  l'Académie, 
confondent  ces  trois  mots  ,  chemin  ,  route  ,  voie  ; 
efpace  ,  difent-ils  ,  par  où  l'on  va  d'un  lieu  à  un 
autre.  Cependant  ils  ne  font  nullement  fynonymes, 
quoiqu'ils  foient  relatifs  à  l'adiion  de  voyager. 

§Cr  Le  mot  de  route  enferme  dans  fon  idée  quel- 
que chofe  de  fréquenté  6c  de  battu.  Route  de 
Lyon  ,  route  de  Flandres.  On  le  dit  proprement 
de  tous  les  lieux  par  lefquels  il  faut  paflêr  pour 
aller  d'un  lieu  à  un  autre  dont  on  eft  éloigné.  On 
va  de  Paris  à  Lyon  par  la  route  de  Bourgogne  , 
ou  par  la  route  du  Nivernois. 

^3°  Le  mot  chemin  ,  fignifie  précifément  le  terrain 
qu'on  fuit ,  l'efpace  de  terre  fur  lequel  on  marche 
pour  faire  fa  route.  Si  vous  paflez  par  tel  endroit , 
vous  aurez  un  beau  chemin.  Le  grand  chemin  eft 
toujours  le  plus  fikr.  Les  routes  diffèrent  entt'elles 
par  la  diverfitc  de  leur  lîtuation  &  de  leurs  con- 


C  H  E 

tours.  On  fuit  le  chemin  pavé  ou  le  chemin  des 
terres. 
^fT  On  fe  fert  quelquefois  des  mots  de  route  Se  de 
chemin  ,  pour  dcfigner  la  marche,  avec  cette  diffé- 
rence ,  oit  M.  l'Abbé  Girard  ,  que  le  premier   ne 
regardant  alots  que  la  marche  en  elle-même  ,  s'em- 
ploie dans  un  fens  abfolu  &  général ,  fans  admet- 
tre aucune  idée  de  mefure  ni  de  quantité.  Ainfi , 
l'on  dit  fimplement  être  en  ro/«e,  faire  route;  au 
lieu  que  le  fécond ,  ayant  non-feulement  rapport  à 
la  marche,  mais  encore  à  l'arrivée  qui  en  efi:  le  but, 
s'emploie  dans  un  fens  relatif  à  une  idée  de  quan^ 
tité  ,  marquée  par    un  terme  exprès  ou  indiquée 
par  la  valeur  de  celui  qui  lui  eft  joint ,  de  forte 
qu'on  dit  faire  peu  ou  beaucoup  de  chemin  ,  avan- 
cer chemin, 
ffj'  Le  mor  voie  ,  marque  une  conduite  certaine  vers 
le  lieu  dont  il  eft  queftion.  Il  ne  défigne  nullement 
la  marche ,  mais  la  manière  dont  on  voyage  ,  la 
voiture  ou  la  façon  dont  on  fait  cette  marche.  On 
va  d'un  endroit  à  un  autre  ,  par  la  voie  de  la  pofte 
ou  par  la  voi^  du  melfager  ,  par  la  voie  de  terre  ,  ou 
par  la    voie  d'eau.   Foye^  plus  bas    ces  mots  ptis 
au  figuré. 
§CF  Bergier ,  dans  fon  livre  des  Grands  chemins  dé 
V Empire,  dit  que  ce  mot  eft  du  vieux  françois.  Quel- 
ques-uns le  font  venir  de  caymnm ,  qu'ils  difent 
fignifier  la  même  chofe  :  d'autres  du  latin  Jcmita  , 
d'où  l'on  a  fait  femin ,  chemin. 
^fT  On  appelle,  chemin  royal  ,  viaregia  ,  le  plus 
grand  de  tous  les  chemins ,  ordinairement  le  plus 
beau  ,  le  plus  court  &:  le  plus  commode. 
§3°  Chemin pui'/ic,  ou  grand  chemin  ,  via  publics. , 
fe  dit  de  tout  chemin  droit  ou  traverfant ,  où  tout 
le  monde  peut  paffer. 

Voit-on  les  loups  brigands ,  comme  nous  inhumains  , 
Pour  dJtrouJfer  les^  loups  courir  les  grands  chemins, 

BoiL< 

Chemin  des  arbres  ,  dans  l'Artois  &  dans  les  pays 
conquis  en  Flandre  ,  fignifie  grand  chemin  ,  chemin 
royal ,  chemin  des  troupes.  Via  militaris.  Ce  nom 
a  été  donné  aux  grands  chemins  par  les  gerts  de 
ce  pays-là  ,  parce  que  le  Roi ,  en  taiiant  élargir  & 
accommoder  les  grands  chemins  ,  fit  planter  des 
arbres  des  deux  côtés ,  d'où  il  revenoit  deux  avan- 
tages confidérables  ;  l'un  ,  que  les  ttoupes  n'avoient 
pas  bcfoin  de  guides  pour  connoître  les  chemins  les 
plus  courts  6c  les  plus  commodes  ;  l'autre,  qu'on 
avoir  dans  le  pays  une  reffource  pour  rour  l'attirail 
de  la  guerre,  tk  llir  tout  de  l'arrillerie. 

On  appelle  chemin  du  halage ,  un  chemiji  que 
les  Riverains  des  rivières  navigables  font  oblifrés  de 
laifler  ilir  les  bords,  pour  le  paflage  des  chevaux  qui 
liaient  ou  rirent  les  bateaux.  Voye^  Tirage. 

On  appelle  chemin  de  traverfe  ,  Tranfverfum 
iter ,  un  chemin  détourné ,  ou  qui  n'eft  pas  fur  la 
route  des  grandes  villes ,  mais  qui  va  d'un  bourg 
ou  d'un  village  à  un  autre  ,  ou  qui  n'eft  pas  le 
chemin  ordinaire  pour  aller  d'un  lieu  à  un  autre  ,  fi 
c'eft  quelque  grand  lieu.  Via  dévia.  fiO"  On  appelle 
aulll  chemin  de  traverfe  toutfentier  de  détour  plus 
court  que  le  chemin  ordinaire.  Trames  ,femita.  On 
appelle auffi  c/je/Tz/zz  particulier,  un  chemin  de  tra- 
verfe ,  Se  on  l'oppofe  au  chemin  public  ,  qui  eft  la 
même  chofe  que  grand  chemin. 
fC?  Le  Chemin  particuliet  eft  proprement  celui  qui 
eft  fait  pour  la  communication  du  château  d'un 
Seigneur  au  grand  chemin  ,  ou  à  quelque  autre 
endroir. 

Chemin  creux  ,  qui  eft  enfoncé  au-deflbus  du  rez- 
de-chaulfée.  Iter  depreffum.  Chemin  fou'r^iu  ,  celui 
qui  fe  divile  pour  aller  en  divers  endroits ,  bivium , 
trivium  ,  ^uadrivijim  ,  félon  le  plus  ou  le"  moins 
d'endroirs  où  il  conduit.  Chemin  difficile ,  qui  eft 
âpre ,  raboteux ,  ou  qui  eft  mal-aile  à  tenir  étant 
coupé  en  plufieurs  endroits  ;  afperum  ,  durum , 
difficile.  Chemin  bas,  qui  eft  dans  la  vallée,  depref- 


c 


H 


;  H  E 


fum.  Chemin  haut ,  qui  eft  fur  la  colline  ,fi:pehi'm  , 
fupernum.  Chemin  paQant  ^  via  celcbris  ,frc^ju(.ns  , 
€xpêdita.  Chemin  jrayc  ,  trua. 

Les  Romains  appeloicnc  tVz£?/7z///j  militaires  ,  les 
■chemins  pratiques  pour  envoyer  les  armées  dans 
les  Provinces  de  l'Empire  j  via  militaris,  lis  ap- 
peloient  chemin  double ,  un  chemin  pour  les  char- 
rois à  deux  chauflces ,  l'un  pour  aller  ,  &  l'aunre 
pour  venir ,  afin  d'éviter  l'embarras ,  bina  ,  gemina. 
Ces  deux  chauffées  étoient  leparées  par  une  levée 
eh  forme  de  banquette  ,  pavée  de  briques  pour  les 
gens  de  pié.  Il  y  avoir ,  d'efpace  en  efpace,  des  mon- 
toirs  à  cheval ,  &  des  colonnes  miliraires  pour  mar- 
quer les  diftances.  Ils  ncmmoient  chemin  jerrc ,  un 
chemin  pavé  d'une  pierre  exrrèmement  dure.  On  ap- 
pelle encore  aujourd'hui  chemin  ferré  ,  un  chemin 
dont  le  fol  eft  de  vive  roche ,  ou  formé  d'une  aire 
de  cailioutage, //nzi(Z.  Les  chemins  aquatiques  font  , 
ou  les  chemins  élevés  à  travers  les  étangs  &  les  ma- 
rais, ouïes  ponts  conftruits  fur  les  rivières  &  les 
torrens.  j'ai  découvert  plulieurs  vertiges  des  grhnds 
chemins  des  Anciens.  Ce  l'ont  de  gros  maflift  de  cail- 
loutages  ,  mêlés  de  chaux ,  jetés  dans  la  terre  à 
dix  ou  douze  pies  de  profondeur,  fans  s'aflliiettir 
à  chercher  le  ferme,  parce  que  de  ces  cailloutages 
ainfi  mêlés  avec  le  mortier  ,  il  fe  fait  un  corps  qui 
fe  lie  li  bien  ,  que  le  marbre  n*e(l  pas  plus  dur.  Nous 
voyons  en  effet  que  cette  efpèce  de  maçonnerie  a 
réfifté  »  depuis  plus  de  fcize  liècles ,  aux  injures  du 
temps,  &:  que  toute  la  force  des  pics  &  des  mar- 
teaux a  peine  à  rompre  cette  maife,  qui  n'efl  com- 
pofée  que  de  petits  cailloux  de  la  groffeur  d'un  œuf, 
&  même  plus  petits,  Menestrier,  Hijloire  de 
Lyon  5/7.  50. 

gdr  Chez  les  Romains  on  appeloit  via  ,  tout  chemin 
public  ou  privé.  Parle  terme  A'iter  feul,  on  enten- 
doit  un  droft  de  pa/lage  particulier  fur  l'héritage 
d'autrui;  &  par  celui  A'aclusy  on  entendoit  celui  de 
faire  paifer  des  bêtes  de  charge  ou  une  charrette  ou 
chariot  fur  l'héritage  d'autrui  j  ce  qu'ils  appeloient 
ainfi  iter  ou  oBus  n'étoient  pas  des  chemins  pro- 
prement dits ,  mais  des  droirs  de  paffages  ou  fer- 
Vitudes  rurales.  Encyc.  Quand  les  Romains  fe  fer- 
voient  da  mot  iter,  pour  exprimer  un  chemin 
public  ,  ils  y.ajoutoient  Vc^'iihcts  publicum. 

Il  y  a  un  Traité  de  la  conftrudlion  des  grands 
chemins  pat  Gautier  Architecîle-Ingénieur ,  &  Inf- 
pedteur  des  grands  chemins  du  Royaume.  De  la 
Pife  en  traite  auiTi  dans  l'on  Hift.  d'Orange  ,  /;.  5  5  , 
&  fuiv. liidore ,  Orig.  L.  XF,  ch.  dernier,  rapporte 
que  l'on  croit  que  ce  l'ont  les  Carthaginois  qui  ont 
les  premiers  ^xvé.lç'^  grands  chemins  ;  &  cnfuite  les 
Romains.  Koye^  Bouche ,  Hij'ioire  de  Provence  , 
Tom,  I,p.  it6 ,  de  la  mefure  des  chemins. 

Chemin  fendu  j  eft  Un  chemin  pratiqué  dans  le  roc  3 
ou  dans  quelque  burte  ou  montagne  ,  dont  on  a 
ôté  la  crête  &  comblé  le  bas ,  pour  le  rendre  plus 
doux.  Charles  Emmanuel  II ,  Duc  de  Savoye  ,  en 
fit  couper  un  dans  les  Alpes  en  16 jo.  Le  Roi  en  a 
fait  laite  en  pluficurs  endroits  de  fon  Royaume  :  il 
y  en  a  entre  Paris  &  Verfailles. 

Chemin  percé,  eft  celui  qui  eft  taillé  dans  le  roc 
&  qui  refte  voûté.  Il  y  a  des  chemins  perces  dans  le 
Royaume  de  Naples  :  on  en  voit  un  entre  Bayes  Se 
Cumes,  qu'on  nomme  la  grotte  de  Virgile  :  il  y  en 
a  un  de  Pouzol  à  Naples ,  qui  a  environ  demi-lieue 
de  longueur  fur  quinze  pies  de  large,  &  autant  de 
haut.  Ce  Chemin  qui  fut  fait  autrefois  par  un  cerrain 
Coccius,  aéré  élargi  par  Alphonfe  Roi  d'Arragon 
&  de  Naples ,  &  réduit  à  la  ligne  par  les  Vicerois. 

Chemin  couvert ,  en  termes  de  Guerre ,  eft  le  corridor 
qui  eft  fur  la  conrrefcarpe  ,  &  qui  eft  couvert  de  fon 
parapet ,  qui  règne  tout  autour  du  folfé  de  la  place 
du  côté  de  la  campagne.  Operta  via.  Sa  largeur 
eft  de  trois  à  quatre  toifes.  Il  a  une  banquette.  Se  le 
glacis  lui  fertde  parapet:  les  pali'îadeslc  fépatent 
du  glacis.  |tCr  II  fert  à  défendre  l'approche  de  la 
place ,  à  raflembler  les  ttoupes  néceflaires  pour  les 


50  1 


(  ibrties,  &  à  en  faciliter  la  rerraite.  Le  Soldat  y  eft 
à  couvert  du  feu  des  allîégens. 
Chemin  des  rojides ,  eft  le  c/z^v/zm  qui  eft  fur  la  mu- 
raille, entre  le  parapet  &  le  rempart,  &  qu'on  laiife 
pour  le  partage  des  rondes.  Fia  lujirandis  vigiliis 
comparata.  On  ne  s'en  fcrt  prefque  plus ,  .à  caulë 
qaie  n'ayant  qu'un  parapet  d'un  pié  û'épailfcur  ,  il 
eft  d'abord  renverfé  par  le  canon  des  alîîégcans. 

On  appelle  aulfi  chemin  des  carrières^  l'ouverture 
qu'on  fait  dahs  une  carrière,  pour  en  tirer  la  pierre  j 
&  le  puits  qu'on  fait  dans  une  carrière  pour  la 
fouiller,  Fiajuhterranea.  Ainfi  on  dit ,  ouvrir  les 
chemins;  pour  dire  ,  percer  les  carrières. 
Chemin  ,  dans  les  Verreries ,  eft  une  voûte  de  figure 
longue,  danslaquelle  on  met  le  bois  pour  échauifer 
le  four. 

Les  Courtiers  &  Tonneliers ,  qui  font  commis 
pour  décharjïcr  le  vin  fur  les  ports  de  Paris ,  ap- 
pellent chemin ,  une  fuite  de  chantiers  ou  de  grolfes 
folives  fur  lefquelles  ils  roulent  les  tonneaux  du 
bateau  jufqu'à  terre  ;  car  ils  nWent  fe  l'etvir  de 
celui  qu'ont  fait  les  Planchéeurs  pour  entrer  dans 
les  bateaux. 
^  Chemin  ,  en  Bâtiment ,  eft  fur  uri  plafond  ou 
fur  un  ravallement,  une  difpofition  dérègles  que 
les  ouvriers  pofent  pour  traîner  les  moulures. 
^fT  C'eft  aulïl  un  enduit  déplâtre  dreflc  à  la  règle» 
&  fuivant  lequel  ils  conduifent  leur  calibre.  Encyc. 
IJC?  Chemin  ,  en  termes  de  Chorégraphie  ,  font  des 
lignes  qui,  tracées  fur  un  papier,  repréluntent  la 
figure  que  des  danfeurs  décrivent  fur  le  plancher 
pendant  tout  le  cours  d'une  danfe. 
Chemin  de  Saint  Jacques ^  eft  un  nom  que  le  peuple 
a  donné  à.  une  trace  blanche  qui  patoït  dans  le  ciel  j 
que  les  Anciens  appeloient  la  Foie  laclee ,  ou  le 
Chemin-dcs-Dieux ,  Sc  qu'on  a  découvert  être  un 
nombre  infini  de  petites  étoiles  qu'on  n'apperçoit 
qu'avec  les  lunettes.  Elles  font  une  fombre  lueur 
qui  caufe  cette  apparence.  Fia  la&ea, 
ÇCT"  Chemin  fe  prend  dans  un  fens  figuré  pour  les  dif^ 
férens  moyens  qu'on  emploie  pour  parvenir  à  quel- 
que but.  Faire  fon  chemin  dans  le  monde.  On  dit 
le  chemin  &  la  voie  du  ciel.  Les  fouffrances  font  la 
voie  du  ciel.  On  ne  dit  pas  la  route  du  ciel  ;  peut- 
être  parce  que  le  mot  de  route  renferme  dans  fon 
idée  quelque  chofe  de  battu  &  de  fréquenté. 
|CF  La  bonne  ro//ri? ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  conduit 
furêment  au  but  ■,  la  bonne  voie  y  mène  avec  hon- 
neur \  le  bon  chemin  y  mène  facilement.  On  ne  va 
çuère  à  la  gloire  que  par  le  chemin  de  la  vertu* 
Nous  vivrions  mieux,  s'il  nous  étoit  permis  de 
faire  deux  fois  le  même  chemin.  Rochef.  Le  chemin 
du  ciel  n'eft  pas  le  chemin  des  honneurs  ',  &  une 
timide  piété  eft  prefque  toujours  malheureufe, 
FiECH.Tous  les  peuples  de  la  terre  marchent  avecJ 
une  égale  confiance  dans  les  divets  chemins  qu'ils 
ont  choifis  pour  arriver  au  falut.  Le  chemin  de  la 
vertu  eft  hétifl'é  de  ronces  &  d'épines.  S.  Evr. 
L'amour  propre  voudroit  que  le  chemin  du  falut  fût 
fi  bien  ttacé  &  fi  bien  marqué  ,  qu'il  fût  impolîlble 
de  s'y  égarer.  Port-R,  Molière  dit  des  hypocrites  , 
qu'on  les  voit  • 

D'une  ardeur  non  comthune , 
Par  le  chemin     du  ciel  courir  à  leur  fortune.  Mol. 

Sou  tien  drai-je  ces  yeux  ,  dont  la  douce  langueur 
Sait  Ji  bien  découvrir  les  chemins  de  mon  cœur  .* 

Racine, 

On  dit  figurément  couper  chemin  à  une  maladies 
à  un  procès-,  pour  dire,  la  prévenir,  ou  en  em- 
pêcher le  cours.  On  dir  en  ce  fens ,  qu'on  a  mis  un 
homme  en  beau  c/^i^w/w,  qu'on  lui  a  aplani  le  cAe- 
wm;  pour  dire,  qu'on  lui  a  levé  les  obftacles,  les 
difficultés:  qu'il  s'eft  atrêtc,  qu'il  eft  demeuré  en 
beau  chemin  ;  pour  dire,  qu'il  abandonne  un  deffein, 
lorfque  les  principaux  obftacles  font  levés.  On  dit, 
qu'une  affaire  eft  en  bon  chemin  ;  pour  dire ,  qu'elle 
eft  en  bon  train.  On  dit  encore ,  en  ce  même  feiis , 


joi  C  H  E 

<5u'un  homme  efl;  dans  le  bon  chemin ,  dans  le  ch%-' 
min  du  laliit ,  quand  il  cil:  vertueux  :  6c  au  contraire, 
qu'il  eft  dans  le  chemin  déperdition ,  dans  le  chemin 
de  la  Grève,  qu'il  prend  le  chemin  dcl'iiôpitali  pour 
dire,  qu'il  elt  vicieux,  qu'il  Te  fera  pendre,  qu'il  ie 
ruine.  On  dit  aulli  montrer  le  chemin  à  quelqu'un  , 
donner  exemple. 

On  appellec/itf/w/zde  velours,  un  chemin  lur  une 
peloule.  via  herhoja  ,  cej'pititia.  On  dit  fiyurément 
chemin  de  velours  ,  pour  dire ,  une  voie  facile , 
agréable.  Il  cH:  arrive  à  la  fortune  par  un  chemin 
de  velours.  Façon  de  parler  familière. 

On  dit  ligurcment.  Chemin  i'i.'\ùni;   pour  dire  , 
par  occafion ,  gCT  en  même-temps.  Ohiur ,  eodem 
tempore.  En  nous  détaillant  cette  affaire,  il  nous  dit, 
cAcOTz/î  failant ,  les  obfervations  qu'il  avoir  faites. 
Chemin  ,  ié  dit  proverbialement  en  plufieurs  phrafes. 
On  dit  d'une  chofe  longue  &  étroite  ,  que  c'ait  le 
f^tv/zi/zde  Ville-Juifve,  long-boyau.  Ce  nom  lui 
vient  d'une  maifon  Icule  qui  eft  fur  le  grand  chemin , 
où  loge  la  polie,  qu'on  appelle  Long-l-oyau.  On 
dit  qu'un  homme  eft  toujours   par  voie  &;  par  che- 
min  ,  lorfqii'il  n'cft  jamais  au  logis ,  qu'on  le  fait 
aller  ça  &:  là.  On  appelle  le  grand  chemin  des  vaches, 
les  chemins  ou  on  va  par  terre.  Le  grand  chemin  des 
vaches  ,  dans  un  fcns  figure ,  eft  ï'ufagc  commun , 
ordinaire.  On  dit  aulll ,  bonne  terre  ,  méchant  che- 
min ;  parce  que   dans  les  bonnes   terres  qui   font 
graflés,  les  chemins  font  mauvais.  On  dit  qu'en  tout 
pays  il  y  a  une  lieue  de  méchant  chemin  ;  pour  dire, 
qu'il  n'y  a  point  d'affaire  où  l'on  ne  trouve  des  dif- 
ficultés! On  dit  auffi ,  à  chemin  battu  il  ne  croît  point 
d'herbei  pour  dire,  qu'il  n'y  a  pas  grand  profit  .à 
faire  dans  un  trafic  connu  de  tout  le  monde.  On  dit 
aulTi ,  il  n'en  faut  point  aller  par  quatre  chemins  ; 
pour  dire ,  il  en  faut  paflér  par  là.  On  dit ,  bien  dé- 
penfer  &:  peu  gagner  ,  c'cft  le  chemin  de  l'hôpital. 
On  dit  auffi ,  tous  chemins  vont  à  Rome  ,  ou  tous 
chemins  vont  à  la  ville ,  fCF  ce  qui  lignifie  au  propre, 
qu'onpeut  arriver  au  même  endroit  par  divers  cAe- 
/nins  ;  Sc  au  figuré,  que  divers  moyens  conduifent 
au  même  but.  On  dit  aufîi  en  menaçant ,  je  le  mè- 
nerai par  un  chemin  où  il  n'y  aura  point  de  pierres  -, 
pour  dire ,   je  le  ferai  marcher  droit ,  je  lui  don- 
nerai bien  de  l'exercice.  On  dit  aufli  en  menaçant , 
il  me  trouvera  toujours  en  fbn  chemin  ;  pour  dire  , 
je  lui  flifcirerai  toujours  des  obftacles   dans  toutes 
les  affaires  qu'il  entreprendra.  On  appelle  le  chemin 
de  Paradis,  un  chemin  étroit ,  un  défilé  où  l'on  ne 
va  qu'un  à  un.  On  dit ,  qu'un  homme  va  fon  grand 
chemin,  va  fbn  droit  chemin,  pour  dire  ,  qu'il  agit 
franchement ,  6c  fans  ufer  d'aucune  finefle  ni  fu- 
percherie. 

De  grand  Seigneur  ,  grandfleuve  fi-gM/zJ  chemin  , 
Fuis  ,Jitu  peux  ,  d^étre  voifin, 

CHEMINEAU.  f.  m.  Sorte  de  pain  que  l'on  fait  à 
Rouen  durant  le  Carême. 

Le  mot  \mn  Simenellus,  eft  l'étymologie  qu'en 
donne  le  P,  Dargonne ,  dans  fes  Mélanges  publiés 
fous  le  faux  nom  de  Vigneul  Marville.  Panisjimi- 
laceiis  ex  Jimilà  grœcis  o-ifjiJ'aAiViî.  C'eft  ce  qu'on 
appelle  en  Picardie  feminiaux ,  félon  la  remarque 
de  M.  Du  Cange,  à  laquelle  on  peut  ajouter  que  les 
Normands  qui  changent  aifément  fe  en  che ,  difent 
chemineaux, 

CHEMINÉE.  1".  f.  Lieu  où  l'on  fait  le  feu  dans  les 
maitbns.  Camini  fpiraculum.  La  cheminée  a  plufieurs 
parties.  L'âtre  eft  précifément  le  lieu  où  on  fait  le 
feu,  qui  eft  frarni  de  carreaux  de  brique,  ou  de  pavés. 
Caminus  ,focus.  Le  contre-cœur  de  la  cheminée  eft 
une  plaque  de  fer  de  fonte  pour  conferver  la  mu- 
raille qui  eft  auprès  de  l'àtre.  Camini  lamina  ferrea 
arreclaria.  Les  pies  droits  de  la  cheminée  qui  Ibu- 
tiennent  le  manteau.  Parajiatœ.  L'enchevêtrure  de 
la  cheminée.  Funda.  Le  manteau  de  la  cheminée,  eft 
la  partie  du  tuyau  qui  eft  dans  la  chambre,  &:  qui 
â  fouYçnt  divers  çmemens  d'architecture  Se  de  me- 


CHE 

nuifcric  ,  Se  far-tout  des  corniches  fur  lefquelles  on 
met  des  vafés ,  des  buftcs  èc  autres  ornemens. 
Adyerjafpiraculi  ijuod jupra  focum  ejilorica  ,  ou, 
adverja  camini  lorica.  La  partie  de  dedans  s'appelle 
\d^  hotte  de  la  cheminée.  Camini  fauces.  Le  tuyau  de 
la  cheminée  cl\  le  canal  de  pierre  ,  de  brique  ou  de 
pl.atrc,par  où  s'élève  la  fumée,  qui  eft  divifée  fbu- 
venr  en  plufieurs  languettes  ou  petits  tuyaux.  Ca  ■ 
nalis  ,  fpiraculum.  On  dit ,  quiune  cheminée  fume  , 
lorfque  la  fumée  entre  dans  la  chambre  ,  au  lieu  de 
s'écouler  par  le  tuyau ,  ou  languette. 
|t?  Ce  mot  fe  dit  quelquefois  de  la  partie  feulement 
de  la  cheminée  qui  avance  dans  la  chambre.  Cheminée 
de  plâtre  ,  de  marbre  :  quelquefois  aufli  de  la  partie 
du  tuyau  qui  s'élève  au-deffus  du  toît.  Un  grand 
vent  abat  les  cheminées. 

Oiftavius  Ferrarius  prouve  que  les  cheminées  ont 
été  en  uf  âge  chez  les  Anciens,  contre  l'opinion  de 
plufieurs.  Il  rapporte  fur  cela  l'autorité  de  Virgile. 

Et  jam  fumiha  proculvilliirum  culmina  fumant. 

Celle  d'Appien  Alexandrin  ,  qui ,  racontant  de 
quelle  manière  fe  cachoient  ceux  qui  étoient  prol- 
crits  par  les  Triumvirs,  dit,  L.  IV  des  Guerres 
Civiles,  que  les  uns  defcendoient  dans  des  puits, 
ou  des  cloaques;  les  autres  fe  cachoient  dans  les 
toîts  &  dans  les  cheminées ,  &c  il  croit  que  le  mot 
grec  xa-zrtuhii  ûarapaipicti ,  fumaria  fub  teclo  pojita , 
ne  peut  s'expliquer  autrement.  Ariftophane  ,  dans 
une  de  fes  Comédies ,  introduit  le  vieillard  Poly- 
cléon  enfermé  dans  une  chambre  ,  d'où  il  tâche 
de  fe  fauver  par  la  cheminée.  Ccpendanç  le  peu 
d'exemples  qui  nous  en  reftc  des  Anciens ,  &  l'ob- 
fcurité  des  préceptes  de  Vitruve  fur  ce  fujet,  font 
juger  que  l'ufage  desétuves,  dont  ils  avoient  des 
appartemens  entiers  échauffés  par.  des  poêles , 
leur  faifbit  négliger  cette  partie  du  bâtiment,  que 
le  froid  de  notre  climat  nous  a  contraint  de  ren- 
dre un  des  principaux  ornemens  de  nos  habitations. 

Il  eft  certain  que  les  Anciens  avoient  des  che- 
minées dans  leurs  cuifines  ;  mais ,  félon  quelques 
favans ,  ils  échauffoient  leurs  chambres  ou  par  des 
poêles  ,  ou  avec  une  efpcce  de  charbon  de  terre 
qui  brùloit  fans  faire  de  fumée  ,  &  que  Suétone 
nous  apprend  que  la  chambre  de  Vitellius  fut 
brûlée ,  parce  que  le  feu  prit  à  la  cheminée.  Nec 
antè  in  Prcetorium  rediit ,  quàm  fagrante  triclinio 
ex  conceptu  camini,  Horace  écrit  à  fon  ami  de 
faire  bon  feu  dans  la  cheminée, 

Diffolve  frigus ,  ligna  fuper  foco 
Large  reponens, 

Cicéron  demande  la  même  chofe  à  fon  ami  At- 
ticus  :  Camino  luculento  ,  dit-il  ,  tihi  ■utendum 
cenfeo.  Cette  queftion  n'eft  pas  décidée.  Ce  qu'il  y 
a  de  conftant ,  c'cft  qu'ils  avoient  des  fourneaux 
pour  échauffer  leurs  chambres  &  les  autres  appar- 
temens de  leurs  maifbns  5  on  les  appcloit  fornaces , 
vaporaria  ;  ils  avoient  auffi  des  poêles  appelés 
hypocaufla.  Ces  fourneaux,  félon  Philander,  étoient 
fous  terre  :  on  les  plaçoit  dans  le  gros  mur,  d'où, 
par  différens  tuyaux  qui  traverfoient  chaque  étage  > 
ils  échauffoient  toute  la  maifon  Dicl,  de  Peinture 
&  d'Architecture. 

Il  parut  en  1 7 1 3 ,  à  Paris,  un  livre  intirulé  La  MU 
chanique  du  feu  ,  ou  l'Art  d'en  augmenter  les 
effets  ,  &  d'en  diminuer  la  dépenfe  ,  dans 
lequel  on  examine  qu'elle  eft  la  difpofition  des 
cheminées  la  plus  propre  à  augmenrer  la  cha- 
leur -,  &  on  démontre  géomérriquement  que  la 
difpofition  des  Jambages  parallèles  ,  &  la  hotte 
inclinée  des  cheminées  ordinaires  ,  ne  font  pas  pro- 
pres pour  réfléchir  la  chaleur  dans  les  chambres  ; 
que  les  jambages  en  lignes  paraboliques ,  Se  la  fitua- 
tion  horizontale  du  deffous  de  la  tablette,  fbnt  les 
plus  propres  à  répandre  la  chaleur.  Il  enfeigne  fept 
différentes  conftrui^ions  de  fes  nouvelles  cheminées , 


C  H  E 

éc  les  manières  de  les  exccurcr.  L'Aureur  eTc  M, 
Gauger.  On  prétend  qu'il  n'efl:  pas  le  premier  in- 
venteur de  la  cheminée  qu'il  décrit  ■-,[  &  qu'on  rrouve 
la  dcicription  d'une  cheminée  iemblable  dans  un 
Livre  allemand  imprimé  à  Leipiick  en  16^5)9.  Journ. 

DES  SaV.  L7I4,/'.  544. 

Cheminée  ijblée  ,  eft  une  cheminée  au  milieu  d'un 
chaurt'oir.  Caminiis  infularius.  Elle  confiftc  en  une 
hotte  foutenue  en  l'air  par  des  Ibupentes  de  fer , 
ou  portée  par  quatre  colonnes.  On  nomme  aulii 
cheminée  ijolée  ,  celle  qui  étant  adoHce  contre  une 
cloifon,  laiiîe  un  el'pace  entre  le  contre-cœur  i<^: 
les  poteaux  ,  de  peur  du  feu.  Cheminée  adoffec ,  cft 
ime  c/ze/Tz/rtÊ^  pofée  contre  un  mur.  Parieti  incu-n- 
hens ,  applicatus.  Cheminée  angulaire  ^  eft  une  che- 
minée dont  le  plan  elt  circul.iire  ,  &  qui  eft  (i- 
tuée  dans  l'angle  d'une  chambre.  Angulo  afpii- 
canis.  Cheminée  en  faillie ,  eft  une  cheminée  dont 
le  contre-cœur  aftleure  le  nu  du  mur ,  &  dont  le 
manteau  eft  en  dehors.  Promincns  ,  eminens.  Che- 
minée à  Pangloife  ,  eft  une  cheminée  à  trois  pans 
par  Ton  plan ,  &  fermée  en  anfe  de  panier.  Che- 
minée apeurée  ,  ou  à  la  romaine ,  eft  celle  dont 
i'àtrc  &  le  tuyau  font  pris  dans  l'épailîeur  du  mur , 
&  dont  le  manteau  eft  en  faillie.  Cheminée  en  houe , 
eft  celle  dont  le  manteau  eft  fort  large  par  le  bas , 
&:  s'élève  en  figure  pyramidale ,  &  eft  foutenu  par 
des  corbeaux  de  pierre.  Il  y  avoir  une  cheminée  en 
hotte  dans  la  GrandJ-Chambre  du  Parlement  de 
Paris. 

Les  Organiftes  appellent  tuyaux  à  cheminée ,  des 
tuyaux  bouchés ,  au  haut  defquels  on  applique  un 
petit  cylindre  en  forme  dç  cheminée ,  dont  la  cir- 
conférence eft  la  quatrième  partie  du  tuyau  qui 
eft  au  délions. 

On  dit  figurément  Se  bafTement  de  ceux  qui  ont 
une  inflammation  de  gorge  ,  pour  avoir  mansré  des 
chofcs  falées ,  ou  de  trop  haut  goût ,  qu'ils  ont  mis 
le  feu  à  la  cheminée. 

On  dit  auiîî ,  qu'un  arrêt  éft  donné  fous  la  che- 
minée ;  pour  dire,  qu'il  a  été  rendu  en  cachette  ,  & 
fans  obferver  les  formes.  On  le  dit  de  même  de 
tout  ce  qui  eft  fait  en  cachette  &  contre  les  for- 
jiialités  requifes. 
^  On  dit  qu'un  homme  eft  noir  <jomm£  la  chemi- 
née ,  comme  un  ramoneur  de  cheminée  ,  pour  exa- 
gérer ,  Si  dire  qu'il  a  le  vifage  brun.  On  dit  aufiî , 
qu'il  laut faire  une  croix  à  la  cheminée  •  pour  dire, 
c]u'on  eft  furpris  de  la  vifite  d'une  perfonne ,  qui 
avoir  négligé  long  temps  de  venir  en  une  maifon. 
Ce  mot ,  cheminée  ,  s'eft  formé  de  caminata  , 
qui  Ce  trouve  ibuvcnt  dans  la  bafie  latitiité  ,  non 
pas  pour  une  chambre  où  il  y  a  une  cheminée ,  une 
chambre  à  feu.  Caminata  vient  de  caminus ,  qui 
vient  du  grec  y.ÛKivoi ,  &  lignifient  l'un  Se  l'autre 
une  cheminée  ;  8c  xâ^ivoç  vient  de  xûia ,  je  bride. 
jCHtMINER.  V.  n.  Marcher  ,  aller,  faire  du  chemin 
pour  arriver  quelque  part.  Ire ,  incedere ,  iter  in- 
gredi.  Après  avoir  bien  cheminé  dans  le  déferr , 
nous  trouvâmes  un  petit  village  ,  &c.  Le  peuple 
difoit  autrefois  -,  mon  cheniin  cheminais.  Rabe- 
lais fait  une  allégorie  de  l'Ile  d'Odos  ,  où  les  che- 
mins cheminent ,  pour  fe  moquer  de  ces  phrafes  , 
où  va  ce  chemin  ;  les  batteurs  &  guerteurs  de  che- 
mins ,  &c.  Le  mot  de  cheminer  ,  dans  le  fens  pro- 
pre ,  eft  un  peu  vieux  -,  néanmoins  on  s'en  peut 
encore  fervir  fans  fcrupule ,  mais  jamais  hors  du 
ftyle  familier.  Je  vis  les  vents  &  les  nues  cheminer 
fous  mes  pas.  Voit.  Cheminer  avec  molcfle. 
Bens. 

Et  Von  me  dit  quand  je  chemine  : 

Cejl  pauvre  chofe  quUin  goutteux.  Saras. 

Cheminer,  fe  dit  figurément.  Féliciter  procedere  , 
rem  facere.  Cet  homme  cheminera  ;  c'eft-.à-dire  , 
il  s'avancera  ,  il  fera  fortune.  Cela  revient  au  sa 
caminar  des  Italiens.  C'eft  un  terme  de  converfa- 
tion.  BouH, 


C  H  E  T^? 

I  On  dit    cheminer  droit  i    poar  dire,  ne  point 

tomber  en  faute.  Non  labt  ,  non  errarc ,  viver-e 
inculpatum  ,  culpcz  expenem.  Vous  fcre*  iott  bien 
de  cheminer  droit. 

On  dit,  en  parlant  d'une  pièce  d'éloquence,  d'un 
ouvrage  d'efprit  ,  comme  d'une  oraifon ,  d'un 
pocme ,  qu'il  chemine  bien  ;  pour  dire  ,  que  l'ou- 
vrage eft  bien  lùivi ,  bien  difpofé.  Reclh ,  belle  , 
procedit  oratio  ,  eu  jus  partes  Jingulce  alla  cunt 
ahis  reclé  connexes  junt ,  Acad.  Fr. 

CHEMISE,  f.  f.  La  première  pièce  d'un  habillement, 
vêtement  de  linge  qu'on  met  immédiatement  fur  la 
peau  ,  Se  qui  prend  depuis  le  cou  jufqu'aux  genoux. 
La  chemijé  a  un  corps  &i  des  manches."  Indu- 
Jîuin  ,  juhucula.  Celui  qui  donne  la  chemijé  au 
Roi,  eftla  perfonne  de  la  plus  grande  qualité  qui  fe 
trouve  à  fon  lever.  On  fait  des  cheinijés  de  toile 
d'Hollande  ,  de  coton ,  de  chanvre.  Être  en  che- 
mife ,  c'eft  ,  n'avoir  rien  fur  foi  que  fa  chemijé.  Sul- 
tan Mourat  ayant  pris  Bagdat  par  une  intelligence 
lécrète  avec  le  Gouverneur ,  &  fa  femme  s'^étant 
empoilbnnée  pour  ne  poinr  furvivre  à  cette  tra.hifon  , 
le  Sultan ,  par  rareté,  fit  apporter  à  Conftanùnoplc 
dans  fon  tréfor  deux  themifes  de  cette  généreufe 
Dame,  qu'il  choilit  parmi  le  butin  ,  parce  qu'elles 
étoient  tellement  enrichies  de  pierreries ,  qu'on  IciS 
ptifoir  cinquante  mille  fequins.  Du  Loir  ,  p.  254. 
On  fait  faire  amende  honorable  aux  criminels  nus 
en  chemijje ,  pour  marque  d'une  plus  grande  infa- 
mie. Si  ma  chemife  favoit  mon  fecret ,  ie  la  brùlî- 
rois ,  difoit  Métcllus.  Bouh. 

Âk  !  que  fai  de  dépit  que  la  loi  n'autorife 
A  changer  de  mari  comme  on  fait  de  chemife  ! 

Mol. 

Ce  mot  vient  de  camijia,  que  les  Latins  ont  em- 
ployé en  cette  lignification  ,  &  qui  fe  trouve  dans 
la  Loi  Salique ,  &  dans  Viclor  d'Utique ,  Liv.  1 ,  de 
Ici  perfécution  d'Afrique  ,  c'eft-à-dire  ,  dès  le  V*  fic- 
elé ;  &  camijia  a  été  fait  Az  cama  ,  mot  étranger  qui 
lignfie  un  lit ,  comme  il  lignifie  encore  en  Efpagne , 
parce  qu'on  le  fervoit  de  chemijes ,  quand  on  fe 
mettoit  au  lit.  Ménage.  Cnmifias  vocainus  ,  ijubd 
in  his  djormiamus  in  camis-,  id  ejt,  injiratis  nojlris. 
Isidore,  k^mict/s»  eft  défini  de  même  dans  les  Glofrs 
des  Baliliques.  Ifidore  la  décrit  ainfi,  Orig.  L.XIX, 
ch  21  ,  une  tunique  de  lin,  qui  eft  appliquée  au 
corps ,  &  qui  defcend  jufqu'aux  pies.  On  trouve 
aufiî  camij'a,  dans  l'allcmblé  d'Aix-la-Chapellç,  ck. 
2.1,  comme  les  Bollandiftes  l'ont  remarqué ,  Acl, 
SanFiorum  Feb.  T.  II ,  p.   ûi8.  F. 

On  a  aufïï  appelé  chemijes ,  les  aubes  des  Ecclé- 
fiaftiques ,  dont  le  premier  ufige  étoit  pour  les 
Lecteurs  lervant  au  Chœur.  On  trouve  le  mot  àz 
camiJia  dans  S.  Jérôme  ,  dans  une  Epître  ad  Fa^ 
hiolam  ;  &  camifmtn  dans  Papias  ,  &  dans  Co- 
din. 

Chemises  à  feu  ,  ou  CiîEMisEsyà«/>J^j,  font  des  mor- 
ceaux de  roile  trempés  dans  une  compolition  d'huile 
de  pétrole  ,  de  canfre  ,  &  autres  matières  combu-  . 
ftibles.  Lintea  julfuraca.  On  s'en  fert  fur  mer  pour 
mettre  le  feu  à   un    vaiflcau  ennemi. 

§3°  On  appelle  audi  chemijé  ardente  ou  chemife  de 
foujffre,  une  forte  Aechemife  frottée  de  fouftre  qu'on 
fait  vêtir  aux  criminels  condamnés  à  être  brilles 
vifs. 

On  appelle  auiîl  une  chemife  de  maille ,  un  corps 
de  chemife  fait  de  plufieura  mailles  ou  anneaux  de 
fer ,  qu'on  met  fous  le  pourpoint  comme  une  arme 
défcnfive.  Lorica  hamis  conjita. 

Chemise  blanche.  Terme  de  jeu  d'ombre.  On  dir  pren- 
dre une  chemife  blanche ,  lorfqu'on  écarre  routes 
les  neuf  cartes  &  qu'on  en  prend  neuf  auttes.  Nova 
luforia  folia  primis  depofitis  affumere  ;  ou  ,  omnia 
lufori  folia  totidem  aliis  commutare. 

On  appelle  chemife  de  Chartres  ,  une  petite  mr  • 
daiile  qu'on  rapporte  de  Notre-Dame  de  Chat- 


^04  C  HE 

très ,  qui  a  deux  petits  ailerons  faits  Comme  les 
manches  d'une  ch<:mife. 

On  dit,  qu'un  homme  n'a  pas  une  chemife  à 
mettre  à  Ion  dos  -,  pour  dire  ,  qu'il  eil  bien  pauvre. 
On  dit ,  qu'on  l'a  mis  en  chcmije  ;  pour  dire  ,  qu'on 
l'a  entièrement  ruiné. 

On  dit  auili ,  qu'on  mangera  jufqu'.i  fa  che- 
mife à  la  pouïlliite  d'une  affaire  -,  pour  dire  , 
qu'on  y  dcpenlcra  julqu'au  dernier  ibl  de  ion 
bien. 

On  dit ,  qu'on  cacheroit ,  qu'on  voudroit  ca- 
cher un  homme  entre  l'a  chair ,  entre  fa  peau  5c 
fa  chemife  ,  pour  dire  ,  qu'on  emploieroit  tous  les 
foins  pour  le  mettre  en  fiircté. 

On  dit  proverbialement  ,  la  chemife  eft  plus 
proche  que  le  pourpoint  ;  ce  qui  a  été  pris  de 
plaute  mot  pour  mot.  Tunica  proprior  pa.1- 
lio  eji. 

On  dit  auffî ,  ma  peau  m'ed  plus  proche  que  ma 
chemife  ,  pour  dire ,  qu'on  doit  préférer  fes  inté- 
rêts à  ceux  des  autres,  quelque  liaifon  qu'on  ait 
avec  eux.  Ac.  Fr. 
Chïmisï.  Le  peuple  appela  dans  les  commencemens 
les  Chanoines  Réguliers  de  Latran ,  les  Frères  de 
la  Chemife.  Frati  dclLi  CamijLi ,  à  caufe  qu'ils  por- 
toicnt  toujours  des  rochers  iur  leurs  robes,  P.  Ht- 
LYOT  ,  T.  II ,  p.   2.5. 

Chemise  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  fedit  du  duvet 
de  l'oifeau.  Le  duvet  efl:  la  chemife  de  l'oifeaii. 

Chemise  ,  lé  dit  d'une  feuille  de  papier  bFanc  dans  la- 
quelle on  met  plufieurs  papiers  qui  concernenr  une 
même  affaire ,  un  môme  département ,  ou  une  même 
éleébion.  On  met  ordinairement  au  deillis  de  la 
feuille  de  papier  qui  doit  fervir  de  chemife,  un 
titre  qui  marque  Se  qui  explique  la  nature  des  pièces 
qu'elle  renferme,  &  qui  fert  de  renfeignement  pour 
les  trouver  lorfqu'on  en  a  befoin. 

^fT  On  appelle  auili ,  chemife  ,  dans  le  commerce  ■, 
un  morceau  de  toile  qui  enveloppe  immédiate- 
ment quelques  matchandifes.  Entre  la  chemife  de  la 
toile  d'emballage  on  met  de  la  paille ,  du  papier , 
ou  autres  choies ,  pour  garantir  les  marchan- 
difes. 

Chemise  ,  en  termes  d'Archireélure  militaire  ,  c'efl: 
ce   qui  foutient   le  terre-plein  d'un   rempart  ,  de 

■  crainte  qu'il  ne  s'éboule.  Il  y  a  des  chemifes  de 
pierre ,  ce  font  les  murailles  dont  un  rempart  eft 
revêtu.  Propugnacu'um  muro  defenjum  ,  munitum. 
Il  y  a  des  chemifes  de  gazon  ou  de  falcines  dans  les 
lieux  où  la  pierre  efi:  rare,  La  Fontaine  ,  Devoirs 
des  Ofpc.  d'Artill.  ch.  X,  en  feigne  la  maniète  de 
les  faire.  Elever  le  rempart  &  fa  chemife.  Id.  On 
dit  mieux,  un  ouvrage  revêtu, 

^fT  En  Maçonnerie,  on  appelle  encore  chemife  ,  cer- 
tains ouvrages  qui  couvrent  d'autres. 

CHEMISETTE,  f  h  Diminutif.  Sorte  de  camifoUe, 
ou  partie  du  vêtement  qui  va  jufqu'à  la  ceinture , 
&  qui  couvre  les  bras ,  le  dos  &:  l'eitomac.  ïndu- 
Jîum.  Les  hommes  portent  fous  le  pourpoint  des 
chcmifettes  de  fiitaine  ,  bafîn  ,  ratine,  chamois, 
ouatte ,  &c. 

CHEMOSIS.  {.  f.  Violente  inflammation  des  yeux 
dans  laquelle  le  blanc  de  l'œil  s'élcve  au-de(fus 
du  noir ,  &  déborde  de  façon  qu'il  forme  une  ef- 
pèce  de  bourlet  ou  d'hiatus  ,  d'où  cette  maladie 
prend  fon  nom.  x/.«ot/5,  de  x""-' ,  bâiller. 

CHENAIE,  f,  £  Lieu  rempli  ou  planté  de  chênes. 
Quercctum, 

CHENAL,  f.  m.  Courant  d'eau  ,  bordé  des  deux 
côtés  de  terres  naturelles  ou  artificielles  ,  où  un 
vaiiîeau  peut  encter,  Alveus,  Quand  on  ne  peut 
avoir  de  Pilote  d'un  lieu  où  l'on  n'a  point  été  , 
&  que  c'cfl:  une  nécelllté  d'y  entrer,  on  mouille 
une  ancre  ,  s'il  eft  polfible  ,  &  l'on  fe  tient 
fous  voiles  -,  (S:  l'on  envoie  la  chaloupe  &;  le  canot , 
pour   fonder  le  chenal  jufqu'au  mouillage.    Bou- 

GUER. 

CHENALER.  v.  n.  Terme  de  M.arine.  C'efl:  cher- 
cher utj  paflage  dans  la  mer  en  lieu  où  il  y  a  un  peu 


CHE 

d'eau ,  en  fuivant  ou  rangeant  les  finuofîtés  tïJ'un 
chenal ,  foit  par  le  fecours  des  baliies ,  foit  par  ce- 
lui de  la  fonde.  Il  y  en  a  qui  écrivent  chenciiller, 
CHENAPAN,  f.  m.  Vaurien,  bandit,  Exprelfion  po- 
pulaire. Ce  mot  efl:  tiré  de  l'allemand  ,  où  il  li- 
gnifie   un    brigand  des  montagnes  noires,   Voye:^ 

SCHNAPAN. 

CHÊNE.  f,  m,  Qiiercus ,  îcs.  Arbre  donr  on  tire 
beaucoup  d'urilité  pour  les  arts.  Sa  hauteut  varie 
félon  ion  âge.  Son  tronc  eft  gros,  divifé  en  groiles 
branches ,  qui  en  jettent  d'autres  plus  petites  ,  gar- 
nies de  teuilles  oblongues ,  découpées ,  &  comma 
ondées  fur  leurs  bords ,  obtufes  par  leurs  bouts ,  fer- 
mes ,  sèches  ,  lifîes ,  glabres ,  d'un  vert-brun  & 
luilânt  en  deîlus ,  pâle  en  delfous  ,  8c  relevées  en 
cet  endroit  d'une  côte  qui  parcourt  toute  fa  lon- 
gueur. Ses  fleurs  font  des  chatons  longs  de  deux 
à  trois  pouces  ,  compofés  de  flocons  d'étamines 
verdâtres ,  attachées  par  intervalle  à  un  poinçon. 
Ces  fleurs  font  ftériles.  Les  embryons  nailfcnt  fur 
les  mêmes  pies  de  cet  arbre ,  mais  dans  des  en- 
droits fcparés.  Cet  embryon  eft  terminé  par  quel- 
ques filets  de  pourpre,  &  devient  enlliite  un  fruit 
qu'on  nomme  çr/and.  Il  eft  renfermé  dans  un  ca- 
lice qu'on  appelle  calotte .,  ou  Cupule ,  cupula;  il 
s'alonge  &  eft  couverr  d'une  enveloppe  lémblable 
à  du  parchemin.  Ses  feuilles  sèchenr  &  tombent 
toutes  les  années.  Les  dirFerences  des  chines  fe  ti- 
rent flir-tout  des  variétés  de  leurs  feuilles ,  de  la 
groifeur  ou  pctiteife  de  l'arbre  ,  de  même  que  du 
fruit ,  &  enfin  des  pédicules  de  ces  mêmes  fruits 
ou  de  leurs  calottes  ou  cupules.  Daléchamp  dé- 
crit une  partie  de  ces  variétés.  Le  chêne  eft  afî'ez 
commun  en  France.  Son  écorce  eft  employée  pour 
le  t.in  des  Tanneurs  \  &c  comme  fon  bois  eft  plus 
dur  qu'aucun  autre  que  nous  avons  en  Europe  , 
c'eft  celui  qui  s'emploie  le  plus  pour  les  gros  ou- 
vrages de  menuiferie  6c  de  charpenre.  Le  c/ic/ie  le 
tourmente  moins ,  &  eft  moins  fujvt  à  Ja  vermou- 
lure que  le  noyer  Hc  le  lapin.  Les  poutres ,  les  ;b- 
lives ,  les  portes  5c  le  parquerage  fe  font  ordi- 
nairement de  ce  bois  :  il  eft  un  de  ceux  qui  réfil- 
tent  le  plus  long -temps  aux  injuies  de  l'air,  & 
qui  Ce  conlérvcnt  le  mieux  dans  l'eau.  C'eft  pour- 
quoi on  le  choilir  préfcrablementà  tout  autte  pour 
le  pilotage  &c  pour  paliifadeif.  On  prétend  que  nos 
premiers  pères  vivoient  de  glands  :  peut-être  <]u'il9 
choililfoient  cerraines  eipèces  dont  les  fémences 
étoient  tendres  &  d'un  goût  fupporrable.  Il  y  a 
encore  certains  endroits  en  Efpagne  où  l'on  mange 
des  glands  ;  quoique  depuis  long-temps  on  ne  leS 
rcgarde^ue  comme  propres  à  engraiiîer  les  cochons. 
On  dit  cependant  qu'il  y  a  quelques  endroits  dans 
le  Nord  où  les  pauvres  gens,  dans  les  temps  de 
difette ,  font  encore  du  pain  de  gland. 

Les  noix  de  galle  font  des  excroiflances  qui  fe 
forment  fur  les  chênes  à  l'occafîon  de  la  piquure  de 
quelques  infcétes  -,  peut-être  que  les  diiférences 
des  noix  de  galle  ne  dépendent  que  de  la  variété 
des  efpèces  d'infcéles  •,  &  que  comme  les  infeéles 
d'un  pays  ne  font  pas  tous  pareils  à  ceux  d'un 
autre  pays ,  quoique  peu  éloigné ,  il  arrive  au.'fi 
que  fur  la  même  ef'pcce  de  chine,  on  voit  croître 
en  Italie  des  galles  fermes ,  grofles,  folides  ;  pen- 
dant qu'en  France  elles  font  molles ,  petites ,  &c 
ne  font  proprement  que  de  fiuflês  galles.  On  remar- 
que fur  les  dunes  d'autres  c.iecs  de  piquures  d'in- 
feétes  :  tantôt  ce  font  des  pommes  écailleufcs ,  gro/Tes 
comme  de  petites  noix  ;  d'autrefois  des  pommes 
unies  de  couleur  de  chair  ,  foutenues  par  un  pé- 
dicule, &  groffes  comme  une  noix  avec  fon  brou  ; 
&  quelquefois  les  chatons  étant  piques  deviennent 
des  grappes  fucculentes ,  &  repréfcntent  allez  bien 
des  grappes  de  grofeilles  ;  fi  ce  n'eft  qu'elles  ne 
fonr  pas  ii  rouges ,  &:  qu'elles  font  douçâtres.  En- 
fin ,  on  obîerve  des  pelotons  velus  8c  chargés  d'une 
efpcce  de  coton  qui  enveloppe  fbuvent  le  vert  qui 
a  donné  occalion  à  l'épanchement  de  la  sève,  & 
aux  dcrangemens  des  fibres  de  l'ccorce  de  cet  arbre. 

M.  Ca.'îini 


fM: 


C  H  E 


Ca/îlni  dit  qu'il  y  a  dans  chaque  bo/Te  de  chêne 
un  œuf  blanc  ,  de  la  groiîeur  &:  de  la  figure  d'un 
petit  pois  :  &  qu'en  ayant  ouvert  pluficurs  ,  il  y 
a  trouve  un  ver ,  lequel  le  changeoit  en  mouche  -, 
&C  cette  mouche  failbit  plulieurs  œufs ,  d'où  naif- 
fbient  des  fourmis ,  qui  enlliite  percent  la  boiîè 
du  chêne  où  elles  ibnt  enfermées.  Quelques-uns 
appellent  ces  pelotons  poU  de  chêne.  On  en  fait 
des  mèches  aux  lampes  ,  car  ce  coton  brûle,  ainfi 
que  la  galle  noire.  Il  croît  aufli  lùr  les  branches  de 
cet  arbre  une  plante  paraiite  qu'on  appelle  i,'/// ,  Fif- 
cum  Quercinum  ,  recherché  dans  les  arts  par  la  du- 
reté ,  &  par  la  beauté  de  fes  veines  ,  &  recom- 
mandable  en  Médecine  par  fa  propriété  prétendue 
antiépileptique.  Les  Naturalises  reconnoiflènt 
encore  deux  fortes  de  plantes  eftimces  lorlqu'elles 
croilfent  llir  le  chêne  ,  qui  font  le  polypode  ordi- 
naire ,  &  un  lichien  ,  qu'ils  nomment  mouife  , 
dont  les  Parfumeurs  fe  fervent  auilî  pour  la  poudre 
de  Chypre.  Les  racines  de  chêne  ne  font  pas 
exemptes  de  ces  excroiifances ,  elles  y  Ibnt  quel- 
quefois ramaiîces  en  grappes  aiîez  confidérables. 
Malpighi  a  examiné  &  décrit  ces  fortes  d'excroii- 
fances.  V'oye^  Galle. 

Il  y  a  dans  le  Northampton ,  en  Angleterre , 
un  chêne  que  l'on  nomme  le  chêne  du  Roi 
Etienne,  qui  eft  un  des  prodigieux  arbres  que 
l'on  ait  jamais  vus.  La  tradirion  du  pays  porte  que 
ce  Prince  tua  autrefois  un  cerf  auprès  de  ce  chine; 
8c  en  mémoire  de  ce  fait ,  le  peuple  des  environs 
y  fait  tous  les  ans  une  eipèce  de  proceifion  ,  & 
renferme  pour  une  heure  ou  deux  ,  trente  ou  qua- 
lante  etifans  dans  le  creux  de  cet  arbre.  Si  la  tra- 
dition eft  vraie,  il  faut  que  ce  chêne  ait  été  planté 
il  y  a  plus  de  cinq  cens  cinquante  ans. 

Le  chêne  a  été  fort  honoré  par  les  anciens  :  il 
«toit  confacré  à  Jupiter  Capitolin ,  qui  en  étoit 
couronné ,  pour  avoir  confervé  les  Citoyens.  On 
en  faiibit  des  couronnes  civiques  pour  récompcn- 
fer  la  bravoure  des  Soldats  :  on  en  failbit  auili  les 
ftatues  des  Dieux.  On  couronnoit  de  chêne  ceux 
qui  avoient  confervé  la  vie  à  des  Citoyens.  De  là 
ces  revers  de  médailles  dans  Augufte,  dans  Claude  , 
<lans  Galba ,  qui  ont  une  couronne  de  cÂene  ,  avec 
ces  mots  :  Ob  Cives  servatos.  Koye^  Cou- 
ronne, 
Chêne  ,  f.  m.  fe  prend  aulTi  trcs-fouvent  pour  le  bois 
du  chêne  mis  en  œuvre ,  ou  propre  aux  ouvrages 
de  l'art.  Ainli  l'on  dit,  une  armoire  de  chêne,  une 
table  de  chêne.  Les  formes  de  cette  cgiife  font 
de  chêne  de  Dannemarck.  Je  veux  que  le  cadre  de  ce 
tableau  foit  de  chêne.  Le  bois  de  chêne,  depuis  cin- 
quante jufqu'à  cent  5  même  cent  Ibixante ,  eft  le 
meilleur  bois  pour  bâtir ,  &  dure  jufqu'à  lix  cens 
ans ,  fans  dégénérer.  Er  quand  il  eft  employé  en 
pilotis ,  il  dure  jufqu'à  quinze  cens  ans.  AuHi  Icrt- 
11  à  bâtir  les  maifons  ,  &  à  faire  les  œuvres  vives 
d'un  vaiffeau. 

Ce  mot  vient  du  latin  qiiernus ,  qu'on    a  dit 

kpour  ,quercus.  Mén.  D'autres  le  dérivent  du  chal- 
.daïquc  c:^ijna ,  (îgniliant  rohur. 
On  dit  proverbialement,  que  la  monnoie  du 
Diable  eft  des  feuilles  de  chêne,  qu'il  fait  pa- 
roître  comme  fi  c'étoit  de  l'or. 
CHÊNE-ver/.  Cet  arbre  diffère  du  chêne  ordinaire  ; 
1°  par  fes  feuilles  qui  fonr  dentelées  &:  comme 
cpineufcs  fur  leurs  bords  :  elles  re/îemblent  en  quel- 
que manière  à  celles  du  houx  ,  Aquifolium  ;  mais 
elles  font  blanchâtres  en  deflbus.  i"  Parce  qu'il  eft 
garni  de  feuilles  en  tout  temps  ,  &  qu'il  ne  s'c- 
Icve  pas  aulfi  haut  que  nos  moyens  chênes.  On 
l'appelle  Yeufe ,  Ikx  ;  8c  les  Tanneurs  fe  fervent 
de  fon  écorce  comme  de  celle  du  chêne  blanc 
pour  parer  leurs  cuirs.  Le  bois  de  l'yeule  eft  fort 
dur,  &  fait  de  bon  charbon, qui  en  pUifieurs  en- 
droits eft  le  plus  eftimé  ,  parce  qu'il  confervé  le  feu 
fort  long  temps ,  &  qu'il  n'entête  point.  Le  chêne- 
vert  ,ou  V yeufe,  eft  commun  en  Provence,  en  Lan- 
guedoc &;  en  Efpagne.  Son  noyau  eft  blanc , 
Tome  II. 


C    H   E  YO^ 

ferme  3C  doux.  On  en  mange  en  Efpagne,  comme 
nous  mangeons  des  noifcttes  ;  en  France  on  le 
donne  aux  pourceaux  pour  les  engrailfer.  Les  feuil- 
les &  les  glands  du  chaie-ven  ont  les  mêmes  qua- 
lités que  ceux  Ai\  chêne  commun.  Cet  arbre,  outre 
fon  gland  ,  produit  des  galles  rougeâtres  qui ,  étant 
pilccs  &c  appliquées  avec  du  vinaigte ,  font  fort 
utiles  pour  les  plaies  fraîches  Si  pour  la  rouo-eur 
des   yeux. 

Il  y  a  plulieurs  efpèces  à^eufes  ,  qui  fe  diftin- 
.  guent  par  les  feuilles  &  par  les  fruits.  Celle  qui 
porte  le  kermès  eft  celle  qui  vient  plus  balfe  & 
qui  a  fes  feuilles  plus  petites  \  fon  gland  eft  fort 
gros.  On  l'a  appelé  arbre  qui  porte  la  graine  d'ccar- 
late,  à  caufe  que,  dans  le  temps  où  la  cochenille 
étoit  moins  commune,  on  s'en  fcrvoit  pour  tein- 
dre en  rouge.  Aujourd'hui  on  emploie  plus  de 
kermès,  ou  graine  d'ccarlate,  en  médecine  que  dans 
la  ceinture.  Cette  graine  eft  ronde,  petite,  de  cou- 
leur grife  tirant  fur  le  rouge  par  dehors  ,  8c  pleine 
d'une  liqueur  luifante,  femblable  à  du  lang>dans 
laquelle  nagent  de  petits  vers  ,  d'où  vient  qu'on 
l'a  appelé  vermillon.    Voye^  Kermès. 

Quand -on  a  coupé  un  chêne ,  on  peur  voir  quel 
âge  il  avoir,  en  aplanilfant  la  fouchc  ,  &  comptant 
les  veines  qui  s'y  trouvent,  qui  font  autant  de 
fèves.  Voyez  Aubier.  Toutes  les  parties  du  chêne  , 
lavoir  l'écorce,  les  fcoilles  ,  les  glands,  les  calot- 
tes, &  même  le  bois ,  ont  une  vertu  aftringente. 
Leur  décoélion  eft  bonne  dans  fe  flux  de  làng  , 
dans  le  cours  de  ventre  8c  dans  la  di/fenterie.  On 
eftime  les  glands  dans  la  rétention  (^rine,  dans 
k  calcul,  &  dans  la  colique.  La  décodion  des 
feuilles  tendres,  faites  avec  du  vin,  eft  lîngu- 
lière  dans  la  douleur  des  dents ,  fi  on  s'en  hve 
fouvent  la  bouche. 

Efpritdu  bois  de  chêne.  Terme  de  Chimie.  C'eft 
une  diftillation,  un  extrait  de  ce  bois.  C'eft  un 
excellent  remède  pour  poulfer  les  humeurs  par  la 
tranfpiration.  Quand  il  ne  les  rélbut  pas  par  cette 
voie,  il  les  chalfe  par  les  urines.  Il  eft  propre,  ou- 
tre cela, contre  le  mal  de  dents,  étant  tenu  dans 
la  bouche.  Il  raffermit  les  gencives ,  8c  empêche 
qu'elles  n'admettent  davantage  les  humeurs  qui  eau- 
ibient  de  la  douleur.  Foye^  J.  M.  Hoffrnan,  dans 
fes  Chymicj.  fundamenta. 

On  dir  de   quelqu'un  qui  eft  d'une    graivieut- 
extraordinaire, qu'il  eft  grand  comme  wvi.  chine. 
Chêne,  [petit)  Herbe  qu'on  appelle  auifi  Germanirie. 

Ckamxdris.  Foye^  GermandrÉe. 
CnÈNE-Zi;  -  Fouilleux.  Petite  ville  ou  bourg  de  Cham- 
pagne ,  en  France.  Chêne-lc-Poiiilleux  a  le  privi- 
lège d'envoyer,  au  Sacre  de  nos  Rois,  une  com- 
pagnie d'environ  quatre-vingt  de  fes  Habitans,  fous 
les  armes  ;  lefquels ,  tambour  battant  8c  enfeigne 
déployée  ,  précèdent  le  Prieur  de  l'abbaye  de  faint 
Rémi,  lorfqu'il  apporte  la  fainte  Ampoule  à  la 
Cathédrale,  accompagné  de  quatre  Barons  de  la 
fainte  Ampoule.  Ce  privilège  leur  a  été  accordé, 
parce  qu'autrefois,  dir-on  ,  pendu nt  les  guerres  des 
Angloisjils  retiièrent  la  fainte  Ampoule  des  mains 
de  ces  ennemis  qui  l'enlevoient. 
^fT  Chêne  -  Royal.  Terme  d'Aftronomie.  Nom 
qu'on  a  donné  à  une  conftellation  de  l'Hémifphère 
méridional,  obfervée  par  Halley  en  1661 ,  dans 
l'île  de  Sainte  -  Hélèrse,  8c  qu'il  nomma  ainfi,  en 
mémoire  du  chêne  où  le  Roi  d'Angleterre  le  tint 
caché,  quand  il  fut  pourfuivi  par  Cromwel ,  après 
la  déroute  de  Worcefter.  On  l'appelle  auili  chêne 
de  Charles  :  elle  n'eft  pas  vifible  fur  notre  hémif- 
plière. 
CHÊNEAU.  f.  m.  Jeune  chêne  ou  baliveau.  Quercus 

junior.  Le  meilleur  bois  à  brûler  eft  de  chêneau. 
CHÈNEAU.  f.  m.  Terme  d'.Architeclure.  Canal  de 
plomb  qui  porte  fur  la  corniche  d'un  bâtiment 
pour  recevoir  les  eaux  du  comble  ,  8c  les  conduire 
dans  la  cuvette ,  dans  un  tuyau  de  defcente ,  ou  dan« 
une  i^outticre.  Compluvium.  Chêneaii  à  bord,  eft 
celui"  qui  eft  feulement  ourlé ,  &  dont  on  voit  les 
•  Sss 


kq6 


C  H  E 


C  H  Ë 


crochets  de  fer  q\xi  le  tcûcnncriz.  Ciijus  tohvolu.nis  / 
/ufihis  efl.  C/tênecii  à  èavettejdl  celui  qui  ell  rccou-  j 
vert  par  le  devant  d'une  bande  de  plomb  blanchi  s  | 
pour  cacher  les  crochets.  CV/yw^/iîrj.-  ancericr  coo-  \ 
petto,  plnmheâ    lamina    ejt ,    compluvium    lammà 
plumhcâ  reteclum.  Chéneau  efl:  aulli ,  dans  les  grands 
cdifîces,une  rigole  taillée  dans   la  pierre  qui  tait 
la  corniche  ,    &:  d'où   les   eaux  coulent  dans  les 
gargouilles.  On  appelle  auilî  chineai:  ,  un  canal  de 
bois  qui  reçoit  les  eaux  d'un  toit ,  5c  les  jette  en  bas  : 
&  c'eft  apparemment  de  là  que  ce  nom  eft  venu 
d'abord ,  parce  que  c'eft  un  chcneau  ou  petit  chêne 
creuic  &;  taillé  en  canal.  En  quelques  Provinces, 
on  dit  Echeneau,  mais  mal.  Voy::^  Chaînïau. 
HENER.  V.  n.  Ce  mot  étoit  autrefois  en  ufage;  il 
lignifie  ,  s'ennuyer ,  dejfecher  d'ennui.  Ttedere  ,  tœ- 
dio  ajfki ,  confia.    Voye^  Chemir. 
^  CHENERAILLES.  Ville  de  France,  dans  la  Mar- 
che ,  à  quatre   lieues  de  Gucret. 
CHENET,  f.  m.  Uftenfile   icrvant  dans  les    chemi- 
nées pour  foûtenir  le   bois  à  brûler.   Fnlmcntum 
ferreum  qiio  ligna  fufiineniur  ,  fulmentuin   foca- 
rium ,  futices  focarii.  %Ct  La  partie  qui  ibutient 
le  bois  efl;  toujours  de  fer ,  6c  le  devant  efl  quel- 
quefois de  fer  ,  fouverit  d'autre  métal ,  de  cuivre , 
d'acier  doré,  d'argent ,  &c.  Ce  mot  vient  apparem- 
ment de  ce  qu'autrefois  leur  partie  inférieure  re- 
prélentoit  un  petit  chien ,   comme  on  en  a    fait 
depuis  avec  des  figures  de  lions ,  de  muffles ,  de 
mafques  ,    &c.  comme    qui  auroit    dit    chiennet. 
Ménage  eft  de  cet  avis ,  &  n'eft  pas  le  feul, 
CHENET^  f.  m.  pi.  En  termes  de  mer ,  ce  font  des 
uftenliles  ,  dont  les  uns  fervent  à  la  cuifine ,  &  les 
autres  à  l'atelier,  pour  chaufîer  les  planches  •,   6c 
par  leur    moyen  les    Hollandois  donnent  le   feu 
aux  planches  avec  une  grande  facilité. 
CHENETEAU.  f.  m.  Jeune  chêne  ou  baliveau  au 
deiîbus  de  trois  pics  de  tour.  Conf.  des  Ordonn. 
des  Eaux  &  Forêts. 
CHÉNEVIÈRE,    autrefois    CHANVRIÈRE  ,  lieu 
femé  de    chcnevis ,  pour  faire"  venir  du  chanvre. 
Solum  cannaUt  cannalo  conjîtum.  Epouventail  de 
chénevière ,  eft  un  vieux  haillon  attaché  au  bout 
d'une  perche,  pour  épouvanter  les  oifeaux  qui  vien- 
nent   manger    les  chénevis.   Nos  chénevières  font 
bien  levées.  Il  faut  cueillir  la  chénevière,  c'eft-à- 
dire ,  arracher  le  chanvre  qui  eft  dedans.  Liger. 

On  appelle  figurcjnent  une  perfonne  fort  laide.  Se 
propre  à  faire  peur  ,  un  epouventail  de  cliéneviére. 
^3°  On  le  dit  aulfi  d'une  chofe  dont  on  veut  nous 
fiire  peur,  6c  qui    n'eft  propre  à  épouvanter   que 
s    perfonnes  timides. 
CHÉNEVIS.  f.  m.  Petite  graine  qui  eft  la  femcnce 
de    la  plante    dont  on  tire  le  chanvre.  Cannabis 
j'emen.  C'eft  un  grain  dont  les  oifeaux  ibnt  friands, 
&  qui  fert  à  nourrir  ceux  qui  font  en  cage.  Voyei_ 
Chanvre, 

Le  chénevis  croit  mis  autrefois  au  nombre  des 
légumes  que  l'on  fervoit  frires  au  deflert  ;  mais 
à  préfent  ce  mauvais  ragoût  eft  entièrement  banni 
des  tables.  Il  eft  mauvais  à  l'eftomac  fie  à  la  tête  ; 
&  il  aliéneroit  l'efprit  à  qui  en  mangcroit  beau- 
coup. L'on  en  fait  de  l'huile  qui  fert  aux  lam- 
pes ,  8c  à  quelques  pauvres  gens  qui  en  mangent 
au  potage.  De  la  Mare  ,  Traité  de  la  Pol.  Liv.  V , 
T.  XV,  ch.  5 ,  où  il  cite  Bruycr.  Campeg.  de  re 
cihar.  cap.  i  \ , 
CHENEVO.TTE.  f.  f.  C'eft  le  tuyau  de  la  plante 
produite  par  le  chénevis  ,  quand  il  eft  fec,  6c 
quand  il  a  été  dépouillé  de  fa  filafle  Calamus  can- 
naFuius ,  • 

CHÉNEVOTTER.  V.  n.  Terme  d'Agriculture.  Poufler 
du  bois ,  Se  des  branches  foibles  comme  des  chéne- 
votres.  Ramos  tenuiores  ,  débiles  edere  ,  producere. 
Les  vignes  n'ont  fait  que  chénevotter  cette  année  -, 
c'eft-à-dire,  n'ont  pas  poulie  comme  il  faut,  n'ont 
donné  du  bois  que  comme  des  chénevottes,  mar- 
que d'altération  au  dedans  du  fep.  Liger. 
CHENICE.  f,  £  Ancienne  mefure ,  qui  étoit  la  hui- 


%. 

AtlTEh< 


tièmc  partie  du  boilfeau.EUe  étoit  en  ufage  àAtTrEhesi 
CHENIL,  f  m.  Bâtiment,  lieu  où  on  loge  des  chiens, 
&  particulièrement  ceux  de  chalfe.  Canum  jidbu-    • 
lum ,  camle.  On  appelle  au!!!  chenil,  le  lieu  où 
logent  les  Officiers  de  la  Vénerie,  les  valets  qui 
fervent  à  la  chalfe,  (fc.  parce  qu'il  eft  près  de  celui 
où  font  les  chiens.  On  prononce  dieni. 

On  dit  figurcment-  d'un   logement  fort  fale  ic 
fort  vilain  ,  que  c'eft  un  vrai  chenil.  Acad.  Fr. 

Ce  mot  vient  de  canile ,  qui  a  été  fait  de   ca- 
nis.  Ménage. 
CHENILLE,  f.  f.   Infede    du  genre  des  vers ,    qui 
ronge   les  feuilles  des  arbres ,  6c  qui  à  la  fin    fe 
change  en  papillon,  après  avoir  pafîc  par  l'état  de 
chryfalide.  Eruca  ,  campe.  Foye^  M.  De  Reaumur , 
Hifi.  des  hifecl.  Swammerdam  dit  que  la  chenille 
eft  le    ver    du    papillon    de    nuir,  qui    fe   forme 
d'un  œuf,  dont  l'écaillé  paroît   comme  d'un   œuf 
de  poule ,  Se  fragile.  Le  mâle  a  des  ailes ,  6c  la  fe- 
melle  n'en  a  point.  On  voit    fur  le  corps  de   la 
chenille  quatre  parties  blanches  tirant  fur  le  jaune , 
qui  rcifemblent  alfcz  o.  ces  vergettes  dont  on  net- 
toie les  habits-,  elle  a  aux  environs  de  la  tête  deux 
efpèces  de  bouquets  de  plume  noire.  De  chaque 
côté  elle  a  deux  petits  avirons  dont  les  filets  ref- 
femblent  à  ceux  des  plumes.  Sa  peau  eft  parfemée 
de  petits  poils   bruns,  feparés  les  uns  des  autres, 
entre     lefquels    on  découvre    de    petites   plumes 
dont  les  couleuis  font  fort  agréables.  Elle  a  feize 
pies  ,  fix  au   devant  ,    huit  au  milieu.  Se    deux 
derrière.  D'abord    elle    eft  enveloppée    du    tiflli 
qu'elle  a  filé  ,    Se  elle   s'y    lepofe    comme     dans 
un   nid ,  fans  qu'il  lui    refle  le  moindre  mouve- 
ment. A  force  de  fe^tourner  dans  cette  enveloppe, 
elle  fe  dépouille  de  tous  fes  poils ,  Se  ce  ver  perd 
tout-à-fait  fon  mouvement  avant  que  de  quitter  fa 
peau:  alors  on  lui  donne  le  nom  de  nymphe  dorée , 
chrvfa/is  ou  aurelia.  Il  y  en  a  qui  font  des  trous 
dans  la  terre  pour  s'y  cacher  ;  d'autres  filent  au- 
tour de  l'extrémité  de  leur  corps  un  tiflu   qui  les 
tient   fufpcndues   en   l'air  ,  où    elles   fe  dépouil- 
lent de  leur  peau.  Dans  la  nymphe  dorée,  qui  eft 
celle  du   mâle  ,  on  découvre  les  yeux ,  la  petite 
trompe  6c  les  cornes,  les  jambes  Se  les  ailes ,  6c  les 
petits  poils  dont  fon  corps  eft  couverr.  La  femelle 
a  une  autre  nymplie  dorée,  qui  diffère   du  mâle 
dans  fes  cornes,  dans  fes  ailes,' 6c  dans  la  gran- 
deur de  fon  corps.  Enfuite  elle  fe  change  en  pa- 
pillon, dont  le  mâle  a  des  aîles  extrêmement  vî- 
tes ,  des  cornes  fort  belles ,  6c  le  corps  bien  fait. 
Ces  parties  manquent  à  la  femelle  qui  a  le  corps 
fort  gros  Se  mal  fair.  Elle  n'abandonne  jamais  fes 
œufs ,  Se  les  attache  toujours  au  tilîù  dont  elle  eft 
revêtue.    Fabius  Colonna  alTure  que  ,  quand  une 
chenille    mange   de   plufieurs  planres  ,    c'eft    une 
marque  qu'elles  ont  la  même  qualité.  Mais  il  y  a 
des  Naturaliftes  qui  difenr  que  chaque  plante  a 
fa    chenille  particulière ,  à  laquelle  elle  fert  d'ali- 
ment. Swammerdam  en  faifoit  voir  dans  fon  Ca- 
binet, de  cinquante-quatre  fortes,  entre  lefquelleS 
il    y   en   avoir    de    demi  -  chenilles  Se    de  demi^ 
papillons. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  canicula, 
à  caufe  de  la  rellcniblance  qu'ont  certaines  che- 
nilles à  de  petits  chiens. 
Chenille  en  bâton.  Lorfqu'elle  fe  trouve  fur  une 
branche ,  8c  qu'elle  a  celfé  de  prendre  fa  nourri- 
ture ,  fon  corps  s'alonge  tout  entier ,  Se  fe  te- 
nant d'une  grande  roideur  fur  les  deux  jambes 
de  derrière,  il  forme  avec  la  branche  une  angle 
de  quarante-cinq  degrés  ;  c'eft-à-dire ,  que  l'ani- 
mal eft  là  droit  comme  un  bâton  pofé  debout 
fur  un  plan ,  Se  dans  une  fituation  oblique  ;  ce 
que  nos  plus  habiles  Voltigeurs  ne  pourroient 
pas  exécuter  pendant  un  moment,  avec  quelque 
force  qu'ils  puHent  cramponer  leurs  pies  :  cepen- 
dant c'eft  dans  czi  état  qne  la  chenille  fe  tran- 
quillife.  Hifl.  nat.  des  Abeilles  ,  T.  I ,  p.  xo. 

Les  chenilles ,  qu'on  appelle  chenilles  du  Pin  , 


tHE 

àùfii  parle  Diôfcoride'j  font  leurs  nids  au  fommet 
des  branches  des  pins ,  où  on  les  voie  à  milliers. 
Elles  font  velues,  rouflfâtres  &  revêtues  de  plu-  ■ 
fleurs  petites  peaux.  Il  y  en  a  beaucoup  dans  les  : 
vallées  d'Ananie  6c  de  Fieme,  auprès  de  Trente. 
On  les  a  auffi  appelées  campa ,  du  grec  /.«fts-, ,  à 
caufe  qu'elles  font  tort  aux  arbres.  M.  Ray  ,  dans 
ionHijioria  Infectorum,  décrit  plus  de  deux  cens 
douze  cfpèces  de  chenilles. 

On  dit  figurément  d'une  perfonne  maligne  ,  qui 
fait  du  mal  fans  y   être    excitée  ,  que    c'eft    une 
méchante   chaiilk.  On  dit  de    plulîeurs  Laquais  \ 
derrière  un  carroife  ,  que  c'eft  un    vilain    trochei 
de  chenilles.  * 

Chenille  ,  terme  de  Rubanier.  C'efl  une  efpèce  de 
bout  de  pailêment,  ou  ornement  de  Ibie ,  qu'on  mci 
fur  des  habits  &:  des  baudriers ,  qui  a  la  fi-t^ure 
d'une   chenille. 

Chenille.  Ç.i.Scorpioïdes,  Plante  annuelle  à  fleurs, 
légumineufe  ,  &  dont  le  fruit  reprcicntc  une  ^che- 
nilli  ,  d'où  vient  l'on  nom  frànçois ,  (  celui  de 
ScorpioiJes  ,  queue  de  fcorpion  ,  ne  convient 
qu'aux  firuirs  tle,  quelques  efpèces.  )  Sa  racine  eft 
menue  ,  de  rouieur  de  buis  :  elle  donne  à  fon 
collet  quelques  brins  longs  de  fept  i  huit  pou- 
ces au  plus ,  couchés  par  terre  -,  d.  s  nœuds  naifîent 
des  feuilles  alternes ,  charnues ,  longues  de  deux 
■pouces ,  étroites  à  leur  origine ,  mais  beaucoup 
plus  larges  vers  leur  extrémité,  qui  le  terminenr 
en  pointe,  femblables  par  leur  figure  à  celles  du 
'buplevrum  ordinaire  ,  d'un  vert  un  peu  plus 
foncé.  De  leurs  aiflelles  partent  des  pédicules 
longs  de  trois  pouces  environ,  grêles,  &  qui  fou- 
tiennent  chacun  une  ou  deux  fleurs  Icgumineuies , 
dont  les  calices  font  des  cornets  verdâtres  den- 
telés fur  leurs  bords.  Le  piftil  de  ces  fleurs 
jt  <icvieni  urtc  gouile  verte-pâle,  héridee,  f:mblable 
P  à  une  chenille  verte  ,  de  la  même  groilêur ,  &;  rou- 
lée fur  elle-même.  Cette  goufle ,  dans  la  longueur , 
cit  parragée  en  pluiîeurs  loges  qui  contiennent  cha- 
cune une  femence  couleurde  buis,  ovale  :  on  élevé 
cette  planre  aflez  aifcment.  Des  Curieux  la  culti- 
vent ,  pour  mettre  dans  des  ialades  fes  fruits  qui 
trompent  ceux  qui  ne  font  pas   prévenus. 

|0-  CHENISQUE  ,  f.  m,  ou  la  petite  Oie.   Orne- 
ment qiSe  les  Anciens  pratiquoient  à  la  poupe  de 
H    leurs  vailfeaux.  Il  confiftoit  en  une  tête  d'oie  avec 
'  '     fon  cou  ,  yji ,  Oie. 

CHENON.  f.  m.  Terme  de  Vitrier.  On  apelle  chinons, 
des  vîrtes  dont  prefque  toutes  les  pièces  paroiflent 
engagées  &  liées  les  unes  avec  les  autres  comme 
les  anneaux  d'une  chaîne  ,  &  forment  différens  car- 
rés cui  fcmblent  tous  fe  tenir. 

CHÉNOSIRIS.  f.  f.  Plante.  CAe/zo/?;/^.  C'eft  le  lierre 
que  les  anciens  Egyptiens  ont  ainii  nommé  ,  parce 
qu'il  étoit  confacre  à  Ofiris. 

CHENU  ,  UE.  adj.  Vieux  mot ,  qui  lignifie  hUnc  d^ 
vitilleffé.  Canus.  Ce  mot  n'eft  plus  guère  ufité  en 
profe ,  où  il  ne  peut  plus  entrer  qu'en  riant ,  en  ba- 
dinant. 

Pour  moi  Je  cède  ait  temps ,  &  ma  tète  chenue 
M'apprend  qu'il  faut  quitter  les  hommes  &  le  'jour. 

Main. 

Il  vient  de  camitus ,  employé  parles  Latins  en 
la  même  lignification.  Ménage.  D'autres  difent  qur 
ce  mot  vient  par  corruption  de  chef  nu  ,  ou  dé- 
pouillé de  fa  chevelure. 
Chenu  s'eft  dit  aulfi  figurément  &  poétiquement,  des 
hautes  montagnes  ,  parce  qu'elles  font  toujours  cou- 
%'ertes  de  neiges.  Les  Alpes  chenues.  On  le  dit  ^ulTi 
des  ondes  de  la  mer  ;  pour  dire  ,  qu'elles  font,  blan- 
cliiflantes  d'écumes.  Il  n'eft:  pas  du  ftyle  noble. 

On  compterait  plutôt  les  arènes  menues , 
Ç«e  baigne  F  Océan  de  fes  vaç;ues  chenues.  Godeau. 

CHEOIR,  plus  ordinairement  CHOIR,  v.  n.  Tomber. 
Cadere,decidere.  Ce  bâtiment  n'eft  pas  bien  étayé  , 
il  eft  ea  danger  de  cheoir.  Il  cha  de  U  aeigc  ,  de  la 


<'■     -  - 


pîuîe ,  de  la  grêle.  Expreiïion  tout-à  fait  mauvaiie 
en  profe  au/fi-bien  qu'en  Pcëfie.  On  à\i]eckus  ,  je 
iuhchît,]c  cherrai  :{c_^QÙX:  peuple  de  Paris  dit 
je  choirai.  Ort  a  dit  autrefois  cA^ier  ,  chdir  >  chaoir^ 
&  enlùite  cheoit, 

pu  aultremem  foudre  &  tempête 
'Qhtïzzfiir  toi.  Marot. 

Ce  verbe,  quelque  bcfoin  qu'on  en  ait  en  Poëlte» 
eft  mort  avec  le  grand  Corneille  ,  qui  s'en  eft  en- 
core  fervi.  Gloff.  des  Poëf.  du  Roi  de  Nav. 

Voltaire  fait  la  même  remarque  ,  &;  ajoute  que 
du  tcmps'mêmc  de  Corneille,  le  moi cheoir  ne  pou- 
voit  être  employé  pour  ,  tomber  en  partage, 

Cheoir.  figiiifie  aulfi  diminuer  en  crédit^  en  for- 
tune. Excidere.  Ce  Marchand  a  fait  de  e:rnndcs 
P-ftes,  il  eft  en  danger  de  cheoir ,  s'il  n'eft  pas 
aiiiftédc  les  amis.  L'élévation  des  grands  n:  fert 
qu'.i  les  faire  ckcoir  de  plus  haut. 

On  dit  qu'une  perfonne  penche  du  côté  qu'elle 
veut  cheoir  ,  lorfqa'on  s'apperçoit  de  fes  fentiracnsj 
&  qu'on  prévoit  de  quel  côtc'elle  va  opiner. 

CHEOITE.  r.  f.  Cheute  ,  ou  chute.  Cajhs,  lapfid, 
K.heoite    eft    formé  de  cheoir.    Qieoite    n'eft    pluï! 
d'ulage>      . . 
CF  CHEP.  Voye:'^  Chepage, 

CHEU  ou  CHU  ,  UE.  part.  Tombé.  Qiii  cecidit  s 
accidit.  Il  eft  chû  de  bien  haut.  On  dir ,  il  eft  chU 
en  pauvreté  -,  pour  dire  ,  il  eft  devenu  miferable , 
il  n'a  pas  de  pain. 

CHEOURS.,  royc^  Ceols.  .      . 

CHEI- AGE  ou  CHEP.  f  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifie 
geôle.  Chepage  ,  eft  la  fonélion  ,  l'emploi  deGéo* 
VxQi.Carceris  cujiodia.  Voye:^  Chépier. 

CHEPENEC,  {'.  m.  Gros  feutre  ou  bureau  ,  dont  Ici 
Turcs  font  des  caparaçons  à  leurs  chevaux  pour  i'hi* 
ver.  ViGEN.  lllujt.  fur  l' Hifl.de  Chakond.p.  544. 

CHEPIER.  ['.  m.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  Géolief. 
Carceris  cujtos  ;  &  dans  la  bafle  latinité.  Carcerarius, 
Il  y  a  apparence  que  chépier  s'ed  dit  pour  cêpier» 
&  que  ce  dernier  mot  vient  de  ceps,  qui  font  les  fers 
dont  on    enchaîne  les  prifonniers. 

CHEPTEIL  ou  CHEPTEL,  f  m.  Bail  des  beftiauxi 
qui  le  fait  torfqu'un  Maîttre  donne  .à  un  FermieÇ 
un  nombre  de  bœufs  ou  de  brebis ,  à  condition  de 
les  nourrir,  &:  d'en  rendre  pareil  nombre  à  la  fin 
du  bail ,  &  d'en  partager  le  croît  &  le  profit.  Le 
catio  pecorumfalvâ  forte  &  mediâ  lucri  parte.  C'eft 
un  grand  trafic  qui  fe  fait  dans  les  Provinces ,  que 
celui  des  beftiaux  à  chepteil. 

Ce  mot  vient  de  capital  &  de  capïtau  ,  qui  fe 
trouve  dans  les  Coutumes ,  à  caufe  que  chepteil  eft 
compofé  de  plufieurs  chefs  de  bêtes  qui  fpnnent 
un  capital  -,  &  il  y  a  apparence  que  le  mor  de  capital, 
qui  fignifie  le  fonds  d'une  rente ,  eft  venu  d'une 
même  fource:  car  de  même  que  ce  capital  ou  cAt;/;- 
/eiV  produit  un,  croît  de  beftiaux  qui  en  fait  le  pro- 
fit ,  de  même  le  fonds  d'une  rente  produit  des  in- 
térêts. Ragueau  prétend  que  ce  mot  vient  de  l'achat 
&  pirix  du  bétail  pour  lequel  il  eft  nvs  en  bail,  &: 
non  ^-ks  (\e  capital .,  comme  a  prétendu  Du  Mou- 
lin, îc  il  fuppofe  qu'on  doit  lire  chavtal.  Du  Canine 
prétend  que  ce  mot  vient  de  catallum ,  qu'on  a  'dit 
pour  capitale  ..  A' où.  on  a  fait  chaptel ,  ckatel ,  8C 
catel,  d'où  eft  v^nu  aulîi  le  mot  à?,  c  iteux  ,  qui 
fe  dit  des  biens  en  partie  meubles ,  &  en  partie 
immeubles.  Mais  je  crois ,  avec  plus  d'apparence  j 
qu'il  vient  de  chat  al ,  vieux  mot  cek-que,  ou  bas- 
breton  ,  qui  (îçmifie  un  troupeau  de  'êtes.  On  fouve 
quelquefois  chaptel,  chaptail  &  rhetel ;  mais  de 
quelque  manière  que  ce  mot  foi t  ccrir,  il  fau:  au- 
jourd'hui prononcT  chetel. 

^(3-  CHEPTELIER.  Terme  de  Juriinruderce.  Pre? 
neur  d'un  bailà  chcpt.-l ,  d'un  bail  debeftianx  dont 
le  produit  doit  fe  parragcr  entre  le  preneur  &  le 
.   In  illeur. 

CHEPU.  f.  m.  Terme  de  Tonnelier,  Billot  de  \}oH 
élevé  de  deux  ou  trofs  pies ,  fur  lequel  on  bîicïiè 
d'autre  bois  qui  n'eft  pas  fulide. 


^o8  C  H  E 

CHEQ.  f. m.  Chérif,  Prhice  de  la  Mecque,  Grand- 
Prêtre  de  la  Mecque  ,  &  comme  l'ouverain  Pontife 
de  tous  l:s  Mahomctrais.  Meccanus  Frinceps,  Sum- 
mus  Mdhomctanorv.m  Foniifex.  Le  Cheq  eft  reconnu 
Chefde  larcliiiion  Mahomccanc  par  les  diiicren- 
tes  leclcs  qui  la  partagent  ;  tk  le  Grand-Seigneur  , 
le  Sophi ,  les  Mogols  ,  &  les  Kans  des  Tartares , 
lui  envoient  des  prcfens  ,  fur  rout  des  tapis ,  pour 
couvrir  le  tombeau  de  Mahomet ,  &  des  tentes 
pour  lui  -,  car  le  Chcq  a  une  tente  près  de  la  Mof- 
quce  de  la  Mecque  dans  laquelle  il  demeure  pen- 
dant les  dix-fept  jours  de  dévotion  du  pèlerinage 
à  la  Mecque.  Chaque  année  on  change  ce  tapis  &: 
cette  tente  ,  &  le  Clieq  en  envoie  des  morceaux 
aux  Princes  qui  ont  otfcrr  de  nouvelles  tentes  ou 
de  nouveaux  tapis  :  quelquefois  il  les  envoie  tous 
entiers ,  mais  ce  n'eft  qu'aux  plus  grands  Princes. 
Son  revenu  eit  confidcrable ,  &  conlifte  dans  les 
prefens  que  les  Princes  &:  les  Pèlerins  Mahomc- 
tans  font  à  la  Mofquce  de  la  Mecque  &c  à  Médine. 
Les  dévotions  du  Pèlerinage  durent  dix-fept  jours , 
pendant  lefquels  le  Cheq  défraye  les  Pèlerins  -,  pour 
cela  le  Grand-Seigneur  lui  envoie  tous  les  ans  une 
très-grande  lbmme-,&  afin  quelle  le  foit,  ieCkeq 
a  foin  de  perfuadet qu'il  va  tous  les  ans  pendant 
ces  jours-là  feptante  mille  Pèlerins ,  &  que  s'il  y 
en  avoir  moins,  les  Anges,  en  forme  d'hommes, 
viendroient  achever  ce  nombre. 

CHEQUE,  f.  m.  &  f.  Bohême,  qui  eft  de  Bohême. 
Bohemus.  Les  Bohêmes,en  leur  langue ,  c'eft-à-dire, 
en  langue  eiclavone,  font  nommés  chèques  ;  &  ils 
ont  prisée  nomdeChech,  premier  fondateur  de 
leur  Monarchie  ,  li  l'on  en  croit  Jean  Herburt  de 
Suiftin,  dans  fon  Hifi.  des  Rois  de  Pologne. 

CHEQUL  f.  m.  C'cfl:  un  des  quatre  poids  dont  on  fe 
ferr  dans  les  Echelles  du  Levant ,  particulicrem.ent 
à  Smyrne.  Il  pèle  fix  livres  un  quart,  poids  de 
Marleille. 

CHER  ,  ÈRE.  Qui  eft  de  grande  valeur.  Carus ,  pre- 
tiofus.  Les  diamans  font  chers.  Les  tableaux  font 
ckers  ,  quand  ils  l'ont  des  grands  Maîtres.  Autre- 
fois on  difoit  chier  pour  cher. 

Ce  mot  vient  du  larin  carus  ,  qui  cfl:  oppofé  à 
vilis ,  en  ce  qu'on  appelle  une  chofe  vi/s  celle  qui 
efl:  commune  ;  de  chère  celle  que  peu  de  perfonnes 
ont.  Id  qv.o  multi  carent.  Carus,  cher,  ami,  eft 
pris  du  celtique  car ,  Pezron  -,  ou  le  prétendu  cel- 
tique car  de  carus.  D'autres  font  venir  cher  de 
^«f'5 ,  gratia. 

Cher  fe  dit  figurément  des  perfonnes  pourlefquel- 
Ics  on  a  de  la  tendrelfe  &  de  l'amitié ,  &  des  chofes 
pour  Icfquelles  on  a  de  l'attachement ,  des  chofes 
&des  perfonnes  qui  ont  ou  nous  paroiffent  avoir 
une  grande  valeur.  Carus.  Ce  fils  vous  efl:  cher.  Son 
repos  lui  efl:  fort  cher.  L'honneur  nous  doit  être 
plus  cher  que  la  vie.  La  mémoire  d'un  fi  fidèle  ami 
m'eft  encore  chère  &:  précieuie.  Vill.  Les  hyperbo- 
les ,  fi  chères  aux  Italiens  &  aux  Eipagnols ,  ont 
moins  de  crédit  parmi  nous.  Bouh.  La  mort  nous 
averrit  tous  les  jours  par  de  trifl:es  exem.ples ,  qu'il 
faudra  un  jour  renoncer  à  nos  plus  cliers  engagc- 
mens.  Flech.  L'Eglife  ne  devoir  pas  vous  être  moins 
chère  ,  parce  qu'elle  vous  paroillbit  défigurée.  Ni- 
coL.  Le  mérire  qui  nous  efl:  cher ,  nous  paroît 
tout  d'un  autre  prix  que  celui  que  nous  hai/Tons. 
Ch.  d.  Mek. 

On  dit  dans  le  fl:yle  familier  ,  mon  cher,  fans 
rien  ajouter  -,  pour  dire,  mon  cher  ami.  On  dir  auilï 
dans  le  même  fens ,  ma  chère  :  |tT  expredion  ca- 
valière, par  laquelle  on  veur  ordinairement  mar- 
quer la  fupèrioritè  Mon  cAôt  Monfieur  :  cette  ex- 
prefTion  alfcz  familière ,  n'efl:  pas  plus  honnête. 

|;CF  Cher  fcrt  aulfi  à  exprimer  l'excès ,  ou  réel  , 
ou  d'opinion  ,  du  prix  d'une  chofe.  On  dir  qu'une 
chofe  efl:  chère  ,  quand  elle  efl:  à  plus  haut  prix  q,u'à 
l'ordinaire  ,  ou  quand  elle  efl:  portée  au  delà  de  fa 
valeur  ,  ou  quand  la  fomme  d'argent  qu'il  y  faut 
mettre ,  efl:  trop  grande ,  relativement  à  notre  état. 
Les  blés  font  chers  cette  année ,  plus  chers  qu'à 


C  H  E 

l'ordinaire.  Ce  dismnnt  eft  cher ,  i\  n'y  a  pas  de  ptô- 
portion  enrre  fa  qualité  &  la  fomme  qu'il  faut  don- 
ner. Cela  eft  trop  cher  pour  moi,  cela  eft  d'un  trop 
grand  prix,  relarivement  à  mes  faculrès. 

1^  Le  mor  de  cher  fe  dit  aufli  du  Matchand  qui 
veut  vendre  une  chofe  plus  qu'elle  ne  vaut ,  ou 
qui  veut  gagner  plus  que  les  autres  fur  fa  marchan- 
dilè.  Ce  Marchand  eft  cher ,  trop  cher ,  il  perdra 
tous  fes  chalans.  C'eft  chère  épice. 

Ip'CHERfe  prend  aufia  adverbialement.  Vendre  c/^er» 
trop  cher.  Carè ,  carius ,  magna  pretio.  Cela  me 
coûte  c/z«fr.  J'ai  acheté  fa  mailbn  trop  cher. 

^  Cher  fe  dit  auffi  dans  le  fens  figuré  ;  vendre 
cher  fa  vie ,  fe  bien  défendre.  Les  hommes  achè- 
tent bien  cher  l'empire  qu'ils  fe  font  attribué  fur 
les  femmes.  S.  Evr.  Les  Mathématiques  exigent  de 
trop  profondes  méditations  ■■,  il  faut  être  bien  amou-» 
reux  d'une  vcrirè  ,  pour  l'acherer  fi  cher.  Id. 

Ah  que  vos  yeux  fur  moife  font  hien  exercés  ! 
Et  qiCils  m.' ont  vendu  cher  les  pleurs  qu'ils  ont 
verfés.  Racine; 

ÇCF  Pour  faire  entendre  qu'on  fe  vengera  d'un  homms 
dont  on  a  reçu  quelque  injure ,  on  dit  proverbia- 
lement &  figurément ,  qu'on  lui  fera  payer  plus  cher 
qu'au  marché. 

CHER.  Caris.  11  y  a  deux  rivières  de  ce  nom.  La  plus 
confidérable  prend  fa  fource  dans  les  montagnes  de 
la  haute  Auvergne  à  Auzence  ,  arrofe  une  grande 
parric  du  Berry",  Se  fe  jette  dans  la  Loire  en  Tou- 
raine  ,  vis-à-vis  de  Langeft.  L'autre  eft  dans  la  prin- 
cipauté de  Sedan. 

CHERAFIS.  f.  m.  Qu'on  nomme  autrement  Tela.  Ef- 
pcce  de  niédailles  ou  de  jetons  d'or  qui  fe  fabriquent 
en  Perfe. 

CHERAFS.  f.  m.  pi.  Changeurs  Banians  établis  en 
Perlé  ,  particulièrement  à  Scamachi  fur  la  mer 
Cafpienne. 

03-  CHERAMIDI  ou  CHRAMIDI.  Petite  ville 
de  la  Morée  ,3U  Belycder,  vers  les  confins  delà 
Zaconie  ,  entre.Calafnata  &  Zernata. 

UCF  CHER AQUIS.  Peuple  lauvage  de  l'Amérique  i 
à  l'oueft  de  la  Virginie.  On  appelle  quelquefois  ces 
fauvaiîes  les  Tètes  plates. 

CHERÂY  ou  CHAHY.  f.  m.  On  nomme  ainfi  eii 
Perfe  un  des  poids  dont  on  fe  ferr  dans  le  Com- 
merce. C'eft  ce  qu'on  nomme  autrement  le  poids 
civil ,  ou  commun ,  qui  eft  double  de  ce  qu'on 
apoc-lle  poids  légal. 

IJ^-CHERAZOUL.  Ville  du  Curdifran  lut  la  route  de 
Ninive  ou  Moful  à  Hifpahan. 

CHERBET.  f.  m.  Foye^  Sorbet. 

CHERBOURG  ,  que  Du  Chefne ,  Jntiq.  des  vill.  de 
Fr.  L.  VU,  c.  14,    &  M.  Danneville  ,   écrivent 
Cherehourg;  mais  fon  nom  le  plus  en  ufage  eft  Cher- 
lours.  ,  félon  la  remarque  de  M.  Corneille.  Sige- 
bert'à  l'an  1 1 1?;  ,  l'appelle  Cœfaris  burgum  ,  ou  hur-      \ 
gus  ;  £c  Du  Chefne  &  Valois  l'ont  fuivi.  Froidard 
dir  queCciar  la  fonda,  quand  il  conquit  l'Angle- 
terre -,  cependant  il  eft  certain  que  Céfar  ne   pafià 
point  par4à  pour  aller  en  Anglererre.  Le  P.  Brier,     î 
Baudrand ,  Holîhian ,  l'appellent  Carohurgus.  Cher-     \ 
bourg  eft  une  ville  &  port  de  mer  en  Normandie, 
à  l'extrêmiré  du  Cotentin.  Quelques-uns  ont  cru 
que  le  nom  de  Cherbourg  venoit  de  Cherebcrt  Roi 
de  Paris,  qui  la  fonda  dir-on:  mais  i^,  la  refîcm- 
blance  des  noms  ne  fuffit  pas  pour  perfuadcr  qu'il 
en  foit  le  fondateur  ;  &  i».  le  Corentin  n'étoit  pas 
dans  fon  partage.  Ainfi  l'on  ne  fait  rien  de  la  fonda- 
tion de  Cherbourg  ,  ni  de  l'origine  de  fon  nom.  Il  y 
a  à  Cher  bourg  une  mzmif^Ame  de  glaces  Se  decrif- 
raux.  Metfieurs  de  l'Académie  déterminent  la  lon- 
gitude de  C/;crr/'o«r?  à  id  degrés,   &  fa  latitude  à 
49  degrés  38  minutes. 

Selon  les  nouvelles  obfervations ,  le  Méridien 
de  Cherbourg ed  plus  à  l'occident  que  celui  de  Paris 
de  o  h.  16'  8",  5C  en  parties  de  l'équateur  4°  x'  o": 
c'eft-à-dire,  que  fa  longitude  eft  de  15''  49'  xo".  Pour 
fa  latitude  ,  il  eft  au  49°  58'  10  ', 


ifp-  CHER-CENS,  royei  Cens, 

CHERCHE,  f.  h  Soin  qu'on  prend  de  trouver  quel- 
que chofe.  ïnqiafltio  ,  itzvejligatio.  Quand  on  a 
befoin  de  trouver  quelque  acte,  il  faut  payer  le 
Notaire,  le  Greffier  pour  la  cherche  :  d3.m  et  kns 
cherche  ne  le  dit  point ,  on  dit  recherche. 

Chercïïe  ou  Cerce  ,  en  termes  d'Architedure  ;  efl: 
la  defcription  d'une  ligne  courbe  ,  qui  ne  fe  peut 
faire  d'an  trait  de  compas  ou  d'autre  inftrumcnt  , 
mais  en  cherchant  pluficurs  points  &  en  tâtonnant , 
comme  font  les  coupes  de  pierres  en  figuras  ellipti- 
ques, coniques,  paraboliques,  &c.  C'eil  le  trait 
d'un  arc  furbai/fé  en  rampant ,  ou  de  quelque  autre 
ligure  traccepar  des  points.  Collecla  ex  luieolis  at- 
uxtis  linca  intégra  ,  qiKzfit  dimenfio  totius  cujiif- 
piam.  Ces  cherches  s'appellent  de  divers  noms, 
fur^aifee  ,  furhaufees  ,  ra/ongées.  comme  il  s'en 
voit  plufieurs  dans  les  anciennes  voiites  gothiques. 
La  cherche  juriaifee  ell:  celle  qui  a  moins  d'éléva- 
tion que  la  moitié  de  ia  baie.  La  cherche  furhaupe 
eit  celle  qui  efl  au  dcfllis  de  cette  proportion.  La 
cherche^  ralongée,  c'clT:  la  ligne  d'un  plan  circulaire 
ralongce  dans  fon  élévation ,  comme  le  rampant 
d'un  efcalicr  à  vis.  Oii  dit  aufli  la  cherche  d'une 
Voûte  -,  pour  dire  ,  fa  rondeur. 

Oii  dhcerceoMcherche.  Quelques-uns  ,  parmi  lef- 
quels  eft  Felibien  ,  difent  ccrche  ,  &  c'eft  le  mieux  ; 
car  ce  mot,  fuivant  l'opinion  de  Daviler,  qui  ert 
vraie,  vient  de  l'italien  cerchio.  Comme  les  Ira- 
liens  font  de  grands  maîtres  en  Architedlure  &c  en 
Peinture  ,  nous  avons  pris  d'eux  beaucoup  de  mots 
de  ces  deux  Arts.  M.  Frczier  eft  du  même  fenti- 
mcnt.  Les  calibres  font  descfpècesde  cerches. 

Cherche  -fche  ou  Cn^KCHL-pointe.  C'eft  une  elpèce 
de  poinçon  de  fer  rond  ou  pointu  ,  dont  les  Ser- 
ruriers fe  fervent  pour  trouver  le  trou  des  fiches,  ^^e- 
tuculum. 

CHERCHER,  v,  a.  Apporter  la  diligence  nécefîàire  , 
fe  donner  du  mouvement ,  des  foins ,  pour  trou- 
ver quelque  chofe.  Quxrcre ,  comjuirere  ,  imjiii- 
tere  ,  invejUgare.  Le  Seigneur  a  dit ,  Cherche^  ,  & 
vous  trouverez.  Cherchei  prejnièrement  le  Royau- 
me de  Dieu,  &  on  vous  donnera  le  relie.  Les  hom- 
mes terreftres  ne  cherchent  que  les  tréfors ,  ne  cher- 
chent  qu'à  taire  fortune.  Un  Philofophe  ne  cA.v- 
c^e  que  la  vérité.  Mon  efprit  ne  fuit  point  un  hx\- 
teur  qu'il  faut  toujours  chercher.  Bon.  Bien  fou- 
vent  nous  cherchons  querelle  à  nos  amis  pour  nous 
décharger,  &:  nous  merrre  en  liberté.  S.  Evr.  Rien 
ne  choque  d'avantage  que  ceux  qui  cherchent  des 
applaudiifemens  avec  trop  d'ardeur.  Bell.  Pour 
trouver  la  vérité  ,  il  faut  la  chercher  ibi-même ,  & 
nefe  pas  repofcr  ilir  les  lumières  des  autres.  Maleb. 
Ce  mot  vient  de  circare ,  félon  Ménage,  qui  ii- 
gnifie  aller  en  rond. 

On  dit  en  ce  feils ,  un  ambitieux  ne  c/^trc/ie  que 
la  gloire  -,  un  avare  ne  cherche  que  le  profit.  Un 
Géomètre  cherche  la  quadrature  du  cercle  ,  un  Chi- 
mifte  la  pierre  philofophale ,  unMachiniftc  le  mou- 
vement perpétuel.  Chercher  un  paffage  à  la  table  d'un 
livre.  C'eft  un  homme  qui  cherche  ce  qu'il  veut 
dire  ,  il  a  de  la  peine  à  s'expliquer.  II  cherche  en  fa 
mémoire. 

tfT  Chercher  l'ennemi ,  fe  dit  d'une  armée  qui  fe 
met  en  marche ,  &  qui  fait  des  mouvemcns  pour 
aller  combattre  l'ennemi. 

ip"  On  dit  chercher  noife,  chercher  querelle  j  pour 
dire  ,  fe  mettre  de  propos  délibéré  dans  le  cas  de 
fe  brouiller  avec  quelqu'un.  Chercher  malheur  -, 
faire  des  chofes  capables  d'attirer  quelque  malheur 
à.  celui  qui  les  fait.  On  dit  de  même  chercher  à  fe 
faire  battre. 

Chercher  fe  dit  au/Ti  des  animaux  ,  &  fîgurcment 
des  chofes  inanimées.  Inday.re  ,  vcjiii-drè.,  odorari. 
Un  chien  cherche  le  gibier.  La  foudre  cherche  un 

ipaifage  à  travers  la  nue.  Tous  les  piiïgmfs  cherchent 
les  humeurs  dans  le  corps,  l'aiguille  aimantée  cher- 
che le  nord  ,  fe  tourne  vers  le'nord. 


GH  Ë 


On  dit  populairement  chercher  fa  vîe  •  nour 
dire  ,  gueufer  ,  mendier.  '  "^ 

,  On  dit ,  chercher  de  l'argent  ;  pour  dire  ,  en  de- 
mander a  emprunter.  Mntuarn  pecumam  ' rogare\ 
petere.  °       ' 

Chercher  fe  dit  proverbialement  en  ces  chrafes  II 
■cherche  midi  où  il  n'eft  qu'onze  heures ,  pour  m'ar- 
quer  qu'un  homme  eft  un  écornifleur.  liienduare, 
un  dit  auOi,  chercher  midià  quatorze  heures ,  pour 
dire ,  cnercher  une  chofe  en  un  lieu  où  elle  n'eft  pas' 
ou  plutôt,  taire  de  mauvaifés  difficultés  où  il  n'v 
en  a  point  à  faire.  On  dïi,  chercher  une  aiguille 
dans  une  charretée  de  foin  -,  pour  dire  ,  qu'il  eft  pref 
que  impolhble  de  trouver  la  choie  qu'on  cherche. 
Un  dit  au(h  ,  qu'on  cherche  quelqu'un  i  pie  &  à 
cheval,  ou  par  mer  &  pr.r  terre;  pour  dire,  par 
tout.  On  dit  encore  que  le  bien  cherche  le  bien  i 
pour  dire  ,  que  plus  on  eft  riche  ,  &  plus  on  a  de 
moyens  de  s'enrichir. 

CHERCHEUR  ,  EUSE  ,  (.  m.  &  £  Celui  qui  cher- 
che. Invejtigutor  ,  inda^ator.  Ce  mot  ne  fe  dit  c^uère 
qu  en  mauvaife  part.  Un  chercheur  de  franches  lip- 
pecs  ;  c  eft-a-dire  ,  un  écornifleur.  ParaCitus.  Uri 
chercheur  de  pierre  philofophale. 

Chercheur.  On  dit  d'un  homme  qui  a  cherché  loncr 
temps  inutilement  une  choie  qu'un  autre  trouve  en- 
fuite  aifemcnt ,  que  c'eft  un  plaifant  chercheur  ,  uti 
beau  chercheur. 

M.  de  S.  Evremont  s'cft  fervi  de  ce  mot  en  bon^ 
ne  part ,  en  parlant  des  curieux  de  la  nature  &  des 
lecrets  de  l'art. 

Il  y  a  eu  autrefois  en  Angleterre  une  feélequ'oti 
nommoit  la  fedle  des  Chercheurs.  M.  Stouop ,  dans 
lu  Kehgion  des  Hollundois  ,  dit ,  qu'il  fe  trouve  en- 
core aujourd'hui  de  ces  gens-là  dans  les  Provinces- 
Unies.  Ils  conviennent,  dit-il,  de  la  vérité  de  la  Re- 
ligion de  Jelus-Chrift-,  mais  ils  foUtiennent  qu'au- 
cune des  Religions  établies  parmi  les  Chrétiens 
n  elt  cette  vraie  Religion  de  Jefus-Chrift  que  nous 
devons  profeifer  pour  avoir  part  au  fàlut.  'En  un 
mot ,  ijs  n'ont  point  encore  pris  de  parti,  &  ils  ne  fc 
foin  poinr  déterminés  aux  choix  d'aucune.  Ils  lifent 
rncriture  avec  beaucoup  d'application  ,&  ils  prient 
Dieu  de  les  éclairer  ,  afin  qu'ils  puiffent  embraffec 
la  véritable  Religion  pour  le  fervir  félon  fa  volonté 
11  fe  pourroit  bien  faire  que  cette  fede  de  Cher- 
cheurs tut  de  l'invention  de  M.  Stoupp. 

Grotiùs  étoit  un  Chercheur.  Les  Chercheurs  cher- 
chent FEglife  comme  cachée  dans  un  dcfert.  Pélis- 

SON. 

CHERCONNÉE ,  f  f  Efpèce  de  chuquelas ,  ou  étof- 
fe des  Indes ,  foie  &  coton, 

CHERQUE,  f  m.  &  adj.  C'eft  la  même  chofe  que 
Circafhen.  Foyei  en  fon  lieu. 

CHERE  ,  f  £  Accueil  gracieux  ,  réccptiori  favorable, 
Comis  &  luumma  allcujus  excipiendi  ratio.  Ce  Prin- 
ce l'a  reçu  tavorablement  -,  il  n'y  a  point  de  chère 
qu'il  ne  1  ni  ait  faite  quand  il  a  apporté  cette  nouvelle. 
Quand  on  revoir  un  ami  qu'on  croyoit  mort,  on 
ne  fait  quelle  careffe  ,  quelle  chère  lui  taire.  Expref- 
fion  tout-à-fait  fimilière  &  bourgeoife.  On  a  dit 
autrefois  chiere  pour  chère. 

Ce  mot  de  chère  vient  de  l'Italien  cera ,  ou  ciera. 
On  prononce  chera  ,  qui  lignifie  vifage ,  aufîi-bien 
que  cara  en  efpagnol  ,  parce  que  les  plus  grands 
témoignages  d'amitié  paroiffent  fur  le  vifage.  Et 
même  on  a  dit  autrefois  chère  ,  pour  fignifier  le  vi- 
fage ;  de-là  eft  venu  le  proverbe  ,  Chère  d'homme 
fait  vertu  ;  c'eft-à-dire  ,  vifage ,  prcfence  d'homme, 

Qiie  reJfemhle:(-vous  Bien  de  chcte , 
Et  du  tout  à  votre  bon  père. 

On  trouve  en  lin  autre  endroit ,  en  faifanù  une 
chère  fade ,  pour  dire  ,  en  faifant  mauvaife  mine. 

On  en  a  fait  le  verbe  chèrer, qui  lignifie,  faire 
bonne  mine.  Ménage  remonte  plus  haut-,  &  prouve 
que  cara  a  lignifié  auffi  vifage  en  latin.  On  a  dit  auffi 
en  grec  x«/i«.  Tous  ces  mots  viennent  du  latin  caro* 


C  HE 


Y 10 

Chère  fedit ,  par  cxtenlion  ,  des  chiens,  pour  figniner 
les  carreilcs  qu'ils  l^nt  à  leur  maître.^  Blanditiœ. 
Quand  ce  petit  chien  revoit  fa  maîtrefle  ,  il  ne  lait 
cuelle  chère  lui  faire. 

Chère.  Terme  fous  lequel  on  comprend  tout  ce  qui 
reiîarde  le  lervice  de  la  table  ,  &  la  quantité  ,  la  qua- 
lité ,  la  délicatellc  des  viandes ,  &  la  manière  de  les 
apprêter.  On  dit  chez  les  Cabaretieis,  tant  pour 
la  bonne  chère  ,  c'eft-à-dire  ,  tant  pour  le  couvert  Se 
les  autres  menus  frais ,  qu«  l'on  ne  compte  pas  en 

détail.  Ac.  Fr.  1740.  ^  .    ,  „ 

Chere  fedit  auffi  des  repas  qu'on  donne  a  les  hôtes, 
à  fes  amis.  Ficîus ,  vicias  ratio  ,  menja.  Bonne  chac, 
lautiis  &  dedans  viBus  ,  matnifica  &  opipara  mai- 
Ça.  Mauvailc  chere  ,  tenuis  ,  tenuijfimus  vicius  , 
•  cccnaexisua,afpera.Czi  homme  fait  grande  c/je/v 
s.  tous  ceux  qui  le  viennent  voir.  On  le  dit  au/h 
de  la  manière  de  fe  traiter  en  famille  ,  en  parti- 
culier. Ccft  un  avare  qui  fait  maigre  chère  chez 
lui ,  il  fe  laiffe  mourir  de  taim. 

On  dit  qu'un  homme  cft  homme  de  bonne  chere^ , 
pour  dire  qu'il  aime  la  bonne  chcre  ,  &  qu'4  s'y 
connoît.  On  appelle  chère  entière  ,  un  grand  repas 
fuivi  de  plufieursdivcrtiffemens  ;  Se  chere  de  Com- 
miliaire  ,  un  repas  où   l'on  fert  chair  &  poiflbn, 

Ac.  Fr. 

On  dit  proverbialement ,  il  n'ell  chere  que  d  a- 
varicieux  ,  quand  il  traite  ,  tout  y  va. 

CHEREMENT  ,  adv.  D'une  manière  chère  'tendre- 
ment ,  avrc  affeètion.  Amanpljjmè ,  pidiofijfime.  Il 
aime  chèrement  fes  enfans.  Cet  homme  conlerve 
chèrement  tout  Ce  qu'il  a.  Je  conferverai  chèrement 
le  fouvenir  des  obligations  que  je  vous  ai.  Il  y  a 
des  opiniâtres  à  qui  Von  ne  peut  faire  quitter  une 
opinion  :  au  contraire,  ils  confervent  chèrement 
tout  ce  qui  peut  la  confirmer.  Maleb. 

Chèrement  fignifie  aulli  beaucoup  ,  à  haut  prix. 
Acheter  des  vivres  bien  chèrement ,  magno  ,perma- 
gnopretio  ,  carè.  Ablanc.  On  le  dit  auiH  au  figuré. 
il  lui  vendit  bien  chèrement  les  fervices  qu'il  lui 
avoir  rendus.  B.  R  ab.  Cet  homme  a  vendu  chèrement 
fa  vie  -,  pour  dire  ,  H  a  donné  beaucoup  de  peine  à 
fes  ennemis  -,  il  en  a  bien  tué  ,  avant  que  d'être  tué 
lui-même. 

CHÉRER  ,  V.  n.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire ,  fe  réjouir: 
i  !  cft  formé  de  chère.  ^    ^ 

ChÉrer,  vieux  v.  Faire  des  chères  ou  des  amitiés  a 
quelqu'un.  Bénigne ,  bénévole  agere  cum  aliquo ,  tra- 
Ùare  aliquem. 

Ne  vous  for cei  de  me  chcrer  •, 

Chère  ne  quiert point  violence; 
Mes  vers  vous  veulent  révérer  > 
Non  obliger  votre  excellence,  Marot. 

CHERF.  Voyei  CHEF.  ,       , 

CHKRIF  ou  SHERIF  ,  f.  m.  fignifie  Prince  chez  les 
Arabes  &  les  Maures.  C'eft  celui  qui  doit  fucceder 
au  Calife  ,  de  même  que  le  Coadjuteur  àTEvcque. 
Princeps.  Le  Roi  de  Maroc  fe  qualifie ,  le  Grand 
Cher  if,  ou  le  Chérif  des  Cher  ifs  ;  c'eft-à-dire  ,  le 
premier  &  le  plus  puiflant  des  fucceffeurs  de  Ma- 
homet. On  apelle  Cherifs  les  defcendans  de  Ma- 
homet. Le  Mozambique  étoit  autrefois  fous  la  do- 
mination des  Sarrazins  ,  Se  un  Cherife  Maure  y 
commandoit.  Bouh.  Car  le  P.  Bouhours  écrit  Ché- 
Tifc ,  mais  fans  nécefTité. 

Ceft  une  erreur  de  la  plupart  des  Européens, 
que  le  Grand-Seigneur  eft  Souverain  de  la  Mec- 
que 8c  de  Médine  ,  &  que  les  Cherifs  qui  y  com- 
mandent ne  font  que  des  Gouverneurs  ou  des  Vaf- 
faux  tributaires.  Il  eft.vrai  que  les  Turcs  ayant  dé- 
truit l'Empire  des  Califes ,  &  leur  ayanr  fncccdé 
par  droit  de  conquête ,  le  Sultan  a  auifi  fucccdé  à 
la  dignité  &  .à  route  l'autorité  des  anciens  Calites , 
premiers  fuccefieurs  de  Mahomet  :  mais  il  eft  vrai 
aulfi  que  dans  la  décadence  &  la  divifion  de  cer 
Empire  ,  la  race  du  prétendu  Prophète  s'eft  conler- 
vé  la  fouveraineté  S<  la  polleinoh  de  ces  deux  fameu- 


CH  E 


fes  villes  &  du  pays  où  elles  font  fituées ,  fans  oppof;- 
tion  dès  autres  Princes  Mahomctans,&;  fans  être  dans 
la  dépendance  d'aucun -,  au  contraire,  les  plus  puil- 
fans  d'entre  ces  Princes  ont  pour  les  Cherifs,  &  pour 
les  lieux  qu'ils  polVèdent ,  une  extrême  vénération, 
leur  envoyant  fouvent  des  offrandes  &:  des  prclens 
coniidcrables  -,  &c  dans  les  titres  faftueux  qu'ils  fc 
donnent,  ils  ne  prennent  que  l'humble  qualité  de 
ferviteurs  des  deux  villes  facrées  de  la  Mecque  de 
de  Médine,  ce  qui  eft  particulièrement  vrai  à  l'é- 
gard du  Grand-Seigneur.  Voyage  de  l'Ar.  Heur. p. 

141 >  145- 

Cette  racé  des  enfans  du  Prophète  ,  pour  parkr 
comme  les  Orientaux  ,  tire  fon  origine  de  Fatime  , 
fille  de  Mahomet  ,  époufe  d'Aly  ,  laquelle  eut 
deux  fils ,  Haflan  &  Huifein  ,  qui  ont  fondé  deux 
grandes  maifons  dans  le  Mahomctifme  ,  &:  qui  font 
les  percs  de  tous  les  Cherifs  ou  defcendans  de  Ma- 
homet qui  font  aujourd'hui  dans  le  monde.  Id,  p, 
145  ,144. 

La  Maifon  d'Haflan  a  été  divifée  en  deux  bran- 
ches principales  ,  dont  la  première  eft  reftée  en 
Arabie  ,  &  a  donné  des  Clicnfs  à  la  Mecque  &:  à  Mé- 
dine ;  la  féconde  eft  palfce  en  Afrique  ,  6c  a  donné 
naiifanceaux  Rois  de  Maroc  &  aux  autres  Cherifs 
qui  font  en  Aftique.  La  Maifon  d'Hufiéin ,  fécond  fils 
de  Fatime  ,  font ,  félon  les  Orientaux  ,  les  Rois  de 
Perle  d'aujourd'hui ,  Si  les  autres  Cherifs  de  l'Afiei 

ID.  /.  I44. 

Quoique  la  branche  aînée  de  la  Maifon  de  Hafiàrt 
fe  foit  multipliée  en  une  infinité  de  Maifons  ou  de 
Familles  différentes  dans  TArabie ,  il  n'y  a  jamais  eu 
que  quatre  principales  Maifons  qui  ont  régné  à  la 
Mecque  &  à  Médine  ,  qui  font  celles  de  Beni-Caydec 
ou  Kader  ,  de  Beni-Mouffatani ,  autrement  Beni- 
Halîan  ,  de  Beni-Hachem  ,  5c  de  Beni-Kitada.  Le 
Cherif  qui  règne  aujourd'hui  à  la  Mecque  eft  de 
cette  dernière  Maifon,  laquelle,  à  ce  qu'on  prétendi 
occupe  la  Principauté  depuis  plus  de  çoo  ans^  Sc 
celui  qui  règne  à  Médine  eft  de  la  Maifon  de  Beni- 
Hachem  ,  qui  regnoit  auffi  à  la  Mecque  avant  celle 
de  Beni-Kitada.  Îd.-/'.  144  >  145. 

La  parenté  qui  eft  entre  les  Cherifs  d'une  même 
Maifon,  devient  parmi  eux  un  fujet  de  difcorde. 
Quelquefois  la  divifion  fe  met  aulîi  entre  les  deux 
Cherifs  régnans  de  la  Mecque  &:  de  Médine.  Alors 
le  Grand-Seigneur  ,  en  qualité  de  Calife  ,  ne  man- 
que guère  de  prendre  connoiffance  de  leurs  différensi 
de  parler  aux  Cherifs  avec  fermeté  ,  &  d'inftaller 
quelquefois  par  force  un  Chérif  à  la  place  d'un  au- 
tre ,  mais  qui  doit  toujours  être  de  la  Maifon  régnan- 
te ,  toute  l'autorité  du  Sultan  ne  pouvant  pas  in- 
terrompre cetordre  établi.  Id./».  14«; ,  14.6.  Et  cette 
hauteur  de  la  part  du  Sultan  ,  Ôc  la  foumiffion  de  la 
part  des  Chéri  fs ,  ne  déttuifcnt  pas  pour  cela  leut 
fouVeraineté.  Id. 

Chérif.  Monnoie  d'or  de  Turquie ,  qui  vaut  à  Marfeil- 
le  quatre  livres  dix  fous.  Nummulus  aureus, 

CHÉRIR,  V.  a.  voye{  Cher.  Aimer  quelque  perfon- 
nc  avec  tendteffè.  Amure  ,  dUigere ,  carum  habere. 
Un  honnête  homme  chérit  fa  femme.  On  chérit  fa 
Maîtreife  fur  toutes  chofes. 

Que  le  peuple  à  fon  gré  nous  craigne  ou  nous  chérilTe, 

Le  [ans  nous  met  au  trône,  &  non  pas  fon  caprice. 
■^     "  Rac, 

Comment  fe  reprocher  un  crime  qu'on  chérit  ? 

•'  QuiN. 

On  n'infulte  jamais  à  ce  qu'on  a  chéri.  Corn. 

CHÉRI,  lE.  part.  Dileclus,  amatus.  Objet  chéri.  Chéri 
de  la  fortune.  Chéri  des  cieux.  Il  y  a  des  affedions 
chéries  &c  des  vices  favoris  ,  fur  lefquels  les  plus 
gens  de  bien  même  ne  s'obfervent  pas  affez.  S.  EvR. 


Chë 

En  parlant  des  anciens  Hébreux ,  oli  dit  ïc  peuple 
cAéri ,  chéri  de  Dieu. 

ffd/as  !  cepeup/e  ingrat  a  miprifé  ta.  loi  ° 
La  Nation  chérie  a  violé  la  foi.  Racine. 

^  CHÉRÎQUANES,  fauvages  de  l'Amérique  méri- 
dionale dans  l'audience  de  los  Charcas.  Ils  font  il 
avides  de  chair  humaine  ,  qu'ils  n'épargnent  pas  mê- 
me les  nations  alliées. 

|CJ;  CHERYAR  ,  ville  de  Perfe  dans  la  Province  de 

'  Tercn  s  dont  elle  efl:  capitale.  Quelques-uns  lui  don- 
nent le  nom  de  la  province. 

|Cr  CHERiNOS,  peuple  de  l'Amérique  méridionale 
auPérou,à  Icpt  lieues  de  la  contrée  deChuquimayo. 

fCrCHERISSABLE  ,  adj.  Qui  doit  être  chéri.  On 
ne  le  dit  plus. 

CHERLESQUIER ,  CHERLESKER  ou  CHERLES- 
QUER ,  i".  m.  Nom  de  dignité  militaire  chez  les 
Turcs  i  Lieutenant  général  des  armées  du  Grand- 
Seigneiu".  Lcg.itiis  Impcraioris  in  cxcrcitu  Turcico, 
Quelques-uns  le  nomment  Scadiaquer.AR.  Thomas. 

CHERON  ,  i'.  m.  nom  d'homme,  Caronus.  S.  Cher  on 
vivoit  vers  le  V^  liècle.  Il  convertit  un  grand  nom- 
bre des  habitans  du  pays  Chartrain.  Il  fut  marty- 
rifé  en  venant  à  Paris  pour  y  prêcher. 

CHERPILLE,f  f.  Il  y  a  dans  la  banlieue  de  Villefran- 
che,  capitale  du  Beaujeaulois  ,  un  ufage  fort  iingu- 
lier.  Lorfque  le  petit  peuple  croit  que  les  grains 
font  mûrs ,  il  va  les  couper  fans  la  permi/Ilon  du 
propriétaire  j  il  les  lie  ,  &  fe  paye  de  fa  peine  ,  en 
emportant  !a  dixième  gerbe.  Cette  manière  de  moif- 
fonner  s'apelle  la  Cherpille ,  &  a  toujours  fort  déplu 
aux  propviétaires  -,  mais  jufqu'à  prcfent ,  c'a  été  en 
vain.  Dcj'cript.  de  la  France, 

§3"  CHER-PRIX  ,  1".  m.  Terme  de  coutume  ,  dans  le 
Blefois  &;  le  Dunois.  C'efl  la  même  chofe  que  le 
chcrcens  dans  la  coutume  d'Orléans,  Voyc::^  Cher- 
cens  au  mot  cens. 

CHERQUEMOLLE  ,  f.  f.  Etoffe  des  Indes  Orien- 
tales ,  oarcic  foie ,  partie  écorce. 

CHERREE  ,  f.  f.  voyei  CHARRÉE.  C'eft  ainli  qu'il 
faut  écrire. 

IJC?  CHEPvSO.Île  de  la  mer  Adriatique ,  dans  le  golfe 
de  Quamero  ,  fur  la  côte  d^e  la  Croatie.  La  capitale^ 
fituée  vers  le  milieu  de  l'Ile  ,  s'apelle  auffi  Cherjo 
ou  ChL'riq.  Elle  appartient  aux  Vénitiens. 

CHERSONESE.  Terme  de  Géographie.  Prononcez 
Kerfonéfe.  M.  Tillemont ,  contre  l'ufage  général, 
&;  contre  la  raifon  6c  l'étymologie  3  écrit  Quer/bnèfe, 
C'eft  une  péninfule  ou  continent  ,  qui  eft  preique 
tout  environné  des  eaux  de  la  mer  ,  fie  qui  rte  tient 
au  relie  des  terres  que  pat  un  ifthme  ,  ou  petit  dé- 
troit. Cherfonefus,  Le  Péloponnèfe  eft  une  Çhcr- 
fonèfe  ,  ou  prefqu'île ,  ou  péninfule.  Ainfi'l'ona 
donné  ce  nom  dans  l'antiquité  à  pluiieurs  contrées 
qui  font  entourées  de  la  mer  ,  &  ne  font  attachées 
à  la  terre  ferme  que  par  un  ifthme  ;  &c  on  s'en  fert 
encore  aujourd'hui  fort  bien  pout  lignifier  cespref- 
qu'îles  des  Anciens.  Les  plus  célèbres  font , 

La  Cherj'oT'.èfe  du  Péloponnèfe  ,  Cherfonefus  Pe- 
loponnefiaca ,  qui  s'appeloit  aufEi  fimplement  le  Pé- 
loponnèfe ,  étoit  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
la  Morée.  La  Cherfonèfe  de  Thrace  ,  Cherfonefus 
Thracica-,  ou  de  VHcllcCpont ,  Ilellefponciaca  ,  c'eft 
une  partie  de  la  Thrace,  qui  fc  nomme  aujourd'hui 
le  Bras  de  Saint  George  ,  ou  la  prefqu'île  de  la  Ro- 
manie  ,  qui  s'étend  du  midi  au  feptentrion  ,  &  qui 
étoit  baignée  à  l'occident  par  le  golfe  de  Mélane , 
&  à  l'Orient  par  la  Propontide.  La  Cherfonèfe  Cim- 
brique  ,  Cherfonefus  Cimhrica,  on  l'appeloit  ainiî  , 
parce  que  les  Cimbres  habitoient  ce  pays  \  c'eft  le 
Jutland.  Cette  opinion  eft  générale  ,  cependant 
Rudbecks  ,  dans  fon  Atlantique  ,  prétend  que  c'eft 
la  Scandinavie.  A^'oyez  le  Cimhrica:  Cherfonefi  Pro- 
dromus  de  Jean  MoUerus ,  &:  VIfagoge  ad  Hijioriam 
Cherfonefi Cimkricœ  du  même.  La  Cherfonèfe  Tauri- 
qtie  ,  Cherfonefus    'Taurica  ,  étoit  entre  le  Pont- 
Euxin  &  la  Palus  Méotide  ,  &  fut  ainfi  nommée 
des  Tauïes  ou  Tauriens ,  T(iuri ,  çiuj  n^bitoient  -, 


ïious  l'apelons  aujourd'hui  Crimér.  La  Cherjonè/h 
à  Or  ,  Cherjoncjus  Aurea  ,  c'fift  la  péninlule  de 
Tinde  au-dèla  du  Gange  ou  eft  le  Royaum.e  de  Ma- 
laca  ,  &  la  partie  méridionale  de  celui  de  Siam  ,  &c 
qui  aboutit  vers  l'île  de  Sumatra ,  sétendant  du  fep- 
tentrion au   midi.  Ce  nom  de  Cherjonefe  d'Or  ?  a 
fait  croire  à  bien  des  Auteurs  que  c'étoit  l'Ophir  de 
Salomon.  On  a  auili  donné  ce  nom  à  quelques  pro- 
montoires ,  ou  caps  ,&  à  quelques  villes  bâties  fur 
des  pointes  ou  langues  de  terre  qui  s'avançaient  dans 
la  mer ,  comme  on  le  peut  Voir  dans  Hoffman  Sc 
dans  d'autres  -,  mais  nous  ne  nous  fervons  pas  de  ce 
nom  en  françois  pour  ces  lieux ,  comme  nous  faifons 
pour  ceux  dont  on  vient  de  parler.  La  petite  CAc;r- 
Joncje  ,  Chcrfonejus  parva  ,  c'eft  un  promontoire 
d'Egypte  vers  Foccident ,  que  les  Anciens  appeloien'c 
ainli  ,  &  qui  fe   nomme  aujoutd'hui  Bvjire  ,  dit 
Vigcnère  ,  ou  plutôt  Bvchir  ,  comme  écrit  Sanfort 
dans  iés  Cartes.  C'étoit  une  péninfule  qui  s'avançoit 
dans  la  mer   devant  Alexandiie  ,  &  dans  laquelle 
étoit  le  Phare.  Voyez  Ptolom.  Liv.  IV  ,  c.  5.  &  les 
Tables  de  Berdus.  P.  Mêla  ,  L.II ,  c.  5  ,  appelle  en- 
core  Cherfonèfe  un  promontoire  de  la  côte  orientale 
du  Péloponnèfe  :  c'eft  le  cap  de  Schilli. 

Ce  mot  vient  du  grec  Xfftrcvijros  qui  fignifîe  la 
même  chofe. 
CHERSYDRE.  f  m.  Serpent  amphibie  ,  ainfi  ap- 
pelé ,  parce  qu'il  naît  dans  les  lieux  humides  ,  d'où 
il  elt  appelé  liydrus  ,  hydre  ;  &  qu'il  change  dans  la 
fuite  i«  demeure  ,&vit  dans  les  lieux  fecs.  Xf-po-v^pe?  j 
Ce  mot  vient  de  yj^fo^; ,  terre ,  &:  vè<up ,  eau.  Ce  fcr- 
pent  eft  plus  venimeux  lorlqu'il  eft  dans  les  lieux 
iecs  ,  qu'il  ne  l'étoit  auparavant  ;  car  ,  ne  prenant 
dans  les  lieux  aqueux  qu'une  nourriture  humide  j 
fon  poifon  eft  moins  pur  :  au  contraire  il  fe  purifia 
&  s'e::alte  ,  lorfqu'il  habite  la  terre.  Il  reflemble  à 
un  petit  afpic  terreftre  ,  à  l'exception  qu'il  n'a  pas 
le  cou  fi  gros  ,  c'eft  la  feule  différence  remarqua- 
ble qu'il  y  ait  entr'eux.  Dict.  de  James. 
^fT  CHERTÉ,  f.  f.  Prix  exceHif  des  chofes  qui  font 
à  vendre.  Excès  réel  ou  d'opinion  du  prix  d'une 
chofe,  Foyei  Cher.  Cherté  des  vUits,  Annonce  dif- 
ficultas  i  caritas  ,  gravitas.  Les  pauvres  fouffrent 
beaucoup  pendant  la  cherté  des  vivres. 
Ce  mot  vient  du  latin  caritas. 
On  dit  proverbialement  que  cherté  foifonne  i 
pour  dire  ,  qu'on  ménage  les  chofes  quand  elles 
ibnt  chères  ,  &  que  le  bon  prix  amène  l'abondance, 
parce  que  les  Marchands  apportent  de  tous  côtés 
des  marchandifes  aux  lieux  où  elles  fe  vendent  bien. 
En  parlant  de  certaines  marchandifes  ,  on  die 
que  la  cherté  y  eft,  pour  dire  que  la  prefle  y  eft  j 
&;  je  n'y  mettrai  pas  la  cherté  ,  pour  dire  ,  je  n'en 
achèterai  pas.  Acàd.  Fr. 
CHERUBIN,  f,  m.  Efprit  célefte  ,  qui  dans  la  Hié- 
rarchie eft  le  premier  après  les  Séraphins,  Cherubus, 
On  les  peint  rouges  ,  pour  fignifier  qu'ils  font  eo- 
flammés  de  l'amour  de  Dieu  :  &  on  die  d'une  per- 
fonne  haute  en  couleur  ,ou  qui  rougit  de  honte  , 
qu'elle  eft  rouge  comme  un  Chérubin,  Moife  mit  l'Ar- 
che fous  les  aîles  des  Chérubins  ,  qu'il  fit  élever/dans 
le  fanéluaire. 

Ce  mot  vient  de  l'hébreu  nna  ,  Ckerub ,  dont  le 
plurier  eft  Ckeruhim, 
Chérubin  ,  Ordre  militaire  en  Suède  , autrement  ap- 
pelé l'Ordre  des  Séraphins.  Ordo  militaris  â  Che- 
rubis  nuncupatus.  Il  fut  inftitué  par  Magnus  IV  , 
en  1 354,  &  aboli  par  Charles  IX.  Le  collier  étoit 
compofé  de  Chérubins  Jl6r  émaillcs  de  rouge  & 
de  croix  patriarchales  d'or  fans  émail ,  en  mémoire 
du  fiége  métropolitain  d'Upfal.  De  ce  coUier  pen- 
doit  un  ovale  d'or  émaillé  d'azur  ,  dans  lequel  étoit 
un  nom  de  Jefus  ne  or  ;  au-deflbus  du  irom  de  Je- 
fus ,  il  y  avoit  quatre  petits  clous  énuillés  de  blanc 
&  de  noir.  Favin  parie  de  cet  Ordre. 
Chérubin  ,  en  Architeéture ,  eft  la  tête  d'un  enfant  , 
avec  une  aîle  de  chaque  côté.  Alatum  juvenis  ca- 
put ,  Cherub ,  Cherubinus,  Cela  fert  d'ornement  aux 
clefs  des  ares* 


yiz 


C  H  E 


Chéb-ubique  ,  Hymne  cherubique.  C'cft  un  Hymne 
qui  eft  fort  célèbre  dans  la  Liturgie  Grecque.  Il 
le  chante  avec  beaucojp  d'apparat  &  de  folennité 
dans  le  temps  que  les  faints  dons  lont  portés  du 
petit  Autel  de  h  Prothèle  au  grand  Autel ,  où  l'on 
doit  célébrer  la  Liturgie  ,  &:  qui  s'appelle  V Autel 
du  Sacrifice.  kwlW-ibx.  (]}iz  les  Chantres  voient  ior- 
tir  de  ce  petit  Autel  les  faints  dons ,  ils  entonnent 
cet  hymne  ,  qui  efl:  appelé  Cheruln^ue  ,  parce  qu'il 
y  eft  parlé  du  Chœur  des  Anges  &:  des  Chérubins , 
lefquels  accompagnent  Jellis-Chrift  qui  va  être 
injnolé.  Conûilrcz  là-dciliis  VEucologe  du  P.  Goar, 
&:  les  notes  du  P.  Simon  liir  i' Apologie  de  Gabriel , 
Archevêque  de  Philadelphie.  Hyrnniis  Cherulncus, 

CHER VI  ou  CHERVIS.  1".  m.  Chervis  ert  plus  ulitc. 
Sifarum  oujij'er  vulgare.  Planre  ombeliitcre  ,  dont 
les  racines  ibnt  de  petits  navets  ,  gros  &  longs 
comme  le  doigt  ,  blanchâtres  en  dehors  ,  plus 
blancs  en  dedans ,  doucàttes  &  aromatiques.  Ces 
petits  navets  l'ont  ramalies  en  botte  à  leur  collet , 
d'où  Ibrtent  des  feuilles  qui  rellemblcnt  à  celles  de 
la  berle,d'un  goût  &  d'une  odeur  aromatique.  De 
leur  milieu  fort  une  tige  haute  de  deux  pics  au 
plus  ,  branchue  ,  noueufc  Se  cannelée,  terminée 
par  des  ombelles  de  Heurs  à  cinq  petits  pétales 
blancs.  Leurs  femences  font  menues  comme  celles 
du  pcrlil  ;  elles  l'ont  un  peu  étroites ,  cannelées  fur 
le  dos ,  plus  brunes  ,  plus  longuettes ,  &;  d'un  goût 
un  peu  acre  &  aromatique.  On  mange  les  racines 
de  chervis;  elles  font  fort  douces.  Après  les  avoir 
fait  cuire  dans  l'eau  ,on  les  aifaifonne  comme  les 
autres  racines.  On  les  met  aufîî  en  pâte:  leur  dou- 
ceur paroît  fade  à  bien  des  gens.  Le  chervis  ne  fe 
multi^ilie  que  de  graine  ;  fa  graine  eft  ovale ,  lon- 
guette 5  adez  menue  &c  étroite  ,  rayée  dans  fa  lon- 
gueur ,  d'une  couleur  de  feuille  morte,  d'un  blanc 
grisâtre,  plate  par  une  defesexttémités.  La  Quint. 

|Cr  CHEVINSKO.  Villede  Pologne,  au  Duché  de 
Mazovie  ,  fur  la  Viftule  ,  à  trois  lieues  au  deflbus 
de  Zakrocim, 

CCr  CHERZ  ,  (  chez  les  Polonois  Gzerko  )  Ville  de 
Pologne  ,  dans  la  Mafovie  ,  fur  le  chemin  de  War- 
foyic  à  Léopold. 

CHÉSAL.  i.  m.  Vieux  mot  françois  ,  qui  lîgniiîoit  au- 
trefois mai  fan  &  églife.  Domiis  ,  cafale,  cnjalaglum  , 
templum.  Il  eft  encore  en  ufage  en  plulicurs  Pro- 
vinces, d'où  vient  qu'on  dit  encore  la  Congréga- 
tion de  Chejdl-benoit ,  qui  eft  une  union  en  Con- 
grégation de  quelques  Abbayes  régulières  de  l'Or- 
dre de  S.  Benoît,  comme  S.  Sulpice  de  Bourges ,  S. 
Auguftin  de  Limoges, iS'f.  L'Abbaye  de  Chejhl-Be- 
7!oi( ,  qui  eft  le  chef  de  la  Congrégation  du  même 
nom  ,  fut  fondée  en  1 098  ,  dans  le  Diocèfe  de  Bour- 
ges ,  du  temps  de  l'Archevêque  Léger.  On  tira  du 
Monaftère  de  Cornéliac  un  Moine  de  Vallombreufe 
pour  l'en  faire  Abbé  ,  &  y  établir  les  obfervances 
leligieufes.  En  j  5:0!? ,  les  Abbés  de  Chéfal  -Benoic  , 
de  S.  Sulpice  de  Bourges  ,  de  S.  Alire  de  Cler- 
mont,  &  de  S.  Vincent  du  Mans ,  avec  quatre  Re- 
ligieux députés  des  mêmes  Abbayes, s'affemblèrcnt 
à  S.  Sulpice  de  Bourges ,  pour  réformer  l'Ordre  ; 
l'Abbaye  de  S.  Martin  de  Séez  fut  agrégée  peu 
après  à  ces  quatre  autres -,  &  en  1 510  ,  l'Abbaye  de 
S.  Germain  des  Près  à  Paris  y  fut  encore  unie.  En 
1 5 1 1  ,  les  Abbés  des  cinq  premiers  Monaftères  ré- 
folurent  de  faire  ériger  leurs  Abbayes  en  Couççrc- 
gation  ,  ce  qui  leur  fut  accordé  en  1515,  par  Léon 
X.  On  écrit  quelquefa^  chefal  par  un  ^ ,  &  l'on  dit 
chêfeau  ou  chejeolage  ,pout  chéfal.  (j;3'  Cette  Ab- 
baye a  été  long-tems  régulière  &c  éleélrice.  Par  ar- 
rêt du  Parlement  de  Paris,  rendu  le 
elle  eft  à  la  nomination  du  Roi ,  ainfî  que  les  qua- 
tre autres  dont  on  vient  déparier,  que  les  Bé~ 
nédiâiins  prétcndoient  y  fouftraire,  comme  ayant 
été  exceptes  par  le  Concordat. 

Ce  mot  vient  du  latin  cafata  ou  cafale.  Dans 
les  Capitulaires  de  Charlemagne  ,  on  appelle  une 
Eglife  C.tfi  Dei  ;  c'eft  le  nom  que  porte  encore  l'Ab 
baye  de  la  Chaife-Dieu  en  Auvergne, 


CH  E 

CHESEOLAGE.  f.  m.  Foyei  Chésai. 

^ff  CHESHIRE,  Province  maritime  d'Angleterre, 
dans  le  Diocèfe  de  ce  nom.  Capitale,  Chejter. 

CHÉSEAU.  f.  m.  Foye:^  Ch^sal. 

CHESMER.  Voye:^  Chemer. 

CHESNAIE.  /-^ojy'cT  Chênaie. 

CHESNE.   VoyeiCYiim.. 

CHESNEAU.    Voyei  ChÊneau." 

CHESNEGHIR-BASCHI.  f.  m.  Terme  de  relation. 
Nom  d'un  des  douze  principaux  Officiers  de  la. 
Porte.  Ce  nom  ,  compofé  d'un  mot  perl'an  chefné , 
qui  lignifie  reliai  qu'on  fait  des  viandes  ou  de  la 
boilfon  ;  &  de  ghir  ,  qui  vient  du  verbe  grijien  , 
prendre  -,  ce  nom  ,  dis-jc ,  lignifie  celui  qui  fait  l'ef-- 
lai  des  viandes  que  l'on  fert  au  Grand-Seigneur. 
Quelques-uns  l'appellent  Chef^ighir  -,  as  ckefchide  ^ 
gourer.  Le  Chefneghir-bafchi  eft  le  chef  de  ceux  qui 
lont  l'cllai  des  viandes.  Ricaut  ,  de  l'E.tnv.  Ottom. 

CHESNON.  A^oy^^^CHÊNON. 

CHEST.  Vieux  mot.  On  difoit  autrefois  che^i  pour 
ce.  M'entremit  de  chefi  œuvre  faire  ,  dit  un  vieux 
Traducteur  d'Efope. 

CHESTER.  Cejtria.  Ville  d'Angleterre  dans  le  Comté 
du  même  nom  ou  Cheshire  ,  fur  la  Dée.  Elle  fe 
nommoit  auttefois ,  Deva.  ou  Deuva.  C'eft  un  Evê- 
ché  fondé  en  i  ^41  ,  par  Henri  VIII ,  de  ia  fuppreP' 
lion  du  Monaftère  de  fainte  Werbuge  qui  étoic 
dans  la  même  ville.  On  dit  que  cette  ville  ,  ou 
pour  le  moins  le  château  &  quelques  maifons,  où 
l'on  prétend  reconnoître  encore  l'architeélure  ro- 
maine ,  furent  bâties  patOftorius,  qui  commandoic 
en  Angleterre,  fous  l'Empereur  Claude  ,  &  qu'il 
fit  élever  cette  forterefle  dans  le  Royaume  de  Mer- 
cie  fur  les  frontières  de  celui  de  Galles ,  pour  tenir 
les  peuples  de  ce  dernier  dans  le  refpeci. 

ifF  CHESTERFIELD.  Chellerfidu.  Ville  d'Angle- 
terre en  Derbyshyre,  dans  la  vallée  de  Scardalcj 
fur  les  frontières  du  Comté  d'Yorck. 

ifT  ,CHESTERSHIRE.  Voyei  Cheshire. 

CHETEL.  f.  m.  C'eft  ainli  qu'on  prononce  &  même 
qu'on  écrit  aujourd'hui  ce  mot.  Voye^  Chepteil, 
pour  l'explication. 

CHETIF  ,  IVE.  qui  eft  de  peu  de  valeur  :  il  fe  die 
des  perfonnes  &  des  choies.  Vilis ,  mifer ,  maci^ 
lentus ,  informis.  Cet  homme  eft  bien  chctif,  mai- 
gre ,  mal  fair ,  miférable.  Il  a  fait  un  préfent  bien 
clie[if\  qui  n'cft  d'aucune  conlîdération.  Cet  habit , 
cette  étoffe  efl  bien  chéiive. 

Il  vint  des  partis  d'importance , 

La  lelle  les  trouva  trop  chétifs  de  moitié. 

La  Font. 

Combien  de  temps  faut-il  t  "Un  temps  propor- 
tionné à  notre  durée  vaine  &  chétive.  Pascal. 

Il  vient  de  l'italien  cattivo ,  félon  Pafquier.  Mais 
Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  captivus  ,  ôC 
prouve  que  «r/zif/z/lignifioit  autrefois  cd!/»/z/.- ce  qui 
eft  d'autanx  plus  vraifcmblable  ,  qu'on  a  dit  cA^///^ 
votjon  pour  captivité.  Autrefois  on  difoit  chaitis. 
Borel  le  fait  venir  de  <:<i^/iv«j,aufli-bien  que  Mé- 
nage i  &  il  remarque  que  chaitim  fe  dit  en  gafcon 
pour  chaitis ,  &  que  ces  mots  lignifient  miferahle, 
Chaitis  n'eft  plus  en  ufage  i  chetif  fe  dit  encore , 
mais  rarement. 
ffT  Corneille  a  employé  ce  mot  trcs-heureufcment 
dans  Pompée ,  dans  ce  vers  où  il  eft  parlé  des  cen- 
dres de  ce  grand  homme. 

Dans  quelque  urne  chétive  en  ramaffer  les  cendres, 

^fT  Le  mot  de  chétive  ne  paUêroit  pas  aujourd'hui' 
Il  me  paroît  qu'il  fait  ici  un  très-bel  effet  ,  pat 
l'oppofition  d'une  fin  fi  déplotable  ,  à  la  grandeur 
pafl'ée  de  Pompée.  Voltaire  condamne  l'ufige  qu'i 
fait  Corneille  de  ce  mot  dans  la  même  pièce.  D'une 
flamme  pieufe  autant  comme  chétive  ,  cela  n'eft» 
dir-il ,  ni  françois  ni  noble.  Ce  mot  chétive  z'éti 
heureufement  employé  au  fécond  adle.  Le  même 
terme  peut  faire  un  bon  &  un  mauvais  effet  ,  fe- 
l(?n  la  place  où  il  eft,  Vas  urne  (hédve  qui  con. 

wat 


CH  Ë 

tient  ia  cendre  du  grand  Pompée  ,  pi-cfcnte  à  l'cf- 
prit  un  concrafte  attcndrii!ànt.  Mais  une  flaramc 
n'eft  point  chcdve.  Dans  ce  vers  j  rexpreifion  autaiu 
comme  cft  un  barbariiÎTie.  Il  faut  dire  autant  que^ 
IJCr  Le  mot  c/^^/i/,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  commence 
à  vieillir  :  il  n'eft  pas  néanmoins  tout-à-fait  iuranné , 
&  il  le  trouve  encore  des  places  où  il  figure  ariéz 
bien.  Il  le  compare  enluite  avec  méchant ,  dans  ce 
qu'il  a  de  fynonyme ,  c'eft-à-dire ,  autant  que  ce  der- 
nier marque  une  certaine  incapacité  à  être  avanta- 
geufement  placé  ou  mis  en  ufage.  Sous  ce  point 
ae  vue,  l'inutilité  ou  le  peu  de  valeur  rendent  une 
chofe  chitive.  Les  défauts  &:  la  perte  de  Ton  mérite 
la  rendenr  mauvaije.  Un  c/im/fujer,  eft  celui  qui 
n'étant  propre  à  rien  ,  ne  peut  rendre  aucun  fer- 
vice  dans   la  République.  Un  mauvais    fujet   elt 
celui  qui ,  fe  laiiîànt  allet  à  un  penchant  vicieux  , 
ne  veut  pas  travailler  au  bien  ;  qui  eft  chétif  :,  cft 
mcpriiable  ,&  devient  le  rebut  de  tout  le  monde  ; 
qui  eft  mauvais  ^Q^i  condamnable,  &:  s'attire  ia 
haine  des  honnêtes  gens. 
§Cr  En  fait  de  chofes  d'uiage  ,  le  terme  de  chhiftw- 
chérit  fur  celui  de  mauvais.  Ce  qui  eft  ufé  ,  mais 
qui  peut  encore  fervir  au  belbin  ,  eft  mauvais.  Ce 
qui  ne  peut  plus  fervir,  &  ne  fauroit  être  mis  hon- 
hêtement ,  eft  chctif.  Mn  mauvais  habit  n'eft  pas 
toujours  la  marque  du  peu  de  bien.  Il  y  a  quel- 
quefois fous  un  f/itf'///"  haillon  plus  d'orgueil ,  que 
ibus  l'or.  &  'bus  la  pourpre. 
CHETIFVOISON.  f  f.  Vieux  mot.  Captivité.   Ou 

l'a  dit  aufli  pour  miiere. 
CHtTiVEMENT.  adv.  D'une  manière  chétive.  Mi- 
j'eratiliter.   Les   Pédans  nourriffcnt   leurs  écoliers 
fo^rt  chttivemtnt.  Parci. 
CHETOLIER.  f.  m.  Terme  de  Coutume.  Celui  qui 

prijnd   des  beftiaux  à  chetel. 
CHETRON.  f.  m.  C'eft  une  petite  layette  en  forme 
de  tiroir ,  qu'on  fait  au  haut  d'un  des  côtés  d'un 
coiÎTcpour  yraerrre  à  part  les  chofes  qu'on  veut 
trouver  fous  fa  main  en  l'ouvrant ,  &  les  féparer 
<lu  rcfte  de   ce  qu'on  y  ferre.  Capjula  arcœ.   inuj- 
tina, 
CHEVÀGE.  f.  m.  Droit ,  fubfide  qui  fe  levoit  autte- 
fois  fur  les  étrangers  pour  leur  fcjour  dans  le  Royau- 
me.  Victiaal  à  peregrinis  exigi  j'oiitum,  Payer  le 
chevage.   Bacquet. 
Chevage  ,  eft  aufîî  un  droit  de  douze  deniers  pari- 
fis,  qui  fe  paye  fous  peine  d'amende  tous  les  ans 
au  Roi  j  en  quelques  Piovinces ,  par  les  bâtards  & 
aubains  mariés,  qui  s'y  Ibnr  établis.  Ce  droir  s'ap- 
pelle   chevage  5  parce  que  chaque  chef  marié  ou 
veuf  le  doir,àu  cas  qu'il  foit  bâtard  ou  aubain. 
CHEVAGÎER.  f.  m.  On  appelle  ainfi  dans  les  Or- 
donnances ceux  qui  doivent  le  droit  de  chevage. 
CHEVAL,  f.  m.  Animal  à  quatre  pies  ,  qui  hennit ,  & 
qui  rend  de  grands  lervices  à  l'homme  ,dont  laca- 
yalle  eft  la  femelle.  E<juus  ,  equa.  Il  fert  à  la  cha/ic , 
à  la  guerre  ,  au  labour  &  aux  voitures.  Un  cheval , 
pour  être  bon  ,  doit  avoir  trois  parties  corrcfpon- 
dantes  à  trois  de  la  femme,  la  poitrine  ,  le  felîier 
&  les  crins -,  c'cft-à-dire ,  poittine  large  ,  croupe 
remplie  ,  &:  les  crins  lo'->gs  :  trois  du  lion  ,  le  main- 
tien ,  la  hardicfTe  &  la  fureur  :  trois  du  bœuf,  l'œil , 
la  narine  ,  la  jointure  :  trois  du  mouton  ,  le  nez ,  la 
douceur,  la  patience  :  trois  du  mulet ,  la  force  ,  la 
conftance  au  travail,  &  le  pic  :  trois  du  cerf,  la  tête, 
la  jambe  ,  &  le  poil  court  :  trois  du  loup  ,  la  gorge , 
le  cou  &:l'ouie:  trois  du  renard  ,  l'oreille,  la  queue, 
le  trot  :  trois  du  ferpent ,  la  mcmoiie  ,  la  vue  ,  le 
contournement  :  trois  du    lièvre  ou    du  chat  ,  la 
courfe ,  le  pas ,  la  foupleffe.  Les  chevaux  ont  du 
juirement  ,  dit  Solin  -,  ils  connoiffent  leurs  maîtres 
&  leurs  ennemis.  Quelques-uns  n'ont  pas  foufFert 
que  d'autres  les   montaient.   Quelques  -  uns   ont 
pleuré  h  mort  de  leurs  maîtres,  &  d'autres  fe  font 
lai<ré  rnourir  de  faim  après  les  avoir  perdus.  Alexan- 
dre fît  faire  de  magnifiques  funérailles  àfon  cheval  ; 
il  fit  bâtir  une  ville  en  fon  honneur  ,  qu'il  nomma 
Bucephalie.  Caligula  votriui  faire  nommer  fon  che- 
Tcns  IL 


CHË  ^tf 

h^al  Conful.  Les  Tartares  &  les  Turcs  portent  pour 
enléigne ,  à  la  guerre  ,  une  queue  de  c/^tv^/ attachée 
au  bout  d'une   pique. 

Ce  mot  vient  de  cak allas  ;  qui  fignifioit  autrefois 
cheval  de  hagage  ou  petit  cheval  ,  qui  lervoit  au 
moulin  &c  aux  voitures.  Nicod  ,  Ifidore  &c  Papias 
dérivcnr  celui  ci  ex  eo  quod  ungulà  terram  cavett 
Les  Latins  difoient  en  proverbe  ,  le  cheval  de 
Sejus  ,  quand  ils  vouloicnt  donner  à  entendre  une 
chofe  qu'il  eft  dangereux  de  polfcdcr.  C.  Scjus 
avoir  un  des  plus  beaux  cA^v^wa:  qu'on  puiflè  voirj 
mais  il  n'en  fut  pas  long-temps  le  maître ,  Marc-» 
Antoine  l'ayant  fait  mourir.  Dolabella  ayant  acheté 
ce  c/iev(i/,mourur  bientôt  après  de  mort  violente. 
Caifuis ,  qui  en  fut  enfuite  le  maître,  périr  d'une  fa- 
(^ofi  tragique.  Marc-Antoine,qui  le  pofleda  auili ,  eft 
connu  par  fa  fin  déplorable.  Nigidius  ,  Chevalier 
d'Afie  ,  l'acheta  aptes  la  morrde'^Marc  Antome,ôc 
le  cheval  &  l'homme  fe  noyèrent  dans  le  fleuve 
Marathon.  Ce  proverbe  revenoit  à  un  autre  qu'ils 
avoient,  qui  étoit  l'or  de  ToulouJ'e  ,dQnt  l'on  verra 
l'explication  au  mot  Or. 

Le  cheval  fe  nomme  divcrfement  ,  fuivant  foti 
poil  ,  la  taille  ,  fon  ufage ,  fes  vices  ou  maladies. 

On  dit  un  cheval  hhnc  ,  caiididus  ;  gris ,  leuco- 
phœus  ;  çomme\ç:  ,  e.juus  colons  chicrei  jcu(.ulis 
dijimclus  ;  roux  ,  n/Ji  coloris  ,  rufus  ;  bai-brun  ,  ce- 
lons phœ/iicei  Jafurioris  ,preJ/ioris  ;  bai-clair  5  co- 
loris  phœ/ucei  dilutioris  ;  bai-doré  ,  aurei  coloris  ; 
alezan  ou  alezan  rouge  (bre  ou  iaure ,  e./uus  ruj- 
Jeus  ,  ruber  ;  alezan  brûlé ,  alezan  fort  brun  ,  ruli' 
dus  ;  alezan  chargé  ,  rujfei  coloris  ,Jedj'aiuri  ;  ale- 
zan lavé  ,  coloris  rufei  J'ed  dilutions.  Cheval  -  bai 
d'une  forte  de  rouge  éclatant  en  divers  degrés  » 
Cijuus  hadius  ;  brûlé ,  rufus  atrore  j  uigrore  multo 
mnjuis  ;  aubère,  grisârre,  ayanr  de  grandes  taches 
noires  ,  equus  leucoplmus  grandibus  maculis  iij'que 
nigris,  dijtinclus  ;  cheval  pie  ,  niaro  &  albo picarùm 
in  mor-em  difiinclus  ;  foupe  de  lair ,  equus  albuius  5 
iiâbele,  coloris  mclini  jubalbidi  ',  roan  ou  tête  de. 
Maure  j  equus  atro  Capite ,  toto  cor  pore  nigcr  ,  fei 
capite  nigriori  \mKo\\zize.  -,  equus  pilis  quibujdam 
in  partibus  magis  quàm  in  aliis  nitentibus  ,  Jpe- 
culorum  injiar  diftincius  ,  maculis  nitentibus  varie- 
gatus;  zain  ,  equus  umcolor ,  uniiis  coloris  ;  balzan , 
equus  quatuor  pedibus  albis  ,  &c.  Toiis  les  mots 
&  les  fuivans  font  expliqués  à  leur  ordre  alpha-^ 
bétique.  On  a  donné  aux  chevaux  des  noms  pro- 
pres,  comme  à  celui  d'Alexandre  ,  ii'z/c^yVza/^.  Ro- 
land appcloit  ior\cheval,  Mclleudis -^  t<  Renault,' 
l'un  des  quatre  fils,  Aymond  ,  appeloit  le  fien 
Bavard 

A  l'égard  de  la  taille,  on  dit  un  cheval  nain,/»?/- 
Tnilns  ;  ragot ,  brevi  denfoque  corpore  ;  haur  joinré  , 
altis  articulis  ;  court-joinré  ,  deprejjîs  articulis  ; 
cheval  ent'iet ,  equus  non  cajiratus  ,  non  exjeclns  ; 
hongre,  canterius ;  courtaut,  equus quadratce  fei 
brevioris  corporaiurœ.  Par  courtaut  on  peut  encore 
entendre  qui  n'a  point  de  queue  ,  caiidà  mutilus  ; 
coureur,  Curfor ;  rouffin,  caballus.  Cheval  d'Ef- 
pagne ,  iberus  ;  barbe ,  Numidicus  ;  guilledin  d'An- 
gleterre j  afurco  Briiannicus.  Les  chevaux  Irlan- 
dois  palfoient  autrefois  pour  être  des  meilleurs 
qu'il  y  eût  en  Europe  ;  auffi  ctoient-ils  fort  chers  : 
&  l'hiftoire  d'Irlande  fair  mention  d'un  de  leurs 
Seigneurs,  qui  com.battant  pour  Richard  II  Roi 
d'Angleterre  ,  montoit  Un  cheval  (\\x'\\  avo't  acheté 
400  bœufs.  L ARRE Y.  Chev.%1  Perfan,  Per liens ,  cheval 
Turc  ,  Turcicus.  Vigenere  dans  kslllujlrations  fur 
VHifl.  de  Chalconi. p.  543  &fuiv.  parle  fort  en  dé-* 
tail  A':^  chevaux  Turcs ,  &  de  la  manière  dont  on 
les  nourrit  &  on  les  panfe.  Cheval  Ac  manèrre ,  truc- 
tahilis  ,  frœnis parens ,  exercitatiis  ;  cheval  de  pas^ 
gradarius  equus  ;  cheval  de  felle,  equus  fej/ilis  ^ 
idem  &  carrucarins  ;  cheval  de  charrette  ,  de  trait , 
d'attelage,  equus  jugatorius  ;  limonier  ,  temonem 
iitmmque  fufîinens  -,  cheval  de  ch:irriie  ,  arator_ 
èquus;^heval  d'iinhle  ou  haquence,  aflurco;  cheval 
de  pofte  ,  ver  f  Jus  ;  cheval  de  louage  ,  conduSiiius^ 

T  î  c 


TH 


C  H  Ë 


rzeritorius  \  cheval  de  bagage  ,  eqjtusfar<iflarius , 
dojfuariiis  \  cheval  de  relais,  vendus  graduriiis; 
chevaux  de  porte  &  de  relais ,  equi publia. 

On  appelle  courte  de  chevaux  ,  deux  chevaux 
attelés  enfcnible  pour  remonter  des  bateaux  ,  Ingiz  \ 
cheval  de  haras  ou  étalon  ,  equus  admijjdrius  ■■, 
cheval  Ae  main,  equus  houorarius  \  cheval  âe  f2.- 
rade  ,  anciennement  palefroi ,  equus  ad  pompam. 

On  appelle  cheval  de  bataille  ,  non  feulement  le 
cheval  ton  &c  choilî  qu'on  rcferVe  pour  les  grandes 
occafions ,  mais  encore  figurcment  toutes  les  choies 
de  parade  ,  de  farte  ,  ou  propres  à  faire  remporter 
quelque  avantage  dans  une  difpute  oii  il  s'agit  de 
la  gloire  ,  Bellator  equus.  Quand  on  prie  un  tel 
Auteur  dedirequelques-uns.de  fcsvers,  il.  récite 
un  tel  Sonnet,  c'eft  fon  cheval  de  bataille.  Ç^  Mu- 
licien  chante  un  tel  air  ,  c'eft  fon  cheval  de  bataille, 

A  l'égard  des  bonnes  qualités,  on  dit,  cheval 
fier ,  ardent ,  plein  de  feu  ,  fouple  ,  léger  à  la  main, 
obciifant,  fidèle,  qui  porte  bien  la  tête,  fort  dé- 
chargé. 

A  l'égard  des  défauts ,  on  dit ,  un  cheval  vicieux , 
vitiofus;  ombrageux,  meticulofus ,  rejiitans;  fort 
en  bouche ,  ^/^rz  ù  conturnacis  or is  \  towihw  ,  pra- 
properà  aquatione perfujus  equus  ;  morveux,  mu- 
cojus;  poufhi' an helator  fji/fpiriofus,  cheval  éhncé, 
amaigri  de  ùim  Se  de  travail, y?rzp'o/;.'i  equus  ,  macie 
confe&us  ;  outré  ,  longiuris  itineris  labore  exhauf- 
tus;  cheval  qui  elt  fur  les  dents,  eneclus  inedta  , 
labore  conf^cius;  ruiné  des  \zmbQsperditus  cruribus; 
qui  eft  pelant  à  la  main ,  gravis  ad  nianum  ;  cheval 
ïcfait  &  engraide  ,  refeclus  ac  faginatus  ;  cheval 
neuf,  novus,  intraciatus\  fougueux  &  indompté, 
afper  &  indomitus  \  cheval  qui  rue  &  qui  mord  , 
mordax  &  calcitro  ;  cheval  qui  le  couche ,  cubitor  ; 
cheval  qui  bronche  ,  ojfenfator  ;  cheval  qui  prend 
le  frein  aux  dents  ,  qui  contra  frœna  tendit  ;  qui 
jette  ion  homme  par  terre  ,  Jlernax  :  boiteux ,  clau- 
dus;  borgne  ou  déferré  d'un  œil  ,  unoculus ,  altero 
oculo  captus.  Un  che\'al  chargé  de  ganache  ;  cheval 
vairon  ,  bégu ,  cujus  alter  oculus  alteri  dijjinnlis  ejl. 
Celui  qui  eft  trompé  dans  l'achat  d'un  cheval  vi- 
cieux ,  peut  intenter  l'aéticn  redhibitoire,  pour  con- 
traindre le  vendeur  à  le  reprendre.  Si  le  vice  eft  ap- 
parent, par  exemple,  fi  le  cheval  eft  borgne,  comme 
•  l'acheteur  a  pu  s'en  appercevoir,  il  ne  doit  s'en  pren- 
dre qu'à  lui-même  ;  mais  pour  les  vices  latenrs , 
comme  la  poulie,  la  morve  &:  la  courbature,  l'a- 
cheteur a  l'acliion  redhibitoire  dans  les  huit  jours 
de  la  vente  ,  dans  quelques  coutumes  -,  &  dans  les 
quarante  jours  en  d'autres  coutumes ,  parce  que  ces 
vices  peuvent  être  cachés  &c  fufpendus  pendant 
quarante  jours. 

Monter  k  cheval,  lignifie  non-fculemcnt ,  mon- 
ter en  felle,  mais 'encore  apprendre  le  manège  ,  zVz 
equutn  ajcendere  ,  equum  confcendere  ;  equos  do- 
r/iandi ,  regendi  artem  perdifcere.  Un  tel  Seiijneur 
monte  à  cheval  chez  un  tel  Ecuyer ,  il  fait"  bien 
manier  un  ciieval. 

On  dit4>icquer  un  cAei'^/,  pour  dire,  re/Tayer, 
traciare.  Promener  un  cheval  entre  deux  talons  , 
agere  ,  agiçare.  Panfer  ,  curare  ;  ferrer ,  caleeare  \ 
énihex: ,  dijiringere , Jhigili  defricare;  brider,  fre- 
nare  ;  feller  un  cheval,  jiernere  ,  ephippio  injlruere  \ 
dreffer  un  cheval ,  domare ,  condocefacere.  PoulTer 
vertement  un  cheval,  comm.encei  un  c/'^v^:/ ,  tra- 
vailler un  cheval,  acheter  un  cheval,  mettre  un 
cAeva/dans  la  main,  mettre  un  cheval  àz.x\s\z%  ta- 
lons ,  aflembler  un  cheval.  Combat  à  cheval,  pusrna 
ex  equo.  Bon  logis  à  pié  &  à  cheval,  hofpitiurn  equiti 
&  pediti  comrnodum.  On  appelle  un  bon  homme  de 
chsv.:l,  celui  qui  fait  bien  dompter  &  manier  un  che- 
va'^  Equitandi  peritus.  Etre  bien  à  chevaL 
§C?  Etre  bel  homme  de  cAfViî/,  avoir  bonne  grâce  à 
cheval.Qommç.  il  n'y  avoit  point  de  Seigneur  à  la 
cour  qui  fut  pluscuiicux  que  lui  de  beaux  c^tv.zwx  , 
perfonne  auiîi  n'ctoit  mieux  à  cheval. 
§Cr  Comm.encer  un  cheval,  en  rçrmes  de  Manège, 
c'eft  le  mettre  au  pilier ,  entre  deux  piliers ,  le  drcf-  ' 


C  îi  E 

fer  à  toutes  fortes  d'airs  &  de  manèges.  Monter  à 
cheval,  apprendre  à  monter  iicheval.W  monte  i'ous 
un  tel.  Uti  aliquo  equitandi  magijiro.  Mettre  quel- 
qu'un à  cheval ,  lui  enfeigner  à  monter  à  chevaL 
Ccft  tel  Ecuyer  qui  l'a  mis  à  chevaL 

IJCTEtre  à  cheval,  être  monté  fur  un  cheval,  ou  fur  quel, 
que  autre  aninial ,  ou  même  fur  toute  autre  chofe , 
jambe  deçà  jambe  delà.  A  cAtva/ fur  une  muraille, 
fur  une  poutre  ,  lut  un   bâton. 

^fT  Dans  l'Art  militaire  ,  être  à  cheval  fur  une  rivière, 
c'eft  en  occuper  les  deux  rives  avec  des  troupes. 

Ip"  Tirer  à  quatre  chevaux.  Supplice  qil'on  fait  fouf- 
frir  aux  criminels  de  léze-Majcftè  au  premier  chef. 
Ecartelerun  criminel,  en  attachant  un  tr/îtvtf/à  cha- 
que membre,  à  chaque  jambe  &  à  chaque  bras,  &  les 
faifant  tirer  chacun  de  fon  côté  en  même  temps. 
Voye:^  Écarteler. 

CHEVAU-Z-triTt-r  ,eft  un  cavalier  ordinaire  &  légère- 
ment armé,  qu'on  appelle  aurremcnr  Maître,  3c 
qui  eft  dans  un  corps  de  Régiment.  Levis  arma- 
turœ  eques.  On  Vapf  elle  ainfi,  pat  oppolîtion  aux 
Gens  d'armes,  qui  étoient  autrefois  des  gens  pc- 
fammcnt  armés  &  de  toutes  pièces.  Il  y  a  pourtant 
plufieurs  compagnies  d'ordonnances  qu'on  appelle 
particulièrement  Chevaux  -  légers  ,  qui  n'entrent 
jamais  en  corps  de  Régiment,  quiibnt  les  Chevaux- 
légers  delà  Garde  du  Roi,  de  la  Reine,  de  Mon- 
feigncur  le  Dauphin,  de  Monlieur ,  6-c.  &  on  dit 
au  iingulier  un  Chcvau-leger  ,  &c  au  pluriel,  vingt  èc 
un  chevaux.  Eques  levis  armaturat  e  Régis  Cujiodia. 
Le  Roi  eft  Capitaine  des  Chevaux-légers.  Il  y  a  ibus 
lui  un  Capitaine-Lieutenant.On  ÀhChevaux-legerst 
&;  C  hevaux  légers  de  la  Gaide.  Contre  l'ordre,  de  ce  ' 
pluriel  s'ert  formé  le  fmgulier,  Clievau-léger ,  &  l'on 
dit ,  c'eft  un  Chevau-leger  ,  il  eft  Chevau-leger  de  la 
Garde.  Le  Dict.  de  l'Acad.  Françoise  mer  CLe- 
vau-legers  au  pluriel ,  &  cette  ortographe  paroïtk 
plus  liiivie.  Chaque  Chevau-leger  a  540  liv.  par  an  , 
90  à  chaque  montre  de  deux  en  deux  mois. 

On  fe  Jèrr  aulli  du  nom  de  chevaux  en  général, 
peur  désigner  la  cavalerie,  des  gens  de  cheval.  Equi- 
tatus ,  équités.  Il  y  avoir  dans  cette  armée  trente 
mille  hommes  de  pié ,  &:  dix-mille  chevaux ,  c'ert- 
à-dite  ,  dix  mille  combattans  àt:/2ÉVrt/.  Un  efcadron 
de  deux  cens  c/u'vrf//.v.  Ac.  Fr.  Les  gens  de  guerre 
difent  Capitaine  de  chevaux ,  pour  dire  ,  Capitaine 
de  cavalerie:  cela  eft  du  fty le  familier. 

Le  cheval  tii  un  animal  guerrier  ,  &  un  fymbole 
delà  guerre. Le  cheval,  dans  les  médailles  Puni- 
ques ,  eft  le  fymbole  de  Carthage  ,  bâtie  félon 
l'Oracle  ,  au  lieu  où  l'on  trouva  une  tête  de  cheval. 
Les  chevaux  paiiîans  marquent  la  paix  &  la  liberté  , 
ou  lîmplement  un  pays  abondant  en  pâturages.  Le 
fA<?i.'d/bondiflânt  maïque  l'Efpagne,  où  il  fe  trouve 
à'exce.Wcrx'i  chevaux  ;  quelquefois  les  viètoircs  rem- 
portées aux  jeux  publics  ;  comme  fur  les  médailles 
du  Roi  Hiéron.  Quelquefois  c'eft  le  Bucéphale 
d'Alexandre  ,  ou  iîmplcment  le  fymbole  des  Rois 
de  Macédoine,  où  il  fe  trouve  de  très-beaux  che- 
vaux. P.  JoBERT. 

hc$,lncitati  ïKomt  ont  pour  devife  un  cheval 
barbe  courant,  avec  ce  mot,  dant  animas  plagœ. 
Et  les  Erranti  de  Brefce ,  un  barbe  auifi  ;  &  pour 
ame,  velocitate palmam.  Un  cheval  àe.  bataille  tout 
armé  ,  avec  cet  hémiftiche  de  Virgile  ,  i.  Georg.  v, 
ijf'^.  Campo  je  je  ardiius  infert ,  eft  la  devife  d'un 
grand  Capitaine. 

Cheval  de  Frife ,  en  terme  de  Fortification,  eft  une 
grofiê  pièce  de  bois  percée  &:  traverféedc  plufieurs 
pieux  armés  de  pointes  de  fr,  &  longs  d'environ 
cinq  ou  fix  pies.  £r/aK.y.  Il  fert  à  défendre  un  paf- 
fagcou  à  boucher  une  brèche,  ou  à  faire  un  re- 
tranchement pour  arrêter  la  cavalerie,  On  en  mec 
auiïi  fur  des  roues  avec  des  feux  d'artifice  ,  pour 
faire  rouler  en  bas  dans  les  affauts.  Le  Prince  d'O- 
range fermoir  fon  camp  avec  des  chevaux  de  Frife , 
en  les  faifant  accrocher  les  uns  aux  auttes ,  à  ce  que 
dit  JeanErrard.Onles  appelle  chevaux  de  Frife  , 
parce  que  cette  machine  a  été  inventée  en  Frife 


^ 


C  H  E 

On  a  remarqué  fur  une  médaille  de  Lîcmîus  iihe 
efpèce  de  duval  de  Frife ,  fait  avec  des  pieux  entre- 
lacés ;  c'eft  la  marque  d'un  camp  fortifie  &c  paliliàdc 
pour  la  fureté  des  troupes,  P.  Job, 

On  o.ppcih  cheval  de  éûis ,  une  fissure  de  chcv.il 
qui  fe  haufle  &:  fe  baiffe  par  le  moyen  de  quelques 
chevilles  de  fer.  £</«z/i-Ar'«£>//j.  Il  fcrt  dans  le  Ma- 
ncLre  à  faire  des  exercices  pour  voltiger, 

03*  On  appelle  encore  cheval  de  bois,  wn'm^mmçni 
de  châtiment  militaire  qu'on  a  coutume  d'exercer 
fur  les  Soldats  &  fur  les  filles  débauchées  qui  fuivent 
l'armée.  C'eft  une  pièce  de  bois  taillée  en  arrête,  ik 
polcefurdes  trétaux, avec  une  thz  Aç  cheval. 

Cheval  de  Terre.  Terme  de  marbrier.  Grand  vide 
rempli  de  terre ,  que  renconrrent  dans  un  bloc  ceux 
qu'on  emploie  à  tirer  les  marbres  des  carrières. 
Moles  terrea. 

Cheval  Pégaje  ,  efl  un  cheval  que  les  Poëtes  onr  feint 
avoir  des  aîies,&:  avoirfait  naître  la  fontaine  d'Hip- 
pocrcne  en  frappant  du  pic  fur  le  mont  Parna/fe. 
/'fo'.îyi/i-.  Ilfcrvitde  monture  à  Bcllcrophon  quand 
il  alla  combattre  la  chimère.  Depuis  on  a  feint  qu'il 
s'eft  envoie  au  ciel ,  où  il  y  a  une  conftellation  de 
ce  nom. 

En  èet  âge  trutal , 
Pégafe  efl  un  cheval  ijui  porte 
Les  grandi  hommes  à  l'hôpital.  Main. 

lln'appartient  pas. 
A  notre  Vc^j^àk  comique. 
De  prendre  un  galop  lier  où]  ue  ; 
Car  il  n'cji  qu'un  cheval  de  pas.  ScAr. 

Athénée  appelle   le  vin  ,    le  grand  cheval  des 
Poët  es. 

Chevaux  i«  Soleih  Ovide  les  nomme  Eoïïs ,  Piroïsy 
jEîLon  5c  Fhlegon  ^  noms  grecs ,  dont  l'étymoloffic 
marque  la  qualité.  Ils  font  nommés  ailleurs  Eryt/ioiis 
ou  le  rouge  ,  Acleon  ou  le  Lumineux  ,  Lampos  ,  ou 
le  rcfplendilîànt ,  &  Philogeus  ,  qui  aima  la  terre. 
Le  premier  dcfîgne  le  lever  du  Soleil,  dont  les 
rayons  font  rougc.ârres.  Aéléon  marque  le  remps  où 
ces  mêmes  rayons  (brtis  de  l'atmofphère  font  plus 
clairs,  vers  les  neuf  ou  dix  heures  du  matin.  Lampos 
figur:  le  midi  ,  où  la  lumière  du  Soleil  eft  dans  toute 
fa  force ,  &  Philogeus  repréfcnte  fon'coucher ,  lotf- 
qu'il  fcmble  s'approcher  de  la  terre. 

Chevaux  de  Mars.  Servius  les  nomme  démos  &  pho- 
ios  ,  la  crainte  &  la  terreur  :  mais  dans  Homère ,  ce 
font  là  les  noms  des  Cochers  de  Mars ,  &  non  de  les 
chevaux. 

Cheval  de  Pacolet ,  eft  un  cheval  de  bois ,  fabuleux  , 
qui  alloir  dans  les  airs,  &  qui  fe  conduifoit  avec 
une  cheville,  dont  il  eft  fait  une  ample  mention 
dans  le  Roman  de  Valentin  &  autres,  Equus  fahu- 
lojus. 

Cheval  de  Troye  ,  eft  un  grand  cheval  de  bois, 
par  le  moyen  duquel  f,s  Grecs  onr  feint  que  Troye 
avoir  été  prife  -,  ayant  été  introduit  dans  la  ville  com- 
me une  offrande  à  Pallas.  Equus  Trojanus  II  y 
avoir  plufieurs  grecs  cachés  dans  le  ventre  de  cette 
machine  ,  qui  en  étant  fortis  iùrprirenr  les  habitans. 

Cheval  Fondu  ,  eft  un  jeu  d'enfans ,  où  les  uns 
fautent  fur  la  croupe  des  autres  qui  font  courbés. 

En  termes  de  Blafon  ,  on  appelle  cheval  ou  pou- 
lain  gai ,  celui  qui  eft  peint  nu  ,  fans  bride  ni  licou. 
Liber  equus.  Er  on  dit  cheval  effrayé,  ou  cabré, 
quand  il  eft  peint  rampanr.  Equus  arreUus.  On  dit 
âuflTi  animé ,  pour  exprimer  que  fon  œil  eft  d'un 
autre  émail ,  animatus  ;  &  armé  ,  en  parlant  du 
piéquela  nature  lui  a  donné  pour  fe  défendre, 
quand  il  eft  aufTi  d'un  émail  différent.  Armatus.  On 
le  blalbnne  aufTi  bardé ,  houffe  &  caparaffonné. 
Equus  demiffo  amploque  ornatus  ac  coopertus  Jlra- 
gulo  ,  ftragulatus. 
Cheval  de  rivière  ,  que  quelques-uns  appellent  hip- 

popotame.Y oyçz  ce  mot. 
Cheval  Marin  ou  Bceuf  Marin  ou  Mor.se.  Frédéric 
Maitens.de  Hambourg  ,  dans  le  Journal  de  fon 


C  H  E 


voyagé  du  Spitzberg  &  au  Groeniand  fait  en  1671  , 
appelle  cet  animal  cheval  ou  bœuf  marin ,  ne  di- 
ftinguant  point  deux  cfpèces ,  &  n'en  failànt  qu'un 
même  animal.  Il  le  diilingue  du  Veau   marin.  Le 
cheval  marin,  dit-il  ,  rcH'emblc  aifez  au  veau  m  truii 
fi  ce  n'efl  qu'il  eft  beaucoup  plus  gros ,  puilqu'il  elfc 
de  la  grolîéur  d'un  bœuf.  Ses   pattes  font  comme 
celles  du  veau  /rt.ïri/z.Celles  de  devant,  comme  celles 
de  derrière,  ont  cinq  doigts  ou  griifes ,  mais  les  on- 
gles en  font  plus  courts.  Il  a  auili  la  tète  plus  gro^é, 
plus  ronde,  &  plus  dure  encore  que  celle  du  veau, 
marin,  hd.  peau  de  cet  animal  a  bien  un  pouce  d'é- 
pai/léur ,  fur  tout  autour  du  cou.  Les  uns  l'ont  cou- 
vene  d'un  poil  de  couleur  de  fouris,  les  autres  d'un 
poil  rouge  ,  les  autres  gris,  £■:  les  autres  ont  ttès- 
peu  de  poil.  Ils  font  ordinairement  pleirîs  de  gales 
&  d'écorchures  qu'ils  le  font  à  force  de  fe  grater ,  de 
forte  qu'on  diroir  qu'on  leur  a  enlevé  toute  la  peauv 
Par-tout  autour  des  jointures  ils  ont  la  peau  fore 
ridée.  Ils  ont  à  la  mâchoire  d'en  haut  deux  grandes 
&  groifes  dents ,  qiii  leur  defcendent  mème'au  def- 
fousdes  babines  inférieures,  &  qui  ont  un  pié  de 
long,  quelquefois  deux  ,  &  quelquefois  plus.  Les 
jeunes  n'ont  point  ces  défenics ,  elles  leur  viennent 
avec  l'âge.  Quoique  les  vieux  l'oient  naturellement 
munis  de  dcil^  f^mblables  défenies,)en  ai  pour- 
tant vu  qui   n'en  avoient  qu'Une;  mais  il  fe  peut 
qu'ils  les  perdent  en  fe  battant ,  ou  en  vieillilfant» 
J'en  vis  en  effet  qui  avoient  les  dents  gâtées, creufes 
&  pourries.  Ces  deux  dents  .'ont  fi  blanches,  qu'elles 
font  plus  eftimées  &  plus  chères  que  l'ivoire.  Elles 
font  folidcs  en  dedans  &:  pcfm'tes.  On  en  fait  des 
manches  de  couterlu  ,  des  boîtes ,  &c.  &t  des  autres 
dents ,  les  habitans  du  Jutland  en  font  des  boutons 
pour  leurs  habits.  Ces  animaux  ont  l'ouverture  ds 
la  gueule  audî  large  que  celle  d'un  bœuf;  &  au 
deffus  &  au-deffous  des  babines,  ils  ont  plufieurs 
foies ,  qui  font  creufes  en  dedans ,  &  de  la  groifeur 
d'une  paille.  Décès  foies  les  Matelots  fé  font  des 
bagues   qu'ils  portent  au  doigt ,  pour  fé  garantit 
de  la  crampe  ,  à  ce  qu'ils  difciV.  Ces  bœufs^ marins 
ont  au  dcfllis  de  la  barbe  d'cnhaut  deux  naféaux  en 
forme    de  demi-cercle  par  où  ils  rejettent  l'eau, 
comme  les  baleines  ,  mais  avec  bien    moins   de 
bruit.    Leurs  yeux  font  affez    élevés  au  deîfus  da 
nez  ,  &  ils  ont  des  fourcils  comme  les  autres  ani- 
maux à  quatre  pics.  Ces  yeux  font  auffi  rouges  que 
du  fang.  Quand  ils  les  tournent  en  jetant  la   vue 
fur  quelqu'un,  ils   paroi/fent   encore  plus  affreux. 
Leurs  oreilles  (ont  un  peu   plus  élevées  que  leurs 
yeux  ,  mais  elles  font  peu  éloignées  ,  Se  reffemblenc 
à  celles  des  veaux  marins.  Leur  langue  eft  pour  le 
ftioins  auffi  groffe  que  celle  d'un  bœuf.  Si  on  la  fait 
bouillir  d'abord ,  on  en  peut  manger  ;  mais  fi  on 
la  garde  deux  ou  trois  jours ,  elle  devient  rance  &: 
fcnt  l'huile  de  poiffon.  Ils  ont  le  cou  lî  épais ,  qu'ils 
ont  de  la  peine  à  tourner  la  tête ,  ce  qui  les  oblige 
à  tourner  extrêmement  les  yeux.  Ils  ont  la  queue 
courte  comme  celle  des  veaux  marins. 

On  ne  peut  point  leur  enlever  lagraiffe  ,  comme 
on  fait  aux  veaux  marins ,  parce  qu'elle  eft  entre- 
lardée avec  la  chair  comme  la  graiffe  de  pourceau 
à  laquelle  elle  rie  reffemble  pas  mal.  Le  cœur  &  le 
foie  font  affez  bons. 

Il  y  a  apparence  ou'ils  vivent  d'herbe  5i  de  poiA 
fon.  Leur  viande  reffemble  .à  celle  du  cheval  ;  l'oi- 
feau  appelé  bourgmaître  s'en  nourrir  Ils  fonrd'hor- 
ribles  meuglemens.  Ils  dortnent  &:  ronflent  non- 
feulement  fur  la  glace  i  mais  dans  l'eau.  Ils  font 
furieux  &  couratreux  Si  l'on  en  prend  ,  ou  fi  l'on  en 
bleflc  quelqu'un,  tous  les  aitres  font  des  Cubrts 
pour  monter  dans  la  chaloupe,  frlafgré  tous  les 
coups  qu'ion  leur  porte;  iLs  la  percerir  par  dpfTous 
avec  leurs  défenfrs ,  &  n'abandonnant  limais  la 
partie.  Si  la  chaloupe  prend  la  fuite,  'Is  lafiiivent 
tant  qu'ils  peuvent  î'appetcevoir,  ma's  ils  ne  fau- 
foient  allet  fi  vite  qu'elle  ,  parce  qu'étant  rou'ours 
en  très-grand  nombre ,  ils  s'embarrafîent  les  urti 
les  autres, 

Ttti) 


f  1& 


C  H  E 


On  ne  les  prend  que  pour  leur  dents  -,  mais 
entre  cent ,  on  n'en  trouvera  quelquefois  qu'un  qui 
ait  les  dents  bonnes ,  parce  que  les  uns  ibnt  en- 
core trop  jeunes ,  que  les  autres  n'ont  qu'une  dent , 
^  les  autres  point  du  tout.  Leurs  dents  ne  ibnt 
plus  li  cftimces  qu'elles  étoient  autrefois. 

Quînd  on  les  appcrçoit ,  ou  qu'on  les  entend 
meugler  llir  la  glace,  'où  ils  lonc  ordinairement 

,  en  grand  nombre  ,  on  s'en  approche  lans  bruit  avec 
les  chaloupes  :  mais  je  crois  que  pendant  qu'ils 
dorment,  il  y  en  a  toujours  un  qui  tait/entinclle -, 
car  j'ai  Ibuvenr  remarque  que  lorsqu'on  cil  tout 
proche ,  il  y  en  a  un  qui  donne  un  coup  de  dent 
à  ion  voilin,  &:  celui-ci  à  un  autre  ,  julqu'au  dernier. 
Dès  qu'ils  font  éveillés,  ils  ie  dreif^nt  fur  leurs  pat- 
tes de  devant ,  &  regardant  aiîreufcment  &:  avec  un 
mL'.giiîcment  terrible,  ils  frappent  de  leurs  défenfcs 
fur  la  glace,  comme  s'ils  les  aiguifoient  :  c'eftmeme 
avec  l'aide  de  leurs  dents  qu'ils  fe  traînent  lorfqu'ils 
veulent  coutir  vire ,   ou  monter  fur  la  glace. 

Leur  plus  grande  force  gît  dans  leur  tête  -, 
Se  leur  peau  ,  qui  cft  plus  cpaifle  vers  le  cou  , 
que  fur  le  refte  du  corps ,  a  autant  d'épaiileur  que 
celle  d'un  élan  ,  &  beaucoup  plus  de  fermeté  :  de 
forte  que  li  on  l'apprêtoit  comme  l'autre  ,  on  s'en 
pourroit  leivir  pour  faire  des  bufles.  Lorfque  le 
cheval  marin  eft  mort,  on  lui  coupe  feulement 
la  tête  ,  qu'on  apporte  à  bord  j  l'on  en  arr-.che 
.les  dents,  &:  on  abandonne  le  refte  du  corps.  Les 
deux  longues  dents  ou  défcnfes  font  pour  les  iMar- 
chands  ou  propriétaires  des  vaiffeaux  :  les  autres 
ne  Ibnt  que  peu  ou  point  cftimées. 

Cheval,  {Queue  dj)  eft  une  herbe  dont  les  feuilles 
reifemblent  aux  crins  d'un  cheval.  On  l'appelle  au- 
trement prêle.  En  ht'in,  e^uijitiim.  Voyez  Prèle. 

Cheval  ,  [Fer  de)  lé  dit ,  en  termes  d'Architeéture 
civile  &  militaire ,  des  ouvrages  faits  en  rampe 
où  on  monte  des  deux  côtés,  qui  repréfcntent  un 
fer  à  cheval.  Striicliircs.  gcnus  ad  folex  ferreœ  for- 
marn  exprelfum.  Il  y  en  a  dans  des  maifons  de 
campagne ,  &  dans  des  dehors  de  quelques  places , 
qui  fervent  de  demi-lune. 

Cheval,  (À)  fe  dit  adverbialement.  A  cheval^  à 
cheval,  fe  dit  quand  on  commande  à  la  cava- 
lerie de  fe  mettre  en  état  de  combattre ,  ou  de 
partir.  Eqiios  cojifcendiu. 

Cheval  fe  dit  proverbialement  en    ces  phrafes.    Il 
a  changé  fon  cheval  borgne  contre  un  aveugle  ; 
pour  dire,  qu'il  a  perdu  iur  un  rroc  qu'il  a  fait, 
foit  de  cheval-,  foit  de  toute  autre  chof..   On  dit , 
à  cheval  donné  on  ne  regarde  point  à  la  bouche  ; 
pour  dire ,  qu'on  reçoit  les  préfens  tels  qu'ils  font  : 
&  ce  proverbe  fe  dir  en  italien  &;  en  elpagnol  de 
même  :  A  caval  donato  non  jl  "iiarda  nclla  hocca. 
On  dit  aulfi  que  l'œil  du  maître  engraiiîc  le  che- 
val ;  pour  dire ,  qu'il  ne  faut  point  le  repofer  fur 
les    valers    du    foin    des  chevaux  ,   ni    même  de 
toutes  les  autres  affaires  d'une  maifon.  On  dit  d'un 
homme  ,  qu'il  n'a  ni  cheval  ni  mule  •,  pour  dire , 
qu'il  n'a  aucune  monture  ,  qu'il  eft  contraint  d'aller 
à  pié  ,  qu'il  eft  gueux.  On   dit  aulTi  qu'un  homme 
eft  mal  à  cheval  ;  pour  dire  ,  qu'il  n'eft  pas  bien 
dans    les    affaires  ,    qu'il  eft  proche   de  la  ruine. 
On  dit  auiïl  ,  qu'un  homme  fait  le  cheval  échappé  , 
quand  il  eft  libertin  ,  emporté ,  incorrigible.  On 
dit  encoie ,   je  lui  ferai  voir  que  fon  cheval  n'eft 
qu'une  bête ,  pour  dire ,  je  lui  ferai  voir  qu'il  n'a 
pas  raifon.  On  dit  aulfi  ,   qu'il  eft  aifé  d'aller  à 
pié,  quand  on  tient  fon  cAeva/par  la  btide -,  pour 
dire ,  qu'on  foufïre  bien  de  petites  incommodités 
volontaires ,   quand  on  s'en    peut   délivrer  fi  tôt 
qu'on  le    veut.     On    dit   aulfi  ,     qu'il    fait  bon 
tenit  fon  cheval  par  la  bride ,  pour  dire  ,  qu'il  ne 
fe  faut  point  deflailîr  de  fon  bien  de  fon  vivant. 
On  dit  aulfi  ,  qu'un  homme  monte  fur  fes  grands 
chevaux  ;  pour  dire ,  qu'il  parle  en  colère  &:  d'un 
ton  hautain.  On  dit  aulfi  ,  qu'un  homme  eft  bon 
cheval  de  Tromperte ,  qu'il    ne'  s'épouvante  pas 
pour  le  bruit  ,   lorfqu'il  ne  craint  point  les  me- 


ci-i  E 

naces  ni  les  cricrics.    On  dit  auflî ,  qu'il  parle  à 
cheval;  pour  dire  ,  qu'il  parle  en  maître  ,  avec  au- 
torité 5  ou  qu'il  parle  bien  à  fon  aifc.  On  appelle 
un  homme  fort  groilier  &  ftupide ,  un  cheval  de 
carrofle  ,  un   cheval  de  bat ,    un  gros ,    un  franc 
cheval.  On  dit  ,    il  n'eft  fi   bon  cheval  qui  n'en 
devint  rojfc  -,  pour  dire,  qu'on  a  £iir  travailler  ex-  ■ 
ceilivement  quelqu'un.   On  dit  au  contraire ,  que 
jamais  cheval  gentil  ne  devint  rollé  \  pour  dire  , 
qu'on  donne  même  en  fa  vicillede  des  marques  de 
ce'  qu'on  a   valu  dans  fa  jeunellé.    On  dit  aulfi  , 
qu'il  n'y  a  fi  bon  cheval  qui  ne   bronche  ;  pour 
dire ,  que  chacun  eft  fujet  à  laite  des  fautes.  On 
dit  encore  ,  des  femmes  &  des  chevaux ,  il  n'en 
eft  point  fans  défauts.  On  dit  qu'un  cheval eÙ.  chargé 
de  maigre  ,  qu'il  vienr  de  la  Rochelle  ,  d'un  cheval 
qui  n'eft  pas  gras  \  par  allufion  à  un  poillbn  qiii  eft 
commun  à  la  Rochelle,  appelé  maigre;  Se  auili 
à  caufe  de  la  difette  qu'on  avoit  foufterte  .à  ce  liège. 
On  dit  auffi  ,  jamais  cheval  ni  méchant  homme  n'a- 
menda pour  aller  à  Rome.  On  dit  auiîi ,  il  eft  bien 
temps  de  fermer  l'érable  quand  les  chevaux  s'en  font 
enfuis ,  pour  dire  ,  qu'il  n'eft  plus  temps  de  chercher 
des   précautions  quand  le  mal  eft  arrivé.  On  dit 
qu'un  coup  de  pié  de  jument  ne  fait  point  dfe  mal  au 
cheval  ;  pour  dire ,    qu'un  hom.me  doir  prendre 
galamment   toutes    les    malices    que  lui   font  les 
femmes.  On  dit  auffi  ,   qu'à  un  cheval  hargneux 
il  lui    faut   une  étable  à  paît  ■■,  pour  avertir  que 
quand  on  voit  des  gtondcurs ,  il  fe  faut  féparei: 
de  leur  compagnie.  On  dit  encote  que  les  chevaux 
courent  les  bénéfices ,  &  que  les  ânes  les  attrapent* 
On  dit  5  après  bon  vin  ,  bon  cheval  ;  pour  dire , 
qu'un  homme  qui  a  bien  bu ,  fait  bien  trouver  des 
jambes  à  fon  cheval.  On  dit ,  pour  fe  mocquer  d'un 
train  en  défordre ,  c'eft  l'ambaliade  de  Viarron  j 
trois  chevaux  &  une  mule.  On  appelle  une  felle 
à  tous  chevaux  ,  une  chofe  qui  peut  fervir  à  plu'^ 
fieurs  ufages  ,  en  pluiîeurs  occafions ,  comme  des 
lieux  comm.uns ,  de  certains  difcours  généraux ,  &Ci 
On  dit  aulfi  ,  qu'on  a  cherche  quelqu'un  à  pié  & 
•à  cheval  ;  pour  dire,  qu'on  a  fait  toutes  les  di- 
ligences polfibles  pour  le  trouver.  On  dit  aulfi , 
qu'un  homme  bride  fon  cheval  par  la  queue  ,  quand 
il  commence  par  où  il  doit  finir,  On  dit  encore, 
cheval  de  foin ,  cheval  de  rien  :  cheval  d'avoine , 
cheval  de  peine  ,  cheval  de  paille  ,  cheval  de  ba- 
taille. On  dit  auffi,   qui  aura-de  beaux  chevaux, 
fî  ce  n'eft  le  Roi  2  quand  on  voit  quelque  chofe 
de  précieux    entre   les  mains  d'un  homme  riche.- 
On   dit  d'un  goinfre  ,  d'un  écornifleur ,  qu'il  fe 
tient  mieux  à  table  qu'à  cheval.  On  dit  auffi  d'un 
travail  qui  demande  peu  de  génie ,  mais  qui  donne 
beaucoup  de  fatigue  ,  que  c'eft  un  travail  de  cheval. 
On  dit  auHi  d'une  médecine  trop  forre  ,  que  c'eft 
une  médecine  de  cheval.  On  appelle  à  Paris  cour- 
tijans  du  cheval  de  bronze  ,  les  filous  &  les  per- 
fonnes  de  mauvaife  vie  qui  fréquentent  le  pont- 
neuf  pour  y  attraper  quelqu'un  On  dit  d'une  pet- 
fonne  qu'on  chatge  de  toutes  les  affaires  difficiles , 
fatigantes  ,  d'une  maifon  ,  d'une  fociété  ,  qu'il  eft 
le  cheval  de  bât.  A  jeune  cheval  vieux  Cavalier , 
pour  dire ,  que  dans  les  affaires    épineufes  &  in- 
connues, il  faut  s'adreffer  à  des  gens  d'expérience. 
A  méchant  cheval  bon  éperon,  pour  dire,  qu'il 
faut  un  habile  homme  pour  conduire  une  affaire 
douteufe. 

On  ne  convient  pas  du  temps  auquel  on  a  com- 
mencé à  monter  les  chevaux.  Le  Scholiafte  d'Eu- 
ripide &  Euftathe ,  fur  le  11^  Liv.  de  l'Illiade  d'Ho- 
mère, prétendent  que  les  Anciens  n'avoient  point 
l'ulàge  des  chevaux  de  felle  ,  ne  fe  fervanr  des  che- 
vaux que  pour  traîner  leurs  chariots.  Ils  fbutien- 
nent  que  les  courfcs  à  cheval  n'ont  été  introduites 
aux  Jeux  Olympiques,  qu'en  l'Olympiade  Sj.  Mais 
cela  ne  peut  être  ;  car  les  Cenraures ,  auxquels 
on  attribue  l'invenrion  de  monter  les  chevaux  , 
étoient  avant  ce  temps-là.  On  ptouve  auffi  par 
Paufanias ,  qu'au  temps  d'Heicule ,  qui  inftitua  les 


■  C  H  Ë 

Jeilx  Olympiques  ,  il  y  avoir  des  coitrres  de  che- 
vaux. 

^CT  Ciii-YAL  ,  en  termes  d'APtronomic.  Ce  qu'on  ap- 
pelle le  petit  cheval  y  eft  une  conftellation  de  l'hé- 
mifphèr;  leprenrrional ,  compofée  de  dix  étoiles. 
C'eft,  félon  quelques-uns,  le  c/z^v^/ donr  Mercure 
iit  prcl'cnt  à  Callor  :  &  ,  lelon  d'autres ,  celui  dont 
Saturne  prit  la  forme  quand  il  fut  furpris  avec  Plii- 
lyra. 

CHEVALEMENT,  f.  m.  Terme  d'Architecture.  Ef- 
pèce  d'étaie  compol'cc  d'une  ou  de  deux  pièces  de 
bois,  couverte  d'un  chapeau  ou  tête,  &  pofcc  en 
arcboutant  fur  une  couche ,  qui  fcrt  à  retenir  en 
r.;ir  les  encoignures ,  rrumeaux ,  jambages  fous  pou- 
tres ,  &c.  pour  faire  des  reprifes  par  dcUbus  œuvre. 
TibidJu  Voyez  Chevallt. 

CHEVALER.  v.  \\.  Courir  çà  &  là ,  faire  plufieurs 
allées  &  venues  pour  une  affaire ,  pour  obrenir 
quelque  chofe.  Concurj'are  hue  &  illuc  ;  moU' 
ftum  elfe  iji  pofluliindo  fréquenter  &  enixh  ijuid- 
plani.  il  a  ckev.ilé  pcndanr  long  temps  pour  ob- 
tenir une  commillion ,  un  emploi.  On  lui  a  fait 
un  procès  qui  le  fera  bien  chevciler ,  bien  courir. 
Ce  mor  cft  vieux.  Mczcray  s'en  eft  fervi  dans  le 
fens  de ,  pouriiiivre  à  cheval.  ALiquem  equo  per- 
jequi.  11  les  chevala  tant ,  qu'il  leur  donna  fur  la 
queue. 

|!Cr  On  s'efl:  aufll  fervi  de  cette  exprefîion  mérapho- 
rique  pour  lignifier,  queftionner  quelqu'un  ,  rour- 
ner  en  différentes  manières  ce  qu'on  lui  propofc 
pour  le  laire  tomber  en  conrradidtion.  Jamais  une 
perfonne  accufce  ne  fut  tant  chevalee  par  un  Juge. 
Recherches  de  Pafq.  p.  4(^1.  Il  ne  vaut  pas  mieux 
d'une  façon  que  de  l'autre, 
j  Chevaler,  lignifie  auffi ,  étayer  une  maifon ,  un 
EL  mur  qu'on  reprend  fous  œuvre ,  qu'on  fourient 
avec  des  chevalets.  Ruentem  domum  fulcire  tibi- 
cine.  Il  p'eft  pas  ufîté.  On  dit  mieux ,  étayer. 

CiiEVALER ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  de  l'ac- 
tion du  cheval  ,  quand  en  paffcgeant  au  pas 
ou  au  trot  ,  la  jambe  de  dehors  de  devant 
croife  ou  enjambe  à  tous  les  féconds  temps  fur 
l'autre  jambe  de  devant.  Equum  volut.itim  cir- 
cuma^ere. 

CHEV.ÀLERËSSE.  f.  f.  Un  nouvel  Hiftorien  s'eft 
fervi  de  ce  mot  pour  fignifier  une  femme  qui  a 
un  Ordre  de  Chevalerie ,  comme  ça  éré  la  cou- 
tume en  Bretagne  ;  mais  c'eft  être  trop  hardi ,  ou 
trop  barbare  ,  que  de  bazarder  ce  terme  dans  un 
ouvrage  férieux  •,  c'eft  tout  ce  qu'on  pourroit  faire 
en  badinant  dans  la  converfarion. 

Les  Dames  avoienr  ce  privilège  en  Bretagne  , 
«qu'elles  pouvoienr  erre  honorées  du  collier  de 
l'Ordre  des  Ducs  -,  &  l'on  voit  dans  le  caralogue 
des  Chevaliers  de  cet  Ordre,  les  noms  de  quel- 
ques-unes de  celles  que  les  Ducs  onr  jugées 
dignes  de  porrer  cette  marque  d'honneur  &  de 
diftinélion.  LobineAu.  T.  I,  p.  85:0. 

/CHEVALERIE,  f.  f.  Ce  mot  a  plufieurs  acceprions 
différentes.  Il  fignifie ,  ordre  ,  honneur  miliraire  , 
marque  ,  degré  de  l'ancienne  nobleflé  ,  &  récom- 
penfe  de  quelque  mérire  pcrfonncl.  Equitum  Ordo. 
Il  y  a  quatre  fortes  de  Chevalerie  ,  la  militaire  •,  la 
ré'/jdihe ,  l'honoraire  &  la  fociale.  Militaris  ,  regu- 
laris ,  honorari.i ,  focialis,  La  militaire  eft  celle 
des  anciens  Chevaliers  ,  qui  s'acquéroit  par  des 
haurs  faits  d'armes.  Les  Chevaliers  fonr'nommésOTz- 
lites  dans  les  anciens  tirres  -,  &c  par-là  ils  font  di- 
ftingués  des  Bacheliers  &  Damoiieaux.  Les  Princes 
mêmes  étoient  laits  Chevaliers  avec  cérémonie.  On 
leur  ceignoit  l'épée  ,  &  on  leur  chauffoit  les 
éperons  dorés  :  d'où  vient  qu'on  les  appcloit  les 
Chevaliers  du  baudrier  &  les  Chevaliers  dorés.  Les 
Rois  ont  fouvent  voulu  recevoir  eux-mêmes  la 
Chevalerie  ,  &c  la  faire  donner  à  leurs  enfans 
par  les  plus  grands  Capiraincs  de  leur  fiècle.  Ber- 
trand du  Guefclin ,  tenant  l'an  iî^i  Louis  de 
France  I  du  nom ,  fils  puîné  de  Charles  V  ,  fur 
les  fonts  baptifmaux  ,  en  qualité  de  fon  fécond 


j^atrein  ,  félon  la  roun:me  de  ce  temps-là,  le  fie 
Chevalier.  Le  Duc  de  Bourgogne  ht  Chevalier 
Louis  XI ,  à  fon  facre  à  Reims.  François  I ,  en 
î  5 1 5  ,  reçut  la  Chevalerie  des  mains  du  Chevalier 
Bayard  ;  &  Henri  II ,  encore  Dauphin  ,  des  mains 
d'Oudard  de  Biez  »  Maréchal  de  France,  au  camp 
d'Avignon.  Saladin  Soudan,  d'Egypte  ,  voulut  re- 
cevoir l'honneur  de  Iz  Chevalerie  des  mains  d'Hu- 
gues de  Saint  Orner ,  Seigneur  de  Tabarie  ou  Ti- 
bériade ,  Chevalier  Ghrérien ,  &  François  de  na- 
rion.  La  Chevalerie  régulière  eft  celle  des  Ordres 
Militaires  où  l'on  fait  profeffion  de  prendre  uii 
certain  habit,  de  porter  les  armes  contre  les  In- 
fidèles ,  dé  favorifer  les  Pèlerins  allanr  aux  lieux 
faints ,  &  de  fervir  aux  Hôpiraux  où  ils  doivent 
être  reçus.  La  Chevalerie  d'honneur  eft  celle  quié 
les  Princes  communiquent  aux  autres  Princes ,  aux 
premières  perfonnes  de  leurs  Cours ,  &  à  leurs 
favoris.  La  Chevalerie  fociale ,  eft  celle  qui  n'cft 
pas  fixe,  &  qui  n'eft  ni  confirmée  par  des  Papes, 
ni  réglée  par  des  ftatuts  qui  foient  de  durée.  Auflî 
il  y  en  a  plufieurs  qui  ont  été  faites  pour  des  fac- 
tioiîS ,  pour  des  tournois  ,  pour  des  mafcarades , 
&c.  donr  il  y  a  plufieurs  exemples  dans  l'Hiftoire , 
&  qui  onr  eu  divers  noms. 

La  Chevalerie  s'obtient  ,  on  ne  Papporre  point 
du  fein  de  fa  mère  ,  comme  la  fimple  nobleffe» 
Les  fils  des  Rois ,  &  les  Rois  même  ,  avec  rous 
les  autres  Souverains ,  ont  reçu  aurrefois  la  Che- 
valerie comme  une  marque  d'honneur.  On  la  con- 
féroit  d'ordinaire  après  le  Baptême  des  Princes  , 
à  leurs  mariages ,  à  leurs  facres  ,  à  leur  couron- 
nement ,  à  une  paix  ,  devant  ou  après  une  ba» 
taille,  ou  une  conquête  confidérable.  La  Cheva- 
lerie ne  fc  peut  point  révoquer.  Il  y  a  des  Che- 
valiers en  loix,  comme  des  Chevaliers  d'armes  oii 
d'épécs.  Bien  que  les  feuls  Chevaliers  puiffent 
conférer  la  Chevalerie ,  les  Papes  &  les  Rois  nz 
font  point  fujets  à  cette   règle. 

Morifot  5  Hifl.  Or  bis  Maritimi.  Liv.  II ,  c,  50, 
fait  le  dénombrement  des  Ordres  de  Chevalerie. 
Le  catalogue  le  plus  complet  que  nous  en  ayons 
trouvé  ,  eft  celui  que  l'Abbé  Bernardo  Juftiniani 
a  mis  à  la  tête  de  fon  Hijloire  des  Ordres  de 
Chevalerie.  Il  en  compte  91,  Favin  en  a  donné 
deux  volumes,  fdus  le  titre  de  Théâtre  d'honneur 
&  de  Chevalerie  ;  Menenius ,  fous  le  titre  de  De-^ 
liciœ  Equeftriiim  Ordinum  ;  André  Mendo  ,  de  Or- 
dinibus  Militaribus.  Be!oi  a  écrit  de  leur  origine  , 
&  Geliot,  dans  fon  Indice  Armoriai,  a  donné  le 
dénombrement  &  l'inftitution  des  Ordres  de  Che- 
valerie. Voyez  encore  un  Traité  de  Nobleffe  im- 
primé à  Orléans  en  lô'Si  ,  &:  un  autre  du  P. 
Mencftricr,  qui  a  pour  ritre,  Atli  Chevalerie  an- 
cienne &  moderne.  Ajoutez  encore  Jofeph  de  Mi- 
chieli ,  Tréf.  Militaire  ;  Franc.  Carro  de  Torrès , 
Hifioire  des  trois  Ordres  Militaires.  Jer.  Cara- 
muel  ,  Theologia  Regolare.  Emmanuel  Rodri- 
guez  ,  Quefiion  Regolar.  Le  P.  André  Mendo  ,  De 
"Ordinïbus  Militanbus.  J.  Soranzo  ,  Vidée  du 
Chevalier.  Mirœus  ,  Origines  Equefirirum  five 
Militarium  Ordinum,  L.  II.  Bernardo  Juftiniani, 
Hifiorie  Chronologicke  del  l'origine  de  gCOrdini  mi- 
litari e  di  tutte  le  Religioni  Cav aller efche.  L'édirion 
de  Venife  iiîgi,  en  deux  Tom.  in-fol.  Aéàïce  au 
Roi  Louis  XIV ,  eft  la  plus  ample.  "  Voye^  le  Ca- 
talogue qui  eft  à  la  tête  du  P  Tom.  de  VHiJlt 
des  Ordres  Religieux. 
ChevaleAie  fe  à\i  ,  par  extenfion,  de  la  bravoure 
&:  des  exploits  extraordinaires.  Illujlria  facinoa. 
Ce  Roman  conrient  plufieurs  haurs  fairs  d'armes 
&  de  Chevalerie.  Un  Efpagnol  a  foutenu  que  l'hi- 
ftoire  de  Dom  Quichorte  a  ruiné  la  Monarchie 
d'Efpagne  :  car  en  rournant  en  ridicule  les  prouefles 
&  les  exploits  de  la  Chevalerie ,  elle  a  fair  honre 
aux  Efpagnols  de  certe  bravoure  amoureufe  &  ro- 
manefque  -,  &  ils  fe  fonr  laiffé  aller  à  l'indolence 
&  à  l'oifiveté.  La  v^'lupart  des  Chevaleries  avoient 
des  marques  de  diftindion ,  des  livrées ,  des  de- 


ji8 


C  H  E 


vifes  5  &  particulièrement  des  dorures  Sc  des  four-  [ 
rures  de  vair  :  ce  qui  donna  lieu  à  la  qualité  de 
Chevaliers  dores.  P,  Menest. 

Chevalerie  s'eft  dit,  en  pays  coutumier ,  des 
lieux  &  métairies  chargées  du  logement  des  gens 
de  guerre  a  cheval.  E^uuum  hojfaia.  D'où  vient 
que  pluiieurs  portent  le  nom  de  la  Chevalerie  ,  ou 
des  terres  fujertes  à  ce  droit-là 

|)CF  Chevalerie,  {^^ide  de)  Taille  qu'il  eft permis 
au  Seigneur  de  lever,  dans  certaines  coutumes, 
quand  il  £ur  Ion  fils  Chevalier. 

CHEVALET,  f.  m.  Banc  ou  tréteau  qui  Tert  à  don- 
ner la  qucfbon  ,  qui  fait  bander  les  cordes  lur  lef- 
quellcs  les  corps  des  criminels  font  fiifpendus  en 
l'air.  Equukus.  Les  roues    ni  les  chcvaUts  n'ont 
^  point  ébranlé  la  confiance  des  Martyrs. 

Chevaiet  ,  chez  les  Anciens,  étoit  auifi  une  efpèce 
de  fupplice  ou  torture,  qui  n'étoit  autre  chofe 
qu'un  cheval  de  bois  fait  en  talus  ou  en  dos  a'àne  , 
qui  avoit  un  angle  fort  pointu  fur  lequel  on  met- 
toit  le  patient ,  auquel  on  attachoit  des  poids  aux 
pieds.  On  en  voit  encore  dans  les  corps  de  Gardes 
des  citadelles.  On  y  met  les  Soldats  de  la  garnifon  , 
pour  les  punir  des  fautes  qu'ils  comptent.  Il  eft  ainli 
décrit  dans  le  livre  de  Hieronymus  Magius  de 
Eqiiuko  ,  qu'il  écrivit ,  dit-on ,  en  priion  chez 
les  Turcs,  auilî-bien  que  fon  Traité  des  Cloches, 
&:  fans  autte  fecours  que  celui  de  l'a  mémoire. 
Sigonius  a  fait  aulli  un  Traité  fur  le  même 
l'-^et. 

Chevalet  ,  en  termes  de  Charpenterje  ,  fe  dit  d'une 
pièce  de  bois  affemblée  en  travers  fur  deux  autres 
pièces  à  plomb,  pour  foutenir  des  planches,  des 
folives  ,  qui  fonr  des  ponts  lur  les  petites  rivières , 
&qui  fervent  en  mille  autres  occalions.  C'.-2///tri/,j, 
C'efl  encore  ra/femblage  de  deux  roukts  fur  le 
faîte  d'une  lucarne.  On  appelle  ms^x  chevalets  ,\zs 
étaies  qu'on  met  aux  batimens  pour  les  reprendre 
fousœuvre  ,  pour  y  mettre  des  poutres,  6"'c.  gC?  On 
en  fait  le  fynonyme  de  chevalement.  Je  croirois 
pourtant  que  chevalet  eft  l'étaie  même  qu'on  met 
à  un  édifice  pour  le  reprendre  fous  œuvre-,  &  c/^t- 
■ra/£OTe;2/,  l'aétion  de  mettre  cette  étaie.  Ce  cheva- 
lement a  tant  coûté.  En  général  les  Artifans  appel- 
lent chevalet,  tout  ce  qui  Vert  à  élevet  ou  bailler  leur 
ouvraç^e  ,  à  le  tenir  à  une  hauteur  convenable  pour 
travailler  plus  commodément.  Ainli  le  chevalet  eft 
chez  les  Serruriers  &  Taillandiers ,  une  petite  ma- 
chme  de  fer  fur  laquelle  on  m^t  le  foret  pour  per 
cer  le  fer.  Il  y  a  aufii  chez  les  Serruriers  un  che- 
valetl  blanchir,  c'eft-à-dire ,  qui  ferra  blanchir 
le  fer.  C'eft,  chez  les  Tanneurs ,  une  pièce  de  bois 
creufe  &  ronde,  longue  de  quarre  ou  c'pq  pies, 
far  quoi  on  quiofle  les  cuirs.  C'cft ,  chez  les  Cor- 
diers ,  une  efpèce  de  haure  felle  à  cinq  pies  pour 
ioutcnir  la  fangle  ,  lorfqu'on  en  fait,  C'eft ,  chez  les 
Meiiniers ,  un  morceau  de  bois  qui  tient  une  corde 
foutenant  l'auretde  la  trémie.  Les  Pilores  appel- 
lent chevalet  ,  le  clou  qui  attache  l'alhidade  à  Paf 
trolabe  :  on  l'appelle   auiîi  écroue. 

Chevalet  eft  auHl  une  petite  re£?le  ou  pièce  de 
bois  qu'on  pofe  à  plomb  fur  la  table  des  inftrumcns 
de  Mufiquc,  pour  en  foutenir  les  cordes.  Fidium 
canteriolus  .  Le  chevalet  d'un»-  épinctte  ,  d'un  vio- 
lon. Le  chevalet  mobile  d'un  monochorde  fait  voir 
la  proportion  que  les  tons  ont  avec  hs  divif  ons  de 
la  ligne  fur  laquelle  la  corde  eft  fndi;?.  Le  che- 
valet du  luth,  du  théorbe,  ùc.  eft  la  partie  où  font 
attachées  les  cordes  par  en  bas.  Le  manicordion  a 
cinq  chevalets.  Ce  mot  vient  d'utr  diminutif  de  cjî- 
hallus,  parce  qu'il  porte  les  cordes  comme  un  che- 
val porre  un  homme.  Ménage. 

Les  Imprimeurs  appellent  auffi  chevalet.,  la  parti.' 
de^ja  prefle  fur  laquelle  s'arrête  le  batreau  aprè^ 
qu'il  a  tiré.  Il  y  a  encore   le  chevalet  du  tympan. 

Chevalet,  en  rermes  dePeinrure,  fi^nifie  aufTi  une 
machine  de  bois ,  efpèce  de  pupitre  en  forme  de 
trépié,  fur  leoucl  les  Peintres  pofenr  l?i;rs  ra- 
bleaux  ,  dans  le  temps  qu'ils  y  travaillent.  Tous 


C  H  E 


les  ouvrages  de  moyenne  grandeur  s'appellent  ta- 
bleaux de  chevalet ,  parce  qu'il  ne  s'en  fait  point 
d'autres  fur  le  chevalet.  Le  PoufTm  n'a  guère  fait  que 
des  ouvrages  de  chevalet.  Machina  piclorum  tabulas 
JujUnens.  Ils  le  hauffent  ou  ils  le  baillent  par  le 
moyen  de  divers  trous  qui  font  aux  côtés  du  châf- 
fis.  Les  Sculpteurs  le  difent  auHi  du  pié  fur  lequel 
ils  pofent  leur  modèle. 

Chevalet  ,  eft  aufll  un  échafFaut  de  Couvreurs,  qu'ils 
nomment  autrement  triquet. 

Chevalet,  enAftronomie,  eft  l'une  des  conftella- 
tions  fcptentrionales  :  on  l'appelle  autrement  pou- 
lain mi-parti. 

Chevalet,  en  termes  de  Marine,  eft  une  machine 
avec  un  rouleau  mobile ,  qui  fert  à  palier  des  cables 
d'un  lieu  à  un   autre. 

Chevalet  ,  terme  de  Guerre.  Ce  font  deux  fourches 
fur  Icfquelles  porte  un  travers ,  pour  foutenir  les 
armes  du  piquet.  Les  Sergcns  de  piquet  doivent 
détacher  fix  hommes  avec  des  haches  &;  des  li  rpes , 
pour  aller  couper  au  bois  le  plus  prochain  deux 
fourches  &  un  rravers  pour  faire  le  chtvalet,  qu'on 
mettra  i  la  droite  du  camp  de  chaque  bataillon, 
en  travers  de  la  première  tente  des  Grenadiers ,  au 
premier  failfeau ,  un  pas  en  dehors.  Sitôt  qu'il  fera 
fait,  ils  doivent  faire  reprendre  les  armes  aux  fol- 
dats ,  &;  les  leur  faire  pofcr  à  droite  &  à  gauche  du 
f.^ci'.r/<./.  Lorfqu'on  en  aura  le  rcmps ,  il  faudra  y 
faire  faire  un  abri  couvert  de  brarches  d'arbres, 
ou  de  paillé,  pour  garantir  les  arn.es  de  la  pluie. 

BOMBELIES. 

fCT  Chevalet,  terme  d'Hiftoire,  Fête  inftituée  à 
Montpellier  depuis  Pierre  II  Ko:  ci'Arr:gon  ,  qui 
avoit  époufé  Marie ,  l:lle  unique  de  Gu)ll2umc 
Comte  de  Montpelliei'.  Ce  Prince  devint  épcrdu- 
mert  amoureux  d'unv  jeune  fille  de  Montpellier, 
nommée  Catherine  RebufFe ,  f-:  oublia  bicntctla 
Reine  fon  époufe.  Son  averfion  pour  ille  rnr.nr.cn- 
tant  tous  les  jours ,  la  face  des  anc'ens  Courtes  de 
Marfeille  alloit  être  éteinte  ,fans  leftratr.gén  c  dont 
fe  fervit  la  belle  Catherine,  en  nictt;Tnt  la  Rtine 
à  fa  place  dans  fon  l't ,  une  nuitqu'e'le  art.-.ndoit 
le  Roi.  Pierre  ne  diftirgua  point  l'cpouie  ,  delà 
maîtreiU'  -,  S:  dans  la  fuite  il  fut  ravi  de  devoir  à 
cette  innocente  tromperie  la  raifiî.nce  d'un  héri- 
tier légitime.  Catherine  n'en  fut  que  plus  confidé- 
rce  de  tout  le  n  onde  ,  &  plus  aimée  du  Roi,  qui 
voulut  un  jour  entier  publiquement  dans  la  ville 
de  Montpellier ,  monté  fur  une  haquenée  blanche, 
portant  a  niaîrrelîé  en  crcupe.  Les  habitans ,  flatés 
de  l'honneur  qu'avoir  reru  leur  concitoyenne,  de- 
mandèrent au  Roi  certe  même  haquenée ,  qu'ils  ob- 
tinrent,  &  impolèrent  à  la  ville  la  charge  de  la 
nourrir.  Elle  vécur  pendant  près  de  vingt  ans  ,  & 
ne  paroiiîoir  que  le  même  jour  c^ue  le  Roi  avoit 
fait  l'on  entrée.  On  la  promenoir  autour  de  la  ville, 
les  chemins  étoient  jonchés  de  fleurs ,  &  toute  la 
jeunefle  étoit  autour,  chantant 6c  danfant.  On  prit 
goût  à  cette  fête  i  &  après  la  morr  de  cette  pauvre 
bcte  ,  on  s'avila  de  remplir  fa  peau  de  foin  ,  &  de 
recommencer  tous  les  ans  la  même  céiémonie.  C'eft 
ce  qui  a  donné  naifîance  à  lafête  du  chevalet.  TJn 
jeune  homme  proprement  vêtu ,  monté  fur  un  che- 
val de  carton  ,  lui  fait  faire  le  manège  au  fon  des 
hautbo's  &  des  tambourins  :  un  de  fes  camarades 
tourne  ai'tour  de  lui  ,  ayant  un  tambout  de  bpfque, 
dans  lequel  il  fait  fem.blant  de  vouloir  donner  de 
l'avoine  au  chevalet.  L'adreffe  confifte  à  faire  éviter 
l'nvoine  au  clievalet  f^ns  fe  détourner  de  fon  exer- 
cice, Sc  le  donneur  de  civade  doit  le  fuivre  dans 
roufs  lés  cnracolles ,  fans  s'cmbarraflér  avec  lui  : 
c-r  qui  'c  fait  tou'ours  en  cadence.Vingt-quarre  dan- 
feurs,  vêtus  à  la  légère .  avec  des  grelots  aux  'ambe";, 
&  conduit^  par  deuxCan'ra'nes,  fe  mêlant  autour 
des  deux  autres  (*^'  s'entrelacent  en  plufe'ir-  faconi;, 
P"  dnnfn'-r  les  mêmes  ri"-audons  que  le  chevalet. 

CHEVALT'UREUX.adj.  Vieux  mot  qui  fe  difoir  au- 
trefois des  grands  exploits  des  Chevaliers,  foit  à 


G  H  Ë 

la  guerre  ,  foit  dans  les  tournois.  Courageux.  Ilhif- 
tris  3  egrtgiiis  ,  nobilcs, 

Recevei'le  ,  Prince  cheval  eureuxj 
Pour  faire  vous  (  voire  nous)  bienheureux.  Marot, 

Les  noms  de   vos  Ayeux  , 
Depuis  Hugues  Capet  toujours  chevaleureux. 

Rousseau. 

CHEVALIER,  f.  m.  Le  premier  degré  d'honneur  de 
l'ancienne   milice ,  qu'on  donnoic   avec  certaines 
cérémonies  à  ceux  qui  avoient  fait  quelque  exploit 
lignalé  qui  les  diftinguoit  des  autres  gens  de  guerre. 
E.jues.  Ainii  on  appelle  Chevaliers  ,  les  gens  ifliis 
de  la  haute  &  ancienne  noblcile  ,   ou  qui  ont  été 
faits  Chevaliers  par  les  Princes.  On  faifoit  bien  des 
cérémonies  pour  la  création  d'anChevalier.  La  prin- 
cipale étoit  le  Ibiifflet ,  &c  un  coup  d*épce  fur  l'é- 
paule. Enfuite  on  lui  ceignoit  le  baudrier  &  l'épée 
dorée,  &  on  l'ornoit  de  tous  les  habillemcns  mi- 
litaires ;  après  quoi ,  étant  armé  Chevalier  ,  il  étoit 
mené  en  pompe  à  rEglilc.  Il  falloit  être  Chevalier 
pour  armer  un  Chevalier.  Il  y  avoir  des  Chevaliers 
de  robbe  ,  auffi  bien  que  d'épée  ;  il  y  en  avoir  même 
d'Eccléliaftiques.  On  trouve  encore  dans  les  Coutu- 
ines ,  qu'il  étoit  dû  un  certain  droit  par  les  vaiîaux 
à  leur  Seigneur  ,  quand  ion  fils  aîné  étoit  idÀtCh^- 
valier.  On  l'appelle   aide  cheval.  Ce  droit  ne  ié 
paye  plus  que   quand  le  Seigneur  ell:  fait  Cheva- 
lier àz   l'Ordre  du  Saint-Ei'pnt.  Le  Roi  anoblilibit 
un  roturier  ,  en  le  failant    Chevalier:  ce  pouvoir 
étoit  attaché  à  la  perlbnne  du  Roi  :  car  ceux  qui 
étoient  faits   Chevaliers  ^3.t\.our.  autte  que  le  Roi , 
n'étoient  point  anoblis  par  le  Icul  honneur  d'être 
Chevaliers.  Il  paroît  même  qu'il  n'ctoit  pas  permis 
à  d'autres  de  faire  des  roruriers  Chevaliers.  Deux 
Arrêts  du  Parlement  de  Paris ,  donnés  en  1280  &; 
1181  ,  condamnent  Guy  Comtes  de  Flandre,  & 
Robert  Comte  de  Nevers  fou  fils  ,  à  une  amende 
envers  le  Roi ,  pour  avoir  fait  Chevaliers  des  gens 
qui  n'étoient   pas  Gentilshommes.  Les  Coutumes 
de  Paris  &  d'Orléans  portent  que  fi  quelqu'un  étoit 
convaincu  d'avoir  furpris  le  ritre  de  Chevalier ,  on 
le  dcclaroir  indigne  de  noblcile  ,  &  l'on  briibir  iês 
éperons  fur  un  fumier.  Cette  qualité  de  Chevalier 
s'avilit  par  le  nombre ,  &  par  la  facilité  que  l'on 
apportoit  à  faire  des  Chevaliers.  Monlhelet  rap- 
porte que  Charles  VI  en  fit  500  en  un  feul  jour. 
Q$Ê  chercha  donc  quelques  marques  de  diftincf  ion 
pour  relever  le  rirre  de  Chevalier.  Le  Roi ,  au  lieu 
de  l'accolade ,  leur  donnoit  un  coller   d'or ,  &c. 
Ces  vieilles    coutumes   font  abolies.  Foye^  l'Or- 
donnance &  la  manière  de  faire  de  nouveaux  CVie- 
yaliers,  qui  efl:  écrite  par  Du  Cange  far  le  mot 
miles.  Le  Chevalier  Bayard  fut  furnomimé  le  Cheva- 
lier fans  peur  &•  fans  reproche.  Csas  qualité  efl:  au 
delî'us  de  la  qualité  d'Ecuyer  ,  ou  de  fimple  Gen- 
tilhomme ,  Se  efl:  encore  prife  à  préfent  par  ceux 
qui   polTedent   les  premières  charges  &  di2;nirés , 
tant  d'épée   que  de  robte.  Un  Duc  ,  un  Comte , 
un  Maréchal  de  France  ,  prennent  le  titre  de  Che- 
valiers. Le  Chancelier,  le  premier  Prclidenr  tout 
de  même.  Boutilicr  écrit  qu'au  léul  Chevalier  ap- 
partient de  porter  harnois  doré  en  tous  états ,  & 
habits  ,  tant  à  cheval  qu'à  pié.  En   vieux  françois 
on  difoit  Chai ,  pour  dire  ,  Chevalier  ,  d'où  efl  venu 
le  mot  de  Sénéchal ,  quajl  faiex  Eques  ;  pour  dire, 
vieux  Chevalier. 

Armer  quelqu'un  Chevalier ,  pour  le  faire  Che- 
valier. Incontinent  après  la  réduction  de  Ceura , 
le  Ftoi  dePortufral  Jean  I,  fit  confacrcr  la  2:rande 
Mofquée  ,  que  l'on  dédia  avec  beaucoup  de  folen- 
nitc  à  l'Apôtre  S.  Jacques.  Le  lendemain  de  cette 
cérémonie  il  y  alla  entendre  la  Me'fe ,  à  Vlffiie 
de  laquelle  il  arma  Chevaliers  les  Princes  fes  fils  , 
3-^i^flfî-bien  que  plufieurs  autres  Seigneurs  ,  qui  tous 
s'étoientglorieufem°ntfignalés  dans  cette  conquête 
Le  QuiEN  delaNeuv. 


C5HË  ji^ 

La  plus  haute  dignité  où  l'homthc  de  guerre  put 
afpirer ,  croit  celle  de  Chevalier.  Il  ri'y'avoit  que 
les  Chevaliers  que  l'on   traitât   de  Meifire  &  de 
Monfcigneur-,  &  on  ne  traite  encore  au;oard'hui 
le  Parlement  de  Noffeigneiirs  ,  qu'en  mémoire  des 
Chevaliers  qui  le  cornpofoient  autrefois.  Il  n'y  avoit 
que  les  femmes  des  Chevaliers  qui  ié  fiiîênt  appe- 
ler Madame.  La  dignité  de  Chevalier  étoit  fi  grande, 
que  le  Rois'cn  faiibit  honneur;  les  Chevaliers  man- 
geoient  à  fa  table ,  avantage  que  n'avoienr  point 
les  fils,  fes  frères,  fes  neveux  ,  qu'ils  nxaur.nt  été 
faits  Chevaliers.  On  ne  faifoit  point  de  Chevalier  ^ 
qLi'il  ne  fi'it  noble  de  père  &  de  mère;  le  moins 
c'éroit  de  trois  races.  On  n'en  failbic  aucun  qui 
n'eiit  fervi  avec  éclat,  &  qui  ne  fût  en  réputation 
d'homme  incapable  de  commettre  un  crime  ou  une 
lâcheté.  Il  fe  faifoit  des  Chevaliers  en  temps  de  paix 
&  en  temps  de  guerre.  A  la  guerre ,  fans  grande 
façon ,  le  Roi  ou  le  General ,  en  faifoit  avant  le 
combat ,  &  plus  ordinairement  après.  Pour  lors  , 
toute  la  forme  éroit  de  leur  donner  fur  une  épaule 
deux  ou  trois  coups  d'épée ,  en  leur  difant  à  haute 
voix  -.Je  te  fais  Chevalier,  ij«  nom  du  F  ère  ,  &  du. 
Fils  &  dujdint  Ejprit.  Lorfque  pendant  la  paix  ,  à 
'l'occalion  d'un  mariage  ou  de  quelque  autte  folen- 
nité,  il  fe  faifoit  une  promotion  ,  c'étoitavec  plus  de 
pompe  &  bien  des  formalités.  Le  Novice  ,  je  veux 
dire,  le  Gentilhomme  qui  devoit  être  fait  Chevalier  j 
pafloit  la  nuit  d'auparavant  à  prier  Dieu  dans  une 
Eglife.  Son  habir ,  en  ce  premier  Jour ,  étoit  une 
Ibutane  brune ,  toute  unie  &  fans  ornement.    Le 
lendemain  ,  il  communioit ,  puis  il  alloit  au  bain  , 
où  il  quittoit  la  robbe   brune  ,   qui  étoit  l'habit 
d'Ecuyer;  celui  de  Chevalier  étoit  d'Une  forme  par- 
ticulière &  d'une  étoiîé  bien  plus  riche.  Après  s'être 
baigné ,  le  Novice  ié  mettoit  au  lit ,  afin  d'y  rece- 
voir les  vifites  de  cérémonie.  Quand  elles  étoient 
finies ,  venoient   deux  ou   txois    Seigneurs  qui  lui 
aidoient  à  s'habiller.  Sa  chemife  étoit  brodée  d'or 
par  le  col  &  par  les  poignets.  On  lui  mettoit  fuiT 
fa  chemife  une  manière  .de  camifole  faite  de  petits 
anneaux  de  fer  joints  enfemble,  en  forme  de  mailles. 
Par  deifus  cette  jacque  de  itiaille,  autrement  appelée 
haubert,  il  avoit  un  pourpoint  de  buffle,  fur  ce 
buffle ,  une  corte  d'armes ,  &  fur  le  tout ,  un  grand 
manteau   taillé    comme  efl:   aujourd'hui    celui  du 
Roi  &:  des  Pairs.  Le  Novice  en  cer  équipage  ,  qui 
étoit  fort  embairallânt,  faifoit  ferment  à  genoux  , 
de  n'épargner  ni  vie  ni  biens,  à  défendre  la  Re- 
ligion, à  faire  la  guerre  aux  Infidèles,  à  protéger 
les  orphelins,  les  vedves ,  les  indéfendus.  C'étoit 
là  le  but  principal  de  l'ancienne  Chevalierie.  Le 
ferment  prêté ,  les  Seigneurs  les  plus  qualifiés  lui 
chaufToient  des  éperons  dorés  ;  d'autres  lui  préfen- 
toient  le  ceinturon,  où  pendoit  une  longue  épée 
dans  un  fourreau  couvert    de  toile  ,   &  Yemé  de 
croifettes  d'or.  Il  falloit  que  cette  longue  épée  fût 
bénite  par  un  Prélat,  &  qu'elle  eût  pofé  fur  l'Autel 
pendant  un  temps  confidérable.  Le  nouveau  Che- 
valier ,  fi  c'éroit  un  Prince  ou  un  Roi ,  alloit  la 
prendre  fur  l'Autel.  Quelquefois  c'étoit  un  Evêque 
qui  la  lui  mettoit  au  côté  ;  plus  ordinairement  le 
Souverain  qui  faifoit  la  cérémonie  ,   mettoit  lui- 
même  au  Novice  l'épée  &  le  ceinturon  ;  puis  après 
l'avoir  embrafié,  il  lui  donnoit  fur  les  épaules  deux 
ou  trois  coups  de  plar  d'épée.  Cette  cérémonie, 
la  plus  grande  qui  fût  alors ,  fe  faifoir  au  fon  das 
trompettes ,    des   hautbois  &  autres    inn:rumens , 
&  étoit  fuivie  de  feftins ,  de  ballets  &:  de  maf- 
carades.  Il  y  avoit  des  grands  &  des  petits  Che- 
valiers.   Les  grands  s'appeloient    Bannerets  ;   les 
petits.  Bacheliers.  Le  Gendre. 
Chevaliep.  Romain,  étoit  le  fécond  degré  de  No- 
bleflé  parmi  les  Romains  ,  qui  fuivoit  celui  des 
Sénateurs.  Eques  Romanus.  Dans  le  temps  de  là 
fondation  de  Rome  ,  toute  la  milice  de  Romulus 
confifl:oit  en  trois  mille  hommes  d'infanterie ,  & 
trois  cens  hommes  de  cheval.   Or  ces  trois  Centu- 
ries d'hommes  à  cheval  font  la  première  origine 


^io  CHE 

des  Chevaliers  Romains.  Céioit  le  fécond  Ordre 
qui  iliivoit  le  Sénat.  Maniice  Se  Sigonius  ont  cru 
que  Romulus ,  outre  l'Ordre  Equeltre ,  &  ces  Che- 
valiers  qui  marchoknt  après  les  Sénateurs ,  avoit 
inftituc  une  Chevalerie  militaire  oppolee  à  l'uitan- 
terie.  Mais  les  Auteurs  ne  font  aucune  mention 
d'une  Chevalerie  difrincle  pour  la  guerre,  8c  d'au- 
c«n  autre  Ordre  de  Chevaliers  du  temps  de  Romu- 
lus ,  que  des  trois  Centuries  qui  ont  été  la  Iburcc 
&  le  tondement  de  l'Ordre  EquePax-.  Ils  avoient  ui' 
cheval  entretenu  aux  dépens  du  public-,  mais  il 
quittoient  le  cheval  public  quand  ils  montoient  au 
rang  des  Sénateurs.  Ils  dépolbient  les  marques  S- 
les  prérogatives  de  Chevaliers ,   quand  ils  croient 
élevés  à  une  dignité  plus  honorable.  Ils  ne  rctc- 
noient  que  l'anneau  d'or.  Il  falloit  avoir  un  certaii 
revenu  prefcrit  pour  être  Chevalier  ,  afin  que  la  pau- 
vreté n'en  avilit  point  le  rang:  de  h  l'on  n'ayoit  pas 
le  revenu  marque ,  e^uejîris  cenjiis  ,  l'on  étoit  efface 
du  rôle  des  Chevaliers  par  le  Cenléur,  &;  l'on  de!- 
cendoit  à  l'ordre    Plébéien.    On  a  fupputé  qu'il 
étoit  fixé  à  dix  mille  écus  de  revenu,  L'Ordre  des 
Chevaliers  s'accrût  li  fort,  qu'il  balança  depuis  la  puil- 
lance  du  Sénat  &  du  peuple.  Ils  négligèrent  les 
fondions  de  la  guerre ,  &  s'occupèrent  dans  Rome 
à  des  emplois  civils  :  enforte  que  Pline  a  obrervé  , 
que  de  Ton  temps  ,  les  Chevaliers  n'avoient  plus  d- 
cheval  entrerenu  du  Trélbr  public.  Grjïvius.  D'au- 
tres foutiennent  que  l'Ordre  des  Chevaliers  diftinéi 
du  peuple,  ne  commença  que  du  temps  des  Grac- 
ques.    Alors  on  leur  accorda  le  privilège  ,  que  les 
Juges  ne  pouvoient  être  pris  que  de  leur  Corps , 
èi^àç  leur  Ordre.  Depuis   on  leur  donna    entrée 
au  Sénat.  Du  moins ,  ians  qu'il  fiit  néceiTaire  d'ê- 
tre dcfcendu  de  ces  anciens  Chevaliers,  il  fuffifbit 
d'avoir  le  revenu  fixé ,  pour  être  mi^  par  le  Cen- 
seur fur  le    rôle  des  Chevaliers.  Loyseau.   Ovide 
étoit    Chevalier  Romain.  Cicéron   étoit  Chevalier. 
Les    Patriciens  ,  c'e(l-à-dire  ,    les  defcendans  des 
premiers  Sénateurs   établis  par  Rom.ulus  ,  &    les 
Chevaliers  ,  c'eft-à-dire  ,  les  defcendans    de   ces 
trois    Centuries  ,    pouvoient    feuls   parvenir  à  la 
disnité  de  Sénateurs  -,  mais  après  l'cxpullion  des 
Rois ,  les  familles  Plébéiennes  furent  auili  admifes 
au  Sénat.  Id, 

Chevalier  ,  eft  aufTi  celui  qui  efl:  reçu  dans  quelque 
Ordre  Militaire  fenlcment,  ou  Militaire  &:  Reli- 
gieux tout  cnfrmblc  ,  inftitué  par  quelque  Roi 
ou  quelque  Prince  ,  avec  certaines  régies  &  mar- 
ques d'honneur.  On  ne  rcçoir  dans  les  Ordres  des 
Chevaliers  ,  que  ceux  qui  ont  tait  des  preuves  d'an- 
cienne Noblede.  Chevalier  des  Ordres  du  toi  , 
eft  celui  qui  eft  Chevalier  des  Ordres  du  S.  Efprir  & 
de  S.  Michel.  Eqiies  Spiritus  Sajicti  &  Sancli  Mi- 
chaUis.  L'ordre  des  Chevaliers  de  S.  Michel  fut 
érigé  par  Louis  XI,  le  premier  d'Août  141Î9  ,  a 
caufeque  S.  Michel  étoit  Protedeur  de  la  France: 
il  fixa  le  nombre  dts  Chevaliers  à  37.  L'ordre  du 
S.  Efprit  a  été  inftitué  par  Henri  III  en  1588. 
L'ordre  de  S.  Michel  feul  ne  donne  aucune  pré- 
rogative ,  ni  aucune  préféance.  On  appelle  Cordon 
bleu  ,  celui  qui  eft  Chevalier  de  l'Ordre  du  S.  Ef- 
prit ,  parce  que  la  marque  de  Cet  Ordre  eft  une 
croix  du  S.  Efprit  attachée  à  un  cordon  bleu  mis 
en  cchatpe  ,  &  une  autre  croix  en  broderie  fur 
le  manteau  ,  &  fur  le  jufte-au-corps.  Le  Roi  Jean 
en  1 351,  avoit  établi  1  Ordre  de  l'Etoile,  ou  de 
la  Vierge  Marie  :  il  s'avilit  bien  tôt.  On  ne  le 
donne  qu'aux  Chevaliers  du  Guet.  Il  y  a  des  Cheva- 
liers c[m  font  aulfi  Moines  ou  Religieux,  &  qui 
font  des  vœux  :  comme  les  Chevaliers  de  Malte  , 
i?ie  S.  Lazare,  E^ues  Melitenfis,  E..]ues  jancli'Lar^ari, 
de  S.  Jean  de  Jérufalem  ,  de  l'Ordre  Tcutonique, 
£'c.  Ragueau  fait  mention  des  Chevaliers  de  Loix , 
■après  Froillard,  des  Chevaliers  delà  Cornette  ou 
é^ armes  ,  U  des  Chevaliers  des  Bains  ,  qu'on  bai- 
gnoit  avant  leur  réception  -,  ces  Chevaliers  n'ont 
pas  fait  beaucoup  de  bruit  dans.I'Hiftoire. 

Chevalieb.  d$  l'Ordre,  Dans  les  Ecrivains  du  dernier 


CHE 

fiècle,  lignifie  Chevalier  àç  l'Ordre  du  S.  Efprit.  Che- 
valiers des  Ordres  du  Roi ,  lignifie  ,  que  celui  dont 
on  parle  eft  Chevalier  des  Ordres  que  le  Roi  con- 
fère ,  &  dont  il  eft  Grand  Maître.  Chevaliers  des 
trois  Ordres  du  Roi ,  s'entend  des  Chevaliers  des 
Ordres  de  S.  Michel ,  du  S.  Efprit  &  de  S.  Louis. 
Chevalier  de  S.  Louis.  Eques  Sancli  Ludovici.  L'Or- 
dre de  S.  Louis  eft  un  Ordre  Militaire  nouvelle- 
ment inftitué  pur  Louis  XIV  en  KÎp;.  La  valeur  & 
les  fervices  rendus  dans  les  armées,  font  les  fèuk 
titres  pour^y  être  admis.  Le  Roi  eft  le  Chef  &  le 
Grand    Maîtie  de    l'Ordre.  Les   Grand-Croix  au 
nombre  de  huit,  &  les  14  Commandeurs ,  portent 
un  large  ruban  rouge  en  écharpe  ,  d'où  pend  une 
croix  d'or  cantonnée  de  fleurs  de  lys  d'or ,  charo-ée 
d'un  côté  de  l'image  de  S.  Louis,  Se  de  l'autre,  d'une 
épée  flamboyante ,  dont  la  pointe  eft  pafTée  dans 
une  couronne  de  lauriers   avec  ces  mots.  Prxmium 
virtutis  tellicœ  ,  c'eft-à-dire  ,  Réccmpenfe  du  méri- 
te acquis  à  la  guerre.  Les  fimples  Chevaliers  portent 
feulement  la  croix  attachée  fur  l'eftomac  avec  un 
petit   ruban  de  couleur  de  feu. 
Chevalier  d'A^e  ,  à  l'égard  de  l'Ordre  de  Malte ,  eft 
celui  qui  'é  prclente  au  Chapitre  du  Grand  Pri.uré , 
pour  être  reçu  fuivant  les  ftatuts  de  l'Ordre.  Qui 
cum  œtate  re^uijita  ad  Melitenfem  ordinem  acceiit  \ 
£c  Chevalier  de  Minorité,  eft  celui  qui  tft  reçu  à 
l'âge  de  deux,  de  trois,  ou  de  lix  ans,  en  vertu 
d'un  Bref  du   Pape.    Qui  ante  re.quijïtam  atatem 
oktento  à  Pontijice  Jummo  diplomate  ad  Melitenfem 
ordinem  accedit. 
Chevalier  de  Juflice.  On  appelle  ainfî  dans  l'Or- 
dre de  Malte  &:  dans  d'autres  Ordres  Militaires , 
les  Chevaliers  qui  font  obligés  de  faire  les  preuves 
de  noblcHe  ,  à  la  différence  des  Frères  fervans,qui 
ne  les  font  pas. 
Chevalier  ,  eft  aufFi  celui  qtii  donne  la  main  à  la 
Reine  pour  marcher  -,  &  on  l'appelle  fbn  Chevalier 
d'honneur ,  Ducior  hcnorarius.  On  le  dit  aufli  de 
Madame  la  Dauphine  &  de  Madame. 
Chevalier  ,  eft  aulli  celui  qui  commande  les  Archers 
qui  font  la  garde  de  nuit  à  Paris.   Figilum  Preefec- 
tus.    On   l'appelle  le  Chevalier  du  Guet.    On    le 
trouve  nommé  Miles  Gueti  dès  l'an  1254,  dans 
une  Or^ionnance  de  S.  Louis,  il  eft  établi  à  Paris 
par  le  Roi,  &  porte  le  collier  de  l'Ordre  de  l'Etoile,- 
On  appelle  fa  femm-e  la  Chevalière  du  Guet.  Quel- 
ques-uns croient  que  le  Chevalier  du   Guet  a  tiré 
ce  nom  de  l'abandon  que  Charles  V  lui  fit  de  l'Or- 
dre de  l'Etoile  ,  &  que  c'eft  là  ce  qui  lui  a  donné 
le  titre  de  Chevalerie  :  mais  M.  de  la  Mare,   Tr. 
de  la  Pol.  L.  I ,  T.  XIIÎ ,  c.  1  ,  prétend  que  non, 
parce  que  l'Ordre  de  l'Etoile  ne  fut  inftituc  par 
le  Roi  Jean  que  l'an  1 5  j  i  ,  &  que  le  Commandant 
du  Guet  poitoit  le  titre  de  Chevalier  ,  long  temps 
auparavant  ;  ce  qu'il  prouve  ,  parce  qu'il  étoit  ap- 
pelle ,  comme  nous  avons  dit ,  Miles  Gueti ,  &C  que  , 
félon  M.  de  la  Roque  ,  dans  (onTraité  de  la  No- 
hlejfe ,   on  appelle  en  françois  Chevalier  celui  qui 
étoit  nommé  par  les  Latins  ^/7^5  :  il  ajoute  que  ce 
titre  vient  de  plus  loin  ,'  &:  que  félon  toutes  les  ap- 
parences, il  tire  fbn  origine  de  l'ufage  des  Romains, 
qui  ne  confioient  ce  pofte  qu'à  un  homme  de  qua- 
lité ,  toujours  choifi  de  l'Ordre  des  Chevaliers. 

Le  Chevalier  du  c^uet  ç{\. ,  outre  cela  ,  oblige  de 
prêter  main  forte  à  l'exécution  des  ordres  &:  man- 
demens  des  Magiftrats. 
Chevalier  errant,  eft  un  prétendu  Ordre  de  Che- 
valiers ,  dont  il  eft  fait  mention  dans  tous  les  an- 
ciens Romans.  Eques  errabundus.  C'étoient  des 
braves  qui  couroient  le  monde  pour  chercher  des 
aventures, redrefîêr  les  torts,  &  faire  des  prouefles 
&:  des  aftions  infïgnes  de  valeur.  Dom  Quichotte 
étoit  devenu  fou  pour  avoir  voulu  imiter  les  Che- 
valiers errans.  Le  Chevalier  du  Soleil ,  ceux  d'Ama- 
dis ,  &c.  Cette  valeur  &  cette  bravoure  romane!^ 
que  des  anciens  Chevaliers  ,  étoient  autrefois  la 
chimère  des  Efpagnols.  L'amour  étoit  le  motif 
ordinaire  de  leurs  exploits.  Il  n'y  avoit  point  de 

Chevalier 


C  H  E 

ehcval'ur  qui  ne  fe  choilit  une  Maître/îè  ,  dont  îl 
vouloir  mériter  l'eltime  par  quelque  aclion  héroï- 
que. Le  Duc  d'Albe  lui-même  ,  tout  giavc  &  tout 
févèr»  qu'il  étoic  ,  avoit  dévoué  la  conquête  du 
Portugal  à  une  jeune  beauté  ,  auprès  de  qui  il  pré- 
tcndoit  que  fes  exploits  guerriers  lui  tiendroient 
lieu  de  jeuneflc. 
Chevalier  iï /a  Table-Ronde.  AV>'^{  Table. 
Chevalier,  es  Loix.  C'étoient  autretois  un  titre  ho- 
norable qui  ne  s'accordoit  qu'aux  Chanceliers  &: 
aux  premiers  Prcfidens  du  Parlement  de  Paris  :  ce- 
pendant Charles  IX  l'accorda  à  un  premier  Prcli- 
dent  de   Normandie. 

On  appelle  burlelquement ,  Chevalier  de  l'in- 
dujirie ,  un  efcroc  ,  un  filou  ,  un  parafite  qui  n'a 
point  de  bien  j  &  qui  ne  lublifte  que  parfbn  adrelle 
aux  dépens  des  autres.  Fur  ,  lutro  ,para/ùus.  L'a- 
venturier  Bufcon  de  Quévédo  efl:  le  premier  qui 
a  été  appelé  Chevalier  de  rindujlrie.  Régnier  parle 
d'un  autre  Chevalier  burlefque  : 

L'un  était  de  fuivans  de  Madame  happée , 
Et  l'autre  Chevalier  de  la  petite  Epee. 

Chevalier  de  VArquebufe.  C'efl:  celui  qui  efl:  reçu 
dans  la  Compagnie  de  ceux  qui  tirent  règlement , 
&  à  certains  jours ,  au  jeu  de  l'arquebule.  Equcs 
Jclopetarius. 

Chevalier  de  la  coupe  ,  fe  dit ,  dans  le  ftyle  comi- 
que &  burlefque,  de  celui  qui  aime  l'honnête  dé- 
bauche de  vin.  Potator  liberalis. 

Reçois-nous   dans  Pheureufe  troupe 

Des  francs  Chevaliers  de  lu  Coupe.    S.  Amant. 


^pr  Chevalier  du  lièvre.  Nom  donné  par  dérifion 
à  quelques  Gentilshommes  campagnards,  f^oye^ 
Lièvre. 

Chevalier,  pièce  du  jeu  des  échecs.  On  dit  cavalier, 
yoye:^  ce  mot. 

Chevalier.  Oileau  aquatique  un  peu  plus  gros  qu'un 
pigeon.  Il  a  le  bec  long,  8c  les  jambes  ii  hautes, 
qu'il  eft  comme  à  cheval ,  &  c'eft  pour  cela  qu'on 
l'appelle  Chevalier,  Il  y  a  de  deux  lottes  d'oileaux 
Chevaliers.  Celui  qu'on  appelle  Chevalier  rouge , 
Se  l'autre  Chevalier  noir.  Le  Chevalier  rouge ,  equus 
Tufus ,  eft  de  la  groHeur  d'un  pigeon.  Son  bec& 
iés  jambes  font  longues ,  &c  de  couleur  rougè  ,  le 
defîus  du  bec  eft  noirâtre.  Sa  tête ,  fon  cou  ,  fes 
aïles  &  fa  queue  font  de  couleur  cendrée  ^  il  a  le 
ventre  blanc.  Ses  plumes  font  noires  à  la  racine. 
Il  a  deux  raches  noires  aux  côtés  des  tempes ,  qui 
fervent  d'ombre  aux  fourcils ,  fur  lefquels  il  y  en 
a  une  blanche.  Il  a  les  pies  fendus  comme  la  pic 
de  mer.  Cet  oifeau  coutt  ttès-légèrement  ,il  fté- 
quente  les  ptairies  &  le  bord  des  rivières  &  des 
étangs.  Il  le  met  à  l'eau  jufqucs  aux  cuifles.  Sa 
chair  eft  très-délicate,  &  ne  fent  pas  la  fauvagine. 
Il  y  a  quantité  de  ces  oifeaux  en  baffe  Norman- 
die. 

Le  Chevalier  noir ,  equus  niger ,  dès  fa  naifTance , 
a  les  jambes  &  le  bec  noir,  à  l'exception  du  defîus  , 
qui  eft  rougeâtre.  Belon  dit  que  fî  l'on  ne  con- 
lidère  point  la  tête  ,  les  jambes  &  les  ailes  du  Che- 
•yalier  noir ,  on  trouvera  qu'en  tout  le  tefte ,  il  ref- 
femble  beaucoup  au  pigeon  ramier  ,  qui  eft  entre 
cendré  &  noir.  Il  fait  fes  petits  au  mois  d'Avril , 
Se  Belon  dit  qu'en  ce  temps-là  il  a  beaucoup  de 
refTcmblance  par  le  champ  de  fon  pennage  au 
râle  ;  mais  on  n'en  voit  pas  beaucoup  en  autre  fai- 
fon  qu'en  hiver.  Il  fréquente  aufli  les  lieux  maré- 
cageux, &  vit  comme  te  rou^e.  On  croit  que  ces 
deux  Chevaliers  pourroient  bien  être  le  mâle  & 
la  femelle  de  la  même  efpècc. 

On  a  appelé  Chevaliers  les  louis  d'or  de  25 
au  mate,  dont  la  fabrication  fut  ordonnée  en  17 18. 
Ce  nom  leur  eft  venu  de  la  croix  de  Chevalier , 
qui  étoit  au  revers, 

CHEVALIÈRE,  f.  i;  Eiuei  femina.  L'Ordre  de  S. 
Tome  //, 


C  H  E 


T 


Jacques  de  l'Epée,  en  Efpagnc  &  en  Porti:i;aJ,  a  des 
Religieules  qu'on  appelle  Religieujes  chevalières 
de  S.  Jacques  de  l'Epée.    Foye^  Jacques. 

Les  Chanoineflcs  de  Nivelle  ,  le  jour  de  leur  ré- 
ception ,  qui  le  fait  avec  beaucoup  de  pompe  & 
de  magnificence  ,  font  aulli  reçues  Chevalières  àc  S. 
G«orges.  On  leur  prefente  un  carreau  de  velours 
fur  lequel  elles  s'agenouillent  pendant  la  meifè. 
A  l'Evangile  ,  elles  tiennent  à  la  main  une  épée' 
pue ,  &  à  la  fin  de  la  meffc ,  un  Gentilhomme  , 
après  leur  avoir  donné  l'accolade  ,  leur  donne  trois 
coups  du  plat  de  l'épée  fur  le  dos  ,  &  les  rcçoic 
ainà  Chevalières  de  S.  George.  P.  HÉliot  ,  fom. 
FI,  c.  54, 

Il  y  a  en  France  des  Chevalières  de  Malte  dans 
trois  cantons ,  à  Touloufe  ,  à  Bcaulieu  en  Qucrcy , 
&  en  Provence  ,  près  de  Fréjus. 
CHEVALINE,  f,  £  Vieux  mot ,  qui  ne  fe  dit'  plus 
qu'à  la  campagne  ,  de  la  nourriture  ou  du  trafic  des 
chevaux.  E^juorum  commercium  ,pabulum.  Ce  pays 
eft  abondant  en  prairies ,  on  y  tait  grande  nour- 
riture d<-  chevaline ,  il  y  a  bien  des  haras.  Les  pay- 
fans  trafiquent  en  chevaline. 

On  dit  encore  bête  chevaline  ,  pour  fignifîer  un 
cheval  ou  une  cavalle  ,  &  en  ce  fens-là  il  eft  ad. 
jedif  &  du  ftyle  de  pratique, 
CHEVANCE,  f.  f.  Vieux  mot  &  hors  d'ufage  ,  qui 
figniiioit  autrefois  le  bien  d'une  perfonne ,"  tout  ce 
qu'on  poiîcde.  Bona  ,  fortunée.  Q.^  Seigneur  avoir 
une  grande  chevance  ,  c'eft-à-dire ,  il  avoir  beau- 
coup de  bien,  La  Coutume  de  Senlis  ne  permet 
le  don  mutuel  qu'entre  les  conjoints  qui  ont  éga- 
lité d'âge  &  de  chevance. 

De  haut  favoir  le  Ciel  ne  m'a  doté  , 
Mais  d'Apollon  je  fui  toucher  la  lyre. 
Groffe  chevance  onque  ne  m'a  tenté  , 
Et  peu  de  bien  a  de  quoi  me  fuff,re. 

CHEVANTON.  f.  m.  Vieux  mot,  Tifon. 

CHEVAUCHABLE.  adj.  Que  l'on  peut  chevaucher. 
Vieux  mot,  Ragotin  ,  depuis  fon  trébuchement  , 
quand  la  carabine  tira  entre  fes  jambes ,  fit  fer- 
ment de  ne  montet  jamais  fur  un  animal  chevau- 
c;4<i^/t; ,  fans  prendre  toutes  fes  sûretés,  Scarron  , 
RoM,  Qou.u  2  ,  c.  2  ,/.  1 3. 

CHEVAUCHEE,  f,  f,  Equejiris  excurjlo  -,  cavalcata. 
dans  la  bafle  latinité.  Vifite  que  l'ont  oblii;cs  de 
faire  certains  Officiers  dans  l'étendue  de  leur  ref- 
fort  ,  Se  qu'ils  font  d'ordinaire  à  cheval  ,  com- 
me les  Elus  ,  pour  faire  l'afliette  de  la  taille  ; 
les  Prévôts  des  Maréchaux  ,  pour  nettoyer  la  cam- 
pagne de  brigands  -,  les  Trcforiers  de  France,  pour 
voir  ii  les  chemins  font  en  bon  état  i  les  Alaîtres 
des  eaux  &  forêts  ,  pour  conferver  les  forces  du 
Roi  ,  ùc.  Et  les  rapports  qu'ils  en  envoient  au 
Confeil,  font  d,'^'Qz\zs\ts procès-verbaux  de  chevau- 
chée. 

Devt)ir  chevauché ,  c'cft  être  obligé  de  montée 
à  cheval  pour  défendre  fon  Seigneur  féodal  dans 
fes  querelles  particulières.  Le  droit  de  chevauchée , 
eft  un  ancien  droit  feigneurial ,  qui  eft  la  même 
chofe  que  celui  que  nous  appelons  arrière- ban  -, 
droit  de  faire  marcher  fes  fujets  ou  vafiaux  à  la 
guerre.  Jus  clientes fuos  ad  miiitiam  evocandi.  Guil: 
laume  Artaud  ,  Seigneur  d'Aix  ,  prétendoit  avolc 
le  droit  At  chevauchée  dans  le  village  du  Mouftier 
de  Momtelar  ;  le  Prieur  le  nioit ,  &  s'attribuoit  mê- 
me la  haute  -  Juftice.  Amédce  ,  Hvêque  de  Die  , 
qu'ils  prirent  pour  arbirre  ,  fixa  ce  droit  de  che- 
vauchée à  dix  hommes  de  pié  armes ,  qu'il  chargea 
le  Prieur  d'envoyer  à  Guillaume  Artaud  ,  dans  les 
occafions  où  il  armeroit  pour  la  confervation  de 
fes  tours  conrre  fes  ennemis ,  ou  pour  leur  recou- 
vrement. Chorier,  Hifl.  de  Daup.  Tom.  II, p.  148. 
On  a  rapporré  cer  exemple ,  parce  qu'il  monrre  aiie 
ce  droir  n'obligeroir  pas  les  vaffaux  à  fervir  à  che- 
val leur  Seigneur,  comme  le  nom  femble  lefigni- 
fier. 

y  Yv 


y22, 


C  H  E 


OirVAUCHER.  V,  n.  Vieux  mot,  qui  {îgnifioit  au- 
trefois, allci-  à  cheval.  Eqiatixrc.  Perlonne  n'a  blâmé 
Af^élilaus  de  ce  que  ,  pour  s'accommoder  à  l'humeur 
de  les  petits  entans ,  il  chcvauchoït  iur  un  bâton 
avec  eux.  Mascur. 

On  a  dit  aulli  chevalchcr.  On  dit  encore  che- 
vaucher parmi  les  Ecuyers ,  pour  marquer  la  ma- 
nière de  fe  mettre  llir  les  ctriers.  Chevaucher  long. 
Chevaucher  à  l'angloile  ,  à  la  turque  ,  &c.  Hors  ces 
occafions,  on  ne  le  lert  point  de  ce  mot,  à  caufc 
du  fens  oblcène  qu'on  y  a  attache.  Ménage  dérive 
ce  mot  de  cahallicare  ,  dont  les  Elpagnols  ont  fait 
cava/gar  ,  Se  les  Italiens  caya/care.   11  fe  trouve 
dans  la  bafle  latinité ,  aufli-bien  que  caballicata  , 
d'où  il  dérive  cavalcate  &  chevauchée. 
Chevaucher  fe  dit  auflî ,  parmi  les  Artifans  j  des  piè- 
ces qui  fe  mettent  l'une  l'ur  l'autre.  Supergiedi.  Cette 
folive  ne  chevauche  pas  aflcz  avant  dans  le  mur. 
Les  tuiles  doivent  chivaucher  les  unes  fur  les  au- 
tres. 
^T  C'efl:  encore  un  terme  d'Imprimerie  3  en  parlant 
des  lettres  qui  montent  ou  qui    defcendent  hors 
de  la  ligne  à  laquelle  elles  appartiennent. 
§Cr  On  le  dit  auili  en  fauconnerie  de  l'oifeau  qui 
s'élève  par  fecoufles  au  deffus  du  vent  qui  fouffle 
dans  la  direétion  oppofée  à  fon  vol. 
CHEVAUCHEUR.  f.  m.  Vieux  mot  ,  qui  /îgnifioit 
autrefois  Maure  de  pojle  ,  dont  les  lettres  font  ex- 
pédiées fous  le  titre  de  Vhevducheurt  Eques-,  comme- 
ie  Chevaucheur  de  Tarare  ,  de  la  Brelîe,  On  les 
appelle  encore  quelquefois  ainfi  dans  les  Provinces. 
Il  y  a  auflî  un  vieux  proverbe  qui  dit ,  le  dut-on 
brûler  comme  un  Chevaucheur  d'écouvettes.  C'eft 
ainfi  qu'on  appeloit   autrefois  un  forcier.   Il   y  a 
une  déclaration  du  Roi  Henri  III ,  du  mois  d'Août 
1575,  pour  les  privilèges  de  fix  vingts  Chevaucheur  s 
de  l'écurie  du  Roi.  C^xv^z/c/if^r  d'écurie  croit  aufll 
un  office   de  la  maifon  du  Duc  de  Bretagne.  Les 
chevaucheurs  d'écurie  portoient  un  émail  aux  ar- 
mes du  Duc.  Hifi,  de  Bret.par  D,  Lohineau  ,  Tom, 
II ,  p.  1 47 1 . 
Chevat'cheur.  Vieux  mot.  Cavalier ,  celui  qui  monte 

un  cheval,  ou  qui  eft  deffus.  Glolf.fur  Marot. 
CHEVAUCHONS. (  A )  adv.  A  califourchon,  qui  fe 
dit  de  la  manière  d'aller  à  cheval ,  jambe  deçà  , 
jambe  delà  ;  &c  fe  dit  auiTi  de  ceux  qui  font  en 
cette  pofturefur  un  âne,  fur  un  bœuf,  fur  un  che- 
val ,  lur  un  bahu ,  ou  autre  chofe  femblable.  E^ui- 
tis  in  morem.  Suranné. 
CHEVAUCHURE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire 

mouture.       ^ 
CHEVEAU-LEGER.  Il    vit   un  Cheveau- Léger  ,i\ 

pouflà  à  lui.  Bussi  Rab.  f^oye:^  Cheval. 
CHEVECAGNE.  f.  f.  Cavalerie,  Equitams.  Il  y   a 

long  temps  que  ce  mot  ne  fe  dit    plus. 
CHEVECAILLE.  f.  f.  TtelTe  de  cheveux.  Ce  mot 

n'eft  plus  en  ufage. 
CHEVECEL.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifîe  chevet  , 

oreiller . 
CHEVECERIE.  f.  f.  Qualité  ou  bénéfice  du  Chéve- 
cier.  Cerarii  Jacri  PrafeSlura  ;  Capicerii  dignitas, 
Prœfcciura. 
CHEVECHE. f.  f.  Efpèce  d'oifeaù  nofliirne  ,  de  mau- 
vais augure ,  qu'on  appelle  autrement  chouette  ou 
civette  ,  on  frefaye.  No3ua ,  ulula, Jirix.  Voyez 
Chouette. 

Ce  mot  vient  de  cavecca  ,  qui  a  été  fait  de 
capo.  Mén. 
CHEVECIER.  f.  m.  Celui  qui  eft  le  chef,  qui  a  la 
première  dignité  dans  plufieurs  Eglifes  Collégia- 
les. C'eft  la  même  chofe  que  ce  qu'on  appelle  Tre- 
forier  en  d'autres  ,  parce  qu'il  garde  le  tréfor  de 
l'Eglife,  qui  font  les  chefs  &  les  reliques  des  Saints 
Voyei  CnrEciER. 
CHEVECINE.  Vieux  mot  qui  fe  difoit  autrefois  pour 

chevttre. 
CHEVEDAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  la 
même  chofe  que  chei^al  ou  chè^eau  ,  c'eft-à-dire , 
feu  ,  maifon ,  ménage. 


C  HE 

CHEVEL.;  Voyci  CHEF  ,  &  AIDE-CHEVEL. 
CHEVELEE.  adj.  Terme  de  Bbfon ,  qui  fe  dit  d'une 
tête  ,  lorfque  les  cheveux  font  d'un  autre  émail  que 
la  tête.  Tète  de  femme  chevelce  d'or.  Caput  mulie- 
ris  aurcis  capillis   iiijigne. 
CHEVELEUX  ,  EUSE.  Vieil  adj.  Qui  a  de  grands  che- 
veux, de  beaux  cheveux.  Chevelu. cV"iz/«^,  a,  um. 
|p°  CHEVELU.  UE  ,  adj.  Qui  a  de  longs  cheveux. 
Comatus  ,  cnnitus.  Les  peuples  Septentrionaux  font 
plus  chevelus  que  ceux  du  Midi.  On  donnj  parti- 
culièrement cette  épithètc  à  un  de. nos  Rois,  Clo- 
dion  le  chevelu ,  à  caufe  qu'il  portoit  de  grands 
cheveux  j  &:  parce  qu'ayant  conquis  une  partie  des 
Gaules,  il  fit  porter  aux  Gaulois  les  chcv.ux,  que 
Jules-Célar  leur  avoir  fait  abattre  ,  comme  dit  Ni- 
cole Gilles  ■,  mais  M.  l'Abbé  Trithemc  dit ,  qu'après 
fa  conquête  ,  il  fit  tondre  les  Gaulois ,  afin  de  les 
diftinguer  des  François  qui  lui  avoienr  aidé  à  les 
fubjuguer.  Il  n'eft  plus  en  ufage  en  ce  fens,  fi  ce 
n'eft  en  parlant  de  ces  anciens  temps.  Childebert, 
dans  un  Décret  qui  fc  voit  à  la  fin  de  la  Loi  Sa- 
lique  ,  dit ,  que  perfonne  des  chevelus  ne  fe  marie 
inceftueufement,  &c.  Cet  article  ne  regarde  que  les 
chevelus  ,  c'eft-à-dire  ,  les  plus  nobles  des  François 
qui  étoient  à  la  Cour,  parce  que  ces  fortes  de  ma- 
riages étoient  plus  ordinaires  parmi  eux.  La. Loi 
Salique  diftingue  deux  fortes  de  François,  dont  les 
uns  tioïcni  chevelus ,  &  les  autres  ne  l'étoientpas; 
5i  Agathias  rapporte  que  ce  fut  l'ufage  des  Rois 
françois  de  porter  la  longue  chevelure  ;  que  leuis 
Sujets  avoient  leuts  cheveux  coupés  en  rond  autour 
de  la  tête  ,  &  qu'on  ne  leur  permettoit  pas  aifé- 
ment  de  les  laiiler  croître.  P.  Jourd,  T.  III  ^p,  ^6, 
Chevelue.  (Cow^;^  )  Koyej  ce  mot. 
IJCT  Chevelu,  f.  m.  Terme  d'Agricaltute.  Petits  fila-'' 
mens  attachés  aux  racines  des  arbres,  auflî  déliés 
que   les  cheveux ,  &  qui  fortent    des    groffes  ra-^ 
cines.  Capil!itum,]c  recommande  qu'en  plantant, 
on  ôte  le  c/^£?v^/z/ le  plus  près  qu'on  peut,  du  lieu 
d'où  il  fort  j  certains  Jardiniers  le  confervent  avec 
grand  foin,  &  ont  grand  tort.  La  Quint.  On  ap- 
pelle ainfi  ces  racines ,  parce  qu'elles  reflemblent 
en  quelque  forte  à  des  cheveux.  Quand  les  racines 
d'un  arbre  font  toutes  petites,  &:  en  forme  de  che- 
velu ,  c'eft  un  figne  prcfqu'infaillible  de    la    foi^ 
blefle  de  l'arbre ,  &  de  fa  mort  prochaine.  Idem. 
On  le  dit  auffi  des  plantes  qui  ont  des  feuilles 
fort  déliées.  On  les  appelle  aurremcnt  capillaires. 
Chevelu,  f.  m.  Sorte  de  ferpent  que  l'on  voit  dans 
le  pays  des  Hottentots.  Il  y  a  des  gens  qui  pré- 
tendent que  c'eft  de  la  tête  de  ce  ferpent  qu'on 
tire  une  pierre  qui  eft  un  remède  Ibuverain  con- 
tre fes  morlures ,  &  celles  de  tous  les  autres  fer- 
pens.  Mais  M.  Kolbe  a  tué  un  grand  nombre  de 
ces  ferpens  ,  &  n'y  a  jamais  trouvé  la  pierre  en 
queftion ,  ce  qui  pourroit  faire  douter  de  fon  exif- 
tence.  Quoi  qu'il  en  foit  .  les  pierres  de  ferpent 
qu'ont  les  Européens    du  Cap ,  font    arrificielles. 
On  les  apporte  des  Indes  orientales,  où  elles  ibnt 
compofécs  ç:i'L  les  Brachmanes,  quiCcah  connoif- 
fent  ce  fecret.  Cette  pierre  a  la  figure  d'une  fève. 
Au  milieu  elle  eft  blanchâtre,  le  refte  eft  bleu  cé- 
lefte.  Ohffur  les  Ecr.  mod.  Tom.  XXF,p.  550. 
Chevelure.  Ç.  f.  Tous  Ics  cheveux  dont  ia  tête 
eft  couverte.  Coma ,   capillus.  Abfalon  avoir  une 
belle  chevelure  blonde  -,  fa  chevelure   pefoit  deux 
cens  ficles.  Génébrard  dit  que  c'eft  cinq  livres ,  quoi- 
qu'il fe  fir  tondre  tous  les  huit  mois,  à  ce  que  dit 
Jofèphe.  Clodion,  fécond  Roi  de  France,  fit  une 
loi  touchant  les  longues  chevelures ,  par  laquelle 
il  n'étoit  permis  d'en  porter  qu'aux  perfonnes  li- 
bres. MÉZERAi.  Il  n'y  avoir  autrefois  que  les  Rois 
de  France  qui  eulfent  droit  de  longue  chevelure. 
Thiers. 

On  dit  auflî  poétiquement ,  la  chevelure  des  ar- 
bres &  des  plantes ,  en  parlant  de  leurs   feuilles, 
iComa. 
On  appelle  chevelure  de  Comète  ,  en  Aftrono- 
mie ,  les  rayons  de  la  Comète ,  lorfqu'elle  eft  dia- 


C  H  E 

métralement'oppofce  au  Soleil,  5i  que  ces  rayons 
fe  répandent  également  à  la  ronde.  Crines  9  corna. 
Le  diamètre  apparent  des  Aftres'  eft  augmenté  par 
la  lumière ,  &  par  une  elpèce  de  chevelure  de  rayons 
étincelans ,  comme  parlent  les  Agronomes,  qui  re- 
jaillit de  tout  leur  corps ,  &  qui  les  fait  Ibuvent 
paroître  où  ils   ne  font  pas.  P.  Le  Comte. 

Chevelure  de  Bérénice  ,qQ.  ziiiÇi  un  terme  d'Aftro- 
nomie.  Coma  Bérénices.  Les  Anciens  appelèrent  de 
ce  nom  les  fcpt  étoiles  de  la  queue  du  Lion  ,  parce 
qu'ils  penlbient  que  les  cheveux  de  Bérénice  Reine 
d'Egypte,  qu'elle  avoir  oftért  dans  le  temple  de 
Vénus  pour  le  retour  de  Ion  mari ,  avoient  été  ii 
eftimés  des  Dieux ,  qu'ils  les  avoient  enlevés  du 
temple  pour  les  placer  dans  le  ciel ,  où  ils  furent 
changes  en  ces  lépt  étoiles.  §3"  Le  Mathémati- 
cien Conon  3  qui  venoir  de  découvrir  dans  le  ciel 
une  nouvelle  conftellation,  fit  diiparoïtte  ces  che- 
veux ,  &  publia  qu'ils  avoient  écé  changés  en  cette 
conftellation  ,  qu'il  nomma  pour  cette  raifon  che- 
velure de  Bérénice. 

ffT  Chevelure  de  feu.  Terme  d'Artificier.  Efpcce  de 
garniture  en  foime  de  petits  lerpentaux,  Iciquels 
n'étant  point  étranglés ,  retombent  du  pot  de  la 
flilée ,  en  ondoyant  comme  une  chevelure,  Encyc. 

§CF  CHEVELUS.  Capillati,  Nom  que  I>icenée  donna 
.  aux  Goths,leur  confeillant  de  porter  toujours  une 
longue  chevelure ,  pour  les  diftinguer  des  Sacri/ica- 
.  teurs  qu'il  inftitua  ,  &  qu'il  nomma  Pileati ,  cou- 
verts d'un  chapeau  ou  d'un  bonnet.  Dicenée  vint 
dans  le  pays  des  Goths  environ  quatre-vingts  ans 
avant  la  naiflance  de  Jefits-Chrift.  Décébale  Roi 
des  Daces  ayant  envoyé  d'abord  .à  l'EmpereurTraJan 
des  AmbaOadeurs  du  izns;  des  Capillaii ,  qui  étoient 
les  moins  confidérables,  lui  envoya  enfuite  des  Pi- 
leati ,  pout  lui  faire  plus  d'honneur.  Cependant 
les  Goths  &  les  autres  peuples  du  Septentrion  t^i- 
foient  autrefois  grand  cas  d'une  belle  chevelure, 
&  prenoient  grand  foin  de  l'entretenir.  C'étoit 
même  pour  les  filles  une  marque  de  virginité.  Cel- 
les qui  étoient  mariées,  avoient  la  tête  couverte-, 
les  filles,  au  contraire  ,  alloient  la  tête  nue ,  laifTant 
flottei  leurs  cheveux  qui  pendoient  jufqu'à  la  cein- 
ture. 

§CT  Chevelus,  {les)  Peuples  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  au  pays  des  Amazones ,  au  nord  du  fleuve 
des  Amazones.  On  lui  a  donné  ce  nom  ,  parce  que 
les  hommes  &  les  femmes  ont  les  cheveux  longs 
julqu'à  la  ceinture. 

Tous  ces  mots  viennent  du  latin  capillus,  qui  eft 
dit  comme  capitis  pilus. 
,CHEVE-R.  V.  aél.  Terme  de  Jouailler,  C'eft,  cerner 
ou  creufer  une  pierre  par  dellbus ,  pour  lui  ôter 
de  la  couleur ,  quand  elle  eft  trop  forte.  Exca- 
vare.  On  chéve  audl  les  rubis  pour  leur  ôter  la 
chalcédoine,  ou  la  couleur  blanche  qui  les  dimi- 
nue de  prix:  ^3"  c'eft  auiPi  chez  plufieurs  Ouvriers , 
commencer  à  rendre  concave  une  pièce  qui  n'eft 
que  forgée. 

Chever.  Terme  de  Coutume.  C'eft  empiéter  fur  la 
chauffée  d'une  ville,  fur  un  chemin,  fur  un  héri- 


CHEVESCHE. 
CHEVESTRAGE.    ,- 
CHEVESTRE.        ^ 


l 


C  CHEVECHE. 
Voyei  <    CHEVÊTRAGE. 
/  CHEVÊTRE. 


CHEVET,  f.  m.  Oreiller  long  &  rond,  rempli  de 
plume ,  fur  lequel  on  pofe  la  tête  quand  on  eft 
couché.  Cervical.  On  l'appelle  autrement  traverjin. 
On  appeloit  autrefois  la  tête  chevet.  Un  vieux 
Poète  dit ,  en  parlant  de  S.  Jean , 

Que   Hérode   fit  marturer 

Li  chevet  à  un  gleve  trancher. 

Chevet  eft  proprement  la  partie  du  lit  où  l'on  met 


CHÈ  yz? 

ce  traverlîn.  Cet  homme  a  toujours  dés  armes  fous 
fon  chevet.  Alexandre  avoir  toujouts  Homère  ibus 
le  chevet  de  fon  lit.  Cet  homme  ronfle  fi-tôt  qu'il 
a  la  tête  fur  le  chevet. 

Ce  mot  vient  de  chef.  Quelques-uns  le  dérivent 
de  cervical-,  &:  Ménage  de  capetum  ,  diminutif 
de  capa.  Oii  appeloit  autrefois  chevecel  un  oreil- 
ler. 

Chevet  fe  dit  encore  de  tout  ce  qui  élève  la  tête 
en  quelqu'endroit  qu'on  foit  couché.  Un  Moifibn- 
neur  qui  n'a  qu'une  pierre  pour  Ion  chevet  ,  ne 
laiife   pas  de  bien  dormir. 

Au  Palais ,  les  Avocars  appellent  droit  de  che~ 
vct ,    le  fcftin  qu'ils  donnent  à  leurs  Confrères  ^ 

■  quand  ils  fe  marient.  Nuptiarum  epulam.  La  même 
chofe  fe  pratiquoit  auffi  par  les  Officiers  des  Cours 
Souveraines  ,  quand  leurs  Confrères  fe  marioienr  : 
mais  au  lieu  d'un  repas,  c'eft  le  plus  fouvent  une 
certaine  Ibmme  d'argent  dérerminée  par  la  Com- 
pagnie ,  &;  qui  fe  partage  enfuite  avec  les  épices. 
gCT"  C'étoit  aulfi  autrefois  un  droit  que  les  Sei- 
gneurs exigeoient  des  nouveaux  mariés  dans  l'éten- 
due de  leur  Seigneurie. 

Chevet  d'Eglife,  c'eft  la  partie  poftérieure  d'une 
églife,  comme  on  dit  le  chevet  de  S.  Denys,en 
parlant  de  cette  partie  de  l'églife  qui  eft  derrière 
le  chœur,  &  où  l'on  monte  par  plufieurs  degrés 
Pars  templi  choro  pojîica ,  abfis.  On  le  dit  auîïï 
du  prefbyrère ,  ou  de  la  maifon  qui  y  eft  jointe 
ou  attenante.  Le  ptieuré  de  faint  Barthélemi  eft 
bâti  au  chevet  de  l'églife  de  faint  Barthélemi , 
derrière  le  chœur. 

Chevet  de  canon.  C'eft  ainfî  qu'on  appelle  ,  en 
teimes  de  Mer  ,  un  gros  billot  de  bois  de  fapin 
ou  de  peuplier  ,  qui  étant  mis  fous  le  derrière 
de  l'affût  du  canon  ,  en  foutient  la  cula/fe.  Ful- 
.crum.  Chevet  de.traverfin  de  bittes  eft  une  dou- 
blure de  bois  de  fapin  qu'on  joint  au  derrière  du 
traverfin  de  bittes  ,  parce  que  le  fapin  eft  beau- 
coup plus  doux  que  le  chêne,  &C  que  le  chêne  ufe 
les  cables   qui  paflcnt  defllis. 

Chevet  ,  en  termes  d'Artillerie.  Efpèce  de  petit 
coin  de  mire ,  qui  fert  à  élever  un  mortier  :  il  fe 
met  encre  l'affût  &  le  mortier. 

Les  Plombiers  appellent  chevet  certains  rebords 
de  plomb  qu'ils  merrent  au  bord  des  chêneaux , 
ou  proche  les  goders ,  pour  arrêter  l'eau ,  &:  em- 
pêcher qu'elle  ne  bave  le  long  de  la  couverture. 
Ora  extrinfecus  promniens. 

On  appeloit  aufîi  autrefois  jfe/- cZi^ve/ ,  ou  che- 
ve/,ou  tenu  en  chef,  celui  qui  étoit  mouvant  im- 
médiatement du  Roi.  Primarice  ciientelœ.  heneficia- 
rium  prcedium. 

On  appelle  figurément  une  épée  de  chevet ,  un 
ami  brave ,  &  prompt  à  nous  fcrvir  de  à  nous  dé- 
fendre en  toutes  occafions.  Amicus prompuis  &  pa~ 
ratusfcmper  ad  rem  pro  amico  bene  gerendam.  On 
le  dit  aulfi  d'autres  choies  qui  nous  (bnt  familières. 
Cet  homme  a  toujours  Ibn  Iliade  .à  la  main ,  c'uft 
fon  épée  de  chevet,  Hahet  lliadem  in  deliciis 

CHEVET  AN,  CHEVET  AINE  ou  CHÉFETAINÉ, 
f  m.  Vieux  terme  de  Coutume,  qui  fignifioit  autre- 
fois Chef  &  Capitaine  ,  Chef  de  bande  ,  donr  il  eft 
fait  plufieurs  fois  mention  dans  Villchardouifi ,  & 
le  Sire  de  Joinville.  Caput ,  Dux  ,  Princeps.  Les 
Turcs,  quand  leur  Soudan  fur  mort,  firent  leur 
Chevetain  un  Sarazin.  Jginvjlle. 

Ce  Seccédun  Chévetaine  des  Turcs  étoit  tenu  pour 
le  plus  vaillant  Se  preux  de  toute  payennie.  Joinv. 
Ce  Chevetain  fe  vanta  qu'il  mangeroit  en  la  tente 
du  Roi  dedans  le  jour  de  S.  Sébaftien,  qui  prou- 
chain  venoit.  Idem. 

Chevetain  &c  Guieur  de  la  guerre.  M.  Brumet  , 
en  fon  Tréfor ,  Part.  H  ,  cap.  39.  Li  Chevetains  de 
batailles  doivent  aflémbler  les  batailleurs  à  pic  & 
à  cheval.  H.  Gauchi. 

V  V  v  ij 


52-4 


CH  E 


Vautres  iras  font   ceux  appelés 
Qui  ont  o^'ees  principaux- 
Sur  cens   d'arnus  ,  comme  Maréchaux 
El  Cheveuins.       Pèlerinage  de  l'Ame. 

Voyei_  Du  Cange  lui:  Villehardouin. 
On   appelle    encore  aujourdhui  Cheyeiains   les 
Chefs  de  la  Boura;eoilie  de  Bruges.  ^ 

Ce  mot  vient  de  Capitancus  ,  d'où  on  a  formé 
Chevetain ,  ou  Ch  efcain  ,  Captaine  ,  &  comme  on 
dit  aujourd'hui  Capitaine.  Autrefois  on  difoit  & 
ccrivoit  Chefvetainc. 

CHEVETEAU.  i.  m.  Groifc  pièce  de  bois  de  travers 
où  elt  cngravée  la  coucte  l'ur  laquelle  tourne  le 
tourillon  d'un  arbre  de  moulin  :  elle  ell  polce  lut 
une  maflc  de  maçonnerie. 

CHEVÊTRAGE.  i.  m.C'étoit  un  droit  que  lesEcuyers 
du  Roi  prenoient  à  Pans  lur  le  foin  qui  vient  par 
eau.  Capijiragium.  Ce  droit  eft  appelé  en  latin  Che- 
Jirasium ,  da.t\s  une  Patente  de  ùmt  Louis  de  l'an 

GHEVÉTRE.  f.  m.  Licou  de  monture.  Ce  mot  eft 
vieux,  &  vient  de  cfief.NicoD.  CapiJirum.On  dit 
encore  ,  e«<rA«vê/rt;r.  Illignifie  auHi  un  joug  auquel 
on  attache  la  tête  des  bœufs  ou  vaches.  G/oJf. 
fur  Marot, 

Chevêtre,  en  termes  de  Charpenterie,  eft  la  pièce  de 
bois  qui  foutient  les  folives  coupées  à  l'endroit  de 
la  cheminée  ,  pour  donner  partage  aux  tuyaux  ,  & 
empêcher  que  l'âtre  ne  pôle  fur  du  bois ,  à  cauié 
du  danger  du  feu..  Tis,illum.  Le  chevèire  doit  être 
éloigné  de  trois  pies  du  mur. 

|rr  Chevêtre,  terme  de  Chirurgie. Efpèce  de  ban- 
dige  dont  on  le  lért  pour  la  fradure  ou  la  luxa- 
tion de  la  mâchoire  inférieure.  Acad.  Fr. 

CHEVEU,  f.  m.  Poil,  long,  fin  &:  délié  ,  qui  vient 
à  l.i  tête  des  hommes  1^  dc^.t'cmmcs.Capi/ius.  Les 
Médecins  font  pluiîeurs  diftinilions  des  cheveux, 
Se  leur  donnent  des  noms  dilférens,  mais  feulement 
en  i^rec  Sc  en  latin.  Ils  appellent  ceux  des  femmes 
comas ,  à  caufe  du  verbe  xo^jT. ,  qui  fignifie  attiffcr  & 
asjncer  foigneujémtnt  ;  ceux  des  hommes,  cœj'aries 
à.  cœdendo-,  parce  qu'on  les  coupe  fouvent  -,  ceux 
<ie  derrière  la  tête  juba  &  cnnes  ;  ceux  qui  pen- 
dent derrière  les  oreilles ,  cincinni ,  c'ell  -  à  -  dire , 
crcpus  &c  anneUs.  La  Magdelainc  clUiya  les  pies  du 
Seisz;neur  avec  fes  cheveux.  La  force  de  Samlbn 
coniîftoit  en  fes  cheveux.  Les  femmes  qui  le  querel- 
lent ,  fe  prennent  d'abord  aux  cheveux.  Cheveux 
bien  peignes.  Compofîti ,  comti. 

Ce  mot  eft  dérivé  de  Capillus,  Les  cheveux  pa- 
roillent  de  petits  tuyaux  ,  fort  unis  &  fort  déliés  ; 
mais  quand  on  les  regarde  avec  un  microlcope,  on 
y  voit  des  ncfuds  comme  aux  branches  des  arbres. 
Au  bout  par  où  ils  tiennent  à  la  tête,  ils  ont  une 
petite  bulbe  qui  reçoit  le  fuc  qui  les  nourrit ,  à  l'au- 
tre bout  ils  fe  divifcnt  quelquefois  en  deux  bran- 
ches :  cek  arrive  lorfqu'on  n'a  pas  foin  de  les  faire 
faire  de  temps  en  temps-,  &  alors  il>  deviennent 
roux  vers  ce  bout ,  parce  que  le  lue  qui  les  hu- 
iuede,ne  pouvant  le  communiquer  aifément  jul- 
ques-là  ,  l'air  8^  le  Ibleil  dclïcchenr  &;  en  brûlent 
l'extrémité.  Les  cheveux  tombent  &  blanchiUent 
plutôt  fur  le  devant  que  fur  le  derrière  de  la  tête , 
parce  que  le  fuc  qui  les  entretient,  leur  eft  fourni 
plus  longtemps  par  les  parties  du  derrière  delà  tête. 

§:CF  Les  cheveux  croillcnt  en  général  plus  longs  & 
plus  promptement  chez  les  tcmmes  que  chez  les 
hommes.  Ils  croifient  de  même  beaucoup  plus  vite 
chez  les  jeunes  cens  que  chez  les  vieillards.  On 
les  regarde  ordinairement  comme  des  corps  creux 
qui  font  pérétrés  par  les  lues  dans  toute  leur  lon- 
gueur. Quelques  -  uns  croient  pourtant  qu'ils  ne 
croiflî^nt  que  par  la  racine  qui  reçoit  lîmplement 
fa  nourriture  de  la  bulbe  ou  oignon  fur  lequel  le 
cheveu  eft  impla-^té.  La  grandeur  des  cheveux  dé- 
pend du  fie  propre  à  les  nourrir,  qui  fe  trouve 
plus  ou  moins  abondant  aux  uns  qu'aux    autres 


CHE 

Ils  font  gros ,  ou  fins  &  déliés ,  félon  que  les  pores 
par  où   ils  l'ont  fortis,  font  plus  ou  moins    larges. 
Lorfque    les  pores    font   droits  ,    les  cheveux 
le    font    auffi  :  quand    ils  font  courbes  ou  obli- 
ques ,  les    cheveux    font   frilés.    Ceux    qui  font 
d'un  tempérament  luimide,  ont  le  poil  plus  doux  ; 
ceux  qui  font  fecs ,  l'ont  plus  rude.  La  figure  des 
cheveux  nous  paroît  ronde  ;  mais  le   microfcope 
nous  fait  voir  qu'il  y  en  a  de  triangulaires  &  de 
carrés ,  aulfi-bicn  que  de  ronds.  Cela  vient  de  la 
configurarion  difiTcrcnte  des  pores  par  où  ils  ont 
palfc ,  &;  dont  ils  prennent  la  figure.  Les  cheveux 
fc  peuvent  fendre  &:  féparer  en  deux  ou  trois  par- 
ties ,  ce  qui  fe  voit  à  leurs  extrémités  ,  loriqu'ils 
fourchent.  Le  microfcope  découvre  encore  qu'ils 
font  creux  comme  de  petits  tuyaux  ,  ce  qui  eft  en- 
core confirmé  par  la  maladie  appelée  plica  ,  à  la- 
quelle les  Polonois  font  fujets ,  &  dans  laquelle  il 
fort  du  fang  par  l'extrémité  des  cheveux.  La  cou- 
leur des  cheveux  eft  différente  fuivant  les  p.iys ,  les 
rempéramens ,  les  âges  &:  la  qualité  de  l'humeur 
qui  les  nourrit  ;  mais  la  vieillelfe  change  ordinai- 
rement leur  couleur ,  quelle  qu'elle  foit ,  en  blanc,- 
ce  qui  arrive  par  le  peu  d'humeur  qui  refte  aux 
vieillards. 

C'étoit  un  grand  ornement  parmi  les  Gaulois , 
que  d'avoir  de  grands  cheveux  ;  Se  derlà  vient  que 
la  plus  grande  partie  des  Gaules  s'appeloit  Ga/lia 
comata.  C'eft  pour  cela  que  ceux  qui  quittoient  le 
monde,  pour  fe  retirer  dans  les  cloîtres  ,  le  faifoient 
rafer  les  cheveux ,  pour  montrer  qu'ils  renonçoient 
à  tous  les  ornemens  mondains  ;  &  qu'ils  faifoient 
vœu  d'une  fujction  abfolue  à  leurs  Supérieurs. 
Aulfi  Jule-Céfar,  lorfqu'il  conquit  les  Gaules,  fai- 
foit  abattre  les  cheveux  des  Gaulois  en  figne  de 
foumifllon.  Ovide  le  dit  à  fa  maîtrelle  ,  qui  fc 
fervoit  de  faux  cheveux. 

Nunc  tibi  captivos'mittet  Germanîa  crines. 
Culta  triumphatx  munere  gentis  eris. 

On  impofoit  aux  vaincus  la  nécelTité  de  fe  faite 
tondre,  pour  marque  qu'ils  étoient  fubjugucs-,  &;  c'eft 
apparemment  d'où  eft  venue  cette  expredion  ,  il  a. 
été  tondu  ,  en  parlant  d'un  homme  qui  eft  déchu  de 
quelque  prétention  :  &  cette  autre  ,  je  veux  qu'on 
me  tonde  ,  qui  eft  une  peine  qu'on  s'impofe  ,  en  cas 
que  la  chofe  qu'on  affirme  ne  foit  pas  véritable.  La 
railbn  eft  qu'on  regardoir  comme  une  honte  d'être 
tondu.  M.  Auboux  ,  dans  fa  véritable  Pratique  ci- 
vile &  criminelle  ,  dit  ,  qu'apparenimenr  certe  ma- 
nière de  parler  eft  venue  de  ce  qu'autrefois  ,  quand 
un  Magiftrat  trouvoit  un  Clerc  qui  n'avoir  ni  l'ha- 
bit convenable  à  fon  état ,  ni  la  tonfure  cléricale  , 
il  le  failbit  tondre. 

Vers  ran4i8,  Clodion  introduifit  dans ia famille 
Royale  feulement  la  coutume  de  porter  les  cheveux 
longs  ;  mais  ,  à  la  rélérve  des  Princes,  tous  les  hom- 
mes portoient  les  cheveux  courts ,  de  forte  qu'ils  ne 
leur  venoient  qu'au  dcfibus  des  oreilles.  Gre^.  de 
Tours,  Hiji.  Fr.  L.  IIL  c.  i  S.;  L.  FI,  c.  14;  L.  FUI, 
ch.  10.  Agathias  en  parle  plus  particulièrement  dans 
fon  premier  Livre.  C'eft  la  coutume  des  Rois  des 
François ,  dit  cet  Auteur  ,  de  ne  fe  faire  jamais  cou- 
per les  cheveux.  Leur  chevelure ,  qui  defcend  toutç 
fur  les  épaules ,  a  fort  bonne  grâce.  Les  cheveux  de 
devant  fe  partagent  fur  le  front ,  &c  fe  rejettent  des 
deux  côtés.  Leurs  cheveux  ne  font  point  mal  en  or- 
dre ,  &  mal  propres ,  comme  ceux  des  Turcs  &  des 
Barbares  ,  ni  liés  &  cordelés  tout  enfemble  fans 
grâce  &  fans  agrément ,  mais  ils  ont  différentes  ma- 
nières de  les  tenir  propres ,  &  en  ont  un  très-grand 
foin.  Au  refte,  c'eft  chez  eux  un  privilège  de  la  là- 
mille  Royale  -,  car  leurs  fumets  les  coupent  en  rond  j 
il  ne  leur  eft  pas  permis  de  les  porter  longs.  Hotman 
traite  de  ce  droit  des  Rois  de  France ,  c.  1 1.  FrancO' 
Gallice.  Voyez  aulTi  les  Notes  de  Savaron  &  celles 
du  P.  Sirmond  fur  l'épître  1  du  Livre  I  de  Sidonius 
ApoUinaris,  Couper  les  chsyeux  à  un  /ils  de  Roi  d« 


\ 


C  H  E 

France  fous  la  V  race  ,  c'étoit  le  déclarer  déchu  de 
la  fucceinon  à  la  couronne  ,  &  le  réduire  à.  la  con- 
dition de  l'ujet.  P,  Daniel  ,  T.  1,  p.  83. 

Dans  le  onzième  liccle  ,  ceux  qui  ie  piquoient  de 
bonne  grâce  ,  lailfoient  croître  leurs  cheveux  ,  qui 
leur  dclcenuoient  jufques  à  la  ceinture  par  gro/îès 
boucles.  Godcfroi  Évêquc  d'Amiens  y  trouva  de  l'in- 
décence &  de  la  mollefiè.  Il  ret'ul'a  le  jour  de  Noël 
la  communion  à  ceux  qui  fe  préfentoicnt  ainli  à  la 
faintc  Table  ,  &  rejeta  leurs  otfrandes  ,  ce  qui  les 
obligea  à  faire  couper  leurs  cheveux  lur  le  champ  -,  & 
la  coutume  cellà.  |JC?  Les  Courtiians  5c  les  Seigneurs 
qui  accompagnoient  Robert ,  Comte  de  Flandre  , 
qui  étoit  venu  célébrer  la  Fètc  de  Noël  à  S.  Orner , 
&  qui  avoir  prié  l'Evêque  d'Amiens  de  lui  dire  la 
melTe  de  minuit ,  coupèrent  à  l'inftant  leurs  cheveux 
les  uns  avec  des  ciiéaux  ,  les  autres  avec  leurs  cou- 
teaux ,  &  même  avec  leurs  épées ,  de  peur ,  dilbient- 
ils ,  d'être  privés  de  la  bénédiction  d'un  li  Saint 
Evcque. 

Dans  le  VIII  ficcIe  ,  les  perfonnes  de  qualité  fai- 
foient  couper  les  premiers  cheveux  à  leurs  enfans 
par  d'autres  perfonnes  qualifiées ,  qui  étoient  ap- 
pelées pour  cela  les  pères  ipirituels  de  ces  enfans, 
Ainli  Charles  Martel  envoya  fon  iîls  Pépin  à  Luit- 
prand  ,  Roi  des  Lombards ,  arin  qu'en  lui  coupant 
les  cheveux  ,  félon  la  coutume ,  il  devînt  ion  père 
rpirituel.  Cette  coutume  étoit  plus  ancienne.  L'Em- 
pereur Conftantin  envoya  au  Pape  les  cheveux  de 
ies  fils  Juftinien  &  Héraclius  ,  pour  lui  rémoigner , 
ielon  la  coutume  de  ce  temps-là  ,  qu'il  dcfiroit  qu'il 
leur  tînt  lieu  de  père ,  &  qu'eux  lui  obéilîént  &  l'ho- 
noralfent  comme  fes  enfans.  C'étoit  un  témoignage 
bien  authentique  du  relpeél  qu'il  portoit  au  Pape. 

GODEAU. 

On  attribue  au  Pape  Anicet  la  défenfe  pour  les 
Clercs  de  porter  de  grands  cheveux  ■■,  mais  elle  ell 
plus  ancienne  dans  les  Eglilés  d'Occident;  &  l'Épi- 
tre  où  ce  Décret  ie  lit  aujourd'hui ,  a  été  écrite  long- 
temps après  la  mort  de  ce  Pape.  La  tonfure  Cléri- 
cale cft  rapportée  par  S.  Ilidore  de  Séville  à  la  Tra- 
dition Apoftolique  ,  en  quoi  il  eft  fuivi  par  pluiieurs 
Auteurs. 

Les  cheveux  longs  ont  été  fi  odieux  autrefois  , 
qu'il  le  trouve  un  Canon  de  l'an  ioç)6 ,  portant  que 
ceux  qui  auront  de  longs  cheveux  ;  feront  exclus  de 
l'entrée  de  l'Eglife  pendant  leur  vie  ,  &  qu'on  ne 
priera  point  Dieu  pour  eux  après  leur  mort.  Nous 
avons  dit  ci-deflus  ce  que  fit  un  Evêque  d'Amiens. 
Luitprand  a  fait  une  furicuié  déclamation  contre 
l'Empereur  Phocas  ,  qui  portoit  de  longs  cheveux  , 
comme  les  Empereurs  d'Orient  ;  à  la  rélerve  de 
l'Empereur  Théophile ,  qui  étant  chauve ,  crut  effa- 
cer cette  opprobre  de  dcifus  fa  tête  ,  en  ordonnant 
à  fes  fujets  de  rafer  leurs  cheveux  ,  pour  ôter  la  diffé- 
rence qui  le  choquoit.  S.  Paul  ,  en  recommandant 
aux  femmes  le  foin  de  leurs  cheveux  ,  ajoute  à  l'é- 
gard des  hommes  ,  qu'il  cft  contre  nature  de  les 
nourrir.  On  ne  comprend  pas  bien  la  raifon  de  ces 
défenfes  ,  de  porter  des  cheveux  ipuifqu'ils  paroif- 
fent  un  des  plus  beaux  oraemens  de  l'homme  ,  Se 
non  pas  une  fuperfluité  de  la  nature.  Sans  doute 
que  la.  nature  dans  le  paffage  de  S.  Paul  fignifie  la 
coutume.  En  iiSjo  ,  un  Profefleur  d'Utrecht  agita  la 
queftion  ,  s'il  efl:  permis  aux  hommes  de  porter  de 
longs  cheveux.  Un  Théologien,  nommé  de  Rêves, 
quiavoit  écrit  pour  l'affimative ,  lui  répliqua.  Paf- 
quier  dit  qu'en  fon  jeune  âge  tout  le  monde  portoit 
de  longs  cheveux  ,  à  la  réferve  des  Moines.  Le  Roi 
François  I.  ayant  commencé  à  porter  des  cheveux 
courts ,  pour  la  railbn  rapportée  ci  delTous ,  les  Prê- 
tres mêmes  fe  firent  tondre  :  ce  qui  eût  été  aupara- 
vant trouvé  de  mauvais  exemple  ,  comme  dit  le 
même  Auteur.  L'offre  qu'ils  font  à  Dieu  de  leurs 
cheveux  , quand  ils  font  des  vœux,  eft  une  marque 
qu'ils  fe  donnent  à  lui  en  perpétuelle  fervitude. 

Les  cheveux  longs  furent  donc  à  La  mode  fous  la 
première  race  de  nos  Rois.  Le  Roi  les  portoit  très- 
longs  ,  fes  parens  de  même  ,  Si  la  Noblefle  à  pro- 


'CHE  yi^ 

portion  de  fou    rang  &  de  fa  naidànce.  Le  peuple 
ccoit  plus  ou  moins  rafé.  L'homme  ferfl'étoit  tout- 
à-tait  ;  l'homme  de  pote  ou  pocfte  i  c'eft-à-dire  , 
l'homme  payant  tribut ,  ne  i'étoit  pas  entièrement 
Pépin    &i  Charlemagnc    mépriicrcat   les  cheveux 
longs.  Charlemagne  les  portoit  courts ,  fon  fils  en- 
core plus  :  Charles  le  Chauve  n'en  avoir  point.  On 
commença  fous  Hugues  Capct  à  les  porter  un  peu 
plus  longs.  Cela  déplut  aux  Eccléfiaftiques   ;  on 
excommunia  ceux  qui  laiffoicnt  croître  leurs  che- 
veux. Pierre  Lombard  en  fit  li  grand  fcrupule  à  Louis 
le  Jeune  ,  que  ce  Prince  fit  couper  les  liens.  Les 
autres  Rois  5  jufqu'à  Louis  XIII, ne  les  ont  porte 
que  tort  couEts.  Les  cheveux  de  S.  Louis ,  de  Char- 
les  V,de  Louis  XII,  tels  qu'on  les  voit  dans  leurs 
portraits ,  &  fur  leurs  médailles  ou  monnoies ,  ne 
palfent  pas  le  milieu  du  cou.  François  I ,  ayant  été 
blelfé  à  la  tête  par  Montgommeri ,  les  Médecins  lui 
firent  couper  les  cheveux.  Sur  fon  exemple  tous  fes 
fujets  quittèrent  leur  chevelure  -,  chacun  porta  longue 
barbe  ,  Se  rit  couper  fes  cheveux  :  ce  qui  auparavant 
étoit  une  ignominie.  Pasq.    Sous  Louis  XIII ,  la 
mode  changea  i  comme  il  aimoit  forr  lescAtvaix, 
on  lui  rit  plaifir  de  les  porter  longs.  Le  Gendre, 
Voyez  auifi  Thiers  ,  Traité  des  Perruques.  L'an 
1460,1e  Duc  de  Bourgogne  fut  ri  grièvement  ma- 
lade ,  que  l'on  déléfpcra  de  fa  fanré  ;  pour  laquelle 
allurer ,  les  Médecins  lui  confeillèrent  de  permettra 
que  la  longue  perruque  lui  lût  abattue.  Ce  qu'ayant 
été  fait ,  tous  les  Courtifans  ,  (  fauf le  Prince  &:  quel' 
ques  grands  Seigneurs  )  &  le  peuple  en  rirent  au- 
tant, &c  fut  mis  en  ufage  de  ne  porter  les  longs  che- 
veux. GoLLUT.  Mcm.  de  Bourg,  L.  X ,  c.  81. 
Cheveu  ,  fert  de  comparailbn  à  toutes  les  choies  dé- 
liées. Ce  fil ,  cette  foie  ,  font  déliés  comme  des  che- 
veux. Cette  aiguille  ,  cette  ligne  ,  font  comme  des 
cheveux. 

On  dit  ,  qu'une  femme  eft  coëifée  en  cheveux  , 
lorfqu'elle  a  feulement  fes  cheveux  arrangés,  ou 
entottillés  autour  de  la  tête  ,  3c  qu'elle  n'a  ni  bon- 
net ,  ni  coëffe  qui  les  caxrhe.  En  Grèce  ,  &c  fur-tout 
à  Lacédémone  ,  les  filles  laiffoient  pendre  leurs  c/i^- 
veux ,  &  flotter  au  gré  du  vent.  Les  femmes  au  con- 
traire les  nouoient  négligem.ment  par  derrière. 

On  appelle  yizK.v  cheveux  ,  ceux  qui  ne  tiennent 
point  à  la  tête  ,  mais  qui  y  font  appliques  en  trelfes, 
tours ,  coins  ou  perruques.  Mentiti  ,falfi,  adjcititii 
capilli.  On  a  remarqué  que  les  Grecs  apprirent  aux 
Romains  l'ufage  des  faux  cheveux ,  Se  à  fefervir  de 
cet  ornement  emprunté. 

On  dit  auHi  des  cheveux  de  Cour  ,  pour  dire ,  de 
faux  cheveux  ;  mais  c'cft  feulement  dans  le  ftyle 
comique  &  burlefque.  On  le  trouve  en  ce  fens  dans 
quelques  Comédies  modernes. 

On  appelle  cheveux  vifs  ,  les  cheveux  arrangés 
dans  les  perruques  de  la  manière  qu'ils  l'ctoientfur 
la  tête  de  la  perfonne  vivante  ,  fur  laquelle  ils  ont 
été  coupés  à  ce  defiein  ,  f^ivi  capilli  ;  &  on  les  ap- 
pelle frifés  naturellement ,  quand  ils  étoient  frifés , 
bouclés  ou  annelés  auparavant  que  d'être  coupés, 
capilli  crijpi ,  cirrati. 

On  appelle  un  toupet  de  cheveux  ,  une  poignée 
de  cheveux  ,  ce  qui  croît  ou  ce  qu'on  laifîe  en  quel- 
que endroit  de  la  tête  ,  Cirri.  Les  Tartares  &  les 
Chinois  fe  rafent  les  cheveux  ,  à  la  réferve  d'un  petit    ^ 
toupet  qu'ils  laiiTent  croître  au  derrière  de  la  tête. 

Les  Poètes  appellent  le  So\c\)t,Phœùus  aux  blonds 
cheveux.  Crinibus  aureis  ,  &  fe  ferv^ent  du  mot  de 
cheveux  gris  &  cheveux  blancs  ,  pour  marquer  la 
vieillelTe  ,  Cani.  Ozius  déshonora  fes  cheveux  gris 
par  fa  chute.  Herman.  Ainfi  Malherbe  a  dit  : 

Les  ridicules  avantures 

D'un  amoureux  en  cheveux  grrs. 

Et  Corneille, 

Touche  ces  chcvcux  hlancs  à  qlii  tu  rends  l'honneur 
Rafraîchir  les  cheveux  ,  c'eft  en  coupet  les  extré- 
mités pour  en  hâtet  racctohlemenc  ;  faire  le*  du- 


')i6 


CHE 


veux  ,  c'eft  tes  tailler  félon  la  mode  ;  couper  les  i 

cheveux  ,  c'eft  les  abattre  entièrement,  CapiUum 

londere. 
Cheveux  ,  fe  dit  figurément  des  petites  racines  ou 

filamens  des  plantes  ,  d'où  leur  vient  la  première 

nourriture,  Capilli. 
Cheveux  de  Feiius.On  donne  ce  nom  à  certains  F.la- 
mens  qui  volent  dans  l'air  en  Automne,  Capilli  Vc- 
neris.  On  les  appelle  plus  ordinairement  Cheveux  I 
de  Notre-Dame  ou  de  la  Ste  Vierge.  Capilli.  ii. 
P'irginis.  Quelques  exhalailbns  groHières  compo- 
fent ,  en  le  rcunillant  ,  ces  iils  longs  &  blancs  que 
l'on  voit  s'attacher  aux  arbres  ou  voltiger  au  gré 
des  venrs. 

■  On  dit  figurcment  d'une  choie  qui  fait  horreur , 
qu'elle  fait  drelfer  les  cheveux  à  la  tête  :  qu'il  faut 
prendre  l'occalion  aux  cheveux  ,  pour  dire  ,  qu'il  ne 
faut  pas  la  laiflèr  échapper-,  qu'un  palîage  ,  qu'une  I 
comparaifon  ,  font  tirés  par  les  cheveux  ,  lorlqu'iis 
ne  viennent  pas  naturellement  aufujet,  qu'ils  font 
tires  de  trop  loin  ,  &c  amenés  par  force  &  par  ma- 
chine. On  dit  encote  ,  que  tous  nos  cheveux  font 
comptes  ;  pour  dire  ,  que  la  Providence  a  foin  des 
moindres  chofcs  qui  nous  regardent.  On  dit  auHl  , 
quand  on  veut  trop  fubtiliier  fur  les  choies ,  que 
c'eft  fendre  un  cheveu  en  deux  ,  d'autres  difent  en 
quatte.  On  dit  encore  ,  il  ne  s'en  faur  pas  de  l'épail- 
feur  d'un  cheveu  ;  pour  dire  ,  peu  s'en  faut ,  ou  il 
ne  s'en  faut  prefque  rien.  On  dit  aulfi  ,  fe  prendre 
aux  cheveux ,  fe  tirer  aux  cheveux  ;  tirer  quelqu'un 
par  les  cheveux  ,  lui  fauter  aux  cheveux  ,  s'accro- 
cher aux  cheveux ,  pour  repréfenter  la  manière  dont 
certaines  gens  le  battent, 

NosSraves  s'accrochant  , /éprennent  aux  cheveux. 

BoiL. 

On  dit  aulïl  ,  s'arracher  les  cheveux  de  douleur  , 
de  délélpoir, 

IP"  CHEVILLE,  f.  f.  On  entend  généralement  pat  ce 
mot ,  un  morceau  de  fer  ou  de  bois  ,  rond  ou  car- 
ré ,  qui  va  en  diminuant  ,  qui  fcrr  à  boucher  un 
trou  ,  à  faire  un  allémblage  de  plulieurs  pièces ,  ou 
à  d'autres  ulages.  Fibula  ,  clavis  ligneus  ,  ferreus. 
Les  Cordonniers  font  tenir  les  talons  de  cuir  avec 
des  chevilles.  Toute  cette  menuiferie  ne  tient  qu'avec 
des  chevilles.  Pyrard  dit  qu'aux  Maldives  ,  tous  les 
aflcmblages  fe  font  fans  doux  &  fans  chevilles. 

ffT  Ce  mot  eft  dérivé  de  clavus.  Ménage  le  dérive 
de  clavicula  ,  qui  fe  trouve  dans  les  vieux  tittes  en  la 
même  lignification.  On  trouve  cavilla ,  pour  dire 
cheville  ,  dans  la  bafle  latinité. 

Cheville  ouvrière  d'un  carroffe  ,  eft  une  grofle 
cheville  de  fer  fur  laquelle  tourne  le  train  de  de- 
vant ,  &  qui  l'attache  à  la  flèche.  Clavus  rhedœ  pri- 
marius.  Les  chevilles  coulijfes  font  celles  qui  s'ap- 
pliquent, &  qui  fe  lèvent  quand  on  veut.  Elles  fer- 
vent dans  l'aflemblage  des  machines  qui  ne  font  pas 
toujours  montées. 

^CF Chevilles  r anches,  font  celles  qui  travcrfent  les 
pièces  de  bois ,  &  forment  des  échelons  de  part  & 
d'autres.  Scanjiles  ,  fcanforiœ. 

|J3"  Cheville  i^ar^we  ,  dont  le  bout  eft  cdenté  ,  afin 
qu'étant  chaflee  avec  force  dans  le  bois  ,  on  ne 
puifl'e  plus  l'en  tirer. 

Cheville  à  tourniquet.  C'eft  une  cheville  à  l'aide 
de  laquelle  ,  pat  le  moyen  de  ce  tourniquet  ,  on 
ferre  avec  une  corde  la  charge  qui  eft  fur  une  cha- 
rette.  LiGER. 

En  termes  de  Marine  ,  des  chevilles  à  croc  ,  font 
des  chevilles  de  fer  avec  des  crocs ,  qui  font  à  côté 
des  fabords  pour  amarer  les  canons.  Clavi  unco 
prcefixi.  Chevilles  à  tête  de  diamant ,  ou  à  tète  ronde , 
font  àzs  chevilles  de  fer  dont  la  tête  eft  fi  grolle, 
qu'cll'e  ne  peut  entrer  dans  le  bois  du  vailleau.  Che- 
villes à  tète  perdue  ,  font  des  chevilles  dont  la  tête 
entre  dans  le  bois.  Cheville  de  pompe  ,  eft  une  che- 
ville àz  fer  mobile ,  qui  afiemble  la  bringuebale  avec 
ia  verge  de  pompe.  Chevilles  de  potences  de  pompe , 


CHE 

font  des  chevilles  de  fer  d'un  pié  de  long ,  qui  paf- 
fentdans  les  deux  branches  de  la  potence  de  la  pom- 
pe ,  pour  tenir  les  bringuebales ,  &cc.  Cheville  à  bou- 
cle ,  eft  une  cheville  à  la  tête  de  laquelle  il  y  a  une 
boucle.  Cheville  à  croc  ,  eft  celle  qui  a  un  croc  à  cô- 
té de  la  tête  :  on  appelle  encore  chevilles  des  mor- 
ceaux de  bois  qu'on  arrange  fur  une  pierre ,  &c  qu'on 
attache  avec  des  cordes ,  pour  tenir  cette  pierre  fer- 
me lorfqu'on  veut  la  fcier,  5c  faire  de  fes  différens 
morceaux  des  ouvrages  à  la  mofaïque. 
Cheville   du  pie ,  eft  une  apophylé  ou  éminence  , 
qui  eft  en  la  partie  inférieure  de  la  jambe,  dans  l'en- 
droir  où  elle  fe  joint  avec  le  pié  ,  &  où  fe  fait  la 
flexion.  Malleoli.  Les  Médecins  l'appellent  malléole. 
Il  y  en  a  une  de  chaque  côté  ,  l'interne  &  l'externe. 
La  cheville ,  ou  la  malléole  interne ,  eft  une  éminen- 
ce du  tibia;  &  l'exrernc  l'eft  da péroné.  Quand  on 
veut  marquer  que  l'eau  eft  forr  bafle  dans  un  gué  , 
on  dit  qu'elle  ne  va  que  jufqu'à  la  cheville  du  pié. 
Cheville  ,  enPoclie  ,  ledit  figuréracnt  d'une  épithète 
inutile  ,  ou  des  mots  qui  ne  font  mis  que  pour  faire 
la  mefure  des  vers ,  ou  pour  la  rime  •,  qui  ne  fervent 
de  rien  pour  le  fens  &  la  penfée.  Inane  versus  cqm- 
plementum.  Maître  Adam  Billaud ,  Menuifier  de  Ne- 
vers  ,  a  fait  un  livre  de  Poëlies ,  qu'il  a  intitulé  les 
Chevilles. 
Chevilles  ,  en  termes  dé  Vénerie ,  fe  dir  audi  des 
branches  du  bois  de  cerf,  quand  il  fe   divife  en 
pluficurs  andouillcrs  :  ce  qu'on  appelle  aulfi  chevil- 
lures.  Cervini  cornu  ramuli. 
'ifj'  En  termes  demaréchailerie  &  de  manège  ,  on  dit 
qu'un  cheval  n'eft  propre  qu'à  mettre  en  cheville  , 
pour  dire  ,  qu'il  n'eft  propre  qu'à  tirer  devant  un 
limoniet,  à  titer  avec  des  traits,  parcequeces  traits 
s'attachent  avec  des  chevilles. 
Cheville.  Terme  de  jeu  d'hombre.  On  appelle  être 
en  cheville  ,  lorfque  l'on  n'eft  ni  le  premier ,  ni  le 
dernier  en  carte.  JMedius  ,  intermedius  :  médium  effe. 
On  appelle  cheville  ,  dans  les  inftrumens  de  Mu- 
fiquc  à  cordes  ,  certains  petits  motccaux  de  bois , 
ou  de  fer  ,  fichés  dans  la  table ,  ou  dans  le  manche 
de  rififtrument,qui  fervent  à  tendte ,  ou  à  détendre 
les  cordes  qui  y  fonr  attachées  par  un  des  bouts. 
Claviculus.  Chevilles  d'épinette  ,  de  pfaltétion  ,  de 
luth  ,  de  théorbe  ,  &c. 
Cheville  fe  dit  aulli  de  certains  petits  morceaux  de 
bois  en  faillies  &  crochus,  qui  font  pofés  fur  des  râ- 
teliers dans  des  Greffes  ou  dans  des  études  de  Procu- 
reurs pour  y  attacher  des  facs ,  &  les  y  ranger  fans 
co\'\ï\x'ào\y.Ligneus  clavus  extrema  parte  recurvus. 
Ce  procès  a  été  mis  au  Greffe  ,  on  le  rrouvera.îla 
cheville  de  M,  un  rel ,  Rapporteur. 
Cheville  ledit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  à  un  homme  ,autant  de  trous  ,  autant  de  chevil- 
les ,  quand  il  trouve  promptement  des  excufes ,  des 
cchapatoires ,  des  diftinèf  ions  pour  fe  défendre  de 
toutes  les  objeéiions  qu'on  lui  peut  faire.  On  dit 
figurémcnt  qu'un  homme  ne  vient  pas  à  la  cheville 
du   pié   d'un  autre  ;  pour  dire  ,  qu'il  lui  eft  fort 
inférieur  en   mérite  &c   en  capacité.  On  dit  aulfi 
d'un  homme  que  la  fortune  a  mis  dans  un  bon  pofte, 
le  voilà  bien  ,  il  ne  lui  faut  plus  qu'une  cheville 
pout  le  bien  tenir.  On  dit  aulfi  d'un  bâtiment  qui 
eft  achevé  ,  &  en  bon  état ,  qu'il  n'y  manque  pas 
une  cheville. 
CHEVILLER,  v.  a.  Mettre  des  chevilles.  Clavos  affi- 
gere,juffigere  ;  fibulis  compingere.  Cette  chatpcnte 
n'eft  pas  encore  en  état ,  elle  n'eft  c\-az  chevillée. 
Cheviller  ,  en  termes  de  fortilcge,  c'eft  empêcher  par 
fort  les  ^uucs  dç  piRcu  Micîumfortibus  impedire, 
fi(iere ,   ô:c.  ^ 
CHEVILLÉ,  ÉE.  part.  5c  adj.  Qm  ne  tient  qu'avec  des 
chevilles,  Clavatus ,  fibulis  affixus. 

On  appelle  au  manège  un  furos  chevillé ,  qa3.nd 
le  calusqui  fe  forme  fur  le  canon  du  cheval  eft  dou- 
ble ,  l'un  en  dehors  &  l'autre  en  dedans  ;  &  des 
épaules  chevillées,  qumd  elles  font  engourdies  & 
prefque  fans  mouvement. 

On  dit  en  Poelie ,  que  des  vers  font  bien  cke' 


G  H  Ë 


i'i'AVi"  j. quand  ils  j'oni:  chargés  de  plufieurs  mots 
inutiles ,  &  qui  ne  fervent  que  pour  la  mefure  ,  ou 
jjour  la  rime. 


Qiu  dites-vous  de  ces  vers  chevillés  j 
De  ces  difcours  oèjcuTs  ,  entortilles  ? 


R. 


le?  En  termes  de  Vénerie  ,  une  tête  de  cerf  bien 
chevi'Ue,  qui  a  beaucoup  d'undouillcrsbien  rangés. 
On  le  dit  de  même  du  daim  ,  du  chevreuil. 
Chevillé  ,  en  termes  de  Blafon,'fe  dit  des  ramures 
d'une  corne  de  cerf;  &:  quand  on  veut  exprimer  le 
nombre  de  cornichons  ou  dagues ,  qui  iont  dans 
un  bois  de  cerf  peint  fur  un  ccu  ,  on  dit  chevillée  de 
tant  de  cors.  Cornu  cervinum  ramulis  dijlincîum.  Le 
Baron  d'Hona  porte  d'azur  à  deux  bois  de  cerf 
pôles  en  fautoir ,  chaque  branche  chevillée  de  lîx 
pièces  d'argent. 

On  dit  proverbialement  &  fîgurément  d'un 
homme  qui ,  malgré  ion  grand  âge ,  réfifte  à  de 
grandes  maladies  ,  qu'il  a  l'ame  chevillée  dans  le 
corps. 

CHEVILLETTE.f.  f. Terme  de  Relieur.  C'eft  un  petit 
morceau  de  cuivre  plat  &:  troue ,  qu'on  mer  ibus  le 
coufoir ,  Se  où  l'on  attache  les  nerfs  des  livres 
qu'on  coud.  Claviculus. 

^  CHEVILLOIR.  f.  m.  Inrtrument  du  métier  des 
étofes  de  foie  ,  dont  on  fe  fert  pour  mettre  les 
foies  en  main  ,  c'eft-à-dire ,  d'ufage  ,  quand  il  s'agit 
de  féparer  les  différentes  qualités  dont  un  ballot 
eft  compofé ,  &  de  les  affembler  pour  en  former 
des  pantines.  Encycl. 

CHEVILLON.  f.  m.  Terme  de  Tourneur.  Petit  bâton 
tourné ,  que  les  Tourneurs  mettent  au  dos  des 
chaifes  de  paille.  Claviculus  torno  faclus, 

Cheyillon.  Terme  de  Ferrandinier.  Bâton  de  deux 
pies  de  long ,  fur  lequel  on  lève  la  foie  de  delfus 
rourdiifoir. 

CHEVILLOTS.  f.  m.  Terme  de  Mariné.  Petits  mor- 
ceaux de  bois  tournes,  qui  fervent  à  lancer  les 
manœuvres  le  long  des  côtes  du  vailfeau. 

CHEVILLURE.  l"."f.  Terme  de  Vénerie.  Petites 
pointes  ou  cornichons  qui  fortent  des  perches  du 
cerf.  Cervini  cornu  ramuli. 

CHEVIR.  v.  n.  Etre  maître  de  quelqu'un,  de  quelque 
choie  ,  venir  à  bout  de  quelqu'un,  lui  faire  faire  ce 
qu'on  veut.  Fleclere  ,  vincire ,  adducere  aliquem 
quo  velis.  Cet  Artifana  tant  debefogne,  qu'on  ne 
fauroic  chevir  de  lui.  Cet  entant  eft  fi  mutin  ,  qu'il 
n'y  a  que  fa  nourrice  qui  puiife  chevir  de  lui.  Ce 
mot  n'efl:  en  ufage  que  parmi  le  peuple.  On  écrivoit 
autrefois  (rAi^v/r.  Autrefois  le  mot  de  chevir  vouloir 
dire  traiter  ,  compofer ,  capituler  :  on  le  trouve  en 
ce  fens  dans  les  Coutumes,  /^oye^  le  grand  Coutu- 
mier.  Beaumanoir  l'emploie  dans  un  autre  fens  : 
dans  cet  Auteur ,  il  veur  dire ,  nourrir.  Si  comme 
chil  qui  ne  font  pas  de  leur  Quemune  ou  Gentilf- 
hommes ,  liquel  ne  s'entremettent  de  marchander  , 
ainchois  le  cheviffent  de  leur  hirerage.  Beau  m. 

Chevir  ,  en  termes  de  Palais ,  fignifie  aufli  ,  traiter, 
compofer.  Mutuo  pacifci ,  conventis  &  paclis  mu- 
tuis  rem  decidere.  Dans  toutes  les  tranfacftions 
après  avoir  expliqué  le  différent ,  on  ajoute.  Les 
parties  en  ont  chevi  ,  compofé  &  tranfigé  ainfi 
qu'il  s'enfuit.  Ce  mot ,  aufîi  bien  que  celui  de  che- 
vifance  ,  qui  fignifioit  compofuion ,  vient  de  chef, 
comme  qui  diroit ,  mettre  à  chef. 

Chevir  lignifioit  aufli  ,  fortir  d'une  affaire  ,  en  venir 
à  bout.  Quelquefois  fimplement  ,  fortir.  Gloff. 
fur  Marc  t. 

CHEVISANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Traité ,  accord  fait 
avec  quelqu'un  au  fujet  de  quelque  différent,  quel- 
que dette  ou  obligation.  Prtf7//w,  tranfaclio ,  con- 
ventio.  Beaumanoir  ufe  quelquefois  de  ce  mot  pour 
celui  de  chevance. 

CHEVISSEMENT.  f.  m.  Chevifance,  accord  que  l'on 
fait  avec  quelqu'un.  Paclio ,  conditio.  Les  ftatuts  de 
l'Ordre  de  Malte  diftinguent  des  Commanderies  de 
grâce  6c  des  Commanderies  de  cheviffement;  ce  font, 


C  H  Ê  y  2  y 

je  crois,  les  Commanderies  que  l'on  donnoit  à  des 
Chevaliers  par  accord»  à  condition  qu'ils  rendroient 
■&  envoieroient  une  certaine  fomme  au  tréfot 
commun, 

Cheviffement   vient   de  l'ancien    mot  françoisi 

chevir ,  qui  iignifioir  le  charger  d'une   entreprife 

dont  on  efpéroit  venir  à  bout.  On  appelle  Comman- 

derie  de  chevi[j}ment ,  la  première  Commanderiè 

qu'on  obtient ,  par  le  rang  de  fon  ancienneté. 

CHÈVRE,  f.  f.Capra,  capella.   Ceft  la  femelle  du 

bouc.  On  fe  fert  de  poil  de  chèvre  pour  foire  des 

chapeaux  ,  &  des  camelots  ;  de  leur  lait ,  pour  faire 

des  fromages  -,  &  même  quelques  pauvres  gens  eit 

mangent  la  chair.  Varron  affûre  que  les  chèvres  font 

mal-faines  ,  &  qu'elles  ont  toujours  la  fièvre.  Il  efl: 

certain  du  moins  que  par  la  plupart  des  Coutumes 

de  France,  il  y  a  une  prohibition  perpétuelle  dé 

laiffer  aller  les  chèvres  dans  les  champs ,  ou  dans 

les  prairies  d'autrui  ,  &C  qu'elles  fonr  toujours  en 

deffènds.  §CF  II  faut  fur-tout  écarter  cet  animal  des 

arbres  auxquels  il  porte  un  dommage  conlidérable 

en  les  brdutanr.  Varron  foutient  que  ce  mot  a  été  dit 

à  capra ,  comme  carpa  ,  de  carpere  ,  brouter.  Les 

Mendéfiens',  8c  les  habitans  de  la  ville  de  Copte  en 

Egypte adoroient  les  cAdvre^,  ceux-ci  parce  qu'elles 

étoient  le  divertiflement  d'Ifis.  Vossius ,  de  IdoL  Z. 

///,  c.  74. 

Hérodote  dit  qu'on  révéroit  à  Mendès  une 
chèvre  fur-tour ,  à  la  mort  de  laquelle  on  taifoit  un 
grand  deuil.  Pendanr  qu'à  Mendès  on  avoir  de  la 
vénération  pour  les  chèvres ,  &  qu'on  n'y  immoloic 
que  des  brebis ,  dans  la  Thébaïde  au  contraire,  les 
victimes  ordinaires  étoienr  les  chèvres  ,  &  on  y 
refpeéloir  les  brebis.  La  chèvre  étoit  confacrée  à 
Jupirer ,  à  caufe  de  la  chèvre  Amalthéc  qui  fait  là 
conftellation  de  la  chèvre. 
Chèvre  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  : 
prendre  la  chèvre,  c'eft  fe  fâcher,  fe  mettre  eiî 
colère  légèrement  :  c'eft  la  même  chofe  que ,  fe 
cabrer  ,  qui  vient  auffi  du  mot  de  chèvre. 

P^un  mari  fur  ce  point  j'approuve  lefouci^ 
Mais  c'efi  prendre  la  chèvre  un  peu  bien  vite  auffi. 

Mol. 

Chèvre  eft  auffi  une  rhachine  dont  fe  fervent  les  Ar- 
chiteéles,  &  Charpentieis ,  pour  élever  des  pierres 
&  des  poutres.  Capreolus.  Elle  porte  de  plus 
gros  fardeaux  que  la  grue  ,  parce  qu'elle  n'a  pas 
le  bec  fi  long.  La  figure  de  fa  bafe  eft  Triangulaire , 
&  eft  appuyée  par  deux  bras  &  un  rancher  ou  une 
troifième  jambe  ,  qui  en  foutiennent  le  poinçon.  A 
l'endroit  où  ces  trois  pièces  fe  joignent,  eft  pendue 
une  poulie  avec  fes  mouffles ,  dans  lefquelles  eft 
paffé  un  cable  qui  lève  ce  que  l'on  veut  par  le 
moyen  d'un  rreuil  ou  rour  ,  qui  fe  meut  avec  des 
leviers  paffés  à  travers ,  &  qui  eft  appuyé  fur  les 
deux  jambes  de  la  chèvre.  Il  y  a  auflî  des  pinces 
de  fer  qu'on  appelle  pies  de  chèvre,  Columelle 
l'appelle  Capreolus. 

||CP  Chèvre*  chez  les  Charrons,  eft  un  outil  qui 
fert  pour  lever  le  rrain  de  derrière  d'un  carroffe, 
pour  en  graiffer  les  roues  plus  facilemenr. 

03*  Chèvre ^e  Guideau  ,  terme  de  Pêche.  Ce  font  les 
pieux  fur  lefquels  on  pofe  le  rers  ou  fac  de  Guideau. 

On  donne  auffi  le  nom  de  chèvre,  dans  les  Salines 
de  Lorraine  ,  particulièrement  dans  celles  de 
Moyenvic ,  à  une  efpcce  de  grande  table  de  bois , 
fur  laquelle  les  Sauniers  dreffent  leurs  meubles  de 
fel  à  mefure  qu'il  fe  fait ,  &  qu'ils  le  tirent  du  fond 
de  la  chaudière  avec  des  rareaux. 

On  dit  pioverbialemenr.On  ne  peut  pas  fauver 
la  c/zèvre  &  les  choux-,  pour  dire,  qu'on  ne  psut 
pas  mettre  une  affaire  à  l'abri  de  toutes  fortes  d'in- 
convéniens ,  ni  fe  ménager  avec  tout  le  monde. 
On  dit  auffi  des  chofes  qui  n'ont  aucune  liaifon 
enfemble  ,  Cela  s'entfetient  comme  crottes  de 
chèvre.  On  dit  encore  ,  que  là  où  la  chèvre  efl: 
attachée,  il  faut  qu'elle  broute  i  pour  dire,  qu'il 


528  C  HE 

faut  s'actommoder  aux  choies ,  aux  temps  ,  S:  à  la 
Situation  des  affaires  où  l'on  le  trouve  engage.  On 
appelle  barhe  de  chcvre ,  un  homme  qui  n'a  de   la 
barbe  que  ibus  le  menton,  5c   par  bouquets.  On 
dit  auili ,  qu'uTi  homme  aimctoit  une  chèvre  cocffee, 
loriqu'il  n  efl:  pas  difficile  en  amour ,  que  toutes  les 
femmes  lui  font  bonnes  indifféremment.  On  dit , 
La  chcvre -à  ^l'is  le  loup,  en  parlant  de  ceux  qui, 
penfant  prendre  ou  tromper  les  autres ,  demeurent 
eux-mêmes  pris.  Cette  expreilion  le  trouve  dans  un 
\les  dialogues  de  Lucien  que  d'Abiancourt  a  traduit 
ainlii  Voilà  le  proverbe  arrive,  de  la  chèvre  qui 
prit  le  loup  -,  &  il  ajoute  cette  remarque  \  on  dit  aulîi 
ce  proverbe  en  notre  langue  ,  &;  l'on  feint  qu'une 
chcvre  pourluivie  d'un  loup  le  l'auva  dans  une  mai- 
fon  dclerte  ,  dont  elle  fetma  la  porte  par  hazard 
avec  fcs  cornes  après  que  le  loup  fut  entré,  qui  fut 
pris  par  ce  moyen. 
Chèvre,  Conflellationde  rhcmifphèrefeptentrional, 
compolce  de  trois  étoiles  comprilés  entre  les  45=  6: 
55«  degrés  de  latitude  nord  ,  tout  près  du  Cocher. 
L'une  eft  de  la  première  grandeur ,  &;  touche  au 
45«^  degré  ,  les  deux  autres  ne  l'ont  q-ae  de  la  6=  ,  & 
ibnt  Tune  au  delius  d-e  l'autre  ,  entre  le  50  5c  le  5  5^ 
degré.  Les  Poètes  difent  quec'eft:  la  chcvre  d'Amal- 
thée ,  qui  nourrit  Jupiter  dans  Ion  enfance.  On  la 
furnommoit  Olénie,  Oknia,  parce  qu'elle  avoir 
été  nourrie  dans  la  ville   d'Olène  en  Bœotie  ■■,  ou 
parce  qu'Olenus ,  fils  d'une    fille  de   Vulcain ,  la 
re^ut  entre  fes  bras ,  quand  elle  naquit.  Quelques- 
uns  difent  que  c'étoit  un  aftre  heureux  i  cependant 
Horace   l'appelle ,  I.  /// ,  Od.  Fil  ,v.6,  hijana 
Câpres  Sidéra.  C'eft ,  .à  ce  que  l'on   croit ,   parce 
qu'elle  fait   des  nuits  froides,  5c  que  quand  elle 
paroît  5  dit  Paufanias ,  elle  diminue  les  forces.  Acofta 
ccr.it  L.  V ,c.  X  ,  que  les  habitans  du  Pérou  adorent 
la  Conllellation  de    la  chcvre  ,   qu'ils    appellent 
Colea. 
Chèvre,  en  Aftronomie,  cft  auffi  une  étoile  de  la 
première  grandeur ,  lîtuée   fut  l'épaule  gauche  du 
Cocher.  Capra. 
iffT  Les  Phyficiens   appellent   chhre-danfante ,  un 
phénomène  lumineux  qui  paroît  quelquefois  dans 
l'atmofphère,  auquel  le  vent  fait  prendre  différentes 
figures. 

L'Ile  aux  Chèvres.  Ile  de  l'Acadie  ,  dans  la  Nou- 
velle-France. Capraria  Acadica.  Elle  cft  au  milieu 
dubaffm  du  Port-Royal.  Denis. 
r'HEVREAU.  f.  m.  Le  petit  d'une  chèvre  ;,  Hœdus. 
On  mange  des  quartiers  de  chevreau  ,  aulli-bicn 
que  des  quartiers  d'agneau.  On  l'appelle  autrement 
tatric.  Les  Anciens  difoienr  chèvre/ -,  à  caufe  qu'ils 
prononçoient  en  el  tout  ce  que  nous  prononçons  en 
eau.  Chafielyçont  château  ,  &  ici  pour  l'eau.  Borel 
dit  avoir  lu  ces  mots  dans  un  certain  Auteur  -,  // 
print  un  mourcel  de pel  de  chevrel;  pour  dire,  il  prit 
un  morceau  de  peau  de  chevreau.  Le  chevreau  a 
toujours  paflc  pour  un  mets  excellent ,  5c  les  An- 
ciens en  fervoient  dans  leurs  plus  magnifiques  repas. 
X-'Ecriture  nous  en  fournit  plufieurs  exemples  à  l'é- 
gard des  Hébreux ,  comme  Gcn.  XF,  9  -,  XXX , 
31  ,  55  -,  XXXI,  58  -y  XXXII,   14  i  /  Liy.  des 
Jiois  ,  XFIi  lo  -,  Jug.  XIII ,  I  î ,  &c.  Il  y  a  peu  de 
feftins  dans  Athénée  où  les  chevreaux  ne  fe  trou- 
vent au  nombre  des  plus  excellens  mets.  Foy.  L.  I , 
ç.  J,  L.IF ,  c.  6  ,   L.  IX ,  c.  ^  ,c.  1^.    Juvenal , 
Sat.XI,y3inxe  la  bonté  d'un  jeune  chevreau  du 
territoire  de  Tivoli.  En  France  on  en  mange  beau- 
coup en  quelques  Provinces,  Les  c^evT-fizw.v  de  Poi- 
tou font  les  meilleurs-,  SiC  on  les  compare  en  bonté 
à  ceux  d'Italie,  De  la  Mare,  Tr.  delà  Pol.  L.  F , 
T. XXII,  où  il  cite  Nonius  de  Re  Cibar. L.  Il,  c.6. 
£^a  chair  d'un  chevreau ,    qui    eft  encore  fous  la 
rnere  &  ne  s'eft  nourri  que  de  lait ,  eft  excellentp , 
^  bonne  pour  la  fanté.  A  deux  5c  à  trois  mois ,  les 
(Jievreaux  font  bons  -,  on  en  peut  manger  jufqu'à 
fixmois,  mais  ils  font  moins  bons.  Cette  chair  cft 
de  facile  digeftion ,  nourrit  beaucoup  ,  5c  on  l'c- 
jûime  wçS'&lwï>irç  aux  perfannçs  convalefcentes ,  à 


CH  E 

caufa  defes  fucs  huileux  5c  balfamiques.  Idem. 
ItCTMalgré  tous  ces  éloges  de  la  chair  de  chevreau,  il 
faut  convenir  qu'elle  eft  tade ,  humide  6c  glair,eutb, 
&,  que  bien  des  ellomacs  ne  s'en  accommodent  pas. 
Le  chevreau  ctoit  la  vidime  la  plus  ordinaire  du 
Dieu  Faune  ,  5c  des  auttes  Dieux  champêtres. 
CHEVREFEUILLE.  i.i.CapnfoUum  , penclymenoii. 
Il  y  en  a  qui  écrivent  chevrefeuil.  Aibriiîèau  dont  la 
racine  eft  ligneule ,  rampante ,  6c  donne  à  Ion  collet 
plufieurs  jets  ligneux ,  gros  comme  des  plumes  là 
écrire  ,  ronds ,  longs  plus  ou  moins  ,  luivant  le 
terrain  dans  lequel  il  fe  trouve  ,  couchés  par  terre , 
en  partie  fur  tout,  6c  en  partie  debout,  lorfqu'ils  ne 
fonr  pas  éloignés  de  quelque  corps  auquel  ils  puil- 
fcnt  s'entorriller  pour  fe  fourenir.  De  chaque  nœud 
de  ces  jets  ,  qui  font  fouvent  branchus ,  nailfent  des 
feuilles  oppofées ,  arrondies ,  molles ,  d'un  vert  gai 
en  delfus,  plus  pâles  5c  un  peu  velues  en  deflbus. 
A  l'extrémité  des  branches  font  attachées  des  fleuts 
dilpolées  en   rayons.  Chaque  fieur  eft  un  tuyau 
fermé  par  le  bas ,  évafé  par  le  haut ,  Se  découpe  en 
deux  lèvrts ,  dont  la  fupérieure  eft  recoupée  en 
quelque  partie,  8c  beaucoup  plus  grande  ordinai- 
rement que  l'intérieure  ,  qui  cft  raillée  le  plus  fou- 
vent  en  manière  de  langue.  Le  calice  qui  fourient 
la  Heur  devient  une  baie  molle  ,  d'un  rouge  titant 
fur  le  jaune  ,  groffe  comme    un  pois ,  d'un  goût 
dciagtéable.  Elle  renferme  quelques  Irmenccs  dures 
applatics ,  6c  prelque  ovales.  Il  y  a  plufieurs  cfpèccs 
de  Chèvrefeuilles,  Les  unes  ont  leurs  feuilles  op- 
pofées 6c  IcparéeS",  dans  quelques  efpèces  ,  elles  le 
joignent  tellement  par  leur  baie,  qu'il  lémblc  que 
la  branche  ne  tait  que  les   enfiler.  C'eft  pour   cela 
que    quelques-uns    l'appellent   Caprifolium  pcrfu- 
liatum.  Leurs  fleurs  varient  par  leurs  couleurs  ,  par 
leur  odeur,  6c  par  le  remps  auquel  elles  naillénc. 
Dans  la  plupart  des  efpèces ,  la  couleur  de   la  fleur 
cft  purpurine,  rayée  de  quelques  lignes  blanches, 
qui  deviennent  jaunes  ,  lorlque  la  fleur  commence 
à  paffer.  Mais  dans  cerraines  efpèces,  ces  couleurs 
font  plus  vives ,  de  même  que  l'odeur.  11  y  en  a  au/fi 
qui  fleuriflenr  plutôt ,  d'autres  plus  tard ,  ^  d'aurres 
qui  gardent  leurs  feuilles  toute  l'année.  On  cultive 
dans  les  jatdins  le  chèvrefeuille,  parce  qu'il   gar- 
nir des  efpalicrs ,  6c  qu'il  donne  beaucoup  de  fleurs. 
On   fait  des    palillades  de   chèvrefeuille ,  des  ber- 
ceaux ,  des  cabinets  de  chèvrefeuille  ,  des  buifibns 
de  chèvrefeuille.  On  le  met  dans  des  pots ,  on  le 
taille  ,  on  l'arrondir ,  on  lui  donne  diverlés  figures. 
Les  fleurs  du  chèvrefeuille  font  en  ufage  en  Mé- 
decine :  elles  font  un  puifiant  diurétique  ,  ?>.  propres 
pour  la  rare.  On  s'en  ferr  auffi  dans  l'afthme ,  5c  dans 
la  roux.  On  en  fait  une  eau  diftillée  qui  fortifie  les 
nerfs ,  6c  facilite  l'accouchement  On  l'appeloit  au- 
trefois chievreboujt. 
CHEVRE-PIÉ.  C'eft  une  épithèce  que  les  anciens 
Poètes  donnoient  aux  Faunes  5c  aux  Satyres,  à  qui 
ils  attribuoient  des  pies  de  chèvre.  Capripes,  Dieux 
Chevre-piés. 
CHEVRETER.  v.  n.  Qui  s'eft  dit  d'une  chèvre  qui 
met  bas  Ion  petit,  Edere  ,  eniti.   On  dit  aujour- 
d'hui chevroter. 
CHEVRETTE,  f.  f.  Petite  chèvre.  Capreola. 

Je  tout  malade  ù  privé  de  foulas  , 

D'un  lieu  loingtain  mène  cy  mes  chevrettes , 

Accompaignée  d'agneaux  &  hrehiettes.  Marot. 

CHEVRETTE,  Petit  chenet  de  fer  qui  a  quatre  pies , 
5c  qui  n'a  poinr  de  branche  élevée,  qui  arrête  Iç 
bois  qu'on  met  delTus,  Fulcrum  ferreum  pedikui 
quatuor  injiruclum. 

Chevrette  eft  auOi  un  terme  d'Aporicaire ,  qui  figni- 
fie  un  pot  de  faïance  avec  un  goulot,  où  l'on  met 
les  fyrops.  Guttiis. 

Chevrette  ,  dans  l'Artilletic ,  eft  une  petite  machin* 
de  trois  pies  ?<  demi  de  hauteur.  Elle  cft  compofée 
de  deux  pièces  de  bois  élevées  perpendiculairement 
6c  fichées  fur  une  autre  pièce  de  bois  qui  tra  ver  fe 


C  H  Ê 

*:  qui  touche  à  terre.  Elle  a  en  haut  un  boulon  de 
fer  qui  entretient  les  deux  pièces  droites,  &  une 
cheville  de  fer  qui   haufle  Si  baifle  dans   les  tr6us 

,  faits  exprès ,  à  proportion  que  l'on  veut  haufîcr  ,  ou 
bai/Ter  les  fardeaux  qui  le  pofent  deiÏÏis. 

Ch£VR£tte  lignifie  auflï,  la  femelle  du  chevreuil. 
Caprea  ,  câprajilvejiris,  La  chevrette  &  le  chevreuil 
fe  gardent  la  fidélité  tant  qu'ils  vivent.  SAl. 
Quelques-uns    difent   aufli  chevrclLe.  Voyez  Ciie- 

VREUrL. 

Chevrette  cft  le  nom  que  l'on  donne  à  Dieppe  &:  en 
d'autres  lieux  de  Normandie ,  à  une  eipèce  d'écte- 
vilTe  de  mer  ,  qu'on  appelle  ailleurs  &  plus  com- 
nriunément  crevette.  Voyez  Crevette, 

Chevrette.  Terme  de  Chirurgie,  Capijlrnm.^zr\à^<TQ 
dont  on  le  lert  pour  la  fracture  &  la  luxation  de  "la 
.mâchoire  inférieure.  Il  cft  limple  &  double.  Le 
Jimple  cft  pour  la  fradure  d'un  côté,  le  double  cft 
employé  à  la  mâchoire  inférieure  fracturée  des  deux 
côtés.  Voyei  le  Dicl.  de  M.  Col  de   Villars. 

CHEVREUIL,  f.  m.  Bête  fauve  &  fauvage ,  qui  vit 
dans  les  bois ,  qui  relfemble  au  cerf,  mais  qui  eft 
plus  petit,  &  qui  cft  de  meilleure  fiiite.  Capreolus. 
Il  s'apprivoife  auifi  plus  aifément ,  &  ne  fait  point 
de  mal  avec  fon  bois.  On  appelle  bùjfe  ou  endure., 
ce  qu'on  appelle  au  cerf  la  meule.  Sa  femelle  fe 
nomme  chevrelle  ou  chevrette.  On  ne  peutdifcerrter 
le  mâle  d'avec  la  femelle ,  quand  on  les  chafle  , 
que  par  la  tête.  Les  chevreuils  font  les  plus  difpos 
des  animaux  qui  ont  les  pies  fourchus.  Ils  né  vont 
point  au  change  des  femelles ,  qui  portent  deux 
ou  trois  petits  \  au  contraire ,  ils  les  recourent  & 
les  gardent,  quand  elles  font  pleines  \  &  quand  elles 
ont  mis  bas,  ils  leur  aident  à  élever  leurs  faons, 
jufqu'à  ce  qu'ils  foient  en  état  de  les  fuivre.  Les 
chiens  barreurs  font  les  meilleurs  pour  courre  le 
■chevreuil. 

La  chair  de  chevreuil  eft  la  meilleure  entre  tous 
les  animaux  fauvages,  &  la  plus  délicieufe  au  goût. 
Les  Médecins  ne  lui  trouvent  aucune  mauvaife  qua- 
lité i   ils  difent  qu'elle  eft  fort  propre  aux  tempé- 
ramens  flegmatiques,  &  à  ceux  qui  font  fujets  à  la 
colique  &  au  mal  caduc.  De  la  Mare  ,  Tr.  de  là 
Pol.  Liv.  r,  tom.  XXUl,  cL  i  ,  §  5  >  uù  il  cite 
Sint.  Sethi  de  alimenter,  facultatib.  Lit.  D.n.  i. 
Nonius,  de  Re  Cibar.  L.  Il,  ch.  10.  Bruyer.  Campes;! 
De  Re  Cibar.  L.  XIII,  ch.  20.  Il  y  a  beaucoup  de 
chevteutls  dans  le  pays  du  nord,  dit  Olaiis  Magnus, 
Liv.  XIII,  ch.  3  ,  dans  les  Alpes,  en  Suifle ,  & 
■  dans  quelques-unes  de  nos  forêts  de  France.  Les 
chevreuils  ,  non  plus  que  les  cerfs ,  n'ont  point  de 
fiel.  Le  petit  du  chevreuil    s'appelle  faon ,  aulTi- 
bien  que  celui  du  cerf.  Id, 
CHEVREUSE.  Ville  de  France ,  dans  le  Hurepoix. 
Capraufium  ,  Caprçjio.   Chsvreuje ,    qui  eft   fur  la 
petite  rivière  d'Ivette ,  fut  érigée  en  Duché  par 
François  I,   l'an  1545.  Dix   ans  après,  Henri  II 
confirma  cette  ére(5tion  ;  &  l'an  i(Jii,  Louis  III 
fit  une  Pairie  de  ce  Duché ,  qui  appartenoit  à  la 
Maiion  d'Albert. 
|Cr  CHEVREUSE  ou  BELLE  CHEVREUSE,  f.  f. 
Caprufiana.  Efpèce  de  pêche  ,  grofie  ,  de  belle  fi- 
gure, un  peu  longuette  ,  bien  colorée  ,  d'un  très- 
bon  goût  &  d'un  très-grand  rapport.  Elle  devient 
pâteufc  ,  quand  elle  eft  trop  mûre,  ou  quand  elle! 
a  crû  dans  un  fond  froid  &:  humide.  Elle  demande  \ 
l'expolîtion  du  levant  ou  du  midi.  Dans  les  fonds 
médiocrement  humides,  elle  s'accommode  alTez 
bien  de  l'expofition  du   couchant.  Elle  mûrit  au 
commencement  de  Septembre. 
§CP  Quand  ce  m.ot  fe  dit  de  l'arbre ,  il  eft  mafculin. 

Un  chevreufe. 
CHEVRIE.  f,  f.  Nom  d'un  inftrument  qu'on  croit 
être  la  mufette ,  la  cornemufe ,  ou  quelque  chofc 
de  femblable. 
CHEVRIER.  Celui  qui  garde ,  qui  mène  paître  les 

chèvres.  Caprarius. 
CHEVRILLARD.  f.  m.   Petit  chevrewl.  Faon   de 
chevrette.  Acad.  Fr. 
Tome  Ht 


G  M  E  ^i^ 

^?I^^^-  î;  "V  ^'^"'  ^'  ^°''  ^'  ^''^'Se  écarrie  qui 
le  débite,  de  fix  à  lept  pies  de  lon^  ,  Se  de  troij 
a  quatre  pouces  de  gros ,  qui  frrt  ordinairement 
a  mettre  fur  les  pannes  des  couvertures  d'un  loeis 
pour  loutenir  les  latteS.  Car:ther,^s.  Les  chevrons 
coulent  fur  k  couverture ,  ftute  d'être  bien  che- 
villes &  brandis  fur  la  panne.  Il  y  a  des  chevrons 
de  croupe,  &  des  chevrons  de  lonn-pan.  Ceux-ci 
portent  depuis  la  panne  jufqu'au  haut  du  toît"  ^ 
lont  de  la  plu^  grande  étendue  du  bâtiment  l'-s 
autres  font  inégaux  ,  &  attachés  fur  les  arêtiers  de 
la  croupe  d'un  comble.  Il  y  a  auifi  des  chevrons 
cie  icmplage,  des  chevrons  cintrés,  qui  ferv-nt 
peur  les  dômes,  f^  Les  cintrés  font  ceux  qui  font 
courbes  &  aflcmblcs  dans  les  lierrtes  d'un  comble. 

.fJ-  Les  chevrons  de  rcmplage ,  font  les  plus  petits 
chevrons  d'un  dôme.  Ils  ne  fuivent  pas  dans  les 
liernes ,  parccque  leur  nombre  diminue  ,  à  mcfure 
qu  ils  approchent  de  la  fermeture  au  pié  de  la  kn- 
terne. 

f^  Les  chevrons  de  fetme,  (onz  Amx  chevrons  eh- 
cailres  par  le  bAs  fur  l'entriit,  &  joints  eh  haut 
par  1  extrémité  au  poinçon. 

On  cloue  au  bas  des  chevrons,  des  coyaux,quî 
portent  julques  fut  les  bords  de  k  faillie  de  l'en- 
tablement. Quand  les  chevrons  font  chevillés 
Uir  les  pannes ,  on  dit  qu'ils  font  brandis  fuc 
panne. 

Ce  mot  vient  de  caprone ,  qui  a  été  fait  de  caper 
ou  de  capreolus ,  qui  fe  trouve  dans  Vitruve  eh 
cette  fignification.  Ménage.  On  les  a  appelés  aufll 

capronesi. 

CiiEVRON  ,  eh  termes  de  Blafon  ,  eft  l'une  des  pièces 
honorables  de  l'écu  ^  qui  repréfentc  deux  chevrons 
de  charpente  àifcmblés  fans  aucune  divifion  II 
defccnd  du  chef  vers  les  extrémités  de  l'écu  en 
forme  d'un  compas  à  demi-ouvert,  h  eft  le  fym- 
bole  de  la  protedlion  &  de  k  confervation  ,  ou 
celui  de  la  conftance  &  de  la  fermeté.  D'iutres 
difent  qu'il  repréfente  les  éperons  du  cavalier. 
Quand  il  eft  feul,  il  doit  occaper  k  troifièmë  partie 
de  1  ecu.  Quand  il  eft  accompagné  ,  fa  larcrgur  ne 
doit  être  obfervée  qu'autant  quelle  perm.-t  fa  com- 
modité des  pièces  qui  l'accompagnent.  On  charge 
quelquefois  les  chevrons  d'un  autre  chevron  du  tieis 
de  h  largeur.  Il  y  a  des  chevrons  de  plufieurs  pièces . 
amfi  que  k  i^Cce  ,  k  bande  &  le  pal.  On  tiei  c 
que  le  chevron  étoit  autrefois  une  pièce  de  lice  de 
barrière  &  clôture  de  parc.  Quelques-uns  le  dé- 
rivent de  chèvre ,  parce  qu'il  en  repréfentoit  au- 
trefois k  tête.  D'autres  le  dérivent  de  ch^f,  &c 
diient  qu'on  le  nommok  chievrort,  comme  on  di- 
foit  aùfli  chief  pour  chef. 

CiiEVRON  abacfe  j  eft  celui  dont  la  pointe  n'ap- 
proche pas  du  bord  du  chef  de  l'écu  ,  &  qui  va  feu- 
lement jufqu'à  l'abyme,  ou  aux  environs.  Cdntherius 
deprejjus. 

Chevron  alaifé  ,  eft  celui  qui  ne  parvient  pas  iufques 

aux  extfémités  de  l'écu.  Jccifas. 
Chevrons  appointés ,  font  ceux  qui  portent  leurs 
pointes  au  cœur  de  l'écu ,  &  qui  font  oppofés  l'un  à. 
l'autre  ,  y  eh  ayant  un  droit ,  &  l'autre  renverfé, 
Obverfus. 
Chevron  brifé  ou  éclaté,  que  quelques-uns  appellent 
fendu  ,  fe  dit  quand  k  pointe  d'en  haut  eft  tendue , 
en  forte  que  les  pièces  ne  fe  touchent  que  par  un 
de  leurs  angles.  Supernè  disjuncius. 

Un  chevron  coupé  o\i  ejjimé ,   eft  celui  dont  la 
pointe  cft  coupée.  Seclus. 
Chevron  rompu  ,    eft  celui  dont  une   branche  eft 

rompue,  &  féparée  en  deux  pièces.  Fraclus. 
Chevron  couché ,  eft  celui  dont  la  pointe  eft  tournée 
vers  un  des  côtés  de  l'écu  fur  lequel  il  eft  appuyé. 
Jdcens. 
Chevron  onde  ,  eft  celui  dont  les  branches  font  on- 
doyantes ,  &  vont  en  ondes.   Undatus. 
Chevron  parti  ,    quand  il  a  fes  branches  de  diffé- 
rent émail ,  &  lorfque  k  couleur  eft  oppofée  au 
métil,  Partifusi, 

Xxx 


CH  E 


Chevron  ployc  ,  quand  les  branches  Tout  coudies. 
fkxus  ,  incurvus, 

Chevron  rcnvirp  ,  quand  fa  pointe  eft  vers  la  pointe 
de  l"ccu ,  êc  la  branches  vers  le  cheh  Inverjus. 

On  appelle  un  écu  chevronné,  quand  il  eft 
rempli  de  chevrons  en  nombre  égal  de  métal  & 
de  couleur. 

Chevron,  f.  m.  Terme  de  Commerce.  Sorte  de 
laine  ou  de   poil ,   qui  vient  du  Levant. 

Ip"  Chevron  ,  terme  de  Pêcheur ,  lignifie  toutes 
fortes  de  petits  poiiîbns ,  Irai  en  général.^ 

CHEVRONNÉ ,  GONTRE-CH£VRONN£,  fe  dit 
lorlque  l'ccu  eft  parti,  &  que  la  couleur  eftop- 
pofée  au  métal ,  Se  réciproquement  le  métal  à  la 
couleur ,  comme  celui  de  la  Haye  Ventelct.  Can- 
theriMus  ,  caniheriis  refertus.  On  dit  aulli  un 
pal  chevronné,  quand  il  eft  chargé  de  chevrons  , 
&  pareillement  des  autres  piè;cs.  falus  canthsriis 
onujius. 

CHEVROTAGE.  T.  m.  Droit  que  les  habitans  qui 
ont  des  chèvres  doivent  en  quelques  lieux  à  leur 
Seigneur.  Ce  droit  conlifte  en  la  cinquième  partie 
d'un  chevreau  mâle  ou  femelle ,  qui  lé  paye  an- 
nuellement au  Seigneur. 

§Cr  CHEVROTEMENT,  f.m.  Terme  de  Mufique. 
Défaut  dans  la  voix  d'une  perlbnne  qui  chance 
par  fècouires ,  &  en  tremblotant.  Le  moindre  che- 
yrotement  rend  infupportable  le  plus  beau  chant 
du  monde. 

|Cr  CHEVROTER,  v.  n.  En  parlant  de  la  chèvre , 
faire  de  petits  chevreaux.  Htzdulos  parère  ,  edere. 
Les  chèvres  ne  chevrotent  qu'une  lois  l'an. 

|C?  Chevroter  ledit,  dans  le  ftyle  familier,  pour 
s'impatienter,  lé  dépiter,  &  comme  on  dit ,  prendre 
la  chèvre.  Stomachari.  Quand  on  lui  reproche  fa 
naiffance  ,  cela  le  fait  chevroter.  Il  figniiie  encore , 
aller  en  bondiflant ,  aller  par  fauts  &  par  bons. 
Chevroter  en  marchant.  On  dit  qu'un  homme  che- 
vrote en  chantant ,  ou  que  fa  voix  chevrote  ,  quand  il 
chante  par  fecouHcs  &  en  tremblotant.  Cet  homme 
croit  bien  chanter  ,  mais  il  ne  fait  que  chevroter. 

Et  certain  fat ,  ivre  de  fa  parure, 
Enfe  mirant ,  chevrotoit ,  fredonnait  ; 
Et  de  l'index  battant  faux  la  mefure  , 
Crioithtayo,  lorfque  l'on  détonnoit.  Voltaire. 

Avec  un  faufTet  des  plus  aigres  5c  des  plus  che- 
vrotans,  il  chanta  ces  paroles.  S.  Didier. 

Ip"  CHEVROTÉ ,  ÉE.  part.  Cadence  chevrotes. 
Voyez  Chevroter. 

CHEVROTIN.  f.  m.  Peau  de  chevreau  préparée, 
qui  fert  à  faire  des  gants ,  &  plufieuis  autres  chofes 
qui  demandent  une  peau  délicate.  Pellicula  hce- 
dina. 

CHEVROTINE,  f.  f.  Terme  d'Artillerie.  Balle  de 
plomb  d'un  petit  calibre.  Glans plumbea.  Il  y  en  a 
cent  foixante-lix  à  la  livre. 

On  donne  encore  ce  nom  à  une  forte  de  plomb 
dont  on  fe  fert  à  la  chailé  du  chevreuil. 

CHEUTE.  Voyei  Chute. 

CHEZ.  Propofition  qui  fignifîe  ,  en  la  maifon  ,  en  la 
demeure  de  quelqu'un.  ^jP^^i ,  lorfqu'il  n'y  a  point 
de  mouvement  :  ad ,  lorfqu'il  y  a  du  mouvement. 
Venez  dîner  chei  moi.  Il  eft  allé  chei  le  Roi ,  che^ 
les  Dames.  Il  eft  che^  fon  Rapporteur. 

^fT  Chez  eft  quelquefois  employé  comme  équiva- 
lent de /'^rwi  ou  ^iî72^,  quand  on  parle  d'un  peuple, 
par  exemple ,  &  quand  on  cite  des  Auteurs  ;  inter, 
apiid.  Ainfi ,  l'on  dit,  c'étoit  une  coutume  che^  les 
Romains  -,  les  Druides  exerçoient  une  grande  au- 
torité chei  les  Gaulois.  On  trouve  chei  les  Auteurs 

grecs  des  exemples  de &c.  Des  gens  déhcats 

condamnent  l'ufage  de  ce  mot  dans  ce  fens,  mais 
mal-à-propos ,  puifqu'on  en  trouve  des  exemples 
dans  les  meilleurs  Ecrivains.  On  croit  pourtant  qu'il 
ne  faut  pas  s'en  fervir  pour  citer  un  Auteur  en 
particulier.  On  ne  diroit  pas ,  par  exemple ,  on 
trouve  cAe^ Homère,  hxc canuntur  apud Homerum. 


C  H  I 

Çhci  n'eft  propre  qu'a  dénoter  la  demeure  de  quel- 
qu'un ,  ou  quand  on  parle  de  toute  une  nation^ 
On  dit,  dans  Homère,  parce  qu'on  fous  entend 
dans  les  livres  d'Homère.  Ceft  le  fentimcnt  de  Vau- 
gelas  &C  de  Corneille. 

f3"  Chez  s'emploie  encore  avec  grâce  pour  dire  , 
dans  rintéricur,  dans  i'elprit.  C'cft  ainli  que  Mon- 
taigne dit ,  nous  ne  fommes  jamais  che^  nous  j 
nous  fommes  toujours  au  de-là.  Mont.  Pour  vivre 
tranquille  dans  la  retraire  ,  il  fiut  avoir  réglé  bien 
des  chofes  che:^  foi ,  dont  on  a  bien  de  la  peine  à 
venir  à  bout.  Font.  Il  vaut  mieux  fe  foucier  de  ce 
que  l'on  eft  che^  foi ,  que  de  ce  que  l'on  eft  c/;t^ 
les  autres.  Mont.  On  dit ,  vous  êtes  mal  chei  lui , 
c'eft-à-dire,  dans  l'on  efprit. 

gCr  Cette  même  propofition,  jointe  à  un  pronom  per- 
fonnel ,  devient  un  nom  fubftantif.  Il  a  un  che7^  foi. 
Vous  avez  un  cAeç  vous.  Quand  j'aurai  un  che:^ 
moi ,  j'y  recevrai  mes  amis.  J'ajouterai  à  ce  petit 
article  du  Didionnaire  de  l'Académie  &  du  Voca- 
bulaire ,  une  choie  qu'ils  n'auroicnt  pas  dû  oublier, 
c'cft  que  cette  exprelllon  eft  des  plus  bourgeoife. 
Quelques-uns  croient  que  ce  mot  vient  de  cafa,à. 
caufe  que  le  mot  de  ca  fe  change  aifément  en  hotte 
langue  en  c/zf ,  comme  Che:^al-BenoiJl  vient  Cafa. 
Benedicii.  Ménage  dit  qu'il  vient  du  latin  apud; 
mais  il  ne  dit  point  par  quel  chemin  il  eft  venu  : 
il  eft  difScile  de  le  deviner. 

CHÉZAL-BENOIST.  Voye^  Chésai-Benôist. 

CHEZANANCE.  f.  f.  En  général,  tout  ce  qui  coii^ 
traint  d'allet  à  la  felle  •■,  mais  en  particulier  ,  c'eft 
dans  Paul  Eginete  le  nom  d'un  onguent  préparé  avec 
le  miel  &  l'alun,  bouillis  enfemble  ,  jufqu'àceque 
le  tout  foit  d'une  couleur  rouge  ,  dont  on  frote 
l'anus ,  &  qui  procure  une  copieufe  évacuation  , 
mais  non  fans  douleur  &  fans  peine.  X£^«»«rx>.  Paul 
Eginete  a  tiré  ce  remède  d'Oribafe ,  Synopf  Lib.  IIL 
Aétius  donne  le  même  nom,  Tetrab.  /,  Serm,  3^ 
ch.  I  3  5  ,  à  une  emplâtre  purgative  qu'on  appliquoit 
fur  le  nombril.  Ce  mot  vient  de  xK^'"  '  '^^^*'"  "■  ''^ 
felle,   àmfKn,  néceffité. 

CHEZÉ.  Terme  de  Coutume.  C'eft  un  certain  ef- 
pace  de  terre  autour  du  château  ou  de  la  maifon 
noble  qui  eft  en  fief:  cet  efpace  eft  en  quelques 
endroits  de  deux  arpens ,  en  d'autres ,  de  quatre: 
c'eft  ce  qu'on  appelle  ailleurs  le  vol  du  chapon, 

C  H  I. 

CHIA-JA-BOEH.  f.  m.  Second  Lieutenant-Général. 
C'eft  le  troilicme  Officier  général  des  Janiffaires. 
Il  ne  cède  rien  au  fécond  ,  qui  eft  Seymer-BafTy  , 
pour  les  privilèges,  pour  l'autorité  &  pour  le  com- 
mandement. Il  eft  Capitaine  de  la  plus  fiche  com- 
pagnie ,  favoir  ,  de  celle  des  Boluc-Durys.  Il  la 
gouverne  defpotiquement ,  &  même  il  a  le  privilège 
d'hériter  de  ceux  de  fes  foldats ,  qui  meurent  fans 
enfans  &  fans  parens,  &  il  a  le  droit  de  donnera 
fes  Officiers  fubalternes  les  poftes  appelés  KuUurs , 
ou  gouvernemcns  des  villes  de  guerre. 

CHIANA  Rivière  d'Italie.  Clanis.  Entre  les  monta- 
gnes de  laTofcane,  il  fe  trouve  dans  une  longue 
plaine  un  grand  lac ,  que  la  Chiana  traverfe  ,  ôc  où 
fes  eaux  font  tellement  en  équilibre ,  qu'elles  n'ont 
pas  plus  de  pente  pour  couler  du  côté  d'orient 
dans  le  Tibre,  que  du  côté  de  l'occident  dans 
l'Arne  ,  qui  paffe  à  Florence  ;  de  forte  qu'elle  coule 
de  l'un  &  de  l'autre  côté.  Elle  contribue  beaucoup 
aux  inondations  tant  du  Tibre  que  de  l'Ame.  Ac. 
DES  Se.  170?  >  Hifi.  p.  141. 

^  CHIANGARE.  Ville  de  Turquie,  en  Me,  dans 
la  Natolie  propre.  Elle  donne  fon  nom  à  la  Pro- 
vince de  Chiangare,  qui  répond  à  l'ancienne  Ga- 
latie ,  félon  Baudrand. 

CHIANTZOLLI.  f.  m.  Herbe  qui  croît  dans  le  Nou- 
veau-Mexique. Ses  feuilles  rclTemblent  à  celles  du 
lierre,  &  fes  fleurs  font  blanches.  Sa  femence  eft 
aufTi  blanche  &  femblable  à  une  lentille.  On  s'en 
fert  en  Médecine,  pour  en  faire  des  potions  rafraî- 


CH  I 


cliiffantes.  On   en   met   aciîî    dans   les  viandes. 
CHIAOUS.  r.  m.  Terme  de  Relation.  Ceft  un  Offi- 
cier de  la  Porte  du  Grand-Seigneur,  qui  talc  l'of- 
fice d'Huiffier.  TurCLCtzauliZ  fontus  PrœfeClus,  C'eit 
comme  un  Exemt  des  Gardes  en  France.  Il  porie 
des  armes  offeniives  &:  dcfenlives.  Il  aflignc  les  par- 
ticuliers pour  accommoder  leu^s   dilFérens  ;  &  les 
prifonniers  de  diftindlion  l'ont  mis  en  ia  garde.  Le 
Grand  -  Seigneur  a  coutume  de  choilir   quelqu'un 
de  ce   rang  pour    envoyer   en  ambaiîade  vers  les 
autres  Princes.  Les  Chiaous  portent  à  la  main  un 
bâton  couvert    d'argent  ,    qui    a    un  bouton   au 
haut  -,  &  ils  font  armés  de  cimeterres,  d'arcs  &  de 
flèches. 
Chiaous  eft  unmotturc,qui{tgnifie  £/zvoye.Vigenère 
&  Méninski  écrivent  CA.-zo«.  Voyez Chalcondy le, 
au  commencement  de  l'on  IX^  Livre.  Chiaous  en  turc, 
VJ^H^ ,   Apparilor  ,  qui  ante  Dominum  prxadit , 
%'iam  pariit;   &■  recéder e  jubet  eos  qui  in  viaj'unt  ; 
&  flaior  ,  famulus    Aulicus  ,  vulgb  Ciaus  ,  die 
Méninski. 

CHIAOUS.  (Orta)  r.  m.  C'efl  le  fécond  Officier  des 
Janiflaires ,  &  il  a  le  troilicme  fous  l"es  ordres.  Ils  ne 
font  Capitaines  ni  l'un  ni  l'autre;  mais  leur  emploi 
eft  de  faire  exécuter  les  fcntenccs  des  Capitaines 
contre  les  foldacs  coupables  \  car  les  foldacs  ont  le 
privilège  fingulier  d'être  jugés  par  leurs  propres  Offi- 
ciers. Ces  deux  Officiers  doivent  faire  obfervct 
l'ordre  des  marches  à  toute  l'infanterie  ,  &:  princi- 
palement lorfqu'elle  paiîe  devant  le  Général.  VOr- 
ta-Chiaous  doit  faluer  le  premier ,  avec  les  mains 
jointes. 

CHIAOUS  BASCHL  f.  m.  Officier  qui  marche  à  la 
tête  des  Chiaous ,  &  qui  affilie  au  Divan  ,  où  il  in- 
troduit ceux  qui  y  ont  des  affaires.  Ciaufiorum  Pnc- 
feclus ,  Prœior  rerum  cupitalium  ,  Marefchallus  , 
dit  Méninski.  Il  accompagne  ordinairement  les 
Ambafîadeurs  à  l'Audience  du  Grand-Seigneur. 

IP"  CHIAPA.  Province  de  la  Nouvelle  Efpagne  , 
dans  l'Amérique  ieptentrionale,  capitale.  Ciudad- 
Réal. 

|CF  CHIARI.  Petite  ville  d'Italie ,  fur  les  terres  de 
la  République  de  Veniie,  dans  le  Brelîlm. 

^  CHIARTACHAR  ou  CHIARACHAR.  Chcira- 
chitra.  Ville  du  Zagarhai ,  Conttée  de  la  grande 
Tartarie ,  aux  confins  de  la  Perfe. 

CHIARVATAR.  f.  m.  On  nomme  ainfi  en  quelques 
lieux  de  perfe,  ce  qu'on  nomme  en  France  un  Doua- 

-  nier.  Il  lève  fur  toutes  les  chofes  qui  entrent ,  même 
fur  les  perfonnes  ,  un  droit  proportionnel  au 
poids. 

CHIASSE.  f.  f.  Écume  de  métaux.  Chiaffe  de  fer ,  de 
cuivre,  &c.  La  chiaffe  de  fer  eft  ce  qu'on  appelle 
dans  les  petites  forges  mâchefer  ,  &  /ornes  dans  les 
grofles ,  &  ce  que  les  gens  de  Lettres  appellent 
fcorie  ;  mais  parmi  le  vulgaire  ,  on  l'appelle  chiaffe. 
On  appelle  c/zi^j/I'  de  mouche,  de  ver,  les  excré- 
mcns  de  la  mouche,  du  ver.  Quand  on  veut  dire 
qu'un  homme  eft  très-méprifable ,  on  dit  qu'il  eft 
la  chiajfe  du  genre  humain.  Un  Abbé  &  un  Che- 
valier fe  querelloient  fortement  •■,  tc  comme  toute 
la  compagnie  repréfentoit  au  Chevalier  que  l'Abbé 
avoir  un  caraélcre,  &  qu'il  avoir  tort  de  le  traiter 
de  la  forte  :  parbleu  ,  dit-il ,  voilà  un  plaifant 
homme  à  carailère,  c'eft  la  chiaff'e  du  Paradis, 
Furetiriana.  Expreffion  digne  de  la  Place  Mau- 
bert. 

Ip"  CHIAVARL  Ville  d'Italie,  dans  l'Etat  de  Gênes , 
à  vint^t-cinq  milles  de  Gênes. 

|Cr  CHIAVENNE.  Clavenna.  Ville  de  SuifTc ,  chez 
les  Grifons  ,  au  pié  des  Alpes  Rhétiques ,  dans  un 
petit  Comté  de  même  nom ,  qui  occupe  la  partie 
orientale  de  la  grande  vallée  qui  s'étend  en  lon- 
gueur au  pic  des  Alpes  Rhétiques. 

^fT  II  V  a  un  lac  de  même  nom. 

ICT  CHIAURLIC.  Voyei  Chiourlic.  _ 

CHIBON  gummi ,  ou  gomme  de  gommier  ,  eft  une 
gomme  ou  réfme  blanche,  qui  découle  en  abon-  i 


C  H  î  y  5 1 

''      dance  d\m  grand  arbre  de   l'Amérique.  Son  boi.« 
eft  blanchies  feuilles  (ont  lémblablcs  à  celles  du 
Jaurifr ,  mais  beaucoup  plus  grandes.  Quelques  Mar- 
chands veiident  cette  gomme  pour  celle  d'eUmi  ^ 
&c  les  autres  pour  celle  dite  animée  ,&  d'autres  pour 
du  tacamahaca.  Cette  gomme  eft  réfolutive  ,  ner- 
vale  &  fortifiante. 
CHIBOU.  Nom  de  lieu  dans  l'île  du  Cap  Breton.  Il 
y  a  le  grand  &  ie  petit  Chihou.  Le  grand  Chihou  eft 
l'cnrrce  du  Havre  de  Sainte  Anne.  Le  petit  Chibou 
eft  l'entrée  du  Labrador. 
CHIC  ou  CHIQUE,   f.   m.  Mot  du  ftyle  populaire 
pour  iigniher ,  chicane  >  fineife ,  fubtilité.  On  dit 
qu'un  homme  entend  le  chic;  pour  dire,  qu'il  eft 
verlé  dans  les  détours  de  la  chicane,  ou  qu'il  eft  fin  , 
rufc ,  adroir. 
%T  CHICACHAS.  Peuple  de  l'Amérique,  dans  la 
Louifianne ,  afiêz  près  du  s;r.;nd  fleuve  de  Mifhifipi. 
CHICAMBAUT  ou  CHICABAUE.    f.  m.  Le  der^ 
nier  eft  le  plus  ufité.  Terme  de  Marine.  C'eft  une 
longue  &:  forte  pièce  de  bois  vers  l'avant  i'un  pe» 
tit  vairtcau,  pour  lui  fervir  de  poulain  ou  d'épe- 
ron. NicoD.  liojiriun  minoris  navis ,   rojfeUiim. 
CHICANE,  f.  m.  Subtilité  captieufe  en  matière  de 
procès; abus  de  procédures  judiciaires,  quand  on 
s'en  fert  pour  dilayer  ,  tromper  ou  furprendrc  les 
Juges  &  les  parties.   Liti^atorum  arus  jnbdulce  , 
trrciz.  Cet  homme  a  fait  un  long  combat  d;^  chicine 
fur  la  claufe  ambiguë  d'un  contrat.  S.  Evr.  La  cA/- 
cane  prend  dans  les  loix  mêmes  qui  font  faites  poar 
la  réprimer  ,  des  prétextes  pour  s'emparer  du  bien 
d'autrui.  Ben.  Il  eft  bon  de  m.êler  quelquefois  l'a- 
grément des  belles  lettres  à  la  fécherelP;  &  à  l'en-» 
nuyeufe  chicane  du  Barreau.  S.  Evr,   Les  parties 
faiiies  fe  fetvent  de  toutes  fortes  de  chicanes  ,  pour 
fe  conferver  en  la  polfelfion  de  leur  bien  qu'on  dé- 
crète :  ils  font  la  chicane  d'appeler  de  toutes  les 
fentences  qu'on  rend  contre  eux. 

Et  dans  l'amas  confus  de  chicane*  énormes , 
Ce  qui  fui  blanc  au  fond,  rendu  noir  par  les  formes^ 

BoiL, 
Les  Poètes  perfonifient  la  chicane. 

Là  fur  un  tas  poudreux  de  fies  &  à:  pratique  , 
Hurle  tous  les  matins  une  Sibylle  etique  ; 
On  l'appelle  Chicane  ,  &  ce  monjirc  odieux  , 
Jamais  pour  l'équité  n'eut  d'oreilles  ,  ni  d'yeux„ 

BoiL» 

Dé]a  de  tous  côtés  la  Chicane  aUx  abois , 
s'enfuit  au  feul  afpecl de  tes  nouvelles  loix, lo. 

D'une  gueule  infernale, 
I^a  chicane  en  fureur  mugit  dans  la  grand' Salle.  Id, 

On  appelle  gens  de  chicane  ,  les  Sergens  ,  Pro- 
cureurs ,  Solliciteurs ,  petites  gens  de  pratique  & 
autres  qui  inventent  ordinairement  les  vaines  fub- 
tilités  qui  font  la  caufe  de  la  chicane,  Accenji , 
Procuratores ,  Confultores. 

Chicane  fe  dit ,  par  esrenfion  ,  des  fophifmes  qu'on 
fait  dans  les  Collèges ,  des  dijUnguo ,  &■:  autres 
fubtilités  captieufes  qui  embarrafl'ent  les  queftions , 
&  obfcurciifent  la  vérité  ,  comme  la  chicane  du  Pa- 
lais fait  à  l'égard  des  procès  &  de  la  Juftice.  Ca-f 
villatio. 

Chicane  i'e  dit ,  dans  le  même  fens ,  de  toutes  les  diA 
putes  &  conteftations  inutiles ,  ou  mal  fondées  , 
qui  s'élèvent  entre  les  Savans ,  ou  même  dans  la 
converfation.  Ccmcniio  ,  controverfia.  A  la  honte 
des  Savans ,  unedil'pute  de  littérature  dégénère  bicrt 
fouvent  en  chicane  &  en  iniurcs.  De  Vill. 

Chicane  fe  dit  auffi  des  difputes  qui  arrivent  dans 
le  jeu.  Contentio  ,  rixa.  Ce  joueur  difpute ,  fait  une 
chicane  poui  cinq   fous. 

Chicane  fe  dit  auffi  d'une  manicte  de  jouer  au  Mail 
Jouer  à  la  chicane.  On  le  die  auflî  au  Billard.  Ac, 

Franc 

X  X  X  ij 


53^ 


C  PI  î 


|Cr  Chicane  fc  dit  à  la  guerre  cks  petites  a6iions 
de  détail ,  Ibit  pour  l'attaque  ,  foit  pour  la  dct'enfe. 
Souvent  pour  les  chicanes  de  guérie  bien  conduites 
il  taut  plusd'adivitc  ,  plus  de  vigilance  ,  plus  d'iia- 
bileté  i  que  pour  des  adions  plus  brillantes.  Fon- 

TENELLE. 

|tCr  Chicane    fe    dit  aulTi   de    pluficurs  petits    ou- 
vrages de  fortifications ,  laits  pour  dilputcr  le  ter- 
rain 8c  le  défendre  pie  à  pic. 
Chicanes  ^e/o/è    "Lçs  chicanes  de  foile  ne  font  pas 
communes ,  ni  chez  les  Anciens  ,ni  chez  les  Moder- 
nes. Nos  chicanes  les  plus  ordinaires  ne  font  que 
de  vi2;oureufes  forties,  telles  que  celles  que  lit  en 
1743  M.  le  Maréchal  de  Broglie ,  qui  obligea  M. 
le  Prince  Charles  de  Lorraine  de  lever  le  fiége  de 
devant  Prague.  Les  chicanes  les  plus  ordinaires  des 
Anciens  dans  leurs  fofl'és ,  étoient  d'aller  par  galle- 
ries ,  delà  ville  fous  le  comblement  dont  ils  tiroient 
les  terres ,  &:  pratiquoient  deifous  une  eu  pluf  eurs 
chambres.  On  étayoit  les  terres   par  des  bois  de- 
bout ,  &:  après  les  avoir  remplies  de  bois  fcc  &  de 
matières   combuftiblcs ,   on  y  niettoit  le  ieu  ,  5: 
les  terres  s'affaiilbient  tout  d'un  coup.  Les  machi- 
nes qui  étoient  deffus  s'enfonçoient  avec  les  terres, 
&  fe  renverfoient  dans  le  foifé  avec  un  fracas  épou- 
vantable ,  &  ce  ftu  fouterrain  s'échappant  par  les 
ouvertures,  fe  prenoit  aux  machines ,  ce  qui  étoic 
toujours  fuivi  d'une  grêle  de  traits  &  de  flèches  en- 
flammées, &:  d'une  fortie  tout  en  même  temps.  On 
choififlbit  la  nuit  pour  ces  fortes  d'entrcprifes ,  qui 
ell  le  temps  le  plus  commode  &  le  plus  favorable. 
CHICANER.  V.  n.  Abufer  des  procédures  judiciaires  , 
former  des  incidens -,  faire  des  chicanes  qui  alon- 
gent  les  procès ,  qui  offufquent  la  vérité.  CalUd'e 
&  frauduknteT  litigare  ;  litium  ,   rixarum  canj'as 
producere  ,  protrahere.  Cet  homme  eft  habile  dans 
l'art  de  chicaner  ;  il  ne  fait  que  chicaner. 
Chicaner  fe  dit  aufil  dans  les  autres  difput*5,  con- 
teftations  ,  fe    fervir  de  détours  ,    de    fubftilités 
captieufes  dans  les  conteftations  mal  fondées.  Ri- 
xari,   cavilLni.  Je  neveux  point  traiter  avec  cet 
homme  là ,  il  chicane  fur  rour.  Les  Hérétiques  ne 
repondent  pas  aux  argumens ,  mais  ils  chicanent. 
Chicaner  au  jeu.  0CF  L'efprit  de  pédanterie  met  fon 
plus  grand  plaifir  ci  chicaner  (uï  \t^  petites  chofes , 
&  à  contredire  fur  tout  avec  une  baifc  malignité. 
Nie.  Philis ,  contre  la  mort  vainement  on  chicane. 
ffT  Chicaner  eft  aufll  verbe  adlif.  Chicaner  quel- 
qu'un ,  lui  fufciter  un  procès  fans  fujet ,   fans  rai- 
fon  ,  ou  le  tenir  en  procès  mal-à-propos.  Cet  homme 
chicane  tous  fes  voifins.  Il  n'a  fait  c^ue  me  chicaner 
depuis  mon  acquilition. 
^J"  On  dit  d'un  homme  qui  fe  défend  bien ,  qu'il 

chicane  fa  vie. 
ffT  Chicaner  fe  dit  encore  adivemenr  pour ,  re- 
prendre ,  critiquer  mal-à-propos ,  &  pour  des  cho- 
fes qui  n'en  valent  pas  la  peine.  Chicaner  un  Au- 
teur ,  chicaner  fon  ouvrage.  Remarquez  que  la  for- 
tune me  chicane  fur  les  moindres  honneurs.  B.Rab. 
Le  précepte  d'Ovide  ,  de  fe  chicaner  foi-mcmc  fur 
les  appas  de  ce  qu'on  aime  ,  eft  fouvcnt  alfez  inu- 
tile. Il  ne  faut  pas  chicaner  un  Ecrivain  enjoué, 
qui  dans  une  débauche  d'efprit  dit  des  folies  pour 
fe  réjouir.  Bouh.  Le  monde  eft  plein  de  gens  qui 
chicanent  les  autres. 
g3"  On  le  dit  encote,  mais  dans  le  ftyle  familier  & 
commun  ,  d'une chofe  peu  importante  en  foi,  mais 
qui  ne  laiffe  pas  que  de  faire  quelque  peine,  il/o/^y^ 
tum  effe.  Cette  bagatelle  me  chicane.  Cette  maladie, 
quelque  légère  qu'elle  foit ,  ne  laiile  pas  de  me 
chicaner.  Cette  nouvelle  me  chicane. 
Chicaner  le  vent , en  termes  de  Marine ,  c'cft  prendre 
le  vent,  en  louvoyant ,  &c  en  faifant  plulieurs  bor- 
dées tantôt  d'un  côté ,  &:  tantôt  de  l'autre.  O/'/i- 
.  ^lio  uti^ento,  ^ji^  Faire  plufieurs  bordées  tantôt 
d'un  côté  ,  tantôt  de  l'autre  ,  pour  s'approcher  du 
vent  quand  il  n'eft  pas  favorable  à  la  route ,  ou 
pour  le  difputer ,  &  mettre  fous  le  vent  un  vaif- 
feau  qu'on  veut  combattre. 


CHI 

Chicaner  fe  dit  auflî  pour ,  employer  la  chicane  eii 
fait  d'art  militaire,  &  il  eft  d'un  ufage  très-fréquenti 
Turenne  tic  MontecuculU  ne  firent  que  chicaner 
pendant  toute  la  campagne.  On  chicana  ians  eilet. 
11  fe  mit  à  chicaner  -,  on  dit  chicaner  le  terrain  , 
pour  le  difputer  pié  à  pié.  Ce  Capitaine  ne  s'cft  re- 
tiré qu'après  avoir  chicané  pié  à  pié  le  terrain.  Il 
ne  quittera  pas  aifément  la  place,  \\  chicanera  le 
terrain  ,  &  le  difputera  pié  à  pié. 
Chicané  ,  ée.  parr. 

CHICANERIE,  f.  f.  Tour  de  chicane  ,  méchante  fub- 
tilité  qui  alonge  ou  embrouille  un  procès,  qui  dé- 
guife  la  vérité  ,  qui  empêche  la  concluiion  d'une 
alïàire.  Callidcc  ,  j'r audulent ceqiie  litigantium  ratio- 
nes  ,  cavillationesjuris.  Quelques-uns  croient  qu'il 
y  a  quelque   dilïércnce  entre  cAzca7z<;&  chicanerie. 
Ils  prétendent  que  le  premier  fe  dit  de  la  chicane 
en  elle-même  ,  &  le  fécond  de  l'aélion  de  chicaner  ; 
mais  on  ne  s'apperçoit  pas  de  cette  différence  dans 
les  Auteurs.  On  voit  au  contraire  qu'ils  confondent 
cesdeux  mots.  Peut-être  ^3"  celui  de  chicane  eft-il, 
plus  en  ufage.  Chicanerie  paroît  plus  du  ftyle  fa- 
milier ,  &  lignifie  d'ailleurs  une  petite  chicane. 
Il  m'a  fait  mille  chicaneries,  C'eft  une  pure  chica- 
nerie. On  lui  veut  ravir  fon  bien  par  des  procès  Se 
des  chicaneries.  Patru. 
Chicanerie  le  dit  ,  en  termes  de  guerre,  dans  le  même 
féns  que  chicane.  Que  de  chicaneries  àcl2.p:in  as 
l'ennemi  !  Il  ufa  de  toutes  fortes  de  chicaneries. 
CHICANEUR,  EUSE.  f.  Quelques-uns  difent ,  CHI- 
CANIER ,  1ERE.  adj.  IfT  Mais  ce  dernier  n'eft 
d'ufagc  que  dans  le  ftyle  fnmilier.  Homme  chicanier, 
C'eft  vne  chicanière.  Celui  qui  fait  des  chicanes  ,  qui 
aime  à  chicaner.  C'eft  uri  vrai  chicaneur  ,  irn  chica-' 
neiir  éternel.  Rixator  ,  rixatrix. 

Oh  appelle  particulièrement  chicaneur  ,  celui 
qui  i'e  plaît  à  plaider.  Homo  litigiofus,  litiiimamar.Si 
Ainfi  on  dit ,  qu'en  Normandie  il  y  a  beaucoup  de 
chicaneurs. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  cicum ,  qui  fîgriifîé  îd 
peau  d'une  grenade,  dont  les  Efpagnols  ont  fait 
c/^iVo  ;  c'eft-à-dire  ,  menu  -,  petit,  parce  qu'un  chi- 
caneur eft  Un  homme  qui  plaide  pour  peu  de  chofêi 
Chicaneur  fe  dit  auffi  de  celui  qui  eft  pointilleux  , 
qui  veut  trop  raffiner,  qui  eft  trop  difficile  à  con-» 
tenter.  Vitilitigator.  Il  eft  bon  d'être  délicat  en 
amour  ;  mais  il  ne  faut  pas  être  chicaneur.  Il  y  a  des 
amitiés  chicaneufes  qui  s'allarment  de  tout,  &  qui 
s'offenfent  d'un  regard  froid  ou  d'un  vifage  myfté- 
ricux.  Beli. 
IP"  CHICAS.  (Los)  Peuple  de  l'Amérique  méridio- 
nale au  Pérou  ,  dans  l'Audienca  de  Los  Charcas ,  fur 
les  bords  du  Pileomayo. 
(ÇT  CHICHE,  adj.  de  t.  g.  Trop  ménager,  qui  craint 
de  dépenlér  ce  qu'il  faudroir.  Parcns  ,  tenax  ,  ref- 
triclus.  Il  eft  fi  chiche  ,  qu'il  fe  retufe  même  le  né« 
cefîàire.  Ce  mot  n'eft  pas  du  ftyle  noble.  Ménage 
le  fait  venir  de  la  même  fource  que  chicaneur , 
qui  épargne  les  plus'petite^  chofes  ;  d'où  eft  venu 
aufTi  chique  &  chicot ,  pour  lignifier ,  petit. 
ÇCT  On  dit  au  figuré,  qu'un  homme  eft  chiche  de 
louanges,  qu'il  n'aime  pas  à  louer  ;  chiche  àz  fes 
paroles ,  qu'il  n'aime  pas  à  parler  ;  chiche  de  it% 
pas ,  qu'il  plainr  fa  peine ,  qu'il  n'aime  pas  à  agir 
pour  les  autres ,  ùc.  Operâparcus.  Tout  cela  eft 
du  ftyle  familier. 
|Cr  On  appelle  chiche-face  ,  une  perfonne  qui  a  le 
vifage  maigre  ,  Se  que  le  fouci  ou  l'avarice  rendent 
pâle  :  tout  cela  eft  bas.  Tetrico  ac  macilento  vuitu 
fpirans    avaritiam. 

On  dit  proverbialement  qu'il  n'eft  fcftin  que  de 
gens  chiches  ;  pour  dire ,  que  ceux  qui  traitent  rare- 
ment ,  font  plus  grande  chère  que  les  autres ,  quand 
quelque  autre  paffion  les  domine,  comme  l'amour, 
la  vanité,  ou  l'efpérance  que  cela  leur  pourroit 
fervir  à  quelque  chofe.  On  dit  auflî ,  autant  dé- 
penfe  chiche  que  large  ;  pour  dire,  qu'une  épargne 
faite  mal-à-propos,  caufe  dans  la  fuite  de  grandes 
pertes. 


CH  I 


De?  Vohc/iuke,  autrement  pois  gris,  yoyei  au  mot 

Pois. 
CHICHEMENT,  adv.  D'une  manière  chiche  ,  avec 

avarice.  Parce.  Il  vit  chichement, 
CHICHERON.  r.  m.  Ce  mot  le  trouve  dans  Pomey  , 

pour  iîgniricr  le  bout  de  la  mammclle.  Papilla, 
CHICHESTER.  Ville  Epifcopale  d'Angleterre  ,  Ca- 
jiitale  du  Comté  de  SuUex  ,  Air  )a  rivière  de  Lavant. 
Cicejirici.  Elle  eft  à  deux  ou  trois  lieues  de  la  mer 
de  Éreragne  ,  8c  à  cinq  de  Portfmouth  du  côté  du 
levant.  L'Evèque  de  Chichefter  eft  lufFragant  de  Çan- 
torbéri.  On  prétend  que  ChLchcjler  fut  bâti  au  hui- 
tième iîècle  par  Ciiîat  >  fils  de  Ceadwal  Roi  de 
Weftlex  ,  celui  qui  après  un  grand  nombre  de  vic- 
toires alla  prendre  l'habit  religieux  à  Rome^&y 
finit  fes  jours  dans  un  cloître.  On  dit  qu'elle  s'ap- 
pela d'abord  Cifflicejlef,  dont  fe  forma  dans  la  fuite 
Chichdjler  ;  ou  plutôt  il  vient  du  mot  latin  Caflrum  , 
Camp  ,  parce  que  c'étoitun  des  camps  des  Romains. 
CHICHETE.  f.  f.  Epargne  trop  grande.  Nimia  par- 
cimonis..  Si  ce  mot  s'eft  dit  autrefois,  il  ne  fe  dit 
plus. 
^fT  CHICHEU.  Ville  de  la  Chine ,  troifième  métro- 
pole de  la  Province  de  Kiangnan,  fur  le  bord  du 
fleuve  Kiang.  Lat.  5  id  1^6' . 
tfr  CHIC-KpCH.  Voy ei^\coco. 
CHICORACE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Botanique,   Ce 
mot  fe  donne  à  plulicurs  plantes  qui  ont  rapport  avec 
la  chicorée  ordinaire,  îbit  par  leurs  fleurs  &  leurs 
femences ,  foit  aufîl  par  leurs  propriétés.  La  dent  de 
lion  ,  les  laitues,  les  condrilles ,  font  des  plantes 
chicoracées.  Herba  clchoracea,  ^fT  Fleurs  chicora- 
céex ,  f^os  cichoraceus -fCcWes  qui  font  de  la  famille 
des  chicorées.  Elles  n'ont  que  des  demi-fleurons. 
CHICORÉE.  {'.  i.  Cichorium  ,  cichoreum  y  cichorea  , 
intyhus.  Plante  potagère  qu'on  diftingue  de  celle 
qui  vient  à  la  campagne  ,  &  que  pour  cela  on  nom- 
me Chicorée  fj.iiva<j,e  ,  quoiqu'elles  ne  diffèrent  que 
par  la  culture.  L'endive  elt  aulfi  une  autre  cfpèce 
de  chicorée,  La  chicorée  ,  cichorium  fanviim ,  a  fa 
racine  longue ,  groile  comme  le  doigt ,  brune  en 
dehors ,  blanchâtre  en  dedans  ,  &  pleine  d'un  fuc 
laiteux  qui  en  découle afléz  abondamment  lorfqu'on 
la  brifc.  Elle  poafle  de  fon  colet  plulieurs  feuilles 
longues  d'un  pié  ,  incifées  comme  celle  de  la  dent 
de  lion  3  un  peu  vchies ,  d'un  vert  plus  foncé  8c 
d'un  goût  un  peu  amer.  Quelquefois  fes  feuilles  font 
entières  &  légèrement  dentelées  fur  leurs  bords.  Sa 
tige  part  du  centre  de  fes  feuilles  ;  quelquefois  il  naît 
plufieurs  tiges  d'une  même   racine.  Elles  s'élèvent 
à  la  hauteur  de  trois  à  quatre  pics  ,  font  branchues , 
chargées  vers  leurs  bas  de  quelques  feuilles  fembla- 
bles  aux  premières.  Les  tiges  Se  branches  font  dès 
leur  milieu  garnies  de  fleurs  bleues  qui  fontéphé- 
mères.  Ces  fleurs  font  compofées  dedemi-fleurbns 
entaflésôc  renfermés  dans  des  calices  verts ,  divifées 
en  plufieurs  parties  qu.i  s'approchenr  étroitement 
les  unes  des  autres  ,  lorfque  la  fleur  eft  paflce  ,   8c 
cela  pour  garantir  les  embrions  fiir  lefquels  pofoient 
les  demi-fleurons.  Chaque  embrion  devient  une  fe- 
mence  anguleufe  en  forme  de  coin  ,  menue  bi  lon- 
guette.   On  blanchit  les  feuilles  de  chicorée ,  en 
les  couvrant  en  automne  :  par  ce  moyen  elles  s'at- 
tendriflenr ,  &  deviennent  plus  douces. 

La  chicorée  fauvage  ,  cichorium Jî/vefire  ,  diffïre 
de  la  précédente  par  fa  grande  amertume  -,  elle  croît 
à  la  campagne ,  où  elle  fe  multiplie  .à  merveille. 
L'endive-,  intyhus  ,  intybum ,  endivia ,  a  fes 
feuilles  découpées  en  plufieurs  fcgmens,  S>.(zs{es.- 
mcns  font  dentelés  8c  frifcs.  Il  y  a  des  endives  à 
feuilles  larges,  à  feuilles  étroites ,  $<.  à  feuilles  cré- 
pues comme  celles  de  la  laitue.  On  la  fcme  au 
prinremps  ,  pour  avoir  fa  femence,  qu'elle  donne 
en  été ,  Se  elle  périt  aulTitôt.  Pour  avoir  de  l'en- 
dive blanchie  pour  l'hiver,  on  la  Icme  en  Juillet , 
aux  mois  de  Septembre  8c  d'Octobre.  On  rctroufle 
&  on  lie  toutes  fes  feuilles  aux  premiers  froids  pour 
les  blanchir,  c'eft  ce  qu'on  vend  fous  le  nom  de 
chicorée  blanche.  On  a  appris  à  les  blanchit  ainfi , 


j  parce  qu  on  a  remarque  que  les  c/zztow j  fauva^es 
ayant  été  couvertes  de  terre  par  les  inondations, 
ne  confçrvoienr  plus  leur  amertume,  &  devcnôienr 
tendres  &  blanches.  On  les  mange  en  falade ,  & 
on  en  met  dans  les  potages  une'"pirtie  de  l'hiver. 
En  les  fcmantfur  des  couches  dans  des  caves ,  ou  des 
lieux  fouterrainsou  obfcurs ,  elle  blanchit  auîfi  fans 
être  liée  ,  6c  l'on  en  peut  avoir  tout  l'hiver. 

La  chicorée  fauvage  eft  fort  employée  eh  Méde- 
cine ,    fon  eau  diftillée  eft  rafraïchiifanre ,  S<.  elle 
entre  dans  les  potions  rafraîchiflantcs  6c  fcbrzfuges. 
Ses  feuilles  font  fort  amères  ;  on  les  met  dans  les 
bouillons  amers  8c  rafraïchiflans.  Ses  racines  font 
ufitces  dans  les  tifanes  pour  les  fébricitans.  La  con- 
ferve  de  fes  fleurs  eft  aulfi   d'ufage.  Si  l'on  broie 
delà  chicorée  fauvage  dans  un  mortier,  qu'on  eil 
tire  le  fuc,  lie  qu'on  le  paffe  ,  qu'enfuite  pendant 
douze  heures  de  fuite,  ou  même  plus,  on  prenne 
alternativement    d'heure    en    heure   un   verre    dé 
ce  jus  de  chicorée  fauvage ,  un  verre  de  vin  ,   uri 
bouillon ,  on  fuera   beaucoup ,   &  ce  remède  eft 
excellent  dans  les  pleuréfies ,  les  rhumatifmes ,  & 
femb  labiés  maux. 
Chicorée.  Terme  de  conchyliologie.  Nom  d'une  cf- 
pèce de  coquillage  Marin.  Cichorea  conchx. 

Chicorée  vient  àz  chicoreum  ,c^\  vient  du  mot 
grec  îi/^éâ/ ,  ou  Ki;i;«»«  ,  8i  Ki'xw  ,  qui  fignifie  trou- 
ver ,  car  cette  plante  fe  trouve  par  tour. 
^fF  Chicot,  f.  m.  Eft  un  morceau  de  bois  mort  qui  eft 
fut  une  branche  ou  fur  une  fouche.  C'eft  prcfque  la 
même  choie  qu'ergot.  Duhamel,  Cette  forêt  eft 
pleine  de  chicots.  Il  s'eft  bleifé  à  un  chicot. 
Chicot,  ert  termes  de  Peinture  ,  fe  dit  d'une  pointe 
d'arbre  à  peu  près  comme  un  if,  ou  comme  un  pal- 
mier. Le  maffacre  des  Innocens  par  Marc-Antoine 
avec  le  chicot ,  pièce  très-rare.  Catalogue  raifonné 
de  M.  Lorangere. 

En  termes  de  Bldfon  ,  chicot  fe  dit  d'Un  bâton 
houeux ,  d'un  rejetton  d'arbres ,  foit  des  racines ,  foit 
du  tronc ,  foit  des  branches.  Ji'w/o. 
Chicot  fe  dit  aufll  d'une  petite  poirite  de  dent  qui 
demeure  dans  la  gencive  ,  quand  elle  eft  pourrie  i 
ou  quand  on  l'arrache.  Putridi  cariojique  demis par- 
ticula. 
CHICOTER.  V.  n.  Terme  populaire.  Contefter  fuc 
des  bagatelles ,  fur  des  chofes  de  peu  d'importance. 
Contendere  ,  rixari ,  cavillari, 
CHICOTIN,  f  m.  Terme  dont  le  peuple  fe  fert  pour 
marquer  l'amertume  de  la  coloquinte  ic  de  l'alun. 
On  dit  d'une  chofe  défagréable  &c  très-amère  ,  cela 
eft  amer  com.me  du  chicotin.  On  en  faupoudre  le 
mammellon  des  Nourrices  des  enfans  qu'on  veut 
fevrer ,  8c  on  en  répand  aulfi  fur  les  alimens  qu'on 
veut  leur  faire  éviter  S>::  prendre  en  horreur. 

On  appelle  dragées  de  chicotin ,  certaines  dragées 
fort  amères ,  011  l'on  a  mêlé  du  chicotin, 
|p=  CHICUGEN  ,  royaume  du  Japon  dans  l'île  de 

Ximo. 
gr?  CHICUNGO  ,  royaume  dil  Japon  dans  l'île  de 

Ximd  ,  au  midi  de  celui  de  chicugen. 
CHIEF ,  f.  m.  s'eft  dit  autrefois  pour  chef.  Caput. 

Cheveux  frangés  par  gente  chevelure , 
Racine  &  chief /f  telle  créature,     Marot, 

IfT  CHIEGAN.  Voyei  KfECAN. 

Ip"  CHIELEFA.  Ville  de  la  Zacanie  dans  la  Morée ,  1 
demi-lieue  du  Golfe  de  Coron. 

IfF  CHIEMSÉE.  Ville  d'Allemagne ,  en  Bavière  ,  au 
milieu  du  lac  de  Chiemfee, 

CHIEN,  f.  m.  Chienne,  f.  f  Animal  domeftique  qui 
aboie  ,  qui  fert  à  garder  la  maifon  ,ècà.  la  chafTe. 
Canis,  Il  naîr  aveugle  ,  8c  vit  à-peu  près  douze  à 
quinze  ans.  Il  eft  ennemi  des  loups  &  des  crocodi- 
les. Le  chien  eft  le  fymbole  de  la  fidélité. 

Cet  animal  étoit  confacré  .à  Mercure,  comme  au 
plus  vigilant  &c  au  plus  rufé  de  rous  les  Dieux  ,  par- 
ce que  la  vigilance  &C  la  fagacité  font  le  propre  du 
Chien.  La  chair  des  Jeunes  chiens  éroit  réputée  fi 
pure  ,  qu'on  l'offroit  aux  Dieux  en  faerifice  ,  àï% 


CHI 


Pline  ,  8i  qu'on  fervoit  de  la  chair  de  chien  dans  les 
repas  prépares  pour  les  Dieux.  Les  chiens  croient  en 
srunci  honneur  dans  l'Et^yptc.  O^r  On  les  adoroit, 
dit  Strabon  ,dans  la  ville  de  Cynopolis,c'cft-à-d)re, 
ville  des  chiens.  Les  Egyptiens  gravoient  des  chiens 
à  la  porte  de  leurs  temples ,  pour  marquer  la  vigi- 
lance que  dévoient  avoir  les  Princes  dans  le  gou- 
vernement. Cir  dans  leurs  hiéroglyphes  le  chien  li- 
gnifie la  vigilance.  Kirker.  Mais  la  vénération  des 
Egyptiens  diminua  beaucoup,  loriqu'après  que  Cam- 
byle  eut  tué  Apis ,  &  l'eut  tait  jeter  à  la  voirie ,  il 
n'y  eut  que  le  chien  entre  tous  les  animaux  qui  alla 
fe  repaître  de  Ion  cadavre.  On  gardoit  un  chien  à 
Rome  dans  le  Temple  d'Elculapc.  Les  Romains  en 
crucifi'oient  un  tous  les  ans ,  en  punition  de  ce  que 
les  chiens  ne  les  avoicnt  point  avertis  par  leur 
aboiement  de  l'arrivée  des  Gaulois ,  qui  alllcgeoient 
le  Capitole, 

Les  chiens  font  en  telle  abomination  aux  Mal- 
dives ,  que  li  un  chien  avoit  touché  quelqu'un  du 
pays ,  il  iroit  incontinent  ie  baigner  pour  ie  puri- 
fier. Pyrard.  Au  contraire  chez  les  Gaures  ils  font 
en  fi  grande  vénération  ,  que  les  Prêtres  le  lervent 
des  chiens  pour  puriiier  leurs  pénitens.  Tavo.nier. 
Un  chien  fut  établi  pour  Gouverneur  de  la  Nor- 
vège par  Often  Roi  de  Suède  ,  après  qu'il  l'eut  fub- 
juguée  •,  il  obligea  par  ignominie  les  rebelles  à  ren- 
dre hommage  à  fon  chien  ,  qu'il  appeloit  Suening  , 
comme  témoigne  Saxon  le  Grammairien. 

Pline  ,  L.  XI  ,  c.  50  ,  obfetve  que  les  chiens 
casnars  ,  pour  me  fervir  des  termes  de  fon  Traduc- 
teur Du  Pinct ,  tiennent  toujours  la  queue  entre  les 
jambes.  Canum  dégénères  fub  alvum  rejlcclunt  (  eau- 
dam.  ) 

Sur  les  m.édaillcs ,  le  chien  efl:  le  fym.bole  commun 
de  la  fidélité.  Il  efl:  fur  la  médaille  d'Ulylié  ,  parce 
qu'il  le  fit  reconnoître  à  fon  retour  à  Itaque.  On  le 
donne  à  Mercure  à  caufe  de  fa  vigilance  &  de  fon 
indufl;rie  à  découvrir  ce  qu'il  quête.  Diane  a  les  lé- 
vriers auprès  d'elle.  Quand  il  efl:  auprès  d'une  co- 
quille ,  &:  le  mufeau  barbouillé  ,  il  marque  la  ville 
de  Tyr,  où  le  chien  d'Hercule  ayant  croqué  le  mu- 
rex en  revint  le  nez  tout  empourpré  ,  &  fit  connoî- 
tre  cette  belle  couleur.  P.  Jobert.  Favin  ,  Hijl  de 
Nav.  L.  XII,  p.  7H»tli':  «1"^ ,  par  jugement  de 
Louis  XII  ,3c  en  fà  préfence  ,  un  chien  combattit 
le  meurtrier  de  fon  maître  ,  &  en  eut  la  viétoire  -, 
que  l'hiftoire  en  cft  peinte  au  château  de  Montar- 
gis  ,  &  que  les  Gaulois  fi'  fervoient  de  chiens  à  la 
guerre. 

Ce  mot  vient  du  Grec  K-j^^r, canis.  Le  V.Vezton 
prétend  que  xi^y ,  canis ,  chien  ,  vient  du  ki  des 
Celtes ,  qui  a  la  même  lignification  -,  &  cela  efl  fi 
vrai ,  que  le  génitif  ^:tvos  ne  le  dit  que  parce  que  les 
Celtes  difentA//«&AoK72,  pourfignifier  des  chiens; 
&  que  de  ki  le  fait  ^r.Z,  moveo,  parce  que  le  chien  va 
&  fe  remue  fans  celle. 

Il  V  a  plufieurs  fortes  de  chiens  difïerens  ,  tant 
pour  la  taille  ,  que  pour  le  naturel  ,  ou  le  fervice 
qu'ils  rendent  aux  hommes. 

Les  premiers  fonr  les  chiens  de  chajje  ,Canes  ve- 
natici ,  dont  les  plus  nobles  font  les  chiens  cour  ans, 
ou  allans ,  qui  chaflént  par  la  force  de  l'odorat.  Ca- 
nis celer  tcurjor. 

Entre  les  chiens  ftançois ,  quelques-uns  fonr  ap- 
pelés de  race  royale  ,  qui  courent  à  force  les  cerfs , 
chevreuils ,  loups  &  fangliers.  Les  chiens  courans  , 
s'appellent  les  veneurs  -,  &  pour  cela  on  dit  qu'ils 
chaffcnt  de  gueule.  Voici  comme  Nicod  parle  de 
ces  fortes  de  chiens.  Les  chiens  courans  ,  dit-il , 
font  certaine  manière  de  chiens  afTez  grands ,  ayant 
les  narines  grofles  &:  ouvertes  ,  la  tête  grofl'e  5c:  le 
front  large  ";  les  lèvres  avalées  &:  pendantes  -,  ks 
yeux  gros  ,  noirs  ou  vermeils  -,  les  oreilles  larges , 
cpaifTes  Se  abatues  ;  le  mufeau  long  &  gros ,  defqucls 
on  fait  des  meures  pour  le  cerf  &  autre  bête  roufîe 
&:  fauve. 

Il  y  en  a  d'autres  de  race  commune  ,  ç[ui  chaffent 


C  H  I 

feulement  le  chevreuil  ,  le  loup  5c  le  fanglier-,  d'au» 
très  de  race  milee  on  peciu  race  ,  qui  chaifem  les 
lièvres ,  tant  dans  les  bois  que  dans  la  plaine. 

Il  y  a  aulîi  des  chiens  Anglois  de  trois  fortes. 
Ceux  de  la  race  royale  fervent  à  chailer  les  cerfs, 
daims  Se  chevreuils.  Les  chiens  bautis  font  pour  les  . 
lièvres, renards  6c  fangliers.  On  leur  coupe  prelque 
à  tous  la  queue.  Ils  font  plus  bas  de  terre  ,&  plus 
longs  que  les  autres ,  de  gorge  effroyable  ,  qui  heur- 
lent  lut  la  voie  ,  6c  qui  ont  le  nez  dur ,  6c  font  bar- 
bets à  demi-poil.  Les  bigles  font  pour  les  lièvres  & 
lapins.  Il  y  en  a  de  grands  &:  de  petits  ,6c  ils  font 
cxcellens  pour  courrir  le  lièvre  dans  les  plaines. 
Les  lévriers  font  chiens  à  hautes  jambes  qui 
chaffent  de  vîteffe.  Fertagi.  Voyez  lévrier. 

Les  limiers  ,  font  des  chiens  muets  qui  fervent  à 
quêrcr  Se  à  détourner  le  cerf,  chien  querant  Se  te- 
queranr.  Canis  vejligator ,  indagator. 
Chiens  bauds  ,  qu'on  lurnomme  greffiers ,  fonr  des 
chiens  blancs  dont  la  race  vient  de  Barbarie.  Canes 
alhi ,  vejiigiitores&  indagatores.  Ils  fonr  beaux  chaf^ 
feurs  ,  requérans  6c  forcenans.  Ils  chaffent  de  haut 
nez  ,  gardent  bien  le  change.  Ils  font  de  bonns 
créance ,  6c  tiennent  mieux  dans  les  chaleurs.  Ce 
font  les  meilleurs  pour  courre  le  cerf. 

Les  chiens  gris  favent  faire  rous  métiers  ,  &  cou- 
rent toutes  fortes  de  bêtes.  Les  chiens  noirs  qu'on 
appelle  de  Saint  Hubert ,  font  bons  pour  les  bêtes 
puantes.  On  en  conferve  la  race  en  mémoire  de  ce 
Saint  dans  l'Abbaye  qui  porte  fon  nom  dans  les  Ar- 
dcnnes.  Nicod  dit  qu'ils  font  puiffans  de  ccrfage  i 
qu'ils  ont  les  jambes  baffes  6c  courtes  ,  qu'ils  font 
de  haut  nez  ,  châtiant  de  forlonge  ,  3c  ne  craignant 
eaux  de  froidure.  Les  chiens  fauves  ou  ronges  font 
chiens  de  grand  cœur  ,  fort  hardis ,  6c  chiens  d'en- 
treprifc.  On  appelle  chiens  de  toute  pièce ,  ceux  qui 
font  d'une  couleur  ,  tout  blancs ,  ou  tout  noirs  . 
6cc,  Unius  ejufdemcjue  coloris  canes  ,  unicolor  cA' 
ni  s. 

Les  chiens  couchans ,  font  chiens  de  l'arquebule, 
qui  chaffent  de  haut  nez  6c  arrêtent  tout.  Auceps  ca- 
nis ,  canis  cubitor.  Les  meilleurs  viennenr  d'Etpagne. 
Ils  fervent  à  faire  lever  les  perdrix  3c  les  cailles  ,  & 
ces  chiens  font  au  poil  6c  à  la  plume.  On  dir  que  des 
chiens  piquent[la  fonnette  -,  pour  dire  ,  qu'ils  cou- 
rent trop  vigourculement  aptes  l'oifeau. 

Braques  ,  font  des  chiens  de  même  allure ,  auflî- 
bien  que  les  turquets  3c  métis. 

EpagneulsovL  Espagngols  ,font  des  chiens  qu.i 
chaflént  de  gueule  ,  6c  forcent  les  lapins  dans  les 
broufrailles.C<ï;z/j benè  auritus  &  cirratus.  Ils  rident 
ou  luivent  la  pifte  de  la  bête  fans  crier.  Ils  l'ont  bons 
auffi  pour  les  oifeaux  ,  3c  chaffent  le  nez  bas. 

Grimons  fe  dit  auflî  d'une  efpèce  de  chiens  qui 
chaffent  le  nez  haut ,  3c  qui  arrêrenrrout.  Canis  ja- 
gax.  Ils  viennent  d'Italie  5c  de  Piémont. 

Bajfets ,  qu'on  appelle  autrement  chiens  de  terre, 
font  des  chiens  qui  entrent  dans  les  tanières  des  re- 
nards 3c  taiffons.  Canis  brevioribus  tibiis  animalium 
fubterraneorum  indac^ator,  invcftigator.Ws  viennent 
de  Flandre  5c  d'Artois.  Ils  attaquent  tout  ce  qui  fe 
terre,  comme  bléreaux ,  renards,  chats,  harêts,  fouï- 
ncs,purois.  Ils  quêtent  bien,5c  fervent  aufîî  à  l'arque- 
bufe.  Ils  font  noirs  à  demi-poil  ,  avec  la  queue  en 
rrompe.  Il  y  en  a  qui  ont  double  rang  de  dents  com- 
me les  loups ,  &c  qui  font  fujets  à  mordre  ,  qui  ont 
les  pattes  de  devant  tortues.  On  parle  aux  bajfets  ta 
leur  crianr ,  Coule ,  coule  bafets. 
Chiens  de  vautrait.  Voyez  vai'trait. 

Barbets ,  font  chiens  frif es  qui  chaffent  le  nez  bas 
quand  le  gibier  fuit ,  &:  le  nez  haut  quand  il  demeu- 
re. Ils  l'arrêrent  fur  terre  3c  dans  l'eau.  Longioris  at- 
que  crij'pi  villi  canis  ,  canis  cirratus.  Leur  principa- 
le qualité  efl:  de  rapporter  ,  6c  ce  font  les  plus  fidè- 
les chiens  du  monde  ,  qui  ne  veulent  connoître 
qu'un  maître  ,  6c  ne  le  perdent  jamais  de  vue.  Ou 
les  appelle  aufTl  chiens  à  gros  poil. 

Dogues  ,  font  chiens  de  combat  qui  fervent  à 
afTaillir  les  grolfes  bêtes ,  coiirme  des  taureaux  j  des 


"C  H  î 

lions  ,  ^c.  Âhloff'us  Britannicus.  Les  Elpag^noîs 
doivent  une  parue  des  conquêtes  de  l'Amcrique  à 
des  dogues  d'Angleterre ,  comme  on  voit  dans  Her- 
réra.  Le  mot  de  dogue  cft  angiois ,  &  iignifie  chieji. 
Malins.,  fom  cldcjisàc  garde,  qu'on  laiiiè  dans  les 
baiîe-cours  pour  aboyer.  Canis  viUaticus.  Il  y  a  aulfi 
des  mâtins  dans  le  vautrait  pour  chafler  au  Ihnglier. 
Chiens  allaiis  ongemi/s  ,  font  de  gros  chiens  qui  en 
allant  détournent  le  gibier.  On  le  ditauffi  des  chiens 
de  Bouchers  qui  fervent  à  conduire  leurs  troupeaux. 
Lctnionius  canis. 

On  appelle  chiens  trouvears  ,  des   chiens   qui 
vont  requérir  un  renard  ,  quand  il  y  auroit  vingt- 
quatre  heures  qu'il  leroit  pafîc. 
Ghien  barreur  ,  cft  le  meilleur  chien  pour  le  che- 
vreuil. 

On  appelle  un  chicrifecret ,  un  limier  qui  poufle 
la  voie  ians  appeler.  Kcjiigator  canis  tacitus.  On 
l'appelle  aufli  muet ,  &  on  dit  qu'il  ride. 

Un  chien,  babillard  ou  qui  caquette  ,  clamofus , 
eft  celui  qui  crie  hors  la  voie  ,  &  le  plus  (buvcnt 
d'ardeur  ,  ou  qui  crie  des  matinées  entières.  On  l'ap- 
pelle en  latin  argutarius  ,  dont  il  eft  parlé  dans  la 
Loi  Salique. 

Un  c/iien  menteur  ,  eft  un  chien  qui  celé  la  voie 
pour  gagner  le  devant.  Canis  mendax. 

Un  chien  vicieux  ,  celui  qui  chaffe  tout  ce  qu'il 
tencontre  ,  &  qui  s'écarte  toujours  de  la  meute.  Ca- 
nis vitiofus.  Un  chie7i  de  bonne  créance  ,  de  bonne 
ajffaire ,  quand  il  eft  docile  &  obéilîant,  docilis ,  ob- 
fequens.  Un  chien  qui  chafle  de  forlonge  ,  qui  lent 
de  loin  le  gibier  ,fagax  ;  un  chien  qui  ne  fe  rompt 
point  au  bruit.  Canis  ufque prœdam  infequens. 

Un  chien  j'age ,  qui  chafle  bien  ,  qui  tourne  jufte. 
Venandi  peritus.  Un  chien  de  tète  ,  &  un  chien  d'en- 
treprife  ,^ui  cft  hardi  &  vigoureux  ,  Strenuus ,  ani- 
ma jus-. 

On  dit  qu'un  chien  a  le  nez  dur  ,  lorfqu'il  rentre 
Snalailement  dans  la  voie  ,  &  qu'il  reprend  lente- 
ment ,  obtufa:  naris  -,  qu'il  eft  de  haut  nez  ,  lorfqu'il 
va  requérir  fur  le  haut  du  jour  -,  &  qu'il  a  le  nez 
fin,  lorqu'il  chafle  bien  dans  les  chaleurs  &  dans  la 
pouHière  ,  canis  doclus  ,  ou  duclor ,  ou  canis  ju- 
dex. 

On  appelle  chien  d'aiguail,  celui  qui  chafle  bien 
le  matin  ,  lorfque  la  rofée  eft  fur  la  terre  ,  &  qui 
ne  vaut  rien  au  haut  du  jour  ,  canis  rnatutinus  ;  &;  au 
contraire  un  chien  de  haut  jour  ,  qui  ne  vaut  rien 
dans  l'aiguail.  Canis  ferotinus. 

On  apelle  chien  etrajffe  ,  celui  qui  a  une  cuiife 
qui  ne  prend  plus  de  nourriture  ,  de  qui  eft  boi- 
.  teux  ;  canis pede  mutilus  aliquo  ;  chien  butté ,  celui 
à  qui  la  jointure  des  jambes  de  devant  groflit ,  canis 
injlatas  ojjium  commijjiiras  habens  ;  chien  épointé , 
celui  qui  a  des  os  des  cuiffcs  rompus  •,  aliqua  cor- 
poris  parte  fraclus  ;  chien  alongé  .  celui  qui  a  les 
doigts  du  pied  ^tendus  par  quelque  bleflure  qui  a 
touché  les  nerfs  ;  chiens  courtauts ,  cauda  mutilus , 
decurtatus. 

On  dit  qu'un  chien  a  belle  gorge  ,  lorfqu'il  crie 
bien  ,  &  qu'il  a  la  voix  groife  &  forte  ;  qu'un  chien 
aboie  ,  quand  il  fent  le  gibier  ou  quelque  chofe 
d'étrange  -,  qu'un  chien  jappe  ,  lorfqu'il  crie  fans 
fujet  ,  ou  au  moindre  bruit  de  nuit  ou  de  jour  ;  & 
qu'il  hurle  ,  lorfqu'il  fent  des  loups  ,  ou  une  chien- 
ne chaude  qu'il  ne  peut  joindre.  On  dit  que  le  chien 
fonne  -,  pour  dire  ,  qu'il  appelle  au  bon  chemin  , 
ayant  trouvé  la  trace. 

On  appelle  un  chien  armé  ,  armatus  ,  quand  il 
eft  couvert  pour  attaquer  un  fanglier. 

C'eft  une  bonne  qualité  de  chieji ,  d'avoir  le  jarret 
droit  &  bien  herpé. 

A  la  chaffe  on  dit ,  parler  aux  chiens  ;  pour  dire  , 
les  ré'ouir  ,  comme  on  fait  à  la  chalfe  du  cerf  ,  cani- 
hus  blanàiri ,  canes  voce  mulcere  ,  ou  les  exciter  , 
ou  menacer  comme  on  fait  à  celle  du  fanglier  avec 
des  cris  rudes  Bc  furieux  ,  Se  avec  la  trompe.  Incre- 
pare  ,  minitari.  On  appelle  titre  de  chiens  ..XzWan  où 
l'on  pofe  les  chiens  ,  afin  que  q^uand  la  bête  paflera , 


G  H  î 


t?! 


lis  la  courent  bien  à-propos.  Opponunus  locus.  Ces. 
chiens  font  mis  en  un  bon  titre  ;  pour  dire  ,  font 
poftcs  en  un  bon  relais. 

Trait  de  chien  fe  dit  des  longes  de  crin  &  des 
colliers  qui  fervent  à  coupler  les  chiens.  Lorum. 
Ainli  on  dit  ,  qu'un  cerf  ou  une  autre  bête  a  fenti  le 
Vent  du  trait  j  pour  dire  ,  des  chiens. 

Rompre  les  chiens  ,  ie  dit  de  la  faute  d'un  Pic- 
queur  &  chafleur  ,  lorlqu'ils  paflent  à  travers  djs 
chiens  pendant  qu'ils  courent ,  &  ainfi  rompent  leur 
courfc.  C'eft  aufli  les  rappcUer  pour  les  empêcher  de 
continuer  la  chafle.  Curjum  canum  avcrtere.li  faut 
quelquefois  rompre  les  chiens  ,  les  menacer  ,  les  re- 
coupler &  fapper  à  route ,  afin  de  fuivre  &:  relancer 
le  cerf,  qui  leur  a  donné  le  change  ,  &  les  a  fait  tor.:- 
beren  défaut. 

On  dit  figurément  en  ce  fens ,  rompre  les  chizns  j, 
quand  on  interrompt  quelqu'un  dans  fon  difcoijfs ,' 
pour  empêcher  qu'il  ne  dile  quelque  chofe  de  dcfa- 
vantageux ,  ou  qu'il  n'entreprenne  quelque  affairci 
Interpellare, 

Le  droit  des  chiens  cft  ce  qu'on  leur  donne  à  la 
curée  ,  comme  la  langue  ,  le  muftle  ,  les  oreilles  d'uti 
cerf.  Parsprœdx  canibus  débita. 

Il  y  a  enfin  des  chiens  de  chambre  pour  le  diver- 
tiflément  des  Dames ,  qu'on  nourrit  pour  leur  peti- 
teffe  ,  leur  beauté  ,  &  qu'on  appelle  chiens  de  man- 
chons,  comme  les  chiens  de  Boulogne  ,  d'Artois, 
cpagneuls ,  bichons  ,  barbets ,  levrons  ,  chiens  ras 
ou  de  Barbarie  ,  &c.  Catellus.  Chien  de  Boulogne. 
C'eft  un  petit  Chien  de  manchon.  Canis  Bolonienjis. 
Ils  font  ainfi  appelés ,  parce  qu'ils  viennent  de  Bou- 
logne, où,  pour  les  empêcher  de  croître,  on  les  frot- 
te pendant  plulieurs  jours  en  toutes  les  jointures  du 
corps ,  avec  de  bon  efprit  de  vin  ,  immédiatement 
après  qu'ils  font  nés. 

Dogiiin ,  eft  un  petit  dogue  ;  il  y  a  quelque  temps 
qu'on  en  voyoit  par  tdut ,  aujourd'hui  la  mode  en 
eft  paflce. 

Les  Seigneurs  levoient  autrefois  un  droit  'qu'ils 
appeloient  la  nourriture  des  chiens,  &  en  latin  dans 
les  Adtes.  Cibus  Canum.  Voyez  Lobincau  ,  Hifl.  de 
Bret.T.  II ,  p.  2.95.  |13"  Lcpaftdec/iiV/z^  étoit  une 
charge  que  les  Seigneurs  impofoient  à  leurs  ténaii- 
ciers  de  nourrir  leurs  chiens  de  chaffe. 
Chien  fe  dit  figurément  des  chofes  &  des  perfonnes 
par  mépris  &  par  injure.  Les  Turcs  nous  appellent 
chiens,  nous  traitent  comme  des  chiens.  On  dit  un 
chien  de  valet ,  un  chien  de  Procureur ,  un  chien  de 
fripon.  Il  leur  faut  des  vafes  d'or  pour  mettre  leur 
chien  de  mufeau.  Mademoiselle  l'Héritier. 

Qui  tantôt  ejl  venu  me  parler 

D'un  chien  de  mariage  à  rfie  faite  fifler  î  R. 

Voilà  de  beaux  chiens  de  vers  !  Voilà  un  beau  lo- 
gement de  chien ,  un  beau  préfent  de  chien  !  Tout 
cela  eft  du  ftyle  familer.  Cette  injute  s'exprime  en 
latin  par  des  adjedifs  propres  de  la  perfonne  ou  de 
la  chofe  à  laquelle  on  attribue  ce  mot  de  chien.  Le 
Maire ,  dans  fon  Hifioire  d'Orléans ,  rapporte  après 
Mathieu  Paris ,  en  la  vie  d'Henri  III  Roi  d'Angle-» 
terre  ,  que  l'on  appelle  populairement  &  proverbia- 
lement les  Orléannois ,  chiens  d'Orléans ,  pour  di- 
re ,  des  chiens  qui  n'aboient  point ,  ou  des  gens 
muets ,  qui  ne  s'oppofent  point  au  mal  ;  parce  que 
les  Paftoureaux  ,  brigands  qui  s'élevèrent  en  Franco 
durant  la  captivité  de  S.  Louis ,  &  pillèrent  piufîeurs 
villes  fous  prétexte  d'aller  délivrer  le  Roi  ;  les  Paf- 
toureaux ,dis-je  ,  étant  venus  à  Orléans ,  &  les  Eco- 
liers &  le  Clergé  les  ayant  infultés  &  voulu  les  chaf^- 
fer  ,  &  ces  brinçands  ayant  dans  cette  émeute  tué 
6c  jeté  dans  la  Loire  beaucoup  d'Ecoliers  &  d'Ec- 
cléfiaftiques ,  l'Evêque  d'Orléans  mit  la  viUe  en  in- 
terdit ,  parce  que  les  habitans  avoicnt  diUlmulé  ou 
même  confenti  à  ces  violences  des  Paftoureaux  ,  ce 
qui  leur  fît  donner  ce  nom  de  chiens^  d'Orléans. 
Mais  le  Maire  conje^lurç  que  c'eft  plutôt  à  caufe  de 


n^        CHi 

leur  fidélité  pour  nos  Rois  ,  parce  que  le  chien  efl: 
le  fymbolc  de  la  fidélité. 

On  appelle  Cerhire  ,  le  chien  à  trois  têtes  ,  que 
les  Poètes  ont  teint  être  commis  à  la  garde  des  En- 
fers. Ccrbcrus ,  triceps  canis. 
ft3"  En  Afteonomie  on  donne  le  nom  de  grand  &  de 

petit  chien  à  deux  conilellations. 
(fT  Le  grand  chien  ,  placé  fous  les  pies  d'Orion  ,  un 
peu  vers  l'Occident ,  clt  compolc  de  dix-huit  étoi- 
les ,  fuivant  Ptolomée  ,  &  de  trente-deux,  iUivant 
rir.mflccd.  C'eft  dans  cette  conflellation  qu'on  voit 
cette  étoile  remarquable  5  qui  cil  la  plus  belle  de 
toutes ,  qu'on  appelle  Sinus.  On  défigne  la  conllel- 
lation  par  le  même  nom. 
^3'  Le  petit  chien  ,  place  entre  l'Hydre  Se  Orion , 
'efl:  une  conftellation  comporée  de  deux  étoiles  , 
dont  l'une  cft  de   la  première  grandeur  :  c'cft  ce 
.   qu'on  appelle  Canicule. 
J 

Mais  aujourd'hui  dans  nos-plaines 
Le  Chien  hTÛhun  de  Prccris 
De  Ficre  aux  douces  haleines 
De£eche  les  dons  chéris.  R. 

Voiîms  de  Jdol.  Lih.  I ,  cap.  30 ,  Croit  que  le  Bac- 
chiis  de  la  fable  eft  Moïlé  ',  que  le  chien  de  Bacchus , 
qui  lut  mis  au  nombre  des  ARres ,  &  qui  étoit  fon 
fidèle  compagnon  ,  cft  le  caleb  de  l'Ecriture  ,  a'".2  ; 
Caleù  en  hcbrcU  fîgnifie  chien.  Il  ajoute  que  chien 
cil  aufîî  appelé  /txi^u  dans  Hefychius,  que  c'eft  du 
nom  de  Marie  fceur  de  Moife  ,  comme  l'a  penic 
l'Anglois  Sanford  ,  que  cet  Aftre  palFoit  pour  faire 
mùiit  le  raifin  ,  à  caufe  du  raiiîn  que  Caleb  apporta 
à  MoVfe  aptes  avoir  reconnu  &c  vifité  la  terre  de 
Chanaan. 

Le  figne  du  chien  fut  honoré  par  les  Egyptiens  , 
fous  les  noms  d'IJi's  &c  de  Sothis ,  comme  Vollius 

'    le  montre.  De  Idol.  L.  II,  c.  5^,/'.  i)i. 

Î^ST*  Chien  ,  [porte  dii  )  ou  porte  Caniculaire  ,  porte 
i  Rome  5  fclon  fefins  ,  où  l'on  immoJoit  des  chiens 
de  pbil  roux  à  l'écoile  Caniculaire  ,  pour  faire  mû- 
tir  les  Bleds. 

Chien  de  mer  ou  marin ,  ou  chien  de  la  mer  méditer- 
rannée.  Efpèce  de  Squalus.  C'eft  un  poiflbn  long  , 
à  muiéau  pointu  ,  qui  a  des  dents ,  &  dont  la  peau 
cft  très-rude.  H-jl.  de  l'yJcad.  des  Se'  ly^i , p.  ^t, 
Canis  marinus  ,  cojiicida.  marina.  Le  grand  chien 
de  mer  a  quatre  ou  cinq  rangs  de  dents  à  chaque 
mâchoire  ,  dont  quelques-unes  ont  un  pouce  de 
long ,  Se  font  extrêmement  rudes ,  tranchantes  & 
pointues ,  qui  ne  leur  fervent  pouitant  point  à  man- 

'  gcr  leur  proie,  parce  qu'on  a  trouvé  des  hommes 
tout  entiers  dans  leur  ventre. 

Chien  maron.  f.  m.  Animal  des  Indes  ,  qui  tient  pref- 
que  également  du  chien  ,  du  loup  &  du  renard.  11 
eft  de  grandeur  médiocre,  d'un  poil  gris  2c  roux.  Il 
a  les  oreilles  courtes  &:  pointues ,  le  mufeau  affilé , 
les  jambes  hautes,  la  queue  longue  ,  le  corps  gtêlc 
&  déchargé.  Il  n'aboie  point  comme  le  chien,  mais 
il  crie  à  la  manière  des  enfâns  ;  au  refte,  il  eft  trcs- 
votace  de  fon  naturel,  &  quand  la  faim  le  prefle  ,  il 
e.itre  la  nuir  dans  les  maifons ,  &  fe  jette  fouvent  fur 
les  perfonnes.  P.  Le  Comte. 

Chien.  Terme  d'Arqucbulier.  C'eft  une  pièce  de  fer 
mobile  ,  appliquée  fur  la  platine  d'un  piftolet,  d'un 
fufd  ,  d'une  arquebufe.  Rojlrum ,  rojlellum.  Elle 
tient  la  pierre ,  &  fait  le  feu  quand  elle  eft  lâchée.  Il 
courut  le  piftolet  bandé,  la  carabine  à  la  main, 
avec  le  chien  abattu  ,  &c. 
Chien  ,  eft  encore  un  terme  d'Artifan ,  &  c'eft  une 
barre  de  fer  carrée  ,  qui  a  un  crochet  en  bas ,  &  un 
autre  qui  monte  &  dcfcend  le  long  de  la  barre.  Un~ 
cum  retinaculum.  C'eft  ce  que  les  Mcnuifiers  & 
quelques  autres  ouvriers  appellcnt_/«r^f«/.  Les  Ton- 
neliers ,  qui  fe  fervent  beaucoup  de  cet  outil,  lui 
donnent  le  nom  de  chien  ,  parce  qu'il  ferre  &  mord 
fortement  le  bois.  Ils  appellent  chienne  ,  une  autre 
forte  de  crochet  qu'ils  ont,  qui  tire  &  qui  pouffe  en 
même  temps. 


C  H  I 

CniEN  fe  dît  ptoverbialement  en  ces  phrafes.  Oh  dit 
de  deux  amis  qui  ne  vont  point  l'un  fans  l'autre , 
que  c'eft  S.  Roch  &  fon  cA^f/2.  Qui  aime  Bertrand, 
aime  fon  chien  ;  pour  dire  -,  qu'il  faut  prendre  les 
paillons ,  Ls  intérêts  &:  les  fentimens  de  l'on  ami. 
On  dit  d'un  traître,  d'un  hypocrite,  d'un  flateui, 
qu'il  fait  bien  le  chien  couchant  -,  de  deux  ennemis, 
que  leurs   chiens  ne  chalfent  pas  enfcmblc  ;  d'un 
homme  odieux  qui  entre  en  quelque  lieu ,  qu'il  y  eft 
bienvenu  comme  un  chien  dans  un  jeu  de  quilles; 
des  gens  qui  fe  haïifent ,  qu'ils  s'accordent  comme 
chiens  ÔC  chatsi  de  celui  dont  onfouhaitela  mort* 
&   qui  échappe  de  quelque  péril  ,  qu'il  mourroit 
plutôt  un  bon  chwn  de  Berger.  On  dit  qu'il  vaut  au- 
tant être  mordu  d'un  chien  que  d'une  chienne  ;  poat 
dire ,  que  de  quelque  côté  que  vienne  le  mal ,  il  eft 
également  fenfîble  -,  qu'il  ne  fe  faut  pas  mocquer  des 
chiens  qu'on  ne  foit  hors  du  village  i  pour  dire, 
qu'il  ne  faut  pas  choquer  un  homme  tant  qu'on  eft 
dans  un  lieu  où  il  eft  le  plus  forr ,  où  il  nous  peut 
nuire  ;  qu'il  faut  flatter  les  chiens  jufqu'à  ce  qu'on 
foit  aux  pierres ,  pour  dire  qu'il  faut  faire  bonne 
mine  à  de  certaines  gens  tant  qu'ils  font  en  place, 
ou  qu'on  n'eft  pas  en  état  de  leurrclifter.  On  dit  à 
un  glorieux  qui  fe  fiché  qu'on  le  regarde  trop  fixe- 
ment ,  un  chien  regarde  bien  un  Evcque.  Il  ne  faut 
pas  tant  de  chiens  après  an  os  ;  pour  dire,  qu'il  eft 
fâcheux  de  partager  un  ptofit  avec  beaucoup  de  pet- 
fonnes ,  ou  d'être  plulieurs  à  avoir  les  mêmes  pré- 
tentions. Jamais  à  un  bon  chien  j  il  ne  vient  un  bon 
os-,  pour  direi  que  ceux  qui  ont  bonne  envie  de 
travailler  ,  n'en  trouvent  pas  les  occations.  Jeter  un 
os  à  la  gueule  d'un  chien  pour  le  faire  taire  ;  ce  qui 
a  lieu  au  figuré  »  pour  dire  ,  faire  un  prélént  à  quel- 
qu'un ,  pour  l'empêcher  de  crier  &  de  venir  troubler 
quelque  affaire  importante.  On  dit  qu'il  n'eft  telle 
chalfe  que  de  vieux  chiens,  &c  qu'un  bon  chien  chaffe 
de  race  ;  pour  dire',  que  la  naifiance  &c  l'expérience 
donnent  de  grands  avantages  furies  autres;  qu'il 
n'eft  chien  que  de  vieille  meute ,  pour  dire ,  que  les 
vieux  routiers  font  plus  habiles  que  les  autres.  0n 
dit  d'un  homme  peu  eonfidéré  ,  qu'il  a  crédit  com- 
me un  chien  à  la  boucherie  ',  d'un  vaurien ..  qu'il  ne 
vaut  pas  les  quatre  fers  d'un  chien.  Cela  n'eft  pas 
tant  Zhien,  pour  dire,  cela  n'eft  pas  mauvais.  On 
dit  qu'un  homm.e  n'eft  pas  bon  à  jeter  aux  chiens, 
quand  il  fait  quelque  lâcheté,  quelque  indignité* 
On  dit  de  celui  qui  a  des  prétendons  à  quelque 
chofe  ,  quoique  fort  éloignées  ,  qu'il  n'en  jette  pas 
fa  part  aux  chiens.  On  dit  auili ,  petit  chien ,  belle 
queue.  On  dit  à  ceux  qui  ont  une  méchante  caufe, 
fi  vous  n'avez  pas  d'autre  fifflet,  votre  chien  eft  per- 
du. On  dit  d'un  homme  peu  complaifant,  qui  ne 
fait  rien  de  ce  qu'on  defire  ,  que  c'eft  un  chien  de 
Jean  de  Nivelle ,  qui  s'enfuir  quand  on  l'appelle. 
Foye[  l'origine  de  ce  proverbe  au  m.ot  Jean.  On  die 
d'un  envieux  ,  qu'il  eft  comme  le  chien  du  Jardinier, 
il  ne  mange  point  de  choux  ,  &  ne  veut  pas  que  les 
autres  en  m.ingent  ;  de  ceux  qui  entreprennent  quel- 
que chofe  au-delà  de  leurs  forces  ,  qu'ils  font  com- 
me les  grands  chiens ,  qu'ils  veulent  pifier  contre 
les  murailles  ;  des  pécheurs ,  qu'ils  font  comme  les 
chiens ,  qu'ils  retournent  à  leur  vomi/fement  ;  de 
ceux  qui   font  quantité  de  cris  &  d'imprécatiorts 
inutiles ,  que  ce  font  des  chiens  qui  aboient  à  la 
lune;  de  ceux  qui  font  des  menaces  vaines  ,  cA/Vn 
qui  aboie  ne  mord  pas.  On  dit  aux  gens  querelleux, 
que  les  chiens  hargneux  ont  toujours  les  oreilles 
déchirées.  Au  c^;e/:qui  mordilfiiutjeter  des  pierres, 
pour  dire,  qu'il  ne  faut  rien  pardonner  aux  médifans 
&  malfaifans.  Il  ne  faut  pas  tuer  fortchien  pour  une 
mauvaife  année-,  pour  dire, qu'il  nkfàut  pasfedé- 
fefpérer  pour  quelque  petite  dilgrace.  On  dit  d'un 
homme  qui  détruit  quelque  chofe  de  conféqitence 
pour  s'en  fervir  à  un  ouvrage  de  peu  d'importance  i 
que  c'eft  écorcher  fon  chien  pour  en  avoir  la  peau  -, 
de  deux  perfonnes  qui  fe  font  unies  pour  quelque 
affaire,  mais  qui  font  d'une  humeur diflfcrente,  ou 
qui  ont  des  vues  &C  des  intcrcîs  divers ,  leurs  chiens 


C  HI 

ne  chaflerorit  pas  long' temps,,  enremble  ;  pour  dire  , 
qu'ils  le  brouillèrent ,  qu'ils'lè  divif^ront  bientôt. 

On  dit  à  des  gens    timîdbs  ,  entrez  ,    il  n'y'  a 
point  de  danger,  nos  chuns  IbnrTiés.  On  dit  auffi  , 
pour  reprocher  ou  plaindre  lamifète  de  quelqu'un  , 
On  l'abandonne  comme  un  pauvre'  chien.  11  mène 
une   vie  de  ckicji.  Il  n'a  ni  foi  ni  loi,  il  vit  comme 
nn  chien.  Il  eft  comme  un  chien  à  l'attache.  Il  efl;  las 
comme  un  pauvre  c/z/t/z.  On  l'abattu,  on  l'a  étrille 
comme  un  chien  ccurtaut.  Les  coups  de  bâton  folit 
pour  les  chiens.  On  dit  d'un  milérable  qu'on  aban- 
donne, qu'on  ne  lui  demande  pas,  es-tLi  chien.,  es-tu 
loup  î  On  dit  aulli,  quand  on  veut  noyer  ion  chien  , 
on  l'accufe  de  la  rage-,  pour  dire,  que  quand  on 
veut  rompre  avec  quelqu'un ,  on  lui  impute  quelque 
crime  ou  quelque  faute.  On  dit  d'un  jeune  étourdi , 
qu'il  cil  fou  comme   un   jeune  chien  ,  qu'il  court 
comme  un  chien  fou  ;  d'une  chofe  tortue  ,  d'une 
jambe  mal  faite,  qu'elle  efl  droite  comme  la  jambe 
d'un  chien.  On  appelle  iîgurcment  un  chien  au  grand 
collier  ,  celui  qui  mène  les  autres ,  qui  cil  le  princi- 
pal dans  une  mailbn  ,  dans  une  allcmblce.  On  dit  j 
d'un  homme  accoutume  à  la  fatigue,  qu'il  y  eft  ac- 
coutumé comme  un  chwn  à  aller  nue  tcte,  à  aller 
à  pié.  On  dit  encore  tandis  que  le  chien  piife,  le  loup 
s'cnfuif,  pour  dire,  que  tous  les  momens  font  pré- 
cieux en  certaines  occafions.  TJn  bon  chien  n'aboie 
point  à  faux  :  ce  qui  fc  dit  au  figure  d'un   habile 
homme  ,  qui  fait  toujours  bien  réullir  fes  entrepri- 
fes ,  par  ce  qu'il  fait  bien  prendre  Ton  temps ,  & 
ménager  les  occalîons.  Battre  le  chien  devant  le 
lion  ;  pour  dire ,  châtier  un  petit  devant  un  plus 
puiflant  qui  a  commis  la  même  faute.  Entre  c/z/f/z 
&  loupi  pour  fignifier  le  crcpufcule,  ou  le  tems 
fombre  qui  efi:  entre  le  jour  &  la  nuit,  &  où  on  ne 
peut  difcerner  un  chien  d'avec  un  loup.  Crepufculo  , 
lace  duhia.  Onditaufll  d'un  homme  d'un  bel  exté- 
rieur ,  &  qui  paroit  brave,  mais  qui  ne  l'eft  pas , 
c'efl:  un  beau  chien ,  s'il  vouloir  mordre. 
Chien.  (  Ordre  du  )  Les  Chevaliers  du  chien.  Ordre 
de  Chevalier  ,  inftitué  ,  dit-on,  par  Bouchart  IV  de 
Montmorency ,  qui ,  après  avoir  été  vaincu  en  1 104 
félon  Du-Tillet  ,  par  Louis,  fils  de  Philippe  I,  qui 
fut  depuis  Louis  le  Gros ,  vint  à  Paris   fuivi  d'un 
grand  nombre  de  Chevaliers  portans  tous  un  collier 
fait  en  façon  de  tête  de  cerf,  avec  une  médaille  où 
fe  voyoit  gravé  un  chien ,  apparemment  pour  fym- 
bole  de  la  fidélité  qu'ils  vouloient  garder  au  Roi 
dans  la  fuite.  C'eft-là  ce  qu'on  appella  les  chev.ïliers 
du  chien  ,  qui  ne  fe  perpétuèrent  point,  &  ne  firent 
point  proprement  un  Ordre.  On  croit  encore  que 
c'eft  de  là  que  Montmorency  porte  un  chien  pour 
cimier  de  fcs  armes. 

L'Abbé  Juftiniani  a  parlé  de  cet  Ordre  dans  fon 
J.  Tom.  c.  VUl,p.  5  -,  mais  il  attribue l'inftitution  de 
cet  Ordre  au  chef  de  la  mailbn  de  Montmorency , 
qui  fe  convertit  immédiatement  après  Clovis.  Il  dit 
encore  que  dans  la  lliite  ,mais  on  ne  fait  pas  quand  , 
un  Pierre  de  Montmorency  inftitua  l'Ordre  du  coq  , 
&  l'unit  à  celui  du  chien.  La  devife  étoit  un  coq  , 
avec  ce  mot  latin  Figiles.  Il  cite  Beloy  dans  fes 
Menenius  Delius ,  Origines  des  Ordres  de  Cheva- 
lerie ;  le  Feron ,  Armes  des  Conjietahles  de  France  -, 
PapyreMaifondans  ks  Annales ,  dei  Alichieli'Jof. 
Tejbro  milit.  le  P.André  Meedo  ,  Traité  des  Ordres 
Milit.  Caramucl    Theolog.  Regiil, 
CHIENDENT,  f.  m.  Genre  de  plante  très-étendue , 
auquel  ou    a  confervé    le   nom   de  gramen  ,  qui 
vient  de  gradiri  ,  tracer.  Il  n'y  a  cependant  que 
quelques-unes  de  fes  efpèccs  qui  tracent  ou  éten- 
dent leuis  racines  çà  &  là.  Deux  de  celles-ci  font 
ufitées  dans  la  Médecine  ,  &  fervent  de  bafe  aux 
tifannes.  On  trouve  le  long  des  chemins  &  dans 
les  champs  cette  forte  de  plante  ,  &:  la  difficulté 
qu'on  a  de   les  arracher   entièrement  a   paflc    en 
proverbe -,  car  l'on  dit  d'une  chofe  difficile  à  en- 
.trcprendre  ,  ou  qui  n'eft  pas  aifée  à  terminer,  aue 
c'eft  du  chiendent.  On  dit  encore  des  pcrfonncs  fi 
ancrées  dans  quelques  tnaifons  ,  qu'on  a  peine  à 
;  Tome  IJ, 


C  H  I'  f  j7 

s'en  dcKarrafler",  qu'elles  y  tiennent  comme  diien. 
i/L-vz/.  Quelques  Auteurs  l'ont  appelclo  gravten.^  ne 
voulant  point    dire  chiendent ,  a  cauie  qu'il   n'y.  ai 
que  quelques-unes  de  ces  plantes   qui   ont   leur^ 
fouilles  rudes  ,  &  que  les  chiens  mangent  paur  fe 
faire  vomir.    Le   vulgaire   confond  toutes  les    ei- 
pcces  de  chiendent ,  &  les  nomme  du  nom  à'kerbe. 
Le  grand  nombre  d'efpèces  àc  chiendent ,  que  les 
Botaniftes  ont  découvert,  font  rangées  fous  quel- 
ques différences  particulières  ,  qui  fe  tirent  durap- 
port  qu'elles  ont  avec  les  plantes  ifomentacces , 
cerealia  ,  dont  elles  diffèrent  néanmoins  par  la  pe- 
titcife   de  leurs  femcnces.  Les  cfpèces  qui  ont  un 
épi  de  feigle  ou  de  froment  font  nommées  gra- 
mina  fpicata ,Jecalina  ;  triticea  ,  d'orge,  hordeacea, 
d'ivraye  ,  loliacca ,  d'avoine ,  avenacea  ,  dj  millet , 
mi/iacea;  de  la  mafle ,  [yphina.  Celles  qui  ont  plu- 
ficurs  épis  rangés  comme  les  doigts  de  la  main  , 
digitatà  ;  &  enfin,  celles  qui  ont  leurs  épis  étendus 
cv  éparpillés  en  manière  d'aigrette  ,paniculata.  On 
a  trouvé  encore  tant  de  rapport  dans  toutes  les 
parties  des  chiendents  Se  des  fromentacées  ,  qu'on 
a  adopté  les  termes  confacrés  par  l'antiquité  pour 
les  defcriptions  de  celle-ci.  Ainfi  on  dit  des  racines 
de  pluficurs  chiendents  ,  qu'elles  ibnt  chevelues  8c 
crépues ,  radiées cirrvjk  ;  leur  tige  fe  nommschaume 
&  chalumeau  ,  culmus  ,  d'où  vient  le  nom  géné- 
rique//^w/iE  culmifene  ■^Q^S'on  a  attribué  en"  latin 
à  toute  la  famille  des   plantes    qui  renferme  les 
fromentacées ,  les  chiendents  ,  les  panis  ,  les  mays , 
&■  autres   qui  ont    quelque  convenance   par  leur 
frutlification  &  leurs  autres  parties  ,  ou   premier 
genre  ,  qui  doit  être  le  froment ,  triticum. 

Le  chalumeau  ,  dans  la  plupart  des  chiendents  , 
cft  noueux  par  intervalle ,  &  de  chaque  nœud  prend 
naiffince  une  feuille  qui  eft  roulée  en  partie  au- 
tour du  chalumeau  ,  &  l'enveloppe  étroitement  en 
manicte  de  gaine.  Le  poinçon  fur  lequel  font  at- 
tachées les  enveloppes  de  la  femence  ,  fe  nomme 
la  râpe ,  'à  caufe  qu'il  eft    inégal  comme  cet   inf- 
trumcnt:  fur  cette  râpe  font  pofée  des  paquets  d'é-' 
cailles,  locujiiz,  pliccs  en  gouttières  ,qui  fervent  da 
calice  aux  fleurs  &  aux  femences  -,  ces  paquets  n'ont 
preique  point  de  pédicule  comme  dans  les  épis  , 
ou  font  foutenus  par  des  brins  longs ,  comme  dans 
les  efpèces  qui  reflemblent  à  l'avoine,  au  millet,    ' 
ou  portent  des  panicules.  Les  écailles  s'appellent 
l^alles ,  glumce;cQ  font  proprement  les  calices-  des 
fleurs ,  &  quelquefois  des  femences  en  même  temps 
qu'ils  enveloppent  étroitement ,  lorfque  les  fleurs 
font  fertiles.  Ces  balles  font  terminées  dans  plu- 
ficurs efpèces  par  une  arrête  fine  appelée  Xzharhcy 
arijia.  On  dit  la  barbe  du  blé.    On   doit  ancore 
oblcrver  que  plufieurs  chiendents  font  vivaces. 
Chiendent   fe  prend  fouvent  pour  la  racine  de  deux 
fortes  de  chiendent ,  qui  font  le  g^rd/«e«  caninum  , 
aryenj'e  ,  /ive  gramen  Diofcoridis  C.  B.  Pin.  &  le 
gramen  dactylon  radice  repente  ,^v  e  officinarum  y 
Jrji.  R.  Herh.  Le  premier  porte  un  épi  dont  les 
paquets  font  écartés  les  uns  des  autres  ,  &  reflem- 
blent à  ceux  de  l'ivraye  :  le  fécond  donne  plufieurs 
épis  difpofés  en  main  ouverte.  Les  racines  dérou- 
tes les  deux  efpèces  font  longues ,  noueufes  ,  me- 
nues ,  blanchâtres  ,  d'un  goût  douceâtre  ,  &  font   ■ 
du  nombre  des  racines  apéritives  ,  &  diurétiques  ; 
on  les  employé  tous  les  deux  indifféremment.  On 
dit  un  paquet  de  chiendent ,  une  botte  de  chien' 
dent ,  pour  une  botte  ,  un  paquet  de   racine    de 
chiendent. 
CHIEN-fOU.  f.  m.  Drogue  médicinale  qui  vient  de 
la  Chine.  Les  Japonois   s'en  fervent  beaucoup, &: 
en  font  grand  cas. 
CHIENNÉE.  f.  f.  Herbe  qu'on   appelle    autrement 
mort  aux  chiens ,  tue-chien  ou  colchique.  Colchi- 
cum.  Voyez  Colchique. 
CHIENNER.  v.  n.  Faire  de    petits  chiens,  Catulos 
edere  ,  parère.  Cette  chienne  ne  fera  pas  long  temps 
fans  chieimer.  On  a  dit  aufli  chienneter. 

Yyy 


Î58 


C  H  I 


CHIER.  V.  n.  Décharger  fon  ventre  des  gfùs  excrc- 
meiis.  VentTcm  exonerare  ,  alvum  jolvere. 

CHiER,eft  auili  quelquefois  adif.  On  Ait,  cher  An 

.  .mule.  Ce  verbe  elt  banni  du  langage  ordinaire.  11 

:,.ftut  le  iervir  d'une  pcriphrafe. 

:;-    Le  bas  peuple    cric    aux  mafques   qui  courent 

.  au  temps  du  carnaval ,  il  a  chU  au  lit.  Et  on  ap- 
pelle un  vilain  mafque  ,  un  chie-eii-lit. 

On    dit    proverbialement  6c   figurément ,  clucr 

(de  peur  ;  pour  dire,  avoir  une  peur  cxcclhve  &: 

honteule.  On  dit  aulîi ,  cet  homme  a  chiê  dans  ma 

malle  -,  pour  dire,  cet  homme  m'a  trompé  ,  je  ne 

.  me  fierai  plus  à  lui.  On  dit  populairement  d'un 
homme  mal-tait  :  voilà  un  homme  bien  chic.  Acad. 
Fr.  On  dit:  il  en  ckiera  les  aiguillons ,  pour  dire  , 
il  s'en  repentira.  r-^-c 

Nicod  dérive  ce  mot  du  grec  ^x'^"  >  lignifiant  la 
même  chofe  -,  &  eft  de  l'avis  de  Henri  Eftienne. 
Mais  Ménage  le  dérive  de  cacare  ,  d'autres  du  mot 
allemand  fààpn ,  qui  a  la  même  %nification. 

CHIERE.  r.  i.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  vi- 
fa>:e  ,  &  que  l'on  a  dit  au  lieu  de  clùn  ,  comme  on 
a  dit  ckief,  au  lieu  de  c^j/.  Borel  dit  qu'il  vient 
de  cant ,  vieux  mot ,  qui  en  latin  lignifie  auHl  vilagc, 
félon  Corippus  :  ce  qui  vient  du  grec  .-.«;«  ,  qui 
veut  dire  tête.  C'efl:  de-là  que  viennent  les  mots 
accarer  ,  mettre  en  tace  ;  &  acariâtre  ,  qui  a  le  vi- 
fage  retrogné.  Les  Elpagnols  dilent  dira  pour 
vilaçe. 

CHIERSI  ou  QUIERSL  Bourg  fur  TOife  ,  ou  nos 
Rois  de  la  féconde  race  avoicnt  un  palais  ou  châ- 
teau. Ccirijiacum.  Chiafi  eft  fameux  dans  {'Hijtoire 
Eccli/iajiiijue  du  IX'  i'vide  ,  à  caufe  des  deux  Con- 
ciles qui  s'y  tinrenr  en  858  ,  où  l'hérérique  Godel- 
calc  fut  condamne  ,  &:  en  857  ,  ou  félon  d'autres , 
Sjcî,  pour  la  réformation  du  Clergé  de  France.  Le 
P.  Sirmond  l'a  confondu  avec  Crecy  fur  Serre. 
Foyei  Valois  ,  Not,  Gall.  au  mot  Carifiacum,  p. 

117. 
§3-  CHIENG.  Nom  d'une  herbe  ,  remarquable  parmi 
les  Chinois ,  dans  la  Province  de  Quanton.  Selon 
le  préjugé  des  Chinois  ,  elle  donne  à  connoitre 
aux  mariniers  par  le  nombre  des  nœuds  qui  font  à 
la  tige,  dans  quels  mois  de  l'année,  &  combieri  il 
y  aura  de  tempêtes.  Moins  il  y  a  de  nœuds  ,  moins 
il  y  aura  de  tempêtes.  Ils  prétendent  diflingucr  en 
quels  mois  arriveront  ces  tempêtes ,  par  la  diftance 
des  nœuds  depuis  la  racine.  On  peut  bien  mettre 
cela  au  nombre  des  erreurs  populaires. 
CHIEUR  ,  EUSE.  Qui  chie ,  ou  qui  ne  fait  que  chicr , 

Qi/i  cacat ,  ijui  cacatnrit. 
CHIEURE.   Foyei  Chiure. 

Chiffe,  f.  f.  on  appelle  chiffes ,  de  vieux  morceaux 
de  toile  de  chanvre  ou  de  lin  ,  qui  fervent  à  la 
fabrique  du  papier. 
Chiffe.  Terme  de  mépris ,  par  lequel  on  déligne  une 
étoffe  foible  &  mauvaife  ,  en  difant ,  ce  n'efl:  que  de 
la  chiffe. 
CHÎFFLER.  v.  n.  Siffler  -,  mais  il  n'efl:  plus  en  ufage 

en  ce  fens.  Sihilare. 

Chiffler.  Mor  burlefque  -,  pour  dire ,  boire  d'autant. 

Large  ac  liber  aliter  potare.  Je  veux  chiffier  à  longs 

traits  à  la  fanté  des  vivans  &  des  morts.  S.  Amant. 

CHIFFLET.  f  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  plus.  En  fa  place 

on  dit  lifflet.  Exilis  fifliila. 
CHIFFON,  f.  m.  Vieux  morceaux  d'étoffe  , de  linge, 
vieille  guenille  ,  &  généralement  chofe   de  nulle 
valeur.   Détritus  panniculus  ,  vilis  lacinia.  I!  n'a 
que  des  chiffons  dans  fa  garderobe.  Il  efl  aufli  fy- 
nonymc  à  chiffes.  On  fait  le  papier  avec  de  vieux 
chiffons  qu'on  pilonne  dans  les  moulins  à  papier , 
te  qu'on  réduit  en  pâte  liquide  dont  on  fait  ce  pa- 
pier. 
Chiffon,  fe  dit  auffi  du  linge  &:  des  habits  qui  font 
frippés,  bouchonnés  &c   mal  en   ordre.  Detritum 
linteum  ,  détritus  panniculus.  Certe  étoffe  efl:  trop 
mince  ,  ce  linge  efl:  trop  délié  ,  fitôt  qu'on  les  a  mis 
deux  fois ,  ce  ne  font  plus  que. des  chiffons. 
Chiffon  ,  fe  dit  familièrement  du  papier,  fur  tout  des 


CHI 

feuilles  volantes  ,  des  feuilles  déchirées,  écrites  ou 
non.  On  dit  d'un  Auteur  qui  a  lailfé  des  manuf- 
crits ,  des  mémoires  informes ,  qu'on  ne  lui  a  trouvé 
que  des  chiffons. 
Chiffon  fe  dit ,  en  mauvaife  patt ,  d'Uhe  fille  qui  ne  fe 
conduit  pas  lagement  -,  c'eft  une  Demoifelic  C/nf- 

fon. 

^fT  Chiffon  ,  onne.  adj.  En  termes  de  jardinage  , 
petite  branche  de  mauvaife  venue ,  qui  nuit  à  la 
belle  figure  d'un  arbre  ,  &:  confume  inutilement  le 
fuc  deftiné  aux  bonnes  branches.  Branche  chiffonne. 
Tennis ,  vitis.  Il  faut  avoir  foin  de  retrancher  les 
branches  chiffonnes. 

{fT  La  branche  qui  eft  extrêmement  déliée  avec  des 
yeux  peu  enflés  &  fort  écartés  les  uns  des  autres 
eft  une  branche  chiffonne. 

CHIFFONNER,  v.  a.  Fripper  ,  bouchonner  du  linge  , 
dQshohhs.Deterere.  On  a  chifon?ie  Ibn  habit.  Cette 
fille  a  laiffé  chiffonner  ibn  mouchoir. 

On  dit  populairement ,  cela  me  chiffonne  l'ima- 
gination i  pour  dire ,  cela  me  déplaît,  celarac  donne 
quelque  inquiétude.  On  dit  auHi  :  que  me  chijfcn- 
nei-yo\is  là  ;  allez-vous-en  chiffonner  ailleurs.  Mo- 

Icjiare. 

Chiffonné  ,  ÉE.  part.     .  , 

CHIFFONNIER  ,  ItRE.  f  t.  Celui  ou  celle  qui  crie 
de  vieux  chapeaux  &  de  vieux  habits.  Pauniculo- 
rum  propola.  On  le  dit  plus  particulièrement  de 
ceux  qui  vont  rechercher  dans  ks  ordures  de  vieux 
chifforis  Se  de  vieux  drapeaux  pour  faire  du  pa- 
pier &  autres  chofes.  Amalfeur  de  chiffons  ou  vieux 
haillons  qui  fe  trouvent  dans  les  ordures. 

Les  réglemens  de  Police  font  défcnfes  à  tous 
Chiffonniers  Se  Chiffonnières  de  vaguer  Si  aller  dans 
les  rues  dé  Paris  ^  dans  les  faitxbourgs ,  qu'à  la 
poihte  du  jour  ,  &  non  pendant  la  nuit ,  fous  pré- 
texte d'amalfer  des  chiffons  , ce  qui  pourroit  dori- 
ner  lieu  aux  vols  des  auvents,  grilles  ,  enieighcs , 
Se  favorifer  les  ouvertures  des  bouriques ,  falles  i<. 
cuifines  qui  font  au  rez  -  de  -  chauffée  ,  étant  facile 
auxdits  Chiffonniers  d'en  tirer  les  linges  avec  les 
crocs  dont  ils  fe  ferveur ,  «S-c.  De  la  Mare  ,  Traité 
de  la  Police,  Liv.  IF ,Tom.  II, ch.  4. 

Chiffonnier  ,  fe  dit  figurément  d'un  homme  qui  r.-i- 
maffe  6-:  qui  débite  fans  choix  ,  tout  ce  qu'il  entend 
dire  par  la  ville.  On  dit  aulfi  figurément  d'uh 
homme  vétilleux  Se  tracalfier  ,  que  c'eft  un  chif- 
fonnier ,  que  ce  n'eft  qu'un  chifonnier.  Agad,  Fr-, 

Comment  enfin  nommer  cette  vzrminé 

Des  chiffonniers  de  la  double  colline  >  R.  ■ 

CHIFFRE,  f.  m.  Caraélcre  qui  fert  à  exprimer  lès 
nombres.  Numerorum  nota  ,  nota  arithmetica.  Chif- 
fre romain  ,  eft  celui  qui  fe  marque  par  certaines 
lettres  de  l'alphabet ,  comme  mil  fept  cens  quinze, 
s'exprime  ainfi  ,  mdccxv.  Numerorum  nota  ro- 
mane. ^  ,  m  n 
Le  chiffre  arabe  ,  qu'on  appelle  aufTi  chiffre  fia-- 

tique  y  eft  celui  dont  on  fe  fert  en  arithmétique  , 
al2;cbre,  rrigonométrie  Se  aftror.omie  ,  Fulgafes 
feu  arabica:  numerorum  notes.  Mais  les  Arabes  re- 
connoilfent  qu'ils  ont  reçu  ces  caraélères  des  In- 
diens ,  Se  il  les  appellcnr/^Kro-  indiennes.  On  a 
commencé  à  compter  par  ces  figures  du  temps  des 
SarazainS  \  Se  on  croit  que  Planude  ,  qui  vivoit  fur 
la  fin  de  XIIP  liècle  ,  eft  le  premier  des  Chrétiens 
qui  fe  foir  fervi  de  ce  chiffre.  Alphonfe  X  ,  Roi  de 
Caftille  ,  s'en  étoit  fervi  avant  lui  pour  conftruire 
fes  Tables  aftronomiques. 

Le  chiffe  arabique  eft  compole  de  neuf  figures 
Se  un  zéro.  Les  voici  ,o,i,i,î,4553<^57j8,9. 
Le  zéro  ne  lignifie  rien  ,  les  fuivantes  marquent  de 
fuite  depuis  un  jufqu'à  neuf.  Quand  elles  fontplu- 
fieurs  accouplées  enfemble  ,  la  première  eft  cenfée 
celle  qui  eft  à  droite  ,  Se  en  remontant  de  droit  à 
srauche,  elles  croiffent  toutes  de  dix  ;  de  forte  que  ■ 
fa  première  en  ce  fens  ne  marque  que  des  unités, 
la  féconde  des  dixaines.la  troifième  des  centaines, 


C  H  I 

ia  quattième  des  millièmes ,  la  feptième  des  mil- 
lions ,  ainfi  des  autres. 

Le  chiure  romain  n'avoir  ordinairemenr  que  cinq 
figures  ,  que  voici ,  I ,  V ,  X  ,  L ,  C.  La  première 
ïîi,'nifioir  un ,  &  multipliée  jufqu'à  quarre  ,  elle  fùi- 
ioit  il  ,  III  trois  ,  IIII  quarre,  La  féconde  valoir 
cinq.  Avec  les  I ,  elle  faifoir  les  nombres  jufqu'à 
dix ,  VI ,  lix  ,  VII ,  lept ,  VIII ,  huit ,  VIIII ,  neuf. 
La  troifièmc  fait  dix,  X  -,  âc  en  y  ajoutant  les  prccc- 
denies  elle  forme  les  nombres  jufqu'à  2.0  ;  pour  mar- 
quer vingt  on  la  double,  XX,  pour  trente  on  la  tri- 
ple, XXX  -,  &  pour  quarante  ,  on  la  répète  quatre 
fois ,  XXXX.  La  quatrième  figure ,  L  ,  vaut  cin- 
quante ,  &  en  y  ajoutant  ics  préccdenrcs  LX  ,  LXX, 
Oc.  on  en  formoit  tous  les  nombres  julqu'à  cent , 
qui  s'exprimoit  par  le  C,  qui  efi:  la  dernière  figure. 
Quand  elle  elt  double  ,  CC ,  elle  fignifie  deux  cens , 
triple  CGC ,  trois  cens ,  &c.  Pour  marquer  cinq  cens 
on  accouploit  l'I  ^^  le  C  rcnverfé  en  cetre  manière 
ID ,  &  pour  exprimer  mille  ,  on  ajoùtoit  un  C  devant 
ri  de  cette  forte  CLj  ;  on  l'exprimoit  aufli  par  une 
M  ;  8c  dans  la  fuite  on  fit  de  ID  ,  en  les  joignant  , 
un  D  ,  pour  lignifier  cinq  cens.  On  trouva  auiii  dans 
la  fiiite  des  abréviations,  qui  confiftent  en  ce  que 
une  de  ces  figures  mile  devant  une  autre  ,  figni.'ie 
le  nombre  de  la  féconde  ,  moins  celui  de  la  pre- 
mière -,  par  exemple  IV  fignifie  cinq  moins  un ,  c\ fl- 
à-dire  ,  quatre,  IX  ,  dix  moins  un,  c'eft-à-dire ,  neuf, 
XIIX,  vingt  moins  deux ,  XIX,  c'efl:  dix-neuf.  XL  , 
■quarante,  ou  cinquante  moins  dix.  XC,  cent  moins 
dix ,  c'eft-à-dire  ,  quatre-vingt  dix.  Ces  abrévia- 
tions l'ont  récentes,  &  ne  fe  trouvent  point  fur  les 
monumens  bien  antiques. 
M,  Huet  eft  perfuadé  que  nos  chiffres  ordinaires  ou 
arabique? ,  ont  été  formés  fur  les  lettres  grecques , 
&  qu'ils  ne  font  même  autre  chofe  que  les  l.rtues 
grecques  formées  rrop  vite  ,  Se  avec  quelque  né- 
gligence :  fuivant  fon  fentiment  ,  le  /-a  fervi  à  for- 
mer le  2 ,   du     on  a  formé  le  5  -,  du  -i  le  4  ;  de  1'.-  le 

5  ;  du  r  le  ^  -,  du  le  7  ;  de  l'H  le  8  i  du  ^  le  9.  Tojc- 
de  M.  Huet  les  notes  fur  Maniliu  ,  la  D^monj:ra- 
tioTi  evangitique  ,  6c  une  lettre  à  M.  Grxvius  :  elle 
eft  parmi  les  lettres  de  M,  Huet ,  tom.  1  ,p.  571,  Le 
P,  Calmer  prétend  que  ce  ne  font  que  les  notes  de 
Tiron,  Toute  leur  preuve  eft  la  reffemblance  qu'ils 
croyent  appercevoir  l'un  entre  ces  chiffres  &c  les 
Icrtres  grecques  -,  &;  l'aucre  enrre  ces  mêmes  figures 

6  les  notes  de  Tiron,  Mais  une  marque  que  ces  chif- 
fres font  de  l'invention  des  Orientaux,  c'eft,  comme 
l'a  remarqué  Valle  ,  qu'on  les  fupputc  de  droit  à 
gauche  ,  qui  eft  la  manière  délire  de  plufieurs  Orien- 
taux, L'origine  du  chiffre  romain  vient  de  ce  qu'on 
a  compté  d'abord  par  les  doigrs  :  de  forte  que  pour 
marqucr  les  quarre  premiers  nombres ,  on  s'eft  llrvi 
d'uni,  qui  les  rcpréfcnte,  6c  pour  la  5c. on  s'eft  fervi 
d'un  V,  repréfenté  en  baillant  les  doigts  du  milieu  , 
&  en  montrant  limplemenr  le  pouce  avec  le  périt 
doigt  i  &  pour  le  dixième  de  X  ,  qui  eft  un  double 

-  V  ,  dont  il  y  en  a  un  renverfé  ,  &:  mis  au  deHbus 
de' l'autre.  De-là  vient  que  la  progreflion  dans  ces 
nombres  eft  toujours  d'un  à  cinq  ,  puis  de  cinq  à 
dix.  Le  cent  fut  marqué  par  fa  capitale  C,  Depuis , 
ou  en  corrompant  les  figures  ,  ou  pour  la  commo- 
dité des  Ecrivains ,  l'on  a  ajouté  deux  autres  chif- 
fres romains,  le  D  ,  qui  vaut  500  ,  &  l'M ,  qui  vaut 
mille,  parce  qu'elle  a  beaucoup  de  rapporta  l'M 
gothique.  Ainfi  il  y  a  préfentemenr  fept  lettres 
qui  fervent  à  cette  forre  de  nombre, 

Valla  croir  que  les  chiffres  onr  été  inventes  par 
les  Orientaux  :  6c  il  a  raiibn  ,  parce  que  dans  les 
chiffres  on  commence  à  fuppurer  du  côte  droit  en 
tirant  vers  le  gauche  -,  ce  qui  étoit  en  ulage  en  tout 
l'Orient  chez  les  Chaldéens ,  Syriens  ,  Egypricns , 
£v.  Outre  que  les  Indiens  fe  fervent  encore  des 
mêmes  carac'tères  qu'on  fait  ici  pour  marquer  les 
chiffres ,  aufll-bien  que  les  lignes  du  zodiaque  ,  5c 
les  planètes. 
eCT  On  appelle  chiffres  en  mulioue  ,  cerrains  carac- 
tères  placés  au  deffus  ou  au  dellous  des  noces  de 


CHI 


T?9 


la  bafe  ,  pour  marquer  les  accords  qu'elles  doivent 
porter. 
Chiffre  eft  aufïi  un  caradlrèrc  myftérieux  ,compofé 
de  quelques  lettres  entrelacées  l'une  dans  l'autre  , 
qui  font  d'ordinaire  les  lettres  initiales  du  nom  de 
la  perfonne  pour  qui  il  eft  fait.  Quelquefois  il  eft 
double  ,  &  on  y  mêle  les  lettres  du  nom  d'une 
autre  perfonne  avec  qui  on  eft  lié  d'amitié  ,  ou  avec 
qui  l'on  a  quelque  relation.  Les  amans  font  graver 
leurs  chiffres  fur  les  pierres ,  liir  les  arbres.  On  grave 
des  chiffes  fiir  les  cachets ,  on  les  peint  fur  les  car- 
rollesioncn  fait  des  otnemens  fur  des  meubles, 
des  rapidcries ,  &c.  Litterarum  notiz  impMcitix. 

Autrefois  les  Marchands  ,  au  lieu  d'armes ,  pou- 
voient  porrer  des  chiffes  ,  c'eft-à-dire  ,  les    pte- 
mières  lettres  de  leur  nom  Se  furnom  entrelacés 
dans  une  croix ,  comme  on  voit  en  plufieurs  an- 
ciennes cpitaphes. 
Chiffre  eft  auili  un  entrelacement  de  lettres  fleuron- 
nées  en  bas  relief,  ou  à  jour ,  qui  fert  d'ornement 
dans  rArchite.:l:ure  ,  la  Menuilerie. 
Chiffre    fe  dit  encere  de  cerrains  caraiftères  incon- 
nus ,  déguifes ,  &  variés  ,  dont  on  fe  fert  pour  écrire 
des  lettres  qui  conriennent  quelque  fecrer,  &  qui 
ne  peuvent  être  entendues  que  pat  ceux  qui  font 
d'i'-itelligence ,  &  qui  font  convenus  enlemble  de 
fe  fervir  de  ces  caradères.   Occulta  y  arcaucz  note. 
On  en  a  fait  une  fcience  qu'on  appelle  Poli^raphie-, 
ou  Stéaanographie  ,  c'cft-à-dire  ,  Ecriture  diverfijiie 
&  o/'/cv/r^,"  laquelle  a  été   inconnue  aux  Anciens. 
Delà  Guillctière,  dans  un  Livre  intitulé  Lacédé- 
mone  ancienne  &  nouvelle ,  piétend  que  les  anciens 
Lacédémoniens  ont  été  les  Inventeurs  de  l'art  d'é- 
crire en  chiffre.  La  Scythalc  qu'ils  inventèrenr  fut , 
félon  lui,  comme  l'ébauchcment  de  cet  art  myfté- 
rieux, C'ctoient  deux  rouleaux  de  bois  d'une  lon- 
gueur ,  &  d'une  épaillèur  égale.  Les  Ephores  en 
gardoient  un,   &    l'autre  éroit  pour  le  Général 
d'armée  qui  marchoit  contte  l'ennemi.  Chaque  fois 
que  CCS  Magiftrats  lui  vouloient  envoyer  des  ordres 
fccrets  ,  ils  prcnoicnt  une   bande  de    parchemin 
écroire  Se  longue  qu'ils  rouloienr  avec  jufteiîe  au- 
tour de  la  Scyrale,  qu'ils  s'étoienr  rcfervéc.  Ils  ccrî- 
voienr  en  cer  état  leut  intention,    qui  paroiifoir 
dans  un  fens  partait  &;  fuivi ,  tant  que  la  bande  de 
parchemin  étoit  appliquée  fur  le  rouleau  ;  mais  dès 
qu'on  la  dévcloppoit,  l'écriture  étoit  tronquée,  &c 
les  mots  iàns  liaifon,  Leut  Général  pouvoir  y  trou- 
ver de  la  fuite  6c  du  fens,  en  ajuftant  la  bande  fur  U 
Scyrhale,  ou  rouleau  femblable  qu'il  avoir,  &  en  lui 
donnant  la  même  alîiette,  où  les  Ephores  l'avoient 
mife.  Polybe  racontequ  Eneas,  furnommc  Tacluus  y 
ramaflà  ,  il  y  a  environ  deux  mille  ans ,  vingt  ma- 
nières différentes  qu'il  avoit  inventées   en  patrie  , 
6c  dont  en  paitie  on  s'etoit  fervi  jufqu'alors ,  pour 
pouvoir  écrire  .d'une  manière  où  il  n'y  eùr  que  celui 
qui  en  fàvoit  le  fecrct,  qui  y  pût  comprendre  quel- 
que chofe.  Ainli  Ttiihcme  n'eft  point  l'inventeur 
de  l'art  d'écrire  en  chiffre ,  ni  même  Eneas.   Tac- 
ticus.  Trirhcme,  6c  depuis  Jean-Baptifte  Porta  en 
ont  écrit  fort  lavamment  -,  Vigenete  8c ^  le  P.  Ni- 
ceron  en  ont  aulli  écrit.  On  imptima  à  Ulm  en 
\6%iy  M-ifierium  Artis   Ste^anographicx  noviffi- 
mum  ...ïx  inufico  M.  Liid. Henr.  Hillen. 
ÙZr  La  Clé  du  chiffre  font  les  caiaéleres  qui  fervent 
à  chiffter  &:  à  déchiffrer  ce  que  l'on  écrit  en  chiffre. 
Chacun  des  correfpondans  a  fon  chiffe  ou  la  cle  du 
chiffre.  Notarum  index. 

On  appelle  chiff-e  àfimpje  clé ,  celui  ou  1  on  fe 
fert  toujours  d'une  même  figure  pour  f.gnifier  une 
même  lettre  :  ce  qui  fc  peur  deviner  ailcment  avec 
quelque  application.  Not.vfmphccs.  U"/;'T*  f 
douéle  cléycOi  celui  où  l'on  change  d  alphabet  a 
chaque  ligne,  ou  à  chaque  mot ,  Se  celui  ou  I  on 
met  des  nulles  6c  auttcs  déguifemens  qui  le  rendent 
indéchiffrable.    Occultiores     nota,    recondttiores 

char  acier  es.  „    ,     ,    ■  •         o. 

On  appelle  chiffe  ,  un  ftyle  enigmanque  5c  my- 
ftérieux   Il  y  a  des  Auteurs  li  obicuis ,  que  leurs 

Y  y  y  ij 


^4*^  C  H  ï 

penfées  font  autant  d'cnigmcs  Se  de  myflcrcs  :  leur 
langage  efl  ui-.c  clpèce  de  chiure  :  on  n'y  comprend 
prelquc  rien  qu'à  Icrce  de  deviner.  Eouh. 
§CF  On  appelle  auili  claires ,  chez  les  Marchands , 
ies  marques  qu'ils  mettent  Tur  de  petites  Etiquettes 
attachées  au  chef  des  Etoi'fes  ou  toiles ,  qui  leur 
marquent  le  véritable  prix  qu'elles  leur  coûtent, 
afin  de  pouvoir  s'y  régler  dans  la  vente. 

On  dit  proverbialement,  qu'un  homme  efl  un 
O,  un  zéro  en  chijjre  ;  pour  dire,  qu'il  n'a  nul 
pouvoir ,  nulle  autorité  ,  qu'il  ne  peut  taire  ni  bien 
ni  mal  à  perfonnc. 

Le  mot  c/î/^re  vient  de  rhébrcu_yî/-/»e ,  qui  veut 
dire  nvmhn:  ^  ennmcration ,  de  la  racine  Jaj/uir, 
ccmpier  ,  nomhrer  ,  dénondrcr  \  les  mots  l'uivans 
chi^lrerSichi^rtuT  en  \iennent  aulîî. 
GHUFRER,  v,  a.  le  lervir' de  chi.'fres  ,  compter  avec 
la  plume.  Siipputare ,  ccmpiuan  notis  arithmc- 
ticis.  Il  ne  fe  dit  guère  que  de  l'addition  de  plu- 
iicurs  femmes  enicir.ble.  J'ai  i/iijjré  toutes  ces  par- 
ties ,  &  j'ai  mis  les  fommes  au  bas  de  chaque 
p.age.  On  dit  aiilH  chiffrtr  un  regiftre  -,  pour  dire , 
mettre  un  chiflre  ou  numéro  au  haut  de  chaque 
page,  com.me  on  fait  aux  regiftres  des  Banquiers , 
des  Geôliers  Se  autres,  qui  doivent  être  paraphes 
par  un  Juge.  §Cr  Chiffrer  en  Mufique  ,  mettre  des 
chifres  ou  d'autres  caraélères  fur  les  notes  de  la 
balfe  pour  indiquer  les  accords  qu'elles  doivent 
porter.  On  dit  encore  c/iiffrcr  une  lettre  ■■,  pour 
dire,  écrire  une  lettre  en  chiffre.  A^'oyc^;  Chiffre. 
Chiffré  ,  ée.  part. 

CHIFFREUR.  f.  m.  Qui  fait  bien  compter  avec  la 
plume.  Peritus  fuppntandi  ,  numerandi.  Le  Faéteur 
de  ce  Marchand  eft  un  habile  chi^reur ,  eft  un  bon 
Arithméticien. 
tp-  CHIGNOLLE.  f.  f.  Terme  de  Boutonnier. 
El'pèce  de  dévidoir  à  trois  ailes  ;  diftantes  d'une 
demi-aune  l'une  de  l'autre ,  fur  lequel  on  dévide 
les  matières  pour  les  mciurer-,  celles  qui  doivent 
faire  les  trcifes,  par  exemple  ,  car  celles  des  autres 
ouvrages  n'ont  pas  beibin  d'être  mel'urces.  Ekcyc. 
CHIGNON,  f.  m.  Partie  de  derrière  du  cou  où  font 
les  vertèbres  qui  joignent  le  dos  à  la  tête  ,  &  qui 
eft  au  delfous  de  la  foffe  ou  nuque  du  cou.  Cervix. 
Ce  mot  vient  de  chaînon  ,  qu'on  dilbit  autrefois  de 
cette  même  partie  du  cou. 
Chignon  fe  dit  non  -  leulemcnt  (fj"  de  la  partie 
poftérieure  du  cou  ,  mais  encore  des  cheveux  qui 
font  à  cette  partie  là.  Occipitis  capilitium.  Prendre 
quelqu'un  au  chignon.  On  le  dit  particulièrement 
des  cheveux  des  femmes.  Les  femmes  portent  au- 
jourd'hui le  chignon  relevé. 
CHIKENIE,  &  CESKENIE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  veut 

dire  chemij'e. 
^HILAO, Ville  d'Afie,  fur  la  côte  occidentale  de 
l'Ile  de  Céylan ,  fur  une  rivière  de  même   nom. 
Elle  étoit  autrefois  capitale  d'un   Royaume,  Elle 
appartient  aux  HoUandois. 
CHILCHOTE.  f.  m.  C'efl  le  nom  qu'on  donne  à  une 

des  quatre  fortes  de  poivie  de  Guinée. 
CHILE.  Voye^  Chyle. 

CHILE.  f.  m.  Les  habitans  de  l'Amétique  appellent 
ainfi  le  piment ,  ou  poivre  de  Guinée, qu'on  nomme 
encore  Corail  de  Jardin. 
ÇHILERBASSI.  f.  m.  Prononcez  Kikrbajfi.  On  dit 
aufll  C\n\ors\hiiVi.  Cellm  penuarix  Prtzjiclas.  Offi- 
cier delà  Maifon  du  Grand-Seigneur,  que  Vige- 
nere%  dans  fes  Illufir.  fur  l'Hijl.  de  Chalcond".  p. 
357,  appelle  Grand  Crédencier  ,  &:  qui  a,  dit-il, 
ïa  charge  des  breuvages  &:  des  confitures  du  Prince, 
èc  avec  lui  deux  cens  Pages  pour  le  fervice  de  fa 
table.  Il  demeure  au  Chiler  ,  qui  eft  un  des  Offices 
du  Serrail ,  &  fous  lui  font  les  Chileroglandari. 

Ce  mot  eft  compofé  de  chiler  "isVd  qui  lignine 
l'hôtel  où  ces  Officiers  demeurent.  Ri  1er ,  Cdli 
penuaria ,  dit  Méninski  ,  &  hefch  ,  chef,  "iJlN^^ 
Chilergi ,  Dépenlîer ,  qui  a  les  provifions  de  bouche, 
qui  a  foin  de  la  dépenfe  du  garde-manger.  Pe- 
nuarius  ,  Cellarius  ,   Promus-Condus.   Méninski. 


C  HI 


CHILEROGLANDARI.  f  m.  Off.cier  de  la  Maifon 
du  Grand-Seigneur.  Les  Chileroglandari  font  trente  ' 
Pages  qui  fervent  dans  le  Serrail  à  ladcpcnie  fecrtte, 
fous  la  conduite  du  Chilcrbaffi.  Foye:^  ce  mot. 
CHILI.  Chile ,  ou  Ci/e.  Royaume  de  l'Amcrique  Mé- 
ridionale, renfermé  entre  la  mer  de  Ciuii,  qui  eft 
une  partie  de  la  mer  Pacifique  ,  ou  de  la  mer  du 
Sud,  &  qui  le  borne  au  couchant,  &:  le  Tucuaian 
avec  les  terres  Magellaniques  ,  au  Levant  -,  It  Pérou 
au  Nord  ;&  les  terres  Magellaniques  au  Midi.  Le 
Chili  eft  tout  entier  Ibus  la  Zone  tempérée  de  l'hc- 
mifphcre  auftral ,  entre  le  297^  degré  de  longitude  , 
&  le  305*^ ,  &  entre  le  z6'-  &  le  47=  de  latitude  fud. 
Il  a  à  l'Orient  les  montagnes  des  Andes ,  où  le 
foid  eft  exceffif,  &  dans  lefquellcs  il  règne  un  vent 
extraordinaire  ,  qui  gclc  en  un  moment  les  hommes 
&  les  bêtes ,  &  les  conllrve  fans  corruption,  de 
forte  qu'ils  paroilîènt  tous  vivans ,  &  dans  l'aClion 
èc  la  pofture  où  il  les  a  i'alfis.  Ces  montagnes  font 
prefque  toujours  couvertes  de  neiges  ,  quoiqu'on  y 
ttouve  plus  de  quinze  volcans  ou  montagnes  qui 
jettent  des  feux  &  des  flammes.  Il  y  a  aulîi  d'hor- 
ribles tremblemens  de  terre  dans  le  Chili,  Le  terroir 
y  eft  très-fertile ,  particulièrement  vers  la  côte ,  & 
produit  du  mays  ,  du  blé  ,  du  vin  ,  &:  généralement 
tous  les  fruits  de  l'Europe.  Les  Efpagnols  décou- 
vrirent le  Chili  l'an  i  y  ^4  ou  i  j  5  5; ,  ou ,  félon  d'au- 
tres ,  1 5  5<' ,  fous  la  conduite  de  Didaques  Almagte. 
L'expédition  ne  fut  pas  heurcufe.   Peu  de  temps 
après  Pierre  Baldivia  fon  fucceffeur  y  retourna ,  & 
après  des  peines  infinies  fe  rendit  maître  des  côtes, 
dompta  les  habitans  ,  &    jeta  les  fondcraens  de 
Sant-Iago  ,  capitale  du  pays. 

Les  Efpagnols  ont  divifc  le  Chili  en  trois  grandes 
Provinces  ,  le  Chili  propre  ,  qui  eft  au  Nord  i  l'Im- 
périale ,  qui  eft  au  Midi  -,  èc  le  Chicuito ,  qui  eft  à 
l'Orient.  Les  habitans  du  Chili  Ibnt  grands;  ilsfe 
couvrent  de  peaux  de  loups  marins.  Leurs  armes 
font  des  flèches.  Ils  font  braves,  &  de  toute  l'Amé- 
rique ce  font  ceux  qui  ont  le  plus  fait  de  peine  aux 
Eipagnols  ,  &  qui  leur  ont  le  plus  coûté. 

Ce  mot  Chili  eft  Péruvien ,  &  lignifie  froid.  Il 
a  été  donné  à  cette  Province,  à  caufe  du  froid  ex- 
ccrFif  qui  y  règne.  Du  refte  on  ne  dit  point  Chilien , 
comme  a  fait  Maty.  Il  faut  dire  habitant  du  Chili , 
avec  M.  Cotneillc ,  beaucoup  plus  croyable  que 
Maty,  quand  il  s'agit  de  la  langue  françoife.  On 
peut  voir  fur  le  Chili  Herréra ,  c.  zz.  Linfchot, 
Acofta  ,  Hornius ,  Orl.  Imp.  ù  polit.  Le  P.  Poffinc 
dans  la  cinquième  partie  de  l'Hiftoire  de  la  Com- 
pagnie de  Jéfus. 

CHILIADE.  f.  f  Alfemblage  de  plufieurs  chofes  mifes 
enfemble  mille  par  mille.  Prononcez  Kiliade.XJr^c 
Chiliade  d'années ,  mille  ans.  Les  Chiliades  d'E- 
rafme.  Id.  ;e<A(«î,   mille. 

CHILIARQUE.  f.  m.  Officier  d'Armée  chez  les  An- 
ciens, Chef  ou  Condudeur  de  mille  hommes , 
Colonel.  Chiliarchus.  Ce  mot  eft  grec-,  compofé 
de  A^'Ais'. mille,  &  <'(}:/,,  commandement. Prononcez 

Kili-^^rquc. 

CHILIASTE.  f.  m.  &:  f.  Nom  de  Sede.  Chiliades. 
Voyez  Millénaire.  Ce  mot  eft  plus  françois,  & 

plus  en  ulage. 

CHILIFERE.  Voyei  ChylifeS.e. 

ce?  CHILIOGÔNE.   f.    m.  Terme  ^  de    Géométrie 

figure  plane  &  régulière  de  mille  côtés  Se  d'autant 

d'antrles. 
CHILIOMBE.  f.  m.  Saciifîce  de  mille  bœuf^.  Chi- 

iwrnbum.  Dans  les  grandes  victoires ,  ou  dans  les 

grandes  calamités ,  on  immoloit  quelquefois  jufqu'à 

mille  bœufs ,  ce  qui  étoit  pourtant  très-rare. 
^Zr  CHILLAN.  Ville  de  l'Amérique  méridionale, 

au  Royaume  de  Chili ,  capitale  d'une  contrée  qui 

porte  fon  nom. 
CHILLAS.   f.  m.  Toile  de  coton  à  carreaux  ,  qui 

vient  de  Bengale,  &  de  quelques  autres  lieux  dç 

l'Orient. 
CHILLER.  Terme  de  Fauconnerie,  Koye:^  Gilisr. 


CHI 

§3-  CHILLY ,  Village 'de  l'île    de   France,  llir    le 

chemin  d'Orléans,  près  de  Lonjamcau. 
CHILMINAR  ou  CHEMIN AR  ,  ou,  comme  pro- 
noncent nos  voyageurs,  TECHELMINAR,  terme 
de  Relation  ,  eille  phis  beau  morceau  d'Architec- 
ture  qui  nous  refte  de  l'antiquité.  Ce  ibnt  les  ruines 
de  ce  fameux  Palais  de  Perlépolis ,  auquel  Alexan- 
dre ,  pris  de  vin ,  mit  le  teu  ,  par  complaiiance 
pour  iaCourtiiane  Thaïs.  Il  yen  a  une  dclcriptioa 
exadc  dans  l'Ambaffade  de  Dom  Garcias  de  Silva 
Figueroa ,  &  une  autre  dans  Piétro  dclla  Vale, 
Voici  en  abrégé  ce  que  c'cfi:  que  Chilminar.  On 
voit  les  relies  de  près  de  quatre-vingt  colonnes  dont 
les  ftagmens  ont  au  moins  fix  pies  de  haut  •,  mais  il 
n'y  en  a  que  dix-ncur"  qu'on  puifle  dire  entières , 
avec  une  autre  toute  feule  éloignée  des  autres  d'en- 
viron cent  cinquante  pas.  Une  roche  de  marbre 
noir  fort  dur  i'ervoit  de  fondement  à  cet  édifice. 
Quatre-vingt-quinze  marches  portent  au  premier 
plan  du  Palais  elles  font  taillées  dans  le  roc.  L'entrée 
du  Palais  ,  a  environ  vingt  pies  de  large  ;  d'un 
côté  eft  la  figure  d'un  éléphant ,  &  de  l'autre  celle 
d'un  Rhinocéros  haut  de  trente  pies ,  &  tous  deux 
d'un  marbre  luifan t.  Proche  ces  animaux  ,  ily  a  deux 
colonnes ,  &  pas  loin  de  là  la  figure  d'un  Pcgalc. 
Après  avoir  paifé  cette  entrée ,  on  rencontre  quantité 
de  fragmens  de  colonnes  de  marbre  blanc  ,  dont  les 
relies  font  voir  la  magnificence  de  l'ouvraga.  Les 
moindres  de  ces  colonnes  ont  quinze  coudées  de 
haut,  les  plus  grandes  ei  ont  dix-huit:  elles  ont 
quarante  cannelures  larges  chacune  de  trois  grands 
pouces ,  d'où  l'on  peut  juger  de  toute  leur  groifeur , 
&  des  autres  proportions.  A(fez  proche  de  l'entrée, 
on  voit  une  infcription  gravée  fur  un  carreau  de 
marbre  noir ,  uni  comme  une  glace  -,  elle  a  environ 
douze  lignes,  les  lettres  font  d'une  figure  extraor- 
dinaire ,  elles  reffcmblent  à  des  triangles ,  ou  à  des 
pyramides.  Ces  relies  précieux  de  l'antiquité  ,  où  les 
oifeaux  font  aujourd'hui  leur  nid ,  font  ii  beaux  &  fi 
magnifiques,  qu'ils  attirent  l'admiration  de  tous 
ceux  qui  les  voient.  Antiquités  de  Perf^polis.  Il  y  a 
encore  beaucoup  d'autres  infcriptions  en  caraélcres 
tout  différens  de  ceux  qui  font  formés  en  triangles  -, 
quelques-uns  approchent  des  caradlères  hébreux  , 
chaldaïques  ou  fyriaques  •,  d'autres  relfemblent 
aux  caraétères  arabes  ou  perfans  -,  d'aurrcs  enfin 
ibnt  grecs,  yoye^  les  Tranfaélions  Philofophiques, 
les  voyages  du  Chevalier  Chardin  ,  &  le  livre  in- 
titulé Li^s  heo-utis  de  la  Perfe.  M.  Hyde  ,  qui  a  ex- 
pliqué l'infcription  qui  eft  en  grec,  en  fuppléant 
quelques  mots  qui  fbntefîacés  ,  dit  que  ces  infcrip- 
tions font  gravées  avec  beaucoup  de  négligence, 
&  peut-être  par  quelques  foldats-,  ou  \\  elles  l'ont 
été  par  un  Graveur,  il  croit  qu'il  étoit  de  Palmyre  , 
&  qu'ainfi  les  infcriptions  de  Perfépolis  font  en 
langue  phénicienne  -,  il  ajoute  que  puifqu'elles  Ibnt 
à  la  louange  d'Alexandre ,  elles  n'ont  été  faites  que 
depuis  le  temps  où  ce  Conquérant  a  vécu. 

Ce  mot  vient  du  perfien    Tcheleminar ,  c'eft-à- 
dire  ,  quarante  tours ,  ou  colonnes,  à  caule  des  qua- 
rante colonnes  d'une  groffeur  prodigieufe  que  l'on 
voit  parmi  ces  ruines. 
CHILOÉ.  f  f.  île  de  la  mer  du  fud  ,  dans  l'Améri- 
que méridionale.  Chilo'é.  L'île  de  Chiloé  cil  fur  la 
côte  du  Chili ,   &  dépend    de  ce  Royaume.  Elle 
a  cinquante  lieues  de  long ,  &  fept  de  large.  Elle 
a  la  forme  d'un  arc,  &  n'eft  point  carrée  ,  comme 
les  Géographes  le  marquoient.  Sa  pointe  méridio- 
nale touche  prefque  au  continent ,  &c  n'en  eft  fé- 
parce  que  par  un  détroit  fort  petit.  La  pointe  fep- 
tentrionale  fe  retire  plus  en  haute  mer  :  le  pays  y 
eft  fort  inégal  ?s.  plein  de  montagnes,  de  forêts 
&:  de  marais'-,  il  eft  fujet  à  des  froids  exceflifs,  étant 
au  de-là  du  45«=  degré  de  latitude  auftrale.  Il  y 
règne  l'été  des  ouragans  très  -  froids  ,  &:  qui  diffè- 
rent peu  des  tcvnpêtes  d'hiver.  La  froideur  du  climat 
&  les  chaleurs  de  l'automne ,  trop  foibles  &  trop 
mêlées  de  pluies  ,  font  que  jamais  les  fruits  n'y 
raûriifent.  A  quatre  doigts  en  terre ,  on  trouve  par 


CHI 


741 


tout  u«  fable  tougc,  fi  fcc,  que  les  femencesqua 
l'on  y  jette,  meurent  prefque  toutes.  Ce[>aidanc 
il  y  a  dans  les  forêts  des  arbres  fort  hauts  &  tore 
gros  -,  mais  du  rcfte,  l'Ile  eft  ii  ftérile,  que  les  ha- 
bitans  qui  y  fèment  je  ne  fais  quelles  racines  ou 
légumes  inlipidcs,  s'ciliment  fort  heureux,  s'ils  re- 
tirent le  quintuple  de  ce  qu'ils  ont  femé.  Les  Ef- 
pagnols  avoient  bâti  dans  la  partie  feptentrionale 
o.e  l'ile,  une  ville  qu'ils  nommèrent  de  Qijho; 
mais  les  Corfaircs  anglois  la  détruilirenr  vers  l'an 
iGoo.  Les  naturels  du  pays  ne  vivoient  que  de  ce 
que  la  mer  jetoit  fur  les  bords  i  de  là  vient  qu'ils 
habitoient  tous  fur  la  côte.  Tout  l'habit  des  In- 
iulaires  confiftoit  en  une  efpèce  de  petit  jupon  de 
coquillag-es  attachés  les  uns  aux  autres ,  en  forn;e 
de  cotte  de  mailles,  du  rcfte,  ils  ibnt  tout  nus. 
Quand  les  El'pagnols  y  abordèrent  la  première  fois , 
ils  y  trouvèrent  quinze  mille  familles  d'Inaicns.  Us 
ont  des  pyrogues  ou  canots  faits  de  trois  planches 
liées  enlem.ble  avec  une  greffe  corde.  Ils  en  bou- 
chent les  fentes  avec  des  écorces  d'arbres  macérées, 
ce  qui  ne  peut  empêcher  qu'on  ne  courre  grand 
rifque  ,  en  s'expofant  fur  ces  ibrtes  de  barques.  Dfi, 
TiCHo.HijL  Farag.  L.  111 ,  ck.  18.  Les  Infulaires 
naturels  y  avoicnt  vingt-cinq  Villages.  Uid.  du  10, 

CHILONE.  f  &:  adj.  m.  &  f  C'cft  ainfi  qu'on  appelle 
ceux  qui  ont  de  grofles  lèvres.  Laùrofiis  ,  \-iulo. 
Tous  ceux  de  la  mailbn  d'Autriche  font  clulones. 
Qt  mot  vient  de  Chilon ,  l'un  des  Sages  de  la 
Grèce  qui  les  avoir  ainfi. 

§Cr  CHILONGO.  Province  d'Afrique,  dans  la  baffe 
Ethiopie.  Elle  s'étend  depuis  les  frontières  de  celle 
de  Majumba ,  jufqu'à  la  rivière  de  Quila.  C'ctoit 
autrefois  un  Royaume  particulier.  EUg  elt  aujour- 
d'hui tributaire  du  Roi  de  Lovango. 

CHJILPELAGUA.  f.  m.  On  donne  ce  nom  à  une  des 
quatre  fortes  de  poivre  de  Guinée. 

CHILTERPIN.  il  m.  C'eft  une  des  quatre  fortes  da 
poivre  de  Guinée. 

CHIMARIOT,  OTE  ou  CHIMERIOT.  f  m.&  f. 
Qui  eft  de  la  ville  ou  de  la  contrée  de  Chimère. 
Ctraunius ,  Chimerœ  incola.  Les  Chimariots  font 
grecs  de  religion.  Leur  Evêque  dépend  de  l'Arche- 
vêque de  Lépante.  Surs  dans  leurs  montagnes  in::c- 
ceflibles ,  ils  n'ont  point  encore  payé  de  tribut  au. 
Turc.  Ils  paficnt  pour  être  de  grans  voleurs.  On  dit 
auiîl  Cimariot ,  &  c'eft  même  le  plus  ulité  en  fran- 
çois.  On  dit  que  les  Cimariots  defcendent  des  an- 
ciens Macédoniens. 

CHÎMAY.  Ville  du  Pays-Bas  dans  le  Hainaut,  éri- 
gée en  Principauté  par  l'Empereur  Maximilien  en 
faveur  de  la  Mailbn  de  Croy.  Cimacum  ,  Cimij.- 
cum  ,  quelquefois  on  trouve  Chimacum  :  mais  ja- 
mais Chimœum.  Aujourd'hui  les  Princes  de  Chimay 
font  de  la  Maifon  d'Aremberg  ,  Anne  Dorothée 
de  Croy  ,  fœur  unique  &  héritière  de  Charles  Duc 
de  Croy,  Prince  de  Chimay  ,  mort  en  16 \o  ayant 
porté  Chimay  dans  cette  Maifon  par  foa  mariage 
avec^le  Comte  de  Ligne. 

CHIMÈRE,  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Monftre 
fabuleux  que  les  Poètes  ont  feint  avoir  la  tête  d'un 
lion  ,  le  ventre  d'une  chèvre  ,  &  la  queue  d'un  iér- 
pent ,  &  qu'on  dit  avoir  éré  défait  par  Belléro- 
phon ,  monté  fur  le  cheval  Pégafe.  Chimœra.  Le 
fondement  de  cette  fable  eft  qu'il  y  a  un  mont  en 
Lycie  du  même  nom  ,  qui  eft  un  Volcan  ,  vo- 
miffant  des  fîammes  ,  dont  lefommet  qui  eft  défert , 
n'eft  habité  que  par  des  lions  -,  le  milieu  où  il  y 
a  de  bons  pâturages ,  eft  abondanr  en  chèvres  -, 
le  pié,  qui  eft  marécageux,  eft  plein  de^rpens. 
Ainfi ,  dit  Ovide  , 

....  Mediis  in  partibus  hircum , 

Peclus  &  ora  leœ  ,  caudainferpentis  habehat. 

Parce  que  Bellérophon  fut  le  premier  qui  alla 
habiter  «;ette  montagne  ,  on  a  feint  qu'il  avoit  tué 
la  Chimère.  Pline  dit  que  le  feu  de  cette  mon- 
tagne s'allume  avec  de  l'eau,  &  qu'il  ne  s'éteint 
qu'avec  de  la  terre  ou  du  fumier.  Quelques-uns 


^42  C  H  I 

ont  dit  que  ce  monftre  avoit  trois  tctes  ,  rime  de 
lion ,  l'autre  de  chèvre  ,  &:  l'autre  de  dragon.  On 
voit  diverfes  fii^nircs  imaginaires  qui  iervent  dans 
l'architecUire  gothique  de  gargouilles ,  &  de  cor- 
beaux ,    Se  qui  ne  font  que  des  produftions  des 
Sculpteurs  ignorans  de  ces  temps-là. 
CniMKRî,  le  dit  figutcment  des  vaincs  imagioations 
qu'on  fc  met  dans    l'elprit  ;  des    terreurs  &  des 
monrtres  qu'on  le  forge  pour  les  combattre  -,  des 
efpcrances  mal  fondées  que  l'on  conçoit,  &  gé- 
néralement de  tout  ce  qui  n'cft  point  réel  5c  Iblide. 
Figilamiumfomnia  ,  yana  &  mania  comminia  ,  jig- 
mema ,  delirament.i.  En  Philolbphie  on  les  appelle 
êtres  de  raifori.  Autrefois  l'amour  5:  la  valeur  roma- 
nelqucétoientlacAiVw^rc;  des  Elpagnols.S.EvR.L'an- 
tiquité  eft  un  cahos  ténébreux  ,  où  l'on  peut  placer 
des  chi-m'eres  impunément.  J  aq.  Il  y  a  de  certaines  f;^/- 
meres  qu'on  autoriCe  en  les  combattant  gravement , 
&:  qu'on  ne  doit  entreprendre  de  détruire  qu'en  ie 
jouant.  Au.  de  Villars.  Les  contemplatift  fe  paiiîcnt 
quelquefois  de  chumres  frériles ,  Se  de  vaines  fpccu- 
lations.  Pourquoi  facrifier  les  plus  agréables  mou- 
vemens  du  cœur  à  cette  chimère  de  bicnléance  & 
d'honneur  î  Vill.  Une  imagination  échauflce  par 
des  vapeurs  fombres  &:  lugubres ,  le  forge  des  chi- 
mères qui  l'cfïraient  &  qui  l'effarouchent.  S.  Evr. 
Les  gens  du  monde  n'eftiment  que  ce  qui  flatte  les 
fens^  les    biens  de  l'ame  pailent    chez  eux  pour 
chimère.  Nie. 

En  vain  vous  voi/s  p^rej^  des  venus  de  vos  pères  ; 
Ce  ne  fo?it  à  mes  yeux  que  de  vaines  chimères. 
Faijonsplus.  Livrons-nous  à  d' aimables  chimères. 
La  fagijfe  le  veut  ;  elles  font  néeeffaires. 
Cejtpar  elles  qu'un  bien  que  l'on  noltiendroit  pas  , 
Se  lai[fant  efpérer  ,  brille  de  mille  appas  ; 
Sans'  elles  malheureux  ,  pleins  de  notre  indnynce , 
Nons  n'avons  duplaijir  que  la  feule  apparence. 

NoUV.   CHOIX    DE    VERS. 

(yT  L'exiftcnce  des  êtres  finis  eft  li  pauvre  &  fi  bornée , 
que  quand  nous  ne  voyons  que  ce  qui  eit ,  nous 
ne  fommes  jamais  émus.  Ce  font  les  chimères  qui 
ornent  les  objets  réels ,  &  fi  l'imagination  n'ajoute 
un  charme  à  ce  qui  nous  frappe,   le  ftcrile  plaihr 
qu'on  y  prend  ,  lé  borne  à  l'organe  ,  6»:  laillc  tou- 
jours le  CGJur  froid. 
Chimère.  En  parlant  de  certaines  origines  fabulcufcs 
de  maifon  ,  on  dit ,  que  c'eft  la  chimère  d'une  telle 
maifon.  Acad.  Fn. 
Chimère,  eft  aulli  un  nom  de  lieu.  Chimœra.  Acro- 
ceratinia.    Chimère  eft  une  ville  de  Turquie  en  Eu- 
rope ,  fur  la  côte  de  l'Epire  ou  de  la  mer  Ionienne  , 
fituée  fur  la  croupe  d'un  rocher  efcarpc  de  toutes 
parts.  C'eft  aulli  le  nom  d'une  petite  comrée ,  dont 
cette  ville  eft  capitale.  Les  Cartes  marines  de  la 
Méditerranée  faites  par  Berrhelot ,    Michelot^  & 
Therin  ,  l'appellent  La  Cumara.  Le  Cap  de  la  Chi- 
mère ,  autrement  de  la  Languette ,  ou  la  Lengua  , 
comme  p?vlcnt  les  mêmes  Carres ,  eft  celui  qui  avec 
le  Cap  d'Otrante  fait  l'entrée  &:  l'endroit  le  plus 
étroit  du  Golfe  de  Vcnife.  Les  montagnes  ds  la 
Chimère ,  Chima:rx  m.ôntes  ,  Acrocerau7iia  juga  , 
Ceramiii  montes ,   entre  l'Albanie  &  l'Epire. 
CHIMÉRIQUE,  adj.   m.  ^-  f.   Plein  de  chimères  , 
d'imaginations  ridicules  .^k  vaincs.  Efprit  chimérique. 
On  le"  dit  aufli  des  chofes  qui  n'ont  d'exiftcnce  que 
dans  l'imagination  ,  des  craintes  ou  des  cfpétanccs 
qui  n'ont  aucun  fondement  Iblide  &  réel.  Préten- 
tion chimérique ,    efpérâncc  chimérique.    Vanus  , 
inanis  ,   commentitius.  Le  deifein  de  la  Monarchie 
univerfelle  eft  un  deflein  chimérique.  Homme ,  ef- 
prit chimérique.  Efpérance  ,  demande  ,  prétention 
chimérique. 


CHI 


Aux  portraits  que  je  fais  ,fa^e  ùfavantcritiqui^ , 
Lefeul  vice  efi  rcel,  le  rejic  eji  chimérique.  Vile. 

CHIMÉRTQUEMENT.adv.  D'une  manière  chiméri- 
que; fabulculcvifionnairc.  Fiiiè,  inaniar  ,fahdvsè. 


L'opinion  que  gens-là  ont  eu  de  leurs  grandes  qua- 
lités ,  leur  a  fak  chercher  chimeriquement  une  ori- 
gine  ditfcrente  de  la  nôtre.   S.  EvR. 
CHIMÉRISEPv.  v.  n.  Se  repaître  de  chimères.  On 
dit  qu'il  faut  raffiner  Se  chimérifer  fur  les  plaifirs.  M. 

DE  FoNTENELEE. 

CHIMIE,  f.  f.  Arr  qui  enfeigne  à  féparer  les  différentes 
fubftances  qui  le  trouvent  dans  les  mixtes ,  favoir 
dans  les  végétaux  ,  les  minéiaux  &  les  animaux. 
Chimia.  La  Chimie  eft  un  art  dont  l'objet  eft  de 
faire  l'analyfe  des  corps  naturels  ,  de  les  réunir  .à 
leurs  premiers  principes,  d'en  découvrir  les  pro- 
priétés cachées ,  &  de  dém.ontrcr  leur  harmonie  in- 
tétieure  ,  &:  le  centre  dans  lequel  toutes  les  fub- 
ftances corporelles  concourent  -,  ou  bien  en  deux 
m-ots ,  la  Chimie  eft  l'Anatomie  des  corps  natutels 
par  le  moyen  du  feu.  Ainfi  l'a  dchni  Hanncman  , 
dans  une  Dllferration  qu'il  publia  à  Kicl  en  170T. 
Quelques  Auteurs  remarquent  que  Dioclcticn , 
aptes  la  prile  d'Alexandrie  ,  fit  chercher  6c  brûler 
les  Livres  de  Chimie  que  les  Egyptiens  avoient  écrits 
autrefois  pour  avoir  de  l'or  6c  de  l'argent ,  ne  vou- 
lant plus  que  les  Egyptiens  s'enrichiUent  pat  cet 
art ,  afin  qu'ils  n'euilent  plus  le  moyen  de  le-  révolter. 

TiLLFM. 

Ce  mot  vient  du  grec  v««V,  c'eft-à-dirc  ,  fuc  ; 
ou  de  ;:fu.  ,  qui  fignifie  fondre,  ^oye^  au  mot  _Al- 
ciHMit  les  étymolo^gies.  Quelques  Auteurs  qui  font 
Cham  fils  de  Noé  "inventeur  de  la  Chimie ,  tirent 
ce  mot.  du  nom  de  Cham  ,  ils  appuient  leur  opi- 
nion fur  la  fignification  du  mot  101  Cham,  qui  en 
hébreu  veut  dire  c*wA-.vr  ,  chaud,  noir,  tous  mots 
qui  ont  rapport  aux  opérations  eie  la  Chimie  ;  mais , 
outte  que  l'on  avance  fans  ptcuvcs  que  Cham  eft 
inventeur  de  la  Chimie ,  il  eft  vifiblc  que  cette  éty- 
inologle  n'eft  pas  naturelle. 

Les  Chimiftes  ont  ajouté  la  particule  atabe  al, 
au  mot  de  Chimie,  quand  ils  ont  voulu  exprimer 
la  plus  lublime ,  qu'ils  appellent  Alchimie.  On 
donne  aulFi  à  la  Chimie  les  noms  de  Spagirie  , 
d'Art  Hermétique  ,  Pyrotechnie. 

C'eft  Ir  Chimie  qui  nous  a  donné  un  grand  nom- 
bre de  très-belles  connoifl'ances  que  nous  avons 
de  la  nature.  Jean-Joachim  Bêcher  a  expliqué  les 
tfrmcs  les  plus  obfcurs  ,  &  les  principes  de 
la  Chimie  ,  dans  un  livre  qu'il  a  inritulé  Oedipus 
Chimicus.  Il  y  a  un  Lexicon  Chimicum  ,  qui  ex- 
plique aulli  les  termes  les  plus  obfcurs  de 
la  Chimie  ,  compofé  par  Guillaume  Johnfon 
Chimifte  Anglois.  Martinus  RulLindus  en  a  fait 
un  autte  fous  le  titre  de  Lexicon  Alchemix.  Pierre 
Borel  a  donné  un  recueil  de  rous  les  Auteurs  qui 
ont  écrit  de  la  Chimie,  qu'il  appelle  Bihliotheca. 
Chimica.  On  trouve  quanriré  d'opérations  de  Chi- 
mie rangées  par  ordre  alphabétique  dans  un  livre 
imprimé  à  Leiden  en  i<S34,  intitulé  Colleclanea. 
Chimica  Leidenfîa.  Nous  avons  aulli  plufieurs  Trai- 
tés françois  de  Chimie  où  les  opérations  fon  claire- 
ment décrites.  Les  meilleuts  font  Le  Févre ,  Glafer, 
La  Faveur  ,  Charas ,  Lémery.  Il  y  a  clans  la  Bi- 
bliothèque du  Duc  de  Bavière  un  Traité  de  Chimie 
foas  le  nom  de  Cléopatre,  Roi  de  Chimie. 

11  y  a  une  autre  force  de  Chimie  qui  confifte  dans 
la  tranfmutation  chimérique  des  métaux.  C'eft  ce 
qu'on  appelle  chercher  la  pierre philofophale.  Voyez 
Alchimie,  C'eft  Se  nom  que  l'on  donne  plus  com- 
munément à  cette  prétendue  fcience. 
CHIMIQUE,  adj.  m.  i:.  f.  Qui  appattient  à  la  Chi- 
m-ic.  Chimicus.  Les  remèdes  Chimiques  ne  fonC- 
nullement  dangereux  ,  quand  ils  font  bien  pré- 
parés 6c  donnés  à  propos.  Les  Operateurs  s'ap- 
pellent Médecins  Chimiques  6c  Spa^iriques. 
CHIMISTE,  f.  m.  Celui  qui  f^it  la  Chimie  ,  qui  fait 
les  opérations  de  Chimie  ,  ou  qui  a  écrit  de  la 
Chimie.  Chimicus,  Chimiœ  peritus.  Le  peuple  fiic 
un  grand  mépris  des  Chimijks  ,  parce  qu'il  n'en 
Juge  que  fur  le  pie  de  certains  ignorans,  gueux 
6c"  afÎTontcurs  ,  qui  difent  qu'ils  ont  trouve  la 
picrr;  phiiofophaie,  Q'eft  la  niiinc  chofe  que  s'il 


CHÎ 

mt^eoient  deï  Aftronômcs  par  les  faifeurs  d'MA^- 
na'chs,  des  Pocites  6i  des  Muliciens  par  le^>  Clun- 
teurs  du  Pont-neuf  :  au  lieu  qu'on  doit  a  la  Cni- 
rrie  l'invention  des  choies  les  plus  nccelkires  a  la 
vie,  comme  la  préparation  des  métaux  &  de  la  plu- 
part des  remèdes.  ,    ^,  •  ■  ■  i     - 
irr  II  faut  pourtant  convenir  que  la  Chimie  ,  maigre 
toutes  les  découvertes  ,  elt  encore  bien  clo.snce 
de  la  perfection  ,  &  qu'il  eft  même  mipolfible  d  ar- 
river 1  ce  point  là.  Dans  la  decompoiition,  leteu 
chanre  Ibuvent  les  principes  des  choies  :  les  végé- 
taux parl'analyle  donnent  des  rclultats  prelque  fcm- 
blables,  puilque  les  plantes  les  plus  falutaues  ren- 
dent à  peu-près  les  mêmes  principes  que  les  plus  ve- 
nimeufes.  On  fait  d'ailleurs  que  le  feu  ne  fait  rien 
fur  plulicurs  efpèces  de  pierres,  de  terres  &  de  fa- 
bles." Beaucoup  de  minéraux  ne  peuvent  être  ana- 
lifés  par  cet  clément  ,    qui  emporte  &  lubftiliie 
plutôt  leurs  corpulculcs ,  qu'il  ne  les  divile  en  leurs 
principes.  Tels  font  le  mercure  &  le  fouffre  ,  quand 
on  ne  les  brûle  pas  à  l'air  libre.  Il  n'eft  pas  moins 
difficile  de  détruire  le  2;luten  de  certaines  pierres, 
&  les  çran^ues  fauvagesfonrindeltrudibies.  Oryct. 
ter  CHIN.^Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 
Honan  ,  au  département  de  Caifung  >  pair  les  34^ 

48'  de  lat. 

^J-  Il  y  a  un  fameux  lac  de  même  nom  dans  la 
Province  de  Junnan ,  à  la  place  duquel  il  y  avoir 
,  .  autrefois  une  grande  ville  qui  fut  abymée  pat  un 
tremblement  de  tetre.  ^ 

CHINAGE  ou  CHEMAGE.  Terme  de  Coutumes. 
Droit  qui  fe  paye  à  raifon  des  charrettes  qui  pafient 
dans  les  bois.  Chinargium.  „ ,        , 

fCr  CHINEA.  Grande  &c  agréable  vallée,  dans  le 
Diûcèle  de  Lima  au  Pérou,  aiîez  près  de  celle  de 
Lunai:aana. 

icr  CHINCHEN.  Ville  de  la  Chme  dans  la  Pro- 
vince de  Huquang  ,  fur  les  frontières  de  celle  de 

Quanton.  ,>»,„     -rr-,.      1     1 

^  CHINCHIAN  ou  CHINKIANG.  Ville  dé  la 
Chine  ,  cinquième  métropole  de  la  Province  de 
Junnan,  fon  département  comprend  cinq  villes  : 
Ibus  le  24^  degré  19'  de  latitude,  elle  ell  de  14J 
4'  plus  ocddentale  que  Peking. 

^3-  CHINCHIAN  ou  CHINKIANG.  Villc  dc  la  Chine , 
fixième  métropole  de  la  Province  de  Kianguan  ou 
Nanquin,  fous  le  ^i^  49'  &  de  zJ  x8  plus  orien- 
taie  que  Peking.  .       .  r  j 

CHINCILLA.  f.  m.  Petit  animal  qui  fe  trouve  dans 
le  Pérou.  On  eflime  fort  fon  poil ,  qui  eft  fin  & 
poli.  Il  eft  de  la  grofleur  d'un  écureuil.   _ 

^  CHINCHINTALAS.  Province  de  la  Tartane 
entre  celles  de  Camul  &  de  Suchur.  On  trouve 
dans  une  montagne  de  cette  Province  un  minerai 
lin^ulier  ,  qu'on  appelle  Salamandre  ,  &  dont  on 
fait  du  linge  qui  fe  conferve  dans  le  feu  ,  comme 
le  lézard  appelé  falamandre ,  fuivant  1  opinion 
mal  fondée  de  quelques  Naturaliftes,  Foye^  Î)Ala- 

MANDRE.  .    .  ^  .  , 

CHINE.  Grand  Royaume  de  l'Afie ,  qili  occupe  la 
récrion  la  plus  orientale  de  notre  continent.  Sma  , 
Suiarum  regio ,  China.  La  Chine,  félon  le  P.  Le 
Comte ,  dans  fcs  nouveaux  Mémoires,  l-i^  P-  p  > 
s'érend  du  Sud  au  Nord  depuis  le  if  degré  juf- 
qu'au  4^  Ceft  1 8  degrés ,  qui  font  450  lieues  com- 
munes. Son  étendue  d'Orient  en  Occident  neft 
£uère  moindre.  D'ailleurs  la  Chme  eft  prefque 
ronde,  de  forte  qu'elle  a  près  de  quatorze  cens 
lieues  de  tour.    Ces  mefures  font  juftes ,    du  ce 

•  Pete ,  &  fondées  fur  des  obfervations  exaétes.  Au 
rcfte ,  on  ne  comprend^  poim  dans  ce  que  nous  Ve- 
nons de  dire  plufieurs  Iles  de  la  Chine,  qui  feules 
feroient  un  grand  Empire  ,  ni  le  Leauron  ,  qui  eft 
hors  de  la  grande  muraille.  Pour  la  Corée ,  le  Eiin- 
quin  &  Siln  ,  ils  doivent  à  la  vériie  un  tribut 
résîlé  à  l'Empereur,  qui  outre  cela  en  nomme  les 
Rois ,  ou  les  approuve  ,  quand  ils  prennent  pof- 
fefTion  de  la  couronne  s  mais  néanmoins  tous  ces 
Etats  ont  leur  gouvernement  particulier ,  &:  font 


CH  i 


Hl 


ircs-diiïérens  de  11  Chi/ie.  Abulphaiagc  ',  dans  ù. 
■premier!^  Dynaftie  ;  compte  les  Chinois  parmi  les 
lix  premières  hâtions  du  monde.  Il  les  appelle 
Sin  ,  &  dit  qu'ils  habitent  le  plus  Oriental  de  la 
terre  habirablc  ,  &c  qu'ils  s'étendent  depuis  la  ligne 
équinoctiale  ;  jufqu'au  dernier  des  fept  climats  vers 
le  Septentrion  ;  il  ajoute  qti'ils  furpallént  toutes 
les  autres  nations  dans  les  Arts  méchaniqucs  èc 
la  Peinture.  Telle  eft  l'idée  qu'on  en  avoir  en  Orient 
dans  le  XIIP  fièclc  qu'Abulpiiarage  écrivoit. 

La  Chine  eft  fi  bien  cultivée  par  l'induftrie  SC 
le  rravail  de  fes  habitans ,  qui  ont  applani  toutes 
les  campagnes  ,  converti  des  montagnes  mêmes  en 
plaines  ,  par  les  tertalfcs  qu'ils  y  ont  faites  juf- 
qu'au haut,  comme  en  amphiiéattc ,  par  les  ca- 
naux qu'ils  ont  conduit  dans  toutes  les  Provinces  j 
qu'il  n'y  a  prelque  pas  un  pouce  de  terre  inutile  , 
&  que  les  campagnes  relfemblcnt  à  des  jardins. 
D'ailleurs  ,  outre'que  la  Chine  produit  tous  noâ 
fruirs  d'Europe ,  à  la  réferve  des  amandes ,  elle 
en  a  beaucoup  d'autres  que  nous  ne  connoiflons 
point  en  ce  pays-ci.  Malgré  tout  cela ,  la  terre 
fidfir  à  peine  à  la  nourriture  de  l'es  habitans ,  tant 
elle  eft  peuplée  ,  &  les  pères  &C  mères  expofcnc 
tous  les  jours  une  infinité  d'enfans  ,  après  qu'ils 
fonr  veiius  au  monde  ,  parce  qu'ils  rie  pourroient 
les  nourrir. 

Les  Provinces  de  la  Chine  font  au  Nord  ,  le 
Pekeli,le  Xanfi,  le  Xenfi ,  Xatung  ou  X.anton, 
le  Honan  &  le  Suchucn  ;  &  au  Sud  le  Huquang 
ou  Huquam,  le  Kiangfi  ,  celle  de  Nankin,  le 
Chekiang  ,  le  Fokien  ,  le  Quantung,  le  Quangfi  , 
le  Queicheu  &  Junnan  ou  Yunnan.  L;s  fleuves  de 
la  Chine  les  plus  confidctables  font  le  Hoangs ,  ou 
la  rivière  jaune,  le  Kiang  ,  ou  la  rivière  bleue  , 
Si  le  Canron ,  ou  le  Ta.  Les  villes  de  la  Chine 
font  ou  villes  de  guerre ,  ou  villes  de  police.  Chaque 
efpèce  de  ces  villes  eft  diftinguèe  en  plufieurs  ordres. 
Il  y  a  plus  de  mille  villes  de  guerre  du  premier 
ordre ,  &  beaucoup  plus  du  fécond  5c  du  troi- 
fième.  Pour  les  villes  du  premier  ordre  ,  il  y  en 
i  plufieurs  plus  grandes ,  ou  auffi  grandes  que  Pé- 
kin. Le  P.  Le  Comte  ditqu'il  en  a  vu  lui  fculplus  de 
fept  ou  huit.  Il  y  en  a  plus  de  quatre-vingt  du  pie- 
mier  ordre ,  qui  font  comme  Lyon  &  Bourdeaux. 
Parmi  deux  cens  du  fécond  ordre  ,  il  y  en  a  plus 
de  cenr ,  comme  Orléans  -,  entre  douze  cens  du 
troifième  ,  on  en  rrouve  plus  de.iix  cens  aulfi  con- 
lidérables  que  la  Rochelle  &:  Àngoulcir.e  ;  fans 
parler  d'un  nombre  prodigieux  de  villagr^s  ,  qui 
furpaifenr  en  grandeur  &  en  nombre  d'habitans  les 
villaires  de  Marene  8c  S.  Jean  de  Luz. 

L'Empereur  de  la  Chine  eft  abfolu  ,  &:  les  loix 
lui  donnent  une  autorité  prefque  fans  bornes.  Il 
a  deux  Confeils ,  l'un  ordinaire  ,  compofé  des  Co- 
laos  ,  qui  font  les  Miniftres  d'Etat  -,  l'autre  ex- 
traordinaire ,  compofé  des  Princes  du  fang.  Il  y 
a  fix  Tribunaux  fouverains  à  Pékin  ;  le  Lipou, 
pour  ce  qui  regarde  les  Officiers  de  l'Etat ,  que  nous 
nommons  Mandarins ,  le  Houpou  ,  pour  les  fi- 
nances -,  le  Lipou  ,  pour  la  religion  ,  les  anciennes 
courûmes ,  les  fciences ,  les  arts  ,  les  affaires  étran- 
gèies  -,  le  Pinpou,  pour  la  guerre  i  le  Himpou, 
pour  les  aflTaires  criminelles  -,  le  Compou ,  pour  les 
ouvra^^es  publics.  Les  Mandarins  font  tous  Doc- 
teurs.'ll   y   en    a    15(547    de  neuf  ordres   diffc- 

rens.  v  »   ^;-      r  • 

Il  y  a  quatre  principales  reli2;ions  a  liChme.  L  an- 
cienne qui  eft  celle  de  l'Etat,  &  qui  ne  recon- 
noît  qu'un  Dieu,  fouverain  maîrre  du  ciel  &c  di 
la  terre  ,  fias  idoles ,  ni  ftatues.  L'Idolatne  eft  h 
féconde.  Elle  y  fbt  apporrée  par  Tohe ,  o_n  Fohi, 
Philofophe  Indien  ,  31  ans  avant  la  nailiance  de 
Jefus  Chrift.  Il  y  a  auffi  un  forr  grand  nombre  d  A- 
thées.  Enfin,  la  Religion  Chrérienne  y  a  Pcnérré. 
S  Xavier  dit  dans  la  5=  Epitre  du  Livre  II  dc  fes 
Lettres  ,  que  bien  des  gens  croient  que  faint 
Thomas  y  avoir  prêché  l'Evangile, qu'avanr  que  le» 
Poriu<^ais  connuffent  les  Indes ,  l'Eglife  Grecque  y 


544  C  H  I 

envoyoit  dcsEvêques-,&  que  leur  tradition  ctok  que 
ce  faint  Apôtce  y  avoit  converti  bien  du  monde.  Le  P. 
Le  Comte  a  rapporte  les  preuves  de  cette  tradition  , 
T.  II ,  p.  1 9(î.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'cft  que  des 
Milfionnaires  Syriens  de  Mollil  &:  de  Ballbra , 
qui  iuivoient  les  Caravanes  de  Samarcand ,  de  Bo- 
chara  &:  des  autres  grandes  villes  de  la  Tartatife , 
pénétrèrent  jufques  à  la  Chine  vers  l'an  737  de 
J.  C.  &  y  portèrent  le  Chridianifme.  Fleurv. 

Dans  ces  derniers  temps  S.  Xavier  tâcha  d'y  en- 
trer ,  &:  mourut  à  la  porte  de  ce  vafte  Empire  en 
1,-52.  Depuis  le  P.  Roger  y  entra  en  1581  ,  &le  P. 
Ricci  enluite ,  &:  après  bien  des  peines  &  des  tra- 
vaux ,  ils  obtinrent  des  Magiftrats  en  1584  ,  U  pcr- 
miilïon  de  s'y  établir.  La  Religion  y  a  fuit  de  grands 
progrès,  depuis  fur  tout  que  l'Empereur  qui  rc- 
snok  en'  171  $  ,  par  un  Edit  très-honorable  6c  très- 
t"avor.ible  à  la  Religion  ,  a  permis  qu'on  la  prêchât 
&  qu'on  l'embralsât  librement.  En  KÎ15  ,  on  trouva 
proche  de  Signanfbu  ,  capitale  de  la  Province  de 
Chenfi ,  un  monument  qui  contient  un  abrégé  de 
la  Doctrine  Chrétienne ,  &  qui  marque  que  ces 
Millionnaires  venoicnt  de  Judée,  que  l'un  s'ap- 
peloit  Olopoucn,  &:  l'autre  I-ho  \  qu'Olopouen, 
après'  bien  des  dangers  courus  lur  mer  &  llir  terre 
arriva  à  la  Chine  l'an  (ÎAûdeJ.  C.  que  les  Empe- 
reurs favorisèrent  fort  la  Religion  en  dépit  des 
Ecnzcs  qui  excitèrent  de  grandes  perlccutions  ; 
&  qu'enfin  Ce  monument  fut  érigé  l'an  782.  de  J.  C. 
Ce  font  les  Bonzes  qui  gardenr  ce  monument  dans 
\in2  Pagode  proche  de  la  ville  de  Signanfou,  Le  P. 
Kirkerrapportc  &  explique  ce  monument  dans 
fon  China  Illufirata.  Teoph.  Spiielii  de  Re  Litte- 
raria  Sinenfitim  Commentarius. 

Porcelaine  de  la  Chine,  encre  delà  Chine,  ver- 
nis de  U  Chine.  Voyez  ces  mots  en  leur  place.  Un 
cabinet  de  la  Chine  ,  du  papier  de  la  Chine.  L'Em- 
pereur de  la  Chine.  L'Empire  de  la  Chine.  Les  Mif- 
lîonnaires  de  les  François  qui  font  à  la  Chinj  , 
difent ,  aller  en  Chine ,  demeurer  en  Chine  :  mais 
en  France  nous  difons ,  aller  à  la  Chine  ,  être  à 
La  Chine. 

Nous  avons  fur  la  Chine  ,  le  China  Illujlrata 
du  P.  Kirker ,  l'Atlas  Sinicus  de  Martinius  ,  qui 
lait  le  XV  Tome  du  Grand  Atlas  de  Blaeu  ,  Spi- 
zelius  De  Re  Litteraria  Sincnjiiim  ,  le  P.  Nie.  Tri- 
gault  Jcfuite.  Regni  Chinenjis  Defcriptio  ,  la  Re- 
îarion  de  Semedo  -,  le  Sina  &  Europa  de  Prcye- 
lius  -,  &  une  Relation  de  la  Chine  par  un  Mofco- 
vite  nommé  Nikipofa  ,  les  Mémoires  du  P.  Le 
Comte  i  la  nouvelle  Defcription  de  la  Chine  par 
le  P.  Duhalde  ,  &'c. 

Le  nom  Chine  n'eft  point  en  ulage  à  la  Chine , 
&  ce  n'eft  point  celui  que  les  Chinois  donnent 
.à  leur  patrie.  Ils  l'appcUenr  Chungoa  ;  c'eft-à-dire  , 
Royaume  du  milieu  ,  Se  Chunque  ,  Jardin  du  mi- 
lieu -,  parce  qu'ils  difent  que  la  Chine  eft  au  milieu 
du  monde.  Les  Tartares  appellent  la  Chine  Mangin  , 
nom  qui  fignifie  Barbare.  Ils  lui  donnent  aufli  le 
nonide  Han  ou  Catay  ;  d'autres  difent  que  leCatay 
ne  renferma  que  les  Provinces  du  Nord ,  &  le 
Mangin  celles  du  Midi.  A  Siam  &  à  la  Cochin- 
chine ,  &c.  la  Chine  eft  appelée  Cin  ,  du  nom  de 
la  i'imille  Impériale  Cin  ,  qui  rcgnoir  vers  le  temps 
de  Crélus ,  550  ans  environ  avant  J.  C.  C'eft  de- 
là que  s'eft  fait  le  nom  de  Chine ,  &  celui  de  Sina 
en  latin ,  parce  que  ,  félon  la  conjetflure  de  quel- 
ques Savans  ,  la  Chine  commença  alors  à  erre 
connue. 
CHIi^E-  ^-  f-  Idole  des  Chinois.  Idolum  Sinicum.  Les 
Chines  ou  Idoles  des  Chinois,  font  faites  en  forme 
de  pyramides  ouvragées.  Mob-Éri  ,  Edu.  de  1712. 
Les  naturels  du  pays  craignent  fort  ces  Chines.  Id 
Je  ne  fai  fi  ce  mot  fe  trouve  ailleurs,  jufqu'ici  je 
ne  l'ai  vût  dans  auc.m  autre  Auteur  françois. 
Chine,  f.  f.  Voyei  Squine.  chine  n'eft  pas  françois. 
Il  y  a  une  fauffe  racine  de  Chine  qui  croît  dans  les 
Antilles.  P.  du  T.  T.  J ,  p.  ç)6. 
^T  CHINER,  v,  a,  Terme  nouvellement  invente  dans 


CHI 


les  Manufadures.  Chiner  une  étoffe,  c'eft  donner 
aux  fils  de  la  chaîne  des  couleurs  différentes ,  &  dil- 
pofcr  ces  couleurs  fur  ces  fils  de  manière  qu'elles  re- 
prcfcntcnt  un  deffcin  lut  l'étoffe. 

ifT  Chinée,   ée.  part.  Etoffe  chinée. 

^fT  On  dit  auffi  chiner ,  f.  m.  de  l'art  de  travailler 
ainli  les  étoffes.  Le  chiner  eft  une  des  manœuvres 
les  plus  délicates  qu'on  ait  imaginées  dans  les  arts. 
Encyc.     • 

CHINFRENEaU.  f.  m.  Coup  qu'on  reçoit  a  la  tête, 
foit  en  fe  heurtant  par  hazard  conrrc  quelque  corps, 
foiten  fe  battant  contre  un  ennemi.  Illijns  ,  ojfhijîo, 
ojfenfus.  Il  marchait  à  tâtons.  Se  il  s'eft  donne  un 
vilain  chinfreneau  contre  une  porte.  Il  reçut  en  ce 
combat  un  vilain  chinfreneau.  Ce  mot  eft  populaire 
&  vient  apparemment  de  ch  in  frein  par  corrup- 
tion. 

CCr  CHîNGAN.  Ville  de  la  Chine  ,  dixième  Mé- 
tropole de  la  Province  de  Quangli ,  par  les  Z4  de- 
grés de  latitude, 

rà-  CHINGTIEN.  Ville  de  la  Chine  dont  elle  eft  la 
quatrième  Métropole  ,  par  le  3 1  degré  de  la- 
titude. 

(Cr  CHINGTU.  Ville  de  la  Chine  ,  capitale  de  U 
Province  de  Suchuen  ,  fous  le  30  degré  47'  de 
latitude. 

CMINGULAÎS  ,  AISE.J".  m.  &:  f.  Habitant  ou  ori- 
ginaire ,  naturel  de  l'Ile  de  Ceïlan.  CciLinus ,  Cei- 
liinenjis  ,  ChinguUnus.  C'eft  ain'i  qu'il  faut 
dire  ,  &  non  pas  Céylanois.  Les  Chingiilais 
font  originairement  Malabares  &  Chinois  ,  fi  l'on 
en  croit  les  Auteurs  Portugais  ;  les  Malabares  exi- 
loient  en  cette  Ile  ceux  qui  avoient  commis  quel- 
que crime  qui  méritoit  l'exil.  Les  Chinois  ,  maîtres 
de  tout  le  commerce  de  l'Orient ,  fréquentanr  fort 
ces  mers  ,  ciuelques-uns  de  leurs  vailfeaux  furent 
portés  fur  les  baffes  du  détroit  de  Chilao ,  &  jr 
échouèrent.  Les  équipages  fe  fauvèrent  dans  l'île, 
£c  ayant  trouvé  le  pays  beau  &  fertile ,  ils  s'y  cca- 
blirent.  En  peu  temps  ils  s'allièrent  avec  les  Mala- 
bares exilés  qu'ils  y  trouvèrent  ,  &  qu'on  nommoic 
Galas.  Ils  fe  confondirent  ainfi ,  &  ne  firent  qu'un 
feul  peuple  ,  que  des  deux  noms ,  Cin  5c  Galas , 
l'on  appela 67z//zq'iîAzj,  &  puis  Chingulais.  Les Chin- 
guLiis  font  prelque  rous  idolâtres  :  ils  font  de  deux 
fortes  :  les  uns  font  tout-à-lait  fauvages  ;  on  les  ap- 
pelle Bedda  ou  Waddahs  :  ils  demeurent  éloigaés 
des  habitations.  Les  autres  font  plus  civilifés.  Voye? 
ce  qu'on  en  a  dit  au  mot  Céïlanois.  Les  Chingidaij'es 
portent  ordinairement  une  camifole  de  toile  de  co- 
ton blanche  qui  leur  couvre  tout  le  corps ,  qui  eft 
parlemée  de  fleurs  bleues  &:  rouges,  &:  qui  eft  plus- 
ou  moins  longue  ,  félon  la  qualité  des  perfonnes. 
Les  Chingulais  reconnoiffent  philieurs  Dieux,  donc 
il  y  en  a  un  fupérieur  &  fouverain  ,  qu'ils  ap- 
pcUenr  Créateur  du  ciel  &  de  la  terre ,  &  qui  en- 
voie les  autres  pour  exécuter  fes  ordres  :  les  autres 
Dieux  font ,  diti:nt-ils ,  les  âmes  des  gens  de  bien. 
Ils  croienr  l'immortalité  de  l'ame,  la  réfurrei5lion, 
&  une  autre  vie ,  ùc. 

Quelques-uns  difent  Cingaîe  pour  Chingulais ,  & 
les  appellent  les  Gentilshommes  de  l'Ile  de  Céïlan, 

Ip*  CHINGYANG.  Ville  de  la  Chine ,  quinzième 
métropole  de  la  Province  de  Huynand  ,  par  les 
5  5-i  de  lat. 

Ip-  CHINKÏANG.  Nom  de  deux  villes  de  la  Chine, 
l'une  dans  la  Province  de  Junnan  ,  l'autre  dans  celle 
de  Kiangnan. 

03"  CHINN.\N.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province 
de  Junnan,  au  déparrement de  Cuhiung,  parles 
24'!  40'  de  lar.   \ 

03*  CHINNING.  Ville  de  la  Chine  ,  troilième  cité 
de  la  Province  de  Queicheu  ,  à  25«*  de  lat. 

CHINOIS  ,  OISE,  f  m.&  f.  Sina,  Sinenfis .W^h\x.%x).t 
de  la  Chine,  naturel  de  la  Chine.  Les  Chinois ^ 
dir  Abulpharage  ,  flirpaflent  toutes  les  autres  na- 
tions par  leur  nombre ,  par  la  grandeur  de  leur 
Empire ,  Sc  par  la  vafte  étendue  des  terres  qu'ils 
poiîèdenc.  Ils  l'emportent  encore  fur  les  autres  par 

leur 


C  H  1 

leur  habileté  dans  les  arts  méchiniques  &  dans  la 
peinture.  Abulpharage  n'entend  parler  que  du  colo- 
ris &  du  vernis  de  la  Chine  ;  car  pour  le  refte  ,  le^ 
Chinois  n'entendent  rien  en  peinture.  Selon  le  même 
Auteur,  les  Chinois  ion:  un  des  fept premiers  pei:- 
ples  du  monde.  L'hiltoire  populaire  des  Chinois 
compte  plus  de  quarante  mille  ans  depuis  la  fon- 
dation de  leur  Empire  •,  mais  lliivant  celle  dont  tous 
les  Savans  conviennent ,  &  qui  efl:  liliiivie  ,  li  bien 
circonftancice ,  établie  par  une  tradition  fi  conl- 
tantc,qu'on  ne  peut  en  douter  parmi  eux  ,(iins  palier 
pour  ridicule  ,  &  comme  ils  s'expriment  cux-nie- 
mes  ,  pour  des  hérétiques ,  iuivant  cette  hiftoire. 
Il  y  a  beaucoup  plus  de  quatre  mille  ans  que  la 
Chine  avoit  les  Rois.  Tillemont  ,  Hijl.  des  Emp. 
T.  ni,  p.  jic),  prétend  que  les  ^Vr<;j  qui  envoyè- 
rent des  Députés  &i  des  préiéns  à  Aurélien  en  273  , 
avec  plulicurs  autres   Orientaux  ,  font  les  Chinois. 

Selon  M.  d'Herhelot ,  les  Chinois  ont  reçu  des 
Iruliens  la  plus  grande  parric  des  Sciicnccs.  Con- 
fucius  fut  inlhuit  dans  la  Philofophie  par  les  Doc- 
teurs Indiens.  Pythagore  croit  plus  ancien  que  Con- 
fucius ,  li  on  le  fait  naître  (S05  ans  avant  J.  G.  avec 
le  Doétcur  Bentley ,  &:  certainement  contempo- 
rain de  Confucius ,  fi  on  place  fa  naiifance  à  l'an 
5<>7  ou  568  avant  J.  C.  avec  Dodwell  &  Stanley, 
puifque  Confucius ,  fuivant  le  P.  Couplet ,  elt  né 
l'an  551  avant  J.  C.  Ejfai  fur  les  Hicroglyph.  p. 
505. 

Un  Savant  du  Nord ,  nommé  Eccard  ,  prétend 
que  les  Chinois  font  les  Argipéens  d'Hérodote  j 
qu'ils  habitoient  alors  les  montagnes  ,  &;  que  de- 
puis ils  font  defcendus  dans  la  plaine.  Cela  eft  dif- 
ficile .à  accorder  avec  leur  hiftoire. 
CHINOIS,  OISE.adj.  Qui  eft  de  la  Chine,  qui  ap- 
parrient  à  la  Chine.  Sinenfis.  A  l'orgueil  près ,  il 
faut  avouer  que  la  nation  Chinoij'e  a  eu  de  grandes 
qualités-,  beaucoup  de  douceur  ïc  de  politelle  dans 
l'ufage  du  monde ,  du  bon  fens  &  de  l'ordre  dans 
leurs  affaires ,  du  zèle  pour  le  bien  public  \  des 
idées  juftes  pour  le  gouvernement',  de  l'el'prit,  mé- 
diocre à  la  vérité,  dans  les  fciences  fpéculatives, 
mais  droit  &  fur  dans  la  morale.  P.  Le  Comte. 
La  langue  Chinoife  n'a  aucune  analogie  avec  toutes 
celles  qui  ont  cours  dans  le  monde.  Elle  ne  contient 
que  3  30  mots  tous  d'une  fyllabe ,  ou  qu'on  pro- 
nonce au  moins  d'une  manière  fi  ferrée  ,  qu'on 
n'en  diftingue  prefque  jamais  qu'une.  Le  même  mot 
prononcé  avec  inflexion  de  voix  plus  forte  ,  ou  plus 
îbible  ,  a  diverfes  figniiications.  Ainfi  b  langue  Chi- 
noife ,  quand  on  la  parle  exaél:ement,efl:  une  efpèce 
de  mufique  ,  &  renferme  une  véritable  harmonie , 
qui  en  fait  l'effence  &  le  caraélère  particulier.  Id. 
Ce  qui  touche  les  caraétères  Chinois  ,  n'eft  pas 
moins  lingulier  que  leur  langue.  Ils  n'ont  point 
d'alphabet  comme  nous ,  qui  contienne  les  élémens 
èc  comme  les  principes  des  paroles.  Au  lieu  d'al- 
phabet ,  ils  fe  font  fervi  au  commencement  de  leur 
monarchie ,  de  hiéroglyphes.  Il  y  en  a  plus  de 
80000.  Id.  Théophile  Spizélius  a  fait  un  Traité  de 
la  littératute  Chinoife ,  Théoph.  Spi^elii ,  de  Re  lit- 
teraria  Sinenjîum  Commentarius.  André  Cleyer  , 
premier  Médecin  de  la  Compagnie  des  Indes  à 
Batavia,  donna  en  xcîSi  à  Francfort  un  Eflai  de  la 
Médecine  Chinoife  en  latin.  Spécimen  Médicinœ. 
Sinictz ,  Jive  Opiifcula  Medica  ad  mentem  Sinen- 
jîum. 

Il  n'y  a  aucune  lettre  Chinoife  qui  n'ait  fa  ligni- 
fication ,  lorfqu'on  la  joint  avec  d'autres  -,  Tsai , 
par  exemple,  qui  veut  dire  malheur  ,  calamité, 
eft  compolé  de  la  lettre  Mien,  qui  fxgnific maifon  , 
&  de  la  lettre  Ho  ,  qui  fignifîe  feu  ,  parce  que  le 
plus  grand  des  malheurs  eft  de  voir  fa  maifon  en 
feu.  Les  lettres  Chinoifes  font  donc  autant  d'hiéro- 
glyphes qui  forment  des  images ,  &  qui  expriment 
des  penfées. 

Chaque  idée  a  fa  marque  diftinifle  de  l'écriture 
Chinoife ,  ce  qui  fait  qu'elle   continue  aujourd'hui 
d'être  commune  à  différentes  nations  voilines  de  la 
Torfie  IL 


C  HI 


T4T 


Chine,  quoiqu'elles  parlent  des  langues  différentes 
comme  l'ctoit  le  caraétèrc  univcrfcl  de  récriture 
en  pcintur-e.  Les  lettres  Chinoifes  fervent  à  défi- 
gncr  les  chofes,  &  non  les  mor?.  Les  cata(ftères  de 
la  Cochinchine,  de  Tongking  ,  du  Japon,  font 
les  mêmes  que  ceux  de  la  Chine  ,  &  fignifienc 
les  mêmes  chofes  ,  fans  toutefois  que  ces  peu- 
ples, en  parlant,  s'expriment  de  la  même  fbrrc. 
Ces  caractères  font  en  cela  comme  les  chiffres  d'a- 
rithmétique. Pluîieurs  nations  s'en  fervent -,  on  leur 
donne  différcns  noms ,  mais  ils  fig^nifient  par-tout 
la  même  chofe.  L'on  compte  jufqu'à  quatre-vingt 
mille  de  ces  caraélères.  Cette  écriture  n'eft  qu'un 
hiéroglyphe  abrégé  &  raffiné ,  qui  dérive  de  la  pre- 
mière méthode  fi  fimple  de  peindre  les  idées  hu- 
maines. 

Chinoise,  (/a  )  Terme  de  Flcurifte.  C'eft  un  œillet 
tricolor  rare.  Son  blanc  eft  de  lair,  tranché  de  gros 
panaches  bruns  comme  s'ils  étoient  noirs,  &  de  cou- 
leur de  rofe,  fa  fleur  eft  large.  Morin.  C'eft  aulJi 
une  tulipe,  colombin  grisâtre ,  rouge  &  chamois.  Id. 

CHINON.  Ville  de  France  en  Touraine.  Chino ,  Chi- 
nonum  ,'Chinonium.  Chinon  eft  fitué  fur  la  Vienne, 
à  dix  lieues  de  Tours.Quelques-uns  croient  que  c'eft 
le  vieux  Cifomagenfis  de  Grégoire  de  Tours.  Quel- 
ques-uns l'appellent  Caino  ;  &z  c'eft  fur  cela  que 
Rabelais ,  qui  étoit  de  Chinon ,  a  dit  que  cette  ville 
avoit  été  bâtie  par  Caïn.  l^^oyei  Du  Chefne  ,  ^n- 
tijuités  des  villes  de  France  ,  L.  Î,C.  iio,&  Valoi;, 
Aor.  txdll. 

CHîNQUER.  V.  n.  Terme  populaire  ,  qui  fîgnifîe , 
boire  par  excès  en  choquant  les  verres  les  uns  con- 
tre les  autres ,  fie  en  le  portant  des  fautes  pour 
s'exciter  à  boire.  Potare  largiàs,  pergrœcari  frequcn- 
tioribus  poculis,  cyathos  coatis  illidcre.  Ort  con- 
noît  aux  paroles  fié  aux  aélions  de  cet  homme  qu'il 
a  chinqué  aujourd'hui.  Ménage  dérive  ce  mot  de 
l'Allemandyir^tfwAfrt ,  qui  fignifîe,  v<rfer  à  boire  y 
&C  qui  vient  de  fchink  ,  qui  fignifîe  échanfo/i. 

CHINTAL.  f  m.  Sorre  de  poids  donr  les  Portugais 
fe  fervent  à  Goa.  Il  revient  à  105  livres ,  poids  da 
marc. 

CHINTE-SERONGE.  f.  f.  Toile  blanche  de  coton  , 
propre  à  être  imprimée  ,  8c  mife  en  couleur ,  qui 
fe  fabrique  aux  Indes  orientales. 

§3-  CHINTING.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Pro- 
vince de  Peking  ,  dont  elle  eft  la  quatrième  métro- 
pole ,  48'i  40'  de  lar. 

fp-  CHINY  ou  CHISNY.  Petite  ville  des  Pays- 
Bas  ,  dans  le  Luxeitibourg ,  Chef-lieu  d'un  Du- 
ché démembre  de  l'ancien  Comté  d'Ardenne  ,  vers 
les  confins  de  la  Lorraine  ,  de  la  Champagne  &  du 
Duché  de  Bar. 

Ip-  CHINYVEN.  Ville  de  la  Chine  ,  dixième  mé- 
tropole de  la  Province  d'Iunnan  ,  à   14*^  37'. 

Ip-  CHINYVEN.  Ville  de  la  Chine  ,  quatrième  mé- 
tropole delà  Province  de  Quiecheu.  Lat.  z^J  34', 

CHIO.  f.  m.  Chios  ,  Chius.  Ile  de  l'Archipel.  Il  faut 
dire  Sio.  Voyez  ce  mor. 

Terre  de  Chio.  Efpèce  de  terre  qui  vient  de  Tlie 
de  CAzo.  C'eft  une  efpèce  de  terre  lîgillée  ,  qui  eft 
graife  ,  croûteufe ,  blanche  ,  cendrée.  Elle  eft  aftrin- 
gente ,  &  efface  les  taches  &  les  cicatrices  de  la 
peau  -,  mais  comme  elle  eft  rare ,  Lémery  dit  qu'on 
lui  fubftitue  la  terre  fîgillée. 

CHIOCADAR  ou  CHIOHADAR.  f.  m.  Officier  du 
Grand-Seigneur  qucVigenère  -i^^cWt portemanteuu. 
Mais  il  ne  porte  point  le  manteau  du  Prince,  C'eft 
un  Azemmoglan  c'eft-à-dire  un  enfant  d'honneur  ou 
Page ,  qui ,  par  tout  où  va  le  Prince  ,  porte  une  va- 
life  ,  où  il  y  a  un  habillement  complet,  fi;  du  linge 
pour  changer ,  s'il  en  eft  befoin,  Ephcbus  veps  nîu-. 
tatoricE  serulus. 

CHIONS  DE  MA-RTICLES.  Foyci  Marticles. 

^  CHIOURLIC,  CHIOURLI  ou  TURZUL. 
Ville  delà  Turquie  en  Europe,  dans  la  Remanie, 
fur  une  rivière  du  même  nom ,  fîcge  d'un  Evêchc 
grec ,  artofée  par  une  rivière  du  même  nom ,  qui 

W  '  *  >-y 


54^ 


G  H  1 


CH  I 


fc  perd  dans  la  rncï  ùe  Mainiara,  Son  ancien  nom  | 
latin  efl:  Turullus  on  Tyrâllos. 

CHIOURME.  i;  f.  Les  galériens  ou  forçats  ,  qui  font 
mouvoir  une  galère 'à  force  de  rames.  Trlnmis 
rcmiges.  Ou  le  dit  auiTi  des  bonovoglies  qui  fe 
louent  pour  ramer.  La  chiourme  c^  diftcrcntcde 
l'équipage,  &  l'cquipagc  ne  comprend  pas  les  for- 
çats qui  compofcnt  la  ckiourme.V.DEhAV ai.  Jéf. 
Ce  mot  eft  purement  Italien,  &  fgnifie  une 
multitude  de  pcrfounes  viles  &  de  néant  :  il  a  été 
fait  du  latin  turma  :  mais  en  France  il  eft^  rcftrcint 
à  la  lignification  des  rameurs  d'une  galère.  Cn  a 
dit  aulli  le  mot  de  ciitrma  en  la  balle  latinité  dans 
le  même  fens. 

Chiourme,  ell  auffile  lieu  où  les  forçats  font  aflis 
pour  ramer.  Tranfira. 

?fT  CHIOZZA  ou  CHIOGGIA.  Ville  d'Italie  dans 
l'état  de  Venife  ,  avec  un  Evêché  fuffîragant  du 
Patriarche  de  Venife,  dans  une  petite  Ile,  près 
des  Lagunes. 

CHIPOTER.  V.  n.  |p=  Faire  lentement ,  &:  à  plu- 
lieurs  reprifes  ce  qu'on  a  à  faire.  On  le  dit  particu- 
lièrement de  ceux  qui  mangent  peu  &:  à  petits  mor- 
ceaux. Efuare.  En  Normandie  ,  dans  le  Lionnois, 
6c  cn  bien  d'autres  lieux  ,  chipoter  ,  veut  dire ,  bar- 
guigner ,  vétiller.  Il  efl:  du  ftyle  familier ,  même 
populaire ,  dans  toutes  ces  acceptions. 

Apres  avoir  taffré  comme  de  vrais  Goujats  , 
lis  mandèrent  cncor  ,Ji L'Auteur  ne  radote, 
Jufqu'à  leurs  tables  mime.  Ici  nos  favantas 
Commentateurs  ,  engeance  qui  chipote  , 

Sont  à  fuer  d'ukan  pour  expliquer  le  cas 

Du  Cerc. 

CHIPOTIER.  f.  m.  Celui  qui  vétille  ,  qui  chicane  , 
qui  contefte  fur  un  rien ,  qui  chipote.  Il  eft  fa- 
milier. 

CHIPPAGE.  f.  m.  Apprêt  que  les  Tanneurs  donnent  à 
de  certai^nes  peaux,  ^'oyt-^  Chitper. 

CHIPPÉ ,  ÉE.  part.  Bafanne  chippée.  C'efl:  celle  qui  a 
reçu  de  l'ouvrier  un  apprêt  particulier  qui  la  dif- 
tingue  des  autres  bafannes. 

CHIPPER.  V.  a.  Terme  de  Tarmeur.  Ç3"  Chipper  des 
peaux ,  leur  donner  une  préparation  qui  confilte 
à  les  pénétrer  de  tan  par  le  moyen  de  l'eau  chaude. 
Voici  comment  il  s'y  prend.Après  que  les  peaux  ont 
été  un  mois  ou  bien  lix  femaines  dans  le  plain  ,  & 
qu'on  en  a  fait  tomber  la  laine  avec  la  chaux  ,on  les 
jette  dans  une  cuve  remplie  d'eau  chaude ,  mêlée 
de  tan ,  qui  eft  uneefpêce  decoudrementilorfqu'elles 
ont  refté  quelque  temps  dans  cette  cuve  ,  on  les 
en  retire ,  pour  les  coudre  tout  autour  avec  de  la  me- 
nue ficelle,  le  côté  de  la  chair  en  dedans ,  en  ma- 
nière de  facs ,  que  l'on  remplit  de  tan  ,  6c  de  l'eau 
de  la  cuve  encore  chaude  par  le  moyen  d'un  en- 
tonnoir -,  èc  après  que  l'entrée  en  a  été  fermée  ,  on 
les  prend  par  les  deux  bouts  que  l'on  remue  for- 
tem.ent ,  pour  bien  faire  pénétrer  le  tan.  On  les 
rejette  enfuite  dans  la  cuve  ,  d'où  on  les  retire  pour 
ïes  découdre  ?<.  les  faire  fecher  à  l'air. 

CHIPRE.  Voyei  Chypre. 

^  CHIPROVAS.  Petite  ville  de  laBulgatie,  Pro- 
vince de  Turquie  cn  Europe ,  aux  confins  de  la 
Servie. 

03"  CHIQUE.  Petit  infecte  fort  commun  dans  les 
pays  chauds  de  l'Amérique.  C'eft  une  efpèce  de  Ci- 
ron  ,  fautant  comme  la  puce.  Il  s'infinue  dans  la 
chaii;  6c  occafionne  de  cuilantes  démangeaifons.  Il 
croît  6c  s'étend,  fi  on  néglige  de  le  tirer.  Pour  s'en 
garantir ,  l'on  frotte  la  peau  de  tabac  ou  de  quelque 
herbe  amère  ,  ou  d'eau  dans  laquelle  on  a  fait  in- 
fnfer  des  feuilles  de  tabac, 

CHIQUE.  Talfe  à  caffé  de  la  plus  petite  efpèce.  Je 
te  vais  faire  apporter  du  chocolat -,  j'en  ai  déjà  pris 
deux  chiques ,  6c  j'en  prendrai  une  troifième  pour 
l'amour  de  roi.  Vérités  Satyriques. 

|Cr  CHIQUE,  f.  m.  Dans  les  manufactures  en  foie  , 
mauvais  cocon  de  foie  où  le  ver  eft  mort  ou  fondu  , 


Si  qu'il  eft  défendu  de  mêler  avec  les  bons  cocons. 
CFIIQUE.   Petite  boule  de  marbre  ou  de  terre  cuite, 

qui  n'cft  d"ufage  qu'à  des  jeux  d'enfaiis. 
CHIQUE,  pour  chicane.  Foyei^Cnic. 
CHIQUENAUDE. f.fgcr  Coup  que  l'ondonnedu 
doigr  du  milieu,lorfqu'après  l'avoir  plié  fur  le  pouce» 
on  le  lâche  furie  nez,  fur  le  vifage  ,  &c.  Talitrum. 
Il  lui  a  donné  une  chiquenaude  fur  le  nez.  C'eft  un 
\m§e  à  chiquenaudes.  Tibctc  ctoit  fi  fort ,  qu'avec 
une  chiquenaude,  il  faifoit  un  trou  dans  la  têre  d'un 
jeune  homme. 

Ce  mot  vient  des  Bas-Bretons ,  qui  difent  ckica- 
nuden,  pour  fignifier  lamcmechofc.  Men.  Mais  il 
oublie  de  remarquer  que  Chiquenauden  fignifie  le 
chignon  du  cou  ,  où  il  faut  qu'on  ait  commencé  à 
donner  les  chiquenaudes. 

On  dit  proverbialement,  6c  par  exagération,  pour 
dire ,  qu'on  n'a  point  battu  ni  maltraité  une  per- 
fonne ,  qu'on  ne  lui  a  pas  feulement  donné  une  chi- 
quenaude 
CHIQUET.  f.  m.  Petite  partie  d'un  tout.  ?  articula. 
Il  n'eft  en  ufagc  qu'en  cette  phrafe  adverbiale.  Il 
m'a  payé  ce  qu'il  me  devoir  chiquet  à  chiquet,  c'cft- 
à-dirc  3  en  pluficurs  petites  parties ,  ôc  à  diverfes 
reprifes. 

Quelques-uns  dérivent  ce  m.ot  du  latin  feSio, 
Ne  fait-on  pas  bien  qu'il  ne  vit  qu'au  jour  la  jour- 
née ,  que  par  emprunt,  qu'.à  chiquet,  que  miféra- 
blcment,  6c  peu  s'en  faut  que  je  ne  diCeparaJîticè, 
de  aliéna  quadrà  1  Mascur. 
ffr  CHIQUETER.  v.  a.  Terme  de  Cardeur.  Déchi- 
rer la  laine  ,  la  démêler  en  "l'alongeant. 
0Cr  CHIQUETER.  Terme  de  Patifrier,  Faire  des  ef- 
pèces  d'ornemens  avec  un  couteau  fur  une  pièce 
de  patidcrie. 
'ifT  CHIQUIRO,  Ville  de  l'Amérique  méridionale, 

dans  le  gouvernement  de  Santa  Cruz, 
CHIRAGRE,  f.  m.  Prononcez  chi ,  comme  ki.  Gout- 
teux ,  qui  a  la  goutte  aux  mains.  Chiragrâ  lalorans. 
On  le  dit  aulli  de  la  maladie  ,  &:  alors  il  eft  féminin. 
Chira%ra.  La  chiragre  affeifte  le*  carpe  ,  ou  la  par-^ 
tie  externe  de  la  main,  ou  les  jointures  Ôc  les  ligà- 
mens  des  doigts. 
ffT  Ce  mot  qui    eft  tout   grec  n'eft  guère  d'ufage 

que  parmi  les  Médecins,  6c  en  Fauconnerie. 
Chiragre  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  eft  unema- 
ladie  aux  mains  des  oifeaux  où  il  fe  fait  quelque 
am.as  de  mauvaifes  humeurs 'tC?  qui  caufent  de  petits 
nœuds  aux  jointures  ,  Ss.  qui  en  empêchent  le  libre 
mouvement. 

Ce  mot  vient  du  grec  xàf ,  &  «■ypx  »  main  &  cap- 
ture. 
'îfT  CHIRIËÎQUOIS.  Peuple  de  l'Amérique  méri- 
dionale, près  de  la  nouvelle  Andaloufie. 
§3=  CHIRIGUANOS,  Peuple  nombreux  6c  féroce, 
au  fud  de  Sainte  Croix  de  la  Sierra,  &  à  l'orient 
de  la  ville  de  Chuquifaca.  Il  appartient  à  la  Pro- 
vince de  Los  Charcas. 
ffT  CHIRISONDA.  Ville  de  Turquie,  dans  la  Pro- 
vince d'Amafie  ,  fur  la  mer  noire. 
CHIRITE.  f.  f.  Pierre  figurée  repréfentant  la  paume 
de  la  main  avec  des  formes  de  doigts  5<.  des  on- 
2:les  de  couleur  blanche,  6c  de  la  nature  du  Gyps. 
tfJ-  CHIROBALISTE.  Voye?^  Chierobaliste. 
CHIROGRAPHAIRE  prononcez  chi ,  comme  ki.  adj. 
m.  6c  £  Terme  de  Palais.  Chirographarius.  C'eft  un 
créancier  dont  la  dette  n'eft  fondée  que  fur  un  billet, 
ou  une  écriture  privée  6c  non  reconnue  en  juftice, 
èc  qui  par  conféquenr  n'a  point  d'hypothèque,fiCF  à 
la  différence  des  dettes  fondées  fur  des  aéles  pafles 
devant  Notaires,  ou  reconnus  cn  juftice,  ou  fut 
quelque  jugement ,  que  l'on  appelle  hypothécaires. 
Dette  chirozraphaire ,  créancier  chirosjaphaire. 
|p=  CHIROGRAPHE.  f.  m.  Afte  qui  par  fa  i^ature 
demandoir  d'être  lait  double. 

Du  Cange  dit  qu'on  a  appelé  chiro^apke ,  une 
efpèce  de  contrat  dont  on  a  parlé  ci-deffus  au  mot 
de  ckartepartie.  On  écrivoitdeux  fois  fur  une  même 
feuille  de  parchemin,  8c  a  contre  fens,  &c  dans 


C  H  î 

i'intetvalk  on  mettoit  urle  colonne  dé  lettres  ca- 
pitales,, ou  d'autres  caradcres  ,  ielon  la  t'antaihc  ; 
puis  on  xoupoit  cette  colonne  en  deux ,  &c  cha- 
cun emportoit  un  côté  de  ce  contrat ,  ce  qui 
croit  un  moyen  lur  d'éviter  les  fauUctcSi  Car 
quand  on  avoir  quelque  difficulté  lut  l'exécution, 
il  falloit  rapporter  ces  deux  parties  fépatées,  ^  en 
les  rapprochant,  voir  fi  ks  lettres  capitales  lé  tap- 
portoient.  On  a  appelé  auiii  ces  aétes  Hingrapki  , 
où  deux  perfonnes  lignoicnt  eniéiTible  •,  &  canœ 
indcntatx  ,  ow  partitx.  Voyez  aulfi  Cirographe. 

Ce  mot  vient  du  gtec  y^t,f ,  main  ,  &c  de  ypccf», , 
j'écris. 
CHIROMANCE,  &  mieux  CHIROMANCIE,  & 
dans  l'un  &  l'autre  le  c^e  fe  prononce  comme  ki. 
i.  f.  C/iiromancia ,  ars  divihandi  ex  nianiuitn  infpec- 
iione,  IfT  L'art  de  deviner  la  dcftinéc  ,  fe  tempé- 
rament, les  inclinations  de  quelqu'un  par  l'inlpcc- 
lion  des  lignes  qui  le  trouvent  dans  la  paume  de  la 
main.  Science  vaine  &  abfurde.  Taifnerus  ell:  celui 
qui  a  le  mieux  écrit ,  &  plus  amplement ,  de  la  Chi- 
rornance.  Il  y  en  a  auHi  un  Traité  dans  Robert  Flud 

kAnglois.  Artemidore  a  éctitau.ll  de  la  Chirom^nceSc 
des  augures.  M.  de  la  Chambre  a  aufïi  fait  un  traité 
furies  principes  de  la  Chiromance.  Il  prétend  que  par 
rinfpedion  de  la  main  on  peut  connoître  les  in- 
clinations des  hommes  ,  patce  que  les  parties  de 
la  main  ont  rapport  aux  parties  internes  de  l'homme, 
le  cœur,  le  foie,  fir.  d'où  dépendent  en  beaucoup 
de  choies  les  inclinations  des  hommes.  A  la  fin  de 
fon  traité  il  avoue  que  les  règles  &  les  préceptes 
de  la  Chiromance  ne  font  pas  [jien  établis ,  que  les 
expériences  qui  les  fouticnnent  ne  font  pas  bien 
vérifiées  j  il  ajoute  qu'il  faudroit  de  nouvelles  obfet- 
vations  faites  avec  juflcne  &  plus  d'exaâ:itude,pout 
donnet  à  la  Chiromance  la  forme  &  la  folidité  que 
l'art  &:  la  fcience  demandent.  Jean  de  Indagine  a 
écrit  de  la  Chiromance ,  fon  ouvrage  eft  traduit  en 
_  françois.  La  chiromancie  eft  propre  à  amufer  &  à 
'^duper  la  populace. 

Ce  mot  vient  du  grec  x^'^p  »  itianus  ,  &  de  fuittliU , 
àivinatio, 

CHIROMANCIEN,  f.  Celui  qui  fait  profeffion  de 
deviner  par  l'infpeélion  de  la  main.  Chiromantice. 
peritus,  in  Chirumantiâ  verfuttis.  C'eft  un  fou  ou  un 
fripon. 
^fT  CHIRON.  Nom  d'un  Centaure  qui  pafîbit  pour 
avoir  inventé  la  médecine,  qu'il  enlcisi-naà  Efcu- 
lape.  Achille  chante  par  Homère  fut  auiil  fon  élève. 
iCHIRONîEN.  ad).  Epithète  qu'on  tlonne  aux  vieux 
ulcères  malins  qui  ne  peuvent  fe  cicatrifer  que  forr 
difficilement ,  &  dont  les  bords  font  durs ,  calleux , 
Se  tuméfiés.  Chironium  ulcus.  Ils  font  ainfi  appelés 
de  Chiron  ,  ancien  Médecin  ,  qui  eft  le  premier  qui 
les  ait  guéris. 

CHIRONOMIE.  f.  f.  Mouvement  du  corps  , 
mais  fut  tout  des  mains ,  par  lequel  les  comédiens, 
fans  le  fecours  de  la  parole  ,  défignoienr  aux  fpec- 
tateurs  les  êtres  penfans ,  dieux  ou  hommes ,  foit 
qu'il  fût  queftion  d'exciter  les  ris  à  leurs  dépens , 
foit  qu'il  s'agit  de  les  délîgnet  en  bonne  part. 
1^  C'étoitauilî  un  ligne  dont  on  ufoitavec  les  en- 
fans  pour  les  avertir  de  prendre  jjne  pofture  de 
corps  convenable. 
^CF  C'étoit  encore  un  des  exercices  de  la  Gymnaftique. 

Encyc. 
§3°  Chiro-nomie  ,  dans  Quintilien  ,  eft  l'art  de  bien 
porter  fes  bras-,  la  règle  des  geftes ,  foit  en  parlant , 
ibit  en  danfant ,  &c.  x^'f ,  manus  ,  vo,«o5 ,  Ux  ,  /c- 
f^nla.  Chironomus  ,  maîtte  à  danfer. 
jpHIROSCOPE,  f.  m.  Chirofcopus.  Un  Auteur  fran- 
çois appelle  chirofcopes  ceux  qu'on  appelle  commu- 
nément Chiromanciens. 

Ce  mot  vient  de  x^'f  y  main  ,  &  de  c-xon-éw  ,  je 

confiiert. 

JCHIROTONIE.  Prononcez  Kirotonie  ,  C.  f.  Tetme 

de  Lituigie.  Impofition  des  mains  qui  fe  pratique 

en  donnant  les  ordres. 

Ce  mot   de  Chirotonie  vient  de  Grec  xs'/"?"»'* , 


C  H  I  ^^y 

qui  veut  dire  ,  action  par  laquelle  on  étend  kî 
mams  ;  i5c  parce  que  les  Anciens  dans  les  allemhlées 
populaires  donnoient  leur  fuifrage  en  étendant  la 
main  ,  ils  appeloient  du  nom  de  chirotonie  les  ckr 
tions  des  Magiftrats  ,  les  Plébifcites  ,  les  Ordon-^ 
nanees  ,  &c.  Ci.t  ufage  fc  trouve  établi  d'aboraclie/ 
les  Grecs ,  comme  il  paroît  par  l'oraifon  de  Liémof- 
thencs  qontre  Né.izra  ,  &  par  celle  d'Efclune  contrd 
Ctéfiphon.  Il  palia  enfuite  chez  les  Romains  \  Ci- 
céron  en  parle  dans  l'Oraifon  pour  Flaecus.  Les 
Auteurs  Ecclcf.'ftiques  ont  employé  le  mot  de  Chi- 
rotonie dans  le  môme  lins  que  les  Auteurs  profa- 
nes ;  lavoir  ,  pour  l'életlion  faite  par  le  peuple', 
ou  faffrage  du  pcvple.  On  peut  voir  Balfamon  lut 
le  canon  V.  du  Conàle  de  Laodicée ,  &  Zonaras 
ilir  le  premier  canon  des  Apôtres  s  mais  le  nom  de 
Chirotonie  a  été  principalement  attribué  à  l'impo- 
lition  des  mains  qui  fe  fait  dans  les  ordinations,  & 
il  lignifie  l'ordination  rncme.  Saine  Chrylbftôme 
s'en  lert  en  ce  fens  dans  Ihomélie  14.  fut  les  Actes , 
&  ailleurs.  Philoftorge,  dans  fon  HiftoirefEccléfial- 
tiquc,  .L  X.  Zonaras ,  (ur  le  premier  canon  des  Apô' 
très ,  s'en  fervent  auHî. 

CHIRURGICAL,  ALE  ,  adj.  Qui  appartient  à  la  Chi.* 
rurgic.  Chirurgiens,  Opérations  Chirurgicales,  Les 
maladies  Chirurgicales, 

lfr_  CHIRURGIE  ,  f  f.  Il  n'y  a  que  la  populace  qui 
dife  CHIRUGIE.  Sciencîc  qui  apprend  à  connoître 
fc  à  guérir  les  maladies  extéricutesducorps  humain, 
&  qui  traite  de  toutes  celles  qui  ont  befoin  ,  pour 
leur  guériibn  ,  de  l'opération  de  la  main  &  deVap- 
plication  des  topiques.  C'eft  une  partie  de  la  mé- 
decine. Chirurgia.  Pour  l'étimologie  ,  voyc:^  Chi- 

Rl'RGIEN. 

La  Chirurgie  fe  divife  en  Chirurgie  fpéculative,  & 
en  chirurgie  pratique  ;  celle-ci  fait  elfeélivemeni , 
ce  que  celle-là  apprend  à  faire.  Toutes  les  opéra- 
tions de  Chirurgie  fe  rédailént  fous  quatre  efpèces  , 
dont  la  première  rejoint  Ce  qui  a  été  féparé  ,  &  fc 
nomme  fynthèfe  -,  la  féconde  divife  les  parties  dont 
l'union  eft  contraire  à  la  fanté ,  &  celle-là  s'appel- 
le diérèfe  ;  la  troilîcme  ,  qu'on  a  comprife  par  le 
mot  d'exérefe  ;  &  la  quatrième  ,  qu'on  appelle  pro- 
thcfe  ,  ajoute  ce  qui  manque.  Didnis. 

Les  Rè^lemensde  Police  ordorvnent  qu'aucunes 
peifonncs ,  de  quelque  qualité  &  condition  qu'el- 
les fuient,  ne  pourront  exetcer  luChirurgie  dans  la 
ville  &  fauxbourgs  de  Paris ,  foit  en  boutique  ,  en 
cham.bre  ,  ou  auttes  lieux  particuliers , privilégiés, 
ou  prétendus  privilégiés ,  pour  quelque  caufe  od 
occalion  que  ce  foit  ,  s'ils  ne  font  membres  de  la 
communauté  des  Maîtres  Chiturgicns  de  Paris ,  & 
reçus  ou  agrégés  eh  iccUc  \  qu'ils  feront  deux  an* 
nées  d'apptcntiffage  ,  &  ferviront  les  Maîtres  pen- 
dant (ix  auttes  années  ;  que  ceux  qui  deiireront  pat- 
venir  à  la  Maîtrife  n'y  feront  admis  qu'après  avoir 
fait  le  grand  chef-d'œuvre  ,  qui  fera  compofé  d'un 
aéle  pour  l'immatricule  ,  d'une  tentative  ,  d'un 
premier  examen  ,  de  quatre  autres  examens  :  le  pre- 
mier d'Oftéologie  ,  le  feCond  d'Anaromie,  le  troi- 
fiérae  des  faignécs  ,  &  la  quatrième  des  Médica- 
mens  ■■,  Si  enfin  d'un  dernier  examen  ,  &  de  la  pref- 
tation  de  ferment.  Comme  les  effets  de  la  Chirur- 
gie font  plus  évidens  qUe  ceux  de  la  Médecine  > 
qui  font  plus  incertains  ,  on  la  cultiva  beaucoup» 
plutôt ,  &  Efculape  lui-même  excella  dans  cet  art. 
Le  Cl.  Le  propre  de  la  Chirurgie  eft  de  couper,  cau- 
térifer ,  trépaner ,  réduire  les  fraétures  &:  luxations, 
&c.  Jean  Scultet  a  fait  un  beau  livre  où  il  a  décrit 
tous  les  inftrumens  de  Chirurgie  ,  intitulé  Arma- 
mentarium  Chirurgicum  ,  iniprimé  à  Ulm  in-fol.  & 
à  la  Haye  in-ociavo  i  il  a  été  rraduit  en  françois, 
&  imprimé  à  Lyon  in-quarto.  Ambroile  Paré  &  Fa- 
bricius  ab  Aquapendcnte  en  ont  aulfi  écrit.  Depuis 
ce  temps-là  très-grand  nombre  d'Auteuts  ont  don- 
né des  traités  de  Chirurgie  ,  Se  ont  beaucoup  per- 
feiflionné  cet  art  ,  en  ce  qui  regarde  l'anatomie  ,& 
les  opérations  chirurgicales  -,  c'eft-à-dire  ,  ce  ç^ui 
regarde  la  théorie  Se  la  pratique.  Voyez  Thevenjn  , 

Z  2  z  ij 


^4^ 


C  Hî 


C  HI 


Diemerbrock  ,  Dionis  ,  Saint  Hikire  ,  De  Mar- 
ques ,  Gelée  ,  Fièrabas ,  Gourmélen  ,  Lamy  ,  Delau- 
nay  ,  Verduc  ,  Befle  ,  Tolec  ,  &c.  Les  François  ont 
écrit  avec  beaucoup  de  lliccès  fur  la  Chirurgie, 

On  dit  qu'Apis  ,  Roi  d'Egypte  ,  fut  l'inventeur 
de  la  Chirurgie.  Eiculape  fît  auili  un  Traité  des 
plaies  &  des  ulcères.  Enluite  on  vit  quantité  de  fa- 
meux Chirurgiens ,  comme  Pythagore  ,  Empédo- 
cles  ,  Parménide  ,  Démocrite  ,  Chiron  ,  Péoh  , 
Cléobruntus  ,  qui  guérit  l'oïil  d'Antiochus.  Voyez 
Agrippa  ,  De  Kanic.  fcient.  cap.  85.  Rochef.  La 
CVz/>;/rgi<;  fut  cultivée  avec  plus  de  foin  par  Hip- 
pocrate ,  que  pat  les  Médecins  qui  l'avoicnt  pro- 
cédé :  elle  fut  perfectionnée  en  Egypte  par  Philo- 
xènc,  qui  en  compofa  plulieurs  volumes  Gorgias, 
Soflrates  ,  Héron  ,  les  deux  Apollonius  ,  Ammo- 
nius  d'Alexandrie  j  &  à  Rome  Tryphon  le  père  , 
Evclpillus  &  le  favant  Meges  la  firent  fl.urir  cha- 
cun en  leur  temps.  On  a  imprime  en  1714  a  Paris, 
un  Index  funereus  Chirurgorum  Fa.ri(iciijium  ,  qui 
eft  une  elpèce  d'hiftoire  de  la  Chirurgie  fran- 
co i(éi 
CHIRURGIEN,  f.  m.  Celui  qui  fait  la  Chiiurgie , 
&:  qui  er.  fait  les  opérations.  Ckirurgus.  Un  bon 
Chirurgien  do't  être  excellent  Anatomifte.  L'Or- 
,  donnance  de  Blois,  art.  87  ,  dit  qu'il  ne  fera  parte 
aucun  n\ddx.K  Chirurgien  es  villes  où  il  y  aura  Uni- 
vcrlité,que  les  Dowleurs  Régens  en  Médecine  ne 
l'aient  approuvé. 

On  dit  chez  le  Roi  ,  le  Premier  Chirurgien  de 
fa  Majefte  ,  fon  Chirurgien  oiXmxx'CQ.  Les  Chirur- 
giens fervans  par  quartier  ,  qui  font  huit ,  les  qua- 
tre Chirurgiens  de  l'Ecurie  j  &  les  quatre  Chirur- 
giens  iuivans  la  Cour  -,  de  même  à  proportion  chez 
les  Ptinces.  Des  1  ttres  patentes  du  8  Janvier  1701  , 
portent  qUe  les  Chirurgiens  du  Roi ,  ceux  de  la  Mai- 
ion  &  Famille  Royale  ,  les  quatre  Chirurgiens  fui- 
vans  la  Cour ,  &  les  huit  Chirurgiens  de  l'Artillerie, 
feront  un's  &  abrégés  à  la  Communauté  des  Chirur- 
giens Jurés.  gC?  Aujourd'hui  \çs  Chirurgiens  ne  peu- 
v?-\x.  être  reçus  maîtres  qu'ils  ne  foient  auparavant 
mû  très  es  arts.   , 

On  dit  compagnon  Chirurgien.  Un  Edit  de 
1S66,  enjoint  à  tous  compagnons  Chirurgiens  qui 
tn  vaillent  en  chambre  ,  de  fe  retirer  inceffamment 
ch?z  les  Maîtres,  à  peine  de  confifcation  de  leurs 
outils  de  Chirurgie  ,  &  de  100  liv.  d'amende  pour 
la  première  fois. 

Ce  mot  vient  du  grec  tiatf^^lc  ,  comme  qui  di- 
roit ,  ce/ui  qui  opère  de  Li  main.  Ceux  qui  veulent 
ravaler  les  Chirurgiens  difent ,  que  ce  mot  traduit 
littéralement  ne  fignifie  autre  choie  que  manœuvre. 
C'eft  une  manière  baile  &;  puérile  de  ravaler  un  art 
fi  néceiTaire  aux  hommes.  Pour  connoître  la  iigniii- 
cation  des  mots ,  il  ne  faut  pas  confuiter  feulement 
rétymologie  ,  mais  la  f.gnifîcation  que  l'ufage  a  dé- 
terminé dans  certains  mots-,  autrement  il  faudroit 
appeler  Chirurç;iens  ,  on  manoeuvres ,  tous  ceux  qui 
travaillent  de  la  main  ,  les  Peintres ,  I  =s  Sculpteurs, 
les  Ingénieurs  qui  tracent  un  plan  ,  les  Canonniers, 
qui  pointent  un  canon  ,  &c.  Se  pour  bien  connoître 
l'excellence  des  Arts ,  il  en  faut  juger  par  l'utilité 
qu'on  en  retire. 
Çhiritrgies  dérobe  longue,  eft  un  Chirursicn  qui  a 
étudié  en  Médecine  ,  &  qui  a  droit  de  porter  la  ro- 
be, yulnerum  medicus  ;  au  lieu  que  le  Barbier  Chi' 
Turgien,e{i  un  Chirur<rien  qui  fait  la  barbe  ,  &  autres 
menues  opérations  de  Chirurgie.  On  lesdiftingiioit 
autrefois  par  les  enfeignes.  Ceux  de  roZ-e /o/zifwe , 
avoient  des  boëtes,  &  les  Barbiers,  des  ba'îîns.  Main- 
tenant ils  font  réunis  ,  &  ne  font  plus  qu'une  Com- 
munauté à  S.  Côme,fousle  titre  d'Académie  Royale 
de  Chirur'îie. 

Il  y  avoir  autrefois  à  Paris  deux  corps  de  Chirur- 
p.ens  ,  l'un  éroit  le  Collège  des  Chirur'\iens  de  rohe 
longue  ',  aflbcié  A  l'Univetlité  5c  à  tous  fes  privilè- 
ges 8c  immunités  ,  &  l'autre  les  Bàriiers-Chirur- 
.giens.  Ces  deux  corps  furent  réunis  en  l'an  iS^6  ; 
mais  cette  union  fut  caufe  qu'en  1 660  j  les  Chirur- 


giens furent  exclus  de  l'Univerfité  ,avec  ordre  d'éf^ 
facer  l'inicription  qu'ils  avoient  fait  mettre  fur  la 
porte  de  leur  école ,  &  qui  étoit  conçue  en  ces  ter- 
mes :  CelUgium  Regium  MM.  DD.  Chirurgorum 
Parijiis  juratorumaSiinElû  Ludovico  anno  D.  1x06. 
injtuuratum  ,  &c. 

|C?  L'ctat  de  la  Chirurgie  a  été  fixé  par  l'Arrêt  du 
Confeil  d'Etat  du  4  Juillet  1-750. 

Arcabuto  fut  le  premier  Chirurgien  que  les  Ro- 
mains reçurent  en  la  République  ;  mais  ils  l'eurent 
bientôt  en  horreur ,  à  caui'e  qu'ils  lui  voyoient  cou- 
per &  trancher  des  membres ,  de  forte  qu'ils  le  lapi- 
dèrent au  Champ  de  Mars. 

Chirurgien  bandagijie  ,  ChiriJrgien  Hernier.CeH 
celui  qu'on  appc!!^"  Faifcur  de  brayers.  Chirurgus 
herniœ  coercehdx.  Les  Chirurgiens  B andagijies  iont 
incorporés  avec  les  autres  Chirurgiens  ,  &  font  re- 
çus .1  S.  Côme, 

Chirurgien  fnajor  ,  eft  celui  qui  eft  prépofé  dans  les 
Armées  ,  dans  les  villes  de  guette ,  fur  les  vaiHéaux 
du  Roi  ,  pour  préparer  les  médicamens ,  panfer  , 
traiter  les  malades ,  faire  les  opérations ,  les  vilîtes , 
les  rapports  ,  Sec.  Archi-Chirurçi.is. 

On  dit  communément  :  Jeune  Chirurgien  ,  vieux 
Médecin.  On  ajoute  quelquefois  &:  riche  Apothi- 
caire. 

Chirurgien.  PoifTon  qui  fe  pêche  dans  les  mers  de 
l'Amérique.  Le  Chirurgien  eft  long  d'un  pié  ou 
pié  &  demi.  Il  relfemble  allez  à  la  tanche  ,  quant  à 
la  forme,  à  la  couleur  de  la  chair ,  aux  écailles  &: 
au  goiir.  Ce  qu'il  a  de  particulier  ,  lorit  deux  arrêtes 
fort  tianchanrcs  &c  plates  comme  d^s  lancettes  qu'il 
a  à  côté  des  ouïes  ,  ce  qui  appatemmcnr  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  Chirurgien.  Le  P.  Laêat. 

CHIRU-^vGiQUE  r.4  Qu  ipparti  »nt  l  In  Chirur- 
gie. Chirur'xichs.  Une  opént^on  Chirurgi ^ue. 

CHISE.  f.  f.  Eipèce  de  poivre  qii'  -roît  dans  le  Me- 
xique. Dans  la  compolition  du  Chocolat ,  il  entre 
deux  sriins  de  chiu  ,  fur  itn  ceT  de  cacao.  LorA 
qu'on  n'a  pas  de  chi^e  ,  on  y  met  du  poivie  des 
Indes. 

CHISTE  ou  plutôt  Kifte.  f.  m.  l^oye^  KISTE. 

CHISTIRA.  f.  f.  Efpèce  de  natte  de  paille  ,  qui  fe 
fabrique  à  la  Chine, 

CHITES.  i".  f.  pi.  Toiles  de  Coton  des  Indes,  impri- 
mées &  peintes ,  extrêmement  belles ,  dont  les  cou- 
leurs ne  durent  pas  moins  que  les  toiles  mêmes  j 
fans  rien  perdre  de  leur  éclat.  Il  y  avoir  autrefois 
grand  commerce  entre  Siam  &:  Laos.  Il  venoit  de 
Laos  de  l'Or ,  du  Mufc  ,  du  Benjoin  &  de  la  Soie; 
en  échange  on  donnoit  des  toiles  de  Chues  ,  des 
Panes ,  5'c.  Abbé  de  Choisi, 

CHITOME  ou  CHITOMBE.  f.  m.  Terme  de  Re^ 
lation.  C'eft  le  Chef  de  la  Religion  parmi  les  Nè- 
gres. Il  eft  révéré  de  ces  peuples  comme  Dieu  lui- 
m'hTie.  C'eft  le  Graiid-Prctre  des  Idoles  du  Congo, 
P.  Labat. 

Ip-  CHITOR.  Ville  d'Alîc,  dans  l'indouftan  ,  capi- 
tale d'une  Province  de  même  nom.  Thevenot  la 
pîjce  dan<;  la  Province  de  Malva. 

|p°  CHIT-POUR.  Ville  d'Afie  dan;  l'indouftan  , 
dans  le  royaume  d'Agra ,  fameufe  par  le  commerc* 
des  Toiles  peintes  qu'on  appelle  Chites. 

UCT  CHITRO.  Cithrum  ou  Pydna.  Petite  ville  épif- 
copale  de  Macédoine  ,  dans  le  Coménolitari ,  fur 
le  ffolcde  Salonique. 

|Cr  CHIT-SE  ,  f.  m.  Grand  &  bel  arbie  de  la  Chine, 
dont  le  fruit  eft  très-eftimé.  La  chair  en  eft  rou- 
géâtre ,  la  faveur  aigre-douce.  Il  eft  de  la  grolTeUt       ' 
de  nos  orangers. 

CHTTTIM.  C'eft  le  nom  d'u^n  fils  de  Javan  ,  àont 
l'Ecriture  parle,  Gen.  X:  4.  C'eft  aufïl  dans  l'Ecritu- 
re celui  des  peuples  qui  defcendirent  de  ce  Patriar- 
che -,  llir  quoi  il  v  a  différons  fentimens.  Les  Septan- 
te traduiférv  tOTiS  par  iVa-, ,  K'7'eTç ,  v^OmIh,,  ;  &  Jo- 
fephe  prctcpdque  ce  font  lesCypriots  j  parce  qu'il 
y  avoir  dans  l'île  de  Chypre  une  ville  nommée  O- 
tium.  Le  m°me  Jofephe  dit  que  toutes  les  îles  & 
les  lieux  maritimes  s'ji-'pcloicnt  en  grec  ;c£«v.  S. 


¥ 


C  HI 

Epiphafie,  S.  Jérôme  ,  Euftathius  d'Anthiochci  le 
Prctre  Vidor ,  ont  iliivi  Joiephe.  L'Interprète  ara- 
be eft  de  même  lentiment.  D'autres  prétendent  que 
les  Chittims  iont  les  Siotes ,  ou  habitans  de  l'Ile  de 
Sic  5  Chios.  Olympiodore  >  &  S.  Jean  Chryloftonie 
les  prennent  pour  une  nation  des  Indes  ;  d'autres 
pour  les  peuples  de  Cilicie  ,  dont  une  grande  par- 
tie eft  appelée  Cet'n  par  Ptolomée  ,  &  par  iJaiUe 
de  Séleucie  ,  dans  la  vie  de  lamte  Thecle  ,  Liv.  1. 
Les  deux  Paraphrales  chaldéennes  traduii'entC7izr- 
tim  par  ^cij^aja   ou  Ac^i-a  ,  qui  ne  lignifie  rien  ; 
mais  Bochart  croît  qu'il  faut  lire  ï<"DS  ,c'eil:-à  dire, 
l'Achaie.  Piulîeurs  croient  que  les  thitums  de  l'E- 
criture font  les  Macédoniens  ,  parce  que  lo.  l'Au- 
teur du  premier  Livre  des  Macchabées  eft  de  ce 
fentiment  ,C.l.,v.  I,  C.  Fi  II,  v.  5,  i-^.  Ifaïc  XXiïi, 
I.  prcdilant  la  delliudion  de  Tyr ,  attribue  ce  mal- 
heur aux  (,'/»///>wj ,  ce  que  l'on  mterprète  du  fiége 
de  Tyr ,  par  Alexandre.  3°.  La  Macédoine  s'efl:  ap- 
pelée autrefois  Maatia ,  comme  Hcfîchms  &  Aulu- 
gelle  nous  l'apprennent.  4".  Il  paroît  par  Homère  , 
Odyjf.  Liv.  11,  que  les  Chittéens  étoient  des  pcup.es 
Voifins  de  Macédoine.  Bochart  préfère  le  fentiment 
de  ceux  qui  prennent  les  Chttùms  pour  les  peuples 
d'ItaliCi  Ses  railbns  Iont  j   i".  Que  Daniel  appelle 
Alexandre  ,  Roi  de  Javan  ;  (i  les  Chittims  font  aulïl 
les  Macédoniens  ,  on  confondra  Javan  &:  Chitiun. 
1°,  Que  le  même   Prophète  appelle  les  Romains 
Chittims ,  C.  Al ,  V.  Z9  î"  50.  aulfi-bien  qu'Ezéchiel, 
XXFII,  6.  50.  Qu'en  Italie  il  y  avoit  une  ville  ap- 
pelée K£T    ,  Caïte ,  dont  parle  Denis  d'Halicarnaifc, 
Liv.  VI  i  <î.  8.10.  Une  autre  nommée  i.\£->iy. ,  Echc- 
tia  ,  &  proche  de  Cumes  un  fleuve  nommé  kito^  , 
Cecus.  Cocinthus  eft  encore  c.'  G  ■  j    Choij  Chittim  , 
c'eft-à-dire  ,  le  terme  des  Chittims  ;  4«.  que  Num. 
XXIV ,  Z4.  les  Romains  font  appelés  Chittims.  En- 
fin d'autres  prétendent  que  ce  nom  fe  donne  éga- 
lement dans  l'Ecritute  &  aux  Macédoniens ,  &  aux 
peuples  de  l'Italie.  Car,outre  les  railbns  qu'on  vient 
d'apporter  pour  ces  deux  différcns  peuples ,  ils  di- 
fent  que  les  peuples  d'Italie  tiroient  leur  origine 
des  Macédoniens   ou  Citicrts  -,  que  Chittim  lignifie 
la  même  chofe  que  Latiiim  ou  Latini  ,  G'efl:-<i-di- 
re  ,  Cachet  Ce   fentiment  paroît  le  plus  vrai.  Ce 
que  dit  Bochart  pour  l'infirmer  eft  foible.  1°.  Ja- 
van &  Chittim  ne  font  pas  plus  de  confulîon  que 
les  Hébreux  &  Ifraëlites.  1°.  Il  y  a  plus  de  confufion 
à  ptendre  les  Chittims  d'Ifaïe  ,  XXIII ,  i  ,  pour  les 
Chutéens  de  Babylonic.  Voyez  cet  Auteur  ,  Phaleg. 
L.III,C.p 

CHIVEF.  f.  iti.  Èfpèce  de  figuier  qui  croît  dans 
rile  de  Zipangu  ,  donr  parle  André  Thévet.  Ses 
feuilles  font  rondes ,  de  la  grandeur  d'un  écu  d'or , 
&  d'une  couleur  fort  verte.  Son  ftuit  efl:  gros  com- 
me un  gros  melon  ,  de  couleur  lafranée,  d'un  goût 
très-agréable  ,  fondant  dans  la  bouche.  Il  eft  hu- 
meélant,  rafraîchillant ,  cordial  &c  peéïoral.  Il  con- 
tient des  femehccs  femblables  à  celles  de  notre  con- 
combre. Le  mot  de  chivef  ^  en  langue  fyriaque  >  li- 
gnifie un  figuier* 

CHIUNouCHION.  Selden  écrit  CIUN  &CION. 
f,  m.  Nom  de  Divinité.  Chiun  étoit  une  Divinité  des 
Arabes.  Amos  en  parle,  V ,  16.  La  Vulgate  l'a  tra- 
duit par  ima^o  ;  les  Septante  ,  &  les  Venions  fyria- 
ques  &  arabes  Viui^à-  j  &  Saint  Etienne  de  même 
dans  les  Actes  des  Apôtres,  VII,  43.  La  Para- 
phfafe  chaldaïque  ,  AquilaS:  Symmachus ,  retien- 
nent le  nom  Hébreu  Ciiin  ,  jlO.  Volllus  ,  De 
Idol.L.  II  y  Ci  23  ,  croit  que  la  différence  vient  de 
ce  que  dans  l'exemplaire  des  Septante ,  le  bas  du 
"I  étant  eftacé  ,  le  tefte  paroillbit  comme  un  rej'ch 
*1 ,  ainfi  ils  ont  lu  }V"J,  dont  ils  ont  fait  Vitpi,  Se 
Teu&â,.  Abenczra  £c  les  Rabbins  difent  que  Ciun  eft 

^.  Saturne  ,  que  les  Perfes  &  les  Arabes  appellent 
f>îV".  VolTîus  ne  1rs  en  croit  pas  ,  parce  qu'au  nic- 

■■  me  endroit  Moloch  ,  qui  eft  Saturne ,  eft  diftingué 
de  Chiun.  Il  fe  pcrfuade  donc  que  c'eft  la  Lune  ; 

.     8c  fi  l'on  veut  que  ce  foit  un  Dieu ,  plutôt  qu'une 


DcclTe  ,  c'eft  Hefperus  ;  fa  railbn  eft  que  Theodd 
tion,&  ThéophilaCte  interprètent  Lium  par«««v^,* 
iric,_ç,.^-,,^^^c  Tiç'Xzi^i<,  c'cft-à-dire ,  ofafcUrité  5  nom  qui 
lui  paroît  convenir  à  ces  aftres  -,  non  pas  qu'ils 
loient  proprement  obfoLirité  ,  mais  parce  que  ce 
Iont  les  aftres  de  l'obfcuritc  ,  des  réncbres  ,  de  la 
nuit.  zo.  C'eft  qu'au  rapport  d'Hcrodotc,  les  Arabes 
ne  reconnoiHoicnt  que  deux  Divinités ,  le  Soleii  bc 
Uraniej  c'ciU-dire  ,  la  Lune.  Selden  traite  de  ce' 
pieu,Z><^  Dus  Sytiis.  Synt.  Il,  C.  14.  Le  P.  Kirker 
Jcluite  croit  que  Chmn  eft  une  idole  que  cueK,ues 
Hébreux  impies  &  idolâtres  adoroicnt  ;  'ils  don- 
noicnt,  a  ce  qu'il  croit,  ce  ndm  indiffcremmcnt  à 
Saturne  &  à  Hercule  ;  que  ce  mot  lianihe  proore- 
ment  image  ,  figure  ,  &  qu'ils  l'àppliqaoient'par 
excellence  ou  par  préférence  à  ces  deux  Dieux. 
Voyez  Kuker ,  (Edip.  ^<rypt.  T.  l,p.  387. 

IJi-i  Prxeftant  d'Allemagne,  nommé  Tvlalus ,  dans 
les  Theles  qu'il  a  lait  fout  nir,S:  qu'il  appelle  it/t-- 
diur.s  ,  croit  qnz  -K  ,  Chtun  riVft  point  un  nom 
propre,  mais  un  appellarif,  qui  vient  de  i-^nChirt» 
verbe  hébreu ,  qui ,  aux  conjugaifons  Fihe/  &  HwhU 
lignine  arr.uiger  ,  dtjpojer  ,}reparer.  Ainfi -le  ver- 
bal Vyi  ,  Chiim  {^^^mÛQ  àrranç;cmen[,  difpojition, 
Jujte  deplujieurs  chojes  rangées  par  ordre.  Ez  Amqs^ 
f  .  i(î.  reproche  aux  Ifraëlites  qu'ils  avoient  porté 
une  mite  d'idoles  rangées  par  ordre  pour  repré- 
iencer  la  milice  du  ciel,  c'eft-à-dire,  le^  afttes  ou 
plutôt  les  Planètes.  Mais  Saint  Etienne  ,  aux  Ades  , 
après  les  Septante,  fe  cont-nte  de  nommer  A^w-^ 
pkan  i  c'cft-à-dire ,  la  première  &  la  principale  de 
ces  idoles ,  Se  la  plus  élevée  entre  les  planètes ,  ce 
fentiment  eft  bien  plaufible. 
CHIUREi  f.  f.  Excrément  de  mouches,  qu'elles  jet- 
tent particulièrement  fur  la  viande  id'où  le  forment 
les  vers,  Mujcarum  excrementum.  'ifT  Viande  cou- 
verte de  chiures  de  mouches  :  on  ne  le  dit  que  de 
l'excrément  de  ces  animaux. 
.fr  CHIUSA.  Petite  ville  de  l'État  de  Venife  ,  dans 

le  Friûul ,  fur  la  Fella. 
^  CHIUSL  Petire  ville  cpifcopale  d'Italie  en  Tof- 

cane,  à  vingt  milles  de  Pcroufe. 
:fT  CHITAYE.  Ville  de  la  Natolie  ,  à  la   fourc© 
d'une   rivière  à  laquelle  elle  donne  fon  nom, 

G  H  L 

ffT  CîIALMYDE.  f.  f.  Efpèce  de  manteau  des  An-^ 
cicns,  retroulfé  fur  l'épaule  droite.  La  chalmydé 
rtoit  l'habit  militaire  des  Patticiens  :  la  toge  étoit 
l'habit  qu'ils   portoient  dans  Rome. 

'Îf3'  11  y  avoit  des  chalmydes  pour  les  enfans ,  pdur 
les  femmes ,  &  pour  les  hommes.  C'étoit  une  ef- 
pèce de  manteau  ou  cafaque  attachés  fur  la  poi- 
trine ivec  une  boucle. 

^CT  CHLANIDION.  Voye:^   HYMATTON. 

tfT  CHLANIS  ,  CHLANIDION  oK  CHLANE. 
Ancien  habillement  qui  fervoit  à  garantir  du  froid: 
les  Grecs  &  les  Romains  s'en  fervoient. 

CHLOÎES.  f.  f.  pi.  terme  de  Mythologie.  Fêtes  célé- 
brées à  Athènes  en  l'honneur  de  Cérès ,  à  qui  on 
immoloit  un  bélier.  Ce  nom  qui  a  rapporta  la 
verdure  des  champs  ,  convieiït  a  cette  Déeïïè  i 
de  %>'<'''-  5  herbe  verte. 

CHLORIS.  f.  f.  terme  de  Mythologie.  C'eft  le  nom 
grec  de  la  Déefîé  des  fleurs,  &  dont  le  nom  latin  , 
Flora  ,  s*eft  formé  ,  fi  l'on  en  croit  Ovide  ,  Liv.  V 
des  Faftes  ,  verf.  19V.  Chloiis.  On  ne  dit  point  qu"ls 
furent  les  père  &  mère  de  ChJoris  ;  mais  e'ie  fur  ma- 
riée à  Zéphyre  ,  de  qui  elle  obtint  l'intendanee  fu4 
toutes  les  fleurs. 

On  trouve  dans  la  Fable  deux  perforines  de  ce 
riom.  La  première  étoit  fille  d'Amphion  &  de 
Niobc  -,  elle  fut  femme  de  Nclée  ,  &  mère  de 
Neftor.  Elle  fut  tuée  à  coups  de  fl'èches,  par  Apol- 
lon &:  Diane ,  par  ordre  de  Latone  leur  mère  ,  i 
eaufe  que  Niobé  avoit  eu  la  témérité  d  ■  préférer 
fes  enfans  à  ceux  que  cette  DéciTc  avoit  eus  de  Ju- 
piter,   L'autre  eft  la  Dcelle  des  fleurs-,  dont  n<£>uî 


Vc-o-  C  H  O 

avons  d'abord  parlé,  &  qui  eft  U  m&me  que  Flore. 
OvSe  fait  mention  de  l'une  &  de  l'aune  dans 
fcs  Mctamorpholes.  .  . 

Ce  mot  cft  ffrec  ,  6c  vient  de  ;KA«fo.,virtf;2i,  «/r- 
^ii«  formé' de  \..,o,  ,  qui  f.gnifîe  la  même 
choCclsc  ea  dérivé  de  ^.U,  HcrJ'.t, sramai.  Amfi 
Chloris  fi^niiie  proprement  verdure. 

CH  LORIS  oil-eau,  cft  une  eipèce  de  pmfon,  ou 
petit  oifeau  .,  s^ros  comme  une  alouette,  tantôt 
ï  ,t  ntôt'aunc.Il  vit  de  vers  &  de  icmenc.  de 
nou  arde-,ron  ramage  eft  agréable.  On.  ta,t  pren- 
dre cet  oiîcau  en  bouillon  ,  ou  ron  ,  pour  Icpi- 
leolîe.  Trinéll^  fpui.es.  ^^      .  _  , 

CHLOROSIS  ou^' CHLOROSE.  T.  m.  Softe  de 
tnaladie ,  qu'on  appelle  autrement  jievres  de.  Jil- 
t7,Ze  lanche\  on  jauruffe  Manche  ,  plus  com- 
;nnément;,.i/..  couleurs.  Les  filles  qui  en  iont  at- 
taquées ,  ont  le  teint  pâle  ,  ou  plutôt  hvide  avec  un 
certain  cercle  violet  au  dellbus  des  yeux.  Elles  (ont 
triftes  &  inquiètes ,  fans  aucune  caule.  Leurs  mois  ne 
fonr  pas  toujours  fupprimés ,  _6c  ne  s  arrêtent  que 
dans  le  progrès  de  la  maladie  Chlorofiu. 
Ce  mot   a/orofis  fignifie   verdeur  :  il  vient  de 

-tcrtHMIELNICK  ou  KMIELNIK.  P<^^i^e  vm, 
de  PolD-ne,  à  l'extrémiré  du  Palatinat  de  Podolie  , 
&  aux  c'onfins  de  celui  de  Braclaw. 

C  H  O 

CHOACUM.  f.  m.  Emplâtre  noîre  dortt  Celfe  fait 

mention ,  LiL  F>  cap.  19,^  ^^\  f  '""f'^'f't 
iitharge  d'argent  &c  de  rehne  sèche ,  de  chacune 
cent  drachmes-,  mais  il  faut  faire  bouillir  aupara- 
vant la  litharge  d'argenr  dans  une  pinte  &c  demie 

CH08AR.  Fleuve  dont  il  eft  parlé  dans  l'Ecriture. 
C'étoit  an  bras  de  l'Euphrate.  C/wtar. 

CHOC  f  m  lp°  ou  percudion.  Aiition  par  laquelle 
un  corps  en  mouvement,  heurte  un  autre  corps 
cm'il  rencontre,  le  poulie  ou  tend  a  le  pouller. 
C-  vailfeau  peut  réfifter  au  choc  des  vents  Se  des 
values.  On  ne  conçoit  qu'à  peine  que  tant  de 
paaies  du  corps  fi  délicates  &c  i\  déliées  pu.l- 
lént  rélifter  fi  long  temps  au  choc  des  corps  étran- 
gers, qui  les  peuvent  fi  ailement  ébranler.  Que - 
eues  Philolophes  modernes  foiitienncnt  que  le 
choc  ,  ou  la  percuir.on ,  n'eft  que  la  caule  occa- 
lîonncUe  du  mouvement  qui  eft  produit  dans  les 
corps  choques  -,  &  que  Dieu  eft  la  caule  efficiente 
&  immédiate  du  mouvementé  du  corps  qui  frappe  ; 
cette  opinion  n'eft  pas  foutenable,  pour  les  tet- 
libles  conféquences  qui  en  rélultent.  Borelli  a  tau 
un  Traité  De  /a  force  du  choc  des  corps  Ménage 
tient  que  ce  mot  vient  de  l'efpagnol  choca  ,  qiu 

fio-nifie  joute. 

1er  On  le  dit  aulTi  de  la  rencontre    Se  de  1  attaque 

•      de  deux  troupes  de  Gens  de  guerre  .  On  a  de  la 

peine  à  foùtenit  le  premier  choc  ,  le  pre«nier  effort 

des  François.  Oppugnatio ,    impetus.  L  Intamene 

fut  renvcrlce  au  premier  choc. 

kr  Choc  fe  dit  au  figuré,  d'une  difgrace  qui  arr.ve 
dans  la  fortune ,  d'une  attaque  tacheufc  dans  la 
fanté  -,  il  a  reçu  un  rude  choc  dans  la  fortune  , 
dans  fa  fanté. 

Choc  eft  auffi  un  terme  de  Chapelier.  C  cft  un  in- 
ftrument  de  cuivre  pour  mettre  la  ficelle  au  lien 
du  chapeau.  ,       . 

|3-  En  termes  de  mines  ,  choc  eft  fynonyme  a  puits. 

Voye?  ce  mot.  .    t-  ,  , 

»3-  CHOCOLAT,  f.  m.  Efpece  de  Tab  ette  com- 
pofée  de  differens  ingrédiens ,  aont  labafe  eft  la 
noix  de  cacao  ,  de  laquelle  on  fait  une  conjeélion 
ou  breuvase.  ChocoUtum.  On  le  boit  çbaud.  U  eft 
venu  des  Èfpagnols ,  qui  Pont  apporte  des  Mexi- 
cains ,  chez  lefquels  ce  mot  de  chocolat  fignihe  hm- 
plement  confeclion.  D'autres  difent  que  ceft  un 
mot  indien  ,  compofé  de  latte,  qui  lignifie  de  1  eau 
§C  ihoc^y  mot  fait  pour  exprimer    le   bruit   avec 


C  H  O 

lequel  on  le  prépare  ,  comme  témoigne  Thomas 
Ga-e  La  bafe  eft  le  cacao  ,  fruit  d'un  arbre  du 
mcme  nom  :  la  vanille  y  emre  auffi  principalenent . 
pour  donner  de  la  force  &  du  goût  ^n  chocolat. 
Antoine  Colménéio  de  Lédefma,  Chirurgien  Eipa- 
snol,en  a  fait  un  Traité:  voici  comment  il  en  tau 
la  compofition.  . 

Sur  un  cent  de  cacao  ,  on  mêle  deux  grains  de 
chile  ou  de  poivre  de  Iklexique ,  ou  en  la  ph.ce 
du   poivre  des  Indes-,  une  poignée  d'anis     de  ces 
fleurs  qu'on  appelle  petites  oreilles  ,  ou  dans  le 
pays  vinacaxtlides,  &  deux  autres  qu'on  nomme 
viccachufie-.osx,  au  lieu  de  celles-ci,  la  poudré  de 
fix  roics  d'Alexandrie  ,  appelées  rojes  pales  ,  une 
croufTe  de  campês^e  ,  deux  drachmes  de  canellc  , 
une  douzaine  d'amandes  ,  8c  autant   de  noilettcs 
d'Indes  ,  &:  la  quantité  d'achiotte  qu'il  faudra  pour 
lui  donner  couleur.  Toutes  ces  plantes  Iont  décrues 
par  De  Laer.  On  broie  le  tout ,  on  en  fait  une  pâte , 
ou  conlervc,  avec  de  l'eau  de  fleur  d'orange  ,  qui 
le  durcit  fort  -,  &  quand  on  en  veut  prendre ,  on 
le  délaie  dans  de  l'eau  bouillante  avec  un  mou- 
linet- .  r..         .  r  • 
-^KF  On   a    depuis   perfedionne   cette  compofition 
"'  brute ,  &  on  Pa  rendue  plus  agréable  par  Paddi* 
tion  du  fucre,  d'un  peu  de  vanille  &  de  quelques 
autres  in2;rédiens. 

Il  n'en'  faut  pas  boire  durant  les  jours  canicu- 
laires ,  ni  de  celui  qui  eft  fait  depuis  un  mois. 
Quelques'CaCuiftes,  &  entr'autres  le  Cardinal  Fran- 
çois-Marie Brancaccio  ,  qui  en  a  fait  un  Traite  par- 
ticulier ,  ont  prétendu  que  le  chocolat  pris  en  li- 
queur ne  rompoit  point  le  jeûne,  quoique  Stabe , 
Médecin  Ana;lois, ait  fait  un  Traué,ouil  foutienc 
qu'on  tire  plus  d'humeur  nourriflante  d'une  once 
de  cacao  ,  que  d'une  livre  de  bœuf  ou  de  mouton. 
Les  railbns  du  Cardinal  parurent  fi  torres  à  Cal- 
dera ,  Médecin  Elpagnol  qui  avoir  loûtenu  le  con- 
traire dans  fon  Trihunal-Mcdico-Magicum,  qu'il 
abandonna  fon  fenriment.  Ce  fentiment  n'a  point 
encore  prévalu ,  au  moins  en  France.  Le  cacao  eft 
li  commun  en  la  Nouvelle  Efpagne  ,  qu'il  con- 
fomme  par  an  plus  de  douze  millions  de  livres- 
de  fucre.  Les  Efpagnols  eftiment  que  la  dernière 
milere  ou  un  homme  puiffe  être  réduit,  c'eft  de' 
manquer  de  chocolat  ;  car  c'eft  leur  boiflbn  ordi- 
naire :  ils  ne  la  quittent  que  quand  ils  peuvent 
avoir  quelqu'autre  boilîon  qui  enivre.  On  dit  qu'il 
aide  à  la  digeftion  ,  qu'il  rafraîchit  les  eftomacs 
trop  chauds  ,"■&  qu'il  échauffe  ceux  qui  font  trop 
froids.  Chaque  livre  de  chocolat  vaut  au  Mexique 
cinquante-deux  fous.  ,    r,-  t    i- 

Le  Cardinal  de  Lyon,  Alphonfe  de  Richelieu, 
eft  le  premier  en  France  qui  ait  ufé  de  chocolat.  Il 
s'en  lervoit  pour  modérer  les  vapeurs  de  fa  rate ,  & 
il  tenoit  ce  fecrct  de  quelques  Religieux  Efp.-i- 
"•nols  qui  l'apporrèrent  en  France.  Ceux  qui  en 
'ont  écrit,  font  Thomas  Gage, Voyageur  Anglois, 
Barthélemi  Marradon ,  qui  en  condamne  l'ulage ,  & 
Anroine  Colménéro,  deux  Médecins  Elpagnols, 
dont  René  Moreau,  Profelleur  en  Médecine  à  Pa- 
ri<!  ,  a  traduit  &  commenté  les  Livres.  Philippe 
Silvcftre  Dufour,  Marchand  de  Lyon,  a  ramaile 
dans  fon  Traire  du  Cafte,  du  Thé  &  du  chocolat, 
tout  ce  que  ces  Auteurs  en  avoient  dit. 
Chocoiat  eft  aulfi  une  Ibrre  de  petite  pâtiflene  déli- 
cate où  il  entre  du  chocolat.  Chocolatœum  ltl>um.  _ 
CHOCOLATIER,  f.m.  Chocolati  propola.  Celui  qui 
ne  vend  que  du  chocolat.  Un  riche  Chocolatier. 
A  Paris ,  ce  font  les  Limonadiers  qui  vendent  le 
chocolat.  , 

CHOCOLATIERE.  T.  f.  Vaifleau  d'argent ,  ou  de 
cuivre,  ou  de  toute  autre  matière,  fait  en  forme 
de  coquemar ,  pour  délayer  avec  un  moulinet  le 
chocolat  ,   de  le  faire  cuire.    Fafculum  coqucnio 

chocolaté.  . 

CbocolatièHe.  f.  f.  Femme  qui  vend  du  choco  at. 
M.  Rouflcau,dans  fa  Comédie  du  Caffe,  avoit  taiî 
dire  par  le  Chevalier  à  Dorante  ;  Tu  a'es  pas  riche, 


CHO 


nous  îe  favoris  ;  mais  un  Gentilhomme  vouioir 
cponfcr  une  chocolanere ,  il  y  a  de  la  folie  ,  ma  loi , 
il  y  a  folie.  Mais  depuis  l'Auteur  y  a  fubftitué  :  mais 
un  Gentilhomme  fe  noyer  dans  une  clwcolaturc.  On 
voit  que  ce  dernier  mot  eft  pris  ici  pour  le  vaif- 
feau  où  l'on  prépare  le  chocolat ,  &  plus  haut ,  pour 
la  Vendeufe. 

^S  CHOCZIN.  Ville  de  la  Moldavie,  fur  le  Nici"- 
ter ,  ai'.x  frontières  de  Pologne. 

CHŒNIX  ,  &  au  pluriel  Chamces.  Mefure  grecque* 
Le  chaiiix  étoit  la  quarante- huitième  partie  du 
Mcdimne ,  &  valoir  trois  cotyles. 

CHCSRM,  f.  m.  Vieux  mot.  Porc.  On  a  dit  auiîi 
Goerm.  Borcl  veut  que  ce  fait  de-là  que  vient  Gor- 
rec,  du  grec  yytpo  ,  qui   veut  dire  auOi  un  Porc. 

CHOES  ou  CKOUS ,  f.  m.  Second  jour  de  la  fête 
des  Antheftéries  ,  dans  laquelle  chacun  buvoit 
dans  un  vafe  particulier  :  de  x^-^  ,  un  vàCe  à 
boire. 

CHŒUR,  f  m.  prononcez  C(EUR.  Terme  collediif. 
Troupe  de  Muiiciens  qui  chantenr  cnfemble.  Camn- 
1^  tiiim,  cantajïtium  Chorus.  LihQa.u.té  de  la  Mulique 
conllfte  à  erre  divifée  en  récit ,  &  en  chœurs.  Il  y  a 
des  muiiques  à  pluiieurs  chœurs  qui  fe  répondent. 
Après  qu'une  voix  a  fait  un  récit ,  le  chœur  répond. 
Ce  mot  vient  du  grec  x'foi ,  Chœur.  Chorus  eft 
formé  du  celrique  Chor  ou  cor.  Pezron. 

|Cr  II  fe  dit  auflî  d'un  morceau  de  Mufique  à  plu- 
iieurs parries  qui  eft  chanté  par  le  Chœur.  Il  y  a 
deux  beaux  Chœurs  dans  cet  Opcra. 

t):^'  CHCEifR,  dans  les  Pièces  dramatiques  des  An- 
ciens ,  fe  dit  d'un  certain  nombre  de  gens  intc- 
refîcs  à  l'aifïion ,  q\ii  chantoicnt ,  Ibit  dans  le  cours 
de  la  Pièce,  foir  entre  les  ades,  &  dont  quelques- 
uns  fe  mêloicnt  dans  la  Pièce  même  par  des  dil- 
cours  liés  à  l'aiftion,  lans  pourtant  en  faire  une 
partie  effentielle.  Le  Chœur  paroilfoit  liir  le  Théâ- 
tre après^  le  Prologue ,  &  n'en  forroit  qu'à  la  fin 
jdc  la  Pièce.  Il  s'attachoit  ordinairement  à  obl'er- 
"er  le  principal  perlbnnage  de  la  Pièce,  pour  le 
laindre ,  le   louer  ou  le  blâmer. 

La  Tragédie  n'étoit ,  dans  fon  origine ,  qu'un 
-.hœuf  oui  jouoit  feul  &  fans  Adleurs":  il  chantoit 
'es  Dithyrambes  ;  c'éroient  des  Hymnes  à  l'hon- 
leur   de  Bacchus.  Thefpis    ajouta  un    Adeur  qui 
técitoit  les  aventures  de    quelqu'hommc  illuftre , 
pour  délailer  le  chœur.  Efchyle  trouvant   ce  pcr- 
fonnage  trop  ennuyeux  ,  en  joignit  un  lécond  ,  & 
diminua  les  chants  ou  chœurs"^  On  appeloit  épi- 
iode  tout  ce  qui  étoit  enfermé   entre  les  quatre 
chants   du  chœur,  &  ces  quarte   chants  faifoient 
les    quatre   intervalles    ou  les    intermèdes    de   la 
pièce.  Mais    quand   la  Tragédie  commença   à  fe 
former,  ces  récits  ou  ces  épifodes ,  qui   n'étoient 
que   la     partie    acceUbire  pour    laiilcr    repofer  le 
chœur,  devinrenr  le  principal  de  la  Tragédie,  & 
au  lieu  qu'ils  éroienr  diiférens ,  ils  ne  furent  plus 
tirés  que  d'un   feul  fujet.   Le  chœur  fe  môloir  & 
s'mcorporoit  àl'aéiion,  dont  il  n'étoit  plus  qu'un 
acceflbire  pour  l'ornement.  Quelquefois  le  chœur 
parloir,  &  alors   le  chef,  qu'on   appeloit  Chory- 
phee ,  parloir  pour  route  la  Troupe  ;  &  quand  il 
chantoit ,  tous    ceux  qui  le   compofoient ,  chan- 
toient  enfemble.  Outre  les  quatre  chants  qui  fai- 
foient la  divilion  de  la  pièce,  le  chœur  accom- 
pagnoit  quelquefois  de  fes    plaintes  les    rcgrcrs, 
que   faifoient  les  Aéleurs  dans  le  cours  des^aéles 
ou  les  accidens    funeftes  qui  arrivoienr.   Mais  la 
fondion  la  plus  propre  du  chœur ,  &  à  laquelle 
il  étoit  particulièrement  deftiné ,  c'étoit  de  mar- 
quer les  intervalles  des    ades.   Pendanr   que   les 
Adeurs  étoient  retirés  du  théâtre ,  le  chœur  oc- 
cupoit  le  fpedareur,  &  les  chants  rouloient  fur  ce 
qui  venoir  d'arriver  ;  ils  ne  dévoient  contenir  que 
des  chofes  qui  convinfTent  au  iujet ,  &  qui  y  fuf- 
fent    naturellemenr  liées  -,  en  forte  que   le  chœur 
concouroir  avec  les  Adeurs  à  l'avancemenr  de  l'ac- 
non.  C'eft  une  faure  qu'on  a  remarquée  dans  les 
Pièces  d'Euripide,  que  ces  chœurs  font  entièrement 


-•  Ch  o 


T/î 


deL-iches  de  ladion  ,  &  ne  font  point  pris  dii 
fonds  du  iu;et.  îl  y  avoit  même  des  Poètes ,  qui! 
pour- s  épargner  la  peine  de  compofer  des  chœurs, 

rapport.  Ces  c/z«//r. étrangers,  empruntés ,  étoient 
doutant  p  us  mal  placés,  que  k  chœur  étoit  ccnCè 
lou'er  le  rôle  d'un  Adeur,  &  qu'il  repréfentoi^l  s 
ipccrateurs,  mais  des  fpedateurs  intércifés  i  ce 
qui  le  paiîoit;  enforre  même  qu'il  ne  demeuroit 
pas  toujours  muet  dans  le  cours  des  ades.  Dans 
la  Tragédie  moderne  l'on  a  aboli ,  l'ufage  des 
chœurs  :  les  violons  en  font  la  fondion  &  en  rem^ 
ph/ient    la  place.  M.  Dadcr  défapprouvc  fort  ce 

retranchement  aui  ôrp  à    H  Tri,TA-i;„ 
j„  /-      1   a       t7  iragcdie    une  partie 

de  Ion  lulhe.  Il  trouve  ridicule  que  l'aidion  tra^ 
■  gique  loir  icparce ,  &  interrompue  par  des  airs 
de  violon,  qui  n'ont  nulle  liaiibn  avec  ce  qui  le 
pafle-,  ôcque  les  Spedateurs,  émus  par  la  rcpré- 
lentation,  demeurent  tranquilles,  &  s'arrêtent  au 
plus  tort  de  la  pa/f.on ,  pour  s'amufer  pailible- 
ment  a  un  diverrillèmenr  étranger.  Le  rétabliife- 
ment  du  chœur  leroit  néce/faire,  félon  M.  Dacier  . 
non-feulement  pour  l'embellllfemenr  &  la  ré-ula- 
rire,  mais  encore,  parce  que,  c'éroit  une  de  fes 
plus  utiles  fondions,  de  redreifer  &  de  corriger 
ce  que  la  paiîîon  faifoit  dire  aux  Adeurs  de  trop 
eiTiporre  ,  par  des  réflexions  de  fageile  &  de  vertu. 
Ce  qui  a  fait  fupprimer  le  c^œ/.r,  c'eft  apparem- 
menr  que  la  préfence  eft  incompatible  avec  cer- 
tains complots  &  certaines  délibérarions  fecrètes 
des  Adeurs  ;  or  il  n'eft  point  vraifemblable  que 
ces  machinations  fe  faffent  devant  des  fpedateurc, 
intereflcs  àl'adion;  &  comme  le  chœur  ne  fortuit 
)amais  du  théâtre,  il  a  fallu  le  bannir,  pour  don- 
ner plus  de  vraifemblance  à  ces  fortes  d'inrri- 
gues  qui  demandent  du  fecrer.  Voyez  /a  Poitiqué 
dArijtote.  Il  y  avoir  auin  des  chœurs  dans  la 
vieille  &  la  moyenne  Comédie  ;  mais  on -les  fup- 
prima  dans  la  nouvelle  ,  parce  qu'ils  fervoient 
principalement  à  reprendre  les  vices,  en  atta- 
quant les  perfonnes.  Dac.  Voyez  la  Poétique  dé 
Scaiiger. 

La  Tragédie  informe,  &  greffier e^en  naiffant, 
N  etoit  qu'un  fimp le  chœur!   Boil, 

Efchille  dans  les  chœurs  jeta  les  personnages. 

Idem. 

Sophocle    enfin  donnant  l'effor  à  fon  génie , 
Intereja  le  chœur  dans  toute  l'aclion.  Idem, 

Chœur.  (  donner  le  )  C'éroit  chez  les  Grecs ,  acheter 
la  pièce  d'un  Poète ,  &  faire  les  frais  pour  la  re- 
préfenrer.  Celui  qui  faifoir  certe  dépenfe ,  s'appe- 
loit  en  latin  Choragus.  A  Athènes  un  Archonte 
croit  chargé  de  ce  foin-là  ,  comme  les  Édiles  à 
Rome.  Un  Magiftrat  avare  refufa  le  Chœur  à 
Sophocle  ,  &  le  donna  à  un  mauvais  Poète  ,  dont 
la  Pièce  étoit  à  meilleur  marché.  Dac  Le  Magiftrac 
ne  commença  que  forr  rard  à  donner  deS  Chœurs 
comiques.  Idem.  Le  Poète,  dont  on  achetoit  la 
Pièce  ,  étoit    dit  recevoir  les  chœurs. 

Chœur  lignifie  aulTi  la  principale  parrie  del'Eglife 
la  plus  voilîne  du  grand  autel,  où  font  placés  les 
Prêrres  &  les  Chantres  qui  chantent  enfemble.  Le 
chœur  eft  féparé  du  fanduaire ,  où  l'on  offre  le  fa- 
crifice  ,  &  de  la  nef,  où  eft  le  peuple  qui  y  afllfte. 
Chorus.  Les  Parrons  font  obligés  à  réparer  le  chœur 
des  Eglilcs,&les  Paroilllens'la  nef.  Dans  les  rrois 
premiers  fiècles ,  le  chczur  n'étoit  pas  féparé  de  là 
nef.  Cette  fépararion  ne  fe  fir  que  fous  le  règne  de 
Conftanrin,  &:lorfque  l'Eglifefe  rrouva  dans  le  re- 
pos &  dans  la  fplendeur.  Depuis ,  rous  les  Pères 
s'accordent  à  dire  que  le  chœur  éroit  fermé  de  ba- 
luftres.  Il  y  avoir  même  des  voiles  tirés  fur  les  ba- 
luftres  ,  &  on  ne  les  ouvroir  qu'après  la  confécra- 
rion.  Dans  le  XII«  fiècle  on  coiTunença  à  fermer  1« 


C  H 


^^2,  ^  ti  O 

chœur  de  murailles.  La  multiplication  des  Offices 
<it  penfcr  les  Ecclclialliques  a  le  munir  contre  les 
injures  de  l'air ,  par  des  clôtures  plus  l'olides.  La 
longueur  de  la  ccrcnionie  rendit  cette  précaution 
ncceiîaire  ;  mais  depuis  ,  la  beauté  des  Êgliies ,  Ik 
de  rarchirecfture ,  a  ramené  l'ancien  ulage  des  ba- 
luftrades ,  qui  Ibnt  moins  groificres  que  des  mu- 
railles. Thiers,  Le  c/ixur  cft  environné  de  murs  ou 
de  baluftrades ,  pour  en  empêcher  l'entrée  au  peu- 
ple. G.  G.  Les  hautes  chailés  du  ckccur  ibnt  occu- 
pées pat  les  Prêtres ,  Se  les  bafles  par  les  Chantres , 
ou  les  Novices.  Le  Chantre  ,  eit  celui  qui  efl:  Maî- 
tre du  Chœur.  Chœur  en  tribune  ,  cit  un  chœur  Ic- 
paré  derEgliie,&  clevc  au  deffus  du  rez  de  chaufil^c, 
derrifi'e  le  grand  autel.  Abjis.  Dans  les  Monalicrcs 
de  filles  ,  le  chœur  eft  une  grande  ialle  attachée 
au  corps  de  l'Eglilc  ,  &  icparce  par  une  grille  ,  où 
les  Religieufes  chantent  l'Office. 

Ce  mot  viept ,  ieten  Ifidore  ,  à  coronis  circum- 
Jlantium  ,  parcç*  qu'autrefois  on  fe  plaçoit  en  rond 
autour  de  l'autel  pour  chanter.  C'eft  encore  au- 
jourd'hui la  manière  dont  les  autels  des  Grecs  font 
bâtis  ;  &  on  appelle  ici  un  autel  à  la  romaine  ,  un 
maître  autel  ,  où  on  peut  adorer  de  tous  côtés. 
Chœur  vient  du  latin  chorus. 

On  appelle  dansées  Parollfes  le  c^œar  ,  un  cer- 
tain nombre  de  Prêtres,  ordinairement  de  douze, 
qui  dilent  l'Office  au  chœur  y  chorus.  On  n'a  mandé 
à  cet  enterrement  que  le  chœur. 

Dans  les  chapitres ,  on  appelle  le  chœur ,  les  Cha- 
noines, &;  les  dignités.  Les  Chantres  ni  les  Cha- 
pelains n'y  font  point  compris,  quoiqu'ils  ibient 
Prêtres  ,  &  que  ce  foicnt  eux  qui  ibutiennent  le 
chant  du  chœur. 

Dans  les  Couvens  de  l'un  &  de  l'autre  fexe  ,  on 
appelle  le  chœur  ,cenx  qui  font  profcs  &  qui  chan- 
tent au  chœur ,  à  la  différence  des  Frères  Convers 
ou  Frères  Lais  ,  &  des  Sœurs  Converfes  ou  Sœurs 
Laies,  qui  ne  chantent  que  dans  la  nef ,  &  qui  font 
le  fervice  de  la  maiibn.  Les  Dames  du  chœur. 
ÎNftANs  DE  Chœur  ,  font  de  jeunes  enfans  qui  fer- 
vent à  porter  les  chandeliers,  &  à  chanter  dans  le 
diœur  de  mufique  les  delfus  ou  les  verfets  ,  qu'il 
i^ut  chanter  fur  un  ton  élevé  &  aigu,  Addicîus 
choro  puer  clericus.  On  appelle  le  Maître  de  Mu- 
lique  ,  le  Maître  des  Enfans  de  chœur. 
CH(EUR,en  termes  de  Théologie,  fe  dir  de  la  divi- 
lion  des  efprits  céleftes ,  qui  fe  fait  en  Hiérarchies. 
Il  y  a  les  neufs  chœurs  des  Anges  qui  chantent  les 
louanges  de  Dieu.  Chœur ,  en  ce  fens ,  lignifie  ordre , 
Tang  j  dcs,ré. 
§CJ"  Les  chœur  s  y  à  l'Opéra,  nom  coUedlif  qui  com- 
prend les  Chanteurs  &:  les  Chanteufes  qui  exécu- 
tent les  chœurs. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  bien  râfé  , 
ou  qiii  n'a  point  de  cheveux  ,  qu'il  eft  tondu  comme 
un  enfant  de  chœur.   On  dit  auUî  ,  Jacobins  en 
chaife,  Cordeliers  en  chœur ,  Sec,  pour  dire,  que  les 
Cordeliers  tâchent  d'avoir  de  belles  voix  pour  rem- 
plir leur  chœur. 
IP"  CHOJANDAH.  Ville  d'Afie  dans  le  Mawaral- 
nahr ,  à  fept  journées  de  Samarcand ,  fuivant  Abul- 
feda. 
CHOIN.  f,  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey ,  pout 
/ignifier  une  forte  de  pierre  dure  &:  de  vive  roche  , 
qui  peut  êtte  polie  comme  le  marbre.  Silex. 
ÎCOHINE,  f.  m.  Pain  blanc  &:  déliear.  Ce  mot  fe 
trouve  dans  Rabelais.  On  le  dit  en  Anjou  &  en 
Normandie.  Ménage  le  fait  venir  de  canonicus  ; 
c'eft-à-dice ,  pain  de  Charxjine. 
t^HoiNE,  Arbre  de  moyenne  grandeur  qui  croît  dans 
le  Bréfil.  Ses  feuilles  font  femblables  à  celles   du 
laurier.  Il  porte    un  fruit  qui  eft  de  la  grolîeur 
d'une  cittouille  médiocre ,  &  de  la  figure  d'un  œuf 
d'autruche.  Ce  fruit  eft  beau  ;  mais  il  ne  vaut  rien 
à  manger.  Les  Indiens  en  font  des  coupes  de  di- 
vcrles  fortes.  Ils  en  font   aulfi  un  certain  inftru- 
ment  qu'ils  appellent  maracA ,  dont  ils  fe  fervent 
^ans  Icuis  fuperftiuoos. 


CH  O 

CHOINTE.  adj.  Vieux  mot  dont  on  s'eftletvi ,  pour 
dire,  gentille,  ajnftee,  Chambrette belle &: c/iozn/^. 
On  a  dit  cointe ,  qui  eft  plus  récent  ,  &  que  l'on 
emploie  rarement. 

ffj-  CHOLSEUIL.  Petite  ville  de  France  en  Cham- 
pagne ,  Diocèfe  de  Langtcs  ,  à  trois  lieues  de  Chau- 
mont. 

CHlOIR.   Fcyei  Cheoir. 

CHOISI,  Nom  de  lieu,  Cauciacum.  Choiji-Malherhe  , 
petite  ville  du  Gâtinois,  Deux  bourgs ,  l'un  voilin 
de  Paris ,  &  l'autre  de  Compiègne ,  portent  le  nom 
de  Choiji. 

ffr  CHOlSILLE.(la)  Rivière  de  France  en  Tou- 
raine ,  qui  prend  fa  fource  au  deflùs  de  Noufilly 
tombe  dans  la  Loire  au  delTous  de  Saint  Cyr ,  &c 
au  deflbus  de  Valiers. 

3CF  CHOISIR.  V,  a.  Se  déterminer  en  faveiir  d*une 
chofe  par  le  mérite  qu'elle  a  ,  ou  par  l'eftime  qu'on 
en  fait  :  fe  déterminer  par  la  comparailbn  qu'on 
fair  des  chofes  en  faveur  de  ce  qu'on  juge  être  le 
mieux,  Eligere  ,  feligere.  On  ne  choijît  point  un 
état  par  rapport  aux  talens  que  l'on  a;  mais,  félon 
certaines  loix  ,  que  la  vanité  des  hommes  a  établies, 
&  félon  lefquelles  on  croit  que  ,  parce  qu'on  eft 
d'une  naifrance,il  faut  choijir  \xn  tel  genre  de  vie. 
NicoT.  Comment  être  toujours  attaché  à  la  même 
pf^rlbnne  ,  quand  le  cœur  ne  l'a  pas  choifie  î  II  y  a 
des  gens  que  le  néant  n'effraie  point ,  &  qui  choi- 
fifj<:nt  de  n'êtte  point ,  plutôt  que  d'être  mal,  Ma- 
LEB.  Ménage  fait  venir  ce  mot  de  colUzere. 

03"  Choisir  eft  un  plein  exercice  de  la  liberté  ; 
ainfi  lorfqu'il  y  a  nécelfitc  abfolue  ,  on  doit  fefer- 
vir  du  mor  opter.  Il  eft  impoiHble  de  fervir  en 
même  temps  deux  maîtres ,  il  faut  opter. 

'.fj  Le  mot  àtchoijîr  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  n'eft 
pas  encore  tout  à  fait  à  fa  place  ,  quand  on  parle 
de  choies  entièrement  difproportionnées ,  à  moins 
qu'il  ne  foit  emploie  dans  un  fens  ironique.  Je  ne 
dirois  pas ,  il  faut  choijir  de  Dieu  ou  du  monde  ; 
mais  il  faut  opter  :  car  le  choix  étant  une  préfé- 
rence fondée  fur  lacomparaifon  des  choies,  il  n'a 
pas  lieu ,  où  il  n'y  a  pas  de  comparailbn  à  faire.  Un 
Prédicateur  dira  pourtant  avec  beaucoup  de  grâce: 
Meilleurs ,  le  joug  du  Seigneur  eft  doux  ,  &  nous 
conduit  au  comble  de  tous  biens  •,  le  joug  du  monde 
eft  dur  ,  &  nous  plonge  dans  l'abyme  de  tous 
maux  ;  choijijfe:^  maintenant  auquel  des  deux  vou- 
lez-vous Ibumcttre . , .  parce  qu'alors  il  fe  trouve  une 
fine  ironie  dans  l'emploi  de  choijir.  Rien  ne  me 
paroît  plus  difficile  à  choijir  qu'un  ami.  Si  j'avois 
à  opter  entre  un  ami  forr  zélé  ,  mais  indifcret ,  & 
un  ami  difcret  ,  mais  moins  zélé ,  je  choifirois  le 
dernier,  Voye^  les  mots ,  faire  choix  ,  élire ,  opter , 
préférer ,  tous  confondus  dans  l'ufage  ordinaire, 6c 
même  dans  nos  Dictionnaires ,  &;  tous  cependant 
diftingués  par  des  idées  propres, 

^fT  On  dir,  en  parlant  d'un  homme,  qui  voyant  plu- 
lîeurs  gens  dans  une  troupe,  ne  vile  qu'à  un  feul 
pour  tirer  fur  lui ,  qu'il  le  choijit  de  l'œil,  qu'il  l'a 
choifi  au  milieu  de  la  troupe  pour  le  tuer. 

Choisir  s'eft  dit  autrefois  pour,  découvrir  de  loin, 
voir  ,  appercevoir  quelque  chofe.  Videre.  On  le 
trouve  en  ce  fens  dans  le  roman  des  Lohetanes. 

Li  Roi  fa  dreçe  ,  quand  le  Baron  choifit. 

Et  choijirent  el  pied  de  la  montaigne  pavillon* 
bien  à  trois  lieues  de  l'oft.  Villehard,  A^,  71. 

CHOISI ,  lE.  part,  &  adj,  0\\  appelle  gens  choijis,  des 
gens  qui  excellent  dans  leur  profelTion,  qui  font 
au  delÎLis  des  autres.  Il  envoya  à  cette  expédition 
un  détachement  de  foldats  choijis.  Il  n'y  avoit  que 
des  gens  choijis  dans  cette  aflemblée.  En  ce  fens , 
on  le  dit  de  tout  ce  qui  eft  excellent ,  fin  &  dé- 
licat. Le  commerce  du  monde  choiji  donne  un  air 
de  politeflè  qu'on  ne  perd  jamais.  M.  Scud.  Cette 
dévote  en  fuyant  le  fafte  &  &  le  tumulte, s'eft  rc- 
fervé  un  commerce  délicat  &  choiji.  S,  Evr.  Le« 

citations 


I 


CH  O 

citations  doivent  être  choijies  Se  peu  fréquentes. 
Id. 

CHOIS  ON.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  dejfdn ,  occajîon. 
Conjilium  ,  propojitum. 

Mettre  à  choijbn  ,  mettre  dans  roccalîon  de  faire 
quelque  cliole.  Glojf.  des  Poëf.  du  Roi  de  Nav. 

CHOIX,  r.  m.  §3"  Si  vous  voulez  confondre  toutes 
les  idées ,  vous  direz  avec  l'Académie  6c  les  Vo- 
cabuliftes ,  éleclion  ,  option  ;  préférence  d'une  per- 
fonne  ou  d'une  chofe  à  une  ou  pludeurs  autres. 
II  cfl:  difficile  de  définir  plus  mal.  Le  mot  de  choix 
n'efl:  rien  de  tout  cela.  Celui  A^elsHion  ^  dit  un 
/impie  concouis  de  luffrageSj  qui  donne  une  place 
à  un  fujet  ;  &  il  arrive  Ibuvent  que  le  choix  n'a 
nulle  part  dans  ïé/eclion.  Le  choix  n'efl:  pas  moins 
diftingué  de  l'option.  Il  y  a  option  ,  quand  ,  entre 
pluiieurs  choies  on  fe  détermine  pour  une ,  parce 
qu'on  ne  peut  pas  les  avoir  toutes.  Elle  fuppol'e 
une  (impie  décilion  de  la  volonté  ,  pour  favoir  à 
quoi  s'en  tenir.  On  peut  opter  avec  choix  ;  mais 
on  peut  auin  opter  fans  choix  ,  quand  ,  entre  plu- 
fieurs  chofes  on  fe  détermine  indifféremment  pour 
la  première  venue ,  quand  on  fuit  le  halard  ou  le 
confeii  d'autrui.  Il  y  z  option  entre  deux  chofes  éga- 
les, mais  il  n'y  a  pas  de  choix.  L'option  a  lieu  où 
il  y  a  une  nécelfité  abfolue  :  le  choix  efl:  toujours 
un  plein  exercice  de  la  liberté.  Le  choix  n'efl:  pas 
non  plus  la  préférence.  On  ne  choiiit  pas  toujours 
ce  qu'on  préfère  ,  quoiqu'on  préfère  toujours  ce 
qu'on  choijit,  hs.  préférence  a  lieu  quand  on  fe  dé- 
termine en  faveur  d'une  chofe  par  quelque  motif 
que  ce  foit  ,  mérite  ,  affeétion  ,  complailance  ou 
politique  ,  n'importe.  Le  choix  n'a  lieu  que  quand 
on  fe  détermine  en  faveur  d'une  chofe  par  le  mérite 
qu'elle  a ,  ou  par  l'efl:ime  qu'on  en  fait.  L'efprit  fait 
le  choix.  Le  cœur  donne  {3. préférence.  C'efl:  pour 
cette  raifon  que  l'on  choijit  ordinairement  ce  que 
l'on  connoît  ,  &  qu'on  préfère  ce  qu'on  aime.  La 
préférence  cfi  Jufl:e  ou  injufle ,  félon  qu'elle  efl:  dic- 
tée pat  la  raifon  ,  ou  qu'elle  efl:  infpirée  par  la  paf 
lion.  Le  choix  efl  bon  ou  mauvais ,  félon  le  goiit  & 
la  connoiflance  qu'on  a  des  chofes.  Après  avoir 
écarté  toutes  ces  faulTes  notions  ,  difons  avec  M. 
l'Abbé  Girard  ,  que  le  choix  efl:  un  aéte  de  difcer- 
nement  qui  fixe  la  volonté  à  ce  qui  paroit  le  meil- 
leur-, un  aéle  par  lequel ,  après  avoir  comparé  les 
qualités  de  différentes  chofes  entr'elles ,  on  fe  dé- 
termine à  ce  qu'on  Juge  le  mieux.  Dileclns,  Les 
préférences  de  pure  faveur  font  quelquefois  per- 
mifes  aux  Princes  dans  la  diflribution  des  grâces  : 
mais  ils  ne  doivent  jamais  agir  que  par  choix  dans 
la  diflribution  des  charges  &  des  emplois  publics. 
Dieu  veut  de  nous  un  amour  de  choix  ,  qui  lui  af- 
fujétilfe  notre  efprit  &  notre  cœur.  Malfe.  L'at- 
tachement du  peuple  pour  la  vérité  n'efl  nulle- 
ment un  choix  libre  &  raifonné  -,  c'efl  pur  acci- 
dent. Bay.  Chacun  cherche  à  lé  donner ,  &  à  s'af- 
fujétii  -,  \ç  choix  desfupérieurs  tient  lieu  de  liberté. 
S.  EvR.  L'homme  lent  qu'il  agit  pat  choix  ,  i<.  fans 
une  détermination  nécelfaire  ■,  &  cela  lutfit  pour 
•conclure  qu'il  efl  libre.  Id.  Je  hais  les  imaginations 
heureufes  qui  échappent  à  l'efprit  fans  choix  de 
fans  connoiffance.  Id.  Il  n'y  a  point  d'imprudence 
lî  ordinaire  que  le  choix  de  l'état  où  nous  devons 
pafTer  la  vie  :  fi  l'on  y  prend  bien  garde  ,  prefque 
perfonne  n'efl  bien  placé.  Nicol. 

Les  petes  &  les  mères  font ,  après  Dieu  &  félon 
l'ordre  de  Dieu  ,  les  premiers  fupérieurs  de  leurs 
enfans  ,  &  ce  feroit  une  indépendance  condam- 
nable ,  plutôt  qu'une  liberté  évangélique  ,  de  vou- 
loir dans  le  choix  qu'on  fait  d'un  état,  fe  fouflraiie 
abfolument  à  l'autorité  paternelle.  Bourd.  Exh. 
II, p.  444. 

Non  ,  ce  n'efl  ni  par  choix ,  ni  par  raifon  d'aimer , 
Qu'en  voyant  ce  qui  plaît-,  onfe  laiffe  enflammer. 

T.  Corn. 

^fT  C'efl  dans  ce  fens   qu'on  dit  que  le  choix  des 
Tome  Jl, 


C  H  O 


TT? 


mots  efl  fouvent  indifpenfable  ,  parce  qu'ils  ne  peu 
vent  pas  figurer  l'un  pour  l'autre.  Comme  il  n*y  a 
point  de  mots  affcz  parfaitement  iynonymes  pour 
avoir ,  dans  toutes  fortes  d'occafions ,  une  force  .u 
fignification  entièrement  femblable  ,  il  y  a  nccef- 
fairemcntim  choix  entr'eux. C'efl:  ce  choix, que  M. 
l'Abbé  Girard  a  déterminé  par  des  définitions  '&c 
des  exemples  qui  diflinguent  &  développent  le 
caracfère  de  chacun  de  ces  fynonymes.  Une  ex- 
trême juftefiTe  dans  le  choix  &c  dans  l'arrangement 
des  paroles  ,  atfoiblit  quelquefois  les  penfées ,  8c 
deffeche  le  difcours.  Bouh. 

(CT  Choisir.  &  faire  choix  ,  ne  doivent  pas  être  em- 
ployés indiftin(51:ement  comme  fynonymes.  Choijir 
efl  relatif  aux  chofes  ,  &:  fe  dit  ordinairement  de 
celles  dont  on  veut  faire  ufage:/iz/r<;  choix  efl:  re- 
latif aux  perfonnes  ,  êc  le  dit  proprement  de  celles 
qu'on  veut  élever  à  quelque  emploi  ou  digniré. 

1)3°  Louis  XIV  choifif  Verfailles  pour  le  lieu  de  fa 
réfidence  ordinaire  -,  &  fit  choix  du  Maréchal  de 
Villcioi  pour  être  Gouverneur  de  fon  petit  -  fils 
Louis  XV  ,  M.  l'Abbé  Girard. 

ffT  Choisir  ,  marque  plus  particulièrement  la  coni' 
paraifon  qu'on  fait  de  tout  ce  qui  fe  préfente ,  pouf 
connoître  ce  qui  vaut  le  mieux ,  &  le  prendre.  Faire 
c/zo/A,-,  marque  plus  précifcment  la  fimple  diftinc- 
tion  qu'on  fait  d'un  fiijet  préférablement  aux  au- 
tres. Les  Princes  ne  choifirent  pas  toujours  leurs 
Miniitres.  On  n'a  pas  tau  choix  en  tout  temps  d'un 
Colbert  pour  les  finances  ,  ni  d'un  Louvois  pour 
la  guerre. 

On  dit  au  Palais  ,  qu'une  chofe  a  été  laiffée  au  ^ 
choix  &  option  d'une  partie  ,  quand  on  lui  a  donné 
la  liberté  de  fuite  une  chofe  ou  une  autre.  Optio, 
Le  Droit  Romain  laiffe  le  choix  d'un  héritier  à  un 
teftateur. 

Choix.  |}CF Terme  de  Peinture  &:  de  Sculpture.  Choix 
de  fi-ijet  ,  choix  de  compofition ,  choix  d'attitude. 
Sujet  d'un  beau  choix  ,  qui  a  de  juftes  rapports  avec 
les  circonftances ,  au  temps  pour  lequel  il  efl  fait  , 
aux  perfonnes  qui  l'ont  lait  faire, &:  aux  lieux  où 
il  doit  être  placé.  Compofition  d'un  beau  choix , 
lorfque  le  Peintre  a  faifi  dans  le  fujet  tout  ce  qui 
peut  mieux  le  caracfériier.  Attitude  d'un  beau  choix, 
lorfque  les  figures  le  préféntent  fous  de  beaux  af- 
pcéfs. 

CHOLAGOGUE.  adj.^Terme  deMédecine,fouvent 
employé  fubflantivement.  Médicament  cholagogue. 
Un  cholagogue,  c'efl  un  médicament  qui  purge  la 
bile  par  en  bas.  Il  y  en  a  de  fimplcsi?-:  de  compofés , 
c<;  les  uns  &  les  autres  font  de  trois  fortes ,  pat 
rapporr  à  leur  aéfivité.  Il  y  en  a  de  bénins  ^  de  mé- 
diocres &  de  vioiens.  Les  bénins  font  ceux  qui 
purgent  doucement  ,  comme  la  manne  ,  la  caife , 
les  rofes ,  les  tamarins  ,  &c.  Les  médiocres  font  , 
le  féné ,  la  rhubarbe  ,  l'aloes ,  &c.  &  les  violcns ,  le 
jalap  ,  la  fcammcnéc  ,  &c.    . 

Ce  mot  vient  de  -/^cm  ,  tH»:  >  &:  du  verbe  âyai  , 
amener. 

UCr  CHOLEDOGRAPHIE.  f  f.  Partie  de  la  Méde- 
cine ,  qui  s'occupe  de  la  defcription  de  la  bile-xo^ï 
hile  ,  &  y««a=iiv ,  d'écrire. 

§3*  CHOLEDOLOGIE.  f,  f.  Prononcez  ko.  Partie  de 
la  Médecine  ,  qui  traite  de  la  bile. 

CHOLERA  MORBUS.  Voyei  Colera  moreus. 

§3"  CHOLET.  Ville  S>i  Baronie  de  France,  dans  la 
contrée  qu'on  nomme  la  Marche  de  Poitou  ,  Dio- 
ccie  de  Poiriers ,  félon  les  Auteurs  du  Diclionnaire 
Géograpliujiic  de  la  France  ,  &  non  pas  au  Diocèfe 
de  la  Rochelle,  comme  le  ditPiganiol  delà  Force  , 
à  II  lieues  d'Angers,  près  de  la  rivière  la  Moine, 
&  non  pas  fur  la  Mayenne. 

CHOLIDOQUE  ou  CHOLEDOQUE,  adj.  m.  Terme 
d'Anatomie;  cholidochiis.  Lz  anal  chohdojue  ,  efl 
un  canal  qui  conduit  la  bile  du  foie  dans  l'in- 
reflin  duodénum.  On  a  cru  qu'il  porroir  la  bile  du 
foie  dans  la  véficalei  mais  comme  c'cll  rinteflin 
qui  enfle,  &;  non  pas  lavcficale,  lorfqu'on  fouftle 

A  a  a  a. 


^^4  C  H  O 

dans  ce  conduit  ,  il  cft  évident  que  la  bile  de  ce  \ 
canal  va  droit  dans  l'inteftin.  DioNis. 

|p=-  CHONBR  ou  HOMER.  Meiure  des  anciens 
Hébreux;  la  même  cliofc  que  Cvre.   Foye:;^  ce  mot. 

CHOMET,  i.  m.  Petit  cil'eau  fort  gras  &  tort  déli- 
cat ,  qui  ie  trouve  en  Normandie.  Il  le  perche  or- 
dinairement /ur  la  pointe  du  chaume  dans  les 
champs. 

CHOMMABLE  ou  CHOMABLE.  adj.  m.  &  f.  Jour 
ou  fête  auquel  il  ncft  pas  permis  de  travailler. 
Feflus  (lies  ,feria  qii<z  requiem  hahet  liinim  ,  opc- 
rum  &  lahoTiifn.  Les  Dimanches  &  Fêtes  com- 
mandées pat  l'Eglilé,  font  des  jours  chommabUs. 

CHOMMAGE.  ou  plutôt  CHOMAGE,  f.  m.  Etat 
d'une  choie  qui  cft  lans  agir  un  certain  temps ,  l'ei- 
pace  de  temps  qu'on  eft  ians  travailler.  Cejfatw. 
Quand  des  ouvriers  ont  manqué  de  fe  trouver  dans 
un  attclier  ,  on  leur  déduit  leur  chornmage,  L'Or- 
donnance règle  le  chornmage  des  moulins  pendant 
vin<Tt-cuatre  heures  à  quarante  Ibus ,  quelque  nom- 
fcre^deroues  qu'ils  aient  :  on  leur  paye  ce  chorn- 
mage quand  ils  font  empêchés  de  moudre  par  le 
paifa^e  des  trains ,  des  bateaux. 

ffr  CHOMMER  ,  &c  mieux  ,  CHOMER,  v.  a.  Fêter 
un  jour  en  ceiTant  ,  en  s'abilenant  de  travailler. 
Diem  fcitum  agere  ,  fefium  colère.  On  chomme  les 
fctcs  de  la  Vierge.  Ce  terme  eft  aiFez  uiité  \  mais 
il  n'eft  pas  noble. 

Ménage  dit  qii'il  faudroit  écrire  chaumer  ,  &:  cite 
Vulcanius  qui  le  dérive  du  grec  ;t;aj-ft«»;  qui  ligni- 
fie itre  oijîf  dc  bâiller. 

Cet  Auteur  ajoute  que  ce  mot  vient  du  mot 
de  la  balfc  latinité  calamare  ,  dérivé  de  caLvnus , 
chaume ,  Se  que  de-là  s'eft  «lit  chomnier  ,  pour ,  ne 
rien  faire ,  parce  que  les  jours  de  fét^s  les  paylans 
relient  fous  leurs  chaumes ,  c'eft-à-dire  ,  dans  leurs 
maifons  couvertes  de  chaume  ,  fans  rien  faire  ,  fans 
travailler.  Mais  il  eft  certain  que  ce  mot  vient  de 
chom  ,  qui  eft  purement  Bas-Breton  ,  &  l\s;niEc  de- 
meurer, s'arrêter  ,Je  repojer. On  dit  encore  en  Brc- 
ta<rne ,  chommet  d'acé.  Arrêtez-là ,  demeurez-là. 

Chommer.  V.  n.  lignifie  aulFi  manquer  de  befogne  , 
de  travail ,  de  pratiques,  ne  rien  faire  faute  de  tra- 
vail. Ceiïare ,  vacare.  Il  ne  faut  pas  laiilér  ckommer 
les  compagnons ,  il  leur  faut  taillct  de  la  befogne. 
Un  bon  ouvrier  ne  doit  point  chommer. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  difgracic, 
qui  n'a  plus  ni  crédir  ni  autorité,  que  c'eft  un  faint 
qu'on  ne  chomme  plus.  On  dit  aulTi ,  il  ne  faut  pas 
ckommer  les  fêtes  avant  qu'elles  Ibient  venues  ; 
pour  dire ,  il  ne  faut  point  s'aMliger  ni  lé  réjouir 
avant  que  les  biens  ou  les  maux  foient  arrives. 

Chommer  fe  dit  aulll ,  en  patlant  des  terres  :  on  dit 
que  des  terres  chomment  ',  pour  dire ,  qu'on  les  laillé 
repofer ,  &  qu'on  n'y  feme  rien.  On  dit  auiîî  qu'un 
moulin  chomme  \  pour  dire ,  qu'il  ne  va  point,  qu'on 
n'y  moud  point.  Et  on  dit  que  la  monnoie  chomme  ; 
pour  dire  ,  qu'on  ceffe  d'y  travailler  faute  de  ma- 
tière. AçAD.  Fr. 

CHOMME,  EE.  parr.  La  fête  des  morts  n'eft  chommce 
que  jufqu'à  midi. 

CHON.  f.  m.  Nom  d'un  faux  Dieu  d'Egypte.  C'ctoit 
l'Hercule  des  Egyptiens ,  fi  l'on  en  croit  quelques 
Auteurs  ■■,  cela  ne  paroit  pas  à  Selden  être  allez 
bien  fondé.  Il  conjeâure  que  Clwn  peut  être  un 
mot  corrompu ,  &  qu'il  faut  lire  rc/ri»  ou  riyH,  dont 
parle  Héfychius  ,  &:  qu'il  dit  être  l'Hercule  d'E- 
gypte ,  dans  l'opinion  de  bien  des  gens.  D'autres 
prennent  Chon  pour  le  Cium  ,  dont  il  eft  parlé  à  la 
fin  du  ch.  V  d'Amos.  Selden  ne  croit  pas  que  cela 
foit  encore  bien  fur.  Il  a  raifon:ôn  ne  fait  guère 
ce  que  c'étoit  que  Chon.  "Voyez  Chiun. 

Ip-  CHONAD.  Ville  de  Hongrie  avec  Evcché  fuf- 
fragant  de  Colo^^a  ,  capitale  d'un  Comté  fur  les 
frontières  de  la  Tranfilvanie ,  auquel  elle  donne 
fon  nom.  Canadium. 

CHONCAR.  f.  m.  Oifeau  àt^r^oit.Species  avis  prx- 
datricis  ou  aucupis.  Les  Mofcovites  &c  les  Tarta- 
les  de   Ctim  font  obligés  -,  par  le  dernier  Traité 


C  H  O 

qu'ils  ont  fait  avec  la  Porte-Ottomane  ,  d'envoyer 
tous  les  ans ,  pour  marque  d'hommage  au  Grand- 
Seigneur  ,  un  oifeau  de  proie  qu'on  nomme  chon- 
car  yZ-vcc  plufieurs  ornemens  de  pierreries.  Petit 
DE  LA  Croix  ,  Hiftoire  de  Tamerlan. 

CHONDRILLE.  f.  t.  (  Prononcez  CONDRILLE.  ) 
Herbe  ,  en  latin  ,  chondrilla  prima  Diofcoridii. 
Voyez   CoND. 

tfT  CKONDROGRAPHIE.  f.  f.  Partie  de  l'Anatc-    ' 
mie  qui  s'occupe  delà  defcription  des  cartilac;es. 

Çp-  CHONDROLOŒE.  f.  f.  (Prononcez  kon,')  Par- 
tie de  l'Anatomie  qui  traite  des  cartilages. 

tp-  CHONE.  Ville  de  la  Turquie  d'Alie  ,  dans  la 
Natolie,  Province  de  Gcmiian. 

CHONTACHION.  f.  m.  Terme  d'office  eccléfiafti- 
que  chez  les  Grecs  :  Xew7«;t'»»'  C'eft  une  efpèce 
d'hymne  plus  courte  que  toutes  les  autres. 

CHOPADE.  f.  f.  Vieux  mou  Achoppement ,  heurt  , 
l'adlion  de  chopper.  Gffcnjïo  pedis  ,  incurfus. 

CHOPINE.  f.  f.  Pente  mefure  de  liqueurs  qui  con- 
tient la  moitié  d'une  pinte.  Œnophori  Gallici  qua- 
drans ,  qtiarta  pars.  La  chopine  d'eau  commune , 
pefe  une  livre  à  Paris. 

Ce  mot ,  félon  Ménage  ,  vient  de  cupina ,  di- 
munitif  de  cupa.  Il  y  a  apparence  qu'il  vient  de 
l'allemand  ycAy/y?,  lignifiant  la  même  chofe.  Il  y 
en  a  qui  le  dérivent  de  x^"'^"^"^  fitndo  libéré,  je 
verfe  à  boire  ,  comme  fi  on  difoit  cheopine ,  pour 
chopine  ,  parce  que  la  chopine  eft  la  mefure  la  plus 
ordinaire  qu'on  donne  aux  ouvriers ,  &  qui  fufîit 
pour  un  repas  à  un  homme  qui  travaille. 

CHoriNE  fîgnifie  aulfi  la  quantité  de  liqueur  conte- 
nue dans  cette  mefute.  Quadrantem  œnophori  g.il- 
lici  exhaurire. 

On  ne  croit  hoire  que  chopine  , 
Et  quelquefois  on  en  boit  deux  z 
On  croit  rire  avec  fa  voijlne , 
Et  Con  en  devient  amoureux. 

On  dit  auffi,  une  chopine  d'olives,  parce  qu'oa 
les  vend  à  cette  mefure.  Une  cAo/^/rre  de  fel ,  dans 
les  lieux  où  on  donne  le  fel  par  impôr.  On  dit  de 
celui  qu'on  veut  taxer  d'avoit  trop  bu,  qu'il  a  mis 
pinte  fur  chopine. 

CHOPINE.    f.  f.  Terme  de  Marine,  Voyei  Chopi- 

KETTE  de  pompe. 
CHOPINER.  V.  n.  Boire  plufieurs  chopines  de  fuite. 

Perpotare,  Lirgiùs  bibere.  Il  cft  populaire. 

CHOPINETTE.  f.  f.  Diminutif  de  chopine ,  qui  fî- 
gnifie la  même  chofe  \  mais  qui  ne  le  prend  que 
pour  la  liqueur,  §c  ne  le  dit  que  par  le  petit  peuple. 
Boire  chopinette. 

On  appelle  chopinettes ,  en  plufieurs  endroits ., 
fur-tout  en  quelques  villes  de  Normandie  &  de 
Picardie  ,  les  burettes  dont  on  le  fert  à  la  Melfe. 

Chopinette  de  pompe.  Terme  de  Méchanique.  C'eft 
un  petit  cylindre  de  bois  percé  par  le  milieu,  dont 
le  trou  cft  couvert  d'une  foupape,  laquelle  on  ar- 
rête fixe  dans  le  corps  de  la  pompe ,  un  peu  au  def- 
fous  de  l'endroit  où  defcend  la  heufe. 

CHOPPEMENT.  f.  m.  Aftion  de  celui  qui  chopp?. 
Off'enjio.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey  ;  mais  On 
ne  le  trouve  point  ailleurs. 

CHOPPER.  v.  n.  Heurrer  du  pied  contre  quelque 
choie,  en  forte  qu'on  foit  en  danger  de  tomber. 
Offenderepedem.  Ce  chemin  eft  fi  raboteux ,  qu'on  y 
choppe  à  tous  momens. 

Chopper  fe  dit  figurément  &  familièrement  pour,  r 
faire  une  faute  grolTiète  ,  tant  au  propre  qu'au  fi- 
guré. Errarc  ,  offendcre  ,  incurrere  in  aliquid.  Cet 
Officier  s'eft  brouiUé  avec  l'on  fupérieur,  il  a  choppé 
lourdement.  Cet  Auteur  a  chofjpé  en  plufieurs  en- 
droits ,  &:  a  fait  cent  bévues  dans  fes  notes.  Ce  mot 
vieillit,  tant  au  propre,  qu'au  fij^urc. 

IfT  CHOPPER  ,  en  termes  de  Maréchallerie ,  fedit 
d'un  cheval  qui  heurte  du  pié  courre  rerre,  parce 
que  dans  fes  différentes  allures  ,  il  ne  lève  pas  allez 


CHO 

les  pics.  Ce  cheval  ckoppe  continuellement.  O^'en- 
jator  c^itus. 

gdf  CHOQUANT  ,  ANTE.  Qui  s'applique  aux 
'  choies  qui  oftenlent  ou  qui  déplailent.  Quod  ani- 
mum.  Mires  o^endit ,  Ixdic.  Un  homme  eft  clw- 
i^uant,  a  un  air  choquant ,  des  manières  choquâmes  , 
dit  des  paroles  choquantes.  Souvent  pour  ne  pas 
connoître  ce  qu'on  a  de  choquant  dans  l'humeur, 
on  traite  les  autres  avec  dureté  ,  &c  l'on  en  rejette 
encore  le  tort  fur  eux.  Nie.  11  ell  des  refus  moins 
choquans  que  certaines  grâces  que  l'on 'fait  trop 
lentir.  Bell.  Il  y  a  ime  humilité  d'amour  propre  , 
qui  lait  éviter  ce  qu'il  y  a  de  choquant  ôc  de  ridicule 
dans  l'orgueil.  Port-R. 

IJCT  CHOQUE.  Foyei  ToUr-et-Choque. 

|K7"  CHOQUER,  v.  a.  Heurter  avec  violence ,  donner 
un  choc.  Ojfendere  ,  impingere  in.  Si  ce  grand  vail- 
leau  vient  a  choquer  la  chaloupe ,  il  la  briléra.  On 
choque  les  verres  à  table  l'un  contre  l'autre.  On  dit 
abColument  choquer.  Choquer  contre  quelque  choie. 
Choquer  contre  un  rocher. 

Choquer  fe  dit  auili,  en  parlant  de  la  rencontre  & 

du  combat  de  deux  troupes  de  gens  de  guerre.  Con- 

currere  ,  confligere  ,  congredi.  Les  armées  fe  l'ont 

,  choquées  avec  grande  ardeur ,  fitôt  qu'elles  ont  été 

en  prclénce. 

^fF  Choquer  ,  dans  le  fens  figuré ,  lignifie  déplaire  , 
faire  une  imprcllion  dél'agréable.  Cela  me  choque. 
Hoc  me  gravât ,  mihi  grave  ,  rnolejtum  efi.  Cet  objet 
me  choque  la  vue.  Ces  ions  me  choquent  l'orelUc. 
Oculos  ,  aures  lixdere  ,   ojjendere. 

^CT  On  le  dit  auHi  dans  la  fignification  de  blelTer, 
ofFenler  :  dites-vous  cela  pour  me  choquer  ?  Ce  qui 
choque  les  éiprits  bornés ,  ne  lurprend  point  les 
gens  lages.  Soyez  irtdullrieux  à  ménager  refprit  du 
Prince ,  &:  gardez-vous  de  choquer  la  délicatelTe 
de  Ibrt  humeur.  S.  Êvr.  J'aime  ceux  qui  ont  tou- 
jours de  Terprit  fans  choquer  perlbnne  ;  &  je  hais 
ceux  qui  n'en  ont  que  pour  déplaire.  Il  faut  rejeter 
les  opinions  qu'on  n'approuve  pas,  avec  tant  de  mo- 
deftie,  qu'on  ne  choque  perlbnne. 

ffT  II  efl  quelquefois  réciproque.  C'eft  un  homme 
qui  fe  choque  de  tout. 

1^  Quand  On  dit  qu'une chofe  cAo^k^  le  bon  fens, 
la  railon ,  l'honneur  ■■,  on  veut  faire  entendre  qu'elle 
eft  contre  le  bon  fens ,  contre  la  railon  ,  contre 
l'honneur.  Alienum  à.  Il  y  a  bien  des  chofes  qu'on 
ne  lauroit  dire  ,  fans  choquer  la  bienféance  ,  l'hon- 
nêteté. Salvà,  illœfd  honejlate.  Il  faut  tâcher  de 
plaire  à    l'efprit  ,    mais   fans  choquer    la    raifon. 

P.    RAf. 

Choquer  la  toiirne-vire  ,  en  termes  de  Marine  j  c'eft 
la  rchaullcr  fur  le  cabeftan  ,  pour  empêcher  qu'elle 
ne  fe  croife  &;  ne  s'embarralfe ,  lorfqu'on  la  vire. 
Erigere,  attolUre, 

Choqué  ,  ée.  part. 

tfT  CHORAGE.  f  m.  Choragium.  VitrUve  fe  fert  de 
ce  mot ,  pour  exprimer  un  lieu  derrière  le  théâtre 
des  Anciens  -,  la  partie  du  théâtre  oîi  l'on  ferroir 
les  habits  j  les  décorations ,  les  inftrumens  dç  la 
fçène  ,  6c  où  l'on  difpofoit  quelquefois  des  chœurs 
de  mufique. 

CHORAL.  Ancien  mot,  qui  fe  trouve  au  pluriel  pour 
dire  des  Enfans  de  chœur.  Le  revenu  de  la  Collé- 
giale de  Blainville  doit  fe  partager,  par  l'aéte  de 
fondation  ,  entre  douze  petlbnnes:  deux  Dignités, 
quatre  autres  Chanoines  prébendes,  trois  Chanoi- 
nes fémi-prébendés ,  un  Clerc ,  &  deux  Choraux  , 
c'eft-à-dire ,  deux  Enfans  de  chœur.  Dejcript.  Géog. 
&  Hift.  de  la  Haute-Norm.  tom.  i,p.  -^^i. 

fO^  CHORAULE.  f.  f.  Choraules.  C'eft  celui  qui 
préfidoit  fur  les  chœurs ,  chez  les  Grecs  5c  ches  les 
Romains. 

CHORDAPSË.  f.  m.  Terme  de  Médecine,  Chordapfus 
C'eft  une  maladie  des  intcftins  que  quelnues-uns 
appellent  Mifereré  ;  d'autres  difent  que  c'eft  une  ef- 
pèce  de  Miférére.  Galien'dit  que  c'eft  une  tumeur'd'-': 
inteftins  grêles  qui  les  fait  paroître  repliés  comme 


CHO  ^^^ 

une-  corde.  Àrchigenes  prétendoit  que  c'ccoit  unn 
efpèce  de  Mifercre  conliftantjdans  une  tumeur  quil 
eft  en  un  certain  endroit  des  intcftins  grêles,  &  qui 
cède  à  la  main  quand  on  la  porte  delilis;  ildifoif 
que  le  chordapfe  eft  tort  dangereux ,  &:  qu'il  fait 
ordinairement  mourir  eri  trois  ou  quatre  heures ,  i 
moins  qu'il  ne  vienne  à  fuppuration,  ce  qui  n'ûte 
pas  tout  le  danger.  Il  y  a  apparence  que  le  clwrdap^ 
Je  n'cft  autre  clîofe  que  le  Mifereré  ;  car  Celfe  dit 
que  ce  qu'on  avoit  appelé  chordapfe,  étoit  ordinai- 
rement appelé  de  fôn  temps  Mifreré ,  !</£3,. 
Le  nom  de  chordapfe  vient  de  deux  mots  Grecs, -^jo^^^  ^ 
corde  -,  &  a.7r]isiti ,  toucher  ;  parce  que  dans  le  chor- 
dapfe on  lent  au  toucher  l'inteftin  tendu  comme  une 
corde.  Voyez  GoRR.€us.  ^/z^z/Az/c; ,  Patriarche  dô 
Conftantinople  mourut  d'un  chordapfe, 
CKOREGE.  f.  m.  (  Prononcez  KO.  )  C'ctoit  chez  les 
Grecs  celui  qui  préfidoit  à  la  dépenfe  des  fpedtacles , 
foit  qu'il  la  fit  de  fon  propre  bien ,  foit  qu'il  eiiE 
refcu  des  Magiftras  de  quoi  la  faire.  Choregus,x'^>>ycf. 
CHOREGRAPHIE,  f.  f.  La  première  lyllabe  fe  pro- 
nonce Ko.  L'art  de  noter  fur  le  papier  les  pas  &  les 
figures  d'une  danfe.  Un  bon  Maître  à  danfer  doit 
favoir  la  Chorégraphie.  Ce  mot  -,  formé  du  grec ,  figni- 
fie  proprement  dcfcription  d'une  danfe, 
CHOREVÊQUE.  f.  m.  l'A  ne  fe  prononce  pas.  Cho- 
repifcopus.  Les  Savans  demandent  quelle  étoit  là 
fbndion  du  Chorév^éque  dans  la   primitive  Eglife. 
M.  de  la  Roque  foûtient  que  les  Chorévèques  étoienc 
les  Evêqués  de  la  campagne,  &  qu'ils  avoient  la 
même  autorité  dans  leurs  villages,  qUe  lesEvêques 
des  grandes  villes  dans  leurs  Diocèfes.  Mais  dans  la 
profpérité  les  Evêqués  dédaignèrent  cei  retraites 
Iblitaires    &   champêtres.    Ils    s'imaginèrent     que 
l'Epifcopat  étoit  avili ,  &  devenoit  mcprilablc  dans 
la  bartcHc  du  village.  Ainfi  le  Concile  de  Sardique 
défendit  de  confacrcr  des  ËvêqUes  à  la  campagne, 
ou  daris  les  petites  villes,  afin  que  la  dignité  Êpif- 
copale  fût  toujours  relevée  par  l'éclat  dés  grandes 
villes.  Foyc!^  M.  de  Marca.  Les  Chorévzques  exer- 
çoient  dans  les  Bourgades  la  piCipart  des  fonélions 
Èpifcopales  ;  mais  ils  n'étoienr  pas  ordonnés  comme 
les  Evêqués ,  &:  n'étoient  pas  revêtus  de  la  même 
autorité.  Ils  étoient  feulement  au  delîus  des  fimples 
Prêtres.  Du  Bois. 

L'office  de  Chofévtqûès  j  auxcjuels  les  Doyens 
ruraux  ont  fuccédé,  étoic»  de  veiller  fur  les  Paroil^ 
fes  de  la  campagne.  On  les  a  abolit ,  parce  qu'ils 
ufurpoient  l'autorité  des  Evêqués.  Le  Mait. 

Quelques-uns  difent  que  les  Chorévèques  n'étoienÉ 
proprement  que  les  Evêqués  que  nous  appelons  au- 
jourd'hui in  partibus  ,  lefqaels ,  en  qualité  de  luffra-" 
gans ,  font  commis  à  l'adminiftration  des  Diocèfes , 
dont  les  Evêqués  font  abléns.  Cette  idée  n'eft  pas 
allez  jufte.  Ce  qu'ils  ajoutent  eft  mieux  ,  que  du 
moins  l'inftitution  des  Chorévèques  lémble  avoir  don- 
né lieu  à  celle  de  Ces  autres  Evêqués,  qui  ont  pour- 
tant des  avantages  que  leS  Chorévèques  n' avoient  pas. 
D'autres  croient  que  les  Chorévèques  n'étoienc 
que  des  Prêtres  à  qui  l'Èvêque  donnoit  prefque  toute 
fon  autorité  pour  la  campagne.  Le  dixième  Canon 
du  Concile  d'Antioche  j  en  541,  ordonne  que  ccuX 
qui  font  dans  les  bourgs  ou  les  villages,  ou  que  l'on 
nomme  Chorévè-jues  ,  connoilfent  les  bornes  qui 
leur  font  prefcrites.  Ils  peuvent  ordonner  des 
Lcéleurs,  des  Soudiacres  &  des  Exorciftes  -,  mais 
non  pas  des  Prêtres,  ou  des  Diacres,  fans  l'Evêque 
de  la  ville  dont  ils  dépendent.  Le  Chorévèque  fera 
ordonné  par  l'Evêque  de  la  ville.  Ce  Cnrîon  femble 
donner  aux  Chorévè<iues  le  caradère  Epifconal ,  en 
leur  permettant  d'ordonner  des  Prêtres&  d' s  Dia- 
cres ,  au  moins  avec  l'Evêque  dont  ils  dépendent,  ca 
que  quelques-uns  croient  n'hr^  pas  fan<;  Jifficultc, 
Quoi  qu'il  en  foît,  le  Concile  de  Néocéfaree  ,  tenu 
vers  ?  1 4,  can.  1 4,  leur  donne  la  orécminence  fur  les 
Pri"tres  -,  &  le  Pape  Nicolas ,  au  IX^ficcIe,  dans  fa 
Icrtre  .à  Raoul  ,  Archevêque  de  Bourg-i-s,  déclare 
que  les  Chorévèques  ont  les  foiéïions  Epif-rOpales  , 
&;  veut  que  les  ordinations  de  Prêtres  &  d'Evêqueî 

A  a  a  a  i  j 


5^^  CHO 

qu'ils  auront  faites,  foient  valides.  Le  44' Canon 
du  Concile  de  Meaux,tenu  en  845,  ordonne  que  les 
Choréviques  n'exerceront  point  les  fondions  pro- 
prement Epilcopales ,  &:  qu'ils  ne  pourront  admi- 
nillrer  ni  la  Confirmation ,  ni  le  Diaconat.  Le  Pape 
Léon  Vil,  dans  la  troilième  Lettre  écrite  en  pjiî,  ou 
environ,  dit  que  les  Chonviques  ne  doivent  ni  con- 
facrer  les  Egliles  ,  ni  ordonner  des  Prêtres  ,  ni  don- 
ner la  Confirmation-,  ce  qui  montre  j  i".  Qu'ils  le 
pouvoient,  &;  le  taifbient  même  quelquefois,  fie  i». 
Qu'il  y  en  avoit  encore  au  X"^  ficelé.  Il  n'efl:  point 
parlé  de  Choréviques  en  Orient  avant  les  Conciles 
d'Ancyre,  de  Néocélarée  &:  de  Nicée,  tenus  au 
commencement  du  IV^  ficcle  -,  ni  en  Occident  avant 
le  Concile  de  Ries  tenu  en  4^9.  Ils  ont  ceiîc  en 
Orient  &  en  Occident  dans  le  X-^  fiècle. 

Ce  mot ,  Chorévéque ,  efl:  grec,  compofe  de  x"P*  •, 
région ,  petite  contrée  •,  &  d'i-ViV^ta-os  dont  s'efi:  fait 
Evèque, 
Chorévéque  fîgnifie  aufTi  une  dignité  qui  efl:  dans 
quelques  Cathédrales ,  principalement  en  Allema- 
gne ,  &  c'elf  la  même  chofe  que  Chori  Epijcopus , 
c'eft-a-dire  ,  VEvîque  du  cliccur.  Molamus  fait  men- 
tion de  ces  Chorévèqucs  dans  fon  livre  de  Canonicis. 
Voyez  le  Gloflaire  de  M.  du  Cange.  AUtrecht  dans 
l'Eglifc  de  S.  Martin ,  l'Archiibudiacre  a  le  titre  de 
Chorévéque  ,  &  fait  la  fonction  d'Archiprêtre.  Il  y  a 
auffi   dans  l'Egliie  de  Trêves  quatre  dignités  qui 
portent  encore  le  titre  de  Chcffévéque.  Dans  l'Eglitc 
de  Cologne  ,  le  premier  Chantre  fe  nomme  Choré- 
véque ,  foit  par  abus ,  &  à  caufe  que  dans  le  Chœur 
il  porte  le  bâton  de  l'Evcque  pendant  l'Office ,  foit 
parce  qu'il  efl  l'Evêque  ,  l'mlpeéteur,  le  lupérieur 
du  Chœur.  Alors  ce  mot  vicndroit  non  pas  de  x"?'^  5 
mais  de  %oio; ,  Chœur ,  &;  d'£V/--y.ozroç. 

Baronius  à  l'an  3  57  de  J.  C,  Duaren,  defacris  Ec- 
clejïcc  Miniflris  ,  L.  I.  Le  P.  Cellot ,  De  Hierarch. 
EccL  L.  JK,  C.  14;  I.  r,  C.  15  ;  L.  VI,  C.  10.  De 
Marca ,  De  Concord.  Sac.  &  hnp.  L.  II,  parlent  des 
Choréviques. 
Ip-  CHORGES.  Ville  de  France ,  en  Dauphiné  , 
Diocèfc  d'Embrun  ,  £c  non  pas  de  Gap  ,  à  deux 
lieues  d'Embrun ,  entre  les  Alpes.  Son  ancien  nom 
eft  Caturis^z  ,  chef-lieu  des  Caturi^es. 
§Cr  CHORIAMRE.  Foyei  Coriambe. 

CHORION,  f.  m.  C'eft  la  membrane  extérieure  qui 
enveloppe  tout  le  fœtus:  elle  efl:  forte,  polie  en 
dedans  du  côté  qu'elle  s'unit  avec  une  autre  mem- 
brane qui  efl:  au  deilbus ,  qu'on  appelle  amnios  ; 
rude,  &  inégale  par  dehors ,  parfemée  de  quantité 
de  vaiHéaux  ,  &:  attachée  à  la  matrice  par  le  moyen 
du  placenta  qui  lui  efl:  fott  adhérent.  Cette  mem- 
brane fe  trouve  dans  tous  les  animaux. 

Chorion  vient  duGrecx^ç'E",  qui /îgnifie  c^/j^re, 
contenir.    Le  chorion  avec  l' amnios  Scie  p/acenta, 
font  ce  qu'on  nomme  l'arrierefaix  oufecondine. 
Au  refle  il  faut  remarquer  que  la  première  fyllabe 
.    du  mot  de  chorion ,   &:  de  tous  ceux  qui  fuivent , 
jufqu'au  mot  de  chofe  exclufivement,  fe  prononce 
Ko  -,  c'efl:-à-dire  ,  que  I./2  efl:  comptée  pour  rien  dans 
la  prononciation. 
CHORISTE,  f. .  m.  Prononcez   Corijle  Chantre  du 
Chœur.  Cantor  incentivus ,  chorojiates.W  vient  or- 
dinairement deux  Chorijies  revêtus  de  chappcs  chan- 
-    ter    alternativement  avec  le  Chœur  quelques  An- 
tiennes ou  Motets ,  entre  l'Epitre  &:  l'Evangile. 
tfT  On  appelle    auffi   Chorifie  ,    celui   qui    chante 
dans  les  chœurs  de  l'Opéra ,  ou  dans  ceux  des  mo- 
tets au  Concert  fpirituel.  Enc\'c.  Ce  mot  efl:  pour 
tant  particulièrement  confacré  pour  déiigner  ceux 
qui  chantent  au  chœur  dans  une  Eglife. 
Choriste,  f.  f.  On  appelle  Chori  fies,  dans  l'Ordre  de 
la  Vifîtation,   les  Religieufes    defl:inées  à  chanter 
l'ofîice  au  Chœur.  Chorifla.  Il  y  a  dans  cet  Oidre 
des  Religieufes  de  trois  fortes,  des  Chorijies,  àes 
AfTociées,  &  des  Domeftiques.  Les  Chorijies  (onx. 
dcfl:inées  pour  chanter  l'office  du  Chœur.P.  Hélvot, 
T,  ly ,  p.  511.  Les  Chorijlzs^,  les  AfTociées  font 


CHO 

feuîcs  capables   de  remplit  toutes  les  charges  du 
Monafl:ère.  Id. 

CHOROBATE ,  f  m.  efpèce  de  niveau  dont  fe  fer- 
voient  les  Anciens ,  con-^ofé  d'une  double  équerte 
faite  comme  un  T,  qui  efl  d'écrite  par  Vitruve, 
Liv.VllI ,  cil.  6.  Chorobates.  Il  fervoit  à  prendre  la 
fituation  d'un  lieu.  Il  vient  du  grec  ;^;«joÇ«7e7,  qui 
lignifie  parcourir  une  région. 

CHOROGRAPHIE.  f.  f.  L'art  de  faire  la  carte  pattî- 
culière  d'une  province ,  d'une  région ,  Ciiorograpina, 
x»^a  )  région  ,  &  y^â^siv,  décrire. 
|K?  Géographie.  Defcription  de  toute  la  terre.  Cho- 
rographie.     Defcription    d'un    pays.  Topographie. 
Defcription  d'un  lieu  particulier,  d'une  Ville,  oU 
de  fbn  diflriél. 
CHOROGRAPHIQUE  ,  ad).   Qui  appartient  à  la 
Chorographie.  Clwrographicus.  Sanibn  a  fait  plu- 
fieurs  belles  cartes  chorographiques.  Sophian  a  fait 
des    defcfiptions    &    des    cartes    chorographiques 
de  la  Grèce.  On  a  envoyé  des  Géomèties  faire  des 
cartes    chorographiques    fort    exaéles  de  plufieurs 
Provinces  de  la  France. 
choroïde,   f.  f.  Terme  d'Anatomie  qui  fe  dit  de 
diverles  parties  du  corps ,  qui  ont  quelque  reifem- 
blance  avec  le  chorion.  Choroïdes. 

Ce  mot  viertt  de  x"?^"  qui  efl  une  des  membranes 
qui  environnent  le  loEtus  ,  &  de  iêiix,  refTémbler. 

On  donne  le  nom  de  ciwroïde  à  la  membrane  qui 
enveloppe  immédiatement  le  cerveau  ,  &  qu'on 
appelle  d'ordinaire  le  pie  -  mère  :  elle  efl  appelée 
choroïde,  parce  qu'elle  efl  parfemée  de  quantité 
de  vaifTeaux ,  comme  le  chorion 

On  nomme  aufTi  plexus  ,  ou  lacis  choroïde ,  un 
entrelacement  d'artères  Ss.  de  veines  qui  efl:  dans  les 
ventricules  antérieurs  du  cerveau. 

On  appelle  encore  ciioroïde  la  féconde  tunique 
de  l'œil ,  parce  qu'elle  efl  parfemée  de  vaifTeaux  \ 
on  la  nomme  autrement  uvée.  C'efl:  elle  qui  efl:  per- 
cée par  devant  pour  laifTer  entrer  la  lumière.  Cette 
ouvetture  efl  appelée  la/^/w^fZ/Ê,  qui  efl:  environ- 
née d'un  cercle  qu'on  nomme  iris  ,  à  caufe  de  fes 
diverles  couleurs.  M.  Mariotte  prétend  que  la  vifion 
le  fait  plutôt  dans  la  choroïde  que  dans  la  rétine  : 
I  ce  qu'il  tâche  de  démontter  dans  les  lettres  qu'il 
a  écrites  à  MefTieuts  Pccquet  &  Perrault,  inférées 
dans  les  Mémoires  de  l* Académie  des  Sciences.  Bar- 
tholomius  Torinus  ,  fameux  Ihilolbphe ,  dans  fbrt 
Parnajfus  triceps  ,  efl  de  même  avis  ;  mais  tous  les 
autres  Auteurs  fbntd'un  ientiment  contraire.  Voye7 
Vision  &  Rétine.  Cette  Choroïde  efl  tout-à-faic 
noire  dans  l'homme;  mais  dans  les  yeux  des  lions, 
des  chameaux,  des  ours,  des  bœufs,  des  cerfs, 
des  brebis,  des  chiens,  des  chats  &  de  la  phipatc 
des  poiiîbns ,  on  y  voit  une  couleur  fort  éclatante 
qui  paroît  comme  font  les  brillans  d'arçrenterie,  oa 
le  luflre  des  perles  orientales  ou  de  l'Itis ,  au  lieu 
le  plus  expolé  aux  rayons  du  Ibleil  :  &  c'efl  ce  que 
les  Phylîciens  appellent  le  tapis. 

CHORUS,  f.  m.  Terme  latin  ,  dont  on  fe  fett  dans 
les  réiouiflànces  de  table  ;  quand  quelqu'un  a  chan- 
té un  couplet  de  chanfbn ,  il  invite  les  conviés  à  le 
répéter  tous  emfcmble  ,  en  leur  difant ,  Allons , 
chorus.  Chanter  plufieurs  enfemble ,  en  répétant  les 
paroles  qu'un  autre  a  chantées. 

Chorus  ,  au  fîg.  Faire  chorus  avec  quelqu'un  ,  fe  Join-. 
dre  à  lui ,  faire  parti  avec  lui.  Je  n'ai  pas  été  le  der- 
nier à  faire  chorus  à  tous  les  applaudifîemens  qu'on 
lui  a  donnés.  Toute  l'afTemblée  fit  chorus  au  Pané- 
gyrifle. 

Chorus  étoit  auffi  un  ancien  infl:rument  de  Mu/îque, 
dont  Thoinot  Arbeau  en  fon  Orchéfographie  té- 
moigne avoir  vu  la  figure  dans  un  ancien  livre,  où 
étoient  décrits  tous  les  inftrumens  de  Mufîque.  II 
dit  qu'il  fe  joignoit  avec  la  fymphonie  &  le  tam- 
bourin. 

CHOSE,  f  f.Nom  général  qu'on  donne  à  tout  0Cr  être 
exiflant  dans  la  nature  ,  foit  réel  ,  foit  modal.  Res. 


CHO 


G  HO 


Toutes  les  chofes  de  ce  monde  font  fujettes  au  chan- 
gement. La  lumière  cft  une  chofe  admirable, 

Ç«i  yii  conte-m  de  rien  ,  pojfede  toutes  choies. 

BoiL. 

La  mort  étant  la  dernière  dé  toutes  lés  chofes  > 
c'ait  bien  aflèz  que  l'on  aille  à  elle  d'un  pas  aduré, 
lans  que  l'on  y  coure.  Vauc.  Par  un  enchaînement 
des  caufcs  inconnues  ,  mais  déterminées  de  tout 
tem.ps  ,  chaque  chofe  marche  en  fon  rang  ,  &  achève 
le  cours  de  la  delHnée.  Id.  Les  gens  de  bon  goûr 
trouvent  du  plailir  à  des  chofes  que  des  gens  du 
commun  ne  fentent  pas  ;  comme  ils  en  mcprilcnt 
d'autres  qite  le  peuple  admire.  Le  Ch.  de  M.  Les 
palîîons  ont  rendu  l'homme  elclavc  de  toutes  les 
chojes  lenlibles.  A^aleb.  Ce  mot  eft  dérivé  àecau- 
,  fa  ,  qui  dans  les  vieux  titres  lignifie  chofe  ,  comme 
le  prouve  Palquier. 

IJ3"  Comme  ce  mot  Ce  dit  indiftindlement  de  tout , 
fa  lignification  eft  déterminée  par  la  matière  dont 
on  traite. 

^fT  II  faut  pourtant  remarquer  que  le  mot  être  cft 
plus  général  encore  que  celui  de  chofe.  Être  fe  dit 
de  tour  ce  qui  eft.  Dieu  eft  un  Être  incompréhenli- 
ble  ,  l'hOmme  eft  un  être  capable  d'aimer.  Chofe  ne 
peut  pas  fe  dire  de  tous  les  itres.  On  diroit  mal 
Dieu  eft  une  t/zo/dincompréhenlîble.  Il  y  a  pourtant 
des  occaliorts  où  ce  mot  a  bonne  grâce ,  joint  avec 
des  mes  animés.  C'eft  une  choje  bien  préciculc 
qu'un  ami.  C'eft  une  chofe  bien  intérelfante  qu'une 
.  jolie  femme. 

'Choses  le  dir  aulîi  des  réflexions ,  des  penfées ,  des 
opinions ,  des  dogmes  ,  &c.  Les  belles  chofes  mê- 
mes ont  bclbin  d'être  imaginées  ,  &  il  ne  faut  pas 
éblouir  l'efprit  par  un  trop  grand  nombre  de  traits 
agréables  S^  furprenans.  Cl.  Il  y  a  dans  Théocricc 
une  certaine  bigarrure  de  jolies  chofes  ,  &:  de  chofes 
purement  ruftiques ,  qui  eft  très-mal  alfortie.  Font. 
Il  n'y  a  rien  de  naturel  dans  Sénèque  \  il  ne  fonge 
qu'à  dire  de  belles  chofes.  V.  le  Boss.  L'évidence 
n'accompagne  pas  les  chofes  de  la  foi.  Maleb. 

Chose  fe  dit  aulli  par  oppolition  aux  perfonncs.  Un 
tel  mot  eft  un  terme  général  qui  convient  aux  cho- 
fes ,  &  aux  perfonnes. 

Choses  fe  dit  encore  par  oppofition  aux  paroles  qui 
font  vides  de  fens.  Une  des  principales  beautés  du 
difcours ,  conlifte  à.  être  plein  de  chojes  ,  Se  déchar- 
gé des  paroles  fuperflues.  Port-  R.  Je  ne  veux  point 
des  mots ,  je  demande  des  chofes.  Vill. 

§Cr  On  le  dit  encore  par  oppofition  à  apparence.  Eri- 
pitiir  perfona ,  manet  res.  Le  mafque  tombe ,  l'hom- 
me refte. 

QiTELQUE  CHOSE  s'cmploîe  fouvcnt  comme  un  feul 
mot  -,  alors  il  eft  toujours  mafculin.  On  m'a  dir 
quelque  chofe  qiu  eft  très-plaifanr.  Et  fouventl'ad- 
jeélif  fuivant  fe  met  au  génitif.  Quelque  chofe  de  fâ- 
cheux. Ac.  Fr. 

Chose  lignifie  quelquefois,  affaire,  adion  ,  évene- 
memRcs,negotium.  Tacite  ne  rapporte  pas  les  chofes 
comme  elles  font  arrivées ,  mais  comime  il  imagine 
qu'elles  auroient  pu  être.  Bouh.  C'eft  le  caraiîtèrc 
des  Romains  ,  de  faire  &:  de  fouffrir  de  grandes 
chofes.  Bouh.  Les  chofes  humaines  ne  roulcnr  point 
V  àTavànture,  &  au  gré  de  la  fortune.  Vaug.  On  fe 
peut  éloigner  du  monde  fi  les  chofes  n'y  vont 
point  comme  on  veut -,  mais  quand  on  fe  montre  , 
il  faut  les  lailfer  aller  comme  elles  vont.  Ch.  de 
M.  Voilà  l'état  des  chofes,  voilà  où  l'on  en  eft.  Ce 
n'eft  pas  peu  de  chofe  de  favoir  douter  avec  raifon 
&  avec  efprit.  Maleb. 

Chose  fignifie  encore  le  bien  ,  le  corps  dont  il  s'agit. 
Bona.  Tous  les  frais  d'un  décret ,  d'une  vente  ,  fe 
prennent  fur  la  chofe ,  fe  font  aux  dépens  de  la  cho- 
fe. Celui  qui  a  vendu  un  héritage,  a  un  hypothèque 
privilégiée,  parce  que  c'eft  fa  chofe. 
Chose  fignifie  en  Droit ,  tout  ce  qui  eft  danc  notre  pa- 
trimoine ^&  tout  ce  qui  n'y  eft  pas.  Tout  ce  qui 
eft  diftindb  des  perfonnes  6i  des  adions.  La  fecpn- 


^T7 


de  divifion  des  chofes  k  fait  en  celles  qui  font  cor- 
por elles  ,  tk  celles  qui  font  incorporelles. 
Choses  corporelles  ,  font  celles  qui  tombent  fous  le? 
fens  ,  comme  un  fonds ,  une  maifon  ,  un  habit ,  & 
autres  choies  femblabics. 
Choses  incorporelles  j,  font  celles  qui  ne  tombent 
point  lous  les  Icns  ,  mais  qui  conliftent  dans  cet-, 
tains  droits  incorporels ,  comme  font  les  fucceflions'i 
les  fcrvitudes  des  héritages  ,  les  obligations  ,  les 
aélions,  fie  autres  defemblable  nature!' 

Choses  corporelles  ,  font  o\i  fongilles  ,  ou  non  /0?;»/- 
l^les.  Les  fongilles  font  celles  qui  ne  font  pas  des 
corps  certains  &  déterminés ,  &  qui  confiftcnt  en 
quantité  ,  &  fe  règlent  par  poids  ,  par  nombre  ,  & 
par  mcfures  ,  comme  du  blé  ,  du  vin ,  &c.  Elles 
fe  confument  par  l'ufage  ,  &:  ne  périlfent  point  5 
mais  peuvent  être  repréfentées  &  remplacées  par 
d'autres  de  même  nature.  Les  chofes  non  fongiilesi 
font  des  corps  certains  &  déterminés  qui  confiftcnt 
en  efpcce  ,  c'eft-à-dire  ,  en  un  corps  certain  Si  dé- 
terminé ,  &  qui  ne  fe  confument  pas  par  l'ufage  j 
mais  qui  périlfent  de  manière  qu'elles  ne  peuvent 
être  repréfentées  ni  remplacées  par  d'autres  de  mê- 
me nature  ,  comme  une  maifon  ,  un  cheval ,  &c. 

gC?  Choses  communes  ,  dont  l'ulâge  eft  commun  à 
tous  les  hommes  ,  comme  l'air. 

fer  Choses  des  communes  ,  dont  la  propriété  appar- 
tient à  quelque  Communauté,  &  dont  l'ufage  ap- 
partient à  tous  ceux  qui  la  compolént,comnie  les 
théâtres  dans  les  villes ,  les  promenades  publiques, 
&c. 

0Cr  Choses  de  droit  divin  ,  qui  ne  peuvent  point 
tomber  dans  le  patrimoine  des  particuliers  ,  com- 
me les  chofes  lactées  ,  les  chofes  teligieufes  &;  les 
chofes  laintes. 

fier  Choses  facrées  ,  qui  font  confacrées  à  Dieu  avec 
les  folemnités  prefcrires  ,  comme  les  temples ,  les 
vafes  facrés ,  &c. 

gCT  Choses  religieufes  ,  lieux  qui  fervent  à  la  fépul- 
ture  des  fidèles. 

§3"  Choses  faintes  ,  celles  que  les  loix  mettent  à 
l'abri  de  l'injure  des  hommes  ,  en  établilfant  des 
peines  contre  ceux  qui  violent  &  manquent  au 
refped  qui  leur  cft  dû  ;  comme  la  perfonne  du 
Souverain ,  d'un  Ambalfadeur  ,  les  loix  qu'on  ne 
viole  point  impunément,  &c. 

^fy  Choses prophanes ,  oppofées  aux  chofes  facrces  , 
.  religieufes  &  famtes.   Fer. 

Chose  fe  dit  encore  du  bien   commun  -,  &  on  appelle 
la  chofe  publique  ,  ce  qui  regarde  l'Etat  ,  la  Ré- 
_  publique.  Res  publica. 

Chose  fe  dit  auflî  de  tout  ce  qui  n'a  point  de  nom  » 
de  ce  qu'on  ignore  ,  ou  dont  on  ne  fe  fouvient  pas  j 
ou  qu'on  s'abftient  de  dire  par  pudeur  ;  ou  quand 
on  manque  d'expreffion.  C'eft  bien  fouvent  l'afylc 
de  l'ignorance  ,  &:  il  eft  certain  qu'on  abufe  de  la 
commodité  de  ce  mot ,  &  qu'on  y  a  recours  trop 
fouvent.  On  dit  dans  les  arts ,  quand  on  ne  fait  pas 
le  nom  d'un  outil  ,  ce  chofe  avec  quoi  on  labotte , 
on  perce  ,  &c,  Nous  pafsâmes  la  rivière  à  chofe  j 
je  ne  me  fouviens  pas  du  nom  de  ce  port.  On  ap- 
pelle aulïî,  en  matière  obfcène,  chofe  ,  ce  qu'on  ne 
veut  pas  nommer ,  &  alors  il  cft  mafculin. 

On  dir  famil  ièrement ,  être  tout  chofe  ;  pour  dire, 
n'être  pas  de  bonne  humeur  ,  ou  êtie  dans  une  fitua- 
tion  qu'on  ne  peut  pas  expliquer.  Colin  étoit  mala- 
.  de,  non  toutefois  que  fa  fanté  fut  dérangée  par  la 
fièvre  ou  quelque  autre  maladie  qui  eût  befoin  d'un 
Doéteuren  Médecine.  Il  éroit  proprement  ce  qu'on 
appelle,  dans  le  ftyle  familier,  erre  tout  je  ne  fais 
comment ,  être  tout  chofe.  Chef-d'œuvre  d'un  in~ 
Connu. 

Chose  fe  dit  encore  en  ces  phrafes  alTez  ordinaires. 
En  parlant  de  chofes  Se  d'autres.  Cela  eft  beau  en- 
tre autres  chofes.  Je  vous  recommande  cela  fur  tou- 
tes chofes.  Vous  irez  en  un  tel  endroit  avant  toutes 
chofes.  On  dit  aulîi,  pat  exclamation  ,  chofe  étran- 
ge !  chofe  inouic  !  Je  ne  ferois  pas  cela  pour  chofe 
du  monde.  La  belle  chofe  eue  d'être  heureux  du 


5^8  CHO 

confentement  des  niiicrables  ,  &  fans  ttouver  l'en-   , 
vie  par  les  chemins  !  Bal. 

On  dit  proverbialcnienr  :  A  chofe  faite  ,  confcil 
pris ,  pcHir  dirj  -,  qu'il  n'ell  plus  tcms  de  demander 
conCeil ,  quand  la  choie  fur  laquelle  oa  dévoie  déli- 
bérer ,  tft  faire. 
<ZHO\J.(.m.BraJJlca.  f.f. Plante  potagère  commu- 
ne dans  nos  jardins  ,  Se  dont  on  connoit  plulieuts 
clpèces  bonnes  à  mani;er.  Auili  prétend-on  que  le 
mot    Bmlfica    vient   du  grecs-ç.«er«;; ,  qui  lii^nifîe 
une  herbe  potagère  :  nom  qu'on  lui  a  donné  par 
excellence  ,  à  cauié  qu'elle  tenoit  un  des  premiers 
rangs  parmi  les  plantes  potagères  chez  les  Anciens. 
Pline  nous  apprend  que  Chrylippc,  Dieuchcs,  Py- 
thagore  &  Caton  ,  avoient  compolc  des  volumes 
entiers  iur  le  chou^  On  peut  voir  encore  dans  Caton, 
De  Re  'Ru(lica  yCh.  1^6  y  157,  &  dans  Plirte  lui- 
même,  L.  XIX.  c.  8.  &  L.  XX.  c.  ç).  Diogenc  lavant 
lés  choux  ,  cria  à  Aridippc  :  Si  tu  lavois  manger  d  s 
choux  ,  tu  ne  ferois  pomt  ta  cour  aux  Grands.   Et 
toi  ,  répondit  Ariftippe  :  Si  tu  lavois  luire  ta  cour 
aux  Grands ,  tu  ne  t'amuierois  point  à  lavct  tes 
choux.  Aelanc.  On  croit  que  les  choux  empêchent 
l'ivreire  :  &c  c'eft  pour  cela  que  les  Anciens  en  man- 
gcoienr   au   commencement    de   leurs  repas.  Les 
Egyptiens  faifbient  fervir  des  choux  à  l'entrée  de 
tous  leurs  fi^ftins ,  afin  de  ne  point  s'enivrer.  Au.'lî 
dit-on  que  les  choux  font  ennemis  de  la  vigne. 

Ce  mot  chou  paroît  s'être  formé  de  caulis  ,  qui 
(ignifie  la  même  chofe  ,  en  changeant  le  c  en  ch, 
comme  en  bien  d'autres  ,  canis ,  chien  ,  camus , 
chant ,  Cyprus  ^  Chypre  ,  camifia.  ,  chemife  ,  &c. 
Ainii  de  fû«//.î  >  caul  ,chaul ,  chaut ,  chou.  Mais  li 
l'on  en  croit  le  P.  Pezron  ,    K«tA»;,  caulis  ,  vient  du 
Celtique  cauL 
Chou  cft  le  nom  générique  d'un  certain  nombre  de 
plantes  qui  ont  leurs  Bcurs  à  quatre  pétales  djfpofcs 
en  croix  ,  &  foutenus  pat  un  calice  compolé  de 
quatre  feuilles  verdârres  &  oblongues.  Le  piftil  de 
ces  fleurs  devient  une  fdique  longue,  cylindrique, 
ibnnée  par  dcUî  panneaux  croifés  en  gouttière ,  Se 
appliqués  fur  les  bords  d'une  cloilbn  qui  fcpare  la  li- 
liquc  dans  toute  fa  longueur  en  deux  cellules ,  dans 
lefqucllcs  font  renfermées  des  femetices  arrondies , 
aiVe/.  femblabîes  à  celles  de  la  moutarde  i  mais  elles 
font  moins  acres.  Il  faut  encore  ajouter  que  prefquc 
toutes  les  efpèces  de  choux  ont  leurs  feuilles  graifes 
^  charnues  ,frifées ,  &  ondées  alfez  fouvent  ,&  pref- 
que  toujours  teintes  d'une  couleur  de  vert  cendre, 
qu'on  nomme  vert  de  mer.  Les  choux ,  de  quelque 
nature  qu'ils  foient,  ne  fe  multiplient  que  de  grai- 
ne ,  qui  eft  fort  ronde  ,  grofTe  comme  des  têtes  d'é- 
pingle ordinaire  ,  ou  comme  de  la  poudre  à  tirer  ; 
elle  eft  rougcâtre  ,  tirant  fur  le  minime  brun.  La 
Quint. 
Chou  commun  ,  eft  celui  qu'on  cultive  plus  ordinai- 
rement dans  les  potagers.  Brajjica.  vulgaris  ,  ve/Ja- 
tiva.  Sa  racine  eft  un  toupet  de  fibres  chevelues  , 
d'où  fort  une  tige  haute  d'un  pié  ordinairement  , 
cpaille  plus  ou  moins  fuivant  fon  âge  ,  &  chargée  à 
fon  fommetde  quelques  feuilles  arrondies ,  amples, 
dentelées  fut  fes  bords ,  relevées  de  grolfes  nervu- 
res ,  qui  s'étendent  ilir  toute  fa  furface  poftérieure  , 
&:  portées  par  des  queues  épailiés  6c  de  deux  pou- 
ces environ  de  longueur ,  fur  tout  celles  des  feuil- 
les extérieures.  Ses  fleurs  font  pâles  ,  ou  blanchâ- 
tres. 

On  donne  à  ce  ckou  différens  noms ,  par  rapport 
aux  changemens  qui  lui  arrivent-,  tantôt  on  le  nom- 
me chou  vert ,  A  caufe  que  fes  feuilles  font  vertes  -, 
chou  tlanc  ■,  chou  hloud tqwznA  elles  font  devenues 
blanchâties  ,  Brafjica  alba  ,  vel  vlridis  ;  Se  comme 
c'eft  l'efpôce  qui  craint  moins  le  froid  ,  Se  qu'il  eft 
plus  tendre  après  la  gelée  ,  on  l'appelle  vulgaire- 
ment à  Paris  chou  f^elé.  Sa  femence  eft  bonne  pour 
tous  les  vers.  Ce  chou  ,  auiîl  bien  que  les  fuivans , 
lâche  le  ventre. 
Chou  cahis  ,  eft  une  cfpèce  de.  chou  ,  dont  la  tige 
poufTe  une  fi  grande  quantité  de  feuilles  à  fon  fom- 


CHO 

met ,  que  ne  pouvant  pas  toutes  s'étendre  à  la  fdis , 
elles  demeurent  entalfees  les  unes  fur  les  autres  , 
Se  iuraicnt  conmie  une  tète  dure  ,  blanche  en  de- 
dans ,  &c  fort  bonne  à  manget  ;  les  fleurs  font  jau- 
nâtres. On  le  nomme  à  Paris ,  Se  en  plulieurs  z\i- 
ttcs  i^ndw'ns  chou  pommé ,  ou  chou  pomme  ,  blanc. 
BrajJica  capitata  alba.  Il  dégénère  quelquefois  ,iur 
tout  loiltlue  le  terrain  ne  lui  eft  pas  favorable. 
Chou  rouge ,  fe  dit  de  deux  lottes  de  choux  qui  font 
tvints  ae  couleur  de  pourpre  ,  Se  dont  l'un  eft  pom- 
me ,  Se  le  nomme  chou  pomme  rouge  ,  en  latin  , 
brajjica  capitata  rutra.  11  ne  diffère  de  chou  cabusy 
que  par  là  couleur.  L'autre  efpèce  de  chou  rou^e 
n'eft  point  pommée  ,  fes  feuilles  font  grandes  ,  fri- 
fces  ,  Se  relevées  de  nervures  d'un  pourpre  plus 
fonce  que  le  refte  de  la  feuille,  qui  eft  le  plus  fou- 
vent  verdâtre.  Il  s'élève  plus  haut    que  le  pommé 
rouge-,  les  fleurs  font  cependant  de  la  même  couleur. 
On  nomme  ce  chou  ,  choii  commun  rouge  ,  ou  chou- 
rouge  ,  en  latin,  bra£ica  rutra.  On  emploie  le  chou 
rouge  pour  les  maux  de  poitrine ,  pour  la  toux  ,  8c 
pour  les  crachemens  de  fang.  On  en  fait  un  fyrop 
pour  les  afthmatiqiies  5  mais  on  doit  le  préparer  à 
mefure  qu'on  en  a  bcfoin  -,  car  lorfqu'il  cft  gardé  ,U 
fcntlî  mauvais ,  qu'on  ne  fauroit  s'en  fervir. 
Cîîou  de  Savoie ,  ou  Chou  de  Milan  ,  BraJJîca  Sabau' 
da  ,  capiteoblongo  non peniius  claufo  ,  eft  une  autre 
efpèce  qui  approche  du  chou  tommun  ;  mais  il  eft 
plus  gros ,  Se  i'es  feuilles  font  plus  blanches ,  plus 
tendres ,  relevées  de  nervures  pluî  gtofleS ,  fes  feuil- 
les font  aulfi  frifécs ,  ondceS  j  Se  ferrées  les  unes  con- 
tre 1-s  autres ,  comme  celles  de  la  laitUe.  Sa  fleur  eft 
blanche.  Ce  chou  eft  recherché  i  caufe  qu'il  eft 
beaucoup  plus  délicat  que  les  ptécédens. 
Cmou  blanc  ,  ou  Chov  frifé  ,  Braffica  alba  j  Vel  crif- 
pa.  Il  eft  commun  en  Savoie  ,  il  diffère  du  précé- 
dent pat  fes  feuilles  ,  beaucoup  plus  grandes ,  plus 
frifées  ,  ordinairement  plus  blanchâtres ,  Se  pat  fes 
fleurs  ,  qui  font  jaunes.  On  le  mange  fur  la  loupe 
comme  le  chou  vert  5  il  eft  plus  délicaï. 
Chov  Jleur ,  BraJJiCa  caulifîora.C.  B.  Fw.  C'eft  une 
efpèce  de    chuu  dont  les  feuilles  extérieures  font 
alfez  grandes  -,  mais  celles  du  milieu ,  aulTi  bien  que 
l'es  tiges ,  avottent  Se  dégénèrent  en  des  têtes  infor- 
mes toutes  grainées ,  blanches  Se  fermes.  On  man- 
ge ces  têtes  cuites  dans  l'eau  ,  Se  apprêtées  avec  une 
fauffe  blanche,  aflâifonnée  de  poivre  ,  de  fel  Se  d'un 
peu  de  vinaigre.  On  faifoit  venir  autrefois  fa  fe- 
mence d'Italie  -,  mais  on  la  recueille  en  France  ,  de- 
puis qu'on  s'eft  avifé  de  conferver  à  la  cave,pendant 
l'hiver ,  les  pies  de  ces  choux  qu'on  a  vu  être  bons 
à  donner  des  riges  :  on  les  traniplante  enfuite  au 
printemps ,  Se  ils  ne  manquent  pas  de  fleurir  dans 
la  faifon.  Ses  fl'eurs  font  pâles.  Ce  chou  ,  auffi  bien 
que  la  plupart  des  autres  efpèces ,  dégénère  quel- 
que fois.  On  difoit  autrefois  cAoKj?ory. 

On  peut  ajouter  à  ces  précédens  ces  detix-  ci , 
qu'on  ne  voit  guère  en  France. 
Chou  r^v^,on  Chou  de  Siam.  Braffica  caulorapa^ 
ou  Br affica  gongy Iodes.  On  l'appelle  ainfi  ,  à  caufff 
que  fa  tige  eft  terminée  par  un  nœud  gros  comme 
une  rave,d'oii  fortent  les  queues  de  fes  feuilles, 
qui  font  grandes ,  amples ,  Se  femblabîes  aux  précé- 
dentes. Ses  fleurs  font  jaunes  Se  petites.  On  mange 
ce  nœud. 
Chou  navet.  Brajjica  radice  napiformi.  Napo  BraJJîca, 
C.  B,  Prodr.  54.  Il  fe  diftingue  par  fa  racine  ,  qui 
eft  un  gros  navet  chargé  de  quelques  fibres  cheve- 
lues. De  ce  navet  part  une  tige  qui  porte  des  feuil- 
les Se  des  fleurs  comme  le  chou  ordinaire.  Les  pau- 
vres gens  de  bohème  mangent  fa  racine ,  qu'ils  cou- 
pent par  tranche. 

Il  y  a  encore  plufîeurs  autres  efpèces  de  choux  % 
ÇfJ"  dont  on  trouvera  les  noms  dans  les  inftiruts  de 
M.  de  Tournefort,  8e  dans  nos  Jardiniers  Légu- 
miftes. 
Chou  Sauvage  ,  ou  colfa.  BraJJica  Jilvejlris  ,  Jîvr 
crambe ,  BraJJîca  arvenfîs.  C'eft  une  cfpèce  de 
choux  beaucoup  plus  petits  que  les  précédent,  mais 


C  H  O 

pins  branchits.  Ses  feuilles  font  bien  plus  petites, 
&  lavées  de  pourpre.  On  tire  de  (a  graine  une  huile 
pareille  à  celle  du  iiinevc. 

Les  plantes  fuivantes  font   appelées  impropre- 
ment c/iow;  elles  n'en  ont  du  tout  point  le  carac- 
tère. 
Chou  Caraïbe.  C'eft  une  efpècc  de  pié  de  veau  d'A- 
mérique. 
Chou  Marin  ,  efl:  le  nom  d'une   cfpcce  de  liferon 
purgatif,  &:  qui  Croît  au  bord  de  la  mer.  Brajjua 
naruia,  Jive  joldanella.  Voyez  Lisîron. 
Cr^ou  Mann  d'Angleterre,  Plante  dont  les  feuilles 
reifembientàcelles  du  cAoz/  noir,  mais  plus  belles 
&  plus  charniîts ,  frangées  iSc  pliflces  par  ondes, 
&  d'un  alîèz  bon  goût.  Il  s'clevc  d'entre  fes  feuilles 
des  tiges  qui  foûticnnent  en  leurs  fommitcs  des  om- 
belles en  beaux  bouquets  de  fleurs  à  quatre  fleurs 
blanches  ou  pâles,  dirpofecs  eli  croix.  Il  leur  fuc- 
cède  des  fruits  ou  coques  ovales ,  d'une  matière 
Jpongicufe,  renfermant  unefemence  ordinairement 
oblongue.  Celle  qui  fe  trouve  aux  lieux  maritimes 
en  Angleterre ,  eft  vulnéraire.  Ses  feuilles   &   fa 
femence  font  propres  pour  faite  mourir  les  vers , 
pour  dcterger&  confolider  les  plaies ,  prifes  inté- 
rieurement &  extérieurement. 
Chou  di  Chien  ,  efpèce  de  Mercurielle  qui  croît  dans 
les  montagnes  ,  &  qui  eft  vivace.  Voye-^  Mercu- 
rielle. 

On  appelle  cIwïl  de  Palmifle,la  moelle  au!  vient 
au  fommet  du  palmii'le  franc  qui  croît  aux  îles  An- 
tilles. Cette  moelle  cfl  blanche  ,  tendre  ,  favoureuie 
&  couverte  de  feuilles.  Elle  s'apeile  chou  de  pal- 
mifte  ,  à  caufe  qu'on  en  met  au  potage  au  lieu  de 
choux  ôc  d'autres  herbes. 
Chou^ /-'oivr^  ,  efl:  une  efpèce  de  c/^ok  qui  croît  dans 
les  Iles  de  l'Amérique  ,  &  qui  reffemble  fort  au 
chou  Karaïbe. 
Chou.  Ornement  de  tête  des  femmes.  Il  faifoit  par- 
tie de  la  coëffiire  ,  que  l'on  nommoit  commode. 

On  appelle  un  lapu"t  domelciquc  nourri  dans  le 
grenier ,  ou  dans  la  baffecôur  ,  un  mangeur  de 
choux.  On  appelle  pomme  de  chou  ,  la  plus  mé- 
chante des  pommes  qui  fc  mangent ,  &  qui  ient  le 
goût  de  chou. 

Un  Italien  s'efl  fait  du  chou  ,  qu'il  portoit  dans 
fes  armes ,  &  de  ce  mot ,  ubi^jue  vig£o  >  une  devife 
heureufe  j  car  comme  dit  Ruelliu? ,  en  parlant  du 
chou  ,  nullam  terram  averfatur.  Il  vient  par  tout. 

On  dit  proverbialement  d'une  perfonne  reléguée 
à  la  campagne  ,  ou  qui  eft  obligée  d'y  demeurer , 
qu'on  l'a  envoyée  planter  des  choux.  On  dit  aufli  , 
ce  n'eft  pas  le  tour  que  des  choux ,  il  faut  encore  de 
la  graiife;  pour  dire,  qu'on  n'a  qu'une  partie  des 
chofes  néceflaires  pour  venir  à  bout  de  quelque 
entteprife.  On  dit  auflî ,  qu'un  homme  fait  les 
choux  gras  de  quelque  chofe ,  lorfqu'il  fait  bien 
fes  affaires ,  qu'il  fait  de  giands  profits  en  quelque 
chofe. 

Mais  moi  défunt, je  fuis  à  vous  fans  faute  ; 
Prene:^  mes  vers  ,  faites-en  vos  choux  gras  ; 
Force J'era  de  Joujfrir  ce  martyre  , 
Parce  qu'alors  ne  pourrai  plus  vous   dire ,  Sec. 

P.  Du  Cerc. 

On  dit,  qu'un  homme  veut  fauver  la  chèvre  &: 
les  choux  ;  pour  dire,  qu'il  veut  remédiera  tous 
les  inconvéniens  qui  fc  trouvent  dans  une  affaire. 
On  dit  auffi  de  celui  qui  difpofe  du  bien  d'autrui 
comme  s'il  étoit  à  lui  ,  qu'il  en  fait  comme  des 
choux  de  fon  jardin.  On  dit  à  celui  à  qui  on  donne 
la  libre  difpolition  de  quelque  chofe  ,  qu'il  en  faffe 
des  choux,  des  raves,  des  pâtés.  On  dit  aulfi  , 
qu'Aubervillers  vaut  bien  Paris  chou  pour  chou  ; 
pour  dire,  qu'il  croît  plus  de  choux  à  Aubervillers 
qu'à  Paris.  Chou  pour  chou;  pour  dite,  l'un  vaut 
l'autre.  On  dit  encore,  lorfqu'on  veut  marquer  une 
grande  différence  de  prix  entre  deux  chofes,  qu'il 
Y2.chduèc  cJmu.  On  dit  auffi  ,d'une  perfonne  qui   • 


G  H  0  5"^^ 

prireptu»  qu'il  ne  faut  fes  bonnes  qualités  5  qti'ell^ 
tait  bien  valoir  fes  ciwux.  On  dit ,  que  la  gelée  h'elfc 
bunne  que  pour  les  choux,  Ori  dit  encore  d'iitié 
chofe  qu'on  veut  mcprifer  beaucoup ,  qu'elle  lié 
vaut  pas  un  tronc  de  chou  ,  un  trognon  dé  chdU  t 
d'autres  disent  un  trou  de  chou.  On  dit  auffi ,  qu'uJi 
homme  va  tout  a   travers  les  choux  -,  pour  diW, 
qu'il   agit  en  étourdi  Se  imprudemment  dans  les 
affaires  qu'il  entreprend.    On   dit  d'un  crivieiix  ^ 
q  .'il  eit  comme   le  chien  du   Jardinier  ,  qui    ne 
itiangc  point  de  choux  ,  &  qui  ne  veut  pas  qu'un 
autre  en  mange  -,  d'un  homme  dont  la  naifîâtice  eft 
inconnue ,  qu'il  a  été  tiouvé  fous  un   choit  ;  d'une 
perfonne  qui  n'eft  pas  ptdpre  à  quelque  choie.  Il 
eft   propre  à  cela  ,  comme  à   ramer  des   choux  ; 
il  s'y  entend  comme  à  ranier    deS  choUx\  parce 
qu'on  ne  rame  point    les  choux ,  mais    le^    pôis» 
Tout  cela  eft  bas. 

Vienne  qui  plante ,  font  des  chouk  ^  pour  dire  ^ 
que   tout  ce   qui    peut   arrive^  d'une   affiiire ,  eft 
indifférent.  On  le  dit  aulfi  lotfqu'on  rifque  quelque 
choie  au  hazard. 
Chou   eft   aufîi  une  efpèce  de  pâtifferie  fort  légère  &: 
fort  enflée  ,  faite  avec  des  œufs ,  du   beurre  gc  de 
l'eau  rofé.  Placenta  genus  levé  ac  tumidum.   Elle 
eft  femée  par  deffus  de  homparellle  de  dragées.  On 
les  appelle  aulfi,  par  antiphralé,  des  caffe-rhufeaux. 
On  fé  fert  de  petits  choux  aux  Rois ,  au  lieu  ds 
gâteaux.  Alix  étrennes  on  erivoic  de  gros  choux 
de  pâtifferie. 
Chou     eft  aulïî    le  nom   d'un    coquillage  de  mer. 
Brafjîca  marina.  Un  chou  bien  tacheté  de  pourpre, 
Ger  SAINT.  Un  grand  c^o«  ttès-ftifé*  Id.  Un  chou 
des  plus  colories.  In. 
Chou,  Chou-là.  Terme  de  Chalf.^ur,  pouf   ex'cfter 
fon  chien  à  qu;ter.   Chou-pilU-,  autre  terme  pout 
exciter  le  chien  à  le  jeter  fur  le  gibier,  Chou-pillé 
eft  aulfi  le  nom  du  chien  qui  n'eft  bon  que  pour 
quêter  fous  le  fufîl. 
CHOUX.  (  Val  des  )  Nom  d'un  lieu  fîtué  daris  le  Dio- 
cèfé  de  Langres ,  à  deux  lieues  de  Louvigny.  Vallis 
Caulium. 

L'Ordre  dit    Val  dis  Choux  j  eft  uti  Ordre  Re- 
ligieux établi  en  l'an   1195  ,  pat  un  frère  cortvers 
Chartreux,    nommé   Viard,   de  la  Chartteufe  de 
Louvigny ,  qui  le   fentant  appelé  à  une  vie  plus 
auftère  &  plus  éloignée  deS  foins  temporels  que  ne 
permettoit  fon  état  de   convers ,  fe  retira  ,  avec  la 
permiffion  de  lés  Supérieurs ,  dans  im  bois  à  deux 
lieues  de  Louvigny.  Le  Duc  de  Bourgogne ,  en  mé- 
moire d'une  vidfoite  qu'il  remporta ,  lui  bâtit  ifn 
Monaftère ,  qui  prit  le  nom  de  ce  lieu  ,  qu'on  nom- 
moit le  Val  des  Choux.  l\  eut  des  difciples,  aux- 
quels il  donna  des  conftitutions  fémblables  à  celles 
des  Chartreux ,  qui  furent  approuvées  depuis  par 
Honotius  III.  Ils  prirent  l'habit ,  mais  non  pas  l'Inf"- 
titut  de  Cîteaux  ,  comme  l'écrit  le  Cardinal  Jac- 
ques de  Vitry.  Chopin  ,   dans  fon  traité  des  droits 
des  Religieux  ,  dit  qu'il  y  avoit  10  Prieurés  qui  dc-> 
pendoiént  de  celui  à\i  Val  des  Choux.]?,  HÉlyot. 
Tom.  VI ,  c.  21. 
CHOUAN     eft   une  petite  femence    femblable   au 
yè/77e«  co/2^riï ,  mais  plus  grolfe  &  plus  légère,  de 
couleur  vert-jaune  ,  d'un  goût  un  peu  falé,  aigrelet* 
Elle  croît  à  une  plante  du  Levant  qui  eft  baffe  ; 
fa  fommité  vient  difpofée  en  petits  paquets.  On  s'en 
fcrt  pour  faire  le  carmin. 
CHOUCAS  ou  CHUCAS.  f.  m.  Efpèce  de  corneille 
grilé  ,  au  bec  &  pié  rouge.  Graculus. 

Quelques' uns  difent  Choucas  ou  Chocas ,  &r 
Chouca.  Les  Choucas  vivent  de  toutes  fortes  de 
grains ,  &  defauterclles,  de  vers  ic  de  gland.  Ils  ne 
vivent  point  de  charogne.  Ils  font  leurs  petits  au 
printemps  \  ils  vivent  en  troupes ,  &  ne  vonriamais 
feuls.  Ils  s'apprivoifent  facilement,  &  lorfqu'ils  font 
nourris  niais,' ils  ne  quittent  jamais  leur  cage,  Ort 
leur  apprend  à  parler.  Ils  font  fins ,  rufés ,  défîans, 
&:  trcs-diflficiles  à  prendre.  Il  y  en  a  de  plulîeurs 
efpèces. 


f  6o 


C  H  O 


gcr  Le  Choucas  rouge,  Coracius ,  feu  Pyrocorax  , 
eft  à  peu  j.^rès  Je  la  grandeur  de  la  Corneille  noire. 
Il  a  le  bçc  long  d'environ  quatre  doigts,  un  peu 
courbé,  de  cunknr  rouge ,  cirant  lut  l'orange,  6c 
un  peu  jaunâtre.  Ses  pics  l'ont  de  la  même  couleur, 
à  l'exception  de  l'es  ongles ,  qui  Ibnt,  znlïi  bien  que 
tout  le  corps ,  d'une  couleur  très-noire,  il  le  plaît 
dans  les  montagnes.  Il  efl:  très-difficile  .i  apprivoiler, 
Se  lorlqu'il  eft  dans  les  maifons,  il  défait  les  vitres  £<. 
les  challis  avec  Ion  bec  ,  &  gâte   tout.  Il  y  a  un 
corbeau  rouge    que    quelques-uns    ont  confondu 
avec  le  Choucas  rouge. 

Le  petit  Choucas  ,  qu'on  appelle  audi  Chouette 
ouChuette,  ik  Cliouchettc,  a  beaucoup  de  rap- 
porta la  corneille,  ifl"  dont  il   ne  dilfere  que  par 
la  façon  de  vivre  &  par  la  voix.  Il  approche  tort 
rarement  du  bord  des  rivières  \  il  va  toujours  en 
troupe.  Il  a  les  pics,  tout  le  corps  &  le  bec  noirs. 
Son  bec  a  quelques  points   blanchâtres  auprès  des 
narines.  Il  eft  d'un  noir  moins  foncé  que  le  corbeau 
&:  la  corneille,  Se  tire  un  peu  fur  le  gris.  Il  aime 
les  plaines  îk'   les   campagnes ,  le  retire  dans  de 
ha,utes  tours ,  6c  dans  les  vieux  édifices,  or'i  il  fait 
fon  nid.  Il  aime  extrêmement  à  cacher  l'or  &  l'ar- 
gent ,  ce  qui ,  dit-on  ,  l'a  fait  nommer  en  latin  , 
iVfo;7e<f«/a,  Aldrovand  parle  encore  d'une  cfpèce  de 
Choucas  tout  femblable  à  celui-ci ,  excepte  qu'il  a 
un  collier  blanc. 
CHOUCHETTE.  f.  f.  Voye^  Choucas. 
CHOVEAU,  CHAUVEAU  ou  CHOVELOT.f.m. 
Efpcce  de  petite  mefure  pour  les  liqueurs.  Madame 
Fouquct,  dans  l'AvcrtiHement  qui  précède  Ton  Re- 
cueil de  Remèdes  ,  ne  donne  au  chovean  que  la  con- 
tenance  d'un   demi-letier.  Le   c  h  auvc  au  ,  dix. -cWç  , 
ou  demi-chopine  ,  qui  eft  la  quatrième  partie  de  la 
pinte,  doit  pefer  une  livre.  Un  chovc.iu  de.  lait. 
Glojjaire  Bourguignon.  Chovelot  en  quelques  en- 
droits de   Champagne   eft   le  tiers  de    la  pinte , 
appelé  tierce  en  d'autres. 
CHOUETTE,  f.  f.  Autrement  chevêche  ou    civette. 
Oifeau  de  nuit  ,  efpèce    de   chevêche  ,    de  chat- 
huant  ,  de  hibou.  Monedula,  noclua.  La  Chouette 
eft  de  la  grofleur  d'une  colombe ,  elle  a  la   tête 
grolîc  &:  penchée  en  arrière,  les  yeux  grands,  la 
prunelle   noire  ,  mêlé?  de  jaune  ;  le  bec  courbé  , 
un  peu  longuet,  &:  de  couleur  jaune-pâle.  Tout  le 
champ    de    Ion    pennage    eft    en   partie    tanné  , 
&  en    partie    blanc  ,    principalement    à    l'extré- 
mité   des    aîles  ,    dont  les    grandes  pennes  6:  les 
grands  couteaux  font  ornés  de  taches   larges  de 
couleur  ch.àtain.  Les  taches  de  fon  ventre  ,  qui  font 
en  long  comme  des  gouttes ,  font  de  même  couleur. 
Le  refte  eft  blanc  :  l'extrémité  du  vol  s'étend  jufqu'au 
bo'jt  de  la  queue.  Ses  cuilfes  font  couvertes    de 
plumes  cendrées  brunes ,  jufques  fur  les  f)iés.  Ses 
doigts  font  de  pareille  couleur -,  ils  font  féparés, 
comme  aux  oifeaux  de  nuit;  fes  ongles  font  cro- 
chus ,  aigus  6c  noirs, 
fer  La  f/nwfr/f ,  ne  paroît  que  la  nuit.  Elle  fait  fon 
.    nid  dans  des  creux  d'arbres  ou  dans  des  trous  de 
murailles.  Elle  prend  les  fouris  dans  les  granges  & 
dans  les  maifons ,  comme  les  chats ,  6c  elle  vit  de 
petits  oifeaux   qu'elle  attrape  la  nuit.  Lorfque  la 
chouette  eft  repue  ,  elle  eft  trois  jours  fans  manger , 
&  quelquefois  neuf.  Elle  eft  fort  utile  au  chaffcur 
pour  prendre  toutes  fortes  d'oifeaux ,  6c  c'cft  un 
amufement    de  voir  comme  ils  lui  font  la  s^uerre. 
Lorfqu'elle  le  voit  environnée  ^  prellee  de  tous 
côtés ,  elle  fe  couche  fur  le  dos ,  6c  ne  fait  paroître 
que  fon  bec  Se  fes  grifîes.  Il  y  a  fympathie  entre  le 
faucon  6c  la  cAo/zf/re.  Lorlqu'il  voit  que  les  autres 
oifeaux  lui  font  la  guerre  ,  il  vient  à  fou  fecour^: , 
6c  la  défend.  On  dit  qu'il  n'y  en  a  point  dans  l'i'ie 
de  Candie  ,   6c  que  quand  on  y  en  porte,  elles 
meurent. 
§CFOndiftingue  avecBellon  deux  fortes  de  Chouettes^ 
la  grande,  dont  on  vient  de  parler,  6c  la  petite  , 
que  cet  Auteur  ne  décrit  qu'imparfaitement.  Elle 
reffemble,  dit-il,  parfaitement- à  la  grande,  mais 


C  H  O 

elle  eft  plus  rare.  Cette  différence  ne  eonfifte  peut- 
être  que  dans  le  fexe. 

La  Chouette  étoit  confacréc  à  Minerve  comme 
le  fymbole  de  la  prudence  ,  pour  marquer  que  la 
véritable  fagelié  ne  s'endort  jamais.  La  rencontre 
d'une  cAo/^er/t  croit  de  mauvais  préfage,  dit  Elien, 
On  dit  figurémcnt  d'une  perfonne  qui  eft  en  butte 
aux  mépris  6c  aux  railleries  des  autres,  qu'elle  eft 
leur  chouette.  Acad.  Fr. 

On  dit  ptovcrbialement  de  celui  qui  eft  accou- 
tumé à  dérober  ,  qu'il  eft  larron  comme  une 
chouette.  Ce  proverbe  eft  venu  des  Latins  :  ils  ap- 
pellent la  c/^o//tf«t; ,  luonedula,  parce  qu'elle  vole 
l'argent. 

On  appelle  au  jeu  de  Piquet ,  faire  la  chouette  , 
jouer    fcul  contre  plufieurs  qui  jouent  alternati- 
vement. 
|Kf'  Ce  mot  vient  de  cucuba  ou  cucubetta.  Mén, 
gCT  Chouette  ou  Chuette,  Voyei_  Choucas. 
g3"  Cnou-Zà,  terme  de  Chalfe,  Voye^  Chou, 
§;?  Cuov -pille ,  terme  de  Chaife.  Voye[C,KQ\j. 
CHOUQUET  ,  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  gros 
billot  de  bois  catrc  par  delfous ,  &c  rond  par  delfus , 
qui  fert  à  chaque  brifure  des  mats  au  defllis  des  bar- 
res de  hunes ,  pour  emboîter  les  mâts  l'un  dans 
l'autie  par  le  moyen  des   tenons  S^.  des  mortoifes 
qui  y  font  :  On  y  emboite  aulTi  le  bâtonjdu  pavillon. 
On  l'appelle  auttement  tite  de  More. 
Chouquet  eft  encore    le    nom    qu'on  donne  quel- 
quefois   à  un  petit  billot  dont  les  Bourreaux  fe 
lervent  pour  achever  avec  la  hache  de  couper  une 
tête  qu'ils  ont  manqaée  avec  le  fabre. 
CHOUSSET.  {'.  m.  Boilfon  que  font  les  Turcs,   & 
dont  ils  ufent.  Zitum  Turcicum  ,  Pofca  Turcica , 
Cervijia  Turcica.  Le  chouJJ'et  n'eft  guère  différent 
de  ce  qu'on  appelle  bouillon  en  Picardie,  dit  Vi- 
genere  dans  les  lllujlr.  jur  THiftoire  de  Chalcond.p. 
5 41. Le  chouffet  eft  fort  noutrilfanf,  il  entête  comme 
la  bière  jufqu'à  enivrer.  Il  eft  fait  de  pâte  crue  > 
mais  levée ,  qu'on  décuit  dans  un  chaudron  plein 
d'eau  -,  ?^  quand  elle  eft  ralfife  ^  léchée  ,  l'on  en 
prend  la  grodèur  d'un  œuf,  qu'on  jette  dans  de 
l'ciu  pour  boire.  ^3"  Ce  mélange  s'échauffe  fur  le 
champ.  Il  s'en  forme  une  boiflbn  blanche  6c  épaiffe 
qui  nourrit  ^  enivre.  Les  Turcs  fe  fardent  de  l'é- 
cume de  chouffct,  comme  les  Flamandes  6c   An- 
glûifcs  de  celle  de  la  bière.  Vigen.  cité. 
0Cr  CHOUSTACKS,  monnoie  d'argent  de  Pologne, 

valant  environ  huit  fous  de  France. 
CCTCHOXAN,  Ville  de  la  Chine,  dans  la  Province  de 
Huquang,  au  département  de  Chingyang.  lat.  ^i^ 
49',  Elle  eft  de  yJ  50'  plus  occidentale  que  Pe- 
king. 
{CT  CHOYER.  V.  a.  Se  dit  quelquefois  des  choies 
précieufes ,  qui  peuvent  fe  calfcr  ou  fe  gâter  fîmte 
de  foin  -,  plus  communément  des  perfonnes  chères 
S<.  délicates,  Traclare  aliquid  cauù,  diligenter 
curare.  Traiter  ,  manier  délicatement ,  confervct 
avec  foin.  Vous  avez-là  de  belles  perfonnes  qu'il 
faut  c//oyeT.  Cette  jeune  femme  a  raifon  de  choyer 
fon  mari.  Cette  mère  choie  fort  fes  enfans, 
^fT  Se  choyer  ,  curare  corpus ,  cutern  ,  pelliculam. 
Etre  occupé  de  ce  qui  concerne  la  fanté  S>i  les 
ailés  de. la  vie.  Cet  homme  ne  fe  choie  pas  allez ,  fe 
choie  un  peu  trop, 
fer  Choyer  quelqu'un,  c'eft  encore  avoir  tous  les 
ménagemens  polfibles  pour  lui,  avoir  foin  de  ne 
rien  dire,  de  ne  rien  faire  qui  j>uilfe  le  choquer, 
Dili»enti(fime  obj'ervare.  Il  le  choie  comme  nn 
amant  choie  fa  maîtrelfe.  • 

//  le  choie ,  il  l'emhraffe ,  &  pour  une  maître ffe^ 
On  ne  fauroit  ,je  penfe  ,  avoir  plus  de  tendre ffe. 

Moi., 

Ip"  Dans  toutes  fes  acceptions,  ce  verbe  n'eft  que  du 

ftyle  familier  ,  6c  peu  en  ufagc, 
Chové,  ée.  part. 

GHOYNE,  f,  m,  C'eft  un  fiuic  de  l'Amérique,  de  la 

forme 


CHR 

forme  d'un  œuf  d'autruche ,  &c  de  la  groflcur  d*une 
citrouille  médiocre.  Son  ccorce  efl:  dure.  On  en 
fait  des  valiFeaux  à  boire.  Les  feuilles  de  l'arbre 
rellemblent  à  celles  du  laurier.  Foyei  Thevet  ,  6-c. 

CHR. 

CHRÊME,  f.  m.  Huile  confacrée  pat  l'Evêque ,  qui 
fert  à  adminiftrer  les  Sacremens  de  Baptême ,  de 
Confirmation  ^  d'Ordre    Se    d'Extrême  -  Oniîtion. 
Sacrum  C/irifma.  On  tait  le  faint  Chrirne  le  Jeudi- 
Saint  ivec  de  grandes  cérémonies.  En  Efpagne  l'E- 
vêque prenoit  autrefois  le  tiers  d'un  ibu  pour  le 
Saint  Chrême  que  l'on  diftribuoit  à  chaque  Eglife, 
à  caufc  du  baume  qui  y  entre.  Le  Concile  de  Pra- 
gue', tenu  en  572.,  Can,  4,  défend  de  rien  prendre. 
L'Auteur  Arabe  de  Giavaher  al  Bochiir  écrit  que 
le  baume  de  Matharéc ,  auprès  du  Caire  en  Egypte , 
ctoit  fort  recherché  des  Chrétiens ,  à  caule  de  la 
foi  qu'ils  y  avoient.  Il  dit  ceci  à  caule  que  les  Chré- 
tiens s'en  lervoient  pour  faire  le  chrême  de  la  Con- 
firmation. D'Herbelot  ,  au  mot  Belfan. 

Ce  mot  vient  du  grec  ;t;f  r^^u  lignifiant  la  même 
choie,  il  y  en  a  de  deux  fortes  :  l'un  qui  le  tait  avec 
de  l'huile  &  du  baume ,  qui  lert  aux  Sacremens  de 
Baptême  ,  de  Confirmation  &  des  Ordres  -,  l'autre 
qui  eft  de  lîmple  huile  qui  efl:  conlacrée  par  l'E- 
vêque j  qui  fervoit  aux  Cathécumcnes ,  &:  fert  en- 
core à  prélent  pour  le  lacrement  de  l'Extrême-Onc- 
tion.  Cette  cérémonie  eft  tort  ancienne,  &  même 
d'inftitution  Apoftolique.  Les  Maronites  ne  com- 
polbient  pas  feulement  d'huile  &  de  baume ,  le 
chrême  de  la  Confirmation  avant  qu'ils  euiîent  été 
réformés ,  ils  y  ajoutoient  du  mufc  ,  du  laftan,  de 
la  cannelle,  des  rofes  ,  de  l'encens  blanc,  &  plu- 
tïeurs  autres  drogues  qui  font  rapportées  par  Ray- 
naldus,  an,  15 14,  /z.  91  ,  avec  la  dole  de  chacune. 
Le  P.  Jérôme  Dandini  Jéfuite ,  qui  alla  au  Mont- 
Liban  en  155^  5  en  qualité  de  Nonce  de  Sa  Sain- 
teté ,  arrêta  dans  un  Synode  ,  que  le  chrême  le  tcroit 
avec  de  l'huile  &  du  baume  feulement,  fans  y  ajouter 
autre  chofe  ;  cela  fignifiant  les  deux  natures  de  J.  C. 
l'huile  marque  la  nature  humaine ,  &  Icbaume  la 
nature  divine.  Voyage  du  Mont-Liban ,  ch.  28. 
On  appelle  à  Bourges  le  chrême  de  Bourges  , 
la  Juridiélion  fpirituelle  de  l'Archevêque ,  dans  le 
diftriét  de  laquelle  il  a  droit  de  diftribuer  le  faint 
Chrême  aux  Curés. 

Proverbialement,  en  parlant  d'une  chofe  capable 
de  poulfer  à  bout  la  patience  d'un  homme  ,  on 
dit ,  qu'elle  feroit  renier  Chrirne  &  Baptême.  Acad. 
Fr.^ 

CHRÊMEAU.  f.  m.  Petit  bonnet  qu'on  prépare 
pour  mettre  fur  la  tête  des  enfans  qu'on  baptife , 
lorfqu'on  leur  a  applique  le  faint  Chrême.  Fajci.i. 

CHRÉTIEN ,  ENNE.  adj.  &  fubft.  Celui  qui  croit 
en  Jésus-Christ  ,  qui  eft  baptifé ,  &c  fait  pro- 
feflion  de  la  Religion  inftituée  par  Jésus-Christ. 
Chrijiianus  ,  Chriflianis  Sacris  imbutus.  Le  monde 
Chrétien.  Le  peuple  Chrétien,  Les  premiers  Chré- 
tiens ont  vécu  dans  une  grande  pureté.  Le  fang 
des  Martyrs  a  été  une  femence  des  Chrétiens.  Parmi 
le  peuple  l'on  n'èft  Chrétien  que  par  hafard ,  & 
non  point  par  réflexion.  Fléc  Si  on  comparoir 
la  doélrine  des  Chrétiens  avec  leur  conduite ,  on 
trouveroit  leur  vie  bien  peu  conforme  à  leur  foi. 
ViLL.  Comment  accoutumer  des  efprits  corrompus 
à  la  régularité  de  la  Religion  Chrétienne  ;  chafte  , 
févère ,  ennemie  des  fens ,  &  uniquement  atta- 
chée aux  biens  invilibles  5  Boss.  On  a  commencé 
à  donner  ce  nom  à  Antioche  à  ceux  qui  croyoicnt 
en  Jésus-Chrit  ,  comme  on  voit  dans  les  Aftcs 
des  Apôtres.  Avant  cela  on  les  appeloit  Dij- 
ciples. 
Chrétien  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  appartient  à  la  Re- 
ligion de  Jésus-Christ  ,  de  ce  qui  eft  conforme  à 
la  loi  évangélique.  La  morale  chrétienne  l'a  bien 
emporté  fur  celle  des  Payens.  Les  déferts  étoient 
peuplés  de  gens  qui  faifoient  profelTion  de  mou- 
Tome  II. 


CH  jR 


v 


')6i 


tii  à  l'amour  du  inonde  par  l'étude  de  la  perfedtioa 
chrétienne.  Herman.  L'humilité  eft  la  baie  des  vtr- 

tus  chrétiennes,  jAq. 

Ne  v.iloit-ilpas  mieux  vous  perdre  dans  les  nues  ^ 
(^ue  d'aller  /fans  raifon  ,  d'un  jiy  le  peu  chictien  , 
Faire  infulte  »  en  rimant ,  à  qui  ne  vous  dit  rien .  ? 

BoiL» 

On  appelle  par  excellence  le  Roi  de  France  , 
le  Roi  Tres-Chrctien  ,  comme  lé  Fils  aîné  de  l'E- 
glife.  Rex  Chrijtianijfimus,  S.  Grégoire,  écrivant 
à  Charles  Martel ,  entre  les  autres  titres  d'honneur 
qu'il  lui  donne  ,  le  nomme  Trcs-ChrctieT. ,  ce  qui 
pourroit  fiire  voir  l'antiquité  de  ce  titre,  que  pre'n» 
nent  nos  Rois  privativcment  à  tous  les  aiittes.  Go- 
DEAU.  Zacharie  fit  (  aulli  )  une  réponfe  à  Pepih  » 
qu'il  nomme  Très-Chrétien.  Id,  Enfin  le  furnom 
de  Roi  Très'Chretien ,  dont  nos  Rois  étoient  en 
poffellîon  depuis  plulîeurs  lîècles,  fut  afFcdlé  de 
Ion  temps  d'une  manière  fpcciale  à  fa  perfbnne  , 
&  à  celle  de  fes  fuccefleurs ,  par  le  Pape  Paul  II,  P. 
Daniel.  T,  II,  p.  1459. 

Rigord  ,  Chapelain  &  Hiftorien  de  Philippe  Au- 
gufte ,  eft  le  premier  qui  ait  donné  au  Roi  de  France 
la  qualité  de  Roi  Très-Chrétien,  Il  la  lui  donne 
par-tout ,  ne  le  nommant  ptcfque  jamais ,  fans 
joindre  cette  épithcte  à  fon  nom.  Elle  avoir  déjà  été 
donnée  à  Childebett ,  petit-fils  du  Roi  Clotaire, 
L'Empereur  Maurice  la  lui  donna  dans  plufieurs 
lettres  qu'il  lui  écrivit ,  &  que  Ducheliie^a  recueil- 
lies. Néanmoins  nos  Rois  ne  fe  font  attribué  eux- 
mêmes  cette  qualité  que  depuis  que  le  Pape  Pie  II 
la  donna  au  Roi  Charles  Vil.  Chalons.  M.  Fal- 
conet  a  trouvé  dans  une  ancienne  Traduction  le 
titre  de  Roi  Très-Chrétien  donné  à  Charles  VI, 
contre  l'opinion  commune,  qui  en  met  l'origine 
au  règne  de  Louis  XI.  Differtation  fur  nos  pre- 
miers Traduclsurs  dans  le  VI' ^  volume  des  Mé- 
moires de  l' Académie  des  Belles-Lettres, 

Lambecius  ,  dans  fon  III'  Tome  de  la  Biblio- 
thèque de  l'Erripereur  ,  prétend  que  la  qualité  de 
Tres-Chrctien  n'a  point  été  donnée  à  Louis  le  Dé- 
bonnaire par  Ermoldus  Nigellus  Poète  de  ce  temps- 
là  ,  en  tant  que  Roi  de  France  ,  mais  en  tant 
qu'Empereur  d'Occident ,  &  que  c'eft  par  la  même 
raiibn  que  Charlemagne,  dans  l'infcription  d'un 
Recueil  d'Epitres  qu'il  fit  faire  en  79 1  ,  ne  s'ap« 
pelle  pas  Très-Chrétien.  Nos  Hiftoricns  françoiS 
ont  fuftifamment  répondu  à  ces  petites  querelles 
d'Allemand.  Vig.  Marv. 

On  a  donné  aufll  le  nom  de  Chrètieri  particu-» 
lièrement  aux  Ecclélîaftiques ,  &  le  nom  de  Chri" 
tienté  au  Clergé. 

Chrétien.  (  Dieu  aide  au  premier)  C'eft  le  cri  d'ar- 
mes des  Àlontmorenci  &  des  Laval  \  car  la  maifon 
de  Laval  a  le  même  cri  d'armes  que  celle  de  Mont* 
morenci. 

Chrétien  fe  prend  auffi  quelquefois  fubftanrive- 
menr.  Les  Chrétiens  font  obligés  a  une  grande  pu- 
reté. Les  Chrétiens  ont  tait  plufieurs  Croifades 
contre  les  Infidèles ,  où  ils  ont  commis  les  plus  hor- 
ribles crimes. 

Refponfable  du  temps,  l'inutile  Chrétien 
Croira  que  c'eji  un  malf  de  ne  point  faint  un  bien, 

VlLt. 

Quel  eft  l'aveuglement ,  0  quel  eft  le  malheur 

D'un  Chrétien  qui  donne  à  la  joie 

Le  temps  qu'il  doit  à  la  douleur  ?  L'Ab.  Têtu, 

CHRÉTIEN  fe  dit  âuffi  ,  dans  le  ftyle  bas  &  comique  » 
pour  une  pcrfonne.  Jamais  je  ne  vis  un  plus  hideux 
Chrétien,  Mol. 

On  dit  proverbialement ,  quand  un  homme  ne  goû- 
te pas  une  chofe  qui  eft  bonne ,  ou  qu'il  ne  fait 
pas  ce  que  les  autres  font ,  qu'il  n'eft  pas  Chrétien^ 
On  dit  auffi ,  il  n'y  a  corps  de  Chrétien  qui  i^'ofe  re- 

BbbU 


^6z  C  H  R 

piocher  telle  choie  -,  pour  dire ,  iln'f  a  perfonne 
qui  me  veuille  Ibutenir  cela. 

On  dit  auHi,  pader  thrcucn  ;  po'-ir  dire  ,  un  lan- 
gage qu'on  entende  ,  ou  un  ftyle  qui  ne  leuente 
plus  le  Pat^anilme.  Chrifiiano  more  hqui ,  pcrj- 
piciù  ,  fine  amba'^ihus  Loqui.  Sî  nous^  étions  au 
temps  aes  iacriMces  /je  devrois  facriiicr  à  lilculape  \ 
mais  il  faut  parler  Ckraua  ,  &:  je  loue  Dica  ,  &c. 
Bal. 

CHRÉTitN  de  la  cebiture.  Voyez  Ceinture. 

Chrétiens  de  S.  h^ui.  Chnpdiil  S.incii  Jouants  ou 
à  Sanclo  Joanne  dicii.  Ccll  le  nom  d'une  lectc  de 
Chrétiens  qui  font  en  grand  nombre  à  Ballora  , 
&  dans  les  villes  voiiines-  Ils  habitoient  autrefois^  au 
long  du  Jourdain  ,  où  iaint  Jean  baptifoit  :  i>c  c'elt 
de-là  qu'ils  ont  pris  leur  nom  ;  mais  depuis  que  les 
Mahométans  eurent  conquis  la  Paleftine  ,  ils  le  re- 
tirèrent en  Méibpotamie  &:  en  Chaldée ,  pour  éviter 
la  perlccution  des  Inlidèlas ,  qui  brùloienr  leurs 
livres  &  leurs  Egliles  ,  &  cxerçoient  fur  eux  les 
idernicres  cruautc's.  Les  villes  où  ils  l'ont  établis  font 
Balfora ,  Sonwr  ,  Dcfpoid  ,  Rume^  ,  Bitouin  , 
Mono  ,  Endecan  ,  CdUjabat  ,  Avcici ,  Dcga  , 
Doreth,  Miifqiiel,  Gumar  ,  Curuinous ,  Oneier , 
Zech  &c  Lo^a.  Tous  les  ans  ils  célèbrent  une  fête 
qui  dure  cinq  jours  ,  pendant  lefquels  ils  viennent 
tous  trouver  leurs  Evoques,  qui  les  baptifent  du 
baptême  de  faint  Jean  :  ils  ne  baptifent  que  dans 
les  ri>àères,  &  le  Dimanche  feulement.  Ils  n'ont 
point  connoilfance  du  myftère  de  la  fainte  Tri- 
nité -,  mais  ils  difenr  que  J.  C.eft  l'efprit  Se  la  parole 
du  Père  éternel.  Pour  l'tuchariltie  ,  ils  lé  fervent 
de  pain  &  de  farine  ,  avec  du  vin  &  de  l'huile  :  le 
vin  j  félon  eux  ,  marque  le  fang  de  J.  C.  &  l'huile 
marque  l'onélion  de  la  grâce  &  de  la  charité. 
Leur  confécration  conliftc  en  certaines  longues 
prières  qu'ils  fonr ,  pour  louer  &  remercier  Dieu  ■■, 
ils  béniffent  le  pain  &  le  vin  en  mémoire  de  J.  C. 
fans  faire  mention  de  fon  corps  ni  de  fon  fang. 
Après  la  mort  d'un  Evêque  ils  élifent  pour  fon  fuc- 
celîfcur  un  de  fes  fils  ,  s'il  en  a  ,  ou  un  de  fes  phis 
proches  parens.  Ils  croient  beaucoup  de  fables 
touchant  la  création  du  monde  &  de  l'autre  vie.  Les 
Chrétiens  de  S.  Jean  ont  trois  fêtes  ptincipales  ; 
l'une  en  hiver  ,  qui  dure  trois  jours ,  en  mémoire 
de  notre  premier  père  &  de  la  création  du  monde  j 
une  autre  au  mois  d'Août ,  qui  dure  aulfi  trois  Jours , 
&;  qu'ils  appellent  la  fête  de  S.  Jean  ;  la  troilième 
au  mois  de  Juin  ,  qui  dure  cinq  Jours  :  c'efl:  à 
celle-ci  qu'ils  lé  font  baptifer.  Ils  obfervcnt  le  Di- 
manche :  ils  n'ont  point  de  jeûnes ,  &  ne  font  au- 
cune pcniten.ce  •,  audl  croienr-ils  qu'ils  feront  tous 
fauves.  Ils  ft'ont  point  de  livres  canoniques  ■■,  mais 
ils  en  ont  qui  font  remplis  de  fortilèges ,  dont  l'effet 
eft  fi  puiflant ,  qu'ils  difent  que  leurs  Prêtres  fonr 
tout  ce  qu'ils  veulenr ,  &  onr  une  autorité  abfolue 
fur  les  Diables.  TaVernier  ,  Tome  premier.  Voyez 
Sabien. 

Chrétiens  de  faint  Thomas  ou  de  San  Thomé.  Lorfque 
les  Chrétiens  arrivèrent  aux  Indes  la  ptemiète  fois , 
&  dès  qu'ils  touchèrenr  au  port  de  Calecut ,  ils 
trouvèrent  d'anciens  Chrétiens  ,  qui  iè  difoient  def- 
cendus  de  ceux  que  faint  Thomas  avoit  convertis 
aux  Indes  ,  6c  que  pour  cela  on  nomma  Chrétiens 
de  San  Thomé  ou  Saint  Thomas.  Quand  ils  eurent 
appris  qu'il  étoit  arrivé  aux  Indes  une  nation  étrau- 
îçère  qui  avoit  une  vénération  lingulière  pour  la 
croix,  ils  lui  envoyèrent  des  r'.mballadcurs  pour 
faire  alliance  avec  elle ,  firent  des  préfens  aux  Portu- 
gais ,  &  implorèrent  leur  fecours  conrre  les  Princes 
Gentils.  Il  eft  confiant  que  ces  Chrétiens  ,  foit 
Prêtres ,  foit  Laïques ,  font  des  Indiens  naturels. 
On  les  nomme  dans  le  pays  Nazaréens  ;  mais  l'u- 
fage  à  attaché  à  ce  terme  une  idée  de  mépris.  Le 
terme  de  Mappuley ,  èc  au  pluriel  Mappulcymar , 
qui  eft  leur  autre  nom  ,  eft  plus  honorable.  Ces 
Chrétiens  font  une  Cafte  affez  nombreufe  ,  riche  , 
belliqueufe  ,  mais  toujours  diviféc  par  mille  fac- 
tions ,  haines  5c  quer^les.  Cette  Calte  eft  répan- 


C  H  R 

due  dans  les  terres  depuis  C.ilecut  Jutqu'à  Tra- 
vanqor  -,  non  que  tout  ce  pays  foit  occu^^;  par  ces 
Llirciiens  feuls  ;  mais  parce  que  toures  les  peuplades 
Se  Eglifes  de  cette  Cafte  font  renfermées  dans  cet 
efpace  de  pays.  L'endroit  où  ils  en  ont  davantage 
eft  proche  de  Cochin.  Les  Mahométans  ont  une 
haine  particulière  contre  ces  Chrétiens  ,  fans  que 
l'on  fâche  pourquoi ,  finon  qu'elle  eft  plus  invé- 
térée. Ces  Chrétiens  prétendent  que  l'Apôtre  S, 
Thomas  a  converti  ce  pays.  Des  Savans  d'Europe 
prétendent  que  c'eft  un  autre  S.  Thomas.  D'autres 
difent  que  c'eft  un  Marchand  Neftorien,  nommé 
Thomas.  Un  Mllfionaairc  qui  demeure  depuis  long 
temps  dans  l'Inde ,  prétend  avoir  fiit  des  décou- 
vertes curieufes  là-delfus  ^  que  S.  Thomas  débarqua 
à  Calecut  ,  Se  que  traverfant  les  montagnes  ,  il  vint 
jufqu'à  Méliapor ,  capitale  de  Coromandel.  Le  Bré- 
viaire des  Prêtres  de  cerre  Chrérienté  porte  même 
que  S.  Thomas  pafla  jufqu'à  la  Chine.  Ce  qu'il  y 
a  de  certain  ,  c'eft  qu'en  deux  montagnes  peu  éloi- 
gnées de  Méliapor ,  &  aux  environs  de  cette  ville  , 
on  a  trouvé  des  monumens  de  la  P.eligion  Cliré- 
tirnne.  Voye^  Maifé  ,  Hiji.  Jndic.  L.  I ,  H,  FI, 
FUI  ,&c  le'P.  BouHouRs  ,  vie  de  S.  François  Xa- 
vier y  L.  ï,  &  L.  III. 

Au  refte  ces  Chrétiens  font  depuis  long  temps  Ne- 
ftoriens  ;  &:  plulieurs  ne  prennent  ce  nom  que  comme 
un  nom  de  fecle.  Le  Patriarche  de  ces  Neftoriens, 
qui  réiide  à  Mofoul ,  étend  fa  juridiclion  juiques 
dans  l'Inde.  Il  eft  conftanr  que  les  Chrétiens  du 
Rit  Chaldécn  qui  font  à  Goa  ,  à  Cochin  ,  à  An- 
gamala ,  &  dans  plulieurs  autres  lieux  de  ce  pays-là, 
font  tous  de  la  Seéle  Ncftoricnne.  Les  Papes  leur 
ont  envoyé  fouvent  des  Millionnaires ,  principa- 
lement depuis   que  les  Portugais  ont  été  établis 
dans  les  Indes.  D.  J.  Albuquerque,  de  l'Ordre  da 
Saint  François ,  a  été  le  premier  Archevêque  de 
Goa  de  la  part  du  Pape.  Ce  fut  fous  lui ,  en  1 54<5'» 
qu'on  établit  un  Collège  à  Granganor,  pour  in- 
ftruire  les  enfans  dans  les  cérémonies  des  Latins  ; 
mais  les  Jélùitcs ,  qui  furent  plus  habiles  que  les 
autres    Millionnaires  ,    s'apperçurent  bientôt  qus 
les  jeufles  Chaldéens ,  inftruits  à  la  manière  des  La- 
tins ,  n'étoient  pas  piopres  pour  convertir  les  Chré-' 
tiens  de  faint  Thomas  ;  c'eft  pourquoi  il;  établirent 
un  autre  Collège  en  15:87,  à  une  lieu,   de  Cran- 
ganor  ,  où  ils   cnfeignèrcnt  la  langue  Cn^.îdaïque 
aux  enfans ,  afin  qu'étant  devenus  grands  ils  fufënc 
reçus  dans  le  miniftère  comme  de  vcritabies  Chal- 
déens ;  cela  ne  fut  pas  d'une  grande  utilité,  il  ne 
fut  pas  polfible  aux  Jefuites  de  les  dctourner  de 
la  foumillion  qu'ils  rendoienr  au  Patriarche  de  Ba- 
bylone ,  qui  n'étoit  point  dans  la  communion  du 
Pape  :  ils  ne  pouvoient  quitter  leurs  vieilles  cou- 
tumes ,  où  ils  avoient  été  inîtruits  par  leurs  Evê- 
qucs,  &  qui  croient  fort  diriérentes  des  ufagesde 
Rome.  Celui  qui  a  travaillé  le  plus  à  réunir  les 
Chrétiens  de  S.  Thomas  avee  l'Eglife  Romaine,» 
été  Alexis  de  Ménésès  ,  de  l'Ordte  de  S.  Augu- 
ftin  ,  qui  fur  fait  Archevêque  de  Goa  ,  S:  qui  prit 
la  qualité  de  Primat  de  l'Orienr.    Cette  fameulé 
million  arriva  en  1590  ,    elle,  eft  décrire  au  long 
dans  un  livre  qui  a  été  d'abord  écrit  en  portugais, 
&:  enfuitc  traduit  en  françois  fous  le  ritre  à'Hifioire 
Orientale   des  prostrés  d'Alexis  M^neses  en  la  Ré- 
ditciion  des  Chrériens  de  faint  Thomas  ,  imprimée 
à  Bruxelles  in-%° ,  en    \6o^.  On  voit  dans  cette 
Relation  qui  a  été  faite  fur  les  Mémoires  de  l'Ar- 
chevêque ,  &  de  quelques  Millionnaires  qui  l'ac- 
compagnèrenr ,  qu'on  fîr  de  grandes  violences  à 
ces  Chrétiens  des  Indes ,  faute  de  l'avoir  la  Théo- 
logie Orientale.  On  les  inquiéta  fur  des  céréivio- 
nies  qui    n'étoienr  d'aucune  importance  ,  &  fur 
lefquelles  on  ne  les  inquiéteroit  pas  préfentementà 
Rome.  Toute  cette  narration  monrre  que  les  Chré- 
tiens de  S.  Thomas  étoienr  fort  zélés.pour  défendre 
leur  croyance,  &  qu'ils  prétcndoicnt  avoir  con- 
fervée  comme  leurs  pères  l'avoient  reçue  de  faJîiE 
Thomas.  Loriqu'on  leur  demandoit  fi  le  Pape  n'c- 


C  M 

toit  pas  le  Chef  de  l'Eglife  ,  ils  répondoîent  qu'iî 
étoit  le  Chef  de  l'Eglife  de  Rome  ,  autrement  de 
iaint  Pierre  ■■,  mais  qu'il  ne  l'ctoit  pas  de  rEglilc 
de  liint  Thomas ,  qui  avoit  été  leur  Apôtre.  Mais 
nonobftant  ce  zèle  pour  leur  religion ,  &  la  ibu- 
miilion  qu'ils  avoicnr  pour  leur  Patriarche  de  Ba- 
bylone  ,  l'Archevêque  Ménésès  travailla  fortement 
à  les  réduire  Tous  la  piiiflance  du  Pape ,  &  à  leur 
faire  voir  les  erreurs  où  ils  étoient.  Il  alfembla 
pour  cela  un  Synode  en  1J99,  le  zo  de  Juin  ,  où 
fe  trouvcrenr  les  Députés  des  Neftoriens ,  afin  de 
délibérer  avec  lui  lur  toutes  les  choies  qui  regar- 
doient  la  Religion.  Le  Sieur  de  Moni ,  dans  l'on 
Hi/ioire  de  la  Croyance  &  des  Coutumes  des  Na- 
tions du  Levant ,  a  rapporté  &  examiné  tout  ce 
qui  fut  atrêté  dans  ce  Synode.   ^oye{  Nestoriens. 

Chrétien.  [Bon)  Arbre  &  fruir.  Voye^  Bon.  On  lui 
donne  par  tout  le  furnom  de  bon  ,  à  la  réferve 
du  Poitou  ,  qui  fe  contente  de  l'appeler  la  poire 
de    Chrétien.  La  Quint. 

^  CHRETIENNE  ,  £E.  Du  vieux  verbe  chrétien- 
Tier.  Celui  qui  efl:  rendu  Chrétien.  Après  avoir  étc 
chrétienne,  il  lui  fit  ferment  de  fidélité.  Ras.  de 
Pasquier.  L.  B. 

CHRÉTIENNEMENT,  adv.  D'une  manière  chré- 
tienne, l/t  Chrijiianiiin  decet.  Il  faut  pardonner 
les  injures ,  quand  on  veut  vivre  chrétiennement. 

C'ejlen  vain  qu^un  Docleur ,  qui prkhe  l'Evangile , 

iVfe'/e  chrétiennement  l'agréahle  à  l'utile  , 

S'il  ne  joint  un  beau  gejle  à  Hart  de  bien  parler, 

ViLL. 

CHRÉTIENTÉ,  f.  £  Pronoftdez  en  comme  dans 
mien.  Tout  le  pays  habité  par  les  Chrétiens.  Chri- 
fiianus  orbis.  ^fF  On  entend  par  ce  mot  la  col- 
ledion  générale  de  tous  les  Chrétiens  répandus 
fur  la  furface  de  la  terre  ,  fans  avoir  égard  aux 
différentes  opinions  qui  peuvent  divifer  ce  corps 
en  fedes  particulières.  Hors  de  l'Eglife  Romaine 
il  y  a  des  focictés  qui  portent  le  nom  de  chré- 
tienté. Les  Turcs  ont  toujours  tâché  de  troubler 
le  repDS  de  la  chrétienté  ,  ont  envahi  plufieurs 
terres  de  la  chrétienté.  Ce  font  les  feuls  par  qui 
nous  gouvernons  la  chrétienté.  Pasc.  Le  Vendredi 
toutes  les  Mofquées  font  fréquentées  comme  en 
la  chrétienté  les  Eglifes  aux  grandes  fêtes.  Du 
Loir,  pi  1 39. 

Il  y  a  au  pay"  du  Maine  ,  &  ailleurs ,  un  Doyenné 
qu'on  appelle /?oye727ze  de  Chrétienté,  comme  on 
voit  dans  le  Pouillé  des  Bénéfices.  C'eft  ainft  qu'on 
a  appelé  autrefois  la  Cour  de  l'Eglife ,  Cour  de  Chré- 
tienté-, tant  en  parlant  de  la  Juridiélion  que  de  l'Au- 
ditoire. On  a  dit  aufli  qu'un  enfant  avoit  C//;.;- 
//e/z/é,  quand  il  avoit  le  Baptême. 

On  dit  proverbialement,  Dieubénifîe  Chrétienté  , 
quand  ofi  fait  comparaifon  d'un  animal  à  un  homme. 
On  dit  auHi ,  en  ftyle  populaire  ,  de  celui  qui  n'a 
-  que  de  mauvaifes  femelles  à  fes  fouliers  ,  à  fes  chauf 
fes ,  ou  qui  marche  nus  pies,  qu'il  marche  fur  la 
chrétienté  ;  pour  dire ,  fur  le  pavé  ,  ou  fur  la  chair 
"*  de  Tes  pies. 
CHRIE.  f.  £  Terme  de  Rhétorique.  C'eft  une  nar- 
ration courte  &  concile,  mais. cependant  forte, 
vive  &c  oratoire.  Chria.  Ce  Profeflcur  a  donné  une 
ckrié  à  faire  à  les  écoliers.  Les  ordres  qu'il  donna 
à  fes  gens ,  &:  les  difcours  qu'il  tenoit  dans  fon  Do- 
meftiqu^i  étoient  des  Enthymêmes ,  des  chries  & 
des  Apoftrophes.HuET.  Ce  mot  eft  grec,  &;  vient 

de  xf^'"'' 
CHRISMAL,  f.  m.  Chrifm aie.  Y SiiffeM  dans  lcqu-1  les 
anciens  Moines,  portoient  fur  eux  de  l'huiie  bé- 
nite ,  pour  en  oindre  les  malades ,  quand  ils  for- 
toient.  lien  efl  parlé  dans  la  Régie  de  S.  Colomban. 
Ckrifmal  f.gniiîoit  aulli  quelquefois  un  Reliquaire. 
-  Felury. 

CHRISMATION.  f.  £  Action  d'impofer  le  chrême. 
.  Cérémonie  de  l'Eglife  par  laquelle  un  Minière  des 


i 


C  H  R  f^j. 

Autels  impofe  le  faint  Chrême,  Chrifmatio  ,  Chrif- 
matis  impoJàio.La chrifrnation ,  félon  le  plus  giartd 
nombre  des  Théologiens ,  eft  la  matière  prochaine 
du  Sacrement  de  Confirmation.  Kaye^  le  Concile 
de  Laodicée  vers  l'an  ^6.^  ,  Can  7  &  43,  Le  fécond 
de  Séville,  tan.-j ,  celui  de  Florence,  in  Decteti 
ad  Arnicm.  celui  de  Trente,  Seff.  VU,  can.  2, 
Innoc,  I,  ep.  i,  c.  ^.  &c.  La  chrifrnation  qui  fé 
fait  au  Baptême  fe  fiit  par  le  Prêtre  ,  celle  de  la 
Confirmation  fe  fait  par  l'Evcque.  Ce  mot  ne  fe  die 
que  de  ces  deux  Sacremens  -,  pour  celui  de  l'Ordre, 
uous  difons  Onction. 

Ce  mot  vient  de  Chrifmatio  ^  c[vnviQ\MA£  x^ic-nit 
chrérnc. 

^fT  CHRIST.  Ce  mot ,  fuivant  fa  propre  fignifîeation^ 
veut  dire  oint,  qui  a  reçu  quelqus  ondtion.  Il  s'ap- 
plique par  excellence  au  Sauveur  du  monde,  &  c'eft 
un  nom  qui  lui  eft  devenu  propre.  On  le  faic 
prefque  toujours  précéder  du  nom  de  Jefus.  Nous 
avons  été  rachetés  par  le  fahg  de  /.  C.  Alors  1'^ 
du  mot  Jefus  &;  l'/idu  mot  CAr/yZ  ne  fe  font  poinc 
fentir ,  &  l'on  prononce  Jefus^Chrifl.  Il  n'en  eft  pas 
de  même  quand  le  mot  Chrifl  eft  feul. 

\fT  On  dit ,  en  parlant  de  tableaux  ,  un  Chri[î  ;  pouC 
dire,  ilne  figure  de  J.  C.  attaché  à  la  croix  ,  Cru- 
cifîx.  Chrifii  effigies  ,  imago.  Voilà  un  beau  ChrijL 
Quelquefois  on  diftingue  entre  Crucifix  &  Chrijh 
Le  Crucifix  eft  le  rotai ,  coinpofé  de  l'image  de  la. 
croix  &  de  celle  du  Sauveur  ;  le  Chriji  eft  l'image 
feule  du   Sauveur ,  détachée  ou  indépendante  da 

I  a  Croix.  Le  Chri(l  de  cette  Croix  eft  d'une  grande 
beauté. 

Quelquefois  on  fe  fert  du  mot  ChriflÇswl  par  ati,* 
tonomafe  -,  pour  dire  ,celui  qui  eft  envoyé  de  Dieu , 
qui  eHoini ,  comms  Jefus-Chrijé ,  David,  un  Roi» 
un  Pontife,  un  Prophète  ,  &c.  Alors  les  paroles  du 
difcours  doivent  déterminer  ce  mot,  &  lui  faire 
lignifier  ce  que  celui  qui  parle  veut  faire  entendre. 

^La  Congrégation  du  Corps  de  C,^;'//^.  Nom  d'uil 
Ordre  Religieux  fondé  en  1528,  par  D.  André 
Paolo  d'Aifife,  Clerc  régulier ,  avec  la  permilTion 
d'Alexandre  Vincioli  de  péroufe ,  Evêque  deNo- 
céra  en  Ombrie ,  qui  lui  accorda  une  petite  Eglife 
proche  Ginldo  ,  dans  an  lieu  appelé  la  Bonne  Mère, 

II  donna  à  cette  Çglile  le  nom  de  Corps  de  Jefus^ 
Chrifl ,  ?s.  lui  fit  bâtir  un  Monaftère  qui  devint  chef 
d\ine  Congrégation  de  Religieux  qui  faifoient  ^xo- 
felfion  de  la  règle  de  S.  Benoît ,  &C  avoienr  des  conf- 
titutiorts  particulières ,  qui  leur  fureur  données  paC 
le  Fondateur,  &  approuvées  par  cer  Evêque  de  No- 
cera.  Il  les  obligea  à  porter  le  Saint  Sacrement  dans 
les  procelfions  folemnelles,  &  à  célébrer' la  fête  du 
Corps  de  Jefus-Chriflzvec  beaucoup  de  piété  Srde 
pompe  ,  pour  exciter  les  Fidèles  au  culte  de  cet 
adorable  Sacrement,  Urbain  IV  ,  &  Martin  V  , 
donnèrent  beaucoup  d'indulgences  à  la  même  fin. 
Grégoire  XI  approuva  cet  Ordre  te  s"  Juillet  1577. 
Boniface  IX  le  contirma  en  1395  ,  &  lui  accorda 
les  privilèges  &  les  indulgences  de  l'Ordre  de  Cî- 
tcaux.  LeP.  Hélyot,  T.  FI,  c.  zj. 

Il  y  a  eu  auffi  des  Religieufes  du  Corps  de  Chrifl. 
Ellcscommenccrent  l'an  13-79  à  Foligny.  Boniface 
IX  leur  accorda  beaucoup  d'inn;ulgences  &  les  con- 
firma les  années  1398  ,  I599  &  1410.  En  1404  , 
elles  embraflèrent  lûs.  obfervances  de  l'Ordre  du 
Corps  de  Chrifl,  ce  qui  fut  confirraé  par  l'Evêque 
de  Foligny  ,  &:  approuvé  par  Boniface  IX.  L'an 
i4(îi  le^Génèral  de  l'Ordre  de  (T/zr// ayant  renoncé: 
à  fa  juridiction  far  ce  Monaftère ,  Pie  II  le  fou- 
rnir à  l'Evêque  de  Folia:ny.  P.  Hélyot,  ibid. 

L'Ordre  de  Chrifl  eft  un  Ordre  militaire  fotldé 
l'an  1 3 18  par  Denis  I ,  Roi  de  Portugnl,  pour  mi- 
mer fa  Noblefl"'  contre  les  Maar:'s.  Ordoniilica- 
ris  à  Chrijlo  -dicius.  Le  Pape  Jea-'  XXII  h  confirma 
en  i;zo,  5i  donna  aux  Chevalirrs  la  rèn-le  de  S, 
Benoît.  Alexandre  VI  leur  permit  de  fe  marier.  li 
a  été  depuis  mféparablement  réuni  à  In  Couronné  , 
&  les  Rois  de  Portucal  ont  pris  le  titre  d'admi- 
niftrateurs  perpétuels  de  cet  Ordre.  Les  Chevaliers 

E  b  b  b  ij 


T^4 


CHR 


de  l'Ordre  de  Ckriji  font  vêtus  de  blanc  -,  ils  por- 
tent fur  la  poittine  une  croix  pattiarchale  de  gueu- 
les chargée  d'une  autre  croix  d'argent  :  ce  font  les 
armes  de  l'Ordre,  Ces  Chevaliers  ,  qui  faifoient 
autrefois  leur  rcfidence  à  Caftro-Marin ,  la  transfé- 
rèrent dans  la  ville  de  Thomar ,  comme  étant  plus 
voiline  des  Maures  d'Andaloulie  &  de  l'eftraraa- 
doure.  Le  QuiEN  delà  Neuv,  Hijioire  de  Port. 

Christ.  Ordre  militaire  en  Livonie.  Chrijli  Sacer 
Ordo  in  Livonia.  L'Ordre  militaire  des  Frères  de 
Chrifi  fut  inftituc  en  1 105  par  Albert  Evêque  de 
Riga:  ils  portoient  fur  leur  manteau  une  épée,& 
une  croix  par  deflus ,  ce  qui  les  fît  auflî  nommer 
les  frères  de  l'épée,  La  fin  de  leur  inftitut  fut  de 
défendre  les  nouveaux  Chrétiens ,  qui  fe  conver- 
tilîbient  tous  les  jours  en  Livonie,  &  que  les  Payens 
•perfccutoient  -,  comme  il  paroît  par  une  lettre  d'In- 
Bocent  III ,  qui  ordonne  une  Croifade  contre  eux. 
Voye^  l'écablifîcment  de  cet  Ordre  dans  Longin. 
Hi'll  de  Polon.  L.  Vin. 

Il  y  a  au/Ti  un  Ordre  militaire  de  Chrijl  ou  de  J. 
C.  en  Italie ,  inftituc  par  Jean  XXII  à  peu  près 
dans  le  même  temps  que  celui  de  Portugal  com- 
mença. Ces  Chevaliers  ne  font  point  preuve  de 
nobleile  ;  ils  ont  cependant  été  agrégés  à  ceux  de 
Portugal  ,  mais  fans  pouvoir  précendre  à  leurs 
Commanderies,  Ils  ont  les  mêmes  ftatuts ,  6c  font 
feulement  appelés  Chevaliers  à  brevet.  P.Hélyot. 
Uid. 

Outre  les  Chevaliers ,  il  y  a  des  Religieux  de 
rOrdre  de  Chrifi  établis  fous  le  règne  de  Jean  III  , 
Roi  de  Portugal.  Antoine  de  Lilbonne,  Religieux 
de  l'Ordre  de  S.Jérôme,  ayant  été  nommé  Com- 
miflaire  Apoftolique  ,  pour  faire  la  vifite  du  Cou- 
vent de  Thomar  ,  première  Maifon  de  l'Ordre  des 
Chevaliers  de  Ckriji,  établit  la  réforme  dans  ce  Cou- 
vent. Il  dépofa  Didaque  de  Régo,  qui  en  étoit 
Prieur  ,  &  obligea  tous  les  Clercs  de  cet  Ordre  à 
vivr?  en  commun,  &à  porter  un  habit  Monachal 
avec  la  croix  de  l'Ordre  de  Chriji  fur  la  poitrine. 
II  fît  bâtir  des  lieux  réguliers ,  5c  reçut  des  novices, 
auxquels,  après  l'année  de  probation ,  il  fit  faire 
les  vœux  de  pauvreté,  de  chafteté  &  d'obéiffance. 
Il  drefla  des  ftatuts  ,  &  cette  réforme  ,  à  la  prière 
du  Roi  ,  fut  approuvée  par  le  Pape  Jules  III  qui 
permit  au  réformateur  de  quitter  l'Ordre  de  Saint 

■  3«érôme  ,  &  de  paffer  à  celui  de  Cliriji.  Il  l'érablit  en 
même  temps  Prieur  du  Couvent  deihomar.Cctte  ré 
forme  s'établit  en  plufîeurs  droits ,  &:  le  réformateur 
obtint  de  Pie  V  la  confirmation  de  tous  fes  Couvens 
par  une  Bulle  de  l'an  1 5  fîy.  Comme ,  en  vertu  de 
cette  Bulle,  ces  Religieux  prétendirent  être  indé- 
peiidans  des  Chevaliers ,  le  Roi  Sébaftien  voulut 
les  détruire.  5c  s'adrcfla  pour  cela  à  Grégoire  XIII 
l'an  l'^-jC.  Le  Pape  ne  les  détruifit  poinr,  mais  il  les 
fournit  au  Roi ,  comme  Grand-Maître  de  l'Ordre. 
P.HÉLYOT,  T.  ri,  c.  8. 

|:T  CHRISTBOURG.  Ville  de  Pologne ,  dans  la 
PrufTe  Polonnoife  ,  à  trois  lieues  de  Pologne  de  Ma- 
rienbour^. 

fp-  CHRIST-CHURCH.  Ville  d'Angleterre  en 
Haurshire  ,  à  dix-huit  milles  de  Southampan. 

CHRISTE-MARINE.  f.  f.  Salicot ,  bacile ,  ou  fe- 
nouil matin.  Voye^  ces  mots.  Nom  d'une  herbe  qui 
croît  fur  la  grève  ou  fur  les  bords  de  la  mer.  Ne 
faut-il  point  écrire  Crilh ,  plutôt  que  Ckrijle  ?  Quoi 
qu'il  enfoitjil  croît  beaucoup  de  ckrijie  marine 
autour  du  Mont  S.  Michel.  On  l'apprête  en  falade. 
1^  On  donne  vulgairement  le  nom  de  parte  pierre 
ou  perce  pierre  à  une  de  ces  cfpèces.  On  mange 
cette  dernière  confite  au  vinaigre.  Toutes  font  apé- 
ritives  5c  di/ïîpent  les  obftrudlions.  Acad.  Fr. 

CHRISTIAN  ou  CHRISTIEN.  Nom  d'homme, 
Chrifiianus.C'eOi  la  même  chofe  que  Chrétien.  Chrif- 
tian  ou  Chrétien  Druthmar  ,  furnommé  le  Gram- 
mairien, Auteur  d'un  Commentaire  fur  S.Matchieu, 
8c  d'un  abrégé  fur  S.  Luc  &  liir  S.  Jean  ,  étoit  un 
Moine  de  Corbie- fur-Somme  dans  le  IX'  fiècle. 
Chrijiian  ou  Chrijtien  de  Tïoyes ,  sft  un  Pocte  fraiv 


CHR 

cois  qui  vivoît  vers  le  commencement  du  XIIP  fiè- 
cle. Chrijiian  Urft  ,  Profelfeur  de  Mathématiques  à 
Bâlc.  Lhnjiian  de  Brunfwich  &  d'Elifabeth  de  Dan- 
nemarck ,  fut  Adminiftrateur  d'Halberftad.  En  Dan- 
nemarck  on  dit  Chriftiern  pour  Chriliien. 

CHRISTIANISER.  V.  a.  Rendre  Chrétien.  Chrifiicu- 
nuin  ejficere  ;  ex  Chrijti  lege  confiuuere.  Ce  ne  font 
point  deux  choies  qu'on  foit  en  pouvoir  de  fc- 
parer  ,  le  Chrétien  d'avec  le  Négotiant ,  le  Chré- 
tien d'avec  l'Ouvrier  &:  l'Artifan ,  fe  Chrétien  même 
d'avec  l'Officier  de  guerre,  le  Chrétien  d'avec  le 
Prince  Se  le  Monarque  -,  parce  que  tout  cela  &  tout 
autre  état ,  fi  j'ofe  m'exprimer  de  la  forte ,  doit 
èttschrijiidnife  dans  nos  perfbnnes.  BovKDAt.Exh. 
II,  Z',  41 1.  C'eft  là  un  de  ces  mots  nouvellement 
inventes, novata  yeri^a  ,  qui  ont  de  la  grâce  &  de 
l'énergie  ,  quand  on  les  place  bien  ,  mais  qu'il  faut 
fe  permettre  fobrement.  Il  me  fcmble  que  la  charité 
épure,  raffine  &  pcrfeiftionne  la  juftice-.elle  la  rend 
plus  complette,  ôcen  même  temps  chrijiianife  ,i\ 
j'ofe  faire  un  terme  ,  des  adions  bonnes  par  elles- 
mêmes  ,  mais  qui  n'®nc  fouvent  d'autre  principe  que 
l'humanité.  Traité  du  vrai  mérite  par  M,  De  Cla- 
viLLE,  Cet  Auteur  n'eft  pas  le  premier  qui  ait  em« 
ployé  ce  mot.  On  le  trouve  dans  le  Journal  des 
Savans  de_  lyitî.  M.  Dacier,  y  eft-il  dit ,  n'oublie 
pas  de  fe  Juftifier  llir  le  reproche  que  quelques  Au- 
teurs lui  ont  fait  d'avoir  Chnjiiamje  les  Payens.  Il 
fignifie  dans  ce  paiTage ,  attribuer  des  fentimens 
Chrétiens.  M.  Dacier  répond  à  ce  reproche  dans  la 
Préface  de  fon  fécond  tome  du  manuel  d'Epiélete. 
Cotgrave  avoir  déjà  mis  ckrifiianijer  dans  fon  Dic- 
tionnaire imprimé  à  Londres  en  i<î75.0ny  trouve 
aufll  chrétienne ,  ée.  Se  chretienner.  Ce  dernier  eft 
dans  Nicot ,  qui  a  dit  Chrijiicnner  un  enfant ,  le 
baptifer.  Monet  a  placé  le  même  mot  dans  fon 
Dictionnaire ,  où  l'on  voit  fe  Chretienner ,  fe  faire 
Chrétien.  Mais  chretiennsr  eft  aboli  entièrement , 
&:  chrijïianifer  (c  mec  en  vos^ue. 

CHRISTIANISME,  f.  m.  Les  deux  j  de  ce  mot  fe  pro- 
noncent. La  dodrine  de  J,  C. ,  établie  par  J.  C.  & 
publiée  dans  tout  le  monde  par  les  Apôtres.  Chrif-' 
tiana  Religio.  Les  Apôtres  &;  les  Marryrs  ont  prê- 
ché, ont  établi  le  Chri(iianifme.  On  a  porté  le  Ckrif- 
tianijme  dans  les  Indes  orientales  &  occidentales. 
Ceux  qui  ne  tenoient  au  Chrifiianifmc  que  par  la 
terreur ,  allèrent  tumulcuairement  invertir  le  Palais. 
Fl.  Le  Grand  Conftantin  étoit  alors  dans  la  cha- 
leur de  fon  nouveau  Chrifiianifme.  Herman.  Ce 
n'eft  pas  là  l'cfprir  du  ChriltianiJme.PoKX-R. 

CHRISTIANOCATEGORE.f  m.&f.Nom  de  Sedle. 
Chrijlianocategorus.  Certains  hérétiques  qui  ado- 
roient  les  images  delà  fainte  Vierge  &  des  Saints: 
ils  font  ainli  appelés  par  S.  Jean  Damafcène. 

Ce  mot  eft  grec  x^nm-lc,  ,  Chrétien  ,  r.ar.ji'i^/* , 
faccufe.  Accufateursde  Chrétiens.  J'aimerois  mieux 
ufer  de  cette  phrafe  que  de  dire  Chrifiianocatégores. 

$3-  CHRISTIANOPEL.(  Prononcez  Chriftianople) 
Ville  de  Suéde  dans  la  Blekingue  ,  fur  la  mer  Balti- 
que ,  Capitale  de  la  Province  de  Bleking,  bâtie  par 
Chriftian  IV  ,  Roi  de  Dannemarck. 

|K?  CHRISTIAN-LAND,  Petite  ville  de  Norwec'e  , 
au  Gouvernement  d'Aggerrhus.  " 

^  CHRISTIANSTADT,  Petite  ville  de  Suède  dans 
la  Blekingie,  aux  frontières  de  la  Schoone. 

CHRISTIERN,  f.  m.  Nom  d'homme ,  qu'ont  porté 
cinq  Rois  de  Dannemarck ,  &  quelques  Princes 
de  leur  fang.  ChrijUernus  ,  Chrtpanus.  C'eft  le 
nom  Chriftian  ou  Chriftien  ,  avec  une  termin^ifon 
Danoife ,  &  il  ne  faut  s'en  férvir  que  quand  on  parle 
des  Danois.  Chrijliern  I  regnoit  en  Dannemarck  « 
en  Suède  &  en  Norvège,  dans  le  quinzième  fiéclc. 

CHRISTINE,  f.f  Nom  de  femme.  ChrilHana.Chrif- 
tine ,  Reine  de  Suède ,  fille  du  Grand  Guftave  AdoL 
phe  ,  céda  en  1(55:4  ,  fon  Royaume  à  Charles  Guf- 
tave fon  coufin  germain.  Elle  étoit  favante ,  &  ai- 
moic  les  Sciences  &  les  Savans  ;  ce  fut  elle  qui  fit 
venir  en  Suède  M.  Defcartss.  Chrijiine  de  France  , 


CHR 


I 


&c.  Chrifline  de  France  ,  fille  d'Henri  IV ,  époufa 
Viclor  Ame,  Duc  de  Savoie. 

Christine,  1".  t  Monnoic  de  Suède,  d'argent  de  très- 
bas  alloi ,  qui  Vàut  environ  quinze  fous  de  France. 

CHRISTODIN  ,  INE.  f,  m.  &:  £  Au  commence- 
ment du  Calvinifme  on  donna  ce  nom  aux  Hu- 
guenots ,  ou  Calviniftes  en  France,  parce  qu'ils  ne 
parioient  que  de  Chrift ,  que  dans  leurs  tradudions 
du  Nouveau  Teftament,  &dans  les  autres  livres , 
on  trouvoit  fans  celFe  ce  mot  Chrift.  Chrijlodinus ,  a. 

CHRISTOLYTE.  r.  m.  &  £  Nom  de  Sede.  Chryfioly- 
tus  ,  a.  C'étoient  des  hérétiques  dont  parle  S.Jean 
Damafccnc,  ainfi  appelés  parce  qu'ils  détruifoient 
Jcilis-Chrift  j  aiîurant  qu'il  étoit  defcendu  aux  En- 
fers en  corps  &  en  ame  ,  6c  qu'ayant  laiHelàl'un 
ic  l'autre  ,  il  étoit  monté  aU  Ciel  avec  la  (éule  di- 
vinité ,  ou  plutôt ,  fa  l'eule  divinité  y  étoit  montée. 
Ce  mot  eft  grec,compo{é  de  X^<5«5 ,  Ckri(t,  &c 
Af«  5  Je  réfous ,  &:  lignifie  des  gens  qui  dilTolvent , 
qui  détruilent  Jefus-Chrift, 

CHRISTOMÀQUES.  f.  m.  pi.  Ce  mot  lignifie  enne- 
mis de  J.  C.  On  a  ainfi  appelé  les  hérétiques  qui 
nioient ,  ou  la  Divinité  du  Sauveur  des  hommes , 
ou  la  Perfonalité  ,  ou  fa  Confubftantialité  avec  le 
Pcrc  &  le  Saint  Efprit.  Xf  (5-oAt«>r<". 

CHRISTOPHE  ou  CHRISTOPHLÈ.£  m.  Nom  pro- 
pre d'homme.  Chrijtophorus.  S.  Chrijiopkle  eft  ho- 
noré dans  l'orient  &  dans  l'occident  depuis  plufieurs 
licclcs  ,  quoiqu'on  ne  fâche  rien  de  fa  vie  &  de  fon 
martyre.  Quelques-uns  de  nos  Ecrivains  François 
écrivent  ChrijtophU  y  comme  Baillet,  Tillemont , 
&c.  M.  de  Cordemoy  écrit  Ckrifioplie  ;  &  dans  l'u- 
fage  ordinaire  on  prononce  Chrijlophe  plutôt  que 
Chrijhphle  ,  quoi  qu'en  dife  M.  Baillet. 

Ce  mot  s'eft  formé  du  latin ,  ou  plutôt  du  grec 

'  Chrijtophorus  ,  Chrijiophore ,  Chrifîophre  y  Chrijlo- 
phle ,  Chrijiophe.  x^ij-ofôg^c.  eft  compofé  de  Xj (s-«, 
Chriji ,  6c  çéa  ,  je  porte ,  &  fignifie  Porte-Chrift, 
C'ert  fur  la  fignification  de  fon  nom  qu'on  le  peint 
portant  Jefus-Chrift  fur  fes  épaules. 
|Cr  dans  les  ficelés  d'ignorance  on  croyoit  qu'on  ne 
pouvoir  mourir  de  mort  fubite  ni  d'aucun  accident , 
quand  on  avoit  vu  S.  Chrijiophe  ,  fuivant  ce  vers. 

Chrijiophorum  videas  ;  pofieà  tutus  eas> 


C'eft  apparemment  pour  cela  qu'on  le  repiéfen- 
toit  d'une  taille  gigantefque  aux  porches  des  Cathé- 
drales ,  ou  à  l'entrée  des  Eglifes ,  afin  que  chacun 
piit  le  voir  plus  facilement. 

L'île  de  S,  Chrijiophe  eft  urte  des  Iles  de  l'Améri- 
que ,  que  l'on  nomme  Antilles.  Elle  eft  au  couchant 
de  la  Barbade.  Chriftophe  Colomb  la  découvrit  en 
fon  premier  voyage  de  l'Amérique  ,  &  la  voyant 
fi  agréable ,  voulut  qu'elle  portât  fon  nom  \  à  quoi 
il  fut  aulfi  convié  par  la  figure  d'une  des  montagnes 
qui  font  dans  cette  Ile ,  laquelle  porte  fur  fa  croupe, 
comme  fur  l'une  de  fes  épaules  ,  uUe  autre  plus 
petite  montagne  -,  de  même  que  l'on  peint  S.  Chrif- 
tophe comme  un  géant  »  qui  porte  Notre-Seigneur 
fur  les  (icnnes  en  forme  d'un  petit  enfant.  L'île  eft 

Ifur  la  hauteur  de  dix-fept  degrés  &  25  minutes. 
iLoNV.  DE  PoiNCY  ,  Hiji.  Tiat.  des  Antilles  ,  L.l  -, 
le.  4,  où  il  la  décrit.  L'île  a  environ  15;  lieues  détour, 
rElle  efthériflce  de  montagnes  au  milieu.  Elle  ne 
[lailTe  pas  de  produire  quantité  de  tabac ,  de  fucre  , 
rde  gingembre  &;  d'indigo.  Elle  eft  divifée  en  quatre 
rcantons ,  dont  il  y  en  a  deux  qui  font  tenus  par  les 
I  François ,  &  les  deux  autres  par  les  Anglois. 
L'île  de  S.  Chrijiophe  eft  à  un  tiers  de  lieue  du 
bourg  de  ce  nom  ,  vers  la  montagne  des  Singes, 
Latitude  17''  19'  il".  Des  Hayes  j  Acad.  des  Se. 
1701  Hi^.  pag,  iiK 

La  pofledlon  de  cette  Ile  a  été  cédée  entière- 
ment aux  Anglois,  pat  le  traité  d'Utrecht  en.j75  5. 
Il  y  a  une  autre  île  de  S.  Chrif ophe  d^nsla.mcz 
Pacifique,  près  de  la  terre  de  Quir. 
CHROCTILDE.  f.  £  Nom  de  femme ,  qui  fe  trouve 
pour  CLOTILDE.  f'^'oye^  ce  mot. 


CHR  yo'f 

CHR®DEGAND.  f.  m.  &  nom  d'homme.  On  diÉ 
auUi  Godegranc.  Chrodogangus  S.  Chrodegand,  iifa 
d'une  des  premières  nobleifjs  du  Royaume  d'AuP 
trafic  ,  vivoit  au  Viir  iiècle.  il  fut  fait  Evcque  de 
Metz  en  742, 

Les  Chanoines  de  S.  Chrodegand  font  les  Cha* 
ncines  de  S.  Etienne  de  Metz  ,  que  ce  faint  ré- 
duifit  à  la  vie  commune  j  &  auxquels  il  donna  une 
règle  j  que  plufieurs  autres  Eglifes  reçurent  dans 
la  lliite.  La  règle  de  S.  Chrodegand coxiisnoix.  ttenta 
diapitrcs ,  tirés  des  laints  canons ,  des  ouvrages  des 
Pères  ,  te  principalement  de  la  règle  de  S.  Benoît* 
Ils  ne  taifoient  aucun  vœu  :  mais  ils  abandonnoicnt 
leurs  biens  à  l'Eglife  de  Saint  Paul  de  Metz  ,  en  s'en 
rélcrvant  l'ufufruit,  aulîi-bien  que  les  aumônes  qu'on 
leur  donnoit  pour  les  meHes ,  la  confeilion  ,  6*^» 
Ils  demeuroient  toùsdans  un  même  cloître  fermé, 
d'où  il  leur  étoit  permis  de  fortit  le  jour.  C'eft: 
de-là  que  nos  anciennes  Cathédrales  ,  &  même 
quelques  Collégiales  ont  eritore  des  cloîtres  ,  le 
cloître  de  Notre-Dame  ,  le  cloître  de  S.  Honoré  à 
Paris, «S-c.  Non-feulement  la  prière  &  le  chant  , 
mais  le  vêtement  &:  le  vivte  étoit  prefcrit ,  &  ils 
mangcoient  en  commun  dans  un  même  réfeiftoire, 
Foyei  les  Bolland.  au  6^  de  Mars ,  &  le  P.  Tho- 
maflin  ,  Difcip,  Eccl.  T.  Il,  Par.  III ,  L.  I,  C.  16, 
P.  If^,C.  i4. 

CHRODOR.  £  m.  Terme  de  Mythologie.  Dieu  deS 
anciens  Germains  ,  qu'on  croit  être  Saturne.  Ori 
le  repréfentoit  fous  la  forme  d'un  vieillard  qui  a 
la  tête  nue  ,  qui  appuie  fes  pies  fur  un  grand  poil- 
fon.  Il  eft  couvert  d'une  robe  qui  ne  laiffe  voir  que 
les  pics  -,  &  eft  ceint  d'une  écharpe  ,  tenant  de  la 
main  gauche  une  roue  ,  &  de  la  dtoite  un  paniec 
plein  de  Heuts  &:  de  fruits, 

IfT  CHROMATIQUE,  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Mu-r 
fique.  Genre  de  Mufique  qui  procède  par  plufieurs 
demi-tons  de  mite  ,  majeurs  &  mineurs  alternative- 
ment.  Mufique  dans  le  genre  chromatique.  Il  eft 
auffi  fubftantif.  Il  y  a  du  chromatique  dans  cette 
mufique.  Chroma.  Il  a  été  appelé  de  ce  nom  ,  à  caufe 
que  les  Grecs  le  marquoienr  avec  des  caractères  de 
couleurs  ,  qu'ils  appeloient.  %ç*^.à  Le  P.  Parran  dit 
que  chromatique  veut  dire  la  même  chofe  que  varié 
&  coloré ,  parce  que  le  genre  chromatique  varie 
&  embellit  le  genre  diatonique  par  fes  demi- 
tons  ,  qui  font  dans  la  mufique  le  même  effet  que 
la  variété  des  couleurs  dans  un  tableau.  Les  gen- 
res chromatiques  &  enharmoniques  ne  contien-» 
lient  que  les  moindres  degrés  diatoniques;  de  forte 
qu'ils  ont  la  même  raifon  ou  proportion  avec  le 
diatonique ,  que  les  nombres  entiers  avec  les  nom- 
bres rompus.  Le  B  mol  appartient  au  genre  chro" 
viatique.  Boëce  ,  &  après  lui  Zarlin  ,.  ont  dit  que  le 
genre  chromatique  fut  inventé  pat  Timothée  Mi- 
léfien,  du  temps  d'Alexandre  le  Grand.  Les  Spar-" 
tiates  le  bannirent  de  leur  ville ,  à  caufe  que  cette 
mufique  étoit  trop  molle  ,  &  qu'ils  n'avoient  ac- 
'coutume  d'ufer  que  du  genre  diatonique.  Le  chro' 
manque  eft  dans  la  mufique  entre  le  diatonique  &: 
l'enharmonique,  ce  qu'eft  daris  la  Peintute  la  cou- 
leur entre  le  blanc  &  le  noir.  Plufieurs  aflurcnÉ 
qu'on  n'a  jamais  oui  le  pur  chromatique  -,  toutefois 
Ariftide  afiiire  qu'il  l'a  chanté.  P.  Parran. 

Dans  la  mélodie  le  chromatique  confifte  en  unô 
fuite  de  chant  qui  procède  par  femi-tons ,  tant  en 
mentant  qu'en  dcfccndant  :  ce  qui  produit  un  effet 
merveilleux  dans  l'harmonie  ,  parce  que  la  plupart 
de  ces  femi-tons ,  qui  ne  font  pas  dans  l'ordre  dia- 
tonique ,  caufent  à  tout  moment  des  difforiances  qui 
fufpendent  ou  qui  interrompent  les  conclufions ,  &: 
donnent  même  de  la  facilité  à  remplir  les  accords 
de  tous  les  fons  qui  les  compofmt ,  fans  déranger 
l'ordre  diatonique  des  parties  fupérieures.  Le  chro- 
matique n'eft  en  ufare  que  dans  les  tons  mineurs.  Il 
eft  plus  difficile  à  comprendre ,  lorfque  les  parties 
defcendenr  ,  qUe  lotfqu'ellcs  montent.  Ram.  Le 
chromatique  ne  confifte  que  dlns  i:t  fixième  &  ire 
fepîième  noce  du  ton,  ^ue  l'en  fait  procédei  y»f 


k66 


CHR 


femitons ,  tant  en  montant  qu'en  defcendant ,  loit 
dans  la  bafle  ,  ibit  dans  les  accords.  Id.  Faire  de  la 
chromatique  aujourd'hui,  cft  faire  un  chant  qui  va 
en  montant ,  ou  en  delcendant  toujours  de  demi- 
ton  en  demi-ton  ;  &  quand  les  Iraliens  y  font  une 
fois ,  Dieu  fait  combien  ils  en  enfilent.  On  diroit 
qu'ils  ne  lauroient  plus  mettre  de  tons  pleins.  En- 
mtienfurla  /«z//^«f.  Entendre  une  pièce  a  chro- 
matique. Id.  Imai;inez-vous  quel  amulement  niible, 
que  de  parcourir  quatre  ou  cinq  oc1:aves  de  demi- 
ton  en  demi-ton.  Les  Italiens  n'ont  pas  invente  la 
chromatique.  Bocce  &  Zarlin  racontent  qu'elle  fut 
trouvée  par  Timothce  de  Milet ,  du  temps  d'Alexan- 
dre le  Grand ,  is.  de-là  nous  font  venus  nos  b  mol , 
&  nos  dicfis ,  ii  aimables ,  quand  on  les  place  à 
propos.   Le /^  mol   particulièrement  appartient   au 
chromatique ,  qui  rend  une  muiique  tort   molle  , 
comme  eft  toute  celle  où  rcfide  le  b  mol.  A  caule 
de  quoi  les  Laccdémoniens  avoient  défendu  chez 
eux  le  genre  chromatique,  &    apparemment  Ti- 
mothce ne  fefervit  pas  de  ce  genre-la ,  lorfqu'il  fit 
courir  Alexandre  aux  armes.  Id.  Dans  les  Précieulcs 
ridicules  ,  Madelon  dit  qu'il  y  a  de  la  chromatiqiu 
d ins  l'air  du  Marquis  de  Mafcarille.  Le  Chevalier 
à  la  mode  fe  plaint  que  Madame  Patin  ne  l'aime 
plus ,  parce  qu'elle  cft  inlenlible  au  chromatique  , 
dont  l'air  qu'il  a  fait  pour  elle  eft  tout  rempli.  Scu 
dcri  ,  dans  cette  Préface  originale  d'Arminiiis ,  qui 
ell:  un  chef-d'œuvre   de  fanfaronades   poétiques  , 
dit  qu'il  cft  des  inventions  p^articulières,  comme  de 
la  chromatique,  de  laquelle  il  ne  faut  guère  ufer, 
li  l'on  veut  qu'elle  femble  bonne.  Id.  On  voit  par 
ces  exemples  que  chromatique  fe  dit  adjccîïivement 
&  fubftantivement ,  &  quand  il  fe  dit  fubftantive- 
ment ,  il  eft  ou  mafculin  ou  féminin ,  félon  que 
l'on  foufentend  gerire  ou  mufique. 

Chr-omatique.  f.  f.  Terme  de  Peinture  ,  c'eft  le  colo- 
ris ,  qui  eft  la  troifième  partie  de  la  Peinture. 
Chroma. 

CHRONIES.  f.  f.  pi.' Fêtes  célébrées  à  Athènes  en 
l'honneur  de  Saturne.  C'étoient  les  mêmes  que  les 
Saturnales  des  Romains.  Chronia. 

|Cr  CHRONIQUE  f.  f.  Ce  mot  tiré  du  grec  défigne 
une  Hiftoirc  dreffée  fuivant  l'ordre  des  temps;  une 
Hiftoirc  fuccintle  où  les  faits  qui  fe  font  paffcs 
pendant  un  certain  cfpace  de  temps  ,  plus  ou 
moins  confidérable,  font  rangés  félon  l'ordre  de 
leurs  dates.  Chrouica ,  arum  ;  chronici  lihri.  On 
ne  le  dit  sucre  que  des  vieilles  Hiftoircs.  Chronique 
de  Saint  Denis.  Chronique  de  Charlemagne.  On 
trouve  ce  fait ,  cette  anecdote  dans  une  ancienne 
Chronique. 

Je  veux  que  la  vertu  de  vos  ayeux  antiques 
Aitfervi  de  matière  aux  plus  y/er//i;j  Chroniques. 

BoiL. 

CHRONIQUES,  f.  f.  pi.  C'eft  le  nom  qu'on  donne 
à  deux  livres  de  l'ancien  Teftament ,  qui  fervent 
comme  de  fupplément  aux  quatre  livres  des  Rois. 
On  appelle  autrement  ces  deux  livres  de  chroni- 
ques ,  les  Paralypom'enes  ;  mais  lorique  les  Thco- 
Jogiens  les  citent ,  c'eft  ordinairement  fous  le  titre 
i.\e  chroniques.  ItT  Cette  manière  de  citer  les  Pa- 
ralypomines  eft  plus  ordinaire  aux  Calviniftes  qu'à 
nos  Théologiens.  ^oyc^PARALYPOMENEs. 

fCF  On  appelle  Chronique  fcandaleufe  ,  Chronica 
/n.zledica,  certains  mémoires  de  la  vie  de  Louis  XI , 
compofés  par  un  Oîïcicr  de  la  Ville  de  Paris. 

On  appelle  figurcment  Chronique  fcandaleufe  , 
les  mcdil'ances  èc  les  mauvais  bruits  qui  courent 
dans  le  monde.  Maledicla.  Cet  homme  paflc  pour 
un  grand  dévot,  mais  la  Chronique  fcandaleufe 
conte  beaucoup  de  fes  hiftoires  de  galanterie.  C'eft 
à  ceux  que  la  C/zro/z/^wt;  fcandaleufe  attaquera ,  d'y 
prendre  garde.  Mascurat  , />.  iz.  On  dit  audî 
Chronique  Cmplemcnt ,  pour  dite ,  un  conte  ,  une 
fable ,  un  bruit  qui  court. 


C  HR 


Or  le  mari  par  certaine  ouverture 
Guettait  fa  femme  ,  obfervottfon  allure. 
Rioit  fous  cape,  &  comptoit  par  fes  doigts. 
Qu'elle  n'iroit  jamais  au  bout  du  mois. 
Il  comptoit  bien,  remarque  la   Chronique. 

P.  DO  Cerc. 

Chronique,  adj.  Terme  de  Médecine.  Long,  qui 
dure  long  temps.  Lon^us  ,  diuti.rnus. 

Les  Médecins  divifent  les  maladies  en  deux 
efpèces.  Ils  appellent  les  unes  maladies  aiguës ,  & 
les  autres  maladies  chroniques.  Les  maladies  aiguës 
font  celles  qui  durent  peu,  qui  emportent  bien- 
tôt le  malade,  ou  fe  guérilfent  bientôt,  comme 
la  fièvre  continue ,  la  petite  vérole ,  la  pleuréfie,  la 
fluxion  fur  la  poitrine  ,  St.  Les  maladies  c/zrowi^Ke^ 
font  celles  qui  durent  long  temps ,  dont  le  terme 
s'étend  à  plufieurs  mois  &  quelquefois  à  pluficurs 
années,  comme  le  rhumatilme ,  la  paralyfie,  la 
ïîoutte  ,  les  hémorroïdes  ,  les  fiftules. 

CHRONIQUER.  v.  n.  Mot  vieux  6c  burlefque-,  pour 
dire ,  Faire  quelque  Chronique.  Chronica  fcriéere. 
Ils  vouloient  chroniquer  fes  faits.  Saras. 

Loin  de  s'humilier  en  amant  hypocrite  ) 
S'amiifoit  à  lui  chroniquer 
Tous  fes  rares  talens  par    ordre    méthodique. 

Fus  EL. 

Chroniquer.  v.  a.  Se  dit  auffi  ,  en  ftyle  butlefque  , 
pour  reprendre ,  critiquer. 

Cà  chroniquons  :  mais  par  qui  commencer  ? 
A  cil  .juijut  tant  d'Odes  rapiécer. 

CHRONIQUEUR,  f.  m.  Qui  a  écrit  des  Chroniques, 
Chroniqueur  Turpin.  Ce  mot  eft  vieux  &  ironiqaei 
&  alors  il  le  dit  d'un  homme  qui  rait  de  vieux 
contts  ,  &  qui  raconte  d.  vieilles  hiftoircs. 

CHRONOGRAMME,  f.  m.  Voy eiCBKOHOGKk' 
PHE. 

CHRONOGRAPHE  ou  CHRONOGRAMME ,  f.  ni. 
Alfemblage  de  plufcurs  niots  qui  font  un  fens, 
&:  qui  font  choilis  de  manière  que  les  lettres  numé- 
rales qui  s'y  rencontrent,  marquent  l'année,  ouïe 
milleiime  de  quelque  événement.  Chronographum, 
chronogr anima.  Un  exemple  fera  comprendre  la, 
d'^finition  de  ce  qu'on  vient  d'apporter  •._/i/^Z,f^iVf 
efl  DljjlCI-  Les  habere  nVaas.  Voilà  un  chrono- 
graphe.  Toutes  les  lettres  numérales  qui  ibnt  dans 
ce  vers  Fhaleuque  l'ont  ci  lies  qui  Ibnt  ici  imptimées 
en  grands  caraélèrcs.  VLVMDIICILV.  Ranger 
CCS  lettres  Iclon  l'ordre  du  nombre,  qu'elles  ligni- 
fient, MDCLLVVVIIL  M  fgnifie  mille  ,  D  ii- 
gnine  cinq  cens ,  C  fîgnifie  cent,  L  fignific  cinquante 
&;  par  coniequenr  deux  LL  fignifient  cent,  V  lignifie 
cinq  ,  6c  trois  VVV  quinze,  I  fgnifie  un  ,  trois  III 
trois  ;  ainli  le  chronogramme  itVLtVM  cfDï^lCl- 
Les  habere  nFgas  ,  lignifie  MDCCXVIII.  Mil  fept 
cens  dix-huit.  Ces  miférables  jeux  d'efpritétoient 
devenus  fort  à  la  mode  depuis  deux  ou  trois  cens 
ans.  On  crt  a  connu  le  ridicule  en  France  ;  mais  la 
mode  en  fubfifte  encore  en  Allemagne  &  ailleurs , 
où  l'on  f-àit  des  chronogr.iphes ,  à  une  nailfance,  à 
un  mariage,  à  l'inauguration  d'un  Prince,  à  une 
prife  de  bonnet  de  Dodeur ,  &c.  comme  on  fait 
des  Sonnets  en  Italie.  Le  fieurDes  Accords  qui  a 
fait  des  recherches  fur  les  chronogr aphes ,  dit  qu'on 
les  a  employés  en  deux  manières.  La  première  con- 
fiftoit  à  fe  fervir  fimplement  de  lettres  numérales 
pour  marquer  l'année  d'un  événement  ,  après- 
quoi  chacun  donnoit  à  ces  lettres  numcrales 
la  lignification  qu'il  jugeoit  à  propos.  Ainfi  le  Pape 
Léon  X ,  ayant  fait  pofer  ces  lettres  numérales 
MCCCCLX  fur  une  table  d'attente  ,  pour  marquer 
l'année  de  fon  Pontificat,  elles  furent  interprétées 
de  la  forte  :  Multi  Cardinales  Cœci  Crearunt  Ciccum 
Leonem  Decimum.  La  féconde  efpcce  eft  celle  qui 
conlîrteen  une  fcntence,  dont  les  lettres  numc- 
rahs  marquent  une  année.  Des  Accords  ne  les  fai- 


C  H  R 

foit  remonter  qu'aux  derniers  Ducs  de  Bourgogne  ; 
nviis  dans  rEglife  de  Saine  Pierre  à  Aire  ori  lit  i'ar 
une  virre  ce  chronogramme:  f>]s  J'cpteM pnzhendas , 
jf'baLdVlm ,  dedijii  ;  qui  marque  l'année  1061. 
MLVVII ,  ou  MLXII.  Le  D  n'ctoit  point  encore 
lettre  numérale.  Elle  ne  l'ctoit  pas  même  en  \(>C')^ 
au  temps  de  la  bataille  de  Montlhcri,  comme  il 
paroît  par  ce  chronographe  françois  qui  marque 
cette  année  là:  à  CheVal,  à  CheVal ,  gônlUarme;. , 
à  CheVaL ,  ni  même  en  1485  comme  une  aune 
chronographe  f'rançois  le  montre.  Il  y  a  des  chro- 
nographes  moraux  ,  des  clironographes  icntentiaux  , 
il  y  en  a  de  purs  chronologiques. 

Ce  mot  vient  de  xf""'^  ,  temps ,  &  de  y/iV*  ,  j'é- 
cris. La  première  fois  que  l'on  trouve  ce  mot  em- 
ployé en  ce  fcns ,  eft  au  chronograghe  qui  fut  fait 
pour  rélecStion  d'Etienne ,  Roi  de  Pologne ,  en 
i57<î.  Avant  ce  temps-là,  &:  même  après,  on  les 
appeloit  Fers  nvmiraux    ou  numéraires. 

Il  y  a  une  Dilfertation  Analytique  fur  les  chro- 
Tiographis  ,  imprimée  à  Bruxelles  en  171 8,  On 
écrit  ces  lettres  numérales  en  caradtère  plus  gros 
deux  ou  trois  fois  que  le  leile  du  contexte .  afin  de 
les  dillinguer  plus  facilement.  Ces  lettres  font  ks 
M  ,  les  C ,  les  L,  les  X  ,  les  V  ,  &  les  L  On  dk 
des  Vers  chronographes  ,  une  Infcription  chrono- 
graphe ^  une  Epitaphe  chronographe.  Celle-ci  cil 
celle  où  toutes  les  lettres  que  je  viens  de  citer  ,  qui 
cnttent  dans  fa  compofition ,  étant  additionnées  , 
marquent  l'anncj  de  la  mort  de  celui  pour  qui  on 
l'a  faite ,  &  ainli  des  autres  pièces.  Ce  mot  dans 
tous  ks  exemples  ci-delfus  eft  adjeélifi  mais  il  eft 
fubftantif  lorfqu'on  dit  abfoluraent  un  chrono- 
graphe. L^s  chronographes  ne  font  pas  toujours  en 
vers,  ils  font  quelquefois  en  proie,  &c  ce  font  les 
meilleurs  -,  car  on  eft  trop  gêné  dans  le  choix  des 
mots  qui  n'aient  que  les  lettres  numérales  nccef- 
faires ,  pour  qu'on  en  pullfe  aifément  faire  de 
bons  en  vers. 

Chronographe.  f.  m.  Auteur  qui  a  écrit  fut  la  Chro- 
nologie. Chronographus .,  a.  Eratofthenes ,  Julien 
l'Africain  ,  Eusèbe,  Syncelle,  font  d'anciens  C/^ro- 
/20<rr^/'''i^-f- Scaliger ,  le  P.  Pétau,  Jéfuite,  font  de 
favans  Chronographes. 

CHPvONOGRAPHIE.  f.  f.  Ceft  la  même  chofe  que 
Chronologie.  En  grec  xf'"'^  lignifie  temps  ,  & 
yB»(pa  ,  j'écris.  Ceft  de-là  que  vieiuient  chronogra- 
phe &  chronographie. 


C  H  R 


7t<7 


CHRONOLOGIE,  f.  f.  Do&ine  des  temps,  fcience 

des  époques  -,  &  entr'autres  des   fupputations  qui 

regardent  le  Comput  Eccléfiaftique.  Chronologia , 

Defcriptio  temporum  ,  Rationarium  teniporum.  La 

Chronologie  a  foin  de  marquer  les  jours  &  les  années, 

où  les  pltis  grands  événemens  font  arrivés.  Africain 

compofa  au  commencement  du  111«  fiècle  un  grand. 

ouvrage  de  Chronologie  ,  pour  fervir  à  la  contro- 

verfe  contre  les  Payens  :  il  la  conduifoit  depuis  le 

commencement  du    monde  jufqu'au   Confulat  de 

Gratus  &  de  Séleucus  fous  Macrin ,  l'an  de  Jéfus- 

K     Chrift  izi.  Nous  n'en  avons  que  ce  qu'Eusèbe  & 

Syncelle  nous  en  ont  confervé  dans  leurs  ouvrages. 

Scaliger,  le  Père  Pétau,  la  Peyrere  ,  Gauthier  , 

ScthusCalvifius  ,Uflérius,  le  P.  Hardouin  Jéfuite, 

1«   deux    Ca pelles,  le  Chev.    Marsham  ,  le   P. 

Gourdor  Jéfuite ,  Ubbo  Emmius ,  le  P.  Labbe  Jéf. 

11.  P.  RicJi^M,  Jéf.  &c.  ont  écrit  de  la  Chronolos,ie. 

La  Chronologie   du  P.  Pétau  eft -la  plus  fùre'&la 

plus  nette  que  j'aie  encore  vue.  Vign.  de  Marv^ 

La   chronolo\^^ie  eft  la  fixation   des    événemens 

arrivés   dans,  le  monde ,   à  des  époques  ou  dates 

CMtaines.  Elle  comprend  deux  chofcs:  10  H  faut  | 


avoir  un  enchaînement  5:  une  fuite  d'cvcnjmcns  , 
qui  tous  liés,  &li  j'oie m'exprimer  ainli,  emboctcs 
les  uns  dans  les  autres,  montrent  le  nombre  d'an- 
nées qu'il  y  a  depuis  la  création  jufqu'au  terme 
qu'on  s'eft  propoié.  Chacun  de  ces  évcncraer.s  , 
qui  tiennent  ainii  l'un  à  l'autte ,  eft  ce  qu'on  appelle 
époque.  20.  Tous  les  .luttes  faits  qui  n'-ntrcnt  point 
dans  cette  fuite,  &  qui  ne  forment  oomt  cet  en- 
chaînement ,  doivent  au  moins  y  tenir  par  quelque 
endroit:  de  forte  que  ces  premiers  évciTcmens,  liés 
les  uns  avec  les  autets  lans  difcontinuation  ,  font 
comme  le  tronc  de  l'arbre  qui  s'élève  depuis  la 
terre  jufqu'au  fommet  fans  interruption  -,  ceux-ci 
en  font  conune  les  btanches  qui ,  fans  être  attachées 
cntr'ellcs ,  tiennent  toutes  par  un  endroit  au  tronc 
de  l'arbre. 

Les  époques  ou  les  faits  qui ,  liés  enfembledans 
lu.  chronologie  fui  vante,  forment  la  fuite  dont  j'ai  par- 
lé ,  ^  comme  le  tronc  de  l'arbre  ,  &  détctminent  le 
nombre  des  années  du  monde  ,  font  i.  la  création 
du  monde,  1.  k  déluge  ,  3.  l'année  75=-  d'Abraham 
^  fon  entrée  dans  la  Terre  de  Chanaan  ,  4.  la  l'or- 
tie d'Egypte  lorfque  Moïfe  en  tira  les  Hébreux  ,  y. 
la  fondation  du  Temple  de  Salomon  ,  6.  la  def- 
ttudion  de  ce  Temple  ,  &  le  commencement  de 
la  captivité  de  Babylone  ,  7.  la  ptcmiere  année  de 
Cyrus  à  Babylone  &  le  retout  de  la  captivité  ,  8. 
la  conquête  d'Alexandre  ou  la  bataille  d'Atbeile  ,  9. 
le  commencement  de  l'ère  des  Séicucidcs ,  10.  la  re- 
traite de  Mathathias ,  &  le  commencement  du  2;ou- 
vernemcnt  des  Machabées ,  11.  le  Coniiila-  deCi- 
ccton  ,  fous  lequel  Jérufalem  fut  prife  par  Pom- 
pée ,  &  Augufte  vint  au  monde  ,  li.la  mortd'Au- 
gufte  ,  &  le  commencement  de  l'Empire  de  Tibè- 
re ,  13.1a  quinzième  année  de  Tibère,  trentième 
de  J_.  C.  commençante,  d'où  s'enfuit  l'année  de  la 
nalifancc  de  J.  C.  14.  enfin  le  commencement 
de  l'ère  Chrétienne.  Telles  font  les  époques  par  la 
liaifon  &:  l'enchaînement  dcfquelles  je  prouve  le 
nombre  des  années  qu'il  y  a  depuis  Adam  jufqu'à 
nous ,  &:  que  l'année  i-ji6  de  J.  C.  eft  la  574(5«  du 
Monde,  &  1743c  de  J.  C.  la  57(^3  du  Monde. 

Quand  une  fois  on  a  bien  étabdi  la  fuite  des  épo- 
ques ,  le  tefte  s'arrange  plus  aifémenr.  Ceft  une  ef- 
pèce  de  cadre  dans  lequel  tous  les  autres  évéï-^mcns 
s'enchâlTent  fans  peine  &:  prefque  fans  difficulté, 
&  où  ils  viennent  le  placer  comme  d'eux-mêmes. 
Par-là  non-feulement  ils  fe  foûtiennent  les  uns  les 
auttes ,  mais  ils  affermi/lent  même  la  première  fui- 
te ,  &  en  deviennent  de  nouvelles  preuves.  P.  E. 
SouciET  ,  Difert.  V,  IL  Préf. 

Il  eft  certain  que  quand  on  étudie  l'hiftoire  de 
l'antiquité  ,  ou  quand  on  lit  quelque  ancien  Auteur, 
rien  n'eft  plus  néceflaire  que  d'avoir  devant  les 
yeux  la  fuite  des  temps  &:  des  ptincipaux  événemens, 
rangés  félon  l'ordre  des  fiècles  &  des  années  dans 
lefquelles  ils  font  arrivés  ■■>  &  de  pouvoir  y  rapporter 
ce  qu'on  érudie  &  ce  qu'on  lit,  leplacei  au  temps 
où  il  s'eft  pafle  ,  &  voir  d'un  coup  d'œil  l'état  du 
mende  en  ce  temps-là.  Ce  fecours  rend  les  ledures 
plus  agréables  &  plus  utiles  -,  il  remédie  à  la  con- 
fnfon  qu'elles  produifent  quelquefois  -,  on  voie 
mieux  ks  caufes ,  les  principes ,  les  iiaifons  des  évé- 
nemens; ils  s'arrangent  bien  mieux  dans  la  mémoire, 
on  les  apprend  plus  facilement  ,  &  on  les  oublie 
moins.  Id. 

Ces  raifons  nous  ont  fait  juger  que  l'on  ne  fe- 
roit  point  tâché  de  trouver  ici  cet  abrégé ,  &c ,  pour 
m'exprim£r  avec  l'Auteur  ,  ce  cadre  de  chronologie , 
pour  y  rapporter  fes  leiftures ,  &:  qu'un  Diétionnaire 
des  Sciencss  &  des  Arts  ne  devoir  point  manquer  de 
ce  fecûuts. 


î^8  CHR         '  CHR 

ABRÉGÉ    DE    CHRONOLOGIE 


Années  Ju 
Mande. 


Ann(!es  avant 
Jéfus-Chrift. 


Années  du 

Monde. 


Années  avanl 

Jélus-Chriit. 


256^ 

Z505 

Z501 
1500 


1     Dieu  crée  le  monde  &  Adam  le  fîxième  4015 

jour. 

ijo  NaifrancedeSeth,  3894 

215  Enos  naît.  3789 

325  Caïnan  vient  au  monde,  3^99 

395  Naiiîance  de  Malaicel.  3629 

4<?o  Jared  naît.  35<î4 

<52i  Hcnochnaît.  39'^^ 

687  Mathulalem  vient  au  monde,  3  3  37 

874  Naiflance  de  Lamecli,  3150 

930  Adam  meurt.  3094 

687  Hcnoch  efi:  enlevé  à  l'âge  de  5(^5  ans,         3037 

1041  Seth  meurt  âgé  de  912  ans.  2982 

I05(î  Naiirance  de  Noé.  291Î3 

1139  Enos  meurt  âgé  de  905   ans.  2994 

1255  Mort  de  Caïnan  à  l'âge  de  9 10  ans.  2789 

1290  Malaléelraeurt  âgé  de  895  ans.  ^734 

1422  Jared  meurt  âgé  de  9(^2  ans.  2602 

1 5  5<î  Dieu  menace  les  hommes  du  déluge.  2488 

1551   Lamech  meurt.  i^6S 

1 5  S(î  J^phet  vient  au  monde.  24(^3 

1558  NailTance  de  Sem.  i^tJi 

i5(îo  Naiflance  de  Cham,  ^375 

I  (î  1 5  Mort  de  Mathulâlem.  2  3  (Î9 

1(^5«?  Le  déluge.  2358 

1^58  Arphaxad  vient  au  monde. 

KÎ93  Naiiîance  de  Salé. 

172 1    Yao  premier  Empereur  de  la  Chine. 

1723  Héber  naît. 

1724  On  commence  la  Tour  de  Babel. 
1757  Phaleg  naît.  Divifion  de  la  terre  entre  les  ii6j 

enfans  de  Noé. 
1787  Naiflânce  de  Reu.  1157 

1819  NaifTance  de  Sarug.  2205 

1841   Commencement  d'Yu  Se  de  la  dynaftie  2183 

des  Hia  à  la  Chine. 
1849  Nachor  vient  au  monde.  2175 

1859  Ninus  règne  en  Aily rie.  .  2KJ5 

1870  Fondation  de  Thêbcs.  2154 

1878  Tharé  naît.  2i4<î 

1957  Bacchus,  fils  de  Sémélé,  vient  au  monde.  2087 
1948   Aran  naît.  207(î 

1950  Fondation  de  Jérufalem  félon  Jofephe.       2074 
1996'  Aiphaxad  meurt.  2028 

1997,  Nachor  meurt.  •  2027 

2oo(j  Mort  de  Noé,  2018 

2009  Naiflânce  d'Abraham.  Conjonûion  des  2015 
planètes  rupcrieures,marquée  dans  l'Hif- 
toire  des  Chinois  ibus  le  cinquième  de 
leurs  Empereurs. 
2018  Naiiîance  de  Sara.  2008 

1016  Mort  de  Reu.  long 

2049   Sarug  meurt,  ig-j 

io8o  Vers  ce  temps-ci  Tharé  /brt  de  Ur ,  ville   1944 
des  Chaldéens ,  &  emmène  avec  lui  Abra- 
ham fon  fils ,  6;  Lot  ion  petit-fils 
fto85   Tharé  meurt  à  Charan  ou  Charres ,  ville   1941 
de  la  Mélbpotamie  ,  &  Abraham  conti- 
-    nue  fon  chemin  ,  &  arrive  dans  la  Terre 
de  Chanaan  ,  âgé  de  75  ans  ,  &  de-là  il 
pafîe  en  Egypte.  Ici  commencent  les  4  5  o 
années  dont  parle  faint  Paul ,  Ga/ti:.  IJI. 
17.  &  que  quelques-uns  appellent  l'ère 
d'Abraham.  Le   premier  des  Pharaons 
que  nous  connoiffons  règne  enEçypte. 
2094  Agar  met  au  monde  Ifmaëll'année'quatrc-  1950 
vingt  fîxième  d'Abraham. 

2108   Ifaac  vient  au  monde,  Abraham  avoir  100  i9i<r 

ans  &  Sara  91. 
1116  Salé  meurt.  1898 

2-14')   Mort  de  Sara.  18-9 

2148  IfaacépoufeRébeccâ.  18-tf 


2158  Sem  meurt  ,  &  par  conféquent  Ifaac  l'a-  i86<s 

voit  pu  voit  pendant  50  ans. 
2168  Efaii  èc  Jacob  viennent  au  monde  dans  la 

foixantième  année  d'Ifaac. 
2i(J9  Cette  année  arriva  le  folftîce  que  les  Chi-  1855 

nois  rapporrent  à  l'année  deux  mille  trois 

cens  quarante-deuxième  avant  J.  C, 
2184  Abraham  meurt  âgé  de  175  ans,  1840 

2)8(ï  Héber  meurt.  1838 

2205   Efali,  à  l'âge  de  40  ans  jépoufe  Judith  &    1819 

Bafemuth. 
2214  Commencement  de  l'Empire  des  Mèdes.   1810 
2231   Ifmaël  meurt  à  l'âge  de  137  ans,  i8oj 

2259  Jacob  va  chez  Laban  dans  la  Méfopota-  178  j 

mie. 

2246  Jacob  époufe  Lia  ,&  une  femaine  après  1778 

il  époufe  Rachel. 

2247  Naiflânce  de  Ruben.  1777 

2248  Siméon  naît.  177*' 

2249  Lévi  vient  au  monde,  ^775 

2250  Naiflânce  de  Juda.  1774 

2251  NaifTance  de  Dan.  ^775 


22J2  Naiflânce  de  Nepthalû 

2255  Gad  vient  au  monde. 

2254  Afernaît, 

2255  Aflachar  naît. 
225<î  NaiflTance  de  Zabulon, 

2257  Dina  vient  au  monde. 

2258  Naiflânce  de  Jofeph. 


1771 
1771 
1770 

176  J 

lj6S 

11S9  Jacob  s'en  retourne  dans  la  Terre  deCha-  i7<>5 

naan.  Cécrops  L  règne  à  Athènes. 
2275  Le  fécond  des  Pharaons  connus  règne  en  1749 

Egypte.  Jofeph  eft  vendu  par  fes  frères 

&  conduit  en  Egygte. 
2285  Jofeph  explique  les  longes  des  deux  Offi-  1739 

ciers  de  Pharaon ,  prifonniers  avec  lui. 
2287  Jofeph  efl;  tiré  de  prifon  ,&  explique  les  1737 

fonges  de  Pharaon.  Il  eft  fait  premier 

Miniftre, 
2z88  Ifaac  meurt  âgé  de  180  ans.  Première  an-  i73<î 

née  de  la  fertilité  prédite  par  Jofeph. 

2296  Première  année  de  la  difette  prédite  par  1728 

Jofeph.  Les  frères  de  Jofeph  viennent 
en  Egypte  pour  la  première  fois  acheter 
du  bled. 

2297  Seconde  année  de  difette  en  Egypte.  Les  1727 

frères  de  Jofeph  viennent  pour  la  fécon- 
de fois  chercher  du  bled  en  Egypte  ,  & 
y  amènent  Benjamin.  Reconnoiflânce  de 
Jofeph 

2298  Jacob  paffe  en  Egypte  avec  toute  fa  h-  171S 
mille ,  èc  va  trouver  Jofeph. 

2305  Ifmaël  meurr.  1719 

2508  Craciaus  règne  à  Athènes.  171^ 

2315  Jacob  meurr  âgé  de  147  ans,  17  ans  après  1709 

l'on  entrée  en  Egypte. 
2317  Amphiétyon  règne  à  Athènes.  1^97 

2327  Dardanus  règne  en  Phrygie  avec  fon  beau-  1787 

père  Teucer  ,  &c  bâtit  Dardanie  ,  qui 

dans  la  fuite  fut  appelée  Troye. 
i2,6Z  Jofeph  meurt  à  l'âge  de  110  ans.  16^^ 

25-^7  Erichthonius  meurt.  Pandion  I.  règne  à  KÎ47 

Athènes. 
138c?  MortdeLévi.  16^9 

2417  Erechthéus  règne  à  Athènes,  1573 

2428  Nailfance  d'Aaron,  159«^ 

2430  Le  tioilîème  Pharaon  que  nouscormoif-  1594 

fions  règne  en  Egypte. 

2431  Moyfe  vient  au  monde  ,  &  trois  mois   1595 

après  eft  expofé  fur  le  Nil ,  &  fauve  par 
la  fille  de  Pharaon  ,  qui  le  fait  é-lcvsr. 
244 1  Çccrops  rejne  à  Athènes.  1 5  S  3 

H4J 


CHR 


Chr 


S^ 


Années  du 
Monde. 


Anncfej  avant 
JéfusChrill. 


^44}  Erichthonîus  étant  mott ,  Tros  lui  fuccè- 
de.  C'efl:  lui  qui  changea  le  nom  de  Dar- 
danie  ,  &  l'appella  Troye. 

a4ji  Erichthonîus  règne  à  Athènes, 

4459  J°^'^'^  vient  au  monde. 

3.^6 j  Cccrops  II,  règne  à  Athènes. 

2474  Caleb  naît. 

2505  Tros  meurt,  &  Ilus  lui  fuccède. 

Un  quatrième  Pharaon  règne  en  Egypte. 
Dieu  délivre  fon  peuple  de  la  fcrvitude  , 
ëc  le  tire  de  l'Egypte  fous  la  conduite 
de  Moyre  450  années  après  qu'Abraham 
y  fut  entré.  Célébration  de  la  première 
Pâque  le  quatorzième  du  premier  mois. 
Dieu  donne  fa  Loi  à  Moyfe  lur  le  Mont 
Sinaï. 


'3 
iîi2 


1531 


Pandion  II  meurt,  ^géus  règne  à  Athè- 


2551 


2552 


a  manger  des  ftuits 


iJÎ4 


nés, 
Aaron  meurt,  Moïfe  donne  le  Deutéro- 

nome  &  meurt. 
Les  Ifraelites,  après  40  ans  pafles  dans  le 
défcrt ,  entrent  dans  la  Terre  Promife 
fous  la  conduite  de  Jofué.La  manne  cef- 
fe  ;  on  commence 
de  la  terre. 
Hercule  fleurit  vers  ce  temps-ci. 
Chiron  le  Centature  forme  les  fîgncs  du 
Zodiaque  &  les  autres  conftellations ,  & 
place  les  quatre  points  cardinaux  du 
Ciel  ,  c'eft-à-dire ,  les  points  équinoc- 
tiaux  &  folftitiaux  au  milieu  des  conftel- 
lations du  Bélier ,  du  Cancer ,  de  la  Ba- 
^  lance,  du  Capricorne. 

■        Les  Argonautes  partent  pour  l'expéditio  n 
de  laColchidc. 
155:7  Laomcdon  règne  à  Troye. 
25^0  Jofuédiftribue  la  Terre  promife  aux  Ifrae- 
lites. 
Première  mention  de  Tyr',  Jof.  XIX.  25, 
2j(î5  Première  année  fabbathique," 
25  6p  Jofué  nieurt  âgéde  1 10  ans.  Commence- 
ment des  Juges,  Première  année  d'Otho- 
niel. 
2570  ^fculape  fleurit  en  Grèce» 
2580  Théfée  règne  à  Athènes. 

Priam  fuccède  à  Laomédon. 
15:94  Vers  ce  temps-ci  les  Amazones  pénètrent 
en  Afie.  Ôtreus  &  Mygdon  ,  Rois  de  la 
Phrygie  Mineure  ,  les  "arrêtent  fur  le 
bord  du  fleuve  Sangarius ,  &:  les  empê- 
chent d'entrer  en  Phrygie.  Priam  étoit  à 
leur  fecours. 
^Joo  Atrée  inftitue  les  Jeux  Olympiques  aux 
funérailles  de  Pélops.  Hercule  y  rem- 
porte rous  les  prix, 
i(j05   Hercule  meurt. 
2(îo4  Les  Pélopides  chafTent  les  Héraclidesdu 

Péloponnefe  ,  &  régnent  à  leur  place, 
160^   Ared  &  Samgar  Juges, 
2()io   Mneftée  règne  à  Athènes. 
2.616  Agamemnon  règne  à  Mycènes. 
2.6x1    Oreftenaît. 
161^  Les  Grecs  partent  pour  l'expédition  de 

Troye. 
2-'^5  3  La  prife  de  Troye.  Mneftée ,  Roi  d'Athè- 
nes ,  eft  tué.  Agamemnon,  au  retour  de 
Troye  ,  eft  tué  par  /Egifte  ,  qui  époufe 
Clytcmneftre  ,&  s'empare  du  Royaume. 
liîSp  Baruch  &:  Débora  ,  Juges  du  peuple  de 

Dku. 
i?  1 5    Les  Hcraclides  chafTcnt  les  Pélopides  ,  & 
recouvrent  le  Royaume   de   Mycènes. 
Codrus  meurt.  Fin  du  Royaume  d'Athè- 
lies. 
27  28   Les  fils  d'Orefte  s'ctabliflent  à  Lefbos, 
3.6XÇ)   Gédéon  ,  Juge  d'Ifracl, 
Tome  IL 


1581 


?557 
1521 
1512 


15:11 
1492 

1475 
1472 


Années  dii 
Monde. 


1470 


I4(Î7 
1454 


14)8 

145' 5 


1454 
1444 

1450 


1424 

1421 
1320 

141Î 
1414 
1408 
I403 
1400 

2591 


129(3 
1295 


'Arihées  avanic 
Jéfus-Chrift. 


l-j6ç) 

2772 

^797 
2805 

2817 

2823 
2850 
2840 
2848 
28<Î8 


2907 
2908 


2919 
2924 

2928 
^947 

2-954 

2-i?57 


2987 
2988 
2991 

2998 
2999 

3011 


5028 


3032 

043 
3045 
3048 

3049 
5050 

3055 

3058 

50f)i 

30(Î2 

3c^3 


Gédéon  meurt.  Abimélech  règrte  à  Si- 
chem. 

Les  Sichémites  le  révoltent  contre  Abimé- 
lech, Il  eft  tué  au  liège  de  Sichem.  Tho- 
la  ,  Juge  des  Ifraelites.  Empire  des  Arty- 
riens  fur  l'Afie  Supérieure. 

Jaïr  juge  pendant  22  ans  le  peuple  d'I- 
fraël. 

Les  Héraclides  de  Lydie  commencent  à 
y  régner.  Agron  premier  Roi. 

Jephté  ,  Juge  du  peuple  d'Ilraël  pendant 
lix  ans, 

Abéfan,  Juge  d'Ifrael,  gouverne  fept  ans. 

Abiolen  ,  Juge  d'Ifrael  pendant  10  ans. 

Abdon  i  Juge  pendant  8  ans, 

Samfon  ,  Juge  pendant  20  ans. 

Samfon  eft  pris ,  &  peu  après  renverfe  le 
Temple  de  Dagon  ,  &  s'enfevelit  fous 
fes  ruines.  Le  gouvernement  dHéli  com- 
mence; 

Ilbofeth  naît. 

Défaite  des  Ifraelites  par  les  Philiftins. 
Prife  de  l'Arche.  Mort  d'Héli.  Commen- 
cément  du  gouvernement  de  Samuel. 

Naiilance  de  David. 

Fondation  de  Corinthe  par  l'Héraclide 
Alétès. 

Le  peuple  d'Ifrael  demande  un  Roi  envi- 
ron ce  temps-ci  ,&  Saiil  eft  choifi. 

Saiil  eft  vaincu  ,  &  meurt  avec  JonathaS. 
Ifbofeth  règne  à  Jérufalem ,  &  David  à 
Hébron. 

Ifbofeth  eft  tué.  David  règne  fur  les  dou- 
ze tribus. 

Hiram  règne  en  Phénicie. 

Vers  ce  temps-ci  David  fît  porter  l'Arche 
de  Gabaa  à  Jérufalem  fur  la  montagne 
de  Sion. 

David  défigne  Salomon  Roi; 

Salomoh  fuccède  à  David. 

Salomon  jette  les  fondemens  du  Temple 
de  Jérufalem. 

Hiram  Roi  de  Tyf. 

Salomon  finit  le  Temple; 

Salomon  commence  fon  Palais. 

Salomon  finit  l'on  Palais  i  &  donne  à  Hi- 
ram 20  villes  de  la  Galilée  pour  les  bois 
de  cèdre  &  les  ouvriers  qu'il  lui  avoit 
fournis. 

On  bâtit  à  Utique  le  Temple  d'Apollon , 
&  on  y  emploie  des  poutres  de  cèdre  de 
Numidie ,  qui  duroient  encore  du  temps 
de  Pline ,  environ  1 1 00  ans  après. 

Salomon  meurt  après  40  ans  de  règne.  Le 
Royaume  fe  divife  en  Royaume  de  Juda 
&:  Royaume  d'Ifrael. 

Roboam  règne  fur  deux  Tribus ,  celle  da 
Juda  &  celle  de  Benjamin  ,  &  Jéroboam 
fur  les  dix  autres ,  parmi  lefquelles  il  in-« 
troduit  l'idolâtrie. 

Séfac  ,  autrement  Sélbftris ,  prend  Jéru- 
falem &  la  pille. 
Abias  règne  avec  Roboam  fon  père. 
Roboam  meurt  &  Abias  règne  feuh 
Morr  d' Abias.  Afa  lui  fuccède. 
Nadabjfils  de  Jéroboam,  fuccède  à  fon 
père, 

Baala  fe  révolte  contre  Nadab ,  le  tue  ,  & 
rêçne  à  fa  place, 

Naiffance  de  Jofaphat ,  fils  d'Afa. 
Afa  &  Baala  fe  font  la  guerre. 
Homère  fleurit  en  Grèce. 
Afa  défait  Zara,  Roi  d'Ethiopie ,  &  domp- 
te la  Syrie  ^  l'Idumée. 
Afa  fait  un  traire  avec  Bénadab  .  Roi  de 
Syrie ,  qui  vient  à  fon  fecours ,  &  chafTe 

C  Ccc 


125:5 
i25i 

1227 

1219 

1207 

1201 
1194 
1184 

i  17^^ 
H5(» 


1117 
I  iiiî 


IIOJ 
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1090 

1077 

1070 
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1057 
107,6 

105} 


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loi  5 


9S(<^ 


99^ 

981 

979 
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97  A 

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ç)66 
963 


T70 

Années  du 
Monde. 


CHR 


CHR 


Ann^ei  i*ant 

Jems-Chhlt. 


Baafa  ,  qui  afTiégeoit  Rama  du  Royau- 
me de  Juda. 

J07  j  Baafa  meurt  ,&;  fon  fils  Elu  règne  à  fa  pla- 
ce iur  Ifraël. 

3074  Zambri  fe  révolte  ,  tue  Elu  ,  &  s'empare 
du  thrône. 
Amri  prend  les  armes  comre  Zambri  , 
qui  le  brûle  dans  Ion  Palais ,  6i  Tliebni 
contre  Amri. 

5078   Thebni  meurt,5:  Amri  règne  fans  concur- 
rent. 
■  3080  Joram  ,  fils  de  Jofapliat ,  naît. 

5084  Amri  bâtit  Samarie  Sc  y  établit  fa  cour. 

jg8(Î  Afa  malade  de  la  goutte. 

Achab  règne  avec  Amri  fon  père. 

5088  Afa  meurtjjofaphat  fon  fils  prend  fa  place. 

jocjo  Mort  d' Amri.  Achab  fon  fils  règne  à  Ifrael. 
Elie  prédit  une  lechercfTe. 

30^1  Jofapbat  fait  expliquer  la  loi  de  Dieu  à 
fon  peuple.  Les  nations  voifines  le  crai- 
gnent. Les  Philiftins  même  fie  les  Ara- 
bes lui  payent  tribut. 

jotjj  Elie  obtient  de  la  pluie  ,  &  la  fécherefTe 
cefîe. 

î-ojjj    Ochofîas ,  fils  de  Joram  ,  naît. 

jopc)   Héfiode  écrit  fur  l'agriculture. 

3 10 j  Benadad ,  Roi  de  Syrie ,  affiége  Samaric, 
&  eft  repoulfé. 

5 104  Benadad  revient  contre  Ifraël  j  &c  eft  en- 
core défait. 
Achab  déclare  Ochofîas  fon  fils  Roi. 

3ioiS'  Ochofîas  tombe,  fa  chute  le  met  à  l'extré- 
mité. Achab  déclare  Joram  fon  fécond 
filsRoi. 

3  107    Jofaphat ,  Roi  de  Juda  ,  &  Achab  ,  Roî 
d'Ifracl  ,  joignent  leurs  forces  contre  le 
Roi  de  Syrie  ,  &  font  vaincus. 
Achab  efl  tué  d'un  coup  de  flèche.  Révol- 
te des  Moabites  contre  Ifrael. 

3111    Jofaphat  allbcie  fon  fils  Joram  à  la  royauté. 
Ochofîas  meurt ,  &  Joram  fon  frère  règne 
feul. 

j  1 1  3    Jofaphat  meurt ,  &  Joram  règne  feul. 

}i  ^4  Les  Idumccns  s'affranchiflem  du  joug-des 
Rois  de  Juda. 

3 117  Hazaël  règne  en  Syrie. 

3 1 18  Joram  étant  mort ,  Ochofias  fon  fils  règne 

&  eft  tué. 
Joram  fils  d'Achab  ,  affiége  Ramoth-Ga- 
laad  en  Syrie.  Il  eft  bleflTé.  Elifée  oint 
Jchu   Roi   d'Ifracl  ,  qui  tue  Joram  Se 
Ochofias. 
3ïip    Athalie  fait  mourir  tous  les  Princes  du 
fang  du  Royaume  de  Juda  ,  &  s'empare 
du  gouvernement.  Joleba ,  fœur  d'Ocho- 
fias  ,  fauve  Joas  ,  &c  le  cache  dans  le 
Temple. 
3115   Athalie  eft  tué  ,&:  Joas  mis  fur  le  trône 

à  l'âge  de  fept  ans. 
3157  Hérodote  place  Héfiode  &  Homère  vers 

ce  temps-ci. 
3  Ï40   Amaî-as ,  fils  cie  Joas ,  vient  au  monde. 
5,^47   J'22s  fait  taire  les  réparations  du  Temple. 
Mort  de  Jéhu ,  Roi  d'Ifrael.  Commence- 
ment de  Joachaz  fon  fils. 
Benadad,  fils  d'Azaël,  s'acquiert  beaucoup 
de  gloire  par  les  armes ,  &  fe  rend  re- 
doutable aux  Ifraëlites. 
3i<ri   Joachaz  alfociefon  fils  Joas  à  la  royauté. 
ji(j5  Joachazmeiirr,&  Joas  fon  fils  règne  feul. 
iKj4  Hazaël,  Roi  de  Syrie,  prend  Geth  & 
afTico-c  Jcrufaicm.  Joas  tire  de  grands 
tréfors  du  Temple ,  &  les  envoie  à  Ha- 
zaël qui  fe  retire. 
Conjuration  contre  Joas  ;  il  eft  tué  ,fif 
Amafias  foa  fils,  monte  fur  le  trône. 


9ÎI 
950 

94(î 

944 
940 

5>58 

5>34 
95J 

919 
911 

920 

918 


911 
910 

907 
5)0  (î 


905 

899 

887 

884 
877 


8(?5 
8<îi 
S60 


Annfct  it 
Monde. 


Ann^ct  avant 
Jéfut-Chriit. 


5151 


3i(î(î  Joas  afTocie  fon  fils  Jéroboam  à  la  royauté.     858 
3177  Naifîance  d'Azarias  fils  d'Amafias.  ,     845 

Joas  meurt.  Jéroboam  règne. 
Jonas  prophéiife  fous  fon  règne. 
3 191   Amafias  gagne  une  bataille  contre  les  Idu-     835 

méens  ,  &  adore  leur  Dieu. 
5192  On  conjure  contre  Amaiîas  devenu idolâ-     831 
tre  &  on  l'aliailine  ,  puis  on  élève  fon 
fils  Amafias  ou  Ozias  fur  le  thrône, 
3 109  Fondation  de  Carthage,2(j  ans  avant  cel-     81  j 

le  de  Rome. 
3210  Fondation  du  Royaume  de  Macédoine     814 

par  Caranus. 
3215  Otee  prophétife  depuis  environ  ce  temps-    809 

ci  jufques  fous  Ezéchias  ,  Roi  de  Juda. 
5218  Mort  de  Jéroboam  ,  Roi  d'Ifraël,  Anar-     8o5 

chic  de  dix  ou  onze  ans. 
3219  Joatham ,  fils  d'Amafias  ,  Roi  de  Juda  ,     8oj 

vient  au  monde. 
3221  Les  Tufqucs  bàtifTent  Capoue  &c  Noie     8oj 

vers  ce  temps-ci. 
3230  Fin  de  l'an narchie  du  Royaume  d'Ifraël.      79+ 
Zacharic  règne  fix  mois.  Sellum  le  dé- 

thrône  &  règne  à  la  place. 
Manahem  attaque  Sellum ,  ^  le  tue  &  rè- 
gne liir  liraël.  Il  paye  tribut  à  Phul, 
Roid'AfTyrie. 
Vers  ce  temps-ci  Sabacus  >  ou  Sabacon  ,     7?t 
Ethiopien, entreen  Egypte, chafle  Any- 
fis ,  &  règne  à  fa  place. 
3240  Naifîance  d'Achas ,  fils  de  Joatham.  784 

3241-  Manahem  meurt.  Phacéia  fon  fils  règne.       7^5 
3245  Azarias  e(l  frapc  de  lèpre.  Joatham  fon     78* 
fils  règne  avec  lui.  Phacée  conl'pire  con- 
tre Phacéia  ,  il  lui  ôte  la  vie  ,  5c  règne 
à  fa  place.  Téglathphalaflar  règne  en  m 

Affyrie  ,  &  s'empare  d'une  partie  du  1 

Royaume  d'Ifraël. 
5  244  Azarias  meurt.  Joatham  fon  fils  monte  fur     73^ 

le  thrône. 
3245  Vidloire  de  Joatham  fur  les  Ammonites.     77? 
3  248  Inftitution  des  Jeux  Olympiques.  Iphinis     77** 

&  commencement  des  Olympiades. 
5252  Ezéchias,  fils  d'Achaz  ,  naît.  77* 

5255  Téglathphalaflar  qui  eft  l'Arbacès  de  Dîo-     7<^y 
dore  de  Sicile  Se  de  Juftin  ,  règne  en  ce 
temps-ci  en  Affyrie. 
3  i(7o  Mort  de  Joatham.  Première  année  du  rè-     7^4 
gne  d'Achaz.* 
Rafin  ,  Roi  d'Ifraël  ,  &  Phacée  ,  Roi  d'I- 
fraël ,  attaquent  enfemble  Achaz  fans 
pouvoir  le  vaincre.  Rafin  lui  enlève  feu- 
iemenr  Ah  lia,  ik'  y  met  des  Iduméens. 
^mbafTade  d'Achaz  vers  Teglathphalaf^ 
far  ,  pour  lui  demander  du  fecours  con- 
tre le  Roi  de  Syrie.  Il  l'obtient ,  l'Affy- 
rien  fait  diverfion ,  &  prend  Damas ,  la' 
pille  &  tue  Rafin. 
32^3   Ofée  drefiè  des  embûches  à  Phacée  ,  Se  le     j^t 
tue.  Anarchie  de  huit  ans. 

3270  Romulus  bâtit  Rome  ,&  commence  à  y     754 

régner. 

3271  Ofée  règne  après  huit  ans  d'anarchie.  755 
527^?  Achaz  meurt  ,  &:  Ezéchias  rèç^ne  feul.  Il     748 

fait  réparer  les  porres  du  Temple  ,  Sc 
célébrer  la  Pique  le  quatorzième  du  fé- 
cond mois. 

3277  Teglatphalaflar  meurt.  Salmanafat  lui  fuc-     74.7 
cède. 
Nabonaffar  qui  eft  le  Béléfis  de  Diodote 
de  Sicile  ,  éc  le  Baladan  ou  Mérodach- 
Baladan  de  l'Ecriture ,  s'empare  de  h  Ba- 
bylonie  ,  &  s'v  fait  r'^connoîcre  Roi. 
Commencement  de  l'ère  célèbre  de  Na- 
b^naffar. 

3178  Salmanafar  affiége  Samaric.  74!? 


C  HR 


CHR 


Années  du 
Monde. 


Années  avant 
J^fus-Chrift. 


JlSi 


3187 

3191 
3^5»  5 


^313 


33M 
3  3io 


5281  II  la  prend  après  trois  ans  de  fiége.  Il     743 
traniporte  les  Ifraëlices  dans  l'Ailyrie  & 
la  Médie. 
Fin  du  Royaume  d'Ifra'él, 
Les  Cuthéens  &  d'autres  peuples  fujets 
des  AfTyriens  viennent  occcuper  les  ter- 
res des  dix  Tribus  d'Ifraèl. 
Sabacon  ou  Sabacus  quitte  l'Egypte  ,  &     -j  <r 
Amyfis ,  après  50  ans  d'exil,  reprend  le 
Tceptre. 
Salmanafar  meurt ,  Sennachcrib  lui  fuc-     73^ 

cède.  Ifaïe.  XX I.  l'appelle  Sargon. 
Mort  de  Nabonallat.  Nabius  lui  iliccède.     755 
Manaflcsnaît.  731 

•Nabius  ou  Nadius  meurt.  Chinzyrus  & 
Porus  lui  fliccèdent. 
■5298  Jugxus  ou  Ilutius  règne  à  Babylone.  .  ji^ 

'3  ;o2  Mardoch  Empadus  lui  fuccède,  721 

3  3^5  Ezechias  en  mourant  iailîe  le  Royaume  à     719 

Manaflcs. 
3  507  Interrègne  d'un  an  à  Rome  après  la  mort     717 

de  Romulus. 
3508  Numa  Pompilius  eft  élu  Roi  de  Rome.        y  16 
^510  Candaules,   dernier  Roi  de  Lydie,  de     /"14 
la  race  des  Héraclides  ,  eft  tué  par  Gy- 
gès ,  qui  lui  ravit  la  vie  ,  le  Royaume  iic 
{z  femme.  Commencement  de  la  dynaftie 
des  Marmandes. 
Les  Mèdes  fe  Ibuftraient  à  la  domination     711 
des   Aflyriens  ,  &   prennent   Déjocès 
pour  Roi. 
Axkiacus  règne  à  Babylone.  709 

Premier  interrègne  à  Babylone.  704 

3311   Mort  de  Tarachus ,  Roi  d'Egypte.  Anar-     703 

chie  ou  interrègne  de  deux  ans, 
3522  Bélide  ,  ou  Belithe  ,  ouBéléta,  tègneà     703 

Babylone, 
3324  Captivité  de  ManafTès        ,  700 

•3327  Interrègne  en  Egypte.  6'97 

3330  Gouvernement  de   douze  Seigneurs  en     694 

Egypte. 
3532  AfTaradon  tranfporte  en  Aflyrie  les  reftcs     (^92 
des  dix  Tribus  d'Ifraël.  Apronadius  rè- 
gne à  Babylone. 
■3355;  Meflerïîmordachus  règne  à  Babylone,  <j89 

3  3  3(î  Second  interrègne  à  Babylone.  (î88 

■3557  Interrègne  en  Egypte.  687 

3339  Gouvernement  de   douze  Seigneurs  en     62^ 

Egypte. 
3  344  Aflaradinus  règne  à  Babylone.  <î3o 

3347  Gygès  meurt,  SrArdyès  Ion  fils  lui  fuccède,     6-r-> 

3348  Tuilus  Hoftilius  règne  après  Numa,  ô-^ô 
3355  Idida  donne  à  ManaiTès  un  fils  nommé     66c) 

Ammon. 
3  3<jo  Manaffès  meurt  après  5  5  ans  de  règne ,  &:     66^ 

lairte  le  Royaume  à  Aramon. 
35^1  Commencement  des  Daïrs    du   Japon.     6^j 

L'empire  de  ces  îles  entre  fous  ce  nom 

dans  la  famille  ,  qui  le  poflcdoit  encore 

au  feizième  ficelé. 
35(Î2  Conjuration  contre  Ammon;  il  eft  tué,     <j6i 

le  peuple  met  Ton  fils  Jofias  fur  le  thrône. 
Sophonias  prophétife  fous  fon  règne. 
536'(3  Chynaladan  règne  à  Babylone.  <j$^ 

Pfammithycus prend  Azotus,  aujourd'hui 

Alzéte. 
3  5<?7  Déjocès  meurt ,  &:  Phraortès  règne  à  fa     (^^7 

place  fut  les  Mèdes. 
3569  Jofias  l'an  huitième  de  fon  règne  commen-     <Î5î 

ce  à  chercher  le  Dieu  de  David  fonpere. 
3371  Joachaz  naît  d'Amital,  femme  de  Jonas.       6^  3 
3  375   Jofias  détruit  les  idoles  de  fon  R.oyaume.     6^  1 
3374  Jcrémie  commence  à  prophérifer.  6^0 

5  379  Jolies  fait  commencer  les  réparations  du     (Î45 
Temple.  Hekias  étoit  alors  Crand-Prê- 


T7I 


Anni5es  dû 
Munde. 


Annç'es  avant 
J<îlus.Chrift. 


5380  Nabopalaflar  ou  Nabuchodonofo»  I   rè- 
gne à  Babylone. 
3385    Après  la  mort  de  Tuilus  -  Hoftilius ,  le 
peuple   Romain  crée   Ancus  -  Martius 
Roi. 
5385   Naiifance  de  Mathanias ,  qui  fut  enfuite 

nommé  Sédécias. 
5387,  Nohefta  ,  femme  de  Jokin  ,  met  Joa- 
chim  au  monde  ,  fix  ans  avant  que  fon 
père  montât  fur  le  thrône. 
3  389  Phraortès  meurt.  Cyaxarès  règne  en  Mé- 
die. 
3  3  90  Invafion  des  Scythes  eh  Afie. 
3392  Nécus  ouPharano-Nécus  règne  en  Egypte . 
5393   Nécus  s'avance iufques  fur  l'Euphrate  con- 
tre le  Roi  d'Aitytie. Jofias, Roi  de  Juda, 
vien:  au  devant  de  lui  ,  livre  bataille  , 
&  y  périt. 
Joachaz  eft  inftallc  Roî  par  le  peuple. 
Trois  mois  après  Nécus  le  déthrône  ,8c 
met  fon  frère  Eliacim  à  fa  place  ,  &  lui 
change  fon  nom  en  celui  de  Joaknn. 
Enfin  il  impofc  aux  Juifs  un  tribut  de  cent 
talens  d'argent ,  &c  un  talent  d'or. 
3  39(î  Nabopalailar  II ,  eu  Nabuchodonofor  II, 
règne  avec  fofi  père. 
Il  alliége  Jérufalem ,  prend  Joakim ,  avec 
une  partie  des  vafcs  du  Temple,  qu'il 
emporte  à  Babylone. 
5397  Nabuchodonofor  II   règne  feul  à  Baby- 
lone. Il  défait  Nécus  fur  les  bords  de 
l'Euphrate. 
Jérémie  prédit  la  prife  de  Jérufalem  & 

la  captivité  des  Juifs. 
Sadyattès  Iliccède  à  Ardyès  mort  cette 
année. 

3398  Daniel  explique  le  fonge  de  Nabucho- 

donofor. 

3399  Joakim  fe   révolte  contre  Nabuchodo- 

nofor. 

3400  Cinquième  année  de  Nabuchodcnolbr , 

autrement   Nabopalaifar  IL  Eclipfe  de 
lune  marquée  par  Ptolémée ,  L.  v.  c.  1 3. 

3403   Année  feptième  de  Nabuchodonofor,  Il 
tranfporte  3000  Juifs  à  Babylone.  Jé- 
rémie leur  écrit  pour  les  précautionner 
contre  l'idolâtrie. 
Guerre  de  Sadyattès  contre  les  Aïiléfie  ns. 

3405  Pharaon  Néchao  dépouille  par  Nabucho- 
donofor de  toutes  les  conquêtes  qu'il 
avoit  faites  en  Paleftine  &  en  Syrie,  fe 
tient  en  paix,  &  ne  fort  plus  d'Egypte. 
Joakim  meurt.  Joakim  fon  fils  règne 
trois  mois,  au  bout  defquels  les  Lieute- 
nans  de  Nabuchodonofor  le  fâififient , 
&  l'envoient  captif  à  Babylone  ,  &  fon 
oncle  Mathathias  eft  mis  fur  le  trône 
par  Nabuchodonofor,  qui  lui  change 
fon  nom  en  celui  de  Sédécias. 

3407  Ancus  Martius  meurt.  Tarquin,  l'ancien 

tuteur  des  enfans  du  feu  Roi ,  s'empare 
du  Royaume. 

3408  Pharaon    Néchao    meurt  ,    &  lailfe  le 

Royaume  d'Egypte  à  fon  fils  Pfamnis. 

3409  A  la  mort  de  Sadyattès,  Alyatccs  monte 

fur  le  trône  de  Lydie. 

341 1  Cyaxarès,  Roy  des  Modes ,fe  défait  des 

Scythes,  Si  les  cha.Te  de  l'Afie. 

3412  Cyaxarès  alî;cge  Ninive, 

Sédécias  fe  fo'uftrait  à  la  domination  de 
Nabuchodonofor. 

3413  Périander   étoit  en   ce   temps  tyran  de 

Corinthe ,  &  Thralibule  de  Milèrc. 
Nabuchodonofor  adiége  Jérufalem. 
Fin  de  la  guerre  entre  les  Lydiens  Si  les 

Miléfiens,  ^ 

CCccij 


<?44 

657 

^35 

6'3i 
931 


Si.^ 


6^J 


6i6 
«5^24 

^21 


Gif 


6\S 
611 


Années  du 
Mundc. 


CHR 


CH  R 


Année»  ivant 
Jéfui-Cliritt. 


}4i4  Le  Roi  d'Egypte  fort  d'Egypte  à  la  tête 
d'une  aimce  puiflante  pour  combatte  les 
Chaldccns.  Ceux  ci  vont  au-devant  de 
lui.  L'Egyptien  n'olant  engager  une  ac- 
tion générale  ,  rentre  en  Egypte,  8c  les 
Chaldéens  retournent  au  fîcgc  de  Jéru- 
l'alem.  Plamnis  meurt  la  même  année, 
&  Aprics  fon  fils  règne, 

541 S  Jcrufalcm  prife  par  Nabuchodonofor.  Sc- 
dccias  emmené  captif  à  Babylone  après 
qu'on  lui  a  crevé  les  yeux.  Commence- 
m.ntde  la  captivité  de  Babylone. 

5418  Nabuzardan  Général  de  l'armée  de  Nabu- 
chodonofor rranfporte  74J  Juifs  en 
-Babylonie. 

2419  La  guerre  commence  entre  Cyaxarès  , 
Rci  des  Mèdes  ,  &  Alyattès ,  Roi  de 
Lydie  ,  à  l'occafion  des  Scythes. 

2411  Naiiiance  de  Darius  le  Mède. 

3424  Eclipfe  de  Ibleil  prédite  par  Tholèfc. 
Elle  arrive  pendant  que  les  Lydiens  de 
les  Mèdes  étoient  aux  mains  ,  Se  les 
fépare. 
La  paix  fe  fait  par  la  médiation  de  Sien- 
nélis  &  de  Lybynétus.  Alyattès  donne 
Ariène  fa  fille  en  mariage  à  Allyagès  fils 
de  Cyaxarès. 

3428  Cyaxarès  meurr.  Aflyagès  lui  fuccède. 


(îlO 


Nailfance  de  Crcfus. 


3439  Mort  d' Apriès ,  Roi  d'Egypte.  Amafis  fon 

fucceiîeur, 

3440  Evilmérodach  règne  à  Babylone. 

3441  NcrigliHbr  lui  fuccède. 

3444  Dipœnas  &c  Scyllis,  fameux  Sculpteurs 
de  Crête. 

3440  Le  vieux  Tarquin,  âgé  de  plus  de  80  ans, 
périt  dans  les  embûches  que  lui  tendi- 
rent les  deux  fils  d'Ancus  Martius. 

^44<î  Laborofoarchodus  règne  à  Babylone. 

3447  Balraffar ,  autrement  Nabonadius  règne  i 
Babylone. 

3449  Viûon  de  Daniel,  C.  FUI. 

5465  Cyrus  fait  révolter  les  Perfes  ,  prend 
Aftyagès ,  laiffe  le  Royaume  de  Médie  à 
Darius  le  Mède,  fils  d' Aftyagès ,&:  éta- 
blit la  Monatchie  des  Perfes  ,  dont  il 
prend  le  fceptre. 

34(T(î  Alyattès  meurt.  Crcfus  règne  à  fa  place. 

J475  Darius ,  fils  d'Hyftafpès,  vient  au  monde. 

5479  Cyrus  prend  Sardes  ,  met  Crciiis  aux  fers , 
éc  ajoute  la  Lydie  à  fcs  Etats. 

3483  Darius  le  Mède  &  Cyrus  joignent  leurs 

forces ,  afliègent  &  prennent  Babylone. 
Baltaflar  ell  tué.  Darius  le  Mède  règne 
à  fa  place. 

3484  Pyrhagore  floriflbit  en  ce  temps-ci.  La 

délivrance  de  la  captivité  &c  la  venue  du 
Meflie  font  montrées  à  Daniel. 

J48  j  Mort  de  Darius  le  Mède,  Cyrus  réunit  les 
Etats  de  ce  Prince  aux  fiens. 
Fin  de  la  captivité  des  Juifs,  ils  retour- 
nent dans  la  Terre-Sainte. 
Aggée  &Zacharie  prophérifent.  On  com- 
mence à  rebâtir  le  Temple. 

348«?  Les  ennemis  des  Juifs  s'oppofent  au  réra- 
blilTement  du  Temple  &c  de  la  ville  de 
Jéiufalcm  ,  &  l'on  interrompt  les  ou- 
vrages. 

5489  Fin  de  Servius  Tullius.  Commencement 
du  règne  de  Tarquin  le  Superbe. 

3491  Cambyfe  fuccède  à  Cyrus,  rué  dans  la 
bataille  contre  Thomyris  ,  Reine  des 
Maffagètes. 

5491  Pythagore  découvre  la  nature  de  la  pla- 
nète nommée  Vénus.  Ce  philofophe 
palTe  en  Italie. 


Cùtf 


606 


^05 


<îoi 
600 


Années  <!u 

Monde 


Annétj  avant 
jL.fus-Cbtift. 


595 
58J 

584 
481 
580 

S79 


578 
577 

5:75 

5<îi 


551 
545 

54» 


5  40 


539 


538 

535 
553 

53^ 


Î434 


3JOO 


3joi 

3504 

3îO(î 
3515 
5519 
3î3=> 
3551 

?5Î5 

3537 
3540 

344» 


3543 

5550 

3555 
5557 

35<?5 


35^9 


3571 

5574 
557^ 


Amifismeuft.  Pfammitichus  I  ou  Pfammi- 
nithus  lui  iliccède.  Cambyfe  le  bat,  & 
ajoute  l'Egypte  aux  Etats  des  Rois  de 
Babylone. 

Cambyfe  meurt.  Le  Mage  Smerdis  occupe 
le  trône  pendant  fept  mois.  Darius  fils 
d'Hyftafpès  l'en  chaHe,&:  commence  à. 
régner  à  la  fin  de  cette  année, 

Polycratcs,  tyran  de  Samos,  eft  mis  à 
mort  par  Orodès ,  Gouverneur  de  l'Afic 
Mineure  pour  le  Roi  de  Perfc. 

Darius  déclare  la  guerre  aux  habitans  de 
Samos.  Babylone  fe  révolte,  &  Darius 
l'affiège.  Les  Juifs  commencent  à  bâtir 
leur  Temple. 

Darius  prend  Babylone  après  un  lîège  de 
plus  de  19  mois ,  &  en  abat  les  porres. 
&  les  murailles. 

Les  Juifs  achèvent  ce  qu'ils  avoient  entre- 
pris de  faire  au  Temple. 

Tarquin  le  Superbe  eft  chafle ,  le  Royau- 
me aboli  à  Rome ,  &  les  Conluls  établis. 

Eclipfe  de  lune  l'année  io'  de  Darius,  le 
19«  de  Novembre. 

Autre  eclipfe  de  lune  la  3 1' année  de  Da- 
rius, le  15'  d'Avril.Batailie  de  Marathon. 

Mort  de  pythagore  félon  Eusèbe,  Cette 
année  &  l'année  fuivante  Darius  prépare 
un  grand  armement  contre  les  Athéniens. 

L'Egypte  fe  révolte  contre  les  Perfes.  Da- 
rius partage  fes  forces,  &  en  envoie  une 
partie  contre  les  Egyptiens ,  &  l'autre 
contte  les  Athéniens.  Il  déclare  Xerxès 
Roi ,  bc  meurt  peu  après. 

Xerxès  remet  l'Egypte  fous  fon  obéiffance, 
&  eft  donne  le  gouvernement  à  Achœ- 
ménès  fon  frère. 

Hérodote  naîr  i  •  viron  ce  temps-ci.  Xer- 
xès part  pour  fon  expédition  en  Europe , 
ic  vient  paffer  l'hiver  à  Sardes. 

Gélon  étoit  alors  tyran  à  Syracufe,& 
Hiéron  fon  frère  à  Gela. 

Alexandre  fils  d'Amynthas  règne  en  Ma- 
cédoine. 

Au  pritemps  Xerxès  s'avance  près  d'A* 
bydos ,  &c  fur  le  r.mps  de  fon  départ  le 
foleil  s' eclipfe.  Il  conftruit  un  pont  fut 
l'Hellefpont ,  &  palîc  en  Europe.  Il  eft 
repouflc  aux  Thermopyles  par  les  Lacc- 
démoniens.  Il  entre  dans  l'Attique.  Il 
fait  mettre  le  feu  à  Athènes ,  qu'il  trouve 
abandonnée.  Sa  flotte  eft  défaite  par 
Thémiftocle  à  la  hauteur  de  Salaminc. 
Il  repaffe  en  Afie. 

Les  Athéniens  chafTent  les  Mèdes  de 
Seftos,  &  l'occupent. 

Artaxerxès  Longucmain  règne  avec  Xer- 
xès fon  pcrc. 

Sophocle  fleurit. 

Xerxès  meurt ,  &  Artaxerxès  fon  fils  règne 
feul. 

Artaxerxès  accorde  aux  Juifs  le  libre 
exercice  de  leur  Religion ,  &  fournit  la 
dépenfe  des  facrifices.  Efdras  vient  à  Jé- 
rufalem  ,  &  y  apporre  cet  ordre  du  Roi. 

Année  2o<=d*Artaxerxès  avec  fon  pere.Né- 
hémias  obtient  du  Roi  la  permifilon  de 
ftire  rebâtir  Jérufalem.  Il  y  vient ,  Se 
fait  exécutet  cet  ordre.  C'eft  le  commen- 
cement des  LXX  femaines  de  Daniel. 

Décemvirs  fubftitués  à  Rome  à  la  place 
des  Confuls 

Confuls  rétablis. 

Phidias  &Paménus  fon  frère,  Aléoménès, 
Critias,  Neftoclèj  5c  Hègius,  fameux 
Statuaires  Grecs, 


53a 


514 


529 

518 
512 
505 

494 
493 

48P 

487 
484 

48i 


481 
474 

4<?<» 


45; 


45? 

4'><» 
44« 


CHR 


CHU 


MondCi 


Annifcs  rivant 
Jefus-Chrift. 


3578 


JÎ7P 


358c 


3î5>o 


i 


S97 

3^00 
3601 
3^07 


3617 
3^18 

3^Z7 

I 

5<^47 

3^5<^ 
3;<?o 
3(î^î 
3^72 

3<!^75 


Le  Temple  de  Jcrufalem  efi:  achevé  cette     ^j.6 
année-ci. 

Rome  ,  à  la  place  des  Confuls  ,  crée  des 
Tribuns  des  ibldats ,  avec  la  pui/Iance 
confulaire. 

Hérodote  achève  Ton  hiftoire,  445 

Les  édifices  du  Temple  &  de  la  ville  de 
Jcrufalem  étant  achevés, Néhémias  s'en 
retourne  à  la  Cour  d'Artaxerxès. 

Hérodote  lit  fon  hiftoire  auxjcux  Olym-     444 
piques. 

Néhémias  revient  à  Jcrufalem  ,  &  abolit 
des  abus  qui  s'étoicnt  introduits. 

Première  année  de  la  guerre  du  Pélopon-     434 
nefe.  Uippocrate  t'ait  refleurir  la  Méde- 
cine abandonnée  depuis  la  guerre  de 
Troye. 

Mort  d'Artaxerxès  Longuemain.  Xerxès     4^7 
II  règne  deux  mois ,  &:  Sogdianus  fept 
mois  &c  quinze  jours. 

Darius  II ,"  furnommé  le  Bâtard,  monte     4^** 
fur  le  trône  des  Perfes. 

Démophile  d'Himere ,  &  Nifaas  de  Taflb     4^4 
le  diftinguent  dans  la  Peinture.  Zeuxis 
fut  difciple  de  l'un  &  de  l'autre. 

Aglaophon,  Céphifîbdore,  Phrylus,&     4^^ 
Evénor   pcre    &  maître  de  Parrhafius , 
fleuriflént   dans  la  Peinture. 

Vers  ce  temps-ci  Prodicus,  difciple  d'Hip-    4^7 
pocrate ,  invente  l'Iatraleptique ,  c'eft-à- 
dire  ,  l'ufage  des  onélions  pour  la  crue 

P  des  maladies. 

Agéladcs ,  Gallon ,  Polycléto,  Phradmon,     4'  ^ 
Gorgias ,  Loiion  ,  Myron  ,  Pythagore  , 
Scopas  &  Paraclius ,  célèbres  Sculpteurs , 
travaillent  en  ce  temps-ci 

Artaxerxès   Mnémon    fuccède    à  Darius     4°7 
Nothus ,  ou  le  Bâtard. 

Denys  le  Tyran  règne  à  Syracufe.  Philifte ,     4°"^ 
Hiftorien  Grec  de  Syracufe,  ami  intime 
de  D,  nys ,  écrivoit  au  même  temps. 

Apollodore  d'Athènes  ,  l'un  des  premiers     4°4 
Peintres  de  la  Grèce. 

Nancidès  ,   Dynoméius  ,    Canochus  &     4°^ 
Patrocle  ,  Statuaires  fameux. 

Zeuxis  paife  tous  ceux  qui  l'avoientpré-     39'^ 
cédé  dans  la  Peinture.  Il  eut  pour  con- 
temporains &  pour  rivaux  ,  Timanthès , 
Andocidès ,  Eupompus  &  Parrhafius. 

Les  Crotoniates  étoient  en  ce  temps-là  les 
peuples  de  l'Italie  les  plus  riches  &  les 
plus  heureux. 

Rome  prife  pat  les  Gaulois.  59' 

Cette  année, &  les  trois  luivantes,  Rome     577 
fut  fans  Magiftrats. 

Polyclès  ,  Céphilfodrus  ,  Léocharès  &     37^ 
Hippotodotus ,  Statuaires  ou  Sculpteurs 
en  petit ,  fe  diftinguent  dans  leur  art. 

On  commence  cette  année  à  prendre  des     3^^ 
Confuls  parmi  le  peuple. 

Praxitèle  &  Euphranor,  Statuaires  excel-     3^4 
lens. 

Artaxerxès  Mnémon  étant  mort ,  Artaxet-     5  <^  i 
xès  Ochns  règne  à  fa  place- 

Echion  &  Térimachus ,  Statuaires  &:  Pein-     3  î  ^ 
très ,  flcuriflént  en  ce  temps-ci.  Au  même 
temps  vivoit  Ariftodcmus,  père  &  maî- 
tre de  Nicom.aquc ,  qui  tut  contemporain 
d'Apelles. 
Maufole,  Roi  de  Ca'ie,  m-'iirt.  3Ï^ 

Platon  l'Athénien  vii  "^t  à  Narente ,  &  y 
alTifte  à  une  fam.cufe  co"férence  d'Ar- 
chytas  ,    qui  flor'îlb't    alors    dans    la  ' 

Grande  Grpce  av."''  'e  '^ii^nrte  Pomtius, 
père  de  celui  qui  S-'tt't  l'"3  Confuls  Spu- 
lius  Pofthumus,  Titius  &  Véiurius, 


Annëe»  'du 
Mohde.' 


T7? 

Années  avant' 
Jefui-Chritt. 


3<Î74  Philippe,    Rqî  de  Macédoine,  fait  la 
guerre  aux  Grecs,  &  affiège  Olynthe. 
Démofthène  s'acquiert  une  gloire  immor- 
telle  par  fon  éloquence. 

5^79  Guerre  des  Romains  avec  les  Samnites. 

515^81  P.  Décius  Mus,Conful  ,ié  dévoue  pour  le 
ftlut  de  fon  armée  dans  un  combat  con- 
tre les  Latins. 

3  684  Ariès,  autrement  Arogiis,  fuccède  à  Ochus 
Roi  de  Perlé. 

jC^S)-   Philippe   eft  tué,  &  Alexandre  fon  fils 
règne  en  Macédoine. 

3(^85  Alexandre  venge  la  mort  de  fon  père  , 
prend  Thébes ,  &  la  fait  ruiner ,  Payant 
répandu  la  rerreur  de  (on  nom  dans  toute 
la  Grèce  ,  il  cfl:  créé  Généralhfime. 

5<>87  Alexandre  palîé  en  Afie  à  la  tête  d'une  ar- 
mée plus  puiifante  que  nombreufe. 

)C^^o  Bataille  d'Arbelle.  Eclipfe  de  Lune  la 
veille  de  la  bataille ,  qui  fe  donna  le  i  1= 
Septembre. 

5(îfi2  Apelles  l'emporte  fur  tous  les  Peintres 
qui  l'avoient  précédé  &  lut  tous  ceux 
qui  l'ont  fuivi.  Arifliide  le  Thébain  , 
Protogène  de  Canne  ,  Afclépiodore  & 
Nicophanès  vivoient  en  même  temps» 
&  fe  diftinguoient  dans  le  même  art. 

3(5'<?4  Commencement  de  la  Période  Calli- 
pique. 

5700  Alexandre  le  Grand  meurt. 

5701  Prolcmée  Soter  gouverne  l'Egypte,  l'A- 

frique ,  &    une  partie  de  l'Arabie ,  & 
commence  le  régne  &;  l'ete  des  Lagides. 
Lylippe ,  Lyfiftrate  ,  Stémis  fon  frère  , 
Euphonide ,  Softrate  ,  Ion  &  Silénion  , 
fameux  Statuaires. 
Les  Romains  vaincus  par  les  Samnites  à 
la  journée  de   Caudium  ,   aujourd'hui 
Arpaia.  Paix  honteufe   aux  Romains  , 
.faite  par  les  Confuls  Véturius  &  Pofthu- 
mius ,  en  punition  de  quoi  on  les  li- 
vre aux  Samnites. 
3  709  Théophrafte  ,  le  premier  des  Grecs  qui 
ait  écrit  quelque  chofe  d'exaél  fur  les 
Romanis  ,  dédie  fon  livre  à  Nicodore , 
Magiftrat  d'Atliènes. 
3  7 1  i   Après  douze  ans  de  guerre  ,  Séleucus  Ni- 
cator  règne  en  Syrie,  &  commence  la 
domination  &  l'ère   des  Macédoniens 
en  Syrie,  ou  des  Séleucides. 
5714  Commencement  de  la  guerre  des  Ro- 
mains contre  les  Marfes. 
3717  Prolcmée  Soter,  fils  de  Lagus ,  prend  le 

titre  de  Roi  d'Egypte. 
57x3   Pharnaccs  I ,  régne  &  fonde  le  Royaume 
du  Pont. 
Cette  année  Ticinius  Médas  conduit  de 
Sicile  des  Barbiers  à  Rome.  Jufqucs-li 
les  Romains  ne  raibient  ni  leurs  barbes 
ni  leurs  cheveux. 
37Z4  Statuaires  fameux  en   Grèce,   Butychi- 
dès ,  Eutycratès ,  Dahippus  ,  CephiiTo- 
dorus ,  Timarchus  &  Pyromachus.  Après 
eux  cet  art  languît,  &  ne  fe  releva  qu'en- 
viron 140  ans  après. 
3729  L.  Papirius  Curlbr  fait  faire  à  Rome  le 

premier  cadran  folaire  qui  ait  paru. 
3757  Prolémée  Philadelphe  ,  fils  de  Prolémce 

Soter,  régne  en  Egypte. 
5740  Séleucus  Nicator  meurt,  &  Antiochus  I, 

furnommé  Soter,  lui  luccède. 
3741   Guerre  de  Tarente,  ou  guerre  des  Ro- 
mains contre  Pyrrhus  ,  Roi  d'Epire.  Les 
Romains  voient  pout  la  première  fois  des 
I  éléphans.  Il  n'en   parut    à  Rome   que 

1  fept   ans   après  ,   au  triomphe  de   M, 


35« 


34? 
541 


Î4» 
339 
558 

357 
334 

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3  M 

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187 

Z84 
183 


T74 


CHR 


CHR 


Années  du 
Monde. 


Années  avant 
Je(us-Clirilt. 


375» 
57(Jo 


57(î(î 


377S 
5777 

3781 

5781 


3785 
3787 


3788 
3794 


3797 

3798 
3803 


3804 


5805 


CurÎLis  Dentatiis ,  l'an  du  monde  3747, 
avant  J.  C.   177. 

Commeni-cment  des  guerres  Puniques. 

Apres  la  more  d'Antiochus  I ,  furnommé 
Soier ,  Antiochus  II.  rcene  en  Syrie. 

La  ville  d'Aradus  commence  ion  ère  cette 
année  ,  comme  il  paroit  par  plulieurs 
de  fes  médailles. 

Atilius  Regulus  réduit  l'Afrique  en  Pro- 
vince Romaine.  Il  eft  pris  dans  une 
embufcadc  ,  renvoyé  à  Rome  pour  per- 
luader  au  Sénat  l'échange  des  captifs. 
Il  le  difTuade ,  de  retourne  à  Carthage  , 
où  on  le  fait  mourir  dans  les  fupplices. 

Antiochus  II  ,  Roi  de  Syrie,  meurt,  & 
Seleucus  II ,  fon  fils ,  lui  fuccède. 

Prolémée  Philadelphe  en  mourant  laifîe 
le  trône  d'Egypte  à  Prolémée  III ,  fur- 
nommé  Epiphancs  ou  rilluftrc. 

A.  Manlius  Torquatus,  &  Q.  Lutatius 
Cerco  inftituent  les  Jeux  Floraux  à 
Rome  le  i6e  avant  les  calendes  de  Mai , 
c'eft-à-dire  ,  le  1^'  d'Avril. 

Le  Poëte  Livius  fait  jouer  à  Rome  une 
pièce  de  théâtre ,  la  première  qui  ait 
été  repréfentée. 

Naiffance  d'Ennius,  ^ 

Théra  &  Théras,  deux  Iles  des  Cycla- 
des  fortirent  du  fein  de  la  mer  cette 
année-ci ,  lî  l'on  en  croit  Pline  -,  car  Hé- 
rodote fuppofe  que  Théra  exiltoit  dès 
le  tems  de  Cadmus. 

Année  de  la  naiiïance  du  vieux  Caton. 

C.  Flaminius ,  Tribun  du  peuple ,  diRri- 
bue  au  peuple  ,  contre  l'autorité  du  Sé- 
nat ,  les  campagnes  Picentines ,  &:  celles 
qu'on  appeloit  Gauloifes.  Le  Conful 
Q.  Fabius  Maximus  s'y  oppofe. 

Seleucus  II  ,  Roi  de  Syrie ,  furnommé 
Callinicus ,  meurt ,  &  a  pour  fuccelîéup 
fon  fils  Seleucus  III ,  furnommé  Cérau- 
nus ,  ou  le  Foudre. 

Mort  de  Seleucus  IIL  Antiochus  II ,  fon 
fils ,  lui  fuccède. 

Archagathus ,  fils  de  Lyfanias ,  le  pre- 
mier Médecin  qui  ait  paru  à  Rome ,  y 
arrive  du  Péloponnefe.  Il  ne  travailloit 
que  fur  les  plaies ,  &  c'étoit  plutôt  un 
Chirurgien  qu'un  Médecin  -,  mais  en  ce 
temps-là  on  ne  diftinguoit  point  encore 
'  ces  deux  arts.  Il  fut  reçu  d'abord  avec 
beaucoup  de  plaifir  ,  mais  enfuite  fa 
pratique  de  couper  &:  de  tailler  le  ren- 
dit odieux,  lui,  la  Médecine  &:  tous 
les  Médecins. 
Commencement  du  règne  de  Ptolcmée 
IV.  Philopator. 

Première  année  de  la  féconde  guerre 
Punique.  Annibal  palïe  les  Alpes.  Ba- 
taille de  Trébie  ,  perdue  par  les  Ro- 
mains. 

Armée  des  Romains ,  commandée  par  le 
Conful  Flaminius  ,  taillée  en  pièces  à 
la  journée  de  Trafimene.  Flaminius  y 
fut  tué. 
Grand  tremblement  de  terre  dans  laLi- 
gurie ,  dans  la  Gaule  Cifalpine  ,  dans 
plufieurs  îles  ,  &  dans  toute  l'Itali-. 
Plufieurs  villes  renvcrfces ,  les  terre  s'af- 
failfent,  les  Fleuves  coulent  contre  leur 
fource,  &  la  mer  entre  dans  les  Fleuves. 

Scipinn  rétablit  les  affaires  des  Romains 
en   Efpagne. 

Bataille  de  Cannes.  Annibal  hiverne  à  Ca- 


166 
1<J4 


258 


2-49 

i47 

2-45 
242 


^41 

^37 


23^ 
250 


217 

116 
211 


220 


110 


Années  dn 

.  Monde. 


Année:  avant 
Jelus-Chiift. 


5813 


3814 
5811 

;822 


582S 
3851 


3834 


3835 

385^ 
38.37 


3859 
5844 
384^ 


3849 


38ÎO 


3805 

j8o8  Caton  fait  fes  premières  armes  fous  Fabius 


poue. 


118 

lia 


>") 


5851 


Maximus ,  le  Temporifeur ,  à  la  campa- 
gne de  Capoue. 

Fabius  fait  le  fiége  de  Tarente,  &  prend  211. 
la  ville.  Caton  étoit  Quefteur  dans  fon 
armée.  On  adopta  la  même  année  les 
Fêtes  Idéennes  à  l'honneur  de  Cybèle, 
&  l'on  inftitua  des  efpèces  de  Confré- 
ries. 

Caton  fut  Edile  l'année  d'après  fa  Quef-    21» 
ture.  ^ 

Préture  de  Caton.  ^06 

Prolémée    "V,  dit  Epiphanes ,  règne  en     205 
Egypte. 

Commencement  de  la  guerre  des   Ro-    ioi 
mains  contre  Philippe,  Roi  de  Macé- 
doine, 

Titus  Quintus  Flaminius  triomphe  de  la     ijKî 
Macédoine  ,  &:  du  Roi  Philippe. 

Guerre  des  Romains  contre  Antiochus,     19} 
Adion  des  Romains  aux  Thermopylcs , 
où  fe  trouve  Caton  en  qualité  de  Tri- 
bun des  foldats, 

Titus  Flaminius,  frère  de  Lucius ,  efl     19Î.. 
créé  Cenfeur. 

Après  la  défaite  d'Antiochus ,  &  la  con-     190 
quête  de  TAfie  ,  le  luxe  fe  répand  en 
Italie.  P.  Lucinius  Cralfus,  &  Lucius  Ju- 
lius  Céfar ,  Cenfeurs ,  s'y  oppofent. 

Mort  d'Antiochus  III,  Roi  de  Syrie.  Se-     i85> 
leucus  IV  ,  dit  Philopator ,  règne. 

Mort  de  Scipion  l'Atricain.  188 

Caton  eft  Cenfeur,  Se  chaiîe  du  Sénat.  187 
L.  Flaminius ,  quoiqu'il  eût  été  Conful 
fept  ans  auparavant.  Scipion  l'Atricain 
le  Jeune  vient  au  monde. 

En  ce  temps-ci  régnoit  en  Arabie  Arétas ,     1 8  J 
allié  des  Rois  de  Syrie. 

Prolémée  VI ,  dit  Philométor  ,  règne  en     180 
Egypte. 

Jafon ,  frère  d'Onias ,  brigue  le  fouverain  178 
Pontificat  des  Juifs  ^  il  érige  à  Jérufa- 
lem,avec  le confenrcment  d'Antiochus, 
Roi  de  Syrie  ,  une  Académie  pour  éle- 
ver la  jeuneffe  ,  de  tâche  d'introduire 
l'idolâtrie  parmi  les  Juifs. 

Seleucus  IV  étant  mort,  Antiochus  IV  , 
dit  Epiphanes,  règne  en  Syrie. 

On  célèbre  à  Tyr  les  Jeux  Quinquen- 
naux. 

Ménélalis  ,    que  Jafon  avoir   envoyé  à     175 
Antiochus  pour  lui  payer  fon  tribut , 
fe  fait  donner  le  fouverain  Pontificat , 
en  offrant  au  Roi   300  talens  d'argent 
plus  que  Jafon. 

Tharfe  &c  Mallo  fe  révoltent  ,  parce  174 
qu'Antiochus  les  avoit  données  à  Antio- 
chide  fa  concubine,  Antiochus  y  va 
pour  appaifer  la  fédition,  Ménélalis 
donne  des  vafes  du  Temple  à  Andro- 
nicus ,  qu'Antiochus  avoit  laiffés  à  Jé- 
rufalcm ,  &  lui  perfuade  de  faire  tuer 
Onias,  qui  fe  tenoit  dans  un  afyle  dtt 
fauxbourg  de  Daphné  ,à  Antioche,  An- 
dronicus'l'en  retire,  fur  la  fauffe  pro- 
mefTe  qu'il  ne  feroit  rien  attenté  lut  fa 
perfonne ,  puis  il  le  fait  tuer.  Antiochus 
punit  ce  crime  par  la  mort  d'Andro- 
nicus. 

Guerre  des  Romains  contte  Perfée.  C'efi:     i:*} 
pendant  cette  guerre  que  Rome  com- 
mence à  avoir  des  Boulangers.  Aupara- 
vant chacun  faifoit  le  pain  dans  fa  mai- 
fon  ,  &  c'étoit  le  travail  des  femmes. 

Antiochus  Epiphanes  entre  en  Egypre  ,     17* 
Se  s'en  rend  maître.  En  retournant  d'E- 
gypte, il  palfe  par  Jérufalera,  &  enlève 


CHR 


CHR 


iAnnées  du 
Monde. 


Années  iwnt 
Jefut-Chrift. 


Ann(?eS  an 
Monde» 


Î70 


les  vafcs,  les  ôrriemens  Se  les  trcfors 
du  Temple  ,  &  les  emporte, 
58^5  Mort  d'Ennius. 

3854  Antiochus  envoie  à  Jcrufalem  l'Inten- 
dant de  Tes  finances,  qui  fait  main-bafle 
fur  les  habitans ,  fait  mettre  le  feu  à  la 
ville ,  en  détruit  les  maifons  &  les  mu- 
railles, &  fortifie  la  citadelle  de  Sion» 
où  il  met  garnilbn.  Enfin  Antiochus  or- 
donne aux  Juifs  d'abandonner  leur  Loi, 
&  d'embraffer  l'idolâtrie. 
Mathathias  s'élève  contre  ces  loix  impies, 
&  fe  retire  dans  les  n^ontagnes  avec  fes 
enfans.  Commencement  de  l'erc  &  de 
la  puilfance  des  Afmonéens. 

jj8j5  Mathathias  meurt.  Judas  Machabce  lui      i(îp 
fuccèdc,aidé  de  fes  frères. 
Martyre  des  fcpt  Frères  &  de  leur  mère. 
Judas  Machabce  défait  &  tue  Apollo- 
nius, 
Il  bat  au/Ti  Sérott  ,  Général  de  l'armée  de 
Syrie.  Antiochus  ,  piqué  de  la  perte  de 
fes  armées ,  en  lève  une  plus  forte ,  & 
cpuife  fes  tréfors.  Il  prend  une  partie  de 
fes  troupes ,  &  s'en  va  en  Perfe  pour 
remplir   de  nouveau   fon    tréfor.   Vic- 
toire de  Judas  Machabée  fur  Ptolomée, 
Nicanor,  Gorgias  ,  Timothée  &  Bac- 
chides. 

^8J7  Judas  Machabée  fe  rend  maître  de  Je-  idj 
rufalem-,  il  purifie  le  Temple,  &  célè- 
bre les  Encènies  le  xo  du  mois  Cafleu  , 
&  ordonne  qu'on  en  célèbre  tous  les 
ans  la  mémoire  le  même  jour.  Viéloire 
de  Judas  Machabée  fur  Lyfias.  Antio- 
chus eft  chaffé  de  Perfépolis ,  dont  il 
vouloir  dépouiller  le  Temple. 

3858  Antiochus  V  ,  dit  Eupator  ,  règne  en  Sy-     tdd 
rie  après  Antiochus  Epiphanes ,  mort  de 
chagrin  cette  année. 

;  Seconde  Viéfoire  de  Judas  Machabée  fur 

[  Lyfîas ,  qui  fait  la  paix  par  ordre  du  Roi. 

La  même  année  Judas  érant  parti  du  port 
&  de  la  ville  de  Jamnia,  remporte  un 
avantage  fur  les  Arabes ,  attaque  Car- 
phis&  Caraca,&:  les  emporte,  gagne 
une  bataille  proche  de  Carnium  ,  s'em- 
pare de  Scythopolis ,  Se  après  la  Pente- 
côte, il  a  un  léger  échec  contre  Gorgias, 
&  il  ordonne  des  prières  pour  ceux  qui 
étoient  morts  dans  le  combat. 

?8 Jp  Judas  fait  le  fiège  de  la  citadelle  de  Sion*  i  C'y 
Il  le  lève  pour  aller  combattre  l'armée 
de  Syrie ,  &  la  défait  près  Bcthzaraca.  II 
feit  la  paix  avec  Dethliira  ,  &  revient  à 
Sion  dont  il  fait  le  blocus. 
Philippe  fe  révolte  contre  Antiochus  , 
qui ,  pour  n'avoir  pas  deux  ennemis  fur 
les  bras ,  fait  la  paix  avec  les  Juifs ,  & 
leur  permet  l'exercice  de  leur  Religion. 

5S(îo  Démétrius ,  fîls  de  Séleucus  IV  ,  palfe  de  %6^ 
Rome  en  Syrie  pour  chaflér  Antiochus  , 
&  remonte  fur  le  thrône  de  fes  pères. 
L'armée  fe  déclare  pour  lui ,  &  s'étant 
faifie  d'Antiochus  &  de  Lyfias  ,  on  les 
met  à  mort,  &  Démétrius  régne  paifi- 
blement. 
Akime  brigue  le  fouverain  Pontificat. Dé- 
métrius le  lui  donne.  Judas  repouffe  Al- 
cime.  Démétrius  envoie  Nicanor  en  Ju- 
dée pour  fe  faifir  de  Judas  Machabée. 
D'abord  il  fait  amitié  avec  lui  ;  mais  cet- 
te conduite  ayant  déplu  au  Roi ,  Nica- 
nor change  •,  Judas  s'en  apperçoit  &  fe 
retire.  Nicanor  vient  à  Jéruialcm  •,  il 
tend   des   embûches  à  Judas,  qui  les 


T7T 

Années  avan» 
Jelus-Chriit. 


l{j% 


iSù 


évite  ,  6c  enfuite  bat  deux  fois  Nicanor, 
&  le  tue  dans  la  féconde  a.iCiion. 
58^1    Ambalfade  envoyée  à  Rome  par  Judas     i<?j 
Machabce.  Alliance  entre  les  deux  peu- 
ples. 
Démétrius  eiivoye  Bacchidès  &  Alcime. 
Confternation  dans  le  camp  de  Judas. 
On  l'abandonne.  Il  combat  avec  la  pe- 
tite troupe  qui  lui  refte.  Il  efl  tué  en 
combattant.  Son  frère  Jonathas  prend 
fa  place. 
38(Ji   Alcime  fait  détruire  les  murs  intérieurs 
du  Temple.  Il  meurt  d'apoplexie. 
Bacchidès  retourne  vers  le  Roi  de  Sy- 
rie ,  &  l'on  fut  deux  ans  fans  aâ:e  d'hof- 
tilité. 
38(^4  L'art  de  la  Sculpture  fe  relève  en  Grèce , 
&  Anta;us ,  Calliflratus ,  i'olyclès.  Athé- 
née, CallJménès  ,    Pytoclès ,  Pythias , 
Timoclès ,  fans  avoir  le  mérite  des  an- 
ciens Maîtres ,  ne  laifîènt  pas  de  fe  dil- 
tinçruer. 

On  tâche  de  fe  faifir  de  Jonathas  ;  il  évité 
le  piège.  Bacchidès  fe   met  en  campa- 
gne, &  après  quelques  avantages  rem- 
portés par  Jonathas ,  le  Général  Syrien 
fonge  à  fe  retirer.  Jonathas  lui  propofe 
la  paix  &  l'échange  des  captiis.  Il  l'ac- 
cepte. 
386'5;   Alexandre,  fils  d'Antiochus, vient  difpu-     ij^ 
ter  le  Royaume  de  Syrie  à  Démétrius , 
&  il  eft  reçu  dans  Ptolémaïde.   Démé- 
trius va  le  chercher  à  la  tète  d'une  at- 
tnéc  nombrcufe  ;  &  pour  mettre  les  Juifs 
dans   fes  intérêts  ,  il  leur  accorde  de 
grands  privilèges.  Alexandre  en  fait  au- 
tant de  fon  côté.  Les  Juifs  prennent  fon 
parti   par   reffentiment    des  maux   que 
Démétrius  leur  avoir  faits. 
3871   Alexandre  combat  Démétrius  ,&  le  dé-     iy| 
fait.  Enfuite  il  époufe  Cléopatre ,  fille 
du  Roi  d'Egypte.  Il  invite  Jonathas  à 
fes  noces ,  &:  lui  donne  toutes  fortes  de 
marques  de  diftiniïlion  &  d'amitié. 
5871  Caton  détermine  le  Sénat  à  la  guerre  con-     iji 

tre  Carrhage. 
5873  Scipion  à  la  Cour  de  Maffiniffa.  151 

Troifième  guerre  Punique. 
3874  Démétrius,  fils  de  Démétrius,  détrôné     Î50 
par  Alexandre ,  vient  de  Crète  ,-&c  fait 
defcente  en    Syrie.  Alexandre  allarmé 
comble  Jonathas  de  nouvelles  faveurs. 
Le  Machabée  prend  Joppé  ,  défair  Apol- 
lonius, Général  de  Démétrius,  prend 
de  détruit  Azotus  &  les  villes  circon- 
Voifines,  Alexandre  lui  envoie  une  agra- 
fe d'or,  &c  lui  donne  la  ville  d'Acca- 
ron. 
387J  Ptolémée,  Roi  d'Egypte,  fe  déclare  con-     i.4g 
tre  fon  gendre  Alexandre.  Il  ôte  fa  fille 
à  Alexandre,  &  la  donne  à  Démétrius 
Il  ;  enrrc  dans  Alexandrie ,  &  fe  déclare 
Roi  d'Egypte  &:  d'Afie. 
Ptolémée,  Roi  d'Egypte, meurt.  Ptolé- 
mée VII ,  furnommé  EvergèteS  ,  règne 
à  fa  place. 
Scipion  prend  Carthage  ,  ^'  la   détruit, 
Memminius  s'empare  de  Corinthe ,  Se  y 
fair  mettre  le  feu. 
Démétrius,  Roi  de  Syrie,  accorde  à  Jo- 
nathas le  fouverain  Pontificat,  &  beau- 
coup d'aurres  grâces,  &:  Jonathas  lui 
envoie  du  fecouts. 
Viéloire  de    Démétrius    fur   Alexandre, 
Celui-ci  s'rnfuit  en  Arabie  pour  y  cher- 
cher de  l'appui;  mais  au  lieu  de  le  fe- 


t7^ 

Années  du 
MonJc  f. 


CHR 


C  H  R 


Années  avant 
Jcfus-Chiift. 


Annfes  do 
Monde. 


5877 


courir ,  Zabdiel  lui  fait  couper  la  tête  , 
fv.-  l'envoie  à  Ptolcmcc.  Dcmctrius  règne 
leul  en  Syrie ,  &  prend  le  titre  de  Ni- 
canor,  ou  Vidorieux. 
Tryphon  tire  Antiochus ,  fils  d'Alexandrcj 
des  mains  de  l'Arabe  Emalchaël ,  pour 
le  remettre  fur  le  trône. 
Révolte  de   la  ville  d'Antioche  contre 
Dcmétrius ,  réprimée  &  punie  par  les 
Juifs ,  que  Jonathas  lui  avoir  envoyés 
l'année  précédente.  Quand  il  fut  tran- 
quille ,  il  refufa  à  Jonathas  tout  ce  qu'il 
lui  avoir  promis.  Antiochus   écrivir  à 
Jonathas ,  &:  lui  confirma  tous  les  hon- 
neurs &  tous  les  privilèges  qu'on  lui 
avoir  accordés.   Il    érablit  Simon  fon 
frère  Commandant  ,    depuis  Tyr  jul- 
qu'aux  confins  de  l'Egypte.  Avantages 
de  Jonathas  fur  des  gens  de  la  faiftion 
de  Démétrius  ,  qui  lui    tcndoient  des 
embûches ,  &  fur  les  Arabes  Zabadéens. 
Il  envoie  des  Ambaliadeurs  à  Rom.e  &c 
à  Sparte. 
Les  Romains  foumettent  l'Achaïe  ,  &  en 
remportent  à  Rome  beaucoup  de  ta- 
bleaux ,  qui  commencèrent  à  leur  don- 
ner du  goût  pour  la  Peinture. 
3S78  Tryphon  fe  faifit  de  Jonarhas,    il    de- 
mande les  fils  de  ce  Grand  Prêtre  en 
otage.  Simon  les  lui  envoie.  Tryphon 
fait  mourir  le  père  &  les  enfans ,  &:  en- 
fuite  Antiochus ,  &:  s'empare  de  la  cou- 
ronne. 
Simon  fuccède  à  fon  frère.  Dcmétrius  lui 
écrit ,  de  fait  la  paix  avec  les  Juifs ,  & 
leur  accorde  tout  ce  qu'il  avoit  prorais, 
Simon  eft  déclaré  Grand  Prêtre ,  Se  Prince 

des  Juifs.  Il  fe  rend  maître  de  Gaze. 
La  citadelle  de  Sion  fe  tend  à  Simon. 
Les  F<.omains  ayant  appris  la  mort  de  Jo- 
nathas &c  l'exaltation  de  Simon ,  lui  écri- 
vent à  ce  fujet ,  &  renouvellent  l'allian- 
ce avec  les  Juifs. 

Arfacès  règne  en  Pcrfe  &  en  Mcdie. 
Démétrius  entre  lur  fes  terres  pour  y 
aflémbler  du  fecours.  Arfacès  le  fait  com- 
battre :  il  eft  vaincu  ,  pris  &  mis  en 
prifon. 
Antiochus ,  fils  de  Démétrius  I ,  fe  pré- 
pare à  enrrer  en  Syrie.  Il  écrir  à  Simon , 
&  lui  accorde  plufieurs  grâces  confidé- 
rables. 
Antiochus  aflîège  Dora.  Numénius  arrive 
de  Rome  ,  porrant  des  lettres  adreffées 
à  tous  les  Rois  &  tous  les  peuples  en 
faveur  des  Juifs. 
Anriochus  afliège  une  féconde  fois  Diora: 
il  rompt  avec  Simon  ,  &  refufe  les  fe- 
cours d'hommes  &  d'argent  qu'il  lui  en- 
voyoit.  Il  fait  même  attaquer  la  Judée 
par  Cendebus ,  fur  lequel  les  deux  fils 
aînés  de  Simon  remportent  une  victoire 
fignalée. 

Ptolémée ,  gendre  de  Simon  ,  le  fait  af- 
faflîner  avec  fes  deux  fils ,  Mathathias 
&  Judas  -,  Jean  le  troiiicmc  lui  échappe, 
&  fuccède  à  Simon.  Il  le  nomme  autre^ 
ment  Hircanus. 
Commencemenr  des  mouvemens  excités 

à  Rome  par  les  Graques. 
Le  Roi  Artalus  fait  le  peuple  Romain  fon 
héritier.  Par  là  l'Afie  devient  province 
du  peuple  Romain ,  &  le  luxe  corrompt 
les  mœurs.  Dcmétrius  II  remonte  lur  le 
trône. 
)8p^   Scipion  l'Africain  eft  trouvé  mort  dans 


3879 

3880 
5881 


■?88i 


388; 


3884 


588(î 

3889 
385)! 


147 


1^6 


145 

14-^ 

14; 


14Z 


141 


140 


158 

135 
135 

131 


Année!  avàW 
Jéfus-Chtift, 


fon  lit.  On  foupçonna  qu'il  avoit  été 
étranglé. 
Alexandre  II  règne  en  Syrie,  eh  même- 
remps  que  Démétrius. 
3895  Séleucus  V ,  fils  aîné  de  Démétrius  II ,  lui     119 

fuccède. 
389(î  Antiochus  VIII ,  furnommé   Grypus  &     118 

Epiphanes ,  règne  en  Syrie. 
3897  Guerre  des  AUobroges   contre  les  Ro-     117 

mains. 
3901  PanatiusSc  Apollonius,  Philofophes,  il-     113 

luftroient  en  ce  temps-ci  la  Grèce. 
3905  Antiochus  IX ,  fils  d' Antiochus  VII  ,  &     119 
nommé  Philopator  &  Cyzicène ,  règne 
en  Afie. 
5907  Ptolémée  VIII,  furnommé  Soter  ,  règne     11/ 
en  Egypte. 

3909  Guerre  des  Romains  avecles  Cimbres.         115 
39 II  Guerre  contre  Jugurtha.  113 

Carnéades ,  Clitomachus ,  Acfchinis,  Mé- 
trodorus ,  élevé  de  Carnéades ,  Mnéfar- 
chus  qui  rétoit  de  Panïtius  &  Ménédé- 
mus ,  rendoient  alors  l'Académie  flo- 
rillànte  à  Athènes.  Critolaiis  &  Diodore 
fe  diftinguoient  parmi  les  Péripatéti- 
ciens. 

3913  Vers  ce  tems-ci  l'Orateur  CralTus  fit  Re- 

loge funèbre  de  Papilia  fa  mère.  C'eft  la 
première  Dame  Romaine  à  qui  l'on  ait 
fait  cet  honneur.  La  coutum.e  s'en  intro- 
duifit  depuis  fur  cet  exemple. 

3914  Prife  de  Jugurtha.  Marins  finit  la  guerre. 

3916  Cicéron  vient  au  monde  le  3  Janvier. 

3917  Nailfance  de  Pompée. 
Vers  ce  tems  fe  forme  une  des  Cyclâ- 

des ,  nommée  Hiéra ,  ou  Automate. 
Ptolomce  IX,  furnommé  Alexandre,  mon- 
te fur  le  thrône  d'Egypte. 
3919  Ariftobule  fuccède  à  fon  père  Hircan  ,  oa 
Jean,  fouverain  Pontife  des  Juifs ,  & 
prend  le  titre  de  Roi.  C'eft  le  premier 
depuis  la  captivité  de  Babylone. 

3910  Ariftobule  meurr ,  &  Alexandre  fon  frerë 

lui  fuccède  au  fouverain  Sacerdoce  Se  à 
la  Royauté, 
Ménéclès  &  Hicfoclès  fon  frère.  Ora- 
teurs fameux  dans  toute  l'Afie  Mineure. 
5911  Naiflance  de  Jules  Céfar. 

3915  Séleucus ,  dit  Epiphanes ,  Nicanor,  règne 

après  la  mort    d'Antiochus    VIII    fon 
père. 
392.7  Antiochus  X  ,  fils  d'Antiochus  IX,  règne       <)f 
en  Syrie  ,  &  fe  fait  furnommer  le  Pieux 
Si  Philopator. 

3918  Orateurs  célèbres  à  Rome,  Cra/Tus  ,  An-      ^ë 

toine ,  Varius ,  Sulpitius ,  Catulus ,  Cé- 
far ,  &c, 
Antiochus  XI,  furnommé  Epiphanes,  Phi- 
ladelphe  &c  Didyme  ,  fils  d'Antiochus 
VIII ,  Si  frère  de  Séleucus  VI ,  règne 
en  Syrie. 

3930  Démétrius  III,  quatrième  fils  d'Antiochus       94 

VII ,  règne  en  Syrie.  Il  eut  les  furnoms 
de  Philométor ,  Evergérès ,  de  Caliini- 
cus  Se  d'Enca'rus. 

3931  Le  Péripatécien  Sraféus  vient  à  Rome.  9} 
Le  Conful  Philippe  Se  le  Tribun  Drufus 

troublent  la  République.  C'eft  pendant 
ces  troubles,  au  commencement  du  mois 
de  Septembre,  que  Cicéron  fuppofe  que 
furent  faits  les  trois  Dialogues  qu'il  in- 
titule de  l'Orateur. 
3931  Guerre  Italique  ;  guerre  des  Romains      94 
avec  les  Marfes. 
Philippe ,  furnommé  Epiphanes,  troifième 
fils   d'Antiochus  VIII ,  règne  en  Syrie, 

i9î> 


11,1 


110 
108 
107 


105I 


104 


103 
99 


CHR 


CHR 


^nn^cs  du 
Àlonde* 


Années  avant 
Jcfuï-Cbrift. 


35>3Î  Ptolémée  VIII  remonte  feul  fur  le  trône. 
Antiochus  XII,  fils  d'Antiochus  VIII,  rè- 
gne en  Syrie.  Il  porte  les  furnoms  d'E- 
piphanes  Dionyfius. 
3c)57  Les  Syriens  appellent  'ffigrane,  &  le  pla- 
cent lur  le  trône  de  leurs  Rois. 
JP38  Anne  la  Prophctefîc  ,  dont  il  eft  parlé 

dans  S.  Luc.  II,  57,  vienr  au  monde. 
5942  A  la  mort  de  Ptolémée  Soter,  Bérénice  fa 

fille  monte  fur  le  trône. 
3947  Alexandre,  Roi  de  Judée,  meurt.  Ale- 
xandre fa  veuve  rè;jrne  pendant   9  ans. 
Elle  fait   fon   fils  Hyrcanus   fouverain 
Pontife. 
•3948  Alexandre,  Roi  d'Egypte,  chafle ,  meurt 

à  Tyr. 
3949  Ptolémée  X,  bâtard  de  Ptolémée  Soter, 
ed  «levé  fur  le  trône  par  les  Alexan- 
drins. 
j<,55  Alexandra,  Reine  de  Judée  ,  meurt ,  8c  ' 
Hyrcanus  II,  fon  fils,  règne  trois  mois 
feulement, 
Lucullus  défait  Tigrane  ,  &  met  Antio- 
chus EpiphanesPhilatbr,  Callinius ,  ap- 
pelé communémenr  l'Aliatique,   Se  le 
Comagénois  fur  le  trône  de  Syrie. 
3951?  Ariftobule  fait  la  guerre  à  Hyrcan  fon 
frère  ,  &  le  dépouille  de  fon  Royaume. 
395(;  Siège  de  Jérufalem  par  Pompée,  La  ville 
prife  ,  Pompée  met  Ariftobule  aux  fers , 
&C  rétablit  Hyrcan. 
Oélavius ,  qui  l'ut  depuis  Céiàr  ,  &  enfin 
Augufte ,  vient  au  monde  cette  année- 
ci,  le  25   de  Septembre. 
Les  villes  de  Sytie  commencent  cette  an- 
née l'ère  de  Pompée ,  ou  de  leur  fociété 

avec  les  Romains. 
Conjuration  de  Catilina ,  découverte  & 
déconcertée  par  Cicéron  ConfuI, 
j9^o  Gabinius ,  Lieutenant  de  Pompée ,  acheva 
la  conquête  de  Syrie ,  &  réduit  à  l'obéil- 
fance  des  Romains  quelques  villes  qui 
reftoiem  encore  à  prendre  ou  à  rece- 
voir en  fociété, 
Antiochus  XIII    eft  dépoffédé.  Fin  des 
Séleucides,  La  Sytie  devient  Province 
Romaine, 
39<ji  Augufte  perd  fon  père  à  l'âge  de  quatre 

ans. 
39(^4  Céfar  fait  la  guerre  dans  les  Gaules  après 
fon  premier  Confulat. 
Cicéron  exilé  pat  les  inttigues  du  Tribun 

Clodius. 
Julia  ,  5ceur  de  Jules  Céfar  ,    époufe 
d'Atias ,  8c  mère   d'Atia  ,    qui  le    fut 
3970     d' Augufte  ,  &   par-là  fon  ayeule  ma- 
ternelle ,  meurt   :    &  Augufte  ,     âgé 
pour-lors  de  douze  ans,  fait  fon  oraifon 
funèbre, 
Julia ,  fille  de  J,  Céfar ,  &  femme  de  Pom- 
pée ,  meurt  auflî ,   &  les  brouilleries 
commencent  entre  ces  deux  Romains. 
Après  la  mort  de  Ptolémée  le  Bâtard  ,  ar- 
3972     rivée  l'année  précédente  ,  les  Romains 
font  Ptolémée  fon  fils ,  &  Cléopatre  fa 
fille ,  Rois  d'Egypre, 
Commencement  de  la  guerre  civile  entre 
3975     Céfar  &  Pompée. 

Bataille  de  Pharfale.  Mort  de  Pompée. 
39-'4  Guerre  &  fiège    d'Alexandrie  par  Céfar. 
3975     Ptolémée  périt  dans  le  Nil. 
597(î  Cléopatre  époufe    Ptolémée   fon  frère 
tout  jeune  encore.   Se  ils  régnent  en- 
femble. 
Guerre  d'Afrique.. Scipion  vaincu.  Céfar 
triomphe    quatre   fois  en    un   mois  i 
Tome  IL 


87 

82 

77 

75 
6ç) 


6i 

^5 


6± 


61 


54 


5i 


51 

50 

49 
43 


Années  du 
Monde* 


T77 

/innées   avartt 
JeluS'Chr.A' 


Î5>77 


5973 


VJ^9 


598c 

5901 
5982 


3984 


5935 


398<; 
5989 


3992 


3P95 


1°.  des  Gaules  ,  20. de  l'Egypte,  %o.  du 
P«nt,  40.  de  l'Afrique.  Le  jeune  Oétavius 
prend  la  robe  virile  ,  &  fon  oncle  lui 
fait  part  des  préiéns  qu'il  diftribua  à 
Ion  quatrième  triomphe. 

Corrcdtion  du  Calendrier.  Première  an- 
née julienne.  Guerre  d'Elpagne  contre 
les  iils  de  Pompée.  Oiflavius  accompa- 
gne l'on  grand  oncle  dans  cette  campa- 
gne, &  fait  fes  premières  armes  lous 
lui. 

Ccfar  fait  des  prcpararifs  de  guerre  con- 
tre les  Daces  &:  contre  les  Parthcs.  Il 
fait  prendre  les  devans  à  ion  neveu ,  qui 
vient  à  ApoUonie.  Cependant  Célat  eft 
tué  à  Rome.  Oélavius  revient  de  Grèce , 
&  fe  porte  pour  héritier  de  J.  Ccfar 
fon  grand  oncle. 

Ptolémée  eft  empoifonné  ,  &  Cléopatre 
règne  iéule  en  Egypte. 

Premier  Confulat  d'Augufte.  Il  avoir 
déjà  été  fait  Préteur  au  commen- 
cement de  l'année  par  les  foins 
de  Cicéron,  Guerre  de  Modene.  Pre- 
mier Triumvirat,  Profcription.  Mort  de 
Cicéron. 

Bataille  de  Philippcs.  Brutus  &  Caflius 
vaincus  pat  Céfar  ëc  Antoine.  Antoine 
conftitue  Téttarqucs  Phalaël,  &  Hérode 
fon  frère   puîné. 

Expédition  de  Pacorus  fur  la  Syrie  & 
la  Paleftine,  Il  cha/îé  Hyrcan  &  lui  iub- 
ftirue  Antigonus, 

Hérode  vient  à  Rome  ,  &  par  le  crédit  du 
jeune  Oétavius  Céfar  &:  d'Antoine ,  il 
eft  déclaré  Roi  de  Judée. 

Siège  de  Péroufe  par  le  jeune  Céfar ,  âgé 
de  23  ans.  Commencement  de  l'ère  d'Ef- 
pagne, 

Antoine  afTiège  Samofate,  &  la  prend, 
Herodes  fervit  pendant  ce  fiège  avec 
des  troupes  qu'il  y  mena.  Après  la  prife 
de  la  ville,  Antoine  le  renvoie  en  Judée 
avec  Sofius  fon  Lieutenant ,  &  deux  co- 
hortes. Hérodes  bat  Antigonus  dans  une 
rencontre,  &  le  conttaint  de  fe  renfer- 
mer dans  Jcrulalem, 

Hérodes  8i  Sofius  mettent  le  fiège  devant 
Jérufalem.  Hérodes  pendant  le  fiége 
époufe  à  Samarie  une  fille  d'Alexandre, 
Roi  des  Juifs,  petite  fille  d'Ariftobule, 
Le  quatrième  jour  du  fiège  la  première 
enceinte  des  murailles  eft  emportée  par 
les  aiîlégcans ,  &  quinze  jours  après ,  la 
féconde.  La  ville  fut  piife  après  cinq 
mois  de  fiège.  Ce  fut  la  fin  du  gouverne- 
ment des  Afmonéens',  car  Anrigonus  fut 
mis  aux  fers  &  envoyé  à  Antoine ,  qui 
le  fit  mourir,  Hérodes  commence  à  ré- 
gner. 

Commencement  du  fécond  Triumvirat. 

Expédition  d'Antoine  contre  les  Parthcs, 
peu  heureufe  &  peu  glorieufe  pour  lui. 
Fin  du  Triumvirat, 

Bataille  d'Adium,  Antoine  &  Cléopatre 
vaincus  s'enfuient  à  Alexandrie  ,  &c  fe 
donnent  la  mort.  Augufte  vapaffer  l'hi- 
ver .1  Samos,  Fin  du  règne  des  Ptolé- 
mécs, 
Cefar  paffe  en  Egypte ,  côtoyant  l'A/ie  & 
la  Syrie,  Il  vient  .à  Alexandrie ,  &  fe 
vend  maître  de  l'Egypte  &:  de  tout  l'O- 
rient, Fin  des  guerres  civiles.  Paix  gé- 
nérale dans  l'Empire. 
Céfar,  de  retour  en  Italie,  triomphe  trois 
fois  y  1°  de  rillyrie  ;  2"  pour  la  bataille 

D  d  d  d 


47 


4<J 


4Î 


44 


45 


4i 


40 


39 


38- 

35 
53 


3* 


5î 


T78 

Années  du 
■Monde. 


CH  R 


CH  R 


AMées  avant 
Jclus-Clirift. 


^^ 


crAdium  !,  ^°Ac  Clcopatrc  Se  dï  rEE;yp- 

te.  Virgile  finit  fcs  Gcorgiqucs ,  &  les 

lit  à  Auguftc, 
jpr,-  Hérodes   répudie  Salomc.    Il  bâtit    Sc- 

bafte.  Commencement  de  l'crc  de  cette 

ville. 
3999  Première  année  de   la  Puiilance  T  ribu- 

nicience  d'Augufte. 
4001   Aiigufte  vilîte  les  Provinces  d'Orient.  Les       zj 

Parthes  lui  renvoient  les  drapeaux  pris 

jur  Craflus ,  &:  en  d'autres  rencontres 

parOrodèsôc  Phraatcs. 
Hérodes  bâtit  Céiarée  à  riioimeur  de  Cé- 

fn. 
Hérodes   commence  les   réparations  du 
rcm-ple  de  Jéruiakm. 
4001  Hérodes  achève  Célarce,  &  la  dédie.      '       22 

Années  ia  ^^  '•  ^' 

Mor.dc. 


4025  Jesus-Christ  naît  à  Béthléhem  le    ij 
Décembre. 

4024  Jcfus  efl:  circoncis  le  i'  jour  de  Janvier. 
Des  Mages  viennent  l'adorer.  Ileftpré- 
lenté  au^emple  le  2  Février.  La  fuite 
en  Egypte.  Le  mallacre  des  Innocens. 
Kcrodes  meurt.  Arcbc4aus  lui  fuccèdc.  Je- 
lus  cft  ramené  d'Egypte  par  S.  Jofcph , 
qui  va  s'établir  à  Nazareth  en  Galilée, 
^ugufte  adopte  Tibère. 

4019   Augufleveut  fe  dém.ettre  de  l'empire. 

4050  Nailiancc  de  Velpaiien, 

4054  Les  principaux  des  Juifs  accufent  Arché- 

lalis  devant  Augufte  ,  qui  le  relègue  à- 
Vienne  dans  les  Gaules.  La  Judée  de- 
vient province  des  Romains ,  &:  eft  at^ 
tribuée  à  la  Syrie. 

4055  Jefusau  Temple  au  milieu  des  Doi5leurs 

de  la  Loi, 


6 

7 
II 


12 


CHRONOLOGIQUE,  ad],  m.  6:  f.  Qui  appartient 
à  la  Chronologie.  Chronolosiiciis ,  ^uod  ad  ratio- 
ncm  u-mporum}ernnet.  Les  Tables  chronologiques 
font  d'un  grand  fccours  pour  apprendre  la  Chro- 
nologie ,  comme  celles  de  Petau  ,  de  Helvicus  & 
de  Marcel ,  &c. 

gCT  On  appelle  tables  chronologiques ,  celles  où  les 
principales  époques  &;  les  principaux  faits  font  mar- 
qués par  ordre  des  temps ,  &  fnnplement  indiqués. 

%fT  Abrégé  chrojiologique ,  hiftoire  abrégée,  où  les 
principaux  faits ,  avec  les  circonftances  les  plus  cf- 
fentielles  ,  font  rappottés  félon  l'ordre  chronolo- 
gique. Tel  eft  l'ouvrage  du  célèbre  Préfident  Hé- 

nault. 

On  appelle  colonne  chronologique  ,  une  colonne 
chargée  de  quelque  infcription  hiftorique  félon  l'or- 
dre des  temps-,  comme  félon  les  Olympiades,  les 
luftres ,  ^c-.  On  voyoit  de  ces  fortes  de  colonnes  à 
Athènes  L'hiftoire  de  la  Grèce  y  étoit  gravée  par 

Olympiades. 
CHRONOLOGISTE,autrefoisCHRONOLOGUE. 

f.  m.  celui  qui  fait  la  Chronologie,  ou  qui  en 
écrit  -,  qui  eft  vetfé  dans  la  fcience  des  temps.  Cliro- 
nographus.  Yous  n'êtes  pas  un' bon  Cliroiwlogip. 
Caivifms  efi:  un-  grand  Chronologue.  Ablanc.  Chro- 
nolo?jie  vicHlit. 
CHRONOMETRE,  f.  m.  Chronometrum.  Inftrument 
qui  fert  à  mefurer  le  temps  ;  il  conlifte  dans  une 
fuïiple  échelle  que  l'on  fait  par  les  pouces  ,  ou  les 
differens  dcçrrés  qu'on  y  marque.  M.  Sauveur  a  don- 
né dans  fes  Principes  d'Jcoufiique,  la  figure  de  fcn 
Chronomètre ,  Se  celle  du  Chronomètre  de  M.  Loulié. 
IKF  Le  Chronomètre  de  M.  Sauveur  étoit  un  pen- 
dule particulier  qu'il  deftinoit  à  déterminer  exac- 
tement les  mouvemens  en  raufique. 


Années  ia 

Muiide. 


De  J.  C, 


4058 

4040 

4051 
4053 


40,4 


40,-rj 


4072 
4078 
4091 

4^9) 


Auguftc  meurt  le  19  d'Août.  Tibère  lui       ij 

Uiccede. 

L'ile  Thia  ,  l'une  desCyclades,  fort  de        17 
la  mer  6v:  fe  forme. 

S.;  Jean-Baptifte  commence  à  prêcher.  2.9 

JÈsus-Christ  eft  baptifé  par  S.  Jean  lé        30 
6  Janvier ,  félon  la  tradition,  au  com- 
mencement de  ia  1,0^  année.  J.  C.  chade 
les  Vendeurs  du  Temple  ,  de  célèbre  la 
première  Pâque  à  Jérufalem. 

Vellcïus  Patcrculus  publie  fon   hiftoire       ji 
cette  année  ,  &  en  tire  fes  dattes. 

Jefus-Chrift  célèbre  fa  féconde  Pâque  à 
Jérufalem. 
40J5    Troilième  Pâque  de  Jefus-Chrift.  Miracle        31 

de  la  multiplication  des  cinq  pains. 
405^    Jefus-Chrift  reifufcite  le  Lazare.  Il  célè-        35 
bre  fa  quatrième  &   dernière  Pâque  à 
Jérufalem.  Il  y  cft  crucifié  dans  la  qua- 
trième année  de  la  70*^  femaine  de  Da- 
niel. 
4o5'i    Mort  de  Tibère.  Première  année  de  Caïus       58 

Célâr. 
Caïiis  meurt.  L'Empereur  Claude  prend       41 

le  gouvernement. 
L'Empereur  Claude  célèbre  les  Jeux  Se-      49 

cùlaire.s. 
Claude  meurtle  15  Odobre.  Néron  lui       55; 

fuccède. 
Néron  meurtle  12  de  Juin,  Galba  com-       ^cf 

mande  pendant  8  mois. 
Othon  Empereur  pendant  5  mois ,  c'eft-       70 

à-dire  ,  jufqu'à  la  mi-Avril. 
VitcUius  pendant  8  mois.  Il  eft  tué  fut  la 

fin  de  l'année. 
Vefpafien  prend  les  rênes  de  l'Empire  le 

premier  jour  de  Juillet. 
Jcruûlem  prife  par  Tire.   AccomplifTe- 

ment  des  Prophéties  de  Daniel   &    de 

J.Cfur  cette  ville  &  fur  le  peuplejuif. 

Ce  mot  eft  formé  de  Xpoû? ,  temps ,  Se  /uÎTpeif 
mejure, 

|cr  CHRONOSCOPE.  Pendule  ou  machine  pour 
mefurer  le  temps  x^«»»ç>  temps  &:  ^y-^-^e", ,  je  con 
lîdère.  Le  mot  chronomètre  rend  mieux  cette  idée. 

tJO"  CHPvUDiM.  Ville  du  Royaume  de  Bohème  fur 
la  rivière  de  Chrudimka  ,  dans  le  cercle  auquel  elle 
donne  fon  nom  ,  aux  confins  de  la  Moravie. 

ifT  La  rivière  de  Chrudimka  a  fa  fource  près  de  Czaf- 
law  ,  pafle  par  le  Cercle  de  Chrudim  ,  Se  fe  jette 
dcns  la  rivière  d'Orlitz. 

CHPvYSALIDE.  f  f.  La  chryfatide  eft  la  chenille  qui 
a  perdu  fon  état  de  chenille  ,  Se  qui  eft  devenue  une 
efpèce  de  fève  avant  de  fe  transformer  en  papillon. 
La  chenille  devient  chryfalide ,  ^  de  chryfaliii 
elle  devient  papillon.  CAry/t/w.  M.  deReaumur, 
Se  prefquc  tous  les  Naturaliftes  écrivent  chrifalide. 
fins  y  :  cependant  cette  chenille  a  été  ainii  nommée 
à  caiife  de  la  couleur  dortc ,  du  mot  grec  X/iuràs , 
or. 

On  entend  par  Chryfalides  ,  les  chenilles  qui 
fontmétamotphofées  en  efpèce  defeves,lorfqu'elles 
font  fans  pies  ni  ailes ,  qu'elles  n'ont  plus  de  mou- 
vement ,  Se  qu'elles  ne  ptennent  plus  de  nourriture. 
On  donne  le  même  nom  aux  vers  à  foie,  pendant 
qu'ils  demeurent  dans  cet  état,  f'^oye-  là-deflus  le 
Mémoire  de  M.  Réaumur  fur  les  infecîes  ,  Tom.  i 
1754,  ou  le  Journ.  dss  Sav.  Mai  173 >. Les  chenilles 
en  cet  état  paroilfent  être  d'or  bruni,  tantôt  jaune, 
tantôt  plus  pâle,  quelquefois  verdâtre-,  Se  c'eft  de 
cette  riche  couleur  qu'elles  ont  emprunté  leur  nom 
çrec  de  Chryfalide ,  Se  leur  nom  latin  de  Aureliiz. 
il  V  en  a  aûfïi  qui  portent  des  tachcs.argentées. 

CHRYSALITHE.  f.  f.  Pierre  figurée  d'une  couleur 
d'pr  Se  de  fer  ,  femblable  à  celle  de  la  corne  d'Am- 


C  H  R 

TiTOrt  ,  brillante ,  dure  5c  raboteufe  ,  où  Ton  apper- 
çoit  un  grand  nombre  de  raies  circulaires ,  5:  qui 
paroît  faite  de  trois  ou  quatre  couches  iphctiqucs 
appliquées  l'une  ilir  l'autre.  Ces  couches  ont  quel- 
que reiicmblanceavcc  l'enveloppe  de  la  chryfaiidc. 
RiEGER  ,  cm  par  James. 
CtCT    CHRiSAMMONITE.    Chrifammonites.   Nom 
qu'on  a  donne  aux  cornes  d'Ammon  qui  paroiifent 
dorées. 
CHRYSANTHEMUM.  f.  m.  Chryfanthemum.  Plante 
qu'on  nomme  ainlià  caufede  la  couleur  dorée  de 
les  fleurs.  Elle  a  néanmoins  cela  de  commun  avec 
beaucoup  d'autres  plantes.  L'eipèce  de  chrijanthe- 
murn.  qu'on  cultive  dans  les  jardins ,  vient  de  Can- 
die &  de  Sicile  >  &  eft  arinueile.  Chryj'anthemum 
Creticuin  ,  Cliif.  Hijt.  Ses  tiges  l'ont  droites ,  hautes 
de  trois  à  quatre  pies ,  branchues ,  cannelées  >  d'une 
couleur  vert-pâle  j   &"  gatnies  >  auifi-bien  que  fes 
branches,  de  feuilles  alternes,  découpées  eii  plu- 
lieurs  fegmcns ,  qui  font  encore  incilces  fur  leurs 
bords.  Leur  couleur  eft  d'un  vert  un  peu  pâle.  Les 
extrémités  des  tiges  &  des  branches  portent  des 
fleurs  radiées  ^  a/lez  amples  pour  la  grandeur  de  la 
plante  ,  &  foutenues  par  des  calices  écailleux.  Ses 
fleurs  varient  par  leur  couleur ,  qui  eft  plus  ou  moins 
vive.  Il  s'en  voit  dont  le  centre  eft  pâle  ,  pendant 
que  la  circonférence  eft   jaune  ;  &  quelques  pies 
donnent  des  fleurs  également  jaunes ,  les  unes  plus 
vives ,  les  autres  plus  pâles.  On  eftime  plus  les  pies 
qui  portent  les  fleurs  doubles  toutes  j;mnes  -,  on 
fait  moins  de  cas  de  celles  qui  font  jaune  &  blanc , 
quoique  doubles.  Les  fcmences  du  Chryfanthemum 
font  menues ,  longuettes  ,  anguleuics ,  crénelées , 
&  d'une  couleur  brurte.  Ox\  trouve  dans  les  terres 
a  blé  des  environs  de  Paris  &  dans  celles  de  Nor- 
wà  martdie ,  une  efpèce  de  chryfanthemum  qui  a  fes 
^   fleurs  toutes  dorées  ,  &:  .aulîi  grandes  que  celles  de 
la  Marguerite.  Ses  feuilleî  font  tantôt  entières  &: 
dentelées  fur  leurs  bords ,  le  plus  fouvent  décou- 
pées en  quelques  fegmens  longs  &  crénelés,  elle  eft 
nommée  en  latin  chryfanthemum  fcgetum,  ow  Bellis 
lutea. 

Ce  terme  eft  compofé  des  niots  grecs  x/>«r«« ,  or  , 
àtSui  ,  fleur ,  comme  qui  diroit  fleur  dorée.  On 
mange  en  quelques  endroits  les  tiges  &  les  feuilles 
de  cette  plante  comme  les  autres  herbes  potagères. 
CHRYSARGIRE.  f.  m.  Tribut  qui  fe  levoit  fur  les 
femmes  de  mauvaife  vie ,  &  autres  perfonnes  de 
même  forte.  Chryfargirum  ,  Aurum  lujlrale ,  ne- 
gotiatorium,  pœnofum.  Evagrius  en  parle  au  ch.  39*= 
</«  Uh  Livre  de  fin  Hiftoire.  Zozime  dit  que  Conf- 
tantin  en  fut  l'auteur.  Il  y  en  a  ceperidant  des  vef- 
tiges  dans  la  vie  de  Caligula  par  Suétone  ,  &:  dans 
celle  d'Alexandre  par  Lampridius.  Evagrius  dit  que 
Conftantin  le  trouva  établi ,  &:  qu'il  penfa  à  l'a- 
bolir. Il  fe  payoit  tous  les  quatre  ans.  Quelques-uns 
difent  que  les  Marchands  &  le  petit  peuple  le 
payoient  auiTi.  Foyej;^  Baronius  à  l'an  530.  Il  paroît 
même  certain  qu'il  fe  levoit  fur  toutes  les  perfonnes 
Se  fur  les  animaux  ,  même  fur  les  chiens  qu'on  nOu- 
rilToit.  L'Empereur  Anaftafe  Tabolit.  Il  ôta  une  im- 
pofition  que  l'on  appeloit  le  CAry/izrcyre ,  laquelle 
fe  levoit  tous  les  quatre  ans  j  non-feulement  fur  la 
tête  des  perfonnes,  de  quelque  condition  qu'elles 
fuflcnt ,  foit  pauvres ,  foitefclaVes ,  mais  même  fur 
tous  les  animaux,  &  jufques  fur  les  chiens  ,  pour 
chacun  defquels  on  payoit  fix  oboles.  Godeau. 

Ce  tribut  fe  payoit  en  or  &  en  argent ,  dit  HofF- 
man  ,  &  de  là  Ion  nom  xov»oç ,  or  ,  «pft/for,  argent. 
CHRYSASPIDES.  Nom  qu'on  donnoitdans  la 
milice  Romaine  à  des  foldats  dont  les  boucliers 
étoient  enrichis  d'or. 
CHRYSEUIL.  f.  m.  Nom  à'homms.Chryfolius.  Saint 
C/^ryy^KiY fi.it  difciple  de  S.  Denis.  Il  fouffritlamort 
au  lieu  où  eft  à  préfent  tfrélinffhen  ,  &  fon  corps 
fut  porté  à  Commines.  Voye^  l'Abbé  Chaftelain  au 
7'Févr.  ;>.  5<î4. 
ÇHRYSITE,  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on  a  donné  à  la 


G  Mit 


Marcafîîtd'd'ot,  c'cft-à-dire,  aux  pierres  minérale* 
dans  lefquelles  on  trouve  de  l'or.  Chryfites, 
CHRYSOBERIL.  f.  m.  Pierre  précieule  qui  n'cft  au- 
tre choie  qu'une  forte  de  béril  pâle ,  un  peu  couleur 
d'or.  Chryfoberyllus. 
CHRYSOCOLLE,  f.  K  Eft  une  pierre  prccieufe  que 
Pline  ,  /.  37  ,  c.  10  ,  nomme  d'un  autre  nom  ,  Am- 
phitaiic.  Elle  eft  de  couleur  d'or  ,  de  figure  carrée. 
Il  dit  qu'elle  a  la  vertu  de  l'aimant ,  même  celle  d'at-» 
tirer  de  l'or ,  &  qu'elle  fe  trouve  aux  Indes.  On  tient 
cela  fabuleux.  Il  y  a  apparence  qu'il  veut  parler  de 
la  chryfolithe  ou  topafe. 
Chrysocolle  eftaulîi  une  colle  ,  liaifoh  ou  foudure 
de  l'or  &  autres  métaux.  Chryfocolla.  La  naturelle 
eft  une  certaine  rouille  d'airain  épailfie  ,  qui  coule 
dans  les  mines ,  principalement  de  cuivre ,  &  quel- 
quefois dans  celles  d'or,  d'argent,  &  même  de 
plomb ,  quand  il  pafle  un  peu  d'eau  dans  leurs  vei- 
nes ,  laquelle  s'épailfit ,  &:  fait  comme  une  pierre- 
ponce.  La  meilleure  eft  celle  qui  eft  verte  comme 
une  ém;raude ,  ou  un  porreau  :  c'eft  celle  qui  vient 
du  cuivre.  Celle  des  autres  métaux  eft  plus  lavée. 
Piuiîeurs  la  mettent  au  rang  des  efpèces  de  nitre. 
Les  Médecins  s'en  fervent  dans  la  cure  des  plaies. 
On  en  fait  d'artificielle  avec  un  peu  de  naturelle  dé- 
trempée &  du  paftel  ou  guède.  On  fait  aulfi  une 
foudure  d'or  &  d'argent  avec  de  la  rouille  de  cui- 
vre &  de  l'urine  d'un  jeune  garçon  ,  ou  avec  un  peu 
de  nitre.  On  l'appelle  autrement  borax. 

Ce  nom  de  chryfocolle  vient  de  ce  qu'elle  fert  à 
foùder  l'or  xf "«-ô;  5  or ,  xÔaa»  ,  colle.  Les  Grecs  ont 
tranfporté  le  nom  de  la  faétice  à  la  naturelle ,  à 
caufe  de  la  rellemblance  de  la  couleur,  f^oye:^  Galienj 
Pline,  Fallope  ,  Agricola ,  Carlîus. 

CHRYSOCOME.  f.  f  Plante  qui  eft  une  efpèce  d'm- 
mortelle  ou  de  Stxchas  citrina.  On  l'appelle  chry~ 
focome  j  parce  que  les  fleurs  font  des  bouquets  d'une 
couleur  éclatante,  Stœcha  citrina  angujiifoliai,  Vo/i 
Immortelle, 

^fT  On  donne  encore  ce  même  nom  à  plufieurs  au- 
tres plantes  d'un  genre  très-différent, 

tfj  CHRYSOGENOSi  Nom  d'une  nation  marquée 
dans  une  prophétie  reçue  parmi  les  Turcs ,  qui  fe 
perfuadent  qu'ils  pourront  un  jour  être  détruits  pat 
certe  nation,  Spon  explique  ce  mot  grec  par 
celui  de  blond  ,  &:  l'applique  aux  Mofcovites ,  qui 
ont,  dit-il  ,  la  plupart  les  cheveux  blonds ,  ëc  dont 
le  Grand-Seigneur  redoute  plus  la  puilfance  que 
celle  d'aucun  autre  peuple. 

CHRYSOGONE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Chryfigonusi 

S.Chryfo^one  eft  un  Martyr  célèbre,  quifouffrit, 

à  ce  qu'on  croit ,  près  d'Aquiléc  dans  la  perfécution 

de  Dioclétien. 

Ce  nom  eft  gfec ,  compofé  de  xr-"^''^  >  ^urum  s 

&    fll\l»!/.xl  ,  fio. 

CHRYSOGONIE.  f,  f.  Semence  d'or  tirée  d'une  folu» 
tion  d'or  parfaite  ,  ou  teinture  autifique ,  d'une  cou- 
leur rouge  j  d'une  fubtilité  prodigieufe ,  &  dont 
une  des  propriétés  naturelles  eft  de  faire  l'or ,  ainfî 
qu'une  de  celles  de  i'argyrogonie  eft  de  faire  de  l'zr- 
gent.  X/jKs-oyav/^i  Ce  mot  vient  de  xpviri^ ,  or ,  ècds 
'/îvsfj.xi,  être  fait  ou  engendré,  DiCT.  de  James. 

CHRYSOGONUM.  f.  m.  Chryfo^onum.  Plante  qui 
croît  parmi  les  blés ,  de  la  hauteur  d'une  coudée. 
Ses  tiges  font  fort  minces^  divifées  en  plufieurs  bran- 
ches: elles  font  garnies  de  feuilles  difpofées  deux 
à  deux  d'un  côré  &  d'autre  en  forme  de  croix  , 
d'un  vert-brun  ,  couchées  par  terre ,  plus  larges 
au  bout ,  &  découpées  comme  celles  du  chêne.  Ses 
fleurs,  qui  viennent  aux  extrémités  des  branches, 
font  jaunes ,  compdfées  ordinairement  de  quatre 
feuilles.  Sa  racine  eft  ronde  &  rouge  par  dedans* 
Cette  plante  eft  fort  fcmblable  au  leontopetalon. 

CCr  CHRYSOGRAPHE,  f.  m.  Qui  écrit  en  lettres 
d'or.  Chryfoaravhus.  Il  eft  parlé  de  ces  Ecrivains 
dans  l'hiftoire  de<;  Fmoereurs  de  Conftantinople. 

Ip-  CHRYSOLAMPIS.  f  f.  Nom  donné  par  Pline  à 
une  efpèce  de  pierre  précieufe,  pâle  le  jour,  &  de 
couleur  de  feu  la  nuit, 

D  D  d  d  ij 


«jSo  CHR 

CHRYSOLITHE.  f.  f.  Pierre  prccieufe  &  tranfpa- 
tente ,  de  couleur  d'or ,  mêlée  de  vert  avec  un  beau 
feu  Cliryfolithui.  Elle  eft  orientale,  &  il  envient 
de  l'Ethiopie ,  de  l'Arabie  ic  des  Indes.  Elle  eft  plus 
tendre  que  les  autres  pierres  prccieules.  Pline  la 
nomme  chryjoUimpe  ;  Iltdorc  chryfopaje  ,  &  Albert 
le  grand ,  c/irv/o/'^'.^c-.  Les  Anciens  l'appcloicnt/o- 
paje  ,  quand  elle  ctoit  toat-à-fait  jaune. 

CHRY^oLiTHfc  eft  auili  un  nom  générique  que  les 
Anciens  donnoienr  à  toutes  Ibrtes  de  pierres  dt 
couleur,  où  le  jaune  ou  couleur  d'or  dominoit. . 
Quand  la  pierre  étoit  verte,  on  la  nommoit  Lhry- 
foprcifi.  Toutes  ces  Ibrtes  de  chryfolithes  lont  rcn- 
voyées  aux  efpèces  de  pierres  delquelles  elles  ap- 
piochent  davantage. 

Ce  mot  vient  de  xi^'^'^  ■>  <^'' '  ^  "^^  *'^*' ,  pierre. 

CHRYSGLOGUE.  f.  m.  Surnom  que  Ion  donne  a 
Saint  Pierre  élu  Archevêque  de  Ravenne  en  453  , 
&  mort  en  449.  Chryjo/ogus.  Nous  avons  des  ho- 
mélies de  laint  Pierre  Ckryfologut,  on  dit  auiii 
de  S.  Chryfologue. 

Ckryjb/osue  we\xi  dire,  parole  d'or,  x?'"-'"i  °^-> 
>i^t'.  ,  parole. 

CHRYSOPEE.  f.  f  terme  d'Alchimie  :  c'eft  1  art  ou 
la  Iciertce  de  faire  de  l'or ,  c'eft-à-dire ,  l'art  de 
tranfmuer  les  autres  m.ctaux  en  "or.  Cafaubon  dit , 
dans  ia  première  Excrcitation  lut  Baronius ,  Dui- 
trihe  ,  10  ,  qu'il  a  vu  un  Manulcrit  dans  la  Biblio- 
thèque du  Roi,  qui  traitoit  de  l'art  de  la  Chry- 
fopée.  Gabriel  Naudé  ,  dans  Ton  Apologie  pour  les 
grands  hommes  accufés  de  magie,  dit  d' Agrippa  , 
qu'à  l'âge  de  vingt  ans  il  fut  retenu  par  quelques 
Seigneurs  de  France  pour   travailler  à  la    Chry- 

Ce  mot  vient  du  grec  x^vroi ,  qui  lignine,  or , 
&  de  »r.'(7p ,  qui  ftgnifie  faire. 

CHRYSOPRASE.  i".  V.  Pierre  précicule  qui  fervoit 
de  dixième  ibndçment  à  la  Jérulalem  célefte ,  dont 
il  eft  parlé  dans  l'Apocaiypfe,  cA.  XX/,  vtr/.  zo. 
Cette  pierre ,  dit  le  P.  Calmet ,  étoit  d'un  vert  Icm- 
blable  à  celui  du  porreau .  mais  tirant  lut  l'or  , 
comme  Ton  nom  le  marque.  Il  eft  dit  dans  le  Dic- 
tionnaire de  Moréri ,  que  fa  lueur  eft  fort  épaillé 
&  condenfée  -,  &c  tire  fur  celle  de  l'or ,  qu'elle 
paroît  marquetée  de  petites  pointes  ou  traits  de 
ce  métal ,  &  "qu'elle  fortifie  la  vue  ,  réjouir  l'el- 
prit ,  5c  rend  l'homitie  libéfal  Se  joyeux-, 

CHRYSOPRASIN.  f.  m.  Sorte  de  pierre  précieufe , 
de  couleur  verdiUie ,  qui  eft  une  efpèce  de  béril. 

CHRYSOR.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
Dieu  des  Phéniciens.  Sanchoniaton  ,  &:  après  lui 
Fhifon  de  Ecrite  ,  difent  dans  Eufèbe,  Prœpojit. 
Evans ,  Lih.  J ,  que  ce  Chryfor  étoit  petit  fils  du 
Ciel  fupérieur  -,  que  lui  &  un  frère  qu'il  eut,  mais 
qu'ils  ne  nomment  point  ,  furent  les  inventeurs 
du  fer ,  &c  de  fes  différens  ufages ,  que  Chryjor  , 
qui  eft  le  Vulcain  des  Grecs  &c  des  Latins,  avoit 
beaucoup  étudié  l'éloquence,  la  poefie  lyrique, 
&  la  divination;  qu'il  étoit  aulfi  l'inventeur  de 
l'hameçon ,  de  l'appât ,  de  la  ligne  à  pécher ,  &c. 
qu'il  avoir  été  le  premier  Navigateur  du  monde , 
que  pour  toutes  ces  ra'ifons ,  on  lui  avoit  décerné 
les  honneurs  divins  aptes  fa  mort ,  &  qu'on  l'ap- 
peloit  encore  Di.imichius. 

Ce  nom  pourroit  bien  vehir  du  phénicien  tym  , 

Hhracfch,  oui  fisnific  -,  forger  ;  fabriquer. 

CHRYSOSPLENIUM.  f.  m.  Plante  qui  pouiîe  de  fa 
racine  plufieurs  feuilles  femblables  à  celles  du  lière 
terrelhe  ,  rondes  ,  dentelées ,  velues ,  pleines  d'un 
fuc  d'un  goût  ftiptique  &  amer.  Il  s'élève  d'entre 
elles  de  petites  tiges ,  de  la  longueur  de  la  mairt  , 
divifces  ordinaircmcnr  en  deux  ou  trois  petits  ra- 
meaux anguleux  qui  portent  en  leurs  fommitcs 
de  petites  "fleurs,  formées  en  rofettes  à  quatre  quar- 
tiers,  d'une  belle  couleur  dorée  ;  il  leur  fuccède 
des  capfulcs  à  deux  cornes  qui  renferment  des  fe- 
menccs ,  menues,  rouges-brunes,  ou  noires.  EIL* 
croît  dans  les  macais ,  au  bori  des  ruiifeaux,  &  au- 
nes lieux  huiTÙdcs;  Elle  eft  bonne  poui  levet  les 


CHU 

obftruélions  du  foie  &  de  la  rate  ;  ce  qui  lui^  a  fait 
donner  le  nom  de  Chryfofpknium,  àexF'"^''oii  or, 
de  fplen  ,  la  rate. 
CHRYSOSTOME.  f.  m.  Ce  nom  eft  grec  ,  &  figni- 
fie ,  Bouche  d'or ,  de  xr-"^'-'  ,or,S>C  5-««« ,  ioucke.  On 
donne  ce  furnoni  à  deux  Auteurs ,  à  faintjean  C/iry- 
fojtome ,  Patriarche  de  Conftantinpi-'le ,  &  à  Dion 
le  Sophifte-,  &:  on  le  leur  donne  à  raifon  de  leur 
éloquence  ,  6i  de  l'élégance  de  leurs  difcours.  Il 
n'eft  cependant  bitn  en  ufage ,  fur-tout  en  notre 
langue  ,  que  pour  le  premier,  dont  il  eft  preique 
devenu  un  fécond  nom-,  car  on  dit,  S.  Chryjojlorne  , 
aulfi-bien  que  S.  ]ean  Ckryfojiome.  Il  ne  faut  pas 
écrire  Chrifojiome. 

Il  fe  dit  d'un  Prédicateur  cloqiiént. 

Chryfoftome  français ,  cenfeur  E-vangéliqiiét 
Jujfi  profond'Docîeur ,  qu'Orateur  pathaïque  ^ 
Bourdalouet  ilejt  vrai  qu'on  voit  dans  tes  difcours 
Des  beautés  que  l'art  même  ignorera  toujours. 

CHRYSULÉE.  f.  f  C'èft  le  nom  donné  à  l'eau  régale, 
parce  qu'elle  dvlfout  l'or ,  dont  le  nom  grec  eft 
x?"''"^'  Chryfulca. 

CHTHONIÈS.  f.  f.  pi.  ou  plutôt  adj.  pris  fubftanti- 
vement  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  que  les  Her- 
minoniens  célébroient  en  l'honneur  de  Cércs ,  à 
laquelle  on  immoloit  plufieurs  vaches.  On  publioit 
qu'il  fe  faifoit  un  prodige  dans  ces  facrifices.  C'eft 
qu'après  que  la  première  vache  qu'on  adbmrrioit 
étoit  tombée ,  toutes  les  autres  tomboient  du  même 
côté.  Du  mot  grec  ;t5àv,  terre,  &  x^'"'"^-'  1^^  ^^ 
par  terre. 

CHU. 

CHÛ,  ÛE  ,  participe  du  verbe  CÂo/r  ou  cheoir.  A\l 
lieu  du  féminin  chue,  on  a  dit  autrefois  chute ^ 
ce  qui  ne  s'eft  confervé  que  dans  ces  façons 
de  parler  proverbiales  ;  chercher  chape  -  chute  j 
trouver  chape-chûte  ;  pour  dire ,  chercher  ,  trouver 
quelqu'occafion  de  profiter  de  la  négligence  ou  du 
malheur  de  quelqu'un.  Acad.  Fr.  ffT  Et  auflî 
trouver  quelque  chofe  de  défagréable ,  à  la  placé 
de  ce  qu'on  chcrchoit  d'avantageux. 

CHUANGO.  f.  Drogue  médicinale  qui  vient  de  la 
Chine.  Il  s'en  fait  une  grande  confommation  au 
Japon. 

CHUCHETEMENT ,  CHUCHILLEMENT.  f.  m. 
Aiition  de  celui  qui  parle  tout  bas  à  l'oreille  de 
quelqu'un.  Sufurratio  Le  premier  fe  trouve  dans 
PoMEY  ,  le  fécond  dans  ce  Vers  de  La  Fon- 
taine. 

Grand  éclat  de  rifée  j  6"  grand  chuchillement, 
Univerjel  ctonnement. 

CHUCHETER  ,    ou  plurôt  CHUCHOTER,  v.  n. 
L'Académie  eft  pour  le  dernier.  Parler  bas  à  quel- 
qu'un en  préfence  d'autres  perfonnes,dont  on  ne 
veut  pas  être  entendu  i  ou  fimplement,  parler  basi 
en  fecret,  à  une  ou  à  plufieurs  pcrfonnes ,  pout 
n'être  point   entendu.    Mupire ,  infufurrare  ,  di- 
cere  aliquid   in  aurem.   Il  eft   de  nlauvaife  grâce 
de  chucheter ,  à<i  parler  à  l'oreille  devanr  les  hon- 
nêtes gens.L'affitite  dont  vous  me  dites  qu'on  avoit 
tant  chucheié.  Brssi  Rabutin. 
Chucheteb:.  Crier  comme  le  moineau  ou  pafrereait. 
Le  moineau  chuch'ete,  fritinnit.  Le  vcrhe  fritinnire 
fe  trouve  dans  Varron,  pour  exprimer  le   cri  de 
l'hirondelle.  Le  cri  du  moineau  s'appelle  guilkry; 
mais  le  verbe  qui  l'exprime  eft  chuchetcr.  Coimne 
prefque  tous  les  oifeaux  ont  chacun  une  forte  de 
cri,  le  moineau  en  a  unalTez  défagréable,  5c  pour- 
lors  on  dit  c^w'W  pépie  :  mais   lorfqu'il  chuchète , 
fon   ramage,  fans  être  beau,  a  pourtant  quelque 
chofe  de  rciouiflant. 
CHUCHETEUR,  EUSE,  ou  CHUCHOTEUR.  f. 
Qui  a  coutume  de  chuchetcr.  Mujjitabundus.  Les 


CHU 

thicheteurs  choquent,  &  font  odieux  au  refte  de 
la   compagnie. 
^'^  CHUCHEU.  Grande  ville   de  la  province   de 
^     Clickiang,    dans  la  Chine  ,    capitale  d'un  terri- 
toire de  même  nom.  Elle  eft  de  505'  plus  orien- 
en  le  que  Pt'king,  â  28"  12'  de  latitude. 
CHUCHOTEPv  ,  V.  n.  fe  dit  plus  ordinair.cment  que 
chuchetcr.  K\Mi:ÇtQ-^  tous  ces  mots,   chuchiument -, 
chuchilUmeniy  chucheter ,  chuchoteiir  ■>  ne  font  que 
.     du    ftyle  familier. 

'CHUCHOTÉRIE ,  f  f.  fignifiek  même  chofe  que 
chuckeument ,  &  eft  beaucoup  plus  en  ufage  ;  il  eft 
,     familier  comme  les  autres. 
fCF  'CHUCABUL  eu  CHUQUEBUL.  Grande  ville 
indienne  en  Amérique ,  dans  l'iitlime  de  la  pro- 
vince de  Jucatan.  Elle  n  exiftc  .plus  auiourd'hui. 
t^  CHUCUJTO.  Foye^  CUYO. 
|ti    CliuLULA.    Ville   de  , l'Amérique    feptentrio- 

nale  dans  la  nouvelle  Efpaghe,  près  du  lac  Mexico. 
§a"_CHULUlECA.  Contrée  de  l'Amérique  fepten- 
trionaie  dans   la  nouvelle  Efpagne ,  .à  Tcxtrcmité 
orientale  de  l'audience  de  Guatimala  ,  avec  une 
bourgade  du  même  nom. 
■^  CHUMBIBILCAS.  Peuples  de  l'Amérique  méri- 
dionale  au   Pérou,  fur  les  bords    de    la    rivière 
d'Abancai. 
IP"  CHUMFI.  f.  m.  Nom  d'une   forte  de  minéral 
qui  fe  trouve  dans  les  mines  d'argent  du  Potoii. 
Il  a  les  propriétés  de  l'Emeril  auquel  il  reifemblc 
;     beaucoup  par  fa  couleur. 

CHUNES.  Peuple  de  l'Amérique  méridionale.  Chu- 
nus,  a.  Les  Chunes  font  voifms  des  Huilles  ,  au 
deflbus  du  Chili ,  en  tirant  vers  le  détroit  de 
Magellan.  Ils^  habitent, ,  partie  fur  la  côte ,  &  par- 
tie dans  les  Iles  qui  font  en  très -grand  nombre 
_  tout  près  de  la  côte.  Guatana,  la  plus  voiline  de 
PF  l'Archipel  rie Chiloë,  en  eft éloignée  de  trois  jour- 
nées de  chrmin..Ces  peuples  font  tiès- féroces. 
Les  îles  qu'ils  habitent  font  ii  ftériles ,  qu'à  la  ré- 
ferve  de  Guatana ,  il  n'en  eft  aucune  qui  puiffe 
jiourtir  plus  de  deux  ou  trois  familles.  Ils  vivent 
de  poiflbns  &  de  ce  que  la  mer  jette  fur  la  côte. 
Ce  font  les  femmes  qui  font  la  pêche  :  elles  fe 
■plongent  au  fond  de  la  mer  ,  &  y  reftent  long- 
temps ,  après  quoi  elles  reviennent  avec  bon  nom- 
bre de  polifons  ,  qu'elles  apportent  dans  des  pa- 
niers qu'elles  ont  pendus  au  cou.  Ils  n'ont  point 
d'eau  douce,  ou  en  ont  peu.  Ils  tirent  des  loups 
marins  une  huile  dont  ils  font  leur  boiflbn.  Dans 
l'Ile  Guatana  ils  avoient  du  mais  dont  ils  faifoient 
du  vin.  La  plupart  ont  les  cheveux  roux,  le  tein 
olivâtre.  Ils  font  d'un  naturel  doux.  Ils  imitent 
cependant  la  fureur'  de  leurs  voifins.  P^ns  les  îles 
plus  éloignées,  ils  nourri/lent  des  chiens  qui  ont 
le  poil  fort  long ,  dont  ils  fe  font  àes  camifoles 
qiii  ne  leur  couvrent  que  les  épaules  &  la  poi- 
trine. Ils  fe  couvrent  la  ceinture  de  feuilles  de 
plantes  marines  durcies  au  foîeil.  Hift.  Paras, 
L.  FI,  c.  c). 

^  CHUNGKING.  Grande  ville  de  la  Chine, 
dans  la  province  de  Sukuen  dont  elle  eft  cin- 
quième Métropole. Elle  eft  de  100  25' plus  occi- 
dentale que  Féking,  fous  le  50°  24'  de  latitude. 

ce?  CHUPACKOS.  {los)  Peuple  de  l'Amérique 
méridionale  au  Pérou  ,  au  nord  &  au  midi  de  la 
rivière  qui  porte  leur  nom. 

CHUPIRE.  f  m.  Nom  d'une  plante  qui  croît  en 
Amérique, &  que  les  Mexicains  appellent  ^w^zk^- 
tepatli  onarhe  de  feu.  Elle  rc/fembJe  à  notre  lau- 
rier-rofe,  mais  elle  eft  plus  grande.  Ses  feuilles  ont 
un  pié  de  longueur ,  &  trois  pouces  &  demi  de 
largeur.  Son  fie  eft  rouge.  Ceux  du  pays  difent 
qu'il  évacue  les  humeurs  pituiteufes.  Il  y  en  a 
,  qui  croient  que  cette  plante  eft  mortelle  pour 
l'homme. 

CHUPIRï.  f  m.  Arbriflcau  des  Indes  occidentales, 
qu'on  appelle  autrement  charayeti.  Sa  racine  eft 
groflè  &  longue,  par  dedans  d'une  couleur  entre 
ie  blanc  &:  le  jaune ,  tirant  fur  le  rouge.  Ses  feuilles 


CH  Ù 


T  8  \ 

font  femblabics  à  celles  de   l'oranger ,  i«ais  plus 
grandes.  Ses  fieurs  font  jaunes  &ctoilées.Il  a  oeu 
d  odeur  .\-  de  fiveur.  On  s'en  fert  de  même  que 
du  gaiac  contre  les  maladies  vénériennes, la  gale 
£S:  autres  maux  opini.atres.  ' 

CHU1>MESSAHJTE. /;  „,.  Nom  de  fefte  Mahcmc- 
tane.  Les  Chupr>e]jafiues  font  des  Maliomctans  qui 
croient  que  Jelus-Chrift  eft  Dieu  ,  &  le  vrai  Mef- 
lie,  le  vrai  Rédempteur  du  .monde,  fans  cepen- 
dant lui  rendre  aucun  culte  public,  ni  fe  décla- 
rer. Bien  des  honnêtes  .  gens  parmi  les  Turcs ,  fi 
1  on  en  croit  Ricaud  ,  font  CkupmeffakUes ,  -&  il  y 
en  a  jufques  dans  le  Serrail.  Quelques-uns  ont 
mieiix  aimé  mourir  que  d'abandonner  cette  créance 

n>  ,rT  ^3^.,'^"''''  %"ifie»  ^ppui.  Protecteur,  & 
i\^çilahi,Chritun,  Chupmejfahiu ,  ProtcAeur  des 

t.hrcriens. 

CHUQUELAS.  f.,  m.  Etoffe  foie  &  coton  ,  fabri- 
quce  aux  Indes  orientales. 

■0CF  CHUQÎJIABO,  Nom  d'une  contrée  de  l'Amé- 
rique méridionale,  au  pérou ,  dans  l'Audience  de 
LuTia. 

ce?  CHUPXO. Petite  ville  d'Afe  en  Turquie,  dans 
la  iNiatohe,  lur  la  côte  de  Catamanie. 

CHUS.  Prononcez  Cus.  C'cft  le  nom  d'un  des-:^ls  de 
Cham,  cm  eut  en  parcage  une  partie  de  l'Arabie 
heureule,  que  l'Ecriture  appelle  pour  celaC.W, 
ou  Terre  de  (T/i/zj ,  noms  que  les  anciens  Interprètes 
ont  traduits  par  Ethiopien,  ic  Ethiopie;  car  l'Ethio- 
pie, dans  l'Ancien  Tcftarnent,n'cft  point  encore  1» 
partie  d'Afrique  à  laquelle  nous  donnons  ce  nom, 
mais  la  Terre  de  Chus,  Bocbart  prétend  que  c'eft 
une  faute  de  traduire  Chiu  ,  WX>  ,  par  Ethiopie,  & 
qu'il  faut  dire  avec  Jonathan  l'Arabie.  11  prétend 
auin  que  la  Terre  de  Ckus  &  la  Terre  de  Madian 
font  des  fynonymes.  Foyc^  cet  Auteur.  Phadecr.. 
Liv.  IV ,  ch.  2.  En  Hébreu,  c'cft  Chufch,  °. 

ftS"  CHUS,  f  m.  C'ctoit  une  me(ure  des  liquides 
chezles  Grecs,  ;k^V"  »  i-'épandre.  Elle  contenoit,  à 
ce  qu'on  croit,  environ  trois  pintes  &  demie  de 
Paris.    •  ,      .  ,  . 

CHUSCHITE.  f  m.  &  nom  de  peuple.  Habitant  dç 
la.  Terre  de  Chus,  defcendant  de  Chus.  Chufchita^ 
/Ethiops.  Bochart,  comparant  les  didcrens  endroits 
de  l'Ectiture  où  il  eft  parlé  des  -Chu/chites ,  fixe 
leur  première  habitarion  fur  les  bords  de  la  Met  ' 
Rouge,  partie  dans  l'Arabie  heureufe,  partie  dans 
l'Arabie,  pétrée  ;  de  là  une  Colonie  pa(fa  ie  Tigre  , 
&  s'établit  dans  la  province,  appelée  de  îeur  nom 
Chufch ,  &  Cuth  pat  les  Chaldéens  -,  r.,Vrn^,  Kiilie , 
&:Sufiane  par  les  Grecs,  Chuzerau  par  lesPcrfes; 
&  il  conjedlure  qu'elle  leur  fut  donnée  par  Nem- 
rod ,  en  reconnoilfance  de  leurs  »Jervices  dans  fes 
conquêtes.  M.  Huet  ajoute  qu'une  autre  Colonie 
traverla  le  dérroit  de  la  .Mer  Rouge,  &  pénétra 
dans  l'Ethiopie.  Cette  Colonie  ne  patoît  pas  avoir 
paflc    là  (i-tôt.  ,    . 

CHU  SI  S  TAN.  Prononcez  Ca/?/ïa72,  Province  du 
royaume  de  Perfe.  Chujîjikna ,  Siifiaria.  C'eft  l'an- 
cienne Suiîane  qui  conferve  encore  ion  nom,  mais 
corrompu.  Elle  a  encore  aujourd'hui  Sufe  pour 
capitale,  que  l'on  nomme  Sus  ^  Su  fier.  Le  Chu- 
Jifidn  a  l'Yerk  Agemi  au  Couchant ,  au. Levant  le 
Farliftan  ,  &  au  Midi  le  Golfe  de  Balfota.  Foye^ 
Chttschite,  pour  l'étymologie.  . 

CHUT.  Terme  dont  on  fe  fert" pour  impoferfilence. 
Silete ,  tacete  ,  fuvete  liniruis.  Chut-,  le  voici  qui 
vient.  Chut ,  qu'on  ne  faffe  point  de  bruit.  Térence 
a  dit ,  //. 

13c?  CHUTE.f  f  Mouvement  d'un  corps  qui  tombe, 
Lapj'us  Japfio.W^  fait  une  ry^/i^^-dangereufe.  Il  eft 
incommodé  d'une  chute  de  cheval.  Chiite  fur  un 
efcalicr.   Scalarum  lapfus,   .. 

fC?  EnPhyfîque  ,  c'eft  le  chemin  que  fait  un  corps 
pelant ,  en  s'approchant  du  centre  de  la  terre.  Le 
mouvement  des  corps  graves  augmente  dans  leur 
chute  dans  une  certaine  proportion  qui  a  été  in- 
connue aux  Anciens.  Galilée  eft  le  premier  qui  aiç 
obfervc  la  loi  de  cette  accélération  ;  &:  ii  a  prouvé 


<2%  CHU    ' 

ûu'un  corps  qui  tombe,  feit  trois  fois  autant  de 
chemin  dans  Second  inaant  de  fa  cA«.. ,  que  dans 
le  premier  :  cinq  fois  autant  dans  le  troihcmc ,  .^ 
ainf  d^ïu  te ,    uivant   l'ordre  des  nombres  m.- 

yium  juxtâ  fcrum  numerornm  impanum. 

ft^  On^appelk   chûu  des  feuilles    la  laUon  ou  les 

neuilles^ombent.  Il  mouruta  la  fi^^-^^f'^^ 

Chute  ft^nifie  fiffurcment,le  ^cdvc.  Cajus ,lapjus. 

7ap}o%lapfio:S,  Pierre  pleura  amèrement  aprçs 

Aàte.  Une  femme  s'affermit  dans  le  crmie ,  lorl- 

qu'au  lieu  de  l'épargner  fur  les  premières  c/.;.r.., 

on  lui  ravit  le  refte  de  honte  qm  la  pouvo     r  " 

tenir    De   Vill.  Dieu  a  permis  la  chute  miouu- 

nce   du  premier  homme,  quoiqu'il  eut  pu  lem- 

fCr^ Chute  fe  dit  encore  pour  décadence  _,  difgrace  , 
malheur.  Cafus ,  ruina.  Lz  chfae  de  Sejan  eft  un 
exemple  redoutable  pour  les  favotis.  Les  Perles 
abattus  par  la  moUefle  Se  par  les  délices,  ne  pu- 
rent s'oppofer  à  la  chute  de  leur  empire.  Vaug. 
Quand  les  grands  hommes  tombent ,  leur  chute 
ne  diminue  rien  de  leur  grandeur  ^  on  les  relpec^e 
comme  des  temples  démolis.  Bouh.  L  Empue  Ro- 
main, courant  à  fa  ruine,  entraîna  les  Sciences  qui 
fc  trouvèrent  accablées  fous  le  poids  de  la  chute. 

Bail. 

Une  aveugle  terreur 
Précipite  la  dmit,aulieu  de l'empicher .  QuiN. 

Dans  fa  ruine  mime  il  peut  m' envelopper.     ^ 
Il  me  peut ,  en  tombant ,  écrajer  Jous  Ja  chute. 

Corn. 

^  Cette  façon  de  parler ,  dccahléfous  le  poids  de 
la  chute  d'une  chofe,  cft  abfolumenr  mauvaiie.  On 
eft  accablé  fous  le  poids  ,  fous  les  ruines  d'une 
chofe  ,  mais  non  pas  fous  le  poids  de  ia  chute.  Une 
chute  ne  pcfe  point ,  &  ne  fauroit  accabler.  _ 

^  Chute  ,  en  Littérature  ,  fe  dit  de  la  lin  qui  ter- 
mine une  petite  pièce  de  poéiîe  ,  un  fonnet,  un  ron- 
deau, un  madrigal,  de  même  que  de  la  cadence  & 
de  l'harmonie  qui  termine  une  période  :  on  le  dit 
de  même  en  mufique,  de  celle  qui  termine  un  air. 
Claufula.  La  chute  de  cette  cpjgramme  eft  heu- 
reufe.  La  chute  de  cette  courante  eft  agréable.  La 
chute  de  cette  période  le  précipite  trop.  La  chute 
d'un  fonnet  doit  être  noble  &  ingénieuie.  S.  EvR. 
La  chute  de  cette  période  cft  brillante. 

Mais  n'imite  jamais ,  par  de  hurlefques  tours  , 
De  ces  Prédicateurs  l'éloquence  fleurie  , 
Qu'une  chute  de  mots  jette  aux  pies  de  Marie. 

'  VlLL. 

M.  Roufleau  parle  ainfi  de  la  chute  en  mufique , 
dans  fon  Traité  de  la  Viole.  La  chiite  fe  fait  lorf- 
que,  defcendant  par  intervalle  de  tierce,  on  touche 
en  partant  du  fécond  coup  d'archet  la  note  dont  la 
Situation  eft  entre  les  deux  qui  font  la  tierce.  On 
peut  fur  une  même  note  faire  la  chiite  Se  la  cadence 
fans  appui.  La  chute  fe  peut  faire  quelquefois^  fur 
des  notes  en  même  degré.  On  ne  doit  jamais  faire 
de  chute ,  lorfque  la  première  note  de  la  tierce  eft 
la  fin  d'une  période  de  chant,  èc  lorfqu'entre  les 
deux  notes  qui  font  la  tierce  ,  il  y  a  quelque  paule. 
Toutes  les  tierces  en  defcendanr  qui  fonr  majeu- 
res ,  demandent  ux\c  chute  :  la  chiite  fe  fait  quelque- 
fois ,  lorfqu'on  defcend  par  intervalle  de  quarte. 
La  chiite,  au  lieu  de  la  cadence,  fur  les  notes 
marquées  d'un  diêze  &c  autres  feintes ,  fair  un  bel 
effet.  Dans  les  pièces  oîi  le  mouvement  veut  erre 
beaucoup  marqué,  il  ne  faur  point  faire  de  chute. 
Pour  pratiquer  exademenr  la  chute.,  il  faut  obfer- 
ver  les  mêmes  règles  que  pour  l'appui  de  la  ca- 
dence. La  chîue  ^eft  propre  .  pour  tous  les  diffe- 
lens  jeux  de  la  viole  ;  elle  rend  le  jeu  plus  lie  & 
i-ilus  doux.  Dans  les  chants  tendres  &:  languilîans, 
©n  la  doit  faire  fouvent  au  lieii  de  la  cadence ,  j 


CHY 

pour   rendre  le  chant  plus    pathétique.  Dans  îes 
pièces   qui  expriment  quelque    chofe  d'cpouvan 
table  &  terrible ,  elle  fe  doit  faire  d'une  manière 
brufque  &  precipirce. 

Chute,  en  fait  de  pièces " dramatiques  ,  &  mauvais 
fuccès  font  termes  fynon'ymcs  ;^oj«^  Tomber  dans 
cette  acception. 

On  appelle  chiite  d'humeurs ,  un  débordement 
des  humeurs  qui  tombent  du  ceiveau.  Acad.  Franc, 
Effluentia, 

CnvTi  de  l'iivée.  Terme  de  Médecin  Oculifte.  C'eft 
un  nom  général  que  l'on  donne  à  toutes  les  diffé- 
rentes cfpèccs  de  ftaphyleme.  Uveis  tunicx  proci- 
dentia.  Demours. 

^fT  Chute  de  fondement,  en  Chiriurgie,  accident 
quiconlifteen  ce  que  l'inteftin,  appelé  reCfura,  fort 
conlidérablcment  quand  on  va  à  la  felle. 

âCr  Chute  de  matrice ,  c'eft  la  defccnte  de  cette 
partie  caufce  pat  le  relâchement  des  ligamsns  qui 
la  retiennent. 

§3"  Chute  de  la  luette.  On  donne  ce  nom  au  relâ- 
chement de  cette  partie  ou  des  amygdales.    - 

Chute,  en  Aftrologie  ,  eft  le  ligne  où  une  Planète  a 
moins  de  vertus  &  d'influence.  Defeaio.  On  l'ap^ 
pelle  autrement,  le  figne  de  dejeciiun. 

Chute, en  rennes  de  Jardinage,  cft  le  racordement 
de  deux  terrains  inégaux ,  qui  fe  fait  par  desperrons> 
ou  par  des  gazons  en  glacis. 

Chute,  terme  d'Horlogerie.  On  s'en  ferr  pour  expli- 
quer les  effets  d'un  engrenage.  Chiïte  eft  le  fyno- 
nyme  de  choc. 

Chute  de  feftons  &  d'ornemens  ,  en  Architecture  ,  ce 
font  des  bouquets  pendans  de  fleurs ,  ou  de  fruits , 
qu'on  met  dans  des  ravalemens  de  montans ,  pilaf- 
trcs  &:  panneaux  de  compartiment  de  lambris. 
Implexi  pendentefque  encarpi.  1.2.  chine  d'un  toit  y 
c'eft  la  pente,  ou  l'égoiit  d'un  toît.  Fafligii  d^cli- 

vitas. 

Chute  d'Eau  ,  en  Méchanique,  c'eft  la  pente  d'une 
conduite  depuis  fon  réfervoir  jufqu'à  relancement 
d'un  jet  d'eau  ,  qui  ne  monte  jamais  li  haut  que  fa 
fource.  Aquarum  devexitas ,  lapj'us. 

CifUTF  de  Voiles  ,  terme  de  Marine  ,  c'eft  la  longueur 
des  voileSi 

CHUTÉENS,  f.  m.  pi.  Peuples  d'une  province  de 
Perfe  ,  appelée  Chuta  ,  à  caufe  du  fleuve  Chut ,  Si 
qui  ayant  été  envoyés  pour  habiter  la  Samarie, 
qui  croit  déferre  depuis  que  Salmanafar  en  avoit 
fait  efclaves  les  habitans,  prirent  le  nom  de  Sama- 
ritains. Dieu  ayant  permis  qu'un  grand  nombre  de 
Lions  fortilTcnr  des  déferts  &  en  dévoraffent  une 
patrie  ,  pour  les  punir  de  ce  qu'ils  avoienr  apporté 
leurs  Idoles  qu'ils  adoroienr  à  la  façon  des  Gentils  ; 
le  Roi  d'AlTyrie  prit  foin  de  les  faire  inftruire  dans 
la  religion  des  premiers  habirans  de  cette  terre , 
par  un '^Sacrificateur  des  Juifs,  qu'il  fit  venir.  La 
crainte  d'être  dévorés  par  les  lions,  les  fir  fe  foû- 
mettre  à  quelques  préceptes  de  la  Synagogue; 
mais  en  adoranr  toujours  leurs  idoles.  Ils  perfcvc- 
rèrenr  dans  ce  culte  mêlé  d'idolâtrie  jufqu'au  temps 
des  Apôtres  ,  que  les  Samaritains  reçurent  l'E- 
vanffile. 

CHUTH.  Foyei  Chuschite. 

CHY. 

CHYLAAT.  f.m.  Efpèce  de  robe  de  defTus,  que  le 
grand-Seigneur  donne  par  diftinftion  à  fesMiniftres, 
Bâchas  ou  autres  Officiers. 

CHYLE,  f.  f  Terme  de  Médecine.  ^  Suc  blan- 
châtre', formé  de  la  partie  la  plus  déliée  des  alimens 
digérés  dans  l'eftomac  &:  dans  les  int'?ftins.  Chylus. 
Les  alimens  fe  tourneur  en  chyle  dans  le  ventricule 
par  le  moyen  d'un  ferment  volatile  8c  lalé  que  les 
glandes  de  fa  membrane  intérieure  féparenr.  Ce 
chyle  fe  perfeétionne  dans  les  inteftins-par  le  mé- 
lange de  la  bile  &  du  fuc  pancréatique.  Enfuite 
il  entre  dans  les  veines  ladtées ,  qui  le  porrcnt  dans 
le  réfervoir  de  Pecqiiet  i  de-la  il  pafle  dans  le  canal 


C  H  Y 

tliûrachique  ,  qui  aboutit  à  la  veine  foudavicre- 
gauche.  Cefl:  dans  cette  veine  que  le  chyU  com- 
lîienceàfe  mêler  avec  le  fang.  Enfin,  il  cft  poric 
dans  le  ventricule  droit  du  coeur  ,  &  de-là  dans  les 
poumons  &  dans  toutes  les  autres  parties  du  corps, 
confondu  avec  le  fang.  LesAncicnscroyoient  que  le 
chyle  le  changeoit  enVang  dans  le  foie  :  d'autrcsont 
cru  que  c'étoït  dans  le  cœur.  Les  Modernes  croient, 
avec  plus  de  raifon  que  ce  changement  fe  fait  par 
le  fîng  lui-mcme  dans  toutes  les  parties  du  corps. 
Ce  mot  cd:  t:  rec ,  yyKc-, ,  il  f.gmf.cfuc. 
CHYLEUX  EÙSE,  ad).  Terme  de  Médecine.  Qtii 
appartient  au  chyle ,  qui  tient  du  chyle.  Cky lofas  , 
a,um.\JnCiins:  appauvri  &  dépouillé  de  fa  partie 
onclueufe    &  diyUufe.    Duverney  ,  fils,    Mcid. 
I701.  Mém.p.  105. 
CHYLIFERE    ou   CHYLIDAQUE,   adj.    m.    c«r  1". 
Terme  d'Anatomic.  Ccft  l'cpithcte  qu'oiri  donne 
aux  petits  vaifîcaux  qui  portent  &  charienr  le  chyle 
dans  les  divcrfes  parties  du  corps.  M,  Guide  ,  d.uis 
fes   Obfervaticns    des  bons  &  mauvais  njagts  dit 
Qinnquina  ,  dit  que  tous  les  intclHns  ont  des  vaif- 
feaux  chyliferes,  par  le  moyen  defquels  le  vin&  l'o- 
piumdonncsenclyftcrcspeavent  enivrer  &:faircdor- 
mir.  Ce  rerme  eft  fort  en  ulage  dans  la  Médecine. 
CHILYFICATION.f.  f. Formation  du  chyle,  ope- 
ration  par  laquelle  la  nature  change  en  chyle  les 
alimens  que  nous  prenons.   Ckylopœejis ,  Chyhjl- 
Ciitio.  La  chytificanon  fe  fera  premièrement  en  mâ- 
chant les  alimens  dans  la  bouche,  en  les   mêlant 
avec  la  falive,  &  les  broyant  avec  les  dents.  Enfuite 
étant  tombés  pat  l'œlbphagc  dans  l'eftomac  ,  le  fuc 
acide  de  ce  vifcère  le  mêle  avec  eux  ,  les  pénètre  , 
lesdivifeen  particules  (i  petites,  qu'ils  ne  patoiflénr 
plus  qu'une  liqueur  ,  laquelle  com.primcc  par  l'cf- 
tomac  efl:  obligée  de  fortir  par  le  pilore  ,  &  d'en- 
trer dans  les  inteflins.  Là  deux  autres  didblvants , 
qui  font  la  bile  ,  &  le  fuc  pancréatique,  &  qui  ne 
font  pas  moins  puiifansque  la  falive  &  l'acide  de 
Teftomac,  achèvent  de  liquéfier  ces  alimens  ,  &c  de 
divifer  ce  qu'ils  y  trouvent  encore  d'uni.  Alors  en 
coulant  dans  les  inteflins,  ce  qu'il  y  a  de  plus  fub- 
til,  que  nous  nommons  le  chyle,  entre  dans  les 
orifices  des  veines  laélées  premières  ou  radicales  ; 
dont  tout  le  méfentère  eft  parfemé ,  lelquelles ,  ou 
feules,  ou  avec    les   veines    niéiaraïques  vont  fe 
rendre  à  des  glandes,  qui  font  à  la  bafe  du  mé- 
fentère. Puis  ce  chyle  eft  repris  par  les  veines  lac- 
tées fécondai  res,  &  porté  à  des  glandes  qui  font 
entre  les  deux  tendons  du  diaphragme,  connus 
autrefois    fous   le  nom    de  glandes  lombaires,  & 
qu'on  appelle  aujourd'hui  le  réfervoir  de  Pecquet , 
d'où  il  eft  conduit  au  cœur  par  le  canal  thorachi- 
que,  &:  la  veine  fouclavière,  dans  laquelle  il  com- 
mence à  fe  mêler  au  fang.  Le  fondement  de  toute 
la  Médecine  confîfte  à  rétablir  dans  un  bon  état  la 
chylification  troublée  &  vitiée.  Quelques  Modernes 
croient  que  la  chylification   ne    fe  fait  point  par 
voie  de  fermentation  ,  mais  par  broyement  &  par 
trituration.  Voye^^  Digestion. 
CHYLOSE.  f.  f.  Terme  de  Médecine,  qui  fe  dit  de 
l'aclion  par  laquelle  les  alimens  fe    tournent  en 
chyle  dans  le  ventticule.   Voye^^  Chylification. 
Ce  mot  eft  grec ,  •/J>M'ni. 
CHYME  f  m.  La  même  chofe  que  Chyle. 
CHYMÎE.  Koy^{  Chimie, 

CHYMOSE.f.f.CAy/Tzc/w.  Terme  de  Médecine.  C'eft 
la  féconde  des  coctions  qui  fe  font  dan<  notre 
corps.  C'eft  une  coction  ou  une  élaboration ,  une 
préparation  réitérée  de  la  plus  impure  &  de  la  plus 
grofTicre  partie  du  chyle,  laquelle  crant  rebutée 
des  veines  lactées ,  &  luccée  par  les  méfaraïques , 
eft  de-là  portée  au  foie ,  pour  y  être  de  rechef  cuire, 
purifiée  &  fubtilifée  -,  &  c'eft  d'elle ,  félon  P.ogers , 
dans  fes  AnaUcla  inaiiguralia  ,  que  fe  font  enfuite 
fermés  les  efprits  naturels. 

Ce  mot  eft  originairement    grec  ,  yju.«rii ,  de 
-,vt-)î ,  fuccus  ,  qui  vient  de  yja ,  fundo. 
CHYPRE.  Cyprus.  L'une  des  plus  grandes  Iles  de  k  ' 


CH  Y  ySj 

mer  Méditerranée,  Elle  eft  fur  les  cotes  de  l'Ana-* 
tolie  ,  dont  elle  n'eft  éloignée  que  de  feiic  licues- 
On  la  nomma  autrefois  Macaric  ,  Macaria  ,  c'cft- 
.à-dire,  heureulc,  fortunée.  On  prétend  que  ce  fut 
à  caufe  de  fa  fertilité,  &  de  l'abondance  des  m.- 
taux   qu'elle   produifoit.   Elle  eut    auift    les  noms 
à'Acamantis  ,    Ccrajiis  ,    A;mithuja  ,    Ajpelia  , 
Cryptos^Culima ,   t<.  Spcchia,  Il  y  avoir  lurtout , 
dit-on,  des  mines  de  cuivre  ,  qui  a  pris  l'on  nom 
tuprum^  de  cette  île.  Les  principales  villes  étoicnt 
Salamis  t<c  Paphos,  dont  l'une  .'voit  un  temple  de 
Jupiter  ,  &:  l'autre  de  Vciuis, Toute  l'Ile  csoir  con- 
lacrée  à  cette  Decffe,  que  Stéfichote  &  Horace  ap- 
pellent Cyprigcnic  ,  c*cll-à-dire,  née  en    Chypre. 
L'an  6c)6  de  la  fondation  de  Rome,  Caton  fut  en- 
voyé par  les  Romains  en  Chypre ,  &  il  la  rcduKit 
en  Province  de  l.i  République.  Saint  Paul  &  Saint 
Barnabe  y    portèrent    les   premiers   la   foi.  Saint 
Barnabe  y  mourur  &:  y  fut  enterré ,  S-i  fon  corps  y 
-fut  rrouvé  fous  i'empercur  Zenon,  Céfar  la  donna 
à  Cléopatre.  Après  fa  mort,  elle  retourna  aux  Pvc- 
mains.  Dans  la  divifion  de   l'Empire  elle  fut  attri- 
buée aux  gtecs.  En  1 191 ,  Richard  ,  Roi  d'Angle» 
terre,  allant  à  la  conquête  de  la  Terre-Sainte,  prit 
Chypre,  &  la  donna  à  Guy  de  Lufignan.  Jean  de 
Luîgnan,  III  du  nom  ,  ne  laiffa  que  Charlotte ,  qui 
fur  couronnée  à  Nicolie  en   1458  ,  &  peu  de  tennis 
après,  dcpofîcdée  par  Jacques,  Ion  fère  bâtard. 
Jacques  époufa  Catherine,  fille  de  Marc  Cornaro 
Vénitien,  à  laquelle  le  Sénat  dq^  Venife  alfigna  une 
dot  en  l'adoptant,  Jacques  mourut,  &  laifla  Ca- 
therine gtoffe  d'un  fils ,  qui  ne  vécut    que  deux 
ans.  Alors  les  Vénitiens  s'emparèrent  de  Chypre, 
malgré  les  proteftations    de  Charlotte  qui  vivoit 
encore  ,  &  qui  en  fit  donation  à  Charles  Duc  de 
Savoie  l'on  neveu.  En  1571  ,  Selim  II  l'enleva  aux 
Vénitiens.  Chypre  eft  un  des  plus  délicieux  féiours 
du  monde  -,  l'air  y  eft  fi  doux  ,  que  les  jardins  y 
font  remplis  de  fleurs  en  rout  temps.  La  capitale  de 
Chypre  eît  N.icofie,  Voys^  Vigcnere  fur  Céfar. 

Quelques-uns  aujourd'hui  écrivent  Cypre ,  ^ 
veulent  par  conféquent  que  l'on  prononce  ainfi. 
L'ufage  eft  partagé;  Chypre  paroîc  mieux.  Ce  nom  , 
félon  quelques  Auteurs ,  vient  de  Cyprus ,  fils , 
félon  Euftarhius  ,  &  félon  Etienne  de  Byzance  ,  de 
la  fille  de  Cynyras,  dont  cependant  il  n'eft  parlé 
ni  dans  la  fable,  ni  dans  l'iiiftoire.  Ainfi  il  eft  plus 
vraifemblable^que  Cyprus  vient  de  ~ao  ,  nom  hé- 
breu de  cette  Ile,  Les  Turcs  l'appellent  Cohros. 

Nous  avons  l'hiftoire  de  la  guerre  de  Chypre 
écrire  en  latin  par  Antoine  Maria  Grariani,  &  tra- 
duire en  François  par  le  Peleticr  ,  au  commence- 
ment de  laquelle  il  y  a  une  defcription  de  rile. 
Ordre  Js  CY/y/re ,  Chevalier  de  l'Ordre  de  Chypre, 
ou  du  lilence,  &  appelés  auffi  Chevaliers  de  l'Epée. 
Ordre  militaire  inftitué  par  Guy  de  Lufîgnan,  Roi 
de  Chypre,  dès  le  commencement  de  fon  règne, 
c'eft-à-dire,  en  1 192..  La  fin  de  cet  Ordre  éroit  de 
s'oppoier  aux  defcentes  &:  aux  irruptions  des  In- 
fidèles dans  fon  île.  Il  donna  aux   Chevaliers  mi 
collier  compofé  de  lacs  d'amour  de  foie  blanche 
enrrelafîcs  des  lettres  R  5-c  S  en  or,  k\x  bout  de  cz 
collier  pendoir  une  médaille  d'or,   dans  laquelle 
il  y  avoir  une  cpée  dont  la  lame  étoit  d'argent, 
&  la  garde  d'or,  avec  la  devifc  Sccnritas  Re-^ni-. 
Voyez  Epée,  Menenius ,  Favin  ,  Juftiniani ,  Her- 
manr,  Schornebek  ,  fc  le  P.  Kélyot  P.  J,  C.  5^. 
CHYPRE.  Poudre  de  Chvpre.  Vovcz  Poi'DRE. 
CHYPRIOT  ou  CYPRIOT,OTTh.  C.  m.&  f.  Q-^î 
eft  de  l'île  de  Chypre  ;  Cyprins.  Le  tradudeur  de 
l'hiftoire  de  la  guerre  de  Chypre,  écrite  en  latin  pat 
Grariani ,  dit  toujours  Chy priât.  Les  Juifs  maifa- 
crèrent  dans  un  même  jour  deux  cenrs  quarante 
mille  Chypriots,  pour  fe  délivrer  de  la  tyrannie 
de  l'Empire  Romain.  Le  Peletier.  La  chaleur  du 
climar  eft  caufe  que  les  Chypriots  font  communé- 
menr  d'une  taille  médiocre,  &c  plus  approchants 
de'  la   maigreur  que  de   l'embonpoint.  Id.    Une 
D:imc  Chypriolte.lv. 


^84  CIA 

CHYTRES.f.m.pl.  Fùte  très-cclèbre  à  Athènes,  rc- 
rouvellce  tous  les  ans  le  1 5  élu  mois  Antlieftcrion, 
letroifiènie  d-s  Anthcfliéries.  La  Iblemnicc  conlilloit 
à  faire  cuire  dans  une  marmite  des  femences  de 
toute  efpccc  en  rhonncur  de   Baccluis  6c  de  Mer- 
cure terrcftre  ,  qui  conduilbit  les  âmes   aux  enfers, 
félon  Athcnce  ,  /.  4  ?  o"   rcprclentoit  ce   jour-là 
des  Tran;cQics&;  des  Comédies.  Ce  qui  donna  oc- 
cafion  àVctabliflement  de  cette  Fête  ,  c'efl  qu'après 
le  déluge  de   Dcucslion,  ceux  qui    iurvc-curent  , 
offrirent  à  Mercure  rcrrcftre  toutes  fortes  de  craines 
&  de  iVmences ,  pour  k  rendre  propice  aux  mânes 
de  ceux  qui  avoient  cté  iiibmergcs  dans  les  eaux.  Jl 
n'ctoit  permis  à  perfonne  de   toucher   à   cette  of- 
frande, 5i  aucun  Prêtre  n'y  î^oiitoit.  Foyc^  le  Scho- 
liafte  d'Ariflophane,  (  in  Achiirnan  &  ad  Ranas.  ) 

XuTfO'    ,       de    -/M-TPa.   ,   Ollll. 

ItJ-  CHYTRINDA.  Cctoit  chez  les  anciens,  ce  que 
nou  ;  appelons  aujourd'hui  Colin-maillard. 

fp"  CHZÈPREG.  Petite  Ville  de  la  bafle  Hongrie  fur 
ia  rivière  de  Stob  ,  entre  Sopron  &  Gavarin. 

C  L 

Gi ,  Te  joint  ibuvent  avec  le  pronom  démonftratif. 
Celui-ci ,  cet  homme-c/ ,  pour  oppoler  à  celui-là  , 
cet  homme-là  ,    &  montrer    la  proximité  ou  l'c- 
loiar.cment  de  quelque  chofe.  Hic.  Cet  homme-c/  , 
cet* homme-là,  cette  pièce-a.    Ceux. qui    difcnt , 
ce  temps  ici  pour  ce  temps-ci ,  parlent  mal.  Quoi- 
que cette  façon  de  parler  ne  Ibit  pas  ttès-élégante  , 
l'on  doit    s'en  fervir  quelquefois  pour  bien  mar- 
quer ce  qu'on  veut  dire.  Vax/g.  Bouh. 
•  Il  Te  joint  avec  l'intcrrogant  qu'eji-ce  ,  &  le  met 
immédiatement  après,  qucfl-ce-ci  .^  Acad.  Fr. 
^fT  On   s'en   fert   aulfi  avec  quelques   prépolitions. 
Par-ci ,  par-là  ,  pour  dire  ,  en  divers  endroits.  On 
ttouve  pat-ci  ,   par-là  de  beaux  endroits  dans  ce 
dilcours. 
^CF"  De  même  avec  les  prépofitions  devant ,  après , 
deiîus ,    defibus.  Nous  avons  vu  ci-delîiis ,    ci-de- 
vant ,  en  parlant  de  ce  qui  précède  :  nous  verrons 
ci-après ,  pour  délîgner  ce  qui  fuit  dans  un  difcours. 
Si.prà ,  infrà.  Ci-dcdbus  gît-  Style  d'cpitaphe. 
^fT  Four  marquer  le  temps ,  on  le  met  encore  après 
la  prépofition  entre.  Entie-ci  5c  demain  nous  ver- 
rons bien  des  chofes.   Entre-ci  &:  là  il   y  a  loin. 


ExprefTion  peu  noble. 
C 


I  A. 


CIACALE.  f.  m.  Je  ne  fais  comment  exprimer  au- 
trement en  notte  langue  un  animal  de  l'Aiîe  mi- 
neure ,  dont  parlent  Bufbequius  8c  Du  Loir.  Cia- 
calis.  Il  efl:  de  la  taille  du  renard  Se  participe  de 
fa  nature  2c   de  celle  du  loup.  Ce  font  ceux  que 
Bufbequius  appelle  CincaUs  ,  ic  qu'il  rencontra  fur 
le  chemin  d'Amalie ,  Du  Loir  ,  p.  50.  On  pour- 
roit  rappeler  AvKo'sXaTttii ,  Liipivulpis.  Peut-être  eft- 
ce  celui  que  les  Grecs  appellent  Kt-va^&Vîîl ,  c'eft-à- 
dire  ,  comme  traduit  Henri-Etienne  ,  Canivulpis. 
fC?  CIALIS.  Royaume  de  la  Tartarie  indépendante  , 
entre  le  Royaume  d'Eluth  ,  les  grands  déferts  fa- 
bloneux ,  le  grand  Tibet  6c  le  Turkeftan  ,   avec 
une  capirale  de  même  nom  ,  fur  la  route  de  Sa- 
matcand  à  la  Chine. 
gCT  CIAMPA.  Petit  Royaume  d'Afie ,  tributaire  de  la 
Cochinchine  ,  borné  à  Porient  ôc  au  midi  par  la 
mer ,  au  nord  par  le  défert  de  la  Cochinchine , 
à  Poccident  pat  le  Royaume  de  Camboga. 
\fT  CIANGLO.  Ville  de  la  Chine,    dans  la  Pro- 
vince de  Fokien  ,  département  de  la  ville  de  Jen- 
pins. 
glO"  CIARTIAM.   Ville  &  Province  d'Afie,   dans 
la  Tartarie  ,  fous  la  domination  du  Grand  Cham. 

C  I  B. 

CIB.\GE,  f.  d.  Arbre  qui  croît  aux  Indes  Orientales , 


Cî  B 

Se  qui  rcfFemble  beaucoup  à  un  pin.  Ray  ,  titi 
par  James. 
Kr  CIBAO.  Province  de  l'Ile  de  S,  Domingue,  ei\ 

Amérique. 
CIBAP..  1.  m.  Nom  d'homme.  Eparchins.  S.  Cihar ,  re- 
clus àAngoulcme,  naquit  à  Pétigueux  dans  le  fixième 
fiècle,  &  mourut  le  i   Juillet  en  581.    Vo^e:;^  fa 
vie  dans  les  Jeta  SS.  BeruJici.  cl,  p.  i6j.  Ce  mot 
s'cfl:  formé  du  mot  Saint  èc  du  nom  Eparque.  Saint 
Eparque  ,  Saint  Epar ,  Saint  Par ,  Saipar  ,  Saibar, 
Sébcr  ,  Sibar  ,  Citar. 
?fr  CIBAUDIÈRE.  f.  f.  Nom  qu'on   donne  fur  les 
côtes  de  Flandre  &  de  Picardie  à  des  lilcts  pour 
la  pêche ,  nommés  ailleurs  folks, 
CIBOIRE,  f.  m.  Vahfeau  facré  en  forme  de  grand 
calice  couvert  ,    qui  fcrt  à  confcrver  les  hoftics 
confacrées  pour  la  communion  des  Chrétiens.  Au 
^!/IUJJiiniZ  Eucharijtia  Jacra  pixis.  On  rardoit  au- 
uefois  le  ciboire  cians   une  colombe  d'argent  fuf- 
pendue  dans  les  baptiflères ,  ou  fur  les  tombeaux 
des  Martyis ,  ou  fur  les  autels.  Le  troifièmc  Canon 
du  II  Concile  de  Tours  ordonne  que  l'on  placera, 
le  ciboire    où  repofe  le  corps  du  Seigneur ,  non 
pas  au  rang   des  images ,  mais  fur  la  croix ,  qui 
étoit  au  haut  de  l'autel. 

Il  femble  que  ce  mot  ait  été  pris  de  cihorium , 
qui  cfl  en  ufige  chez  les  Grecs  &  chez  les  Latins. 
Héfichius  a  cru  qu'il  vient  originairement  des  Egyp- 
riens ,  ôc  qu'il  figniiîe  en  leur  langue  lefruit  d'une 
certaine  fève  d'Egypte.  On  a  appelé  de  certains 
vafes  ciboires ,  parce  qu'ils  étoient  faits  comme  cc% 
fèves  d'Egypte.  Horace  s'eft  fervi  du  mot  de  ci~ 
boria  en  ce  fens-là  ,  comme  Ta  remarque  l'ancien 
Scholiafte  Latin.  Il  fc  peut  aulFi  faire  que  ces  vafcs 
aient  été  nommés  ciboires,  parce  qu'ils  étoient  faits 
de  ces  fèves  d'Egypte,  On  a  donné  dans  la  fuite 
des  temps  le  nom  de  ciboires  aux  vafes  facrés  ,  où 
Ton  conferve  les  hofties.  Quelques  Théologiens 
ont  cru  qu'ils  ont  été  ainfi  appelés ,  parce  que  le 
pain  qui  nous  nourrit  pour  la  vie  éternelle  y  eft 
conferve.  Ugution  dit  que  cibcrii.m  eil  piopreménc 
un  vafe  deftiné  ad  ferendos  cibos. 

Chez  les  anciens  Ecrivains  ce  mot  fe  difoit  de 
toute  fofte  de  conftrudlion  faite  en  voûte  ,  portée 
fut  quatre  piliers.   Foye^  Acla  SS.  Febr.  T.  III , 
p.  iojf,c.D.p.io^,B.8c  April.  T.  II ,  p.  11 , 
E.  où  l'on  voit  par  la  defcription  d'un  ciboire  de 
marbre  ,    foutenu  de  quatre  colonnes  de  marbre  , 
&  impofé  fur  un  autel ,  que  c'efl:  la  même  chofe 
que  baldaquin,   Voye:^  ce  mot.  Chez  les  Auteurs 
Eccléfiafliques ,    c'efl  aulîl  un   petit  dais  ou  voile 
élevé  &  fufpendu  fur  quatre  colonnes  fur  le  maître 
autel.  On  en  voit  encore  en  quelques  Eglifes  à  Paris 
ôc  à  Rome.  Les  Italiens  appellent  encore  ci/^^rio, 
un  tabernacle  ifblé.  On  a  dit  qu'on  pofoit  des  ci- 
boires  fur  les    corps  des  Saints  &  des  Martyrs  , 
parce  qu'on  les  enterroit  fous  les  autels, 
fp;  CIBOLA  ou  CIVOLA.  Province  de  l'Amérique 
feprentrionale  ,  dans  le  nouveau  Mexique  que  les 
Efpagnols  nomment  la  nouvelle  Grenade  ,  à  caufe 
d'une  ville  de  ce  nom  qu'ils  y  ont  bâtie. 
CIBOULE,    f.   f.  Petit  oignon  qui  a  peu  de  tête , 
qu'on  emploie  à  diiférens  ufages  dans  lescùfines, 
dans  les  làlades  &:  dans  les  ragoûts.  Cepula ,   di- 
minutif de  ccpa ,  d'où  le  mot  eft  dérivé.    Voye^ 
Oignon,   Les  ciboules   ne  fc  multiplient  que  de 
graine ,  qui  eft  de  grofleur  de  la  poudre  à  canon 
ordinaire  ,  un  peu  plate  d'un  côté,  &:  à  demi  ronde 
de  Pautre  ,  &  cependant  un  peu  longue ,  en  ovale , 
&  blanche  dedans.  La  Quint. 
CIBOULETTE,  f  f.  Petite  ciboule  fervant  aux  mêmes 

uiaecs.  Cepula  minor. 
ffj-  CIBUNDOL   Nom  d'une  Province  de  l'Amé- 
rique méridionale,   dans  la  nouvelle  Grenade. 

C  I  C. 

CICATRICE,  f.  f.  §C?  Marque  des  plaies  &  de» 
ulcères  qui  refte  après  la  guérifon.  C'eft  une  nou- 
velle peau  plus  blanche ,  plus  liife  ,   moins  po^ 

reufe 


C  IC 

têuCe  Se  moins  fenfible  que  la  première,  Cicacrix, 
II  a  le  corps  couvert  de  cicatrices.  Les  cicatrices 
(des  plaies  reçues  à  la  guerre  ibnt  honorables.  Re- 
gardez  ces  vilages  hâves  ,   ces  corps  hideux    de 
plaies ,  &:  tout  couverts  de  cicatrices.  Vaug.  Quel- 
ques-uns tirent  ce  mot  àz  quaji  circa  cutetn.  D'aii- 
,     très  diient  que  cicatrix  ,  latin  ,  d'où  vient  le  fran- 
çois  cicatrice  ,  eft  dit  comme    occcEcatrix  ou  cœ- 
catrix ,  du  latin  ccecare ,  occacare  ,  parce  que  la 
cicatrice  n'eft  que  ohduclio  vulneris  ,  ce  qui  cache 
la  plaie. 
Cicatrice  fe  dit  aufîl  fîgurcmenr  ,  des  plaies    qui 
font  faites  à  l'honneur.  Après  que  les  plaies  que 
fait  la  calomnie  ibnt  refermées ,  les  cicatrices  de- 
meurent toujours.  Ablanc. 
CICATRICULE.  f.  f.  du  latin  cicatricula.  Petite  ci- 
catrice. Petite  tache  blanche  qu'on  remarque  l'ur 
la  membrane   du  Jaune  d'un  œuf,  où  fe  fait  la 
fécondation.    Le   petit   poulet  qui  eft  dans  l'o^uF 
dans  un  état  de  nymphe ,  &;  caché  fous  la  peau 
d'un  vermiffeau  ,  le  nourrit  d'abord  du  blanc  de 
l'œuf,   &    enfuitc   du  jaune  lorfqu'il  eft   un  peu 
fortifié ,  &  que  fes  parties  commencent  à  s'affermir. 
C'eft  fur  la  membrane  qui  environne  le  jaune  , 
que  fe  trouve  la  cicatricule  ou  petite  tache  blanche 
qui  eft  feule  le  véritabli;'  germe  où  réfide  le  vermif- 
feau.  L'œuf  où  ce  petit  germe  eft  entré  devient 
fécond.  Celui  où  il  ne  fe  trouve  point  manque  de 
germe  ,  &  ne  contient  que  des  nourritures  ftcrijcs. 
Les  femelles  donnent  quelquefois  des  œufs    fans 
avoir  eu  la  compagnie  du  mâle  :  mais  il  n'en  pro- 
vient rien.  Spectacle  de  U  nature.  Voyez  finera- 
tion  ,  fécondation ,  ù  les  articles  relatifs. 
%fT  CICATRISANS,  terme  de  Médecine,  adj.  em- 
ployé  fubftantivement.    On  entend  par    ce    mot 
les  remèdes  propres  à  fécher  &  confolider  les  plaies 
&  les  ulcères,   &  à   accélérer   la  cicatrice.  Cica- 
tricantia  remédia  ,   cicatricem  inducentia  ,  matu- 
rantia.  Cicatrifatif  n'eft  pas  ufté. 
§3"  CICATRISER,  v.  a.  Quelques-uns  ont  écrit  ci- 
cairicer.   L'ufage  eft  pour  le  premier.  Faire  une 
ou  plufieurs   cicatrices.  Cicatricare.  On  lui  a    ci- 
catrife  tout  le  corps.  La  petite  vérole  lui  a  cicatrije 
le  vifage. 
^3°  Cicatrisfr,  avec  le  pronom  perfonnei.  v.  récip. 
fe  dit  des  plaies  prefque  guéries  ,  &:  qui  fe  repren- 
nent. Coalere  ,  coalefcere.  Cette  plaie   commence 
à  le  cicatrifer.  Jam  coalefcit  vulnus.  On  ne  fau- 
roit  croire  avec  quelle  facilité  cette  plaie ,  toute  dan- 
gereufe   qu'elle   étoit ,    s'eft  cicatrifée.  IncredibiU 
efl  quàm  facile  coaluerit  vulnus. 
%fT  Cicatriser,  en  Botanique,  c'eft  conduire  une 
plaie  à  parfaite  guérifon.  Les  plaies  qu'on  couvre 
de   thércbentine  fe  cicatrifent  plus  promptement 
que  celles  qui  reftent  à  l'air.  Il  refte  defllis  une 
marque  qu'on  nomme  cicatrice.  Duh. 
^  CICATRISE  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Plaie  cicatrifée. 
Vulnus  obdiiBum  cicatrice.  Vifage  cicatrifé,  cou- 
vert de  cicatrices.  Cicatricofus. 

Son  front  cicatrifé  rend  fon  air  furieux.  Bon, 

§3"  Régnier  a  dit  dans  fon  mauvais  langage  : 

Pour  moi,  fi  mon  habit  par  tout  cicatrifé  , 
iVe  me  rendait  du  peuple  &  des  grands  méprifé , 
Je  prendrais  patience,  .  . 

jCICCUS.  f  m.  C'eft  ,  félon  Héfychius  ,  une  efpèce 
de  petite  fauterelle.  On  en  fait  fi  peu  de  cas ,  que 
cela  a  donné  lieu  à  un  proverbe  qui  marque  le 
rnépris.  C'eft  encore  une  efpèce  d'oie  fauvage  , 
félon  Aldrovand.  k/xxos  .  Ornithologie ,  L.  XÎX , 
c.   lO. 

CICERO ,  f.  m.  terme  d'Imprimerie  ,  eft  le  carac- 
rére  entre  le  petit  Romain  &  le  S.  Auguftin.  C'eft 
le  caraélère  de  ce  Diélionnaire. 

CICEROLE.  f.  f.   Efpèce  de  pois  chiches.  Cicera  , 
ou  cicercula.  On  dit  aalfi  des  cices. 
Tome  II, 


CIC 

CICÉRONE,  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  cioiiuu  ■-.> 
Italie  à  ceux  qui  font  voir  les  curiolites  d'une  vilje: 
aux  étrangers.  Comme  j'ai  déjà  été  deux"  fois  à 
Venife  ,  je  fers  de  cicérone  h  deux  Comtes  de 
Bohême  que  j'ai  connus  à  Prague.  Baron  de  FollnitT. 

CICERONIEN.  adi.  Qui  imite  le  ftyle  de  Cicéron, 
Qui  eft  en  bon  latin ,  comme  celui  de  Cicéron. 
Le  ftyle  du  dilcours  latin  fur  la  fpiritualité  &  I  im- 
mortalité de  l'ame,  n'eft  nullement CVc«o«/^/z.  Oi~ 
jeryations  fur  les  Ecrits  modernes, 

A  cette  élégance  Troyenne  i 

Tant  foit  peu  Cicéronienne  y 

T)jd()n  de  rire  s'éclata  , 

Toute  la  troupe  l'imita, 

Scarrow  ,  Virg, 
trav,  l.  I  ,  /.  6ji 

CiCFRONiEN.  f.  m.  Scrupuleux  imitateur  du  ftyle  de 
Ciccron.  M.  Desjardins  ,  Principal  du  Collège  de 
S.  Quentin ,  recommande  d'aimer  &  de  bien  étudier 
Cicéron  ;  mais  il  condamne  cette  admiration  fu- 
perftitieufe,  qui  à  la  renai:fance  des  lettres  enfanta 
la  fecte  des  Cicéroniens  ,  dont  l'extravagance  al- 
loit  jufqu'a  méprifer  tous  les  ouvrages  écries  d'un 
ftyle  ditfcrent  de  celui  de  Cicéron  \  &jufqu'à  in- 
terdire aux  jeunes  gens  la  ledtute  des  autres  Ecri- 
vains de  l'antiquité  ,  &  à  les  borner  à  l'imitation 
lérvile  de  ce  fameux  Orateur.  Erafmc  a  finement 
raillé  ces  cfptits  fuperftitieux  dans  fon  Dialogue 
intitulé  :  Ciceronianus,  Obferv.fur  les  Ecr,  mod, 

T.    I4r,  p.    IZÇ). 

On  a  vu  autrefois  les  Cicéroniens ,  ù£ie  ridi- 
cule, fe  croire  des  Cicérons ,  lorfqu'avec  les  ex- 
preffions  élégantes  Se  les  tours  harmonieux  de  l'O- 
rateur Romain  ,  ils  avoient  réu/fi  à  former  un  dif- 
cours  dépourvu  de  fens  &  de  raifonnement.  En. 
vain  fait-on  s'exprimer ,  (i  on  ne  fait  pas  penfer  , 
&  envain  penfe-t-on  ,  fi  l'on  ne  fait  pas  conftrui're 
fes  penfées ,  en  obfervant  l'ordre  que  la  nature 
&  la  raiibn  prefcrivent.  Obferv.fur  les  Ecr,  mod,  T. 
lo,  p.  142  ,  i4;. 

(p-  CICtRONISER.  V.  n.  Affeder  le  ftyle  de  Ci- 
céron. Trop  curieux  d'étaler  les  richeifes  de  fa 
belle  latinité.  Lambin  cicéronife  à  outrance  ,  &  ne 
ccife  de  répandre  à  pleines  mains  les  fleurs  d'une 
élocution  incpuifable.  Toijrreil. 

CICLAMEN.  {'.  m.  Koj-ê^Pain  de  Pourceau.  C'eft 
la  même  plante. 

CICLAMOR.  f.  m.  On  dit  mieux  or  le.  C'eft ,  en  termes 
de  Blafon  ,  une  efpèce  de  bordure  de  l'ccu  ,  ou  de 
quelques-unes  des  pièces  dont  il  eft  orné. 

CICOGNAT.  f  m.  Prononcez  le  c  comme  un  g.  Petit 
de  la  cigogne  ■■,  ciconeau.  Ciconiœ  pullus.  Ciconeaa 
eft  plus  ulîté. 

I^O"  CICOGNE.  C.  f.  On  prononce ,  &  même  on 
écrit  cigogne.  Ciconia.  Oifcau  de  paflàge  qui  a  les 
pattes,  le  cou  &  le  bec  fort  longs ,  ce  dernier  rouge , 
&  qui  vit  d'infectes.  Son  pennage  eft  blanc ,  excepté 
l'extrémité  des  ailes  qui  eft  noire.  Elle  a  auiîi  un 
peu  de  noir  aux  cuifles  &  à  la  tète.  Elle  a  le  tour 
des  yeux  garni  de  plumes ,  de  la  peau  fort  noire 
en  cet  endroit.  Elle  choifit  les  plus  hauts  arbres  dans 
les  lieux  marécageux  pour  y  faire  fes  petits;  elle  cou\'e 
l'efpace  de  trente  jours ,  &  ne  pond  que  quatre 
œufs.  On  dit  que  la  cicogne  nourrit  fon  père  &C 
fa  mcre  ,  lorlque  la  vieilleffe  leur  ôte  le  moyeu 
de  chercher  leur  vie  ,  ce  qui  fait  croire  qu'elles 
vivent  long  temps. 

Il  y  a  deux  efpèces  de  cicognes,  la  blanche,  de 
laquelle  nous  parlons  ici,  &  la  noire,  que  les 
Egyptiens  appcloient  ibis ,  dont  nous  parlerons 
à  ce  mot.  La  noire  n'eft  pas  oifeau  de  paffage  ,  mais 
demeure  toujours  dans  le  même  pays.  La  blanche 
fe  plaît  particulièrement  dans  les  prés  &  dans  les 
étangs.  Il  y  en  a  en  quantité  en  Allemagne  &  en 
Suiffe.  Elles  s'en  vont  à  la  mi-Aout ,  &  reviennent 
au  Printemps.  Bellon  dit  que  la  dernière  qui  arrive 
au  lieu  où  elles  s'affemblcnt  pour  partir ,  eft  tuée. 

E  E  e  e 


^86  CIC 

Aldrovand  dit  que  c'eft  proche  du  Tcfm  qu'elles 
font  leurs  aflemblécs  -,  &  qu'après  avoir  tenu  con- 
fcil  cntr'elles ,  elles  partent  la  nuit. 

Il  y  a  dans  le  Cabinet  de  la  Socictc  Royale  de 
Londres  une  tète  d'une  cicogne  des  Indes  ,  que  per- 
fonnc  n'avoit  décrite  avant  Grew  ,  qui  l'a  làit 
dans  le  Alufaum  Regalis  Societatis. 

On  dit  que  c'eft  la  cicopie   qui  a  appris  aux 
hommes  l'invention  des  clyïlcrcs.  La  cicogne  tient 
l'aîle  baidce  en  volant.  On  croit  que  le  bruit  qu'elle 
fait  vient  de  fon  bec  dont  les  deux  parties  frap- 
pent Tune  contre  l'autre  avec  beaucoup  de  violence. 
La  cicogrie  eft  le  lymbole  de  la  reconnoiilance.  Le 
Roi  de  la  Chine ,  pour  marque  de  fa  Royauté , 
porte  deux  cicognes  en  broderie  fur  la  poitrine  , 
avec  une  perle  au  haut  du  bonnet  -,  ce  qui  n'eft 
permis  qu'a  lui  feul.  Elle  efl:  appelée  ciconia ,  quod 
fit  cicuris  &  bmigna  naturit ,  dit  Martinius  -,  parce 
qu'elle  eft  d'un  naturel  doux  &   tout-à-fait  appri- 
voiic ,  demeurant  volontiets  parmi  les  hommes.  Ju- 
nius  rapporte  dans  Ion  Hijtoire  di  Hollande  ,  qu'on 
a  vu  une  cicogne  revenant  à  fon  nid  qui  alloit  être 
confumé  par  les  flammes  d'un  incendie ,    qui  en 
étoit  tout  près,  faire  de  grands  efforts  pour  retirer  fes 
petirs  du  danger  où  ils  croient,  Se  ne  l'ayant  pu  fiirc 
à  caufe  qu'ils\-i'aYoient  point  de  plumes ,  s'étendre 
dans    fon   nid  ,   &:    fe  lailfer  briller    en  les  cou- 
vrant de  Tes  aîles.  On  trouve  dans  le  troificmc  Livre 
de  Voflius  ,    de  Idol.   c.  81  ,  84,    85  ,    95  ,_  9*5, 
97  ,  à  peu  près  tout  ce  que  Tantiquité  a  dit  des 
cicognes. 

Une  cieogne  qui  nourrit  fon  père  &  fa  mère 
vieux  ,  avec  ce  mot ,  dulci  pro  tnanei  e  virœ ,  eft 
une  devife  du  Lucatini ,  pour  exprimer  la  recon- 
noiffimce.  Et  avec  ce  mot.  Par. pari  fenmt,  elle 
eft  de  Scipion  Bargagli.  On  donna  pour  devife  à 
Ranutio  I ,  Duc  de  "Parme  ,  une  cieogne  qui  tue 
des  ferpens ,  avec  ce  mot  Servat  &  profugai^  ;  &  à 
Philippe  III ,  Roi  d'Efpagne ,  Donec  conficiam  ; 
pour  marquer  fa  piété  &  fon  zèle  à  exterminer 
les  Mores  d'Efpagne.  Celle  -  ci  eft  d'Emmanuel 
Thefauro. 

Sur  les  médailles ,  la  cieogne  qui  nourrit  le  père  & 
la  mère  durant  leur  vieillelfe  eft  le  fymboie  de  la 
Piété  -,  elle  fe  met  otdinairemenr  à  côté  de  cette 
Déefle  ,  ou  des  enfans  qui  ont  fmgulièrement  ho- 
noré leurs  parens.  J.  Jobert. 

On  appelle  proverbialement  des  contes  à  la  ci- 
eogne ,  des    contes  faits  à  plaifir ,   des  contes  de 
vieilles ,  dont    on    amule    les    petits  enfans.  Fa- 
bula:, 
Cigogne   eft   aufll  un   certaine  machine  à  tirer  de 

l'eau.  Tolleno.  Tachard. 
CICONNEAU.  f.  m.  Prononcez  &  écrivez.  Cigon- 
neaii.  Petit  de  la  cieogne.  Ciconix  pu/lus. 

Les  ciconneaux  nourriifent  leurs  parens ,  lorf- 
qu'ils  font  trop  vieux  pour  chercher  leur  vie.  Faul- 

TRIER. 

CICUTAIRE.  f  f.  Cicutaria.  Plante  ombellifère  dont 
les  feuilles  approchent  en  quelque  manière  de  celles 
de  la  ciguë  \  c'eft  apparemment  à  cete  reifemblance 
qu'elle  "doit  fon  nom.  Sa  racine  eft  vivace ,  aflcz 
çroffe  ,  branchue  -,  du  collet  de  cette  racine  fortent 
quelques  feuilles  fott  amples,  d'un  vert-foncé  , 
découpées  en  plufieurs  fegmens  ,  qui  font  recou- 
pées en  d'autres  plus  menus ,  taillées  en  manière 
de  pinnules  de  Fougère.  Les  queues  qui  les  por- 
tent font  branchues ,  épaiflés  à  leur  naiflance  ,  d'où 
fort  une  tige  plus  groffe  que  le  doigr ,  noueufe  , 
creufe  ,  haute  de  trois  à  quatre  pics ,  &:  garnie  de 
quelques  feuilles  qui  prennent  origine  des  nœuds , 
èc  qui  reffemblent  aux  premières.  Elle  eft  divifée 
en  quelques  branches  à  fon  extrémité  ,^  qui  foCi- 
tiennent  chacune  une  ombelle  de  fleuts  pâles.,  aux- 
quelles fuccèdent  des  fruits  compofés  de  deux 
sroffes  femcnces  longuettes ,  voûtées  6c  cannelées 
fur  leur  dos ,  d'une'couleur  titant  fur  le  blond. 
L'odeur  de  fes  feuilles  eft  un  peu  défagrcable. 
Cicutaria  Lanfolia ,  fixsida  ,  C.  B,  Pin, 


CI  D 


C  I  D. 

CID.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  donnèrent  à  Dom  Rodiî- 
queDias  de  Bivar  cinq  Rois  Maures  qu'il  vainquit.Ce  ; 
Dom  Rodrigue  eft  ce  guerrier  fameux  du  onzième 
lîécle  ,  plus  connu  en  France  fous  le  nom  de  C/J, 
depuis  la  Tragédie  de  Corneille  ,  dont  il  eft  le  fu- 
jet ,  que  pc^r  fes  vidoires ,  &  la  part  qu'il  eut  à  celles 
d'Alphonfe  III. 

Cid  eft  un  nom  arabe,  qui  fignifie  Chef, Com- 
mandant ,    General ,  Gouverneur  ,  petit  Roi.    Il 
vient  de  HKp  ,   qui  fignihe  gouverner  ,   adminif- 
irer,    commander.  Delàfe  dit  Ti?p  ,    Ceid ,  d'où 
s' eft  formé  Cid, 
CiD.  f  m.  Tragédie  de  Pierre  Corneille.  Jamais  pièce 
de  théâtre  n'eut  un  îi  grand  fuccès.  M.  Pelilfon ,  dans 
i'onHiJioire  de  l'Académie,  dit  qu'en  plufieuts  Pro- 
vinces de  France  il  étoit  paflé  en  ptovetbe  de  dire  , 
cela  efi  beau  comme  le  Cid.  Si  ce  Proverbe  a  péri ,  il 
faut  s'en  prendre  aux  Auteurs  qui  ne  le  goùtoient 
poinr  ,  &  à  la  Cour ,  ou  c'eut  été  très-mal  parler 
que  de  s'en  fervir  fous  le  miniftère  du  Cardinal  de 
Richelieu.  Fie  df  M.  Corneille  l'ainé,par  M.  deFon- 
tenelle  fon  neveu.  Au  fe.ntimcnt  de  M.  de  Voltaire  , 
qui  fe  connoît  fi  bien  en  pièces  de  Théâtre  ,  &  qui 
en  a  fait  lui-même  de  li  applaudies,  ce  n'eft  ni  aux 
Auteurs ,  ni  au  Cardin:]  de  Richelieu  qu'il  faut  s'en 
prendre,  mais  àCinna  Se  à  d'autres  Tragédies  de 
Corneille ,  plus  belles  que  le  Cid. 
IP"  CIDAMBARAM.  Ville  des  Indes ,  au  Royaume 

de  Gingi  ,  fur  la  côte  de  Coromandel. 
CIDARIS.  i',  m.  C'étoir  une  efpèce  de  Diadème  que 
porroient  les  Rois  d'Arménie ,  aifez  femblable  à 
la  Thiare  des  Perfes.  CetteThiate  étoit  de  deux  for- 
tes :  la  droite  ,  &  celle  qui  étoit  renverfée.  Celle- 
ci  pouvoir  être  portée  par  tous  les  fujets  du  Prince  ; 
au  lieu  que  l'autre  étoit  réfervce  aux  Rois  feuls , 
&  à  ceux  qu'ils  dclîgnoienr  pour  leurs  fuccelfeurs. 
Plutarque  ,  in  Artaxerxes, 
Ip"  CÏDAYE.  Ville  maritime  d'Afie ,  dans  l'Ile  de 
Java  ,  au  Royaume  de  Jurubeya.  Le  Roi  y  tait  fa 
rélidence. 
CIDRE,  f  m.  Boiflbn  faite  de  pommes  pillées  &  preP 
furées.  Le  c/Vr<;  de  pommes  s'appelle  du  Pomme  y 
viniim  pcmaccum  ;  celui  de  poires  du  Poiré  ,  vimim 
pyraaum.  Le  meilleur  càf/c  fe  fait  en  Normandie. 
Le  fruit  à  couteau  ne  vaut  rien  pour  faire  le  cidre. 
On  emploie  des  pommes  ruftiques,  dont  il  faut 
bien  connoître  les  difïerens  fucs  ,  afin  de  les  com- 
biner convenablement ,  &  de  corriger  les  uns  par 
lesaurtes. 
|tT  Poui:  avoir  du  cidre  fort ,  on  le  lailfe  lepofer  fur 
fa  lie  le  couvert  de  fon  chapeau.  Si  l'on  veut  un 
cidre  tloux  &:  agréable  ,  il  faut  le  tirer  au  clair  lorf- 
qif  il  commence  à  gratter  doucemenr  le  palais  -,  c'eft 
ce  qu'on  appelle  cidre  paré. 
IP"  Onpt:tend  queleciaVe  eft  pedloral ,  humedlant 
&:  raftaicliiifant.  En  général  il  ne  convient  qu'à  ceux 
qui  en  or.i:  fait  ufage  dès  leur  jeunefîè. 

M.  Huer,  ancien  Evêque  d'Avranches,f/^/2j/« 
origines  de  Caën ,  p,  144,  prouve  que  l'ufage  du 
cidre  étoit  établi  à  Caen  dès  le  treizième  fiècle,  puif- 
qu'il  en  eft  fait  mention  dans  les  Lettres  Patentes 
de  Philippe  le  Bel,  &  que  Guillaume  le  Breton, 
quivivoitau  commencement  du  XIIP  fiècle,  ap- 
pelle le  pays  d'Auge ,  Sicerύue  tiimentis ,  AlgiapO' 
tatrix.  M.  Huet  "ajoute  ,  l'ufage  du  cidre ,  pour 
le  dire  en  paflanr,  eft  plus  ancien  en  France  qu'on 
ne  s'imagine  :  fous  les  enfans  de  Conftanrin  on  ac-  j 
cufoit  les  Gaulois  d'aimer  le  vin  ,  &  diverfes  autres  I 
liqueurs  qui  reffembloienr  au  vin  ,  comme  nous 
l'apprend  Ammien  Marcellin.  Les  Capirulaires  de 
Charlemagne  mertent  au  nombte  des  métiers  ordi- 
naires celui  de  Siceratores  ;  ce  que  l'on  explique, 
ceux  i]ui  favent  faire  de  la  bière,  du  pommé,  du 
poiré ,  ou  toute  autre  liqueur  bonne  à  boire.  D'où  il 
paroît  que  le  mor  de  cidre,  qui  eft  le  même  que 
Jîcera  ,  ne  fe  reftreignoit  pas  comme  aujourd'hui  au 


CI  E 

Cciû  pomme ,  mais  qfu'il  s'ctendoit  à  toutes  les  li- 
queurs qui  enivrent  5  comme  le  mot  hébreu  ,  d'où 
il  cft  vemi.  Néanmoins  l'ufagc  du  Cirfre  eut  peu  de 
cours  en  France  dans  la  fuite.  Je  crois  même  que 
notre  Province  ne  Ta  pas  pris  des  François  contem- 
porains de  CharlciriagUL' ,  mais  plutôt  des  Balqucs, 
«tans  le  commerce  que  la  pôche  leur  donnoit  avec 
les  Normans.  Dans  la  Coutume  de  Baycnne  &  de 
Labour,  l'on  voit  pluikurs  titres  touchant  Ls  cidres; 
&c  les  Bafques  l'ont  appris  des  Afriquams,  où  il 
ctoit  autrefois  fort  commun  ,  comme  le  témoignent 
Tertullien  &  S.  Aupuflin. 

Ce  mot ,  félon  quelques-uns  ,  vient  du  latin^'?- 
e-era,oa  de  l'hébreu  Sickur ,  ou  enfin  du  bas-breton 
SiJ'lre  ,  qui  lignifient ,  dit-on ,  tout  breuvage  qui 
peut  enivrer,  foit  qu'il  foit  fait  de  grains,  "ou  de 
pommes ,  de  palmes ,  ou  d'autres  Iruits.  D'autres 
le  dérivent  du  latin  Ceria,  qui  cft  expliqué  à  Cer- 
voisE.Il  pourroit  bienétie  ou  Norman,  ou  Saxoa , 
ou  Danois  d'origine. 

C  I  E. 

CIFL.  r,  m. Orb-î  azuré  &  diaphane,  qui  environne 
la  teirc  ;  région  cthérée  au  dclîlis  de  l'élémentaire , 
dans  Varjaelle  fe  n. cuvent  tous  les  aftres.  Lœlum. 
^3"  Dans  1  ancienne  Aftronouiie ,  lemot  de  cuL'î'.- 
gnifie  un  orbe  particulier,  l'efpace  que  j-arcourt 
une  planète  dans  toute  l'ctcnaue  de  fonceurs.  Les 
Anciens  cnr  admis  autant  de  deux  .olides ,  qu'ils 
ont  oblervé  de  mouvemcns  différcns  :  con.me  li 
cette  foliditc  ctoit  nécjjfaire  pour  Ibûtcnir  ks  aftres 
qui  y  font  attachés.  A'nfi  ils  en  ont  mis  Icpt  pour 
les  fept  planètes.  Le  eu,  ,  delà  Lune  , de  Mercure  , 
de  Venus ,  du  Soleil ,  de  Mars  ,  de  j  upitcr  &  de  Sa- 
turne. Le  huitième  eft  pour  les  étoiles  Jixes ,  qui  eft 
le  Firmament.  Ptolomée  ajouta  un  neuvième  c/W, 
cfi"\\3.ç'pzldi\c  premier  mnhile,  gC?  lequel  commu- 
niquoit  le  mouvement  aux  autres.  Voy.  Ptolomée, 
Enfuite  Alphonfe,Roi  de  Caftille ,  ce  Roi  plus-phy- 
ficicn  que  dévot,  qui difoit  qu'il  auroit  donné  de 
bons  avis  à  Dieu ,  s'il  Pavoit  appelé  à  fon  confeil , 
quand  il  créa  le  monde;  Alphonie, dis- je  ,  imagina 
deux  autres  cieuxds  criftal,pour  expliquer  certaines 
irrégularités  qu'il  croyoit  avoir  obfervées  dans  le 
ciel,  comme  le  mouvement  de  titubation  ou  de 
trépidation  ,  c'eft-à-dire  ,  l'inclination  de  l'axe  de 
la  terre,  &c.  On  faiibit  ces  deux  de  criftal,  afin 
qu'ils  puflent  donner  pafTage  à  la  lumière  :  on  ajouta 
enfin  un  douzième  ciel  auquel  on  donna  le  nom 
d'empirée,  dont  on  fit  le  fcjourde  Dieu,  Quelques 
Aftronomes  en  ont  admis  beaucoup  d'auttcs ,  félon 
leuis  différentes  hyporhèfes.  Eudoxes  en  a  admis 
i5  ,  Calippus  50  •■,  Regiomontanus  5  5  ,  Aiiftotc  +7 
FracaftoryS  -,  comme  témoigne  Vitalis,  après  Jonf- 
ton.  D'ailleurs ,  il  faut  remarquer  que  les  Altro- 
nomes  ne  fe  mettent  pas  fott  en"  peine  fi  les  deux 
qu'ils  admettent  font  réels  ou  non.  Il  leur  importe 
peu  que  leurs  hyporhèlcs  foient  vraies  ,  ou  qu'elles 
ne  le  foient  pas  ,  pourvu  feulement  qu'elles  fervent 

■  à  rendre  raifon  de  tous  les  mouvemcns  célcftcs ,  & 
qu'elles  s'accordent  avec  les  Phénomènes.  Pour  les 

'    fyftêmes  nouveaux ,  voyei  Descartes  ,  Tvcho,<S'c, 

Le  c/V/a  fervi  dq  corps  à  plufieurs  dcvifes.  On  en 

fit  une  fur  le  Cardinal  de  Richelieu  ,  où  le  ciel 

ctoit  rcptéfenté  ;  ces  mots  Mens  agitât  molem  ,  ou 

Mensjidera.  volvit ,  montroicnt  que  comme  il  y  a 

■  une  intelligence  qui  donne  le  mouvement  au  ciel , 
le  génie  du  Cardinal  Richelieu  étoit  Pâme  de  tout 
ce  qui  fefaifoit  dans  le  Royaume, 

Ce  mot  n'eft  que  d'une  fyllabe  en  vers  ,  tant  au 
pluriel  qu'au  fingulier. 

Ce  mot  vient  du  latin  ctzlum:  quelques-uns  le  dé- 
rivent à  ccelando ,  comme  qui  diroit  gravé  parce 
qu'il  eft  marqué  de  diverfes  étoiles  ,  owapuscxla- 
tum  variis  ima.'yinibus  ,  comme  dit  faint  Ambroife 
dans  fon  Hexaméron^  mais  il  vaut  mieux  le  dériver 
du  grec  »«7/«5 ,   concuvus ,  prefundus.  Quand  nous 


C  I  E 


587 


regardons  le  ciel,  il  nous  paroît  comme  une  i.m- 
menfé  concavité  ,  une  grande  voûte. 

IfT  On  dit  pocfiquement ,  la  voiite  des  deux  ;  pour 
dire,  ïqcuL  ' 

IJCr  Ciel  lé  prend  aulîl  pour  le  paradis ,  le  féjour  de 
Dieu  &  des  Bienheureux.  On  lui  a  donné  le  nom 
d'Ernpiree  à  cauf'e  de  fa  fplendeur,  du  mot  grec 
hy.:Tj,ti,qm  eft  de  feu,  enflammé,  brillant  coimne 
du  feu.  Dans  ce  feus  nous  difons ,  gagner  le  ciel 
ou  le  royaume  des  deux.  Quelques-uns  un  peu 
trop  fcrupuleux,  ont  cru  qu'il  valoir  mieux  dire 
le  royaume  de  Dieu  que  le  Royaume  du  ciel  ou  des 
deux.  L'Ecrituie  a  fait  ces  mots  lynonymes.  Nous 
difons  à  Dieu  dans  nos  prières  ;  Notre  père  qui  êtes 
dans  les  deux. 

03"  Les  Anges  rebelles  furent  précipités  du  ciel,  La 
Vierge  eft  la  Reine  du  ciel. 

Enfin  je  ne  vois  rien  ^ui  foit  plus  odieux 

Que  des  gens  gue  l'on  voit  d'une  ardeur  peu  corn' 

mune  , 
Par  le  chemin  du  ciel  courir  à  leur  fortune. 

Mol. 

Ciel  fe  prend  aufTi  pour  Dieu  même  ,  pour  fa  provi- 
dence &  pour  fa  juftice.  Ce  mot  eli:fbuvent  employé 
dans  PEcritute  ,  Deus  ,  adi  Deus.L:  cie'eA  of- 
fenfc  ,  c'eft-à-dire ,  que  Dieu  eft  offenfc.  Pour  loû- 
tenir  l'honneur  de  la  PN.eligion ,  fbuvent  nous  nous 
difpenfons  de  fcs  loix',  £<  liés  d'irtérccs  avec  le  ciel, 
nous  nous  imaginons  que  les  injur  s  q je  nous  re- 
cevons font  les  fîennes.  Les  Tyrans  ne  Ibnt  que  les 
miniflres  des  vengeances  du  ciel,  qui  veut  châtier 
les  hommes  dans  fa  colère.  S.  EvR. 

De  l'intérêt  du  c\q\  pourquoi  vous  chargez-vous  ? 
Pour  punir  le  coupable  a-t-il  hefom  de  nous  ?  Mot, 

On  peut  impunément ,  pour  r intérêt  du  ciel , 
Etre  dur  ,  J'e  venger  ,  faire  des  injujiices  ; 
De  la  dévotion  c'eji  là  fejfentiel.  Des  Houl, 

On  fait  afTez  ce  que  l'on  entend  ici  par  le  mot  de 

dévotion. 

Prends  ton  glaive  &  fondant  fur  ces  audacieux. 
Viens  aux  yeux  des  mortels  jujtifier  les  Cieux. 

BoiL. 

Le  ciel  a  pour  nos  vœux  une  bonté  cruelle , 
Il  devrait  être  four d  aux  aveugles  fouhaits. 

La  Fokt, 

On  dit ,  grâces  au  ciel;  pour  dire  grâces  à  Dieu 
Le  cid  m'eft  témoin  ;  pour  dire  ,Dieu  m'eft  témoin. 
Lever  les  yeux  auc/e/;  pour  dire,  implorer  le  fe- 
cours  divin.O  terre  1  âciel!  eft  auffiune  invocationj 
une  admiration,  C'eft  un  coup  du  ciel,  un, effet  ex- 
traordinaire de  la  bonté  de  Dieu. 

On  dit  figurément ,  voir  les  cieux  ouverts  -,  pour 
dite ,  avoir  une  grande  joie  ,  fe  trouver  dans  un 
grand  bonheur. 

On  dir  ,  les  mariages  font  faits  au  ciel;  pout  dircj 
qu'ils  fontréfolus  pat  la  Providence. 

On  dit,en  termes  de  PEcritute  ,  un  ciel  d'airain  ; 
pour  dire ,  une  grande  fécherclfe.  Et  on  s'en  fert 
au  (fi  pour  dire ,  un  ciel  inexorable,  un  ciel  fourd 
aux  vœux.  Acad.  Fr. 
Ciel,  en  Mithologie.  Le  ciel  ctoit  une  divinité  parri- 
culière  ,  que  les  grecs  appeloiant  oiitxi«-,  ,  Uranus , 
&c  les  latins  ,  dtlus.  Selon  Platon  dans  fbn  Timée , 
le  C/<;/&  la  Terre  enfantèrent  POcéan  &  Thétys , 
Se  par  eux  tous  les  autres  Dieux.  Héfiode  dit  la 
même  chofe  ,  Théog.  v.  Jf<;  ,&  106,  Le  même  Poète 
V.  ii6d'n  que  ce  fut  la  Terre  qui  mit  le  Ciel  au 
monde  ,  a/în  qu'il  la  couvrit,  &:  qu'il  fCit  la  de- 
meure des  Dieux.  11  fut  aufîl  fon  mari ,  &  ils  eurent 
enfemble  plufieurs  cnfans  ,  entr'auttes  POcéan, 
Cœus,  Crius,  Ypérion,  Japet ,    Thoas  ,  Rhca, 

E  e  e  e  ij 


^88 


C  I  E 


Thcmis ,  Mncmofyne  ou  la  Mémoire ,  Phœbé  ou 
la  Lune  ,  Thctys ,  Saturne  ,  les  Cyclopes ,  Cottus , 
Briarée  &;  Gygcs.  Hésiod.  Theog.  v.  155  6"  Juiv. 
Les  Anciens  ont  fouvent  confondu  le  Citl ,  ou  Ca/us, 
avec  Saturne  l'on  fils ,  &;  même  avec  Jupiter  Ion  pc- 
tit-iîls,  n'en  taifant  qu'une  même  divinité.  La  plu- 
part des  choies  qu'ils  difent  du  Dieu  Cœlus  ,  ou 
du  Cifl ,  Ibnt  pril'es  de  l'hiftoire  de  la  création  dé- 
crite par  Moïlé  au  commencement  de  la  Genèle  , 
ou  de  la  tradition  des  peuples  lur  cela  ,  qui  dans 
la  fuite  s'eft  mêlée  de  tables. 

Varron  d£  ling.  Lut.  L.  IF,  dit  que  les  Dieux  font 
le  Cù/  Se  la  Terre  ,  &  que  ce  Ibnt  les  mêmes  que 
Sérapis  Sc  Ilis  en  Egypte.  Philon  de  Bérite  dit  dans 
Eulebe  que  le  C7e/étoit  fils  du  Dieu  Elion  [V^p  > 
en  hcbieu  ,  c'eft-à-dire ,  très-haut -,  &:  qu'il  eut  qua- 
tre fîls  ,  Ilus  ou  Saturne  ,  Bcrule ,  Dagon  &C  Atlas. 
f^oye:^,  Tur  ce  Dieu  ,  Yolîius ,  de  Iciol.  L.I,  c.  21. 
L.  11,  C5<?(S'38, 

Chez  les  Athéniens  le  Ciel  &c  la  Terre  préfidoient 
aux  mariages  ;  c'eft  pour  cela  qu'on  leur  failbit  un 
facrifice  avant  les  n  ôces. 

Selon  le  P.  Kirkcr ,  (Ed.  jEg.  T.  11,  p.  I,p.  199. 
Le  Ciel,  Cœlus,  n'eft  autre  choie  que  la  première 
cauie.  Saturne  ion  fils  cft  le  premier  elprit,  ou  le 
premier  entendement  ,  Prima  mens,  &   Jupiter 
f.ls  de  Saturne ,  étoit  l'ame  du  monde. 
Ciel  ,  en  termes   d'Aftrologie  ,  lignifie  feulement  les 
influences  des  aftres.  Siderum  vis ,  cœli  dejluvium. 
Les  Aftrologues ,  pour  duper  le  monde ,  ont  tâché 
de  perfuader  que  les  deux  Ibnt  un  livre  où  Dieu 
écrit  l'hiftoire  du  monde ,  &   qu'il  n'y  a  qu'à  en 
iavoir  lire  l'écriture  ,  qui  n'eft  autre  choîc  que  l'ar- 
rangement' des    étoiles.   Ainfi  on  dit,  il    eut  en 
naiilant ,  le  ciel  favorable  ,  le  ciel  contraire  ,  félon 
.que  les  aftres  bénins  ou  malins  ,  ont  prélidé  à  fa 
naiffance.  Les  Aftrologues  appellent  aulli  le  milieu 
Au.  ciel ,    la  mailbn  qui  cft  la  plus  haute  ,  où  eft  le 
Zénith  -,  &:  le  plus  bas  du  ciel,  celle  qui  eft  la  plus 
balle. 
Ciel  ,  en  Chimie,  eft  la  partie  la  plus  pure,  la  plus 
parfaite,  la  plus  épurée  des  corps-,  c'eft  la  quin- 
telfence  des  minéraux,  des  végétaivx,  des  animaux. 
Ciel  le  prend  aulli  pour  un  climat  éloigné ,  un  pays 
difîïrent  de  celui  où  l'on  eft  ,  &  furtout  quand  on 
a  palfe  la  Ligne.  Cœlum.  Il  eft  allé  voyager  vers  le 
Midi ,  habiter  fous  un  autre  ciel  &c  fous  d'autres  af- 
tres-,  fous  un   c/t7  plus  doux.  J'ai  enfin  quitté  ces 
climats  où  la  neige  couvre  la  furface  de  la  terre  , 
de  me  voilà  fous  un  ciel  pur  &;  iérein.  Le  Ch.  de  M. 
Je  viens  chercher  le  repos  fous  un   ciel  étranger. 
S.  EvR.  on  a  beau  changer  de  ciel,  on  ne  change 
point  d'efprit.  Cslum  non  animum  mutant  qui tr ans 
mare  curriint. 
Ciel  le  prend  aulfi  quelquefois  pour  l'air.  Aer ,  Cœlum. 
Le  Ciel  eft  Iérein  ;  pour  dire  ,  il  n'y  a  point  de  nuée 
daas  l'air.  Le  feu  du  Ciel,  c'eft  la  foudre  qui  le  for- 
me dans  les  nuées.  La  rofée  du  ciel.  L'arc-en-cie/qui 
paroît  dans  une  nuée  pluvieufe  La  manne  du  ciel. 
Les  oifeaux  du  ciel,  qm  volent  dans  l'air. 

Sur  la  mer  on  dit ,  que  le  ciel  je  haujfe  -,  pour  dire, 
que  le  ciel  s'éclaircit.  Groj  ciel;  pour  dire,  qu'il 
y  a  de  gros  miages  en  l'air.    Obfcurum  ,   nuhilum. 
Cielfiri  ,  c'eft-à-dire,  que  le  ae/eft  clair.  Clarum  , 
purum^  nitidum.  Ciel  embrumé  ;  pour  dire,  que  l'ho- 
riibn  eft  couvert  de  nuages.  Obfcurum ,  nubilum. 
gC?"    Ciel  lé  ditaufli  du  dais  fous  lequel  on  porte  le 
S.  Sactement  le  jour  de  la  Fête-Dieu.  Il  portoit  le 
ciel  à  la  Procellion.  Voye^^  dais. 
§Cr  On  le  dit  aulfi  du  haut  d'un  lit.  Le  cielàe  ce  lit 
eft  trop  bas.  Superius  lecii  tegmen.  dans   cette  ac- 
ceptation &  les  fuivantes,  on  dit  cif/j  au  pluriel , 
&;  non  pas  deux, 
gCT  Ciel  ,  en  termes  de  peinture ,  fe  dit  d'un  tableau 
qui  rcr»rcfente  le  c/V/ pris  pour  l'air,  ainfi  l'on  dit 
taire   peindre  un  ciel  au  plafond  d'un  cabinet.  Ce 
,  Peintre  tait  bien  les  ciels.  Un  ciel  ào'ix.  être  léger  , 
t  va^çue  Se  fuyant,  afin  que  les  objets  qui  le  cachent 
en  partie,  paroiiTent  en  être  détachés.  On  le  dit 


C  I  E 

de  même  des  ciels  repréfentés  dans  des  tapîiTeries. 
Il  ne  faut  pas  trop  de  ciel  àzns  une  tapilfcrie. 

IJCT  On  ledit  aulfi  des  plafonds  de  l'Opéra ,  quand 
le  théâtre  rcpréfentc  un  lieu  découvert. 

On  appellc-dans  les  carrières,  le  banc  de  ciel, 
celui  qu'on  laillé  au  dcllùs  de  la  tète,  &^  fous  le- 
quel on  tire  la  pierre.  C'eft  le  premier  banc  qui  fe 
trouve  au  deflbus  des  terres  en  fouillant  les  car- 
rières, &  qui  leur  lért  de  plat-fond  dans  fa  conti- 
nuité à  mefure  qu'on  les  fouille.  Lafidicine:  caméra 
Dixième  ciel.  Dans  l'hiftoire  des  modes.  Les. 
femmes  donnoient  ce  nom  à  un  ornement  de 
tête  qui  failbit  paitie  de  la  coeiPare  qu'elles  nom- 
moient  commode. 

Ciel  lé  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  :  fi  le  ciel  tomboit,  il  y  auroit  bien  des  al- 
louettes  prifes  ,  pour  fe  mocquer  de  ceux  qui  cher- 
chent des  précautions  contre  des  accidens  qui  n'ar- 
riveront jamais.  On  dit  de  deux  choies  bien  dif- 
férentes, qu'elles  font  éloignées  comme  le  c/e/l'eft 
de  la  terre.  On  dit  qu'on  élève  un  homme  jul- 
qu'au  ciel  ,  jufqu'au  troilième  ciel  ;  pour  dire  , 
qu'on  le  loue  excelTivement.  Qu'on  ne  voit  ni  ciel 
ni  terre,  lorfqu'on  eft  aveugle,  ou  qu'on  eft  dans 
une  grande  obfcurité.  Il  a  remué  cid  &!  terre; 
pourdire ,  il  a  fait  tous  fes  efibrts ,  i^  a  employé 
toutes  fortes  de  moyens  pour  fiire  réuflk  cette  a& 
faire.  On  dit  encore  ,  le  ciel  rouge  au  fbir, 
Se  blanc  au  matin ,  c'eft  la  Journée  du  Pèlerin  ; 
pour  diie,  que  cela  préfage  une  belle  journée.  On 
dit  aulTi  ,  que  les  mariages  font  faits  au  ciel;  pour 
dire  ,  qu'ils  ne  fe  font  que  par  l'ordre  de  la  Provi- 
dence. 

^fT  CIEME ,  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Chanron  ,  ou  Xantang ,  au  département  de  Lai- 
cheu,  fous  le  36'  d.  22'  de  lat. 

CIERGE,  f.  m.  Bougie  ou  chandelle  de  cire  plus 
ou  moins  longue,  qu'on  polé  fur  des  chandeliers, 
&:  qu'on  bride  dans  les  cérémonies  de  l'Ègîife. 
Morceau  de  cire  étendu  en  long,  &  en  forme  de 
cône  autour  d'une  m.êche  de  coton ,  &  percé  pat 
fa  bafe  pour  pouvoir  entrer  dans  le  bout  d'un  chan- 
delier. En  Italie  les  cierges  font  d'une  même  groA 
leur  dans  toute  leur  longueur  •,  en  France  ils  fe 
terminent  en  pointe  fotte  alongée  pat  en  haut. 
Ils  marchoient  deux  à  deux  un  cierge  en  main. 
A  la  Chandeleur  on  porte  des  cierges  à  la  Procef- 
lîon.  Le  Cierge  béni ,  eft  celui  qu'on  btùlc  auprès 
des  agonifans. 

Les  Payens  fe  fervoient  de  flambeaux  dans  les 
jours  de  cérémonies  ,  comme  dans  les  facrifices ,  &: 
dans  les  m.vftêres  de  Cérès.  On  en  mcttoit  aufli  ' 
devant  les  ftatues  des  Dieux.  Il  y  avoir  aulli  des 
illuminations  à  la  porte  ries  mailbns  où  l'on  cé- 
lébroir  quelque  fcte.  Quelques-uns  ibûtiennent  que 
les  Chrétiens  ont  imité  cette  cérémonie  payenne. 
D'autres  prérendenr  qu'ils  ont  appris  des  Juifs  à 
tenir  des  cierges  allumés  dans  les  Eglilés.  Appa- 
remment comme  dans  les  commencemens  du  Chrif- 
tianifme  l'on  s'alîcmbloit  dans  des  votâtes  fouter- 
raines ,  il  falloit  nécelfaitement  fe  fervir  de  cierges 
Ôc  de  flambeaux.  On  en  eut  même  befoin  depuis 
que  l'on  eut  la  liberté  de  bâtir  des  Eglifes.  Elles 
éroient  conftruites  d'une  manière  qu'elles  rece- 
voient  peu  de  jour,  afin  d'infpirer  plus  de  refpedt 
par  l'obfcurité.  En  fuite  l'on  conlérva  cette  coutu- 
me ,  qui  ne  contribue  pas  peu  à  rendre  plus  au- 
guftcs  les  cérémonies  des  facrcs  myftcres  -,  cette  ori- 
gine de  l'ufage  des  cierges  eft  plus  naturelle  & 
plus  vraie;  mais  il  y  a  long  temps  que  les  dergcs, 
que  la  nécelîité  avoit  introduits  ,  font  devenus  un 
ornement,  &:  une  choie  de  cérémonie.  Saint  Pau- 
lin ,  qui  vivoit  au  commencement  du  cinquième 
fiècle  ,  dit^  que  les  Chrétiens  faifoient  peindre  lej 
cierges.  Le  quatiieme  Concile  de  Carthage ,  tenu 
vers  la  fin  du  quatrième  liècle ,  ordonne  que  quand 
on  donnera  l'ordre  d' -acolyte  à  quelqu'un  ,  l'Ar- 
chidiacre lui  mette  entre  les  mains  un  chandelier 
avec  un  c/er^e.  Saint  Jétcme,  .contre  Vigilance,  C.  3, 


CI  E 

marque  que  l'ufage  ctoit  dès  lors  d'allumer  des 
cierges  dans  l'Eglile ,  mais  qu'on  ne  le  taifoit  ce- 
pendanr  point  le  jour.  Que  li  quelques  icculiers , 
ajoute-t'il ,  ou  quelques  femmes  le  font  par  igno- 
rance ,  ou  par  implicite ,  quel  mal  y  a-t'il  î  Godeaii 
remarque  dans  fon  Hifioire  Ecclef.  L.  II J,  C,  i^. p. 
z82,  que  les  Fidèles  enterrant  le  corps  de  S.  Cy- 
prien  martyrii'é  au  milieu  du  troilicme  iiècle  ,  allu- 
mèrent des  cierges,  quoiqu'ils  lui  rendiflent  les 
derniers  devoirs  en  public.  Voyez  fur  les  cierges , 
Se  leur  ufage  ,  Vollius ,  de  Idolol.  L.  IV ,  Ç.  91. 

Ce  mot ,  cierge  ,  vient  de  ceriu/n  ,  pour  cereum. 
MÉNAGE.  Et  Cereum,  ou  Cerium,  vient  de  cera , 
cire. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  eft  droit 
comme  un  cierge ,  quand  il  fe  tient  debout  avec 
quelque  affectation  &  quelque  contrainte.  On  le 
dit  au.'fi  de  toutes  les  autres  choies  qui  font  droi- 
tes ,  &;  pofces  perpendiculairement.  Cette  plante 
pourtè  fcs  jets ,  droit  comme  un  cierge. 
CiiKGE  pafckal.C'efi  un  cierge  qu'on  porte  le  Same- 
di-Saint pour  faire  l'eau  bénite,  qui  eft  béni  par  le 
Diacre  ,  &'  allumé  avec  le  feu  nouveau.  Cereus paf- 
chahs.  Le  Pontifical  dit  quec'eftlePape  Zozime  qui 
eft  l'Auteur  de  cette  cérémonie  -,  mais  Baronius 
remarque  que  l'ufage  en  eft  plus  ancien  ,  comme 
il  paroit  par  un  hymne  de  Prudence.  Ainfi  il  croit 
feulement  que  ce  Pape  en  établit  l'ufage  dans  les 
Paroiffes  \  julques  là  on  n'en  avoit  ufé  que  dans  les 
grandes  Eglifes.  Le  P.  Papcbroch  nous  en  a  ex- 
pliqué plus  diftinClcment  l'origine  dans  le  Cona- 
tus  Chronico-hijloricus  ,  qui  eft  dans  le  Propilceum 
ai  Acla  Sancl,  Maii,p.  9,  &  dans  les  Paralypo- 
mena  ad  Conatum  ,  qui  font  à  la  fin  du  feptieme 
tome  des  Saints  du  mois  de  Mai,  p.  i9,&:  voici 
ce  qu'il  en  dit. 

Quand  le  Concile  de  Nicée   eut  réglé  le  jour 
que    l'on   célébreroit   la    Pâque  ,    il    chargea    le 
Patriarche  d'Alexandrie    d'en  faire  faire    tous  les 
ans  le  canon  ,    &  de  l'envoyer  au  Pape.  Toutes 
les  autres    fîtes    mobiles    fe    régloient  fur    celle 
de     Pâques  -,    &:     l'on     en     faifoit     chaque    an- 
née un  catalogue,  que  l'on  écrivoit  fur  un  cierge, 
cereus ,  que    l'on   bénillbit    folemncUemcnt    dans 
l'Eglife.  Ce  cierge ,  félon  M.  l'Abbé  Chaftelain,  n'c- 
toit  point  une  chandelle  de  cire  faite  pour  brûler , 
il  n'avoir  point  de  mèche  ;  c'étoit  feulement  une 
colonne  de  cire  faite  pour  écrire  cette  lifte  des  fêtes 
mobiles ,  Se  qui  fuffifoit  pour  cela  durant  un  an  ; 
car  dans  l'Antiquité  ,  quand  on  vouloit  que  quel- 
que chofe  durât  toujours ,  on  la  gravoit  fur  le  mar- 
bre, ou  fur  l'airain -,  quand  on  vouloir  qu'elle  du- 
râr  long  temps,  on  l'écrivoit  fur  le  papier  d'Egypte , 
ou  fur  de  l'écorce  d'arbre  ;  mais  quand  on  vouloit 
qu'elle    durât    feulement  quelque   temps  ,  on    fe 
contentoit  de  l'écrire  fur  de  la  cire.  Dans  la  fuite 
on  écrivit  les  fêtes  mobiles  fur  du  papier ,  ou  fur 
un  tableau  -,  mais  on  ne  lailla  pas  d'attacher  tou- 
jours l'un  ou  l'autre  au  ciarge  pafchal  ;    ce  qui  fe 
pratique  encore  à  Notre-Dame  de  Rouen  ,  &  dans 
tour   l'ordre  de  Cluni ,   comme  le    P.  Papcbroch 
dit  l'avoir  appris  de  M.  l'Abbé  Chaftelain.  Telle 
eft  l'origine  de  la  bcncdiètion  du  cierge  pafchal  -, 
cérémonie  qui  ne  commença  pas  néanmoins  li-tôt 
.1  Rome ,  comme  il  paroît   par  VOrdo  Romafiiis  , 
dans  l'Office  du  Samedi -Saint ,  où  il  ëft  dit  que 
cette  bénédiélion  fe    fait  feulement  in  forenfibiis 
civitatihus ,  mais  non  pas  dans  Rome. 

Deux  chofes  prouvent  l'antiquité  de  cette  céré- 
monie. 1°.  C'eft  que  la  formule  d'invitation  qui 
la  précède ,  eft  la  même  qui  fe  voit  dans  le  Bré- 
viaire Ambroifien,  &:  qu'il  fcmblc,par  deux  Mif- 
fels  très-anciens,  que  S.  Auguftin  la  porta  de  Mi- 
lan en  Afrique,  r'^.  C'eft  que  l'Auteur  du  Traire 
du  cierge  pafchal,  qui  fe  trouve  parmi  les  Ou- 
vrages de  S.  Jérôme  ,  étoit  contemporain  de  ce 
Père  &  de  S.  Auguftin  ;  ou  m?me  plus  ancien , 
puifqu'il  écrivoit  l'année  que  Gratien  fut  trahi  par 
fon  armée,  mis  dans  les  fers,  &  eniîn  tué',  c'eft -à-  j 


CIE  Y85» 

dire  l'an  583  de  J.  C.  Ces  preuves  font  bien  plu 
folides  que  celles  que  l'on  prétend  tirer  de  l'hym- 
ne de  Prudence,  dont  le  titre  QX.6\t,Ad  incenjum 
liicernci,  qui  lignifie.  Pour  allumer  la  lampe,  &C 
que  l'on  a  change  dans  la  fuite ,  mal-à-propos  en 
celui-ci ,  Ad  incenfum  cerei  paj'chalis  ,  c'eft-à-dire. 
Pouf-  allumer  le  cierge  pafchal;  car  il  n'y  a  pas  un 
mot  dans  cet  hymne  qui  concerne  le  cierge  paf- 
chal. 

Au  reftc  le    P.  Papcbroch  croit   que  ce  que  M. 
l'Abbé  Chaftelain  penfoit  de  cette  colonne  de  cire , 
peur  s'être  obfcrvé  à  Rome;  mais  il  juge  avec  rai- 
l'on  qu'ayant  été  inftituée  pour  être  une  figure  de  J.  G 
reiîufcité  ,  &  apparoifiant   à  fes  difciples ,  &  afin 
que  pour  repréfenter  ce  myftère,  elle  brûlât  pendant 
les  Saints  myftères  ,    jufqu'au  jour  de  l'Aicenfion 
qu'on  l'cteint  ;  cela  fuppofe  qu'elle  avoit  une  mè- 
che, &  que  c'étoit  véritablement  un  cierge.  Saint 
Ennode,  Evêque  de  Pavie  ,  au  commencement  du 
iîxieme  fiecle  ,  nous  a  laiffé  parmi  fes  œuvres  deux 
bénédiiitions  du  cierge  pafchal.  La  forme  de  cette 
bénédiélion  n'étoit  pas  la  même  par  tout  ;  la  plus 
généralement  reçue  étoit  celle  que  nous  avons  re- 
renue  ,  &:  qui  commence  par  Exultetjam  Ajigelica 
turba.  Elle  eft  ancienne  •,  mais  on  ne  voir  pas  fur 
quel  fondement  on  l'attribue  à  Saint  Auguftin  ,  ou 
à  S.  Léon.  C'étoient  les  Diacres  qui  faifoient  cette 
bénédiélion  ,  même  en  prélence  de  l'Evêque  ou  du 
Prêrre  Officiant. Foy^ç^LZ/Y/e;,  T.ÏV,p.  274. 
I/C?,  CiERCES  d'eau  fe  dit  en  hydraulique ,  dans  la  dé- 
coration des  jardinSjde  plufieursjers  d'eau,  menus  & 
perpendiculaires ,  fournis  fur  la  même  ligne  ,  par 
le  même  tuyau  dans  des  maiibns  de  plaifance ,  6i 
dans  des  balîins  de  fontaine  ,  ou  dans  des  cafcades. 
Expreffa  falieiitibus  in  aquis  cereorum  forma  ,  ac 
difpofùio  ,  aqua  faliens  cereum  imitans  ,  referens. 
On  les  nomme  grilles  d'eau  ,  quand  ils  font  près 
les  uns  des  autres  ,  cancelli. 
Cierge  fe  dit  encore  d'une  efpèce  de  gros  chardon 
que   les   Caraïbes   appellent    akoulerou.    Il    croît 
comme  un  gros  buiiion  touffii  garni  de  toutes  parts 
d'épines  forr  pointues  &  déliées.  Il  pouffe  en  fon 
milieu  neuf  ou  dix  tiges  ,  fans  branches  ni  feuilles  , 
qui  font  hautes  de  neuf  à  dix  pies  ,    &  cannelées 
comme  de  gros  cierges.  Ces  tiges  font  auffi  munies 
d'épines  piquantes  comme  de  fines  aiguilles,  qui 
étant  extrêmement  perçantes  ,  ne  permettent  point 
qu'on  puiffe  toucher  cette  plante  de  quelque  côte 
que  ce  foit.  Le  dedans ,  ainfi  que  l'écorce,  eft  affea 
mollaffe  &  fpongieux.  Chaque  cierge  porre  en  une 
faifon  de  l'année  des  fleurs  jaunes ,   ou  violertes  , 
entre  les  tiges  cannelées  de  fa  tige.  A  ces  fleurs  fuc- 
cède  un  fruit  en  forme  de  groffe  figue.  Il  eft  affez 
délicat  &  bon  à  manger.  Les  oifeaux  en  fonr  fort 
friands  \  mais  ils  ne  peuvent  le  béqueter  qu'en  vo- 
lanr ,  à  caufe  que  les  aiguillons  qui  le  confervent 
de  toutes  parts  ,  ne  leur  permettent  pas  de  s'arrêrer, 
ni  fur  lebuiffon  ,  ni  fur  les  tiges.  Les  Indiens  ont 
l'adreffe  d'en  déracher  le  fruit  avec  de  petites  per- 
ches fendues  par  le  bout.  Le  lendemain  ,  nous  f.mes 
encore  fix  lieues  entre  des  collines  chargées  de  ces 
arbriffeaux  ,  que  les  Efpagnols  nomment  organum-, 
&  que  les  François  appellent  cierges  épin?ux.  On 
diroir  ,à  les  voir  de  loin,  que  ce  font  une  infinité  de 
flambeaux  de  cire  verte.  Let.  cur.    et    édif.  T. 
XI. 

On  cultive  ,  depuis  quelques  années  ,  au  Jardin 
Royal  des  plantes  à  Paris,  une  efpèce  de  cierge 
épineux  qu'on  nomme  cierge  du  Pérou  ,  Cereus  Pc- 
ruvianus.  Il  eft  hant  de  plus  de  25.  pics  ,  &  a 
demi  -  pic  de  diamètre  -,  il  eft  droit ,  &  a  cinq  à 
fix  pans  ou  côtés  qui  font  garnis  à  leur  n-a'-ge ,  & 
par  inrervalles,  de  quelques  toupets  d'épines  forr  af- 
filées ,  &:  longues  d'environ  un  pouce.  Les  fleurs 
qu'il  a  données  fonr  fortics  au  deffus  de  fes  toupets  , 
&:  étoient  longues  de  près  d'un  demi  -  pié,  com- 
pofces  d'un  calice  fait  en  forme  d'entonnoir  vevt , 
écaillcux,  creux,  pour  laiffer  paffer  le  ftyle  qui 
furmonte  l'embryon   qui  eft    vert  ,  &  fur  lequel 


^  9  o  C  I  G 

toute  la  fleur  pofc -,  ce  calice  IbCicient  deux  rangs 
de  pétales  blanchâtres  ,  &:  un  peu  lavés  de  pourpre, 
de  qui  Ibnt  étroitement  unis  avec  ce  calice  par  leur 
bafe-,  fesctamines  croient  en  grand  nombre.  Cette 
fleur  palFe  fort  vite  ,  &  étant  épanouie  ,  elle  a  plus 
de  cinq  pouces  de  diamètre.  Du  Tertre  parle  des 
cierges  épineux  des  Iles  d'Amérique,  Le  P,  Plumier 
a  rangé  Tous  les  Mdocaclus  pluiieurs  efpèces  de 
cierges  qui  s'y  trouvenr.  Ces  plantes  font  pleines 
de  llic ,  Se  fervent  aux  animaux  pour  défaltérer  leur 

ï"oif, 

CIERGE  ,  en  conchiliologie.Nom  d'un  coquillage  de 
mer ,  qu'on  appelle  autrement  Onyx.  Cereus,concha., 
Onyx.  Le  cierge  ou  onyx  cil:  une  efpccc  bien  rare. 
Gersatnt  Un  grand  cierge  ou  onyx  des  plus  blancs. 
Cette  coquille  cfl:  diiiicile  .à  trouver,  Id. 

CIERGER  une  ctoiré.  Ceil:  mettre  de  la  cire  liquide 
aux  endroits  par  où  elle  a  été  coupée ,  de  peur 
qu'elle  ne  s'efHle.  On  dit  plus  communément  boii- 
gier ,'  à  caufe  que  cela  fe  tait  avec  une  petite  bou- 
gie allumée.  Voye^  ce  mot. 

CIERGIER,  f,  m.  Marchand  qui  vend  des  cierges  , 
ou  l'Ouvrier  qui  les  fait.  Cereorum  Opifex.  A  Pa- 
ris on  l'appelle  plutôt  Marchand  Cirier. 

CIERVE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  a  été  dit  autrefois  pour 
Biche.  On  difoit  cierve  au  lieu  de  cerve ,  comme 
cèvron  pour  chevron  ,  &  cerve  étoit  la  femelle  du 
cerf. 

Ce  mot  s'étoit  formé  du  latin  cerva  ,    biche, 

CIEZ.   f,  m.  Vieux  mot.  Cheveux, 

C  l  G, 

CIGALE,  f.  f,  Infede  qui  vole  Se  fait  en  été'  dans  la 
campagne  un  bruit  aigre  lie  importun  que  l'on  prend 
mal-à-propos  pour  une  forte  de  chant.  Cicada.  Il 
y  a  deux  efpèces  de  cigale  ,  dont  les  premières  ne 
chantent  point,  qui  font  les  moindres ,  qui  meurent 
les  dernières ,  &  qui  ont  le  corps  tout  d'une  venue , 
ce  font  les  femelles.  Les  fécondes  font  celles  qui 
chantent,  qui  viennent  les  dernières.  Se  qui  meu- 
rent les  premières  :  ce  font  les  mâles.  Celles-ci  ont 
le  corps  prefque  coupé  par  le  milieu.  Elles  font 
leurs  petits  dans  les  terres  qui  fe  repofent ,  &  font 
en  grande  abondance  quand  la  faifon  eft  pluvieufc. 
Elles  ne  viennent  point  dans  les  lieux  où  il  n'y_  a 
point  d'arbres -,  mais  elles  haiffent  pourtant  les  fo- 
rêts froides  &  ombrageufes.  D'abord  elles  naillent 
comme  un  petit  ver  en  terre ,  d'où  font  faites  les 
mères  cigales ,  qui  font  bonnes  à  manger  avant 
qu'elles  fortent  de  la  coquille  dont  elles  font  en- 
vironnées. Les  Orientaux  en  vivent.  Les  cigales 
feules  n"ont  point  de  bouche  ;  mais  au  lieu  de  bou- 
che ,  elles  ont  à  l'eftomac  une  pointe  femblable  à 
une  langue ,  qui  leur  fert  à  lécher  la  rofée.  Elles 
■ont  l'eftomac  creux  comme  un  tuyau  ,  qui  leur 
ferr  à  former  leur  chant.  Diofcoride  dit  que  les 
cigales  rôties  &  mangées  font  bonnes  pourdes  dou- 
leurs de  la  veffie  ■■,  &  Galien  ajoute  que  quelques- 
uns  ordonnent  trois ,  ou  cinq  ,  ou  fept  cigales  fè- 
ches ,  avec  pareil  nombre  de  grains  de  poivre , 
contre  la  colique  ,  &  qu'il  les  faut  prendre  par  in- 
tervalle Se  au  fort  de  la  maladie.  D'autres  fe  fer- 
■  vent  de  leur  cendre  pour  faire  uriner ,  &e  rompre 
la  pierre. 

Les  cigales  font  des  mouches  à  quatre  aîles.  Elles 
font  réellement  ç^afiriniythes  ou  ventriloques.  L'in- 
ftrument  qui  exécute  leur  prétendu  chant,  efl:  une 
efpècc  de  tambour  ou  de  tymbale  qui  fe  trouve 
fous  le  ventre.  Le  chant  n'appartient  qu'aux  mules , 
ainfi  que  chez  lesoifeaux.  Voye^^-en  la  méchaniquc  , 
dans  l'HiJi.  de  l'Académie  des  Sciences,  1740, 
page   8, 

Ménage  dérive  ce  mot  françois  du  mot  latin 
cicada.  'Charleton  le  dérive  de  cith ,  Se  cado  ,  parce 
que  les  d'haies  tombent  Se  difparoilfent  •bientôt  , 
DU  de  K(a ,  «^«.  comme  fi  on  difoit  l'infecte  qui 
chante ,  Ki,  ,  kit ,  ou  qui  fait  x»--  en  chantant. 

Le  chant  des  cigales  efl  for:  iraporrun. 


CIG 

La  cigale  ayant  chanté 

Tout  l'été  , 
Se  trouva  fort  dépourvue  , 
Quand  la  hife  fut  venue.  La  Font, 

La  cigale  étoit  dédiée  à  Apollon  ,  conrime  au 
Dieu  de  la  voix  Se  du  chant.  Il  ne  femble  pour- 
tant pas  que  ce  fût  pour  la  beauté  de  fon  chant, 
car  on  appeloit  un  mauvais  Poète  une  cigale  ;  mais 
c'étoit  parce  qu'elle  a  beaucoup  de  voix  ,  qu'elle 
chante  continuellement.  Foye^  fur  les  cigcUs 
Volîius ,  de  Idol.  L.  IV,  c.  67  ,  85. 

Une  cigale ,  avec  ce  mot  de  Virgile  ,  Sole  jih 
ardenti  ,  Ec,  JI ,  13,  ou  avec  ce  vers  de  l\- 
trarque  , 

In^n  al'  hora  efirema , 

Efl  la  dcvife  d'un   travail  infatigable  Se  d'une 
perfévéïance  confiante. 

IJC?  Cigale  de  rivière.  Cicada  jluvialis.  Petite  mou- 
che qui  a  Jix  pies ,  qu'on  voit  fur  l'eau ,  qui  n^ 
diffère  de  la  cigale  de  tetre,  que  parce  qu'elle  a  la 
tète  plus  avancée. 

§3"  Cigale  de  mer.  Cicada  marina.  Poilfon  crufta- 
cé ,  refiemblanr  à  la  langoufle ,  mais  plus  petit.  Elle 
a  une  queue  comme  l'éctevifle  ■■,  Se  fa  chair  a  le 
même  goût  que  l'écrevi/fe  de  mer.  Elle  rougit  en 
cuifant. 

fpT  On  appelle  cigale  aux  Iles  Antilles  les  bouts 
de  tabac  que  l'on  fume  fans  pipe.  Ce  font  des 
rouleaux  de  tabac  de  la  groflcur  du  petit  doigt, 
dont  on  allume  un  bout  pendant  qu'oJi  tient  l'autre 
dans  la  bouche.  Les  Efpagnols  les  nomment  ci- 
géirros.  Le  tabac  dont  on  les  fait ,  fe  cultive  prin- 
cipalement dans  l'Ile  de  Cuba. 

CIGNE,   Voyei  Cygne, 

CIGOGNAT,  Voyei  Cicognat, 

CIGOGNE.  P^oyei  Cigogne  pour  l'explication,  & 
écrivez  Cigogne. 

CIGUË,  f,  f,  Cicuta.  Il  faut  dans  ce  mot  un  ë tréma, 
pour  différencier  la  dernière  fyllabe  de  celle  du 
mot  fatigue.  On  doit  obferver  la  même  orto- 
graphe  dans  le  mot  ambiguë,  &:c, 

La  ciguë  efl  une  plante  ombellifère  ,  qu'on  range 
parmi  les  plantes  venimeufes.  On  dillingue  la  ci- 
guë en  deux  efpèces  -,  favoir ,  la  grande  Se  la  petite. 
La  ciguë  (implement  dite ,  ou  la  grande  ciguë  , 
cicuta  major  ,  a  fa  racine  pareille  à  celle  du  pa- 
nais ,  jaunâtre  en  dehors ,  blanchâtre  en  dedans , 
'  douceâtre  au  goût ,  Se  d'une  odeur  forte.  Les  feuilles 
qu'elle  pouffe  font  découpées  en  plufieurs  fcgmens, 
branchues  comme  celles  du  myrrhis ,  d'une  odeur 
vireufe,  acre,  d'un  vert  oblcur.  Sa  tige  s'élève 
de  quatre  à  cinq  pies  :  elle  efl  creufe ,  liffc ,  noueufe , 
branchue ,  garnie  par  intervalles  de  feuilles  fine- 
ment incifées ,  plus  petites ,  à  mefure  qu'elles  s'é- 
loignent du  bas  de  la  plante.  Cette  tige  Se  fes 
branches  portent  des  ombelles  de  fleurs  à  cinq 
petites  pétales  blanchâtres,  inégaux,  difpofés  en 
fleurs  de  lis  de  France.  A  ces  fleurs  fuccèdcnt  des 
fcmences  auffi  menues  que  celles  de  l'anis ,  arron- 
dies ,  cannelées  fur  leur  dos ,  Se  d'un  vert-brun. 
Cette  ciguë  vient  dans  les  endtoits  un  peu  humides, 
à  l'ombre  ,  près  des  mailires ,  Se  le  long  des  che- 
mins. On  a  tant  d'exemples  fâcheux  des  mauvais  ef- 
fets de  cette  plante,  qu'on  ne  fauroit  en  approuver 
l'ufage  interne.  Il  y  a  cependant  des  perfonnes  qui 
la  vantent  comme  un  puiffant  fudotifique.  On  doit 
fe  contenter  de  l'appliquer  extérieuremenr,  pout 
réfoudie  les  humeurs  loupeufes,  pour  fondre  les 
duretés,  de  la  rate.  Se  du  foie.  Cette  plante  eft 
la  bafe  de  Pemplâtre  qui  porte  fon  nom.  Elle  a 
été  regardée  par  pluiieurs  Médecins  comme  un  poi- 
fcn  fiûid  ;  d'autres  cependant,  fur  tout  les  mo- 
dernes ,  la  mettent  au  nombre  des  diffolvans  Se  des 
poifons  chauds.  Les  principales  raifonj  qu'ils  en 
apportent ,  comme  on  le  voit  dans  Wapfer ,  font 
qu'elle  pique  Ja  langue  avec  beaucoup  d'acrimo- 


CI  G 

nie  ;  que  les  cdrpii  feules  qui  en  fortent  font  cliands, 
provenans  d'un  l'el  volatil  ,  &  d'un  fouifre  impur 
^  puanr  ;  que  la  rage  qu'elle  cauie  &  les  autres 
fymptomeî  marquent  des  parties  trcs-agillantcs  ; 
que  fi  le  fang  fe  trouve  coagulé  après  la  mort  , 
l'el'prit  de   vin  en  tait  autant. 

Lapetitec-i^ae,  cicutaminor ,  PetrofelinoJîmiUs  , 
C,  B.  n'eft  pas  moins  venimeufe  que  la  précé- 
dente ;  on  croit  même  que  fon  eifet  cft  plus 
prompt  &  plus  mauvais.  On  la  reconnoît  aifé- 
ment  par  fcs  feuilles,  qui  rellémblent  à  celles  du 
perfil  ordinaire ,  bc  qui  ont  une  odeur  vircufe  j 
fa  tige  cft  baffe  ,  &  n'a'  guère  plus  de  deux  pics 
&:  demi  -,  elle  eft  menue,  chargée  de  feuilles,  & 
divifée  en  quelques  branches  qui  font  terminées 
par  des  ombelles  de  fleurs  blanches,  fleurdclifces , 
en  quoi  elles  diîFèrent  de  celles  du  perfil.  Sa  fe- 
mence  efl:  menue  ,  &  toute  la  plante  a  une  odeur 
dcfagrcablc  ^:  vireufe.  Sa  racine  périt  dès  que  les 
femences  font  mûres.  Com.rnc  cette  dernière  efpèce 
de  ciguë  approche  du  perfil  par  fes  feuilles  ,  il  eft 
arrivé  quelquefois  de  fâcheux  accidens  à  ceux  qui 
en  avoient  mangé  par  mégarde.  Cette  plante  fe 
trouve  afiez  fouvent  dans  les  jardins,  dans  les  vi- 
gnes ,  &c. 

Il  n'eft  pas  pofTible  de  découvrir  quelle  étoit 
la  ciguë  des  Anciens  ,  parce  que  cette  plante  n'eft 
pas  la  feule  des  ombellifères  qui  foit  dangereufe. 
Il  y  a  quelques  èfpcccs  d'œnanthe  ,  une  efpèce  de 
berle  nommée  Jîum.  Eruca:  folio',  C.  B.  qu'on  a 
reconnu  être  très-pernicieufe.  Cette  dernière  plante 
a  fait  le  fujet  d'un  ouvrage  entier ,  &  Wepfer  a 
cru  qu'elle  étoit  la  ciguë  aquatique.  Cicuta  a^ua-- 
tica. 

Bauhin  a  diftingué  ttois  fortes  de  ciguë  aqua- 
tique. La  ciguë  de  marais ,  à  feuilles  larges  &  blan- 
châtres ,  la  ciguë  à  feuilles  rougeâtres  ,  &  la  ciguë  à 
feuilles  étroites,  ou  ciguë  aquatique  de  Gefner,  qui 
eft  celle  dont  on  parle  ordinairement.  Wepfer  a 
fait  un  Traité  intitulé  Cicuta:  aquatiae  Hiflorici 
nous  &  commentario  illufirata.  Il  eft  aflcz  ordi- 
naire de  prendre  les  feuilles  de  la  c/g^ë  pour  celles 
du  perfil ,  &  fes  racines  pour  des  panais ,  ou  pour 
des  carottes. 

Quelques-uns  font  devenus  fous  pour  avoir  mis 
en  leur  potage  des  feuilles  de  ciguë  au  lieu  de  perfil. 
La  ciguë  eft  ennemie  du  cerveau  ,  comme  les  can- 
tharides  de  la  velfie  ,  &  le  lièvre  marin  du  pou- 
mon.La  ciguë  prife  en  breuvage  caufe  des  vertiges  & 
convulfions ,  trouble  la  vue  &  fentendement ,  rend 
les  extrémités  froides ,  &  bouche  les  conduits  de 
la  refpiration.  La  ciguë  eft  un  aliment  pour  l'étour- 
heau  ,  &  un  poifon  pour  l'oie.  La  ciguë  fait  mieux 
fon  eifet  quand  elle  eft  prife  avec  du  vin.  La  ciguë 
eft  moins  dangereufe  ici  que  dans  les  pays  chauds. 
On  l'appeloit  autrefois  en  françois  feguë  ou  co- 
cue ,  mot  qui ,  félon  Ifidore  ,  vient  de  ce  que  la  ciguë 
a  des  nœuds  cachés.  Habet  cxcos  nodos ,  id  efl , 
nccultos.  C'eft  pourquoi  dans  les  Poètes  ,  cicuta  fe 
prend  pour  internodia  cannarum  ;  pour  l'efpace 
qui  eft  entre  les  nœuds  des  cannes  de  rofeaux. 
D'autres  difent  que  cicuta  eft  dite  comme  circa 
cutem.  Elle  a  une  peau ,  une  efpèce  d'écorce  tout 
autour ,  mais  elle  eft  vide  au  dedans.  Cicuta  ,  d'où 
eft  venu  ciguë,  fignifie  en  latin  un  tuyau  fiftulcux. 
Les  Poètes  appellent  cicuta ,  un  chalumeau ,  un 
flageolet  de  berger, 

EJl  mihi  difparibus  feptem  compacta  cicutis 
FiJlula.Y-iKGï-L-B,  Eclog.  II,  v.  }6. 

Hac  te  nos  fragili  donabimus  ante  cicuta.  Id, 
Eclog.  F ,  à  la  fin. 

CiGUE  fe  dit  aufli  du  jus ,  du  fuc  de  la  ciguë  ;  d'un 
poifon ,  d'un  breuvage  fait  de  ci^uë.  Cicuta.  So- 
crate  ,  condamné  à  mort ,  but  de  la  ciguë.  Platon 
remarque  dans  fon  Dialogue  de  l'Immortalité  de 
famé  ,  que  le  Bourreau  avertit  Socrate  de  ne  point 


C  I  L 


T9Î 


I  parler ,  de  peur  que  le  poifon  n'opérât  trop  len- 
tement. M.  Petit  ,  dans  fes  Obfervations  mifcel- 
lanées  ,  ne  croit  pas  qu'il  fit  cela  par  un  pirincipe 
de  compafTion  ,  qui  n'eft  pas  la  vertu  des  Bour- 
reaux ,  mais  par  avarice  ,  &  de  crainte  d'être  obligé 
d'acheter  encore  de  la  ciguë  ;  car  on  n'en  four- 
nifibit  au  Bourreau  qu'une  certaine  quantité ,  au 
de-là  de  laquelle  il  étoit  obligé  d'en  acheter  à 
fes  dépens  ;  ce  qui  eft  confirmé  par  un  paflàge  de 
Plutarque  dans  la  vie  de  Phocion  ;  car  le  Bour- 
reau n'ayant  point  affez  de  ciguë ,  parce  qu'il  l'a- 
voir employée  à  d'autres  criminels,  Phocion  lui 
donna  de  l'argent  pour  en  acheter ,  en  difant  que 
c'étoit  une  chofe  étrange  ,  que  dans  Athènes  il 
fallût  acheter  jufqu'à  fa  mort. 

C  I  L. 

CIL.  Pronom.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  àeluû 
11  n'eft  plus  en  ufage  en  ce  fens.  Ille.  Cil  a  été  dans 
fes  beaux  jours  le  plus  joli  mot  de  la  langue  fran- 
çoife  :  il  eft  douloureux  pour  les  Poètes  qu'il  ait 
vieilli.  La  Bruy. 

Certes ,  mon  Dieu ,  tout  ce  qu'il  te  plaira. 
Jefoujfrirai  comme  cil  qui  fera 
Le  tienfubjecl.  Marot. 

Cit  fignifie  aufiTi  le  poil  qui  fort  des  cartilages  fitués 
aux  extrémités  des  paupières.  Cilium,  Il  le  dit  plus 
ordinairement  au  pluiiel,  Cilia,  palpebrarumpili^ 
Les  cils  l'ont  de  petits  poils  recourbés  en  arc ,  ceux  de 
la  paupière  fupérieure  font  plus  lon^s,  &  courbés 
en  dehors.  Ceux  de  la  paupière  inférieure  font 
courbés  en  fens  contraire.  Ces  poils  font  deftinés 
à  écarter  des  yeux  la  poulfière  &  les  ordures  légères 
qui  pourroienr  y  entrer.  On  appelle  les  cartilages 
qui  font  aux  extrémités  des  paupières  ,  tarfes, 

Nicod  dérive  le  mot  de  cil,  de  ci  lier  e ,   qui  fi- 
gnifie mouvoir.  On  peut  le  faire  venir  auffi  de  celo , 
quod  cèlent  oculos, 
CILIAIRE.  âdj.  Terme  d'Artatomie  qui  s'applique  à 
différentes  parties  de  l'œil.  Ciliaris, 

On  appelle  ligament  ciliaire  une  rangée  de 
fibres  noires ,  difpofées  en  rond ,  par  lefquelles  plu- 
fieurs  Anatomiftes  croient  que  le  ciiftallin  eft  fuf 
pendu  dans  le  globe  de  l'œil.  M.  Mariotte  foutienr 
que  ces  petites  fibres  ne  font  point  attachées  au 
criftallin,  &  ne  fervent  aifcunement  à  le  foûtenir. 

Mufcle  ciliaire,  Mufculus  ciliaris.  C'eft  la  partie 
du  mufcle  orbiculaire  des  paupières ,  la  plus  voi- 
fine  des  tWs ,  à  laquelle  Riolan  a  donné  ce  nom  , 
parce  qu'il  la  prenoit  pour  un  mufcle  entier.  Dict. 
DE  James. 
Ciliaire.  {Procès)  Voye^  Procès. 

Ce  mot  vient  du  latin  ciliaris ,  mot  impropre, 
qui  fignifie ,  reffemblant  aux  cils  ,  ou  poils  des 
paupières. 
^  CILICË.  f,  tti.  Efpèce  de  vêtement ,  fait  d'un 
tiffu  d'une  matière  rude  ,  de  poil  de  chèvre  ou  de 
bouc.  On  Croit  que  ce  nom  lui  a  été  donné  ,  parce 
que  les  anciens  habirans  de  la  Cilicie  en  faifoient 
ufage.  C'étoit  aufiTi  l'habit  des  anciens  Moines ,  ôc 
desHébreux  dans  les  calamités  publiques.  Cilicium, 
Aujourd'hui  on  entend  par  cilice ,  une  petite  ca- 
mifole  faite  d'un  poil  rude  &  piquant  qu'on  porre 
fur  la  peau  par  mortification.  Porter  la  haire  &  le 
cilice.  On  le  vit  quelquefois,  lorfqu'il  devoir  aller 
en  compagnie  ,  fe  revêtir  d'un  cilice ,  comme  pour 
s'armer  contre  l'ennemi  dans  ces  occafions  fi  dan- 
gereufes.  P.  Vert. 

D'où  vous  vient  cet  air  fombre  >  6"  ce  cilice  af- 
freux , 
Et  cette  cendre  enfin  qui  couvre  vos  cheveux  ? 

Rac, 

Dans  le  Chevrceana  on  demande  fi  le  cilice  eft  la 
même  chofe  que  le  fax: ,  que  les  Juifs  avoient  cou. 


r  c)2/  CIL 

tiime  de  porter  dans  les  temps  de  pénitence  Se 

d'aftlidion  V  Ceux  qui  croient  qu'ils  croient  diHc- 

rcns  ,  dilent  que  le  ct/uc  ctoit  de  poil  de  cliameau  , 

de  boucou  de  chèvre,  &  que  le  Tac  croit  de  chanvre, 
de  peau ,  ou  de  quelque  grolîc  ctolTC. 
"  CiUGE ,  terme  de  guerre.  Les  Anciens^  avoient  in- 
vente les  ciliccs  ,""  pour  s'oppofer  à  l'eftet  des  ba- 
liftes ,  Se  en  rompre  les  coups.  Ces  ci/iccs  croient 
des  clpèces  de  matelas ,  ou  pour  mieux  dire,  des 
tifliis  de  crin  de  cheval  Se  de  poil  de  chèvre  j  pi- 
ques &  remplis  de  bourre  ou  d'herbes  marines  entre 
deux  ctofi'es.  Les  ainégcs  luipcndoient  ces  cihcds 
devant  les  parapets  ou  lùr  les  brèches,  pour  rompre 
la  violence  des  trairs  ou  Hèches  lancées  par  les 
baliftes.    Le  Chevaliir.  Folard. 

CILlCiE ,  ancienne  Province  de  l'Afic  mineure.  Ci- 
licia.  Elle  avoir  à  l'Orient  la  Syrie ,  la  Pamphilie 
à  l'occident ,  au  nord  la  Cappadoce  ,  &  au  midi 
la  mer  Méditerranée  ;  elle  eft  preique  enrourée  du 
mont  Taurus.  C'efl:  ce  qu'on  nomme  aujourd'hui 
Caramanic  propre.  Les  principales  villes  de  Cilicie 
étoient  Tarie ,  Adana  ,  qui  ont  confervc  leur  nom  : 
Anazarme  ,  Séleucic  ,  Scbafte  ,  Pompciopolis ,  &'c. 
Cicéron  fut  Proconlul  de  Cilicle.  Antoine  accorda 
:des  Rois  à  la  Cilicie  ;  mais  fous  Veipaiien  elle  fut 
de  rechef  réduite  en  Province.  Voyei  Vigenere 
fur  Cciar. 

Quelques-uns  rirent  ce  nom  d'un  Cilix  qui  y 
te.ffna  ,  &  qui  étoit  Phénicien  ,  fils  de  Phénix  , 
fcion  Solin  ,  &  d'Agénor,  félon  Hérodote.  Au  fcn- 
timent  de  Bochr.rr ,'  Chanaan  Z,.  /  ,  c.  5  ,  il  vient  de 
l'hébreu  ou  phénicien  ,  QtpVn  ,  CalUkim  ou  Callu- 
kim^  qui  (îgnifie  des  pierres,  parce  que  la  partie 
occidentale  <ie  cette  Province  efl:  très-pierreufe  ■■, 
d'où  vient  qu'on  la  nomma  Trachée  ou  Jpre  , 
Trachica  Ci/icia ,  &  le  refte  campagne  ou  plaine  de 
Cilicie  ,  Cilicia  campejiris. 

§3°  La  terre  de  Cilicie  étoir  une  efpèce  de  terre  ainfi 
nom.mée ,  parce  qu'on  la  trouvoit  dans  ce  pays- 
là.  En  la  faifant  bouillir  dans  l'eau ,  elle  devenoir 
vifqueufe  Si  tenace.  On  s'en  fervoit  pour  enduire  les 
ceps  de  vigne  que  l'on  vouloir  garantir  des  infeétes. 

CILICIEN  ,  ENNE.  f.-  m.  S:  f.  Qui  clV  de  Cilicie. 
Cilix.  S.  Paul  étoit  Cilicicn  ,  de  Tarfe  en  Cilicie. 
Les  anciens  defcendoienr  des  Phéniciens  -,  c'eft  le 
fenrimentde  toute  l'antiquité,  foit  qu'ils  y  eufienr 
paflc  en  droirure  ,  foit  qu'ils  culfent  d'abord  occupé 
l'île  de  Chypre  ,  Se  que  de-là  ils  fe  fuHenr  répandus 
fur  la  côte  voiiine.  Foye^  Bocharr ,  Chan.  L.  I ,  c.  ^. 

CILICISME.  f.  m.  Manière  de  s'expliquer  qui  fe 
reiîenr  du  langage  des  Ciliciens.  Chaque  Province 
a  des  rermes  Se  des  expreffions  particulières ,  6: 
qui  font  vicieufes.  On  a  reproché  à  S.  Paul  fon  cili- 
cifme  ,  c'eft- à-dire  ,  les  rermes  ou  expredlons  qu'il 
avoir  apporrées  de  la  Cilicie  fa  parrie  :  comme 
Af.nius  PoUio  a  reproché  à  TireLive  fa  paravi- 
nité  ,  c'eft-à-dire,  fon  langage  Padouan,  qui  cho- 
quoit  la  délicatefie  des  oreilles  de  la  Cour  d'Au- 
gufte.  Mais  tout  de  même  qu'on  n'a  pu  découvrir 
au  vrai  en  quoi  confiftoir  cerre  paraviniré ,  il  efl 
impofTible  aufTi  de  diftinguer  le  cilicifme  qu'Ori- 
gène  Se  S.  Jérôme  onr  reproché  à  S.  Paul.  Bal- 
thafar  Stolberg  ,  qui  a  fair  un  Traité  des  folécifmes 
du  Nouveau-Teflament,  y  parle  aufli  du  cilicifme 
de  S.  Paul.  S.  Jérôme,  qui  éroit  fort  favant  dans 
les  langues ,  a  prétendu  y  trouver  beaucoup  de  ci- 
licifme.'BlAVVAL.  Basnage. 

CILINDRE.  Foyei  Cilyndre. 

Ip-  CILLEMENT.  f.  m.  (  dans  ce  mot ,  Se  dans  les 
fuivans,  mouillez  les  deux  //.  )  Mouvement  vif,  al- 
ternatif. Se  fynchronique  des  paupières  :  mouve- 
ment par  lequel  on  ferme  les  paupières  Se  on  les 
rouvre  dans  le  momenr.  Palpebratio.  Une  lumière 
trop  vive  caufe  le  cillement. 

|fCT  II  ne  faut  pas  confondre  le  cillement  des  pau- 
pières avec  le  clignement.  Dans  le  cillement  les  pau- 
pières fe  )oignenr  de  manière  que  l'œil  cft  entière- 
ment fermé.   Dans  le  clignement  elles  font  feule- 


C  IM 

ment  rapprochées  ,    &  l'œil  efl;  à  moitié  ouvert. 
Les  Vocabulilles  paroi  lient  avoir  confondu  ces  deux  - 
mors ,  puifqu'ils  les  rendtnr  tous  deux  par  le  même 
mor  latin  miclatio  ;  car  je  fuppofe  que  miclatio  Sc 
miclare  qui  fe  trouvent  aux  mots  cillement  Se  ciller  , 
font  des  fautes  d'imprelfion.  Ils  difenr  même  bien 
pofitivcment  que  le  clignement  ejt  une  aUion  par 
laquelle  les   deux  paupières  Je  joignent  fortement 
haie  a  l'autre.  Il  efl  vrai  que  deux  lignes  après 
ils  difenr ,  avec  M.  le  Chevalier  de  Jaucourr ,  qu'on 
cligne  les  paupières  pour  regarder  un  objet  éloigné  : 
ce  qui   ne  fuppofe  pas  les  paupières  li  fortement 
jointes  l'une  à  l'autre.  Rapprochons  ces  idées.  On 
cligne   les   paupières  pour  regarder  un  objet  éloi- 
gne :  par  le  clignement  les  deux  paupières  je  trou- 
vent fortement  jointes  l'une  à  l'autre  :  c'efr-a-dirc 
en  bon  françois ,  qu'on  ferme  les  yeux  pour  mieux 
voir. 
CILLER,  v.  a.  Qui  ne  fe  dit  que  des  yeux  Se  des 
paupières.   Les  fermer  Se  les  rouvrir  au  même  iiv 
liant.   Foyei  Cillement.  Palpehare.  Une  lumière 
trop  vive  fait  ciller  les  yeux ,  les  paupières. 
^fT  On  le  dit  aufli  abfolument.  On  ne  fauroit  re- 
garder le  foleil  uns  ciller.  Il  a  vu  tout  cela,  &:  n'a' 
pas  feulement  cille. 

Ménage ,  après  Nicod  ,  dir  que  ce  mot  vient  de 
fîgillare  ,  ou  pkitôt  de  cillare  ,  qui  a  été  dit  pour 
cillere  ,  qui,  félon  Servius,  (ipiif.e  movere. 
Ciller,  en  termes  de  Fauconnerie ,  lignifie  coudre 
les  cils  ou  pa»ipières  d'un  oifeau  de  proie,  afin  qu'il 
ne  voie  goure  ,  &:  ne  fe  débatre  poinr.  ^ccipitris 
palpebras  infibulare  ,  tranfuere.  Tous  les  Tendeurs 
ayant  pris  des  oifeaux  pallagers ,  leurs  cillent  les 
yeux  avec  une  aiguillée  de  fil. 
Ciller  efl  aulTi  v.  n.  Se  alors ,  il  ne  fe  dit  que  des 
chevaux.  Ainfi  on  dit  qu'un  cheval  cille,  commence 
à  ciller  ;  pour  dire  ,  qu'il  commence  à  avoir 
quelques  poils  blancs  aux  paupières ,  au  delîùs  des 
yeux.  Ac.  Fr. 
^  CILLEY  ou  CILLYE,  conrrée  d'Allemagne, 
aux  frontières  de  la  Croatie,  avec  titre  de  Comté, 
avec  une  capitale  qui  porte  le  même  nom,  fur  la 
rivière  de  Saana.  Celia  Se  Celeia. 

C  I  M. 

CIMAGRÉE.   Voye:^  Simagrée. 

CIMAISE.  Foye:^  Cymaise. 

CIMARIOT,  OTE.  f.  m,  &f.  Toy^^  Chimariot. 
J'aimerois  cependanr  mieux  dire  cimariot ,  que 
chimariot.  Mati  &  M.  Corneille  l'onr  aufîl  prétcré. 

CIMARRE.  f.  f.  Robbe  de  chambre ,  où  tient  un 
collet  rond  de  même  étoffe.  Chastelain.  Foye^^ 

SlMAF-RE. 

CIMBALE.  Fùve{  Cymbale. 

ffT  CIMBALAIRE,  f.  f.  Plante.  Foye^  Cymba- 
laria. 

CÎMP.ALER.  P^oyei  Cymealer. 

§3-  CIMBEBAS.  Peuples  d'Afrique  ,  fur  lacôrc  oc- 
cidentale de  la  Cai'rerie ,  dans  le  Royaume  de 
Maraman. 

CIMBRE.  f  m.  &:  f.  Nom  de  peuple  ancien.  Cimber. 
Les  Cimbres  habiroient  autrefois  ce  que  nous  appe- 
lons aujourd'hui  le  Jutland^  Se  qui  fe  nommoit  de 
leur  nom  ,  Clierfonefe  Cimbrique.  Les  uns  préren- 
dent qu'ils  éroient  Scythes  d'origine;  d'autres, 
que  ce  font  les  mêmes  que  les  Cimmcriens.  hti 
Cimbres  ravagèrenr  la  Germanie  ,  l'Iftrie  ,  la  Dal- 
matie,  la  Rhctie  ,  le  Dauphiné,  l'Aquitaine.  Ma- 
rins les  défit  entièrement  l'an  de  Rome  741.  Les 
Cimbres  palfoienr  pour  erre  les  inventeurs  du 
tambour. 

Ce  mor ,  félon  quelques-uns ,  vient  de  celui  de 
Gomer,  fils  de  Japher ,  par  le  changement  du  g, 
en  c.  Fcftus  dit  que  c'efl  un  nom  gaulois,  qui  li- 
gnifie voleur  ;  Se  Strabon  les  appelle  des  coureurs, 
des  vafrabonds  ,  des  voleurs. 

CIMBRIQUE.  adj.  Qui  apparrienr  aux  Cimbrc^.  dm- 
briciiSf  a.  La.  Chezibnck  Cimbri'^uc.  C'ctoitlaPc- 

nlnfuJe , 


CIM 

lûnfule  ,  qu'liabitoient  les  Cimb&îs",  aujourd'hui 
le  Jutland. 

§CÎ"  Il  y  a  une  efpèce  de  tetre,  nommée  Terra  Cym- 
hrica.  ■,  qui  vient  de  Fcmereau  ,  Ile  de  la  mer  liai- 
tique  ,  tantôt  cendrée ,  quelquefois  tirant  fur  le 
fatran ,  bonne  pour  la  diltcnterie.  C'eft  une  ef- 
pèce de  bols. 

CIME.  f.  f.  La  partie  la  plus'  élevées  d'une  mon- 
tagne, d'un  grand  arbre.  Caciimen  ,  vertex.  La 
cime  de  cette  montagne  eft  toujours  couverte  de 
neige.  Il  eft  défendu  de  couper  la  cime  des  arbres 
par  les  Ordonnances  des  Eaux  &  Forêts.  Ce  ro- 
cher porte  fa  cime  jufques  dans  les  nues. 

Du  profane  Parnajje  abandonne  la  cime  » 
Ma  muj'e ,  vers  le  Ciel  prends  un  vol  plus  fuHime. 

liE  Noble  Téneliep.e, 

^3"  Cime  fe  prend  en  Botanique  pour  le  haut  de  la 
tige  des  arbres  &  des  herbes. 

Ce  mot  vient  de  cima  ,  qui ,  felôn  Ilîdore  ,  a  été 
dit  >  quaji  coma  ,  car  c'eft  le  fommet  des  plantes  , 
ou  des  arbres. 

Cime  fe  prend  aulTî ,  au  figuré ,  pour  tout  ce  qui  eft 
regardé  comme  le  plus  haut  degré  d'une  choie.  Cul- 
men  tfafiigiumy  apex.  Ils  fe  croient  à  la  cime  du 
bonheur.  GoDEAU.  On  le  dit  tarement ,  ou  plutôt 
on  re  le  dit  point. 

CIMENT,  f.  m.  Compofition  d'une  nature  tenace  pro- 
pre à  lier  &  faire  tenir  enfemble  plufieurs  parties  di- 
ftindles.  Arenaium,  intrita  ,Jigninum.  Le  meilleur  ci- 
ment  au  monde  eft  la 'poudre  de  Pazzolane  mêlée 
avec  le  Béton.  Le  bitume  eft  le  ciment  qu'on  a  em- 
ployé aux  murs  de  Babylone.  En  France  on  fait  du 
ciment  de  tuile  ,  ou  de  brique  pilée ,  &:  on  la  mêle 
avec  de  la  chaux.  On  fait  des  bafllns  de  fontaine 
avec  de  la  chaux  &  du  ciment.  Le  ciment  eft 
d'un  bon  ufage  pour  les  ouvrages  fondés  dans 
l'eau.  Davilers. 

Il  fe  fait  auffi  du  ciment  éternel  avec  des  briques 
pilécs ,  du  verre  ,  du  charbon  de  pierre  ,  de  l'arcne 
bien  lavée ,  de  l'écaillé  de  fer ,  qui  tombe  fous  le 
nurteau  ,  avec  de  la  chaux  vive  bien  broyée,  qu'on 
diifout  dans  du  vin  ou  de  l'eau  commune.  Maltha. 
Ce  mot  vient  du  Latin  cœmentum ,  qui  vient  de 
cœdo.  Le  ciment  n'eft  autre  chofe  que  plufieurs  pier- 
res &  tuiles  broyées  &  mêlées  enfemble,  dit  Mar- 
tinius.  Cependant  M.  Félibien  nous  apprend  que  ce 
que  les  anciens  Architedtes  nommoient  camentum  , 
ne  s'entend  pas  de  notre  ciment  à  faire  du  mortier  j 
qui  eft  de  la  tuile  calice  -,  mais  de  leur  manière  de 
maçonner  ,  &  de  la  qualité  de  la  pierre  qu'ils  em- 
ployoient,  comme  lorfqu'on  remplit  des  voûtes  & 
des  murs  avec  du  moilon  &  du  blocage. 

Ciment  eft  auffi  un  terme  d'Orfévte,  de  Metteur  en 
oeuvre  &  de  Graveur.  Malthx  genus,  C'eft  un  com- 
pofé  de  briques  mifes  en  poudre  &  bien  tamifées,de 
poix  réiîne  &  de  cire  ,  dont  on  fe  fert  pour  tenir  en 
état  les  ouvrages  qu'on  veut^raver ,  ou  pour  rem- 
plir ceux  qu'on  veut  cifcletî^» 

On  dit  proverbialement  &  îgurément ,  qu'une 
afFaite  eft  faite  à  chaux  &à  ci;r;e/z/,quand  on  l'a  (i  bien 
.afllirée  par  les  claufes  &  conditions  qu'on  y  a  mifes, 
quand  elle  eft  faite  avec  toutes  les  fotmalités  capa- 
bles de  la  rendre  (oWàcRes  adverfùs  eventus  omnes 
Jirmata ,  fecura. 

Ciment  fignifie  auiïî  en  Morale,  ce  qui  fait  la  liaifon 
entre  les  perfonnes.  Vinculum.  La  vertu  eft  le  meil- 
leur ciment  qui  puifle  lier  les  amis  enfemble.  Cette 
métaphore  eft  un  peu  dure  \  &  en  Morale  ciment  eft 
moins  élégant  Se  moins  ulité  que  cimenter. 

Ciment.  Terme  de  Chimie.  Voye^  Cément.  ^ 

CIMENTER.  V.  a.  Lier  avec  du  ciment,  enduire  avec 
du  ciment.  Signinum  opus  facere.  Les  jointures  de 
ces  pierres  font  bien  cimentées.  Le  baffin  d'une  fon- 
taine doit  être  enduit  &  cimenté  avec  de  bon  ciment. 
Les  murs  étoient  cimentés  de  bitume.  Vaug. 

Cimenter  fe  dit  aulTi  figurésnent,' en  parlant  de  ce 

-     qui  lie  &:  affermit  quelque  chofe.  Firmare ,  vincire , 
ejirinsere.  L'amitié  de  ces  perfonnes  eft  cimentée 
Tome  II, 


CIM 


T9 


par  des  alliances  réciproques.  Les  Mattyrs  ont  c:- 
menté  la  Foi  par  leur  fang. 

Mais  un  Roi  vraiment  Roi ,  quifage  enfesprojets^ 

Du  bonheur  du  public  ait  cimentéyi  gloire  ; 

Il  faut  pour  le  trouver  courir  toute  l'hijtoire.  Boil.» 

En  vain  de  l'Eglife  naiffante^ 
l'Enfer  attaque  le  berceau  : 
Le  fang  des  Martyrs  la  ziixitixit^ 
lien  naît  un  peuple  nouveau, 

Nouv.  choix  de  VERsi 

Ces  expreJlîons  font  élégantes,  &  de  bon  goût  ert 
notre   langue. 

CIMENTh,  ÉE,  part.  Il  a  les  lignifications  de  fon  veibe 
en  Latin  comme  en  François  ,  tant  au  propre  qu'au 
figuré.  Les  bâtimcns  cimentes  font  les  plus  durables. 
On  a  vu  les  amitiés  les  mieux  cimentées  s'altérer  pat 
d'innocentes  plaiiaritctics.  S.  EvRv 

CIMENTIER,  f,  m.  Homme  de  Journée ,  qui  bat  le  ci- 
ment ,  &  qui  en  vend.   Camentarius. 

CIMETERRE  ,  f.  m.  Grand  coutelas  ,  qui  ne  tranche 
que  d'un  côté,  &  qui  eft  un  peu  recourbé  par  le 
bout.  Glddius  f'alcatus  ,  acinaces.  Darius  portoic 
une  ceinture  d'or,  d'où  pendoit  nn  cim~:terre ,  c\}.\\ 
avoit  un  fourreau  couvert  de  pierres  précieulés» 
Vaug.  Les  Turcs  &  les  Orientaux  font  armés  de 
cimeterres ,  ont  des  cimeterres  d'acier  ,  de  Damas. 

Ce  mot  vient  du  mot  tutcfcimatirre.  Nicod  dit 
que  Charlemagne  en  fes  lettres  clofes  à  OtFa  Roi  des  . 
Merciens,  rend  le   mot  de  cimeterre  par  gladius 
Hunijtus  ,  à  caufe  que  les  Huns  portoient  cette 
forte  d'cpée,  , 

CIMETIÈRE  ,  f.  m.  &:  non  pas  CIMETIERE. 
Lieu  facré  dcftiné  à  enterrer  les  corps  des  défunts» 
§3"  Lieu  béni  &  confacré  avec  les  folemnicés  ordi- 
naires,  pour  lafépulture  des  Fidèles.  Cametirium  , 
fepulcretum  ,  fepulcrorum  frequentià  ,  commune 
fepulcrum ,  fepulcralis  area.  Autrefois  on  n'enter* 
roit  perfonne  dans  les  Eglifes  :  mais  dans  les  cime~ 
tières.  Les  cimetièhs  ont  toujours  été  en  grande  vé-> 
nération  parmi  ks  Chrétiens.  Le  Concile  d'Elvire» 
Can.  54.  &  55,  défend  d'allumer  des  cierges  pendant 
le  jour  dans  les  cimetières ,  &  cA.  3  j.  11  défend  aux: 
femmes  de  paifet  la  nuira  veiller  dans  les  cimetières. 
L'ufage  de  bénir  les  cimetières  eft  très-ancien.  L'E- 
vêque  en  faifoir  le  tour  avec  facroife,  ou  bâtor» 
paftoral ,  l'eau  bénite  étant  portée  devant  lui.  Hi^t. 
de  Bret.  par  D.  Lobineau ,  T.  Il ,  p.  108.  Les  Cal- 
viniftes,  les  Maliométans,  ont  a.n{ri  des  cimetières 
à  leur  mode. 

Dans  les  premiers  fiècles  les  Chrétiens  feifoienc 
leurs  alFemblces  dans  les  cimetières  ,  comme  nous 
l'apprenons  d'Eusèbe  ,  Liv.  VU  de  fon  Htfoiri 
Eccléfiafdque  ,  ch.  1 1 .  &  de  Tertullicn  qui  appelle 
les  cimetières  où  l'on  s'allembloit  pour  faire  les 
prières,  areas.  Tert.ad  Scap.  C.  j.Valétien  ayant 
apparemment  confifqué  lès  timetieres ,  de  les  lieux 
deftinés  au  culte  de  Dieu ,  Gallien  les  rendit  auiC 
Chrétiens  par  un  refcript  public,  qui  eft  rapporté 
par  Eusèbe ,  L.  VU,  C.  5.  Il  femble  que  les  cimetières^ 
&  les  lieux  de  Religion,  y  foient  pris  pour  unô 
même  chofe.  Comme  les  Martyts  étoient  enterrés 
dans  les  cimetières ,  ce  fut  là  particulièrement  qu3 
les  Chrétiens  bâtirent  des  Eglifes,  loffque  Conftan- 
tin  leur  eut  donné  une  entiète  liberté  ;  &c  on  croie 
que  c'eft  de  cette  coutume  qu'eft  venue  la  règle 
qu'on  obferve  aujourd'hui ,  da  ne  confacrer  aucun 
Autel  fans  y  mettre  des  Reliques  de  Martyrs.  Dg 
TiLLEM.  Hifi.  des  Emp.  T.III,p.  l8i  ,  28?. 

On  a  entendu  autrefois  pat  cimetière  ,  non^feule- 
ment  l'endtoit  où  l'on  entertoit  les  morts ,  mais 
auHi  toutes  les  tertcsqui  environnoicrit  les  Eglifes 
parollFiales ,  èc  qui  étoient  contigues  aux  vrais  a- 
ruetières.  ChoriFR  ,  ïf*fi-  àe  Dauph.  T.  Il,  p.  47. 

Ce  mot  vient  du  Latin  cœmeierium  ,  qui  a  été  fait 
du  Grec  Koif<?T^i<>« ,  qui  veut  dire  ,  Un  iiur/ozV,  du 
verbe  Ksi^ûi/,  di>rmio,h dçrs;  parce  q"'il  femble  que 

FF  ff 


5*^4 


CI  M 


C  î  M 


les   dcfimts  y  âormenc  en  attendant  le  jugement 
Univcrlcl. 

On  dit  fipurcment ,  que  l'Italie  eft  le  cimetière 
dc^Trançois ,  parce  qu'il  en  meurt  un  grand  nombre 
pendant  les  guerres  qu'on  a  en  ce  pays-là.  On  le  dit 
gcficralcment  d'un  pays  dont  l'air  efl  mortel  pour 
les  étrangers. 
CIMIER  ,  f.  m.  terme  de  chafTe ,  en  parlant  du  cerf, 
c'efl:  la  pièce  de  chair  qui  ic  IcVe  le  long  du  dos  & 
des  reins  de  l'anima!  ,  depuis  les  côtes  julqu'a  la 
queue.  Lumhus.  Le  droit  du  Roi  à  la  chaliè  cft  le 
tifnicT  du  cerf-"  avec  les  cuiflcs  &  les  nombles. 

A  là  boucherie  le  cimier  de  bœuf  efl:  une  partie 
de  la  cuilfe.  Pars  bovinœ.  coxcndicis.  Il  contient 
pluficurs  tranches,  chaque  tranche  contient  trois 
morceaux  ,  dont  le  premier  s'appelle  la.  fièce  ronde; 
le  fccond  l3.Jemc/Ie  ,  ain/i  nommt'e  .1  caule  de  fa  fi- 
gure ;  ôc  le  troilicme  le  tendre.  Le  derrière  de  cimier 
efl  contenu  depuis  les  tranches  jufqu'à  la  queue,  & 
cft  .1  prcient  nommé  cullotte, 

CiMiER.  Terme  de  Blafon.  C'efl  la  partie  la  plus  élevée 
d"nsles  ornemens  de  l'Ecu,  &  qui  efl  au  deOlis  du 
cafque.  Impcjitafrmmcc  galea  figura.  Le  cimier  de 
France  efl  une    rieur-de-lis   carrée.  On  l'a  appelé 
ainfi  du  mot  de  cime,  à  caufe  qu'on  le  met  à  la  cime 
au  cafque.  Le  cimier  eft  l'ornement   du  timbre  , 
comme  le  timbre  efl  celui  de  l'Ecu.  Les  cimiers  de 
plumes  font  plus  frcquens  que  les  autres,  &ils  font 
faits  fouvent  d'une  mafié  de  plumes  d'autruche  ou  de 
héron,  Se  ces  touffes  de  plumes  dans  les  anciens  tour- 
nois étoientnomméeSjr///wa//j  ouplumarts.  Elles  i'c 
mettoicnt  dans  des  tuyaux  fur  de  hauts  bonnets.  Les 
cimiers  fe  faifoient  auiîî  de  cuir  bouilli ,  de  carton , 
de  parchemin ,  peints  5c  vernis ,  quelquefois  d'acier 
ou  de  bois,  &  on  y  repréientoit  fouvent  une  pièce 
du  Blafon  de  l'Ecu  ,  comme  un  aigle  ,  ou  une  fleur- 
de-lis  \   mais  jamais  une  de  ces  pièces  qu'on  nomme 
honorables,  comme  pal,  fafce ,  giron  .,  &c.  On  en 
cliangeoit  quelquefois  félon  la.fantaifie,  parce  qu'il 
ne  tenoit  lieu  dans  le  Blafon  que  de  de  vile  &  d'or- 
nement. L'ufage  en  efl:  très-ancien;  car  Hérodote  en 
attribue  l'invention  aux  Cariens  ,  qui  les  premiers 
portèrent  des  aigrettes  &c  des  plumes  fur  leurs  caf- 
ques ,  &   peignirent  des  figures  fur  leurs  boucliers. 
C'efl  pour  cela  que  les  Perfes  les  appelèrent  des 
coqs  j  parce  qu'ils  paroiffoient  crêtes  comme  des 
coqs.  Les  anciens  guerriers  portoient  des  cimiers 
pour  donner  de  la  terreur  à  leurs  ennemis  par  la  vue 
des  dépouilles  des  animaux  qu'ils  avoicnr  domptés , 
ou  pour  fe  donner  une  mine  plus  formidable.  On 
les  portoit  auffi  par  fuperflition  ,  comme  Tacite  le 
témoigne  des  -,€flyens,  peuples  voifms  de  la  mer 
Baltique.  Pyrrhus  portoit  pour  cimier  un  grand  pa- 
nache, &  des  cornes  de  bouc.  Plutarque  ,  Vie  de 
Pyrrhus.  Diodore  de  Sicile  dit  que  les  Rois  d'E- 
gypte portoient  des  têtes  de  lion-,  de  taureau ,  ou 
de  dragon  pour  cimier. 

Les  cimiers  ont  fervi  de  fondement  à  pluficurs  fa- 
bles :  car  les  Anciens  donnèrent  à  Sérapis  une  tcre 
d'épervier ,  parce  que  ce  cavalier  en  avoir  un  fur  fon 
cimier.  Ils  firent  de  Gcryon  un  monflre  .à  trois  têtes, 
parce  qu'il  avoir  un  triple  cimier.  Ils  feignirent  que 
Prorhée  changeoit  à  tous  momens  de  forme ,  parce 
que  c'ctoit  un  Roi  d'Egypte  qui  changeoit  tous  les 
Jours  de  cimier ,  &  paroiflbit  tantôt  avec  une  tête  de 
lion ,  &  tantôt  avec  celle  d'un  dragon ,  d'un  ours , 
d'un  cheval ,  &c.  Les  cimiers  exrravagans  fonr  aufll 
fort  anciens  en  Gaule  ,  comme  on  peut  recueillir  de 
quelques  témoignages  de  Plutarque  &  de  Diodore 
de  Sicile,  en  parlant  des  Gaulois  &des  Germains. 

Le  cimier  efl:  une  plus  grande  marque  de  NoMef- 
fe  ,  que  l'Armoirie ,  parce  qu'on  le  porroir  aux  rour- 
neis ,  où  on  ne  pouvoir  être  admis  fans  avoir  fait 
preuve  de  NoblelTe. 

Le  cimier  a  fervi  de  diflindlion  à  des  fadlions 
difFcrcntcs,  les  Monaldcfchi ,  par  exemple,  Gen- 
tilshomrnes  d'Orviête  en  Italie ,  s'étant  divifcs  , 
prirent  les  uns  une  biche,  les  autres  un  chien,  les 


âiKrês  une  vipère,  &i  les  autres  une  aigle  poui' 
cimier. 

Le  cimier  fert  auffi  à  la  diftindlion  des  différentes 
branches  d'une  même  famille. 

Quelquefois  on  a  fair  fon  cimier  de  fa  dcvife, 
Ainfi  Côme  de  Médicis,  dont  la  devil'e  étoit  un 
faucon  d'argcnr ,  tenant  un  anneau  d'or  de  fa  ferre 
droite,  avec  ce  moi  Jemfcr ,  en  avoit  auifi  fait  le 
cimier  de  fes  armes.  Le  plus  fouvent  on  a  pris  une 
pièce  de  fes  armes  pour  cimier.  Ainfi  le  cimier  de 
France  efl:  une  fleur-de-lis  carrée  ,  celui  de  l'Empire 
un  aigle,  celai  de  Caftilk  un  Chârcau,  celui  de 
Léon  un  Lion,  &c.  Les  familles  qui  changent  d'ar- 
mes ,  comme  ont  fait  les  Bruni'wich  &  les  Coloncs , 
ne  changent  pas  pour  cela  de  cimier.  Ceux-là  ont 
rercnu  le  cheval ,  &c  ceux-ci  la  firène. 

Le  cimier  de  plumes  a  été  le  plus  généralement 
reçu  chez  tous  les  peuples.  Le  cimier  n'eft  pli^s 
d'ufage  que  dans  le  blalbn  &  dans  les  tournois. 
Foyei  le  P.  Meneftrier ,  dans  fes  Origines  des  or- 
nemens des  Armoiries,  Les  Anciens  ont  appelé  le 
cimier  crête  ,  crijia.,  , 

CIMMÉRIEN ,  ENNE.  f.  m,  &  f.  Nom  de  peuple. 
Cimmerius ,  a.  On  trouve  trois  peuples  difîcrens 
qui  ont  porté  ce  nom.  L'un  étoit  Scythe,  5c  ha- 
bitoit  le  long  du  Pont,  proche  le  dérroir  de  Caffa  , 
qui  s'appeloir  de  leur  nom,  le  Bolphore  Cimmirien.. 
C'eft  une  Colonie  de  ces  Cimmeriens  qui  pénétra 
dans  le  Jurland  ,  où  ils  furent  appelés  Cimhres, 
D'autres  Cimmeriens  ctolent  entre  la  Colchidc  & 
ribérie,  occupanr  la  parrie  de  la  Géorgie,  quii'e 
nouime  Havejfen.  Il  y  a  encore  eu  des  Cimmeriens 
en  Italie,  proche  du  lac  Averne  &  de  Bayes.  Ils 
vivoient  dans  des  lieux  Ibuterrains,  d'où  ils  ne 
forroient  que  la  nuit  pour  voler.  C'eft  de  ceux-là 
qu'Homère  a  parlé  dans  l'Odyfféè. 

Ce  nom,  félon  Bochart,  Chan.  L.  /,  ch.  :^5 , 
vient  de  103  camar,o\icimmery  c\m  iigniûc ni gref- 
cere,cxx(i  noir ,  erre  obfcur.  C'eft-là  ce  qui  a  donné 
occafion  aux  fables  que  l'on  a  faires  fur  ces  peuples , 
aux  ténèbres  Cimmeriennes ,  c'cfl-à-dire ,  au-^  ténè- 
bres dans  lefqueiles  ces  peuples  vivoient ,  &:  qui 
padcrent  en  proverbe  pour  fignifier  des  ténèbres 
très-épaiffes.  D'auttes  difent  que  ce  proverbe  ve- 
noir  de  ce  que  les  Cimmeriens  du  Pont  habitoient 
un  pays  toujours  couvert  de  brouillards  &  de  va- 
peurs ;  d'aurres,  de  ce  que  ceux  d'Italie  demeu- 
roient  dans  des  cavernes  fbuterraincs.  On  dilbiî 
auffi  que  l'entrée  de  l'enfer  étoit  dans  leur  pays. 

CIMMtRISou  CIMMÉRlDEf.  f.  Terme  de  Mytho- 
logie.  Nom  d'une  Déeife.  Cimméris.  Héfychius  dit 
que  O'/nOTém  eft  la  merc  des  Dieux  ,  c'eft-à-dire, 
Cybèle,  &:  elle  fut  ainfi  appelée,  dit  Voflms ,  de 
Idol.  L.II ,  £.  51 ,  parce  que  les  Cimmeriens  l'ho- 
noroieftr- 

CIMOLIE.  f.  f.  Efpêce  de  terre  qu'on  apporte  d'une 
des  Iles  Cyclades ,  appelée  Cimole ,  d'où  elle  a  pris 
fon  nom.  Terra cimolia.  Cette  terre  eft  gralfe,  molle 
Se  binnche.  Ily  en  a  qui  tire  fur  la  couleur  de  pour- 
pre. Elle  eft  bonne  pour  réibudre  des  parotides, 
les  tumcuts  des  tefticules  &  les  enflures  des  jambes  î 
elle  eft  auffi  propre  pour  la  brûlure  &  pour  en  àp- 
paifer  la  douleur. 

On  donne  encore  le  nom  de  cimolis  ou  cimoUe  à 
une  certaine  terre  liquide  qui  tombe  fous  les  meule* 
des  Couteliers  pendant  qu'ils  aiguifent  leurs  cou- 
teaux &  autres  tranchans ,  à  caufe  de  fa  reflemblance 
avec  la  c/otoA'<?  des  Anciens.  La  .cimolie  des  Coute- 
liers ,  car  c'eft  plutôt  cimolee  que  cimolie  ,  eft  ua 
mélange  des  patries  de  la  meule  même  &  du  fer  li- 
quéfiées par  l'eau.  On  (e  fert  de  ta  cimolif  en  Méde- 
cine. Elle  eft  aftringcnre  &  réfolutive.  On  l'emploie 
au/Tl  dans  la  teinture  pour  teindre  en  noir. 

0CF  CIMOSSE.  f  f.  En  iralien  Cimofa.  Lifière  prari- 
auée  par  les  Génois  à  cerrains  damas  pour  meuble. 
Encyc. 

(JCr  CIMPA.  Perire  ville  d'Afic  .aij  Royaume  de  Ton* 
quin  ,  à  l'orient  de  lietoi. 


CIN 


CIN 


19) 


C  I  N. 

CINABRE  &  CINNABRE.  {.  m.  Vermillon,  couleur 
rouge.  Cinnabdris.  Plulieurs  ont  cru  que  le  cinabre 
n'cft  autre  choie  que  le  lang  de  dragon,  qu'on  re- 
cueille lorique  le  dragon  &  l'cléphanr  le  battent 
en;e;i;ible  ,  comme  dilent  Solin  ,  Pline  &  Ilidore  -, 
mais  c'eft  une  fable  réfutée  par  Diofcoride  &:  par 
Scaliger  :  Diofcoride  n'a  pas  explique  ce  que  c'ctoit 
que  le  cinabre  \  la  plupart  des  Modernes  croient 
qu'il  a  entendu  la  larme  d'un  arbre  qui  vient  en  Afri- 
que ,  laquelle  eft  d'un  très-beau  rouge ,  &  qu'on  ap- 
pelle lang  de  dragon.  Ce  qu'on  nomme  à  prél'ent 
cinabre  cil  toute  autre  choie. 

f]3^  Les  Naturaliftrs  entendent  par  a'/2<î^re  un  demi- 
métal  qui  le  forme  naturellement ,  &:  qui  renferme 
le  mercure  ;  on  le  «iiftingue  en  naturel  &:  en  artiri- 
ciel. 

Le  cinabre  naturel  ou  minéral  efl:  un  mélange  de 
mercure  &  de  Ibuffre  ,  qui  fe  font  fublimcs  enfem- 
ble  par  le  moyen  de  quelque  chaleur  fourerraine  : 
il  elt  d'une  très-belle  couleur  rouge.  On  le  trouve 
dans  les  veines  des  mines  d'argenr ,  &  fa  couleur 
eft  plus  ou  moins  haute  ,  &  félon  la  pureté  du  mi- 
néral ,  &  félon  le  lieu  où  font  ces  mines.  On  en  ap- 
portede  Hongrie,  deTranlîlvanie,de  plulieurs  en- 
droits d'Allemagne  ;  mais  le  plus  beau  fe  trouve 
dans  la  Carinthie.  C'eft  un  bon  remède  dans  les  ma- 
ladies vénériennes ,  &  dans  plulieurs  autres  qui  font 
caufées  par  des  féroftés  acres. 

M.  Adam  Hofsheter  ,  premier  Médecin  du  Roi 
de  Danncmark ,  a  donné  au  public  l'analogie  du 
cinabre  naturel ,  qu'il  prétend  être  un  remède  falu- 
taire  en  plulieur  occalions.  M.  Jean  Godefroy  de 
Beker  ,  premier  Apoticaire  du  même  Roi ,  a  regar- 
dé ce  fentiment  comme  une  opinion  dangcreufc,  &: 
a  publié  un  écrit  pour  montrer  les  maux  que  le  cina- 
bre naturel  peur  produire  dans  le  corps  humain.  Il 
prétend  qu'on  efpère  en  vain  à  force  de  lotions  ôter 
au  cinabre  la  malignité  arfénicale-,  qu'il  s'eft  alfûré 
par  plulieurs  expériences,  qu'on  tire  du  vif  argent 
de  tout  cinabre  ,  &  qu'on  n'en  fépare  le  foufre  ar- 
fénical  que  par  le  feu. 

Le  cinabre  artificiel ^  eft  un  mélange  d'un  quart 
de  foufre  Ç<.  de  trois  parties  de  vif  argent  fublimés. 
On  prend  une  partie  de  foufre  ,  qu'on  fait  fondre 
dans  une  grande  terrine:  on  y  mêle  peu-à-peu  trois 
parties  de  mercure  coulanr  :  on  remue  le  tout,  & 
on  letienten  fulion  Jufqu'à  ce  qu'il  ne  paroiffe  plus 
de  mercure.  On  pulvérife  alors  ce  mélange ,  &  on  le 
met  fublimer  dans  des  pots  à  feu  ouvert  &  gradué. 
Par  ce  moyen  on  a  une  malle  dure  &  d'une  couleur 
très-rouge  ,  qui  fert  au  même  ufage  que  le  cinabre 
naturel.  On  prépare  aulfi  un  cinabre  d'anrimoinc, 
qui  eft  fait  avec  le  vif  argent  Se  le  foufre  d'anti- 
moine. 

On  dit ,  révivifier  le  cinabre. 
Ce  mot  vient  du  grec  xitâÇpu,  qui  fignifie  l'o- 
deur des  boucs ,  une  odeur  infupportable ,  parce 
qu'au  rapporr  de  Mathiole,  lorfqu'on  tire  de  terre 
une  efpècc  de  cinabre  foflile  ,  il  jetre  une  odeur  fi 
forte  &  fi  defnsrcable ,  qu'on  eft  obligé  de  fe  bou- 
cher le  nez,  &  de  fe  couvrir  le  vifage,  de  peur 
d'être  infedé. 

Vofllus ,  dans  fon  étymologie ,  écrit  cinnabari. 
K«vn'f«/>(,  qui  eft  un  mot  indien  que  l'on  trouve  dans 
Pline,  Hv.  53 ,  c.7  ,  dans  Héfychius,  dans  Théo- 
phrate,  -rrf  ac  ,  Si'dans  Diofcoride,  /.  5  ,  c.  iio. 
Ce  mot  dans  la  langue  des  Indiens ,  iîffnifie/rf/7,0'  de 
dragon.  Arien  ,  in  Periplo  ,  dit  que  c'eft  la  gomme 
d'un  arbre  indien. 

CIN^DUS.f,  m. Nom  d'un  oifeau  dorr  Galien  or- 
donne defe  frotter  les  paup'èrcs,  lorfqu'on  en  a  fait 
tomber  les  poils  trop  longs ,  comme  il  arrive  dn-is 
le  trichiafis.  Gaiien  de  comp.  Mei.S.L.Liv.lV^ 
cap.  8.  C'eft  un  oifeau  de  mer,  qu'il  eft  très-difficile 
d'avoir. 

|p°  CINALOA.  Province  de  l'Amérique  fcptentrio- 


nale  au  Mexîque ,  fur  la  côte  orientale  de  la  mer 

de  Californie. 

CINAMOME,  ^oye^CiNNAMOME, 

et?  CIN  AN,  Grande  ville  de  la  Chine,  première 
métropole  de  la  Province  de  Channton,  Elle  a  trente 
cités  dans  fon  territoire.  Elle  eft  de  }o' plus  orien- 
tale qucPekmg.  Lat,  37°, 

CINCELIER.  f,m.  Pulvinus  ,  Puhillus.  Ce  mot  eft 
hors  d'ufage  ,  il  veut  dire ,  un  couffin  ,  un  oreiller , 
un  canapé.  On  a  dit  auili  cuicelier  pour  cincelier. 

CINCENELLE,  f.  f.  Terme  de  rivière.  C'eft  une 
corde  de  médiocre  grolfeur,  qui  fert  aux  bateliers 
à  remonter  leurs  coches  &  bateaux,  une  efpèce  de 
petit  cable,  Fiinis  nauticus. 

§3-  CHINCHEU.  Voyei  Cingcheu, 

Cf?  CHINCHEU,  Grande  ville  de  la  Province  de 
Quanglî  à  la  Chine  ,  capitale  d'un  territoire  de 
même  nom.  Elle  eft  de  8°  plus  occidentale  que  Pe- 
king,  parles  350  55'  de  lat. 

CINDIADE.  ad),  f.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
dé  Diane.  La  ftatue  de  Diane  Cindiade,  dit  Polybe, 
avoit  cela  de  h ngulier  -,  que  quoiqu'elle  fut  à  l'air , 
il  ne  pleuvoir  ni  ne  neigeoit  jamais  delfus.  On  n'eft 
pas  obligé  de  croire  Polybe  fur  fa  parole. 

CINDRE  &  SINDRE.  Nom  d'un  inftrumant  de  Char- 
pentier. Ce  mot  eft  formé  de  centrum. 

CINEF ACTION,  f.  f.  Opérarion  de  Chimie.  Voye^ 
Cinération.  C'eft  la  même  chofe.  Mais  ce  derniec 
eft^plusulité, 

CINÉFIER.  v.  a.  Réduire  un  corps  en  cendres  par  la 
violence  du  feu,  Cinefacere.  Il  n'eft  pas  en  ufage. 

CINÉRAIRE,  adj.  Qui  appartient  à  la  cendre.  On  ne 
le  dit  qu'en  parlant  des  urnes  qui  rcnfermoient 
des  cendres.  En  creufant  la  terreau  village  d'Al- 
leaumc  ,  proche  de  Valognes  en  Normandie  ,  vers 
la  fin  du  XVlFfiècle,  on  trouva  des  urnes  ciné- 
raires. Supplémenr  du  Mercure  de  Mai  1722. 

gCF  On  appeloit  urnes  cinéraires ,  celles  où  étoienc 
renfermées  les  cendres  qui  entroient  dans  la  poudre 
dont  fe  fervoient  les  femmes  chez  les  Romains. 

gCF  Et  l'on  appeloit  cirJraires,^  m.  un  domeftique  oc- 
cupé à  fniér  les  cheveux  &  à  préparer  ces  cendres, 
Cinérarius. 

03"  On  appeloit  aulTi  cinerariiim ,  le  tombeau ,  l'urne 
où  l'on  renfermoir  les  cendres  d'un  corps, 

CINÉRATION.  f.  f.  Terme  de  Chimie,  C'eft  la  ré- 
duélion  du  bois,  ou  aurres  corps  combuftibles,  en 
cendres ,  par  la  violence  du  feu.  Soliitio  in  cineres  , 
cinefaclio.  On  l'appelle  aulîî  cinéfacîion. 

IfT  CINETINIQUE,  f,  f.  La  fcience  du  mouvement 
en  général ,  dont  la  méchanique  n'eft  qu'une  bran- 
che. Encyc. 

|C?  CINGCHEU  ou  CÎNCHEU.  Grande  ville  de  k 
province  de  Channton  à  la  Chine.  Elle  a  qua- 
torze villes  dans  fon  département.  Elle  eft  d'un  dé- 
gré  50'  plus  orientale  que  Peking.  Lat,  ^6°  -^6' .  . 

CINGLAGE  ou  SINGLADE,  f  m.  Terme  de  Marine, 
qui  fignifie  le  chemin  qu'on  croit  qu'un  vaifleaufait 
en  24  heures,  Spatium  qiiod  intra  ri<nnti  quatuor 
horas  navis  decurrit.  C'eft  pliitôrlc  chcmmqne  fait 
le  vailTeau  ,  ou  qu'il  peut  faire  en  24  heures.  Il 
lignifie  quelquefois  le  loyer  des  gens  de  mer,  Nau~ 
lus. 

(^  CINGLAIS  ou  CINGLOIS.  Canron  de  France 
en  Normandie  ,  entre  Falaife  6>:  la  rivière  d'Orne. 

CINGLEAU.f  m.  Terme  d'Archite^ure.  C'eft  une 
efpéce  de  cordeau  qui  fert  pour  trouver  &  décrire 
la  diminution  dcscolonncs.  " 

CINGLER,  v.n.  Navicfuer  avec  un  venr  favorable, 
&:  à  pleines  voiles.  Courir  fur  une  route  quelconque. 
Paffis  velis  ferri ,  invehi.  Il  vient  du  latin  cin^u- 
lare.  Il  ciréla.  avec  cent  vo'les  vers  les  îles.  Cingler 
en  haute  mer  à  pleines  vo'les,  BouH.  Cingler  en 
haute  mer  ,  à  l'eft ,  à  l'oucft. 

53°  Cingler  eft  aulii  un  verbe  adif,  &  fignifie  fouet- 
ter,  frapper  avec  une  houffine  ,  av  c  une  corde; 
rn  ETf'néral  avec  quelque  chofe  dedclié  ^d"  pliant. 
Ce  Cocher  lui  a  cinglé  le  vifage  d'un  coup  de  fouet  , 
d'une  houlTmc. 

FFffij 


i^^J6  CïN 

On  dit  aanfi  que  le  vent  cin^L- ,  lorfqu'il  efl  froid 
Se  cuiianc ,  &  qu'il  ùit  le  même  eiftt  fur  le  corps , 
que  feroient  les  coups  de  fouet ,  lorl'qu'il  coupe  le 
viiage.  l/rere.  On  le  dit  de  même  de  la  pluie  ,  de  la 
grêle ,  de  la  neige. 

CingUr  ,  dans  ce  fcns  de  fouetter ,  vient  appa- 
remment de  cingulum  ,  ceinture ,  parce  que  la  houl- 
iine ,  ou  la  corde  de  laquelle  on  le  dit  »  entourent 
le  corps  de  celui  qu'on  en  frappe  ,  &:  lui  font  comme 
une  ceinture. 

CINNABRE.  Voyei  Cinabre,  Cinnamie.  f.  m. 
Mot  Arabe  dont  fe  fert  Mcfué  ,  &  par  lequel  il  en- 
tend la  cannelle  groifière  ,  comme  il  entend  la  plus 
fine  par  celui  d'archemi. 

CINIQUE.  Foyei  Cynique. 

CINNAMOME.  f.  m.  Arbre  qui  croît  en  quelques  en- 
droits des  Indes  orienrales ,  &  dont  les  Anciens 
ont  parlé  fi  confufcment  &  lî  diverlement ,  qu'il  pa- 
roît  bien  que  cette  plante  leur  ctoit  fort  peu  con- 
nue. Cinnamomum.  11  y  en  a  même  qui  ont  débité 
pluiîeurs  fables  à  ce  fujet  :  mais  depuis  les  longues 
navigations  des  HoUandois  &  des  Portugais ,  on  a 
été  iuffiiamment  éclairci  i  de  forte  qu'on  ne  doute 
plus  à  préfent  que  le  cinnamome  des  Anciens  ne  foit 
notre  cannelle.  Elle  eft  appelée  en  latin  cinnamo- 
mum ;  c'eft-à-dire ,  amomum  de  la  Chine ,  parce 
qu'on  croyoit  autrefois  qu'elle  en  vcnoit  i  mais  on 
fe  trompoit ,  puifque  le  cinnamome  ou  la  cumielk , 
ne  croît  qu'en  l'île  de  Céilan  6c  fur  la  côte  de  Ala- 
lal)ar. 

Le  mot  Cinnamome  Vient  de  l'hébreu  ,  |T*»3p , 
Kinnamon  .  d'où  les  Grecs  &  les  Latins ,  les  Fran- 
çois, &c,  ont  formé  le  nom  qu'ils  donnent  à  cet 
arbre.  /^oy«{  Cannelle. 

Cinnamome.  Nom  d'oifeau.  Ariftote  parle  d'un  oi- 
ieau  d'Arabie  qu'on  appeloit  cinnamome ,  parce 
qu'il  faifoit  fon  nid  de  verges  &  de  branches  de  cin- 
namome ,  dont  Solin  fait  aulfi  mention. 

CINQ.  Terme  numéral ,  qui  eft  le  fécond  des  nom- 
bres impairs  ,  &:  qui  fuit  le  nombre  de  quatre. 
§3"  les  cinq  cens.  Cinq  aunes  d'étoffe.  Nous  trou- 
vâmes cinq  perfonnes.  La  lettre  finale  q  ne  fe  pro- 
nonce point  quand  le  mot  cinq  eft  fuivi  immédia- 
tement &  fans  repos ,  d'un  mot  qui  commence  par 
une  confonne.  cinq  mois.  Dans  les  autres  cas  le  q 
fe  prononce.  Cinq  ans.  Prêter  fon  argent  à  cinq  pour 
cent. 

i^  Cinq  eft  aulTi  fubftantif.  Un  cinq  eft  le  chiffre 
qui  marque  le  nombre  cinq.  Un  cinq  ou  chiifre  Ara- 
be eft  forme  ainfi  5  ,  &  en  chiffre  romain  V. 

ffT  Le  cinq,  f^oye:^  Entremain. 

On  appelle  un  cinq  au  jeu  de  cartes,  une  carte 
qui  a  c/zz^  marques ,  un  cinq  de  carreau,  un  cinq 
■de  trèfle  ;  &c  aux  dez ,  le  côté  du  dé  qui  eft  marqué 
de  cinq  points.  Acad.Fr. 

On  dit  proverbialement,  donner  f/7z^&  quatre 
la  moitié  de  dix-huit ,  c'eft-à-dire ,  donner  deux 
foufflets  i  l'un  de  la  paume  de  la  main  ,  ou  les  cinq 
doigts  aiîemblés  frappent  enfemblej  l'autre  du  re- 
vers de  la  main  ,  auquel  il  n'y  a  que  quatre  doigts 
qui  frappent,  parce  que  le  pouce  demeure  en  ar- 
rière fans  adlion.  On  dit  audî ,  mettre  cinq  ,  ^  re- 
tirer fix,  en  parlant  de  ceux  qui  mettent  les  cinq 
doigts  dans  un  plat,  &  qui  retirent  quelque  bon 
morceau  qui  fait  le  fixiéme.  Ces  façons  de  parler 
font  Tout-.i-fait  bafles    &  triviales. 

CINQ  EGLISES.  Ville  de  la  baffe  Hongrie ,  fur  la  ri- 
vière de  Keoriz.  Quinque  Ecc/ejiœ.  Elle  a  pris  fon 
nom  du  nombre  de  fcs  Eglifes. 

^  CINQ  PORTS.  Nom^  par  lequel  on  défignecinq 
villes  maritimes  d'Angleterre,fituées  fur  la  côte  qui 
regarde  la  France.  Ces  cinq  villes  font  Hurthings , 
Rommcy  ,  Hythe  ,  Douvres  &  Sandwich.  Les  dé- 
putés qu'elles  envoient  au  Parlement  font  qualifiés 
Baron»:  de  Cinq  Ports. 

CINQ  SOLTS.  Nom  de  quelques  Villages  fur  nos  car- 
tes géographiques ,  &  mis  pour  Saint  Sous ,  qui 
fedit ,  par  corruption  ;  pour  Saint  Ceols  ou  Ceouls 
ïl  y  a  Cin^  Sous  ou  plutôt  Saint  Sous  en  Berry ,  & 


CI  N 

Saint  Sous  dans  le  Diocèfe  de  Paris.  Foye:^  Ceols» 
Saint  Sous  ,  &:  par  corruption,Ci«ij;  Sou^  ,  en  Berry^ 
eft  entre  Bourges  &  Sancerre  ,  &  à  peu  près  à  moi- 
tié du  chemin  de  l'un  a  l'autre  ,  ce  qui  a  Ibndc  ce 
proverbe,  ou  diétum  ,  qui  le  dit  dans  le  pays,  en 
allant  de  Bourges  a  Sancerre,  on  trouve  toujours 
cinq  jous  pour  boire.  11  clt  tonde  i'ur  l'équivoque 
àt  cinq  j'ous  t  quifignifiede  l'argent,  de  U  mon- 
noie  ,  &i  Cinq  fous  ou  Saint  Svus  ,  ou  Ceouls ,  pe- 
tit bourg  où  l'on  s'arrête  pour  dîner ,  quand  on  va 
de  l'une  à  l'autre  de  ces  villes. 

CINQUAlN.  f.  f.  Terme  de  Guerre,  eft  un  ancien 
ordre  de  bataille  compofé  de  cinq  bataillons ,  ou  de  ' 
cinq  efcadrons.  Quand  on  les  a  mis  de  front  fur  un 
terrain  ,  on  fait  avancer  le  1=  6c  le  4*^  pour  former 
une  avant  gaide  j  du  3%  on  forme  une  arrière  garde* 
&  du  premier  ôc  du  5°  un  corps  de  bataille  qu'on 
laiffe  fur  fon  terrain.  Cuneus.  Cette  façon  de  ranger 
fepeut  pratiquer  quand  on  a  10,  15,  20  batatl^ 
Ions  avec  le  même  ordre. 

CINQUANTAINE.  1".  f.  Terme  colledif  qui  défigne 
le  nombre  de  cinquante.  Quinquagenarius  nu- 
merus ,  qiiinquaginta.  Il  y  a  une  cinquantaine  de 
piftoles  de  pot  de  vin  pour  celui  qui  fera  une  telle 
affaire.  La  Quinquagéfime  eft  une  cinquantaine  de 
jours.  On  appelle  à  Rouen  la  cinquantaine,  une 
compagnie  d'arbalétriers  compofée  de  cinquante 
hom.mes  de  cheval,  6c  obligée  de  faire  le  guet  pen- 
dant la  nuit  pour  empêcher  les  défordres  qui  pou- 
toieniziùwQi. Defcript.  Géogr.  &  Hijt,  de  la  haute 
Normandie ,  tom  z,  pag.  161.  W  y  a  à  Caudebec 
une  compagnie  appelée  /a  cinquantaine ,  comme  à 
Rouen.   Uid,  tom.  i  ,  p.S. 

On  dit  d'un  homme  qui  à  cinquante  ans  accom- 
plis ,  qu'il  a  la  cinquantaine.  Acad.  Fr. 

Cinquantaine.  Compagnie  bourgeoiié  de  cinquante 
hommes.  L'Ofificier  qui  la  commande  porte  les  nom 
de  cinquantenier.  Vous  pouvez  faire  un  gros  de 
Gentilshommes ,  un  gros  de  valets  de  chambre  ^ 
auquel  vous  joindrez  la  cinquantaine  S<.  les  archers. 
M.  De  la  Rochefoucaut.  En  cet  endroit  la  cin- 
quantainek  prend  pour  toute  la  Milice  bourgeoife 
de  Paris ,  divifée  en  compagnies  de  cinquante  cha- 
cune. 

CINQUANTE.  Nombre  compofé  de  cinq  dixaines. 
Quinquaginta,  Les  compagnies  de  cavalerie  font 
compofccs  pour  l'ordinaire  de  cinquante  Maîtres. 

(p-  CINQUANTENIER.  f  m.  Celui  qui  commandé 
cinquante  hommes.  On  ne  le  dit  qu'en  parlant  des 
Officiers  de  la  Police  6c  de  la  milice  des  villes.  A 
Paris  c'eft  un  Officier  qui  exécute  les  ordres  de  la 
Ville ,  qu'il  reç®it  du  Quartinier ,  pour  les  faire: 
favoir  aux  bourgeois.  Dux  quinquagenorum  mili' 
tum.  Chaque  Quartinier  a  fous  lui  deux  Cinquan- 
tenier s.  L'obligation  des  Çivizxx\x\\tx%  ,Cinquateniers 
Dixainiers  6c  Bourgeois  ,  eft  dès  auffitôt  qu'un 
crime  a  été  commis ,  6c  qu'il  eft  venu  à  leur  con- 
noiffance  ,  d'en  avertir  le  Commiffaire  du  quartier^ 
Sa  de  fe  joindre  à  lui,  s'il  en  eft  befoin,  pour  y  pour- 
voir. De  la  Mare. 

Cinquantenier  étoit  autrefois  le  'l'^^t  d'un  Village 
6i  petit  lieu ,  comme  les  Centeniers  l'étoient  des 
lieux  un  peu  confidérables,Scles  Comtes  des  groffcs 
villes.  De  la  Mare  ,  Tr,  de  la  Police^  L.  I , 
T.  VILC.  I. 

CINQUANTIEME,  adj.  de  t.  g.  Nombre  d'ordre. 
Qiiinquagejimus.  Les  Juifs  folemnifoient  leur  grand 
Jubilé  en  la  cinquantième  année: alors  chacun  ren- 
troit  en  fon  héritage,  ôc  les  valets  ou  efclaves  rece-* 
voient  leur  liberté. 

Il  eft  auffi  fubftantif,6c  fignifie  la  cinquantième 
partie  d'un  tout.  Il  a  un  cinquantième  en  cette  aP 
faire  ■■,  on  fait  payer  le  cinquantième  en  telle  Douane, 
Pars  quinquagejima. 

^fS"  Le  cinquantième ,  en  matière  d'impôts ,  eft  une 
impofition  qui  a  été  levée  dans  certains  temps  pour 
les  befoinsde  l'Etat.  Philippe  le  Bel  leva  le  cinquan- 
tième fur  le  Clergé. 

CINQUENELLE,  f.  m.  Terme  d'Artillerie ,  par  le,- 


>qiiél  on  comprend  tous  les  longs  cbrdàgès  qui  ier- 
Vent  à  rArtilleric.  Funes  irahendis  muralibus  ma- 
chinis.  Quelques-uns  difent  auffi  cincelle ,  qui  cR 
Mne  efpèce  de  petit  cable. 
CINQUIÈME.  Nombre  d'ordre.  Quintus.  |p-  Le 
<:i/2y«idOTe  Roi  de  la  première  Race.    Vous  trouve- 
rez cela  dans  le  ci>2^Kie/7ze  volume ,  ïl^  cinquinme 
page.  La  cinquième  claflè. 
§3°  On  dit  abfolument  la  cinquième,  pour  défîgner 
la  cinquième  clarté  d'un  collège ,  en  commençant 
à  compter  par  la  rhétorique.  Il  fait  la  cinquième  en 
tel  collège  :  &  l'on  appelle  cinquième ,  un    éco- 
lier qui  étudie  dans  la  cinquième  claire.  In  quintà 
Scholà  auditor. 
Cinquième  efl:  auffi  quelquefois  fubftantif,  &  figni- 
fîe  une  partie  d'un  tout  divifc  en  cinq.  Quintapars. 
On  ne  peut  difpofer  que  d'un  cinquième  de  fes  pro- 
pres par  la  Coutume  de  Paris.  Ce  Fermier  n'ell  que 
pour  un  cinquième  danS  cette  Ferme. 
IJCr  Le  cinquième  efl:  auifi  une  impôfitiori  dont  les 
Rois  ont  quelquefois  ordonne  la  levée  pour  les  bc- 
foins  de  l'État. 
^CT  En  matière  de  ûefs,  le  cinquième  qui  appartient 
au  Seigneurjs'appelle  quint.  Droit  de  quint.  Voyez 
ce  mot. 
CINQUIEMEMENT,  adv.  Eii  cinquième  lieu  :  il  fe 
dit  iéulement  des  railbns  ou  des  difcours  divilcs  par 
iLVUcles.Cinquiememt-nt  il  eft  ordohric.  On  l'explique 
au/li  le  plus  fouvent  par  le  mot  latin  quintb. 
fjfj"  CINTHIEN.  Cynthius.  Surnom  donné  à  Appol- 
lon  ,  à  caule  d'une  montagne  de  ce  nom  dans  l'île 
de  Délos ,  où  il  avoitun  temple.  On  appeloit  auifi 
Diane  j  Cy^nthia  à  caufe  du  culte  qu'on  lui  tendoit 
dans  cette  Ile. 
CINTIEN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Provirice  de 

Junnan,  fur  les  frontières  de  celle  de  Queiclîcu. 
CINTHUS.f.  m.  Nom  propre  d'une  haute  montagne 

de  l'Ile  de  Délos.  Cinthus.  Voyez  Délos. 
CINTRAGE,  f,  rrt.  Terme  de  Marine ,  qui  fignifie 
toutes  les  cordes  qui  ceignent,  qui  lient,  &  qui 
entourent  quelque  chofe.  Navis  retinacula, 
CINTRE  ou  CEINTRE.  Terme  d'Atchiteaure.  Trait 
d'arc  ,  ou  figure  courbe  qu'on  donrte  à  Une  voûte  , 
à  une  arcade.  Àrcus  quem  Jtruclus  fornix  efficit.  La 
falle  du  Palais  à  Paris  eft  Voûtée  en  plein  cintre  ; 
c'eft-à-dire  ,  fait  en  demi-cercle  parfait.  Arcus  in- 
tegcr.  Il  y  a  des  voûtes  qui  ne  fe  font  pas  en  plein 
cintte ,  qu'otî  appelle  autrement  furbaiÇees  ,  ou 
en  anfe  de  panier ,  qui  ne  font  qu'une  portion 
de  cercle.  Arcus  diminutus  ,  delumbatus.  Un  cintre 
.furmontCf  efl:  celui  dont  le  centre  eft  plus  haut  que 
le  diamètre  du  demi-cercle.  Arcus  in  acumen  fâjti- 
giatus.  Cintre  rampant ,  eft  celui  qUi  eft  tracé  au 
fimbleau ,  par  des  points  cherchés  ,  fuivant  le 
rampant  d'un  ârc  boutant,  ou  d'un  efcalieti  ArcUs 
inciinatus. 
CINTRE  -  dans  le  langage  de  la  coUpe  des  pierres , 
(  c'eft-à-dite ,  en  termes  d'Architeéture,  )  fignifie  le 
contour  arrondi  de  la  partie  intétieure  d'une  voûte  , 
fris  en  un  endroit  déterminé  ,  ou  perpendiculai- 
rement à  la  diteélion,  alors  il  s'appelle  l'arc  droit , 
bu  obliquement  à  l'arrête  d'une  face  biaife  5  alors 
il  s'appelle  cintre  de  face  ,  où  arc  de  face.  Frézier. 
Celui  de  ces  deux  cintres ,  qu'on  à  le  premier 
en  vue  pour  tracer  la  Voûte ,  s'appelle  cintre  pri- 
mitif. Celui  qui  rcfulte  de  cette  première  détetriii- 
iiaifon ,  s'appelle  cintre  fecondaire. 

Par  la  nature  des  fedlions  cylindriques,  dans  les 
voûtes  biaifes ,  ces  deux  cintres  font  de  même  hau- 
teur ,  mais  d'inégale  larçreur  &  contour  :  fi  l'un  eft 
circulaire,  l'autre  eft  elliptique  ,&  fi  l'un  &  l'au- 
tre font  elliptiques ,  l'un  eft  plus  alongé  que  l*autre, 
&  leurs  divifions  en  voufToirs  font  proportionnelles  ; 
celles  du  fecortdaire  font  aflli]éties  à  celles  du 
primitif. 

Les  cintres,  confidéiés  dans  la  figure  de  leur  con- 
tour ,  ont  différens  noms  *,  celui  qui  eft  en  demi- 
cercle  complet ,  s'appelle  plein  cintre  ;  celui  qui 
étant  fuppofé  de  largeur  égale  ne  s'cleve  pas  à 


Gïô 


.     î§7 

même  hauteur  que  le  demi-cercle,  s'appelle  une 
anfe  de  pannier,  ou  fiirbaiHé  i  celui  qui  dans  k 
même  fuppofîtion  s'élève  au  dertûs  du  demi-ccrclc; 
s'appelle  furhauffé  ,  ou  furmonté  -,  celui  qui   eft 
d'un  arc  de  cercle  beaucoup  nloiridre  que  fa  moitiéj, 
comme  du  quart  ou  du  fixième ,  s'appelle  bombé; 
Frézier. 
CiNTé-E  fighifîe  aulfi  cette  cortftruéïion  ou  cette  af- 
femblage  de  charpente  ,  qu'on  fait  pour  bâtir  de 
grandes  voûtes ,  &  foûtenir  les  pierres,  en  atten- 
dant que  les  clefs  y  foient  mifes  pour  les  fermer,. 
Le  moindre  ci/z/r^ ,  eftcompofé  d'un  entrait,  qui 
lui  fert  de   bafe,  d'un  poinçon,  de  deux  contre- 
fiches  ,  de  quatre  autres  pièces  de  bois  cintrées ,  où 
de  deux  arbalétriers,  ou  de  deux  ddrtes  fur   lef^ 
quelles  on  maçonne  un  cintre  de  moilon.  On  l'ap- 
pelle armatura  en  italien.  Arcus  ligneus  jlruendà 
defuper  fornici  accommodatus  ,  /igneum  formais 
fulcrum. 
Cintre.  Terme  de  Charpentier.  Si  le  plancher  quî 
fert  de  forme  à  la  voûte  eft  plat ,  la  Chat penterie 
qui    le    fbûtient  ne  s'appelle  plus    cintre  ,  mais 
étayement.  FrézieA. 
§3"  CINTRE, outil  de  Charron, règle  ou  barre  de 
bois  plate  qui  fert  aux  Charrons  pour  mettre  les 
roues  à  la  hauteur  qu'elles  leur  font  commandées. 
^  On  appelle  cintre  à  l'Opéra ,  la  partie  du  plan- 
cher de  la  falle  qui  eft  fur  l'orcheftre.  C'eft  là  que 
font  les    machines   par  le    moyen    defquelles   on 
on  exécute  les  vols ,  la  dticcnie  des  chars 

On  écrit  cintre  ou  ceintre ,  l'un  &:  l'autre  efl 
ufité ,  &  vient  de  la  même  étymologie ,  cinclus  , 
de  cinge're ,  environner  -,  d'où  s'eft  fait  ceindre  U 
ceinture  ,  &  de-là  cintre  ;  &  comme  on  écrit 
ceindre  &  ceinture  ,  il  paroît  que  ceintre  efl:  mieux 
que  cintre.  Ménage  le  dérive  de  centrum ,  parce 
que  les  cintres  aboutiflênt  à  un  centre. 
gCF  CINTRER,  v.  a.  Faire  un  cintre ,  bâtir  en  cintre  j 
faire  un  ouvrage  en  cintre.  Arcuare ,  concamèlrare. 
Il  faut  cintrer  cette  pôite  ,  ceçte  galerie. 
|K?  C'eft  auffi  commencer  à  faire  les  voûtes  ,  oii 
mettre  la  charpente  fUr  laquelle  on  les  conftruit. 
Arcum  ligneum  Jiruendo  defuper  fornici  accom- 
modare.  Cette  Eglife  eft  déjà  fort  élevée ,  on  eft 
prêt  à  cintrer.  * 

r        f 

CINTRE ,  EE.  part.  Tout  ce  qui  eft  coUrbé-en  demi- 
cercle  j  s'appelle  cintré.  On  dir  des  portes  Sc 
des  fenêtres  dont  le  haut  eft  en  demi-cetcle  ,  qu'el- 
les font  cintrées.  On  dit  une  bordure  cintrée.  Une 
glace  de  miroir  cintrée  ,  &c. 

Cintré,  en  termes  de  Blafouj  fe  dit  du  Globe  ou 
Monde  Impérial  entouré  d'un  cercle ,  ou  d'un 
demi-cercle  en  forme  de  cintre.  Vinclus  circulis 
aut  hemicyclis.On  dit  aulfi  des  couronnes  fermées 
des  Rois ,  qu'elles  font  cintrées  de  tant  de  cintres 
ou  diadèmes  ,  c'eft-à-dire  -,  de  tant  de  cercles  oii 
demi-cereles, 

C  I  Oi 

gC?  CIÔKING.ViUedelaChine,  dans  là  Province 
de  Junnan. 

CION.  f.  m.  Jet  d'arbre.  On  écrit  Sciccn.  Foyei  ce 
mot. 

CION.  f.  m.  Ternie  de  Médecirie,  Arétée  entend  par 
ce  mot,  un  corps  folide  qui  eft  fufpendu  au  palais 
entre  les  amygdales.  Il  dit  qu'on  l'appelle  aufTî. 
gargaréon  ,  &  "que  jlaphile  eft  le  nom  d'une  maladie 
a  laquelle  cette  partie  eft  fujetre.  Ce  corps  eft  ner- 
veux ,  mais  humide ,  parce  qu'il  eft  fitué  dans  un 
lieu  humide.  AretÉe  ,  de  caujis  ùjignis  acut.  morb'„ 
Lib.  I,  cap.  8.  Cion  eft  auffi  le  nom  d'une  maladie  v 
c'eft  proprement  le  gorîflement  de  la  luette ,  ou  cet 
état  dans  lequel ,  parvenue  à  une  grofTeur  extraor- 
dinaire ,  elle  pend ,  repréfentant  une  colonne  : 
K  ..ï  ,  en  grec  ,  figaifie  une  colonne.  C'eft  pat  la  ref- 
femblance  de  la  luette  avec  Une  certaine  excrorf- 
fance  caronçuleufe  danî  les  parties  natuselleS  de  là 


CIP 


femme,   qu'Hippociate   s'cft    avifc  de   donner  a 
celle-ci  le  nom  de  ciun.  Dict.  de  James, 

Scr  CION.  Ville  d'Alie, Capitale  d'un  Royaume  de 
même  nom,  dans  l'Ile  de  Celcbes.  Cette  Ville  ell 
lîtace  au  fond  d'un  Golfe ,  à  cinquante_  lieues  de 
Macacar. 

CIONIÂ.i'.f.  C'cft,  félon  Diofcoride,  l'entre  deux 
des  pourpres  &c  des  porcelaines,  aurour  duquel 
leur  coquille  eft  entortillée,  ^c  clouée,  comme 
avec  de  petits  clous.  Sa  cendre  ell  plus  brûlante  que 
celle  des  pourpres. 

ffT  CIOULE.  (  /rf  )  R  ivière  deFiance,  qui  a  fa fource 
aux  pics  du  mont  d'or  en  Auvergne,  &:  fe  perd 
dans  la  Loire  au  delfous  de  Saint  Pourçain. 

CIOUTAT.  Mot  Provençal  ,  qui  iignifie  Ville, 
Cité ,  &  qui  s'eft  formé  du  latin  Civitas  comme 
l'Efpagnol  Ciudad.  La  Cioutat ,  Ville  &  Port  de 
mer  en  Provence  ,  entre  MarfeiUe  &  Toulon  , 
n'ell  point  l'ancien  port  appelé  Citkari/ies  par 
Mcla,  Liv.  llI,ck.^,Sc  pat  Pline  i'rowo.'z/om/OT 
Cickari/ia,  L.  III,  c.j,,  5c  dont  Prolomce  &  An- 
tonin  parlent  auiTi.  L'ancien  Citharifte ,  ou  Cita- 
rifte,  comme  quelques-uns  éciivent ,  eft  apparem- 
ment le  bourg  qu'on  nomme  aujourd'hui  Cércifte  > 
à  une  lieue  de  Cioutat  dans  les  terres.  La  mer  s'c- 
tant  retirée  de  ce  lieu ,  comme  d'Aiguefmortes , 
&  de  pluiieurs  autres  endroits  de  cette  côte ,  la 
meilleure  partie  de  Citharifte  s'eft  approchée  de  la 
mer,  &  a  formé  une  Ville,  qu'on  a  nommée  la 
Cio/.7iZi ,  c'eft-à-dire,  la  Cité,  ou  la  Ville  -,  &  Citha- 
rifte eft  devenu  un  bourg.  Berthelot,Profefleur  d'Hy- 
drographie à  MarfeiUe ,  écrit  Sciotat ,  dans  fa  carte 
marme  de  la  Méditerrannée  ,  mais  mal.  Michelot 
&Thérindans  la  leur  écrivent  Ciotat. 

Cioutat.  f  m.  Eft  le  nom  d'une  forte  de  raifm.  Il  eft 
fort  femblable  en  tout  au  chadelas ,  pour  la  couleur, 
la  groflcur  &  le  goût.  La  feuille  en  eft  très-diffé- 
rente -,  celle  du  Cioutat  étant  toute  déchiquetée , 
comme  des  feuilles  de  perfil.  Il  me  femble  qu'il 
rn^porte  un  peu  davantage  que  le  ehaffelas  ■,  mais 
j'aime  mieux  le  ehaffelas.  La  Quint. 

C  I  P. 


CIPIA.  f  f.  Nom  d'une  ancienne  famille  Romaine.  Ci- 
pia  ge/2s.  On  ne  trouve  ce  nom  que  fur  des  médaill  es 
Confulaires ,  qui  font  même  allez  rares  ,  &  fur 
lefquclles  onlitM.CiPL  M.  F.  avec  une  tête  de 
Rome  cafquée ,  ou  une  tcte  de  Jupiter  couronnée 
de  laurier-,  &  au  revers  une  bige ,  ou  une  pouppe 
de  navire,  avec  ce  mot  ROMA  ,  dans  l'exergue. 
M.  Patin  croit  que  la  famille  Cifia  eft  la  même  que 
la  famille  Cijpia  ;  que,  félon  l'ancienne  manière 
d'écrire,  onretrançhoit  quelquefois  1*j,&: qu'il  y  en 
a  des  exemples  dans  les  Infcriptions  antiques. 
Il  eft  vrai  qu'il  rapporte  des  infcriptions  où  on 
lit  CISPIUS  &  CÏSPIA,  Se  une  où  l'on  trouve 
CIPIA ,  mais  il  ne  s'enfuit  pas  que  ces  perfonnes 
aient  été  de  même  famille.  Néanmoins  cela  ne 
détruit  pas  non  plus  la  conjetlure  de  cet  Antiquaire. 

CIPOLLINI.  f  m.  Nom  que  les  Italiens  donnent  à 
une  forte  de  matbre  ,  dont  la  couleur  tire  fur  le 
vert,  par  de  grandes  veines,  plus  ou  moins  fortes. 
Ce  marbre  fert  à  faire  des  pilaftres,  de  grandes 
tables ,  &  d'autres  ouvrages  ;  mais  il  n'eft  pas 
propre  pour  des  ftatues.  Il  le  trouve  dans  les 
montagnes  de  Carrare  ,  &  en  d'autres  lieux. 

CIPORÈME.ff.Efpcce  d'ail  qui  croît  au  Bréfîl ,  5i 
qui  n'a  point  de  feuilles.  Ciporema.  Ray.  Index. 

CIPPE.  Terme  d'Archite6ture  &  d'Antiquaire.  Cip- 
pus.  C'eft  une  petite  colonne  peu  haute  qu'on  éri- 
!^coit  dans  les  grands  chemins ,  ou  ailleurs ,  &  fur 
faquelle  on  mettoit  le  plus  fou  vent  des  infcriptions, 
ou  pour  apprendre  les  chemins  aux  voyageurs, 
ou  pour  coniervcrla  mémoire  de  quelque  choie.  On 
voit  des  cippes  fur  plufieurs  médailles.  Les  cippes  , 
qui  fe  mettoient  fur  les  roures ,  pour  la  commo- 
dité des  voyageurs ,  s'appellent  proprement  colon- 
nes miliaires ,  parce  qu'où  y  marquoit  combien  il  y 


CIR 

avoît  de  milles  d'un  lieu  à  un  autre.  Hortingcr  a  fait 
un  petit  ouvrage  de  Cippis  Hehceorum  ,  des  Cippes 
des  Hébreux  ,  dans  lequel  il  prend  Cippe  pour 
tombeau  ,  ou  pour  tout  monument  qui  fe  met  fur 
le  tombeau  d'un  mort.  Il  fe  dit  encote  pour  une 
petite  butte  ou  élévation  de  terre. 

CippE  étoit  auffi  dans  l'antiquité  un  inftrument  de 
bois  qui  fervoit  à  tourmenter  les  coupables  &c  le» 
el'claves. 

(fF  C'étoientdes  elpcees  d'entraves  qu'on  leur  met- 
toit  aux  pies. 

Céiar  le  fert  encore  du  mot  cippus  pour  défîgnet 
des  pieux  poinrus,  enfoncés  en  terre  pour  embat- 
ralfer  un  paifage. 

CIPRÈS.  Foyei  CyrRÈs. 

C  I  R. 

§3"  CIRAGE,  f.  m.  Action  de  cirer,  ou  l'effet  qui 
réfulre  de  cette  action.  Ceratura,  Ce  cierge  a  été 
fort  long ,  &  eft  mal  fait.  Le  Cirage  d'un  appar- 
tcment. 

^fF  On  le  dit  aulfi  de  la  cire  appliquée  fur  quelque 
chofe.  Cirage  des  bottes ,  cirage  des  toiles ,  des 
gants. 

Cirage  ,  en  termes  de  Peinture  ,  eft  un  tableau  peint 
en  camayeu  de  couleur  de  cire  jaune.  Ce  terme  eft 
peu  utile  &c  ces  fortes  de  tableaux  font  regardés 
comme  de  vrais  camayeux,  Picîura  monccromatos  , 
monocromacea-,  monocroniatum,  monocromatus ,  mo- 
nochromum. 

CIRCAISSE.  f  f.  Au  lieu  de  Circaffe.  Du  Loir  a  dit 
Circaiffe.  Les  Turcs  feuls  peuvent  avoir  en  Turquie 
des  femmes  de  toute  forte  de  religion ,  &  privative- 
ment  à  tous  autres  des  Circaijfes ,  parce  qu'elles  fonc 
ordinairement  II  belles,  qu'ils  en  font  jaloux.  Dif 
LoiR,/j.  1-76, 

CIRCASSE.  f.  m.  Peuple  qui  habite  la  CircafTîe.  Cir~ 
cajfus.  On  dit  Circajfe  Se  Circaffien.  Les  Turcs  les 
appellent  Charkes.  Les  Circa^es  fe  recirent  dans 
d'épaiflcs  forêts,  pour  être  à  couvert  des  Tartares, 
qui  les  vendent  chèrement  pour  efclaves  ,  parce 
qu'ils  font  bienfaits  ,  beaux  &  adroits.  Maty. 
Quoique  les  Circajfes  aient  leurs  Princes-  particu- 
liers ,  ils  font  tributaires  des  Mofcovites.  Voye:^ 
Oléarius,  Herbert  &  Tavernier,  dans  (ou.  Foya^e 
dePerfe,L.III,c.  11. 

Les  Tartares  Circajfes  ,  voifins  des  Nogais,  font 
plutôt  tributaires  que  fujets  du  Kan.  Leur  tribut 
confifte  en  miel,  ou  fourrures,  &  en  un  certain 
nombre  de  jeunes  garçons  Se  de  jeunes  filles.  Ces 
peuples  ont  le  fang  parfaitement  beau.  Ils  ont  leur 
langue  particulière  ,  qu'ils  parlent  avec  beaucoup 
de  douceur.  Leurs  mœurs  ,  quoique  toujours  farou- 
ches Se  fauvagcs,  ne  le  font  pas  tant,  à  beaucoup 
près,  que  celles  des  Nogais.  Il  y  a  parmi  eux  des 
veftigesdu  Chriftianifme,  &:  ils  font  çarreffe  aux 
Chrétiens  qui  vont  chez  eux.  Leur  pays ,  que  les 
Tartares  Précops  nomment  l'.^bba  ,  eft  bon  &  fer- 
tile; l'air  y  eft  très-pur,  Se  les  eaux  y  font  fort 
bonnes.  Ses  limites  font  au  Nord  ,  le  fleuve  Kouban 
&  les  Nogais  au  Midi ,  la  Mer  Noire  ;  à  l'Orient , 
la  Mingrelie  -,  à  l'Occident ,  le  Bofphore  Cimmé- 
rien ,  Se  parti  du  limen ,  ou  mer  de  Zabache. 
L'Adda  eft  prefque  moitié  plaines  Se  moitié  mon- 
tagnes. Les  Circaffes  des  montagnes ,  font  leur 
demeure  dans  les  bois.  Se  ne  font  pas  (î  fbciables 
que  les  autres  :  ceux  des  plaines  ont  des  villages 
Se  quelques  petites  villes  fur  la  mer  Noire  ,  où-  il 
y  a  du  commerce.  Les  Beys  ou  Seigneurs  qui  les 
gouvernent,  trafiquent  de  leurs  vaflaux  ,  Se  les 
pères  Se  m^res  de  leurs  enfans.  Les  Circaffes  paf- 
fent  pour  être  plus  adroits  à  manier  les  armes  à  la 
chaffe ,  que  vaillans  à  s'en  fervir  dans  le  combar. 
Mém.  des  Miff~.  du  Levant ,  17 15.  ^(ryf{;  ce  livre , 
p.  zS  &  fuiv.  jP.  95    &  fuiv. 

CIRCASSIE ,  pays  habité  par  les  Circafles.  Circaffîa, 
Circaffî,  Mxottz ,  Comania.  C'eft  un  grand  pays 
que  quelques  Géographes  mettent  dans  l'Aiie,  Sc 


c  I  il 


dVaitres  dans  l'Eui-ope.  II  eft  entre  la  mer  Noirt  ^ 
le  mont  Caucaie,  qui  la  icpaie  de  la  Gcorgic- au 
midi.  11  a  le  détroit  de  Cartà  &  la  mer  de  Zaba- 
ciie  au  couchant  j  le  Don  ou  Tanaïs  au  nord  ;  Si 
le  Volga  avec  la  mer  Calpienne  au  levant.  La  t'/r- 
caffie  dépend  du  Gzar  de  Molcovic.  On  l'appelle 
autrement}  Comarne.  Maty.  D'autres  la  diltinguent 
de  la  Comanie  ,  &  dil'ent  que  la  Circajjie  cil  un 
pays  d'Afie  ,  iitué  entre  la  Comanie  à  l'orient ,  la 
Molcovie  au  Nord,  la  Mingrelie  au  couchant;  la 
Géorgie  en  partie  au  midi.  La  Circajjïe  eft  un  beau 
pays  fort  diverliijé  :  on  trouve  en  cl  pays-la  toutes 
lottes  de  iletirs ,  ëi  llîr  tout  de  belles  tulipes.  Les 
campagnes  font  remplies  d'arbr;s  i^ruitiers  qui  y 
viennent  fort  bien.  Il  y  a  en  Circaffie  grande 
quantité  de  bétail  &;  de  fort  bons  chevaux  ;  il  n'^ 
a  point  de  villes  ni  de  fortereflcs,  mais  i'eulemenc 
des  villages,  dont  les  maifons  font  difpofees  en 
rond  ,  avec  une  place  au  milieu.  Tavernier  , 
Tom,  I.  Le  côté  de  la  Circajjie  par  ®ù  nous  entrâ- 
mes ,  eft  plein  de  hautes  montagnes  &  de  profondes 
vallées,  ombragées  de  quantité  de  grands  arbres. 
C'cft  de-là  que  le  Kan  de  Kriméc  tire  fes  plus 
grandes  riehelics  en  elclaves.  Tout  le  monde  y  cft 
d'une  beauté  enchantée.  Mcm,  des  A-liJJl  du  Lev. 
1715.  Voye^  ce  livre,  /7.  119  ù  fu'iv. 
CI  vCASSiEN  ,ENNE.<:m.  Se  i.  Qui  eft  de  CircafTie. 
Circa^us.  On  le  dit  auiîi^bien  que  Circalfe.  Les 
Circajjiens  ont  été  autrefois  Chrétiens  &  la  plupart 
font  encore  profellion  du  Chriftianiime  ,  mais  n'en 
font  aucun  exercice.  Les  autres  fe  dilent  Mahomé- 
tans.  Les  Circajjïennes  ibnt  fort  bien  faites ,  &  ont 
le  vifagebeau,  le  teint  blanc  Se  uni ',  les  joues  fort 
colotées.  La  Sultane  Validé  ,CircaJfïcn7ie  de  nation, 
femme  d'i^n  efprit  fort  élevé  ,  le  donna  un  coup  de 
poignard  dans  fa  douleur.  Mcm,  des  Mi(f.  du  Lev. 
171 5.  Les  Circ.ij[Jiens  aiment  fort  la  charte.  Les 
Circajjiens  ont  le  plus  beau  fang  du  monde;  Les 
Princes  &  les  Seigneurs  d'Afie  rempliflent  leurs 
ierrails  de  Circa(jîennes> 

Ce  mot  eft  àuiïi  adjeiftif.  "tJnpayfan,  un  foldar, 
un  cavalier  CircaJJien  ;  une  tcmnxe  ,   une    efclave 
Circdfjienne, 
CIRCÉ.  f.  f.  nom  ifT    d'une   célèbre   Magicienne. 
Terme  de  Mythologie.  Circe.  Selon  Homère  ,  elle 
ctoit  iiUe  du  Sol  .il ,  îk  de  la  Nymphe  Petfa  ,  fille 
de  l'Océan  j  ou  ,  félon  le  faux  Orphée ,  d'Apollon 
&:  d'Aftéropci  Scelle  fut  fort  habile  dans  l'art  des 
poifons.  File  époufa  le  Roi  Sarmarare ,   dont  elle 
ravit  le  Roy.xume  après  l'avoir  empoiibnné.  Comme 
elle  tyrannifoir  fes  fujets ,  ils  fe  révoltèrent  ;  &:  elle 
fe  retira  en  Italie  ,  &  lonnafon  nom  à  lamonc  isne 
&  au  promontoire,  où  cWchzhn.oM.  Circceus  mon- , 
Cireaum ,  ou  Circeium  promontorium.  Ladlance  tlit, 
L.  I ,  c.  Il  ,  qu'elle  porta  le  nom  de  Marique  ,  ou 
Maricc  ,  Marica.  Les  Minturniens  l'adoroien:  fous 
ce  nom ,  quoique  d'autres  prétendent  que  ce  fi.r 
Vénus.  Ov.  conte  cent  effets  fabuleux  de  fes  cnch.va- 
temens ,  que  Bochart  croit  avoir  été  inventés  par 
les    Phéniciens,  fur  ce  qu'elle  s'éroit  retirce  chez 
les  Latins ,  &  qu'en  Phénicien  ,  comme  en  Hébreu  , 
v'i    at ,  &  au   pluriel  Q  eV  ,  latim  ,  ^:  [  ■ù'^  ,  Litin  , 
fîgnifie  enchantement.  Voyez  Homère  ,  Odyfl".  L.  X , 
Loyd  ,  Hoifinan  ,  Bochard  &  Voilius  ,  de  Idolol. 
L,  /.,  c.  40. 
ÇiRCEE.  f.  f.  Circtea,  Plante  qui  2  fa  racine  blan- 
che ,  noueufe ,  oblique  ,    rampanre ,   chargée  de 
quelques  fibres.  Ses    tiges  fonr  droites,  menues. 
arrondie?,  pleines  de  moelle  ,  vertes,  un  peu  ve- 
lues, ?c  garnies  de  feuilles  oppoiées ,  larges  à  leur 
bafe,  pointues  à  leur  extrémité  ,  affez  femblables  à 
celles  de  la  Morellc,  mais  un  peu  plus  velues ,  den- 
telées fur  leurs  bords ,  &  attachée^  a  des  queues 
longues  de  demi-pouce.  Ces  tiges  fe  terminent  par 
un  épi  de  fleurs  allez  ccatrées  les  unes  des  autres , 
petites,  &  compofées  d''  deux  pétales  blanches, 
&:  taillées  en  cœur  :  deux  étamincs  &  un  piftil  oc- 
cupent leur  mili.ni.  Le  ca'ice  de  ces  fleurs  eft  fermé 
par  de  petitts  feuilles  vertes  ,  rabattues   dans    le 


'       Cl  R  ^§f 

temps  que  là  fleur  s'c{>artouit ,  èc  qui  tcmBchr  cn- 
liiite  avec  les  pétales:  il  fuccéde  a  la  fleur  un  ffuit 
Icrrne  par  la  baie  du  calice  qui  eft  tailiie  Tti 
petite  poire  verdâtrej  velue  &  divifée  en  dé.ii 
loges ,  qui  renferment  chacune  uûe  femence  oblcin- 
gue.  Cette  plante  croît  dans  les  bois,  &  dans  des 
lieux  humides ,  en  pluiieurs  endroirs  du  Royauihcô 
Eik'  vient  allez  abondamment  aux  environs  de 
Paris»  On  l'a  nommée  aulii  Circcfa  Lutetianorufrit 

h  y  en  a  une  autre  efpèce  commune  dans  les 
montagnes  ',  elle  ne  diffère  de  celle-ci  que  par  li 
pftitelle  de  toutes  fes  parties -,  à  pcihe  s'élève-t-cllû 
à  la  hauteur  de  quatre  à  cinq  pcuces  -,  la  couleur  de 
fes  feuilles  eft  d'un  vert  plus  clair  &  plus  gai  :  on 
la  nomme  Circc^a  minima.  Quoique  cette  plafttd 
porre  le  nom  d'une  fameufe  Enchanterelfc  ,  on  ne 
lui  attribue  aucune  propriété  qui  tienne  du  mer- 
veilleux. 

CîPs. CENSE,  ad j.C/rf£;.'//j  Ce  mot  en  ftançois  ne  fc 
peut  dire  qu\iu  pkùiel ,  en  parlant  des  J-eux  cir- 
anjes ,  comme  dit  M.  Blondel ,  pour  les  Jeux  du 
Cirque,  comme  on  dit  ordinairemcnti  Par  le  lioirt 
de  A?.',r  CircenJ'es  ,  on  entend  en  général  totrs  les 
GoiTibats  du  Cirque  ,  de  quelque  marlière  qu'ils  fe 
filfent ,  à  pié  ,  à  cheval ,  fur  un  char ,  à  la  lutte  ,  à 
coups  de  poings,  avec  des  épces ,  des  piques,  des 
dards  j  de:  .nèches ,  contre  des  hommes  ,  Ou  contre 
des  bêtes  ,  fut'  la  terre,  dans  l'arène  j  ou  fur  des 
vaiffeaux.  il  n'y  avoir  guère  que  les  Efclaves  qui 
donnalîent  au  peuple  ce  crue)  plailir  :  c'ctoit  uri 
exercice  qui  auroit  déshoiioré  les  honnêtes  gens. 
Il  y  en  a  qui  difent  que  les  Jeux  Circerifes  ont  été 
ainfi  nommés  du  mot  latin  Circuitus,\i^\cç  que  ces 

\  farres  de  combats  fe  taifoient  dans  un  lieu  entouré 
d'épées  nues  ,  afin  que  les  combattans  ne  pulfent 
s'enfuir  i  &  même  dans  les  commencemens,  ils  fe 
fe  failbient  au  bord  de  la  rivière ,  &c  du  côté  de 
la  terre  le  champ  du  combat  étoit  fermé  avec  des 
cpées  nues.  Tous  les  Aureurs  qui  ont  écrit  des 
fpe(5lacles  des  Romains ,  &c  des  Antiquités  Romai- 
nes, ont  parlé  des  Jeux  Circenjès.  La.  plupart  des 
fêres  des  Romains  croient  accompagnées  de  Jeux 
Circenfes.  &  les  Magiftrats ,  ou  les  autres  Officiers 
dé  la  République,  donnoiciit  fouverit  tes  fortes  dé 
fpeélacles  au  f)euple.  Les  grands  Jeux  Çircenjes 
duroient  cinq  jours,  &  comniençoient  le  quin- 
zième de  Septembre.  Au  refte  ,  quoique  l'Abbé  de 
MaroUes,  M.  Blondel ,  les  Auteurs  de  Moréri ,  & 
d'autres  peut-être  encore ,  fe  fervent  du  mot  Cir- 
ce?ifes ,  ont  dit  plus  communément  les  Jeux  ou  les 
combats  du  Cirque,  mais  fur-toUt  il  ne  faut  pas 
lés  appeler  les  Jeux  de  Circé ,  comin'e  a  fait  un  de 
no:-  Traducteurs ,  dans  un  ouvrage  de  Cicéron.  Ce 
font  les  Jeux  du  Cirque.   Vove^  Cirqiîf. 

?cr  CIRCENSTER  ou  CIRCÈSTER.  Ville  d'An- 
gleterre  ,  dans  le  comté  de  Glocefter  ,  fur  la  rivière 
de  Charnu. ,  Son  ancien  nom  latin  eft  Corinium 
ou   Durotornovinm, 

CIRCIO  ,  f.  m.  eft  iln  oifcaù  dés  Indes ,  gros  comme 
un  étourneau  ,  de  diverfes  couleurs ,  remuant  ptel- 

•  que  toujours  la  queue.  On  lui  apprend  à  parleC 
plus  facilement  qu'au  perroquer.  Foye^  Jonston. 

CIRCIUM.  P'c^'ei  CIRSIUM. 

CIRCONCELLION  i  fi  m.  nom  de  Seâ:e.  Circum- 
ce'dio.  Vers  l'an  519  ou  ;(;o,  commencèrent  chez 
lesDonatiftes  les  Circoncellions.  C'étoient  des  trou- 
pes de  furieux,  qui  couroient  par  les  bourgades  & 
les  marchés  avec  des  armes,  fe  difant  les  défen- 
feurs  de  làjuftice,  mertant  en  liberré  les  efclaves, 
déchargeant  les  gens  obérés  de  leurs  dettes ,  & 
menaçant  de  mort  les  créanciers,  s'ils  ne  les  dcchar- 
sreoient  II  n'y  avoir  point  de  sûreté  fur  les  grands 
chemins,  ni  même  dans  les  maifons  Les  deux  plus 
fameux  croient  Manida  &  Falir,qiti  ptenùient  Je 
beau  tirie  de  Chefs  des  Saints.-  Leurs  propres  Evê- 
ques  furehï  contraints  de  les  abandonner ,  &  d'é- 
crire au  comte  d'Afrique,  nommé  Taurin  ,  qu'il  les 
répriirâr.  En  effet,  il  envoya  contr'eux  des  troupes 
en  un  lieu  nommé  Otitavenlé  ,  où  il  y  en  eut  plu-» 


^oo 


C  I  R 


iieurs  de  tucs,  que  les  Donatiftcs  honorèrent  depuis  i 
comme  martyrs.  11  y  en  eut  audl  qui  le  précipitè- 
rent ou  le  tuèrent  eux-mêmes  de  quelqu'autre 
manière  par  une  lurcur  que  les  Sectaires  traitoient 
de  zèle  pour  la  Rcli;;ion  ;  5i  les  Donatiftcs  les  rcvc- 
roient  aulli  comme  tics  l'aints.  Optât  de  Milève 
décrit  ces  excès  dans  Ton  Jlh  Liv.  Voyez  aufîi 
5.  AuKullin ,  hdr,  <5p.  Baronius ,  à  l'an  398,  Forbcs , 
Injtriichonis  Hijtorico  Theol.  L.  XIF ,  c.  4 ,  ^; 
Du  Cange  dans  fon  Glojj'aiii. 
CIRCONCIRE.  V.  a.  Je  circoncis,  au  fing.  &:  au 
plur.  T2ot/s  circoncifons  ,  vous  circoncij'ei ,  ils  cir- 
concijhit,  CircumcidtTi.  Rerrancher  le  prépuce  :  ce 
qui  (e  fait  particulièrement  chez  les  Juits  &  les 
Mahomctans,  pour  marquer  qu'un  homme  eft  de 
leur  Religion.  Amurat  I  fut  le  prem.ier  des  Sul- 
tans qui  le  fit  Iblcnnellemcnt  circo/icin;. 

Ce  mot    vient   de    Circumcidere.    Voyez  CIR- 
CONCISION. 
{çy  CIRCONCIS ,  ISE.  part.   Qui   a    le  prépuce 

coupe,  Citrtus.  ApelLi. 
CIRCONCISEUR.  f.  m.  Celui  qui  circoncit ,  foie 
Juif,  Ibit  Mahométan  ,  Oc,  Qid  circumcidit  :  ce 
terme  n'eft  pas  ufîté. 
CIRCONCISION,  f.  f.  Cérémonie  de  la  Religion 
Judaïque  &  Mahomctane,  par  laquelle  on  coupe  , 
on  retranche  le  prépuce  aux  m.îles  qui  doivent  pro- 
fefler  l'une  ou  l'autre  Loi.  Circumcijio.  La  circon- 
cijion  a  commencé  du  temps  d'Abraham,^  ce  lut 
comme  le  fceau  de  l'alliance  que  Dieu  contracta 
avec  lui.  Ce  fut  l'an  du  Monde  2158  qu'Abraham  , 
fuivant  l'ordre  qu'il  en  avoir  reçu  de  Dieu  ,  le  cir- 
concit lui-même,  &  tous  les  mâles  qui  étoient 
dans  la  maifon.  Les  Égyptiens  &  les  Ethiopiens 
avoient  aulfi  une  el'pèce  de  circoncijion  -,  com\r\Q  on 
voit  dans  Hérodote  &  dans  Philon  Juif.  Car  Héro- 
dote ,  L.  11 ,  c.  35  ,  &c.  104  ,  allure  que  la  circon- 
cijîon  des  enfans  croit  en  ul'age  chez  les  Egyptiens 
&  les  Ethiopiens -,  mais  il  ne  fait ,  dit-il,  lelqucls 
l'avoient  prile  des  auttes,  parce  que  cette  coutume 
étoit  très-ancienne  dans  ces  deux  Narions.  Lf,  habi- 
tans  de  la  Colchide  l'avoient  audî ,  &  cet  Hiftorien 
en  conclut  qu'ils  étoient  Egyptiens.  Il  dit  que  les 
Phéniciens  &  les  Syriens  éroient  auiîl  circoncis , 
mais  qu'ils  avoient  pris  cet  ufagc  des  Egyptiens  ; 
tiu'enfin  ,  peu  avant  le  temps  qu'il  éctivoit ,  la  cir- 
concijion  avoit  palle  de  la  Colchide  aux  peuples  qui 
habitoient  proche  du  Thermodoon  &  du  Parrhc- 
nius.  Quoique  Dieu  en  fit  une  loi  à  Abraham ,  .S: 
cnûiite  à  Mo'iTe,  il  n'eft  pas  sûr  que  nul  autre  peu- 
ple ne  la  pratiquât  pas  déjà. 

Les  Juifs  failbient  leur  circoncijïon  avec  un  cou- 
teau de  pierre.  Marsham ,  favant  Anglois,  a  prétendu 
que  les  Hcbreux  avoient  emprunté  la  circoncijïon 
des  Egyptiens ,  6c  que  Dieu  n'en  étoit  pas  le  pre- 
mier inftituteur.  Il  cite  en  témoignage  Hérodote  &; 
Diodore  de  Sicile.  Plulieurs  Savans  au  conrraireont 
prouvé  que  les  Hébreux  n'avoient  rec  u  la  circoncijïon 
d'aucun  aurre  peuple.  Il  y  a  fur  cela  un  périt  Traité 
de  Gotlieb  ,  intitulé,  Nonnulla  de  Cir cumcijione 
Fragmenta.  Mais ,  Ibit  que  cette  cérémonie  vienne 
de  Dieu  immédiatement ,  foit  que  Dieu  l'ait  lantti- 
fiéc ,  en  l'ordonnant  pour  un  ligne  fpécial  de  fon 
alliance  ,  pour  erre  un  type  de  la  Circoncijïon  fpi- 
rituelle  ,  il  eft  certain  qu'elle  le  pratiquoit  fort  dif- 
féremment chci^  les  Hébreux  &  chez  les  Egypriens  ; 
&  que  Dieu, qui  eft  le  maîrre  abfolu  de  toutes  les 
créatures  ,  l'avoir  otdonnce  aux  Hébreux  ,  fans 
qu'on  puilTe  dire  qu'elle  fut  prife  des  Egypriens. 
Chez  les  Hébreux  c'ctoit  une  cérémonie  de  Reli- 
gion ,  &  elle  fe  faifoit  le  huitième  jour  après  la  nail- 
lance.  Chez  les  Egyptiens ,  c'croit  une  propreté  ,  &: 
félon  quelques-uns ,  une  nécelfité  phyiîque.  On  I.i 
faifoit  feulement  à  la  treizième  année ,  &  on  l'exer- 
çoit  fur  les  filles ,  au(ri-bicn  que  fur  les  garçons. 
Le  p.  Alexandre.  Les  Ifraëlites  ne  pratiquèrent 
point  la  cérémonie  de  la  Circoncijïon  durant  les 
quarante  années  qu'ils  pafsèrent  dans  le  Défert, 
parce  que  b  Circoncijïon  çtaat  la  marque  qui  dil- 


CIR 

tinguoit  le  peuple  de  Dieu  des  Gentils ,  il  étoit 
inutile  de  prendre  cette  marque  dans  des  lieux  où 
il  n'y  avoit  perfonne  qui  piir  le  mêler  aux  Ifraë- 
lites ,  ou   plutôt  afin  d'être  toujours  prêrs  à  mar- 
cher  quand  Dieu  l'ordonneroit.  La  Circoncijïon  ,  li 
contraire  à  l'atlédlion  paternelle  par   les  doukurs 
qui  l'accompagnenr,  n'eft-elle  pas  un  rômoign.ice 
cerrain  de  l'alliance  de  Dieu  avec  les  Patriarches, 
puifqii'on  ne  peut  les  Ibupçonner  d'avoir  inventé 
une  cérémonie  qui  les    pouvoir  tendre   ridicules 
aux  yeux  des  autres  Nations  ï  Abad.  Au  fujet  de 
la  converfion  d'Izates ,  Roi  de  l'Adiabène,  &:  parce 
qu'Ananias,  Marchand  Juif,  qui  l'avoir  converti , 
craignant  qu'il  ne  fe  rendîr  odieux  à  fon  peuple, 
s'il  le    faifoit   c/rco^t/W  ,  lui  dit ,  dans    Jofèph?  , 
Liv.  XX  des  Antiq.  ch.  i,  qu'il  peut  fervir  Dieu 
fans  être  circoncis  ,  pourvu  qu'il  imite  les  maurs 
des  Juifs ,  &  que  c'eft-là  l'eflentiel ,  plutôt  que  la 
Circoncijïon  ;  &:  qu'au  contraire  Eléazar ,  aurre  Juifi 
lui  dit ,  que  c'cft  une  impiété  de  n'être  point  cir- 
concis -,  M.  Fleury  conclut  qu'on  voit  par-là  que 
les  Juifs  n'étoient  pas   bien  d'accord  entr'eux  fur 
la  néceilitc  de  la  Circoncijïon,  Mais  1°.  la.Circon~ 
cifwn  n'étoit  ordonnée  qu'aux  Hébreux ,  &  pour 
ceux  qui  voudroient  embralfer  la  Loi  Mofaïque. 
Pour  ces  deux   fortes  de  perfonnes  Dieu  s'exprime 
fur  cela  nertement,  Gen.  XVll -,  14.  Aulfi   Ana- 
nias  n'en  doutoit-il  point.  Izates  n'étoit  pas  Juif. 
On  put  le  convertir  &  le  détromper  de  l'idolârric, 
fans  lui  faire  embraller  la  Loi  Mofaïque.  2.0.  Pour 
les  aurres  Nations,  il  eft   cettain    qu'il  n'y  avoit 
point  d'obligation,  £^:  qu'ils  pouvoîent  fe  fauvet 
fans  cela.  Ananias  avoit  encore  raifon  en  cela ,  &: 
Eléazar  fe  trompoit ,  s'il  prérendoit   le    contraire. 
Mais  non  ",  ce  que  dit  Jofèphe  ne  marque  point  de 
diifcrens  lentimens  fur  la  nécelfiré  de  la  Circonci- 
jïon. Ananias  vouloir  qu'Izates    lervîtDicu,  fans 
fe  faire  Juif,  il  le  pouvoir.  Eléazar  vouloir  qu'il 
fe  fît  Juif 

Les  Turcs  mortifient  la  peau  des  enfans  avec  de 
petites  tenailles.  Ils  la  coupent  avec  un  rafoir, 
puis  ils  mettent  certaine  poudre  delTus  qui  guérie 
la  plaie  ,  ôc  qui  ôre  la  douleur., Ils  ne  circoncifent 
leurs  enfans  qu'à  la  fept  ou  huitième  année  ,  parce 
c^.'ih  ne  croienr  pas  la  Circoncijïon  nécelfaire  au 
falut.  Les  Perfans  circoncifent  leurs  enfans  à  rreize 
ans  ,  &  les  femmes  depuis  neuf  jufqu'à  quinze. 
Ceux  de  Madagafcar  coupent  la  chair  à  trois  di- 
verfes  reprilés ,  &  fonr  beaucoup  fouiftir  les  enfans  ; 
&  le  plus  diligent  des  parens  qui  fe  rrouve  prc- 
fentjfe  faifit  du  prépuce,  &  l'avale,  Herrcra  té- 
moigne qu'il  y  avoit  une  efpèce  de  Circoncijïon 
chez  les  Mexicains ,  quoiqu'il  n'y  eût  chez  eux  au- 
cune connoilfance  du  Judaïiiîie,  ni  du  Mahomé- 
tifme.  Car  ils  incifoienr  aux  enfans  le  membre 
viril  &  les  oreilles  avec  plufieurs  cérémonies ,  & 
fur-tout  aux  enfans  des  Grands  -  Seigneurs ,  dès 
qu'ils  croient  nés.  Les  Brafilens  ulenr  aulfi  de  la 
Circoncijïon, 

La  Circoncijïon  fe  fair  auffi  fur  les  femmes ,  en 
leur  coupant  un  morceau  de  l'hyménée,  ou  des 
parties  que  l'on  appelle  nymphes,  Strabon  dir  que 
les  femmes  d'Egypte  éroient  circoncifes.  Belon  le 
dit  des  Cophtcs.  Paul  Jove  &  Munfter  le  difent  des 
fujets  du  Prêtre-Jean.  Les  Erhiopiens  ont  la  Ciri 
conciJÏQTi;  non  pas  qu'ils  croient  que  c'eft  un  Sa- 
crcmenr,  mais  que  par-là  ils  dilenr  qu'ils  fonr  fils 
d'Abraham ,  &  que  cela  conrribue  à  la  prooreté , 
ou  plutôt  en  mémoire  d^'  la  Circoncijïon  de  Jcfus- 
Chrift,&  parce  qu'il  a  été  circoncis,  ^oy^;^  le  P. 
Telles  Ludolf.  Par  la  même  raifon  ils  circoncifent 
aafli  les  femmes,  comme  en  Egypte. 

Le  père  eft  obligé,  chez  les  Juifs,  de  faire  circon- 
cire ibn  fils  au  huitième  jour  :  on  pj*  le  peur  faire 
avant  ce  temps-là  -,  mais  ii  l'enfant  eft  foible  ou  in- 
fitmc ,  on  peut  différer  jufqu'à  ce  qu'il  le  porte  bien. 
Il  y  a  un  parrain  pour  renir  l'enfant  pendant  qu'on 
le  circoncit ,  &  une  marraine  ,  qui  le  porte  de  la 
maifon  à  la  Synagogue,  §c  qui  le  rapporte.  Celui 

qui 


G  I 

'quï  circoncit  s'appelle  en  hébreu  Mohsl,  &  on 
choilit  indifféremment  qui  on  veut  pour  cela.  Il 
fuffit  qu'on  ibit  capable  de  cette  fonction,  qui  cR 
un  titre  d'un  grand  mérite  parmi  les  Juits.  Le  père 
peut  circoncire  l'on  propre  fils.  Voici  de  quelle 
manière  cette  cérémonie  ié  fait,  comme  le  rap- 
porte Léon  de  Modène  »  Fart.  IF  des  Cérémonies 
des  Juifs  ,  ch.  8. 

On  tient  prêt  dès  le  matin  dans  la  Synagogue , 
ou  même  dans  la  mailbn ,  fi  Ton  y  veut  faire  la 
cérémonie ,  deux  fièges  avec  des  carreaux  de  foie. 
L'un  des  lièges  eft  pour  le  parrain  qui  tient  l'en 
fant ,  &  l'autre  eft  mis  là  à  ce  que  difent  quel- 
ques-uns, pour  le  Prophète  Elle, qu'ils  croient  af- 
jîfter  inviiiblement  à  toutes  les  Circoncijions.  Celui 
qui  circoncit  vient  avec  un  plat  où  font  les  inflru- 
mens  &  les  choies  néceifaircs  ,  comme  le  rafoir , 
les  poudres  aftringentcs, du  linge,  de  la  charpie  ,& 
de  l'huile  rofat,  à  quoi  il  y  en  a  qui  ajoutent  une 
écuelle  avec  du  fable ,  pour  y  mettre  le  prépuce 
que  l'on  coupe.  On  chante  quelques  cantiques ,  en 
attendant  la  marraine  qui  apporte  l'enfant  fur  fes 
bras,  accompagnée  d'une  troupe  de  femmes;  mais 
pas  une  ne  paife  la  porte  de  la  Synagogue.  Là  elle 
donne  l'enfant  au  patrain ,  &  au/fi-tôt  tous  les  af- 
lîftans  crient  j  baruch  haba ,  c'eft-à-dire  ,  le  bien 
venu. 

Le  parrain  s'alTied  fur  fon  fiège  >  &  ajufle  l'en- 
fant fur  fes  genoux  ■■,  puis  celui  qui  circoncit,  dé- 
veloppe les  langes.  Il  y  en  a  qui  fe  fervent  d'une 
pincette  d'argent  pour  prendre  du  prépuce  ce  qu'ils 
en  veulent  couper.  Celui  qui  circoncit ,  prenant  le 
rafoir ,  dit  :  Béni  foye^  -  vous ,  Seigneur  ,  qui  nous 
ave?  commande  la  CiVco/zc/'/ibra  ,&  en  difant  cela, 
il  coupe  la  groffe  peau  du  prépuce  ;  puis  avec  les 
ongles  des  pouces  il  déchire  une  autre  peau  plus 
délicate  qui  reftc  ;  il  fuce  deux  ou  trois  fois  le 
fang  qui  abonde  ,  &  le  rend  dans  une  talic  f>leine 
de  vin.  Enfuite  il  met  fur  la  coupure  du  fang  de 
dragon  ,  de  la  poudre  de  corail ,  &  d'autres  chofes , 
pour  étancher  le  fang,  à  quoi  il  ajoute  des  com- 
prefles  d'huile  rofat ,  puis  il  enveloppe  le  tout. 

Cela  étant  fait,  il  prend  une  talfe  pleine  de  vin  , 
Zc  après  l'avoir  béni ,  il  dit  une  autre  bénédiélion 
pour  l'enfant,  en  lui  impolant  le  nom  que  le  père 
fouhaite  j  prononçant  ces  paroles  du  chap.  XVI 
d'Ezéchiel  :  Et  j'ai  dit ,  vis  en  ton  fan^ ,  &ic.  Et 
en  même  temps  il  lui  mouille  les  lèvres  de  ce  vin 
où  il  a  rendu  le  fang  fucé.  Après  quoi  on  récite 
le  Pfeaume  1 18  entier  :  Bienheureux  tout  homme 
ijtii  craint  le  Seigneur.  Le  parrain  rend  enfuite  l'en- 
fant à  la  marraine  ,  pour  le  porter  à  la  maifon  ,  & 
le  remettre  entre  les  mains  de  la  mère.  Tous  ceux 
qui  ont  aififté  à  la  cérémonie,  diicnt  au  père  en 
s'en  allant  ;  Pui(Jiei-vous  ainfi  ajfifler  à  fes  noces. 
Voyez,  Léon  de  Modène  ,  &  la  Synagogue  de  Bux- 
torf ,  ch.  4. 

La  manière  de  circoncire  dont  les  Juifs  fe  fer- 
vent, eft  différente  de  celle  des  Turcs. Car  ceux-ci, 
après  avoir  coupé  la  peau  ,  n'y  touchent  plus  ;  au 
lieu  que  les  Juifs  déchirent  en  plufieurs  endroits 
le  bord  de  la  peau  qui  rcfte  après  la  Circoncifion  , 
avec  lesons;les  des  pouces  •,&  c'eft  pour  cette  rai- 
fon  que  les  Juifs  circoncis  gucriflent  bien  plus 
facilement  que  les  Tuics.  On  connok  parmi  les 
Juifs  ceux  qui  fe  mêlent  du  métier  de  circoncire  , 
parce  qu'ils  ont  l'ongle  du  pouce  forr  grand. 

Chez  les  Turcs  on  ne  circoncit  pas  les  enfans 
aulTi-tôt  qu'ils  font  nés ,  &  on  les  confacre  feule- 
menr  par  certe  cérémonie.  D'abord  on  leur  met 
quelques  grains  de  fel  à  la  bouche  ,  en  difant  :. 
Plaife  à  Dieu  que  fon  nom  foit  toujours  auffi  fa- 
voureux  que  le  fel  que  j'ai  mis  à.  ta  bouche  ,  & 
qu'il  t'empêche  de  goiiter  les  chofes  de  la  terre; 
Quand  ils  ont  fept  ans ,  un  Médecin  vient  les 
circoncire  dans  la  maifon  du  père.  La  Circpncijion 
fe  fait  toujours  avec  grande  cérémonie.  Entre  les 
parens  &  les  amis  qui  y  afilftcnt,  un  fert  de  par- 
rain à  l'enfant ,  &  tous  enfemble  ils  font  régalés 
Tome  IJ, 


G  I  II  iQ  r, 

d'un  fupetbe  feftin.  Ils  n'y  viennent  point  au)(ïî 
l'ans  préfens,  les  hommes  donnent  des  vcftes  de 
précieulé  étoile ,  des  chevaux ,  des  armes  ou  des 
bijoux ,  &  les  femmes  quelque  gentil  ouvrage  de 
leurs  mains.  Du  Loik  ,  pag.  137,  158, 
C1R.CONCIS10N  eft  aulli  la  Fête  que  l'on  célèbre  le 
premier  de  Janvier  ,  en  l'honneur  de  la  Circonci- 
Jion  de  Notre-Seigneur  ,  auquel  on  lui  impoli 
fon  nom.  Chrifti  Circumcijionis  aies  facer.  Le  pre- 
mier jour  de  janvier  étoit  autrefois  un  jour  de 
jeûne  inftitué  pour  s'oppofer  aux  fuperftitions 
paycnnes  qui  fe  faifoient  ce  jour-là  en  l'honneur 
de  Janus.  Fo'ye:^^  le  fécond  Concile  de  Tours ,  Can, 
-ATA//,  &c.  quatrième  de  Tolède,  Lan,  XI ,  Sec, 
La  Melfe  le  difoit  ce  jour-là  à  deux  heures  après 
midi ,  pour  dire  None  de  fuite  ,  &c  ne  rompre 
le  jeûne  que  vers  les  trois  heures.  On  ne  voit  pas 
précifcment  quand  ce  jeûne  a  celle  ,  &c  quand  la 
fête  a  commencé.  Apparemment  ce  n'a  point  été 
partout  en  même  temps.  Foye:j[^  les  Notes  dé 
M.  Chaftelain    fur  ce  jour. 

En  termes  de  dévotion ,  on  appelle  Circoncijlon 
de  cœur  ,  Circoncifion  des  lèvres  ,  k  retranchement 
des  mauvais  defirs  5c  des  mauvaifes  paroles. 
Circoncision  fe  dit  encore  fîgurément,  pour  lignifier 
les  Juifs  ou  la  nation  Juive  ,  comme  le  mot  dé 
Prépuce ,  pour  lignifier  les  Payens  ou  leS  Gentils, 
Ainfi  il  eft  dit  aU  1 5'  de  l'Epitre  aux  Romains  , 
que  Jéius-Chrift  a  été  Miniftre  de  la  Circoncifion  , 
afin  de  ratifier  les  promelîes  faites  aux  Pères.  Et  au 
2^  de  l'Epitre  aux  Galates ,  S.  Paul  dit  que  la  pré- 
dication de  la  Circoncifion  avoir  été  commife  à 
Pierre. 

Pierre  de  la  Circoncifion.  C'eft  une  pierre  quî 
fe  taille  en  couteau ,  &  dont  les  Juifs  fe  fervent 
pour  la  Circoncifion.  Nous  avons  une  Dilfertation 
fur  ces  pierres  par  M.  Mahudel ,  de  l'Académie  des 
Belles  Lettres; 
Circoncision.  {Cap  de  la)  Les  vailfeaux  l'Aigle  Si 
la  Marie ,  que  la  Compagnie  des  Indes  envoya 
en  i7}8  ,  à  la  découverte  des  Terres  Auftrales , 
trouvèrent  le  premier  de  Janvier  1759,  une  terre 
fort  haute  *,  toute  couverte  de  neiges  ,  &  forr  em- 
brumée. Elle  leur  parut  comme  un  gros  cap  ,  qu'ils 
nommèrenr  le  cap  de  la  Circoncifion  ,  parce  que 
c'étoit  le  jour  de  la  Circoncifion.  Cette  terre  leur 
reftoir  à  huit  ou  dix  lieues  dans  l'cft  nord-eft. 
Ce  Cap  eft  par  les  54  degrés  de  latitude  méridio- 
nale, &  les  27  à  28  de  lon9;itude.  Promontorium  Cir- 
cumcifionis.  Voyez  la  Relation  de  ce  voyage 
dans  les  Mémoires  de  Trévoux  1740.  Art.  XII. 
Février.  . 
'CIRCONFERENCE,  f.  f.  La  ligne  courbe  qui  rcn- 
*  ferme  un  efpace  circulaire  ■,  ou  la  furface  qui  ter- 
mine une  chofe  ronde.  Circumdiiclio ,  linea  orbem 
circumcurrens  ,  circumduclus  ,  circuitus ,  circumfe- 
rentia.  Toutes  les  lignes  tirées  du  centre  à  la  c/r- 
conférence  d'un  cercle ,  &  qu'on  appelle  rayons  , 
font  égales  entr'elles.  Un  partie  de  la  circonférence 
s'appelle  arc.  L'angle  du  centre  eft  double  de  celui 
de  la  circonférence.  On  appelle  circonférence  coh' 
cave  ,  celle  qui  regarde  le  dedans.  Concava.  Et 
circonférence  convexe,  celle  qui  regarde  le  dehors, 
Convexa.  On  appelle  circonférence  d'ellipfe  ,  la  li- 
gne courbe  qui  forme  l'ovale.  Elliptica.  Èuclide  j 
L.  III  y  propof,  20. 
Circonférence  fe  dit  aulfi  du  tour  ou  pourtour  des 
figures  irrégulières.  Circuitus ,  circumduclus.  La 
circonférence  ,  le  tour  de  cette  ville  ,  eft  de  quatre 
lieues. 
IP^  On  dit  aufll  en  Médecine  ,  que  le  fang  eft  potté 
du  centre  à  la  circonférence  parles  artèrcs,&:  rapporté 
de  la  circonférence  au  centre  parles  veines  j  p6uK 
dire  ,  que  lé  cœur  le  pouffe  vers  les  extrémités  , 
■  &  que  le  fang  revient  des  extrémités  au  cœur, 
CIRCONFLEXE,  adj.  Accent  qui  marque  une  fyl- 
labe  lonsue.  Circumflexus  accentus.  Les  Grecs 
avoient  trois  accens  ,  l'aigu  ,  le  grave  SiC  le  cir- 
conflexe. En  françois  on  figure  cet  accent  avec  ui» 
»  G  G  g  s 


é'02. 


CI  R 


petit  chapiteau  fur  la  iyllabe ,  qui  marque  Touvent 
le  retranchement  de  quelque  lettre  qui  failbit  la 
fyllabe  longue  &  ouverte  ,  comme pai^  ^o\xt  pajU  : 
tète  pour  lejie  :  nous  fûmes ,  pour  nous  fuj'mes.  En 
grec  auretois  on  le  marquoit  de  même  que  nous 
le  marquons  en  françois  :  on  a  imprime  l'Antho- 
Jogie  m-40.  en  grands  caracl:cres  ',  les  accens  cir- 
conjlexes  y  l'ont  marques  comme  nous  venons  de 
le  dire  -,  depuis  que  les  Copiftcs  eurent  mis  en  ufage 
les  lettres  courantes ,  ils  changèrent  auiîi  la  forme 
de  l'accent  circonjlexe ,  &c  au  lieu  d'en  former 
l'angle  avec  foin,  ils  l'arrondirent  ,  &  en  écrivant 
vîtc,  ils  y  ajouccrenr  un  trait,  qui  en  forma  une  j 
renverfée  ,  &  couchée  horizontalement  ,  ce  qui 
produi/it  cette  figure  ^^  ,  au  lieu  de  celle-ci  ". 

Rouileau  a  dit  en  badinant  ,  une  jambe  cir- 
coi:ficxe  ,  c'eft-à-dire  tortue  ,  qui  a  la  figure  de 
l'accent  circonjlexe  des  Grecs ,   d'une  s   couchée. 

CIRCONLOCUTION,  f.  f.  Circuit  de  paroles  dont 
on  le  fert ,  lorfqu'on  ne  peut  pas  exprimer  une  chofe 
par  un  mot  propre  ,  ou  qu'on  ne  le  veut  pas  taire  par 
relpccï ,  ou  par  quelqu'autre  railbn  particulière.  Cir- 
ciiitio ,  circumlocutio.  Les  choies  qui  n'ont  point 
de  mot  propre  s'expliquent  par  circonlocution. 

tfT  La  circonlocution  cft  une  figure  de  Rhétorique 
par  laquelle  j  pour  cvirer  de  dire  une  chofe  dure 
ou  peu  convenable  en  termes  propres  ,  on  en  em- 
prunte d'autres  qui  rendent  la  même  idée  ,  mais 
d'une   manière  adoucie. 

Ce  mot  vient  du  latin  circtimloquor. 

CIRCONPOLAIRE  ,  CIRCOMPOLAIRE.  adj.  m. 
&  f.  Qui  eft  autour  du  pôle.  Circnmpolaris  ,  e. 
Déterminer  la  hauteur  du  pôle  d'une  ville  par 
les  étoiles  circonpolaires.  De  la  Hib.e  ,  Acad, 
1700.  Alem.  p.  ;7, 

CIRCONSCRIPTION,  f.  f.  Efpace  circonfcrit  &  li- 
mité ,  lequel  borne  &  environne  un  efpace  plus  petit 
ou  un  corps.  Circumjcriptio,  C'eft  une  des  pro- 
priétés infcparables  des  corps ,  d'être  bornés  à  un 
certain  lieu  ,  &  de  n'occuper  qu'un  certain  ef- 
pace déterminé.  Cependant  Ofîander  D.  Luthé- 
rien ,  a  foûtenu  que  la  circonfcription  n'étoit  pas  de 
reiîénce  des  corps. 

^3"  Circonscription  ,  en  Géométrie  ,  efl  l'ac- 
tion de  circonfcrire  un  cercle  à  un  polygone  ou  un 
polygone  à  un  cercle  ou  à  toute  autre  ligure  courbe. 
f^oye^  Circonscrire. 

CIRCONSCRIRE,  v.  a.  Terme  dogmatique.  Ren- 
fermer en  certaines  bornes ,  mettre  des  bornes  à 
l'entour.  Circumfcritere,  L'infini  ne  fe  peut  circon- 
fcrire, borner,  limiter. 

Circonscrire  ,  en  termes  de  Géométrie ,  c'eft  dé- 
crire une  figure  polygone  autour  d'un  cercle ,  eq^ 
telle  forte  que  tous  les  côtés  touchent  fa  circon- 
férence Se  deviennent  autant  de  tangentes  de  la  cir- 
conférence du  cercle.  Figurarn  polygonam  c'ircum- 
fcr ibère.  Archimède  démontre  que  l'aire  d'un  ttiangle 
reclangl;,  compofé  d'un  rayon  de  cercle  6i  de  fa 
circonfécence,  eft  plus  petite  que  l'aire  de  quelque 
polygone  que  ce  foit  qu'on  puilfe  circonfcrire  ou 
décrire  autour  du  cercle  ;  &  plus  grande  que  celle 
de  quelque  polygone  qu'on  puiiîe  infcrire  ou  fi* 
gurcr  au  dedans  du  cercle  \  Se  c'eft  par-là  qu'il  a 
le  plus  approché  de  la  quadratute  du  cercle ,  qui 
h'eft  autre  chofe  que  la  mefure  de  l'aire  ou  de 
la  capacité  du  cercle.  Euclide  enfeigne  la  façon 
de  circonfcrire  un  triangle ,  un  carré  autour  d'un 
cercle. 

Circonscrit  ,  ITE.  part.  Figure  drconfcrite 
à  un  cercle  ;  figure  qu'on  a  décrite  autour  d'un 
cerclé ,  &:  qui  le  touche  par  tous  fes  côtés.  Cir- 
cumfcriptus.  Cercle  circonjcrit  iun  polygone  ,c'ell- 
à-diré  donr  la  circonférence  palîè  par  rous  les  fom- 
mets  des  angles  du  polygone. 

CIRCONSPECT  ,  ECTE.  àdj.  Qui  agit  avec  clrconf- 
peiftion  ,  qui  gardé  beaucoup  de  mefures  ,  tant 
dans  fes  aélions    que  dans  fes    paroles.    Circiim- 

.  fpeclus ,  confileratus.  Les  manières  lentes  &  cir- 
tonfpeclii  des  gens-  prudéns  impatientent"  les  ef-  i 


CIR 

prits  vift.  Le  Pays.  L'honnête  homme  cft  modefte 
&c  circonfpecl  :  il  remarque  les  défauts  d'autrui,  6c 
n'en  parle  jamais.  S.  Evr. 

IJCr  CIRCONSPECTION,  f.  f.  Circumfpemo ,  conji- 
deratio.  C'eft  une  attention  réfléchie  &:  mefurée  , 
conféquemment  aux  circonftances  préfentes  &  ac- 
cidentelles ,  pour  ne  parler  qu'à  propos ,  &  ne  rien 
laifler  échapcr  qui  puiflc  nuir."  ou  déplaire.  Cette 
qualité  eft  l'effet  de  l'éducation  &  d'une  prudence 
qui  ne  rifque  rien.  L'efprit  du  monde  veut  de  la 
circonfpeciion  quand  on  ne  connoit  pas  ceux  de- 
vant qui  l'on  parle.  M.  l'AbbÉ  Girard. 

ifT  II  faut  beaucoup  de  circonfpeciion  dans  les  con- 
verfations  qui  roulent  fur  la  religion  &  le  gou- 
vernement ,  parce  que  ce  font  des  matières  pu- 
bliques fur  lefquelles  il  n'eft  pas  permis  aux  par- 
ticuliers de  dire  tont  ce  qu'ils  penfenc ,  li  leurs  penfées 
fe  trouvent  oppolces  aux  ufages.  Voye:^  Considé- 
ration, Egards,  Retenue,  Ménagement  pour 
les  différences  relarives  de  ces  fynonymes. 

CIRCONSPECTISSIME.  ad).  Très-circonfpe(5l.  M. 
de  Balzac  s'eft  fervi  de  circonfpecliffime ,  en  écrivant 
à  M.  Chapelain  :  la  fagefle  elt  le  caraétère  uni- 
verfel  de  tous  vos  écrits  •,  vous  êtes  circonfpeclif- 
Jime  dans  les  moindres  aélions  de  votre  vie.  Le 
P.  BouH.  Kern.  nouv.  On  ne  peut  le  dire  qu'en 
badinant. 

CIRCONSTANCE,  f.  f.  Les  incidens,  les  détails 
d'un  événement ,  les  particularités  qui  accompa- 
gnent quelque  aélion.  {C?  Le  mot  de  circonflance 
eft  relatif  à  l'aclion  ',  C'eft  une  de  fes  patticulari- 
tés.  Il  préfente  l'idée  d'un  accompagnement,  d'une 
chofe  acccffoire  à  une  autre  qui  en  eft  la  principale. 
La  conjon&ure  eft  étrangère  à  l'aéliion.  Elle  n'a  de 
rapport  qu'au  moment.  Voye:^  ce  mot  &  les  articles 
relatifs ,  Occasion  ,  Cas  ,  Occurrence.  Quod  rei 
adjunclum  efl  ;  adjuncl.i  circumftantia.  Une  aétion 
eft  bonne  ou  mauvaife  ,  félon  les  diverfes  circon- 
Jiances,  Un  Juge  eft  obligé  d'examiner  un  criminel 
fur  routes  les  circonflances  du  fait.  Il  y  a  des  cir- 
conjlances  inutiles ,  d'autres  agravantes.  La  con- 
verfion  du  pécheur  dépend  d'un  certain  affemblage  , 
&  d'un  certain  ménagement  de  circonfi-.inces  ex- 
ternes ,  dans  lefquelles  il  fe  trouve  placé.  La  plu- 
part de  nos  aélions  ne  font  que  des  faillies  ,  félon 
que  les  différenres  circonflances  de  la  vie  nous 
agitent.  S.  Evr.  Cet  arrangement  de  circonflances 
dépend  de  la  providence  de  Dieu ,  qui  donne  la 
grâce  de  la  converlîon. 

Soye^  riche  &  pompeux  dans  vos  defcriptions  : 
N'y  préfente:^  jamais  de   baffes  circonftances. 

BOIL. 

On  dit  au  Palais ,  qu'un  procès  eft  renvoyé  en 
une  Juridicliion  avec  toutes  fes  circonflances  dC 
dépendances  -,  c'eft-à-dire  ,  avec  toutes  les  parties 
Si.  interventions ,  Se  toutes  les  queftions  qui  en 
dépendent ,  ou  qui  en  peuvent  naître.  (fT  On  dit 
auifi  circonflances  &  dépendances  5  pour  dire  ,  ce 
qui  eft  à  une  maifon ,  tetre  ,  léigncurie ,  &c.  ce 
qui  en  dépend. 

Les  circonflances  des  -a étions  des  hommes  font 
exprimées  par  ce  vers  latin. 

Quis  ,  ijuid,  uliyqiiibus  àuxiliis  ,cur,  quomodo  , 
quando. 

Ce  mot  vient  de  circumftantia.  En  grec  on 
dit  vîoi^uTi^.. 

CIRCONSTANCIER.  v.  a.  Marquer  bien  toutes  les 
circonftances.  Quce  rei  adjuncîafunt  narrare ,  cir- 
cumfl.intias  y  res  cir cumulantes  notare.  Un  bon  Rap- 
porteur dok  circonflancier  un  fait.  Un  bon  Hifto- 
rien  doit  circonjlinci/r  les  événemens  imporrans. 

CIRCONSTANCIÉ ,  EE.  part.  Suis  una  quœque  res 
circumjîantiis  expUcata.  Evitez  les  longs  récirs  en 
converfation  ,  5c  les  hiftoires  trisp  circonflamiées. 
S,  Evr. 


C  I  iv 

eiRCONVALLATION.  f.  f.  Ligne ,  ou  grand  font- 
qu'on  fait  autour  du  camp ,  lorfqu'on  aHicge  une 
ville.  Circnmmunitlo ,  \alli  &  fojfx  circiunduclio. 
Ce  foflc  eft  Jiors  la  portée  du  canon  de  la  place , 
large  de  i  z  pies ,  &  profond  de  fept.  Il  elt  borde 
d'un  parapet  &  flanqué  par  des  redoutes ,  ou  de 
petits  forts  qu'on  y  tait  d'efpace  en  efpace ,  tant 
pour  empêcher  le  fecours  de  la  place,  que  pour 
retenir  les  déferteurs.  Il  faut  prendre  garde  à  ne 
faire  jamais  pafiér  la  ligne  de  circonvallatian  au 
.jpié  d'une  hauteur ,  à  caufe  que  iî  l'ennemi  vient 
à  occuper  cette  hauteur ,  il  y  logera  du  canon , 
i&  commandera  la  ligne. 

j  L'armée  campée  dans  l'intérieur  de  la  ligne  de 
circonvallaiion  efb  dilpofée  de  forte  que  fon  front 
ou  fa  tête  fait  face  à  la  campagne.  Amfi  la  queue 
du  camp  cil:  du  côté  de  la  place.  On  a  foin  de 
tracer  un  camp  hors  de  la  circonvallatian ,  pour 
ranger  l'armée  en  bataille  ,  en  cas  qu'il  fiille  aller 

I     au  devant  de  l'ennemi  ,  qui  vient  pour  faire  lever 

'  le  ficge.  Les  Militaires  tiennent  qu'il  eft  dangereux 
d'attendre  l'ennemi  dans  les  lignes  ,  &  de  s'opiniâ- 
trer  à  les  détendre.  L'expérience  paroît  confirmer 
leur  opinion ,  car  nous  avons  vuque  toutes  les  lignes 
attaquées  ont  été  forcées.  La  ligne  de  circonval- 
laiion s'appelle  iimplement  les  lignes.  Attaquer  les 
lignes  ,  défendre  les-  li(^nes ,  forcer  les  lignes. 

CIRCONVENIR.  V.  a.  Terme  de  Palais.,  Tromper 
artificieufement ,  furprendre  quelqu'un  pat  des  cir- 
cuits ,  par  des  détours.  Circumvemre.  Les  mineurs 
fe  plaignent ,  quand  ils  ont  été  circonvenus  par 
la  tromperie  de  quelqu'un. 

Circonvenu,  ue.  part.  Circumventus. 

CIRCONVENTION.f.f.  Tromperie  artifîcieufe ,  fur- 
prife.  Circumventio  ,  deceptio.  On  entérine  des  let- 
tres de  reflitution ,  quand  la  circonvention ,  la 
tromperie  eft  bien  juftifiée.  La  circonvention  eft  ap- 
pelée autremcnr  dol  perfonnel. 

CIRCONVOISÎN,  INE.  adj.  Ce  qui  eft  aux  envi- 
rons. ^fT  On  le  dit  des  lieux  ,  des  chofes  5:  des 
perfonnes  coUcétivement ,  qui  l'ont  proche  &:  au- 
tour de  celles  dont  on  parle.  Ficinus ,  propin- 
qiius  ,finitimus.  Quand  la  guerre  eft  en  un  endroit , 
les  peuples  cir convoi jins  ont  beaucoup  à  fouffrir. 
Il  a  été  voyager  en  Flandre ,  &  dans  les  lieux  cir- 
convoijins.  Le  langage  eft  toujours  mêlé  des  mots 
des  nations  circonvoijines. 

ffj"  On  dit  en  Phylîque,  dans  le  même  fens ,  corps 
circonvoijins  pour  défigner  ceux  qui  environnent  un 
autre  corps ,  ou  qui  en  font  proches. 
Ce  mot  vient  de  circiimvicinus. 

CIRCONVOLANT ,  ANTE.  adj.  Qui  vole  autour 
de  quelque  chofe,  qui  tourne  tout  autour.  Vieux 
mot  pris  du  latin  circiimvolans. 

tfT  CIRCONVOLUTION.  Ç.i.  Circumvoliuio.  L'ac- 
tion de  tourner  autour.  Du  latin  circiimvolvcre  , 
tourner  à  l'entour.  On  le  dit  de  plufieurs  tours 
faitis  autour  d'un  centre  commun.  Faire  plufieurs  cir- 
convolutions. 

En  Architedure  on  appelle  circonvolutions  ,  les 
tours  de  la  ligne  fpirale  de  la  volute  Ionique,  & 
ceux  de  la  colonne  torfe.  Circumvoluùo, 

CIRCUIR  ,  vieux  v.  a.  Tourner  tout  autour.  Par- 
courir, Circuire  ou  circumire. 

|C?  CIRCUIT,  f  m.  Dans  le  fens  propre  ,  chemin 
détourné,  qui  s'éloigne  de  la  ligne  droite.  On  le 
dit  par  oppoiition  au  chemin  le  plus  court  d'un  lieu 
dans  un  autre.  Circuitus ,  circuitio.  de  Circum  & 
itus  de  eo ,  je  vais. 

tfT  Circuit  lignifie  aufTi  l'enceinre  ,  le  périmètre 
d'une  figure ,  la  circonférence.  C'eft  dans  ce  fens 
qu'on  dit  qu'une  ville  à  tant  de  circuit.  Le  cir- 
cuit d'une  province,  d'une  forêt,  des  murailles. 
Faire  un  long  circuit. 

Circuit  fe  dit  figurément  des  détours  qu'on  prend 
pour  s'expliquer,  pour  venir  au  fait.  Cet  Orateur 
ne  fe  fait  entendre  que  par  de  longs  circuits  de 
paroles.  On  a  fait  un  long  circuit  de  procédures  ■■, 
c'eft-à-dire  une   procédure  longue  &  compliquée, 


qui  pourroit  être  fupplée  par  une  plus  fimple.  o'ti 
fait  aifément  comprendre  par  les  yeux  ,  ce  qu'uA 
long  circuit  d'expreilions  ne  fait  entendre  que  con- 
fuiément.  S.  Evr.  Ambitus. 

Ip"  On  appelle  circuits  en  Angleterre  les  fix  par- 
ties dans  lefquellcs  Henri  II  partagea  l'Angleterre  i 
dans  Ipfquelles  les  Juges  vont  rendre  la  juftice 
deux  fois  par  année. 

j]C?  CIRCULAIRE,  ad),  de  t.  g.  fynonyme  de  lond. 
On  le  dit  de  tout  ce  qui  appartient  au  cercle  i 
ou  qui  y  a  rapport.  Circularis  ,  rotundus.Voimc^ 
figure  circulaire,  Vafe  d'une  foxme  circulaire.  On 
le  dit  de  même  de  èe  qui  va,  de  ce  qui  fe  fait 
en  rond.  Mouvement  circulaire.  Motus  circularis  j 
orhicus.  Les  globes  céleftes  ne  fe  meuvent  pas  par 
un  mouvement  circulaire  ,  mais  elliptique. 

Ligne  circulaire.  C'eft  une  ligne  courbe  dont 
toutes  les  parties  font  également  éloignées  d'un 
point ,  qui  s'appelle   centre. 

C'eft  aulfi  une  épithète  que  les  Médecins  don- 
nent à  un  ordre  des  fibres  qui  font  dans  l'efto- 
mac ,  &  dans  les  inteftins  ,  parce  qu'elles  font  dif- 
pofées  en  rond.  On  appelle  par  la  même  railbn 
ligamcns  circulaires ,  ceux  qui  attachent  les  têtes 
des  os  dans  les  cavités ,  où  elles  font  reçues ,  afirt 
de  fortifier  les  articulations.  De  plus ,  outre  k  mar- 
teau ,  l'enclume  &  l'étrier ,  les  enfans  ont  dans 
l'oreille  un  quatrième  os  que  l'on  appelle  le  cir- 
culaire ,  parce  qu'il  eft  fait  comme  un  anneau  , 
fur  lequel  la  membrane ,  que  l'on  nomme  tambour 
eft  tendue  de  même  que  la  peau  d'un  tambour  eft 
tendue  fur  une  caiflé. 

Ce  mot  &  les  fuivans  font  dérivés  de  circulus. 

Circulaire,  {^Lettre)  eft  une  lettre  adreflce  à  plu- 
fieurs perfonnes  qui  ont  un  même  intérêt  dans  la 
même  affaire  ,  comme  pour  des  convocations  d'E- 
tats,  d'Affemblées  du  Clergé,  de  Noblelie,  &c. 
Circulares  ,  encyclicœ  litterce, 

CIRCULAIREMENT.  adv.  D'une  manière  circulaire. 
En  rond  ,  en  cercle.  In  orbem ,  circulatim.  Une 
roue  fe  mevn  circulairement  fur  fon  edicu. 

CIRCULATEUR.  i.  m.Du  latin  circulator.  Charlatan, 
bateleur,  joueur  de  pafle-pafle.  GoTQKAviJeul.  Il  fe 
prend  aulH  pour  partifan  de  la  circulation  du  lang  , 
de  laquelle  perfonne  ne  doute  aujouid'hui.  Dans 
la  Comédie  du  Malade  imaginaire ,  acl,  z  ,  je.  y. 
Thomas  Dyafoirus  tire  de  fa  poche  une  gtandç 
thèfe  roulée  qu'il  préfente  à  Angélique  ,  en  lui 
diiant  ;  ]'ai  contre  les  circulateurs  foûtenu  une 
thèfe  ,  qu'avec  la  permiflîon  de  Monfieur  ,  j'ofe 
préfenter  à  Mademoifelle  ,  comme  un  hommage 
que  je  lui  dois    des  prémices  de  mon  eforit. 

UCr  CIRCULATION  ,  f.  f.  fe  dit  en  général  de  tout 
mouvement  périodique  ou  non  ,  qui  ne  fe  fait 
point  en  ligne  droite.  Circulatio. 

CiRcutATioN  ,  terme  de  Chimie.  §3°  Opération 
par  laquelle  les  vapeurs  ou  liqueurs  que  la  clialeur  à 
fait  monter ,  font  obligées  de  retomber  perpé- 
tuellement fur  la  maffe  dont  elles  ont  été  déga- 
gées. Circulatio.  La  circulation  fe  fait  au  feu  de 
lampe  ,  ou  à  celui  de  cendres ,  ou  de  fable  mo- 
dérément chaud  ,  ou  dans  le  fumier ,  ou  au  15- 
leil.  Elle  demande  le  plus  fouvent  une  chaleur 
continuée  pendant  plufieurs  jours ,  &  ouelauetois 
plufieurs  femaines ,  ou  même  plufieurs  mois.  Par 
\^  circulation  ,  la  matière  la  plus  fubtile  monte  au 
haut  du  vaifléau ,  6i  ne  trouvant  point  d'''?i'c , 
eft  contrainte  de  retomber  en  bas  pour  fe  rejoindre 
de  nouveau  à  la  matière  qui  fe  trouve  au  'ond  du 
vaifléau  ,  d'où  elle  avoir  été  élevée  ■■,  5<'  ainfi  en 
continuant  de  monter  ,  &;.  d-e  defcendie  alterrati- 
vement  dans  ce  vaifléau  ,  elle  fait  une  efpèce  de 
circulation,  dont  l'opération  porre  le  nom  ;  & 
par  les  diverles  pénétrations  &  agitations  des  parties 
fpiritueufesavec  les  groflières ,  les  premières  devien- 
nenr  plus  tenues  6c  plus  en  état  de  produire  leur 
aétion  ,    lorfqiielles  font  féparées  des    dernicreSi 

Circulation   fe  dit  aufTi  en   Médecine  du  ironve- 
ment  que  fait  le  fang  ,  qui  plufieurs  fois  dans  ua 

G  G  g  g  ij 


é'ô4  C  -î  R 

jour  eft  pouc  du  cœur  dans  toutes  les  parties  dà 
corps  par  le  moyen  des  artères ,  &:  qui  retourne  de 
ces  mêmes  parties  au  cœur  par  le  moyen  des  veines. 
Circu/iitwJanguinu.H:iïVsy  ell  unDoCteur  moderne 
d'Angleterre  qui  a  L- premier  découvert  hcircu/a- 
tion  'dulangen  l'année  i(îi8,  qui  elt  maintenant 
reconnue  par  tous  les  Médecins.  Mais  Théodore 
Janfon  d'Almeioveen ,  dans  un  Traité  des  invcn- 
'tions  nouvelles  imprime  en  i<J84,  rapporte  plu- 
lieurs  endroits  d'Hippocrate  pour  judifier  qu'il  l'a 
connue  ■■>  Walxus ,  £/.  ad  Tkom.  Bartholin.  De 
chyli  &  larigiiinis  motu  ,  &C  Charleton  ,  (Econom. 
Animal.  Exercit.  FI,  prétendent  qu'Ariftote  & 
Platon  ,  comme  Hippocrate  ,  l'ont  connue  auHl.  On 
dit  encore  que  les  Mcdecins  Chinois  l'enieignoient 
40oansavanr  qu'on  en  parlât  en  Europe.  Il  en  eft 
même  qui  remontent  julqu'à  Salomon  ,  croyant  en 
trouver  des  vertiges  dans  le  Chap.  XII<^  de  l'Ecclé- 
liafte.  Bernardin  Genga  ,  dans  un  Traité  d'Ana- 
tomie  en  italien,  rapporte  des  palfagcs  de  Real- 
dus  Colombus ,  &  d'Andréas  Ccfalpinus  j  par  lei- 
quels  il  prétend  monrrer  qu'ils  admettoient  la  cir- 
culation.W  dit  encore  que  c'eft  Fra-Paolo  Sarpi, 
qui  ayant  exaélement  confidéré  la  ftruéture  des  val- 
vules dans  les  veines,  a  inféré j  dans  ces  derniers 
temps  5  la  circulation  de  leur  conftrutîlion  &  de  plu- 
lîeurs  autres  expériences.  Janfon  cite  aufTi  le  paflage 
d'André  Céfalpinus  ,  qui  contient  fort  clairement 
la  dodrine  de  la  circulation  dès  l'an  15:93.  Jean 
Léonicénus  ajoute  qu  Fra-Paolo  avoir  découvert  la 
circulation  du  iang,  &  les  valvules  des  veines  i 
mais  qu'il  n'ofa  pas  en  parler ,  de  peur  de  l'Inqui- 
lîtion,  &  qu'il  communiqua  feulement  fon  lècret  à 
Aquapendcnte ,  qui ,  après  fa  mort ,  mit  le  livre 
qu'il  en  avoir  compofc  en  la  bibliothèque  de  S. 
Marc  ,  où  il  fut  long  temps  caché  •■,  mais  que  Aqita- 
pendente  découvrit  ce  fecret  à  Harvey ,  qui  étu- 
dioit  fous  lui  à  Padoue  ,  lequel  le  publia ,  étant  de 
retour  en  Angleterre,  pays  de  liberté,  &  s'en  at- 
tribua la  gloire.  Les  Jéfuites  difent  que  leur  P.  Fa- 
briaenfeigné  la  arf«/a//o«  avant  que  Harvey,  en 
eut  rien  écrit.  Voye^  Cœur  ,  Sistole  &  Dias- 
tole. 

Circulation  fe  ditaufTi  des  efprits.  Il  parut  en  ifîSz 
un  Livre  de  la  circulation  des  efprirs  animaux  ,  cir- 
culation qui  s'opère  de  la  même  manière  que  celle 
du  fang ,  parce  que  le  cœur  poulfant  hors  de  fa 
capacité  5000  drachmes  de  fang  par  heure  ,  quoi- 
qu'il n'y  en  ait  qu'environ  zooo  dans  rout  le  corps , 
c'eft  une  néceflité  que  ce  fang  pouifé  hors  du  cœur  y 
revienne ,  pour  qu'il  y  en  ait  à  jerer.  Donc  il  s'enfuit 
de-Ià  qu'il  fe  forme  en  une  heure  une  grande  quantité 
d'efprits,  qui  ne  font  que  les  parties  les  plusiubtiles 
de  ce  iang  pouffé  hors  du  cœur-,  d"où  l'on  conchit 
qu'il  faut  donc  auffi  que  ces  efprits  circulent.  2". 
C'eft  que  les  nerfs  portent  la  chaleur  jufqu'aux  ex- 
trémités du  corps ,  aufll  bien  que  les  artères,  y^  , 
On  le  prouve  par  la  difpolition  8c  la  nature  desnerfs 
6c  des  efprirs  animaux.  40.Par  l'œconomie  &c  les  rc(- 
forts  dont  la  nature  remue  les  corps.  5°.  Par  la  con- 
duite avec  laquelle  la  nature  prépare  les  alimens, 
&  fait  ladiftribution  du  chyle.  Voici  donc  laroure 
que  cet  AureuT  fait  tenir  aux  efprits.  Les  parties 
du  fang  artériel  les  plus  fubtiles  ,  &  les  plus  agitées 
ayant  été  portées  du  cœur  au  cerveau  par  les  ar- 
tères carotides  ,  fe  jettent  avec  violence  dans  les  tif- 
fus  qui  couvrent  le  fond  des  ventricules  du  cerveau, 
d'où  elles  pouflent  les  vertus  les  plus  déliées  dans  les 
jîlamens  des  artères  choroïdes ,  dans  lefqu'elles  elles 
continuent  la  rapidité  de  leut  mouvement ,  jufqu'à 
ce  que  rencontrant  les  pores ,  qui  termincnr  ces  fi- 
lamens  aurour  de  la  glandule  pinéale  ,  elles  for- 
tent  par  ces  pores  comme  un  vent  fubtil  &  impé- 
tueux ,  ou  comme  les  parties  de  l'eau  les  plus  fub- 
tiles d'un  éolipile.  De  là  elles  entrent  dans  la  glande 
pinéale,  &C  y  formenrune  fource  continuelle  d'ef- 
prits animaux  ,  qui  fortant  de  là  après  s'y  être  en- 

-  tiérement  épurés ,  entrent  dans,  les  cavités  du  cer- 
veau comme  utie  vive  flamms  i  enfuite  pénétrant 


Ci  R 

dans  les  pores  de  fa  fubftance ,  ils  s'cconlent  de-là 
dans  les  nerfs ,  d'où  ils  font  reçus  dans  les  vaif- 
feaux  lympathiques.  Au  fortir  de  ces  vafes,  ils  font 
porrés  au  cœur  par  deux  voies.  Ceux  qui  partent 
des  endroirs  les  plus  élevés  du  corps,  comme  de 
la  tête,  pénètrent  jufqu'au  cœur  par  les  veines  fou- 
clavières ,  5:  quelques  autres  vaiflcaux  voilms ,  ceux 
qui  viennent  des  parties  inférieures  crant  déchar- 
gés dans  le  réfervoir  de  Pecquct ,  s'y  rendent  pat 
le  canal  thorachique  ,  Se  enfin  par  les  veines  àeC- 
cendantes  au  cœur.  De  là  ils  recommencent  encore, 
&  continuent  leur  route. 

Circulation  fe  dit  encore  du  fuc  des  plantes,  dont 
on  a  fait  l'expérience  fur  quelques-unes  qui  ont  beau- 
coup de  fuc  ,  comme  fur  le  tithymale.  On  y  a  fait 
les  mêmes  obfervations  que  celles  qu'on  a  faites  fut 
les  veines  de  les  artères  par  le  moyen  des  ligatures. 
La  circulation  de  la  fève  des  plantes  a  été  propo- 
fée  à  l'Académie  des  fciences  en  i66y  pour  la  pre- 
mière fois  par  M.  Pcrraulr ,  Médecin ,  Se  preique 
en  même  temps  par  M.  Mariotte ,  Se  par  Kl.  Major, 
Médecin  de  Hambourg  ,  qui  ont  écrit  fiirla  même 
matière. 

Malgré  tout  cela  l'Auteur  des  Réflexion?  fur  l'A- 
griculture C  Xnil ,  T. II, del3.  Quintinie,/',  548, 
fe  déclare  contre  cette  circulation,  i»,  parce  qu'il 
ne  peut  s'imaginer  quand  commence  cette  circula- 
tion ,  ni  en  quel  endroit  elle  commence.  1°  ,  parce 
qu'il  ne  voit  ni  fa  nécellité ,  ni  fon  utilité.  3° ,  parce 
qUe  fuppofc  qu'il  y  en  eut,  il  ne  fait  s'il  faut  dire 
qu'il  n'y  en  a  qu'une  générale  dans  chaque  arbre ,  ou 
qu'il  y  en  a  autant  qu'il  y  a  de  branches  ,  &c.  Tout 
cela  ne  vaut  pas  les  raifons  du  fentiment  contraire. 
Foye^  Sève  Se  Végétation. 

On  dit  figurément ,  la  circulation  de  l'argent ,  le 
hiouvement  de  l'argent  qui  paflè  d'une  main  à  l'au- 
tre ,  Se  qui  le  fait  rouler  dans  le  commerce. 

CIRCULATOIRE,  adj.  Terme  de  Chimie  ,  qui  fe 
dit  des  vahfeàux  qui  fervent  à  faire  la  diftillation  pat 
circularion.  Vafa  Jiillandis  per  circulationctn  cor- 
poribus  accommodatai  Le  Pellican  Se  les  jumeau-X 
font  des  vaifleaux  circulatoires. 

CIRCULER,  v.  a.  Terme  de  Chimie.  C'eft  faire  itne 
opération  dans  le  vaiflèau  qu'on  appelle  pellican , 
OU  dans  quelque  autre  qui  fait  le  même  effet ,  dans 
lequel  la  même  vapeut  qui  eft  élevée  par  le  feu , 
ne  trouvant  point  d'ifllie  retombe  en  bas  pout  re- 
monter, &  être  diftillce  plufieurs  fois,  &  réduite 
en  fes  parties  les  plus  fubtiles.  circulare.  On  circule 
des  matières  liquides  par  un  feu  propre  pour  cela, 
ranrôt  pour  volatililer  les  felsfixes,tantôc  pour  fixer 
les  efprits  volatils. 

Circuler  eft  aulll  un  verbe  neutre,  qili  (îgni/îe,  fe 
mouvoir  circulairement,  |Cr  décrire  un  cercle; 
mais  on  le  dit  par  exrenrion  des  corps  qui  décri- 
vent des  courbes  non  circulaires,des  planètes  qui  dé- 
crivent des  cllipfes  autour  du  Soleil.  Dans  ces  ac- 
ceptions ,  il  eft  peu  ufitc. 

0Cr  On  le  dit  particulièrement  du  mouvement  du  fatig 
par  lequel  il  eft  porté  plufieurs  fois  par  Jour  du 
cœur  dans  toures  les  parries  par  le  moyen  des  ar- 
tères ,  &:  qui  revienr  enfuite  au  cœur  par  le  moyen 
des  veines.  La  ftupidité  vient  d'un  fang  épais ,  qui 
ne  circule  que  lentement ,  Se  qui  fe  coagulant  fa- 
cilement ,  ne  poufleque  des  efprirs  animaux  faibles 
Se  émouffes.  Val.  On  dit  auflî  que  le  fuc  des  plan- 
tes circule  depuis  le  tronc  Jufqu'aux  feuilles. 

^3"  En  général  le  mot  circuler  peut  s'appliquer  au 
mouvement  d'un  corps  qui  fait  dans  un  certain  ef- 
pace  un  chemin  quelconque  ,  en  revenant  de  temps 
en  t?mps  au  point  d'où  il  eft  parti. 

On  dit  fîgatément  que  l'argent  circule;pouv  dire, 
que  l'argent  roule,  qu'il  a  fon  cours  ordinaire  dans 
le  commerce.  Faire  circuler  l'argent. 

On  dit  audî ,  faire  circuler  les  billets;  pour  dire, 
leur  donner  cours  dans  le  commerce. 

03"  CIRCUMAMBIANT.adi.  On  en  fair  un  rerme 
de  Phyfîque ,  qu'on  applique  à  un  corps  qui  en  en- 
toure un  autre.  Il  n'cft  certainement  pas  ufité.  Il  eft 


ciii 

imcme  niai  forme.  Ambiant  tout  (t\A  iîgnîfie  envi- 
ronnant-,  le  mot  a>c«/«  ell  de  trop. 
CIRCUMCIRCA.  adv.  purement  latin ,  qai  â  pafTc 
dans  le  langage  commun,  pour  lignifier ,  environ., 
à  peu  près.  Il  acheté  cette  terre  huit  ou  dix  mille 
écus  ,  circtimtirca. 
CIRCUMINCESSION.  Terme  de  Théologie ,  dont 
les  Scholaftiques  fe  fervent  pour  exprimer  dans  le 
myftère  de  la  Trinité  l'exiftence  des  perfonnes  di- 
vines les  unes  dans  les  autres.  §3"  L'cxiftence  in- 
time &  mutuelle  des  perlbnnes  divines ,  l'une  dans 
l'autre ,  dans  le  myftère  de  la  Trinité.  Circumince[jio. 
Les  Théologiens  Scholaftiques  ne  ibnt  point  les 
premiers  Auteurs  de  cette  exprelTion  j  car  S.  Jean 
de  Damas,  qui  vivoit  au  huitième  fiècle ,  &  qui 
a  réduit  en  abrégé  toute  l'ancienne  Théologie 'grec- 
que, s'efiifervi  du  mot  a-£^i;c»>jî(r(! ,  qui  cfl:  la  même 
chofe,  expliquant  ces  paroles  de  Jesus-Christ  , 
Je  fuis  dans  mon  père ,  &  mon  père  ejl  dans  moi  , 
il  emploie  le  terme  de  Perichorèfe,  qui  n'eft  pas 
à  la  vérité  dans  l'Ecriture-Sainte  \  mais  les  anciens 
Doéleurs  del'Eglife  ont  été  obligés  d'adopter  plu- 
fieurs  expreifiOns ,  pour  expliquer  les  myftères  de 
la  Religion  contre  les  hérétiques.  Le  mot  àc  dr- 
cuminceffîon  doit  être  mis  au  nombre  de  ces  expr.'l- 
fions  qui  fc  trouvent  dans  les  livres  iacréspar  équi- 
valence ,  &  il  fert  à  nous  faire  mieux  connoître  com- 
ment le  Père  &  le  Fils  ne  font  qu'une  même  iiibf- 
tance  divine,  comment  les  perfonnes  divines  font 
inféparabies,  de  manière  que  l'une  n'eft  nulle  part 
hors  de  l'autre. 
CIRCUS.  f  m.  Oifeau  de  proie  dont  patient  Bellon, 
Jonflon  Se  Lémery.  Il  l'eft  guère  moins  gros  qu'un 
milan.  Il  va  toujours  feul ,  &:  habite  ordinairement 
les  bords  de  la  mer.  Le  de/fus  de  la  tète  &  fa  gori^c 
ibnt  rougeàtrcs ,  tirant  fur  le  blanc.  Son  bec  èll 
hoir,  fon  cou  cfl:  court,  fes  jambes  font  menues 
&  jaunes.  Il  a  la  voix  aiguë,  il  vole  rapidement 
&  en  rond  ,  c'efl:  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
Circus.  Il  fe  nourrit  de  perdrix  ,  de  pigeons ,  d'al- 
loueties  i  de  lapreaux ,  de  petits  renards ,  &c.  fur 
lefquels  on  le  voit  fondre  également.  Sa  gtailfe  eft 
cmoUicnte  ,  rcfolutive  &  nervale  ,  &fes  excrémens 
font  fudorihques. 
CIRE.  f.  m.  Ouvrage  que  font  les  abeilles  poUr  y 
mettre  leur  miel.  C'ell:  la  matière  jaunâtre  qui  rcile 
de  leur  travail,  quand  on  en  à  exprimé  le  miel.  Çera. 
Elle  fe  forme  de  la  partie  la  plus  cralfe  des  fleurs 
gui  leur  fervent  de  nourriture. 

Les  abeilles  la  ramalTent  fur  les  feuilles  d'un  grand 
nombre  d'arbres  &  de  plantes ,  &fur  la  plupart  des 
fleurs  qui  ont  des  étamines.  Sur  cela  &  fur  la  manière 
dont  elles  recueillent  les  deux  fortes  de  cire  qu'on 
trouve  dans  les  ruches,  voye^  au  mot  Abeille  ce 
que  nous  en  avons  rapporté  d'après  M.,  Maraldi  &  les 
Mémoires  de  l'Académie  171 2. 

On  fait  des  flambeaux  de  c/Ve,  des  images  j  des 
figures  de  cire  ,  des  chandelles  de  cire.  La  cire  cfl: 
jaune  ,  &  on  la  blanchit  en  la  laillant  plufieurs  jours 
au  foleil  -,   ou  à  la  rofée  ,  après  l'avoir  râpée  en  me- 
.  nues  parties  -,  ou  bien  en  la  faifant  chauffer  avec 
quantité  d'efprit  de  vin  ,  &  en  la  partant  par  le  fil- 
tre ;  car  alors  elle  fe  blanchit  tout  à  coup.  La  cire 
grénée  fe  blanchit  plus  facilement  que  l'autre.  Mat- 
thiole  enfeigne  une  autre  manière   de  blanchir  la 
cire  ,  en  la  (âifant  bouillir  dans  l'eau  marine.  On 
appelle  cire-vierf^e ,  celle  qu'on  tire  des  ruches  fans 
avoir  paflc  par  le  feu.  Selon  Matthiole,  la  cire-vierge 
n'efl:  pas  proprement  <r/re,  mais  comme  un  fonde- 
ment pour  défendre  l'entrée  des  ruches ,  &  les  ga- 
rantir du  froid.  Elle  efl:  de  matière  plus  épailfe , 
étant  compofée  de  fleurs  ,  &:  d'une  odeur   forte  j 
enlbrte  qu'on  l'emploie  fouvenr  pour  le  galbànum. 
Sur  la  rivière  des  Amazone.;  on  voit  des  mouches 
à  miel  dont  la  cire  efl:  noire  ,  qui  brille  aulTî  bien 
que  l'autre.  La  meilleure  efi;  celle  qui  efl:  jaune , 
qui  lent  le  fl:orax  ,  qui  efl:  duclile  en  fa  ficcité,  & 
qui  le  peut  filer  comme  le  madic.  On  l'appell^  en 
latin  propolis ,  c'eft-à-dire ,  qui  eft  à  l'entrée  de  la 


Ville.  La  cire  devient  verte,  noire  ou  rouge,  felôA 
la  couleur  des  chofesavec  kfquelles  on  la  mêle  • 
verte,  par  le  mélange  du  verder,  noire  par  l'e  me- 
ange  du  papier  brûlé -,  rouge  par  le  mélange  de 
1  orcanette  Sa  fubftance  efl  cralfe  &  empiallique. 
Elle  xamollit  &  digère  -,  &  eft  la  matière  des  autres 
mcdicamens  cchaurt-ans ,  ouratiaichillins,  avec  lef- 
quels on  la  mêle. 

Ce  mot, au/11  bien  que  le  latin,  viertt  du  grec 
>^j,cii  :K.>,çi,,  cerat  cire,  eft  emprunte  du  Celte 
Coir.   Pezron. 

,  Onappelle  en  Chancellerie  la  cite,  ce  qui  fert 
a  fceller.  Les  Edits  fe  fcellent  eh  cire  verte  Se 
toutes  M  autres  Lettres  qui  doivent  durer  tou- 
jours, qui  commencent  par  ces  mots,  à  tous  prc- 
fens  &  à  venir  -,  comme  les  offices  héréditaires  x 
tousles  acies&commiiriohs  de  jufticeicn  cire  jaune  ^, 
les  provifiôns  pour  le  Dauphiné  en  are  rouge 
UCr  Lemotde^zrefeptendfigurément  pourlcfceau 
de  la  Chancellerie.  Ainfi  l'on  dir ,  la  rémiffiôn  eft: 
accordée  ,  il  ne  faut  plus  que  de  la  cire. 

On  dit  aurn  dans  les  procès  criminels ,  qu'il  faut 
de  l^ctre;  pour  dire ,  qu'il  faut  condamner  le  cri- 
minel a  faire  amende  honorable  avec  une  torche  au 
poing. 

CïRE  fe  dit  aufll  du  luminaire  d'une  Eglife.  La  Sacrif- 
tie  de  cette  Eglife  dépenfc  tant  en  cire.  La  cire  de 
cet  enterrement  a  coûté  telle  fomme.  Les  cires  ap- 
partiennent au  Curé. 

Ip"  On  le  dit  même  de  la  bougie  qu'on  brûle  dans 
les  mailbns.  On  rie  brûle  que  de  la  cire  dans  telle 
maifon. 

On  appelle  aufTi  le  droit  de  cire  ,  certain  droit 
de  bougies  dont  on  fait  la  diftribution  en  plufieurs 
Communautés,ou  à  des  Officiers,  jus  cerx.  f^CTCer- 
tains  Officiers  de  la  maifon  du  Roi ,  de  la  Chancel- 
lerie ,  &c,  ont  un  droit  de  cire ,  on  leur  doit  tant  de 
bougies,  tant  délivres  de  bougie. 

Cire,  en  terme  de  Fondeur,  fe'dir  de  la  figuré,  ou 
ouvrage  de  cire  ,  qui  couvre  le  noyau  ,  &:  qui  eft 
couvert  de  la  chape  dans  les  rnoules ,  pour  jeter 
les  ftatues,  ou  autres  ouvrages  en  métal. 

gcr  On  dit  figurément  d'un  homme  doux  &  traita- 
ble  ,  dont  on  fait  ce  qu'on  veut  ^  qui  reçoit  toutes 
le5  imprelîions  qu'on  lui  donne,  que  c'eft  une  cire 
molle.  C'eft  l'exprelîion  d'Horace.  Cereus  invitium. 
fiecli. 

0-  M.  Arnaud,  en  parlant  dé  l'Ecriture  ,  dit  que  c'efl 
un  nez  de  cire  ,  qu'on  tourne  comme  on  veut.  Lé 
nez  de  are,  appliqué  à l'éctiture,  me paroît  comi- 
que &  burlefque. 

Moi  i  j'ai  te  cœur  toulfàit  tomrne  de  cire  -, 
Doux  &  traitable ,  &  s' il  faut  vous  le  dire  t 
Je  fuis  Volage,  inconfiant  &  léger.  Voit. 

Cire  fe  dit  proverbialement  en  Ces  phrafes.  II  êft 
jaune  comme  cire  ;  pour  dire  ,  il  a  la  jaunille.  On. 
dit  aulfi  d'un  homme  qui  maigrit ,  qu'il  fond  comme 
la  cire  au  foleil  ,  ou  le  beurre  dans  la  Pocle.  On  die 
d'un  homme  foible  &  irréfolu,  qu'il  eft  mou  comme 
de  la  cire.  On  dit  encore ,  aux  pèlerinages  des  en- 
virons on  dépenfe  beaucoup  de  vin  ,  &  peu  de  cire  ■■, 
pour  dire,  qu'on  7  va  plus  pour  fe  divettir  que  par 
dévorion  :  ce  qui  eft  tiré  de  l'Efpagnol ,  Romeria. 
di  cerca  mucho  vino  y  poca  cera.  On  dit  aulfi  cela 
lui  vient  comme  de  cire  ;  pour  dire  ,  fort  à  propos. 
On  dit  aulfi  de  deux  perfonnes  qui  ont  les  mêmes 
liumeuis  qu'ils  font  égaux  comme  de  cire, 

Monjïeur  l'Abbé  &  Monfleurfon  Valet , 

Sont  faits  tous  deux  égaux  comme  de  cire.  Marot, 

Cire  fe  prend  au iTî  figurément  ScbafTement,  pour  la. 

chafîîc  qui  vient  aux  yeux  des  vieilles  gens.  Ses 

yeux  pleureur  delà  cire.  Ses  yeux  font  inveftisde 

cire.  Main. 
Cire  des  oitWXf^.Cerjimen.  Humeur  épaifre,onélueufe, 

vifqueufe ,  jaune  Se  amère ,  qui  fe  fépare  dii  fana; 


■ho6  C  î  R- 

dans  le  conduit  de  l'oreille  par  le  moyen'  de  petits 
^rains  glanduleux  appelés  glandes  ccrurfiineujes. 

DCr  Cire  d' Efpugnc ,  cire  à  cacheter ,  ceraji^mitoria. 
Comporuioa  faite  de  laque  ,  de  colophane  ,  de  cm-- 
nabre  &  autres  matières ,  à  laquelle  on  donne  dif- 
férentes couleurs ,  &  dont  on  ic  lert  pour  cacheter 
lc*s  lettres 

CIRÉNAIQUE  ,CIRENE  ,  CIRÉNÉEN.  Voyci  Cy- 

RÉNAIQUE,    CyRENE  ,   CyrÉNÉEN. 

|C?  CIRENZA.  Voyei  Cerenza. 

CIRER.  V.  a.  Enduire  de  cire.  Cerare  ,  incerare  ,  cera. 
circurnlinere.*Les  Cordonniers  cirenc  les  bottes, 
les  fouliers ,  pour  empêcher  qu'ils  ne  prennent  l'eau. 
On  cire  la  toile,  des  gans,  des  planches. 

Cirer  le  dit  auHi  des  étoffes  qu'on  a  taillées  ,  aux- 
quelles on  applique  de  la  cire  avec  une  bougie  , 
pour  empêcher  qu'elles  ne  s'effilent  en  attendant 
qu'on  les  coule.  On  dit  mieux  bougier. 

CIRÉ,  ÉE.  part.    Cerd  Uiitus,  ccratus.  Toile  cirée. 

Gans  cirés. 
CIRIER.  f.  m.  Marchand  Epicier  qui  s'attache  parti- 
culièrement au  commerce  de  la  cire  ,  à  taire  des 
cierges  &  des  bougies.  Operum  è  cerâ  jiclor , 
artifex.  Il  y  a  des  Offices  de  Ciriers  de  la  Chan- 
cellerie. Charles  IX  les  fupprima  par  Ion  Edit^  du 
mois  de  Février  1 561,  mais  apparemment  il  n'eut 
pas  d'effet  -,  car  Louis  XIII  les  lupprime^  encore 
par  un  Arrêt  du  Confeil  d'Etat  du  douzième  Dé- 
cembre i6x,i.  Cependant  ils  fubliftèrent  encore  -,  5c 
à  leur  requête  auffi  bien  qu'à  celles  de  tous  ces  petits 
Officiers  de  la  Chancellerie ,  Louis  le  grand ,  de 
glorieufe  mémoire  ,  fit  une  déclaration  portant  con- 
firmation des  privilèges  de  rous  ces  petits  Officiers , 
parmi  lefquels  les  Ctriers  font  nommés.  Il  en  efl:  en- 
core fait  mentijon  dans  des  Adtes  de   KîS^  &  de 

^  CIRIER ,  f.  m.  ou  arbre  de  cire.  C'efl  le  nom 
qu'on  a  donné  a  deux  atbrifîéaux  aquatiques  de  la 
Caroline  &  de  la  Louiliane  ,  parce  qu'on  retire  de 
leurs  baies  une  efpèce  de  cire.  Ces  arbrilléaux  ont  le 
port  de  nos  Mytthes,  &  leurs  feuilles  en  ont  à 
peu  près  l'odeur.  Les  fruits  font  des  baies  dont  le 
noyau  efl:  couvert  d'une  efpèce  de  léfine  qui  a  quel- 
que rapport  avec  la  cire.  On  tait  bouillir  ces  baies 
dans  l'eau,  &  l'on  en  fépare  cette  cire  dont  on 
fait  des  bougies, 

CIRIMANAGÈ  ou  CIRMANAGE,  f.  m.  terme  de 
Coutumes.  Ce  fl:  un  cens  qui  eft  du  aux  Seigneurs 
en  quelques  endroits  par  chaque  habitation.  M.  de 
Lautiere  fur  Ragueau  prétend  qu'il  faut  écrire  Siri- 
menage ,  commè^  a  fait  M.  de  Marca  dans  Ton  Hijioire 
de  Bécirn.  ..       ,, 

CIROENE,  quelques-uns  écrivent  CIROINE,  f.  rn. 
terme  de  Chirurgie.  C'eft  une  compoiition  plus 
folide  &  plus  dure  que  les  onguens ,  &  plus  molle 
que  les  emplâtres,  quoiqu'on  les  prenne  fouvent  l'un 
pour  l'autre.  Les  linimens  OC  les  onguens  ne  diffè- 
rent point  des  ciroenes  ,  quand  ils  reçoivent  la  cire 
en  leur  compofition.  Les  ciroenes  font  les  vicaires 
de  la  ftidion ,  quand  on  veut  provoquer  la  fali- 
vation.  Ils  font  compofés  de  drogues  réfolutives  , 
comme  fafran,  myrrhe  &  aloès  ,  incorporés  avec 
de  la  cire  ,  &  des  gommes  telles  que  galbanum  , 
fagapenum  ,  ammoniac  ,  le  tout  détrempé  avec  du 
vin ,  &  c'efl:  pour  cela  que  Nicod croit  que  ciroene , 
ou  ciroine,  ainlî  que  quelques-uns  écrivent,  vient 
du  mot  Grec  y-ipoç,  qui  fignifie  cire.  Se  de  oIkjs  ,  qui 
fienifîe  vin.  On  pourroit  auffi  le  faire  venir  de 
xr,p«nvftt ,  qui  lignifie  je  mêle ,  &  de  o7vo5 ,  à  caufe 
que  les  drogues ,  qui  entrent  dans  cette  forte  d'em- 
plâtre ,  fe  détrempcnr  avec  du  vin. 

CIROGRAPHE.  f  m.  Cirographum.  Ce  mot  Cirogra- 
phiim  étoit  deftiné  autrefois  aux  tranfadlions.  On 
l'écrivoiten  grofîes  lettres  au  milieu  d'une  feuille 
de  vélin  ,  &  i'on  faifoit  de  part  5c  d'autre  u.ie  co- 
pie de  la  tranfadion,  enfuite  de  quoi  on  coupoic 
le  Cirographum  par  le  milieu  ,  6c  chacune  des  deux 
parties  gardoit  par  devers  foi  une  moitié  de  cette 
feuille  ainlî  coupée  ,  afin  de  vérifier  la  tranfaâ:ion , 


C  I  R 

quand  il  en  feroit  befoin ,  en  repréfentan't  &  re- 
joignant ce  Cirographe  coupé  en  deux.  Au  lieu  de 
ce  "mot  on  en  mettoit  quelquefois  un  autre ,  ou 
même  une  phralè  toute  entière  -,  &  il  y  en  a  des 
exemples  a.  Marmoutier.  Les  Anglois  coupoient  ot- 
dinaircment  leurs  Cirograpkes  en  fcie  ;  au  lieu  qu'en 
France,  6c  en  Bretagne,  on  les  coapoit  en  ligne 
dtoite.  LoBiNEAU,  Hiji.  de  Brct.  T.  il, p.y^j. 

Ce  mot  vient  de  ><.y,fci  ,  cire ,  6c  yf«i^ii ,  j'écris ,  SiC 
il  lignifie  écriture  en  cire,  parce  qu'ancienn.mcnc 
on  éctivoit  fur  des  tablettes  enduites  de  cire. 

Ip-  CIRON.  f.  m.  Très-petit  inieéle,  ordinairement 
imperceptible  ,  qui  s'engendre  ou  s'inlinue  entre 
cuir  S;C  chair  ,  entre  la  peau  6c  l'épiderme  de 
l'homme  ,  caufe  des  démangeaifons ,  &C  tait  venir 
des  ampoules.  Il  y  en  a  de  différentes  cfpèccs  qui 
s'attachent  à  diffétens  animaux.  Muiutijjimus  ver- 
micidus  hominuni  cuti  innajcens  prur Un  nique  inge- 
nerans  y  acarus.  Swammerdam  dit  que  \t  ciron. 
fort  tout  parfait  de  fon  œuf,  ii.  qu'il  croit  enfuite 
peu-à-peu.  Le  microlcope  nous  a  tait  découvrir 
plufieurs  parties  dans  le  ciron.  M.  Galîendi  en  ob- 
fervantun  ciron-)  l'a  vu  émutir.  Il  eft  blanchâtre, 
aux  pics  près  ,  qui  paroillent  noirâtres.  Il  en  a  fix, 
donr  quatre ,  c'eft-à-dire  ,  deux  de  chaque  côté  font 
tout  proche  de  la  rête ,  6c  lui  fervent  à  faire  comme 
les  taupes  dans  la  terre ,  de  grands  lillons  fous  la 
peau  ,  ce  qui  caufe  une  démangeaifon  très-incom- 
mode. Rohault,  Phyf.P.ll^c.  zi  ,  prétend  que  le 
dos  du  ciron  eft  couvert  d'écaillcs.  Les  Auteurs  du 
Journal  deLeiplik  n'ofent  l'afiTirer,  6c  difent  qu'il 
faut  que  Rohault  eiit  un  meilleur  microlcope 
qu'eux.  Ils  difent  qu'il  naît  ordinairement,  non- 
feulement  aux  mains',  mais  encore  aux  pieds.  Panr.i 
les  figures  qu'ils  en  ont  fait  graver,  il  y  en  a  une 
qui  "a  huit  pies  au  lieu  de  fix.  Il  y  a  dans  les 
Journaux  de  Leipfik,  1^8 z,  p.  3 17,  une  obfervarion 
fur  les  cirons.  Mouflet  en  parle  fort  au  long  , 
Theatr.  Infeci.  L.  II ,  c  14. 

Quelques-uns  font  venir  le  mot  de  ciron  au  mat 
grec  z^'P  ■>  qni  fignifie  main ,  à  caufe  que  ce  petit 
animal  s'attacheplus  aux  mains  qu'aux  autres  par- 
ties du  corps. 

On  dit  d'une  chofe  extrêmement  petite ,  qu'e//r 
n'eji  pas  plus  groff'e  qu'un  ciron. 

CiROM  fignifie  auili  la  petite  artipoule  qui  vient 
à  l'occafion  du  ciron ,  à  force  de  gratter  la  peau. 
Tumor  exiguus.  On  perce  les  cirons  avec  une 
épin2;le. 

CIRQUE,  f.  m.  Grand  bâtiment  de  figure  ronde ,  ou 
ovale,  qu'on  faifoit  chez  les  anciens  poiir  donner 
des  fpedlacles  au  peuple.  Circiis.  C'étoit  à  Rome 
une  grande  place,  longue  6c  cintrée  par  un  bout, 
entourée  de  portiques,  bc  de  plufieurs  rangs  de 
lièges  par  degrés.  Il  y  avoir  au  milieu  une  efpèce 
de'banquette"^  avec  des  obélifques ,  des  ftatues ,  6C 
des  bornes  à  chaque  bout.  On  célébroit  dans  le 
cirque  diffcrens  jeux.  Il  y  avoir  julqu'à  dix  Cirques 
à  Rome ,  fans  compter  quelques-uns  qui  ctoient 
moins  confidérables.  Le  plus  grand  fut  tait  par  le 
vieux  Tarquin.  Ils'étendoit  entre  le  montAventin 
&  le  Palatin.  Pline  dit  qu'il  fut  tellement  acrû  par 
Jules  Céfat ,  qu'il  avoit  trois  ftadcs  de  long  6c  une 
de  larsie.  Les  plus  magnifiques  étoient  le  grand  Cir- 
que d'Augufte ,  ?>i  celui  de  Néron  à  Rome.  Voye^ 
la  Roma  vêtus  du  P.  Alex.  Donat  Jéfuite  ,  édit. 
d'Amfterd.  1695.  Il  y  a  encore  des  vertiges  des 
Cirques,  tant  à  Rome  qu'à  Nîmes ,  ic  autres  lieux. 
Les  Romains  étoient  fort  palîlonnés  pour  les  jeux 
du  Cirque  ,  témoin  ce  vêts  de  Juvénal  : 

Atqiie  diias  tantùni  res  anxiiis  optât , 

Panem  &  Circenfest, 

Quelques  -  uns  veulent  que  ce  nom  vienne  de 
Circé,  à  qui  Tertull)en  en  attribue  l'invention.  Caf- 
fiodore  dit  que  circus  vient  à  circuitu.  Les  Ro- 
mains au  commencement  n'eurent  point  d'auae 
Cirque  pour  leurs  courfes ,  que  le  bord  du  Tibre 


C  IR 

d\in  côté  ,  &  une  paliflade  d'épées  droites  de  Vm- 
tre  ,  ce  qui  rendoit  cescourfes  dangereufes,  comme 
remarque  Scrvius  :  d'où  vient  qu'Iiidore  dit ,  que 
c'ctoit  à  caule  de  cette  paliffide  d'cpces  que  ces 
jeux  avoicnt  été  nommés  Circenfes ,  qjiajî  circum 
'enfes.  Voyez  Circense  Scaliger  fe  moque  de  cette 
interprétation. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Circus, 

Les  Jeux  du  Cirque  ,  Circenfes  Ludi ,  que  quel- 
ques Auteurs  appellent  Jeux  Circenfes  étoient  des 
combats  que  les  Romains  cclébroient  dans  le  Cir- 
que ,  d'où  ils  avoient  pris  leur  nom  ,  &  non  pas  de 
Circé,  comme  l'a  cru  le  Tradudeur  d'une  oraifon 
de  Ciccron  contre  Verres  ,  qui  ttaduit  Circenfes 
Ludi ,  Jeux  de  Circé.  Ils  fe  faifoient  à  l'honneur  de 
Conius,Dieu  des  Confeils.  On  les  appeloit  audl 
Jeux  Romains ,  en  Latin  ,  Ludi  Romani ,  parce 
qu'ils  étoient  aufli  anciens  que  Rome,  ou  qu'ils 
avoicnt  été  inftitués  ,  ou  plutôt  rétablis  par  Ro- 
mulus-,  &  Grands  Jeux ,  en  Latin,  Ludi  Magni , 
parce  qu'ils  lé  célébroient  avec  plus  de  dépenlé  & 
de  magnificence  qu'aucuns  autres ,  &  parce  qu'ils 
fe  f'aiibient  à  l'honneur  du  Grand  Dieu  Neptune, 
qui  étoit  leur  Dieu  Confus.  Ceux  qui  difent 
qu'ils  furent  inftitués  à  l'honneur  du  foleil ,  con- 
fondent la  pompe  du  Cirque  avec  les  jeux  ou  ces 
coutfes  du  Cirqi/e.Lss  jeux  du  Cirque  furent  inftitués 
par  Evandre  à  l'honneur  de  Neptune  ,  &  rétablis  par 
Romulus-,  parce  que  ce  fut  par  le  confeil  de  ce 
Dieu  qu'il  fît  faire  l'enlèvement  des  Sabines.  La 
pompe  du  Cirque  n'étoit  qu'une  partie  &  le  pré- 
lude des  jeux  du  Cirque ,  S<  par  où  on  les  com- 
mençoit.  C'étoit  une  iimple  Cavalcade  à  l'honneur 
du  loleil ,  au  lieu  que  dans  les  jeux  du  Cirque,  c'é- 
toicnt  lies  courfes  de  chevaux.  Jufqu'.î  Tarquin  le 
vieux ,  on  les  fit  dans  l'île  du  Tibre ,  &  ils  ne  s'ap- 
peloient  que  les  Jeux  Romains  ;  depuis  que  ce 
Prince  eut  bâti  ie  Cirque,  ils  en  prirent  le  nom  , 
parce  qu'ils  s'y  firent  toujours.  Il  y  avoir  fept  fortes 
d'ex-rcices.  Le  premier  étoit  la  lutte  ,  des  combats 
avec  l'cpcc ,  des  bâtons ,  des  piques  :  le  fécond 
étoit  la  couriè  :  le  troifième  la  danfe  :  le  quatrième 
le  palet ,  ou  le  difque ,  les  flèches  ,  les  dards  , 
&c  toute  autre  forte  d'armes  femblables.  Tous 
ceux-ci  fe  faifoient  à  pié  ;  le  cinquième  étoit  la 
courfe  à  cheval  :  le  fîxième  la  courfe  des  chars ,  foit 
à  deux ,  foit  à  quatre  chevaux  •,  drxus  cet  exercice 
on  divifoit  les  combattans  d'abord  en  deux  qua- 
drilles,  Se  puis  en  quatre,  Si.  elles  portoient  les 
noms  des  couleurs  dont  elles  étoient  vêtues.  Il  n'y 
avoit  d'abord  que  la  blanche  &  la  rouge  ;  on  y 
ajouta  enfuite  la  verte  &  la  bleue.  Ce  fut  un  cer- 
tain Oencmalis  qui  inventa  la  diftinclion  des  cou- 
leurs pour  les  divers  quadrilles  des  combattans 
aux  Jeux  du  Cirque  ;  le  vert  pour  ceux  qui  rcpré- 
fentoient  la  terre-,  &  le  bleu  pour  ceux  qui  repré- 
fentoient  la  mer.  Domitien  ajouta  encore  deux 
nouvelles  couleurs  à  ces  quatre  ,  le  jaune  &  le  vio- 
let;mais  elles  n'ont  pas  duré.  Dion,Z/v.  LXFU,  dit 
le  jaune  &  le  blanc  •,  mais  le  blanc  étoit  plus  ancien  , 
&  étoit  encore  une  des  couleurs  du  Cirque  au  cin- 
quième f-ècle  ,  comme  on  le  peut  voir  dans  Caffio- 
dore.  Liv.  111  ,ép.  j  i . 

guel  fupplice  affreux  fe  prépare  ? 
e  regards   le  Cirque  entouré , 
Repaie  d'un  fpeciacle  barbare 
Un  peuple  de  fang  altéré. 

Not»v.  CHOIX  DE  Vers. 

Voyez  Varron  dans  AuIugeUe  ,  Liv.  III,  c.  lo. 
Denis  d'Halicarnafie  ,  Liv.  f'ÏI.  Solin  ,  c.  4«:.  &  les 
notes  de  Sar.ir.aife  fur  cet  endroit.  Cafaubon  avoit 
fait  un  Livre  fur  les  Jeux  du  Cirque ,  qu'il  cite  af- 
fez  fouvent  dans  fes  notes  fur  Suétone  ,  &  fur 
Athénée  ,  mais  il  n'a  point  v"'  le  jour.  Godwin 
Antol.  Rom.L.  F,  c.  4.  5.  &  Dempfter  dans  fcs 
Paralipomena  ,  parlent  aufll  des  jeux  du  Cirque. 
Les  Chrétiens,  5^  entre  antres  La6t.  Liv.  VI,  c. 
io.  de  fes  înfdtutions  ,  5c  Tertullien   des  Spccî.i- 


C  1  11  ^07 

cîes,c.  t^  ,  montrent  la  vanité,  la  folle  des  Jeux: 
du  Cirque.  Voyez  Onuphrius  de  Circo ,  &  Y'vj^z- 
nerc,  fur  Tite  Live,  De  la  Pife  dans  fon  jfifi, 
d'Orange  ,p,  ij    &  fuiv. 

CIRSAKAS  ,  f.  m.  Etoffes  des  Indes  prefque  toutes 
de  coton,  avec  un  mélange  de  très-peu  de  foie. 

CIRSION.  f.  m.  Planre  qui  a  beaucoup  de  rapporc 
au  chardon.  Elb  pouffe  une  tige  à  la  hauteur  de 
trois  ou  quatre  pies  ,  greffe  comme  le  pouce  , 
cannelée ,  couverre  de  coton.  Ses  feuilles  font  gran- 
des, larges,  pointues,  dentelées  en  leurs  bords, 
d'un  verd-blanchâtre  ,  charnues ,  armées  de  petites 
épines  foiblcs  &  peu  piquantes.  Ses  fommets  font 
chargés  de  têtes  écailleufes  fans  épines ,  qui  foû- 
tiennent  chacun  un  bouquet  de  fleurons  purpurins  , 
découpés  en  lanières.  Il  leur  lliccède  des  icmences 
obl'ongues ,  garnies  d'aigrettes.  Sa  racine  eft  difpo- 
fée  en  petits  navets ,  comme  en  l'alphtodèle.  Cette 
plante  croît  aux  lieux  humides  &  montagneux, 
dans  les  prés  &  fur  les  rivages.  Elle  eft  propre 
pour  appaifer  les  douleurs  des  varices  ;  ce  qui  lui 
a  fait  donner  le  nom  de  cirjium  ,  de  xi>t«;  qui  li- 
gnifie varice.  Charles  &;  Jean-Baptifte  Baahin  , 
Charles  Clufius ,  Nicolas  Lémeri ,  &  Joléph  Pittoa 
de  Tournefort  parlent  de  cette  plante-  Le  dernier 
diftingue  le  cirfion  du  chardon  &  du  jacéa,  en 
ce  que  les  têtes  du  chardon  font  épineufes,  &  celles 
du  cirjion  ne  le  font  point,  &  que  celui-ci  a  les 
feuilles  piquantes  ,  &  que  le  jacéa  n'a  ni  les  feuilles 
ni  la  tête  épineuiés. 

CIRSOCÈLE  ,  f.  m.  terme  de  Chiturgie.  C'eft  une 
dilaration  des  veines  fpermatiques ,  caufée  par  un 
fang  grodier  &  épais.  Tumor  Scroti.  On  l'appelle 
auili  Hernie  variqueufe.  Cirfoccle  vient  du  Grec 
Xdi"^'; ,  varice ,  &  de  y^A- ,  hernie.  Cette  maladie 
conlifte  dans  un  grand  nombre  de  varices  qui  aug- 
mentent confidérablement  la  groffeur  des  tefticu- 
les.  On  n'y  remédie  quelquefois  que  par  la  czC' 
ttation. 

CIRTE.  Ville  de  l'ancienne  Afrique,  Cirta.  Elle 
eft  célèbre  dans  l'Hiftoire. 

Ce  nom  eft  punique,  n-^p  Kereth ,  &c  lignifie  villes, 
comme  en  hébreu. 

CIRURE.  f.  f.  Compofition  de  cire  &  de  fuif» 
qu'on  fait  pour  enduire  des  fouliers  &  des  bortes, 
&:  pour  empêcher  qu'ils  ne  tirent  l'eau.  Ceratura  , 
cer^e  obduclio.  Ce  Cordonnier  a  une  cirure  lui- 
fante.  Pour  faire  une  bonne  cirure  ,  il  y  faut 
mettte  un  peu  de  falpêtre.  On  dit  auifi  cirage., 
Mais  a>«r^  paroît  lignifier  la  matière  de  l'enduit, 
&  cirage  l'aétion  de  l'appliquer. 

C  I  S. 

CIS   ou    CIST.  Pronom   démonftratif  qui    eft  au-»' 
jourd'hui  hors  d'ufage.  Il  veutàïic  ce  ,Ces,ceux y 
catui-ci ,  cettui'là.  Hic  ,  ille ,  is. 
CISA  ou    ZIZA  ,  f.  f.  Cija ,    Zi^a.  Déeffe  des  an- 
ciens   Germains.   C'eft   tout   ce  que  l'on   eu  fait, 

^  Fove^Voff.  de  Idol.  L.  IX,  c.  40. 

CISAILLER.  V.  a.  Coupeiavec  les  cifailles.  Orant 
ntimmi  forfice  incidere.  Quand  on  porte  à  la  mon- 
noie  une  pièce  légète  ou  altérée  ,  on  la  cifaille  à 
l'inftant  pour  l'ôter  du  commerce. 

Cisaillé,  Cisaillée,  part. 

Cisailles,  f.  f.  pi.  fe  dit  auffi  des  gros  cifeaux  qui 
fervent  aux  Ouvriers  en  métal  pour  couper  des 
plaques  déliées  de  fer  blanc  ,  de  lairon  ,  d'argent, 
&c.  Forceps.  Quelques  Ouvriers  les  appellenc 
cifoires. 

iy:F  CisAiLiEs  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  rcfte  d'une 
lame  de  métal,  quand  on  a  enlevé  les  flans  pouf 
faire  la  monnoie  :  ce  font  les  rognures  qui  reftcnt 
de  la  monnoie  qu'on  a  fabriquée.  Num  maria  con- 
flaturœ  prœfcmira.  On  refond  ces  cifailles  en  lam.e 
pour  continuer  le  travail,  &  employer  toute  la  ma- 
tière. 

Dans  cette  acceptation  on  dit  aulTi  cifaiUt  au  fin" 
gulier.  Voilà  bien  de  la  cifaille. 


(Jo8 


CI  S 


CISALPIN ,  îNE.  adj.  Qui  eft  en  deçà  des  Alpes. 
Cij'alpinus.  Les  Romains  diviroient  la  Gaule  en 
Cifalpine  &  Tranialpinc. 

La  Gaule  Tranfalpine  ou  au-delà  des  Alpes  par 
rapport  à  Rome  ctoit  la  Gaule  propicmcnt  dite 
l'ancienne  Gaule,  &  la  Gaule  Cifalpine  ,  ou  en-de- 
çà des  Alpes ,  comptcnoit  ce  que  nous  nommons 
le  Piémont,  la  Ligurie  ,  le  Milanez  ou  laLombar- 
die.  Les  RomainsYoudivilbient  la  Gaule  Cifalpine 
en  Cilpadane  &:  Tianlpadane  ,  d'en-deçà  &  d'au- 
delà  du   Pô. 

Ce  qui  croit  Cifilpin  à  l'égard  de  Rome,  eft 
Tranlalpin  à  notre  égard.  Il  faut  obierver  que  le 
mot  à' Alpes  s'eft  dit  de  toutes  Ibrtcs  de  hautes 
montagnes.  Aufone  a  dit ,  les  Alpes  des  Pyrénées  , 
les  Alpes  de  l'Apennin. 

CISEAU,  f.  m.  On  difoit  autrefois  cifel.  Ihftru- 
ment  de  fer  tranchant  par  le  bout ,  dont  on  fe 
fert  à  taillei ,  &  couper  le  bois ,  la  pierre ,  &  même 
quelques  métaux.  Scalprum  ,  Scalptorium  ,  cœlum. 
Un  cifeau  de  Maçon  ,  de  Menuifiet ,  de  Sculpteur , 
d'Ortévre  ,  de  Serrurier ,  &c.  Tous  les  cifeaux  ne 
font  preique  ditfcrens  que  par  leur  force  ,  ou  leur 
grandeur  ;  on  leur  donne  des  noms  differens  fé- 
lon les  chofes  auxquelles  on  les  emploie ,  comme 
cifeaux  de  lumière  ,  tels  que  le  Ibnt  ceux  des  rabots. 
Cifeaux  à  deux  hifeaux ,  à  nei  rond ,  bec  d'âne , 
fermoir.  Cifeaux  en  marteline  ,  qui  ont  pluficurs 
points.  Des  cifeaux  pour  le  bois ,  pour  la  pierre  , 
pour  couper  le  fer  à  froid  &  à  chaud ,  pour  faire 
des  limes.  Il  y  en  a  pour  les  Charpentiers  qu'ils 
nomment  cifeaux  à  planches  ,  &:  d'autres  pout 
ébaucher  les  mortoifes ,  qui  s'appellent  étauchoirs , 
ceux-là  ont  un  manche  de  bois  avec  des  viroles 
par  les  deux  bouts.  On  dilbit  autrefois  <://>/,&  en 
la  balfe  Latinité  fcifelum  ,  d'où  le  mot  eit  dérivé. 
Cifeau  à  froid,  c'efl  pour  couper  le  fer  à  froid. 

Cist AU.  Scapellum.  petit  inftrumcnt  dont  on  fe 
fert  pour  fendre  le  tuf  qui  couvre  les  dents ,  &c 
pour  l'enlever.  Col  de  Villars. 

Ciseau.  On  appelle  ,  ouvrage  du  cifeau  ,  les  ouvra- 
ges de  Sculpture,  Acad.  Fr.  |CF'  Et  l'on  dit  d'un 
bon  Sculpteur  qu'il  a  le  cifeau  délicat ,  fçavant , 
admirable. 

Ciseaux  ,  au  plurier  ,  lignifie  un  inftrument  coftipofé 
de  deux  parties  tranchantes ,  attachées  cnfemblc 
avec  un  clou  rivé  ,  ëc  qui  ont  leurs  taillahs  en  de- 
dans pour  couper  en  les  joignant  l'une  contie  l'autre. 
Forficulx.  §3"  Les  cifeaux  forment  un  double  le- 
vier de  la  première  elpcce.La  puilfance  cftreprcien- 
tée  par  les  doigts  qui  mènent  les  deux  branches  ;  le 
poids  ,  par  la  choie  que  l'on  peut  couper  :  &:  le 
point  d'appui ,  par  le  clou  qui  tient  ces  deux  le- 
vieis  en  railbn  :  au(ll  les  cifeaux  deftinés  à  faire  de 
grands  efforts ,  tels  que  font  ceux  des  chaudron- 
niers ,  des  ferblantiers  ,  ont  -  ils  les  branches 
fort  longues ,  &:  les  parties  tranchantes  afléz  cour- 
tes :  par  ce  moyen  la  puilfance  l'emporte  facile- 
ment llir  une  réfiftancc  confîdérable.  |^ 
On  doit  dire  la  même  chofe  des  Tenailles ,  des 
Pincettes ,  ùc.  qui  font  autant  de  leviers  de  la  pre- 
mière efpèce  qui  tournent  autour  d'un  point  fixe 
commun. 

Les  Tailleurs ,  Lingeres  &:  autres ,  s'en  fervent 
pour  couper  toutes  ibrtes  d'étoffes.  On  eflime 
fort  les  cifeaux  de  Moulins.  Un  érui  à  cifeaux. 
Couper  fes  ongles  ,  fes  cheveux  avec  des  cifeaux. 
Les  Jardiniers  fe  fervent  auHî  de  grands  cifeaux 
pour  tailler  le  buis ,  les  paliflades.  Les  Chaudron- 
niers ont  des  cifeaux  à  long  manche  pour  couper 
des  lames  de  cuivre ,  de  fer-blanc  ,  ùc. 

Ciseaux  de  balle.  Ce  font  des  cifeaux  de  médio- 
cre qualité  ,  ainfi  appelés  ,  parce  que  ce  font 
ceux-là  que  les  Porte  -  balles  ont  coutume  de 
vendre. 

En  termes  de  Tailleur ,  on  appelle  un  habit  aux 
cifeaux,  ou  comme  ils  le  piononcent,  au  cijeau, 
celui  qui  eft  tout  uni ,  fans  être  enrichi  de  ga  ) 


GÎS 

Ions,  broderies,  boutonnières,  franges  &  autres 
agrémens  d'or    &  d'argent. 

On  dit  quelquefois  cifeau  au  fmgulier.  On 
n'a  point  encore  mis  le  cifeau  dans  cette  étoffe. 
Le  Chirurgien  lui  a  donné  trois  coups  de  cifeau. 
Ciseaux  de  la  Parque ,  cifeaux  d'Atropos ,  ou  ci- 
feaux de  la  Parque  ,  fe  dit  dans  le  ftyle  figuré 
&:  poétique.  La  parque  file  la  trame  de  notte  vie , 
&:  de  fes  cifeaux  impitoyables  elle  en  tranche  le 
fil.  Il  ne  dépend  pas  de  nous  d'arrêter  les  cijeaux 
d'Atropos..    f^oye^   Parque. 

0Cr  CISELER,  v.  a.  Travailler  avec  le  cifelet  ;  former 
avec  un  inftrument  différentes  figures  ,  différens 
ornemens  fur  les  métaux.  Cœlare  aurum,  argen- 
tum  ,  Cœlare  in  aura  ,  argento  aliquid.  Cifeler  de 
la  vaifjelte  d'argent. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  cifel  ,  qu'on  a  dit 
autrefois  au  lieu  de  cifeau ,  lequel  a  été  fait  de 
ccido.  Il  cite  auffi  Saumaifé  ,  qui  le  détive  du 
ha.ùnjîcillare ,  qui  lignifie  couper.  D'autres  déri- 
vent ce  mot  de  cifium  ,  dont  il  eft  fait  mention 
dans  Vitruve. 

CISELÉ  ,  ÉE  ,  part.  Taillé  avec  le  cifeau.  Cizlatus» 
Argent  cifejé.    Vaillélle  cifclée. 

On  appelle  aulTi  vf/o//r5  c/p/e  ,  du  velours  figuré 
qui  imite  le  travail  du  cifeau.  Velours  à  fleurs , 
a  ramages. 

CISELET  ,  f.  m,  terme  d'Orfèvre ,  de  Cifeleur ,  de 
Graveur  ,  de  Metteur-en-œuvre ,  Se  autres.  C'efl 
un  petit  cifeau  de  fer  ,  délié ,  &  environ  grand 
comme  le  doigt ,  dont  ils  fe  fervent  pour  cife- 
ler.   Scapellum, 

0Çr  CISELEUR,  f.  m.  Ouvrier  dont  le  métier  eft 

*de  cifeler,   &  de  former  fur  l'or,  l'argent  &  les 

autres   métaux  ,    les  ornemens,  les   figures  qu'on 

veut   en   bas    relief.    Cc^laior.    C'cft   un  excellent 

Cifeleur. 

Ciseleur  eft  aulîî  un  des  titres  que  prennent  ceux 
qui  cifelent  le    velours,   Incifor. 

CISELURE,  f.  f.  Sculptuie  ,  gravure ,  travail  qui 
fe  fait  avec  le  cifeau ,  l'arr  d'embellir  les  ouvrages 
de  différens  métaux  ,  par  quelque  deifin  ou 
fculpture  en  bas  relief  Ccelatura.  La  façon  d'un 
baffm  d'argent  augmente  beaucoup,  quand  il  y  a 
de  la  cifelure.  Cifelure ,  dans  la  Serrurerie ,  le  dit  de 
tout  ouvrage  de  tôle  amboutie  au  cifeau.  Dans 
l'Architeélure  on  appelle  plus  particulièrement 
ainli  un  petit  bord  qu'on  fait  à  la  pierre  avec  le 
cifeau ,  ce  bord  fert  à  diltinguer  les  compartimens 
de  Ruftique. 

CISIQUE.    Koy^î  CYSIQUE. 

CIS J  UR ANE.  adj.  £  Terme  dont  fe  fervent  les  Géo- 
graphes pour  exprimer  cette  partie  de  la  Bourgogne 
qui  eft  en-deçà  du  Mont-Jou  ,  ou  Mont-Jura  : 
comme  ils  lé  fervent  de  celui  de  Transjurane  , 
pour  exprimer  l'autre  partie  de  cette  même  Province 
qui  eft  au-delà  du  Mont-Jou.  La  Bourgogne  C/jy«- 
rane  s'appeloit  autrement  le  Royaume  d'Arles. 
Elle  comprenoit  le  pays  d'entre  la  Saône ,  les  Alpes 
&  la  mer. 

|Cr  CISMAR.  Petite  Ville  d'Allemagne  dans  la  BafTe- 
Saxe ,  au  Duché  d'Holftein  ,  avec  une  Seigneurie 
de  même  nom. 

§CF"  CISMONE.  Rivière  d'Italie  ,  qui  a  fa  fource  dans 
le  Trentin  ,  &  le  joint  à  la  Brentc  auprès  de  la  Ville 
de  Cifmone  ,  dans  la  Marche  Trévifane". 

CISMONTAIN  ,  AINE  ,  adj.  Qui  eft  en-déçà  des 
Monts.  Cifmontanus ,  a  ,  ////2.  Par  rapport  à  nous, 
les  Cifmontains  font  ceux  qui  font  en-deçà  des  Alpes, 
èc  par  rapport  à  l'Italie,  Cifmcutain  fe  dit  de  ce 
qui  eft  en  Italie.  Ainii  les  Ultramontains  par  rap- 
port à  nous,  font  Cifmontains  par  rapport  à  Rome 
&  au  refte  de  l'Italie.  Et  les  Cifmontains  par  rap- 
port à  nous,   font  Ultramontains  pour  l'Italie; 

On  donna  ce  nom  en  particulier  à  une  partie  de 
l'Ordre  de  S.François  fous  Eugène  IV.Ce  pape,pour 
finir  les  divifions  qu'il  y  avoir  dans  cet  Ordre  entre 
ceux  delà  réforme  &:  ceux  qui  n'en  vouloient  point, 
divila  lesObfervans  en  deux  fimillesiFune  en  deçà  les 


cîâ 


monts.  Se  l'autre  de  delà  les  monts.  S.  Jean  de  Ca- 
piftran  fut  fait  Vicaire  général  fut  les  Cifmontains  , 
&  Jean  Maubert  fur  les  Ultramontains.  P.  HÉ- 
lYOT  ,  T.  KII ,  C.  9.  Toutes  les  perfécutions  que 
les  Conventuels  avoient  fufcitées  aux  Obfervans  , 
n'empêchèrenr  pas  qu'ils  ne  fîHent  un  progrès  co^fl- 
dérable  :  car  la  famille  Cijmontdine  étoit  déjà  diri- 
fée  l'an  \')06  en  vingt-cinq  Provinces  ,'  fans  comp- 
ter la  Cuftodie  de  Tetrc-Sainte ,  qui  comprcnoit 
plus  de  fept  cens  Couvens  ,  &  la  famille  Ultramon- 
taine  avoir  vingt  Provinces ,  &  trois  Cuftodies , 
qui  étoient  compofées  de  plus  de  fix  cens  Cou- 
vens. Idem. 

Ce  mot   eft  tiré    du  Latin  ,   &  compofé  de  la 
pérpofition   cis  ,     en-deçà  ,   &  mons  ,   montagne. 

CISNE.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  ,  cye^ne  , 
cycnus. 

CISNEAtJX.  f.  rn.  plur.  Vieux  mot.  Jeunes  cygnes. 

CISON  ou  CISSON.  Torrent  de  la  Terre-Samte. 
Cifon  ,  Cijfon,  Le  Torrent  de  Ciffbn  fortoit  du  mont 
Thabor ,  &  coulant  par  deux  lits  différens ,  l'un  à 
l'Orient,  &  l'autre  à  l'Occident,  il  alloit  fe  jeter 
d'un  côté  dans  la  mer  de  Galilée  ,  ou  de  Tibériade  , 
&  de  l'aurre  dans  la  Méditerranée.  Il  féparoit  les 
tribus  de  Zabulon  &  d'Iilàchar.  Le  bras  qui  cou- 
loir à  l'Orient  s'appeloit  le  Cifon  droit ,  &  l'autre 
qui  tournoit  vers  l'Occident  ,  le  Cifon  gauche. 
Aujourd'hui  on  l'appelle  Madefver. 

0CrCISOIRSf.  m.  ouCISOIRÉS  f.  f.  Gros  cifeaux 
dont  fe  fervenr  les  Orfèvres  &:  autres  ouvriers  pour 
couper  les  métaux.  C'eftlamême  chofeque  cifailles. 
forceps ,  forcipes. 

CISSITE.  f  f.  Pierre  blanche  qui  repréfente  les  feuil- 
les du  lierre.  Ci(jites. 

CISSOIDAL.  adj.  Ce  qui  appartient  ou  dérive  de  la 
ligne  ciflbïde.  On  appelle  efpace  ciffoidal  ce  qui 
eft  renfermé  dans  la  courbure  d'une  ligne  cilîbïde. 
On  demande  fi  cet  efpace  eft  infini  ou  fini. 

CISSOIDE.  f.  f.  Tenne  de  Géométrie.  Ligne  courbe, 
Linea  curva ,  ciffoïs.  Là  ciffoïdi  eft  une  invention 
de  E)ioclès.  Harris. 

En  voici  la  générarior.-.  De  l'exttémité  du  diamè- 
tre d'un    demi-cercle  donné  ,    on  tire  à  tous  les 
points  de  ce  demi-Cetcle  des  cordes  depuis  la  plus 
grande,  jufqu'à  la  plus  petite  qui  foit  poiîlble.  De 
l'autre  extrémité  de  ce  même  diamètre  ,  on  rire  une 
tangente  indéfinie,    &  on  prolonge  toutes  les  cor- 
des au  dehors  du  cercle  jufqu'à  cette  tangente.  La 
corde    la   moins  éloignée  du  diamétte  du  demi- 
cercle,  eft  celle  dont  la  partie  comprife  entre  la  cir- 
conférence exrérieure  du  cercle  &c  la  rangcnte  ,  eft 
la  plus  petite ,  &  cette  partie  augmenté  toujours 
dans  les  aurres  cordes ,  à  mefure  qu'elles  s'éloignénr 
de  la  première.  On  prend  fur  toutes  les  cordes ,   à 
commencer  à  leur  origine  commune  ,  une  quantité 
égale  à  cette  partie  prolongée  ,    &  comprife  au 
dehors  du  cercle  entre  le  cercle  &larangenre ,  & 
par  tous  les  points  que  cette  quantité  détermine  fur 
toures  les  cordes,  on  fair  paflèr  une  corde  qu'on  ap- 
pelle ciffoïde.  La  tangente  du  demi-cercle  tirée  fur 
l'extrémité  du  diamètre ,  Q.ppofée  à  celle  d'où  part  la 
ciffoïde ,  eft  une  afymptote  de  la  ciffo'ide ,  c'eft-.i- 
dire  ,   que  ces  deux  lignes  prolongées  à  l'infini  ne  fe 
peuvenr  jamais  rencontrer  ,   quoiqu'elles  s'appro 
chenr  roujours  de  plus  en  plus,  Se  c'eft  apparemment 
de  là  que  la  ciffoïde  a  pris  fon  nom  ;  car  ens'appfo- 
chant  de  fon  afymptote ,  elle  fe  cdurbe  de  façon 
qu'elle    femble    repréfenrer  une  feuille  de  lierre. 
Kiirriç  en  Grec,   veut  dite  lierre.  L'efpace compris 
entre  le  dinm^rre  du  demi-cercle  générateur  ,    la 
ciffoïde  &  l'afymptote  ,  quoiqu'infini  ,  puifquc  la 
ciffoïde  &  l'afymptote  nefcrenconrrani:  p.as,  il  ne  fe 
ferme  point,  n'eft  cependant  que  triple  de  l'efpace 
que  contient  le  demi-cercle  trèncrateur. 
CISSOTOMIES  ,  f.  f.   plur.  'Terme  de  Mythologie. 
Pète  que  les  Phliatiens  cèlèhroicnt  tous  les  ans  en 
l'honneur  d'Hébé  ,  Dèefle  de  la  Jeunefle.  (Paufan. 
2.  13.)   K(5-(rÔT0(itof.  Ce  nom  fiçnific  Coupe  de  lierre. 
On  en  faifoit  des  couronnes,  parce  que  cette  plante, 
Tome  IL 


.qui  eft  toujours  vcrtc,convcnoit  fort  à  laDcf  fie  Hébc> 
Elles  étoient  ainii  nommées  des  feuilles  de  lierre  don  [ 
les  jeunes  gens  y  étoient  couronnes.  On  ne  fait  tien 
de  plus  de  cette  fête. 

gCT  CISTEi  f.  f.  terme  d'Antiquaire.  Cifia.  Sorte  de 
corbeille  ou  panier.  Ces  paniers  facres  qu'on  voit 
repréfcnrés  fur  des  médailles  grecques  re/femblent  à 
des  Cylindtes  d'ofier.  Voyez   Cistophore. 

CISTE  ,  {'.  m.  Cijius.  f.  f.  Genre  de  plante  dont  les 
fleurs  font  à  pluficurs  pétales  difpofés  en  roie  , 
foutenus  par  un  calice  à  plufieurs  feuilles  ,  du  milieu 
duquel  s'élève  un  piftil ,  qui  devient  un  fruit  at- 
rondi  ou  poinru  ,  qui  s'ouvre  de  la  pointe  de  fa  bafe 
en  cinq  ou  plufieurs  loges  >  pleines  d'une  fcmence 
menue.  Les  Anciens  diftinguoient  ces  efpcces  en 
celles  qui  donnoient  un  fuc  gommeux  &  odorant , 
appelé  Ladanum ,  &  que  nous  pouvons  nommer 
Ladanifères ,  Ladamferœ  ,  &  en  celles  qui  ajîpro- 
choient  de  ces  premières ,  maïs  dont  les  feuilles  & 
les  tiges  n'étoient  point  graiifées  de  ce  fuc.  Ces  der- 
nières confervoient  le  nom  de  Ledon ,  &  étoient 
divifées  en  mâles  &  en  femelles.  On  appeloit  Cijle 
mâle  ,  Cillus  mas ,  celui  qui  avoit  fa  fleur  d'un  rouge 
plus  ou  moins  clair  ;  &  Ci jie  femelle  >  Cijius  femma  * 
pelle  dont  les  fleuts  étoient  à  pétales  blancs  ou 
jaunes.  Les  Cifîes  ctoiHént  ordinairemenr  dans  les 
pays  chauds.  Le  Languedoc  &  la  Provence  en 
fournifient  quelques  efpèces  ;  mais  l'Efpagnc  eft  la 
partie  de  l'Europe  la  plus  riche  en  Cijies.  On  en 
peut  voir  les  figures  &  lesdefcriptions  dans  l'Hijioire 
des  Plantes  de  Clufius.  La  Grèce  en  produit  auiïl 
beaucoup  \  &c  c'eft  de  ces  Iles  de  l'Archipel  que  nous 
vient  le  Ladanum ,  fuc  gommeux  qui  eft  répandu 
fur  les  feuilles  &c  les  extrémirés  des  jeunes  brancl"ies 
des  Cijies.  Bélon  &  M.  Tournefort ,  dans  leurs 
Relations  ,  décrivent  la  manière  dont  ort  ramaffe  ce 
fuc  ,  &  comment  on  le  rend  impur  ,  en  y  ajou- 
tant une  terre  noire  &:  pefante.  Ce  font  ordinaire- 
ment les  Moines  Grecs  qui  s'occupent  à  ce  travail 
qui  eft  alfez  pénible,  f-^oyei  Ladanum;  La  plus 
grande  partie  de  ces  plantes  croifTent  à  la  hauteur  dé 
trois  à  quatre  pies  environ,  leurs  tiges  &; b'-anches 
fonr  ligneufes 

Il  croît  aux  pies  des  Cifies  >  une  plante  qu'on  nomme 
hypocifis.  Elle  relfemble  à  une  Orobanche  ;  elle  eft 
haute  de  deux  à  rrois  pouces ,  garnie  de  petites 
feuilles  ou  écailles ,  d'entre  lefquelles  fortent  des 
fleurs  d'une  feuic  pièce ,  taillées  en  manière  de  clo- 
chette ,  &  femblables  au  calice  de  la  fleur  du  Gre- 
nadier ,  &  dentelées  iiir  leurs  bords  pareillement. 
Leurs  fleurs  fonr  le  plus  fouvent  jaunes,  tirant  fur  le 
rouge  j  quelquefois  pourprées ,  ou  blancl"ies ,  oit 
tout-à-fait  jaunes  ou  verdâttes  ,  &c.  Le  piftil  qui 
fort  du  fond  de  cette  fleur  devient  un  fruit  mou  , 
&  divifé  en  huif  loges  remplies  de  femences  menues. 
L'extrair  de  cette  plante  conferve  fon  nom  ;  il  elb 
noir  ,  fec  ,  en  petits  grains  ;  il  fe  fond  dans  l'eau 
&  eft  rrès-aftringent  au  goiîr;  On  le  faLr  enrrer  dans 
la  compofition  de  la  Thétiaque,  &dans  des  potions 
aftringentes.  On  trouve  la  planre  d'Hypociffis  fous 
nos  efpèces  de  Cifies  en  Languedoc  ,  &  elle  eft 
attachée  à  leurs  racines, 

A  l'égard  des  Cifies  ladanifères ,\{ en  croîr  une  efpèce 
aux  environs  de  Montpellier ,  &  elle  eft  appelée 
ladanifera  Monspeliaca  ,  C.  B.  Ses  feuilles  lonc 
longuettes  &  ctroires ,  gralfes  ,  &  d'une  odeur  de 
Ladanum.  Ses  fleurs  font  blanches ,  &  de  la  gran- 
deur de  nos  rofes  fauvages.  On  diftingue  les  Cifies 
d'avec  les  HelianthemiiTi ,  plante  qui  leur  font  con- 
génères par  le  nombre  des  cellules  de  leurs  fruirs.  Il 
n'y  en  a  que  trois  dans  les  Helianthemum, 

CISTEAUX.  Voyei  CITEAUX. 

CISTERCIEN,  f  m.  Qui  eft  de  l'Ordre  de  Citeaux  , 
Reliu;ieux  ,  Moine  de  Citeaux  ,  Cijicrcienfis.  Ce 
mot  ",  Ciflercien  ,  ne  fe  dit  pas  communément  \  mais 
on  dit  Religieux  de  Citeaux  dans  l'ufage  ordinaire. 
On  trouve  cependant Cr/?«rcfen  en  quclquesAutcurs, 

CISTERCIENNE,  f.  f.  Religieufe  de  l'Ordre  de  Ci- 
teaux. Cifiercienfîs  Monacha.  ou   Monialis,  Quel- 

HHhh 


6lo  CIT 

ques  Auteurs  dlfent  que  S.  Bernard  lui-même  a  été 
le  Fondateur  des  Religieufes  de  l'Ordre  de  Citcaux  ; 
d'autres  prétendent  que  c'eft  lainre  Humbcline  , 
fœur  de  l'ain:  Bernard  ,  qui  en  fut  l'inftitutrice. 
Quoi  qu'il  en  foit  ,  le  premier  Monaftère  tut 
établi  à  Juilly  ,  dans  leDiocèfede  Langres,  félon 
Manrique  ,  &  félon  le  P.  Mabillon  ,  l'Abbaye 
de  Tart  ,  au  Diocèfc  de  Langres  ,  fondé  en  1 1  lo  , 
par  S.  Etienne  ,  IIP  Abbé  de  Citeaux  ,  &  non 
par  S.  Bernard  ,  &  foumife  à  l'Abbaye  de  Mo- 
lène.  Les  Cijkrciennes  s'appellent  en  France  Ber- 
nardines. Voyei  ce  mot.  Il  y  a  en  Allemagne 
des  AbbefTes  Cijierciennes  ,  qui  font  Princeflcs  de 
l'Empire,  f^oy^i  lur  ces  Religieulés  le  P.  Helyot  , 
T.    r,  C.Î5. 

nîSTERNE.  nyei  CITERNE. 

CISTERNEAU.   Voyc^  CITERNEAU. 

CISTERON.    Koyc-i  SISTERON. 

CISTIQTJE  ,  adj.  terme  d'Anatomie.Epithète  qu'on 
donne  aux  artères  &  aux  veines  de  la  véficule  du 
fiel.  Il  y  a  deux  artères  cijiiques  ,  qui  font  des  ra- 
meaux de  l'artère  ccliaque  ,  qui  y  portent  le 
fano-.  Il  y  a  auHl  deux  veines  cijiiques  ,  qui  rap- 
portent le  refte  de  ce  même  fang  ,  &:  qui  vont 
le  jeter  dans  la  veine-porte. 

Le  mot  de  cifùqiu  vient  de  '.^rln  vejîca,  vejpe,  3c 
félon  cette  étymologie  ,  qui  cft  indubitable  ,  il 
faudroit  écrire  cy/iique  par  un  y  ,  &c  non  par, 
cifiique.  II  y  a  lo'hg  temps, que  certains  Auteurs  tâ- 
chent de  retranclier  de  notre  langue  tous  les  y. 
Il  faudroit  au  moins  y  laifler  ceux  qui  nous  vien- 
nent du  Grec  »  d'autres  au  contraire  mêlent  les  y 
dans  tous  les  mots  qui  viennent  du  Grec ,  &  écri- 
vent éclypfe  y  au  lieu  de  éclipfe.  Puifque  \'y  eft 
une  lettre  de  notre  alphabet,  il  faut  l'employer  du 
moins  dans  les  mots  d'origine  grecque ,  où  les 
Grecs  mettent  leur  ypjïlon  ,  &  ne  le  point  em- 
ployer où  les  Grecs  mettent  leur  iota. 

Cl'STOPHORE  ,  f.  m.  terme  d'Antiquaire.  On  donne 
le  nom  de  Cijioj'/iores  aux  médailles  &  monnoies 
où  l'on  voit  des  corbeilles  ,  c'efl:  du  mot  ci/ia  , 
qui  jGgnifie  corbeille;  que  ces  médailles  ont  em- 
prunté leur  nom.  Les  Cijlophores  étoient  frap- 
pées ,  à  ce  qu'on  croit  ,  pour  les  fêtes  des  Or- 
gies qu'on  célébroit  en  l'honneur  de  Bacchus. 
Le  P.  Panel  a  fait  un  livre  exprès  pour  expliquer 
les  Cifiophores. 

CISTRE,  plus  ordinairement  SISTRE,  f.  m.  Ceft 
un  Inftrument  à  corde  fort  ulîté  en  Italie  ,  qui 
a  prefque  la  figure  du  luth  ,  mais  qui  a  un  man- 
che pins  long\  divifé  en,  z8  touches.  Cithara  , 
Sijlrum.  Il  a  quatre  rangs  de  cordes  ,  qui  ont  cha 
cun  trois  cordes  à  l'uniflbn  ,  à  la  réferve  du  fé- 
cond rang  qui  n'en  a  que  deux.  Ses  cordes  font 
ordinairement  de  laiton  ,  &  fe  touchent  avec  un 
petit  bout  de  plume  ,  comme  celle  de  la  man- 
dore.  Son  chevalet  eft  auprès  de  la  rofe  ,  &  les 
cordes  font  attachées  au  bout  de  la  table  à  un 
endroit  qu'on  nomme  le  peigne.  Ses  touches  font 
de  petites  lames  de  laiton  fort  déliées.  Il  y  a  aufli 
des  ciftres  à  fix  rangs  de  cotdes.  On  tient  qu'Am- 
phion  a  été  inventeur  du  chant  avec  le  cijire. 
L'analogie  du  Latin  &:  du  Grec  ,  d'où  le  mot  de 
cijire  eft  dérivé  ,  femble  demander  qu'on  écrive 
Jijire  ,  &  non  pas  cijire  -,  car  en  Latin  il  s'écrit 
par  un  .î  ,    en  Grec  par   un  ■  TÙ-rctu 

ÇTCistre.  Vieux  mot  qui  fignifioit  cidre. 

CIT. 

%fr  CITADELLA.  I^etite  ville  maiitîme  de  l'île  de 
Minorque  ,  fur  la  côte  ,  vis-.vvis  de  l'Ile  de  Ma- 
jorque. 

CITADELLE,  f.  f.  Place  fortifiée  de  quatre  ,  de 
cinq  ,  ou  de  fix  baftions  ,  qu'on  bâtit  au  lieu  le 
plus  éminent  d'une  ville  pour  la  défendre  contre 
les  ennemis  ,  ou  pour  tenir  les  habitans  dansl'o- 
béilTance  du  Prince. '^r.r.  Il  y  a  toujours  une  \ 
grand*  efglauade  entre  la  ville  5c  la  atAdelle.JJw   \ 


CIT 

Poé'te  grec  a  dit  hardiment.  Jupiter ,  fermez  bien 
la  porte  de  l'Olympe  ,  &  défendez  bien  la  ci- 
tadelle des  Dieux  •>  les  armes  de  Rome  ont  tout 
fubjugué.  BouH. 

Citadelle  ,  i".  f.  terme  de  Fleurifte.  Tulippe  pourpre , 
gris  de  lin  &  blanc.  Morin. 

CITADIN.,  INE.  f.  m.  &  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit 
autrefois  un  habitant  d'une  Cité.  Civis, 

Campagnard,  Citadin,  Voyageur,  Solitaire, 
Couttifan, Financier ,  Magijirat,  Moufquetaire.  R 

Il  eft  encore  en  ufage  en  quelques  villes  d'Italie  , 
pour  fignificr  ceux  qui  ne  font  pas  du  corps  de  1» 
Nobleffe.  Le  Chancelier  de  Vcnifeeft  ordinairement 
citadin. 

Citadin  a  aujourd'hui  en  France  quelque  chofe  de 
méprifant ,  &  veut  dire  un  homme  du  peuple. 

CITARIS.  Foye[  Cidaris. 

tfy  CITATEUR.  f.  m.  Quelques  écrivains  fe  font  fer- 
vis  de  ce  mot  pour  exprimer  celui  qui  allègue  des 
paffagcs ,  des  autorités,  des  témoignages,  Bayle  eft 
un  grand  citatciir. 

ffCT  CITATION  en  j'ugement ,  chez  les  Romains, 
injus  vocatio ,  c'étoit  à  peu  près  ce  que  nous  appe- 
lons ajournement  ou  alîirnation.  Voye^  ces  mots-^ 
Dans  les  commcnccmens  le  défendeur  étoit  obligé 
de  fuivre  le  demandeur  devant  le  Juge.  Dans  la  fuite 
leurs  alfrgnntions  étoient  lib.llées  comme  les  nô- 
tres. Ce  mot  dans  ce  fens  n'efl:  rlus  en  ufage  cher 
nous  que  dans  les  matières  Eccléfiaftiques. 

Citation,  en  matière  Eccléfiaftique,afIîgnaîion  de- 
vant un  Juge  Eccléfiaftique  pour  aiîàire  qui  rcparde 
VEgUfe ,  in  jus  vocatio.  On  appelle  comme  d'abus 
àes  citations ,  quand  un  Laïqite  efl:  ciré  devant  ua 
Oîîicial ,  lorlqu'il  efl  incompétent. 

Citation  fe  dit  aufli  de  l'ordre  que  le  Grand-Maître 
envoie  à  tous  les  Chevaliers  de  fe  rendre  à  Malte, 
en  cettaines  occafions.  Acad.  Fr. 
Ce  mot  vient  du  latin  citatio,moi  impropre,  de  cito. 

Citation  fignifie  aufli,  allcgarion  de  quelque  loi, 
de  quelque  autorité ,  de  quelque  palîàge.  Loci  ali- 
cujiis  ex  fcriptore  quodam  prolatio  ;fcriptoris  tejli- 
moniurn ,  locus  ,  allegatio.  Ce  livre  eft  plein  de  ci- 
tations.'LçsVéàd.ns  font  fujets  à  faire  beaucoup  de 
citations  inutiles.  Les  citations  ne  font  plus  guère 
à  la  mode  dans  les  difcours  oratoires.  Ceux  qui  par- 
lent en  public  ,  bien  loin  de  nommer  dans  leurs 
citations  les  Auteurs  dont  les  noms  font  barbares , 
à  peine  nomment-ils  ceux  dontles  noms  font  deve- 
nus françois.  II  faut  y  fuppléer  par  des  traits  qui  dé- 
fignent,  &  qui  marquent  bien  l'Auteur  que  l'on  ne 
nomme  pas.  Mais  il  eft  bon  d'obfcrver  que  les  cita- 
tions figurées ,  &  les  périphralés  qui  tiennent  la. 
place  des  noms  ,  n'entrent  guère  que  dans  le  genre 
fublime  :  les  grandes  expreflions  ne  conviennent  pas 
aux  petits  fujets.  Bouh.  Il  y  a  moins  d'un  fiècle  que 
les  citations  étoient  très-fréquentes  -,  Ovide  &  Ca- 
tulle venoient  avec  les  Pandeéles  au  fecours  de  la 
veuve  &  des  pupilles.  La  Bruy.  Ce  livre  eft  chargé 
d'un  fi  grand  nombre  de  citations ,  qu'elles  offùf- 
qucnr  &  empêchent  de  voir  l'ouvrage  de  l'Auteur, 
Bail.  Les  citations  doivent  être  choifies,  &  peu 
fréquentes,  fur  tout  dans  une  langue  étrangère,  à 
moins  qu'elles  n'ayent  plus  de  poids  &  d'autorité 
que  dans  notre  langue.  S.  Evr.  Coftar  eft  tout  farci 
de  citations  &  de  penfées  étrangères.  Bail. 

Quêtes  cmùon% foient  courtes  & Jerrées, 

Et  n'en  change  jamais  les  phrases  confacrées.  Yilu 

.  Il  n'y  a  guère  d'Auteurs  qui  aient  porté  plus  loin 
l'exaditudc  des  citations  que  M,  de  Tillemont  &' 
Bayle.  Si  cette  méthode  répand  un  peu  de  féchc- 
reffe  dans  les  livres,  on  en  eft  bien  dédommagé  par 
l'aflurance  qu'ont  les  Leéleurs  de  n'être  pas  trompés, 
&;  par  l'exemption  d'aller  confulter  avec  beaucoup 
de  peine,Sc  fouvent  fans  aucun  fruit ,  les  Originaux. 
II  feroità  fouhaiter  que  tous  les  Ecrivains  euflent 
la  même  exaditude.  Cela  coureroit  chsmiii  à  uns 


CÎT 

Irtfinité  d'erreurs  qui  ne  viennent  que  de  négli- 
gence. 

CITATOIRE.  adj.  m.  Sif.  terme  de  Jarifpmdence 
&  de  Palais-,  qui  cite,  qui  ordonne  de  compaioîcre. 
Citatorius,  a,  um.  Ce  titre  exempte  A^M  de  rien 
payet  pour  les  lettres  citcitoires  qu'ils  obtiendront 
des  Oiïiciers  de  la  Jufticc.  Normant. 

CITÉ.  r.f.  Ville  fermée  de  murs.  C/v/mj.  Il  y  a  plu- 
/ieurs  grandes  cités  en  ce  Royaume.  Il  ne  fe  dit 
guère  qu'en  Poëiîe  ,  ou  en  certaines  phrafes  con- 
iacrces. 

Mais  du  difcour s  enfin  l'harmenieufe  airefije, 
Rcijfembla  les  humains  dans  les  forêts  épàrs  ; 
Enfer mx  les  cités  de  murs  £"  de  remparts.  Bôil, 

^3'  Ce  mot  fe  prend  dans  le  même  fens  au  figuré. 
Jéruialcm  a  été  appelée  la  Sainte  cité.  Le  Paradis 
eft  la  cité  célefte. 

Autrefois  cité ,  civitas  ,  fedifoit  des  villes  où  il 
y  avoir  Evêché;  la  Bulle  d'éredlion  ,  de  divifîon  , 
(Se  d'affignation  des  Evêchés  de  Poitiers ,  de  Mail- 
lezais  &  de  Luçon  ,  efl:  remarquable  pour  cela  :  le 
Pape  dir,  dans  cetadte,  qu'il  érige  en  cités  les  villes 
de  Maillezais  5c  de  Luçon.  Maliafenfem  &  de  Lu- 
cionio  villas  in  civitates  erigimus  ,  &  civitatum  vo- 
cabulo  decoramus.  ^3"  Si  le  liège  EpiCcopal  d'Une 
ville  étoit  hors  les  murs,  l'endroit  où  il  étoit,s'ap- 
peloit  cité ,  &  la  ville  retenoit  le  nom  de  ville.  Et 
encore  aujourd'hui  on  appelle  à  Arras  dii  nom  de 
cité,  cette  partie  de  la  ville  où  efl:  la  cathédrale  ;  & 
l'autre  partie  qui  eftfcparéede  la  première  par  des 
muraillesjs'appeile  la  ville.  On  pourroit  ajouter  p!u- 
iîeurs  autres  exemples  à  celui-ci.  Celui  de  Coufe- 
rans,  celui  de  Limoges ,  &c. 

^fT  Cité  s'eft dit  auffi  autrefois  du  teirritoire  dé- 
pendant d'un  fiège  épifcopal ,  c'eft-à-dire  du  Dio- 
cèfe,  La  cité  de  Soiiîons  renfermoit  fous  Chilperic 
à  peu  près  ce  qui  en  fair  aujourd'hui  le  Diocèfe. 
Le  mot  cité  dans  ce  fens  confcrvoit  quelque  chofe 
du  mot  latin  civit.ts  dont  nous  parlerons  plus  bas, 

i^  Cité  fe  dit  encore  particulièrement  du  cœur  de  la 
ville,du  lieu  où  eft  ta  cathédrale,le  Palais  du  Prince, 
quoique  ces  lieux  ne  foient  pas  féparés  par  des  murs. 
A  Paris  llyarr/^',  ville  &univerfité.  Il  y  en  a  même 
qui  prétendentqu'il  ne  fe  dit  ordinairement  que  des 
places  où  ily  a  deux  viiies,rune  vieille,  &  l'autre  bâ- 
tie depuis  peu,  &  que  la  vieille  porte  le  nom  de  cité, 

ffT  En  Angleterre  on  appelle  c/r.; ,  l'enceinte  delà 
ville  de  Londres,  par  oppofition  aux  faubourgs 
qui  font  d'une  plus  grande  étendue  que  la  cité. 

Cité  fe  prend  figurément  pour  les  habitans.  Cives.  Il 
y  a  de  beaux  privilèges  accordés  à  cette  cité  ;  pour 
dire  ,  à  ceux  qui  l'habitent. 

^fT  Le  droir  de  cité  efl:  la  qualité  de  citoyen  ou  Bour- 
geois d'une  ville,&  le  droit  de  participer  auxprivilè- 
ges  qui  font  communs  à  rous  les  citoyens  de  cette 
ville.  Le  droir  de  cité  chez  les  Romains  étoit  la  mê- 
me chofe  que  la  qualité  de  Citoyen  Romain.  Chez 
nous  il  n'y  a  que  la  naiflance  ou  les  lettres  du  Prin- 
ce qui  donnent  les  droits  de  cité.  Le  droit  de  ciiéed 
plus  étendu  que  celui  de  bourgeoiiîe.  Il  comprend 
quelquefois  l'incolat  &:  même  tous  les  effets  civils. 

Cité  ,  quand  il  s'agit  de  l'antiquité  ,  fignifie  un  Etat , 
un  peuple  avec  toute  fcs  dépendances  ,  une  Répu- 
blique particulière ,  comme  fonr  encore  plufieurs 
villes  de  l'Empire  ou  d'Allemagne ,  ou  comme  les 
villes  Suilfes.  Civitas.  ffT  C'eft  ainfi  que  Céfar  dit  : 
Civitas  Helvetia ,  in  quatuor  partes  divifa.  Le  pays 
des  Suiffes  divifé  en  quatre  Cantons.  Civitatibus  in 
reliqiiis  urhes  incenduntur.  Quoique  les  Gaulois  ne 
fuifent  en   effet  qu'une  même  nation  ,  ils  étoient 
divifés  en  plufieurs  peuples ,  qui  faifoicnt  prefque 
'  autant  d'Etats  féparés,  ou  pour  parler  comme  Céfar, 
îiuranr  de    cités  différentes ,  qu'ils  croient  de  diffé- 
rens  peuples.  Outre  que  chaque  cite  avoir  fes  aifcm- 
blées ,  elle  envoyoit  de  temps  en  temps  des  dépu- 
tés aux  alfcmblées  générales  qui  fe  faifoient  pour 
refoudre  desaiFaires  de  plufieurs  peuples  unis,  Cor 


C  IT 


'^i  i 


IVEMOY.  Cependant,  parce  que  communément  ci.u 
n'a  plus  ce  fens  en  norre  langue,  il  e?lbon;att 
moiris  la  prcmicre  fois  qu'on  s'en  fert,  d'aibuter 
une  explicarion  ,  comme  fait  ici  M.  CordeniDy.On 
appeloir  autrefois  villes  tous  les  bourgs  fermés; 
&ce  que  nous  appelons  proprement  vilîe,avoit  le 
nom  decrW.  Chorier. 

Civitas  efl;  tiré  dit  Celtique  Oiveythas  ,  qui  chez 
les  Gaulois  veut  dire  fôciété  &  commerce  ,  parce 
que  c'eft  dans  les  Villes  que  l'on  trouve  l'un  &  l'au- 
tre. Pezron,  Si  Civeythas  a  été  ert  ufàge  dans  les 
Gaules,  il  y  a  pkts  d'apparence  qu'il  fut  pris  des 
Romains  depuis  qu'ils  furenr  maîtres  de?  Gaul^'s, 
qu'il  s'etoit  fait  de  civitas  ,  &:  qu'il  ne  lignifloit 
que  la  même  chofe  d'abord.  Du  même  ta<i\  civitas 
s'eft  fair  cité. 

La  Cité  de  Dieu  eft  un  livre  compofé  par  S.'  Au~ 
guftin  contre  les  Payens.  Liber  D.  Augtifiini  de  Ci- 
Vitate  Dei.  Il  a  été  ttaduit  en  patrie  par  M.  Giri  dé 
l'Académie  Françoife,  Un  des  premiers  ouvrages 
qu'on  mit  fous  preffe  dès  qu'on  eut  inventé  l'Im- 
primerie ,  ce  fut  la  Cité  de  Dieu.  S.  Auguflin  y  traCe 
une  hiftoiredes  deux  CZ/ej,  l'une  célefte  &  l'autre 
terreftre.  M.  Du  Pin  admire  plus  la  variété  &  l'af- 
femblagede5chofes,que  la  force  &  l'érudition  de 
cet  ouvragCi 

CiT  É  notable.  Nom  de  la  Capitale  de  l'île  de  Malte. 
Elle  efl  au  milieu  des  terres.  Civitas  notabilis. 

Cité  vicloriettfe.  Nom  d'une  ville  de  l'Ile  de  Malte. 
Civitas  vicloriofa.  C'eft  celle  qu'on  àppeloit  autre^ 
fois  lé  grand  Bourg,  Ce  fut  fous  le  Grand-Maître 
De  la  Vallete ,  que  cette  place  ayant  été  affiégèe 
pat  les  Turcs ,  &  la  valeur  des  Chevaliers  ayatit 
obligé  les  ennemis  de  fe  retirer  après  une  perre  de 
trente  mille  hommes  j  pout  confervet  la  mémoire 
des  grandes  actions  qui  s'y  étoient  paifécs ,  on  donna. 
au  grand  Bourg ,  qui  «n  avoir  éré  le  principal  théâ- 
tre j  le  iiôm  de  Cité  vicîorieiife ,  qu'il  a  confervé 
jufqu'Ace  jour.  VeRtoT,  Hifi.  de  Malte,Tom.  XIJI, 

CITEAUX.  Bourg  de  France  dans  le  Duché  de  Bour- 
gogne ,  au  Diocèfe  de  Châlons.  Cifiercium. 

Ce  Bourg ,  qui  eft  à  cinq  lieues  de  Dijon  ,  fut 
aihli  appelé  ,  à  ce  que  quelques-uns  croient,  à  caufe 
des  citernes  qu'on  y  trouva. 

CiteAux.  Abbaye  fameufe  ,  &c  Chef  d'Ordre  ,qui  eft 
dans  le  bourg  dont  on  vient  de  parler.  Cijîercium. 
Citeaux ,  ou  l'Abbaye  de  Citeaux  ,  a  donné  quatre 
Papes ,  plufieurs  Cardinaux  à  l'Eglife ,  &  un  grand 
nombre  d'Evêques.  L'Abbé  de  Citeaux  eft  Général 
de  l'Ordre  i  Confeiller  né  au  Parlement  de  Dijon  i 
&  Chef  de  dix-huit  cens  Monaftères  d'hommes  3 
&  de  prefqu'autant  de  Maifons  de  filles.  Vingt  & 
un  Moines  fervens  du  Monaftère  de  Molême  en 
Bourgogne  dans  le  Diocèfe  de  Langres ,  fondé  fur 
la  fin  de  l'an  1075  ,  trouvanr  que  la  régie  de  S.  Be- 
noîr  n'y  étoit  point  affez  exautentent  obfervée  ,  ré- 
folurentavec  leur  Abbé  Robert  d'aller  s'établir  ail- 
leurs. Ces  Moines  étoient  entre  autres  Albéric  , 
Odoni  Jean,  Ftienne  ,  Létalde,  fi-c.  qui  en  ayant 
obtenu  la  permiifion  de  Hugues ,  Archevêque  de 
Lyon&  Légat  du  S,  Siège,  quittèrenr  Molême , 
&:  allèrent  s'établir  dans  Un  lieu  nomvnc  CiieaiiX  ^ 
à  cinq  lieues  dé  Dijon ,  dans  le  Diocèfe  de  Châ- 
lons, Ils  eurent  le  confentement  de  Gaultier,  Evê- 
que  de  Châlons ,  ^  de  Rainard  Vicomte  de  Bcaune 
à  qui  la  terre  âppartenoit,  &  ?'y  placèrent  le  ii" 
de  Mars  1098  qui  étoit  le  Dimanche  des  Rameaux, 
A  la  prière  de  l'Archevêque  de  Lyon  ,  Eudes ,  Duc 
de  Bourgogne  ,  acheva  leur  bâtiment,  qui  n'étoit 
que  de  bois,  les  entrerint  long  temps  ,.  Si  leur 
donna  beaucoup  de  terres  &:  de  beftiaux.  L'Evêque 
de  Châlons  donna  à  Robert  le  bâton  paftoral,  en 
qualité  d'Abbé,  &  le  nouveau  Monaftère  fut  ainfi 
canoniquement  étigc  en  Abbaye.  Tels  furent  les 
commencemens  de" l'Ordre  de  C«e<7KX  ,  fî  flimeux 
dans  la  fuite  ,  &  fi  étendu  par  toute  l'Europe. 

L'Ordre  de  Citeaux  eut  donc  pour  Fondateur  S»- 
Robert ,  S.  Albétic  &  S.  Etienne.  S.  Robert  en  fuf 
le  premier  Fondateur  vers  la  fin  du  XI'  liécle.  É« 

H"  H  h  h  i) 


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C  I  T 


Allemagne  on  a  appelé  les  Cifterciens,  Moines 
gris  ,  parce  qu'ils  portojenr  des  manteaux  de  cou- 
leur grife.  ^, 

Avant  que  S.  Etienne,  Abbé  de  '<Citeaux  ,  en- 
voyât douze  de  les  Moines  à  Clairvaux  dont  il  fît 
S.  Bernard  Abbé  ,  pour  y  fonder  un  Monallèrc , 
ce  lieu  étoit  une  affieufe  vallée ,  qui  pailoit  dans 
le  pays  pour  une  retraite  de  voleurs,  &:  qu'on  nom- 
moit  la  vallée  d* Abl'ynthe ,  peut-être  parce  qu'elle 
croit  remplie  de  ces  fortes  de  plantes ,  ou  bien  à 
caufedes  meurtres  qu'on  y  avoir  fouvcnt  commis, 

.ViLLEFORE. 

Il  y  a  plufieurs  Congrégations  de  l'Ordre  de  Ci- 
teaux.  La  Congrégation  de  S.  Bernard  en  Tofcane  ; 
la  Congrégation  cl'Arragon  -,  La  Congrégation  Ro- 
maine •■,  la  Congrégation  de  Calibre.  L'Ordre  de 
Florence  Calabre  fur  aullî  réuni  en  1505  à  celui  de 
Liteaux.  Les  Feuillans  font  encore  une  réforme  de 
cer  Ordre. 

Il  y  a  en  Efpagne  une  Congrégation  de  l'Ordre 
de  Citeaux  ,  dite  de  l'Obfervance ,  fondée  au  com- 
mencement du  XV^  fiécle  par  Martin  de  Vargas, 
pour  rétablir  la  difcipline  de  cer  Ordre  ,  &  y  faire 
revivre  l'efprir  des  Fondareurs.  Il  eut  en  1414  & 
1415  des  permiillons  du  Pape  Martin  V  ,  pour  éri- 
ger deux  Monaftères  dans  les  Royaumes  deCaftille 
6;  de  Léon ,  ce  qu'il  exécura.  Les  Généraux  de  cette 
Congrégarion  porrent  le  titre  de  Réformateurs, 
qui  fut  donné  à  fon  Fondateur.  Foyei^  le  P.  Helyot. 
T.  V ,  C.  ^6,  Cette  Congrégation  devint  coniîdé- 
rable  par  le  grand  nombre  de  Mcnallcres  qui  s'y 
unirent. 

En  171 5  ,  on  imprima  à  Paris  les   Privilèges  de 
l'Ordre  de  Citeaux  y  recueillis  &  compilés  par  l'au- 
torité du  Chapitre  général  i  &  par  Jb;z  ordre  exprès, 
ëcc.  Nous  avons  en  latin  des  annales  de  Citeaux  en 
4  vol.  in-fol.  par  le  R.  P.  Ange  Manrique  de  Bour- 
ges. Une  Chronique  Efpagnole  par  le  P.  Barnabe 
de  Mcnralvo  •,  un  Ménologe  de  Citeaux  ,  imprimé 
chez  Plantin,  Se  fait  par  le  R.  P.  ChryToft.  Hen- 
riquez,  tous  du  même  Ordre.  Il  y  a  au  fil  des  filles 
de  l'Ordre  de  Citeaux.  Le  même  P.  Hcnriquez  a 
donné  la  vie  de  celles  qui  fe  font  diftinguées  par 
leur  Sainteté:  dans  un  livre  intitulé,  Liliacijier- 
cii.  Nous  avons  en  françois  un  eifai  de  l'hiltoire  de 
Citeaux  parDomLe  Nain. 
CITER,  v.  a.  Donner  alfignation  à  comparoir  de- 
vant un  Juge   d'Eglife  en  matière  Ecclcfiaftique. 
^fT  On  le  dir  même  quelquefois  relativement  aux 
tribunaux  féculiers,  comme  on  le  verra  par  l'exem- 
ple d'Edouard  I ,  tiré  du  P.  Daniel.  Mais  cela  eft 
rare.  Dans  l'Ordre  de  Malte,  on  dit,  en  parlant  du 
Grand-Maître  ,  citer  les  Chevaliers  à  Malte  ;  pour 
dire,  leur  ordonner  de  s'y  rendre.  Diem  dicere , 
vocare  in  jus.  Ce  garçon  a  été  cité  devant  i'Oificial 
en  exécution  d'une  promefîè  de  mariage.  Cet  Flé- 
rérique  a  cié cité k  Rome,  au  Concile  général.  Les 
Chevaliers  fonr  cités pom  {e  trouver  au  Chapitre 
de  leur  Ordre.  Edouard  I ,  Roi  d'Anglererre ,  fur 
cité  par  ordre  de  Philippe  IV  ,  Roi  de  France,  à  la 
Cour  des  Pairs.  La  ciration  fut  publiée  par  le  Sei- 
gneur d'Arrabhiy,  Sénéchal  de  Pcrigord  8c  de  Quer- 
ci ,  &  on  l'afficha  par  fon  ordre  8c  en  fa  préfenceaux 
portes  de  la  ville  de  Libourne  ,  qui  étoit  du  do- 
maine du  Roi  d'Angleterre -,  &  faute  à  ce  Prince  de 
comparoître ,  tous  les  domaines    qu'il   avoir    en 
France  fureur  confifqucs.  P.  Dan. 

$3"  Cite?,  f.gnifîe  aufÏÏ  alléguer  un  pafTage,  une  au- 
torité i  tranfcrirc  un  paifage  dont  on  veut  s'auto- 
rifer  ,  ou  feulement  indiquer  l'endroit  d'un  Auteur 
pour  qu'on  puifTe  le  conCuhcï.allegare,  u4utorem 
laudare.  Un  Auteur  ne  doit  pas  citer  fes  propres 
ouvrages,  ^''oyel  un  peu  quels  gens  Je  vous  cite, 
La  manière  de  citer  des  Jurifconfultes  eft  un  vrai 
grimoire. 

Citer  lignifie  auffi  fîmplement ,  parler  de  quelqu'un; 
nommer  celui donr on  tient  une  nouvelle,  une  hif- 
toirc ,  un  lait ,  &c.  Loqui  de  alijuo ,  aliquem  vomi- 


CIT 

nare.  Je  vous  donnerai  avis  de  tout  ce  qui  fe  paf- 
fera,  à  la  charge  que  vous  ne  me  cz;er££  point. 
Cité  ,  ir.  part. 

CITÉRIEUR  ,  EURE.  adj.  Qui  eft  en  deçà ,  de 
notre  côté,  plus  près  de  nous.  C/r^r/or.  L'Inde  a- 
térieure  eft  celle  qui  eft  en  deçà  du  Gange  ;  l'ulté- 
rieure ,  celle  qui  eft  en  delà.  La  Gaule  cité- 
rieure  eft  la  partie  de  l'Italie  qu'on  a  depuis  ap* 
pelée  Lombardie  ,  &  où  les  Gaulois  s'érablircnr , 
elle  étoit  en  deçà  des  Alpes  par  rapport  aux  Ro- 
mains. 

L'Efpagne ,  après  que  les  Romains  en  eurent  fait 
la  conquête  ,  fut  divilce  en  deux  Provinces ,  l'une 
en  deçà  de  l'Ebre ,  8c  l'autre  au  delà.  La  Province 
d'en  deçà  de  l'Ebre ,  s'appeloit  l'Efpagne  citérieurey 
8c  celle  d'au  delà  ,  l'Efpagne  ultérieure. 
Ce  mot  vient  delà  prépofition  cis. 
CITERNE,  f.  f.  Réfervoir  fourerrain  d'eau  de  pluie. 
Citerna.  Les  citernes  doivent  erre  faites  avec  de 
bon  ciment  pour  retenir  les  eaux.  Le  fond  doit  être 
couvert  de  lable,  afin  de  le  purifier,  &:deconfer- 
ver  les  eaux  pluviales.  On  parle  d'une  citerne  de 
Conftantinople  ,  dont  les  voiitcs  portent  fur  deux 
rangs  de  21  z  piliers  chacun.  Ces  piliers  ont  deux 
pies  de  diamètre  ,  8c  fonr  plantés  circulairement,  8C 
en  rayons  qui  tendent  à  celui  qui  eft  au  centre. 

Quelques  Anatomiftes  fe  fervent  de  ce  terme  pour 
fignifier  cerraines  parries  du  corps ,  comme ,  par 
exemple,  lequarrième  ventricule  du  cerveau  ,  ou 
plutôt  du  cervelet ,  &  le  concours  des  vaifléaux  la- 
Ctifcres  dans  les  mammelles  des  femmes,  pour  for- 
mer le  mammelon.  Castelli  ,  cité  par  James. 

Ce  mor,  félon  quelques-uns,  vient  de  laprépo- 
fîtion  cis ,  comme  (i  on  difoit  cis  terrarn  ,  c'eft-à- 
A'nt ,  inter  terrarn.  D'autres  le  dérivent  de  cijla  ^ 
qui  iîgnifîe  un  panier  fait  d'ofier  ,  qui  fert  à  mettre 
du  pain  &aurres  chofes.  La  citerne  àc  même  fert 
à  conferver  les  eaux  de  pi  uie. 
Citep.ne  fîgniiie  quelquefois  un  puits.  En  Orient  les 

Caravanes  ne  boivent  que  de  l'eau  de  citerne. 
CITERNEAU.  f.   m.  Petit  lieu  voûté  à   côté  d'une 
citerne ,  où  l'eau  s'épure  avant  que  d'y  entrer.  Ce 
mor  eft  un  diminutif  de  citerne  d'où  il  eft  formé. 
fCF  CITHARE,  f.  f.  Ancien  nom  d'un  inftrument 
de  mufique.  Inftrument  à  cordes.  Efpèce  de  harpe. 
Cithara.  Quelques-uns  la  prennent  pour  la  lyre  à 
Icpt  ou  neuf  cordes.  D'autres  en  font  un  inftru- 
ment différent,  c'eft-à-dire,qu'on  ne  fait  ce  que  c'eft. 
Ip-  CITHARISTIQUE.  f.  f.  Genre  de  Mufique  8C 
de  Poëlie  approprié  à  l'accompagnement  delà  ci- 
thare ,  auquel  on  donna  depuis  le  nom  de  lyrique. 
CITHERE ,  CITHÉRÉE.  Voye7  CYTHÉRE ,  CY- 

THEREE. 
^  CITHIBEB  ou  CITIBEB.  Petite  ville  d'Aftique, 

au  royaume  de  Maroc ,  dans  la  province  de  Tedla. 
CITISE  ou  CYTISE,  f.  m.  Cytifus.  ArbrifTeau  dont 
les  fleurs  font  légumineufes ,  8c  les  goulTcs  compo- 
fées  de  deux  cofTes  applaties,  qui  s'ouvrent  en 
deux ,  8c  renferment  quelques  femences  oblongues. 
Ses  feuilles  font  au  nombre  de  trois ,  portées  fur 
une  même  queue.  Il  y  a  plufieurs  efpèces  de  citifet 
comme  on  peut  le  voir  dans  les  Inflituts  de  Bo- 
tanique de  M.  Tournefort.  Clufîus  a  donné  la 
figure  8c  la  defcription  d'une  partie  de  ces  e[- 
pèces  dans  fon  Hi[ioire  des  Plantes  d'Efpagne. 
L'éthymologie  de  cytifus,  au  rapporr  de  Pline > 
vient  de  Cythno ,  nom  d'une  île  où  l'on  trouva 
d'abord  cette  plante.  Mais  quelle  eft  cette  première 
cfpccc  de  cytife  ? 

Les  Fleuriftes  8c  les  Jardiniers  françois  nom- 
ment cytife  un  petit  arbriffeau  qui  fe  taille  en 
boule  ,  qui  garde  fes  feuilles  long  temps  ,  &  qui 
donne  beaucoup  de  fleurs.  Les  Boraniftes  appel- 
lent Cytifus  glaher ,  Jîliqua  lata,  J.  B  On  fait 
auffi  des  palifTades  avec  cet  arbriffeau ,  que  l'on 
tond  une  ou  deux  fois  l'année.  Il  fe  lève  ordi- 
nairement jufqu'à  trois  &  quatre  pies ,  il  eft  fort 
branchu ,  fes  tiges  &  branches  font  verdâtres ,  &t 
garnies  de  feuUles  larges  d'un  demi-pouce  au  plus. 


C  IT 

un  peu  pointues ,  arrondies  j  li/Tes  ,  glabres,  d'un 
vert  -  gai  6c  un  peu  luiiam  ,  &  portées  par  des 
queues  longues  d'environ  un  demi-pouce.  Ses  Heurs 
font  Icgumineufes,  jaunes,  plus  petites  que  celles 
du  genêt,  ramaflces  par  bouquets  à  i'extrcmitc  des 
tiges  &c  des  branches.  Ses  gouflcs  ibnt  longues 
d'un  pouce  ,  &  larges  de  cinq  lignes ,  applatics , 
brunes  ,  lifîcs ,  &  renferment  des  ïemences  arron- 
dies ,  applaties  &  brunes.  Ce  cycife  vient  dans  les 
montagnes  du  haut  Dauphinc, 

On  range  parmi  les  cycifes  un  arbre  nommé 
en  françois  Albour,o«  Aubour,  ou  Aulbour -,  en 
latin  Alburnum  ,  Laburnum  ,  Ana^yris  non  fœ- 
tida,  Cytifus  alpinus  ,jlore  racemofo  pendulo.  Infi. 
Rer.  herb. 

CITOLE.  C'eft  le  nom  qu'on  donnoit  autrefois  à 
un  infttument  de  Mufique.  Borel  croit  que  citok 
vient  de  citkara, 

CITOUARToa  ZÉDOUART,  f.  m.  que  quelques- 
uns  écrivent  ZeWoir^.  Graine  aromatique ,  qui  ref- 
femble  beaucoup  au  gingembre ,  mais  qui  ell  de 
meilleure  odeur ,  &:  d'un  goiit  moins  acre. 

IJCF  CITOYEN,  f.  m  Civis.  Ce  mot  a  un  rapport  par- 
ticulier à  la  fociété  politique  -,  il  défigne  un  membre 
de  l'Etat ,  dont  la  condition  n'a  rien  qui  doive 
l'exclure  des  charges  &  des  emplois  qui  peuvent 
lui  convenir ,  félon  le  rang  qu'il  occupe  dans  la 
République, 

§CF  Dans  les  Etats  républicains  rien  n'eft  au  def- 
fus  de  la  qualité  de  Citoyen.  La  perfonne  qui 
gouverne  s'en  fait  honneur.  Un  Stat-Houder ,  un 
Doge  ,  un  Sénateur  ,  un  Député  font  d'illuftres 
Citoyens,  à  qui  les  autres  obéilfent,  moins  par  fou- 
midion  que  par  une  fage  &  libre  coopération  au 
bon  gouvernement.  Mais  dans  les  Etats  monar- 
chiques ,  le  pouvoir  y  élève  celui  qui  en  eft  faifi  au 
deifus  de  tous  les  autres  ,  &  ne  laiife  aucun  titre 
commun  qui  fente  tantfoit  peu  l'égalité.  Un  Empe- 
reur ,  un  Roi  ne  font  pas  des  Citoyens  ;  ce  font 
des  Chefs  qui  gouvernent  leurs  peuples  ,  ou  qui 
commandent  à  leurs  fujets ,  ceux-ci  obéiffent  par 
foumiffion ,  &c  le  degré  de  modération  ou  d'excès 
dans  cette  foumilfion  fait  que  le  vrai  Citoyen  ie 
conferve  chez  eux  ,  ou  qu'il  s'anéantit  par  la  fcrvi- 
tude.  Il  y  a  plus  de  vraie  noblefle  dans  un  roturier 
Suiile  qui  efl  Citoyen  d'une  patrie ,  que  dans  un 
Bâcha  Turc  qui  efl:  efclave  d'un  maître.  M.  l'Abeé 
Girard. 

IJC?  L'homme  naturel  efl  tout  pour  lui  i  il  efl:  l'unité 
numérique  ;  l'entier  abfolu ,  qui  n'a  de  rapport  qu'à 
lui-même  ou  à  fon  fcmblable.  L'homme  civil  n'efl: 
qu'une  unité  fra^ionnaire  qui  tient  au  Dénomina- 
teur ,  &  dont  la  valeur  eft  dans  fon  rapport  avec 
l'entier  qui  eft  le  corps  fociable.  Les  bonnes  infl:i- 
tutions  fociales  font  celles  qui  favent  le  mieux  dé- 
naturer l'homme  ,  lui  ôter  fon  exiflence  abfolue  , 
pour  lui  en  donner  une  relative,  &  tranfporter  le 
moi  dans  l'unité  commune  ;  en  forte  que  chaque 
particulier  ne  fe  croie  plus  un ,  mais  partie  de  l'unité , 
&  ne  foit  plus  fenfible  que  dans  le  tout.  Un  Citoyen 
de  Rome  n'étoit  ni  Caùis,  ni   Lucius ,  c'étoit  un 
Romain  ;  même  il  aimoit  la  patrie  exclufivement 
à  lui,  Régulus  fe  prétendoit Carthaginois,  comme 
étant  devenu  le  bien  de  fes  Maîtres.  En  fa  qualité 
d'étranger,  il  refiifoit  de  fiéger  au  Sénat  de  Rome  -, 
il  fallut  qu'un  Carthaginois   le   lui  ordonnât.  Il 
vainquit  &  s'en  retourna  ^triomphant  mourir  dans 
les  fupplices. 
§3"  Le  Lacédémonien  Pedarette   fe  préfente    pour 
être  admis  au  Confeil  des  Trois  cens  :  il  eft  rejeté. 
Il  s'en  retourne  joyeux  de  ce  qu'il   s'eft   trouvé 
dans  Sparte  trois  cens  hommes  valant  mieux  que 
lui.  Voilà  le  Citoyen. 
^T  Une  femme  de  Sparthe  avoit  cinq  fils  à  l'ar- 
mée, &  attendoit  des  nouvelles  delà  bataille.  Un 
Ilote  arrive  :  elle  lui  en  demande ,  en  rremblant , 
des  nouvelles. Vos  cinq  fils  ont  été  tués.  Vil  efclave, 
t'ai-je  demandé  cela  ;  Nous  avons  gagné  la  victoire  ! 
La  mère  court  au  Temple,  &  rend  grâces  aux  Dieux, 


CIT  61. 

Voila  la  Citoyenne,  Racine.  Augulle  fit  faire 
le  dénombrement  des  Citoyens  Romains  ,  qui 
montoi  à  quatre  millions  cent  trente  -  fcpc 
mille.  Pour  faire  un  vrai  Citoyen  Romain ,  il  fal- 
loir que  ces  trois  chofes  concouru.Tcnt  j  qu'il  fut 
habitant  de  Rome,  qu'il  fût  enrôlé  dans  l'une  des 
trente-cinq  Tribus,  &  qu'il  pût  parvenir  aux  digni- 
tés. Ceux  à  qui  l'on  accordoit  les  droits  &  les  privi- 
lèges de  Citoyens  Romains,  &  qui  habitoient  hors 
de  Rome,  &  dans  les  Provinces  éloignées  ,  n'étoient 
proprement  que  des  CV/oye^y  honoraires.  Loyseau, 
Les  Romaîins,  fiers  de  la  grandeur  de  Rome,  s'ima- 
ginoienr  que  c'étoit  ptefque  tirer  un  homme  du 
ncant,  que  de  le  faire  Citoyen  Romain.  Patru. 
La  Loi  yil  de  Incolis ,  met  une  grande  di/Fcrence 
entre  Citoyen  &  fimple  habitant.  La  nailTance  feule 
faiioit  les  Citoyens ,  de  acquéroit  tous  les  privilco-es 
de  la  Bourgeoifie.  Le  temps  ne  pouvoit  l'acquérirl 
L'Empereur  le  pouvoit  donner.  En  France  une  de- 
meure de  dix  ans  fuffit,pour  être  cenfé  Bourgeois. 
IP"  Habitent  k  dit  uniquement)  par  rapport  aU 
lieu  de  la  réfidence  ordinaire,  quel  qu'il  foit,  ville 
ou  campagne. Les /fû^//tf«j-,  d'une  ville,  d'un  bourg» 
d'un  village,  de  la  campagne.  Bourgeois,  marque 
une  réfidence  dans  une  ville,  6:  un  degré  de  condi- 
tion, qui  tient  le  milieu  entre  la  Nobleffc  &  le 
Payfin.  Le  perfonnagc  le  plus  ridicule  dans  le 
commerce  de  la  fociété,  efl:  le  Bourgeois  Petit- 
Maître.  Le  Citoyen  eft  ce  qu'on  vient  de  dire. 

Ce  mot  vient  du  latin  Civis,  qu'on  dérive  du 
verbe  coco,  parce  qu'ils  vivent  tous  enfemble.  II 
vaudroit  mieux  tirer  ce  mot  de  cio  ,  voco ,  parce 
que  les  Citoyens  fonr  tous  appelés  au  même  lieu. 

Citoyen  fe  dit  auffi  de  ceux  qui  jouiilcnt  des  privi- 
lèges d'une  ville,  qui  ont  acquis  un  droit  de  Bour- 
geoifie ,  encore  qu'ils  habitent  ailleurs.  S.  Paul 
étoit  Citoyen  Romain.  Il  n'étoit  pas  permis  de  fouet- 
ter un  Citoyen  Romain.  J'efpère  vous  faite  voit 
qu'Alcidas   eft  Citoyen  Romain.  Patru. 

Autrefois  on  a  dit  Citiéen  &  Citéen  pour  Citoyen. 

|p°  Quelques  Ecrivains  ont  tait  ce  mot  adj.  L'efprit 
citoyen.  L'Ami  des  homm.es  a  dit  Ordre  citoyen. 

CITRAGO.  f,  f,  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  quel- 
quefois à  la  méliffe ,  à  caufe  que  cette  plante  fent 
le  citron  ,  lorfqu'on  en  broie  un  peu  les  feuilles 
entre  les  doigts. 

fp°  CITRAMÔNTAlN  qui  eft  en  deçà  des  Monts, 
l'oppofé  d'Ultramontain.  Ce  terme  hafardé  par 
quelques  Ecrivains,  n'eft  pas  établi, 

gcr  CITRARO.(  le)  Nom  d'une  petite  villp  d'Ita- 
lie ,  au  royaume  de  Naples  dans  la  Calabre  inté- 
rieure,  à  dix  milles  de  Saint -Marc, 

CITRE.  BoiiTon,  Voye?  CIDRE. 

CiTRE,  f  m.  Arbre  d'Afrique,  du  bois  duquel  on 
fait  des  tables ,  &  auctes  ouvrages  de  cette  nature. 
Citrus^ 

CITRIN,  INE,  adj.  Qui  eft  de  couleur  Jaune,  fem- 
blable  à  celle  du  citron.  Citrinus.  Etoffe  citrim^ 
Il  y  a  un  bois  qu'on  appelle  Santal  citrin ,  à  caufe 
de  fa  couleur.  Il  y  a  auflî  Une  emplâtre  qui  eft 
appelée  citrine  par  la  même  raifon.  Les  Méde^ 
cins  difent  que  les  urines  des  perfonnes  faines 
doivent  être  citrines. 

Citrin.  f,  m.  Efpéce  de  criftal,  qui  eft  ainiî  appelé 
à  caufe  de  fa  couleur  citrine.  Cryjiallus  citrina. 

Citrin  fe  dit  auffi  d'une  certaine  couleur  Jaune, 
que  les  Chimiftes  prétendent  donner  au  mct.il  pouc 
faire  de  l'or  ,  &  qu'ils  appellent  autremenr  lu 
grande  teinture  minérale, 

IP*  Citrin.  f.  m.  Fruit  des  Indes.  Efpèce  de  My- 
robolan.  Voye:^  ce    mot . 

CITRON,  f.  m.  Ci  tria  malus  ,  atrium  malum ,  ou 
malus  medica.  Fruit  du  citronnier,  arbre  dont  nous 
allons  parler  un  peu  plus  bas,  où  l'on  décrira  auilî 
ce  fruit.  Il  y  a  des  citrons  aigtcs ,  &  des  citrons 
doux.  tfT  On  fefert  de  Cïux-cipour  fe  rafraîchir 
&  fe  dcfaltcrer.  Voye^^  Limonade.  On  fait  aulfi 
des  falades  de  citron,  de  la  conrerve,de  la  pâte 
de  bifcuit  de  citron ,  des  confitures  de  l'écorcè  de 


^14 


CIT 


citron^  Le  citron  cfl    très  -  bon   Contre    îcs   poU 
Ibiis.  Athénée  rapporte  que  deux  Criminels  ayant 
été    condamnés    à    être     cxpofés    aux     ferpens  , 
comme    on  les  menoit  au  fupplice ,  une  Cabare- 
licre  leur  donna ,  par   pitié ,  un  citron  qu'elle  te- 
noit  en  fa  main  ,  &  qu'elle  mangeoit.   Ces  Cri- 
minels  le  mangèrent.  Un  peu  après  étant  expofés 
aux    plus  dangereux  &   aux  plus  gros   afpics,  & 
mordus  rudement ,  ils    n'en    liirent  pourtant  pas 
incommodés.  Le  Juge  fort  étonné    demanda  aux 
Soldats  qui  les  avoient  en  garde  ,  s'ils  avoicnt  bu 
ou  mangé  quelque  choie.  Ayant  fçû  qu'on  leur  avoit 
donné  par  hazard  un  citron,  il  commanda  que  le 
lendemain  on  en  donnât  encore  à  manger  à  l'un 
d'eux  leulement, Celui  qui  n'en  mangea  point,  mou- 
rut incontinent  ;  &  celui  qui  en  avoit  mangé ,  ne 
fentit  aucun  mal.  Les  Grecs  les  appellent  x.!Sf.iiA.y,x«, 
Citron  ic  prend  aufîlpour  la  couleur  du  citron.  Ce 
taffetas  ell:  citron  ,  de  couleur  de  citron.  Citrinus  : 
la  même  choie  que  citrin. 
fJCF  Citron,  {herbe  de")  Nom  que  l'on  donne  à  la 

mclifle ,   à  caufe  de  l'on  odeur  de  citron. 
^fF  Citron,  f.  m.  Elpèce    de    poire  qui  reffemble 
aflez  au  citron  par  la  figure  &  par  fa  couleur.  La 
chair  en  efl:  dure ,  pierreufe ,  &  pleine   de  marc. 
Son  eau  eft  abondante  &  mufquée.  Elle  fe  mange  en 
Janvier  &  Février. 
CITRONNAT,  f.  m.  Confiture  faite    de   peau    de 
citron  coupé  en  filets  longs  &  menus ,  &  qu'on 
aflemble  pour  en  faire  comme  un  rocher.  Malurn 
citreiim  feclile  faccharo  conditum.  On  fait  pareille 
choie  de  l'Orange ,  &  on  l'appelle  Orangeade. 
Citronnât  eft  aulfi  une  efpèce  de  dragée,  dans  la- 
quelle on  enferme  un  morceau  d'écorce  de  citton. 
Mali    citrai  particulx    aurato  Jacckaro    circum- 
tecîœ.  ,      ^ 

CITRONNÉ,  EE.  adj, Liqueur, ou  ragoiit,  où  l'on 
a  mis  du  jus  de  citron.  Liquor  citrinus ,  ']us  citri- 
mim.La  gelée,  pour  être  bonne,  doit  me  citron- 
née. On  a  ordonne  à  ce  malade  de  la  tifanne  ci- 
tronnée. 
CITRONNELLE,  f,  f.  Herbe  fine  &  odoriférante  que 
l'on  appelle  encore  autrement  Méliffe.  Les  herbes 
fines  &  odoriférantes  des  falades ,  outre  les  autres 
foutnitures,  font  i'eftragon, le  baume  ordinaire,  le 
baume  cittonné ,  la  civette  d'Angleterre  ou  appé- 
tit ,  le  coq  ,  l'anis,  le  fenouil ,  la  petite  méliffe ,  ou 
citronnelle.  Specl.  de  la  Nature.  Voyeî^  MÉlisse  , 
le  Basilic  &  la  Roquette. 
Citronnelle,  f.  f.  Liqueur  appelée  auttement  Eau 
des  Barbades.  Citronella.  La  citronelle  fe  fait  avec 
des  ccorces  extérieures  de  citron  bien  mûres  &: 
féchées  au  foleil.  On  les  met  dans  une  grande 
cucurbite  de  verre  •,  on  verfe  delÏÏis  une  quantité 
proportionnée  de  bonne  eau-de-vie  de  Coignac. 
On  adapte  à  la  cucurbite  fon  chapiteau,  &  à  fon 
bec  un  récipient ,  le  tout  bien  lutté.  Après  avoir 
lailTé  les  matières  en  infufion  froide  pendant  un 
mois,  on  diftille  l'eau-de-vie  à  petit  feu,  èc  au 
bain-Marie.  On  met  à  part  la  moitié  de  cette  diftil- 
lation,qui  fera  la  liqueur  la  plus  forte;  &  ayant  fait 
infulér  dans  l'autre  moitié ,  qui  fera  la  plus  foible, 
la  chair  des  citrons,  on  la  diftille  de  même  cinq 
ou  fix  jours  aptes.  Cette  féconde  eau  fervira  à  adou- 
cir la  première  qu'on  avoit  mife  à  paît.  On  dif- 
foudra  enfuite  dans  ce  mélange  la  quantité  de  beau 
fucre  qu'on  jugera  à  pjopos  félon  fon  goût.  Pour 
rendre  la  citronnelle  plus  agréable ,  on  peut  y  ajou- 
ter ou  de  l'eau  de  fleur  d'orange  ,  mais  en  telle 
<]uantité ,  que  le  goût  de  citron  domine  toujours , 
ou  des  fleurs  de  chadec.  Hifi.  nat.  du  cacao  & 
du  fucre. 
CITRONNIER,  f.  m.  Citrus.  Arbre  qui  ne  diffère 
de  l'oranger  que  par  fon  fruit  &  par  les  feuilles. 
La  racine  du  citronnier  eft  branchue ,  ligneufe , 
dure  comme  le  buis ,  &:  à  peu  près  de  la  même 
couleur.  Son  tronc ,  qui  eft  d'une  moyenne  hauteur 
^  grolTeur, s'élève  comme  les  orangers,  &  donne 
lies  branches  couvertes  d'une  écorce  verdâtre ,  gar- 


C  I  T 

hîes  de  feuilles  alternes,  plus  pointues  que  <;el]es 
du  laurier  ,  6c  d'un  vert -gai,  d'une  odeur  aroma- 
tique ,  &  approchante  un  peu  de  l'odeur  de  leur 
fruit  vert, fans  talon  à  leur  bafe,ce  qui  les  diftin- 
gue  dabord  de  l'oranger,  &  accompagnée  à  leur 
nailfance  d'un  piquant  verdâtre  alTez  roide.  Ses 
fleurs  nailfent  vers  les  extrémités  des  branches  ; 
elles  font  plus  grandes  que  celles  de  l'oranger, 
ramalfées  plulleurs  enfemble  par  petits  bouquets  : 
chacune  de  ces  fleurs  eft  compofée  ordinairement 
de  cinq  pétales  longs  ,  étroits ,  charnus  ,  blancs 
en  dedans,  purpurins  en  dehors,  de  bonne  odeur, 
foûtenues  par  un  calice,  au  milieu  duquel  eft  placé 
le  piftil,  qui  eft  entouré  de  plulîeurs  ctamincs 
blanches  à  foinmets  jaunes  :  il  devient ,  après  que 
la  fleur  eft  paflee ,  un  fruit  oblong  ,  gatni  d'une 
chair  cpaille  &  douice,6c  dont  l'écorce  extérieure 
eft  d'un  jaune  doré,  acre,  amère,  &c  très-aroma- 
tique. Il  eft  divifé  extérieurement  en  plufieurs  cel- 
lules remplies  d'une  fubftance  véficuleufe,  pJeine 
d'un  fuc  doux  dans  quelques  efpèces ,  aigre  dans 
celle  qu'on  emploie  en  Médecine.  Citreum  vul~ 
gare ,  Injl.  R.  herh.  Malus  medica ,  C.  B.  Pin,  Les 
femences  qui  fe  trouvent  renfermées  dans  ces  cel- 
lules, fons  femblables  à  celles  de  l'oranger;  lorf- 
qu'elles  font  dépouillées  de  leur  écorce,  elles  font 
purgatives,  &  enttent  dans  des  tablettes,  qu'on 
nomme  Tablettes  de  citron,  tabellx  de  citro.Qn 
confit  la  fleur  de  citronnier  ;  elle  eft  bonne  pour 
les  eftomachs  délicats  ;  l'écorce  fèche  du  citron  eft 
recommandée  dans  les  poudres  digcftives.  La  chair 
confite  du  citron  aigre  entre  dans  des  compofî- 
tions  ftomachiques. 

On  diftingue  le  citron  d'avec  le  limon  par  la 
grofleur  du  fruit  &  l'épaifleur  de  fa  chair  :  le  limon 
eft  ordinairement  plus  petit ,  plus  arrondi ,  &  a 
une  chair  mince  ;  d'ailleurs  il  eft  plus  pâle ,  &:  a 
moins  d'odeur  que  le  citron.  Le  cédrat  eft  une 
efpèce  de  citron  dont  on  tire  une  eflênce  très-agréa- 
ble. Le  citron  de  Madère  eft  un  petit  citron  vert, 
gros  comme  une  noix  mufcade  ■,  on  nous  l'envoie 
tout  confit  de  nos  Iles  d'Amérique ,  où  il  eft  à 
prélent  fort  commun.  Palladius  fiit  le  premier  qui 
peupla  l'Italie  de  citronniers  ,  qu'il  avoit  apportés 
de  Médie-,  on  en  apporta  enfuite  d'Aflyrie ,  d'où 
vient  le  nom  de  Malus  Medica ,  ou  Malus  ^ffy~ 
ria.  Fcrrarius,  Jéluite  ,  a  écrit  un  Traité  de  la  Cul- 
ture des  Oranç^ers  ,  intitulé  Ferrarii  Hefperides. 
CITROUILLE. V.  f.  Eft  le  nom  qu'on  donne  dans 
l'ufage  ordinaire  à  une  forte  de  plante  cucurbi- 
tacée ,  appelée  en  latin  Pepo ,  que  les  Tradudleurs 
ont  nomme  Pepon  ou  Pompon.  Cette  plante  jette 
plufieurs  tiges  longues,  rampantes,  couchées  fur 
terre ,  &  qui  grimpent  fur  les  corps  voifins  aux- 
quels elles  fe  lient  fortement  par  le  moyen  de 
quelques  vrilles.  La  groifeur  de  ces  tiges  n'excède 
guère  celle  du  pouce  j  elles  font  aulfi  pour  l'ordi- 
naire ,  creufes ,  rudes  au  toucher  2c  pleines  de  fuc. 
Les  feuilles  qu'elles  pouffent ,  font  alternes ,  fort 
grandes ,  arrondies  &  portées  par  des  queues  lon- 
gues ,  rudes  comme  les  tiges  ,  &c  pareillement 
pleines  de  fuc  &  creufes.  Ses  fleurs  font  grandes, 
jaunes ,  en  forme  de  cloche  évafée  ,  &  échancrées 
en  cinq  parties.  Elles  font  ftériies  ou  fertiles:  celles- 
ci  portent  un  fruit  qui  fert  comme  de  pédicule  ou 
de  calice  à  la  fleur ,  qui  étant  mûr ,  eft  compofé 
d'une  écorce  extérieure  qui  eft  comme  ligneufe,  & 
d'une  chair.  Il  eft  divifé  intérieurement  en  trois 
loges ,  qui  renferment  chacune  deux  rangs  de  fe- 
mences de  la  grandeur ,  figure  &  grofleur  d'une 
amande,  &c  comme  bordées  d'une  manière  d'anneau. 
Ce  fruit  varie  beaucoup  ;  il  eft  tantôt  long ,  tantôt 
rond,  tantôt  lilfe,  tantôt  raboteux  &  couvert  de 
verrues ,  tantôt  jaunâtre ,  tantôt  couleur  de  cliair 
&:  tantôt  blanchâtre.  Il  y  en  a  de  fi  prodigieux , 
qu'un  ou  deux  font  la  charge  d'un  homme.  Lorf- 
que  la  citrouille  eft  bien  mûre ,  elle  eft  creufe  dans 
fon  milieu ,  &  on  en  mange  une  partie  de  l'hiver 
dans  les  potages.  On  la  rôtit,  on  la  fiit ,  on  l'allâi- 


CI  T 

fonne  avec  le  beurre,  le  lait ,  le  Tel ,  &  de  quelque 
façon  qu'on  l'apprête ,  elle  donne  peu  de  nourri- 
lute.  Ses  femences  font  du  nombre  des  femences 
froides  majeures  ,  &  leur  moelle  eft  tort  douce. 
Cette  plante  ,  quoi  qu'étrangère,  elt  devenue  très- 
commune  dans  nos  jardins,  &  même  il  n'y  a  pas 
de  plante  potagère  dont  la  femenee  lève  plus  ai- 
fément.  On  en  a  vu  lever  qui  étoit  vieille  de  plus 
de  dix  à  douze  ans.  CitrouilU  aoûùe ,  eil;  celle  qu'on 
cueille  après  le  mois  d'Août.  Dans  les  Indes,  on 
Irotte  les  chevaux  de  fleurs  de  curouilles,  pour  les 
empêcher  d'être  incommodés  des  mouches. 

On  appelle  fîgurcment&bailèmencune  femme  dont 
la  taille  eft  grolfe  &  mal  faite  ,  une  groife  curou'ule. 

La  plante  que  les  Botanidcs  ont  appelée  citrouille, 
en  latirt  ,  anguria  citrullus  dula  ,  diffère  de  la 
précédente-,  i°.  par  fes  feuilles  qui  font  plus  petites 
&  découpées  forr  profondément  ;  i°,  par  les  fruits 
qui  font  moins  gros,  ordinairement  ronds,  d'un 
vert-foncé,  raché  de  quelques  marques  blanchâtres  ; 
3°.  par  la  chair  de  fes  fruits ,  qui  cft  le  plus  fouvent 
tougeâtres  ;  4°.  par  fes  femences ,  qui  font  plus 
petites  &  tougeâtres  ,ou  noirâtres.  Ce  ftuit  eft  fort 
taftaîchiffant,  &  fes  femences  font  du  nombre  des 
femences  froides.  On  peur  ajouter  que  cett;  citrouille 
dans  Tufage  ordinaire,  eft  connue  fous  le  nom  de 
Melon  d'eau  ou  Pajieque.  On  cultive  en  plufieurs 
jardins  de  Provence  ,  &  dans  plulieurs  endroits  de 
i'Efpagne  &  de  l'Italie,  lePaftèque;  &  il  y  donne 
des  fruits  gros  au  plus  comme  la  tcte  d'un  enfant.  Il 
eft  rempli  d'un  fuc  aqueux,  agréable,  doux  &: 
lafraîchiflânt.  Dans  les  pays  du  nord ,  il  ne  pro- 
jfite  pas,  &  il  n'y  a  pas  .la  même  douceur.  Les 
jardins  d'Egypte  font  remplis  de  pkifieurs  Paftèques 
qui  varient  beaucoup ,  &  diiîerent  les  uns  des  autres  j 
c'eft  dommage  qu'elles  ne  puiffent  pas  réuifir  en 
France.  Bélon  fait  mention  de  quelques-unes  dont 
les  fruits  font  extrêmement  gros,  M.  Lippi  y  en  a 
auffi  obfervé  plufieurs  efpéces  fort  particulières.  Le 
Brclil ,  le  Malabar  &  ptefque  toutes  les  Indes  font 
remplies  de  quantité  de  plantes  qui  font  de  la  fa- 
mille des  cucurbitacées  j  il  y  a  même  certaines  de 
ces  plantes  qu'on  pourroit  rapporter  au  genre  de 
citrouille.  On  pourroit  aulïi,  pat  la  culture  ,  leur  fai- 
re perdre  ce  goût  fauvage  qu'elles  ont,  &  nous  les 
rendre  familières  &  utiles  dans  les  jardins  potagers. 
CITTA.  f  f.  Mot  Italien,  abrégé  de^  C'zt'iM.  Il  figni- 
fie  ville,  cité,&c  nous  le  coni'ervons  en  françois 
dans  quelques  noms  de  lieux  d'Italie.  Civitas.  Aiftiî 
nous  difons ,  Cittâ  Vecchia.  ,  ^  c'eft-à-dire  ,  ville 
vieille,  qui  étoit  la  capitale  de  l'Ile  de  Malte,  avant 
que  le  Grand  Maître  de  la  Valette  y  eut  fait  bâ- 
tit la  ville  de  Malthe.  Città  difole  ,  ou  ville  dujo- 
leil  ,  eft  dans  TA^pennin  entre  Céfènc  &:  Forli. 
Ciuà  di  cajUllo ,  ville  épifcopale  de  l'Etat  de  l'E- 
elilc,  fur  le  Tibre  ,  capitale  d'un  Comté  qui  porte 
le  même  nom,  &:  quia  la  Tofcane  au  couchant, 
le  Pérulin  au  midi  ,  au  levant  &  au  nord  le  Du- 
ché d'Urbin.  Il  y  a  trois  Città  Nova,  l'une  dans  la 
Marche  d'Ancône  ,  qui  a  titre  de  Duché  -,  l'autre 
dans  la  Marche  Tréviiane  ,  qui  étoit  autrefois  un 
Evêché ,  &:  qui  n'eft  plus  qu'un  bourg.  La  troifiè- 
nie  eft  fur  la  côte  d'Iftrie ,  éc  dépend  des  Vénitiens 
depuis  liyo  qu'elle  fe  donna  à  eux. 

CIV. 

CIVADE.  f.  f.  PoiiTon  d'étang  de  mer  ,  couvert  d'une 
croûte  ,  Sx.  grand  comme  le  doigt.  La  civade  a  le 
coips  moucheté  &  plufieurs  petits  pics.  Sa  chair 
eft  douce,  &:  rouge  lorfqu'elle  eft  cuite.  Rond. 

Ce  mot  fignifie  aulfi  en  Provence  l'avoine  que 
l'on  donne  aux  chevaux.  Il  vient  de  l'Efpagnol , 
cevada,^  ou  fimplement  de  cival  que  l'on  dit 
dans  ce  pays  pour  cheval,  Civada,s,x.XiVL  pour  le  civ.il. 

CIVADIERE.f.  f.  terme  de  Marine.  C'eft  la  voile 
du  mât  de  beaupré  qui  eft  fur  la  proue.  Acclive 
ad  proram  mari  vélum.  Elle  a  deux  grands  trous  , 
aiîn  que  l'eau  fe  puitf»  ésoukr ,  quand  il  arrive 


CIT  Ci^ 

qu'elle  touche  la  mer ,  car  elle  eft  fort  inclinée, 
La  civadière  fert  plus  à  foûtenir  le  navire  ,  &  à  li 
drcfler  vers  le  haut ,  qu'à  le  pouiTer  eri  avant. 
CIUDAD.  Nom  purement  Efpagnol,  mais  guenons 
difons  en  notre  langue  dans  le  nom  de  quelques 
lieux  d'Eipagne  ,  ou  des  Indes,  qui  dépendent  à<.i 
Efpagnols.  Il  fignifie  cité ,  &  s'eft  formé  du  Latin 
civitas.  Il  y  a  en  Efpagnc  Ciud.id  Real,  civitas  Ré- 
gla, Ville  de  la  nouvelle  Caftille,  C'n.Y^.îi /ioir/f'o* 
Rodericopolis,Yi[[c  épifcopale  du  Royaume  deLcon 
fur  la  rivière  d'Agnada  ,  qui  eft  l'ancienne  Miro-< 
briga,  ou  qui  a  été  bâtie  de  fes  ruines  en  1200, 
par  Ferdinand  Jl ,  Roi  de  Léon.  Ciudas  de  las  pal- 
rnas  i  en  Latin  civitas  Palmarum,  eit  un  nom 
qu'on  donne  .à  la  ville  capitale  de  la  grande  Ca-' 
narie.  Ciudad  de  Iglejias ,  en  Latin  Ecclèjïaruni  civi- 
tas ,  eft  dans  la  Sardaigne  au  midi.  Ciudad  de  loi 
Rayes  ,  en  Latin  ,  Regum  civitas ,  eft  une  ville  d'A- 
mérique fur  la  grande  rivière  de  Guatapory,  Ciudad 
del  Rey  Pkelippe  ,  c'eft-à-dire ,  Civitas  Régis  Phi-' 
lippi ,  ville  de  la  terre  Migellanique  ,  bâtie  en 
1585,  8i  ainfi  nommée  a  l'honneur  de  Philippe  II, 
Elle  a  été  depuis  abandonnée. 

^fT  CIVE,  f  f.  Capula  ou  cepula.  Petire  plante  pota-»  • 
gète  qu'on  met  dans  les  ragoûts  &.  dans  les  four- 
nitures de  falade.  Sa  racine  eft  un  aifemblagc  de 
petites  bulbes ,  à  peu-près  comme  dans  l'cchalotte. 
on  en  compte  trois  efpèces  j  la  cive  de  Portugal  j 
la  grofle  cive  d'Anglererie  ,  &  la  petite  cive  ,  au- 
trement appelée  civette.  Elles  s'emploient  toutes 
trois  aux  mêmes  ulâges ,  Se  ne  diifèrent ,  que  pad 
la  largeur  de  leurs  feuilles.  Les  fleurs  en  font  put- 
purines,  faites  en  petit  paquet,  où  fe  forme  une! 
petite  !;raine. 

|K?  CIVEDA.  Petite  Ville,fur  l'Oglio,  à  dix  lieueS 
de  Breilè  ,  de  la  dépendance  des  Vénitiens. 

^  CIVELLE,  f.  f.  Petit  poiffon  ,  fort  commun  dans 
la  Loire,  depuis  Angers  jufqu'à  la  mer.  Quelques- 
uns  croient  que  c'eft  du  frai  d'Anguilles,  &  non 
une   efpèce  particulière. 

^fT-  CIVENCHEN.  Ville  confîdérable  de  la  Chine,' 
dans  la  Province  de  Fokien ,  elle  a  fijc  aurres  Villes 
dans  fi  dépendance. 

CIVERAGE  ,  f  m.  terme  de  coutumes.  Civeragium. 
C'eft  un  droit  dû  en  quelques  endroits  aux  Sei- 
gneurs ,  Se  payable  en  avoine  |Kr  par  les  Tenan- 
ciers des  rerres  dont  il  leut  a  fait  la  concciïion. 
Quelques  Auteurs   écrivent  cincrage. 

CIVES,  f  f  pi.  Ce  font  de  petites  pièces  de  vetre  tail- 
lées en  rond  donr  on  faifoit  auttefois  les  vitres. 
©n  en  voit  encore  en  Allemagne.  Circulares  yitrê 
partici/lcc. 

ifr  CIVET,  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle ,  en  termes 
de  cuiline  ,  un  ragoût  fait  de  chair  de  lièvre  avec  dit 
bouillon,  du  vin,  de  l'oignon' &  des  alfaiionnemens 
convenables.  Mettre  un  Lièvre  en  civet.  Faire  ua 
Civet  de  liéVrc, 

CIVETTE,  f.  f.  Petit  animal  quadrupède  dont  on 
tire  un  parfum  de  même  nom.  Fêles  odorata  , 
iibetta.  Elle  eft  de  la  taille  d*un  chat ,  ou  d'une 
groffe  fouine.  Elle  a  d'ordinaire  vingt  pouces  def 
long  ,  bc  fa  queue  dix.  Son  poil ,  qui  eft  court  fur 
fa  tête  &  aux  pattes ,  eft  fort  long  fur  le  refte 
du  corps ,  ayanr  quatre  pouces  &  demi  fur  le  dos. 
Il  eft  dur  &  rude ,  &  entremêlé  d'un  autre  plus 
court  &  plus  doux ,  frifé  comme  de  la  laine  ,  qui 
eft  gris-brun.  Le  grand  poil  eft  de  trois  couleurs  , 
faifant  des  raches  &  des  bandes ,  les  unes  noires  ^ 
les  autres  blanches ,  &  les  autres  rouflâtres  -,  mais 
le  noir  eft  la  couleur  dominante  fur  le  corps.  Le 
nez,  le  venrre,  le  deflbus  de  fa  gorge  font  noirs, 
aulfi  bien  que  fes  pies  qui  font  courts,  qui  abou- 
tiflcnt  en  cinq  doigts  &:  un  ergot  ,  &  qui  ont 
des  ongles  noirs ,  non  crochus  &  peu  pointus.  Ses» 
oreilles  font  plus  petites  &  moins  pointues  que 
celles  d\in  chat,  noires  par  dehors;  j  bordées  de 
blanc ,  &  blanches  par  dedarts.  Sa  queue  eft  noire 
pa£  delïlis ,  Se  mêlce  d'un  peui de  bîanc  pir  den©wj/ 


6i6 


G  I  V 


Elle  a  les  yeux  enfermés  dans  deux  tâches  noires,  Se 
on  dit  qu'ils  éclairent  la  nuit  comme  ceux  des 
chats.  Le  dcflus  de  la  tête  ,  jufqu'aux  oreilles ,  eft 
s;tis.  Elle  a  fur  le  cou  quatre  bandes  noires  fur  un 
fond  fort  blanc.  Elle  a  aulli  quelques  taches ,  que 
Pline  appelle  des  yeux  dans  la  panthère,  mais  qui 
ne  font  point  ifolées.  Ses  dents  l'ont  canines ,  &: 
fbuvent  rompues ,  car  c'eft  un  animal  farouche  qui 
les  rompt  en  mordant  les  barreaux  de  fer  de  la 
cage  ,  quand  il  eft  renferme.  La  poche  ,  ou  le  fac  , 
où  ell:  le  parfum  qu'on  appelé  civette ,  eft  au  def- 
fous  de  l'anus.  Elle  a  deux  pouces  &c  demi  de  large  , 
&  trois  de  long.  Sa  capacité  peut  contenir  im  pe- 
tit œuf  de  poule.  On  en  fait  ibrtir  la  liqueur  odo- 
rante d'un  grand  nombre  de  glandes  qui  font  en- 
tre les  deux  tuniques  de  fes  poches.  Scaliger  &  Mat- 
thiole  croient  que  le  parfum  de  la  civette  ,  :^ibettx 
odoramentum  ,  n'eft  autre  chofe  que  fa  fueur  :  mais 
cela  eft  faux ,  aulTi-bien  que  ce  qu'ils  difent  qu'elle 
fe  perfedlionne  avec  le  temps ,  &  que  le  relie  du 
corps  fent  bon. 

Barbe,  dans  fon  Parfumeur  français  ,  à  fuivi  l'o- 
pinion de  Scaliger  &  de  Matthiole  ,  &  dit  que 
l'on  tient  cet  animal  enfermé  dans  une  cage  de 
-  fer  ,  que  les  perfonnes  qui  gouvernent  ces  animaux 
favent  connoître  le  temps  qu'il  faut  prendre  pour 
les  faire  fuer  ,  qu'ils  mettent  alors  plufieuts  ré- 
chauds plein  de  feu  autour  de  leurs  cages  ;  que 
cela  aide  au  naturel  de  l'animal ,  &  que  comme  la 
fueur  en  eft  fort  épaifTe ,  on  ramaffe  avec  un 
couteau  d'ivoire  toute  la  fueur  qui  fe  trouve  Ibus  fes 
écailles  ou  entie  fes  cuifTes ,  &  que  c'eft  ce  que 
nous  appelons  la  civette.  Tout  cela  eft  faux ,  & 
d'ailleurs  cet  anihial  n'a  point  d'écaillés, 

Plufieurs  croient ,  avec  Bclon  j  que  notre  ci- 
vette n'eft  autre  chofe  que  l'hyène  dont  parle  Arif- 
tote ,  ou  que  c'en  eft  Une  efpèce.  Mais  Scaliger , 
Ruel,  Matthiole,  Léon  Africain  ,  Busbec  ,  Al- 
drovandus ,  &  autres  modernes ,  veulent  que  la 
civette  ait  été  inconnue  aux  Anciens ,  &  que  ce  foit 
une  efpèce  de  chat.  Les  civettes  font  fort  com- 
munes au  Royaume  d'Iffiny  en  Guinée.  Les  J^è- 
gres  les  fuivent  à  la  pifte  pour  recueillir  le  fuc 
qu'elles  laiflent  lurles  herbes.  P.  Loyer, 

Ce  mot  vient  de  l'Arabe  ^itet  ou  ^cbed,c\Mi  fi- 
gnifie  écume  ;  car  en  effet  cette  liqueur  eft  écu- 
meufe  en  fortant,&:  fort  blanche  i  &  elle  perd  fa 
blancheur,  quand  elle  eft  repofce.  Cela  eft  tiré 
des  mémoires  de  M.  Perrault.  Le  Père  Ange  de  S. 
Jofeph  dit  qu'il  a  vu  plufieurs  fois  à  Baflbra  le  E;atto 
:iibetto.  Si  que  c'eft  une  fouine  qu'on  frappe  avec 
un  petit  bâton  jufqu'à  tant  qu'elle  fue  le  mufc.  On 
enferme  ces  civettes  fort  étroitement ,  pour  en  tirer 
la  fueur  qui  coule  entre  leurs  aînés  ,  &  cela  une 
fois  par  jour.  Elles  font  d'un  grand  revenu  ;  mais 
elles  dépenfent  beaucoup.  Toutes  les  fois  qu'on  en 
veut  ramallér  la  fueur  ,  on  leur  met  le  cou  dans 
une  fourche ,  afin  de  s'en  rendre  maître  ;  parce 
qu'elles  font  fort  méchantes,  &  ne  s'apprivoifent 
point. 

On  appelle  auffi  civette  ,  la  liqueur  épai/Te  & 
odoriférante  qu'on  tire  de  la  civette, 

La  Civette ,  lorfqu'elle  eft  nouvelle ,  eft  blanche , 
elle  n'eft  pas  encore  en  état  d'être  employée , 
&  lorfqu'elle  eft  trop  vieille  ,  elle  eft  toute  brune, 
elle  n'eft  pas  bonne  non  plus  •,  mais  il  faut  qu'elle 
foit  d'un  jaune  doré  ,  &  d'une  très  -  forte  odeur , 
qui  foit  pourtant  agréable  ,  &:  fur-tout  qu'elle  ne 
iîle  pas ,  car  il  y  auroit  danger  qu'elle  ne  fût  mê- 
lée de  miel.  Barbe. 

f]CF  II  faut  préférer  la  civette  du  mâle  à  celle  de 
la  femelle,  laquelle  eft  fouvenr  mêlée  avec  l'urine 
de  la  bête  ,  qui  l'altère  beaucoup.  Hijioire  des 
voyages. 
Civette  eft  aufîi  un  oifeau  nommé  plus  commu- 
nément Chouette.  Voyez  ce  mor.  Un  des  Erranci 
de  Brefce  ,  qui  avoir  pris  le  furnom  d'il  Notturno  , 
s'étoit  donné  pour  devife  une  civette  ,  avec  cet 
hémyftjche ,  Per  arnica  Jikntia  Liai», 


C  î  V 

Civette  eft  auffi  une  petite  plante  potagère.  Pe- 
tite cive,  Cepula  minor.  Elle  fc  coupe  menu ,  & 
s'emploie  dans  les  falades  &  ragoûts,  Voye? 
Cive. 
CIVIDAL  ,  CIVIDALE.  Mot  Italien ,  qui  ne  fe  dit 
que  d'une  ville  d'Italie ,  nommée  par  les  Latins 
Forum  Juin  ,  &c  capitale  du  Frioul ,  auquel  elle  a 
donné  fort  nom  ;  on  la  nomme  Cividale  ,  Cividale 
del  Frioul,  comme  on  le  .voit  dans  ïHi/loire  du. 
Frioul  de  Palladio  ,  L.  II, p.  58,  Elle  s'appelle  auffi 
Cividale  d\4uflria ,  parce  que  liir  la  fin  du  treizième 
fiècle  elle  fut  foumife  à  Ottocare ,  Roi  de  Bohêrne 
&  Ptince  d'Autriche  ,  dit  le  même  Auteur  ,  L, 
FI,  /7,  15  5 ,  154,  Ainli  Maty  &  les  Géographes  qui 
difent ,  ibit  dans  leurs  Cartes ,  fbit  ailleurs ,  Cividad, 
ou  Ciudad ,  fe  trompent.  Cette  terminaifon  eft  Ef- 
pagnolc  ,  Se  ne  convient  ni  à  la  langue  fran« 
^oile  ,  rli  à  l'italienne  ;  il  faut  dire  Cividal  ou  t7- 
vidale ,  zvtc  l'Atlas,  Thomas  Corneille,  &c. 

qVIERE,  f.  f.  Sorte  de  petit  brancard  ,  à  quatre  bras, 
gCT  fur  lequel  deux  hommes  portent  à  bras  ou 
par  le  itioyen  de  bricolles  ou  bretelles,  de  gros 
fardeaux.  Brachiata  craies.  Dans  les  ateliers  on 
appelle  lar,  des  civières  à  btas,&  dans  l'Eglife,  on 
appelé  des  civières  à  cou  celles  fur  lefquelles  on 
porte  des  Reliques ,  des  pains  bénis. 

On  dit  en  proverbe  ,  cent  ans  bannière  ,  &  cent 
ans  civière;  ^fT  pour  marquer  les  révolutions  & 
les  changemens  de  fortune  qui  arrivent  dans  les 
maifons, 

CIVIL,  ILE.  adj.  ce  qui  regarde  la  police,  le  bien 
public  ,  le  repos  des  Citoyens.  Civilis.  Il  faut  pu- 
nir féveremerit  tous  les  crimes  qui  bleffent  la  fo- 
ciétç  civile.  Les  guerres  civiles  font  les  plus  cruelles* 
&  les  plus  dangereufes  de  toutes.  Il  n'eft  pas  nc- 
ceffaire  de  fe  détacher  de  la  vie  civile  ,  ni  de 
rompre  tout  commerce  avec  les  hommes,  pour 
s'unir  à  Dieu.  S.  Evr.  Vn  mineur  eft  incapable 
des  moindres  adhes  de  la  vie  civile.  C.  B, 

i^  Civile  fe  dit  aufTi ,  en  parlant  des  états  produits 
par  le  fait  des  hommes  -,  état  civil ,  fociété  civile, 
gouvernement  civil.  De  tous  les  états  pioduits  par 
le  fait  des  hommes ,  il  n'y  en  a  point  de  plus 
confidérable  que  l'état  civil  ou  celui  de  la  fbciété 
civile  &:  du  gouvernement.  Le  caraiflère  efTcntiel 
de  cette  fociété ,  qui  la  diftingue  de  la  fîmple  fo- 
ciété de  nature  -,  (  Foyei  Société.  )  c'eft  la  flibordi- 
nation  à  une  autorité  fouveraine  qui  prend  là 
place  de  l'égalité  &  de  l'indépendance. 

%fT  Originairement  le  genre  humain  n'étoit  dif- 
tingue qu'en  familles  &:  non  en  peupIes.Ces  familles 
vivoient  fous  le  gouvernement  paternel  de  celui 
qui  en  étoit  le  ch^i ,  comme  le  père  ou  l'ayeul. 
Mais  enfuite  éxant  Venues  à  s'accroître ,  &  à  s'u- 
nir pour  leurdéfenfe  commuiie,  elles  compofèrent 
un  corps  de  nation  ,  gouverné  par  la  volonté  de 
celui ,  ou  de  ceux  à  qui  l'on  remettoit  l'autorité. 
De-là  vient  cequ'on  appelle  le  gouvernement  civil, 
&  la  diftinélion  de  Souverain  &  de  fujets,  Voyer 
ces  mots,&  Loi  naturelle, 
%fT  Ainfi  pour  fe  faire  une  jufte  idée  de  la  fociété 
civile,  il  .faut  dire  que  c'eft  la  fociété  naturelle 
elle-même,  modifiée  de  telle  forte,  qu'il  y  a  un 
Souverain  qui  y  commande  ,  &  de  la  volonté  du- 
quel tout  ce  qui  peut  intétefler  le  bonheur  de  la 
fociété  dépend  en  dernier  refîbrt  ,  afin  que  fous 
fa  proteélion  &  par  fes  foins  ,  les  hommes  puiiîent 
ie  procurer  d'une  manière  plus  fûre  le  bonheur 
auquel  ils  afpirent  naturellement.  Voye:^  Souve- 
rain, fondemens  de  la  Souveraineté. 

|K?  L'Etat  civil  &c  la  propriété  des  biens  ont 
donné  lieu  à  plufieurs  autres  ctabli/remens  qui  font  la 
beauté  &  l'ornement  de  la  fociété  ,  &  d'où  réful- 
tent  tout  autant  d'états  accefToires  :  comme  font  les 
différentes  charges  de  ceux  qui  ont  quelque  part 
au  gouvernement,  des  Magiftrats ,  des  Juçes,  des 
Officiers  des  Princes,  des  Miniftres  de  la  religion, 
des  Dodleurs ,  &c.  à  quoi  l'on  doit  ajouter  tous 
les  arts ,  les  métiers ,  l'agriculture  ,  la  naviçjatfon, 

le 


CI  V 

le  commerce  avec  toutes  leurs  dépendances  :  ce 
qui  forme  tout  autant  d'états  particuliers ,  par  où 
la    vie   humaine     eft    li    avantageulcment    diva:- 

fi/îée- 

Le  mot  de  civil  s'applique  particulièrement  aux 
Loix  Romaines  qu'on  a  reçues  en  plufieurs  en- 
droits de  l'Europe  -,  5c  eft  oppofé  au  Droit  Canon  , 
&  au  Droir  municipal  de  coutumicr.  Jus  civile. 
Tribonien  a  tait  une  Compilation  du  Droit  Civi/ 
par  l'ordre  de  Juftinien  ,  compolc  du  Digefte,  du 
Code  Se  des  Inltitutes  :  &  c'eft  ce  qu'on  appelle  le 
Corps  du  Droit  Civil.  La  Galcogne,  le  Languedoc  , 
ie  Lyonnois,  le  rcgillcnt  par  le  Droit  Civi/ ,  qu'on 
nomme  autrement  le  Droit  cent.  A  Paris  on  ne 
reçoit  pas  le  Droit  Civil  comme  une  dccifîon ,  mais 
comme  une  raifon.  On  y  a  rétabli  depuis  peu  les 
Ecoles  du  Droit  Civil  &  du  Droit  Canon.  Doc- 
teur ,  Licencié  en  Droit  Civil  Se  Canon,  Cujas  a  été 
un  célèbre  Proteireur  du  Droit  Civil. 

Civil  ,  en  termes  de  Palais,  eft  la  procédure  ordi- 
naire qu'on  fait  dans  les  procès  pour  le  commerce 
&  pour  l'intérêt  pécuniaire ,  5c  eft  oppole  à  cri- 
mineL  Dans  ce  fens  on  dit ,  Lieutenant  Civil-,  Or- 
dinaricc  cogriitionis  judcx  ;  &c  Lieutenant  Crimi- 
nel 5  Capitalium  rerum  Pnvtor  ;  un  Juge  Civil,  Ju- 
dex  ordmanus  \  &  Criminel ,  Judex  rerum  crimi- 
nahum ,  cupitahiun.  La  Chambre  Civile  du  Châ- 
telet.  Un  Grctiî;  Civil.  Ordmarice,  caiij\z  tribunal^ 
tabularinm.  Une  partie  civile,  eft  celle  qui  pour- 
Tuit  un  procès  criminel  pour  fon  intérêt  particu- 
lier. Adverj'arius  civile  jus  perjet^uens.  Dos  conclu- 
rions civiles  font  des  écritures  qu'on  tait  pour  de- 
mander des  intérêts  civils,  des  dcdommagemens 
pour  la  partie  offenrée. 

On  appelle  Intcrêrs  civils  ,  le  dédommagement 
dû  à  quelqu'un  fur  le  bien  d'un  criminel ,  à  caule 
du  tort  qu'il  a  foufFert  par  le  crime  commis. 
AcAD.  Fr. 

Requête  civitE,  eft  une  voie  de  Droit ,  par  la- 
quelle on  fe  pourvoit  contre  les  Arrêts  des 
Cours  Souveraines ,  ou  contre  les  Sentences  ren- 
dues par  les  Prchdiaux  au  premier  chef  de  l'Edit. 
Lihellus  fupplex  ad  impetraiidam  judicatts  litisno- 
vam  difceptationem.  Elle  diftère  de  la  propojitwn 
d'erreur ,  en  ce  que  par  la  requtte  civile  on  le 
plaint  feulement  du  fiit  de  la  partie  civile  ,  &  des 
fuppofitions  ou  des  furpriies  faites  aux  Juges  :  au 
lieu  que  par  la  propoj'ition  d'erreur  on  accufe  le 
fait  des  Juges,  qui  fe  font  trompés  eux-mêmes. 
C'eft  pourquoi  celle-ci  n'eft  plus  en  ufage.  La 
requête  civile  s'obtient  pat  Lettres*  de  Chancelle- 
rie fur  une  confultation  de  deux  anciens  Avo- 
cats. Les  ampliations  de  requête  civile ,  ou  les  ou- 
vertures de  requête  civile  ,  font  le  dol  perfonnel , 
contrariété  de  jugemens ,  procédures  mal  oblér- 
vées ,  pièces  faulVes  qui  ont  fervi  de  fondement  à 
l'arrêt,  pièces  nouvellement  recouvrées,  retenues 
par  le  dol  de  la  partie  ,  &  autres  cas  mentionnes 
en  l'arricle  34  du  titre  55  de  l'Ordonnance  de 
i66-j.  On  ne  reçoit  plus  les  requêtes  civiles,  s'il 
n'y  a  ouverture  en  la  forme  ,  quand  il  y  auroit 
de  l'erreur  au  fond  ,  &  fans  conligner  une  amende 
de  450   livres. 

On  appelle  mort  civile ,  ce  qui  emporte  un  re- 
tranchement de  la  fociété  civile ,  comme  une 
condamnation  aux  galères  perpétuelles ,  à  unban- 
nilfement  perpétuel  ,  ou  une  condamnation  à 
mort  par  contumace,  qui  font  qu'on  ne  regarde 
plus  un  homme  comme  citoyen.  Mors  civilis. 
On  le  dit  aufli  de  ceux  qui  n'ont  plus  la  faculté 
d'agir  en  des  aflfiiires  temporelles ,  comme  ceux 
qui"  ont  renoncé  au  monde  ,  qui  ont _  fait  des 
vœux  dans  les  Monaftèrcs  -,  ce  qui  eft  fujet  à  ex- 
ception. 

GiTERRE  CIVILE.  On  appelle  ainfi  la  guerre  que  le 
fontentr'eux  les  peuples  d'un  même  Etat,  ouïes 
Citoyens  d'une  même  ville.  Bellum  civile.  Les 
guerres  civiles  font  toujours  plus  cruelles  que  les 
guerres  étrangères. 
Tome  IL 


CI  V  6ij 

'  CiVïL,  fe  dît  au/n  de  la  manière  d'agir  &:  de  con* 
vcrfcr'avcc   les   autres    hommes  dans  la  fociété, 
^  fe  dit  de  celui  qui  par  des  manières  honnêtes 
fait  rendre  des  honneurs  convenables  à  ceux  qu'il 
rencontre.   Nous  fommes  honnues  ,  dit  M.  l'Abbé 
Girard  par  l'obfervation  des  bienféances  &  des  uia- 
ges  reçus  dans  la  fociété.  Nous  fommes  civils  par 
les  honneurs  que  nous  rendons  à  ceux  qui  fe  trou- 
vent_  à  notre  rencontre.  Nous  fommes  polis   par 
les  façons  flatcufes  que  nous  avons   dans  la  con* 
verfition  &  dans  la  conduite  pour  les  perfonnes 
avec  qui  nous  vivons.  Nous  fommes  gracieux  par 
des  airs  prcvenans  pour    ceux    qui    s'adrcifent  à 
nous  ;  les  manières    civiles    font  un  témoignage 
de  relpeél.  Souvent   dans  l'ufage  on   étend  'la  li- 
gnification de   ce  mot.  Voye^  Civilité  M.   de  S. 
Eviu  a    employé    Ce    mot    fubftantivement.  Un 
civil  par  eXcès  eft  plus  fâcheux  qu'un   incivil.  S, 

EVR. 

CIVILEMENT,  adv.  d'une  manière  civile.  C/v/ViV^r. 
L'action  de  faux  fe  peut  pourfuivre  civilement  6C 
criminellement. 

On  dit  auHi,  qu'un  homme  eft  mott  civilement, 
qtiand  il  eft  condamné  à  mort  par  contumace  -, 
aux  galères  perpétuelles ,  à  un  banni/femcnt  per- 
pétuel ,  ou  quand  il  a  fait  profellion  dans  un 
Monaftcrc  :  car  alors  il  eft  ccnfé  à  certains  égards 
retranché  de  la  fociété  civile  ,  privé  des  droits  lie 
des  fonctions  de  la  fociété  civile. 

Civilement,  lignifie  aulfi  honnêtement.  Comiter  > 
humaniter ,  ojjicios'e.  Cet  homme  m'a  traité ,  m'a 
reçu  fort  civilement  ;  il  en  a  agi  fort  civilement 
avec  moi, 

CIVILISATION  ,  f.  f.  terme  de  Jurifprudence. 
C'eft  un  Acte  de  juftice  ,  un  jugement  qui  rend 
civil  un  procès  criminel.  La  civilisation  fe  faic 
en  convertillant  les  informations  en  enquête ,  ou 
autrement. 

i^T  L'ami  des  hommes  a  employé  ce  mot  pour  fo- 
ciabilité.  Voye^^  ce  mot.  La  religion  eft  fans  con- 
tredit le  premier  &;  le  plus  utile  frein  de  l'huma- 
nité :  c'eft  le  premier  reilbrt  de  la  civilifation.  Elle 
nous  prêche ,  &  nous  rappelle  fans  celfe  la  con- 
frarernité ,  adoucit  notre  coeur. 

CIVILISER ,  V.  a.  rendre  civil  Si  poli ,  traitable , 
fociable.  Aliquem  ad  omne  offîcii  munus  injiruere. 
La  Prédication  de  l'Evangile  a  civilifé  les  peu- 
ples barbares  les  plus  fauvages.  Ad  humanitatetrl 
informare.  Il  n'y  a  rien  de  plus  propre  à  civilifer 
&  à  polir  un  jeune  homme  que  la  eùnverfation  des 
Dames. 

Civiliser,  en  termes  de  Palais  ,  lignifie,  recevoir 
un  criminel  en  procès  ordinaire ,  ou  rendre  un 
procès  civil  de  criminel  qu'il  étoit.  Caufam  à  ca- 
pitiilium  rerum  tritunali  ad  cognitionis  ordinarits 
judicium  transferre.  Ce  procès  ,  qui  étoit  à  la 
Tournelle ,  a  été  civilifé ,  &:  renvoyé  aux  Enquêtes , 
pour  y  ^procéder    par  aélion  civile. 

CIVILISE  ,  ÉE,  part.  Il  a  les  lignifications  de  fon  ver- 
be ,  en  latin  comme  en  françois.  Peuple  civilifé. 
Procès  civilifé, 

CIVILITÉ,  f.  f.  Manière  honnête  d'agir,  de  con- 
verfer  dans  la  fociété.  Civilitas. 

gC?  La  civilité  eft  un  cérémonial  de  convention  , 
établi  parmi  les  hommes  ,  de  fe  donner  les  uns 
aux  autres  des  démonftrations  extérieures  d'amitié, 
d'eftime  &  de  confidétation. 

IfT  M.  l'Abbé  Girard  donne  à  ce  mot  une  figni- 
fication  moins  étendue  &  ne  confidère  la  civilité 
que  comme  un  emprcllement  de  marquer  des  égards 
&  du  refpeèl  aux  autres.  Sous  ce  point  de  vue  ce 
n'eft  qu'un  pas  vers  la  politeflc  ,  &  c'eft  une  qua- 
lité réfervée  aux  perfonnes  d'une  condition  inté- 


rieure. 


La  civilité  eft  un  certain  jargon  que  les  hommes 
ont  établi  pour  cacher  les  mauvais  fentimens  qu'ils 
ont  les  uns  pour  les  autres.  S.  EvR.  La  civilité  c^i 
comme  la  beauté  -,  elle  commence  ,  &  elle  fait  les 
premiers  nœudî  de  la  fociété.  Mont.  La  civilité 

I  lii 


6i8 


C  I  V 


n'efl  autre  chofe  qu'an  commerce  continuel  de 
inenionges  ingénieux  pour  fe  rromper  mutuelle- 
mcnr.  Fléch.  Il  cfl:  allez  difficile  de  diftinguer  la 
flatrerie  d'avec  la  civilité  ,  &i  la  politefle  du  monde. 
M.  ScuD.  La  civilité  eft  un  delîr  d'être  cftimé 
poli  en  certaines  occafions.  La  Roch.  La  civilité 
a  augmente  parmi  nous  à  mefure  que  la  poli- 
tcfTe's'y  ell  introduite.  Cail.  Il  vaudroit  mieux 
le  contenter  d'une  civilité  froide  qui  n'oifcnfe  point , 
que  de  fe  trahir  par  une  civilité.excciViwc  ,  qui  attire 
les  importuns.  M.  ScuD.  Combien  de  haines  fc- 
crettes  ne  couvre-t-on  pas  fous  des  apparences  de 
civilité  affeiSlce  î  Les  civilités  gênantes  &c  étudiées 
font  importunes.  Bell.  Le  véritable  el'prit  du  monde 
a  trouvé  l'art  d'introduire  une  certaine  civilité  fa- 
milière ,  qui  rend  la  Ibciétc  agréable  &  commode. 
S.  EvR.  Ceux  qui  font  élevés  dans  les  premiers 
rangs  doivent  s'abaiflcr  en  quelque  manière  par 
leurs  civilités  ,  pour  Jouir  de  leur  prééminence. 
Maleb.  La  civilité  n'eu  bien  fouvent  qu'une  envie 
de  pafler  pour  poli ,  &  une  crainte  d'être  regardé 
comme  un  homme  fauvagc  8>c  grofTier.  M.  Esp. 
ÇCF  Civilité  fe  prend  généralement  pour  compli- 
mens ,  paroles,  adions  obligeantes,  gracieufcs,  de 
autres  devoirs  de  la  vie.  Officiofa  vcrba ,  comitas. 
Dans  ce  fens  il  a  un  pluriel.  Faire  civilité  à  quel- 
qu'un ,  lui  faire  des  civilités.  Après  les  premières 
civilités  de  part  &  d'autre. 

Civilité  fe  dit  auflî  d'un  livre  qui  enfeigne  les  règles 
de  la  civilité.  Liber  adpolitarn  inorum  eUaantiam  , 
fcitam  urbanitatem  erudiens.  Une  civilité  françoiié. 
On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  manque 
aux  devoirs  les  plus  ordinaires  de  la  civi/ùi; ,  qu'il 
n'a  pas  lu  la  civilité  puérile  ,  qui  eft  le  titre  d'un 
ancien  livre. 

CIVIQUE,  adj.  Epithète  qu'on  donnoit  à  des  cou- 
ronnes de  chêne ,  qu'on  accordoit  autrefois  à  Rome 
à  ceux  qui  dans  la  guerre  avoient  fauve  un  citoyen 
dans  une  bataille  ,  ou  dans  un  aflaut.  Corona  civica. 
Elle  étoit  fort  eftimée  ,  &c  fut  même  donnée  à  Au- 
gulte ,  qui  fit  à  cette  occafion  frapper  des  mon- 
noies  avec  cette  devife  ,  Ob  cives  fervatos  ;  c'eft-à- 
dire ,  pour  avoir  fauve  des  citoyens.  On  la  donna 
aufTi  à  Cicéron  ,  après  qu'il  eut  découvert  la  con- 
juration de  Catilina. 

CIVITA.  f.  f.  Mot  italien  ,  que  nous  difons  aufTi 
dans  des  noms  propres  de  lieu.  Civitas.  Il  s'eft 
formé  de  ce  mot  latin.  Cività  eft  une  petite  ville  de 
l'Etat  de  Venife  dans  le  Brelfan.  Cività  Cajiellana 
eft  une  petite  ville  de  l'Etat  de  l'Eglilé  dans 
le  Patrimoine  de  S.  Pierre.  Cività  Ducale  ou 
Reale  ,  c'eft-à-dire ,  Ville  Ducale  ou  Royale ,  pe- 
tite ville  Epil'copale  de  TAbruzze  ultérieure,  fur 
les  confins  de  la  campagne  de  Rome.  Cività  di 
Ferma  ,  en  latin ,  Penna ,  Pinna  ,  ville  Epiico- 
pale  de  la  Calabrc  ultérieure.  Cività  délia  Pieve , 
en  françois ,  Fille  du  peuple.  Civitas  Pkbana.  Pe- 
tite ville  Epifcopale  du  Pérugin  dans  l'Etat  de  l'E- 
glife.  Cività  Vecchia. ,  qne  nous  prononçons  quel- 
quefois Cività  Véche  ,  c'eft-à-dire  ;  Ville  vieille  , 
Civitas  Vêtus ,  eft  une  ville  de  l'Etat  de  l'Eglifc 
dans  le  Patrimoine  de  S.  Pierre.  Elle  a  un  fort  bon 
port ,  qui  fert  de  retraite  ordinaire  aux  Galères 
du  Pape.  Innocent  XIII  l'a  déclarée  port  franc , 
&  lui  a  donné  de  grands  privilèges  pour  y  attirer 
le  commerce.  C'éroit  autrefois  un  Evêché  :  on  l'a 
réuni  à  celui  de  Viterbe.  L'Abbé  Chaftelain  écrit 
toujours  dans  fon  Martyrologe.  Cività  vecque ,  & 
tout  en  un  mot  ;  &  Tillemont ,  Cività  Vecchia  , 
comme  en  italien. 

CPV'ITELLE.  Nom  d'une  petite  ville  d'Italie.  Civi- 
tella.  Cette  ville  eft  dans  l'Abruzze,  au  Royaume 
de  Naples, 

Ce  mot  eft  un  diminutif  formé  du  mot  latin  ci- 
vitas ,  ville. 

CIUN.  Voyei  CniUhf. 

plURAN.  f»  IP,  Nom  d'homme,  Cyprien.  Cyprianus. 


C  L  A 

s.  Ciiiran  ,  près  de  Poitiers ,  eft  un  Monaftèrc  Je 
la  Congrégation  de  Toron. 

Ce  mot^s'eft  fait  par  corruption  de  Cyprianus. 
0CF  CIVRAY.  Petite  ville  de  France  ,  en  Poitou , 
fur  la  Charente ,  à  neuf  lieues  de  Poitiers, 

C  I  Z. 

§3"  CIZE.  Nom  qu'on  donne  à  un  des  diftrids  dans 
lefquels  la  baffe  Navarre  eft  divifée.  S,  Jean-picd- 
de-port  en  eft  le  chef-lieu. 

C  L  A. 

CLABAUD.  f.  m.  Chien  courant  à  grandes  oreilles 
pendantes ,  &  qui  fe  récrie  mal-à-propos  fur  les  voies, 
Nicod  dérive  ce  mot  de  l'hébreu  chtleb  ou  chalab 
ou  du  pluriel  chelabim ,  qui  fignif^c  chien,  CLamo- 
fus  canis. 

On  dit  figurément  &;  populairement  qu'un  cha- 
peau fait  le  clabaud-,  quand  un  de  fcs  bords  bailî's 
pliK  d'un  côté  que  d'autre.  Petafus  cujus  or <e  pars 
in  alteratn  aiirem  dependet ,  petafus  ex  altéra  parte 
pendens.  On  dit  antrement  qu'il  baifFe  l'oreille , 
comme  font  les  chiens  clabauds. 

:gC?  Clabaud  lignifie  figurément  fot,  bavard,  qui  parle 
beaucoup  &  mal-à-propos.  C'cft  un  vrai  clabaud. 
Il  eft  populaire.  Clamator ,  clamofus. 

CLABAUDAGE.  1".  m.  Le  bruit  que  font  plufieurs 
chiens  qui  clabaudent.  Il  fc  prend  aulfi  quelque- 
fois dans  le  fens  de  clabanderie,  Clamitatio. 

CLASAUDEMENT  ,  f.  m.  pour  clubauderie,  criail- 
lerie  importune  ,  fc  trouve  dans  la  Satyre  Ménip- 
pée  ,  p.  80  de  redit,  in-80.  a  Vous  n'oyez  plus  aux 
»  cla.Tes  ce  clabaudement  latin  des  Régens  qui  ob- 
"  tondoient  les  oreilles  de  tout  le  monde....» 

CLABAUDER.  v.  n.  Aboyer  fortement ,  comme  font 
les  chiens  clabauds  qui  aboient  ordinairement  fans 
être  fur  les  voies  de  la  bête.  Allatrare  ,  obla- 
trare. 

Clabaud ER  fe  dit  aufTi  de  l'aboi  des  mâtins. 

Clabauder  fe  dit  figurément  des  hommes  qui  dé- 
clament trop  fort ,  qui  crienr  beaucoup,  mal-à-pro- 
pos &:  fans  (lijet.  Clamitare  ,  blaterare  ,  blatire 
nugas.  Cet  Avocat  ne  fait  que  clabauder ,  au  lieu 
d'apporter  de  bonnes  raifons.  Vous  clabaude^  en 
pédant  fur  des  vétilles  de  Grammaire.  Saint 
Amant. 

Il  eft  aufTi  quelquefois  adlif.  Allatrare  aliquem  , 
alicui  oblatrare.  Que  deviendrai-je  entendant  les 
Libraires  me  clabauder  ?  Bois-R.  Naudé  a  dit  cla- 
bauder ;  pour  dire ,  crier  quelque  chofe  par  les  rues , 
comme  font  les  Colporteurs.  Je  crois  ne  pouvoir 
mieux  faire  que  de  commencer  la  reiTource  de  ma 
fortune  en  clabaudant ,  comme  tant  d'autres  ,  de 
ces  perits  libelles.   Masc. 

CLABAUDERIE.  f.  £  Criaillcrie  ,  cris  fatiguans  &: 
ennuyeux.  Clamor  importunus.  Il  m'étourdit  les 
oreilles  avec  fes  clabaudcries.  Tous  ces  termes  font 
du  ftyle  bas. 

CLABAUDEUR,  f.  m.  qui  clabaude  ,  qui  fait  bien 
du  bruit  pour  peu  de  chofe.  Clamator ,  clamofus. 
On  dit  au  féminin  clabaudeufe. 

CLABAUDIER  pour  CLABAUDEUR.  Apollon  , 
art.  6  de  fon  Ordonnance  ^  interdit  tous  Avocats 
citateurs ,  clabaudiers  Se  déclamateurs.  Parnaffe 
réformé,  p.  155.  Tous  ces  termes  font  du  ftyle 
très-familier. 

go-  CLACKMANNAN.  Ville  d'EcolTe  ,  dans  la  pro- 
vince de  Sterling,  fur  le  Golfe  de  Firth. 

CLACQUER.   Voyei  Claquer 

CLADOTERIES.  f,  f.  pi.  Fêtes  qu'on  célébroit  dans 
le  temps  que  les  vignes  fe  taillent.  Héfychius  en 
fait  mention.  Du  grecxWoç,  rameau. 

§a-  CLAGENFURT.  Clagefurtnm  ,  autrefois  Clau- 
did.  Ville  d'Allemagne  ,  capitale  du  Duché  de 
Carinthie. 

CLAIE,  f.  f.  Ouvrage  dç  Vannier  fait  d'ofier ,  fer- 


CLA 

Vant  à  divers  ufages.  Crates,  Une  claie  cft  faîte 
ordinairement  de  branches  entrelacées  les  unes  dans 
les  autres.  Il  y  a  des  claies  à  claires  voies,  d'autres 
icrrées.  On  met  des  claies  devant  les  fenêtres , 
derrière  les  lits.  Il  y  a  des  claies  qui  fervent  à  net- 
toyer les  habits  ,  &  d'autres  qui  fervent  à  faire 
fccher  des  fruits.  II  y  a  auill  des  claies  de  bois 
plus  grolfier ,  comme  celles  des  ateliers ,  qui  fer- 
vent à  palier  le  fable  pour  en  féparerles  cailloux  s 
des  claies  à  clore  les  bateaux  de  charbon  ;  des  claies 
qui  fervent  à  faire  des  digues  ,  à  entretenir  des 
ouvrages  de  fortification  faits  de  terre  fablonneufe 
&  fraîchement  remuée  ,  à  pafler  des  folles  maré- 
ca£ïeux.  Les  Jardiniers  Ce  fervent  de  claies  pour 
pafler  les  terres.  On  appelle  au(fi  claie  ,  ce  qui  fert 
aux  Bergers  pour  enfermer  leurs  troupeaux  quand 
ils  parquent. 

Ce  mot  de  claie  a  été  fait  à  claudendo.  Du 
Cange  dit  qu'on  l'a  appelé  dans  la  balle  latinité 
cleia  ,  claia  ,  de  ta  ,  clitella  &  cUia  ,  dont  il  croie 
que  ce  mot  cft  dctivé. 

Claie  eft  aufîî  une  grofTe  échelle  de  charpente  at- 
tachée derrière  une  charrette,  fur  laquelle  on  fait 
traîner  par  la  ville  ceux  qui  ont  été  tués  en  duel, 
ou  qui  fe  font  défaits  eux-mêmes. 

CLAIMER  ,  vieux  verbe  ,  avouer ,  nommer.  Ce  terme 
cil  encore  ulitc  au  Parlement  de  Rouen  ,  &  daris 
la  Coutume  de  Normandie  ,  où  il  fignifie  retraire  : 
on  y  dit  aulfi  clainer, 

fjfT  CLAJN.  f  m.  Terme  de  Coutumes  ,qui  a  diffé- 
rentes fignifîcatîons  dans  différens  endroits.  C'elt 
en  général ,  demande  ,  clameur  faite  en  jugement  : 
en  quelques  endroits,  failie  ,  dans  d'autres ,  amende 
duc  par  celui  qui  fuccombe  *,  ailleurs  amende  due 
pour  les  bêtes  prîfes  en  délit. 

^fT  Clain  de  dégagement.  Saifie  Si  ariêt  que  fcSnt 
les  Ouvriers  &i  les  Domeftiques  fur  les  meubles 
du  débiteur  pour  leurs  falaires  ou  gages.  Clain  de 
rétablilicmcnt ,  aftion  en  rcintégrande. 

^fT  CiAiN.  Rivière  de  ^n  France  Poitou.  Elle  palTe 
à  Poitiers ,  tV  va  fe  décharger  dans  la  Vienne  au 
delfous  de  Chatelleraut. 

fC?  CLAIPv ,  AIRE.  adj.  Ce  mot  a  différentes  ac- 
ceptions. En  Phylique  il  eft  relatif  à  la  quantité 
de  rayons  que  réfléchit  un  corps,  &  quelquefois  à  la 
quantité  de  mat'ère  ou  de  parties  folides  qu'il  con- 
tient. Uneco'Uleut  dlaire ,  une  étoffe  claire, 

%fF  Clair  fe  dit  des  objets  qui  répandent  beaucoup 
de  lumière  ,  foit  qu'ils  aient  cette  lumière  d'eux- 
mêmes  ,  foit  qu'ils  l'aient  par  emprunt.  Clams. 
Dans  le  premier  cas  il  convient  aii  fôteil  &  aux 
étoiles  qui  brillent  par  leur  propre  lumière.  Dans 
le  fécond  cas,  il  fe  dit  de  la  lune  &  des  planètes 
qui  luifcnt  d'une  lumière  empruntée.  La  lune  eft 
claire.  Vénus  eft  la  plus  claire  des  planètes. 
^Cr  En  général  le  mot  clair  s'applique  aux  objets 
qui  ont  te  degré  de  lumière  néceflaire  pour  être 
pleinement  diftingucs  &  connus. 

Ce  mot  vient  du  latin  clarus  ,  qui  en  fa  pre- 
mière lignification  veut  dire  un  illiijire ,  celui  qui 
eji  public  victorieux  à  haute  voix. 

Ce  mot  vient  donc  du  grec  x^i  ,  d'où  vient, 
xctAi, K«>É  ,  voco  o\x publico  ,  altd  voce pronuntio. 
Martinuts. 

On  dit  aulTi  au  fubftantif ,  le  clair  de  la  lune. 
Luna  lucida. 

Clair  fe  dit  auffi  des  lumières  élémentaires  ,  du  feu , 
&  des  autres  chofcs  qui  en  participent.  Le  fagot 
fait  un  feu  clair.  Une  bougie  rend  une  lumière 
plus  claire  qu'une  chandelle. 

Clair  lîgnilîc  encore  ,  ce  qui  reçoit  beaucoup  de 
lumière,  &  qui  eft  oppofé  à  ohfcur.  Cet  apparre- 
ment  eft  clair  ,  cet  autre  eft  obfcur.  Autrefois  les 
Eglifes  étoient  fort  obfcures  -,  maintenant  on  les 
fait  fort  claires. 

Clair  fe  dit  encore  des  furfaces  nettes  &  polies  oui 
[      ïéfléchiflent  beaucoup  de  lumière.  Les  miroirs  d'à- 


CLA  Gx^ 

cicr  font  plus  clairs  que  ceux  de  verte  ,  parce  qu'ils 
fouffrenr  un  plus  beau  poli.  Ces  chenets  font  /î 
clairs  ,  qu'il  femble  que  ce  foient  des  miroirs.  C'eil 
en  ce  fens  qu'on  dit  un  te'mzclair,  quand  il  eft  Uni  ^ 
vif  &  poli  j  à  ladilfcrcncede  celui  qui  eft  plombé, 
du  de  celui  qu'ont  leS  perfonncs  indlfpoféesj 

CtAïK-brun  fe  dir  des  cheveux.  On  appelle  chevetiiie 
clairs-huns ,  des  cheveux  d'un  brun  moins  foncé* 
Et  on  dit  d'ui^e  femme  qui  a  les  cheveux  de  cette! 
forte,  qu'elle  eft  clair-brune. 

On  ditauffi,  que  le  blanc  eft  urle  couleur  i'''//r^)) 
parce  qu'elle  naît  d'une  réflexion  de  beaucoup  ࣠
lumière  :  que  le  noir  n'eft  pas  clair,  parce  que  la 
lumière  le  perd,  s'abforbe  dansfes  pores.  Lucidiist 

Clair,  en  tctmes  de  Peinture,  fe  prend  fubftanti^ 
vement,  &  le  dit  des  parties  qui  réfléchilfent  plus 
de  lumière ,  qui  font  compofées  de  couleurs  plus 
hautes,  plus  frappanres.  Lucidus  color.  La  fcience 
du  Peintre  eft  de  bien  ménager  les  clairs  d'un  ta-* 
bicau,  les  teintes,  les  ombres  j  ou  bruns  ,  &:  led 
enfoncemens. 

gcr  Clair  fe  dit  encore  en  Peinture  d'un  tofi  natu- 
rel, &  non  rembruni. 

On  appelle  encore  ainfi  dans  les  ouvrages  de  ta* 
piflcrie,  les  laines  &  les  foies  claires  qui  fervent 
à  rehaulfer  l'ouvrage.  Cet  ouvrage  de  rapifferie  eft: 
prefque  achevé  ,  il  n'y  a  plus  que  les  clairs  » 
mettre   :   les  clairs  font  bien  diftribués. 

Q^KiK-obfcur ,  (.  m.  terme  de  Peinture.  Par  ce  mot 
on  entend  l'art  de  diftribuer  avantageufement  les 
lumières  &  les  ombres  qui  doivent  fe  trouver  dans 
un  tableau  ,  tant  pour  le  repos  &  pour  la  fatis- 
fat^ion  des  yeux  <  que  pont  l'etfef  du  tout  enfemble. 
De  Piles.  Ce  Peintre  entend  bien  le  clair-obfcur  ; 
pour  dite ,  qu'il  donne  à  feS  figures  un  grand  re- 
lief, qu'il  les  débrouille  &  les  détache  bien  paC 
le  moyen  de  la  lumière  Se  des  ombreS. 

Clair  obfcur  fignifie  auffi  un  deflein  qui  n'eft  fait 
qu'avec  deux  couleurs ,  ordinairement  de  blanc  6C 
de  noir  ,  &  quelquefois  de  jaune  :  ou  un  delfeiri 
qui  n'eft  lavé  que  d'une  couleur  brune,  &  les  jours 
fehaulfés  de  blanc.  Color  htcidus  obfcuro  rite  tem* 
peratus.  On  le  dir  auffi  des  cftampes  de  deux  cou- 
leurs qu'on  tire  à  deux  fois  ,  dont  on  voit  des  Vo- 
lumes chez  les  curieux  d'eftampes. 

Le  mot  de  clair-obfcur  eft  compofè  de  deus 
aurres  mors  ,  comme  on  le  voir  :  par  le  moi 
de  clair  ,  on  entend  non-feulement  la  lumière  , 
mais  aulTi  toutes  les  couleurs  qui  font  lumineufes 
de  leur  natute  ;  &  par  le  mot  A'olfcur  ,  il  faut  en- 
tendre non-feulement  toutes  les  ombres,  mais  encore 
les  couleurs  qui  fonr  natuiellement  btunes.  ^oye:^ 
M.  DE  Piles  dans  fon  Cours  de  Peinture  par  prin- 
cipes. 

Clair  fignifie  encore  ce  qui  n'eft  pas  épais  ^  ferré, 
Rarus,  On  dit  en  ce  fens  que  des  cheveux  font 
clairs  ;  que  les  blés  font  clairs  dans  les  champs. 
La  gaze  eft  la  plus  claire  de  toutes  les  étoffes,  1» 
moulfeline  de  toutes  les  toiles. 

Clair  fe  dit  auffi  des  cofps  qui  donnent  palTage  aux 
rayons  de  la  lumière  ;  Se  en  ce  cas  il  fignifie,  dia- 
pharie,  tranfparent.  Per lucidus.  Ce  verre  eft  clair  î 
clair  comme  criftal  de  roche. 

0C?  Clair  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  a  peu  de  confî- 
ftance.  En  ce  fens  il  eft  oppofé  à  épais,  Sc  ne  fe 
dit  que  des  chofes  liquides.  Syrop  trop  cldir ,  bouil- 
lie trop  claire. 

IfT  On  le  dit  auffi  par  oppofition  à  trouble ,  comme 
fynonyme  de  limpide.  Vin  clair.  Eau  qui  n'eft  pas 
encore  claire. 

(fT  On  dit  que  le  temps  eft  clair ,  que  le  ciel  efl 
clair ,  dans  la  fignification  de  ferein  ;  pour  dire  , 
qu'il  n'y  a  point  de  nuages  en  Tair. 

Clair  fe  dit  auffi  en  Mufique  d'un  fon  net  &  aigu 
qui  ftappe  l'oreille  avec  autant  d'éclat,  que  la  Ii>- 
mière  frappe  les  yeux.  Clarus  ,  acutus.  Les  enfans, 
les  femmes,  les  châtrés,  ont  la  voix  plus  clair* 

1 1  i  i  i) 


6ld 


C  L  A 


que  les  autres  gens.  Cette  cloche  a  un  fon  clair  &c 
aïîçentin.  . 

ClaiV   le  dit  aufTi  fîgurcmenl ,  &  fignific   ce  qui  elt 
net  &:  débrouillé.  C7izr«5,  dilucidus ,  enuckatus. 
On  ne  doit  le  déterminera  recevoir  une  vérité  qu'a- 
près une  vue  claire  &  diftinde  de  ce  tjui  eft  né- 
cellaire  pour  porter  un  jugement  alVuré,  Maleb.  La 
narration  dans  le  dilcours  doit  être  exaéle  ,  claire 
Si  ferrée.  S.  Evr.  Que  deviendroient  beaucoup  de 
penfées   de  Tertullien ,  1»  on  les  avoir  réduites  à 
leurs  plus  claires  &C  plus  limples  idées  ?   Maleb. 
|tT  Clair  lignifie  quelquefois  intelligible ,  &:  aile 
à  comprendre.  Un  commentaire   clair  ;  dilcours 
clair.    Méthode  claire  èc  ailce. 
|t?   On  dit  qu'un  homme  a  l'efprit  clair,  lorfqu'il  l'a 
net ,  qu'il  apperçoit  &  connoît  bien  les  objets  &: 
les  prélente  de  même, 
^cr  On  dit  qu'un  homme  voit  clair  içom  dire,  qu'il 
pénètre  bien  le  fonds  des  affaires  -,  qu'il  entend  clair  ; 
pour  dire,  qu'il  entend  à  demi  mot  ce  qu'on  veut 
lui    dire.   Perfpicax ,  acutum  videns.  On  dit  au 
.  contraire  d'un "ftupide ,  qu'on  ne  fauroit  lui  faire  voir 
clair ,   lui   faire  entendre   raifon.   Dans  ces  der- 
-  nièrcs  phrafes  il  eft  employé  adverbialement. 
On  dit  aufli,  qu^un  droit  eft  clair  ;  pour  dire  , 
qu'il  eft  évident ,  jus  apertum  ,  manifejîum  ;  une 
,  queftion  claire  ,  qui  eft  fans  difficulté,  (^utefiio  fa- 
cilis  i  que  les  affaires  d'un  homme  font  claires  , 

■  que  fon  bien  eft  clair  ;  pour  dire  ,  qu'elles  ne  font 
point  embrouillées ,  que  perlbnne  ne  lui  en  dif- 
pute  la  pofleffion.  Res  plance -,  dilucidct ,  non  in' 

.  tricatœ.  Le  fonds  fera  pris  fur  les  plus  clairs  deniers 
du  Tréfor  Royal.  Pars  ararii   Regii  liquidior. 

Cette  terre  eft  le  plus  clair  de  fon  bie«.  Pa- 
trimonii  pars  liquidior. 

Les  gens  de  chicane  difent  qu'il  faut  voir  clair 
dans  une  affaire -,  pour  dire, qu'il  leur  faut  donner 

.    de  l'argent ,  avant  que  de  les  obliger  à  mettre  le 

.    nez  dans  un  fac  pour  l'examiner. 

Clair  fe  dit  aulTi  quelquefois  ablblument  &  adver- 
bialement. Il  fait  clair  ;  pour  dire,  il  fait  jour.  Lucef- 
cit.W  parle  haut  &  clair ,  c'eft-à-dire  ,avec  une  voix 
grêle  &  aiguë.  Il  lui  a  dit  cela  clair  &  net;  pour 
dire  ,  franchement  &;  fans  dilfimulation. 

On  appelle  du  vin  tiré  à  clair  ,  ou  au  clair  ;  du 
vin  tiré  en  bouteilles  étant  bien  repofé. 

^3*  Ces  façons  de  parler  adverbiales  à  clair  8c  au 
clair  ,  fe  difent  au  propre  d'une  liqueur  féparée  de 
fa  lie  ,  de  fon  fédiment.  Vin  tiré  à  clair  ou  au  clair, 
expreiTion  qui  a  lieu  au  figuré.  Les  particularités 

■  de  cet  événement  font  tirées  au  clair ,  c'eft-à-dire  , 
qu'on  a  démêlé  ce  qu'il  y  avoir  de  faux  ,  &;  qu'on 
fçait  au  jufte  ce  qui  en  eft.  Ses  expreffions  fonr  fi 
prelTées  ,  fi  embarraffées  les  unes  dans  les  autres , 
qu'un  tradudeur  eft  obligé  d'ufer  de  longs  détours 

■  pour  les  tirer  au  clair ,  &  les  rendre  intelligibles 
:  dans  une  autre  langue.  Journ.  des  Sav,  en  parlant 

de  Plutarque. 

On  dit  aulTi  qu'un  homme  voit  plus  clair  avec 
des  lunettes,  qu'avec  fes  yeux  ;  qu'un  colin  maillard 

■  voit  clair ,  pour  dire  qu'on  ne  lui  a  pas  bien  appli- 
.  que  fon  bandeau. 

Clair  fe  dit  proverbialement  en  ces  phtafcs.  On  dit 

de  celui  qui  entreprend  quelque  chofe  au-delà  de 

.  fes  forces ,  qu'il  n'y  fera  que  de  l'eau  toute  claire. 

■  On  dit  que  l'argent  eft  clair  femé  chez  quelqu'un  ; 
.  pour  dire  ,  qu'il  n'en  a  guère. 

CLAIR  ,  C.  m.  nom  d'homme.  Clarus.  Il  y  a  plufieurs 
Saints  de  ce  nom.  Il  y  en  a  un  pour  lequel  l'ufage 
eft  de  dire  Clars  au  lieu  de  Clair.  Voyez  Clars. 

CLAIRAC.  Il  feroit  mieux  d'écrire  ainfi  ,  comme  le 
fait  Duchefne ,  &  les  autres  de  fon  temps  :  mais  l'u- 
fage l'a  emporté ,  &  l'on  écrit  aujourd'hui  Clerac. 
Voye^  ce  mot. 

fp-  CL  AIR  AU.    roye^  Clarine. 

GLAIRE ,  f.  f.  nom  de  femme.  Clara.  Sainte  Claire, 

|K3"  Claire.  (Reh>ieufesdefainte).F'oyf{CLARissEs. 

CLAIRE-SOUDURE ,  claire  étofe,  f.f.  Les  Potiers 


CL  A 

d'ctain  appellent  de  laforte,  uneefpcce  d'ctaîncom- 
pofc  de  plomb  &,  d'étain  neuf.  On  le  nomme  auilï 
bajj'e  etojje  ôc  petite  étojfe. 

tfCF  CLAIRE,  f.  f.  On  appelle  ainfi  la  cendre  des  os 
calcinés,  lelfivcs ,  féchés  &  réduits  en  poudro  im- 
palpable fur  le  porphyre,  dont  on  enduit  lafurfacc 
interne  des  coupelles ,  non-feulement  pour  en  rem- 
plir les  inégalités  ,  mais  encore  pour  former  fur 
cette  furface  une  efpèce  de  crible  ,  à  travers  lequel 
le  plomb  Si  les  autres  métaux  vitrifiés  paflent  très- 
ailcment ,  pendant  que  l'or  &c  l'argent ,  ou  toute 
autre  méral  qui  a  encore  la  forme  métallique  ,  y 
font  arrêtés.  Encyc. 

§Cr  Claire  ,  f.  f.  ou  adj.  employé  fubftantivement, 
en  Aftronomie  ,  eft  un  nom  qu'on  a  donné  à  quel- 
ques étoiles.  La  claire  des  gardes ,  &c. 

CLAIREMENT,  adv.  D'une  manière  claire.  Perlu- 
cide  ,  nitidè.  On  voit  clairement  les  objets  à  travers 
cette  lunette.  On  le  dit  auffi  au  figuré.  Les  propor- 
tions d'Euclide  font  démontrées  clairement.  Clare , 
dilucidi  ,  explicate  ,  plané  ,  enucleate.  La  penfée 
n'étant  qu'une  image  que  l'efprit  fe  forme  à  lui- 
même,  elle  doit  rcpréfenter  les  chofes  clairement 
&  fans  obfcurité.  Bouh, 

Que  la  langue  toujours  exprime  clairement  j 
Ce  que  d'abord Tefprit  a  conçu  nettement.  Vill, 

CLAIRET  ,  ETTE  ,  adj.  pris  fouvent  fubftantivement* 
Au  mafculin  il  ne  fe  dit  proprement  que  du  vin 
rouge  paillet.  Vinum  rubellum.  En  ce  fens  on  dit 
qu'un  homme  eft  entre  le  blanc  &  le  clairet  ;  pour 
dire,  qu'il  eft  entre  deux  vins.  On  appelle  clairette 
une  liqueur  compofée  d'eau-de-vie,  de  fucre  &  de 
différens  ingrédiens.  On  appeloit  autrefois  clairet^ 
duvincompole  avec  des  épiceries.  Les  Allemands 
l'appellent  encore  claret,\es  Efpagnols  clarea  ,  Sc 
les  auteurs  modernes  claretum. 

Clairet  ,  f.  m.  terme  de  Jouaillier,  Il  le  dit  d'une 
pierre  dont  la  couleur  eft  trop  foible. 

Clairet. Le  Mont  Clairet.  Montagne  de  Provence, 
près  de  Toulon. 

CLAIRETS  ou  CLÉRETS.  Les  Clairets.  Abbaye 
de  filles  de  l'Ordre  de  Citeaux,  fondée  en  1113. 
Abbatia  de  Claretis,.  Guillaume  V,  Abbé  de  la 
Trappe,  en  fiit  le  premier  père  &c  fupérieur  immé- 
diar ,  Si  elle  demeura  toujours  fous  la  conduite  des 
abbés  de  ce  monaftère ,  tant  qu'il  y  en  eut  de  régu- 
liers. Elle  retourna  fous  la  filiation  de  Clairvaux,  à 
laquelle  elle  appartient  naturellement ,  lorfque  l'Ab- 
baye de  la  Trappe  tomba  en  commande.  En  i58(î, 
le  chapitre  général  de  Citeaux  remit  l'abbé  de 
Rancé  , réformateur  de  la  Trappe,  dans  fon  droit, 
&  les  abbés  de  Citeaux  &  de  Clairvaux  le  prefle- 
rent  de  prendre  la  diredtion  de  cette  maifon  ■■,  l'oit 
indifférence  pour  cette  direction  ,  foit  décence 
pour  l'abbé  de  Clairvaux  ,  qui  en  étoiten  polTelïion 
depuis  long  temps ,  il  ne  pouvoit  s'y  réfoudre.  Mais 
Angélique-Françoife  d'Eftampes  deValençay,  ayant 
éré  nommée  par  le  Roi  à  cette  Abbaye ,  preffa  û 
fort  l'abbé  de  la  Trappe  de  ne  pas  réfifter  plus 
long  remps ,  qu'il  fe  chargea  enfin  de  la  diredlion 
de  l'Abbaye  des  Clairets.  Il  y  fit  fa  vifite  en  i6c)0 
&:  en  Kîpi  ,&  par  les  exhortations,  il  difpofa  les 
religieufes  à  recevoir  la  réforme  qu'elle'^  embraf* 
lêrent  enitf9Z.  P.Hélyot,  T.  FI,  ci.  L'Abbaye  des 
Clairets  e.^  dans  le  Diocèfe.  de  Chartres.  Elle  fut 
fondée  vers  le  commencent  du  XIIP  liècle  par  Ma- 
thilde  de  Brunfwich ,  fœur  de  l'Empereur  Othoa 
TV,&:  femme  de  Gcoffroy,Comte  du  Vç'ichs.  Sainte- 
Marthe.  Le  P.  Hélyot  s'eft  trompé  quand  il  a  die 
que  cette  Abbaye  fut  fondée  en  m;,  puifque 
Thomas ,  Comte  du  Perche  ,  fils  de  Geoffroy  &  de 
Mathilde  les  fondateurs,  confirma  en  m;,  les 
donations  que  fes  père  &  mete  avoient  faites  a 
cette  Abbaye ,  &  y  en  aioiita  de  nouvelles.  îl  fe 
trompe  encore  quand  il  dit  que  Mathilde  en  fut  fon- 
datrice ;  car  le  njême  Thomas,  dans  le  mjme  aftc  3 


C  L  A 

fait  entendre  que  fon  père  ôc  Ta  mère  fiirent  con- 
jointement fondateurs  de  cette  Abbaye. 

Il  y  avoit  auffi  près  de-là  une  fotêt ,  nommce  la 
foret  des  Clairets.  Nemus  Claretis  j  dit  le  même 
adte. 
CLAIRETTE  (  EAU  )  f.  f.  Efpèce  de  ratafia. 
CLAIRETTES,  f,  f.  Religieules  qui  mènent  une  vie 
trcs-auftcre  ,  &  qui  font  fous  la  diretlion  de  l'Abbc 
de  la  Trappe,  ^oye^;  Clairets. 
CL  AIRE- V  OIE,  f.  f.  terme  de  jardinage.  Les  Jardi- 
niers difent ,  il  faut  femer  les  raves  à  claires-voies. 
Les  racines  de  jardin  croiflent  bien  mieux  lorfqu'on 
les  fèmc  à  Claires-voies  ,  que  ioCqu'elles  font  mifes 
en  terre  trop  dru.  Semer  à  claires  -  'voies  ,  c'eft 
jeter  la  graine  en  terre  le  moins  épais  qu'il  eft  pof- 
fible.  LiGER. 
Cx-AiRE-voiL  Ce  dit  au/Ti  des  claies  ,  manequins  &  fem- 
blables  ouvrages  d'ofier  ,  quand  les  morceaux  qui 
les  compofent  font  écartes  les  uns  des  autres ,  & 
qu'ils  laiiiént  du  jour  entr'cux.  Laxum  ,  laxè  intcr- 
textum.  Les  manequins  font  les  uns  à  claire-voie. 
Se  les  autres  pleins.  La  Quint.  On  le  dit  dans  le 
même  lens  de  l'efpacehient  de  folives  d'un  plancher, 
des  chevrons  d'un  comble  ,  fi-c.lorfque  cet  efpace- 
ment  eft  plus  large  qu'il  n'a  coutume  d'être  dans 
les  ouvrages  de  même  nature.  Inurtignia. 
Claire-voie,  terme  d'eaux  &  fovêts,cft  fynonyme 
à  clairières ,  mais  moins  ulité. 

On  appelle   aufli   f/a/Ve-roie ,  les  barreaux  de 
fer  ou  de  bois  que  l'on  met  aux  ouvertures   des 
murailles  d'un  parc  ou  d'un  jardin,  pour  avoir  la 
vue,  pour  jouir  de  la  vue  de  la  campagne.  C/dz/zr/, 
clathra  ,  ou  ciathrus ,  clachtum, 
Claire-voie  ,rerme  de  manufacture  de  lainage  ,  qui 
/ignifie  le  jour  qui  rcfte  quelquefois  entre  les  fils  de 
la  chaîne,  &  après  que  les  draps  ou  autres  étoffes 
de  laine  font  travaillés  en  toile.    On  les  nomme 
aufTi  entrebats, 
CLAIRIÈRE  ;  f.  f.  terme  de  lingère.  Les  femmes  qui 
_  travailleur  en  linge  ,  donnent  le  nom  de  clairières 
aux  endroits  des  toiles  mal  faites  &  inégalement 
frappées ,  qui  font  plus  claires  que  le  refte  ,  c'eft-à- 
dire  ,  dont  la  tiflure  eft  moins  Terrée  que  les  au- 
tres parties.  Les  toiles  pleines  de  clairières  ne  fau- 
roient  durer  autant  que  celles  qui  font  égales,  par- 
ce que  le  fort  emporte  le  foible. 
CLAIRIERES ,  terme  des  eaux  &  forêts.  Locajîlvœ 
raris  arboribus  conjîta.  Ce  font  des  endroits  dans 
les  forêts  qui  font  dégarnis  d'arbres.  Les  bêtes  vont 
fe  reflliyer  dans  les  clairières.  On  dit  auffi  des  va- 
.  gués. 
CLAIRON,  f.  m.  efpèce  de  trompette  qui  a  un  fon 
plus  aigu  que  rotdinaire.^CK//or/jyÔ7zi  lituus^tuha. 
'Le  clairon  2.  le  tuyau  plus  étroit  que  la  trompette. 
Ils  s'aflemblent  avec  des  timbales  &  des  clairons, 
.  Ablancourt. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'Italien  claroh ,  qui  a 
été  fait  de  clarus.  C'eft  à  caufe  qu'il  rend  un  fon 
.  clair.  Dans  la  bafTe  latinité  en  l'appelle  clarajlus  , 
clario  &  claro. 

Nicod  dit  que  clairon  ,  tel  qu'il  étoit  en  ufage 
parmi  les  Maures  &  les  Portugais ,  qui  le  tiennent 
jL     ,  d'eux ,  fervoit  anciennement  comme  de  deffus  à 
P'       plufieurs  rrovnpertes  fonnant  en  taille  ,  ou  baffe- 
contre.  Il  dit  encore  que  le  clairon ,  non  plus  que  la 
trompette  ,  n'étoit  que  pout  la  cavalerie  dans  une 
armée  de  terre ,  Se  dans  une  armée  de  mer ,  pour 
les  gens,  qui  étant  portés  fur  des  vaiffcaux,  n'é- 
toicnt  point  regardés  comme  gens  de  pied.  Il  n'en 
refte  plus  que  le  nom  parmi  nous  ,  excepté  dans 
la  poëfie  où  l'on  dit  encore  les  clairons  Se  les  trom- 
pettes. 
Clairon  eft  auffi  un  jeu  de  l'orgue  qui  eft  long  de 
quatre    pies  ,  accordé  à  l'oiflave  de  la  trompette , 
&:qui,  de  même  qu'elle  ,  le  termine  par  en-haut  en 
s'élargifTant  par  l'endroit  qu'on  nomme  le  pavillon. 
TiibuloTiim  ordofoni  acutioris. 

En  plufieurs   endroits   on   appelle   clairon  y  ce 
qu'on  appelle  ordinairement  clarine^ 


CL  A 


ï 

Claîron  eft  un  terme  de  blafon.  Le  Comte  dé  Batft 
en  Angleterre ,  a  trois  clairons  pour  fes  armes 
Quelques-uns  difent  que  ces  clairons  font  une  efpèc'p 
d. ancienne  trompette.  D'autres  penfent  qu'ils  repré- 
fcntent  plutôt  le  gouvernail  d'un  navire  ,&  d'au- 
très  enfin  l'arrêt  d'une  lance.  Harris. 

Clairon  On  appelle  clairon  fur  la  mer\  un  endroit 
du  ciel  qui  paroît  clair  dans  une  nuit  obfcure, 
rars  nebuloji  cxli  hicidior, 

Oi\  dir  proverbialement  :  à  bête  fùre ,  ne  faufc 
point  de  clairon;çoui  fignifier ,  que  lorfque  l'on 
clt  pcrfuadé  de  la  fagefîe  d'une  fille  ,  il  n'eft  pas  be- 
foin  de  veiller  fur  fa  conduite.  On  le  dit  auffi  ds 
gens  dont  on  connoît  la  fidélité. 

CLAIRON ,f.  £  diminutif.  Petite  fille  nomnléc  Claîré. 

CLAIR-RUISSEL ,  Monaftère  de  l'ordre  de  Fontel 
vraut, fondé  avant  le  milieu  du  douzième  ficcle 
dans  le  pays  de  Caux ,  près  de  Gaille-Fôntaine  i 
par  Hugues  II,  Seigneur  de  Gournai ,  &  Miléfendé 
de  Vcrmandois  fon  époufe.  DeÇcript,  géog,  &  hi(i. 
àe  la  Haute-Norm.tom,i,p.i^^. 

CLAIR-SEMÉ ,  ÉE.adj.  Qui  n'eft  pas  femé  épais ,  quî 
n  eft  pas  près  à  près.  Du  blé  clair-femé.  Clair-femé 
fe  dit  auffi  d'un  bois  qui  n'eft  pas  bien  fourni  d'ar- 
bres. On  dit  proverbialement  que  l'argent  eft  c/^/r- 
Jeme  chez  quelqu'un  ;  pour  dire ,  qu'irn'en  a  guèrci 
On  dit  auffi  figutémenr  d'un  livre  où  il  y  a  quel- 
ques beaux  traits  ,  mais  de  loin  à  loin  ;  que  les 
beautés  y  font  clair-femées. 

CLAIRVAUX,  petite  ville  de  Champagne,  fîtuéé 
dans  l'Evêché  de  Langres ,  fur  la  rivière  d'Aube, 
Clara  vallis. 

ClAirvaux  ,  Abbaye  qui  fut  fondée  en  ii  i  j  ,  en  ce 
lieu  ,  par  Hugues ,  Comte  de  Troyes,  qui  donna 
cette  terre  ,  &  par  Etienne,  Abbé  de  Citeaux  ,  qui 
y  envoya  de  fes  moines  ,  avec  S.  Bernard  qu'il  en  fit 
premier  Abbé  ,  quoiqu'il  n'eût  que  24  ans ,  &:  feu- 
lement^ un  an  de  profeffion.  ClaravalUnfe  Cano- 
biurn.  C'eft  en  ce  fens  que  l'on  dit  que  Clairvaux 
eft  une  des  quatre  filles  de  Citeaux, 

L'Abbaye  de  Clairvaux  a  été  chef  de  plus  àà 
800  monartères  qui  lui  étaient  foumis.  Elle  a  8t 
filles  de  fa  générarion.  Alfonfe  I ,  Roi  de  Porrugal , 
fondareur  de  l'Abbaye  d'Alcobazar,  en  1148,  en 
mémoire  de  la  vidoire  qu'il  avoit  lemportée  fur 
les  Maures,  l'année  précédente,  rendit  en  1 143  , 
fon  royaume  feudataiie  de  l'Abbaye  de  Clairvaux^ 
&  obligea  fes  fucceffeurs  à  lui  payer  tous  les  ans , 
au  jour  de  l'Annonciation  de  la  Sainte  Vierge ,  cin- 
quante marabirains  d'or.  Ce  fut  apparemment  fut 
cela  que  les  religieux  de  Clairvaux  fondèrent  leurs 
prétentions   au  Royaume  de   Portugal,  après  là. 
mort  du  Roi  Sébaftien  ,  tué  à  la  bataille  d'Alcacen 
en  1578.  P.  HÉLYOT  ,  T.  F,  C,  45. 
Clairvaux  fignifie  une  Congrégation  ôil  utt  Ordre 
de  moines ,  dont  l'Abbaye  de  Clairvaux  eft  chef* 
Claravallenfis  Congregatio ,  Ordo,  C'eft  en  ce  fens 
qu'on  dit  le  Chapitre  général   de  Clairvaux  ;  urt 
religieux  de  Clairvaux  \ane  Abbaye,  un  Prieuré* 
un  bénéfice  de  Clairvaux  j  une  Filiation  de  Clair- 
vaux. L'hiftoire  de  Citeaux  à  l'an  1 1 1 5  ,  c.  z  ,  /2,  4  , 
dit  que  Clairvaux  n'eut   point  de  fondateur ,  ou 
qu'il  n'eft  point  connu  -,  que  Claude-Robert  a  dit 
que  ce  fut  Thibaut ,  Comte  de  Champagne ,  mais 
qu'il  fe  trompe,  &  qu'il  confond  la  tranflation  avec 
la  fondation. 

Quelques  auteurs  écrivent  Clervaux  ,  mais  mal. 
Ce  mot  vient  du  latin  Clara  Vallis,  qui  fignifie 
Vallée  claire ,  Val  s'eH  changé  en  au  à.  l'ordinaire. 
Ce  lieu  fut  ainfi  appelé,  .à  caufe  qu'il  eft  difficile 
de  trouver  ailleurs  une  vallée  mieux  éclairée  du 
foleil  par  fa  fituation.  On  l'appeloit  autrefois  vallée 
d'abfynthe,parce  que  cette  herbe  yxroi/foit  en  abonf^ 
dance  :  aujourd'hui  encore  l'abfynthe  de  ce  pays  » 
des  propriétés  particulières. 

CLAIR-VOYANCE,  f.  f.  Difcernement  par  lequel 
on  voit  la  fin  des  chofcs ,  on  en  prévoit  les  conjfé- 


6ii 


CL  A 


quences.  Perfpicacia  ,  perfpicacitas.  Ce  mot  vient 
de  c/arè'&i  de  video.  Il  eft  vieux  &  peu  ulitc. 
CLAIR-VOYANT  ,  ANTE  -,  ad.  Qui  a  relprit  fin  & 
pénétrant ,  qui  pénètre  les  choies ,  qui  eft  d'abord 
au  fait ,  5c  ne  le  huile  pas  tromper.  Ferfpicax  ,  iyn- 
ceus.  Rien  n'échappe  à  l'amour  ;  il  rahne  fur  tout , 
&:  il  fait  tromper  les  plus  cLiir-voyans.  Bouh. 

Jnfpirei  à  ce  digne  Roi 
Avec  l'amour  de  votre  loi , 
Et  l'horreur  de  la  violence. 
Cette  clair- voyante  équité  , 
Qui  de  lafaitjjé  vraijemblance 
:  Sait  difcerner  U  venté.  R. 

IfCT  L'homme  éclairé ,  dit  M.  l'abbé  Girard ,  ne  fe 
trompe  pas,  il  fait.  Le  clair-voyant  ne  felailfe  pas 
tromper,  il  diftingue.  L'étude  rend  ^'c/a/r^' jl'cfpiit 
rend  clair-voyant.  Un  Juge  éclairé  connoît  la  juf- 
rice  d'une  caufc  ;  il  efl:  inftruit  de  la  loi  qui  la  fa- 
vorife  ou  qui  la  condamne.  Un  Juge  clair-voyant 
pénètre  les  circonftances  &:  la  nature  d'une  caulé  ; 
il  efl:  d'abord  au  tait ,  &  voit  de  quoi  il  eO;  queftion. 
Voltaire ,  dans  fes  Remarques  fur  Nicomede ,  à 
propos  de  ce  vers, 

Que  les  plus  clair-voyans  y  jont  tien  empichés: 

Obferve  que  le  mot  clair-voyant  eft  aujourd'hui 
banni  du  ftyle  noble.  On  ne  dit  pas  non  pius ,  ctrc 
empêché  à  quelque  choie.  Cela  eft  à  peine  fouftert 
dans  le  comique. 

go-  GLAISE ,  f  LA  )  ou  LA  CLAIZE  ,  rivière  d.- 
France  dans  le  Bcrri  ,  entre  dans  la  Touraine  ,  & 
fe  perd  dans  la  Creule ,  un  peu  au  delfus  de  la 
Haye. 

CLAM ,  f.  m.  terme  de  jurifprudence  coutumière. 
Plainte  ,  ajournement.  Ce  mot  eft  vieux  &  hors 
d'ufage.  C'cft  de-là  qu'cft  venu  clameur  de  haro , 
Se  l'ancien  verbe  clamer. 

Clam  lignifie  en  Dauphiné,  la  citation  ou  cri  public, 
que  l'on  fait  d'un  abfcnt  ou  contumax. 

Clam.  Dans  le  commerce  ,c'eft  le  plus  petit  de  tous 
les  poids  dont  on  fe  fett  dans  le  royaume  de  Siam. 
Il  pcfe  douze  grains  de  riz. 

%fT  CLAMABLE  ,  adj.  terme  de  coutume.  Dans  la 
Coutume  de  Normandie, il  figniric  ce  qui  eft  fujet 
à  retrait. 

§Cr  CLAMANT ,  dans  la  même  coutume ,  lignifie 
celui  qui  fait  un  retrait  feigneurial,  lignager  ou 
conventionnel.  Dans  d'auttes  coutumes ,  il  lignifie 
le  failir-faiiant  ou  le  faifilfa'nt ,  ôc  même  le  deman- 
deur. 

CLAME  ,  f.  f.  manteau  de  Pèlerin.  Vieux  mot ,  for- 
mé du  latin  chlamvs. 

CLAMECI,  petite  ville  de  France  dans  le  Niver- 
nois,  fur  la  rivière  d'Yonne.  Clumeciacum  ,  Clumi- 
ciacum.  C'eft  dans  un  fauxbourg  de  C7ameci  ^quc 
léfide  l'Evêque  de  Bethléem,  L'an  1215 ,  lorfque  les 
Infidèles  eurent  chafle  les  Chrétiens  de  la  Terre- 
Sainte  ,Raynaud,  Evcque  de  Bethléem  ,  en  Palefti- 
ne  ,fuivitGui ,  comte  de  Nevers ,  qui  r  venoit  en 
.  France.  Ce  Seigneur  lui  donna  l'adminiftration  de 
l'hôpital  de  Clameci  ;  &c  depuis  on  établit  en  ce  lieu, 
un  titre  d'Evêque  de  Bethléem,  à  la  nomination  des 
Comtes  êc  Ducs  de  Nevers ,  Se  qui  fublîfte  encore. 

CLAMER ,  v.  a.  vieux  mot.  Appeler ,  nommer.  Ap- 
pellare  ,  nominare  ,  nuncupare ,  inclamare. 

Tel  fe  fait  maître  aux  arts  clamer  , 

Qui  n'entend  ni  texte  ,  ni  glofe.  Le  M.  Alexis. 

Clamer  vient  du  latin  Clamare. 

Clamfr,  demander  ou  redemander    comme  chofe 

qui  eft  à  foi.  Je  vous  clame  tuite  ce  qui  remaint  en 

la  nef  dou  mien. 

0«  ton  droit  efi,je  n'y  daim  rien , 

Mais  laiffe-moi  venir  le  mien.  G,  De  Gt;iGNEViLLE. 

Ci-AMER ,  dans  la  Pratique  ,  fignifioit  autrefois  pu- 


CL  A 

Hier  t  comme  on  fait  aux  annonces  publiques  & 
proclamations.  Il  eft  encore  en  ufage  en  Norman- 
die ,  où  il  lignifie  retirer  à  droit  lignager  ,  ou  à 
droit  féodal.  On  <pt\xz  clamer  dans  les  30  ans ,  fi  le 
contrat  de  vente  n'a  pas  été  lu  à  l'ilTue  de  la  Meffe 
Paroiilialc  :  autr>.'mcnt  il  faut  clamer  dans  l'an  &i. 
jour.  ReclamJ-re.  On  dii'oit  autrefois  clamer  droit  j 
pour  dire  ,  prétendre  &  demander  quelques  droits. 
Petere  vindicias  rei  cujufpiam  àjudice  ,  petere  Jibi 
adjudicari  vindicias  alicujus  rei,  il  fignifioit  aulU 
faire  faifir  les  biens  ou  deniers  de  fan  débiteur  fo- 
rain ,  &  fe  clamer  en  Cour  fuzeraine  ;  pour  dire , 
s'adrelfer  à  la  Cour  fupérieui'e.  i^^^i/ori  j-  tonaapud 
Supremum  Judicem  pojtulare  ,  vindicare.  On  difoit 
autrefois  clin,  clain  ,  ou  clameur,  pour  dire,  une 
demande  &  ajournement  fait  en  jaftice  ,  ou  une  fai- 
lle. Poflulatio  vudimonii ,  fortunarum  detitoris  ,  8c 
quelquefois  pour  une  peine  au  amende ,  fur-tout 
en  fait  de  bêtes  prifes  en  domimage.  Pecunia  mul~ 
tatitix.  C'eft  de  ce  mot  qu'on  a  fait  déclamer ,  ré- 
clamer ,  acclamation  ,  &cc. 

Ce  mot  vient  de  clamare  ,  qui  fignifie  appeler  , 
crier.    Voye^  au   mot  Clameur. 
Clamée  ,  ée  ,  part. 

CLAMESI ,  f,  m.  Sorte  de  petit  acier  commun  qui 
vient  du  Limoufin  ;  il  n'y  en  a  point  de  fi  bas 
prix  que  celui-là.  Il  fe  vend  par  carreaux  ou  billes 
de  quatre  pouces  de  long  ou  environ. 
§C? CLAMEUR. f.  f.  Du  Litii  clamor  ,  oris,  clamire^ 
crier  x\«j'à  cKimo.  Ce  mot  fignifie  un  grand  cri. 
Clameur  publique  ,  clameur  univerfelle.  Cïla 
excita  la  c/j/TZtT/r  publique  ,  de  grandes  r/^.TZ.'i^rj , 
les  cLvneurs  de  la  populace.  Il  fe  foucioit  peu 
des  murmures  .  impullfans  &  des  vaines  clameurs 
d'une  populace  défarmce.  S.  Evr. 
§CT  Clameur  ,  eii  termes  de  Jurifprudence,  a  difïe- 
rentes  fignifications. 

C'eft  quelquefois  demande ,  quelquefois    faifie  , 
exécution ,   contrainte. 
Clameur  de  haro  ,    eft  une   complainte  ou   ré^ 
clamation  par  laquelle  o-n  implore  le  fecours  de 
la  Juftice ,  contre  la  force  &  l'opprclfion  d'autrui. 
Appellatio  ad  Principem  ad  opem  in  lite  ferendam. 
Du   Moulin    l'appelle    Quiritatio   Normannorum. 
Elle  eft  expliquée  par  le  titre  fécond  de  la  Cou- 
tume de  Normandie.  Le   haro   a  la  même   force 
que  l'interdit  retinendx  poffeffionis  :   celui  fur  le-' 
quel  on  a  crié  le  haro  ,   eft  obligé  de  cefier  l'en- 
trepriie  •,    alors  le  demandeur  mené  le  défendeur 
devant  le  Juge ,  particuhèrcmpnt  en  matière  pol^ 
feifoire  &  provilbire   ;   &  là  ils  donnent  refpetfli- 
vement    caution  ,   l'un    de    pourfuivre  le   haro  , 
&  l'autre    de  le  défendre  :   &  cependant  la  chofe 
eft    fequeftrce    eff   main   tierce  ,    &    le  Juge    ne 
peut    vider    la    clameur   de    haro    fans    amende. 
Cette  clameur   de    haro    eft    en    ufage  en    Nor- 
mandie depuis   la  conquête  de  Raoul  ,   que  l'on 
prononçoit  Roui  &  Rou  >    ou  comme   écrit  Du 
Moulin  dans  fon  Hiftoire  de  Normandie ,  Rhou  , 
de  forte  que  haro  s'en  formé  de  Hal-Rhou  ,    qui 
étoit   le  cri  par    lequel  on    réclamoit  ce  Prince. 
Fovei   Du  Moulin  cité  Liv.  1,  c.  9.  Il    femble 
qu'on  a  dit  autrefois  Clameur  de  harou ,  au  lieu 
de  haro  \  car  le  même  Hiftorien  rapporte ,  Liv. 
VU ,  c.  20.  n.  XXll,  qu'aux  funérailles  de  Guil- 
laume le  Conquérant  ,    un  nommé  Afcelin ,  fils 
d'Artur  ,  Maréchal  ,  d'autres  difent,  foldat  ,  fe 
leva  ,    &  à  haute  voix  fit  cette  plainte  contre  le 
Roi    défunt.    Cette  place    en   laquelle  vous  voule:^ 
maintenant  donner  fepulture  à  ce  corps  ,   a  jadis 
été  celle  de  la  maifon  de  mon  père  ,    laquelle    ce 
Prince  pour  lequel  vous  priei,  lui  ôta. par  force..,. 
C'efl  pourquoi  je    querelle    ù   reclame    publique 
ment    cette    terre  ,    &    vous   défends  à  peine    de 
clameur  de  Harou  d'enterrer  le  corps  de  cet  ufiir- 
pateur  dtns  mon  héritage.   L'amour  que  ce  Raoul 
avoir  pour  la   juftice,    faifoit   réclamer  fon  nom 
par  ceux  qui  fe  fentoient  opprimés  par  la  violence. 
Mais    tcut    ceci  n'eft    pas  fans  difficulté.    Voye^ 


~C  L  A 

Haro,  Dans  les  Lettres  de  Chancellerie  on  met  , 
Nonobftant  clameur  di  haro ,  Chartre  Normande , 
&  autres  Lettres  à  ce  contraires. 
Clameur  au  ciel.  Plainte  autrefois  contre  les  ufur- 
pateurs  du  bien  d'autrui.  Clamor ,  qucreltt ,  provo- 
cado  ad  Deum  ;  expofiulatio  ad  Deurn ,  cxlejtis 
auxilil ,  ou  ,  vinduix  inclamatio.  Quelquefois  ceux 
qui  ufurpoient  le  bien  des  particuliers  étoicnt 
des  Seigneurs  ii  puiHans  ,  qu'il  croit  inutile  d'ulcr 
contre  \v.x  des  voies  ordinaires  de  la  Jufticc. 
Afors  on  le  contentoit  de  les  citer  devant  Dieu  , 
avec  des  cérémonies  qui  ne  manquoient  ;'[;uère 
de  leur  donner  de  la  terreur  ,  &  de  les  engager 
à  la  reftitution.  Ce  fut  ainii  que  Tliomas  de  S. 
Jean  ,  ayant  lifurpé  quelques  terres  du  Mont  S. 
Michel  ,  les  Moines  firent  une  Litanie  contrclui , 
&  la  chantèrent  publiquement  pendant  la  Meile , 
juiqu'a  ce  que  l'ulurpateur  ,  effrayé  ,  vint  ie  jeter 
à  leurs  pics  ,  pour  leur  demander  mifcricorde. 
LoBiNEAU,  T.l,  p.  loz,  C'eft  là  ce  qu'il  appelle 
Clameur  au  ciel. 

Clameur  eft  aufïi  un  vieux  mot  trcs-ftéquent  dans 
la  Coutume  de  Normandie ,  ôi  dans  les  foix  d'An- 
gleterre. La  clameur  féodale  ,  &  la  clameur  ligna- 
gère  ,  font  la  même  choie  que  le  retrait  lignager. 
Denumiatio  prcerogativce.  ad  retinendum  pnedium 
gemilitium.  L'une  &  l'autre  clameur  peut  être  in- 

■  tentée  par  le  Seigneur ,  ou  par  le  plus  proche  pa- 
rent ,  dans  l'an  '&  jour  du  contrat  de  vente.  On 
appelle  auffi  clameur  révocatoire  ,  l'aéilon  qui 
naît  de  la  Loi  i.  G.  de  réf.  vend,  pour  la  réfolu- 
tion  d'un  contrat  pour  léfion  d'autre  moitié  de 
jufte  prix,  Voyei  Retrait. 

ÇLAMEUSE  ,  ad),  f.  qui  ne  le  dit  point  au  mafcu- 
lin,  C'efl:  un  terme  de  droit  canon  &  de  Théo- 
logie morale.  Qui  fait  du  bruit ,  qui  le  fait  avec 
grand  bruit.  Clamofa.  Il  ne  fe  dit  qu'avec  le  mot 
chaire  ,  &  l'on  appelle  chafle  clameufe  ,  la  chailè 
qui  le  fait  avec  grand  bruit.  La  charte  clameufe 
eft  étroitement  défendue  aux  Eccléfiaftiques.  Fena- 
tio  clamofa. 

CLAMOUR.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  clameur, 
plainte,  foupir ,  gémillément.  C/.îOTor  ,  planclus  , 
querela  ,  gemitus. 

Au  diable ,  l'un  qui  fera  Ces  clameurs 
Pour  vous  prier.  Marot. 

CLAMP  ,  f.  m.  autrement  jumclk.  C'efl:  un  terme 
de  Marine  ,  qui  lignifie  une  certaine  pièce  de  bois 
qu'on  applique  contre  un  mat ,  ou  contre  une 
vergue  ,  pour  les  fortifier  ,  &  empêcher  que  le 
bois  n'éclate.  Clamp  cft  aulli  une  petite  pièce 
de  bois  en  forme  de  rouet  ,  qu'on  met  au  lieu 
de  poulie  dans  une  mortoile.  On  appelle  clamp 
de  mât  ,  une  longue  mottoilc  qui  eft  dans  le 
haut  d'un  mât  ou  ^d'une  hune  ,  8:  où  il  y  a  un 
demi-rond  fait  du  même  mât  fur  lequel  paflé  l'ita- 
gue  ou   irache. 

CLAMPONNIER  ou  CLAPONNIER.  f.  &  adj. 
m.  Cheval  clamponnier  eft  celui  qui  eft  long 
jointe  ,  c'eft-à-dire  ,  qui  a  das  paturons  longs  , 
effilés  &  trop  plians.  On  ne  le  Icrt  plus  guère  de 
ce  terme.  Cependant  Guillet  de  la  Guilletiere  l'a 
employé  dans  fon  Didionnarre   de  Manège. 

CLAMYS.  f.  f.  Vêtement  militaire  des  Anciens  , 
qui  fe  portoit  fur  la  tunique  ,  &  qui  étoit  en 
temps  de  guerre  ce  qu'étoit  la  toge  en  temps  de 
paixéOAiOTyj.  Ces  Ambalfadeurs  (  de  l'Empereur 
Anaftafe  )  préfentèrent  à  Clovis  la  robe  de  pour- 
pre ,  avec  cette  efpêce  de  manteau  ,  qu'on  appe- 
loit  clamys  ,  &  une  couronne  d'or  couverte  de 
pierreries.  Ces  ornemens  étoient  ceux  des  Patrices. 

.  CoRDEM.  à  la  réferve  de  la  couronne  ,  que  l'Em- 
pereur feul  portoit.  Il  y  avoit  quatre  ou  cinq  eipè- 
ccs  de  clamys  -,  celle  des  enfans  ,  celle  des  fem- 
mes ,  &  celle  des  hommes  ,  qui  fe  divifoit  en- 
core en  celle  du  peuple  ,  ou  du  vulgaire  ,  ôc 
celle  de  l'Empereur. 


CL  A  (^2,^ 

CLAMZ  ,  f.  m.  terme  de  Commerce.  Petite  mon-- 
noic  d'argent  billonné  qui  a  cours  aux  Indes  Orien- 
tales ,  &:  vaut  onze  deniers  d'argent  de  France^ 
Savory. 

CLAND  ,  f.  m.  terme  de  Charpenteric.  Les  clans 
l'ont  les  bouts  des  pièces  de  Heures  qui  font  fous 
les  portelos  pour  att.achcr  les  bordages  des  bateaux 
fonccts  &;  autres. 

CLAN  ou  GLAND,  f.  m.  Terme  de  Parchemi- 
nier  ,  qui  lignifie  un  inftrument  de  bois  ,  qui 
fert  à  arrêter  au  haut  de  la  herfe  ,  les  peaux  de 
parchemin  en  colfe  ,  ou  en  croiite ,  qu'on  veut- 
raturer  avec  le  1er  ,    fur  le  fommier. 

ifj"  Clan,  f,  m.  Nom  qu'on  donne  en  Ecoife  Se 
en  Irlande  à  une  tribu  formée  d'un  ccrtam  nom- 
bre de  familles.    Acad.    Fr.- 

|Cr  CLANCHiNOLTEPEC.  Ville  de  l'AmcriqiKî 
Septentrionale  au  Mexique  ,  dans  la  province  tle 
Panuco. 

CLANCULAIRES.  Nom  de  Sctls.  Voye?  CLAN- 
GULAIRES. 

CLANDESTIN  ,  INE.  adj.  Qui  fe  fût  fecrette- 
ment  ,  en  cachette ,  &:  contre  la  Loi.  Son  prin- 
cipale ufage  eft  ,  en  parlant  des  mariages  &  des 
alîêmblécs.  Clandejlinus,  Alfcmblée  clandeliine:,  Ma- 
riage clandejtin.  Le  Concile  de  Trente  &  l'Or- 
donnance   annuUent  les  mariages  clandejiijis. 

Il  paroît  par  plufieurs  Chapitres  du  titre  de 
Clandcflina  dcfponjatione ,  dans  les  Décrétai  es  de 
Grégoire  IX,  qu'uuticfois  on  appelloir  clandefin  , 
tout  mariage  qu'on  ne  pouvoir  prouver  par  té- 
moins avoir  été  célébré  ,  quoiqu'il  l'eiit  été  en 
préfence  d'un  Prêtre.  Dans  les  Cours  laïques ,  on  ap- 
pelle mariage  clandejiin  ,  celui  qui  le  tait  ftns  gar- 
der les  folemnités  prefcrites  par  les  Canons  & 
par  les  loix  civiles,  &  on  réduit  ces  folemnités 
à  qtuitre  choies.  La  première  ,  c'eft  d'avoir  dans 
les  mariages  des  enfans  de  famille  ,  le  conlénte- 
ment  de  leurs  patens.  La  féconde ,  c'eft  la  publi- 
cation des  bancs.  La  troifieme  ,  c'eft  la  béné- 
dic5lion  Sacerdotale.  La  quatrième  ,  c'eft  la  pré- 
fence du  Curé  &;  des  témoins.  Confér.  d'Ang. 
Mais ,  à  parler  félon  l'efprit  du  Concile  de  Trente  , 
il  n'y  a  que  les  mariages  que  l'on  contrade  hors 
de  la  préfence  du  Curé  ,  ou  de  quelqu'autre 
Prêtre  commis  par  lui ,  ou  par  l'Evêque  Diocéfain  , 
&  de  deux  ou  trois  témoins  ,  qu'on  puilîê  appe- 
ler proprement  clandeflins  ;  car  la  clandeilinité 
dont  le  Concile  a  fait  un  empêchement  dirimant, 
ne  convient  qu'à  ces  fortes  de  mariages.  Id.  Quoi- 
que ces  fortes  de  mariages  clundejlins  fuHènt  illi- 
cites avant  le  Concile  de  Trente,  comme  étant 
défendus  par  l'Eglife  ,  néanmoins  ils  n'étoient 
pas  invalides  ,  parce  que  l'Eglilé  ne  les  nvoit  pas 
encore  rendus  nuls.  Même  ,  depuis  ce  Concile, 
ils  ne  font  pas  cenfés  nuls  &  invalides  dans  les 
lieux  où  les  Décrets  du  Concile  n'ont  été  ni  pu- 
bliés ,   ni  reçus. 

Ce  mot  vient  de  la  prépofition  clàm  ,  qui  vient 
ou  àe.r-?^'-iot.  claudo  1  ou  àc  af^iy.^K/.funum  ,  de  kAeV.''» 
furor  ,  ahfcondo. 

CLANDESTINE,  f.f.  ou  l'herbe  cachée,  ou  l'herbe 
pour  la  matrice.  ClandejHna.  Plante  qui  croît  dans 
les  endroits  humides  ,  &C  qui  cft  en  partie  cachée 
dans  la  terre.  Sa  racine  eft  longue  &  traçante  , 
fpongieufe  &  un  peu  jaunâtre  j  elle  poulTe  quel- 
ques tiges,  ou  branches  cachées  prefqu'enticre- 
mcnt  dans  la  terre.  Elles  font  couvertes  d'écailies 
placées  afléz  près  les  unes  des  autres  ,  épaiircs , 
blanchâtres,  &:  qui  lui  tiennent  lieu  de  feuilles. 
Quelques-unes  des  extrémités  de  ces  tiges  ,  qui 
Ibrtent  quelques  pouces  hors  de  terre  ,  font 
chargées  de  fleurs  en  mafque  d'une  feule  pièce, 
découpées  en  deux  lèvres  comme  dans  le  Zd/////.//;, 
Elles  font  purpurines  ou  bleuâtres  ,  rarement 
blanches  ,  &  ont  peu  d'odeur.  Leur  calice,  qui 
eft  crénelé  ,  poulfe  un  piftil  qui  enfile  la  flciir  ,  & 
qui  devient  ,  après  la  chiite  de  cette  fleur ,  \n\ 
fruit  qui    n'a   qu'une   cavité  >  Se  qui  s'ouvre  en 


éz4  C  L  A 

deux  parties  avec  lelibrt.  Il  renferme  plulîeurs 
lemcnccs  arrondies.  Cette  plante  a  ctc  d'abord 
trouvée  en  Elpagne ,  près  de  liurgos  ,  Se  on  lui 
attribua  de  grandes  propriétés  pour  les  maladies 
des  femmes  ,  &  Air-tout  contre  la  (Icrilité.  La 
clanicjtine  croît  dans  pUiheurs  endroits  du 
Royaume  -,  on  en  trouve  auprès  de  Touloule, 
dans  les  bois  de  Bourbon  ,  dans  le  Bourbonnois. 
Dalechamp  ,  BoRtL.  Obj'erv. 

Clandestinement,  adv.  d'une  manière  cian- 

dcftine.  Clandelïme  ,  clàm  ,  occulte  ,  clanculùm. 
Ils  Te  l'ont  mariés  clamUfiinement.  La  populace 
s'alFemble  cUndejtincmeTit. 
CLANDESTINITÉ,  i".  f.  Ce  qui  rend  une  chofe 
clandelline  ,  le  défaut  de  folemnicés.  C'eft  pro- 
prement la  qualité  d'une  chofe  qui  fe  fait  en  ca- 
chette ,  furtivement  ,  &  à  l'infcu  des  perfonnes 
qui  y  ont  intérêt.  On  le  dit  particulicremcnc  en 
parlant  des  mariages  contraélés  en  cachette  & 
Contre  la  Loi.  La  clandcjiinité  rend  un  mariage 
nul. 

L'empêchement  dirimanr  n'a  jamais  été  mis  par 
nos  Rois  aux  mariages  des  enfans  mineurs  ,  a 
moins  que  ces  mariages  ne  fulfent  coupables  de 
rapt  ,    de  fcduélion     ou    de    clandejHnué,    Lan- 

GUET. 

1^  CLANGULAIRES  ou  CLANCULAIRES  , 
ou  occultes.  Certains  Anabaptiftes  qui  s'imagi- 
nent qui  leur  eft  permis  de  déguifer  leur  reli- 
gion ,  lorfqu'on  les  interroge  ,  fans  fe  mettre  en 
peine  de  la  confelfer  en  public.  Ceux  qui  font 
dans  les  villes  ,  ne  fréquentent  point  les  Eglifes  ; 
mais  ils  s'aflemblent  dans  leurs  maifons  ou  dans 
leurs  jardins  :  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  nom 
de  frères  jardiniers  ,  jardinières  Se  hortulaites. 
C!j.rc::!arii. 
CLAPET  ,  f.  m.  terme  de  Méchaniquc.  C'eft  une 
efpcce  de  petite  foupape  ,  qui  ie  lève  &  qui  le 
ferme  par  le  moyen  d'une  iimple  charnière  :  on 
la  fait  de  fer  ou  de  cuivre.  Clapet  de  pampe  , 
cft  une  foupape  de  cuivre  clouée  à  la  chopinctte 
de  la  pompe  d'un  vailfeau.  Elle  fert  à.  attirer 
l'eau  du  fond.  On  appelle  auifi  clapets^  ,  les 
petits  morceaux  de  cuir  qu'on  met  au  lieu  de 
maugères  devant  les  dalots  des  petits  vaiifeaux. 
CLAPIER,  f  m.  Petits  tettiers  ,  ou  trous  faits  dans 
une  garenne  ,  où  fe  retirent  &  oii  fe  cachent 
les  lapins.  StrucliUs  caniculorum  latcbra ,  Jlruc- 
tiLe  hitibulam. 

Nicod  dérive  ce  mot  du  Grec   j^aeV?»  qui  fignifîe  , 
yè  cacher  ,  fe  dérober.  Mais  Du  Cange  le  dérive 
du  Latin  clapa  ,    qu'il  dit  être  une  efpéce  d'inf- 
trument  ou  de  machine  ,   avec  laquelle  on  prend 
les    lapins  •,  d'où    apparemment   on    a   fait   auiii 
clapet.    Le   P.  Labbe  le  fiit  venir  de  /epus ,  la- 
pas ,    lapinns  ,  dont  on  a  fait  lapin  ;  &   enfuitc 
lapinarium ,   clapinarium   ,     clapier.    M.   Ménage 
approuve  cette  étymologie. 
tfT  On  appelle  clapier  un  Terrain  clos  de  murail- 
les ,   partie    couvert  ,    partie    découvert  où    l'on 
entretient  des   lapins ,  dans  le  voilinage  d'une  ga- 
renne ,    ou   dans    la    garenne   même.   Les    petits 
que  l'on  tire  de  àzs  clapiers    font  deftinés  à  re- 
peupler la  garenne. 
^?CT  L'on  donne  le  nom  de  clapier  à  une  macliine  de 
bois    où    l'on    nourrit  des    Lapins    domcftiques  , 
&  qui  eft  faite  à  l'imitation  des  clapiers  de   ga 
renne.  Faire  un  clapier  dans  un  grenier  ,  dans  une 
ba<re-cour. 

On  appelle  Lapins  de  clapier  ou  fimplcmcnt 
clapiers ,  les  Lapins  élevés  dans  ces  fortes  de 
machines ,  &  l'on  dit  d'un  mauvais  Lapin  ,  que 
c'cfl:  un  clapier.   Cuniculi  domedici. 

C'eft  de  ceux-là  que  parle  Boileau  en  les  op- 
pofant  aux  Lapins  de  garenne. 

Je  riois  de  le  voir  avec  fa  mine  étique , 
en  Lapins  de  garenne  ériger  nos  clapiers. 


CL  A 

CtAPiER  j    en  tctmes  de  Chirurgie  ,  fignifie  les  dif- 
fércns  fmus  des  iiftules.    S'il  y  avoir  de  la  callo- 
iité  ,    il  l'a  rongeoit  avec  fon  onguent ,    qui   lui 
lérvoit  aulfi  à  ruiner  les  clapiers.  Dionis. 
^fT  CLAPIR.  (  fe  )  v.  récip.  Se  blottir  ,  fe  cacher 
dans    un    trou.  On  le    dit    particulièrement   des 
Lapins.    Les  Lapins  fe  clapiff'ent  dans  des  trous. 
CLAPONNIER.    ^oyei  CLAMPONNIER. 
CLAQUE  ,   f   f.    coup    qu'on    donne  du   plat    de 
la  main.  On  dit  populairement  donner  une  claque 
fur  les  feifes.  Il  n'a  guère  d'autre  ufage. 
ffT  Claque    fe   dit    auifi  d'une  efpcce  de  fandale 
ou  pantoufle  qu'on  met  par  deffus  le  foulier  pour 
ié  garanrir  de    l'humidité  &:  des  crottes.    On  en 
fait  à  l'ufage  des  hommes  &c  des  femmes. 
Claque,    f.    m.  Gros  oifcau,  de  bon   goùr,  de  la 
iîroiieur  d'un  mauvis  ,     &  à  peu  près  de  même 
plumaiîe.  • 
CLAQUEBOIS  ,   f.  m.  eft  un  inftrument  de  Muii- 
que  allez  grofîîer  ,   compofé  de  1 7  bâtons ,   dont 
le  premier  eft  cinq  fois  plus  petit  que  le  dernier  : 
les  autres  diminuent  à  proportion.   Son  coffirceft 
parallélogramme,  qui  a  17  pouces  fur  fon  clavier. 
C'eft  une  efpèce  d'cpinette  dont  les  Flamands  Ce 
fervoient  autrefois. 
CLAQUEDENT  ,  f  m.  terme  d'injure  &  de   mé- 
pris ;   un  gueux  ,  un    miférable   qui  tremble  de 
froid.    Mendicus  ,  mendie abulum.  Ce  n'eft  qu'un 
claqiiedent.    Il  eft    très-bas. 
Claquedent.   Il  fe  dit  aulll  pour  fignifîer  un  brail- 
lard ,  un  Ijorame  qui  ne  fait  que   parler    fans  fa- 
voir  ce  qu'il  dit.    Acau.  Fr.   Il  eft  populaire. 

Ce  mot  vient  de  claquer ,  6:  de  dent  ,  parce 
que  les  gueux  en  demandant  l'aumône  l'hiver, 
fonr  claqiier  leurs  dents  comme  s'ils  avoient  grand 
froid  ,  pour  exciter  la  corapafllon.  Dans  certains 
Auteurs  fatyriqucs ,  aller  au  pays  de  claquedenti 
c'eft  pailer  le  grand  remède.  Gloff.  Bourg. 
CLAQUEMENT,  f.  m.  Bruit  que  font  les  chofcs 
qui  clacjuent  ,  comme  les  dents  ,  les  mains,  les 
os  ,  les  fouets ,  &:  les  chofes  qui  frappent  l'air 
avec  violence.  Dentium  ,  manuum  ,  offîum  ,  Jla- 
ge/lorum  crepitus.  ^fT  Le  claquement  des  mains 
eft  l;  bruit  que  font  les  mains  en  les  frapant 
l'une  contre  l'autte  ;  &  \ç  claquement  àç^  dents, 
le  bruit  que  font  les  dents  quand  elles  fe  cho- 
quent par  un  tremblem.ent  que  caufe  le  froid  ou 
la  peur. 
CLAQUEMURER  ,  v.  a.  terme  familier  ou  de 
plaifanterie.  Enfermer  dans  une  prifon  érroire  , 
enfermer  dans  un  Cloître.  Includere  ,  aliquem 
claufum  tenere. 

On  le  dit  aufli  au  figuré  ,  pour  fe  relTerrer ,  fc 
borner. 

Que  vous  joue:^  au  monde  un  petit  perfonnage. 
De  vous   clacquemurer  aux  chofes  du  ménage. 

Mol. 

Claquemuré  ,  ée.  pair. 

CLAQUE-OREILLE,  f.  m.  Terme  populaire  , 
pour  lignifier  un  chapeau  dont  les  borcls  font  pen- 
dans  ,  ou  celui  qui  le  porte. 

CLAQUER,  v.  n.  Faire  un  certain  bruit  aigu  Sc 
éclatant.  Il  fe  dit  particulièrement  des  mains  qu'on 
fait  claquer  en  les  frappanr  l'une  contre  l'autre. 
Manibus  plaudere  ,  complaudere.  Des  os  qu'on 
fair  cLiquer  en  tirant  violemment  les  doigts  & 
les  membres  ,  des  dents  qui  claquent  par  la  peur 
ou  par  le  frùfon  ,  des  fouets  de  Charretiers  qui 
frappent  l'air  violemmenr.  Concrepare  dentibus  , 
digitis  ,  flagJ/is.  Il  claque  des  dents  ,  fes  dents  lui 
claquent. 

03"Ce  mot  vient,  dit-on ,  de  l'Allemand  Schlagen,hn- 
tre  ,  frapper  ,  ou  du  grec  T;>L«jfi» ,  faire  du  bruit, 
Peut-être  auifi  eft-il  taCtice  &  formé  fur  le  fon  d.-  U 
main  ou  du  fouet. 

^  On  dk  fîgurcment  5i  famiUèrcment,  Mk  claquer 

fon 


* 


CL  A 

Ton  fouet  ,  faire  du  bruit ,  faire  valoir  fon  crédit , 
fon  autorité. 

Tout  Picard  que  j'étais  ,  j'étais  un  bon  Apôtre. 
Et  je  faijois  claquer  rnon  fouet  tout  connue  un  autre. 

IJ3*  CLAQUET  ,  f.  m.  petite  latte  pofce  lut  la  trémie 
d'un  Moulin  ,  d'où  elle  fait  defccndte  peu  à  peu  le 
grain  fur  la  meule  ,  &  fait  un  bruit  conrinucl  en  bat- 
tant fut  la  meule.  Le  bruit  du  claquet  efl:  incommo- 
de. Crepitaculum  molendinarium. 

03"  On  dit  populairement  d'une  perfonne  qui  parle 
beauc  jup  »  que  la  langue  lui  va  comme  un  claquet 
de  moulin. 

Ip-  CLAQUETTE.  f.  f.  CLIQETTE  ,  vieux  mot. 
Crepitaculum. 

CLARE.  Ville  d'Irlande  ,  dans  la  Momonie.  Clara. 
La  ville  de  Clare  eft  capitale  d'un  Comté  du  même 
nom.  Clara:  Comitatus. 

Clare  cft  au(H  un  Bourse  d'Angleterre  qui  a  titre  de 
Duché  ,  &  qu'on  appeloit  autrefois  Clarence.  Au 
moins  les  Seigneurs  de  ce  Bourg  portoient  le  titre 
de  Ducs  de  Clarence. 

CLARENCE.  Ville  de  la  Morée  ,  autrefois  capitale 
d'un  Duché  auquel  elle  donne  fon  nom.  Clarencia. 
Les  Italiens  la  nomment  Chiaren^a.  Quelques  car- 
tes la  mettent  à  l'embouchure  de  l'Achelods ,  entre 
Antravida  &■  Patras ,  au  lieu  où  étoit  l'ancienne  Dy- 
me.  D'autres  la  confondent  avec  Antravida,  &  la 
prennent  pour  l'ancienne  Cyllene.  Le  Cap  de  Cla- 
rence s'avance  dans  le  Golié  de  Clarence ,  vers  l'en- 
trée feprentrioriale  du  canal  de  Zantc.  Le  Duché  de 
Clarence  eft  une  Province  de  la  Morée  ,  qui  ell:  bor- 
née au  nord  par  le  Golfe  de  Lépance ,  au  couchant 
par  celui  de  Patras ,  au  levant  par  la  Sacanie  ,  avec 
le  Belvédère.  Voye^  auffiChAT.v.. 

0Cr  CLARENCE  ou  CLÀRENCIEUX  ,f.  m.  nom  du 
fécond  Roi  d'armes  en  Angleterre,  /^ojf^;  Héraut 
&:  Roi  d'armes  Un  Duc  de  Clarence  occupa  le  pre- 
mier ce  polie. 

CLARjtNIN.  f  m.  Frère  Mineur  Clarénin.  Nom  de 
Religieux  d'une  Réforme  de  l'Ordre  de  S.  François. 
Clarenins.  Le  frère  Ange  de  Cordoue ,  l'un  des  pau- 
vres Ermites  Cél^flins  ,  dent  nous  avons  parlé  au 
mot  Célestin  ,  étant  paire  de  Grèce  en  Italie,  fe 
retira  dans  la  Marche  d'Ancone  ,  entre  Afcoli  & 
lei  montagnes  de  Norfia,près  de  la  rivière  de  Clarè- 
nc,  où  l'an  1 30z,ayant  aliemblé  quelques  difciplcs,il 
comm-nça  la  Congrégation  des  Clarenins  ,  qui  fu- 
rent ain'i  appelés  à  caufe  de  cette  rivière.  Il  vécut 
aflez  tranqu'lLmcnt  dans  cette  folitude  juîqu'à  l'an 
1 5 1 7  ,  que  j  ean  XXII  l'inquiéta  :  mais  ayant  fatis- 
fait  avec  beaucoup  de  prudence  à  toUt  ce  qu'on  lui 
cbiecfa  ,  on  le  lailla  en  paix  jufqu'en  1^40,  qu'il 
mourut  à  Naples.  Sa  Congrégation  fubfida  après  fa 
mort ,  &  fe  foumit  à  la  J  urididion  des  Ordinaires. 
Elle  s'étendit  beaucoup  en  Italie.  En  1472,  fous  Six- 
te IV ,  une  partie  de  la  Congrégation  des  Clarenins 
rentra  dans  l'Ordre  de  S.  François  ,  l'autre  demeura 
foumife  aux  Ordinaires.  Jules  II  &  Pie  V  abolirent 
toutes  ces  divifions ,  &  les  réunirent  à  l'Ordre  de  S. 
François.  P.  Hélyot  ,  T.  Fil ,  C.  VI. 

|Cr  CLAREQUET  ,  f  m.  terme  de  Confifeur.  Nom 
que  l'on  dornc  \  des  confitures  en  p.âte  tranfparen- 
te  dont  on  fait  pluiîeurs  efpèces  de  fruits  ,  Abricots, 
Coins.  Ce  nom  lui  vient  de  fa  tranfparence  ou  de  fon 
clnir. 

CLARICORDE.  Foyei  Manichordion. 

CLARIEN.  ad],  m.  S'.îrnom  d'Apollon  ,  qui  avoir  un 
bois  facré  ,  un  T^^mple  ,  &  un  Oracle  à  Clatos  en 
lonie  rrès  de  Colcnhon.  Clarius. 

•CLARIERE.  f  f.  r(.'ydç  Clairière. 

CLARIFICATION  ,"  f.  f.  eft  l'avion  par  laquelle  on 
rend  une  liqueur  claire.  Defecatio.  Lit  clarification 
d'un  fyrop.  La  clarification  fe  fair  par  rébullition,la 
défpuiratior  5.i  la  colature  ou  fîltration.  On  y  ajou- 
te aufFi  quelquefois  le  blanc  d'œuf,  le  vin  blanc  ,  la 
crème  de  tartre,  &c.  Il  y  a  eu  de  tout  temps  trois  for- 
tes de  préparations  au  vin ,  qui  k  tirent  de  fon  état 
Tome  II, 


CL  A 


^2f 


hatilrel  5  la  clarification ,  le  mèlailgc ,  la  fophiUica- 
tion.  De  la'  Mare  ,  Tr.  de  la  Fol,  L.  IF,  T.  X,  dii 
il  eft  traité  de  cette  clarification. 
CLARIFIER  ,  V.  a(5l.  terme  de  Cliymie.  Rendre  claire 
une  liqueur  qui  eft  trouble.  Liquorem  diluere  ,  defe- 
care.  Il  fe  dit  proprement  des  lues  &:  des  décodions^ 
qu'on  clarifie  par  filttation  ,  en  les  partant  par  unef 
chauffe  ,  &  avec  un  œuf  qu'ori  jette  dedans.  Liquo- 
rem limpidum  reddere.  Le  blanc  d'œuf  par  fcs  par- 
ties vifqueufes ,  acctoche  les  particules  grofllcres  & 
opaques  qui  demeurent  dans  la  chaulfc.  Les  Cabare- 
neïs  clarifient  le  vin  troublé  avec  de  la  colle  de  poiC- 
fon  ,  dont  on  fe  fert  fans  danger.  Les  Anciens  clari- 
fioient  le  vin  en  le  tirant  de  dciTus  la  lie  ,  &  le  cou- 
lantdans  un  autre  tonneau  par  une  chaude  d'étamine, 
qui  en  ôtoù  toute  la  craHc  Se  ce  qu'il  y  avoir  de  plus 
groHîer.  Plutarque  traite  cette  queftion  ,  s'il  étoif 
utile  ou  non  ,de  clarifier  air.li  le  vin.  De  la  Mare  , 
L.  IF,  T.  X.  IkF  Clarifier  chez  les  Raffineurs  de 
fucre  ,  c'eft  l'aclion  de  purifier  les  matières  de  leurs 
faletés  par  les  écumes. 

Clarifier,  en  termes  de  l'Evangile,  fignifie  aufn  , 
mettre  en  honneur  &  en  éclat  :  &  c'eft  de  ce  terme 
dont  iefert  particulièrement  S.  Jean  ,  pour  faire con- 
noîrre  la  Divinité  de  Jefus-Chrift.  Saint  Jean,  c/^.  i  j, 
v.%.  ch.  ij  ,v.j^&  5.  Le  terme  de  c/<zr//?f  r  ne  fe  dit 
plus  en  ce  fens  :  en  tout  cas ,  il  vaut  bien  mieux  fe 
iérvir  de  plorifier.  Voyez  le  recueil  des  Diiferrations 
antiques  du  P.  E.  Souciet  JéC.pai;.  ^i^.  &c  toute  fa 
Diflertation  fut  le  inpl  p  de  l'Èxode.  IIIF.3,. 

Clarifié  ,  éf.  part. 

CLARÎGATION.  f.  Clarigdtio.  Ce  mot  a  qté  employé 
par  M.  de  Courtin  dans  laTraduélion  du  Traité  de 
Grotius  du  Droit  de  la  Guerre  ôcde  la.Paix.Ceir.ac 
n'eft  pas  François  ,  &  il  n'a  été  employé  que  pout 
exprimer  par  un  feul  mot  François  le  ir.ot  Latin  de 
Pline  claris,atio.  La  Clarigation  eft  une  fommation 
haute  &  claire,  dir  Grotius,  que  l'on  fait  à  un  enne- 
mi pour  lui  demander  fatisfaélion  des  injuics  qu'ion 
a  reçues.  IJCF  Clarigare ,  déclarer  la  Guerre  par  un 
héraur,à  faute  de  fatisfaire  aux  Juftes  demandes  qu'oa 
faifoit.  Naudé  s'eft  aulfi  iervi  de  ce  mot  dans  fon 
Mafcurat.  Foye:^  Androlepsie,  c'eft  la  même  chofe* 

CLARINE,  f.  f.  Sorte  de  petite  clochette  qu'on  pend 
au  cou  des  animaux  ,qui  paiflènt  dans  les  forets, 
fCF  pour  entendre  où  ils  font  quand  ils  s'égarent. 
Faccinvm  tintinnabulum. 

CLARINE  ,  EE  .  TenriC  de  Blafon,  qui  fe  dit  des  ani- 
maux garnis  d'une  clochette,  ou  campane  ,  laquel- 
le,;! caufe  qu'elle  fonne  fort  clair ,  a  donné  occafcSrf 
à  ce  nom.  Vache  clarinée  d'atgent.  Facca  argenteutn 
tintinnabulum  fufpenfum  e  collo  ge flans.  Béarn  por- 
te d'or  à  deux  vaches  de  gueules  accornées  ,  acco- 
lées ,  &:  clarinées  d'azur. 

|5C?  CL  A  RINETTE.  f.  f.  Sorte  de  haut  bois ,  qui  a  le 
fon  plus  aigre  ,  plus  clair.  Delà  fon  nom. 

CLARISSE,  f.  f.  Religieufe  de  Sainte  Claire  ,  Reh"- 
gieufe  de  l'Ordre  de  S.  François,inftituée  par  Sainte 
Claire.  Clariff'.i  ,  Monialis  S.  Clarœ.  Les  Clarifies 
font  le  Second  Ordre  de  S.  François.  Ce  Second  Or-' 
dre  commença  l'an  iziz.que  S.  Claire  renonça  au 
monde  à  l'exemple  de  S.  François.  Ce  Saint  voulut 
qu'elles  poitaifcnt  le  nom  de  Pauvres  Dames ,  ou 
Pauvres  Dames  Reformées,  &  en  effet  c'eft  celui  fous 
lequel  on  les  connut  d'abord.  Enfuite  ,  parce  que 
S.  François  leur  avoir  donné  l'Eglifede  S.  Damien  à 
A(îife,&:  que  le  Monaftcre  s'appella  le  Monaftere 
de  S.  Damien ,  on  les  nomma  les  Religieufes  Damia- 
niftes.  S.  François ,  à  la  prière  de  ces  filles ,  leur  don- 
na une  règle  ou  forme  de  vie  ,  qui  fut  d'abord  ap- 
prouvée par  le  Cardinal  Hugolin  ,  qui  en  avoit 
reçu  le  pouvoir  du  Pape  Honorius  III.  Hugolin  de-  ' 
venu  Pape,fous  le  nom  de  Grégoire  IX  ,  la  confirma 
de  vive  voix  ,?i  Innocenr  IV , par  écrit,  en  1146'. 
Grétroire  IX  avoit  apporté  quelques  adouci.'fcmens 
à  cette  rèirle.  Innocenr  IV,  par  un  bref  du  1 5  Avril 
11^5,  défendir  au  Général  des  Frères  Mineurs  ,  & 
à  tous  les  autreSjdc  contraindre  les  Religieufes  Da- 
mianiftes  à  l'obfcrvance  d'une  autre  règle  que  celle 

K  K  k  le 


6i6 


C  L  A 


qu'elles  avoient  reçue  de  S.  François ,  S:  le  9  AoCu 
delà  même  année  /il  la  confirma  encore  à  la  prière 
de  Sainte  Claire.  Alexandre  IV  y  fit  quelques  chan- 
^cmcns.  S.  Bonaventure  ayant  repris  la  diredion  de 
CCS  Religieufes  Tan  11^4,  &:  voyant  que  les  unes 
lliivoient  la  règle  étroite  de  S.  François ,  d'autres 
celle  de  Grégoire  IX,  quelques-unes  celle  d'Innocent 
IV,  &  d'autres  enfin  celle  d'Alexandre  IV  ,  &:  qu'en 
conlcqucnce  de  ces  différentes  règles  on  les  appe- 
loit  les  Reclufcs ,  les  Pauvres  Dames ,  les  Sœurs  Mi- 
neures, les  Damianiftes  &c  les  C7^/7//^j,réfblutdeles 
réunir  toutes  fous  une  même  règle  &:  (bus  une  même 
Oblérvance.  Il  l'obtint  d'Urbain  IV.  Mais  quelques 
Communautés  de  cet  Ordre  voulurent  toujours  vi- 
vre félon  la  règle  que  S.  François  avoir  donnée  à  S'"^ 
Claire.  Celles-ci  fiuent  nommées  Clarijfes  ,  &c  celles 
qui  luivirent  la  règle  d'Urbain  IV  ,  s'appelèrent  Ur- 
baniftes.  Foye^  Wading  Se  le  P.  HIlyot  ,  T.  Fil, 
C.  15. 

Il  y  a  en  Italie  des  Clarijfes  de  l'étrohe  Obfer- 
vance  ,  qui  eurent  pour  Fondarrice  la  Mcre  Fran- 
çoife  de  Jefus-Maria  ,  de  la  maifon  des  Farnclcs ,  qui 
leur  fit  bâtir  leur  premier  Monaflère  à  Albano  ,  l'an 
kJ^I.P.  HÉLYOT,  T.  FII,C.  18. 
Il  y  en  a  encore  d'autres  qu'on  nomme  les  Solitaires 
de  rinftitut  de  S.  Pierre  d'Alcantara ,  fondées  par  le 
Cardinal  Barbcrin  dans  le  bourg  de  Farla ,  &:  approu- 
vées par  un  Bref  de  Clément  X  ,  l'an  i6y6.  Ib. 
fp"  CLARISSIMAT.   f.  m.  Dignité  du   Clanfune. 

Foye^  l'art,  fuivant. 
CLARISSIME.  f".  m.  Clarifimus.Titrc  d'honneur  qui 
fe  donnoit  autrefois  à  tous  les  Confulaires ,  Gouver- 
neurs de  Provinces,  aux  Correéteurs  &  aux  Prciidens, 
excepte  celui  de  Dalmatie ,  qui  avoit  celui  de  Très- 
Parfait,  Perfdclifflmiis.  C'eftla  remarque  de  Bollan- 
dus ,  Fdr.  T.  Ul,p. 60 ,C.D. 

Clarijfime  cft  un  mot  Latin  ,  Clariffimus  ,  fuperla- 
tif  de  Clams  ,  illuflre  ,  qui  par  confcquent  fignifîe 
Très-iHujire. 
CLAROS.  île  de  la  mer  Égée,rur  la  côte  de  l'Afie ,  on 
l'appelle  aujourd'hui  Camalo.  Elle  étoit  autrefois 
confacrée  à  Apollon.  Claros. 

C'eft  encore  une  ville  de  l'Ionie  confacrée  aufTi 
à  Apollon  ,  &  dans  laquelle  il  y  avoit  un  temple  & 
un  oracle.  L'Antiquiré  a  cru  qu'elle  fut  bâtie  par, 
Manto  ,  fille  du  devin  Tirefias ,  après  le  fac  de  The- 
bes  fa  patrie  par  les  Epigones.  Selon  les  fables  fon 
nom  vient  du  verbe  Grec  %>^aint ,  pleurer  ,  parce  que 
Manto  ne  cefTant  d'y  pleurer  la  deftruélion  de  fa 
patrie,  il  fe  fit  de  fes.larmes  une  fontaine  ,  à  laquelle 
du  verbe  K>ai«i» ,  pleurer ,  on  donna  le  nom  Claros. 
D'autres  difent  que  cette  ville  fut  ainli  nommée  de 
KX~,pii ,  fort,&  en  dialeâie  Dorique  «aé^sî  parce  qu'el- 
le échut  à  Apollon  par  le  fort. 

CLARS ,  f.  m.  &  nom  d'homme.  Clarus.  Nous  appe- 
lons Clair ,  les  Saints  qui  ont  porté  le  nom  de  Cla- 
rus, Mais  pour  Saint  Clair  d'Aquitaine  ,  Evcque  6: 
Martyr  du  III  ou  IV'  fiècle ,  nous  ne  difons  pas 
Clair  ,  mais  Clars  :  c'eft  l'ufage, 
0Cr  CLARTE,  f.  f.  Lumière  ,  éclat ,  fplendeur  ,  difent 
tous  nos  Dicliionnaires.  Diftinguons  ces  mots  avec 
M.  l'abbé  Girard,  puifqu'ils  expriment  tous  des  de- 
grés ditférens  de  la  lumière.  La  lueur  eft  le  commen- 
cement de  la  clarié ,  &  \z  fplendeur  en  eft  la  perfec- 
tion. 
1^  La  clarié ,  au  propre  ,  eft  l'aiflion  de  la  lumière 
qui  nous  fait  pleinement  diftinguer  &  coijnoître  les 
objets.  La  lueur  fe  borne  .1  les  faire  feulcmenr  apper- 
cevoir  &r  découvrir,  La  fplendeur  nous  les  montre 
dans  leur  éclat.  La  clarté  du  jour  ,  du  folcil  ,  &c. 
claritas. 

Le  vice  toujours fomhre  aime  l'ohfcurité\ 
Mais  la  feule  vertu  peut  fou^rir  la  clarté. 
Grand  Dieu  chaffe  la  nuit  qui  nous  couvre  les  yeux. 
Et  comtats  contre  nous  à  la  clarté  des  Cieuxl  Boil. 

Clarté  fe  dit  au/Iî  du  teint ,  5c  ilgnifie  blancheur  , 

netteté.  Candor ,  nitor. 
Clarté  fîgnifie  auffi  tranfparence.  Perluciditas.  La 


C  L  A 

clarté  d*Lin^ verre  de  lunette  en  augmente  Icprix. 
(fT  CLARTÉ  fe  dit  audi  au  figuré  de  la  netteté  de 
i'efprit  Se  du  ftyle  ;  Se  c'eft  l'effet  du  choix ,  de  l'em- 
ploi des  terme5,&;  de  l'ordre  dans  lequel  on  les  a  dif- 
pofés ,  &:  dfe  tout  ce  qui  fait  que  nous  fbmmes  faci- 
lement entendus  de  ceux  qui  nous  lifent  ou  qui  nous 
écoutent.  Ferfpicuitas.  C'eù.  unefpritqui  a  beau- 
coup de  clarté  ,  de  jugement ,  de  pénétration.  Il  y 
a  aflèz  d'oblcurité  dans  l'Ecriture  pour  aveugler  les 
réprouvés ,  Se  affez  de  clarté  pour  les  rendre  mexcu- 
fables.  Pasc, 

Tertullien  eft  un  bon  Auteur;  mais  il  feroit  à  Com- 
haitcr  qu'il  y  eût  un  peu  plus  de  clarté  ,  Se  plus  de 
netteté  da\is  fbn  ftyle.  Le  principal  carartère  de  Ja 
Langue  Françoifc  ,  c'eft  la  netteté  Se  la  clarté  dans 
le  diCcours.  Elle  évite  avec  foin  tout  ce  qui  peut  bif- 
fer quelque  doute  5c  quelque  ambiguïté  ,  préférant 
la  clarté  à  tout  le  reûe  :  elle  veut  qu'on  développe 
nettement  tout  ce  qu'on  penfe ,  Si  qu'on  le  préfente 
à  I'efprit  fans  i.mbarras.  Tout  ce  qui  a  befbin  de  ré- 
flexion pour  être  compris,  tout  ce  qui  demande  trop 
d'application  pour  être  entendu  ,  ne  convient  point 
au  génie  vif  Se  prompt  de  la  Nation  Françoife. 

On  dit  poétiquement ,  commencer  à  voir  l±  clar- 
té ,  la  clarté  du  jour  -,  pour  dire  ,  naître  ■■,  Se  jouir  de 
la  clarté  du  jour  ;  pour  dire ,  vivre. 
CLAS.  C  m.  Prononcez  l'a  long  fans  faire  fentir  l'j-.  Son 
des  Cloches  qui  fe  fait  dans  l'Eglife  Catholi<jue , 
quand  un  homme  eft  mort  ,  fie  qui  fe  recommence  à 
plulieurs  rcprifes,jufqu'à  ce  qu'il  foit  enterré.  Fanf- 
i>ris  campani  xris  ,  oa  campanorumfonus  ,  ou.  pul- 
fatio.  Qui  eft-ce  qui  eft  mort  î  Voilà  un  clas  qui  ton- 
ne. On  fbnne  un  clas  ,  prions  Dieu  pour  le  mort.  A 
Reims  on  appelle  ce  fbn  lugubre  ,  VAhhé  mort ,  par 
corruption  ,  pour  ïAltoi  de  la  mort ,  parce  qu'au- 
trefois on  commençoit  à  Ibnner  dès  l'agonie.  Au 
rcfte  ,  ce  mot  ne  fe  dir  point  à  Paris ,  mais  il  eft  fort 
en  ufage  en  quelques  Provinces.  Sonner  un  clas,en- 
terdre  un  clas. 

Borel  dérive  ce  mot  de  K>.û»i,^eo,  je  pleure  ,  Se  il 
y  a  bien  de  l'apparence  qu'en  effet  il  vient  de  là. 
03"  CLASSE,  f.  f.  Ordre  fuivant  lequel  on  range  _di- 
verles  perfonnes  ,  on  diftribuc  différentes  chotés, 
Claris.  Sur  nos  côres  les  matelots  font  diftribués  en 
plulieurs  Clafes.  Les  quadrupèdes ,  les  oifeaux  ,  les 
poilfons  forment  différentes  Claffes  du  règne  animal. 
Grands  d'Elpagne  de  la  première,  de  la  féconde  Claf- 
fe  à  Rome.  Clafjis  primée  homines.  Les  gens  de  la  pre- 
mière C/rf^  avoient  au  moins  115000  livres  de  bien. 
Cicéron  appelle  Clafjîs  quintes  homines  ,  les  gens  de 
néant ,  du  bas  otdre. 
tfr  CLASSE  fe  dit,dans  un  fens  figuré,du  rang  qu'on 
donne  à  certaines  perfonnes  relarivement  au  mérite, 
aux  talens ,  &c.  dans  certaines  profefTions.  Homère , 
Virgile ,  Corneille ,  Racine  ,  ifc.  font  des  Poètes  de 
la  première  Claffe.  On  le  dit  de  même  d'un  excellent 
Peintre,  d'un  excellent  Graveur,  5c  généralement 
de  ceux  qui  excellent  dans  leur  art. 

Ce  mot  vient  de  Clafjis ,  qui  vient  du  verbe  »«^1«), 
coni:;rego  ,  convoco.  Claffe  n'eft  autre  chofe  qu'une 
multitude  affemblée  à  parr. 
§Cr  CLASSES  des  plantes.  Claffes  plantarum.  C'eft 
l'afîémblage  de  plufîeurs  genres  de  plantes  qui  onc 
toutes  certaines  marques  communes ,  par  lefqueUes 
elles  font  efléntiellement  diftinguées  de  toutes  les 
autres  plantes.  On  dit  de  même,  Claffe  des  métaux, 
des  minéraux. 
Classe  fe  dit  aufTi  des  diftindions  qu'on  fait  entre 
des  écoliers  qu'on  dillribue  en  diverfés  falles  félon 
leur  capacité.  Claffis  ,  fchola  ,  auditorium.  Les  fal/es 
font  aufTi  appelées  C/^://^-^.  H  y  a  d'ordinaire  (wCl.ijfes 
dans  les  Collèges  pour  les  Humanités  ,  &  deux  pour 
la  Philofophie.  Cet  entant  eft  de  la  troifième  ,  eft 
de  la  quatrième  Claffe.  Quintilien  s'eft  fervi  de  ce 
mot  au  premier  livre  de  fes  Infiitutions  ,  en  parlant 
des  écoliers. 
Classe  fe  dit  auflî  du  corps  des  écoliers  qui  étudient 
fous  le  même  maître.  Toute  la  Clajfe  s'eil  révoltîe 
contre  le  maître. 


CL  A 

CtAsSE  fignifie  auiTi  le  temps  que  les  écoliers  font  af- 
iemblés  pour  prendre  la  leçon.  Au  commencement 
de  la  Cla(fe.  A  la  hn  de  la  CLife. 

On  appelle  les  hajjes  Clajfes ,  cel les  où  l'on  com- 
mence fes  études.  Les  hauus  Claffes  ,  celles  de  Phi- 
lolbphic ,  Théologie  ,  &c. 

On  appelle  l'ouverture  des  Clajfes  ,1e  temps  où 
les  écoliers  rentrent  en  CUffe  après  le?  vacances. 

On  dit  ouvrir  une  CLip  ,  ioriqu'un  Pruk.Teur 
commence  à  taire  des  leçons  dans  un  lieu  où  l'on 
n'en  faifoit  pas  encore. 

(p*  On  appelle  auffi  C/afe  en  Suilîe  l'aflemblée  des 
Miniftres  de  fous  les  Bailliages.  Je  fus  près  d'un 
an  Tans  être  inquiété ,  mais  à  la  preuùère  C/aJfe  qui 
fetint,  onnemanqua  pas,  fi-c.  Saurin.  Je  me  vis 
tout  d'un  coup  à  couvert  de  toutîs  les  recherches  de 
ma  Clajfe,  &C  je  ne  fongeai  plus  qu'a  vivre  tranquille- 
ment. Id. 

Classe  ,  en  termes  de  Marine  ,  cfl:  un  ordre  qu'on  a 
mis  fur  tous  les  ports  pour  le  fervice  des  vaifleaux  du 
Roi ,  par  lequel  les  Canoniers ,  les  Pilotes  ,  &  tous 
les  Matelots  *  ayant  été  enrôlés ,  ont  été  diftribucs 
dans  trois ,  quatre  ,  ou  cinq  divifions ,  qui  ont  été 
appelées  Clajfes  ,  pour  fcrvir  alternativement  dans 
les  armemens  de  mer ,  lùivant  un  Edit  de  l'an  1657. 
C/affis. 

Ç3"  En  parlant  desGrands-d'Efpagncon  dit  les  Grands 
de  h  première  i  de  la.  féconde  ClaJJe.  Voyez  Grands- 
d'Espagne. 

Ç^"  En  termes  d'Eglife  ,  on  appelle  fêtes  de  la  pre- 
mière Clajfe  i  les  têtes  les  plus  ibknnelles  ,  comme 
Noël ,  Pâques ,  &c.  Les  fêtes  de  la  féconde  Clafe , 
font  celles  du  lécond  ordre  ,  &c. 

^  CLASSER.  V.  a.  Former  une  claife  ^  une  lifte  , 
un  catalogue,  il  parut  en  17^6  un  ouvrage  fous 
ce  titre  Recherches  fur  le  pouls  par  rapport  aux  cri- 
fes.  Le  but  de  l'Auteur  eft  de  claffer  allez  diftinete- 
ment  les  différentes  modifications  du  pouls  ,^  pour 
établit  fut  ces  différences  les  lignes  propres  à  cha- 
que évacuation  critique. 

CLASSIQUE ,  ad),  m.  Se  f.  qui  ne  fe  dit  guères  que 
des  Auteurs  qu'on  lit  dans  les  claiîes ,  dans  les  éco- 
les ,  ou  qui  ont  giande  autorité.  Clafficus.  S.  Tho- 
mas ,  le  Maître  "des  Sentences ,  font  des  Auteurs 
clalli-iuss  qu'on  cite  dans  les  écoles  de  Théologie. 
Aiiftote  en  Philofophie ,  Cicéron  &  Virgile  dans 
les  Humanités  ,  font  des  Auteurs  claffi.^nes.  Aulu- 
gele  dans  fes  Nuits  Attijues  met  au  rang  des  Au- 
teurs clafjiques  ,  ou  choilis ,  Cicéron  ,  Céiar ,  Sal- 
lufte ,  Virgile ,  Horace ,  ùc.  Ce  nom  appartient  par- 
ticuliciement  aux  Auteurs  qui  ont  vécu  fur  la  fin  de 
la  République  ,  &  du  temps  d'Augufte  où  regnoit 
la  bonne  latinité,  qui  a  commencé  à  fe  cotrom- 
pre  du  temps  des  Antonins. 

^  Le  mot  cUfficus  n'a  pas  la  même  figrtificafion 
qu'en  françois.  Claffica.   corona.  Couronne  navale 
qu'on  donnoit  à  celui  qui  s'étoit  diftingué  dans  un 
combat  naval.  C/iï//za  dans  Quint-Curce,  les  Mate- 
lots. Claffici  cives,  les  citoyens  de  la  premièce  clalle, 
fuivant  la  divilion  deServiuS,  qui  dévoient  avoir 
au  moins  1150  livres  de  revenu  ,  Centum  &  viginu 
'.,     quinque  millia  aris  ,   ampliusve  ,  cenfi  eram  tefies 
^    claffici,  témoins  irréprochables  ^  pris  de  quelque 
Clalfe  de  citoyens.  Ceux  qui  n'étoient  d'aucunes 
Claffes,  n'étoient  point  citoyens  Romains.  Il  y  avoir 
cinq  Clalfes  de  citoyens  à  Rome.  Ainfi  par  antores 
claffici.  on  ne  devroit  pas  entendre,  fuivant  la  re- 
marque d'Aulugele  ,  les  Auteurs  cUffiques  ,  qu'on 
lit  &  qu'on  explique  dans  les  Claffes  ."mais  des  Aa- 
leuts  choilis ,  du  premiei  ordre.  Aufft  on  partagea 
auttefois  les  bons  Auteurs  de  l'antiquité  en  diffe- 
lentes  claffes,  fuivant  leur  genre,  &  l'on  appela 
claffique  un  Auteur  ancien  ,  du  premier  ordre  dans 
fon  genre.  Cependant  par  un  ufage  établi  depuis 
long"  temps ,  on  entend  par  Auteur  clafftque ,  celui 
qu'on  explique  dans  les  claffes. 
CLÀTIR.  V.  n.  Terme  de  Vénerie,  qui  fe  dit  quand 
le  chien pourfuivant  la  perdiix ,  ouïe  lièvre,  re- 
double foB  cri,  &. lémblc  avettii  que  k  gibier  n'cft 


CL  A 


Ciy 


pas  éloigné.  C/^/Kiwrf.  Ce  mot  a  la  mêfne  étymo* 
logie  que  claquer. 
.^CrCLATRA,  f.  m.  terme  de  Mythologie.  î^dm  d'une 
ancienne  Divinité  des  Romains.  Vi(f\or  metdans  le 
iixièmequartier  de  P.ome.un  temple  dédié  àApolloil 
Se  ÀClaira.  Dans  une  table  de  "bronze  dont  il  cil 
parlé  dans  la  première  differtation  du  1'  vol,  djJt 
Mem.  de  l'Acad.  de  Cortone ,  on  voit  deux  figures 
d'Apollon  &;  de  Diane  ,  &  on  lir  en  haut  ApoUir.i 
ScClatns,  ce  qui  feroit  foupçonner  que  Clatra  ell 
Diane.  Quelques-uns  la  prennent  pour  la  Déelfe  des 
grilles  &:  des  ferrures» 
(fr  CLAVAGE ,  f.  m.  vieux  mot.  Droit  que  payoient 
ceux  qui  entroient  en  prifon.  Il  vient  de  cLiufus  ^ 
claudsrCi 
CLAVAIRE.  Clavarius.  Voyez  Clavap-IUM. 
Clavaire,  f.   m.  Gardien  des  titres  de  la  Chambre  " 
des  Comptes.  Pomey,  Tachard.  Tabularii  ad  ra-> 
tioiium  rcgiarum.  curainpertinentis  cttjlas.  Quelque 
fois  le  mot  dé  Clavaire  veut  dire  Juge  ,  Ojjicier  % 
quelques  autres  fois  c'eft  la  même  chofe  que  Trélo" 
rier  de  France. 
Clavaire  ,  Clavarius  i  CLiverius  ,  Sacrijla  ,  eft  au(Iï 
celui  qui  avoir  autrefois  la   garde  des  clefs  d'une 
ville.  Ce  nom  a  aulîî  été  donné  à  des  Receveurs  par-" 
ticuliers  ,  &  il  eft  fouvenr  employé  en  ce  fens  dans 
les  vieux  titres ,-  où  il  fe  trouve  quelquefois  joint  à 
celui  deChâtelain,de  Cellérier ,  ou  de  quelqu'autre: 
adminiftrateur  des  revenus  d'une  terre.  Les  fonc-» 
tions  des  uns  &  des  autres  étoient  à  peu  ptès  fera- 
blables.  Valbonnet.  Mem. pour  l'HiJl,  du  Dauph. 
Dif  y,  c.  10.  Le  Clavaire  de  Gap.  Id. 
§CrCLAVARIA.  f.  f.  Genre  de  plante  charnue,  qui  n'a 
point  de  rameaux  ,  &:  qui  reffemble  à  une  nmffue. 
00"  CLAVARIUM.  Fonds  deftiné  chez  les  Romains 
pour  fournir  aux  foldats  les  clous  dont  leurchauf- 
lùre  étoit  garnie.  On  donnoit  auffi  ce  nom  au  doa 
en  argent  "que  les  Empereurs  leur  faifoient  diftri- 
biier  pour  cela  :  les  Officiers  qui  en  étoienr  les  dif- 
tributeurs ,  fe  nommoient  aulîi  Clavarii/Tsl  étoit  la 
père  de  Suétone.  Foyei  Brodequin. 
CLAUDE  i  1.  m.  nom  "d'homme.  Claudius.  L'Empe- 
reur Claude  étoit  fils  de    Drufus  ,  fécond  fils  de 
Livie ,  femme  d'Augufte.  Claude  le  Gothique  eft  un. 
autre  Empereur  du  IlPliècle,  que  l'on  diftingue 
du  premier  par  le  furnom  de  Gothique.  Quand  oa 
parle  des  Romains,!!  n'y  a  que  ces  deux  Empereurs 
que  l'on  nomme  Claude.  V&m  tous  les  autres ,  011 
retient  le  nom  latin  Claudius.  S.  C'/az.iejArchevêque 
de  Befançon ,  étoit  de  Salins.  Il  naquit  en  484  fut 
fait  Evcque  de  Befançon  en  5  i(î ,  Abbé  de  S.  Oyea 
en  5  2.<î,  &   mourut  en  581  ,  âgé  de  97  ans.  Cetta 
Abbaye  ,  &:  le  mont  Jou  fut  lequel  elle  eft  fituée  , 
a  pris  le  nom  de  ce  Saint ,  dont  le  corps  s'y  con- 
ferve  entier ,  ainli  que  le  vétifîa  encore  il  y  a  quel- 
ques années  M.  de  S.  Georges  ,  dernier  Archevêque; 
de  Lyon  ,  après  l'avoir  vilitc.  Voye^  les  BoUandifteS 
au  fixièmejuln. 
Claude  ,  f  f.  eft  aulîi  un  nom  propre  de  femme. 
Claudia.  Claude  de  France  ,  fille  de  Louis  XII  8C 
d'Anne  de  Brctas^ne ,  époufa  François ,  Duc  d'An- 
coulcme  ,  qui  fut  François  I ,  &c  qui  la  fit  Reine  de 
Yïànce.Claude  de  France,Ducheffe  deLorr3ine,tut  le 
feprième  des  enfansd'Henri  &c  dcCatherine  dcMédi- 
ciç.Quand  on  parle  des  anciennes  Romaines  qui  ont 
porté cenom,il  faut  dire  CLmd.a,ii  non  pas  Claude» 
On  dit  proverbialement ,  c'eft  un  Claude  jdM- 
à-dire ,  un  for ,  un  imbécille  ,  tel  qu'étoit  1  Empe- 
reur de  ce  nom.  Jamais  die  M.  Godcau  ,  il  n'y  eut 
un  homme  plus  ftupide.  Sa  propre  mère  voulant 
exacrércr  la  fotife  de  quelqu'un,  difoit    ibremenc 
qu'il  étoit  auir.  fot  que  fon  fils.  Ses  affranchis  turent 
tout-puiffans  auptès  de  lui.  Meffaline  fa  femme, 
dont  l'impudicité  a  tendu  le  nom  cclcbre ,  fut  fi 
impudente  ,  &  eut  tant  de  confiance  en  la  «upidité, 
que  de  fon  vivant  elle  en  époufa  un  autte.  Enfin  il 
fe  réfolut  à  la  faire  mourir,  quelques  )Ouis  après 
il  la  d-manda  ,  comme  fi  elle  eût  été  vivante.  Hi(l. 
•      d&  rEgl.  Sénè^ue ,  pour  fe  venger  de  ce  qu'il  l'avait 

K  K  k  &  <) 


ëls 


CL  A 


CL  A 


banni ,  le  déchira  par  une  fatyrc  que  nous  avons  l 
encore ,  où  il  le  rcpréfenrc  proprement  comme  une 

bête.  TiLLEMONT. 

Quand  on  reflue  d'accepter  quelque  propofition 
dérailonnablc ,  quelque  marclic  dclavantageux ,  on 
dit  ordinairement ,  je  ne  luis  pas  ii  Claude. 

Claude.  La  Congrct;ation  de  S.  Claude  ,  eft  une 
Congrcciation  de  l'Ordre  de  S,  Benoît ,  dont  le 
chef  lieu  ctoit  l'Abbaye  de  S.  C/aude  en  Bourgogne. 
Elle  le  nomma  autrefois  la  Congrégation  de  S.  Oyen 
^  de  Condat.  Elle  fut  fondée  en  41 5  par  S.  Romain, 
qui  ie  retira  dans  les  déferts  du  mont  Juta  ,  en  un 
lieu  appelé  Condat.  Quelques  années  aptes ,  fon 
frère  Lupicin  &:  quelques  autres  le  joignirent  à  lui , 
ëc  commencèrent  en  un  lieu  voifm  6:  plus  commode 
le  Monaftère,  vers  l'an  450.  Le  nombre  des  Reli- 
gieux augmentant,  il  falut  bâtir  d'autres  Monaftères, 
la  fœur  de  S.Romain  ayant  auHi  tonde  un  Monaf- 
tère de  Religieules  -,  ainfi  le  forma  la  Congréga- 
tion de  Condat ,  dite  depuis  de  S.  Claude.  Voyez 
le  P.  Kelyot,  t.  F-,  c.  17,  On  a  fait  un  Evcché  de 
cette  Abbaye. 

CLAUDIA,  f.  f.  Nom  de  femme  ,  que  nous  confer- 
vons  en  notre  langue  dans  la  forme  latine  ,  quand 
nous  parlons  des  anciennes  Dames  Romaines  qui 
l'ont  porté.  Claudia.  La  Veftale  Claudia  fut  accu- 
cufée  d'incefte ,  parce  qu'elle  employoit  trop  de 
temps  à  fe  parer. 

Claudia  ou  Clodia.  Nom  d'une  famille  Romaine. 
Claudia  gens.  Nos  Antiquaires  parlent  ainiî.  La  fa- 
mille Claudia ,  ou  Clodia.  Les  médailles  de  la  fa- 
mille Clodia.  La  famille  Claudia  croit  divifée  en 
deux  branches ,  l'une  Patricienne  ,  mais  du  rang 
inférieur  des  PatriceSi  Elle  portoit  le  lutnom  de 
Pulcher  ;  Se  l'autre  Plébéienne  ,  qui  avoir  celle  de 
Marcellus -,  &:  qui  étoit  fortilluilre.  On  trouve  fur 
les  médailles  de  cette  famille  Clodius  ,  &  Clau- 
Dius  quelquefois ,  comme  on  trouve  Didius  & 
Deidius  fur  celles  de  la  famille  Didia.  Quelques 
Auteurs  difent  les  Claudes.  La  famille  des  Claudes, 
ctoit  une  famille  Patiicicnne  de  Rome  qui  tiroir 
fon  origine  des  Sabins.  Claudia  familia.  Au  rcfte, 
il  faut  dire  les  Claudes ,  &  non  pas  les  Claudiens  ; 
comme  a  fait  un  Auteur  récent.  Claude  &  Claudien 
font  deux  noms  difFérens. 

ÇLAUDIANISTE  ,  f.  m.  &  f.  nom  de  Seéle.  Claudia- 
nijlœ.  Les  Claudianijies  étoient  les  Donatiftes ,  qui 
firent  bande  à  part ,  &  prirent  leur  nom  d'un  cer- 
tain Claude ,  qui  apparemment  fut  leur  chef.  S. 
Auguflin  en  parle  fur  la  fin  delà  féconde  partie  Acfon 
explication  du  trente-Jixième  Pj'eaume.  Les  CLiudia- 
yiijies  tinrent  un  Conciliabule  dans  une  caverne  de 
Suie  dont  nous  avons  l'épitrc  Synodale. 

CLAUDICATION  ,  f.  f.  du  latin  Claudicatio.  Boite- 
nient ,  l'aétion  de  boiter ,  la  démarche  d'un  boi- 
teux. C'efl;  ainlî  que  le  mot  latin  eft  expliqué  dans 
le  Novitius  ;  Ce  mot  fe  tiouve  aufli  dans  Cotgtave 
dans  l'exemple  qui  fuit.  M.  Lamorier ,  de  la  So- 
ciété Royale  des  Sciences  de  Montpellier ,  a  fait 
des  obfervarions  fur  les  maladies  des  os  qui  ren- 
dent les  hommes  boiteux.  Il  fait  voir  que  la  fou- 
dure  oul'anchylofe  de  l'os  des  lies  avec  l'os  Sacrum, 
eft  aufîl  une  caufe  de  Claudication.  O If.  fur  les  Ecr. 
mod.  r.  21,  /7. 515  ,  514. 

1^  Ce  terme  eft  employé  par  les  gens  de  l'art ,  & 
je  ne  vois  pas  pourquoi  il  ne  fetoit  pas  reçu  dans 
le  langage  ordinaire.il  eft  dans  l'analogie  de  notre 
langue  :  il  eft  même  néeclfaire  ,  puifque  nous  n'a- 
vons point  d'autre  rerme  lîmple  pour  exprimer  l'ac- 
tion de  boiter.  Il  faur  donc  opter  entre  boitement 
ou  claudication. 

CLAUDINE,  f.  f.  Nom  de  fille  ,  dont  le  Patron  eft  S. 
Claude. 

CLAUDIUS ,  f.  m.  nom  d'homme.  Claudius.  On  re- 
tient ce  nom  latin  en  notre  langue,  quand  on 
parle  des  anciens  Romains ,  excepté  pour  les  deux 
Empereurs  qui  l'ont  porté ,  &  que  nous  nommons 
Claude.  Appius  Claudius  Cœcus  ,  eft  celui  qui  fît 
paver  le  chemin  qui  conduit  de  Rome  à  Erindes 


par  Capoue  >  5c  qu'on  appela  de  fon  nom  ,  la  voie 
Appicnne  ,  -^jT/'ja  via.  Appius  Claudius  Pulcher, 
clt  celui  qui  étant  détourné  de  donner  la  ba- 
taille ,  parce  que  les  oifeaux  que  l'on  gardoit 
pour  prendre  les  Aulpices  ne  vouloient  point  man- 
ger ,  les  fir  jc-ter  dans  la  mer,  en  dilant  -,  puifqu'ils 
ne  veulent  pas  manger  ,  qu'ils  boivent. 

CLAVEAU ,  1.  m.  maladie  conragieulé  des  moutons  1, 
&c  des  brebis.  Sacerij^nis.  On  compare  cette  maladie 
à  la  petite  vérole  :  elle  fe  fait  connoïtre  dans  fon 
commencemenr  par  de  petites  élevures  ,  ou  taches 
rouges  ,  qui  le  voient  aux  endroirs  où  la  laine  gar- 
nit moins  la  peau  ;  ces  taches  ou  élevures  forment 
des  boutons ,  l'animal  touffe ,  porre  la  tête  bàfle  , 
&c  le  nez  devient  morveux  &:  galeux  ;  quand  on  a 
levé  la  peau  ,  on  la  trouve  garnie  de  boutons ,  & 
ordinairement  les  poulmons  Se  les  reins  font  plus 
gros  &:plus  pefans.  Duverney  ,Acaddes  Se,  ijoi^ 
Méni.p.  150. 

Nicod  dérive  ce  mot  de  clades ,  ou  de  fon  dimi- 
nutif c/a^/A-z.  D'autres  le  dérive  de  ^/<zve/,  qui  iî- 
gnifioit  autrefois  un  clou  ,  parce  que  les  bctes  qui 
en  meurenr  font  couvertes  de  tâches  comme  des 
clous. 

Claveaux  ,  en  termes  de  Maçonnerie ,  fe  dit  des 
pierres  qui  fervent  à  faire  des  voûtes  plates  ou  car- 
rée? ,  comme  celles  des  porres  &  des  fenêtres.  Elles 
font  taillées  en  coin  comme  les  voullbirs  des  voû- 
tes rondes  ,  ou  furbaillées.  Cunei. 

Le  claveau  eft  un  voulfoir  à  doële  plate  ,  qu'on 
appelle  ainlî ,  parce  qu'il  fe  met  de  niveau  ,  comme; 
le  milieu  des  clifs  des  autres  voûtes ,  s'il  s'agit  d'un 
plafond  \  ou  en  pente  de  furplomb  ,  lorfqu'il  s'agit 
d'une  plate-bande  rampante ,  ou  d'une  trompe  plate» 
Frezier. 

Claveau  à  croffette ,  eft  celui  dont  la  tête  rettiurrie 
avec  les  allilés  de  niveau  pour  faire  liailbn. 
Ce  mot  vient  de  clavis  ,  clé. 

CLAVELÊ,  EE.  adj.  Qui  aie  claveau,  peftiféré. Pc;/^ 
tilens,  peflifer^  Mouton  clavelé,  brebis  claveUe, 

CLAVELÉE.    Synonyme  à  claveau. 

^  CLAVESSIN.  Vovei  Clavecin* 

Ip-  CLAVECIN,  quelques-uns  écrivent  CLAVES- 
SIN. Inftrument  de  Mulique  dont  on  joue  en  tou- 
chant un  clavier.  Organum  majus  fidilus  intentum, 
M.  Broflard  l'appelle  grave  cymhalurn.  Les  Italiens 
difent  clave  cimbala.  Ses  touches  font  mouvoir  de 
petits  fautereauX  qui  frappent  un  double  rang  de 
cordes  de  fil  de  laiton  &:  de  fer ,  qui  font  tendues 
fur  une  table. -il  y  a  des  clavecins  à  un  iimple  cla- 
vier ,  Se  d'autres  à  deux  claviers.  Il  y  a  rel  Clave- 
cin qui  a  1 500  pièces  différentes.  Il  a  quatre  cheva- 
lets, dont  deux  font  droits,  &  les  deux  autres 
s'appellent  chevalets  à  croc  ,  à  raifon  de  leur  figure. 
Dans  les  tons  tranfpofés ,  les  cadences  qui  fe  font 
fur  les  feintes  ne  font  pas  toujours  bien  juftes,  par- 
ticulièrement fur  le  clavecin.  Rousseau. 

Clavecin  à  ravallement,  eft  celui  qui  a  quelques  tou- 
ches de  plus  que  le  clavecin  ordinaire ,  pour  exécu- 
ret  la  Mufique  italienne. 

Clavecin  organifé,  eft  celui  dontle  clavier  faitjouer 
une  petite  orgue. 

(fT  Le  clavecin  oculaire  eft  un  inftrument  à  touches 
parfairement  analogue  au  clavecin  auriculaire ,  com- 
pofé  d'aurantd'oélaves  de  couleur  ,  que  le  clavecin 
ordinaire  a  d'oâiaves  de  Ions  par  tons  &  demi-tons , 
deftinéà  donner  à  l'ame  ,  par  les  yeux  ,  les  mêmes 
fenfations  agréables  de  mélodie  K  d'harmonie  de  ' 
couleurs,  que  celles  de  mélodie  &  d'harmonie  de 
fons  que  le  c/(ZV(?aV2  ordinaire  lui  communique  par 
l'oreille.Que  faut-il  pour  un  clavecin  ordinaire?  des 
cordes  diapafonnées  félon  un  certain  fyftême  de 
mufique  ,  &  le  moyen  de  faire  réfonner  ces  cordes. 
Qu'a  t-il  fallu  pour  le  clavecin  ocuVmïc^.  àc%  cou- 
leurs diapafonnées  félon  le  même  fyftcme  que  les 
fons ,  6c  le  moyen  de  les  produire  au:^  yeux.  La 
mufique  ordinaire  a  donc  dans  les  principes  un  fon- 
dement analogue  .à  la  mulique  auriculaire.  Il  ne 
leftoit  plus  que  l'exécution ,  que  des  efforts  de  gé- 


C  t  A 

nie  &  de  machinirme  ont  enfin  produit.  Ce c/^vjci/î 
de  couleur  prédit  &  annoncé  enijij  démontre  pol- 
lîble  en  173  5;  5  regardé  depuis  comme  vrai^  en  Tliéo- 
rie  ,  mais  impoilible  dans  la  pratique  ,  hit  exécuté 
par  le  P.  Cartel  fon  inventeur  ,  devenu  artiftc  lui- 
même  Se  ouvrier  :  mais  il  n'a  pu  le  porter  au  dernier 
degré  de  peti-eéHon.  Il  ne  l'a  laiflc  ,  pour  ainfi  dire , 
que  bien  ébauché.  Un  de  fes  dilciples  a  tenté  dô 
ie  peL-téélionner.  Colorer  le  iôn,faire  fonner  la  cou- 
leur, rendre  l'aveugle  juge  des  couleurs  par  l'o- 
reille, &  le  lourd  juge  du  l'on  par  l'œil ,  opération 
qui  demande  autant  de  temps  pour  l'exécution  de 
la  machine ,  que  de  connoifTances  profondes  cnmu- 
iique  S>c  en  optique  dans  l'Auteur. 

|p"  Le  clavecin  oculaire  a  la  forme  d'un  buffet.  Si 
hauteut  eft  de  5  pies  8  pouces  :  ia  largeur  de  ;  pies 
4  pouces  ,  Se  fa  profondeur  de  2  pi.çs.  H  ell  placé 
perpendiculairement  fur  la  partie  antérieure  d'un 
■clavecin  ordinaire  qui  lui  fert  de  bafe.  Le  fond  dans 
un  efpace  de  5  pies  carrés  contient  joo  &  tant 
de  lampes.  La  partie  qui  eft  en  face  des  fpeétâtcurs 
prôfente  60  morceaux  de  glace  ou  de  verre  coloré. 
Chacun  de  ces  verres  a  un  ton  de  couleur  analogueou 
répondant  au  fon  qui  entrera  dans  l'oreille  àl'infbnt 
que  la  lumière  colorée  viendra  frapper  les  yeuxjcar 
.  ia  même  touche  qui  produit  le  fon ,  fera  étinceler  la 
couleur  lumineufe.  Ces  verres  colorés  font  des  ca- 
naux tranfparens  :  leur  forme  ellyptique  a  deux  pou- 
ces &  d.cmi  de  diamètre. 

^fT  Les  nouvelles  publiques  ont  annoncé  ,  aii  mois 
d'Août  1-759  ,  un  clavecin  éleétrique  de  l'invention 
d'un  Jéûiite  du  collège  de  Louis  le  Grand. 

Clavette,  f.  f.  Petit  morceau  de  fer  pointu  Se  plat, 
que  l'on  pafle  dans  le  trou  d'un  boulon ,  ou  d'une 
cheville  pour  les  arrêter.  Clavicula.  Les  clavettes 
d'un  rour  fervent  à  l'aifermir  en  une  certaine  fi- 
tuation. 

Les  Imprimeurs  appellent  clavettes  ,  ce  qui  leur 
fert  à  monter  &  à  defcendre  le  grand  fommier  de 
leur  preiTe. 

Dans  les  Arts  clavette  a  une  fignification  géné- 
rale ,  aufli  bien  que  clé  \  il  veut  dire  ce  qui  fert  à 
arrêter,  à  tenir  ferme,  à  foûtenir  quelque  chofe. 
Ciavis,   clavicula,  cuneus. 

Clavicule,  f.  f.  terme  de  Médecine.  Ce  font  deux 

petits  os  qui  ferme  la  poitrine  par  en  haut.  Clavicula. 

On  les  appelle  ainfi  ,  parce  qu'ils  font  comme  la 

clef  du  thorax.  Ils  ont  la  figure  d'une  5,  &:  font 

,  caves   en   dedans ,  &:  voûtés  en  dehors ,  &  font 

.■  comme  deux  demi-cercles  joints  enfemble  par  un 
bout.  Ils  fervent  à  affermir  l'omoplate  avec  le  fter- 
num  &  le  bras.  Les  veines  fouclavières  font  celles 
qui  palll-nt  fous  ces  deux  clavicules. 

âO"  De  tous  les  animaux  ,  il  n'y  a  que  ceux  qui  fe 
fervent  de  leurs  pattes  de  [devant,  comme  nous 
nous  fervonsdé  nos  bras,  qui  ayent  des  c/^vzc«/<;j. 
Les  Sinçjes ,  les  Rats ,  les  Ecureuils  ,  &c.  ont  des 

clavicules,  .     /-    n.  1 

Clavicule  ,  terme  de  Conchyhologie.  C'elt  la  par- 
tie pyramidale  ,  extérieure  &  intérieure  d'une  co- 
quille tournée  en  fpitale  :  elle  commence  vers  le 
milieu  ,  jufqu'au  fommet ,  on  l'appelle  fouvent  la 
tète  d'une  coquille. 
Clavicttle  fçrnifie  aufTi  i  petite  de  ,  &  dans  ce 
fensilafervi"  de  titres  à  quelques  livres,  comme 
la  Clavic^'le  de  Salomon  ,  qui  eft  un  méchant  livre 
dont  quelques  Cabaliftes  font  mention ,  &  qu'ils 
attribuent  lauffement  à  Salomon.  Il  n'eft  ulitc  que 
■    dans  cpttcoccafion.  .     ,      .  „ 

CLAVIER  f.  m.  Chaîne  ou  cercle  d  acier  ou  d  argent, 
qui  fert  à  portera  à  joindre  plufieurs  clés  ertlem- 
ble,  de  peur  qu'elles  ne  s'égarent,  armilia  clavi- 
cularia.  Il  eft  fait  tantôt  d'une  chaîne  d  argent,  ou 
de  cuivre ,  avec  une  agraife  pour  le  pendre  a  la 
ceinture  -,  tantôt  d'un  fimplc  cercle  d'acier ,  quand 
on  le  veut  porter  dnns  fa  poche.    • 
Clavier  fiQ;nifi&  aulli  la  partie  antérieure  d'une  or- 
çue,  d'un  clavecin,  d'une  épinette,  compolcede 
48  ou  49  touches  ou  marches ,  pat  le  moyen  dcf- 


C  L  À 


t2'0 


qiielles  l'en  fait  Jouer  les  fautereaux  ,  qui  frappent 
les  cordes  de  l'inftrument,  où  l'on  donne  le  vent 
■aux  tuyaux,  en  faifant  baiffcr  la  foupape  du  fom- 


mier. 


Le  clavier  eft  cet  aflémblage  de  touches ,  par  le 
moyen  defquelles  on  fait  réfonner  le  clavecin.  De 
S.  Lambert.  Organi  mujîci  pinnce. 

Il  y  en  a  plufieurs  dans  les  grandes  orgues ,  l'un, 
pour  faire  jouer  iepofitif,  l'autre  le  grand  corps  i 
un  troifième  pour  le  périt  cornet,  un  quatrième 
pour  ie  cornet  de  l'écho.  Il  y  en  a  un  cinquième  à 
l'orgue  de  S.  Euftache  à  Paris  ;  mais  ces  derniers 
ne  font  pas  entiers,  &:  n'ont  guère  que  deux  oéla- 
vc5.  Le  cAziztr  entier  eft  compofé  de  48  touches  j 
les  autres  en  ont  feulement  une  partie  qui  jouent , 
&  le  refte  n'y  eft  que  pour  l'ornement.  Il  y  a  aufïi 
le  clavier  des  pédales ,  compofe  de  28  touches  d'or- 
dinaire. Le  clavier  a  quatre  odf  aves.  Il  a  10  feintes 
fur  les  grandes  marches  i  qui  font  les  deux  demi 
tons ,  ou  degrés  chromatiques ,  qui  font  plus  étroits 
quelesdiatoniques.il  a  été  ainii  nommé ,  à  caufe 
qu'il  contient  toutes  les  clés  de  la  mufîque. . 

Buljouski  de  Douliez  ,  Profeiléur  de  Mathéma- 
tique &  Organifte ,  prétend  avoir  inventé  un  clavier 
à  cinq  rangs  de  touches,  qui  n'auroit  aucun  in- 
convénient des  claviers  ordinaires  ,  &  qui  auroit 
beaucoup  d'avantages  qui  leur  manquent.  Il  pré- 
tend qu'il  exprim.eroit  des  fons  qui  le  fuivroient  en 
progreflion  géométrique  continue ,  &  il  fourniroic 
ainfi  tous  les  fons  de  la  mufîque  ,  &:  par  conféquent 
tous  les  intervalles  &  tous  les  accords  imaginables  i 
au  lieu  que  les  c/^vi^rj  ordinaires  ne  fauroient  en 
fournir  que  quelques-uns. 

Clavier  eft  aufîi  Une  dignité  des  Ordres  Militaires. 
Claviarius.  Ce  mot  fe  ttouve  dans  le  Ximénes  de 
M.  Féchier  -,  .pagi  511  ,de  l'Edit.  de  HolL  en  latin 
claviger  ,   &  en  efpagnol  clavero. 

Le  Clavier  eft  celui  qui  a  la  clé  du  tréfor  com- 
mun. Le  Clavier  de  l'Ordre  de  Calatrava  eft  la  troi- 
fième dignité  de  cet  Ordre.  Il  y  a  aufîi  un  Clavier 
dans  l'Ordre  d'Alcantara.  Clavier  s'eft  dit  encore 
en  quelques  Etats  pour  Garde  du  fifc  ou  tré- 
for public.  Voyei^  Jo an;  Danet  »  Hijioria  Balearici 
regni ,  p.  Sy  &  92. 

Tous  ces  mots  viennent  du  latin  clayis  i  cléi 

CLAUPORTE.  Foy^î  Cloporte. 

fjCr  CLAUSE,  f  f.  Difpolition  particiilièré  qui  fait 
partie  d'un  traité  >  d'un  contrar ,  de  tout  aéle  eri 
général ,  foit  public  ,  foit  particulier.  Co/z^m'o  ,  SC 
non  pas  claujula ,  comme  le  difent  les  Vocabulif- 
tes,  Claufula  tejiarnenti  fignifie  la  clôture  d'un  tef- 
tament ,  &  non  pas  claufe,  Claufula  epiflolce ,  ora- 
tionis  ,  fabultB  ,  fin  d'une  lettre ,  conclufîon  d'uri 
difcouts,  épilogue.  Jamais  claufula  n'a  eu  la  fîgni- 
cation  qu'on  lui  donne  ici.  Il  y  a  des  claufes  exptef^ 
fes ,  des  claufes  conditionnelles.  On  met  ,  on 
ajoute  ,  on  infère ,  oa  glifîe  une  claufe  dans  un  con- 
trat, dans  un  traité  ,  dans  un  teftament,  dans  un 
aéle  ,  dans  une  fentence ,  dans  un  édit ,  &c. 

^fT  En  matière  de  bail  i  on  appelle  claufe  des  lix  mois 
celle  qui  porte  le  pouvoir  réciproque  de  téfilier  lé 
bail  d'une  maifon  en  avertiflant  fîx  mois  aupara- 
vant, &  bail  fans  claufe,  celui  qui  ne  contient  point 
cette  claufe  particulière. 

Clause  fe  dit  auifi  des  conditions  portées  par  des 
bulles  ,  provifions  ou  autres  titres  qui  font  des 
charges  &  des  conditions  qu'on  y  appofe.  La  clauji 
de  dévolut  eft  comprife  fous  ces  mots ,  aut  alià 
quovis  modo. 

Clause  s'il  vous  appert,  eft  toujours  inférée  dans  les 
lettres  de  Juftice ,  &  elle  attribue  la  connoiffance 
du  fait  au  Juge  auquel  les  lettres  font  adreifées , 
comme  dans  les  lettres  de  refcifîon  pour  dol  , 
le  Juge  doit  connoître  du  dol,  &:  à  moins  qu'il 
ne  foit  prouvé,  le  Juge  doit  débouter  l'impétranc 
de  l'entérinement  des  lettres  par  lui  obtenues. 

Clause  dérogatoire  eft  une  claufe  par  laquelle  '  un 
Teftateur  veut  qu'un  fécond  teftament  qu'il  pour- 
roic  faire  demeure  nul,  s'il  ne  contient  expreffé- 


6  ^o  C  L  A 

ment  une  certaine  fentence ,  ou  certaines  paroles 
qu'il  inlere  dans  le  premier  teftament ,  qu'il  veut 
taire  valoir,  f^oye^  Dérogatoire. 
CiAVSi.  pcnak  y  Clause  codicillaire  ,  Clause  réfo- 
lutoire.  Voyez  chacun  de  ces  mots  en  fa  place. 
Claufe  vient  de  claiidere. 
fp-  CLAUSEN.    Petite   ville  d'Allemagne  dans  le 

Tirol ,  entre  Brixcn  &'  Bolzano. 
CLAUSION ,  r.  f.  terme  de  Palais ,  qui  eft  aujour- 
d'hui peu  en  ufatre.  Il  veut  dire  appoiniement  de 
caule.  Caitj'a  conclufa. 
CLAUSOIR,  f.  m.  terme  de  Maçonnerie.  Petit  car- 
reau ou  boutifle  ,  qui  ferme  une  aflili:  dans  un  mur 
continu ,  ou  entre  deux  pies  droits. 

Selon  Frczier ,  c'eft  une  pierre  quelconque  qui 
achevé  un  mur  ou  une  voûte  en  fermant  &  bou- 
chant le  dernier  cfpace  qui  reftoit  vide.  Mûri  aui 
fornicis  claujula. 

Ce  mot  vient  de  claudere  ,  fermer  ,  claufus  , 
fermé ,  d'où  l'on  a  fait  c/aufoir ,  ce  qui  ferme  , 
ce  qui  bouche,  ce  qui  finit  &  achève,  en  latin 
claujula. 
CLAUSTRAL ,  ALE.  adj.  Qui  appartient  au  Cloître , 
qui  regarde  le  Cloître.  Cœnobiticus.  Le  Prieur  Clau- 
jiralêk  celui  qui  eft  Commendataire -,  celui  qui  gc5u- 
verne  les  Religieux ,  qui  a  foin  de  maintenii;  la  dii- 
cipline  claujuale. 

Ce  niot  vient  du  latin  claujlrum  ,  qui  vient  de 
claudo. 

On  appelle  les  offices  cLa'ujlraux  dans  les  ancien- 
nes Abbayes  ,  plulieurs  offices  qui  étoient  autre- 
fors  dans  ces  Maifons ,  &  qui  font  devenus  de- 
puis des  titres  de  Bénéfices  ,  dont  la  plûparr 
font  fupprimcs  ,  &:  réunis  à  la  Manfe  des  Reli- 
gieux dans  les  Maifons  où  l'on  a  mis  la  ré- 
forme. Les  offices  de  Chambrier  ,  Aumônier  , 
Infirmier  ,  Cellérier  ,  Sacriftain  ,  font  des  offices 
chujlraux ,  à  la  nomination  de  l'Abbé.  A  l'Ab- 
baye de  S.  Denis  il  y  avoit  le  Grand-Prieur  ,  le 
Sous- Prieur ,  le  Chancelier ,  le  Garde  des  Sceaux , 
le  Grand  Aumônier ,  le  Grand  Confefleur ,  le 
Grand  Bouteillcr,  le  Grand  Pannetier,  le  Grand 
Prévôt ,  le  Grand  Maréchal  Ferdal ,  le  Grand  Ve- 
neur de  l'Abbé  :  c'étoient  tou";  ries  offices  daufiraux 
poflcdés  par  dts  Religieux.  Ils  font  marques  dans  le 
Pouillié  des  Bénéfices. 

La  réunion  des  offices  clauflraux  en  faveur  des 
Religieux  de  la  Congrégation  de  Saint  Maur  , 
eft  un  privilège  au  moyen  duquel  ils  poflcdcnt  pré- 
fentement  les  fruits  de  tous  ces  offices  qui  étoient 
devenus  bénéfices  ,  &  qui  n'entrent  point  en 
partage  avec  les  Abbés.  Ils  ont',  outre  cela  ,  félon 
l'ufage  des  Parlemens ,  le  tiers  du  revenu  des  Ab- 
bayes. 

Frères  Mineurs  Clauflraux.  Ce  nom  fût  donné 
<n  Efpagne  vers  le  commencement  du  XVP  licclc 
à  quelques  Religieux  de  S.  François  du  corps  des 
Conventuels.  Le  relâchement  parmi  ceux-ci  alla  à 
tel  degré  ,  que  ne  fe  contentant  pas  des  difpcnfes 
qu'ils  avoient  obtenues  des  fouverains  Pontifes  de 
pouvoir  pofféder  en  commun,  il  y  avoit  des  par- 
ticuliers qui  avoient  en  propre  des  terres,  des  mai- 
fons ,  &  des  revenus  ,  les  uns  fe  difant  Conven- 
tuels, &:  les  autres   Clauflraux.    P.    Hélyot  ,    T. 

Fil,    c.   21. 

CLAVUS.  Ce  mot ,  tout  latin  qu'il  eft ,  n'a  pas  lai/Té 
d'être  employé  par  quelques-uns  de  nos  Auteurs.  C'é- 
toit  une  bande  de  pourpre  plus  ou  moins  large,  félon 
la  dignité  des  gens ,  Si  qui  ctoit  en  ufage  chez  les  Ro- 
mains ,  d'où  eft  venue  la  diftcrcnce  de  la  Tunique 
jingiijliclavia  ,  &  Laticlavia.  C'eft  le  fentimcnt  de 
Cuper.  Cet  ornement  étoit  appelé  clavus ,  clou, 
félon  quelques-uns,  parce  qu'il  ctoit  femé  de  pe- 
tites plaques  rondes  d'or  ou  d'argent  femblablcs 
à  des  têtes  de  clou.  Le  P.  Cantel  foûtient  que  le 
clavus  ne  confiftoit  qu'en  des  efpèces  de  fleurs  de 
couleur  de  pourpre  coufues  ou  appliquées  fur  l'c- 
tofFe.  Voyei  Angusticlave  &  Laticlave 

$3"  CLAVl;S  ,  f.  va,  eft  aulTi  un  terme  de  Méde- 


C  L  A 

cîne.  On  donne  ce  nom  à  une  douleur  aiguë 
qui  fe  fait  fentir  ordinairement  à  la  tête ,  au  dcf- 
fus  des  yeux  ,  de  forte  qu  il  lémble  au  malade  qu'on 
lui  fiche  un  clou  ou  un  poinçon  ,  d'où  eft  venu  à 
cette  maladie  le  nom  de  clavus.  Elle  eft  intermit- 
tente ,  &  prend  &  quitte  à  des  temps  Bcglés. 

lier  CLAZENBOURG.  Voye^  Coloswar. 

CLAYER.  f".  m.  Claie ,  groilc  claie.  Crates ,  Cla~ 
thrum.  Dans  l'attirail  de  8  canons  il  faut  vingt 
clayers  d'ozier ,  pour  empêcher  le  canon  de  s'em- 
bcurer  dans  les  lieux  fangeux  &:  marécageux,  où 
ils  font  très-ncceflàires.  De  la  Font. 

CLAYON,  f.  m.  Ouvrage  d'ozier  fait  en  rond,  dont 
fe  fervent  particulièrement  les  Pâtilliers  pour  pcr- 
tei  leurs  pains  bénits ,    &  leurs  autres  pàtifferies.      «i 
On  s'en  fert  auff'  dans  les  cuifmcs  pour  faire  cgout-     ■ 
ter  les  mets  qu'on  fait  cuire  dans  l'eau.  Orbis  crati- 
tius.  C'elt-r.-dite  rond  qui  eft  fait  de  claies. 

ff^T  CLAYONNAGE.  f.  f.  Allêmblage  fait  avec  des 
pieux ,  des  fafcines,  des  branches  a'arbres  en  forme 
de  claie  pour  allurer  des  terres  trop  mouvantes, 
foûtenir  les  talus  de  gazon  qui  pourroicnt  s'ébouler 
fans  cette  précaution. 

CLAZOMÈNE.  Ville  ancienne  d'Ionie,  dans  l'Afic 
Mineure  ,  entre  Smyrnc  à  l'Orient ,  &  Chios  à 
l'Occident.  Cla^omenx.  Mena  l'appelle  Cla^omena. 
Elle  s'appela  enfuite  Gryna. 

Les  rivages  de  l'Afie  font  nierveilleufement  agréa- 
bles ,  &  particulièrement  celui  où  Cla^mene 
étoit  bâtie.  Cette  ville ,  qu'Alyattès,  prédécefT^ut 
de  Créfus ,  artaqua  inutilement  après  avoir  pris 
Smyrne  &  Colophon  ,  n'cft  maintenant  qu'un  pe- 
tit village.  Dayphernès  &  Otarès  la  prirent,  5C 
commencèrent  là  ruine  ,  quand  ils  turent  envoyés 
par  Darius  en  lonie  &:  en  Éolie  ,  pour  châtier  la 
rébellion  de  ces  Provinces,  que  Hyft'us,  Tiran 
de  Milèt ,  avoit  foulevées  par  l'intelligence  d'Ari- 
ftagoras ,  en  pillant  Sardes  avec  le  lecours  des  Athé- 
niens -,  &  depuis ,  Mocénigo  ,  Général  des  Vénitiens 
acheva  de  la  ruiner,  il  y  a  environ  deux  cens  ans, 
quand ,  pour  venger  la  prife  de  Négreponr,  &:  les  in- 
curfions  que  les  Turcs  faifoienr  dans  l'Albanie  &  dans 
la  Dalmatie  jufqu'au  fleuve  Scoufin,  il  ravagea  toutes 
les  côtes  de  l'Afie  Mineure.  Du  Loir  ^  p.^ù  lo, 

CLE. 

§3-,  CLé.  Voyei  Clef. 

CLECHÉ ,  ÉÉ.  adj.  Terme  de  Blafon ,  qui  veut  dire  , 
ouvert  à  jour ,  ou  percé  en  façon  de  la  pièce  qui 
charge  l'écu  ,  par  exemple ,  une  croix  paroit  comme 
fi  elle  étoit  chargée  d'une  autre  croix  de  même  émail 
que  le  champ  de  l'écu  ,  ou  comme  f;  on  voyoit  le 
champ  à  travers  ies  fentes  -,  c'eft-à-dire ,  que  les 
quatre  extrémités  de  la  croix  font  arrondies  ,  8£ 
repréfentent  la  form.e  des  anciens  anneaux  de  clés. 
Cluviculatus  ,  foratus.  Ainfi  les  Comtes  de  Tou- 
loufe  portent  d'or ,  à  la  croix  vidée  ,  clechée  ,  & 
pommetée  de  gueules.  Un  fautoir  cleché  >  deux 
triangles  clécbés  &c  enlacés,  &c. 

Cléché  fe  dit  aufll  des  arrondidêmens  de  la  croix 
de  Touloufe ,  parce  que  f'es  quatre  extrémités  font 
en  forme  d'anneaux  de  clés. 

Ip-  CLÉDOMANCIE,  CLÉDOMANTIE  &  CLÉ- 
DOMANCE.  f.  f.  Sorte  de  divination  qui  fe  pra- 
tiquoit  avec  des  clés,  xfuîi ,  clé  ,  ftw/ç/a  divina- 
tion. On  ne  trouve  que  le  nom  de  cette  efpèce  de 
divination,  &:  l'on  ignore  comment  elle  fe  fâifoit. 

Ip-  CLÉDOMANCIÈN  ou  CLAJDOMANCIEN. 
f.,m.  Celui  qui  pratique  la  Clèdomaricie. 

CLEDONISME  ,  f.  m.  efpèce  de  divination.  C/<r- 
donifmus.  Ce  nom  eft  grec ,  &  vient  de  xi.v.SÙ' , 
qui  iignifie  deux  chofes.  i°.  Rumor  ,  un  btuit. 
z°.  Avis ,  un  oifeau.  On  le  prend  dans  le  premier 
fens ,  &  le  Cledonifme  eft  une  divination  qui  fe 
tire  des  paroks  que  l'on  prononce.  Cicéron ,  au 
/.  L.  de  la  divination,  dit  que  les  Pythagoriciens  ob- 
fcrvoient  non-lêulementles  paroles  des  Dieux,  mais 
«ncore  celles  des  hommes,  Ainii  ils  croyciea:  qu 


CLE 

certains  mots  portoient  malheur  ;  comme  de  pro- 
noncer le  mot  incendie  dans  un  repas.  De  même , 
au  lieu  de  dite  prifon  ,  ils  dilbient  domicile  ,_  & 
au  lieu  des  Erynnies  ,  les  Euménides.  Dans  le  l'e- 
cond  fens  Cledonifme  Teroit  une  divination  tirée 
des  oifeaux  ,  &  qui  ne  diifcroit  point  de  l'Orni- 
thomancie ,  mais  je  ne  le  trouve  point  cii  ce  Cens 
quoiqu'on  dife  en  grec  kJi«,J~o»i^«  ,  pour  augurer  , 
deviner  par  le  moyen  des  oifeaux. 
CLEF ,  f,  (,  prononcez  &  écrivez  clé.  Cette  ortho- 
graphe devient  plus  à  la  mode.  Petit  inftrument 
de  ter  percé  &  fendu  ,  enibrte  qu'il  réponde  aux 
ouvertures  &  aux  gardes  d'une  ferrure ,  pour  en 
faire  mouvoir  le  reilbrr  qui  la  fait  ouvrir  &  fermer. 
Claris.  Une  clé  eft  compofée  d'un  anneau  ,  d'une 
tige  ,  d'un  panneton ,  dont  l'extrémité  s'appelle 
le  mufeaa  ,  lequel  eft  divifé  en  plulieurs  dents. 
Quelquefois  le  bas  de  la  tige  qui  tient  à  l'anneau , 
eft  orné  d'une  moulure  ,  qu'on'  appelle  emhafe. 
Les  clés  des  ferrures  benatdes  ont  une  émineace 
de  fer  fur  le  panneton  ,  qu'on  appelle  hayve  ,  pour 
les  empêcher  de  palfer  outre  dans  la  ferrure. 

Laurentius  Moîineus  a  fait  un  Traités  des  Clés 
imprimé  à  Upfal ,  où  il  dit  que  le  mot  de  clé  vient 
du  greCïAfîs,  d'où  les  Latins  ont  fait  clavis ,  & 
c[u'il  y  a  des  peuples  en  Suède  qui  n'ont  point  de 
clés.  L'inventeur  des  clds  a  été  un  Théodore  de 
Samos  ,  félon  Pline  &  Polydore  Virgile  :  ce  qui 
eft  faux ,  parce  que  l'ufage  des  clés  croit  plus  an- 
cien que  la  guerre  de  Troye  ,  &c  qu'il  en  eft  parlé 
dans  le  5°  Ckap.  des  Juges ,  &  au  iç)'  de  la  Genèfe. 
Moîineus  croit  que  les  clés  n'onr  fervi  d'abord  qu'à 
«léfaire  certains  liens  avec  lefquels  on  fermoir 
au  commencement  les  portes.  Il  foûtient  que  la 
clés  Laconiques  ctoient  femblables  à^celles  dont  nous 
nous  fcrvons  aujourd'hui  avec  trois  fnnples  dents , 
qui  faifoient  la  figure  d'un  E.  On  en  voit  de  cette 
forme  dans  les  cabinets  des  curieux  ;  qu'une  aurre 
clé  nommée  B«Aa»*-/;ia  ,  étoit  faite  en  vis ,  à  laquelle 
une  efpèce  de  verrou  ,  qu'on  mettoit  aux  porres , 
fervoit  d'écrou.  C'eft  à-peu-près  ce  qu'on  appelle 
aujourd'hui  une  fiche. 
Clé,  (Fauffe)  eft  une  clé  qu'on  a  contrefaite  pour 
ouvrir  une  chambre  ,  ou  un  coffre  à  l'inf^u  de 
fon  maîrre.  Clavis  adulterina.  C'étoit  chez  les  vieux 
Romains  un  crime  capital  à  une  femme  d'avoir  de 
fauff'es  clés  ,  audi-bien  que  l'adultère. 

Une  clé  far/ffee  ou  forcée  ,  c'eft  une  clé  qu'on  a  gâ- 
tée ou  rompue,  en  voulant  la  tourner  avec  trop  de 
violence.  Clavis.  corriipta  ,  vitiata  ,  riipta.  Cela  eft 
fous  la  clé ,  c'eft-à-dire  ,  enfermé.  Sub  clavi  ejfe, 

Prcfenter  les'c/ej-  ,  c'eft  faire  un  adle  de  fou- 
miffion  ,  d'obéifTance,  aux  Souverains  ,  quand  ils 
entrent  dans  leurs  villes  ,  ou  aux  Conquérans  , 
quand  ils  fe  préf entent  devant  celles  des  ennemis , 
ou  aux  Gouverneurs  &  aux  Grands  qu'ils  y  en- 
voient en  leur  nom.  Claves  offcrre,  exhihere. 

On  appelle  Gentilshommes  de  la  clé  d'or  ,  cer- 
tains grands  Officiers  de  la  Cour  de  l'Empereur 
ou  du  Rôi  d'Efpagne ,  &:  qui  ont  droit  d'entrer  dans 
la  chambre  de  ces  Princes  ,  &c  qui  portent  une  clé 
d'or  à  leur  ceinture  ,  pour  marque  de  ce  droit. 
^C?  On  lit  dans  Grégoire  de  Tours  &  S.  Grégoire  , 
que  les  Papes  envoyoient  autrefois  une  clé  d'or  à. 
des  Princes ,  comme  un  grand  préfenr ,  dans  la- 
quelle ils  enfermoienr  un  peu  de  limaille  des  chaînes 
de  S.  Pierre ,  qu'on  garde  dévotement  à  Rome  -,  & 
que  ces  clés  étoient  portées  au  cou  avec  une  grande 
vénération ,  comme  une  chofe  qui  avoit  des  vertus 
exrraordinaires. 
§Cr  La   fondion  de    cet  inftrument  d'ouvrir   &  de 
fermer ,  a  fair  donner ,  par  analogie ,  le  même  nom 
à   plufîeurs  inftrumens   d'une    forme  différente  , 
comme  on  le  verra  par  les  articles  fuivans. 
§3*  Les  clés  onr  été  de  tous  les  temps  le  fymbole 
de  la  puîfTance  &  de  la  prééminence.  Il  eft  dit  de 
J.  C.  qu'il  a  la  clé  de  la  mailbn  de  David  :  ex- 
prefTion  figurée ,  qui  marque  fa  puifTance  abfolue 
fur  l'Eglifc  ;  &  pour  dire  qu'il  eft  le  maître  de  la 


CLE  é  g  I 

mort  &:  de  l'enfer,  l'iicritiue  fe  conrente  dédire 
qu'il  a  la  clé  de  la  mort  ik  de  l'enter.  J.  C.  lui 
même  ,  pour  déclarer  à  S.  Pierre  qu'il  rétablifibic  le 
Maître  de  fbn  rroupeau  ,  le  Chef  de  ion  Egliié  ,  lui 
dit  :  Je  te  donnerai  les  des  du  Royaume  des  Cicux. 

ÇC?  Dans  ce  fens ,  clé  fe  dit  de  la  jurididion  ecclé- 
fiaftique,  Potejias  clarium. 

Les  clés  de  la  Septuagclîme.  A^oy?^ Chaire  de 
S.  Pierre. 

CrÉ  fe  dir  encore  des  principes  qui  donnent  une 
grande  ouverture  pour  les  fciences  ,  qui  y  fervent 
d'introduifion.  Clavis.  La  Grammaire  eft  la  clé  des 
Sciences ,  la  Logique  de  la  Philofbphie ,  la  Géomé- 
trie des  Mathématiques. 

La  Géométrie  ,  &c  fur  tout  l'Algèbre  ,  eft  la  clé 
de  routes  les  recherches  que  l'on  peut  faire  fur  la 
grandeur,  Fonten.  Hijioire  de  l'Académie  des 
Sciences  ,  Pref, 

C'eft  en  ce  fens  qu'on  a  donné  le  titre  de  clé 
à  plufîeurs  livres.  La  de  de  l'Art  de  Raymond  LuUe. 
La  de  majeure  d'Artèphius.  En  chacune  de  ces  dif- 
putes ,  il  y  a  un  moyen  général  de  parvenir  à  la 
décifion  ,  &  qui  en  eft  comme  la  de  :  nous  l'ap- 
pellerons de  ce  nom  abrégé. 

Clé  ,  en  termes  dePolygraphie  8c  de  Stéganographié , 
fignifîe  aufli  l'Alphabet  d'un  chiffre  ,  qui  eft  fécret 
&:  commun  entre  celui  qui  écrit  la  lettre  ,  &  celui 
qui  la  déchiffre.  Il  y  a  des  chiffres  à  fîmple  dé , 
quand  on  fe  fert  toujours  des  mêmes  caractères: 
des  chiffres  à  double  dé ,  quand  les  caraétères  font 
variés  plufîeurs  lois.  Voyez  Ckijfre.  C'eft  prefque 
en  ce  fens  qu'on  dit  qu'un  homme  a  la  clé  d'une  af- 
faire -,  pour  dire  ,  qu'il  en  a  le  fecret ,  la  conduite , 
qu'il  en  eft  le  maître,  C'eft  aufîi  dans  ce  fens 
qu'on  dit ,  avoir  la  dé  d'un  Auteur ,  ci'un  Ro- 
man ,  d'un  livre  dont  on  a  déguifé  les  noms,8c 
où  il  y  a  quelque  chofe  de  particulier  ,  quand  on  a 
les  noms  véritables, au  lieu  des  fabuleux  dont  l'Au- 
teur s'eft  fervi  •,  ou  qu'on  a  l'explication  de  plufîeurs 
endroits  obfcurs  qui  ont  relation  aux  temps  &c  aux 
lieux.  La  dé  de  Cyrus ,  de  Rabelais ,  du  Catholi- 
con  d'Efpagne ,  de  l'Euphormion  de  Barclay ,  de 
l'Hiftoire  amoureufe  des  Gaules ,  des  caractères  de 
M.  de  la  Bruyère.  Il  y  a  auili  la  clé  des  Epitres  de 
Saumaife,dc  Scaliger,  de  Cafaubon,  par  le  moyen 
de  laquelle  on  a  la  connoiifance  des  chofes  particu- 
lières qui  font  dans  ces  Auteurs.  Il  y  a  une  dé  pour 
entendre  rour  ce  qu'il  y  a  de  caché  &  de  myfté- 
rieux  dans  Raymond  LuUe  ,  dans  Paracelfe  ,  &c. 

§Cr  Clé  fe  dit ,  au  figuré ,  des  Villes  forrifiées  qui 
Ibnt  fur  une  fronrière  dont  la  prife  donne  l'entrée 
aux  ennemis  dans  le  Royaume,  Claujira.  Pignerol 
eft  une  des  clés  de  l'Italie. 
^fT  Clé  fe  prend  dans  le  même  fens  en  morale.  La  clé 
d'or  palfe  par  tout ,  ouvre  tout-,  pour  dire,  gu'a- 
vec  l'argent  on  vient  à  bout  de  tout. 

La  clé  du  coffre  fort ,  &  des  cœurs ,  c'ejl  la.  mime. 
Que  fi  cen'ejl  celle    des  cœurs, 
C'ejldu  moins  celle  des  faveurs.  La  Font, 

Clé  fe  dit  encore  figurément  en  ces  phrafes.  On 
dit ,  qu'un  garçon  a  la  clé  de  fes  chaudes ,  quand  il 
eft  affez  grand  pour  n'être  plus  en  âge  d'avoir  le 
fouet.  On  dit,  qu'un  prifbnnier  a  la  clé  des  champs , 
quand  il  eft  en  liberré.  On  le  dit  aufîi  des  animaux. 
On  dit  auffi  de  ceux  qui  ont  des  lieux  mal  fern)és , 
ou  de  ceux  qui  ont  pris  des  précautions  inuti- 
les pour  quelque  chofe,  vous  en  avez  la  clé  y 
Se  nous  en  avons  la  ferrure.  On  dit ,  qu'un  homme 
a  laiffé  fes  clés  en  Juftice  ■■,  pour  dire  ,  qu'il  a  tait 
ceffion  :  car  c'éroit  autrefois  une  cérémonie  qu'on 
faifoit  en  ces  occaiions ,  de  laifîer  fa  ceinture  &  fes 
dés  à  l'audience.  On  dir,  par  une  femblable  railbn , 
qu'une  femme  a  mis  les  clés  fur  la  foHé  de  fon 
mari  ;  pour  dire ,  qu'elle  a  renoncé  x  fa  communau- 
té :  &  on  le  dit  figurément  dans  les  autres  affaires, 
quand  on  les  abandonne. 

Clé,    en -termes    de    Mufique  ,    eft    une  marque 


6  ^z  CLE 

qu'on  met  av\  commencement  des  rcglcts ,  oui  aver- 
tit  du    ton    lut    lequel    on     doit    commencer  le 
chant,  lequel  eft  tantôt  unre,  tantôt  un  Jo/,  tan- 
tôt un  ut,  &CC.  Dans  la  c/c  deG,re  y  fol,  ut. ,  &  ainli 
des  autres  notes  qui  font  à  la  fuite  des  lettres  qui 
font  marquées  for  la  gamme.  C'cft  un  caractère  qui 
donne  connoilîance    du  nom  de  toutes  les   notes 
ainies  for  l'échelle  muiicale  qu'on  appelle  gamme. 
Noturum  mujicarum  index  ,  figura  ,  ^  ou  Jignum  , 
nota.  Les  trois  clés ,  font  G  ,  re  ,J'ol.C,  jol ,  ut.  F, 
ut,  fa  ,  Ces  trois  lettres  ,g,  c,  tkf,  font  appelées 
c/és,  parce  que  dans  les  notes  qui  foi  vent  ces  lettres, 
fo  rencontrent  les  ut ,  qui  commencent  &c  ouvrent 
le  chant ,  qui  n'eft  répété  que  trois  fois  dans  toute 
l'étendue  de  la  gamme  :  c'efl:   pourquoi  on  n'ad- 
met que  trois  des  en  Mulique.  Dans  le  Plain-chant 
la  c/c  de  Cfol,  ut,  ne  peut  être  fituée  que  fur  la  pre- 
mière ,  féconde  ,  ou  troilième  ligne ,  &  jamais  lur  la 
quatricme,ou  très-rarement.  La  c/éd'F,  ut,  fa, 
n'eu  Jamais  Ikuée  que  fur  la  deuxième  ligne ,  ou 
très-rarement  fur  la  première.  Nivers.  Chaque  c/é 
donne  fon  nom  aux  notes  qui  le  rencontrent  fur  la 
ligne  où  elle  eft  pofce.  Monteclair.  Des  trois  c/cs 
du  fyftême  moderne ,  celle  de  G  eft  ^ffeûiée  aux 
dciUis ,  ou  voix  aiglies  :  celle  de  F  ,  aux  voix  graves , 
ou  balles  :  celle  de  C.  aux  voix  ou  parties  du  milieu. 
De  Bk-ossard.  Petite  clé  ,  c'eft  la  clé  de  F  ,  quand 
elle  eft  fur  la  troilième  ligne,  qui  eft  celle  du  mi- 
lieu ;  quand  elle  eft   fut  la    quatrième    on  l'ap- 
pelle grande  clé. 

Clé,  en  termes  de  Vénerie,  fe  dit  des  meilleurs 
chiens  &  des  mieux  drellcs ,  qui  fervent  .à  redrefier 
&  à  conduire  les  autres  ,  qu'on  appelle  de  de 
mente.  Canes  ceterorum  duces. 

En  ce  fens  on  le  dit  de  «eux  qui  dans  des  com- 
paL'nies  où  l'on  opine  ,  où  l'on  difpute  ,  entraînent 
les  autres  à  leur  parti. 

fX?  Clé  ,  en  fauconnerie  ,  ce  font  les  ongles  des 
doigts  de  derrière  de  la   main  d'un  oifeau   de  proie.  | 

Clé  ,\n  plufieurs  endroits ,  le  prend  pour  le  robinet 
d'un  tonneau.  Epifiomium. 

IP"  Clé  dans  plufieurs  arts  &  métiers  ligni- 
fie un  inftrument  qui  n'a  qu'un  trou  carré  ,  qui 
fort  à  faire  mouvoir  des  vis ,  des  roues ,  des  pi- 
gnons ,  des  chevilles ,  &  ,qui  eft  fait  en  efpèce  de 
manivelle.  Clavicula.  Ainli  on  dit,  la  clé  d'un  lit 
pour  en  tourner  les  vis.  La  clé  d'une  carabine  ,  d'un 
piftolet ,  pour  en  bander  le  rclfort.  La  clé  d'une 
montre,  pour  la  monter.  La  Clé  d'une  épinetre, 
d'un  clavecin ,  pour  l'accorder  &  en  tourner  les 
chevilles.  Là  clé  du  robinet  d'une  fontaine. 

On  appelle  aullî  clé  ,  certaines  petites  boetes 
mobiles  qui  fervent  à  boucher  les  trous  des  flûtes  , 
6v'  des  autres  inftrumcns  femblables ,  fur  lefquels 
on  les  applique.  Clavulus. 

Cle  fe  dit  aulTi  en  Architediure  de  ce  qui  ferme , 
qui  arrcre  quelque  choie.  La  clé  d'un  arc  ,  ou  d'une 
voûte ,  eft  la  dernière  pierre  qu'on  met  au  haut 
d'une  voûte  ,  qui  étant  plus  étioite  par  en  bas  que 
par  en  haut,preire  &  aifermit  toutes  les  autres,  Tejlu- 
dinis  condufura.  On  l'appelle  zxixxzmtm.  mcnfole . 
Quand  la  clé  excède  la  hauteur  d'un  bandeau  , 
on  l'appelle  déparante.  Il  en  eft  de  bizarres  qu'on 
appelle  guimbers;es.  Frézier. 

La  cÛ  eft  différente  félon  les  Ordres  ;  au  Tof- 
can  &  au  Dorique  ,  ce  n'eft  qu'une  limple  pierre 
en  faillie  ou  bolTage.  A  l'Ionique,  la  de  eft  taillée 
de  nervures  en  manière  de  confole  avec  enroule- 
mcns.  Au  Corinthien  &au  Compolite,  c'eft  une 
confole  riche  de  fculpture  avec  enroulemcns 
&  feuillages.  La  clé  en  boffage  ,  eft  celle  qui 
a  plus  de  faillie  que  les  claveaux  ou  vouHbires  , 
&  où  l'on  peut  tailler  de  la  (cvA'^mte.Clé  pejante , 
eft  celle  qui  traverfant  l'architrave^  ou  même  la 
frife ,  fait  un  bollage  qui  en  interrompt  la  conti- 
nuité. Clé  pendante  &  faillante  ,  c'eft  la  dernière 
qui  ferme  un  berceau  de  voûte,  &  qui  çx.czàç.  le 
nu  de  la  douelle  dans  fa  longueur.  Clé  à  croffctte , 
eft  celle  qui  eftpotencée  par  en  haut  >  Si  qui  a  deux 


CLE 

crolTettes   qui  font  liaifon  dans  un  cours  d'afllfo 
La  de  d'un   preflbir  eft  la  vis  qui  le  fait  mou- 
voir,  &  qui    le  rient  ferme.  Cochlea,  fibula.  Les 
tenons  font  des  dés  de  bois  qui  fervent  à  afîem- 
bler  les  pièces  de  menuifcrie.  Subfeus  ,  car  do.  Les 
cle   des  poupées,  d'un   tour    ou   autre    machine,- 
Clavus  fuculiz.  Clés  d'une  poutre  font  les  chevilles 
de  fer  que  l'on  met  au  bout   de  la  poutre  pour  la 
tenir  plus  ferme  dans  le  mur. 
Clé  ,  en  termes  de  Marine  ,  eft  une  grofle  cheville  de 
bois  qui  joint  un  mât  avec  l'autre  vers  les  barres 
de  hune ,  &  qu'on  ôte  à  chaque  fois  qu'il  faut  ame- 
ner, le  mât.  Llavus  ligneus.  L^.  de  des  étaïns ,  eft 
une  pièce  de  bois  qui  tient  les  étains  à  l'étambot. 
Clé  de pierfier ,  eft  une  clé  de  i'ti  faite  en  façon  de 
goupille  qui  fort  à  tenir  la  boite  du  pierrier  en  fa 
place.  Fib.ula  ferrea.  Cle  de  guindas  ,  fe  dit  d'une 
pièce  de  bordage  entaillée  ea  rond  ,  qui  tient  un 
des  bouts  de  guindas  fur    Iqs  coittes.  Clé  de  pom- 
pe ,  c'eft  une  efpèce    de  cheville  de   bois  carré  , 
qui  tient  la  bringueballe  fujette  avec  la  pompe.  On 
appelle  aufli  clé  ,  un  bout  de  cable  qui  tient  un 
vaillcau  par  l'arrière,quand  on  le  veut  mettre  à  l'eau. 
Clé  ,  ou  Pas-d'âne ,  terme  d'Horlogerie.  C'eft  une 
pièce  qui  tient  une  grande  roue  jointe  contre  un 
des  bouts  d'un  cylindre  d'une  Pendule  .i  fécondes, 
ou  d'une  roue  de  cadran  contre  fen  canon ,  pour 
qu'elle  foit  ferme  à  tourner. 
Clé  ,  en  termes  de  Cordonnier ,  eft  un  morceau  de 
bois  qu'on  fourre  dans  une  forme  brifée  pour  élar- 
gir le  foùlier.  Clavus  ligneus.  On  l'appelle  de  de 
forme.  Il  y  a  aufli  un  autre  morceau  de  bois  que  les 
Cordonniers  appellent  dé  d'emlouchoir ,  &  dont 
ils  fe  fervent  pour  élargir  les  bottes. 

En  termes  de  Blafon  ,"on  dit  des  clés  en  pal ,  oir 
en  fautoir ,  couchées ,  ou  adolîées ,  félon  que  les 
pannerons  font  difpofés.  Claves  in  palum ,  in  decuj- 
jim  pofitiz ,  claves  obverfa. 
CLÉIDOMANCIE.  Voyei  Clédomancie, 
CLÉMATIS.  f.  f.  Planre  médicinale.  Voyci  Perven- 
che, c'eft  la  même  choie.  Vinca,  pervinca.  Il  y  a 
une  autre  nouvelle  efpèce  de  dematis  d'Amétique, 
qui  a  quatre  feuilles  femblables  à  celles  du  laurier^ 
qui  a  le  goût  d'un  champignon ,  dont  la  fleur  eft: 
un  cornet  rouge  tirant  fur  l'orange,  &.  femblable 
au  jafmin  d'Inde  à  fleurs  pourprées.  Elle  eft  plus 
amplemenr  décrite  dans  les  Mémoires  de  Doiard. 
CLEMATITE,  f.  f.  Clematitis.  Plante  ordinairement 
farmenteufe  ,  &:  donr  on  cultive  dans  les  jardins  cer- 
raines  efpèces  à  caufe  de  la  couleur  de  leurs  fleurs. 
Celles-ci  font  vivaces ,  &  grimpent  fur  les  .corps 
voilins.  Leurs  farmens  fontmen|^,  garnis  de  feuil- 
les qui  font  au  nombre  de  rrois  ,  portées  fur  une. 
même  queue.  Elles  font  arrondies ,  lilfes  ,  d'ua 
vert-gai ,  &  acres  au  goût ,  quelquefois  échancrées , 
quelquefois  entières  ,  lans  aucune  dentelure  fur 
leurs  bords.  Leurs  fleurs ,  quoique  fans  odeur,  ne 
lai/iènt  pas  d'être'agrcables  ;  elles  font  compofccs 
de  quatre  pétales,  longs  d'un  pouce  ,  difpofces 
en  croix,  &:  bleuâtres  dans  certaines  efpèces  ,  pur- 
purines ou  violettes  dans  d'autres.  Ce  nombre  de 
pétales  venant  à  augmenter ,  la  fleur  devient  dou- 
ble ,  plus  agréable  &  plus  recherchée  ;  ce  n'eft  cc- 
pendanr  qu'une  monftruolîté.  Le  milieu  de  ces 
fleurs  eft  garni  d'un  nombre  conlîdcrable  d'étami- 
nes.  Le  piftil,. après  la  chute  des  étamines  &  des 
pétales,  devient  un  fruir  chargé  de  plulîeurs  fe- 
mences,  ramallees  en  rête,  &  terminées  chacune 
par  une  barbe  fine,  pareille  à  celle  d'une  plume. 
Cette  plante  eft  nommée  par  les  Botaniftes  Clema- 
titis cœrulea  ,  vdpurpurea  repens  ,  flore Jîmplki, 
vel  multiplici.  Elle  croît  en  Italie  &  en  Efpagnc 
dans  les  haies. 

On  pourroit  joindie  à  celle-ci  la  Clématite  qui 
a  été  obfervée  en  Hongrie  par  Clujîus.  Clema.-. 
titis  Pannonica.  Elle  diffère  de  la  précédente. 
1°.  par  fes  farmens  ,  qui  le  tiennent  dioits  ; 
ic.  par  les  feuilles  ,  qui  font  feules  fur  une  queue, 
5c  toujours  oppofées  deux  à  deux  le  long  des  tiges  ; 

30.  par 


CLE 

)o.  par  ia  fleur ,  qui  efl:  plus  grande ,  &  bleuâtre 
cependant ,  î^  qui  donne  pareillement  des  ("cmen- 
ccs  barbues. 

La  plante  qu'on  pourroit  appeler  Clématite  or- 
dinaire, CkmatuisjUveJiris  y  latifolia ,  ell  connue 
Ibus  le  nom  d'iicrbe  aux  gueux,  parce  qu'étant 
îoitr.cre  &  tbrr  brûlante,  elle  lert  à  ces  lottes  de 
gens  pour  entretenir  ou  augmentei  les  uktres  de 
leurs  corps,  &  exciter  par-là  la  compallion.  On 
trouve  cette  Licmaiin  dans  les  haies ,  &:  dans  les 
bois  du  Royaume.  Ses  tiges  Ibnt  f'armenteui'es  , 
s'ctcndcnt  .beaucoup,  &  ibnt  chargées  de  feuilles 
au  nombre  de  trois  ou  de  cinq  ,  portées  iur  une 
queue  j  les  feuilles  ibnt  dentelées  ,  6c  même  échan- 
ctées  allez  profondement  fur  leurs  bords  ;  leur 
couleur  e(l  foncée  ;  &  elles  font  brûlantes  au  goût. 
Leurs  fleurs  naili'cnt  par  bouquets  ,  elles  font  blan- 
châtres ,  à  quatre  pétales,  petites  à  proportion  des 
précédentes  ,  de  bonne  odeur  ,  &;  donnent  des 
Icmences  barbues  ramaflces  en  tête  ,  de  maniète 
qu'on  diroit  de  loin  que  ce  font  des  floccons  de 
laine. 

Il  vient  en  Languedoc  une  autre  efpèce  de  CU- 
m.iùte  qui  efl:  plus  petite  que  celle-ci  dans  toutes 
fes  parties ,  qui  rampe  ordinairement ,  &  qui  a 
fes  feuilles  plus  menues,  d'un  vert  plus. gai.  On 
la  nomme  CUmatitis  tenuifolia  ,  Jîve  jiammula  re- 
..  pens.  On  auroit  peine  à  trouver  une  plante  plus 
brûlante  au  goût  que  cette  dernière  efpèce. 

Ce  mot  vient  de  x/ij^a  ,  Verge, 
ffT  CLÉMENCE,  f.  f.  Vertu  qui  porte  à  pardon- 
ner les  offenfes,  &  à  modérer  les  peines.  C'cft 
proprement  un  hù.c  par  lequel  le  Souverain  relâ- 
che à  propos  de  la  rigueur  du  droit.  Clementia. 
C'eft,  dit  M.  de  Montefquieu  ,  la  qualité  diftinc- 
tive  des  Monatques.  Dans  les  Monarchies  où  l'on 
eft  gouverné  par  l'honneur  qui  fouvent  exige  ce 
que  la  Loi  défend  ,  elle  ell  plus  néceflaire.  La 
difgrace  y  efl;  équivalente  à  la  peine.  Dans  l'Etat 
defpotlque  où  règne  la  crainte  ,  elle  eft  moins 
en  ufage  ,  parce  qu'il  faut  contenir  les  Grands  de 
l'Etat  par  des  exemples  de  fé vérité.  Dans  la  Répu- 
blique où  l'on  a  la  vertu  pour  principe  ,  elle  eft 
moins  néceflaire.  Il  y  a  des  Princes  en  qui  la  clé- 
mence efl:  une  bonté  faulle  &  mal  entendue  , 
ou  quelquefois  une  ignorance  de  l'utilité  &  de 
la  nécelfitc  de  la  Juftice.  M.  Esr. 

La  clémence  des  Princes  n'eft  fouvent  qu'une  po- 
litique pour  gagner  l'alfcéfion  des  peuples.  Rochef. 
Les  Souverains  ne  doivent  ufer  de  clémence.)  que 
quand  elle  ne  peut  plus  paflér  pour  un  effet  d'im- 
puidance  &  de  crainte.  Bizot.  Le  Card.  de  Riche- 
lieu établit  la  fûretc  de  fa  fortune  par  la  rigueur , 
&  n'ofa  hafarder  Xi.  clémence.  De  Langlade.  Com- 
bien de  pécheurs ,  fe  rcpréfentant  Dieu  plein  de 
bonté  &  de  milcricorde  ,  perlîftcnt  dans  leurs 
défordres ,  8^'  par  un  alficux  abus  s'imaginent 
qu'il  fera  toujours  tems  d'avoir  recours  à  fa  clé- 
mence, II  y  a  des  occalîons  où  la  clémence  des 
Rois  n'eft  qu'une  oftentation  de  leur  puillance 
fbuveraine.  M.  Esp. 

Piir  tout  du  nouveau  Prince  on  vantoit  la.  clémence. 

Racine. 
Bien  plus  que  la  valeur  ,  la  pitié ,  la  clémence 
Des  fameux  Conquérans  apurent  lapui[fance. 
Un  vainqueur ,  dans  la  gloire  encor  maître  de  foi, 
A  l^  Univers  entier  peut  impofer  la  loi.  Danchet. 

^3"  La  clémence  eft  oppofée  à  la  rigueur  ex- 
cellive,  &  non  .à  la  Juftice  qu'elle  ne  fait  que  tem- 
pérer. Ce  mot  ne  le  dit  proprement  que  de  Dieu  , 
des  Souverains ,  &:  de  ceux  qui  font  dépofitaires 
de  leur  autorité.  Ce  n'eft  que  par  extcnfion  que 
l'on  dit  la  clémence  d'un  père  envers  fes  enfans. 
Clémence,  en  Mythologie.  Les  anciens  avoient  fait 
une  divinité  de  la  Clémence ,  &  Plutarque  dit  qu'il 
fur  téfolu  de  bâtir  un  temple  à  la  Clémence  de 
Céfar.  Stace  ,  dars  le  douzième  Livre  dj  fa  T/,^- 
iaide^v,  495,  &  Jon  Sclioliajle ,  dïi'cni  qu'on  ne 
Torne  II. 


CLE  6^^ 

laifoit  point  de  tableaux  ni  de  ftatue  de  cette  di- 
vinité ,  Se  la  raifon  qu'en  apporte  Stace  au  même 
endroit  ,  &  Claudien  dans  le  Panégyrique  de 
Stilicon  ,  Liv.  Il ,  v.  11 ,  c'eft  que  cette  Déelfe  né 
veut  habiter  que  dans  les  cœurs.  Voyei  le  carac- 
tère qu'en  fait  Claudien  à  l'endroit  cté  ,  &  Bar- 
thius  fur  cet  endroit,  aulH  -  bien  que  Dempfter, 
Antiq.  Liv.  II,  c.  x. 
CrÉMENCE  eft  auHi  un  nom  propre  de  femme. 
Clementia.  Clémence  de  Boutges ,  témme  favante  en 
Poéfie  &  en  Mufique  ,  mourut  de  douleur,  quand 
elle  eut  appris  que  ion  mari  avoir  été  tué.  Clé- 
mence Ifaure  ,  Dcmoifelle  de  Touloufe ,  fonda  les 
Jeux  Floraux. 

L'Abbaye  de  Bourbourg  en  Flandres ,  fut  fon- 
dée par  le  Comte  Robert  dit  le  Jcroîolymitain  , 
&  la  ComzeBe  Cle/mnce  fa  femme  l'art  1102.  Clé- 
mence de  la  Sainte  Trinité  ,  Religieufe  de  l'Or- 
dre de  Notre  Dame  de  la  Merci ,  efl:  tirée  du  Mo- 
naftère  de  rAiîbmption  de  Séville  pour  aller  à 
Lore  fonder  le  premier  Monaftère  des  Religieufes 
déchaulfées  du  môme  Ordre.  P.  Helyot.  La  pre- 
mière AbbelTe  de  Rcmiremont ,  qui  ait  eu  le 
titre  de  Princcfle  de  l'Empire  ,  eft  Clémence  de 
Wifcler,  à  laquelle  l'an  1507  ,  à  la  pnere  de  Thi- 
bault, Duc  de  Lorraine ,  l'Empereur  Albert  I.  en 
envoya  les  Lettres  d'inveftiture  de  fes  Droits  ré-» 
galicrs.  P.  Helyot,  T.  VI,  C,  51. 
CLEMENT  ,  ENTE.  adj.  Ce  mot  ne  fe  dit  point 
au  féminm.  Clemens.  On  dit  bien  un  homme  Clé- 
ment, &c  non  une  femme  ckmtnte  :  Dan  et.  11  ligni- 
fie, qui  a  coutume  de  pardonner,  de  traitiT  dou- 
cement ceux  qui  font  à  fa  difcrétion.  53"  Celui 
que  la  douceur  incline  à  remettre  &:  relâcher  la  ri- 
gueur de  la  Juftice  avec  jugement  &  diicrétion, 
Alexandre  fut  clément  dans  fa  vidloire  ,  en  traitant 
humainement  Porus  après  l'avoir  pris.  Je  ne  fau- 
rois  appeler  clément ,  un  homme  qui  fe  lafle  d'ê- 
tre cruel.  M.  Esp.  Augufte  ne  tut  clément  que 
pour  eflayer  fi  la  clémence  lui  réulliroit  mieux  que 
la  cruauté.  Id.  (tCF  Au  nom  de  Dieu  clément  Se 
miféricordicux.  C'eft  ainli  que  Mahomet  commen- 
ce tous  les  chapitres  de  ion  Alcoran ,  &  que  les  Ara- 
bes commencent  foavent  leurs  livres. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ,  kp,:'v'.  ,  inclinamentum , 
du  verbe  tXi'>o-  incline,  fleclo.  On  appelle  un  Prin- 
ce clément ,  qui  fe  laille  facilement  fléchir  par  les 
prières. 
Clément,  f.  m.  Nom  d'homme.  Clemens.  Saint 
Clément  Martyr,  fut  fait  Conliil  ordinaire  en  l'an- 
née 9î  ,  ayant  pour  collègue  l'Empereur  Domitien. 
Baillet. 
CLÉMENTIN.  Ce  mot  eft  en  ufage  chez  les  Augu(l 
tins,  qui  appellent  Clementin  ,  un  Religieux,  qui 
aptes  avoit  été  neuf  ans  Supérieur,  cefle  de  l'être, 
&  vit  particulier,  &:  fournis  à  un  Supérieur.  Ce 
mot  vient  de  ce  que  Clément  défendit  pat  une 
bulle,  qu'un  Supérieur  chez  les  Auguftins ,  fut 
plus  de  neuf  ans  de  fuite  en  charge. 
Clementin  ,  ine.  adj.  Formé  du  nom  propre  Clé- 
ment. Clementinus  ,  a  ,  um.  Le  Collège  Clementin 
fut  fondé  à  Rome  en  1^95  par  Clément  Vlll ,  pour 
les  Elclavons.  Ils  furent  tiansférés  à  Lorette  en 
1^17  par  Urbain  Vlll  -,  mais  le  Collège  Clementin, 
ainfi  nommé ,  à  caufe  de  fon  Fondateur ,  n'a  pas 
laiiîc  de  fubfifter.  L'on  n'y  reçoit  que  des  Nobles. 
CLÉMENTINE,  f.  f.  Garder  \^Clemenùne ch^z  les  Au- 
guftins ,  fignifie  être  inférieur  6c  particulier ,  après 
avoir  été  neuf  ans  de  fuite  Supérieur  ,  ce  qui  fe  fait 
dans  cet  Ordre  ,  en  vertu  d'une  bulle  de  Clément. 
Clémentine,  f.  f  Nom  que  l'on  donne  dans  l'Or- 
dre de  Citeaux  à  une  Bulle  de  Clément  IV,  de 
l'an  1165  ,  portant  des  régleniens  pour  l'Ordre  de 
Citeaux.  Ckmentina.  La  Clémentine  interprète  la 
cane  de  Charité,  &  y  change  quelque  chofc,  en 
ce  qui  rcgardoit  la  police,  le  gouvcrni-ment  de 
l'Ordre  &  la  juridiétion  des  Supérieurs  ;  elle  ajou- 
toit  aiull  quelques  nouveaux  réglemens ,  mais  elle 


^54  CLE 

ne   fît  aucun    changement    dans  les   oWervances.  j 
P.  Helyot,   Tom.^F ,  p.  ^54.  I 

fO"  CLÉMENTINE,  adj.  L'Académie  de  peinture , 
iculpture  &  arcliiteclure  crigce  à  Boulogne ,  lous 
le  nom  &:  la  protedion  de  Clément  XI ,  porta  le 
nom  d'Académie  Clcmentim.  Elle  a  été  rcûnie  au 
célèbre  Inftit  .t  de  Bouloii;ne. 
CLÉMENTINES,  f.  £  pi.  Cell  la  partie  du  Droit 
Canon  compofée  des  Conftitutions  du  Pape  Clé- 
ment V,  Se  des  canons  du  Concile  de  Vienne, 
publiée  par  Jean  XXII  en  15 17.  Voye^^  le  Texte. 
Pars  Juris  Canonici  ex  Conjtitutionihus  CUmentis 
Papx  conjlaii ,    ClcnientiniZ, 
§C?  On  donne  auiîî  le  nom  de  CUmentines  à  un  re- 
cueil de  plulieurs  pièces  anciennes  fauilcment  at- 
tribuées à  laint  Clément  Evêque  de  Rome.  11  cfl; 
rempli  d  écrits  apocryphes ,  de  fables  &:  d'erreurs. 
|p=  CLEMOUZI,  ville  delà  Morée,  i trois  lieues 

de  Caflel-Tomèle. 
CLÉOBIEN ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fede.  CUo- 
tianiis,  a.  Un  fragment  d'Hcgélippe  rapporté  par 
Eiïi'èhc ,  Hi/i.  Ecclef.  Liv.  IF ^  c.  xi,  &  par  Nicé- 
phore  ,  Hijl  Ecclef.  Liv.  IF,  c.  7.  nous  apprend 
qu'un  certam  homme  du  peuple  ,  nommé  Thébu- 
tès ,  fut  le  premier  qui  fema  des  hcréfics  dans.l'E- 
glil'e  de  Jérulalem  -,  que  de  Ton  école  fortircnt 
Simon ,  chef  des  Simoniens ,  Se  Cléobius ,  chef  des 
Cleobiens,  &c.  c'eft  tout  ce  que  nous  en  lavons  ; 
car  pour  leurs  erreurs ,  on  ne  nous  en  apprend  rien , 
finon  qu'ils  divilerent  l'Egliie  ,  femant  des  difcours 
pernicieux  contre  Dieu  &  contre  l'on  Chrift ,  com- 
me p  arle  Niccphore. 
CLÉOMÉDES.  ('.  m.  Ceft  le  nom  d'une  des  taches 
de  la  Lune  ,  qui  eft  la  trente-fixième  en  nombre 
dans  le  Catalogue  du  P.  Riccioli.  On  trouve  dans  ce 
Diclionnaire,  £r^/()/?i/?<;  6c  Eudoxe  ,  qui  font  les 
îioms  de  la  quinzième  &  de  la  vingt-deuxième  ta- 
cha fuivant  le  même  catalogue. 
ÇLÉOPHÉ.  Marie  Cléophé  éroit  mère  de  Saint  Jac- 
ques le  Mineur  premier  Evêque  de  Jérufalem.  On 
prétend  qu'elle  fut  mariée  deux  fois  ,  d'abord  à 
Alphée ,  dont  elle  eut  S.  Jacques ,  &  puis  à  Cléo- 
phas  ,  d'où  le  Vulgaire  la  nomme  parmi^  nous 
Marie  Cléophé.  Au  refte  ,  tous  nos  interprêtes  la 
nomment  Marie  femme  de  Cléophas  ,  &  non 
point  Marie  Cléophé  :  quoique  ce  foi^t  l'ufage  or- 
dinaire. FoyejjlaTradudionde  Mons',  le  P.  Bou- 
hours  &  M.  Simon  en  S.  Jean  XIX,  z^ 
^  CLEPSIAMBE.  f.  m.  Inftrument  de  Mulique  des 

anciens  dont  on  ne  connoît  que  le  nom. 
CLEPSYDRE,  f.  f  Horloge  qui  mefure  le  temps  par 
la  chute  d'une  certaine  quantité  d'eau.  Clepfydra. 
Il  s'en  èft  fiit  aulfi  avec  du  mercure.  Les  Égyp- 
tiens meùiroient  ainfi  le  cours  du  Soleil.  Tycho- 
Brahé  de  nos  jours  s'en  efl:  fervi  pour  obferver  le 
mouvement  des  aflres ,  &  Dudley  faifoit  aulli  par 
ce  moyen  toutes  ies  obfervations  maritimes,  L'u- 
fage  des  clepfydres  eft  fort  ancien.  Elles  furent 
inventées  fous  les  Ptolomces  ,  Rois  d'Egypte  , 
auffi-bien  que  les  cadrans  folaircs.  Elles  fer- 
voient  principalement  en  hiver ,  comme  les  cadrans 
en  été ,  mais  elles  avoient  deux  défauts ,  l'un  que 
l'eau  s'écouloit  avec  plus  ou  moins  de  facilité ,  fé- 
lon que  l'air  étoit  plus  ou  moins  épais  -,  &  l'autre , 
qu'au  commencement  elle  s'écouloit  plus  promp- 
tement  qu'à  la  fin.  M.  Amontons  a  inventé  une 
clepfydre  qui  n'a  point  ces  inconvéniens,  &  qui  a 
trois  utilités  principales,  1°  ,  de  faire  l'effet  or- 
dinaire des  horloges,  1°  ,  de  fer vir  à  la  navigation 
par  la  connoiflance  qu'elle  peut  donner  des  lon- 
gitudes ,  5"  ,  de  mefurer  exaiftcment  le  mouve- 
ment des  artères.  Foye^  les  expériences  Phyfiques 
fur  cela,  imprimées  en    \6<)s. 

Pline,  L.  Fil,  c.  fi'o,  attribue  .1  Scipion  Nalîca 
l'invention  des  C/e/j/vir^^,  c'eft-à-dire  ,  des  clepfy- 
dres Romaines  ;  car  Vitruve  ,  au  Liv,  IX,  ch.  9  de 
Ion  Architedure,  les  fiit  remonter  à  Crclibius  cjui 
fut  un  des  génies  ies  plus  inventifs  de  toute  l'An- 


CLE 

tiquitc.  Or  les  clepfydres  de  Ctefibius ,  au  rapport 
du  même  Auteur,  animoient  de  petites  figures, & 
produifoient  mille  petits  jeux  par__  le  moyen  de 
certaines. roues  dentées. 

Les  clepfydres  des  Anciens  étoient  fort  éloignées 
de  la  pertcdion  où  le  P.  Charles  de  Vailly  ,  Reli- 
gieux Bénédictin,  de  la  Congrégation  dcS.  Maur, 
les  a  portées  dans  le  dernier  lièclc. 

On  trouve  dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences,  \6<jc),p.  51,  une  manière  géomé- 
trique &  générale  de  faire  des  clepfydres  avec  tou- 
tes forres\ie  vafes  donnés,  percés  où  l'on  voudra, 
d'une  petite  ouverture  quelconque,  par  ou  l'eau 
s'écoule  fuivant  quelqu'hypothèfe  de  vîtedes  que 
ce  fuit ,  &  réciproquement  de  trouver  ces  vaies 
pour  toutes  fortes  d'hypothèlcs  de  telles  vîte(îes&: 
des  temps ,  fuivant  lefquels  fe  doivent  régler  les 
abaiflemens  de  la  furlace  de  l'eau  qui  s'écoule. 
Cette  méthode  eft  de  M.  Varignon, 

Ce  mot  vient  de  -"xi.^Tu ,  ahfcondo  ,  &  "^"f ,  aqu.t. 

On  appelle  aufTi  clepfydre,  un  vailfeau  de  terre ^ 
dans  lequel  il  fe  fait  un  jet  d'eau  par  un  artifice 
fcmblable  à  celui  de  la  fameufe  fontaine  inven- 
tée par  Hiéron.  On  en  voit  la 'figure  dans  le  Jour- 
nal des  Sçavans.  Elle  eft  de  l'invention  du  lieur 
Cômiffvs. 

On  appelle  aufli  clepfydre , une  horloge  de  fa- 
ble, qui  fur  la  mer  s'appelle  le/'owi/mr-,  clepfam- 
midiiim. 

CLER ,  ERE.  adj.  Qui  fe  trouve  ainfi  écrit  fouvent 
dans  Marot ,  au  lieu  de  Clair ,  claire,  Clarus ,  a ,  um. 

C  L  E  R  ,  f.  m,  nom  d'homme.  Clerus  ,  Licerius  i 
Lecerus  ,  Luceres.  Ceft  un  faint  Diacre ,  Martyr 
d'Antioche,  quia  différcns  noms  en  différens  Mar^ 
tyrologes.  Foye^^  M.  Chaftelain ,  au  7  Janvier  i 
pag.  liy. 

CLÉRAC  ou  CLAIRAC.  Ville  de  France  dans  l'Agc- 
pois,  fur  le  Lot,  qui  paffe  au  milieu.  Clariacum.  Le 
vin  de  Clérac  eft  eftimé.  L'Abbaye  de  Clerac ,  Ordre 
de  S.  Benoît ,  fut  donnée  par  Henri  IV  aux  Cha- 
noines de  S,  Jean  de  Latran, 

Clérac  ,  par  Antonomafe ,  fe  dit  d'un  tabac  qui  croil^ 
f  bit  dans  le  territoire  de  la  ville  de  Clérac ,  &  qui 
s'y  fabriquoit.  Cleracenfe  tabacum.  ifT  Ceft  dom- 
mage qu'on  en  ait  défendu  les  plantations  &  la 
fabtique. 

CLÉRAGRE ,  f.  f,  terme  de  Fauconnerie  ,  eft  une 
maladie  qui  vienr  aux  ailes  &  pennages  des  oifeaux 
de  proie.  Morbus  accipitrum  alis  incr2fcens.  Ceft 
une  efpèce  de  goutte. 

CLERC,  f.  m.  (  Le  c  final  ne  fe  prononce  point.  )  Vieux 
mot  qui  fignifioit  autrefois  fçavant ,  Doclus ,  peri- 
tus  ,  litteratus ,  aulFi-bien  que  Clergie ,  DoÙrine. 
Ainfi  Pafquier  dit  que  les  Officiers  des  Comptes 
ont  été  créés  fous  le  titre  de  Clercs  des  Comptes  ;  Sc 
que  les  Secrétaires  d'Érat  s'appeloient  Clercs  du 
Segré ,  ou  Secret.  Les  Secrétaires  du  Roi  s'appe- 
loient auffi  Clercs  8c  Notaires  du  Roi.  On  don-' 
noit  ce  nom  en  général  à.  tous  ceux  qiii  '  fii- 
foient  profefTion  de  fcience  ,  ou  qUi  fçavoient 
manier  la  plume.  Les  Secrétaires  des  Princes  ou 
grands  Seigneurs ,  s'appeloient  Clercs.  Ce  nom  ap- 
partenoit  originairement  aux  Ecclciîaftiques.Comme 
la  Nobleffe  s'appliquoit  entièrement  à  l'exer- 
cice des  armes,  il  n'y  avoir  que  le  Clergé  qui 
s'attachât  à  cultiver  les  Sciences  :  en  forte  qu'Alain 
Charrier  fe  mocquc  des  Courtiians  qui  préten- 
doicnt  que  Noble  homme  ne  doit  point  fçavoir 
les  Lettres ,  &c  qui  tenoient  à  reproche  de  gcn- 
tillefle  de  bien  lire  ,  &  bien  écrire.  Ainfi ,  comme 
ceux  du  Clergé  étoient  les  fculs  qui  fîlfent  pro- 
fe/fion  des  Lertres ,  on  appela  un  homme  fçavant, 
un  srand  Clerc ,  Sc  Mauclerc ,  un  homme  ftupide  &• 
m3.\\n.h\\z.  IlUcteratus,imperitus,Litterarumrudis^ 

Ceft  en  ce  fens  qu'on  dit  encore ,  c'eft  un  homme 


CLE 

habile  Se  un  grand   C/erc  ;   cet  homme  n'eft  gas 
grand  Cierc  ;  &:  que  Régnier  a  dit  : 

^'en  déplaife  aux  Docleurs  Cor  délier  s ,  Jacobins , 
Ma  foi,  lis  plus  grands  Clercs  ne  font  pas  les 
plus  fins.  Régnier. 

Un  loup  quelque  peu  Clerc  prouva  par  fa 
harangue  , 
Qjûil  fallait  dévouer  ce  maudit  animal. 

La  Fontaine. 

En  profe  hélas  !  les  plus  grands  Clercs 

Dijent  fouvent  mainte  Jotife; 

Comment  n'en  dire  pas  en  vers  ?  P.  Du  Cekc. 

Ronfard ,  dans  fon  vieux  langage ,  a  dit  Clergeffe , 
pour  fçavante  : 

Mais  trcpplus  ejl  à  craindre  une  femme  clergeffe. 

On  a  dit  auffi  autrefois  ClergereffètkuiTi-hienque 
Clergeffe,  pour  i\s,mnsx:,  fçavante.  Il  n'a  plus  d'Ulage 
aujourd'liui  que  parmi  les  Lingères  ;  pour  fignifier 
celle  d'entr'elles  qui  a  foin  des  aiîàires  de  la  Com- 
munauté. 

Ce  mot  &  fes  dérives  viennent  du  grec  xPiff  «55 
qui  lignifie  Clergé  ;  mais  principalement  fort ,  lu- 
ritage,pzï:ce  que  le  fort  &i  le  partage  des  Clercs 
ou  des  Ecclcliaftiqucs  ,  cft  de  iervir  Dieu , 
de  s'attacher  à  fon  lervice  :  car  le  mot  Clerus  s'cO" 
dit  d'abord  de  ceux  qui  croient  attaches  à  Dieu 
d'une  manière  particulière ,  foit  qu'on  l'entende 
des  Chrétiens  en  général ,  par  comparaifon  aux  In- 
fidèles ,  foit  qu'on  l'entende  des  Ecclédaftiques  en 
particulier)  par  comparaifon  au  refte  des  Chré- 
tiens, fuivant  ces  paroles  de  S.  Pierre  j  Neqne  ut 
dominantes  in  Cleris ,  i.  Pet.  V,  3.  La  première 
origine  de  cette  exprefîion  vient  de  l'ancien  Tef- 
tament ,  où  la  Tribu  de  Lévi  efl:  appelée  le  fort, 
•  le  partage ,  l'héritage  du  Seigneur,  xA»;"^»?  en  grec  ; 
&  Dieu  eft  appelé  réciproquement  Ion  parrage , 
parce  que  cette  Tribu  étoit  toute  conlacrée 
au  fervicc  de  Dieu,  fans  avoir  de  grands  fonds 
de  terre  ,  comme  les  autres  Tribus.  Il  y  en  a  qui 
dérivent  le  mor  de  Clergé  de  Clergie,  vieux  mot, 
qui  figniEc  fcience  ,  littérature,  parce  que  les  gens 
d'Eglife  étoient  autrefois  les  feuls  qui  fuffent  let- 
trés &  Içavans ,  &  qui  fuffent  regardés  comme  tels. 
f^oyei  Clergie. 

Clerc  étoit  autrefois  un  jeilné  Gentilhomme  qui 
apprenoit  les  exercicess  militaires,  &  qui  étoit  un 
Novice  de  Chevalerie.  Tiro  ac  rudis  in  re  militari. 
C'efl  en  ce  fcns  qu'on  dit:  il  en  parle  comme  un 
Clerc  d'armes,  comme  un  homme  qui  n'cft  pas 
expérimenté  au  fait  de  la  guerre. 

Clerc  ,  fignifie  aujourd'hui  celui  qui  a  pris  au  moins 
le  premier  caraétcre  de  l'État  Eccléfiaftique',  c'cft-.à- 
dire  ,  la  tonfure.  Clericus.  Un  Clerc ,  qui  n'a  pris 
que  les  Ordres  mineurs ,  peur  fe  marier  ;  mais  fon 
mariage  l'exclut  des  privilèges  &:  des  fondions  de 
la  Cléricature.  On  peut  prendre  là  roulure, &  erre 
Clerc  à  fept  ans,  ou  à  lix  paP  dilpenfe  du  Pape. 
Un  Clerc  tonfuré.  On  appelle  Clercs  de  Chapelle , 
dans  fes  Mailbns  Royales ,  ^3"  des  Officiets  de 
la  Chapelle  ,  dont  la  charge  eft  de  fervir  à  cer- 
taines fonâ:ions  eccléliaftiques  fous  les  Aumôniers 
&  les  Chapelains. 

Clerc  fe  prend  plus  généralement  pour  tous  ceux 
qui  font  de  l'Etat  Eccléliaftique ,  depuis  les  ton- 
furés  jufqu'aux  Prélats.  Ainli  on  dit ,  que  les  Ca- 
nons excommunient  ceux  qui  mettent  la  main  fur 
les  Clercs.  Le  privilège  des  Clercs  eft  de  plaider 
devant  leurs  Juges  Eccléfiaftiques.  Une  charge  de 
Confeiller-C/tfrc  eft  celle  qui  ne  peut  erre  poflcdée 
que  par  un  Eccléliaftique.  Le  Pré  aux  Clercs  de 
Paris  étoit  un  pré  où  les  Ecoliers  de  l'Univcrfité 
prenoient  leurs  récréations.     Un  Concile  d'Afri- , 


G  LE  ^g^ 

que  avoit  défendu  que  perlbnne  ne  fît  un  Clerc 
Tuteur  ou  Curateur  par  fon  tcftament.  S.  Cypn 
Ep.  l ,Pamel.  66.  Le  Concile  d'Elvire  ,  can.  5  5,  or- 
donne la  continence ,  généralement  à  tous  les  Clercs , 
Evoques,  Prêtres,  Diacres,  fous  peine  d'crre  privés 
de  l'honneur  de  la  Cléricature.  Saint  Jean  l'Aumô- 
nier éleva  à  la  Prêtrife  un  Leéleur  de  grande  vertu, 
qui  faîfoit  des  fouliers ,  &  de  fon  travail  nourrif- 
foit  fes  enfans,  fi  femme,  fon  père  &;  fa  merc;  par 
où  l'on  voit  qu'il  y  avoit  à  Alexandrie  des  Clercs 
mariés  &  artifans.  Fleury.  La  vie  de  S.  Jean,  d'où 
cela  eft  pris,  Ch.  XIII,  n.  87,  dans  Bollandus, 
Janv.  tom.  II,  p.  515,  marque  même  deux  Clercs 
Cordonniers;  mais  elle  ne  dit  point  que  celui  qni 
avoit  femme  &  enfans  .  usât  du  mariage  depuis 
qu'il  étoit  Clerc,  ni  après  qu'il  fut  Piètre. 

Dans  les  vieux  Titres,  on  a  appelé  aulH  Clercs ^ 
plulîeurs  petits  Officiers  des  Mailbns  Royales , 
comme  Clercs  de  Cuifine,  Clercs  de  Panneterie , 
d'Echanfonnerie ,  Clercs  de  livrées  de  la  Mailbn  dîi 
Roi.  Ce  nom  eft  demeuré  feulement  aux  Clercs 
d'Office,  qui  font  les   petits  Conèrôleurs. 

En  parlant  de  la  Cour  de  Rome,  on  appelle  Clerc 
de  laChambre ,  Clericus  camer«,  un  Prélat  Officier 
de  laChambre  Apoftolique.  On  y  donne  aulfi  ce 
nom  à  douze  Prélars  qui  §3*  font  partie  du  Tri- 
bunal qu'on  appelle  la  Chambre  Apoftolique,  oii 
f  mplement  la  Chambre  ,  donr  le  Cardinal  Camer- 
lingue eft  le  chef  Koyf^  Chambre  Apostolique. 

Clerc  Acéphale.  Au  fixièmç  liécle  on  donna  ce  nom 
aux  Clercs  ,  qui  fe  féparcrént  de  l'Evêque,  &  ne  vou- 
lurent pas  vivre  en  communauté  avec  lui. 

Clerc  Chanoine.  On  donna  ce  nom  au  fixième  lîécle 
aux  Clercs,  qui  ne  fe  féparèrent  point  de  l'Evêque  j 
&  continuèrent  à  vivre  en  communauré  avec  lui , 
félon  les  Canons.  Foyei  Chanoine. 

Clerc  Régulier  du  tonjESUS.  Voye?^  au  mot  Jésus. 

Clercs  Réguliers  ,  Miniftres  des  Infirmes.  Voye:^^ 
Ministre.  .    , 

Clercs  Réguliers  de  la  Mère  de  Dieu,  Nom  d'une 
Congrégation  ,  dont  la  fin  principale  eft  d'en- 
feigner  la  Doctrine  Chréricnne  ,  &  qui  eut  pour 
Fondateui  le  P.Jean  Léonard! ,  vers  l'an  1574.  Il 
n'eut  d'abord  que  dejx  Compagnons,  Leur  nom- 
bre s'étanr  augmenté ,  ils  le  prièrent  de  leur  aon- 
ner  une  règle.  Pour  toute  règle ,  il  leur  écrivit  ce 
mot ,  OUiffance.  C'eft  à  Luqucs ,  fa  patrie  ,  qu'il 
Commença  fa  Congrégation.  L'Evêque  de  Luquesi 
par  commiffion  de  Sixte  V,  l'approuva,  leur  per- 
mit de  fiire  des  Conftitutions  i,  d'élire  un  Supé- 
rieur, &:  de  recevoir  des  Sujets.  Clément  VIII  ap- 
prouva cette  Con!.rrégation ,  &  leurs  Conftitutions, 
&  Grégoire  XV  ordonna  qu'ils  feroient  des  vœux 
foiennels ,  &  approuva  leur  Congrcgarion  comme 
Régulière,  par  un  Bref  du  5   Novembre  ï6ti. 

Clercs  Réguliers  Mineurs.'^om  d'une  Congrégation 
établie  fur  la  fiii  du  feizième  fiècle  par  les  PP.  Au- 
guftin  Adorng ,  &  François  &:  Auguftin  Carac- 
cioli.  Sixte  V  l'approuva  en  1588,  par  un  Bref 
du  premier  Juiller.  Il  leur  permit  de  faite  des  vœux 
foiennels ,  d'élire  un  Supérieur ,  &  de  prefcrire  des 
Règlemens  pour  le  maintien  de  cette  Congréga- 
tion ;  &c  comme  il  avoit  été  Frère  Mineur ,  il  leur 
donna  le  nom  de  Clercs  Réguliers  Mineurs.  Gré- 
goire XIV  leur  accorda  en  1591  tous  les  privilèges 
des  Tliéatins.  Clément  VIII  les  confirma ,  &  Paul  V 
les  fit  participans  de  tous  les  privilèges  accordés 
auxaurres  Ordres  Religieux. 

Clercs  Réguliers  de  Saint  Mayeul.  Nom  d'un  Ordre 
de  Religieux  appelés  plus  communément  Somaf- 
ques.  Voyez  ce  mot. 

Clercs  de  Saint  Paul.  Nom  que  portèrent  les  Bar- 
nabites.  On  prétend  que  ce  nom  leur  fur  donné  j 
parce  qu'ils  s'appliquoient  fort  à  la  leélure  de 
S.  Paul. 

Clerc  de  là  Vie  Commune.  Congrégation  de  Clercs 

.  Réi^uliers,  ou  de  Chanoines  Réguliers,  nommés 
aulfi  Frères  de  la  vie  commune.  Clericus,  ou  Frater 
yitx  communis.  Ils  furent  établis  par  Gérard  Groot 

LLliij 


6^6  C  1.  E 

ou  le  Grand  ,  de  Dcvcnter ,  au  qitatoizième  ficelé.. 
Il  les  ailembla  dans  l'a  mailbn -,  ëc  hois  les  heures 
de  la  prière ,  de  l'orailbn  ,  &  des  autres  excrciees 
qu'il  leur  prclfcrivit,  il  leur  fàifoir  rvanfcrire  les 
Livres  des  SS.  Pères,  fie  les  leur  failbit  corriger 
iur  les  anciens  manuicrits.  Après  la  mort»  qui  ar- 
riva en  1384  ,  Flavidius,  un  de  fes  Ckrts  ,  les  mit 
en  règle,  £c  en  Congrégation.  Eugène  ÎV  en  1431, 
&  en"  1444  )  &C  Pie  II  en  i4(îi,  leur  donnèrent  plu- 
jicurs  privilèges,  auxquels  leurs  Succefî'curs  en  ont 
encore  ajoute  d'autres.  L'Hiji.  des  Ordr.  Mon.  & 
Relia,  en  parle ■,' part.  Il ,  ch.  51. 
Clerc  ,  en  termes  de  Pakis ,  eft  une  efpèce  de  Com- 
mis ou  de  Scribe ,  qui  fer:  à  écrire  chez  les  Gens 
de  Jullice  ou  de  Pratique.  Scriha.  Un  Clerc  de 
Confeillcr  ou  de  Rapporteur. Un  Clerc  d'Avocat,de 
Notaire,  de  Procureur,  d'Huilfier ,  de  Greffier.  Le 
Maître  Clerc  d'un  Notaire  ,  d'un  Procureur,  eft  le 
premier  ,  le  principal  Ckrc.  Primaniis  Senta.  Le 
'  Clerc  des  Requêtes  eft:  celui  qui  a  ibin  d'inftruire 
les  Inftances  des  Requêtes  du  Palais,  ou  de  l'Hôtel. 
Le  s  petits  Ckrcs  font  les  Copiftes.  La  Bafoche  eft 
uue  Juridiction  établie  entre  les  Clercs  ,  pour  juger 
les  cliltérerts  qui  furviennent  entr'eux. 

Ce  mot  a  lignifié  originairement  trois  chofes  jun 
homme  Ecclcliaftique,  un  homme'  de  Lettres,  il 
celui  qui  écrit  ibus   autrui ,  comme  prouve  Loy- 
feau.  Mais  fa  plus  ancienne  fignification  §C?"-paroît 
erre  dans  ce  premier  fens.  Dans  les  liècles  d'igno- 
rance ,  comme   nous  Tavons  dit ,  les  'Clercs  l'euls 
avoient  quelque  teinture  des  Lettres  i  favoient  lire 
Se  écrire  ,  &  pouvoient  leuls  remplir  les  places  où 
ces    connoillances    étoient    néce'îàires ,  Par    aOTis 
du  terme  ,  on  appela  dan?  la  fuite  Clercs  ,  des  Laïcs 
lettrés  qui  rempliflbient  les  places  qui  étoient  au- 
paravant   occupées   par    des    Eccléliaftiques.   On 
nomma   aulfi  Clercs  tous  ceux  qui   faiibicnt   pro- 
fêiîion  d'écrire  ibus   l'autorité  d'un  autre ,  même 
ceux  qu'on  nomme  aujourd'hui  Secrétaires  d'Etat , 
étoient    appelés  Clercs   fie  Notaires. 
fC  II  y  a  des  Clercs  commis  aux  audiences  de  Chan- 
cellerie. 
Clerc  Te  dit  aulfi  des  Commis  pour  faire  les  affaires 
&  les  courfes  néceffaires  dans    les  Communautés, 
PrapOjïtus  ,  Pnejeclus  focietatis  cujujvis  nezotiis. 
On  appelle  dans  les  Paroiflcs  le  Ckrc  de  l'Œuvre , 
le  Clerc  d'une  Confrérie ,  celui  qui  fait  les  affai- 
res &  le  recouvrement  des  deniers  dûs  à  l'iEuvre 
&  à  la  Confrérie.  Dans  les  Corps  des  Marchands  S<. 
des  Artiians ,  le  Clerc  des  Orfèvres ,  le  Clerc  des 
Fripiers,  celui  qui  a  foin  de  convoquer  les  allém- 
blces  du  Corps,  de  porter  des   billets  pour  trou- 
ver les  chofes  perdues  ,  &c.  Il  y  a  aulli  un  Clerc 
prmi  les  Sergens. 
§3"  Clercs.  On   donne    ce  nom  en  Turquie  .i  des 
.Sous-Commis  qui  font  chargés  du  recouvrement 
des  deniers  de   l'Etat, 
Clerc  du  Guet,  entérines  de' Marine,  eft  celui  qui 
a  foin  d'allemblerle  guet  furies  ports   de  Mer  & 
fur  les    côtes ,  &:  qui  en  fait  le  rapporr  à  l'Ami- 
rauté ,  fuivant  le  titre  VI  du  Liv.  IV  de   l'Ordon- 
.  nance  de  la  Marine.  Prxfeclus  vigilum. 
Clerc  le   dit  aulfi  en    ces   phrafes.    On  dit  °  qu'un 
homme  a  fait  un  pas  de  Clerc  ;  po  ur  dire  ,  qu'il 
a  fait  une  faulfe  démarche ,  une    faute  par    igno- 
rance ',  ce  qui  ne  fe  dit  pas  feulement  des  Clercs , 
mais  aulfi  de  toutes   autres  pcrfonnes  qui  fe  mé- 
prennent, Si  qui  font  des  chofes  dont  ils  fe   re- 
pentent. On  appelle  aulfi  f^'ice  de  Clerc ,  une  faute 
d'écriture  qu'on  ne  peut   pas  imputer  à  celui  qui 
a  drellc  ou  fait  l'aéte,  qu'on  peut  aifément  cor- 
riger par  ce  qui  précède,  ou  qui  fuit.  On  dit  aulfi, 
compter  de   Clerc  à  Maître.    (Dans  cette  phrafe 
le  C  final  fe  prononce.)  Quand  un  Commis  compre 
feulement  de  ce  qu'il  a  reçu  &:  débourfé  de  Ibn 
mandement ,  fans   être  refponfable  d'autre  chofe. 
On  dit  aulfi ,  parler  latin  devant  les  Clercs ,  parce 
qu'autrefois  on  appeloit  Grand  Clerc  ,  un    habile 
homme,  Se  MaucUrc  f  lia  ignotant,  On  dit  encore 


CLE 

le  ptcmicr  en  ftyle  familier,  ou  badin  &  comique. 
Ce  n'eif  p.is  un  grand  Clerc  que  cet  homme-là. 
CLERCELlER.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  s'eft  dit  pour 

Geôlier,  Carceiis  cujlos, 
CLERGE,  f.  m.  L'Aifemblée,  ou  leCorps  des  Ecclé- 
fiaftiqucs.  ffT  Le  Corps  des  perfonnes  confacrées 
À  Dieu  par  la  Cléricature  ou  par  la  Profcllion  rcli- 
gieufe,  Clerus ,  Cleri  Jdcer   Ordo.  Ainfi  il  y  a  de 
deux  fortes  de  C/i^rgii .  Le  Régulier  qui  comprend 
tous  les  Religieux  ;  le  Séculier,  tous  les  autres  Ec- 
cléliaftiques qui  ne   font  pas  Religieux,  Dans  les 
Euts-Généraux,  le  premier  rang  elî  donné  zuCLr- 
gé  ^  aux  Prélats.  Le    Clergé  Romain  forftie  un  Etat 
Monarchique ,  fous  la  dépendance  du  Pape ,  qui 
en  eft  le  chef.  Les  rentes  du  Cierge  font  des  rentes 
que  le  Clergé  a  conftituées  fur  les   Décimes.  Les 
Receveurs  des  Décimes  font  des   Officiers  cjui  ne 
dépendent  que  du  Clergé,  &c  qui  font  la  recette  & 
le  conttôle  des  Décimes.  Le  Clergé  étoit  autrefois 
divifé  en  trois  Ordres:  les  Prêtres,  les  Diacres,  & 
tous  les  Clercs  inférieurs, qui  faifoienrle  troifième. 
Chaque  Ordre  avoir  un  Chef.  L'Archiprêtte  croit 
Chef  du  premier  Ordre ,  l'Archidiacre  du  fécond ,  Se 
le  Primicier  du  troifième.  S.  Grégoire  nç  vouloir 
pas  qu'on  reçût  dans  le  Clergé  les  Officiers  publics. 
ÇdT  A^ujourd'hui  on  appelle  Clergé  du  premier" ordre, 
les  Archevêques  &:  Evêques  ;  Clergé  du  fécond  or- 
dre, tous  les  autres  Eccléliaftiques, 
SfT  On  appelle  quelquefois  bas  C/ero'd  dans  les  Cha- 
pitres, les  Semi-Prébendés ,  Chapelains,  Chantres, 
&  autres  Officiers  gaués. 
Clergé  fe  dit  aulfi  du  Corps  particulier  des  EccLé- 
fiaftiques ,  qui  delîérYent  dans  une  Eglifc ,  ou  dans 
une  Patoiflé  ,  L'Evêque  ,  à  la  tête  de  Ion  Clergé,  eft 
venu   en  mitre  &  en  chape,  recevoir  le  Roi  à  la 
porte  de  fon  Eglife.  Ce  Curé ,  &  tout  fdn  Clergé  , 
alfiftoit  au  convoi. 

Autrefois  fous  le  nom  de  Cleîgé  croient  compris 
tous  les  Officiers  de  Ju'ftice  comme  gens  lettrés; 
parce  que  le  nom  de  Clerc  fe  donnoir  à  rous  ceux 
qui  avoient  de  la  littérature,  comme  on  voit  dans- 
rOrdonn.mce  de  Charles  V.  de  l'an  i\^6. 
Clergé.  Bay  le  a  dit  ce  mot  des  Prêttespayens.  Il  aban- 
donna les  fidclles  à  la  merci  de  fon  Clergé,  Bayle 
au  mot  Abdas.  J'appelle  ainfi  les  Mages,  qui  avoisnt 
entre  autres  chofes  le  foin  de  la  religion.  Id.  G'eft  uiï- 
abus  du  mot  Cierge  ,  qui  ne  fe  dir  que  des  Miniftres 
deftinés  aux  fonitions  de  la  Religion  dans  l'Eglife 
Catholique ,  5<:tout  au  plus  dans  l'Eglife  Anglicane , 
parce  qu'elle  a  confervé  une  efpèce  de  hiérarchie. 
CLERGEOT  ,  f  m.  petit  Clerc.  Cotgrave  écrit  Cler-' 
(leau  &  Clerzeon.  Ce  dernier  mot  eft  aulfi  dans  la 

n  rt 

Ditlionnaire  des  Arts  ,  ou  il  eft  dir  que  c'eft  un  ap- 
prenti qui  commence  ,foit  pour  la  Cléricature ,  foit 
pour  la  Pratique.  Charles  IX  a  fait  d'un  petit  Cler- 
gjot  des  vivres ,  un  Duc  &  Maréchal  de  Rets ,  le 
frcre  duquel  eft  pour  le  préfent  Evcque  de  Paris  Sr. 
Cardinal,,  riche  de  cent  mille  livres  de  rente,.., 
Sat.  Mén.  in-%^.  t.  ;  ,/?.  105. 

CLERGESSE.  f.  f.  Nom  que  les  Lingèrcs  donnent  à 
celle  d'entre  elles  qui  a  foin  des  affaires  de  leur  ' 
Communauté. 

CLERGIE  ,  f.  f.  vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois 
jcience  ,doclrine'.^cientia  ,  dcclrina,  litter attira.  Il 
eft  tout-à-fait  hors  d'ufage.  De-là  vient  .ce  vieux: 
Proverbe ,  un  poignet  de  bonne  vie  mieux  vaut 
qu'un  mui  de  Clergie.  On  appeloir  autrefois  Cleriie 
de  la  ville  de  Paris,  la  Prévôré  dos  Marchands  & 
rEchevinac:e.  Dans  les  Ordonnances  de  Charles  V  , 
de  Charles^a  ,  6c  de  Charles  VIII  le  Greffe,  ou  le 
Notariat,  eft  aulfi  nommé  CV^r.'^/V  ou  Clergé.  On  a 
dit  aulfi  autrefois  Clergijé  pour  Clergie. 

Clergie.  L'Ecu  de  France  eûr  été  éclipfé  de  fon  côté 
dextre,  qui  fignifie  Clergie,  ided,  fapience.  Ano- 
nyme ,  Fie  de  S.  Louis.  Er  eft  à  noter  que  le  Roi  de 
France  qui  porte  en  fes  armes  trois  flcurs-de-lyS  à 
trois  feuilles,  celle  du  m'iieu  qui  eft  la  plus  grande, 
fie  haute  j  fignifie  la  Foi  Chrétienne  ;  c'eft  le  Roi  qifi 
eft  le  Roi  très-Chrétien  ,  l'autre  feuille  dextre  lîgtii' 


C  L  Ë 


fie  Ckrgici  &  l'autre  feuille  fcneftre  fîgnifie  Cheva- 
lerie ,  qui  doivent  toujours  être  appareillés  à  dcren- 
dre  la  foi  Chctienne ,  6i  tant  que  ces  trois ,  foi , 
Clergi»  8-c  Chevalerie  demeureront  enfcmble ,  &;  en 
bonne  concorde ,  comme  fe  doit ,  &  que  les  anciens 
Rois  l'ont  toujours  fait,  le  Royaume  fera  fort  &c 
ferme ,  &  plein  de  richeifes  Se  d'honneurs.  Id,  Après 
que  le  Roi  eut  dit  fes  Orailbns ,  les  Prclats  Ik  C/cr- 
gie  s'aïrcmblèreiK  ,  &  chantèrent  vigiles  des  morts 
&  recommandadcs.  Id.  §Cr  II  paroît  par  les  pa- 
roles de  cet  Ecrivain ,  que  Ciergie  fe  difoit  i°.  pour 
iapience  ou  fagefle  -,  zo.pour  tout  le  Corps  du  Clergé, 
en  tant  qu  il  renferme  le  premier  &  le  fécond  Or- 
dre; 50.  pour  le  fécond  Ordre  du  Clergé,  c'ed-à- 
P9ur  le  Clergé  inférieur  aux  Prélats. 
CLERI.  Petite  ville  de  France ,  proche  d'Orléans,  du 
coté   de   la  Sologne.  Clariacum.  Notre-Dame  de 
Cléri  eft  une  Eglifc  Collégiale  où  l'on  va  en  grande 
dévotion.  Louis  XI  la  fit  rebâtit  ,    lui  donna  de 
grands  revenus ,  &  voulut  y  être  enterré.  Du  Cheske, 
^  Jpti^uit.  ddS  vilL  de  Fr.  L.  I,  0.  s  7. 
CLÉRICAL;  ALÉ.  adj.  Qui  appartient  aux  Clercs, 
aux  gens  Eccléfiaftiques.  £a7.y?;zyrVc«i-.  Latonfure, 
la  couronne  cléricale,  titre  ckncai.  Voyez  Titrk. 
Il  ne  faut  pas  que  les  Laïques  fe  mêlent  des  fonc- 
tions c/eV/ciz/t?^.  Les  Clercs  mariés  ne  jouiiTent  point 
des  immunités  cliricaUs.On'vX  un  privilège  clérical, 
de  ne  pouvoir  être  impofé  à  la  taille  lorfqu'elle  eft 
pcrfonnclle ,  &  d'être  exempt  de  tutelle  &  curatelle. 
Préparer  de  bonne  heure  dans  les  Séminaires  à  la 
vie  cléricale  ceux  qui  fe  propofent  de  Tembraifer. 
BOURDAL.  Exil.  T.  /,  p.  155. 
CLERICALEMENT,  adv.  à  la  manière  &  félonie 
devoir   des  Clercs.  Clericorum  more.  Si  les  Clercs 
celfent  de  vivre  cliricalement ,  ou  en  prenant  des 
■    habits  féculiers ,  ou  en  exerçant  des  offices  vils  & 
méchaniquîs ,  ils  font  déchus  de  tous  les  privilèges 
cléricaux.   Févret.  « 

CLÉRICAT,  f  m.  L'office  de  Clerc.  M.  Spinolaa 
envoyé  fa  démilîîon  du  Clérical  de  la  Chambre. 
G-i:^ene. 
CLÉRICATURÉ  ,  f  f.  Engagement  dans  l'Eglife,  & 
dans  la  profeilion  eccléliaftique;  état  &  coridition 
de  Clerc,  yica  Ecclejiajlica.  Les  privilèges  de  Clé- 
ricature  ne  peuvent  pas  faite  obtenir  'e  renvoi  de- 
vant un  Juge  d'Eglilé  ,  à  un  Prêtre  qui  n'étoit  pdint 
en  habit  clérical  quand  il  a  été  iaifi. 
CLÉRION.  f  m.  Nos  vieux  Auteurs  ont  quelquefois 

employé  ce  mot  pour  fignifîer  un  Clerc  d'E.rlije. 
ICLERMONT.  Ville  de  France,  capitale  d-  l'Auvergne. 
Arverni  ,  Arverna  civitas  ,  Aui^ajio-Nemecum  Ar- 
yernorum  ,  Clams  rnons ,  Claromontium.  Quelques 
Auteurs,  comme  Vigenère  ,  croient  que  C'/cr/r^o/zr 
eft  l'ancienne  Gergovie,  fi  fameufe  dans  les  Com- 
mentaites  de  Céûr.  D'autres  dilcnt  qu'elle  s'eft 
formée,  ou  du  moins  accrue,  des  ruines  de  cette 
place.  On  prétend  que  dès  le  IIP  iîécle  de  l'Eglife  , 
fous  le  Conlilat  de  Dèce  &  de  GratuS,  qui  tom- 
be à  l'an  de  Rome  1001 ,  &;  149  de  Jefus-Chrifl: ,  S. 
Auftremoine  étoit  Evêque  de  Clermont.  Les  Etats 
-du  Royaume  'fe  tinrent  à  Clermont  eti  1374  , 
fous  Charles  V. 

Le  méridien  de  C/sr/wo/zf  eft  éloigné  de  celui  de 
Paris  de  zo'  de  temps  &  en  partie  de  l'équateur  de 
4'  54"  du  côté  de  l'Orient  ,&:  conféquemraent  il  a 
190  5;(î'  16"  de  longitude.  Sa  latitude  ou  l'élévation 
du  pôle  yeft  de  49^  zi'  45". 

La  Mfifon  de  Boutbon  (qui  a  donné jufqu'ici 
'quntre  Rois  à  la  Fi'ance  )  s'eft  appelé  d'abord  ,  De 
Clermont.  Dv  T/i.iet  ,  i.  F.  1 , p.  i^t. 

Il  y  a  pluiîeurs  autres  lieux  qui  portent  le  même 
nom.  Clermont  en  Beauvaifis.  Clermont  en  Argonne, 
ville  du  Duché  de  l'-ar.  Clermont ,  ville  de  Franche- 
Comté  fur  le  Doux.  Clermont  de  Bas  ,  "ille  de  l'A- 
génois.  Clermont  de  Lodevz -,  ville  de  Languedoc. 
Clermont  en  Dauphiné  ,  îioure  conirdérable ,  qui 
donne  fon  nom  à  l'illuftre  Maiîbn  de  Clermont. 
CUrmont  ,  bourg  d'Aj-i'ou.  Chrri-^.n.t  ,  bourg  de 
Savoie  dans  le  Genevois,  Les  Origines  de  la  ville  / 


CLI  ê^j 

tie  Clermsnt  par  le  Prélîdent  Savaroh  i  avec  les  No- 
t js  &  Recherches  de  Durand  ,  font  un  bon  &z  favant 
livre.  Ces  deux  Auteurs  écrivent  Clairmont. 

Clermont,  o<j.Clerm(^n-Ferrand,  Cour  des  Aides 
pour  l'Auvergne.  Elle  retient  le  nom  de  ces  deux 
villes,  parée  qu'ayant  été  d'abord  établie  .à  Mont- 
Ferrand  en  1557,  clic  a  été  depuis  transférée  à  CUr- 
mont ,  où  elle  fe  tient  auiourd'hui. 

CLERMONTOiS  ,  OISE',  f.  m.  &  f  Qui  eft  de  Cler- 
mont; habiiant,  citoyen  de  Clermont.  Claromon- 
tanus.^  Les  Clermontoifes  Jettent  leur  or  &:  argent 
aux  Pvomains  pour  obtenir  merci ,  &  demandenÉ 
fecours  à  leurs  maris  toutes  échcvelées,  Vigenère. 
On  ne  dit  point  ce  mot  auiourd'hui. 

CLEROMANCE  ou  CLEROMANCIÉ.  f  f  Clero- 
mantia.  Le  Traducteur  de  Peucer  s'eft  fervi  de 
ce  mot.  La  CUromanceçSS.  une  forte  de  divination  j 
qui  fe  fait  par  le  jet  de  dez ,  ou  des  offelets ,  dont 
on  conlîdcrc  les  points  ou  les  marques;  A  Bura^ 
■  ville  d'Achaïe  ,  il  y  avoir  un  temple  &  un  oracle 
d'Hercule,  Ceux  qui  vouloient  voir  quelque  chofe^ 
après  avoir  fait  des  prières  .à  l'idole,  jetoient  quatre 
dez,  dont  le  Prêtte  conlidéroit  les  points , &  croyoit 
y  trouver  la  connoiflance  de  ce  qui  devoir  arriver. 
Ce  mor  vient  de  KX~i„i  s  Çort,  u.-jn:l«.  divination. 

(Cr  CLEROMANTIEN  mi  CLÉROMANCïEN  ^ 
EKNE  ,  f.  m.  &:  f  qui  pratique  la  Clcromancie. 

tfJ-  CLERVÀL.  Petite  ville  de  France  ,  dans  li 
Franche-Comté,  fur  le  Doux,  entre  Befanççn.  & 
Montbelliard. 

ÇLERVAUX.  Voyei  Clairvaux. 

CLESÎDE  ,  Peintr;'  grec ,  ayant  eu  quelque  méconten- 
tement ae  la  Reine  Stratonice  ,  femme  d'Antiochusi 
il  la  peignit  dans  une  attitude  fort  inimddefte  ;  maU 
elle  fe  ttouva  fi  belle  &c  (i  bien  peinte  ,  qu'elle  par- 
donna à  Ckjide  ,  K  qu'elle  conlcntit  que  fon  ta- 
bleau fut  confetvé'dans  lé  lieu  même  où  il  l'avoid 
place. 

CLET ,  f.  m.  nom  d'honrime.  Cletus.  S.  Clet,  eft  le 
troifième  Pape  qui  ait  gburverné  l'Eglife..  Ce  mot 
eft  la  même  chofc  qa'Anaclet  abrégé. 

CLEVES.  Ville  du  Cercle  de  Wcftphalie  en  Allema- 
gne. Cliiia.  La  ville  de  Cleves  eft  iituée  un  peu  au 
deflùs  de  l'endroit  où  le  Rhin  fe'divife  en  deux  bras  i 
à  une  lieue  de  ce  fleuve.  Elle  eft  fur  le  penchant  de: 
trois  collines,  in  clivo  ,  d'où  l'on  prétend  qu'elle  a 
tiré  fon  nom  Cliiia ,  que  nous  avons  changé  en 
celui  de  Cleves.  Quelque-uns  même  l'appellent  en 
Latin  Clivi.  C'eft,  dit-on,  Céfai:  qui  l'a  bâtie.  Elle 
éroit  autrefois  forr  grande  ,  à  ce  qu'il  paroît  par  les 
reftcs  d'antiquité  qui  fe  trouvent  aux  environs  de  la 
campagne.  Aujourd'hui  elle  eft  petite  ,  mais  riche* 
Elle  donne  fon  noin  à  un  Duché  dont  elle  eft 
capitale. 

Le  Duché  de  Cleves,  érigé  en  1417  par  l'Empc' 
reur  .Sii^ifmond  ,  eft  une  Province  du  Cercle  de 
Weftphaîie,  Clivix  ou  Clevienjis  Ducaius.  Il  eft 
borné  au  midi  &:  au  couchant  par  laGueldre,  au 
nord  par  le  Comté  de  Zurphen ,  au  levant  par  celui 
de  la  Marck,  &  par  les  terres  de  Cologne  &:  de 
Munfter.  Il  a  eu  fes  Ducs  parriculiers.  Le  dernier, 
Jean  Guillaume,  mourut  fansenfansen  ïdo^.  Après 
plufieurs  Traités  faits  en  1^09  ifî^i  &  1666  ,^  con- 
firmés par  l'Empereur  en  1(^78  le  Duché  de  Cleves  y 
avec  les  Comtés  de  la  Mark  &  de  Ravenfperg, 
font  demeurés  à  l'Eleifteur  de  Brandebourg  ,  pour 
fa  part  de  la  fucceifion  des  Ducs  de  C/èVej.  Voyez 
Tmhoîf.  L.  U,  Ce,  §.  16.  L.  IX,  C.  §  6. 

CLEVOIS ,  OISE.  f.  m.  &  f  Qui  eft  de  Cleves.  Cli- 
vienjis.  II  efpéroit  de  pouvoir  faire  inrelligcnces  &! 
ligues  avec  les  Gheldrois,  C/eVo/j  ,  Liégeois,  Buil- 
lonois  &  avec  plufeurs  auttes  Princes  Ailemansi 
GoLLUt.  Il  faut  plutôt  dire  habitant  de  Clèves; 

CLI. 

CLIBANAIRE.  f.  m.  Nom  d'une. ancienne  Milice  ,- 
&  Cavalerie  prrfanne.  Cuira(Tiers  Perfans.  Cata- 
phraclarius  j     Clibanarius.     L'Empereur    Sévéro 


^^8  CLi 

Alexandre,  dans  un  difcours  qu'il  fit  au  Sénat  après  ' 
l'on  triomphe  lui  les  Perles,  rapporté  par  Lampridius 
dans  la  vie  C.  56  ,  dit ,  entre  autres  chofes  ,  nous 
avons   tué    dht  mille    CuiralHcrs   qu'ils  appellent 
Clïbanaires,  Les  Anciens  Perlans  appeloient  four 
ce  que  nous  appelions  ciiiraffe  ,  c'eft-à-dire  ,  une 
arme  dctenlive  de  ter  ,  qui  couvre  le  corps  depuis 
les  épaules  juiqu'à  la  ceinture ,  un  corcelct  de  fer. 
Il  difFéroit  de  celui  des  Romains ,  en  ce  que  celui-ci 
ctoit  de   plulicurs   pièces ,  qui  avoient   la  forme 
d'ecailles  -,  au  lieu  que  celui  des  Pcrfans  écoit  tout 
d'une  pièce  comme  Içs  nôtres  ;  parce  qu'elle  étoit 
recourbée  en  voûte,  &  en  forme  de /oz/r,  les  Per- 
fans  l'appeloient  d'un  mot  qui  dans  leur  langue  fi- 
gnifioit  four ,  ^  les  Romains  en  Latin  clihanus , 
qui  fignifie  la  même  chofe-,  S>c  les  ibldats  qui  étoient 
armés   de     être   efpèce  de.  cuiraiî'e  fe  nommoient 
Clihanarii,  CUbanaires.  Ainfi  la  milice  éroit  Per- 
fanne  &   le  nom  étoit  Latin, comme  l'a  remarqué 
Saumaife  Car  nous  ne  favons  quel  étoit  le  nom 
Perfan ,  quoi  qu'en  dile  Bochart ,  qui  prétend  que  ce 
nom  vient  du  mot   Chaldéen  ,    N3i'7p    Klipha  , 
d'où  l'on  a  fait  toVp,  Kilba.  Ce  mot  fignifie  écaille  ■■, 
Saumaife  avoue  que  les  Cuiraifes  à  écailles  étoient 
aulîi  appelées  Clikanus.  L'autre  opinion  ell:  bien 
plus  vraifemblable.  Les  Glofes  Bafiliques ,  6c  l'A- 
nonyme qui  a  écrit  en  Latin  de  Re  Bellica ,  ex- 
pliquant ce  que  c'eft  que  Thoracomachi ,  ou  ,  félon 
Saumaife ,   Thoraconacli  ,  donnent  du  Clibanus  la 
même  idée  que  nous. 

^  CLICHL  Petit  village  près  de  Paris ,  connu  pour 
avoir  été  une  Maifon  de  plaifance  de  nos  premiers 
Rois.  Clipiacum. 

CLIDOMANTIE ,  f.  f.  La  même  chofe  que  CLIDO- 
MANCIE. 

CLIENT ,  ENTE ,  f.  Cliens.  C'étoit  chez  les  Romains 
celui  qui  fe  mettoit  fous  la  protection  d'un  puiflant 
Citoyen ,  lequel  s'appeloit  par  cette  relation/^arro- 
nus ,  patron ,  &  de  fon  côté  devoit  à  fes  c/iens  fa 
protection  &  fon  fecours.  Ce  patron  affiftoir  le 
c/ient  dans  ies  befoins  ,  &:  le  clierzt  donnoit  ion 
fuffrage  au  patron ,  quand  il  briguoit  quelque  Ma- 
giftrature. 

Ce  mot  vient  de  cliens,  qui  efl:  die, comme 
<ro/f«j,  honorant.  Les  ciieris  dévoient  le  refpecl à 
leur  patron  ,  comme  celui-ci  leur  devoit  fa  pro- 
teâiion.  La  condition  des  ciiens  n'étoit  propremenr 
qu'un  efclavage  un  peu  adouci.  Pcu-à-peu  cette  cou- 
tume s'étendit  plus  loin  :  non-leulcment  les  tamilles, 
mais  les  villes,  &  les  Provinces  entières ,  même  hors 
de  l'Italie ,  fuivircnt  cet  exemple.  La  Sicile ,  par 
exemple  ,  fe  mit  fous  la  protedion  de  Marcellus.  Le 
patron  ne  pouvoir  rendre  témoignage  contre  fon 
client.  Zazius  èc  Budée  ont  rapporré  l'origine  des 
fiefs  aux  patrons  &C  ciiens  de  l'ancienne  Rome  j  mais 
il  n'y  a  pas  la  même  relation  entre  le  vaifal  &:  fon 
Seigneur ,  qu'entre  le  client  Se  fon  parron  ;  car  les 
ciiens,  outre  le  refpeâ:  qu'ils  dévoient  rendre,  & 
le  fuffrage  qu'ils  devoienr  donner  à  leurs  patrons  , 
étoient  obligés  de  les  aider  dans  toutes  leurs  affai- 
res ,  &même  de  payer  leur  rançon  s'ils  étoient  faits 
prifonniers  à  la  guerre ,  en  cas  qu'ils  n'euffent  pas 
aflez  de  bien  pour  payer  eux-mêmes. 

On  a  appelé  auifi  quelquefois  cAV«^,  les  vaflaux 
à  l'égard  des  Seigneurs  ,  qu'on  nommoir  leurs /jû- 
trons  ,  comme  témoigne  Budée  ,  &  aulll  leurs 
Ecuyers  &  leurs  Courtifans  -,  &  on  appeloit  c/ien- 
tek ,  toute  leur  famille  &  leurs  domeftiques. 

Client  fe  dir  maintenant  d'un  plaideur  qui  a  mis  fa 
caufe  eittre  les  mains  d'un  Avocat,  ou  d'un  Pro- 
cureur ,  pour  la  défendre.  Il  fe  dir  auiîl  par  rapport 
aux  Juges,  Se  dans  ce  fens ,  il  fignifie  les  plaideurs 
qui  les'follicitcnt. 

CLIENTÈLE.'  f.  fV  Proteftion  que  les  grands  Sei- 
gneurs de  Rome  donnoient  aux  pauvres  ciroyens. 
Clientèle.  C'efl:  auflî  un  nom  coUeélif ,  pour  ligni- 
fier rous  leurs  cliens  ,  même  les  cliens  d'un  même 
Seigneur.  Le  crédit  des  Rom.ains  dépendoit  d'avoir 


L  I 

une  grande   &  nombreufe  clientèle.    II  avoir  alfém- 
blé  ce  jour- là  toute  fa  clientèle. 

Les  Avocats  &  les  Procureurs  fe  fervent  de  ce 
mot,  en  parlant  des  Parties  dont  ils  font  cfiargés  de 
défendre    les  intérêts.  C'efl  un  tel  Avocat  ou  un 
tel  Procureur  qui  a  la  clientèle  de  cette  perfonnej 
pour  dire  ,  qui  détend  fes  intérêts.  On  dit  qu'un 
Avocat  a  de  hzWes' clientèles  ;  pour  dire,  qu'il  a  de 
belles  affaires,  ou  qu'il  eft  chafgé  des  intérêts  de 
pcrlbnnes  diftinguées. 
CLIFOIRE  ,  f  f.  petit  inftrument  fait  d'un  morceau 
de  fureau.  On  en  ôte  la  moelle  ,  on  le  bouche  pat 
un  bout  d'un  morceau  de  bois  qui  a  un  petit  .trou  au 
milieu ,  on  y  met  un  piffon  ,  éc  les  enfans  s'en  fer- 
vent pour  jeter  de  l'eau  ^  c'efl:  une  efpéce  de  perite 
fcringue.  Syrinx  ,fambucca. 

On  appelle  ainfi  en  Anjou  &:  .\  Bourges  ce  qu'on 
appelle  à  Paris  une  Caloniere ,  par  corruption ,  aU 
\'\cndecannonière;d^cn  Normandie  uneSaquebute, 
qui  eft  ce  petit  canon  de  fureau  avec  lequel  les 
enfans  jettent  de  l'eau  au  nez  des  palîans.  Les  Man- 
ceaux  l'appelIent(7^/z7:e^<;Vo/re  de  canna.  &  depedere; 
comme  qui  diroit  cannapedens.  Etyrn.  de  Ménage 
aux  mots  Calonniere  ,  cannepctoire ,  &  clifoire.  Ces 
petites  Canonnières  ou  feringues  de  bois/dont.fé 
fervent  les  enfans  pour  jeter  quelque  liqueur  que 
ce  foit  ,  s'appellent  en  Bourguignon  chiccli.  Cet 
inftrument  fe  nomme  Dardoire  en  Champagne. 
Les  enfans  s'en  fer  vent  aufn  au  rem.ps  de  la  vendan- 
ge ,  pour  boire  du  vin  au  prellbir.  Il  a  encore  un 
autre  ufage  que  Richelet,  qui  étoit  Champenois j 
explique  fort  bien  au  mot  Canonnière.  C'eft ,  dit-ilj 
un  morceau  de  fureau  long  d'un  demi-pic,  que  de 
petits  garçons  ont  vidé.  Se  où  ils  mettent  des  ma- 
nières de  balles  de  papier  mâché  ,  qu'ils  font  fortir 
de  force  avec  le  bâton  de  la  canonnière ,  qu'ils  jet- 
tent en  l'air,  ou  qu'ils  fe  jertent  les  uns  contre  les 
autres. 

CLIGNEMENT  ,  f.  m.  mouvement  volontaire  par  le- 
quel on  rapproche  les  paupières  l'une  de  l'autre  , 
fans  cependant  que  les  yeux  foient  fermés.  Mi3atio. 
Le  clignement  fe  fair  pour  regarder  un  objet  éloi-' 
gné,  ou  pour  empêcher  que  l'œil  ne  foit  blclfé  par 
une  trop  grande  quantité  de  rayons  de  lumière.  Il 
ne  faut  pas  confondre  cillement  &c  clignement.  Nous 
avons  marqué  au  mot  Cillement  la  diffcrenre  de 
ces  deux  mots  &  la  fingulière  méprife  des  Voca- 
baliftes  fur  cet  arricle. 

CLiGNE-MUSETTE  ou  CLIMUSETTE  ,  f.  f. 
Jeu  d'enfans  ,  dans  lequel  l'un  d'eux  ferme  les 
yeux ,  tandis  que  les  autres  fe  cachent  en  divers 
endroits  où  il  eft  obligé  de  les  chercher  pour  les 
prendre.   Voye^    Musser. 

CLIGNER.  V.  a.  Fermer  l'œil  à  demi.  Connivere  , 
niclare.  Ménage  dérive  ce  mot  de  clinare,  inufité, 
mais  primitif  de  inclinare  ,  qui  a  été  fait  du  Grec 
x^nili  qui  fignifie  jUchir  ,  remuer.  On  ne  le  dis 
que  des  yeux. 

Cligné,     part.   Tenir  les  yeux  clignés. 

CLIGNOTEMENT,  f.  m.  Mouvemenrin'-olonraire»' 
qui  fair  qu'on  remue  continuellement  les  paupiè-» 
res,    Palpebratio. 

CLIGNOTER,  v.  n.  Mouvoir  fouvcnt  les  paupières, 
ouvrir  &  fermer  les  yeux  à  tout  moment.  Niclare 
oculis.  Palpebrare.  La  grande  lumière  éblouit  & 
fait  cVnxnoter.    On  dit  aulIi  clignoter,  des  yeux. 

CLIMACTERIQUE,  adj.  m.  &  £  Année  dangere^fe 
à  p. 1  lier  ,  où  on  eft  en  danger  de  morr.  gC?  Pé- 
riode de  l'âge  de  l'homme  ,  où  les  Aftronomes 
prétendent  qu'il  fe  fait  dans  le  corps  une  akérar 
rion  confidérable  ,  fuivie  de  la  mort  ,  ou  au 
moins  de  maladies  dangereufes,  ou  dans  la  for- 
tune ,  de  grands  changemens  accompagnés  d'ac- 
cidens  funeftes.  C'eft  une  vieille  erreur  populaire. 
CUmacler ,  climaclericum  tempiis  ,  annus  climacle- 
riens. 

Aulugclle  dit  qu'Augufte  ,  en  écrivant  à  fon  pe- 
tit fils  Caius ,  fe  félicita  de   ce  qu'il  avoir  paflê 


C  L  I 

ia  foixante-trolficme  année  ,  qu'on  tient  climacli- 
Tique  ,  parce  qu'il  l'apprciicndoit  extrêmement. 
On  le  dit  aùflî  des  années  49  &  ,^6.  Le  fonde- 
ment de  cette  opinion  eft  dans  Madile  Ficin  qui 
alligne  une  année  à  chaque  Planète  ,  pour  do- 
miner fur  le  corps  de  rhommc  chacune  à  Ton 
tour  ;  de  comme  Saturne  ell;  la  plus  malfaifante 
de  toutes ,  il  regarde  chaque  fcptiéme  révolution 
comme  dangercufe  ,  .&  fur  tout  les  49,  51?,  &  (7;, 
années  où  on  cft  déjà  avancé  fur  l'age.  Il  y  en 
a  quelques-uns  qui  obférvent  les  révolutions  de 
neuf  ans.  Jean-Baptifte  de  Monte  ,  Médecin  cé- 
lèbre ,  mourut  en  fon  année  clruiacterique,  à  Vé- 
rone ia  patrie.  Teissier.  On  prononce  climaté- 
Tique  5    &  même  on  fuit  aujourd'hui  cette  ortho- 


/C 


graphe. 


J'époufe  une  vieille  antique 
Qui  compte  plus  de  vins,t  printemps  j 
Après  jon  an  climaélérique.    Main. 

D'autres  prétendent  que  Vannée  climaclériqùeefï 
jTunefte.iufli  aux  Corps  politiques.  On  cite  l'exemple 
des  malheurs  du  Règne  d'Henry  IV  qui  fut  le 
foixantc  -  troifième  Roi  de  France  ,  à  compter  , 
avec  du  Tillet  ,  l'enfant  pofthume  de  Louis  Hu- 
tin.  Les  Auteurs  qui  en  ont  écrit ,  font  Platon , 
Cicéron  ,  Macrobe  ,  Aulugelle  entre  les  Anciens, 
&  entre  les  Modernes  ,  Magin  ,  Argolus  ,  &c 
Claude  de  Saumaiic  fort  dodemcnt.  S.  Auguftin  , 
S.  Ambroife ,  Beda  &  Boëce  difent  que  cette 
obfervation  n'eft  point  fuperftitieufe. 

L'an  climaclerique  lé  prend  pour  l'année  fatale  , 
la  dernière  année  ,  dans  un  fens  figuré  &  méta- 
phorique; 

Et  mentiront  les  Prophéties  j 

De  tous  ces  vifages  pâlis  , 

Dont  la  vaine  étude    s'applique 

A  chercher  l'an  Climaélerique  , 

De  l'éternelle  jleur  de  lis.  MalherSe. 

Ce  mot  vient  du  Grec ,  où  il  fîgnifîe  par  éche- 
lons .,  ou  par  degrés.  K>^i liai  en  grec  lignifie  une 
échelle  ,  parce  qu'on  monte  de  fépt  enfeptans, 
ou  de  neuf  en  neuf  pour  arriver  à  l'année  Cli- 
matérique.  Voyez  Acîa  SS.  Januar.  V.  Il ,  p. 
274.  Climaclerica ,  Climaéleres. 

ÇLIMAQUE.  f.  m.  furnom  d'homme.  KAiwauTÏ^^îs 
Climacus.  S.  Jean  ,  furnommé  le  Scholaflique ,  à  eau 
fe  de  fon  érudition  ,  &  le  Sinaïte  ,  à  caufe  du  mont 
Sinaï  ,  lieu  de  fa  demeure,  &  encore  plus  com- 
munément appelé  Citmaque  ,  à  caufe  de  fon  livre 
intitulé  VEchelle  faintei 

Ce  nom  vient  de  xaiV«|  xAiKsdii; ,  échelle: 

CLIMAT  ,  f.  m.  terme  de  Géographie.  Efpace  dé- 
terminé fur  la  furface  de  la  terre  félon  la  lon- 
gueur des  plus  grands  jours  d'été.  Climà ,  incU- 
natio  cxU.  Les  climats  fe  prennent  depuis  l'équa- 
teur  jufqu'aux  pôles,  &  font  comme  autant  de 
bandes  ou  de  zones  parallèles  à  l'cquateUr  ;  mais 
il  y  a  plufieurs  climats  dans  la  largeur  de  chaque 
2one.  .Un  climat  n'eft  différent  de  celui  qui  ell 
le  plus  proche  de  lui  ,  qu'en  ce  que  le  plus 
grand  jour  d'été  eft  plus  long  ou  plus  court 
d'une  demi  -  heure  en  un  endroit  qu'en  .  l'autte. 
Comme  les  climats  commencent  à  l'équateur  , 
ie  premier  climat  ,  à  l'on  commencement  ,  a 
précifément  douze  heures  de  jour  à  fon  plus  grand 
jour  ;  &  à  fa  fin  il  a  douze  heures  &  demie  à 
fon  plus  grand  jour.  Le  fécond  climat  ,  à  fon 
commencement  ,  qui  elt  à  la  fin  du  premier 
climat  ,  a  douze  heures  &  demie  de  jour  à  fon 
plus  grand  jour  ,  &  à  fa  fin  il  a  treize  heures 
de  jour  à  fon  plus  grand  jour  ,  &  ainfî  des 
autres  climats  d'heures  qui  font  jufqu'au  cctclc 
polaire.  Il  en  eft  de  même  des  climats  de  mois  : 
car  les  Géographes  diftinguenr  deux  fortes  de 
climats  :  des  climats    d'heure   2c  des   climats  de 


CLI  &î^ 

rhois.  Les  climats  d'heure,  fe  comptent  depui^ 
l'équateur  de  part  &  d'autre  jufqu'aux  cercles  po- 
laiies.  Un  climat  d'heure  el\  un  efpace  de  terre  , 
compris  entre  deux  cercles  parallèles  à  l'équateur 
qui  a  fon  plus  grand  jour  plus  long  d'une  demi- 
heure  en  la  fin  qu'en  fon  commencement.  Le 
climat  de  mois  fe  compte  depuis  les  cercles  po- 
laires jufqu'aux  pôles.  Il  eft  différent  du  climat 
d'heure  ,  en  ce  que  fon  plus  grand  jour  cft  plus 
long  d'un  mois,  ou  de  30  jours  en  la  fin  qu'en 
fon  commencement.  Les  nouveaux  Géographes 
comptent  30  climats  feptentrionaux  ,  &  50  méri- 
dionaux. Il  y  en  a  24  depuis  l'équateur  jufqu'au 
foixante-fixieme  degré  de  latitude  :  &  fix  depuis 
les  cercles  polaires.  Robbe. 

Les  Anciens ,  qui  donnoient  ie  nom  de  climat 
feulement  aux  efpaces  de  terre  habitables  ,  ne 
connoiifoient  que  fept  climats  ,  qui  paflbicnt  le 
premier ,  par  Méroc  -,  le  fécond  par  Syéne  -,  le 
troifième  par  Alexandrie  j  le  quatrième  par  Rho- 
des -,  le  cinquième  par  Rome;  le  fixième  par  le 
Pont ,  &  le  feptième  par  l'embouchure  du^  Borif^ 
thène.  Paris  eft  dans  le  fixième  climat.  Averroès , 
qui  demeuroit  fous  le  cinquième  climat',  le  pré- 
fère a  tous  les  autres.  Albert  le  Grand  dit  que 
le  feptième  étoit  le  meilleur ,  parce  qu'il  habitoic 
à  Ratisbonne. 

Les  Modernes ,  qui  ont  voyage  bien  plus  avant 
vers  les  Pôles  ,  ont  mis  25  climats  de  chaque 
côté ,  parce  que  l'obliquité  de  la  Sphère  y  caufe 
en  peu  d'efpace  beaucou^^  de  différence  pour  les 
plus  grands  jours  d'été;  &  ils  n'ont  mis  leur  diffé- 
rence que  d'un  quart  d'heure.  Foye^  Vitalisdans 
fon  Lexicon  Mathématique  ,  où  il  en  fait  une 
exacte  defcription. 

Le  vulgaire  appelle  climat ,  une  terre  différente 
de  l'autre  ,  foit  par  le  changement  des  failbns  ou 
des  qualités  de  la  terre  ,  ou  même  des  peuples 
qui  y  habitent  ,  fans  aucune  relation  aux  plus 
grands  jours  d'été.  Regio  ,  terra  traclus.  Ce 
climat  eft  plus  chaud  que  le  nôtre.  Il  a  voyage 
en  des  climats  éloignés.  Pourquoi  m'avez-vous 
arraché  de  nos  heureux  climats  ,  pour  me  con- 
duire dans  ces  flmeftes  lieux  ?   S.  Evr. 

Les  climzii  font fouvent  les  diverfes  humeurs.  Boil, 

Vene:(_:  fu-yt^^  l'afpeclde  ces  ciim^xsfauvages.  Racîne; 

Abulféda  ,  Atabe  i  appelle  vrais  climats,  {ci 
fept  climats  des  Anciens  -,  &  climats  connus  ,  quel- 
ques Provinces  ou  étendue  de  pays  :  ce  que  les 
Grecs  modernes  appellent  encore  ainfî; 

Ce  mot  vient  du  girec  xA(>t« ,  inclinamentum  ,  ou 
inclination. 

^3"  CLIMAX.  Mot  purement  grec  v.x^.nal.  C'efl 
chez  les  Grecs  ce  que  les  Latins  appellent  o^ra^tz- 
tion ,  figure  de  Rhétorique  par  laquelle  le  dif- 
cours  s'élève  ou  defcend  comme  par  degré.  Voye:^ 
Gradation. 

CLIN.  f.  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  jamais  feul  :  il  y 
faut  joindre  le  mot  d'œil  ,  &:  dire  clin  d'œiL 
Prompt  mouvement  des  paupières  qui  ferme 
l'œil  ,  &:  le  rouvre  aufTi-tôt.  hliclatio.  Un  bon 
valet  doit  entendre  fon  maître  au  premier  clin 
d'œil.  Je  connois  de  ces  perfonnes  qui  trafiquent 
de  civilités  ,  &  dont  les  clins  d'œil  ont  quel- 
que defléin.  Balz.'  Ils  etoient  obéiffans  au  moin- 
dre clin  d'œil.  Vaug.  Faire  un  clin  d'œil  à  quel- 
qu'un ,  lui  faire  un  ligne  de  l'œil. 

On  dit  fîgurcment  ,  en  un  clin  d'œil  ;  pour 
dire  ,  en  peu  de  temps  ,  en  moins  de  rien ,  en 
un  moment;  Punclo  ,  momento  temporis.  Les  Ef- 
pagnols  difent  en  ce  même  fens ,  A  un  dexa  la 
paja  ,  c'eft-à-dire.  En  un  laijfe  la  paille  ,  donne- 
moi  la  paille ,  ou  les  curedents  dont  ils  fe  fer- 
venr. 

§0"  CLINAAiEN  ,    f.    m.   terme     purement   latin 
de  la  Phylique  d'Epicure,  Ce  philofophe  fuppo- 


6^o  C  L  î 

foit  de  toute  éternité  des  atomes  de  toutes  figu. 
res  ,  tous  en  mouvement  &c  taifant  eftbtt  pour 
s'avancer  ,  tous  del'cendans  à  travers  du  vide. 
S'ils  avoient  toujours  continués  de  la  Ibrte  ,  il 
n'y  auroit  jamais  eu  d'aHemblage  ;  mais  quel- 
ques-uns allant  un  peu  de  côté,  cette  légère  dé- 
clinailbn ,  ce  clinamen  en  accrocha  plufieurs  en- 
lemble.  Dc-là  lé  Ibnt  formés  le  ciel  ,  la  terre  , 
6-c,   M.  Pluche. 

fia-  CLINCAILLE  ,  CLINCAILLERIE  ,  CLIN- 
CAILLER.  Foyci  QUINCAILLE  ,  QUIN- 
CAILLERIE ,  QUINCAILLER. 

CLINCART.  r,  m.  Nom  qu'on  donne  à  certains 
.bateaux  plats  de  Suède  &  de  Danncmarck.  Navi- 

CLINCHL  ,    f.  m.  terme  de  Serrurier.    Ceft   une 
pièce    de   ter   ordinairement  longue   de  deux  ou 
trois  pouces  ,    avec  une    tête   platte   qui  ibit  en 
dehors  des  portes  ,  Se  iert  à  les  ouvrir,  en  mer- 
tant    le    pouce   fur    cette  tête  ,    &:    pouffant    un 
peu  fort  en  bas  en   tenant  la  poignée  des  autres 
doigts  de  la  même  main  ;  ce  clinche  a  fon  mou- 
vement  fur  une  efpèce  de  petit  eflîeu  de  ter  -,  de 
forte  qu'en  faiiant  bahfer  la  tête  du  clinche  ,    on 
élevé    la    queue  qui   efl    en    dedans  ,    £c   par  le 
même    moyen   le    loquet   qui    porte    deifus.    Aj- 
fulci  ,    lamina  ferrea.  capitata. 
ifj-    CLINGENAW    ou    KLINGNAU.    Ville    de 
Suifle  ,    au    Canton  de  Bade  ,    fur  la  rive  droite 
de  l'Aar. 
CLINIQUE,  adj,  de  t,  g.  Quelquefois  employé  fubf- 
tantivement.  Terme  dogmatique.  Quelques  Hillo- 
riens    appellcru    Cliniques   ceux  qui   reçoivent  le 
baptême    au    lit    de    la  mort.   Cllnicus.  Du    Pin. 
Magnus  au  troiiième  fiècle  douta  fi  les  Cliniques 
étoient   véritablement  baptifés  ,    parce   qu'ils  ne 
l'étoicnt   que  par   afperiîon.  Il  confulta  fur  cela 
S.  Cyprieu  ,   qui  lui  répond  que  le  Sacrement  ne 
lave  pas  les  pêches  à  la  manière  du   bain  corpo- 
rel ;    &  il  prouve    par  l'Ecriture    que   l'afperlion 
foffir  :    il  ajoiàte    qu'il    ne   faut   point  s'atrêter  au 
nom   de  Cliniques  ,    que  quelques-uns  leur    don- 
noient  ,    au  lieu  de  les  nommer  Chrétiens. 
Ce  mot  vient  du  Grec  k*'^-"  lir. 
Clinique    fe  ttouve  encore  dans  l'Antiquité  en  deux 
fens  différens.   1°  ,   pour  un  malade  fimplement , 
comme  il  paroîr  par  la  vie  de  Charlemagne  dans 
Canilius.    f^oye^  aulil  Saumaile  ,  fur  Spanien  ,  c, 
1^.  de  la  vie  d'Adrien.  ^°  ,  pour  Médecin,  par- 
ce qu'ils  éroient  toujours  auprès  du  lit  des  mala- 
des,   C'étoient    principalement    les  Medf^cins  des 
Empereurs  qu'on  appcloit  ainfî.  VoyeT   le  Jcfuitc 
Raderus  fur  Marnai  L.  I.  épigr.  Le  P.  RoKvcid 
Onom.  &  Hoffinan. 

On  appelle  auHi    Médecine   clinique  ,    clinice  , 
la    méthode  de  voir  &  de  traiter  les  malades   au 
lit   poui  examiner  plus  cxattement  tous  les  fymp- 
tomes  de  la  maladie.  Efculape  le  premier  a  exercé 
la  médecine  clinique.  Le  Clerc. 
CLINOIDES  ,    adj.  f.   épithète  que  les  Anatomif- 
tes    donnent  aux  trois  apophyfes  internes   de  l'os 
fpénoïde.    Foyei    ce  mot.  Elles  font    ainfi  appe- 
lées ,  parce  qu'elles  forment  comme   une   felle  à 
cheval,  ou  qu'elles  reffemblent  aux  pies  d'un  lit. 
Il  y  en  a  deux  antérieures  ,  &  une   poftérieure  , 
qui  font  enfemble  une  petite  cavité  dans  laquelle 
efl:  placée  la  glande  pituitaire. 
Ce  mot  vient  du  Grec  y.xi^»  lit  ,  l'iS'tiJorme , figure. 
|P*  CLINOPALE.  f.  f.  Ceux  qui  ont  lu  Suétone  , 
fçavcnt  ce  que  c'eft  que  la  Clinopale.   AJfiduita 
tem  concuhiths  ,   velut  exercitationis  s^enus  ,.  Cli- 
nopalem  vocabac  Domitianus.  Suet.  Vit.  Domit. 
CLINOPODIUM  ,    f.  m.  plante  dont  les  tiges  font 
minces ,  carrées  ,  velues ,    hautes  de    plus    d'une 
coudée.    Ses    feuilles  font  femblables  à  celles  de 
la  marjolaine  fauvage ,  moins   odorantes  ,    velues 
des  deux  côtés.  Ses  fleurs  font  en  gueule ,  oblon- 
gues ,    de  couleur  de  pourpre ,  &  rangées  par  éta- 


CLI 

ges  &  par  anneaux  autour  des  branches  &  des  ti- 
ges. En  Latin  clinopodium  origano  Jïmile. 

Ce  mot  vient  de  deux  mots  grecs  xM't>,  qui  ligni- 
fie un  lit  i  TtSi,  ■priè'i:,  pic,  comme  qui  diroit 
pié  de  lit.  Les  tiges  du  clinopodium  commun , 
chargées  de  fleurs,  reiîêmblenr,  luivant  Diofcoride, 
aux  pies  d'un  lit.  ' 

CLINQUANT,  f.  m.  Broderie  d'or  ou  d'argent 
qu'on  met  fur  les  habits  pour  les  rendre  plus  bril- 
lans  6c  plus  éclatans.  Tcenia  aura  texta ,  aureis 
filis  contexta.  Il  fe  dit  plus  particuliêremcnr  de 
ces  lames  d'or  ou  d'argent ,  qui  font  le  plus  bril- 
lant des  dentelles  &  des  broderies.  Il  y  a  du 
clinquant  fin  &  du  clinquant  faux.  C'eft  de  ce  der- 
nier qu'il  eft  parlé  dans  ces  vers  : 

On  préfère  aujourd'hui  lefolide  au  brillant  : 
Pour  quoi  ,  quand  for  efl  bon ,  y  miler  du  clinquant. 

ViLL. 

Il  fe  prend  aullî  figurément  pour  lignifier  faux 
brillant  dans  un  ouvrage  d'efprit.  Fucaium  lumen  p 
fucata  Scriptoris  lumina. 

A  Malherbe ,  à  Racan  ,  préférer   Théophile. 
Et  le  clinquant  du  Taffe  à  tout  l'or  de  Virgile.  Bon. 

§3"  Du  temps  de  Quintilien  l'éloquence  avoir  fort 
dégénéré.  On  commençoit  à  préférer  le  clin' 
quant  à  l'or  pur  ;  l'on  cherchôit  ,  non  ce  qui 
orne  la  vérité ,   mais  ce  qui  la  farde. 

CIJNQUANTER,  v.  a.  Charger  un  habit  de  clin- 
quant, de  broderie.  Aura  vejiem  texere ,    ornare. 

CLIO  ,  f.  f.  une  des  neuf  Mufes  :  celle  qui  pré- 
lide  a  l'Hiftoire.  Les  Poètes  font  Clio  fille  de  Ju- 
piter &  de  Mnémofyne.  On  la  reprélénte  avec 
une  couronne  de  laurier ,  tenant  une  tromperte  à 
la  main  droite,  &  un  livre  à  la  gauche.  Son  nom 
vient  de  iL^^U--,, gloire  ,  renommée,  parce  que  c'eft 
l'Hiftoire  qui  conferve  celle  des  Héros. 

CLIQUANT  ,  ANTE  ,  adj.  Vieux  mot.  Qui  fait» 
du  bruit.  Nous  en  avons  retenu  le  cliquetis  des 
armes,    Glofj'.  fur  Marot. 

CLIQUART.  f  m.  Sorre  de  pierre  excellente 
pour  bâtir,  qui  fe  tiroit  des  carrières  du  fauxbourg 
S.  Jacques  à  Paris.  La  carrière  du  cliquart  eft 
finie  aujourd'hui.  On  trouve  encore  maintenant 
une  forte  de  pierre  qu'on  appelle    cliquart  doux, 

CLIQUE,  f  f.  Terme  collei5lff  qui  déligne  une  fo- 
ciécé  de  gens  unis  pour  le  même  objer  ,  pour 
cabaler,  pour  rroraper.  Societas  ,  fodalitas  ,  faciio. 
Il  eft  du  rtyle  très-familier  ,  &  fe  dit  toujours  en 
mauvaife  part.  Une  clique  de  frondeurs,  déjeu- 
nes débauchés.    C'eft  une  dangereufe  clique. 

Un  NoUfVellijle  politique , 
Qiii  tiint  cunfeil  dans  la  Cour  du  Palais  , 

Demande  au  plus  fort  de  facïiqus 
Si  nous  aurons  ou  la  guerre  ou  la.  paix, 

CLIQUER,  vieux  v.  n.  Faire  du  bruit,  du  clique- 
tis. Fraixorem  edere, 

CLIQUET.  Foyei  CLAQUET. 

Cliquet,  f.  m.  En  termes  d'Horlogerie  ,  on  appelle 
cliquet  ,  ccrte  pièce  en  pié  de  biche  qui  engrené 
dans  le  rocher  de  la  fiilee  ,  ou  de  toute  autre 
roue  ,  &  l'empêche  de  tourner  dans  le  fens  où 
elle  eft  naturellement  emportée  par  la  force  du 
poids  &  du  grand  reflbrr.  Le  cliquet  fert  à  rc- 
montct  les  horloges  ,  foit  à  poids  ou  à  reilbrr, 
parce  qu'à  mefure  qu'on  monte  le  poids  ,  ou 
qu'on  bande  le  reflbrt  ,  la  fufée  rerourncroit 
d'elle-même  en  arrière,  fl  elle  n'étoit  arrêtée  par 
le  cliquet  qui  la  fixe  en  enrranr  dans  le  rocher. 

§Cr  CLIQUET  ,  chez  les  metteurs  en  œuvre,  eft  la 
partie  fupérieure  de  la  brifure  qui  entre  &  fort 
de  la  charnière. 

§3"  CLIQUETER  ,  v.  n.  Faire  un  bruit  qui  imite 
celui  d'un  claquer  de  moulin ,  ou  celui  de  la  cli- 

quctre 


, 


V     C  LI 

^uertc  que  les  ladres  croient  autrefois  obliges  de 
■   porter.  Crépitare. 

CLIQUETIS  ,  i",  m.  bruit  que  fbnr  les  armes  en 
choquant  les  unes  contre  les  autres.  Armorum 
crepitus ,  fonitus ,  conjiicius.  On  entendit  un  cli- 
quetis d'épées  qui  fît  Ibrtir.  les  bourgeois.  Le  cli- 
quetis de  ceux  qui  fe  battoient  réveilla  les  plus 
endormis. 

Ce  mot  vient,  par  onomatopée,  du  bruit  que  font 
les  armes  quand  on  i"c  bat. 
fO-  CLIQUETIS  fe  diraum  en  Médecine  &  en  Chi- 
rurgie du  craquement  des  os  ,  de  leur  crépitation 
dans  certains  mouvemens  ,  dans  certaines  maladies, 
particulièrement  du  bruit  que  font  les  os  fradurés 
quand  ils  fe  froi/fent  les  uns  contre  les  autres. 
Cliquetis  au  figure.  On  lit  dans  l'Effai  fur  la  Critique 
de  M.  Pope  ,ou  plutôt  dans  la  Traduction  Françoije 
de  cet  ouvrage  ,  en  parlant  de  certains  Auteurs  , 
&c.  Ils  rimaillent  fans  fin  des  fons  vides,  ^2X  cliquetis 
de  fyllabes. 
Cliquette,  f.  f.  InUrument  fait  de  deuxns ,  ou  de 
deux  morceaux  de  bois  que  l'on  met  entre  les  doigts, 
&:  qu'on  bat  les  uns  contre  les  autres  pour  en  tirer 
'     tjuelques  ions  mefurcs.  Crepitaculum.  Jour  des  cli- 
quettes.   Les  ladres  ctoient  obligés  de  porter  des 
cliquettes^  pour  avertir  les  autres  de  ne  les  pas  appro- 
cher ,  de  crainte  de  prendre  du  mauvais  air. 

Les  Danieules  Turques  barrent  la  cadence  des 
chanfons  que  chantent  les  autres ,  en  danlant,  avec 
une  efpèce  de  c/îi;z/ewf.  Du  Loir, /7.  174. 
CtiQUETTES.  f  f.  pi.  Terme  de  Pêcheurs.  Ce  font  des 
pierres  ou  cailloux  troues  par  le  milieu  ,  que  les 
Pêcheurs  attachent  à  leur  verveux  ,  pour  le  faire  al- 
ler à  fond.  Il  en  faut  tDois  à  chaque  verveux. 
CLISSE.'  f  f.  On  appelle  ainfî  une  claie  faire  d'ozier  , 
ou  de  menues  branches  de  jonc.  Crates  viminea.  On 
fe  iert  de  Cliffes  pour  faire  égouter  les  fromages. 
Ci.issE,en  termes  de  Chirurgie ,  lignifie  une  petite  ban- 
de de  bois  ,  ou  de  fer  blanc.  Affala  ,  lamina.  On  fe 
fert  de  clijjes  pour  tenir  en  état  les  os  fraiflurcs.  On 
doir  dheec/iffes ,  en  chirurgie  ,  &  non  pas  cltffe. 
CLISSE  ,  EE.  adj.  Qui  efl:  couvert  de  claies ,  revécu  de 
claies.  Crate ,  ou  cratihus,tecîus ,  infiruclus ,  defenjus. 
Le  Roi  (  Louis  XIV.  )  s'eft  fervi  de  ce  rernie  dans 
le  propre  ,  dans  les  remarques  llir  un  rerranchement 
que  Céfar  avoir  fait  faire  :  voici  fes  rermcs.  Quoique 
Céfar  ait  appelé  mur  l'ouvrage  qu'il  fîr  pour  empê- 
■    cher  aux  Suiffes  le  pafTage  du  Rhône  ;  les  vidanges 
du  folle  qu'il  énonce  luppofanc  plutôt  un  retranche- 
ment ,  il  y  a  été  néceifaire  ,  pour  concilier    l'un  &: 
l'aurre  ,  de  reprélénter  un  rempart  avec  des  parapets 
cliffes,  appelés  plutei  ,  tels  que  les  Anciens  les  em- 
ployoient  en  femblables  occalions. 

On  appelle  bouteille  cliffee ,  une  bouteille  garnie 
de  cliffe, 
CLISSON.  Petite  ville  de  France  dans  la  haute  Bre- 
tagne fur  la  Seure.  Olivier  de  Cliffon,q\ii  fut  Conné- 
table deFrance  en  1 380,  fe  difoit  Seigneur  deCliffori. 
Les  anciens  titres  l'appellent  en  latin  CUcchio  ,  Cli- 
chiaù  LVicAo.  De-là  s'eftfaitCY/fon,  &  puis  Ciïffon. 
|C?  Clisson.  f,  m.  Toile  de  Lin  propre  à  faire  des 
chemilés  que  l'on  fabrique  en  Bretagne. 
CLISSONNOIS.  f  m.  Le  Cliffonnois  efl:  un  petit  pays 

aux  environs  de  Clilfon.  Clicchionenjîs  pagus. 
CLITIE.  f.  f  Terme  de  Fleurifl:e.  Anémone  à  peluche, 
d'une  couleur  de  chair  enrremclée  d'incarnadin  ;  fa 
peluche  efl  fort  bien  rangée  ,  à  la  manière  des  fou- 
cis  doubles.  C'elt  une  des  belles  anémones  à  pelu- 
che que  l'on  puilfe  voir.  Morin. 
CLITORIS,  f.  m.  Petit  corps  rond  &  long  ,  fituc  au 
haut  des  parties  naturelles  des  femmes  ,  tout  au- 
près de  la  vulve  ,  &  qui  a  la  figure  d'un  gland.  Il 
efl  d'ordinaire  alfez  petit  ;  il  y  a  des  femmes  qui 
l'ont  fort  gros  &  fort  long.  Il  relîemble  en  beau- 
coup de  chofes  à  la  verge  de  l'homme  :  il  efl  com- 
pofè  des  mêmes  parties:  il  a  deux  nerfs  caverneux  , 
un  gland  à  l'exrrémité  ,  couvert  d'un  prépuce,  mais 
qui  n'efl  pas  percç  ,  &  quatre  mufcles ,  deux  érec- 
teurs ,  &  deux  éjaculateurs.  Il  enfle  ,  5c  devient  dur 
Tome  II. 


C  Lô 


^41 


dans  certaines  occafions.  Il  s'eil  trouvé  des  femmes 
qui  en  ont  abufc.  C'eft  une  pattie  exttêmement 
Icndble ,  &:  qui  efl  le  fiége  principal  du  plailîf  dans 
la  femelle.  Ip"  C'eft  pour  cela  que  quelques-uns  lui 
ont  donné  le  nom  A'ajirum  veneris.  Quelques-uns 
l'appellent  la  verge  de  la  femme.  On  le  retranche 
^  quelquefois  ,  quand  il  Ibrr  rrop  en  dehors. 

CLIVAGE,  f  m.  adiion  de  Cliver.  Foye^  ce  mot.  Pour 
peu  que  le  diamant  foit  de  conféquence,on  le  Icie  plu- 
tôt que  de  l'expofer  au  rifquc  du6'//v.z<rf .Voyez  Cliver, 

CLIVER  un  diamant,  terme  de  Lapidaire  ,  c'efl  le 
fendre  avec  adreffe  en  frappanravec  un  marteau  fut 
un  couteau  fixé  fur  l'endroit  où  l'on  veut  féparcr  le 
diamant.  On  ne  clive  guère  que  les  diamans  qui  ont 
de  grandes  glaces. 

C  L  O, 

CLOACINE.  f.  f.  Cloacina.  Déefle  qiii  préfidoir  aux: 
cloaques.  C'eft  Tatius ,  non  pas  Roi  des  Romains  » 
comme  cUt  HofFman  ,  mais  apparemment  celui  qui 
fut  chef  des  Sabins  ,  qui  la  trouva  dans  un  cloaque 
où  l'on  travailloit  une  ftatue  de  femme  dont  il  fit 
une  Déelfe.  S.  Auguftin  en  parle  au  L.  IF.  de  la  Ci- 
té de  Dieu  ,  c.   23. 

CLOAQUE.  1.  m.  &  f.  Aqueduc  fouterrain  ,  égoûc 
dans  lequel  s'écoulent  ,  fe  reçoivent  les  immondi- 
ces d'une  ville  ,  d'une  maifon.  Cloaca.  Les  vapeurs 
ihfcdées  qui  s'élèvent  des  eaux  cx:o\x^\ts,àcs  cloaques 
publics ,  font  une  des  'cauiés  éloignées  de  la  pelle» 
JouRN.  DES  Sa V.  On  ne  peurmett're  un  cloaque  pro- 
che la  maifon  de  fon  voifin  fans  titre  ;  car  c'eft  une 
efpèce  de  fervitude. 

Ce  mot  vi?nr  du  grec  K>.l^c„purgo.  §3"  D'autres  lé 
font  venir  de  duo ,  infecler  par^  fa  mauvaife  odeur. 
Ce  motn'eftguère  en  ufagequ'en parlant  des  ouvrages 
des  anciens.  Dans  le  langage  ordinaire  on  dit  égoût^ 

Cloaque  lignifie  aulfi  ,  par  extenfion  ,  tout  lieu 
puant.  Il  eft  logé  dans  un  quartier  plein  de  Tan- 
neurs ,  de  Corroyeurs  ,  c'eft  un  vrai  cloaque.  Ce 
pédanr  eft  fi  mal  propre  ,  que  fa  chambre  eft  un 
vrai  cloaque.  On  appdioit  autrefois  cloaque  ^  les  la- 
trines d'une  maifon.  Latrina. 

Cloaque.  On  dit  d'une  pcrfonne  puante  ■■,  que  c'eft 
un  cloaque.  On  l'applique  figutément  aux  vices  : 
Cloaque  d'impureté.  Cloaque  de  tous  fortes  de  vicesi 
Acad.  Franc. 

Cloaque,  dans  l'Anatomie  comparative ,  fignifie  un 
canal  qui  eft  dans  le  corps  des  oifeaux  ,  &  qui  fert 
à  conduire  l'œuf  depuis  l'ovaire  jufqu'à  fon  iffue. 
Cloaca.  Dict.de  James. 

CLOCHE,  f.  f.  C'eil  un  inftrument  de  métal  qui  fert 
pour  appeler  les  Chrériens  à  l'Eglife  ,  &  pour  faire 
quelque  alfemblée  ,  convocation  ,  ou  réjouiflàncei 
Campana  ,  campanum.  Les  Muficiens  la  mettent  en- 
tre les  inftrumens  de  Mufique ,  qu'on  appelle  de  Per- 
culTion.  Elle  eft  faite  en  forme  de  poire  ouverte  par 
en  bas  avec  un  battant  de  fer ,  &  elle  eft  fufpendue 
par  une  grolfe  charpente  de  bois  qu'on  appelle  Mou- 
ton ,  dans  laquelle  fes  anfes  font  enclavées.  Sa  par- 
tie la  plus  haure,  qui  eft  faite  en  timbre  ou  en  qp- 
lotte  ,  s'appelle  le  Cerveau.  Les  trairs  ou  les  cour- 
bures  de  l'endroit  où  \^  cloche  s'élargit ,  s'appellent 
les  Fauffiires  ,  &c  les  bords  de  la  cloche  où  frappe  le 
battant ,  s'appellent  les  Pinces.  Les  Fondeurs  ont 
un  diafpafon  ,  ou  une  échelle  campanaire  ,  qu'ils 
appelleat  aulTi  Brochette  ou  bâton  ,  qui  fert  à  con- 
noître  &  à  mefurer  la  grandeur  ou  l'épaiifeur ,  le 
poids  &  le  fon  des  cloches.  Leur  matière  eft  un  mé- 
tal compofé  de  vingt  livres  dérain  fur  cent  livres  de 
rofetre.  On  donne  quinze  fois  l'épaiifeur  du  bord  au 
diamètre  d'une  cloche.  Se  douze  bords  à  fa  hauteur^ 
La  gtolTe  cloche  de  Rouen  pefe  quarante  mille 
livres ,  &  s'appelle  Georç^e  d'Amboife  -,  d'autres 
ne  difent  que  trente-fix  mille  livres ,  comme  le  por- 
tent des  vers  Larins  qu'on  lit  deflus.  Dans  la  Def- 
cription  Gsogr.  &  Hifl.  de  la  Haute-Norm.  tom.  2  , 
p.  21;.  on  marque  qu'elle  a  dix  pieds  de  hauteur,  y 
compris  les  anfes  ,  &  qu'elle  pefe  -^6000.  Elle  fut 
fondue  le  2  Août  1501.  Son  battant  eft  de  fept  cens 

M  M  m  m 


1^4^  C  L  0 

dix    livres  ,  fa  circonfcrence  de  50  pics    ,  &  ion  | 
diamètre  de  8  pics  6:  un  tiers.  Nankin  ,  ville  de  la  1 
Cliine  ,  ctoit  célèbre  autretbis  par  la  grandeur  de 
fe$  cloches  ;  mais  leur  poids  énorme  ayant  emporté 
le  donjon  où  elles  étoient  luf'pendues ,  tout  le  bâti- 
ment tomba  en  ruine  -,  &  les  clochis  Ibnt  depuis  de- 
meurées à  terre  ,  lans  qu'on  fe  Ibit  mis  en  devoir  de 
les  remonter.  La  hauteur  d'une  de  ces  cloches  efl:  de 
onze  pies  de  Roi  ,  &:  Ion  anlc  de  deux.  Son  dia- 
mètre ,  pris  dans  la  plus  grande  largeur ,  en  a  lept, 
fi  on  y  comprend  l'çpaiiicur  des  bords,  La  circon- 
férence extérieure  eft  de  2.2  pies-,  6c  quoiqu'elle  di- 
minue en  montant ,  ce  n'eft  pourtant  pas  en  même 
proportion  que  nos  cloches  d'Europe,  car  fa  figure 
elt  prefque  cylindrique  ,  à  la  réferve  d'un  renflement 
confidérable  qui  paroît  vers  le  milieu ,  011  le  contour 
eft  aulfi  grand  que  celui  de  fes  bords.  Elle  eft  entou- 
rée de  plufieurs  moulures  ,  filets  &  platebandes.  Le 
limbe  inférieur  a  fix  pouces  &  demi  d'épailleur  ,  ce 
qui  diminue  toujours  jufqu'à  la  courbui;^ ,  où  com- 
mence la  conoïde  ;  de  forte  que  fous  Tarife  elle  n'eft 
tout  au  plus  épaifTe  que  de  deux  pouces.  Ge  qui  fe 
peut  melurer  aifez  précifémenr ,  parce  qu'on  y  laifîe 
un  trou  pour  augmenter  le  fbn  ,  fuivant  l'opinion 
des  Chinois.  Ces  cloches  ont  été  fondues  fbus  le  pre- 
mier Empereur  de  la  Dynaftie  précédente ,  qui  ré- 
gnoit  il  y  a  plus  de  500  ans.  Elles  ont  chacune  leur 
nom  particulier.  La  Pédante  ,  Tohoui  \  la  Mangean- 
te ,  Ché  ,  la  Dormante  ,  Ûioui  ;  la  Volonté  ,fi.  Il 
n'y  en  avoir  que  ttois  dans  Nankin  ;  mais  la  Géo- 
graphie chinoife  en  marque  une  quatrième  au-delà 
•du  fleuve  Kiam.  Suppofant  que  le  pié  cubique  de 
cuivre  pefe  fîx  cens  quarante-huit  livres ,  la  cloche' 
dont  on  a  pris  les  mefures  peferoit  environ  quatre- 
vingt-dix  milliers  ,  û  fa  groffeur  Se  fon  épaifleur 
étoient  par  tout  égales.  Pour  la  groffeur  il  n'y  a  pas 
beaucoup  de  différence  ;  mais  l'épaiffeur  diminue 
uniformément  jufqu'à  l'anfe  ,  où  elle  a  deux  pouces: 
ainfi  prenant  quatre  pouces  &  un  peu  plus  pour  la 
moyenne  proporrionnelle  ,_&fuppofant  l'alliage  un 
peu  moins  pefant  que  le  cuivre  ,  Iz  cloche,  avec  fbn 
anfe,  pefera  environ  cinquante  milliers ,  c'eft-à-dire , 
qu'elle  fera  deux  fois  plus  pelante  que  celle  d'Erfort , 
que  le  P.  Kirker  dit  être  la  plus  grande  cloche  du 
monde.  Mais  il  y  en  a  à  Pékin  fept  autres  fondues 
fous  le  règne  d'Youlo ,  il  y  a  près  de  5  00  ans ,  dont 
chacune  pefe  (ix-vingt  mille  livres.  Leur  ouverture  a 
douze  pies  de  diamètre  -,  elles  en  ont  40  de  circuit, 
&  douze  de  hauteur  fans  compter  l'anfe ,  qui  eft  pour 
le  moins  de  5  pieds.  Mais  autant  que  les  cloches  de 
la  Chine  furpaflent  celles  d'Europe  en  grandeur , 
autant  leur  font-elles  inférieures  par  la  beauté  du 
fon  ,  foit  que  notre  métal  foit  plus  pur.  Se  l'alliage 
mieux  obfervé ,  foit  que  la  figure  &  la  fonte  des  nô- 
tres en  foient  meilleures.  Leur  fon  eft  exrrêmement 
obfcur ,  parce  qu'on  ne  les  frappe  pas  avec  un  bat- 
tant de  fer ,  ou  de  quelqu'autre  métal ,  mais  avec  un 
marteau  de  bois.  Les  Chinois  ont  dans  toutes  leurs 
villes  de  fort  grandes  cloches  deftinées  à  marquer 
•es  veilles  de  la  nuit.  P.  Le  Comte.  Jean  Struys  dit 
dans  fes  voyages  ,  que  les  cloches  de  Mofcou  pèfent 
trois  cens  quatre-vingts-quatorze  mille  livres. 

Il  fe  fait  un  frémiflement  de  chaque  pattie  de  la 
cloche  lorfqu'elle  fbnne  •,  &  le  P.  François  Maria  Gri- 
maldi  foûtient  dans  fa  Phyjîcjue  ,  que  le  moindre 
coup  qu'on  frappe  fur  une  cloche  fait  approcher  & 
éloigner  fuccefïîvement  toutes  fes  parties  les  unes 
des  autres ,  &  que  c'eft  ce  frcmiflement  qui  caufele 
fon.  yoyei  Son.  On  a  obfervé  que  les  cloches  s'en- 
tendent de  plus  loin  dans  les  plaines ,  que  fur  les 
montagnes  ',  &  que  celles  de  vallées  fe  font  encore 
entendre  plus  loin  que  celles  des  plaines.  Les  Re- 
ligieux s'alTemblent  capitulairement  au  fon  de  la 
cloche.  C'ctoit  autrefois  l'office  des  Prêtres  de  fon- 
ner  les  cloches  ,  &  fur  rout  dans  les  Cathédrales ,  Se 
on  les  appeloit  Klockmans.  Ce  nom  qui  eft  Alle- 
man  ,  ou  de  l'ancien  Celtique ,  ou  de  l'ancien  Franc , 
&  qui  fignifîe  Hommes  des  cloches  ,  eft  encore  en 
«fage  dans  l'Eglife  d'Amiens.  On  a  appelé  cloche  ha- 


C  L  O 

nale  ,  la  cloche  du  béfroi  ,ou  la  cloche  de  la  Com- 
mune. On  tait  un  bruit ,  un  carillon  de  cloches  dans 
les  réjouillànces  publiques  ,  Se  dans  les  Fêtes  dé 
l'Eglife. 

Les  Bollandiftes, ff^r.  T.  I,p.  423.  T.  III, p. 
104E.  105B.  &:  Ménage  dérivent  ce  mot  de  c/o<r<z, 
ou  vlocca  ,  cloccum  ,  qui  fe  trouve  eh  ce  fcns  dans 
la  vie  de  S.  Anfchaire  ,  dans  celle  de  S.  Rambert  & 
de  S.  Liobe ,  dans  les  Capitulairesde  Charlemagne, 
&  dans  d'autres  Auteuts  du  même  iiècle.  Or  clocca, 
eu  cloca  ,  vient  de  l'Allemand  ,  cloche  ,  ou  plutôt 
gloccke  ,  lignifiant  la  même  choie.  Et  ce  qui  prouve 
cette  origine  allemande  ,  c'eft  qu'on  trouve  aufÏÏ 
glocca  Se  glogga  dans  la  baffe  Latinité.  Faucher  croit 
que  c'eft  un  vieux  mot  françois ,  parce  que  l'aller  Se 
le  revenir  d'une  cloche  repréfcntc  l'allure  d'un  boi- 
teux ,  ce  qu'on  appeloit  clocher.  Il  y  a  plus  d'appa- 
rence qu'il  vient  de  cloch  ,  qui  eft  un  mot  du  lan- 
gage armorique  ,  ou  bas-breton,  qui  iîgnifie  cloche. 
D'autres  le  dérivent  de  clangor ,  parce  que  c'ctoit  au 
fon  des  cloches  qu'on  fignifioit  le  jeûne ,  ou  la  péni- 
tence ;  d'autres  du  Grsc  y.u^ih  ,  qui  lignifie  vocare  ^ 
d'où  les  Latins  ont  fait  calata  comitia  ;  d'autres  du 
Grec  xA£«=.7v,  vfi.\i\'z,r{\(iç fonncr  avec lahouche.Qxiei- 
ques-uns  le  dérivent  de  cochlea  ,  à  caufe  de  fa  figure. 
Du  Cange  enfin  le  dérive  du  Saxon  clugga.  Et  quel- 
ques-uns dérivent  tous  ces  mots  du  hznnglocire.  Jé- 
rôme Magius ,  dans  les  fers  chez  les  Turcs  ,  écrivit 
deux  traités ,  l'un  des  Cloches  ,  l'autre  du  Chevalet, 
fans  autre  fecours  que  celui  de  fa  mcm.oire.  Vign* 
Marv. 

On  tient  que  les  cloches  ont  été  inventées  à  Noie', 
dont  faint  Paulin  a  été  Evêque,  ou  que  du  moins  c'eïi 
lui  qui  en  a  introduit  l'ufage  dans  le  fervice  divin  : 
ce  qui  les  a  fait  appeler  Nolcc  Se  Campance  , -parce 
que  Noie  eft  dans  la  Campagne  de  Rome.  On  peut 
néanmoins  douter  fi  les  cloches  n'ont  point  été  ap- 
pelées CampaTiczSe  A^o/iî:  ,  non  ,  parce  qu'elles  ont 
été  inventées  à  Noie  ,  ou  dans  la  Campagne  de  Pv.ù- 
me  ;  mais  parce  qu'on  a  trouvé  dans  la  Campagne 
d'Iralie  la  manière  de  les  fufpendre  &:  de  les  balan- 
cer comme  l'on  fair  ;  ou  bien  qu'on  les  afufpendueS 
&  balancées  ainli  fur  le  modèle  d'une  balance  inven- 
tée ou  ufitéedans  la  Campagne  d'Italie  ;  car  on  Trou- 
ve en  Latin  un  contrepoids  ,  ou  balance  appelée 
Campana  Itatera  ;  Si.  en  Grec  K«,tt5ra»;if7» ,  pour  pon- 
derare  ,  dans  Nicéras  Choniates.  Quelques-uns  font 
diftinélion  ,  &:  appellent  les  grandes  cloches, campa- 
nce ,  &  les  petites  ovt  fbnnettes  noix.  Ce  mot  fe  die 
proprement  des  grelots  qu'on  met  au  collier  des 
chiens  ,  aux  pies  des  oiléaux ,  Se  au  poitrail  des 
chevaux  Se  mulets.On  a  dit  auifi,  iVo/^  refeclorii  ;  Sc 
on  a  donné  le  même  nom  à  ces  cloches  qu'on  fbnne 
pendant  l'élévation  de  l'Hoftie.  Polydore  Virgile 
en  attribue  l'invention  au  Pape  Sabinien  qui  fuc- 
céda  à.S.  Grégoire ,  &  qui  le  dernier  fe  qualifia  Evê- 
que de  Rome.  Mais  il  fe  trompe  -,  car  S.  Jérôme, 
contemporain  de  S.  Paulin ,  a  parlé  d'une  cloche. 
Dans  la  vie  de  S.  Loup  ,  qui  vivoir  au  commence- 
ment du  VIP  fîêcle ,  il  eft  parlé  d'une  cloche  qui 
étoit  dans  l'Eglife  pour  appeler  le  peuple.  Le  Pape 
Sabinien  n'inventa  pas  les  cloches  ,  mais  il  ordonna 
que  l'on  diftingueroir  les  heures  canoniques  parle 
fon  d'une  cloche,  Ovide  ,  Tibulle  ,  Martial ,  Stace, 
Manilius  ,  Se  les  Auteurs  Grecs  font  mention  de  clo- 
ches ;  tintinnabula  ,  Se  d'airain  bruyant ,  crepitan- 
tia  ,  jlrepitantia  ara.  Il  ne  fuit  pas  néanmoins  de- 
là que  ce  fufîent  des  cloches.  Suétone  ,  Dion  ,  Stra- 
bon  ,  Polybe  ,  Jofephe  ,  &  autres ,  en  ont  fait  aufS 
mention  fous  les  noms  dcpetafus ,  tintinnabulunif' 
ceramentum,  crotalum,fignum,  &c.En  effet  Polydore 
Virgile  de  Inv.  Rer.  L.  ri,C.  i  z.  ne  dir  pas,  comme 
on  "l'a  écrit  dans  la  première  édition  de  ce  Livre, 
que  le  Pape  Sabinien ,  Succefleur  de  S.  Grégoire  , 
fût  l'inventeur  des  cloches  ;  mais  feulemenr  que  c'eft 
lui  qui  introduifît  Tufage  d'appeler  le  peuple  aux 
faints  Offices  au  fon  des  cloches.  Hieronymus  Ma- 
gius ,  dans  le  Livre  qu'il  a  fait  exprès  de  tintinnabu- 
lis  ,   en   fait  voit  l'aniig^uité.  Quelques  Auteurs 


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C  L  O 


croient  que  nos  cloches  ,  fur  tout  les  groflcs  ,  font 
une  invention  nouvelle.  Leur  raifon  ell  que  le  nom 
en  eft  moderne.  11  ne  paroît  pas  qu'on  ait  eu  de 
grolîes  duchés  beaucoup  avant  le  fixième  lièclc.  En 
6io,  Loup  Evcquc  d'C^rlcans  étant  à  Sens ,  que  l'ar- 
mée ae  Clotaire  aificgeoit ,  l'étonna  fi  fort  en  faifant 
fonner  les  cloches  de  l'Eglife  de  S.  Etienne ,  que 
toute  l'armée  prit  la  fuite.  Preuve  que  ce  n'étoit 
point  une  chofe  encore  fort  connue ,  ni  fort  ufitcc. 
Bcde  ,  L.  VI  C,  i3._  nous  apprend  que  fur  la  fin  au 
même  fiècle  il  y  en  avoir  en  Angleterre  ,  &:  qu'on 
s'en  fervoit  pour  appeler  à  la  prière.  Les  Religieux 
de  l'Abbaye  d'Aumale  ,fe  vanrent  d'avoir  les  plus 
anciennes  cloches  de  toute  la  Normandie.  Dcjcrift, 
Geogr,  &  Hijt.  de  la  Hiiuu-Normandie ,  to.  i,p,  z6 , 

Les  Grecs  n'ont  connu  les  c/ockes  qu^a.ulX'^fiè- 
clc.  C'eft  un  Vénitien  qui  leur  en  apprit  la  fabrique. 
Il  n'eft  pas  vrai  que  dans  l'Eglife  Orientale  J'ufage 
des  cloches  ait  été  tout-à-fait  inconnu,  &  qu'on 
y  ait  toujours  appelé  le  peuple  au  fcrvice  avec  des 
maillets  de  bois  ,  comme  on  fait  prcfentement. 
Léo  Allatius  dans  i?.DiJleriation  touchant  les  Tem- 
ples des  Grecs,  prouve  le  contraire  par  George Pa- 
chymereôi  par  Michel  PfuUus ,  qui  font  mention 
.des  c/of/ifi  qui  étoient  dans  quelques  Temples  ou 
îiglifes  ries  Grecs.  Il  prétend  qu'après  la  prife  de 
Conrtantinoplï  l'ulage  des  cloches  fut  défendu  par 
les  Turcs  ,  de  peur  que  leur  Ton  ne  fût  contraire 
au  repos  des  âmes ,  qui  Ibnt  félon  eux  errantes  dans 
l'air.  Il  ajoute  que  l'ufage  des  cloches  eft  encore 
dans  quelques  endroits  qui  font  éloignes  de  tout 
commerce  desTurcs,&  qu'il  y  en  a  de  très-anciennes 
au  mont  Athos.  Le  P.jerôme  Dandmi  fupppi'e  auilj, 
dans  fon  voyage  du  mont  Liban  ,  qu'il  y  avoir  de 
véritables  cloches  dans  les  Eglilés  des  Grecs  avant 
qu'ils  fuffcnt  fous  la  domination  des  Turcs ,  qui 
en  ont  fait ,  dit-il ,  des  pièces  d'artillerie.  M.  Si- 
mon, dans  (es  remarques  fur  ce  voyage,  croirque 
les  Turcs  n'ont  privé  de  l'ufage  des  cloches  les  Chré- 
tiens de  leur  obéiflance ,  que  par  des  raifons  de 
politique,  parce  que  le  fon  des  c/oc^ei  peut  fervir 
de  lignai  pour  l'exécution  des  révoltes  ,  &  pour 
donner  l'alarme  par  tout  en  peu  de  temps,  Voye^ 
Minaret.  En  15:48  la  ville  dcBourdcaux  fut  pri- 
vée de  fes  cloches  pour  caufe  de  rébellion.  Elles  lui 
lurent  rendues  peu  de  temps  après  par  Henri  II. 

Mathieu  Paris  dit  qu'autrefois ,  pendant  le  deuil, 
l'ufage  des  cloches  étoit  défendu  -,  d'où  vient  qu'on 
ne  les  fonne  point  le  Vendredi  faint  :  mais  aujour- 
d'hui on  en  fait  une  des  principales  cérémonies  des 
entcrremens.  Les  Egyptiens  n'ont  que  des  cloches 
de  bois ,  à  la  réfcrve  d'une  ieule  de  fonte  qui  a  été 
apportée  par  les  Francs  dans  le  Monaftère  de  S. 
Antoine.  Ils  en  attribuent  l'invention  à  Noé,  qu'ils 
difent  avoir  fait  la  première  par  le  commandement 
de  Dieu.  L'on  a  expliqué  les  ufages  d'une  cloche 
en  deux  vers  techniques  latins  que  voici  j 

Laudo  Deum  verum ,  plehem  voco ,  congrego  Cle- 

rum , 
Defunclos  ploro  ,  pejiem  fugo ,  fefia  decoro. 

C'étoit  une  ancienne  coutume  de  fonner  les  clo- 
ches pour  un  moribond  ,  afin  d'avertir  les  Fidèles 
de  prier  pour  lui  -,  comme  l'a  remarqué  le  Père 
IMabillon  ,  JHa  SS.  Bened.Sœc.  III,  P.I,  Praf. 
N.  loz.  C'eft  de-là  que  le  fon  que  l'on  fonne  pour 
un  mort ,  Se  qui  s'appelle  ailleurs  un  Clas ,  s'ap- 
pelle à  Reims  VMhé  mort ,  par  corruption  pour 
Vu4hboi  de  la  mort, 

La  coutume  de  fonner  les  cloches  aux  approches 
du  tonnerre  n'eft  pas  nouvelle  ,  mais  ce  n'éroit  pas 
feulement  pour  ébranler  l'air  qu'on  les  fonnoiri 
c'éroit  pour  aflembler  le  peuple ,  qui  alloit  à  l'Eglife 
prier  Dieu  de  prcferver  la  ParoifTe  des  effets  de  ce 
terrible  mcrcore.  Lobinïau  ,  T.  I ,  /'.847. 

Durand ,  dans  fon  Rationale  Divinor.  Officia- 
ïum ,  £,  /,  C,  4 ,  diftingue  fix  efpcces  de  clocha,  La  , 


C  L  O  ^45 

pfemîere  eft  celle  qui  iert  dans  les  Communautés 
au  Réfectoire,  &  s'appelle  _/-^//z7/£t.  La  leconue  , 
qu'il  nomme  cymlalum  ,  icu  au  cloître.  La  tcoi- 
lième  ,  nota ,  dans  le  chœur  La  quatrième  ,  nolulu  , 
eft  celle  de  l'horloge  j  la  cmquicme,  qui  fe  mec 
dans  le  clocher ,  s'appelle  campana  ;  &  la  fixjèmc, 
qui  eft  celle  des  tours ,  jignum. 

On  fait  une  cérémonie  pour  "le  baptême  ou  la 
bénédidiion  des  cloches,  Ck;tte  cérémonie  eft  rrèi- 
ancienne ,  aulfi  bien  que  le  nom  de  baptême  qu'on 
lui  donne  j  car  on  dir  baorème  d'une  cLche  ,  oap- 
tiier  une  cloche  ;  comiïie  Yves  de  Chartres  rapporre 
qu'on  baptifoit  autreiois  les  Egli  es  ,  au  lieu  .:e 
dire  qu'on  les  bénidbit.  Quelques  Auteurs  écri- 
vent que  cette  coutume  de  baptifer  les  cLches  tut 
introduite  par  le  Pape  Jean  XIII^  en  ^71-,  mais  if 
eft  maniféfte  qu'elle  eft  plus  ancienne  ,  puiiqu'uii 
Capitulaire  de  Charlemagn;  de  l'an  78c,,  dé^.nd 
de  baptifer  les  cloches  ,ic  qu'au  rapport  d'Alcuin, 
cet  ufage  étoit  établi  long  temps  avant  le  VLi^  i'.z- 
cle.  Cela  doit  donc  s'entendre  d'un  reglcaienr  que 
fit  Jean  XlIIs  d'un  ordre  qu'il  porra'de  baptifet 
ou  de  bénir  Ijs  cloches  qui  doivenr  fervir  à  rEgliic, 
parce  que  cet  ufage,déia  ancien  ,avoitété  interrom- 
pu ,ou  négligé  ,  éi-cLe  Roi  Robert ,  faifant  faire  en 
1019  la  Dédicace  de  l'Eglilc  de  S.Agnan  d'Orléans, 
y  donna  entre  autres  préfens  cinq  cloches  ,  dont 
l'une ,  qu'il  avoir  fait  baptifer  ,  &  à  laquelle 
il  avoir  donné  fon  nom  ,  peibit  deux  milles  fîx 
cens.  Ce  qui  montre  qu'alors  la  béncdidion  des 
cloches  s'appeloir  encore  baptême  ,  &  que  la  dé- 
fenfc  du  Capitulaire  de  Charlcmagne  n'eur  point 
de  lieu ,  ou  dura  peu.  Le  Moine  Helgaud ,  qui 
rapporte  ce  qu'on  vient  dédire,  marque  qu'on  y 
empioyoir  l'huile  &' le  chrême.  ^oytf{  Baptême  & 
Baptiser.  Par  Arrêt  du  Parlement  de  Paris  en 
\6o^  ,  l'on  a  jugé  qu'un  Fondeur  de  cloches  peut 
les  revendiquer ,  &  les  liire  dépendre  de  l'Eglife  , 
quoiqu'elles  aient  été  bénites  &  confacrces ,  quand 
il  n'a  pas  été  payé  de  la  valeur. 
Cloche  s'emploie  proverbialement  en  ces  phrofes.  II 
eft  temps  de  fondre  la  cloche  ^  c'eft  i-dire,  de  ter- 
miner une  affaire,  de  prendre  la  dernière  réfolu- 
tion.  Etre  étonné ,  être  penaut  comme  un  Fondeur 
de  cloches  ;  c'cft-à-dire ,  être  confus  &  muet ,  voyant 
qu'une  afft.ire  qui  pouvoir  être  bonne  ,  nous  a  mal 
réufli  par  notre  faute. 

A  ce  difcours  Godard  mille  fois  plus  furpris 
Que  ne  l'ef  un  fondeur  de  cloche , 
Tire  fon  ecu  defapoche.   Nouv.  CH.  de  vers. 

On  dit  au/Ti  de  ceux  qui  difent  tantôt  d'une  '"açon  , 
tantôt  de  l'autre,  qu'ils  font  comme  les  cljch-s  , 
qu'on  leur  fait  dire  tout  ce  qu'on  veut.  On  appelle 
GentilshoiTUTies  de  la.  cloche,  ceux  qui  ne  font  no- 
bles que  pour  avoir  palfé  en  de  cerraines  charges  de 
Mairie,  ou  d'Echevinage ,  qui  fc  donneur  au  fon 
de  la  cloche.  On  dit  qu'on  fait  fonner  la  groife 
cloche  ,  quand  on  fait  parler  le  maîrre  ,  celui  qui  a 
l'autorité  pour  conclure.  On  dit  aullî  ,  qu'un 
homme  n'eft  pas  fujet  à  un  coup  de  cloche  ;  pour 
dire  ,  qu'il  n'eft  pas  fujet  à  fe  rendre  à  une  certaine 
heure  à  fon  devoir ,  à  dîner  ,  fouper ,  &c. 

Cloches  fe  dit,  en  guerre,  du  droir  que  le  Grand  Maî- 
tre de  l'Artillerie  a  fur  les  cloches  des  Eglif  s  &  fut 
tout  le  métal  d'une  place  qui  a  été  battie  du  c'-^on. 
Les  habitans  achètent  ce  métal,  &:  payent  une  cer- 
taine fomme  pour  les  cloches. 

Cloche  des  alarmes.  On  appelle  ainfi  dans  les  villes 
de  guerre  &  les  Citadelles  ,  une  cloche  qui  fert  à 
donner  l'alarme,  pour  avertit  contre  les  furprifcs 
de  l'ennem.i  ;  elle  eft  placée  communément  dans 
la  maifon  du  Gouverneur. 

Cloches  fe  dit  auflî  de  certains  vai(T"-âux  &  uftenlîles 
qui  ont  la  figure  d'une  cloche.  Les  Jardiniers  met- 
tent des  cloches  de  verre  furies  -melons  pour  les 
garantir  des  injures  de  l'air.  '^./?c  vitrea.  On  fait 

M  M  m  m  ijl 


'^44  C  L  O 

cuire  des  fruits  fous  une  cloche  de  fer  qu'on  fait  rou- 
gir. Tejia  œrea. 
Cloche  de  Plongeurs.  On  a  trouvé  l'invention  de 
faire  defcendre  des  hommes  au  fond  de  la  mer  dans 
de  grandes  clocha  de  bois.  On  en  voit  les  figures 
dans  le  Journal  des  S.tvans.  C'efl:  une  machine  dans 
laquelle  un  homme  peut  demeurer  quelque  temps 
fous  l'eau.  Les  choies  qui  font  tombées   au  tond 
de  la  mer  ou  ailleurs  au  fond  de  l'eau,  foit  par 
naufrage  ou  autrement ,  peuvent  être^  retirées  par 
le  moyen  de  cette  machine.  Elle  doit  être  de  bois , 
de  plomb  ,  de  fer  ou  de  cuivre  ,  néanmoins  la  ma- 
tière la  plus  pefante  doit  être  la  meilleure  ,  pour 
rcfîrter  .à  la  force  de  l'eau,  &;  pour  plonger  &:  def- 
cendre à  fond  avec  plus  de  facilité  ,  &:  y  demeurer 
droite  dans  la  même  fituation  où  elle  y  étoit  del- 
cendue.  Cette  machine  a  la  figure  d'une  cloche , 
ou  d'une  de  ces  tonnes  qui  fervent  de  ^bouée ,  & 
qui  feroit  ouverte  par  deifus.  Sa  hauteur  eft  à  peu 
près  comme  celle  d'un  homme  de  moyenne  taille. 
Par  le  bas ,  autour  du  bord  ,  il  y  a  un  gros  cercle 
de  fer  pour  maintenir  la  cloche  ,  car  li  ce  gros  cer- 
cle n'y  étoir  pas  en  dedans ,  la  force  de  l'eau  pour- 
roit  enfoncer  les  côtés  de  la  machine  ,  &  les  faire 
joindre  l'un  à  l'autre.  On  peut  demeurer  dans  une 
de  ces  machines  fous  l'eau   une   demi-heure"  :   & 
quelquefois  un  peu  plus ,  ou  un  peu  moins.  Celles 
qui  font  de  bois ,    doivenr  être  rcforcces  de  cer- 
cles de  fer  ,  di  chargées  de  plaques  ou  de  pièces  de 
quelque  métal. 
Cloche  ,  en  termes  de  Jardinier  Fleurilte ,  c'eft  le 
haut  de  la  fleur ,  lequel  formée  une  efpcce  de  calice. 
On  l'appelle  v<z/è  t'/2  fiz/icir-,  mais  on  dit  des  Jacin- 
tes,  &c  de  rOreille-d'ours ,  la  cloche  de  ces  Jacin- 
tes  eft  belle.  Morin. 
SCF  Cloche,  terme  dcliotzmque.  Campana.Vïem 
en  cloche  -jjlos  campanifonnis.  On  fe  ferc  du  mot 
de  c/oc/i^  pour  exprimer  la  figure  de  plufieurs  fleurs 
.  monopérales  &:  de  quelques  fruits.  Ce  fruit  eft  en 
cloche  :  cette  fleur  eft  campuniforme.  Campanella  , 
ou  campernula,  petite  cloche ,  ou  qui  approche  de 
la  figure  d'une  cloche.  La  forme  de  ces  fleurs  varie 
fuivant  que  le  fonds ,  les  parois ,  ou  la  bouche  fonr 
plus  ou  moins  renflés  ou  ouverts. 
Cloche  fe  dit  aufTi  en  Médecine  ,  des  ampoules  ou 
veffics  pleines  de  férofités   qui  viennent  aux  pies 
&c  aux  mains  par  trop  de  travail  ou  de  marche  ,  ou 
aux  autres  parties  quand  elles  ont  fouffert  du  feu. 
Pujiula.ll  \/ient  des  clotkes  zu-x.  mains  &  aux  pies 
à  ceux  qui  ne  font  pas  accoutumés  à  fendre  du  bois, 
ou  à  marcher.  La  brûlure  caufe  auffitôt  de  groffes 
cloches. 
Cloche,  f.f.  Ancien  habillement  des  femmes  Parifîen- 
nes.  Cappe ,  Capot,  Amiculum  rotundum.  Aimoin, 
ou  fon  continuateur  ,  qui  a  écrit  la  vie  de  Louis 
le  débonnaire,  fils  de  Charlemagne  ,  dit  qu'il  prit 
envie  à  Charlemagne ,  lorfqu'il  faifoit    la  guerre 
aux  Saxons ,  d'envoyer  chercher  fon  fils  Louis  qui 
étoir  Roi  d'Aquitaine ,  lequel  alla  trouver  fon  père, 
étant  vêtu  à  la  mode  des  Gafcons ,  amiculo  rotiindo; 
mais  que  l'Auteur  de  la  chronique  de  S.  Denys  a 
tourné  d'une  cloche  ronde  ,  étant  certain  que  dans 
Paris  encore  aujourd'hui  on  appelle  une  cloche,  les 
chappes  que  les  Parifiennes  portent ,  qui  couvrent 
la  tête ,  &  ne  pafTent  point  la  ceinture,  CArtL,fIi/i. 
deLang,  T. /, /».  7.  Il  imprimoiten  1(^3  5.  Ailleurs 
cet  habillement  s'appelle  capot.  Il  n'eft  plusd'ufage 
à  Paris  ni  en  beaucoup  d'autres  endroits. 

On  appeloit  aulTi  autrefois  cloche ,  une  efpèce 
d'habillement  qu'on  portoit  à  cheval  ,  qui  étoit 
étroit  par  en  haut ,  mais  large  &  arrondi  par  en  bas 
en  forme  d'une  cloche.  Cappa.  Du  Cange, 
■  Les  Grands  Croix ,  dans  l'Ordre  de  Malte ,  quand 
ils  vont  à  l'Eglife  en  cérémonie,  portent  une  efpcce 
de  robe  noire  ouverte  par  devant ,  avec  de  grandes 
manches  qu'ils  appellent  cloches. 
^3"  Cloche,  en  papeterie,  forte  de  papier.  Le  papier 
dénommé  à  la  c/ocAe  aura  14  pouces  ^  lignes  de 
Margeur,  fur  10  pouces  p  lignes   de  hauteur,  5c 


CL  O 

la  rame  péfera  9  livres.  Arr.  du  Conf.  du  17  Janvier 
1759.  Papier  dénommé  grande  Licorne  â  la  cloche. 
Ibid.  Le  papier   dénommé  double  cloche  aura  zr 
pouces  alignes,  fur  14  pouces  de  hauteur,  &:  la 
rame  péf.ra  18  livres.  Ibid. 
CLOCHEMAN ,  f  £  vieux  mot,  Jean  le  Maire  ap- 
pelle clocheman ,  le   mouton  qui  conduit  le  trou- 
peau ,  par  1-  fon  d'une  clocherte  pendue  au  cou. 
Dux  gregis  aries.  Moutons  clochenians  ,  ou  lonna- 
liers,(^c.  M.  Ménage  dit,  q«e  clocheman 'À%v^\x\o\t 
un  fonneur  de  cloches  :  il  eft  encore  en  ufage  dans 
l'Eglife  d'Amiens.  On  dit  clocman  par  abbréviation 
àc'clochernan  ,  &c  clocheman  vient  de  deux  mots  al- 
lemands ,  ou  de   l'ancien  Franc ,  ou  peur-être  de 
l'ancien  Celtique  ,  cloche,  cloche  Se  man  ,  homme 
comme  fi  l'on  dilbit  Vhomme  à  la  cloche  ;   pour 
dire  ,  fonneur  ;  il  y  a  dans  la    langue  allemande 
beaucoup  de  mots  compofés  de  cette  manière. 
CLOCHEMENT.f.m.  L'adion  de  clocher,  de  boi- 
ter. Claudlcruw.  M.  Deverel  n'approuve  pas  le  fen- 
timcnt  d'Ambroilé  Paré  fur  la  caufe  du  clochemcnt. 
La  Roche.  Hildanus  parlant  de  la  caufe  du  cloche^ 
ment,  demande  fi  ce  que  dit  Paré  en  peut  être  la 
caufe,  Id.  Ce  terme  ^  n'eft  pas  plus  reçu  que 
boitement.  Le  mot  claudication  ,  quoiqu'il  ne  ioit 
pas  généralement  reçu  ,  paroît  préférable. 
CLOCHE-PIÉ.  f.  m.  C'eft   une^  efpèce  d'organcin 
qui  n'a  que  trois  brins  de   foie  ,  dont  deux  forit 
moulinés  enfem.ble  féparément ,   &  puis  moulinés 
une  féconde  fois  avec  le  troihème.  Il  eft  appelé  do-- 
cke-pié  ,  comme  s'il  clochoir  ou  boitoit ,  à  caufe 
du  brin  de  foie  qui  manque  ,  pour  ainfi  dire  ,  àun 
de  fes  pies.  On  s'en  ferr  dans  la  fabrique  des  foies. 
A  CtocHE-riÉ.  On  dit  aller  à   cloche-pié,  c'eft  aller 
en  fautillant  fur  un  pied  feul ,  tenant  l'autre  élevé , 
ou  demeurer  long  temps  fur  un  même  pié.  Siif 
penfo  pede  incedere.  Ils  ont  fauré  l'un  contre  l'autre 
à  c/oc/ze-/':e.  Les  enfans  jouent  à  cloche-pié,  c'  it- 
à-dire  ,  à  qui  ira  plus  loin  fur  un   feul  pié.  Ils  por.f- 
ienr  aullî  un  palet  à  cloche-pié ,  au  delà  d'un  ter--. 
me  marqué  en  autant  fois  qii'on  en  eft  convenu. 
l/no  pede  incedere ,  uno  pede  dijcum  prcpellere. 
CLOCHER,  f.  m.  Ouvrage  d'Architedlu-e  fort  élevé 
fiifant  patrie  d'une  Egîife,  où  l'on  fufpcnd  les  clo- 
ches. jEris  campant  turris  ,  turris  campanaria.  On 
voit  les  clochers  de  Chartres  de  lept  lieues  loin,  il 
y  a  des  clochers  carres  &  de  pierre  en   forme  de 
tours,  qui  parrent  du  fond  ,  comme  les  clochers 
des  Eglifes  de  Paris  ,  de  Reims ,  ùc.  D'autres  de. 
charpente  qui  font  fur  les  toits  des  Eglifes ,  qu'on 
appelle  ^zigwi//^^  ou /Zt'i:A«5.Mœfîus  dans  fon  Traité 
des  cloches ,  parle  au lli  des  clochers.  Il  dit  que  le 
plus  remarquable  de  tous ,  eft  celui  de  marbre  qui 
fe  voit  à  Pife  ,  lequel  penche  tour  d'un  côté ,  & 
femble  prêt  à  tomber  -,  ce  qui  n'eft  point  arrivé  paf 
un  tremblement  de  terre  ,    comme  quelques-uns 
difent,  mais  a  été  fait  à  deffein  par  l'Archirede, 
comme  il  eft  aif;  de  juger  par  les  planchers,  les 
portes  &  les  fenêtres,  qui  font  routes  de  niveau. 
%fT  Ce  clocher  ne  tombe  pas ,  parce  que  fa  bafe 
eft  extrêmement  large ,  &  que  les  corps  inclines 
alfis  fur  un  plan  horifonral  fe  foûtiennent  quand 
la  ligne  de  direction  rombe  en  dedans  de  leur  bafe, 
comme  il  arrive  au  clocher  de  Pife. 
Clocher  s'eft  fair  de  cloche  ,  de  même  que  dans  li 
ba/le  larinité  Cloccarinm  Veft  fait  de  clocca. 

A  l'Abbaye  de  Rimereraont  on  donne  le  nom  de 
clocher  au  Clerc  qui  gouverne  \^  (onwûç.  Camp a- 
nis  Pmfeclus. 
Clocher  fe  prend  auflî  pour  une  Paroiffe ,  l'EghTe. 
Parœcia ,  Parochia.  Il  y  a  tanr  de  clochers  dans  les 
pays  d'Election  en  France.  Il  foûtint  jufqu'au bouc 
l'honneur  de  fon  clocher.  Boil. 

On  dit  proverbialement ,  il  faut  mettre  le  clo' 
cher  au  milieu  de  la  Paroiffe  ;  pour  dire,  qu'il  faut 
mertre  le  plat,  dont  tour  le  monde  mange  au  milieu 
de  la  table ,  ainfi  que  la  chandelle  lorfqu'il   n'y  en.   i 
a  qu'une,  &  généralemennr  toutes  les  chofesuni-    | 
ques  dont  tout  le  monde  abefoin.  On  dit  encore 


C  LO 

le  biittre  des  pierres  du  clocher  t  d'un  Curé  qui 
plaide  pour  fon  bénéfice ,  &  qui  en  a  la  récréancc. 
On  le  dit  même  par  extenfion  de  toutes  les  choies 
dont  on  Te  iert  pendant  la  conteftation. 

On  dit  aulTi  qu'un  Curé  n'a  befoin  d'autre  titre  que 
de  fon  docker  pour  demander  des  dîmes  -,  pour  diic, 
que  de  droit  commun  elles  font  dues  aux  Cutcs  , 
s'il  n'y  a  titre  ou  poireiîlon  au  contraire.  On  dit  , 
qu'un  homme  n'a  jamais  perdu  de  vue  le  clocher 
de  fon  village  ;  pour  dire ,  qu'il  cft  peu  expéri- 
menté 5  qu'il  n'a  jamais  vu  le  monde.  On  dit  des 
boiteux,  qu'ils  entrent  dans  l'Eglife  par  le  clocher , 
par  une  bafîe  équivoque  du  clocher  de  l'Eglilé  avec 
le  clocher  àts  jambes. 

CLOCHER  ,  v.  a.  terme  de  Jardinage.  Ceft  mettre 
une  plante  fous  une  cloche,  la  couvrir  d'une  cloche 
pour  la  garantir  des  injures  de  l'air ,  &  fur  tout  du 
froid  ,  concentrer  la  chaleur ,  &  avancer  la  plante. 
Tejiavitreâ  incluiere  ,  operire  ,  tegere.  Je  viens  de 
clocher  mes  melons.  Cloche^  vos  melons ,  crainte  du 
froid.  LiGER. 

Clocher,  v.  a.  terme  de  Communauté.  Ceft  appeler 
une  Religieuié  au  fon  de  la  cloche ,  fuivant  un  cer- 
tain nombre  de  coups  de  cloche. 

CLOCHÉ ,  ÉE,  part,  terme  de  Jardinier.  Couvert , 
f^arni  d'une  cloche.  Tcjid  vitreà  inclufus  ,  opertus  , 
'teclus.  J'ai  deux  cens  pies  de  melon  cloches.  La 
Quint.  Prefquc  que  tous  mes  melons  font  c/oc/zcrj-. 

LlGER. 

(CLOCHER ,  v.  n.  boiter ,  incliner  plus  d'un  cote  que 
de  l'autre  en  marchant.  Claudicare.  Il  cloche  des 
deux  côtés ,  ou  d'un  côté  feulement,  du  piédroit, 

du  pic  gauche. 

On  dit  iîgurément ,  qu'une  chofe  cloche  ,  lorf- 
qu'elle  n'eli'  pas  jufle,  qu'il  y  a  quelque  chofe  à 
redire  ,  Deficcre.  Voilà  un  raifonnement  qui  clo- 
che ,  qui  n'eft  pas  en  forme.  Cette  comparaifon 
cloche,  fon  application  n'efl:  pas  jufte.  Il  y  a  quel- 
que chofe  qui  cloche  en  ce  procès ,  qui  n'eft  pas 
bien  juftifîé.  Toutes  les  comparaiibns  pri<és  de  la 
îiature ,  pour  expliquer  les  merveilles  de  la  Reli- 
gion, c/oc^e«r  toujours  &:  demeurent  imparfaites. 
PÉLiss.  Un  vers  cloche  ,  fJCT  quand  la  mefure  n'y  cft 
pas.  Clauiicat  hic  ver  fus  ,  hœc  fyllala  nutat.  On 
dit  généralement  qu'il  y  a  quelque  chofe  qui  clo- 
che dans  un  difcours ,  dans  une  aflùire  ,  dans  une 
comparaifon ,  6-c.  pour  dire  ,  qu'il  y  a  quelque 
chofe  de  défeétueux. 

'^fT  Dans  la  Poélie  latine  un  vers  cloche.,  quand  il 
manque  de  céfure  au  fécond  ou  au  troilième  pié  ou 
à  tous  les  deux  enfcmble. 

On  dit,  qu'il  ne  faut  pas  c/ocAer  devant  les  boi- 
teux ;  pour  dire ,  qu'il  ne  faut  pas  contrefaire  un 
autre,  ni  lui  reprocher  un  vice  naturel. 

jÇLOCHETON  ,  f.  m.  petit  clocher. 

//  n'efl  clochers  ni  clochetons 
Qui puiffent  faire  réjijtdnce, 

M.  DE  Valincour. 

.CLOCHETTE ,  f.  f.  petite  cloche  qu'on  peut  tenir 
&  Ibnner  à  la  main.  Tinnnnabulum.  Une  clochette 
de  cuivre,  d'argenr.  On  a  une  clochette  fur  fon  bu- 
reau, pour  appeler  fes  valets.  Dans  l'Eglife  Catho- 
lique ,  le  Viatique  que  l'on  porte  aux  malades  eft 
précédé  d'une  clochette  ,  pour  avertir  les  gens.  Zo- 
naras,  L.  Il,  dit  que  quand  un  Romain  tiiomphoit , 
au  chat  de  triomphe  croit   pendue  une  clochette 
avec  un  fouet ,  pour  faire  fouvenir  le  triomphant 
qu'il  pouvoir  arriver  qu'il  fiit  fuftigé  &  condamne 
à  moit:  tar  ceux  que  l'on  conduifoit  au  fupphce, 
portoient  une  clochette ,  pour  avertir  le  peuple  qu'il 
eût  à  fe  retirer,  &  ne  point  le  toucher,  de  crainte 
d'être  fouillé-,  &  cette  coutume  s'obferve  encore 
par  les  Turcs.  Favin  ,  HijL  de  Nav.  L.  Ji  ,/»•  5  54- 
■CLOcHETTEs,en  architedure ,  ce  font  de  petits  corps 
en  forme  de  cloche  ,  qu'on  me  tau  deflbus  de  la  cot- 
niche  dorique  au  droit  des  triglyphes.  Denticuli. 
Clochette  eft  auflî  une  petite  fleur  jaune  tirant  fur 


C  L  O  6a- 

1  ; 
le  blanc ,  que  Ton  appelle  autreiiient  campaïuiiei 
Voyei  Camx>anule. 

Les  Clochettes  que  quelques-uns  appellent  aufît 
Narciiïès  iauvages  ,  &  les  autres  Narciiïés  bâtards 
d'Elpagne  ,  diîfèrent  non-feulement  en  gtandeur  &C 
en  figure  ,  car  il  y  en  a  de  grandes ,  de  pcrites,  de 
limplcs  ,  de  doubles;  mais  encore  en  couleur ,  les 
unes  font  jaunes-claires  s  les  autres  d'un  jaune-lavé , 
&  quelques-unes  blanchâtres.  La  fîmple  Jette  fix 
feuilles ,  au  milieu  dcfquelles  forr  un  godet  qui  cft 
frefquc  de  la  longueur  d'un  demi-doigt ,  étroit  & 
rond  par  le  fond ,  qui  s'élargiliànt  à  l'ouverture  , 
fair  la  figure  d'une  trompette  ,  ou  d'une  cloche.  Là 
petit^..la  jaune  lavée  &  la  blanchâtre  ne  diffèrent 
de  la  précédente  5  que  par  la  grandeur  &  la  couleur* 
Il  y  en  a  quatre  clpèces  de  doubles ,  trois  grandes 
&c  une  perite.  La  première  fait  une  fleur  femblaljls 
au  Narcidé  rofat ,  bien  que  le  godet  de  celui-ci  fbit 
plus  rond  que  celui  de  l'autre.  Ccrte  Beur,  pour  l'a- 
bondance cle  fes  fleurs ,  eft  fort  fujette  à  fe  dépecer* 
La  féconde  efpèce  l'air  fbrtir  de  Ibn  godet  un  bou- 
quet de  feuilles  allez  touffu.  La  troifième  a  deux 
godets  l'un  dans  l'autre  j  ce  qui  la  rend  très-agréa- 
ble. La  petite  efpèce  double  ouvre  un  tour  ou  deux 
de  feuilles ,  au  milieu  defquelles  s'élève  un  godet! 
avec  d'autres  feuilles.  Les  clochettes  k  doivent  plan- 
ter au  fbleil  ,dans  un  terroir  comme  pour  les  po- 
tagers. Il  ne  leur  faut  que  quatre  doigts  de  profon- 
deur, 5c  la  moitié  d'un  empan  de  diftance  On  les 
lève  tous  les  trois  ans  pour  les  décharger  de  leurs 
cayeux.  Morin. 
CLOCMAN  ou  CLOKMAN.  Voye^  Clocheman, 

CLOCU.  f.  m.  Les  Payfans  d'Anjou  appellent  cloctl 
le  poulet  qui  cft  le  dernier  éclos  de  la  couvée  ■■, 
l'oeuf  dont  il  cft  éclos  ,  fcrniant  le  cul  de  la  poule* 
A  Paris ,  on  l'appelle  par  corruption  du  mot  de 
cillas  ,  le  culot ,  comme  on  y  appelle  aufu  le  dernier 
enfant  d'une  femme.  En  Bade  Normandie  ,  on  ap- 
pelle ce  dernier  enfant  d'un  femme,  Tinchic ,  c'eft-" 
à-dire  ,  tireporte.  Hec  ,  parmi  les  Bas  Normands  ^ 
lignifiant  une  porte  coudée.  Au  lieu  de  clocu  dit 
pour  clocul,  nos  anciens  difoient  Qulocu.Au  Maine 
on  dit  Eclocu  pour  clocu.  Mén.  Dicl.  Etym.  Tout 
cela  eft  populaire  &  bas. 
fCr  CLODION  ,  f.  m.  nom  propre  d'homme.  Clo- 
dion  ,  Roi  des  Francs,fuccéda  à  Pharamond  en  42, 3i 
f3"  CLODONES,  f.  f.  pi.  terme  de  Mythologie* 
Sorte  de  Bacchantes  de  iVIacédoine  qui  paroiffoient 
dans  les  Orgyes  Se  les  autres  fêtes  de  Bacchus. 
CLŒLIA.  FoyeiCtoviiA. 

CLOFICHER ,  v.  a.  vieux'  mot  qui  veut  dire  clouer. 
Clavesji^ere,  Il  eft  compofé  de  clou  &C  de  ficher  ; 
ficher  un  clou. 
CLOFYE ,  f.  m.  oifeau  d'Afrique  qui  eft  noir  ,  &  de 
la  grofléur  d'un  étourneau.  LeS  Nègtes  s'imaginent 
que  par  fbn  chant,  il  prédit  les  bons  &  les  mauvais 
événemens.  Quand  ils  menacent  quelqu'un  d'une 
mort  funefte  ,  ils  lui  difent  que  le  clofye  a  chanté 
fur  lui. 
Ip"  CLOGER,  ville    d'Irlande,  dans   la   province 
d'Ulfter ,  au  comté  deTyrcme.  Elle  eft  cpifcopale. 
Cloccria. 
|Cr  CLOIS  ,  ville  de  France  dans  la  Beauc  e ,  Dio* 

cèfe  de  Blois ,  à  deux  lieues  de  Châteaudun. 
CLOISON  j  f.  f.  fcparation  de  chambres,  faite  avec 
des  ais  ou  de  quelques  pièces  de  charpente  liées 
de  maçonnerie.  Scpimentutn  ,  claujura.  Les  cham- 
bres qui  font  fermées  de  cloijons  fonr  exricmemcnt 
froides.  On  appelle  cloij'on  fimple;  celle  qui  eft  à 
bois  apparent  ^ourdée  &  enduite  d'après  les  po- 
teaux.  Cloij'on   recouverte  ,  celle   qui   eft  latce   &: 
contrelatée    &:  enduite  de  plâtre,  ou  laml  i;jrce. 
Cloihn  creufie,  czWc  qui  cft  fans  hourdi  entre  les 
poteaux  ,  ^  qui  eft  couverte  d'un  lambris  de  plâtre, 
pour  empêcher  le   bruit  &  la  charge ,  lorfqu'dle 
porte  à  faux.  Cloij'on  d'ais ,  celle  oui  cft  faite  avec 
des  ais  ,  ou  lambriffce  des  deux  côtés ,  pour  ména- 
<fer  la  place  &  la  charge.  Cloifon  de  rnenuijcric  , 


^4^ 


C  L  O 


celle  qui  eft  faite  de  planches  à  rainures  5i  languet- 
tes polccs  en  couliHc  ,  tk:  dont  on  Te  i'ert  pour  raire 
des  retiancliemens  dans  une  grande  pièce.  Il  fc  fait 
auHi  des  cloijons  d\iJJ^-iiihhii^€.  Cloifon  à  jour  ell: 
celle  qui  depuis  une  certaine  liauteur  efl:  faite  de 
barreaux  de  bois  carres  ou  tournés.  On  appelle 
audi  cloifon  de  ferrure  ,  une  bocte  mince  qui  enfer- 
me la  i^arniture  d'une  ferrure. 

Cloison,  en  termes  de  Médecine  &  d'Anatomie  , 
eft  une  f  cparation  dans  les  cavités  du  corps  humain  -, 
une  membrane  qui  f  cparc  une  cavité  du  corps  en 
deux  parties.  Nicolas  Maffa  ,  Vénitien  ,  qui  vivoit 
vers  l'an  1550  ,  a  décrit  fort  exaClement  la  c/oij'on  , 
qui  Icparc  le  Icrotum  en  deux  cavités  rd^^u verte 
dont  quelques-uns  de  nos  Modernes  le  font  faits 
honneur  mal  à-propos. 

Cloison  ,  terme  de  Botanique.  Les  Botaniftes  fe 
fervent  de  ce  teime  pour  exprimer  les  membranes 
qui  divifent  l'intétieur  des  fruits,  &  forment  des 
loges  ou  cellules.  Sepmm  ,  dijepimcntum.  [jTJ"  En 
différentes  occafions ,  on  donne  le  nom  de  cloifon 
à  différentes  parties ,  qui  font  l'office  de  mur  mi- 
toyen entie  deux  autres. 

Cloison  A' Angers i  nom  ci'un  certain  fubiîde  ,  qui  fe 
paie  en  Anjou  par  les  Marchands  fréquentans  la 
rivière  de  Loire.  Il  fut  impofé  par  Louis  II ,  Duc 
d'Anjou,  fous  prétexte  qu'il  avoit  befoin  d'argent 
pour  faiix-  la  cloifcn  des  villes  d'Angers  &;  de  Sau- 
mur.  Le  nom  de  ce  droit  s'écrit  aulli  clouaifon. 

CLOISONNAGE  ou  CLOISONAGE ,  f.  m.  nom 
coUeélif  qui  exprime  toutes  les  cloifons  d'une  mai- 
fon.  Le  chifonnage  de  cette  maifon  a  tant  coûté. 
Il  peut  fc  prendre  auffi,&;  peut-être  mieux  ,  pour 
l'action  ,  le  travail  de  mettre  une  cloifon.  La  roiié 
de  cloifonnage  vaut  tant. 

Ces  mots^  viennent  du  verbe  claudere  ,  fermer. 

CLOISONNE,  EE ,  adj.  terme  de  Conchyliologie. 
C'eft  la  fcparaâon  que  l'on  remarque  dans  l'inté- 
rieur de  quelques  coquillages  ,  comme  dans  les 
Nautilles;  c'efi  la  même  chofe  que  chambré. 

CLOÎTRE,  f.  m.  Habitation  fermée  de  murailles  où 
logent  des  Chanoines  ou  des  Religieux.  Claujirum 
Ciziiobii,  Les  Cloîtres  des  Chanoines  font  compo- 
fés  des  mailbns  où  logent  les  Chanoines.  C'eft  par 
un  abus  que  les  féculiers  &  les  femmes  logent  dans 
les  Cloîtres  des  Chanoines  ,  comme  à  Paris  dans  les 
Cloîtres  de  Notre-Dame,  de  S.  Honoré,  &c. 
Ce  mot  vient  du  latin  claujîrum.  NicoD. 

Cloître  fc  dit  plus  particulièrement  des  monaftères 
des  Religieux  ,  des  Religieufes ,  Se  quelquefois  il 
fe  prend  pour  la  vie  monaftique.  Les  gens  qui  ont 
renoncé  au  monde,  fe  retirent  dans  un  Cloître. 
On  a  condamné  cette  femme  à  être  miiie  dans  un 
Cloître  ,  pour  y  faire  pénitence.  Les  pères  regardent 
d'ordinaire  les  Cloîtres  comme  une  décharge  de  ce 
qui  les  incommode  dans  leur  famille,  &  offrent  à 
Dieu  ceux  de  leuîs  enfans  qui  leur  dcplaifent.  S'il 
y  a  du  danger  à  jeter  dans  le  Cloître  des  âmes  rem- 
plies de  l'amour  du  monde  ,  il  n'y  en  a  pas  moins  à 
retenir  dans  le  lièclc  des  âmes  fragiles ,  qui  fe  pour- 
ront Ifiné^ifiet  dans  la  retraite.  Combien  de  gens 
s'enferment  dans  un  Cloître  ,  pour  y  facrifier  à  Dieu 
les  rcftes  languilfans  d'une  vie  dont  ils  ne  peuvent 
plusjouir  :  Jl  y  a  long  temps  que  l'on  prend  ainfi 
le  mot  de  Cloître  pour  tout  la  monaftère.  /^oy^^ 
Pierre  de  Blois ,  dans  l'article  fuivant. 

Cloître  fe  dit  encore  plus  particulièrement  de  la 
principale  partie  des  lieux  réguliers  qui  cft  un 
carré  de  bâtiment  compris  en  quatre  galeries ,  le- 
quel eft  placé  d'ordinaire  entre  l'Egiifc  ,  le  Chapi- 
tre &:  le  Réfectoire  ,  &  au  delfus  duquel  clt  le 
dortoir.  Peujlylium.  Les  Proceffions  des  Religieux 
fe  font  autour  de  leurs  Cloîtres.  Les  Cloîtres  fcr- 
voient  à  plufteurs  ufages  anciennement  dans  les 
monaftères,  i''.  C'étoit  là  où  les  Moines  faifoicnc 
leurs  leétures,  comme  il  paroît  par  l'Epitome  de 
l'Empeteur  Louis ,  fur  la  Règle  de  S.  Benoît ,  la 
Concorde  de  S.  Dunftan ,  c.  5  ,  les  aCles  de  S.  Vol- 
gang,  c,  7,  C'étojt  du  côté  qui  touchoit  l'Eghfe , 


C  LO 

que  l'on  faifoit  la  le  dure  morale,  c'eft-à-dire ,  au 
nord.  1'^.  Du  coté  de  l'occident ,  fe  tenoit  la  clafle. 
3°.  A  l'orient  croit  le  Chapitre.  4°.  Dans  l'Eglife  , 
lé  failbit  la  méditation  Ipirituelle.  C'eft  Pierre  de 
Biois  qui  fait  cette  diftinction  dans  fon  fermon  15. 
Du  Cange  en  conclut  que  tous  ces  difïcrens  exerci- 
ces fc  taifoient  dans  le   Cloître  même  ;  mais  il  fc 
trompe.   L'Eglife  ,  le  Chapitre  ,  l'Hcolc    n'ctoient 
point  des  parties  du  Cloître  même  j  mais  des  bà- 
timens  qui    donnoient  fur  le  Cloître ,  attenant  au 
Cloître.  11  eft  vrai  que  Pierre  de  Blois  dit  que  ces 
quarre  exercices  fe   faifoicnt   dans  les  Cloîtres  des 
Couvens  -,  mais  par  Cloître  ,  il  entend  tout  le  Mo- 
naftère, ou  pour  le  moins  les  quatre  corps  de  bà- 
timens  attenans  aux  Cloîtres ,  comme  il  s'en  expli- 
que lui-même  dans  ion  fermon  36^,  où  il  dit  que 
tout   le   Monaftère,  la  commune   habitation   des 
moines ,  s'appelle  Cloître ,  parce  qu'elle  eft  enfer- 
mée de  quarre  corps  de  logis.  Ce  que  nous  venons 
de  rapporter  de  Pierre  de  Blois ,  bc  ce  que  dir  Adam 
de  Brème  ,  c.  103  ,  montre  que  la  for»e  des  Cloîtres 
étoit  carrée.  Lefranc  marque ,  dans  la  3*^  fecl.  defes 
Confîittitions ,  que  c'étoit  au  Cloître  que  les  moines 
s'entretenoient  à  certaines  heures  du  jour. 

On  dit,  en  Atchitcéture  ,  qu'une  maifon  eft  bâtie 
en  cloître,  quand  il  y  a  des  bâtimensfur  les  quatre 
côtés  de  la  cour. 

IJCT  Cloître  ,  architedurc  des  jardins ,  forte  de  bof- 
quct  qui  eft  formé  par  un  enclos  de  paliffades, 
au  dedans  duquel  font  une  ou  deux  rangées  d'ar- 
bres de  haute  tige  ,  qui  forment  comme  les  porti- 
ques d'un  Cloître  religieux.  Quelquefois  on  joint 
les  tiges  des  arbres  par  des  charmilles  en  banquette, 
qu'on  tond  à  trois  ou  quatre  pieds  de  hauteur.  Duh. 

Cloître.  On  nomme  ainli  le  comptoir  ou  magazin 
que  quelques  villes  d'Allemagne  ont  dans  la  ville 
de  Berg  ,  un  des  Porrs  les  plus  confidérables  de  l'Eu- 
rope ,  &  le  plus  beau  de  la  Norvège.  C'étoit  autre- 
fois le  Palais  cpifcoj>al  &:  la  demeure  des  Cha- 
noines. 

CLOITPvER  ,  V.  a.  enfermer  dans  un  Cloître.  Intra 
Cccnobiî  clanjlra  alîqiiem  claudere.  On  a  cloîtré 
cette  femme  par  ordre  de  Jufticc.  Cette  fille  s'eft 
cloîtrée  par  pure  dévotion  &  malgré  fes  parcns. 

03°  CLOÎTRÉ  ,  ÉE.  part.  Qui  eft  enfermé  dans  un 
Cloître. 

ffT  II  fgnifie  aufiî ,  réduit  à  garder  la  clôture-,  &  en 
ce  fens  ,  il  ne  le  dit  que  des  Religieufes.  Depuis  le 
Concile  de  Trente,  il  n'y  a  prefque  plus  de  Reli- 
gieufes qui  ne  foient  cloîtrées.  Acad.  Fr. 

CLOÎTRIER ,  f  m.  Religieux  qui  habite  efFecfive- 
ment  dans  le  Cloître  ,  à  la  diftinélion  de  ceux'qui 
font  dans  la  maifon  en  qualité  d'hôtes ,  ou  qui 
font  réputés  du  df hors,  parce  qu'ils  font  pourvus 
de  bénéfices  dépcndans  de  la  maifon.  Monacku^ 
Cœnohii  Clauflris  addîtus. 

^fT  Cloîtrier  fe  dit  auiîî  des  Religieux  qui  gar- 
dent le  Cloître  par  oppolîtion  à  ceux  qui  ibrtent 
fréquemmenr.  Ces  derniers  appellent  par  mépris 
leurs  confrères ,  de  bons  Cloitriers. 

Ip-  CLOÎTRIERE.  f.  f.  GreHer ,  dans  fon  Fertverr', 
a  employé  ce  mot  en  badinant ,  pour  Religieufe, 

Je  crois  que  la  remarque  habile 
Dé  la  Cloîtrière  Sîhile, 
N'en  déplaife  à  fa  charité  y 
Sera  de  peu  d'utilité. 

ir?  CLONEY  ou  CLON.  Cloua.  Ville  d'Irlande , 
dans  la  province  de  Munfter ,  au  comré  de  Corck, 

ItT  CLONFERT  ou  CLONEFART  ,  ville  d'Irlan- 
de, dans  la  province  de  Connaught ,  au  comté  de 
Gallway  ,  avec  un  évêché  fuffrasant  de  Toam. 

03"  CLONMELL.  Clonmellîum.  Ville  d'Irlande  , 
dans  la  province  de  Munfter ,  fur  la  rivière  de 
Shure,  capital  du  comté  de  Tipperary. 

CLOP.  f.  &  adj.  Vieux  mot ,  qui  fignifie ,  boiteux. 
Claudus.  Le  peuple  dit  encore  dopper  ,  pour 
boiter. 


G  L  Ô 

^  CLOPEUR  ,  f.  m.  forte  de  battoir  à  l'ufage  des 
raffineries  de  fucre. 

CLOPIN  -  CLOPANT ,  cxpreflion  adverbiale,  d\i- 
iaj^e  dans  le  ftylc  familier  ;  pour  fignifier  ,  en  clo- 
pinant. 

Mes  gens  s'en  vont  à  trois  pies  -, 

Clopin-clopant  comme  ils  peuvent 

'Vun  contre  l'autre  jetés. 

Au  moindre  hoquet  qu'ils  treuvent.hK  Font. 

CLOPINER  ,  V.  n.  marcher  avec  difficulté  ,  comme  fi 
on  ctoit  boiteux.  Claudicare.  Depuis  fa  chûre  j  il 
clopine,  il  va  en  clopinant.  Il  n'eft  que  du  flyle  fa- 
milier. 

fer  CLOPORTE  .  mieux  que  CLAUPORTE.  Plu- 
fîeurs  auteurs  ont  fait  ce  mot  du  genre  féminin  : 
aujourd'hui  il  cil  mafculin.  Efpèce  d'inlédfe  qui 
s'engendre  fous  les  pierres  ,  dans  les  murailles , 
dans  les  caves.  Le  cloporte  a  le  corps  de  figure  ova- 
le ,  couvert  d'une  peau  ccailleufe,  divilee  en  huit 
anneaux  ,  la  tête  arrondie  ,  armée  de  deux  tomes 
ou  antennes  1  la  qlieue  doublement  fourchue,  il  a 
une  grande  quantité  de  pies  de  chaque  côté.  Quand 
on  le  touche  ,  il  replie  fon  corps  tête  contre  queue , 
&  forme  la  boule.  Les  cloportes  font  très-bons  dans 
la  colique  néphrétique  ,  dans  le  calcul ,  dans  la  dif- 
ficulté d'uriner,  dans  la  jauniffe,  dans  les  obftruc- 
tions ,  &  dans  plufieurs  autres  maladies.  En  latin  , 
blatta  ,  fcolopendra  ,  centipes  ,  multipeda ,  afellus. 
On  les  appelle  aufli  cutiones ,  &  chez  les  Grecs , 

Ce  mot  vient  par  corruption  de  claufporqties , 
parce  que  ces  animaux  ,  chez  les  anciens  &  chez 
les  modernes ,  ont  palle  pOur  tenir  du  pourceau. 
On  les  appelle  en  Champagne  porcelets  ,  en  Italie 
forceletti.  On  les  appelle  auffi  en  plufieurs  lieux , 
porcelets  de  S.  Antoine  ;  en  Dauphiné  &  dans  le 
Lyonnois  ,  on  les  appelle  kaion  ,  c'eft-à-dire,  co- 
dions. Il  y  a  d'autres  provinces  où  on  les  appelle 
truies;  &c  ailleurs  de  noms  approchans.  Mén.  Il 
y  a  des  cloportes  de  mer  qui  le  Trouvent  dans  l'eau 
îalce  ,  qu'on  appelle  en  latin  afellus  marinus  ,  ou 
fcofula  ,  qui ,  au  rapport  des  Pêcheurs  ,  s'infinuant 
dans  les  mâchoires  des  perches ,  les  font  mourir. 

tLOPOTEUX  ,  EUSE  ,  adj.  ternie  de  Marine ,  qui 
fe  dit  d'une  mer  fort  agitée.  Injiatus ,  tumidus  , 
agitatus  ,  tumultuofus ,  a ,  um.  La  mer  devint  fi 
clopoteufe ,  que  nous  loulions  étonnamment ,  les 
mâts  craquoient  &  faifoient  un  bruit  à  étonner  le 
plus  afifaré.  II  y  avoir  des  roulis  fi  violcns ,  que  le 
navire  faifoit  avec  fa  quille  Un  angle  de  45  dégrés 
au  moins  ,  &  nous  prenions  de  l'eau  par  deifus  les 
bords ,  &  en  quantité.  Lettre  écrite  de  Guayaquil. 
Je  ne  fçais  Ç\  ce  mot  fe  trouve  ailleurs. 

|CF  CLOQUE ,  f  f.  fe  dit  chez  les  Ciriers  lorfque 
le  ruban  de  cire  fe  noue,  pour  ainfi  dire  ,  &  le  re- 
croqueville. 

^  Cloque  fe  dit  aufll  en  jardinage ,  d'une  maladie 
qui  affeéle  les  feuilles  des  arbres ,  du  pêcher  prin- 
cipalement. La  cloque ,  fi  fréquente  dans  nos  cli- 
mats ,  eft  l'effet  d'un  vent  qui  fait  d'abord  recro- 
queviller les  feuilles.  Elles  s'épaiflllTent  enfuite  ,  & 
fi  on  ne  les  arrache  promptement,  le  mal  fe  com- 
munique bientôt  aux  branches,  Traùe  de  la  Cuit,  des 
Pêchers. 

CLORRE ,  V.  a.  fermer ,  boucher  quelque  chofe. 
Claudere.  Clorre  une  porte  ,  une  boîte  ,  un  pafTage , 
une  avenue.  Clorre  les  yeux  d'un  homme  mort ,  les 
lui  fermer;  Au  figuré  ,  clorre  l'œil ,  c'efl;  dormir.  Je 
n'ai  pas  pu  clorre  l'œil  de  la  nuir. 

Clorre  eft  quelquefois  un  verbe  neutre  \  cette  porte 
ne  clôt  pas  bien  :  cette  chambre  eft  froide ,  parce 
que  la  porte  ne  clôt  pas  tout-à-fait, 

Clorre  fignifie  auffi ,  faire  une  enceinte  qui  enferme 
un  efpace.  Clorre  une  ville  de  murs  &  de  baftions. 
Clorre  un  parc  ,  un  jardin  de  haies ,  de  foffés.  Se- 
pire  i  circumdare.  ffT  Ce  verbe,  quant  aux  temps 
fimples ,  n'eft  guère  ufité  qu'au  ptcfent  de  i'indica- 


G  LÔ 


47 


rif,  au  fingulicr,  aux  futurs  de  l'indicatif  &  du  fub- 
jondtif. 
Clorre  eft  un  terme  de  Vannier ,  qui  fignifie  remplir 
d'ofier  l'efpace  qu'il  y  a  depuis  le  fond  jufqu'au  bord 
de  l'ouvrage.  Clorre  une  corbeille ,  un  van ,  une 
hotte,  &c. 
Clorre  fe  dit  aufli  figurément.  Perficere  ,  concludc- 
re  y  abfolvere,  terniinare.  Clorre  une  aifaire,  c'cft  la 
conclure,  la  terminer.  Clorre  une  allémblee ,  c'cft 
la  rompre,  la  licenrier ,  la  finir.  Clorre  un  compte , 
c'cft  l'arrêter ,  voir  combien  il  y  a  d'excès ,  ou  de 
rcfte  en  la  recette  où  dépenfe.  Clorre  un  inventaire, 
t'eft  y  mettre  le  dernier  article  ,  qui  eft  lapreftation 
du  lermcnt  qu'on  fait  faire  aux  parties  &  à  leurs 
domeftiques ,  qu'ils  n'ont  recelé  ,  ni  vu  receler  ou 
divertir  aucuns  meubles  ou  effets  de  la  maifon.  Mais 
on  ne  dit  point ,  comme  a  fait  Larrey ,  le  volume 
par  lequel  je  fouhaite  de  Clorre  l'hiftoiie  d'Angle- 
terre ,  il  faur  dire ,  finir  ou  terminer. 
gC?  Corneille  a  dit  dans  le  même  fens  ,  dans  Nico- 
mede  , 

Par  mes  derniers  foupirs  clorra  ma  dejlinée. 

Cette  expreflîon  n'eft  certainement  point  d'ufage 
dans  le  ftyle  tragique.  Je  ne  voudrois  pas  même 
qu'on  l'employât  dans  le. difcours  ordinaire.  Laif^ 
fons-la  aux  gens  de  Palais  :  clorre  un  compte ,  un 
inventaire. 

On  dit  auffi ,  clorre  la  bouche  à  quelqu'un  ;  pour 
dire ,  l'empêcher  de  parler ,  ou  le  réduire  à  ne  pou- 
voir répliquer,  Occludere  os. 
Clorre  le  pas  ,  fe  difoit  aulïî  autrefois  dans  les  jou- 
tes &c  tournois  de  certaine  cérémonie  qu'on  faifoit 
en  les  terminant.  C/iZ//^ere.  Cotiime  ouvrir  le  pas  t 
c'étoit  les  commencer. 

CLOS  ,  OSE  ,  part.  &  ad),  fermé.  Claufus.  Ce  Jardin 
eft  bien  clos  :  Cette  chambre  eft  bien  clofe.  Ville 
clofe. 

On  appelle  au  Palais  une  audience  à  huis  clos  ', 
les  audiences  qu'on  donne  à  portes  fermées ,  pac 
ménagement  pour  les  parties.  En  ces  audiences  ^ 
les  Juges  font  aux  bas  fièges ,  comme  quand  on  rap- 
porte les  procès. 

Clos.  Terme  dont  on  fe  fert  dans  les  Manufactures 
de  lainage ,  pour  exprimer  une  étoffe  bien  ferrée. 

Clos  enmefure  décomptes.  On  dit ,  qu'un  compte  , 
ou  qu'un  iifventaire  eft  clos  ;  pour  dire ,  qu'il  eft 
arrêté. 

Champ  clos  ,  étoit  un  champ  fermé  de  barrières  * 
où  les  anciens  Chevaliers  combattoient,  |Kr  où 
deux  ou  plufieurs  perfonnes  terminoient  leurs  dif- 
férens  par  la  voie  des  armes ,  avec  la  permiffion 
du  Souverain.  Campus  feptus.  En  champ  clos. 
Le  Roi  Jean  offrit  à  Edouard  ,  Roi  d'Angleterre, 
le  combat  en  Champ  clos.  Choisi. 

Pâque  clos  ,  eft  le  Dimanche  de  Quajimodo ,  au- 
quel jour  fe  terminent  les  cérémonies  de  Pâque , 
&  le  temps  de  la  Communion  Pafchàle.  Fejiorum 
Pafchalium  finis ,  claufula. 

Lettré  close.  Secret  d'une  affaire,  dans  lequel  on 
ne  peut  pénétrer,  Res  occulta ,  arcana  ,  impervia. 
J'ai  bien  découvert  qu'ils  tramoient  quelque  def- 
fein  ,  mais  de  favoir  ce  qu'ils  ont  réfolu,  c'cft  pour 
moi  lettre  clofe. 

On  dit  auffi  bouche  clofe ,  à  celui  à  qui  on  re- 
commande le  fecret  de  quelque  affaire  qu'on  lui 
confie,  Silentium  imper  are, prcecipere ,  commendare. 

gC?  On  dit  qu'un  homme  a  les  yeux  clos;  pour 
dire,  qu'il  eft  mort,  A  peine  eut-il  les  yeux  clos,  que 
tous  les  héritiers  fe  préfentèrent  pour  s'emparer  de 
la  fucceffion. 

On  dit  qu'un  homme  doit  être  tenu  clos  &:  cou- 
vert dans  une  maifon  qu'il  loue  ;  pour  dire  ,  que 
le  propriétaire  eft  obligé  d'entretenir  en  bon  érat 
la  clôture  &:  la  couverture  de  la  maifon.  Sarta  tecla. 
Au  fio-uré,  on  dit  qu'un  homme  fe  tient  clos 
èc  couvert  ;  pour  dire  ,  qu'il  ne   fort   point ,   o\x 


o 


648  C  L  o 

qu'il eft  en  quelque  lieu  fûv,  lorfqu'on  le  cherche 
pour  le  prendre.  In  ttito  ejfe. 

On  dit  encore  ,  qu'un  homme  demeure  clos 
&  couvert;  pour  dire,  qu'il  eft  retire,  qu'il  ne 
veut  point  le  mêler  des  alîaircs  d'autrui ,  m  des 
affaires  publiques,  mais  qu'il  vit  en  repos  dans  ia 
famille.  Froculàrcrum  tumultu pojitus. 

On  le  dit  aufli  de  celui  qui  eft  dilcret ,  dilTimu- 
lé ,  qui  ne  découvre  point  les  penlccs.  Conjulera- 
tus  &  circumfpecius ,  prudens.  On  a  tait  piufieurs 
queftions  ,  pludeurs  propolitions  à  cet  Ambailadeuri 
mais  il  eft  toujours  demeuré  clos  &  couvert. 

On  dit  figurément  à  yeux  clos-,  pour  dire  ,  aveu- 
glément ,  fans  examiner  une  aiîaire.  Temerï  ,  in- 
confiieraù  \  ou  ii  ce  n'eft  qu'un  eftet  de  la  confian- 
ce que  l'on  a  en  quelqu'un  ,  confidenter  ,  inconji- 
dcratè,    temere.  Il   a  tant  de    confiance     en    cet 
homme-là,  qu'il  fignifie  àyeux  clos  tout  ce  qu'il 
lui  prcfente. 
Ip-  CLOS.f,  m.  efpace    de  terre  cultivé,  &   ferme 
de  murailles ,  de  haies  ,  de  foHcs.  ùc,  Stptum.  Un 
clos  d'arbres  fruitiers  de    io  ou  30  arpcns.  Il  a 
des  vignes  enfermées  dans  Ton  clos.  Voyei  Enclos. 
Il  prend  le  nom  de  parc  ,  quand  il  a  une  certaine 
étendue. 
IJC?  Il  vient  de  claufum. 

CL  OSE  AU  ,  f.  m.  petit  jardin  de  payfanquiéft  clos 
de  haies ,  ou    de   fagotage.    Septum.    Les    Cures 
prétendent  les  dîmes"  vertes  des  clos  &  clofeaux. 
Les  payfans  difent  clofes  en  Normandie. 
CLOSERIE ,  f.  f  c'eft  la  même  choie  que  claufeaux. 
En  quelques  lieux  on  la  prend  pour  une  petite  mé- 
tairie. Villa  ,   villula ,  ager ,  agellus. 
fcr  CLOSERIE ,  chez    les  Vanniers,  fignifie  cette 
efpece  d'ouvrages  qu'ils  font  fur  des  lattes  ou  cer- 
ceaux ,  en  remplifiant  d'ofier  tout   l'elpace  qu'il  y 
a  depuis  le   fond ,  jufqu'au    bord  d'une  pièce  de 
vannerie  ,  tels  que  des  vans,  des  hottes  ,6*^. 
^  CI.OSET  ,  f.  m.  terme  de  pêche  de  mer.  C'eft 
une  efpèce  de  parc,  mais  plus  petit  que  le  haut  parc. 
Voye^  Parc 
CLOSIER.  f.  m.  Autrefois  ce  mot  étoit  en  ufage  ;  il 
fignifie  Garde.  Cuftos,  quiclaudit  ,qm  a  les  clés. 
^  CLOSIER  fignifie   aufTi  celui  qui  cultive    une 
Cloferie,  qui  eft  fermier  d'une  cloferie  ou  petite 
métairie,  dans  les  endroits  où   une  petite    ferme 
porte  ce  nom.  Villicus. 
CLOSSEMENT.  f  m.  Le  cri  naturelKde  la   poule. 

PoMEY.  Glocientis  ?,allinœ  gerriitus ,  glocitatio, 
CLOSSER.  V.  n.  Crier  comme  les  poules.  Glocire. 

POMEY. 

CLOSTERNEUBOURG.  Lieu  à  huit  lieues  de  Vien- 
ne en  Allemagne.  Les  Chanoines  Réguliers  de 
Clojlerneuhourg  furent  fondés  environ  l'an  11 40, 
par 'Léopold ,  Marquis  d'Autriche.  Ils  ont  un  ha- 
bit particulier.  Foyei  le  P.  DuMouHnet,  des  ha- 
bilkmens  des  Chan.  Rég.  &  VHiJi,  des  Ord.  Mon. 
&  Rel.  P.  Il ,  c.  60. 

CLOSTRAL.  Foyei  Claustral, 

gcr  CLOT  AIRE,  nom  de  deux  Rois  de  France. 
Clotaire  I,  fils  de  Clovis ,  partagea  le  Royaume 
avec  fes  trois  frères  ,  Thierry ,  Clodomir  «c  Chil- 
debert ,  &  le  réunit  enfuite  fous  la  puiffance.  Clo- 
taire II ,  fils  de  Chilperic ,  Roi  de  Soiflbns ,  fuc- 
ceda  à  Ion  père ,  &  réunit  fous  fa  puilfance  tout 
l'empire  des  François. 

CLOTHO ,  f.  f  terme  de  Mythologie ,  une  des  trois 
Parques.  C/orAo.  Ce  mot  eft  grec,  &:  vient  de  >iJ9f'«, 
fier  ;  parce  que  les  Poètes  feignent  que  c'eft  Clo- 
tho  qui  tient  la  quenouille ,  &  qui  file  la  vie  des 
hommes.  On  écrit  aulfi  Cloto ,  mais  il  n'eft  pas 
bien. 

Que  vos  jours  par  Clotho  filés  d'or  &  de  foie., 
Au  milieu  des  plaifîrs  coulent  toujours  en  joie, 

Pavill. 

La  Fontaine  a  dit  Cloton  dans  une    pièce  à  M. 
de  Turenne. 


C  LO 

Hél  quoi  ^Seigneurs  ,  toujours  nouveaux  combats  ï 
Toujours  dangers  !  Fous  ne  c  roye^  donc  pas 
Pouvoir  mourir  ?  Tout  meurt ,  tout  hcros  paffe-. 
Cloton  ne  peut  vous  faire  d'autre  grâce  ^ 
Que  défiler  vos  jours  plus  lentement: 
Mais  Cloton  vd  toujours  éiourdiment  ; 
Songei^y  bien,  &c. 

NoUV.   CH.   DE  VERS  ,    T,   Il ,p,  8; 

CLOTILDE  ,  f  f  nom  de  femme.  Chlotildis  ou 
Chrodechildis.  Sainte  Clotilde  ,  à  qui  la  France  doit 
une  partie  de  fon  Chriftianifme  ,  étoit  fille  de 
Chilperic ,  frère  de  Gondcbaud  ,  Roi  des  Bourgui- 
gnons. Au  milieu  d'une  Cour  Arienne  elle  eut  le 
bonheur  d'être  élevée  dans  la  croyance  Catholi- 
que. Elle  cpoula  Clovis,  &  fut  le  principal  inl- 
trument  dont  Dieu  fe  fervit  pour  convertir  ce 
Prince.  Foye:^  le  P.  Daniel  dans  Clovis ,  &  nos 
autres  Hiftoriens. 

CLOTOIR ,  f.  m.  outil  de  Vannier ,  dont  il  fe  fert 
pour  faire  des  vannettes. 

CLOTURE,  f.  f  Ce  qui  fert  à  femaer  un  efpace 
de  terre ,  muraille ,  haie ,  folfés ,  paliflades.  Spi- 
mentum.  Cette  rivière  fert  d'un  côte  de  clôture  à 
mon  jardin.  Les  murs  de  clôture  d'un  parc ,  d'un 
jardin.  On  appelle  aulfi  murs  de  clôture ,  ceux  qui 
fervent  de  féparation  entre  deux  héritages. 
Ce  mot  vient  du  Latin  claufum. 

Clôture  fe  dit  particulièrement  en  matière  de  Mo- 
naftères  de  filles  §3"  par  rapport  au  vœu  que  les 
Religieufes  font  d'obferver  h  clôture  perpétuelle, 
c'eft-à-dire  de  ne  point  fortit  du  Monaftèrc ,  &C 
par  rapport  aux  murs ,  grilles  ,  portes  qu'il  n'eft 
pas  permis  aux  Religieufes  de  palier,  &  dans  l'in- 
térieur defquels  les  Etrangers  ne  peuvent  entrer 
fans  permilfion  du  Supérieur  Eccléfiaftiquei  Fir- 
ginumfacrarum  Clauftra.  Les  Religieufes  gardent 
fort  févèrement  la  clôture;  elles  font  vœu  de  clô- 
ture perpétuelle.  On  va  vifitet  les  Couvens  pour 
voir  les  murs ,  les  grilles  ,  les  parloirs  ,  pour  voir- 
s'il  ne  manque  rien  à  leur  clôture. 

Clôture  de  chœur,  c'eft  dans  une  Eglife  une  fer-' 
mcture  à  jour  qui  fépare  le  chœur  d'avec  la  nef. 
Claujlrum.  Il  y  en  a  de  menuiferie  avec  fculptu-^ 
re  :  il  y  en  a  de  fer  avec  orncmens. 

Clôture  fe  dit  aulîî  en  termes  de  Pratique.  Claufu- 
la,  La  clôture  à'\xr\  compte,  c'eft  le  calcul,  l'arrê- 
té ,  l'état  final.  Clôture  d'un  inventaire  ,  par  la- 
quelle on  déclare  que  tous  les  meubles  y  font 
compris,  qu'il  n'y  en  a  point  eu  de  détournés^ 
La  clôture  d'une  aflemblée ,  c'eft  la  dernière  féan- 
ce  d'une  aflemblée. 

Clôture  ,  ou  Cloferie ,  f  f.  terme  de  Vanniers.  II 
fe  dit  de  cette  partie  du  métier  des  Vanniers,  qui 
n'a  pour  objet  que  la  fabrique  des  hottes  à  vin  , 
&  des  vans  à  vanner  les  blés  &  les  autres  grains. 

CLOTURIER.  f  m.  Vannier  qui  ne  fait  que  delà 
befogne  battue^  Claufirarius  artifex.  Ce  mot  eft 
en  ufage  feulement  parmi  les  Vanniers ,  &  vient  de 
clorre:  parce  qu'ils  difçnzclorre  une  corbeille;  pour 
dire ,  ferrer  l'ofier  avec  le  fer  à  clorre. 
'  '  CLOU ,  f  m.  petit  morceau  de  métal  qui  eft  pointu* 
qui  lérr  à  attacher,-  à  fufpendre  ,  ou  à  orner  quel- 
que choie.  Clavus.  Il  y  a  piufieurs  fortes  de  clous. 
Clou  à  tète ,  eft  celui  qui  fert  à  attacher ,  à  tenir 
ferme  quelque  chofe.  Clavus  capitatus.  Clou  à  cro* 
chet,  celui  qui  fert  à  la  fufpendre,  comme  une 
tapifferie ,  une  crémaillère.  Clavus  uncinatus ,  ka- 
matus.  Clou  de  double  cervelle ,  eft  un  clou  de  J 
pouces  de  long.  Clou  de  maugere ,  eft  un  clou  qui 
a  la  tête  fort  large  &  plate.  Clavus  mujcarius. 
Clou  à  river  ,  eft  un  c/oz/ qui  n'a  point  de  pointe, 
qui  eft  gros  &  court  ;  on  s'en  fert  à  joindre  les 
bours  des  cercles  de  fer  enjejnble  ,  &c.  Clavus  bre-  - 
vior  &  craffior  cuj'pide  retujus.  Clou  de  Maréchal, 
eft  un  clou  long  &  pointu,  qui  fert  à  ferrer  les 
chevaux.  Clou  de  Fitrier ,  eft  la  pointe  du  clou 
de  Maréchal,  Cleu  â  iatte  ^  c'eft  le  elau  dont  fe 

fervent 


'CMO  ■ 

fervent  les  Couvreurs.  Clavus  figendls  tegulis  ac- 
commodatus.  Clou  de  charrette ,  de  carroffe  ,  c'eft  ce- 
lui avec  lequel  on  attache  les  bandes  des  roues ,  C7a- 
vus  carrucariiis.   On  les  appelle  clous  à  bandes  , 
ou  à  têre  rabattue.  Clou  de  broquette  ,  eft  un  petit 
c/ou  pour  attacher  les  chofes  délicates ,  CYdv«//i:.f. 
Clous  de   poids    &  de  fiches ,    font]  deschus  qui 
ont  de  longueur  depuis  un    pouce  julqu'à  vingt- 
lept ,  6c  de  largeur  depuis  une  ligne  juiqu'à  douze. 
0C?  Clous  à  parquet ,  font  ceux  dont  les  Menuiiîers 
font  ufage  pour  clouer  les  parquets.  Clous  à  bar- 
deau. Clous  à  foufflets.  Clous  à  deux  pointes.  Ces 
deux  pointes  ibnt  faites  pour  être    rivées  à  droite 
ou  à  gauche  après  qu'on  les  a    fait  pafler  par  le 
même  trou.  Clous  de  foulier,  ceux  que    les  Cor- 
donniers mettant  aux    fouliers  des  pauvres   gens.  . 
Clous  à  trois  têtes  ou  à  Cordonnier,    dont  on  le 
fcrt  pour  monter    l'es  talons   des    fouliers.  Clous 
de  Clia'udronnier ,  petites    lames  de  cuivre,  cou- 
pées en    lofanges,  tournées  eh    fer   d'aiguillettes  ; 
dont  ces  artifans  fe  fervent  pour  clouer  leurs  ou- 
vrages, &  auxquels  ils  font  une   efpèce   de   tête. 
Clou  d'épingle,  petit  morceau  de  laiton  pu  de  fil 
de  fer,  aiguilc  eri  pointe  par  un  bout ,  Se  refou- 
lé par  l'autre. 

On  donne  fur  là  mer  àilx  clous  le  nom  des 
'chofes  auxquelles  ils  forlt  employés ,  parce  que 
leut  ufage  en  détermine  la  longueur,  la  groifeur, 
&  la  figure.  Clous  de  fabord ,  c/ous  d'aflemblage  , 
'clous  de  tillaCi  clous  de  demi-tillac ,  fi'c.  Il  y  a 
de  petits  c/oK.y  d'or  &  d'argent  pour  les  fermoirs, 
DU  pour  couvrir  les  boîtes  &  étuis  des  montres. 
Les  clous  dorés  Ibrit  de  cuivre  ,  &  on  garnit 
les  corfres ,  les  carroffes  pour  les  orner.  Un  clou 
rive  ,  eft  celui  qui  fert  à  attacher  les  pièces  des 
cifeaux,  ou  les  branches  des  compas  ,  ou  autres 
choies  m.obiles  dans  des  charnières  ,  ou  <à  atta- 
cher des  pièces  de  cuivre  ou  de  fer  l'une  con- 
tre l'autre.  Il  y  a  dulîî  des  clous  à  vis  difpofés  à 
entrer  dans  des  écrous.  Clavus  cochle'a:  in  morem 
Jtriatus.  Clou  a  double  pointe ,  eft  celui  qui  fert 
à  fettcr  les  portes.  Clavus  gemina  cujpide  injiruc- 
tus.  Les  Selliers  emploient  aulfi  des  clous  à  dou- 
ble point.'. ,  qu'ils  appellent  mordans, 

.  Ce  mot  vient  du  Latiit  clavus.  Nicod;  Mais 
Ménag?  croit  qu'il  vient  plutôt  de  claudus  ,  à 
cLiudj/ido.  On  a  dit  dans  la  balTe  latinité  glodus. 
^CT  Dans  les  premiers  temps  de  la;  République  Ro- 
maine où  l'on  n'avoir  pas  encore  d'annales ,  on 
fichoit  tous  les  ans  certains  clous  dans  les  murail- 
les du  Temple  de  Minerve ,  afin  de  fe  fouvenir 
du  nombre  des  années  :  On  s'imaginoit  même 
que  cette  vaine  cérémonie  étoit  propre  h  faire 
cefler  la  pefte;  fi  bien  qu'après  que  l'ulage  des 
lertres  l'eut  fait  abandonner  pour  niarquer  les 
années,  on  ne  làiflapas  de  créer  plus  d'une  fois 
un  Did.ueur  pour  ficher  le  clou  ,  lorfque  la  pefte 
affligeoit  Rome,  Diclator  figendo  clavo.  Voyez  aulH 
claVus  ,  habillement  des  Romains. 

On  appelle  clou  de  rue ,  toute  forte  de  clou  ou 
de  pointe  qu'un  cheval  fe  fiche  dans  le  pié  en 
marchant.  Mon  cHeval  eft  boiteux  d'un  clou  de 
rue. 

Les  Marbriers  &  Sculpteurs  appellent  clous  ,  cer- 
tains nœuds  qui  fe  trouvent  en  travaillant  le  mar- 
bre. Nodus. 

Travailler  au  cloui  terme  de  Natier,  c'eft  attacher 

le  cordon  de  la  natte  qu'on  trace,  à  un  des  clous  du 

tretteau  qui  fert  à  tenir  L'ouvrage. 

Clou  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  dit , 

qu'une  chofe  ne  tient  ni  à  fer  ni  à  clou  ;  pour  dire, 

qu'elle  fe  peut  détacher ,  qu'elle  n'eft  point  fcel- 

lée  dans  la  muraille,  qu'on  la  peut  emporter  d'une 

maifon  quand  on  déménage.  On  le  dit  aufïî  pour 

dire,  qu'elle  eft  mal  attachée.  On  le  dit  aufTi   au 

figuré,  quand  on  veut  dire ,  qu'une   affaire    n'eft 

pas  faite  folidement.  On  dit   d'une    chofe   qu'on 

n'en  donneroit  pas  un  clou  à  foufflet,  ou  qu'on 

n'en  donneroit  pas  un  clou.  Sans  cela  je  ne  don- 

Tomè  II;, 


C 


G  N  O 


/■.. 


ii'^ 


neroîs  pas  un  xtou  de  tout  l'efpn'c  qu'en  peut 
avoir.  Mol.  Quand  on  eft  mort,  il  ne  leit  pas 
d'un  clou  d'être  en  ftatue  de  marbre.  Bens.  On 
dit  d'un  bâtiment  neuf,  ou  de  celui  qui  eft  en 
bon  état  de  réparation ,  qu'il  n'y  manque  pas  un 
clou.  On  dit  qu'un  clou  cbaile  l'autre  ;  en  Latin, 
clavus  clavum  trudit-,  pour  dite,  qu'une  nou- 
velle paffion  guérit  d'une  autre.  On  le  dit  aulfi 
dc's  perfonnes.  On  dit  aulfi  d'un  homme  qui  eft 
un  peu  fou ,  qu'il  lui  manque  un  clou ,  qu'il  lui 
faut  un  clou  ,  on  Ibuientcnd  à  Jon  armet.  On  dit 
qu'un  homme  compte  les  clous  d'une  porte  ;  pour 
dire,  qu'il  s'ennuie  d'attendrei  à  une  potte ,  &: 
qu'il  a  le  loifir  d'en  compter  les  clous. 

(fT  On  dit  populairement ,  &  par  ironie,  d'un  hom- 
me maigre,  qu'il  eft  gras  commeun  cent  de  clous. 
River  le  clojt  à  quelqu'un ,  fur  une  chofe  qu'il  dit 
mal  à    propos. 

^3"  Ctou  de  Cinnabre.  On  appelle  ainfi  une  cer- 
taine compofition  de  Cinnabre  faite  en  forme  de 
clou. 

gdr  Clou  de  Girofle.  Voyez  Girofle. 

:ifT  Clou,  en  Chirurgie,  eft  une  efpèce  de  tumeur 
ou  bouton  qui  vient  dans  différentes  parties  du 
corps ,  avec  tous  les  fignes  de  l'inflammation  ,  plus 
ou  moins  gros ,  plus  ou  moins  douloureux  ,•  6c 
qui  vient  à  fupputation,  Clavus ,    furunculus. 

ffT  On  le  dit  particulièrement  d'urie  maladie  de 
l'œil ,  qili  eft  une  efpèce  de  ftaphylome  ,  en  grec 
«Ao;  en  latin  clavus  oculi.  Elle  atfede  l'uvée  ou 
la  cornée  &   fait  qu'elles  s'endurciffent. 

•Je?  Clou,  en  Fauconnerie,  eft  une  maladie  de 
rOilcau  j  qu'on  appelle  autrement  galle ,  &  plus 
communément  podagre.  Voyez    Podagre. 

CLOU  ,  f.  m.  nom  d'homme.  Clodulphus.  Clddul- 
phe,  que  nous  appelons  vulgairement  S.  Clou,  étoit 
fils  de  S.  Arnoul  &  de  la  B.  Dode,  &:  irere  d'Anfe. 

.    gife ,  que  l'on  a   regardé  comme  la  fouche    de  la    , 
féconde  race  dé  nos  Rois.  Il  mourut  à  Mets  l'an 
6c)6 ,    âgé   de  plus  de  90  arts,  Baillet,  8  Juin. 
Voyel  aulfi  Cloud,  . 

CLOUAUD,  f.  m.  nom  dUhommt^Clododdus.  S. 
Clouaud ,  quele  peuple  appelle  S. Cloud,  &c.Go- 
DEAU  &  Baillet,  y'oyei  Cloud.  C'eft  ainfi  que 
l'Uiage  veut  qu'on  dife. 

CLOUCOURDE,  f.  £.  Herbe  gris-de-lin  qui  vient 
parmi  les  blés ,  8c  dont  les  ent'ms  font  des  cou- 
ronnes ,  auxquelles  ils  mêlent  d'autres  fleurs  qu'ils 
appellent  barbeaux. 

CLOUD  ou  CLOU  ,  c'eft  ainfi  qu'on  prononce 
fans  jamais  faire  fentir  le  d.  C  m.  nom  d'homme. 
Cîodoa/dus.  Ce  nom  s'eft  formé  de  Clodoalde, 
dont  on  à  fait  Clouaud ,  que  le  peuple  appelle  S. 
Clou  &  Cloud,  &c,  GoDEAU,  Cloud.  S.  Cloud r 
car  c'eft  ainfi  que  nous  nommo'iis.  Cîodoalc^e,  qui 
vivoit  au  VI  liècle ,  bâtit  un  Monaftère  en  un 
lieu  nommé  Nogent,  oii  il  finit  faintemcnt  fa  vie. 
Le  Monaftère  a'été  depuis  changé  en  Collégiale 
qui  conferveles  reliques  du  Saint,  &  le  lieu  eit 
a  v^ris  le  nom  de  S.  CLOUD ,    &c. 

S.  C  L  O  il  D  ,  anciennement  NOGENT ,  Fanu/n 
'  fancîi  Clodoaldi ,  anciennement  Novi'^entum.  Bourg 
de  l'île  de  France,  fur  la  Seine,  à  deux  lieues 
au  deffous  de  Paris  fur  la  Seine.  Il  a  été  érigé  eii 
Duché  pour  l'Archevêque  de  Paris ,  qui  eft  Due 
de  S.  Cloud. 

Congrégation  de  S.  Cloud.  Société  de  Prêtres 
établis  à  Sienne  en  Tofcane  l'an  ijtîyj  P.^r  le  P» 
Matthieu  Guerra.  On  la  nomma  la  Congrégation 
de  S,  Cloud ,  à  caufe  que  ces  Prêtres  s'allemblè- 
tent  d'abord  dans  Une  Chapelle  de  l'Fglife  de 
l'Hôpital  délia  Scala  ,  où  l'on  conferve  ,  à  ce  que 
l'on  prétend  ,  un  des  c/oa^î  dont  J.  C.  fut  attaché 
à  la  Croix.  Grégoire  XUI  leur  accorda  l'an  1584, 
l'Esîlife  de  S.  Georges,  &  api^rouva  leur  Congréga- 
tion, qui  fut  confirmée  par  Sixte  V,  l'an  1586.  Ils 
vïvoient  en  commun  fans  poiféder  rirn  en  pro- 
pr-,  L«c  faifoient  ferment  de  rcfter  toute  leur  vie 
dans  la  Congrégation.  Ils  drclltrent  des  Conftim- 

NN  nn 


€'^o  CLO 

lions  qui  latent  approuvées  l'an  159^^5  pir  Clé- 
ment VIII,  Le  I'.  Ûonnani  fait  entcnàre  qu'ils  ne 
rubliflent  plus.  Ils  étoient  vêtus  comme  les  Pères 
àe  l'Oratoire  d'Italie,  ce  qui  failoit  qu'on  les  ap- 
j^cloit  communément  les  Prêtres  de  l'Oratoire  ,  ou 
de  S.  Philippe  cie  Néri  :  t^oyc^^  le  P.  Bonnani, 
Jcluitcdans  Ion  Catalogue  des  Ordres  Reiv^icux. 
Vove/.  auHi  le  P.  Hll\ot,  T.  yiil,C.  5. 
CLOiJER  ,  V.  a.  attacher  avec  des  clous ,  c/oner 
une  porte,  des  lattes,  des  ais.  C'Aîvo  affigae.  K\x- 
tretbis  ce  mot  vouloir  dire  limplement  t/o;7<;  ,/er- 
mer.  Ains  clouct  un  eil  par  dédain,  R,  de  la 
Rose. 

Ce  mot  vient  du  Latin  claudere ,  fermer.  Il 
s'emploie  audidans  le  figuté.Nc  permettre  pas  aux 
Rois  de  s'hiunanilér  quelquefois,  c'efl:  les  lier  à  la 
j^randeur  de  leur  condition,  6c  les  clouer  fur  le 
trône.,  Balz, 
CLOUÉ  ,  EE.  part.  Clavis  affixus.  On  dit,  en  termes 
burlelques ,  une  gravité  douce  ;  pour  dire  ,  une 
gravité  qui  ne  fe  dément  point. 
Cloué,  (e/rtr)  fe  ditiîgurcmcnt  pour,  avoir  une  grande 
attache ,  une  grande  afliduité  à  fon  travail ,  à  i'a 
profeffion.  AJfixus.  Cet  ouvrier  eft  cloué  iur  fon 
travail.  On  trouve  Toujours  cet  homme- là  en  un 
tel  endroit ,  il  femble  qu'il  y  foit  âloué.  Tous  les 
jours,  malgré  moi,  je  fuis  cloué  llir  mon  ouvrage. 
BoiL.  Etre  cloué  ,  fignifîe  aufTi  êtie  tenu  fi  ibrt 
dans  un  lieu  ,  qu'on  ne  puillc  aller  dans  un  autre. 
A  moins  que  à'ètre  cloué  à  Paris ,  rien  ne  me  peut 
empêcher  d'aller  à  Poiili.  Voit. 
^fT  Cloué  {être)  à  cheval,  terme  de  Maréchallerie , 
être  ferme  fur  Ion  cheval  ,  quelque  violcns  que 
foicnt  fes  mouvemens. 

On  appelle ,  en  termes  de  Blafon  ,  des  colliers 
de  chien  ,  des  fers  à  cheval  cloués ,  lorfque  les 
clous  font  d'un  autre  émail. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  à  cloué 
la  roue  de  fortune ,  quand  il  â  (i  bien  établi  lés 
affaires ,  qu'il  a  rendu  fa  fortune  afsiirée. 
CLOUÈRE.  f.  f.  Foyei  Clouvière. 
CLOVIA  ou  CLUVIA  ou  CLUIA ,  f.  f.  nom  d'une 
famille  Romaine.  Clovia  ou  Cluvia  gens.  On  trouve 
fur  les  médailles  Clovius ,  &  dans  les  anciennes 
infcriptions  Cluvius  &c  Cluius,  c'elllamcmeehofe, 
de  même  que  Voluius  èc  Vulteius ,  Volcunus  & 
Vulcanus ,  Fluvius  &  Fluius  font  la  même  chofe  , 
comme  l'a  remaïqué  M.  Patin.. Quoiqu'il  foit  fait 
fouvent  mention  des  Clovius  dans  les  Auteurs ,  &c 
dans  les  anciennes  infcriptions  ,  on  ne  fait  fi  la 
famille  Clovia  étoit  patricienne  ou  plébéienne.  Les 
médailles  de  la  famille  Clovia  font  rares.  M.  Pîtin 
n'en  rapporte  qu'une  de  C.  Clovius  ,  que  Céfar  fit 
"Préfet  de  Rome  pendant  fa  troifième  Diélature. 
CLOyiS,  f.  m.  nom  d'homme.  Cludovicus ,  Cludo- 
vaus  ,Cludoveus.  Il  y  a  trois  Clovis  Rois  de  France. 
Clovis  I ,  ou  le  Grand  Clovis  ,  ed  le  premier  Roi 
Chrétien  des  François  :  il  étoit  fils  de  Chil- 
deric,   il  fuccéda  à  fon  père  l'an  484  de  J,  C, 

Ce  mot  eft  de  l'ancienne  langue  des  Francs ,  qui 
difoient  Clodovix,  d'où  l'on  fit  Clodovis  ,  Clodouis , 
Clouis  ,  Louis.  Car  Louis  &c  Clovis  font  le  même 
nom,  Caffiodote  appelle  Clovis  Luduin. 
fCLOULIA  ,  f.  f.  nom  d'une  famille  de  l'ancienne 
Rome.  Cloulia  ou  Cloclia  gerts.  La  famille  Cloulia 
on  Cloelia,  car  c'eft  la  même  chofe,  comme  l'a 
lemarqué  M.  Parin ,  étoit  patricienne  ,  comme 
le  même  Antiquaire  le  conclut  d'un  endroit 
de  Tite-Live\  Liv,  III,  où  il  dit  que  T.  Cloe- 
lins  Siculus  fur  un  des  trois  Patriciens ,  qui  furent 
créés  Tribuns  des  Soldats  l'an  ;(îo  de  Rome  :  cette 
famille  portoit  h*  prénom  de  Titus ,  &  le  furnom 
de  Siculus,  M,  Patin  conjeélure  que  c'clt  parce 
qu'elle  étoit  originaire  de  Sicile  ,  &  que  de-l,i  elle 
palTa  à  Albe ,  d'où  le  Roi  TuUus  Hoftilius  la  choifit 
après  la  deftruttion  de  cette  ville  pour  la  mettre 
dans  le  Sénat ,  comme  nous  l'apprend  Dcnys  d'Ha- 
licarnafTe,  Il  dit  encore  ,  que  ce  pourroit  erre  auUl 
«  caule  de  que^ue  belle  aition  tàjte  en  5jcile  par 


CLU 


quelqu'un  de  cette  famille,  Mais  pUifqu'on  trouve 
un  Cloclius  lurnommé  Siculus  dès  l'an  5<îo  ,  il 
ne  paroît  pas  que  cette  conjeéture  puifle  avoir  lieu  ; 
car  les  Romains  n'eurent  afiaite  aux  Siciliens  que 
vers  l'an  500  de  la  fondation  de  Rome,  comnv,; 
patle  Florus ,  c'eft-à-dire  ,  l'an  490  ,  au  commen- 
cement de  la  première  guerre  Punique,  Au  reftc  , 
il  paroît  à  M.  Patin  qrie  deux  épis  de  blé  qu'on  voit 
fur  une  médaille  de  la  famille  Cloulia  ,  avec  une 
rige  conduite  par  la  Viéloire,  ont  rapport  à  es 
furnom  de  Siculus.  Les  médailles  de  la  famille 
Cloulia  font  tares. 

CLOUTER,  v.  a.  Garnir  de  clous,  en  parlant  de  ces 
petits  clous  d'or  ou  d'argent  dont  on  garnit  les 
boëtes  de  montre  &  les  tabatières  par  ornement* 
Clouter  une  boete  de  montie  ,  une  tabatière ,  un 
étui. 

En  matière  de  cérémonie  on  dit ,  clouter  un  ftar- 
ro/Te,  faire  clouter  un  carrofle  ,  lorfqiiè  dans  un 
deuil  de  Cour  on  fait  garnir  l'impériale  de  Ion 
carrofTe  de  plufieurs  rangs  de  gros  clous  bronzés. 
Il  n'y  a  que  le  Roi  &C  les  Fils  de  France  qui  faiTent 
clouter  \t\ii  carroife. 

CLOUTÉ ,  ÉE.  part.  Une  montre ,  une  tabatière , 
cloutée  d'or  ou  d'argent.  Un  carrofTe  clouté. 

CLOUTERIE,  f.  f.  Fabrique  ou  rrafic  de  doux.  Cla- 
vorurn  Officina.  Il  fc  dit  aafîi  de  l'aflbrtiment  de 
toutes  fortes  de  clous. 

CLOUTIER.  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  ou  qui  vend  des 
doux.  Clavarius  Faher ,  Propola,  S.  Clon  eft  le  Pa- 
tron des  Cloutiers. 

ffT  CLOUTIÈXe.  f.  f-  Machine  de  bois  divifé^ 
en  plulieurs  cafés ,  comme  celle  des  Imprimeurs, 
où  les  Cloutiers  mettent  leurs  clous  ,  luivant  les 
grandeurs  &:  les  fortes ,  chaque  forte  dans  fa  calé , 
pour  qu'ils  ne  fe  mêlent  pas. 

CLOU  VA.  f.  m.  Nom  d'un  oifeau  qu'on  trouve  à 
la  Chine  ,  Si  en  plufieurs  autres  endroits  de  l'Inde  , 
qui  eft  dtcffc  à  prendre  du  poiflbn.  Il  nage ,  & 
fe  plonge  aurour  d'un  bateau  où  eft  le  Pêcheur, 
il  engorge  le  poiffon  dans  une  poche  qu'il  a  au 
deflbus  du  bec  ,  il  ne  peut  l'avaler  à  caufe  d'un 
anneau  qu'on  lui  a  mis  pour  lui  ferrer  le  cou  ;  & 
quand  il  eft  rentré  dans  la  barque ,  on  lui  fàiç 
rendre  le  poiflbn  en  prcffant  la  poche,  puis  à  force 
de  coups  on  lé  fait  replonger  pour  en  prendre  un 
autre. 

CLOUVIERE  ou  CLOUTIERÈ ,  CLOUIÉRE ,  55 
CLOUÈRE.  f".  f.  Qui  fe  dit  des  pièces  de  fet  per- 
cées de  différente  groffeur ,  qui  font  des  efpèces 
de  moules  fervant  aux  Cloutiers,  Serruriers  &' 
autres  ouvriers,  pour  former  les  tètes  des  clous, 
des  vis ,  chevilles.  Typus  fingendis  ,  fabricandis 
cliivis  accommodatus  ,  &:c.  Il  y  en  a  de  plufieurs 
figures ,  de  longues ,   barlongues  ou  carrées. 

CLOYE.  f.  f.  Vieux  mot.  Claie. 

Le  Chevalier  ,  quoiqu'on  die. 
Fut  apporté  fur  une  cloye  , 
Four  mener  pendre  droite  voye, 

CLOYERE,  f,  f.  Du  vieux  mot  cloie  on  a  fait  cloyere , 
efpèce  de  panier  dans  lequel  on  apporte  les  huitres 
à  Paris,  L'Académie  dit  panier  d'huitres ,  Se  ne 
met  point  le  mot  de  cloyere.  Il  paroît  pourrant 
fuffifamment  autorifé ,  même  parmi  les  feonnête* 
gens, 

CLU. 

CLUB.  f.  m.  On  donne  ce  nom  en  Angleterre  à 
certaines  aifemblées  régulières  qui  fe  font  dans  les 
cabarets  &  les  autres  lieux  de  plaifir.  Ses  amis  ne 
pouvant  fbuffrir  l'air  de  réformarion  qu'ils  lui  virent 
prendre  après  fés  noces  ,  concertèrent  cnfcmble  les 
moyens  de  le  rengager  dans  leur  clul).  Le  Pour 
&  Contre,   T.    i. 

Entre  plufieurs  Livres  imprimés  depuis  peu  en 
Angleterre,  on  efpéroit  beaucoup  du  titre  d'une 
brochure ,  qui  eft  en  effet  le  plus  jmpofant  qui 


GLU 

ait  jamais  paru  dans  le  pays.  C'eft  le  ginie  de  f  Angle- 
terre ,  ou  le  bel  ejprit  triomphant ,  recueilli  de  la 
Cour,  de  toutes  les  allemblces  de  Seigneurs  &  de 
Daines,  &  des  plus  célèbres  clubs  de  Londres.  T.  ///. 
CLUGNY.  Quelques  perfonnes  écrivent  &  pronon- 
cent Cluny  ,  c'ell-.à-dire  ,  ians  mouiller  l'/z.  Clu- 
niaciim.  C'eft  une  petite  ville  de  France  ,  dans  le 
Mâconnois ,  lur  la  Grolhe. 
Clugny  ou  Cluny,  Abbaye  régulière.  C'eft  au  Bien- 
■  heureux  Bcrnon  que  l'Ordre  ou  la  Conaréi^ation 
de  Cluny  doit  les  commencemens,  &  à  S.  Odon 
qu'il  doit  Tes  accroiHémens  &  les  prot!;rès.  Le  pre- 
mier Monaftèrc  que  bâtit  Bernon  ,  eft  celui  de  Gi- 
gny  en  Bourgogne,  entre  Lions-le-  Saunier ,  6:  Saint 
Amour  ,  au  Dioccfe  de  Lyon.  On  ne  l'ait  en  quelle 
année  il  tut  commencé  :  il  étoit  bâti  en  895  que 
le  Pape  Formofe  y  accorda  des  privilèges.  En  909, 
Odon,  Chanoine  de  S.  Martin  de  Tours ,  s'y  re- 
tira ,  pour  le  mettre  fous  la  conduite  de  Beruon, 
L'année  fui  vante,  Guillaume  le  pieux  ,  Duc  d'A- 
quitaine ,  donna  le  Monaftère  de  Cluny  ,  qu'il  ve- 
noit  de  bâtir,  à  Bernon.  Dès-là  cette  Abbaye  de- 
vint Chef  de  l'Ordre  ,  &  lui  donna  fon  nom.  Cluny 
eft  (itué  dans  le  territoire  de  Mâcon  ,  fur  la  ri- 
vière de  Grolne.  Après  avoir  fondé  plufieurs  Mo- 
naftèresen  Berry,cn  Bourbonnois  ,  &  ailleurs ,  Ber- 
non mourut,  6:  Odon  prit  le  gouvcrnemenr  de  cet 
Ordre  ,  auquel  il  donna  fa  perfedlion  ,  &  qu'il 
étendit  beaucoup.  Cluny  eft  une  fort  belle  Abbaye. 
Elle  étoit  autrefois  (i  grande  ,  qu'en  1145,  après 
la  célébration  du  premier  Concile  de  Lyon ,  In- 
nocent IV  alla  à  Cluny  avec  les  deux  Patriarches 
d'Antioche  &  de  Conftantinople  ,  douze  Cardi- 
naux ,  trois  Archevêques ,  quinze  Evêques ,  &  plu- 
fieurs Abbés ,  rous  avec  une  fuite  convenable ,  fans 
que  les  Religieux  quittaffent  aucun  des  lieux  ré- 
guliers ;  quoique  S.  Louis ,  la  Reine  Blanche  fa 
mère  ,  le  Comte  d'Artois  fon  frère  ,  fa  fœur  ,  l'Em- 
pereur de  Conftantinople ,  les  fils  des  Rois  d'Ar- 
ragon  &  de  Caftillc ,  le  Duc  de  Bourgogne  ,  lix 
Comtes ,  &  quantité  d'autres  Seigneurs ,  s'y  trou- 
vaflcnt  en  même  temps. 

L'Eglife  de  Cluny  ,    qui  eft  fans  contredit  une 
des  plus  grandes  du  Royaume  ,  a  5 10  pies  de  lon- 
gueur,  130  de    largeur,  &  l'on  y  entre  par  un 
veftibule  qui  a  110  pies  de  long   &  80  de  large. 
P.  HÉLYOT  ,  T.  y ,  c.  18.  Elle  a  la  figure   d'une 
croix  primatiale.  En  1611  ,  il  y  eut  une  réforme 
de  l'Ordre  de  Cluny,  Le  Cardinal  de  Guife,  alors 
Abbé  de  Cluny  ,    chargea  D.  Jacques  d'Arbouze 
d'en  dre/fer  les  réglemens ,    que  le  Cardinal  ap- 
prouva. En  ïSii ,  après  la  mort  du  Cardinal  de 
Guife ,  D.  Jacques  d'Arbouze  fut  élu  Abbé,  Quel- 
ques années  après  ,  fon  âge  &  fes  infirmités  lui  fi- 
rent penfct  à  fouhaiter  un  fucceffeur,  qui  pût  main- 
tenir &  avancer  la  réforme.  Pour  cet  effet ,   il  de- 
manda au  Pape  le  Cardinal  de  Richelieu  qui  la 
foûtint  en  effet ,  auifi-bien  que  le  Caidinal  Mazarin 
en  fon  remps.  Il  a  encore  été  fait  différens  régle- 
mens fous  le  Cardinal  de  Bouillon  ,    qui  s'obfer- 
vent    aujourd'hui.    Outre  les  Monaftères  qui  ont 
embraflé  la  Réforme  dont  nous  venons  de  parler  , 
jl  y  en  a  encore  fept  dans  le  Comté  de  Bourgogne , 
qui  font  une  Province  féparée ,  &  dont  les  Re- 
ligieux ptennent  le  titte  d'éttoite  Obfervance  de 
Cluny.  Id.  c,  I9. 
Clugny     fe   prend    auffi   pour    toute    la    Congré- 
gation dont  cette  Abbaye  eft  le  Chef.  Un  Reli- 
gieux de  Cluny ,   5cc.    ce  n'eft  pas  feulement  un 
Religieux   de   l'Abbaye  de  Cluny  ,  mais  en  cote 
un  Religieux  de  quelque  maifon  quecefoit  dépen- 
dante de  cette  Abbaye. 

Le  Collège  de  Cluny  à  Paris ,  c'eft  le  Collège 
de  la  Congrégation  de  Cluny  ,  où  demeurent  ceux 
de  cette  Congrégation  qui  veulent  prendre  les  de- 
grés de  Sorbonne. 
CLUÎA.  Voyei  Clovia. 

CLUPEA  ,  f.  m.  poiflbn  du  fleuve  Araïs.  Bochart  dit 
qu'il  a  été  appelé  clupea  du  mot  phénicien  &  hé- 


C  L  Y 


Tî 


fareii  cliciUp  ,  qui  fignifie  changer  ;  parce  qu'oii 
croyoit  que  ce  poifîbn  changoit  de  couleur  félon 
la  lune. 

CLUSE  ,  terme  de  Fauconnerie.  C'eft  le  cri  avec  le- 
quel  le  Fauconriiet  parle  à  fes  chiens ,  lorfque  l'oi- 
feau  a  remis  la  perdrix  dans  le  buiffon.  Clufer  la 
perdrix  ,  c'eft  exciter  les  chiens  à  la  faire  fortir  du 
builîbn  où  elle  s'eft  remife. 

CLUSE.  Petite  ville  de  la  Baronnie  de  Faucigny  en 
Savoye  ,  &  non  pas  en  Piémont  ,  comme  dit  le 
P.  Hclyot.  Clul'a  ou  ClauJ'a.  Elle  eft  capitale  d'un 
Mandement  dit  de  Clufe  ou  de  Châtillon  ,  qui 
eft  un  Château  de  la  même  contrée.  Clufe  eft  fî- 
,  tuée  fur  l'Arve  ,  à  l'orient  de  la  ville  d'Annecy. 
Le  Mandement  de  Cluj'e  eft  le  territoire  de  Cluje  i 
le  pays  aux  environs  de  Clufe,  Se  qui  en  dépend. 
Pagus  Clujanus. 

La  Congrégation  de  Clufe  eft  ulie  Congrégation 
de  l'Ordre  de  S.  Benoît  ,  qui  doit  fon  ctablide- 
ment  à  Hugues  Sconfat ,  Auvergnat  de  nation ,  Sei- 
gneur de  Monrboiffier  ,  qui,  après  fon  retour  de 
Rome  ,  où  il  étoit  allé  demander  l'abfolution  d'un 
crime  qu'il  avoir  commis,  acheta  un  lieu  fur  le 
mont  Epicare  ,  éloigné  de  Suze  de  quatre  lieues  , 
&  y  plaça  un  faint  i'olitaire ,  nommé  Jean.  Mais 
ce  lieu  n'érant  pas  commode  ,  il  acheta  une  petite 
métairie  nommée  Clufe  ,  qui  en  étoit  peu  éloignée. 
Il  y  bâtit  un  Monaftère,  &  y  fit  venir  de  faints 
Religieux  qui  l'occupèrent  fur  la  fin  du  X-  fiècle. 
Cette  Abbaye  ,  après  bien  des  alternatives  de  re- 
lâchement &  de  réforme,  devint  très-célèbre  & 
tiès-puiflânte  par  les  libéralités  de  plufieurs  Em- 
pereurs, Rois,  8c  autres  Princes.  Les  Evêques  de 
Turin  lui  fournirent  plufieurs  Abbayes  &  plufieurs 
Eslifes ,  ce  qui  forma  la  Congrégation  de  Clufe, 

CLÙSSON ,  Rivière  de  Dauphiné,  Elle  coule  dans 
la  Vallée  de  Pragelas ,  qu'elle  arrofe  d'un  bout  à 
l'autre.  Elle  a  fa  fource  vers  le  col  de  Scfticres  au 
couchant,  &  reçoit  le  Germanafque  un  peu  aa 
defllis  du  Château  de  la  Peyroufe ,  dont  elle  ar- 
rofe auffi  toute  la  vallée. 

CLUSIA ,  f.  f.  plante  dont  la  fève  eft  en  rofe  ,  & 
a  cinq  pétales.  Il  s'élève  du  centre  un  piftil  en- 
touré de  cinq  étamines  ,  lequel  fe  change  en  un 
fruit  divifé  en  trois  parties  &  en  trois  cellules  ,  dans 
lefquelles  la  femcnce  eft  enfermée.  Miller,  i?if?. 

go-  CLUSTUMINA,  f,  f.  nom  d'une  des  55  tri- 
bus Romaines. 

CLUVIA.  Foyei  Clovia. 

CLUYD.  Golfe  de  Cluyd.  Voyez  Arren. 

C  L  Y. 

CLYMÈNE ,  f.  f.  nom  d'une  femme  ,  ou  Déeffe.  Cly-' 
mené.  Clymene  étoit  fille  de  l'Océan  ;  elle  époufa. 
Japet.  hlcûoàç.,  Théog.v.  509,  dit  que  ce  nom  fî- 
gnifîe  illujîre  ,  célèbre  ,  fameufe  ,  &  Vodius  ,  de 
"idol.  L.  1 ,  c.  \i,  croit  que  Moiïe  n'ayant  point 
dit  comment  s'appeloit  la  femme  de  Japhet,  &c 
fon  nom  n'étant  point  connu  ,  les  peuples  lui  don-' 
nèrent  celui-ci ,  qui  convenoit  fi  bien  à  la  mère 
de  tant  d'illuftrcs  nations  de  l'Europe. 

Clymènf,  fille  de  l'Océan,  fut  aimée  du  Soleil  , 
dont  elle  eut  Phaëton  Se  les   Héliades. 

Clymîîne,  autre  fille  de  l'Océan,  &  compagne  de 
la  Nymphe  Cyrène,  mère  d'Ariftéc. 

(tZr  Clymène  ,  dans  norre  ufiige  &  en  ftyle  de  Chan- 
fonnier ,  fignifie  une  maîtrefîè. 

Clymène,  plante  dont  voici  les  caracTrères.  Sa  tige  , 
fes  fleurs ,  &  fon  fruit  reffemblent  à  ceux  de  l'épurge  ; 
mais  fes  feuilles  fbnr  conjuguées  Se  attachées  à  une 
côte  qui  fc  termine  par  des  vrilles.  Clymenum.  Mil- 
ler ,   Dicl. 

CLYPEY-FORME.  adj,  Epithète  que  Harris  a  donné. l 
une  comète  dont  la  forme  ovale  &  oblongue,  eft: 
femblable  à  celle  d'un  bouclier.  Clypfi-Formes. 

CLYSSE  ,  f.  m.  fe  dit  auifi-bien  que  Cly  (fus,  &'  puif- 
que  l'on  a  donné  une  forme  françoife  à  ce  nom , 
il  ne  faut  plus  fe  fervir  du  mot  latin.  Le  commun 
des  Auteurs  entend  par  C/j'^èune  efpèce  de  Sapa, 

N  N  n  n  ij 


mais  quelques-uns  prennent  le  mot  Clyjfe  pour 
une  qumtcffcnce ,  comme  le  Mort  -,  &  d'autres , 
comme  Jean  Maurice  HoHinan  ,  pour  les  cfprits  qui 
fortent  dans  le  temps  de  la  détonation.  Ce  n>ot  li- 
gnifioit  chez  les  anciens  Chimiftes  un  extrait  pré- 
paré de  différentes  lubftances  mêlées  eniémble ,  & 
il  lignifie  encore  aujourd'hui  un  mélange  qui  con- 
tien't  les  divers  produits  d'une  lubftance  ,  unis  entre 
eux  ,  comme  par  exemple  ,  quand  on  mêle  de  telle 
forte  l'eau  diftillce  ,  que  le  mélange  pofféde  toutes 
les  propriétés  du  lîmple ,  qui  a  fourni  toutes  ces 
différentes  préparations,  Dict.  de  James. 

Il  y  a  un  c/y^é  d'antimoine,  qui  cft  un  efprit  acide 
&:  agréable  ,  qu'on  tire  par  diftillation  de  l'anti- 
moine ,  du  nitre ,  5c  du  fouffre  mêlés  enfemble. 
Il  y  a  aufîi  un  cly'IJe  de  vitriol ,  qui  efl:  de  même 
un  efprit  tiré  par  dillillation  du  vitriol  diffout  dans 
le  vinaigre.  On  s'en  fert  en  Médecine  dans  diverfes 
maladies ,  &  pour  en  tirer  les  teintures  de  plufieurs 
végétaux. 

CLYSTÈRE  ,  r,  m.  terme  de  Médecine,  Clypr. 
C'eft  un  remède  ou  injection  liquide  qu'on  introduit 
dans  les  inteftins  par  le  fondement  pour  les  ra- 
fraîchir ,  pour  lâcher  le  ventre  ,  pour  humeéter 
&  amollir  les  matières,  pour  difliper  les  vents, 
aider  à  l'accouchement ,  &c.  On  fait  des  clyjtères 
d'eau  ,  de  fon  ,  de  lait,  6c  particulièrement  de  dé- 
codion  de  certaines  herbes.  On  y  mêle  du  miel , 
du  fucre  ronge  ,  quelquefois  du  catholicon  &  autres 
drogues.  Il  y  a  des  cfyfières  émoUiens ,  carmina- 
tifs"&;  lénitifs  ,  aftringens ,  laxatifs,  anodins,  bé- 
nins ,  nourriflans ,  utérins.  Les  utérins  font  des  in- 
jedions  oui  fe  font  dans  la  matrice.  Les  cfyfières 
nourriilans ,  font  des  cfyjljrcs  par  le  moyen  del- 
quels  on  prétend  qu'on  nourrit  les  perfonnes  qui 
ne  fauroient  prendre  d'alimens  par  la  bouche.  Hil- 
danus  rapporte  dans  fes  Ol^fervations  que  M.  Au- 
beri ,  Médecin  ,  nourrit  pendant  iîx  femaines  une 
Dame  de  qualité  ,  en  lui  faiiant  donner  deux  fois  le 
jour  un  cfyjîére  compofé  d'un  bouillon  de  chair  d'un 
chapon  ,  de  poule  ,  ou  de  quelque  autre  volaille  , 
dans  lequel  on  faifoit  diffoudre  des  jaunes  d'ceufs.  Il 
eft  cependant  bien  difficile  de  comprendre  que  les 
cfyfières  puiffent  nourrir,  i^.  Parce  que  les  ali- 
mens  pris  de  cette  forte  ne  reçoivent  point  les  prépa- 
rations néceffaires  pour  la  nutrition,  z°.  Ils  ne  paffent 
point  dans  les  voies  par  où  doivent  paffex  les  ali- 
mens ,  pour  être  portés  dans  toutes  les  parties  du 
corps. 

Hérodote  dit  que  les  Egyptiens  ont  été  les  in- 
venteurs de  ce  remède,  ou  les  premiers  qui  l'ont 
mis  en  ufage.  Galien  &  Pline  ,  L,  VIll,c.  17  ,  di- 
fent  qu'ils  l'avoient  appris  d'un  oifeau  de  leur 
pays  ,  nommé  Ihis^  qu'ils  rcmarquoient  fe  taire 
de  pareilles  injeclions  avec  fon  bec  ,  &  fe  déchar- 
ger enfuite  fouvent.  D'autres  dilcnt  que  les  hommes 
l'ont  appris  de  la  cicogne. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «caJ*  ,  lavo ,  abluo. 

IJCT  Clystére,  lavement,  remède  ,  termes  de  Méde- 
cine 5c  de  Pharmacie,  abiblument  Synonymes.  L'an- 
cien mot  Cfyjlère  ne  le  dit  plus  que  dans  le  burlef- 
que.  Lavement  eft  le  terme  des  Médecins.  Remède 
eft  à  la  mode  danslcdifcours  ordinaire.  Le  terme  eft 
équivoque ,  dit  M.  le  Ch.  de  Jaucourt  -,  mais  c'eft 
par  cette  railbn  même  qu'il  eft  honnête. 

CLYSSUS.  f.  m.  Voyei  Clysse. 

CLYTEMNESTRE.f.  f.  Pille  deLéda,femme  deTyn- 
dare  ,  5c  fœur  de  Caltor,  de  Pollux  5c  d'Hélène. 

CLYTIDES.  f.  m,  pi.  La  famille  des  Cfytîdes  dans  la 
Grèce  ,  étoir  fpécialcmenr  deftinéc  aux  fondtions 
des  Arufpices  ,  avec  celle  des  Jamides. 

CLYTIE,  f.  f.  Nymphe  de  l'Océan.  Cfytia.  Elleaimoit 
épcrdument  Apollon  ;  mais  ce  Dieu  lui  ayant  préfé- 
ré Leucothoé  ,  elle  avertit  Orcham  ,pere  de  Leuco- 
thoé, du  commerce  de  fa  fille  avec  ce  Dieu.  Elle  aug- 
menta par-là  les  froideurs  5c  les  dédains  d'Apollon, 
5c  le  caufa  la  mort  à  elle  même  par  le  chagrin  qu'elle 
en  eut.  Elle  fut  changée  en  Héliotrope.  Ovide, 
Met.  L.  IF,  fables  ^,é.C, 


CN  I 

CLYTIUS  ,  un  des  Géans  qui  fit  la  guerre  aux  Dieux. 
Vulcain  le  terraffa  avec  une  nuHue  de  fer  rouge  ,& 
le  mit  ainfi  hors  de  combat. 

C  N  A. 

|C?  CNACALESIA.  Surnom  de  Diane  qui  lui  vint 
du  mont  Cnacalus ,  dans  l'Acadie  ,  où  elle  avoir  un 
Temple.  Diderot. 

gCF  CNAGI A.  Autre  furnom  de  Diane  ,  ainfi  appelée 
de  Lnae;ius  qui  enleva  la  Statue  de  cette  Déclic  avec 
la  Prêtrcfle.  Id. 

^fj"  CNASO  ,f.  f.  terme  d'antiquités  Romaines.  Ai- 
guille dont  les  femmes  Romaines  fe  fcrvoient  pour 
arranger  leurs  cheveux.  Elle  s'appeloir  auiii  Difcer- 
niculum.  Poinçon  de  cheveux ,  qui  fçrvoit  à  les  par- 
tager. 

ffT  CNEUS.  Surnom  que  les  Romains  donnoientà 
ceux  qui  naiffoient  avec  quelques  taches  confidé- 
rables. 

C  N  E. 

CNEF  ou  CNEPH ,  f.  m.  Dieu  des  Egyptiens.  Knef, 
Knefus,  Cmiphis.  Dans  la  Théologie  de  ces  peuples, 
C«tr/étoit  le  feul  Créateur  du  monde.  Il  étoitincréé 
5c  immortel.  C'étoit  le  feul  qu'ils  reconnuflènt  pour 
être  véritablement  Dieu.  Ils  le  dépeignoient  rendant 
un  œuf  par  la  bouche,  pour  marquer  qu'il  avoir  pro- 
duit le  monde ,  car  l'œuf  étoit  chez  les  Egyptiens  le 
fymbole  du  monde ,  félon  Plutarque  ,  de  IJide  ù 
OJir.  &i  Porphyre  dans  Eufebe  ,  Prépar,  L.  111.  c.ii. 
Si  ce  Criefcù.  le  même  que  Strabon  appelle  Cnvphis  , 
comme  il  y  a  bien  de  l'apparence  ,  il  avoir  un  Tem- 
ple à  Siene  dans  la  Thébaïde.  Voye:^  Vollius  de  Idol, 
L.  I,  c.  X.  Monlîeur  Hooper  ,  Evcque  de  Bath ,  dans 
unedilfertation  Latine  fut  l'herélîe  des  Valentiniens, 
où  il  montre  que  c'eft  un  compofé  de  la  Religion 
des  Egyptiens  idolâtres,  5c  de  la  Religion  Chrcrien- 
ne  ,  prétendque  Valentin  a  fait  de  Cnefion  Bython, 
5c  que  les  noms  qu'il  lui  donnoit  ont  du  rapport  à 
ceux  de  Cnef,  Saturne  ,  Réphan  6c  Cium  ,  que  pot- 
toit  Cnef. 

CNÉORON  ,  f.  m.  plante  dont  Thcophtafte  dit  qu'il 
y  a  de  deux  foires ,  le  blanc  5c  le  noir.  Le  blanc  a  lès 
feuilles  longues  commes  celles  de  l'olivier ,  5c  le 
noir  les  a  charnues ,  5c  lémblables  aux  feuilles  de  ta- 
maris. Ils  ont  tous  deux  leur  racine  grande  5c  pro- 
fonde en  terre  ,  6c  il  en  fort  plulîeucs  rameaux  ram- 
pans ,  gros  ,  branchus  ,  5c  fouples.  Le  blanc  s'étend 
davantage  fur  terre  ,  5c  eft  odorant.  Le  noir  n'a  au- 
cune odeur,  Anguillarius  croit  que  la  lavande  eft  le 
cnioron  blanc  ,  5c  le  romarin ,  le  noir  :  mais  Mar- 
thiole  prétend  qu'il  fe  trompe ,  5c  décrit  une  plante 
qu'il  a  découverte  dans  les  montagnes  de  Bohême, 
ic  qui  eft  tout-à-fait  femblable  au  cnioron  blanc. 

C  N  I. 

CNIDE  ou  GNIDE  ,  ville  ancienne  de  l'Alîe  mineu- 
re. Cnidus.  Elle  étoit  dans  la  Doride  ,  qui  étoit  une 
parrieMe  la  Carie.  Hérodote  dit ,  dans  fon  Liv.  1,  c. 
74.  que  c'étoit  une  Colonie  de  Lacédémoniens.  Cet- 
te ville  étoit  confacrée  à  Vénus  qui  y  avoir  un  Tem- 
ple ,  dans  lequel  fe  voyoit  la.  fameulè  Vénus  de 
Praxitèle.  Elle  étoit  fur  le  bord  de  la  mer ,  dans  un 
lieu  où  il  croiffoit  beaucoup  de  joncs ,  qui  fervoi  nt 
à  écrire, 5c  qui  font  célèbres  dans  l'anriquitc.  Ce 
n'eft  plus  qu'un  méchant  village  ,  qu^on  noimns 
Capo-Chio ,  ou  Crio. 

CNIDIE.  Cnidia.  Territoire  de  la  ville  de  Cnide. 

CNIDIEN  ,  ENNE.  f.  m.  6c  f.  Qui  eft  de  la  ville  de 
Cnide.  Cnidius  ,  a.  Les  Cnidiens  voulurent  percer 
leur  ifthme ,  èc  faire  une  île  de  leur  promonroire  ; 
mais  ils  n'en  purenr  venir  à  bout. 

§3*  CNIDIENNE  ,  furnom  de  Vénus ,  ainfi  appelée 
de  Cnid< ,  où  elle  4(0Jt  en  fingulière  vénération. 


CO  A 

CNIDIENNE  ,  adj.  f.  Baies  cnidUnnes.  Cnidla  grand. 
Hippociate  les  ordonne  en  qualité  de  purgatit  Les 
Botaniftes  modernes  ne  font  point  d'accord  fur  la 
plante  qui  donne  ce  fruit  :  mais  la  plupart  croient 
que  c'efl;  la  Thymelao.  foLiis  Uni.  C.  B.  P.  D'autres 
croient  au  contraire  que  les  grana  cnidLi  font  le  fruit 
du  mt?^treon  ,  S<.c.  Dicx.  qe  James, 

C  N  U. 

CNUPIS ,  r.  m.  c'eft  le  même  que  Cneph.  Voy.  Cnîf. 
Strabon  dit,/.  17.  que  Cnuphis  avoir  un  Temple 
dans  la  ville  de  Siene  dans  la  Thcbaïde, 

C  O. 

|Cr  CO.  Prcpolîtion  ou  particule  qui  fe  met  au  com- 
mencement de  quelques-uns  de  nos  mots ,  comme 
co-ax;cufé  ,  co-adjuteur  ,  &c.  Elle  s'eft  formée  de 
comoMcon  , dérive  du  latin  c«ot  avec,  ^oytf^  Con. 

CO  ou  COS  ,  nom  ancien  d'une  Ile  de  la  Mer  Egée, 
ou  de  l'Archipel ,  fur  les  côtes  de  la  Carie  ,  &  allez 
voifinc  de  Rhodes.  Co  ,  &  Coos  ,  ou  Cos.  L'île  de  Co 
avoir  ^50  ftadcs  de  tour,  C'elt  la  patrie  d'Hippocra- 
re.  Elle  étoit  ttès-fertile  &  rrès-renommée  pour  fes 
vins ,  &  fes  érolïes  de  foie  ,  li  fines  que  l'on  voyoit 
au  travers  tout  ce  qu'elles  couvroicnt ,  dit  Arcon  fui 
ie  ICI  vers  de  la  féconde  Satyre  du  L  Liv.  d'Hora- 
ce. Il  y  avoir  un  Temple  fameux  d'Efculape  ,  &  une 
très-belle  ftatue  de  Vénus  qu'Augufte  fit  apporter  à 
Rome. 

Bochart  tire  ce  nom  du  Phénicien  ip  ,  CaUi  Cox, 
Co  ,  qui  iignifîe  un  fil  délié.  U  prétend  que  les  Phé- 
niciens la  nommèrent  ainfi  à  caule  des  étoffés  dont 
nous  avons  parlé.  Il  dit  même  que  les  Phéniciens 
l'ont  habitée  autrefois.  Sa  preuve  eft  que  dans  Etien- 
ne de  Byzance,  il  y  a  une  ville  de  Co  qui  s'appelle 
AVi-îrâ^K,»,  &  il  ne  doute  point  qu'elle  n'ait  été  ainli 
nommée  de  JJiipaltza  ,  fille  de  Phénix.  On  peut 
ajouter  deux  raifons  prilés  des  médailles  de  cerre  île; 
car  1°.  leur  infciiption  fe  lir  de  droit  à  gauche ,  à 
la  phénicienne  ;  t°.  les  lettres  ont  quelque  reflém- 
blance  avec  le  caraélère  phénicien.  L'île  de  Co  s'ap- 
pelle aujourd'hui  Sranchio. 

CO  ,  herbe  qui  croît  dans  la  Province  de  Fokien  à  la 
Chine,  &  dont  on  fait  une  toile  appelée  Copou  , 
qui  eft  la  plus  eftimée  qui  foit  dans  tout  l'Empire. 
P.  LE  Comte  ,  T.  I ,p.  ;oi. 

C  O  A. 

COA  ,r.  f.  plante  à  laquelle  le  P.  Plumier  a  donné  ce 
nom  en  mémoire  d'Hippocrate  furnommé  Coiis  , 
parce  qu'il  éroit  né  dans  l'île  de  Crcre.Elle  croîr  à  la 
hauteur  de  cinq  à  fix  picsQ^"  elle  eft  roujours  verte, 
&  produit  une  fleur  d'une  feule  pièce  faite  en  forme 
de  cloche,  du  calice  de  laquelle  fort  un  piftil  décou- 
pé en  plufieurs  parties ,  6c  enfoncé  comme  un  clou 
dans  la  partie  poftérieure  de  la  fleur.  Ce  piftil  fe 
change  en  un  fruir  compofé  de  trois  aurres  fruits 
membraneux  à  deux  paneaux ,  &  divifés  en  deux  lo- 
ges qui  contiennent  des  femences  ailées.  Cette  plan- 
te eft  fort  commune  dans  l'Amérique ,  fur  tout  aux 
environs  de  Campeachi. 

COAC  j  vieux  terme  burlefque  d'une  feule  fyllabe  , 
pour  dire  ,  c'en  eft  fait.  Aclum  ejt, 

Coac ,  elles  tombent  à  l'envers.  Marot. 

COACCUSÉ  ,  f.  m.  terme  de  Palais.  Accufé  avec  un 
ou  plufieurs  autres.  Ce  qui  contribua  à  la  condam- 
nation des  Juges  de  Mante ,  c'eft  qu'ils  fe  juftifîèrent 
dans  leuts  Mémoires  les  uns  aux  dépens  des  autres , 
&  crurenr  fe  blanchir  en  noirciifant  hms  coaccujes. 
Caujes  célèbres  ,  f.  4 ,  />.  2  ;  lî. 

COACTIF  ,  IVE  ,  adj.  v.  Coa&iviis  ,  cogendi  vim  ha- 
hens.  Qui  a  droit  de  contraindre.  Qui  peut  légitime- 
ment fe  faire-  obéir  par  fa  force.  Pouvoir  coaclïf.  On 
s'en  fert  en  Théologie  &  en  Droit  Qvil.  Quoique  ) 


COA  6  y  j 

TEglilc  puifle  faire  des  loix  en  matières  fphituelles , 
&  en  prclièr  l'exécution  par  l'ufage  des  cenfures, 
elle  n'a  point  proprement  de  pouvoit  coaclifd3.m  le 
fens  que  nos  Théologiens  &  nos  Cafuiftes  emploient 
ce  terme  ,  c'eft-à-dire ,  pour  le  pouvoir  de  fe  hïte 
obéir  par  la  force,  &  ce  pouvoir  réfide  feul  dans  les 
Princes.  Le  P.  Courayer. 

On  le  dit  quelquefbis  au  féminin  dans  le  Droit. 
Force  coaclive ,  qui  en  vient  à  la  voie  de  fait  contre 
la  perfonne ,  pour  la  contraindre  d'obéir  à  ce  que  la 
Juftice  commande.  De  Courtin.  Une  loi  a  une 
force  coaclive  &  direclive ,  un  conléil  n'a  qu'une 
force  diredive, 
COACTION  ,  f.  f.  terme  dogmatique.  Contrainre, 
force  qui  entraîne  ,  qui  contrainr  un  agent  naturel 
de  faire  quelque  choie  ,  ou  qui  l'empêche  de  la  faire. 
C'eft  plus  précifémenrune  aélion  fur  la  volonréqui 
en  ôte  ou  diminue  le  libre  exercice.  Coaclio.  La  li- 
berté même  dans  l'état  préfcnt  de  la  nature  corrom- 
pue ,  exclut  non-i'eulementla  coacTw^  ,  mais  encore 
toute  forte  de  néceliité  antécédente.  Foye^^  liberté, 
COADJUTEUR.  f.  m.  Prélat  qui  eft  adjoint  à  un  au- 
tre pour  lui  aider  .à  faire  les  fondions  attachées  à  fa 
prélature  ,  &  qui  lui  fuccède  en  vertu  du  même  ti- 
tre. Adjutor  ,  Kicariiis  &  SucceJJ'or  dejïgncitus.  Le 
Cocidjiiteur  a  les  mêmes  prérogatives  que  l'Evcque 
même.  Le  Roi  donne  des  Coadjuteurs  aux  Archevê- 
ques ,  &  Evêques  vieux ,  ou  ablens ,  qui  ne  peuvent 
pas  vaquer  à  régler  leurs  Diocclés.  Les  Coadjuteurs 
ibnr  nommes  Evêques  inPartihus  Infidelium  .parce 
qu'il  faut  que  le  Coadjuteur  d'un  Evêque  foitEvêque: 
autrement  il  ne  pourroit  pas  faire  les  fonctions  épif^ 
copalcs  ;  comme  donner  les  Ordres  ,  confirmer  , 
&c. 

L'Eglife  a  pris  de  l'Empire  Romain  Tufage  de 
éonnei  àçs  Coadjuteurs.  Symmachus,/.  io.,ep.$6, 
parle  des  Aides  ,  ou  Coadjuteurs  que  l'on  donnoit 
aux  Magiftrats,  &  il  les  appelle  Adjutores  pu6lici 
OJ/lcii. 

L'ufage  des  Coadjuteurs  eft  aboli  en  France  à  l'é- 
gard des  Canortfcats ,  des  Prébendes  &  Prieurés  » 
des  Cures  Se  des  Chapelles.  Il  y  a  eu  néanmoins  de 
très-grandes  difficultés  pour  les  Canonicats  &  les  di- 
gnités des  trois  Evëchés  qui  font  Metz,Toul&:  Ver- 
dun ,  &  même  pour  la  Bretagne  ;  comme  ces  lieux- 
là  ne  font  point  compris  dans  le  Concordat ,  les 
Papes  accoident  quelquefois  des  Bulles  de  Coadju- 
torcrie  ,  ce  qui  eft  une  véritable  rcferve  contraire 
au  Concile  de  Trente  èc  aux  Libertés  de  l'Eglife 
Gallicane  j  auiTi  quand  on  appelle  comme  d'abus  de 
ces  l^iies  de  Bulles  aux  Patlcmens  ,  elles  font  décla- 
rées nulles  &  abufivcs. 

Le  droit  de  faire  des  Coadjuteurs  appartient  au 
Pape  feul ,  qui  doit  examiner  s'il  y  a  de  véritables 
railons  pour  les  érablir  ,  parce  que  l'ancien  Droit  y 
eft  contraite  ;  de  plus  le  Concile  de  T tente,  J'eJ/l  i  j, 
de  Refor.  c.  7  ,  condamne  tout  ce  qui  a  la  moindre 
apparence  çle  fuccelfion  héréditaire  dans  les  Bénéfi- 
ces. Il  ajoute  néanmoins  cette  tcftridion  ,  que  fi  la. 
néceUité  des  Eglifes  Cathédrales  &  des  Monaftères, 
ou  une  utilité  manifefte  demandent  qu'on  leur 
donne  des  Coadjuteurs ,  on  leur  en  accordera.  S.  Gré- 
goirejZ-zV.  XI,'ép.  7,  veut  bien  qu'on  donne  un  Coad- 
juteur  à  un  Evêque  malade ,  &  qui  ne  revenant  point 
en  fon  bon  fens  ne  peut  demander  un  fuccefîéur ,  Sc 
fe  démettre  •,  mais  il  ne  veut  point  qu'on  l'ordonne 
du  vivant  de  cet  Evêque  ,  tout  incapable  qu'il  eft 
de  faire  les  Ordinations  ;  mais  feulement  après  fa 
mort-,  &  qu'en  attendant  les  ordinarions  fe  faffenc 
par  le  Métropolitain  de  cer  Evêque  malade. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Latin ,  coddjutor  ,  de  coadjuvo^ 
qui  ne  font  point  en  ufage. 
CoADjUTEUR  eft  au/Ti  un   aide  dans  le  miniftère  6£ 
gouvernement  eccléfîaftique:  ce  qui  a  lieu  dans  plu- 
fieurs Maifons  Rcligieufes.  Adjutor. 

Les  Coadjuteurs  étoient  chez  les  Jéfuites  ce  qu'on 
appelle  Frères  Laïcs  dans  les  autres  Communautés. 
Il  y  en  a  de  deux  fortes  :  les  Coadjuteurs  fpiritucls, 
Se  les  Coadjuteurs  temporels.  Les  premiers  ibn-t  les 


6'V4-  C  O  A 

aider,  des  Prôfès  -,  mais  ils  ne  peuvent  pas  ,  comme 
eux  ,  parvenir  au  quatrième  vœu  ,  qui  elt  s-clui  d'o- 
bcillance  au  Pape.  Les  Coadjiucurs  temporels  le 
donnent  à  l'Ordre  pour  lervir  les  autres  dans  les 
plus  vils  Offices  de  la  Mail'on  ,  comme  la  Cuiline  , 
la  Cordonnerie  ,  &c. 

COADJUTORERIE  , T.  £  qualité  ou  charge  de  Coad- 
jutcur  ou  de  Coadjutrice.  Dignitns  deJ/^natL  juc- 
cefforis.  Epifcopo  alicui  Les  Bulles  deCoadjiuorerie 
porrcnt  proviiion  ,  Se  collation  du  Bénéfice  par  cx- 
pedative,  en  forte  qu'il  n'eft  point  bcfoin  de  nou- 
veau titre  pour  fuccéder  à  l'ancien  Evêque  ,  ou  à 
l'ancienne  Abbeflé. 

Il  y  avoir  autrefois  un  grand  abus  dans  ces  coad- 
jiiioreries  ,  que  les  Papes  accordoicnt  à  des  enfans 
&c  à  des  jeunes  gens ,  avec  la  claufe  ,  donec  ingrejfus 
fuerit  ,  jufiju'à  ce  qu'il  puijfe  entrer  dans  l'admi- 
nijtration  du  Bénéfice  :  on  les  donnoit  à  des  perfon- 
nes  qui  n'étoient  point  encore  dans  les  Ordres  ,avec 
la  claufe  ,  donec  accejferit  ,  &C  même  à  des  perfon- 
nes  abfentes  &  éloignées  avec  cette  claufe  ,  cùm  re- 
greff'us.  La  reftriiflion  que  le  Concile  de  Trente  fait 
des  Evêchés  &C  des  Abbayes  pour  les  coadjucoreries 
eft  (i  claire  ,  qu'il  efl:  furprenant  que  quelques  Cano- 
niftes  aient  voulu  étendre  fon  décret  aux  autres  Bé- 
néfices, Ceux  qui  onr  appuyé  les  coadjutoreries  des 
Canonicats  &  des  Dignités  dans  les  tiois  Evêchés , 
ont  prétendu  qu'elles  étoient  plus  foidiaitables  en 
.ces  lieux-là  que  les  réfîgnations ,  parce  qu'on  en- 
voyoit  moins  d'argent  à  Rome  ;  maisfoit  qu'on 
porre  plus  ou  moins  d'argenr  à  Rome  ,  on  ne  to- 
lère point  en  France  ces  fortes  de  coadjutoreries  , 
qui  font  un  abus  manifefte.  Les  Romains  ont  beau 
dire  que  Metz  ,  Toul  &c  Verdun  ,  ctaht  une  part  e 
de  la  Lorraine  où  le  Pape  a  tout  pouvoir  fur  les 
Bénéfices,  il  doit  avoir  aulîile  pouvoir  d'y  faire  des 
Coadjuteurs  ;  on  n'écoute  pomt  ces  raifons  dans  les 
Parlemens ,  &  celui  de  Paris  prononça  en  1641 ,  un 
Arrêt  courte  un  Pourvu  par  coadjutorerie  ,  d'un 
Canonicat  de  l'Eglilé  Cathédrale  de  Metz. 

COADJUTRICE  ,  f  f.  efl  une  Rcligieufe  que  le  Roi 
nomme  pour  aider  une  Abbeife  a.  faire  fes  fonélions, 
&:  qui  lui  fuccède  en  vertu  du  même  titre.  Ficaria 
Abbatiffcz  eidemque  fuccedendo  dejignatci. 

Coadjutrice  jfemme  qui  aide  une  autre  perfonne  à 
quelque  chofe  ,  qui  y  travaille  conjointement  avec 
elle.  Adjutrix,auxiliatrix,  Vous  êtes  pat  là  les  Mi- 
niftres  de  la  mifcricorde  de  Dieu  ,  vous  en  êtes  les 
coopétattices  âc  les  caadjutrices.  Bourd.  Exh.  T.  I, 
p. 107. 

Chez  les  Religieufes  de  la  Congrégatic%  de  No- 
tre-Dame ,  dites  JéfuiteHes  ,  on  donne  ce  nom  aux 
Sœuis  Converfes  j  qu'on  appelle  Sœurs  compagnes 
ou  coadjutrices  ,  comme  on  appelle  chez  les  Jéfui- 
tes,  Coadjuteurs,  les  Frères  Laïcs.  L'habir  des  Sœurs 
compagnes  ou  coadjutrices  eft  plus  court  que  celui 
des  Mères.  P.  Hélyot  ,  T.  FI ,pag.  355. 

CoADiUTRicE  fe  dit,  en  quelques  Communautés,  d'une 
Ofiicière  ou  SousSupétieute  de  la  Communauté. 
Coadjutrix.  Dans  la  Congrégation  de  S.  Jofcph  , 
chaque  Maifon  eft  gouvernée  par  une  Supérieure  qui 
a  le  titre  de  Prieure  ,  par  une  Intendante,  &  une 
Coadjutrice.  P.  Hélyot  ,  T.  FUI, p.  188. 

Coadjutrice.  Aide.  Adjutrix  ,  Coadjutrix.  On  ap- 
pelle ainfî  dans  la  Congrégation  des  Dimeflès  ou 
Modeftes ,  deux  filles  qu'on  élit  tous  les  ans  dans 
chaque  Maifen  ,  pour  être  le  Confeil  &  les  Aides  de 
la  Supérieure  ,  &:  on  les  appelle  Adjurantes ,  Majeu- 
res &  Coadjutrices.  P.  Hélyot  ,  T.  Fil,  C.  5. 

Coadjutrice  ,  fe  dit  d'une  Maitteffe  par  rapport  à 
un  homme  marié;  Malgré  le  mauvais  ufage  que  la 
dépravation  du  fiècle  a  établi ,  il  n'a  point  donné  à 
fa  femme  de  Concuirente  &  de  Coadjutrice.  Il  l'aime 
toujours  auiTi  tendrement  que  le  premier  jour.  Ma- 
dame du  Noyer. 

COAGIS,  f.  m.  terme  en  ufage  dans  le  Levanr  parmi 
les  Négocians  :  il  lignifie  Commiflionnaire.  Il  y  a 
des  François  ,  HoUandois ,  Anglois'&:  Italiens ,  qui 
font  établis  dans  les  Echelles  du  Levant  en  qualité 


C  O  À 

de  Coagis ,  ou  Commidionnaircs  :  ils  font  commerce 
par  commidion  ,  chacun  pour  le  compte  des  M.u- 
chands  &;  Négocians  de  leut  nation.  Ménage,  qui 
les  nomme  Coogurs  ,  dit  que  l'origine  de  ce  mot  ne 
lui  eft  pas  connue.  Ne  vient-il  point  du  Latin  Coac- 
tor  ,  Receveur ,  ou  du  verbe  coaggerare  ,  amaffer , 
par  rapport  aux  marchandifcs  dont  lés  Coagis  t'onz 
des  magazins  5 
COAGULATiON,f.f.  tetme  didaclique.  Epaidi^r.'- 
ment  qui  arrive  à  un  corps  liquide  ,  fans  qu'il  perde 
aucune  des  parries  lenfibles  qui  cauibient  fa  fluidité  i 
comme  il  arrive  au  lait ,  au  fang  ,  à  la  chaux ,  au  plâ- 
tre. Coagif/atio.  On  diftingue  ainfi  cette  efpèce  d'c-1 
paidilfement  de  celui  qui  lé  lait  pat  la  pette  d'unèl 
partie  de  la  fubftance  ;  comme  quand  la  boue  s'épail3 
fit  par  l'évaporation  des  parties  aqueulés  ■■,  car  cetl 
épaidillèmenr  ne  s'appelle  point  coagulation  ,  inaisf 
endurcilfement.  Il  y  a  un  mot  général ,  favoir  concrJ-\ 
(ion  ,  qui  eft  commun  à  coagulation ,  épaijjijfemen: 
endurciJJ'ement. 

Il  y  a  de  grandes  variétés  dans  les  coagulationi\ 
Prenez  du  lait  de  vache  ,  mêlez-y  du  fuc  d'épurt'c 
catapucia  minor  ,  de  l'elprit  acide  de  miel ,  de  l'cCl 
ptit  de  nitre  ,  ou  quelques  autres  aftringens  j  la  coa- 
gulation fe  fait  beaucoup  plutôt ,  que  fi  vous  l'expo- 
fiez  feulement  à  l'air.  Au  contraire  jetez-y  du  fel  fiJ 
xe  &  fulfureux  de  tartre  ou  de  nitre  ,  de  l'efprir  de 
fel  ammoniac,  du  miel  ,  du  fiicre -,  ces  matières, 
audi-bien  que  prelque  toutes  les  plantes  âromatiJ 
qucs  ,  empêchent  ou  rerardenr  \-x  coagulation.  Le  fel 
commun  ,  le  fel  gemme ,  l'hylfope ,  ùc.  n'onr  ni  l'un 
ni  l'autre  de  ces  efî-éts.  La  coagulation  fé  fait  plutôt 
«lans  un  air  Ç^c  &c  chaud,  que  dans  un  air  humide;  en 
été  qu'au  prinremps. 

L'cfprit  acide  du  fel  commun  ,  ou  de  nitre  dil^l 
tillé  ,  jeté  dans  des  blancs  d'œufs  bien  battus,  fait 
une  coagulation  très-ferme.  L'huile  de    vitriol  cnl 
fait   unefibreulé&  moins  ferme  -,  l'efprir  acide  de 
miel  &  le  vinaigre  n'en  produilént  point  ;  l'elprit 
de  fel  ammoniac,  5c  l'huile  de  tartre  n'en  donnent 
point  non  plus.  L'efprir  de  vin  purifié  fait  une  coa\ 
gulation  afléz  ferme,  mais  divilée  en  grumeaux.  Lel 
flic  rire  de  l'épurge ,  le   fel  ammoniac   réduit  ei/ 
poudière ,  le  fel  de  perfil ,  le  fel  de  tartre  ,  le  feli 
commun  n'ôtent  rien   aux  blancs  d'œufs  de  leun 
iiuidité  ,  mais  l'extrait  de  noix  de  galle ,  &  l'alun  cr 
donnent  une  prompre  &  ferme.  La  diffolution  dui 
vitriol  de  cuivre,  qui  rougir  le  fer,  ne  fait  qu'une 
médiocre  coagulation  :  celle  dé  vitriol  de  Mars  n'i 
fair  aucune,  non  plus  que  celle  du  vitriol  blanc. 

Il  en  eft  de  même  des  coagulations  du  fang  dea 
animaux -,  le  fang  tiré  de  la  jugulaire  d'un  agneau  j 
&   partagé  en  difïcrens  valés ,  fans  y  rien  mêler  ,1 
s'eft  coagulé  en  une  demi-heure:  en  y  jetant  dci 
l'elprit  de  fel  commun ,  la  coagulation  s'eft  faitcl 
fur  le  champ ,  &  la  couleur  rouge  du   fanç  s'efti 
changée  en  couleur  noire;  l'huile  de  vitriol  proJ 
duir  le  même  effet.  Le  vinaigre  diftilléade  même 
noirci  le  fang,  mais  le  coagulumi  été  moins  fer 
me.  L'efprir  de  fel  ammoniac  &:  l'huile  de  ratrre 
onr  également  empêché  la  coagulation,  mais  le  prc 
mier  a  produir  un  rouge  plus  foncé  ,  &  le  fécond 
un  rouge  plus  vif  &  riranr  plus  fur  la  couleur  de  feuJ 
L'efprir  de  vin  a  produit  fur  le  fang  le  même  effeti 
que  fut  le  blanc  d'œuf ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  a  fair  une 
coagulation  allez  ferme ,  mais  grumeleufe ,  &  un 
rouge  femblable  à  celui  de  l'ocré  mis  au  feu.  L'ei^ 
prit  de  miel  a  rendu  ce  fang  noir,  &  d'une  con- 
fiftance  molle  &  inégale.  L'exrrair  de  noix  de  gallel 
a  auHi  donné  une  coagulation  grumeleufe.  L'cfpritl 
de  rouille  l'a  durci  &  noirci.  L'elprit  de  nitre  ficI 
l'elprit  de  fel  commun  lui  ont  ôté  toute  fa  cou-1 
leur  rouge,  &:  l'onr  réduit  en  grumeaux.  La  AWq. 
lution  de  fel  commun  dans  de  l'eau  a  un  peu  chanci-éj 
fa  couleur  fans  coaçrulation.  Le  fang  tiré  de  l'artère  1 
carotide  a  pris  une  confiftance  plus  folide  ;deiTieu-| 
rant  par  tout  rouge  ,  du  refte  il  a  éprouvé  avec  les 
mêmes  liaueursles  mêmes  cja^nilations  que  le  fan"- 
veineux.  Duhamel,  Hiji.  Acad,  p.  74,  75,LeI\ 


C  O  A 

Baîtôll ,  Jcfuîte  ,  a  fait ,  en  italien ,  un  Traite  de  la 
ijlace  &  de  la  coagulation. 

Il  y  a  coagulation  entre  deux  liqueurs  ir.èlces  cn- 
iemble ,  lorlque  leurs  molécules  s'embarrailani:  & 
s'accrochant  mutuellement,  le  mélange  acquiert 
une  conliftance  que  les  parties  n'auroient  pas ,  li 
elles  étoient  pril'es  fcparcmenr.  Il  luiiira  de  faire 
remarquer  qu'il  n'y  a  coagulation  entre  deux  ii- 
queurs  ,  que  loriquc  l'une  fe  mêle  avec  l'autre  ,  à 
peu  près  comme  un  acide  fe  joint  à  fon  alcali,  & 
lorlque  le  tout  a  des  molécules  trop  ma/iivcs  pour 
recevoir  delà  part  de  la  matière  ignée  un  mouve- 
ment en  tout  fcns. 

^fT  Le  mot  de  coagulation  (îgnifîe  également  l'état 
d'un  chofe  coagulée  ,  &  l'action  par  laquelle  elle 
fe  coagule. 

COAGULER.  V.  a.  Réduire  une  chofe  liquide  en  fub- 
ftance  folide ,  lui  donner  de  la  conliftance.  Coagu- 
lare,  C'eil:  arrêter  &  fixer  le  mouvement  des  par- 
ties infenfibles  d'un  corps  liquide  ,-  comi^  lorf- 
qu'on  mêle  le  lait ,  ou  le  fang  avec  des  acides.  Les 
venins  froids  coagulent  le  "fang,  l'empêchent  de  cir- 
culer, La  préfure  coagule  le  iait ,  Ci  le  réduit  en 
fromage. 

Il  eft  auiTi  récip.  Le  fang  extravafé  fe  coagule.  Il 
ne  fe  dit  guère  que  dans  le  dogmatique. 

Coagulé,  i^e.  ^^OlIi.  Coagulatus, 

|Cr  COAGULUM,  f.  m.  terme  de  Chimie  5c  de 
Phyfique ,  emprunté  du  latin  pour  exprimer  une 
matière  coagulée ,  une  concrétion  tormée  par  le 
mélange  de  deux  liqueurs.  Coagulum.  On  admet 
d'autant  plus  volontiers  ceS*fortes  de  mots ,  qu'ils 
fervent  à  diftinguernos  idées,  à  les  exprimer  plus 
précifément,  &:  .à  ôter  les  équivoques.  L'eau  de 
Bourbonne  ,  mêlée  avec  le  fel  de  tartre,  fait  un 
coagulum.  Acad.  1700,  Hijî.  p.  So.  Le  fel  matin 
avec  l'huile  de  vitriol ,  fermente  avec  bruit ,  & 
élève  beaucoup  de  fumée-,  la  liqueur  devient  épailfe, 
&  forme  une  efpèce  de  coagulum  ou  gelée  claire. 
Geoffroy  ,  Acad, des  Se.  i-joo, Mem. p.  115.  Cette 
agitation  5  quelque  violente  qu'elle  paroifle,  n'eft 
pas  allez  confidérable  pour  rompre  entièrement  le 
coagulum  ,  qui  fe  forme  dans  la  liqueur,  lo.p.  1 18. 
Dans  le  mélange  des  autres  fels  avec  des  acides 
plus  foibles  ,  le  coagulum  ne  s'y  rend  prefque  pas 
fenfible.  Id.  L'eau  eft  très-propre  à  dilfoudte  ce 
coa<fulum.\D.p.  12.1.  Coagw/w/n  lignifie  en  général 
tout  épallfi dément  qui  s'eft  fotmé  dans  quelque 
liqueur ,  &c  en  parriculier  une  concrétion  de  lait 
ou  de  liqueur  iaiteufe  dans  l'eftomac  des  animaux 
qui  tètent ,  comme  dans  celui  du  veau ,  du  pou- 
lain ,  du  lièvre ,  &c.  On  l'appelle  aulîi  caillé  :  il 
eft  de  quelque  ufage  en  Médecine.  Col.  de  Vil- 

LARS. 

^d*  Le  fang  forrant  des  vaifleaux,  reçu,  dans  une  pa- 
lette ,  fe  refroidit ,  fe  coagule ,  &  fe  partage  en  deux 
parties  ,  dont  l'une  eft  un  coagulum ,  qu'on  ap- 
pelle la  partie  rouge  du  fang.  L'autre  fluide  &  blan- 
che fe  nomme  la  partie  limphatique. 

tfj  COALEMUS  ouCOALiME,  f.m.  terme  de 
Mythologie.  Dieu  tutélaire  de  l'imprudence. 

COAILLE.  f.  f.  Ce  mor  autrefois  fe  difoit,  pour  £jroj/è 
laine.  LanacraJJior.  Borel  croit  que  coaille  vient  de 
queue  ,  qu'on  ccrivoit  quoue  ;  la  plus  mauvaife  laine 
des  animaux  étant  à  la  queue,  on  l'appelle  quoailU 
ou  coaille. 

CO AILLER ,  terme  de  Chafle ,  qui  fe  dit  quand  les 
chiens  quêtent  la  queue  haute  fur  de  vieilles  ou 
nouvelles  voies. 

fer  COALITION  ,  f.  f.  terme  dogmatique.  Réunion 
des  parties  qui  avoient  été  féparées ,  du  verbe  coa- 
lere  ,  fe  réunir.  Ce  mot  eft  très-énergique  &C  on  ne 
peut  lui  fubftitueique  des  périphrafcs.  Maigre  cela 
il  eft  peu  ufitc. 

Ip^"  COANNE.  f,  f.  Nom  qite  l'on  donne  à  l'efpèce 
de  tortues  de  mer  qui  font  les  plus  grandes.  L'écaillé 
Se  la  chair  n'en  font  pas  bonnes. 
gCF  COARCTER ,  v.  a.  terme  de  Jurifprudence.  Or- 
donnons que  la  partie  de  N,  répondra  précifé-' 


COB  ^5^f 

mcrtt  '^  Miftiniftemenr  aux  faits  coarcîc's  par  ii 
tie  de  A',  lui  donnons  afte  de  fa  plainte  des  tfoia 
faits  articulés  dans  la  requête  préfentée  au  Com-" 
miilaire  départi  dans  laGcncralitc  de  Limoges  &ù 
coar&sda.as  la  requête  du  n  Fcv,  1750.  Arrêt  du 
GrandConfeil. 
COARS,  ad  j.  vieux  mot.  Timide,  aùnût  Glojf.  des 

Poëf.  du  Roi  de  Nav. 
COASSEMENT  ,  f.  m.  cti  des  grenouilles.  ^rf«drr//;a 

cLunor ,  cisixatio. 
COASSER. ,  v.  n.  mot  fait  pour  exprimer  le  cri- 
des  grenouilles.  Coaxare.Lcs  grenouilles  font  im^ 
portunes  en  été  ,  quand  elles  coajfent.  On  dicquo 
fi  on  met  de  la  lumière  dans  les  folles  d'un  Châ- 
teau ,  cela  empêche  les  grenouilles  de  coajfer. 
COATI,  f.  m.  C'eft  un  animal  du  Btcfil  divcricmcnr 
décrit  pat  les  Naturaliftci ,  qui  a  un  mufeau  long 
d'un  pié  ,  rond  comme  un  bâton ,  à  peu  près 
comme  la  trompe  d'un  éléphant ,  comme dilênt  De 
Leri  &  Marcgravius.  Cependant  il  n'en  a  rien  que 
la  mobilité  -,  car  il  rcfiemble  davantage  à  un  groin 
de  pourceau.  De  Laet  en  tait  deux  efpèces  y  l'un  qui 
a  le  poil  roux  par  tout  le  corps,  eft  appelé  fimple- 
menr  coati ,  &  c'eft  la  femelle  :  l'autre ,  qui  n'a  que 
le  ventte  Si  la  gorge  de  cette  couleur ,  qu'on  ap- 
pelle coati  mundi.  On  en  a  dilféqué  un  de  cetre 
efpèce  à  l'Académie  des  Sciences  ,  qui  avoir  fix 
pouces  depuis  le  bour  du  mufeau  jufqu'ài'otcipuc,, 
qui  en  avoir  16  jufqu'à  la  queue  ,  laquelle  en  avoic 
13  de  long.  Il  ctoit  haut  de  lix  pouces.  Ses  pattes 
avoient  cinq  doigts ,  &  les  ongles  crochus ,  noirs 
&:  creux  ,  comme  le  caftor.  Son  poil  eft  court,  rude 
&  bouchonné,  noir  fur  le  dos  &  aux  extrémirés 
des  pattes  &  du  mufeau ,  aii  refte  du  corps  mêlé 
de  noir  Sc  de  roux.  Il  avoir  des  yeux  de  cochon  y 
des  oreilles  de  rat ,  des  dents  triangulaires  &:  poin- 
tues ,  la  gueule  grande  &  bien  fendue  ,  iSc  la  mâ- 
choire d'en  bas  beaucoup  plus  courte  que  celle  d'en 
haut.  Cet  animal  a  coutume  de  ronger  fa  queue. 
Quelques-uns  l'ont  voulu  faire  pafie?  pour  le  fa- 
gouin ,  qui  eft  une  efpèce  de  guenon  :  car  fa  queuo- 
approche  de  la  longueur  de  celle  des  finges  qu'on 
nomme  cercopitheci. 
'\fT  COATIAS  ,  f.  m.  nom  qu'on  donne  au  Brclil 
à  un  animal  qui  relfemble  à  nos  lièvres  par  fa  taille 
par  fa  figure  ,  &  par  le  goût  de  fa  chair. 
COATLI  ,  f.  m.  nom  que  les  Mexicains  donnent  à 
un  grand  arbrifiéau  de  la  nouvelle  Efpagne  ,  donc 
le  bois  eft  appelé  bois  néphrétique ,  qui  eft  erï  ufagei 
dans  la  Médecine.  Voye\  NfcPHRÉTiq,UE, 

COB. 

COBALÊ.  f.  m.  Cobalus.  Le  Scholialte  d'Ariftophahd 
fur  lePlutus ,  v.  179  ,  dit  que  les  CohaUs  étoient 
des  génies  malins  &  trompeurs  ,  de  là  fuite  de  Bac- 
chus.  Ce  mot  eft  srrec  ,  &  fi^nifiolt  chez  les  Grecs 
a  peu  près  ce  que  fignifie  chez  nous  un  Elcamo- 
teur ,  un  filou ,  un  Bohémien.  K.«b«Ao5 ,  dit  le  même 
Scholiafte,  lut  le  v.  1047  delà  Comédie  des  gre- 
nouilles ,  çjj  la  même  chofe  que  jrKv»fre«,  c'eft-à-dire^ 
un  rufé ,  &  fur  le  v.  xjo  de  la  Comédie  intitulée 
Les  Cavaliers,  il  dit  ,  qu'il  fignifie  trompeur ,  fi- 
lou :  Héfychius  l'interprète  encore  un  jaiéur ,  un 
caufeur,  un  hâbleur i&  d'autres,  félon  lui,  l'ex- 
pliquent par  narxlci ,  un  difeur  de  fadaifes ,  ou 
de  bagatelles ,  &  d'autiçs  ,  un  débauché  ,  nri  rieut , 
un  railleur ,  un  bouffon.  On  les  appeloit  aulîî ,  félon 
le  Scholiafte  cité,  K«,jv..$«o«,  Coryrrephore  ;  c'eû- 
à-dire,  qui  porte  une  malfue,-un  Garde.  Les  Co- 
tales  éroienf  donc  des  gens  de  la  fuite  de  Bacchus  y 
&  comme  fes  Gardes  :  mais  qui  éroienr  en  mcmd 
temps  fes  bouffons ,  qui  par  leurs  bons  mots ,  leur- 
babil,  leurs  rours  de  paife-paffe,  leurs  rufes,  ef- 
camotoient  tout  ce  qu'ils  pouvoicnt ,  &  filoutoienc 
les  f^ens.  On  prétend  que  ce  font  ces  efprits  folet^ 
que  l'on  dit  que  l'on  voit  cncoie  quelquefois ,  dont 
il  y  a,  dit-on,  grand  nombre  en  Satmatie ,  que 
les  Sarmates  appellent  Drulles  ;  les  Rulficns  iC»-; 


6<^6  COB 

iikes ,  &  les  AUemans  Cobaldes  ,  qui  ont  grand  foin 
des  maîtres ,  auxquels  ils  s'attachent,  de  leurs  mai- 
ions  ,  de  leurs  chevaux ,  &c.  dérobant  tout  ce  qu'ils 
peuvent  chjz  les  voiiins ,  bi  le  leur  apportant. 

Ce  mot  Cobale  ,  Ko'îaAis  ,  lelon  Suidas ,  vient 
dc^c^n,  une  epc<: ,  une /tac/ze  ;  &  par  conféquent 
il  Ibra  dit  pour  >c.Vr(A.«  ,  mais  on  ne  voit  pas  que 
la  lignirication  de  ......s,  .le  rapporte  allez  à  celle 

de  Cotai,;.  D'autres  le  tirent  de  •?  jn ,  hhebel,  qui 
en  hébreu,  en  chaldcen  ,  en  lyriaque,  en  arabe  , 
Signifie  une  corde  ,  un  lacet ,  &  métaphorique- 
ment une  tromperie  ,  une  rule  ,  par  où  on  eft  pris 
comme  dans  un  lacet.  Il  a  ce  Tens  figuré  au  Ff. 
CXFlll,  6i.  Outre  les  Auteurs  cités,  Natalis  Co- 
rnés parle  des  Cobaki  dans  la  Mythologie ,  L.  V ^ 

C.  11. 

COBALT,  r.  m.  Cobaltum.  Pierre  ou  MarcafTite  d'où 
l'on  tire  l'arl'enic  en  la  faifant  calciner.  Voye^^  Ar- 
senic ,  KoBALTHUM  ,  &le  SpeclacU  de  la.  nature. 
Le  cobalt ,  ou.  cobolt ,  eft  un  minéral ,  qui  eft  une 
forte  de  cadînie  naturelle  ,  de  laquelle  on  tire  le 
bifoiuth,  l'arfénic,  &  cette  efpèce  d'azu^qucles 
Peintres  emploient  avec  du  blanc  de  plomb  ,  pour 
peindre  en  bleu.  Se  qui  fort  à  donner  à  l'empois 
la  couleur  bleue  qui  lui  eft  néceflairc.  Ce  minéral 
contient  ordinairement  un  peu  d'argent.  Il  y  en  a 
plufieurs  mines  en  Allemagne. 

COBBAN.r.  m.  Arbre  qui  croît  dans  l'Ile  de  Suma- 
tra ,  &  qui  eft  appelé  par  ceux  du  pays  geuhf/i.  Il 
eft  couvert  d'une  ccorce  jaunâtre ,  ou  de  couleur 
de  fatran.  Ses  branches  font  courtes,  &  fes  fouil- 
les petites.  Son  fruit  eft  un  peu  gros ,  &  rond  comme 
une  balle  à  jouer.  Il  rcnforme  un  noyau  qui  eft  de 
la  grofléur  d'une  noiletce  ,  dans  lequel  il  y  a  une 
fonience  fort  amère  ,  &  qui  a  le  goût  de  la  racine 
d'Angélique.  Ce  fruit  eft  fort  propre  pour  étan- 
chcr  la  Ibif -,  mais  fa  femence  ,  quoiqu'amcre ,  eft 
beaucoup  meilleure.  On  tire  de  cette  femcnçe  une 
huile  qui  eft  fouveraine  contre  les  douleurs  du  foie, 
de  la  rate.  Se  contre  la  goutte. 

COBE,  terme  de  Marine.  On  appelle  cobes  des  bouts 
de  cordes  qui  font  jointes  à  la  ralingue  de  la  voile  , 
&  dont  la  longueur  ne  palfe  pas  un   pié  &  demi. 
On  les  appelle  autrement  ancettes. 

COBIR  ,  v.  a.  vieux  mot.  Confire. 

COBIT.  f  m.  Mefurc  pour  les  longueurs,  dont  On  fo 
fort  en  plufieurs  endroits  des  Indes  Orientales.  Le 
cobit  n'eft  pas  par  tout  égal.  Celui  de  Surate  ,  félon 
Tavernier,  eft  de  deux  pies  de  Roi  &  feize  lignes. 

COBITES.  f.  m.  Cobites.  C'eft  une  efpèce  de  poiifon 
d'eau  douce ,  de  la  nature  du  goujon ,  dont  il  eft 
parlé  dans  Aldrovandi, 

COBLENTZ,  Ville  du  Cercle  Elec1:oraI  du  Rhin  en 
Allemagne  ,  au  confluent  du  Rhin  &:  de  la  Mofelle, 
d  où  eue  a  pris  l'on  nom.  Conjluentes  ou  Confiuen- 
tia ,  d'où  s'eft  formé  en  allemand  Coblenti.  Cette 
ville  qui  ctoit  anciennement  Impériale,  fut  don- 
née p?r  Henri  VII ,  l'an  1 3 1 1 ,  à  l'Eleéteur  de  Trê- 
ves ,  auquel  elle  a  toujours  appartenu  depuis.  Quel- 
ques Auteurs  la  prennent  pour  l'ancienne  Trajana 
Leaio ,  que  d'autres  croient  être  Drekshaufen. 

§:?  fcOBONAS.  (  les  )  Peuple  d'Afrique  dans  la  Ca- 
frerie ,  fous  le  tropique  du  Capricorne. 

§cr   COBOURG,  Toye^  CoBURG. 

CO-BOURGEOIS,  terme  de  Commerce  de  Marine. 
Celui  à  qui  un  vailfoau  appartient  en  commun  avec 
un ,  ou  plufieurs  propriétaires ,  &  qui  en  eft  Bour- 
geois avec  eux. 

CÔBRA-CAPELO.  f.  m.  Serpent  des  Indes,  dont  le 
poifon  eft  fans  remède.  P.  Le  Comte. 

COBRE.  f.  m.  Sorte  de  mefure  étendue,  dont  on  fe 
fort  à  la  Chine,  particulièrement  du  côté  de  Can- 
ton ,  pour  mefurer  les  étoffes ,  les  toiles ,  &c.  Les 
dix  cabres  font  trois  aunes  de  Paris. 

COBRISSO,  f.  m.  nom  que  l'on  donne  à  la  mine 
d'argent,  dans  le  Chily  &  le  Pérou,  lorfqu'elle 
tient  du  cuivre,  &  que  par  cette  raifon  elle  eft 
teinte  d'une  couleur  verre;  cette  forte  de  mine  eft 
difficile  à  traiter,  c'eft-à-dire,  qu'il  eft  difficile  d'en 


coc 

tirer  l'argent  à  caufe  du  cuivre  dont  elle  eft  mêlée. 
COBTER,  v.n.  vieux  mot  dont  on  fe  forvoit  pour 
heurter.   Il  vient  de  ^  étr'/ti. ,  frapper.  On  a  dit  auHî 
cop ,  au  lieu  de  coup. 

COC. 

COC.  Voyei  CoQ. 

COC.  i.  m.  Coltum.-Cs^  une  herbe  odiférante.  Ptut- 
être  eft-ce  la' même  choie  que  Coca  ,  qui  fuit. 

M.  Huet  croit  que  coc  vient  de  cojium ,  d'où  l'on 
a  d'abord  formé  coji,  ôc  enluite  coc. 

COCA  ,  f  m.  arbriileau  du  Pérou.  Ses  feuilles  font 
fomblables  à  celles  de  myrte,  ou ,  félon  quelques- 
uns  ,  à  celles  du  fumac  ,  mais  un  peu  plus  grandes, 
molles ,  &c  d'un  vert-clair.  Son  ttuit  eft  en  grappe, 
rouge  comme  le  mirtille ,  &:  de  la  même  groifour 
lorfqu'il  commence  à  miirir  ,  &;  noir  quand  il  eft 
tout-à-fait  mûr.  ^fT  Ces  fruits,  quand  ils  font  focs, 
forvéht  aux  habitans  de  petite  monnoie:  de  même 
que  le  cacao  en  fert  aux  Mexicains.  Après  la  récolte 
des  fi:uits,on  fait  celle  des  feuiUcsque  l'on  faitfocher 
dans  des  paniers ,  afin  qu'elles  fe  con  fervent  mieux 
&  qu'on  puiifo  les  tranfporter  dans  les  autres  pays. 
Les  Américains  en  font  un  grand  ufage.  Ilsen  ont 
toujours  dans  la  bouche  ,  fans  les  m.âcher  ,  ni  les 
avaler.  Ils  prétendent  que  l'ufage  de  ces  feuilles 
rafraîchit  la  bouche ,  appaife  la  foif ,  &  même 
foûtient  les  forces.  Ils  en  font  un  commerce  con- 
fîdérable. 

COCAÏNE  ou  plutôt  COCAGNE,  f.  f.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  en  Languedoc  a  un  petit  pain  de  PaP 
tel  avant  qu'il  foit  réduit  en  poudre  ,  éc  vendu  aux 
Teinturiers.  Glajlum ,  vitrum  ,  ifatis:  On  en  fait' 
grand  trafic  en  ce  pays-là.  Et  parce  qu'il  ne  vient 
que  dans  des'  terreà  fertiles ,  &  qu'il  apporte  un 
très-grand  revenu  à  fes  maîtres ,  vu  qu'on  eh  fait 
cinq  ou  fix  récoltes  par  an  ,  quelques-uns  ont  nom- 
rné  le  haut  Languedoc  un  pays  de  cocagne:  &  c'eft 
là-deffus  qu'eft  fondée  la  fable  du  Royaume  de 
Cocaane ,  de  ce  pays  imaginaire  où  les  habitans 
vivent  fort  heureux  fans  rien  faire.  Lotophagorum 
regio.  De-là  eft  venu  auffi  qu'on  a  appelé  pays 
de  Cocagne ,  tous  les  pays  fertiles  &  abondans  ,  & 
où  l'on'fait  grande  chère. 

M.  Aftruc^dans  la  féconde  partie  de  fes  Mémoires 
pour  l'Hiftoirc  naturelle  de  la  Province  de  Lan- 
guedoc ,  obferve  qu'on  y  fait  des  pelotes  avec  de 
la  pâte  du  paftel  :  elles  s'appellent  coc^ues  ou  co- 
quaigne ,  &:  le  pàftel  ainfi  apprêté ,  pafiel  en  co- 
quaigne.  C'eft  de-là,  ajoute-t-il ,  qu'eft  venu  l'ufage 
de  dite  pays  de  coquaigne  ou  cocagne ,  pour  dire, 
un  pays  riche  ,  parce  que  le  pays  où  croît  le  paf. 
tel ,  s'enrichilîbit  autrefois  par  le  commerce  de  cette 
drogue.  Voilà  une  origine  de  coquaigne ,  qui  n'a- 
voit  pas  encore  été  indiquée  j  &  qui  paroît  fort 
vraifomblable.O/'//;/r  les  Ecrits  mod.t.ç),p,  106.  Le 
pays  de  Caux  eft  un  pays  de  cocagne.  Saras.  Paris 
eft  pour  un  riche  un/JVJ  de  Cocagne.  Bon.  Quel- 
ques-uns écrivent  Caucagne. 

Jadis  re^noit  dans  la  Champagne  , 
Par  les  dons  de  Bacchus  fort  renommé  climat , 

Et  pour  tout  pays  de  Caucagne 
Un  Prince  dont  les  mxurs  firent  beaucoup  d'éclat. 

Mlle  L'Héritier; 

Le  mot  de  cocagne  s'emploie  en  Italie  ,  lorfqu'on 
abandonne  au  peuple  des  vivres  dans  des  fêtes  cé- 
lèbres ,  &  on  dit  en  ce  fens ,  qu'il  y  a  eu  cocagne 
dans  une  fête.  En  parlant  d'une  fête  qui  fut  don- 
née à  Naples,  on  rapporte  que,  comme  la  fête  fe 
donnoit  fur  l'eau,  de  peur  d'accident,   on  ne  fui» 
vit  pas  l'ufage  qui  fe  pratique  en  pareille  occafion 
de  rendre  la  cocagne  générale.  Mercure,Aoàt  1758^ 
La  rivière  de  Cocagne  ,  en  Acadie  ,  fur  la  côte 
occidentale. 
COCAMBE.  Foyei  Cocombre. 
COCAOTE.  f.  {.Corvinus  lapis.  Pierre  qu'on  trouve 

dans    , 


e  ô  G 

i^ans  rîncîc  ,  qui  efl:  remarquable  par  un  bruit  fem- 

blable  à  celui  du  tonnerre,  qu'elle  tait,  lorlqu'clle 

efi:  cchaufïoe  Dict.  de  James. 

IJCT  COCARDE,  r.  f.  nœud  de  ruban  qu'on  porte 

au  retrouflls  du  chapeau.  Les  Soldats  portent  des 

cocardes  ,  ou  d'une  même  couleur ,   ou  de  couleurs 

■difFcrentes ,  félon  les  diiïérens  Corps.  La  cocarde  a 

Tuccédc  à  l'ccharpe. 

§C?  Ce  mot  vient  aparemmcnt  de  coq,    parce  que 

ces  ornemens  !bnt  des  efpèces  de  crêtes.  On  appe- 

loit  autrefois  bonnet  à  la  cocarde ,  un  bonnet  où 

les  enfans  mettoient  des  plumes  de  coq, 

^OCASSE.  adj.  Ce  mot  fe  trouve  dans  le  Dicîion- 

naire  François-Latirt  in-^o.  16]  S,  avec  la  citation 

de  Belleau ,  mais  fans  explication.  Cotgravc ,  qui 

ccùicoLjisajJe,  l'explique  par  coqiumar  ou  chaudron. 

Cocasse  fc  dit  aujourd'hui  de  quelqu'un  qui  fait  ou 

dit  des  chofes  plaifantes  &:  riîibles. 
^C?  COCATRE.  f.  m.  Chapon  qui  n'a  été  châtre 

qu'à  demi. 
COCATRLN:  ,  f.  f.  efpèce  de  Bafilic  qui  s'engendre 
dans  les  cavernes  Se  les  puit;.  En  latin,  bafdiciis 
regultis.  Il  y  a  en  la  Cite  à  Paris,  un  fief  qui  s'ap- 
pelle Cocatnx ,  dans  une  rue  du  nicme  nom. 
§3"  COCCARA.  Efpèce  de  g.âteau  des  Grecs  dont 

on  ne  connoît  que  le  nom. 
COCCEIA,  f  f.  nom  d'une  famille  de  l'ancienne  Ro- 
me. Cocceia  gens.  On  ne  fait  fi  la  famille  Cocceia 
croit  Patricienne,  ou  Plébéienne.,  L'Empereur  Ncr- 
va  étoit  de  la  famille  Cocceia.  Les  médailles  con- 
fulnires  de  cette  famille  font  rares. 
COCCÉIANISME.  f.  m.  Doélrine  de  Coccéius  , 
fameux  Théologien  de  l'Univerfité  de  Leyde.  Sedle 
de  Coccé'ms.Cocceianîfmus.  Voyez  Cocceien.  Le 
Cocciianifme  ne  jeta  pas  feulement  de  plus  fortes 
racines  en  Hollande  :  il  pafla  la  mer  pour  s'introdui- 
re en  Zclande  ,  où  il  trouva  plufieurs  perfonncs 
qui  le  déclarèrent  pour  lui.  Hifi.  de  Guillaume  III. 
Jocger ,  dans  fon  Hifioire  Eccléjiafiique  publiée  à 
Hambourg  en  1717,  unit  \c  Cocceianij/ne  avec  le 
CartéfianilÎTie,  &  prérend  que  ces  deux  partis  s'ac- 
cordent enfemble  en  bien  des  manières,  mais  il  di- 
ftinçue  beaucoup  Coccéius  des  Coccéiens. 
COCCÉIEN,ENNE.  Nom  de  nouveaux  Scdlaires  qui 
font  répandus  dans  toute  la  Hollande  &  dans  les 
pays  voilins.  Ils  tirent  leur  noni  de  Jean  Coccéius, 
Profefieurcn  Théologiedans  l'Académie  de  Leyde, 
qui  étoit  très-favant  dans  la  langue  hébraïque.  Les 
autres  Profefléurs  Calviniftes  lui  donnèrent  le  nom 
de  Scriptuarius  ,  parce  que  lifant:  continuellement 
l'Ecrirure  ,  il  y  avoir  découvert  plufieurs  chofes  qui 
h'éroient  point  connues  auparavant  :  il  trouvoit , 
cntr'auttes  choleSjprcfque  dans  toutes  les  Prophéties 
de  l'ancien  &  du  nouveau  Teflamenr  le  règne  de 
Jefus-Chrift,  &  celui  de  l'Antechrirt:  qui  lui  efl  op- 
pofé.  On  dit  de  lui ,  qu'il  voyoit  par  rout  le  Mcffie, 
&  que  Grotius  au  contraire, qu'il  combat  ordinaire- 
inenr ,  ne  le  voyoit  en  aucun  endroir.  Il  eft  le  pre- 
mier ,  dit  M.  Stoup ,  qui  â  découvert  &c  enfeigné 
la  diifcrence  du  gouvernement  de  l'Eglife  avant  la 
loi ,  fous  la  loi ,  &  après  la  loi  :  il  dit  qu'avant  la  loi , 
la  promefle  avoit  lieu,  pendant  laquelle  l'Eglife  étoit 
libre  ;  qu'à  la  promefié  Dieu  avoit  ajouté  la  loi ,  la- 
quelle ayant  été  premièrement  repréfentée  dans  le 
Décalog  je,  ne  contient  que  l'abrégé  de  l'alliance  de 
grâce  &  les  commandemens  delà  foi, de' la  repcntan- 
ce  &  de  la  rcconnoiifance  que  nous  devons  à  Dieu. 
Coccéius  a  plufieurs  aurres  fentimens  particuliersi  II 
croit  qu'il  doit  s'élever  dans  le  monde  un  règne 
de  Jefus-Chrift  qui  abolira  le  règne  de  l'Anrechrill  ; 
que  quand  le  règne  de  Jefus-Chrift  fera  aboli  avanr 
la  fin  du  monde,  après  la  converiîon  des  Juifs  &  de 
toutes  les  Nations,  l'Eglife  fera  alors  fortéclarante  : 
fclon  lui  la  Jcrufalem  célcfire  qui  efl:  décrire  dans 
l'Apocalypfe  ,  reprélente  la  condition  de  l'Eglife 
telle  qu'elle  doit  être  glorieufe  fur  la  terre,  5i  non 
celle  qui  doit  triompher  dans  le  Ciel.  Les  Coccéiens 
font  aujourd'hui  im  grand  parti  dans  les  Provinces- 
Unies.  Voctius  &  Deiinarets  condamnèrent  plufieurs 


G  O  G  f y^ 

opinions  de  Coccéius  comme  hérétiques  ;  &  ilj 
ptérendircnt  même  qu'il  étoit  Socinicnen  beaucourl 
de  choies  ;  ils  le  traitoient  de  Novateur,  &  d'hom- 
rne  qui  s'attachoit  trop  a  l'Ecriture;  pour  ce  qui 
eft  du  Socinianiime,  il  feroit  ailé  de  l'en  juitifier.  Il 
a  combartu  avec  force  les  Sociniens  dans  fes  Corn- 
mentaires  fur  l'Ecriture.  Tout  ce  qu'on  peut  dire 
de  lui  j  c'ell  qu'il  a  avancé  quelques  vifions,  &  qu'il 
a  eu  des  penfées  trop  particulières, 
rr  COCCIGIEN  ,  ENNE.  adj.  Terme  d'Anatomie, 

qui  fc  dit  fubftancivement  de  quelques  mufclesqui  ont 
rapport  au  coccix,  desmuiclesdu  coccix,  Coccygia- 
nus,  a,  um.  L'Ifc/iiococcigienfOaçoccigienzméùeai^ 
eft  un  mufcle  largement  attaché  à  la  portion  antérieu- 
re d'un  petit  ligament  tranfverfal,  qui  paroît  au  haut 
du  trou  oval  de  l'os  innommé,  &C  qui  n'cft  qu'un  pli 
parriculier  du  grand  ligament  tranfverlàl  du  ballin. 
De-là  il  fe  glifie  entre  ce  grand  ligament,  qu'on 
peut  appeler  ligament  ifchio-pedtiné,  &  le  mufcle 
obturateur  interne ,  avec  lequel  on  confond  allez, 
facilement  ce  mufcle.  Dans  ce  trajet  il  fe  concen- 
tre ,&  enfuire  s'attache  au  bas  du  coccix.  Winslow. 
LeSacro-coccigicn  ou  Coccigien  poftérieur,  eft  uti 
mufcle  du  coccix ,  attaché  au  bord  de  la  face  interne 
ou  concave  des  deux  premières  vertèbres  de  l'os 
Sacrum,  au  bord  inférieur  interne  du  périt  li(^a- 
ment  facro-fciatique ,  tout  au  long  &  à  répine^'de 
l'os  ifchion.  Delà  il  va  aufÏÏ,  enVe  concentrant, 
s'arracher  au  côté  de  la  face  interne  du  coccix  aii 
deillis  de  l'autre  mufcle.  Winslow, 

Le  coccigien  antérieur,  ou Ifchio-cacaV/^/z,  au- 
quel il  conviendroit  mieux  de  donner  le  llïmom  de 
latéral  que  celui  de  poftérieur,  peut  .avoir  l'ulage  de 
foûtenir  latéralement  de  côté  &  d'autre  le  coccix  j 
comme  en  équilibre ,  &  d'en  empêcher  le  trop  de 
renverfement  &:  même  la  luxation  dans  les  grands 
efforts ,  par  la  fortie  des  matières  dures  &  çrolTes» 
Id. 
COCCIX ,  f.  m.  terme  d'Anatomie.  C'eft  un  os  qui 
eft  à  l'extrémité  de  l'os  facré.  Coccix.  Il  eft  canila- 
gineux ,  &  fa  figure  eft  comme  un  bec  de  coucou  i 
qui  d'une  bafe  large  va  en  fe  rétréciflant  &enfQ 
courbanr.  Et  c'eft  de-là  qu'il  tire  fon  nom  de  y.iy.x.v^, 
qui  eft  un  mot  grec  qui  fignifie  cowcow.  Il  affermie 
l'inteftin  droit  &  le  cou  de  la  vellie  &  de  la  mattice, 
f)3"  COCCORA.   Diane    étoit   honorée    en    Elid© 

fous  ce  nom.  On  n'en  fait  pas  la  raifon, 
COCCOTHRAUSTE,  f.  m.  oifeau  que  l'on  trouve 
dans  les  bois  d'Italie  &:  d'Allemagne,  &  que  l'orl 
appelle  encore  Fringilla  roftrata.  Son  nom  lui  vient 
de  fa  manière  de  vivre;  car  il  fe  nourrit,  en  été 
principalement,  de  noyaux  de  cerifes,  qu'il  cafTe 
avec  fon  bec,  &  de  baies  de  différences  efpèces.  Il 
eft  propre  pour  l'épilepfie;  pour  exciter  l'urine  étanc 
mangé  ou  pris  en  décoélion.  Lémery,  des  drogues, 
ce  mot  vienr  de  ïoVmj  ,  grain  ,  &  ep«,ia  ,  rompre. 
COCCUS  ,  f  m.  nom  qu'on  donne  à  cette  efpèce  de 
chêne  vert  qui  porte  la  graine  d'écarlate.  Foye:^ 
Chêne  vert, 
Coccus  fe  dit  auflî  de  la  graine  nicme  d'écairlate  j 
qu'on  appelle  autrement  kermès.  Voyez  Kermès» 
On  trouve  fur  les  racines  de  la  pimprenelle  com- 
mune ,  &  fur  une  efpèce  de  renouée  qu'on  nomme 
polygonum  cocciferum  ,  des  graines  femblables  a. 
celles  qui  viennent  fur  le  chêne  vert.  On  les  appelle 
coccus  radicum  ,  pour  les  diftinguer  des  autres. 
Elles  fervent  pour  teindre  en  cramoifi.Il  s'en  trouvé 
encore  fut  une  efpèce  àe  pi  lofe  lie. 
COCHE,  f  m,  voiture  pofée  fur  quatre  roues,  qui 
eft  en  forme  de  carroile ,  à  la  réferve  qu'il  eft  plus 
grand.  Ejjedum  ,  rlieda,  carpentum  viatorium.  On 
s'en  ferr  pour  aller  de  ville  en  ville.  Il  y  a  des  coches 
de  Paris  à  Lyon,  Rouen  ,  Bourdeaux,  &:  pour  tou- 
tes les  grandes  villes  de  commerce.  Les  Rois  de  la 
première  race  fe  faifoient  traîner  par  quarre  bœufs 
atelés  à  une  efpèce  de  coche,  &  de  charrior.Hélioga- 
bale  fe  fit  tirer  dans  un  coche,  par  quatre  femmes 
nues  à  travers  les  rues  de  Rome.  Mont.  On  appelle 
aulfi  coche  d'eau ,  des  bateaux  publics  &i  couverts  > 

OOoo 


6fê  coc 

qui  fervent  à  voiturer  1l-s  perlonnes  &  les  marchan- 
difes  fur  les  rivictes.  Fuuorium  nuvi'^iiim.  Les  cuclics 
de  Melun,  di  Sens ,  de  Joigny  ,  dÀuxeire.  On  ap- 
pelle coches  volans  ,  les  coches  bien  attelés  qui  tont 
une  plus  grande  diligenr.e  que  les  autres.  On  le  fer- 
volt  anciennement  de  coches  à  la  guerre  ;  cec  ulage 
efl:  aboli  il  y  a  long  temps.  Ivicnage  &c  Nicod  déri- 
vent ce  mot  de  l'Hongrois  Rouiy  ,  dilant  que  ies 
coches  font  de  l'invention  des  Hongrois.  Du  Cange 
le  dérive  de  coi;a  ,  qui  ell:  une  efpcce  de  navire  que 
Spelmamus  dérive  de  coijue  ou  de  concha,  parce  que 
ces  navires  font  faits  en  forme  de  coquille.  L'Alle- 
mand dit  kuifch  ,  pour  lignifier  la  même  chofe. 

On  dit  d'un  homme  qui  ne  veut  point  diifcrer 
fon  voyage  ,  qu'il  a  donné  des  arrhes  au  coche  ,  qu'il 
faut  qu'il  parte. 

^T  On  dit  figurément,  &dans  le  ftyle  familier,  la 
même  chofe  d'une  homme  qui  a  déjà  pris  quel- 
que engagement  dans  une  affaire. 

CocHt  le  prend  aulfi  pour  toutes  les  perfonnes  qui 
font  dans  le  coche,  Monlieur ,  votre  homme  eft  ar- 
rivé ,  je  l'ai  YÛ  à  trois  lieues  d'ici ,  où  a  couché  le 
coche.  Mol. 

On  dit ,  en  termes  de  Marine,  porter  les  humier<; 
en  coche  -,  pour  dire,  les  hifler  au  plus  haut  du  mat. 
On  appelle  aulfi  quelquefois  coche  d'afût  de  hord  > 
les  dents,  ou  entailles  qui  font  dans  lesflafques, 
au  derrière  de  l'afiit ,  pour  y  pofer  le  travertin. 

Coche  ,  f  f.  ttule  vleiUe  &;  grafle ,  qui  a  eu  plu- 
iieurs  cochons.  Scrofa  ,  porca  ejjœta. 

On  dit  figurément  &  balîement  d'une  femme 
grolfe  extraordinaircment ,  que  c'eft  une  grolfe  co- 
che,  une  vieille  coche.  Obefa  mulier. 

Coche  lignifie  aulîi  une  dent ,  une  entaille  qu'on  fait 
dans  du  boisi  ou  autre  corps  folide ,  pour  y  arrêter , 
on  y  marquer  quelque  chofe.  Cren.t ,  incifio  ,  inci- 
fura.La  corde  d'une  arbalète  s'arrête  dans  une  coche 
faite  exprès.  On  fait  des  coches  fur  une  taille  pour 
marquer  la  quantité  de  pain  ou  de  vin  qu'on  a  pris 
chez  le  Boulanger,   le  Cabarrctier. 

Coche  fe  dit,  chez  les  Chapeliers ,  d'un  morceau  de 
buis  ou  d'autre  bois  dur,  qui  leur  fertà  tirer  &  faire 
agir  la  corde  d'un  inftrument  appelé  Arçon,  pour 
arçonner  les  étoffes  ou  matières  dont  les  chapeaux 
doivent  êtte  compofés. 

COCHE ,  f.  f.  petit  ais ,  ou  morceau  de  bois.  Pour 
faire  un  corps  bien  efpagnolé,  quelle  géhenne  ne 
fouffrent  pas  les  femmes  guindées  &  fanglées  avec 
groHes  coches  fur  les  côtés ,  jufqucs  à  la  chair  vive  ; 
oui ,  quelquefois  à  en  mourir.  Montagne.  De  grof- 
fes  coches  ,  c'eft-a-dire  ,  des  écliffes  ,  qui  preifécs 
fortement  fur  les  côtés  par  des  ceintures ,  y  ren- 
doient  la  chair  infeniible  ,  &  aulfi  dure  que  la  corne 
ou  le  cal  qui  vient  aux  mains  de  certains  ouvriers.  Les 
Dames  qui  fe  font  expofées  à  cette  torture ,  lorf- 
qu'elle  étoit  autorifce  par  la  mode  ,  le  font  moquées 
d'elles-mêmes  dans  la  fuite ,  quoiqu'apparemmcnt 
elles  fulfent  toutes  prêtes  à  fe  facrifier  de  nouveau  à 
cette  même  mode ,  li  elle  eût  été  remife  en  crédit, 

M.    CpSTF. 

COCHÉ  ,  EE  ,  adj.  terme  de  Peinture.  Qui  eft  fait 
en  coche ,  qui  a  un  enfoncement  comme  une  coche. 
Cavatus  ,  a ,  um.  Il  faut  que  les  contours  des  dra- 
peries ,  &  la  manière  des  plis  fuive  &;  repréfente  en 
quelques  endroits  la  forme  du  membre  qu'ils  cou- 
vrenr.  Prenez  bien  garde  auHi  de  ne  point  faire  de 
ces  faux  contours ,  qui  détruifent  la  forme  du  mem- 
bre ,  en  pénétrant  dans  le  vif  par  des  ombres  trop 
cochées  ,  &  plus  profondes  que  ne  peut  être  la  fu- 
perficie  du  corps  qu'elles  couvrent.  "Vinci,  trad. 
Qu'il  n'y  ait  point  de  pli ,  qui  par  fon  ombre  fafle 
rompre  aucun  des  membres ,  c'eft-à-dire ,  qui  paroif- 
fe  plus  coché  dans  fa  profondeur ,  que  n'efl  le  vif  ou 
la  furface  du  membre  qu'il  couvre.  In.  Beaucoup  de 
Peintres  fe  plaifent  à  faire  leurs  draperies  fort  cochées 
avec  des  angles  aigus ,  &  d'une  manière  crue  & 
tranchée.  Id. 

|3:_  COCHETEES  ,  {pillnUs)  terme  de  Pharmacie. 
Foyei  CoGHiili, 


c 


-yr  COCHEIM.  Ville  du  Cercle  Eledoral  du  Rhin  , 
en  Allemagne,  dans  l'Archevêché  de  Trêves,  fur 
la  Moîelle. 
COCHEMAR.E.    Foye^   Cauchemare, 
COCHtNILLAGE  ,    i.  m.  C'eft  la  décodion  ,  ou 
bouillon  tait  avec  la   cochenille  ,   dans  lequel  fe 
teignent  en  cramoifi ,  ou  écarlate ,  les  draps ,  laines 
&  autres  étolFes.  On  le  dit  aufîi  de  l'action  de  tein- 
dre en  Cochenille. 
COCHENILLE  ,  f.  f.  ver  gris  qui  vient  des  Indes ,  Si 
qui  étant  mis  dans  l'eau,  fait  une  teinture  fort  rouge. 
Coccinilla  ,  venniculus  Indiens.  Cette  cochenille  eft 
d'un  fi  grand  trafic ,  qu'il  en  entre  dans  Tafcala , 
ville  du  Mexique  pour  plus  de  deux  cens  mille  ccus 
par  an,  à  ce  quedir  Herréra, C'eft  dont  on  fait  l'é- 
carlatc  de  Hollande.  On  nomme  cra/«oi// les  cou- 
leurs où  il  entre  de  la  cochenille. 

On  appelle  cochenille  capeffiane  ,  ou  filvefire , 
une  efpècc  de  cochenille  qui  croît ,  dit-on ,  fut  une 
efpèce  de  figuier  d'inde  que  l'on  ne  cultive  point  &c 
qiu  a  plus  de  piquans  lut  les  feuilles  que  le  Nopal. 
Elle  fournit  moins  de  teinture  que  l'autre.  On  s'en 
fert  dans  les  couleurs  cramoilies  où  il  entre  du 
fauve,  comme  le  colombin  ,  le  pourpre  ,  l'amaran- 
the,  la    penfee  &  le  violet. 

L'autre  s'appelle  aulfi  Mejleque ,  ^fT  parce  qu'on 
en  trouve  à  Mejieque,  dans  la  Province  de  Honduras, 
&  on  la  recueille  dans  des  plantations  de  Nopal, 
c'cir  la  meilleure.  Les  couleurs  qu'on  en  teint  , 
font  dites  être  teintes  en  grain.  Quand  l'Ecrituie 
parle  des  chofes  teintes  en  grain ,  on  le  doit  en- 
tendre de  cette  pourpre  ,  à  ce  que  dit  Scaliger. 

Ce  qu'on  appelle  gaine  de  cochenille ,  n'eft  que  le 
ventre  d'un  petit  infecte  dont  il  ne  lefte  rien  de 
plus.  Ce  ventre  eft  couvert  d'écaillés ,  &  fe  conferve 
par  fa  dureré ,  tandis  que  les  auttes  parties ,  inutiles 
apparemir.ent  pour  la  teinture ,  fe  defTécbent  &  pé- 
riment. La  plante  à  laquelle  cet  infedle  s'attache ,  eft 
l'opuntia,  dont  les  fruits  font  rouges,  &  teignent 
en  un  rouge  de  fang  les  urines  de  ceux  qui  en  man- 
gent. AcAD.  DES  Se.  1704.  Hifi.p.  II.  Le  célèbre 
AL  Pomet  prétend  c\\xe  {2. cochenille  e^\z  graine  de 
Yopiintiii,  plante  auttement  nommée  raquette ,  à 
caule  du  rapport  de  fes  feuilles ,  branches  ou  jets  à 
nos  raquettes  de  paulme  ou  de  volans. 

Ç3'  On  a  fouvent  confondu  la  cochenille  avec  la 
graine  d'une  efpèce  de  Chêne- vert,  qui,  avanr  que 
la  cochenille  fût  plus  commune  ,  fetvoit  à  teindre 
en  écarlate.  Cette  graine  eft  le  Kermès,  yoye:^  ce 
mot. 

Cochenille  des  racines.  Nom  d'un  infedle,  efpèce 
de  cochenille.  Coccus  radicum.  Cet  infedle  s'appelle 
ainli ,  parce  qu'il  a  coutume  de  s'attacher  en  forme 
de  grain  fphérique  à  l'extrémité  des  racines  du /jo- 
lygonum  ou  renouée ,  que  l'on  nomme  communé- 
ment cochenille  de  Pologne.  Coccus  Polonus. 
Voyez  rmjhire  naturelle  de  la  cochenille  des  ra- 
cines ,  donnée  au  public  en  1731  par  AL  Jean 
Breyn  ,  Médecin  Anglois. 

Cochenille  de  Pologne.  Nom  d'une  plante.  C'eft 
la  renouée.   Polygonum  ,  Coccus  Polonus. 

COCHENILLER.  v.  a.  C'eft  mettre  les  étoffes  à  une 
teinture  faite  avec  la  cochenille, 

COCHENILLER.  f.  m.  C'eft  l'arbre  fur  lequel  croît 
la  cochenille  graine,  Sife  nourrit  \2.  cochenille  ver. 

%fT  Le  Cocheniller  ,tft  un  arbre  des  Indes ,  fur  lequel 
on  recueille  la  cochenille.  Cer  arbre  porte  le  nom 
de  Nopal,  dans  la  Nouvelle  Efpagne.  C'eft  une 
forte  de  figuier  ou  plutôt  d'opunria  ,  dont  les 
feuilles  font  cpailfes,  pleines  de  fuc  &  un  peu  épineu- 
i'es.  Les  habitans  font  pluficurs  récoltes  chaque 
année  de  petits  vers ,  pucerons  ou  cfpèces  de  pu- 
naifcs  qui  lùcccnt  le  ver  du  Nopal  ,  en  les  fai- 
fant  tomber  de  defîlis  les  feuilles  ,  par  le  moyen 
d'un  pinceau.  On  nous  envoie  ces  vers  defféchcs 
&  à  demi  pulvcriies.  C'eft  ce  que  nous  appelons 
cochenille.   Voye:^  M.  Pluche. 

COCHER,  f.  m.  Celui  qui  mène  un  coche,  un  carro/lh 
Auriga  ,   rhedarius.  Un   Cocher  domefiique.  Un. 


c  o  c 

Cocher  de  louage.  Un  Maître  Cocher ,  fon  poftillon. 
C'eft  une  chart!;e  à  la  Cour  que  celle  de  Cocher  du 
corps  ,  de  celui  qui  mène  le  çarrofTe  du  Roi  ou 
*      des  Princes. 

^_  COCHER.  {le)  Conftcllation  de  l'hémirphère 
feptentrional.  ^oye^  Auriga. 

COCHER.  V.  a.  îl  iedit  du  coq  qui  couvre  la  poule 
C'oïre.  Galhis  cum  çallinis  coït,  ut  eariun  ova  fcecun- 
dentur.  Les  Oifelicrs  le  difcnc  aufîi  de  rous  les  mâ- 
les des  oifcaux ,  lorlqu'ils  couvrent  leurs  femelles. 

Coché  ,  ée  part. 

COCHET,  r.  m.  ^'ert:  un  diminutif  de  coq,  un  petit 
coq,  un  jeune  coq. 

Or  c'était  un  cochct  dont  notre  fouriceau 
Fit  à  fa  mère  le  tahleau.  La  Fontaine. 

COCHEVIS ,  f.  m.  petit  oifeau  qui  efl:  gros  comme 
une  alouette,  qui  a  une  huppe  fur  la  tête  &  qui 
chante  agréablement.  Ga/erua  ,  alaudacrijiata.  On 
l'appelle  autrement  alouette  huppée.  Il  a  le  bec 
longuet ,  aigu  ,  un  peu  courbe  ,  fa  huppe  cft  un  peu 
noirâtre-,  elle  n'eft  compofcc  quede'quatre  plumes, 
dont  la  racine  eft  liiuée  entre  les  yeux.  Son  dos ,  dont 
le  champ  efl:  cendré ,  efl:  taché  de  blanc.  Son  ventre 
&  le  dedans  de  fcs  aîles  fotit  blanchâtres.  Les  plu- 
mes de  fa  queue  font  noirâtres ,  excepte  les  deux 
qui  font  de  part  &:  d'autre ,  qui  font  de  la  couleur 
des  aîles.  Sa  langue  cil:  menue ,  &  prefque  fourchue  ; 
&  parce  que  lé  cochevis  ne  perche  que  très-rare- 
ment, il  a  les  ongles  grands.  Sa  poitrine,  dont  le 
fond  eft  cendré ,  efl:  fcmée  de  taches  brunes  ■■,  le  reflc 
du  corps  efl:  de  couleur  de  terre  cuite.  Ses  pics  font 
longs.  Quand  ils  vieillilfent ,  leur  couleur  change. 
Les  jeunes  qui  n'ont  qu'un  an  font  plus  blanchâtres , 
2c  ont  les  couleurs  plus  lavées, 

Le  cochevis  n'eft  point  un  oifeau  de  paflâge. 
Il  fait  fa  demeure  ordinaire  le  long  des  grands 
■chemins  ,  principalement  en  hiver.  Il  ne  vole 
Jamais  en  troupe  ;  &  l'on  n'en  voit  que  deux  en- 
semble tout  au  plus  ,  c'eft-à-dirc  ,  le  mâle  &  la 
femelle.  Quand  on  prend  cet  oifeau  dans  le  nid  , 
&  qu'il  eft  bien  élevé  ,  il  chante  beaucoup 
mieux  ,  &  a  la  voix  plus  douce  que  l'alouette 
commune.  Il  eft  bon  en  cage  &  en  volière.  On 
le  nourrit  comme  les  alouettes  communes ,  de 
cœur  dans  les  commenceinens  ,  ou  ,  pour  faire 
moins  de  di?penfe  ,  de  mie  de  pain  pilée  avec  du 
perfil  &  du  chenevis.  Outre  cela ,  il  faut  au  co- 
chevis du  fable  dans  fa  cage  -,  &  au  haut  on 
lui  met  une  petite  pièce  d'étoffe  rouge  ,  ou  une 
houppe  de  même  couleur  -,  ou  bien  il  faut  gar- 
nir le  haut  de  fa  cage  de  quelque  morceau  d'é- 
toffe ou  de  toile. 

Le  cochevis  eft  fujet  aux  gouttes  &  à  "a  couée. 
Il  fait  fon  nid  comme  l'alouette  commune  , 
fait  autant  de  petits  ,  &  vit  autant  de  temps. 
Le  mâle  eft  plus  brun,  plus  gros   &  plus  grand. 

COCHI  ,  f  m.  nom  que  quelques-uns  donnent  au 
coco  qu'on  appelle  aufîi  r^/îgii.   Voye:^  Palmier. 

COCHILS  ou  COCHIÉES.  f.  f  pi.  C'eft.  le  nom 
que  l'on  donne  à  certaines  pillules  officinales. 
Coehia.  L'étymologic  de  ce  mot  eft  fort  obfcure. 
Caftelli  le  dérive  de  >ciKy.<>- ,  une  haie  ,  à  caufe  de 
leur  forme ,  ou  de  ko^'-^V'^o'^I'^^'^'^^  abondant  d'hu- 
meurs ,  par  allufon  à  leur^  effets.  Mais  comme  la 
formule  de  ces  pillules  vient  des  Arabes  ,  il  y  a 
toute  apparence  que  leur  nom  l'eft  aufîi.  Foye^  le 
DicT.  DE  James.  Ce  font  de  violens  Hydragogues 
peu  ufîtés  parmi  nous. 

COCHIN.  Cocinum  ,  Colche  ou  Colice.  C'eft  une  ville 
des  Indes  Orientales  ,  dans  la  Prcfqu'Ile  deçà  le 
Gange ,  fur  la  côte  de  Malabar.  On  ptétend  que 
c'eft  l'ancienne  Colche  ,  dont  il  y  a  apparence  que 
le  premier  nom  fut  Colice ,  duquel  on  fît  dans  la 
fuite  Colche;  car  un  manufcrit très-ancien,  qui  étoit 
de  la  Bibliothèque  de  M.  De  Thou  ,  l'appelle  Co- 
lice,  &  deux  de  la  Bibliothèque  du  Roi ,  Colche. 
Les  hatiitans  de  cette  ville  font  appelés  par  les  An- 


C  O  c 


^19 


ciens  KuXiuict)  &  k<»mk,),  &  enfuite  CoUki  ;  le  Cap  où 
cette  ville  eft  ktuée  K^A/aç,  &  ic^,*;?,  par  le  Gccra- 
phe  Dcny s ,  &  Coliacum  promontorinm  par  Pline 
L.  V,  C.  12.  Cependant  ii  la  Taprobane  dcjs  An- 
ciens eft  l'île  de  Céîlan  ,  comme  il  y  a  bien  dç. 
l'apparence  ,  le  Coliacum promontoriùm  ,  eft  le 
Cap  de  Comorin ,  &  la  ville  de  Colice  ou  Colche 
n'eft  p-ùsCochin  -,  car  ce  promontoire  étoit  vis-à- 
vis  de   l'Ile  de  Taprobane  ;  &  Cochin  n'eft  point 

•^  vis-à-visde  Céîlan.  6Wzi«  cft  fur  une  grandi? rivière, 

.  ,i§c  donne  fon  nom  à  un  Royaume. 

Il  y  a  une  autre  ville  flir  la  même  rivière  à  deux 
lieues  plus  haut ,  qui  s'appelle  aulll  Cochin,  Poun 
les  diftingncr ,  Maty  appelle  la  première  Coi.-,^//:  U 
bailc  ,  5C  celle-ci  la  haute  Cochin.  Et  M.  Corneille 
nomtne  celle-ci  Cochin  le  neuf,  &  l'autre  Cochins 
le  vieux.  Cochin  le  vieux  eft  tout  Payen  -,  mai- 
Cochia  le  neuf  eft  Chrétien  ;  &  ,  quoiqu'il  y  ait 
beaucoup  d'Infidèles,on  n'y  fait  aucun  exercice  deRe 
ligionque  du  Chriflianifme.  Paul  IV"  y  établit  un 
Evcché  ,  qui  eft  fiaffi'agant  de  l'Archevêque  de 
Goa.  Les  Hoilandois  ont  enlevé  cette  ville  aux 
Portugais. 

Maty  écrit  Cochim  ou  Cochin  •■,  mais  en  Francs 
on  écrit  toujours  Cochin.  Ils  continuèrent  enfuite 
leur  route  gaiement ,  &  ayant  tourné  vers  le  Cap 
de  Comorin,  ils  prirent  t^-rre  à  Cochin.  Bouh-, 
De  Cochin  ils  firent  voile  julqu'à  Baticala.  Id,  Et' 
de  même  dans  Corneille. 

COCHlNCHiNE.  Royaume  dans  l'Inde,  au-delà  da 
Gange.  Cochinchina,  Il  eft  baigne  au  Levant  pac 
le  Golfe  auquel  il  donne  fon  nom.  Le  Royaume  de 
Chiampa  le  borde  au  Midi  ;  celui  de  Camboye  au 
Couchant  ;  &  celui  de  Tonquin  au  Nord.  Quelque-? 
fois  on  ne  diftingue  point  la  Cochinchine  &  le 
Tonquin  ,  dont  en  effet  elle  dépcndoit  autrefoiç. 
Quelques-uns  ne  regardent  auifi  le  Pk.oyaumc  de 
Chiampa ,  que  comme  une  Province  de  la  Cochin* 
dune.  Cacciam  eft  la  capitale  de  la  Cochinchine. 
Il  fe  fait  à  la  Cochinchine  une  inondation  de  quinze 
jours  en  quinze  jours  pendant  les  mois  de  Sep- 
tembre ,  d'Octobre  &  de  Novembre ,  qui  dure 
trois  jours  chaque  fois ,  qui  rafraîchit  tellement 
l'air  ,  ic  engrailfe  fi  fort  la  terre ,  que  ,  quoique  ce 
pays  foit  dans  la  Zone  Torride  depuis  environ  le 
onzième  jufqu'environ  le  quinzième  de  latitude 
Nord ,  l'air  y  eft  fort  tempéré  ,  &:  la  terre  fî  fertile  , 
qu'on  y  peut  femer  &  irecueillir  le  ris  deux  ou  trois 
fois  l'année.  On  tire  de  la  Cochinchine  de  l'or, 
de  l'argent ,  de  la  foie  ,  du  coton  ,  de  la  canelle  , 
du  poivre',  du  bois  d'aigle  &  du  calamba.  On 
trouve  à  la  Cocinchine  un  bois  fî  dur ,  qu'on  en 
fait  des  ancres  pour  les  vaifîeaux  du  pays. 

COCHINCHINOIS  ,  OISE ,  f.  &  adj.  Qui  eft  dç 
la  Cochinchine.  Cocinjina,  Cocinjinenfis.  Les  Co- 
chinchinois  font  idolâtres.  Leurs  Rois  ,  quoique 
ttès-puiffans  ,  font  tributaires  de  l'Empereur  de  la 
Chine.  Les  Cochinchinois  font  doux  &  traitables. 
Troupes  Cochinchinoifes, 

Ce  nom  vient  de  Cachu ,  &:  Cachochin  ,  pu  Ka- 
chochien ,  qui  font  ceux  que  les  habitans  donnent 
à  leurs  pays.  Le  P.  De  Rhodes ,  Jeiiiite,  qui  avoit 
été  cinq  fois  à  la  Cochinchine  ,  en  parle  fort 
exaftcment  dans  fes  divers  voyayes  ,  L,  II ,  C.  i. 
On  peut  voir  encore  Mendoza  ,  P.  II  ,L.  i. 

COCHINES  ,  f.  f  pi.  ou  MARACAS.  On  appelle 
ainfi  dans  le  Pérou  ,  les  petits  vafes  que  l'on  at- 
tache au  bout  des  branches  coupées  de  l'arbre  quî 
diftille  le  baume  ,  pour  recueillir  cette  précieufc 
comme  qui  coule  par  l'ouverrure  de  la  branche. 

CÔCHITZAPOLT,  f  m.  arbre  qui  croît  dans  l'île 
Sainte  Marguerite  &  en  d'autres  endroits  de  l'Ame» 
rique.  Ses  feuilles  font  trois  à  trois ,  femblabics  à 
celles  de  l'oranger.  Ses  fleurs  font  blanches  de  pe-f 
rites.  Son  fruit  eftde  la  gro/feur  d'un  limon.  Les 
■gens  du  pays  en  mangenr  d'ordinaire  :  il  eft  de 
forr  bon  goût.  Ce  fruit  renferme  un  noyau  ofleux  , 
dans  lequel  il  y  a  une  femence  fi  vcnéneufe  ,  que 
fi  un  homme  ou  un  animal  en  mange ,  il  meurt 

O  O  o  o  i) 


66'C 


co  c 


aufll-tôc  ,  fans  qu'on  piiifle  lui  donner  aucun  fe- 
cours.  La  poudre  de  ce  fruit  brûle  cil.  trcs-bonnc 
dans  les  ulcères  malins  &c  invctcrcs"  li  on  en 
jette  'dciliis. 

COCHLEAPvJA  ,  f.  f.  plante  anti-Scoibutique  , 
qu'on  appelle  autrement  iierùe  aux  CuUlas.  royei 

*  ce  mot.  Cette  plante  croît  d'ordinaire  dans  les 
lieux  marécageux ,  Sc^Uc  le  plair  fur  tout  à  l'ombre. 
Il  s'en  trouve  grande  quantité  dans  la  Hollande  & 
dans  l'Angletctre  ,  ce  qui  lui  a  t'ait  donner  le  nom  de 
Batdva  ic  de  Britannica,  On  ne  fe  lert  en  Méde- 
cine que  de  Tes  feuilles.  Si  on  les  fait  feulement  trem- 
per dans  l'eau ,  5c  qu'on  Iç  Icrve  de  cetje  eau  en  gar- 
garifme  ,  c'eft  un  très-bon  fpccilique  contre  la  pour- 
riture des  gencives.  Si  on  en  met  dans  le  bain  ,  on 
en  voir  des  effets  merveilleux  pour  la  guérifon  des 
membres  perclus.  Il  y  a  une  maladie  en  Allemagne 
nommée  Stomacace  ou  Scdotyrbe  ,  pour  la  gué- 
rifon de  laquelle  cette  plante  eft  employée  avec  fuc- 
ccs,  Malimbrochius  a  dpnné  un  Traité  fur  cette 
plante,  qu'il  a  xvamvXcCo  chic  aria  curiofa.llyVip- 
•prend  la  manière  d'en  tirer  du  vift ,  du  fyrop ,  de 
l'eau  diftilléc  ,  &c.  Il  y  explique  toutes  les  proprié- 
tés, &:  particulièrement  celle  qu'elle  a  contre  la 
pourriture,  5c  tous  fes  ufages  particuliers. 

COCHOIR.    Foyei  Tourm. 

COCHOIS  ,  f.  m.  terme  de  Cirier.  Outil  de  bois , 
dont  les  Epiciers-Ciriers  fe  fervent  pour  équrrair 
leurs  flambeaux. 

COCHON,  f.  m.  animal  quadrupède,  à  pies  four- 
chus ,  &  qui  ne  rumine  pas.  Sus.  Il  eft  de  la 
même  efpèce  que  le  Sanglier.  Cet  animal  ,  le  plus 
brut  de  tous  les  quadrupèdes,  eft  allez  connu.  Des 
langues  de  cochon  fumées ,  fourrées ,  &c.  Un  groin 
de  cochon  ,  des  côtelettes  de  cochon  ,  des  pies  de 
cochon  ,  que  quelques-uns  appellent  las  de  foie. 
Les  Mahométans  ne  mangent  point  de  cochon  ,  par 
ce  qu'ils  le  regardent  comme  un  animal  immonde. 

Les  Athlètes  mangeoient  de  la  chair  de  cochon  , 
&  ils  en  faifoient  cinq  ou  fix  repas  par  jour.  En  effet 
l'expérience  apprend  que  ceux 'qui  en  mangent  plus 
fouvent ,  comme  les  payfans  &  le  menu  peuple , 
font  aulTi  plus  forts  que  nous  ,  &c  plus  capables 
d'exercices  violens  Si  continus.  Baudelot. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  ciacco ,  lignifiant  la 
même  chofe  ,  qu'il  dérive  du  grec  i!-ûZ«l.  f^oye^ 
fes  raifons. 

On  dit,  en  termes  fort  bas,  d'un  homme  qui 
ne  fonge  qu'à  mangei  &:  à  dormir  :  Qu'il  mène  une 
vie  de  cochon,  que  c'eft  un  gros  cochon,  f-^'entricofus, 
helluo  ,pingui  omajo  tenfus.  On  appelle  aulîi  de  pe- 
tits yeux,  des   yeux  de  cochon. 

ÇocHON    de    lait.    Petit    cochon   qui    tête    encore. 

.  Porciis  l'acleus.  Les  cochons  de  lait  font  fort  bons 
rôtis  5c  à  la  daube.  La  chair  des  cochons  de  lait  eft 
trop  chargée  d'humidité  fuperflue,  &:  trop  vifqueufe, 
pour  erre  mife  au  nombre  des  meilleurs  alimens.  Ou 
eftime  plus  celle  d'un  jeune  porc ,  qui  eft  hors  de  def- 
fous  la  mère  ,  5c  qui  a  commencé  à  prendre  un  nour- 
riture plus  Iblide  que  le  lait  :  elle  eft  d'un  goût  ex- 
quis,  &:  d'un  ufage  bien  meilleur  pour  la  fanté.  De 
lA  Mare,  Tr.  de  la  Fol,  T.  XXII,  où  il  cite 
Galicn  ,  Brueryn  ,  Campeg.  Jfaac.  Jud.  &  Simeon 
Sethi.  Cochoji  qui  ne  tête  plus.  Porcus  à  lacle  de- 
'pulfus. 

ffT  On  îlppelle  Langueyeitrs  de  cochons  ,  certains 
Officiers  commis  dans  les  marchés  de  cocAo;:j  pour 
les  viliter  fous  la  langue,  afin  de  voir  s'ils  font  la- 
dres. 

§C?  Cochon  &c  pourceau  ,  conlîdérés  comme  fynony- 
mes.  Le  mot  de  cochon  convient  à  ces  animaux  à 
tout  âge.  Un  cochon  de  lait.  Un  vieux  cochon.  Pour- 
ceau ne  fe  dit  que  des  grand^  On  ne  dir  point 
un /)o//rce<îw  de  lait. 

Cochon  d'Inde  eft  un  petit  animal  qui  grogne  comme 

uii  cochon,  Sc  qui  n'eft  pas  plus  gros  qu'un  lapin. 

•  Porcus  Indicus,  ffj'  Ses  oreilles  font  arrondies  Se 


C  D  C 

tranfparentes.  Il  n'a  point  de  queue  :  Ton  poil ,  qui 
cil  court ,  peut  être  compare  à  celui  de  nos  co- 
chons. Il  y  a  dans  l'Amérique  une  efpèce  particu- 
lière de  cochon  ,  qui  a  un  évent  fur  les  reins 
comme  un  nombril.  La  chair  en  eft  auifi  bonne 
5c  aulïi  faine  que  celle  de  nos  porcs-fanglicrs. 
Ijc?  Cochon  d'eau  ,  que  les  Portugais  nomment 
Capivard.    Voyez  ce  mot, 

§C?  CocnoN-Mizro/2,  nom  qu'on  donne  dans  les 
îles  de  l'Amérique  aux  cochons  qu'on  y  a  appor- 
tés des  autres  pay%  ,  5c  qui  font  devenue  fauva- 
ges,  Encyc.  • 

ffT  Cochon  ,  terme  de  Métallurgie.  On  appelle 
ainli  un  mélange  impur  de  métal  5c  de  fcories  « 
qui  bouche  quelquefois  les  fourneaux  où  l'on  fait 
fondre  les  métaux. 

ffT  Dans  l'affinage  on  s'en  fert  pour  défigner  le 
gonflement  ou  le  foulevement  des  cendres  dans  la 
coupelle.  AcAD,  Fr. 

(fT  COCHON  AU  ,  i.  m.  ou  MARONETTE,  Efpèce 
de  râle  qui  palfe  en  Normandie  à  la  fin  de  Septem- 
bre. La  coiueur  de  fon  corps  tire  fur  l'olive  ^ 
moucheté  5c  tigré  de  t.achcs  blanches.  Les  plu- 
mes de  fes  aîles  &c  dé  fa  queue  font  noires.  Il  à 
les  pies  exrraordinaitement  longs  ,  ainli  que  les 
dpigts  qui  font  menus,  avec  de  petits  ongles  pref- 
que  droits,  tres-pointus  5c  de  couleur  d'Amérhifte, 
Celle  de  l'on  bec  eft  grife  ,  le  cou  prefquc  fur  l'cl- 
tomac,  5c  les  côtés  font  couleur  d'olive,  femcs  de 
petits  points  blancs  ;  l'eftomac  ôc  le  ventre  font 
d'un  gris-fale.  La  longueur  de  fon  corps  eft  dé 
huit  pouces  5c  un  quart.  La  tête  eft  menue  ,  le 
delfus  d'un  brun  olive  ,  mêlé  d'im  peu  de  noir. 
Les  deux  mâchoires  font  d'un  jaune-verdatre ,  uri 
peu  orangé.        , 

COCHONÉE.  f.  f,  La  quantité  de  cochons  qu'une 
truie  fait  en  une  porrée.  Porcellorum  partus.  On  a 
vu  des  truies  qui  ont  eu  jufqu'à  trentc-fept  co- 
chons d'une  cochonnée. 
COCHONNER  ,  v,  n.  faire  de  petits  cochons. 
Porcellos  fœtus  edere.  Les  truies  cochonnent  deux 
fois  l'année. 
COCHONNERIE  ,  f.  f,  faleté ,  malpropreté.  Squâ- 

lor  ,  fpurcities. 
COCHONNET  ,  f.  'm.  petit  corps  fait  d'os  ,  ou 
,  d'ivoire,  taillé  à  dofeze  faces ,  qui  font  douze  pen- 
tagones-marqués de  points  depuis  un  jufqu'à  douze. 
Qn  le  roule  fur  une  ta^le  pour  jouer  ,  comme 
li  c'étoit  un  dé,  Tcjfera  luforia  duodccim  hahens 
faciès  totideni  notatas  nunicris  à  primo  ad  duode- 
cimum.  Les   enfans  jouenr  au  cochonnet. 

On  appelle  aulli  jouer  au  cochonnet  ,  lorfqu'on 
joue  à  la  boule  en  fe  promenanr,  5c  qu'on  change 
à  chaque  coup  de  bur.|t3°Celuiqui  a  gagné  le  coup, 
c'eft-à-dire  ,  qui  a  mis  plus  près  du  but,  jette  une 
boule  ou  une  pierre  au  hafard  à  chaque  '  fois , 
qu'on  appelle  le  cochonnet ,  5c  elle  fert  de  but 
aux  joueurs  pour  ce  coup-là  feulement.  Ambulando 
glohis  ludere  projiciendo  glotum  vel  lapident  pro 
fcopo» 
COCHYNO  ,  nom  de  lieu.   C'eft  l'ancienne  Ephcf- 

tia.  J^oye:^  ce  mot. 
COCKIEN  ,  f,  f,   monnoie  du  Japon  ,  qtii  vaut  en- 
viron quatre  florins  d'Hollande  ,  ou  à   peu  près 
huir  francs  de  notr^  monnoie  ptéfente.  Cakienus 
numeriis. , 

Le  totat   des  revenus   du  Roi  ^  des 
Grands    Seigneurs  du  Japon    monte   à 
dix-neufmillions  trois  cens  quarante-cinq  • 
mille  cockiens.  i5?54yooo,. 

La  table  5c  la  garderobe  du  Roi  ,  5c 
l'entretien  de  fon  palais  à  quatre  millions 
de  ceckiens,  400c  ooo 

La^Garde  du  corps  qui  comprend  les 
principaux  de  la  NoblelTe  ,  mohte  à 
cinq  cens  mille  cockiens,  yooooo. 

Ainli  la  dépenfe  de  la  maifon  du  Prince  ,  jointe 
à  ce  qu'il  donne  aux  principaux  Seigneurs  du  pays. 


c  bc 

monte  tous  les  ans  àlafomme  de  i-^Z^^ooc  ccc- 
kiens   de    4  florins  chacun.   Foye^  la  relation  du 
Japon  par  M.  Caron ,  imprimée  dans  le  Recueil 
des  voyages  au  Nord.   Ton:.   iJI, 
'COCO,  f.  m.  arbre  des  Indes  qui  eft  une  efpcce  de 
palmier.   Foye:^  Palmier.  On  l'appelle  auHi  coco- 
iier ,  Sc  ce  nom  eft  plus  propre  à  dcligner  l'arbre,  j 
Coco  fe  dit  aufîl  &  du  fruit ,  &  du  bois  de  cet  arbre. 
Un  chapelet  de  coco.  Voyez  tout  cela  Ibus  le  mot 
Palmier. 
'COCOMBE ,   {.   m.  arbre  de  l'île  de  Madagafcar , 
dont  le  bois  eft  noir ,  d-c  pour  l'ordinaire  tortu  -,  il 
croît  dans  les  lieux  pierreux  -,  il  eft  fort  épineux  , 
&  a  peu  de  feuilles ,  qui  Ibnt  toutes  très  petites. 
Ses  fleurs  fentent  très-bon  ,  &  le  bois  même  étant 
brûle ,  rend  une  aflcz  bonne  odeur.  11  y  a  des  arbres 
qui  ibnt  aflez  gros ,  mais  ils  font  courts. 
■COCON,  f.  m.    coque    de    ver  à.lbie  ,    dans  la- 
.     quelle  il  s'enferme  Ibus  une  groile  enveloppe  de  fils 
doux  &  déliés  dont  fe  fait  la  Ibie.  Bombycis  fol- 
iiculus.  Le  ver  à  foie  n'en  for#Eju'apres  s'être  trans- 
formé en  papillon.  Le  ver  à  foie  ne  fait  fes  œnTs 
que  Icrfqu'il  eft  forti  de  fon  cocon,  &  transformé 
en  papillon. 
COCOS,  f.  m.  Mefure.  Le  fruit  du  cocos  féché ,  5c  vi- 
dé de  fa  moelle,  fert  à  Siam  de  mefure  pour  les 
liquides  cC  pour  les  grains. 
CCr    COCPvÉANCIER    ou    CONCRÉANCIER    , 
ERE,  terme  de  Jurifprudence.  Celui  qui  eft  créan- 
cier conjointement  avec  un  autre ,  ou  avec  plu- 
fîeurs  autres  créanciers  à  l'égard  de  la  même  pcr- 
fonne. 
'tfT  COCS,  f.  m#  terme  de  Commerce.  C'eft  ainfi 

qu'on  appelle  les  petits  pains  de  pâte  de  paftcl. 
IJC?  CocTioN.  f.  £  Ce  mot  (ignifie  propremenr  l'ac- 
tion de  faire  cuire  dans  l'eau  ou  dans  quelqu'autre 
liqueur  bouillante.  Coffio  ,  concoclio  :  ou  l'effet  qui 
réfulte'de  cette  aftion.  Cocinra,  Sa  coclion  épaillit 
certains  lues ,  dépouille  certaines  fubftances  de  leurs 
qualités  nuifîbles. 
§CF  CocTioN  ,  en  Médecine ,  Jîgnifîe  digeftion  ,  bu 
l'altération  utile  à  l'économie  animale  qu'éprou- 
vent les  matières  nourriflantes  &  les  humeurs  dans 
les  différentes  patries  du  corps.  Concoclio. 

Quand  l'eftomac  fait  une  iliffifante  coclion  des 
alimens ,  des  humeurs ,  c'eft  un  ligne  de  fanté.  On 
réduit  à  cinq  les  caclions  qui  fe  font  dans  notre 
corps,  tant  pour  là  propagation  del'efpece,  que 
pour  la  conlervation  de  l'individu.  Ces  cinq  efpèces 
de  coclions  font  la  Chylofe ,  la  Chymofe ,  l'Ha-- 
tamofe,  laPneumatofe,  laSpetmatoie.  On  peut  en 
ajouter  une  fixième ,  qui  eft  propre  aux  femelles , 
c'eft  la  Galaélofe.  * 

IJCT  CocTioN ,  en  Pharmacie  ,  exprime  l'altération 
opérée  fur  un  corps  folide  par  l'aétion  d'un  li- 
quide ,  augmentée  par  le  feu.  On  fait  la  coclion  des 
différentes  matières  pour  les  ramollir  ,  &  les  rendre 
propres  à  être  réduires  en  pulpe. 
^CT  Les  oignons  qu'on  ramollit  fous  la  cendre  por- 
tent avec  eux  le  liquide  qu'on  eft  obligé  d'ap- 
pliquer aux  cor^is  qui  font  plus  durs. 
^CT  En  Pharmacie ,  cuite  Sc  coction  ,  font  deux  chofes 

différentes. 
IJCF  CocTiON   des  métaux.  Terme   de  Métallurgie. 
Manière  dont  les  métaux  fe  perfeiflionnent  dans 
le  fein  de  la  terre. 
^fT  CocTioN  ,   en    Alchimie  ,    eft    la  longue   di- 
geftion à  laquelle  eft  expolcc  la  matière  du  grand- 
œuvre  ,  pour  être"  conduite  par  des  degrés  infen- 
fiblcs  à  la  maturation. 
COCU,  f  m.  Terme  injurieux  &  un  peu  libre,  qui 
fe  dir  de  celui  dont  la  femme  eft  infidelle  ,  &' viole 
la  foi  conjugale.  Les  jaloux  font  plus  fouvent  cocus 
que  les  autres.  Le  jaloux  fouffre  plus  que  le  cocu. 
Mont. 

Erre  cocu  en  herbe ,  c'eft-à-dire ,  être  un  petit 
commencemert  de  cocu  ,  être  taillé  pour  être  un 
maîtie  cocu.  Richfiet.  Jean  Ncvizan  ,  Auteur 
italien  du  commencement  du  feizième  lîècle ,  a 


CO  t) 


•>>.£^ 


i 


parlé  dti  cocus  en  herbe  {cormui  inherbis)  dan'S 
la  Font  Nuptiale.  Ce  qui  lait  conjcéturcr  qu'il  y  â 
long  remps  que  cette  expreffion  eft  en  ufage  ,  même 
-en-  d'autres  pays  qu'en  France.  Charron,  en  fa 
Sw^ejje  (  b  le  beau  livre  1  il  vaut  mieux  que  dci 
perles  ôc  des  diamans  )  a  dit  quelque  part -,  qu'uii 
avare  eft  plus  malheureux  qu'un  pauvre ,  &  un  ja- 
loux qu'un  cocu.  Il  me  femble  que  ce  grand  hom- 
me a  dit  vrai-là  ,  auHi-bien  qi^leur's.  Gui  Pa- 
tin. LucuUus,  Céfar,  PompeM^Antonius ,  Ca- 
ton  ,  &  d'auttes  braves  hommes  furenr  cocus ,  &c  le 
furent,  lansene^cciter  rumulte.Il  n'y  eut  en  ce  temps- 
là  qu'un  fot  de  Lepidus  (  père  du  Triumvir  )  qui 
en  mourut  d'angoillc.  Montagne.  Il  mourut,  dit 
Plutarque,  de  maladie  qui  lui  vint,  nort  tant  du 
regret  de  la  ruine  de  fes  affaires ,  comme  de  la 
douleur  qu'il  reçut  d'une  lettre  qui  tomba  entre 
les  mains, -par  laquelle  il  connut  que  fa  femme 
avoit  forfair  à  fon  honneur  :  Fie  de  Pojnpée  de 
la  verjion  d"  Amyot. 

Augufte  failûit  des  sficus  ,  plutôt  par  raifori 
d'Etat ,  que  par  volupté.  Rochefort.  Diclionnaire. 
Alénage  croit  que  ce  mot  vient  de  cuculus ,  à 
■  caufe  que  le  coucou  va  pondre  dans  le  nid  des  au- 
tres oifeaux.  Pafquier  ,  en  approuvant  l'érymolo- 
gie ,  ajoute  :  nous  faifons  faute  d'appeler  cocu  j 
celuî  dont  la  femme  va  en  dommage  -,  il  y  auroit 
plus  de  raifon  de  l'adaptera  celui  qui  agit,  qu'à 
celui  qui  pâtit.  C'eft  pourquoi  les  Latins  appeloient 
curruca  dans  le  même  fens ,  celui  dont  la  femme 
étoit  infidelle  ;  car  c'eft  dans  le  nid  dç  la  fauvette 
que  va  pondre  le  coucou.  Ménage.  Spelmannus  le 
dérive  de  cucurbita.  3c  cucurbitare  ,  qui  fignifie 
débaucher  la  femme  â autrui.  Mais  Du  Cange  dit 
plus  vraifemblablcment,  que  c'eft  le  mot  de  cokj- re- 
doublé ,  qu'on  dilbit  àuHl  pour  cornard  :  d'où  vient 
qu'on  a  appelé  aulïî  ces_  gens-là  coupeaux.  Car  on 
appeloit  anciennement  cos  ,  ou  cous ,  les  maiis 
malheureux.  Cette  injure  étoit  un  outtage  fi  fan- 
glant ,  qu'on  pouvoit  tuer  impunément  l'offenfeur. 
Beaumanoir  rapporte,  que  Ci/,  à  qui  telle  vilainie 
fut  dite  ,  facca  un  coûte l,  &  occit  cel  qui  le  fait\  & 
fut  délivré  par  jugement  par  le  bon  Roi  Philippe  & 
fon  Confcil. 

COCUAGE  ,  Ç.  m.  malheur ,  difgrace ,  état  de  celui 
dont  la  femme  eft  infidèle.  Conjugis  infidelitas.  Il 
fautde  l'inlénlibilité,  ou  de  la  confiance  ,  pourfup- 
porter  patiemment  le  cocuagd 

COCUFIER  ,  V.  a.  faire  quelqu'un  cocu.  Currucare. 

COCYTE.Cocytus.  (tCF  Fleuve  d'Epire  ,  un  des  guarre 
que  les  Poètes  font  couler  aux  enfers.  Son  nom  qui 
i]s,nifie  plainte ,  marque  les  cris  de  ceux  qui  font 
dans  les  tourmens.  Ce  fleuve  a  donné  fon  nom  aux 
fêtes.Cocytiennes,  qu'on célébroit  aux  enfers  àl'hon- 
neur  de  Proferpine.  Il  eft  différent  d'une  autre 
rivière  de  même  nom  ,  en  Italie  ,  près  du  lac  d'A- 
verne  ,  &;  qui  fe  déchargeoir  dans  le  lac  Lucrin  , 
qui  fut  prefque  tout  comblé  pat  la  chute  d'une 
montagne  dans  un  tremblement  de  terre,  en  15380 

Ip-  COCYTIENNES.  (  Fêtes  )  Foye^  CoctTE. 

C  O  D. 

CODAGA-PALA.  f.  m.  C'eft  un  arbre  qui  croît  dans 
le  Malabar.  gCT  Sa  racine  courte  &  fibreufe  eft  cou- 
verte d'une  écorce  jaunâtre  ,  d'un  goût  amer  Se  pi- 
quant. Ses  tiges  fermes  &  ligneufes  fe  fubdivifent 
en  rameaux ,  dont  le  bois  eft  blanchâtre ,  &  l'écoice 
tirant  fur  le  noir.  Ses  feuilles  fourniffent  un  fucte 
laiteux.  L'écorce  du  tronc  &  de  la  racine  pulvérî- 
fée  &  prife  dans  du  lait  aigre,  arrête  le  cours  dé 
ventre  &  le  flux  hcmotrlioïdal.  Sa  racine  ,  réduite 
en  poudre, &  cuite  dans  de  l'eau  où  l'on  a  lavé  dii 
riz ,  eft  propre  pour  fomenter  les  paities  enflées 
dans  l'efquinancie,  les  tumeurs  de  quelque  efpèce 
qu'elles  foient ,  aufîl  bien  que  les  parties  affedlccs 
de  la  goutte.  Elle  guérit  le  mal  de  dents ,  quand  on 
la  garde  dans  la  bouche ,  &  tue  les  vers,  Ray,  Hijh 
Plant, 


GG% 


CO  D 


CODE  ,  r.  m.  ancien  mot ,  qui  lignifie  ce  qu'on  nom- 
me préfentement  chez  les  Couteliers  ,  pierre  à  ai- 
guilcr. 
CODE ,  f.  m.  compilation  ,  ou  recueil  des  lûix  S: 
conftitutions  des  Empereurs ,  tait  par  ordre  de  Juf- 
tinien.  Codex.  Jujimianceus  codex.  Il  ell  compris 
en  douze  livres,  qui  font  la  féconde  partie  du 
droit  romain  ,  ou  du  droit  écrit. 

Quoique  ^îÊ^de  ne  foit  que  la  féconde  partie 
du  droit  roniSw  ,  il  fut  cependant  publié  avant 
le  digcfte  :  cai  celui-ci  ne  le  fut  qu'en  555,  &  le 
code  en  519.  Audi,  félon  l'ordre  chronologique  ,  le 
code  efl:  la  première  partie  du  droit  romain  ,  &;  le 
ditîefte  la  Iccondc.  Dans  nos  éditions ,  on  trouve 
d'abord  les  inftituts ,  puis  le  digefte  ,  &c  enfuite  le 
code.  ^ 

Il  y  avoit  auparavant  pluiîeurs  autres  coi^^, qui 
croient  des  compilations ,  ou  des  abrégés  des  loix 
romaines.  Deuxjurifconfultes,  Grcgoiie  Se  Hermo- 
gùnc,  firent  un  recueil  de  droit  qu'on  appela  de 
leufs  noms ,  code  Grcgvien  ,  &  code  Hermogénien. 
C'ctoit  une  colleâ:ion'  des  conftitutions  des  Em- 
pereurs ,  depuis  Adrien  jufqu'à  Dioclétien  &:  Maxi- 
mien ,  en  50(î.  Il  n'en  refte  plus  que  des  fragmens 
très-imparfaits. Ce  travail  fut  inutile,  faute  d'auto- 
rité pour  le  faire  obferver.  L'Empereur  Théodofe 
le  jeune  ,  fut  le  premier  qui  fit  un  code  compris  eu 
feize  livres ,  compofé  des  conftitucioas  des  Empe- 
reurs 5  depuis  Conftantin  le  Grand,  jufqu'à  lui  :  il 
abrogea  toutes  les  autres  loix  qui  n'y  étoicnt  pas 
comprifc^,  C'eft  ce  qu'on  appelle  le  code  Theodo'- 
Jien  ,  Theodojïanus  codex  ,^\ih\ïc  en  458  ,  qui  fut 
reçu  &  obfetvé  jufqu'à  ce  qu'il  fût  abroge  par  le 
code  JujUnien,'  Il  a  été  long  temps  perdu  en  Occi- 
dent ;  M.  Cujas  contribua  beaucoup  à  le  rétablir , 
Se  le  donna  au  public  en  meilleur  état  qu'il  n'avoit 
encore  paru.  Il  y  a  eu  un  commentaire  de  Gode- 
froy  fur  ce  code  Théodojîen  ,  qui  lui  a  coûté  un 
travail  de  trente  ans.  M.  de  Marville  ,  Profeffeu  r  à 
Valence,  l'a  fait  imprimer  en  fix  tomes  en  \66<i. 
En  50(î  ,  Alaric  ,  Roi  des  Goths ,  fit  faire  une  nou- 
velle compilation  du  droit  romain  ,  tirée  de  ces 
codes  Grégorien  ,  Hermogénien  6i  Théodofien  , 
qu'il  publia  fous  le  nom  de  code  Théodofien.  Ce 
code  d'Alaric  fut  long  temps  en  ulage  ,  &  fit  tout  le 
droit  romain  qui  s'obfejyoit  en  France.  Enfin,  l'Em- 
pereur Jurtinien ,  voyant  que  l'autorité  du  droit 
romain  étoit  fort  aflbiblie  en  Occident  depuis  la 
décadence  de  l'empire  ,rérolut  de  faire  travailler  à 
une  compilation  générale  de  toute  la  Jurifprudcn- 
ce  romaine.  11  en  donna  la  commiflion  à  Tribo- 
nien,qui  choiiit  les  plus  belles  conftitutions  des 
Empereurs',  depuis  Adrien  julqu'à  fon  temps:  il 
acheva  fon  ouvrage  ,  &  publia  fon  nouveau  code  en 
518.  Mais  parce  que  Juftinien  avoit  fait  diverfes 
décifions  qui  changèrent  un  peu  l'ancienne  Jurif- 
prudence,il  retrancha  quelques-unes  des  conftitu- 
tions du  code  compofé  par  Tribonien  ,  &  y  en 
ajouta  de  nouvelles  -,  c'eft  pourquoi  il  en  fit  faire 
une  nouvelle  révifion  qui  parut  en  y34,&  abrogea 
la  première.  Le  code  Jujtinien  ,  auiîi-bien  que  le 
refte  du  droit  romain,  a  été  long  temps  perdu  en 
Occident -,  êc  jufqu'à  I.othaire  II, qui  le  retrouva  à 
la  prife  de  Mclphc  ,  &  le  donna  à  la  ville  de  Pile. 
Irniereft  le  premier  qui  l'ait  profeffé  publiquement 
en  I  iz8.  L'Empereur  Frédéric  ordonna,  à  la  requê- 
te des  Univerfités ,  qu'on  enfeign.ât  ce  droit  dans 
lés  écoles  ,  &  enjoignit  à  tous  fes  peuples  de 
l'obferver:  ce  qui  a  été  fuivi  en  Italie  &  en  Alle- 
magne, &  l'eft  encore  dans  une  partie  de  la  Fran- 
ce :  fur-tout  dans  les  Provinces  méridionales. 

Euric  donna  des  loix  aux  Goths  qui  s'étoient 
établis  dans  la  Gaule  Narbonnoilé  :  Iç  code  qu'il 
'compofa  de  ces  loix  ,  parut  en  46^.'  Leuvigildc 
corrigea  ce  code;  il  en  fupprima  quelques  loix  ,  &: 
tn  ajouta  d'autres  ;  les  Rois  qui  leur  fuccédèrcnt, 
en  firent  de  même,  particulièrement  Cliindofuin- 
dc ,  qui  ordonna  qu'on  ne  fe  ferviroit  que  des  loix 
gothiques.  Exgica  commit  l'examen  éc  la  correc- 


CO  D 

tîon  des  loix  srothiques  aux  Evêques  d'Efpagne  , 
à  condition  qu'ils  ne  dérogeroierlt  point  aux  loix 
établies  par  Chmdofuinde.Le  code  d'Euric  étoit  en- 
core obfervé  dans  la  Gaule  narbonnoife  ,  au  temps 
du  Pape  Jean  VIII,  environ  l'an  880. 

^fT  Code  d'Alaric  o\i  d'Anian,  compilation  tirée 
des  autres  codes  qu'AlaricII,  Pvoi  des  Viligots,fit 
rédiger  parAnian,  ion  chancelier,  l'an  508.  . 

Ce  mot  vient  du  latin  codex  ,  qui  fignifie  cahier} 
ainli  appelé  àcodicibus  arboruin  ,  ex  quibuscortices 
depromebantiir. 

Code  des  loix  antiques.  Codex  hgurn  antiquarum. 
C'eft  un  recueil  qui  comprend  les  loix  des  Vifigots , 
un  édit  de  Théotioric ,  Roi  d'Italie  ,  les  loix  des 
Bourguignons ,  la  loi  falique  &  celle  des  Ripua- 
riens. 

Code  lé  dit  auflî  de  plufieurs  recueils  des  ordonnan- 
ces des  Rois  de  France,  comme  le  code  Henri, le 
code  Néron. 

IJCF  Le  code  Henrij£^  une  compilation  des  ordon- 
nances de    nos  I«>is 
prcfident  Brilfon. 


faite  fous  Henri  III ,  par  le 


ÎÇT  Le  code  Néron  c^nn  recueil  d'édits,  ordonnan- 
ces &  déclarations  fait  par  Pirrre  Ncron  &  Gi- 
rard ,  Avocats. 

Le  code  de  Louis  XIII  eft  un  recueil  des  prin- 
cipales ordonnances  de  ce  Monarque ,  fait  par  Tac 
ques  Corbin ,  Maître  des  requêtes  de  la  Reine  Anne 
d'Autriche  ,  imprime  en   i<ji8. 

On  a  appelé  le  code  Michaiilt ,  une  ordonnance 
du  Roi  Louis  Xlli ,  parce  qu'elle  avoit  cté  faite 
par  Michel  de  Marillac,  laquelle  n'a  point  eu 
d'exécution,  quoiqu'elle  futtrès-fage. 

On  appelle  auliî  par  excellence,  cù^^^  Louis  ,  co- 

.  Jl'.t  Ludovictzus  ,  les  ordonnances  faites  pat  Louis 
XiV  ,  fur  la  réformation  de  la  iuftice  civile  &  cri- 
minelle ,  de  la  marchandife  ,.&c.  Le  code  civil , 
codex  ciyilis  ,  véïïiié  en  lôo-r.  Le  code  criminel  y 
codex  criminaUs  ,  ou  reriim  capitalium ,  vérifié  en. 
11Î70  ,  c'eft  ce  qu'on  appelle  encore  la  nouvelle  or' 
donnance.  11  y  a  tncore  le  code  marchand,  qui 
règle  la  marchandife,  vérifié  en  iCm,.  Le  code  ou 
les  ordonnances  de  la  Marine.  Le  code  des  Eaux  & 
Forets ,  codex  reriun  qiice  admercaturam,  adaquas 
&  J'y  Iras  pertinent ,  &:c. 

Code  canonique.  Voye:^  Canon. 

Code  noir.  On  a  donné  ce  nom  à  un  édit  de  i(>8j  ,' 
concernant  le  gouvernement  &  la  police  dans  les 
Iles  Françoifes  de  l'Amérique,  &  le  commerc  des 
Nègres  pour  ce  pays.  La  vente  des  Nègres  &  leur 
achat  font  autorifés  par  des  loix  publiques  appelées 
le  code  «oir.  Tr.iba»t.  Ces  loix  font  des  lettres  pa- 
tentes en  forme  d'édit  du  mois  de  Mars  i<î8y  ,  di- 
tes communément  le  code  noir.  Le  Clerc  du 
Brillet. 

if3''Com'de  Louis  XIV.  C'eft  un  recueil  des  princi- 
paux édits ,  déclarations ,  ordonnances  ,  arrêts ,  ré- 
glemens  concernans  la  juftice ,  police  &  finance. 
Ce  recueil  fera  volumineux, 

.53°  Code  Frédéric.  C'eif  un  corps  ;le  droit ,  compofé 
par  ordre  de  Charles  Frédéric, Roi  dePruffe  ,  Elec- 
teur de  Brandebourg,  pour  fervir  de  loi  principale 
dans  tous  les  états.  Il  s'en  eft  fait  une  traduélion 
françoife  alfez  littérale.  Il  eft  fur  tout  admirable 
par  la  réformation  de  l'ordre  judiciaire.  La  procé- 
dure y  eft  extrêmement  Amplifiée.  Tout  procès 
doit  être  terminé  en  trois  inftances,  en  trois  Tribu- 
naux •,  le  premier  Juge,  le  médiat  &  le  fupérieur; 
le  tout  dans  l'efpace  d'une  année.  Le  miniftcte  des 
Procureurs  eft  fupprimé  ,  comme  ne  fervant  qu'à 
groffir  &  embrouiller  la  procédure. 

ifF  II  y  a  plufieurs  autres  recueils  qui  portent  le  nom 

-  de  code ,  comme  le  code  de  la  marine  ,  le  code  mi- 
litaire ,  l"  codi  des  Curés. 

jp*  CODÉBITEUR ,  f.  m.  terme  de  Palais.  Celui 
qui  doit,  conjointement  avec  un  autre  débiteur ,  à 
un  ou  plufieurs  créanciers. 

%ZT  On  dit  au  féminin  Codébitrice. 

CODÉCIM ATEUR  j  f.  m,  terme  de  Jurifprudence. 


C  O  D 

flC?  Celui  qui  a  part  dans  les  dixmes  d'un  endroit 
auxquelles  un  ou  plufieurs  Dtciniateurs  ont  aulli 
droit,  chacun  pour  la  parc  &  portion.  Les  Codccima- 
tcuTS  Ibnt  tenus'  de  fournir  la  portion  congrue  au 
Cure  qui  n'a  point  de  groiîcs  dixmes ,  ou  un  ilipplé- 
iTient,  ii  le  gros  ne  monte  pas  à  500  liv.  &  150  hv. 
pourunVicairc,  fi  l'Evcque  juge  ncccflaire. qu'il  y  en 
ait  un.  Chaque  Codcciniutcur  cfl  tenu  folidairemeni: 
de  payer  ces  Ibmmcs ,  iauf  à  lui  à  pourfuivre  le  rc- 
çalemcnt  contre  les  autres, 

gd"  CODEMANDEUR,  terme  de  Jurifprudencc. 
Celui  qui ,  conjointement  avec  un  autre ,  forme 
une  demande. 

CODÉTENTEUR,  f.  m.  terme  de  Jurifprudencc.  Qui 
eft  détenteur  de  quelque  chofe ,  avec  un  ou  plu- 
fieurs autres ,  par  indivis  ou  divilcmcnt. 

CODI-AVANAM  ,  f.  m.  arbriHeau  qui  croît  dans  les 
lieux  lablonneux  des  Indes  Orientales.  Son  iuc 
pris  dans  du  vin  ,  eft  un  remède  excellent  pour  le 
cours  de  ventre;  on  le  fait  cuire  avec  de  l'huile, 
&  on  le  donne  en  qualité  de  corroborant  à  ceux 
dont  les  forces  l'ont  épuilces.  L'huile  que  l'on  tire 
de  toute  la  plante ,  fournit  une  embrocation  ex- 
cellente pourdilfiper  le  vertige.  Dict.  de  James. 

CODICILLAIRE.  adj.  m.  &  f.^Qui  eft  contenu  dans 
un  codicille.  Codicillaris.  hesiscodicil/aire.  Le^atum 
codicillare.  Claufe  codicillaire  clt  une  claufe  que 
l'on  infère  d'ordinaire  dans  les  tcftamcns  :  c'efl;  que 
fi  le  teilament  ne  peut  valoir  comme  teftament ,  ii 
vaudra  comme  codicille  ,  &  comme  un  adle  de 
dernière  volonté  :  en  forte  que  le  tedateur  prie  l'es 
héritiers  ab  intellac  de  reftituer  l'hérédité  à  celui 
qui  eft  inftitué  par  le  teftament,  lequel  manque  des 
formalirés  &  des  l'okmnités  rcquifcs.  Clauj'ida.  codi- 
cillaris. Cette  claufe  codiclllaire  fait  valoir  le  tefta- 
ment, covnmc  Jiddicomrnis  ,  &i  répare  tous  les  dé- 
fauts de  Iblemnité  qui  emportoit  la  nullité  du  tefta- 
ment ■,  en  forre  que  l'hcriti-r  aè  intejiat  eft  obligé 
de  reftiruer  l'héritier  inftitué  :  la  loi  ayant  plus  d'é- 
gard à  la  dernière  volonté  du  teftateutjqu'à  des  for- 
malités fuperftitieufes. 

IJCr  CODICILLANT  ,  adj.  pris  fubftantivempnt  en 
pays  de  droit  écrit  •,  on  défigne  par  ce  mot,  celui 
qui  fait  un  codicille. 

<ÇODlCILLE  ,  f  m.  eft  une  dernière  volonté  moins 
folemnellc  qu'un  teftament,  ou  un  écrit  par  lequel 
on  ajoute  ou  l'on  change  quelque  chofe  à  un  tefta- 
ment,  foit  fous  fcing  privé,  foit  devant  des  per- 
fonnes  publiques.  Codicillus.  Il  y  a  cette  difl'ércnce 
entre  un  teftament  Se  un  codicille  ;  c'eft  que  le  co- 
dicilU  ne  peut  contenir  d'inftitution  d'héritier, 
&  qu'on  n'eft  pas  obligé  d'y  obferver  rigoureufe- 
ment  toutes  les  formalirés  que  le  droit  romain  pref- 
crit  pour  les  reftamens  folemnels.Dans  les  payscou- 
tumiers ,  les  teftamens  ne  font ,  à  proprement  par- 
ler, que  des  codicilles  t  parce  que  c'eft  la  coutume 
elle-même  qui  nomme  les  héririers ,  &  qu'elle  ne 
permet  point  d'inftitution  d'héritiers  teftamentai- 
res.  Les  codicilles  furent  mis  en  ufage  au  temps 
d'Augufte  par  Lucius  Lentulus.  Les  codicilles  dans 
le  commencement  dévoient  fuivre  les  teftamens  qui 
leur  fervoienr  de  bafc.  Dans  la  fuite  ,  les  codicilles 
ne  laiffèrent  pas  d'avoir  leur  efiet, quoiqu'ils  euifent 
été  faits  avant  le  teftament ,  pourvu  qu'ils  s'y  trou- 
vaflent  confirmés  ■■,  il  fut  même  permis  de  faire  des 
codicilles  fans  teftament ,  &  de  les  adrelfer  aux  lé- 
gitimes héririers,  La  prcfence  de  cinq  tém.oins  fuffit 
pourim  codicille  ,  foit  qu'ils  aient  été  appelés,  foit 
qu'ils  fe  foient  rencontrés  fortuitement.  Un  codi- 
cille poftérieur  ne  détruit  pas  le  premier  ,  à  moins 
qu'on  ne  connoiffe  que  la  volonté  du  défunt  a  été 
de  détruire  le  premier  codicille  par  un  autre  pofté- 
rieur. Inst.  du  droit  ,  &c. 

Il  y  a  un  livre  de  Roymond  LuUe,  qu'on  appelle 
codicille  ,  où  l'on  prétend  qu'il  a  lailfé  le  fecret  de 
la  pierre  philofophale  à  fes  difciples  qui  le  pour- 
ront entendre. 

CODICNAC.  Toye^  COTIGNAC.  C'eft  ainfi  qu'il 
faut  écrire. 


COE  66. 

GODILLE  ,  f.  m.  terme  de  jeux  d'hombre  &  de  mé- 
djateur.  On  appelle  perdre  codille  ,  lorfqu'on  ne  fait 
pas  le  nombre  de  mains  preicritcs  pour  gagner  ni 
pour  la  remile  j  alors  ceux  qui  ne  font  pas" jouer, 
gagnent  codille. 

ffj-  CO-DIRECTEUR  ,  f.  m.  qui  eft  diredcuravec 
un  autre.  L'Evcque  de  Bambcrg  &:  le  Marquis  de 
Brandebourg  font  Co-dircàenrs  du  Cercle  de  Ftân- 
conic,  c'eft- à-dire,  font  directeurs  en,-èommun. 

*;fT  CODOGNO  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Milancz  , 
entre  Plailance  &  Lodi, 

CODONATAIRE,  adj.  m,  &  f.  terme  de  Jurifpru-- 
dence,  Alfocié  conjoint  avec  un  autre  dans  une 
même  donation,  Donationisjccius ,  particcj-s  ,  in 
partan  donaiionis  vocatus.  La  condition  des  codo- 
Tiatdires  eft  égale.  G.  G. 

03"  Il  eft  auffi  fubftaptif.  Les  co-donataires  Çoni  en 
procès. 

|Cr  CODONOPHORE,  f.  m.  terme  grec  te  d'anti- 
quité, qui  fignifie  celui  qui  porte  une  clochette, 
une  fonnette  à  un  enterrement.  Dans  un  enterre- 
ment il  y  avoir  un  Codonophore  qui  accompagnoir  !c 
cadavre.  Codunophorus.  Codones  ,  fonnetrcs. 

CODRUS,  f,  m.  fils  de  Melanthus  ,  dernier  Roi 
d'Athènes.  Les  Athéniens,  pour  honorer  la  mémoire 
de  Codrus  ,  qui  s'croit  dévoué  pour  eux  à  la  mort , 
voulurent  qu'il  fût  le  dernier  Roi  d'Athènes ,  & 
changèrent  après  lui  la  forme  de  leur  gouvcrne- 
menr, 

COE. 

COÉCALE ,  adj.  f.  épithète  qu'on  donne  à  la  veine 
qui  porte  le  fang  de  l'inteftin  cœcum,au  rameau 
méi'cntérique.  ycru  coecalis.  On  dit  de  même  ar- 
tère caecale. 

CGlCUM  ,  f.  m.  le  premier  des  gros  boyaux,  ainfi  ap- 
pelé, parce  qu'il  c(t  fait  comme  un  fac,  n'ayant 
qu'une  ouverture  qui  lui  fert  d'entrée  &c  de  ferrie. 
Il  eft  litué  au  côté  droit, plus  bas  que  le  rein.  Les 
Anatomiftcs  font  fort  partagés  fur  l'on  uiage  qui 
n'eft  pas  forr  connu.  Cœcum. 

COEFFE.  f.  f.  On  écrit  au/IÎ  COIFFE ,  c'eft  l'ortogra- 
phe  de  l'Académie.  Couverture  légère  de  la  tcte, 
tant  pour  les  hommes  que  pour  les  femmes.  A  l'é- 
gard des  hommes ,  on  ne  le  dirque  de  la  doublure , 
de  la  forme  du  chapeau  qui  eft  de  latin  ,  de  taHc- 
tns ,  de  treillis  -,  &  d'une  garniture  de  bonnet  de 
nuit  qui  eft  de  linge  ,  Se  qu'on  change  quand  elle 
eil  i'ale  ,  ou  de  celle  qu'on  met  fous  une  perruque. 
Capitis  te'^men ,  tegumemum. 

Cor  FEE,  La  coëfe  d'une  perruque  eft  un  léger  réfeau 
de  foie,  donr  les  mailles  font  très-petites,  &  qui 
fert  pour  arracher  &:  étager  les  trelfes  de  cheveux  , 
donr  la  perruque  eft  compofée. 

CoEFFE  fe  dit  du  linge  ou  de  l'étoffe  qu'un  guerrier 
portoit  autrefois  fous  fon  calque ,  de  peur  qu'il  n'o- 
ténfât  la  tête. 

CoEFFE  s'eft  dit  autrefois  d'un  habillement  de  tête 
d'un  Chevalier.  L'ordonnance  pour  créer  &;  faire 
les  Chevaliers  du  Bain  en  Angleterre  ,  dit:  le  Che- 
valier, rrouvera  à  fes  dépens  ,  la  co'é^'e  ,  les  gans ,  la 
ceinrure  &  le  laz. 

CoEFFE  fe  dir  aulfi  ,en  termes  d'Anatomie  ,  d'une  petite 
membrane  qu'on  trouve  à  quelques  cnfans ,  qui  en- 
veloppe leur  tête  quand  ils  naifient.  Drelincourt 
croit  que  ce  n'eft  qu'un  lambeau  des  tuniques  du 
fœtus ,  qui  fe  crève  pour  l'ordinaire  à  la  nailfance 
d'un  enfanr.  /'e/ZiCHAr.  Lampridius  dit  que  les  Sage- 
femmes  vendoient  bien  cher  cctrc  coëfe  à  des  Avo- 
cats ,  qui  croyoient  qu'en  la  portant  fur  eux  ils  au- 
roient  une  force  de  perfuader  ,  à  laquelle  les  JugL-j 
ne  pourroient  rcfifter.Les  Canons  défendent  de  s'en 
fervir  ,  parce  que  les  Sorciers  s'en  fervoicnt  dans 
leurs  maléfices. 

CoEFFE  fe  dir  encore  ,  en  rermes  d'Anaromie  ,  d'uns 
membrane  graiffeufe  qui  nage  fur  les  boyaux.  On 
l'appelle  autrement  épiploon.  VoyeT^  Epiploqn. 

CoEFFE  ,  en  rermes  de  Pharmacie  ,  eft  une  forte  de 
médicament   fait  enferme  de  bonnet  ,dontonfe 


C'&4 


CO  E 


uvrc  la  tête  ,  comme  d'un  bonni't  otLlinaitc.  Il  e(l 
compoïc  de  plulicurs  tcmèdcs  ccphaliques  qu'on 
mcle  avec  du  cotton ,  èc  qu'oii  pique  entre  deux  tat- 
Ictas ,  ou  cntte  deux  toiles  fines ,  comme  un  mare- 
las.  On  s'en  iert  dans  quelques  maladies  du  ceiveau. 
Cucnjy/ia. 

CoEFf  £  ,  en  termes  de  Botanique  ,  le  dit  de  l'envelop- 
pe déliée  6c  légère  de  quelques  fleurs ,  cc  de  quelques 
femences.  Caîyptra..  §CF  C'elt  une  enveloppe  min- 
ce ,  membrancufc,  fou  vent  conique,  qui  cmbrafle  la 
partie  de  la  fructification  ,  comme  dans  le  blé  de 
Turquie.  Voye^  les  différentes  cfpcces  de  Calice 
au  mot  Calice. 

Ce  mot ,  félon  Ménage  ,  vient  de  aifd ,  ou  de 
s,ufa  ,  qui  (îgnifîe  un  vilement  velu  ',  &  les  Grecs  ont 
dit  auHi  icapia,  en  la  même  (ignification  de  coëjf'e.  Ou 
bien  il  vient  de  l'Hébreu  cuylui,  qui  lignifie  un  vête- 
ment qu'une  femme  met  fur  fa  tête.  Du  Cange  dit 
qu'on  a  dit  dans  la  bafle  Latinité  cupliià  ,  cofea  , 
cocffa  ,  &  cucupha ,  en  la  même  fignificacion.  A  l'é- 
gard des  femmes ,  ce  font  des  couvertures  de  taffe- 
tas ,  de  gaze  ,  de  crêpe ,  qu'elles  mettent  quand  elles 
fortent ,  ou  quand  elles  n'ont  pias  ajuflé  leurs  che- 
veux. Calentica,  Reticu/um.  On  appelle  aulfi  des 
coiffes  à  dentelle  ,  des  coëffes  de  cornette  ,  celles 
qu'elles  portent  dans  le  lit ,  ou  quand  elles  font  en 
déshabillé. 

1)3°  CoEFFE  lignifie  quelquefois  femme ,  comme  cha- 
peau lignifie  homme.  Nous  étions  dix  coëffes  &  au- 
tant de  chapeaux.  Expreflion  populaire. 

On  dit  ballement ,  cela  efc  trille  comme  un  bon- 
net de  nuit  fans  coëffe.  Les  femmics  difent  aufîî  d'une 
marchandife  dont  elles  n'ont  point  d'envie  ,  je  n'y 
porterois  pas  mes  coëffes. 

^3'  COEFFER,  ou  avec  l'Académie',  coiffer, y.  a.  cou- 
vrir la  tête.  Operire  caput,  iegere.  Les  François  le 
coëffent  d'un  chapeau  ,  les  TurCs  d'un  turban ,  les 
Moines  d'un  froc  ,  quelques  nations  avec  un  fimple 
bonnet. 

^3"  CorFFER  fignifie,  par  extenficn,  parer  fa  tcte  de 
ce  qui  fert  à  la  couvrir  ,  ou  de  les  propres  cheveux. 
Se  coëffer  en  cheveux  ,  avec  fes  cheveux  ,  avec  un 
bonnet.  L'art  de  coëffer  ;  ouvrage  intérelfant,  divi- 
féen  quatre  parties.  Tout  y  eft  traité  avec  l'étendue 
&  la  méthode  que  demande  l'importance  de  la  ma- 
tière. L'auteur  traite  de  toutes  les  manières  de  le 
coëffkr ,  afin  que  les  femmes  pUillcnt  choifir  celles 
qui  vont  mieux  à  l'air  du  Vifage.  Tèrence  dit  des 
femmes  qu'elles  font  des  années  entières  à  le  coëfer  , 
à  s'attifer.  Dùmpeciuntur,  dùm  comantur,  annus  ejt. 

^CJ"  On  dit  d'une  femme  qu'elle  fe  coëfje  bien  ;  pour 
dire,  qu'elle  entend  bien  l'art  d'orner  'a  tête ,  de  l'a- 
juHtt  :  &  d'une  cocffeufe  qu'elle  cocffe  bien  ,  qu'elle 
coëjje  à  merveilles  •,  pour,  dire  qu'elle  donne  un  bon 
air ,  t!e  la  grâce  à  toutes  les  ccëffures  des  femmes 
dont  elle  fe  mêle. 

fCF  On  dit  qu'un  Perruquier  coëffc  bien  ;  pour  dire  , 
que  les  perruques  qu'il  fait,font  de  bon  air  :&qu'une 
perruque  ,  un  chapeau  coëffe  bien  -,  pour  dire,  qu'ils 
vont  bien  à  l'air  du  vifage. 

On  dilbit  autrefois  à  Paris  de  A'. qu'il  fe  chauffoit 
comme  les  autres  fe  coëffent ,  6c  qu'il  le  cccffoit  com- 
iTie  les  autres  le  chaullênt  ;  parce  qu'il  portoit  des 
fouliers  de  Caftor ,  év  des  calottes  de  latin  étant  alors 
les  feules  qui  fuiîcnt  d'ufage  ,  celles  de  cuir  n'étant 
devexiues  à  la  mode  que  depuis.  Vign.  Marv. 

CoEFFER  ,  en  termes  de  Marine  ,  on  dit  que  des  voiles 
fe  coëffnty  lorfqu'ellesfont  détachées  Se  qu'elles  s'a- 
p^Iat.iflcnt  les  unes  contre  les  autres ,  ou  contre  les 
vergues  ou  les  mats ,  de  manière  qu'elles  ne  fervent 
plus  à  la  conduite  du  vailîeau.  Il  me  lâcha  fa  bor- 
dée qui  me  hacha  toutes  mes  voiles  d'avant  ,  qui  fe 
trouvant  dénuées  de  bras  ,  de  bouline  ,  &  d'efcou- 
tes  ,  fe  coëff'èrent  fur  les  mats  ,&:  firent  prendre  à 
mon  voiiîeau  vent  d'avant  malgré  Ion  gouvernail. 
Du  Gué  Trouin. 

CoEPFER  un  Livre  ,  terme  de  Relieur  ,  c'eft  en  arran- 
ger la  rranchefile ,  &  la  couvrir  à  demi  de  la  peau 
de  la  reliure. 


COE 

\fT  CoEFFER  une  liqueur  ,  c'cft  la  mêler  avec  une 
autre.  Coëfer  du  vin ,  de  la  bière.  Mijce're.  Cocfjir 
une  bouteille  ,  c'eft  la  boucher  d'un  bouchon  de  liè- 
ge ,  couvert  d'un  enduit  de  cire  ou  maflic  ,  le  tout 
recouvert  d'un  parchemin  ou  autre  choie  ,  de  peUr 
que  la  liqueur  ne  s'évente.  Obturare. 

^3'  CoefferIc  fanglier ,  terme  de  challc  ,  fe  dit  de 
deux  chiens  qui  ont  pris  le  fanglier  par  les  oreilles. 
Ces  deux   chieris  ont  coëffe  le  fanglier. 

Se  coëff'er  ,  fe  dit  figurcmcnt  ,  &  fignifie  ,  s'entc- 
tet  j  fe  préoccuper  en  faveur  d'une  opinion  ,  d'une 
pcrforme.  hnbiherc  opinioneni  aliquam  ,  inibiiere. 
Les  jeunes  gens  le  coëffent  volontiers  des  nouvelles 
opinions.  Je  ne  puis  louffrir  que  vous  foyez  coëffa 
d'un  petit  Chevalier  jouciir  ,  qui  va  mettre  à  la  ré- 
jouillance  les  dépouilles  du  Traitant.  Le  Sage  j 
dans  la  Comédie  de  Turcaret. 

Chaque  mortel  co'éffé  de^a  chimère , 
Croît  à  part  foi  que  mieux  on  ne  peut  faire  : 
Opinion  chc:^  les  hommes  fait  tout.  Des-H. 

Fille  fe  cocffe  volontiers 

D*amoureux  à  longue  crinière.  LA  Font. 

Mais  quoi  IJivotre  père  eflun  bourru  fieffé. 
Qui  s'efidejon  Tartuffe  entièrement  coïûe , 
La  faute  à  votre  Amant  doit-elle  être  imputée? 

Mol 

IJCF  On  dit  aulTi  a(fl:ivement  ccëff'er  quelqu'un  d'un 
opinion,  d'un  fcntiment.  Je  ne  fai  qui  l'a  coëffe  d'une 
opinion  fi  extravagante.  Dans  acception  il  n'eft  que 
du  ftyle  familier. 
ÇCF  On  dit  aulfi  figuréhient  &  familièrement  coëffef 
quelqu'un ,  le  faite  trop»  boire.  Cet  homme  n'eft  pas 
accoutumé  à  boire,  il  ne  fautqu'unverrede  vin  pdur 
ïe  coëffer.  Gardez-vous  de  ces  vins  d'Orléans  ,ils 
font  fumeux  ,  &  fujets  à  coëffer.  Cet  homme  eftfujet 
à  fe  coëffer. 
IP"  COÈFFÉ  ,  ou  COIFFE ,  EE.  Part.  &  adj.  Il  a 
lesfignifications  du  verbe.  Femme  coeffee  en  pay- 
fanne  j  en  demoifelle. 
Q3'  On  dit  qu'un  enfant  eft  né  ccëff'é ,  quand'il  vient 
au  monde  avec  cette  cfpèce  cie  membrane  qu'on  ap- 
pelle coëffe  ,  que  le  peuple  fupetftitieux   regarde 
comme  un  préfage  de  bonheur.  C'eft  pour  cela  qu'on 
dit  proverbialement  d'un  homme  qui  eft  fort  heu- 
reux ,  qu'il  eft  né  cocffé.  Cette  fupetftition  eft  très- 
aneienne.  Lampridius  en  parle  dans  la  vie  d'Anto- 
nin.  Cet  Empereur  étoit  né  avec  une  efpèce  de  ban- 
deau fur  le  front ,  en  forme  de  diadème  -,  c'eft  pour 
cela  qu'il  fe  fit  appeler  ZJ/^Zi/w/ns^e.  Comme  il  jouit 
d'une  conftante  profpérité  pendaht  tout  le  cours  de 
l'on  règne ,  fon  bonheur  confirma  l'opinion  de  ceux 
qui  s'imaginenr  que  les  gens  nés  coëffes  font  heureux. 
Depuis  on  fe  fervoit  de  cette  coëffe  pour  des  fortilé- 
ges ,  6c  pout  des  maléfices  ;  en  forte  que  les  Conci- 
les furent  obligés  de  condamner  ce  ridicule  abus; 
f-^oye^  les  notes  de  Balfamon  furies  Conciles , de  Ca- 
fau'bon  fur  VHiffoire d'jlugufte.  Les  Italiens  difent, 
Nafcer  vejlito.  (fT  Un  homme  bien  coëffe  eft  un  hom- 
me qui  a  une  belle  tête  ,  des  cheveux  bien  arrangés, 
un  chapeau  ,  une  perruque  qui  lui  vont  bien. 
^fT  En  termes  de  vénerie  ,  un  chien  eft  bien  coëffe  t 
quand  il  a  des  oreilles  longues  6c  pendantes,  benè 
au  ri  tus  canis. 
ifT  En  termes  de  manège ,  un  cheval  bien  ccëffé ,  qui 
a  les  oreilles  petites ,  bien  placées  au  haut  de  la  tête^ 
Drap  bien  coëffe,  terme  de  Manufacture  de  lai- 
nage. Il  le  dit  des  draps  dont  les  lificres  font  biért 
faites ,  5c  bien  unies ,  d'une  largeur  proportionnce 
à  l'étoffe  ,  &C  d'une  couleur  agréable  à  la  vue. 
COEFFEUR,  EUSE.  Celui  ou  celle  qui  ^fait  métier 
de  coëffer  les  dames.  Coëffeur  n'eft  plus  guère  en  ufa- 
ge  depuis    que  les  coëffeufes    font  devenues  à  la 
mode.  Qui  vclqiice  feminas  comit ,  pcclit. 
COEFFICIENT  ,  f.  m.  %^  ou  plutôt  adi.  pris  fubftan- 
tivemcnt.  On  ibufentcnd  terme.  Terme  d'algèbre  , 

pat 


C  O  E 

!pAt  lequel  on  dclîgne  le    nombre  ou  la  quantité 
qui  eft  devant   une    quantité  algébrique  ,   &    oui 
le    multiplie.  Ainli  la  t;randeur  2  -  b  a  le  n  om- 
bre 2  pour  coefficient.  Dans  les  équations   ci'Al^c- 
bre  ,  on  ne  compte  pour  diflFcrens  termes  que  ceux 
où  V inconnue  a  diflcrens  degrés.  Elle  eft  ieule   dans 
le  premier  terme ,  qui  e(l  celui  oli  elle  aie  degré  le 
plus  élevé  s  mais  dans  les  autres  termes  où  elle  ell  ci 
un  degré  moins  élevé,  elle  fe  mêle  avec  des  grandeurs 
connues,  &:  alors  ces  grandeurs  connues  s'appellent 
Coefficients  ;  Coefficients  du  J'econd terme,  fi  elles  en- 
trent dans  le  fécond  tetme  de  l'équation  ,  qui  eil  ce- 
lui où  l'inconnue  ne  ballFe  encore  que  d'un  degré  : 
Coefficients  du  tr.vjlème  ierme  ,  il  elles  çniKnt  dans 
le  terme  où  Tinconnue  bailfc  de  deux  degrés  ,  &-c. 
^Cr  II  ne  iaut  pas  confondre  coefficient  Se  c.xpoCant. 
Le  premier  qui  lé  met  devant  la  grandeur  ;  eft  le  li- 
gne de  l'addition ,  &  ferr  à  marquer  combien  de  lois 
clic  eft  ajoutée  à  elle-même.  5  b  marqueque  la  quan- 
tité b  eft  prife  trois  fois.  Àinfi  en  fuppofant  b.-^,  5 
b  _-  i7,c'cft-à-dire  vaudront  2-^  Au  lieu  que  l'expo- 
fant  qui  le  met  après  la  quantité,  eft  le  ligne  de  la 
multiplication  ,  &  fert  à  marquer  combien  de  fois  la 
quantité  eft  multipliée  par  elle  -    même.  Dans  b  3 , 
l'expofant  }  faiteonnoître  que  la  quantité  b  eft  mul- 
ripliée  deux  fois  par  elle-même.  Ainfi  en  iùppofant 
toujours  b  —  9,  b  3  fera  c?  multiplié  par  5?,c'eft-à-dire 
81x9  =729. 

COEFFURE  ,  f.  f  §c?"  tout  ce  qui  fert  à  couvrir  ou 
orner  la  tête.  Le  Turban  eft  la  cuejjure  des  Turcs. 
Capitis  tegmen  ,tegumentumA\  fe  prend  plus  parti- 
culièrement pour  ce  qui  fert  à  couvrir  la  tête  des  fem- 
mes. Les  payiannes  ,  les  bourgeoilés  6:  les  demoi- 
lelles  étoient  autrefois  diftinguées  par  leur  coëffitre. 

^fT  La  coëffure  des  femmes  eft  un  édifice  à  plulieurs 
étages  dont  l'ordre  &  la  ftruélure  changent  félon 
leurs  caprices.  La  Bruy.  Quelquefois  lescoeffiures 
montent  infenfîblement  ,  &  une  révolution  les  fait 
dcfccndre  tout-à-coup.  Il  a  été  un  temps  que  leur 
hauteur  immenfe  mettoit  le  vifage  d'une  femme  au 
milieu  d'elle-même.  Montesq. 

Corporeqiie  in  medio  dixeris  effie  captit, 

f3^  Aujourd'hui  les  femmes  ont  trouve  le  fecret  de  fe 
coéffer  fans  coëfure.  Elles  ne  font  plus  coèjfées  qu'en 
cheveux. 

Le  P.  Eft.  Chamillart  a  donné,  dans  fes  diffiefta- 
tions  ,  la  defcription  de  la  coëffure  de  plufieurs  Im- 
pératrices ,  telle  qu'elle  eft  repréfentée  fur  les  mé- 
dailles. Plufieurs  écrivent  coiffure  avec  l'Académie, 

COÉGAL  ,  ALE  ,  adj.  terme  de  Théologie  ,  qui  iic  le 
dit  que  du  myftère  de  la  Sainte  Trinité.  Coaquaiis  , 
coœqnus.  Le  fils  eft  coégal  a.u  Père, 

^  COÉGALITÉ.  f.  f.  Qualité  de  chofes  égales  -,  rap- 
port  qui  fe  trouve  entre  plulieurs  chofes  égales.  Les 
Ariens ,  lés  Macédoniens  nioicnt  la  Coégalité  des 
trois perfonnes  de  la  Trinité, 

ff3'  COLLECTEUR  ,  f.  m.  qui  élit  conjointement 
avec  un  ou  plulieurs  autres.  Il  eut  l'adrelfe  de  faire 
nommer  pour  îa  plupart  des  Coélecleurs  ,  ceux 
de  fes  amis  dont  il  étoit  le  plus  affûté.  Vertot. 
C(ELESYRIE ,  contrée  dé  Syrie ,  à  laquelle  divers  Au- 
teurs donnent  une  étendue  différente.  CœUfyria. 
Proprement  la  Cceléfyrie  étoit  la  grande  vallée  qui 
s'étend  entre  le  Liban  &  l'Antiliban.  Quelques-uns 
y  comprennent  le  pays  de  Damas ,  &  tout  ce  qui  eft 
entre  la  Syrie  propre  ,  la  Phénicie  ,  &  la  Paleftine. 
D'autres  la  pouffent  jufqu'à  l'Arabie  &:rEgypte.Pline 
&  Mêla  l'appellent  fimplement  Cœle,  Aujourd'hui 
on  la  nomme  Bocallalbec. 

Ce  nom  eft  compofé  de  iu\xn ,  &  de  Swf/a  ,  Syrie. 
K«7>.«? ,  «o,A« ,  en  Grec  fîgnifîe  creux  ;  ainfî  la  CœUfy- 
rie  n'eft  autre  chofe  que  la  Syrie  creufe  j  c'eft-à-dire, 
la  partie  de  Syrie  la  plus  baffe  ,  &  la  plus  creufe. 
C(ELIA  ,  nom  propre  d'une  famille  de  l'ancienne  Ro- 
me. Cœ/idg^t/zj.  La  famille  Cœ/i<2  étoit  plébéienne  , 
mais  illuftre ,  &;  il  en  eft  peu  dont  il  foit  plus  parlé 
dans  les  Auteurs  Romains,  Les  médailles  de  cette  fa- 
Tome  lli 


C  o  E  i^è^ 

mille  écriveiit  Coel  ou   Coït.  Cœ/ius    oU  Càiliu'i 
On  trouve  aux  Ccclius  fur  les  médailles  les  prénom* 
Cactus  s  6c  P.  Publius ,  Se  le  furnom  Cald.  ou  tout 
au  long  C  ALDUS. 
C(ELIÀQUE ,  adj  m.  &  f.  ternie  de  Médecine.  On  ap- 
pelle paffion  cirJiaque,&.\i\  cceliaque ,paffio  cxliacw, 
fiuxus  cccliacus  -,  un  flux  de  ventre  chyleux  ,  dans 
lequel  le  chyle  fort  par  les  felles  confondu  avec  les 
excrcmcns  ,  ce  qui  les  rend  cendrées ,  grisâtres  ,  ou 
blanchâtres.  Cœ/inque  vieni  du  mot  GreCi-.o(;*i'«3  vt/i- 
tre ,  parce  que  c'eft  le  fîège  de  la  maladie.  Col  d£ 
"V  iLLARS.  Quelques-uns  ccmenicéliaque  ,  mais  faiîs 
avoir  égard  à  l'ctimologie.  P'oye^  ce  mrtt. 

§CrC(i:Ll.SPEX  i  ftirnom  d'Appollon  aiiifi  appelé 
d'une  ftatue  tournée  du  côté  du  Mont  Cœlius  ,  ou 
qui  avoit  le  regard  vers  le  ciel. 

gCF  C(SLOMAj  f.  m.  ternie  dé  Chirurgie  i  par  lequel 
on  défigne  une  clpcce  d'ulcère  de  la  cornée  ,  caufc 
ordinairement  par  des  humeurs  acres  qui  fc  jciteii 
fur  les  yeu\'. 

\fT  CCELUS  ,    terme  de  Mythologie;   Foye^  ciel  y 

DIVINITÉ. 

C12LIUS.  fi  m.  Ce  nom  eft  purement  latin  ^  outre 
qu'il  e(t  fouverit  nom  propre  d'homme  ,  c'eft  encore 
celui  d'une  des  fept  montagnes  de  Rome  ;  mais  en 
ce  cas  il  ne  fe  dit  jamais  léul  j  il  faut  y  joindre  en 
françois  le  mot  mont ,  comme  en  latin  mons ,  Mdns 
Ccc/ias,  Le  mont  Cœ/ius  fut  ,ainlî  nommé  ,  dit-on  i 
d'un  Chef  des  Etrurieus ,  qui  lecourut  Romulus ,  bii 
Tarquin»  &c  qui  fe  nommoit  Ccelius ,  ou  fclon  Tacite 
Cceies  Vibenna.  LesTufques  l'appeloient  Maftarnat 
Les  Romaihs  lé  nolnmèrent  d'abord  Q_uerquclula- 
num  ,  parce  qu'il  y  avoit  beaucoup  de  chêhcs  ,  en- 
fuite  Tufcus  Ficus  5  &  Suétone  dit  que  Tibcrc  le 
fit  appeler  Mons  Augufius.  In  Tih.  Câp.  48.  Il  s'ap- 
pelle aujourd'hui  le  Mont  dé  S.  Jean  ,  parce  que 
l'Eglife  de  S.  Jean  de  Latran  eft  deifus. 

COEMENT.  Vieux  adv.  Tranquillement  i  fans  bruit. 
Tranquille  ,Jinejlrepitu, tacite.  Dans  l'ordonnancé 
&  manière  de  faire  les  Chevaliers  du  Bain  ,  il  eft  dit: 
Les  gentils  faiges  Chevaliers  entreront  en  la  cham- 
bre tout  coëment  fans  noifé  faire: 

COENE.  r^ye^CouENE. 


CCENOBIÀRQUÈ.  '}  < 

CGEMOBiTE.  C  Foye? 

CCENOBITIQUE.  3 


CÉNOBIARQUE. 

CENOBITE. 
CÉNOBITIQUE. 


CŒPHORÈS.  f  m.  pi.  C'eft  le  titre  d'une  Tragédie 
d'tfchyle  dont  le  fujet  eft  la  mort  d'Egifte  ,  6i  dé 
Clytemncftre ,  àc  qui  a  pour  le  chœur  des  filles  étran- 
gères qui  portent  des  préfens  au  tombeau  d'Aga- 
liiemnbn.  Ccep/tores  fignif.e  des  perfonnes  qui  por- 
tent des  libations.  De  x'"  f'indo  ,  je  verfe. 

COEQUE  ou  COEHQUE,!'.  m.  rerme  de  la  Relation. 
C'eft  le  nom  du  Roi  des  Caftes  nommés  Cochocas  ,■ 
qui  font  vers  le  Cap  de  Bonne  Efpérance.Le  Coëque 
prétend  être  Roi  de  tous  les  Caftes  qui  demeurent 
aux  environs  du  Cap  à  quatre-vingt  lieues  à  la  ron- 
de •■,  mais  quelques  Voyageurs  dilcnt  que  ce  Royaume 
coniîfte  en  quatre  ou  cinq  cens  familles  qui  habitent 
quinze  o'u  feize  villages  ,&  dont  les  plus  grandes 
richelfes  conlîftent  en  beftiaux  ,  puifque  l'on  y 
compte  plus  de  cent  mille  bêtes  à  corne  ,  fans  comp- 
ter les  bêtes  à  ctins ,  &c. 

COERCITIF,IVE.ad}.  Qui'renferme  le  droit  de  caer-' 
cition.  Qui  jus  coercendi  habet.  Ce  Magiftrat  a  une 
puiifance  coercitive  fur  les  habitans  de  fa  Juridic- 
tion. 

COERCITION  ,  f  f  terme  de  Palais.  gCT  C'eft  pro- 
prement le  droit  qu'on  a  de  contraindre  quelqu'ifn  .ï 
faire  fon  devoir.  Coercitio.  C'eft  Un  des  attributs  de 
lajuftice.  Les  Abbés  commendaraires  fi'ont  paà  lé 
droit  de  coercition  fur  les  Religieux.  Ce  mot  vient 
du  latin  coercere,  réprimer.  Il  ne  faut  pas  confondre 
le  droit  de  coercition  avec  celui  de  correcliori.Les  fu- 
périeurs  Réguliers  ont  droit  de  correction  modérée 
fur  les  Religieux ,  mais  ils  n'ont  pas  le  droit  de  coër- 

pppp 


^GG 


CO  B 


cition  ,  lequel  s'étend  à  toutes  fortes  de  peines  afflic- 
tives.  Boucher  d'Argis. 
IJ:?  COESFELD.  Ville  d'AllcmJ;rne,    dans  le  Dio- 

ccfe  de  Munfler  ,  en  Weftpbalie. 
gCF  COESNON ,  (  LE  )  Rivière  de  Fiance  en  Norman- 
die ,  qui  prend  ia  iburce  à  l'entrcc  du  Dioccle  du 
Mans ,  traverie  le  Diocèle  de  Dol  en  Bretagne  ,  pade 
à  Fougères  &  Pontoribn,  &  ie  jette  dans  la  mer  en- 
tre Pontorfon  &:  le  Mont  S.  Michel., 
03"  CO-ÉTAT.f.m.Qui  le  dit  d'un  État,  d'un  Prince 
qui  partagelaSouvcrainetc  avec  un  autre.  Acad.  Fr» 
COÉTERNEL,ELLE.adj.  Quicxifte  de  toute  éternirc 
avec  un  autre.  Coœcenius  ,  a  ,  um.  Le  Fils  de  Dieu  , 
ou  le  Verbe  6c  le  S.  Efprit  ,  ibnt  coeternels  avec  le 
Père.  Les  Manichéens  adraettoient  deux  natures  coé- 
tcrneUes. 
COÉTERNITE  ,  f.  m.  terme  dogmatique.  Eternité 
commune  à  pluiieurs  choies  enl'emble.  Cœternicas. 
La  coéternité  ne  convient  qu'aux  personnes  de  la 
fainte  Trinité. 
COÉVÈQUE,  i'.  m.  Evêque  avec  un  autre  confrère 
■    dans  l'cpilcopat.  Coepijcopus.  Il  y  a  eu  autrefois  des 
Evcques  qui  avoient  des  Coévèjues.  Walafridus  Stra- 
bo  ,  de  Reb.  Eccl.  c.  ult.  en  fait  mention.  C'ctoient , 
dit-il ,  des  Evêques  dont  ils  fe  fervoient  pour  faire 
les  chofes  convenables  qu'ils  leur  enjoignoient  ■,  & 
il  les  compare  aux  Envoyés  des  Comtes.  Les  Prélats 
d'Allemagne  ont  encore  des  Evcques  qui  font  pour 
eux  les  fondions  de  l'Epifcopat  -,  ils  les  appellent 
fuffragans  -,  &  ce  Ibnt  de  vrais  Coévèques. 
^  CÔEVORDEN.  Ville  des  pays  bas,  dans  la  Pro- 
vince d'Overillel ,  capirale  du  pays  de  Drentc. 
C(EUR.  f.  m.  Cor,  Partie  noble  de  l'animal,  qui  eft  le 
principe  de  la  vie  ,  &  qui  efl:  renfermée  dans  une 
forte  membrane ,  qu'on  appelle  le  féricarde.  Sa  figu- 
re eft:  pyramidale  ,  &:  refîemble  à  une  pomme  de  pin, 
qui  eft  large  par  fa  partie  fupérieure  qu'on  appelle  fa 
bafe  ,  ëc  qui  le  termine  en  pointe.  Il  y  a  une  veine 
&:  une  artère  qui  environnent  toute  la  bafe  du  cœur  , 
comme  une  couronne  ,  qui  s'apellcnt  coronales  , 
avec  quelques  nerfs  fort  menus  qui  font  de  la  huitiè- 
me paire.  Il   eft  revêtu  d'une  tunique  particulière 
pour  le  tenir  plus  ferme.  Il  eft  lîtué  au  milieu  du 
thorax,  quoique  fa  pointe  s'avance  un  peu  vers  Ion 
côté  gauche.  On  a  trouvé  le  cœur  d'un  enfant  placé 
au  côté  droit  contre  l'ordinaire  ,  comme  il  eft:  rap- 
porté dans   le  Journal  des  Savans  de  l'année  i66Z. 
Sa  chair  eft  dure  ,  épaiffe   &  folide  ,  compofée  de 
*fibres  mufculeulés ,  difpofées  en  ligne  fpirale  :  elles 
ne  font  point  différentes  des  fibres  des  autres  muf- 
cles  ,  de  forte  que  ce  n'eft  point  fans  raifon  que  tous 
les  modernes  conviennent ,  après  Hipprocrate  ,que 
le  cceur  eft  un  véritable  mufclc.  Le  cœur  a  deux  ven- 
tricules ,  ou  cavités.  Le  droit  femble  être  fait  pour 
les  poumons  feulement  ;  car  les  animaux  qui  n'ont 
point  de  poumons ,  n'ont  point  aulîl  de  ventricule. 
Le  gauche  eft  plus  fort  &  plus  épais  que  le  droit  , 
parce  qu'il  eft  deftinc  pour  envoyer  Is  fang  dans 
toutes  les  parties  du  corps ,  dont  quelques-unes  font 
bien  éloignées  ,au  lieu  que  le  droit  ne  doit  l'en- 
voyer que  dans  les  poumons ,  ce  qui  ne  demande 
pas,  à  beaucoup  près,autant  de  force.  Ces  deux  ven- 
tricules font  féparcs  par  unecloifon  qu'on  appelle 
fcptum  médium.  Aux  deux  côtés  il  y  a  des  bourfes 
membraneufes  qu'on  appelle  oreillettes  ,  parce  qu'el- 
les en  ont  la  figure.  La  droite  eft  au  devant  de  l'en- 
trée de  la  veine  cave  ,  &  la  gauche  eft  iituée  à  l'ori- 
fice de  la  veine  pulmonaire.  Il  y  a  quatre  gros  vaif- 
feaux  à  la  bafe  du  c^/^r,  dont  deux  ont  l'orifice  au 
ventricule  droit ,   favoir ,  la  veine  cave  ,  &:  l'artère 
pulmonaire.  Les  deux  autres  font  au  ventricule  gau- 
che ,  favoir ,  la  veine  pulmonaire  &  l'aorte ,  ou  la 
grande  artère.  Dans  ces  vaill'eaux  il  y  a  des  valvules 
ou  petites  portes  faites  en  formes  de  foupapes,  qui 
d'un  côté  permettent  l'entrée  au  fang ,  &c  de  l'autre 
en  empêchent  le  rerour.  Il  y  a  (ix  de  ces  petites  mem- 
branes ou  valvules  au  ventricule  droir  ,  favoir  ,  trois 
à  l'orifice  de  la  veine  cave  ouvertes  par  dehors  ,  & 
.    fermées  par  dedans  ,  5c  trois  à  l'orifice  de  l'artère 


CO  E 

pulmonaire  ,  ouvertes  &  fermées  en  un  fens  con. 
t^ire.  11  y  en  a  cinq  au  ventricule  gauche,  trois  i 
l'orifice  de  la  grande  artère  ,  ouvertes  par  dedans,5i 
fermées  par  dehors  ;  &  deux  à  la  veine  pulmonaire^ 
qui  s'ouvrent  &:  fe  ferment  auffi  dans  un  fens  con- 
traire. C'eft  par  ces  canaux  que  le  fait  la  circularion 
du  fang  ,  qui  a  éré  inconnue  aux  Anciens, &  décou- 
verte pat  Harvey ,  Médecin   Anglois.    Lé  cœur  a 
deux  mouvemens  •,  celui  de  diaftole  ,  ou  de  dilata- 
tion ,  par  lequel  il  reçoit  le  lang  des  veines  -,  6i  ce- 
lui de  fyftole ,  ou  de   contraètion  ,  par  lequel  il 
poulie  le  même  fang  dans  toutes  les  parties  du  corps 
par  le  moyen  des  artères.  Dans  la  dilatation  le  cœur 
s'alonge  &  s'élargir,  &  dans  la  contratlion  il  de- 
vient plus  courr  Se  plus  étroit. 
§CJ"  Les  oreillettes  ont  aulfi  leurs  mouvemens  de  dila- 
tation &  de  contrattion  ,  mais  dans  un  temps  dif- 
férent ;  c'eft-à-dire,   elles  font  en  diaftole,  lorfque 
le  cœur  Q^  en    fyftole  ,    belles  fonr  en  fyftole, 
lorfque  le  cœur  eft  en  diaftole.  Quelques   Phyfi- 
ciens  regardent  f'introduCT:ion&  la  fortie  des  efprits 
vitaux  comme  la  caule  Phyfique  de  tous  ces  mouve- 
mens.Ils  diftinguenttroisparries  dans  chaque  mufcle, 
les  deux  extrémités  &;  le  milieu.  Ils  donnent  aux 
deux  extiémitcs  tendineufes  les  noms  de  tète&  de 
queue ,  Se  au  milieu  que  l'on  trouve  toujours  coii-^ 
vert  de  chair  ,  celui  de  ventre.  Tous  les  mufcles  ont 
un  mouvement  de  contradlion  &  un  mouvement  de 
produdion  Ils  font  dans  un  mouvement  de  contrac- 
tion ,  lorfque  leur  queue  s'approche  de  leur  tête  , 
lorfque  leur  venrre  fe  gonfle  ;  &  leur  ventre  fe 
gonfle  par  l'introdudlion  des  efprits  vitaux,   C'eft 
à  la  fortie  de  ces  mêmes   efprits  vitaux  qu'e  l'on 
doit  attribuer  la  production  des  mufcles. 
ffj"  D'autres  Phyliciens  font  pcrfuadés  que  l'on  doit 
attribuer  ces    fortes  de  mouvemens  au  refibrt  de 
l'air  renfermé  entre  les  fibres  du  cœur.  Le  fang , 
difcnt-ils ,  enttant  avec  impctuofité  dans  le  ventri- 
cule droit  du  cœur,  comprime  l'air  qui  s'y  trouve 
renfermé ,  &  met  ce  mufcle  dans  l'état  de  diaftole. 
Cet  air  doué  d'un  reffbrt  prodigieux  ,  fe  dilate  ,  re- 
prend fon  premier  état ,    chafic  le  fang  dans  l'ar- 
tère pulmonaire  ,  6«:  remet  le  cœur  dans  l'état  de 
fyftole.  Le  même  jeu  recommence  l'inftant  d'après, 
&:  par  là  le  cœ//r  pafle  alternativement  de  l'état  de 
diaftole  3.  celui   de  fyftole.  Ce  que  l'on  dit  du  ven- 
tricule droir  par  rapport  au  fang  qui  vient  de  la 
veine  cave  ,  doit  fe  dire  du  ventticule  gauche  par 
rapport  k  celui  qui  vient  de  la  veine  pulmonaire* 
^fT  II  paroîc  allez  conformé   aux  loix  de   la  faine 
Phyfique  de  penfer  que  l'adlion  des  efprits  vitaux 
fe  joint  au  reffort  de  l'air  pour  conferver  au  cœur 
fon  mouvement  continuel  de  diaftole  &   de  fyf- 
tole. 

Dans  VHiJîoire  de  t académie  des  Sciences  1711* 
M.  Winllou  ttouve  que  le  cœur  ,  qu'on  regardoit 
comme  un  gros  mufcle  compofé  de  fibres  différem- 
ment conrournées ,  eft  formé  ds  deux  mulcles  au 
moins ,  attachés  l'un  à  l'autre  ;  c'eft-à-dire  ,  que 
les  deux  ventricules,  chacun  avec  fon  oreillette, 
font  deux  vafes  qui  peuvent  être  féparés  en  demeu- 
rant vafes  •,  enforte  que  leur  cloifon  commune  , 
qu'on  croyoit  n'appattenir  qu'au  venrricule  gauche, 
appartient  également  aux  deux,  &  fe  partage  en 
deux  cloifons. 

Le  dofteur  Lo^3Cer ,  que  les  Anglois  difent  avoir 
été  le  premier  qui  ait  donné  la  vraie  ftruelure  du 
cœur  ,  prérend  que  le  cœur  eft  un  mufcle  fimple 
fans  antagonifte  ,  &  qui  eft  une  efpéce  de  fphinc- 
ter  :  Borel ,  dans  fon  (Economia  ariimalis  ,  dit  que 
la  puilfance  motrice  du  cœur  a  plus  de  force  qu'un 
poids  de  5000  livres.  L'obftacle  que  fait  le  fang 
à  fe  mouvoir  dans  les  artères ,  félon  lui  ,  eft  égal 
à  18000  livres,  c'eft-àdire,  qu'il  eft  lix  fois  plus 
grand  que  la  force  du  cœur.  Il  eftime  que  le  pou- 
voir de  la  tunique  élaftiquc  des  artères  eft  de  45:000 
livres ,  d'où  rerranchant  les  fccours  étrangers  qui 
fervent  au  mouvement  du  fang ,  il  rcfte  au  cœur 
3000  livres  pour  vaincre  une  réfiftance  de  155000 


C  O  E 

livres  ,  c'eft- à-dire ,  un  contre  quarante-cinq  ,  & 
la  plus  grande  force  qu'il  donne  au  cœur  eft  la  force 
de  la  percuffion.  Voye^  encore  comment  le  D. 
Drake  Anglois  explique  le  mouvement  de  jyilolc 
&de  Diaftole  dans  les  Tranfaclions phUoJopkLjudS:, 
n,  280. 

ffT  Schcnchius  parle  d'un  homme  qui  n'avoit  pas 
de  cœur  ,  ce  que  Molincrti  traite  de  fable  \  il  nie 
même  qu'il  puiflc  y  avoir  deux  cceurs  dans  un  mcmc 
homme,  quoiqu'on  ait  des  preuves  inconteftables 
qu'on  en  a  trouve  deux  dans  un  même  corps.  Il  y  a 
divers  infectes  qui  en  ont  naturellement  plulieurs. 
Les  vers-à-foie  ont  une  chaîne  de  cœurs  qui  s'étend 
depuis  une  extrémité  de  leur  corps  jufqu'à  l'autre. 
On  a  trouve  des  cœurs  que  des  vers  avoient  rongé 
&  dévoré. 
|Cr^  Muret  a  trouvé  le  c-<E«r  de  quelques  bandits  re- 
vêtu d'une  efpèce  de  duvet.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
extraordinaire  ,  eft  qu'on  a  vu  des  p:;rfonnes 
dont  le  cœur  étoit  renverfc  ou  tourné  de  haut  en 
bas.  Témoin  une  femme  qu'on  pendit  il  y  a  quel- 
que temps  en  Saxe ,  &  un  homme  qui  louflrit  le 
même  fuppliceà  Paris.  Journ.  des  Sav. 

Ce  mot  vient  du  latin  cor,  dugreCxc«j,  dont 
on  fait  par  contraétion  y-^p.  On  dit'le  mouvement 
du  cœur,  le  battement  du  cœur,  palpitation  du 
cœur ,  épanouiflément  du  cœur.  Ac.  Fr. 

On  appelle  cœur  chez  les  Èotaniftcs ,  le  fond 
ou  le  milieu  de  la  fleur.  Il  y  en  a  de  deux:  fortes , 
les  uns  font  grenés,  &  les  autres  fleuris!  Les  grenés 
font  compofcs  de  plufieurs  filets  qui  ont  au  bout 
de  petits  grains  attaches ,  comme  dans  les  tulipes 
&  les  lis ,  qui  ne  font  pas  une  graine  ,  car  ils  fe 
léfolvcnt  en  poudre.  Les  cœuts  fleuris  ,  comme 
ceux  des  foucis ,  des  fleurs  de  tanaifie,  &  autres, 
font  ordinairement  appelés  étamines  ,  parce  qu'on 
les  croit  compofés  de  fiKts  (impies  que  l'on 
confidère  quaji fiamina.  Mais  Monfieur  Grève  foû- 
tient  qu'ils  font  mal  nommés,  &  que  ceux  qu'on 
croit  n'être  que  des  filets  fimples ,  font  eux-mêmes 
compofés  de  plufieurs  parties  qui  ont  toutes  des 
figures  différentes  ,  fort  régulières  &  fort  agréables  ; 
c'eft  pourquoi  il  les  appelle  fleurons.  Les  Fleurif- 
tes  ordinaires  ne  font  point  ces  diftinélions. 
ÇcEUR  fe  dit  aufTî ,  en  termes  de  Botanifles ,  de  la 
partie  intérieure  d'un  arbre  ,  ou  d'une  plante  ,  par- 
tie qui  efl:  molle,  moclleufe  &:  fpongieufe,  que 
l'on  appelle  audi  la  moelle  ,  ou  la  manice  de  l'ar- 
bre. Arboris  medulla.  Harris.  Dans  l'ufage  ordi- 
uaite ,  ce  que  nous  nommons  le  cœur  d'un  arbre  ,  eft 
le  bois  le  plus  dur  qui  eft  fous  l'aubier.  Robur.  Les 
Botaniftes  fe  fervent  aufli  de  ce  mot  dans  la  def 
cription  de  quelques  feuilles  qui  ont  la  figure  d'un 
cœur.  Feuille  faite  en  cœur ,  cordatum  folium.  Feuille 
faite  en  cœur  renverfé.  Obverfè  cordatum,  Voyez 

CORDIFORME. 

Cœur  fc  prend  quelquefois  pour  l'cftomac  ,  ou  la 
partie  où  fe  fait  la  digeftiori ,  qui  donne  des  for- 
ces au  cœur  ,  Jiomackus  ,  pe&us.  Cette  graifTe  lui 
eft  demeurée  fur  le  cœur  ,  s'eft  figée  fur  fon  cœur  , 
lui  a  fait  bondir  le  cœur,  lui  aVait  mal  a<J  cœur, 
lui  a  fait  foulcver  le  cœur.  Les  Grecs  ont  appelé 
xa/i^ilu ,  ce  que  nous  appelons  ï'eflomac  ,  comme 
a  remarqué  Scaliger. 

IP"  Le  mot  de  cœur  fe  prend  auffi  quelquefois  com- 
me fynonyme  à  bravoure  ,  courage ,  intrépidité  , 
valeur.  Animus.  Le  cœur  bannit  la  crainte  oiï  la 
furmonte  ;  il  ne  permet  pas  de  reculer ,  &  tient 
ferme  dans  l'occafion.  Il  entre  dans  l'idée  des  mots 
cœur  ,  courage,  valeur ,  plus  de  rapport  à  l'aélion  , 
que  dans  les  mots  bravoure ,  intrépidité ',  mais  les 
deux  derniers  renferment  dans  leur  idée  particu- 
lière un  certain  rapport  au  danger  que  les  pre- 
miers n'expriment  pas.  Il  faut  que  le  cœur  ne  nous 
abandonne  jamais ,  le  cœur  foûtient  dans  l'ac- 
tion.  M.  l'Abbé  Girard. 

IP"  On  dit,  en  ftyle  familier,  mettre,  remettre  le 
cœur  au  ventre  à  quelqu'un  j  pour  dire  ,  lui  donner, 
lui  rendre  courage. 


G  0  Ê  Gùj 

03-  On  dit  proverbialement  faire  contre  fortuné 
SvcSté  '  ^°"'  '^"'''  '"''""'Sncr  du  courage  dans 

^  On  dit  encore  proverbialement ,  il  a  le  cœur  haut, 
oC  la  fortune  bailèi 

CaoR  fignifie  encore  forcé  ,  viçueur.  En  parlant 
cun  malade,  on  dit  qu'il  a  le  cccur  bon  ;  pour 
du-e ,  qi^  fon  courage  fe  foûtient ,  qu'il  a  encore  des 
forces.  Ce  cheval ,  ce:  oilbail  eft  en  cœur ,  c*eft-a- 
dire  elt  en  force,  en  vigueur  Ac.  Fr< 

C(EUR  feditfigurément ,  &  lignifie  l'ame.  Se  fes  pTirt- 
cipales  fonctions,  parce  que  quelques  Médecins , 
&  entre  autres ,  Fernel ,  ont  cril  que  les  principales 
parties  de  notre  arae  réfidoicnt  dans  le  cœur  ,  com- 
me l'entendement,  la  volonté,  la  mémoire.  Cor, 
ammus,  voluntas.  Dieu  eft  le  fcrutatcur  des  c««m' « 
celt-a-dire,il  connoit,  il  voit  tdutes  nos  pcnfées' 
il  huit  offrir  fon  cœur  à  Dieu  ;  c'eft-à-dire,  lui 
lacnfier  toutes  nos  volontés ,  tous  nos  defîrs 

Par  la  pénétration  de  l'efprit,  on  connoît  ce  qu'il 
y  a  de  plasJKftca  dire,  &par  \z  cœur  bienfait- 
ce  qu  il  y  a  de  plus  raifonnable  à  faire.  S.  Evr' 
^ans  la  droiture  du  cœur  rien  ne  s'exécute  bien  J 
&  iansle  fecours  de  l'efprit,  le  cœur  ac  fait  quel 
parti  il  faut  prendre.  Id.    Dieu   veut    des    cœuri 

Ti""a  f^^'^^P?"  ^*"  intérêts  du  monde.  Pasc. 
11  elt  difîicile  de  ramener  votre  cœur  à  Dieu,  U 
de  le  retrouver  après  l'avoir  laiifé  errer  dans 
le  monde  d'objet  en  objet.  Flech.  Comme  Pla- 
ton n'eut  rien  à  démêler  avec  la  fortune  ,  fon  cœur 
fut  plus  tranquille  ,  &  fa  conduite  plus  vcrrueu-. 
le.  P.  Rap.  Un  homme ,  félon  le  cœur  de  Dieu  1 
eft  un  expre(îion  familière  aux  Prédicateurs,  & 
dans  la  fpiritualité  ,  pour  fignifierun  liomme  a>'réa-- 
be  a  Dieu,  qui  lui  obéit,  qui  le  contente  ,"  Ê-c. 
tlleelt  tirce  du  /.  Liv.  des  Rois,  XUI,  XI V ^ 
où  Samuel  dit  à  Salîl  que  Dieu  a  cherché  un  hom- 
me fcfon  fan  cœur ,  pour  le  faiire  régner  fur  fon' 
peuple. 

Je  veux  que  l'onfoît  homme,  &  qu'en  toute  feû 
contre 

Le  fond  de  notre  cœur  dans    nos  dïÇcouts    ft 

montre  ;  "' 

Que  ce  fait  lui  qui  parle.   Mol. 
Un  cœur  né  fur  le  trône  ignore  comrneon  tremble, 

CORNEILLEff 

On  dit  que  le  cœur  des  Rois  eft  dans  la  maia' 
de  Dieu-,  pour  dire  ,  qu'il  difpofe  de  leurs  vo- 
lontés -,  qu'il  les  tourne  comme  il  lui  plait.  Ort 
dit  qu'un  homme  a  le  cœur  haut,  bien  place, 
qu'il  n'a  rien  de  bas  dans  le  cœur  ;  pour  dire ,  qifil 
a  l'ame  grande  &  élevée.  On  dit  au/fi  ,  le  cœuf 
me  le  difoir  bien  -,  pour  dire,  je  m'en  doutois  ,• 
je  l'ai  bien  prévu.  On  dir  qu'un  homme  a  le 
cœur  fur  les  lèvres  ;  pour  dire ,  qu'il  eft  fincère  ^f 
qu'il  dit  vrai.  On  dit  qu'on  veut  avoir  le  ccéur 
net  de  quelque  chofe  ;  pour  dire  ,  qu'on  en  veud 
favoir  la  vériré.  On  dir  ,  favoir  quelque  chofe' 
par  cœur;  pour  dire,  l'avoir  dans  fa  mémoires 
Aliquid  memoriter  tenere. 

Cœur  fignifie  le  fiègedes  palTîons.  On  appelle  (;iri^r  y 
l'ame,  en  tant  qu'elle,  a  des  affeélions  de  haine,' 
ou  de  colère  ,  &c.  Animus  ,  cor.  Il  n'y  a  point  de 
mer  plus  agitée  que  le  cœur  ;  les  pafîîons ,  comme 
les  flots ,  s'y  pouilent  fucceffivement.  S'.  Evr.  Pour 
bien  peindre  les  mœurs,  il  faut  avoir  bien  étudie 
le  cœur  humain  &r  tons  les  divers  mouvemens  dent 
il  eft  capable.  Dac.  Quand  l'orateur  eft  entré  dans 
le  cœur  Ac  fes  auditeurs,  il  les  tourne  comme  }ï 
veut.  P.  Rap.  Pour  bien  connoître  l'homme,  if 
faur  dcfcendre  dans  fon  cœur  ,  afin  d'y  voir  fbrmec' 
les  paffions.  S.  Evr. 

%3cr  Le  cœur  a  fon  langage ,  comme  Pefprit  a  le  lien  : 
&  une  cxprclfion  du  cœuf  fait  bien  fouvent  les  plus' 
grands  effets.  Borrtf.  L'éloignement  du  bruit  appai-r 
fera-t-illesiroubksdu  c(^ar/ila  raifon  ne  s'erj-méle-^ 


662 


C  O  E 


s.  EvR.Onnefturoit  bien  m.uiicr  les  matiù.cs  de 
moialc  ,  li  l'on  ne  connoît  parfaitement  les  plis  5c 
les  replis  du  cœur.S.EvK.  Quand  un  prédicateur 
cft  entre  dans  l'clprit ,  il  lui  eft  plus  ailé  de  péné- 
trer jufqu'au  cœur  ;  Se  au  contraire  ,  quand  refprit 
eft  rebuté ,  il  ferme  l'entrée  du  cœur.  Ciceron  avoir 
fur  tout  l'art  de  toucher  ;  il  connoilfoit  bien  les 
détours  ic  les  relions  du  cœur    humain.  P.  Rap. 
L'elprit  &  le  cœur  fe   trompent  réciproquemenr. 
L'efprit  éblouit ,  &:  déjà  prévenu  par  le  cœur,  pro- 
nonce en  faveur  des  pallions ,  &  le  cœur  charmé 
de  les  voir  juftifiées ,  par  le  jugement  de  l'efprit,  les 
fuit  fans  fcrupule.  Il  faut  plus  fouyent  chercher  la 
caufe  de  nos  égarcmens  dans  les  afteclious  du  aeur, 
que  dans  lesconnoilîances  de  l'efprit.  La  vertu  eft 
naturellement  auftcrc  par  la  contrainte  qu'elle  im- 
pofe  au  cœui  en  réprimanr  fes  delirs,  P.  Rat.  Le 
feu  de  l'amitié  échauffe  le  dEur  ,  fans  le  confumer  -, 
elle  le  remplit  &  le  remue  ,  fans  le  troubler  &  ians 
l'allarmer.  La  morale  apprend  à  connoitrc  le  cœur 
humain;,  cet  abîme  eft impénétrable. VAUcLesplai- 
firs  du  cœur  font  plus  touchans  ,  que  ceux  de  l'efprit. 
S.EvR. 

Que  dans  tous  vos  difcours  la  pajp-on  émue. 
Aille  Jiher cher  le  cœur ,  l'échauHe  &  le  remue. 
'  BoiL. 

On  dit  auflî  décharger  fon  cœur  ;  pour  dire , 
déclarer  une  penfée,  un  lentiment  fccret. 

CiEUR  le  dit  particulièrement  de  la  faculté  de  l'ame 
qui  relient  de  l'aueclion,  de  l'amitié ,  de  l'amour, 
de  la  tendrelfc.  Animus  ,  volunias  ,  jtudium.  Cha- 
cun dir  du  bien  de  fon  cœur,  &  n'ofe  en  dire  de 
fon  efprit.  Rorhei-.  L'efprit  ne  fauroit  jouer  long 
temps  le  perfonnage  du  cûsz^r.  Id.  Que  ne  pouvez 
vous  point  fur  un  cœur  dont  vous  connoilléz  le 
foible  &  les  retraites  î  II  n'y  a  que  l'amour  qui  de 
deux  cœurs  puilfe  n'en  faire  qu'un.  M.  Scud.  Ces 
cœurs  ouverts  de  tous  côtés  à  l'amour  n'aiment 
rien  à  force  de  trop  aimer.  S.  Evr.  Le  cœur  d'une 
femme  peut  contenir  un  amour  permis ,  Si  un 
amour  défendu ,  fans  que  l'un  embarraflè  l'autre. 
ViiiifORT.  Un  cœur  ufé  par  mille  coqueteries 
n'clt  pas  capable  d'une  grande  palfion.  B.  Rab. 
Le  roi  ne  fe  crut  bien  ferme  fur  fon  trône  qu'en 
s^ngnant  le  cœur  &c  ralfedl;ion  de  fon  peuple.  S.  Evr. 
Chacun  vante  fon  cœur  ;  c'eft  une  vanité  à  la  m.odc. 
S. Evr. 

Quand  on  aime  ,  le  cœur  parle  encore  plus  que 
l'efprit.  Ch.  de  Mer.  Ingrat ,  vous  n'avez  que  trop 
bien  fu  trouver  le  chemin  de  mon  cœurlS.  Evr. 

/  L'empire  des  cœurs  appartient  à  la  beauté.  Id.  Je  fais 
bien  quels  ravages  fait  une  palfion  dans  un  cœur 
tout  ncui'.  M.  ScuD. 

Mais  quand  le  cœur/e  tait  ,  F  amour  a  beau  parler , 
Pour  engager  ce  cœuij'es  amorces  font  vaines , 
S'il  ne  court  de  lui-mcme  au  devant  de  fes  chaînes. 

Corn. 

Mais  ne  voy ois-tu  pas  dans  nus  emportemens , 
Que  mon  cœwcdémentoitma  bouche  à  tous  momens  ? 

Rac. 

Bicnfouvent  le  devoir  ne  donne  pas  le  cœur.  Cor.n. 

^fT  Prendre  un  cceur  zh]çù. ,  exprefTion  de  Corneille 
dans  Nicomcde ,  condamnée  par  Voltaire.  Cette 
exprelîion ,  prendre  un  cctur ,  pour  prendre  des 
fentimens,  n'efl:  guère  permife,  que  quand  on  dit, 
prendre  un  cœur  nouveau,  ou  bien  reprendre  caur , 
reprendre  courage.  Il  condamne  de  même  l'ufage 
qu'a  fait  Corneille  de  ce  mot  dans  Pompée ,  où 
l'on  rrouve ,  mon  cœur  étonné.  Cœur  n'eft  pas  le 
mot  propre  -,  on  ne  l'emploie  que  dans  le  lénri- 
mcpt.  Le  cœur  n'a  jamais  de  réflexions  politiques. 
Remarquez  que  les  Anciens  mettoient  le  liège 
des  paiTions  dans  le  foie  ,  au  lieu  que  nous  le  met- 
tons d?ns  le  cœur.  Anacréon  dit  dans  une  de  fes 
Odes ,  L'amour  tendit  fon  arc ,  &  frappa  au  mi- 
lieu du  f®ie  :  nous  dirions ,  au  milieu  d*  cœur. 


COE 

Platon  (Se  ies  fedtateurs  croient  dans  les  mêmes  fesh- 

timens ,  &;  plaçoicnt  l'amour  dans  le  foie. 
Cêur.    lignihe   encore,   la  penice.  Mens ,   animus, 

cogitatio.  Je  l'ai  prié  de  me  dire  ce  qu'il  avoir  dans 

le  cœur.  Dire  ce  qu'on  a  dans    le  cœur,   c'eft-à- 

dire  ,  découvrir  fes  plus  fecrettes  penfées. 

On   dit ,  il  eft  tout  de  cœur  ;  pour  dire ,  qu'il 
a  beaucoup    de   bonté ,  &  une    humeur    bicnfai- 
fante.  Il  a  le  cœur  bon  ;  pour  dire  ,  qu'il  a  de  la 
droiture  &  de  la   générolité.    On  dit  qu'un  mari 
Se  une  femme  ne  doivent  être  qu'un  cœur  Se  qu'une 
ame  •,  c'cft-à-dirc  ,  dans  une  parfaite  union  Se  une 
bonne  intelligence.  On  appelle  un  bon  ami ,  l'ami 
du  cœur.  On  dit ,  je  vous  aime  de  tout  mon  cœur; 
c'ell-à- dire,  très-tendrement.  On  dit,    qu'il  faut 
prendre  fon  cœur  par  autrui  -,  pour  dire,  faire  ce  qu'on 
feroit  fi  on  étoit  à  fa  place.  On  dit  aulfi ,  s'en  donner 
au  cœur  joie  -,  pour  dire ,  fe  remplir  ,  fe  ralialier  d'une 
choie.  On  dit  encore  de  ce  qu'on  voit  avec  grand 
regret ,  que  cela  fait  grand  mal  au  cœur.  On  dit  auHI 
loin  des  yeux  ,   loin  du  cœur;  pour  dire,  qu'où 
oublie  les  abfens,  L'Evangile  dit ,  là  où  quelqu'un 
aura  fon  trélor  ,  c'eft-là  que  fera  fon  cœur.  On    ne 
doit  point  mettre  fon  cœur  ,  fon  aiîèélion  aux  bicn§ 
de  ce  moiide.    Ce  jeune  homme  a  le  cœur  à  l'é- 
tude ,  au  jeu  ,  aux  armes. 

On  dit  aulïl ,  qu'un  homme  n'a  point  le  cœ;^ a  à 
la  befogne ,  quand  il  travaille  à.  regret  &  fans 
affcélion.  Qu'il  cil  à  la  joie  de  fon  coeur  ;  pour 
dire  ,  au*  comble  de  fes  defirs.  On  dit  d'un  hom- 
me dur ,  fans  pitic ,  f.ms  tendreile ,  que  c'eft  un 
ca  UT  de  roche  ,  ^  de  pierre ,  de  tigre.  On  dit  de  deux 
perfonnes  qui  fe  baillent  ,  qu'elles  voudroient  fe 
ronger ,  ou  s'arracher  le  cœur.  Les  riches  voient  les 
mifères  des  pauvres  qui  font  faigner  le  cœur  ,  fen- 
dre le  cœur ,  Se  cependant  ils  ne  les  aififtent  point , 
cela  n'amollit  point  leur  cœur.  On  dit  d'un  mal- 
honnête homme.,  que  t'eft  un  homme  fans  cœur  y 
Se  fans  foi. 

Mon  Coi.uR.  Expreflîon  tendre,  ou  badine,  dont 
on  fe  fert  qu.^nd  on  veut  dire  quelque  douceur  à 
qu:lqu'un  avec  qui  on  vit  familièrement ,  comme 
entre  mari  Se  femme.  Animule  mi,  mcum  corcu- 
lum.  Les  Amans  s'appellent  mon  caur  ,  mon  petit 
cœur.  On  appelle  atuEi  un  enfant ,  ou  une  autre 
perfonne ,  ou  fcrieufement ,  ou  en  badinant ,  mon 
fo-z/ri^c'eft-.^-dire  ,  mon  cher. 

Cœur  (li)  fc  dit  adverbialement.  Il  a  pris  cette  af- 
£iire  à  cœur  ;  pour  dire,  chaudement  Se  avec  affec- 
tion. Res  illi  cordi  ejl ,  hanc  rem  cordi  hahet.  II 
lui  a  parlé  à  cœur  ouvert ,  cœur  à  cœur  ,  animo 
fincero  %  c'eft-à-dire,  franchement,  fmcèremcnt. 
Se  fans  déguifcr. 

On  dit ,  à  cœur  jeun  ;  pour  dire ,  fans  avoir 
mangé  ce  jour-là,  Jejunofiomacho.  On  dit  à  con- 
tre caur  ;  pour  lignifier,  avec  peine ,  avec  chagrin. 
Gruvatè ,  œgrè.  De  bon  cœur  ;  pour  dire ,  volon- 
tiers, avec  plaifir.  Ex  animo  jiudiofo.  De  tout 
fon  cœur\  pour  fignifier  l'affedlion  avec  laquelle 
on  fait  quelque  chofe.  Toto  animo,  toto peclore. 

C<EUR.  [Par)  Façon  de  parler  adverbiakipour  dire ,  par 
mémoire ,  de  mémoire.  Apprendre  par  cœur ,  favoir 
par  cœur  ,  réciter  par  cœur.  Faire  dîner  quelqu'un 
par  cœur  ,  c'eft-a  dire  ,  ne  lui  pas  donner  à  dîner. 

C(EUR,par  limilitude,  fe  ditdu  milieu  de  chaque  chofe. 
Le  Palais  ell:  placé  au  cœur  de  la  ville.  Media  urbe, 
Paris  en  ce  fens  n'eft  pas  au  cœur  du  Royaume. 
Medio  regno.  Nocl  vient  au  caur  de  l'hiver.  Me- 
dia hicme.  La  St  Jean  au  cœur  de  l'été.  Les  bons 
échalas  font  faits  de  cœur  de  chêne.  CeMpuarqiJC 
refte  dans  le  cœur  de  fon  royaume,  pour  faire  avor- 
ter les  fanions  par  fa  préfence.  Mlle.  L'Héritier. 

C(EUR.  Terme  d'Horlogerie.  Pièce  de  la  forme  d'un 
cœur  ,  placée  fur  l'arbre  de  la  féconde  roue  d'une 
grofTe  horloge  ,  pour  faire  dégager  le  pié-de-biche 
de  la  détente  de  fbnncrie. 

Cœur  ,  en  termes  de  Jeu  de  cartes ,  eft  une  peinture 
rouge  qui  a  la  figure  d'un  cœur.  Folium  luforium  mi' 
niato  corde  Jîgnatum.  Il  a  tous  les  e««r.î  dans  fon  jeu. 


C  OF 

C«.iTR,  cft  auffi  un  cerme  de  Vitrier,  qui  figniiie 
le  milieu  de  la  verge  de  plomb  ,  qui  a  deux  côtés 
qu'on  appelle  aîle<i.  MdJium. 

C(EUR  jîeun.  C'e{\  ainli  qu'on  appelle  une  efpèce  de 
linge  ouvré,  qui  fe  fait  en  Picardie. 

Cœur  Je  Bceiif.  f,  m.  Fruit  de  Siam ,  qui  a  été  ainfi 
nommé ,  à  caufe  de  la  grolfeur  &  de  la  figure.  La 
peau  en  6(1  mince  ,  &c  ce  fruit  eft  mou ,  parce 
que  ce  n'ell  aii  dedans  qu'une  crcme  blanche  &: 
d'un  goiit  aflèz  agréable.  Les  Siamois  l'appellent 
niancout. 

CauR.  de  Bœuft  efpèce  de  prune,  qui  eft  violette, 
tirant  fur  le  rouge.  La  Quint.  Elle  ell  fort  groffe.  It). 

IJCf  Cœur  de  Pigeon  ,  efpèce  de  prunes  qui  a  la  raie 
plus  enfoncée  que  la  plupart  des  autres. 

Cœur  de  Charles  ,  terme  d'Aftrologie.  Cor  Caroli. 
Les  Anglois  ont  donné  ce  nom  à  une  étoile  de 
l'Hémifplière  du  Nord  à  l'honneur  de  Charles  II , 
Roi  d'Angleterre.  Cette  étoile  eft  lituée  entre  la 
clievelure  de  Bérénice  &  la  grande  ourfe  ,  & 
ne  fait  partie  d'aucune  conftellation.  Harris. 

Cœur  de  t Hydre.  Cor  Hydra.  Etoile  fixe  de  la  pre- 
mière grandeur,  qui  eit  dans  la  conftellation  de 
r Hydre  y  Se  dont  la  longitude  eft  de  141  deg.  49 
minutes,    &  la  latitude  xi  deg.  15  min. 

Cœur  de  Lion.  Cor  Leonis ,  appelé  autrement  5«»- 
Jillcus  ou  Regulus.  Etoile  fixe  de  ia  première  gran- 
deur ,  dans  la  confteliation  du  lion.  Sa  longitude 
eft  de  145  degrés  zi  min.  &:  fa  latitude  o  de- 
gré z6  minutes.  Son  afcenlion  droite  147  degrés  46 
minutes. 

Cœur  de  Scorpion.  Cor  Scorpionls  ou    antares. 

Cœuf  du  Soleil,  terme  d'Afttologie.  Cor  Jolis,  On 
dit  qu'une  planète  eft  dans  le  cœur  du  foleil  , 
lorfqu'elle  en  eft  éloignée  tout  au  plus  de  dix- 
neaf  minutes. 

Cœur,  terme  de  Conchyliologie.  Dans  la  4<'  famille 
des  Bivalves  ,  féconde  clafle  des  coquillages ,  on 
trouve  les  ci&urs  appelés  en  latin  Cordiformes. 
Leur  caractère  elTentiel  eft  d'être  d'une  figure  ron- 
de &  élevée,  de  n'avoir  point  d'oreilles,  comme 
les  peignes,  &-  de  repréfenter  toujours,  foit de  fa- 
ce ,  foit  de  côté ,  la  forme  d'un  cczur  quelquefois 
alongc  &  triangulaire.  Les  ftries  font  ordinaire- 
ment de  cette  famille. 

^Cr  M.  Gerfaint  parle  des  cxurs  de  bœuf,  efpèce 
de  coquillage  de  mer.  Il  y  a  une  efpèce  de  cœur 
de  bœuf  à  pointe ,  de  couleur  d'orange  ,  extrême- 
ment rare.   Cor  bovis. 

^fT  IlyaaufTi  des  coquillages  de  mer  qu'on  appelle 
C(zur  de  Venus,  Cor  Feneris, 

§3"  On  appelle ,  en  termes  de  Manège ,  Cheval  des 
deux  cœurs,  celui  qui  ne  fe  manie  que  par  contrain- 
te ,  qui  n'obéit  pas  volontiers  aux  aides  du  Cavalier. 

fer  Cœ.ur  ,  en  termes  de  blâfon  ,  parti  en  cœur. 
Foyei  Parti.  , 

On  appelle  aulTi ,  en  Blafon  ,  le  milieu  de  l'E- 
cu ,  le  cœur  ;  ce  qu'on  exprime"  quelquefois  par 
abyme.  Médium  j'cutum. 

§3"  COEX.  f.  m.  Dans  les  marais  Salans  du  pays 
d'Aunis  ,  on  donne  ce  nom  à  une  forte  de  bonde 
de  bois  pratiquée  dans  le  bas  de  la  chauffée,  pour 
conduire  l'eau  de  la  mer  dans  le  Jas.  Encyc. 

COEXISTANT ,  part,  du  prcfent.  Qui  exifte  en  mê- 
me-temps qu'un  autre.  Coexijiens, 

COEXISTENCE ,  f.  f.  terme  de  Théologie.  L'exif- 
tcnce  de  deux  ou  plufieurschofes  qui  exiftent  en  mê- 
me-temps. Coexijtenùa,  Les  Ariens  nioient  la  coé- 
xiftençe  éternelle  du  Verbe  divin  avec  fon   Père. 

COEXISTER ,  V.  n.  terme  dogmatique.   Exifter  en 

même-temps  qu'un  autre.  Co(rxz/?crt;.  Les  perfonncs 

•  ■  de  la  Très-Sainte  Trinité  coéxificnt  de  toute  éternité. 

C  O  F. 

COFFILA.  f.  m.  C'eft  un  des  poids  dont  on  fe  fert  à 
Mocha  pour  péfer  les  marchand ifes.  Dix  coffila  font 
un  tuckea-,  40  tuckea  fontunmanni  dix  manns 
font  un  traffell  -,  quinze  traliells  font  un  bahars ,  qui 
pèfe  410  livres- 


CO  F 


G69 


COFFIN  ,  (,  m.  vieux  mot.  Corbeille ,  petite  cor- 
beille ou  panier  qui  fert  particulièrement  à  fer- 
rer des    fruits.  Cophinus. 

Porte^  au  hras  chacune  plein  coffin 
D'herhes   &  fleurs,  Marot. 

Il  vient  du  Grec  x»($c/<i; ,  d'où  l'on  a  fait  en  La- 
tin cophinus,  SA  en  Efpagnol  cophino,  qui  figçifîe 
un  calas  de  figues ,  raijins ,  &c. 

COFFINE.  adj.  f.  Ardoife  coffine.  C'eft  une  forte 
d'ardoife  un  peu  voûtée,  ou  cofîinée  ,  qui  s'emploie 
à  couvrir  les  dômes  des  Eglifes ,  6i  autres  feitibla- 
bles  édifices,  dont  la  couverture  fe  tourne  en  rond. 

COFFINER ,  V.  ad.  terme  de  Fleuriftes.  On  dir , 
que  les  œillets  fe  coffinent ,  quand  les  feuilles  y 
au  lieu  de  demeurer  bien  étendues  ,  demeurent 
Comme  f rifées ,  6i  recoquillées.  In  j'piram ,  in  or- 
hem  contorqueri ,  co«vo/v /'.^L'œillet,  dit  la  coquet- 
te ,  a  un  défaut  dans  fa  fleuf,  c'eft  que  fur  la  fin 
il  coffine  les  fleurs ,  c'eft-à-dire,  qu'il  les  tourne  en 
forme  de  petits  cornets.   Morin. 

CoFFiNER,  terme  de  Menuilier.  Il  ne  fe  dit  qu'avec  le 
pronom  perfonnel.  Se  voûtet,  fe  courber.  Curvari, 
incurvari ,  infiecli.  Cette  planche   s'eft  cojfinee. 

COFFRE,  f.  m.  Meuble  en  forme  de  caiffe,  qui  fe 
ferme  avec  un  couvercle  &c  une  ferrure  ,  qui  ferc 
À  ferrer  &  à  enfermer  de  l'argent ,  des  hardcs.  Arca, 
Tant  que  nous  aurons  de  l'argent  dans  nos  coffres  y 
nous  aurons  des  amis  alfùrés.  S.  Evr.  Cofjre  carré. 
Coffre  de  bahut ,  dont  le  couvercle  eft  rond.  Coffre 
couvert  de  cuir.  Cojfre  de  vernis  de  la  Chine.  Un 
cojfre  de  nuit ,  eft  un  petit  coffre  où  on  ',ferre  la 
toiUettc.    Arcula, 

Ce  mot  vient  de  coffinus.  Ménage.  On  dit  en- 
core coffin  pour  coffre  en  plufieurs  endroits  de  la 
France.  Du  Cange  dit  qu'il  vient  du  breton  ou 
anglois ,  coffr  ,  ou  de  cojjretum  ,  qu'on  a  dit  dans 
la  balle  Latinité  en  la  même  lignification.  M.  Huet 
dit  qu'il  vient  de  l'FIcbreu  n31D  qui  fignifie  la  mê- 
me chofe,  &  qu'il  y  a  apparence  qu'on  difoitcoj^, 
premièrement,  &  qu'enfuite  on  a  ajouté  l'r  pat 
corruption. 

CoFFRE-/or/,  eft  un  coffre  de  fer,  ou  de  bois  épais, 
avec  de  forts  afiêmblages  garnis  de  bandes  de  fer , 
&  d'une  ferrure  à  plufieurs  pênes  difficiles  à  ouvrit 
&  à  forcer.  On  y  enferme  l'argent.  Arca  xrca  , 
capfia  argcntaria.  La  clé  du  coffre-fort  &  des 
cœurs,  c'eft  la  même.  La  Font. 

IP*  On  dit  proverbialement ,  &:  familièrement,  d'une 
fille  à  marier  laide,  mais  riche,  qu'elle  elt  belle 
au  coffre.  Oh  dotera  opimam  formofa.  On  dit  d'un 
homme  qui  fait  mal  une  chofe,  qu'il  s'y  entend 
comme  à  faire  un  coffre.  Raifonner  comme  un 
co^rc  ,  c'eft  raifonner  tout  de  travers  -,  rire  comme 
un  coffre ,  rire  à  gorge  déployée  -,  piquer  le  coffre  » 
c'eft  à  la  Cour ,  '  attendre  long  temps  dans  l'anti- 
chambre ,  où  l'on  ne  peut  s'alfeoirque  fur  des  coffres. 

^fT  Ce  mot  s'emploie  de  différentes  manières ,  tant 
au  firaplc  qu'au  figuré,  comme  on  le  verra  par 
les  articles  fuivans. 

Coffre  d'autel,  c'eft  dans  un  rétable  de  menuife- 
tie ,  la  table  d'un  autel ,  avec  l'armoire  qui  eft  ait 
deflbus.  Altaris  menja  armario  inffucla. 

On  appelle  aufft  le  coffre  du  carrolfe  ,  le  lieu 
fermé  qui  eft  fous  les  coudins  du  carrolfe  où  un. 
cocher  enferme  ce  dont  il  a  befoin  pour  le  fer- 
vice  du  carrolfe.  Capfa  rhedaria.  Et  coffre  3.  V^- 
voine  ,  un  grand  coffre  de  bois  qui  eft  dans  l'écu- 
rie ,  où  on  enferme  Tavoine.  Figurément  on  appelle 
les  chevaux  de  carroffe  de  la  plus  gtoffe  taille  ,  des 
coffres  à  avoine  ,  parce  qu'ils  en  confomment  beau- 
coup. 

Coffres  du  Roi.  Ce  font  les  recettes  des  domai- 
nes &  des  revenus  du  Roi,  des  parties  caluelles  , 
&  autres  droits  qui  viennent  au  Tréfor  Royal. 
jErarium  regium.  On  ne  rembourfc  les  domai- 
nes &  les  charges  ,  que  fur  le  prix  de  ce  qu'oa 
juftifie  êtte  eniré  eff«iftivemenr  dans  les  coffres 
du  Roi. 


é7 


COF 


§3"  CcFFUE  ,  en  termes  d'Anatomie,  efl:  la  cavité 
du  corps  la  plus  grande ,  l'cipacc  qui  eft  enferme 
ibus  ks  côtes  ,  où  lent  contenus  le  cœur ,  les 
poumons,  le  t'oie,  <j-c.  Il  a  reçu  un  coup  d'cpce 
dans  le  cofre.  Les  plaies  qui  entrent  dans  [c  coffre 
l'ont  difficiles  à  guérir.  Les  CluU'eurs  le  dilent 
-au/li  du  corps  de  la  bute  fauve  qu'ils  ont  prife  , 
lorftju'on  en  fait  la  curée.  Il  faut  mettre  le  coj/re 
du  cerf  en  une  place  belle  ôc  herbue.  Saln. 

Coffre  ,  en  «rmes  de  Fortification,  eft  un  loge- 
ment creufc  dans  un  foil'é  kc ,  couvert  de  foli- 
veaux  &  de  terre  ,  &  élevé  de  deux  pies  au 
delllis  du  fofle,  où  il  y  a  des  embrafures  d'où 
l'on  tire  fur  l'afliégeant  ,  quand  il  vient  à  la 
contrefcarpe  ,  &  veut  pafTer  le  fofTé.  Militaris 
(iatio  mediâ  in  foffà  excavata.  Il  eft  large  de  i8 
pies»  &  profond  de  6  à  7.  C'cft  prefque  la  même 
chofft  que  la  caponn'ure ,  li  ce  n'eft  que  la  capon- 
nière  fe  fait  quelquefois  au  delà  de  la  contrefcarpe 
fur  le  glacis  ■■,  Se  le  coffre  toujours  dans  le  folî'é , 
&:  occupe  plus  de  largeur. 

Coffre  i,  terme  d'Artillerie ,  fynonyme  à  chambre  ou 
fourneau  de  la  mine,  ^oji.'^  ces  mots  qui  font  plus 
ufitcs. 

En  termes  de  marine ,  on  appelle  eoffre  à  feu  , 
un  coffre  rempli  de  feux  d'artifices  &  de  matiè- 
res combuftibles ,  pour  s'en  fervir  contre  les  en- 
nemis qui  ont  fauté  à  bord ,  ou  pour  faire  fauter 
le  vaiffèau.  Cojfre  de  hord,  eft  un  coffre  dont  L 
fond  eft  plus  large  que  le  haut ,  où  les  gens  de 
Marine  mettent  ce  qu'ils  portent  à  la  mer  pour 
leur  ufagc.  Coffre  à  s^argoiiffes  ,  eft  un  cofre  où 
l'on  met  les  gargoulfes  après  qu'on  les  a  remplies. 
hés  coffres  à  gargoiiffes  font  des  retranchcmens  d  ■ 
planches  faits  dans  les  foutes  aux  poudres ,  plu- 
tôt que  de  véritables  coffres. 

Coffre  eft  un  terme  de  Luthier  ,  qui  fignifie  le 
corps  &  l'aflemblage  des  parties  du  clavecin,  ou 
de  l'épinette.  Orgajii  mujîci  corpus. 

Coffre  de  preffe ,  terme  d'Imprimeur.  C'eft  le  bois 
où  eft  enchâffé  le  marbre.  Quadraium  tignum  ex- 
cipiendo  marmori  incifum. 

Coffre  fc  dit ,  en  termes  de  Haras ,  du  ventre  de 
la  cavale.  On  dit  qu'elle  a  un  beau  coffre  un 
grand  cojfre ,  quand  elle  a  les  flancs  fort  larges  &: 
propres   pour  porter  les  Poulins. 

^3"  Coffres  ,  en  Hydraulique  ,  efpèces  de  boîtes 
carrées  de  bois  ou  de  fer,  pour  renfermer  les  fou- 
papes. 

Coffre  eft  auffr  le  nom  d'un  poifTon  qui  fe  trouve 
vers  les  îles  Antilles.  On  le  nomme  coffre  ,  parce 
qu'il  eft  couvert  d'une  écaille  mince  ,  a  la  vérité  , 
mais  sèche  &  très-dure:  en  forte  que  lorfqu'il  ; 
eft  cuit ,  on  le  tire  de  cette  écaille  comme  d'un 
étui.  Le  cotps  du  coffre  eft  joint  à  la  tête ,  fans 
aucune  féparation  vilible.  Il  eft  en  forme  trian- 
gulaire ,  8c  fa  tête  a  la  même  figure.  Le.  P.  La- 
bat  dit ,  lom.  1  de  fes  Voyages ,  que  la  chair  ei^ 
eft  blanche,  &  qu'il  trouve  ce  poilTon ,  qui  n'eft 
pas  des  plus  eftimés  ,  très-bon   &  très-fucculcnt. 

IJCF  COFFRER  ,  v.  a.  mettre  dans  un  coiFre  ,  il  ne 
fe  dit  point  au  propre ,  on  le  dit  quelquefois  au 
figuré  ,  mais  dans  le  ftyle  familier  feulement ,  pour 
mettre  en  prifon.  hicarcerare,  in  carcerem  trude- 
re.  Il  y  a  long  remps  qu'on  le  guettoit  ;  il  a  été 
coffré  ce  matin. 

Coffré  ,  ÉE.  part. 

COFFRET,  f.  m.  Diminutif  de  coffre.  Àrcula^^cap- 
Jula.JJa  coffret  garni,  d'argent ,  où  l'on  ne  met 
que  des  rubans,  deseflences,  des  pommades,  i&f. 

COFFRETIER.  f.  m.  Celui  qui  fait  ou  qui  vend 
des  coffres.  Faber ,  capfarius.  Les  Coffreùers-'W-û- 
letiers,  font  ceux  qui  font  des  coffres  d'armées, 
des  malles  ,  des  valifes ,  des  fourreaux  de  pifto- 
lets.  Les  Coffretiers-'^û\ui\QX%  font  d'un  corps  dif- 
férent, &  font  ceux  qui  font  des  coffres  qui  fervent 
dans  le  ménage  &  dans  la  ville.  Lés  Cnffeiicrs 
ue  peuvent  vendre  des  étuis  de  piftolet  ni  de  cha- 
peau,  où  il  entre  delà  cire  §c  poix-rcline,  mais 


C  OG 

feulement  de  cuir  tel  qu'il  fort  de  chez  les  Cor- 
royeurs-Baudroyeurs.  Ce  corps  eft  nouveau  &  dé- 
membré de  celui  des  Selliers, 
^  COFIDEJUSSEUR ,  f.  m.  terme  de  Jurifpru- 
dence.  On  appelle  ainli  ceux  qui  ont  répondu  fo- 
lidairement  de  la  dette  du  principal  oblige,  fui- 
vant  la  difpofition  du  droit  romain  ,  fi  l'un  de 
plufieurs  jidejuffeurs  a  payé  toute  la  dette  au  créan-  , 
cier ,  fans  prendre  de  lui  cefifion  de  fes  droits  Si 
aétions,  il  n'a  point  de  recours  contre  les  autres* 
Mais  chez  nous  l'équité  prévaut  à  la  rigueur  de 
la  règle  ,  &  l'on  tient  communément  que  fi  le  Cofi- 
déjuffeur  payoit  le  tout ,  fans  s'être  fait  donner  cef- 
fion  du  créancier ,  il  peut  agir  contre  ies  Cofidé- 
juffeurs ,  pour  répéter  de  chacun  d'eux  leur  part 
&  portion  de  la  dette  poui  laquelle  ils  ont  ré- 
pondu, 

C  O  G, 

COGAT.  Voyei  Cucufat. 

Ifr  COGENDE,  ville    d'Afie,  dans   la    Tartarie 
i'ur  le  fleuve  Jaxartes,  à  fept  journées  de  Satftar-» 
cande. 

COGMORIA  ,  f.  f.  MoufTeline  très-fine  que  les  An- 
glois  apportent  des  Indes  Orientales. 

COGNAC.  Ce  mot  en  quelques  Provinces  veut  dire 
embouchure  d'une  rivière  dans  une  autre.  On  ap- 
pelle 6ogn<ic  la  jonction  de  plufieurs  ruifiéaux  avec 
la  Charente. 

Cognac,  ville  de  France  dans  l'Angbilmois ,  &  fur 
la  Chareibte.  fameufe  par  fes  eaux-dc-vie.  Cogna- 
cum.  Quelques-uns  prennent  Cognac  pour  Cairpi- 
nacum,  ou  Cawpiniacum  y  où  Gérard,  Arth>.vê- 
que  de  Bourdeaux  ,  céléb^'a  un  Concile  en  1258, 
François  I  naquit  à  Cognac  Du  Chelhe  écrit  un- 
loi  Congnac,  &c  tantôt  Coignac;  on  n'ccsit  plu» 
ainfi. 

COGNASSIER,  Voye^  CoignassiêS.. 

COGNAT,  f.  m.  Cognatus.  Dans  ce  mot  &  dans  le& 
deux  fuivans ,  prononcez  ^/za con. me  en  latin,  co- 
gnatus  ,  avec  le  fon  fott  du  n^,  terme  de  Jurifpru- 
dence.  Ce  mot  fe  dit  de  ceux  qui  ont  cntr'eux  le 
lien  de  parenté  qu'on  appelle  cognation.  M.  le  Car- 
dinal de  Fuiftemberg  ,  bc  ,  jouira  avec  fes  agnats 
&  cognacs,  qui  ont  i'uivi  fon  parti,  &:  fes  domef-- 
tiques  ,  d'une  pleine  admniftie.  Traité  de  Ris- 
wicii.  Ne  pourront  aulli  ledit  fieur  Cardinal,  fes 
héritiers,  agnats,  cognais,  &  domeftiques,  être 
j.unais  recherchés,  &c.Ib. 

COGNATION,  f.  £  terme  de  Juriprudence.  Lien  de 
parenté  entre  tous  les  defcendans  d'une  même  fou- 
che  &:  d'une  même  tige  ,  tant  par  les  mâles  que  par 
les  femelles.  Cognatio.  L'agnation,au  contraire  ,  ne 
comprend  que  les  defcendans  par  le  fexe  mafculin,- 
En  France  pour  la  fucceffion  à  la  couronne  enfuit 
l'agnation-jôc  en  Efpagne  ,  ou  en  Angleterre ,  on  fuit 
la  cogmtion.  Les  femmes  viennent  à  la  fuccefïion 
félonie  degré  de  proximité  aux  défauts  des  mâles, 
ou  de  leurs  defcendans  de  branche  en  branche. 

Dans  le  Droit  Romain  les  mots  de  cognation  SC 
de  cognât  fe  prennent  dans  une  fignification  plus 
étroite ,  (liivant  laquelle  cognation  fignifie  feule- 
ment le  lien  de  parenté  qui  eft  entre  ceux  qui  def- 
cendent  d'une  même  fouche  par  les  femmes  :  & 
cognats ,  ceux  qui  ont  entr'eux  ce  lien  de  patenté. 
Voye^  les  Inftitnts ,  le  Jurifconfulte  Paul  de  gradi- 
hus  &  affinibus  &  nominibus  eorum  ,  L,  XXXVIII 
du  Digejie  ,  tit.  X,  loi  10.  Le  Jurifconfulte  Gaius, 
in  lege  1  ibiJ.  donne  la  piemierc  fignification  aux 
mots  cognât  &  cognation, 

COGNATIQUE  ,  adj.  terme  de  Droit.  Succe/Tion  co- 
■  gnatique  ,  eft  celle  où  les  parens  collatéraux  par  les 
femmes  parviennenr  au  défaut  des  mâles  de  bran- 
che en    branche.  De  Courtin.  Cette  manière  de  . 
fuccéder  n'a  pas  lieu  parmi  nous. 

COGNEE.  M.  Félibien  écrit  toujours  coignée.  f.  f. 
Grande  hache,  inftrument  de  fer  plat,  acéré  &  tran- 
chant, ayant  un  long  manclie  de  bois.  5ec«r/j.  Il 
fert  aux  Bûcherons  à  abattre  du  bois  dans  les  forêts , 


C  O  G 

aux  Charpentiers  à  le  taillerdans  le  chantier.  Efope 
a  fait  une  belle  fable  de  Mercure  ,  6c  du  Payfan 
qui  avoir  perdu  fa  cognée.  Il  y  a  de  grandes  cognées 
à  deux  bifeaux  pour  cquarrir  le  bois.  Les  Charpen- 
tiers appellent  leurs  grandes  cognées,  épaules  de 
mouton  ,  &:  les  petites  hachereaux. 
GoGNÉEfedit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  cfl 
allé  au  bois  fans  cognée \  pour  dire,  il  eft  allé  faire 
une  affaire  i  de  il  n'a  pas  porté  les  chofes  ncceffaires 
pour  la  faire  réuHir.  On  dit  aufli,  jeter  le  manche 
après  la  cognée ,  abandonner  tout  dans  un  malheur 
au  lieu  d'y  chercher  du  remède.  On  dit  aufli  pro- 
verbialement ,  mettre  la  cognée  à  l'arbre  i  pour  dire, 
commencer  une  enrreprife, 

ffF  Cognée,  outil  de  Rubanier  fait  en  forme  de 
couteau  ,  fans  tranchant ,  avec  un  dos  épais ,  dont 
il  fe  fert  pour  frapper  les  ouvrages  forts ,  chaque 
fois  qu'il  a  paflc  la  trame. 

COGNE-FÉTU.  f.  m.  C'eft  un  nom  qu'on  donne  à 
celui  qui  fe  donrte  beaucoup  de  peine  inutile.  Mul- 
ta  agendo,  nihil  agens.W  rellèmble  a.  cogne-fetu  , 
il  fetuc,  &  n'avance  tien,  Il  faut  dire  de  roi,  comme 
l'on  faifoit  de  cogne-fetu ,  qui  fe  tuoit  à  ne  tien  faire. 
M  AscuR.Exprefîion  populaire. 

COGNER.  V.  a.  Frapper  fortement  avec  un  marteau  , 
ou  autre  inftrumenr.  Tundere  clavum  ,  trudere.  A 
force  AecogncTjOn  enfonce  des  clous  dans  du  bois, 
un  pieu  dans  la  terre.  Cogner  un  clouj  une  che- 
ville. 

Cogner  fignifie  auffi  ,  heurter,  faire  du  bruit.  Fores 
pulfare.  Cogiu^  à  la  porte ,  on  vous  ouvrira.  Les  en- 
fans  prennent  plaiiii  à  cogner ,  à  faire  du  bruit. 

Cogner  lignifie  aufli,  battre  ou  blefler.  Impnigere  , 
illidere ,  caput  allidere  in  aliquid.W  s'efl  bleflë  en 
fe  cognant  contre  un  volet ,  contre  un  mur ,  il  s'ell 
J^it  une  boffe. 

On  dit,  il  faudroit  aurant  fecog-^tr  la  tctcton- 
tre  un  mur  j  pour  dire  ,  que  quelque  foin  que  l'on 
prenne  ,  on  ne  rcufîîra  point  en  quelque  affaite. 

Cogner  un  chapeau  fur  le  billot.  C'eft  en  ftapper  le 
defllis  de  la  tête  ,  pout  en  faire  mieux  la  formck 

IJCT  Cogner  les  coins  d'un  livre,  terme  d'un  Relieur. 
C'eft  frapper  liir  chaque  coin  du  carton  d'un  livre  , 
pour  redreflcr  ces  coins ,  s'ils  font  rebrouffés. 

gCT  Ce  mot  cogner  ne  peut  avoir  lieu  que  dans 
le  difcours  familier  ,  ou  dans  les  boutiques  parmi 
les  ouvriers. 

Cogné  ;  ée.  part. 

Tous  ces  mots  viennent  du  latin  cuneus ,  un  coin. 
Cogner  fe  dit  comme  cuneum  adigere ,  faite  entrer 
un  coin  dans  du  bois. 

CoGNERi  Fbyt--^  Coignassier. 

COGNET  ,  i.  m.  rerme  de  fabrique  de  imarchandifes 
de  tabac.  On  appelle  cognets  en  Guienne  ,  des  ef- 
pèces  de  rolles  de  tabac  ,  faites  en  cônes ,  dont  on 
îe  fett  pour  unir  8i  ferrer  les  rolles  quand  on  en  a 
rempli  les  futailles,  de  peur  qu'ils  ne  s'éventent 
&  ne  fe  brifentdans  le  tranfport. 

Kcr  COGNEUX,f.  m.  terme  de  Fondeurs  eti  fable.  Ef- 
pècede  petit  bâton  dont  ils  fe  feivent  pour  frapper 
le  fable  dont  ils  formenr  leurs  moules. . 

ffT  COGNI.  Ville  delà  Turquie  en  Afie ,  capitale 
de  la  Caramanicavec  un  Archevêché  fous  le  Patriar- 
che de  Conftantinople.7co«/«/w, 

|C?  COGNIOLi  f.  m.  forte  de  poifTon  femblable  au 
maquereau ,  excepté  qu'il  n'eft  pas  li  gros. 

COGNOIR.  f".  m.  Inftrument  de  buis ,  qui  fett  au 
Compofiteur  d'Imprimerie ,  lorfqu'il  veut  chaffer 
les  coins  avecleiquels  il  ferre  &  arrête  la  forme  dans 
fon  chaffis. 

COGNON ,  f.  m.  vieux  mot  qui  paroît  fignifier  ce 
que  nous  entendons  par  cognomen. 

Pire  es  que  le  cruel  Néron  j 
Néro7n£îme  efi  ton  Cognons 

C  G  H. 

^  COHABITATION ,  f.  f.  dans  le  fens  propre  fi- 


gnific  habitation  de  pluiîeurs  perfonnes  cnfeinble; 
demeure  commune.  Contubcrmum.  La  cohabitation 
entre  plulieurs  perfonnes  fait  prélumer  une  focictc 
tacite. 

'ifT  Quelquefois  il  fe  dit  de  l'état  du  mari  &  de  là 
femme  qui  onr  une  demeure  commune  ,  qui  vivent 
QV\i<:m\Az:,\inç.  cohabitation  publique  allure  la  va^ 
lidité  du  mariage  &  l'érat  des  enfans. 

^fT  Quelquefois  par  cohabitation  entre  conjoints  i 
on  entend  la  confommation  du  mariage.  Copulatio. 

IfJ"  Entre  autres  perfonnes  que  mari  &  t'cmmc, coha- 
bitation fîgnifie  un  commerce  criminel.  Flagitiofum 
commercium.  Commerce  charnel  entte  deux  per- 
fonnes qui  vivent  enfcmble  fans  être  unies  par  les 
liens  du  mariage. 

liO"  COHABITER,  v.  n.Ila  les  mêmes  lignifications 
que  cohabitation. 

COHARD.    royt^^  GUICHARD 

(G'  COHEN.  Les  Juifs  fe  feivent  encore  aujourd'hui 
de  ce  mot  qui  fîgnifie  Sacrificateur  ,  quoiqu'ils 
n'aient  plus  de  temple  ni  de  facririces  i  de  forte 
que  c'eft  plutôt  un  titre  d'honneur  &  une  qualité 
dont  ils  fe  flattent ,  qu'une  dignité  eifeétive  :  ou- 
tre que  dans  la  mifère  à  laquelle  ils  font  réduits 
depuis  tant  de  fiècles,  ils  ne  peuvent  plus  diftin- 
guer  les  tribus  ,  pour  fe  dire  Lévites  &:  race  de  Sa- 
crifi^iateurs. 

COHERENCE ,  f.  f.  terme  didadique.  fCF  «Dans  lé 
fens  propre,  il  eft  fynonyme  à  Cohéfion.  yoye:^ 
ce  mot.  Dans  le  fens  figuré  ,  il  fe  dit  de  la  liaifon  i 
de  la  convenance  que  les  parties  d'un  dii'cours  ont 
les  unes  avec  les  autres.  Cobtzrentia  m  fermone. 
Tout  ce  livre  n'eft  compofé  que  de  fentences ,  oix 
de  fragmens  qui  n'ont  aucune  cohérence  ,  ni  liaifbn 
les  uns  avec  les  autres.  La  fin  de  fon  dilcours  en 
contredit  le  commencement  j  ils  n'ont  aucune  co- 
hérence ,  nicontormitc. 

§Cr  COHÉRITIER ,  ÏÈRE,  f.  m.  &  f.  Héiitier  qui 
partage  avec  un  ou  plulieurs  aunes  héritiers  la 
fucceffion  d'un  défunt  Coheres.  Les  procès  naifîent 
ordinairement  entre    cohéritiers, 

COHÉSION,  f.  f.adhéfion,  fondion  de  detlx  cho- 
fes enfemble.  Cohccjio.  ^fT  Ou  plutôt  c'eft  la  force 
par  laquelle  les  particules  ptimitives  des  corps  font 
attachées  les  unes  aux  autres  pour  former  les  pat- 
ries fenfibles  de  ces  corps ,  &  par  laquelle  cespar- 
ries  fenfibles  font  unies  &c  compofent  le  corps  en- 
tier. La  cohéjion  'des  corps ,  félon  quelques  Phyfî- 
ciens,  dépend  de  la  quantité  du  contaél  de  leurs 
parties  élémentaires ,  &  celles-ci  font  plus  ou  moins 
cohérentes  ,  félon  leur  figure.  La  cohejion  n'eft  ja- 
mais plus  forte,  tout  le  refte  étant  égal  ,  que  lorf- 
quc  les  parties  fe  touchent  par  des  furfaces  planes. 
Plus  la  cohéjion  des  parties  eft  grande  ,  plus  le 
corps  approche  de  la  dureté.  Il  y  a  une  loi  parti- 
culière de  la  cohéfion ,  que  toutes  les  parcelles  ont 
une  force  attraftive ,  c'eft-à-dire  ,  que  fl  elles  font 
voifînes ,  elles  tendent  d'elles-mêmes  les  unes  vers 
les  autres  :  la  caufe  de  ce  mouvement  nous  eft  in- 
connue. Elémens  Mathématiques  de  Phyfique  de 
S,  Gravefande. 

COHÏ.  f.  m.  Grande  mefure  de  continence  ;  dont  on 
fe  fert  dans  le  Royaume  de  Siarn  pour  mefurer  les 
grains,  graines  &  légumes  fecs.  Le  coAi  doit  pefec 
5000  livies  jufte. 

COHIER  -,  f.  m.  efpèce  dé  chêne.  Ses  feuilles  font 
plus  longues  &  plus  larges -,  &:  fon  gland  eft  plus 
court  que  celui  du  chêne  ordinaire.  Les  Bûcherons 
difent  que  c'eft  la  femelle  du  chêne. 

COHOBATION,  f  f  terme  de  Chimie.  Diftillation 
plulieurs  fois  réitérée  d'une  même  matière ,  avec 
lefucquiena  été  extrait.  C'eft  une  efpèce  de  cir- 
culation. 

La  co/zo/'^no/'z  confifte  à  veifer  lamatièie  diftil- 
lée  fur  la  matière  d'où  elle  eft  fortic,  5:  a  la  faire 
diftiller  de  nouveau: ce  qui  fe  pratique  pour  ou- 
vrir &:  pour  ramollir  davantage  les  corps  ,  &  pour 
rendre  plus  fubtils&  plus  pénétrans  les  efprirs  qu'on 
en  veut  tirer,  Liquonm  dmub  percolare ,  dijiillar»i 


^72  COH 

GOHOBER  ,  V.  a.  terme  de  Chimie.  ^fT  Voyc^ 
CoHOBATioN.  Dilliller  à  pliilieurs  rcprilcs  une 
même  Ifqucut  en  la  revetl'ant  fur  la  même  iiibl- 
tance  dont  elle  a  été  tirée ,  ou  fur  une  nouvelle 
fubfliance  femblable  à  celle-là.  Cohoher  une  li- 
queur» 

COHORD ,  r.  m.  nom  d'homme. Ce  niot  fe  dit  encore 
de  trois  diflcrentes  manières;  CoA^ri  ,6"?//7/zrfni!, 
Cuichard.  11  paroît  que  Gunhard  eft  le  véritable 
nom,  Sique  les  autres  n'en  font  que  des  corrup- 
tions. C'eft  âufll  le  fcntiment  de  MM.  de  Sainte  • 
Marthe.  Gunhardus.  S.  Gohord  étoit  Evêque  de  Nan 
tes  au  IX'iiècle.  Il  fut  tué  en  84?  ,  le  jour  de  S.  Jean 
Baptifte,  parles  Normands,  qui  s'emparèrent  de 
la  ville.  L'Eglife  de  Nantes  &  celle  d'Angers  font 
latcte  de  S.  Gohofd,  comme  d'un  Martyr.  Foyci 
fur  ce  Saint  le  Gal/ia  Chrifiiana ,  première  édit. 
T.  II J,  p.  76^,  -j6^. 

Il  paroît,  par  ce  qu'on  a  dit,  que  les  n»ms  fi  com- 
muns en  France,  Gohard  ,Guichard,  Guyard,  vien- 
nent originairement  de  Gunhardus,  Gohord  tn  viénr 
aufll ,  pat  le  changcm.ent  de  1';^  S<.  de  Va  en  0 ,  &: 
du  gtnc,  changemens  qu'on  a  faits  iî  Ibuvent. 

0Cr  COHORTAL,  f.  m.  terme  d'Hift.  ancienne.  Ser- 
viteur du  Préfet  du  Prétoire, 

COHORTE,  f.  f.  c'étoit  chez  les  Romains  un  corps 
d'Infanterie  compofé  de  cinq  ou  lix  cens  hommes 
Cohors.  Le  mot  de  cohorte  répond  aujourd'hui  à  ce 
que  nous  appelons  un  bataillon.  Elle  étoit  divifcc 
en  trois  manipules ,  ou  compagnies.  Le  Centurion 
de  la  première  cohorte  s'appcloit  Primipilus  ,  ^' 
portoit  l'Aigle  ou  l'étendard  de  la  Légion.  Une 
Légion  étoit  compoféc  de  dix  cohortes.  Il  foutint 
avec  quelques   cohortes  l'effort  des  ennemis.  Du 

RiER. 

Meffieurs  de  Port  Royal  onr  traduit  dans  leur 
Verfion  du  Nouveau   Tejiament  le  mot  latin  cohors 
par  celui  de  compagnie.  Le  P.    Amelore  a  fait  la 
même  chofe: mais  les  Pères  Jcfuites  de  Patis  &:  M. 
Simon  ont  confervé  le  mot  cohorte.  Et  en  effet  nos 
Compagnies   ne  répondent  pas  à  la  cohorte  Ro- 
maine, Les  derniersTradudeurs  ontaunî  gardé  dans 
leurs    Ver  fions  du  Nouveau  Tejiament  le  mot  de 
Centurion  ,  où  il  y  a  dans  le  latin  Centurio  ,  que  les 
premiers  ont  exprimé  par  Centenier, 

Dans  un  ordi'e  de  bataille  ,  voici  comment  les  co- 
hortes étoient  rangées ,  &c  les  Portes  qu'elles  oc- 
cupoient,  La  première  cohorte  avoit  la  droite  de  la 
première  ligne ,  comme  les  Compagnies  de  Gre- 
nadiers de  nos  régimens -,  les  autres  fuivoient  dans 
l'ordre  naturel ,  en  forte  que  la  troifième  étoit  au 
centre  de  la  première  ligne  de  la  légion  ,  &  la  cin- 
quième à  la  gauche  ,  la"  féconde  entre  la  première 
&la  rroifième,  &  la  quatrième  entre  la  troifième 
Se  la  cinquième  :  les  cinq  autres  cohortes  formoicnt 
lafeconde  ligne  dans  leur  ordre  naturel,  ainfi  la 
fixième  étoit  derrière  la  première,  ic  les  autres  de 
fuite.  La  première  ,  la  troifième  &  la  cinquième  co- 
horte étoient  les  meilleures  \  on  en  juge  par  les 
portes  qu'elles  occupoient ,  que  les  Romaine  re- 
gardoient  comme  les  plus  importans  :  ce  n'ert  pas 
que  les  Généraux  Romains  n'ayent  changé  cet  or- 
dre de  bataille ,  lorfque  la  fituation  du  lieu ,  la  f ur- 
prife,  la  nécefTiré  défaire  une  évolution  par  un 
(impie  demi-tour  les  y  obligeoicnt,  de  même  que 
nos  Généraux  ne  rangent  pas  toujours  les  troupes 
félon  l'ordre  desrcgimens.  On  croit  que  Marius  flit 
le  premier  qui  divifa  la  milice  Romaine  en  cohortes. 
Voyez  Modertus  &  Vegetius.  la  première  cohorte 
s'z^^peloit  mi fitaire ,  Cohors  militaris. 
^3"  Cohorte  Prétorienne ,  c'étoit  une  troupe  de  fol- 
dats  choifis  qui  fervoient  de  garde  au  Préteur  ou 
au  Général.  Cohors  Pnetoria, 
XfT  En  Poëlie  on  f  e  fert  du  mot  de  cohorte  \  pour  dire , 
•  les  foldats ,  les  gens  de  guerre,  Il  avoit  avec  lui 
fe$  vaillantes  cohortes. 


c  ol 


Ta  valeur  arrêtant  les  troupes  fugitives  , 
Rallia  d'un  regard  leurs  cohortes  craintives, 

BoiL, 

IJC?  On  fe  fert  encore  de  ce  mot  pour  défîgner  une 
troupe  de  toutes  fortes  de  gens  quels  qu'ils  puif- 
fent  être.  Turl^a ,  turma ,  c.ttcrva.  Le  l'rcvot  eft 
venu  accompagné  de  toute  la  cohorte.  On  voyoit 
accourir  le  peuple  p^ar  nombreufes  co/zorrê^. 

Il  hrave  des  Sergens  la  timide  cohone.  Boil. 

Que  fait  autour  de  votre  porte 
Cette  foupirante  cohorte  :  La  Font. 

COHUAGE ,  f.  m.  terme  de  Coutumes.  Cohuagiurrt, 
C'ert  un  droit  qui  fe  lève  &  fe  prend  fur  les  marchan- 
difcs  qu'on  porte  aux  cohues   ou  marchés. 

^ZT  COHUE,  f.  f.  vieux  mot  qui  paroît  avoir  figni- 
fié  primordialement  ,  affemblée.  Depuis  il  s'eft  dit 
des  affemblées  tumulrueufés  ,  où  il  fe  faifoit  beau- 
coup de  bruit.  De-là  vient  que  ce  mot  fe  trouve 
afïcdié  aux  halles ,  aux  marchés ,  aux  foires. 

1^  On  s'en  ert  fervi  pour  fignifier  raffemblée  des 
Officiers  de  Juftice ,  qui  fe  faifoit  en  certain  lieu 
pour  juger  les  procès  \  comme  on  voir  dans  les 
Ordonnances  de  l'Echiquier  de  Normandie  de  l'an 
I  ;  8  5 .  Tribunalia  in  quitus  judicia  exercentur. 
On  s'en  eft  fervi  depuis  pour  fignifier  le  lieu  def- 
tiné  à  tenir  la  Jurtice  dans  des  villages  par  des  Ju- 
ges pédannés  :  il  eft  ainiî  appelé  a  coeunte  multi- 
)udine,  félon  Chopin,  Du  Cange  croit  qu'il  vaut 
mieux  le  dériver  du  latin  chaos.  Il  vient  plutôt  de 
coui ,  qui  ert  un  vieux  mot  celtique  ,  ou  bas-bre- 
ton ,  fîgnifiant  la  même  chofé.  Ménage  témoigne 
que  coua  a  été  dit  autrefois  pouï  halle.  Or  c'cft  dans 
les  halles  que  fe  tiennent  la  plûparr  des  petites 
Jnrtices,  On  appelle  encore  la  halle ,  Se  cohue  de 
();/:>?//« en  Bretagne,  le  lieu  où  fe  font  les  publi- 
cations dejuftice.il  y  en  a  encore  plufieurs  fem- 
blablcs  en  Poitou.  If3°  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit 
aller  à  la  cohue.  Le  Procureur  que  je  cherchois  étoit 
à  la  cohue. 

Cohue,  ledit  fîgurémcnt  des  affemblées  tumultueu- 
fes,  où  il  n'y  a  point  d'ordre,  où  tout  le  mondé 
parle  à  la  fois.  Hominum  inter  fe  vociferantium  tu- 
multus.  Il  fîgnifîe  de  plus  ,  criallerie  ,  cris  de  plu- 
fieurs perfonnes  .à  la  fois.  On  tenoit  autrefois  de 
belles  conférences  chez  un  tel  ;  mais  il  ert  venu  tant! 
d'impertinens,  que  cela  ert  dégénéré  en  co/(«^.  Vous 
trouverez  là  une  foA//efbuvent  fort  confufe-,  mais 
afîéz  réjouiffante,  La  cohue  vaut  mieux  pour  ua 
peu  de  temps ,  &  le  fcricux  pour  un  commerce  qui 
doit  avoir  de  la  fuite, 

COHYNE.f.  m.  Arbre  de  l'Amérique  dont  les  feuilles 
rcfîcmblenrà  celles  du  laurier.  Son  .fruit  ert  aiiffi 
gros  qu'un  melon,  &  delà  figure  d'un  œuf  d'Au- 
truche. Les  Indiens  en  font  des  tafîes  ;  il  ne  vaut 
rien  pour  manger  ,mais  on  allure  que  fa  chair  étant 
pilce  &  appliquée  fur  la  tête,  en  appaifc  Icsdou-' 
leurs.  DicT.  DE  J'AMES,  Voye:^  Calebassier, 

.Coi. 

COI ,  COIE,  adj.  Ce  mot  n'ert  guère  en  ufage  au  fé- 
minin. Il  fîgnifîe  ,  qui  n'a  aucun  mouvement ,  qui 
eft  tranquille,  en  repos.  Q7//e///5 ,  tranquillus ,pd- 
caïus ,  fedatus.  Tandis  que  tout  eft  en  guerre,  ce 
Philofophe  fe  tient  co/ dans  fa  maifon.  Après  cet 
orage  la  mer  devint  co/e  pendant  vingt-quatre  heu- 
res.Il  fte  fait  pas  la  moindre  haleine  de  vent ,  lé 
__  teiVîps  ert  ^oz. 

On  le  dit  figurément.  J'ai  une  raifbri  pcremp- 
toirc  à  alléguer  qui  le  fera  taire  tout  coi.  II  y  avoit 
bien  des  ligues  autrefois  dans  la  France  :  mainte 
nant  tout  eft  coi ,  perfonne  ne  remue. 

Cois  &  difcrets  on  les  voyoit paroitre.  Boil, 

Monobrt»n£. 


COI 

Nonobftant  ces  exemples  8c  ces  autorircs  ,  le  mot 
de  coi  n'entre  guère  que  dans  ces  façons  de  parler, 
le  tenir  coi,  demeurer  roz.  Acad. 

^CT  Dans  le  remoniage  des  rivières,  on  dit  que  les 
chevaux  qui  tirent  les  barreaux  fbntco/,  quand  ils 
s'arrêtent  à  caul'e  de  la  difficulté  du  chemin. 

COIANG ,  i'.  m.  poids ,  &  tout  enfemble  mefure  de 
Cambaye ,  dans  les  Indes  orientales.  Cinq  coiangs 
font  quatre  lafts. 

ÎÎCr  COI  AU.    Foyei  Ce  va  a, 

^3'  COIEWENT.  adv.  Vieux  mot  fynonyrae  de  tran- 
quillement. 

^CrCOIFFE.  L'Académie  fuit  cette  orthographe  ,  qui 
paroît  allez  uiltce.  A^oye^  Cof.ffe. 

COIGNASSE.  r.  f.  Coin  lauvage ,  plus  petit  &  moins 
jaune  que  Vo^àmmQ.Cydoncafilvcjhis.  L'Académie 
écrit  co^iinffl-, 

COIGNASSÏÉR  ou  COGNASSIER  ou  COGNIER. 
r.  m.  Cydonia ,  malus  cydonia  ou  cydonea.  Arbre 
d'une  moyenne  grandeur,  &  dont  le  bois  eft  dur  , 
blanchâtre  ,  couverr  d'une  ccorcc  liHc  ik  brune ,  ou 
un  peu  cendrée.  Ses  feuilles  reilèmblent  .à  celles  du 
pommier  ,  mais  elles  font  blanches  &  chargées  d'un 

.  duvet  fin  en  deflbus.  Ses  fleurs  font  plus  grandes 
que  celles  du  poirier,  de  couleur  de  chair,  &  naif- 
fenr  alternativement  le  long  des  branches.  Elles 
font  à  cinq  pétales  ,  &  leut  odeur  eil  douce.  Son 
fruit  s'appelle  Coin.  Voyez  Coin. 

Quelques  jardiniers diient  que  le  coi^nier  efl:  le  mâle, 
3c  le  cois;na[jiiir  la  femelle  :  §3"  Diilindtion  chimé- 
rique. Les  Jardiniers  appellent  coi£;nier  une  cer- 
taine efpcje  de  coignailiers  rabougris  ,  ché- 
tifs ,  ayant  des  branches  confuics  &  menues, 
la  feuille  petite  ,  le  fruit  rond,  petit  &  pier- 
reux ,  pour  le  diftinguer  du  coignaffier  à  fruit 
long,  de  la  forme  d'une  poire  de  bon  chrcrien , 
moins  pierreux,  plus  gros,  &  moins  âpre.  Certe 
efpèce  ,  qui  eft  une  des  meilleures ,  Se  dont  on  fait 
le  plus  d'ufage  pour  la  greffe  du  poirier,  a  le  pié 
vigoureux  ,  l'ccorce  unie  ,  noirârre  ,  &:  poulie  de 
beaux  jets. 

|}CF"  Patmi  les  Botanifles ,  les  coignafflers  Ce  diftin- 
guent  par  les  truits  plus  ou  moins  gros ,  plus  ou 
moins  âpres.  Il  y  en  a  plulîeurs  efpèces  qui  n'ont  ni 
agrément  ,   ni   utilité. 

^j;3'  Le  Cvicjiadier  de  Portugal  efl  la  plus  belle  efpèce 
&  la  plus  propre  à  faire  réudlr  la  greffe  du  poirier. 
On  le  reconnoîtà  fes  feuilles ,  qui  font  beaucoup 
plus  larges  que  celles  des  autres  elpcces  ■,  fes  ra- 
meaux font  moins  confus  &  plus  droits  ,  fes  fruits 
plus  beaux  &  plus  précoces. 

1^3"  L-:s  Coiguaffiers  viennent  de  bouture  ,  &  c'eH:  le 
meilleur  expédient  pour  fe  procurer  des  fujets 
propres  à  être  greflcs.  Comme  le  Coigna^ier 
donne  peu  de  bois  ,  les  poiriers  qu'on  greffe  def- 
fus ,  s'élèvent  moins  ,  le  mettent  plus  prompte- 
ment  à  fruit,  &  le  donnent  ordinairement  plus  beau 
que  s'ils  étoicnt  greffés  fur  des  fauvageôns, 

^fT  Le  Coigna[Jii:r  demande  une  terre  mêlée  de  fa- 
ble ,  plus  gralle  que  maigre. 

Le  coignaffier  a  été  appelé  cidonia  malus  en 
latin  ,  de  Cydon  ,  ville  de  Candie,  d'où  ce  fruit  fur 
porté  en  Grèce.  Les  meilleures  efpèces  viennent 
de  Nevers  &  d'Orléans. 

Sur  coigna(fier  ■>  terme  de  Jardinier  ,  c'eft-à-dire,  enté 
fur  cois:!}u(p.cr.  Toutes  fortes  de  poires  réuIllfTent 
aufïl-bien  fur  franc  (\\icfur  coisnajjler ,  La  Quint. 
Les  poires  de  bon  chrétien  d'hiver  ///r  coi^nafficrs 
acquièrent  plus  aifcment  la  couleur  jaune  &  incar- 
nate qu'on  y  fouhaite.  Id.  Les  virgoulés  &  les  ro- 
bines  fruâ:iHent  plutôtyi^r  coignajjier s, Id.  On  foul- 
entend  e/ués  ,  entées. 

COIMBRE.  royc-^  CONIMBRE. 

COIMENT.  Foyei  COTEMENT.  adv. 

COIN.  f.  m.  Endroir  où  fefairla  rencontre  des  deux 
côtés  de  quelque  choie  ;  angle  formé  de  deux  fur- 
faces  inclinées  l'une  vers  l'aurre.  Ângulus.  Il  fe 
dit,  tant  de  l'angle  extérieur,  comme  le  coin  de 
la  rue  ,  ou  de  la  muraille  ,  que  de  l'intérieur ,  com- 
Tome  II. 


COI  ^7  î 

me  le  coin  d'une  chambre,  le  coin  de  la  cheminée. 

Ce  mot  vient  de  c««i?«j.  Nicod.  Ce  qui  a  donné 
le  nom  3.u  coin  des  monnoiçs  ,â  eu di-ndis  monciis. 
Coin,  cun-jus  :  &  kûvh  ,  font  pris  du  Celtique  Cuen  , 
ou  Cyn.  Pezron. 

Coin  fe  dit  au/Il  des  extrémités  de  quelque  chofe. 
Extrema ,  partes  excrtmx.  Ce  voyageur  a  vu  les 
quatre  coins  du  Monde.  J'ai  fait  les  quatre  coins  de 
Paris,  pour  vous  chercher.  Les  Hérétiques  ont  al- 
lumé la  guerre  aux  quatre  coins  de  la  France. 

Îf3'  On  dit  les  quatre  coins  &  le  milieu  d'une  con- 
trée,  d'un  pays,  &c.  pour  dire,  tout  l'efpace  qus 
renferme  ce  pays  ,  cette  contrée.  J'ai  couru  les 
quarre  coins ,  &  le  milieu  du  bois  ,  pour  vous 
chercher. 

ÇCF  On  dir,  regarder  du  Coin  de  l'œil,  regarder  à  la 
dérobée ,  fans  faire  icmblant  de  tien ,  ou  de  tra- 
vers. Limis  oculis  afpectare  ,  ajpicere ,  incuen.  Faire 
ligne  du  coin  de  l'œil.      • 

Coin  fe  dit  aulTi  de  quelque  lieu  éearré  &  folir.iire. 
Secejfus ,  rcce^us ,  foluudo  ,  extreniiipars.  Le  Prince 
de  Condé  iur  alî'alliné  au  coin  d'une  haie  ,  après  la 
baraille  de  Jarnac.  Ce  Savant  eft  allé  fouiller  dans 
tous  les  coins  &  recoins  de  l'Antiquité,  Vetera 
Amiquitatis  monumenta,  S.  Evn..  Je  vois  ces  effroya- 
bles efpaces  de  l'Univers  qui  m'enferment ,  &  je 
me  trouve  attaché  à  un  coin  de  cette  vafte  éten- 
due, fans  lavoir  pourquoi  je  fuis  plutôt  placé  en  ce 
lieu,  qu'en  un  autre.  Pasc.  Elle  mourut  de  mifère 
au  coin  d'un  buillbn.  M"e  l'H'Ér-itier. 

Qu'heureux  eji  le  mortel,  qui  du  monde  ignoré  i 
Vit  content  de  joi-mème  en  un  coin  retire.  BoiL. 

Coin  fignifie  encore  ifT  un  petit  efpace  dans  une 
maifon  ,  un  endroit  qui  n'i  ft  pas  expofé  à  la  vue< 
Angulus  ,  locus  abditus.  Il  e!l  logé  dans  un  coin.  Je 
n'ai  belbin  qSe  d'un  petit  coiVz.  Cachez  -  vous  dans 
un   coin.  Je'tez  cela  dans  un  coin. 

tfT  En  termes  de  jeu  de  Paume  ,  tenir  fon  coin  ,  fe  dir, 
lorfque  deux  hommes,  jouant  partie  contre  deux 
autres,  chacun  d'eux  défnd  fon  côré ,  fans  qu'ils 
aient  la  permillionde  s'aider  réciproquemcnr. 

|Cr  Au  figuré  ,  tenir  fon  coin  dans  une  Aflcmblce  ^ 
c'eft  parler  3.  fon  tour,  de  manière  à  fe  faire  diftin- 
guer :  exprelfion  familière. 

Coin  ,  terme  de  Tri(itrac.  C'eft  la  onzième  café, 
en  comptant  depuis  celle  qui  eft  voiline  du 
tas  des  dames ,  &:  qui  eft  effectivement  à  l'un  des 
coins  du  triélrac.  On  dit,  faite  fon  coin;  pour 
dire  ,  faire  la  onzième  café  ,  y  mettre  deux  d;nnes. 
Prendre  fon  coin  ,  c'eft  la  même  chofe  que  faire  fon 
coin.  Pour  faire  fon  coin  ,  il  faut  du  coup  de  dé  y 
pouvoir  mettre  deux  dames  à  la  fois  -,  &  pour  le 
prendre  plutôt  &  plus  facilement ,  il  faut  avoir  tou- 
jours ,  s'il  eft  poilible ,  des  dames  fur  les  cales  de 
quine&  de  fanne,  fur-rout  quand  celui  contre  qui 
on  joue ,  a  le  lien.  On  l'appelle  aulTi  coin  de  repos. 
Quand  on  dit  fimplement  coi/z  de  tridlrac  ,  on  en- 
tend toujours  parler  du  coin  de  r-rpos ,  qui  eft  .  com- 
me on  l'a  dir,  la  onzième  cale. Traite  do  Tric- 
trac. Battre  le  coin  de  fon  adverfaire,  c'eft  comme 
battre  une  dame,  c'eft,  du  nombre  du  dé  que  l'on  a 
amené  ,  tomber  fur  \e  coin  de  fon  adverfair-,  quand 
il  n'eft  pas  fair ,  qu'il  eft  encore  vide ,  qu'il  n'y  a 
point  de   dames. 

On  dit,  les  coins  de  fanne  &:  de  quine,  c'eft  la 
/îxième  c^'  la  cinquième  café ,  qu'on  appelle  aulfi  coin 
bourgeois.  Traité  du  Trictrac.  Sortir  fon  coin, 
c'eft  en  tirer  les  dames  ,  Ibid.  Il  feroic  plus  régu- 
lier de  dire  fortir  de  fon  coin. 

Coins  Bourgeois  ,  autres  termes  de  Trièlrac.  Ce  ibnc 
les  deux  coins  c\\n  font  les  plus  près  de  la  charnière, 
par  rapporr  à  chaque  joueur  ,  ou  bien  ,  c'eft  pour 
chaque  joueur  la  cinquième  Si  la  fixicme  flèche. 
Quelle  que  foit  la  (ignificarion  de  ces  termes ,  il  eft 
certain  que  dans  un  commencement  de  partie  ,  on 
doir  chercher  à  garnir  ces  coins  bourgeois  le  pUitôc 
qu'on  peut.  ^  ^ 

QQqq 


<?74 


C  01 


Con-i  arrondi.  Il  y  a  pkilicuis  fruits  dont  les  coins 
Ibnt  arrondis, c'c(l-à-dire  ,  que  leur  arcte  efc  rabat- 
tue &  arrondie.  Dict.  de  James. 
Coin  ledit  auHi  de  plulieurs  orncmcns  qu'on  met  à 
diverles  choies.  Angulos ,  partes  cxtramas  vejiire, 
tcgere  aura  ,  vel  arg>:nto.  11  a  fait  mettre  des  coins 
d'argent  cà  cette  caflette ,  à  cette  table ,  a  cette  paire 
d'Heures  ;  pour  dire  ,   des  plaques  d'argent  aux 
extrémités.    Il  a  lait  broder  les    coins  de  l'on  bas 
de   foie  :  c'efl:  l'endroit  qui  eft  vers  la  cheville  du 
pié ,   où  l'eftame  &  le  tiflli  ie  divilent. 
1^  Coins  fc  dit   auHi  de  petits  ouvrages  de  mar- 
queterie ,  armoires ,   ou  tablettes  qui    le  placent 
dans  les  angles  des  appartemens. 
Coin    Te  dit  encore  des  faux  cheveux  que  les  hom- 
mes S<.  les  femmes  ajoutent  à  leurs  cheveux  na- 
turels, pour   les  faire    paroître  ou  plus  épais  ou 
plus  longs  i  mais  en  ce  fens  il  ne  le  dit  guère  qu'au 
f{\inc\.  Mentiti  capiUi,falJa  corna.  11  a  été  obligé 
de  prendre  des  coins,  à  caule  que  les  cheveux  font 
trop  courts  :  ce  font  des  cheveux  poftiches,  que  les 
hommes  mettent    pour  faire    paroître  leurs   che- 
veux plus  longs,  &:  que  les  femmes  portoient  autre- 
fois pour  retroulier  &:  enfler  leurs  coeffures.  Comme 
Louis  XIII  aimoit  les  cheveux  ,011  lui  lit  plailir  de 
les  porter  longsxc  changement  embarralîa  les  Conr- 
tifans;  ceux  de  la  vieille  Cour  ,  qui  étoient  à  demi- 
rafés, furent  contraints ,  pour  le  mettre  à  la  mode  , 
de  prendre  des  coins  ou  perruques.  Le  Gendre. 
Coin,  en  termes  de  Fauconnerie ,  lé  dit  des  plumes 
qui  forment  les  deux  côtés  de  la  queue  de  l'oiiéau. 
Latus,  Les  deux  grandes   pennes  du  milieu  de  la 
queue  font  appelées  les  couvertes  -,  les  deux  pre- 
mières de  chaque  côté  font  les  premières  du  coin  , 
les  fuivantes ,  les  deuxièmes  du  coin ,  &  ainlî  des 
autres. 
Coin  ,  terme  de  Doreur  fur  tranche.  C'efl  un  petit 
ornement  autour  des  bouquets ,  quiffont  fut  le  dos 
des  livres  reliés.  Impreffie  libroriitn  t'ii^uminis  notez. 
Poullér  les  coins,    fe  dit  aulïi  du  petit  fer  qui  eft 
figuré,  &  qui  ayant  un  manche  de  bois ,  fert  à  pouf- 
fer les  coins  fur  le  dos  des  livres.  Typas  ferrens 
Jîgnandis  lihrorurn    tegiimentis. 
Coin,  en  termes  de  Maréchallcrie,  fe  dit  des  quatre 
dents  du  cheval  lîtuées  entre  les  mitoyennes  &   les 
crocs,  qui  pouifent  lorfque  le  cheval  a  quatre  ans  &: 
demi.  Dentés  extretni. 
Coins  fe  dit  aulll,  en  termes  de  Manège,  des  quatre 
angles,  extrémités,  ou  lignes  de  la  volte,  lorfque  le 
cheval  travaille  en  carré.  Ce  cheval  a  fait  les  quatre 
coins,  Anguli. 
Coin  lignifie,  dans  les  Méchaniques ,  une  pièce  de 
bois  ou  de  fer,  plate  èc  fort  aigué,qui  fert  à  fen- 
dre, prefler,  ou  élever  d'autres  coïçs.Cuneus.  Le 
coin  eft  le  fécond  principe  des  Méchaniques,  qui 
a  la  force  de  deux  leviers  inclinés  l'un  vers  l'autre  , 
&  qui  agiffent  à  droit  &  à  gauche.  Les  plus  gros 
arbres  fe  fendent  avec  des  coins.  Les  cognées  ,  cou- 
teaux &  autres  inftrumens  fendans  &   tranchans , 
n'agiHent  que  par  la  vertu  du  coin.  |>C/'  La  hauteur 
du  coirt  eft  toujours  repréfentée  par  une  ligne  per- 
pendiculaire tirée'du  fommet  fur  la  bafe.  Suivant  les 
principes  de  la  Méchanique,  la  vîtefîe  de  la  puiifance 
qui  fe  fert  du  coin  ,  l'emporte  autant  fur  la  vîtelîe  de 
rélîftance,  ou  des  parties  qu'il  faut  divifcr ,  que  la 
hauteur  du  coin  l'emporte  fur  fa  baie  ^   parce  que 
le  coin  pouffé  par  la  pui/Tance  ne  peut  pas  s'enfoncer 
de  toute  fa  hauteur  dans  un  morceau  de  bois,  fans  en 
fcparer  les  parties  de  toute  la  longueur  de  fa  bafe. 
C'eft  pour  cela, fans  doute, que  les  coins  aigus  qui  ont 
beaucoup  de  hauteur  &  peu  de  bafe, augmentent  con- 
fidérablemcnt  lavîtelfede  la  puillance.  Les  Canon- 
niers  ont  des  coins  de  mire,  qui  font  des  pièces  de 
bois  5  minces  par  un  bout,  &  épailfes  par  l'autre ,  qui 
fervent  à    élever  la   culalfe    des    canons  pour  les 
pointer.  Les   Menuiliers  ,   les  Tonneliers  6ht  des 
coins  pour   ferrer  ou    prefler  les  chafîis,    les  cer- 
ceaux,   &  autres  ouvrages.  Les  Imprimeurs  chal- 
fent  des  coins  dans  leurs  formes  pour  les^  ferrer  &: 


C  01 

tenir  en  état.  Les  Maçons  ont  aulTi  des  coins  ou 
cales  fur  lefqucls  ils  polént  leurs  pierres.  Les  Cor- 
donniers en  ont  aulîi ,  &  ce  font  de  petits  mor- 
ceaux de  bois  pour  hauUer  le  cou  du  pic  des  fou- 
liers ,  lorfqu'ils  font  fur  la  forme. 

1^  Coin  ,  terme  de  Facteur  d'Orgues.  C'eft  un  petit 
morceau  de  bois ,  de  figure  conique,  qui  fert  à  bou- 
cher le  trou  que  l'anche  &:  la  languette  des  jeux  d'an- 
che laillént   dans  la  noix. 

^fT  Chez  les  Jardiniers ,  le  coin  eft  un  inftrument 
qui  fert,  dans  la  greffe,  à  ouvrir  la  fente  que  le 
couteau  a  commencée. 

Sur  mer ,  on  appelle  coins  du  ruât ,  des  coins  de 
bois  naverfés ,  des  chevilles  de  fer,  qui  fervent  à 

.  relferrer  le  m.u,  quand  il  eft  trop  au  large  dans 
l'ctambraie  du  pont  ;  coins  d'arimages ,  des  coins 
qu'on  met  entre  les  futailles  en  les  arimant  ;  coins 
de  chantier,  des  coins  qu'on  met  entre  les  tins  & 
la  quille  ,  lorfqu'on  la  pofe  fur  le  chantier-,  on  les 
enfonce  à  coups  de  bolin  ,  lorfqu'on  veut  lancer  le 
vaifTeau  à  l'eau.  Les  Serruriers  appellent  coins  leurs 
tranchoirs  à  fendre. 

On  trouve  quelquefois  en  Angleterrre,  en  fouïf- 
fant  la  terre ,  des  inftrumens  de  cuivre ,  qui  ont  la 
forme  d\in  coin.  Ils  font  de  différentes  grandeurs, 
depuis  trois  jufqu'à  quatre  pouces  de  longueur,  & 
larges  d'un  pouce  &  demi.  Ils  font  affilés  par  un  bout 
comme  une  hache ,  s'élargilfant  un  peu  à  ce  bout- 
là;  &par  l'autre  bout,  &  tout  lerefte  de  leur  corps  * 
ils  font  carrés.  Ils  font  creux  &  ouverts  par  le  gros 
bout  oppolc  à  celui  qui  eft  tranchant  -,  à  l'un  des 
côtés  de  ce  gros  bout  eft  une  petite  anfe.  Les  côtes 
ont    l'épailléur    d'une  ligne  environ ,  quelquefois 
plus  &  quelquefois  moins.  Ce  n'eft  pas  feulement 
en  Angleterre  qu'on  en  trouve,  il  y  en  a  auffi  en 
France.  J'en  ai  vu  dans  le  Cabinet  de  M.  Foucault, 
qui  ont  été  déterrés  en  Normandie  ,  &c  j'en  ai  un 
qui  en  vient  aulîi.  Il  a  quatre  pouces  de  long,  un 
pouce  de  large  fur  chaque  face  à  l'endroit  aigu  i 
un    pouce  &:    fept  lignes    dans  fa     plus     grande 
largeur.  Les  Antiquaires  font  partagés  fur  l'origine 
&c  l'ufage  de  ces  co/Vzj.  Quelques-uns  les  ont  pris 
pour  des  pointes  de  flèches ,  ou  des  haches  d'ar- 
mes des  anciens  Bretons  ;  mais ,  en  vérité,  ils  font 
trop  gros  pour  des  pointes  de  flèches,  &  paroiffent 
bien  petits  pour  des  haches  d'armes.  D'autres  ont 
cru  que  c'étoient  des  têtes  de  Catapultes  des  Ro- 
mains. Speed ,  Hiftorien  Anglois ,  a  ciu  que  c'é- 
toient des  armes  des  anciens  Bretons.  M.  Flearne  j 
habile  Antiquaire  Anglois,  n'eft  pas  de  ce  fenti- 
ment ,  parce  que  ces  coins  n'ont  aucun  rapport  à 
aucunes  des  armes  des  anciens  Brerons  que  nous  con- 
noilfons.  De  plus,  puifqu'on  en  trouve  en  France  , 
il  ne  paroït  pas  que  ce  foient  des  armes  des  Bretons  ; 
car,  de  prétendre  que  les  Bretons  étant  originai- 
remenr  Gaulois ,  leurs  armes  Se  celles  des  Celtes 
étoient  femblables  ,&  que  les  coins  que  l'on  trouve 
en  France  font  des  monumens  des  anciens  Gaulois  j 
cela  ne  paroït  pns  vrailémblable ,  parce  qu'aucune 
des  armes  gauloifes ,  que  nous  connoiflbns  beau- 
coup mieux  que  celles  des  Brerons,  n'onr  de  rapport 
à  ces  coins.  M,  Hearne  a  cru  d'abord  que  c'étoient  • 
des  inftrumens  fervans  aux  lacrifices  chez  les  Ro- 
mains,  mais  ils  ne  relfemblent  point  à^  toutes  les 
figures  que  nous  en  avons.  Ainfi  il  conclut  que  c'é» 
toient  des  cifeaux  dont  les  Romains  lé  fcrvoicnt  à 
tailler  &  à  polir  les  pierres  dont  Hs  faifoient  les  mu- 
railles qui  entouroient  leurs  camps.  Le  trou  qu'on  y 
voit  fervoit  à  les  emmancher.  Se  la  pccire  anfe  à  les 
pendre  à  la  ceinture  des  foldats  &:  ouvriers;  &  en 
effer ,  les  foldats  font  ainli  repréfentcs  fur  la  colonne 
Traianne.  D'ailleurs,  rien  n'eft  plus  commun  parmi 
les  Anciens  que  lés  inftrumens  de  cuivre.  Tous  les  . 
Auteurs  en  parlenr  j  &c  Cambden  prouve  que  non 
feulement  les  outils ,  mais  aulïi  les  armes  des  Grecs, 
des  Cimbres  &  des  Brerons,  étoient  de  ce  métal, 
auquel  les  Anciens  favoient  donner  une  trempe  qui 
nous  eft  inconnue.  Un  curieux  Antiquaire,qui  depuis 
quelques  années ,  a  trouvé  de  ces  coins  dans  l'île  de 


COI 

Man,  auffi  bien  qu'un  grand  nombre  d'urnes ,  avec 
des  in/criptions  Rhuniques ,  conclut  de-là  que  ce 
font  des  monumens  -,  parce  que  les  Romains ,  dit-il , 
n'ont  Jamais  mis  le'pié  dans  cette  Ile,  Mais  M.  Hcarnc 
n'eft  pas  de  l'on  avis;  car  Plutarque  airure  qu'un 
nommé  Démctrius  paflà  à  l'Ile  de  Man  Tous  l'Em- 
pereur Adrien. 

Un  Curieux  de  France  a  conjedlure  que  ces  coinsy 
emmanches  d'une  manière  convenable  ,  pouvoicnt 
fervir  aux  foldats  pour  efcalader  les  murs,  ou  pour 
monter  par  dehors  fur  des  machines  de  guerre,  en 
les  faifant  entrer  à  force  dans  les  joints  des  pierres, 
des  poutres ,  ou  des  ais;  &c  que  la  petite  boucle  Icr- 
voit  à  les  pendre  à  la  ceinture  des  Ibldacs.  Mais  en 
vérité,  ces  inftrumcns  font  bien  peu  propres  à  entrer 
dans  les  joints  des  pierres,  ils  font  trop  gros.  Un 
autre  croit  au  contraire  que  ce  font  les  dents  des 
roues  avec  lefquelles  on  bandoit  les  balifles.  Il  s'ap- 
puie de  l'autorité  de  Vitruve ,  qui  dans  le  ch,  16 
de  /on  X^  Liv.  dit  en  effet ,  qu'il  y  avoit  des  ba- 
liftes  que  l'on  bandoit  avec  des  roues  à  dents  :  d'où 
cet  Antiquaire  prétend  que  les  coins  en  queflion , 
creux  en  dedans,  étoient  employés  à  emboîter  des 
morceaux  de  bois,  qui  étoient  attachés  comme  des 
dents  à  tenons  &  à  mortoifes ,  aux  jantes  des  roues , 
qui  fervôient  à  bander  les  baliftes  :  ces  roues,  dit-il , 
étoient  enfuite  arrêtées  par  des  crémaillères ,  & 
attachées  aux  deux  côtés  de  la  balifte.  L'anfc  ou 
l'anneau ,  qui  efl:  à  côté  des  coins ,  fervoit ,  félon  lui , 
à  les  emboîter  ou  déboîter  plus  aifémcnt ,  en  y  paf- 
fant  une  petite  barre  de  fer  pour  les  frapper.  Les 
grandeurs  différentes ,  ajoute-t'il,  font  voir  qu'ils  fer- 
vôient à  des  roues  de  différentes  grandeurs,  ^oyei^ 
la  Diffcrtation  de  M.  Hearne  lur  des  Monumens  an- 
ciens trouvés  dans  la  province  d'Yorck,  &  les  Mé- 
moires de  Trévoux  i7i5,/'ag.  187  &  1554, &  1714, 
pag.  1777. 

|tcr  Coin,  terme  de  l'Art  Militaire  chez  les  Anciens. 
■Cuneus.  On  donnoit  ce  nom,  félon  Végece,  à  un 
corps  de  Troupes  rangées  en  forme  de  coin ,  qui  va 
en  s'étréciffant  par  le  front  :  ce  triangle  fervoit  à 
rompte  la  ligne  des  Ennemis.  Selon  M,  le  Cheva- 
lier Folard ,  le  Cuneus  des  Anciens  n'avoir  pas  la 
figure  d'un  coin:  c'étoit  un  corps  de  Troupes  qui 
avoit  beaucoup  de  profondeur ,  &  peu  de  front. 
Il  répondoit  à  nos  colonnes. 

Coin  ,  en  Architeélurè  ,  eft  une  efpèce  de  dé  coupé 
diagonalement  fuivant  le  rampant  d'un  efcalier  , 
qui  fert  à  porter  en  bas  des  colonnes  de  niveaux  ,  &; 
à  racheter  par  en  haut  la  pente  de  l'entablement  qui 
fbûtient  un  berceau  rampant.  Lapis  in  cuneum 
Jeclus.  Ces  coins  font  aulîi  le  même  effet  aux  ba- 
luftres  ronds  qui  ne  font  point  inclinés  fuivant 
une  rampe. 

ÇoiK  de  Beurre ,  c'eft  une  pièce  de  beurre  d'une  li^ 
vre ,  ou  demi-livre,  qui  eft  de  figure  plate,  &  poin- 
tue par  les  deux  bouts.  Butiri  maffa  cunei  in  [pe- 
cicm  informata. 

Coin  ,  en  termes  de  Monnoie ,  eft  le  morceau  de  fer 
trempé  &  gravé  ,  qui  fert  à  marquer ,  à  frapper  les 
monnoics ,  les  médailles ,  les  jetons.  Typus  mone- 
talis.  On  change  tous  les  coins  des  monnoies.  Cet 

jj^  écu  eft  marqué  d'un  faux  coin. 

On  appelle  auffi  coin  ,  le  poinçon ,  la  marque 
•qu'on  met  fur  la  vaiffelle  d'argent  ou  d'étain.  Ty- 
\pus  vajîs  aut  ex  ars,ento  aut  ex  pliimbo  candido 
Jignandis.  Cette  aigtiière  d'aigent  eft  du  coin  ou 
du  poinçon  de  Paris.  Ce  Maître  Potier  d'étain  a 
un  tel  coin,  une  telle  marque.  Chaque  Maître  eft 
obligé  de  porter  fon  coin  ,  de  laiffcr  une  empreinte 
de  fa  marque  fur  une  table  au  Greffe  de  la  Cour  des 
Monnoies,  à  l'égard  des  Orfèvres  -,  ou  au  Greffe 
de  la  Police,  à  l'égard  des  autres  ouvriers. 

ffT  On  dit  d'une  rriédaille  qui  s'eft  très-bien  con- 

fervée,  qu'elle  eft  à  fleur  de  coin. 
Coin,  pris  aux  deux  derniers  fcns ,  fe  dit  fïguré- 
ment  des  bonnes  &:  des  raauvaifcs  qualités  -,  mais 
plus  ordinairement  il  ne  fe  dit  que  des  bonnes.  Ainfî 
l'on  dit  d'un  homme  qui  a  plufieurs  bonnes  cjualitcs , 


COI  (^7^ 

qu'il  eft  marqué  au  bon  coin.  Nota  de  rneliore.  Cela  fe 
dit  aulfi  des  ouvrages  qui  ont  quelque  chofe  d'ex- 
cellent.  Tout  eft  grand  &  admirable  dans  la  na- 
ture ,  il  ne  s'y  voit  rien  qui  ne  foit  marqué  aa 
coin  de  l'ouvrier.  La  Bru  y. 

Toi  qui  fais  à  quel  co'mfe  marquent  les  bons  vers, 

Boiu 
Un  Poète  a  dit  en  parlant  de  la  Cour. 

Là  de  dehors  trompeurs  le  crime  revêtu , 
Ejt  marque  bien  fouvent  au  coin  de  la  vertu. 

Nouv.  choix   de   vers. 

|CT  Coin.  f.  m.  Quelques-uns  écrivent  coing.  C'eft 
le  fruit  du  coignalîier,  Cotoneum ,  Malum  Cido- 
nium  'ou  Cydonium. 

Ce  fruit  naît  de  la  partie  poftérieure  de  la  fleur 
&  du  calice  du  coignaj/ier.  Voyez  ce  mot.  Il  eft  de 
la  figure  d'une  poire  ou  d'un  cône  renverfé  ,  iné- 
gal fur  fa  farface ,  &i  couvert  d'un  coton  épais  « 
blanchâtre  ,  qui  s'efface  à  mefure  que  ce  fruit  mû- 
rit :  pour  lors  il  eft  d'un  jaune  d'or  &c  d'une  odeur 
forte.  Sa  chair  eft  ferme ,  d'un  goiit  très-auftèrc  SC 
très-âpre  ,  &  de  couleur  de  miel.  Le  milieu  de  ce 
huit  eft  partagé  en  cinq  loges ,  qui  renferment  quel- 
ques femences  ou  pépins  femblables  à  ceux  de  la 
poire  ,  &  enduites  d'un  mucilage  qui  fe  fond  danJ 
l'eau. 

Sa  femence  eft  d'ufage  en  Médecine  t  on  re- 
commande fon  mucilage  dans  plufieurs  occafions  > 
où  il  faut  calmer  de  grandes  inflammations ,  comme 
celles  des  yeux  ,  des  hémorrhoïdes ,  &c.  Les  Mé-* 
dccins  ie  fervent  encore  du  fyrop  de  coin  dans  les; 
dyffenteries  &  les  cours  de  ventre.  I^oye^  CoTi- 
gnac. 

Sa  couleur  jaune  ,  a  paffé  en  proverbe  ,  &  l'on 
dit  d'un  homme  qui  eft  devenu  jaune ,  ou  qui  a 
la  jauniffe ,  qu'il  eft  jaune  comme  un  coin. 

COINDICANS.  adj.  m.  pi.  Terme  de  Médecine.  Se 
dit  des  lignes  qui  concourent  avec  les  fymptômes 
particuliers  à  la  maladie  ;  par  exemple  ,  l'âge  & 
la  force  du  malade ,  la  faifon  ,  la  coutume  ,  èc  au- 
tres circonftances  femblables.    s^nv^fjx.ÛMEva. 

COINDICATION.  f.  f.  Coindicatio.  C'eft  la  con- 
noiffance  de  cerrains  fignes  qui  autotifent  l'indica- 
tion qu'on  a  prifc.  Ces  fignes  font  appelés  coiri' 
dicans ,  comme  les  forces  du  fujet ,  fon  âge  ,  la 
faifon,  le  pays,  la  coutume,   &c.  Col  de  Vil- 

LARS, 

COINE.  Voyei  CoUENE. 

Ip-  COÏNCIDENCE  ,  f.  £  terme  de  Géométrie  ,  fe 
dit  des  lignes,  des  figures  parfaitement  égales  , 
qui ,  pofces!l'une  fur  l'autre ,  fe  répondroicnt  exac- 
tement. Coincidentia. 

^fT  CoiNcioENCE  fe  dit  auffi ,  en  Phyfique,  des  corps 
qui  tombent  à  la  fois  ,  &  dans  le  même  temps,  fur 
une  même  furfacc.  La  coincidence  des  rayons  de 
lumière. 

COÏNCIDENT  fe  dit,  dans  les  mêmes  fens,  que  coin- 
cidence. Coincidens.  Lignes,  figures  &c.'coincidenteS; 
qui  appliquées  l'une  fut  l'autre  fe  répondent  par- 
faitement ,    fe  confondent. 

§Cr  Rayons  coincidens  qui  tombent  à  la  fois  fur  la 
même   furface. 

0Cr  COÏNCIDER  ,  V.  n,  terme  de  Géométrie. 
Coincidere.  Voyez  Coïncidence  8c  Coïncident. 
On  le  dit  des  figures,  des  lignes,  des  furface^S 
qui  étant  appliquées  1  une  fur  l'autre,  fe  répon- 
dent patfairement ,  s'ajuftent  l'une  fur  l'autre.  Ces 
deux  futfaces  ,  ces  deux  lignes  coincident. 

|tCr  CoiNcy.  Ville  de  France  ,  dans  la  Brie  Cham- 
penoife  ,  à  deux  ou  trois  lieues  de  Château- 
Thierry. 

|tC?  COÏNG.  f.  m,  Voyei   Coin, 

COINT  ,  INTE  ,  adj.  vieux  mot.  Mignon  ,  bien  aju- 
fté  ,  beau  ,  agréable.  Pulcher  ,  venufius  ,  bene  or- 
natus  ,  connus  ,  elegans  ,  formofus ,  cultus.  Il  y 
aToit  plufieurs  Dames  à  cette  affemblée  toutes- 

Ç^Qçiqij 


€n^ 


COI 


coinus  Se  jolies.  Il  eft  hors  d'ufage.  On  a  dit  auHl 
autrefois  choint  &c  chointe  ,  pour  coint  &  coime. 
Ce  mot  vcnoit  de  CuUus  ,  qui  lîgnifioit ,  ieau  , 
galant.  ,  ajujié  >  propre.  Du  Gange  le  dérive  de 
connus ,  &:  dit  que  coimife  croit  autrefois  un  ha- 
bit propre ,  galant  &  léger.  Mais  il  vient  plutôt 
de  coant ,  qui ,  en  langage  celtique  ou  bas-bre- 
ton ,  iignifie  ^eau  &  joli. 
COINTE  ,  £  f.  nom  de  femme.  Quinta.  S.  Denys 
d'Alexandrie  décrit  le  Martyre  de  Sainte  Co/;;rc-  dans 
fa  Lettre  à  Fabius  d'Antioche  rapportée  par  Eulcbe. 
Elle  fouffrit  à  Alexandrie  fous  l'Empire  de  Dèce. 

Ce  nom ,  qui  s'eft  formé  du  latin  Quinta ,  nous 
apprend  comme  on  prononçoit  autrefois   Qu. 
COINTERIE.  f.  f.  Ce  mot  eft  hors  d'ufage ,  il  veut 

dire  affectation ,  afféterie. 
COINTIE  ,    f.  f.  vieux  mot ,  qui  fignifie  agrément , 

gentilteffe.  Elegantia.  Et  cointife ,  difcernement. 
CÔINTRE  ,    f.  m.  drogue  médicinale,  dont  il  fe 
.  fait  quelque  commerce  aux  Indes  Orientales ,  par- 
ticulièrement dans  les  Etats  du  Grand  Mogol. 
COION.  f.  m.  Lâche ,  poltron  ,  qui  a  le  cœur  bas , 
l'ame  fervile ,  capable  de  Ibuffxir  toutes  fortes  d'in- 
dignités. Ignayus  ,  vecors.  Ceux  qui  font  les  braves 
font  fouvent  de  francs  coïons. 

Ce  mot  vient  du  latin  quietus ,  parce  que  les 
poltrons  n'aiment  pas  à  le  donner  de  la  peine.  Il 
eft  vieux ,  populaire  ,  &  un  peu  libre. 
COIONNER  ,  V.  a.  faire  foulfrir  à  quelqu'un  des  in- 
dignités, le  traiter  en  cofon.  Prohris  aliquem  la- 
ce ffere.  Un  homme  qui  s'amufe  à  coîonner  les  autres , 
eft  détefté  de  tout  le  monde. 
gC?  Coîonner  eft  aulfi  neutre  ,   &  fignifie   dire  des 
coïonneries.    Cet    homme  ne   fait^  que   cownner, 
§CF  CoioNNÉ ,  Ér.  part. 

COIONNERIE ,  f.  f  lâcheté  ,  poltronnerie.  Ignavia  , 
vecordia.  Il  a  fait  cent  coïonneries  ,  cent  lâchetés , 
cent  bafléffes ,  pour  parvenir  au  porte  où  il  eft.  Ja- 
mais un  brave  ne  fait  ni  ne  fouffre  de  coïonnerie. 
CoioNNERiE  ,  fignifie  aufll  un  difcours  impertinent , 
extravagant.  ÈiLgx ,  ineptice.  Les  Charlatans  amaf- 
fent  &  amufent  le  peuple ,   en  leur  difant  mille 
coïonneries.  Le  valet  de  l'Ariofte  ne  pouvoir  con- 
cevoir  où  fon  maître  avoir  pris  tant  de  coïonne- 
ries qu'il  a  lailiees  par  écrit.  ^CT  Tous  ces  termes 
coïon ,  coîonner  ,  coïonneries  font  profcrits  parmi  les 
honncres  gens ,  Se  feroient  à  peine  tolérés  dans  le 
burlefque. 
COIRE  ,  autrement  CHUR  ou  COIRA.  Curia.  Ville 
capitale  des  Gtifons,  qui  a  un  Evêché  fuffraganr 
de  Mayence,  quoiqu'elle  ait  embralfé   la  préten- 
due réforme  en   1529.    Elle  eft  fur  la  rivière  de 
Plelfur  ,  fort  près  du  Rhm  ,    qui  commence  là  à 
porrer  bateau.  Les  Grifons  tiennent  ordinairement 
leurs  alfemblées   à  Coire.    C'eft  proche  de  Coire 
que  l'on  trouve  dans  l'eftomac  des  chameaux  des 
boules  de  la  grofTeur  d'une  balle  de  paume  ,  que 
les  AUemans  prétendent  avoir  les  mêmes  propriétés 
que  le  bézoard.  Foye^  le  voyage  d'Italie  de  Spon , 
Se  Heifl-.  Hi/i.  de  r Empire. 
COIREAUS  ,  f.  m.  vieux  mot  qui  fignifie  des  bœufs 
fortans  de  l'engrais ,  dont  il  eft  fait  mention  dans 
Rabelais  &  autres  Aureurs.  Boves  faginati. 
COIS  ou  CONS  ,  adj.  vieux  mor ,  du  latin  conditus , 

caché. 
COÏT.  f.  m.  Faites  ce  raot  de  deux  fyllabes ,  &  pro- 
noncez coït ,  terme  de  Médecine.  Accouplement 
du  mâle  avec  la  femelle  pour  la  génération ,  &  en 
particulier  de  l'homme  &  de  la  femme.  Coïtus.  La 
nature  a  invité  les  animaux  au  coït  par  le  plai- 
fir  ,  afin  de  conferver  l'efpèce.  Les  grenouilles 
font  40  jours  dans  le  coït.  Les  papillons  font  150 
vibrations  d'aîles  dans  le  coït,  à  ce  que  difent  Bar- 
tholin ,  &  le  Journal  d'Angleterre. 
COITE  ou  COUETTE  ou  COETE,  f.  f.  lit  de  plume. 
Culcita  plnmea.Ct  mox.v\c\\\\ri.  On  dit  lit  de  plume. 
Les  Anciens  l'ont  dit  tant  des  lits  de  plumes  que 
des  matelas. 

Nicod  dérive   ce  mot  du  grec  x»/?*»» ,    qui  fi- 


COI 

gnifie  un  ///.  Ménage  le  dérive  de  culcita  ,  qui  eft 
le  véritable  mot  latin ,  pour  lequel  on  a  dit  par 
corruption  culcitra.  Poftel  le  fait  venir  de 
Pline  dit  que  les  coites  font  de  l'invention  des 
Gaulois  &  habitans  de  Cahors.  Ce  mot  a  aufïi 
fignifie  autrefois_/are  ou  robe.  Veflis  talaris.xahn 

ConE  ,  i".  f.  terme  de* Marine.  On  appelle  coites  , 
deux  longues  pièces  de  bois  que  l'on  met  paral- 
lèles fous  un  vaiffeau  ,  pour  le  porter  lorfqu'on 
le  veut  jeter  à  l'eau  de  dcfllis  le  chantier.  Tigna. 
Coites  de  guindas  ,  font  des  pièces  de  bordage  , 
de  14  ou  \6  pouces ,  fur  lefquelles  font  appuyés 
les  bouts  du  guindas ,  &  fur  lefquelles  il  tourne 
horilbntalement. 

|]Cr  CO-JUSTICIER.  f.  m.  Qui  a  droir  de  Juftice  en 
commun  &  par  indivis  avec  un  autre  Seigneur.  Deux 
Seigneurs  qui  nommenr  conjomtcmeut  aux  offices 
d'une  Judicature ,  au  nom  de  qui  s'exerce  la  Juftice, 
&  qui  en  partagent  les  émolumens ,  font  Co-Jufti- 
ciers  relativement  l'un  à  l'autre.  Le  droit  en  lui 
même  ne  peut  fe  partager  quant  à  l'exercice. 

|i3'''COKER.  Nom  d'une  rivière  d'Angleterre,  dans 
le  Cumberland  ,  qui  fe  jette  dans  la  rivière  d« 
Darwcn. 

ffT  COKERMONT.  Petite  ville  d'Angleterre,  dans 
le  Cumberland ,  au  confluent  des  rivières  de  Co- 
kcr  &  de  Darwen,  Elle  envoie  des  Députes  au 
Parlement, 

COL. 

ifT  COL.  f.  m.  Partie  du  corps  humain  qui  joint  la 
tête  aux  épaules.  En  parlanr  de  cerrc  partie ,  on  dit 
cou.    Voye^  ce  mot. 

ÇCF  On  le  lert  du  mot  de  col  dans  différentes  phrafes. 
par  analogie  au  corps  humain. 

03"  On  appelle  col  de  la  marrice  ,  col  de  la  veffie , 
ce  qui  eft  comme  l'orifice  ,  l'embouchure  de  ces 
parties.  Dans  ce  fens  on  dit  col. 

tfT ^  Col  de  chemife  ,  de  rabat ,  &c.  c'eft  la  partie  fu- 
pèrieure  de  la  chemife ,  du  rabat  qui  embraffe  lecoû*. 

tfT  Coi,  efpèce  de  cravate  fans  pendant  que  l'on  porte 
autoui  du  cou.  La  mode  de  porrer  des  cols  n'eft  pas 
ancienne.  Dans  rous  ces  exemples ,  prononcez  coL 

Col  ou  dos  de  la  coquille.  C'eft  le  dos  des  Bivalves  au 
defÏÏis  de  la  charnière.  On  l^appelle  en  latin  cervix. 

Col.  Terme  de  Géographie.  Lieu  étroit ,  paffage  ferré 
entre  des  montagnes.  Fauces ,  anguJUœ.  Ce  mot 
s'eft  formé  du  latin  collum  ,  le  cou  ,  paice  que  ces 
paffages  qui  fe  retrécilfenr ,  reffemblent  en  quelque 
îbrte  à  cette  partie  du  corps  qui  fe  rerrécit  là  , 
&  s'élargit  defîlis  &:  deflbus.  Mais  quoique  dans 
le  propre  on  ait  fait  6i  l'on  prononce  cou  ,  &  non 
pas  col  ;  dans  le  figuré ,  &  quand  on  veur  figni- 
fîer  ces  paffages  ctroirs,  on  écrit  &  on  prononce 
col,  &  cols  au  pluriel.  Il  enrra  dans  le  col  d'Ar- 
gentière.  Nous  débouchions  dans  la  plaine  par  le  col 
de  Limon.  Il  s'engagea  mal-à-propos  dans  le  col  de 
Pcrtus.  Ils  occupoient  tous  les  cols  des  montagnes. 

Le  col  d'Argentière  eft  un  paffage  de  France  en 
Italie  par  le  mont  &  le  village  d'Argentière ,  entre 
le  Marquifar  de  Saince  &  le  Comté  de  Nice, 
Le  col  de  Limon  eft  un  pafTàge  dans  les  Alpes  fur 
la  montagne  de  Limon  au  Comté  de  Nice.  Le  col 
de  Perrus  eft  un  paffage  de  Roufîillon  en  Cata- 
logne par  les  Pyrénées ,  joignanr  la  forrerefle  de 
Bellegarde  ,  entre  le  Volo  &:  Junquère.  Il  y  a  en- 
core dans  L>s  Alp^s  le  co/ de  Barcelonette  ,  \ç  col 
de  Saultcrn  ,  le  col  d'Aî^nelle  ,  le  col  de  Vars ,  ùc. 
Ce  font  des  paffages  étroits  par  des  lieux  qui  porrent 
ces  noms. 

^  Col.  Nom  d'une  île  de  l'Océan,  l'une  des  We- 
fternes. 

^fT  Col.  Nom  d'une  ancienne  ville  d'Afrique,  att 
Royaume  de  Tunis,  Ce  n'eft  plus  aujourd'hui  qu'un 
village. 

iCOLA  ,  r.  m.  c''jft  le  nom  d'un  fruir  de  Guinée , 
qui  croît  à  un  arbre  dans  le  Royaume  deCongy.  H 
eft  gros  comme  une  pomme  de  pin  ,  8c  renferme 


C  O  L 

fous  fon  êcorce  d'autres  fruits  remblables  à  des  châ- 
taignes ,  dans  chacun  defquels  font  encore  conte- 
nues quatre  petites  noilettcs  rouges  ou  incarnates. 
On  dit  que  ces  noilettes  étant  écraiees  Ibus  les 
:  dents  5c  tenues  dans  la  bouche  ,  éteignent  la  foif , 
qu'elles  donnent  un  goût  agréable  à  l'eau  où  on 
les  fait  tremper ,  &  qu'elles  la  rendent  propre  à 
fortifier  l'ellomac  &  le  foie.  Lémery. 

§3-  COLABRISME  ,  l'.  m.  terme  d'Antiquité.  Nom 
que  les  Grecs  donnoient  à  une  forte  de  danlc 
qu'ils  tenoicnt  des  Thraces.  On  n'en  dit  pas  da- 
vantage. 

COLACHON  ,  f,  m.  inftrument  de  Mufique  fort  com- 
mun en  Italie  ,  qui  a  deux  ou  trois  cordes ,  qui 
eft  long  de  4  ou  5  pies ,  &  qui  a  la  figure  d'un 
luth ,  excepté  qu'il  a  le  manche  bien  plus  long. 
Mersenne. 

COLAFANE  ou  COLOPHONE.  Foyer  Colophane. 

COLAGE.  f.  m.  Quelques-uns  écrivent  collage  ,  mais 
mal.  Terme  de  Coutumes.  Le  colage  eft  un  droit 
que  doivent  en  quelques  endroits  au  Seigneur  les 
habitans  qui  ont  des  bœufs  dont  ils  labourent  la 
terre.  Le  droit  de  cola^e  eft  la  même  chofe  que 
le  droit  de  cornuae.  Colage  vient  du  latin  ,  colère  , 
cultiver  ou  de  colla  boum. 

COLAO  ,  f.  m.  terme  de  Relation.  Miniftre  d'Erat 
à  la  Chine,  Officier,  Mandarin,  auifi  confidéra- 
bles  à  la  Chi^e  par  leur  dignité,  que  le  fonr  ici  les 
Miniftres  d'Etat ,  Imperii  Sinici  adminijier.  On  dé- 
couvrit que  trois  Calaos  avoient  pris  fous  main 
de  l'argent  dans  l'adminiftration  de  leur  charge. 
P.  Le  'Comte.  L'Empereur  de  la  Chine  a  deux 
Conleils  Souverains  ■■,  l'un  extraordinaire  &  com- 
pofé  des  Princes  du  fang;  l'autre  ordinaire  ,  où  en- 
trent les  Miniftres  d'Etat ,  qu'on  nomme  Calaos. 
Ce  font  eux  qui  examinent  toutes  les  grandes  af- 
faires ,  qui  font  le  rapport ,  &:  qui  reçoivent  les 
dernières  déterminations  de  l'Empereur.  Id. 

COLAPHISER  ,  V.  a.  terme  burlefque.  Souffleter , 
donner  des  foufflets.  Arlequin  >  venant  d'en  rece- 
voir un  d'Ifabelle ,  s'écrie  : 

//  a  claqué  bien  fort.  Jujîe  ciel,  quel  outrage  ! 
Me  planter  unfonfflet  au  milieu  du  vifage  ! 
Colaphifev  ainjî mes  lèvres  de  corail; 
Moi  qui  voulais  par  elle  ébaucher  mon  fer  ail. 

Théâtre     Italien  ,      16 ()6. 

T.  I  ,  p.  ^\\.Dicl.  Corn. 

COLARBASIEN  ,  ENNE  ,  f  m.  &  f.  &:  nom  de  fede. 
Colarbajianus.  Les  Colarbajiens  étoient  des  Héré- 
tiques du  fécond  liccle  ,  dont  le  Chef  fut  Colar- 
bafe  ,    difcipie  de  Valentin  ,  qui ,  aufli  bien  que 
Marc  ,  autre  difcipie  du  même  Maître  ,  prétendoit 
que  toute  la  plénitude  &  la  perfeél:ion  de  la  vé- 
rité de  la  Religion  étoit  renfermée  dans  l'Alpha- 
beth  grec  ,    &  que  pour  cela  J.  C.  étoit  nommé 
Alpha  &  Oméga,    Saint  Irén.  L.  1 ,    c  10  Tert. 
de  Prafcript.  t.  53.  S.  Auguft.  hcr.  C.  14  6»  15. 
S.  Epiph.  hér.  55.  Philaftrius,  Théodoret ,  Saint 
Jean  Damafcène  Se  Baronius.  an,  17c  en  parlent. 
COLARIN  ,  f.  m.  terme  d'Architecfture.  Frife  du  cha- 
piteau de  la  colonne  Tofcane  Se  Dorique.  On  ap- 
pelle aufTi  calarin ,  le  haut  du  vif  de  la  colonne  , 
&  l'endroit  le  plus  étroit ,  proche  du  chapiteau. 
COLAS,  f.  m.  terme  bas  &  populaire.  Nom  propre 
d'homme  ,  fait  par  abréviation  de  celui  de  Nicolas. 
GoLAS  ,    c'eft  aufîl  le    nom  qu'on    donne  aux  cor- 
beaux que  l'on  nourrit  dans  les  maifons.  On  ap- 
pelle les  corbeaux  Calas,  comme  on  appelle  une 
pie  Marsot ,  un  mouton  Robin  &  un  âne  Martin. 
COLATURE,  f.  f.  terme  de  Pharmacie.  Séparation 
d'une   liqueur  d'avec  quelques  impuretés  ou  ma- 
tières. Purificatio  qucs,  percalando  fit. 
|CT  Le  mot  de  calature  ne  fe  dit  prefque  point  de 
l'opération  même.  On  le  dit  paffivement  de  toute 
liqueur    paflce    ou    filtrée    par    le    moyen^   d'un 
'      tamis,  d'une  toile, «S-c.  Calature  de  firop  de  chicorée. 
|Cr  COLAURE.  Petite  ville  d'Afie,  au  Royaume 
de  Tonquin, 


COL 


«77 


COLBERG.  Ville  du  Cercle  de  la  haute  Saxe  en 
Allemagne.  Colberga.  Elle  eft  dans  la  Cadlibie , 
province  de  la  Pométanie  ultérieure,  ou  Ducale, 
llir  les  côtes  de  la  met  Baltique  ,  où  elle  a  un 
bon  port  fréquenté.  Colberg  a  aulfi  des  Salines, 
Par  le  Traité  de  Wcitphalie  elle  fut  cédée  à  l'E- 
leCfeur  de  Brandebourg  en  1^48. 

,p"  COLiiROCKE.  Petitj  vilk  d'Angleterre  ,  dartâ 
le  Comté  de  Buckingham  ,  fut  les  trontières  de  celui 
de  Midlefex. 

COLCAQUAHUITL  ,  f.  m.  plante  de  l'Amérique, 
que  l'on  appelle  Johualxochil ,  feu  flos  orbicula- 
ris.  On  prét-nd  que  fes  feuilles  gucrilfent  la  fyn- 
cope  q\und  on  les  applique  fur  la  poirrine  -,  qu'el- 
les excitent  la  fueut  quand  on  les  boit  dans  de  l'eau  , 
qu'elles  engraiflent  ceux  qui  les  mangent  frites , 
après  en  avoir  auparavant  exprimé  le  fuc ,  &  qu'elles 
guérillènt  les  ulcères  les  plus  obftinés  quand  on 
les  en  iaupoudre.  Cette  plante  eft  encore  eftiméa 
pour  la  paralyfie  &  les  maladies  utérines.  Rav  , 
Htlt.  Plant. 

COLCHE.  f.  m.  &  £  M.  Corneille  fe  fert  de  ce  mot , 
pour  dire  les  habitans  de  la  Cholcide.  Colchi.  Les 
Colches  avoient  l'ufage  de  la  Circoncilion ,  d'où  Hé- 
rodote conclut  qu'ils  étoient  Egyptiens  d'origine. 
Quelque-uns  croient  que  Seroftris,après  avoir  couru 
l'Alîe  avec  une  tiès  groHe  armée  ,  laiila  là  une 
partie  de  fes  troupes. 

COLCHIDE.  Nom  d'un  ancien  Royaume  de  l'Afie. 
Colchis.  La  Colchide  étoit  bornée  au  nord  par  la 
Sarmatie  Afîatique,  au  couchant  par  le  Ponr-Euxin  , 
au  fud  par  le  Pont  de  Cappadoce  ,  Se  l'Arménie  ,  Si 
au  levant  par  le  mont  Caucafe  qui  la  féparoic 
de  ribérie.  C'eft  la  patrie  de  ia  Géorgie  que  nous; 
appelons  Mingrelie.  La  Colchide  étoit  faraeule  dans 
l'Antiquité ,  fur  tout  par  deux  endroits  ;  la  Toifon 
d'or ,  que  les  Argonaures  y  allèrent  enlever  j  &  les 
herbes  venimeufes  &:  magiques  que  les  Poètes  fei- 
gnent qu'elle  produifoit, 

COLCHIQUE  ,  f.  m.  ou  Tue-Chien,  f.  m.  Colcki^ 
cum.  Plante  bulbeulé  fort  commune  ,  &  qu'on  die 
être  pernicieufe  aux  chiens.  On  croit  qu'elle  a  pris 
fon  nom  de  la  Colchide,  qu'on  nomme  aujourd'hui 
Mingrelie.  Sa  racine  eft  coinpoféc  de  deux  tuber- 
cules ,  dont  l'un  eft  charnu  ,  l'autre  fibreux  ,  atta- 
chés tous  les  deux  par  le  côté ,  aplatis  dans  cet 
endroit ,  voûtes  au  côté  oppofé  ,  Se  enveloppés  do 
quelques  membranes  d'un  brun-obfcur.  Sa  fleur  , 
qui  vient  en  automne ,  part  immédiatement  de  la 
lacine  \  c'eft  un  tuyau ,  qui  s'cvafant  vers  fon  fom- 
met,  fe  divife  en  lix  parties  à  peu  près  comme  la 
fleur  du  lis ,  &  un  peu  plus  petites ,  de  couleuc 
purpurine ,  SC  qui  ne  s'élève  qu'à  quelques  pouces 
au  dcffus  de  la  terre.  Le  piftil  fe  termine  par  quel- 
ques filets  déliés,  &  il  devient  enfuite  un  finit  qui 
ne  paroîr  qu'au  printemps,  ôc  eft  environné  de  trois 
ou  quatre  grandes  feuilles  pareilles  à  celle  du  lis  , 
&  d'un  vert  plus  foncé.  Ce  fruit  eft  atrondi ,  par- 
tagé en  trois  loges  ,  qui  renferment  chacune  quel- 
ques femences  prefque  rondes.  La  fleur  du  col- 
chique annonce  la  fin  de  l'été  Se  le  retour  de  l'au- 
tomne. Les  Fleuriftes  eftimcnt  la  fleur  du  colchique 
lorfqu'elle  eft  double.  On  trouvoit  autrefois  dans 
plufieurs  jardins  wncalchique  à  fleurs  tachées  comm© 
celles  de  la  fritillaire.  Colchicum  fritillarix  fade. 

ter  On  ne  prend  guère  cette  plante  intérieurement. 
Son  ufage  demande  bien  de  la  précaution.  C'ell 
un  poifon  trcs-aélif. 

COHOTAR  ou  COLCOTHAR ,  f:  m.  M.  Hom- 
berg  ccrirainfi;  Académie  1701.  Mem.  p.  10.  au 
lieu  de  Colcotar.  Il  y  a  deuxforresde  Co/ro/A^r , 
le  naturel  Se  l'artificiel.  Le  naturel ,  qu'on  appelle 
autrement  Chalcitis ,  eft  le  vitriol  rouge  qui  vient 
d'AUemaane.  C'eft  un  vitriol  vert ,  calcine  natu- 
rellement''par  quelque  fouterrain.  L'artificiel  eft: 
aufîî  un  vitriol  vert  ,  calciné  long  temps  a  grand 
feu,&  qui  par  ce  moyen  eft  devenu  rouge  comme 
du  'fansî.  C'eft  encore  le  marc  qui  refte  dans  là 
cornue  après  la  diftillation  du  vittiol. 


6^î  COL 

Prenez  trois  livres  de  colcothar  >  c'cd-à-dire  ,  de 
la  tête  morte  qui  tefte  après  la  diftillation  de 
l'huile  de  vitriol.  Homcerg.  La  lixivation  du  col- 
cotliar  de  vitriol.  \d.  p.  5^. 

fO-  COLDING.  Ville  de  Dannemarck  dans  le  Nord 
Jutland,aux  confins  du  Slefwig.  Lat.  55'   19°. 

gGrCOLDITZ.  Petite  ville  du  cercle  de  la  haute  Saxe, 
dans  le  Terïitoire  de  Meillen  en  Mifnie  ,  fur  la 
Mulde  ,  entre  les  villes  de  Grim  &  de  Rochlitz. 

COLE  ,  vieux  mot  qui  lignifie  bile.  Bilis.  On  le  dit 
encore  en  certe  phrafe."  Chaude  cole^  qui  fignific 
bile,  émue ,  fervens  bilis  ,  il  vient  de  choiera. 

COLÉE ,  f.  f.  vieux  mot.  Coup  d'cpce  fur  le  cou. 

COLÉGATAIRE  ,  f.  m.  terme  de  Palais  &  de^  droit. 
Légataire  avec  un  autte.  Celui  à  qui ,  conjointe- 
ment avec  un  ou  plufieurs  autres ,  on  a  fait  des 
legs  dans  un  Teftament.  CoUgatarius.  Le  Tefta- 
teiir  a  exempté  mon  coligataire  ou  mes  co/éga- 
taires  de  toutes  les  charges ,  &  les  a  toutes  miles 
fur  moi 

OOLERA-MORBUS.  f.  m.  Epanchement  de  bile 
fort  fubit  ,  qui  donne  un  grand  débordement  par 
haut  &  par  bas  ,  qui  eft  fi  dangereux  ,  qu'on  l'ap- 
pelle   autrement  un    troujfe  -  galand.    Choiera  re- 

i    pentina  ,  bilis  infra  fupracjue  e§ufio  ,  dcjeclio  Jimul 

■■'■   &  vomitus.  Il   piocède  d'une    grande  abondance 
,  d'humeurs  bilieufes  &  fort  acres,  qui  picotent  les 
'.  membranes   des    inteftins  &  de  l'eftomac ,  &  qui 
leui  font  faire  des  contraétions  violentes. 

Cette  maladie  eft  ainli  appelée  à  caufe  qu'elle 
fait  fortir  la  bile  ,  que  les  grecs  nomment  ««aï 
fort  violemment  par  haut  &  par  bas  ;  ou  parce 
que  la  matière  eft  incelfamment  jetée  hors  des 
inteftins ,  qu'on  appeloit  autrefois  cholades.  Le  re- 
mède qu'on  employé  aux  Indes  contre  le  Maude- 
chin  ou  CoUra-morbiis  ,  eft  d'empêcher  de  boire 
celui  qui  en  eft  attaqué  ,  &  de  lui  biûler  la 
plante  des  pies.   Let.  Cur.   et  édif.  Tom.  IX. 

CX>LkRE.  f.  f.  C'eft,  dit  M.  de  la  Chambre,  une 
padlon  mixte  ,  compofée  de  la  douleur  que  l'on 
fouffre  pour  l'injure  reçue  &  de  la  hardielfe  que 
l'on  a  pour  la  repoulTer.  ha.  S.  Evr.  dit  que 
c'eft  le  reflentiment  d'une  injure  &;  le  défit  de 
s' en  venger.  C'eft  ,  fuivant  M.  Dac.  ,  l'agitation 
d'un  fang"  bilieux  qui  fe  porte  au  cœur  avec  ra- 
pidité. 

Ip*  Locke  définit  la  colère  ,  cette  inquiétude  ou  ce 
défordre  de  l'ame  que  nous  reflentons  ,  après 
avoir  reçu  quelqu'injure  ,  &  qui  eft  accompagné 
d'un  défit  preflant  de  nous  venger.  D'après  cette 
définition  ,  on  peut  legarder  le  mot  de  colère 
comme  ayant  un  caradère  commun  avec  courroux 
&  emportement  :  mais  la  colère  dit  une  pafiion 
plus  intérieure  &  de  plus  de  durée  ,  qui  diili- 
mule  quelquefois  ,  "&  dont  il  faut  alors  fe  défier. 
Le  courroux  enferme  dans  fon  idée  quelque 
chofe  qui  tient  de  la  fupétiorité  &  qui  rcfpire 
haurement  la  vengeance  ou  la  punition.  Il  eft 
du  ftyle  plus  ampoulé.  L'emportement  n'exprime 
proprement  qu'un  mouvement  intérieur  qui  éclate 
&  fait  beaucoup  de  bruit ,  mais  qui  palfe  promp- 
tement  Syn.  Fr.  Hoiace  appelle  la  colère  une 
couite  fureur.   Ira ,  furor  brevis  eji. 

|iCJ'  On  peut  regarder  la  colère  comme  une  émotion 
de  l'ame  qui  la  rend  capable  d'efforts  violens , 
qu'elle  n'eut  point  fait  fans  êtte  tirée  de  fon  af- 
lîette.  Elle  vient  de  l'extrême  fenfibilité  que  nous 
avons  pour  tout  ce  qui  nous  blefle  ;  l'orgueil  de 
l'homme  ne  peut  foufftir  une  injure.  Senèque  dit 
que  fans  la  colère  l'ame  feroit  dans  une  paref- 
feufe  indolence  ;  que  c'eft  un  feu  qui  anime  le 
courage  ,  &  que  c'eft  par  elle  qu'un  grand  cœur 
repoufle  fièrement  un  outrage. 

La  colère  n'cft  vertucufe  que  quand  elle  prend 
les  armes  pour  défendre  h  raifon.  Elle  eft  jufte 
Se  raifonnable  ,  lorfqu'on  eft  ému  pour  procurer 
un  bien  ou  pour  empêcher  un  mal.  Alors  elle  s'ap- 
pele  léle. 


COL 


La  colère  ejlfuperbe  ,  ù  veut  des  mots  ailiers.  Boil. 

...u,ti 
§Cr  On  fe  fert  aulfi  du  mot  colère  pâav  déguifer  cer- 
tains mouvemens  impétueux  qu'on  obferve  dans  les 
animaux.  La  co/èr^  du  Lion.  \Jnûna;e  en  colère. 
^fT  On  dit  figurément  la  colère  de  Dieu  ,  du  ciel  :  5; 
quoique  Dieu  foit  exempt  des  paifions ,  quand  fa 
juftice  l'oblige  à  punir  les  pécheurs,  on  dit  qu'il  eft 
en  colère. 

Que  les  méchans  apprennent   aujourd'hui 
A  craindre  ta  colère.  Rac,  > 

Ainji  du  Dieu  vivant  la  colère  étincelle.   Id, 

0Cr  On  le  dit  même  des  chofes  inanimées  pour  expri-» 
mer ,  par  exemple  ,  les  flots  impétueux  de  la  metj 
La  mer  n'eft  jamais  h  belle  que  dans  fa  co/tfr«;  pour 
dire ,  lorfqu'elle  eft  émue  ôc  agitée  ,  loifqu'elle 
s'enfle  &  qu'elle  mugit.  BouH.  La  colère  des 
vents. 

CoLERE  fubftantif  n'admet  Jamais  de  pluriel.  Cor- 
neille l'a  pourtant  employé  dans  Andromède.  C'eft 
une  faute. 

^^  Voltaire  dans  fes ,  remarques ^ur  le  Cid ,  à  propos 
de  ce  vers , 

Ne  peut  pour  mon  fupplice  avoir  trop  de  colère  , 

obferve  que  Corneille  a  abufé  de  ce  mot.  On  n'a 
point  de  colère  pour  un  fupplice.  C'eft  un  bar- 
batifme.  Enfin  dans  fes  remarques  fur  ce  vers  de 
Cinna  , 

Sans  emprunter  ta  main  pour  fervir  ma  colère. 

il  obferve  que  ce  mot  de  colère  ne  paroît  peut-être 
pas  aflez  jufte.  On  ne  fent  point, dit-il,  de  colère çoM 
la  mort  d'un  père  mis  au  nombre  des  profcrits  il  y  a 
trente  ans.  Le  mot  de  rejfentiment  feroit  plus  propre  \ 
mais  en  '^di'Àç.  colère  peut  fignifier  indignation, J'ou' 
venir  des  injures  ,  defir  de  vengeance. 

^3"  Les  Anciensavoient  fait  une  divinité  delà  co/tfr^. 
Voye^  Ira. 

Colère  ,  adj.  m.  &  f.  qui  eft  fujet  à  fe  mettre  en 
colère.  Iracundus,  Les  gens  colères  font  en  danger 
de  s'attirer  de  néchantes  affaires.  Sans  la  complai- 
fance  que  la  civilité  a  introduite,  les  opiniâties, 
les  colères,  enfin  tous  les  gens  de  tempéramens  vio- 
lens &  contraires ,  ne  pourroient  vivre  enfernble. 
A{.  ScuD.  Horace  veut  qu'on  tepréfente  Achille  co- 
lère ,  inexorable  ,  &  comme  fi  les  loix  n'étoicnt 
pas  faites  pour  lui.  S.  Evr. 

COLERET  ,  f.  m.  terme  de  Marine,  eft  un  filet  que 
deux  hommes  ttaînent  en  mer  auffi  avant  qu'ils  y 
peuvent  entrer  ,  ou  mettre  pié  ;  On  s'en  fert 
fur  les  côtes  de  Normandie.  Retis  genus.  Cette 
pêche  eft  défendue. 

03"  COLERETTES  ,  f.  f.  pi.  terme  de  pêche.  Ce 
font  comme  des  courtines  volantes  qui  fervent  à 
fair^    un  parc  ou  une  enceinte. 

COLERIQUE ,  adj.  m.  &  f.  qui  a  un  tempérament 
qui  le  porte  à  la  colère.  Iracundus ,  flomackofus. 
Il  y  a  des  animaux  qui  font  doux,  d'autres  na- 
turellement colériques. 

Je  hais  de  tout  mon  c<zur  les  esprits  colériques , 
Et  porte  grand  amour  aux  âmes  pacifiques.   Mol. 

tfr  COLÉRIQUEMENT.  Adverbe  du  vieux  temps. 
Avec  colère.  Iracundè, 

COLERITUM.  f.  m.  C'eft  une  liqueur  préparée 
de  la  partie  corrofive  ,  &  la  plus  nuiiible  des 
métaux,  qui  fert  à  éprouver  l'or  ,  quand  on  le 
frotte  contre  la  piètre  de  touche,  6c  à  laquelle  il 
n'y  a  eue  l'oi  qui  puilîe  réfifter.  On  connouaulîî- 
tôt,  par  le  moyen  de  cette  liqueur,  fi  l'or  n'eft 
point  mêlé  avec  quelqu'autre  fubftance  ;   car   il 


COL 

change  de  couleur  ,  lorfqu'il  efl:  allié ,  au  lieu 
cjae  ,  lorfqu'il  efl:  pur  ,  il  ne  fouffre  aucune  altc- 
ratiçn  de  la  part  de  la  liqueur.  Dict,  de  James. 

GOLÉTANS.  Les  Frères  Mineurs  Coletans  l'ont 
ceux  qui  ont  cmbraflc  la  Réforme  de  la  Bicnheu- 
reufe  Colette  de  Corbie.  Ce  ne  font  ^as  feule- 
ment les  Monafl:ères  de  Religieufes  de  Sainte- 
Claire  que  la  Bienheureufe  Colette  a  réformes  , 
comme  quelques  Ecrivains  l'ont  avancé  j  mais  il 
y  a  encore  un  grand  nombre  de  couvents  d'hom- 
mes de  la  Reforme  qui  onr  porté  pendant  plus 
de  deux  cens  ans  le  nom  de  CoUtans.  Cette  Ré- 
forme efl  du  commencement  du  quinzième  ficcle. 
Voyt^  le  P.  HÉLYOT ,  T.  Vil-,  C.  lo.  Léon  X, 
par  fa  Bulle  de  l'an  1517,  ayant  uni  toutes  les 
différentes  Réformes  de  l'Ordre  de  S.  François,  la 
Congrégation  des  Co/cta/is  fut  par  ce  moyen  abo- 
lie. Id.  Cela  étant  ,  la  Réforme  des  Coletans  n'a 
pas  duré  plus  de  deux  cens  ans ,   comme  il  le  dit. 

COLETTE ,  f.  f.  nom  de  femme.  Il  y  a  de  l'appa- 
rence que  ce  nom  a  été  fait  par  aphérefe  de  Nlco- 
lette  ,  femme  qui  a  S.  Nicolas  pour  patron.  On 
appelle  Sœurs  Colettes  ,  les  filles  des  Couvens  de 
Sainte  Claire  ,  qui  n'ont  point  de  clôture ,  demeu- 
rent dans  l'extérieur  delà  maifon,  &  vont  en  divers 
lieux  demander  l'aumône  pour  le  Monafl:cre. 

CotETTEs.  f.  f.  pi.  Sorte  de  toile  qu'on  tire  de  Hol- 
lande &  de  Hambourg  ;  elles  font  propres  pour 
les  Canaries  où  les  Anglois  en  portent  beaucoup. 

t:?  COLFORD.  Petite \ille  ou  bourg  d'Angle- 
terre en  Glocefl:er-Shire  ,  à  trois  lieues  de  Mont- 
mouth  ,    vers  l'Orient.  Il  y  a  marché  public. 

COLI ,  f.  m.  terme  de  Relation.  C'eftdans  l'Empiie 
de  la  Chine  un  Officier  qui  a  l'œil  à  ce  qui  fe 
pa.'îé  dans  chaque  Tribunal.  Quoiqu'il  n'en  foie 
point  membre,  il  afllfte  néammoins  à  toutes  ks 
aifemblccs  ,  &  on  lui  en  communique  les  adies. 
C'eft  proprement  ce  que  nous  appelons  un  Infpcc- 
tcur.  Il  avertit  fecrettement  la  Cour ,  ou  même  il 
accufe  publiquement  les  Mandarins  des  fautes  qu'ils 
commettent ,  non  feulement  dans  l'adminiRration 
de  leurs  charges,  mais  encore  dans  leur  vie  privée. 
On  dit  qu'atin  de  l'obliger  à  ne  ménager  pcrfonne  , 
on  le  tient  toujours  dans  le  même  emploi ,  (ans  qu'il 
puiife  efpérer  une  meilleure  fortune  ,  par  la  faveur 
de  ceux  qu'il  auroit  ménagés  ,  ni  en  craindre  une 
plus  mauvaife  par  la  vengeance  de  ceux  qu'il  auroit 
jurtement  accufés.  Ces  Officiers  ,  qu'on  nomme 
Co/is  ,  font  trembler  jufqu'aux  Princes  du  Sang. 
P.  Lf  Comte. 

COLIADE  ,  adj.'f.  terme  de  Mythologie.  Nom  que 
Paui'anias  donne  à  Vénus,  &  fous  lequel  elle  avoir 
un  Temple.  Il  fignifie  Vénus  la  danfeufe.  De  xo'""^ 
fa/io,  je  danfe. 

CÔLIART.  f.  m.  Poiflbn  plat ,  liflé  &  cartilagineux. 
Rondelet  l'appelle  raia  lœvis  undulata.  fu hclnerea. 
Il  y  en  a  qui  péfent  jufqu'à  cens  livres  &  plus. 
C'clt  une  efpèce  de  raie.  Il  efl:  marqué  de  points 
.  noirs  &  de  lignes  obliques  fur  la  peau.  Il  ell:  bon 
à  manger  ,  mais  fa  chair  efl  indigeile.  On  le 
fa  le. 

COLICP..I ,    oifeau  des  Iles  de  l'Amérique.  Il  n'eft 
guèie  plus   gros  qu'une  mouche.  Son  plumage  elf 
beau  ,  èc  repréfente  l'arc-en-ciel ,  tant  lés  Couleurs 
font  variées.  Son  bec  efl:  noir  &c  poli  comme  l'é- 
bène  ,    6c    les  yeux  brillent  comme  le    diamant. 
Selon  la  defcription  des  voyageurs ,  c'efl:  un  chef- 
d'œuvre  de   I4  nature.  Ceux  qu'on  a  apportés  en 
France  ,  quoiqu'ils  Ibient  forts  petits ,  font  beau- 
coup plus-.irands  eue  nos  mouches;  du  refle ,  ils 
ont  le  bec  &:  les  plumes  commedifent  les  voyageurs. 
Le    co/iàri  e(ï   un    oifeau  d'Amérique   qui  peut 
palier  pour  un  petit  miracle  de  la  natute  pour  fa 
beauté  ,  pour  fa  façon. de  vivre,  &  pour  fa  peritelfe. 
Son  cou  &'  fes  aîlesrepré  entent  l'arc-en-ciel.  Il  a  un 
rouge  11  vif  fur  le  cou  ,   qu'on  le  prendroit  pour  un 
:    rubis.  Le  ventre  &  le  delTous  desa'Ies  fonr  iaune'; 
.    comme  de  l'or  ;  les  cuiflés  verres  comme  une  émé- 
,  raude  -,    les  pies  5c  le  bec  noirs  &  polis  comme 


Col 

l'cbène;  les  deux  yeux  comme  des  diamants  eii 
ovale  &c  de  couleur  d'acier  bruni  ;  la  tête  verte  j 
avec  un  mélange  d'or  d'un  éclat  furprenant.  Les 
maies  ont  une  petite  hupe  fur  la  tête  qui  raflémble 
toutes  les  couleurs  qui  brillent  dans  le  rcflc  dû 
corps.  Ces  oiléaux  voient  li  brufquement,  qu'on  les 
entend  toujours  plutôt  qu'on  ne  les  voit.  Ils  ne  vi- 
vent ,  dit-on ,  que  de  la  rofée  &  du  fuc  des  fleurs  j, 
qu'ils  tirent  avec  leur  petite  langue ,  qui  eft  plus  lon- 
que  que  leur  bec.  Spectacle  de^lanauirc. 

Lorfque  le  collhrl  ell  plumé  ,  il  n'efl:  guère  plus 
gros  qu'une  ngifette  :  je  parle  du  mâle  ;  car  la 
femelle  efl:  encore  plus  petite.  Il  ne  paroît  quelque 
choie ,  que  quand  il  eft  couvett  de  plumes.  Le  P. 
Labat.  On  prétend  qu'il  y  en  a  de  cinq  ou  lix  efpè- 
ces  qui  ne  différent  entt'elles  que  par  lagrolîeur  j 
&  le  coloris  de  leurs  plumes.  J'ai  vu  quatre  colibris 
des  Indes,  deux  mâles  &  deux  femelles ,  d'efpèces 
différentes  ,  perchés  fur  des  branches  d'abrilîeaux  , 
&  peints  fur  du  papier  par  M.  Aubriet ,  habile 
Peintre  du  Roi ,  quiavoit  accompagné  M.  deTour- 
nefort  dans  fon  voyage  du  Levant  :  mais  ils  he  ref- 
femblenr ,  ni  pour  la  petiteffe ,  ni  pour  les  cou- 
leurs ,  à  ceux  dont  on  vient  de  voir  la  defcription» 
Id.  Le  P.  Labat  confond  le  colibri  avec  Voifeau- 
mouche.  Et  l'Auteur  du  fpeél.acle  de  la  Nature  j 
qui  paroît  auliî  les  avoir  confondus  dans  le  premier 
rome  ,  les  diftingue  dans  le  troilième  ,  en  difanc 
que  C«eft  At  Yoifenii-mouche  ,  &:  non  du  colibri  ^ 
qu'on  peut  faire  des  pendans  d'oreilles-,  &:  eh  s'é- 
criant  :  Quelle  diminution  de  taille  depuis  l'autru- 
che jufqu'au  colibri  !  Quels  changemens  de  becs  de- 
puis celui  du  toucan  ,  jufqu'à  celui  de  Voifeau-mou' 
che ,   plus  petit  encore  que  le  colibri. 

fïCT  On  le  dit  figurémcntd'un  homme  de  petite  taille, 
qui  a  la  frivolité  en  pattage.  Ce  petit  homme  que 
vous  voyez  ,  eft  un  vrai  colibri, 

fCr  COLICOLES  ,  rerme  d'Architedure.  C'eft  la 
même   chofe  que  Caulicoles.    f''^oye:(^  ce  mor. 

COLIFICHET,  f,  m.  Petit  morceau  de  papier  ,  dé 
carte ,  de  parchemin  ,  coupé  proprement  avec  des 
cifeaux  ,  repréfentant  diverfes  figures  ou  deffeins  i 
qu'on  colle  enfuire  fur  du  bois ,  du  velours  ,  &Ci. 
Cartula  inciji  operis.  Les  Religieufes  emploient  le 
temps ,  dont  elles  peuvent  difpofer  ,à  faire  des  coli- 
fichets. Ce  mot  vient  de  cole  &  de  ficher ,  appli- 
quer. 

Colifichet  fe  dit  plus  particulièrement  de  certains 
ouvrages  de  broderie  faits  fur  du  papier  qui  leur  fert 
de  io\'\à.Opus pkryç^iumpapyro  intextum.On  feferc 
de  foie  plarre  pour  les  colifichets  :  on  l'applique  avec 
l'aiguille  fur  le  papier ,  enforte  que  l'ouvrage  pa- 
roilFe  également  des  deux  côtés  :  on  ne  repréfente 
ordinairement  que  des  oifeaux  &  des  fleurs  fur  les 
colifichets  ,  ce  qui  fair  un  fort  bel  effet  j  à  caufe  du 
poli  delà  foie  Si  delà  vivacité  de  lés  couleurs.  On 
eftime  fort  les  colifichets  de  Bourges  ;  les  Religieufes 
font  ces  fortes  d'ouvrages.  On  a  porté  à  la  Chine  de 
ces  colifichets  qui  y  ont  étéeftimés ,  à  caufe  que  la 
broderie  repréfente  exaélement  des  .deux  côtés  les 
mêmes  figures.  Les  Chinois  avoient  peine  à  com- 
prendre comment  cela  fe  pouvoit  faire. 

Il  fe  dit  aulîl  fîgurément  de  certains  petits  orne- 
mens  mis  mal  à  propos  dans  des  ouvrages  d'cfprir. 
{K?  des  pointes,  du  précieux  ,  du  clinquant,  ;  les 
minuties,  les  jolis  tiens ,  les  colifichets ,  s'emparent 
de  toutes  nos  productions.  Acad.  Fr. 

//  ne  nous  refte  plus  (Jue  des fitperficies  , 
Des  pointes  ,  du  jarç^on  ,  de  tri/les  facéties , 
Tout  eji  coliRchet ,  Pompon  &  Parodie.  Gresset. 

Colifichet  ,  en  tetmes  de  Mufique  ,  fignifie  des  paf- 
fagcs  ttop  fréquens ,  qui  préfenrent  une  trop  gtandd 
variété  de  fons  différens  à  l'oreille  ,  comme  les  co- 
lifichets ordinaires  préfentent  aux  yeux  de  petites 
chofes  découpées  ,  ci  fêlées.  Les  traits  tendres  & 
bien  nourris  font  plus  de  plaiiir  à  l'oreille  ,  que  ces 
paffages  fréquens  qui  forment  les  colifichets.  Il  faut 


'62o 


COL 


éviter  la  profufion  des  paflagss  qui  ne  font  qu  cm- 
bacrailer  le  chant,  &:  qui  en  oblcuicilknt  la  beauté  , 
Si  cefl  ce  qu'on  appelle  ordinairjment  taire  des  co- 
lijichas.  Rousseau.  ^ 

Colifichet    le  dit  auill  des  petites  pièces  de  peu  de 
valeur  qu'on  trouve   dans  les  cabinets  des  curieux. 
Frivola:  11  n'y  a  point  de  tableaux ,  de  pièces  de 
prix  dans  ce  cabinet ,  ce  ne  font  que  des  coliphas. 
Colifichet    le  dit  auili  des  petits  ornemens  qu'on 
met  dans  des  ouvrages  d'Architedure.  Les  batimcns 
eothiques  ,  à  leurs  corniches ,  ne  lont  charges  que 
"dt  colifichets  ,  n'ont  point  de  ces  grands  ornemens 
à  la  grecque. 
fCrOn  le  dir  généralement  de  tous  les  ornemens  dépla- 
cés qui  n'ont  point  de  convenance  entr'eux  ,  ni  de 
rapport  avec  les  lieux  où  ils  font  mis. 
|tr  Colifichets,  en  termes  de  Monnoie  ,  c'eft  une 
petite  machine  dont  fe  lervent  les  ajufteurs  &  les 
tailleredes  pour  pouvoir  ccouaner  leseipèces.  Acad. 

Fb-anç. 
CO'lIGNY.  Bourg  de  France  dans  la  Brcflc.  Colinia- 

cum.  Il  eft  lituc  aux  confins  de  la  Franche-  Comté. 

CoÙgny  eR  dans  un  petit  pays ,  dont  la  Mailbn  de 

Coli"ny  avoit  la  Ibuverainetc. 
iCT  CdLIMA.  Ville  de  l'audience  du  Mexique  ,  dans 

l'Amérique   léptentrionale ,   dans  une   vallée    qui 

porte  Ion  nom. 
COLIMAÇON  ,  r.  m.  terme  populaire  ^  aflez  en  u!a- 

cre  pour  lignifier  un  Limaçon  à  coquille ,  ou  limple- 

rnent  la  coquille  du  Limaçon.  Le  P.  Joubert  ,  en 

expliquant  le  mot  de  final ,  dit  que  c'eft  ce  qui  va 

en  tournant  comme  une  vis,  ou  une  manière  de  Coli- 

COLIMB  ,  ou  COLIMBE  ,  ou  COLIN,  f.  m.  Colim- 
bus.  C'eft  unoifeau  ,  dont  il  y  a  plufieurs  elpcces. 

Le  Colimh  de  la  première  el'pcce  a  le  bec  long  de 
deux  doigts  ,  &  finillant  en  pointe.  Sa  tcte  eft  peti- 
te ,  Ion  cou  ailez  long  6:  étroit ,  fa  gorge  ,  fa  poitri- 
ne acïon  ventre  blanchâtres  ,  le  refte  de  Ion  corps 
d'une  couleur  de  châtain  changeante  i  car  fur  le  dos 
elle  eft  obfcure  ,  aux  aîles  fort  lavée  ,  un  peu  moins 
à  la  tête  &  au  bec  -,  fa  tcte  a  des  taches  blanchâtres. 
Il  a  trois  doigts  larges ,  avec  des  membranes ,  qui 
ne  les  divilént  que  jufqu'à  un  certain  endroit.  11  a 
un  éperon  fi  court,  qu'il  ne  peut  être  appelé  doigt. 

Le  Colimb  huppé,  eft  la  féconde  çÇ^ïczXohmbus 
criltatus.  Il  eft  fcmblablc  au  précédent.  Il  a  une 
huppe  proche  du  Ibmmctde  la  tète  &  du  haut  du 
cou ,  formée  de  plumes  élevées  ,  qui  font  noires 
par  le  haut ,  &:  ronfles  par  les  côtés ,  comme  des 
poils  de  renard.  Tous  ceux  de  cette  efpèce  ont  les 
oni;;les  larges ,  particulièrement  celui  du  doigt  du 
miîieu.  Ils  vont  diminuant  en  pointe.  Tous  ontaulli 
les  jambes  proche  du  derrière ,  5c  s'en  fervenr  mieux 
pournâs^er,  que  pour  marcher  -,  leurs  cuifles  font 
cachées  dans  le  ventre.  Ils  font  un  cri  qui  s'entend 
de  loin.  Ils  font  leurs  nids  dans  les  rofeaux,  &  vi- 
vent ordinairement  de  poiffon. 

La  troilîème  efpèce  eft  le  grand  CoUmh  huppé  , 
Colimbas  crifiatus  major.  Il  a  le  bec  jaune  proche 
de  la  tête  -,  le  fommet  en  eft  noir  ;  plus  bas  il  eft 
de  couleur  cendrée.  Ces  deux  couleurs  viennent 
aboutir  proche  des  yeux  ,  qui  font  jaunes.  Ils  ont 
une  huppe  noire  ,  qui  leur  tombe  du  derrière  de  la 
:  tête,  qui  eft  aufTi  noire.  Ce  qui  refte  du  cou  parti- 
cipe à  la  couleur  de  rouille  ,  &  à  la  couleur  de 
rôle.  La  poitrine  &  le  ventre  font  d'un  cendré  blan- 
châtre. Le  dos  &:  les  ailes  font  noires  ;  mais  les  cô- 
tés &  les  extrémités  des  aîles  font  blanchâtres.  Il  n'a 
point  du  tout  de  queue.  Le  croupion  eft  d'un  cen- 
dré tirant  fur  le  noir  ■■,  les  cuifles ,  les  jambes  &  les 
ailes,  font  comme  aux  précédens. 

Il  y  a  encore  une  autre  efpèce  de  Colur.b  huppé  , 
plus  petit  que  celui  dont  nous  venons  de  parfcr. 
Colimbus  crifiatus  minor.  Son  bec  eft  plus  gros  & 
lona;,  approchant  de  la  couleur  de  rouille.  Sa  rcte 
eft  Icmblable  à  celle  de  la  féconde  efpèce  ;  car  il  eft 
huppé  &  cornu.  Il  a  des  plumes  au  hautdu  cou 
■    qui  font  élevées  :  au  dellus ,  il  en  a  de  noires ,  ,Sc 


COL 

aux  côtés  de  roufTes.  Outre  cela ,  il  a  un  e  t  ache  blan- 
che, qui  eft  un  peu  mêlée  de  couleur  roufle,  qui 
environne  les  deux  yeux.  Il  n'a  pas  le  cou  fi  long 
que  le  précédenr.  Sa  tcte  eft  en  partie  noirâtre  avec 
un  peu  cje  roux  par  devant.  Sa  poitrine  &  Ion  ven- 
tre font  d'un  blanc  mêle  de  roux.  Au  dos  il  a  quel- 
ques  plumes   cotonneufcs  ,   &  couvertes  de  poil 
follet,  qui  font  cendtces  8i  rouisâcres ,  tirant  fur 
le  noir.  Celui-ci  a  les  aîles  plus  longues  à  propor- 
tion que  le  précédent.  Il  a  les  côtés  &:  la  plupart 
des  grandes  pennes  blanchâtres  -,  le  refte  d'une  cou- 
leur'enfumée.  Au  relie  il  lui  eft  prefque  fcmblablc. 
COLIN  ,  f.  m.  terme  populaire.  Nom  propre  d'hom- 
me ,  que  l'on  donne  à  ceux  qui  lé  nomment  Nico- 
las. Nicolaiis. 
COLIN,    f.  m.  A^oy^^  Caniart  &  Colime. 
1/3°  COLIN, petite  rivière  de  France  dans  le  Berri  ,i 
qui  a  fa  fource  dans  les   Montagnes  d'Auvergne  ,1 
Se  fe  perd  dans  l'Avrette  ,  près  de  Bourges. 
COLINETTE.  f.  f.  Nom  que  l'on  donne  à  Lyon  àl 
des  Rcligieulés  pénitentes  du  Tiers-Ordre  de  S.l 
François. Vo///.tfr/j.  Le  P.  Hélyot  parle  du  Monaftèrel 
des  Coltnettes  ,  T.  Kll  ,  C  41.  1 

[ÇT  COLINETTE.  f.  f.  Couverture  de  tête  à  l'ufagel 
des  femmes.  C'ctoit  une  efpèce  de  cornette  avec! 
des  barbes  dont  les  femmes  le  coéilbient  de  nuir.j 
■  COLÎNHOU.  f.  f  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  unj 
certain  vin  qui  croît  en  Normandie  dans  le  pays] 
de  Caux.  Le  vin  de  Colinkou  fe  tire  des  vignes  qui! 
font  attachées  à  leurs  arbres ,  &  ce  nom  eft  fansl 
doute  le  nom  propre  de  celui  qui  s'aviiâ  le  premierf 
de  gouverner  ainli  les  vignes.  C'eft  ainfi  que  s'en 
explique  Alofant  de  Brieux  ,  dans  une  de  lés  leurei 
à  M.  Tursor.  , 

COLÎNIL  ^(.  m.  plante  de  FAmérique ,  dont  le  fuel 
ét.mt  mêlé  avec  un  peu  de  m.iel  ,  eft ,  à  ce  quel 
l'on  dit  ,  un  topique  excellent  pour  les  puftulesj 
de  la  bouche.  Ray.  Htfi.  Plant,  qui  n'en  dit  pas! 
davanta2;e.  | 

COLIN-MAILLARD.  Jeu  d'enfans ,  où  on  bandel 
les  yeux  à   l'un  de   la  troupe  ,  qui  |t?  pourfuirt 
ainlî  les  autres  ,  jufqu'à  ce  qu'il   en  ait  attrapé  un" 
qu'il  eft  obligé  de  nommer ,  &  qui  alors  prend  faj 
place. 

Lorfque  le  feu  Roi  de  Suède  ,  (  le'Grand  Guftavé. 
ce  puilfant  rié.ui  de  la  Mailbn  d'Autriche  ,s'egayoit 
dans  fon  particuher  à  jouer  avec  lés  Colonels  à  Co\ 
lin-maillard ,  parmi  les  plus  grands  triomphes ,  cdi 
palfoit  pour  une  g.danterie  admirable.  MascurJ 
Celui  qui  a  les  yeux  bandés  s'appelle  Colin-maillard^ 
fiCF  ainlî  que  le  jeu  ,  v^fiigator;  andabata  celui  quH 
a  les  yeux  bandés.  Jndabata  vefiigaioris  ludicrum  j* 
le  jeu  de  Colin-maillard, 
rCT  COLIOURE.  roY^i  Collioure. 
COLIQUE,  f.  f.  Douleur  plus  ou  moins  violence 
qu'on  fent  dans  le  bas  ventre.  IntejUniplenioris  rnorH 
bus,  intejlini  dolor  ,  colicus  dolor  ,  colerica  torj 
mina.  Elle  a  éré  ainli' appelée  ,  parce  qu'on  a  crd 
quelelîége  ordinaire  de  cette  maladie  étoit  Fintel^ 
rin  colon^On  auroit  dû  par  cette  raifon  ne  nommer 
colique  que  la  douleur  du  colon  ;  mais  l'ulâge  en 
a  décidé  autrement.  Il  y  a  de  trois  fortes  de  coli- 
ques :  la  bilicufie  ,  la  venteiife  ÔC  la  néphrétique.  La 
colique  bilicufie  eft  caufée  par  des  humeurs  bilieu- 
fes ,  acres  &:  mordicantes ,  qui  font  répandues  dans 
les  boyaux  &:  qui  les  picotent.  La  colique  venteufc 
eft  vagabonde,  &  ne  s'arrête  en  aucun  lieu  :  elle 
eft  produire  par  des  vents  qui  étendent  violemment 
l'inteftin  où  ils  font  enfermés.  La  colique  néphré- 
tique fe  fent  particulièrement  fur  les  reins ,  &  eft 
ainfi  nommée,  parce  qu'en  grec  le  rein  s'appelle  v£<^îoc. 
Elle  procède  ordinairement  d'une  pierre  ou  gravier 
qui  s'eft  détachée  du  rein ,  &  qui  eft  tombée  dans 
le  baifinet.  Le  Pareira  brava  eft  un  fpécifique  pour 
les  coliques  néphrétiques.  Il  diiFout  les  glaires  qui 
collent  enfcmble  les  fables  &  les  graviers  _d.ins 
les  reins.  M.  Manochi ,  Médecin  Vénitien  ,  qui  s'eft 
fait  une  grande  réputation  à  la  Cour  du  Mogol , 
où  il  a  demeuré  40  ans,  m'a  aflîirc  que  fon  remède 

eft 


Col 

*ft  infaillible  contre  toutes  *for<es  de  ccîijues.  Il 
faut ,  dit-il ,  avoir  un  anneau  de  fer  d'un  pouce  is.- 
demi  ,ou  environ  de  diamètre  ,&  gros  à  propor- 
tion ;  le  faire  bien  rougir  au  feu  ,  &  taifant  éten- 
dre le  malade  fur  le  dos ,  lui  appliquer  l'anneau  fur 
le  nombril ,  enforte  que  le  nombril  fcrve  comme  de 

.  centre  à  l'anneau  :  le  malade  ne  rardera  pas  à  en 
refîentir  l'ardeur  ,  il  faur  alors  le  retirer  prompte- 
menf,  la  révolution  fubite  qui  fe  fera  dans  le  bas 
Ventre  di/îîpera  en  peu  de  rems  toutes  les  douleurs. 
Il  fe  fait  garant  du  ptompt  effet  de  ee  remède  ,  & 
m'afllire  qu'il  s'en  eft  roujours  iervi  aux  Indes  avec 
fucCcs.  Lettr.  édif.  'totn,  IX. 

Colique  d'estomàc.  Stomachi  tormina,  Ce  font  des 
doiVkurs  aiguës  &  vives  dans  les  fibres  de  l'eftomac. 

.  'L'3.  colique  i\fiomac  caufe  des  vomi/femcns  ,&  ré- 
duit qùelquetois  à  la  mort.  Une  dccortion  de  fleurs 
de  camomille  dans  de  la  bière  commune  a  guéri  de 
\i  colique  d'ejlomac.  Si  l'on  prend  feulement  deux 
fois  Un  bôlus  compofé  d'une  drachme  de  rhubarbe 
&  d'autant  de  l'hiéra  de  Galiea  &  de  miel  rofat ,  il 
n'y  aiira  point  de  purgation  plus  fùre  ni  plus  e^'iieace 
pour  prévcnh  h  colique  d'ejlomac. 

Colique  de  Poitou.  Morbus  colicus  Picîavienfîs. 
Une  Cfpcce  de  colique  qui  eft  familière  à  Amfter- 
dam  pendant  l'hiver ,  fe  manifefte  fous  les  dehors 
de  celle  qui  a  été  ci-devant  appelée  Colique  de  Poi- 
tou. Demoùrs  ,  Acad.d'Ed.  Le.  ^aS  ,^içfi 

^3"  La  Colique  de  Poitou  cfl  une  efpèce  particulière 
de  colique  qui  provient  des  exhalaifons ,  des  prépa- 
rations de  plomb  ,&  de  l'ufage  des  vins  fophilHqués 
«vec  des  préparatjons  de  ce  métal.  Colica  Piclonum. 
On  l'appelle  aullî  colique  des  Plombiers  ,  parce  que 
les  ouvriers  qui  travaillent  à  fondre  ou  à  purifier  le 
plomb  ,  ou  qui  font  expofés  à  recevoir  les  vapeurs 
qui  en  fortent  ,  y Jbnt  fort  fujets  ;  &  Colique  dei 
Peintres  ,  colica  Piciorum,  parce  que  les  Peintres  qui 
emploient  le  blanc  de  Cérufe  y  font  au/Ti  fort  expo- 
fés, 

%fT  COLIQUE  ,  en  termes  d'Anatomic,  eftauflî  adj. 
Alors  ce  terme  fert  à  défigner  les  artères  &  les  vei- 
nes_  qui  appartiennent  au  colon.  Il  y  a  quatre  artères 
coliqiies,  les  deux  droites  qui  nailfent  de  la  mcfen- 
térique  fiipérieure  -,  &  les  deux  gauches  qui  naiflent 
de  la  mcfentcrique  inférieure.  Les  veines  coliques 
vont  fe  rendre  à  la  veine  méfaraïque  qui  porte  le 
fang  qu'elle  en  reçoit  dans  le  tronc  de  la  veine 
porte. 

go-  COLÎQUEUX  ,  EUSE,  adj.  Colicus.  Ce  mot  dans 
Montaigne  fignifie  ,  qui  efl:  fujet  à  la  colique ,  ou 
qui  donné  la  colique. 

COLIS  ,  f.  m.  terme  de  Négoce ,  particuliètement  en 
ufagc  à  Lyon.  Il  (ïgnifie  une  balle  ,  ballot ,  ou  caiilè. 
On  prétend  que  les  Lyonnois  ont  emprunté  ce  mot 
des  Italiens. 

jCOLISEE.  f.  m.  Amphithéâtre  ovale  qui  fut  bâti  à 
Rome  par  Vefpaiien.  Amphitheatrum.  Vej'pafiani. 
Le  colifee  fut  élevé  dans  le  lieu  où  étoit  l'étang  de 
la  maifon  dorée  de  Néron.  On  y  vovoit  autrefois 
des  ftatues  qui  repréfentoient  toutes  les  Provinces 
de  l'Empire  ,  au  milieu  defquelles  étoit  celle  de  Ro- 
me ,  qui  tenoit  à  la  main  une  pomme  d'or ,  comme 
témoigne  Ugution.  On  a  aulfi  appelé  colifée  un  au- 
tre Amphithéâtre  de  l'Empereur  Sévère.  On  faifoit 
dans  ces  fupetbes  colifées  des  jeux  &  des  combats 
d'hommes  &  de  bêtes  farouches.  Le  téms  &  les  guet- 
tes ont  ruiné  ces  coliféeS.  Il  y  a  encore  à  Argos  &  à 
Corinthe  des  colifées  qui  font  femblables. 

Ce  nom  s'eft  dit  en  général  pour  Théâtre  ,  Am- 
phithéâtre. Le  nom  de  colifée  vient  du  larin  coliÇeum, 
formé  de  coloffczurn  ,kc:i.\.\k  du  Colorte  de  Néron 
qui  étoit  à  Rome  proche  du  colifée ,  ou ,  félon  Nar- 
dini  ,  de  l'Italien  colifeo. 

COLLABORATION  ,f.  f  terme  de  juriforuden- 
ce.  Collaboratio.  C'cft  le  travail  de  deux  perfonnes 
qui  tendent  à  une  même  fin.  Ce  tetme  s'emploie 
principalement  en  parlant  de  la  conununautc  entre 
mari  &:  femme  ■,&  c'eft  dans  ce  fens  qu'on  dir  que 
la  moitié  des  biens  de  la  commuaauté  appartient  au 
Tome  lit 


COL 


68i 


furvivant  dés  conjoints,  parcequ'elleed  Je  fruit  de 
leur  collaloraiion.  Au  reltc  je  ne  fais  iice  terme, qui 
cil  d'ailleurs  forr  exprefiif ,  eft  en  ufage  par  tout. 

COLLAF^  oa  COLLAPH  ,  f.  m,  efpcce  de  Saule  ^ 
qui  croît  eh  plUlieurs  endroits  d'Egypte  ,  &:  ptinti- 
palemcnt  dans  les  lieux  humides.  Salix  yEgyptiacai 
en  Arabe  i\\^n  HlwlUph  ,  quclques-uhs  difcnt  C'^- 
laph  ,  mais  mal.  Ses  feuilles  font  larges  d'un  doigt , 
&  longues  de  deux.  Ses  fleurs  font  blanches ,  coton- 
nées,  odoriférantes  ,Scen  fort  grande  quantité.  Oh 
en  fait  une  eau  que  les  Egyptiens  appellent  macha- 
lûf.lh  l'ertimcnt  fouverairie  contre  toute  forte  de 
venin  ;  &  comme  elle  fortifie  le  cœur ,  on  tient  qu'ils 
ont  donné  le  hom  de  caldfà  l'arbre ,  parce  que  ca 
ftiot  fignifie  cœur  cri  Arabe.  D'autres  dilent  qu'ils 
l'ont  appelé  ainfî  .à  caufe  que  foh  fruit  a  la  figure 
d'un  cœur ,  quand  il  commence  à  paroîtré. 

§Cr  COLLAGE  ,  f.  m.  renne  dé  papeterie.  Action  de 
coller  le  papier,  c'cil-à-dire  ,  de  l'eiiduirc  feuille 
par  feuille  ,  quaiid  il  cit  bien  Ccc  ,  d'une  efpèce  de 
col/e ,  pour  le  mcttire  en  état  de  tccevoit  l'écriture; 

§3"  pn  le  dit  auffi  de  la  matière  qui  fert  à  le  faire  , 
qui  font  des  rognures  de  parchemin  ,  des  exrrcmi- 
tés  qu'on  enlève  des  peaux ,  &c.  Voyez  Coli  e. 

|p°  COLLAO, Contrée  de  TAmérique  niéridionale 
au  Pérou  ,  dans  l'Audience  de  Los-Charcàs. 

COLLATAÎRE.  f.  m.  C'eft  celui  à  qtii  un  bénéfice  a 
été  conféré  par  celui  qui  a  droit  de  conféret  ,  en 
qualité  de  Collateur.  On  dit  le  poutvû  par  le  Colla- 
teur ,  mipux  que  ColLiuiire, 

COLLATERAL.  Ç.  m.  Les  Collatéraux  ,  les  fous-aî- 
les  ,  ou  les  bas-côtés  d'une  Eglife  ,  font  tous  termes 
fynonymes.  Alœ  EccUJîœ.  Les  Collatéraux  de  la  Ca-' 
thédrale  dé  Rouen  ,  y  compris  les  Chapelles  ,  ont 
chacun  z8  pies  de  large,  ^41  pies  de  haut.  Defcript. 
Géogr.  &  Hiflor.  de  la  Haute-Norm.  tom.  1  ,p.  z6, 

^}3'  Les  derniers  Arrêts  ont  jugé  que  les  Collatéraux 
du  Ckœur  ,  lors  même  qu'ils  font  de  même  conftruc- 
tion  que  le  Chœur,  ne  font  point  à  la  charge  des 
gros  détimateurs  ,  qui  fonr  feulement  tenus  des 
réparations  du  Chœur  &  Cancel. 

COLLATERAL,ALE,  adj.  terme  de  Géographie.  Qui 
efl:  à  côté.  On  appelle  Vens  Collatéraux  ceux  qui 
foufflent  à  côté  de  ceux  qui  font  dans  les  points  car- 
dinaux de  l'Horifon  ,  comme  le  Nord-Efl; ,  Sud-Efl: , 
Nord-Oued,  Sud-Oueft,  &  de  leurs  fubdivifions.Uri 
venr  collatéral,  vsntus  collateralis.  Points  colla- 
téraux ,  ceux  qui  font  au  milieu  de  deux  points 
Cardinaux. 

Ce  mot  vient  du  latin  collateralis. 

Collatéral  ;  ale  ,  terme  de  Droit  &  de  Généalogie, 
fe  dit  au  figuré  d'un  parent  qui  fort  d'une  même  fou- 
ehe  ,  &  qui  n'eft  point  au  rang  des  afcendans ,  ni 
dcicendans  ;  mais  qui  efl:  comme  à  côté  ,  tels  que 
font  les  oncles  ,  tantes ,  neVeux  ,  nièces  ,  confins , 
coufines.  Tranfverfus  cognationis  gradus  ,  collatera- 
lis. On  dit  au  pluriel  les  collatéraux  un  fubRantift 
Tranfvcrfo  cognationis gradu  junciiflh  font  appelés 
collatéraux  ,  parce  qu'au  lieu  que  les  afcendans  & 
les  defcendans  font  dans  une  même  ligne  ,  qui  les 
lie  fuccefîivement  l'un  à  l'autre  •,  les  frères  &  les 
fœurs&:  tous  les  autres  plus  éloignés  ,  font  entr'cux 
les  uns  à  côté  des  autres  ,  chacun  dans  fa  ligne  fous 
les  afircndans  qui  leur  font  communs.  Ceux  qui  font 
dans  un  degré  fupérieur  ,  &  plus  pToche  de 
la  fouche  commune ,  repréfentent  une  efpèce  de 
paternité  à  l'égard  de  ceux  qui  font  plus  éloignés, 
au  lieii  qu'il  y  a  plus  d'égalité  entre  ceux  qui  font 
parens  dans  le  même  degré.  Quand  il  s'agit  de  dif- 
penlc  de  mariage  ,  l'on  a  égard  à  cette  diltincïion  ,• 
&  à  cette  efpèce  de  collatéraux  afcendans  &  def- 
cendans. 

On  appelle ,  en  Généalogie  i  la  ligne  collatérale  ,■ 
celle  qui  eft  au  côté  de  la  directe  ,  où  font  les 
confins ,  neveux  ,  oncles ,  tantes  ,  &c.  Lineà  tranf- 
yerfa. 

Confcil  CoiLATr.RAL.  C'efl:  un  Confeil  d'Etat  di! 
Royaume  de  Naplcs.  Tant  que  le  Royanme  de  Na- 
ples  a  fait  partie  de  la  Couronne  d'Efpagne  ,  1« 

R  Pv  E  r 


6^% 


COL 


ConfeJl  collatéral  étoit  conipolc  de  deux  Arrago-  i 
nois  &  de  deux  Napolitains  ,  qui  avoicnc  pour  chef 
le  Vicero'. 

COLLATEUR.  f.  m.  Celui  qui  IfT  confère  ou  a  droit 
de  conférer  un  bénéfice ,  de  donner  des  proviiions. 
Le  Patron  ou  Prcicnratcur  ne  fait  que  nommer  ,  Se 
fur  la  nomination  il  faut  obtenir  des  provifions  du 
Collatcur,  haujicu   Ecckjiajiici  coUator.  Le  Col- 
lateur  ne  peut  le  conférer  un  Bénéfice  à  loi-même. 
Le  Pape  eft  le  Côllateur  de  tous  les  Bénéfices  ,  mê- 
me des  cledlifs,  par  prévention,  excepté  lesConfifto- 
riaux ,  &  ceux  qui  font  à  la  nomination  des  Patrons 
Laïques.  Les  Evêques  &  les  Prélats  inférieurs  fon- 
dés  en  titre  s'appellent  les   Collauurs  ordinaires. 
Le  droit  de  patronage  eft  une  efpèce  de  lervitude 
impofée  aux  Collateurs  ,  parce  qu'ils  font  obligés  de 
conférer  le  Bénéfice  à  celui  qui  eft  préfenté  par  le 
Patron.  Si  le  €olla.teur  ordinaire  &  inférieur  a  né- 
gligé d'ufer  de  fon  droit  pendant  fix  mois ,  le  fupé- 
rieur  peut  conférer  par  dévolution.  Si  l'Evêque  né- 
glige ,  le  Métropolitain  confère  ,  puis  le  Primat  , 
de  degré  en  degré.  Le  Roi  eft  Côllateur  de  plein 
droit  des  Bénéfices  limples  dont  il  eft  le  Patron.  Il 
les  confère  de  plein   droit  ;  mais  à  l'égard  des  Bé- 
néfices Conliftoriaux  ,  le  Roi  a  feulement  la  nomi- 
nation ,  &  le  Pape ,  en  vertu  du  Concordat ,  eft  obli- 
gé de  conférer  à  celui  qui  eft  nommé  par  le  Pvoi. 
Pour  les  Bénéfices  dont  il  eft  le  Côllateur  direéf  & 
abfolu  ,  il  les  peut  conférer  ,  parce  qu'il  y  a  une  ef- 
pèce de  Sacerdoce  annexé  à  la  Royauté  :  les  autres 
Parrons  laïques  pour  l'ordinaire  ont  fîniplement  la 
préfentation.  La  collation  appartient  à  l'Evêque. 

Quoique  la  collation  appartienne  de  droit  aux 
Evêques ,  il  y  a  plufeurs  Abbés  en  France  ,  &  des 
chapitres,  qui  iom  Collateurs  de  plein  droit  de  cer- 
tains Bénéfices.  Il  y  a  même  des  Abbefles  qui  con- 
fèrent des  Cures ,  fans  qu'il  foit  befoin  de  recourir 
aux  Ordinaires  pour  avoir  la  collation  ,  ou  inftitu- 
tion.  Il  n'eft  pas  vrai  qu'il  n'y  ait  entre  les  Laïques 
que  le  Roi  feul  qui  foit  Côllateur  des  Bénéfices 
dont  il  eft  le  Patron.  Nous  voyons  en  France ,  prin- 
cipalement en  Normandie  ,  un  grand  nombre  de 
Seigneurs  laïques  qui  confèrent  de  plein  droit  pki- 
fieurs  Bénéfices  dont  ils  font  les  Patrons.  On  n'a 
donc  point  d'égard  en  France  à  la  lettre  que  Boni- 
face  écrivit  au  Roi  Philippe  le  Bel ,  où  il  dit  qu'il 
tenoit  pour  hérétiques  ceux  qui"prctendoient  que 
la  collation  des  Bénéfices  pouvoit  appartenir  aux 
Laïques.  Jean  de  Paris  ,  qui  écrivit  en  ce  temps-là 
fur  cette  matière  ,  prétend  que  le  droit  de  conférer 
n'eft  pas  proprement  fpirituel ,  mais  qu'il  eft  feule- 
ment attaché  au  fpirituel.  Voyez  Acofta  ,  HiJL  des 
Reven.  Eccl. 

Ce  mot  &  les  fuivans  ,  viennent  de  collator  , 
collatitius  ,  collatlo. 
ÇOLLATIE.  Ville  ancienne  d'Italie  ,  que  quelques- 
uns  placent  feù  eft  aujourd'hui  Cervaro.  Collatia. 
Elle  étok  dans  la  première  Région  d'Italie  llir  le 
Tévérone  ,  Anio  ,  dans  le  chemin  de  Tivoli.  On 
croit  qu'elle  fut  bâtie  par  les  Albains  ,  fur  les  con- 
fins de  Sabine.  Tarquin  le  Superbe  la  rétablit ,  & 
leva  pour  cela  de  l'argent  fur  le  peuple  Romain  ;  ce 
qui  fait  croire  à  Servius  fur  l'Enéide  VI, v.  775. 
que  c'eft  de-là  que  lui  vient  fon  nom.  Collatia  en 
latin  lignifie  un  fubfide  ,  un  fecours  d'argent  que  le 
peuple  donne,  r,Z./v£,Z.  /,C  57  &  58  ,  parlant 
de  la  bataille  de  Tfrquin  contre  les  Sabins ,  fem- 
ble  mettre  cette  ville  dans  le  pays  des  Sabins  -,  car 
il  dit  que  cette  bataille  fc  donna  à  la  gauche  du  Té- 
vérone -,  mais  il  eft  contredit  par  Pline  ,  L.  III,  C. 

5  ,  par  Servius  à  l'endroit  cité  ,  fc  par  beaucoup 
d'autres ,  qui  difent  que  c'étoit  une  ville  du  Latium. 
Collatie  fubfiftoit  encore  du  temps  de  Cicéron  ,  qui 
en  parle  dans  fa  première  Oraifon  contre  Rullus , 

6  même  du  temps  de  Strabon  ,  qui  en  fait  auffi 
mention  dans  fon  V^  Livre -,  mais  qui  ne  l'appelle 
plus  qu'un  bourg  ,  xa;V>r.  Aujourd'hui  il  n'en  telle 
«jue  des  ruines.  C'eft  cette  ville  qui  donnoit  fon 


COL 

nom  à  la  porte  de  Rome   qu'on  nommoit  ColU' 


tine. 


COLLATIF  ,  IVE.  adj.  Bénéfice  qui  eft  à  la  difpbfi- 
tion  feule  d'un  Côllateur.  Collatitius,  Un  Bénéfice 
purement  collatif,  dépend  du  Côllateur  feul ,  qui 
le  confère  à  qui  il  lui  plaît  ,  en  cas  de  vacance  , 
pourvu  que  la  perfonne  ait  les  qualités  requifes  , 
comme  les  Bénéfices  vacans  en  régale  ,  &  autres 
Bénéfices  fimples ,  dont  le  Roi  eft  le  Côllateur  di- 
reél  &c  abfolu ,  en  la  place  de  l'Ordinaire  ou  duPa- 
pe.  La  delferte  de  la  Chapelle  de  ce  Château  n'eft 
pas  un  Bénéfice  collatif,cc  n'eft  qu'une  Preftnno-i 
nie.  Un  Bénéfice  c\eâif  collatif ,  eft  un  Bénéfice 
que  ceux  qui  élifent  confèrent  en  même  temps ,  fana 
avoir  befcin  d'autre  provifion  ,  ni  de  confirmatiori 
du  Supérieur,  §::?  Au  lieu  qu'un  Bénéfice  elcSil 
cvnjirmattf ,  eft  celui  auquel  on  pourvoit  par  élec 
tion  ,  qui  doit  être  confirmée  par  le  Supérieur, 

COLLATIN  ,  INH,  adj,  CoUatinus ,  a.  Le  mont  Colla 
tin  étoit  une  des  fept  Collines  de  l'ancienne  Roi 
me,  CoUatinus.  C'étoit  aufli  le  furnom  d'une  branJ 
che  des  Tarquins ,  qui  fut  donné  à  Lucius  TarquiJ 
nius ,  neveu   de  Tarquin  le  Superbe  ,  parce  qu'i 
éroir  originaire  de  Collatie,  ou  qu'il  y  avoitdemeu 
ré.  La  porte  Collatine  étoit  une  des  portes  de  l'an^ 
cienne  Rome.  Collatina  porta.  La  porte  Collatinl 
étoit  la  porte  par  laquelle  ofi  fortoit  de  Rome  poui 
aller  à  Collatie  ,  &  c'eft  de-là  que  lui  venoit    fof 
nom  ;  c'eft  ainfi  qu'en  plufieurs  de  nos  villes  nou 
appelons  la  porte  de  Paris  ,  celle  qui  eft  du  côo 
de  Paris  ;  &  de  même  la  porte  de  Lyon  ,  &c. 
Rouen,  la  porte  Beauvaifine,par  où  l'on  va  dai 
le  Beauvaifis  -,  à  Bourges  ,1a  porte  Bourbonnois ,  ce^ 
le  par  où  l'on  va  dans  le  Bourbonnois  ;  à  Paris ,  : 
porte  de  S.  Denys  ,  &c. 

COLLATINE ,  f,  f,  Collatina.  On  croit  que  c'e| 
une  faute ,  &  qu'il  faut  lire  Collina  dans  S,  Au 
guftin.  f^oye^  ce  mot. 

COLLATINE ,  f.  f.  nom  que  M.  Bailler  donne  mai 
à-propos  aux  Oblates  de  fainte  Françoife.Co//^/i«J 
L'an  1433  ,  fainte  Françoife  afîémbla  le  jour 
l'Annonciation  de  la  fainte  Vierge  plufieurs  filk 
&  plufieurs  veuves  dans  une  maifon  qu'on  appel 
le  encore  la  Torre  de  Specchi  ,  ou  la  Tour  dd 
miroirs  ,  dans  la  rue  des  Cordiers  ,  au  pié  ai 
Capitole  ,  &  au  quartier  de  Campitclli,  Ainfi  i| 
nom  de  Collatine  que  M.  Baillet  donne  à  ces  Obla 
tes ,  ic  qu'elles  ne  connoilîent  point ,  ne  peut  vi 
nir  ni  du  quartier  ,  ni  de  la  rue  où  leur  maifo^ 
eft  fituée,  comme  cet  Auteur  le  croit.  P.  Hél* 
VI, p.  iio. 

COLLATION  ,  f.  f  terme  de  matière  bénéficiald 
Pononcez  les  deux  1 1  dans  ce  mot ,  &:  dans  le 
deux  qui  fuivent.  Collatio.  Titre  ,  provifion  d'ujj 
Bénéfice  \  ade  par  lequel  le  côllateur  confère  uij 
bénéfice.  Si  un  Chanoine  a  eu  la  Collation  du  Pa 
pe ,  &  fa  partie  la  collation  de  l'Evêque ,  la  quef 
tion  eft  de  favoir  quelle  eft  la  meilleure  collation 
En  France  la  collation  de  l'Evêque  eft  la  plus  fa^ 
vorable  ,  &  la  plus  conforme  au  droit  commura 
Par  l'ufage  la  collation ,  ou  provifion  ,  qui  eft  iJ 
première  en  date  ,  l'emporte,  parce  qu'on  prétend 
que  le  Pape  a  la  prévention  fur  l'Ordinaire ,  du  joui 
même  de  la  vacance  du  Bénéfice  pour  la  co//a/ionj 

Collation  lignifie  encore  le  droit  de  conférer  un 
bénéfice  vacanr.  Jus  beneficii  Ecclejiaf.ici  confèrent 
di.  Les  Abbayes  de  Marmoutier ,  Cluni ,  S.  Jouin" 
fur-Marne,  font  les  Bénéfices  qui  ont  les  plus  bel- 
les collations.  La  collation  du  Pape  eft  reconnue 
par  toute  l'Eglife  Catholique,  Il  y  a  deux  fortes  de 
collations  ncceflîurcs.  Les  collations  volontaires  , 
font  celles  qui  dépendent  de  la  feule  volonté  du 
Côllateur ,  qui  peut  choifir  qui  bon  lui  femble  pour 
remplir  le  Bénéfice  vacant.  Les  néccflaires ,  font  cel- 
les que  le  Côllateur  ne  confère  point  librement. 
Par  exemple  ,  fi  le  Bénéfice  a  été  réfignc ,  ou  per- 
mute, S^Ç\  la  réfignarion  ,  ou  permutation  a  été 
admife  par  le  Pape ,  alors  le  Collateut  eft  obligé 
d'accorder  des   provifions  au  réfignataire  ,  ou  au 


COL 


côpèrmutant.  De  même  il  le  Bcncficc  eft  requis  par 
un  Indukaire  ou  par  un  Gradué  ,  ou  rempli  par  le 
Patron  ,  en  ce  cas  encore  la  collation  devient  nc- 
cefîâire  &  involontaire.  La  collation  ncceffaire  entre 
deux  Patrons  qui  confèrent  alternativement ,  rem- 
plit le  tour  de  celui  qui  eil:  force  à  contcrer.  La 
xollation  des  Bcnc/ices  f ait  partie  des  fruits  de  l'Evè- 
ché  vacant  en  Régaile  -,  &  elle  appartient  au  Roi , 
qui  les  confère  de  plein  droit,  de  même  quel'Evë- 
que  auroit  fait.  Voyc^  Fleury. 
Collation  ,  en  termes  de  Palais  ,  fignifie  la  reprc- 
fentation  &  confrontation  d'une  copie  à  fon  ori- 
ginal ,  pour  voir  lî  elle  eft  conforme  ,  &  l'aclie  qui 
en  rend  témoignage  ,  que  donne  la  perfonne  publi- 
que qui  a  pouvoir  de  le  faire.  Collatio  exfcriptorunt 
cum  archetypis.  Ainli  on  met  au  bas  d'une  copie , 
collation  a  été  faite  de  cette  copie  à  fon  original , 
par  moi  Notaire  foufTigné  ;  ce  fait ,  rendu.  Quand 
le  Notaire  déclare  qu'il  en  a  la  minute  entre  les 
mains ,  la  collation  vaut  un  original ,  pourvu  que 
toutes  les  parties  interreflces  aient  été  appelées  à  la 
collation. 
Collation  efl:  auffi   le  repas  qu'on  fait  les  jours  de 
jeûne ,  au  lieu  de  fouper ,  &  où  l'on  ne  doir  man- 
ger que  des  fruits,  denula.  Le  P.  Lobineau  remar- 
que ,  dans  fon  Hifi.  de  Bret.  L.  XXII ,;?.  847.  qu'au- 
trefois on  ne  mangeoit  point  de  pain  à  la  collation  en 
Carême  ;  mais  feulement  quelques  confitures  &  des 
fruits  deiféchés ,  &  que  cette  coutume  duroit  en- 
core en   1515.  Le  Cardinal  Humbert,  dans  fa  ré- 
ponfe  à  Nicetas  ,  au  milieu   du  onzième   iiècle  , 
dit  que  les  Latins  obfervoienr  exaélement  le  jeune 
du  Carême ,  &  ne  fouffroient  pas  que  perfonne  le 
rompît,  s'il  n'étoit  grièvement  malade.  Il  ajoute 
qu'il  n'étoit  pas  même  permis  ,  comme  chez   les 
Grecs ,  de  prendre  des  fruits  &  des  herbes  les  jours 
de  jeûne  après  le  repas  unique  que  l'on  faifoit  \  ce 
qui  montre  que  les  collations  ont  commencé  chez 
les  Grecs  vers  le  onzième  lîècle. 
Collation  eft   encore  le  repas  qu'on  fait  entre  le 
dîner  &  le  fouper  ,  que  les  enfans  appellent  i^oîi- 
tcr ,  Merenda ,  ou  un  petit  repas  qu'on  fait  en  paf- 
fant  à  la  hâte.  Voulez-vous  faire  une  petite  colla- 
tion ?  En  Languedoc  &  eh  Poitou ,  collation  ligni- 
fie le  déjeuner. 
Collation  eft  pareillelTieht  un  ample  repas   qu'on 
tait  au  milieu  de  l'après-dinée  ou  la  nuit.  Il  y  aura 
chez  le  Roi  bal,  ballet ,  &  collation  ;  lautcc  epultc. 
On  a  fervi  une  collation  où  il  y    avoir  de  la  vian- 
de &  des  fruits ,  qu'on  appelle  autremenr  un  dm- 
iigu.  La  nuit  on  l'appelle  à  la  ville  r^V«7/o/2 ,  à  la 
Cour  un  tnédianoche. 

Remarquez  que  quand  ce  mot  eft  employé  dans 
la  fignification  d'un  léger  repas,  on  ne  prononce  les 
deux  1 1  que  comme  une  feule. 

Ce  mot  vient  de  collatio  ,  dont  les  Latins  ont 
ufé  en  cette  lignification  ,  en  parlant  des  fobrcs 
repas  eccléfiaftiques  faits  aux  jours  du  jeûne  ,  .à  l'if- 
fue  des  conférences  qu'on  faifoit  dans  les  Monaf- 
tères  après  Vêpres,  avec  des  harangues  à  l'honneur 
du  Saint  dont  on  folemnifoit  la  Fête.  Pasq.uier. 
Par  la  même  raifdn  du  Cange  le  dérive  de  collocu- 
cutio  ^  ou  co/z/èrence:  cai?  on  prétetid  qu'originaire- 
■  inent  la  collation  n'étoit  qu'une  conférence  de 
piété  qui  fe  faifoit  dans  les  Monaftères  :  dans  la 
fuite  on  introduifît  la  coutume  dé  faire  apporter 
quelques  rafraichiffemens  ;  &  par  l'excès  où  l'on 
porta  ces  fobres  repas ,  le  nom  de  l'abus  eft  de- 
meure ,  &  celui  de  la  chofe  même  s'eft  perdu.  Ce 
mot  s'eft  depuis  étendu  à  tous  les  autres  repas 
qu'on  fait  depuis  dîner. 
Collation  lujlrale.  Impôt  qui  fe  leVoit  dans  l'Em- 
pire Romain  fur  les  marchandife».  Collatio  lujlra- 
lis.  Gratien  exempta  les  Clercs  marchands  de  la 
Collation  lujlrale.  Fleury.  On  dit  aufîi ,  contri- 
bution luftrale. 
tfT  COLLATIONNER,  v.  a.  ne  fe  dît  point  dans 
le  fens  de  conférer  un  bénéfice ,  fi  ce  n'eft  dans 
cette  phrafe ,  où    par  une   mauvaife  allufion  ,  on  | 


C  Ô  L  gg 

dit  que  l'ordre  de  Citeaux  dîne  bien  i  mais  col- 
lationne  mal ,  pour  faire  entendre  que  les  Abbayes 
de  cet  ordre  ont  de  gros  revenus ,  mais  n'onr  pas 
la  collation  des  bénéfices  qui  en  dépendent. 

U3°  COLLATIONNER,  fignirie  conférer  un  écrit  avec 
l'original  ,  comparer  deux  écrits  enfemble  ,  pour 
vérifier  s'ils  font  femblables ,  s'il  n'y  a  rien  de  plus 
ou  de  moins  dans  l'un  que  dans  l'autre.  Collation- 
ner  à  l'original ,  fur  l'original ,  fur  les  regiftres.  Exj- 
cripta  excmpla  ex  archetypo  recognojccre  ,Jcriptiji~ 
dcm  ad  ratwnem  archetypi  expendere.  Plufieurs  an- 
ciens titres  ne  font  que  des  vidimus ,  &;  des  copies  col- 
Icttionnees.  Maintenant  on  n'ajoute  point  de  foi 
aux  copies  qu'on  n'a  pas  coUationnées ,  parties  pré- 
fentes ou  appelées. 
Collationner  ,  en  fait  de  Librairie,  eftj  vérifier 
s'il  ne  manque  point  de  feuilles  à  un  livre,  foit par 
les  iignatures  ou  la  reclame  à  l'égard  des  cahiers  , 
foit  par  les  chiffres  à  l'égard  des  téuillets.  Explora- 
re  foliorum.  fidern. 

(fT  En  termes  d'Imprimerie  ,  c'eft  vérifier  fur 
une  féconde  épreuve  fi  toutes  les  fautes  marquées 
lar  la  précédente  épreuve  ont  été  corrigées. 
Collationner  fignifie  auffi  faire  ce  petit  repas 
qu'on  appelle  collation.  Cœnulam,  mer  en  dam  fu- 
mure. Il  eft  difficile  de  fouper  ,  quand  on  a  bien 
collationné. 

ffT  Alors  ce  verbe  eft  neutre ,  &  s'emploie  ab- 
folument  fans  taire  fentir  les  deux  11 
^  COLLAtlONNÉ  ,   ÉE.  part.  11  a  les   fignifica- 
tions  du  verbe  aclif.  Copie  collationnée   a  ,     fur 
l'original.  Ecrit  collationné.  Collatus. 
COLLAUDER ,  vieux  v.  a.  Louer.  Collauddrè. 
COLLE.  {.  f.  Ce  qui  ferr  à  joindre ,  à  attachet  du  pa- 
pier ,  du  parchemin  ,  du  cuir  fur  du  bois ,  fur  de  la 
pierre ,  ou  autre  matière  femblable.  Gluten  ,  glnti- 
num.  La  colle  ordinaire  fe  fait  avec  de  la  farine  dé- 
trempée &  cuite  avec  de  l'eau.  Elle  ferr  aux  Re- 
lieurs, Imagcrs ,  Selliers  ,  Cordonniers,  Vitriers^ 
Ce  mot  vient  du  Grec  '•■'axxx.  Nicod. 
La    colle  de  gand  fe     fait  avec    des    irognUres 
de  gand  ou  de  parchemin  bien  trempées  dans  l'eau  j 
&c  bouillies  ,  qui  ferr  particulièrement  aux  Doreurs 
fur  le  bois ,  &:  qui  peut  fervis  de  vernis. 
Colle   /c>r/<;  ,  eft  celle  qui  le  fait  avec  des  pies  j 
des  peaux  ,  des  nerfs ,  des  cartilages  de  bœuf,  qu'on 
fait  macérer  quelque  temps ,  puis  bouillir  fort  long 
temps  jufqu'à  ce  que  le  tout  devienne  liquide.  Tau- 
rinum  glutinum.  On  la  paflê  au  travers  d'un  gros 
linge ,  &  on  la  jette  fur  une  pierre  platte  où  elle 
fe  congèle  ;  &:  on  la  coupe  par  morceaux.  Oh  l'ap- 
pelle en  quelques  lieux  colle  de  cerf;  &c  Mathiole 
dit  qu'il  s'en  fait  de  cuir  de  toutes  fortes  de  bêtes 
à  quatre  pies.    La  meilleure  eft  celle  qui  vient  du 
taureau  ,  qui  eft  blanche  &  claire ,  &  qui  fe  fait  à 
l'Ile  de  Rhodes.  Elle  fert  aux  Menuifiers  pour  col- 
ler &  joindre  leur  bois  ,  ou  les  ornemens  de  gros 
carton.  Il  eft  défendu  par  plufieurs  ftatuts  d'Arti- 
fans ,  d'employer  de  la  toile  forte  faite  avec  des  ro- 
gnures ou  parures  de  cuir. 

Il  y  a  auifi  de  la  Colle  à  miel ,  dont  fe  fervent 
les  Doreurs  ,  qu'ils  appellent  Nature.  On  la  pré- 
pare en  mêlant  du  miel  dans  de  l'eau  de  colle 
avec  un  peu  de  vinaigre. 
Colle  à  Pierre  Les  Marbriers  appellent!  ainfi  une 
efpèce  de  maftic ,  ^ont  ils  fe  fervent  pour  rejoin- 
dre les  marbres ,  qui  fefont  cafles ,  ou  écornés.  Ils  la 
compofent  ordinairement  de  poudre  de  marbre 
bien  broyé  ,  de  colle  forte  ,  &  de  poix  ,  en  y  ajou- 
tant quelque  couleur ,  qui  la  rende  femblable  aux 
marbres  qu'on  veut  rejoindre. 
Colle  de  Poiffon  ,  eft  une  colle  de  couleur  blanche 
qui  fe  fair  d'une  forte  de  poiflbn  qui  eft  des  plus 
gros ,  carrilagineux  ,  &  qui  n'a  point  d'os ,  excep- 
té à  la  tête  :  il  eft  de  la  longueur  de  vingt-quatte 
pies  ,  &  du  poids  de  quatre  cens  livres,  Iclhyo- 
colla.  On  en  prend  la  peau  ,  l'eftomac ,  les  inteftins , 
les  aîles  &  la  queue  ;  on  les  fait  cuire  cnfuite  fur  un 
petit  feu  jufqu'à  la  conliftanco  de  bouillie  -,  aptes 

R  R  r  r  ij 


^84 


COL 


quoi  on  laifle  refvoidir  le  tout.  La  colle  cU  pciffoii  \ 
deiîcche  60 ramollit  eu  quelque  nian.icLe.Oa  s'en  leit 
dans  les  empLiCL-es  gUuinatits.  Les  Cabarteticts  met- 
tent de  la  colle  di' poijjon  dans  le  vin  poac  le  clari- 
fier. 

On  dit  d'im  homme  enrhumé  ,  qui  crache  beau- 
coup ,  qu'il  crache  de  la  colle, 
§3"  Colle  pour  le  papier.  Elle  ie  fair  principalement 
de  rognures  de  parchemin ,  de  ce  qu'on  retranche  des 
peaux  de  parchemin  ,  des  pics  principalemenr ,  que 
l'on  fait   bouillie  dans  un  mélange  d'alun  ,  quand 
les  feuilles  de  papier  font  bien  lèches  ,  on  les  en- 
duit de  cette  colle  ,  afin  de  les  mettre  en  état  de 
recevoir  l'écriture.  Cette  opération    s'appelle  col- 
IfTge. 
fer  COLLE.  (  LA }  Rivière  de  France  dans  la  Cham- 
pagne ,  qui  a  fafource  près  de  Vitri  ,&:  fe  p>erd  dans 
la  Marne  près  de  Chalons, 
§Cr  COLLE,  petite  ville  d'Iralie  dans  la  Tofcane, 
avec  un  cvcchc  fuffraganr  de  Florence  ,  elle  eft  fur 
les  confins  du  Siénois. 
^Zr  COLLE   ie  dit  aufTi,  parmi  la  populace,  pour 
bourde  ,  menterie  ,  chofe  conrrouvce.  Commemum  , 
nuacz.  C'eft  ainli  qu'on  dit  :  Voilà  une  bonne  colle. 
î  1  m'a  donné  une  colle. 
COLLECTAIRE.  f.  m.  Livre  qui  compTenoit  autre- 
fois routes  les  oraifons  appelées  coUeéVes.  Collecla- 
Tum  Liber  ,  Colleclarium  ,  dans  la  vie  de  iainte  Co- 
lètc  ,  Jcl.  SS.  Mart.T.  I,p.  551. /?.  553.f,Com- 
me  il  y  avoir  un  Livre  des  Evangiles  ;  vn  autre  des 
Epitres  ,  il  y  en  avoir  auffi  un  des  Collectes  ,  6i  on 
i'appcloir  Ccllcclaire  ,  comme  il  paroît  par  cette 
vie.  Les  BoUandilles  prétendent  qu'il fc  prend  pour 
ce  que  nous  appelons  un  Diumal ,  ^5.  SS,  Mart. 
T.UI,p.-j^G.E. 

CoLLECTAiRE.  Terme   du  'cérémonial  ecclélîafl:ique. 
Colleclarius.  C'eft  celui  qui  porte  le  livre  où  font 
contenues  les  Collectes ,  c'eft-à-dire  les  Oraifons, 
ou  comme  l'on  dit  communément  ,  les  Oremus. 
COLLECTE,  f.  i.  Levée  des  tailles ,  ou  aui;res  impo- 
iicions  qui.fe  font  par  alliette  dans   une  paroilfe. 
Collecta.  Ce  Payian  a  fait  la  collecte  des  tailles  de 
cette  année,  on  lui  a  volé  û\  colleHe ,  les  deniers 
de  fa  collecte,  La  collecte  des  tailles  eft  cenfée  un 
emploi  inférieur  ;  à  Rome  elle  étoit  honorable.  Ce 
foin  appartenoic  aux  Décurions.  Lovseau. 
Ce  mot  vient  du  vexho.  colligere ,  rj.majfer. 
Collecte    eft   aufTi    une    quête   de    deniers  qui    fe 
payent  volontairement ,  ou  qu'on  donne  par  au- 
mône. Collecta,  Les  Dames  de  la  Paroiffe  onr  fait  la 
collecte  des  aumônes  qu'on  donne  pour  les  pauvres 
honteux.  En  1095 ,1e  Pape  Urbain  II,  voulant  chai- 
fer  de  Rome  les  Parrifans  de  l'Antipape  Guiberr, 
fans  efrufton  defang  ,  écrivit  pour  lever  des  collec- 
tes fur  l'Eglife  ,  comme  il  paroît  par  fa  lettre  aux 
Evcques  d'Aquitaine.  Fleury.  Quelques -ims  di- 
fent  que  ces  quêtes  ont  été  appelées  collectes  ,  par- 
ce qu'elles   fe   faifoient   les  jours  de  collectes ,  & 
dans  les  collectes  ,  c'cft-à-dire ,  dans  les  affemblées 
des  Chrétiens.  Il  eft  plus  vraifcmblable  que  com- 
me les  aficmblées  ont  été  ainfi  appelées    du  mot 
latin  colli^o  ,  parce  que  le  peuple  s'aifemble  ,  col- 
■    ligitur  ,  de  même  on  a  appelé  ces  quêtes  collectes  , 
quia  colU^ltur  peciinia ,  parce  qu'on  ramaflbit  Tar- 
gent  ,  les  aumônes  des  Fidèles. 

Quelques-uns  difcnt  aulîî  ce  nom  collecte  ,  pour 
les  levées  que  font  les  Princes  fur  leur  peuple  pour 
quelque  defléin  pieux.  Le  Pvoi  d'Anglererre  vint 
en  Normandie  l'an  i\66  ,  où  il  ordonna  une  collec- 
/f  de  deniers  pour  le  fecours  de  la  Terre-Sainte ,  à 
la  prière  ,  Se  fuivant  l'exemple  du  Roi  de  France  ^ 
en  exécution  de  ce  que  le  Pape  Alexandre  III 
avoir  ordonné  en  un  Concile  qu'il  tint  à  Reims  en 
IT74.  Cette  roZ/ff/tf  comprenoit  tout  le  monde,  le 
Clergé,  la  Nobleflé ,  le  peuple,  6c  devoit  durer 
cinq  ans  :  c'eft  le  premier  exem.ple  ,  que  je  fâche 
de  ces  levées  pour  la  Terre-Sainte.  Id.  Levée  fe  dit 
plus  ordinairement  que  collecte,  &:  eft  plus  fran- 


COL 

cois ,  jc  doute  que  ceux  qui  parlent  bien  vouluAent 
fe  fctvir  de  collecte  en  ce  fens. 
Collecte  ,  nom  d'une  Oraifon  de  la  Meffe  ,  que  le 
Prêtre  dit  immédiatement  avant  TEpitre ,  t;6  quoi 
colligdiuur  vl'Luiones  ,  Collecta,  En  général  toutes 
les  Oraifons  qu'on  dit  .à  la  îïlefle,  ou  à  l'Office, 
s'appellent  collectes  ,  foit  parce  que  le  Prêtre  parle 
au  nom  de  tout  le  peuple  ,  dont  il  ramalîe  les 
fcntimcns  &  les  delirs  par  ce  mot  Oremus  ,  prions , 
comme  le  remarque  le  Pape  Innocent  III ,  foit 
.parce  que  ces  prières  fe  font  lorlque  le  peuple  ett 
aifemblé  ,  comme  dit  Pamelius  fur  Tertullicn. 

On  a  auHi  appelé  auttefois  collecte  ,  le  Sacrifice 
de  la  Mcife  ,  à  caufe  que  le  peuple  éroit  aifemblé 
pour  l'entendre.  On  tient  que  les  Papes  Gélafe  & 
Grégoire  ont  établi  les  collectes,  CXvlwAq  Defpenfe, 
Doclcur  en  Théologie  de  la  Faculré  de  Paris ,  a  fait 
un  rrairé  des  collectes  \  il  y  parle  de  leur  origine 
■dans  l'Eglilé  Latine  ,  de  leur  antiquité ,  de  ceux  qui 
en  font  les  Auteurs ,  &c. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot ,  pris  en  ce  der- 
nier fens ,  de  collir,ere  ,  lignifiant  ajfemller  ,  parce 
que  cette  otailbn  fe  difoit  fur  tout  le  peuple  ^  au 
nom  du  peuple  aifemblé  ,  ou  parce  que  l'on  raflèm- 
bloit  dans  cette  oraifon  les  prières  de  tout  le  peuple, 
ou  parce  qu'on  avoir  courume  de  ramaffer  les  aumô- 
nes au  remps  de  cette  orailbn.  Les  BoUandiftes  re- 
jettent ces  étymologies ,  comme  tirées  de  trop  loin 
Se  fans  fondement.  Ih  prétendent  qiffe  ce  mot  vient 
de  conlegere ,  lire  enfemblc.  Se  qu'il  fignifie  propre- 
ment l'oraifon  que  l'on  dit  à  laMelfe,ou  par  or- 
dre de  l'Eglife  ,  ou  par  dévorion  ,  après  l'oraifon 
principale  de  la  Fête  ,  ou  du  jour  -,  &  que  parce  que 
dans  les  endroits  où  l'on  honore  quelque  Saint,  il 
eft  ordinaire  de  dire  Ion  oraifon  après  celle  du  jour  : 
ces  oraifons  s'appelèrenr  conlecta ,  qui  Ibntlues  en- 
fcmble,  c'eft-à  dire,  avec  celle  du  jour ,  d'où  s'eft 
tait  collecta:.  Voyez  ^cta  SS,  T,  VII,  Mail,p,  1Z4, 
ji.  Un  endroit  du  L.  Il  des  Miracles  de  S.  Ger- 
main  ;  c.  13.  Acta  SS.  BeTiediS.Sec.  %II ,  P.  II  ,p, 
.  I  i(j  ,  confirme  ce  fcntiment  ;  car  il  y  eft  dir  qu'après 
l'oraifon  6c  la  collecte  ,  une  femme  fur  guérie. 

Le  P.  Le  Brun  prétend  que  la  collecte  lignifie 
auiîi  recueil,  fommaire.  CafTien  appelle  le  Célé- 
brant, le  Prêtre  qui  officie,  celui  qui  fait  le  fom- 
maire de  la  prière  :  Is  qui  orationem  colleclurus  ejf. 
C'eft  de-là  très-probablement  que  cette  Orailbn  a 
pris  le  nom  de  collecte.  Walafride  Strabon  ,  C. 
XXII i  donne  cette  étymologie  :  Collecta  ,  quia  pe- 
titiones  compendiofà  brevitate  collisimus.  L'Orailbn 
qui  fe  dit  après  l'OfFcrre,  s'appelle  Secreite ,  Si  celle 
qui  fe  dit  après  la  Communion,  s'appelle  Pojt-Cuni- 
munion.  Voilà  aujourd'hui  l'ulage,  mais  il  ne  s'cu- 
lùir  pas  qu'on  n'ait  point  appelé  autrefois  colltcle 
les  deux  dernières  de  ces  Oraifons. 

On  a  aulli  donné  ce  nom  à  raHèmblée'.,des  Chré- 
tiens où  fc  célébroient  les  Saints  myftèrés;  S<:  la 
prière  qu'on  appelle  Collecte ,  n'a  ce  nom  que  parce 
qu'on  la  lifoit  pendant  que  le  peuple  s'alfembloir.' 
Collecta,  de  colligere,  raffembler  ,amalfcr.  Le  Pro- 
conful  demanda  au  Marryr  s'il  avoir  allifté  à  la 
Collecte  ;  c'eft-à-dire  ,  à  l'alTcmblée.  Il  répondit  ; 
qu'il  étoit  arrivé  comme  on  la  renoit,  Se  qu'un  feul 
d'entre  eux  étoit  la  caufe  de  ce  qu'on  avoit  célébré 
la  Collecte.  Fleury. 

On  a  auilî  appelé  Collecte  ,  ralFemblée  des  Moines 
pour  chanter  l'Office.  C'étoit  le  Canonarque  qui 
frappoit  fur  un  morceau  de  bois  pour  Ibnner  ia.  Col' 
/c'i?i|fct&:  appeler  les  Moines  à  l'Office. 
CollWte  ,  dans  l'Ordre  de  Maire  ,  fe  dit  quand  les 
Frères  s'alfemblent  pour  délibérer  fur  quelque  chofe 
qui  regarde  leur  langue,  ou  leur  auberge;  c'eft-à-; 
dire,  qu'il  lignifie  aflemblée,  &  qu'il  fe  dit  des 
alfemblces  parriculicres  de  chaque  langue. 
COLLECTEUR,  f  m.  Celui  qui  eft  nommé  par  les 
habitans  d'une  paroilTe  pour  lever  la  taille.  Tribu- 
torum  coaclor.  Les  habitans  Ibnt  contraints  foli-* 
dairement ,  faute  d'avoir  nommé  des  Aif^eurs  &r 
Collecteurs, 


COL 

§C?*  On   appelle  Colkcleur  ,  tout  homme  chargé  du 
recouvrement  de  quelque  impolîtion.  Ainfi  il  y  a  au- 
tant de  Collecteurs  ,  qu'il  y  a  d'elpèces  d'jmpolitions 
qui  ie  lèvent  par  aliictte. 
^Zt  Chez  les  Romains ,  les    impofitions    ordinaires 
s'appeloient  Canumcj. ,  &  ceux  qui  croient  chargés 
du  recouvrement ,  Canonicurii. 
COLLECl  IF ,  IVE ,  adj.  m.  terme  de  Grammaire.  Col- 
leclivus.  Mot  qui  déligne  une  multitude  ,  encore 
qu'il  loit  au  fingulier.  Troupe  ,  compiV^nie ,  armée , 
ibnt  des  noms  colleciifs. 
gCT  Le  terme   collectif   eft    proprement   celui     qui 
prélente  l'idée  lingulière  d'un  tout  formé  par  al- 
iemblage   de    plulieurs    choies    de  même    elpècc. 
Armée  ell:  un  nom  colleciifs  parce  que  fous   une 
cxprciïton  fingulière,  il  excite  l'idée  de  plulieurs 
individus  formant  un  tout.  Il  en  eft  de  même  des 
autres  noms  qu'on  appelle  collectifs. 
15c?  COLLECTIF ,   terme  de  Logique  ,  fe  dit ,  par 
oppoiition  à  diftributif,  de  la  totalité  d'un  genre 
ou  d'une  elpcce,  d'une  multitude.  Si  je  dis  :  les 
Pairs  EcclcfLiftiqucs  font  lîx ,  cette  propoiition  eft 
vraie  dans  le  i'caif olleSuf.  L;s  Pairs  Eccléliaftiqucs 
font  Ducs ,  Comtes.  Cela  n'eft  vrai  que  dans  le  fcns 
«iiftributif.  Cclni-ci  eft  Duc,  celui-là  eft  Comrc. 
Une  conféquence   ciu   fens  collectif  au  diftribuiit 
eft  bonne  ,  quand  c'cft  en  matière  nécclfaire ,  c'eft- 
à-  dire ,  quand  il  s'.vgit  d'un  attribut  ou  d'une  quali- 
té eifsntielle  à  la  choie  dont  on  parle.  Elle  n'cft 
pas  bonne  en  matière  contingente  ,  c-eft-à-dirc  , 
quand  il  s'agit  d'un  attribut  accidentel.  Les  hommci 
font  vivans,  animaux,  raifonnables  ;  donc  Jean, 
Pierre,  Louis ,  &c,  à  l'infini  font  vivans,  railbnna- 
bles.  La  conféqucnce  eft  légitime.  Les  hommes  font 
favans  ;  &c.  donc  Caius  ,  Tirius  le  font.  La  confé- 
qucnce n'eft  pas  vraie  ,  parce  que  l'antécédent  ne 
i'eft  que  dans  le  fcns  diftributif  >&  non  point  dans 
le  collectif,  de  la  matière  étant  accidentelle  &  con- 
tingente. 
COLLECTION ,  f.  f.  recueil  de  plufieurs  partages  fur 
une  ou  plufieurs  matières  tirées  d'un  ou  de  plulieurs 
Auteurs.    Excerpcio  ,    excerpta  ,    collecîanea.  Les 
jeunes  gens  doivenr  faire  des  collections.  Il  a  fait 
une  collection  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  remarquable 
dans  tel  o-uvrage. 
■Collection  fe  dir-iulli  d'un  recueil,  d'une  compila- 
tion de  plufieurs  choies  qui  ont  quelque  rapport 
enfemble.  Ce  Libraire  a  fait  imprimer  la  Collection 
des  Ouvrages  d'Erafme ,  de  Cardan ,  de  Galfendi.  Le 
fpicilegium  du  Père  d'Achéry  eft  une  Collection  de 
plufieurs  pièces  curieufes  de  l'antiquité.  Les  Collec- 
tions Mathématiques  de  Pappus  Alexandrinus.  On 
attribue  à  Ifidore  la  Collection  des  Décrétales  ,  &:  des 
Epitres  des  Papes.  La  Collection  des  Conciles ,  des 
Canons. 
^fT  Collection  fe  dit,  dans  le  même  fens,  d'un  ramas 
de  médailles  ,  d'antiques,  de  tableaux  ,  &  en  gé- 
néral de  toutes  les  curiolités  qui  forment  les  cabi- 
nets des  curieux.  Un  tel  a  fait  une  belle  collection 
,    de  médailles ,  d'antiques ,  de  plantes ,  de  coquil- 
lages ,  &c. 
Collection,  terme  de  Philofophie,  &:  fur  tout  de 
Logique  &:  de  Métaphyfique.  C'eft  une  multitude 
déterminée  ,  le  ramas,  l'anémblage  de  toutes  les 
parties  d'un  compolé  ;  c'eft  routes  ces  parties  prifes 
enfemble,  &  il  eft  oppofé  .à  diftribution  ,  qui  li- 
gnifie toutes  les  m?mes  parties  prifes  en  particulier. 
Collection   fignife  aulfi  univcrfalité.  Tout  cela  re- 
vient au  même.  La  colle^on  de  tous  Icshomn^es, 
de  tous  les  individus  d'une  nature,  de  toutes  les 
efpcces  contenues  fous  un  genre. 
Collection  de  lumière,  terme  d'Aftrologie.  Collcctio 
luminis.  Ce  terme  fe  dit  lorfque  deux  planètes  ne 
font  en  aucun  afpeèl: ,  &  qu'une  troilièmc  les  regarde 
toutes  deux  :  nlors  il  y  a  collection  de  lumière. 
COLLECTIVEMENT,    adv.  D'une  manière  collecli- 
ve.  Collective.  L'homme  en  général  fe  prend  Collec- 
tivement ,{\n%con\^àLcrcx\cs  individus.  L'homme, 
,   pris  colleUivemen: ,  fignifie  tous  les  homiues. 


COL  ^8^ 

!  COLLEGATAIRE  ,  f.m.&:  f.  terme  de  Jurifprudence. 
Celui ,  ou  celle  à  qui  un  legs  a  été  fait  en  commun  , 
avec  une ,  ou  plufieurs  perfonnes.  Qui  Icgatorum  in 
partem  vocatus  ejt,  Si  la  choie  eft  léguée  folidaire- 
ment,  la  portion  du  colleoatuire  mort,  ou  qui  d« 
l'accepte  point,  accroît  aux  auiks  collcgataires. 
COLLEGE,  f  m.  nom  qu'on  donne  à  un  Corps  ou 
Compagnie  de  perfonnes  qui  ont  la  même  dignité 
ou  qui  font   occupées  des  mêmes  fonctions.  Colle- 
giurn.  Les  Romains  appcloient  Collège  tout  aiiem- 
blage  de  plulieurs  perfonnes  occupées  aux  mômes 
fondions,  &  comme  liées,  c'eft-à-dire,  unies  en- 
femble pour  y  ttavailler  de  concert  ;&:  ils  difoienc 
ce  mot  non  feulement  des  perfonnes  qui  iravail- 
loient  aux  fonctions  de  la  Religion,  du  Gouverne- 
mant,  ou  des  Arts  libéraux  ;  mais  encore  de  celles 
qui  s'occupoient  aux  Arts  méchaniques.    Ainfi  ce 
nom  fignifioit  ce  que  nous  nommons  un  Corps ,  une 
Compagnie  ,  un  Corps  de  métier ,  un  métier.  Il  y 
avoit  dans  l'empire  Romain  non  feulement  le  Col- 
lège des  Augures,  le  Collège  des  Capitolins ,  c'eft-à- 
dire,  ceux  qui  avoient  l'intendance  des  Jeux  Capito- 
lins-, mais  auili  le  Collège  Azs  hmidim  ,C^'Ugi::m 
Artificum  ;  le  Collège  des  Charpentiers ,  Colleriiuit- 
Fahrorum ,  ou  Fabrorum  Tignariorum  ;  le  Collège 
des  Potiers ,  Collègium  Figulorum  ;  le  Collège  des 
Fbndeurs  ,  Collègium  Fahrorum  (zrariorum  ;  le  Col~ 
Lgc  des  Serruriers,  Colledum  Fabrorum  Scrrariorum  ■ 
Le  Collège  des  Ingénieurs ,  ou  des  gens  qui  travail- 
loicnt   aux  machines   de  guerre  ,  c'.-ft-.à-dire  des 
Charpentiers  de  l'armée,  Tignariorum  ;  d.-s  Dcn- 
drophores,  Dendrophororum  ;  des  Centenaires ,  Cen- 
tenariorum  ;  des  faifeurs  de  cafaques  mdiiaires  , 
5'.z-;'iZ//t>r////:  ;  des faifeurs  de  rentes,   Tahernacula- 
riorum  ;  des  Entrepreneurs  des  fourages  ,  Fœnario- 
rurn;  le  Collège  des  Boulangers,  Colle (lumPiilo- 
rurn;  des  Joueurs  d'Inftrumcnts ,  Til-icinum  ^Sic. 
Plutarque  dit  que  ce  fut  Numa  qui  divifa  le  pcuoie 
Romain  en  différens  Corps  i ,  qu'il  appela  Collèges  ; 
il  le  fit  a.nn  que  les  particuliers  fongeanraux  intérêts 
de  leur  Collège,  qui  les  divilbit  des  citoyens  qui 
étoient  des  autres  Collèges,  ils  ne  s'unifient  point 
tous  enfemble  pour  troubler  le  repos  public.  Les 
Collèges  étoient  diftingués  des  autres  Sociérés  qui 
n'étoient  pas  établies  en  forme  de  Collège  par  l'au' 
torité  publique ,  en  ce  que  ceux  qui  compofoient  ua 
Collège  pouvoient  traiter  des  affaires  communes  de 
leur  Co/lège,qu'\[s  faifbienc  un  Corps  dans  l'Etat,  en 
ce  qu'ils  avoient  une  bourfe  coiTimune ,  un  Agent 
pour  faire  leurs   affaires  ,  comme  aujourd'hui   les 
Syndics  de  nos  Communautés;  qu'ils  cnvoyoient 
des  Députes  aux  Magiftrats  quand  ils  avoient  à  trai- 
ter  avec  eux  ,  &  qu'ils  pouvoient  faire  des  régle- 
mens  &  des  ftatuts  pour  leur  Collège  ,  pourvu  qm'ils 
ne  fuffent  point  contraires  aux  loix  de  l'Etat.  Voyer. 
Plutarque  dans  la  ^ù- de  Numa,  Valere  Max.  au 
chap.  des  éc.ahliffemens.  De  Injiitutis ,  Pline,  /.    54, 
c,  i  ,  &:  l.   55.  Ciceron ,  ép.  5 ,  .à  Ion  F.  Quintus ,  '/. 
i.  Tite-Live,  l,  i,  Aulu-Gelle  ,  /.   i  z  ,  c.  5 ,  /fj  Pan- 
dectes,  le  Code,  les  Jurifconfuhis.CiiuSfVd^ulnSt 
Scrvola,  fi-c.  &  ci-delfus  au  mot  Boulanger. 

A  Rome ,  il  y  a  le  Collage  des  Cardinaux  ,  qu'on 
nomme  autrement  le  Sacré  Collège.  Les  Allemans 
ont  le  Collège  des  Eleéleurs.  Il  y  a  trois  Collèges 
dans  l'Empire  ,  le  Collège  Eleétoral ,  le  Collège  des 
Princes ,  &  le  Collège  des  Villes  Impériales.  Foye:^ 
ci-après. 

La  Chancellerie  a  le  Collège  des  Secrétaires  du 
Roy.  Il  y  a  le  grand  &  le  petit  Collège. 

Dans  le  Clergé  de  la  Cathédrale  de  Rouen ,  il  y  a 
cinq  ou  fix  Collèges  différcns  de  Chapehains-,  5:  ces 
Chapelains  font  appelés  Collécjaux ,  3.  la  différence 
des  non-Collégiaux  ,  qui  ne  fbrment  point  de  (To/- 
fege  entre-eux.  Foyei  la  Defcription  Géogr.  &  Hiji. 
de  la  Haute-Norm.  tom.  x,pa.g.  7^1  &fuiv. 

Collège  des  Cardinaux  ,  ou  Sacré  Collège.  Sacrum 
Colleaium.  C'eft  le  Corps  des  Cardinaux.  Ce  Collège 
eft  compofé  de  trois  ordres  de  Cardinaux ,  de  l'or- 
dre des  Cardinaux  Erêques,  de  l'ordre  de$  Cardi- 


6^G 


COL 


naiJX  Prêtres ,  &  de  l'ordre  des  Cardinaux  Éiiacres  : 
chaque  ordre  a  fon  Doyen  ,  ou  l'on  Chef.  Le  Ooyen 
des  Cardmaux  Evêques  eit  E/èqiie  d'Oltie,  &: 
Doyen  de  tous  les  Cardinaux,  quoiqu'il  puiile 
n'erre  pas  le  plus  ancien  Cardinal.  Collcgium  Car- 
dinalium. 

On  dilbic  autrefois  le  Collège  des  Jpôtrcs  -,  cette 
exprefTion  a  vieilli ,  on  ne  s'en  iert  prelque  point  au- 
jourd'hui. Apojlolorum  Collegiitm. 

Collège  des  EUcieurs.  ColUgium  Ekclorum  hnperU. 
C'cft  le  corps  des  Eleveurs ,  ou  de  leurs  Députés  à 
la  Diète  de  Ratillsonne.  Autrefois  le  Roi  de  Bohême 
n'avoir  point  de  Députe  dans  le  Collège  des  Elec- 
teurs ,  il  en  a  un  aujourd'hui  comme  les  autres 
Electeurs. 

CoiLÈGE  des  Princes.  Collegium  Imperii  Principum. 
C'eft  le  Corps  des  Princes  ou  de  leurs  Dépurés  qui 
fe  trouvent  à  la  Diète  de  Ratilbonnc. 

Collège  des  Villes.  Collegium  Imperii  Civitatum. 
C'eft  le  Corpsdes  Députés  que  les  villes  de  l'Empire 
envoient  à  la  Dière  de  Ratifoonnc. 

^CT  Cette  divilion  du  Corps  Getmanique  fut  établie 
dans  la  Diète  tenue  à  Francfort  en  1580. 

^3"  L'Archevêque  de  Mayence  eft  Diredeur  du  Col- 
leae  Elcdloral.  L'Archi-Duc  d'Autriche  &:  l'Arche- 
vêque de  Salrzbourg,  fonr  alternativement  Direc- 
teurs du  Collège  des  Princes  ;  &:  le  premier  Ma- 
gifttat  de  la  Ville  Impériale  où  la  Diète  cft  con- 
voquée ,  cft  Directeur  du  Collège  des  Villes. 

Ce  mot  vient  félon  Papias ,  à  Societatc  Collcga- 
rum  ,  c'eft-à-dire  ,  de  plufieurs  perfounes  côn- 
tituées  en  la  même  dignité 

Collège  fe  dit  aullî  d'un  lieu  public  &:  doté  de 
certains  revenus ,  où  l'on  enfeigne  les  Lettres  divi- 
nes &  humaines ,  dans  des  fallcs  appelées  clafes 
deftinées  pour  cela.  Gymnajîum  Litterarum  ,  Gym- 
najium ,  Scholœ.  ^  L'Univerfité  de  Patis  confifte  en 
plus  de  50  Collèges,  iode  plein  exetcice,  &plus 
de  40  autres  fondés  pour  des  bourhers ,  aujourd'hui 
réunis  fous  une  même  adminiftrarion  dans  le  Collège 
de  Louis  le  Grand.  A  Oxfort  il  y  a  dix-huit  Collèges 
dotés  &c  rentes-,  outre  ceux  qui  ne  le  fonr  point.  Il 
y  en  a  feize  à  Cambridge ,  qui  ont  aufli  leurs  reve- 
nus fixes.  Chamberlain.  En  France  l'éreélion  des 
Collèges  appartient  au  Roi  :  les  particuliers  peu- 
vent bien  bâtir  à^s  Collèges,  les  doter  ,  mais  ils  ne 
famoient  les  ériger ,  il  faut  pour  cela  permiiridn  du 
Roi.  Voyei  l'Hommeau  ,  Chaline  ,  Févret  ,  de 
l'Abus,  T.  /. 

Toutes  les  nations  policées  ont  eu  &  ont  encore 
des  Collèges  ^owi  l'inftmélion  de  lajeunefle,  qu'an 
a  toujouis  regardée  comme  une  chofe  des  pliis  im- 
portantes pour  le  bonheur  d'un  Etat.  Les  Juits  & 
les  Egyptiens  ont  eu  leurs  Collèges.  Le  Thalmud  & 
plufieurs  livres  des  Juifs  parlent  de  leurs  Ecoles , 
ou  Collèges  :  quelques  villes  ont  eu  des  noms  qui 
.  marquoienr  que  les  Sciences  y  florifibienf,  comme 
Nardée,  dont  le  nom  fignine  Fleuve  de  Science  ,  Si 
Cariath-fepher ,  qui  veu"t  dire,  ville  de  livres.  Les 
plus  célèbres  Collèges  des  Juifs  ont  été  ceux  de 
Jérufalem  ,  de  Tibcriade,  de  Nardée,  de  Mata- 
Machafia ,  de  Pompodita ,  de  Suia ,  &c.  Se  fur  tout 
de  Babylone.  On  prétend  qua  ce  dernier  fut  établi 
par  Ezéchiel  -,  qu'il  fubfiftoit  encore  au  temps  de 
Mahomet  ;  6i  que  cet  Importent  voulut  que  les 
Collèsres  voifins  fuflent  fubordonnés  à  celui  de 
Babylone. 

Chez  les  Grecs,  le  Lycée  Si  l'Académie  croient  de 
célèbres  Collèges  ,  dont  le  dernier  a  donné  fon  nom 
aux  Académies  &  aux  Univerfités,  qu'on  appelle  en 
latin  du  nom  Académla.  La  maifon  de  chaque  phi- 
lofophe  &:  de  chaque  rhéteur  pouvoir  paffer  pont 
un  Collège,  ils  y  donnoient  des  leçons  à  leurs  dif- 
ciples,  à'  moins  qu'ils  ne  choifillent  pour  cela  quel- 
que lieu  public,  comme  un  portique  ,  une  ga- 
lerie,  &c. 

Les  Romains  établirent  en  divers  endroirs  ,  & 
fur  tout  dans  les  Gaules,  des  Ecoles  on  Collèges  : 

'    les    plus   célèbres   étoient  ceux  de  Marfeille  j  de 


CO  L 

Lyon  &:  de  Befançon,  Les  Collèges  ont  prefque  tou- 
jours été  entre  les  mains  de  ceux  qui  étoient  con- 
factés  au  miniftère  de  la  religion.  C'éroient  les 
Mages  en  Perfe  ,  les  Gymnolbphiftes  aux  Indes ,  Se 
les  Druides  dans  les  Gaules  ,  qui  enfeignoient  les 
Iciences  aux  jeunes  gens.  Voye:^  Céfar,  h  6,  de 
la  guerre  des  Gaules.  Quand  la  religion  chrétienne 
fut  établie  en  France ,  il  y  eut  prefque  autant  de 
Collèges  ,  que  ^de  Monaftères.  Charlemagne  dans 
ies  Capitulaires ,  /.  i  ,  c.  iz ,  ordonne  que  dans 
tous  les  Monaftères  on  apprit  auxenfanslcs  pfeau-" 
mes  ,  la  mufique  ,  l'arithmétique  ,  la  grammairéi 
Mais  parce  que  le  foin  de  l'éducation  de  la  jeunefle 
tiroit  les  Moines  de  leur  folitude  ,  partageoiÉ 
trop  leur  temps ,  Si  les  empcchoit  de  vaquer  aux 
exercices  de  leur  profefllon  ,  dans  la  fuite  on  i 
donné  le  foin  de  plufieurs  Collèges  à.  des  perfonnes 
qui  n'euflênt  point  d'autres  occupations  que 
celle-là 
Collège  fe  dît  aufiTi  d'un  lieU  fondé  pour  y  entrete- 
nir quelques  pauvres  garçons  ,  Si  leur  donner 
moyen  d'étudier ,  fous  le  nom  de  Bourjîers.  Colle- 
gium. Ils  font  conduits  par  un  Principal,  fans  qu'il 
y  ait  aucun  exercice  ,  ni  Profefiêurs  ,  comme  le 
Collège  de  Fortet,  de  M'  Gervais  à  Paris,  nous  avons 
déjà  dit  que  ces  Collèges  étoient  réunis. 

On  dit  d'un  homme  qui  fait  paroîtrc  une  igno- 
rance groffière,  qu'il  a  bien  perdu  fon  temps  au 
Collège.  On  dit  aufli  qu'une  chofe  fent  le  Collège, 
quand  elle  eft  faite  ou  dite,  d'une  maniète  pédan- 
tefque.  Les  gens  de  Cour  envoient  un  Savant  dans  le 
fond  d'un  Collège.  Boil.  Ces  âmes  de  Collège  SC 
d'Univerfité  font  toujours  armées  de  fyllogifmes 
pour   dlfputer  fur  tout.  Pere  Daniel. 

Si  le  texte  ejl  latin  ,  cite  l'original  i 

Mais  non  pas  s'il  ejigrec,  le  grec  Jied  toujours 

mal. 
Et  porte  malgré  nous  notre  efprit  au  Collège. 

Vill, 

On  dit  dans  le  Droit  que  trois  perfonnes  fuffi- 
fenr  pour  faite  Collège ,  Collegium  très  faciunt. 

On  dit ,  le  Collège  des  Avocats  aux  Confeils  dit 
Roi ,  &  l'Ordre  des  Avocars  au  Parlement.  §3°  On 
dit  cependant  Collège  des  Avocats  en  quelques  en- 
droirs, à  Rouen  ,  à  Lyon, 

Collège  le  dit  des  Chapitres  de  Chanoines  &  de 
Chanoinefles.  Nicolas  des  Urfins  ,  Comte  de 
Solero  ,  fonda  un  Collège  de  ChanoinelTes  à  Noli, 
dans  l'Etat  de  Gènes."  P.  Hélyot  ,  T.  VII,  C. 
4S.  De-là  vient  qu'on  appelle  Collégiales ,  les  Egli- 
fes  des  Chapitres  de  Chanoines  qui  ne  font  pas 
dans  une  Carhédrale.  Voyc:^  Collégiale. 

Collège  des  Aîarchands,  C'eft  ainfi  que  l'on  nomme 
dans  prefque  toutes  les  villes  Anféatiques,  un  cer- 
tain lieu ,  ou  place  publique  ,  où  s'atrcmblcnt  ordi- 
nairemenr  les  Marchands  Se  Négocians ,  pour  trai- 
ter des  affaires  de  leur  commerce.  C'eft  proprement 
ce  qu'on  appelle  à  Nantes  &  ailleurs,  Bourjè ,  Se  à 
Lyon  ,  Place  du   Chancre. 

COLLÉGIAL ,  ALE ,  adj.'  Qui  fent  le  Collège.  Quoi 
Collegium  fapit'.  Cette  façon  d'agir ,  do  parler ,  eft 
fort  collégiale,  c'eft-à-dire  >  ne  tient  point  de  l'air 
du  beau  monde. 

ÇCF  Dans  cette  acception ,  le  mot  de  Collégiale  n'eft 
pas  reçu.  Il  n'eft  ufité  qu'au  féminin  dans  cette 
phrafe  ,  Eglife  Collégiale ,  pour  défigner  une  Eglife 
où  il  n'y  a  point  de^Siége  Epilcopal ,  St  qui  eft 
dclfcrTie  par  des  Chanoines.  Ecclefla  Colleglalis  , 
Colleoiata  :  templum  Canonicorum  Colleç^ïo  célèbre. 
S.  Marrin  de  Tours  n'eft  qu'une  Eglife  Collégiale. 
Il  y  a  deux  fortes  d'Eglifes  Collégiales  :  les  unes  de 
fondation  Royale,  comme  les  faintes  Chapelles, 
dont  le  Roi  confère  les  prébendes  -,  les  autres 
font  de  fondation  Eccléfiaftique.  Les  unes  &  les 
autres  pour  le  Service  divin  fe  règlent  comme  les 
Cathédrales  ;  il  y  a  même  de  ces  Eglifes  Collégiales 
qui  ont  des  droits  Epifcopaux,  Quelques  Collégiales 


\ 


COL 


ëtoient  anciennement  des  abbayes  qui  ont  été 
fécularifées.  Aupiuriel  mafculin  on  dit  Collégiaux. 
Voyez  ci-deflus  Collège. 
tCoLLEGiAL,  f. m.  nom  de  dignité  dans  les  Univcrfî- 
tcs  'A'^î\p^s,ne.Collegialu.Lz  Collégial  àc  l'Univer- 
fité  de  Vailadolid  vient  d'obtenir  une  place  d'Al- 
Caïde  dans  rAiidience  de  Séville.  Un  tel  ell  grand 
Collégial  dans  l'Univerfité  de  S'eville. 

Collégiale,  f.  f.  Ce  mot  vient  du  mot  latin  Colle- 
gium  i  Société  de  gens  eciblis  pour  la  mcme  fin  , 
les  mêmes fon6i:ions.|iCr  On  2if\yc\\c  Collégiale,  on  j 
Eglife  Collégiale,  une  Eglile  deircvie  par  un  Cha- 
pitre fans  iiége  épilcopal.  Chapitre  de  Chanoines 
&:  autres  Miniftces  établi  dans  une  Eglife  qui  n'efl: 
pas  Cathédrale ,  ou  Siège  d'un  Evèque. 

^fj'  COLLEGIATS.  f.  m.  En  quelques  endroits  on 
appelle  colkgiats  les  Bourfîers  ou  Ecoliers  qui  ont 
une  bourfe  dans  un  Collège.  Loysel. 

|iCr  COLLÉGIATE  ,  f.  £  ce  mot  fe  dit  peu.  Il  eft 
fynonyme  à  collégiale. 

Ce  mot  fe  dit  à  Dijon  de  l'Eglife  Abbatiale  de 
S.  Etienne.  C*étoit  autrefois  un  célèbre  Monaftère 
de  l'Ordre  de  S.  Auguftin  ,  &  le  chef  de  cette  Col- 
légiale porte  encore  le  nom  d'Abbé ,  quoiqu'il  ait 
été  fécularifé  ,  &  qu'on  en  ait  fait  un  Chapitre  de 
Chanoines  féculiers ,  &  réduit  les  biens  en  canoni- 
cats.  §CF  cette  Abbaye,  ou  Eglife  collégiale  ,  fut 
érigée  en  Eglife  Cathédrale  en  17;  i. 

CoLLÉGiATE,  f.  m.  uom  quia  été  donné  aux  I^cli- 
gieux  de  Grandmont.  Collegiatus.  Le  P.  Jean  l'Évc- 
que  ,  Religieux  Grandmontain  ,  dans  fon  Apologie 
pour  prouver  que  fon  Ordre  étoit  fous  la  régie  de 
S.  Auguftin  ,  dit  que  depuis  le  Pape  Jean  XXII , 
les  Grandmontains  fe  font  qualifiés  Chanoines  Ré- 
guliers ;    Convenrucis  ;    Collégiales  S>i    fiables.  P. 

JIÉLYOT  ,    T.    Fil ,  C.   54,  p.    408. 

00=  COLLÉGIAUX,  f.  m.  pl.  Dans  quelques  Eglifes 
on  appelle  Chapelains  collégiaux  ceux  qui  font  Col- 
lège entr'eux,  qui  tiennenr  chapitre  ,  à  la  diffé- 
rence de  ceux  qui ,  ne  formant  point  de  collège 
entr'eux  ,  font  appelés  non-Collégiaux. 

COLLÉGIEN,  f.  m.  nom  que  l'on  donne  poplilaire- 
ment,&dans  les  Provinces  aux  Ecoliers  qui  vont 
au  Collège.  Une  troupe  àt  Collégiens. 

COLLÉGIENS.  Colhgio  adfcripti.  C'eft  le  nom  d'uiie 
certaine  Secte,  ou  Parti,  qui  s'eft  formé  des  Ar- 
miniens &  des  Anabaptiftes  dans  la  Hollande.  Ih 
ont  été  ainfi  appelés, parce  qu'ils  s'a/îemblent  en 
particulier ,  Si  dans  leurs  aflemblées ,  tous  les  pre- 
miers Dimanches  de  chaque  mois ,  chacun  a  la 
liberté  de  parler,  d'expliquer  l'Ecriture,  de  prier 
6c  de  chanter.  Tous  les  Collégiens  font  Sociniens , 
Ou  Ariens, autrement  Unitaires.  Cupperus ,  qui  a 
été  Miniftre  Arminien,  les  quitta  pour  le  ranger 
au  Collège.  Ces  gens-là  ne  communient  jamais 
dans  leur  Collège  ,  mais  ils  s'affemblent  deux  fois 
l'an  de  toute  la  Hollande  à  Rilbourg  ,  qui  efl;  un 
village  environ  à  deux  lieues  de  Léyde  ,  où  ils  font 
la  communion.  Ils  n'ont  point  de  Miniftres  parti- 
culiers pour  la  donner  •,  mais  celui  qui  fe  met  le 
premier  à  la  table  la  donne  j  &  l'on  y  reçoit  in- 
différemment tout  le  monde,  fans  examiner  de 
quelle  fcdle  l'on  eft.  Ces  Collégiens  ont  introduit 
parmi  eux  quelque  chofe  de  l'Anabaptifme  ,  &  ils 
ne  donnent  le  baptême  qu'en  plongeant  tout  le 
corps  dans  l'eau. 

COLLEGUE,  f.  m.  compagnon  en  dignité  ou  en  au- 
torité. Collega.  On  le  dit  proprement  des  Confuls 
Romains.  C'étoit  fon  collègue  au  Confulat. 

On  le  dit  auffi  de  celui  qui  eft  allbcié,  ou  com- 
mis avec  un  autre  dans  le  même  emploi.  On  en- 
voya un  tel  Seigneur  Plénipotentiaire  pour  la  paix  ; 
mais  on  lui  donna  deux  collègues, 

^3"  Ce  mot  de  collègue  k  dit  de  ceux  qui  font  en 
petit  nombre, comme  celui  de  confrère,  de  ceux 
qui  font  d'une  compagnie  nombreufe.  Ainfi  les 
Préfidens  d'une  même  Chambre  ,  les  Avocats  Si  les 
Procureurs  du  Roi  en  une  même  Jurididion  ,  les 


G  Ô  L  î^ 

Députés ,  les  Commiffaires  envoyés  pour  une  même 
affaire  ,  &c.  font  collègues. 
Collègues  Généraux.  On  appelle  ainfi  dans  l'Ordre 
des  Minimes ,  ceux  qui  compofent  le  Conleil  du 
Général  ,  &  qui  l'alliftent  dans  le  gouvernement 
de  fon  Ordre,  Ceux  qui  ont  droit  d'alJifter  aux  Cha- 
pitres généraux  de  cet  Ordre,  font  le  Général,  leS 
collègues  généraux  ^  les  Provinciaux»,  le  Zélateur 
ou  Procureur  Général ,  feulement  quand  le  Cha- 
pitre fe  tient  à  Rome  ou  aux  environs.  P.  Hélyot  » 
T.  FII,p,  440.  Il  y  a  aulfi  des  collègues  provinciauxj 
qui  font  auprès  des  Provinciaux  ce  que  les  collègues' 
généraux  font  auprès  du  Général.  Id.  /7.441. 

{te?  COLLER,  v.  a.  Unir  deux  choies  par  le  moyen 
de  la  colle  -,  attacher ,  faire  tenir  une  chofe  à  une 
autre  avec  de  la  colle.  Glutinare.  On  colle  des  aiSj, 
du  papier.  On  colle  deux  choies  enfcmble.  On  colle 
des  pièces  de  marqueterie.  On  colle  à  la  muraille  j 
fîir  la  muraille. 

§3"  Coller  fignifie  auffi  enduire  de  colle.  Gluiine  j, 
g.'uiino  illinere.  On  colle  une  toile  avant  que  de 
l'imprimer.  Le  papier  boit ,  quand  il  n'efl:  pas  bien 
collé.  En  latin  charia  bibula. 

Coller  du  vin  ,  parmi  les  marchands  de  vin  ,  c'efl:y 
inpttre  de  la  colle  de  poiflbn  ,  pour  l'éclaircir,  Voy, 
Clarifier. 

^3"  En  termes  de  billard  ,  coller  une  bille  ,  où  fim- 

Element  coller ,  c'cfl  faire  touchei  une  bille  à  la 
ande  •,  poufler  une  bille  de  manière  qu'elle  de- 
Jneure  près  de  la  bande.  Applicare  margini.  On 
joue  plus  difficilement  une  bille  co/Zêe.  Quand  on 
ne  peut  pas  faire  la  bille  de  Ion  advcrfaire  ,  on  cher- 
che à  le  coller.  Ici  ce  verbe  prend  un  feus  figuré. 

1^  On  dit  encore  figurémentleco/Zer,  être  collé  con- 
tre  un  mur ,  fe  tenir  droit  contre  un  mur ,  comme 
fi  on  y  étoit  collé  ,  attaché.  Applicare  fe  ad  murum. 
Il  eft  du  ftyle^ familier. 

QCr  COLLÉ,  EE.  part.  Il  a  les  fignifications  du 
verbe.  Chaflis  collé,  ^zcitt  collé,  loiis  collée  y  vin 
collé.  Au  figuré,  bille  co//<;'f. 

ffF  On  dit  encore  rigurément  d'un  habit  qui  eft  jufte 
à  la  melure  du  corps ,  qu'il  eft  collé\:  qu'il  pa- 
idix.  collé  i\n  le  corps  :  &  d'un  homme  qui  fe  tient 
ferme  &  droit  à  cheval ,  qu'il  eft  collé  fur  fonchea 
val ,  fur  la  felle. 

i]C?  Avoir  les  yeux  collés  fur  une  chofe  ,  c'eft  la  re- 
garder attentivement  &  long  temps.  Defixis  oculis 
iniueri.  Avoir  la  bouche  ou  les  lèvres  collées  fuc 
une  chofe ,  les  y  tenir  long  temps  attachées.  On 
dit  de  même  d'un  homme  fort  attaché  à  l'étude  , 
qu'il  eit  collé  fur  les  livres.  Pour  marquer  l'extrême 
rendrede  de  David  pour  Jonathas ,  l'Ecriture  dit 
que  fon  ame  étoit  collée  à  celle  de  Jonathas* 

COLLÉRAGE.  f.  m.  Droit  de  tirage  &  de  coller  âge  z 
c'eft  un  droit  fur  le  vin  qu'on  payoit  pour  le  mettre 
en  perce  (  en  coule  )  Foye^  le  Livre  de  l'Eckevinage 
de  Paris  ,  c.  ^. 

COLLERETTE,  f.  f.  Sorte  de  petit  collet  que  les 
femmes  portent  pour  fe  couvrir  la  gorge ,  &  fur- 
tout  les  paylannes  &  les  femmes  de  bafle  con- 
dition. Cœfiiium  tezendocollo,  Hnleolum,  mamillare, 

COLLESTINE.  f.  f.  Collejiina,  Voyez  Cellite.  C'eft 
la  même  chofe.    • 

COLLET,  f.  m.  partie  de  l'habillement  qui  entoure 
le  cou ,  qui  fe  met  autour  du  cou.  On  le  dit  pre- 
mièrement du  haut  du  pourpoint  qui  entoure  le 
cou.  Un  collet  de  chemife.  Un  collet  de  manteau, 
eft  un  morceau  de  drap  qui  règne  fur  le  manteau 
le  long  des  épaules.  On  ne  voyoit  ni  fraifes  ni 
collets\v:inz  Henri  II.  Son  père  avoir  le  cou  nu  :  à 
remonter  jufques  à  S.  Louis ,  les  autres  Rois  l'ont 
eu  de  même ,  hors  Charles  le  Sage ,  qu'on  voit 
par  tour  repréfenté  avec  un  collet  d'hermine.  Le 
Gendre. 

Ce  mot  vient  du  latin  collum. 
|CF  Ort  appelle  abfolument  collet  un  petit  morceau 
de  roile  fine  que  l'on  met  autour  du  cou  par  or- 
nement. Lineus  colli  amiclus.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
ordinairement  rabat.  Foye^  ce  root.  Il  n'y  a  plus 


622 


COL 


que  les  Ecclcfiaftiqucs  &  les  gens  de  robe  qui  en 
portent  :  5c  comme  celui  des  Ecclcliaftiques  cil  plus 
petit,  on  les  appelle  familièrement  petits  <:(;//fi:j , 
gens  à  petit  collet. 
0Cr  Les  temmes  portoient  autrefois  des  collets  em- 
pefcs ,  ou  Ibûtenus  par  une  carte  ou  du  fil  de  fer. 
C'efl:  ce  qu'on  appeloit  collet  monte.  Il  y  a  long 
temps  que  (*t  ulage  eft  entièrement  paflc.  C'eft  pour 
quoi  l'on  dit  proverbialement ,  du  temps  des  col- 
lets montés  -,  pour  dire,  du  vieux  temps.  Antiquitiis. 
Cela  étoit  bon  du  temps  des  collets  montés. 
1)3"  On  dit  encore  qu'une  choie  eft  collet  monté,  &:  eft 
bien  collet  monte  -,  pour  dire  ,  qu'elle  eft  antique  , 
ou  qu'elle  a  un  air  contraint  &;  guindé.  Dans  les 
Femmes  favantes  de  Molière  ,  Beliie  trouve  que  le 
mot  dcjbllicitude  eft  bien  collet  monté, 
ffT  On  appelle  encore  collet  monte  celui  ou  celle  qui 
afFedte  une  gravité  outrée.  Cet  homme  ,  cette  femme 
eft  un  collet  monté,  un  vx:3.i  collet  monté. 
C01.LET  fe  prend  quelquefois  improprement,  &C  par 
cxten(ion,poar  le  cou  même.  Cclliim.  Ces  Archers 
ont  pris  cet  homme  au  collet.   On  le  dit  auHi  de 
ceux  qu'on  prelFe  vivement.  Je  l'ai  pris  au  collet , 
il  ne  m'a  pu  reforer  ce  que  je  lui  demandois. 

On  dit  aufli  familièrement  prêter  le  co/Zt;/ à  quel- 
qu'un, tant  au  propre-,  pour  dire,  qu'on  le  bat- 
tra contre  lui  corps  à  corps ,  qu'au  figuré  ;  pour 
dire  ,  qu'on  lui  tiendra  tête  en  toutes  fortes  de  dil- 
putcs  &  de  contcftations.  Alicui  fortiter  rejijiere. 
On  dit  quand  quelqu'un  a  fait  une  bonne  affaire  , 
ce  l'ont  cent  piftoles  qui  lui  lautenr  au  collet. 
^fT  Collet  de  veau  ,  de  mouton ,  en  termes  de  cui- 
line  &  de  boucherie  ,  c'eft  la  partie  du  cou  de  ces 
animaux  qui  refte  après  qu'on  en  a  ôté  le  bout  le 
plus  proche  de  la  tête  ,  &  defllis  laquelle  on  lève 
l'épaule.  Vituli  ,  vervecis  jugulnm. 
Collet  ,  en  termes  de  Chaflé ,  eft  un  petit  filet  de 
corde  ,  ou  de  crin  tendu  dans  les  haies  ou  paila- 
s;es  étroits  avec  un  nœud  coulant,  dans  lequel  les 
lièvres ,  les  lapins ,  les  oilcaux  ,  &:  autre  gibier  , 
ie  prennent,  ik  s'étranglent,  quand  ils  y  palîént. 
Laqueus.  Les  collets  font  défendus  par  les  Ordon- 
nances de  Chaile. 
Collet  J'e'/a/,  en  termes  de  Marine,  c'eft  un  tour 

que  l'étai  fait  fur  le  ton  du  ni.it. 
Collet  ,  en  termes  d'Artillerie ,  eft  la  partie  du  canon 
comprife  entre  l'aftragale  &  le  bourrelet ,  où  le 
métal  eft  le  moins  épais.  Collum,  Les  Orfèvres  di- 
fenr  aulfi  ,  ie  collet  de  pic  d'une  aiguière,  d'un 
flacon  ,  &  autres  vailfeaux  ;  c'eft-à-dire ,  la  partie 
par  où  ils  font  attaches  à  leur  pié. 

On  appelle  aulFi    le  collet  d'une  caflbîetre,ou 
d'autres  ouvrages ,  le  cordon  ou  autre  ornement 
qui   eft  quelquefois  ouvragé  ,  godronné  &  ren- 
verlé  ,  qu'on  met  en  differens  endroits  de  la  pièce 
fabriquée. 
Collet  ou.  Colletin  de  bufie,  eft  une  peau  de  Bulle 
préparée ,  qui  fait  une  cfpcce  de  jufte  au  corps  lans 
manches.  Thorax  e  bovis  feri  corloi  è  bubaii  cor  10. 
Collet  de  fenteur.  Efpcce  de  pourpoint  de  peau  par- 
fumée à  pérîtes  bafques  &c  fans  manches ,  que  l'on 
portoit  autrefois. 
Collet  fe  dit  aulU  chez  les   Artifans,   de  l'endroit 
d'une  penture  dans  lequel  entre  le  gond.  Scjporum 
cardinaliumextremapars  quacardmibus  injérun- 
tur  ;  &  en  plufieurs  chofes ,  de  ce  qui  eft  ie  plus 
haut  &  le  plus  cminent,  comme  d'un  chandelier, 
d'un  violon,  fi^c.  On  appelle  auifi  collet  d'une  hot- 
te ,  la  partie  la  plus  haute  de  la  hotte  ,  &;    qui 
garantit  le  cou  de  celui  qui  la  porte.  Fars  fupe  - 
rior. 
Collet  de  marche.  C'eft ,  en  termes  de  Charpenterie , 
la  partie  la  plus  étroite  d'une  marche  tournante  , 
5c  par  où  elle  tient  au  noyau  de  l'efcalier.  Graduum 
pars  angufiior ,  qua  fcapis  fcalarumjunguntur. 

Les  mortoifes  pour    polér  les  collets  des  marches 
auront  euviron  trois  pouces  dans  leurs  aplombs , 
Se  un  pouce  ,  ou  un  pouce  &  demi  de  largeur  >  ^ 
-     ii,M«uit  de  profondeur. 


COL 

Collet  de  flambeau  ,  terme  de  Cirier.  C'eft  le  bout 
de  la  mèche  de  fil  blanc  ,  long  d'environ  trois  pou- 
ces, qui  paroît  à  l'extrémité  des  flambeaux  de  poing, 
quand  ils  n'ont  point  encore  été  allumés. 

Collet  ,  chez  les  Tourneurs ,  fe  dit  de  la  partie  de 
l'arbre  qui  eft  la  moins  groHe,  Collum.  Collet  en 
poulie ,  collet  allongé. 

Collet,  en  termes  de  Botanique,  eft  la  partie  de 
l'arbre  qui  lépare  le  bas  cache  par  la  fuperiicie  de 
terre ,  d'avec  la  tige  de  l'arbre.  L'endroit  de  l'arbre 
où  finit  laiacine  &  où  commence  la  tige.  Collet 
de  la  racine,  eft  le  haut  de  la  racine,  d'où  for- 
tent  la  tige  ^  les  principaux  jets.  Pars  radicisfu- 
perior.  Loffqu'on  dit  que  les  feuilles  d'une  plante 
font  difpolces  en  collet^  on  entend  qu'elles  font 
placées  lur  la  tige  à  peu  près  comme  le  collet  d'un 
manteau  eft  placé  fur  le  manteau.  Le  collet  d'un 
arbre  doit  toujours  erre  fans  racine.  Liger. 

Collet  ,  en  termes  de  Fleurifte  ,  c'eft  le  haut  de  la 
plante.  Endommager  le  collet  d'une  plante.  Mo- 

RIN. 

Collet  de  forme  Je  fou  lier.  C'eft  la  partie  de  la  forme 
qui  répond  immédiatement  au  talon.  Pars  calcei 
qux  refpondet  talo-,  pars  infima  & pofirema. 

Collet  ie  tombereau ,  fe  dit  de  la  partie  du  devant  du 
tombereau  qui  s'élève  au  defllis  des  gifans. 

COLLETAGE ,  f.  m.  vieux  mot  qui  le  trouve  dans 
Monftrelet,  &  fignifie ,  Tailles,  Aides,  Subfides 
qu'on  lève  fur  le  peuple- 

COLLETER.  V.  a.  Prendre  quelqu'un  au  collet  pour 
le  jeter  par  terre; le  faifir  au  collet,  &;  s'ettbrcer 
de  le  terraffer.  Inje&is  in  fauces  manibiis  cum  ali' 
quo  luclari.  Cyrus  Ibutint  l'attaque  d'un  ours ,  & 
l'ayant  colleté ,  tomba  aVec  lui.  Abl,  Il  fe  dit  aulfi 
fort  fouvent  avec  le  pronom  perfonnel ,  pour  li- 
gnifier ,  fe  battre  corps  .\  corps ,  fe  prendre  au 
collet,  pour  tâcher  de  lé  renverfer.  Ils  le  font  col- 
letés 5c  gourmes  un  bon  quart  d'heure.  Scar.  Ces 
chiens  fe  font  colletés.  Le  chien  a  colleté  avec  ie 
loup. 

Colleter  des  chandelles ,  teime  de  Chandelier,  c*e(l 
faire  le  collet  des  chandelles  plongées ,  c'eft-à* 
dite ,  laillcr  prendre  fuif  à  une  partie  de  la  boucle 
que  forme  la  chandelle  ,  lorfqu'on  la  plonge ,  afin 
qu'elle  refte  ouverte  &:  qu'elle  s'allume  plus  fa- 
cilement. 

Colleter,  en  termes  de  Chafle,  fignifie  ,  tendre  des 
collets  pour  prendre  du  gibier.  Tendere  laqueos. 
L'Ordonnance  défend  de  co//erer  à  peine  d'amende. 
Dans  ce^fens^  il  eft  neutre* 

COLLETÉ  ,  EE  ,  parr.  en  termes  de  Blafon ,  fe  dit 
des  animaux  qui  ont  des  colliers  d'un  émail  diffé- 
rent. Collari  injignis. 

COLLETEUR ,  f.  m.  terme  de  chaHe.  Il  fe  dit  de 
celui  qui  eft  habile  à  tendre  des  collets. 

COLLETIER,  f.  m.  celui  qui  fait  &  qui  vend  des  col- 
lets de  Buftle, 

COLLETIN.  f.  m.  Pourpoint  fans  manches.  Thorax 
jine  manicis.  On  le  dit  particulièrement  des   col- 
letins  de  Buftle.  Ni  le  nom  ni  la  chofe  ne  font  plus 
en  ufage. 

Colletin  le  dit  aufîl  d'un  grand  morceau  de  cuir 
que  les  Pèlerins  de  faint  Jacques  &:  autres ,  fe  met- 
tent fur  les  épaules  en  manière  de  mouchoir  de  cou, 
&  fur  lequel  on  attache  des  coquilles.  Coriwwz  Pere- 
grini ^pecins  &  humeras  vefliens. 

COLLÉTIQUES  ,  terme  de Médecine.adj.  Employé 
fubftantivenient.  Médicamens  qui  reunilfent  ou  qui 
collent  les  parties  féparées  d'une  plaie ,  ou  d'un 
ulcère  ,  &  qui  les  rétablillént  dans  leui  union  na- 
turelle. Ils  font  plus  délîicatifs  que  ceux  qu'on  ap- 
pelle Sarcotiques ,  mais  ils  ne  le  font  pas  aufantr 
que  les  épulociques.  On  met  parmi  les  collétijues, 
la  litarge,  l'alouès,  la  myrrhe,  &c. 

Ce  mot  vient  du  grec  xoaaut(/««,    qui  fignifie, 
qui  a  la  propriété  de  coller. 

COLLEUR  de  feuilles ,  ou  des  feuillets ,  qu'on  ap- 
pelle aulfi  Carconnier.  Cell  un  ouvrier  qui  fabn- 
*  que 


COL 

ijiic  des  cartons.  Dins  les  raanufaiiliires  de  papier 
il  y  a  des  ouvriers  appelés  eolleurs. 

C'efl:  auffi  le  nom  qu'on  donne  dans  les  Manu- 
fadurcs  de  Draperie  ,  à  un  Ouvrier ,  donc  l'em- 
ploi eft  tant  de  coller  ou  cmpeler  les  chaînes  des 
draps, que  de  les  monter  iur  le  métier. 

COLLIGERT  ,  rerme  de  Courûmes.  Serf.  Serviis^ 
Coliibcrtus.  Du  Launoy ,  p.  de  Ibn  hjqiiijiiio  in 
J'rivilc^ia  Vindocinenjis  Monajtcrii ,  dir  que  les 
Angevins  appeloient  un  fcrt"  CoÙibert.  Il  ajoute  que 
ce  nom  n'ctoit  point  encore  en  ufage  l'an  1040. 
qu'il  n'a  crc  £iit  que  depuis.  M.  Ménage  s'eR  lervi 
de  ce  terme  dans  Ion  Hifi.  deSahk-,  L,  IJI ,  c.  7 
C'eR-  un  titre  de  l'Eglile  d'Angers  touchant  un  par- 
tage de  coliihcrts,  c'cfl-à-dirc,  de  ferfs,  6fc.  Ce 
titre  eft  de  l'année  1 1  i(î ,  &  le  nom  de  Collibertus 
y  eft  employé  ,  comme  on  le  peiu  voir  dans  cette 
Jlijioirc  de  Sablé  ,  où  M.  Ménage  le  rappoite  tout 
entier. 

tX)LLIEGE,  f,  m.  afTemblcc.  Tiré  du  latin.  G/,  fur 
Marot. 

COLLIER ,  r.  m,  ornement  que  les  femmes  portent  à 
leur  cou,  fait  d'un  tour  de  chofes  précieufes  enfi- 
lées. Monile.  Un  collier  de  perles  fines.  Un  collier 
d'ambre.  Un  collier  de  corail. 

fcr  On  appelle  zwlW  colliers  ,  certains  ornemens  de 
cou  ,  compoies  ti'un  ruban  feu! ,  ou  d'un  lidu  de  crin 
garni  de  rubans ,  de  blonde,  &c.  ornemens  qui  chan- 
«■ent  déforme  &  de  nom  tous  les  jours. 
Ce  mot  vient  du  latin  collare,  ■ 

CoLxiER  fe  dit  aufTi  d'une  marque  naturelle  en  for- 
me de  cercle ,  qui  fe  voit  quelquefois  autour  du 
cou  des  animaux  &  des  oifeaux  ,  &  eft  différente 
du  rcfte  de  leur  poil  ou  de  leur  plumage.  Un  merle 
au  collier.  Un  chien  noir  qui  a  un  collier  blanc. 

CoiLiER,  f.  m.  terme  de  Conchyliologie.  C'eft  ce 
qui  forme  tout  le  contour  de  la  coquille  du  lima- 
çon. La  différence  de  fes  cribles  forme  les  diffc- 

-    rentes  couleurs  de  la  coquille. 

Collier  eft  aulTi  un  ornement  particulier  que  portent 
les  Chevaliers  des  Ordres  militaires,  qui  s'étend 
bien  avant  fur  leur  manteau ,  &  dont  ils  mettent 
la  figure  autour  de  leurs  armes.  Torques  ,  Torquis. 
Celt  une  chaîne  d'or  cmaillée  ,  fouvcnt  avec  plu- 
fieiirs  chiffres ,  au  bout  de  laquelle  pend  une  croix , 
ou  une  autre  marque  de  leur  Ordre.  Le  collier  du 
S.  Efprir,  de  S.  Michel  ,'dc  S.  Lazare,  Ordinis Equi- 
tiim  S.  Spiruûs  ,  S.  Michaelis  ,  S.  La^ari  torquis. 
Maximilien  a  été  le  premier  des  Empereurs  qui  ait 
mis  un  collier  d'Ordre  autour  de  fes  aruies  ,  étant 
devenu  chef  de  celui  de  la  Toifon  :  en  France, 
c'cft  Louis  XI  qui  le  premdcr  a  entouré  fes  armoi- 
ties  du  aollier  de  l'Ocdre  qu'il  avoir  inftitué. 

Ordre  du  Collier.  Les  Clievaliers  du  Collier  ,  ou 
de  S.  Marc,  ou  de  la  Médaille.  Ordre  de  Cheva- 
lerie dans  la  République  de  Venife  ;  c'eft  le  Doge 
Zc  le  Sénat  qui  le  confèrent.  Les  Chevaliers  n'ont 
point  d'habit  particulier  ;  ils  portent  feulement 
le  Collier  ou  la  chaîne  que  le  Doge  leur  met  au 

{■cou  ,  ou  une  médaille  ,  fur  laquelle  eft  repréfenté 
le  lion  aîlé  de  la  République.  L'abbé  Juftiniani  en 
parle  dans  fon  premier  tome  ,c.  ii,/>.  lijfi-  fuiv. 
de  l'édit.  in-folio. 

L'Ordre  dn  Collier.  C'eft  le  nom  que  porta  d'a- 
bord l'Ordre  des  lacs-d'amour ,  inftitué  en  1555, 
par  Amcdée,  Comte  de  Savoie.  rbye^Favin  ,  Gui- 
chenon  ,  Hift.  de  Savoie  ,  le  P.  Hélyot,  T.  VIII, 
C.  48. 
IC0LLIBR  célefie  du  Rofaire.  Le  P.  F.  Arnould ,  Ja- 
cobin, dans  un  livre  qu'il  a  intitulé:  Inftitution 
de  l'Ordre  du  Collier  célefie  du  faint  Rofaire  ,  im- 
primé à  Lyon  en  i<)45  ,  prérend  qu'à  fa  follicit.)- 
tion  la  Reine  Anne  d'Autriche,  veuve  de  Louis 
"XIII ,  inftitua  en  \6^-;  ,  un  Ordre  fous  le  nom^  de 
Collier  célefie  du  Rofaire  :  ce  collier  devoir  être 
compofé  d  un  ruban  bleu ,  enrichi  de  rofes  blan- 
ches, rouges  Se  incarnates ,  entielacées  en  chiffres 
des  lettres  capitales  de  ïJye ,  A  &  V ,  Si  du  aom 
Tome  IL 


COL 


689 


de  la  Reine  qui  s'appeloit  Anne  ',  la  croix  dcvoic 
être  d'or,  d'argent  ou  d'autre  métal,  ôc  à  huit  rais; 
où,  d'un  côté  , il  y  auroit  eu  l'unage  de  la  Sainte 
Vierge ,  &c  de  l'autre  ,  celle  de  S.  Dominique  ,  cha- 
que rayon  pommeté  &  avec  une  fleur-de-lis  dans 
chacun  des  angles  de  la  croix  qui  devoir  être  atta- 
chée à  un  cordon  de  foie ,  &c  pendre  fur  la  poi- 
trine. L'Ordre  devoir  être  compofé  de  cinquante 
filles  dévotes ,  fous  une  intendante  ou  fupérieure. 
Cet  Ordre  n'a  point  eu  de  fuite,  quoique  le  P.  Ar- 
nould prétende  avoir  obtenu  des  lettres  patentes 
du  Roi. 
Collier  eft  auflî  un  cercle  de  fer  ou  de  cuir  ,  ou  une 
chaîne  que  portent  les  cfclaves ,  les  mores,  les 
chiens  pour  les  attacher  ,  ou  marquer  leur  fervitu- 
de.  Cet  homme  a  été  dix  ans  efclave ,  on  voit 
encore  la  marque  de  fon  collier.  Les  Grands  Sei- 
gneurs ont  des  mores  auxquels  ils  mettent  des  col- 
Jiers  d'argent.  Les  petits  chiens  ont  des  colliers  de 
cuir  garnis  de  grelots ,  pour  empêcher  qu'ils  ne  {& 
perdent.  Les  chiens  qui  vonr  à  la  chaffe  au  loup  , 
ont  de  gros  colliers  garnis  de  doux ,  pour  empê- 
cher que  le  loup  ne  les  étrangle.  Collare  clavis 
pntfixum  munitum. 

En  ce  fens,  on  appelle  au  propre  ;  un  chien  aa 
grand  collier  ,  un  chien  d'attache ,  ou  un  chien  qui 
conduit  les  autres  :  figurément  il  fe  dit  d'un  habile 
homme,  qui  a  du  crédit  en  fa  compagnie,  &  qui 
entraîne  les  autres  en  fon  opinion.  Antefignanus. 
Scarron  aauili  dit , 

De  CCS  yl meurs  au  gr^n^ collier. 
Qui  pejifeiit  aller  à  la  gloire  , 
£c  ne  vont  que  che^  l'Epicier. 

On  appelle  aufîî  un  collier  de  mores  ,  un  uften- 
file  de  table ,  fait  en  forme  de  collier  de  mores ,  qui 
fert  à  élever  ou  porter  un  plat  ou  une  alîiette  vo- 
lante. 

On  appelle  à  la  boucherie  ,  collier  de  bœuf, 
une  partie  de  l'épaule  de  boeuf,  qui  contient  le 
premier  &:  le  fécond  travers,  Si  la  joue  du  bœuf, 
dont  le  premier  morceau  contient  la  veine  grafié, 
qui  eft  fort  recherchée. /«ga/w/K. 

On  appelle,  en  Architecture,  colliers  de  perles 
ou  d'old'es  ,  de  petits  ornemens  qui  fe  mettent  au-> 
deffous  des  oves ,  qu'on  appelle  wucmcni, patC" 
nojires.  Moniliu. 
CoLUER  ,  terme  de  charpenterie.  On  appelle  colliers^ 
deux  pièces  de  bois  chacune  de  douze  pieds  de 
long ,  Si  de  dix  pouces  de  groffeut ,  pofces  au-deffus 
du  pan  de  bois  du  premier  étage  d'un  moulin, 
l'une  devant,  l'autre  derrière,  aiïemblées  cians  les 
poteaux  corniets.  On  appelle  auiU  du  même  nom, 
deux  autres  pièces  de  bois  affemblées  au  haut  des 
poteaux  cornicrs.  Elles  ont  chacune  quinze  pieds  da, 
long  3  6c  huit  ou  neuf  pouces  de  gro/Teur. 
Collier  de  cheval  eft  une  pièce  de  bois  &  de  cuîc 
rembourrée ,  qu'on  paffe  autour  du  cou  des  che- 
vaux de  charretre  ,  de  coche ,  de  labour ,  où  l'on 
attache  les  trairs  pour  tirer  la  charrerte  ,1e  coche, 
la  charrue.  Collare.  Et  on  appelle  un  cheval  franc 
du  collier  ,  un  cheval  qui  eft  prompr  à  tirer  lans 
le  fecours  du  fouer.  Un  coup  de  colUet ,  c'eft  une 
fecouffe,  un  effort  que  fait  un  cheval  pour  tirer. 
Jamais  ce  cheval  n'a  refufe  un  coup  de  collier.  Si 
les  chevaux  avoienr  donné  encore  un  coup  de  col- 
lier ,  la  charrette  étoit  hors  du  mauvais  pas.  Licer. 

En  ce  fens ,  on  dit  fio;urémenr,  qu'un  homme  eft; 
franc  du  collier  ,lorfqu'il  fert  proprement  fes  amis, 
qu'il  embrallè  leur  querelle  fîanchement ,  &:  fans 
marchander  ,  ni  fe  faire  prier.  On  le  dit  auHî  d'ua 
homme  de  guerre  qui  ne  craint  point  de  s'expofer 
dans  l'occaiion  ,  Se  qui  y  va  de  bonne  grâce.  On  dit 
aulfi  figurément ,  donner  un  coup  de  collier  ;  pour 
dire  ,  faire  un  nouvel  effort  pour  réuffir  dans  quel- 
que entreprife. 

On  appelle  proverbialemcnr ,  collier  de  mlfere , 
le  travail  pénible  qui  eft  l'occupation  ordinaire  de 

$  S  s  s 


(>5)0 


COL 


quelqu'un.  Petifum  ,  opéra ,  lahor.  Ainfi  on  dir , 
ciprès  s'«trc  bien  diverti ,  il  faut  aller  reprendre 
le  collier  de  mifcre  -,  pour  dire  ,  Ion  travail  accou- 
tumé. Quelques-uns  appellent  auiîl  le  mariage  ,  le 
collier  de  miferc.  Toutes  ces  expredions  figurées  ne 
font  que  du  (lylc  familier. 

Collier  d'etrii ,  en  terme  de  Marine  ,  efl;  une  grofle 
corde  que  l'on  met  en  rond  comme  une  boucle , 
pour  y  amarrer  l'ctai. 

Collier  de  ton  efl;  un  lien  de  fer  en  forme  de  de- 
mi-cercle, qui  fert  conjointement  avec  le  ton,  à 
tenir  les  mâts  de  hune  &  de  perroquet. 

Collier  fe  dit  aulli  en  Botanique  ,  par  comparaifon  , 
avec  les  colliers  que  les  femmes  portent  à  leur 
cou-,  mais  les  Flcuriftes ,  en  parlant  des  anémones 
doubles ,  entendent  par  ce  terme  ,  un  cordon  d'c- 
tamincs  qui  fe  trouve  à  quelques-unes  de  ces  fleurs, 
&  en  diminue  le  mérite. 

Collier.  C'eft  aulîl ,  en  terme  de  Fêcheuts ,  la  corde 
qui  tient  le  bout  du  vervcux  ,  &  qui  l'arrête  au  pieu 
fiche  dans  l'endroit  des  rivières  Sc  autres  eaux  où 
l'on  veut  tendre. 

fp-  COLLIËRES.  f.  f.  Dans  les  trains  de  bois  , 
fur  les  grandes  rivières  ,  on  appelle  collieres  ,  les 
pièces  qui  font  le  fondement  du  train. 

COLLIGER,v.  a.  recueillir,  extraire.  Çolligere  ,ex- 
cerpere.  Ce  Savant  a  colligé  bien  des  partages.  Cet 
écolier  a  colligé  tous  les  beaux  paiîages  de  S.  Au- 
gudin. 

CoLLiGïR  lignifie  au/Il ,  en  terme  d'école  ,  conclure  , 
induire  ,  fonder  un  railbnncment.  Concludere ..  eli- 
cere.  De  tout  ce  qui  a  été  dit ,  nous  pouvons  col- 
licrer  qu'il  ne  fc  faut  point  fier  aux  promeflcs  de  ce 
n'ionde. 

^S"  Dans  cette  dernière  acception  ,  le  verbe  colUgcr 
n'efl:  pas  ufité ,  même  dans  les  écoles.  Pris  poiu- , 
faire  des  collerions  des  endroits  les  plus  remar- 
quables de  quelque  ouvrage,  il  peut  être  de  quel- 
que ufage  parmi  les  Savans  qui  parlent  moitié  fran- 
çois,  moitié  latin  ;  mais  il  n'tfl:  certainement  pas 
de  l'ufage  ordinaire  ,  quoique  les  Vocabulifl:es,d'a- 
près  l'Académie ,  le  définiflent  comme  terme  ufuel. 

Colligé  ,  le  ,  part. 

COLLINE,  f.  f.  petite  côte  élevée  au  defTus  de  la  plai- 
r.e.  |CFLa  colline  n'efl^  pas  adez  élevée  pour  mériter 
le  nom  de  montagne,  &  l'efl;  trop  pour  être  appe- 
lée tertre  ou  éminence,  Collis.  Les  vignobles  ibnt 
ordinairement  fur  les  collines.  On  a  fait  ce  bâtiment 
fur  la  colline  ,  pour  avoir  l'avantage  de  la  vue,  & 
le  moyen  d'y  faire  des  terralfes. 

Ce  mot  vient  de    collina ,  diminutif  de  collis. 

MÉNAGE. 

Les  Poètes  appellent  le  Parnafle ,  la  double  col- 
line. 

On  dit  proverbialement  &  figurément,  qu'un 
homme  a  gagné  la  colline  -,  pour  dire  ,  qu'il  a  pris 
ia  fuite ,  qu'il  s'efl  mis  en  lieu  de  iureté. 

.Colline,  f.  f.  nom  d'une  faulfc' divinité  chez  les  an- 
ciens Païens.  Collina.  C'étoit  la  Déelle  qui  prcll- 
doit  à  toutes  les  collines.  S.  Auguftin  l'appelle, 
Collatine-, '§3°.mais  c'efl:  une  faute  ,&  il  faut  lire 
colline.  Cette  Déelîe  étoit  adorée  avec  un  culte  fort 
relie;ieux,  puifqu'au  commencemenr ,  les  collines 
même  étoient  adorées,  &:  que  leur  nom,  félon 
Varron ,  ne  venoit  que  du  culte  qu'on  leur  rendoit. 
Pofteà  quam  fuperiora  loca  colère  caperunt ,  à  co- 
lendo  colles  appellarunt. 

*3"  Colline  étoit  le  nom  de  l'une  des  quatre  portes 
dans  lefquelles  la  ville  de  Rome  étoit  diviféc  au 
commencemenr.  On  l'appelcit  Collina  regio ,  le 
quartier  des  Collines  ,  parce  que  de  fept  qui  étoient 
renfermées  dans  l'enceinte  de  Rome  ,  il  y  en  avoit 
cinq  dans  ce  quartier-là  ,  favoir  ;  la  Virginale  ,  la 
Quirinale  ,  la  Salutaire ,  la  Mutiale  &  la  Latiale. 

gOr  La  Tribu  qui  demeuroit  dans  ce  quartier,  s'ap- 
peloit  aufîi  Colline ,  Trihus  collina.  On  lait  que 
chacun  de  ces  quartiers  étoit  occupe  par  une  tribu 
particulière. 

l:X  Colline  étoit  encore  le  nom  d'une  porte  de 


COL 

Rome,  fituée  au  pié  du  mont  Quirinal.  Elle  s'ap- 
pela dans  la  fuite  ,  Porte  du  fel ,  quand  on  donna 
le  même  nom  à  la  rue  qui  y  conduifoit,  Viafala- 
ria.  Ccchangem.cnt  de  nom  vint  de  ce  que  les  Sa- 
bins,  qui  portoient  du  fel  à  Rome ,  entroient  par 
cette  porte.  C'eft  à  la  porte  Colline  qu'on  enterroit 

•  les  Vefl:ales. 

^fT  Colline  des  jardins  ,  petite  montagne  de  la  ville 
de  Rome  ,  où  étoient  les  jardins  de  Salulle.  Elle  fut 
renfermée. dans  l'enceinre  delà  ville,  par  l'Empe- 
reur Aurélien.  Le  fépulchre  de  Néron  la  rendit  cé- 
lèbre. Il  y  avoit  une  loi  qui  ordonnoit  à  tous  ceux 
qui  afpiroicnt  aux  charges  de  la  République,  de 
monter  fur  cette  colline  pour  être  apperçu  par  lé 
peuple  allémblé  dans  le  champs  de  Mars ,  pour 
l'élection  des  îvlagifl:rats.  Voye^  Candidat. 

COLLINHOU,  f.  m.  vin  ,  ou  plutôt  verjus  du  p::? 
de  Caux  en  Normandie.  Viniim  Caletenfe.  L.  i 
vins  qui  croilTent  près  d'Argences ,  &  de  quclqiu  s 
lieux  vers  Avranchcs  ,  font  fi  verts ,  qu'on  leur 
préfère  le  colinhou  que  les  Cauchois  tirent  des 
visnes  attachées  à   leurs  arbres. 

COLLIOURE  ,  ou  plutôt  COLîOURE ,  ville  mari- 
time de  France  en  RouiUllon.  Caucoliberisi  dc  félon 
quelques-uns ,  Jlliieris  ou  Eliteris.  Collioure  fur 
cédée  h.  la  France  par  le  traité  des  Pyrénées.  On  y 
fait  ia  pêche  du  Thon. 

Cette  ville  a  de  longitude  lo",  55',  5o";Iadi.ffé-' 
rence  de  fon  méridien  à  celui  de  l'Obfervacoire 
de  Paris  étant  o",  z',  58",  orient,  en  temps  &  en 
parties  de  l'équateur  0°,  44',  30".  Sa  latitude 
41°,  51'  13".  Cassini. 

03"  Plufieurs  Géographes  ont  confondu  afl*ez  mal-à-f 
propos  cette  ville  avec  l'ancienne  lUiberis.  lllibe-' 
ris  étoit  fur  la  rivière  du  Tec ,  &  fur  le  grand 
chemin  qui  va  de  Gironne  ,  par  les  Pyrénées  ,  à 
Narbonne  ;  au  lieu  que  CoUoure  efl  fort  loin  dfi 
cette  route,  fituée  dans  un  lieu  de  très  -  difficile 
accès,  au  milieu  des  rochers.  L'ancien  nom  de 
Colionre  efl:  CaucoUleris. 

COLLIQUATIF,  IVE,  ad),  terme  de  Médecine.  Col- 
liquativus  ,  a  ,  um  ,  colliquefaciens  ,  colliquefiens. 
Qui  décompofe  les  humeurs,  qui  opère  la  coili- 
quation.  Ce  terme  s'apphque  à  tout  ce  qui  fait 
perdre  aux  humeurs  leur  confiftance  naturelle  ^ 
en  y  produiiant  une  grande  diiîblution.  On  le  dit 
de  même  des  fymptômes  qui  font  des  fuites  de  la 
dirtbhition  générale  des  humeurs.  Son  corps  étoit 
beaucoup  épuifé  par  des  déjections  colliquatives 
fréquentes  &  toujours  accompagnées  de  naufces. 
AcAD.  d'Edimb.  t.  Itp.  517.  Le  cours  de  ventre 
colliquatif  a  été  un  des  accidens  les  plus  ordinaires 
de  la  perte  de  Marfeille.  Journ.  des  Sav.  1721  , 
pag.  419. 

COLLIQUATION,f.  m.  terme  de  Pharmacie.  Adiort 
par  laquelle  on  mêle  enfemble  deux  fiibuances  fo- 
liùes  qui  fe  peuvent  rendre  liquides  par  la  fuf  on  , 
ou  par  la  diflblution  ,  comme  la  cire  par  la  cha- 
leur ,  les  gommes  par  l'humidité. 

CoLLiQUATiON,  terme  de  Médecine.  Diflblution  gé- 
nérale de  la  maffe  des  humeurs ,  décompofirion 
de  leurs  parties  intégrantes.  Décom.poiîtion  des 
parties  libreufes  &  conglutineuiés  du  fang.  Co///- 
quatio. 

Ce  mot  vient  du  verbe  latin  liqiiare  ,  colliquare. 

COLLISION ,  f.  f.  terme  didadique.  Choc  de  deux 
corps  qui  fe  fait  avec  violence.  Collifus.  La  colli^ 
(Ion  des  caillous  engendre  le  feu.  La  collijîon  des 
nuées  efl:  caufe  de  l'éclat  du  tonnerre. 

ff3'  Quelques-uns  ont  hazardé  ce  mot  au  figuré.  Le* 
plus  belles  connoiiîanccs  ne  font  forties'que  del« 
colliifion  des  efprits. 

Ce  mot  vient  du  verbe  collidere. 

COLLITIGANT ,  ANTE  ,  adj.  terme  de  Jurifpru. 
dence.  Qui  plaide  contre  un  autre.  Concertator  de 
re  aliqua.  Ce  bénéfice  efl:  difputc  par  cinq  ou  llx 
colUt'izans.  Il  y  a  fouvent  de  la  collufion  entre  les 
parties  coUitigantes, 


COL 


?tT  COLLO  ,  ville  de  Barbarie  au  royaume  d'Àî^cr, 
dans  la  province  de  Conltantine. 

COLLOBE,  f.  f.  forte  de  tunique.  Les  moines  d'E- 
gypte portoient  une  tunique  de  lin  ,  qui  ne  venoit 
guère  qu'au  de/Tous  des  genoux ,  &  dont  les  man- 
ches ne  paffoient  pas  les  coudes  ,  afin  de  1  aider  plus 
de  liberté  pour  le  travail.  C'ell  la  même  qu'ils 
nommoicnt  coJlobe  ou  lébitom.  Fleury. 

■^  COLLOBIUERE  ,  ville  de  France,  dans  la  Pro- 
vence, diocèfe  de  Toulon. 

|iO=  COLLOBRION  ,  petite  ville  de  France  ,  en 
Provence,  fur  les  confins  du  Dauphiné. 

COLLOCATIOxM  >  f.  f.  atSion  par  laquelle  on  col- 
loque ,  on  range  les  créanciers  dans  L'ordre  (ui- 
vant  lequel  ils  doivent  être  payés.  Collocatio  , 
dijpojitio.  ipT  Par  exemple  ;  dans  un  ordre  de  créan- 
ciers ,  d'aii)ord  on  met  les  privilégiés ,  enfuite  les 
hypothécaires,  puis  les  chirographaires ,  leiquels 
viennent  par  contribution  au  Ibu  la  livre,  ii  le 
fonds  n'ell  pas  fuffilant  pour  les  payer  en  entier. 
On  a  tait  la  collocation  de  fcs   créanciers. 

IJC?  On  appelle  collocation  utile,  cjlle  pour  le  paie- 
ment de  laquelle,  il  y  a  des  deniers  fuffiiammcnt. 

ffT  Ce  mot  fignifte  auffi  l'ordre ,  le  rang  dans  lequel 
chaque  créancier  eft  colloque.  Ainii  l'on  dit  qu'un 
créancier  fera  payé  fuivant  fa  collocation.  Il  a  ob- 
tenu fentence  de  collocation. 

COLLOCUTEURS.  f.  m.  pi.  Gens  artemblés  à  un 
colloque,  qui  difcourent  enfemble.  Granville  pro- 
pofa  aux  collocuteurs  un  écrit  que  l'Empereur  lui 
avoir  envoyé.   Dupin. 

fer  COLLOQUE,  f.  m.  Terme  du  difcours  fami- 
lier qui  lignifie  littéralement,  dialogue,  entretien 
de  deux  bu  plufieurs  perfonnes.  Ils  ont  eu  j)lufieurs 
colloques  enfemble  à  ce  fujet, 

^3"  Ce  mot  eft  en  ufage  dans  le  titre  de  certains 
livres  qui  font  des  dialogues  ou  entretiens  entre 
plufieurs  interlocuteurs.  Les  colloques  d'Erafme, 
de  Mathurin  Cordier. 

IJCF  On  fe  fert  auffi  de  ce  terme  pour  délîgner  la 
fameiife  conférence  de  Poiili ,  tenue  en  i^6i ,  en- 
tre les  Catholiques  Sc  les  gens  de  la  religion  pré- 
tendue reformée.  Le  Roi  y  afllfta  avec  la  famille 
royale.  Six  Cardinaux  &  plufieurs  Evêques  y  foû- 
tinrent  la  caufe  des  Catholiques.  Théodore  de 
Bezï,  aidé  des  plus  fameux  Miniftres  Proreftans, 
défendit  la  caufe  de  la  Réforme.  On  difputa ,  on 
raifonna,  on  écrivit ,  on  réfuta  ,  mais  on  ne  décida 
rien ,  &c  chacun  fortit  du  ctlloque  de  PohTi  aulfi 
fortement  attaché  à  fon  opinion  qu'il  l'étoit  aupa- 
ravant. 

Le  colloque  ,  parmi  les  Prétendus  Réformés ,  eft 
Une  afîêmblée  plus  confidérable  que  celle  qu'on 
appelle  confiftoire.  Se  moins  que  le  fynode  pro- 
vincial.Dans  le  livre  de  la  discipline  des  Calvinijies  , 
Chap.  V ,  art.  5  ,  il  eft  dit  que  les  débats  pour 
la  doélrine  feront  terminés  par  la  parole  de  Dieu, 
s'il  fe  peut  dans  le  confiftoire,  finon  que  l'affaire 
fera  portée  au  colloque  ,  S<.  de-là  au  fynode  pro- 
vincial. 

COLLOQUER ,  v.  a.  placer.  Collocare.  Il  avoir  de 
l'argent  à  mettre  en  rente  -,  mais  il  l'a  mal  colloque , 
il  l'a  donné  à  un  infolvable.  Il  n'eft  plus  guère 
d'ufage  que  pour  dire,  mettre  un  rang  ou  un  or- 
dre entre  des  créanciers ,  pour  être ,  fuivant  leur 
hypothèque  ou  leur  privilège,  payés  de  leur  dû, 
fur  le  prix  provenant  de  la  vente  des  immeubles 
de  leur  débiteur  ,  adjugés  par  décret.  Dans  les  inf- 
tances  d'ordre  ,  on  colloque  les  créanciers  fuivant 
leur  privilège.  Cet  homme  a  été  colloque  utile- 
ment -,  c'eft-à-dire  ,  il  y  a  du  fonds  fuffifant  fur  le 
prix  de  la  chofe  vendue  pour  le  payer. 

On  dit  en  ce  fens  \  on  l'a  colloque  au  nombre  des 
Saints  ;  pour  dire  ,on  l'a  canonifé.  En  aftronoraie  ; 
on  a  colloque  Saturne  dans  la  plus  haute  région 
des  planètes.  En  logique  ;  fous  quelle,  catégorie 
coUoque^-vows  une  chofe  ?  En  morale  •,  en  quel  rang 
collo>juei-yous  une  telle  vertu,  un  tel  capitaine.? 


GOL  ê^t 

^  Colloquer  Un  mariage.  Tour  cela  eift  d'un  trcs" 
mauvais  flyle,  ik  ne  fe  peut  dire  qu'en  riant. 
CoiLOQuÉ  ,  ÉE,  parr. 

COLLUCIANISTE  ,  f.  m.  &  f.  condifciple  d'uii 
dilciple  de  Lucien.  Collucumi^a.  Arius ,  dans  fa 
lettre  à  Eufebe  de  Nicomédie  ,  l'appelle  pieux 
Eufebe  collucianijle  ,  parce  qu'ils  avoient  été  en- 
femble tiifciples  de  S.  Lucien  ,  martyr  ,  prêtre 
d'Antioche.  Fleury. 
COLLUDER ,  v.  n.  terme  de  Palais.  S'entendre  avec 
fa  parrie  au  préjudice  d'une  tierce  perfonnc.  Col- 
luderc  ,  prcevaricari.  Les  confidentiaires  colludent 
enfemble  pour  ôter  le  bénéfice  à  un  légitime  ti- 
tulaire. Colluiere  cum  adverfario. 
COLLURION,  f.  m.  forte  d'oifeau.  En  latin,  La- 

nius  minor.  Pomey.  Voye^  Pie-Grieche. 
COLLUSION  ,  f.  f.  inteUigence  d'un  tiers.  Collufio  , 
pravaricatio.  La  collujion  ,  en  matière  bénéficiale , 
eft  un  genre  de  vacance ,  une  incapacité  pour  te- 
nir un  bénéfice.  Il  y  a  un  titre  dans  le  droit  de 
collufione  deteoenda. 

Il  le  dit  aulfi  de  toute  intelligence  fecrette  dans 
les  affaires  pour  tromper  un  tiers.  Il  y  avoir  col- 
lujion entre  les  chefs  des  partis  contraires. 
^fT  En  matière  civile  ,  fi  deux  parties  s'accordent 
enfemble  au  préjudice  d'un  tiers ,  quand  le  fait  eft 
prouvé ,  on  peut  revenir  contre, 
05"  En  matière  criminelle  ,  quand  il  y  a  collujion  j 
l'acculé  3  nonobftant  l'abfolution  qu'il  auroit  ob- 
tenue par  collujion  ,  peut  être  accule  de  rechef  du 
même  crime  ,  malgr^a  maxime  ,  non  bis  in  idem , 
parce  qu'il  eft  de  l'intérêt  public  que  les  crimes 
fbient  punis, 
§CF  A  l'égard  des  contrats  &  autres  aéles  faits  pac 
collujion  ,  en  fraude  d'un  tiers  ,  quand  le  fait  eft 
prouvé  ,  on  les  feit  aifément  déclarer  nuls  en  Ju- 
ftice, 
COLLUSOIRE,  ad),  m.  &  f.  Ce  qui  Te  fait  par  col- 
lufion.  Procédure  collujoire.  Conzvzt  collufoire.  Col- 
lujorius.  Il  eft  oppofant  à  l'exécution  de  cet  arrêt , 
parce  qu'il  prétend  qu'il  eft  collujoire  entre  les  par- 
ties principales. 
COLLUSOIREMENT.  adv.  D'une  manière  collu- 
foire.  Collujorie.  Ce  procès  a  été  jugé  collujoi' 
rement. 
COLLUTHIEN  ,  ENNE.  f.  m.&f.  Nom  d'une  feifta 
qui  s'éleva  au  commencement  du  IV^  fiècle.  Colla- 
thianus.  Arius  ayant  commencé  à  répandre  fon 
venin  à  Alexandrie,  le  Patriarche  Saint  Alexandre 
elTaya  d'abord  de  le  ramener  par  des  averrilîé- 
mens  charitables  &  par  la  douceur.  Cette  condef- 
cendance  fut  une  occafion  de  fcandale  pour  plu- 
fieurs Fidèles.  CoUuthe,  Prêtre  d'Alexandrie,  fuc 
de  ce  nombre.  Il  prit  de-là  prétexte  de  fe  féparer  , 
de  tenir  des  affemblées  à  part ,  &  même  d'ordonner 
des  Prêtres ,  comme  s'il  eiit  été  Evêque  ,  préten- 
dant avoir  befoin  de  cette  autorité  pour  réfifter  à 
Atius.  Il  ajouta  même  l'hérélie  au  fchifme ,  &  cn- 
feigna  que  Dieu  n'avoir  point  créé  les  méchans  ,  &: 
n'étoit  point  auteur  des  maux  qui  affligent  les  hom- 
mes. Il  fut  condamné  en  319  dans  un  Concile  que 
tint  Ofius  à  Alexandrie  ,  &  S.  Epiphane  affûre  que 
la  feéle  des  Colluthiens  ne  fublifta  que  fort  peu 
de  temps.  Ceux  qui  patient  des  Colluthiens  font 
S.  Epiphane ,  héréjie  6^.  Saint  Aug.  kér.  6<;  Phi- 
laftr.  hér.  c.  8.  On  vit  cependant  encore  dans  la 
fuite  quelques  reftes  de  Colluthiens  ;  l'an  3  5  5  on 
les  trouve  encore  mêlés  avec  les  Méléciens  ôc  les 
Ariens ,  tenir  des  affemblées ,  &  excirer  de  con- 
cert des  troubles  contre  S.  Athanafe. 
COLLYRE ,  f.  m.  terme  de  Médecine.  Remède  ex- 
terne ,  deftiné  particulièrement  pour  les  maladies 
des  yeux.  Il  y  a  de  deux  fortes  de  collyres,  des 
liquides  &c  des  fecs.  Les  collyres  liquides  font  com- 
pofés  d'eaux  Si  de  poudres  ophtalmiques ,  comme 
les  eaux  de  lofe  ,  de  plantin  ,  de  fenouil ,  d'eu- 
fraife ,  dans  Icfquelles  on  diflbur  de  la  tuthie  pré- 
parée,  du  vitiiol  blanc  ,  ou  quelque  autre  poudre 
propre.  Les  fecs  font  les  troçhifques  de  Rhafis,  Ig 

S  S  s  s  ij 


6pz 


C  O  t 


COL 


fucre  candi ,  l'iris ,  la  tuthie  préparée ,  &c.  qu'on 
fouftlc  dans  l'œil  avec  un  petit  chalumeau.  On  a 
donne  le  même  nom  à  des  onguens  employés  poul- 
ie même  effet ,  comme  l'onguent  de  tuthie  ,  6c  plu- 
lieurs  autres.  On  le  donne  auffi ,  mais  impropre- 
ment ,  à  quelques  remèdes  liquides  dont  on  (e  iert 
pour  les  ulcères  vénériens.  Les  Arabes  nomment 
Jîef  les  collyres. 
Collyre  vient  du  grec  Kcy^y^nfia  ,  qui  efi:  dir ,  félon 
M.irtinius  ,  comme  de  xoA/à»  rufia» ,  parce  qu'il 
englue ,  il  empêche  la  fluxion. 
COLLYRIDIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  L'hércfie  des 
CullyridUns  s'éleva  à  peu  près  en  même  temps  que 
celle  des  Andicomarianiftes  ,  entre  les  années  370 
Se  580  de  J.  C.  Elle  prir  naiffance  dans  la  Thrace 
&  la  Haute  Scythie  ,  &  de-là  lé  répandit  dans  l'A- 
rabie.   Foye^  S.  Epiphane ,  Hierej'.  78  &■  79. 

Les  Collyrïdïens ,  anciens  hérétiques  ,   ont  pris 
leur  nom  d'un  petit  pain  en  gâteau  qu'ils  offroient 
à  la  Vierge  ,  &c  qui  s'apelle  en  grec  Collyra.  Des 
femmes  d'Arabie  ,  par  une  dévotion  outrée  envers 
la  Vierge  ,  s'aflémbloient  en  un  certain  jour  de  l'an- 
née pour  célébrer  cette  fête  iblennelle  ,  rendre  des 
honneurs  à  Marie  comme  à  une  Déeffc  :  &  elles 
iTiangcoient   de  ce  pain  qu'elles  avoicnt  offert  en 
Ton  nom.  S.  Epiphane ,  qui  a  rapporté  l'hillioire 
de  cette  cérémonie  luperftitieufe  ,  Hxr.  79 ,  la  traire 
de  ridicule  5i  d'impertinente.  Le  corps  de  Marie  , 
dit-il ,  étoit  faint,mais  elle  n'a  pas  été  un  Dieu-,  elle 
a   été  Vierge  ,   mais  elle  ne  nous  pas  été  propolce 
pour  être  adorée  ;  c'eft  pourquoi  il  condamne  cette 
pratique  ,  comme  un  adte  d'idolâtrie  ,  &  parce  que 
les  femmes  ne  peuy^nt  avoir  part  au  Sacerdoce. 
COLLYTE.  Canton  de  la  ville  d'Athènes ,  oià  l'on 
dit  que  les  enfans  commençoient  à  parler  un  mois 
plutôt  que  dans  les  autres  quartiers.  Platon  &  Ti- 
mon le  Mifanthrope  étoient  de  ce  quartier.KoAAuTî?. 
Collyte  étoit  auffi  le  nom  d'une  Démarchie  ou  In- 
tendance,   félon  lelquelles  étoit  partagé  le  pays 
de  l'Artique.  Elle  appartenoit  à  la  tribu  jigade. 
COLM.  f.  m.  Foyei  Colomb. 
COLMAN  ,    f.  m.  nom  d'homme.  Colomannus,  S. 
Colrnan ,  d'Ecoffc  ou  plutôt  d'Irlande  ,  fut  marty- 
rilé  en  Autriche  ,  par  où  il  paffoit  pour  aller  à  Jé- 
rufalera ,  au  commencement  du  onzième  ficcle. 
COLMAR.  Ville  de  la  haute  Alface ,  lur  la  petite 
rivière  de  Rotbach.  Colmaria ,  Columharia,  Colmar 
fut  bâti  des  ruines  d'Arbrug  ,   ts.'^^^Xç.  Colonia  Ar- 
gentaria  ,  fous  Valentinien  III.  Sous  Frédéric  II , 
Colmar  devint  ville  Impériale  ;  en  i(î3  5   le  Duc 
de  Weimar ,  avec  les  fecours  de  la  France  ,  s'en  ren- 
dit maître  ;  &  après  la  mort  de  ce  Duc  il  flit  remis 
&■  enfin  cédé  à  la  France  ,   par  la  paix  de  We- 
ftphalie. 
COLMAR  ,  f.  m.  forte  de  poire  qu'on  appelle  aufli 
poire  de  manne  &  bergamorte  tardive.    Elle  rel- 
femble  fort  au  bon-chrétien ,  &  un  peu  à  la  ber- 
gamorte. La  tête  en  eft  plate  ,  l'œil  aflez  grand , 
&  fort  foncé ,  le  ventre  un  tant  ibit  peu  plus  gros 
que  la  tête  ,  s'allongeant  médiocrement  du  côté  de 
la  queue  ,  qui  efl:  courte ,  affez  groffe ,  &  penchée. 
Le  coloris  en  eft  vert  &  tiqueté  ,  comme  celui  des 
bergamottes,  &  un  peu  teint  du  côté  du  foleil  ; 
la  poire  jaunit  un  peu  en  fa  maturité  ,  qui  arrive 
en  Décembre  &:  en  Janvier  ,  &r  va  quelquefois  Juf- 
qu'aux  mois  de  Février  &  de  Mars.  La  peau  en  eft 
douce  &  unie  ,  la  chair  tendre  ,  &  l'eau  fort  douce 
&  fort  fucrée.  Elle  eft  fujette  à  avoir  la  chair  fa- 
blonneufe   &  iniîpide  ;  elle  craint   les    moindres 
vents  d'Automne  ,  qui  fur  tout  en  arbres  de  tige 
la    font  aifément    romber ,   6c  l'empêchent   d'ac- 
quérir le  degré  de  perfe^ion  qui  lui  convient. 
COLMARS.  Petite  ville  de  France  en  Provence.  Col- 
mar tium  ,  Collis  Mardi  ou  Martius.  C'eft  le  liège 
d'une  Viguerie.  Colmars  eft  fituée  dans  les  Alpes , 
fur  la  Verdone ,  aux  confins  du  Comté  de  Nice  ,  & 
.    du  Diocèlé  de  Senez  ,  &  fait  commerce  de  draps 

dans  toutes  Ips  montagnes. 
go;  COLMOGOROD.  'Petite  ville  de  Mofcovie  , 


dans  une  île  que  foime  la  Dwine,   fur  la  rivière 
de  même  nom. 
Ip-  COLO  ,  COLOM.  Petite  ville  de  Pologne ,  au 

Palatinat  de  Kalifch. 
^  COLOCZA ,  COLCIA  &  COLOZA.  Ville  de  la 
haute  Hongrie  ,  fur  le  Danube ,  avec  titre  d'Arche- 
vêché. 
COLOCASIA  ou  COLOCASIE.  f.  f.  Plante  qui  eft 
une  efpèce  de  pié  de  veau,    f^oyj^  PiÉ  de  Veau. 
Icj'  COLCENA.  Surnom  de  Diane,  ainfi  appelée  d'un 
temple  qu'elle  avoit  dans    l'Allé  mineure  près  de 
la  partie  de  la  mer  appelée  Coloum. 
ijO°  COLCENIS.   Autre  furnom    de   Diane  fous  le- 
quel elle  étoit  adorée  par  les  habitans  de  Mirri- 
mante  en  Attique.  Ce  nom  lui  venoit ,    dit-on 
de  Coktnus  Roi  d'Athènes. 
COLOFANE.  Voyii  Colophane. 
COLOGNA.  Ville  de  l'Etat  de  Vcnife  en  Italie.  Co- 
lonia.  Elle  eft  de  l'Evêchéde  Vicenze  pour  le  fpirî- 
tucl ,  fituée  entre  Vicenze  &  Vérone  ;  mais  indépen- 
dante de  l'une  &  de  l'autre  ,  &  foumifc  immédiate- 
ment à  la  Seigneurie  de  Venife.  Elle  eft  à  l'orient  de 
Vérone.  Cette  ville  eft  ancienne  -,  c'eft  d'elle,  &  non 
de  Mantoue  ,  comme  Cluviet  l'a  cru  ,  que  Catulle 
parle ,  dans  la  XVIV-  p'ùcc  qui  commence  O  Colonia.  ' 
De  tous  les  Commentateurs  anciens  de  Catulle ,  Mu- 
ret eft  le  feul  qui  ait  vu  qu'il  s'agiiîbit  de  cette  ville. 
Habitant  de  Cologna  ,    en   italien  Colog/ieje ,    en 
latin  Colononienjis. 
COLOGNE.  C'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire  &  pronon- 
cer en  françois ,  &  non  pas  Coln  ou  Colln  ,  qui 
eft  ibn  nom  allemand.  Colonia  ;  Colonia  As,rippi~ 
na  ;  Ubiornm  Civitas.  Ville  du  Cercle  Eleéloral 
de  Cologne  ,  fituée  fur  le  Rhin.  Cologne-  s'appela  d'a- 
bord ville  des  Ubiens ,  qui  étoient  les  peuples  de 
ce  quartier-là  ,   &  qui   la  fondèrent  ,  ou  l'agran- 
dirent. Enfuite  Agrippine ,  mère   de  Néron  y  fit 
conduire  une  colonie  vers  l'an  48  de  J.  C. ,  &  elle 
fut  appelée  de  fon  nom.  Colonie  d' Agrippine,  Quel- 
ques-uns néanmoins  veulent  qu'elle  ait  pris  ce  nom 
d'Agrippa,  qui  reçut  les  Ubiens  fous  la  proredion 
de  Rome.  C'eft  de  ce  mot  Colenia  que  s'eft  fait  fon 
nom ,  fbit  allemand  Coin  ,    Ibit  françois  Cologne. 
Cologne  eft  un  Archevêché ,  dont  l'Archevêque  eft 
Electeur  &  Archi-Chancelier  de  l'Empire  pour  l'Ita- 
lie.   L'Univerfîré  de  Cologne  fut  établie  en   1588 
par  Urbain  VP.  Cologne  eft  ville  Anléatique ,  Sc 
la  plus  grande  de  toute  l'Allemagne, 

La  différence  de  Ibn  méridien  à  celui  de  Paris , 
eft  od  ,  19' ,  orient.  &  en  parties  de  l'équateur  15*^ 
36' ,  10".  Elle  eft  donc  au  14°,  35'  20"  de  longitude. 
Sa   latitude   50'i,  55',  o",  Cassini. 

L'Archevêché    de    Cologne ,   l'un   des  Etats  qui 
compofent  le  Cercle  Eleétoral  du  Rhin  ,  eft  bor- 
né au  nord  par  les  Duchés  de^Clêves  &  de  Gueldre  , 
au  couchant  par  celui  de  Juliers ,  au  midi  par  l'Ar- 
chevêché de  Trêves  ,  &  au  levant  par  le  Duché  de 
Berg,  dont  le  Rhin  lefcpare  prefqu'entièrement.  On 
a  prétendu  que  le  premier  Evêque  de  Cologne,  & 
qui   y  porta  la  foi  ,  étoit  Maternus ,  diiciple  de 
J,  C.  Foye^  Imhoff,  Not,  Imp.  L.  II ,  c,  4.  &  L, 
X,  c,  I  ,  §.  II. 
?fT  II  y   a   une  terre    qu'on  nomme  terre  de  Co- 
logne ,  brune  ,  tendre,  d'une  couleur  fort  nette  ,  que 
les  Peinttes  emploient  utilement,  ainii  que  les  Tein- 
turiers de  Saxe. 
COLOMB ,    f.   m.  nom    d'homme.   Columba ,    Co- 
lumbus  &  dans  Bède  Columbanus.  Saint  Colomb  > 
appelé  Colm  dans  fon  pays  ,  &  depuis  Colmkil  ou 
Columcille  ,  à  caufe  du  grand  nombre  de  cellules 
qu'il  a  fair  bâtir ,  par    corruprion  Columban  ,  na- 
quit en  Irlande  le  7  Décembre  de  l'an  511   d'une 
des  meilleurs  nobleflés  de  toute  l'Ile.  Baillet.  II 
fur  l'Apôrre  de  l'Ile  de  Hy  ou  Jona ,  au  nord  d'Ir- 
lande, &  enluite  des  Piéles  en  EcofTe  -,  <k  mou- 
rut à  ce  que  l'on  prétend  le  9'  de  Juin  en  597. 

L'Ordre  de  S.  Colomb  eft  une  Congrégation  de 
Chanoines  Réguliers  fort  étendue  autrefois  en  Ir- 
lande J  5c  dont  dépendoient  plus  de  cent  Abbaye* 


COL 

eu  Monafiières ,  dans  toutes  les  îles  Britânnîqaes. 
Le  principal  Monaftère,  ou  Chef  d'Ordre  ,  ctoit  le- 
lon  quelques-uns  à  Dairmarg  ;  félon  d'autres  à  Derry 
ou  Londonderry ,  &  fclon  la  plus  commune  opi- 
nion dans  l'île  de  Hu  ,  ou  de  Hy  ou  de  Jona , 
qui  depuis  a  été  appelée  du  nom  de  ce  Saint  Ycol- 
mkil ,  au  nord  de  l'Irlande ,  peu  loin  de  rEcoilc. 

/  Il  y  a  une  Règle  en  vers  hibernois  que  S.  Colomb 
avoir  didlce  à  ces  Chanoines  Réguliers.  Saint  Co- 
lomb portoit  une  tunique  blanche  ,  &  une  tonfure 
en  demi-cercle,  Voyc^CHiji,  Mi,n.  &:c.  Tome  II , 
ck.  %o. 

COLOMBAGE  ,  f.  m.  terme  de  Charpenterie.  Rang 
de  colombes  ou  de  folives ,  poi'ées  à  plomb  dans 
une  cloifon  ou  muraille  faite  de  charpente.  Paries 
intergerinux.  Tout  ce  colombage  ne  vaut  rien,  parce 
qu'il  a  quitte  la  fablière  qui  eft  pourrie. 

COLOMBAN  ,  f.  m.  nom  d'homme.  Columbanus, 
S.  Colomban  naquit  dans  la  province  de  Lagénie 
en  Irlande,  l'an  jcîo.  Il  fut  formé  aux  fciences  & 
à  la  piérc  par  S.  Silène.  Il  fe  fit  Religieux  au 
Monallcrc  de  Benchor  lous  l'Abbé  Comgal  ou 
CommogeUe.  Il  pafla  enfuite  en  Angleterre  ,  & 
de -là  en  Gaule,  où  il  s'établit  avec  quelques  com- 
pagnons dans  le  défert  de  Vauge  ,  fous  le  règne 
«le  Gontran ,  en  Bourgogne ,  ôc  de  Childebert  en 
Auftralie.  Comme  le  nombre  de  fes  Difciples  aug- 
menta ,  il  bâtit  quelques  Monaftcres ,  &  entre  au- 
tres Luxeuil  5  auquel  il  foumit  tous  les  autres. 

L'Ordre  de  S.  Colomban.  Quelques  Auteurs  Bé- 
nédiiflins  ont  prétendu  que  S.  Colomban  n'avoit 
point  inilitué  d'Ordre  Religieux,  ni  fait  de  règle, 
qu'il  avoir  erabrafle  celle  de  S.  Benoît  avant  qu'il 
fortit  d'Irlande  ,  mais  cette  règle  n'y  étoit  point 
encore  connue.  Sa  règle  fut  examinée  au  Concile 
de  Mâcon  en  6^15.  Il  en  avoit  donc  fait  une,  &  elle 
ctoit  différente  de  celle  de  S.  Benoît. 
•  Il  y  a  eu  auiîi  des  Religieufes  de  S.  Colomban, 
Voyei  le  P.  Hélvot  ,  T.  V,  c.  8. 

COLOMBE  ,  f.  f.  Voyei  Pigeon.  fCT  Ce  motefl:  con- 
facré  à  la  Poëiîe  &  au  flyle  foûtenu.  La  tendre  , 
la  fidelle  colombe.  Jupiter  fut  nourri  par  des  co- 
lombes. On  l'emploie  auffi  au  lieu  àç  pigeon  dans 
toutes  les  phrafes  tirées  ou  imitées  de  l'Ecrirure. 
Le  Saint-Efprir  defcendit  en  forme  de  colombe  fur  la 
tête  du  Sauveur ,  quand  il  fut  baptilc  par  S.  Jean. 
Il  faut  avoir  la  prudence  du  ferpent ,  &  la  lîm- 
plicité  de  la  colombe.  Les  femmes  par  la  Loi  de 
Moïfe  donnoicnt  une  paire  de  colombes  lors  de 
leur  purification. 

CoiOMBE ,  en  Mythologie.  C'étoit  l'oifeau  de  Vénus , 
c'eft  poui  cela  qu'on  l'appcloit  l'oifeau  de  Cy- 
thère.  Elle  le  portoit  à  la  main ,  dit  Apulée ,  elle 
l'attachoit  à  fon  char.  Elle-même  fe  transformoit 
en  colombe  félon  Elien.  Les  habitans  d'Afcalon 
avoienr  un  fouverain  refpe6l  pour  les  colombes. 
Ils  n'ofoient  ni  en  tuer  ni  en  manger ,  de  peur 
de  fe  nourrir  de  leurs  Dieux  mêmes  •,  ils  nour- 
riflbient  avec  foin  toutes  celles  qui  naiffoient  dans 
leur  ville. 

Les  Syriens  &  AfTyricns  adoroient  les  colombes 
comme  les  poilîbns  ,  &:  n'en  mangeoient  point 
non  plus ,  parce  qu'ils  croyoient  que  l'ame  de  leur 
fameufe  Reine  Scmiramis  s'étoit  envolée  au  ciel 
fous  la  figure  d'une  colombe ,  comme  Derceto  fa 
mère  le  fut  en  poifîbn.  L'origine  de  cette  fable 
vient  de  ce  que  Sémiramis ,  comme  Héfychius  nous 
l'apprend ,  fignifie  une  colombe  des  montagnes ,  de 
010]  ,  à  ce  que  croit  Vofllus.  De  Idol.  Lib.  I  , 
cap.  25.  Voyei  encore  L.  I ,  c.  78,  84,  91,  98, 
Les  Juifs  accufent  auffi  les  Samaritains ,  qui  étoient 
des  AfTyriens  ,  d'avoir  adoré  une  colombe  fur  le 
mont  Garizim.  Foyei  Bartenora  &  Maimonide  fur 
la  Mifchna,  Traité  de  Berachot ,  c.  8.  Les  Luthé- 
riens mettent  des  figures  de  colombe  dans  leurs 
baptiftères,  &  fur  les  chaires  des  Prédicans. 

Il  y  a  une  efpèce  de  colombe  appelée  en  latin 
columba  livia ,  qui  ne  fc  voit  point  en  France  , 
ttiais  en  Italie,  Elle  reûemble  au  pigeon  domeftiç[ue, 


COL  ^95 

à  cela  près,  qu'elle  efl:  plus  petite  de  taille.  Ses 
pies  font  rouges ,  Ion  bec  blanchâtre.  Elle  a  un 
peu  de  couleur  de  pourpre  autour  des  narines.  Ses 
plumes  font  la  pliipart  cendrées  ;  mais  elles  font 
noirâtres  à  l'extrémité  de  la  queue  ;  celles  du  mi- 
lieu tirent  un  peu  llir  le  roux  ;  le  dcilbus  &  les 
côtés  de  fa  gorge  fbnt  mêlés  de  couleur  de  pourpre 
&  de  vert  ,  &  changeantes  -,  le  dcillis  du  cou  cft 
d'un  cendré  tirant  fur  le  pourpre.  Les  quatre  pre- 
mières grandes  pennes  font  noirâtres  ,  mêianijées 
d'un  peu  de  couleur  roufsâtre.  Les  petites  fbnt  cen-. 
drées ,  &  en  partie  noirâttes  à  l'extrémité  ;  les  der- 
nières ,  c'eft-à-dire  ,  celles  qui  font  proches  du  dos» 
fonr  rouffes.  Cet  oifeau  eft  plus  petit  de  cinq  doif^i» 
que  le  pigeon  ramier ,  &  n'a  pas  des  taches  blan- 
ches autoui  du  cou ,  ic  aux  aîles ,  comme  lui.  li 
fait  ibn  nid  dans  les  tours  &c  dans  les  roches  qui 
Ibnt  dans  les  montagnes  &:  efl:  pafTager ,  ne  de- 
meurant point  l'hiver  en  Italie.  Albert  dit  qu'elles 
vont  en  troupe ,  &  qu'elles  vivent  jufqu'à  40  ans^ 
Elles  fe  nourriffent  de  gland ,  &  de  toutes  fortes  de 
grains, 

§3"  Il  y  a  auffi  la  colombe  de  Portugal ,  plus  grofTe 
que  nos  Tourterelles  ,  &  dont  le  plumage  eft  fore 
fombre.  Celle  de  la  Chine ,  encore  plus  groffe ,  avec 
un  plumage  un  peu  bleuâtre  -,  &  celle  du  Groen- 
land, appelée  aflêz  improprement  colombe,  puifi 
qu'elle  n'a  rien  du  pigeon.  C'eft  un  oifeau  aqua- 
tique qui  reflêmble  à  la  pie  de  mer. 

Ce  mot  vient  du  grec  x<,A«At/3«»,  qui  fîgnifîe  , 
faire  le  plongeon.  Cette  efpèce  d'oifeau  ie  plaîc 
fort  à  être  mouillé  ,  &  à  plonger  avant  le  bec 
dans  l'eau. 

Colombe.  (  Ordre  de  /d;)  Ordre  de  Chevallerie  ,  fon. 
dé  en  1579  par  Jean  I  ,  Roi  de  Caftille.  Il  fut 
aboli  après  la  mort  du  fondateut.  Quelques  Ecri- 
vains Elpagnols  prétendent  que  ce  fut  Henti  III , 
fils  de  Jean  I  qui  l'inftitua  l'an  1599.  Et  d'autres 
que  ce  fut  Pierre.  Le  collier  de  l'Ordre  étoit  d'or» 
enchaîné  de  rayons  du  foleil  ondoyés  en  pointe  , 
&:  au  bout  pcndoit  une  colombe  émaillée  de  blanc, 
les  yeux  &;  le  bec  de  gueules.  Conliiltez  Favin,  Z,. 
VI.,  p.  1119.  Ces  Chevaliers  s'appelèrent  en  An- 
daloufle  Chevaliers  de  la  raifon.  Voye^  la  Def- 
cript.  des  Ord.  Milit.  imprimée  à  Paris  en  iS-ji. 
&  l'Abbé  Juftiniani,  T.  II,  c.  (Î4.  '  • 

Colombe,  vieux  terme  de  Charpenrerie,  C'eft  une 
folive  qu'on  pofe  à  plomb  dans  une  fablière  pouc 
faire  des  cloifons ,  des  mai  ions  &  des  granges  de; 
charpente.  Tignum  intergerino  parieù  d^ferviens. 
Colombe  nous  a  donné  Colombage  qui  eft  un  tec*» 
me  ulité. 

§3"  Colombe,  chez  les  Tonneliers,  eft  une  efpcce  de 
varlope  renverfée ,  dont  ils  fe  fervent  pour  prati- 
quer des  joints  aux  bois  qu'ils  emploient. 

IJC?  Colombe,  chez  les  Layetiers ,  eft  un  iurtru- 
ment  en  forme  de  banc,  percé  à  jour  comme  le 
rabot ,  &  gatni  d'un  fer  ttanchant  deftiné  à  drel^ 
fer  le  bois.  Encyclopédie. 

§Cr  La  Colombe  d'Archiras  étoit  une  machine  vo- 
lante, en  forme  de  pigeon,  fort  vantée  par  lea 
anciens. 

Colombe,  nom  de  femme.  Columba.  Il  y  a  deux 
faintes  Colombes,  l'une  de  Cordoue  en  ETpa-ne, 
marryrifée  en  Sjx  ,  par  les  Sarrazins  ;  ?<.  l'autre  de 
Sens,  que  l'on  croit  avoit  auifi  fouffcrt  le  mar- 
tyre fous  Aurélien  en  2-3. 

ÇOLOMBEAU,  f.  m.  petit  Pigeon.  Columbus ,  ccr 
lumbiilus.  Ce  mot  s'cft  dit  autrefois  en  différentes 
occalions;  par  exemple,  on  difoit  une  éto3èàco/o/re- 
beaux  ,  pour  dire  une  étoffe  fur  laquelle  il  y  avoic 
des  figures  d'oifeaux  ,  de  colombes ,  ou  de  pigeons.  ' 
COLOMBELLE.  f.  f.  Diminutif  de  colombe.  Pe- 
tite colombe.  Columbula. 

T'éveillera  la  pie  en  fon  caquet 
Tcveillera  auffi  la  colomb-:llc 
four  rechantir  enççrt  de  plus  bdlt,  Vik^aJi 


6^^  COL 

Ip-  Ces  diminutifs  ne  font  plus  ufitcs. 

COLOMBIER,  f.  m.  Bâtiment  en  forme  de  tour» 
pour  y  nourrir  des  pigeons.  Columbarium,  Dans 
la  plupart  des  Coutumes  de  France,  le  droit  de 
colombier  n'eft  pas  un  droit  féodal.  Il  n'eft  permis 
qu'aux  Seigneurs  qui  ont  haute  Juftice  d'avoir  des 
colombiers"  ii  pic.  Les  autres  Seigneurs  ne  peu- 
vent avoir  de  colombier  ,  à  moins  qu'ils  n'aient 
im  certain  nombre  d'arpens  de  terre.  En  Nor- 
mandie le  droit  de  colombier  ell  attaché  au  plein 
fief  de  Haubert.  Il  n'eft  pas  permis  de  bâtir  un 
colombier  fur  une  roture. 

Un  colombier  à  pié ,  efl:    celui  qui  a  des   bou- 
.  lins   depuis    le  fommet  jufqu'au  rez^- de -chauffée. 
Les  autres  s'appellent  des  volets ,  des  fuies.  Foyei 
ces  mots. 

On  dit  attirer  les  pigeons  à  un  colombier  ;  ou 
au  contraire  ,    chaffer  les  pigeons  du    colombier  ; 

:  pour  dire,  attirer  par  quelque  amorce,  par  quel- 
que bon  accueil ,  les  chalands  dans  une  boutique, 
les  paffans  dans  une  hôtellerie  :  parce  qu'au  pro- 
pre on  artire  les  pigeons  étrangers  au  colombier  , 
quand  on  y  met  quelque  faline,  ou  autre  drogue 
qu'aiment  les  pigeons. 

COLOMBIERS  ,  en  termes  de  Charpcnterie,  ce  font 
deux  pièces  de  bois  endentées  qui  fervent  à  foû- 
tenir  un  navire  quand  on  veut  le  mettre  à  l'eau. 
Columhar. 

Colombier,  en  termes  d'Imprimerie  ,  fe  dit  par  al- 
luf.on  quand  on  laiffe  trop  d'efpace  entre  les  mots. 

Colombier,  On  donne  ce  nom  à  une  lorte  de  pa- 
pier. 

COLOMBIN ,  INE.  adj.  Efpèce  de  couleur  qui  efl: 
du  violet  lavé,  du  gris  de  lin  entre  le  rouge  &; 
le    violet.    Color  viola,    dilutior. 

fjCT  Ce  mot  vieillit  :  on  dit  mieux  gorge  de  pigeon. 

CoLOMBiN.  f.  m.  C'eft  la  pierre  minérale  d'où  l'on 
tire  le  plomb  pur  &  fans  mélange  d'aucun  autre 
iiiétaL  On  l'appelle /^/oOT^^za/zt;,  quand  on  y  trou- 
ve de  l'argent  mêlé  avec  le  plomb. 

CoLOMBiN  ,  terme  de  Fleurifte,  Nom  de  Tulipe, 
Colombin  &  blanc  à  grand  bord  -,  il  y  en  a  une  prin- 
tanière  &  une  tardive, 

COLOMBINE.  f.  f.Nom  qu'on  donne  à  une  plante 
appelée  autrement  ancoliey  &  en  Latin  aquilegia. 
Voyez  Ancolie, 

On  le  donne  auflî  à  la  verveine  mâle,  parce 
que  les  pigeons ,  félon  Diofcoride  ,  la  recherchent 
beaucoup.  V^oyci^  Verveine. 

CoLOMBiNE ,  f  f.  terme  de  Fleurifte.  Anémone  à  pe- 
luche qui  eft  toute  d'une  couleur,  qui  tire  plus  à 
la  fleur  de  pêcher ,  qu'au  colombin.  Ainfi  elle  a 
été  mal    nommée.   Elle  eft  fort  vulgaire.  Morin. 

CoLOMBiNE  ,  f.  f.  terme  de  jardinage.  Fiente  de  pi- 
geon. Stercus  columbinum.  Prenez  bien  garde , 
difent  les  habiles  Jardiniers ,  quand  vous  voudrez 
employer  la  colomhnie ,  que  ce  foit  toujours  fort 
à  propos ,  autrement  elle  peut  caufer  beaucoup 
de  dommage.  Liger.  0CT  Ce  fumier  eft  trop  rem- 
pli de  parties  volatiles  :  il  ne  convient  qu'aux 
prés  trop  ufés.  Dans  les  potagers  ,  il  doit  être  mêlé 

:  avec   d'autres  ens^rais  qui  en  modèrent  la  chaleur. 

^  COLOMBO, "Ville  des  Indes  orientales,  fur 
la  côre  occidentale  de  l'Ile  de  Céylan,  ainiînom- 

•  mée  de  Chriftophe  Colomb.  Les  HoUandois  l'en- 
levèrent aux  Portugais  en  i5<;(î. 

^  COLOMBS  ou  COULOMBS.  Columba.  Bourg 
de  France  ,  avec  une  Abbaye  de  l'Ordre  de  S. 
Benoîr,  dans  la  Beauffe,  fur  la  rivière  d'Eure, 
près  de  Nogent   le  Roi. 

COLOMIERS".  Petite  ville  de  France  dans  la  Brie 
inférieure,  &  du  Diocèfe  de  Meaux,  fur  le  Mo- 
rin. Colomeria  ,  Columbaria.  Colomiers  eft  une  an- 
cienne Pairie  ,  qui  fut  rétablie  en  fon  premier  état 

*  par  Louis  XIV  ,  en  faveur  d'Henri  d'Orléans,  Duc 
de  Longueville, 

COLON,  f.  m.  fignifie  en  général  celui  qui  cultive 
«ne  terre,  colonus    du  verbe  colère  cultiver.  Par 


COL 

'cetïe  raîfcn,  on  appelle  Colons,  les  peuples  d'une 
Colonie  qui  défrichent,  plantent  &  cultivent  les 
terres.  Voye^  Colonie. 

On  le  dit  par  extenfion  de  ceux  qui  cultivent 
des  terres  en  quelque  pays  que  ce  foir.  Dans  quel- 
ques-unes de  nos  Provinces  on  manque  de  Colons. 

Colon,  (  en  Jutifprudence  )  fignifie  ,  dans  quelques 
Provinces,  Fermier,  ou  celui  qui  cultive  un  hé- 
ritage. Le  Fermier  ou  colon  doit  faire  les  cul- 
tures en  leur  temps  ,  &  félon  l'ufage.  Domat  ,  Loix 
civiles^ 

Colon  ,  terme  d'Anatomie.  Quelques-uns  écrivent 
Colum,  félon  la  forme  larine  :  Ainfi  le  fait  tou- 
jours M.  Littre  dans  un  Mémoire  qui  fe  lit  dans 
les  Mémoires  de  t Académie  des  Sciences  ,    1703  , 

F-   9°- 

C'eft  le  nom  du  fécond  des  gros  boyaux ,  qu'oti 
appelle  autrement  boyau  culier ,  qui  eft  entre  lé 
Ciccum  5:  le  rcclum.  Il  va  depuis  le  rein  droit  juf- 
qu'à  la  cavité  du  foie.  De  là  s'attachant  au  fond 
du  ventricule  ,  &  portant  fur  la  rate  ,  il  eft  lié 
au  rein  gauche  ,  d'où  il  defcend  en  forme  'd'une 
S  jufques  au  deffus  de  l'os  facré,  &  va  fe  ter- 
miner au  redlum  ,  de  forte  qu'il  enferme  prefquc 
tous  les  boyaux  grêles,  C'eft  dans. ces  replis  que 
s'arrêtent  &  fe  figurent  les  excrémens.  Pour  cette 
raifon,  quelques-uns  font  venir  ce  mot  Azr.c^xUi, 
retarder.  D'autres  le  tirent  de  xoî^o»  creux ,  à  caufe 
de  cet  inteftin.  Suivant  d'autres,  ce  Inot  vient' du 
verbe  grec  xo>ii^£««(  qui  fignifie  itre  tourmente ., 
parce  qu'il  eft  fouvent  tourmenté  de  tranchées 
êcde  cruelles  douleurs.  C'eft  de  lui  que  la  coli- 
que a  pris  fon  nom, 

§CF  COLON  ,  en  Grammaire.  Quelques  Grammairiens 
emploient  ce  mot  pour  ce  que  nous  appelons  en 
fait  de  ponâuation ,  les  deux  points  :  Le  mot  eft 
purement  grec  x»a«  &  fignifie  membre ,  &  par 
extenfion  ,  membse  de  période  :  car  les  deux  points 
divilént  les  membres  des  périodes. 

gCF  COLONEL  ,  anciennement  on  pronoriçoit 
CoRONEL ,  f.  m.  Officier  qui  commande  un  Ré- 
giment d'Infanterie  Françoife.  Legionis  Tribunus^ 
Chiliarchus.  Colonel  du  Régiment  de  Picardie ,  de 
Champagne.  Ceux  qui  commandent  des  Régîmens 
de  Cavalerie  s'appellent  Mefires  de  Camp,  Voyez 
ce  mot.  On  appelle  pourtant  Colonels  ceux  qui 
commandent  des  Régimens  de  Cavalerie  Etran- 
gère. Tribunus,  Magijler   Equitum, 

^^  On  appelle  au/fi  "Colonels  ceux  qui  comman- 
dent des  Régimens  de  Dragons ,  qui  font  répu^ 
tés  des  Corps  d'Infanterie,  Magijler  Equitum  quos 
Dracones  vocant. 

Le  terme  de  Colonel  eft  venu  des  Italiens  & 
des  Efpagnols.  Skinner  croit  qu'il  pourroit  venir 
du  mot  colonie ,  colonia ,  &  que  les  chefs  des 
colonies  ont  peut-être  donné  leur  nom  aux  cheft 
des  troupes. 

Colonel  fe  ditauÏÏî  des  Chefs  des  Régimens  de  la  Mi- 
lice bourgeoife  dans  les  villes.  Tribunus  urbana 
Milaiœ.  Il  y  a  feize  Colonels  à  Paris  ;  &  un  Colonel 
des  Archers  de  ville. 

Colonel  Général  de  l'Infanterie,  Officier  d'Armée 
qui  commandoit  autrefois  toute  l'Infanterie  Fran- 
çoife, Certe  charge  a  été  fupprimée  en  1661  ,  à 
la  mort  du  Duc  d'Epernon.  Tribunus  Gêner alis  Mi- 
lit  iie  Galliccc  pede(iris,  Cétoit  un  grand  Officier  du 
Royaume ,  dont  l'autorité  s'étendoit  fur  tous  les 
gens  de  pié  françois ,  &  qui  avoit  les  Meftres  de 
Camp  pour  Lieutenans-Colonels.  C'eft  fous  fon  nom 
que  routes  les  Ordonnances  de  guerre  étoient  pu- 
bliées, &  que  la  Juftice  s'exerçoit.  par  le  Prévôt 
des  bandes.  Le  P.  Anfelme ,  dans  fon  Hijloire  des 
Grands  Officiers  de  la  Couronne,  a  donné  une 
lifte  chronologique  des  Colonels  Généraux  de  l'In- 
fanrerie  Françoife.  Anciennement  les  Capitaines, 
encore  qu'ils  "commandaffent  à  de  groffes  troupes, 
n'étoicnt  appelés  fimplement  que  Capitaines  ,  &C 
non  Colonels.  Brantôme.  M.  de  Tais  a  été  le  pre- 
mier Colonel  Général  des  Bandes   Françoifes,   Id, 


COL 

Aibfî  l'on  ne  difoit  point  encore  Colonel  Générât 
■  de  l'Infanterie.  ^  Cet  Oiiice  fut  ctigc  en  charge 
de  la  Couronne  par  Henri  lil ,  en  i(î84,  en  fa- 
veu  du  Duc  d'Epernon.  Elle  fut  fupprimce  par 
Louis  XIV ,  en  1661  ,  rétablie  par  Louis  XV  ,  en 
172 1  ,  en  fav.'ur  de  Philippe  d'Orléans,  qui  en 
donna  fa  démiifion  en  i7-,o.  Depuis  ce  temps-là 
il  n'y  a  pas  eu  de  to/tf/7f/-Général  de  l'Infanterie. 
Quand  il  y  en  a  un  ,  les  Colonels  particuliers  pren- 
nent le  titre  de  Mertrcs-de-Camp.  Un  habile  Anti- 
qiiaire  prétend  que  le  Princeps  Juvcntittis  ,  qui  fe 
voit  fi  fouventilir  les  médailles ,  ne  fitrnih'e  rien  autre 
choie  que  Colojid  Général  de  l'Infanterie. 

Colonel  General  de  la  Cavalerie ,  eft  le  premier  Offi- 
cier de  Cavalerie ,  qui  el\  au  dciilîs  des  Meftres  de 
Camp ,  qui  commandent  les  Rcgimens  de  Cavalerie. 
Tribiinus  Gencralis  Equitiim  armaturee  lev'is. 

Colon  F  L  Général  des  Suif  es  &  Crifons  ,  eft  l'Officier 
qui  eft  au  de^îlis  des  Chefs  des  Rc!;inKns  des  Suides. 
Tnbunus  Gêner alis  Helveticœ  Miiuice. 

Colonel  General  des  Dragons  ,  eft  celui  qui  comman- 
de tous  les  Dragons.  Tribunus  Generalis  Equiturn 
quos  Draconesvocant. 

Colonel  -  Lieutenant  ,  eft  celui  qui  commande  un 
Répimenr  dont  le  Roi  ,  ou  un  Prince  eft  Colonel.  J'i- 
ci-  Tribunus, 

CoLONEL-Z./e?/rf,';;z/2/ du  Régiment  du  P.oi.  Ces  Colo- 
nels-Licutenans  ont  toujours  Brevet  de  Colonel.,  & 
pour  l'ordinaire  ibnt  Officiers  Généraux. 

On  appelle  Lieutenant-Colonel à3.w^  un  Régiment 
d'Infanterie ,  le  fécond  Officier  du  Corps ,  celui  qui 
le  commande  en  l'abfence  du  Colonel  ,  &  qui  eft 
à  la  tète  des  Capitaines.  Legatus   Tribuni  legionis. 

CoLost-L-  Lieiaenant  de  Cavalerie  ,  eft  le  premier 
Capitaine  d'un  Régiment  de  Cavalerie  étrangère, 
ou  de  Dragons.  Legatus  Magifiri  Equiturn. 

COLONEL,ELLE,adj.termede  guerre.Qùi  appartient 
au  Colonel.^  Primarius  ,  a  ,  um.  Le  drapeau  Colonel 
doir  fc  mettre  à  la  droite  ,  à  l'exception  de  ceux  des 
Régimchs  qui  ferment  la  gauche  des  lignes ,  qui 
étant  campées  en  colonnes  renverfëes ,  doivent  avoir 
leur  drapeau  Co//?«£/ fur  la  gauche.  Bombelles.  La 
Liewtenante-Co/uv;e//<;-,pour  dire,  la  compagnie  du 
Licutcriant-Ct)/o.'7e/.  Id, 

La  compagnie  Colonelle  ou  la.  Colonelle  eft  la  pre- 
mière com.pagnie  d'uii  Régiment  d'Infanterie  qui 
porte  le  drapeau  blanc.  Primipilum  ,  prima  eohors. 

rCOLONlE.  f.  f.TranfportfK?  d'un  certain  nombre  de 
perfonnes  de  l'un  &  l'autre  fexe  daiis  un  pays  ,  pour 
le  défricher ,  l'habiter  ou  le  cultiver.  Colonia.  Les 
Romains  ont  envoyé  des  colonies  en  mille  endroits. 
M.  Vaillant  a  rempli  un  volume  in-folio  àz%  médail- 
les que  les  divcrles  co/o«/«  Romaines' ont  fait  frap- 
per à  l'honneur  des  Empereurs  qui  les  avoienï  fon- 
dées. Le  iymbole  ordinaire  que  les  colonies  faifoient 
graver  fur  les  médailles  étoir,  ou  un  aigle,  quand 
on  y  diftribuoit  de  vieilles  légions  :  ou  un  laboureur 
condui.'jnr  une  charrue  atelée  de  bœufs ,  quand  on 
y  envoyoir  de  fîmples  habitans.  On  remarque  fur 
toutes  les  médailles  des  colonies  le  nom  de  Duum- 
F  virs ,  qui  y  tenoient  le  même  rang  ,  &  y  avoient  la 
même  autorité  que  les  Conluls  à  Rome^ 

Il  y  avoir  deux  fortes  de  colonies  chez  les  Romains, 
Celles^e  le  Sénat  envoyoit,&  les  militaires.Lcs  mili- 
taires éroiem  compofées  de  vieux  foldarscaifés  de  fa- 
tigi'.cs ,  auxquels  or,  Jonnoit  des  terres  pour  récom- 
penfe  de  leurs  fervices,  Colvniœ,  militares.  Celles  que 
le  Sénat  envoyoit  étoient  Romaines  ,  ou  Latines  , 
c'ell-à-dire ,  compofées  de  cjroyens  Romains  ,  ou 
Latins.  Colonial  Romanx ,  Latina.  Les  habitans  des 
colonies  Romaines  avoient  droit  de  fuifrage  ;  mais 
ilsn'avoier.t  point  de  part  aux  charges ,  &  aux  hon- 
,neur .  de  la  République.  Les  habirans  des  colonies 
Latines  n'avoient  poinr  droit  de  fulïrage  fans  une 
permiffioti  exprcfle.  Il  y  avoir  aiifTi  ,  fcJon  Ulpicn, 
l.i.  D.  de cer.fib.  des color.ies  qui  n'en  avoient  que  le 
'nom  :  d'autres  jouiflbient  du  droit  qu'on  appcloit 
jus  ItaUcum.,  comme  les  colonies  de  Tyr,de  Beryte, 
d'Héliopolis ,  d'Emèfe  j  dePalmyre,  &c.  Hoffnun'a 


COL  ^jc- 

donné  mie  lifte  des  colonies  Romaines  dans  fort 
premier  Tome ,  p.  ç,i^  &  fuiv.  mais  elle  eft  peu 
exade.  /^oj^^  les  deux  livres  du  P.  Hardouin  ,  lut 
les  médailles  des  villes  &  coloyiies  Romaines,  yoyer 
auiîi  l'oavrage  de  M.  Faillant  fur  le  même  fujet  , 
S-i  les  mcdaïUes  Grecques  des  Empereurs  k  la  fin^ 
Les  François  onteiiivoye  des  colonies  en  Canada.  Les 
Holhndois  en  ont  envoyé  beaucoup  dans  les  Indesi 
Marièillc  eft  une  colonie  des  l'hoccens  ,  ainli  que* 
témoigne  Strabon  :  ils  y  fondèrent  une  Univenitê 
en  Langue  gtccqiic. 

Colonie  fe  dit  auili  du  lieu  où  les  peuples  fe  font  éta- 
blis. Colbgne  eft  une  colonie  des  Romains  ;  Batavia 
eft  une  colonie  des  Hollandois  en  l'He  de  Java  ; 
Québec  une  colonie  des  François  à  l'Amérique. 
Originairement  le  mot  colonie  en  latin  ne  lignincis; 
qu'une  métairie  ,  c'eft-à-dire  ,  une  habitation  dé 
payian  avec  la  terre  nécclfaire  pour  nourrir  i'a  fa- 
mille :  quantum  colonus  unus  arare poterat. 

Colonie  fe  dirauffi,par  cxicnlion ,  des  détachemcns 
qu'une  Aabbaye  ou  Maifon  Religieufe  envoie  pouc 
en  fonder  ,  en  établir  ,  en  pcupfer  une  autre.  Com- 
me le  S.  Abbé  voyoit  que  fon  défcrt  ne  feroit  bien-" 
tôt  plus  aifez  vafte  pour  contenir  fes  dil'ciples  ,  il 
crut  qu'il  étoit  à  propos  de  former  des  colonies. 
Villefort.  Il  choilit  pour  cette  colonie  (  Clairvaiix  ) 
les  frères  &  les  parens  de  Bernard,  Id. 

ftC?  On  l'a  même  dit  des  nouveaux  clfains  d*Abeilies 
qui  ferrent  des  Ruches  pour  aller  habiter  ailleurs. 

COLONNADE  ,  f.  f.  |^  On  ne  prononce  qu'une 
N  ,  &:  l'on  pourroit  bien  rerrancher  la  féconde.  Sui- 
te de  co/ofz^^j  difpolces  d'une  façon  régulière.  Co- 
lumnatio.  Et  comme  on  diipôfe  les  colonnes  en  dit^ 
férentes  ir.anières  ,  il  y  a  des  colonnades  de  di- 
verfes  formes.  La  magnifique  co!o?made  du  Louvre 
eft  en  ligne  droite.  Elle  forme  la  façade.  La  colon- 
nade de  S.  Pierre  de  Rome  eft  en  ccintre  ou  demi- 
cercle.  Il  y  a  des  bâtimens  environnes  d'une  colon* 
nade. 

IJCT  Périftyle  eft  le  terme  d'art  pour  les  colonades 
droites,  &:  colonaic  eft  le  mot  dont  on  le  fert  vul- 
gairement pour  ces  ïaS:vaes  colonnades.  Perifiy Humé 
Voyez  Per.istyi^. 

IJO"  Colonnades  vertes  des  jardins.  Ornemeds  que 
l'on  pratique  dans  les  jardins  par  le  moyen  des  ar- 
bres que  l'on  taille  pour  former  une  efpèce  de  Coion- 
*nade  ,  comme  dans  les  jardins  de  Marlyf  Toutes  les 
opérarions  des  Architectes  fe  tranfportent  aujour- 
d'hui par  imiration  dans  les  jardins  décorés.  On  y 
place  des  portiques ,  des  Colonnades  ,  des  galeries , 
des  Sales  de  Théâtre  ,  &  les  aibies  ne  fe\cfulent 
à  aucune  de  ces  décorations; 

gCrCOLONNAIRE, i'.m.Columnarium,Cho\tnr\  im- 
pôt établi  à  Rome  fut  les  colonnes,  par  Jules  Céfar  t 
dit-on  ,  fans  doute  pout  arrêter  le  luxe  de  l'archi- 
teiflure* 

COLGNNAISON  ,  f.  f.  terme  d'Archiredlure.  C'eft 
ainli  que  Biondel  appelle  la  façade  d'un  bâtiment 
orné  de  colonnes  :  JEdificium  Projlylon.  Colonnai- 
fan  c(l  propremenrune  ordonnance  de  colonnes. 

COLONISE,  f.  f.  Pilier  rond  ou  eipèce  de  cylindre, 
fait  pour  foûtenir  ou  pour  orner  un  b.îrimenr,  un 
buffi;t ,  un  tabernacle  ,  une  table  ,  &c.  Colurnnai 
iyT  La  Colonne  diffère  du  pilier,  en  ce  qu'elle  di- 
minue à  fon  extrémité  fupérieure  ,  au  lieu  que  le 
pilier  eft  élevé  parallelcmenr.  La  colonne  eft  compo- 
fce  d'une  bafe  ,  d'un  fTit  ,&  d'un  chapiteau  qui  fert 
à  porrer  l'entablement.  Bafis  ,  fcaeus ,  capitelhun. 
On  fait  des  colonnes  de  bois ,  de  pierre  ,  de  niaibre^ 
de  bronze ,  de  jafpe  ,  de  lapis ,  ûc.  Il  y  a  des  colon~ 
nés  torfes,  cannelées ,  embâtonnécs ,  ifolées ,  pour 
les  faire  paroître  plus  gro/les ,  ou  plus  agréables  ,  &: 
dérachces.  C'eft  la  diverlîté  des  colonnes  qui  donne 
lenomaux  cinq  Ordres  d'Architecture,  la  Tofcane,- 
la  Dorique  ;  l'Ionique  ,  la  Corinthienne  ,Sc  la  Gonv 
pofite.  Tojcana  ,  Dorica ,  lonica  ,  Corintliia  ,  Coni^ 
pofita.  La  colonne  Tofcane  eft  la  plus  fimplc  &  la 
plus  courre  -,  elle  n'a  que  fept  diamètres  de  hauteur.- 
La  colonm  Dorique  à  8  diamètres.  Son  chapiteau  «^ 


(>c)G 


COL 


fa  bafe  font  on  peu  plus  riches  de  moulure  qtic  la 
Tofcane.  l.'X colonne  Ionique  z.^)  diamètres.  Son  cha- 
piteau a  des  vohites  ,  &:  fa  bafe  lui  cft  particulière, 
La  colonne  Corinthienne  a  lo  diamètres.  Son  chapi- 
teau ell  orné  de  deux  rangs  de  feuilles  avec  des  cau- 
licoles ,  d'où  ibrtent  de  petites  volutes.  La  colonne 
Compojiu  a    audi  lo   diamètres.    Son  chapiteau  a 
deux  rangs  de  feuilles ,  avec  les  volutes  angulaires 
de  l'Ionique.  On  appelle  colonne  GotJûque ,  un  pi- 
lier tout  rond  dans  un  bâtiment  Gothique  ,  qui  eft 
trop  menu  pour  la  hauteur ,  fait  lans  règles  ,  &  fans 
les  proportions  néceifaires.  Philibert -de  Lorme  en  a 
voulu  inventer  une  Françoile ,  dont  il  en  relie  encore 
quelques-unes  au  gros  pavillon  du  Louvre  vers  les 
Tuilleries  ;  mais  il  n'a  pas  été  fuivi.  Les  grandeurs 
fclcs  proportions  àtscolonnes  fe  tirent  de  leurs  mo 
dules  ,  ou  diamètres,  Blondcl  enfeigne  plufieurs  ma- 
nières de  décrire  géométriquement  ,  &  tout  d'un 
trait ,  le  contour  de  l'enflure,  ou  diminution  des  co- 
lonnes. On  donne  aux  colonnes  des  noms  diiférens 
félon  leurs  matières ,  ou  félon  leur  figure.  Ainli  on 
appelle  colonne  imlullique  ,  toute  colonne  frappée , 
ou  fondue ,  de  feï  ,  ou  de  hionze. Ferreaarau  Colon- 
ne de  rocaille  ,  celle  dont  le  noyau  de  tuf,  de  pierre, 
ou  de  moilon  ,  eft  revêtu  de  pétrifications  ,  &  co- 
quillages par  compartimens.  S:ela.  Colonne  d'eau 
celle  dont  le  fut  eft  formé  par  un  gros  jet  d'eau , 
qui  fortant  de  la  bafe  avec  impctuorité  ,  va  frapper 
dans  le  tambour  du  chapiteau  qui  eft  creux  ,  &  en 
retombant  fait  TelTet  d'une  colenne  de  criftal  liquide. 
Aquea.   Colonne  en  hahiftre  ,  une  efpèce  de  pilier 
rond  ,  tourne  en  balullre  ,  ralongé  à  deux  poires  , 
avec  bafe  6c  chapiteau ,  qui  fait  Tcffice  de  colonne  , 
d'une  manière  Gothique  ,  8i  peu  folide,  Colamella. 
Colonne  cimnelée  ,  onflriee',  celle  qui  a  fon  fiit  orné 
de  cannelures  en  toute  fa  hauteur.  Striata.  Colonne 
coloritique  ,  celle  qui  eft  ornée  de  feuillages  ,  ou 
de  rieurs  tournées  en  ligne  fpirale  à  l'entour  de 
fon  fût  ,  ou  par  couronnes  ,  ou  par  feftons.  Fo- 

liata,  ^ 

Co/onnMtravaillcesenftatues  d'hommes.  C'eft  a 

Lacédémone  qu'elles  furent  inventées.  On  y  voir  en- 
core les  reftes  du  Portique  des  Perfans,  que  le  Vul- 
gaire appelle  aujourd'hui  PalaR  du  Roi  Ménélas. 
Ce  fut  La  que  les  anciens  Archicedes  employèrent, 
pour  la  première  fois  ,  ces  colonnes  travaillées  çn 
ftatucs  d'hommes  pour  foCiteniî  des  voûtes  &c  des 
ornemens  d'Architedure  ,  6c  faire  l'eifet  des  fta- 
tucs de  femmes  qu'on  appelle  Caryatides.  Foyei  ce 
mot.  Vitruve  dit  que  cela  fe  lit  à  l'occafion  de  la 
bataille  que  les  Lacédémoniens  gagnèrent  contre 
les  Perfes  fous  la  conduite  de  Paufanias  ,  fils  de 
Cléombrote  ;  &  il  ajoute  que  depuis  ,  à  l'imita- 
tion des  Lacédémoniens ,  plufieurs  Architectes 
firent  foûtenir  les  architraves  6c  les  aurres  ornemens 
fut  des  ftatues  Perfiques ,  &:  ainli  enrichirent  leurs 
ouvrages  de  pareilles  invenrions. 

Wp-  Colonne  bandée ,  c'eft  une  colonna  qui ,  d'ef- 
pace  en  efpace,  a  des  bandes  placées  horifontale- 
nient ,  &  qui  excédent  le  n\x  de  fon  fût, 

^3-  Oa  fe  fért  de  ce  terme  pour  décrire  certains 
fruits  qui  ont  la  figure  de  cette  colonne.  Dicx. 
PE  James. 

On  dit  co/on?i£  diaphâûe  5  fufibîe  >  hydraulique, 
nétallique  ,  moulée,  précieufe,,  de  rccaille,  de 
treillagi:  j  incruftée  ,  jumelée ,  par  tambours ,  par 
tronçon,  varice,  bandée,  canelée  ,  cylindrique, 
coloiîale,  compofée,  diminuée,  feinte,  feuillue, 
fufelée,  gothique,  grcje ,  hermétique,  irrégu- 
lière ,  lifle  ,  marine  ,  malfive-ovale  ,  paftorale  , 
tiinQ^ct,  rudentée,  ruftique,  ferpentine,  torfe  , 
folaire,,  ifolée  ,  adoffée  ,  nichée  ,  angulaire  ,  atti- 
que,  flanquée,  doublée  ,  liée,  accouplée,  grou- 
pée ,  belUquc  ,  chtonologique  ,  crucifère ,  creufe  , 
funéraire,  généalogique,  gnomiquc,  hébraïque, 
héraldique,  hiftoriqiie  ,  honorable,  indicative  , 
inftrudive,  itinéraire,  ladaire,  légale,  limirro- 
phe ,  lumineufe ,  manubiaire,  mémoriale,  mé- 
niane,  militaire,    railliaire  ,    phofp borique,  lof- 


COL 

Traie  ,  fépuichrale  ,  ftatuairc  ,  fymbolique ,  ttîonx- 
phalc,  zophorique,  &c.  Voyez  l'explication  d« 
chaque  mot  dans  fon  ordre.  Dans  le  Temple  de  1» 
Diane  d'Ephefe  il  y  avoir  i  zy  colonnes ,  toutes  d'une 
pièce  de  6o  pies  de  hauteur.  Elles  furent  toutes  dref- 
fées  aux  dépens  des  Rois. 

Ce  mot  vient  de  colutnen^c\m  lignifie  une  pièce  de 
bois  pofée  à  plomb  ■■,  qui  foûtient  le  faîte  d'un  bâ- 
timent. 

On  appelle  un  ordre  ,  un  rang  àc  colonnes ,  quand 
il  y  en  a  plufieurs  de  fuite  dans  un  bâtiment. 

On  appelle  auffi  colonnes  ,  les  piliers  ou  les  que- 
nouilles d'un  lir  qui  en  foûtiennent  le  ciel.  On  ap- 
f)clle  colonneàc  table  une  pièce  de  bois  tournée  qui 
porte  le  deflus  d'une  table. 
Colonne  fe  dit  aulTi  d'une  conftrudion  féparée  d'un 
bâtiment ,  faite  en  forme  ronde  ,  Ibit  d'une  ou  de 
plufieurs  pierres,  pour  fervir  de  quelque  monument 
à  la  poftcriré  ou  à  quelqu'autre  ufage.  La  colonne  de 
Pompée,  près  d'Alexandrie,  eft  d'une  groffeur  admi- 
rable. La  colonne  deTrajan  eft  le  plus  bel  ouvrage  de 
fculpture  quire  fte  de  l'Antiquité.  La  colonne  d'Am- 
tonin  trouvée  depuis  quelques  années  à  Rome.  La 
colonne  de  S.Siméon  Srylite,  où  ce  Saint  demeura 
quaranre  ans  debout.  La  colonne  de  l'Hôtel  de  SoiA 
fons  a  été  faite  poui  obferver  les  jftres  :  on  appelle 
-âUlfi  ces  fortes  de  colonnes^  qui  d'ordinaire  font 
d'une  hauteur  extraordinaire  ,  des  colonnes  coloffa- 
Us  :  elles  ne  peuvent  entrer  dans  aucune  ordon- 
îiaiice  d'Archiîedture. 

Sut  les  médailles  la  colonne  marque  quelquefois 
ï'aflurance,  quelquefois  la  fermeté  d'efprit.  P.  Jo- 

EERT. 

On  appelle  colonnes  d'Hercule ,  les  monragnes 
de  Calpé  &  d'Abila  ,  au  détroir  de  Gibralrar  ,  ©ù 
l'Océan  entre  dans  la  Méditerranée ,  &  où  Hercule 
borna  fes  voyages.  Columme  Herculeœ. 

Colonne  Militaire.  Colonne  de  pierre  ,  ronde  & 
peu  haute  que  les  Romains  érigcoientd'efpace  en 
efpace  fuî  les  grands  chemins  ,  &  fur  laquelle  ils 
gravoient  la  di'ftance  qu'il  y  avoir  de-là  aux  grandes 
villes  voilines  où  la  roure  conduilbir.  On  l'appelle 
aufli  Pierre  miiliaire,  Columna  milliaris.  Lapis  mil' 
liaris.  On  gravoit  aulTi  fur  ces  colonnes  milliaires  le 
nom  des  Prînces  à  qui  les  villes  ou  la  Province  éroient 
redevables  de  quelque  foin  5c  de  quelque  répara- 
tion, C.  Gracchus  fut  l'Auteur  d'une  invention  fi 
mile  au  public ,  &  f\  agréable  aux  particuliers.  Dc-là 
le  nom  des  pierres  eft  celui  des  milliaires  dans  la  fa- 
çon de  parler  des  auteurs  latins.  Nous  en  avons 
de  fréquens  exemples  dans  ^Itinéraire  &  dans  la. 
Carte  de  Fetit;nger,  où  nous  voyons  plufieurs  lieux 
qui  ne  Ibnt  défignés  que  par  le  nombre  des  mil  - 
îiaires ,  ad  vU^cjïmufn  ,  adfeptimuw  ,  ad  oClavum  -, 
&C  dc-î.i  fonr  venus  plufieurs  noms  de  lieux  fran- 
çois.  Par  exemple ,  ,d'0<lavus ,  s'eft  fait  le  nom 
d'Oryers  ,  de  Scptimus ,  Septefmc  ,  de  Dccimus  , 
Diefme ,  parce  qu'en  ces  lieux  étoit  la  huitième  ,  la 
feprième,  la  dixième  pierre  ou  colonne  miiliaire. 
Chcpuîr  ,  Hijï.deDaup.L.  JF,  _p.  i?i. 

Colonne,  en  terme  d'Anaromie,  eft  cette  partie  qui 
avance  au  milieu  du  nez ,  Si  qui  fépare  les  deux 

narines.  n  ,     ,•  -r 

Colonne  ,  en  termes  d'Imprimerie  ,  eft  !a  divjfîon 
des  lignes  d'une  page  ,  ïfT  lorfque  les  lignes  ne 
Ibnt  pas  de  toute  la  largeur  de  la  page ,  &  que  la 
paee  eft  divifée  de  haut  en  bas,,  en  deux  ou  plufieurs 
parties.  Les  livres  qu'on  traduit  en  d'autres  langues , 
qu'on  met  à  côté  pour  les  comparer  enfembîe,  font 
imprimés  par  colonnes.  îl  y  a-plufieuis  colcnnas  dans 
la  Concordance  de  la  Bible, 
Colo  nne  de  nue,  en  Phyfique,  eft  une  quantité 
d'air  înclé  de  vapeurs  Scd'exhalaifons,  qui  fortenc 
avec  impétuofitédedeux  nues,dont  l'une  eft  tombée 
fur  l'autre,  &  qui  en  foitent  pat  la  nue  inférieure, 
parce  qu'elle  eft  moins  condenfée  ,  ou  moins  reifer- 
lée  que  la  nue  fupérieure.  Une  colonne  d'air,d\  une 
portion  d'air,  d'une  certaine  haureur,  &  de  h 
crollèur  d'un  tuyau,  Cçlumn»  aeria.  Par  les  dit 
^  verfe^ 


COL 

Veffes  expériences  qui  ont  été  faites ,  l'on  a  troiivc 
qu'une  colonne  d'air  de  cinq  cens  toiles  de  hauteur , 
depireillegroileur  que  le  tuyau  où  étoitle  vif  argent 
pefoit  trois  pouces  une  ligne  &c  demie  de  vif  argent. 
Ainli  une  colonne  de  toute  la  hauteur  de  l'air  ,  pcie 

.  vingt-fept  à  vingt-huit  pouces  de  vif  argent  ,  & 
trente-deux  ou  trente  trois  pics  d'eau  ,  en  liippolant 
le  tuyau  où  cft  l'eau,  ou  le  vif  argent,  de  même 
diamètre  que  la  colonne  d'air. 

Colonne  d'eau.,  c'eft  une  grande  quantité  d'eau  clc 
vée  par  les  ouragans  qui  Ibrtent  des  terres  ,  lefquel- 
les  font  deflbus  la  mer.  Les  Mariniers  les  craignent 
beaucoup  ,  &  ce  n'eft  pas  (ans  fujct  ,  puifqu'un  na- 
vire ,  qui  fe  rencontre  en  ces  endroits ,  ne  peut 
manquer  de   périr. 

Colonne  de  Feu  &  de  nuée,  Cétoit  un  feu  qui  con- 
duifoic  leslfraélites  dans  le  délért  pendant  la  nuit,  &: 
une  nuée  qui  les  conduifoit  pendant  le  jour,  Columna 
ignea.  O  Eternel  !  Tu  cheminois  devant  eux  la 
nuit  en  colonne  de  feu  ,  Si  de  jour  en  colonne  de 
nuée.  NoMBR.  ch.  14,  V,  14, 

^3°  Colonne  ,  en  termes  de  l'art  militaire  ,  fe  dit  de 
la  divilion  d'une  armée  qu'on  fait  marcher  en  même 
temps,  fur  une  ou  pluiieurs  lignes ,  qui  ont  peu  de 
front  &  beaucoup  de  hauteur -,  d'un  même  mouve- 
ment ,  vers  un  même  endroit ,  en  lailîant  alfez  d'in- 
tetvalle  entte  les  rangs  &  les  files ,  pour  éviter  la 
confuiion.  Ainii ,  on  dit  qu'une  aimée  marche  fur 
une  ou  fur  plu;'eurs  Colonnes  ;  pour  dire  ,  qu'elle 
marche  fur  une  ou  fur  pluiieurs  lignes  ,  qui  ont  peu 
de  front  6i  beaucoup  de  hauti^ur, 

DCF  On  le  dit  aulii  lut  Mer ,  en  parlant  des  Vaifleaux 
qui  fe  fuivcnt  fur  une  même  ligne.  Il  eft  difficile 
d'aller  par  colonnes  ,  de  former  des  colonnes  llir 
Mer  ,  à  moins  qu'on  ait  le  vent  en  poupe  ,  en 
largue. 

P  o  L  o  N  N  E  reîiverfée.  Camper  en  colonne  renverpe  , 
c'eft-à-dire  que  le  chef  de  brigade  fermera  la  gau- 
che ,  &  cnfuite  les  bataillons  les  plus  anciens  de 
cette  brigade",  mais  les  compagnies  des  bataillons 
ne  doivent  point  le  renverfer ,  ni  changer  leur  or- 
dre naturel,  Bombelles.  Les  lignes  qui  campent 
ten  colonnes  renverfées  doivent  avoir  leur  drapeau 
colonel  lur  la  gauche.  Ld. 

'ICoLONNES  de  Seth.  Jofephe  (  Antiq.  Judaïc ,  c.  2.) 
dit  qu'elles  étoient  aans  la  terrede  Sériad.  N'au- 
roit-il  pas  lliivi  une  tradition  que  l'on  retrouve  en- 
core chez  les  Arabes?  Les  Anciens  Grecs ,  ditAbul- 
pharage,  croient  qu'Enoch,  appelé  Edris  par  l;s 
Arabes,  efl:  le  même  qu'Hermès  furnomméTrifmé- 
gifte  ;  car  l'on  fuppofe  qu'il  y  a  eu  trojs  Hermès,  Le 
plus  ancien  habitoit  le  Saïd  (  ou  le  Terrain  élevé  ) 
de  la  haute  Egypte.    Il  a   trouvé  le  premier  des 
fubftances   fupérieures  ,    &   a    prédit   le    déluge. 
Dans  lactainreque  les  Sciences  ne  vinlfent  à  périr , 
&c  les  Arts  à  s'oublier,  il  fit  conflruire  les  pyrami- 
des ,  graver  delfus    toutes  ibrtes  d'arts  &  d'inilru- 
mens  ,    &   repréfenter  les   différentes   claffes    de 
fcience  :  ion  mtention  étant  d'en  confervcr  la  con- 
noiffance  à  la  poftérité.  L'idée  qu'Enoch  a  bâti  les 
pyramides ,  efl;  adoptée  par  les  Sabiens  qui  vivent  au- 
jourd'hui en  Egypte.    Ils  ne  s'imaginent  pas  feule- 
ment que  ces  monumens  font  les  tombeaux  de  Serh 
&;  de  fes  deux  enfans ,  Enoch  &  Sabi ,  qu'ils  regar- 
dent comme  les  premiers  Auteurs  de  leur  religion  , 
ils  offrent  encore  de  l'encens  à  ces  mômes  monu- 
i-nens ,  &  leur  facrifient  un  coq  &c  un  veau  noir. 
M.  d'Herbelot  parle   du  grand  refped:  qu'ils  ont 
pour  les  pyramides  d'Egypte ,  à  caufe  qu'ils  croient 
que  Sabi,  fils  d'Edris ou  d'Enoch,  efl:  enrerré  dans 
la  troifième.    Les  Sabiens,  ajoute-t-il  ,  prétendent 
tenir  leur  Religion  de  Seth  &:  d'Enoch ,  dont  ils  fe 
periuadent  d'avoir  aujourd'hui  les  livres.  Effaisjur 
les  Hiérogliph.  p.  180. 
XfT  Col  on  NES  du  châtelet ,  font  des  divifîons  des 
Confcillers  au  Chârelet  en  pluheurs  fervices  diîfc- 
rens  ,  que  chaque  divifion  ou  colonne  remplit  al- 
ternativement &  fucceffivement  de  trois  en  trois 
moi';.   Ces  quatre  colonnes  ou  fervices  fe  téunif- 
Toms  11, 


COL  G^j 

f       leht  j  cjuand  les  cas  le  requièrent  J-   &'   alors  l'aft 
fembléc  ié  tient  dans  la   chambre  du   Confeil. 
Colonne    fe  dit  figurément  de  ce  qui  Ibùtient,  qui 
appuie  ,  qui  affermit  quelque  choie.  Columcn  ,  fui' 
crum  y   prajiluim.    La   jjitice,  la  paix,   la  Reii^ 
gion ,  ibnt  les  colonnes  de  l'Etat,  Les  Saints  Pères  ^ 
les  Martyrs,  font  les  colonnes  de  i'Eglile.  L'Ecriturci 
dit  que  la  terre  efl  fondée  fur  de  fortes  co:otne^  ,  &C 
qu'elles  ne  feront  point  cbran:ccs,  S.  Paul  die ,  àan3 
Jon  Epure  aux  Galates ,   que  Jacques ,  Pierre  Hi 
Jean  ,  font  regardés  comme  des  colonnes  entre  les 
Apôties.  Les  grandes  fo/o/z/iw  de  l'h-îréiic  étoicnn 
encore  trop  fermes.  Le  P.  d'Orl.  PoifiJonius  ,  eue 
Cicéron  appelle  le  plus  Grand  des  Stoïciens ,  fouf^ 
frit    aulii    impatiem,ment  qu'un   homme  du  Vul- 
gaire,  &  cette  colonne  du  portique  fut  ébranlée  par 
une  maladie.  S.  Eva. 
COLOPHANE,  f.  f.  Selon  les  règles  ,  il  faudroit  dire 
colophone  ;  mais,  félon  l'ufage  ,  qui   efl:  plus  fore 
que  les  règles,  'uinvitAlK  colophane.  C'eft  une  Ibrti 
de  gomme   dont  on  fe  fcrt  pour  frotter  les  archets 
des  inllrumens  de  mulique.  Colophonia,  Voyez  Co-» 

LOPrlONE. 

COLOPHON.     Ville   ancienne    de    k  Coxt   occi-' 

dentale  cie  l'Alîe  mineure.  Cotophon.   C'ctoic    uns 
ville  d'Ionie  ,  où  il  y  avoit  un  oracle  célèbre  d'A-^ 
pollon.    Quelques-uns  veulent  que  ce  Ibit  le  liei 
que  l'on  nomme  aujourd'hui  Belvédère.  Hatpasi-us 
prit  Smyrne  Se  Colophon.  Du  Loir  ,  p.   9. 
CÔLOPHONE.  f  f.  Subifance  de  nature  oléagineufe  ^ 
tirant  fur  le  jaune ,  aride  &  friable  ,  compolee  des 
refles  des  réiines  du  fapin  &  des  pommes  du  lapin  ^ 
cpailfies  par  le  moyen  de  la  décoétibn ,  &  endur- 
cies par  le  froid.  Colophonia.  Pour  être  bonne,  il 
faut  qu'elle  Ibit  luifante,  odorante,  &  qu'étant  jetée 
fut  les  charbons  ardens  ,    elle   rende   une  fumée 
prefque  femblable  à  celle  de  l'encens,  Pline  dit  que 
la  Colophone   a  pris  ion  nom  de  Colophane  ,   villd 
d'Ionie  ,  d'où  elle  a  été  apportée  d'abords    On  l'a 
appelée    aulfi   rejinc    ejpagnole   tc  refîne  grecque  , 
Il  Ion  qu'on  l'a  apportée  de  ces  régions-la.  On  ap- 
pelle auflî  colophane  ,  la  térébentine  cuite  dans  l'eail 
jufqu'à  ce  qu'elle  ait  acquis  une  confinrencefolide. 
On  appelle  encore  colophane-,  le  marc  de  la  tércb^n- 
tine  diftillée  qui  demeure  au  fond  de  la  cornue,  La 
colophane ,  étant  les  refles  desréîines  ,  en  a  aulfi  les 
qualités  ,  mais  moins  pénétrantes.  Elle  échauffé, 
deiféche  ,  ramollit  5c  aglutinc.  On  ennicle  otLlinai- 
rement  dans  les  emplâtres.  Elle  lert  aullî  ^t?  aux 
joueurs  d'inflrumens  à  corde  de  boyau  pour  frotter 
leurs  archets.  Les  particules  de  colophane  dont  fe 
chargent  les  crins  de  l'archer  ,  le  font  m^ordre  da- 
vantage fur  les  cordes  qui  deviennent  par-la  plus  Ib- 
nores.   On  dit  partout  colophane  &  non   pas  co- 
lophone. 
COLOPHONIEN,  ENNE.  f  m.  &  f  Qui  efl:  de  Colo- 
phon. Colophonius  ,  a.WèiioAoïo -,  dans  le.  premier 
Livre  de /on  hijioire  ,  rapporte  que  les  Colophoniens 
font  les  premiers  fondateurs  de  Smyrne.  Du  Loir, 
p.    M. 
COLOQUINTE,  f  £  Colocynthis.    Plante  cucurbi- 
tacée  ,  qu'on    diftingue  aifémcnt   pat  l'amertume 
de  fes  fruits.  Il  y  a  pluiieurs  efpèccs  &  pluficurs  va- 
riétés de  Coloquinte,  La  Coloquinte  ordinaire  ,  oii 
celle  qu'on  emploie  en  Médecine ,  pouflé  quelques 
tiges  couchées  par  tetre  ,  rudes  au  toucher,  canne- 
lées &  pleines  de  lue.  Elle  donne  pluiieurs  feuilles 
qui  font  alrernes ,   rudes,  velues  ,  blanchâtres  ^ 
découpées  fort  profondément,  de  même  que  dans 
la  Cittouille,  oviAn<rnria,  mais  plus  petites.  Des 
vrilles  nailfent  auprès   des  queues  de  ces  feuilles', 
&  font  un  peu  velues  ;  lés  fleurs  font  petites  à  pro- 
portion des  autres  cucurbitacées  &  jaunâtres,  II  lue-' 
cède  à  celles  qui  nouent ,  des  fruits  gros  comme  la 
poing  i  charnus,  de   même  que   le  fruit  des  au- 
tres plantes  de  cette  famille ,  mais  fortamcfs:   Ht 
fes  femences    menues  font  douces,  (\  on  les  lave 
bien,  pour  emporrer  l'amerrume  qui  efl  répandue 
feulement  fur  leur  furface   extérieure.  Cette  chàà: 

TTtï 


è^2  COL 

dclVcchce  devient  membraneufe ,  blanche  &:  très- 
purgative.  Elle  lert  de  baie  A  pliidcurs  compoiitions 
purgatives.  On  a  donné  aux  trochilques  de  Co/o- 
ijttinte ,  le  nom  de  Trochifque  alhundaL  Ces  trochil- 
ques purgent  en  petite  dole.  Après  l'Aloes  ,  rien 
n'eft  d'une  amertume  li  inCupporcable,  On  fait  ces 
trochilques  alhandal ,  en  coupant  la  coloquinte  fort 
menu ,  &  en  la  broyant  dans  un  mortier  frotté 
d'huile  d'amandes  douces  ;  après  quoi  on  y  ajoute 
la  gomme  ttagacant  &  le  maftic. 

Ce  mot  vient  du  gtec  Micy.(,ih  ■>  qui  lui  a  été  donné, 
parce  que  la  coloquinte  *o^>^^*i  r-titi  ^  c'elVà-dire  >  re- 
mue le  ventre. 
%CT  COLOPvAN.  Petite  ville  de  la  prefqu'île  de  l'Inde, 
deçà  le  Gange,  fur  la  côte  de  Coromandel ,  luivant 
M.'  Baudrand ,  qui  eft:  probablement  le  créateur  de 
cette  ville.  Les  Géogtaphes  &  les  Voyageurs  ne  par- 
lent que  d'une  rivière  de  Coloran ,  dans  la  pref- 
qu'île, en  deçà  du  Gange.  Elle  fort  des  montagnes 
de  Gatc  ,  dans  le  Royaume  de  Vifapour,  &  le  di- 
vife  en  plulieurs  branches  ,  dont  la  plus  Septentrio- 
nale conferve  le  nom  de  Coloran  ,  fépare  le  royaume 
de  Gingi  de  celui  de  Tranjaour  ,  Se  fe  perd  dans  le 
çolfe  de  Bengale. 
COLORANT  ,''ANTE,  ad],  qui  colore,  qui  donne 
la  couleur.  Colorans.  Les  parties  colorantes  d'une 
plante.Les  Teinturiers  diftinguent  toutes  les  drogues 
qu'ils  emploient  en  colorantes  &  non  colorantes, 
Colorcm  miuccns.  Les  drogues  colorantes  du  grand 
&:  du  bon  reint ,  font  les  paftels  de  l'Autagais  & 
Albigeois ,  vouede ,  indigo ,  paftcl  &  graine  d' écar- 
late  ,  cochenille  ,  meftèque  &  telquale  pour  les 
étoffes  de  prix  :  cochenille  campefllanc  ou  lîlveftre 
pour  les  petites  étoffes  :  garence  ,  bourre  ou  poil  de 
chèvre  j  terra  mérita  oucoucoume ,  gaude  ,  farrette, 
geneftrolle  5c  la  fuie.  Les  drogues  non  colorantes 
font  celles  qui  fervent  à  difpofei  les  étoffes ,  &  à  ti- 
rer la  couleur  de  l'ingrédient  colorant  ,  comme 
l'alun  ,  le  fel  ou  criftal  de  tartre ,  l'arlenic  ,  le 
réalgal ,  le  falpêtre,  le  fel  commun,  lefelarmo- 
niac  ,  le  fel  gomme  ou  minéral ,  l'agaric  ,  l'efprit 
de  vin ,  le  fon  ,  la  farine  de  pois  &  le  froment ,  l'ami- 
don ,  la  chaux ,  la  cendre  commune  ,  ou  recuite  , 
ou  gravelée. 

La  diftribution  égale  des  atomes  colorans  fur 
tout  le  fujet,  dépend  &  de  l'uniformité  d'a<5tion  que 
pourra  prendre  par  elle-même  la  matière  colorante 
mile  en  mouvement, &  d'une  certaine  juflielîe  d'opé- 
ration que  l'expérience  enléigne.  Hili.de  l'Ac.desSc. 
COLORATION,  f.    f.   Voyei    COLORISATION. 

C'efl  la  même  choie. 
COLORBASIENS.  Nom  d'une  branche  de  Gnofti- 
ques.    Ils  furent  ainli    appelés  de  Colorhajus ,  le- 
quel avoit  enrichi  par  deffus  les  vilions  des  Gnof- 
tiques  qui    l'avoient  précédé.    S.  Epiphane  a  rap- 
porte &  réfuté  fes  erreurs.  Hizr.  35;. 
COLORER  ,  V.   a.  donner  de  la  couleur.  Colorare. 
Le  Ibleil  commcnçoit  à  colorer  le  fommet  des  mon- 
tagnes. Le  rôt  commence  à  fe  colorer.  Les  Taver- 
niers  favent  bien  colorer  leur  vin.  La  chaleur  du 
Soleil  colore  les  fruits. 
Colorer  ,  terme  de  Marqueterie  &  de  Menuiferie  de 
placage,  C'ell:  donner  de  la  couleur  aux  pierres  & 
aux  bois  qu'on  emploie  dans  ces  fortes   d'ouvra- 
ges ,  fuivant  les  teintes  dont  l'Ouvrier  a  befoin,  ou 
pour  les  clairs ,  ou  pour  les  ombres. 
Colorer    fc  dit   au  figuré  pour  ,    donner    une 
belle    apparence  à  quelque    chofe     de    mauvais. 
Colorare.  Il  n'y  a   point  de    ii  méchante  adion , 
qu'un  flatteur ,  qu'un  Sophifte  ,  ne  fâche  colorer. 
Je  ne  fai  pas   ce  que  l'on  peut  dire  pour  colorer 
tant    de  violences.  Pat.  Si  vous  me  trahiffez ,  ne 
vous  attendez  pas  que  je  fois  affez  bonne  pour  me 
payei  des  excufes  dont  on  colore  d'ordinaire  ces  for- 
tes de  légèretés.  Vill.  Valentinien  I  n'autorila  la 
polygamie  par  un  Edit ,  que  pour  colorer  fon  dou- 
ble mariage.  S.  Evr.  Si  l'on  conlîdcre  toutes  les 
Comédies ,  l'on  n'y  trouvera  autre  chofe  que  des 
...   palTîons  vicicufcs,  embellies,  2c  eolorces  d'un  cer- 


COL 

tain  fard  qui  les  rend  agréables.  NicoL.  Vous  nous 
payez  ici  d'cxcufes  colorées.  Mol. 

Pour  colorer  mieux  le  menlonge ,  on  marquoic 
le  lieu ,  le  temps ,  &  toutes  les  circonftanccs  de  la 
bataille.  Bouh.  Xav.  L.   IV. 

Colorer,  V.  n.  terme  de  Jardinage.  Prendre  du  co- 
loris,  &  mieux  fe  colorer.  La  Blancheur  d'Andjlly 
cvlore  fort  vif  au  Soleil.  La  Quint. 

Ip-  COLORÉ,  EE.  part.  Voyei  le  verbe.  Il  eft 
auilî  ad). 

ÇC?  En  Jurifpnidence ,  on  apj>ellc  titre  coloré, on  titte 
apparent,  un  titre  qui  paroilloit  valable  ,  &c  qui  pac 
l'événement  ne  l'elt  pas.  Il  faut  avoit  un  titre  co- 
loré pour  fe  mettre  en  poffeffioa  d'un  Bénéfice: 
autrement  il  y  a  intrulîon. 

On  appelle_du  vin  qui  eft  plus  rouge  que  pailH 
let ,  du  vin  coloré.  On  dit  aulTi  d'un  homme  qui  eft 
rouge  de  vifage  ,  qu'il  a  le  teint  coloré. 

COLORIER.  V.  a.  Employer  des  couleurs,  les  mcler 
agréablement  pour  exécuter  un  deifein  de  tableau. 
Colorare  ,  colores  inducere. 

ff3'  Ce  terme  eft  particulièrement  affedté  à  la  Pein- 
ture. Ce  n'eft  pas  feulement  diftinguer  les  traits  & 
former  l'image  viiîble  des  objets  par  les  variétés  de 
la  couleur  ;  c'eft  imiter  les  couleurs  des  objets  natu- 
rels, relativement  à  leur  polirion-,  donner  aux  ob- 
jets qu'on  peint,  les  lumières,  les  ombres  &  les 
couleurs  de  ceux  que  la  nature  nous  prélénte,  fui- 
vant leur  polîtion  &  le  degré  de  leur  cloignement. 
Il  y  a  des  couleurs  amies ,  qui  femblent  fe  recher- 
cher pour  s'embellir  mutuellement:  &  des  couleurs 
ennemies,  qui  femblent  le  fuir,  qui  fcroient  effa- 
cées ou  obfcurcies  les  unes  par  les  autres.  Mais 
il  n'y  a  point  de  couleurs  fi  amies ,  qui ,  étant  aflem- 
blces  fur  le  même  fonds,  n'aient  befoin  de  quel- 
qu'autre  couleur  moyenne  qui  les  fépare  un  peu , 
pour  empêcher  que  leur  union  ne  paroifle  trop- 
brufque  :  Il  n'y  a  point  de  couleurs  li  ennemies, 
qu'on  ne  puillc  les  réconcilier  par  la  médiation  de 
quelqu'autre  :  deux  points  ellentiels  que  les  habiles 
^  Peintres  ont  toujours  en  vue,  comme  la  perfttlion 
de  leur  Art. 

^fT  Les  Peintres  veulent ,  dit  FÉLiB.2?/d:/.r/^5Pe/7:/. 
que  parmi  les  lumières  &:  les  ombres  bien  ménagées, 
on  voie  dans  un  tableau  les  vraies  teintes  du  na-- 
turel  i  qu'on  apperçoivc  des  maffes  de  couleurs ,  où 
l'on  oblcrve  foigneul'ement  cette  amitié,  ou  cet  ac- 
cord qui  fe  doit  trouver  entr'elles  ;  qu'on  affortifle 
habilement  les  chairs  avec  les  draperies ,  les  dra- 
peries les  unes  avec  les  autres  ,  les  perfonna- 
ges  entr'eux,  les  paylages, les  lointains  ;  en  forte 
que  tout  yparoiffe.à  l'œil  li  artiftemenr  lié,  que  le 
tableau  femble  avoir  été  peint  tout  d'une  fuite,  &■, 
pour  ainlî  dire,  d'une  même  palette  de  couleurs. 

IJCF  Les  grandes  idées  de  colorifation  parfaite  que 
nous  voyons  dans  les  Livres  des  Peintres,  plus  que 
dans  leurs  tableaux  ,  Se  qu'on  peut  appeler  le  Ro- 
man de  la  Peinture,  nous  les  trouvons  réalilées  dans 
un  million  d'objets  que  la  nature  offre  à  nos  regards; 
dans  les  couleurs  de  l'arc-en-ciel,  dans  celles  d'un 
paon  qui  tait  la  rou?,dans  cellesd'un  papillon  éployé 
aux  rayons  du  foleil  1  dans  les  parterres  de  nos  jar- 
dirs,  Ibuvent  dans  une  lîmple  fleur. 

COLOP.IE,  EE,  part.  Dans  la  defcription  du 
Labyiinthe  de  Verfaillcs,  on  dir: les  Animaux  de 
bronze  colorié  félon  le  naturel ,  font  li  bien  dél:- 
gnés,  qu'ils  femblent  être  dans  l'aClion  même  qu'ils 
repréfenteut. 

COLORIS,  f  m.  Manière  d'appliquer,  de  mêler ,  &  j 
de  bien  placer  les  couleurs  d'un  tableau.  Colorutn 
ratio.  tÇT  C'eft  l'art  d'imicer  les  couleurs  des  objets 
natutels ,  relativement  .à  leut  pofition.  Le  coloris  eft 
ce  qui  donne  les  lumières  5c  les  ombres  convena- 
bles au.K  parties  des  objets  qu'on  veut  reprélenter. 
Il  faut,  poui  faire  un  beau  coloris  -,  que  le  clair  ns 
précipite  pas  dans  le  brun  ,  ni  le  brun  dans  le  clair , 
&  que  deux  couleurs  ennemies  ne  fe  touchent  pas 
immédiatement.  Le  coloris  efl:  une  partie  clfentielle 
de  k  Peinture_j,  par  laquelle  le  Peintre  i^j:  imiter 


COL 


I 


ies  apparences  des  couleurs  de  tous  les  objets  natu- 
rels ,  &  dirtribuer  aux  objets  artificiels  la  couleur 
qui  leur  eft  la  plus  avantageulc  pour  tromper  la 
vue.  De  Piles. 
Ik?  Couleur  &   Coloris  confidérés  dans  une  fisjni- 
£cation  fynonyme.  La  couleur ,  dit  M.  l'Abbé  Gi- 
rard ,  efl;  ce  qui  diftingue  les  traits ,  &  forme  l'image 
vifible  des  objets  par  les  variétés.  Le  coloris  ell  l'effet 
particulier  qui  rci'ulte  de  la  qualité  &  de  la  force  de 
la  couleur  j  par  rapport  à  l'éclat ,  indépendamment 
tic  la  forme  &  du  deilbin.  La  première  a  les  diffé- 
rences objcitives  divifées  par  eipèces ,  8c  enfuite  pat 
nuances.  Le  fécond  n'a  que  des  diirrrences  qualifi- 
catives divifces  par  degrés  de  beauté  &  de  laideur, 
§CF  Le  bleu  ,  le  blanc  ,  le  rouge  font  diff-crentes  ef- 
péces  de  couleur  :  le  pâle ,  le  clair ,  le  foncé  font  des 
jiuances  :  mais  rien  de  tout  cela  n'eft  le  coloris  ;  parce 
qu'il  efl:  le  tout  enlemble  pris  en  général ,  dans  fon 
union,  par  une  l'enlation  abftraite  de  diUinguée  de 
la  fcnûtion  propre  &  efléntiellc  des  couleurs. 
ÇCT  Les  tableaux  du  Titien  excellent  par  la  beauté  du 
coloris;  3c  Ton  dit  qu'ils  en  font  redevables  à  l'art 
particulier  que  ce  Peintre  avoit  de  préparer  Se  d'em- 
ployer les  couleurs, 
^CT  Quoique  le  terme  de  coloris  s'étende  for  tous 
les  objets  j  il  a  cependant  plus  de  rapport  aux  car- 
nations qu'à  toute  autre  chofe ,  parce  qu'on  y  re- 
marque miecx  les  teintes ,  les  demi-teintes ,  le  tra- 
vail de  la  peau ,  la  fonte  du  pinceau ,  en  un  mot , 
tout  ce  qui  le  forme. 

Un  traité  du  coloris  comprend  ce  qui  re- 
garde la  nature  des  couleurs,  l'union  &  l'amitié 
qu'elles  ont  entr'elles,  la  manière  de  les  employer 
pour  produire  ces  beaux  effets  de  clair  &  d'oblcur , 
qui  aident  à  faire  paroître  le  relief  des  figures  &  les 
enfoncemens  dans  les  tableaux  :  ce  qui  regarde  la 
perfpe^ive  aérienne,  qui  n'efl:  autre  chofe  que  l'af- 
foibliflcmcnt  des  couleurs  par  l'interpofition  de  l'air , 
les  accidens  lumineux  &  du  diaphane  qui  fe  reniar- 
quent  dans  la  nature  ,  les  différentes  lumières ,  tant 
des  corps  illuminans  que  des  corps  illuminés, 
leurs  réflexions,  leurs  ombres, les  différentes  vifions 
ou  afpeéls ,  k-lon  la  pofition  du  regardant,  ou  des 
chofes  regardées ,  les  apparences  des  corps  dans  l'eau , 
ce  qui  produit  cette  fotce,  cette  fierté,  cette  dou- 
ceur, &  ce  précieux,  qui  fe  trouvent  dans  les  ta- 
bleaux bien  coloriés,  les  diverfes  manières  de  co- 
loris ^  tant  aux  figures  qu'aux  payfages.  Félib.  Voyez 
M.  De  Piles ,  dans  fon  Cours  de  Peinture ,  Léonard 
de  Vinci,  ècc. 
gCT  On  dit ,  d'un  teint  frais  &  vermeil,  voila  Un  beau 

coloris.  AcAD.  Fr.  Vividus  color, 
Ç5"  Coloris  fe  dit  aufli  des  changemens  caufés  fur  le 
vifage  par  certaines  paflions.  Certains  mouvemens 

(.  du  cœur  répandent  un  coloris  chatm.ant  fur  le  vilage 
•  des  Dames ,  £c  même  de  celles  qui  font  le  moins 
'  partagées  en  couleur. 
&3'  On  cherche  à  mettre  ce  mot  à  la  mode ,  en  parlant 
des  ouvrages  d'cfprit.  L'efprit  ne  paroîr  jamais  avec 
plus  d'avantage ,  que  lorfqu'il  reçoit  la  loi  du  cœur. 
Les  penfécs  les  plus  ingénieufes  prennent  alors  le 
coloris  du  fentiment.  Nos  Comédies  modernes  font 
remplies  demornlités,  de  portraits  hors  d'oeuvre, 
de  fcènes  déccufucs,  de  petits  fentimcns,  de  jolies 
penfécs  -,  ^  tout  cela  efl:  revêtu  d'un  coloris  de  jargon 
précieux  &c  méthaphyfiquc  qui  exerce  la  pointe  de 
l'efprit ,  &  qui  fait  bailler  la  raifon. 
Coloris  efl:  auifi  im  terme  de  Fleurifte.  C'efl  la  cou- 
leur  vive  &:  brillante  d'une  fleur.  11  y  a  dans  les 
fleurs  pluficurs  forrcs  de  coloris  ;  il  y  a  un  coloris 
lufl:ié  ,  un  fariné,  £•;  un  velouté.  Le  brillant  du  co- 
loris efl:  charmant  dans  les  fleurs.  Plus  le  coloris  des 
tulipes  eft  luflré  &:  fariné  ,  &  plus  il  eft  eftimc. 
Il  fe  ditauffi  des  fruits,  en  termes  de  Jardinier. 
fe    Ce  fruit  prend  un  beau  co/om.  Voilà  une  pèche  d'un 
^     coloris  admirable.  Ce  coloris  eft  un  petit  rouge  qui  fe 
fait  voir  fur  les  fruitS ,  tant  à  noyau  ,  qu'à  pépin, 

LlGPP. 

COLORIS  ATI  ON ,  f,  f.  eft  un  terme  de  Pharmacie , 


COL  6^9 

qui  fe  dit  de  divcts  changemens  de  couleur  qui  arri- 
venr  aux  fubftances  en  diverfes  opérations  de  la. 
natute  ou  de  l'art ,  comme  par  les  fermentations  > 
lotions ,  codions ,  &c.  ^CF  foit  pour  leur  donner 
une  couleur  plus  agréable ,  foit  pour  les  déguifer 
&  en  cacher  la  compofition.  Colorum  mutaùo. 

Colorisatiôn  ,  en  termes  de  Peinture  ,  fe  dir  pour  la 
manière  de  colorier ,  de  diftribucr ,  de  ménager  les 
couleurs  dans  un  tableau.^ti3'.CoLONNE&;  Coloris. 

COLORISTE,  f'.  m.  Peintre  qui  entend  bien  le  cq- 
loui  i  mifcendi  y  inducendi  coloris  peritus ,  &c  qui 
donne  du  coloris  à  fes  figures. 

Coloriste  le  dir,  dans  le  figuré,  d'un  Ecrivain  qui 
repréfente  bien  fes  caraélères,  &c.  L'Abbé  de  Saint- 
Real  effaya  de  peindic  Charles  Emmanuel,  Duc  dé 
Savoie,  mais ,  quoiqu'il  fut  excellent  colorijle,  il  fe 
défia  de  fon  pinceau;  &:  s'il  commença  le  portrait  de 
ce  Prince,  il  n'ofa  l'achever.  Mémoires  de  Trévoux^ 
^CT  Un  homme  d'efprit  a  dit, en  parlant  de  nos 
Poètes  modernes  :  on  ne  paroît  chercher  maintenant 
que  les  beautés  de  détail  ."une  pièce  n'eft  fbuvcnt 
qu'un  compofé  de  morceaux  rapportés.  Ils  ont  de 
l'éclat;  mais  il  n'en  réfulre  pas  un  tout  qui  feul  a 
droir  de  charmer.  Ainfi  peut-être,  nous  avons  des 
Colori fies ,mii\s  nous  manquons  de  DefTinareurs, 

fer  On  a  fait  auffi  un  adjcétif  de  ce  m.ot.  Les  blancs 
particuliers  &  arrificicls  ne  font  pas  de  vrais  blancs. 
Ils  portent  tous  une  petite  teinte  qui  fe  fait  fentit 
à  un  œil  colorijie.  Castel. 

COLORITE.  f.  m.  Nom  de  Religieux.  Colorita.  Les 
Culorites  font  une  Congrégarion  d'Auguftins ,  qui 
commença  par  les  foins  de  Bernard  de  Rogliano , 
dans  la  Calabre  citéricurc  ,  vers  l'an  1550.  Elle  fe 
ibûmit ,  &  fe  réunit  à  l'Ordre  des  Hcrmites  de  S.  Au- 
guftin  l'an  kJog.  EUea  pris  fon  nom  d'une  perite 
montagne,  nommée  Co/orùo,  fituée  proche  du  vil- 
lage de  Morano  ,  au  diocèfe  de  Caffano  ,  dans  la 
Calabre  citérieure ,  province  du  royaume  de  Na- 
ples.  Il  y  avoir  fur  cetre  montagne  une  cglife  dédiée 
à  la  Sainte  Vierge.  Bernard,  qui  étoit  un  faint 
Prêtre  du  village  de  Rogliano  ,  s'y  retira, &  bâtit 
une  cabanne  proche  de  cette  églife-,  &  s'ctart  re- 
vêtu d'un  habit  d'Hermire ,  il  donna  commence- 
ment à  la  Congrégarion  des  Colorites. 

gcr  COLORNO,  Colurnium.  Petite  ville^  d'Italie, 
dans  le  Parmefan,  près  de  la  rive  du  Pô, 

Ip-  COLOSSAL,  ALE.  adj.  m.  &  f.  Qui  efl/d'une 
grandeur  démefurée,  fort  au  deffus  de  la  naturelle. 
Coloff'oeus  ou  Colojjicus.  La  figure  de  S»  Chriftophe 
de  l'Eglife  de  Paris  eft  coloffale.  On  appelle  aufîi 
colonne  colo(fale ,  une  colonne  d'une  prodigitufc 
grandeur,  en  forte  qu'elle  ne  peut  entter  dans  une 
ordonnance  d'ArchiteéVure  -,  elle  doit  être  folitaire, 
comme  la  colonne  de  Trajan.  On  ne  les  élevoit  que 
que  pour  les  Dieux.  Néron  le  premier  fir  ériger 
pour  lui  une  ftatue  colo(fale.  On  trouve  dans  le 
Moréry  Colossique  ,  des  ftatues  caloriques.  On 
ne  fait  où  l'on  a  pris  ce  mot 

COLOSSE,  f.  m.  Statue  de  grandeur  démefurée  ,  de 
la  taille  d'un  Géant.  Coloffus.  Le  colo£e  de  Rho- 
des étoit  une  ftatue  d'Apollon ,  fi  haute  ,  que  les 
navires  paflbient  à  pleines  voiles  entre  fes  jnmbes. 
Les  Rhodiens  le  firent  élever  après  que  Démérrius , 
qui  adlégeoit  leur  ville ,  eut  fait  la  paix  avec  euji ,  & 
fe  fut  reriré.  C'étoit  une  des  fept  Merveilles  du 
Monde.  Il  avoit  foixante-dix  coudées  de  hauteur.  Ce 
fut  l'ouvrage  de  Charès ,  difciple  du  fameux  Lyfippe. 
Il  fut  douze  ans  à  le  faire.  Il  y  avoit  peu  de  gens 
qui  pudent  embrafler  (on  pouce,  &c.  Les  Sarrafins 
s'érant  faifis  de  l'île  de  Rhodes  en  6^^:, ,  trouvèrent 
érendu  par  terre  ce  colo[fe  ^  qu'un  tremblement 
de  rerre  avoit  fait  tomber. Un  Juif,  à  qui  les  Sarra- 
fins le  vendirent,  l'ayanr  fait  mettre  en  pièces, char- 
gea neuf  cens  chameaux  de  l'airain  dont  il  étoit  fa- 
briqué. L'an  74  de  Jefus-Chrift,  on  dreflà  à  Rome , 
dans  la  rue  facrée ,  un  colore  d'airain,  de  cent  ou 
cmt  dix  pies  de  haut.  Il  avoit  été  fait  pour  Néron; 

i  mnis  au  lieu  de  fa  tête ,  on  y  mit  une  repréfcnta- 
/      lion  du  Soleil,  fous  la  figure  de  Tire,  félon  quel- 

T  T  1 1  i) 


70  o  COL 

ques-uns.  Tillem.  Il  y  a  parmi  les  Antiquités  de 
Rome  iept  fameux  co/ojfes ,  àc\ix  d'Apollon ,  autant 
de  Jupiter ,  un  de  Néron,  un  de  Domitien  ,  Si  un 
du  Soleil.  11  y  en  avoit  aulli  un  de  Mercure  dans  les 
Gaules ,  lequel  étoit  très-connu. 

Les  premiers  Co/ojfes  tirent  leur  origine  d'E- 
gypte ,  où  ,  fuivant  pluiîeurs  Auteurs ,  le  Roi  Sc- 
îbflris  fit  placer  dans  le  Temple  que  l'on  avoit  bâti 
à  Vulcain  ,  dans  la  ville  de  Mcmphis ,  plulieurs  fta- 
tues  de  pierre  ,  tant  de  lui  &c  de  ia  femme  ,  que  de 
♦es  entans ,  dont  les  unes  avoient  trente  coudées 
de  haut ,  &  les  autres  vingt.  Il  y  avoit  à  Rome  une 
ftatue  de  cuivrc,repréfentantApollon,dans  le  temple 
d'Augullc,  qui  avoit  plus  de  cinquante  pies  de  haut. 
Le  Coloffe  d'Augufte  étoit  dans  la  place  qui  portoir 
fon  nom  à  Rome.  Domitien  avoit  fait  dreiler  une 
ftatue  cquellre  dans  le  milieu  de  la  place  publique  , 
de  cent  pies  de  haut ,  que  le  Sénat  fit  abattre  après 
la  mort  de  ce  tiran.  Le  Colore  d'HercLile  ,  que 
Fabius  Maximus  Vcrrucofus  enleva  de  Tarente  ,  & 
qu'il  fit  placer  dans  le  Capitole,  étoit  une  ftatue 
de  cuivre  que  Lyfippe  avoit  faite.  Celui  de  Jupiter 
fut  fait  par  ordre  de  l'Empereur  Claude  ,  &  place 
proche  du  théâtre  de  Pompée ,  6c  pour  cette  rai- 
îbn,  fut  appelé  Jupiter  Pompéien,  Spurius  Carvi- 
likis ,  après  la  défaite  des  Samnites ,  fit  fondre  tou- 
tes' les  armes  de  cuivre  qu'il  avoit  prifes  fur  eux ,  &c 
en  fit  faire  une  ftatue  de  Jupiter,  aux  pics  de  laquel- 
le il  fe  fit  repréfenter.  Ce  Co/o^é  fur  mis  aulfi  dans 
le  Capitole.  Dicl.  de  Peinture  &  d'Jrchiteclure. 

^fF  On  appelle  aufîi  Colofle^  un  bâtiment  d'une  gran- 
deur extraordinaire, comme  les  pyramides  d'Egypte, 
les  amohithéatrcs,  &c. 

Colosse  eft  dit  vapù  to  x<:>iii=i«  ràcc-ra  cjitod  minitat 
ù  retundat  ociilos ,  parce  qu'un  Co/o£e  eft  fi  grand  , 
qu'il  trouble  la  vue  -,  l'œil  a  de  la  peine  à  le  confi- 
dérer  tout  entier  à  la  fois. 

Colosse  fe  dit  au  figuré  des  hommes  &  des  animaux 
qui  font  d'une  grandeur  exrraordinaire ,  tous  les 
foldats  de  cette  compagnie  font  de  vrais  ColoJJes. 

Déjà  ces  tiransinjenfés 
Du  haut  de  leurs  monts  entajjés  , 
Voyaient  le  Ciel  comme  leur  proie; 
Qiiand  d'un  effort  impétueux  , 
Le  carreau  s'clance  &  foudroie 
Ces  Cololles  prejomptueux, 

Nouv.  CH.  DÉ  Vers. 

Dame  Fourmi  trouva  le  citron  trop  petit , 
Se  croyant,  pour  elle  un  Cololle.      La  Font. 

COLOSSE.  Ville  ancienne  de  la  Phrygie  ,  Province 
de  l'Afie  mineure.  Colojfe  ou  Coloris.  La  ville  de 
Coloffe  n'étoit  pas  fort  éloignée  de  Laodicée.  C'eft 
une  des  premières  qui  reçut  la  foi.  Les  Grecs  l'ap- 
pellent aujourd'hui  Chours,  Elle  fut  ruinée  vers 
l'an  <îo  par  un  tremblement  de  terre. 

COLOSSIEN  ,  ENNE,  f.  m.  &  f.  Colofenfis.  Qui  eft 
de  Coloife.  Les  ColoJJîens  furent  inftruics  en  la  Foi 
par  Epaphras.  Port  R.  Dans  l'Epitre  aux  Colojjiens 
S.  Paul  après  avoir  relevé  la  grandeur  de  Jefus- 
Chrift  ,  avertit  les  Colojjiens  de  ne  fe  point  lailfer 
féduii'e  par  les  Philofophes.  Id.  Quelques  Inter- 
prêtes ont  penfé  que  ces  Cb/o^Ff/w ,  auxquels  Saint 
Paul  écrivoit ,  font  les  Rhodiens ,  qu'on  appeloit 
ainfi  à  caufe  du  coloffe  qui  étoit  à  l'entrée  de  leur 
port.  C'eft  le  fentimcnt  de  Suidas,  de  Calepin, 
&  de  Munfter;&  Zanchius,  auîlîbien  qu'Eralme, 
font  mention  de  cette  opinion  \  mais  elle  a  peu  d'ap- 
parence ,  &n'eft  point  fuivie.  Que  quelques  Poè- 
tes aient  appelé  les  Rhodiens  Colojjiens ,  il  ne 
s'enfuit  pas  que  dans  l'ufage  ordinaire,  que  luivoit 
apurement  S.  Paul ,  on  leur  donnât  ce  nom. 

COLOSTRE  ,  f.  m.  terme  de  Médecine.  Premier 
lait  qui  fe  trouve  dans  le  fein  des  femmes  après 
leurs  couches.  Colojlrum ,  colojira.  On  donne  audi 
ce  nom  à  la  'maladie  que  ce  lait  leur  caufe  quand  il 
vient  k  fe  cailler.  Co/o/?r^/io.. 

|Cr  COLOSW.iR.  Cïaudwpoiis,  Ville  de  Tianfil- 


CO  L 

vanîe,  que  les  Allemands  appellent  Claujenbourg. 
Elle  eft  fur  la  rivière  appelée  le  petit  Samos,ài5 
lieues  du  grand  Waradin,  à  (î  ou  à  7  de  Huniad. 
C'eft-là  que  s'afiemblent  les  Etats  de  la  Province, 
&  que  fe  tient  le  Sénat. 

COLPORTAGE ,  f  m.  emploi ,  fonétion  de  celui  qui 
eft  Colporteur. 

COLPORTER.  V.  a.  Porter  à  fon  cou ,  ou  fur  fon  dos, 
quelques  mannes ,  ou  balles  de  marchandifes,  pour 
les  vendre  par  les  rues  &  par  la  campagne.  Suljec- 
tis  cervicihis  aliquid  ferre  ,  Jhppojuo  dorjo  aliquid 
_^fy?(îre.  Il  eft  permis  aux  Ramoneurs  ,  Vautres  pe- 
tits Merciers,  de  colporter  des  marchandifes, mais 
non  pas  de  les  vendre  en  boutique  hors  des  Foires. 
En  temps  de  contagion  la  Police  défend  à  tous  Re- 
vendeurs d'habits , Colporteurs,  d'expofer  en  vente 
ou  de  colporter  par  la  ville  ,  aucuns  habits  ,  lino-es , 
ou  autres  hardes.  De  la  Mare. 

ifT  Colporter  fignifie  proprement  porter  des  mar- 
chandifes dans  les  rues,ou  demaifon  en  maifon,pour 
les  vendre.  On  le  dit  en  librairie ,  des  livres ,  feuilles 
volantes ,  papiers  publics ,  ùc, 

COLPORTEUR ,  f.  m.  marchand  qui  va  vendre  fes 
marchandifes  parles  rues,  &  qui  les  porte  dans  un* 
manne  ou  caifette  pendue  à  fon  cou.  Circumfora- 
neus propola.L'^s  Colporteurs  vendent  des  imac^es 
des  étuis ,  des  cifeaux ,  des  lacets  ,  &  autres  me- 
nues marchandifes.  On  le  dit  particulièrement  des 
crieurs  de  Gazcttes,d'Edits&  autres  feuilles  volantes 
qui  font  nouvelles,  &  d'un  prompt  débit.  Par  les 
ftatuts  des  Libraires ,  il  eft  défendu  aux  Colporteurs 
détenir  apprentifs ,  magafms,  ni' boutiques ,  ni  im- 
primerie, ni  faire  imprimer  en  leurs  noms  ;  mais  ils 
peuvent  porter  au  cou  une  balle  pour  porter  de  pe- 
tits livres  qui  ne  pafiéront  pas  huit  feuilles  brochées 
ou  reliées  à  la  corde ,  &  imprimées  par  un  Libraire 
de  Paris  avec  fa  marque.  Les  Colporteurs  ne  doi- 
vent rien  débiter  fans  la  permillion  du  Lieurenant 
Général  de  Police.  De  la  M  a  re  ,  Tr.  de  la  Pot.  L. 
/,  T.  XK,  c.  1. 11  y  a  des  Colporteurs  de  hardes  ; 
c'eft  la  même  chofe  que  Revendeurs. 

0Cr  Colporteur  ,  anciennemenr  Comporteurs  y 
quia Jecum portant ,  parce  qu'ils  portent  avec  eux 
toutes  leurs  marchandifes. 

§:?  COLRAINE.  Ville  d'Irlande  ,  dans  la  province 
d'Ulfter,  au  comté  de  même  nom,  faifant  au- 
jourd'hui partie  de  celui  de  Londondery. 

COLTl ,  f  m.  terme  de  Marine.  C'eft  un  retranche- 
ment au  bout  du  château  d'avant  d'un  vai/îèau  ;  le- 
quel defcend  jufques  fur  la  platte-forme 

§a-_  COLUGA  ou  COLOUGA.  Coluga.  Ville  de 
l'Empire  Ruiîîcn  ,  dans  le  Duché  de  Rézan  fur 
la  rive  occidenrale  de  l'Occa. 

COLUMBAIRE,  f.  m.  ou  COLUMBARIUM,  car 
nous  retenons  auffi  le  mot  latin  en  notre  langue  , 
terme  d'Antiquités  Romaines.  C'ctoit  un  bâtiment 
fépulcral,  quicontenoit  en  dedans  plufieurs  niches 
propres  à  recevoir  des  urnes  mortuaires.  En  lyitf, 
on  rrouva  près  de  Rome  le  Columbarium  de  la  mai- 
fon  de  Livie  ,  c'eft-à-dire,  des  Officiers  de  fa  mai- 
fon,  &de  leurs  femmes  &  enfans.  Plufieurs  Anti-' 
quaires  d'Italie  ont  donné  la  figure  de  ce  colum- 
haire  ,  &  les  infcriptions  qui  s'y  trouvèrent.  C'eft: 
une  indignité  qu'on  n'ait  pas  ccnfervé  ce  monu- 
ment ,  &  qu'on  l'ait  laiile  fe  combler  de  terre. 

Ce  mot  a  été  donné  à  cette  efpèce  d'édifice,  par- 
ce qu'il  refiembloit  à  un  colombier.  Les  niches  des 
urnes  y  étoient  difpofées  comme  les  trous  pratiqués  ' 
dans  un  colombier  pour  les  nids  des  pigeons. 

^fT  CoLUMBAiRE  s'cft  dit  aufTi  des  trous  pratiques  fur 
les  côtés  des  Galères,  par  où  paflbient  les  rames, 
La  raifon  étimojogiquc  eft  la  même, 

COLUMELLA  ,  f.  £  terme  de  Conchiliologie,  C'eft  ' 
le  fut ,  la  rampe  ,  ou   l'axe  intérieur  d'une  coquille 
depuis  le  haut  jufqu'en  bas  -,  c'eft  autour  de  ce  fût 
que  les  fpirales  de  la  coquille  font  contournées  :  il 
ne  fe  découvre  que  vers  la  bouche. 

COLLUMELLE,  f  f  terme  de  Fleurifte.  Tulipe  r>3u- 
ge-blanche.  Morin, 


cot 

COLURE ,  terme  d'Aftronomie  ,  $T  qui  fe  dît  de 
deux  grands  cercles  qui  coupent  réquateur  &  le 
zodiaque  en  quatre  parties  égales,  &  qui  fervent  à 
marquer  les  quatre  failbns  de  l'année.  Comme  ce* 
cercles  paiîent  parles  pôles  du  monde,  il  eft  évi- 
dent qu'ils  l'ont  l'un  6i  l'autre  au  nombre  des  méri- 
diens. Coiurus. 

On  nomme  colure  des  foîftices,  le  méridien  ou 
cercle  de  dcciinaifon  qui  paiîe  par  les  pôles  de  l'c- 
quareur ,  &  par  ceux  de  Técliptique  \  Hc  colure  des 
cquinoxes ,  le  cercle  qui  paffe  par  les  pôles  de  l'é- 
cliptique  &  les  interfeolions  de  l'ccliptiqué  avec 
réquateur.  Ces  deux  cohires  fe  coupent  en  angles 
droits ,  J:  divifent  l'ccliptiqué  &  l'équateur  en  deux 
parties  égales.  Cassini.  Les  colures  ,  en  coupant 
ainli  l'équateur  j  marquent  les  quatre  faifons  de 
l'année. 

Ils  font  ainfi  nommés  de  deux  mots  grecs ,   ""'ao?  , 
c'eft- à-dire,  mutilus  ou  truncatus  ;  &  a^«  ,  c'eft- 
à-dire ,  cauda,  comme  paroiifant  avoir  la  queue 
coupée  ,  parce  qu'on  ne  les  voit  jamais  tout  entiers 
fur  notre  horifon. 
COLUTHEA.  Voyei  Bagttenaudier. 
COLUVRÉE  ou  COLEUVRtE  ,  ou  plutôt  COU- 
LEUVREE  ,  f.  f.  Quelques-uns  difent  vigne  blan- 
che, Brione  ou  Brioine.  f,  f.  5ryo;2w.  Ses  racines 
font  grofTes,  chariiues  ,  blanchâtres ,  acres  &:  amu- 
res au  goût.  Elles  pouffent  des  tiges  en  farmens  me- 
nus, fort  longs  ,  cannelés,  velus,  &  qui  grimpent 
fur  les  corps  voiiîns  ,  auxquels  elles  fe  lienr  par  le 
moyen  de  quelques  vrilles.  Ses  feuilles   font  alter- 
nes ,  à  plulieurs  angles  ,  &  reflèmblantes  par  leurs 
figures  à  celles  du  lierre ,  mais  plus  amples  ;  de  la 
grandeur  de  celles  de  la  vigne,  velues ,  fie  d'un  vert- 
pâle.  Ses  fleurs  naiflcnt  des  aiffelles  des  feuilles , 
&  viennent  par  bouquets  :  elles  font  d'une  feule 
pièce,  évalecs  de  demi-pouce  de  diamètre  ,  décou- 
pées profondément  en  cinq  quattiers  ,  d'un  blanc 
verdâtre ,  tirant  un  peu  fur  le  jaune ,  &  collées  à 
leur  calice,  qui  efl:  pareillement  verdâtre  ,  à  cinq 
quartiers.  Ces  fleurs  font  quelquefois  ftériles  ;  celles 
qui  nouent  donnent  des  baieS  gro/Tes  comme  des 
pois,  rougeâcres,  &  qui  renferment  quelques  fe- 
iTienccs  arrondies  &  aplaties.  La  racine  de  coluvree 
efl:  hydragogue  ,  &:  on  s'en  fert  pour  les  hydro- 
piques. On  la  donne  en  lavement  pour  provoquer 
la  fortie  de  l'arrière-faix.  Les  Charlarans  la   ven- 
dent pour  la  racine  de  Mandr.agore.  Elle  efl:  au(fi 
apéritive.  On  en  donne  dans  l'hydropifie ,  dans  l'af- 
thme&:  dans  la  goutte.  En  latin  hryonia  albabac- 
cis  rnhris.  Il  y  a  pUifieurs  autres  efpcces  de  colu- 
vrées.  hcnomàç.  bryonia  qu'on  donne  à  la  coluvree, 
vient  de  fm^w  ,  nermino  ;  parce  que  cette  plante  jette 
beaucoup  débranches  &  s'étend  beaucoup.  Les  An- 
ciens l'ont  appelée  vigne  blanche,  fes  feuilles ref- 
femblent  à  celles  de  la  vigne. 
|Cr  Les  vrais    noms   françois    font  Couleuvrée  ou 

hrioine. 
COLX  ,  f.  m,  vieux  mot.  Coups^ 
COLYBES  ,  terme  de  la  Liturgie  grecque,  f.  m.  pi. 
Offrande  de  grains  &:  de  légumes  cuits ,  que  les 
Grecs  font  en  l'honneur  des  Saints,  il  en  mémoire 
des  morts.  Colvba.  Gabriel  Sévère  de  Philadelphie 
a  fait  un  petit  Traité  des  colybes  ,  dans  lequel  il  en 
recherche  l'origine  &  la  lignification.  M.  Simon  a 
fait  une  Note  fur  ce  Traité.  Balfamon,  l'Eucologe 
des  Grecs  imprimé  à  Venife  •,  le  P.  Goar  dans  fon 
Eucologe  ,'  èc  Léo  Allatius ,  De  Eccl.  Occid.  & 
Orient,  perpet.  conf.L.  III,  c,  1 8  ,  parlent  auffi  des 
Colybes,  &  voici  en  peu  de  mots  ce  qu'ils  en  di 
fent.  Les  Grecs  font  quelquefois  légèrement  cuire 
du  blé  ,  &  le  mettent  en  petits  monc -aux  fur  des 
plats.  Ils  mettent  dcflus  diffétents  légumes  :  par 
exemple  des  pois  broyés,  des  avelines,  des  noi- 
fettes  fans  écorce  ,  des  noix  coupées  en  petits  mon- 
ceaux ,  des  grains  de  railîns  de  Corinthe  &  de  gre- 
nades ,  qu'ils  partagent  en  diffcrens  compartimens 
fcparésles  uns  des  autres  par  des  feuilles  de  perfîl. 
Ceft  un  amas ,  ou  petit  monceau  de  blé  ainii  af-  \ 


C  OM 


7  0  J. 


faifonné,  qu'ils  appellent  KoAi-fai,  to/)'/^«.î. Ils  ont 
une  Oraifon  pour  la  bénédidtiondc  ces  Colybes  j 
dans  laquelle  ils  prient  Dieu,  qui  donne  à  tou- 
tes ciiofcs  leur  pcrfcéfion,  qui  fait  produire  à  la 
terre  toutes  fortes  de  fruits  pour  noire  ufagei  qui 
nourriiîant  les  cnfans  de  Babylone  de  feûls  légu- 
mes ,  leur  donna  plus  d'embonpoint  &  plus  de 
grâce  qu'à  tous  les  autres;  ils  le  prient,  d:s-je,de 
bénir  ces  fruits ,  &  ceux  qui  en  mangeront ,  par- 
ce qu'ils  ibnt  offerts  à  la  gloire  ,  en  l'honneur  d'un 
tel  Saint,  &  en  mémoire  des  fidèles  trépaflcs;  ils 
lui  demandent  tous  les  fccours  néceffairesau  falut  i 
la  vie  éternelle  pour  ceux  qui  les  offrent  ;  &  ils  le 
demandent  par  l'mterceffion  de  la  fainte  Vierge  j 
du  Saint  dont  ils  font  commémoration ,  &  de  tous 
les  Saints.  Balfamon  rapporte  à  S.  Athanafe  l'ori- 
gine de  cette  cérémonie  ,  &  le  Synaxaire  grec  la 
rapporte  au  temps  de  Julien  l'Apoftat. 

Quelques  Théologiens  latins  ayant  été  choqués 
de  cette  cérémonie  ,  qui  leur  paroiffoit  tout-à-fain 
extraordinaire  ,  Gabriel ,  Archevêque  de  Phila- 
delphie, écrivit  là  deffus  un  petit  Traire  en  grec 
que  M,  Simon  a  rraduir  en  latin  ,  &  qui  a  été  im- 
primé dans  ces  deux  langues  à  Paris  en  1671  ,  avec 
quelques  autres  ouvrages  de  cet  Archevêque.  Ga- 
briel prétend  que  les  Colybes  tirent  leut  origine 
de  ces  paroles  de  Jefus-ChriO:  ,  au  chapitre  ii* 
'de  Saint  Jean  ,  verÇ.  24.  Le  grain  du  froment 
qui  eji  tombé  dans  la  terre  ne  rapporte  rien  s'il 
ne  meurt  ;  mais  s'il  meurt,  il  rapporte  beaucoup.  Il 
ajoute  cncote  ce  paffage  de  S.  Paul ,  Ep.  I  aux  Co- 
rinth.  ch.  XV,  2,6,  Ce  que  vous  Jerne^ne  revit  point, 
s'il  ne  meurt  auparavant,  L'Archevêque  de  Phila- 
delphie croit ,  étant  fondé  fur  ces  deux  partages  du 
Nouveau  Tejiament ,  que  la  cérémonie  des  Colybes 
n'a  été  inll:itnée  que  pour  reprélcnter  aux  fidèles 
la  réllirrecflion  des  morts,  &  pour  les  confirmer 
dans  cette  croyance.  Les  Colybes  ,  dit  il  ,  font  desî 
fymboles  de  réfurre(5i:ion  générale.  Il  rapporte  au 
même  endroit  les  fignificacions  myfliques  de  ces 
Colybes  ou  légumes  qu'on  fait  cuire  avec  divers  af^ 
faifonncmens  ■,  &  il  marque  enrr'autres  chofcs,  que 
ces  divers  affaiforinemens  fignifient  différentes  ef-r 
pèces  de  vertus.  ,  ' 

L'offrande  que  les  Grecs  font  des  Colybes,A?ix\s  la 
célébration  de  leur  Liturgie,  n'efl:  point  de  rinfl:i- 
tution  des  nouveaux  Grecs.  Elle  a  quelque  anti- 
quité ,  &  elle  n'a  même  rien  de  choquant  ;  au  con- 
traire ,  on  prouve  par  là  ,  comme  l'a  renjarqué  Léo 
Allatius  ,  que  les   aumônes   &:  les  autres   œuvres' 
pieufcsque  les  vivans  font  pour  les  morts,  ne  font 
pas  regardées  dans  l'églife  grecque  comme  des  cho- 
fes  inutiles.  Voye^  Goar  dans  fon  Eucologe,  pag. 
661.  Allatius,  de  Eccl.  Or.  &  Occident. perp.conf.  l. 
3 ,  chap.  1 8  ,  &  M.  Du  Cange ,  dans  fon  Gloffairé 
grec  ,  fur  le  mot  Kolybon.  Il  y  a  un  ofHce  des 
Colybes  c[\is  Léo  Allatius  a  imprimé  à  l'endroit  que 
j'ai  cité  ,  &:  qui  contient  pîufieuis  otaifons  pour  ieS 
morts. 
COLY TEA ,   f.  m.  plante  dont  parle  Théophrafl:e.' 
Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  une  efpèce  d'épi- 
nevinetre,&  d'autres  le  fureau  de  montagne.  Elle  efl: 
fort  différenre  d'une  autre  plante  qu'on  appelle  co- 
lutliea,  en  François  ba^uenaudi:r. 
IP"  COLZA  ou  COLSA  ,  f.  m.  efpèce  de  chou  fau- 
vage,  qui  ne  pomme  point.  On  en  femc  beaucoup' 
en'  Flandre  ^  dans  l'Artois.  Sa  graine  donne  une 
huile  fcmblable  à  l'huile  de  naverte.Les  to'irteaux 
dont  on  a  exprimé  l'huile  fervenr  à  cngraiHcr  les 
befl:iaux  ,  en  les  mêlanravec  du  fon.  Ils  font  encote 
un  excellent  engrais  pour  les  terres  deftinées  à  por- 
ter du  col^a.  La  menue    paille  qui  fort  d'i  van  ,- 
quand  on  vanne  la  graine  ,  fert  de  nourriture  aux 
beftiaux  ;  &  la  groffe  paille  &  les  pies  du  co/^afer-' 
venta  chauffer  le  four. 

C  O  M. 

COMA ,  f  m.  terme  de  Médecine.  Coma.  C'efl  le  norri'  > 
d'une  maladie  qu'on  appelle  auflï  cataphora,  Comd 


704  C  O  M 

fomnohntum  ou  coma  foporeux ,  comd  vigil.  Ce 
mot  eft  forme  par  lyncopc  de  xoi'.k);»*  ,  quivienr 
de  y.«,;«««  ,  je  dors.  Le  coma  cil  une  grande  envie 
"de  dormir,  l'oit  que  le  ibmmeil  s'en  ùiive  ou  non: 
Il  le  (bmmeil  iuic ,  c'eft  un  coma  fomnoUntiim  -,  dans 
lequel  les  malades  dorment  d'un  profond  fommeil 
&  ne  peuvent  ouvrir  les  yeux  :  s'ils  ne  peuvent 
dormir ,  c'eft  un  coma  vigil ,  dans  lequel  ils  fer- 
ment les  yeux,  &  femblent  dormir ,  quoiqu'ils  ne 
dorment  pas.  La  caufe  du  coma  foporeux  eft  tout  ce 
qui  empêche  le  cours  des  ei'prits ,  comme  l'intem 
pcrie  froide  de  humide  du  cetveau,:<dcs  vapeurs  chau- 
des &:  corrompues  qui^montent  à  la  tête  ,  &  bou- 
chent les  canaux  des  cfprits  animaux ,  des  vapeurs 
narcotiques,  df'c.  he  coma  vigi/  vient  du  combat  ou 
du  mélange  déréglé  de  la  bile  &:de  la  pituite,  car 
la  bile  fait  veiller ,  &  la  pituite  fait  dormir  ;  & 
ceux  qui  ont  cette  maladie ,  ferment  les  yeux  pour 
dormir,  5i  ne  le  peuvent,  où  s'ils  dorment,  c'ell 
pour  un  moment  :  ils  révent,  ils  s'agitent,  ils  fe 
lèvent,  &:  quelquefois  ils  fe  jettent  fur  ceux  qui  font, 
prcfens.  Le  co/«iZ  ibporeux  diffère  ducarus.  A'bjcfj 
Carus.  Les  remèdes  pour  le  coma  font  ceux  qui 
caufent  de  grandes  évacuations ,  comme  les  clyl- 
tcres  violens ,  les  vomitifs ,  ceux  qui  purgent,  dé- 
chargent &:delTêchent  le  cerveau  -.ceux  qui  caulent 
des  révullions  d'humeurs,  comme  les  velîicatoircs 
&  les  cautères.  Degori.  f^oye^  Lazare  Rivière  , 
Samuel  ,  Formius ,  Rondelet ,  Foreftus ,  des  ma- 
ladies du  cerveau  ,  Villis ,  &c. 

COMACHIO  ou  COMMACHIO.  Prononcez  co 
makio.  Comaclum  ,  comjcula.  Ville  de  l'Etat  de 
l'Eglife  en  Italie,  fituée  dans  les  étangs  de  CoOTirr- 
chio ,  à  (ix  lieues  de  Ravenne  au  nord.  Le  lac  ou 
étang  de  Comachio  ,  efl:  le  terrain  qui  eft  encre 
le  Pô  di  Volana ,  &  le  Pô  di  Primaro,  qui  Ibnc  deux 
cmliouchurcs  du  Pô, 

COMANE.  Nom  commun  à  plufieurs  y'ûhs.  Coma/ia. 
Il  y  avoir  une  Comane  dans  les  vallées  de  l'Anti- 
taurus ,  fameufe  par  un  temple  de  Bcllone  i  une 
autre  que  Procope  met  dans  l'Arménie  mineure 
&:  Baudrand  dans  la  Cappadoce ,  &:  qu'on  appelle 
Comane  la  Pontique,  Cçmana  Pontica  ;  Une  troi- 
fièmc  dans  la  Taprobane,('elon  Ptolomée  •,  une  qua- 
rrièm?  en  Phrygie ,  &  une  cinquième  en  Pilidie. 
La  Comane  de  l'Antitaurus  fe  nomme  aujourd'hui 
Com  ou  Tabach^an  ,  &  celle  de  l'Arménie  mineure 
Arminlacha.  Elle  efl:  au  confluent  du  Sar&:  de  l'Iris. 

Co^^A^'E.  f.  m.  &  f.  Comamis  -,  ^7.  Nom  de  peuples. 
Pline,  L.  VI ^  c.  \G,  place  Xz^Comanes  proche  de 
la  Margianc.  Ladiilas,  Roi  de  Hongrie,  vainquit 
les  Comanes  '^xoc\\ç.  du  lac  Hood ,  l'an  de  Jefus- 
Chrifl  1179. 

COMANIE.  Comania.  Pays  en  Afic ,  fîtué  entre  h  mer 
Calpienne  au  levant ,  la  CircaUle  au  couchant ,  la 
Mofcovie  au  nord  ,  la  Géorgie  au  midi.  Du  côté 
de  la  Molcovie  il  y  a  de  grandes  plaines  &  de 
belles  prairies.  La  Co/-«a«/<;  n'eft  pas  fort  peuplée, 
quoiqu'elle  foit  au  même  climat  que  les  Provinces 
qui  ibnt  entre  Paris  &  Lyon,  Tavernier,  Tome 
premier.  C'eft  dans  la  Comanic  que  demeurenr  les 
Circadcs  &  les  Kalraoucs  ou  Comoucs. 

COMANS  ,  f.  m.  vieux  mot.   Commandement. 

COMARE.  f.  m.  Lieu  ou  village  d'Arnaures  à  une 
journée  au  midi  de  Patras  ,  &  à  une  demi-lieue  de 
la  mer.  De  là  on  voit  fur  le  rivage  un  refte  de  bâti- 
ment ,  &  il  y  a  un  grand  amas  de  marbres  blancs  , 
qui  pour''oicnt  être  les  refl:es  de  Dymé,  dernière 
ville  de  l'Achaïe  qui  confinoit  avec  l'Elide.  Il  n'y 
a  à  Comare  que  18  ou  20  cabanes  faites  de  cannes , 
de  rofeaux  Se  d-;  terre.  Du  Loir  ,  Z,.  X,  /?.  5  5 1  , 

^CT  COMARIAS,  terme  de  Relation.  Les  Portugais 
divifent  le  Royaume  des  Algarves  en  àciw  coma- 
rias  ou  territoires. 

COMAROUE.  f.  f  C'ed  le  nom  qu'on  donne  aux  Juf- 
tices  fubalternes  de  Portugal.  Commarca.  A  l'égard 
des  Comar^ues  ,  on  Juftices  fubalternes ,  elles  onr 
beaucoup  de  rapport  aux  Bailliages  de  France,  On 


COM 


cncolTipte  vingt-quatre  dans  le  Royaume,  Le  Quiîk 
DE  LA  Neuville, 

COMASC.  Conienjîs  agcr.  Le  Comafc  eft  une  contrée 
du  Milanois  autour  du  lac  de  Corne  ,  &  dont  Côme 
ell  la  capitale  ,  qui  lui  donne  fon  nom.  Il  eft 
environné  du  Milanois  propre  ,  du  pavs  des  Gri- 
fons ,  du  Bergamalc ,  &:  des  Bailliages  des  Suides  en 
Iralie. 

COMATEUX,  EUSE,  adj.  terme  de  Médecine  , 
qui  ne  fe  dit  qu'en  parlanr  du  coma.  Une  alfcélion 
comaceufe  ,  c'eft  une  affection  qui  produit  ou  qui 
marque  le  coma,  qui  en  ell:  la  caufe,  le  ligne, 
l'effet.  Coma  inducens ,  Jîgnijicans ,  indicans  ,  fe- 
quens  ,  futfequens. 

COMB  ,  qu'on  appelle  aufli  CARNOK.  f.  m.  Me- 
fure  des  corps  folides  en  Angleterre  ,  comme  grains, 
graines ,  pois ,  fèves ,  &c. 

ffT  COM^iKT .(.m.Certamen -,  piigna.Cti'i,  difent 
les  Vocabuliftes ,  l'aélion  par  laquelle"  on  combat 
contre  quelqu'un  avec  qui  l'on  a  une  querelle,  un 
dilfércnt.  Un  combat  d'intanterie ,  de  cavalerie. 
N'infiftons  pas  fur  cette  définition,  c'eft  allez  de 
la  lire.  Le  combat  eft  une  adtion  par  laquelle  on 
en  vienr  aux  mains  avec  quelqu'un  ,  on  fe  bat  avec 
quelqu'un  ,  par  la  voie  des  armes.  Combat  d'homme 
à  homme.  Combat  finsrulier ,  combat  .à  outrance.  En 
parlant  des  coot^ïî/j  entre  les  gens  de  guerre,  c'eft 
une  adtion  moins  générale  que  la  bataille ,  fouvent 
imprévue  \  une  aiftion  d'une  partie  des  [troupes  feu- 
lement. Les  actions  qui  fe  font  palfées  à  Cannes 
entre  les  Carthaginois  &  les  Romains ,  à  Pharfale 
entre  Céfar  &  Pompée ,  font  des  batailles.  Mais 
l'action  où  les  Horaces  &  les  Curiaces  décidèrent 
du  fort  de  Rome  &  d'Albe,  celle  du  pailage  du- 
Rhin  ,  la  dctaitc  d'un  convoi  ou  d'un  parti  font 
des  combats.  Syn.  Fr.  La  bataille  de  Netwinde ,  le 
combat  de  Leufe  ,  ou  18  ou  zo  efcadrons  de  la  mai- 
Ion  du  Roi  en  battirent  71  des  ennemis.  Com^ar  de 
cavalerie  ,  equejiris  pugna,  d'infanterie,  pedefiris. 
Combat  naval ,  rencontre  d'un  ou  de  plufieurs  vaif- 
lèaux  ennemis  ou  d'efcadres  qui  fe  battent.  Navale 
prxlium. 

\fT  On  dit  attirer  l'ennemi  au  combat ,  livrer  combat , 
renter  la  fortune  du  combat ,  Ibîuenir  le  combat; 
donner,  hafarder  un  combat  ■■,  ptél'emev ,  accepter 
le  combat  ■■,  éviter ,  rétablir  ,  finir  le  combat, 

IJC?  Les  Vocabuliftes  ajoutent  une  remarque  qui  ne 
vaur  guère  mieux  que  leur  définition  :  la  voici. 
Quoique  combat  dife  régulièrement  moins  que  ba- 
taille ,  il  le  prend  néanmoins  quelquefois  pour'^a- 
taille.  Il  y  eut  un  combat  j'an^lant  entre  les  deux 
armées.  Il  eft  vrai  que  le  mot  de  combat  dit  moins 
quQ  bataille;  mais  il  n'eft  pas  vrai  que  dans  l'exem- 
ple même  qu'ils  apporrent,  ce  mot  fgit  fynonymc 
de  bataille.  Le  mot  de  combat  a  un  rapport  parti- 
culier à  l'aèlion  même  de  fe  battre ,  que  n'a  pas  le 
mor  as  bataille  ,  &;  voilà  l'idée  qu'il  préfente  dans 
l'exemple  qu'ils  apportent.  Je  parlerois  rrès-bien  en 
dilant  avec  M.  l'Abbc  Girard  ,  qu'à  la  bataille  de 
Fleurus  le  combat  fut  opiniâtre  &  fort  chaud.  N'eft 
il  pas  évident  que  dans  ces  occafions  le  mot  combat 
ne  le  prend  nullement  pout  bataille  ,  mais  exprime 
feulement  l'aèlion  de  fe  battre  ? 

^fT  II  y  a  encore  une  autre  dilference  entre  ces  deux 
mots.  Les  batailles  fe  donnent  feulement  entre  des 
armées  d'hommes ,  on  les  gagne  ou  on  les  perd. 
Les  combats  fe  donnent  entre  les  hommes  ,  &  fe 
font  entre  toutes  les  autres  chofes  qui  cherclient  ou 
à  le  détruire  ou  à  le  llirmonrer  :  on  en  forr  victo- 
rieux ,  ou  l'on  y  eft  vaincu.  Voye^  plus  bas  les  diffé- 
rentes acceptions  de  ce  mot. 

Combat  finaulier ,  eft  un  combat  d'un  feul  contre  un 
feul  ;  c'eft  un  duel.  Voy.  Duel.  Singulare  certamen. 
Anciennement  les  procès  fe  décidoient  par  le  com- 
bat.  On  éroir  perfuadc  que  Dieu  n'accordoir  la  vic- 
toire qu'à  celui  qui  avoir  le  meilleur  droit.  Cela 
arrivoit  en  matière  civile  ,  aulTi  bien  qu'en  matièce 
criminelle.  On  rapporte  que  la  queftion  ,  fi  la  re- 
présentation a  lieu  en  ligne  directe ,  s'ctant  prcfentée 


COM 

devant  îe  Grand  Othon  ,  la  décifion  en  fut  ren- 
voyée à  un  Combat ,  &;  au  ibrt  des  armes.  On  le 
pratiquoit  particulièrement  dans  les  matières  cri- 
minelles. On  trouve  la  terme  de  ces  fortes  de  com- 
bats ,  &  les  cérémonies  qui  s'y  obfervoienr ,  dans 
l'ancien  Coutumier  de  Normandie.  L'acculateur 
juroitilirla  vérité  de  fon  acculation,  &  Taccufé 
lui  donnoic  le  démenti  :  fur  quoi  chacun  jetoit 
fon  gage  de  bataille  en  juftice.  Alors  on  conf- 
tituoit  les  deux  champions  prifonnjcrs  jufqu'au  Jour 
du  combat.  Voyez  au  mot  Champion  comment 
cela  fe  pratiquoit.  Philippe  le  Bel  défendit  ces  com- 
bats txi  1505  ,  cependant  le  Parlement  de  Paris 
ordonna  un  pareil  combat  entre  deux  Seigneurs 
par  Arrct  de  l'an  i  jSfî.  Et  en  1547  ,  Henri  II  per- 
mit que  Jarnac  &  la  Chataigneraye  combatillènt  en 
fa  préfcnce.  Le  défenfeur  avoir  le  choix  des  armes , 
5c  s'il  n'étoit  point  vaincu  avant  le  coucher  du  So- 
leil, il  étoit  abrous,&  cenfé  victorieux.  Cet  abus 
ctoit  autrefois  tellement  autorifé,  que  les  Evêques 
&  les  Juges  eccléfiaftiques  ordonnoicnt  le  combat 
dans  les  chofes  obfcures  &  douteufes.  Pasq.  On 
rapporte  qu'Alfonfc  ,  Roi  de  Caflillc ,  ayant  voulu 
abolir  le  rit  Mozarabique,  pour  introduire  l'office 
Romain  j  &  le  peuple  s'y  étant  oppofé  ,  on  convint 
de  terminer  le  différent  par  un  combat. 

On  dit  qu'un  homme  eft  hors  de  combat ,  lorf- 
qu'il  eft  bleiîc  ou  ellropié,  &  qu'il  n'efl  plus  en 
état  de  combattre.  On  le  dit  aufli  ,  dans  un  fens 
moral,  d'un  homme  qui  ne  peut  plus  fe  défendre 
par  paroles  ,  qui  ne  peut  répliquer  à  fon  adverfaire. 
Combat  lignifie  quelquefois  le  choc  ,  l'aétion  de 
ceux  qui  combattent.  Confiiclus.  En  cette  bataille  le 
combat  fut  rude ,  fut  fanglant ,  fut  opiniâtre.  Dans 
les  premiers  temps  de  la  République  Romaine  , 
la  vaillance  avoir  je  ne  fai  quoi  de  féroce  ,  &  l'o- 
piniâtreté  des  combats  tenoit  lieu  de  fcience  dans 
la  guerre.  Saint  EvR.  Le  naturel  ardent  de  M.  le 
Prince  l'a  fait  croire  impétueux  dans  les  combats. 
Id.  On  appelle  un  aflaut  fans  arrillerie,  un  combat 
de  mains. 

Combat  à  la  barrière.  Cc^  un  exercice  deNoblefle  , 
où  elle  faifoit  autrefois  des  imitations  de  vrais  com- 
bats dans  les  joutes  &  tournois.  Ludicrum  certamen, 
pugna  umbratilis. 

Combat  fe  dit  auill  des  jeux  folennels  des  Grecs  & 
des  Romains  à  l'honneur  des  Dieux,  tels  qu'étoient 
les  jeux  Olympiques ,  les  Pythiens ,  les  Néméens , 
les  Iflhmiens ,  \zs  combats  du  Cirque,  les  A(5tiâ- 
ques ,  &:  les  autres  dont  nous  parlerons  à  leur  place. 
Les  combats  qm  s'y  faifoicnt  étoient  la  courlé  ,  la 
lutte,  les  coups  de  poing  ,  le  palet,  frc.  Lescom- 
battans ,  qui  fe  nommoient  Athlètes ,  s'y  prépa- 
roientdès  la  jeuneife  par  des  exercices  continuels , 
&  un  régime  très-exaét.  Ils  ne  mangeoient  que  de 
certaines  viandes,  &  à  certaines  heures  ;  ils  ne  bu- 
voicnt  point  de  vin,  &  n'avoient  point  de  com- 
merce avec  les  femmes  -,  leur  travail  &  leur  repos 
étoit  réglé  :  c'eft  par  l'exemple  de  ces  combattans  que 
S.  Paul  exhorte  les  Chrétiens  à  s'abltenir  de  tout. 
I  Cor.  IX,   15. 

Combat  fe  dit  auflî  des  animaux.  P«or;za.  Un  combat 
de  taureaux  ,  de  bêtes  farouches. 

Combat  fe  dit  aull'i  de  toutes  les  acftions  par  lefquelles 
une  chofe  en  détruit  ou  cherche  à  en  détruire  ou 
liumonter  une  autre.  Certatio ,  conjliclus  , pugna.  Il 
y  a  un  combat  perpétuel  entre  les  qualités  élémen- 
taires ,  du  chaud  contre  le  froid  ,  de  l'humide  con- 
tre le  fec.  Il  fe  fait  un  grand  combat  dans  la  fépara- 
tion  de  l'ame  &  du  corps. 

ÇCTCombat  fe  dit  encore ,  dans  un  fens  figuré,  de  tou- 
tes fortes  de  conteftations  &  de  difputes ,  de  certains 
états  d'agitation  &  de  trouble  ,  &  des  contrariétés 
&:  oppofitions  qu'on  éprouve.  Certamen  ,  pugna. 
Toure  cette  difpute  n'eli  qu'un  combat  d'cfprit.  C'eft 
un  combat  perpétuel  que  celui  des  fens  contre  la 
raifon.  Il  y  a  des  gens  fi  cérémonieux  ,  qu'ils  livrent 
un  combat  de  civilités  à  chaque  palfage.  M.  ScUd. 
On  n'efl:  pas  tranquillement  fcélcrat ,  ni  exempt  de 


COM  70  ? 

combats  intérieurs ,  &  d'agitations  fecrettcs  dans  1« 
cfime.  S.  EvR.  Que  je  redoute  ces  durs  combats  oà 
il  faut  foûtenir  la  révolte  des  fens  ,  &;  s'armer  con- 
tre fon  propre  cœur  !  S.  Evr. 

Mais  l'on  s'efforce  en  vain  par  d'affîius  Combats» 
A  difpofer  d'un  cxur  qui  nefe  donne  pas.  Corn. 

Crois ,  qu'il  m' en  a.  coàté ,  pour  vaincre  tant  d'amour» 
Des  combats  dont  mon  cteur  faigneraplus  d'un  jour,, 

Racime. 

On  appelle  Combat  de  fief , en  tetme  de  Droit* 
quand  deux  Seigneurs  qui  prérendenr  la  même  mou* 
vance  d'un  fief  fervant ,  ou  dont  l'un  prétend  la  Sei- 
gneurie ,  l'autre  la  ccn(ive  ,  ou  tous  deux  la  ceniive  » 
le  font  faifir  chacun  de  leur  côté  ,  &C  ont  un  procè* 
enfemblc  à  ce  fujet.  Argou.  Dans  ce  cas  le  Vafl'al 
doit  fe  faire  recevoir  par  main  Souveraine.  Voyet 
ce  mor. 

COMBATTABLË.  adj.  Vieuic  mot ,  qui  vent  dire  , 
combattant ,  vaillant.  Pugnax  ipugil. 

COMBATTANT,  f.  m.  Celui  qui  combat  >  oit  qui 
peut  combattre.  Homme  de  guerre  marchant  en  cam- 
pagne fous  les  ordres  d'un  Général.  MiLs  pugna-^ 
tor.  Une  armée  de  cent  mille  combattans.  Ccnturft 
millia  a.rmatorum. 

^fj-  CoMBAttANT  fe  dit  auflî  en  parlant  d'un  des 
foûtenans  ou  des  aflaillans  d'un  Tournois.  Q  land 
les  deux  Combattans  fitrent  en  préfence.  On  le  die 
en  plaifantant  de  ceux  qui  fe  battent  à  coups  de 
poings.  Pugiles. 

0C?  Combattant  fe  dit  encore  dans  les  dîfputes 
littéraires  ,  des  Antagonilles.  C'eft  auffi  un  terme 
Héraldique  qui  fe  dit  de  deux  animaux  ,  Lions  ou 
Sangliers ,  que  l'on  porte  fur  un  écuflbn  d'armoi- 
ries ,  dreifcs  fur  les  pies  de  derrière  &  affrontés ,  ou 
les  faces  tournées  fune  contre  l'autre.  Encyc. 

COMBATTRE,  v.  a.  Donner  un  combat ,  fe  battre 
contre  l'ennemi  pour  le  défaire  ,  attaquer  fon  enne- 
mi ,  ou  ibûtenir  ou  repouffer  l'attaque.  Certare  ,  de- 
certare  y  pugnare  ,  depugnare.  Ces  deux  champions 
ont  combattu  corps  à  corps.  Les  efcadrons  ont  com^ 
battu  de  pié  ferme.  Il  a  combattu  fon  ennemi ,  il  l'a 
défarmé. 

Jupiter  avoir  C9uvett  d'une  épaiffc  obfcurité  l'ar- 
mée des  Grecs ,  pour  les  empêcher  de  combattre.  En 
cet  endroit  Ajax ,  ne  fâchant  plus  quelle  rcfolutiori 
prendre ,  s'écria 

Grand  Dieu ,  chafje  la  nuit  qui  noUs  couvre  les  yeuxp 
Et  combats  contre  nous  à  la  clarté  des  deux  1 

BoiLEAt;. 

Voici  la  Traduction  de  M.  de  tA  Motte, 

Ak  !  faut-il ,  dit  Ajax  ,  que  je  perde  mes  toups  ! 
Grand  Dieu  ,  rends-nous  le  jour  >  &  combats  contrt 
nous  i 

C'eft  aux  connoilTeUrs  à  décider  ,  qui  de  lui  oii 
de  M.  Defpréaux  a  le  plus  heureufcment  atteint  lô 
fublime  de  cet  endroit  de  l'Iliade.  Journal  des  Sa.^ 
vans  1714.  La  chofe  n'eft  pas  problématique  ;  5Ç 
il  n'y  a  perlbnne  ,  quelque  prévenu  qu'il  foit,  qui 
donne  la  préférence  à  M.  de  la  Motte. 

Combattre  fe  dit  auffi  en  parlant  du  choC  de  deux 
armées,  Confiigere ,  dimicare  ,  &c.  Alexandre  com- 
battit trois  fois  les  Perfes  en  trois  fameufes  batailles. 
Les  Princes  combattent  pour  la  vidoire  ,  les  foldats 
pour  le  Prince.  Ablanc.  Si  Enéc  combat  ,  c'eft  par 
néceffité  ,  &c  moins  pour  vaincre ,  que  pour  achever 
la  guerre. P.  leBoss, 

Combattre  fe  dit  fîgurcment  des  chofes  fpirituelles 
Se  morales.  Il  faut  combattre  pour  la  Foi.  Vous 
avez  long  temps  combattu  contre  rin)uftice,&  con- 
tre la  mauvaife  fortune.  P.  d'Orl.  l'efptit  combat 
contre  la  chair.  Il  faur,<rû'n/'^//r.;les  opinions  erron- 
nécs.  L'Evan2:ile  eft  un  langage  qu'on  n'entend  plus 
dès  qu'il  combat  nous  attaciiemraï,  Je  me  fortifi* 


^04 


C  O  M 

d'autant  plus  contre  un  ennemi  que  )'aime  ,  que  je 
Icns  bien  eue  mon  cœur  me  veut  trahir  ,  &  ne  com- 
bat qu'p  regret.  M.  Scud.  Qu'il  eftdur  d'avoir  à  com- 
battre l'on  devoir  contre  fon  inclination  L 

Jl  ejtdcs  momens  defcibkjfe  , 
Ou  la  nature piut  tomber  ; 
On  court  rifque  Jefuccomber , 
Quand  or.  eji  oblige  de  combattreyà/?^  cefe. 

NOUV.   CHOIX  DE  VERS. 

I).  eft  ridicule  de  combattre  fcrieufement  les  rafi- 

nemens  &  les  Ululions  d'une  dévotion  mchincoli- 

que.Boss.  Elle  avoir  ailez  de  vertu  pour  combattre 

.     ia  pa/Tion  -,  mais  elle  n'en  avoit  pas  aflez  pour  en 

triompher.  ViLL. 

Ce  n'efi  qu'en  ces  ajfauts  qu'éclate  la  vertu  -, 
Et  [on  doute  d'un  caur  -/ui  n'a  point  combattu. 

Corn, 

Haï  de  tous  les  Grecs  ,  prejfe  de  tous  côtés  , 

Me  faudra-il  covAhazuc  cncor  vos  cruautés  ?  Rac. 

IJCF  Combattre  avec  quelqu'un  de  civilité  ,  de  poli- 
telle  ,  &  difputcr  à  qui  léra  plus  civil ,  plus  poli  ;  6-c. 
On  dit  encore ,  combattre  contre  la  mer ,  les  vents  , 
l'orao-e.  Pugnare  cum  mari  ^ventis ,  tempejtate  ,S>cc. 
Combattre  conn<t\^i^\m  ,1e  froid  ,  &c.  Le  dans  un 
ftyle  plus  Ibùrenu  combattre  la  faim  ,  la  Ibif ,  &c. 
On  dit ,  qu'un  homme  fe  forge  des  chimères  pour 
les  combattre  ;  pour  dire  ,  qu'il  le  forge  de  vaines 
difficultés  dans  l'elprit.  Les  gens  de  Collège  s'agitent 
jufqu'à  ia  fureur ,  ôi  combattent  à  outrance  pour  des 
fyllabes  &  pour  des  virgules.  Bel. 

On  dit  proverbialement  :  en  combattant  le  fecours 
vient  ;  pour  dire ,  qu'il  ne  faut  pas  abandonner  cer- 
taines'affaircs  ,  &  que  le  temps  apporte  quelquefois 
du  changement  aux  chofes  les  plus  dcfeipérées, 

C0MBAT'TU,UE.  part.  &  adj.  Il  a  l'elprit  combattu; 
pour  dire  ,  agité  de  divcriés  penfées.  Agitatus  ifiu- 
Suans, 

l.es  hommes  definés  à  gouverner  la  terre  , 
Loin  de  porter  un  cœur  de  remords  combattu  , 
Au  poids  de  leur  grandeur  mcfurcnt  leur  yertu^ 

Capistr 

■COMBE,  f.  f.  "Vieux  mot  François ,  qui  fîgnifîoit ,  val- 
lée enfermée  entre  deux  montagnes.  ConvalHs.  Mé- 
nao-e  tient  qu'il  lîgnilioit  grotte ,  Ôc  qu'il  vient  du  La- 
tin sumba. 

COMBIEN  ,  adverbe  de  quantité  ,  Se  interrogant. 
Quand  il  ne  fignifie  autre  chofe  que  le  nombre  ,  on 
l'exprime  par  ^quot.  Combien  y  a-t-il  d-e  gens  en  cet- 
te armée  'i'^iombien  y  a-t-il  de  lieues  de  Paris  à  Ver- 
failles  ;  Combien  y  a-t-il  eu  de  morts  &:  de  bleflcs 
dans  cette  bataille  î  On  dit  auffi  ,  combien  de  fois. 
Quoties. 

Combien ,  combien  de  fois  ,  de  douleurs  accablé? 
Par  tes  foins  généreux  me  vis-je  confolé  ?  Vill. 

Combien  fignifie  la  quantité  du  prix  d'une  choie  qui 
a  été  achetée  ou  vendue.  Quanti.  Combien  vaut  le 
blé  î  Combien  vaut  le  vin  i  A  combien  a-t-il  été  taxé  ? 
Combien  cette  marchandife  î 

Combien  fignifie  aulfi  ,  à  quel  point.  Il  s'exprime  par 
^aà/Tzavecun  adieCtif  &  un  adverbe  ,  &  par  quan- 
tum avec  un  verbe.  "Vous  ne  ùuncz  cio'nc  combien 
ce  Doifteur  eft  utile  à  fon  Eglife  ,  combien  ce  père 
aime  fes  enfans. 

Je  fai  combien  efi  pur  le  lèle  qui  t'enflamme. 

Racine. 

Ce  mot  vient  du  Latin  quàm  benè. 
Combien   eft  aulfi   conjonction  &   fignifie  ,    encore 
que  ,  Etji,  quamvis  ,quamquam  ^licét.  Combien  que 
vous  l'aiez  délbbligé  ,  il  ne  laillera  pas  de  vous  fer- 
vir.  Il  eft  hors  d'ufage  en  ce  fens. 

Il  s'emploie  quelquefois  fubftantivement  dans  le 
difcours  familier ,  pour  lignifier  le  prix  ou  la  valeur. 
Il  content  de  me  vendre  la  mailbn  ,  ôc  upus  n'en 
ibmmcs  plus  que  fui  Iç  cçmbien. 


C  O  M 

COMBINAISON,  f.  f.  Aifemblage  de  plufieurs  chofes 
difpolces  deux  à  deux,  Conjunàio  ,copulatio  ,com- 
plexio. 

Combinaison,  en  Mathématiques  ,fe  dit  par  extenfion 
de  la  variation  des  nombres ,  des  lettres,  des  fons  en 
toutes  les  taçons  polliblcs;  §3"  c'eft-à-dire,de  toutes 
les  manières  pollibles  de  prendre  un  nombre  de  quan- 
tités données.  Variatio  litterarum,  numerorum  ,  va- 
via  literarum ,  numerorum  difp^fitio.  Pour  déchif- 
frer les  lettres ,  il  faut  faire  une  inliniré  de  combinai" 
fons  de  lettres  &  de  fyllabes.  La  combinaifon  de  ce 
vers  fe  peut  faire  en  mille  vingt-deux  façons. 

Tôt  tibi  funt  dotes ,  virgo ,  quotjîdera  ccclo. 

La  combinaifon  des  24  lettres  de  l'Alphabet  fc 
peut  /aire  de  i  591  721  658  311  2(^4  96a 
2^3  919  598  loz  100  façons  ,  comme  a 
montré  Monfieur  Preftet  dans  fon  Algèbre.  Le  Pè- 
re Merfenne,  en  fon  Harmonie  Univerfelle  ,  a  fait 
la  combinaijon  des  fons  Se  notes  de  Mulique  jufqu'à 
<Î4 ,  qui  eft  contenue  en  90  chiffres. 

§Cr  COMBINAISON  ,  en  Chimie  ,  eft  l'union  intime 
par  laquelle  deux  ou  plufieurs  principes  de  natur© 
différente  fe  pénétrent  &  fe  joignent  pour  former 
un  nouveau  corps.  Quand  un  acide  eft  Joint  à  un 
alcali  ,  il  réfulte  de  la  combinaijon  de  ces  deux 
fubftances  ,  un  fel  neutre  ,  compofé  d'acide  &  d'al- 
cali :  il  n'eft  pas  nécelfaire  d'avertir  que  combinai- 
jon &  mélange  expriment  deux  idées  abfolument 
différentes. 

COMBINE,  f.  m.  Le  mélange  de  l'efprit  de  vin  con- 
fifte,  félon  M.  Geoffroi ,  en  un  combiné  d'eau  ,  d'hui- 
le 5c  de  fels  que  la  feule  fermentation  a  unis  en- 
tr'eux  ,  avec  l'huile  de  vitriol ,  c'eft-à-dire ,  avec  l'a- 
eide  minéral  le  plus  concentré  ou  le  plus  intime- 
ment uni  aux  autres  parties  du  mixte  qu'on coimoillè. 
Hiji.  de  FAcad.  des  Se.  1742.  p.  44. 

COAîBINER.  v.  a.  Mettre  deux  à  deux.  Combinare , 
hinos  jungere  ,  copulare,  ^3"  Aifcmbler  plufieurs- 
choies  en  les  mettant  deux  à  deux.Et ,  par  extenfion, 
allembler  les  chofes  autant  de  fois  qu'elles  peuvent 
être  variées  -,  les  arranger  de  routes  les  manières 
qu'elles  peuvent  être  arrangées  enlémble.  Le  P.  Mer- 
fenne a  combiné  tous  les  fons  de  la  mufique  >  au  nom- 
bre de  ^4.  Variare ,  mut  are  ;  litteras ,  numéros  varie 
difponere.  Il  faut  que  les  faifeurs  d'Anagrammes 
combinent  plufieurs  fois  les  lettres  d'un  nom  pour 
y  trouver  un  autre  mot. 

ffj"  COMBINER ,  en  chimie,  exprime  l'aftion  d'unir 
intimement  deux  fubftances  d'une  nature  dilîcrcntc, 
de  manière  que  leurs  parties  le  pénétrent ,  &  qu'il 
réfulte  de-là  un  nouveau  compofé.  Voye:^  Combi- 
naison ,^terme  de  Chimie. 

COMBINÉ ,  ÉE.  part.  &  adj.  Il  a  les  fignifications  de 
fon  verbe.  Combinatus  ,  copulatus. 

Les  armées  combinées  de  France  5c  d'Efpagne, 
Les  rrcupes  combinées  de  Bavière  &  de  Prulîé. 

COMBLAN.  f.  m.  Foye^  Combleau. 

COMBLE,  f,  m.  Le  haut ,  le  faîte  d'une  maifon.  Cul- 
men  ,  fapgium.  Il  a  fait  rebâtir  cette  mailbn  de  fond 
en  comble.  Les  fondemens  en  font  bons ,  mais  le  co/tz- 
ble  ne  vaut  rien. 

Comble  fe  dit  particulièrement  de  la  cliarpente  &  de 
la  couvertujre  d'une  mailbn.  En  Orienr  les  mailbns 
n'ont  point  de  comble ,  elles  font  couvertes  en  platte 
forme  :  en  France  ils  font  pointus  ,  ou  en  combles 
droits  ;  &  maintenant  on  en  fait  de  brifés  ,  ou  à  la 
manfarde  ,  qu'on  appelle  combles  coupés.  On  ap- 
pelle comble  pointu  ,  celui  dont  la  plus  belle  propor- 
tion eft  un  triangle  cquilatéral  par  fon  profil ,  &c 
qu'on  nomme  auffi  à  deux  égoâts.  Comble  à  pignon  , 
celui  qui  eft  foûrenu  d'un  mar  de  pignon  en  face. 
Comble  à  croupe  ,  celui  qui  eft  .1  deux  arrêtiers  &c 
avec  un  ou  deux  poinçons.  Comble  de  pavillon  ,  ce- 
lui qui  eft  à  deux  croupes,  Scà  un,ou  deux,ou  quatre 
poinçons^ Comble  coupé  ^  ou  brijé ,  celui  qui  eft  com- 
pofé du  vrai  comble  ,  qui  eft  roide  ,  dc  du  faux  com- 
ble ,  ^ui  eft  couché  ,  ac  (jui  en  fait  la  partie  fupé- 

tieure, 


I 


COM 

rîcure.  Comble  en  dôme ,  celui  dont  le  plan  efl:  rond ,  f 
ou  ovale ,  &  le  profil  en  pente  droite.  Comble  a  l' Im- 
périale ,  celui  dont  le  contour  elt  en  manière  de  ta- 
lon renvcrfc.  Comble  plat ,  celui  qui  n'efl:  pas  plus 
Jiaut  que  la  proportion  d'un  fronton  triangulaire. 
Comble  il  potence,  unecipèce  d'appentis  fait  de  deux, 
ou  plulieurs  demi-fermes  d'ailèmblage ,  le  tout  por- 
te fur  le  mur  contre  lequel  il  eft  adoiîc.  Comble  en 
patte  d'oie  ,  une  cfpèce  d'auvent  à  pans  ,  &  à  deux  , 
ou  trois  arrêtiei's  pour  couvrir  un  puits ,  un  prcfroir. 
Comble  entrapeti  ,  ou  ejitrape:^é  , celui  qui  ayant  une 
large  baie ,  ell:  coupé  pour  en  diminuer  la  hauteur , 
&  couvert  d'une  teirafFe  de  plomb  un  peu  élevée  vers 
le  milieu  ,  où  il  y  a  d'eipace  en  eipace  des  trapes  , 
qu'on  levé  pour  donner  du  jour  à  un  corridor  ,  ou 
autre  pièce  interpoféc.  Comble  à  terraff'e,  qui,  au  lieu 
de  s'élever  en  faîte  ,  eft  coupé  ,  &  forme  une  terraffe 
au  haut  du  toit  d'un  logis.  Les  pignons  d'un  logis 
s'appeloient  autrefois  combles  ,  ou  cambres  ;  &i  ils 
ont  été  ainfi  nommés  ,  à  cauié  qu'ils  étoient  cou- 
verts de  chaume ,  à  culmis  ^vel calamis  ,  félon  le  té- 
moignage de  Servius. 

^3"  On  dit  figurcment  qu'un  homme  eft  ruiné  de  fond 
en  comble  ■■,  pour  dire,  qu'il  a  tout  perdu  ;  qu'on  lui  a 
fait  perdre  l'on  bien  ,  ou  Ion  honneur ,  ou  Ion  crédit, 
ou  tout  cela  cnfcmble.  On  le  dit  de  même  d'une  vil- 
le ,  d'une  province ,  d'une  famille  ,  6'c.  Fortunis  om- 
nibus everfus. 

jCoMBLE  le  dit  figurément  en  Morale  fCT  du  dernier 
période  ,  du  plus  haut  point  où  les  chofes  peuvent 
aller,  C'eft  le  dernier  furcroît ,  foit  du  bien ,  Ibit 
du  mal.  Cumulus ,  fajtigium  ^fummum,  culmen.  Dans 
toutes  les  dilgraces  ,  c'eft  le  comble  de  l'infortune 
cjue  d'avoir  toujours  été  heureux.  S.  Evr.  Il  eft  par- 
venu au  comble  des  honneurs  ,  de  la  fortune.  Dieu 
fut  obligé  d'envoyer  le  Déluge  ,  à  caufe  que  la  na- 
ture humaine  éroit  parvenue  au  comble  de  l'iniquité. 
Le  comble  de  la  mifere  ,  c'eft  de  ne  la  fentir  pas, 

NiCOL. 

Mais  c'ejî  où  peut  monter  la  dernière  fureur , 
P'tire  au  comble  du  crime  fi  n'en  voir  pas  fliorreiir. 

Quint, 
Et  par  les  envieux  un  génie  excité , 
Au  comble  dejon  art  eji  mille  fois  monté.  Bon. 

^CT  Scuderi  dans  fes  Obfervationsfur  le  Cid  avoir  con- 
damné cette  exprcHion,  Je  ne  lais  trop  pourquoi, 
l'Acadcmicdans  les  fentimensjur  cette  Tragi-Lome- 
die ,  ùbferve  qu'on  dit  très-bien  ,  c\  ft  le  comi  le  de 
ma  douleur ,  de  ma  Joie,  Si  ces  mots  n'étoient  pas  ad- 
mis ,  il  ne  faudroit  plus  faire  de  vers.  Elle  eft  même 
d'ulage  en  profc  ,  dans  le  ftyle  noble ,  ainli  que  dans 
le  ftyle  ordinaire. 
Pour  comble.  Façon  de  parler ,  qui  lignifie  ,  pour  fur- 
croît. Après  avoir  elTuyé  une  furieulé  tempête, /o^r 
comble  de  malheur  ,  il  fut  pris  par  des  Corfaires. 
Alexandre  vainquit  Vo^ws  ,&c , pour  comble  àQ  ^\oi- 
re  ,  il  lui  rendit  fes  Etats. 
1^  CoAfBLE,  terme  de  mefureur.  f.  m.  Ce  qui  peut 
tenir  au  deflus  des  bords  d'une  meiure,  d'un  vaifiéau 
déjà  plein.  Le  comble  d'un  minot  ,  d'un  boiileau  , 
£'<:.  11  a  donné  cela  pour  le  comble. 
Comble  ,  adj.  m.  &  f.  terme  de  Mefureur.  Il  fe  dit  de 
ce  qui  refte  au  delfus  des  bords  de  la  meiure  après 
que  le  Mefureur  l'a  remplie,  Supereminente  cumulo 
plenus.  Il  y  a  deux  manières  de  mefurer  :  l'une  à  me- 
fure  comble  ;  l'autre  à  mefure  rafe.  Le  blé  fe  vend  à 
mefure  rafe  ,  l'avoine  à  mefure  comble.  On  donne 
le  grain  au  Meunier  en  mefure  rafe  ,  &  il  le  doit  ren- 
dre en  mefure  comble, 
^3"  Ce  mor  cow.ble  ne  fe  dit  que  des  melures  des  cho- 
fes feches ,  comme  les  grains ,  &:  ne  peut   avoir  lieu 
pour  les  mefures  des  choies  liquides. 
^3°  On  dit  au  figuré  que  la  mefure  eft  comble  ■^'çow^ 
dire  ,  que  les  fautes  ,  les  crimes  ,  les  outrages ,  &c. 
font  portés  Jufqu'à  l'excès. 
Comble  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  chef  rétré- 
ci ,  comme  les  hamcides  font  des  fafces  reuécies. 
'Coronis  contracîa. 
Tome  il. 


COM  7oy 

On  dit  au  Manège  ,  qu'un  cheval  a  le  pied  com- 
ble ,  lorfqu'il  a  la  Ible  arrondie  par  deflbus ,  enfor- 
te  qu'elle  eft  plus  haute  que  la  corne.  Excedens. 

Ip;  COMBLEAU  ou  COMBLAN,f.  m.  termes  d'Ar- 
tillerie. Cordage  qui  fcrt  foit  à  tirer ,  foit  à  élever 
le  canon.  Il  eft  long  de  55  toiles,  gros  de  quatre 
pouces  &  demi  de  tour  ,  &  pefe  environ  70  livres. 
(uni  tormentarins. 

^  COMBLEMENT ,  f.  m,  adion  de  combler  un 
creux  ,  un  folle  ,'  par  exemple,  La  tortue  ,  chez  les 
anciens ,  fetvoit  pour  le  comblement  du  folle  &  poi.r 
la  Sappe,  Rollin. 

§3"  Comblement  fe  prend  aulfi  pour  les  terres 
&  tout  ce  qui  fert  à  combler.  Au  fiége  d'Halicar- 
naflè ,  Alexandre  fit  d'abord  trois  tortues  de  front 
pour  combler  le  folle  ,  puis  il  fit  avancer  lés  Béliers 
fur  le  comblement  pour  battre  ,en  brèche.  Rollin. 

^fT  Ce  mot  ne  le  trouve  point  dans  nos  Diilion- 
naires  ,  pouiquoi  ferions-nous  difficulté  de  nous 
en  fervir  ?  Il  nous  faut  des  mots  pour  toutes  les 
idées  que  nous  voulons  exprimer. 

COMBLER  ,  v.  aél.  Remplir  un  creux  ,  un  vide, 
Cumulare  ,  complere.  On  a  comblé  ce  puits  qui 
étoit  fec.  Les  ruines  du  rampart  ont  prefque 
comblé  le  foifé.  Les  alîlégeans  doivent  combler  les 
lignes  après  un  liège.  Les  vallées  fe  comblent  à  la 
fin  par  la  chute  des  teires ,  des  montagnes. 
Ce  mot  vient  de  cumulare, 

^fT  On  dit  au  figuré  combler  une  perlbnne  de 
biens ,  lui  faire  de  grands  biens ,  &  à  peu  près  dans 
le  même  fens ,  combler  de  bienfaits ,  d'honneur  , 
de  préfens ,  de  joye  ,  de  louanges.  Cumulare  ali- 
qiiem  honoribus ,  beneficiis  ,  &c.  Le  Roi  a  comblé 
fon  favori  de  bienfaits.  Dieu  nous  comble  tous  les 
jours  de  fes  grâces.  Cet  homme  m'a  comblé  de  ci- 
vilités. Maleb.  Il  faut  reconnoître  la  main  invifible 
qui  nous  comble  de  biens ,  &  qui  le  cache  à  notre 
efprit  fous  les  chofes  fenfibles.Io.  La  Fortune  eft  (i 
aveugle,  que  parmi  la  foule  où  il  n'y  a  qu'un  fage, 
il  ne  faut  pas  s'attendre  qu'elle  aille  le  démêler" 
pour  le  combler  de  fes  faveurs. 

Pour  mieux  faire  éclater  fa  joie,  &  fon  amour  , 
Il  combla  de  préfens  tous  les  Grands  de  fa  Cour  , 

Racine. 

UCT  COMBLER  ,  terme  de  mefureur.  Remplir  autant 
qu'il  eft  polfible  ,  remplir  une  mefure  jufque  par 

.  deiu'.s  les  bords.  Combler  un  boilfeau  ,  un  minot. 

Combler.  LA  mesure,  fe  ditauili  au  figuré-,  pour  dire, 
commettre  quelque  nouveau  crime  ,  après  un 
grand  nombre  d'autres ,  faire  quelque  nouvelle  fau- 
te ,  après  laquelle  on  n'a  plus  de  pardon  à  efpérer. 
Leur  rébellion  a  comble  la  mefure. 

Comblé  ,  ée.  part,  Cumulatus. 

COMBLETTE  ,  f.  i.  Terme  de  ChalTe  ,  qui  fe  dit  de 
h  fence  du  oie  du  cerf,  Fiffiira  cervini pedis, 

COMCOURGEOIS ,  f  m.  Terme  de  Marine,  On  dit 
mieux  co-bourçeois,  f^oye^  ce  mot. 

COMBRAILLE.  ^Combralia  ,  Cobralia.  Petit  Pays  de 
France  dans  la  baife  Auvergne  ,  qui  confine  à  la 
Marche  ,  &c  au  Bourbonnois.  Louis  II ,  Duc  deBour- 
bon  ,  acquit  la  Combraille  de  Pierre  Guyar  en  1400. 
On  nourrit  de  fort  bons  chevaux  en  Combraille. 

^  COMBRET ,  petite  ville  de  France  en  Rouer- 
gue  ,  dans  le  dioccfe  de  Vabres  ,  généralité  de 
Montpellier. 

COMBPJEilE,  f,£  Terme  de  Marine.  C'eft  un  filet 
dont  on  fe  fert  fur  les  côtes  de  provence  pour  pren- 
dre des  thons  ,  &  autres  grands  poiffons.  B.ete  ca- 
piendis  majoribus  pifcibus  comparatum. 

COMBUGER  ,  V.  a.  Terme  de  Marine.  Combuger  Ae^ 
futailles  ,  c'eft  les  remplir  d'eau  pour  les  imbiber 
avarr  que  de  s'en  fervir,  Imbuere. 

COMBUSTIBLE  ,  adJ.  m.  i?c  f  Q  li  eft  difpolc  à  brû- 
ler ,  6c  facile  à  prendre  feu.  Ujiioni  aptus ,  idoneus. 
La  poudre  .à  canon  eft  fort  comlujiille.  Les  métaux 
fe  peuvent  fondre,  les  pierres  le  peuvent  calciner  j 
mais  ils  ne  font  pas  combufiibles. 

Ce  m.ot  vient  de  comburo  ,  combujius. 

V  Y  vv 


yoG  COM 

&T  COMBUSTION  ,  qui  fignifie  proprement  l'ac- 
tion de  brûler  ,  mais  qui  n'eft  pas  en  ufage  ,  fe  dit 
en  chimie  ,  &  en  phyfique,  pour  exprimer  la  décom- 
polition  des  corps  inflammables  expofés  à  l'adion 
du  feu  dans  des  vaiflèaux  ouverts  ,  ou  à  l'air  libre  , 
en  forte  que  les  corps  brûlent  réelleinent  -,  ce  qui 
n'arrive  point  dans  les  vallfeaux  fermés  ,  où  la  pro- 
dutlion  de  la  flamme  n'a  jamais  lieu. 

SCF  Les  anciens  Aftologues  difoient  qu'une  planète 
eft  en  combiiftion  ,  lorfqu'elle  n'eft  pas  éloignée 
du  Soleil  de  plus  de  8  degrés  30  minutes.  On  ne 
fe  fert  plus  de  ce  mot. 

ffT  Combustion  fignifie  commencement  ,  di- 
vifion  ,  diflention  ,  grand  dcfordre  qui  s'excite 
tout  d'un  coup  dans  une  aflemblée  ,  dans  un  Etat. 
Turha  ,jedino^  dijjenfio.  Pendant  la  Ligue  toute 
la  France  étoit  en  comhufiion.  Toute  la  Cour  étoit 
en  comhujiion  dans  la  querelle  de  ce  favori.  Les  mau- 
vais rapports  mettent  les  familles  ,  les  meilleurs 
amis  en  comhujiion. 

fp-  COMCHE.  Ville  d'Afie  ,  au  royaume  de  Pcrfe  , 
fur  la  route  d'Ifpahan  à  Otmus. 

COME.  f  m.  C'eft  la  même  chofe  que  COMITE. 
Foyei  ce  mot. 

iCOSME  ,  Ville  du  Duché  de  Milan  en  Italie.  Co- 
mum  ,  Novocomum.  Elle  eft  capitale  du  Comafc , 
fituée  fur  le  bord  méridional  du  lac  qui  porte  fon 
nom.  Côme  eft  une  ville  fort  ancienne.  Juftin  Liv. 
XX.  Ch.  5.  prétend  qu'elle  a  été  fondée  pat  les  an- 
ciens Gaulois ,  qui  fe  rendirent  maîtres  de  la  par- 
tie occidentale  de  l'Italie  ,  qui  fut  appelée  de 
leur  nom  Gaule  Cifalpine.  Dans  la  fuite  C.  Sernion 
y  conduifit  une  Colonie,  &  l'ayant  rétablie,  les 
Romains  la  nommèrent  Novocomum  ;  c'eft-à-dire , 
Nouveau  Côme.  Céfar  y  envoya  aulfi  5000  habi- 
tans,  parmi  lefqucls  il  y  en  avoir  500  des  premiè- 
res familles  de  Grèce.  Côme  a  été  la  patrie  du  Poè- 
te Cxcilius  ,  de  Pline  le  jeune ,  de  Paul  Jove  ,  & 
d'Innocent  XI.  Côme  eft  encore  aujourd'hui  une  af- 
fez  grande  Ville ,  bien  peuplée ,  &  riche  ,  à  cau- 
fe  de  fon  commerce.  Il  y  a  un  Evcché  fuffragant  du 
Patriarche  d'Aquilée.  Koye{  Strabon  Liv.  IF.  & 
Liv.  V.  Ammien  Marcelin  Livre  XV.  Tite  Liv. 
XXXni,  a.  2Z.  Lcandre  K\btm.Defcript.  Ital. 
Clavier,  Ital.  Antiq. p.  148. 

Le  Lac  de  Cô/ne  ,  Comenjis ,  ou  Comacenus  lacus  , 
Larins,  lacus,  eft  le  plus  grand  lac  de  toute  l'Ita- 
lie. Il  eft  dans  le  Comafc  ,  contrée  du  Duché  de 
Milan  ,  aux  confins  des  Suifles  &  desGrifons.  Il^eft 
en  quelque  forte  diviCé  en  trois  golfes,  dont  l'un 
tourne  vers  le  nord  ,  &  reçoit  la  rivière  d'Adda  ; 
l'autre  vers  le  Sud-Eft  ,  par  lequel  la  même  rivière 
fort  de  ce  lac  -,  &  le  troifième  vers  le  Sud-Oueft. 

|3-  COMÉDIE  ,  f.  f.  notre  langue  n'avoir  autrefois 
qu'un  terme  pour  exprimer  tontes  fortes  d'œuvrcs 
dramatiques  que  l'on  appeloir  du  nom  commun  de 
Comédies.  Ces  pieufes  repréfcntations  des  myftères 
de  norre  religion ,  qui  depuis  Charles  V  ont  été 
en  ufage  en  France  pendant  environ  150  ans,  fe 
nommoientdes  comédies ,  quoiqu'elles  nefuflent  rien 
moins  que  comiques  pour  leurs  dévots  fpedateurs. 
fCT  Du  temps  de  Corneille,  &:  même  long  temps 
après  ,  les  tragédies  ont  porté  le  nom  de  comédies. 
On  di l'oit  la  Comédie  du  Cid ,  la  Comédie  de  Cin- 
na  ,  la  Comédie  de  Phèdre.  Madam.e  de  Sevignc 
fe  fert  de  cetre  exprcfTion.On  dit  encore  aujourd'hui 
j'ai  été  à  la  Comédie, quoiqu'on  ait  été  voir  uncTra- 
gcdie.  Il  femble  donc  que  le  terme  de  Comédie  foit 
s;cncrique  dans  notre  langue  &  convienne  à  toutes 
ferres  de  rcpréfentations  théâtrales. 

La  fin  du  règne  de  Charles  V  vit  naître  les  com- 
mencemens  des  pièces  de  Théâtre  en  France  fous 
Je  nom  de  Chant-Royal.  Voyez  au  mot  Chant 
ce  eue  c'étoit.  Il  fe  forma  plufieurs  fociérés  qui 
faifoient  de  ces  pièces  à  l'envi  ;  l'une  defquelles 
commença  à  mêler  dans  ces  pièces  difFcrens  évc- 
nemens  ,'ou  épifodes,  qu'ils diftribuèrent  en  atlcs, 
en  >cènes ,  &  en  autant  de  diflfcrens  perfonnages , 
^u'ii  étoit  néceifaire  pour  la  repréfentation.  teur 


COM 

premier  efTai  fe  fit  au  bourg  S.  Maur.  Ils  priretit 
pour  fujet  la  paiîîon  de  N.  S.  Le  Prévôt  de  Paris  en 
fut  averti ,  Scieur  défendit  de  continuer,  ils  fe  pour- 
vurent à  la  Cour  j  &  pour  fe  la  rendre  plus  tavo-. 
rable  ,  ils  érigèrent  leut  fociété  en  confrérie  ,  fous 
le  titre  des  Confrères  de  la  Pafïîon  de  N.  S.  Le  Roi 
voulut  voir  quelques-unes  de  leurs  pièces,  elles  lui 
plurent ,  &  cela  leur  procura  des  lettres  du  4'  Dé- 
cembre 1401  pour  leur  érablilfemenr  à  Paris.  M, 
de  la  Mare  les  rapporte  dans  fon  Traité  de  Fol.  L. 
ni  ,T.  111, c.  ç,.  Ces  Confrères  de  la  Paifion  avoien: 
fondé  dans  la  Chapelle  de  la  Sainte  Trinité  le  fer- 
vice  de  leur  Confrérie.  Dans  la  maifon  dont  dépen- 
doit  cette  Chapelle ,  &  qui  avoit  été  bâtie  &  fon- 
dée hors  la  porre  de  Paris  du  côté  de  S.  Denys , 
par  deux  Gentils-hommes  Allemans  frères  utérms, 
pour  recevoir  les  Pèlerins  &  les  Pauvres  Voyageurs 
qui  arrivoient  trop  tard  pour  enrrer  dans  la  Vil- 
le 5  dont  les  portes  fe  fermoient  alors  ,    il  y  avoit 
une  grande  lalle  que  les  Confrères  de  la  Paflion 
louèrent  ;  ils  y  firent  conftruire  un  Théarre ,  &  y 
reprefentcrent  leurs  jeux  ,  qu'ils  nommoient  fim- 
plement  Moralités.  François  I  confirma  tous  leurs 
privilèges  par  lettres  patentes  du  mois  de  Janvier 
I  ?  18  ,  &:  ces  pièces  fètieufes  durèrent  près  a'un  fiè- 
cle  &  demi.  On  s'en  ennuya.  Les  Joueurs  y  mêlè- 
rent quelques  farces  tirées  de  fujets  profanes  6c  bur- 
lefques ,  qui  firent  plaifir  au  Peuple  ,  &  qu'on  nom- 
ma Les  Jeux  des  pois  piles ,  apparemment  par  allu- 
fion  à  quelque  fcene  qui  s'y  rcprclenta.  Ce  mélange 
de  Morale  ,  ou  de  Religion  &  de  bouiîbnnerie , 
déplut  dans  la  fuite  aux  gens  fages.  Li.  maifon  de  la 
Trinité  fut  de  nouveau  convertie  enHôpiral ,  l'ui- 
vant  fa  fona:ition  ;  ainfi  les  Confrères  de  la  palfion 
furent  obliges  de  la  quitter.  Comme  ils  avoient  fait 
des  gains   conhdcrables  ,  ils  fe  trouvèrent  en  état 
d'acheter  l'ancien  hôtfl  des  Ducs  de  Bourgogne  , 
qui  n'étoit  plus  qu'une  mailire.  Ils  y   firent   bâtir 
une  nouvelle  i'alle  ,  un  théâtre  ,  &c.  Le  Parlnnent, 
par  Arrêt  du  19  Nov.  1 548  ,  leut  permit  de  s'y  éta- 
blit ,  à  condition  ae  n'y  jouer  que  des  lujets  profa- 
nes ,  licites  &  honnêtes  ,  &  leur  fir  de  très-expreflès 
défcnlês  d'y  repréfenter  aucun  myftère  de  la  Pailion 
ni  autres  myftères  facrés  :  il  les  confirma  dans  tous 
leurs  privilèges  &  fit  défenfe  à  tous  autres ,  qu'aux 
Confrères  de  la  Palfion,  de  jouer  ni  reprélenrer  au- 
cuns jeux  ,  tant  dans  la  ville  ,  fauxbourgs ,  que  ban- 
lieue de  Paris,  finon  fous  le  nom  &  au  profit  de  la, 
Confrérie.  Ce  qui  fut  confitmé  par  Letrres  patentes 
d'Henri II,  du  mois  de  Mars  1 5  59,  &  de  Charles  IX, 
du  mois  de  Novembre  151Î5. 

Les  Confrères  de  la  Paflion  ,  qui  avoient  feuls  le 
Privilège  ,  cédèrent  de  monter  eux-mêmes  fur  le 
théâtre.  Les  pièces  ne  conveno  cnt  plus  au  titre  re- 
ligieux qui  caraètérilbit  leur  compagnie.  Une  trou- 
pe de  Comédiens  fe  forma  pour  la  première  fois ,  & 
£rit  à  loyer  le  Privilège  &;  l'hôrel  de  Bourgogne. 
es  Confrères  s'y  réfervèrent  feulement  deux  loges , 
pour  eux  &  pour  leurs  amis  ;  c'étoientles  plus  pro- 
ches du  théâtre,  diftinguées  par  des  barreaux ,  &  on 
les  nommoit  les  loges  des  Maîtres.  La  farce  de  Pa- 
telin y  fut  jouée  avec  fuccès  fous  Henri  II.  Etienne 
Jodelle  fut  le  premier  qui  prit  des  fujets  férieux , 
&:  qui  fit  deux  Tragédies  ,  c'étoit  fous  Charles  IX 
&  H#nri  III.  Sa  CÏéopatre  &  Dion  fureur  jouées 
devant  Henri  III  &  toute  la  Cour  ,  au  Collège  de 
Reims ,  &  enlliire  au  Collège  de  Boncour.  Jean 
Baïf  8c  la  Pérufe  fe  diftinguèrent  enfuite.  Garnier 
l'emporta  fur  tous  fes  prédécefleurs.  Il  fe  forma  quel- 
ques troupes  de  Comédiens  en  Province,  d'où  ellei 
paflèrent  à  Paris  dans  l'hôtel  de  Cluny.  Le  Parle 
ment  les  exclut  en  1 584.  Deux  autres  bandes ,  l'une 
de  François  ,  Se  l'autre  d'Iraliens  ,  eurenr  le  même 
fort  eni  588  ■■,  mais  en  i  5îj<?,  il  fut  peimisaux  Provin- 
ciaux de  jouer  à  la  foire  de  Saint  Germain,  à  la 
charge  de  payer  par  chacune  année  qu'ils  joueroient, 
deux  ccus  aux  Adminiftrateurs  de  la  Confrérie  de 
la  PafTion.  Les  accroilîcmens  de  Paris  obligèrent 
dans  la  fujte  les  ÇoméUiens  à  fc  fé^aie;:  en  deux  ban- 


COM 


COM 


des  ,  les  uns  reflètent  à  l'hôtel  de  Bourgogrte,  St  les 
autres  allèrent  à  rhôcel  d'Argent  au  Marais,  Les 
vieilles  pièces  devinrent  lad. s  ,  5i  la  co/mdie  étoit 
tombée  ,  lotique  Corneille  parut  ,  &  commença 
par  û  Mélite.  Tels  turent  les  commenccmcns  de  ics 
progrès  de  la  to/TZi-'^it;  en  France.  En  160^  une  Or- 
donnance de  Police  détendit  aux  ComeUiens  de 
teprcicnccr  aucunes  comédies  ,  ou  farces ,  qu'ils  ne 
les  euilcnt  communiquées  au  Procureur  du  Roi. 
/^<3Vt{  lur  tout  ceci  Pal'quicr  ;,  Recli.  L,  l^U,  C.  5.  de 
la  Mare  ,  Tr.  de  Fol.  L.  111,  T.  111 ,  c.  2.  &  ^.  ^ 
Naudé  ,  dans  Ton  Malcurat  ,/7.  z  1 4,  i  1 5. 

Co-.iÉi)îE  le  prend  plas  particulièreincnt  pour  les 
pièces  qui  reptéientent  des  choies  agréables ,  diver- 
tijlantes ,  &  non  ianglantes  :  comme  les  Comedus 
d'Arillophane  ,  de  Terence,  le  Menteur  de  Cor- 
lijille  ,  les  Fâcheux  de  Molière  ,  les  Plaid-,  urs  de 
Racine. La  Comédie ,  prile  en  ce  i'ens ,  clt  oppolce  à  la 
tragédie ,  dont  les  fu^jts  font  graves  &  fcrieux.  C'etl 
proprement  l'imitation  des  mœurs  mifeen  aétion, 

La  Comédie  eft  un  Poëme  ingénieux  pour  repren- 
dre les  vices  &  les  rendre  ridicules.  Boursaut.  Arii- 
tore  a  défini  la  Comédie  ,  une  imitation  des  plus  mc- 
chans  hommes  dans  le  ridicule.  Corneille  n'a  nulle- 
ment approavé  cette  définition  ;  car  il  prétend  que 
les  aélions  des  Rois  mêmes  y  peuvent  entrer,  pourvu 
qu'il  s'agiffe  fmplemcntd'intctêts  d'Etatj  ans  aucun 
danger  confdérable  ,  ou  d'une  intriirue  d'amour.  11 
Soutient  qu'unPoéme  où  il  n'y  a  bien  fouvent  d'autre 
péril  à  craindre  que  la  perte  d'une  Maïtrelfe  ,  n'a  pas 
droit  de  prendre  un  nom  plus  relevé  que  celui  de 
Comédie.  îl  a  feulement  ajouté  à  ces  Comédies  ,  où 
il  introduit  de  grands  perfonnages  ,  une  épithète 
pour  les  diftinguit  des  Comédies  ordinaires.il  les 
appelle  Comédies  héroïques.  M.  Dacier  bl.àme  fort 
cet  expédient.  Il  prétend  que  la  Comédie  ne  fouf- 
iie  rien  de  grave  &:  de  férieux,  à  moins  que  l'on 
r'y  attache  le  ridicule  ^  parce  que  le  comique  ,  & 
le  ridicule  }  ("ont  l'unique  caraéfcre  de  la  Comédie, 
I.a  Ccmedie  eft  l'image  ,  ou  la  repréientation  de  la 
■vie  ordinaire  des  hommes  •,  on  y  reprélente  leurs 
acfions  les  plus  con-munes,  &  on  y  répand  du  ri- 
dicule lir  leurs  défauts ,  afin  d'en  préferver  tes  (pec- 
t.  tcurs  ,  ou  de  les  corriger.  Quelqu'un  a  dit  ,  la 
Comédie  tie  ïéforma  jamais  que  les  grands  canons 
&  'f^^i  précicul'es  fidieUles. 

I^Cr  l^d.  Comédie  doitreprcf  nter  au  naturel  les  mœurs 
du  peuple  pour  lequel  elle  eft  taite  ,  afin  qu'il  s'y 
coriige  de  fes  vices  &  de  f .  s  défauts,  comme  on 
6f<:  devant  un  miroir  les  tâches  de  fon  vifage.  Rac. 
A  caufe  des  divers  changemens  qui  arrivèrent 
anciennement  à  la  Comédie ,  on  a  didingué  la  vieil- 
le ,  vêtus  ComcBdia;  la  moyenne  ■,  média  ;  &  la  nou- 
velle Comédie  ;  nova  :  la  vieille  ,  où  il  n'y  avoir  rien 
defemt  ,  ni  dans  le  lujet  ,  ni  dans  les  aéleurs  ; 
Is.  moyenne  j  où  les  iu'ets  étoient  véritables ,  &  les 
nons  fuppoics ,  &  la  JiouveUe  ,  où  tout  étoit  in- 
venté ,  le  iu'et  &  les  noms.  Dac.  Quelques-uns 
conteftert  à  la  Comédie  le  nom  de  Poëme  ,  fous 
prétexte  qu'elle  n'a  ni  ma'ifté  ,  ni  élévation  : 
c'eft  une  pure  eorfcrvation.  Id.  La  Tragédie 
&;  la  Comédie  ne  furent  d'abord  qu'une  feule  & 
même  chofc.  Mais  après  que  le  grave  &  le  férieux 
furent  feparés  du  b.irlefque,  on  s'attacha  au  piemiei, 
&:  on  ncglipea  le  dernier.  La  Comédie  demeura 
dans  ion  premier  chaos ,  ou  ne  reçut  que  des  chan- 
gemens médiocres  ,  pendant  que  la  Tragédie  fit  de 
très-£rrards  progrès.  Après  que  la  Tragédie  eut  re- 

Îu  fa  perfeéVion,  on  penfa  à  cultiver  la  Comédie. 
.2.  vieiHf  Comédie  fuccéda  à  Thefphis  &  à  Efchyle  -, 
Ariftophane  v  travailla  avec  fuccès.  On  y  reprenoit 
publîouement  l^s  vices ,  &  l'on  n'épargnoit  perfon- 
ne.  Cette  liberté  déplut ,  &  l'on  défendit  de  nom- 
mer les  pïriopnes  qu'on  jouoit.  Alors  les  Adeurs 
iuppofèrf  m  des  noms  :  mais  ils  délîgnoient  fi  bien 
les  perlonncs ,  qu'on  les  reconnoiflb't  fans  peine  5 
c'eft  ce  qu'on  apj  elle  la  moyenne  Comédie.  On  fut 
encc-?  obligé  de  réprimer  cette  licence  ;  ic  cette 
îéfoime  donna  Leu  à  la  nouvelle  Comédie ,  qui  ne  , 


^07 


porta  fur  le  théâtre  que  des  avantures  feintes,  Sc" 
des  noms  inventés.  * 

La  Comédie  ,zuiri-h\en  que  la  Tragédie,  a  fes  par- 
ties efièntielles  &  fes  parties  intégrantes.  Les  paitics' 
eirencielleslbnt  dans  le  langage  des  Anciens  la  Pro- 
tafe  ,  l'Epitafc  ,  la  Cataftafe"  &  la  Cataftrophe  :  \à 
Proralé  eft  le  commencement  où  l'on  entre  dans  le 
lu;ct  ;.  on  connoït  le  earaétcre  des  Perfonnages  ,  & 
l'intérêt  qu'ils  ont  ,  ou  la  parc  qu'ils  prennent  à 
TatiTiion.  Dans  l'Epitafe  les  intrigues  commencent; 
elles  continuent  (Se  fe  fortifient  dans  la  Cataftalé  } 
la  Cataftrophe  contient  le  dénouement.  Les  par- 
ties intégrantes  font  les  cinq  atles  dans  lefqucls  . 
on  divife  une  Comédie ,  la'ivanz  le  précepte  d'Ho- 
race. 

Neve  minor  quinte ,  neujlt  produclior  aciui 

Précepte  qui  n'eft  pas  rigoureufemeht  obfcfvé» 
Voye:^  Actes. 

Les  aétes  fe  divifent  en  fcènes ,  dont  le  nombre 
n'eft  point  fixé ,  ni  par  la  raifon ,  ni  par  l'ufage  3 
il  dépend  des  chofes  qui  doivent  fe  faire  dans  chaque 
ade ,  &  du  nombre  de  perfonnes  qu'il  y  faut  em- 
ployer. Les  Anciens  ajoutoient  à  leurs  Comédies 
un  prologue  ,  un  chœur ,  &  des  mimes. .  Voye:^  la 
Poétique  de  Scaliger  ,  les  Antiquités  Romaines  de 
Rofinus,  le  P.  Le  Bofîù  ,  la  Pratique  du  Tkeâtr* 
de  l'Abbé  d'Aubignac  ,  &c. 

Des  fuccès  fortunés  du  fpeclacle  tragique 
Dans  Athènes  naquit  la  Comédie   antique  } 
Là    le    Grec   né  moqueur  ,  par  mille  jeux 

plaifans  , 
Dijiilla    le    venin  des  fes  traits  midifans. 

Boiti 
E}ifin  de  la  licence  on  arrêta  le  cours. ..... 

Le   Théâtre  perdit  fon  antique  fureur  ; 
La  Comédie  apprit  à  rire  fans  aigreur.  lo; 
CoMCDiE.  Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  Kâfto^ai 
comeffatio  ,    banquet ,   feftin  ;  mais  il  paroit  sûr 
qu'il  vient  de  Kâ««  ,  un  village,  !<c  qu'il  fut  donné  à. 
la  Comédie  dans  fon  invention,  parce  que  Thefpis  Se 
fes  premiers  Auteurs  alloicnt  jouer  leurs  farces  de 
village  en  village  ,  montés  fur  un  charriot  ou  tom- 
bereau. 
Comédie   fignifioit  auiTÎ  l'art  de  compofet  des  Co^ 
medies.  On  dit  d'un  Auteur  qu'il  entend  bien  la 
Comédie ,  les  règles  de  h  Comédie,  qu'il  eft  le  pre- 
mier Auteur  pour  la  ComedLe.  Du  temps   de  Mo-* 
lière  la  Comédie  fut  poirtée  a  fa  perfection. 
Comédie    lignifie    anflî    le  lieu  cù  l'on  joue  la  Co- 
médie pour  le  public.  Il  loge  vis-à-vis  de  la  Comédie.: 
Comédie  fe  dit,  par  exten'ion  &;  dans  un  fens  figuié^ 
de  toute  aétion  hypocrite ,.  ou  déguilce ,  o'u  plai- 
fante  ou  ridicule.  Simulaiio  ,fîmiilcuionis  artijiciumA 
L'amitié  n'eft  plus  qu'une  Comédie  :  elle  n'eft  qu'en 
gcftes.  GU  en  grimaces.  S.  EvR.  Cet  homme  eft  uri 
extravagant ,  qui  donne  la  Comédie  à  tout,  le  monde,^ 
Ils  ont  eu  une  difpute  ,  une  conteftation  ,  qui  nous 
a  fait  rire,  qui  nous  a  donné  la  Comédie, 

Les  hypocrites  fe  mocquent  intétieurement  de' 
la  Religion  ,  &  çh  font  une  Comédie,  S.  EvR.  La 
vie  des  Courtifans  eft  une  Comédie  perpétuelle  , 
ils  font  toujours  fur  le  théâtre  ,  &  ne  quittent 
guère  le  mafque.  Bell.  Le  monde  eft  une  Comé- 
die ,  chacun  y  joue  fon  rôle.  S.  EvR.  Catherine 
de  Médicis  en  France ,  &  Elizabeth  en  Angleterre  g 
furnxintant  la  foibleffe  de  leur  fexe,  ont  fait  voit 
dans  leur  gouvernement  deux  chefs-d'œuvrcs  de' 
politique ,  quoique  fort  dhfétens  ;  l'une  fur  une' 
mer  orageufe  &  toujours  troublée  ;  l'autre  fur  urt 
théâtre  affez  rranquille,  où  il  n'y  avoir  que  de» 
Comédies  à  Jouer.  Vign.  Marv, 
COMÉDIEN  ,  lENNE.  f.  m.  &  f.  Qui  fait  ptofef- 
fion  de  repréfenrer,  de  jouer  des  pièces  de  Théâtre; 
en  public.  Comxdus  ,  Mimus.  Comédiens  François  j 
Italiens,  Comédiens  du  Roi.  Comédiens  de  cam- 
pagne. Le  mot  eft  dit  comme  0  kxtx  ««««ç  ii'vt^ 
chantant ,   récitant  fes  pièces  par  les  bourgades'  g 

Y  V  V  V  ij 


7cS  COM 

félon  la  coutume  des  anciens  Comédiens.  Avant 
Thcfpis ,  la  Comédie  n'ctoit  qu'un  tiiîu  de  contes 
bouffons  -,  &  les  Comiduns  qu'il  promenoir  fur  des 
charrettes  ne  dilbient  que  des  injures,  ou  diver- 
tiflbient  le  ipcdtateur  par  quelque  raillerie  grof- 
fière  ,  ou  par  quelque  chanlbn  oblcène.  Efchyle 
les  habilla  plus  honnêtement ,  leur  chaulfa  le  bro- 
dequin ,  &  les  fit  monter  fur  un  théâtre  ,  au  lieu 
de  charrette.  $3'  Nos  premiers  Comédiens  ont 
été  les  Troubadours ,  nommes  aufTi  TrouveuTS  &c 
Jongleurs.  Voyez  ces  mots.  Aux  Jongleurs  iuccc- 
dèrent  les  contrères  de  ]a  Paillon,  ^'oye^  Comédie. 
A  l'Opéra,  on  dit,  Aiiteurs  ^  Aôlrices ,  Dan- 
feurs ,  &c. 

Le  Concile  d'Arles  en  }  1 5  déclare  que  les  Co- 
médiens 5c  les  gens  de  théâtre  leront  excommuniés 
tant  qu'ils  demeureront  dans  cette  profellion. 
|Cr  La  condition  des  Comédiens  ccoit  infâme  chez 
ks  Romains ,  &  honorable  chez  les  Grecs.  Qu'eft- 
cUe  chez  nous  l  On  penfe  d'eux  comme  les  Ro- 
mains ,  on  vit  avec  eux  comme  les  Grecs. 

L'incommodité  d'être  obligé  de  pleurer  &  de 
rire,  lorique  l'on  a  envie  de  faire  toute  autre  chofe , 
diminue  beaucoup  le  plaifir  qu'ont  les  Comédiens , 
d'être  quelquefois  Empereurs  Se  Liipératrices.ScAR- 
B.ON  ,  Rom.  com. 

On  dit  figurément d'un  hypocrite,  d'un  homme 
qui  fait  bien  fe  conttefaire  &  déguiier  les  fenti- 
mens ,  que  c'eft  un  bon  Comédien.  Simulator. 

On  dit  d'une  femme  qui  n'étaiït  pas  fott  régu- 
liètc' ,  a  un  extérieur  modefle ,  fie  fait  la  ptude  , 
je  n'ai  jamais  vïi  une  (i  gtande  Comédienne.  Bonn. 
On  dit  proprement  qu'une  femme  eft  grande  t'y- 
médienne  ,  quand  elle  paroî-t  ce  qu'elle  n'eft  p^as. 
On  dit  la  même  chofe  d'un  homme.  Tous  les  llic- 
ceffeurs  de  Zenon  &  de  Diogcne  ne  font  que  des 
Comédiens  ,  &  ne  le  font  valoir  que  par  leurs  batbes 
&  leuts  manteaux.  Maug. 

Ne  vous  fiez  pas  à  ceux  qui  n'aiment  la  veitu 
que  pour  la  réputation  qu'elle  donne  :  ce  font  des 
Comédiens  qui  changent  d'habits  félon  ks  tôles 
différens  qu'ils  ont  a  jouer.  Bell.  La  plupart  des 
Courtifans  font  de  grands  Comédiens^ 
COMENGES.  Voyei  Cominges. 
^  COMÉNOLÏTARI ,  {le)  contrée  de  la  Grèce 
moderne ,  la  même  que  les  anciens  ont  connue 
fous  le  nom  de  Macédoine.  Selon  M.  De  Lille 
le  Coménolitari  comprend ,  ce  qu'on  appelle  au- 
joufd'hui.  1°.  La  Janna>  qui  eft  la  Thelfalie  :  2°. 
La  Veria,  qui  efl  cômpofée  des  Provinces  qui  étoient 
autrefois  au  cœur  de  la  Macédoine  :  5°.  Le  Jam- 
boli ,  c'eft-à-dire  lapartie  qui  en  eft  au  nord  orien- 
tal ,  où  étoient  l'Amphaxitidc  ,  la  Pataxie  -,  la  Chal- 
citique,  la  My^donic  &  la  Bilâltie. 
COMESSATION.    f.    f.  Repas  ,   feftin.   Ce  îetme 

n'eft  plus  en  ufage. 
^  COMESTIBLE ,  adj.  m.  &  £  bon  à  manger  , 
qui  fett  de  nourtiture  aux   hommes  :  car    l'ufage 
n'a  pas  reçu  ce  mot  relativement  aux  animaux.  On 
le  dit  même  rarement  dans  l'ufage  ordinaire.  Den- 
rées comefiihles.  Comefîibilis. 
^  COMÈTE,  f.  f.  Corps  célefte  de  la  nature*  des 
planètes ,  qui  patoît  foudainement  &  difparoït  de 
même ,  avec  une  ttaînée  de  lumièie  ,  à  laquelle  on 
donne  tantôt  le  nom  de  chevelure,  tantôt  le  nom 
de  batbe ,  &  tantôt  celui  de  queue.  On  a  douté 
pendant  long  temps  fi  ce  mot  étoit  mafculin  ou 
féminin.  Ménage  dit  que  de. fon  temps  cette  qufe- 
llion  fut  fort  agitée  à  la  Cour  ,  durant  l'appari- 
tion d'une  comète ,  &  que  quelqu'un  dit  plaifam- 
ment  qu'il  falloit  lui  regarder  fous  la  queue  pour 
favoir  fi  elle  étoit  mâle  ou  femelle.    Aujourd'hui 
l'ufage  général  fait  ce  mot  féminin  ,  &  il  ne  le- 
roit  pas  moins  ridicule  de  dire  le  comité  y  que  le 
lune  ou  la  foleil. 
tfT    CoMÉTE.    Les    Péripatéticiens  ,     après  Arif- 
tote,  ptétendoient  que  les   comètes  n'étoient  que 
des  vapeurs  &  des  exhalaifons  élevées  jufqu'à  la 
ïégion  fupérieure  de  l'atmofphère  tetiieftte  ,  &  en- 


COM 

flammées  par  l'adlion  des  vents  contraires  :  maïs 
tout  le  monde  fait  que  les  comètes  paroiiiént  plu- 
ficurs  mois  de  fuite  -,  qu'elles  ibnt  beaucoup  plus 
éloignées  de  la  terre  que  la  lune ,  &  qu'elles  ont 
un  mouvement  périodique  autour  du  foleil ,  aulfi 
bien  réglé  que  celui  des  planètes  ordinaires.  Oa 
ne  peut  donc  pas  ,  fuivant  les  règles  de   la  faine 
Phyfique ,  i'uppofer  que  ks  comètes  ne  font  autre 
chofe  qu'un  amas  de  vapeurs  &  d'exhalailbns.  Le 
fyftème  de  Dcfcartes ,    quoique   plus  ingénieux  , 
n'en  efl:  pas  plus  conforme  aux  loix  de  la  Phyfique 
ni  aux  Obfeivations  aftronomiques.  Les  comètes,  dit- 
il  ,  ont  d'abord  été  autant  de  ibleils ,  placés  au  cen- 
tre d'un  tourbillon  particulier  -,  mais  ces  folcils  s'c- 
tant  couverts  de  taches  &  de  croûtes ,  ont  à  la  fin- 
entièrement  perdu  leur  lumière ,  &:  ont  été  méta- 
morphofés  en  planètes.  Ne  pouvant  plus  alotscon- 
fervcr  leur  tourbillon,  elles    en  ont  été  dépouil- 
lées pat  quelque  voilin  ambitieux  &  plus  fort.  Er- 
rantes &  vagabondes,  ks  comètes  vont  de  tour- 
billon en  tourbillon  ,  &  ne  nous  paroiifent  vifibks- 
que  loifqu'elks  enaeni  pour  quelque  temps  dans 
celui  du  loleil. 

§3"  Defcartes ,  par  une  fuite  nécefîàire  des  princi- 
pes de  fa  Cofmogonie  ,  nous  propofe  un  vrai  ro- 
man ,  au  lieu  d'un  fyftème  phyiique.  1°.  Le  fyftème 
des  toutbillons  (impies  eft  aujourd'hui  décrié.Koje^ 
Tourbillon.  2°.  La  luppoiition  que  des  corps  lu- 
mineux peuvent  s'encroiiter  &  devenir  opaques  ^ 
a  tfop  l'air  d'une  fable  ,  fie  eft  tiop  contraire  aux 
loix  de  la  Phyiique.  Enfin  Defcartes  fuppole  que 
les  comètes,  qui  n'ont  d'elles-mêmes  aucun  mou- 
VenTient,&:  qui  ne  font  emportées  par  aucun  tour- 
billon part'culiet ,  fe  ttouvent  des  mois  entiers  dans 
le  tourbillon  Iblaire  avec  un  mouvement  fou- 
vent  contraire,  Ibuvent  même  diredtement  oppofé 
à  celui  de  ce  tourbillon,  puifque  le  tourbillon  Ib- 
laire fe  meut  d'orient  en  occident ,  fiequepatmi 
les  comètes  les  unes  fe  meuvent  du  midi  au  nord  , 
les  auttes  du  notd  au  midi ,  &c.  Or  tout  cela  eft 
conttaire  aux  loix  de  la  Phyfique.  Foye^^  encore 
Tourbillon, 

^fT  Les  comètes ,-  fuivant  la  dodrine  de  Nc'W'ton, 
créées  au  commencement  du  monde  ,  comme  les- 
autres  planètes  ,  tirent  leur  lumière  du  foleil ,  fiC 
parcourent  dans  le  vide  auront  de  cet  aftre  ,  des- 
éclipfes  fort  excentriques  fie  faifant  de  fort  grands 
angles  avec  l'écliptique.  Elles  petfévèrent  dans  leur 
mouvement ,  auffi-bien  quand  elles  vont  contte  le 
Gouts  des  planètes  otdinaires ,  que  lorfqu'elles  fe 
meuvent  du  même  côté -,  fie  kuts  queues  font  des 
vapeurs  fort  fubtiks  qui  s'exhalent  de  la  tête  ou 
noyau  de  la  comète  échauffée  par  la  chaleur  du  fo- 
leil. 

ffT  Les  comètes  ne  déctivent  pas  autour  du  foleif 
desoibites  circulaires ,  puifqu'elles  fe  ttouvent  tan-^ 
tôt  plus  tantôt  moins  éloignées  de  cet  aftte, 

IJCT  Les  comètes  décrivent  autour  du  foleil  de  vraies 
ellipfes ,  puifque  nous  ks  voyons  reparoître  aptes 
un  cettain  nombre  d'années. 

§3"  Les  comètes  parcourent  des  ellipfes  fort  excentri- 
ques ,  puifqu'elles  ne  font  vifîbles  que  lorfqu'elles 
fontptès  de  leur  périhélie  ,  &  que  la  vîtefTe  qu'elles 
ont  alors  eft  incomparablement  plus  gtande  que 
celle  qu'elles  ont  à  leur  aphélie. 

|CF  La  même  comète  nous  paroît  tantôt  avec  une 
queue  ,  cauîatus  ,  tantôt  avec  une  batbe ,  barbatus , 
tantôt  avec  une  chevelure  ,  crinitus  ,  parce  que  dit 
M.  de  Mairan ,  les  comètes  paflant  auffi  près  du 
globe  du  foleil,  fe  chargent  d'une  partie  de  l'atmof- 
phète  folaire  qu'elles  traverfent.  Si  la  comète  fuit  le 
foleil ,  elle  doit  nous  patoître  avec  une  queue  ;  par- 
ce que  les  tayons  de  lumière  qui  font  envoyés  avec 
une  vîtefTe  inconcevable ,  ont  afTez  de  force  pour 
jeter  detrièrela  comèteX^.  plus  grande  partie  de  fon 
atmofphère  qui  fe  trouve  entt'elle  &  le  foleil.  Si  la 
comète  précède  le  foleil,  elle  doit  patoître  avec 
une  batbe ,  parce  que  les  mêmes  rayons  de  lumière , 
envoyés  fur  la  cornets ,  chalTent  la  plus  grande  far- 


COM 

tie  de  fofi  atmofphère  qui  fe  trouve  cntr'elle  &  îe 
foleil.  Ces  particules  ainfi  chaflécs  doivent  nccef- 
fairement  précéder  la  comlite  dans  la  marche  &  nous 
la  reprélentcr  avec  une  elpèce  de  barbe  iLuninculc. 
Si  la  comète  eft  tellement  placée  ,■  que  l'oeil  de  l'ob- 
lervateurie  trouve  entr'elle  &:  le  iblcil,  elle  doit 
paroître  entourée  d'une  atmofphère  lumineule  ,  ou, 
comme  on  dit ,  avec  une  chevelure. 
ffT  Si  les  comètes  n'onz  pas^outes,  comme  les  pla- 
nètes, un  mouvement  périodique  d'occident  en 
orient ,  c'eft  qu'elles  n'ont  pas  reçu  au  commence- 
ment du  monde  ,  comme  les  planètes  ,  un  mou- 
vement de  projeâiion  dirigé  de  l'occident  à  l'o- 
lient.  Toutes  ces  variétés  dans  le  mouvement  des 
comètes  ,  &  la  direction  fi  variée  de  leurs  mouve- 
mens  ,  prouvent  bien  qu'elles  ne  font  pasempoitécs 
par  un  fluide  en  tourbillon  ,  qui  devroit  les  diriger 
toutes  dans  le  même  fens ,  &c  à  peu  près  dans  le 
même  plaft. 
ÇO"  Enfin  les  comètes  peïdent  leur  atmofphère  îumi- 
neufe  ,ou  totalement  ou  en  grande  partie,  par  voie 
de  dhfipation  dans  les  efpaces  céleftes,  &  par  voie 
de  précipitation  de  chute  dans  l'atmofphérc  propre 
&:  immédiate  du  globe  de  la  comète ,  comme  il 
arrive  à  la  matière  de  nos  aurores  boréales  qui  ie 
précipite  dans  l'atmofphère  tcrrcftre. 
'^ffT  Les  anciens  Philofophcs  ont  débite  les  plus 
grandes  extravagances  fur  les  comètes  qu'ils  regar- 
'  doient  comme  autarït  de  préfages  funeftes  de  quel- 
que grand  malheur  dont  le  moride  étoit  menacé. 
Attentifs  à  en  obferver  la  coiiLur,  ils  eirrayoient  le 
peuple  par  les  prédirions  les  plus  ridicules.  La  co- 
mète tiroit-elle  fur  k  blanc?  l'année  devoir  être  fé- 
conde en  léthargies  ,  pieu  relies  &  péri  pneumonies. 
Avoit-elle  une  couleur  rous^eâtrc?  les  fièvres  chaudes 
dévoient  être  fréquentes.  Sa  coi- leur  approchoit-cUe 
de  celle  de  l'or  î  c'é  toit  un  pronoftic  infaillible  de 
la  mort  de  quelque  Potentat.  Etoit-clle  bleuâtre  3 
elle  annonçoit  la  féchcrcfle  la  plus  cruelle  ,  la  fa- 
mine la  plus  terrible  ,  &  la  pefte  la  plus  affreufe. 
L'aflairmat  de  Jules  Cefar  ,•  les  guerres  de  Maho- 
met,  le  fchifme  d'Henri  VIIT  ,  Roi  d'Angleterre, 
tous  ces  trilles  évcnemens  &  une  infinité  d'autres 
avûient  été  arnoncéâ  par  autant  de  co/7zc/eJ. 
|tT  ttn  pareil  fyftcme  ne  mérite  pas  une  réfutatio'n 
férieufe.  On  ed:  guéri  d'une  erreur  lon£f  temps  ac- 
créditée par  l'ignorance.  LacoOT£/f  me  fait  beaucoup 
d'honneur, difoit  le  Cardinal  Mazarin.  L'ambition 
de  leurs  voifins ,  les  plaintes  des  grands ,  l'inquié- 
tude des  peuples  ,  font  les  éometes  que  les  Princes 
doivent  appréhender. 

Quelc^ufes-uns  prétendent  que  fi  îes  comètes  rie 
font  pas'des  pré.'ages  des  évcncmens ,  elles  en  peu- 
vent être  des  caufes  Phyfiques.  La  raifon  eft  que 
les  comètes  occupant  une  fi  vafte  partie  du  ciel , 
communiquent  à  la  matière  qu'elles  rencontrerit 
des  mouvemens  fort  diiférens  de  celui  qu'elle  avoir 
auparavant  :  or  il  peut  arriver  des  changemens  dans 
le  monde  par  les  agitations  &  les  altérations  que 
produit  l'influence  de  la  comète.  Ben.  Au  Mexique 
Se  en  plufieurs  lieux  des  Indes  j  les  peuples  faifoienr 
grand  bruit  de  leurs  cornets  &  tambours ,  quand 
ils  voyoient  des  comètes  ,  s'imaginant  pat  kurs  cris 
les  faire  fuir ,  &  difliper.  Herréra, 
Comète  ,  terme  d'Artificier.  On  appefle  aîn'fi  (es  fn- 
fées  volantes ,  dont  la  tête  eft  lumineufe  aufTi-bien 
que  la  queue,  à  l'imitation  des  comètes  du  ciel  -, 
quelques-uns  les  appellent  Jlamioyantes. 
CpMÈTE  ,  en  termes  de  Blafon  ,  eft  une  étoile  qiïi  a 
une  queue  flamboyante  ou  ondoyante.  On  la  peint 
d'ordinaire  à  huit  rais.  Quelques-uns  appellent  aufll 
comètes ,  des  étoiles  à  felze  rais,  quoique  fans  che- 
velure &  fans  queue.  On  leur  donne  aufll  les  épi- 
thètes  de  candies  &  de  chevelées.  On  dit  aufli , 
qu'elle  eft  hérifèe  ,  lorfqu'entre  les  rais  il  y  a  de 
la  lumière  qui  paroît  par  de  petits  traits. 
Comète.  Jeu  de  Cartes  ,  où  l'une  des  caïieî  porte 
particulièrement  le  noro  de  compte* 


C  OM 


0 


V aimable  Iris ,  qu'on  ne  peut  trop  louer  g 

Me  propofa  l'autre  jour  de  jouer 

Un  Madrigal  y  eu  cent  points  de  Comète. 

Ab.  Re6î<« 

ffT  Comète  ,•  dans  l'hiftoife  dés  modes.  Èfpècè  di 

coëffure  de^femme  ,  montée  fur  du  fil  de  laiton. 
COMETE,  EE.  Terme  de  Blaion.    C'eft  un  rayoii_ 
ondoyant  comme  celui  de  la  comète  à  longue  queue* 
Crinitus  ,  caudatus.  On  diftinguc  lés  pals  comètes 
des  flamboyans ,  en  ce  que  les  comités  font  mouvans 
du  chef,  &  les  flamboyans  de  la  pointe  en  haut* 
Une  fafce  comitie ,  ilc. 
go-  COMÉTOGRAPHIE.  f.  f.  La  connoiflance  dds 
comètes ,  la   méthode  de  calculer  le  mouvement 
apparentées  comètes.  Cometographia,  Aipxtpu  ,fcril><ii 
Hevelius  a  donné  une  comitojraphie. 
COMICE,  f.  m.  Comitium.  C'eft  le  nom  du  lien  où 
l'on  tenoit  les  comices  chez  les  Romains.  Le  comice 
étoit  une  partie  de  la  place  publique  appelée /or«/;zi 
ec  lieu  fut  long  temps  découvert ,  ce  qui  obligea 
fouveht  d'interrompre  les    comices  ,   à  caufe  dii 
mauvais  temps  :  ce  ne  fut  qu'après  la  féconde  guerre 
de  Carthage,  que  l'on  couvrit  d'un  toît  le  comicei 
Voye^^  Marlianus  ,•  Varron  ,  Tite-Live  ,    Rofinus* 
Ce  mot  ne  fc  dit  guères  en  ce  fens ,  &  au  fingulief 
dans  notre  langue.  En  latin,  il  eft  dans  Varron. 
COMICESi  ii  mi  pi.  Aflemblée  du  peuple  Romairï 
dans  le  champs  de  Mars ,  ou  pour  élire  des  ma* 
giftrats,  Ou  pour  traiter  des  affaires  les  plus  impôt- 
tantes  de  la  république,  Comitia.  Il  y  avoit  cer- 
tains jours  fixés  pour  ces  forces  d'aifcmblées, qu'on 
âppeloit  comitiaux ,  Se 'ûs  font  marqués  par  un  C 
lut  le  calendrier  de  Jules  Célar.  Oh  âppeloit  te- 
/nices  confulaires ,  raifemMce  où  il   s'agiiîbit  de 
créer  des  Confuls  :  les  autres  VowiV^j  prenoient  le 
nom  du  magiftraf  dont  on  faiibit  l'éleélion ,  foit 
d'un  tribun,  &cc.   On  diftinguoit    trois  fortes    de 
comices.  Comitia  curiata  ,  centuriata  ,  Si  tributd; 
c'cft-à-dire  ,  félon  que  le  peuple  opinoit ,  &  dori- 
noit  fon  fuifrage  ,  ou  par  curies ,  ou  par  ceiiturieS  , 
ou  par  ttibus.  Foye^  ces  mots. 
Ip"  COMICIAL.  ad],  a  la  diète  de  Ratisfconné,o\ï 
appelle  délibérations  comicidles ,  les  délibération» 
qui  fe  font  en  commufi. 
COMINES ,  petite  ville  de  Flandres  entre  Lille  &■ 
Yprcs ,  fur  la  Lys.  Comineum.  Cette  ville  a  donné' 
la  naifiance  &  lé  nom   au  célèbre  Hiftorieri  de 
Louis  XI  &  de  Charles  VIIL  Philippe  de  Comines  t 
fils  de  Colart  de  la  Clirhe ,  &  neveu  de  Jean  de 
la  Clithe ,  feigneur  de  Comines., 
COMINGE.  f.  f.  C'eft  un  noni  que  l'on  a  donné 
dès  le  dernier  fiècle  aux  bombes  q.iî  pèfcnt  environ 
500  liv.  pour  les  mottiers  de  18  pouces  4  lignes  S 
CCS  bombes  ont  17  pouces  id  lignes  de  diamètre; 
on  rie  les  nomme  point!  cominges  dans  l'artillerie. 
On  ne  s'en  eft  point  fervi  depuis  le  dernier  fiège 
de  Tournay.  Voye^  les  dimenfions  de  ces  bornbes 
dans  les  Mémoires  d^ artillerie ,  édition  de  ifo-^t 
t.   i,p.   254  ,  &  de  1745  ,  t.  i  ,pi  9.  La  ville  dtf 
Traerbac  ,  prifé  par  le  comte  de  Belle-Ifle  ,  fubiifté 
comme  auparavant  ,  à   la    réferve  d'une  i-àaifort 
écrafée  par  une  cominge.  Obf.  fur  les  Ecr.  moi* 
'  Louis  XIV,  aux  fiéges  qu'il  fit  en  petfonrie  ,  dtf 
Mons  &  de  Namur,  fit   un  grand  ufage  dé  ce* 
bombes.  M.  le  comté  de  Cominges  y  étoit  un  de 
fes  aides-de-camp  ,  &  le  Roi  l'honoroit  de  fa  bieri* 
veillance ,  même  de  fa  familiatitc.  Comme  M.  de 
Cominges  avoit  près  dé  fix  pieds  de   haureur ,  SC 
environ  autant  de  circonférence,  le  Roi  lui  diï  urf 
Jour:  ces  bombes  prodigieufes  feflemhlent  bien  a 
Cominges  :  il  faut  leur  donner  fori  nom  -,  mais  il  rie 
me  le  pardonnera   jamais,  s'il  vient  à  favoir  que' 
je  les  lui  ai  comparées.  De-là  ,  ce  nom  leurrefta,- 
&  telle  en  eft  l'ctymologie.  Jugerri.  fut  quelques 
Ouvrages  nouV.  T.  IV,) 
COMIKGEOIS  ,  pây^  dé  France ,'  en    GaTcogne> 
QQnnnenfis  iràMuiî  OU  dger,  Le  GomingeofS  a  g'oW 


7IO 


C  O  M 


bornes  l'Armagnac  au  nord  ,  le  Conrérans  à  l'o- 
rient, la  Catalogne  au  midi,  &  le  comté  de  Bi- 
gorre  à  l'occident.  Le  Comingeois  a  titre  de  comté. 
i\ndoquc  dit  que  c'eft  Charlemagne  qui  le  lui  a 
ëonné;  La  capitale,  nommée  auttetbis  Lugdunum 
Convenarum,  parce  qu'elle  eft  lur  une  montagne , 
eft  un  cvcche  tort  ancien,  dont  un  Evêque  alhl- 
ta  au  concile  d'Agde  en  50«?.  Elle  tut  détruite  en 
585  par  le  roi  Gontiam  ,  &  ne  fut  rétablie  que 
500  ans  après,  en  1085  ,  par  5.  Bertrand  ,  dont 
elle  a  pris  le  nom.  Saint -Bertrand  de  Cor/n/igex. 
Voyez  BadrianiVakJii  noncgall.  &c  San-Manh. 
Gcili.  Lhriji.  t.  II ,pa.g.  547. 
COMINGEOIS  ,  OJSE  ,  f.  m.  &  f.  Convena.  Qui  eft 
de  Cominges  ou  du  Coir.ingeois.  Les  Ccming^ois 
étoient  originairement  des  brigands  qui  le  rcti- 
toient  danslestorcts des  Pyrénées.  Pompée,  vain- 
cjueur  deScrtorius,  les  attaqua,  &  les  obligeai 
demander  la  paix.  Une  des  conditions  fut  qu'ils 
quitteroicnt  •  leurs  torêts  èc  leurs  montagnes  où 
ils  erroient ,  &  quTls  fe  raflèmbleroicnt  au  lieu  que 
nous  appelons  Cominges ,  où  ils  formeroient  une 
ville.  C'cft  de-là  qu'ils  furent  appelés  Convena  , 
comme  qui  diroit  'les  raliéir.blés  ,  de  convsnio , 
s'adcmbler  en  corps ,  faire  un  corps, 

COMINGES  ,  ou  Saint-Bertrand  de  Cominges ,  capi- 
tale du  comté  de  Cominges.  Elle  s'appeloit  autre- 
fois Convins  ,  comme  a  mis  en  latin  M.  Corde- 
moy  ;  en  latin  Convenœ,  Lugdunum  convenarum; 
oc  aujourdliui ,  Saint-Bertrand  de  Cominges.  Fa- 
Tium  S.  Bertrandi ,  ou  Civitas.  C'efl:  une  ville  de 
Gafcogne  en  France ,  capitale  du  comté  de  Co- 
minges ,  &;  cpifcopale  de  la  province  d'A'.:fch. 
Elle  fut  bâtie  fur  la  fin  du  onzième  liècle ,  fur  la 
Garonne,  à  la  place  &  fur  les  ruines  de  l'a-^cienne 
Convena  ,  ou  Lugdunum  Convenarum  ,  détruite  par 
les  François  en"j84.  Maty.  Le  P.  Daniel  écrit 
Commingc.  M.  de  Marca ,  Comen^.e  ^  quoiqu'il 
dife,  Comingeois.  foye^  cet  auteur  ,Hijt. de Béarn-, 
X.  /,  c.  8  ,  9  ;  &:  Catel.  Hifi.  du  Langued.  L.Jl sC. 
14 ,  qui  écrit  aufTi  Comenge,  De  quelque  Kianière 
qu'on  écrive ,  il  faut  prononcer  Cominge. 

COMIQUE,  adj.  nrs.  &  f.  Qui  appartient  à  la  comé- 
die ,  proprement  dite.  Comicus.  On  ioue  aujour- 
d'hui une  pièce  comique,  Tcrence  eft  le  modèle  des 
Poètes  comiques. 

Des  Crifpins  comique  famille 
Iront-elles  du  peuple  exciter  les  éclats  ? 
Le  théâtre  ejl  un  lieu  gliffant  pour  une  fille', 
Jl  ne  les  faut  point  mettre  en  danger  d'un  faux  pas, 

NOUV.  CHOIX  DE  VE3.S. 

Comique  fe  dit  aufîl  de  tout  ce  qui  eft  plaifant ,  pro- 
pre à  faire  rire.  Facetus  ,  lepidus  ,jucundus ,  comi- 
cus. Cette  aventure  ,  cette  querelle  eft  comiijue. 
L'hiftoire  comique  de  Francion  ,  écrite  par  Sorti. 
Le  roman  comique  de  Scarron.  Propos  comique  ■■,  fi- 
gure comique.'LA  Bru  y.  Lbs  proverbes  ne  font  bons 
que  dans  une  pièce  comi-jUe.'}Ê>o\rH, 

Il  eft  auifi  fubftantif ,  &  lignifie  alors  genre  co- 
mique ,  ftyle  comique.  Cet  auteur  entend  bien  le 

"    comique.  On  le  dit  auffi  d'un  aifteur.  C*eft  un  bon 

,    comique  ,  c'eft  le  comique  de  la  troupe. 

COMÎQUEMENT.  adv.  d'une  manière  comique.  Co~ 
mice. 

Ces  mots  ont  la  même  étymologie  que  comédie. 

COMIRS.  f.  m.  C'étoit  des  efpcces  de  farceurs  ou 
bateleurs  qui  avoient  fuccédé  en  France  aux  Hif^ 

■  trions.  La  plupart  étoient  Provençaux  ,  favoienr  la 
mufîque  &  iouoient  des  inftrumcns.  Ils  dcbiroient 
ce  que  les  Trouvères  faifoient  de  meilleur.  On  les 
appeloit  encore,  conteours,  jongleours  ou  jon- 
gleurs ,  mufars ,  plaifantins ,  pantomimes ,  ùc, 

COMITE,  f.  m.  Officier  de  galère  qui  commande 
Jachiourme,quîa  le  foin  de  faire  ramer  les  forçats. 
Remigum  Prœfeclus.  Les  Comités  font  des  gens 
redoutables  aux  forçats. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  cornes;  d'au- 
«ics  de  coTjiiJfus,  Mj  tiuet  le  dérive  d«  çomes ,  3C 


C  O  M 

il  remarque  ce  que  Suétone  rapporte  d'Augnftes 
qu'ayant  cté  lalue  en  paliant  ,  avec  de  grandes 
acclamations  pat  l'cquipage  u'un  vailicau  d' Ale- 
xandrie, ijUadragenos  aureos  cvmitiius  divijît. 

11  y  a  des  Ofiiciers  de  galères  qui  difent  corne, 
au  lieu  de  cornue. 
COMITE,  f.  m..  Terme  emprunté  des. Anglois,  chez 
lefquels  il  lignifie  un  bureau  compofe  d'un  cer- 
tain nombre  de  merttbres  du  Parlement,  commia 
pour  examiner  un  bill  ,  ou  taire  rapport  d'une 
requête  ,  ou  d'un  procès  à  la  Chambre.  Delegati  air 
jinghcis  comitus  ad  rei  ahcujus  cj.  amen ,  aut  ejuf- 
dcm  expojuionem  exphcancnemt^ue  faciendam. 
Lommifjaru ,  commiffariorum  ou  deleg.itorum  ca- 
tus.  Quelquefois  toute  la  chambre  eft  changée  en 
comui.  Se  alors  chacun  a  droit  de  parler  &  de 
répliquer  sant  qu'il  lui  plaît ,  la  maricre  dont  iî 
i'agit  eft  ainli  mile  en  contcftarion  &  en  déJibcra- 
tion  ;  mais  quand  la  Chambre  n'cft  plus  en  grand 
Cornue  ,  on  opine  régulicreraenr ,  &  il  n'eft  permis 
à  chaque  membre  de  parler  qu'une  fois.  Les  comités 
s'alfemblent  toujours  après  dîner. 
^fT  CotAiTÉ  fecret  fe  dit  dans  le  même  royaume, 
de  ce  que  nous  appelons  en  France ,  le  Confeil 
d'Etat. Le  terme  eft  a'iili  d'ufage  en  Suède. 
§3"  Comité  lé  dit  aufli  d'un  bureau  ,  d'une  fociété 

de  gens  qui  s'alfemblent  pour  quelqu'affàire.  ff 

UCT  Les  affemblées  des  Fermiers  généraux  s'appellent 

comité. 
^^  L'Académie  de  chirurgie  de  Paris  porte  le  nont 
de  comiti  ou  de  comrtcpcrpauel.  La  première  cla/ie 
des  Académiciens  a  le  titre  de  confeillers  du  comité 
■  perpétuel;  la  leconde  ,  d'adjoints  du  comité,- 
Comité  lé  dit  aulfi  dans  l'ordre    de  Malte.  Le  co- 
rnue eft  un  bureau   de  feize  Commandeurs  pour 
l'expédition  des  afî^ires  de  l'Ordre.  Sedecun  viri  , 
J'edecim  virorum  cor:Jihum,  Comme  le  grand  nom- 
bre des  capitulans  pouroit  confumer  trop  de  temps  , 
on  renvoi;  la  dccilion  des  afïàires:  à  un  comité  com- 
pofe de  leize  capiîulans  tou&  commandeurs.  Vert, 
Le  comice  fe  retire  .à  part.  Ii>. 
COMITIAL.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donnoit  au- 
trefois à  un  certain  mal  qu'on  appelle  vulgaire- 
ment haut  mal,  mal  cadi:C,  mal  de  S.  Jean  ,  o\i 
ablblument  mal  dejaint,  &:  qu'on  appelle  en  mé- 
decine t^/iVc/y/f.  Les  hiftoriens  l'appellent  le  comi~- 
fiai ,  ou  ma/adie  divine  gu.  ficrce.  Ce  mal  s'appelle 
comitial ,  &:  chez  les  Latins  comitialis  morbus ,  des 
alfemblees  du  peuple  romain  qui  s'appeloient  comi' 
lia,  parce  que  quand  quelqu'un  y  tomboit  de  ce  mal  > 
cela  ctoit  regardé  comme  un  mauvais  prélàge,  6c 
l'on  rompoit  l'airemblcc.  Ce  mot  n'eft  plus  en  ufage, 
COMITIVE.  adj.  f  On  ne  trouve  point  le  malculin' 
cumitif.  M.  de  la  Roque ,  dans  ibn  Traite  de  la  No- 
lleffé,  appelle  nobleHc  comitive ,  la  nobleffe  des 
docteurs  qui  étoient  faits  con.tes  Palatins;  c'eft-à- 
dire,  comtes  du  Palais ,  &  qui  prennent  encore  Is 
titre  de  comtes.  Le  premier  médecin  du  Roi  prend 
le  titre    A'Archiatrorum  comes, 
|Cr  COMMA.  (.  m.  Terme  de  grammaire  ancienne. 
Le  mot  eft  grec  >^tuK.,yéifOT<;/z.  C'eft  ce  que  les  Ro- 
mains appeîoicnt  incifum ,  &  nous  incife.  Voyez  ce 
mot.  De-Ià  eft  venu  par  extenfion  le  cornma  ,  terme 
d'Imprimerie  &  de  Mulique. 
CoMMA    Terme  d'Imprimerie  qui  fgni/îe  les  deux 
points  (:)  que    l'on  emploie  dans  la  pondtuatioa 
de  l'écrirure,  &  dont  l'ufageeft  de  diftinguer  dans 
îc  difcours ,  des  phrafes  ou  membres  qui  fe  fuivenc 
fans  dépendre  ablblument  les  unes  des  autres  :  en 
forte  que  le  fensde  ce  qui  précède  les  deux  points 
eft  fini ,  &:  aue  ce  qu'on  ajoute  enfuire,  n'eft  que 
pour  l'étendre  &  l'éclaircir.  M.  Restaux.   KoVac* 
eft  un  mot  grec  qui  vient  de^KoVî*. 
Gomma,  terme  de  Mulique,  qui  fignifîe  la  huitième 
partie  ou  environ  d'un  ton.  Chaque  ton  le  fubdivi- 
fe,  premièremenr  en  deux  demi  tons ,  puis  en  9  ou 
II  parcelles  que  la  théorie  de  la  muliciue   anpclle 
comma,  Acad.  des  Se.  i-'Oo.  Mem.  p.  2 '2.  Le  fon 
que  forme  une  corde  lorfqu'on  la  pince  ,  eft  cenfé- 


COM 

TJT ,  5r  on  le  marque  par  le  ch  1  MVl-  i  -  qui  repréfente  # 
la  corde  entière.  La  moitie_dc  cette  corde  i^Ie  quart 
4;  &  la  huitième  partie  8,  forment  également  1 
même  fon  UT  à  l'odave ,  à  la  double  oCtave  ,  à  1 
triple  odave.  La  neuvième  partie  de  la  corde  cj  ,tor 
me  le  fon  RÎ;  &  du  IbnlJT  au  fon  RE,  il  y  a  un  toi 
plein.  Il  faut  bien  rctenit  qu'UT  eft  à  RE  ,  comm 
8  eft  à  c).  La  cinquième  partie  de  la  corde  5 ,  for- 
me le  fon  MI  j  la  dixième  partie  10  ,  forme  je  mê- 
me fon  MI  à  l'odave  du  premier.  Ainfi  RE  eft  à 
MI ,  comme  9  eft  à  i  o  i  8c  de  RE  à  MI ,  il  y  a  encore 
un  autre  ton  plein.  Niais  ces  deux  tons  ne  for; 
pas  égaux  ;  il  Ce  trouve  plus  d'intervalle  d'UT  <. 
RÉ  ,  qu'il  ne  s'en  trouve  de  RE  à  MI  -,  c'cft  pour- 
quoi on  appelle  le  ton  d'UT  à  RE  ,  ton  majeur  , 
&  le  ton  de  RÉ  à  MI ,  ton  mineur.  Or  la  diffé- 
rence qu'il  y  a  de  l'un  à  l'autre  eft  d'un  comma , 
c'cft-à-dire,  que  le  ton  majeur  eft  plus  fort  d'un 
comma  que  le  ton  mineur.  Pour  comprendre  m^iin- 
lenant  ce  que  c'eft  que  le  comma  ,  fuivons  lés  di- 
vifions  de  la  corde ,  &  obfervons  d'abord  que  le 
tiers  de  la  corde  donne  toujours  la  quinte  jufte. 
Ainfi  la  corde  entière  i  ,  ou  la  moitié  de  la  corde 
i ,  étant  UT  ,  le  tiers  de  la  corde  5  eft  SOL.  Nous 
avons  dit  que  la  dixième  partie  de  la  corde  10, 
forme  le  fon  MI.  La  vingtième  20 -,  la  quarantième 
40  ;  &  la  quatre-vintième  80  ,  font  autant  d'odavc- 
du  même  fon;  par  conféquent  ce  font  autant  de  Ml. 
La  vingt-feptièmc  partie  de  la  corde  forme  le  foi^ 
iA.  Le  tiers  de  cette  vingt-feptième  partie  doit 
donc  former  la  quinte  de  ce  LA  ,  comme  le  tier' 
de  la  corde  UT  forme  SOL  qui  eft  fa  quinte,  O' 
la  quinte  de  LA  eft  MI.  Cependant  MI  eft  80, 
&  le  tiers  de  la  vingt-feptif  me  partie  de  la  corde 
eft  81  ;  car  trois  fois  zy  font  81.  La  différence  d, 
ces  deux  MI  eft  donc  de  80  à  81  ;  6^  c'eft  préci- 
sément cet  intervalle  qu'on  appelle  comma.  Il  n'ef 
pas  poifible  de  divifer  le  ton ,  foit  majeur  ,  foit 
mineur ,  en  un  certain  nombre  jufte  de  comma  ; 
le  comma  lui-même  fe  divife  en  plufieurs  parties  ; 
il  y  a  des  comma  dirninués  ,  des  raifons  maximes 
majeures  j  moyennes  ,  mineures ,  &<:.  6c  aucme  de 
ces  parties  prifes  féparéiTicnt,&  multipliée  par  elle- 
même  ou  par  les  autres  parties ,  aurant  de  fois  oue 
l'on  voudra ,  ne  donnera  jcima'S  un  comma  jufte. 
Voici  la  progreffion  d'un  ton  à  l'autre: 

Depuis  UT,  1541177^8,  jufqu'à  Sl-dicze-deux 
comma  ^  i345%i8o,  il  y  a  un  compUment  de 
comma. 

Depuis  SI  -  dièze  -  deux  ro/^zOTS  ,  i343<?928o, 
Jufqu'à  LA-quatre-dièzes,  155000000,  il  y  a  un 
fetit  comma. 

Depuis  LA-quatre-dièzes  ,  i  ;  5: ocoooo  ,  jufqu'à 
LAquatre-dièzes-un  comma ,  1 3(^(^87500  ,  il  y  a  un 
comma. 

Depuis  LA-quatre-dièzes-un  comma.)  i5(î(î875oo, 
Jufqu'à  Sl-deux-dièzcs ,  1 58240000  ,  il  y  a  un  com- 
ma diminué. 

Depuis  Sl-deux-diè^es ,  13 8240000,  jufqu'à  SI- 
deux-dièzes-un  comma  .^  i35)5)<38oco,  il  y  a  un 
comma. 

Depuis  Sl-deux-dièzes-un  coOTTOfl  ,  1599^8000, 
jufou'à  UT-dièze  ,  141 5  577(^0  ,  il  y  a  un  comma  di- 
minué. 

Depuis  UT-dicze  ,  141  ■;  57^(^0  ,  jufqu'à  UT 
dièze-un  «rr^ww^  ,  143327232  ,  il  y  a  un  cootto^. 

Depuis  UT-dièze-un  comma,  143527252  ,  juf- 
qu'à Sl-trois-dièzes  ,  144000000,  il  y  a  un  petit 
comma. 

Depuis  Sl-trois-dièzcs,  144000000,  jufqu'à  SI- 
trois-dièzes-un  comma  ,  145800000  ,  il  y  a  un  com- 
ma, 

Depu's  Sl-trois-dièzes-un  comma,  1458^^0000, 
juiciu'àUT-deux-dièzes  ,  i4745<^°oo  j  il  7  a  un  com- 
ma diminué. 

Depuis  UT-deux-dièzes  i4745<îooo  >  jufqu'à 
UT-dcux-dièzes-un  comma,  149299200,1!  y  a  un 
comma. 

Enfin,  depuis  "UT-deux -dièzes-un  comma» 


COM  711 

1492992(30,  jufqii'à  RÉ  ,  150994944,  il  y  a  un 
comma  diminué, 

Ainfi  le  ton  majeur  qui  fe  trouve  d'UT  à  RE , 
eft  compofé  de  cinq  comma  ,  de  quatre  comma  di- 
minués ,  de  deux  raifons  maximes  &  d'une  raifon 
moyenne  ;  ce  qui  fait  ptefque  neuf  comma.  Le  ton 
mineur  qui  ié  trouve  de  RÉ  à  MI ,  a  un  commd 
de  moins  -,  &  a  par  conféquent  ptefque  huit  comma. 
IJCP  Les  comma  font  donc  les  plus  petites  parties  des 
tons.  Le  majeur  eft  la  différence  du  ton  majeur  au 
mineur,  qui  eft  ^7  i  &  le  mineur,  la  différence  du 
femi-con  majeur  au  mineur ,  qui  eft  tt;. 
IJCr  Les  profonds  Mtilicicns  portent  encore  plus  loin 
leurs  opérations  lut  les  nombres  fonores ,  pour 
trouver  des  parties  de  tons  encore  plus  fines  ',  quoi- 
que ces  calculs  (i  pénibles  fe  faflént  dans  un  art 
tout  deftiné  à  la  fatisfaclion  des  fons,  qui  ne  s'a- 
mufent  gucres  à  fupputer  leurs  plaifirs ,  nous  n'en 
fommcs  pas  moins  redevables  aux  Géomètres.  En 
effet, pour  diriger  le  Mulicien  dans  fes  compoîî- 
tions  ,  il  a  fallu  déterminer  le  chant  où  la  nature 
nous  conduit  par  elle-même  ,  &  celui  où  l'art  peut 
conduire  la  nature  fans  la  forcer.  Or  c'eft  par  le 
moyen  de  ces  opérations ,  jointes  à  l'expérience 
qui  les  a  toujours  ou  prévenues,  ou  confirmées, 
que  les  inventeurs  de  la  muiique  ont  découvert 
que  la  voix  ne  peut  entonner  avec  grâce ,  que  la 
moitié,  le  tiers  ou  le  quart  d'im  ton. 
'JCT  Dc-là ,  les  trois  fameux  fyftêmes  des  anciens 
que  nous  fuivons  encore  :  le  diatonique  ,  le  chro- 
matique &  l'enharmonique.  Le  premier  ,  qui  pro- 
cède par  des  moitiés  ,  le  fécond  par  des  tiers,  le 
troilième  par  des  quarts  de  ton. 
ÇC?  Le  premier  ,  qui  eft  le  plus  naturel  ,  plaît  à 
tout  le  monde;  le  lécond  qui  ajoute  beaucoup 
d'art  à  la  nature ,  plaît  furtout  aux  favans  Mu(î- 
cicns  :  le  troifième  ,  qui  eft  le  plus  c\^ù.  &  le  plus 
fin  ,  ne  plaît  guèrcs  qu'aux  pofonds  d'cntre-eux. 
Îf3'  Quelques  Ecrivains  donnent  une  j  à  ce  mot  au 
pluriel ,  d'autres  ne  lui  en  donnent  point.  Quoi- 
qu'il n'y  ait  rien  de  bien  établi  par  l'ufage  fur  cela, 
il  me  femble  qu'il  vaut  mieux  n'en  point  mettre, 
puilque  nous  n'en  mettons  point  après  les  mots 
fa(5lum  ,  opéra  ,  &c. 

Ce  mot  comma  a  été  pris  des  Grecs  fans  aucun 
changement  •,  on  le  trouve  dans  les  Auteurs  Fran- 
çois," Italiens ,  Allcmans  ,  &c.  qui  ont  écrit  en  leur 
langue  fur  la  muiique. 
Comma,  f.  m.  oifeau  d'Afrique.  Il   a  le  cou  verr, 

les  aîles  rouges  &  la  queue  noire. 
COMMACHIO.  yoyei  COMACHIO. 
COMMAGENE.  f.  f.  Commagene.  Province  d'Afic  au 
Nord  de  la  Syrie,  entre  la  Cilicie  &:  l'Euphrate , 
qui  la  féparoit  de  la  Mélbpot.xmie  -,  elle  avoit  la  Cap- 
padoce  au  nord ,  comme  il  paroît  par  le  Scholiafte 
de  Denys ,  v.  875.  La  Commas,éne  a  eu  des  Rois  , 
comme  il  paroît  par  les  médailles.  L^Comma^ène 
fut  réduite  en  Province  par  Tibère.  Caligula  Se 
Claude  lui  redonnèrent  des  Rois  ;  mais  Vefpafîeii 
la  remit  au  rang  des  Provinces  de  l'Empire^  Foye^ 
fur  la  Commaolne  le  Cardinal  Noris  dans  fes  Èpo- 
cjues  Syro- Macédoniennes  ,  Di(f.  II.  C.  4.  Vofîiivs  , 
dans  fon  Pomponius  Mêla  ,  Hoffman ,  M.  Cor- 
neille, Racine,  &c.  écrivent  Coma^ène. 

Mais ,  comme  il  paroît  par  les  médailles  dont  j'ai 
parlé  ,  il  faut  écrire  Commagene ,  quoique  nous 
prononcions  Comx^lne. 

Il  croiffoitdanslaCoOTmrt£rtf/zf  une  herbe  à  laquelle 
on  avoit  donné  le  même  nom  ,  Commagene ,  dont 
Pline  parle  //v.  XXIX,  ch.  5.  que  quelques-uns, 
félon  la  remarque  de  Daléchamp  ,  croient  erre  le 
nard  de  Syrie ,  &  d'autres  le  Comacum  de  Thco- 
phaftre  ,  &  que  Monfieur  Spanheim  a  cru  voir  fur 
des  médailles  de  Comma§ine,c[\x\  font  au  Cabinet  du 

Roi.  ^  .      . 

gCT  COMMAND  ,  f.  m.  terme  de  Coutumes ,  fiîini- 
fîe  ordinairement  celui  qui  donne  commiffion  à  un 
autre  d'acquérir  pour  lui.  Il  fignifie  aulTl  quelque- 
fois celui  qui,  foit  dan>s  un  contrat  d'acquilition  vo- 


7I2,-  COM 

lontaite,  foit  clans  une  adjudication  par  décret,  dé- 
clare qu'il  achète  pour  lui  ou  pour  un  ami  cluou  à 
élire  ,  &:  qu'il  nommera  dans  la  luite. 
CoMMAMD  (igniiîe  aulli  dans  quelques  coutumes  la 
lignification  que  font  les  fergcns  de  l'Ordonnance 
de  Juftice, 

COMMANDANT.  C  m.  Celui  qui  commande  dans 
une  place ,  dans  un  corps ,  une  compagnie  de  gens 
de  guerre.  Prccfeci-is  ,  qinprccejL  Le  Lieutenant  en 
l'abrcnce  du  Capitaine  ,  du  Gouverneur ,  eft  le  Com- 
vianâant.  Quand  des  Ibldats  l^ont  du  déibrdre ,  il 
faut  s'en  plaindre  2.\x  Commandant,  Quand  une  pl.ice 
eft  furprife,  on  s'en  prend  au  Commandant ,  à  celui 
qui  eft  le  premier  dans  la  place. 

On  appelle  communément  Commandante^  Lieu- 
tenant de  Roi  des  places  de  guerre  ,  parce  que  c'cfl 
lui  qui  commande  en  l'abl'ence  du  Gouverneur, 
Commandant  Te  dit  plus  particulièrement  d'un  Offi- 
cier qui  a  commilfion  pour  commander  dans  une 
province  ou  dans  une  place ,  comme  feroit  le  Gou- 
verneur lui-même.  Le  Roi  envoyé  des  Commandans , 
lorfque  les  Gouverneurs  font  trop  jeunes ,  ou  mala- 
des ,  ou  abfens ,  &c.  Depuis  quelques  années  le 
Roi ,  au  lieu  de  donner  aux  enfans  de  ceux  qui  Ibnt 
Gouverneurs  des  lurvivanccs,  donne  à  quelqu'un  de 
leurs  cnfans  les  proviiîons  de  Gouverneur,  Se  au 
père  une  commiiîion  de  Commandant  la  vie  durant , 
avec  pouvoir  de  recevoir  les  appointemens  ,  &C  de 
rentrer  dans  le  Gouvernement  fi  le  fils  vient  à  mourir. 

iJZoMMANDANT  en  Chef,  eft  celui  qui  ne  dépend  que  du 
Roi ,  qui  ne  prend  les  ordres  que  de  la  Cour ,  qui  n'a 
perfonne  au  deffus  de  lui  dans  le  lieu  où  il  comm.an- 
de  ,  du  moins  en  ce  qui  regarde  le  commandement. 

.§Cr  On  l'employé  quelquefoisadjeétivement.  Les  Of- 
ficiers commandans  delà  ville,  de  la  ciradelle. 

COMM  AND  ATAIRE.  Foye:^^  COMMENDATAIRE. 

|KT  COMMANDE.  Vieux  mot.  Commandement , 
ordre ,  Juffion. 

f3"  COMMANDE.  1".  f.  Terme  ufité  dans  le  difcours 
crdinaite  dans  cette  façon  proverbiale,de  commande. 
Ouvrage  de  commande  ,  chapeau  ,  fouliers  de  com- 
mande, que  l'ouvrier  fait  exprès  pour  celui  qui  lui 
en  a  donné  l'ordre.  Des  vers  de  commande. 

Ce  mot  (ignifîe  encore  une  chofe  qui  eft  toute  prête 
di  préparée  pour  lérvir  au  belbin',  ou  une  choie 
feinte  &c  ilippofée  pour  fervir  de  prétexte  ou  pour 
s'excufer.  Cer  homme  a  toujours  cinq  ou  (ix  hiftoi- 
res  de  commande  quand  il  enrre  dans  une  compa- 
gnie. Cet  officier  a  toutes  les  campagnes  une  mala- 
die de  commande ,  qui  l'oblige  à  aller  prendre  les 
eaux.  Il  s'endormit  de  commande  à  la  lecture  de 
quelques  chapitres  de  l'Ecriture  fainte.  Fléchifr. 

Commande  ou  Commende  ,  en  quelques  Coutumes , 
lignifie  la  taille  qui  eft  due  par  des  perfonnes  de 
condition  iervile. 

Commande  ,  veut  dire  aufTi  dans  les  Coutumes,  dépôt. 
Prendre  quelque  choie  en  charge  &  commande. 

Commande  de  hefliaiix.  Terme  de  Coutumes.  C'eft 
im  contrar  par  lequel  on  donne  à  un  Berger  ou 
Laboureur ,  un  troupeau  de  bétail  pour  en  avoir 

•  foin  ,  à  charge  de  le  nourrir  ,  &  d'en  jouir  pen- 
dant un  certain  temps ,  après  lequel  on  doit  repré- 
fenter  le  troupeau  ,  pour  partager  le  lurplus  ,  ou 
le  croîr  entre  le  maître  &;  lui. 

Commande  (  droit  de  ),  terme  de  Coutumes.  C'cft  un 
droit  que  le  Seigneur  prend  tous  les  ans  lut  les  veu- 
ves de  condition  iervile  durant  leur  viuuitc  ,  pour 
reconnohïïince  de  fon  droit  de  fervitude.  Il  y  a  des 
lieux  où  le  droit  de  commande  eft  un  droit  qui  fe 
lève  fur  les  femmes  de  condirion  iervile  mariées  à 
d'autres  qu'à  ceux  de  la  condition  &:  fervitude  du 
Seigneur. 

On  appelle,  en  terme  de  Négoce,  commandes , 
les  procurations  ou  commiilîons  d'acheter  ou  négo- 
cier pour  autrui.  Commifpz  rei  gerendœ  poteflas  , 
iiuBoritas.  Il  en  eft  parlé  dans  les  Coutumes  d'A- 
miens. 

■COxMMANDE.  Terme  d'Eglile.  Voyei  Commende.  I 

ÇiOMîrfAi^jjEs ,  eu  termes  de  Marine ,  iont  de  petites  I 


COM 

Cordes  que  les  garçons  du  navire  portent  toujours 
la  ceinture  pour  fervir  au  beibin.  Funiculi.  On  les 
appelle  autrement  rabans.  Commande  eft  auffi  un 
cri  de  l'équipage  pour  répondre  au  maître  qui  a  ap- 
pelé de  la  voix  ou  du  liftier  pour  quelque  comman- 
dement qu'il  veut  faire. 

03-  COMMANDEMENT,  f.  m.  On  prononce  Co- 
mandement.  Aéfion  de  celui  qui  commande.  lm~ 
perd  exercitium.  Il  a  le  ton  abiblu  dans  le  comman- 
dement. Il  a  le  commandement  dur, 

sîCFCommandement  i'e  dit  auili  de  la  chofe  comman- 
dée. Imperium  ,  jujjum.  Ce  mot,  dans  ce  lens,  a 
beaucoup  d'analogie  avec  le  mot  orifr^;  mais  il  ex- 
prime avec  plus  de  force  l'exercice  de  l'autorité. 
L'Abbé  Girard.  Il  faut  obierver  les  comman- 
démens  de  Dieu  &  de  l'Eglile.  Il  faut  exécuter  les 
commandeniens  du  Roi  ,  obéir  aux  commandemens 
de  juftice  &:  des  Gouverneurs.  Voye:^  Ordre,  Pré- 
cepte ,    Injonction  ,    jussioN. 

'JCT  On  appelle  Secrétaires  des  commandemens  les 
quatre  Secrétaires  d'Etat.  Régis  Scribce.  On  die 
qu'un  Arrêt ,  qu'une  Patente  eft  lignée  en  com- 
mandement ,  quand  c'eft  par  un  ordre  exprès  du 
Roi ,  qu'un  Secrétaire  d'Erat  les  figne.  Les  Secré- 
taires de  la  Reine  ,  de  Monfeigneur  le  Dauphin  , 
des  Princes  du  Sang  porrent  aulfile  titre  de  Secrétai- 
res des  Commandemens. 

%fF  Commandement  fe  dit  aulli  du  droit  de  com- 
mander &  de  fc  faire  obéir.  Imperium ^potefias,  jus. 
Les  Maréchaux  de  France  cèdenr  l'honneur  du 
commandement  au  plus  ancien.  Cet  Officiet  a  tant 
de  Compagnies ,  de  Régimens  fous  fon  comman- 
dement. On  appelle  bâton  de  commandement ,  celui 
que  porte  un  Officier ,  pour  marque  du  pouvoir 
que  lui  donne  fa  charge.  l^oye:^_  Bâton. 

§3°  On  dit  aulfi  ,  cet  Officier  eft  capable  de  comman- 
dement ,  c'eft-à-dire ,  qu'il  a  allez  de  talens  pour 
conduire  ,  pour  commander  un  corps  de  troupes , 
une  armée. 

On  appelle  au  Palais  un  commandement,  l'exploit 
fair  par  un  Sergent  en  vertu  d'un  Jugcm.ent ,  ou 
d'une  obligation,  par  lequel  il  commande  à  quel- 
qu'un ,  au  nom  du  Roi  &  de  Juftice,  de  payer  une 
telle  fomme,  de  vider  des  lieux  qu'il  occupe,  d'ex- 
hiber un  rcgiftre  .  ou  de  fiire  autres  choies  fem- 
blables.  Scripto  covji^nata  apparitoris  denunciatio. 
Une  exécurion  (ans  un  commandement  préalable 
eft  nulle.  Pour  faire  une  faiiie  réelle ,  il  faut  qu'il 
y  ait  un  itératif  commandement. 

§3°  On  appelle  itératif  commandement ,  celui  qui 
eft  précédé  d'un  lîmple  commandement ,  &  qui  eft 
recordé.  \J\x.Qx.zx\i commandement  précède  lafailîe- 
exécution  ,  la  faifîe- réelle  &  l'empriibnnemenr. 

Commandement  ,  en  termes  de  Guerre  &  de  Marine, 
fe  dit  de  tous  les  ordres  promprs  qu'on  donne  en 
faifant  l'exercice  des  troupes  ,  ou  la  manœuvre 
des  matelots.  Jujfum  ,  imperium.  A  droite  ,  à  «gau- 
che ,  doublez  vos  rangs,  vos  files,  font  les  premiers 
commandemens  que  fait  un  Major ,  un  Officier  qui 
fait  faire  l'exercice. 

§3*  Commandement  ,  en  termes  de  fortification ,  çft 
une  éminence  ou  une  élévation  de  terre,  qui  a  la 
vue  fur  quelque  pofte  ou  fur  quelque  place  forte. 
Statio  unde  kcfèis  irnpugnari  poffit.  On  diftingue 
trois  forres  de  commandemens.  Le  commandement 
de  front  eft  une  hauteur  oppoice  à  la  face  du  poft^ 
qu'elle  bât  par  le  front.  Le  commandement  de  revers, 
peut  battre  une  place  ou  un  pofte  par  derrière.  Le 
commandement  d'enfilade  ,  eft  celui  qui  peut  battre 
d'un  fcul  coup  toute  la  longueur  d'une  ligne  droite. 

Commandement  fe  dit  auiîi ,  en  termes  de  civilité, 
des  oiftes  de  iérvices  qu'on  fair  à  fes  amis.  Operam, 

,  obfequium  o.§eire.  Je  n'ai  pas  voulu  partir  fans 
recevoir  vos  commaniznens  pour  la  Province.  On 
dit  qu'un  homme  a  la  langue  latine  à  commande- 
mens -,  pour  dire ,  qu'il  la  parle  comme  fa  langue  na- 
turelle. fïCF  On  dit  auffi  avoir  à  fon  commande- 
ment,  c'eft-à-dire  ,  avoir  à  ia  difpolîtion.  Adminif- 
trar^  alii^uid  ad Juam  yoluneatem  ^  ad  arbiirium. 

Ce 


c  o 

Ce  Maître  -  d'Hôtel ,  ce  Sommelier,  font  bonne 
chère  à  leurs  amis  ■■,  car  ils  ont  le  vin  &c  les  viandes 
à  leur  commandement.  Une  jolie  kmme  a  toujours 
des  careilcs  à  Ton  commandement. 

Commandement.  On  dit  ironiquement  d'un  homme 
qui  commande  une  choie  qu'il  n'a  pas  droit  de  com- 
mander, c[-'i''\\a.\c  commandement  beau.  Acad.  Fr. 

COMMANDER,  v.  a.  &  n.  Donner  des  ordres  à  des 
inférieurs,  qu'ils  (ont  obligés  d'exécuter.  §CF  C'eft 
diriger,  félon  fa  volonté  èc  avec  autorité  ,  ou  avec 
pouvoir  de  contraindre ,  les  aftions  de  ceux  qui 
nous  font  fournis.  Imperare  ,  prcEcipere  ,  juhcre. 
Dieu  commande  à  toute  la  nature  -,  il  commande  aux 
vents  &■  à  la  mer.  Le  Général  a  commandé  au  régi- 
ment des  Gardes  de  poullérles  ennemis. 

03*  Voltaire ,  dans  fes  Remarques  fur  Rodogunc  , 
^ù  l'on  trouve  : 

C'ejlpoiir  le  commander,  &  combattre  pour  moi , 

dit  :  on  commande  une  armée  ,  on  commande  à  line 
Nation.  On  ne  commande  point  un  homme,  ex- 
cepté lorfqu'à  la  guerre ,  un  homme  efl:  commandé 
par  un  autre,  pour  être  de  tranchée  ,  pour  aller  re- 
connoître,  pour  attaquer,  &c. 

Commander  fe  dit  d'un  Général  d'armée  ,  &  de  les 
Licutenans ,  en  fon  abfence ,  &  pour  lors,  il  régit 
l'accufatif.  Commander  untztmce,  commander  uns 
flotte.  Exercitui  prœeffé  ,  na\'ibus  ,  c/aj/i.  Le  Roi 
commande  lui-même  lés  armées.  Le  Général  com- 
manda deux  Régimens,  pour  couvrir  les  Foura- 
geurs ,  quand ,  &c.  Main. 

Commander  lé  dit  des  Puiflances  temporelles.  Impe- 
rare. La  vanité  d'Alexandre  le  portoit  à  vouloir 
commander  à  tout  le  monde.  Les  Romains  fcm- 
Ijloient  nés  pour  commander  aux  autres.  Bail.  Ce 
Prince  fait  l'art  de  bien  commander.  Les  Rois  com- 
mandent dans  leurs  Etats.  Un  maître  commande 
dans  fa  maifon.  Un  Prieur  commande  dans  fon 
Couvent. 

Un  cœur  né  pour  fervir  ^  fait  mal  comnie  on  commande. 

Corn. 

Maître  d'un  cœur  charmé  j 
Commandez  quon  vous  aime ,    &  vous  fere:^  aimé. 

Rac. 

Commander  fe  dit  encore  du  pouvoir ,  de  l'autorité 
que  donne  une  charge  ,  une  commidlon.  Prœeffe. 
ij Am\'2.\  commande  fur  la  mer,  &:  le  Connétable 
fur  la  terre.  On  a  donné  à  un   tel  Officier  cette 
armée  à  commander  en  chef.  Un  tel  commande  les 
Dragons ,  les  Chevaux-Légers ,  les  Moulquetaircs, 
Oefi  lui  qui  commande  un  tel  Régiment ,  &c. 
Commander  fignifie  ,  donner  ordre  à  des  troupes  de 
fe  tenir  prêtes ,  ou  de  partir  pour  aller  à  quelque 
expédition.  Mandare  ^  prxfcribere,  edicere ,  impe- 
rare. On  a  commandé  le  Régiment  des  Gardes  pour 
le  vingtième  du  mois  prochain.  On  a  commandé 
dix  hommes  par  Compagnie  pour  aller  efcorrer  ce 
convoi. 
Commander  fe  dit,  dans  un  fens  figuré  &  métapho- 
rique ,  en  parlant  de  l'avantage  que  donne  quelque 
éminence  pour  battre   une   Ville  ,  pour  tenir   en 
fujettion  toute  une  Province,  hnminere  ^  infidere. 
Cette  Citadelle  commande  la  Ville.  Cette  place  ne 
peut  pas  fe  fortifier ,  voilà  les  collines  qui  la  com- 
mandent de  tous  côtés.  Quand  on  parle  de  la  force 
d'une  place  qui  tient  une  Province  ou  un  Pays  en 
refped ,  alors  commander  régit  le  datif.  Cazal  eft 
une  place  qui  commande  à  la  meilleure  partie  d'Italie. 
Cette  garnifon  commande  à  toute  la  frontière ,  fait 
payer  des  contributions. 
Commander  à  la  route,  terme  de  Marine,  c'efb donner 
la  route ,  prefcrire  celle  que  doivent  tenir  tous  les 
vailfeaux,  ce  qui  eft  attribué  à  l'autorité  de  l'Amiral 
ou  du  principal  Commandant,  ou  d'un  Pilote  dans 
un  vaillcau  matchand. 
Tome  IL 


Commander  fe  dit  auffi  ,  en  termes  de  civilité, des  oi" 
fres  qu'on  fait  à  fes  amis  de  les  fervir.  Prafcribere  » 
mandare  ,jubere.  N'avez-vous  rien  à  me  comm.ander 
pour  ritaiie  où  je  vais  ?  Je  fuis  tout  à  vous,  vous 
n'avez  qu'à  me  commander  ,  je  fuis  prêt  à  vous  obéir; 

Commander  fignifie  aufli ,  donner  charge  à  un  Arcifail 
de  faire  exprelfément  quelque  ouvrage.  Praicipere  ^ 
defcribere  -,  maridare.  Il  a  commandé  une  paire  de 
fouliers  à  lbnCordonnier.il  z  com.mande  anc  coïh- 
tion  ,  un  dîner  chez  un  tel  Traiteur. 

Commander  fe  dit  figurément  en  chofes  morales  & 
fpirituelles.  imperare,  L'ame  commande  au  corps.  11 
taut  commander  à  fes  paffions.  On  dit  Tmiïi  ,  il  faut 
k  commander  à  foi-même.  Ceu3^  qui  ont  fu  comman- 
der aux  autres  ,  n'ont  pas  toujours  fu  fe  commander 
à  eux-mêmes.  S.  EvR.  C'eft  la  raifon  qui  doit  com- 
mander &  conferver  un  empire  abfolu  fur  tous  nos 
mouveniens.  Id. 

On  dit  ,  commander  à  la  baguette  -,  pour  dire  , 
avec  autorité  ,  ou  avec  hauteur ,  par  une  allulion 
qu'on  fait  aux  comm.andemens  des  Huifîiers ,  qui 
portent  une  verge ,  ou  une  baguette.  Imperiofum  effe. 
On  dit  au.'îî  ,  il  iàut  favoir  obéir  avant  que  de  com- 
mander ;  pour  dire ,  qu'il  faut  être  écûlier,avant  que 
d'être  Maître. 

On  dit  proYOTbialement  à  celui  qui  veut  comman-' 
der  quelque  choie  à  des  gens  qui  ne  dépendent  pas 
de  lui  ;  Commande?^  à  vos  valets ,  vous  n'avez  rien  à 
me  commander.  Acad.  Fr. 

0CF  Quand  ce  verbe  eft  aélif ,  outre  fon  régime  fim- 
ple,  il  gouverne  les  prépofitions  à,  à  la,au,  au.x,  com- 
me on  l'a  vu  dans  les  exemples  ci-dellus.  Nous  avons 
déjà  remarqué  qu'il  ne  régit  la  perfonne  direflrement 
&  fans  prépolition ,  que  dans  les  choies  qui  ont  rap- 
port à  l'art  militaire. 

Commandé  ,  ÉE.  part.' 

COMMANDER  ,  terme  d'Eglifci  Voye^  Commen- 

DER. 

COMMANDERIE  ,  f  £  Efpèce  de  Bénéfice  ,  ou  cer- 
tain revenu  qui  appartient  aux  Ordres  militaires  de 
Chevalerie  que  l'on  confère  aux  anciens  Chevaliers 
qui  ont  rendu  des  lérvices  à  l'Ordre;  Beneficium 
equitum  (  verbi  gratia  )  Melitenfium. 

Ce  fut  fous  le  Magiftère  de  Hugues  de  Revel 
IX  ,  Grand  Maître  ,  que  les  commanderies  commen- 
cèrent vers  l'an  iiiSo.  ]ufques-là  tous  les  biens  de  la 
Religion  étoientadminiftrés  par  des  Religieux  com- 
ptables ,  &  qui,aprcs  avoir  pris  ce  qui  étoit  nécelTaire 
pour  leur  fubfiftance  ,  dévoient  faire  palfer  le  refte 
au  Chef  de  l'Ordre,  &  au  tréfor  de  la  Religion.  Mais 
comme  la  dépenfe  de  ces  Adminiftrateurs  abforboit 
fouvcnt  la  recette  ,  &  d'ailleurs  que  l'Ordre ,  pour 
fournir  aux  frais  immenfes  d'une  guerre  continuelle, 
avoit  befoin  d'un  revenu  fixe  èc  certain ,  dans  un 
Chapirre  générai  reiiu  à  Cél'arce ,  on  arrêta  un  rôle 
des  fommes  que  chaque  maifon  enverroit  à  la  Terre- 
Sainte  &  au  tréfor  :  &  parce  que  dans  les  obédiences 
&  les  commiffions ,  qui  furent  depuis  données  aux 
Chevaliers  chargés  de  cette  adminiftrarion  ,  on  fe 
fervit  de  cette  exprelTion  :  nous  vous  recomman- 
dons ces  biens ,  &c.  Commendamus  ,  cette  adminif- 
trarion particulière  de  chaque  maifon  ptit  le  nom  de 
Commendataria  ,  d'où  eft  venu  le  nom  de  Comman- 
derie  ,  S:  le  titre  de  Commandeur.  Vertot  ,  L.  III. 
Ce  titre  n'étoit  pas  alors  à  vie  ,  il  étoit  amovible  ,  SC 
fut  fubftitué  à  celui  de  Précepteur ,  dont  on  s'était 
fervi  jufqu'alors.  Vertot  , //^t'i. 

Il  y  a  des  Commanderies  de  rigueur  qu'on  obtient 
en  fon  rang  ,  &  les  autres  de  grâce  ,  que  leGrand 
Maître  donne  par  avance  à  celui  qu'il  choifit  dans 
l'Ordre. 

Cependant  on  trouve  feulement  dans  les  Statuts 
d'e  l'Ordre  ,  Comfnanderie  de  grâce  ,  &  Commande- 
rie  de  chéviflêment.  Voyei  ChÉvissement. 

Les  Commanderies  de  Malte  ,  de  S.  Lazare.  Il  y 
en  a  aufli  pour  des  Religieux  dans  les  Ordres  de  S. 
Bernard  ,  comme  de  Caiatrava,  6cd'Alcantara  ,  dans 
l'Ordre  de  S.  Antoine  ,  ùc.  Le  Roi  a  érigé  en  Com- 
manderies plufieurs  Léprofories  &:  Hôpitaux  qu'il  a 

XXxx 


714  COM 

joints  à  l'Ordre  de  S.  Lazare,  f^  Les  Cammandaies 
Ibnt  des  biens  affeacs  pour  l'entietien  du  Chevalier 
&  pour  le  lervice  de  l'Ordre.  De  quelque  natuie 
que  Ibit  une  Commandcric  ,  on  ne  peut  la  iciigner. 
On  peut  comparer  les  Commanicrics  aux  Prieu- 
rés conventuels  des  Moines,  qui  n'ctoient  dans  les 
commencemens  que  les  adminilhations  du  revenu 
de  certains  lieux  éloignés  du  principal  Monaftere. 
Comme  l'on  mettoit  des  Moines  dans  ces  maifons 
pour  avoir  loin  du  bien  ,  de  même  l'on  a  été  obligé 
d'envoyer  les  Chevaliers  dans  les  lieux  où  l'Ordre 
avoir  des  terres.  Les  Commanderus  de  Malte  ne  peu- 
vent être  pofîcdées  que  par  les  Religieux  de  cet  Or- 
dre, auxquels  elles  Ibntatfevtlées.  Leurs  Bénéfices  ne 
font  pas  tous  de  même  nature  -,  car  comme  il  y  a 
parmi  eux  des  Chevaliers  ,  des  Chapelains  &;  des 
Frères  fervans ,  il  y  aaulfi  des  Commandirics ,  ou  re- 
venus attaches  à  ces  trois  différentes  qualités.  Com- 
me les  Comandcries  ne  font  point  des  Bénéfices  ,  le 
Pape  ne  peut  ni  les  donner ,  ni  les  ôter. 
COMMANDEUR.  1".  m.  Chevalier  qui  ell  pourvu  d'une 
de  ces  Commanderies.  Equis  baicficio  ordinis prx- 
ditus  ,  Commendaior.  Le  nom  de  Commandeur  a  du 
rapport  avec  celui  àQprtzpofaus ,  qu'on  donnoit  aux 
Moines  qui  étoient  prcpolés  pour  garder  les  mai- 
fons  ou  fermes  éloignées  du  priUcipal  Monaftere  ; 
leur  adminiftrcUion   s'appeloit    otedicnna  ,  parce 
qu'ils  dépendoient  entièrement  de  l'Abbé,  qui  leur 
donnoit  cette  commiUlon.  Il  en  eft  de  même  des 
]impies  Commandeurs  de  Malte  ,  qui  font  plutôt  des 
Fermiers  de  l'Ordre  ,   que  des  Bénéhciers.  Ils  ont 
néanmoins  converti  leur  commillions ,  ou  Fermes , 
en  une  efpèce  de  Bénéfices,  en  donnant  un  certain 
tribut  au  tréfor  commun  de  l'Ordre ,  Si  ils  appellent 
ce  tribut  Refponjion.  Il  y  a  dans  cet  Ordre  pluiieuts 
gtands   Officiers  ,  dont  le  premier  eft  celui  qu'on 
nomme  préfentemcnt  le  Grand  Maître  de  l'Ordre  , 
&  qui  en  eft  le  Chef.  Sous  lui  font  plulieurs  grands 
Ofîiciers  qui  font  la  plupart  des  Officiers  militaires. 
Il  y  a  auffi  des  Baillis ,  ou  Prieurs  conventuels ,  qui 
font  de  la  grande  Croix ,  &  plufieurs  autres  Officiers. 

COMMANDIUR    ,     OU    GrAND  -  COMMANDEUR,   f.     m. 

Oeft  la  première  dignité  de  l'Ordre  de  Malte  après 
le  grand-Maître.  Il  eft  toujours  delà  Langue  de  Pro- 
vence ,  comme  la  première  de  la  Religion.  Le  Grand- 
Commandeur  eft  le  Préfident  né  du  commun  tréfor  & 
de  la  Chambre  des  Comptes.  Il  a  la  fuiintendance 
des  magazins ,  de  l'arfenal  &  de  l'artillerie.  Il  en 
nomme  les  Officiers ,  qu'il  fait  agréer  par  le  Grand- 
Alaîtte  &  le  Confeil.  Son  autorité  s'étend   jufques 
dans  l'Eglife  de  S.  Jean  ,  dont  il  nomme  plulieurs 
Officiers.   Il  a  le  même    droit  à    l'Infirmerie.  Le 
GiTind-Commandeiir  doit  faire  fa  réfidence  àMilte  , 
dans  le  Couvent  ,  d'où  il  ne  peut  fortir  pendant 
qu'il  eft  en  place.  L'Ab.  de  Vertot. 
.  Commandeur  du  grenier  à  Malte  ,  eft  un  Officier  de 
la  Religion  qui  eft  chargé  de  la  confervation  des 
grains ,  &  autres  munitions  de  bouche.  Il  a  Ibus  lui 
des  Prudhommes  qui  font  fcs  llirveillans.  On  les 
appelle  les  Prudhommes  de  la  petite  Ccmmanderie. 
Pour  êtte  Commandeur  de  Malte  ,  il  faut  être  de 
la  nation  où  eft  fituée  la  Commanderie  ,  avoir  fait 
ies  caravanes  ,  qui  confiftent  en  un  lervice  de  quel- 
ques années  à  Malte  ,  &  être  de  la  qualité  rcquife 
par  la  Commanderie  ;  &;  de  plus  ils  fbnt  liés  par  de 
certains  ftatuts    ,   auxquels    néanmoins  on  déroge 
fouvent  à  la  recommandation  des  Princes  ,  qui  ont 
même  fait  des  concordats  pour  cela  avec  l'Ordre  de 
Malte. 

Il  y  a  une  autre  forte  de  Commandeurs  ,  ou  Che- 
valiers ,  qui  jouillént  des  biens  Eccléliaftiques  fans 
être  ni  Religieux  ,  ni  Eccléliaftiques  ,  parce  qu'ils 
font  mariés  ;  ils  fe  difent  Religieux ,  &  ont  des  regle- 
mens  comme  les  autres  Religieux.  En  Efpagne  les 
Commandeurs  des  Ordres  de  S.  Jacques ,  de  Cala- 
trava  &  d'Alcantara  font  de  ce  nombre.  En  France 
les  Chevaliers  de  S.  Lazare  peuvent  auflî  fe  marier. 
'îtant  Religieux  de  profeflion  ,  ils  devroient  être 
obligés  à  garder  la  chafteté  ;  mais  le  Pape ,  qui ,  fe- 


COM 

ion  ies  niaximes  du  droit  nouveau  ,  eft  le  maître 
des  Canons  ,  les  a  difpenfes  de  cette  obligation  : 
ils  peuvent  avoir  des  femmes  par  un  privilège  du 
Sainr  Siège.  C'eft  par  de  femblables  privilèi^es  ob« 
tenus  des  Papes ,  que  les  Rois  d'Eipagne  fontgrands 
Maîtres  des  trois  Ordres  militaires  de  leur  Royau- 
me ,  lavoir  ,  de  S.  Jacques  ,  de  Calatrava  &  a'Al- 
cantara.    Martin  Navarrus  appelle  Philippe  II ,  le 
plus  grand  Prélat  de  l'Eglife ,  après  le  Pape  ,  parce 
qu'il  etoit  le  grand  Maîrrc  de  ces  trois  Ordres ,  Se 
qu'il  jouiHbit  d'une  bonne  partie  des  dixmes   des 
Eglilés  qui  font  dans  lés  Etats. 
Commandeur  eft  aulfi  un  Prélat,  un  Eccléfiaftique 
qui  eft  agrégé  par  honneur  dans  les  Ordres  des  Che- 
valiers ,  comme  dans  l'Ordre  des  Chevaliers  du  S. 
Efprit.  Ordinis  Sancli  Spiritâs  Commendaior,  Il  y  a 
plulieurs  Prélats  Commandeurs. 

Les  Commandeurs  de  l'Ordre  du  S.  Efprit  font  de 
purs  titres, auxquels  n'eft  attachée  aucune  Comman- 
derie. Henri  lil  ayanr  inftitué  cet  Ordre  ,  ht  ce  qu'il 
put  pour  obtenir  du  Pape  que  les  revenus  des  plus 
riches  bénéfices  du  Royaume  fulTent  arrribués  à  ces 
Commanderies,  qui  n'étoient  que  de  nom.  Mais  il 
n'obtint  rien  de  la  Cour  de  Rome  ,  cnfbrte  que  les 
Commandeurs  de  l'Ordre  du  S.  Efprit  ne  font  que 
des  Commandeurs  titulaires.  Dans  l'Ordre  de  S.  An- 
toine on  donnoit  anciennement  le  nom  de  Comman^ 
deur  au  fupérieur  de  la  Mailbn. 
Commandeur.  Les  Religieux  de  la  Merci  &  des  Ma- 
thurins  donnenr  ce  nom  aux  Supérieurs  de  leurs 
Mailbns  ou  Couvents.  Commendator. 
Commandeur  chez  les  Hollandois  ,^fT  eft  un  titre" 
qu'ils  donnent  aux  Chefs  des  comptoirs  qu'ils  ont 
établis  pour  leur  commerce  dans  les  Indes  Orien- 
tales. 
Commandeur.  On  appelle  ainfi  dans  les  Iles  Fran- 
çoilés  de  l'Amérique,    celuiquia  infpeiîlionfur  le 
détail  d'une  habitation  en  général ,  ou  d'une  fu- 
crerie  en  particulier. 
COMMANDITAIRE,  f.  m.  Celui  qui  a  une  Comman- 
dite. 
COMMANDITE  ,  f.  f.  tetme  de  Commerce.  Efpèce 
de  fociété  qui  fe  fait  entre  Marchands ,  dont  l'an  ne 
fait  que  de  prêter  fon  argent  fans  faire  aucune  fonc- 
tion d'alfocié  ,  &  l'autre  donne  fes  foins.  Inita  cum 
quïbujddm  jolius  pecuniiz  mutuez  benejicio  Jocieias. 
Toute  ibciété  ,  foit  générale  ,  foit  en  commandite  , 
doit  être  par  écrir ,  &  l'extrait  en  doit  être  enregiftré 
au  Greffe  de  la  Juridiélion  Confulaire.  Les  aflbciés 
c\\  commandite  ipe  font  obliges  que  jufqu'à  la  con- 
currence de  leur  part ,  félon  l'Ordonnance  de  nJyj, 
En  vieux  termes  de  Coutumes  on  appeloitco/TîWiZ/z^, 
la  charge  qu'on  donnoit  d'acheter  ou  de  négocier 
quelque  chofe  ,  Commijfa  rei  gerend^  potejias  ;  8c 
on  difbit  aulll,  prendre  en  cliarge  Se  command;  pour 
dire  ,  recevoir  en  dépôt,  f^oye^  Command. 
Ip^-  COMMANDO ,  f.  f.  terme  italien ,  ufité  dans 
quelques-unes  de  nos  Provinces,  voilines  de  l'Italie, 
ordre  ou  commiflion  qu'un  Négociant  donne  à  fbn 
Correfpondant  ou  Commiiîîonnaire. 
|tT  COMMANI.  Petit  Royaume  d'Afrique  ,    dans 
la  Guinée,  fur  la  côte  d'Or.  Les  Etats  de  ce  Sou- 
verain n'ont  pas  plus    d'étendue    qu'une   de  nos 
fermes  ;  fbn  palais  eft  une  chaumière  dans  un  vil- 
lage nommé  le  Grand  Commani. 
COMMANT.  Vieux  mot  ou  parricule  ,  qui  fe  diibit 
en  cette  phrafe  :  ^  Dieu  commant,  c'eft  comme 
qui   diroit  aujourd'hui ,    à    Dieu  vous  dis ,    pour 
marquer  qu'une  chofe  eft  perdue  ou  défefpérce.  Je 
crois  que   cela  vient    par    corruprion  de  à  Dieu 
commande ,  c'eft-à-dire ,  à  Dieu  je  la  recommande , 
Deo  commendo.  Elle  m'échappe  ,  elle  eft  perdue  \ 
qu'elle  foit  à  la  garde  de  Dieu,  je  la  lui  recom- 
mande. 

Crainte  d' oubli  pourtant  au  cueur  me  poincly 
Combien  qu'il  ait  la  mémoire  excellente  ; 
Et  n'ai  pas  tout;  car  Ji  je  perds  ce  point , 
A  Dieu  commant  le  plus  bçau  de  ma,  rente,  Marot. 


C  O  M 

COMMASSE.  f.  f.  Petite  monnoie  qui  a  cours  à 
Mocha ,  qui  gCT  efl:  la  feule  qui  s'y  fabrique  ;  elle 
vaut  trois  fols  deux  deniers  de  notre  monnoie, 

COMME,  adverbe  qui  fert  à  comparer,  &  lignifie, 
ainfi ,  de  même.  Ut ,  qucmadmodum ,  ficut  ,Jicuii. 
Cette  femme  eft  belle  comme  le  jour.  On  lui  a  fait 
une  réception  comme  s'il  eût  été  un  Prince.  Il  efl: 
là  comme  chez  lui  5  cette  répétition  comme  eft 
élégante. 

Vous  aure[  le  dejlln 
De  ces  fleurs  Ji  fraîches ,  /f  l^elles  .* 
Comme  eiles  vous plaijé^f  vous paj/ere:icomtas  elles, 

f^  Cemot,  confidéré  comme  terme  de  comparaifon, 
&  fynonyme  à  ainjî&c  de  même  y«e ,  marque  mieux 
une  comparaifon  qui  tombe  fur  la  qualité  de  la 
chofe,  ce  qu'on  peut  nommer  comparaifon  de qua- 
Uficatioiu  Voyez  les  deux  autres  mots.  Je  dirois 
àonc  que  les  expreflions  d'une  perfonne  qui  ne  con- 
çoit le.»  chofes  que  confufément ,  ne  font  jamais 
juftes  comme  celles  d'une  perfonne  qui  les  conçoit 
clairement  i  parce  qu'il  eft  là  queftion  d'une  qualité 
de  l'exprelfion ,  ou  d'une  qualification  qu'on  lui 
donne.  Syn.  Fr. 

fCT  Par  cette  même  raifon ,  on  dit  hardi  comme  un 
lyon ,  blanc  comme  neige ,  doux  comme  miel ,  &c. 
éc  non  pas  amji  que ,  ni  de  rnême  qu'un  lion  ,  &c, 

ÇST  Si  le  mot  comme  fe  trouve  à  la  rcte  d'une  com- 
paraifon ,  le  fécond  membre  qui  eft  la  réduiition 
<le  la  comparaifon ,  commence  par  le  mot  ainji. 
Comme  les  hommes  vieilliflent  par  le  nombre  des 

.  années  ,  ainfi  vieilliflent  les  empires  par  le  nom- 
bre des  f  ècles.  Tout  a  un  terme  prefcrit  au  de-là 
duquel  il  repafle  pas. 

Ce  mot  vient  de  quomodo.  Nicod. 

■Comme  eft  aufli  un  adverbe  de  temps ,  pour  fignifier, 
quand,  lorfque.  Cum,quando,  eo  Umpore  quo.  Il 

,     arriva  comme  nous  fortions  de  table.  Il  fiu  arrêté 

••  comme  il  penfoit  partir.  Mais  il  n'y  a  que  le  peuple 
qui  s'en  fetve  ;  pour  dire ,  aujfi-tôt  :  il  arriva  comme 
le  Roi  -,  c'eft-à-dire  ,  en  même  temps  que  le  Roi. 

Il  fert  aufli  pour  la  narration.  Je  vous  dirois 
l'hiftoire  comme  elle  s'eft  paflée.  En  ce  fens ,  il  fi- 
gnifie ,  de  la  manière  que ,  quomodo,  eo  modo  quo , 
uti ,  qucmadmodum.  Il  fe  pourvoira  comme  bon  lui 
femblera. 

Comme  fe  dit  aufli  pour  en  quelque  forte  ,  en  quel- 
que façon.  Quaji.  Un  bon  ?mi  eft  comme  un  autre 
foi-même.  La  lumière  eft  comme  l'ame  des  couleurs. 
Le  Soleil  eft  comme  le  père  des  productions  de 
la  terre. 

On  dit,  comme  Jl;  pour  dire,  de  même  que  fi. 
Quafi.  Il  me  vouloir  engager  dans  cette  afiâire, 
comme  Ji  elle  eût  été  julte. 

Comme  au(fi.,  terme  de  pratique,  dont  on  fe  fert 
dans  un  traité  ,  dans  un  a6te ,  dans  un  contrat  j 
pour  dire,  &  pareillement ,  &  de  plus  :  Et  amplius. 
Il  eft  porté  par  le  contrat  que ,  &c.  Comme  aujji 
que,  &c. 
.  Comme  en  effet.  Façon  de  parler  dont  on  fe  fert  pour 
confirmer  ce  que  l'on  a  dit.  S'il  eft  homme  de  bien, 
comme  en  effet  il  l'cft ,  il  dira ,  &c. 

Comme  (ignifie  encore  ,  en  qualité  ,  Ut.  J.  C.  peut- 
être  conlîdéré  ou  comme  Dieu  ,  ou  comme  homme  : 
co/7z/72e  homme ,  il  eft  moit  fur  la  croix  pour  nos 
péchés  ,  &  comme  Di'-i' ,  il  a  triomphé  de  la  mort.  Il 
peut  être  auifi  confidérc  comme  notre  Médiateur , 
comme  Dieu  &:  homme  tout  enfemble.  Dans  l'Eglife 
Catholique  on  confidère  le  Pape  ,  ou  comme  Chef 
de  l'E  j^lifc ,  ou  comme  Prince  temporel. 

Comme  "eft  aufli  une  cfpèce  de  fuppofition  ,  &  fignifie 
quelquefois  ,  parce  que.  Cùm  ,  quoniam  ,  quando- 
{jiiidem  :  Comme  il  eft  conftant  qu'il  faut  aimer 
Dieu.  Comme  il  n'eft  pas  probable  qu'on  foit  fi  aban- 
donné ,  &c.  Comme  ainfi  foit  que ,  &c.  Ce  dernier 
n'eft  plus  d'ufage. 
Comme  fignifie,  à  peu-çïès,'qua/I ,  ut.  Je  lienjcela 
comme  certain.  Il  eft  comme  mort. 


/  C  O  M  7 If 

Comme  fe  joint  quelquefois  avec  ^uoi  ;  &  alors  il 
fignifie  comment,  (/uomodo ,  quà  ratione.  je  m'é- 
tonne comme  quoi  une  fi  forte  penfée  a  pik  vous 
venir  dans  l'efprit.  IJCT  Mais  cette  expreflion  n'eft 
pas  du  bel  ufage  ,  &  il  faut  dire  comment. 

Comme  fe  met  quelquefois  après  fout ,  6c  alors  il  Si- 
gnifie ,  tout  de  même ,  abfolument  la  même  chofe, 
Qucmadmodum  ,  ut ,  yiVtt/  ,  uti.  Mais  on  ne  l'em- 
ploie que  dans  le  ftyle  familier  &  comique. 

C'efi  jujiement  tout  comme 
La  femme  ejl  en  effet  le  potage  de  l'homme.  Mot» 

|C7"  COMMEAT ,  f.  m.  terme  d'Hiftoirc  ancienne, 
Congc  donné  à  un  Soldat  pour  un  temps.  Com~ 
meatus.  Ce  mot  fignifioit  aufli  un  convoi ,  les  pro- 
viiions  de  l'année  ,  &  la  flotte  qui  les  portoit. 

%f3'  COMMÉMORAISON ,  f.  f.  terme  d'Eglife  U 
de  rubrique  dont  on  fe  fert,  en  parlant  de  la  mé- 
moire que  l'Eglifc  fait  d'un  Saint  ou  d'une  Sainte  , 
le  jour  qu'on  célèbre  une  autre  fête.  Quelques 
Rubricaires  prérendent  qu'on  doit  dire  commemo^ 
ration.  Commemoraiio,  Voyez  ce  mot.  D'autres  re- 
gardent ces  deux  mots  comme  abfolument  fyno- 
nymes ,  difent  également  commémoration  ou  com^ 
memoration  d'un  Saint ,  commemor aijon  ou  com- 
mémoration des  morts ,  des  fidèles  trcpaflcs.  C'eft 
ainfi  que  les  livres  de  l'Eglife  nomment  le  joue 
que  l'on  appelle ,  dans  l'ufage  ordinaire ,  le  jour 
des  Morts  ;  c'eft-à-dire  ,  le  jour  que  l'Eglife  a  or- 
donné que  l'on  priât  pour  tous  les  Morts  détenu* 
en  Purgatoire  :  c'eft  le  z  de  Novembre.  Comme- 
moratio  fidelium  defunclorum.  C'eft  faint  Odilon  > 
Abbé  de  Cluni ,  qui  inftitua  la  Commemor aifort 
générale  des  Trépaifés  dans  le  douzième  fiècle. 
On  raconte  diverfement  la  révélation  que  l'on 
dit  y  avoir  donné  occafion.  Voici  ce  qui  m'en  paroît 
le  plus  vraifemblable.  Un  pieux  chevalier  revenoit 
du  Pèlerinage  de  Jerufalcm  -,  s'ctant  égaré  de  fon 
chemin ,  il  rencontra  un  Ermite  ,  qui  apprenant 
qu'il  croit  des  Gaules ,  lui  demanda  s'il  connoif^ 
foit  le  Monaftère  de  Cluni  &c  l'Abbé  Odilon.  Le 
Pèlerin  ayant  dit  qu'il  le  connoilfoit ,  l'Ermire  lui 
dit  :  Dieu  m'a  fait  connoître  qu'il  a  le  crédit  de 
délivter  les  âmes  des  peines  qu'elles  foufFrent  en 
l'autte  vie.  Quand  donc  vous  ferez  de  retour ,  ex* 
hottez  Odilon ,  &c  ceux  de  fa  Communauté  ,  à  con- 
tinuer leurs  prières  ic  leurs  aumônes  pour  les  morts, 
Fleury.  Nous  avons  le  Décret  fait  à  Cluni  pouc 
l'inftitution  de  cette  folemnitc ,  en  ces  termes.  Il  a. 
été  ordonné  par  notre  B.  Père  Dom  Odilon ,  du 
confentement ,  &  àla  ptière  de  tous  les  Frères  de 
Cluni ,  que  comme  dans  toutes  les  Eglifes  on  cé- 
lèbre la  fête  de  tous  les  Saints  le  ptemier  jour  de 
Novembre ,  de  même  chez  nous  on  célébrera  fo- 
Icnnellement  la  Commémoration  de  tous  les  fidèles 
Trépaffés,  qui  ont  été  depuis  le  commencement 
du  monde  îufques  à  la  fin  en  cette  manière.  Ce  jour 
le  Chapitie  ,  le  Doyen  Sc  les  Cellériers  feront  l'au- 
mône du  pain  &  du  vin  à  tous  venans ,  &  l'Aumonier 
recevra  tous  les  leftes  du  diner  des  Frètes.  Le  mémo 
jour  après  Vêpres  on  fonnera  toutes  les  cloches  , 
&  on  chantera  les  Vêpres  desmorts.  Le  lendemain, 
après  Matines ,  on  fonnera  encore  toutes  les  clo- 
ches ,  &  on  chantera  l'office  des  morts.  La  Méfie  fera 
folennellc  :  deux  Frères  chanteront  le  trait ,  tous 
offriront  en  particulier  ,  &  on  nourrira  douze 
pauvres.  Nous  voulons  que  ce  décret  s'obferve  à 
perpétuité,  tant  en  ce  lieu  qu'en  tous  ceux  qui  en 
dépendent  -,  &  fi  quelqu'un  fuit  l'exemple  de  cette  in- 
ftitution,  il  participera  à  nos  bonnes  intentions. 
Tel  eft  le  Décrer  de  Cluni.  Certe  pratique  pafTa 
bientôt  à  d'autres  Eglifes,  &  devint  enfin  obmmune 
à  toute  l'Eglife  Catholique.  Id. 

COMMEMOR ATIF,  adj.  terme  de  médedne.  Reme^ 
morativus ,  anamnefticus.  On  donne  cette  épithète 
aux  fignes  qui  nous  font  refTouvenir  de  ce  qui  s'eft 
paiTé  tant  en  fanté  qu'en  maladie.  Col  de  Villars. 

§Cr  CoMMÉMORATiF  ,  cft  aufll  un  terme  dogma- 
tique ôç  fignifie  ce  qui  rappelle  le  fouvenii  d'une 

X  /v  X  X  ij 


C  O  M 


7î6 

chofe.  Le  P.  le  Couraycr  ibCitient  que  le  facrifice  de 
l.i  Mcdc  ii'ert  que  retnclencatif  &:  Commémoratij ■ 


c'elt-à-dire 


k  Sacrifice 


qu'il  reprclciuc  nuemenc 
de  la  Croix,  &  qu'il  en  rappelle  limplcmcnt  le  ibu- 
venir ,  fans  que  le  Sacrifice  de  la  McHe  Ibit  reelle- 
nunr  le  même  que  le  Sacrifice  de  la  Croix. 
COMMÉMORATION  ,  1".  £  Souvenir  qu'on  a  de 
quelqu'un  ;  ce  qu'on  fair  en  riionncurdc  ia  mcmbx- 
le.'Memoria,  mcrnio  ,commemoraiio.  Le  tellateura 
fait  un  beau  legs  à  cette  Egliie,  à  la  charge  de  di- 
re tant  de  MefVes ,  de  faire  commémoration  de  lui 
dans  1 


G  O  M 

Mençantes  &C  pour  des  Novices.  Bourdai..  Exhort. 

T.l,p,  i75- 
§3"  COMMENCEMENT ,  f.  m.  ininum ,  c'eft  un  de 
'  ces  termes  qui  font  fi  clairs ,  qu'ils  n'ont  befoin  ni 
de  définition  ,  ni  d'explication  ,  pour  être  enten- 
dus. En  ferai-je  mieux    entendu  quand  j'aurai  dit 
avec  les  vocabuliftes  ,  que  c'cft  par  où  commen- 
.      ce  une- choie   quelconque  ";  Dieu  n'a-  point  eu  de 
;      commencement ,  &  n'aura  point  de  fin.  L'ame  hu- 
maine a  eu  un  commencement ,  &C  n'aura  point  de 
fin.    Les    êtres    matériels    ont   eu    un  commence- 

hu- 


es  prières.^  Les  Tcres  parlent  de  TEuchariftie    :      rpcnt ,  &  auront  une  fin.  L'ignorance  du  genre  hu- 
comme  cTune  image  de  facrifice  ,  &  d'une  comme-    .      main  dans  les  premiers  te^J's  ,_^prouve  que  U>n.. 
moraiion  de  celui.de  Jïsus-Christ.  Bûss.  C'cll  ,1a 
conunem.ora.tion  du  Seigneur  :  donc  ce  neft  pas  le 
Seigneur  lui  même.  C'eft.,  nous  l'avouons,  la  ccr/z- 


mémoration  ou  l'annonciatipn  du  Seigneur  ,  julqù'à 
ce  qu'il  vienne  ,  &  par  confcqucnt  ce    n'çft  pas 

I.-.     »-*-.rtt-»'     ^11    Çf^lj.. 


auifi  la  mort  du  Seigneur.  Voilà  à  quoi  robjedion 
eft  réduite  \  mais  rien  n'empêche  qii'c  ce  qui  nous 
faitfourehîr  de  la  mort  5c  de  ù  p;'(Tlon  ,  par  des 
fi^nes    vifibles  ,    ne  contienne    inviliblcrocnr    (on 
corps  &  fon  fang.  Peliss.  Il  nous  a  dit  que  ccroit 
ia  commémoration  de  fa  mort ,  ;ious  le  croyons  i 
il  a  dit  que  c'étoit  fon  corps  &  fon  fang  j  nous  le 
croyons  de  même.  Id. 
Commémoration  ,  eft  aufTi  un  terme  de  Liturgie  & 
de  Bréviaire  ,  qui  fe  dit  des  Fêtes  &  des  Fériés  dont 
.  on  ne  peut  pas  faire  l'Office  tout  entier,  à  caufe 
d'une.Fcte  double  qui  furvient  le  même  jour.  Elle 
fe  fait  par  une  antienne  ,  verfet ,  &  une  orailon  , 
qu'on  dit  à  Vêpres  &  à  Laudes  en  l'honneur  du 
Saint ,  ou  de  la  Férié  dont  on  tait  commémoration. 
On  fait  toujours  commémor aiion àtsY tùfi  majeures 
&  des  oétaves  ,  quand  on   ne  fait  pas  leut  office 
propre.  Dans  le   fécond  Mémento  de  la  Méfie  on 
fait  des  commémorations  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'on  le  lou- 
vient  de  quelques  perlbnnes  en  particulier  ,  aux- 
quelles on  prie  Dieu  d'appliquer  les  fruits  du  facri- 
fice ,  qui  font  les  mérftes  de  J.  C. 

On  dir  dans  le  ftylc  familier  ;  Sc  en  plaifantant , 
nous  avons  fait  commémoration  de  vouj ,  pour  di- 
re ,  nous  avons  fait  mention  de  vous. 

^jf3'    COMMÉMORAISON  &  CoMMÉr  O  RATIOM  ,   fyno- 

nymcs.  Ces  mots  font  fouvent   employés  indiffé- 
remment l'un  pour  l'autre.  Il  paroît  pourtant  que 
celui  de  commémorai/on  eft  particulièrement  affec- 
té à  fignifier  la  mémoire  que  fait  l'Eglile  d'un  faint 
le  jour  qu'elle  célèbre  une   autre  fête  :  mémoire 
qui  fe  fait  à  Laudes  &  à.  Vêpres  ,  par  une  antien- 
ne ,  un  verfet  &  une  oraifon..,  ou  à  la  MelTe ,  par 
une  collette  ,  une  fecrète  &:  une  poft-communicn  : 
&  celui  de  commémoration  paroît  mieux  convenir 
dans  les  autres  cas.  Je  dirai  donc  commémoraifon 
d'un  Saint ,  commémoration  des  morts  ,  commémo- 
ration que  fait  le  Prêtre  au  Mémento  de  la  Meffe 
des  perfonnes  auxquelles  il  applique  le  mérite  du 
facrifice  ,  tel  me  paroît  être  l'ufage. 
COMMENÇ  AILLE,  f.  f  Vieux  mot.Commencemenr. 

COMMENÇANT  ,  ANTE,  f  Celui  ou  celle  qui  com- 
mence quelque  choie ,  qui  en  eft  encore  aux  pre- 
miers éléméns  d'un  art.  On  fe  fcrt  communément 
de  ce  terme  pour  exprimer  la  qualité  des  entans 

'  qui  apprennent  à  lire',-  ou  les  élémens  de  quelques 
Langues,  On  a  inventé  dans  ces  derniers  temps 
pluiîeurs  méthodes  en  faveur  des  Commençans  , 
qui  leur  épargnent  bien  du  temps  que  nos  pè- 
res étoient  obligés  d'employer  à  apprendre  feule- 
ment a  lire,  &  les- premiers  principes  de  la  Lan- 
gue latine.  Cet  Auteur ,  ce  livre  eft  trop  fort  pour 
un  Commençant, 

Ç0MMENÇ.4.NT  ,    ANTE  ,    fignifie  aulfi  Novice  ,   qui 

*     ne  fair  que  commencer  une  vie  fainte  &  régulière , 

ou  la  vie  itWs.lcnîc.'LQS  Comme /iç ans  ne  font  pas 

toujours  bien  fermes  dans  la  vertu.  On  veut  bien 

s'alVujettir  à  telle  &:  a  telle  pratique ,  mais  on  ne- 

^,   glige  cette  autre,  parce  qu'elle  paroît  trop  légère  , 

"■  "  gc  qu'çUe  n'çft  bonne  j  dit-on  ",  (jue  pour-  des  Com~ 


gine  du  monde  n'étoit  pas  éloignée ,  &  qu'il  avoit  eu 
•^  un  commencement  qui  étoit  encore  fort  récent.  S. 
EvR.  Rome  a  eu  des  commencemens  ludes  &  lau- 
vagcs.  Id.  La  fin  de  notre  amitié  dépend  moins 
denous  que  le  commencement.  Id.  Poutquoi  1^-on 
avec  tant  de  curiofité   l'Hiftoire  des  foibles  com- 
mencemens de  Rome  ?  C'cft  que  les  Hiftoriens  ont 
fu  y  attacher  une  idée  de  grandeur.  P.  Dan. 
Commencement  fé  ditaulfi  de  ce  qui  paroît  d'abord 
en  choque   fujet  ,  ou  matière  -,  de    ce  qui  eft  la 
■•première  partie  d'une  chofe.  Au  commencement  de 
la  journée  il  faut  élever  fon  cœur  à  Dieu.  La  mé- 
moire a  manqué  à  cet  Orateur  dès  le  commence- 
■    ment  de  fon  difcours.  Le  commencement  de  cette 
maladie  n'étoit  qu'une   petite  fièvre.  Le  commen- 
cement àz  lafagclfe  eft  la  crainte  de  Dieu.  Le  fen-» 
timent  de  notre  mifere  eft  le  commencement  de  no". 
tre  converfion. 

On  dh prendre  commencement;  pour  dire,  com-< 
mencer.  Cette  Monarchie  a.  pris  fon  commencement 
dans  un  tel  fiècle. 

On  dit  proverbialement  qu'il  faut  un  commence- 
ment ,  pour  avoir  une  fin. 
At;  Commencement  ,  adverbe  ou  phrafe  adverbia- 
le,  qui  le  dit  d'une  manière  abfolue.  Au  premien 
temps  que  les  choies  commencent  d'être,  Inmo  , 
principio.  Au  commencement  Dieu  créa  le  Ciel  & 
la  t»rre*  Au  commencement  étoit  le  Verbe  ,  &  le 
Verbe  étoit  dans  Dieu  ,  &  le  Verbe  étoit  Dieu. 
§C7"  COMMENCEMENT  fe  prend  au(H  pour  prin- 
cipe  ,  caufe  première.  Dieu  eft  le  commencement 
ôc  la  fin  de  toutes  choies  ,  cajifa  ,principium. 

§Cr  On  appelle  ,  en  ftyle  de  pratique  ,  commen' 
cément  de  preuve  par  écrit ,  un  écrit  qui  ne  prou- 
ve qu'un  fait  préparatoire  à  la  convention  dont  il 
s'agit ,  ou  une  partie  feulement ,  ou  quelque  fuite 
de  la  convention  -,  de  forte  que ,  pris  folitairement, 
il  ne  forme  pas  une  preuve  complète,  mais  feule- 
ment une  forte  prélbmption. 
Commencemens  ,  au  plurier  ,  s'emploie  aflez  fouvent 
pour  les  premières  inftruélions  que   l'on  a  reçues 
dans  quelque  art ,  dans  quelque  fcience.  Trima  ru- 
dimenta  ,   documenta.  Ce  jeune  homme  a  de  beaux 
commencemens  dans  la  Grammaire  ,  dans  la  Philo- 
fophie  ,  dans  la  peinture.  Ce  Maître  lui  a  donné  de 
bons  commencemens. 
^  COMMENCER,  v.  a.  Donner  la  naiflance  ,  le 
commencement  <à  quelque  chofe ,  faire  ce  qui  doit 
être  fait  d'abord.  Jnchoare  ,  incipere  :  commencer  un 
bâtiment  ,  un  difcours.  Les  Rois  cow/ntrnce«r  beau- 
coup d'ouvrages  qu'ils  n'ont  pas  le  temps  d'ache- 
ver :   commencer  à   bâtir.    Vaugelas  veut    qu'on 
mette  toujours  la  particule  à  après  le  verbe  com- 
mencer ;  de   bons  auteurs  emploienr  quelquefois 
de  par  préférence',  fur-tout  après  le  prélént  indé- 
fini ,  pour  éviter  le  choc  des  deux  a  :  il  commence 
de   parler  fièrement  ,  au  lieu  de  ,  il  commença  » 
parler,  il  a  coinmcncé  de  prendre  goût  à  telle  cho- 
fe. Partout    ailleurs  l'ufage  eft  pour  commencer  à, 
fCT  On  dix.  commencer  l'année,  le  mois,  la  fe- 
maine ,  &  par  une  chofe ,  par  faire  une  chofe ,  pout 
dire  que  la  chofe  dont  on  parle  eft  la   première 
qu'on  air  faite  cette  année  là  ,  ce  mois  là  ,  &c.  Le 
F..oi  commença  fon  rcgnc  par  tel  établiflement. 

§3"  On  dit  dans  un  autre  fens,  nous  ne  faiibns 
que  de  commencer  l'année ,  le  mois ,  &c,  pour  dire , 


C  O  M 

nôUs  cà  fommes  encore  aux   premiers  temps   de 
__l'annéc  ,  du  mois,  &c. 

g      IJCT  En  parlant  d'un  maître  qui  donne  à  qucl- 

j, -qu'un  les  premières  leçons  d'un  art,  d'une  icience, 

Jes  premières  inftruclions ,  on  dit  que  c'efl  lui  qui 

l'a  commencé  ,  il  a  été  commencé  par  un  bon  maî- 

■^  tre  ,  ce  maître  n'eft  bon  que  pour  commencer  les 

enfans. 

§3"  On  dit  de  même  ,  en  termes  de  manège  , 
commencer  un  cheval  ,  lui  donner  les  pi;emièrcs 
leçons ,  commencer  à  le  dreifer. 
Commencer  s'emploie  aufll  abrolument ,  &' fignific 
agir  le  premier  ;  mettre  en  acT:ion  -,  donner  le  branle 
à  quelque  choie  -,  mettre  les  autres  en  train.  Affez 
de  gens  le  mêlent  de  reformer  le  monde,  &  pref- 
que  perfonne  ne  commence  par  foi- môme,  Dac. 
Le  Chantre  commence  pour  donner  le  ton  au 
Chœur.  Le  plus  hardi  des  fcditieux  qui  commence  , 
met  tous, les  autres  en  action.  En  cette  affemblce 
chacun  le  regardoit  ,  perfonne  ne  commençon  à 
ouvrir  une  propofition  qui  étoit  un  peu  délicate. 
Dans  un  repas  il  faut  qu'il  j  ait  quelqu'un  qui  com- 
mence ,  pour  mettre  tous  les  autres  en  train  de  le 
réjouir. 

§3°  On  dit  proverbialement  ,  n'a  pas  fait  qui 
commence:  &  ,  a  moitié  tait  qui  a  bien  commencé. 
Dimiiium  facii ,  ^ui  hene  cœpit ,  habet.  Ovid. 
lO"  COMMENCER  eft  auili  neutre ,  &  fignifie 
.  prendre,  avoir  un  commencement.  Incipere  ^  occi- 
pere,^  L'année  commence  ,  le  fermon  commence  ,  le 
Carême  ne  commence  cette  année  qu'en  Mats,  ce 
difcours  commence  bien. 

Il   s'emploie    aulfi    quelquefois    imperfonnclle- 
ment.  Il  commence  déjà  à  faire  jour, 
|COMMENCE  ,  EE ,  part,  ouvrage  commencé  ,  dif- 
cours commencé ,  bâtiment  commencé. 

Mais  âe  ce  Koiji  fage  héritier  infenfé , 

Son  fils  interrompit  l'ouvrage  commencé.  R  AC, 

§3"  En  termes  de  manège  ,  on  dit  un  cheval  com- 
mencé ,  acheminé ,  achevé  ,  pour  marquer  un  che- 
val qu'on  commences,  drelfet ,  auquel  on  donne  les 
premières  leçons,  celui  qui   eft  déjà  monré ,  dé- 
gourdi ,  &  celui  qui  eft  confirmé  dans  le  manège. 
^ÔMMENDATAIRE.  f.  m.  (Econome  qu'on  a  mis^en 
poifeifion  d'un  Bénéfice  ,  pour  le  régir  pendant  fix 
mois  ,&  le  gouverner  en  attendant  qu'on  l'ait  pour- 
vu d'un  Titulaire.  Beneficii  ecclejiajiici  œconomus 
,     ^ium  idem  cuipiam  conferatur  ,  Commendatarius.  Le 
Commendataire  fubliftoit  du  revenu  de  l'Egile  qu'il 
adminiftroit.  Tels  font  les  Commendataires  dont  on 
parle  en  Droit  Canon.  Autrefois  l'adminiftration 
des  Evêchcs  vacans  appartenoit  à  l'Evêque  le  plus 
proche  :  ce  qui  fe  pratique    encore  entre  l'Arche- 
vêque de  Lyon,  &  l'Evêque  d'Autun.  C'eft   pour- 
quoi on  lesappeloit  Evêques  Commendataires.  Cet 
ufage  eft  fort  ancien.  On  trouve  des  exemples  de 
Prélats  Commendataires  dans  l'Eglife  Grecque.  S. 
Athanafe  dit  de  lui-même  ,  félon  Nicéphote ,  qu'on 
lui  avoit  donné  en   commende  ,  c'eft-à-dire  ,  en 
adminiftrarion  ,  une  Eglife  ,  outre  celle  d'Alexan- 
drie dont  il  étoit  Evêque.  On  commettoit  le  foin 
des  Eglifes  fans  Pafteur  à  un  Evêque  ,  jufqu'à  ce  que 
l'on  eût  élu  un  fuccefléur.  Le  regître  du  Pape  Gré- 
goire I  eft  tout  plein  de  ces  commilfions  ou  coni- 
mendes  ,    pendant   l'abfence  ,  ou  la   maladie  de 
l'Evêque  ,  ou  la  vacance  du  Siège.  Voye^  un  pe- 
tit Livre   intitulé    l'Abbé  Commendataire,    Il  dé- 
clame violemment  contra  l'abus  qu'on  a  fait  de  cet 
ancien  ufage. 

Ce  mot  vient  de  commendare  ,  confier,  recom- 
mander. 
Commendataire  ,  eft  en  France  un  Eccléfiaftique 
féculier  ,  qui  eft  nommé  par  le  Roi ,  &  pourvu  par 
le  Pape  d'une  Abbaye  ,  ou  d'un  Prieuré  ,  avec  per- 
milîion  de  difpofer  des  fruirsà  fon  profit  pendant 
fa  vie.  Beneficii  EcclefialUci  fiduciarius  pojfejfor 


C  O  M  717 

ttuciotitdte  fummi  Pontificis  ,  Commendatarius.  Un 
^l'éé  Commendataire  elt  oppofé  à  un  Jblc  liésu-^ 
lier.  L'Abbé  Commendataire  n'a  pas  tous  les  privi- 
lèges du  Titulaire  ;  par  exemple  ,  il  ne  peur  pas 
exercer  la  difcipline  intérieure  ,  mais  il  jouit  de 
tous  les  droits  honorifiaues. 
COMMENDATRICE.  f.'f  Nom  ou  titre  que  l'on 
donne  en  Efpagne  aux  Rcligieuiès  de  Calatrav.i. 
Commendatnx.  Voyez  le  P.  Hélyor,  T.  FJ.  C'a. 
COMMENDE  ,  f.  t  eft  originairement  dr.ns  le  Droit, 
la  gatde  ,  le  dépôt ,  le  régime  ,  &  ra.imi'niftrationi 
de;  revenus  d'un  Bénéfice  qu'on  Bonnoit  à  un  fé- 
culier ,  pour  en  jouir  par  œconomat  pendant  fix 
mois  >pour  le  réparer  ;  ou  à  un  autre  Evêque  ,  ou 
à  un  fimplc Eccléfiaftique,  pour  faire  les  fondions 
Paftorales  ,  en  attendant  qu'on  en  eût  pourvu  un 
Titulaire.  Beneficii  Ecclcjiafiici  adminifiratio  dnm 
cuipiam  illud  conferatur.  On  croit  que  c'eft  le  Pa- 
pe Léon  IV"  qui  fut  auteur  des  commendes ,  en  fa- 
veur des  Eccléfialtiqucs  qui  avoient  été  chaflcs  de 
leurs  Bénéfices  par  les  Sarrazins.  On  leur  confioit  la 
garde  &  l'adminiftration  des  Eglifes  vacantes  :  S, 
Grégoire  en  avçit  ufé  de  même  pendant  que  les 
Lombards  défoloienr  l'Italie.  Sous  la  II  Race,  l'a- 
bus des  commendes  devint  fort  fréqucnr  ;  on  don- 
na même  les  revenus  des  Monaftcres  à  des  Laïques , 
pour  les  faire  fubfifter.  Les  Evcques  aufîl  fe  faifoient 
donner  plufieurs  Bénéfices  ,  ou  Evêchcs  en  corn- 
minde  ,  &  c'étoit  un  prérexre  pour  les  retenir  tous 
fans  violer  direétement  les  Canons.  On  a  retran- 
ché une  partie  des  abus  i  mais  on  n'a  pu  abolir  ab- 
iblumcnt  la  commodité  &  l'ufage  des  commendes. 
C'eft  un  expédient  qu'on  a  trouvé  pour  lever  l'in- 
compatibilité de  la  perfonne  avec  la  narure  du  LSé- 
ncfice. 

Pour  ce  qui  eft  de  l'origine  &de  l'ufage  des  Corn  ■ 
mendes  en  Oziem.  Voye^  le  mot  Caristicaire. 
Commence  ,  en  Ftance  ,  eft  un  vrai  titre  de  Bénéfice  , 
que  le  Pape  donne  à  un  Eccléfiaftique  nommé  par 
le  Roi  pour  un  Bénéfice  régulier,  avec  permidion  de 
difpofer  des  fruits  pendant  fa  vie.  Ort  ne  peut  don- 
ner en  commendexxn  Bénéfice  à  charge  d'ames  \  c'eft- 
à-dire,  ni  une  Cure ,  ni  un  Evêché.  Le  Pape  ne  peut 
refufer  un  Bénéfice  en  commende  après  trois  colla- 
tions du  même  Bénéfice  en  commende. 

La  Commende ,  de  la  manière  qu'elle  eft  établie 
aujoutd'hui  ,  plutôt  pour  la  commodité  des  per- 
fonnes  ,  que  pour  l'utilité  de  l'Eglife  ,  eft  entière- 
ment contre  les  anciens  Canons.  C'eft  poutquoi  il 
n'y  a  que  le  Pape  qui  puifle  conférer  les  Bénéfices 
en  commende ,  parce  qu'il  n'y  a  que  lui  feul  qui  puiife 
difpenfer  des  Canons  ,  tant  pour  ce  qui  regarde  Fin- 
habiliré  des  perfonnes  à  qui  Fon  donne  les  com- 
mendes,  que  pour  l'incompatibilité  à  l'égard  des 
Bénéfices  dont  les  Commendataires  font  revêtus. 
Lorfque  la  commende  vaque  par  la  mort  du  Com- 
mendataire, elle  n'eftpas  cenfée  vaquer  par  fa  morr  j 
mais  comme  elle  vaquoit  avant  la  commende  ^  la- 
quelle n'apporte  aucun  changement  aux  chofes.  Ce- 
pendant le  Pape  donne  encore  le  même  Bénéfice 
en  commende  par  u-n  privilège  qu'il  continue  tou- 
jours j  de  forte  que  le  privilège  ,  ou  la  difpenie,  a 
dérogé  entièrement  au  droit  commun.  Cependant, 
quoique  ceux  qui  poflèdent  des  cowr/'ewrfei-,  ne  les 
ayent  obtenues  que  par  privilège,  ou  difoenlc  , 
ils  ne  laifient  pas  d'en  jouir  ,  5c  d'avoir  rous  les  ri- 
tres ,  fruits  &  droirs  honorifiques  ,  comme  s'ils 
croient  véritablement  titulaires. 

Par  les  Bulles  de  la  commende,\es  Commcndaraircs 
font  fubrogés  aux  droits  des  titulaires.  L'on  y  em- 
ploie toujours  desrermes  qui  marquent  que  F?  pou- 
voir du  Commendataire  eft  le  même  que  celui  du 
Titulaire  auquel  il  eft  fubftitué.  Curam  Monafierii 
ac  res[imen  &  adminiftr ationem  tihi  in  l'pirituaiihus 
&  temporalibus  plane  committendo.  Le  Pape  donne 
donc  par  fes  Bulles  aux  Abbés  Commcndaraircs 
l'adminiftration,  tant  pout  le  fpirituel,  que  pour 
le  temporel.  C'eft  pourquoi  on  emploie  dans  les 
mêmes  Bulles  qu'il  fera  Prêtre,  ou  que  s'il  n'a  pas 


7i8 


COM 


encore  atteint  l'âge  de  la  Prctrife  ,  il  la  pendra  auf- 
fi-tot  qu'il  l'aura  atteint  -,  mais  cela  ne  s'exécute 
j-ioint,  ce  n'eit  qu'une  formalité  de  ftylc.Les  Prieurs 
clauftraux  gouvernent  l'Abbaye  pour  le  fpirituel 
pendant  qu'elle  eft  en  commcnde  ■■,  les  Abbés  Coin- 
mendataires  n'ayant  aucun  pouvoir  lur  les  Religieux. 
Ils  ne  peuvent  pas  même  inftituer  ,  ni  deltituei 
des  Prieurs  clauîlraux  qui  font  nommés  Adminij- 
trauurs  du  fpirituel  dans  les  Bulles  ,  où  l'on  ajoute 
cependant  cette  reftriétion  ,  jufqu'à  ce  que  l'Abbé 
foit  parvenu  à  l'âge  de  15  ans,  afin  de  prendre  la 
Prêtrife.  Voici  ce  que  porte  la  Bulle  donnée  au 
Prince  de  Neubourg  pour  l'Abbaye  de  Fécan.  Et 
ne  oh  defecliim  tztatis  primo  diclnm  Monajierlum  alï- 
quod  in  fpirimalitus  paiiatuT  detrimemiim ,  Prio- 
TCinclaujtralem  pro  tempore  exillentem  primo  dicli 
MûJiaJierii  in  j'piritualibns  ,  donectu  ad  quintum  & 
trigeltmum  Suie  atatis  annum  perveneris ,  duntaxat 
conjlituirnus  ac  deputarnus. 

F evret ,  dans  fon  Traité  de  Valus ,  partie  I^L, 
z  5  Ch.  6 ,  remarque  que  l'Abbé  de  Citeaux  ,  Claude 
Vauffin ,  obtint  d'Innocent  X  un  bref  par  lequel 
il  étoit  défendu  aux  Abbés  Commendataires  de  fe 
mcler  de  la  difcipline  régulière  :  le  même  Auteur 
ajoute  que  les  Cardinaux  Abbés  Commendataires 
ont  été  exceptés  de  cette  règle ,  à  caufc  de  l'émi- 
ncnce  de  leur  dignité ,  nonobftant  les  Bulles  de 
Pie  V ,  6c  de  Grégoire  XIII ,  qui  défcndoient  à 
tous  Abbés ,  même  aux  Cardinaux ,  fous  peine  d'ex- 
communication encourue  par  l'effet ,  de  jouir  de 
la  dépouille  des  Moines  :  mais  il  dit  qu'à  préfent 
cette  diftini5lion  eft  levée ,  èc  que  tous  Abbés  Com- 
mendataires Cardinaux  ,  ou  autres ,  jouiffent  de  la 
dépouille  des  Moines  à  l'exclulion  du  Monaftèie. 
Foye:^  fur  cette  matière  Févret  à  l'endroit  marqué  , 
6c  les  Auteurs  qu'il  cite ,  favoir ,  Chopin  ,  de  Polit, 
L.  1  ,tit.  8  ,  «.13,  Mornac.  ad  L,  ^  ,  §.  Et Ji  hères 
dig.  de  minoriéus ,  &CC.M.  Louet  &  Jon  Commen- 
taire y  litt.R.  n.  41. 

Les  Papes  n'accordent  pas  feulement  des  Béné- 
fices en  commende  à  des  Clercs  ,  en  les  difpcnfant 
de  l'âge  &  des  autres  qualités  requifesi  ilsdifpcn- 
fent  auiîi  de  la  Cléricature  des  enfans  qui  font 
dans  le  berceau  ,  Jufqu'à  ce  qu'ils  aient  l'âge  de 
prendie  la  tonfure.  Il  fuffit  d'expofer  à  Rome  que 
l'enfant  eft  deftinc  à  l'état  Eccléiîaftique  i  &  là  -  del- 
fus  on  lui  accorde  des  Bulles ,  dans  lefquelles  on 
nomme  un  (Econome  qui  a  foin  du  temporel  feu- 
lement jufqu'à  ce  que  l'enfant  ait  été  tonfurc.  A^. 
Adrniniflratorem  Monaflerii  in  temporalibus  follirn 
donec  prcediclus  infans  char  acier  e  clericali  injîgni- 
tus  fuerit.Ce  Conihs  termes  de  ces  fortes  de  Bulles. 

ifT  Bénéfices  en  commende ,  font    des  Abbayes   6c 
Prieurés  rant  fîmples  que  conventuels ,    qui  font 
■  données  par  le  Pape ,  avec  difpenfc  de  la  régie  , 
Refularia  regularibus  ,  fccculariafcecularihus. 

^fT  Quelques  Cardinaux  &c  Abbés  confèrent  anlîî 
en  commende  des  bénéfices  réguliers  dont  ils  font 
collateurs  -,  mais  ce  n'eft  qu'en  vertu  d'induits  par- 
ticuliers des  Papes  revêtus  de  lettres  patentes  ente- 
giftrées. 

tfT  II  y  a  des  commendes  libres ,  &  des  commendes 
dccrctces.  Les  commendes  qu'on  appelle  décrétées 
font  celles  dont  les  provifions  contiennent  le  décret 
irrirant,  ou  la  claufe  que  le  Bénéfice  retournera  en 
règle  -,  c'eft-à-dire ,  qu'il  fera  conféré  à  un  régulier 
lors  du  décès  de  la  démiffion  ou  réiignation  du 
titulaire  pourvu  en  commende. 

ÇCT  Les  co;7ZOTfn<i^^  libres  font  celles  qui  ne  contien- 
nent point  cette  claufe  iiritante  ,  &  par  lefquelles 
le  Bénéfice  eft  conféré  purement  &:  lîmplement 
avec  difpenfe  de  la  règle ,  regularia  regularihus , 
^c. 

ÇCT  Celui  qui  pofTède  un  Bénéfice  en  commende  dé- 
crétée ,  ne  peut  réfigner  en  commende  libre.  Si  le 
féculier  qui  poflede  en  commende ,  fe  fait  reli- 
gieux ,  fon  Bénéfice  devient  vacant  par  fa  profef- 

fîo''. 

COMMENDER.v,  a.  Donner  ub  Sçncficc  en  com- 


C  OM 

mende,  Tradere  Beneficii  Ecclejiajlici  fidticiam.  U 
n'y  a  que  le  Pape  qui  puiffe  commender  un  Béné- 
fice -y  le  mettre  en  commende  -,  le  tirer  de  la  règle 
pour  en  pourvoir  un  féculier.  Ce  mot  ne  fe  dit 
point. 
Commender  s'eft  dit  autrefois  pour  recommander, 
&C  la  Fontaine  l'a  dit  encore  dans  une  Epitre  à  fe« 
M.  de  Vendôme. 

Mais  dès  qu'il  vous  arrivera 
Le  moindre  mal,  on  me  verra 
Vite  à  Saint  Germain  de  la  Truitt 
Frère  fervant  d'un  autre  Ermite  , 
Quijera  VAbbé  de  Chaulieu , 
Sur  ce  je  vous  comnaende  à  Dieu. 

COMMENDERIE.  Foye^  Commanderie. 

COMMENDEUR.  Toy^^  Commandeur. 

COMMENSAL,  adj.  C'eft  une  épithète  qui  fe  donne 
aux  Officiers  du  Roi  qui  ont  bouche  en  Cour  ,  pen- 
dant qu'ils  font  de  fervice.  Convz7?or.  Le  privilège 
du  Committimus  du  grand  Sceau  n'étoit  auttefois 
attribué  qu'aux  Officiers  Commensaux  de  la  Maifon 
du  Roi.  Les  Commenfaux  de  la  Maifon  du  Roi  onc 
leurs  caufes  commifes  par  devant  MefTieurs  les  Maî- 
tres des  Requêtes  de  l'Hôtel,  ou  par  devant  MefTieurs 
des  Requêtes  du  Palais.  Le  mot  Commenfaux  fe 
trouve  éctit  avec  un  ç  dans  la  nouvelle  pratique  d« 
M.  Lange. 

Ce  mot  vient  du  latin  Commenfalis ,  8c  lignifie 
proprement  ceux  qui  mangent  à  la  même  table  ; 
c'eft  dans  ce  fens  que  la  Fontaine  l'a  employé  dans 
fes  Fables, 

Bertrand  avec  Raton,  Tunjînge  ^t  autre  chat  ^ 
Commenfaux  d'un  logis  avoient  un  commun  maître^ 

La  Font. 

§3"  On'z^çeWe  commenfaux  des 'Eseqnts  ,  des  Ec- 
clélîaftiques  qu'ils  choifîffent  pour  les  aider  dans  les 
fondrions  de  leur  miniftère  ,  &;  qui  font  ordinaire- 
ment à  leur  fuite.  C'eft  pourquoi  ils  font  dits  in 
comitatu. 

COMMENSURABILITÉ,  f.  f.  terme  de  Géométrie. 
Rapport  de  deux  quantités  qui  peuvent  fe  mefu- 
rer  par  une  mefure  commune ,  fans  laifîer  aucua 
refte. 

COMMENSURABLE,  adj.  terme  de  Géométrie ,  fe 
dit  de  deux  quantités  rapportées  l'une  à  l'autre  ,  qui 
fe  peuvent  mefurer  par  une  mefure  commune  ,  en 
telle  forte  que  la  mefure  étant  plufieuts  fois  prife 
fur  l'une  &  fur  l'autie,  il  n'y  ait  en  l'une  ni  en 
l'autre  aucune  partie  de  refte.  fp"  Les  quantités  ecm' 
menfurables  font  celles  qui  ont  quelque  partie  ali- 
quote  commune ,  qui  ont  un  rapport  de  nombte 
à  nombre.  Ainfî  un  pas ,  &  une  toife  font  commen- 
furables  ,  parce  que  l'on  peut  donner  une  troifième 
quantité  pour  mefurer  l'un  &  l'autre  :  le  demi-pic  , 
par  exemple ,  pris  cinq  fois ,  fait  le  pas ,  &  pris  1 2  , 
il  fait  la  toife.  Euclidc  au  livre  10  des  Elémens  3. 
traité  des  giandeurs  commenfurables  Scincommen- 
furables. 

0C?  Les  nombres  commenfurables  font  ceux  qui  ont 
quelqu'auttes  nombres  qui  les  mefurent  exadement, 
on  les  divife  fans  tcfte.  (î  Se  8  font  commenfurables 
l'un  par  rapport  à  l'autre  ,  parce  que  z  les  divife. 
Ce  mor  vient  de  commenÇurabdis ,  commenfura  ^ 
de  la  baffe  latinité  ,  fait  de  menfura ,  metior. 

(fT  COMMENT  ,  f.  m.  ample  commentaire.  Rabe- 
lais s'eft  fervi  de  ce  mot. 

COMMENT,  de  quelle  manière,  de  quelle  forte.  Quo* 
modo,  quo  pacîo  ,  quâ  ratione.  Comment  tout  le 
monde  fe  porte-t-il  chez  vous  î  Co/Tzœe;:/ avcz-vous 
parte  la  journée  î  II  ne  m'a  pu  dire  comment  cela 
s'eft  paflc.  Vaugelas  a  remarqué  qu'on  peut  dire 
quelquefois  indifféremment  comme  &  comment;  par 
exemple,  vous  favez  comme  il  faut  faire,  ou  com' 
ment  il  faut  faire.  Mais  fouventcela  feroit  une  équi- 
voque. Quand  on  dit,  voyez  comment  il  travaille  « 
cela  tombe  fw  U  »pai)içiç  4«^  U  wavwiie  :  ôc  ^ 


C  O  M 

l'on   dît  en  raillant  ,  voyez  comme  il  travaille  , 
cela  tombe  fur  la  perlonne ,  èc  fait  entendre  que 
celui  qui  doit  travailler ,  ne  travaille  poiat,  ou  qu^il 
ne  travaille  point  comme  il  faut.  Chev. 
|ÎCr  Comment  fe  dit  fouvent  par  forme  defubftan- 
tif.  En  toute  matière  ,  le  comment  eft  toujours   le 
point  de  la  difficulté.  Le  coimnait  des  myftères  ell: 
auffi  impénétrable  que  le  myftcre  même.  11  ne  s'agit 
pas  d'examiner  h  comment  àz;^  myûcïss,  mais  la 
.  certitude  de  leur  révélation.  Fenelon. 
Comment  fert  aufïi  d'exclamation.  On  l'emploie  pour 
exprimer  quelque  mouvement  de  l'ame  -,  comme 
lorfque  l'on eft  étonné  ou  indigné  de  quelque  chofe. 
Comment  eft-il  poffible  qu'il  y  ait  des  hommes  fi 
Icélérats  !  Comment  avez-vous  lahardiefle  de  me  par- 
ler de  la  forte  ? 
Comment  fignifie  quelquefois ,  comme.  Tous  les  ti- 
tres des  Chapitres  des  anciens  Romans  ScHiftoriens 
commencent  ainii ,  comment  le  Roi  Périon  ,  &c. 
^  Comment  Amadis ,  &c.  En  ce  fcns  il  vieillit, 
"Comment  fignifîe  au/fi  quelquefois,  pourquoi,  par 
quelle  TziCoïl.-Quare,  quianam.  Je  ne  puis  compren- 
dre comment  il  a  rompu  avec  moi.  Si  cela  eft  ,  com- 
ment lui  avez-vous  demandé  cette  fomme  î  Com- 
ment  vous  adreffez-vous  à  moi ,  plutôt  qu'à  un  autre. 
^COMMENTAIRE,  f.m.  Interprétation  ,^  ou  explica- 
tion du  texte  d'un  Auteur   obfcur ,  ou  difficile  , 
pour  le  rendre  plus  intelligible,  plus  clair,  poui 
iuppléer  à  ce   qu'il  n'a  pas  "  bien  expliqué ,  ou  qu'il 
luppoibit    être    connu.    fJCF    Eclairciflément     ilir 
les    endroits  obfcurs   d'un  Auteu-r.    La  g/ofe  dif- 
fère du  commentaire  en  ce  qu'elle  eft  plus  littéral  le 
&  fe  fait  prelquemot  à  mot.  Ls  commentaire  eft 
plus  libre  &  nîoins  aflujetti  à  la  lettre,  commenta- 
nus  ,  commentariiim  ,fcriptoris  alicujus  interpreta- 
tio,  explanatio.  Ces  fortes  d'eclairciffemens   font 
aflcz  ordinairement  diffus  fut  ce  qui  s'entend  ai- 
fément ,  &  gardent  le  lilcnce  fur  les  endroits  diffi- 
ciles. Savilius  a  fait  un  commentaire  de  500  pages 
in-quarto  ,  pour  expliquer  les  huit  premières  p\o- 
poiitions  d'Euclide.  C'eft  la  pareffe  des  hommes  qui 
a  engagé  les  Savans  à  faire  des  commentaires  fur 
les  Anciens  Auteurs  les  plus  obfcurs.  LePere  Jou- 
vency  ,  Jéfuite ,  a  fait  de  favans  Commentaires  pour 
la  jeuneife  fur  Horace ,  Juvenal ,  Perfe  ,  Martial  & 
Senéque. 
Commentaire  fe  dit  auffi  de  quelques  Hiftoires  écri- 
tes par  ceux  qui  ont  eu  la  plus  grande  part  aux 
faits  qui  y  font  rapportés ,  comme  les  commentai- 
res de  Céfar  ,  de  Montluc.  Commentarii.  On  a  quel- 
quefois appelé  commentaires  ,  des  Livres  compo- 
fés  fur  un  fujet  particulier.  Kepler  a  écrit  un  excel- 
lent Livre  de  commentaires  de  Mars  ,   qui  con- 
tient les  obfervations  des  mouvemens  de  cette  Pla- 
nète, 
Commentaire  fe  dit  figurément  de  l'addition  que 
fait  à  une   Hiftoire  ,   ou  à  un  Conte ,   celui  qui 
la  récite-,  des  diverfes  réflexions  &  raifonnemens 
que  chacun  fait  à  fa  fantaifie  fur  les  aétions  d'au- 
truiigCT"  de  l'interprétation,  ordinairement  ma- 
ligne, qu'on  donne  aux  difcours  ou  aux  aélions 
d'autrui.  Avouez-le  ,  votre  fonnet  étoit  bien  mal 
fans  commentaire.  G.  G.  J'ai  entendu  réciter  cette 
affaire  autrement,   ce  que  vous  dites  eft  un  com- 
mentaire  que  vous  y  faites.  Quand  Charles-Quint 
fit  fon  abdication ,  les  peuples  rirent  d'étranges  com- 
mentaires fur  fa  retraire. 
^CF  ^Commentaire  a  lignifié  autrefois  des  tablettes^ 
ou  un  livret  où  l'on  écrivoit  ce  qu'on  craignoit 
d'oublier, 
tp- COMMENT  ARIEN  SIS  S A\\.  terme  d'Hiftoirean- 
cienne.  Durement  latin.  Celui  qui  tenoit  un  régître. 
COMMENTATEUR,  f  m.  Celui  qui  fait  un  com- 
mentaire» Voye^  ce  mot.  Alicujus  j'criptoris  inter- 
pres.  Prefque  tous  les  Commentateurs  expliquent 
les  légères  difficultés  de  leur  texte ,  &  pailént  par 
dejfus  les  grandes.  Il  arrive  d'ordinaire  qu'un  Com- 
mentateur fe  confume  à  fuppofer  à  fon  Auteur  des 
beautés  auxquelles  il  n'a  point  fongé  ,  Se  à  l'enrichir 


CÔM 


de  fes  propies  penfécs.S.  Evr,  Les  Commentateur^ 
rebutent ,  parce  qu'ils  font  trop  abondans  ,  &  d'or- 
dinaire chargés  d'une  vaine  &  faftueufe  érudirion» 
La  Bruy.  Les   Commentateurs  ,  peuple  liipcrlH- 
tieux,  admirent  toutes  les  expreilions  d'un  Auteuc 
qu'ils  ont  choili  pour  l'objet  de  leur  culte.  F»n- 
ten.  Bien  fouVent  des  Commentateurs  cntaflcnt  une 
litCérarure  mal  choifie  ,  qui  ne  fert  qu'à  fàtii^uer  les 
Lecteurs ,  &  s'amufent  à  prouver  des  choies  qu'il 
vaudroit  mieux  ignorer  éternellement ,  que  d'avoir 
la  peine  de  les  lire.  S.  Evr. 
COMMENTATRICE,  f  f.  Mot  nouveau  qui  fignifîe 
celle  qui  a  fait  un  commentaire.  Au  talent  Poétique 
de  M.  de  la  Morte,  M.  Fourmont fubftituelegoût 
pour  la  Poëlie  dans  Madame  Dacier ,  &  il  prétend 
que  la  qualité  d'imitateur  eft  balancée  par  celle  de 
commentatrice.  ]qxjki<i.  des  Sav.   17KJ. 
COMMENTER,  v.  a.  Faire  un  commentaire.  Scrip- 
torem  aliqucm   commentari,  interpretari,  Pcrérius 
a  commenté  la  Genèfe.  Maldonat ,  a  commenté  les; 
Evangiles.  Cornélius  à  Lapide  a  commenté  les  Epi- 
tresde  S.  Paul. 
^fT  CoMATENTER  eft  aUfT)  neutre,  &  fignifie  tournée 
en  mauvaife  parc,  inrerprétet  malignement.  Daris 
cette  acception  il  fe  met  avec  la  prépofition  fur. 
Il    ne  faut  point    commenter  fur  les    adtions   des 
autres,  , 

|ICF  Erantpris  abfolument ,  il  fignifie  ajouter  mali- 
gnement quelque  chofe  à    la  vérité.  Il  commente 
un  peu  ,  il  en  dit  plus  qu'il  n'y  en  a.  Comminifci , 
dicendo  ampUjicare, 
Commenté  ,   ée.  parr. 

Tous  ces  mors  viennent  du  latin  commentor  ,  com- 
mentatus  Jum, 
COMMER.  V.  n.  Faire  une  comparaifon  ,  dire  qu'une 
chofe  eft  comme  une  autre.  Il  ne  fe  dit  qu'en  ftyle 
familier.  Comparare  ,  comparationem  injiituere^  Je 
vous  prie ,  Monfieur ,  ne  commuons   point  ;  ne  fai- 
fons  point  de  comparaifon.  Ce  mor  peut  venir   de 
comme^  Quand  on  veut  faire  quelque  comparaifon 
on  dit  comme.  J'ai  trouvé  dans  une  des  dernières 
Editions  de  Montagne  (  liv.  i  ,  chap.   10  un  peu 
avant  la  fin  )  Si  je  ne  conte  bien  ,  qu'un  autre  conte 
pour  moi.  Mais  dans  toutes  les  plus  anciennes  il  y 
a,  Si  ]e  ne  comme  bien,    qu'un  autre  comme  pour 
moi ,  c'eft-à-dire  ,  fi  je  ne  fais  pas  une  application 
jufte  &  raifonnable  des  exemples  qui  me  tombent 
fous  la  main  ,  qu'un  autre  les  applique  pour  moi.  Le 
verbe  iommer  n'eft  pas  encore  tout-à-fait  hors  d'u- 
fage  ;5c  il  faudroit  le  conferver  fi  l'on  n'en  a  point 
d'autre  à  mettre  à  la  place.  Nos  percs  étoient  plus 
fages  que  nous  fur  cet  article.  Ils  faifoient  des  mots  , 
quand  ils  en  avoient  befoin,  pour  exprimer  leui:s 
penfées  d'une  manière  vive  &  courre  j  &  ils  ne  fe 
dégoûtoient  point  de  ceux  dont   ils   avoient  ac- 
tuellement befoin.  M.  Coste  ,  note   1 8  fur  le  chap, 
cité, 
COMMERÇABLE.  ad).  Qui  peut  être  commercé  aifé- 
menr.  Rien  n'eft  plus  commerçable  que  les  billers 
des  bons  Banquiers.  |ic?  On  ne  le  dit  guère  que 
des  billets  &  autres  effets  qui  entrent  dans  le  com- 
merce. 
COMMERÇANT  ,  ANTE.  C.  Celui  ou  celle  qui  com- 
merce en  gros.  Un  bon  commerçant ,  lin  riche  corn- 
merçant. 
§3"  COMMERCE ,  f  m.  fignifie  en  général  commu- 
nication réciproque,  &:  plus  parriculièrementcom-: 
munication  que  les  hommes  fe  font  entr'euxde  leurs 
marchandifes,  ordinairement  par  vente  &  par  achat, 
Commercium.  Un  tel  Banquier  fait  un  grand  com- 
merce d'argent.  Ce  Marchand  fait  le  commerce  tx}. 
gros  i  celui  ci  ne  le  fait  qu'en  détail,  ht  commerce 
d'Orient  eft  celui  qui  fe  fait  par  la  Méditerranée  à 
Alexandrie ,  à  Smyrne  ,   à  Alep.  Le  commerce  des 
Indes  ,   celui  qui  fe  fait  à  Surate ,  à    Batavia.  Le 
commerce  du  Nord ,  celui  qui  fe  fait  à  Lubec,  Dant- 
zic  ,  à  Atchangel ,  &c.  Toute  la  richeffe  des  Hol- 
landois  vient  d'avoir  bien  fair  le  commerce.  Le  Con- 
fui  du  Caire  eft  celui  qui  fait  to-ut  le  commerce  da 


C  O  M 


72.0 

fcnc.  Anciennemeni  tout  le  commence  fe  faifoit  par 
échange.  Dac.  Scipion  ,  le  defttudeui:  de  Nu- 
mance",  peut-èue  pour  évher  iulqu'à  l'ombre  du 
nc2;oce  &  du  comincrcs  :,  n'acheta  &;  ne  veiaditja- 
ma'is  rien  pendant  54  ans  qu'il  vécue.  Voye^  plu- 
fieurs  choies  fur  le  commera  dans  les  Injtuuts  du 
Droit  Cunjulaire  ^0.1  jeanToubeau. 
03=-  Le  îiegocc,  dit  M.  l'Abbé  Ghatd,  regarde  les 
affaires  de  banque  &c  de  marchandiies.  Le  com- 
merce &  le  trafic  ne  regardent  que  celles  de  mar- 
chandiies i  avec  cette  différence ,  ce  me  lemble ,  que 
le  commerce  lé  tait  plus  par  vente  ôc  par  achat  i  &: 
le  trafic  par  échange. 

Il  y  a  environ  600  ans  que  les  AUeraans  &  Ita- 
liens ranimèrent  le  commerce  ,  prelque  éteint  dans 
l'Europe  par  les  guerres  continu-Iles  ,  &  ihr  tout 
par  les  pirateries  "des  Normans.   Le  commerce  des 
Italiens  fe  faifoit  à  Alexandrie ,  &  dans  les  ports 
de  Syrie  ;  ils  en  apportoient  des  épiceries  ,  des 
drogues,  des  foies,  qu'ils  achetoient  des  Arabes, 
maîtres  de  l'Egypte ,  de  la  Syrie  5c  d.e  la  Perfe , 
&  qui  de  leur"  côté   trafiquoient  avec  les  Indiens 
&  les  Chinois.  Ce  commerce  des  Italiens  étoit  un 
îefte  de  celui  que  les  Romains  &:  les  Grecs  avoienc 
fait  dans  les  mêmes  lieux  :  c'cfl:  à  ce  commerce  que 
les  fameulés  Républiques  de  Venilé,    de  Gênes  , 
de  Pilé  ^  de  Florence  ,  durent  leur  accroilfcmenc 
&:  leur  éclat.  Le  trafic  des  Allemans  ne  vcnoit  pas 
des  Romains ,  il  étoit  plus  ancien,  &:  s'étoit  tou;ours 
foûtenu.  Vers  la  fin  du  XIF  liccle  les  villes  d'Al- 
lemagne fituées  fur  la  mer  Baltique  ,  &  les  groiks 
rivières  qui  s'y  rendent ,  commerçoient  beaucoup 
dans  les  Etats  voilins.  Comme  leur  commerce  étoit 
fouvent  troublé  par  les  pirates,  foixante  &  douze 
de  ces  villes  s'unirent  enkmble  ,  pour  fe  dépendre  , 
&  furent  appelées  Anfeatiques  du  vieux  mot  Tu- 
defque ,  anfa  ,  qui  fignifie  confédération  ,   comme 
M.  Leibnitz  l'a  monué.  Lem  commerce  Reunt]ui- 
ques  vers  le  commencement  du  XVI'  fiècle ,  ou  la 
fin  du  XV'.  La  divilion  qui  fe  mit  entre  ces  villes , 
à  peu  près  au  même  temps  de  la  découverte  que 
firent  les  Portugais  d'une  nouvelle  route  pour  aller 
aux  Indes  par  le  Cap  de  bonne  Efpérance,  fit  tom- 
ber le  commerce  des  Italiens.   Celle  de  l'Amérique , 
&:  des  mines  du  Pérou  &  du  Mexique ,  fit  tour- 
ner de  ce  côté  -,  Cadix  &  Séville  devinrent  le  centre 
de  ce  riche  commerce.  Le  commerce  d'Europe  n'en 
fouffirit  point,  le  Nord  &  le  Midi  ont  mutuelle 
ment  belbin  l'un  de  l'autre.  La  navigatioti  depuis 
la  mer  Baltique  jufqu'à  la  Méditerranée  éioit  longu.- 
&:  difficile.  La  fituation  de  la  Flandre  ,  les  manu- 
fadures  qui  y  fleurillbienr  depuis  le  X'^  fièclc,  & 
les  foires  franches  de  ce  pays,  engagèrent  les  Né- 
çocians  du  Midi  &  du  Nord  à  établir  leurs  ma 
gafins  dans  Bruges ,  6i  puis  dans  Anvers.  L'ctablif 
fement  de  la  République  de  Hollande  ,    l'accueil 
favorable  qu'elle  fair  aux  étrangers,  le  refuge  qu'elle 
donne  aux  Religionnaires ,  y  ort  attiré  les  ouvriers , 
les  manufaâ;urcs ,  &  fait  périr  le  commerce  d'An- 
vers ,   qui  l'emportoit  beaucoup  fur  Amfterdam. 
Les  mêmes  railbns  5«:  la  commodité  de  la  multi- 
tude des  ports  d'Angleterre,  la  bonté  des  laines, 
l'induftrie  des  ouvriers ,  y  ont  fait  palier  une  grande 
partie  du  commerce.  Voyez  le  grand  Tréfor  hido- 
rique  &  polirique  du  floriffant  commerce  des  Hol- 
landois  ,  ùc.  Le  F  Chap.  de  ce  Livre  eft  une  Hi- 
ftoire  curieufe  du  commerce  d'Europe. 
^  Lt  commerce  ,  confidcré  par  rapport  au  corps  po- 
litique ,  eft  proprement  la  circulation  intérieure  des 
denrées  d'un  pays  ou  de  fes  colonies ,  l'exportation 
de  leur  fuperflu  ,  &  l'importation  des  denrées  érran- 
gères ,  foit  pour  confommer ,  foit  pour  les  réex- 
porter. Encyc. 
|Cr  Ce   commerce  fe    divife  en  intérieur  &  exté- 
rieur. 
^  Le  commerce  intérieur  efl:  celui  que  les  Sujets 
d'un  Prince  font  enrr'eux  ,   dans  l'étendue  feule- 
-  ment  du  même  état  dont  ils  font  Suicts.  Cette  cir- 
i  «ulation  extérieure  eft  la  cofommation  que  les  Ci- 


COM 

toyens  font  des  produdfions  de  leurs  terres  &  de 
leur  induftrie. 
^3"  Le  co/iimerce  extérieur  eft  celui  qu'une  fociété 
politique  tait  avec  les  autres.  Il  renferme  toutes 
les  elpèces  de  commerces ,  foit  par  terre,  foit  pat 
mer ,  que  les  Sujets  du  même  Etat  ont  cout-.me 
de  faire  au  de-là  de  fa  frontière. 
lyy  Le  commerce  précaire  eft  celui  qui  fe  fait  par  une 
nation  avec  une  autre  qui  eft  fon  ennemie,  par  le 
moyen  d'un  troifième  qui  eft  neutre  ,  &  qui  veut 
bien  fouffrir  qu'on  emprunte  fes  terres  Si  fon  nom 
pour  le  laire. 
Commerce  fignifie  aufll    la    correfpondance  ,    l'in- 
telligence qui  eft  entre  les  Etats.  Les  An.^ois  ont 
rompu  tout  commerce  avec  la  France.  On  a  rap- 
pelé   l'Ambaffadeur   çl'Efpagne  ;  il  n'y  a  plus  de 
•      commerce  entre  ces  deux  Nations. 
Commerce  fe  dit  auffi  de  la  correfpondance  j  de  l'in- 
telligence qui  eft  entre  les  particuliers,  foit  pour 
des  affaires  particulières  ou  fimplement  pour  en- 
tretenir l'amitié.  Ce  Savant  a  commercé  avec  tous 
les  habiles  gens  de  l'Europe.  Ces  amis  onr  un  com- 
merce d'cfprit  &  d'amitié  enfemble.    Il  y  a  quel- 
que chafe  de  plus  aifé  &  de  plus  poli  ,    dans  le 
commerce  des  femmes ,  que  dans  celui  des  hommes. 
S.  EvR,  Nos  yeux  faifoient  un  commerce  continuel 
de  regards  éloqucns.  Vill, 

Ori  dit,  en  ce  fens  ,  le  commerce  de  la  vie,  le 
commerce  du  monde  ,  en  parlant  des  choies 
qui  entretiennent  la  fociété  civile  ,  des  manières 
d'agir  qui  s'oblérvent  dans  le  monde.  La  fcicnce 
commence  un  honnête  homme  ,  &:  le  commerce  du 
monde  l'achève.  S.  Evr.  La  vie  de  la  plupart  des 
hommes  n'eft  qu'un  commerce  de  complimens  & 
de  flarerie  ,  pour  fe  tromper  les  uns  les  autres. 
Beii..  La  providence  entretient  la  charité  parmi 
les  hommes ,  par  le  commerce  de  fetours  &;  d'af- 
fiftances  mutuelles  qu'ils  fe  rendent.  Fiéch.  Le 
monde  eft  un  commerce  d'apparence  de  bonne  foi 
&  de  tendreffe.  S.  Evr.  Il  n'eft  pas  néceffaire  de 
rompre  tout  commerce  avec  les  hommes  pour  s'u- 
nir à  Dieu.  Id,  Les  beaux  efprits  ne  font  pas  tou- 
jours les  plus  commodes  pour  le  commerce.  Beh. 
La  nature  donne  une  partie  de  l'efprit,  &  \z  com- 
merce du  monde  donne  l'autre.  Le  Ch.  de  Mer. 
On  dit  qu'un  homme  eft  de  bon  ccm.merce  ;  pour 
dire,  qu'il  eft  d'agréable  fociété  -,  &  d'un  commerce 
sûr ,  pour  dire  qu'on  peut  fc  fier  à  lui ,  lui  con- 
fier un  fecret. 

Enfin  pour  finir  fur  ccli , 

Catulle,  Titul/e ,  Froperce^ 

Et  3,en$  de  ce  calitre-là. 

Sont  tous  d'un  afifie^  bon  commerce, 

P.  Du  Cerc. 

Le  mot  de  commerce ,  en  nr>tre  langue ,  eft  de  foi 
indifférent  au  bien  Se  au  mal ,  &  c'eft  le  terme  qu'on 
y  joint ,  ou  la  matière  dont  il  s'agit,  qui  le  dé- 
termine à  l'un  ou  à  l'autre  -,  ainfi  nous  difons  en 
ce  qui  regarde  les  mœurs ,  un  bon  commerce ,  un 
mauvais  commerce ,  un  commerce  innocent ,  un  coot- 
OTcrre  légitime  ,  un  coOTWfTce  illicite,  un  commerce 
de  débauche ,  un  commerce  d'efprir ,  un  commerce 
de  lettres.  Dans  tous  ces  exemples  le  terme  qui  eft 
Joint  à  commerce  en  détermine  la  fignification. 
Dans  les  exemples  fuivans,  c'eft  la  matière  j  un  tel 
fréquente  une  telle  femme ,  dont  la  conduite  n'eft 
point  régulière  :  il  a  commerce  avec  elle ,  ils  ont 
commerce  enfemble.  Il  eft  dangereux  d'avoir  com- 
merce avec  les  femmes  débauchées.  En  ces  cas-là , 
commerce  donne  une  mauvaife  idée ,  parce  que  la 
matière  eft  mauvaife  d'elle-même  :  mais  je  dirois 
en  parlant  d'un  homme  fage  &  d'une  femme  ver- 
tueulé,  qui  s'écrivent  très-fouvenr,  ils  ont  un  grand 
commerce,  cela  ne  laiffe  rien  pcnfcr  de  mauvais.  La 
matière  détermine  auffi  à  un  fens  honnête  le  m.ot 
de  commerce  ,  lorfqu'il  s'agit  du  mariage  \  ainfi  on 
peut  dire,  Saint  Henry  6c  fa  femme  viv oient  comme 

frère- 


C  0  XI 


Go  M 


frère  &  fœur  ,  ils  n'avoient  point  de  commerce  en. 
femblc ,  ils  ont  été  plufieurs  années  cnlemble  lans 
avoir  aucim  commerce.  DànS  ces  exemples,co/«wtTCt? 
s'enrenrl  d'un  commerce  légitime,  &  ce  mot  pla- 
cé ,  comme  il  eft ,  ne  préfcnte  à  l'el'firit  aucune  idée 
de  débauche  -,  c'eft  donc  à  tort  que  quelques  Cri- 
tiques fe  iônt  Icandalilcs  de  cette  expreHion  du 
NouveaU-Teil:ameht  traduit  par  le  P.  Bouhours  : 
Marie  ia  mère  ayant  été  mariée  à  Jofeph  lé  trouva 
enceinte /;^r  la  vertu  du  S.  Efprit,  avant  qu'ih 
eufTent  commerce  ertfemble ,  comme  fi  le  mot  de 

■  xommer'ce  bleflbit  leS  oreilles  chaftes  ,  &  devoir 
patîér  pour  une  impropriété  &  un  terme  des- 
honnète. 

CoMMEtiCE  fe  dit  encore  en  Philbfophie  de  la  cor- 
relpond.ince  mutuelle  de  l'ame  &  dii  corps  ,  c'eft-à- 
dire ,  de  l'adion  de  l'ame  fur  le  corps ,  bc  du  corps 
fur  l'ame.  Ce  commerce  peut  être  conçu  dé  deux 
fortes ,  comme  phyiiquc  ou  moral.  Commerce  phy- 
fîque  de  l'ame  &  du  corps  ,  c'eft ,  comme  je  l'ai 
dit ,  l'a-élion  mutuelle  du  corps  &  de  l'ame  l'un 
fur  l'autre.  Le  commercé  mdral  eft  celui  qui 
feroit  ,  s'il  n'y  avoit  que  des  caufes  occafionnel- 
îes  ,  c'eft-à-dirÈ,  fi  c'étoit  Dieu  qui,  à  l'occa- 
iîon  de  certains  mouvemens  du  corps  ,  produi- 
sît en  l'ame  certaines  perceptions  ou  fentimens  j 
&  à  l'occafion  de  certaines  perceptions  ,  cer- 
tains mouvemens  dans  le  corps.  Ce  commerce  mo- 
ral eft  une  chimère  dangereufe  en  matière  de  Re- 
ligion &  de  mœurs ,  &  qui  dérruit  abfolument  la 
volonté ,  la  liberté  ,  Ic  mérité  &  le  démérité ,  & 
toutes  les  vertus  &  les  mœurs. 

Commerce,  f.  m.  Jeu  de  cartes  qui  fe  joue  avec  le 
grand  jeu  complet,  &  depuis  trois  perfonnes  jul- 
qu'à  huit  ou  neuf.  L'as  eft  la  première  carte  ,  & 
les  autres  fuivent  à  l'ordinaire  :  on  en  donne  à 
chacun  ttois.  Chacun  met  devant  foi  un  pareil 
nombte  de  jetons  appiécics  à  ce  qu'on  veut.  Cha- 
cun vife  à  avoir  rricon  ,  féquence ,  ou  le  point  -, 
car  ee  font  les  uniques  chofes  qui  gagnent.  Le  tricon 
l'emporte  fur  tout ,  la  féquence  après ,  &  le  ^loint 
le  dernier.  Pour  parvenir  à  cet  avantage  ,  on  com- 
merce avec  le  Banquier  ,  c'eft-à-dire ,  celui  qui  a  fait , 
en  changeant  une  de  fes  cartes  contie  une  du  talon 
qu'il  voLis  délivre  ,  &  lorfqu'ôn  a  trouvé  ce  que 
l'on  cherche ,  on  déclare  qu'on  s'y  tient.  Ce  jeu 
fe  joue  quelquefois  d'une  manière  bien  pliis  com- 
pliquée ,  iTiais  quelquefois  moins. 

COMMERCER,  v.  n.  Faire  commerce.  Habere  com- 
merciiim.  Ce  Banquier  commerce  d'argenr.  Ce  Mar- 
chand ne  commerce  que  d'épicerie ,  que  de  foies , 
&c.   Commercer  aux  Indes,  dans  le  Levanr. 

COMMERCI.  Ville  de  Lorraine  ,  capitale  d'une  Sei- 
gneurie de  même  nom.  Commerclum,  Commercia- 
cum.  La  Seigneurie  de  Commerci  eft  dans  le  Du- 
ché de  Bar.  La  ville  de  Commerci  eft  fur  la 
Meufei 

COMMÈRE,  f.  f.  Celle  c^ui  a  tenu  avec  quelqu'un 
un  enfant  fur  les  fonts  de  Baptême.  Quce  piierum 
de  facro  fonce  Jujcepit  ;  Matrina.  Celui  qui  a  été 
le  parrain  d'un  enfant  ,  eft  le  compère  de  celle  qui 
en  eft  la  marraine  ,  &  réciproquement  la  marraine 
eft  la  commeré  de  celui  qui  en  a  été  le  parrain* 
Le  père  &c  la  mete  de  l'enfant  font  compères  & 
commères  ée  ceux  qui  ont  été  parrains  du  mar- 
raines de  leurs  enfans.  Il  y  a  alliance  fpirituelle 
entre  le  père  de  l'enfant  &  la  comniere  qui  a  fervi 
de  martaine  -,  ils  ne  fe  peuvent  marier  fans  dif- 
penfe.  Le  Pape  Etienne  appelle  fouvent  dans  fes 
lettres  le  Roi  Philippe  fon  compère  &  la  Reine 
Bertrade  fa  commère  ,  &  les  deux  Princes  leurs  fils 
fes  enfans  fpiriruels  ;  ce  qui  fait  croire  qu'il  fut 
leur  parrain  ,  &  montre  que  ccS  noms  confacrés 
par  la  Religion  étoient  alors  des  titres  d'honneur 
ou  du  moins  qu'ils  n'étoient  point  du  ftylé  bas 
&  familier ,  comme  aujourd'hui. 

-CoMMERE.  Ce  mot ,  auflî-bien  que  celui  de  compère  , 
fe  dit  dans  les  apologues ,  des  animaux  entre  Jef- 
quels  on  fuppofe  de  l'union  &c  de  l'amitié. 
Tome  lié 


^U 


Uonâe  etoit  franfpartnte  i 
Ma  commère  la  carpe  y  faifoit  mille  touYS 
Avec  le  brochet  fon  compefe.  La  Font. 

CoMMERE  fe  dit  auffi  d'une  femme  de  bafle  condi- 
tion qui  fait  l'entendue  ,  qui  parle  de  tout  à  tort 
&  à  travers ,  ôc  qui  veut  lavoir  toutes  les  nouvelles 
du  quartier.  Mulier  jaciuofa ,  jaciabunda  ,  ojlen- 
larix  ,  alicujus  inter  fuos  fuajque  nominis,  Cbn- 
noifléz-vous  cette  femme  ?  c'eft  une  commère  ,  une 
vraie  commère.  On  dit  aulfi ,  d'une  femme  i  c'eft 
une  bonne  commère  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eft  hardie 
&  rufée  ,  qu'elle  va  à  feS  fins  fans  fe  mettre  en  peine 
de  rien. 

On  dit  proverbialement ,  tout  va  par  compère 
&'par  commère  ;  pour  dire ,  que  c'eft  la  faveur  Se  la 
recommandation  qui  font  tout. 

COMMETTAGE,  f.  m.  terme  de  Cordier.  Réunion 
de  plufieurs  fils  ,  de  plufieurs  torons  ou  cordbns 
par  le  tortillement. 

COMMETTANT,  f.  m.  Terme  de  Commerce  &  de 
Pratique.  Celui  qui  donne  à  un  autre  commillion 
de  faire  quelque  chofe.  Son  commettant  lui  a  donné 
ordre  d'acheter  telles  matchandilés. 

^3"  Commettant  fe  dit  aUlfi  en  termes  de  Né^o- 
ciarions. 

(fT  COMMETTEÛR  ,  f.  m.  ternie  de  Cordetie.  Ce- 
lui qui  commet.  Foye:^  Commettre  ,  terme  de 
Corderie. 

COMMETTRE,  v.  â. §3"  qui  a  plufieurs  acceptions. 
Il  eft  fynonyme  à  faire  :  mais  alors  il  ne  le  prend 
qu'en  mauvaife  part ,  &  ne  fe  dit  qUe  de  ce  qui 
eft  péché ,  crime  ou  faute.  Commettre  un  crime  , 
une  faute  ,  une  mauvaife  at^ion.  Faire  eft  plus  gé- 
néral 5  &  fe  dit  des  aélions  bonnes  &  mauvailes. 
On  ne  peut  pas  dire  commettre  une  bonhe  aétions 
Facinns  ,fcelUs  ,fiagLtiuni  committere  ,  admittere  ; 
fcclere  obfirmgere.  Il  a  cotnmis  une  méchante  ac- 
tion ,  un  crime  ,  une  faUté  légère  ,  une  irrévérence 
dans  l'Eglife.  C'eft  commettre  une  incivilité  que , 
&c.  commettre  un  afiairmat. 

Commettre  fignifie  auHi  ,  confieir  quelqiie  choftf^ 
à  la  prudence,  à  la  fidélité  de  qiielqu'un.  ^/i^w/^ 
priidentiiz  ,  fiiei  alicujus  committere ,  credere  ,  con- 
credere.  Cet  homme  eft  habile,  on  peut  commettre 
à  fes  foins  les  chofes  les  plus  importantes.  Il  a 
commis  la  conduite  de  fon  fils  aux  foins  ,  à  la  vi- 
gilance de  ce  Gouverneur.  On  lui  d  commis  le  foin 
de  cette  affaire. 

Commettre  fignifie  aullî ,  employer  à  quelque  ire- 
couvrement ,  prépofer  pour  quelque  aflFaire.  Rerri 
aliquam  alicui  corrirhittere  ,  mandare ,  demandare  i 
praponcre  aliquem  alicui  rei.  Ce  Financier  a  ccm~ 
mis  plufieurs  perfonnes  en  plufieurs  Bureaux  pour 
la  recette  des  droits  du  Roi.  Il  a  été  commis  pour 
avoir  foin  ,    &c. 

Commettre  fignifie  encore,  donner  pouvoir  d'exer- 
cer une  charge  de  Judicature  i  ou  autre  charge  , 
en  là  place"  d'un  Titulaire.  Vicarids  alicujus 
partes  dlteri  tradere.  On  a  interdit  un  tel  Bailli  * 
&  on  a  commis  un  tel  pour  l'exercice  de  fa  charge. 
S'il  néglige  de  fe  faire  recevoir  ,  on  commettra  i 
fa  place.  Un  Intendant  a  pouvoir  de  commettre  8c 
de  fubdéléguer.  Commettre  quelqu'un  à  une  charge, 
à  un  emploi.  On  ne  le  dit  que  des  perfonnes. 

Commettre  fe  dit  aulTi  au  Palais,  du  pouvoir  qui 
eft  donné  par  les  Juges  à  des  Officiers  parricu- 
liers  de  leurs  Corps ,  ou  à  des  érrangers ,  de  faire  le 
rapport  ou  l'inftruâiion  d'une  affaire.  Curdm ,  ne- 
f^otium.  mandare ,  demandare.  Le  Pape  commet  des 
Prélats  du  Royaume  pour  juger  des  appella- 
tions qui  lui  font  dévolues  ,  pour  faire  la  fulmi- 
nation  de  fes  Bulles.  Les  Préfidens  commettent  des 
Confeillers  pour  faire  des  informations ,  des  in- 
ftrufbions  à  la  barre  des  adjudications ,  pour  voir 
des  procès ,  les  examiner ,  &  en  faire  le  rapport. 
Ils  com.mettent  des  Juges  de  la  Province  pour  faire 
des  vifites ,  des  defcentes ,  des  arpentages ,  pour 

Y  Y  y  y 


^1%  COM 

avoir  des  ccIairciiTemens  fur  les  affaires.  CelT:  M. 
le  Chancelier  qui  commei  les  Rappottei^rs  au  Con- 
feil. 
Commettre  ,  tn  ce  dernier  fens ,  Te  dit  aulTi  quel- 
quetbis  ablblument.  C'eft  aujourd'hui  que  M.  le 
Chancelier  commet ,  pour  dire  ,  c'eft  aujourd'hui 
que  M.  le  Chancelier  homme  ceux  qui  doivent  rap- 
porter les  inftances  devant  lui. 

On  dit  aufTi  commettre  quelqu'un  ;  pour  dire , 
rexpofer  à  recevoir  quelque  mortification ,  quel- 
que revers.  Aliquem  periculo  alicui  exponere. 
N'ayez  pas  peur  que  je  vous  commette  jamais.  Sur 
tout  je  vous  prie  de  ne  me  point  commettre.  ffT  Se 
commettre.  S'expofer  à  recevoir  quelque  mortifica- 
tion ,  à  tomber  dans  le  mépris.  Un  Ambairadeur , 
Un  homme  chargé  d'une  procuration  fe  commet 
quand  il  excède  fes  pouvoirs.  C'eft  fe  commettre 
que  de  fe  mefurer  avec  des  gens  de  la  lie  du  peuple. 
On  dit  tncou- ,  commettre  àznx  perfonnes  l'une 
avec  l'autre  \  pour  dire  ,  les  mettre  mal  enfemble , 
ou  les  expofcr  à  fe  brouiller.  Committere  duos  ho- 
mines  inier  fe.  Il  a  fort  imprudemment  commis  le 

ficre  avec  le  fils.  C'çft  un  indifcret  qui  commet  tous 
es  jours  fes  meilleurs  amis  les  uns  avec  les  aurrcs. 
Se  commettre  avec  quelqu'un  ,  fe  mettre  au  hazard 
d'avoir  une  affaire ,  un  démêle ,  de  fe  brouiller 
avec  lui. 

On  dit  auffi  commettre  le  nom  &  l'autorité  de 
quelqu'un  -,  pour  dire  ,  les  employer  en  des  chofes 
de  peu  de  confcquence,  oulcs  expofcr  mal- à-pro- 
pos au  mépris  de  ceux  auprès  defquels  on  les  em- 
ploie. Alicujus  aucloritatem  temerè  exponere. 

Dans    un    fens   à-peu-près  femblablc  ,  on  dit  , 
comrîiettre  les  armes  au  Prince ,  commettre  la  fortu- 
ne de  l'Etat  ;  pour  dire  ,  les  expofer  raal-à-propos 
au  hazard. 
IJCF  Commettre  fon  fief,  terlne  de  Jurifprudencc 
féodale.  Encourir  la  confifcation  de  fon  fief.  Pour 
l'explicaticîn ,   yoye^  Commise. 
Commettre  ,  terme  de  Cordier.  Réunir  plufieurs  fils 
par   le  tortillement,  pour  faire  des  ficelles,  des 
torons  ,  des  aulUères ,  des  cordons ,  des  grelins.  On 
dit-  commettre   une  corde  •,  une  corde  bien  com- 
mife  ,   &c.    L'ouvrier   qui    commet ,  qui  réunit  ces 
fils ,  s'appelle  commetteur. 
COMMIS  5 ISE.  part.  &  adj.  Commiffus  ,  admiffus. 
Crime  commis.  Juge  commis.  Affaire  commife.  On 
le  dit   auffi  en  terme  de  Corderie.  Corde  commife. 
Voyez  Commettre. 

On  dit  auffi,  qu'une  perfonne  ou  une  commu- 
nauté ont  leurs  caufes  commifes ,  quand  elles  ont 
droit  ou  privilège  de  plaider  en  certaine  juridic- 
tion. Ainfi  ceux  qui  ont  un  droit  de  committimus , 
ont  leurs  caufes  commifes  aux  requêtes  du  Palais , 
de  l'Hôtel  ,  &c.  L'Univerfitc  a  fes  caufes  commifes 
au  Châtelet  de  Pafis.  Les  Religieux  de  Cluni  & 
de  S.  Maur ,  6c  prefque  toutes  les  Congrégations 
les  ont  commifes  au  Grand  Confeil. 
Commis  [droit  de) ,  terme  de  Coutumes ,  de  Palais, 
&c.  C'eft  une  efpèce  de  confifcation  de  quelque 
bien ,  poui  félonie  ,  fraude  ,  trahifon  ,  ou  autre 
caufe  femblable.  f^^oye^^  Commise. 
^  COMMILITON.  f.  m.  CommUito.   Terme   de 
Milice  romaine.  Qui  porte  les  armes  avec  un  au- 
tre -,  foldat  de  la  même  armée  ,  &:  plus  particuliè- 
rement ,  foldat  de  la  même  légion  ,  de  la  même 
cohorte  ,  de  la  même  centurie ,  &c.  Au  lieu  de  ce 
mot,  nous  difons  camarade. 
COMMINATION.  f.  f.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Ta- 
chard  ,  pour  fignifier  menace.  Comminatio.  Il  n'eft 
pas  d'ufan;e. 
COMMINATOIRE ,  f.  m.  &:  ad;,  terme  de  Palais. 
Claufe  oppofée  dans  une  loi ,  dans  un  arrêt  ,  dans 
une  lettre  de  chancellerie  ,  qui  porre  une  peine 
dont  on  menace  les  contrevenans ,  qu'on   n'exé- 
cute pourtant  pas   à    la    rigueur.    Commmationem 
continens  ,  Comminatorius.  Quand  on  enjoint  à  un 
banni  de  garder  fon  ban  à  peine  de  la  hart ,  c'eft 
une  peine  Comminatoire ,  on  ne  le  pend  pas  pour 


COM 

cela  quand  il  ne  l'obferve  pas  ■■,  mai?  op  lui  fait  \jnè 
itérative  injondion  de  le  garder  :  &  le  temps  de 
fon  ban  n'eft  compté  que  du  j  our  du  fécond  arrêt. 

IjCf"  On  appelle  peines  comminatoires ,  celles  qui 
font  prononcées  en  termes  vagues  &  généraux  j 
&c  qui  font  plutôt  impofées  dans  le  deffein  d'arrê- 
ter la  licence ,  ou  d'empêcher  la  contravention  j 
que  dans  la  vue  d'infliger  une  punition  irrévoca- 
ble. 

gCT  Les  claufes  pénales  inférées  dans  les  aéleSjfont 
ordinairement  comminatoires ,  à  moins  que  leur 
inexécution  ne  caufe  un  dommage  réel  à  la  partie 
intéreffée. 

ifT  Cenlure  comminatoire  ;  uti  Su|5érieur  Eccléfiafti- 
que  menace  ceujc  qui  contreviendront  à  fes  loix; 
elle  n'eft  pas  encourue  par  le  leul  fait ,  il  faut  ijne 
fentence  du'Supéricur. 

Ce  mot  T'icnt  du  verbe  comminari ,  menacer , 
qui  vient  de  mina  ,  minarum  ,  menaces. 

COMMINER.  v.  n.  Terme  de  Cafuiftcs ,  qui  fe  dit 
en  parlant  des  cenfures  comminatoires.  Menacer. 
Comminari.  Les  Conférences  d'Angers  fè  fervent 
de  ce  mot ,  en  parlant  de  l'excommunication  com- 
minatoire. Il  eft  en  ufage  chez  les  Canoniftcs  pour 
les  cenfures  qu'on  appelle  ferendx  Jententice. 

Comminé  ,  Ée.  parr. 

ffj-  COMMINGES.  Foyei  CoMiNeE. 

COMMIS,  f  m.  Celui  qui  eft  charge  par  iin  autre  ,  de 
quelque  fonclion ,  quelque  emploi,  quelque  ma- 
niement cm  recouvremenr  dont  il  doit  rendre 
compte.  Negotia  Prt^fcius  ,  Prccpojîtus ,  cui  deman- 
datum  ef  ne^otium^res  commiffa  ;  Vicarius,qui  vi- 
ces alterius  s,erit ,  vicariam  alteri  operam  impendit. 
Les  Secrétaires  d'état ,  les  FinaHciers  ont  des  Com' 
mis  dans  leurs  bureaux ,  des  Commis  a,ux  portes  i 
aux  douanes,  des  Commis  ambulansj  des  Commis 
aux  recettes.  Les  GrefiBers ,  ont  des  Commis  dans 
les  greffes.  Les  Commis  au  gretft  du  Confeil  &  dans 
les  Parlemens ,  font  des  Officiers  titulaires.  Les 
Marchands  appellent  quelquefois  Commis ,  leurs 
facteurs ,  pour  leur  donner  un  nom  honorable. 
Sous-Commis  eft  celui  qui  travaille  fous  le  Com* 
m.is  dans  les  affeires  de  fa  coramiifion ,  ou  qui  les 
fair  à  fa  place. 

Commis  du  grand  comptant  du  Tréfor  royal  eO:  celui 
qui  a  le  maniement  des  deniers  royaux ,  Se  qui 
paie  toutes  les  parties  alfignées  fur  le  Tréfor  royal, 
C'eft  auffi  le  Commis  du  grand  comptant  qui  donne 
toutes  les  affighations  aiix  Tréforiers  qui  ont  ^ 
reéevoir  de  lui.  On  le  nomme  auffi  Caiffier  dii 
grand  comptant.  Chaque  garde  du  Tréfor  royal  a 
un  Commis  du  grand  comptant. 

Commis  du  petit  comptant.  C'eft  un  Comrriis  di^ 
Tréfor  royal  qui  reçoit  fes  fonds  du  Commis  du 
gtand  comptant,  &  qui  paie  toutes  les  patries  au-» 
deffous  de  looo  liv.  on  le  nomme  auffi  Caiffier  dii 
petit  comptant. 

Le  premier  Comw.is  du  Tréfor  royal  eft  celui 
qui  préfehte  la  plume  au  Roi,  lorfqueSa  Majefté 
arrête  les  rôles  &  l'état  au  vrai  ;  c'eft  la  raifon  pour 
laquelle  il  iouit  de  1500  liv.  de  gages  du  Con- 
feil, outte  fes  appointemens  ordinaires. 

^fT  Commis  des  Fermes.  On  comprend  fous  ce  nom 
les  Directeurs ,  les  Receveurs ,  &  tous  les  Prépofés 
par  les  Fermiers  des  droits  du  Roi. 

Commis  aux  descentes  des  fels.  Ceux  qui  délivrent 
le  fel  aux  Officiers  &  Commis  du  grenier,  lorf^ue 
les  voitures  font  arrivées  au  lieu  de  leur  deftina-» 
tion. 

Commis  tfKAT  exercices,  font  des  Employés  dans  les 
Aides  qui  font  la  vifite  chez  les  Cabaretiers,  pour  in- 
ventorier &  rouaner  leur  vin  ,  &.  examiner  s'ils  ne 
font  point  la  fraude.  Les  Commis  des  exercices  aux 
Aides  doivenr  être  âgés  de  vingt  ans  au  moins,  Sc 
font  tenus  de  prêter  fermenr  pardevanr  les  Officiers 
des  éledtions  où  ils  doivent  être  employés. 

Commis  des  Traites,  Ceux  qui  font  aux  bureaux  des 
tf  aires  dans  les  villes ,  ou  aux  portes  &  barrières , 
pour  recevoir  les  droits  du  Roi, 


c  ô  M 


Commis  eft  aiifil  le  nom  qu'on  donne  dans  quelques 
Communautés  religicuJes,  &  principalement  chez 
les  Bcnédidlins  de  la  Congrégation  de  S.  Maur  , 
aux  Artilles  laïques ,  qui  quittent  le  monde  pnuc 
fe  donner  à  la  Religion  ,  &c  qui  s'engagent  par  un 
contrat  civil ,  à  garder  certaines  règles ,  à  s'occuper 
félon  l'ordre  des  Supérieurs ,  dans  les  arts  &i  mé- 
tiers dont  ils  font  capables,  fans   prendre  l'habit 
ni  faire  de  vœux.  Pierre  Denys ,  ce  fameux    ou- 
.vrier  enfer,  qui  a  fait  de  fi  belles  grilles  d'égiiié, 
&  de  fi  fuperbes  rampes  d'efealier,  fe  donna  Co/«- 
mis  à  l'Abbaye  de  S.  Denys ,  &  après  deux  ans  de 
probation  ,  il  fit  fon  contrat  de  fiabilité  en  iiïpi , 
&  niourut  en    17355  âgé   de  75  ans.  Le  Commis 
travaille  fous  les  ordres  du  Prieur  ou  du  Procu- 
reur. C'eft  ce  qu'on  appelle  dans  d'autres  ordres, 
un  Donné  ou  un  Oilat.  Dans  l'Abbaye  de  S.  Waail 
d'Arras,  \ç  Commis  OlWX  ouvrages  eft  chargé  de  la 
fabrique  ,  tant   au    dedans  qu'au  dehors    du  Mo- 
naftère.  P.  Helyot  ,  T.  VI,  p.  161. 

Ce  nom  fe  donne  dans  l'Ordre  des  Ermites  de 
S.  Jérôme  de  l'Obfervance  de  Lombardie ,  à  un 
ordre  ou  degré  de  Frères  lais  qu'on  y  reçoit.  Il  y 
a  dans  cet  Ordre  ,  outre  les  Frères  convers ,  des 
Frères  Commis  &  des  Donnés  qui  font  des  vœux. 
P,  Hr.LYOT,  T.  Illt  c.  00  ,  pag.  455,  Les  Auguftins 
déchauilés  de  la  Congrégation  de  France ,  appel- 
lent auifi  leurs  Frères  lais ,  les  Frères  Commit. 

COMMISE  ,  f,  f  terme  de  Jurifprudence  féodale, 
§3"  Confilcation  faite  au  profit  d'un  Seigneur 
féodal ,  d'unfief  pour  félonie  ,ou  défaveu  de  la  part 
d'un  valfal  envers  fon  Seigneur,  Commijji  culpa , 
cujus  no'mine  prccdium  dynajîcs  committuur ,  vin- 
dicatur  ,  commi^Jum.  Cette  commife  eft  appelée 
conjijcanon  dans  la  Coutume  de  Paris.  Cependant 
la  corijijcaiion  fe  prend  proprement  pour  l'adjudi- 
cation qui  fe  fait  au  profit  du  Roi ,  ou  du  Seigneur 
haut-juftieier ,  des  biens  d'un  homme  condamné  à 
mort  naturelle  ou  civile,  dans  les  coutumes  où  la 
confifcation  a  lieu.  Perrière. 

^3'  Les  fiefs  étoient  originairement  donnés  à  vie  j  & 
comme  ils  procédoient  de  la  feule  libéralité  des 
donateurs ,  ils  étoient  appelés  bénéfices ,  &  la  do- 
nation par  conféquent  pouvoir  ctfe  révoquée 
pour  caufe  d'ingratitude  des  valfaux  envers  leurs 
Seigneurs  :  &:  quoiqu'il  y  air  long  temps  que  les 
fiefs  foient  poffédés  en  pleine  propriéré  ,  &  ibicnt 
héréditaires  comme  les  autres  biens,  ils  font  tou- 
jours regardes  comme  une  elpèce  de  dépendance 
des  Seigneurs  de  qui  ils  relèvent  5  comme  <î  en  ef- 
fet les  propriétaires  ile  les  poffédoicnt  que  par 
leur  bienfair.  De-là  l'uiage  de  la  commjfe  ,  qui  n'eft 
que  la  réverfion  des  fiefs  aux  Seigneurs,  caulee  par 
l'ingratitude  des  vailaux  envers  eux  ,  a  été  conlér- 
vé  dans  nos  courûmes  pour  les  fiefs,  non  pour  les 
rotures ,  pour  lefquelles  on  ne  doit  point  de  foi  Se 
hommage  ,  8c  qui  n'ont  point  été  données  origi- 
nairement à  titre  de  bénéfices  ,  comme  les  fiefs. 

Ce  mot  vient  de  commijfum ,  qui  fignifie  conjifca- 
tïon ,  dont  il  y  a  un  titre  exprès  dans  le  digefte  ,  qui 
eft  le  4  du  i,()  liv, 

COMMISÉRATION  ,  f.  f,  fentiment  de  cqmpaf- 
iîon  qu'on  a  pour  quelque  perfonne  qui  fouffte. 
Commiferatio.  Cette  famille  ruinée  mérite  de  la 
commifcration.hts  foldats,à  la  prife  d'une  ville, 
n'ont  aucune  commiferanon  ,  ni  pour  l'âge  ni  pour 
le  fexe.  Un  bon  Avocat  doit  porter  les  Juges  à  la 
conimifération.  Des  airs  fuperbes ,  ni  une  commifé- 
ration  affeéfée ,  ne  conviennent  point  à  un  vain- 
queur généreux.  S.  EvR.  La  commifiràtion  eft  pro- 
pre &  narurelle  à  la  Tragédie.  Id, 

COMMISSAIRE,  f  m.  DeUgatus  ,  Commiffarius. 
C'eft  celui  qui  eft  commis ,  délégué ,  prépofé  pour 
quelque  fonélion  particulière.  On  appelle  généra- 
lemenr  Commi(faires  ,  des  perfonnes  choifies ,  à 
la  prudence  &  à  la  capacité  defquelles  on  a  confié 
le  foin  de  quelque  choie.  Commiffariiis  dicitur 
perfona  elecla,  cujus fidei,  prudenti»  ac  fokrtice 
rts  aliqua  commiffa  eji. 


^  On  s'eft  fervi  de  ce  mot  pour  fignifîer  des  Offi- 
ciers publies  qui  ont  des  fondions   ordinaires  ar- 
rachées à  leurs  charge?.  Quelquefois  ce  terme  a  été 
employé  pour  figniher  des  perlonnes  qui  ne  font 
chargées  que  pour  un  temps ,  de  certains  emplois 
extraordinaires  &  limités.  Ainfi  ce  rerme  a  parmi 
nous  les  deux  fignifications  du  mot  Curacores  chez 
les  Romains. 
^T  Quelquefois  ce  mot  eft  oppofc  au  titre  d'office , 
comme  quand  il  eft  donné  aux  Intendansdes  pro- 
vinces ,  aux   Juges  choifis  exrraordinairement  pour 
des  fondions  lunitées  qui  ne  font  point  attachées  à  < 
leurs  offices  :  dans  un  autre  fens  il  eft  donné  à  des 
Officiers   de    Compagnie,  qui  agiifent   dans    des 
fondions  ordinaires,  qui  leur  font  propres ,  atta- 
chées à  leurs  offices  &  de  leur  compétence  :  mais 
qui  leur  tombent  en  partage  par  le  choix  qui  eft 
fait  d'eux  entre  leurs  confrères. 
Commissaire.  Quand  il  s'agit  de  procès  ,  d'affaires,, 
c'eft  un  Juge   à  qui  le   Roi  artribue  un   pouvoir 
particulier  Se  extraordinaire,  de  Juger  iouveraine- 
ment  certaines   affaires  en  des  Chambres  ou  deS 
l^ureaux  qu'il  a  établis  à  cet  effet.  RtcuperatoT'-, 
delegatus    Judex.   Les   Chambres  de  la   Marine , 
des  Francs-fiefs ,  la  Chambre  de  Juftice  ,  la  Cham- 
bre-Royale >  font  compofées  de  Comm^jj aires.  On 
a  fait  juger    ce  prilbnnier    par  des   Commiffuires; 
On  lui  a  donné  des  Commijfaires.  Plufieurs  grands- 
Seigneurs  demandeur  des  Commi(faires  aU  Conlêil 
pour  juger  leurs  affaires  particulières. 

Ce  mot  vient  de  commuter e-,  qui  proprement 
lignifie  envoyer  ejij'emble ,  &  auffi  charger  quel- 
qu'un de  quelque  choj'e ,  le  commettre  a  quelque 
cJioj'e  ,pour  faire  quelque  choj'e  ,  lid  en  donner  le 
foin.  M.  de  la  Mare  ,  dans  ion  Traité  de  PoUce:  L, 
I,  T.  XI,  c.  3  ,  prétend  que  le  nom  Commiffaire 
vient  de  contmitto  ,  pris  au  premier  Icns ,  &  qu'il 
fut  donné  aux  Commiffaires  ou  Intendans ,  qui 
s'envoyoient  autrefois  dans  les  Provinces,  qui  s'ap- 
pelèrent d'abord  M//z>  Scenfuite  Commiffî  f,  parce 
qu'on  les  envoyoïr  deux  enfemble.  Il  convient 
cependanr  que  ce  mot  ne  fe  trouve  pas  même  dans 
la  balfe  latinité.  Les  Commiffaires  des  quartiers 
s'appeloient  à  Athènes  Xaft7nç-Ki>r^o'.,S>c  à  Rome  Ck- 
ratores  regionum  urbis.  M.  de  la  Mare  ,  dans  l'on 
Tr.  dela^  Police,  L.  /,  T.  XI,  les  appelle  Confeilîers- 
Commifjdires-Enquiteurs  &  Examinateurs,  il  pré- 
tend, f.  2,  qu'ils  ont  été  établis  en  France  par- 
les Romains  ,  &  corifervés  par  nos  premiers  Rois, 
Il  continue  leur  hiftoire  dans  les  chapitres  fuivans 
jufqu'à  nos  temps.  Au  ch.  6  &  j ,  {[  explique  leurs 
fondions  -,  au  %  &  <)"  leurs  qualités  &  leur  rano- , 
&  au  10^  'leurs  privilèges.    , 

On  appelle  auffi  Commi^aiïes  du  Confei/ ,lçs 
Maîtres  des  Requêtes  ,  ou  Confeillers  d'Etat,  que 
M.  le  Chanceliet  nomme,  afin  de  difcuter  une 
affaire  avec  le  Rapporteur ,  auxquels  il  en  doit 
communiquer  avant  d'en  faire  le  rapport. 
Commissaire  eft  aulli  le  Juge  particulier  qui  eft 
commis  pour  l'inftruélion  d'une  affaire,  Leclus  , 
legatus  alicujus  caufœ  cognitor  ,  difceptator.  Quand 
on  appelle  de  l'Ordoarunce  d'un  Commiffaire  avec 
fondement,  il  ne  peut  plus  être  Rapporteur. 

On  appelle  maintenant  les  Iniendans  de  Juftice, 
Commiffaires  dépârris  en  tel  Province  pour  l'exécu- 
tion des  ordres  de  Sa  Majefté.  Legatus  ad  tuen- 
dam  in  Provinciis  Régis  aucioritatem.  On  appelle 
nu{[î' Commiffaires  pour  la  revente  du  Domaine , 
ceux  qui  en  font  la  nouvelle  adjudication ,  &  les 
Juges  nommés  pour  la  réformation  des  Coutumes 
des  Eaux  &c  Forets. 
Commissaires  fe  dit  auffi  des  I^éputcs  que  le  Roi 
nomme  de  fa  part ,  pour  régler  les  limites ,  &  tra- 
vailler à  l'exécution  des  Traftés  de  paix,  ou  autres 
grandes  affaires,  avec  ceux  qui  font  nommés  pour 
le  même  effet  par  les  Princes  étrangers ,  afin  de  ta-' 
cher  de  les  régler  à  l'amiable.  Legati  de  Umitibus 
ac  paclionibus  jiatuendis. 

On  appelle  grâods  Commiffaires ,  au  Parlement, 

YYyyij 


7^4 


COM 


(pr  un  certain  nombre  d'anciens  Confeiilers  (ils 
doivent  être  dix  )  qui  travaillent  avec  le  Prélident 
dans  le  Palais ,  à  l'examen  &  à  la  difculfion  d'une 
affaire  importante.  Telles  Ibnt  les  affaires  où  il  y  a 
au  moins  lîx  chefs  de  demandes ,  appuyés  par  dif- 
terens  moyens,  l'examen  des  comptes ,  les  ordres 
de  créanciers,  &c.  Les  grands  Commifaircs  jugent  & 
donnent  arrêt.  Scnatores  antiquiores  quihus  ccrtis 
de  rébus  fupremum  ferre  judicuim  incurnbii. 

Les  petits  Commiffaires ,  font  des  Conleillers 
<léputés  par  la  Cour ,  affcmblés  chez  le  Prélident , 
qui  dilcutent  un  procès ,  qui  en  voient  Se  exami- 
nent les  pièces ,  pour  en  faire  enluite  le  rapport 
en  pleine  Chambre.  Legati  toto  è  numéro  Judices 
antiqiiiores  ad  prccviam  rei  alicujus  cognuionem. 
Ce  procès  eft  de  petits  Commijaires.  On  entre 
aujourd'hui  de  Commifûires.  Ce  Confciller  eft 
ancien,  il  eft  de  Commifaires. 

IP"  C'eft  ce  c^u'on  appelle  travailler  de  grands  Com- 
miniiires ,  travailler  de  petits  Commiffaires.  Les 
îîrands  Commijfdires  peuvent  rendre  arrêt  :  les  pe- 
tits n'en  ont  pas  le  droit.  De-là,  les  cxpreilions, 
procès  jugé  de  grands  Commijfaires ,  procès  vu  de 
petits  Commijfaires. 

^  Commissaires  aux  Requêtes  du  Palais,  Sont 
des  Membres  du  Parlement,  kfquels ,  outre  le 
titre  de  Coniéillcrs  ,  ont  une  commiUlon  particu- 
lière pour  juger  les  affaires  de  ceux  qui  on:  droit 
■de  comrniuimus.  Un  Commipiire  à  la  barre  du 
Parlement,  eft  celui  qui  eft  commis  pour  faire 
quelque  inftriidion  ou  adjudication,  &c. 

Commissaire  eft  auffi  un  Officier  royal  &  fubal- 
terne ,  qui  a  foin  de  tenir  la  main  à  l'exécution 
des  réglemens  de  Polic-e,  Curator  dij'ciplinx  civilis 
poliùc'iE.  Les  Commijfaires  du  Chatelet ,  Confeii- 
lers du  Roi ,  fe  qualifient  Commijfaires  Enquiteurs 
&  Examinateurs.  Ils  font  les  informations,  les 
iccUés ,  les  ordres  de  créanciers  ,  l'examen  des 
comptes ,  vifites  de  Police  &  captures. 

Commissaire  aux  Saijîes  Réelles  ,  eft  un  Officier 
qui  a  ibin  du  régime  des  immeubles  failis  réelle- 
ment, qui  en  fai\  faire  les  b'aux  judiciaires,  qui  en 
reçoit  le  revenu  ,  &:  qui  en  rend  compte.  Prœfeclus 
tradendisfub  cujtodiam  bonis.  Commiffaire  auxjai- 
/ïcs  mol'iliaires  ,  eft  un  gardien  des  meubles  faifis , 
qui  en  empêche  le  dcpériffcment.  Toute  faifie 
réelle  ou  exécution  doit  porter  un  établiffcment 
de  Commijjaire  ou  de  gardien. 

Commissaire  fc  dit  en  Allemagne,  d'une  perfonne 
de  la  première  diftinclion  ,  députée  par  l'Empereur 
pour  préiider  à  la  Diète  de  l'Empire.  Cette  place 
de'  Commijfuire  de  la  Diète  eft  le  pofte  le  plus  ho- 
norable que  l'Empereur  ait  à  fa  nomination  :  juf- 
que-là  qu'un  Commiffaire  ne  cède  point  le  pas  à 
un  Eledteur  ■■,  &  fes  inftruétions  portent  même  que 
lî  un  Roi  paifoit  à  Ratilbonne  ,  il  ne  doit  point  lui 
céder.  M.  le  Cardinal  de  Lamberg  eut  quelque  dé- 
ii^lé  avec  les  Eledeurs  à  la  Cour  de  Vienne ,  pour 
avoir  cédé  le  pas  au  Duc  de  Lorraine,  qui,  après 
la  paix  de  Ryfwic ,  paUbit  par  Ratiftjonne  ,  pour 
prendre  portelfion  de  les  Etats. 

On  ap\}e\lc  Commifl'aires  on  gardiens,  des  per- 
fonnes  notoirement  folvables  qui  fe  chargent  des 
meubles  faifis  &c  exécutés ,  pour  les  repréfcnter 
lorfque  la  vente  en  eft  ordonnée. 

Commissaire  Général  de  la  Cavalerie.  Officier  prin- 
cipal qui  commande  la  Cavalerie  légère,  fous 
l'autorité  du  Colonel  Général  (?i  du  Meftre  de 
Camp  Général ,  ou  en  leur  abfence.  On  appelle 
fon  Régiment,  le  Cowwi^/re  général.  Acad.Fr. 
1740.  C'eft  lui  qui  a  foin  que  tous  les  Officiers  &: 
Cavaliers  foient  dans  le  devoir,  &:  bien  équipés, 
qui  fait  les  revues  générales.  Prafeclus  equitum 
levis  armaturai  ad  tuendam  militarem  difciplinam. 

Commissaire  ordinaire  des  Guerres  ou  à  la  con- 
duite ,  eft  un  Officier  établi  pour  avoir  Ibin  de  la  po- 
lice des  Troupes  dans  la  marche ,  de  régler  les  éta- 
pes Se  les  logemens  j  ôc  qui  fait  faire  les  revues  6c  re- 


COM 

montres.  Armaturx  militaris  Infpeclor.  Commiffaire 
Provincial ,  Commiffaire  extiaordinaire. 

Il  y  a  auffi  des  Commiffaires  pour  l'Artillerie.  Bel- 
licarum  machinarum  Curator  ;  pour  les  Vivres.  An- 
nonis  militaris  Pnefeclus.  Le  Commiffaire  pour  la 
Marine  eft  un  Officier  fubordonné  à  l'Intendant  de 
la  Marine,  qui  dans  les  ateliers  de  conftrudlion  Se 
dans  les  ports,  doit  prendre  garde  aux  gardiens, 
aux  ouvriers ,  aux  magalins,  qui  a  foin  de  viliter  les 
livres  de  recette  Se  de  dépenlé-,  fait  faire  les  armé- 
niens &  dcfarmemens ,  qui  fur  les  vaiffeaux  fait  faire  " 
les  revues ,  prêter  les  fermens,  &  fait  faire  l'inven- 
taire des  prifes.  Prxfeclus  rei  navalis.  Il  y  a  encore 
plulieurs  autres  Commiffaires ,  qu'on  diftingue  par 
le  nom  des  choies  donc  ils  font  chargés ,  comme 
le  Commiffaire  général  des  fortifications ,  Commif- 
faire pour  l'enrôlement  des  Matelots ,  Commiffaire 
des  Montres  en  Hollande.  Il  y  a  encore  en  Hollande, 
aulli-bien  qu'en  France ,  plulieurs  Commiffaires  dif- 
férons. 

Commissaire  des  Montres.  C'eft  un  Officier  en  Hol- 
lande ,  qui  va  faire  les  revues  fur  les  vaiffeaux , 
lorfqu'il  n'y  a  point  de  Confeiilers  de  l'Amirauté 
qui  puiffent  y  aller.  Les  HoUandois  ont  auffi  des 
Commiffaires  dans  tous  leurs  Ports  ,  pour  avoir 
infpeétion  fur  les  vaiffeaux  des  Provinces-Unies  qui 
y  entrent, &  qui  en  fortent,&  faire  exécuter  les 
réglemens  rendus  à  cet  égard-,  &:  un  Commiffaire 
des  ventes,  qui  prend  foin  de  faire  publier,  &C 
mettre  les  affiches  pour  les  ventes  qui  fe  font  pu- 
bliquement de  tout  ce  qui  eft  confifqué. 

Ce  mot  eft  auffi  ufité  parmi  les  Capucins  8t 
quelques  autres  Religieux.  Il  fignifie  celui  qui  eft 
commis  de  la  part  du  Père  Général  ou  Provincial , 
pour  régler  les  differens  qui  naiffentdans  lesCou- 
vens  parmi  les  Religieux  de  leur  Ordre.  Legatus 
à  Super iore ,  ad  componendas  rixas  ac  contentiones. 

Commissaire  des  Pauvres,  eÇk  un  Bourgeois  que  l'on 
commet  pour  recueillir  les  deniers  de  la  taxe  faite 
pat  le  Buteau  Général  des  Pauvres.  Pauperum  Qu<zf^ 
tor  ararius.  On  reçoit  tous  les  ans  à  Paris  vingt- 
huit  de  ces  Commiffaires ,  qui  ont  foin,  chacun  dans 
fa  patoiffe,  d'un  certain  nombre  de  Pauvres  qu'oit 
lui  a  marqués  On  ne  reçoit  guère  de  Marguilliers 
qui  n'aient  été  Commiffaires  des  Pauvres  :  c'eft  le 
premier  degré  des  honneurs  bourgeois. 

Commissaire  du  Grand  Bureau  des  Pauvres.  C'effc 
un  Bourgeois,  qui,  après  avoir  exercé  la  charge  de 
Commiffaire  des  Pauvres  en  honnête  homme,  a  droit 
de  voix  aétive  &  paffive  dans  le  grand  Bureau  des 
Pauvres,  &  peut  un  jour  devenir  Direéteur  de  l'Hô- 
pital. In  Quaforio  pauperum  jus  habens  fuffragii 
&  aliorum  fruendi  fu^ragiis. 

On  appelle  Chère  de  Commiffaire ,  un  repas  où  l'on 
fert  chair  &  poiffon,  parce  que  les  Juges  commis  fe 
font  bien  traiter ,  quand  ils  font  en  voyage.  Refertce. 
pifcibus  ac  carnibus  epuliz.  Ce  qui  vient  des  com- 
milfions  qui  fe  donnoient  dans  les  Chambres  mi- 
parties  ,  où  il  y  avoit  des  Huguenots  &:  des  Catho- 
liques ,  qui  fe  faifoient  traiter  chacun  à  leur  ma» 
nière. 

COMMISSARIAT,  f.  m.  Bureau  formé  de  plufieurs 
Commiffaires ,  pour  la  direélion  de  certaines  affai- 
res. Collegium  Commiffariorum.  Il  continue  à.  tra- 
vailler aux  affaires  du  Commiffariat ,  du  foin  deP 
quelles  le  Roi  lui  avoit  permis  de  fe  décharger. 

COMMISSION  ,  f.  f.  adl:ion  par  laquelle  on  pcche  , 
on  commet  quelque  faute.  Culpa  ,  fiagitium. ,  pec- 
catum.  En  ce  lens ,  il  n'eft  d'ufage  qu'en  parlant  du 
péché  de  commiffion  i  on  doit  fe  confeffcr,  non  feu- 
lement des  péchés  de  commiffion,  mzh  auffi  des  pé- 
chés d'omililon. 

Pour  avoir  une  idée  jufte  du  péché  de  commiffion 
oppofé  au  péché  d'omiffion ,  il  faut  favoir  qu'il  y  a 
deux  fortes  de  préceptes  ;  les  uns  qu'on  appelle  pré- 
ceptes affirmatifs  ,  qui  nous  ordonnent  de  faire 
quelque  chofe ,  &  les  autres  négatifs ,  qui  nous  dé- 
fendent de  faire  certaines  choies.  Le  péché  de  com- 
miffion eft  une  tranfgreffion  d'un  précepte  négatif. 


COM 

par  laquelle  nous  faifons  ce  qu'il  nous  efl  défendu 
de  faire;  &c  le  péché  d'omiffioii  efl:  la  rranlgreilion 
d'un  précepte  afHrmatif ,  quand  nous  ne  faifons  point 
ce  qui  nous  eft  commandé. 
COMMISSION  eil:  quelquefois  oppofé  à  tiîre,  &c  figni- 
Âe  un  pouvoir  donné  pour  un  temps  à  quelques 
perfonncs  d'exercer  quelque  charge  ,  ou  de  juger 
en   des  occafions  extraordinaires.  Ficaria  muncris 
alicujus  exercendipotelias.  Cette  charge  de  Prcli- 
dent  n'eft  exercée  que  par  commijjion  pendant  l'in- 
terdiiftion  du  Titulaire.  Leaata  muneris   alicujus 
exercendi  poiellas.  Les  Greffes  fe  peuvent  exercer 
par  commi(lion  ,  parce  qu'ils  font  domaniaux.  Les 
Confeillers  du  Parlement  achètent  &  revendent, 
quand  il  leur  plaît ,  une  commijjion  pour  être  Con- 
feillers aux  Requêtes  du  Palais ,  pour  être  Prcfi- 
dens  aux  Enquêtes.  Ces  charges  fonr  des  commij- 
jions.   Legata  provincia  ,   legutum    negotlum.    La 
charge  de  Garde  des  Sceaux  n'eft  qu'une  co/wot{//zo« 
qui  eft  révocable.  Les  Intendances  de  Juftice  ne  font 
que  de  limples  commijfions. 

On  zppelh  Commi£ions  extraordinaires , les  cta- 
bliflemens    de   quelques    Chambres   ou    Juridic- 
tions ,  qui  ne  doivent  durer  que  quelque  temps. 
Delegata  jurijdicîio   extraordinaria.    Les    Grands 
Jours ,  les  Chambres-  de  Juftice  ,  les  Francs-fîefs , 
la  Chambre  Royale ,  font  des  commiffions  extraor- 
dinaires. Il  n'y  a  que  le  Roi  qui  puilfe  donner  des 
Commijjion  s  extraordinaires  pour  la  vente  du  Do- 
maine ,  pour  la  réformation  des  Coutumes. 
Commission  fe  dit  aulfi  de  la  fubdclégation  ,  ou  du 
pouvoir  qu'on  donne  à  un  Juge  particulier  de  faire 
quelqu'inftruiition   d'un  procès ,  quelque  vifue  ou 
defccnte  fur    les  lieux ,  quelqu'exécution  d'Arrêt. 
Cura  rei  alicujus  ab  eo  cui  delegata  eji'alteri  deman- 
data.Les  Cours  Souveraines  n'adreilènt  jamais  leurs 
CommiJJions  qu'à  des  Juges  Royaux.  Ce  Confeil- 
1er  eft  allé  en  Commijjion  pour  viliter  les  bois  du  Roi. 
Commissions  du  Roi ,  font  des  Charges  que  le  Roi 
donne  pour  faire  certaines  chofes  ,  fans  que  ces 
Charges  ibient  érigées  en  titre  d'Office.  Elles  doi- 
vent contenir  l'étendue  des  ioncfions  du  pouvoir 
que  le  Roi  accorde.  Ces  ccmmi(jions  font  ordinai- 
rement données  fans  limitation  de  temps ,  6c  font 
révocables  à  la  volonté  du  Roi. 
Commission  rogatoire  eft  une  commijjion  qu'un  Juge 
envoie  à  un  autre  Juge  dont  il  n'eh  point  le  lupé- 
rieur ,  pour  le  prier  de  faire  dans  fon  reffort  quel- 
qu'inftrument  néccffaire  dans  un  procès  qu'il  a  à 
juger  ,   ou  pour  le  prier  de  permettre  un  ajour- 
nement  dans  fon   reflbrr.  Mandata  rei   alicujus  t 
precihus  interjcclis ,  provincia. 
Commission  inpartibus  eft  une  commijjion  que  le  Pape 
donne >  lorfque  dans  une  affaire  on  appelle  à  lui, 
pour  la  faire  juger  fur  les  lieux,  ou  dans  quelqu'en- 
droit   qui  ne    foit  pas  éloigné.  Commijjio  in  par- 
tibus. 
Commission  eft  auffiunordreduConfeil  pour  la  levée 
des  Tailles  ou  autres  Droits.  Mandata  Vecligalium 
exigendorum  provincia.  La  commijjion  des  Tailles 
s'envoie  aux  Intendans  des  Provinces  qui  en  font 
Ip  département  général,  qu'ils  envoient  cnfuite  aux 
b,    Elus  pour  le  vérifier-,  &  ceux-ci  l'envoient  aux 
*    Aflceurs  &  Collcâ:eurs ,  pour  en  faire  la  diftribution 
particulière  dans  chaque  Paroifle. 
Commission  eft  auffi  un  ordre  qu'on  donne  pour 
lever  des  gens  de  guerre.  Procuraiio  cogendx  militix. 
On  a  délivré  des  commijjions  pour  la  levée  de  tant 
de  Compagnies  de  gens  de  pié ,  tant  de  Cornettes 
de  Cavalerie.  Chaque  Capitaine  ou  Officier  n'a  pour 
titre  que  fa  commijjion. 
Commission  fur  mer^  c'eft  la  permilîîon  &  l'ordre  que 
donnent  l'Amiral,  le  Vice-Amiral  ou  d'autres  Offi- 
ciers. Cette  coototz^o;2  eft  un  pouvoir  fpécial  du  Roi 
ou  de  l'État  pour  aller  en  courfe  enlever  les  vaif- 
feaux  ennemis ,  &  biuincr  fur  tout  ce  qu'il  eft  pof- 
fible.  Les  Armateurs  qui  font  la  courfe  fans  com- 
mijjion ,  font  réputés  Pirates  Se  Forbans ,  &  comme 
tels ,  punis  de  mort, 


C  O  A^  72V 

Commission  eft  auffi  une  Lettre  de  Chancellerie  qui 
donne  pouvoir  de  donner  des  affignations,de  faire  des 
exécutions  de  jugcmens.  Litterxdicendi  diciù  piojic- 
randi  jus priEfercntes.Lt$Kx.Kis  ScScntences  en  forme 
portent  en  eux-mêmes  leur  co/«wi^io«.  Il  faut  atta- 
cher une  commijjion  à  ceux  qu'on  a  levés  par  extrait. 
La  commijjion  s'exprime  en  ces  termes  :  Mandons, au 
premier  Sergent  fur  ce  requis  ,  de  mettre  le  préfeiic 
Jugement  à  exécution.  Les  Commilfaircs  s'adreilènt 
quelquefois  à  des  Juges.  L'Ordonnance  veur  qu'on 
n'alfigne  perfonnc  en  Cour  Souveraine, qu'en  vertu 
de  commijjion  expreilé.  Les  jugemens  portent  fou- 
vent  ,  que  commijjion  lera  délivrée  aux  fins  d'affigncc 
un  rcl  garant.  Il  y  a  des  commijjions  du  grand  Sceau 
pour  les  affaires  dU  Confeil  &:  du  Grand  Confeil  ; 
des  commijjions  du  petit  Sceau ,  pour  les  affaires  du 
Parlement  i  &  des  commi [fions  du  Châtelct,  pouc 
y  faire  ailigner  ceux  qu'on  a  droit  d'y  attirer  en 
vertu  de  quelque  privilège. 

Commission  fe  dit  auffî  de  toute  charge  ou  emploi 
qu'on  donne  à  des  gens  qu'on  commet  pour  avoir 
le  loin  de  quelque  choie ,  comme  en  des  Bureaux 
pour  des_ recettes ,  contrôles,  paicmens,  recouvre- 
mens ,  vilites ,  ou  autres.  Data  rei  cujuj'vis provincia. 
Les  p):emièit:s  commijfions  des  Aides, des  Gabelles, 
font  fort  briguées.  Il  a  une  bonne  commijjion  dans 
les  Vivres,  dans  l'Artillerie.  Ce  Partifan  a  tant  de 
commijfions  à  donner.  On  lui  a  donné  une  ordon- 
nance de  tant  pour  employer  au  fait  de  fa  com^ 
mijjion. 

Commission  fignifie  auffî  la  charge  que  l'on  donne  à 
quelqu'un  défaire  quelque chofe,  quelqu'emplette. 
Mandata  rei  cujujcumque  jacunâa,  cura. 

Les  Provinciaux  chargent  ceux  qui  viennent  à 
Paris  de  cent  menues  commijjions.  Ce  Facteur  a  com- 
mijjion d'acheter  tant  de  pièces  de  draps. 

IJCF  On  dit  qu'un  Laquais  fait  bien  les  commijjions 
qu'on  lui  donne;  pour  dire,  qu  il  fait  bien  les  mel- 
fages  dont  on  le  charge-,  &  qu'il  eft  allé  en  ct>w- 
ot///zo;2  ;  pour  dire,  qu'on  l'a  envoyé  faire  quelque 
commijjion, 

COMMISSIONNAIRE  fe  dit  généralement  de  celui 
qui  fait  des  commi/fions.  §C?  Dans  ce  lens  il  ne  fe 
dit  guère  qu'en  parlant  de  ces  gens  qu'on  prend  Se 
qu'on  paie  pour  faire  des  meffagcs. 

§3°  Il  fe  dir ,  principalement  dans  le  Commerce  » 
d'unCorrefpondant  qui  eft  chargé  de  l'achat  ou  delà 
vente  de  quelque  xxi-xtc\\-i.'!\à.\ii.\}nCommijjionnaire 
peut  obliger  le  maître  pour  qui  il  agit,  hijutor. 

Commissionnaire  fc  dit  auffi  de  celui  qui  n'exerce 
une  charge  que  par  commiffion ,  non  en  titre.  Le 
Garde  des  Sceaux  n'eft  qu'un  Comimjfionnaire. 
M.  DE  LA  Châtre.  Commijjionnaire  eft  oppofé  à 
Titulaire.  Dans  ce   fens ,  il  n'cft  pas  ufité. 

COMMISSOIRE.  adj.  m.  &  f.  Une  claufe  commij- 
j'oire  eft  une  claufe ,  dont  l'inexécution  emporte  la 
nullité  du  contraél.  Jaclura  rei  cujuj'vis  claujulce 
implendœ  vitio.  Par  exemple ,  li  l'on  s'engage  à  re- 
tirer un  héritage  dans  un  certain  temps  précis  Sc 
fixé  par  le  conrraél ,  la  commiffion  eft  commijfoire. 
Après  le  temps  fatal  expiré  ,  l'héritage  eft  cenfé 
confifqué  ,  &  ne  peut  être  retiré.  En  matière  béréfi- 
ciale ,  on  appelle  pourvu  en  forme  cummi^oire ,  celui 
dont  les  provifions  portent  la  claufe  i/2  forma  di<rnumf 
c'eft,-à-dire  ,  qu'il  eft  renvoyé  à  l'Ordinaire, 
pour  juger  des  mœurs  6c  de  la  capacité  de  l'Im- 
pétrant. 

COMMISSURE  ,  f.  f.  terme  d'Architecte,  vieux  mot 
ufitc  par  le  P.  Dcran  ,  du  latin  Commijfura  ,  iignifii; 
gC?  la  ligne  félon  laquelle  deux  corps  appliqués 
font  unis  enfemble.  Le  point  d'union  de  deux  corps 
appliqués. 

Commissaire  ,  en  termes  d'Anatomie  &  de  Chirurgie  , 
fignifie  l'endroit  où  le  joignent  certaines  parties 
du  corps,  comme  les  lèvres  qui  fe  joignent  du  côté 
des  joues.  Ce  mot  eft  nouveau,  mais  très -éner- 
gique. La  langue  ic  trouve  unie  en  dedans  à  toute 
la  lèvre  inférieure  jufqu'aux  deux  eommijfures  des 
lèvres ,  par  une  chair  fort  fçiide. 


72^  C  O  M 

Ip-  Commis  s  SURE  ie  dit ,  dans  le  même  Tens ,  en  tct- 
mcs  de  Jardinage,  de  l'endioitoù  finit  la  tente  que 
l'on  tait  pour  grcrfer.  11  faut  avoir  loin  de  bien 
boucher  les  tentes  &  les  commiptres, 

COMxMlTTANT.  f.  m.  Committens.  Ccft  le  nom  que 
quelques  Auteurs  donnent  à  celui  qui  envoie  ou 
qui  dépêche  un  Amballadeur.  Ce  mot  vient  de 
Committens  i  cotnmittant -,  qui   commet-,  totmé  de 

,    committere  ,  commettre, 

^J  Les  Envoyés,  Rcridens,Amba(radeurs&  autres 
Miniftres  de  cette  nature,  doivent  veiller  exafte- 
ment ,  &  ne  faire  aucunes  démarches  qui  puiiîènt 
prcjudicier  à  leurs  Commiitans.  Yiquefort.  U  arrive 
allez  Ibuvcnt  que  des  Députés  qui  reprcfcntent  une 
ville  ou  une  province ,  forit  d'un  avis  contraire  à  ' 
celui  de  leurs  Commùtans.  Rapin-.-         ■• 

COMMITTIMUS.  f.  m.  Mot  purement  latin  qui 
fignifie  nous  commettoiU.  Dans  k  ftyle  de  Pratique  , 
c'eft  un  droit  ou  un  privilège  que  le  Roi  accorde 
aux  Officiers  de  fa  Maifon ,  ÔC  à  quelques  perlbnnes, 
ou  Communautés ,  de  plaider  en  première  inlfance  , 
aux  Requêtes  de  l'Hôtel  ou  du  Palais,  en  toutes  leurs 
alfaires  puires ,  pctibnnelles ,  polie flbires  ou  mixtes, 
tant  en  demandant ,  qu'en  défendant ,  &:  d'y  taire 
renvoyer,  ou  évoquer  celles  qui  feront  pendantes 

^..devant  d'autres  Juges  ,  pourvu  qu'elles  ne  foicnt 
point  encore  conteftées  ,  &  que  l'on  n'y  ait  pas 
encore  procédé.  Prœrogativa  kgendi  opportunioris 
Judicis  ex  regio  diplomate.  Le  Commtttimus  du 
grand  Sceau  n^étoit  autrefois  que  pour  les  Com- 
menfaux  de  la  Maifon  du  Roi;  mais  il  a  été  étendu 
depuis  à  phifieurs  autres  perfonnes.  Il  peut  s'exé- 
cuter par  tout  le  Royaume, avec  cette  icftriclion, 
que,  pour  diftraire  une  affaire  d'un  Parlement  à  un 
autre,  il  faut  qu'il  s'agifle  de  looo  liv.  &  au  deiïïis. 
Le  Commtttimus  du  petit  Sceau  ne  S'étend ,  &  ne 
peut  être  exécuté  que  dans  le  rcflbrt  du  Parlement , 
&  attire  les  affaires  aux  Requêtes  du  Palais.  Les  Pri- 
vilégiés peuvent  en  ul'er  quand  il  s'agit  de  200  liv. 
&  au  dcflîis.Ceux  qui  ont  le  droit  de  Committimus , 
tant  au  petit  qu'au  grand  Sceau ,  peuvent  indiffé- 
remment fe  pourvoir  ou  aux  Requêtes  de  l'Hôtel ,  ou 
aux  Requêtes  du  Palais -.excepté  feulement  que  les 
Officiers  des  Requêtes  de  l'Hôtel  ne  peuvent  plaider 
qu'aux  Requêtes  du  Palais  -,  &  réciproquement  les 
Officiers  des  Requêtes  du  Palais ,  m  leurs  veuves , 
ne  peuvent  plaider  qu'aux  Requêtes  de  rHôtel.  Les 
Lettres  de  Committimus  du  petit  &  grand  Sceau  ne 
durent  qu'un  an, après  quoi  il  faut  les  renouvcUer. 
On  ne  peut  fe  fervir  du  droit  de  Committimus  contre 
le  Roi ,  pour  quelque  caufe  que  ce  foit ,  parce  que  le 
Roi  n'accorde  jamais  de  privilège  contre  fes  droits. 

Committimus  lignifie  auffi  les  Lettres  qu'on  expédie 
au  grand  &  petit  Sceau,  pour  l'exécution  de  ce 
privilège.  Prœrogativa  legetidi  Judicis  commodioris 
Jigillo  conjignata.  J'ai  fait  fcellcr  un  Committimus, 
Les  Committimus  étoient ,  dans  leur  origine  .  des 
commifUons,  par  lefquelles  le  Roi  rcnvoyoit  les 
affaires  des  Officiers  de  fa  Maifon  devant  les  Maîtres 
des  Requêtes  du  Palais.  Cet  ufage  des  Committimus 
a  commencé  vers  l'an  1567.  Ils  furent  plus  fré- 
quens  fous  CharlesVI.  Le  privilège  qui  étoit  reftreint 
à  la  Maifon  du  Roi  ,  fut  alors  étendu  à  tous  les 
Officiers  du  Parlement,  &enfuite  plus  loin,  if^oye^ 
l'Ordonnance  de  1(^95),  art.  15  du  titre  des  Com- 
mitlimus. 

Ceux  qui  ont  droit  de  Committimus  du  grand 
Sceau,  font  les  Princes  du  Sang,  les  autres  Princes 
reconnus  en  France,  les  Ducs  &  Pairs,  les  Off.- 
ciers  de  la  Couronne,  les  Chevaliers  &  Officiers 
de  l'Ordre  du  Saint-Efprit ,  les  dçux  plus  anciens 
Chevaliers  de  l'Ordre  de  faint  Michel,  les  Ccnfeiilers 
d'Etat  fervans  aftuellement,  ceux  qui  ont  été  em- 
ployés dans  les  Ambaffades ,  les  Maures  des  Requê- 
tes ,  les  Huiffiers  du  Confcil ,  les  Préfidens  ,  Confeil- 
lers.  Avocats  &  Procureurs  Généraux,  le  Greffier  en 
chef,  H  le  premier  Huifficr  du  Grand  Confeil ,  le 
Grand  Prévôt  de  l'Hôtel ,  fcs  Lieutcnans ,  l'Avocat 
Zi.  le  Procureur  du  Roi,  écle  Greffier  de  cette  Jurj- 


C  Ô  M 

diélionjlcs  Secrétaires  dil  Roi,  &:  autres  Officiers 
de  la  Chancellerie  ,  les  qisinze  anciens  Avocats  du 
Conleil,  les  Agens  Généraux  du  Clergé  pendant 
leur  agence  5  les  Doyen,  Dignités,  Chanoines  & 
Chapelains  de  Notre-Dame  de  Paris,  les  quatce 
plus  anciens  de  l'Académie  Françoife  ,  les  Capi- 
taines, Lieutenans ,  Sous-Lieutsnans,  Enfeignes, 
Commiffaires  d'ancienne  création,  Sergent -Major 
&  ibn  Aide ,  Prévôt  &  Maréchal-des-logis  du  ré_i- 
ment  des  Gardes  ,  les  Officiers ,  Domeftiqucs  & 
Commenfaux  de  la  Maifon  du  Roi,  de  la  Reine, 
des  Enfans  de  France,  du  premier  Prince  du  Sang, 
dont  les  états  ibrit  portés  à  la  Cour  des  Aides  i  & 
qui  fervent  ordinairement ,  ou  par  quartier ,  aux 

'    aux  gages  de  60  liv.  au  moins;  ■-  ~'<~'-.  i-  -  '    ' 

Ceux  qui  ont  droit  de  Committimus  au  petit 
Sceau  ,  font  les  Préiidens  ,  Conleillcrs  ,  &  autres 
Officiers  du  Parlement  ,  Avocats  ,  Procureurs  du 
Roi ,  &  Greffier  eii  chef  des  Requêtes  de  l'Hôtel , 
le  Greffier  en  chef  des  Requêtes  du  Palais ,  les  Of- 
ficiers des  Chambres  des  Comptes,  des  Cours  des 
Aides ,  de  la  Cour  des  Monnoies  ,  les  fix  anciens 
TrélbrierS  de  France  de  la  Généralité  de  Parîs  , 
les  quatre  anciens  des  autres  Gcnéralircs  ,  les  Se- 
créraires  du  Roi  établis  aux  Chancelleries  ,cies 
Parlemens,  5c  autres  Cours  Souveraines  ,  les  Pré- 
vôts de  l'un  &:  de  l'autre  Châtelet  de  Paris  ,  leurs 
Lieutenans  Généraux  Civils ,  de  Police  j  Criminels 
&  Particuliers ,  les  Procureurs  du  Roi  auxdits  deux 
Châtelets ,  le  Bailly  du  Palais, -ibn  Lieutenant ,  &: 
le  Procureur  du  Roi  ,  le  Préiîdent ,  le  Doyen  ,  Û 
le  Procureur  du  Roi  de  l'EIeétion  de  Paris,  Offi- 
ciers vétérans  de  toutes  les  fufdites  qualités  ,  après 
en  avoir  obtenu  Ictties  ;  le  Collège  de  Navairrt , 
pour  les  affaires  communes  de  la  Maifon  ;  lés  Di- 
redteurs  de  l'Hôpital-Géncral  de  Paris  ,  les  Pré- 
vôt des  Marchands^  Echevins  de  Paris, pendant 
leur  charge ,  les  Conleillers  &  Procureurs  du  Roi  ^ 
les  Receveurs  &  Greffier  de  l'Hôtel-de-Ville  ,  le 
Colonel  des  trois  cens  Archers  de  k  Ville  ,  les 
douze  anciens  Avocats  du  Parlement  de  Paris  3  -& 
fix  des  autres  Parlemens. 

Les  veuves  des  Officiers  décèdes  datls  le  fervice  , 
&  qui  avoient  droit  de  Committimus  ,  en  joui/lent 
tandis  qu'elles  demeurent  en  viduité.  Enfin  les 
Chapitres  &  les  Communautés  qui  ne  font  pas 
exprimés  dans  l'article  des  Commàttimus  de  l'Or- 
donnance de  166^,  qui  ont  préfenté  leuirs  ti- 
tres à  M.  le  Chancelier  ,  &  dont  les  titres  ont 
été  trouvés   bons  ,  ont  le  droit  de  Committimus, 

COMMITTITUR  ,  f.  m.  terme  de  Jurifprudence 
emprunté  du  latin.  C'eft  la  Requête  qu'on  donne 
au  Confcil ,  ou  au  Parlement ,  pour  avoir  un  Rap-- 
porreur ,  pour  faire  l'inftrudfion  d'une  inftance  ,  ou 
de  quelque  incident  -,  avec  l'ordonnance  qui  eft  ap- 
pofée  au  bas  ,  par  laquelle  un  Maître  des  Requê- 
tes, ou  un  Confeiller ,  eft  commis  pour  cetre  inf- 
trudlion.  Libellas  jupplex  ad  pojlulandum  alicit-' 
jus  caufa  cognitorem. 

03"  Dans  les  petites  juridiélions  les  Juges  fe  com- 
mettent fouvcnt  eux-mêmes  fur  les  requêtes  qui 
leur  font  préfentées. 

COMMODAT,  f.  m.  terme  de  Jurifprudence.  La 
concefîion  gratuite  de  l'ufage  d'une'  thofc  ,  foit 
meuble  ,  foit  immeuble  ,  que  l'on  fait  à  quelqu'un 
pour  un  cerrain  temps ,  à  la  charge  de  reftituer  la 
même  chofe  en  e'pèce  après  le  temps  marque  :  c'eft 
une  efpèce  de  prêt  &  de  contrat  :  Commod.itum, 
Il  y  a  pourtant  cette  différence  entre  le  prêt  &  le 
commodat ,  c'eft  que  le  commodat  fe  fait  gratuite- 
ment ,  &  ne  transfère  point  de  propriérc.  Il  faut 
rendre  lachofô  en  e!TI?nce ,  &  fans  la  détériorer  r 
en  forte  que  les  choies  qui  fe  confument  par  l'u- 
fage ne  peuvent  être  la  matière  d'un  commodat  , 
mais  d'un  prêt  ,  parce  qu'on  ne  peut  les  rendre 
en  individu  ,  quoiqu'on  puiffe  les  rendre  en  efpèce. 

fty  Ce  contrat  difRre  aufll  du  précaire  en  ce  que 
le  précaire  fe  fait  fans  définir  l'ufage  &  le  temps 
pour  lequel  une  chofe  eft  prêtée  :  ainli  celui  qui 


G  Ô  M 

à  prêté  une  chofe  à  titre  àc précaire ,  pefut  \a  re- 
demander quand  bon  lui  femble  \  au  lieu  que 
dans  le  commodat ,  on  ne  peut  pas  redemander  la 
chofe  avant  que  le  tenips  ,  pour  lequel  on  Ta 
prêté ,  (bit  expiré. 

Le  Commodat  ne  finit  ni  par  la  mort  du  com- 
modant,  ni  par  celle  du  commodataire  ;  mais  par 
l'expiration  du  temps  accordé  par  le  commodant. 
Il  y  a  deux  fortes  de  commodats  ,  l'un  gratuit , 
l'autre  utile  :  le  commodat  gratuit  eft  pure- 
ment au  profit  du  commodataire  -,  le  commodat 
gratuit  eft  lorfqu'on  prête  quelque  chofe  que  le 
commodataire  eft  obligé  de  rendre  en  eifcnce  & 
en  individu  ,  mais  fans  rien  donner  pour  l'em- 
piunt  :  le  commodat.  utile ,  eft  lorlqu'on  retire  quel- 
que chofe  pour  le  prêt ,  &  alois  c'eft  une  efpèce 
de  location.  /^oyc^Lhommeau. 

COMMODATAIRE,  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui 
a  reçu  le  prêt  ou  le  commodat.  Commodatarius.  Le 
Commodataire  eft  tenu  non-lculement  de  fon  dol , 
mais  de  fa  faute  la  plus  légère  ,  &  de  quelque 
nature  qu'elle  foit  ;  parce  que  le  comm.odat  eft 
gratuit  &  fait  uniquement  en  faveur  du  Commoda- 
taire. Il  repond  de  même  du  cas  fortuit ,  s'il  ufe 
de  la  chofe  prêtée  au-delà  du  temps  convenu  ;  car 
autrement  il  n'en  eft  pas  rcfponfable. 

COMMODE,  adj.de  t.  g.  Ce  qui  eft  aifé  ,  propre, 
convenable  ;  dont  l'iifage  eft  utile  &  facile.  60/72- 
modus ,  aptus  ,  opportumis.  La  litière  eft  la  plus 
commode  de  toutes  les  voitures.  Cette  chambre  , 
cette  maifon  çft  commode.  Cet  habit  eft  commode 
pour  le  chaud,  pour  le  froid, 

^fT  On  k  dit  figurément  des  perfonnes  ,  à 
peu  près  dans  le  même  fens  ,  on  dit  qu'une  hom- 
me eft  fort  commode  dans  la  fociété  ;  pour  dire 
qu'il  eft  d'une  fociété  douce  &  aifée ,  d'un  com- 
mcDce  facile  &  doux:  qu'il  a  Vhnmtm commode  >, 
l'efprit  commode.  Pour  être  commode  dans  le  mon- 
de ,  il  ne  faut  pas  s'attacher  à  de  petites  formalités. 
Plus  on  a  de  iTiérite  ,  plus  on  doit  prendre  garde 
à  ne  point  apporter  de  contrainte ,  &  à  fe  rendre 
commode  \  car  naturellement  on  craint  les  maîtres. 

J'aime  mieux  un  vice  commode , 
Qu'une  fatigante  vertu. 

§C?  Quelquefois  ce  mot  a  une  fignificatioh  plus 
étendue,  &  s'applique  à  ceux  que  l'on  accufe  d'être 
trop  faciles,  trop  indulgens.  C'eft  ainfi  qu'on  dit 
d'un  mari  qui  ferme  les  yeux  fur  la  mauvaife  con- 
duite de  fa  femme  ,  que  c'eft  un  mari  commode  ;  &: 
d'une  mère  qui  donne  trop  de  liberté  à  fa  fille  , 
que  c'eft  une  mère  commode. 

llfT  En  matière  de  morale,  il  fignifie  quelquefois 
ce  qui  eft  trop  doux  ,  &  même  relâché.  Mollior , 
Temi[Jior,  Confeflêur  commode  ,  Morale  com- 
mode, 

'Et  cherchant  un  difcours  aux  Dames  plus  commode  > 
Font  dire  à  Jesus-Christ  des phrafes  à  la  mode. 

ViLU 

COMMODE  ,  f.  f.  Coëffiire  des  femmes.  Co'mmodus 
capitis  muUerum  ornaïus.  Voici  les  pièces  qui  en- 
trent dans  la  compofition  d'une  commode;  C'eft 
Palaprat  qui  en  fait  l'énumérationj 

La  duchejfe  j  le  folitaire  ) 

Lafontange  j  le  chou  , 

Le  tête  à  tète ,  la  culbute , 

Le  Moufquetaire  ,  le  croijfani  i 
l  Le  firmament,  le  dixième  cieli 

^  La  palijfade  &  lajburi. 

COMMODE,  f  f.  Efpèce  d'armoire  faite  en  forme  de 
bureau  ,  où  il  y  a  des  tiroirs  avec  des  mains  & 
des  ornemens  de  bronze  ,  &  qui  eft  propre  à  ferrer 
du  linge  &  des  habits.  Le  defllis  en  eft  ordinaire- 
ment de  marbre.  On  a  appelé  ee  meuble  commode 


et)  y 


^i,f 


a  caufe  de  fa  grande  commodité.  Jrcà  comrhodk. 
Ce  mot  eft  nouveau, 

COMMODE,  f.  m.  nom  d'homme.  Coototo^^j.  Lucè 
Aurcle  Commode  ,  fut  fils  &  fuccelfeur  de  Marc 
Aurele,&de  la  jeune  Fauftine ,  mais  il  refiembla 
peu  à  fon  i^ere.  Il  s'abandonna  à  toutes  fortes  de 
crimes  ,  &  néanmoins  fe  fit  appeler  Hercule,  De-Ià 
cette  peau  de  lion  dont  on  lui  voit  la  tête  cou- 
verte fur  fes^  médailles ,  qui  ne  font  un  peu  rares 
qu'en  or  ,  à  la  réferve  de  quelques-unes  qui  ont 
des  infcriptions  fingulières.  De-là  auffi  cette  légen- 
de ,  Herc.  Commodiano  ,  qui  eft  des  rares ,  au^- 
bicn  que  celles-ci ,  Fortune  Manînti,  Optime 
Maxime,  C.  V.  P.  P.  Pater  Senatus  Jovi  ex  su- 

PERIS  GENIO.  AUG.  FelICI.  JoVl.  OpTIMO.  MaXIÎvÎO. 

Sponsori  rel.  Aug.  Jovi  dépens.  Salutis.  Aug 
y^L.  AuRE.CoMM.Auc,P,FEt,LO.  M,  Sponsor! 
Secur.  Aug. 

COMMODÉMENT,  adv.  D'une  manière  commode  V 
propre  ,  aiiée.  Commode.  On  s'habille  à  prcfent  plus 
commodément  qu'on  n'a  jamais  fait.  Cet  homme  a 
du  revenu  ,  de  quoi  vivre  commodément  ,  à  fojtl 
aile.  Il  eft  logé  commodément.  Cet  homme  eft  doux 
&  facile,  on  vit  fort  commodément  avec  lui.  Ils  ne 
pouvoient  commodément  tendre  l'arc.  Vaug; 
§3-  COMMODITÉ,  f.f.  Ce  terme  a  plufieurs  accep- 
tions -,  il  (ignifie  quelquefbis  la  facilité  qu'on  a  de 
faire  une  chofe  fans  lé  gêner ,  fans  peine  ,  fans  fa- 
tigue -,  &  le  temps  propre ,  l'occafion  favorable. 
Commodum.  V  ous  ferez  cela  à  votre  commodité ,' 
il  faut  prendre  la  commodité  des  gens. 
03"  Quelquefois  il  fignifie  une  chofe  commode  , 
une  fituation  ,  un  moyen  commode.  Un  carroflb 
eft  d  une  grande  commodité.  Les  dégagemens  font* 
toute  la  commodité  d'une  maifon.  Les  commodités  d& 
la  vie  coûtent  fort  cher. 
IP"  Ce  mot  au  pluriel  eft  prefque  fynonyme  à 
aife&  défigneunétat  dans  lequel  on  ne.  manque 
de  rien  ,  félon  fa  condition  ,  où  l'on  joint  des 
avantages  qui  fervent  à  rendre  la  vie  plus  commo- 
de ,  plus  douce  &  plus  ailée,  Bona ,  fortuna  com- 
moda.  Les  railbns  de  fortune  &  de  commodités 
temporelles  ne  doivent  point  entrer  dans  le  choix 
d'une  religion  -,  les  hommes  ne  font  alfemblés  en 
lociété  que  pour  les  commodités  néceflaires  à  l'in- 
firmité humaine ,  &  pour  s'en  alfurer  la  pollërTion 
par  les  forces  réunies  de  la  République.  S.  EvR. 
Pyrrhon  ,  qui  doutoit  de  tout ,  '  ne  lailToit  pas  de* 
jouir  des  commodités  de  la  vie  comme  vraifembla- 
bles.  Mont, 
CCT    On  dit  proverbialement  :  on  n'a  pas  toutes  feS 

commodités  en  ce  monde. 
Commodité  fe  dit  aullî  des  occafions  favorables  qui 
fe  préléntent.    Occafio ,  opportunitas.  Il  faut  fe  fer- 
vir  de  la  commodité  de  ce  courrier ,  pour  envoyée 
i     cette  expédition  à  Rom».  Il  faut  prendre  la  commo- 
I      dite  d'un  bateau  qui  va  partir.  Pour  aller  de  Paris 
à  Lyon  ,  on  trouve  toujours  des  commodités  ,  des 
voitures  à  choifir. 
Commodité  eft  aulTi  le  Vûifinage  des  lieux,  la  bien- 
féance.  Loci  proximitas  ,  opportunitas  ,  commodi- 
tas.  J'ai  bâti  dans  cette  vallée ,  à  caufe  de  la  com- 
modité des  eaux.  J'ai  acquis  cette  maifon  ,  qui  étoit 
à  ma  bienféance  ,  parce  qu'il  faut  acheter  fa  com- 
modité. 
Commodité  i  terme  de  négoce.  Les  Compagnies  où 
!     Sociétés  de  Banque  &:  des  marchandifes, "font  dé 
I     deux  fortes  5  fçavoir  ,  la  Compagnie  libre ,  &  celle 
j     de  commodité.  La  Compagnie  libre  oblige  non~feu- 
1     lement  ceux  qui  en  portent  le  nom  ,  mais  aulfi  les 
j     Aflbciés ,  tant  pour  le  fonds  ou  capital  qu'ils  y  ont 
'     mis,  que  pour  le  plus  qu'il  pourroit  y  avoir  de 
perte  ;  tout  de  même  que  fi  tous  étoien.t  nommés  & 
folidairement  obligés.  La  com.modite  ou  Compao-nie 
conditionnée  oblige  tous  les  Aflbcics  pour  le  fonds 
&  capi-tal ,  &  non  davanrage.  Partant  ,  s'il  arrive 
qu'ils  perdent  plus  grande  fomme  que  leur  fonds , 
il  n'y  a  que  ceux  qui  portent  le  nom  de  la  Société 


728 


COM 


qui  foient  obliges  pour  le  luiplus.  M.'Le  Prestre  , 
Cent.  1.  cm.  77    6*  8i.  de  F  Ed.  de  1695. 

ÎP°  COMMODITÉS ,  en  terme  de  bâtiment ,  efl:  un 
petit  endroit  réparé  du  rcfte  du  bâtiment ,  où  il  y  a 
un  fiéjred'ailance  :  on  l'appelle  ^niïi Lieux  ,Latrir2a. 

COMMOINE ,  f.  m.  fe  dil'oit  anciennement  par  les 
Religieux  qui  patloient  d'un  autre  Moine  de  leur 
Ordre. 

COMMOTION,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Secoufle 
violente  ,  ébranlement  de  quelque  partie  du 
corps,  caufc  ordinairement  par  une  chute  ou  par 
quelque  coup.  On  le  dit  particulièrement  du  cer- 
veau. Commotio.  La  convulfion  eft  une  commotion 
du  cerveau.  Une  chute  caule  une  grande  commo- 
tion au  cerveau  ,  d'où  il  arrive  Ibuvent  un  contre- 
coup dans  la  partie  oppoTce  ,  qui  fait  une  rupture 
des  vaiileaux ,  &  une  apoftcme  par  l'ébranlement 
de  toute  la  mafle  du  cerveau. 

03*  C'eft  aulfi  un  terme  nouveau  de  phyfique  ex- 
périmentale en  fait  d'Electricité ,  en  parlant  de 
ce  que  l'on  éprouve  en  failant  une  expérience  de 
l'éleclricitc.  On  l'appelle  autremenr  le  coup  fou- 
droyant. Le  Phénomène  de  la  commotion  eft  des 
plus  extraordinaires  ,  &  très-périlleux  pour  celui 
qui  eft  le  fujet  de  l'épreuve,  ^oye^  Electricité. 

COMMUER  ,  V.  a.  terme  de  Palais.  Changer  une 
peine  en  une  autre.  Comw.utare.  Le  Roi  n'a  pas 
voulu  faire  grâce  entière  .à  ce  criminel  -,  mais  il  a 
commué  fa  peine  ,  il  l'a  adoucie.  Cela  ne  fe  peut 
faire  que  par  l'autorité  du  Prince.  \fl'  M.  Pluche  a 
employé  ce  verbe  dans  le  fens  de  tranfmuer  ,  ter- 
me de  Phyiique  &  de  Chimie.  Les  métaux  ne  peu- 
vent fe  commuer  ni  fe  détruire.  Il  a  dit  dans  le 
même  fens ,  natures   réciproquement  commuables. 

Commué  ,  Ér.  part. 

COMMUN,  UNE.  adj.Ce  qui  appartient  à  tous  éga- 
lement ,  à  quoi  tout  le  monde  participe  ,  ou  a  droit 
de  participer.  Communis.  La  terre  eft  notre  com- 
mune mère.  Dans  le  lîècle  d'innocence  tous  les 
biens  étoient  communs  ,  auili-bien  que  le  Soleil  Se 
les  élémens.  Le  Pape  dans  l'Eglife  eft  le  Père  cow- 
mun  des  Chrétiens.  Il  fe  fait  dans  l'Eglife  un 
amas  de  ncceilîtés  ,  &  de  fragilités  communes  ;  & 
part  conféquent  il  faut  qu'il  y  ait  un  tréfor  commun 
d'allîftance  &:  de  charité.  Fléch.  L'Ecriture  eft:  le 
principe  commun  fur  lequel  difputent  les  diverfes 
feéles  qui  partagent  les  Chrétiens.  S.  EvR. 

Commun  fe  dit,  en  un  fens  plus  étroit,  des  chofes 
que  quelques  pcrfonnes  poflêdent  enfemble  par 
indivis ,  dont  les  uns  &  les  autres  ont  également 
droit  de  fefervir.  Les  murs  mitoyens  font  coOT/7z«n.f 
à  deux  maifons.  Une  allée  ,  un  paffage  commun , 
un  puits  commun.  Il  n'y  a  eu  que  les  Sauvages  & 
Platon  ,  qui  aient  voulu  que  les  femmes  fulfrnt 
communes.  Une  femme  commune  fe  dit  auffi  d'une 
femme  proftituée.  Projlibvlum. 

^3"  COMMUN  fe  ditauflide  ce  qui  eft  propre  à 
différens  fujets.  La  vie  végétative  eft  commune  aux 
animaux  &:  aux  plantes  :  péril  commun  ,  intérêt 
commun. 

Nos  péri/s  font  é^aux ,  nos  craintes  font  communes. 
Seigneur  ,  ajfocions  fios  cœurs  &  nos  fortunes, 

fÇT  Commun  ,  feditaufTî  d'une  Société,  £*<:.  Capist'r. 

Commun  ,  fe  dit  aulfi  d'une  Société  que  l'on  con- 
tracte enfemble  par  quelque  intérêt  d'honneur  ou 
de  gain.  Les  Commilfaires  ,  les  HuiHiers  ,  font 
bourfe  commune  pour  éviter  la  jaloufie  de  leur 
emploi.  Ils  fe  font  aUbcics  en  une  telle  affaire  , 
pour  la  pourfuivre  à  frais  communs  ,  6c  en  parta- 
ger le  profit. 

ffT  COMMUN  fe  dit  auiïl  de  ce  qui  eft  en  géné- 
ral ,  univerfel  ,  le  plus  univcrfellement  reçu.  C'eft 
le  bruit  commun,  l'opinion  commune, Re s  pervul- 
garis  ,  pervulgata  fama.  Les  plus  communes  opi- 
nions ne  font  pas  les  plus  certaines.  Fulgaris 
opinio. 


COM 

Le  goût  de  l'amitié  ne  fe  fauroit  éteindre  : 
Chacun  fent  qu'il  eji  doux  d'en  ohferver  les  loix  j 
Et  de  tous  les  mortels  c'efl  la  commune  voix. 

ViLL» 

Cette  grande  raideur  des  vertus  des  vieux  âges 
€kojue  trop  notre  Jiécle ,  6»  les  communs  ufas,es, 

MoL. 

Les  foupçons  importuns , 
Sont  d'un  fécond  hymen  les  fruits  les  plus  communs. 

Racine. 

§C?  En  ce  fens  on  attribue  à  l'ame  une  faculté 
particulière  qu'on  nomme  fens  commun  ,  faculté 
par  laquelle  le  commun  des  hommes  juge  rai- 
ibnnabiement  des  chofes  :  ou  jugement  qu'on  porté 
par  la  feule  lumière  naturelle  commune  à  tous  les 
hommes. 

^fT  Lieux  communs ,  ou  de  Rcthotique  j  on  appelle 
ainfi  les  propofitions  générales ,  les  principes  gé- 
néraux d'où  l'on  prend  les  argumens  &  les  preu- 
ves. Loci  communes. 

03"  Dans  l'ufage  ordinaire,  on  appelle  lieux  Voot- 
muns ,  des  matières  triviales  &  rebattues.  Son  li- 
vre eft  rempli  de  lieux  communs.  Ses  fermons  ni 
font  que  des  lieux  communs. 

Commun  figni/ie  aufîi  ce  qui  eft  trivial  ,  ordinaire, 
qu'on  trouve  par-tout,  f'^ulgaris,  tritus  ,  commu- 
nis. Cet  Otateur  dans  fon  difcours  n'a  rien  dit  que 
de  commun  ,  rien  de  recherché ,  fon  ft:yle  eft  fort 
commun  ,  c'eft  un  efprit  fort  commun.  C'eft  uri 
axiome  commun  ,  une  notion  commune.  Le  peuple 
fouffre  plus  aifément  un  vice  commun  ,  qu'une 
vertu  extraordinaire.  Voit.  La  prononciation  eft 
bien  trompeufe  ,  elle  fait  valoir  les  chofes  les  plus 
communes.  P.  Rap.  On  ne  nous  a  fervi  en  ce  re- 
pas que  des  viandes  fort  communes.  En  ce  fens  il  fi- 
gnifie,  ce  qui  n'eftpas  rare  ,  &  qui  eft  au  plus  vil 
prix.  Ce  Curieux  n'a  que  des  tableaux  communs  , 
de  peu  de  valeur.  Il  ne  s'habille  que  de  l'étoffé  la 
plus  cow.mune.  Les  diamans  Ibnt  eftimés  ,  parce 
qu'ils  ne  font  pas  communs. 

iJO"  Le  fréquent  ufage  ,  dit  M.  l'Abbé  Gitard  , 
rend  les  chofes  ordinaires  ,  communes  ,  vulgaires 
&  triviales  :  mais  il  y  a  à  cet  égard  un  ordre  de 
gradation  entre  ces  mots  qui  fait  que  le  trivial 
dit  quelque  chofe  de  plus  ulité  que  vulgaire ,  qui 
à  fon  tour  enchérit  fut  commun  ,  &  celui-ci  fuc 
ordinaire. 

0CF  II  me  paroît  auffi  qu'ordinaire  eft  d'un  ufage 
plus  marqué  pour  la  répétition  des  aiflions  ;  com~ 
mun  pour  la  multitude  des  objets  ;  vulgaire  pouc 
la  connoiflance  des  faits  ,  &  trivial  pour  la  tou- 
rnure du  difcours.  La  dhîîmulation  eft  ordinaire 
à  la  Cour  ■,  les  monftres  font  communs  en  Afrique; 
les  dil'putes  de  Religion  ont  rendu  vulgaires  bien 
des  faits  qui  n'ctoient  connus  que  des  favans.  De 
tous  les  genres  d'écrire  ,  il  n'y  a  que  le  comique 
où  les  expreffions  triviales  pui/Tcnt  trouver  place. 

0Cr  Ces  mêmes  mots  confidérés  ,  non  par  rapporc 
au  fréquent  ufage,  mais  relativement  au  petit  mé- 
rite des  chofes  ,  ont  encore  un  ordre  de  grada- 
tion ,  de  façon  que  le  dernier  de  ces  mots ,  eft  ce- 
lui qui  ôte  le  plus  au  mérite.  Ce  qui  eft  ordinaire, 
n'a  rien  de  diftingué  :ce  qui  eft  commun  ,  n'a.  rien 
de  recherché:  ce  qui  eft  vulgaire ,  n'a  rien  de  no- 
ble :  ce  qui  eft  trivial  -,  a  quelque  chofe  de  bas. 

On  dit,  en  termes  de  Palais,  &  en  Généalogie, 
le  père  commun  des  parties  ,  quand  on  parle  du 
père  de  deux  frères ,  ou  foeurs  ,  qui  plaident  en- 
femble. On  dit  que  par  la  Coutume  de  Paris  ,  le 
mari  &  la  femme  font  uns  &:  communs  en  biens  ; 
pour  dire,  qu'ils  ont  contradé  ibciété  enfemble, 
&  qu'ils  partagent  le  gain  &  les  pertes  l'un  de 
l'autre.  On  dit  aufîl  ,  qu'un  arrêt  ou  jugement  eft 
déclaté  commun  avec  un  tel  ,  qui  n'avoit  pas  été 
partie ,  ou  avec  le  défaillant  ;  pout  dire  j  qu'il  fera 

aulTi-bien 


C  O  M 


CO  M 


aulîl-bien  exécutoire  contre  lui  que  contre  ceux 
avec  qui  il  a  été  rendu.  On  dit  aufli  ,  qu'une 
choie  eft  du  droit  commun  ,  par  oppofition  aux 
privilège  qui  en  exempte.  On  dit  auHi  ,  faire 
preuve ,  l'uivant  la  commune  ellimation  ,  fuivant  la 
commune  renommée.  En  cas  d'eftimation  de  fruit, 
on  dit  ,  faite  une  année  commune  ;  pour  dire  , 
prendre  le  milieu  entre  une  année  fertile  où  les 
denrées  font  à  bon  marché  ,  &  une  année  ftérile , 
où  elles  font  cher:s ,  pour  en  faire  im  prix  com- 
mun &  mitoyen,  Sccompenfer  l'une  avec  l'autre: 
ce  qu'on  appelle  autrement  bon  an ,  mal  an.  Com- 
munis. 

On   dit  auiTi  ,  en  matière  bénéfîciale  ,  qu'une 
provilîon  efl:  expédiée  en  forme  commune  \,  pour 
dire  ,  qu'elle  cil  expédiée  fans  grâces  ,  fans  pri- 
vilèges. 
§^  Commun.  (  Jt'///)  Voyez  Délit. 
IJC?  Commun.  ((/ro/«  )  Voyez  Droits. 
^fT  Commun.   (  Dieux  )  terme  de  Mythologie.  Z?/i 
communes.  On  donnoit  ce  nom  chez  les  Romains 
aux  Dieux  qui  étoient  révérés  par  plufieurs  nations , 
ainii   qu'à  ceux   qui  protégeoient  indiftinélement 
l'ami  &  l'ennemi  -,  du  nombre  des  premiers  étoient 
Jupiter  ,  Vénus  ,  le  Soleil  ,  &c.  du  nombre  des 
derniers ,  Mars ,  Bellone  ,  la  Viéloire ,  (j"c. 
Commun  ,    en  terme  de  Philofophie  ,    lé  joint  aux 
termes  généraux  ,  qui  conviennent  à  diverlcs  cho- 
fes  ,  ou  qui   renferment  diverfes  efpcces  particu- 
lières. Le   nom    d'animal  ell:  commun  à  l'homme 
&  à  la  bête.  Celui  de  fubflance  eft    commun  au 
corps  &  à  l'efprit.  Il  lignifie  aufîî ,  pareil ,  ou  ana- 
•     logue  ;  ces  deux  choies  n'ont  rien  de  commun  en- 

fenible. 
Commun  ,  en  termes  de  Grammaire  ,  efl:  le  genre 
qui  convient  aux  deux  fexes ,  au  mâle  &  à  la  fe- 
melle. 
|tr  Ainli  un  nom  eft  du  genre  commun  lorfqu'il 
aune  terminaifon  qui  convient  également  au  mâle 
&  à  la  femelle ,  auteur  eft:  du  genre  commun.  On  dit 
également  un  homme ,  une  femme  auteur  ,  notre 
qui  eft  de  même  du  genre  féminin  ;  un  homme 
qui ,  une  femme  qui ,  &c.  j 

03°  A  l'égard  des  verbes  ,  on  appelle  verbes  com- 
muns ,  ceux  qui ,  fous  une  même  terminaifon,  ont 
la  lignification  aétive  &  paflive. 
Commun,  en  termes  de  Poëfie  Françoife,  fe  dit  des 
vers  de  dix  fyllabes,  qu'on  a.ppel[QVCts  communs  , 
tels  que  font  ceux-ci  de  Scarron. 

Tel  d'un  Sénequc  affecle  la  grimace , 
Qui  feroit  bien  le  Scarron  à  ma  place. 

On  fe  fert  de  vers  communs  pour  les  Epitres ,  les 
Balades  ,   les  Rondeaux,  les  Conres,  &  rarement 
pour  les  Poëmes ,  les  Elégies ,  les  Odes ,  les  Sonnets  -, 
ils  doivent  avoir  le  repos  à  la  quatrième  fyllabe  , 
quand  elle  eft  mafculine,  ou  à  la  cinquième  ,  quand 
elle  a  un  e  muet  qui  lé  perd  dans  la  fyllabe  fuivante. 
Commun  ,  en  termes  de  Géométrie  ,  lé  dit  d'un  angle  , 
w_   d'un  côté,  ^f3'  d'une  baie  ou  de  quelque  choie  de 
V  femblable  ,  qui  appartient  également  à  deux  figures , 
&qui  fait  une  partie  néceflaite  de  l'une  &  de  l'autre. 
En  parlant  des  termes  ordinaires  de  la  langue,  on 
dit,  les  mots  communs  de  la  langue ,  par  oppolition 
aux  tetmes  qui  ne  font  en  ufage  que  dans  les  arts  & 
dans  les  fciences.  On  dit  d'un  homme  mort  en  peu 
de  temps  entre  les  mains  de  plufieurs  mauvais  Méde- 
cins, qu'ils  l'ont  expédié  en  ionviç  commune.  Cela 
n'eft  que  du  ftyle  familier.  Acad.  Fr. 
Commun  ,  au  fubftantif ,  fignifie  le  général ,  la  plus 
grande  partie  des  hommes.  Ce  bourgeois  s'eft  diftin- 
gué  du  commun  du  peuple.  C'eft  un  grand  Philoib- 
phe ,  &  qui  eft  hors  du  commun.  Non  unus  eji  è  mul- 
tis ,  non  unus  de  vulgo,  de  populo ,  non  vulgaris 
notœ.  Il  faut ,  pour  bien  railbnner  ,  élever  fon  efprit 
au  delTus  du  commun.  Il  y  a  des  gens  qui  n'étant  pas 
les  ptcmiers  dans  pas  une  des  fciences  ,  paficnt  en 
toutes  l'ordinaire  ôt  le  commun.  BoiL.  Le  Héros  d'un 
Tome  IL 


Jlcj 


Pocme  ne  doit  être  ni  au  delfus  du  commun  des  bom  ' 
mes  par  fa  vertu  ,  ni  au  dcifous  par  fcs  vices.  P.  le 
Boss.  Un  Prince  au  comble  des  grandeurs,  eft  au- 
delfus  des  aftlicfions  qui  font  foupirer  le  commun 
des  hommes.  S.  Evr.  Les  Héros  les  plus  fameux  qui 
fe  fignaloicnt  dans  les  combats ,  étoient  dans  la  vie 
civile  des  hommes  du  commun  qui  fe  retrouvoient 
confondus  dans  la  foule.  Id. 

Il penferoit paroître  un  homme  du  commun. 
Si  [on  voyou  qu'il fûc  de  l'avis  de  quelqu'un. 

Mol, 

Soyei  plutôt  Maçon  ,Jîc'efi  votre  talent , 
Qu'Ecrivain  du  commun,  &  Poëte  vulgaire. 

Bon. 

§Cr  On  dit  figurément  qu'une  perfonne ,  qu'une 
chofe  ç.^  à\x  commun  \  pour  dire,  qu'elle  n'eft  pas 
de  grand  prix,  de  grand  mérite,  qu'elle  n'a  rien 
de  recherché. 

Commun  ,  chez  le  Roi ,  les  Princes  &  les  Grands ,  eft 
un  nom  colleélif,  qui  fignifie  les  Officiers  les  moins 
conlidérables  d'une  mailbn.  Principis  ,  Mù^natum 
adminiflris  gradiïs  inferioris.  Il  a  mangé  à  Ta  table 
du  commun,  dans  la  l'aile  du  commun''.  On  nous  a 
fervi  du  vin  du  commun.  Il  eft  couché  fut  l'état  en 
qualité  de   Chirurgien    du   commun, 

ga*  Commun,  en  Architedure  ,  Te  dit  chez  le  Roi, 
d'un  bâtiment  avec  cuifines  &  offices,  où  l'on  ap- 
prête les  viandes  pour  la  bouche  du  Roi  &  les 
Officiers  de  Sa  Majeftc. 

gC?  Dans  un  hôtel,  c'cft  une  ou  plufieurs  pièces  où 
mangcnc  les  Officiers  &  les  Domeftiques. 

(fT  Chez  le  Roi ,  on  appelle  grand  commun ,  les 
offices  &  cuifines  deftinées  à  la  nourriture  de  la 
plupart  des  Officiers  de  la  Mailbn  du  Roi. 

^^  Ez  petk  commun  ,  quelques  Officiers  détachés  du 
grand  commun  ,  pour  la  nourriture  de  quelques 
Officiers  privilégiés  de  la  Mailbn  du  Roi. 

IJCT  On  appelle  aulîi  grand  commun ,  un  vafte  corps 
de  bâtiment  où  les  Officiers  travaillent ,  &  qui  eft 
dcftiné  pour  leur  logement.  Fars  œdium  regia- 
rum  Ojjicinis  dejlinata.  Il  eft  logé  au  grand 
commuji. 

Commun  ,  en  termes  de  Bréviaire ,  fe  dit  d'un  Office 
général  inftitué  pour  tous  les  Saints  d'un  même 
Ordre  ,  d'une  même  clailé  ,  pour  y  prendre  les 
Plcaumes,  Leçons,  Hymnes,  Antiennes  &  Orai- 
fons ,  quand  l'Hglilé  n'a  point  réglé  d'Office  pat- 
ticulier.  Ofjicium  commune.  Le  Commun  des  Saints , 
le  Commun  des  Apôtres ,  ^des  Evangéliftes  ,  des 
Mv^rtyrs,  des  Vierges,  des  Doéteurs,  des  Confef- 
léui^. 

Commun  de  paix ,  terme  de  Coutume.  Droit  qui  ap- 
partient au  Roi,  comme  Comte  de  Rhodes ,  dans  le 
Comté  de  Rouergue.  Ce  droit  le  lève  fur  les  hom- 
mes, fur  les  bêtes,  fur  les  moulins:  il  a  été  établi 
pour  maintenir  la  paix ,  &  empêcher  les  guerres 
privées  qui  défoloient  le  pays  ,  &  qui  ne  purent 
celfer  que  par  l'autoiicé  &  la  puiliance  du  Roi. 

Commun,  en  fe  dit  adverbialement,  pour  dire, 
en  communauté.  \Communiter.  Ils  poîîcdent  cette 
terre  en  commun,  par  indivis.  Ils  ont  mis  tout  leur 
bien  en  commun ,  ils  vivent  en  commun. 

Commun  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  L'âne 
du  commun  eft  toujours  le  plus  mal  bâté  -,  pour  dire , 
que  perfonne  n'a  foin  que  de  ce  qui  lui  appartient 
en  propre  ,  &  néglige  le  bien  public.  On  dit  auiîi 
par  la  même  rai  Ion,  qui  fert  au  commun,  ne  fert 
à  pas  un.  On  dir,  entre  amis  tous  biens  font  co/«- 
muns:  &:  on  dit  plus  généralement,  en  ce  monde 
tous  les  biens  font  communs  ;  il  n'y  a  que  les  moyens 
de  les  avoir.  On  dit  auHi  qu'un  homme  vit  fur  le 
commun ,  lorfqu'il  eft  écornifleur ,  qu'il  n'a  point 
d'ordinaire  ,  &:  qu'il  vit  fur  le  tiers  &  fut  le  quart. 

COMMUNAGE.  f.  m.  Foyei  Communes  &  Com- 
munaux. 

ZZz  z 


750  C  O  M 

COMMUNAISON ,  f.  f.  Ce  mot  s'cft  dit  autrefoîs 

pour  Communion  ,   Cène.  Commumo. 
COMMUNAL,  ALE,  adj.  qi«  eft  c.w;mK«  aux  habitans 
d'un  ou  de  plufieurs  villages.  Un  bien  communal. 
Des  biens  communaux  ,  terme  de  Coatumc. 
COMMUNALEMENT  ,  adv.  Unà  ,  fimul.  Vieux 

mot  qui  veut  dire ,  cnj'emlk  :  on  ne  s'en  iert  plus. 
COiMMUNALISTE.   f.  m.  Membre  de  certaine  Com- 
munauté. Je  dis  de  certaine  Communauté ,    parce 
qu'on  ne  le  dit  pas  des  membres  de  toutes  les  Com- 
munauiés ,  Coinmunalijia.  Il  y  a  des  Communautés 
de  Prêtres  qui  l'ont  obligces  à  certains  Offices  Cano- 
niaux, &  qui  font  conime  une  elpèce  de  Chapitre. 
C'eft  à  ces  Prêtres  qu'on  donne  le  nom  de  Communa- 
lijies.  Il  y  en  a  à  S.  Léonard  en  Limoufm,  Ce  nom 
au  refte  ne  fe  dit  que  dans  ces  fortes  de  Commu- 
nautés ou  Chapitres ,  Se  dans  l'ufa^e  ordinaire  il  eft 
tout-à-fait  ignoré. 
COMMUNAUTÉ,  f.  f.  affemblée  de  plufieurs  per- 
fonnes  unies  en  un  Corps ,  par  l'autorité  du  Prince , 
&c  qui  ont  les  mêmes  loix ,  les  mêmes  règles ,  les 
mêmes  ufages.  Congregatio  kominum,  Sccietas,  Corn- 
muniias.  Quand  les  Edits  parlent  des  Communautcs , 
ils  y  comprennent  les  Villes ,  Bourgs ,  Villages , 
Paroiifes,  &c.  On  ne  donne  point  ce  nom  à  une  nation 
entière,  ni  même  aux  habitans  de  toute  une  pro- 
vince. Les  fociétés  font  aulfi  des  cfpèces  de  Commu- 
nautés entre  plufieurs  perfonncs  -,  m.ais  pour  un  temps 
feulement ,  au  lieu  que  les  vraies  Communautés  font 
perpétuelles. 

Les  Communautés  fontEccléfiaftiques  ou  Laïques  : 
les  Communautés  Eccléiîatliques  font ,  ou  féculicrcs , 
comme  les  Chapitres  des  Eglifes  Cathédrales  ou 
Collégiales  i  ou  légulières ,  comm.e  les  Couvens , 
les  Monaftères,  &c.  Les  Communautés  Laïques  font 
de  plufieurs  fortes  -,  les  unes  fe  contraélent  pat  la 
demeure  fixe  d'un  an  &  d'un  jour  dans  un  même 
lieu  -,  les  autres  fe  forment  par  l'exercice  d'une  même 
charge,  la  profcfîion  d'un  même  art ,  certain  lieu  de 
Religion,  comme  celles  des  Paroillés  &  des  Con- 
fréries, &c.  Ainfi  Communauté  fe  dir  des  maifons 
picufes  ,  fondées  pour  entretenir  &:  faire  vivre  plu- 
lieurs  pcrfonnes  fous  un  certain  genre  de  vie  régu- 
lière, ou  féculière:  tels  font  les  Couvens  ,  Abbayes , 
Prieurés  Conventuels ,  les  Séminaires ,  Hofpices , 
ô<:'routes  fortes  de  Maifons  Religieufes.CoOTwwzzriij, 
Societas  ,  Congre<ratio.  faint  Auguftin  fit  une  Com- 
munauté de  fon  Clergé,  &;  vivoit  en  Communauté 
avec  lui.  Il  exhorte  quelquefois  fon  peuple  à  ne  rien 
donner  aux  particuliers ,  mais  tout  à  la  Communauté. 
Que  perfonne,  dit-il,  ne  donne  ni  habit,  ni  che- 
mife   que  pour   la  Communauté.,  d'où  j'en  prends 
moi-même.  On  le  ditaulll  de  ceux  quis'aflemblent 
volontairement  pour  deifervir  une  Cure,  ou  vaquer 
aux  exercices  de  piété.  La  Communauté  des  Prêtres 
de  S.Nicolas.  Les  Béguines  de  Flandres,  font  des 
filles  qui  vivent  en  Communauté.  En  ce  fens  on  dit , 
il  a  diné  à  la  Communauté  -,  pour  dire  ,  dans  le  ré- 
fectoire ,  en  commun.  On  a  parlé  de  cette  affaire  en 
pleine  Communauté. 
Communauté  fe  dit  auflî  des  Hôpitaux,   des  Col- 
lèges ;  des  Confréries ,  &  autres  lieux  femblablcs 
qui   po/T'-dent   des  biens  en  commun  ,  pour  divers 
ufages  uriles  au  public  ,  foir  pour  les  infirmes,  foit 
pour  les  pauvres  étudians ,  &c. 
Communauté  fe  dit  auilî  de  la  fociété  de  plufieurs 
Corps  établis  par  Lettres-Patentes ,  ou  par  autorité 
de  la  luftice ,  ou  de  la  Police  ■,  &  pour  faire  obferver 
la  règle,  la  difciplinede  la  profedion.  Ainfi  on  dir 
la  Communauté  des  Marchands ,  des  Orfèvres ,  des 
Secrétaires  du  Roi ,  des  Notaires ,  i^  des  Corps  des 
Métiers. 
^3-  Communauté   fe  dit  aufTi  des   chofes  qui  ap- 
partiennent également  à  tous  les  membres  de  la 
fociété.  Communitas,  communia.  Platon  &  Lycurgue, 
avoient  établi  la  communauté  des  femmes ,  &  re- 
gardoient    même  comine  une  délicateflé  ridicule 
ia  jaloufie  des  maris  gui  ne  peuvent  fouffrjr  de  pat- 


C  OM 

tâge  :  mais  il  étoitdifîicile  d'empêcher  les  défordres 
d'une  communauté  li  délicate.  S.  Evr. 
ffT  Communauté  i'habitans.  On  appelle  ainfi 
le  Corps  des  habitans  des  villes ,  bourgs  ou  des 
paroilics  ,confidérés  collcéhvcmcnt  pour  leurs  inté- 
rêts communs.  Quand  même  ces  communautés  ne 
feroicnt  point  établies  par  des  Lettres  particulières 
du  Prince,  elles  pourroient  toujours s'affembler  pour 
leurs  intérêts  communs  &:  pour  nommer  leurs  Syn- 
dics &  autres  Ofîiciers. 

Au  Palais,  il  y  a  la  Communauté  àts  ksozzvi^ 
des  Procureurs  ,  qui  eft  non-feulement  une  Société 
&  Confrérie  faite  entr'eux  pour  s'aider  les  uns  les 
autres  •,  mais  encore  une  efpèce  de  Tribunal  établi 
pour  y  faire  réformer  les  mauvaifes  procédures , 
blâmer  les  Procureurs  qui  les  font ,  &  en  donner 
avis  à  la  Cour.  Societas  ,  Tribunal.  On  a  mandé  ce 
Procureur  à  la  Communauté  fur  cette  procédure  ir- 
réiîulièrc.  La  Communauté  a  donné  avis  contre  lui. 
On  a  ordonné  que  ce  règlement  feroit  enregiftré  au 
Greffe  de  la  Communauté, 

Les  Procureurs  de  Communauté  font  ceux  qu'on 
élit  pour  avoir  foin  des  affaires  du  Corps ,  recueillir 
les  aumônes  &  droits  de  la  Chapelle  ou  de  la  Con- 
frérie ,  faire  dire  le  Service ,  affifter  les  pauvres.  Ils 
faifoient  autrefois  des   feftins    au  jour  de  la  faint 
Nicolas ,  qui  font  maintenant  abrogés.  Le  Bâtonnier 
efl:  un  ancien  Avocat  nommé  à  fon  tout  pour  erre  le 
chef  de  cette  Communauté. 
Communauté  fe  dit  encore  de  quelques  particuliers , 
qui  ont  mis  leurs  biens  enfcmble ,  foit  pour  négocier, 
foit  pour  vivre  plus  paifiblement  -,  ou  bien  qui  pof- 
Icdent  ou  qui  ont  à  partager  des  biens  en  commun. 
Ils  fe  font  affociés  pour  fait  de  maichandifes ,  & 
ils  ont  mis  tant  de  fonds  en  leur  Communauté.  On 
dépenfe  moins   quand  on  fe  met  deux  ou  ttois  pour 
vivre  en  Communauté.  Ce  qu'on  a  donné  en  avan- 
cement d'hoirie  doit  être  rapporté  .à  la  Communauté 
des  héritiers ,  quand  on  veut  entrer  en  partage. 
Communauté    fe    dit    plus    particulièremcnr    de  la 
Société   de  biens  qui  l'ont  communs  entre  le  mari 
&    la  femm.e.  Bonorum  Communia  ,  Communitas, 
L'effet  de  la  Communauté  eft ,  que  le  mari  &  la  fem- 
me l'ont  communs  en  biens  meubles  ,  &  conquêts 
immeubles  faits  durant  le  mariage  ,  &   en  toutes 
dettes  mobiliaires  concradèes  avant,  ou   pendant 
le  mariage.  Dans  la  Coutume  de  Paris ,  8c  en  quel- 
ques autres  ,  on  ftipule  dans  les  contrats  de  mariage; 
que  des  deniers  dotaux  il  entrera  une  telle  fomme 
dans  la  Communauté.  Le  mari  eft  le  maître  de  la 
Communauté.  Les  fucceffions  collatérales  entrenr  en 
Communauté.  Une  veuve  peut  renoncer  à  la  Com- 
munauté ,  ou  la  continuer  avec  fes  enfins.  Il  faut 
faire  clorre  fon  inventaire,  quand  on  veut  diflbudre 
une  Comw.unauté.  La  Communauté  eft  une  efpèce  de 
fuccefiîon,  &  l'acceptation  de  la  Communauté  tlsC" 
fembleà  l'addition  d'hérédité.  La  Communauté  a  été 
introduite  en  faveur  des  femmes  ,  pour  les  faire 
entrer    en  partage  des  biens  de  leurs  maris.  Dans 
rous  les  pays  de  Droit  Ecrit  la  Communauté  n'a  point 
lieu  ,  ni  en  beaucoup  de  pays  coutumiers.    On  a 
trouvé  qu'elle  croit  ttop  oncreufe  aux  hommes,  & 
qu'il  n'étoit  point  jufte  que  les  femmes ,  qui  n'ont 
point  de  part  à  la  peine  &  au  travail ,  en  partagent 
le  profit  ù.  les  avantages.  G.  G.  Autrefois  la  part  de 
la  femme  dans  la  Communauté  n'excédoit  point  le 
tiers.  La  Reine  elle-même  entroit  en  partage  de  la 
Communauté  avec  le  Roi ,  &  emportoit  le  tiers  des 
trél'ors  &  meubles  de  la  maifbn  Royale.  Pasq.  Au- 
trefois ,  par  l'ancien  Droit  François  ■■,  il  y  avoir  Com- 
munauté de  biens  entre  le  mari  &  la  femme  -,  &  à  la 
mort  du  mari,  la  femme  prenoit  le  tiers  des  biens  de 
la  Communauté ,  comme  il  eft  porté  par  le  Capitu- 
laire  de  Charlemagne.  C /,//^,  c.  9. 
Communauté  continuée,  efï  uns  Communauté  qui  3. 
lieu  entre  le  furvivant  des  deux  conjoints  par  ma- 
riage ,  &c  les  enfans  mineurs  iffus  de  ce  mariage  ; 
lorfque   le    furvivant  n'a  point  fait  inventaire  dei 
biens  qui  étoient  durant  le  mariage. 


COM 

Communauté  tacite,  ed'une Communauté conttiAce 
entre  plu(ieurs  penonnes  par  le  i'eil  mélange  de 
■  leurs  biens ,  pourvu  qu'elles  ibicnt  Jemeurces  en- 
femble  un  an  &i  un  jourc.  La  Lummun.i-tu  tacite  , 
parce  qu'elle  ell  odieiifc ,  a  été  abolie  dans  ,^'lulieurs 
de  nos  Coaamies  ;  elle  n'a  plus  lieu  qu'entre  les  en- 
fans  &  leur  père  ou  i. .  --  mère ,  qui  furvit ,  lorfqu'ils 
n'ont  point  tait  d'inventaire. 

Communauté  de:  draps.  C'eft  un  terme  dont  les  Ca- 
pucins ié  fervent,  pour  fignifier  la  chambre  où  ils 
mettent  leurs  habits.  I^ejtiarium. 

Communauté.  Sur  la  fin  du  treizième  fîècle  il  le 
Ibrma  deux  partis  dans  l'Ordre  de  S.  François  , 
dont  l'un  fut  appelé  les  Spirituels ,  &c  l'autre  la 
Communauté.  Ce  que  l'on  appcloitla  Communauté , 
étoit  le  gros  de  l'Ordre  \  les  Spirituels  étoient  les 
Religieux  zélés  qui  blnmoicnr  les  relâchemens. 
Voyei  le  P.  HÉlyot  ,  T.  VU,  C.  F,  Se  Vading  , 
Hiji.  de  I- Ordre  des  Fr.  Mm.   T.  Il  &  III. 

COMMUNAUTIER  ,  1".  m.  terme  qui  eft  en  ufage 
parmi  les  Auguftirs  Dcchaullés  ,  pour  lignifier  ce- 
lui qui  a  loin  de  faire  les  habits  des  Religieux. 
Sartor. 

COMMUNAUX,  f.m.  pi.  Ce  font  les  prés,  terres, 
ou  varennes  qui  appartiennent  à  une  Communauté 
d'habitans ,  ou  ils  ont  droit  d'envoyer  paître  leurs 
beftiaux.  yJgri  compafcui. 

Çcr  COMMUNE,  r.  fi  C'efl  proptcmcnt  le  corps 
du  peuple,  le  corps  des  Bourgeois  d'une  ville,  ou 
des  habitans  d'un  bourg  ,  d'un  village.  Commune. 
La  commi.ne  s'emcut  facilement.  Il  W  faut  pas  ir- 
riter la  commune.  La  commune  de  tel  endroit  a  pris 
les  armes. 

§C?  Ce  mot  EU  pluriel  fTgnifie  les  peuples  de  la  cam- 
pagne ,  les  habitans  d'une  paroiilc.  C'cft  dans  ce 
fens  qu'on  dit  affcmbler  les  communes  pour  déli- 
bérer lur  les  affaires  de  la  Communauté. 

£p°  Autrefois  en  appcloit  les  Milices  Bourgeoifes  & 
les  Milices  de  la  Campagne  ,  les  communes.  On  en- 
joignit aux  communes  de  leur  courir  lus. 

Ç3°  On  a  aufli  donné  le  nom  de  communes  .à  une 
forte  de  Ibciété  que  les  habitans  d'un  même  lieu  , 
d'une  mén:ç  ville ,  d'un  même  bourg  formoicnt 
entr'eux  par  la  permiHlon  du  Souverain",  au  moyen 
de  laquelle  ils  formoientun  Corps ,  avoicnt  droit  de 
s'afTembler,  de  le choilir  des  Officiers,  &c.  C'éroit  une 
efpèce  de  nouveau  gouvernement ,  qui  s'éroit  établi 
dafts  plulieurs  endroits  du  Royaume  ,  avec  l'agré- 
Riem  on  Souverain  ,  fous  le  règne  de  Louis  VI  , 
dit  le  Gros ,  pour  détruire  le  pouvoir  des  Seigneurs 
qui  tyrannifoient  le  peuple,  &  mettre  les  habirans, 
en  les  uniffant  d'intérêts,  en  état  de  le  maintenir 
contre  les  grands  Seigneurs. 

Voici  cnnmcnt  les  communes  s'établirent.  L'ex- 
communication de  Philippe  I ,  &  Ion  inapplication 
aux  afîaires  ,  avoient  prefque  ruiné  fon  autorité 
en  France  ;  6c  jamais  les  violences  des  Seigneurs  &c 
des  Gcrtii<hcmmes ,  &  d'une  infinité  de'brigands 
&  de  Icclérats ,  qui  s'avouoient  d'eux  ,  n'allèrent  à 
de  plus  grandes  extrémités ,  fur  tout  contre  les  Ec- 
cléliafliqucs  ,  fans  qu'on  pût  y  remédier  ,  parce  que 
ceux  qui  dévoient  fournir  des  troupes  les  refu- 
foient  fouvrrt.  Louis  le  Gros,  à  qui  Philippe  fon 
père  avoir  abandonné  la  conduite  de  l'Etat  fur  les 
dernières  anrées  de  fa  vie,  délibéra  avec  les  Evê- 
ques  du  domaine  Royal  des  moyens  de  remédier 
à  ces  maux,  &  imagina  avec  eux  une  nouvelle 
police  pour  la  levée  des  troupes ,  &  une  nouvelle 
forme  de  juftice  dans  les  Villes ,  pour  empêcher 
l'impuritc  des  crimes.  Au  lieu  qu'auparavant  c'é- 
toient  les  Baillis  feuls  qui  levoient  les  Soldats  dans 
les  Provinces,  il  fut  déterminé  que  ce  feroient  les 
Evêques  &  les  Bourgeois  ,  qui  en  certaines  Villes 
fe  chargeroient  déformais  de  cette  commiffion  ■■, 
que  les  levées  fe  feroient  par  paroiffes  ■■,  que  dans 
chaque  paroifTe  ,  tous  ceux  qui  feroient  en  état  de 
porter  l(s  arrres  feroient  obligés  dcir.archrr  fous 
les  bannjcrrs  de  leurs  Eglifes,'  &  que  les  Curés 
iroient  avec  eux  pour  leur  adminiftrcr  les  Sacre- 


COM 


n:^l 


I 


mens,  &;  pour  les  autres  fondions  de  leur  mini- 
ftete.  On  accorda  à  cette  occaiion  de  grands  avan- 
tages aux  villes  où  cette  police  fut  ctabli'e.  On  y  créa 
un  nouveau  Tribunal  ,compofé  d'un  certain  nombre 
de  J  uges,  tirés  de  la  Bourgeoilie ,  auxquels  on  donna 
b  conaoilfance  de  plulieurs  crimes  &  de  pluiieurs  dit- 
férens,  qui  regardoient  les  bourgeois  &  la  ban- 
lieue de  la  ville.  On  leur  accorda  un  fc?au  parti- 
culier, 1-  droit  de  cloche  dans  le  lieu  où  ils  s'af- 
icmbloient,  pour  convoquer  les  Bourgeois,  celui 
d'un  beffroi  pour  faire  la  gardf  ,  ?c  d'autres  pri- 
vilèges femblablcs  ,  dont  Du  Cange  nous  a  donné 
le  détail.  Des  Gentilshommes ,  &  d'autres  gens  de 
dehors,  entrèrent  dans  ces  communes.  Se  il  paroît  que 
tout  le  territoire  ,  qui  reflbrtiifoit  auparavant  à  la 
jultice  de  ces  villes  adminiftrée  par  les  Baillis,  y 
participoit  audi,  Ainli ,  quand  on  dit  dans  notre 
Hilloue ,  que  la  commune  d'une  telle  ville  marcha  à 
l'armée  du  Roi,  cela  fe  doit  entendre  des  troupes 
levées  dans  tout  le  territoire  qui  en  dépendoit  j 
&  ces  troupes  étoicnc  diftinguées  de  celles  que  les 
Seigneurs  &c  les  Gentilshommes  Va(fjux  du  Roi 
ctoient  obligés  de  lui  fournir  en  vertu  de  leurs 
Fiefs.  Nos  Hiftoriens  de  ce  temps-là  appellent  celles- 
ci  Milites  ;  &  les  communes  ,  BursenJ'es.  Ces  com- 
munes étoient  fort  commodes  pour  avoir  aifémenc 
des  troupes.  Aulfi  palfèrent  ^  elles  du  domaine 
du  Roi  dans  celles  de  lés  plus  puifTans  Va/faux  , 
comme  des  Ducs  de  Bourgogne  &  de  Normandie  , 
des  Comtes  de  Flandre  &  de  pkUieurs  autres. 
Mais  d'ailleurs  par  ce  moyen  on  établit  dans  les 
viiles  comme  autant  de  petites  républiques  ,  qui 
firent  fouvcnt  de  la  peine  au  Souverain.  P.  Da- 
niel ,  au  commencement  de  Louis  le  Jeune-,  T.  J, 
p.   1167  &  fuiv. 

C'elt  de  là  qu'ert:  venue  l'aurorité  &  la  juri- 
dicfion  des  maifons  de  villes ,  leurs  revenus,  les 
divers  ofiices  dont  elles  font  compofées  ;  car  même, 
en  plulieurs  chartes,  on  donne  à  ces  Juges  !e  nom 
d'Echevins,  Scafiini,  &  au  Chef  de  cette  iuridic- 
tion  le  nom  de  Major  ou  de  Maire  des  Gentils- 
hommes. 

1^  Par  l'ctabliflémcnt  des  communes  ,  les  villes 
étoient  devenues  prefque  indépendantes  :  auffî  dès 
que  les  Seigneurs  furent  réduits ,  les  Rois  ne  tar- 
dèrent pas  à  dépouiler  petit  à  petit  les  villes 
des  privilèges  qu'ils  leur  avoient  accordés.  Koyc^ 
Lifameuje  Ordonnance  de  Moulins  qui  ôte  la  con- 
noilfance  des  affaires  civiles  entre  les  parties  aux 
Maires ,  Echevins ,  Confuls ,  Capitouls ,  en  un  moç 
à  tous  les  Adminirtrateurs  des  Corps  de  Ville. 

Dans  le  Parlcmenr  d'Angleterre  il  y  a  deux  Cham- 
bres-.la  Chambre  Hauteeft  celle  des  Seigneurs,  Cu- 
riafuperior;  la  Chambre  baiTe  efi:  celle  des  commu- 
nes; inferior  Curia  ;  elle  eft  compofée  des  Députés 
des  Villes,  &  repréfentc  le  Tiers-Etat.  C'eft  de  cette 
Chambre  que  fottent  les  Bills  pour  lever  de  l'argent 
fur  les  fujeis  de  l'Etat ,  Bills  auxquels  la  Chambte 
Haute  ne  peut  faire  aucun  changement. 

Communes  ,  font  auffi  des  terres  qui  appartiennent 
a  des  villes,  à  des  bourgs  ou  villages ,  où  les  hi^ 
bitans  envoient  paître  les  beftiaux  ,"  couper  du  bois 
pour  leurs  ufages,  &  s'en  fervirdans  leurs  autres 
befoins.  A^ri  communes.  Les  Seigneurs  des  lieux 
ufurpent  fouvent  les  communes  des  payfans.  Les 
communes  ne  fauroient  être  aliénées  j  éc  li  elles  l'é- 
toient,  les  habitans  y  pourroient  rentrer  de  plein 
droit.  Journal  des  Aud.  On  les  appelle  en  quel- 
que pays  des  communaux.  Feftus  appelle  compaf~ 
cuus ,  un  champ  abandonné  au  pâturage  des  be- 
ftiaux du  commun. 

Commune,  [à  la)  adv.  Communément  ,  groflière- 
ment ,  vulgairement.  Vulgari  more ,  vu!<'ato  more. 
Il  philofophe  à  la  commune.  Gomb.  Il  n'eft  pas 
d'ufage. 

UCT"  Commune  ,  terme  de  Mythologie  ,  par  le- 
quel on  déligne  une  fcte  quecélébroient  les  Payens, 
La  fcte  que  les  Payens  nommoient  Commune,  étant 
arrivée  ,  Julien  retourna  au  teninle  de  la  Fortune, 

Z  Z  z  z  ij 


as 


C  O  M 


7J2, 

C'eft  fans  doute   la  fête  de  tous   les  Dieux  que 
Fedus  appelle  Communie arlus  dies. 
COMMUNEL.  adj.  Commun.  Vieux  mot  ,   qui  ie 
trouve  dans  Villehardouin,  &;  autres.  f^oye^Dv 
Gange  i  Gloss.  de  Villehardouin. 

Et  sons  li  tiens  font  comm\y.r\t\.Vn.  Mouskes. 

COMMUNÉMENT,  adv.  D'une  manière  commune, 
ordinaire  ,  générale.  Communiter ,  vulgo.  Les  pro- 
verbes le  forment  de  ce  qui  Te  àii communément.  On 
trouve  cela  communément  ;  c'eft-à-dire  ,  partout. 
Vbiijue.  Il  y  a  communément  dans  nos  Hiftoriens 
un  certain  embarras  qui  fatigue  l'eiprit,  &  qui  le 
dégoûte.  Le  P.  Dan.  A  parler  communément  j  com- 
tnunement  parlant  -,  pour  dire  ,  félon  l'opinion  com- 
mune, félon  la  manière  de  parler  ordinaire. 
COMMUNIANT  ,  ANTE.  f.  Celui  qui  communie. 
Qui  ad  epuLum  Euckarijiicum  accedit ,  qui  facra- 
tijjîmo  Chrijii  corpore  rejicitur.  Il  y  avoir  deux  com- 
munians  à  cette  Mefle,  On  compte  le  nombre  des 
paroiiilens  d'une  Cure  en  difant ,  il  y  a  tant  de 
communians.  ^ 

COMMUNICABILITE.  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft 
commun\cd.b\Q.  Fdcultas  ab  une  adalium  tranfeundi. 
C'eft  un  fait  attefte  par  un  grand  nombr;  de  voya- 
geurs ,  que  les  Orientaux  ne  croient  point  la  com- 
municabilité  delà  pefte.  Journ.  des  Sav.  ijit.p'. 
2  11.  M.  Gaudereau  ,    dans  fa  Relation  des  diffé- 
rentes efpèces  de  pefte  que  reconnoiifent  les  Orien- 
taux ,  n'en  convient  pas ,  &  il  a  raifon^  Les  preuves 
que  l'on  apporte  de  cette  prétendue  opinion  des 
Orientaux  ,  ne  font  pas  convaincantes  •,  car  la  cou- 
tume dans  laquelle  ils  font  de  n'apporter  point  de 
*précautions  ,  6c  de  le  fetvir  des  hardes  d'un  pefti- 
féré  ,  aulfi-tôt  qu'il  eft  morr,  ne  vienr  point  de  ce 
qu'ils  nient  la  cornmunicatilité  de  la  pefte  •,  mais 
de  l'opinion  où  font  les  Mahométans  fur  la  pré- 
fcience  de  Dieu ,  donr  ils  font  une  efpèce  de  de- 
ftin  ,  qui  a  prévii  &  réglé  qu'ils  mourroient  de  telle 
ou  de  telle  autre  manière.  S'il  l'a  prévii  ^  ils  difent 
qu'ils  auroicnr  beau  faire  ,  &  que  cela  arrivera  in- 
failliblement ',  Se  s'il  ne  l'a  pas  prévu  j  ils  ont  beau 
s'expofer ,  rien  he  pourra  leur  donner  la  mort.  Ainfi 
on  a   tort  de  s'autorifer  de  l'exemple  des  Orien- 
taux pour  rejeter  la  communicabHité  de  la  pefte. 
Les  Orientaux  s'expofent  de  la  même  manière,  & 
par    le  même  principe ,  à  tout  autte  danger  qu'à 
celui  de  la  pefte. 
ffr  COMMUNICABLE.'adj.det.  g.  Ce  qu'on  peut 
communiquei  à  un  autre,  ce  dont  on  peut  le  faire 
participant.  Quod  alteri  communictri potefi  ;  cujus 
particeps  fieri  potejt,  La  Souveraine  autorité  n'eft 
pas  communicable. 
§Cr  II  fignifîe  audl ,  qui  peut  fe  joindre  à  un  autre.  So- 
cikbilis.  La  navigation  a  rendu  tous  les  pays  commu" 
nicahlcs, 
^CF  Deux  rivières  font  communicables ,  quand  elles 

peuvent  être  jointes  par  un  canal. 
1^^  Deux  apparremens  font  communicables ,  quand  on 
peut  pratiquer  une  communication  de  l'un  à  l'autre. 
IJCT  On  ne  dit  point  un  homme  communicable  ,  mais 

communicatif. 
COMMUNICANS.  f.  m.  pi.  Sedle  d'Anabaptiftes  du 
feizième  fiècle.  Communicantes,  La  Communauté 
de  femmes  &  d'enfans  qu'ils  avoient  établie  entr'eux 
à  l'exemple  des  anciens  Nicola't'tes ,  leur  fît  don- 
ner ce  nom. 
0CF  COMMUNICATIF  ,    IVE.    Qui  fe  communi- 
que facilement.  Le  bien  eft  de  loi  communicatif. 
On  pe  le  dit  guère  que  dans  ces  fortes  de  phtafes. 
^Cr  On  dit  qu'un  homme  eft  communicatif ,  quand 
il  aime  à  communiquer  aux  autres  les  penfées,  fes 
lumières ,  fes  connoiifances  ,  à  leur  en  faire  part. 
COMMUNICATION. f. f.  Adtionpar  laquelle  on  Liit 
part  à  un'autre,  &  on  le  fait  parricipant  du  bien  ou  du 
mal  qu'on  pofsède ,  &c  l'effet  de  cette  aéfion.  Cmnmu 
jiicatio.  C'eft  par  le  moyen  des  Sacremens  que  Dieu 
nous  fait  la  communication  de  fes  grâces,  hacommu- 
^   nication    des  penfées  fie  des  fcntiraeas  ,    qui   fe 


C  Ô  M 


fatt  ^âf  le  commerce  de  la  eonverfatioii ,  eft  lè 
plailir  le  plus  doux  de  la  vie  raifônnable.  Val; 
L'amitié  eft  une  communication  de  biens  6c  de 
maux. 

Co.\îm:ttnication   fe  dit  auffi  de  la  fréquentation  j 
du  commerce,   de  la  liaifon  qu'on  a  avec  quel- 
qu'un. Communication  focietas,  communia.  Rien  n'eft 
plus  dangereux  que  la  communication  avec  les  Hé- 
rétiques.  La   communication   plus   libre  des  Rois 
avec  leurs  fujets,  fait  qu'on  perd  moins  de  leurs  bons 
exemples.  Flech.    L'efprir  fe  forrifîe  par   la  com- 
munication des  efprirs  vigoureux  ,  &C  fe  perd  avec 
les  efprirs  bas.  Mont.  Rompre  totite  communica- 
tion avec  quelqu'un. 
Communication  lignifie  encore  le  moyen  par  lequel 
deux  choies  fe  communiquenr  le  pallagc  par  où  on 
va  de  l'une  à  l'autre.  Iter  pervium  ab  uno  loco  ai 
alterum.  Il  y  a  eu  bien  des  places  qui  ont  eu  com- 
munication les  unes  avec  les  autres  par  deflbus  terre* 
Cette  galerie  joint ,  fait  la  communication  de  ces 
deux    apparremens.   Canal  de  communication    de 
deux  mers.  On  ne  connoîr  pas  comment  fe  fait  la 
communication  entre  l'ame  &:  le  corps.  Font.Oh  dé- 
finit la  prière ,  une  communication  de  l'ame  avec 
Dieu.  Communicatio 

En  termes  du  Palais,  la  communication  e(i  Vé- 
change  que  les  Avocats  font  de  leurs  facs ,  afirt- 
qu'ils  s'éclaircilfent  du  fait,  &  voient  fur  quoi  ils 
ont  à  plaider.  C'eft  auffi  une  efpèce  de  petit  plai- 
doyer qu'ils  font  au  parquet  en  préfence  des  Avocats- 
Généraux  ,  pour  les  inftruire  de  l'affaire  j  avant 
que  de  leur  envoyer  les  pièces.  On  le  dir  auifi  de 
la  fignification  des  pièces  &  des  adles  d'un  procès; 
Un  Procureur  demande  à  fon  confrère  qu'il  lui 
donne  communication  d'un  tel  afte  ,  qu'il  lui  eri 
donne  copie.  L'Ordonnance  dernière  veut  qu'on 
ne  prenne  communication  des  procès  pour  faire  des 
conrredits ,  que  par  les  mains  du  Rapporteur, 

On  dit ,  en  termes  de  Phyfîque ,  |t7  la  communi- 
cation du  mouvement ,  c'eft-à-dire  l'aiflion  par  la- 
quelle un  corps  qui  en  frappe  un  aurre ,  met  en  mou- 
vement le  corps  qu'il  frappe.  Communicatio  motîts. 

En  termes  de  Guerre ,  oh  appelle  lignes  de  com- 
munication ,  ou  abfolument  les  lignes ,  des  foffés 
profonds  de  (S  à  7  pies,  &  larges  de  ii  qu'on  fait 
d'un  fort  à  un  autre  ,  pour  palîér  d'un  quartier  à 
l'autre,  d'une  attaque  à  une  autre  j  8c  s'entrefecou» 
rir  particulièrement  dans  les  fièges.  Foffœ  per  qtias 
ab  uno  propugnaculo  ad  aliud  iter  patet  ,  fojfx 
commun  icantes. 

En  Théologie  communication  d'idiomes  eft  la 
communication  qui  fe  fait  dans  J.  C.  des  attributs 
d'une  nature  à  l'autre.  Communicatio  idiomatum.  La 
communication  d'idiomes  eft  fondée  fur  l'unité  de 
perfonnedansj.  C.-,parce qu'il  n'y  a  dansj.  C.  qu'une 
perfonne  qui  eft  la  perfonne  du  Verbe,  qui  eft  Dieuj 
&  deux  natures  i  la  divine  Zz  l'humaine.  On  dit 
par  communication  d'idiomes ,  que  Dieu  a  foufïcrt  j 
qu'il  eft  mort ,  (fc.  cela  s'enrend  de  la  nature  hu- 
maine ,  qui  peut  fôufftir  6c  mourir  ,  6c  lignifie  que 
Dieu  a  fouffert  dans  fon  humanité ,  qu'il  eft  mort 
quant  à  la  nature  humaine. Car  les  dénominations  qui 
lignifient  les  natures  ou  les  propriétés  des  natures , 
font  dénominarions  des  fuppêts  ou  des  perfonnes  ^ 
6c  leur  doivent  être  attribuées.  Ainfi  dans  J.  C.  les 
deux  natures  ne  fubfiftant  que  par  la  feule  perfonne 
du  Verbe  ,  on  doir  artribuer  .à  cette  perfonne  les  dé- 
nominationsdesdeux  natures  6c  de  leurs  propriétés. 
On  ne  peut  point  par  communication  d'idiomes  at- 
tribuer'à  J.  C.  les  chofes  qui  fuppoferoient  qu'il  n'eft 
pas  Dieu,  parce  quVUesdétruiroient l'union hypof- 
tatique  ,  fur  laquelle  eft  fondée  la  communication 
d'idiomes  :  ainfi  on  ne  peur  poinr  dire  ,  J.  C.  eft  pur 
homme  ,  J.  C.  eft  peccable  ,  J.  C.  eftfils  adoptif de 
Dieu.  Les  Luthériens  érendent  h  communicationS'x- 
diomes,  jufqu'àdirs  que  J.  C.non  feulement,  dansfâ 
nature  divine  ,  6c  à  raifon  de  fa  perfonne  divine, 
mais  auffi  réellement  6c  proprement ,  eft  dans  fon  hu« 


t:o 


niâfiit^ ,  îmmo'rtcl ,  immcrife  -,  &c.  c'eff  i?fîê'-^éur  , 
contre  la  foi, 
|(CJ"  Communication  ,  figuré  de  Rhétorique  par  la- 
;-    quelle  l'Orateur,  fur  de  la  bonté  de  l'a  caule  ,  ou 
alîèdant  de  rëtre  ,  s'en  rapporre  lltr  quelque  point 
à  la  décilion  des  Juges ,  des  Auditeurs ,  &  même 
à  celle  de  fon  adverlàire.  Encyc.    Qu'en  penfez- 
vous ,  Meflieurs  -,  n'ai-je  pas  pas  fait  ce  que  vous 
auriez  fait  vous-mêmes  ? 
COMMUNIER.    V.   a.    Adminiftrer  le  Saint  Sacre- 
ment de  l'Euchariftie.  Sacrum  Chnjii  Domini  cor- 
pus percipundum  porrigere.  L'Evéque  officiant  a 
communia  tous  fes  Chanoines. 
fcoMMUNiER.  v.  n.  Recevoir  le  Sacrement  de  l'Eu- 
chariftie.  Sacrum  Domini  corpus  pcrcipere.  Tous 
les  Chrétiens  font  obligés  de  communier  à  Pâques  à 
leur  ParoiHè.  L'Eglife^ grecque  communie  fous  les 
deux  elpèces.  Pair  le  fécond  livre  de   Tenullien  à 
■Ja  femme ,  on  voit  que  dès  lors  On  com,munioit  \ 
,  jeun,  &  fouvent  fous  la  feule  efpèce  du  pain.  Fleury, 
S.  Auguftin   dans   fes   Réporzjes  aux  quejlions  de 
Janvier,  marque  expreifément  que  c'étoit  l'ufage 
en  plufieurs  EglifeS  de  communier  tous  les  jour's, 
;&    en   d'autres  de  com.munier    tous  les  Samedis. 
Chez  les  Grecs ,   les  laïques  mêmes  communiaient 
tous  les  Dimanches  ;  &    on  excommunioit    ceux 
qui  y  manquoient  trois   fois  de  fuite.    Fleury. 

On  appelle  communier  en  elprit,  quand  on  élevé 
fon  cceur  à  Dieu,  &  qu'on  lui  témoigne  le  dcfir 
•qu'on  auroit  de  participer  a  la  communion.  Sacrum 
iJhriJii  Domini  cor  pus  ajfe&u  dcfideriifque  pcrcipere, 
M.  Péllifon  dans  fes  Réflexions  fur  les  dijferens 
de  la  Religion  ,  prend  le  verbe  communier  pour 
ce  que  tous  les  autres  ,  en  termes  dogmatiques  & 
d'hiftoire  Eccléfiaftique  ,  appellent  communiquer  , 
être  en  communion,  en  commerce  de  relinion 
avec  quelqu'un.  Ce  n'eft  pas  de  TEgliie  inviViblc 
qu'il  s'agit  là  ;  cai:  elle  n'excommunie  pcrfonne  ; 
c'eft  de  celle  que  l'on  voit  communier  avec  les 
uns  ■,  excommunier  les  autres.  Peliss.  Je  n'ai  re- 
marqué ce  mot  en  ce  fens  que  dans  cet  Auteur  , 
&  ce  rl'cfl^pas^  l'ufage. 
COMMUNIÉ,  ÉE.  part.  paff.  Qui  a  reçu  la  com- 
munion. Il  cft  mort  bien  confeffé  &  communié. 
%T  Communier,  f.  m.  terme  de  Courume.   Voye^ 

CoMPERSONNIER. 

COMMUNION ,  ï.  f.  en  termes  eccléfiaftiques ,  fe  dit 
pour  croyance  ,  uniré  de  doctrine  ,  union  ,  unifor- 
miré  dans  la  même  foi  &  la  même  fociérc.  Communio. 
La  Communion  Aç.  l'Egtife  Carholique  en  ce  fens ,  eft 
l'uiiité  d'une  même  foi ,  là  réunion  des  Fidèles  dans 
la  mêm_e  croyance  ,  la  croyance  des  mêmes 
dogmes,  ou  des  mêmes  articles  de  foi  fous  un 
même  Chef,  qui  eft  le  Pape;  Les  Luthériens  & 
les  Calvinifles  ne  font  point  de  notre  communion. 
Le  S,  Siège  eft  le  centre  néccffaire  de  norre  com- 
minûon.  Il  n'eft  jamais  permis  de  rompre  la  com- 
munion avec  l'Eglife  ,  pour  quelque  raifon  que  ce 
puiffe  ftre.  Le  jufte  que  l'on  condamne  injuftemenr, 
eft  féparé  de  la  communion  externe  ,  inais  non  pas 
de  la  communion  des  biens  fpirituels.  Port-R. 
Dès  les  premiers  temps,  le  mot  de  communion  t^ 
pris  en  ce  fens;  Par  exemple,  le  Concile  d'El- 
Vire  j  qui  le  prcrid  d'ordinaire  pour  la  parrici- 
"pation  aux  Sacremens  &  aux  prières  publiques ,  & 
pour  la  communication  libre  avec  les  Fidèles ,  fe 
prend  cependanr  au/fi  en  quelques  canons,  corair.e 
•au  trenre-feprième ,  pour  là  participation  à  l'Eu- 
chatiftie. 

Outre  cette  communion  générale  de  l'Egiifé  uhiver- 
■felle  ,  dont  on  ne  peut  feféparer  ,fans  être  au  moins 
fchifmatique  ,  ce  mot  fe  difoi t  encore  dans  les  pre- 
miers fièeles  de  l'Egli'e, pour  lignifier  l'union  &:  le  com- 
merce que  lesEghfes  p.Trriculièrcsenrretehoient  cn- 
tr'elles.  Mais  comme  l'Eglilfe  eft.  répandue  dans  tout  le 
monde,  il  étoit  difficile  qu'elles  eudént  toutes  immé- 
diatement &  par  elles-mêmes  coiiimerce  entr'elles, 
'Quefaifoient-clles  donc?  Elles  s'unidbientenrr'elles 
■avec  les  principales  Eglifes-jifur-touTles  Eglifes-'Apoflro- 


b  M 


?ir 


îiqués ,  OU'  Fondée*  par  les  Apôrres.  C'étoit-lâ  uhc 
communion  immédiate.  Par  l'union  qu'elles  avoicnt 
avec  ces  Eglifes  Apoftoliqucs ,  elles  étoicnt  en  com- 
munion avec  toutes  celles  qui  étoient  unies  à  ceè 
mêmes  Eglifes ,  &  cela  s'appelle  une  communion  mé- 
diate. Il  a  toujours  été  permis  aux  Evêqucs  de  re- 
fufer  leur  communion  à  ceux  qu'ils  n'en  ju^eoient  pas 
dignes.  Les  Papes  ont  quelquefois  refufcamfi  la  com- 
munion. Cç  ittm  de  communion  n&  fe  doit  point 
confondre  avec  rexcommunication.  L'excommuni- 
cation emporte  la  privation  de  tous  les  biens  fpiri- 
tuels de  l'Eglife  ,   &  ce  refus  de  communion  n'eft 
qne  la  privation  du  commerce  que  l'on  avoir  où 
que  l'on    pourroit   avoir    avec   une  ou   quelqueè 
Eglifes  particulières.    Le  Pape  même    pourroit  i 
pour    de   bonnes  raifons ,  s'abftenir  de  communi- 
queravec  un  Evêquc,  fans  pour  cela  l'excommunier. 
Communion  des  Saints  ,  tmnc   dogmarique.    C'eft: 
l'union,  la  communication,  les  relations  qu'ont 
entr'elles  l'Eglife  triomphanre  ,  l'Eglife  foulfrante 
&  lEglile  milirante  ;   c'eft-à-dire,  entre  les  Bien- 
heureux qui  font  dans  le  Ciel,   les  âmes  qui  font 
dans   le  Purgatoire,    &■  les  Fidèles    qui    compo- 
fent   ici-bas  la  véritable  Eglile.    -Communio  Sanc- 
'toTum.  La  Communion  des  Saints  confifte  refpec- 
tivemenr  dans   les    devoirs  ,  les  fervices ,    les  fe- 
cours  que  fe  rendent ,  &  que  reçoivent  mutuelle- 
ment   les  uns  des  autres  ,    ceS  trois  parties  de  la 
totalité  des    Fidèles  morts  &  vivans.    Elles    coh- 
fiftent  pour  nous    qui  fommes   fur  la  terre  ,  dans 
l'honneur  que  nous  leur  rendons ,  les  prières  que 
nous  leur  faiibns  pour  obrenir  leur  proteélioh  au- 
près de  Dieu  ,    la  participation  qui  nous  eft  don- 
née a  leur  mérite,  &  l'application  qui    no.ils  en 
eft  faite.    Elle  confifte  pour  les  âmes  du    Purga- 
toire ,    dans  les  prières  &  les  facrifices  que  nous 
offrons    pour    eux  ,    &    en  confcquence  defquels 
l'application  des  mérites  des  Sainrs  leur  eft  faite 
par    manière  de  fufFrage    pour  obtenir  leur  déli- 
vrance.  Par   rapport   aux   Sainrs,  c'eft  la  protec- 
tion   qu'ils  nous  accordent   auprès  de    Dieu  ,    U 
leur  inrerceffion,  les  prières  qu'ils  font  pour  nous, 
l'application  qui   nous  eft  faite  de  leurs  mérites 
&   aux   âmes  du   Purgatoire.  La   Commimion   des 
Saints  eft  un  dogme  de  foi  ,    c'eft  un  article  du 
fymbole  des  Apôtres  i  Je  crois  la    communion  des 
Saints.   Eft-il  rien  de   plus   raifonnable  &  de  plus 
fondé  que  ce  dogme  ?   L'Eglife  eft  un  corps ,  les 
Fidèles  en    font   les  membres  -,    J.  C.   en    eft    It 
Chef  invifibie  ,    &  le  Pape  ,    Vicaire  de  J.  C.  en 
eft  le  Chef  vifible.  Dans  rout  corps  il  doit  y  avoir 
des   rapports   mutuels,  de  la  correfpondance ,   de 
l'union  entre  tous  les  membres ,  ou  ce  ne  feroit 
plus  un  corps  5  ils  doivent  concourir,  chacun  eti 
fa  manière,   Se  s'entraider  pour  la  même  fin.  Cette 
correfpondance  &  certe  union  confifte  en  ce  que 
nous  avons  dit  ci-defllis.  L'Ecriture  &  la  Tradition  , 
l'ufage  conftant    de  l'Eglife  font  pleins  de    preu- 
ves de    cett:e   correfpondance  &  de  cette  commu- 
nion ,    comme  on  le    peut   voir  dans   nos   Con- 
troverfiftcs.    Combien   de  grâces  Dieu  r'accorde- 
t-il  pas  à  fon  peuple  eh  confidération  d'Abraham, 
d'Ifaac  &  de  Jacob  î   Judas  Machabée    ne  fait-il 
point  des  oblations  poui:  les  Juifs   morts' dansTa 
guerre  contre  les  Infidèles  5    L'Eglife  n'a-t'cUe  pas 
de    tout   temps  honoré,   prié  les  Sainrs  >    Com- 
bien dans  l'Hiftoire  Eccléfaftique  de  faveurs  ma- 
nifeftement  obtenues  par  rinterceffion  des  Saints  ; 
Les  Conciles  n'ont-ils  paS  condamné  l'erreur  con- 
traire 2    Sainte  Monique  ne  prie-t  elle  pas  en  mou- 
rant   que  l'on  prie  pour  elle  après   fa  morr  ,   en 
offirant  le  Sacrifice  de  l'autel  ?  &c. 

Les  Pères  donnent  diiférens  noms  à  la  Commu- 
nion des  Saints.  Saint  Cyprien  ,  dans  fa  tren- 
tième Lettre  ,  l'appelle  Privilcgium  focietatis  ,  le 
privilège  de  la  fociété  -,  dans  le  Livre  de  l'Oral- 
fon  Dominicale  ,  il  la  nomme  Jus  communicationis, 
le  droit  de  la  communication.  S.  Auguftiii  dans 
fa  cinquantiè'fne  Lettré  >-  hx\  d'onne  le  nom  de  Si)^, 


7^4  COM 

cietas  CatkaUca  \  Saint  Lcoa  ,  dans  fa  quatre- 
vingt  niuvumc  Laire  .inzïcaii^s  cdilions ,  l'appelle 
Graiia  comniuniiaus. 

tO^  Communion  cft  un  mot  latin  qui  veut  dire  la 
mC-me  choie  que  liailon  ,  communication ,  union. 
On  dcligne  par  ce  mot  l'union  qui  dt  entre  tous 
les  menCbres  de  l'Eglile  .  parce  qu'ils  ne  font 
tous  qu'un  même  corps  dont  J.  C.  eft  le  Chef-, 
enlbrte  qu'il  cR  vrai  de  dire  qu'ils  Ion:  tous  les 
membres  du  corps  myftique  de  J.  C.  &:  les  mem- 
bres de  J.  C.  .        ,       c  • 

fp"  On  la  nomme  Communion  des  Maints  ,  parce 
que  tous  les  membres  de  1  Egiif-  ont  été  lanc- 
lifîcs  par  le  Baptême ,  que  tant  qu'ils  en  conler- 
vent  la  grâce,  ou  lorlque  l'ayant  perdue,  ils  l'ont 
recouvrée  par  la  Pénitence  ;  ils  ibnt  iaincs ,  & 
que  toujours  ils  font  appelés  à  la  raintcté.  C'cft 
pour  cela  que  quand  S.  Paul  parloir  des  Fidèles 
de  fon  temps ,  ou  qu'il  leur  écrivoit ,  il  Lur  don- 
noit  tou'oars  le  nom  de  Saints. 

Communion  eft  auifi  l'adion  par  laquellf  on  re- 
çoit le  corps  &  le  fang  de  Jefus-Chriil  au  trcs- 
augufte  Sacrement  de  l'Éuchariftie.  ChrijH  corporis 
&yang:unis  fumtio  ,  acajfio  aJ  f-icrum  corpons 
epulum.  Oïïgcnc  ,  dans-  une  homii/ie ,  p.  2  3  5,^«; 
l'édition  de  1V19,  marque  qu'avant  hcorrminion 
on  difoit  dès  lors  ,  comme  nous  faifons  encore, 
les  paroles  du  Centenier  ,  Seigneur,  je  ne  fuis 
pas  digne  que  vous  entrie^  fous  mon  toit ,  &c. 
On  ne  lauroic  faire  avec  trop  de  relpcdl  la  làintJ 
communion.  Saint  Cyprien  appelle  les  commu- 
nions précipitées  ,  un  poifon  mortel.  On  retran- 
choit  de  la  communion  les  perfonnes  (candaleuics 
avec  une  extrême  fcvéritc  dans  l'ancienne  Eglife  , 
&:  elle  ne  les  y  admettoit  qu'après  avoT  fobi  1  s 
loix  de  la  pénitence.  Port-R.  Le  quatrième  Con- 
cile de  Latran  ordonne  que  chaque  fidèle  re- 
çoive la  Sainte  communion  ,  au  moins  à  Pâques  : 
ce  qui  montre  qu'il  louhaite  qu'on  le  taflè  même 
plus  fouvent  :  éc  en  CiTet  on  le  faifoit  beaucoup 
plus  fouvent  dans  les  premiers  (ièclcs.  Giaticn 
même  &  le  Maître  des  Sentences  donnoient  pour 
rètrle  aux  laïques  de  le  faire  trois  fois  l'année ,  à 
Pâques ,  à  la  Pentecôte  &  à  Noël  ;  mais  l'ufage 
s'éroit  introduit  au  tr  zième  fiècle  de  n'approcher 
de  l'Euchariftie  qu'à  Pâques  ;  &  le  Concile  jugea 
à  propos  d'en  faire  une  loi  *,  de  crainte  que  le 
relâchement  &c  la  tiédeur  n'allallcnt  encore  plus 
loin  dans  la  fuite.  11  n'y  eut  jamais  plus  de  com- 
munions ,  &c  moins  de  changemens  de  vie.  P.  Rap. 
Une  communion  ndigne  eft  celle  qui  fe  fait  en 
état  de  péché  mortel.  La  coototz^«/o«  Pafchale eft 
d'obligation.  Il  y  a  des  orai<bns  pour  dire  avant 
&  après  la  communion.  Les  Orientaux  fe  fervent 
d'une  cuillier  pour  adminiftrrr  anx  laïques  la  com- 
munion fous  l'efpèce  du  vin.  C'eft  une  preuve  de 
leur  foi  fur  la  prcf'  nce  réelle,  yoyei  CuiLtER. 
Autrefois  on  s'eft  fervi  d'un  chalumeau  pour  la 
même  chofe  en  Occident  ,  comme  B.  Rhenanus 
l'a  remarqué  fur  Tertullien. 

Communion  yôj/i  les  deux  efpèces ,  c'cft-.vdire  fous 
l'eTpèce  du  pair  &  fous  l'efpèce  du  vin.  L'Eglife 
a  retranché  pour  de  grandes  raifons  la  communion 
ibus  les  deux  efpèces.'  Dans  la  primitive  EL'life  on 
adminiftroit  fouvert  la  communion  fous  une  feule 
cfpèce  -,  Se  on  n'a  jamais  cru  que  la  communion 
fous  les  deux  crpècs  fût  ncceflaire  aux  laïques , 
ou  ordonné  par  J-^fus-Chrift  pour  tout  le  monde. 
M.  Boflîiet  &  P.  Doucin  Jcfuite  ont  fait  des  li- 
vres de  la  communion  fous  les  deux  ef fèces.  Dans 
le  neuvi-.Tic  fècle  on  donnoit  encore  la  ccmmu- 
tiion  fou?  les  deux  efpèces  ,  ou  plutôt  on  don- 
noit refpcce  du  pain  trempée  dans  celle  du  vin. 
^cla  SS.  Bened.  Sœc.  111,  p.  I,  Praf.  p.  LUI. 
On  la  recevoir  aufîl  d'abord  dans  la  main.  M.  de 
Marca  ,  Hifi.  de  Bearn.  ,  liv.  ^  t  c.  10.  §.  7/7. 
croit  que  la  communion  fous  une  feule  efpece  a 
commencé  çn  Occident  fous  le  Pape  Urbain  II  , 
l'an  105c»  ,  &  à  la  conquête  de  la  Terre  Sainte, 


COM 

avouant  cependant  que  dès  le  commencement  de 
l'Eglile  on  le  taiiôit  louvent  i  car  il  ne  parle  que 
de  Inuroduaion  de  l'ulagc  général,  qu  il  anri- 
bue  au  vingt  -  huitième  Canon  du  Concile  ae 
Clermont ,  qui  ordonne  à  la  vérité  que  l'on  com- 
munie fous  les  deux  cfpètes  fcparcment  ,  mais 
qui  fait  cependant  deux  exceptions,  l'une  de  né- 
ceifitc  &:  l'autre  de  caucè:c ,  laji  per  n^c.jjitu<.m. 
&  c.iuteUm  :  la  première  pour  les  maLues ,  &C 
la  féconde  en  laveur  des  abltemes  ou  de  ceux  qui 
auroient  horreur  uu  vin. 

Communion,  prife  pour  la  participation  au  Sacre- 
ment de  l'Euchariftie  ,  eft  ou  rcdlc  ou  Ipiri- 
tueile.  La  Communion  réelle  eft  cei  e  où  l'on  re- 
çoit clfedivement  le  Corps  de  Notre-Sei.neuren 
la  fainte  Euchariftie.  La  communion  IpiritucUe  eft 
locfque  ,  fans  recevoir  le  Corps  de  Notre  -  Sei- 
gneur ,  on  excite  en  foi  un  grand  defir  de  le  re- 
cevoir ,  on  fait  tous  les  a^les  que  l'on  feroit  fi 
l'on  communioit  cfteiaivement ,  &  l'on  prie  No- 
tre-Seigneur  de  nous  faire  participans  des  truits  de 
ce  Sacrement. 

CoMxMUNioN  laïque.  C'cft  la  communion  tellç  que 
le  peupl-  la  reçoit,  c'eft-à-dirj ,  fous  une  feule 
efpèce.  Etre  réduit  à  la  communion  laïque,  c'é- 
toic  anciennement  une  peine  canonique  pour  les 
CLrcs  coupables  de  quelque  faute. 

Communion  Etr.ingcre  ,  autre  peine^  à  laquelle 
plaliuurs  Canons  condamnent  les  Evêques  &  les 
Clercs  qui  ont  fait  quelque  faute.  Cette  peine 
n'eft  ni  excommunication  ni  une  dcpoiition  ,  mais 
une  efpèce  de  fufpenfe  des  ibndions  de  l'Orare 
avec  la  perte  du  rang  que  l'on  tenoir.  En  eitct 
le  Concle  de  Riez  ,"  après  avoir  déclaré  nulle 
l'ordination  d'Armcntarius  d'Embrun  ,  permet  i 
quelqu'aurre  Evêque  de  le  reccvo  r  dans  ibn  dio- 
cèi'- ,  de  lui  confier  une  Paroiife  avec  le  rang 
de  Chorcvêque  ,  &■  la  comnuinion  étrangère.  Le 
feco-id  Concile  a'Agde  veut  qu'un  Clerc  qui  rc- 
fufc  de  (réquentir  i'Eglifc  foit  réduit  à  la  com- 
munion etranzire ,  &:  que ,  s'il  fe  corrige,  il  (oit  inl- 
crit  de  nouveau  dans  la  matricule  de  I'Eglifc.  Le 
Concile  de  Lérida  ordonne  de  ne  recevoir  au 
plus  qu'à  la  communion  etran'rare  les  Clercs  qui 
fe  font  emparés  des  biens  de  J'Eglife  après  la  mort 
de  l'Evêque. 

Ce  nom  de  communion  étrangère  vient  de  ce 
qu'on  acco-.ioit  la  communion  à  ces  Clercs  que 
comme  on  la  don-ioit  aux  Clercs  étrangers.  Ua 
Evêque,  par  exemple  ,  qui  fe  trouvoit  dans  une 
Eirlife  ,  dont  il.n*étoit  point  Evêque,  n'y  failbrc 
point  les  fondions  Epifcopales  ;  mais  il  avoit  la 
première  place  a^rès  l'Evêque  &  avanr  les  Prê- 
tres. Si  unPrêrre  étoit  réduit  à  la  communion  étran^ 
gire-,  il  avrrt  le  dernier  rang  pnrmi  Ls  Prêtres,  & 
'avant  les  Diicres,  comme  l'a'iro't  eu  un  Prèire 
étranger,  qui  auroit  paflé  avec  des  lettres  tefti- 
moniales  de  fon  Evêque. 

Le  mot  de  communion  peut  encore  avoir  d'au- 
tres tignific.itions.  11  fe  prend  quelquefois  pour  la 
parciciparion  nux  prières  des  fidèles  ;  d'autre 
fois  aulfi  pour  l'union  que  les  Eglifes  entretenoient 
en'embîc. 

0 1  dotno't  encore  autrefois  le  nom  de  commu- 
nion aux  o:?randcs  pour  les  Morts,  comme  il pa« 
ro't  pir  le  fécond  Concile  d'Ailes,   Can.    iz. 

On  le  donnoit  aurfi  à  la  réunion,  à  la  récon- 
ciliation à  l'Eglife  ;  &  l'on  difoit  ,  donner  la 
communion,  rendre  la  communion. 

Tois  ces  termes  fo"t  encore  en  ufage  au'our- 
d'hui  quand  on  écrit  l'Hiftoire  Ecclcliaft'q  le ,  ou 
que  l'oi  traite  de  ces  matières, 

La  communion  de  la  Me/Te,  c'eft  l'endroa  oii 
le  Prêtr?  comnrir.ie  &  confimc  les  efpèces.  T-m- 
pus  il/ud  farrificii  que  fiera  Hojiia  a  Sacerdjte 
ahfumitur.  En  ce  fens  ,  d  dit  non  feulement: 
le  Prêtre  eft  à  la  communion  ,  mais  enco'-e  la 
M-^ffe  en  eft  à  h  communion.  Il  faut  élever  'on 
cœur  i  Dieu  peodant  la  communion  de  la  Mclfe  ; 


C  O  M 

&:  communier  en  efprit.  On  le  dit  aufîl  du  mo- 
.    men:  où  le  Prêtre  donne  la  communion  aux  fidèles. 
Communion    fe   dit   encore  de    l'Antienne    que   le 
Prêtre  dit    après  avoir  communie  ;    &  les    orai- 
Ibns  qui   luivent  s'appellent  Fojîcommunion. 
Communion.  [Lettres  de)  C'étoient  des  lettres  que 
les  Eglifes  s'ecrivoient   anciennement    pour  com- 
ir.uniquer  enfemble  ,    &  entretenir   l'union    dans 
une   même  croyance.    Miituœ  ad  fovendam    inter 
Ecclefias  caritiitem  ac  communionem  litterœ.  Comme 
il  ctoit  impoillble  que  toutes  les  Eglifes  commu- 
niquaflent  dirccflement ,  on  choififlbit  les  villes  les 
plus    conlîdérables  defquellcs    on    recherclioit   la 
communion ,  6c  par  elles  on   ctoit  cenic  avoir  com- 
munion   avec   les  autres.    Mais   toutes  ctoient  en 
communion  avec  le  S.  Siège. 
^Cr  Communion  ,    terme  de   Jurifprudence,   A  Di- 
jon ,  c'eft  la  partie  de    la  dot  qui  entre  dans  la 
Communauté. 
f);3'  On    appelle  aufll  communion  la   Communauté 
de    biens   entre  mari    &   femme  ;    &    elle    n'efl: 
guère  connue  dans   cette   Province  que  fous    ce 
nom.    Communia  bonorum.  In  communionem  hona 
nferrc. 
§3°  Enfin    c'eft  le  nom  que   l'on  donne   aux  Aflb- 
ciations  qui  ont  lieu  en  certaines  Provinces  entre 
toutes    fortes    de    perfonnes  ,    Se    fingulièrement 
entre  mainmortables.    C'eft  une  efpècc  de  Société 
de  tous  les   biens.  Encyc. 
§CT  On  appelle  communiers  ceux  qui   ont  fait  une 

telle  Société. 
COMMUNIQUANT  ,  ANTE  ,  f,  m.  Voyei  Com- 

MUNICANS. 

COMMUNIQUER ,  v.  a.  donner  quelque  chofe  à 
un  autre  ,  le  faire  participant  de  ce  qu'on  pof- 
fcde.  Communicare  aliquid  alteri  ,  aliquem  ali- 
cuji.'s  rei  participem  facere ,  aliquid  cum  aliquo 
panicipare.  Le  foleil  communique  fa  lumière  éga- 
Jcmcnr  par-tout.  L'aimant  communique  fes  pro- 
priétés au  fer.  Flech.  Si  un  Etre  fupérieur  n'a- 
voir point  communiqué  le  mouvement  à  la  ma- 
tière ,  elle  demeureroit  dans  un  continuel  repos. 
Jaq.  Dieu  ,  foit  en  communiquant  fa  puiflance 
aux  Piinces  ,  foit  en  la  retirant  à  lui  -  même  , 
leur  apprend  leur  devoir  d'une  manière  fouve- 
raine  &:  digne  de  lui.    Boss. 

^3"  On  dit  de  même  communiquer  fes  vues  ,  fes 
projets  ,  fes  idées  ,  fes  lumières  ,  en  faire  part. 
Et  dans  le  même  fcns  ,  communiquer  fa  joie  , 
fa  douleur ,  fon  chagrin.  En  parlant  de  Dieu  , 
on  dit  qu'il  nous  communique  fes  grâces.  Dieu 
communique  à  fes  Saints ,  &:  fait  reluite  fur  eux 
un  rayon  de  fa  gloire. 

§3"  Dans  toutes  ces  accepfions  communiquer  cft  aufïl 
réciproque.  La  chaleur  ,  le  mouvement  ,  la  lu- 
mière ,  la  joie  ,  la  douleur  (fc.  fe  communiquent. 
Certaines  maladies  fe  communiquent  en  peu  de 
temps. 

§Cr  Communiquer,  s'emploie  auffi  abfolument,  & 
fignifie  avoir  commerce,  correfpondance ,  relation 
avec  quelqu'un.  Commercium  ,  communionem  ha- 
bere.  Communiquer  avec  les  fçavans.  Ils  n'ofoient 
communiquer  avec  les  Ambalfadeurs  étrangers.  La 
diverfitc  des  Seéles  empêche  que  les  Turcs  ne 
communiquent  avec  les  Perfans.  Les  Banians  ne 
veulent  point  communiquer  avec  ceux  qui  ne  font 
pas  de  leur  Religion  ,  ils  les  tiennent  immon- 
des. 

Il  n'eft  pas  permis  de  communiquer  avec  un 
Hérétique  dénoncé  ,  fmon  en  certains  cas ,  fous 
peine  d'encourir  par  le  feul  fait  l'exconimunica- 
tion  mineure.  Les  Excommuniés  dénoncés  ne  doi- 
vent point  communiquer  avec  les  Fidèles.  Ce 
mot  ,  en  ce  fens  ,  fe  dit  particulièrement  dans 
les  matières  Eccléfiaftiques.  Dans  l'ufage  ordinaire 
il  feroitmieux  dédire  ,  je  n'ai  point  de  cominerce 
avec  cette  perfonne,  je  ne  la  vois  poinr  ,_  je  ne 
la  fréquente  point.  Et  fi  l'on  dit  quelquefois ,  je 
ne  communique  point  avec  tel  homme  ,  ce  n'eft 


C  OM 


?T 


qu*en  badinant  &  pat  métaphore  ,    comme  fi  on 
le  regardoit  comme  un  excommunié. 
^  Communiquer.  (  Se  )  Donner  un  libre  accès ,  en- 
trer facilement  en  converfarion  avec  quelqu'un.  II 
ne  faut  pas  fe  communiquer  à  tour  le  monde.  Sui 
copiam  facere.  Les  Princes  d'Orient  lé  communi- 
quent rarement  à  leurs  lujets.   C'eft  un    bourru  , 
qui  ne  fe  communique  pas  ailement.   Les  Italiens 
ne  fe  communiquent  guère  qu'à  leurs  meilleurs  amis. 
On  ne  fait  bien  fouvent  des  confidences  que  pat 
la   pente  naturelle  qu'on  a  à  fe  communiquer.  M. 
Esp.  Un  Prince  ne  doit  pas  trop  fe  communiquer  » 
fe   faire  voir  familièrement  à  fe^  fujcts. 
Communiquer  ,  (Se  )  fe  dit  auffi  des  choies  qui  ont 
un    paifage  de  l'un  à  l'autre.  Quelques  uns  croient 
que  la  Mer  Méditerranée  &  la  Mer  Cafpienne  fe- 
communiquent  par  des  canaux  fouterrains.  Fermeare. 
Ces  deux  attaques  fe  communiquent 'çi^t  mihoy?.vt. 
de  tranchée  -,    ces  deux  appartemçns  par  une  ga- 
lerie.   Le    vent    des  fouftlets  fe    communique  aux 
tuyaux  de  l'orgue  par   le  moyen    d'un    fommier. 
En   ce   fens  on   le  dit  aulfi  neutralement  fans   le 
pronom    perfonne!.  Ces    deux  appartemens   com^ 
muniquent  enfemble    par  un  corridor.    Ces  deux 
hôtels  communiquent  par  une  perte   qui  eft  dans 
le  jardin. 
Communiquer  ,  en  termes  de  Palais  ,  fe  dit  de  la  con- 
férence qui  fe  fair  entre  les  Avocats  ,  ou  les  Juges  , 
des  pièces  &  des  raifons  des  parties ,  pour  être  cer- 
tain du  fait  &  de  leurs  défenfcs.  Communicare.  On 
ordonne  que  les  Avocats  fe  communiqueront  refpec- 
tivemenc  leurs  lacs,  qu'ils  en  communiqueront  aux 
Gens  du  Roi  &:  au  Confeil  -,  le  Rapporteur  en  corn- 
muniqucra  à  des  Commifiaires  qu'on  nomme  à  cet 
effet.  Les  Ambafiadeurs ,  ou  Agens ,  doivent  com' 
muniqner  refpeètivcmenr  leurs  pouvoirs. 
COMNÎUNIQUÉ,  ÉE.part. 

COMMUTATIF  ,  IVE.  adj.  Oi\  ne  s'en  fert  guère 
qu'en  parlant  de  la  Juftice  commutative,<\m  regarde 
le  commerce,  où  il  s'agit  de  l'échange  d'une  ehofe 
contre  une  autre  ,  en  rcndanr  autant  qu'on  reçoir: 
en  quoi  la  Juftice  commutative  diffère  de  la  Juitice 
diftributive ,  qui  ordonne  des  peines  &  des  récom- 
penfcs.  Kov£{;  Justice. 

(kT  commutation,  f:  f.  Co'mmutatio.  Ce  mot  fi- 
gnifie littéralement  changement ,  échange  d'une 
chofe  contre  une  autre  :  mais  il  n'eft  d'ufage  que  dans 
les  exemples  Cinw3.ns.  Commutation  de  peine  ,  en  ju- 
rifprudence, eft  le  changemenr  d'une  peine  pro- 
noncée contre  un  criminel  en  une  autre  moins  forte, 
de  la  mort,  par  exemple,  en  une  prifon  perpé- 
tuelle. 

?t3"  Cette  commutation  ne  peut  fe  faire  que  par  Pau— ' 
torité  du  Prince.  Comme  ce  n'eft  point  une  grâce 
pleine  &  entière  ,  mais  feulement  une  relaxarion  de 
la  rigueur  de  la  peine  prononcée  contre  les  cou- 
pables ,  elle  ne  lui  fait  point  recouvrer  fon  premier 
érar ,  &  n'ôte  point  l'infiunie:  &c  par  conféquent, 
malgré  la  commutation ,  il  eft  incapable  de  fuc- 
céier ,  &  de  tous  les  autres  effets  civils. 

1^  Commutation,  terme  d'Aftronomie.  L'angle  de 
commutation  eft  la  diftance  entre  le  véritable  lieu 
du  foleil  vCi  de  la  terre ,  &c  le  lieu  d'une  planète 
réduit  à  l'Ecliptique. 

^)Cr  Le  mot  de  commutation  ne  s'emploie  guère  ail- 
leurs •,&  fi  quelques  Auteurs  s'en  font  fervis  pour 
exprimer  le  changement  ou  l'échange  de  toutes 
fortes  de  chofes ,  ils  ont  eu  tort.  ^ov^{  Change- 
ment ,  Echange,  Troc  ,  Permi^tation, 

COMORIN.  Le  cap  de  Comorin  eft  la  pointe  la  plus 
méridionale  de  la  prefqu'îie  de  l'Inde ,  deçà  le  Gan- 
ge. Promontorium  Comorinum.  Le  cap  de  Comorin 
eft  éloigné  d'environ  fix  cens  milles  de  Goa.  C'eft 
une  haure  montagne  qui  avance  dans  la  met,  8c  qui  a 
en  fice  l'île  de  Céylan.  Bouh. 

COMORRE.  Ville  de  la  baffe  Hongrie.  Brizacium 
Cremerum,  Quelques-uns  prennent  Cr^werww  pour 
Sumarein.  Comorre  eft  bâtie  à  la  pointe  méridionale 
de  rile  du  Schut,  Elle  eft  capitale  du  Comté  d« 


j^6  C  O  M 

Comorre ,  (îtuée  au  confluent  du  Vaag  Se  du  Danube 
à  quatre  lieues  dcjavarin. 
COMOUCH,  CQUE,  terme  de  Gcogaphie  ,  de  re- 
lation &  d'hiftoire.  Les  C\>mouchs  l'ont  le  peuple  de 
Comanie.  Ils  demeurent  la  plupart  au  pic  des  mon- 
tagnes i  ils  vivent  de  larcins ,  qu'ils  font  fur  Icut.s 
volfîns  ^  entr'eux.  Les  Comouchs  font  Mahométans 
de  religion  ,  5c  les  plus  fcrupukux  qu'il  y  ait.  Ta- 

VERNIER  ,  Tonii  1. 

|p=   COMPACITE,  r.  f.  Terme  didaûique  qui  fert  en 
Phylîquc  à  exprimer  la  qualitéd'un  corps  compadte, 
c'cfl-à-dire,  dont  les  parties  font  fort  ferrées,  ou 
quia  beaucoup  de  parties  iolides.  D^nJîcas.U  n'y 
a  point  de  compacité  ablolue 
COMPACT,  f.  m.  CompaHum.  Terme  de  Droit.  On 
appelle  Bulle  du  Compaît  y  cette  bulle  célèbre  con- 
firmée par  le  Pape  Paul  IV  ,  qui  regarde  les  Cardi- 
naux. En  vertu  de  la  bulle  du  tbm/'dt? ,  les  Cardi- 
naux ne  peuvent  conférer  les  Bénéfices  que   dans 
leur  état  naturel  \  c'eft-à-dire ,  les  bénéfices  réguliers 
à  des  Réguliers.  Les  privilèges  dont  jouillent  les 
Cardinaux  y  font  mentionnés. 
^  COMPACT  de  Bretagne  ou  Breton.  C'eft  une 
convention  entre  le  Pape  &:  tous  les  Collateurs  de 
cette  Province,  fuivant  laquelle  les  Collateurs  or- 
dinaires ont   droit  de   conférer  les  bénéfices  qui 
vacqucnt  dans  les  quatre  mois  de  Mars ,  Juin,  Sep- 
tembre &  Décembre  ;  &:  les  huit  autres  mois  ap- 
partiennent au  Pape ,  qui ,  au  moyen  de  cet  accord , 
a  renoncé  au  droit  de  concours  ic  de  prévention. 
|tT  CojMpact  de   l'alternative ,  ancien   accord   fait 
entre  le  Pape  Martin  V  &  le  Roi  Charles  VI ,  pour 
uicr  en  France  de  la  règle  de  Chancellerie, dire  de 
M  alternative.  Ce  fut  Innocent  VII  qui  établit,  dès 
1404   l'alternative  ,    pour    la  collarion  des  béné- 
fices entre  le  Pape  &:  les  Evêques ,  en  faveur  de  la 
rcîidence. 
COMPACTAT,  f.  f.  En  mauvaife  latinité  ,  coOT/'^(.7(î- 
tum.  Il  fignifie  accord  ,  articles  convenus  entre  des 
parties.  On  donna    ce  nom  à  l'accord  qui  fe  fit  au 
Concile  de  Bâle ,  pour  les  Callixtins.  Le  mot  de  corn- 
paciatum  eft  ctXchvc  A^nsVHiJioire  de  Bohème.  Au 
refle,  il  ne  faut  point  s'en  fervir  en  françois  :  il 
faut  dire ,  accord ,    convention ,    articles.    Voye:^ 
Callixtin. 
tjTT  COMPACTATION.  f.   f.  C'eft    le  nom   d'un 
accord  arrêté  au  Concile  de  Bâle  ,  qui  permettoit 
aux  Bohémiens,  Sei^tateurs  de  Jacobel,    la  com- 
munion fous  les  deux  efpèces. 
COMPACTE  ,  adj.  m.  &  f.  terme  de  Phyfique.  Corps 
qui  eft  ferré  ,  denfe  ,  qui  a  peu  de  pores,  &  beau- 
coup de    poids.   Compaclus.    Les  corps  compactes 
vont  au  fond  de  l'eau.  Les  métaux  les  plus  pefans 
ibnt  les  plus  compactes-,  tels  que  l'or  &  l'argent. 
1)3°  Plufieurs  Pliyficicns  ccùvenx.  compacl  au  mafculin, 
&  compacts  au  pluriel.  Cette  ortographe  me  paroît 
préférable  ,  parce  qu'elle  eft  plus  conforme  à  l'u- 
fage  ,  quand  nous  francifons  des  mots  latins. 
0Cr  Au  refte,  compacte  n'eft  qu'un  terme  de  relation, 
puifqu'il  n'y  a  point  de  corps  qui  ne  renferme  beau- 
coup plus  de, pores,  que  de  parties  folides. 
COMPAGNE  ,  f.  f.  fille  ftT  ou  femme  qui  a  quelque 
liaifon  d'amitié  ou  de  familiarité  avec  une  autre  de 
même  condition  ,,  ou  qui  a  le  même  emploi  dans 
la  même  maifon.  Socia  ,  cornes.  Proferpine  alloit 
ié  divertir  avec  fes  compagnes  .,  quand  elle  hit  en- 
levée par.Pluton.  Les  filles  d'honneur  chez  la  Prin- 
ceife  s'appellent  entr'elles  compagnes. 

Vous  voilà  donc  compagne 
De  certaines  Philis  ,  qui   gardent  les  dindons. 

La  Font, 

Compagne.  Ce  mot  fe  dit  auffi  des  chofes.  O  mé- 
diocrité !  compagne  du  repos.  La  Font.  L'amitié 
n'a  point'  été  donnée  pour  compagne  du  vice  ;  mais 
pour  fecours  >i]a  vcrru  S.  Evr. 

Les  ennuis  ,  les  infirmités , 
De  U  froide  yieillcjje  ordinaires  compagnes,  Des-H. 


C  O  M 

|CF  Compagne  fe  dit  auffi  de  la  femme,  par  rapport! 
fon  mari.  Dieu  donna  Eve  à  Adam  ,  pour  lui  letvir 
de  compagne.  Il  a  perdu  fon  aimable  compagne. 

^C?  Quandk  Roi  parle  de  la  Reine  dans  fes  L  ttres- 
Patcnas,  il  la  qualifie  ,  notre  très-chere  époufe  & 
cornpu^iie, 

?^  Dans  ce  fcns ,  il  fe  dit  aufli  des  Tourrerelles.  La 
Tourterelle  gémit  quand  elle  a  perdu  fa  com- 
pagne. 

Que  fais-tu  dans  ce  bois ,  plaintive  Tourterelle? 
Je  gémis  ;  j'ai  perdu  ma  compagne  fidèle. 

FOURCROY. 

Compagne,  en  terme  de  Marine,  eft  le  nom  delà 
chambre  du  Majordome  d'une  Galère. 

Compagne.  Ce  nom  fe  donne  dans  la  Congrégation 
de  Notre-Dame  aux  Soeurs  Converfes,  que  l'on  ap- 
pelle 5ii«rj  Compagnes,  P.  HÉlyot,  T.  Fl,p,  554.     J 
On  les  appelle  aulli  Coadjutrices.  .1 

COMPAGNIE,  f.  f.  nom  coUeétif,  qui  fe  dit  de 
plulieurs  perfonnes  allémblées  en  un  même  lieu , 
ou  avec  même  delléin.  Cœtus.  (fTCompagnie  d'hom- 
mes ,  de  femmes.  Il  eft  venu  avec  une  nombreufe 
compagnie.  Comitatus.  Pour  l'étymologie ,  voye:^ 
au  mot  Compagnon. 

^3"  Compagnie  fe  dit  aufll  de  deux  perfonnes  qui 
font  enfemble.  On  dit  encefens,  hire  compagnie 
.à  quelqu'un,  tsniz  compagnie ,  aller  de  compagnie. 
Nous  irons  de  compagnie.  Unà  ihimus  ,  enfemble. 
On  dit  qu'un  homme  eft  en  compagnie;  pour  dire, 
qu'il  y  a  du  monde  avec  lui. 

03"  On  dit  qu'un  homme  a  eu  la  compagnie  d'une 
femme  -,  pour  dire ,  qu'il  a  vécu  avec  elle ,  qu'il  en 
a  eu  la  jouilfance.  Rem  h.zbuit  cum  illâ.  En  ftyle 
de  pratique  ,  on  dit  compagnie  charnelle. 

Compagnie  fe  dit  dans  un  fens  plus  étroit ,  d'un 
certain  nombre  d'amis  adcmblés  dans  un  lieu  pour 
s'entretenir ,  pour  fe  divertir ,  pour  fe  vifiter.  C'eft 
agir  contre  l'intention  de  la  natuie  que  de  fuir 
la  Compagnie.   S.  EvR. 

Compagnie,  cercle  de  femmes.  Virginei  cœtus.  Re- 
chercher ,  fréquenter  les  Compagnies.  Circulos  con- 
feclari.  Il  y  a  des  femmes  qui ,  pour  être  de  bonne 
compagnie  f  croient  qu'il  faut  avoir  un  air  libre, 
&  faire  un  récit  plaifant  d'une  manière  un  peu 
trop  gaie.  Scud.  On  fuit  ces  gens  ,  qui  toujours 
occupés  de  leurs  propres  pcnfées ,  ne  fortent  jamais 
d'une  certaine  gravité  ,  qui  glace  les  compagnies 
les  plus  enjouées.  Bell.  Dans  les  lieux  les  plus 
foliraires ,  &  les  plus  déferts ,  vous  êtes  pour  moi 
une  grande  compagnie.  Bouh.  Quand  on  eft  de 
bonne  compagnie  à  l'égard  des  honnêtes  gens  ,  on 
l'eft  auffi  pour  foi-même  \  Ss.  de-là  dépend  tout 
le  bonheur  de  la  vie.  Ch.  de  Mer.  Comme  la  re- 
traite trop  longue  afFoiblit  l'efprit ,  la  compagnie 
trop  fréquente  ,  le  diffipe.  S.  Evr. 

§3°  Compagnie  fe  dit  aufll  de  cettains  corps ,  d'une 
aflémblée  de  certaines  perfonnes,  établie  pour  de 
certaines  fonélions.  La  Compagnie  des  Fermiers-Gé- 
néraux. Préfenter  un  Mémoire  .à  la  Compagnie  pour 
faire  modérer  une  amende.  L'Académie  Francoife 
eft  une  Cojupagnie  établie  pour  perfeél;ionner  la 
langue  francoife. 

Compagnie  de  Juftice ,  eft  un  Tribunal  établi  par  au- 
torité du  P>.oi  pour  rendre  la  Juftice. 

§3°  On  appelle  Compagnie  Souveraine ,  un  Tribunal 
qui  juge  en  dernier  rcflbrr,  fans  appel ,  dans  tous 
les  cas ,  fans  reconnoître  aucun  Tribunal  fupcrieur 
duquel  il  relfortilié.  Les  Parlemens,  les  Chambres 
des  Comprcs ,  les  Cours  des  Aides ,  &c.  font  des 
Compagnies  Souveraines  ,  Supérieures.  Superius 
Tribunal-,  Suprema  Curia.  Les  autres  Tribunaux, 
donr  il  y  a  appel ,  font  des  Compagnies  fubalternes. 
Curia  inferior. 

Ce  mot  eft  auffi  ufitc  parmi  les  Proteftans  en 
parlant  de  leurs  Confiftoires  Se  de  leurs  Synodes. 
Confejfus ,  Conventus.  La  Compagnie  a  arrêté,  La 
Compagnie  a  jugé  à  propos, 

Compagnie 


COM 


COMPAGNIE ,  en  termes  de  négoce  &  d'affaires ,  fe 
dit  d'une  fociété  de  Marchands  qui  ie  fait  pour  éta- 
blir un  grand  négoce  ou  une  grande  manufadlure , 
pour  entreprendre  &  conduire  des  opérations  quel- 
conques de  commerce.  On  le  dit  de  même  d'une 
ibciété  de  'gens  d'arFaires.  "* 

Dans  les  Provinces-Unies  il  y  a  deux  Compa- 
gTîies  iks  Indes  ,  l'une  pour  les  Indes  Orientales, 
&  l'autre  pour  les  Indes  Occidentales.  La  pre- 
mière fut  établie  en  i6oz.  Le  motif  des  Etats  fut , 
que  les  Compagnies  particulières  fe  nuifoient  les 
unes  aux  autres ,  &i  qu'une  feule  ayant  toutes  les 
forces  réunies  des  autres,  feroit  plus  capable  de 
réiiftcr  aux  Efpagnols.  Cet  étabUifement  eut  tout 
le  fuccès  qu'on  en  attendoit.  La  Compagnie  étendit 
fon  commerce  jufqu'à  la  Chine  ,  &  fit  des  con- 
quêtes confidérablcs.  Batavia  ell:  la  capitale  de  tous 
les  Etats  que  pofsède  la  CW/j^o'/iie  dans  les  Indes. 
Le  Général  de  la  Compagnie  y  refide.  Elle  eft  gou- 
vernée par  feize  Diredtcurs ,  qui  agiflént  comme 
Souverains  dans  tout  ce  qui  regarde  la  Compagnie. 
Elle  fait  la  paix  &  la  guêtre  ,' envoie  des  Ambaf- 
,  fadeurs,  cquippe  des  flottes ,  &  entretient  des  ar- 
mées ,  indépendamment  des  Etats  :  c'eft  un  Etat 
dans  l'Etat  même ,  &  une  République  dans  l'a  Ré- 
publique. Le  fonds  de  la  Compagnie  des  Indes, 
quand  elle  fut  établie,  ctoit  de  cinq  millions  fix 
cens  mille  livres.  La  Chambre  qui  fut  établie  à 
Amfterdam  y  entra  pour  une  moitié  ,  celle  de  Zé- 
lande  peut  un  quart,  celle  de  Delft  &  de  Rot- 
terdam cnfemble  pour  un  huitième ,  celle  d'En- 
chufe  de  de  Hornpour  un  huitième.  La  Compagnie 
des  Indes  n'ayant  été  établie  que  pour  vingt  ans , 
fes  Lettres  d'éredion  furent  renouvellées  pour 
vingt  &  un  ans  fur  la  fin  de  itfiz  avec  quelques 
changemens  dans  les  conditions.  Le  temps  porté 
par  les  Lettres-Patentes  étant  expiié  ,  elles  fuient 
renouvellées  en  1647  pour  vingt  cinq  ans  -,  elles 
le  fut-ent  encore  en  kSiJ^  ,  pour  jufqu'à  la  fin  du 
fiècle ,  fous  les  mêmes  conditions  contenues  dans 
les  dernières  Lettres-,  &  en  kîcjS,  elles  furent  en- 
core rerouvellces  fous  les  mêmes  conditions ,  pour 
quarante  ans  inclufivement ,  à  commencer  en  1700. 
La  Cvmpa<^nie  pour  l'Occident  fut  établie  en 
1717  fur  le  même  plan  ,  &  en  vertu  d'un  privilège 
&  d'une  conceflion  des  Etats,  elles  font  l'une  "& 
l'autre  fous  la  proteélicn  des  Etats. 

Il  y  a  encore  en  Hollande  d'autres  Compainies 
femblables  pour  le  commerce ,  qui  font  lés  Com- 
pagnies de  Surinam,  du  Nord,  de  Groenland  ,  de 
la  mer  Baltique  ,  &c. 
Compagnie  des  grilles.  On  nomme  ainfi  à  Gênes 
une  alfociation  de  Marchands  pour  le  négoce  des 
Nègres  de  l'Amérique  Efpagnole. 

Il  y  a  aulli  en  France ,  &  dans  plufîeurs  autres 
Etats ,  des  Compagnies  de  Commerce. 
§3"  Plufîeurs  perfonnes  jointes  pour  aller  enfemble, 
dit  M.  l'Abbé  Girard,  foinlz  troupe.  Plufîeurs  per- 
fonnes féparées  des  autres  pour  fe  fuivre  &c  ne  fe 
point  quitter  ,  font  la  iande.  Plufîeurs  perfonnes 
jB  .   réunies  par  l'occupation  ,    l'emploi  ,    ou  l'intérêt 
P*'  font  la  Compagnie. 
ÇCT  Xj  ne  troupe  àz  Comédiens,  une  ifa/2^  de  violons, 

&  la  compagnie  des  Indes. 
gCT  II  faut  toujours  prendre  l'intérêt  de  la  Compa- 
gnie où  l'on  efl:  engagé. 
ÇC?  Billets  de  Compagnie ,  font  des  billets  faits  pour 
emprunter  de  l'argent  au  nom  d'une  Compagnie  , 
&  qui  font  foufcrits  par  un  ou  pluficurs  AfTocJcs. 
En  termes  d'Arithmétique ,  on  appelle  Reg/e  de 
compagnie,  une  rèp-Je  de  tro'S  compofée  ,  qui  fort 
■     à  trouver  auelle  part  peuvent  avoir  à  la  perte  ou 
au  gain  ,  chacun  des  Marchands  qui  ont  une  Com- 
pagnie ,  à  proportion  des  fonds  qu'ils  y  ont  mis ,  5<r 
du   temps  qu'ils  y  font  entrés. 
Compagnie  ,  en  termes  de  Guerre ,  eft  un  certain 
nombre  de  Soldats  ou  de  Cavaliers,  commandes 
pat  un  Capiraine.    Armatomm   caterva  ,  maniis , 
cokors  y  centtiria  ,  manipuliis  ,  pour  l'Infanterici 
Tome  II. 


COM  7  jy 

turmn ,  pour  la  Cavalerie.  Le  nombre  en  efl 
tantôt  plus  grand ,  tantôt  plus  petit.  Une  Com- 
pagnie de  Cavaletie  ell:  de  40  à  50  Cavaliers  :  celles 
d'Infanterie  font  de  50  Soldats  dans  les  Régimens 
ordinaires.  Elles  étoicnt  de  100  hommes  en  1671. 
Aux  Gardes ,  \\  y  en  a  jufqu'à  i  zo ,  aux  Gardes  Suif- 
fes,  il  y  en  a  Jufqu'à  loo ,  &  plus.  Les  Régimens 
font  compoles  de  compagnies. 

Compagnie  Franche ,  terme  de  guerre.  Cokors ,  ou 
turma  libéra,  C'eft  une  compagnie  qui  n'cft  point 
enrégimentée,  qui  ne  fait  point  partie  d'un  Régi- 
m^t.  Les  Compagnies  Franches  font  ordinairement 
plus  nombreufes  que  les  autres.  Sous  un  Capitaine 
habile  les  Compagnies  Franches  font  fou  vent  de  fore 
belles  aélions  &;  très-hardies.  Les  rroupes  Suiifes 
qui  font  en  France  ,  Gonfiftent  en  plufîeurs  Régi- 
mens &  en  quelques  Compagnies  non  enrégimenrées , 
&  qu'on  appelle  pour  cela  Compagnies  Franches. 
P.  Daniel.  Les  Compagnies  Franches  prennent 
l'ordre  de  leur  Capitaine  ,  comme  les  autres  de  leur 
Mcftre  de  Camp  ,  ou  Colonel. 

Compagnies  d'ordonnance.  Ce  font  des  Compagnies 
franches  qui  n'entrent  Jamais  en  Corps  de  Régi- 
ment^; elles  confiftent  en  Gendatmes  &  Chevaux- 
Légers  du  Roi,  de  la  Reine  ,  de  M.  le  Dauphin  , 
de  Moniieur,  &c.  Turma  Cataphraclorum,  turma. 
gravis  equitatks.  Les  Compagnies  des  Gendarmes  , 
étoient  autrefois  compofées  de  gens  pefammeht  ar- 
més ,  ou  de  toutes  pièces ,  &;  dc'ço  Gentilshommes. 
C'ell  Charles  VII  qui  inftitua  les  Compagnies  d'or- 
donnance. Il  choifit  quinze  Capitaines  qui  autoient 
fous  eux  chacun  cent  lances  ou  hommes  d'armes  : 
chaque  homme  d'armes  devoir  êtte  payé  pout  fix 
perfonnes ,  lui  compris  dans  ce  nombre  ,  dont  troi-î 
feroient  archers  à  cheval  ,  un  coutillier ,  un  page 
ou  valet.  La  paye  de  l'homme  d'atmes  fut  réglée 
à  trente  francs  par  mois.  Ce  fut-làl'établiffcmcnt  de 
ce  qu'on  a  appelé  depuis  Compagnies  d'ordonnance^ 
parce  qu'elles  furent  infticuces  par  les  Ordonnan- 
ces que  le  Roi  publia  fur  ce  fujet  -,  &  ces  Compairnies 
furent  dorénavant  données  à  des  Seigneurs  &  à  des 
Gentilshommes  les  plus  diftingués  'pat  leur  pru- 
dence &  par  leur  valeur.  P.  Dan.  T.  Il,  p.  1175. 

Compagnies  des  Gardes.  Ce  font  les  quatre  Compa- 
gnies des  Gardes  à  cheval,  qui  ont  l'honneur  de 
fervir  auprès  de  la  perfonne  du  Roi ,  &  qu'on  ap- 
pelle Gardes  du  Corps.  Regii  flipatores  ,  cujiodes. 
On  appelle  Compagnies  aux  Gardes  ,  les  Compa- 
gnies d'Infanterie  qui  compofent  le  Régiment  des 
Gardes  Françoifes.  Prœtoriana  cohortes. 

Compagnie  Colonelle  ,  eft  la  première  Compagnie 
d'un  Régiment  d'Infanterie.  Primipilum. 

Compagnie  en  fécond.  C'eft  une  Compagnie  de  Cava- 
lerie détachée  d'une  autre  qui  étoit  trop  nom- 
breufe,&  qui  ne  laifTe  pas  d'efcadronner  avec  elle. 
Turma  equitum  Jocia. 

Compagnie  fîgnifîe  auiFi  la  charge  deCipitaine.  Pr^e- 
fecîi  centurionis  munus.  Il  a  eu  permiffion  du  Roi 
de  vendre  fa  Compagnie. 

Compagnies,  abfolument  &  au  pluriel ,  ou  Compa- 
gnies blanches  ■,Ç\3,x\\Çit  des  troupes  de  brigands  Si 
de  fcélérats  qui  fe  formèrent  au  temps  du  Roi  Jean, 
&  s'aifemblèrent  fous  divets  chefs ,  &  qui  devin- 
rent fameufcs  dans  l'Hiftoire  de  ce  temps -là,  par 
leurs  brigandages,  &  par  la  défolation  qu'elles  cau- 
sèrent dans  toute  la  France.  Pour  s'en  défaire ,  fous 
le  règne  fuivant.  Châties  V  les  envoya  fervir  en 
Efpagne  fous  du  Guefclin  qu'elles  acceptètent  pour 
chef.  Du  Gncfclin  fît  courir  le  bruit  qu'il  alloit 
contre  les  Maures  de  Grenade;  K  pour  le  faire 
croire  ,  il  ordonna  à  rous  les  Soldats  des  Com- 
par^nies  de  porrer  fur  leurs  habits  de  ^^^andes  croix 
blanches ,  pour  marquer  que  leur  expéiirion  croit 
une  eflièce  de  croifadc-,  &:  depuis  ce  rcmps-là  ces 
Compagnies ,  tandis  qu'elles  fetvirrnt  fous  lui ,  s'ap- 
pe'èrent  les  Compagnies  blanches.  Quelques -un» 
difent  que  ces  brigands  font  les  Brabançons,  Cotte- 
r:"reux,&  Routiers,  qu'on  appela  depuis  du  nom 
de   Compagnies. 

A  A  Aaa 


738 


C  O  M 


C  O  M 


1^3-  Quoi  qvi'il  en  foit,  DuguefcUn  employa  cesTtou- 
pcs  contre  Pierre  le  Cruel,  iouillc  du  meurtre  de 
ion  frère ,  ^V  de  celui  de  Blanche   de  Bourbon  U 
iemme,  belle- iœur  de  Charles  Vi  le  vainquir,  6: 
micllir  lerrônedcHenri  de  Tranftamare.  Ses  Com- 
pagnies périrent  prelque  toutes,  ou  le  dillipèrenr 
dans  cette  expédition ,  &:  l'on  n'en  entendit  plus 
pa  rler  en  France. 
C  oMPAGNiE ,  en  termes  de  Chafle ,  fe  dit  des  bêtes  qui 
vont  en  troupe ,  comme  des  langliers  qui  vont  enlem- 
ble.  Grex,  Sur-tout  on  appelle  un  fanglier  d'un  an 
jufqii'à  deux,  l'êtes  de  compagnie  ;  &  l'on   dit  qu'à 
deiix  ans  illbrt  de  compagnie ,  c'e[\-^-ditc,  qu'il  com- 
mence à  aller  feul.  Et  en  général   on  appeUeCom- 
pa^ynle ,  une  troupe  de  beres  noires.  A  l'égard  des 
bêtes  fauves ,  on  l'appelle  /tarde.  On  dit  auHi ,  une 
compagnie  de  perdrix  ,  en  parlant  de  celles  qui  vont 
enilmble.  On  appelle  aufîi  des  clievaux  de  louage, 
de  Chaiîc-marée  ,  de  Mellagers ,  qui  font  l\  accou- 
tumés d'aller  enlémble  ,  t]u'on  a  de  la  peine  à  les 
féparer,  des  fcUs  de  Compagnie, 
Ip-"    On:dit  proverbialement,  qu'il  vaut  mieux  être 
feul  qu'en  mauvaife  compagnie.  On  dit  auHi ,  faulfer 
compagnie  ,  ou  Jouer  à  la  faulfe  compagnie  ;  pour  di- 
re ,  quitter  un  parti ,  trahir  ceux  avec  qui  on  ett  aflo- 
cié;  &  quitter  une  compagnie  où  l'on  écoit  engagé  , 
ou  manquer  de  s'y  trouver.  On  dit ,  en  termes  de  rail- 
lerie ,  qu'un  homme  eft.bête  de  compagnie  ;  pour  dire/, 
qu'il  aime  la  fociétc  ,  k  qu'on  n'a  pas  de  peine  à  le 
mener  où  l'on  veut  -,  ce  qui  fe  dit ,  par  allufion  à  cer- 
taines bêtes  qui  vont  en  troupe,  &  qu'on  appelle 
pour  cet  effet ,  en  termes  de  Chaife ,  /-e/tfj-  de  com- 
pagnie. Voyez  l'article  qui  précède. 
■^    Compagnie  (i^A'iZv/r«;i.)Terme  de  Marine  ,  fe 
dit  d'un  certain  nombre  de  vaiilcaux  qui  s'atten- 
dent les  uns  les  autres  pour  faire  route  enfcmble , 
&  fe  défendre  réciproquement  pendant  le  voyage. 
C'eft  ce   qu'on  appelle ,   fur  la  mer  du  Levant , 
Conferve,  aller  de  confetve.^oycx  ce  mot. 
De  Compagnie.    Sorte  de  phrafe  adverbiale.  Enfem- 
ble.  Simul,  unk.  Deux  flûtes  qui  venoient  de  com- 
7;<ïi,';2zV,  ne  pouvant  foûtenir  la  furie  des 'ondes  ,  fu-  1 
renr  fubmergées  l'une  après  l'autre.  Bouh.Nous  irons 
de  compagnie,  c'eft-à-dire,  enfembie,  l'un  avec  l'autre. 
Ip"  COMPAGNON  fe  dit  généralement  de  cemi  qui 
en  accompagne  un  autre  ,  foit  en  voyage  ,  foit  dans 
un  travail,  foit  dans  quelqu'aôtion  ou  circonibnce, 
Socius  ,  cornes, 
D^F  On   appeloit  autrefois  compagnons  d'armes  les 
Chevaliers  qui  fe  promettoient  réciproquement  de 
fe  fecourir ,  &  de  ne  fe  point  quitter,  Commiliio. 
%p    COMPAGNON    de  fortune.   Celui    qui  court 
'^les  mêmes  rifques,  qui  eft  intérelic  dans  la  même 
fortune.  Les   Aventutes  d'Ulyilé  &  de  fes  compa- 
"nons  font  racontées  dans  rOdyifée  d'Homère. 
EJi-ce  Apollon  ,  &  Neptune  , 
Qui  fur  ces  rocs  JourciL'eux 
Ont ,  compagnons  de  fortune  , 
Bâti  ces  murs  orgueilleux  ?  BoiL. 
Les  Capitaines  difent  à  leurs  Soldats  ,  pour  les 
exciter  à  les  fuivre  en  quelqu'expédition ,  courage , 
Coinpcrgnons. 
COMPAGNON  eft  un   terme  propre  au  Corps  des 
Chevaux -légers,  &i  à  celui  des  Gendarmes  de  la 
G?.rde.  Lorfque   les  Oliicicrs  des  Chevaux- légers 
écrivent  a  un  Chevau-léger ,  ils  mettent ,  Monjieur, 
nuih  compagnon  :  ce  que  font  aulfi  les  Officiers   des 
-  Gendarmes.  Commilito. 

■  -•,.-,  On  dit  en  Médecine  ,quc  le  lait  ne  veut  point 
ùç  compagnon  ,  pour  dire ,  que  quand  on  ordonne 
le  lait  p'ar  médecine  à  un  malade  ,  il  ne  faut  point  lui 
donner  d'autre  aliment.  On  dit  aulfi  en  Morale ,  que 
l'ambition  &:  l'amour  ne  veulent  point  de  compagnon. 
If^T  Compagnon  d'étude ,  Condijcipulus;  de    débau- 

eiie  ,  compator  ;  de  jeu ,  collujor. 
|tr  COMPAGNONS  ,   en  parlant  des  Religieux. 
'  Ceux  qui  habitent  ou  qui  marchent  enfembie.  Con- 
turernalis,  fociiis.JJnlAoins  dans  certains  Ordres  I 


ne  doit  point  fortir  de  fon  Couvent  fans  que  fon  Snpé-  . 
rieur  lui  donne  un  compagnon.  Quand  on  nomme 
un  Prieur  Régulier  à  un  Bénéfice  dépendanr  d'un 
Ordre  ,  on  lui  donne  quelquefois  un  ou  plufieurs 
compagnons  pour  habiter  avec  lui. 
Compagnon,  ^nifie  auili  celui  qui  eft  dans  une 
même  charge ,  &  fur-tout  quand  il  n'y  en  a  que 
deux.  Dioclctien  avoit  Maximien  pour  fon  com- 
pagnon ,  fon  aifocié  à  l'Empire.  Collègue  vaut  mieux. 
Collega.  On  dit  des  Confuls ,  Jurats ,  Préfidens  en 
même  Chambre  ,  que  ce  font  des  compagnons  d'Of- 
fice. On  le  dit  aulfi  des  Offices  de  nouvelle  créa- 
tion, de  même  nature.  On  a  donné  des  com- 
pagnons à  ces  Officiers ,  on  a  créé  des  alternatifs 
&  triennaux. 
gCF  On  dit  qu'un  homme  ne  peut  foufïrir  ni  compa- 
onon  ni  maître.  On  dit  de  même,  traiter  de  pair  à 
compagnon.  Dans  ces  phrafes,  compagnon  lignifie  égaL 
Compagnon  iignific,  particulièrement  dans  les  Arts, 
celui  qui  a  fait  fon  apprentilîàge  en  quelque  métier  j 
Se  qui  n'ayant  pas  moyen  de  fe  faire  palier  Maître  , 
va  travailler  chez  les  autres,  foit  à  la  journée,  foit  à 
fes  pièces.  Operarius  ,  mercenarius  ,  conduclitius. 
C'eft  un  compagnon  Tailleur ,  Maréchal  ,  Char- 
pentier ,  &c. 

On  appelle  compagnons  de  rivière,  œux  qui  tra- 
vaillent fur  les  ports  à  charger ,  décharger  &  à 
ferrer  les  marchandifes.  On  appelle  ^fur  Mer  com- 
pagnons de  Marine,  les  Matclotsde  l'Equipage.  Cotî- 
viciores. 
Compagnon  eft  auflî  une  épithète  ou  qualité  qu'on 
donne  flir  tout  aux  jeunes  gens  en  différentes  occa- 
iions.  Ce  foldat  eft  un  brave,  un  hardi  compagnon. 
Ce  Financier  croit ,  il  y  a  dix  ans  ,  un  pauvre 
gueux  ,  un  fbrr  petit  compagnon.  Vous  avez  été 
autrefois  un  bon  compagnon.  Mot.  On  dit  aufli, 
qu'un  liomme  fait  le  compagnon,  loiÇcin'W  eft  glo- 
rieux, infolent,  qu'il  parle  ou  agit  autremenr,  que 
ne  fouffre  fa  condition.  Qui  a  compagnon,  a  maî- 
tre-,  c'cft-à-dire,  que  quand  on  elf  affocié  avec 
quelqu'un ,  on  ne  peur  rien  faire  fans  fon  conlen- 
tcmcnt.  On  dit  aulli  qu'un  homme  fe  bat  en  duel  à 
dépêche  compagnon;  pour  dire,  à  outrance,  &àqui 
aura  plutôt  tué  fon  homme. 

On  dit ,  travailler  à  àtpèchc- com.pagnon;poMt 
dire , -travailler  vîte  &:  diligemment,  ne  cherchée 
qu'à  finir ,  fans  fe  mertre  en  peine  de  la  perfeclioa 
de  l'ouvrage.  Acad.  Fr.  ^ 

Ce  mot ,  à  ce  que  dit  Henri  Etienne ,  vient  d'im 
vieux  mot  gaulois ,  tenna ,  qui  étoit  une  efpèce  de 
charrier  dont  parle  Feftus.  Ceux  qui  étoient  enfem- 
bie dans  ce  même  charriot ,  s'appeloient,  comben-, 
nons,qiiafi  in  eâdem  bennâ  fodent-es ,  &  depuis, 
par  le  changement  alfez  ordinaire  du  b  en  p  ,on. 
dit  compennon  •,  enfuite  on  a  dit  compaignons ,  3c 
à  la  fin  compagnons.  Nicod  ik  Ménage,  après  Faf- 
quier ,  le  dérivent  de  compain  ;  comme  qui  diroit  .* 
qui  mange  de  même  pain ,  qui  fe  dit  encore  en  lan- 
gage Picard.  Quelques-uns  l'ont  dérivé  de  compa- 
gnus.  Il  y  a  plus  d'apparence  qu'il  vient  de  com- 
pagnun  ,  vieux  mot  celtique  uo  bas  -  breton ,  qui 
lignifie  la  même  chofe. 
Compagnons.  Ce  mot  au  pluriel  fignifie  une  forte  d< 
rieur  qui  relfemblc  à  l'œiller,  ii  ce  n'eft  qu'elle  eft 
beaucoup  pins  perite,6:  que  fa  tige  eft  beaucoup 
plus  baflc.  On  les  appelle  compagnons  ,  parce  qu'ils 
viennent  par  touffe,  en  forte  que  plulieurs  ne  lém* 
blent  compofer  qu'un  feul  bouquet. 
COMPAGNON  AGE.  f.  m.  Ce  terme  eft  en  ufage  dans 
quelques  Communautés  des  arts  &  métiers ,  pour 
lignifier  le  remps  que  les  Apprenris  fonr  obligés  de 
fervir  les  Maîtres  en  qualité  de  compagnons,  avant 
que  de  pouvoir  afpirer  à  la  maîtrife. 
CoMPAGNONAGE.  Affcmblcc  quc  font  entr'eux  des 
compagnons  de  métier.  Sodalitas.  Il  y  avoir  aurre^ 
fois  à  Paris  panni  les  compagnons  de  chaque  métier> 
certaines  maximes  exécrables  &;  facrilèges ,  qu'on 
appeloit  vulgairemenr  compagnonage ,  d'aurant  plus 
danjeteufes,  çi^u'elles  étçjent  cachée  fous  le  YoU«. 


C  OM 

iqu'elles  éîoient  ignorées  des  Juges  EccJclîaftiques  ; 
mais  ceux-ci  en  a^yant  été  inrormés  pat  Michel 
Buch,  communément  appelé  le  Borz  Henri,  InlH- 
tuteur  des  Commmunautcs  des  Ftères  Coidonniets , 
&  Tailleurs ,  les  condamnèrent  à  fa  Ibllicitation  ,  & 
détendirent  ,  fous  peine  d'excommunication  ,  ces 
aifemblées  pernicieufes  des  Compagnons.  Les  Com- 
pagnons les  avoient  tranfpoitées  dans  le  Temple  , 
au  Matais,  comme  dans  un  lieu  exem.pt  de  la  juri- 
didion  de  l'Archevêque  de  Paris ,  mais  ils  en  fu- 
rent chafles  par  fentence  du  Bailli  du  Temple  »  à  la 
requête  du  Bon  Henti ,  qui  obtint  auHi  une  fen- 
renre  d'excommunication  de  l'Archevêque  de  Tou- 
louie  contre  ceux  de  fon  Diocèfe  ,  6c  il  eut  enfin 
la  coniolation  de  voir  \c  Compasnonage  aboli, mal- 
gré toutes  les  oppofitions  qu'il  trouva  dans  cette 
entreprife.  P..  Hélyot,    T.  FUI,  ch.  23. 

GOMPAIN  o:i  COMPAÎNG  ,  f.  m.  vieux  mot.  Com- 
pagnon. Cornes  ,  focius.  Autrefois  on  a  dit  com- 
pain  pour  cotrzpagnon.W  vient  de  acm ,  &  àt-panis , 
comme  li  l'on  difoit ,  qui  mange  le  même  pain. 

COMPAN.  f.  m.  Monnoie  d'argent  qui  a  cours  dans 
quelques  endroits  des  Indes  Orientales ,  particu- 
lièrement à  Patane.  Le  compan  vaut  environ  neuf 
ions ,  monnoie  de  France. 

COMPARABLE,  adj.  m.  &:  f.  Qui  peut  être  compare 
a  un  autre.  Comparabilis,  conferejidus  yCompurar.- 
d^s.  M.  de  Turenne  étoit  un  homme  cornparaik 
à  tous  les  grands  Capitaines  de  l'Antiquité.  fJCT  On 
dit  qu'une  chofe  ç.^  comparable  avec  une  autre, pour 

■  faire  entendre  qu'elle  ell:  d'une  nature  tout- à-fait 
diffcrente.  L'efprit  n'eft  point  comparable  avec  la 
matière. 

COMPARAGER.  v.  acl.  Comparare ,  conferre.  Ce 
mot  qui  étoit  autrefois  en  ufage ,  veut  dire  com- 
parer. 

fer  COMPARAISON,  f.  f.  Opération  de  l'eflirit, 
«lans  laquelle  nous  con(idéions  diverles  idées,  pour 
en  connaître  les  diiîcrentes  relations-,  &  le  parai 
Icle  que  nous  faifons  des  choies  ou  des  perfonnes , 
pour  en  examiner  lés  reflemblances  &  les  diffé- 
rences. Comparatio ,  collatio.  Pour  faire  une  juftc 
comparaifon  de  deux  chofes,il  faut  confidérer  en 
quoi  elles  conviennenr,  &;  en  quoi  elles  diiïerent. 
Faite  comparaifon  de  deux  perfonnes ,  entre  deux 
perfonnes ,  d'une  chofe  avec  une  autre. Il  n'y  a  point 
de  comparaijon  d'un  tel  à  un  tel ,  entre  un  tel  &  un 
tel.  Blondel  a  tait  un  livre  de  la  comparaifon  d'Ho- 
race &  de  Pindare,  Le  P.  Rapiri  a  fait  la  compa- 
raifon des  plus  excellens  modèles  de  l'Antiquité 
pour  l'Éloquence  ,  &  pour  la  Poëfie.  N'exagérez 
jamais  votre  bonheur  devant  les  milcrables  :  la 
comparaifon  qu'ils  font  de  leur  état  au  vôtre ,  les 
choque  ,  &  leur  efl  odieufe.  La  Bruy. 

Comparaison  fe  prend  quelquefois  pour  reflemblance. 
Comparatio  ,Jïmilitudo.  Quand  on  n'a  qu'un  mérite 
ordinaire ,  on  a  des  envieux  ;  mais  quand  on  efl 
fans  comparaifon,  il  n'y  a  plus  d'envie.  B.  Rab. 
Il  ne  faut  pas  qu'un  bourgeois  fafle  comparaifon 
avec  un  homme  de  qualité;  c'eft-à-dire,  qu'il  pré- 
tende s'égaler  à  lui.  En  ce  fens,  on  dit ,  trêve  de 
comparaifon,  po'mt  de  comparaifon  ,  toutes  compa- 
raifons  font  odieufes. 

GoMPARATSON  OU  Similitude  eft  aufll  une  figure  de 
Rhétorique  &  de  Poelie ,  par  laquelle  on  compare 
une  perfonne  ou  une  chofe  à  une  autre  ,  pour  feryir 
à  l'ornement  ou  à  réclairciffement  du  fujet  qu'on 
traite.  Comparatio, Jimilitudo.  Les  exemples,  Ic- 
comparaifons ,  inftruifent  bien  plus  que  les  paroles. 
Une  comparaifon  entte  deux  chofes ,  fuppofe  de  la 
relfemblance  entr'elles ,  &  elle  fevt  à  mieux  faire 
^  -  comprendre  ce  qu'on  n'entend  pas,  ou  à  en  donner 
If  une  plus  Hifte  idée.  S.  Evr.  Pout  rendre  une  compa- 
raifon iLifte,  il  faut,  1°.  que  la  chofe  que  l'on  y 
emploie  (bit  plus  connue ,  &  plus  aifée  à  concevoir 
que  C'  lie  ou'on  veut  faire  connoître.  z".  Il  faut  qu'i! 
y  ait  un  iuft'^  rapport  entre  l'une  &  l'autte.  P.  Lr 
Boss.  Les  doubles  comparaifons ,  poufu  qu'elles 
fuient  nobles  ic  bien  prifes ,  font  un  bel  effet  en 


Go  M        ■  9-^5 

d'une  piété  apparente ,  &  qu'on  pouvoir  les  em- 
braiîer  avec  une  entière  alfurance  d'impunité ,  parce 
Poëf.e-,  mais  en  Profc  l'on  ne  doit  s'en  icrvir  qu'avec 
beaucoup  de  circonfpection.  Dac.  Sous  prétexte  de 
ne  point  imiter  lus  manières  brillantes  de  l'élo- 
quence mondaine  ,  il  ne  tailt  pas  fe  fervir  d'ex- 
prefTions  balles ,  &  de  comparaifons  rampantes.  Cl. 
Les  cumparaijons  d'Homère  font  quelquefois  froi- 
des ,  &  contraintes,  P.  Rai>.  On  gâte  les  compa- 
raifons dès  qu'on  les  veut  trop  prelîêr,  Bavl 
Les  comparaifotis  doivent  être  juftes  6c  courtes 
S,  Evr, 

Ta  peux  ,  mais  rarement ,  illuflrér  tes  raifons  , 
D'exemples  ,  de  récits,&  de  comparailbns,  Vill. 

§CF  La  comparaijon  efl  une  efpèce  de  métaphore  i 
avec  cette  différence  que  la  comparaifon  nous  ap- 
prend iéulement  à  quoi  la  chofe  reifemblc.  Ce 
Héros  fe  jette  comme  un  lion  :  au  lieu  que  la  mé- 
taphore  nous  dit  ce  qu'eft  la  chofe.  Ce  Héros  eft 
un  lion. 

On  dit  en  ce  fens ,  qu'il  n'y  a  point  de  com- 
paraifon qui  ne  cloche  \  pour  dire ,  qu'on  n'en 
fauroit  faire  d'alfez  jufte.  Toures  les  comparaifons^ 
font  très-imparfaites ,  &  le  doivent  «tre ,  n'étant 
que  comparaifons  6c  non  pas-exemples.  Peliss. 

IJCrCoMPARAisoM  ^'ccri/z/rt  .Terme  dejurifprudence. 
Confrontation  de  deux  écritures  l'une  avec  l'autre, 
pour  juger  fi  elles  font  de  la  même  main  \  vérification 
d'une  écriture  dont  on  ne  conuoît  pas  l'Auteur , 
en  la  comparant  avec  une  autceécrirure  ^  reconnue 
pour  être  de  làf  main  de  celui  auquel  on  attribue 
l'écriture  conteftce.  Scripturarum  collatio. 

ffCr  On  appelle  pièce  de  comparaifon  ,  les  pièces 
reconnues  que  l'on  apporte  pour  les  confronter 
avec  d'autres  qui  font  conteftées. 

;)CF  En  matière  de  comparaijon  d'écritures  j  le  juge- 
ment des  Experts  Vérificateurs ,  ne  peut  jamais  être 
regardé  comme  une  preuve  complette  Se  fuffifante, 
à  caufe  de  l'incertitude  de  leur  art  fur  cet  objet. 

En  Comparaison  ,  ell  une  fac^on  de  parler  adver- 
biale ,  dont  on  fe  fert  quand  on  compare  quel- 
que chofe.  In  comparationem  ,  prat ,  avec  l'ablatif. 
§C?"L'abondance  des  Loix  accable  lajuftice  &les  Ju- 
ges ,  mais  ces  volumes  de  loix  ne  font  rien  en  com- 
paraijon  de  cette  armée  effroyable  de  Gloflateurs, 
Commentateurs ,  Compilateurs,  &c.  On  dit  aulfi  par 
comparaifon  ,  pour  fignifier  que  ce  qu'on  dit  d'une 
chofe,  ce  n'eft  pas  qu'on  le  dife  abfolument ,  mais 
feulement  par  comparaifon  avec  une  autte.  Compa- 
rate.  Quand  je  vous  ai  dit  une  telle  chofe  ,  ce  n'étoit 
que  par  comparaifon.  Sans  comparaifon  fe  dit  auflî 
abfolument  &  en  parenthèfe  ,  quand  on  veut  adou- 
cir ce  qu'il  y  a  d'odieux  en  quelque  comparaifon- 
qu'on  a  alléguée.  Exclufa  compardtione.  On  die 
auin  qu'une  cliofe  eft  fans  comparaifon  ou  hors 
de  comparaifon  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eft  excellente, 
&  qu'elle  n'a  point  de  pareille.  Omnem  compa- 
tionem  fiiperat,  excedit.  Quand  quelqu'un  veutcom* 
paier  eniemble  des  perfonnes ,  ou  des  chofes  qui 
n'ont  aucun  rapport ,  aucune  proportion  entt'elles , 
on  dit  quelle  comparaifon  ?  Voilà  une  belle  com- 
paraifon, 

4  Comparaison  ,  eft  encore  un  adverbe.  Que  fera- 
ce  des  hommes  qui  vivent  dans  robfcurité  ,  à. 
comparaifon  de  la  lumière  8i  de  la  fplendeur  qui 
environne  les  Souverains  J  Patr,  Mais  en  compa~ 
raifo7i  eft  plus  en  ufage, 

COMPARANT,  ANTE',  0Cr  adjedlif  pris  auffi  fub- 
ftantivement,  participe  du  verbe  comparoir  où 
comparoître,  en  ftyle  du  Palais  feulement.  Qui 
comparoir,  qui  eft  prcfent ,  qui  fe  préfente  en 
Juftice.  Comparens  ,  vadimonium  obiens.  Cela  s'eft 
fiit  du  conléntement  des  parties  comparantes,  qui 
onr  donné  main-levée,  Fact. 

^  On  le  dit  non-feulement  de  la  partie  même  qui 
comparoît,  mais  encore  de  l'Avocat  Hc  Procureur 
par  iefquels   elle   comparoît ,    ou  eft  repréfencée. 

À  A  A  a  a  ij 


COM 


740 

Non  comparant ,  celai  qui  ne  fc  prércnte  pas.  Tous 
les  appointemens  qu'on  failoit  ci-devant  Tur  les 
inftrudtions  à  la  barre  de  la  Cour ,  commençoien: 
par  CCS  mots  ,  comparant  par  devant  nous  tel 
Confeillcr. 

COMPARATIF ilVE,  adj.  Qui  compare,  qui  fert  a 
comparer.  Comparativum  norncn.  Mieux  eft  un 
adverbe  comparatif.  Comme  eft  une  expreifion 
comparative. 

Comparatif.  Terme  de  Grammaire.  Ccft  une-  in- 
flexion mitoyenne  d'un  mot  entre  le  politit  &  le 
fuperlatif,  pour  élever  une  chofe  au  dellus  d'une 
autre  ,  ou  pour  la  mettre  au  deUbus,  Comparativus 
gradus.  ifZf  Les  objets  qui  lont  qualifiés  abColu- 

'  ment,  fans  aucun  rapport  aux  autres  objets,  lont 
dits  être  au  pofitif.  Voye^  Ce  mot. 

^fj-  Quand  un  objet  eft  qualirié  relativement  à  un 
autre,il  y  a  un  rapport  d'égalité  ou  de  lupérioritéj 
ou  de  prééminence  entre  ces  objets, 

^T  Dans  le  premier  cas  radjedit'qualif.catif  eft  tou- 
jours regardé  comme  étant  au  politif.  Il  eft  auffi 
favant  que.  Quand  il  y  a  un  rapport  de  plus, 
ou  un  rapport  de  moins  dans  la  qualité  de  deux 
choies  comparées,  l'adjcCtif  qui  énonce  ce  rapport, 
eft  dit  être  au  comparatif. 

^  Enfin  le  troifième  degré  eft  appelée  fupevlatif. 
Voye^  ce  mot. 

Les  comparatifs ,  fi  l'on  en  excepte  un  très-petit 
nombre,  le  forment  en  ajoutant  la  particule /j/z/i^ , 
moins  lelon  qu'on  veut  élever,  abaiflcr.  On  com- 
pare aulfi  les  (iibftantifs.  Céfar  croit  plus  Capitaine 
que  Pompée.  ^T  Ce  mot  eft  un  adjetlif  pris  or- 
dinairement comme  fubftantif.  Plus  grand  eft  le 
comparatif  de  grand.  Nous  n'avons  en  françois  que 
trois  comparatifs  en  un  feul  mot ,  meilleur ,  pire  te 
moindre. 

C'cft  une  faute  aflèr  ordinaire  aux  étrangers  j 
de  fâjre  fuivre  aprèsTés  comparatifs  la  particule 
que  ,'  au  lieu  de  la  particule  de.  Ils  difent ,  il 
y  avoit'à  la  Comédie  plus  que  300  hommes.  Pour 
éviter  cette  faute  ,  ils  doivent  obferver  fi  la  compa- 
raifon  qui  Ce  fait  eft  d'une  qualité  :  en  ce  cas  il  faut 
mettre  la  particule  que:  il  eft  plus  fagc  ^^/^e  moi.  Si 
elle  fe  fait  d'une  quantité  précife  &c  politive ,  on 
doit  mettre  de  après  le  comparatif  L'aimée  navale 
eft  compofée  de  plus  de  cent  voiles.  Pour  la  quantité 
continue  &  fans  nombre ,  on  le  i'ert  de  la  particule 
que  :  il  eft  plus  eros  que  moi. 

COMPARATIVEMENT,  adv.  En  comparant  une 
chofe  à  l'autre.  Comparath.  Il  n'y  a  point  de  pefan- 
teur  ni  de  légèreté  ,  abfolue  :  les  corps  font  pefans 
ou  légers  comparativement.  C'cft  un  terme 
didactique. 

COMPARE  ,  f.  m.  terme  de  Coutume.  Les  compares 
font  des  ufages  5c  redevances  que  les  Vicomtes  de 
Narbonne  prétendoient  contre  l'Evêque  du  lieu. 

fO-  COMPARENCE,  f.  f  terme  de  Coutume,  ufitc  en 
Normandie,  fynonyme  de  ptéfence.  Devoir  com- 
parence  aux  âfllfes  d'un  Tribunal ,  c'eft  être  obligé 
de  s'y  trouver. 

COMPARER ,  V.  a.  examiner  le  rappott  qu'il  y  a 
entre  une  chofe  ou  une  pcrfonne  &  une  autre  j  & 
examiner  en  quoi  elles  fe  rcHemblent,  ou  en  quoi 
elles  diffèrent.  Comparare,  conferre.  Plutarque  a  com- 
paré les  hommes  illuftres  de  la  Grèce  à  ceux  d'Italie. 

§3°  Quand  vous  aurez  comparé  ces  Auteurs ,  vous 
y  trouverez  une  différence  infinie.  On  ne  peut  com- 
parer la  ligne  &:  la  furface. 

^CT  Comparer  fignifie  auffi  marquer  les  rapports  de 
reflemblance ,  qui  font  de  nature  ou  d'elpèce  dif- 
férente. Homère  compare  Diomède  au  milieu  des 
Troyens,  à  un  lion  au  milieu  d'une  bergerie.  On 
ne  compare  plus  de  beaux  yeux  aux  aftres  &  au 
foleil, c'eft  une  comparailbn  trop  ufce. 

fCFCoMPARFR  fedit  auffi  quelquefois  pour  égaler.  Il 
n'y  a  point  d'Eglife  que  l'on  puifle  comparer  à  celle  de 
Notre-Dame.  Se  comparer  ,  s'égaler  ,  fe  vouloir 
rendre  femblable.  JEquare  fe  ciim  aliquo ,  œquahm 
fe  fiicere.  Le  Diable ,  par  le  moyen  de  l'idolâtrje , 


00  M 

s'eft  voulu  comparer  à  Dieu,  ie  faire  adorer.  Ce 
Favori  eft  fi  infolent  dans  fa  fortune ,  qu'il  fe  coatr 
pare ,  qu'il  fe  veut  égaler  aux  Princes. 

On  dit ,  en  termes  de  Pratique  ,  comparer  de* 
écritures  i  pour  dire  ,  les  confronter  &  examiner  fi 
elles  font  de  même  main.  Foye^  Comparaison 
d'écriture. 

§3"  Comparer  des  équations.  Expreffion  dont  on  fe 
fert  dans  l'analyfe  pour  réduire  plufieurs  équations 
en   une   feule. 

Comparer,  v.  a.  vieux  mot.  Acheter;  du  latin, co/72- 
parare ,  acquérir.  Ainfi  on  a  dit  autrefois  ,  je  te  ferai 
bien  comparer  ,  ou  bien  ,  chèrement  comparer  % 
pour  dire ,  je  t'en  fctai  repentir. 

Comparé  ,  ée  ,  part. 

COMPARITION.  f.  f.  Ce  mot  fe  trouve  dans  quel> 
ques  Auteurs  de  Droit.  Voye^  M.  de  Lauriere  fur 
Ragueau  au  mot  Comparuit.  Comparition  eft  la 
même  chofe  que  comparution,  yadimonii  obitus. 

COMPAROIR.  V.  n.  Vieux  terme  de  Palais ,  qu'on 
emploie  encore  quelquefois  \  il  veut  dire  la  même 
chofe  que  comparoître. 

COMPAROÎTRE,  v.  n.  terme  de  Palais.  Je  roOTjPrt- 
rois.  Je  comparus.  J'ai  comparu^  Je  comparoitraii 
Que  je  comparoiffe.  Que  je  comparuffe.  On  diloit 
autrefois  comparoir.  Se  préfehter  en  Juftice.  Vadi^ 
monium  otire.  Il  faut  comparoître  çzt  Procureur  fur 
les  aflîgnations  civiles  données  dans  les  délais  dé 
l'Ordonnance.  En  cas  de  décret  de  prife  de  corps, 
ou  d'un  veniat  de  la  Cour ,  il  faut  comparoître  en 
perfonncj  ou  envoyer  une  cxoine.  Il  faut  compa- 
roître au  Barreau ,  être  aux  pies  de  la  Cour  à  ge- 
noux, quand  on  préfetite  des  Lettres  de  grâce.  On 
donne  des  défauts  à  faute  de  comparoitre  c\m  em- 
portent profit.  State  ante  Judicis  Tribunal.  Il  faudra 
tous  comparoitre  au  jour  du  Jugement. 

H-fe  conjugue  a^ec  le  verbe  être  dans  la  phrafe 
fuivante  &  femblable.  Aujourd'hui  eft  comparu  «a 
Greffe  de  la  Cour,  N.  qui  s'eft  rendu  pleige  & 
caution  ,  &c.  font  comparus  au  Greffe ,  &c. 

COMPARSE,  f.  f.  C'eft  dans  les  Carroufels  la  même 
chofe  que  l'entrée  aux  Balets ,  &  la  Scène  aux  Co- 
médies, c'eft-à-dire  ,  l'entrée  de  la  Quadrille  dans 
la  carrière,  dont  elle  fait  le  tout  pour  fe  faire 
voir  aux  Ipec^ateurs ,  mefurer  la  lice,  &  fe  rendre  au 
polie  qui  lui  eft  marqué.  Prczludium ,  ingreffus  in 
Jhdium.  C'eft  un  ufage  fi  ancien ,  qu'il  en  eft  fait 
m«ntion  au  cinquième  de  l'Enéïde. 

COMPARTAGEANT,adj.  pour  copartageam.Cziui 
qui  partage  avec  un  autre. 

Le  pauvre  diable  étoit  prit  à  fe  pendre  i 
Il  s'en  alla  cheifon  compartageant. 

La  FoNTAiNSi 

COMPARTIMENT,  f.  m.  Deffeîn  compofé  de  plu- 
fieurs figures  ,  difpofées  avec  fyraétrie  &  avec  rcgu-' 
Jarité,  pour  orner  un  parterre,  un  plafond,  des 
panneaux  de  vitre  ou  de  menuifcrie  ;  les  paves  ou 
carreaux  d'un  plancher.  Dejcriptio  ,  dîmenjio.  Un 
compartiment  de  tuiles,  eft  l'arrangement  avecfy- 
métrie  de  tuiles  blanches  ,  rouges  &:  vernifi'ées  i 
pour  la  décoration  des  couvertures  du  comble.  On 
le  dit  auffi  d'une  dentelle  ,  d^une  peinture.  Toutes" 
les  peintures  des  Turcs  &  des  Mores  ne  fe  font  que 
par  des  compartimens.  Faire  le  compartiment  d'un 
Jardin  en  divers  czneaux.  ffortum  in  areas ,  in pnl- 
vinosdefcribere.  Il  fe  dit  auffi  de  ceitaines  dorures  à 
petits  fers  qui  fe  mettent  fur  le  plat  ou  fur  le  dos  des 
livres.  Livre  doré  à  compartimens. 

Compartiment  defetix.  C  eft ,  en  termes  de  Mineur 
la  difpofition  des  faucifTons  pour  porter  le  feu  aux 
fourneaux  dans  le  même  temps,  difpojitio  mijjîlium 
i^nium. 

COlVlPARTIR,  V.  a.  Faire  des  compartimens. Par/ïr^» 
defcribere.  Ce  mot  eft  vieux  &  furannc. 

Comparti,  ie,  part. 
I  COMPARTITEUR.  f.  m.  Terme  de  Palais.  C'eft  un 
\     J^gs  qui  a  ouvert  Se  foûtenu  un  avis  contraire  à 


CO  M 


ceiui  du  Rapporteur,  &  far  lequel  un  procès  a  été 
partagé.  Aucior  jententia  ai  panundam  litem 
fxoivaUntis, 

ÇCF  Dans  ce  ca?  l'affaire  eft  porrée  dans  une  autre 
Chambre ,  pour  y  être ,  lur  î'exarnen  des  railbns  de 
part  &  d'autre,  départagée  &  Jugée  prccifément  en 
faveur  de  l'une  des  deux  opinions ,  fans  y  rien  a- 
jouccr  ni  diminuer. 

J^  Le  Rapporteur  foûtient  fon  avis  par  les  motifs  6c 
les  raifons  qui  l'ont  déterminé  à  le  donner. 

Ç3"  Le  Compartitcur  expofe  les  raifons  de  l'avis  con- 
traire. 

^fT  Les  raifotis  de  part  &  d'autre  pefées  &  exami- 
nées ,  la  Chambre  juge. 

Ces  mots  viennent  du  Lmnpanior ,  dépars. 

COMPARUIT ,x.sm-iR  de  Palais.  Ce  mot  eft  pure- 
ment latin  ,  &  veut  dire ,  il  a  comparu.  On  le  trou- 
ve dans  les  livres  de  Droit,  pris  fubftantivement  ; 
alors  il  fignifie  un  adlc  délivre  par  un  Juge  à  une 
des  parties  pour  certifier  l'a  comparution,  lorfque 
l'autre  partie  eft  défaillante  ou  déccdée  -,  pour  faire 
appeler  de  nouveau  en  caufe  le  défaillant  ou  fcs 
héritiers. 

COMPARUTION,  f.  f.  Préfentation  en  Juftice.  Ohi- 
tus  vadimonu.  Une  comparution  perfonnelU ,  eft 
celle  qui  le  fait  au  Greffe  en  perfonne.  Une  compa- 
rution en  état  de  prifc  de  corps]],  ne  lé  fait  qu'étant 
prifonnicr ,  ou  ayant  un  écroue  à  la  main.  Compa- 
rution par  Procureur ,  eft  celle  qui  fe  fait  en  fâi- 
fant  préfenter  un  Procureur  pour  occuper  lur  des 
affaires  civiles.  En  tous  les  Procès-verbaux  on  don- 
ne aéle  aux  Procureurs  &  aux  parties  de  leur  com- 
parution, dire  6c  remontrances  j  6c  défaut  contre 
les  nbfens.  Ce  mot  vient  de  comparco. 
COMPAS ,  f.  m.  inftrument  de  Mathématique ,  qui 
fert  à  décrire  des  cercles ,  6c  à  mefuref  les  diftances 
de  deux  points ,  de  deux  lignes.  Circinus.  II  eftcom- 
pofé  de  deux  branches  de  fer  ou  de  cuivre  ,  pointues 
par  en  bas  ,  6c  arrachées,  par  un  clou  rivé  fur  lequel 
elles  font  mobiles  dans  une  charnière.  Un  compas  à 
quatre  pointes ,  ou  à  pointes  changeantes ,  eft  celui 
qui  a  des  pointes  d'acier  -,  un  porre-crayon  ,  un 
coupe-cercle,  qu'on  change,  8c  qu'on  attache  avec 
une  vis  à  une  des  branches.  Les  Poètes  nous  ont 
voulu  faire  croire  qu'Icare  étoit  l'inventeur  du 
compas.  C'eft  Calus ,  fils  de  la  fœur  de  Dédale  qui 
l'inventa,  6c  Dédale  en  conçut  une  telle  Jaloufîe  , 
qu'il  le  tua. 

On  dit  figurément,  faire  les  chofes  avec  règle  6c 
compas  ;  marcher  avec  règle  5c  compas  ;  pourdire , 
avec  grande  précaution  8>c  exaditude ,  avec  une 
proportion  étudiée  ,  ne  faire  rien  à  l'étourdi. 
Metiri  omnia  fuis  rationibus.  Il  pèfe  toutes'fes  pa- 
toles,  6c  Crache  mêtne  avec  cow/'ûj.  Main.  Tout 
fon  corpS  eft  fait  au  compas.  Voit.  On  dit  qu'un 
homme  a  le  compas  dans  l'œil  ;  pour  dire ,  qu'il 
tncfure  aulTi  jufte  à  l'œil,  qu'il  lepourroit  faire  avec 
Un  compas. 

Son  di [cours  ,fes  gefies ,  fes  pas , 
Sont  tous  mefurés  au  compas.  Gomb, 

En  pareil  jour ,  que  chômons  ici-tas  ; 
Prêtre  facré  haptifoit  uns  Mufe , 
Qui  les  furpajfe  autant  par  fes  appas  j 
Que  par  le  don  d'une  fcience  infufe , 
De  bien  rimer ,  d'ajujler  au  compas  j 
Tendre  chanfon ,  ou  plaintive  Elérje , 
Et  qui  plus  eji  compofer   Tra^cdie. 

NOUV.    CHOIX   DE   VERS. 

Ce  mot  vient  de  compartir  ,  compartiffement. 
On  peut  aulfi  le  faire  venir  de  compes.  En  effet  le 
compas  a  deux  pies ,  dont  l'un  tourne  pendant  que 
Pautre  eft  fixe. 

Compas  brife.  Les  Doreurs  fur  tranche  fe  fervenr  de 
ce  compas  pour  placer  l'or  en  feuilles  fur  l'alTierte, 
dont  ils  couvrent  la  tranche  du  livre  qu'ils  veulent 
dorer. 

Compas  de  divijion ,  eft  un  compas ,  qui  par  le  moyen 


COM  74Î 

d'une  vis  tarodée  de  deux  grofleurs,  l'une  plus  dé- 
liée que  l'aurre  ^  èL  traverfanc  deux  petits  cylindres 
mobiles  dans  le  milieu  de  les  branches  ,  s'ouvre  ^ 
fe  ferme  tant  6c  li  peu  que  l'on  veut ,  pour  divifec 
une  ligne  en  autant  de  parties  qu'on  tait  faire  dé 
mouvemcns  à  la  vis.  Circinus  divljiones  adjuvans. 

Compas  à  tracer  des  ellipfes  &  des  ovales.  Le  Gen- 
tilhomme de  Bretagncqui  adonné  la  méthode  de 
tracer  des  courbes  rampantes  pour  les  efcalicrs  , 
donne  à  la  fin  la  figure  Se  la  defcription  de  cet  in- 
ftrument. Il  eft  compofc  d'une  règle  de  bois  car- 
rée ,  bien  droite  &c  bien  égale ,  d'environ  fept  à 
huit  pies  de  longueur ,  fur  laquelle  fonr  ajuftées 
deux  boîtes  pour  couler  au  long  de  la  règle  ;  au 
dclfous  de  ces  boites  eft  un  petit  cône  autour,  &: 
au  delfus  une  petite  vis  à  oreille ,  pour  l'arrêter  fut 
la  règle  ,  à  l'extrémité  de  laquelle  s'ajufte  aulfi  une 
pointe  d'acier  au  deflbus  de  la  boîtejqui  coule  libre- 
ment, de  s'arrête  aulîi  par  le  moyen  d'une  vis  à 
oreille  pour  tracer  l'ovale ,  foit  avec  la  pointe  ou 
un  crayon.  Les  deux  boîtes  s'ajuftent  au  long  des 
branches  d'une  croix ,  fur  laquelle  pOrte  la  règle ,  Sc 
au  dedans  de  laquelle  il  y  a  une  coulilfe  en  forme 
de  queue  d'aronde.  Cette  croix  doir  erre  faite  bien 
carrément,  c'eft-.i-dire  ,  bien  exademcnt  à  angles 
droits ,  6c  les  coulifles  doivent  être  également  pro- 
fondes 6c  également  larges;  car  c'eft  en  cela  qu2 
confifte  toute  la  juftefre."  On  met  la  règle  dans  les 
coulilfes  -,  on  arrête  les  boîtes  -,  on  tourne  la  règle , 
qui  faifant  aulîi  tourner  les  boîtes  dans  la  couHfTe, 
en  avançant  6c  reculant  au  long  de  la  croix  6c  l'autre 
boîte  dans  l'autre  branche  de  la  croix.  Il  faut  mer- 
tre  aufll  des  poinres  de  clou  par  defllis  la  croix  aux 
quatre  coins,  pour  l'arrêrer  fixement  fur  un  plan- 
cher ,  ou  fur  un  eriduir.  Il  y  a  une  petite  platine 
mince  pour  ajufter  dans  la  mortoife  fous  la  vis  à 
oreille  ,  afin  d'affermir  les  boîtes  fur  la  grande  rè- 
gle que  l'on  fait  mouvoir,  comme  on  l'a  dit,  dans 
les  coulifles ,  pour  tracer  l'ovale  que  l'on  demande, 
&c  félon  qu'on  la  veut ,  plus  grande  ou  plus  petite , 
ou  fi  l'on  en  veut  deux  concentriques  l'une  à  l'aurre  s 
il  n'y  a  qu'à  avancer  ou  reculer  fur  la  règle  la  pointa 
d'acier ,  qui  ferr  à  tracer  l'ovale. 

Le  compas  à  ellipfe  eft ,  félon  Frézier ,  un  inftru- 
ment compole  du  compas  à  verge  ,  6c  de  deux  pou- 
pées de  plus ,  qu'on  fait  mouvoir  dans  urie  coulille* 
pratiquée  daris  une  figure  de  croix  pour  une  ellipfe 
entière  <  ou  de  T  pour  tracer  une  demi-elliplè  fur 
des  arcs  donnés.  Cet  Auteur  donne  b.  defcription 
de  cet  inftrumenr  dans  fa  Stéréotomie  ,  /'.'158, 

Le  Compas  à  ovale  eft  une  fimple  cquerre ,  fur  les 
côtés  de  laquelle  on  fait  couler  deux  pivots  attachés 
à  certaine  diftance  à  une  règle,  au  bout  de  laquelle 
eft  un  crayon  pour  le  tracer  :  d'où  il  fuit  que  pçur 
une  ellipfe  entière  il  faut  alfembler  quatre  équertes 
féparées  par  une  coulilfe,  pour  laillér  le  paflage  de 
ces  pivots  5  fuppofant  qu'on  ne  veuille  tracer  qu'une 
demi-ellipfe  ,  il  faut  un  inftrument  compofé  dfc 
deux  équerres  avec  urie  eoulillè  entre  deux.  Fré- 
zier. 

Compas  de  proportion  ,  eft  uri  inftrument  de  Géo- 
métrie compofé  dé  deux  règles  plates  ,  mobiles 
daris  une  charnière  avec  des  pinules.  Circinus  pro» 
portionibus  inveniendis  aptatus.  Il  fert  à  obfervec 
les  longueurs  ,  largeurs  6c  diftance  des  corps ,  82 
pour  plufieurs  ufages  de  l'Altimérrie.  Il  y  a  des 
lignes  divifées  qui  fonr  marquées  fiir  les  branches 
plâtres ,  dont  deux  font  de  parties  égales  ,  d'autres 
qui  marquent  la  mefure  ou  la  corde  des  angles  , 
d'autres  la  proportion  du  poids  des  métaux ,  &c. 
Stauffler ,  Henrion  ,  Ozanam  ,  6c  plufieurs  autres 
Auteurs  ,  ont  écrit  des  livres  entiers  de  l'ufage  du 
compas  de  proportion. 

Compas  de  réduction  ,  eft  un  compas  qui  étant 
compofé  de  deux  branches  croifécs  6c  mouvantes 
fur  un  centre  fixe  ,  forme  quatre  poinres  ou  jam- 
bes ,  dont  les  deux  petites  oppof?es  aux  deux 
plus  grandes  ,  fervent  à  réduire  route  mefi.ire  ca« 
pable  de  la  plus  grande  ouverture  à  la  moitié  j  au 


74 


C  O  M 


tiers ,  ou  au  quart ,  ielon  la  longueur  proportion- 
nce  lie  fes  jauibcs.  Cïrcinus  ci.jus  d^caffaca  crura 
qiuidritpUx  acitmeti  exhitmt  ,  quorum  minora  duo 
major ibiis  opfiyua  ,  vd  mediam  ,  vcl tertiam,vcl 
qiiartam  mcujurm  partem ,  quamprccjtiruni ,  major i 
compUxiuntur. 

Compas  de  tn^cclion.  En  Géométrie  on  regarde  la 
tridèdioii  de  l'angle  par  la  règle  &  par  le  com- 
pas comme  une  ehol'e  impoilîble.  Plaficurs  grands 
hommes  ont  travaille  à  la  Ibkition  de  ce  problème 
fans  y  avoir  iatisfait  pleinement ,  parce  que  leurs 
manières  croient  purement  mcihaniques. En  i(JS8  , 
M,  Tarragon  ,  Proi-cdeur  de  Mathématiques  à  Pa- 
lis ,  donna  dans  le  Joutnal  des  Savans  du  25e  Sep- 
tembre »  la  confit  11  Ction  d'un  compas  de  trijj'eclion  , 
par  lequel  on  réfout  ce  pioblème  d'une  manière 
purement  Gcomcttique.  Il  eft  corapolc  de  deux 
règles  centrales  -,  d'un  arc  de  cercle  de  izo  degrés, 
qui  eft  immobile  avec  l'on  rayon.  Le  rayon  doit 
être  attaché  avec  une  des  règles  centrales  comme 
les  deux  bras  d'un  compas  de  proportion  ,  afin  que 
cette  règle  centrale  puilTe  parcourir  tous  les  poirt- 
de  la  circonférence  de  l'arc.  Le  rayon  &  la  règle 
doivent  être  le  moins  épais  qu'il  eft  poHibIe,fic  la 
règle  attachée  avec  le  rayon  doit  être  battue  à 
ftoid  ,  pour  acquérir  du  rell'ort.  La  largeur  de  l'ai- 
tte  règle  centrale  ,  qui  eft  la  plus  grande ,  doit  êtr 
ttiple  de  la  largeur  du  rayon.  Il  faut  fur  la  grand , 
règle  une  couliffe  à  queue  d'aronde  de  la  largeu- 
dû  rayon  qui  y  doit  être  attaché  ,  afin  qu'il  puilf 
fe  mouvoir.  Il  faur  aulïi  un  petit  trou  au  centre  de 
chaque  règle.  La  fgure  fera  mieux  comprendre  ce- 
ci. Foye:^  le  journal  cité. 

Compas  à  verge  ,  eft  un  infttument  pour  tracer  de 
grands  arcs  de  cercle,  qu'on  ne  peut  faire  avec  les 
compas  d'Appareilleur.  Il  confiftc  en  une  longut- 
règle  qu'on  fait  paflcr  au  travers  de  deux  morceaux 
de  bois  ou  de  fer  ,  qu'on  appelle  poupées  ,  qui 
peuvent  s'approcherou  s'éloigner  comme  l'on  veut, 
&  être  nxées  par  le  moyen  des  vis.  Chacune  de 
ces  poupées  eft  terminée  à  un  bout  par  une  point; 
de  fer,  qui  fert  l'une  à  fixer  au  centre  ,  5<:  l'autre 
à  tracer  l'arc.  Cet  inftrument  vaut  mieux  qu'un  cor- 
deau ,  parce  qu'il  ne  peut  ni  (é  ralonger  ,  ni  fe 
raccourcir  ,  dès  qu'il  eft  une  fois  réglé  à  la  lon- 
gueur. Frézier. 

Compas  d'Appareillenr ,  eft  un  compas  dont  chaque 
branche ,  longue  d'environ  deux  pies. ,  eft  plate 
&  droite,  avec  une  pointe;  il  fett  aux  Appareil- 
leuis  &  Tailleurs  de  pierres.  Circinus  lapicidts  , 
vel  prœfcclo  ji^nandis  lapidihis  deferviens.  Il  fert 
aufîî  à  prendre  la  mefure  des  angles  gras  ^  mai- 
gres. C'eft  pourquoi  on  l'appelle  communément 
faufje-écjuerre. 

^3^  Compas   de  fondeurs  de  C/oc/ies.  Yoy.Ctocni. 

1^  Compas  de  Cordonnier ,  eft  un  infttument  de 
bois  avec  lequel  on  prend  la  mefufe  du  pié  pour 
faire  des  fouliers  ,  menfiira  futoria.  Il  eft  marqué 
de  plufîeurs  divifions  qu'on  appelle  points. 

^CF  Compas  courbe  ,  terme  d'horlogerie.  Inftrument 

qui  fert  à  mefurer  un  corps  rond. 
^CT  Compas  droit  ,  inftrument   qui   fert  à  couper 

les  plaques. 

Les  Chirurgiens  fe  fervent  aufTi  d'un  compas  à 

pointes  pour  couper  l'os  du  cr.îne. 

Compas  de  Tonnelier,  eft  un  coot/jûj  de  bOis  poin- 
tu par  en  bas  ,  &  rond  par  en  haut  ,  qui  s'ouvre 
ou  fe  ferre  avec  une  vis  pour  marquer  les  fonds  de 
leurs  tonneaux.  Circinus  cjui  dolarii  in  uju  eJL  Les 
vis  en  font  tournées  les  unes  à  droite,  &  les  au- 
tres à  gauche  ,  afin  qu'il  fe  puiife  ou  ouvrir  ou  fer- 
mer des  deux  côtés. 

Compas  d^  Tourneur ,  eft  un  compas  dont  les  jam- 
bes font  courbées  en  rond  pour  prendre  les  dia- 

.  mettes  des  globes,  les  épaiffeurs  des  corps.  Circi- 
nus cujus  crura  arcuata  tornando  dejerviunt.  Les 

.    Sculpteurs  &  Graveurs  s'en  fervent  aufTi. 

Compas  de  Bijoutier,  C'eft  un  inftrument  avec  lequel 


GO  M 

(  les  Bijoutiers  mefurent  ks  pièces  lorfqû'ils  les  tail- 
lent. Norma  quam.  adexigendos  angu/os  g^mmarum 
fcd/ptores  adtubent.  Cet  inftruiTient  ift  un  morceau 
de  bois,  comme  le  fût  d'un  rabot  fendu  par  dclfuS 
jufques  à  la  rnoitié  de  fa  longueur.  Dans  cette 
lente  il  y  a  une  petite  règle  de  laiton  qui  tijnt 
par  un  bout  dans  le  milieu  du  rabot  avec  une  che- 
ville, en  forte  que  cette  lègle  fe  meut  comme  une 
équerre  pliante.  Elle  fert  à  prendre  les  angles  des 
pierres  que  l'on  pôle  fur  le  tût  du  rabot ,  à  mefure 
qu'on  les  taille.  Ce  fût  eft  quelquefois  de  laiton , 
comme  la  règle, 

1^  Il  y  a  un  grand  nombre  d'autres  compas  à 
l'uiage  des  diiïcrens  ouvriers,  dont  il  eft  inutile 
de  faire  le  détail, 

COMPAS  eft  auin  un  terme  de  Manufaélure  ,  qui  fi- 
gnifie  modèle,  mefure.  On  dit,  faire  une  étoffe 
iux\ç  compas  d'une  autre;  pour  dite,  la  faire  de 
la  même  largeur ,  avec  le  même  nombre  de  fils ,  &c 
autant  de  portées  *  que  celle  qu'on  prend  pour 
modèle. 

COMPAS  ,  en  termes  de  Marine  ,  lîgni.^e  la  bouflbie 
dont  lé  fervent  les  Pilotes  pour  conduire  leur  vaif- 
feau  j  qu'on  appelle  ctmpas  de  mer  &c  voie:.  Fixii 
nantica-.  On  appelle  compas  de  route  ,  un  inftru- 
ment compolé  d'un  carron  mince  ,  coupé  circulai- 
re ment,  divifé  en  3i  parties  égales  ,  repréféntant 
l'horiibn  avec  les  ji  vents  ,  au  centre  duquel  eft  un 
cône  coricave  de  laiton  ,  appelé  chapelle  ,  avec  un 
aiguillon  en  lozange  ,  de  bon  fer  ou  d'acier, 
cloué  au  de/fus  du  carton  ,  &  touché  d'une  pierre 
d'aimant.  Tout_ce  compofé  s'appelle  roje.  On  la  met 
fur  un  pivot ,  &:  puis  dans  une  boete  couverte  de 
verte  ,  &  cette  boëte  eft  tenfermée  dans  une  autre 
qui  fert  à  fbûtenir  un  ou  deux  cercles  de  cuivre  ou 
de  lairon  ,  qu'on  nomme  balanciers  ,  qui  fervent  à 
tenir  horiibntalement  le'cow/'a.î  ou  la  bouilblc.  Le 
compas  de  variation  ,ç^  un  inftrument  qui ,  outre 
tout  ce  que  l'on  vient  d'expoler,  a  un  cercle  divifé 
en  5^0  degrés,  &  un  fil  qui  traverfe  par  defÏÏis  la 
vitre  ,  partant  au  deffus  du  centre  ,  &:  tombant  per- 
pendiculaire.'nent  d'un  côté  &  d'autre  le  long  de  la 
bocte ,  qui  eft  ouverte  en  cet  endroit-là  avec  une 
vitre,  &:  rout  cela  pour  aider  à  obferver  la  variation 
de  l'aimant.  Un  compas  renverfe  eft  une  boufîble 
fufpcndue  ,  que  l'on  voit  par  le  defîbus  ,  comme 
l'autre  pat  le  dcflûs.  Compas  mort  i  eft  une  boufîble 
quia  perdu  la  vc'tu  de  l'aimant.  Compas  de  carte, 
eft  un  compas  qui  s'ouvre  en  le  prcflant  du  côté 
de  la  tête  -,  les  Pilotes  s'en  fervent  à  compaffer  les 
caitcs  marines. 

COMPASSEMENT.  f.  m.  Aétion  de  compàjfer ,  ou 
l'efFet  de  cette  aélion.  Voye^^  Compasser*  Ce  ter- 
me eft  peu  ufîté. 

COMPASSEMENT  de  feux  ,  terme  de  Mineur.  Rè- 
gle qui  s'obferve  pour  efpacer  les  fourneaux  des 
mines,  de  façon  -qu'ils  hifllnt  tous  leur  effet  dans  le 
même  zcm^s.  Collocatio  ,  difpojitio  fubfoffarumfoT" 
macularum, 

COiMPASSER.  V.  n.  Prendre  fes  mefures  avec  un 
compas.  Circino  defcribcre  ,  dimetiri.  Le  deffein  de 
ce  b.âtiment  eft  bien  comp^iff.  Cette  carre  eft  exaéte 
&:  bien  compaffee.  Comparer  les  degtcs ,  les  diftances 
dans  une  carre. 

CoMPAssER  jsn  Livre.  C'eft  ainfî  que  les  Relieurs 
s'expriment  ;  pour  dire,  mefurer  un  livre  avec  le 
compas  ,  afin  de  le  bien  rogner.  Librum  circino 
dimetiri.  Ce  livre  eft-il  compafji. 

Cnuv  AS  SEV.  fa  Carte,  terme  de  Marine,  c'eft  trou- 
ver avec  la  poinre  d'un  compas  où  peut  être  le  vaif^ 
feau.  f^oyei  Pointer  la  carte. 

CoMPASSER  des  Feux ,  en  teimes  de  Mine,  c'eft  les 
difpofer  de  manière  qu'ils  prennent  tous  enfemble. 
ha  difponere  ,  coUocare  cunicuhs  ,  ut  eod  m  tem- 
poreignem  concipiant  ;  aurrcmenr  il  en  arriveroic 
comme  des  efforts  que  fcroicnt  trois  hommes  pour 
lever  un  fardeau-,  à  moins  qu'ils  n'agiflént  tous  en 
même  temps ,  ils  ne  le  pouroient  lever  fcparémenf^ 

CoMPASSER  la  Mèche,  c'eft  la  mettre  fur  le  ferpen- 


C  O  M 

tin  dans  une  difpoiîtion  propre  à  tirer,  Funiculum 
ianiarlnm    aptarc ,  dijponers. 

ifl"  CoMPASSER,  dans  le  langage  ordinaire  ,  fe  prend 
plus  fouvent  comme  fynonyme  de  proportionner 
une  choie  j  que  dans  la  (igniHcation  de  meluter 
avec  le  compas  ;  ainfi  l'on  dit  compajfcr  des  allées , 
compatir  un  parterre  ,  compuffer  les  appartemens 
d'une  maiibn  ,  les  bien  proportionner.  Koye:^ 
Proportionner. 

ffT  CoMPAssER  le  dit  figurément  des  actions,  des 
démarclies  -,  pour  dire  ,  les  bien  régler  ;  cette  fem- 
me compalfe  toutes  fes  actions  ,  ad  normam  exi- 
gera ,  ad  rcgulum. 

IJC^  Il  ie  dit  aulfi  pour  pefec  ,  examiner  mûre- 
ment les  choies.  Expenderc  ,  excunre. 

Et  quant  à  moi  je  trouve ,  ayant  tout  compafTé  , 
Qiûil  vaut  mieux  cire  encor  cocu  ^jue  trepaffe. 

Mol. 

COMPASSE ,  EE.  patt.  On  dit  qu'un  homme  cfl:  fort 
comfaffc ,  quand  il  eft  fort  réglé  ,  fort  exaâ; ,  tant 
en  les  mœurs  qu'en  fes  paroles.  Comportas. 

ffJ'  Dans  Tufage  ordinaire  ce  mot  fc  prend  pres- 
que toujours  en  mauvaife  part.  On  entend  par  un 
homme  compafp ,  un  homme  cxaét  jufqu'à  l'affec- 
tation. 

Un  dévot  orgueilleux  n'admet  defainteté , 
Qu'en  ceux  dont  les  vertus  avec  art  compaifées, 
i^ar  la  démarche  &  l'air  font  d'accord  annoncées. 

ViLL. 

COMPASSEUR.  f.  m.  Celui  qui  compafjé  ,  qui  msfure 
avec  un  compas.  Ce  mot  eft  de  Montagne. 

COMPASSION,  f.  f.  Mouvement  de  l'ame  qui  nous 
porte  à  avoif  quelque  pitié  ,  quelque  douleur  ,  en 
voyant  foufîirir  un  autre.  Sentiment  de  pitié  que  fait 
naître  en  nous  la  vue  ,  le  récit  ,  ou  le  fouvenir 
des  maux  de  quelqu'un.  Mijeratio  ,  commiferatio. 
La  marque  d'une  belle  ame  ,  c'eft  d'avoir  de  la 
compajfion  pour  les  affligés  ,  d'être  ému  de  com- 
pajjion,  La  compajjion  de  la  plupart  des  hommes 
n'eft  que  dans  les  léns  :  ils  font  émus  pat  les  ob- 
jets ,  &  ne  peuvent  rcfufer  ce  reflentiment  à  la  na- 
ture. Fléch.  Quiconque  fe  promet  beaucoup |  de  la 
compaljion  des  hommes ,  connoît  mal  leur  cœur  ;  il 
ne  fait  pas  que  les  larmes  tariffent  bientôt.  Vaug. 
Les  longues  lamentations  donnent  plus  de  mépris 
pour  la  foibleffe  ,  que  de  compajjion  pour  la  dou- 
leur. S.  EvR.  C'eft  par  orgueil  que  nous  plaignons 
les  malheurs  de  nos  ennemis  -,  &:  nous  ne  leur  don- 
nons des  marques  de  compajfion  ,  que  pour  leur 
faire  fentir  que  nous  fommes  au  dellus  d'eux. 
RocHEF.  Pour  bien  fentir  la  compajjion  ,  il  fau- 
droit  en  avoir  été  digne.  S.  EvR.  La  véritable  com- 
pajjion ne  s'arrête  point  à  des  attendriifemens 
extérieurs  ,  ni  à  de  fimples  larmes  ;  elle  demande 
des  fecours  eflFeftifs,  Dac.  La  compajjion  qui  ac- 
compagne l'aumône  eft  un  don  plus  gtand  que 
l'aumône  même.  Fl.  Il  y  a  des  compajjions  inful- 
tantes  ,  qui  redoublent  la  douleur  des  miférables. 
S.  EvR.  La  compajfion  fcrt  d'aiguillon  à  la  clé- 
mence. Mont.  Ceux-là  font  plus  fufceptibles  de 
compa£ion  ,  qui  ont  éprouvé  ,  ou  qui  appréhen- 
dent les  mêmes  malheurs  qu'ils  voient  airiver  aux 
autres.  S.  EvR.  Non  ignara  mali  mij'eris  fuccurrere 
difco. 

Ce  mot  &  les  fuivans  viennent  de  compafjio  , 
compatior y  mots  impropres ,yo«^z>  avec, compatir. 
On  dit  figurément  ,  faite  compajfion  ,  en  par- 
lant de  certaines  chofes  qu'on  délaprouve  ,  qui 
font  mauvaifes  dans  leur  genre  ,  pitoyables.  Voye:^ 
ce  mot.  Voilà  un  raifonnement  qui  fait  compaffion. 
Ce  que  vous  dites-là /a/r  compaffion. 

UCT  La  Compaffion  de  la  Sainte  Vierge  eft  une 
fête  que  l'on  célèbre  dans  l'Eglife  Romaine  ,  le 
vendredi  de  la  femaiaede  la  paffion  ,  en  mémoire 
des  vives  douleurs  dont  la  Sainte  Vierge  fut  pè- 


COM  741 

Rctrée  à  la  vue  du  crucifiement  de  J.  C.  fon  fils, 
COiMPATIBILIT E.  f  f.  Qualité  des  chofes  qui  ne 
foni  pas  contraires ,  qui  peuvent  lubiîfterenfcmble. 
Le  chaud  &  le  kc  font  des  accidens  qui  ont  delà 
compatiliiite  eniemblc.  Caior  &  Jiccuas  in  eodem 
cp  fuhjccîo  po§'unt.  On  le  dit  auflï  en  parlant  de 
Charges  &  de  Bénéfices.  Ces  deux  charges  ou  ces 
deux  bénéfices  ont  de  la  compatd-ilu/,  peuvent 
être  poffcdés  par  une  même  pcrfonnc  lans  diipenie. 
Duo  hœc  muncra  ab  eodcm  exerceri ,  duo  hcec  le- 
nefcia  ab  eodcm  pojjideri  pojjunt.  Il  fe  dir  encore 
en  Morale  ,  compatibilité  d'humeurs  ,  mais  plus 
fouvent  avec  la  négative.  Il  n'y  a  guère  de  compa' 
titiliti  d'efprit,  d'humeur  cntr'cux. 

Cin  appelle  ,  Lettre  de  compatibilité  ,  des  Let- 
tres-Patentes par  lefquellcs  le  Prince  permet  à  un 
hommedepoiféder  en  même  temps  deux  charges  qui 
lie  peuvenr  pas  être  exercées  par  une  même  per- 
fonnc.  Obtenir  des  Lettres  de  compatibilité. 

COMPATIBLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  peut  demeurer 
avec  un  aune  fans  le  détruire.  Le  froid  ôc  le  chaud 
ne  font  pas  compatibles  en  même  iujet. 

Compatible  fe  dit  aufil  en  Morale,  des  perfonnes 
de  deux  humeurs  différentes  ,  qui  fe  peuvent  ac- 
cordLir  eniemble.  conveniens ,  con^ruens.  Cet  hom' 
me  veut  fe  féparer  d'avec  fa  femme  ,  parce  que 
leurs  humeurs  ne  font  pas  compatibles.  Non  cow 
gruunt  in  ter  Je  ,moribus,  natura  dijcrepant. 

Compatible  le  dit  audl  des  charges  &  des  bcncfî- 
ces  qui  peuvent  être  pofiëdcs  enfcmble  ,  par  unô 
même  perlbnne  ,  fans  difpenfe.  Une  chr.rgc  de  Se- 
crétaire du  Roi  S;  de  Trcfoticr  font  compatibles. 
Un  bcnéîice  fuiiple  eft  compatible  avec  une  Cure. 
Une  charge  de  ConfeilJer  au  Parlement  eft  compa- 
tible avec  celle  de  Prévôt  des  Marchands. 

COMPATIR  ,  V.  n.  fe  dit  des  chofes  &  des  perfonnes 
qui  conviennent  l'une  avec  l'autre  &:  peuvent  fe 
trouver  enfcmble.  Pojfe  fimul  conjifiere  ;  non  re- 
pugnare  intcr  fe.  Ces  deux  caradicres  ne  peuvent 
compatir  enfcmble.  La  grandeur  de  l'ame  ne  peut 
compatir  avec  les  ordures  &  l'avarice.  S.  Evr.  L'am- 
bition &  le  repos  ne  peuvent  compatir  cnfemble. 
Mont.  La  trifte  indigence  ne  compatit  point  avec 
l'enjouement  &  avec  les  plailîrs.  Font.  Perfonne  ne 
peut  compatir  avec  lui  ,  6c  il  ne  fauroit  compatir 
avec  perfonne.  L^'efprit  de  Dieu  ne  fauroit  compatir 
avec  celui  du  monde  -,  il  eft  ptefque  toujouts  em- 
ployé avec  la  négative. 

Compatir  lignifie  en  Morale  ,  être  fenfible  à  la 
douleur ,  à  l'affliclion  d'autrui ,  avoir  pitié  de  lui. 
Alicijus  dolore  commoveri ,  a/icujus  mijéricordiâ 
capi.  Un  cœur  vraiment  chrétien  doit  compatir 
aux  maux  de  fon  prochain  ,  &  les  foulager  de 
tout  fon  poffible.L'air  contraint  &  forcé  nous  in- 
commode ,  &  nous  tourmente  ,  parce  que  naturel- 
lemenr  nous  compatifjons  au  mal  que  nous  voyons 
fouffrir.  Cii.  de  Mer. 

Compatir  lignifie  auifi  ,  ^fT  fouifrir  les  fautes  ,  le* 
foibleflcs  de  fon  prochain  avec  indulgence  ,  au  lieu 
de  s'en  fâcher.  Indulgere  ,  ignojcere.  Il  faut  com- 
patir aux  foiblelfes  de  la  nature  humaine ,  fouffrir 
fes  défauts. 

Je  ne  compzth  point  à  qui  dit  des  fornettes , 
Et  dans  l'occajion  ,  mollit ,  comme  vous  faites. 

Mol, 

COMPATISSANT  ,  ANTE.adj.  verbal.  Qui  compa- 
tit ,  qui  témoigne  de  la  compa/ïîon.  Commiferans. 
Coeur  compatifjant ,  ame  compatijjante.  Jeter  un 
regard  compatiffant. 

COMPATRIOTE,  f.  m.  Se  f  Qui  eft  de  même  pays. 
Popularis  ,  conterfaneus.  On  a  de  l'affection  pour 
fes  compatriotes.  Quand  on  eft  en  pays  étranger , 
les  compatriotes  ont  bientôt  fait  connoiifance  ,  fc 
fecourcnt  volontiers  les  uns  les  autres. 

Ce  mot  vient  de  la  prépolition  com  ou  con  &  de 
patrie  ,  pays  -,  compatriote  ,  qui  eft  du  même  pays. 

COMPENDIUM ,  f.  m.  emprunté  du  mot  Latin  , 


744  COU 

fore  en  iifage  dans  les  Ecoles  de  Philofophie  Sc  de 
ThcologicX'oripcr.diu/n.  Il  lignifie  abrégé  ,  précis. 
C'elt  la  coutume  dans  l'Univeriité  de  Paris  de  don- 
ner, avant  le  corps  de  la  Philoibphie,  le  comptndium 
de  Logique  ,  un  abrégé  des  principales  matières 
qui  y  l'ont  traitées,  * 

COMPENSATION,  i.  f.  Eftitnation  par  laquelle  on 
compenlc  une  chofe  avec  une  autre   action  par 
laquelle  une  choie  tient  lieu  d'une  pareille  ou  d'une 
équivalente.  Cumpenj'auo.  En  termes  de  Palais ,  com- 
pcnj'ation  cft  proprement  un  moyen  de  droit ,  par 
lequel  le  débiteur  pourfuivi  pour  le  payement  d'u- 
ne dette,  demande  qu'elle  Ibit  compcnlce  avec  ce 
qui  luieft  dû  par  l'on  créancier  ,  julqu'.T.  concur- 
rence.  La  compenfation  cft  un    raoyeri  qui    peut 
s'oppolér  en    tout   état  de  caufe  ,  même  après  la 
condamnation.  L'équité  naturelle  a  établi  le  moyen 
de  compensation ,  le  Droit  civil  en  a  prefcnt  les 
règles.  La  compenfation  équipoUe  à  un  payement. 
La  compinj'atwn  eft  de  droit ,  de  liquide  à  liquide. 
03"  On  appelle  cUire  &  liquide  ,  une  dette  certaine  , 
non  lujctte  àconteftation,  &  dès  à  prcicnc  exigible; 
ainfî  on  ne  peut  pas  coOTjPe«/er  une  dette  exigible; 
prélcntemcnt  avec  celle  qui  ne  le  fera  que  dans  un 
certain  temps ,  ou  fous  condition. 

Pour  que  la  compenjation  ait  lieu  ,  il  faut  qu'il 
fe    rencontre   une  rcllerablance    &    une   identité 
parfaite  dans  les  choies  que  l'on  veut  compenfer. 
On  obtenoit  ci-devant  des  Lettres  de  Chancellerie 
pour  faire  des  compenfations.  La  compenfation  des 
dépens  lé  fait ,  quand  chacune  des  parties  réuUît 
en  quelques-unes  de  fes  prétentions. 
Compensation    fe  dit  aufll  au  figuré  ,  de  tout  cequ' 
tient  lieu  d'une  autre  choie  ,  ffC?  de  l'eftimation 
des  choies  ,  dont  le  bien  &;  le  mal  étant  mis  en 
balance ,  le  défavantage  fe  trouve  réparé  par  l'a- 
vantage. Il  iùut  faire  compenfation  des  défauts  de 
nos  amis  avec  leurs  bonnes  qualités.  B.  Rae. 
COMPENSER.  V.  a.  Donner  en  payemenr  à  un  créan- 
cier une  Ibmme  qu'il  doit ,  pareille  à  celle  qu'il  de- 
mande :  ou  demander  à  la  déduire  ,  li  elle  n'eft  pas 
égale. /Jif/Tz  unam  ciim  ali.i  recompenjare.  Nous  avons 
compenfi  ce  que  je  lui  dcvois  avec  ce  qu'il  me  devoir. 
Compenser,    fe  dit  aulfi  des  chofes  équivalentes  qui 
partent  l'une  pour  l'autre  ,  quand  il  intervient  l'au- 
torité des  Juges  ,  ou  l'accord  des  parties.    On  a 
compenfe  la  fomme  qu'il  devoir  à  fon  maître  avec 
les  lérvices  qu'il  lui  ayoit  rendus. 
-lu?  Compenser  lignifie  aulTi  faire   reftimation    des 
chofes    dont    le     bien   &:    le    mal   étant    mis    en 
balance   ,    le    défavantage   fe   trouve    réparé  par 
l'avantage.  Ce  fermier  a  eu  de  bonnes  &  de  mau- 
vailés  années  ;  les  unes  compenfent  les  autres  -,  les 
bonnes  qualités  compenfent  \?%  m^uviiCss.  Compen- 
fare  bonis  v//fa.Compenrer  les  crimes  avec  les  bon- 
nes aélions.  Beneficiis  maleficia  penfare. 
CoMf  TNSÉ  ,  i^t  part. 

COMPÉRAGE.  f.  m.  C'eft  l'ailion  par  laquelle  on 
devient  compère  de  la  pcrlbnne  dont  on  tient 
l'enfant  fur  les  Fonts ,  ou  de  la  perfonne  avec  la- 
quelle on  tient  l'enfant  de  quelqu'un.  Mutiia  affi- 
niias  ,  ex  fzcri  Baptifmi  fontibus  exorta.  Ce  com- 
perao-e  lui  tient  au  cœur.  Pat. 

On  dit  proverbialement,  tout  fe  fait  par  compèra- 
ge.L?  mot  de  co/w/'(?n2i!'e  exprime  proprement  la  rela- 
tion ,  l'affinité  qui  fe  trouve  entre  le  parrain  &  la 
marraine  d'un  enfant,  ainlî  qu'entre  le  père  &  la 
mcre  de  l'enfant.  Sous  ce  point  de  vue  le  compérage 
eft  regarde  comme  une  alliance  fpirituelle.  Voye^ 
Parrain  ,  Marraine. 
ÇO"  COMPERE,  f.  m.  Patrinns.  Nom  qui  fe  donne 
par  le  père  S^'  la   mère  d'un  enfanr  à  celui  qui  a 
tenu  cet  enfant  fur  Tes  fonts  de  Baptême;  par  la 
marraine,  à  celui  avec  qui  elle  a  tenu  cet  enfant-, 
&  par  le  parrain  &  la  marraine,  au  père  de  l'en- 
fant. Celui  qui  tient  un  enfant  avec  une  fille  eft 
fon  compère.  Il  efl  aufli  compère  .à  l'égard  des  père 
&'  mcre  de  l'enfant ,  &:  il  contraéfe  une  alliance 
Spirituelle  avec  eux.  On  ne  contraéle  cette  alliance 


COM 

qu'à  caufe  du  Sacrement  même  du  Baptême ,  ic  non 
point  a  caufe  des  cérémonies  qui  l'accompagnent. 
Le  Pape  Etienne  IX  appelle  Ibuvent  dans  lés  let- 
tres L-  Roi  Philippe  I  fon  compère ,  5c  la  Reine 
Bertrade  fa  commère ,  &  les  deux  Princes  ,  leurs 
fils  ,  fes  enfans  fpirituels  :  ce  qui  fait  croire  qu'il 
fut  leur  parrain ,  fe  montre  en  même  temps  que 
ces  noms  lactés  par  la  Religion  ,  étoient  alors  des 
ritres  d'honneur  ,  loin  d'être  du  ftyle  bas  &  fa- 
milier, comme  aujourd'hui. 

Ce  mot  vient  de  compater  ,  comme  commère 
de  commuter, 
CoMPERE  lé  dit ,  en  dilcours  ordinaire  ,  de  ceux  qui 
font  bons  amis  &  familiers  enfemble.  Amici ,  fu- 
nuliares.  Ce  font  des  compères  qui  font  toujours 
enfemble.  Ce  font  des  feftins  de  compères  éc  de 
commères.  La  plupart  des  Bourgeois  lé  nomment 
compares  ,  &  rien  n'eft  plus  ordinaire  entr'eux 
que  ces  termes  d'alliance.    Caill. 

On  dit  d'un  homme  ,  que  c'eft  un  bon  compère  , 
pour  dire  ,  que  c'eft  un  bon  compagnon  ,  un 
homme  de  bonne  humeur  &:  agréable.  Ac.  Franc. 

On  dit  auHl  burlefquement  de  quelqu'un ,  c'eft 
un  compère  ;  poiit  dire  ,  c'eft  un  homme  fin  , 
habile  K  intelligent  en  fon  métier. 

On  dit ,  en  ce  monde ,  tout  fe  fait  par  com- 
pères 5c  pat  commères  ,  c'eft-à-dire  ,  par  intrigues 
&  par  ibllicitations. 
Compère    lé  dit   aulfi    des  animaux     que    l'on  in- 
troduit  parlant  dans  les  apologues.  Amicus. 

Compère  le  Renard  fe  mit  un  jour  en  frais  ^ 
Et  retint  à  diner  commère  la  Cicogne.  La  Font. 

COMPERRE  ,  vieux  verbe  a6l.  Ce  mot  ne   fc  dit 
plus  depuis  long  temps  ,"  il  fignific  acquérir  ;  il 
cft  formé  de   comparare  ,   qui    fignifie  la  même 
chofe. 
COMPERSONNIER ,    f   m.  terme    de  Coutume. 
C'eft  ainli   que  fe   nomment  les  alfociés  dans  un 
ménage   ou  dans  une  famille ,  où  tous  les  biens 
font  communs  ;  ce  qui  arrive    fouvent    dans   les 
familles  de  main-motte  ,    pour  conlcrverles  biens 
dans  une  pizenzc,  Eorumdem  bonorum  focii. 
CoMPERsoNNiER   fc    dit     plus    particulièrement    ds 
celui  qui  tient  un  héritage   avec  un  ou  plufieurs 
autres ,    à  la  charge  de  payer  une  redevance  au 
Seigneur.    Tous    les  comperfonniers  font  folidai- 
rement  obligés.  Il  s'en  trouve  encore  plufieursen 
Bourgogne  ,    en    Champagne  ,    dans    le   Nivcr* 
nois. 
fp"  C0M:'ES  ,  f.  m.  pUir,  terme  de  Manufa(aare.    ,j 
Sortes  de  Droguets  croiiés  ,   drapés  qui  fe  tabri-    * 
qu?nt  en  France. 
03"  CoMPES,  f.  m.  terme  d'Antiquité.  Sortes  d'en- 
traves  de    fer   dont  étoient  chargés  les  Efclaves 
Romains. 
'^CFCétoit  aufTî  un  infttument  pour  donner  la  tor- 
ture  aux  criminels. 
COMPÉTANT ,  ANTE.  adj.   Voye^  Compétent. 
COMPÉTEMMENT ,  adv.   D'une  manière  compé- 
tente,   fulïifamment.  Légitime,  légitima  jure,  ex 
légitima   aucloritate.    Il    étoit    âgé  competemment 
pour  intenter  cette  adion.  Ce  Prévôt  a  jugé  com- 
pétemment  ,  après  avoir  fait  juger  fa  compétence. 
Ce  mot  fe  dit  peu. 
33-  COMPETENCE,  f.  f.  D'autres  écriventCOMPjé- 
TANCE.  Droit  qui  appartient  à  des  Juges  de  con. 
noîrre  des  affaires ,  dont  la  connoiHance  ou  l'at- 
tribution leur  eft  donnée.  On  entend  ici  par  com- 
pétence le    droit  qu'ont  des  Juges  ordinaires  de 
connoîtte  de  toutes  foites  d'affaires  entre  les  par- 
ties    qui    font    fujettes  à  leur  Juridiétion.    ]udi- 
cis  Ic^iti'm  potejias ,   JurifdiBio.  Les  Prévôts  des 
Maréchaux  &  les  Lieutenans-Criminels  ne  jugent 
en  detnier  relTort   qu'après  avoir  fait  Juger   leur 
compétence.  La  compétence  en  matière  criminelle 
fe  règle  entre  les  Ticres  pSt  le  lieu    du  délit   ou 
par  la  qualité  du  déli  iquant, 

Go.mpétencs 


c  oM 

Çcr  Compétence  en  fait  de  Juge  Eccléfiaftique. 
Voyc^  Juge  d'Eglise, 

Compétence  des  Juges  des  Seigneurs,  f^oye:^  Jus- 
tice   SEIGNEURIALE. 

Compétence  fe  dit,  au  figuré,  de  la  capacité  ou  icience 
d'un  hoinine  en  quelque  choie.  Captus  ,  jacuicas. 
Il  ne  faut  pas  que  le  Cordonnier  juge  de  la  pein- 
ture ,  cela  n'ell  pas  de  fa  compétence.  Les  myl- 
tères  les  plus  relevés  de  la  loi  ne  l'ont  point 
de  la  compétence  de  la  talion,  II  y  a  des  Au- 
teurs qui  prétendent  que  le  mot  de  compétence 
ne  fe  peut  dire  qu'en  riant  dans  le  lens  figuré. 

Compétence  fe  dit  auOl  de  la  comparaifon  des 
rangs  ,  des  dignités  ,  quand  il  y  a  prétention 
d'égalité.  Comparatio  ,  aqiiaiuas.  Un  Avocat  ne 
difputera  pas  le  rang ,  le  pas  à  un  Prclîdent  \  il 
n'y  '%  f»oint  de  compétence  ,  de  concurrence  cn- 
tr'eux.  fC  II  n'y  a  point  de  compétence  entre  le 
Prince  &:  l'on  fujet.  Mettre  quelqu'un  en  compé- 
tence avec  un  autre.  Entrer  en  compétence  avec 
quelqu'un.  Façons  de  parler  aflcz  ulitees ,  qui  me 
déplaifent. 

COMPÉTENT  ,  ENTE  ,  adj.  L'Académie  écrit 
competant.  Qui  a  le  pouvoir  de  juger  ,  de  con- 
telter.  Idoneus  ,  conveniens  ,  légitimas.  Les  Jwges 
ordinaires  des  lieux  font  les  Juges  compétens  pour 
juger  ceux  qui  n'ont  point  de  privilège  qui  les 
exempte.  Le  Parlement  cft  le  ieul  Juge  compé- 
tent pour  les  duels.  Un  Prctre  peut  demander 
fon  renvoi  par  devant  un  Juge  compétent  ,  ion 
Officiai.  Il  n'y  a  que  le  mati  qui  foit  partie  com- 
pétente pour  accufer  fa  femme  d'adultère.  C'ell 
une  bonne  exception  de  dire  qu'une  partie  h'ell 
pas  compétente. 

On  appelle  partie  compétente ,  une  partie  ca- 
pable de  contcftcr  en  jultice.    Acad.  Fr. 

On  k  à'.z  auHi  figure  ,  jccelui  qui  eft  habile  dans 
Une  profeilion  dont  il  eft  qucftion  de  juger.  Ido- 
neus ,  aptiis.  Il  faut  être  Aflironome  pour  parler 
des  Comètes  \  les  autres  ne  font  pas  compétens 
pour  cela. 

Compétent  (îgnifie  auffi  ,  qui  efl  légitime,  raif'on- 
nable  ,  fuffilant.  Légitimas.  Ce  garçon  eft  en 
âge  compétent  de  fe  marier,  de  jouir  de  fon  bien. 
On  a  établi  les  délais  compétens  par  l'Ordon- 
nance ,  pour  fe  prcfenter  ,  pour  défendre ,  pour 
produire. 

Compétent  fignifie  encore  la  partie  qui  peut  appar- 
tenir à  quelqu'un  e.i  quelque  chofe  où  il  a  droite 
ce  qui  lui  eft  dû,  ce  qui  lui  revient.  Legiiimiis , 
conveniens.  On  a  partage  cette  terre  ,  on  a  donné 
à  chacun  des  enf'ans  leur  partie  compétente.  Voyez 
CoMPETER  ,    autre  mot  barbare. 

COMPÉTENTE ,  ENTE  ,  f.  m.  &  f.  Dans  l'Hiftoire 
Eccléfiaftiquc ,  c'eft  le  nom  d'un  degré  ou  ordre 
de  Catéchumènes.  Compétens.    Voyez    Catéchu 

MENES. 

COMPETER  ,  v.  n.  ffT  mot  barbare  ,  confacrc 
au  Palais,  &  qui  n'eft  point  d'ufagc  ailleurs. ^/j- 
partenir.  Pertinere.  Ce  garçon  a  diflipé  tout  ce 
qui.  lui  peut  compéter  èc  appartenit  en  la  fuc- 
ceffion  de   fon  père. 

COMPETITEUR,  f.  m.  Concurrent ,  celui  qui  pré- 
tend à  un  même  rang  ,  à  un  même  emploi  ,  .i 
une  même  fortune.  Competitor.  Ceux  qui  préten- 
dent   à  la  gloire  ont  beaucoup  de  compétiteurs. 

Compétiteur.  ,  dans  la  primitive  Eglife  ,  eft  la 
même  chofe  que  Compétent.  C'étoit  un  Caté- 
chumène qui  avoit  palfe  par  toutes  les  épreuves , 
P-^  &  qui  avoit  toutes  les  dil'politions  nécellaires  à 
recevoir  le  Baprcme.  Foye:^  Catéchumènes. 

COMPÉTITRICE.  f  f.  Celle  qui  afpirc  aux  mêmes 

.  honneurs  ,    aux    mêmes    dignités  ,    aux    mêmes 

avantages    qu'un  autre.    Competitrix.    Ce  mot  fc 

trouve   dans  la  Mothe  le  Vayer.  Je  doute  qu'il 

.  fe  trouve  ailleurs. 

Tome  II, 


CO  M 


74T 


COMPIEGNE.  Compendium.  Ville  de  l'I/le  de  Fran. 
fur  l'Oife  ,  proche  du  confluent  de  l'Ai/nc.  Com- 
piegne  a  été  le  fejour  de  quelques  -  uns  de  nos 
Rois.  Clotaire  I  mourut  à  Compieane  en  564. 
Charles  le  Chauve  fît  rebâtir  &  aggrandir  Com- 
piegne  l'an  877  ,  à  caufe  que  Louis  le  Débon- 
naire, fon  père ,  Charlemagnc  ,  fon  aïeul ,  &  Char- 
les Martel  j  fon  bil'aïeul  y  avoient  demeuré,  il  la 
fit  nommer  Carlopolis  ,  c'eft-à-dirca  Charleville; 
Louis  II  ^  Louis  V  font  inhumes  à  Compie^ne 
dans  l'Abbaye  de  S.  Corneille.  C'tft  au  iiège  dé 
Compiegne,  en  145 1  ,  que  la  Puccllc  d'Orléans  fut 
prife  dans   une  fortie. 

COMPILATEUR.  Auteur  qui  a  recueilli  &  ra^ 
malfé  plufieurs  choies  qu'il  a  lues  dans  les  ouvra- 
ges des  autres  j  ou  qui  a  recueilli  tout  ce  que  les 
autres  ont  dit  fur  certaines  matières.  Qni  res  varias 
variis  è  fcriptoritus  collegit.  La  fcience  des  co/tz- 
pilateurs  elî  aride  &  ennuyeufe  ;  ce  font  pour- 
tant ceux  que  le  Vulgaire  confond  avec  les  .Sça- 
vans  ;  mais  les  gens  fagcs  les  renvoient  au  pcdan- 
tifmc.  La  Bruy.  Comme  les  compilateurs  ne  pen- 
fent  point  ,  ils  rapportent  ce  que  les  autres  ont 
penfé ,  &  fe  déterminent  plutôt  à  recueillir  beau- 
coup de  chofcs ,  que  d'excellentes.  In. 

COMPILATION.!",  f.  Recueil  =]:7  de  placeurs  clio- 
fes  ,  tirées  d'un  ou  diffcrens  Auteurs  ,  miles  eii 
corps  d'ouvrage.  Compilatio.  La  compilation  An 
Droit  Canon  par  Gratien.  La  compilation  des 
Poètes  grecs  a  été  faite  en  trois  volumes.  Nos 
Hiftoriens  Ont  chargé  leurs  compilations  de  cir^ 
confiances  ennuyeufes  j  &  qui  lailfent  languir 
l'Hiftoire  ,  en  n'offirant  que  de  petits  objets  qui  ns 
touchent  point.  P.  Dan.  La  compilation  des  loix 
faites  par  les  Rois  de  Rome  fut  faite  fous  le  rè- 
gne de  Tarquin  le  Superbe ,  par  Papirius  ,  d'où  on 
l'appelle  Jus  Papirianum.  Du  temps  de  Jules  Cé= 
far ,  Ofîlius  commença  la  compilation  des  Edits  des 
Préteurs  ;  elle  fut  achevée  par  Julianus  du  temps 
de  l'Empereur  Adrien.  La  compilation  des  Conftitu- 
dons  des  premiers  Empereurs  Romains  fut  faite  vers 
le  temps  de  Conftantin ,  ou  un  peu  après.  Dans  le 
lixième  fîècle  Jaftinien  fît  faire  une  compilation  géné- 
rale des  plus  belles  Conftitutions  des  Empereurs, 
depuis  Adrien  jufqu'à  l'on  temps.  Instit.  du  Droit  , 
&c. 

COMPILER,  v.  a.  Faire  un  recueil,  un  alfemblage  , 
ou  compilation  de  plufieurs  îfT  chofes  écrites  oa  pu^ 
bliées  dans  les  ouvrages  des  Auteurs ,  &  les  mettre 
en  corps  d'ouvrage.  Compilare,  Du  Chêne  a  compilé 
les  anciens  Hiftoriens  françois.  Baronius  a  compilé 
l'HiftoireEccléliaftique  ,  en  a  fait  un  corps.  Fonta- 
non  &:  Guerrois  ont  compilé  les  Ordonnances  ,  en 
ont  fait  des  tecueils.  El'cobar  a  compile  une  Théo- 
logie morale.  Les  Allemans  fe  figurent  que  pour  fe 
mettre  au  rang  des  Auteurs  célèbres ,  il  fufïin 
d'avoir  compilé  un  gros  volume.  S.  EvR.  Le  Droit 
Romain  compile  par  Juflinien  dura  trois  cens  ans 
en  Orient  fans  recevoir  d'^urre  changement  que 
celui  du  langage.  Instit.  du  Etroit  ^frc. 

COMPISSER.  V.  a.  Vieux  mot  qui  fignifioit  pilTer 
delfus  ,  ou  piifer  fouvcnt  &  par  tout,  Meire  in  ali- 
i/uid.  Il  eft  augmentatif  de  piff^r. 

COMPITALES.  f.  f.  pi.  Fêtes  qui  fe  célébroient  chez 
les  Anciens  en  l'honneur  des  Dieux  Lares.  Compita.' 
litia.  Ce  mot  vient  du  latin  compitum  ,  un  car- 
refour ;  &  cerce  Fcre  fut  ainfi  appelée,  parce 
qu'elle  fe  célébrpit  dans  les  carrefours.  Les  Com- 
pitaks  furent  inftituées  par  Servi.is  Tullius,fîxième 
Roi  de  Rome  ,  c'eft-à-dire  ,  .qu'il  les  établit  à 
Rome.  Quoique  Dion  dife  dans  fon  quatrième 
Livre  que  cette  fête  fe  célébioit  peu  de  temps 
après  les  Saturnales  ,  &  que  le  Calendrier  Ro- 
main la  mètre  au  douzième  de  Janvier ,  il  paroît 
néanmois  qu'elle  n'avoit  point  de  jour  fixe  ,  au 
moins  au  temps  de  Varon ,  comme  l'a  remarqué 
Cafaubon /:^r  5««  Aug.  C  51.  Il  n'y  avoit  non 
plus  alors  de  Compiiales  qu'une  fois  l'année.  Au- 
guftc   en  fit  célébrer  deux  fois.    Comme  c'étoit 

BBBbb 


74^  C  O  M 

une  fête  -mobile  ,   le  jour  qu'on  la  devoit   célé- 
brer ,  s'annonçok  tous  les  ans.  Elle  le   faifoic  or- 
dinairement vers  le  quatrième  des  Noues  de  Fé- 
vrier, c'cft- à-dire  le  Jecond  jour  de  ce  mois.  On 
y  facrifîoit  une  truie.  Proper.  L,  IV' ,  El.  /.Les 
l'rêtres  qui  célcbroient  ces   têtes  étoient  des  cf- 
claves  &  des  affranchis.    Ils    furent  inftitucs ,   dit 
Macrobe  ,    Saturnal.   i  ,   C.  7.  non    iculemcnt  à 
l'honneur  des  Lares  ,    mais   auffi   de   la  Manie  , 
leur  mère.  Tarquin  le  Superbe  les  rétablit  ;   & 
fur  la  réponlc  de  l'oracle ,   qui  ordonna  que  l'on 
facrifiât    des    têtes  pour    les   têtes  ,    c'eft-à-dire  , 
pour  la  fantc  &  la  profpérité  des  gens  de  chaque 
famille  ,  on  y  iacrifioir  des  enfans.   Mais  Brutus , 
après     avoir    chafle    les    Rois    ,    |)Cr    interpréta 
les  paroles  de  l'oracle  ,    de  ordonna  qu'au  lieu  de 
têtes     d'enfans  ,     on    immolereit    à    ces    Dieux 
des  têtes  de  Pavots.  Durant  les  Compiia/es ,  cha- 
que   famille   mettoit  à    la  porte  de  la  maifon  la 
ftatue    de   la  Déefle  Manie.   On  fufpendoit  aailî 
aux   portes  des  maifons  des  figures  de  laine  qui 
repréléntoient  des  hommes  &  des  femmes ,  pour 
prier  les  Lares  &c  la  Manie  de  fe  contenter  de  ces 
figures,  &  d'épargner  1-es  gens  de  la  maiibn  -,    pour 
les  efclaves  ,   au  lieu  de  figures  d'hommes  ,    on 
offroit  des  balles  ou  pelotes  de  laine.  Scaliger  , 
-l'oet.  L.  I,  c.  z8.  Le  Roi  TuUius  établit  que  les 
efclaves  qui  célébroient  les  compitales -,  jouiroient 
de  la  liberté  pendant  tout  le  temps  que  dureroit 
la  Fête  -,   c'étoit  en  effet  un  moyen  très-propre  .à 
procurer  l'avantage  des  familles  ,  que  de  gagner 
l'affection  des  efclares  ,  en  les  faifant  jouir  quel- 
que-temps de  la  liberté.   Augufte  ordonna  qu'on 
orneroit  de  fleurs    deux  fois    l'année  ,   au    prin- 
temps &  en  été ,  les  ftatues  des  Dieux  Lares  qui 
croient  dans  les  carrefours,  ^oy^^  Varron  ,  Fcftus  , 
Macrobe,  Denys  d'Halicarnalfe ,  Suétone,   Rofi- 
nus ,    le  Calendrier  Romain ,   &c.  Voyez  encore 
Aulu-Gelle  -,  L,  X  ■,   c.  14. 
COMPIT ALICE,   adj.  m.  &:  f.  Compitdïtius.    Qui 
appartient  aux  Fêtes   compitales.    Le  jour  compi- 
talice  ,   Dies  compitalitius  ,   étoit  celui    auquel 
©n  célébroit  les  Compitales.  Les  "Jeux  compitali- 
ces  ,  Ludi  compitalitii  ,  étoient  les  jeux  qui   fe 
faifoient  à  cette  fête. 

Ces  noms  viennent  de  complmm  ,  comme  on 
î'a  dit  s  ou  competum  »  qui  vient  de  competo  ,  qui 
fîgnifie  concourir  -,  c'cft  un  endroit  où  plufieurs 
rues  concourent  ,  aboutiilênt.  Avant  la  fondation 
de  Rome ,  ces  Compitales  fe  célébroient  dans  les 
carrefours  des  villages  \  car  cette  fête  eft  plus 
ancienne  que  Rome. 
COMPLAIGNANT  ,  ANTE  adj.  terme  de  Palais, 
1)3°  Celui  qui  fe  plaint  en  Jufticc  du  tort  qu'on 
lui  a  fait  -,  demandeur  &  accufateur  en  ma- 
tière criminelle.  Aclor  ,  petitor.  Il  s'efl  rendu 
complaignanc.  La  partie  complaignante.  Tous  les 
Arrêts ,  en  matière  criminelle,  porrerit,  entre  un 
tel,  demandeur ,  èc-complaignam  contre  tels  &  tels, 
défendeurs ,  accufés. 

go*  On  dit  fubftantivement  le  complaignant ,  la 
complaignante. 
COMPLAINTE,  f.  f.  Plainte  &  doléance  d^une 
perfonnc  <jui  fouffte.  Querela  ,  querimonia.  Dans 
les  Paflorales  il  y  a  d'ordinaire  des  complaintes 
de  Bergers.  On  entendit  cette  ttifte  complainte. 
Ce  mot  vieillit.  Il  eft  demeuré  dans  le  ftyle  des 
Monitoires.  Cor.  Je  ne  le  rejeterois  point  fi 
abfolument.  On  ne  le  dit  guère  qu'au  pluriel. 
De  grandes  complaintes. 
Complainte  ,  en  termes  de  Palais ,  en  matière  pro- 
phane ,  fe  dit  des  adlions  poffeflbirss ,  qui  appar- 
tiennent à  un  propriétaire  ponr  fe  maintenit  en 
pofleifion  de  fon  héritage  d'un  droit  réel  quel- 
conque. Vindiciarum  petitio  ,  pojiitlatio.  On  forme 
une  complainte  en  cas  de  faifine  &denouvelleré  ; 
ce  qui  hgnifie  en  vieux  langage  ,  en  cas  de  trou- 
kle  ds  polTeflîon  j  comme  quand  un  autre  ufurpe 


C  O  M 

un  héritage  dont  on  elt  en  poffeiïîon  depuis  un 
an  (Se  jour.  Alors  on  forme  une  complainte  poiref- 
foire ,  S<c  il  faut  juger  la  réintégrance  avant  que 
de  plaider. au  fond.  Ce  fur  M.  Simon  de  Bucy , 
Prclident  au  Parlement  de  Paris ,  qui  inventa ,  & 
mit  en  ufage  la  complainte  en  cas  de  faifine  &c  de 
nouvelleté.  Il  faut  intenter  la  complainte  dans  l'an 
de  la  polfelfion  du  détenteur.  On  dit  matière  de 
complainte  ,  -cas  de  complainte  -,  former,  intenter , 
exécuter  ,  prendre  complainte.  Ramener  la  com- 
plainte fur  les  lieux ,  fe  dit ,  lorfque  le  Juge  ou  un 
Commifiairc  fe  rranfporre  fur  un  héritage  conten- 
tieux ,    6i  entend  les  parties. 

Pour  intenter  légitimement  une  demande  en  co;n- 
[plainte  ,  il  faut  un  trouble,  une  entreprife,    un 
artentat^de   la  part  de  celui  contre  qui  cette  de- 
mande eft  dirigée.  Aubry  ,   Mim.  pour  le  Chap. 
de  Reims. 
Complainte,    en  matière  bénéficiale,  fe  dit  d'une 
aélion  qu'on  forme  pour  être  maintenu  en  un  Bé- 
néfice après   en  avoir  feulement  pris    poift'ifion , 
en  vertu  des  provifions  du  Collateur,   Vindiciarum 
pojîulatio  in  bénéficia    ecclejîajlico.    On    peut  in- 
tenter Complainte   dans   l'an  du  trouble  contre  ce- 
lui qui  a  un  titre  coloré.  |J3°  Comme  cette  adion 
eft  une  adion  poflefilbire  ,  il  n'y  a  que  les  Juges  fé- 
culiers  qui  en  puiffentconnokre  ;  le  polfeifoire  étant 
une  affaire  de  fait  qui  regarde  k  puiffancc  féculière, 
^CT  Mais  la  connoiffance  du  pétitoire  des  bénéfices 
appartient  de  droit  au  Juge  d'Eglifc ,  à  l'exception 
des  affaires  de  régale  dont  le  Parlement  de  Paris 
connoît  au  pétitoire ,  privativement  à  tous  auwes 
Juges. 
^fT  Celui  qui  a  perdu  fa  caufe  au  pofreffoire,  ne  petit 
plus  fe  pourvoir  au  pétitoire  par  devant  le  Juge 
d'Eglife  •,  parce  que  les  Juges  laïques  ne  jugent  pas  Is 
pofleffoire  fur  le  fait  de  poffelfion  feulemenr ,  mais 
par  le  mérite  du  fonds  &  des  titres  des  contendans  , 
dont  ils  examinent  la  validité ,  d'où  il  s'en  fuit  qu'il 
feroir  inutile  de  les  faite  examiner  (Je  nouveau  par 
les  Juges  d'Eglife  ,  avec  rifque  de  voir  réformer 
quelquefois  par  eux  les  arrêrs  de  la  Cour  ;  ce  qui 
feroit    abfurde.    Ferriere. 
^fT  Les  complaintes  pout  les  bénéfices  doivent  êtrs 
pourfuivies  par  devant  le  Juge  Royal ,  qui  refibrrit 
nuement  au  Parlement  -,  auquel  la  connoiilance  en 
appartient  privativement  aux  juges  inférieurs  &deî 
Seigneurs  Haut-Jufticiers ,  quand  même  ils  feroient 
fondateurs,  collateurs  ou  prélentateurs  des  bénéfices. 
Les  complaintes  fe  jugent  le  matin ,  &  ne  font 
pas  des  procès  de  Commiilaircs.  La  complainte  n'a 
pas  lieu  contre  le  Roi ,  parce  que  la  complainte  eft 
une    crpèce    d'accufation  contre   celui  par  lequel 
nous  prétendons  avoir   été  injuftement  troublés  \ 
Se  cette  accufation  ne  convient  point  à  un  fujet  à 
l'égard  de  fon  Roi. 

Ces  mots  viennent  du  verbe  Izt'in plangere ,  dont 
on  a  fait  complangere. 

COMPLAIRE,  v.  n.  Se  rendre  agréable  à  quelqu'un  , 
en  déférant  à  fes  volontés  &:  à  fes  fentimens.  Ot- 
fequi -,  indulgere  ,  moremgerere.  Les  Courtifans  ne 
tâchent  qu'à  complaire  aux  Princes  &  aux  PuifTan- 
ces.  On  gagne  le  cœur  des  perfonnes  les  plus  diffici- 
les ,  à  force  de  les  flatter  ,  &  de  leur  complaire^ 
Il  a  fait  cela  pour  vous  complaire. 

On  dit ,  fe  complaire  ;  pour  dire  ,  fe  plaire ,  fe 
déleéler  en  Ibi-même ,  en  fes  productions,  en  les 
ouvrages ,  y  mettre  fa  fatisfadion  ,  fon  plaifir.  Il 
fe  complait  eu  lui-même.  Il  fe  complaît  en  fa  per- 
lotine.  Wfe  complait  dans  tous  fes  ouvrages,  dans 
tout  ce   qu'il  fait, 

COMPLAISANCE  ,  f.  f.  déférence  amc  fentimens  & 
aux  volontés  d'autrui,  Ohfequium  ,  ohfequentia. 
^CTLa.complaipince  eft  une  condefcendaace  honnête 
par  laquelle  nous  plions  notre  volonté,  pour  la 
rendre  conforme-à  celle  des  autres.  Elle  con^fte  à 
ne  contrarier  le  goiit  de  qui  que  ce  foit ,  dans  tout 
ce  qui  eft  indifférent  pout  les  mœurs ,  à  s'y  ^irccet 


G  Ô  M 

même  aïkant  qu'on  le  peut  ,  &  à  le  prévenir  lors- 
qu'on l'a  lu  deviner.  Les  mœurs. 

ffj-  Il  lemble  que  l'efprit  doux  &  l'humeur  égale 
réunis,  falfcnr  l'homme  complaifant.W  eft  vrai  qu'ils 
y  contribuent  ;  mais  il  eft  vrai  audi  que  la  com- 
plaifance  ajoute  à  la  douceur  5£  à  l'égalité.  A  l'ef- 
prit douxj  à  l'humeur  égale  ,  joignez  l'envie  de 
plaire  &  de  petits  foins ,  vous  ferez  complaifant. 

^fT  L'homme  égal  Se  doux  eft  celui  qui  ,  toujours 
le  même,  toujours  tranquille  &:fûr,  évite  toute 
occalîon  de  me  làire  de  la  peine.  L'homme  com- 
plaifant  fait  quelque  chofc  de  plus  pour  moi. 
Il  eft  difpofé  à  penfer  comme  je  penfe,  à  agir 
comme  j'agis  ;  il  entre  dans  mes  vues  &  dans 
mes  goiits ,  &  profite  de  la  moindre  occafion  de 
me  faire  plailir.  Mais  aufTi  il  faut  avouer  que  la 
douceur  de  l'efprit  5c  l'égalité  de  l'humeur  ne  fau- 
roient  devenir  des  vertus  fufpedles-,  à  quelque  ufage 
qu'on  les  emploie,  elles  feront  toujours  des  vertus. 
Il  n'en  eft  pas  de  même  de  la  complaifance ,  qui 
n'eft  vertu  que  par  Tufage  qu'on  en  fait. 

1)3°  Pour  faire  une  définition  un  peu  exaélc  de 
cette  afFeéiion  que  quelques-uns  ont  de  plaire  à 
tout  le  monde ,  il  faut  dire  avec  la  Bruyère ,  que 
c'eft  une  manière  de  vivre  où  l'on  cherche  beau- 
coup moins  ce  qui  eft  vertueux  &  honnête  ,que  ce 
qui  eft  agréable. 

On  fe  flatte  les  uns  &  les  autres ,  &  le  monde  ne 
fubfîfte  que  par  cette  complaifance  mutuelle.  Flech. 
Dans  le  monde ,  il  faut  avoir  de  la  complaijance , 
même  pour  les  fors;  ils  font  le  plus  grand  nombre. 
Les  perfonnes  qui  hantent  la  Cour  ,  reconnoiflant 
combien  les  humeurs  conrredil'antes  font  incommo- 
des,  prennent  une  route,  qui  eft  de  ne  contredire 
rien,  &  de  louer  tout  indifféremment;  c'cft  ce  qu'on 
appelle  complaifance.  Cette  humeur  qui  eft  plus 
comnlode  pour  la  forme ,  eft  très-dé(avantageufe 
pour  le  jugement.  Port-R.  La  complaifance  qui 
Sacrifie  tout  aux  autres,  femble  être  la  dcfttui'^tion 
de  l'amour  propre ,  &  n'eft  bâtie  que  fur  fes  ruines. 
M.  Esp  hz.  complaifance  qui  eft  une  vertu  paifible  , 
&  très-néceflaire  à  la  fociété  ,  devient  un  vice , 
quand  elle  n'a  point  de  bornes.  M.  Scud.  La  vérita- 
ble complaifance  eft  celle  qui  compatit  avec  liber- 
té ,  qui  cède  fans  foibleffe,  qui  loue  fans  flatterie  , 
&  qui ,  fans  affeclation  &c  fans  bafteffe  ,  rend  la  fo- 
ciété agréable,  8c  la  vie  plus  commode  &  plus  di- 
vertifîante.  Id.  Rien  déplus  ennuyeux  que  la  fade 
complaifance  de  ces  gens  qui  fe  récrient  fur 
tour.  Belt.  La  fauffe  complaifance  de  nos  amis 
nous  endorr,  ^  nous  Jette  dans  une  confiance  ri- 
dicule. Maleb. 

Complaisance  fe  prehd  aulTi  quelquefois  pour  un 
vain  plaifir  qu'on  prend  en  foi-même ,  &  qui  naît 
de  la  plus  grande  opinion  qu'on  a  de  foi.  Inanis 
de  fe  cumfenfu  voluptatis  opinio.  Avec  quelle  com- 
plaifance ambitieufe  Luther  ne  fe  regardoit-il  point 
lui-même  ,  faifant  le  perfonnagc  de  Héros  fur  le 
théâtre  de  l'Eglife  !  Boss. 

Complaisances  au  pluriel ,  fe  prend  pour  l'effet  & 
les  marques  de  la  complaifance^  Ses  comptaifances 
pour  un  tel  lui  coûtent  cher.  Agad;  Fr. 

^CF  Complaisances  ,  en  termes  de  l'Ecriture  i  fi- 
gnifie  quelquefois  amour  ,  afFeérion.  C'eft  dans  ce 
fens  que  Dieu  dit  qu'il  a  mis  toutes  fes  complai- 
fances  en  fon  Fils  -,  pour  dire,  que  Ion  Filseft  l'ob- 
jet de  fon  amour. 

Complaisance,  terme  de  Palais.  C'eft  le  payement 
fait  des  loyaux  aides  ^fT  par  le  vaflal  à  ion  Sei- 
gneur j  dans  les  quatre  cas  marqués  •,  favoir ,  au 
cas  de  chevalerie  du  lils  aîné  ,  de  mariage  d'enfans  j 
de  voyage  d'outre-mer,  S<  de  rançon  du  Seigneur. 
JKoyei  Aides  ,  terme  de  Jurifprudence  féodale. 

COMPLAISANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  tâche  de  plaire 
te  de  fe  conformer  à  l'humeur  &  à  la  volonté  d'au- 
trui.  Olfeqnens  ,  ohfccjinofits ,  placendi  cupidus. 
Ce  n'eft  pas  être  complaijant  que  de  donner  aveu- 
glément dans  le  caprice  de  tout  le  monde  :  c'eft 


être  adulateur  ou  imbécille.  Bell.   Foyei  Com- 
plaisance. 

Complaisant  eft  audî  f.  &  dans  cette  accepta-' 
tion  ,  on  dit  qu'un  homme  eft  le  complaifant  d'urt 
autre  -,  pour  dire,  qu'il  eft  artidu  auprès  de  lui ,  & 
qu'il  s'attache  à  lui  plaire  dans  quelque  vue  d'in- 
rérêt.  C'eft  le  complaifant ,  un  des  complaifans 
d'un  tel.  On  dit  dans  le  même  fens ,  qu'une  fem- 
me eft  la  complaifante  d'une  autre.  Acad.  Fr. 

Les  complaijans  femblenr  vouloir  s'oublier  eux- 
mêmes,  afin  de  s'appliquer  &  de  fe  tourner  uni- 
quement à  tout  ce  que  veulent  les  autres.  M.  Esp. 
Pour  être  un  complaifant  habile  &  éclairé ,  il  ne 
faut  pas  l'être  toujours ,  ni  paroitre  entièrement 
afiérvi.  M.  Esp. 

Ces  mors  viennent  du  latin  complacere,  qui 
fîgnifîe  la  même  choie. 

COMPLANT,  f'.  m.  terme  d'Agriculturej  Lieu  plan- 
té d'arbres ,  de  vignes.  Locus  arboribus  ,  vel  viti" 
bus  conjitus.  J'ai  fait  un  complànt  d'arbres  dans  ce 
parc.  Il  y  a  deux  complans  de  vignes  en  ce  quar- 
tier-lA.  On  le  dit  auffi  de  la  chofe  même  qui  eft 
plantée.  Voilà  un  complànt  de  morillon  de  Bar 
fur  Aube;  un  complànt  de  maronnier  d'Inde.  Oa 
le  dir  particulièrement  des  vignes. 

^fT  On  a  propremenr  appelé  complànt ,  la  jouifîance 
que  l'on  accorde  à  quelqu'un,  à  titre  d'ufufruit, 
d'un  champ  ,  à  la  charge  d'y  planter  des  arbres  , 
&  particulièrement  des  vignes ,  &  à  condition  de 
rendre  au  bailleur  par  chaque  année ,  une  cer- 
taine portion  des  fruits.  Donner  une  terre  à  corn* 
plant. 

Ce  mor  vienr  du  latin  complantare. 

COMPLANTER ,  v.  a.  terme  d'Agriculture  ,  peu 
ufiré.  Planter  des  vignes ,  des  arbres  ,  &c.  Complan- 
tare. 

^fT  CoMPLANTER,  v.  u.  pcrccvoir  le  droit  de  com- 
plànt. Coutume  de  Poitou.  Il  n'eft  permis  d'enlever 
les  fruirs  fujets  à  ce  droit,  qu'après  que  le  Sei- 
gneur a  complanté. 

CÔMPLANTERIE,  f.  f.  rerme  de  Coutumes. Lieux, 
terre  ,  diftriôl:  fur  lequel  le  Seigneur  perçoit  le 
droir  de  complanr. 

|Cr  COMPLÉMENT,  f.  m.  C'eft  en  général  ce  qui 
s'ajoute  à  une  chofe ,  pour  lui  donner  fa  perfec- 
tion ,   du  mot  latin  complementum. 

Complément  ,  terme  de  Géométrie.  C'eft  ce  qui 
refte  d'un  quarr  de  cercle ,  lequel  eft  de  90  degrés, 
après  qu'on  en  a  retranché  un  certain  arc.  Comple- 
mentum. L'arc ,  &  fon  complément  fonr  relatifs ,  èC 
ne  fe  diiént  que  de  l'un  à  l'égard  de  l'aurre.  Cet 
angle,  ou  cet  arc  eft  de  60  degrés,  fon  complé- 
ment eft  de  300.  Ce  mot  eft  de  gtand  ufage  dans 
la  Trigonométrie. 

fCJ"  Complément  d'un  angle  à  180  degrés.  C'eft 
auffi  l'excès  de  1 80  degrés  fur  cet  angle.  Ainfî  le 
complément  à  180  degrés  d'un  angle  (ie  100  de- 
grés ,  eft  80. 

Complémens  (  Les  )  d'un  parallélogramme  font  les 
deux  plus  petits  parallélogrammes  que  l'on  fair  erl 
tirant  deux  lignes  droites  parallèles  à  chacun  des 
côrés  du  grand  parallélogramme ,  ôc  qui  fe  coupent 
à  angle  droir  dans  un  poinr  de  la  diagonale.  On 
démontre  en  Géométrie  que  le5  deux  complemeni 
d'un  parallélogramme  font  égaux  entr'eiix. 

En  Aftronomie ,  on  appelle  complément  d'un 
aftre ,  fa  diftance  jufqu'au  zénirh  >  ou  l'efpace  qu'il 
y  a  depuis  le  poinr  où  eft  un  aftre  élevé  fur  l'ho- 
rifon  jufqu'au  zénith,  La  hauteur  ^  le  complément 
d'un  aftre  fonr  le  quart  du  cercle  qu'il  y  a  depuis 
l'horifon  jufqu'au  zénith. 

En  termes  de  Navigation  ,  |JCF  on  appelle  com» 
plément  de  route,  le  complément  de  l'angle,  que 
la  roure  ou  le  rhumb  que  l'on  fuit  fair  avec  le  mé- 
ridien du  lieu  où  l'on  eft ,  c'eft-à-dire  la  différence 
de  cet  angle  à  90  degrés. 

Complément  de  courtine , cnteimt?,  de  fortifîcariori , 
eft  la  partie  du  côté  intérieur ,  qui  eft  compofée  de 
la  courtine  ÔC  de  la  demi-gorge  -,  c'eft-à-dire  ,  c'eft: 

B  B  R  b  b  f  j 


748 


C  O  M 


le  côté  intérieur  ,  diminué  d'une   denii-gorge.  Cor- 
tinx  compUmciuum. 

JLe  Complément  de  la  ligne  de  défiinfe,en  termes 
de  tbrtificarion  ,  eft  le  relte  de  la  ligne  de  détenle, 
après  avoir  ôtc  l'angle  du  fianc, 

IJCT  CoMPLEU^m  d'uninicrvalle ,  en  termes  de  mu- 
fique  ,  eft  la  quantité  qui  lui  manque  pour  arriver 
à  l'odavc.  Ainii  la  féconde  &  la  icptième  font 
compUmcns  l'une  de  l'autre.  Il  en  eft  de  même  de 
la  tierce  &  de  la  iixte ,  de  la  quatre  &  de  la  quinte. 

Complément  de  béatitude  ,  en  Théologie,  eft  un 
furcroît  de  béatitude  dont  jouiront  les  bienheu- 
reux dans  le  Ciel  après  la  téfurredtion.  Le  com- 
ble de  la  béatitude.  Complementum  beatitudinis. 
La  réfurreétion  des  corps ,  &  l'éclat  dont  ils  fe- 
ront accompagnés  dans  le  Ciel ,  fera  peur  les  âmes 
bienhcurcufes  un  complément  de  béatitude.  Le  com- 
pLmeiit  de  béatitude  n'eft  qu'une  béatitude  acci- 
dentelle ,  &  lupipofe  la  béatitude  eflénticllc  ,  qui 
conlîfte  dans  la  joie  immcnlé  qu'auront  les  Bien- 
heureux en  voyant  clairement  Dieu,  &:  en  l'aimant 
d'une  maniète  proportionnée  à  cette  claire  vifion. 

COMPLET.  ETE  ,  adj.  Qui  a  toutes  l'es  parties  , 
tout  ce  qu'il  lui  faut.  Cmnibus  fuis  partibus  ex- 
plctus  ,perfeclus.  11  lui  a  donné  un  fervice  complet 
de  vaiflèlle  d'argent  ;  des  armes  complètes.  Abl. 
Un  habit  complet  \  nombre  complet  ;  année  com- 
plète &:  révolue. 

On  dit  en  Droit ,  qu'une  année  commencée  eft 
tenue  pour  complète  en  plulîeurs  cas ,  comme  en 
la  promotion  aux  Ordres. 

iJCr  Une  chofeeft  entière ,  dit  M.  l'abbé  Girard  ,  lorf- 
qu'elle  n'eft  ni  mutilée ,  ni  brifée  ,  ni  partagée  , 
&  que  toutes  fes  parties  font  jointes  ou  raffcm- 
blées  de  la  façon  dont  elles  doivent  l'être.  Elle 
eft  complète  ,  lorfqu'il  ne  lui  manque  rien  ,  6c  qu'elle 
a  Tour  ce  qui  lui  convient. 

^fT  Le  premier  de  ces  mots  a  plus  de  rapport  à  la 
totalité  des  portions  qui  fervent  iimplcment  à 
conftituer  la  chofe  dans  fon  intégrité  eflèntielle. 
Le  fécond  en  a  davantage  à  la  totalité  des  por- 
tions qui  contribuent  à  la  perféétion  accidentelle 
de  la  chofe. 

^3"  Les  Seigneurs  occupent  à  Paris  des  maifbns  en- 
tières ,  &  les  Bourgeois  n'ont  pas  toujours  des 
appartcmens  complets. 

Oh  l'emploie  anfli  quelquefois  fubftantivement 
dans  ces  phrafes.  Le  complet  d'un  régiment.  Le 
r\or\-complet  des  troupes. 

^CT  En  Botanique,  on  appelle  fleur  complète ,  jlos 
complétas ,  celle  qui  renferme  toutes  les  parties 
de  la  fleur,  calice,  pétales,  étamines  &  piftil. 

COMPLETEMENT  ,  adv.  d'une  maniète  complète, 
Omnin'o  ,  perfeclè.  Mot  que  la  Fontaine  a  peut- 
être  hazardé  le  premier  dans  une  cpitre  à  feu  M. 
de  Vendôme  >  mais  aujourd'hui  autorifé  par  l'u- 
fage. 

Venons  au  fait  :  En  Piémont  notre  armée  ^ 
Sous  Catinat  à  vaincre  accoutumée , 
Complètement  abattu  C ennemi , 
Et  la  Victoire  a  pris  notre  partit 

0CF  COMPLETER ,  v.  a.  rendre  complet ,  ajouter 

.  ce  qui  manque.  Ce  mot  eft  alfez  nouveau ,  mais 
reçu  par  l'ufage.  Il  vient  du  latin  complere. 

^fT  On  le  dit  dans  le  même  fens  en  termes  de  Li- 
brairie. Ces  mémoires  ne  peuvenr  fervir  à  complé- 
ter les  cdirions  défeclueufcs.  J'ai  befoin  de  tels  &: 
tels  volumes  pour  compléter  un  exemplaire  de  la 
Bible. 

§C?  CoMpLETtR  fe  dit  auflî  en  termes  de  guerre. 
Compléter  une  compagnie  ,  un  régiment ,  une  ar- 
mée. Les  recrues ,  les  remonres  ,  les  nouvelles 
levées  fervent   à  compléter  l'armée. 

|Cr  II  s'emploie  de  même  dans  tous  les  cas  où  il  eft 
queftion  d'ajouter  ce  qui  manque  pour  être  com- 
plet. Compléter  un  recueil  de  médailles,  une  col- 
leétion  de  cabinet.  Cette  Académie  s'applaudit  de 


C  O  M 

voir  compléter  le  nombre  de  fes  membres  par  un 
Magirtrar  qui  fait  le  bonheur  de  la  ville. 

^C?  COMPLEXE,  adj.  terme  de  Logique,  oppofé 
à  funple  s  la  même  chofe  que  compofe.  On  le  dit 
des  proportions,  des  termes  qui  les  compofent, 
&  des  idées  exprimées  par  les  termes. 

§C7"  L'idée  complexe  eft  celle  qui  renferme  plufieurs 
idées  (impies ,  comme  l'idée  de  Dieu  jufte ,  d'une 
montagne  d'or. 

§C/"  Le  terme  limple  eft  celui  qui  ne  défîgne  qu'une 
feule  idée  ,  comme  Dieu  ,  montagne  ,  ùc, 

^fT  Le  terme  complexe  eft  celui  qui  comprend  plu- 
lîeurs idées  :  comme  ,  Dieu  jurtè  ,  montagne  d'or. 

gC?  La  propolition  complexe  eft  celle  qui  a  au  rnoins 
un  de  fes  termes  complexe  ou  compofé;  comme. 
Dieu  jufte  ne  peut  laitier  le  crime  impuni  ;  ou  qui 
a  plusieurs  membres ,  comme  les  propoiîtions  eau- 
fales.  Si  Dieu  eft  jufte  ,  il  ne  peut  laiilèr  le  crime 
impuni. 

^fT  En  Algèbre  ,  on  appelle  une  quanrité  complexe^ 
celle  qui  eft  compolée  de  pluligurs  parties  jointes 
enfemble  par  les  fignes  +-  &  _ ,  plus  &  moins. 
a-^  b  —  c  ,  c'eft-à-dire  ,  a  plus  3  moins  c, 

COMPLEXiON.  f.  i.  Habitude ,  difpoliiion  natutelle 
du  corps.  Corporis  k.ibitus  ,  conjtitutio.  Les  Méde- 
cins doivent  appliquer  les  remèdes  fuivant  les  dif- 
férentes complexions  de  leurs  malades.  Le  vice  & 
la  vertu  dépendent  fouvent  de  notre  complexions 
de  notre  tempérament.  Les  complexions'h'û\c\i(ts 
rendent  Ls  gens  d'humeur  martiale.  Les  Phyli- 
ciens  Se  les  Médecins  diftingucnt  quatre  comple- 
xions générales  &  principales  dans  l'homme,  La 
compkxion  fanguine  répond  ,  félon  eux  ,  à  l'air  j 
elle  en  a  les  qualités  ,  elle  eft  chaude  &  humide^ 
Complexiofanguinea.  Elle  eft  ainfi  nommée,  parce 
que  le  lang  y  domine.  La  complexion  flegmatique 
qui  tire  fon  nom  de  la  pituite  ,  ou  du  flegme  ,  en 
quoi  elle  abonde ,  répond  à  l'eau  ;  elle  eft  froide 
&  humide.  Complexio  phlegm.itica,  La  complexion 
bilieu'e  eft  de  la  nature  du  feu;  elle  eft  chaude  &  fè- 
che.  Complexio  cholerica.  La  bile  ,  j;oa^  ,  lui  a  don- 
né ion  nom.  La  complexion  mélancholique  tient  de 
la  nature  de  la  terre  ■■,  elle  eft  froide  &  fèche.  Com- 
plexio melancholica.  Son  nom  vient  demélancho- 
lie.  Il  avoir  la  complexion  vive  &  ardente.  Bouh. 

1^  Complexion  lignifie  aulîi  humeut,  inclination. 
Il  eft  de  complexion  amoureufe.  Un  Miniftre  d'E- 
tat ne  montre  ni  humeur,  ni  complexion  ,  de  peur 
de  lalifer  échapper  fon  fecret,  ou  par  folbleHe,  oa 
par  padion.  La  Brity. 

gCT  Complexion  fe  dit  en  Phyfique  pout  arrias ,  af- 
femblage.  La  complexion  de  tous  les  nombres  finis 
ne  fauroir  donner  un  nombre  infini. 

COMPLEXIONNE  ,  ÉE.  adj.  Qui  a  une  bonne  ou 
une  mauvaife  complexion.  Corpus  benè  vel  malk 
conflitutum.  Il  eft  bien  ,  il  eft  mal  complexionné. 
Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage  ,  ou  tout  au  plus  il  ne  fe 
dit  qu'en  Médecine. 

Ces   mots  viennent  du  latin  compleclor  ■>  com- 
plexio. 

COMPLEXUS  ,  f.  m.  terme  d'Anatomie.  Nom  qu'oii 
donne  à  Un  des  mufcles ,  parce  qu'il  femble  com- 
pofe de  trois  mufcles.  Il  prend  fon  origine  de  la 
iépticme  verrèbre  du  cou  ,  &  de  la  première,  rroi- 
<i:me  8c  quatrième  du  thorax,  &  va  s'iiiférer  au 
derrière  de  la  tête. 

COMPLICATION,  f.f.  03-  fîgnifîe  en  général  un 
alfemblage  de  caufes ,  d'effets  ou  de  circonftances  , 
dont  il  eft  difl^icile  de  voir  diftindlemcnt  tous  les 
rappotts ,  à  caufe  de  leur  mélange  &  de  leur  dé- 
pendance. Complexio  ,  confù/îo. 

^CJ"  Complication  Je  maladies,  en  Médecine,  fe 
dit,  ou  lorfqu'une  maladie  eft  jointe  à  une  autre 
maladie  dans  le  même  fujer ,  ou ,  félon  quelques- 
uns  ,  lorfque  ces  maladies ,  quoique  confidérées 
chacune  en  particulier,  conftituent  des  léfions  de 
fondlion  dans  l'économie  animale  de  plufieurs  ma- 
nières, oppolition  aux  maladies  fimples,  qui  ne 
troublent  les  fondions  que  d'une  manière. 


CÔM 

^T  On  peut  encore  appeler  complication  ,  la  jonc- 
tion ,  le  concours  de  pluiieurs  iymptonies  d'une 
maladie.  Rien  n'embarralle  plus  les  Mcdecins  que 
la  complicatiOTi  des  maux  donc  le  remède  de  l'un 
eft  contraire  à  la  guérilbn  de  l'autre. 

^  Complication,  terme  de  Jurilprudence  ,fe  dit 
en  matière  criminelle,  lorique  l'accuic  eft  pré- 
venu de  pluiîeurs  crimes  ,  &c  lorfque  le  civil  le 
trouve  mêlé  au  criminel.  On  le  dit  en  général  de 
toutes  les  aifaires  où  il  y  a  un  grand  nombre  d'ob- 
jets &  de  demandes  refpedives. 

COMPLICE,  adj.  Jbuvent  employé  fubftantivement. 
Qui  a  part ,  qui  participe  au  crime  d'un  autre.  Sce- 
lerisfocius ,  partueps ,  confciiis.  On  applique  à  la 
queltion  les  condamnés  à  mort ,  pour  avoir  révé- 
lation deleuts  complices.  On  le  croit  complice  Ae 
ce  crime.  ^fT  Comme  celui  qui  a  été  complice  d'un 
crime ,  eft  fouvent  audi  coupable  que  celui  qui 
Ta  commis ,  ils  doivent  aufli  être  également  punis , 
en  cas  de  conviiStion.  Les  complices  ne  font  point 
foi  l'un  contre  l'autre ,  mais  indices  feulement , 
pour  parvenir  à  tirer  preuve  par  le  moyen  de  la 
queftion. 

tCT  La  dépofition  d'un  feul  complice  fans  autre  ad- 
minicule ,  n'cft  point  indice  fuffifant  pour  faire 
appliquer  fon  complice  à  la  queftion ,  il  en  faut 
deux  ou  trois. 

^fT  Les  complices  font  pleine  foi  contre  un  autre  , 
quand  il  s'agit  de  certains  crimes  ,  comme  de  Leze- 
Majefté ,  facrilège  ,  conjuration  ,  fauffe  monnoie  , 
hérélic  &  affalTmat, 

Vous  me  fuyei ,  Madame  ?  ah  ciel  quelle  injuflice  ! 

Quoi  !  de  tous  mes   malheurs  vous  rendei-vous 

complice  ?  Capistron. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  complice  ,  ablatif  de 
complex  ,  qiii  fignifie  la  même  chofe. 

COMPLICITÉ  ,  f.  f.  participation  au  crime  d'un 
autre.  Criminis  communio,focietas.  Ce  criminel  n'eft 
pas  le  principal  aflaffin  ',  mais  il  eft  accule  de 
complicitt, 

COMPLIE  ,  vieux  adj.  f.  accomplie  ,  remplie  j  par- 
faite. 

ÇOMPLIÉS.  f.  f.  pi.  Prière  du  foir  ,  qui  eft  la 
dernière  partie  de  l'Ordre  du  Brcvi'aire ,  &  qui  lé 
dit  après  Vêpres.  Ecclejiajiicarum  precum  ultima  , 
completoriurh  ,  compléta.  Les  compiles  s'appel- 
lent ainfi ,  parce  que  c'cft  la  fin  &  l'accompliUêment 
de  rOft  ce  divin.  C'eft  ainfi  que  l'on  appelle  com- 
plétez, les  dernières  oraifons  de  la  Meflè  ,  que  nous 
appelons  Pojtmmmunion  ,  ainfi  que  l'ont  remarqué 
lesBollandiltes,  Si  le  P.  Mabillon  dans  leurs  ^c7^ 
Sanclorum.  S.  Benoît  eft  le  premier  Auteur  Ecclé- 
fiaftiâque  qui  ait  parlé  des  compiles.  Il  a  établi  dans 
fa  règle  que  fur  le  foir  les  Moines  s'aflemblaflent , 
qu'ils  filîent  en  commun  une  leéture  fpirituelle  , 
&  enfuire  quelques  prières  pour  termirier  la  journée. 
C'eft  de  cette  pratique  des  Moines  que  la  coutume 
de  réciter  compiles  eft  venue  :  on  les  commence , 
dans  l'Office  Romain  feulement ,  par  une  courte  le- 
çon tirée  de  la  fainte  Ecriture  :  elle  répond  à  la 
ledure  fpirituelle  que  faifoient  les  Moines  ;  on  dit 
enfuite  le  Confiteor ,  ce  qui  convient  très-bien  à  la 
dernière  partie  de  l'Office  divin.  Dans  la  plûparr  des 
Diocèfcs  de  France  ,  qui  ne  fuivent  pas  le  Rit  Ro- 
main, les  compiles  commencent  différemment,  par 
exemple  ,  à  Paris,  par  Convcrte  nos.,S'c.  Les  prières 
qu'on  tait  avant  &  après  les  Pfeaumes ,  l'Hymne  & 
les  Pfeaumes  qiie  l'on  récite  j  teiident  à  exciter  en 
nous  les  fentimens  que  iious  devons  avoir  pour  bien 
finir  la  journée ,  ou  font  des  moyens  pour  obtenir 
les  grâces  nécelïaires  pour  paflêr  fainrement  la  nuit. 
Voyei  la  règle  de  S.  Benoît,  Gavantus  ,  Durand, 
le  Cardinal  Bona  ,  &c. 

Ce  mot  eft  dérivé  de  compléta.  Ménage. 
|Cr  COMPLIMENT  ,  f.  m.  difcours  obligeant ,  par 
lequel  on  témoigne  à  quelqu'un  l'eftime  ,  la  confi- 
dération ,  les  égards  qu'on  a  pour  lui,  Verl^a  ojjiciofa. 


II  y  a,  peut-être ,  plus  de  rufticité  que  de  polite/ît  > 
à  faire  ce  grand  nombre  de  complimejis,  dont  on  eft 
Jî  peu  avare  dans  le  monde.  Les  compllmens  doivent 
être  fnuples,  &  dégagés  de  ces  ornemens  vulgaires, 
qui  font  ii  fréquens  parmi  la  populace.  Le  commerce 
de  la  civilité  conlifte  en  complimens  peu  fincères ,  & 
à  le  rendre  mille  petits  devoirs  que  la  coutume  a  éta- 
blis. 

^fT  Plaute,  dans  fa  Comédie  des  Captifs ,  appelle  plai- 
famment  toutes  ces  vaines  honnêtetés,  verha  jine 
pane^pecunlâ,  paroles  qui  ne  donnent  pas  de  pain, 
ni  de  quoi  en  avoir. 

^fF  C'eft,  fur-tour,  le  premier  jour  de  l'année  que  la 
convulfion  des  complimens  agite  le  monde  entier. 

Là  Martin  dans  un  lit,  entouré  de  flatteurs. 
De  centfots  com^Wïaensfavourolt  les  douceurs- 

VlLt' 

a 

Jeveuxque  le  cœur  parle  ,  &  que  vos  fentlmeni 
Nefe  mafquent  jamais  fous  de  vains  complimens. 

Mou 

Dans  le  ftyle  familier ,  on  dit  qu'un  compliment 
eft  bien  troulfé  -,  pour  dire ,  qu'il  eft  court  èi  bien 
tourné. 

On  dit  familièrement,  rengainer  fon  compliment*, 
pour  dire  ,  s'abftenir  de  le  faire  ,  parce  qu'il  eft  inu- 
tile, ou  hors  de  propos. 

Sans  compliment  fe  dit  pour  franchement,  ouver- 
tement ,  fans  détour. 

Compliment  eft  quelquefois  oppofé  à  l'intention 
réelle  ,  aux  promclîes  effcélives.  Les  offres  de  fer- 
vice  qu'il  vous  fait ,  c'eft  par  compliment.  Acad.  Fr. 

Compliment  eft  aulli  un  témoignage  de  joie,  ou  de 
douleur ,  qu'on  rend  à  les  amis  ,  quand  il  leur  eft 
arrivé  quelque  bonne  ou  mauvaife  fortune.  zfT  Dif- 
cours obligeant ,  par  lequel  on  témoigne  à  quel- 
qu'un,de  vive  voix  ou  par  écrit,la  part  que  l'on  prend 
à  ce  qui  lui  arrive  d'intéreffant.  Gratulatlo  ,  vel  Ji- 
giilficatio  lœtitlœ  ex  aliéna  Icetitla perceptiz.  Pour  la 
àowlem,  Jîgnlficatlodolorls  ex  aliéna  dolorefufceptl» 
compliment  de  condoléance. 

Compliment  eft  auffi  une  perite  harangue  qu'on  fait 
à  des  perfonnes  de  marque  ,  quand  elles  partent  dans 
quelque  ville,  ou  en  quelques  occalions  notables.  Ce 
Prince  n'a  point  voulu  de  harangue,  il  s'eft  contenté 
d'un  lîmple  compliment.  Salutatlo, 

Compliment  fignifie  quelquefois  par  antiphrafe,  que- 
relle. Rlxa,  allcujus  dcnunclatlo,Jignlficatlo.  Ce  Ca- 
pitaine reçur  un.appel  ,  &  il  fut  fort  furpris  de  ce 
compliment.  Je  crois  que  vous  ne  trouverez  pas  mau- 
vais le  petit  compliment  que  je  viens  vous  faire  ;  c'eft 
qu'il  faut ,  s'il  vous  plaît,  que  nous  nous  coupions  la 
gorgei  MoLi, 

|d°  On  le  dit  quelquefois  dans  un  fens  approchant  de 
celui-là  ,  pour  difcours  dur  &  fâcheux  ;  mais  alors 
ce  fens  eft  toujours  déterminé  parl'épithète  qui  y  eft 
jointe.  C'eft  un  mauvais  compliment  à  vous  faire, 
C'eft  un  compliment  bien  dur.  Durus  efl  hic  ferma. 

0Cr  On  dit  proverbialement  compliment  Ae  la  Place 
Maubert ,  invccSlives  groffiètes ,  familières  aux  ha- 
rangères. 

COMPLIMENTAIRE,  terme  de  Commerce,  f.  m.  Les 
compllmentaires  font  ceux  à  qui  l'on  donne  procu- 
ration générale  pour  faire  la  même  fonCTiion  que  les 
Maîtres,  rant  au  fait  des  changes  que  des  marchan- 
difes.  Ils  fignent  les  lettres ,  compres  &:  promcfles 
du  nom  du^Maître;  ce  qui  a  même  torce  &  vigueur 
que  fi  le  Maître  même  avoir  figné.  M.  Le  Prestre  , 
cent.  1  /  chap:  m.  yi  &  ^-i- de  l'édition  de  i^pj. 

On  appelle  quelquefois  \e  compllmentaire  A'xxne 
fociété,  celui  des  affociés,  fous  le  nom  duquel  fe  fait 
tout  le  commerce  de  la  fociété.  Dict.  de  Comm. 

COMPLIMENTER,  v.  a.  faire  complimcnr,  Voye^ 
Compliment,  Le  Roi  a  envoyé  un  Ambaffadeur  % 
un  tel  Prince ,  pour  le  complimenter  fur  la  mort  de 
fa  femme,  fur  fon  mariage.  Le  Magiftrat  de  la  ville 
îi  été  complimenter  fon  nouvel  Evêque.  On  l'emploie 


7TO  C  O  M 

aiidl  ablblument  :  c'efl:  trop  complimenter .^ons  per- 
dons le  tcms  à  compiimcmer. 

Complimenté,  ée,  part. 

fp-  COMPLIMENTEUR,  EUSE,adj.rouvent  em- 
ployc  llibftantivemenf,  femme  compiunin[euje.Ox\ 
le  dit  ordinairement  en  mauvaife  part  d'un  homme 
qui  fe  rend  importun  à  force  de  faire  trop  de  com- 
plimens,  Importunus ,  putidus  ojficiojk  urùanuati^ 
a^cclator. 

^  COMPLIQUÉ  ,  ÉE ,  adj.  fignifîe  en  général  tout 
ce  qui  contient  un  grand  nom.bre  de  rapports ,  telle- 
ment liés  les  uns  avec  les  autres,  qu'il  eft  difficile  de 
les  embraflér  tous,  &  de  les  voir  diflindlement. 

^C  Les  ailaires  où  les  faits  font  compliquas  les  uns 
avec  les  autres ,  par  leur  mélange  &  par  leur  dé- 
pendance. 

^fT  Les  chofes  extrêmement  compliquées  deviennent 
obfcures  à  ceux  qui  n'ont  ni  affez  d'étendue ,  ni  aflez 
de  jufteirc  d'efprit  pour  les  démêler.  Syn.  Fr.  Une 
affaire  difficile  &  délicate  n\'ft  pas  compliquée  pour 
cela,  parce  qu'elle  peut  n'avoir  qu'un  petit  nombre 
de  rapports,  au  lieu  que  la  féconde  en  a  néceilàire- 
ment  beaucoup. 

tfT  Les  pcrfonnes  font  impliquées  dans  les  faits  ou 
dans  les  affaires ,  lorlqu'elles  y  trempent  ou  qu'elles 
y  ont  quelque  part.  Voye:^  ce  mot. 

^fT  Compliqué  a  un  fubrtantif  qui  efl:  d'ufage,  &  n'a 
point  de  vetbe.  On  A\tcomplica.non  ,S<.  on  ne  dit 
point  compliquer.  Impliqué  a  un  verbe,  &:  n'a  point 
de  fubftantif.  On  dit  impliquer ,  &  on  ne  dit  pas  im- 
plication. 

ÇCFCompliqué  fe  dit,dans  le  même  fens,en  parlant  des 

pièces  de  Théâtre.  Il  n'y  a  point  de  pièces  qui  ibient 

yplus  compliquées  que  les  Comédies  &  les  Tragédies 

langloifes  :  elles  font  chargées  de  rcconnoilfances, 

/)&  bourrées  d'incidens  entaffes  les  uns  fur  les  autres. 

L'adion  efl   (impie  dans  Bérénice  ;    elle  efl  trop 

compliquée  da.us  Meraclius. 

ÇC?  Compliqué  fe  dit  de  même  en  parlant  des  ma- 
chines. Cette  machine  n'eft  pas  aifez  fmiple  ,  elle  ell 
trop  compliquée. 

^Cr  Compliqué,  terme  de  Jurifprudence  ,  dans  la- 
quelle il  y  a  des  crimes  mêlés,  ou  différentes  bran- 
ches ,  diifcrens  incidens  ,\  différentes  demandes  qui 
fe  croifent  mutuellement. 

igCr  Compliqué  en  médecine,  Ma.la.dies  compliquées, 
voyez  Complication. 

.COMPLOT  ,  f.  m.  defléin  de  nuire  à  quelqu*un,  con- 
certé fectetement  entre  quelques  pcrfonnes.  Conju- 
ratio,  conjpiratio.  Ces  voleurs  avoient  fait  co/tz/j/o/ 
de  voler  la  nuit  une  telle  maifon. 

Celui  qui  met  un  frein  à  la.  fureur  des  jlots  ^ 
Sait  aujji  des  mechans  arrcter  les  complots. 

Seigneur  ,  vous  le  favei,fon  avis  falutaire  , 
Découvrit  de  Tliarès  le  complot  fanguinaire.  Rac. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  completum,  qu'on  à  dit 
pour  comp/exum. 

COMPLOTER,  V.  n.  &  a.  faire  un  complot,  ma- 
chiner quelque  chofe  de  noir.  Contra  aliquem  con- 
jurare  ,  in  aliquem  conjpirare.  Quelques  fbldats 
avoicnt  complote  de  livrer  une  porte  de  la  ville  aux 
ennemis.  Ils  ont  complote  fa  ruine.  Ablanc.  Il  s'em- 
ploie fouvent  abfolument  &  fans  régime.  Ils  avoient 
comploté  enfemble. 

Il  complota  avec  un  tel. 

Comploté  ,  ée  ,  palf. 

COMPLUTE.  Complutum.  C'eft  Alcala  deHcnarez, 
ville  de  la  nouvelle  Callille.  Ce  mot  s'efl  formé  du 
nom  latin ,  &  nous  le  difons  toujours  dans  notre 
langue  ,  quand  nous  parlons  de  la  Bible  imprimée 
dans  cette  ville,  au  commencement  du  XVI<:  fîèclc 
par  les  foins  &  aux  frais  du  fameux  Cardinal  Ximé- 
nèz  :  car,  on  l'appelle  ordinairement  la  Bible  de 
Complute^tc  non  pas  la  Bible  d'Alcala,  comme  a 
dit  Larrcy  dans  Henry  FIJI,  p.  1 54. 

§Cr  M.  Simon  a  auOî  employé  ce  mot  en  parlant  de 
rUnivctfitc-,  mais  on  ne  dit  poiot  l'Univerfité  de 


C  O  M 

Compkitc,Sc  l'ufage  veut  qu'on  dife  l'Univerfité  d'Al 
cala. 

C0MPI.UTE  fe  dit  encore  d'un  Monaftère  d'Efpagne ,  ' 
Complutum  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  étoit  dédié 
à  S.  Julie  &ià.S.  Palleur,  qui  avoient  fbufféit  le  mar- 
tyre à  Compluteyûlc  du  Royaume  de  Callille,  qu'on 
a  depuis  appelée  Alcala  de  Henarèz.  P.  Hélyot  , 
t.  ^,  p.  32. 

COMPOIX.  f.  m.  C'eft  dans  le  Languedoc  ce  qu'eft 
ailleurs  le  cadallre.  Ménage  ,  Dici.  Etym.  Le  mot 
de  cadajtre  efl  en  ufage  dans  les  provinces  de  Dau- 
phinc  ëc  de  Provence,  où  il  lignifie  un  regiftre  qui 
contient  la  qualité ,  l'eflimation  des  fonds  de  chaque 
Communauté,  &;le  nom  de  ceux  qui  les  poHêdent. 
Richelet.  Le  Roi  Louis  XIV,  par  (on  Edit  du  mois 
de  Juillet  1690,  portant  ciéation  des  Procureurs 
du  Roi  &:  Greffiers  des  Hôtels  de  Ville  ,  ordonne  , 
/,  4&  5,  que  les  Secrétaires  &  Greffiers  expédieront 
fous  les  Magiflrats  defdits  Hôtels  de  Villes  &  Com- 
munautés ,  les  bulletins  des  logemens  des  gens  de 
guerre  à  pié  &  à  cheval  ,  toutes  certifications  , 
atteftations ,  paffeports  &  bulletins  de  fanté  ;  tien- 
dront les  Livres  des  compoix  ou  cadaRres  deldites 
Villes  &:  communautés,  écriront  &  drefleront  lef- 
dits  Livres  de  compoix  &i  cadaflres,  ioriqu'ils  fe- 
ront renouvelles. 

Il  efl  étonnant  que  Ménage  n'ait  rien  dit  fur  Té- 
tymologie  de  compoix  ,  qui  ,  vrailémblablmcnt 
vient  du  mot  latin  computatioj  compte,  calcul  , 
fupputaiion. 

COMPC NOTION,  f.  f.  terme  de  Théologie.  Une 
douleur  qu'on  a  dans  l'ame  d'avoir  offenié  Dieu. 
Peccatorum  admifjorum  dolor  j  dolorex  admifjis pec- 
catis  ,  en  fly  le  de  Bible ,  compunclio.  La  componction 
de  cûcur  efl  néceffaire  pour  la  véritable  pénitence. 
La  marque  afluréc  d'une  véritable  rcpentance  ,  c'cfb 
de  fentir  une  vive  douleur ,  &:  d'avoir  une  forte 
componclion  de  les  fautes  paiîécs.  Il  faut  fe  préparer 
à  la  confellion  avec  une  véritable  componclion, 
Porte-R. 

Componclion  ,  dans  la  vie  fpirituelle,  a  une  fîgni- 
fîcation  plus  étendue  i  elle  fe  prend  non-feulement 
pour  la  douleur  qu'on  a  d'avoir  offenfé  Dieu  ;  mais 
auifi  pour  un  fentiment  pieux  de  douleur ,  de  trif- 
teffe ,  de  dégoût ,  qui  a  différens  motifs.-  Les  mi- 
Icres  de  la  vie ,  le  danger  où  l'on  efl  de  fe  perdre 
dans  le  monde  ,  l'aveuglement  des  mondains  ,  è-c. 
font  pour  les  gens  de  bien  ,  des  fujers  &  des  motifs 
de  componclion.  On  a  un  air  humble  &  modelle  , 
quand  on  a  la  componction  dans  le  cœur.  Compunclio^ 
pia  trifiitia , 

Ce  mot  vient  de  pungere  ,  compungere  , piquet, 

tfT  COMPON,  f.  m.terme  de  Blafbn.  ^oy^^CoM- 

PONÉ. 

COMPONE  ,  EE ,  adj.  terme  de  Blafon  ,  qui  (ïgnifie  , 
compofé  ■,  &  le  dit ,  par  exemple ,  d'une  bordure  t 
d'un  pal ,  ou  d'une  fafce,  qui  efl  compofée  de  deux 
émaux  différens ,  alternes ,  fçparés  &c  divilés  par  fi- 
lets ,  excepté  aux  recoins ,  où  les  jointures  font  faites 
en  pié  de  chèvre.  Quadratis  ex  colore  ac  métallo 
alternatis  dijiinclus.  Et  on  appelle  compon,  chaque 
pièce  de  la  componure  ,  dont  l'un  doit  être  de  mé- 
tal, &  l'autre  de  couleur.  Il  portoit  d'azur  à  la  croix 
d'argent  avec  la  bordure  componée  du  premier  &  du 
fécond.  On  le  dit  aufîi  des  croix ,  fautoirs ,  fafces  , 
^'  autres  pièces  honorables  de  l'Ecu. 

COMPONENDE,  f.  f,  nom  d'une  efpèce  de  Tribu- 
nal ou  Bureau  à  Rome ,  dépendant  du  Dataire  ,  & 
où  l'on  envoie  toutes  les  Suppliques  reçues  6c  fi- 
gnéès,  qui  doivrnt  payer  quelque  grâce  particulière. 
Componejida  j  Tnlunal  apud  quod  de  exigendo  pro 
privilegiis  atque  immunitatitus  pretio  tranjigitur  , 
componitur.  On  en  convienr  avec  cet  Officier ,  5:  on 
la  paye  enrre  fés  mains,  avant  que  d'en  pouvoir  re- 
tirer l'expédition. 

Pie  IV=  difpenfa  les  Officiers  de  l'Ordre  des  Che- 
valiers Pies  de  ce  qui  feroit  dû  à  la  Componende  pour 
les  penfions  ou  pour  les  bénéfices  qui  leur  feroienc 
donnés.  P.  Hélyot,  Tom.  FUI,  p.  3^3, 


k 


C  O  M 

^fT  On  appelle  Componende ,  non-feulement  le  Bu- 
reau où  l'on  compolb  ,  c'eil:-à-dire  ,  où  l'on  règle 
les  taxes,  dues  à  la  Chambre  Apoflolique  ,  pour  cer- 
tains actes,  dirpenlesipeniions,  unions  -,  mais  encore 
Vclpcce  de  compofuion  ou  de  taxe  que  l'on  paye. 
§3°  jCOMPONU RE ,  terme  de  Blafon.  ^'oye^  Com- 
posé. 
COMPORTEMENT,  f,  m.  inanière  de  fe  conduire  , 
de  fe  comporter.  Agendl  ratio,   mores.  On  donne 
des  Gouverneurs  &  des  Maîtres  à  la  jeunefTe  pour 
prendre  garde  à  leur  comportemem.  Ce  mot  eft  très- 
vieux  &  furannc, 
gcr  COMPORTER  ,   v.  a.  (ïgnifie  la  même  choie 
que  permettre ,  Ibuffrir  ,pati ,  ferre  ,Jînere.  La  lan- 
gue trançoife  ne  comporte  pas  un  ftyle  coupé. 

Pline  le  jeune  ,  &  les  Orateurs  de  fon  caractère , 
ont  employé  le  ftyle  difert  ;  mais  ils  l'on  fait  dans 
des  temps  où  la  mode  le  comportoit.  Buffier.  Nos 
premiers  Avocats  qui  fe  font  acquis  de  la  réputation, 
ont  fenti  la  néceliîté  de  l'éloquence,  &  s'en  font 
fervi  avec  autant  d'avantage ,  que  le  goût  de  leur 
iièclc  pouvoit  le  comporter.  Goujet.  Il  feroitàfou- 
iuiter  que  ce  plan  fît  naître  à  quelqu'un  la  penlce 
d'y  ajouter  ce  qui  y  manque ,  en  entrant  dans  un 
détail  qu'une  lîmple  lettre  ne  comporte  pas.  Mém. 
de  Tr«;v.i74i, />.  543.  Il  eft  dit  dans  les  Ohfervations 
jhr  les  écrits  modernes ,  que  M.  de  Maupertuis  tra- 
vaille à  un  ouvrage  fur  les  étoiles  nébuleufes ,  dans 
lequel  il  fe  flatte  de  n'avoir  omis  aucune  des  grâces 
quQ comporte  un  tel  fujet.  La  terre  foumiroit  à  l'hom- 
me aflez  de  quoi  vivre  aufîl  longtemps  que  la  nature 
peut  le  comporter.  Daube.  S'il  fait  telle  dépenfe ,  fa 
qualité  le  comporte. 
|Kf'  Comporter,  eft  auîfi  neutre.  La  dignité  de  Ma- 
giftrat  ne  comporte  pas  qu'il  s'abaillé  jufque-là.  Le 
caractère  d'Ambaifadeur  ne  comporte  pas  qu'il  en  ufe 
autrement.  Le  temps ,  le  lieu,  &c.  ne  comportent  pas 
que  je  vous  entretienne  plus  long  temps. Quand  une 
matière  n'a  pu  comporter  d'être  tournée  d'une  autre 
façon ,  &  traitée  moins  à  fond  qu'elle  n'ctoit  dans 
les  mémoires  ,  on  a  été  réduit  à  la  pafîcr  fous  fîlence. 
Font.  Hiji.  de  l' Acad.  Préf. 
|C?  Comporter,  (Se)  v.  récip.  fignifie  ,  fe  conduire 
d'une  certaine  manière.  Se  gerere.  Il  s'eft  bien  com- 
porté dans  cette  affaire.  Il  s'eft  comporté  en  honnête 
homme ,  en  bon  ami. 
^  On  fe  fcrt  de  ce  mot ,  en  ftyle  de  Pratique ,  pour 
marquer  l'état  actuel  des  lieux,  des  chofes  qu'on  loue 
ou  qu'on  vend.  Je  lui  ai  loué  ,  vendu  cette  Maifon 
avec  fes  dépendances ,  ainfi  que  le  tout  fe  pourfuit 
&  comporte  ;  ut  res  fe  habet.  Formule  ufitée  dans  les 
baux,  dans  les  contrats. 
COMPOSÉ,  f.  m.  ffr  Ceft  un  tout  formé  de  l'af- 
femblage  de  plufieurs  parties  diftindtes    l'une  de 
,    l'autre."  Totum  ex   diverfis  partibus  confians.    Le 
corps  humain  eft  un  compofc  formé  de  l'a/femblage 
de  différentes  parties  ;  chaque  membre  eft  à   fon 
tout  un  compofé  par  rapport  aux  parties  dont  il 
eit  formé. 
fa=  L'homme  pris  phyfiquement ,  eft  un  compofé  de 
corps    &    d'ame.  Confidcré  méthaphyfiqufment  , 
c'eft  un  compofé  d'animalité  &  de  rationalité. 
gCr  En  Chyraie  ,  ce  mot  défignc  un  corps  formé  par 
l'union  de  plulieurs  mixtes.  La  thériaque  eft  un 
compofé  d'un  grand  nombre  de  drogues. 
Composé    fe  dit  auffi  en  toutes  fortes  d'autres  ma- 
tières ,  morales  ,  fpirituelles ,  politiques ,  &c.  &  fi- 
gnifie mélange  ,  tout  ce  qui  réfulte  de  l'union  ou 
de  l'aflemblage  de  plufieurs  chofes  politiques ,  &c. 
Le  Gouvernement  d'Angleterre  eft  un  compofé  de 
Monarchie  &  de  République.  Cet  ouvrage  bizarre 
eft  un  compofé  de  grand  &  de  bas ,  de  férieux  & 
de  comique.  La  langue  françoife  eft  un  compofé  de 
l'ancien  celtique,  du  franc  ou  du  vieux^langage 
tudefque,  du  grec  &  du  latin.  C'eft  tantôt  l'opi- 
nion de  Calvin,  tantôt  celle  de  Zuingle  ,  outout 
au  plus  je  ne  fai  quel  compofé  des  deux ,  qui  eft 
fujet  à  mille  variations.  Peliss.  parlant    de  l'opi- 
ïjjen  de  Meftrexit ,  fur  l'tuchaiiftie. 


C  OM 


7Ti 


COA'IPOSER,  v.  a.  aflêmbler  plufieurs  parties  en- 
fcmble  pour  en  faire  un  tout ,  dont  l'elfence  con- 
fifte  dans  la  manière  dont  ces  parties  font  liées  eti- 
tr'elles.  Componere.  Le  corps  humain  eft  compofé 
de  plulîeurs  organes,  d'os,  de  chair,  de  ncrft  ,  de 
membranes ,  &c.  Les  nombres  i'ont  compofés  d'uni- 
tés. Ce  mot  eft  fait  du  verbe  pofer ,  &  de  la  par- 
ticule corn. 

Composer  fe  dit  auffi  de  l'afTemblage  de  plufieurs 
chofes  artificielles.  Les  machines  qui  font  les  moins 
compofées  ,  font  les  plus  belles.  La  fphèie  artifi- 
cielle eft  compcfée  de  fix  grands  cercles  &:  de  quatre 
petits. 

Composer  fe  dit,  en  termes  d'Arithmétique  &  de  Né- 
goce ,  du  produit  que  font  plufieurs  fommes  ajou- 
tées enfcmblc.  44  &  5<5'  compofent  le  nombre  de 
cent.  Le  principal  &  les  intérêts  compofent  ua 
capital  de  onze  mille  liv,  Conficere. 

tfT  CouvosEK  une  fomme  totale.  C'eft  réunir  en  une 
fomme  toutes  les  fommes  particulières  qui  forment 
les  différcns  articles  d'un  compte  ,  de  la  recette 
ou  de  la  dépenfe. 

1^  Composer  une  facture,  Exprimer  dans  un  état 
appelé  fadture  ,  différens  articles  de  marchandifes. 

Composer  ,  en  termes  de  Pharmacie  ,  fignifie  mix- 
tionner ,  &  fe  dit  des  drogues ,  des  remèdes.  Le 
catholicon  double  eft  compofé  de  tels  ingrédiens. 
Les  Aporhicaires  compofent  leurs  fyrops ,  leurs  te- 
mèdes  de  diverfes  façons. 

Composer  fe  dit  en  Morale  ,  pour  former  un  tout 
par  l'alfemblage  de  pcrfonnes  propres  à  un  mê- 
me deflein.  Les  armées  font  compofées  de  fujets 
naturels  &  d'étrangers.  Les  Etats  font  compqfés  du 
Clergé  ,  de  la  Noblefle  &  du  Tiers-Etat ,  c'eft-à- 
dire ,  des  Députés  des  villes.  On  a  compofé  la  Cham- 
bre de  Juftice  des  plus  notables  Officiers  de  tous 
les  Pariemens. 

Composer  fignifie  encore  en  Morale,  régler  fes 
mœurs ,  fes  adions ,  fes  paroles  ,  quelquefois  con»' 
certer  fa  mine  ,  fon  gefte  ,  les  accommoder  à  l'état 
où  l'on  veut  paroître.  Mores  ,  vitam  ,  vultum  prx' 
ponere  ,  fingere.  Une  mcre  >  après  avoir  paffé  fes 
meilleures  années  dans  les  vanités ,  fe  plaît  à  com^- 

•  pofer  de  fes  propres  mœurs ,  les  mœurs  d'une  fille 
qu'elle  idolâtre.  Flech.  Il  faut  favoir  compofer  fon 
vifage  &  fes  ai5lions ,  fuivant  la  profefTion  qu'on  a 
embraflee.  Il  y  a  des  femmes  qui  rient  avec  art , 
qui  compofent  leurs  regards,  &  qui  ont  une  Vxn- 
gueur  artificielle.  BouH.  Ce  Philofophe,  qui  mar- 
que tant  de  fermeté ,  feroit  voir  le  défordre  où  il 
eft  ,  fi  Ion  orgueil  ne  lui  donnoit  la  force  de  com- 
pofer fon  vifage.  M.  Esp.  C'eft  un  grand  embarras 
que  d'avoir  toujours  à  fe  compofer.  S.  Evr.  Ployez 
un  dévot ,  avec  quelle  circonfpeétion  il  compofé  foa 
extérieur.  S.  Evr.  Il  y  a  des  gens  qui  pafTent  toute 
leur  vie  à  le  compofer ,  &  qui  tiennent  leurs  vices 
captifs  fous    l'obciifance  de  leurs  vertus. 

Composer  fe  dit  figurément  pour  faire  quelqu'ou- 
vrage  d'efprit.  Co/72/?o/zere  ,fcribere.  Ciceron  a  com- 
pofé des  Oraifons.  M.  Fléchier  a  compofé  fes  Oraî- 
fons  funèbres  avec  beaucoup  d'exadtitude.  Il  s'em-? 
ploie  aiiffi  abfolument.  H  y  a  une  infinité  d'Au- 
teurs qui  compofent  trop  négligemment. 

La  femme  qui  compofe ,  en  fait  plus  qu'il  n'en  faut. 

Mol. 

Tu  dois ,  en  compofant ,  varier  ton  difcours.  Vir.t, 

On  le  clit  de  même  des  moindres  produftions 
d'cfprit ,  de  celle  des  Ecoliers  qui  traduifent  d'une 
langue  en  une  autre.  Il  a  compofé  fon  thème  en 
deux  façons.  Il  a  compofé  pour  les  places ,  pour  les 

prix.  . 

Composer  ,  fignifie  quelquefois  inventer,  ajou- 
ter à  la  vérité.  Fingere  ,  invenir e  ,  comminifci, 
C'eft  une  médifance  ,  une  hiftoire  que  vous  ave» 

\    compofie ,  que  vous  dites  de  votre  crii.  On  dit  aufïi 


752.  COM 

d'un  homme   occupe    de    rêveries  creiires ,  qu'il   , 

,  compoj'e  des  alnunachs. 
.Composer  ,  en  termes  de  mulique  j  Tavoir  inventer 
■;..,:d€s  chants  ajiréables ,  &  ii:clanger  pkilieuxs   ions 
'  '  énremble,  qui  produiient  un  bon  effet-,  donner  à 
'...chacun  de   ces  ions   une  progreifion  convenable-, 
bien  connoîrre  le  rapport  que  tous  les  intervalles 
te  rous  les  accords  ont  enieirible  :  en  un  mot ,  c'ert 
lavoir  mettre  en  pratique  tout  ce  qui  peut  fervir 
à  rendre  une  mulique  par.aite.  Rameau.    Mn/i- 
cum  ,  miijicic    notas  fcniere ,  componere.  Il    faut 
plus  de  génie  que  d'att  pour  bien  compojer  en  mu- 
lique. Ceft  ,  dit  Zarlin  ,  mettre  enCemble  les  con- 
Ibnnances   qui  font  la  matière  des   pièces  de  niu- 
fique.  C'eft  auffi  ,  dit  M.  de  BrofTart ,  inventer  de 
beaux  chants. 

'^J'  Composer  fur  le  clavecin  ,  f-ur  le  théorhe.  C'eft 
fe  fetvir  du  clavecin  ,  du  thcorbe  pour  compojer 
la  mulique. 

Composer  lignifie  aullî  en  Grammaire  ,  ajouter  une 
particule  à  un  mot  pour  en  augmenter  ,  diminuer, 
on  en  changer  la  lignification.  Jungere ,  adjun- 
gere. 

Composer  ,  en  termes  d'Imprimerie  ,  lignifie  aflem- 
bler  les  caradlcres  pour  en  former  des  mots ,  des 
lignes  &  des  pages ,  fuivant  la  copie.  Fujiles  Hue- 
ras ,  litterarum  typos  in  tabelLi  componere ,  con- 
neclere ,  difponere.  Il  a  compofc  une  feuille  d'an 
tel  caradlère ,  en  tant  de  temps. 

^3"  Composer  cft  auffi  v.  a.  &  dans  cette  occafion  , 
il  fignifie  faire  un  accommodement  fur  quelqu'objct 
de  conteftation  ,  en  traiter  à  l'amiable.  Pacifci, 
tranfiaere  concroverjiam.  Voyez  Accommodement. 
Un  tel  a  compofé  avec  fes  créanciers.  Composons 
à  l'amiable.  On  compose  de  fes  droits,  de  fes  intc- 
rêtSjde  fes  prcrentions.  Les  receveurs  d'un  Seigneur, 
composent  ordinairement  des  lods  &  ventes ,  du 
quint  &:  requint,  au  tiers,  au  quart,  quand  les 
ventes  font  volontaires.  Dans  cette  acception  , 
compojer  paroît  fuppofer  une  grâce  faite  au  débi- 
teur, la  remife  d'une  partie  de  ce  qu'on  pourroit 
à  la  rigueur  exiger  de  lui.  Voye^^  Composition 
dans  cette  lignification. 

^fT  Composer  ,  dans  l'art  Militaire,  convenir  qu'on 
fe  rendra ,  qiron  rendra  une  place  fous  de  certai- 
nes conditions.  Le  Gouverneur  fe  prelTa  de  compo- 
fer  ,  au  lieu  d'attendre  le  fecours  qu'on  lui  envoyoit. 
Capituler  ef^  mieux,  yoye^  ce  mot. 

COMPOSÉ  ,EE.  part.  Il  a' toutes  les  fignifications  de 
fon  verbe,  en  latin  comme  en  françois.  Un  corps 
f o/;z/7o/è' de diverfes  matières: une  zfCemhlce compojee 
d'honnêtes  gens  :  un  vifage  compcjé  ,  unaccord  com- 
pofé,ciàtncc  compofee  :   intervalle  compofé.  Ceux 

'.qui  paroiffent  fi  compofés  &  fi  tranquilles ,  font 
■  quelquefois  auffi  agités  dans  l'ame  ,  que  les  per- 
fonnes  les  plus  tumultueufes.  Bell.  Cette  femme 
a  un  maintien  férieux ,  mais  naturel ,  &  qui  n'a  rien 
de  compofé.  S.  EvR.  Un  livre ,  un  air ,  un  mot  com- 
pofé.  Une  forme  d'Imprimerie  compofee.  Cette  ma- 
chine ne  réuffira  pas ,  elle  eft  trop  compofee  ,  il  y  a 
trop  de  pièces  pour  la  faire  mouvoir.  Il  eft  néccf- 
faire  de  conduire  fes  penfées  par  ordre  ,  en  com- 
mençant par  les  objets  les  plus  fimples  &  les 
plus  aifés  à  connoître ,  pour  monter  peu  à  peu , 
comme  par  degrés,  jufqu'à  la  connoifTance  des  plus 
compofés.  Ce  verbe  fimple  a  pkifieuts  compofés  Se 
dérives.  On  dit  encore  qu'un  corps  eft  bien  com- 
pofé ;  pour  dire ,  d'un  bon  tenipérament  ,  qu'il  a 
une  fante  vigoureufe.  - 

En  termes  de  Philofophie,  on  appelle y^wjr  co/72- 
poféfle  fcns  qui  rcfultc  de  tous  les  tetmes  d'une  pro- 
pofition  prife  félon  la  liaifon  qu'ils  ont  enfemble  :  & 
on  l'appelle  ainfi  par  oppofition  àfens  divijé  ,  qui  le 
dit  d'une  propofîtion  dont  on  prend  fcparcment  les 
termes.Ainfi  quand  on  dit  que  ce  qui  fe  meut,ne  peut 
pas  être  en  repos ,  cette  propofition  eft  vraie  dans  le 
fens  compofé ,  parce  qu'une  même  chofe  ne  peut  pas 
fe  mduvoir  &  être  en  repos  en  mcmé  temps-,  mais 
elle  eft  faulTe  daas  iefens  divifé ,  parce  qu'une  choie 


COM 

qui  fe  meut ,  a  pa  être  en  repos  auparavant ,  &  y 
peut  être  enluitc.  Acad.  Fr. 

En  termes  d'Arithmétique ,  un  nombre  compofé, 
eft  celui  qui  peut  'être  meluré  par  quelqu'autjre 
nombre  ,  excepté  l'unité  ;  par  exemple  ,  10  eft  me- 
luré par  5  &;  i  j  1 5  par  5  &  3  j  to  par  j  &  4.  Les 
quantités  compoj'ces  font  celles  qui  font  jointes  en- 
femble par  les  lignes  4-  plus  &  —  moins  ,  &  qui 
font  exptimces  par  plus  d'une  lettre  ou  par  la  mê- 
me lettre  répétée  d'une  autre  manière  ,  par  exem- 
ple ,  a  -^  h  —  c  ,  on  b  -i-  bp  — ■  b  ,  font  des 
quantités  compojces.  Harris. 

§3°  La  raifbn  compofee  eft  celle  qui  réfulte  du  pro- 
duit des  antécédens  de  deux  ou.  de  plulieurs  râl- 
ions ,  6c  de  celui  de  leurs  conféquens.  Ainfi  6  eft  à 
Il  en  raifbn  compofee  de  x  à  6,  &:  de  3  à  z. 

ÇCT  On  appelle  mouvement  cjmpojé  en  Méchanique, 
celui  qui  réfulte  de  plufieurs  autres  mouvemens 
ou  de  l'adlion  de  plufieurs  puilfances  concourantes 
ou  confpirantes,  c'eft-à-dirc  dont  la  direction  de 
l'une,  n'eft  pas  direiftement  oppofée  à  celle  de 
l'autre,  i^oye^  Mouvf.ment. 

En  Architedure  ,  rjn  appelle  colonne  compofee  , 
celle  dont  la  compofition  &  les  orncmens  fbnt  J 
extraordinaires,  &:  ne  laiffcnt  pas  d'avoir  leur  ] 
beauté  ,  tant  à  caufe  de  la  nouveauté ,  que  du  génie  I 
de  rArchitcde.  Columna  mixta ,  compojita.  Ainfi  ' 
on  appelle  encore  ordre  compose  ,  une  compolîtion 
arbitraire,  &  différente  de  celle  des  cinq  ordres  J 
d'Architcdure ,  fbit  capticieufe  ou  régulière.  Or  Jo  1 
mixtiis ,  compojïtus. 

Composé  fignife  quelquefois  en  Mufique  ,  figuré ^ 
quelquefois   redoublé. 

§3"  Composé  ,  en  Botanique  ,  compojïtus.  Ce  mot 
convient  aux  fleurs ,  aux  feuilles ,  aux  tiges, aux  raci- 
nes. Les  fleurs  compojees  ,  fuivant  Tournefort ,  font 
celles  qui  font  formées  de  l'agrégation  de  plufieurs 
fleurons  ou  demi-fleurons ,  ou  des  deux  enfemble* 

^jfj"  Une  feuille  compojee  eft  formée  par  plufieurs 
folioles  attachées  à  un  filet  commun. 

^fj"  Les  tiges  &  les  racines  compojees  fe  féparent  eri   1 
plufieurs  branches.  C'eft   pourquoi  "on   dit   caulis 
brachiatus  ,  radix     brachiata.    Voyez    Fleurs  j 
Feuilles  ,  Tiges  ,  Racines.    Umbella  compoJitUé 
Vovez  Omeel. 

COMPOSEUR.  f  m.  Qui  compofé.  Il  fe  prend  ôrdi-^ 
nairement  en  mauvaife  part ,  &  ne  fe  dit  guère  que 
des  méchans  Ecrivains ,  des  méchans  Auteurs  qui 
compofent  des  almanachs  ,  des  chaulons  du  Pont- 
neuf,  de  méchans  vers.  InfulÇus  Auctor -,  malus , 
ineptus  Scriptor.  Le  monde  eft  plein  de  fàifcurs  de 
differtations  ,  de  Compoj'eurs  de  nouvelles ,  d'Au- 
teurs de  lettres  calantes  &  de  billets  doux.  Voilà 
l'occupation  la  plus  ordinaire  de  ceux  qui  font  au- 
jourd'hui profeffion  d'écrire.  Parnaffe  reformé  ■>  y, 
50,  Nous  voulons  que  les  Compofeurs  de  Romans 
faffent  donner  des  foufîlets  à  leurs  Héroïnes  ,  Si 
abrogeons  roures  fbrres  de  nudités,/».  i$6,ùrti 
i8  de  l'édit  d'Apollon.  C'eft  un  mauvais  Co/w/'o/è-wr 
de  livres.  Ce  mot  ne  fe  dit  qu'en  plaifantant. 

t_fT  COMPOSITE,  adj.  terme  d'Architeéture,  fou- 
vent  employé  fubftantivement ,  dont   on  fe   fert 
pour  défigner  un   des  cinq  ordres  d'Archireéture. 
Ordre  compojîte.    Or  do   compojïtus ,  mixtus.    On 
l'appelle  compojîte ,  parce  que  fa  corniche  eft  mê- 
lée des  ornemens  ou  d;s  deux  rangs  de  feuilles  du 
chapiteau  corinthien  5c  des  volutes   de  l'ionique.  ■ 
Le  véritable  nom  àz  Votait  compojîte  -,  eft  l'ordre 
romain  ,  parce  que  les  Romains  l'onr  invente.  Ils 
cft  confiant  que  le  compojîte  a   moins  d'éclat  que 
le  corinthien  ;  cependant  l'expérience  a  fait  voir 
que  ceux  qui  ont  prétendu  ramaffer  toutes  les  ri- 
cheffes  de  l'Architedture,  ont  mis  le  compojîte  fur 
le  corinthien  ,  &  qu'on  ne  voit  point  d'édifice  x>\\ 
le  compojîte  porte  le  corinrhien.  Voye^  E)aviler&: 
les  Ecrivains  modernes  d'Architecture.  M.Perrault, 
dans  fon    Vitruve ,  a  fort  bien  diftinffué   l'ordre 
compofé  d'avec  Tordre  compojîte.  Il  a  auHi  remar- 
qué que  l'ordre  corinthien  eft   le  premier  ordre 

compojîte 


C  O  M 

compojice  ,  parce  qu'il  efl:  compofé  du  dorique  & 
de  l'ionique  -,  le  coLinthicn  moderne  ell:  auffi  un 
ordre  compojë.  L'urdre  compojàe  croie  inconnu 
avant  Vitruve ,  c'eA-à-dire  i  l'ordre  que  nous  ap- 
pelons maintenant  compofiu  ,car  nous  venons  de 
dire  que  Vitruve  remarque  lui-même  que  l'ordre 
corinthien  ell  compolc  du  dorique  &  de  l'ionique. 
C'elT:  au  livre  quatre  ,ck.  i. 
{CF  On  appelle  non-feulement  ordre  compojite ,  ce- 
lui  qui  elt  compolc  du  corinthien  &  de  l'ionique  ; 
mais  encore  tout  ordre  qui  elt  compote  de  plufieurs 
autres ,  foit  dorique ,  corinthien  ou  ionique.  Ainii 
l'on  dit  un  chapiteau  compojite  ,  une  corniche  com- 
pojzie ,  &c.  Le  chapiteau  compojite.  Le  compojtte 
participe  des  autres  ordres. 
COMPOSITEUR,  f.  m.  lier  Quoique  le  terme  de 
compolition  ie  à\k  dans  tous  les  arts  libéraux  dont 
les  produiîlions  iuppoient  de  l'invention  &:  du  gé- 
nie :  les  bons  Auteurs  ne  ie  fervent  du  mot  de  Com- 
pvfiteuT  qu'en  Mufique.  Rarement  on  le  dit  au- 
jourd'hui pour  Auteur  ,  ou  celui  qui  compofe  un 
ouvrage  d'efprit.  Aiiclor. 
Compositeur  ,  favant  Mufcien  qui  compofe  des  airs , 
des  parties  de  mulique  ,  foit  pour  jouer  lur  les  inf- 
trumens ,  foit  pour  chanter.  Peritus  fcritendœ  Mii- 
Jicce.  Il  y  a  des  Compvjiteitrs  qui  n'ont  point  de  voix 
&  qui  ne  jouent  d'aucun  inftrument.  Un  bon  ,  un 
favant ,  un  habile  Compojiteur. 
ÇoMPOSiTiUR  ,  terme  d'imprimerie  ,  fe  dit  de  celui 
qui  arrange  les  lettres  pour  en  faire  des  formes 
propres  à  imprimer.  Typorum  Difpojitor.  On  difoit 
autrefois  Compofieur. 

On  appelle  auiîl  Compojiteur  ,  &  mieux  Com- 
pojîeur ,  la  petite  règle  de  cuivre  ou  de  fer ,  dans 
laquelle  il  arrange  des  lettres  pour  former  des  mots 
&c  des  lignes. 
Compositeur.  Amiable    Compofiteur   cfl:    celui    qui 
accommode  une   affaire  à  des  conditions   équita- 
bles, &  qui  ne  font  pas   fuivant  la  rigueur  de  la 
loi.  Arbiter.  Les  arbitres  établis  par  compromis, 
doivenr  juger  l'uivant  la  rigueur  des  loix  -,  mais  les 
amiables  Con^j'ojiteitrs  peuvent  fe  relâcher,  &  trou- 
Ver  des  adouciiléraens   par  des  conlîdcrations  d'é- 
quité, /^ove^  Arbitre  &  amiable  Compositeur. 
COMPOSJTION,  f  f.  fCr  adlion  de    compolér, 
d'aifembier    plufieurs    parties  pour  en  former  un 
tout.  Compcjino  ,  cva^mentaiio  ,   copulatio  ,    com- 
pactio ,  conjiiT2elio.  La  compojition ,  la  ftruélure  d'une 
horloge  eft  une  meveilleuie  invention.  Si  les  bêtes 
font  des  automarcs,  eft  il  concevable  que  la  fagelfe 
de  Dieu  air  conflruit  une  machine  incapable  d'a- 
gir par  fa  nature  &  par  fa  compojition.  Fonten. 
Composition  fe  prend  audi  pour  |CF  l'ouvrage  m.ê- 
me  qui  refaire  de  cette  aclion  de  compofer,  pour 
l'aifemblare  de  plufieurs  parties  qui  ne  font  qu'un 
tout.  La  compojition   du   corps  humain    eft   mer- 
.    veilleufe. 

^C?  Composition  fe  dit  aulTi   du   mélange   &   de 
l'incorporation  des  drogues.  Il  entre  dans  la  co/;z/7o- 
Jition  de  la  thériaqi^  phiiieurs  drogues ,  la  plupart 
fort  chaudes ,  mêlées  avec  du  miel. 
§3"  On  le  dit  à  peu-près  dans  ce  fens  ,  de  certaines 
prépararions  que  l'on  fait    pour  imiter   certaines 
chofes.  On  fait  aes  ccmpojitions  pour  imiter  toutes 
fortes  de  pierreries ,  pour  imiter  les  perles ,  l'or  , 
l'argent ,  &c, 
^T  Composition  fe  dit  aufll  dans  l'ufage  ordinai- 
re ,  pour  l'action  de  compofer    un  ouvrage  d'ef- 
prit. Cet  Auteur  eft  occupé  à  la  compojition  d'un 
nouvel  ouvrage.  Cela  lui  eft  échappé  clans  la  cha- 
.  leur  de  la  compojition.  Dans  la  compojition  ,  l'art 
eft  fouvent  emporté  (?c  tyrannifé  par  le  génie  qui 
prend  l'eflbr,  Vall.  Il  faut  que  les  diverfes  pièces 
qui  entrent  dans    la   compojition  d'une  Hiftoire  , 
falfent  un  tout  bien  afforti  &  bien  entendu.    Le 
P.  Dan.  Le  plus  habile  Ecrivain  n'eft  pas  maître 
de  fes  pcnfées  ni  de  fcs  exprcffions.  Il  eft  des  temps 
où  elles  fe  préfentent  &'s'arrangent  d'elles-mêmes, 
fans  qvi'il  ie  tourmente  à  les  chercher.  Il  en  eft  d'au- 
Tome  II. 


C  0  M 


7T? 

très  où  il  ne  trouve  rien,  quelques  efforts  qu'il  liiH- 
pour  fe  contenter.  Le  bon  lui  échappe  ,  &  fi  aprC^ 
un  long  tiavail ,  il  s'offre  quelque  chofe ,  ce  n'cll 
que  du  médiocre  ou  du  mauvais ,  qui  ne  mérite  p;i5 
d'être  recueilli ,  &;  qu'il  met  bientôt  au  tebut.  C'eft 
donc  .1  lui  à  bien  démêler  ces  temps ,  5^:  à  demeurer 
tranquille  julqu'à  ce  que  l'heure  du  berger  fontie  ', 
car  il  y  en  a  une  dans  la  compojition ,  aulTi  bien 
que  dans  la  galanterie.  Réji.  div. 

ifT  Composition  ie  dit  aufli  des  ouvrages ,  des  pfo-» 
duclions  d'efprit.  Opiis.  Une  belle  ,  une  lavante 
compojition.  Cet  Auteur  nous  a  fait  voir  plulicursi 
de  fcs  compojitions. 

On  le  dit  auHi  en  Mufîque  |!CIF  de  l'art  d'unif 
les  différentes  parties  de  la  mufique ,  fuivant  les 
règles  -,  de  l'art  d'inventer  &:  de  noter  des  chants, 
&  de  les  accompagner  d'une  haimonie  conve- 
nable. 

Le  Père  Paran  ,  Jéfuite,  le  Père  Merfenne,  Mi-" 
nime,  ont  donné  des  règles  pour  la  compojition 
de  la  Mufique,  &  n'ont  jamais  pCi  faire  aucun  air, 
Scribendce-Tiinfica  re-julce.  Monlieur  Nivers  a  fait  un 
■petit  traité  forfméchodique  de  la  compojition  de 
la  Mulique. 

1^  Composition  ,  eu  Peinture.  C'eft  ,  félon  M.  De 
Piles ,  l'art  d'inventer  &  de  difpofer  les  objets ,  les 
perfonnages  ,  les  groupes  ,  en  un  mot  toutes  les 
paities  d'un  tableau.  Jnventio  ,  difpojitio  ,  côlloca- 
tio.  Un  tableau  bien  compofé,  eft  un  tableau  bien 
inventé  &;  bien  difpofé  ,  c'eft  un  tout  renfermé  fou9 
un  feul  point  de  vue,  où  les  parties  concourenc 
à  un  même  but ,  &  forment  par  leur  correfpoa- 
dance  mutuelle  un  enfcmble  aulTl  réel,  que  celui 
des  membres  dans  un  corps  animal.  Compofuioii 
riche,  noble,  favante,  chaigée,  forcée  ,  bizarre  , 
extravagante  ,  confufe  ,  froide. 

Composition,  en  Gramniaire,  le  dit  delà  jonétioii 
des  mots  à  d'autres  mots ,  &  à  quelques  particules 
qui  en  changent ,  augmenterit  ou  diminuent  la  force 
ou  la  lignification.  Additio  ,  adjunctio.  Creve-cazur  ^ 
J'erre-Jile ,  Gentil-korpme  ,  font  des  mots  faits  par 
compojition.  On  reproche  à  Du  Barras  la  compo- 
jition de  quantité  de  mots  ridicules  ;  conunedans 
ce  vers  , 

Du  moulin  hrife-gruin  la  pierre  rondc-ptate. 

Les  particules,  ad-,  con  ,  ex  ,  in  ,  trans  ,  &  au- 
tres ,  entrent  dans  la  compofition  deî  noms  &  des 
verbes  latins. 

Composition  ,  terme  de  Collège.  C'eft  l'ouvrage  que 
le  Régent  fait  l'aire  à  fcs  écoliers  ,  pour  juger  au 
jufte  de  leur  capacité  &:  de  leur  avancement  :  c'eft 
llir  cet  ouvrage  qu'on  leur  donne  des  places  qui  les 
diftingucnt  les  uns  des  autres,  ou'des  prix.  Scrip- 
tio  d^crctoria.  Un  thème  de  compojition  ;  des  vers 
de  composition. 

Composition  ,  en  Rhétorique  ,  eft  l'arrangement  , 
&  la  difpofition  des  parties  du  difcours,  Ordo  , 
dijpojitio  partium.  Elle  en  fait  l'Iiarmonie  ,  la  gran- 
deur &:  la  majefté.  Il  en  eft,  des  difcours  comme 
des  corps  qui  doivent  ordinairement  leur  princi- 
pale excellence  à  l'affemblage ,  &  à  la  Jufte  pro- 
porrion  de  leurs  membres.  Boir.  Térence  eft  plus 
châtié  dans  fi  compojition  que  Plante,  &  plus  ùga 
dans  la  conduite  de  fes  fujets.  Dac. 
§:T  Toute  compofition  doit  être  une  peinture  ,  & 
une  peinture  animée  pour  foûrenir  l'arrcntion  du 
leéleur  ou  de 'l'auditeur.  C'eft  une  peinture  :  il 
y  fout  donc  des  images ,  des  fentimens.  Ces  images , 
ces  fentimens ,  nous  les  puifons  dans  l'imagination 
&  dans  le  cœur ,  les  deux  fources  naturelles  des 
agrcmens  du  difcours.  L'imagination  tient  le  pin- 
ceau ,  &:  le  cœur  le  conduit,  /^oyc^ Image,  Sen- 
timent ,  Imagination  et  Cœur. 
Composition  ,  en  Logique.  Compojitio  ,  Complexio, 
Connoître  par  compofition  ,  c'eft  joindre  enfembie 
plufieurs  idées,  pour  fe  repréfenter  une  chofe  qui 

C  C  C  c  c 


754  C  O  M 

efl:  différente  de  ce  que  ces  idées  repréfentcnt  na- 
turellemenr. 

En  Arithmétique,  la  proportion  de  compojition 
de  rail'on  ,  cil:  une  comparailbn  de  l'antécédent , 
&  du  conléquent  pris  enl'emble  au  léul  conlcqucnt 
dans  deux  railbns  égales  :  comme  s'il  y  a  même  rai- 
fon  de  .1  à  5 ,  que  de  4  à  <î,  en  conclut  qu'il  y  a  auUi 
même  railbn  de  5  à  j ,  que  de  10  à  6.  Compojitio  , 
compuratio ,  collutio. 

On  appelle  compofition  en  Géométrie ,  l'art  de 
chercher  la  vérité  ou  la  démonftration  d'une  pro- 
polîtion  par  des  raifonncmens  tirés  des  principes , 
julqu'à  ce  qu'on  foit  venu  à  la  dernière  propor- 
tion qu'on  appelle  condujion.  ArgumsHtatlo  ab 
antecedentibus  ai  confequentia. 

Composition  ,  en  termes  d'Imprimerie  ,  s'entend  de 
i'arrangcmeBt  des  lettres ,  des  caraélères  pour  en 
former  des  mots ,  des  lignes ,  des  pages.  C'eft 
l'ouvrage  du  Compolîteur.  Litterarum  fujîlium  , 
typoTuii  dijpojicio  ,  confirucîlo  ,  compojitio. 

^fj"  Composition,  en  Jurilprudence,  (îgnifie accord , 
accommodement  dans  lequel  l'une  des  deux  parties, 
ou  toutes  les  deux  enfemble ,  le  relâchent  d'une 
partie  de  leurs  prétentions.  Les  procès  feroient 
bientôt  terminés ,  li  les  plaideurs  vouloient  en- 
.  trer  en  compojition.  On  dit  en  ce  fcns  que  des 
Créanciers  ont  fait  une  compojition  à  un  débitaur  •, 
qu'un  homme  a  eu  une  terre  à  bonne  compojition , 
à  un  prix  honnête,  qu'on  s'cft  relâché  fur  le  prix. 

^3"  On  dit  encore  qu'un  homme  eft  de  bonne  Compo- 
jition ,  qu'on  lui  fait  faire  ce  qu'on  veut  -,  qu'il  eft 
de  difficile   compojition  ;  qu'il  eft  mal-aifé  de  le 
réduire  au  point  où  l'on  veut. 

^fT  Madame  de  Sévigné  dit  en  parlant  d'un  Prédi- 
cateur à  morale  févère  :  c'eft  un  homme  bien  rude  ; 
il  ne  fait  aucune  compojition. 

^'3'  Composition  ,  terme  de  Guerre.  Conventions 
que  fait  une  place  qui  veut  fc  rendre ,  conditions 
qu'elle  propofe.  Capitulation.  Se  rendre  par  com- 
pojition. Voyez  Capitulation, 
it  §0°  Composition  ,  terme  d'Hiftoire.  Aéle  par  lequel 
©n  compofe ,  on  convient  ;  Traité.  Paclum ,  pac- 
tio.  L'abonnement  des  Artéfiens  avec  le  Souve- 
rain s'appeloit  anciennement  la  compojition  d'Arras. 

Composition  ,  en  terme  d'Oifeleur ,  eft  le  paft  ou 
la  mangeaillc  que  l'on  donne  à  plufieurs  oifeaux  , 
compofée  de  mie  de  pain  priée  avec  du  perfil  , 
&  du  chenevi.  Les  alouettes  ,  les  cochevis  ,  &  les 
■calendres  ,  fe  nourrilfent  de  compojition ,  quand 
elles  font  en  cage  ,  ou  en  volière.  On  y  met  auifi 
quelquefois  du  caillé  ou  fromage  frais. 

COMPOSITOIRE.  f.  m.  Voye^  Compositeur,  en 
termes  d'Imprimerie.  Le  premier  n'eft  plus  en 
ufage. 

COMPOST,  terme  d'Almanacli.  Computatio.  La 
fcience  de  compter  le  temps  par  le  mouvement 
des  aftres ,  par  rapport  à  l'Eglife ,  s'appeloit  autre- 
fois Compojl  Ecclefiaflique.  Il  a  été  établi  princi- 
palement pour  la  célébration  exaéle  de  la  Pàque  , 
qui  règle  toutes  les  autres  Fêtes  mobiles.  En  Chro- 
nologie on  l'appelle  le  Compta  EccUJiajlique.  Voyez 
Comput.  Il  y  a  aufTi  un  livre  trivial  qu'on  ap- 
pelle le  grand  Compojl  des  Bergers.  Il  y  en  a  un 
autre  //2-4°  en  caraélères  gothiques ,  inritulé ,  Com- 
fotus  cum  commenta  ,  &  imprime  à  Paris  par  Pierre 
Lever  en  1491. 

On  appelle  encore  aupurd'huî,  en  termes  de 
Marine  ou  d'Hydrographie,  compofi ,  l'Arr  de  trou- 
ver les  jours  de  la  lune  ,  &  enluite  les  marées ,  pour 
l'ufage  de  la  navigation.  Le  compofi  eft  fur  tout  né- 
ceflàiie  pour  le  cabotage  ,  c'eft-à-dire,  pournaviger 
en  fuivant  toujours  les  côtes.  Les  Pilotes  côtoyers 
doivent  favoir  le  compofi.  Les  ProfefTeurs  Royaux 
d'Hydrographie  doivent  apprendre  le  compofi 
aux  jeunes  gens  qui  fe  deftinent  à  la  mer.  Il  y  a 
des  livres  pour  les  Pilotes  fous  le  titte  de  com- 
pofi manuel.  On  y  met  la  fituation  des  Ports  pour 
la  connoiflance  des  marées  ,  &c. 

Compost  ,  autrefois  avoir  une  fignification  plus  cten- 


COM 

due ,  &  (ignifioit  en  général  une  compofition  ,  un 
recueil.  C'cïl    de-là  qu'ell  venu  l'ufage  d'aujour- 
d'hui ,  qui  donne  à  ce  mor  la  lignification  particu- 
lière expliquée  ci-de/llis. 
Compost  eft  auili  un  terme  d'Agriculture ,  qui  lignifie 

le  bon  état  d'une  terre. 
COMPOSTELLE.  Compofiella.  Ville  Cipirale  du 
Royaume  de  Galice  en  Ei'pagne.  CompofielLe  eft  fi- 
tuée  fur  une  colline  \  enrre  les  petites  rivières  de 
Sar  &  de  Sarcla,  Quelques-uns  la  prennent  pour 
l'ancien  Janafum  de  Pomponius  Mêla,  comme  a  re- 
marqué Volîius ,  p.  1:51 ,  &  d'autres  pour  le  Bri- 
gantium  d'Antonin.  Cette  ville,  dont  on  ne  fait 
point  l'origine  ,  s'accrût  des  ruines  d'Iria  Flavia. 
Les  reliques  de  S.  Jacques  ayant  été  apportées 
en  cette  ville  ,  on  y  bâtit  une  Eglife  fous  le  nom  de 
ce  faint  Apôtre ,  qui  donne  auffi  fon  nom  à  la  ville , 
<\\1Q  nous  appelons  fouvent  S.  Jacques  de  Compo- 
Jielle ,  ou  S.  Jacques  en  Galice.  Les  Efpagnols  l'ap- 
pelèrent aullî  de-là  San  Giacomo pofiolo ,  d'où  s'eft 
-formé  par  corruption  le  nom  de  Compopelle,  J 

La  nouvelle  Compoflelle  eft  une  autre  ville  de      1 
l'Amérique  feptentrionale  dans  l'Audience  de  Gua- 
dalajara.  L'air  y  eft  ir.al-fain.  Elle  a  porté  le  nom 
de  ville  du  Sainr  Efprit ,  8c  elle  avoit  un  Evêché, 
•qui  a  été  transféré  à  Guadalajara. 
COMPOSTER  ,   V.  a,  vieux   terme  d'Agriculrure. 
Mertre  une  terre  en  bon  compoft ,  en  bon  état. 
COMPOSTEUR ,   f.  m.  terme  d'Imprimerie.  C'eft 
une  petite  règle   fur  laquelle  le  Compoiireur  ar- 
range fes  lettres.    Régula  ferrea  typis  ordinandis 
accommodata. 
§3"  Chez  les  Fondeurs  de  caradères  d'Imprimerie, 
c'eft  l'inftrumenr  dont  on  fe  fert  poui  donner  aus 
lettres  les  dernières  façons. 
§Cr  C'eft  auffi  un  rerme  de  Manufacture  en  foie.  Oa 
entend  par  là  une  petite  baguette  de  bois  ,  fur  la- 
quelle on  pafle  les  portées   de  la  chaîne  pour  la 
plier. 
COMPOTATEUR.  f.  m.  Compagnon  de  boureille. 
Ce  mot  ne  fe  dit  qu'en  plaiiantant.  Combibo ,  com- 
potor,    L'Abbé  de  Chaulieu  décrit  forr  agréable- 
ment ,  dans  une  Epître  à  l'Abbé  Couttin  ,  la  réfo- 
lurion  de  feu  M.  le  Grand-Prieur  de  Vendôme  de 
ne    plus   faire    de   vers  ,   &   de  tenir  table   ou- 
verte. 

Quant  à  notre  Père  Prieur, 

Qui  fans  avertir ,  fouvent  pinct 

Jufqu'à  fon  humble  fer  vi leur  ; 

Il  ne  veut  plus  être  rimeur  , 

Et  s'eft  mis  à  faire  le  Prince  : 

De  fa  table ,  qui  n''efipas  mince , 

A  de  joyeux  compotateurs 

//  fait  lui-même  les  honneurs 

Mieux  qu'aucun  Seigneur  de  Province, 

L'Abbé  de  CnAULiEtr. 

COMPOTATION.  f.  f.  Ce  mot  fignifie  littéralement 
un  repas  ou  régal  où  plufieurs  perfonnes  fe  réjonif 
fenr,  Compotatio.  On  ne  peut  le  dire  qu'en  plai- 
fantant.  Quelques-uns  ont  rendu  pat  ce  mot  les 
Sympofiaques  de  Plutarque  ,  par  la  raifon  qu'il 
eft  plus  inrelligible. 

^  COMPOTE  ,  f.  f.  terme  d'Office ,  qui  fe  dit  d'un 
certaine  manière  d'apprêrer  les  fruits  avec  du  fucrc 
&  quelques  aurres  ingrédiens ,  pour  être  manges  fur 
le  champ.  Condimentum.  C'eft  nne  efpèce  de  con- 
fiture moins  cuite  &  moins  fucrée  que  les  confi- 
tures qui  font  laites  pour  être  gardées.  On  fait  des 
compotes  de  poires,  de  pommes ,  de  cetifes ,  d'a- 
bricots ,  de  pêches ,  &c. 

IfT  Compote  ,  terme  de  Cuifine.  Manière  de  faire 
cuire  certaines  viandes ,  comme  les  pigeons  Se  les 
canards ,  avec  du  lard  Se  des  aflaifonnemens  conve- 
nables. On  fait  des  compotes  de  pigeonneaux  ,  on  . 
les  met  en  compote.  On  nous  feroit  une  compote 
de  pigeonneaux. 


C  O  M 

0CF  On   dit  d'une  viande  trop  bouillie.,  qu'i  lie  cft 

en    compote. 
^fT  On  dit  populaireinent  avoir  les  yeux  ,  le  vifage 

en  compote  -,  meurtris  de  coups. 
%fj  II  me  prend  des  tentations  d'accommoder  fon 

viiag-e  à   la  compote.   Mol. 
Ip"  COMPOTIER,  r.  m.  Vafe  qui  lert  l  mettre  des 

compotes  de  fruit ,  ou  des  confitures. 
COMPOU  ,   r.  m.  terme  de  Relation.    Cour  Souve- 
raine de  Pékin  Z<  de  l'Empire  de  la  Cliinc.  Le  Com- 
pou  ordonne  des  ouvrages  publics  &:  des  bitiraens 
royaux.  P.  le  Comte* 
COMPRÉHENSEUR  ,   f.  m.  terme  de  Théologie. 
Créature  raifonnable  dans  Tctat  du  bonheur  éter- 
nel 5  qui  jouir  de  la  viiion  bcatifique  ,    de  la  vue 
claire  &  intuitive  de  Dieu,  Comprehenjor.  LestW.;- 
prehinfcurs  voient  Dieu ,  &  voient  tout  en  Dieu, 
Un  Comprihenj'ciir  n'a  point  de  crainte  de  perdre 
le  bonheur  dont  il  jouit. 
^fT  Ce  terme  ,  qui  n'cft  point  ufîtc  en  ftançois ,  ne 
le  dit.  pas  des  bienheureux  *  parce  qu'ils  compren- 
nent Dieu  j  Dieu  ne  peut  être  compris  par  la  créa- 
ture ;  mais  parce  qu'ils  ne  font  plus  dans  la  voie, 
qu'ils  font  arrivés  au  terme  de  la  béatitude.  Com- 
pTch:nîcrutit  finein.  ,    termbiiim    leatitudinis. 

Ce  mot   vient   du  latin  comvrehaiiere  ,    dont 
S.Paul  (efert.  i  Cor.  IX,  2.^  {de  Philip.  III,  ii 
é"  1 3  ,  pour  exprimer  la  victoire  d'un  Athlète,  qui 
remporte  le  prix  à  la  côurfe  ,  &  qui  l'applique 
par  métaphore  à  un  homme  qui  entre  en  poiîèlîion 
de  la  gloire. 
^  COMPRÉHENSIBLE,  adj.  de  t.  g.  qui  peut  être 
compris.    Terme   particulièrcm.ent  relatif  aux  ob- 
jets dont   l'efprit  peur  connoître  la  nature.  Com- 
prehenjUilis,  Voyez  le  mot   Comprendre.  Il  eP: 
ordinairement  employé  avec  la  négative.  Cela  n'eft 
pas  comprehenjltle.  Les  chofes  trop  abftraites  ne 
font  pas  cowpeheiijdks. 
%T_  COMPRÉHENSION,  f.  f.  Ce  n'eft  pas  préci- 
fément ,  comme  le  difent  nos  Vocabulaires  ,  la  fa- 
culté de  concevoir  ,   mais  celle  de  comprendre  , 
c'efl:-à-dire  ,   de  fe  faire  des   idées  conformes  à  la 
nature  des  objets.  Comprehenjio.  La  comprehenfuii 
fuppofe  un  efprit  pénétrant.  On  dit  d'un   homme 
qu'il  a  la  comprehenjton  aifce,  facile  ,  ou  qu'ihi-rt:  de 
dure  comprehenfion.  Cela  ne  (ignifîe  pas  qu'il  con- 
çoit facilement  les  choies,  mais  que,  par  l'atten 
tion  &  la  réflexion  ,  il  les  approfondit ,  &  fe  fait 
des  idées  conformes  à  la  nature. 
Compréhension  fe  dit,  dans  le  ftyle   didaérique  , 
d'une  connoillance  par  laquelle  on  connoît  d'une- 
chofe   tout  ce  qu'on  en  peut  connoître.   Compre- 
henjio. Ce.mot,  en  ce  fens,  n'eft  en  ulage  qu'enThéo 
logie.   Ify  Ainfi   c'efl:    que  la    comprehenjion  des 
ir.yftères  eft  réfervée  à  l'autre  vie, 
%fT  Compréhension,  en  Rhétorique,  trope  par  le- 
quel on  donne  au  tout  le  nom  de  la  partie  ,  ou 
à  la  partie  le  nom  du  tout  ;  ou  à  une  chofe  un 
nombre  déterminé  pour  un  nombre  indéterminé. 
COMPRENDRE,  v.  a.  Il  fe  conjugue  comme  prendre. 
Contenir  ou  renfermer  en  foi.  CompUcli.  L'univers 
comprend  toutes  les  parties  du  monde.  Le  globe 
de  la  terre  comprend  les  quatre  parties  du  monde , 
l'ancien  &  le  nouveau  monde.  L'Empire  Romain 
cvmprcnoit  la  plupart  des  Royaumes  d'aujourd'hui, 
L'Europe  comprend  plufieurs  grands  Royaumes,  La 
France,  plufieurs  provinces  ;  chaque  Province  ,  des 
Généralités  -,  chaque  Généralité,  des  Eledions;  cha- 
que Elcdion,  des  Paroiffes ,  des  Villes,  des  Bourgs  & 
des  Villa.q;es. 
%fT  On  le  dit,  dans  le  même  fens,  des  chofes  morales. 
La  Jufticc  en  général  comprend  toutes  les  vertus. 
La  \'\\\\oÇo^\\\z  compretid  la  Logique ,  la  Moiale  ,  la 
Métaphyfique  6c  la  Phyf  que.  L'Hiftoire  Naturelle 
comprend  lé  Règne  animal ,  le  Règne  végétal  &:  le 
Règne  minéral. 
ÇCT  Comprendre  lignifie  quelquefois  exprimer,  faire 
mention  d'une  chofe  à  la  fuite  de  plufieurs  autres. 
Un  tel  a  été  compris  dans  le  rôle  des  tailles.  On  a 


C  O  M 


7  T  T 


compris  dansées  inventaires  plufieun*  effets  qui  n'ap» 
partcnoient  pas  au  défunt.  Il  a  compris  dans  fori 
bilan    toutes   fes  dettes     atftives  &c  pafiîves.    Tri 
Prince  n'eft  pc5int  compris  dans  le   Traité.   Dans- 
ce  que  je  vous  abandonne,  je  ne  comprcns  pas  telle 
&  telle  chofe,-     ^"   '"' 
-^  Comprendre,  dahéfe  fens  figuré  i  fighifie  avoit 
une  connoifîahcé/exàdle  d'une  choie.  Comprehen- 
dcre  ^rnente ,  cos^itànonc  ,  animo  compleHi.  Il  y  a  des 
q'-ieftions  métaphyfiques  qu'il  efl  difficile  de  com- 
prendre. Nous  ne  faurions  comprendre  les  myflèrcs' 
de  la  Religion.  Nous  ne  pourrions  pas  nous  porter  à 
croire  ce  qui  eft  audellusdenotre  raifon',  H  là  raifon 
même  ne  nous  avoit  perfuadé  qu  il  y  a  des  chofe.? 
que  nous  faifons  bien  de  croire  ,  quoique  nous  ne 
foions    pas  encore  '  capables    de    les    comprendra 
PoRT-R.  En  difant  que  Dieu  ne  peut  faire  ce  que 
nous  ne  pouvons,  comprejidre ,  c'efl:  fe  figurer  que 
notre  imagination  a  autant  d'étendue  que  (a  puil^ 
fance.  S.  EvR.  La  plupart  des  hommes  eftiment  ce 
qu'ils  ne  comprennent  pas ,  &  révèrent  comme  des 
myftères  tout  ce/.iui  leS  palfe;  Maleb,  Il  y  a  bcnu-^ 
coup  d'adrefle  à  lai/Ter  comprendre  certaines  chofes, 
fans  les  dire,  Ch.  de  Mer. 
fCT  Comprendre,    c'efl:  appercevoir  la  liaifon  de? 
idées  dans  un  jugement,  ou  la  liaifon  des  propor- 
tions dans  un  raifonnemcnt.  C'efl  fe  faire  des  idées 
conformes  à  la  nature  des  objcrs  prcfentcs. 
pT  Se  faire  des  idées  conformes  aux  objets  préfen- 
tés ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  c'efl:  la  fignification  com- 
mune des  mots  entendre  ,   comprendre  ,  concevoir  : 
mais  entendre  marque  une  conformité  qui  a  pté- 
cifément   rapport   à  la  valeur  des  termes   :   com- 
prendre en  marque  une  qui  répond  direélemenr  à 
la  narure  des  chofes  qu'on  explique  :  &  celle  qu'ex- 
prime le  mot  de  concevoir^,  regarde  plus  particu- 
lièrement l'ordre  &:  le  dc/lêin  de  ce  qu'on  fe  pro-^ 
pofe.  Comprendre  p^itoit  mieux  convenir  en  fait  de 
principes,  de  leçons,  de  préceptes  ^  de   connoif- 
fances  fpéculatiVes.  Ces  chofes  fe  comprennent.  Il 
efl  difficile  de   comprendre  ce  qui  efl  abftrait.  La 
facilité  de  comprendre  dcfigne  un  efprit  pénétrant. 
Tout  le  monde  ne  comprend  pas  ce  qui  efl  relevé. 

On  dit  d'un  homme  qui  a  une  conduite  extra- 
ordinaire &  bizarre,  ou  qui  fait  des  chofes  qui 
por'-'nt  dans  Pefprit  quelque  forte  d'étonnement^ 
de  furprife,  qu'on  ne  le  comprendrais.  Acad.  Fran, 

Mais  en  vain  à  l'efprit  croit  -  i/ fe  faire  entendre  , 
Si,  fans  itrefavant,]e  ne  puis  le  cûmprendre.ViLL. 

Comprendre  ,  en  Théologie  ,  a  une  fignification  par- 
ticulière -,  il  veut  dire,  connoître  une  chofe  autant 
qu'on  peut  la  connoître  :  c'efl  en  ce  fens  qu'il  fe 
prend  lorfque  les  Théologiens  demandent  fi  les 
bienheureux  qui  voient  Dieu  clairement  dans  le 
Ciel ,  le  comprennent.  Comprehendere  ;  les  Théo- 
logiens difent  rem  aiujuam  totam  &  totalitcr  cog- 
nojcere.  En  ce  fens -là  les  bienheureux  ne  com- 
prennent point  Dieu,  parce  que  la  connoidance 
qu'ils  ont  de  Dieu  feroit  infinie,  ce  qui  efl  im- 
podible.  $3"  Ils  connoWlént  de  cet  Etre  infini  tout 
ce  qu'en  peut  connoître  une  créarure  finie, 

COMPRIS ,  ISE,  part.  Il  a  les  fignifications  de  fon 
verbe  ,  en  latin  comme  en  françois* 

Y  COMPRIS,  NON  COMPRIS.  Efpècc  de  fomiulc  dont 
on  fert ,  pour  dire  ^  en  y  comprenant ,  fans  y  com- 
prendre. Il  a  dix  mille  livres  de  revenu  ,  y  compris 
les  profits  de  fa  charge,  non  compris  la  maifon  où  il 
losie.  Acad.  Fr. 

COKlPRESSE ,  f  f  terme  de  Chirurgie.  C'efl  un  linge 
plié  en  plufieurs  doubles ,  qu'on  met  fous  les  ban- 
dages ,  pour  empêcher  que  les  plaies  ne  faignent , 
on"  rie  s'enflent  ,  ou  pour  y  arrêter  les  médica- 
mens  qu'on  y  a  appliqués.  Penicillum,  penicilltis  i 
fplenium.  Schultcr  dit ,  dans  fon  Armam.  Chirtin 
que  les  Anciens  compofoient  les  compreffes  d'é- 
toupe  cardée,  ou  de  plumes  coufues  entre  deux 
linges.  Se  qu'ils  les  appeloient  couHinets  ou  plu- 

maceau.\-, 

C  C  C  c  c  ij 


75^  COM 

'Ce  mot  vient  du  latin  comprimer e  ,  prej[cr  for- 
tement. '  ,  n  /-\ 
COMI^RESSIBILÎTE  ,  f.  F.  terme  Didaftique.  Qua- 
Ikc  d'un  corps  qui  peut  être  comprimé.  Lomprej- 
fibiiuds.  La  compre^ihilité  de  l'air  eft  la  caule  de 
ion  élallicitc ,  de  Von  reflbrt.  On  peut  voir  les 
effets  de  la  compreffibilite  &  de  la  dilatabilité  de 
l'air  dans  un  mcmoire  de  H.  de  Réaumur  Jur  les 
Thermomètres  de  l'année  175 1. 
COMPRESSIBLE,  adj.  Qui  eft  capable  de  compref- 
fion.  Quod  compnmi  potefi.  L'air  eft  comprejjible , 
l'eau  ne  l'eft  pas,  ou  l'eft  très-peu. 

Ce  mot  vient  du  latin  compr ejjibilis ,  mot  im- 
propre. _  ,    ^,  . 
Ç3-  COMPRESSIF,  IVE,  ad),  terme  de  Cliirurgie, 
qui  s'applique  à  ce  qui  fcrt  à  comprimer.  On  met 
un  bandage  comprejjif  Çni  l'ouverture  delà  veine 
pour  empêcher  le  lang  de  couler.  On  met  un  ap- 
pareil   comprejjif  fur  ^les  plaies   pour  y  tenir  les 
mcdicamens    appliqués. 
fO*  COMPRESSION  ,  f.  f.  terme  particulièrement 
d'ufage  en  Phyiîque  où  il  fignifie  l'adion  de  com- 
primer ,  de  ferrer  un  corps  ,  de  forte  que  fes  par- 
ties  fe  rapprochent  les  unes  des  autres  ,   &  qu'il 
occupe  moins  d'efpace  ;  ou  l'effet  qui  eft  produit 
dans  ce  qui  eft  comprimé.  Comprejjlo.  L'eau  pur- 
gée d'air  eft  incapable  de  comprejfwn.  La  compref- 
Jion  de  l'air  par  fon  propre  poids  eft  furprenante. 
Le  degré  de  comprejjîon  où  il  peut  être  porté  par 
le  fecours  de  l'art ,   eft  bien  plus  furprenant  en- 
core. ^ 
1^  Dans  ce  fens  ce  mot  eft  fynonyme  a   conden- 
sation. Les  Encyclopédiftes  prétendent  cependant 
que   la  comprejjion  eft  propremenr  l'adion  d'une 
force  qui  prefl'e  un  corps ,  foit  qu'elle  le  réduife 
en  un  moindre  volume  ou  non  ;  &:  que  la  condeii- 
fation  eft  l'état  d'un  corps  qui  par  l'adion  de  quel- 
que force  eft  réduit  à  un  moindre  volume.   Ainfi 
ces   deux  mors  expriment ,   l'un  la  force  ,  l'autre 
l'effet ,  qu'elle  pioduit ,  ou  tend  à  produire. 
^  Compression  du  cerveau.  Terme  de  Médecine, 
par  lequel  on  défigne  un  accidenr  qui  furvient  dans 
les    fradures    du  crâne  &  dans   les  coups  qu'on 
reçoit  à  la  tête  ,    lorfque  que  quelques  vaiffeaux 
viennent  à  fe  rompre  ,  &  verfent  le  fluide  qu'ils 
contiennent.  Ce  fluide  extravafé ,  comprime  la  fubf- 
tance  du  ceiveau ,  &  trouble  fes  fondions.  Accident 
fouvent  mortel,  auquel  on  ne  peut  remédier  que  par 
les  faignées  du  pic  &:  par  l'ufage  des  délayans  pro- 
pres àréfoudre  l'humeur  extravafée  ,    quelquefois 
même  par  l'opération  du  trépan. 
^COMPRIMER.  V.  a.  Prefler  un  corps  avec  force,de 
manière  que  (es  parties  fc  rrouvant  plus  près  les  unes 
des  autres  ,  il  occupe  moins  d'efpace.  Comprime! e. 
L'air  que  l'on  comprime  dans  les  arquebufes  à  vent , 
fait  piefque  autant  d'effet  que  la  poudre. 
îp-  Comprimé  ,  ée  parr.  Compreffiis, 
gO"  COMPRIMÉ  ,  rerme  de  Botanique.  Qui  porte 
la  même  cmpreinre  des  deux  côtés  oppofes,  Voyei 
Feuilie. 
COMPRINS  ,  INSE,  Vieux  mot  ,    pour  compris , 

comptifc. 
IJCr  COMPROMETTRE,  v.   n.   qui   fe   conjugue 
comme  mettre.  Faire  un  compromis  ,  confentir  ré- 
ciproquement par  ade  de  fe  rapporter  au  jugement 
d'un  ou  de  plufieurs  arbitres  ,  fur  un  différend  ,  un 
procès  qu'on  a  enfemble ,  ou  de  payer  une  fomme 
dont    on  convient.  Compromittere,  compromi(Jum 
faccre.  Ces  denx  parties  ont  enfin  compromis  lie 
tous  leurs  différends  entre  les  mains  de  deux  arbi- 
tres. Ils  ont  compromis  fut  tous  les  chefs  de  leur 
procès. 
^  Compromettre  eft  auffi  adif,  &  fignifie  expofer 
quelqu'un  à  recevoir  quelque  chagrin ,  quelque  dé- 
goût,, foit  en   fe  fervant  de  fon  nom,  fans    fon 
aveu,  foit  en  l'embarraffant  dans  des  affaires.  Je 
ménagerai  fi  bien  les  cliofes ,  que  je  ne  vous  com- 
promettrai pas.  AcAD.  Fr. 
0"  On  dit  à  psu  p.rcs  dans  ce  f^s ,  compromenrc 


COM 

fonautorité,  fa  dignité,  l'expofer  à  recevoir  quelque 
déchet,  quelque  diminution.    Voye^  Compromis. 
IJCr  Se  compromettre  ,  fe  irietçrc  au   hafard  ,    s'ex- 
pofér,   exponere  fe  ,    adiré  perctiium  ,  venire  in 
difcrimen. 
|Cr  Se  compromettre ,  fignifie  auffi,  avoir  des  que- 
relles avec  fes  inférieurs,  f^enire  in  controverfiojn. 
Un  honnête  homme    ne  doit  pas  fe  compromettre 
•     avec  des  coquins,  ni  un  maître  avec  fes  domeftiqucs. 
Compromis,  ise  ,  part- 

Ip^-COMPROMIS.  f  m.  Ade  pat  écrit ,  figné  des  pat- 
ries, par  lequel  elles  conviennent  d'une  ou  de  plu- 
fieurs oerfonnes  pour  décider  leur  diflérend  ou  leur 
procc?,  &:  promettent  réciproquement  de  s'en  tenir  à 
leur  dccilion,fous  quelque  peine  pccuniairc,contrele 
contrevenant,  laquelle  doit  être  fpécifiée  dans  l'ade. 
Compromifum.Czixy.  qui  font  choilis  par  les  parties  en 
confcquence  d'un  compromis:,  font  appelés  arbittes, 
bien  diffcrens  des  arbitrateuts  ou  aimables  Compo- 
ficeurs.  Foyei  ces  mots.  Leur  décifion ,  Sentence 
arbitrale.  On  peut  appeler  d'une  Sentence  arbitrale  -, 
mais  l'appel  interjette  emporte  le  payement  de  la 
peine,  fans  retour,  en  faveur  de  celui  qui  acquiefce: 
à  la  Sentence.  Mettre  une  affaire  en  compromis ,  dïef- 
fer ,  faire  ,  paffer  ,  figner  un  compromis.  Les  compro- 
mis doivent  porter  un  certain  temps,  &;une  peine 
payable  par  celui  qui  ne  voudra  point  acquiefcer  au 
jugement.  Les  compromis  fe  doivent  mettte  entre  les 
mains  des  arbirres.Un  compromisse  inutile,ou  à  rai- 
fon  des  parties  qui  compromettent,ou  à  raifon  de  ceux 
qu'on  prend  pour  arbitres,ou  à  raifon  des  caufes  pour 
lefqucUesonfait  un  compromis.Vn  efclaVe  ne  peut 
fûire  de  compromis,i'-xns  l'aveu  de  fonmaître,ni  un  pu- 
pille fins  l'autorité  de  Ion  tuteur,  ni  une  femme  poun 
les  affaires  d'aucrui.  On  ne  fauroit  par  un  compromis 
prendre  pour  arbitre  un  elclave ,  un  pupille  ,  ua 
fourd  ,  un  muet,  ni  celui  qui  eft  Juge  naturel  de 
l'affaire  pour  laquelle  on  fair  un  compromis  ,  ni  celui 
qui  a  intércr  dans  l'affaire ,  ni  un  mineur  de  vingc 
ans ,  ni  un  laïque  dans  une  caufe  puremenr  Ecclé- 
iiaftique  ,  à  moins  qu'on  ne  l'ait  choifi  conjointe- 
ment avec  une  perfonne  Eccléfiaftique ,  &  que  le: 
compromis  n'ait  été  paffé  par  autorité  du  Supérieur 
Eccléfiaftique.  Leschofes  pour  Iciquelleson  ne  peuc 
faire  de  compromis  font  une  rcftitution  en  entier  , 
une  caufe  de  mariage,  une  affaire  criminelle,  une 
queftion  d'Erat ,  6c  généralement  toutes  les  chofês 
où  il  s'agit  plutôt  de  l'intérêt  du  Pubjic  ,  que  des 
Particuliers.  Inst.  du  Droit. 

On  dit  auffi  au  figuré ,  qu'il  ne  faut  point  mettre 
fon  honneur  en  compromis  -,  pour  dire  ,  au  hafard. 
Honorem  ,  famam ,  aucloritatem  inpericulum  addu- 
cere.  Mertre  quelqu'un  en  compromis  wçc  un  autre, 
le  comprometrrc.  On  ne  doit  point  fe  mettre  en 
compromis  avec  fes  inférieurs;  pour  dire  ,  avoir  des 
querelles  avec  eux.  Contendere  ,  rixari;  venire  im 
controverfiam  cum  atiquo.  Metne  en  compromis  ^  fi- 
gnifie auffi ,  mettre  en  balance  ,  contefter.  De  re 
aliqua  cum  aliquo  contendere.  Il  mit  toutes  fes  affaires 
en  com.promis.  Vaug.  Alexandre  ne  pouvoir  fouffric 
qu'il  y  eîi:  une  nation  qui  lui  mir  en  compromis  le 
titre  d'invincible.  Id.  Eft-ce  ainfi  qu'on  mer  en  co/72- 
/>Aowù  devant  la  raifon  humaine,  les  merveilles  5£ 
la  puilfance  de  Dieul  Péliss. 

On  dit  auHi  compromis  en  matière bcnéficiale,&: 
c'eft  un  ade  par  lequel  ceux  qui  ont  droit  d'éledion 
tranlinettent  à  une  ou  à  plufieurs  perfonnes  d'en- 
tr'eux  le  droir  d'élire  un  fujet  capable  de  remplir  un 
bénéfice  ,  ou  une  dignité.  Ainfi,  on  dit  que  des  élec- 
tions de  Prélats  font  faites  par  compromis  ,  lorfque 
des  éledeurs  ne  pouvant  s'accorder ,  donnent  le 
pouvoir  à  quelques-uns  d'entr'eux  de  faire  l'éledion, 
en  les  obligeant  par  fermenr  de  choifTr  le  plus  digne. 
Rem  alictijus  arbitrio  ,  judicio  permittere, 

Cemor,  compromis,  vient  du  latin /rom/z/ere, 
promettre,  &:de  la  prépofition  cwot,  avec;  chacun 
de  ceux  qui  font  un  compromis  prometrant  les  mêmes 
chofes ,  s'engageant  aiu  mêmes  chofes.  C'eft  une 
l      promcffe  coro^une,  mutueUe  de  plufieurs  petfon^ 


C  O  M 

nés ,  que  font  plulîeurs  perfonnes  enicmble ,  &  ré- 
ciproquement. 
COMPROMISSAIRE ,  adj.  employé  aurTi  fubftanti- 
vcment.  Compromijj'arius,  Celui  que  l'on  choifit  par 
compromis  pour  rermincr  une  affaire  ,  décider  quel- 
que choie,  Kiireune  élcdion  ,  &c.  ]i\§es  cornpro- 
rniffaires  ,  arbirres. 
COAIPROTECTEUR.   f,  m.  Comproteclor.  Qui  eft 
protecfleur  conjointement  avec  quelque  autrc.^  Ce 
mot  ne  le  dit  que  des  Cardinaux,  à  l'égard  des  Etats 
dont  ils  Ibnt  protedeurs  avec  quelqu'autre  ,  ou  des 
Cardinaux  ScPrélatSjà  l'égard  des  Ordres  Religieux. 
COMPROVINCIAL.  adj.  Qui  efl:  de  la  même  Pro- 
vince. Comprovinciaiis.   Les  Evêques  comprovin- 
ciaux  Te  font  ailemblés. 
gCT  COMPS,  petite  ville  de  France  en  Provence, 

Diocèfe  de  Frejus  ,  viguerie  de  Draguignan. 
ffS-  COMPTABILITÉ  ,  f.  f.  terme  ufit'^é  dans  les 
Chambres  des  Comptes,  pour  défigner  une  nature 
particulière  de  recette  &  de  dépenlc  dont  on  doit 
rendre  compte,  ComptabUiti  des  tailles  ,  des  do- 
maines du  Roi ,  ùc. 
COMPTABLE,  adj.  &  f.  m.  &  f.  Le  f  de  ce  mot  , 
ni  de  ceux  quiiuivent,  ne  fe  prononce  point.  Il  y  a 
même  de  bons  auteurs  qui  écrivent  cointabU  ,  d'au- 
tres contable  ;  mais  il  faut  écrite  comptable ,  auffi- 
bien  que  compte  ,  pour  diftinguerce  mot  de  Comte-, 
qui  eft  un  titre  ,  Si  un  nom  de  dignité,  cornes.  Comp- 
table,z^ce.\\i\  ou  celleg3*  qui  gèrent  ou  ont  géré  les 
affaires  d'autrui  ;  qui  ont  reçu  les  effets  ou  les  de- 
niers qui  leur  appartiennent ,  dont-ils  font  obligés 
de  rendre  compte.  Qid  rei  alicujus  rationem  débet 
reddcre  ;  à  quo  rei  alicujus  ratio  repetijure potejl , 
rcddendce  rationi  obnoxius.  Tout  Procureur  ,  tout 
Commis ,  eft  comptable  à  l'on  maître  de  fon  adminif- 
tration ,  de  fon  maniement.  Un  tuteur  eft  comptable 
à  fes  mineurs.  Les  Receveurs  des  droits  du  Roi  font 
comptables  à  la  Chambre  des  Comptes.  Il  eft  dan- 
gereux de  prêter  de  l'argent  à  un  comptable. 
Ce  mot  vient  de  computabilis  ,  de  computare. 
Comptable  figniiîe  anfTi  refponfable.  Nous  fommes 
comptables  (tnwzis  Dieu,  nous  lui  rendrons  compte 
un  jour  de  toutes  nos  adions,  des  paroles  oifeufes 
que  nous  avons  dites.  Souvenez-vous,  Caton  ,  que 
vous  êtes  comptable  à  la  poftérité  de  i'eftime  que 
Rome  vous  a  accordée.  Vill. 
1^  Puifque  l'homme  eft  l'auteur  immédiat  de  fes  ac- 
tions, il  en  eft  comptable,  &  elles  peuvent  raifon- 
nablement  lui  être  imputées  -,  on  peut  les  mettre  fur 
fon  compte  :  on  eft  en  droit  de  lui  en  faire  rendre 
compte ,  &  de  rejeter  fur  lui  tous  les  effets  qui  en 
font  les  fuites  naturelles.  P'oye^  Imputation  & 
Imputer. 

On  appelle  quittances  comptables  ,  les  quittances 
en  parchemin  ,  revêtues  des  formes  néceflaires  pour 
être  reçues  dans  un  compte,  pour  faire  décharger 
un  comptable  de  quelque  partie.  Apocha  qu(Z  fol- 
vendcz  pro  débita  pecuniiz  habere  locumpojfit. 
COMPTABLIE,  f.  f.  terme  de  Commerce.  Ce  mot  eft 
en  ufage  à  Bordeaux.  On  appelle  comptablie ,  le  Bu- 
reau où  l'on  paye  les  droits  que  les  marchandiles 
doivent  au  Roi. 

Ce  mot  vient  de  comptable  Se  de  compte. 
COMPTANT,  adj.  m.  Argent  qui  eft  préfent ,  réel , 
effedif.  Les  offres  fur  le  retrait  lignager  fe  doivent 
taire  à  toutes  expéditions  de  la  caufe  en  deniers 
comptans ,  à  découvert ,  &  à  parfaire.  Il  a  payé  en 
deniers  comptans.  En  ce  fens ,  il  eft  oppofé  à  crédit. 
Comptant,  f  m.  fe  dit  du  fonds  qui  fe  trouve  en  ar- 
gent dans  la  caiflc  d'un  Marchand ,  d'un  Banquier , 
d'un  Financier,  Pecuniaprcefens  ,  numerata.W  s'eft 
trouvé  chez  lui  cent  mille  écus  de  comptant,  &  deux 
fois  autant  en  effets.  Cet  homme  a  bien  du  comptant. 
Avoir  du  comptant.  La  Font.  Il  eft  populaire,  quand 
il  eft  employé  de  cette  dernière  façon. 

Ordonnance  de  comptant  sft,  en  termes  de  Finan- 
ces ,  une  ordonnance  que  le  Roi  donne  pour  faire 
ç2.Ytx  comptant  à  fon  Tréfor  une  certaine  fomme  qui 
palfe  enfuite  dans  Içs  comptes,  fans  qu'il  y  foit  fait 


C    O   M  7  y '7 

mention  de  fa  deftination ,  &  fans  avoir  befoin  d'au- 
tres formalités ,  fuppofant  que  c'eft  pour  les  affaires 
feciètes  &  importantes  de  l'Etat:  Mandatum  regium 
de  numerandà  jtatim  pecuniâ.  Une  ordonnance  de 
comptant  de  cent  mille  écus  fur  le  Tréfor  Royal. 
gC?"  On  appelle  grand  comptant ,  le  Bureau  du  Tréfot 
Royal  où  l'on  paye  les  fommes  au  deffus  de  loooliv. 
&C  petit  comptant  ,  celui  où  l'on  paye  les  fommes  au 
dcffous  de  looo  liv. 

On  dit  adverbialement,  piyex:  comptaru  ,  fur  le 
cliamp  ,  Se  fans  demander  crédit.  AUcui  numerare  , 
pecuniam  -numerare. 

On  dit  au  figuré ,  qu'un  homme  a  payé  un  autre 
tout  comptant,  lorfqu'il  a  repoufîé  fur  le  champ  quel- 
que offtnlé  qui  lui  a  été  faite ,  foit  par  des  coups  de 
mains ,  loir  par  une  prompre  Se  piquante  repartie, 
Vim  vi  reppellere. 
gCF  Compte,  f.  m.  Synonyme  de  calcul,  fupputation, 
Computatio.  On  lui  a  donné  de  l'argent  fans  compte 
ni  meflire.  J'ai  fait  le  compte  de  mon  argent.  Nu?iie- 
rum  inire.  Le  compte  eft  juftc.  On  donne  à  un  do- 
meftique  l'argenterie  en  compte,  par  compte. 
ïfT  Co  MPTE  eft  auffi  une  fupputation  par  quelque  ope- 
ration  d'arithmétique  ,  addition,  fouftradion,  mul- 
tiplication ou  divifion.  Il  faut  qu'il  y  ait  quelque 
erreur  dans  cette  addition  ,  je  n'y  trouve  pas  mon 
compte.  Numerus,  J'ai  mon  compte ,  je  trouve  mon 
compte  ,  j'ai  coiT)pté  jufte  cette  fois-ci,  Numerum 
nunc  fedulo  kabui. 
IJCT  Compte  lignifie  aufTi  le  papier  où  l'on  a  mis  le 
calcul  &  la  fupputation  de  ce  qu'on  a  mis  ou  de  ce 
qu'on  a  reçu ,  ou  de  tous  les  deux  enfembles.  Porter 
une  choie  en  compte.  Rationibus  injerre.  Demander 
compte,  fommer  de  rendre  compte.  Ad  computa~ 
tionem  vocare. 
(fF  On  dit  qu'un  homme  eft  de  bon  crowjjP/^;  pour  dire, 
qu'il  eft  fidèle  ,  qu'il  ne  trompe  point  dans  fes 
comptes.  Faire  un  compte  rond.  Rotundare  Summam, 
ffy  On  appelle  vulgairement  compte  rond,  un  nom- 
bre fans  fractions ,  c'eft- à-dire ,  qui  n'eft  compofé 
que  de  dixaines ,  de  centaines,  de  milliers.  Dix» 
vingt,  trente,  quarante,  cenr ,  mille,  <$■<:.  font  des 
bomptes  ronds.  Onze  ,  vingt-deux,  cinquante  cinq, 
cent-un ,  fi-c ,  ne  font  pas  des  comptes  ronds, 
|J3"  Mais  quand  on  compte  par  efpèces ,  on  appelle 
compte  rond ,  un  cerrain  nombre  de  ces  elpèces  fans 
fradions ,  quatre  ,  cinq  ,  dix  ,  trente,  cent  écus,  ou 
louis  font  un  compte  ronl;  cinq  fols ,  dix  lois ,  vingt 
fols ,  &c ,  l'ont  un  compte  rond  ;  dix  livres  cinq  fols  , 
deux  fols  fix  deniers,  &c.  ne  font  pqts  un  compte  rond. 
ffT  Compte  borgne,  fe  dit  auffi  familièrement  d'un 

compte  mal-fait ,  ou  qui  n'eft  pas  clair. 
Comtes  faits  ,  fe  dit  de  certaines  tables  ou  tarifs  , 
dans  lefquels  on  trouve  des  réductions  toutes  faites, 
de  poids,  des  mefures,  de  changes,  d'efcomptes,  d'in- 
térêts ,  de  monnoie  ,  &c.  Tels  font  ceux  de  Barrême, 
Compte  ,  en  termes  de  Marchands,  fe  dit  des  regiftres 
refpeélifs  qu'ils  tiennent  de  leur  négoce  ,  &  des  af- 
faires qu'ils  ont  enfernble.  Accepti  &  expenjî codex. 
Ainfi  5  on  dit ,  qu'un  homme  enfeigne  à  tenir  les  li- 
vres de  compte, c[\.\dinà  il  montre  la  manière  de  les  te- 
nir en  bon  ordre  ,  à  mettre  V avoir  d'un  côté  d'un 
feuillet ,  &  le  débit  vis-à-vis.  Il  faut  qu'un  Marchand 
repréfente  fes  livres  de  compte  en  bon  état,  toutes 
fois  &  quantes.  On  appelle  entr'eux  ,  foldcr  un 
compte,  ce  qu'on  apt>elle  ailleurs  l'arrêter. 
Compte  ,  en  termes  de  Palais ,  eft  l'état  qu'on  donne 
en  Juftice  de  ce  qu'on  a  reçu ,  ou  dépenfé  pour  quel- 
qu'un,dont  on  aeu  les  biens  en  maniement.  Rationes 
accepti  &  expenji.  Un  compte  eft  compofé  de  trois 
parties  -,  favoir  ,  d'une  préface  ;  qu'on  appelle  com- 
munément le  préambule  du  compte.  Se  de  deux  au- 
tres prties  -,  favoir,  de  la  recette  &  de  la  dépenfe  :  on 
y  ajoute  la  reprife  ,  lorfqu'on  n'a  pas  reçu  tout  ce 
qu'on  étoit  chargé  de  recevoir.  Cette  divifion  d'un 
compte  eft  ce  qu'on  appelle  ordre  de  compte. 
Compte  de  Communauté,  eft  le  dénombrement  des 
effets  de  la  Communauté  entre  mari  Se  femme,  con- 
tenant l'état  auquel  cette  Communauté  fe  trouve  au 


7T8 


C  OM 


jour  de  fa  diflblution  ,  pour  les  biens  de  la  dite  Com- 
munautc  être  partages  entre  l'un  des  conjoints  êc  les 
héritiers  du  prcdéccdc. 
Compte  de  Tutelle,  eft  celui  qui  fe  rend  par  le  tuteur 
de  Tadminirtration  des  biens  de  ion  mineur,  dont 
il  a  été  chargé  par  l'adle  de  tutelle.  Un  tuteur  ne 
peut  traiter  "avec  Ion  mineur  ,  qu'il  n'ait  rendu  fon 
compte  de  tutelle. 

Les  débats ,  les  foûtencmens  des  comptes  ,  font 
les  ccrituies  qu'on  fournit  tefpeélivemcnt  pout  dé- 
fendre ou  combattre  les  articles  des  comptes.  Scripta 
ntrinque  ad  tiiendas  dehiti  &  expcnjiratwncs.  Altir- 

■  mer  un  compte  ,  c'ell:  jurer  qu'il  eft  véritable,  quand 
on  le  préfente,  Rqtiones  tueri,  defendere.  Examiner 
un  compte  ,  c'efb  y  mettre  des  apoflilles  pour  allouer 
ou  débattre  les  articles.  Rationes  excutere  ,  expen- 
dere.  Clorre  un  compte,  c'cft  arrêter  le  reliquat  à  la 
fin  d'un  compte.  Confolidare.  Ordre  de  compte,  c'cft 
divifcr  un  compte  en  chapities  de  recette,  de  dépenfe 
&  de  reprife.  Acceptivclexpenfiraticnesinire ,  ratio- 
nes {uhdiicere.  Apurer  un  compte ,  c'cft  en  faire  juger 
tous  les  débats,en  faire  lever  lcsfoiifiT:ances.Co7/;^Ve;e 
confolidare.  Débet  de  compte,  c'eft  la  fomme  dont  la 
recette  excède  la  dép,enfe  par  le  finito  d'un  compte. 
Supputatisutrinquerationibusexcedens  fummam. 

^3"  Compte  par  bref  état,  eft  celui  qui  fe  rend  par 
fîmple  mémoire,  fans  êtte  divifc  en  chapitres  de  re- 
cette ,  de  dépenfe  &  de  reprife. 

§3"  Compte  de  C/erc  à  Mdt/re  ,  eft  celui  où  le  comp- 
table porte  en  recette  ôé  en  dépenfe  tous  les  profits, 
toutes  les  pertes,  tous  les  frais  qu'il  a  p Ci  faire  dans 
fa  commiflion. 

|p"  Compte  en  Banque.  C'cft  le  fonds  que  des  ncgo-  ' 
ciansou  des  particuliers  dépofentdans  la  caiife  com- 
mune d'une  banque. 

|p°  Compte  en  participation.  Efpcce  de  compte  qui 
ie  fait  entre  deuxMarchands  ou  Banquiers,pour  rai  fon 
d'une  fociété  anonyme  ,  qu'on  appelle  fociété  par- 
ticipe ,  ou  fociété  par  participation.  Voy e^^cts  mots. 

^fF  Compte.  (  Bordereau  de  )  Extrait  d'un  compte  ,(\\\\ 
comprend  tous  les  articles  tirés  hors  de  ligne  ,  tant 
de  la  recette  que  de  la  dépenfe. 

gCJ"  Compte.  (  Ouvrir  un  )  Placer  un  compte  pour  la 
première  fois  dans  le  grand  livre  ,  en  délignant  la 
pcrfonne  avec  laquelle  on  entre  en  compte. 

|Cr  Compte.  (  Paffer  en  )  Tenir  compte  à  quelqu'un 
d'une  fomme  qu'on  lui  doit. 

Ip"  Compte. (  P^/?uT  Je)  Sorte  de  grand  papier  fin  , 
connu  fous  ce  nom  dans  les  Papeteries ,  fur  lequel 

■  on  écrit  communément  les  comptes. 

Compte  ,  (  Lis,ne  de  )  eft  la  fomme  qu'on  tire  en  une 
marge  blanche  qu'on  laifle  exprès  au  côté  d'un 
compte.  Subducla  ex  rationibus  expenjis  fumma. 
Elle  contient  en  chiffre  Romain  la  partie  couchée  au 
long  dans  l'article  qui  y  répond.  Dans  le  calcul ,  on 
lie  regarde  que  ce  qui  eft  tiré  en  ligne  de  compte.  Les 
Tréforiers  de  France  ne  font  Juges  que  delà /i^;«ei^ 
compte,  Ws  n'ont  point  de  Jurididion  contentieufe. 
On  dit  figurcment  en  ce  fens ,  mettre  en  li^ne  de 
compte,  mettre  fur  fon  compte;  pour  dire ,  faire  va- 
loir les  bons  offices  que  nous  rendons,  ou  qu'on  nous 
a  rendus.  Beneficioriim  in  numéro  aliquid  ponere. 
Il  faudra  ,  s'il  vous  plaît ,  que  vous  mettiez  en  ligne 
de  compte  tout  ce  que  j'ai  fait  pour  vous. 

.fer  Prendre  une  chofe  fur  fon  compte.  Dans  le  fens 
propre ,  c'eft  fe  charger  de  l'exécurer.  Aliquid  infe 
recipere.  Je  prends  cela  fur  mon  compte ,  ne  vous  in- 
quiétez de  rien. 

Compte  ne  fe  dit  pas  feulement  des  affaires  d'intérêt , 
mais  en  toutes  les  autres  chofes  dont  on  eft  tenu  de 
rendre  raifon,  ou  à  foi-même,  ou  à  fes  fupérieurs. 
Alors  il  eft  pris  figurémcnt./?^no.  Je  ne  prends  point 
ce  que  vous  avez  dit  fut  mon  compte,  c'eft-à-dirc, 
je  ne  m'en  fais  point  d'application.  Dieu  nous  de- 
mandera compte  des  ralens  que  nous  n'avons  pas  fait 
profitct.  Il  eft  ncceffaite  de  fcntter  quelquefois  en 
foi ,  &:  de  fe  rendre  un  compte  exaét  de  fes  paroles , 
de  fes  fcntimens ,  de  du  progrès  qu'on  a  f-iit  dans  la 
fageffe.  S.  EvR.  Avertis  par  l'Evangile  de  tenir  nos 


C  O  M 

comptes  prêts  ,  combien  peu  d'attention  avons-nous 
•à  les  régler;  P.  G  ail.  La  dévotion  qui  fe  déploie 
en  démonftrations  ^  en  adlcs,  dont  l'amour  propre 
fe  flatte  que  Dieu  lui  tiendra  compte  ,  eft  une  faulfe 
vertu.  Fi.ÉcH. 

Maître  de  mon  deflin  ,  libre  dans  mes  foupirs , 

Je  ne  rendrois  qu'à  moi  compte  de  mes  dejirs.  Racine, 

Qii  heureux  efl  le  mortel , 

Ç^ui  de  fa  liberté  forme  tout  fon  plaijir  , 

Et  ne  rendqu'à  lui  feul  compte  dejon  loifîr.  Boit. 

On  dit  encore  au  figuré  ,  mettte  quelque  chofe 
fur  le  compta  de  quelqu'un  -,  pour  dire,  lui  imputer. 
Imputare.  C'eft  injuftement  pour  l'ordinaire  qu'on 
met  les  fautes  de  la  jeuneffe  fur  le  compte  de  ceux  qui 
les  inftruifent  :  on  poutroit  fouvent ,  avec  bien  plus 
de  taifon  ,  les  mettre  fur  le  compte  des  parens ,  qui , 
faute  d'application,  ou  par  trop  d'indulgence  ,  font 
caufc  de  leur  dérèglement. 

IJC?  Avoir  à  bon  compte  ,  faire  bon  compte  , 
avoir  à  bon  marché,  faire  bon  marché;  vous  aurer 
cela  à  bon  compte.  Ce  marchand  vous  fera  bon 
compte  :  on  dit  dans  le  même  fens  vivre  à  bon 
compte,  Modico  pretio, 

^fT  On  dit  figurément  faire  fon  compte  ,  trouver 
fon  compte  ,  ttouver  du  profit ,  de  l'avantage.  ////- 
litas  ,  commodum.  Il  a  bien  fait  fon  compte  dans 
cette  ferme  ,  dans  cette  affaire.  Il  y  a  des  amis 
agréables  quiamufent,  mais  ils  n'ont  que  l'écor- 
ce  ;  pour  peu  qu'on  approfondiffe  ,  on  n'y  trouve 
pas  fon  compte.  M.  Se, 

IJCF  On  dit  encore  figurément  ,  avoir  fon  compte , 
avoir  ce  qu'on  défire  ,  ou  ne  manquer  de  rien.  Il 
eft  bien  aifé  d  e  philofopher  quand  on  a  fon  compte. 

Gardez-vous  de  rien  dédaigner. 
Sur-tout  quand  vous  ave:^  à  peu  prés  votre  compte. 

La  Font. 
Rendre  coOT/i/e  fignific  encore  dans  le  figuré,  rap- 
porter ce  qu'on  a  fait  dans  une  affaire ,  &  en  rendre 
taifon. Rationcmfubjicere.  On  rend  compte  de  fa  con- 
duite à  lés  fupérieurs.  Rendez-nous  compte  de  cette 
affaire. 

Quelquefois  c'eft  faite  un  fimple  récit.  Narrare. 
Rendez-nous  compte  de  ce  que  vous  avez  vu ,  de  ce 
qui  vous  eft  arrive. 

§3"  On  dit  audi  qu'un  homme  fait  bien  fon  compte , 
entend  bien  fon  compte  -,  pour  dire,  qu'il  entend  bien 
fes  intérêts. 

0CF  Faire  compte ,  tenir  compte  d'une  perfonne  ou 
d'une  chofe  ,  en  faire  cas,  l'avoir  en  quelque  confidé- 
ration.  On  fait  grand  compte  d'un  tel ,  on  n'en  tient 
aucun  compte. 

^fT  On  dit  encore  qu'une  femme  ne  tient  pas  comptt 
d'elle  -,  pour  dire,  qu'elle  a  peu  de  foin  de  fe 
parer,  de  s'ajufter.  La  plupart  de  ces  exprcifions 
figurées  ne  font  que  du  ftyle  familier. 

Compte  fe  dit  auffi  de  plufieurs  pérîtes  chofes  qu'on 
prend  à  la  main  ,  ou  qu'on  jette  enfemblc  pour 
compter  avec  plus  de  promptitude.  Numerus.  Les 
prunes  ,  les  miires  fe  comptent  deux  à  deux ,  trois 
à  trois  ;  les  efpèces  d'or  &  d'argent  deux  à  deux  , 
trois  à  trois ,  quatre  à  quatre  ;  &  chaque  prife  ou 
jet  s'appelle  un  compte. 

%fT  On  appelle  bois  de  compte  ,  celui  qu'on  vend 
à  tant  de  bûches  par  corde.  Voye:^  Bois. 

Dans  le  commerce  de  la  morue  ,  on  appelle 
grand  compte  ou  compte  marchand  ,  un  certain 
nombre  de  poignées  de  morues;  à  Orléans  le  grand 
compte  eft  de  foixantc-fix  poignées  ou  151  poiffons, 
le  petit  compte  eft  le  plus  petit  nombre  de  morues 
qu'on  donne  au  cent  -,  à  Paris  le  cent  de  morues  , 
^cx\x.compte  eft  de  ^4  poignées ,  ou  108  morues. 

Compte  en  rermes  d'Horlogerie.  On  appelle  Roue 
àc  compte  ,\\nc  certaine  roue  qui  n'eft  point  dans 
la  cage  de  l'horloge.  Elle  eft  attachée  en  dehots , 
&  contre  Tufage  des  autres  roues  -,  fes  dents  ne 
font  pas  à  l'extrémité  extérieure  ,  mais  en  de- 
dans :  elles  font  au  nombre  de  78  ,  parce 
qu'une  horloge  en  douze  heures  frappe  7  S  coups. 


C  O  M 

Il  y  a  des  coches  fur  le  tour  extérieur  de  cette 
roue  ,  dans   lelquelles  entre  la    détente  ,    quand 
Thorloge  a  fonné  le  nombre  de  coups  néceiraires. 
Encre  ces  coches  il  y  a  des  elpaces  qui  font  plus 
ou  moins  grands  ,  félon  le  nombre  des  coups  que 
l'horloge   a    à  fonner.    Lorfqu'elle    ne    doit  fon- 
ner  qu'une  heure  ou  deux  ,  les  efpaces  font  fort 
courts  ,  &  pour  le  peu  que   la   roue   de    compte 
tourne  ,  la  détente  trouve  une  coche  où  elle  tom- 
be ,  mais  lorfqu'elle  doit  fonner  beaucoup  d'heu- 
res ,  comme   onze  ou   douze  ,   ces    efpaces    font 
grands  pour  donner  le  temps  à  l'horloge  de  fonner 
tous  les  coups  requis,  avant  que  la  détente  trouve 
une  hoche  où  fe  rep'ofer, 
CoiMPTE  ou  Goutte  de  lait.  Verroterie  dont   on  fe 
fert  fur  la  côte  d'Aftique  ,  pour  faire  la  traite  avec 
les  Noirs. 
Compte  brodé  ou  Contre-brodé.  C'efl:  une  autre  ver- 
roterie  qui  fert    au  même  commerce  ■■,  il  y  en  a 
de  bleu  à  fleurs  blanches ,  &   de  rouge  ,  les  uns 
aufll  à  fleurs  blanches ,  &  d'autres  à  fleurs  jaunes. 
Chambre  des  Comptes  ,  eft  une  Cour  Souveraine  fort 
ancienne  ,  &    qui  dans  les  cérémonies  marche  à 
côté  du  parlement  ;  c'efl  où  fe  rendent  les  comptes 
des  deniers  du  Roi ,  où  l'on  enregiftre  &  où  l'on 
garde  ce  qui  concerne  fon  Domaine,  le  compte  du 
Tréfor  Royal  des  parties  cafucUes  des  recettes  gé- 
nérales ,  &c.  Rationum  regiarum  Curia.  Curia  ratio- 
cinionim  ,  Curia  r ationalium  magijiratuum.  Il  y  a 
des  Préfîdens  &  Maîtres  des  comptes  en  chaque  fc- 
mzikte.Inregiarum  rationum  Curia  Pnefes  ,  MagiJ- 
ter ,  Judex  ;  ratiociniorum  Magijler  ,  Prœfeclus  ra- 
tionum regiarum  ,  ou  ratiociniorum.  Au  grand  Bu- 
reau ils  jugent  &  vérifient  les  Lettres-Patentes  , 
fermens  de  fidélités ,  aveus  &  dénombremens.  Au 
fécond  Bureau  fe  jugent  les   comptes  de   tous  les 
Comptables.  Les  Auditeurs  des  Comptes  font  ceux 
<3ui  examinent  les  comptes  &  les  quittances ,  &  les 
rapportent  au  Bureau  ,  qui  mettent  les  apoftilles  , 
arrêts  &c  finito  des    comptes.  Regiarum   rationum 
Auditor.  Il  y  a  des  Correcl:eurs  qui  font  établis  pour 
revoir  &;  corriger  les  comptes ,  quand  il  y  a  eu  de 
l'erjeur  en  leur  jugement.  Regiarum  rationum  Cor- 
reclor  ,  emendator.  Il  y  a  des  Chambres  des  Comptes 
établies  à  Paris ,  à  Rouen,  à  Dijon,  à  Montpellier, 
en  Provence ,  lyc.  Celle  de  Rouen  fut  établie  en 
1580  ,  par  Henri  III.  Il  y  en  a  une  à  Blois  pour 
l'apanage  de  Monfieur  de  Duc  d'Orléanj2La  Cham- 
bre des  Comptes  n'a  été  fixée  à  Paris  ,  or  rendue 
fédentaire  que  fous  Philippe  le  Bel.  Avant  ce  temps 
là  ,  elle    faifoit    partie  du  Confeil  du   Roi.    Elle 
avoit  la  dired;ion  des  Finances.  Ce  Confeil  du  Roi 
fut  partagé  en  deux  ,  le  Parlement  qu'on  appeloit 
auffi  Chambre ,  &  la  Chambre  des  Comptes.  C'eft 
pourquoi  elles  ont  eu  d'abord  des  Avocats  &  des 
Procureurs  Généraux  ,  qui  étoicnt  communs  aux 
deux  Compagnies.  Voye^  Chambre.  La  Chambre 
des  Comptes  étoit  anciennement  ce  qu'eft  aujour- 
d'hui le  Confeil  des  Finances.  Il  y  a  eu  de  tout 
temps,'  des  Préfidens  à  la  Chambre  des  Comptes  \  l'un 
étoit  Eccléfiaftique  ,  &  l'autre  Laïque  ;  quelque- 
fois l'un  &  l'autre  ont  été  Prélats.  Le  Préfident  Laï- 
que étoit  toujours  un  des  principaux  Seigneurs  de  la 
Cour.  Quand  on  eut  ôté  le  Préfident  Evêque  ou  Ar- 
chevêq_ue ,  le  Grand  Bouteillier  de  France  fut  quel- 
que temps  premier  Préfident  de  la   Chambre  des 
Comptes. 
Compte  fe  dit  adverbialement  en  ces  phrafes.  Re- 
cevez cela  à  bon  compte  \  pour  dire ,  à  la  charge 
de  le  déduire  fur  ce  que  je  vous  dois.  Aliquid  ratio- 
nibus  inferre  ,  in  rationes  inducere.  En  fin  de  com- 
pte ;  pour  dire ,  on  verra  par  la  fuite  ,  à  la  fin   du 
temps ,  ce  qui  en  fera.    Ut  res  cadat .  Au  bout  du 
compte  ,  façon  de  parler  familière  dont  on  fe  fert 
à  la  fin  d'un  difcours ,  pour  dire  après  tout ,  tout 
bien  confidéré.  Au  hom  dix  compte  ,qnt  peut-il  en 
arriver  l   Ut  res  pejfime  cedat.  A  mon  compte  ,  à  fon 
compte.  Selon    fon  opirvion  ,  félon  qu'il  fuppofe. 
Opinione  meâ ,  luâ  ,Juâ. 


C  O  ivi  7Î9 

A  Compte  s'emploie  dans  le  même  fens  qu'à  ban 
compte,  \^om  fignifier  ce  qu'on  donne,  ou  ce  qu'on 
reçoit  fur  une  fommc  d'argent  due.  J'ai  reçu  cinq 
cens  livres  à  compte  des  mille  livres  qui  m'ctoient 
dues.  On  en  fait  même  fouvenr  un  fubftantif.  Je 

n'ai  encore  reçu  aucun  à  coot/j/^.  J'ai  reçu  plulicurs 
à  compte. 
Compte  fe  dit  pioverbialemenr  en  ces  phrafes.  Les 
bons  comptes  font  les  bons  amis  ^pour  dire  ,  qu'on 
ne  peut  être  ami  fans  garder  la  foi  &  la  jullice  les 
uns  aux  autres.  On  dit  ,  qu'un  homme  cft  bien  loin 
de  ion  compte  ,  lorfqu'il  avoit  raifonné  fur  un  faux 
principe  ,  &  que  le  iiiccès  ne  repond  pas  à  fon 
attente.  On  dit  auiîî  ,  à  tout  bon  compte  levcnk-^ 
pour  dire,  qu'on  ell  toujours  reçu  à  compter  de 
nouveau.  On  dit  qu'un  homme  eft  Tréforier  fans 
rendre  compte  ;  pour  dire  ,  qu'il  difpofe  du  bien 
d'autrui  comme  il  lui  plaît  ,  &  fans  qu'il  s'en  foit 
*  chargé  par  compte.  On  dit  aulîi ,  qu'un  homme  en 
a  pour  fon  compte,  quand  il  lui  eft  arrivé  quelque 
malheur  ,  quelque  difgrace,  quand  il  a  reçu  quel- 
que mauvais  traitement.  On  dit  aufli  dans  le  même 
fens  ,  en  tenir  pour  ion  compte. 

Seigneur  Prélat,  vous  en  aurie^  fans  doute 
Quelque  regret,  ou  je  vous  connais  mal. 
Et  vous  dirie:^  ;  c'cjt  dommage  ,  il  m' en  coûte 
Unjerviteur  ,   :^cle  certe  6'  loyal  : 
Moi  cependant ,  j'en  ticndrois pour  mon  compte. 

P.  DU  Cerc, 

On  dit  aufTi  ,  vous  ne  trouverez  pas  votre  compte 
avec  cet  homme-là  ;  pour  dire  ,  ne  conreftez  pas 
contre  lui ,  il  eft  plus  fort ,  plus  habile  que  vous. 
On  dit ,  qu'un  homme  ne  tient  ni  compte  ni  me- 
furc,  quand  il  lailfe  aller  fcs  aftaires  en  confufion, 
fans  en  prendre  foin.  On  dit  auffi  ,  que  chacun 
veut  avoir  ion  compte  ;  pour  dire  ,  que  perfonne 
ne  veut  relâcher  de  fes  intérêts. 

COMPTE- PAS.  f  m.  Inftrument  de  Géométrie  qui  fert 
à  mefurer  les  diftances  ,  à  compter  combien  on  a 
fait  de  pas  en  allant  d'un  lieu  à  un  autre.  Foyer 
Podomètre  :  c'eft  la  même  chofe..  Podometrum. 

COMPTER,  v,  a.  Faire  le  dénombrement  de  plu- 
lieurs  choies ,  ou  quantités  léparées  de  même  na- 
ture. Numerare  ,  dinumerare  ,  annumerare.  Les  ' 
voix  fe  pèlent  &  ne  ié  comptent  pas.  Une  grande 
ame  ne  doit  point  compter  fes  bienfaits.  Ch. 
DE  Mer, 

Ah  !  foufre^  qu'un  Couvent ,  dans  les-  aufîérités  , 
Uje  les  trijtes  jours  que  le  Ciel  m'a  comptés. 

Mol. 

NicoD  dérive  ce  mot  de  computare. 

Compter  fignifie  aufll  ,  calculer,  fupputer  par  les 
règles  d'Arithmétique,  exécuter  les  différentes  opé- 
rations d'Arithmétique.  Computare ,  rationem  fup- 
puiare  ,  putare.  On  compte  tous  les  temps  des  mou- 
vcmens  des  aftres  ,  des  éclipfes  de  Soleil  &  de 
Lune. 

Compter  fe  dit  auffi  relativement  aux  arrêtés  de 
payement  ou  de  compte  que  font  entr'eux  ceux  qui 
ont  eu  des  affaires  enfemble  ,  des  focictés  ,  des 
charges  ,  des  commiffions  &  des  manimens.  Les 
Marchands  doivent  compter  tous  les  fix  mois ,  tous 
les  ans,  avec  leurs  chalands  ,  pour  empêcher  les 
fins  de  non-recevoir  :  les  Receveurs  font  amen- 
dables ,  quand  ils  ne  comptent  point  à  la  Chambre 
dans  les  délais  de  l'Ordonnance.  Dans  cette  accep- 
tion il  s'emploie  abfolument.  On  dit  en  ce  fens  , 
quand  on  compte  fans  fon  hôte  ,  on  compte  deux 
fois  ;  pour  dire ,  que  quand  on  fair  un  compte  à 
fon  avantage ,  &  en  l'abfencc  de  la  pattie  intéref- 
fée  ,  on  eil:  fu)et  de  fe  tromper. 

On  dit  compter  par  un  bref-état  ,  quand  on 
compte  fur  des  mémoitcs  ,  bordereaux  ,  ou  états 
du  Roi  fommairement.  Compter  en  forme,  lors- 
qu'on préfente  un  compte  libellé  ,  &  qu'on  i'exa- 


7^ 


o  C  OM 

^  rrnne  avefc  un  légitime  concradideur.  Compter  de 
Clerc  à  Maître,  ie  dit  dar^s  les  traités  &  recouvre- 
mens  qu'on  ne  peut  pas  foire  à  fort  tau  ,  ou  le  Re- 
ceveur n'eft  relponlable  que  de  ce  qu'il  a  reçu.  On 
dit  aufli ,  on  lui  a  compté  cela  ,  on  lui  en  a  tenu 
compte,  on  lui  a  alloué  cet  article. 

Compter  lîgniSc  quelquefois  ,  payer.  A'«/n^r^rc.  Un 
a  renvoyé  un  tel  Officier  Jupprimé  au  Trelor 
Royal  où  on  lui  comptera  le  prix  de  la  charge.  On 
dit  aulTi  en  ce  lens  d'un  méchant  payeur ,  c'elt  un 
homme  qui  ne  veut  m  compter,  ni  payer. 

Compter  li^^lifie  auflî  la  manière  de  faire  un  compte. 

■Computarc,  mima  are  ,  jupputare^.  Danslcs  afbi- 

res'de  l'uccellion  on  compte  tantôt  par  louches   , 

-  tantôt  par  têtes.  ^  Dans  les  hôtelleries  &  dans 
'-  les  lieux  où  l'on  donne  à  manger,  on  ait  compter 
'  par  tête  ,  compter  par  pièce  s  pour  dire  j  compter  la 

-  'dcpenfe  félon  le    nombre   des  perfonnes  qui  ont 
nsangé ,  ou  ielon  le  nombre  des  pièces  qui  ont  été 

fervies.  . 

Compter  ,  conftruit  avec  pour  ,  fignifîe  qaelquetois , 
•eftimer,  répurcr.  C'eft  un  homme  qu'il  faut  com- 
ptcr  pour  mort ,  compter  pour  rien  ,  qui  n'eft  ca- 
pable de  faire  ni  bien  ni  mal.  Pour  combien  com.- 
ptei-yous  les  travaux  qu'il  a  foufferts  en  ce  voyage  ? 
On^doit  compter  pour  rien  tout  ce  qui  ne  contri- 
bue pas  à  rendre  la  vie  agréable.  Ch.  de  Mer.  "Vous 
devriez  compter  pour  quelque  chofc  la  violence 
que  je  me  fais.  Pasc.  Ceux  qui  fe  donnent  lamarî , 
ne  la  comptent  p^is  pout  Tipéu  de  chofe.  Rochef. 

■Quoi  !  lorfque  vous  voye^  périr  votre  patrie , 
Four  quelque  chofc, Ejiher,  comptez-vo«j  votre  vie  ? 

Racine. 
Je  jouis  d'une  paix  profonde; 
Et  peur  m' affiner  le  feul  Inen- 
Que  l'on  doit  ejîimer  au  monde , 
Tout  ce  que  je  n'ai  pas  ,je  le  compte  pour  rien. 

L'Ab.  Regn.  des  Map.. 

Je  les  compte  pour  chofc  vaine  ; 
Et  compte  enfin  pour  un  malheur 
Tout  ce  qu'on  acquiert  avec  peine , 
Qu'on  pofjcde  en  tremblant ,  qu'on  perd  ai^ed  douleur. 

Ibid. 

^  Compter  ,  fe  propofer  -,  je  compte  partir  de- 
main. „  ,  . 

Compter,  conftruit  avec  fur  ,  lignifie  s'affurer  ;  fane 
fond  fur  quelqu'un  ,  ou  fur  quelque  chofe.  Alicui 
tonfJercin  aliquo' multum  ponere.Yows  pouvez 
compter  fur  moi -,  pour  dire,  vous  allurer  que  )e 
vous  fervirai  en  toutes  occafions.  Je  comptais  là 
defliis  -,  pour  dire  ,  je  m'attendois  à  cela.  On  ne 
peut  compter  lur  l'amitié  des  Tyrans.  Ils  comptoient 
beaucoup  ,  &:  faifoiènt  un  grand  fond  fur  le  cou- 

■  rage  &  la  fidélité  de  Théodore.  Jouillezdu  temps 
ptefent,  fans  «roOT/^r^r  fur  l'avenir.  Un  jeune  Ayo- 

"  car  qui  veut  briller  ,  compte  plus  fur  un  partage 

■  de'Séhèqae ,  que  fur   une  bonne  raifon.  P.  Rap. 

On   dit  ,    compter  les  morceaux  à  quelqu'un  -, 

•  four  dire  ,  lui  reprocher  la  nourriture  qu'on  lui 
donne.  Impenfiim  alicui  viclum  exprobare  •  impen- 
furn  i'icitùn  commemorare. 

Cc~:lipt£"K  'fe  dit  auifrdcs  diftances  des  temps  &  des 

lieilx  ,  &  des  difrcrcntes  manières  de  les  didinguer. 

Dinuinefiire  ,   recinferè  ,  mimer  are.    On   compte 

"  rSoO  lieues  d'ici  à  Surate,  On  compte  en  France 

■  par- lieues  ,  en  Italie  par  milles,  en  Grèce  par  fta- 
des  ;  en  Orient  par  journées  ,  aux  Indes  par  cos. 

•  En  Cîitondlogie  6n  compte  p.u  Olympiades ,  Luf- 
tres  ,  Indiél:ions.  On  compte  tant  de  Dynafties  ,?<: 
tant  de  Rois  en  une  telle  Monarchie.  On  dit  audi 

"  qu'un  homme  compte  toutes  les  heures ,  tous  les 
momens  5  pour  dire  ,  qu'il  s'ennuie  forr  ,  qu'il  a 
grande  impatience  que  quelque  chofe  arrive:  qu'il 
"compte  fes  pas  -,  pour  dire  ,  qu'il  marche    fort  len- 

■  tement  -,  gc  au  figuré  ,  qu'il  fair  les  chofes  avec 
beaucoup  de  circonfpedion.  On  dit,  tout<ro/72/»/t , 


CO  M 


tout  rabatu  ■,  pour  dire  ,  après  avoir  compenfé  les 
avantages  &  les  inconvéniens    de  quelque  chofe 
Omnibus  expcnjis. 
Compter  fe  trouve  ,  fur-tout  en  Poëfie  ,  pour  répéter. 

Repetere ,  uumerare. 
Compter  fe  dit  figurément  de  la  conduite  qu'on  tient 
les  uns  à  l'égard  des  autres  ,  &.  à  l'égard  de  Dieu. 
Gérer efe  erga  aliquem.  ]e  ne  compte   point  avec 
Dieu  ,  avec  mes  amis.  Non  ita  me  gero  erga  Detim. 
Non  ita  cum  Dco  difcepto.   Des  âmes  dévouées  à 
Dieu  doivent-elles  donc  compter  fi  exadlement  avec 
Dieu;  Bourdal.  Exh.  T.  1  ,p.iii. 
COMPTÉ  ,  ÉE.  parr.  Numeratus.   Le  chapitre  de 
rcprife  des  comptes  eft  compofé  des  deniers  com- 
ptes ,  &  non  reçus.  L'Evangile  dit  que  nos  che-' 
veux  font  comptés  ,  qu'il  n'en  tombe  pas  un  que 
par  l'ordre  de  la  Providence.  On  dit  ,  brebis  comp- 
tées, le  loup  les  mange.  Peine   de  vilain  n'eft  de 
rien  coOT/'/tfe.  Onditauin   ,  tour  compté,  tout  ra-» 
batu  -,  pour  dire  ,  toute  déduction  faite. 
COMPTEUR,  f.  m.  Celui  qui  compte.  Numerarius  , 
compiitator.    Il    faut   qu'un    Caiffier    foit    habile 
compteur.  Ce  mot  eft  peu  en  ufage.  §3"  Compteur 
en  Angleterre  ,  fynonyme  à  receveur  ,  officier  de 
l'Echiquier  chargé   de   recevoir    tous  les  deniers 
dûs  à  la  Couronne. 

A  Paris  on  appelle  jurés  compteurs  dc  déchar-^ 
geurs  de   poiifon    de  mer  frais  ,  fec  &  falé  ,  des 
Officiers  de  Police  dont  les  fonélions  font  de  dé- 
charger   &    de  compter  tous  les   poiiîbns  qu'on 
vend  ,  moyennant  le  droit  qui  leur  eft  atribué. 
Compteur.  (.  m.  Terme  d'Horlogerie,  Nom  que  les 
Horlogers    en    gros   donnent  à    la   détente  d'une 
fonnerk  ,  qui  entre  dans  les  entailles  de  la  roue 
de  compte. 
COMPTOIR,  f.  m.  Banc  ou  Bureau  fermé ,  fur  le- 
quel les  Marchands  étalent  leuts  marchandifes  ,  ou 
comptent  leur  argent,  &  où  le  plus  fou  vent  ils  l'en- 
ferment. Menfa. 
Comptoir  ,  en  termes  de  Relations ,  eft  un  Bureau 
général  de  Commerce ,  établi  dans  diflFérentes  villes 
des  Indes  pour  chaque  nation  de  1  Europe.  A  Surate, 
à  Amadabat,  il  y  a  des  comptoirs  de  Hollandois  , 
d'Anglois,  de  Françoisides  Bu'-eaux  où  chacun  d'eux 
fait  fon  trafic  à  part.  Les  plus  fameux  comptoirs  font 
ceux  des  Marchands  des  villes'Hanféatiques, établis 
à  Anvers  ,  >\  Berghen  ,  .à  Novogrod,  &  autres  villes 
de  rEitfopc  -,  car",  ce  fonr  de  grandes  maifons  magnî- 
fiquen^nt  bâties,  qui  ont  trois  ou  qùarre  cens  cham-^ 
bres  fuperbement    meublées  ,   qui  entourent  une 
grande  cour  avec  phifieurs  cabinets ,  portiques ,  ga- 
leries ,  ma'jafins  èi.  greniers ,  pour  y  recevoir  toutes 
fortes  de  Marchands  &  de  marchandifes.  Ils  y  ont  un 
Conful  ou  Juge  avec  plufieurs  Officiers  &  fervireurs 
de  leur  nation  ,  même  des  Collèges  &  des  Précep- 
teurs entretenus ,  parce  qu'ils  y  envoient  leurs  en- 
fans  pour  apprendre  les  langues  &  le  négoce,  &  faire 

rendre  compte  a  leurs  Fadeurs  &;  CommiiTionnai- 

,i.(..iiî 
res.  -,     .  • 

COMPTORISTE  ,  T.  m-  terme  de  quelque  ufage 
parmi  les  Négocians.  Il  fignifie  homme  de  cabinet , 
ou  plutôt  un  habile  calculateur ,  un  habile  teneur 
de  livres. 

COMPULSER,  V.  a.  terme  de  Pratique.  Prendre  com. 
munication  de  quelqu'Ade  en  vertu  d'une  Ordon- 
nance du  Juge  :  obliger  un  Notaire  ,  un  Greffier  , 
ou  autre  pcrïbnne  publique,  en  vertu  d'une  Ordoa- 
narice  du  Juge  ,  à  délivrer  des  Ades  ,^d6nt  il  gardd' 
les  minutes ,'  à  une  pattie  qui  a  intérêt  de  les  pro- 

■  duire  en  Juftice.  Compellere.  Compulfcr  les  minutes 
d'un  Notaire.  Compulfer  les  Regiftres  du  Greffe. 

Ce  mot  vient  du  latin  compello  ,  compuli,  com- 
pulfum. 

CoMPiTi  sÉ  ,  ÉE  ,  parr. 

COMPULSEUR ,  f.  m.  nom  d'Office  fous  les  Empe- 
reurs Romains.  Compulfor.  Les  compnlfeurs  croient 
des  gens  envoyéspar  la  Cour  dans  lesProvinccs,pour 
faire  payer  ce  qui  n'avoir  pas  éré  payé  à  l'épargne 
dans  le  temps  prefciit,  ^fT  Ces  corripulfeuTi  firent  de 


C  O  M 

il  grandes  «xadions ,  fous  prétexte  de  remplir  îenr 
devoir,  qu'Konorius  les  fupprima  par  une  loi  du 
ï8  Août  412. 

Ca/lien  appelle  auffi  compitlfairs  ceux  qui  dans 
les  Monaftères  indiquoient  les  heures  de  l'Office  Ca- 
nonique ,  &c  qui  avoient  foin  <î[ue  les  Moines  le  ren- 
diflent  à  l'Eglile  à  ces  heures. 
-  Les  loix  "des  Viiîg-ots  font  mention  des  compiil- 
feurs  de  l'armée.  Les  Gots  appeleientainli  ceux  qui 
obligcoient  les  ibldatsti' aller  au  combat ,  ou  à  l'at- 
taque. 
■  '  Ce  nom «ft  pris  d«  latin  cdw/'K^r,  qui  vient  de 
compeUere ,  obiiiçet ,  contraindre. 

COMPULSOIRE."  f.  m.  Lettres  de  Chancellerie, que 
Je  Roi  accorde  <à  des  parties  pour  contraindre  un 
Greffier,  un  Notaire,  ou  des  perfonnes  publiques, 
à  leur  délfvTer  des  aftes  dont  elles  ont  befoin  -,  qui 
porte  commifîlon  pour  appeler  les  parties  advcrfes , 
afin  de  les  voir  coUationner,  Mandat umjîgnatoricz 
cathedriz  quo  tabellio  adigitur  ad  injirumenta  liii- 
gaminecejfaria  cxhibenda.^fT  C'eft  en  général  un 
acte  de  Juftice  ,  qui  enjoint  à  un  homme  public  de 
communiquer  les  Regiftres  donriî  eft  dépofitaire. 

Les  Procureurs  appellent  burlefquement  un  mor- 
ceau Az  fromage  affiné ,  un  cempulfolre ,  parce  qu'il 
oblige  .à  boire. 

COMPUT,  f.  m.  terme  de  Chronologie.  Computatio, 
Il  ne  fe  dit  que  des  fupputations  des  temps  qui  fer- 
vent à  régler  le  Calendrier  &  les  Fêtes  de  l'Eglife , 
comme  le  Cycle  Solaire ,  le  Nombre  d'Or,  l'Epade, 
rindidion  Romaine-,  Se  le  temps  des  Fêtes  mobiles, 
aufîi-bicn  que  les  Calendes,  Ides,  Quatre-tcmps  , 
BifTcxte ,  &c.  Scaliger  dit  que  c'eft  Julius  Firmicus  , 
qui  le  premier  s'eft  fervi  du  moide  computus  en  ce 
fens,  lequel  dans  la  baffe  latinité  a  aufli  fignifîé  un 
chapelet ,  ou  plufieurs  grains  enfilés, 

COMPUTISTE ,  f.  m.  Celui  qui  travaille  au  comput , 
&  à  la  compcfîtion  du  Calendrier.  Qui  computat , 
computatof ,  compuiorum  au8.or> 

ItCT  CoMPltTisTE.  Officier  de  la  Cour  de  Rome ,  dont 
la  fon6tion  eft  de  recevoir  les  revenus  du  facré  col- 
lèse.  Encyc. 

COMTAL,  ALE.  adj.  Qui  appartient  à  an  Comte. 
Comitalis.  Cemotfe  ditde  lacouronne  que  les  Com- 
tes mettent  fur  leurs  armes,  &  qu'on  appelle  cou- 
ronne Comtaky  comme  celle  des  Ducs  s'appelle  cou- 
ronne Ducale,  Si  le  Roi  vouloir  mettre  une  capira- 
tion  fur  les  ufurpateurs  des  couronnes  Ducales  & 
Comtales  ,  il  eft  tiretoit  des  millions.  Amelot  de 
tA  H.  Mém-, 

§0"  On  le  dit  auffi  de  la  taille ,  taille  comtale.  Voyez 
Taille  ;  &;  des  bénéfices  fondés  par  des  Comtes  ; 
fondation  cortitale}, 

COMTAT.  f.  m.  Le  Cofntac  eft  le  territoire-,  ou  VE- 
x.zià'K\ï%i^on,Comitdtus  Findafcinus.On  dit,  le 
Comtat  Venaulîn  ,  ou  le  Comtat  tout  court ,  comme 
on  dit  la  Comté  tout  courr,  pour  la  Franche-Comté, 
ou  le  Comté  de  Bourgogne.  Ce  nom  fîgnifie  Comté , 
&  s'eft  formé  de  l'Iralien  Contado  ,  depuis  que  le 
Pape  eft  maître  de  ce  Pays.  Le  Comtat  a  le  Dauphiné 
au  nord ,  la  Provence  au  levant  &C  au  midi ,  &  le 
Languedoc  au  couchant.  La  Capitale  du  Comtat  eft 
Avignon.  La  principauté  d'Orange  eft  renfermée 
dans  le  Comtat.  N  ous  difons  ordinairement  le  Comté 
d'Avit^non. 

C;OMTADIN  ,  INE ,  ou  CONTADIN ,  INE.  f.  m, 
&  f.  Qui  eft  du  Comtat.  Avenionenfis. 

COMTE,  f.  m.  Homme  noble ,  qui  pofîede  une  terre 
érigée  encomré  en  fa  faveur^  ou  en  faveur  de  fes 
ancêtres.  Cornes.  Le  Comte  de  SoifTons ,  d'Auvergne. 
L'Evêque  de  Beauvais  eft  Comte  &  Pair,  auffi-bien 
que  ceux  de  Noyon  &  de  Châlons  fur  Marne.  Les 
Comtes  tiennent  le  milieu  entre  les  Ducs  &  les  Ba- 
rons. Ils  ont  droit  de  porter  une  couronne  perlée 
fur  leurs  armes.  La  couronne  de  Comte  eft  une  lame 
en  cercle  ,  ornée  de  trois  pierres  précieufes  ,  &  fur- 
montée  de  trois  groffes  perles  ou  d'un'rang  de  perles, 
qui  au  milieu  &  aux  extrémirés  de  la  lame  fe  dou- 
blent ,  ou  fe  triplent ,  6c  font  plus  élevées  que  les 
T«m6  IL 


COM 


auttes.  Voye^  Pafchal ,  dons  fon  L.  ÎX*  des  couron- 
nes ,   c/l.  Il, 

Comte  fe  dit  aufîî  des  Chanoines  qui  font  hoblés  ^  fon- 
dés en  qualité  de  Comtes.  Les  Chanoines  de  la  CathL-» 
drale  de  S.  Jean  de  Lyon,ccux  de  Bribude  en  Auver- 
gne ,  ceux  de  lâint  Pierre  deMâcon ,  ^^  font  qua- 
lifiés Comtes,  pdtcc  qu'ils  croient  autrefois  Sei^neut> 
temporels  des  endroits  où  leurs  Eglifes  font  lituée;.» 
On  a  appelé  autrefois  Comtes -,  des  Capitaines ,  geni 
du  ConfeiljSecrétaires  &  Juges  des  villes  fous  Char- 
lemagne  ;  &:  le  Comte  diiféroi't  du  Duc  ,  en  ce  que 
le  Comte  n'avoir  qu'une  ville  fous  lui ,  &c  le  Duc  une 
Province. 

Ce  mor  vient  du  \Mn  cornes  ,  parce  que  c'étoieiit 
d'abord  des  Seigneurs  qui  étoient  à  la  Coiir ,  ou  à  la 
fuire  de  l'Empereur ,  ainfî  appelés  à  comitandoiVel 
cotnmeando  :  d'où  vienr  qu'on  a  appelé  lés  Comtes 
Palatins,  ceux  qui  étoient  toujours  au  Palais  au  côté 
du  Prince ,  qu'on  nommoit  aufTi  Comités  à  latere. 
Au  tcms  delà  République  on  appeloit  Comtes  chez; 
les  Romains  tous  ceux  qui  accompagnoientles  Pro- 
confuls  èc  les  Proprcteurs  dans  les  Provinces ,  pour 
y  fervir  la  République  ,  comme  les  Tribuns,  ceux 
qu'on  nommoit  Frxfe&i,  les  Ecrivains,  &c.  Cela 
paroîr  par  l'Oraifôn  de  Cicéron  ,  pto  C.  RaBiria 
pofiumo  ,  n,  1:1,.  Sous  les  Empereurs  ,  lès  Comtes 
croient  tous  les  Officiers  de  la  Maifon  de  l'Empereur» 
Il  femble  qu'on  peiïr  faire  commencet  les  Comtes 
dès  le  rems  d'Augùfte  ^  qui  prit  plulieurs  Séhateurs 
pour  êtte  fes  Comtes  ^  ainfi  que  Dion  le  rapporté  1, 
L.  LIITi  c'eft-à-dire,  pour  l'accompagnet  dan<.  ies 
voyages,  èc  pour  l'aififter  dans  les  affaires  qui  fe 
jugeoientainli  avec  la  même  autorité  que  fî  elles  euf- 
fent  été  jugées  en  plein  Sénat.  Gallien  paroît  avoir 
aboli  ce  Confeil ,  en  défendant  aux  Sénateurs  de  fe 
trouver  dans  les  armées  ,  &C  fes  fucceffeUrs  île  le  ré- 
tablirent pas.  Mais  s'ils  n'avoienr  pas  avec  eiix  un 
corps  de  Sénateurs  ,  ils  ne  pouvoient  pas  manquef 
d'avoir  un  Confeil  de  gens  de  mérite.  Décébale  t, 
Roi  des  Daces  fous  Trajan  ,  voulant  pelit-être  imi- 
ter les  Empereurs ,  avoir  auflî  fes  Comtes,  qui  étoient 
confidérables ,  mais  qui  n'étoient  pa^  les  premiers* 
C'eft  Dion  qui  nous  l'apprend,  L.  LXyiII. 

Ces  Confeillers  des  Empereui:s  étoient  donc  vé- 
ritablement Comtes  ,  c'eft-à-dire ,  Compagnons  du 
Prince,  &  ils  en  prenoienr  quelquefois  le  titre  , 
mais  en  y  ajoutant  le  nom  du  Prince  qu'ils  accoihpa- 
gnoient,  Ainlî  c'étoit  plutôt  une  marque  de  leur 
emploi,  qu'un  titre  de  dignité.  Conftanrin  en  fît 
Une  dignité  ,  &  c'eft  fous  lui  qu'on  commence  à  le; 
donner  abfolument  au  Comte  Denis ,  &  à  divers  au-* 
très  •,  &  cer  ufage  étant  une  fois  établi ,  on  le  donîia 
aflez  indifféremment,  non-feulement  à  ceux  quifui-* 
voient  la  Cour,  &c  quiaccompagnoiertl'EmpeteUr  j 
mais  généralemenr  prefque  à  routes  fdrres  d'Ofiiciers, 
comme  on  le  peut  voir  par  la  longue  lifte  qu'en  a  fiic 
Du  Cange.  Cornes  cerarii  ;  Cornes  Jac/'arum  largi- 
iionum  ;  Cornes  facri  conjijlorii;  Cames  curice;  Co^ 
mes  capelliC  ;  Cornes  archiatrorum  ;  Cornes  commer- 
cioTum  ;  Cornes  vejiiarius  ;  CoYnes  horreotuni  ;  Co-^ 
mes  opfoniorum ,  aut  annons.  ;  Cornes  dome/licorumf 
Cornes  equorum  regiorum ,  aut  Comcs  jiatuli;  Cornes 
domorum;  Comes  excubitorum  ;  Cornes  notariorumi 
Comes  legum,feu  Profejfor  in  Jure\  Cornes  limitum^ 
àut  marcarum  ;  Comes  maritimte;  Comes  pot  tus  Ro- 
mx\  Comes patrimonii,  C*éroient  des  Officiers  en 
chef,donril  eft  parlé  en  plufieurs  endrdirs  du  Droit 
Romain.  On  donnoit  aufTi  le  titre  de  Comte  pour 
honorer  ceux  qui  avoienr  bien  fervi  le  public,  pat 
eîcemple ,  dans  le  Code ,  celte  qualité  eft  donnée 
aux  Avocats  ,  &  aux  ProfefTeurs  en  JurifprudenCe , 
qui  avoient  fervi  vingt  ans,  Ainfî  j  quoique  le  tiers 
ou  le  nom  de  Comte  fur  en  ufage  avanr  Conftantin  , 
ce  n'étoit  point  encOfe  le  nom  d'une  dignité  parti- 
culière &:  déterminée.  C'eft  cet  Empereur  qui  en  fi€ 
une  digniré,  &  qui  divifa  les  Comtes  en  trois  ordres, 
ainfi  que  nous  l'apprend  Euiebe  dans  la  vie  de  cS 
Prince.  Les  premiers  porroient  le  titre  d'Ilhnlres  » 
lllulins,  Les  fçcondsce  lui  de  Clari(Tlmes,  Clariffmi^ 
^  DDDdd 


16 


z 


CO  M 


&  enfuite  Speclabiles.  Les  troilièmes  Te  nommoient 
très-Parfaits ,  Perfccliffirm.  Le  Scnat  écoir  compoic 
des  deux  premiers  Ordres-,  ceux  du  dernier  n'y  en- 
troient point ,  mais  ils  jouiflbient  de  philieurs  des 
nrivilèsres  des  Sénateurs.  Il  y  avoir  plusieurs  elpeccs 
de  Comtes,  dont  les  uns  lervoient  lur  terre  ,  &c  ks 
autres  fur  mer.  Le  premier  de  tous  s'appela  dans  le 
bas  Empire ,  Protocornte  ,   Protocomes.  ConUiltcz 
Spelman,    Glog'ar.    Archœol.   &c  Du  Cange,  qui 
fait   un  catalogue  de  tous  les  diffcrcns  genres  &. 
noms  des  Cornus.  Les  François ,  lorlqu'ils  pallerenr 
dans  les  Gaules,  n'abolirent  poinrla  forme  du  Gou- 
vernement des  Romains.  Comme  les  Gouverneurs 
des  Villes  &  des  Provinces  s'appeloient  Cornus  & 
Ducs ,  ils  ne  voulurent  point  y  apporter  de  chan- 
o-emcnt.  Ces  Gouverneurs  commandoient  à  la  guerre, 
Se  pendant  la  paix  ils  rcndoient  la  jufticc.  Ainli  les 
Comtes,  du  temps  de  Charlemagne,  n'ctoient  autre 
chofe  que  les  Juges  ordinaires  ,  &  tout  enlemble 
Gouverneurs  de  villes.  Ils  croient  au  defîbus  desDucs 
fc  des  Comtes ,  qui  croient  aalU  Gouverneurs  de 
Provinces.  Ces  derniers  avoienr  fous  eux  deiComtes 
conftitucs  dans  les  villes  particulières,  &  ne  cccioient 
point  aux  Ducs ,  qui  n'étoient ,  comme  [es  Comtes, 
que  fimples  Gouverneurs  de  Provinces.  Ces  Corptes 
rendirent  leur  dignité  hérédiraire  fous  les  derniers 
Rois  de  la  II  Race  ,  qui  croient  trop  tbibîes  pour  fe 
£iire  obéir.  Ils  ufurpèrentmême  lalbuverainerc,  lori- 
que  Hugues  Capet  parvint  à  la  Couronne ,  fon  au- 
torité ii'érant  ni  aflez  reconnue ,  ni  aiîèz  affermie  , 
pour  s'oppofer  à  ces  ufurpations.  C'eft  de-là  qu'elt 
venu  le  privilège  des  Comtes  ,  de  porter  une  cou- 
tonne  fut  leurs^Armes.  Ils  la  prirent  alors  ,  comme 
jouiflans  de  tous  les  droits  des  Souverains.  Mais  peii- 
à-peu  les  Rois  ont  remis  ces  Comtés  fous  leur  obcif- 
jance  ,  &  les  ont  réunis  à  leur  Couronne.  Ainfi  la 
qualité  de  Comte  aujourd'hui  eft  bien  diiïerenre  de 
ce  qu'elle  étoit  autrefois  :  ce  n'efl:  plus  qu'un  titre  que 
le  Roi  accorde  ,  en  érigeant  une  terre  en  Comté  , 
avec  la  réferve  du  reilbrt ,  &  de  la  fouveraineté.  D'a- 
bord ,  l'on  n'employoit  point  dans  les  Lettres  d'é- 
rection la  claufe  de  réverfion  du  Comté  à  la  Cou- 
ronne ,  au  défaut  d'enfans  mâles  ;  mais  Charles  IX, 
pour  empêcher  que  ces  éreélions  ne  fuflent  trop  fré- 
quences ,  ordonna  en  i  <^6^ ,  que  les  Duchés  &  Com- 
tés fetourneroient  à  la  Couronne  ,  au  défaut  d'hoirs 
mâles.  Voyei  Loyfcau.  On  a  autrefois  difpuoé  H  le 
Marquis  a'  la  prcicance  fur  le  Comte.  Une  raifon  de 
douter ,  c'eft  qu'il  y  a  des  Comtes  qui  font  Pairs ,  & 
qu'il  n'y  a  nul  Marquis  qui  le  foit.  Alciat  a  traité 
cette  queftion.  Aujourd'hui  la  chofe  eft  décidée.  Le 
Marquis  précède  le  Comte.  Loz^cfit  les  Comtes  étoient 
Gouverneurs  de  Provinces ,  ils  n'auroient  pas  cédé 
la  préféance  aux  Marquis.  Voye^  Du  Tillet ,  dans 
fon  Recueil-.,  il  y  parle  en  pluiieurs  endroits  de  la  di- 
gnité de  Comte  ,  èc  Lymnxus  ,  Notitia  Regni  Fran- 
tiV,  L.  W  ,C.   8  ,   &  le  Gloiîaire    Salique   de 
Chiflet  au  mot  Cornes, 

Les  Allemands  appellent  un  Comte,  Graf,qal,  (î 
l'on  en  croit  un  Critique  moderne  ,  lignifie  propre- 
ment Juge,  &  eft  dérivé  de  Gravio  ou  Grajjio , 
qui  le  trouve  fbuvent  dans  les  loix  Saliques  &  Ri- 
puaires ,  ôc  vient  de  rp«4>«  ,  ne  s'crant  fait  que  de- 
puis la  ttanflation  de  l'Empire  à  Conftantinople ,  au 
fentiment  de  Chiflet ,  Gloff.  Salie.  Il  y  a  en  Allema- 
gne plufieurs  fortes  de  Comtes ,  les  Landgraves,  les 
Klargraves ,  les  Burgraves ,  &  les  Pfaltgraves ,  ou 
Comtes  Palatins.  Ces  derniers  font  de  deux  fortes  : 
les  uns  font  du  corps  des  Princes,  &  ce  font  ceux  qui 
ont  eu  l'inveftiture  d'un  Palatinat  ;  les  autres  n'ont 
.  que  le  titre  Aa Comte  Palatin,  &  n'ont  pas  l'invelH- 
ture  d'un  Palatinat.  On  appelle  les  premiers  de  plu- 
fieurs noms  differens  Comtes  Palarins  Impériaux  , 
Comités  Palatini  Cxfarei  ,  Comtes  du  S.  Palais  de 
Latran  ,  Comités  S.  Palatii  Later anenfis ,  Comtes  de 
la  Cour  Impériale  ,  Comités  Aulx  ,  ou  Curi<z  Cœfa- 
reœ  ,  Comtes  du  Conlîftoire  Impérial,  Comités  Con- 
Jt(iorii  Imperialis,  &  quelquefois  fimplement  Pala- 
tins, Pa/^î/j/zi,  En  Allemand  on  ne  les  appelle  pas 


CO  M 

fimplement  Pfaltsgrajfen ,  c'eft-à-dire  ,  Comte  du 
Palais  ;  mais  Des  heil  Romifchen  Reichs  Pfalts  and 
koff'Graffen,  c'eft-à-dire.  Comte  de  la  Cour  &  du 
Palais  du  S.  Empire  Romain ,  ou  fimplement  Reichs- 
koff-Graffèn,  Comtes  de  la  Cour  de  l'Empire ,  ou  de 
la  Cour  Impériale.  Quelques  uns  prétendent  qu'en 
profeflânt  publiquement  pendant  vingt-ans  les  loix 
Impériales,  on  acquiert  la  dignité  de  Comte  Palatin  j 
Se  il  y  a  des  exemples  de  Profeffeurs  des  loix,  qui 
après  vingt  ans  fe  font  donné  ce  titre.  D'autres  ,  ce- 
pendant révoquent  ce  fentiment  en  doute.  Les  Pri- 
vilèges des  Comtes  Palatins  font  de  créer  des  Norai- 
taires  publics ,  de^ légitimer  les  bârards ,  de  donner 
des  Curareurs  Se  aes  Tuteurs,  &  de  les  confirmer  , 
ou  de  les  ôter,  pour  de  juftes  caufes;  d'accorder  dif- 
penfe  d'âge.  Foye^  les  différens  degrés  des  Comtes 
de  l'Empire,  leurs  féances,  leurs  droits  &  privilèges, 
dans  ImhofF,  Introd.  ad  L.  FI,  L.  FUI  adL.  IX. 
^fT  II  y  a  eu  aufTi  des  Comtes  Palarins  en  France,  fous 
la  IP  &  IIP  Race.  Il  y  en  a  eu  de  même  en  An- 
glcrerre,  en  Aquitaine,  en  Sicile,  en  Tofcane-,  &: 
ks  Papes  mêmes  ont  eu  leurs  Comtes  Palatins.  Foye^^ 
Du  Cange. 
§Cr  Comte  du  Palais.  Ancien  Officier  de  nos  Rois. 
Il  étoit  Comte,  Juge,  &  connoiffo't  de  toutes  les 
affaires  qui  regardoient  le  Roi  ,  l'Etat ,  le  Public. 
Cornes  Palatii  ou  Palatinus.  Ce  Lomu  avoit  pour 
confcillcrs  des  gens d'épée,  comme  lui ,  qu'on nom- 
nx)it  Echevins  du  Palais.   Quand  le   Pvoi  ,  afîifté 
d'Evêques ,  d'Abbés  &  de  Ducs ,  préfidoit  à  ce  Tri- 
bunal,  le  Comte  f'aiibit  le  rapporr,  &  le  Roi  re- 
cucilloit  les  voix. 

On  a  appelé  aufli  Comtes,  les  Chefs  des  troupes 
militaires,  qui  mcnoient  la  Noblefîe  à  l'armée  ,  & 
même  plufieurs  Capiraines  :  d'où  vienr  qu'on  a  en- 
core conlervé  le  nom  de  comité  à  celui  qui  commande 
aux  forçats.  Comme  on  a  dit  qu'on  donnoit  le  nom 
de  Comte  aux  Juges  de  plufieurs  villes  ;  dc-Ià ,  font 
venus  les  Ficomtes  ,  qui  font  encore  des  Juges  en 
Normandie.  L'Empereur  Maurice  ,  parlant  des 
Comtes  ,  dit  qu'ils  font  comme  des  Tribuns  des 
foldats ,  &  les  chefs  des  bandes  &  des  troupes  de 
foldats.  L'Empereur  Léon  dit  à  peu  près  la  même 
chofe.  Foye^  Curopalates  ,  qui  rapporte  les 
fondions  des  Comtes  I  la  Cour  ,  &  aupiès  de  la 
perfonne  de  l'Empereur. 
Comte  CoTiJifiorial.  Nom  d'une  dignité  dans  l'Em- 
pire Romain.  Comes  Conjiflorii,  ou  Conjiflorialis. 
C'étoient  les  Confeillers  d'Etat  de  l'Empereur.  On 
envoya  à  faint  Ambroife  des  Comtes  Conjtjhriaux , 
qili  étoient  comme  des  Confeillers  d'Erat  ,  afir» 
qu'il  donnât  la  Bafilique.  Fleury.  C'eft  de-là  que 
nous  appelons  aujourd'hui  en  France  un  Con- 
fciller  d'Etat  ,  Comes  Conjijiorialis  ,  en  écrivant  en 
latin. 
Comte  de  Conflantinople.  Titre  d'honneur  que  les 
Empereurs  d'Orient  donnoient  aux  petfonnes  illuf- 
tres  par  leur  favoir ,  comme  les  Empereurs  d'Oc- 
cident ont  accordé  dans  les  derniers  fiècles  le  titre 
de  Comte  Palatin  à  de  femblables  fujets.  Fel. 
Comte  des  Domejli^ues.  Nom  d'un  Officier  de  la 
Cour  des  Empereurs  de  Conftantinople:  Comman- 
dant de  la  Cavalerie  ou  de  l'Infanterie  Prétorienne. 
Cornes  Domejlicorum.  Ammien  Marcellin  parle  fbu- 
vent de  cet  Officier.  Dioclérien  &  Juftinien  avoient 
été  Comtes  des  Dome(tiques  avant  que  de  parvenir 
à  l'Empire.  Magnifique  étoit  le  titre  oft  la  qualité 
que  l'on  donnoit  à  cet  Officier.  Le  Magnifique 
Comte  des  DomeRiques. 
Comte  des  largejjes.  Comes  larzitionum.  Nom  de 
dignité  chez  les  Empereurs  Grecs  de  Conftanti- 
no^ple.  Grand  Tréforier  de  l'Empire ,  Surinrendanc 
des  Finances.  La  morr  d'Urfule ,  Comte  des  larcejjes, 
c'eft-à-dire  ,  Grand  Tréforier,  fut  odieufe.  Fleury. 
Le  Comte  Julien  exécuta  cet  Ordre  avec  Félix, 
Comte  des  larffeps  ,  ou  Grand  Tréforier.  Id. 
Comte  du  Palais.  Ancii=n  Officier  de  nos  Rois.  Il 
étoit  Comte-Juse  ,  &c  connoifToit  de  toute  affaire 
qui  regardoit  le  Roi ,  l'Etat ,  le  Public  Comes  Pa>- 


COM 


C  Ô  N 


ianl  ,  ou  PaUtinus,  On  voit  dans  Grégoire  de 
'Tours,  un  Goncilion  Co//2,rt'^//  FuLiis  ,  Tous  Sii^e- 
bcrr.  Roi  d'Auftrafie  ,  un  Trudulphe  ,  ibus  Childe- 
bcrc  11.  Tadillon  ,  Ibus  Dagoberc  ;  Aigulphe ,  fous 
Clovis  II.  Ce  Cornu  avoir  pour  Conleillers  des  gens 
d'cpce  ,  comme  lui ,  qu'on  nommoir  Echevins  du 
Palais.  Quand  le  Roi  ,  alliftc  d'Evêqucs  ,  d'A'ûb<-s 
&  de  Ducs,  prcfidoit  à  ce  Tribunal,  le  Comte  tal- 
Ibit  le  rapporr ,  &:  le  Roi  recueilloit  les  voix.  D.ins 
les  Formules  de  Marculphe,  L,  II ,  Ck  zj.  Il  y  en  a 
une  d'un  Jugement  tel  que  le  Roi  doit  le  pronon- 
cer fur  la  Relation  du  Comte,  Le  Gendre. 

En  Angleterre  on  appelle  Comtes ,  les   fils    des 
Ducs  ;  Ficomtes  ,  les  fils  des  Comtes, 

iJC?  COMTE' Marecha/ ,  en  Angleterre,  eft  un  Of- 
ficier de  la  Couronne ,  qui  juge  à  la  Cour  de  la 
MaréchauUce  ,  les  criminels  pris  dans  les  endroits 
privilégiés. 

Comte  s'cft  dit  quelquefois  pour  Vicomte  ,  félon 
la  remarque  de  M.  Ménage  ,  dans  fon  Hijl.  de 
Sable  ,  L.  II ,  c.  I  ,  p.  iS.  SiC  dans  fes  remarques Jur 
cet  endroit , p.  51B.  M.  de  ÏVlarcaa  remarqué  ,  dans 
fon  /////.  de  Bearn  ,  L.  IJI ,  C  5  ,  §.  4.  &  prouve 
que  ie  mot  Cor.ful  cft  pris  dans  les  Auteurs  du 
moyen  âge  pour  fignifier  un  Comte ,  &  celle  de 
ProcoTiful  ,^oi\  Viceconful^  çout  \.\n  Ficomte. 

'^ZF  COMTE  ,  f.  m.  autrefois  féminin  ,  Comitatus  , 
titre  d'une  terre  ,  en  vertu  duquel  celui  qui  eft 
Seigneur  de  la  terre  prend  orninaircment  la  qua- 
lité de  Comte.  Foyei^  Comte.  Comté  de  Champa- 
gne. Comté  d'Artois,  Terre  érigée  en  Comté,  Quel- 
ques-uns ,  comme  Otho  Frifingenfis  ,  ont  dérivé 
ce  mot  ex  coninianendi  potejiate  ,  &  prétendent 
qu'il  a  fignifié  d'abord  habitation  &  territoire ,  dont 
les  Lombards  ont  fait  les  mots  de  contado  &  con- 
tadi ,  qui  lignifient  village  &  villageois.  D'autres 
prétendent  que  Comte  a  fignifié  auifi  une  aflemblée 
de  Juges  ,  que  d'un  autre  nom  on  a  appelé  ajjîjés  : 
&  de-là  vient  qu'on  parle  fi  fouvent  en  An- 
gleterre d'un  Comité  ;  po"r  d're  ,  l'afiemblée  de 
quelques  Jugés  délégués  ;  tf;  qu'on  ic  trompe  quaixd 
on  croit  que  ce  mot  vient  de  Juges  commis. 

^CT  CoMTL-Pairie.  Grand  fief  qui  relève  immédiate- 
ment de  la  Couronne  -,  au  ncir.  près ,  c'eftla  même 
chofe  que  Duché-Pairie.  Il  y  avoir  autrefois  ui 
grand  nombre  de  ComtesPa.me$  ,  on  en  a  c-igé  la 
plupart  en  Duchés-Pairies.  Il  ne  fubfifte  plus  qu? 
trois  titres  de  cette  dignité,  attnchrs  aux  Evcches 
de  Beauvais ,  de  Châlons  &  de  Noyon, 

IJCJ"  Le  mot  de  Comte  a  confervé  le  genre  féminin 
dans  le  mot  de  Franche-CoOT/e.  La  Franche-Corrfté 
a  été  conquife  deux  lois  par  Louis  XIV,  La  Comté 
de  Bourgogne  ,  ou  tout  (impkinent  la  Comté ,  ou 
le  Comté  ,  fignifié  la  Franche-Comté,  ^'oye^  ce  mot. 

COMTESSE,  f.  f.  La  femme  d'un  Comte  ,  ou  celle 
qui  de  fon  chef  poflcde  un  comté.  CotnitiJJa.  On 
trouve  le  nom  Comitijja  ,  ComteJJe ,  femme  d'itn 
Comte  ,  dau'i  le  VIII  ficclc,  comme  on  l'a  remar- 
qué dans  les  Acla  Sancl.  hened.  Sàc,  IV,  P,  H  ,p. 
304.  Nous  n'avons  point  d'autre  mot  latin. 

COMTOIS  ,  OISE.  ad).  Ce  mot  s'eft  formé  de 
Comté  ,  Se  fe  dit  pour  Franc-Comtois  ,  comme 
Comte  pour  Franche-Comté.  Les  Comtois  font  ceux 
qui  habitent  la  Franche-Comté.  Sei^uani.  Les  col- 
lateurs  Comtois  ont  été  maintenus  en  leur  droit 
fur  les  bénéfices  dépendants  d'eux. 

COMUS.  f.  iTi.  Dieu  de  la  joye  ,  des  feftins  ,  des  danfes 
nodlurnes.  Comus.  Vofîlus  ,  de  Idol.  L,  II,  t.  8. 
croit  que  c'efi;  le  m.ême  que  le  Chamos  des  Moa- 
bitcs,  &  que  fon  nom  s'eft  formé  de  celui-ci.  Sa 
raifon  eft  que  ,  Chamos  eft  le  même  que  le  Aio»to-o; 
des  Grecs  -,  c'eft-à-dire  ,  Bacchus ,  qui  cettainemcnt 
eft  le  Dieu  des  feftins.  Quoi  qu'il  eii  foit ,  c'étoit  à 
ce  Dieu  que  les  jeunes  gens  qui  faifoient  des  dé- 
bauches de  nuit ,  &:  qui  donnoient  des  fcrénades  à 
leurs  maîtrefTes  ,  fe  dévouoient  particulièrement. 
On  le  repréfentoit  couronné  de  rofcs ,  foit  parce 
que  c'étoit  la  coutume  de  s'en  couronner  dans  les 
fcilins ,  comme  on  le  voit  dans  les  Poètes ,  5c  li.ir- 


76  j 


tout  dans  Anacrcon  -,  foit  patce  que  la  tofe  eft  con- 
facrée  à  Vénus ,  &  que  Comus  étoit  un  Dieu  favo- 
rable aux  nouveaux  mariés ,  qu'on  le  mettoit  à  1» 
porre  de  leur  chambre ,  qu'on  le  regardoit  corn- 
me  le  conciliateur  des  deux  mariés ,  &  l'auteur  dé; 
l'union  conjugale  -,  qu'enfin  il  étoit  un  des  Dieux 
des  amans  ,  à  la  fuite  defqucls  on  le  peignoits 
Philoftrate  ,  Garolus  Pafchalius  ,  Coronarum  # 
i^.  Il  ,c.  6  ,c.  ï6.  L.  III,  c.  ^  ,  c.  6.  Comus  étoiï 
un  Dieu  pétulant  6c  brutal. 

C  O  >î, 

CON.  Particule ,  oii  prépofition  qui  fignifié  àveci. 
Elle  ne  s'emploie  jamais  feule  ,  mais  fc  met  au  com 
mencement  des  mots,  de  fignihe  une  aéliort  faite 
avec  une  a'itre  ,  ou  reçue  en  deux  fujersenfemble* 
ou  une  qualité  pofledée  de  pair  avec  un  autre  ,  fé- 
lon les  iTiots  auxquels  elle  eft  jointe;  Coucou^ 
rir,  confondre,  concerter  ,  converfer  ,  consulter  , 
conduire ,  congrégation  ,  conjubjtantiel.  Quelque- 
fois on  change  \'n  dans  la  'lettre  fuivante  , 
ou  en  une  autre  qui  lui  convienne.  Collatif,  colla- 
térale ,  collectif,  corrélatif ,  correfpondance  ,  com- 
motion ,  commune  ,  commutation.  Quelquefois  on 
retranche  Vn  ,  &  l'on  met  feulement  co.  Cohabiter, 
cohéritier  ,  coopérer ,  coopération  ,  coobligé  ,  cohé- 
rence, cotuteur. 

Souvent  elle  ne  fignifié  point  d'aétion  ,  ou  de 
qualité  ou  de  rapport  avec  un  autre  ,  comme  con- 
vertir ,  connoitre. 

Cette  Patticule ,  covi  ou  ton  ,  vienj  de  cum  « 
qui  en  Latin  ftgnifie  la  même  chofe ,  &  a  les  mê- 
mes ufages, 

CONARD  ,  ARDE  ,  adj.  Ce  mot  fe  difoit  autrefois 
pour  fot  ,  fotte.  Fatuus  ,  Jîolidus.  De  conard  oa 
avoir  fait  conardife ,  pour  dire  fottife  :  ces  mots 
ne  font  plus  en  ufage. 

ClCr  CONARDS.  {Les)  Abbé  des  Conards,  Voyez 

CoRNARDS. 

CONARIUM  ,  f.  m.  terme  de  Médecine.  Voye^  Co-* 

NOÏDE* 

CONCAPÎTAINE.  f.  rn.  Capiraine  avec  un  autre* 
Ducis  Collegi.  Centurionis  Collega.  Les  habitans 
de  Châlons  en  Bourgogne  ayant  droit  d'élire  un 
Capitaine  pour  leur  ville  ,  parce  qu'il  arrivoit  fou- 
vent  pendant  la  guerre  que  ce  Capitaitie  -,  qui 
étoit  un  Gentilhomme  des  environs  de  Châlons  , 
allât  à  l'armée  ,  &  quittât  Châlons ,  les  habitans 
obtinrent  que  leurs  Echevins  feroient  Concapitai- 
nes.  De  S.  Julien  ,  Antiq.  de  Châlons,  On  ne  laie 
point  que  ce  mot  fe  dife  d'autres  que  de  ces  Eche- 
vins de  Châlons, 

tfT  CONCARNEAÙ ,  petite  Ville  de  France  ,  eri 
bafie  Bretagne  ,  au  pays  de  Cornouaille  ,  fur  la 
mer,  à  quatre  lieues  de  Quimper. 

«rr  CONCASSATION  ,  f.  f.  terme  de  quelque 
ufage  en  Pharmacie  ,  pour  défigner  l'aélion  de 
concafl'cr ,  de  réduire  en  morceaux  quelque  fubf- 
tance.  Voy^e:^.  Concasser. 

CONCASSE,  f.  m.  On  appelle  abfolument  du  con- 
cave ,  du  poivre  qui  n'eit  pas  pilé  ,  mais  feulement 
brifé  par  morceaux. 

CONCASSER  ,  V.  a,  terme  de  Pharmacie,  Cafler  à 
moitié ,  brifer  par  morceaux  avec,  un  iTiarteau ,  un 
pilon  ,  des  racines,  du  bois  ,  ou  autres  chofes  du- 
res ,  afin  d'en  extraire  plus  aifémcnt  les  fels  ,  les 
huiles ,  les  principes  dans  les  infufions  ou  coéliions 
qu'on  en  fait  enfuite.  Terere  ,  conterere.  On  con- 
cafle  des  noix  ,  des  amandes ,  de  la  cafle  ,  ùc.  Là 
régliiTe  concaffce  fait  une  meilleure  tifanne,  que  lorf- 
qu'on  la  fait  bouillir  ou  infufer  toute  entière  ,  ou 
coupée  par  filets, 

CONCASSÉ  ,  ÉE,  part.  On  appelle  poivre  concaffe , 
celui  dont  les  giainsfont  brifcs  par  petits  morceaux 
fans  être  réduits  en  poudre,  C'cft  ainfi  qu'on  le  ferc 
fur  les  tables.  Ce  mot  vient  du  Latin  conquaffarci 

CONCATÉNATION ,  f.  f.  terme  de  Philofophie  ab- 
folument hors  d'ufage.  Enchaînement,   Connexion 

D  D  D  d  d  ij 


7^4  CON 

La  concaténation  des  caufes  fécondes  eft  un  efFet 

de  la  Providence.  ,    „ 

Ce  mot  vient  de  concatenatio,  de  cauna  ,  chaîne. 
CONCAVE,  ad},    m.   &  f-  lurface  inténeurc  d  un 
corps    creux  ,  ou  cave.  Concavus.  Ceft  l'oppole 
de  convexe.  Il  y  a  des  miroirs  fphenques  ,  con- 
vexes ,  &  d'autres  concaves  ,  des  cylindres  &  des 
cônes  concaves.  Le   verre   fphérique    concave   elt 
moins  épais  en  Ton  milieu  qu'en  les  extrcmitcs.  Le 
foyer  d'un  miroir  concave  eft  le  point  ouie  rcunil- 
fent  les  rayons  qu'il  réfléchit,  qui  eft  envaron  le 
tiers  du  diamètre  ,  &c  non  pas  le  centre  ,  comme  plu- 
fieurs  onr  eftimé.  Les  corps  lublunaires  lont  ceux 
qui  font  compris  dans  la  furface  concave  du  ciel 
de  la  lune.  La  furtace  concave  d'un  coftre ,  d  un 

boifleau.  ,   ^  ,  n       •  t 

srr  Ce  mot  eft  aufTi   employé  fubftantivement.  Le 
concave  d'un  cube  ,  d'un  globe.  Ariftote  a  cru  que 
Dieu  ne  fe  mêle  point  du  détail  de  tout  ce  qui  le 
paflé  fous  le  concave  de  la  lune.  Malb. 
CONCAVITÉ,   f.  f.  L'efpacc  creux  ,  la  fis;ure  creufe 
de  quelque  corps  qui  en  forme  la  capacité.  Pars 
concava,cava.  Concavité  A'nn  globe;,  ancavités  de 
la  terre  ,  des  montagnes.  On  dit  en  Médecine ,  les 
concavités  du  cerveau  -,  pour  dire  ,  les  creux  ou 
ventricules  qui  font  dans  le  cerveau.  Les  concavités 
des  verres  fphériques  font  dites  ,  égales  ,  plus  gran- 
des ,  ou  moindres  ,   refpedivement  à   l'habitude 


qu'ont  entr'eux  les  diamètres  de  leurs  fphères.  Cur 
vatura,  convexitas..  . 

CONCÉDER  ,  V.  a.  accorder  une  grâce  ,  un  privilè- 
ge. Concéderez  annuere.  11  jouit  de  cette  penfion 
en  vertu,  des  privilèges  concédés  à  un  tel  Ordre 
de  Chevalerie.  Le  Pape  a  concédé  de  grandes  in- 
dulgences à  une  telle  Conftérie  ,  à  une  telle  Con- 
grégation. Le  Privilège  de  NoblefTe  a  été  concédé 
aux'Secrétaires  du  Roi,  aux  Echevins  de  certaines 
villes.  Le  mot  de  concéder  ne  fe  dit  guère  que  dans 
les  cas  où  il  eft  queftion  de  grâces  ,  droits ,  bien- 
feits ,  privilèges,  &c.  accordés  par  le  Souverain.  On 
le  ditaufH  en  ftyle  de  Pratique. 
Concédé,  ée  ,  part.  ,.,-,. 

fCT  CONCENTRATION ,  f.  f.  terme  didaclique. 
L'aftion  de  concentrer  ,  ou  l'effet    de  ce  qui  eft 
concentré.  La  concentration  de  la  chaleur. 
CONCENTRATION  ,  en  Chimie.  Opération  par  la- 
quelle on  rapproche  fous  un  moindre  volume  les 
parties  d'un  corps  qui  étoient  étendues  dans  un 
fluide.  Intima  commixtio ,  adhœfio.  Selon  le  Doc- 
teur Grew ,  concentration  eft  le  plus  haut  degré 
de  mixtion  ,  ou  de  mélange  ,  qui  puifTe  être  j  & 
elle  fe  fait  lorfque  deux  ou  plufieurs  atomes  ,  ou 
particules   d'un  mixte ,  font  unies  par  la  réception 
ou  l'intrufion  de  l'une  dans  l'autre.  Et  au  fentiment 
du  même  Auteur,  la  concentration   eft  la  caufe  de 
tous  les  corps  fins  qui  n'ont  ni  goiit,  ni  odeur , 
dont  la  conftitution  eft  fi  ferme  ,que  jufqu'à  ce  que 
leurs  parties  foient  déliées ,  &  défunies  par  un  au- 
tre corps,  elles  ne  peuvenr  faire  d'imprelfionfur  au- 
cun des  fcns,  Harris. 
Concentration  ,  terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit  du 
pouls.  La  concentration  du  pouls.  Ceft  la  qualité 
d'un  pouls  bas ,  petit ,  qui  fe  fait  peu  fentit ,  op- 
pofé  à  un  pouls  élevé  &  réfiftant  au  doigt.  Foyei 
les  Obfervationsfiir  la  pefie  de  Marfeille. 
CONCENTRER  ,  v.  a.  rapprocher  ,  réunir  vers  le 
centre  ,  le  milieu.  Le  froid  extérieur  concentre  la 
chaleur  au  dedans  des  corps.  Permifcere,  in  unum 
cogère  ,  colli^ere. 
Ip-  'On  dit  au'  figuré  ,  concentrer  fon  efprit  ,  fa  vi- 
vacité ,  fa  colère  -,  pour  retenir ,  ne  pas  faire  pa- 
roître.  Il  eft  peu  ufité  dans  cette  acception. 

Il  eft  auffi  réciproque.  Les  rayons  du   foleil  fe 
concentrent  à:in%  le  foyer  du  miroir  ardent. 
CONCENTRÉ  ,  ÉE  ,  part.    Permifius  ,    in   unum 

coaclits ,  colleclus. 
§a-  Acide  concentré  ,   en    Chimie  ,  c'eft   un  acide 

trcs-fort. 
CONCENTRIQUE  ,  adj.  m.  &:  f.  terme  de  Gcomé- 


C  ON 

trie  &  d'Aftronomie  ,  qui  a  le  même  centre.  Cut 
commune  cum  aliis  centrum  eft:  concentricus.  Il 
fe  dit  principalement  des  corps  &  des  figures  cour- 
bes ,  comme  circulaires  ,  elliptiques  ,  &  autres. 
On  le  peut  dite  pourtant  des  Polygones  pa- 
rallèlement tracés  fur  un  même  centre.  Tou- 
tes les  orbites  des  Planètes  ne  l'ont  pas  concen- 
triques avec  la  terre.  Les  poids  de  marc  qui  s'en- 
chalfent  les  uns  dans  les  autres  font  concentriques. 

Ce  mot  vient  de  la  prépolition  cum  ,  &  de 
centrum  ,  le  centre.  Il  eft  oppofc  à  excentrique. 
CONCEPT ,  f  m.  terme  didactique.  Idée  ,  fimple  vue 
de  l'elprit.  Idea  ,  conceptus  mentis.  La  Philol'ophic 
devint  poimilleulé  ibus  les  Arabes  par  ces  prcci- 
iions  &:  ces  concepts  abftraits  qu'elle^  incroduilit 
dans  l'École.  Le  Père  Rap. 

Crains  ,  d'un  brillant  concept  cherchant  l'éclat  trom- 
peur , 
De  donner  pour  lumière  une  faufje  lueur.  Vill, 

CONCEPTION  ,  f.  f.  adion  par  laquelle  un  enfant 
eft  conçu  dans  le  ventre  de  fa  mère.  Conceptio.  Les 
Médecins  n'ont  pu  encore  découvrir  le  moment 
de  la  conception  ;  comment  fe  fait  la  conception. 
Il  fc  dit  aulfi  des  animaux.  Jacob  fit  mettre  des  ba- 
guettes de  diveries  couleurs  devant  lés  brebis  ,  afin 
qu'au  moment  delà,  conception  ,e\\es,  &c. 

La  Conception  immaculée  de  la  Sainte  Vierge, 
eft  une  Fête  de  la  Sainte  Vierge  qui  fe  célèbre  le 
huit  Décembre.  Dies  Maria  fine  laie  peccati  con- 
ceptce  facer  ,  Fejlum  Conceptwnis  B.  Maria  Firgi- 
nis.  Allatius  ,  dans /m  prolégomènes  fur  S.   Jean 
Damafcene  ,  nous  apprend  que  la  Fête  de  l'imma- 
culée Conception  de  la  Sainte  Vierge  ,  telle  que 
toute  l'Eglife  la  célèbre  aujourd'hui  ,étoit  folennifée 
en  Orienr  par  plufieurs  Eglilcs  dès  le  VHP  fiècle. 
Le  Concile  de  Trente,  Sefl'.V,  dans  le  Décret  du 
péché  originel ,  déclare  ,  que  ce  n'eft  point  fon  in- 
tention d'y  comprendre  la  Sainte  Vierge  ,  qu'il  ap- 
pelle Immaculée  ,  &  il   ordonne    qu'on    obferve 
les  Conftitutions  de  Sixte  IV  fur   cela.  Raimond 
Lulle  a  fait  un  Traité  par  lequel  il  prouve  la  Con- 
ception de  la  Vierge  fans  péché  originel.  Les  Jaco- 
bins  ont    autrefois    foutenus   avec    beaucoup   de 
fermeté ,  que  c'ctoit  une    erreur   de  croire  qu'elle 
eût  été  conçue  fans  péché  originel.  Ils  furent  con- 
damnes par  le  Pape  Clément  VII,  en  1308, à  la 
pourfuite  de  l'Univerfité  de  Paris  ,  &  contraints  de 
fe  rétracter.  L'opinion  qui  tient  pour  VJmmaculée 
Conception  ^c^  une  opinion  pieufe. Quelques  uns 
*  prétendent  que  S.  Thomas  a  été  contraire  à  cette 
opinion.  , 

A  une  demi-lieue  d'Angers  ,  en  un  lieu  nomme 
Bamette  ,  fur  la  rivière  de^Mayenne  ,  les  RR.  PP. 
Récollets  confervent  foigneufement  une  édition 
ancienne  de  Saint  Thomas ,  où  la  Conception  im- 
maculée de  la  Très-Sainte  Vierge  eft  établie.  Le 
fentiment  de  Saint  Thomas  fur  cela  ne  peut  plus 
guère  paroître  douteux  dequis  la  Diflertation  du 
P.  Souciet ,  dans  fes  Notes  fur  la  Critique  des 
Auteurs  Ecclejiajliques  de  Du  Pin ,  par  M.  Simon , 
Tom.  I,  pag.  707.  Il  y  cite  beaucoup  d'exem- 
plaires de  S.'Thomas,  où  l'exceprion  de  la  Sainte 
Vierçe  eft  expreffe.  Il  fuit  les  Editeurs  à  la  pifte  , 
&  examinant  toutes  les  éditions  des  Ouvrages  de 
S.  Thomas  ,  il  découvre  celui  qui  a  le  preniier 
ôté  de  fes  ouvrasses  l'exception  de  la  Sainte  Vier- 
ge,  &:  les  paroles  de  S.  Thomas ,  qui  a/Turent  fon 
immunité  de  tout  péché.  Maldonat  n'a  point  nié 
l'immaculée  Conception  de  la  Sainte  Vierge.  Il  ne 
s'oppofoit  aux  Sorbeniftes  qu'en  ce  qu'ils  préten- 
doient  que  c'étoit  un  arricle  de  foi.  ^ 

Dans  les  trois  Ordres  de  S.  Jacques  de  l'Epee  , 
de  Calarrava  ,  &  d'Alcantara  ,  les  Chevaliers  font 
vœu  de  tenir  ,  défendre  &  foutenir ,  en  public  SC 
en  particulier,  l'immaculée Conc^jP/zora  delà  Sainre 
Vierge.  Ce  fut  l'an  i(îi;i  qu'ils  prirent  cette  réfo- 
lution ,   &   qu'ils   ajoutèrent  ce  quatrième  vœu  à 


"      C  O  N 

ceux  qu'ils  avoîent  déjà  faits.  Ils  confuîtèrent  au-  . 
paravant  le  Roi  Philippe  IV  ,  comme  Adminiftra-  1 
teui:  perpétuel  de  leurs  Ordres ,  Se  ils  en  firent  la 
cérémonie  à  Madrid  avec  beaucoup  delblennité, 
pendant  9  jours  chacun  ;  l'Ordre  de  S.  Jacques 
d'abord  -,  celui  de  Calacrava  enfuite  ,  &  celui  d'AI- 
cantara  le  dernier  ;  &c  ils  firent  un  règlement  dans 
leurs  Chapitres  Généraux ,  que  dorénavant  tous 
ceux  que  l'on  recevroit  à  la  profeffion ,  feroicnc  ce 
vcEU  avec  les  trois  autres, de  pauvreté,  d'obeillanccj 
&:  de  chafteté  conjugale. 

Les   Imagcrs  appellent  conception  ,  une  taille 
douce  qui  reprefente  le  myftcre  de  la  Conception 
de  la  Sainte  Vierge.  Imago  Mariant  exhibens  fine 
pcccati  labe  conceptam. 
Conception  de  Notre  -  Dame.  Ordo  Monalium  ah 
immctculata  Maria  virginis  Conceptione  nunciipa- 
tus.  Nom  d'un  Ordre  de  Religieules ,  fondé  en  Ef- 
pngne  par  Bcatrix  de  Silva  ,  fœur  de  Jacques  ,  pre- 
mier Comte  du  Portalègre ,  &  du  B.  Amédée ,  In- 
ftitcur  des  Amédéiftes ,  &  parente  d'Elifabeth  de 
Portugal ,  femme  de  Jean  II,  Roi  de  Caftille.  Elle 
inftitua  cet  Ordre  vers  l'an  1494  par  le  défîr  d'ho- 
norer &  de   faire  honorer  le  myftère  de  l'imma- 
culée Conception  de  la  Sainte  Vierge.  Cet  Ordre 
ne  fut  cependant  formé  que  cinq  ans  après  qu'In- 
nocent VIII  en  eut  accordé  la  permiflîon  ,   à  la 
prière  de  la  Reine  Elifabeth  ,   par  une  Bulle  de 
l'an  1489  ,  qui  leur  permit  de  prendre  la  règle  de 
Citcaux ,  de  réciter  tous  les  jours  l'Office  de  la 
Conception  de  la  Sainte  Vierge ,   &  de  demeurer 
fous  l'obélilance  de  l'Ordinaire.  Alexandre  VI ,  à  la 
foUicitation  du  Cardinal  Ximénès  &  de  la  Reine 
Ifabelle  ,   les  exempta  de  la  jurididlion  de  l'Arche- 
vêque de  Tolède  ,  &  les  mit  fous  la  direélion  des 
Frères  Mineurs.  L'an  1 3  o(î  Jules  II  confirma  ce  que 
fes  prcdéccffeurs  Innocent  VIII  &  Alexandre  VI 
avoienc  fait.  L'an  1 5 1 1  il  leur  donna  une  règle  par- 
ticulière.   V-oye[  LE  P.  HÉLYOT  ,    T.  VU ,  c.  Jf6. 
Mari  -Ti.rr'ip  u'Autriche,  femme  de  Louis  XIV, 
permit  aux  filles  de  la  Conception  de  Notre-Dame 
au   fauxbourg  S.  Germain  à  Paris  ,  d'embralîer  cet 
Inflitut,    qui   n'avoit  point    été  en    France  juf- 
que-là. 
Conception.  Filles  Théatines  de  l'immaculée  Con- 
ception de  la  Sainte  Vierge  ,  dites  de  l'immaculée 
Congrégation.  Voye:^  Théatine. 
Conception  (  Ordre  de  la  )  de  la  bienheureufe  Vierge 
Marie  immaculée.  Chevaliers  de  la  Conception  de 
la   bienheureufe  Vierge  Marie  immaculée.    Ordo 
ou  Equités  B.  Mariœjine  labe  conceptcz.  Cet  Ordre 
fut  inftitué,  à  ce  que  l'on  prétend  ,  parJean-Bap- 
tifte  de  Pétrignan ,  qui  vint  en  France  en  kToS, 
palfa  enfuirc  à  la  Cour  de  l'Empereur ,  &  conjoin- 
tement avec  Cliarles  Gonzague  de  Clèves  ,    Duc 
de  Nevers,  &  Adolfe,  Comte  d'Athlan  ,  inftitua 
l'Ordre  militaire  de  la  Conception  ,  pour  procurer 
l'honneur  de  Dieu  ,  la  défenfe  &  la  délivrance  des 
Chrétiens  qui  font  parmi  les  infidèles,  la  paix  & 
la  bonne  intelligence  entre  les  Princes  &  l'agran- 
diffement  de  la  Chrétienté.    Ordo  miliiaris  à  B. 
Maries  Conceptione  nuncupatus.  Cet  Ordre  fut  con- 
firmé en  i<?z?  par  une  Bulle  d'Urbain  VIII ,  en  date 
du  1 2  de  Février.  Ce  Pape  mit  cet  Ordre  fous  la 
règle  de  S.  François.  Il  ne  fait  dans  fa  Bulle  au- 
cune mention  de  Pétrignan  ,  &  n'attribue  l'érablif- 
fement  de   cet  Ordre  qu'à  Ferdinand  ,  Duc   de 
Mantoue  ,  à  Charles ,  Duc  de  Nevers ,  &:  à  Adolfe  , 
Comte  d'Athlan.  Le  même  Pape ,  par  une  autre 
Bulle  du  14E  de  Novembre  i<îz4  ,  permit  au  Grand- 
Maître  de  recevoir  dans  cet  Ordre  les  Patriarches , 
Archevêques ,  Evêques ,  Auditeurs  de  Rote ,  Clercs 
de  la  Chambre  Apoftolique  ,  Protonotaires ,  Réfé- 
rendaires de  l'une  &  de  l'autre  lîgnature  ,  &  autres 
Prélats  de  la  Cour  de  Rome  ,  pourvu  qu'ils  euf- 
fent  exercé  leurs  Offices  pendant  deux  ans  ,  auquel 
cas  ils  feroient  difpenfcs  de  l'année  de  Noviciat. 
Les   Chevaliers  portoient  une   croix  cmaillée  de 
bleuj  où  d'un  côté  étoit  l'image  de  la  Concep- 


CON  7^7 

tlon  de  la  Sainte  Vierge  ,  entourée  d'an  cordon  de 
S.  François ,  &  de  l'autre  l'image  de  S.  Michel  ,  ôc 
cette  croix  étoit  attachée  à  un  cordon  bleu  tiflu  d'or. 
Ils  portoient,  outre  cela,  fur  leur  manteau  une  croix 
pareille ,  au  milieu  de  laquelle  étoit  une  image  de 
la  Sainte  Vierge ,  entoutéc  du  cordon  de  S.  Fran- 
çois. Entre  les  angles  de  la  croix,  il  y  avoir  comme 
de  petites  langues  de  feu ,  d'où  fortoit  un  foudre 
ou  pointe  de  dard.  Les  Compagnons  d'armes  por- 
toient une  croix  de  velours  ,  au  milieu  de  laquelle 
il  y  avoir  une  image  de  la  Sainte  ,  Vierge  ,  avec  une 
bordure  d'or. 

Il  y  a  encore  d'autres  figures  de  ces  croix ,  comme 
on  le  peut  voir  dans  l'Abbé  Juftiniani,  T.  II,   c. 
84 ,   où  il  traire  de  cet  Otdre. 
Conception,  (La)  renne  de  Géographie.  C'eft  le 
nom  que  l'on  a  donné  à  plufieurs  lieux  dans  l'A- 
mérique ,  en  l'honneur  de  l'immaculée  Conception 
de  la  Sainte  Vierge.  La  Conception  dans  le  Chili  , 
eft  une  des  plus  conlîdérables  villes  du  pays  ,  8c 
la  rcfidence  du   Gouverneur.  La  Conception  dans 
le  Paraguay  ,   au  confluent  de  la  rivière  Urvaig 
dans  celle  de  Plata,  eft  une  ville  prefque  ruinée. 
La  Conception  ,  dans  l'Audience  de  Guatimala ,  ca- 
pitale de  la  Province  deVeragna,  eft  une  petite 
ville  peu  confidérable ,  fur  la  mer  du  nord  ,    vers 
l'ifthme  de  Panama.  La  Conception  de  la  Vegua , 
eft  une  perice  ville  dans  l'île  de  S.  Domingue  au 
nord.  La  Conception  de  Salaya ,  eft  un  bourg  de 
l'Audience  du  Mexique.  La  Baie  de  la  Conception  , 
eft  dans  l'Amérique  feptentrionale  vers  le  mili£U 
de  la  côte  orientale  de  l'Ile  de  Teire-Neuve. 
Conception  fe  dir  figurément  de  la  facilité  qu'a  l'ef- 
prit  de  comprendre  ,  de  concevoir  les  penfces  d'au- 
trui ,  ou  d'en  produire  de  fon  chef.  Mens  ,  mentis 
acies.  C'eft  unefprit  pcfant  &  taidif,  qui  a  la  co/z- 
ception  dure.  Celui-là  a  la  conception  prompte  &: 
vive.  Cet  Orateut  a  l'efprit  net ,  il  exprime  facile- 
ment fes  conceptions.  Comme  il  avoit  la  conception 
aifée,  la  mémoire  heureufc  ,  refprit  pénétrant,  il 
avança  extrêmement  en  peu  d'années.  Bouh. 
gCT  La  conception  eft  cette  opération  de  l'entende- 
menr ,  par  laquelle  il  lie  les  idées  des  chofes ,  en 
les  confidérant  fous  cerraines  faces ,   en  faifir  les 
différentes  branches ,    les  rapports  Se  l'enchaîne- 
ment. Elle  eft  nette  &  prompte  ,  elle  épargne  les 
longues  explications  ■■,  donne  beaucoup  d'ouverture 
pour  les  fciences  &  pour  les  arts;  met  de  la  clarté 
dans  les  exprelfions ,  &  de  l'ordre   dans  les  ou- 
vrages. La  conception  fait  goûter  les  converfations 
inftrud:ives&  favantes.  ^oye^  Esprit,  Raison  ,BO>t 
Sens,  Jugement,  Entendement,  Intelligence. 
Conception  eft  aulïî  un  terme  de  Logique  •,  6c  c'eft 
la  fimple  idée  qu'on  a  des  chofes ,  laquelle  n'en- 
ferme ni  affirmation  ni  négation.  Conceptio  mentis. 
Conception  fignifie  auili  les  penfées  bonnes  ou  mau- 
vaifes  que  l'efprir  humain  forme  fur  quelque  fujer. 
Cogitatio ,  idea.  La  fimple  conception  du  crime  ,  ic 
même  le  confentement  de  la  volonté  ,  n'eft  poinc 
du  reflbrt  de  la  juftice  humaine.  De  Launay.  Cec 
Orateur  a  de  riches  conceptions.  Je  vais  vous  dire 
ma  conception  là-deiTus.  Voilà  une  plaifinte  con- 
ception.  Forr  bien!  Belle  conception  !  Mol.  Dans 
ce  fens  il  eft  vieux. 
CONCEPTIONNAIRE.  f.  m.  &  f.  Pendant  la  d^f- 
pute  qui  s'éleva  au  XVP  fiècle  entre  Maldonat  Sc 
i'Univerfiré  de  Paris  fur  l'immaculée  Conception 
de  la  Sainte  Vierge ,  on  appela  Conceptionnaires 
ceux  qui  foûtenoient  qu'il  étoit  de  foi  que  la  Sainte 
Vierge  avoit  été  conçue  fans  péché.  Conceptiona- 
riusy  a.  Il  fe  trouva  des  Prédicarcurs  qui  décla- 
mèrent publiquement  contre  les  Conceptionnaires, 
Du  Pin. 
Concernant.  Qui   concerne.  Specl.ins ,  pertinens  , 
attinens. V2.xi\c\pe  que  l'ufage  a  rendu  indéclinable, 
&:  qui  fignifie  la  même  chofe  que  /«r  ,   touchant, 
au  fujet^de.  Il  y  a  certe  différence  entre  concer' 
nant  H  touchant,  que  concernant  doir  erre   pré- 
cédé d'un  fubftantif  auquel  il  ait  rapport ,  5c  que 


7^(î  C  O  N 

touchnnl  s^emploie  indifFcrcmment  à  la  fuite  d'un 
fubftantif  ou  d'un  verbe.  ]'ai  à  vous  dire  quelque 
choie  concerna"/ cette  affaire-là.  Acad.  Fr.  I740' 
Le  Parlement  a  t'ait  plufieuts  rcglcmens  concer- 
nant  la  Police ,  l'adminiftration  des  Finances. 
%fT  CONCERNER,  v.  a.  Être  de  la  dépendance  de 
quelqu'un ,  de  quelque  choie  ,   lui  appartenir  en 
quelque  façon.  Ad  ahquem,  ad  aliquid  pertinere  , 
fpiclare ,  attinere.  On  dit  alfci  indifféremment,  &l 
iàns  beaucoup  de  choix,   qu'une    choie  nous  re- 
garde, nous  concerne  ou  nous  touche,  pour  mar- 
quer la  part  que  nous  y  avons.  Il  paroît  néanmoins 
qu'il  y  a  entre  ces  trois  expïcffions,  une  dificrence 
délicate.  Quoique  nous  ne  prenions  qu'une  légère 
part  à  la  chofe ,  nous  pouvons  dire  qu'elle  nous 
regarde;  mais  il  en  faut  prendre  davantage,  pour 
dire  qu'elle  nous  concerne  ;  Se  lorlqu'elle  nous  cft 
plus  fenlibk  &  perlbnnelle ,    nous  diibns    qu'elle 
nous  touche.  Il  paroît  aulli  qu'on  le  Icrt  plus  com- 
munément du  moi  regarder ,  lorlqu'il  elt  queftion 
de  choies  lur  lefquelles  on  a  des   prétentions  ou 
des  démêlés  d'intérêt  -,  qu'on  emploie  avec  plus  de 
grâce  celui  de  cowctfr/ztr,  lorlqu'il  s'agit  de  chofes 
commifes  au  foin  &  à  la  conduite-,  &  que  celui 
de  toucher  ,  fe  trouve  mieux  placé  dans  les  affaires 
de  ca-ur ,  d'honneur  &  de  fortune.  Il  îi'efl:  pas  des 
biens  publics  comme  des  particuliers  s  la  fucccfllon 
regarde  toujours  ceux  même  qui  y  ont  renoncé. 
Toutes  les  opérations  du  gouvernement  concernent 
le  premier  Miniftre  -,  mais  chacune  de  ces  parties 
îie  concerne  que  celui  qui  en  eft  particulièrement 
chargé  -,   la  conduite  de   la  femme  touche  d'affez 
près  "le  mari,  pour  qu'il  doive  y  avoir  l'œil.  M. 
l'Abbé  Girard  ,  Syn. 
CONCERT,  f.  m.  Harmonie  compofée  de  pluficurs 
voix  ou  de  pluiieurs  indrumcns ,  ou  des  deux  cn- 
femble  ■■,  aflemblée  de  voix  &:  d'inftrumens  qui  exé- 
cutent des  morceaux  de  mulique.  Concentus,  Il  y 
a  des  concerts  de  voix  ,  de  luths ,  de  violes ,  ou  de 
piulîeurs  inflrumcns  mêlés  enlemble.  Il  n'y  a  point 
de  concert  qui  vaille  les  repréfentations   de  l'O- 
peïa.  Platon  ,  &  les  Anciens  ,  fe  font  imaginés  que 
le  mouvement  des  aftres  faifoit  un  agréable  con- 
cert ,  une  harmonie. 
^CF  Le  mot  de  concert  ne  s'emploie ,  ne  peut  être 
employé,  que  pour  défigncr  au  moins  fept  à  huit 
Muficiens ,  S:  une  mufique  à  pluiieurs  parties.  Les 
anciens  avoient  leurs  concerts  aulli  bien  que  nous. 
La  defcriprion  qu'en  fait  Sénèquc  ,  ne  permet  pas 
d'en  douter  :  voyez-vous ,  dit-il ,  cette  multitude 
de  voix  qui  compofenjt  nos  grands  chœurs  de  mufi- 
que ;  Elles  fe  joignent  toutes  li  parfaitement ,  qu'il 
femble  qu'elles  ne  rendent  à  l'oreille  qu'un  leul  & 
unique  fon.  Vides  quàm  mnllorum  vocibus  chorus 
conjtet  ;    unus  tamen  ex  omnibus  fonus   auditur. 
Parmi  ces  voix  ,  il  y  a  des  deflus ,  il  y  a  des  balfcs , 
il  y  a  des  voix  moyennes  de  tous  les  degrés.  On 
entend  celles  des  hommes  avec  celles  des  femmes , 
les  unes  &  les  autres  entremêlées  du  fon  des  flûtes 
qui  les  accompagnenr.  Chacune   de  ces  voix  eft , 
pour  ainli  dire  ,  cachée  dans  la  multitude  •,  &:  ce- 
pendant elles  paroiiîent  toutes  avec  le  caradlère  qui 
ies  diftingue.  AUqua  iliic  acuta  vox  ejl,  aliquagra- 
vis ,  aliqua  média.  Acceduntviris  femince  ,  interpo- 
nuntUT  tibiœ  ifinzulorum  illic  latent  voces  :  omnium 
apparent.  Je  ne  parle  encore  que  des  chœurs   qui 
étoient  connus  aux  anciens  Philofophes.  Il  y  a  plus 
dans  les  nôtres , continue Scnèque,  dans  les  concerts 
<  folemncls  que  nous  donnons  au  Public ,  il  y  a  plus 
de  Chanteurs ,  que  le  théâtre  n'avoit  autrefois  de 
Spectateurs.  De  choro  dico ,  quem  vetercs  Pkilo- 
fophi  noyer ant  :  in  commijjionibus  nojlris  plus  Can- 
torum  eji ,  quàm  in  theatris  oHm  fpeclatorum  fuit. 
Outre  ce  grand  nombre  de  voix  ,  nos  amphitéâtres 
font  environnés  de  trompettes ,  6c  nos  orcheftres 
pleines  d'une  infinité  d'inftrumens  de  toute  efpcce  , 
à  venr  &  à  cordes.  Voilà  une  multitude  qui  fem- 
ble nous  menacer  d'une  horrible  dilcordance.  Ne 
craignez  rien  :  il  s'en  forme  un,  concert.  Cùm  om- 


C  O  N 

nés  vias  or  do  canentium  implevit ,  £•  cavea.  u^nea- 
toribus  cincla  eji ,  &  ex  pulpito  omne  tibiarum  ge- 
nus  organorumque  conjonuit ,  Jit  concentus  ex  dif- 
fonis. 

^â'  C'eft  ainfi  que  nos  Orphées ,  anciens  &  moder- 
nes ,  ont  trouvé  l'art  magique  de  réduire  cette 
multitude  à  l'unité,  c'efl-«-dire  ,  d«  compofer  un 
total  fonore,  qui,  malgré  la  mulritude  de  les  par- 
ties ,  devient  parfaitement  un ,  par  une  efpèce  de 
prodige.  Rem  prodigialiter  unam. 

ftC?  On  dit  fîgurément  un  concert  de  louanges.  Com- 
bien de  grands  hommes  généralement  applaudis 
ont  gâté  le  concert  de  leurs  louanges  en  y  mêlant 
leurs  voix.  Font  en. 

Je  dejline  ma  voix  à  de  plus  faints  concerts. 
Et  ce  n'eji  plus  ,  Seigneur  ,   qu'à  votre  feule 

gloire 
QM^  j^    r*«Jc    consacrer   mes    vers. 

L'Abbé  Tétu^ 

Concert  fe  dit  aulTi  du  chant  des  oifeaux,  fur  tour 
dans  la  Poefie.  Le  concert  des  oifeaux.  Les  bois 
rerentillbient  de  leurs  charmans  concerts. 
(fT  Concert  fe  dit  aulTi  au  figuré ,  de  l'harmonie 
du  difcours.  On  trouve  dans  les  oraifbns  funèbres 
de  M.  Fiéchier ,  outre  la  pureté  du  langage  &  la 
foliditc  des  penfées,  un  heureux  arrangement 
de  paroles,  qui,  par  le  mélange  de  leurs  accords, 
par  la  variété  des  fons  &  des  cadences,  forment  un 
concert  auffi  raviflant  que  celui  de  la  mufique  la 
plus  parfaite. 
Concert   eft  auffi  le  lieu  où  fe  tient  le  conctrf .  Allée 

au  concert. 
Concert  fignifîe  fîgurément  l'accord  de  plufieurs 
peribnnes  pour  l'exécution  de  quelque  defîein  i  in- 
telligence, union  de  plufieurs  perfbnnes  qui  conf- 
pirent  ,  qui  tendent  à  une  même  fin.  Confenfus. 
Cette  famille  périra  bien  vîtc ,  parce  qu'il  n'y  a 
pas  de  concert.  Concert  d'opinions. 

gC?  De  concert ,  fe  dit  adverbialement  ■■,  pour  dire, 
d'intelligence.  Conjpiratè.  Agir  de  concert. 

Les  grandes  affaires  ne  réuinifent  point ,  à  moins 
que  tous  les  intéreffés  n'agiffent  de  concert.  On  le 
dit  aulli  des  chofes  inanimées.  Dans  cette  tempête 
la  mer  &:  les  vents  étoient  ,  ce  femble,  de  con- 
cert  pour  caufer  le  naufrage. 

Ip"  Concert  fpiriluel.  Spedacle  public  dans  lequel 
on  exécute  pendant  les  temps  que  les  autres  Ipec- 
tacles  fbnt  fermés,  des  motets  &  des fymphonies, 
dans  la  Salle  des  Suiflês  des  Thuillerics.  Son  nom 
lui  vient  des  compofitions  facrées  qu'on  y  exécute. 
Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  concentus ,  d'au- 
tres de  concertare.  M.  Huer  croit  qu'il  vient  decon- 
fertum  ,  quafiex  variis  j'onis  contextum  &  compoji- 
tum.  Il  vient,  de  même  que  concerter,  de  concer- 
tare ,  combattie  enfemble,  de  compagnie  ,  &  pat 
métaphore,  agir  enfemble ,  travailler  enfemble  à  unç 
même  chofe. 

CONCERTANT ,  ANTE  ,  adj.  ordinairement  em- 
ployé lubftantivement.Muficien  qui  concerte;  gCril 
lignifie  proprement  un  Muficien  qui  exécute ,  qui 
chante  ou  qui  joue  fa  partie  dans  un  Concert.  Acad, 
Fr.  Nous  étions  huit  Concertans. 

§3°L'AbbéBrolfard  ïç^çWz parties  concertantes,celle$ 
qu'on  appelle  zu'puïd'hui parties  recitantes. 

Concertant.  Ce  mot  fe  trouve  employé  dans  Po- 
mey  ,  pour  fignifier  celui  qui  s'exerce  &  qui  combat 
pour  la  gloire  dans  un  carroulel.  Certantes  ludicrâ 
dccurfione  Equités.  Les  concertans  du  carroufel. 

CONCERTER,  v.  a.  Faire  l'effai ,  la  répétition  des 
pièces  qu'on  doit  jouer  dans  un  concert ,  avant  que 
de  le  faire  entendre  au  Public.  Prœludere,prceparare 
fe  ad  concentum ,  voces  ,  infirumenta  mufica  priva- 
tim  componere,  confociare.  Ces  Muficiens  ont  plu- 
fieurs fois  concerté  enfemble  ces  mêmes  pièces. 

03°  Concerter  eft  quelquefois  neutre,  &  fignifîe 
aull'i  faire  fa  partie  dans  un  concert.  Tout  le  monde 


CON 

n'efl:  pas  né  pour  concerter-,  mais  pour  avoir  au 
moins  le  goût  de  la  muiîque. 

-^3"  Et  quelquefois  tenir  concert,  faire  un  concert. 
On  concerte  fouvent  chez  un  tel.  Ils  concerunt 
enfemble. 

Concerter  fe  dit  figurém?nt  pour  conférer  enfemble 
fur  les  moyens  de  faire  rcullir  une  aiiaire  ,  une  in- 
trigue. CoriJ'ultare ,  deliberare  ,  conjilia  confurrc  , 
commifcere  ,  conjungere.  On  ne  fauroit  trop  concer- 
ter les  grandes  cntreprifes.  On  le  dit  même  d'une 
perfonne  feule  qui  raifonne  en  elle-même  fur  l'éxé- 
.cation  de  quelque  cliofc.  Il  a  long  temps  concerté 
dans  fon  efprit ,  il  a  bien  examiné  toutes  les  cir- 
conflances  de  ce  deifcin,  avant  que  de  l'entreprendre. 
Les  defleins  du  Cardinal  de  Richelieu  croient  plus 
vaftes ,  mais  moins  juftes ,  &  moins  concertés  que 
ceux  du  Cardinal  Mazarin.  S.  Evr.  Il  entre  toujours 
quelque  chofe  du  tempérament  dans  les  deiîeins  les 
f\MS  concertés.  \o.  Ce  font  des  témoins  fidèles  (  les 
Evangélifles  )  qui  ne  fe  font  point  enfermés  enfemble 
pour  concerter  c?  qu'ils  avoicnt  à  dire.  Peliss. 

C0NCERTE,EE,  part.  On  dit  figurément  qu'une  per- 
fonne eft  bien  concertée  -,  pour  dire  ,  qu'elle  affede 
un  certain  extérieur  modefle  &:  prudent ,  que  toutes 
fes  actions  &  fcs  paroles  font  étudiées ,  atledées ,  & 
fouvent  hypocrites.  Dans  les  affaires  folides  &  ic- 
lieufcs ,  on  a  l'efprit  concerté  •,  &  on  ne  connoît  pas 
ceux  qui  les  font  :  c'efl  dans  les  plaifirs  qu'on  con- 
noît les  gens  jufqu'au  fonds  du  cœur.  M.  Scud.  La 
clémence  de  Néron  ctoit  feinte  &  concertée.  Les  ami- 
tiés qui  nous  paroifTent  les  plus  fortes ,  ne  font  que 
des  intérêts  concertes.  S.  Evr. 

Ses  ge fie  s  rO''iCCnés,fes  regards  de  mefure  , 
Ne  laijfoltnt  aucun  mot  aller  à  l'avunture. 

Corn. 

fCF  CONCERTO,  f.  m.  terme  de  Muiîque  ,  em- 
prunté de  l'italien.  Pièce  de  fymphonie  faite  pour 
être  exécutée  par  tout  un  orcheftre ,  &  dans  laquelle 
quelque  inftrument  joue  feul  de  temps  en  temps 
avec  un  (impie  accompagnement.  Jouer  un  con- 
certo ,  exécuter  im  concerto. 
§Cr  CONCESSION,  f  f.  Don ,  odtroi  que  fait  un 
Souverain  ou  un  Seigneur,  de  quelque  terre,  de 
quelque  droit  ou  privilège.  Conceffio.  Cette  Abbaye 
jouit  d'une  telle  terre  ,  d'une  telle  exemption ,  par  la 
concejjîon  de  S.  Louis.  Le  Pape  fait  des  concejjîons 
d'indulgences  plcnières.  On  appelle  aufll  concejjîon 
la  chofe  même  qui  efl:  accordée.  Les  grands  droits 
dont    jouiifent  les  Abbayes ,  font  des  concevions 
des  Seigneurs  qui  les  ont  fondées,  ou  de  ceux  qui 
s'y  font  faits  Religieux. 
Concession  eft  auffi  une  figure  de  Rhétorique  ,  par 
laquelle  on  accorde  quelque  chofe  à  fon  adverfaire  , 
foit  pour  ne  pas   former  d'incidens  inutiles  ,  foit 
pour  en  tirer  quelque  avantage.  ConceJJio. 
^3°  Je   vous   paffe  qu'il  foit   honnête  homme  ;  cela 
le  rend-il  capable  de  fon  emploi  1  Elle  elt  belle  ,  il 
eft  vrai  ;  mais  fait-elle  un  bon  ufage  de  fa  beauté  2 
Concession  fe  dit  auffi  du  terrain  que  le  Roi  accorde 
dans  les  Colonies  Françoifes  foit  à  une  compagnie, 
foit  à  des  particuliers  pour  le  défricher ,  le  cultiver  , 
le  poflcder.  Campus,  ager ,  à  Re%e  concejfus  in  Co- 
lonils.  Faire  valoir  fa  concejfion  de  la  manière  la  plus 
pacifique.  Pacificè  asrnm  Jlhi   concejfum.  exercere. 
Etre  dépofîédé  de  fa  concejjîon.  Jd.  Un  tel  a  deux 
concejfions  au  MifTifTipi  qui  lui  font  un  bon  revenu. 
Il  n'y  a  guère  que  les  habitans  d'une  Colonie  qui 
puifTent  faire  valoir  !"s  concejfions. 
CONCESSIONAIRE.  f  m.  Celui  en  faveur  de  qui 

une  conceOîon  a  été  faite. 
^  CONCESSUM  ut  petitur.  Voyez  Signature. 
CONCETTI.  f.  m.  pi.  C'eft  un  mot  italien  ,  qui  au 
iîngulier  concetto ,  fîgnifîe  une  penfée  ingénieufe, 
délicate  ,  brillante.  Nous  employors  le  pluriel  pour 
fignifier  des  penfces  d'efprit ,  où  il  y  a  de  l'afFeda- 
lion  ,  Se  plus  de  brillant  que  de  folidité  ,  comme  on 
en  trouve  fur  tout  dans  les  Auteurs  italiens,  ^cu- 


CON  7(î7 

men,  fu/gor,  inanis  Jcinti/la.  Ce  mot  n'eft  point 
du  ftyle  oratoire.  Par  un  ouvrage  rempli  de  clin- 
quant ,  on  entend  communément  un  ouvrage  fleuri, 
mais  dont  les  fleurs  font  de  courte  durée  :  un  ouvra- 
.  ge  rempli  de  pcnfées  plus  fpécieufe.s  que  folides  : 
plein  d'un  taux  brillant  qui  feJuit  d'abord ,  mais 
qui  ne  tient  guère  contre  une  attention  féri'eufe  ;  un 
ouvrage  où  la  raifon  &  le  jugement  ont  eu  inoins 
de  part  que  l'imagination  :  un  ouvrage  enfin  rempli 
de  ce  que  les  Italiens  appellent  concetti ,  dont  le 
férieux  de  notre  langue  condamne  Tufagc.  Avare 
de  ces  concetti  fi  prodigués  en  Italie,  l'Auteur  de 
la  Jérufalem  fait  à  peine  fentir  qu'il  étoit  Italien, 
Cette  harangue  eft  pleine  de  concetti  &  de  faux 
brillans. 

Dans  un  goût  différent  la  brillante  Italie 
Fait  dejés  concetti  la  beauté  du  génie  ; 
Mais  dans'^cette  carrière  on  en  a  vît  plus  d'un  « 
En  cherchant  de  l'ej'prit  ,perdre  lejens  commun., 

(fT  Chez  les  Italiens  ce  mot  n'eft  pas  pris  en  mau-r 

vaife  part  comme  parmi  nous, 
CK?  On  dit  auiîi  concetto. 

Car  ainjl  qu'à  la  Comédie 
A  chaque  brillant  concetto 
On  vous  claque   à  l' Académie ^ 
Mais  on  iiy  Jijfle  qu'in  petto. 

CONCEVABLE,  adj.  m.  &  f.  Ce  que  l^efprit  peUî 
ailcment  concevoir.  Comprehenjibilis.  L'attrait  de 
la  nouveauté  a  un  pouvoir  qui  n'eft  pas  conccyahL» 
M.  Esp. 

CONCEVOIR.  V.  a.  Je  conçois,  j'ai  conçu  ,je  conçus, 
je  concevrai.  Que  je  conçoive  ,je  concevrois  ,  que  ji 
conçujfe.  |KF  Ce  mot  fe  dit  particulièrement  des 
femmes  ,  &  fignifie  devenir  groffe  d'enfant.  Filium , 
fœtum  concipere.  La  Sainte  Vierge  a  conçu  Notre- 
Seigneur  dans  fes  entrailles.  On  le  dit  d'ordinaire 
abfblument.  La  Sainte  Vierge  a  conçu  par  l'opéra- 
tion du  Saint-Efprit.  Suivant  le  cours  ordinaire  de  la 
nature  les  femmes  ne  font  en  état  de  concevoir  qu'a- 
près la  première  éruption  des  règles  ;  &c  la  ceffation 
de  cet  écoulement  à  un  certain  âge  les  rend  ftérilcs 
pour  le  refte  de  leur  vie. 

(f3°  On  le  dit  auffi  des  femelles  des  animaux,  mais 
feulement  en  parlant  de  l'cfpèce  en  général.  Les  bre- 
bis conçoivent  plus  ordinairement  au  printemps 
qu'en  auîonne.  Les  biches  conçoivent  vêts  la  fin  ds 
l'autonne.  On  ne  diroit  pas  qu'une  brebis ,  qu'une 
biclic  a  conçue  ;  mais  qu'elle  eft  devenue  pleine. 

ffT  On  le  dit  auifi  de  la  plupart  des  paffions  qui 
naiflent  dans  le  cœur.  Concevoir  de  l'amour,  delà 
haine,  de  l'horreur,  du  dépit,  &c.  On  lui  a  fait  conce- 
voir  de  belles  efpcrances.  Il  a  conçu  de  l'amont 
pour  cette  fille.  Il  en  eft  devenu  amoureux.  Il  a 
conçu  de  l'ambition  ,  il  eft  devenu  ambitieux. 

§3"  Concevoir  fe  dit  auifi  figurément  de  la  fîmple 
vue  que  nous  avons  des  chofes  qui  fe  préfentent  \ 
notre  efprit,  fans  en  former  aucun  jugement.  LôG» 
Il  fignifie  auffi,  avoir  l'intelligence  prompte ,  facile, 
fe  former  des  idées  juftes  relativement  à  l'ordre  6c 
au  deflein  de  ce  qu'on  fe  propofe.  Aliquid  animo 
concipere  ,  co^jtatione  capere.  Pour  croire  les  chofes 
qui  font  de  la  foi ,  il  n'eft  pas  néceffaire  de  les  con- 
cevoir. Une  chofe  eft  avilie  auprès  de  bien  des  gens 
dès  qu'elle  eft  facile  à  concevoir.  Font.  Le  Lecteur 
prend  d'ordinaire  pour  galimatias  ce  qu'il  ne  con- 
çoit pas.  BoiL. 

Peux-tu  bien  concevoir  ,  dans  ces  trijles  momens , 
La  rigueur  de  monjort,  mes  craintes ,  mes  tour  mens  ? 

Capistron. 
^fT  Concevoir  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  exprinic  une 
conformité  d'idées,avec  les  objets  prcfemés,  comme 
entendre  &  comprendre  ;  &  c'eft-là  leur  fignification 
commune-,  mais  celle  qu'exprime  le  mot  de  concevoir:, 
rct;arde  plus  particulièrement  l'ordre  &  le  deflein 
de  ce  qu'on  fe  propofe.  On  l'emploie  avec  grâco; 


768 


CON 


poui  les  formes  ,  les  arrangemens  j  les  projets  , 
les  plans-,  enfin  tout  ce  qai dcpand  de  l'imagination 
le  conçoit.  On  entend  les  langues ,  on  comprend  les 
Iciences  ;  &C  l'on  conçoit  ce  qui  regarde  les  arts.  Il 
eft  difficile  de  concevoir  ce  qui  efl:  confus.  Pour 
concevoir  ,  il  faut  un  efprit  net  &:  méthodique. 
13"  L'architedure  conçoit  le  plan  &  TEconomie  de 
fes  édifices. Il  faut  mettre, autant  que  la  converlation 
le  permet ,  de  l'ordre  dans  Ton  dilcours ,  afin  d'aider 
l'idée  des  autres  à  concei-'oir  la  notre. 
|C?  Mais  fouvent  nos  Auteurs  n'y  regardent  pas  de 
lî  près,  &  emploient  indifféremment  ces  mots  l'un 
pour  l'autre. 
Concevoir,  en  ftyle  de  Pratique,  fignifie    exprimer 
d'une  certaine  manière.  La  claule  du  teftament  qui 
fait  le  procès,  eft  conçue  en  ces  termes, Il  ûmzcon- 
ijvoir  ainfi  la  penfce,  le  jugement  des  arbitres.  La 
commilîlon  étoit  conçue  en  ces  termes.  Maucroix. 
-Il  reçut  des  Lettres  de  Darius  conçues  en  des  termes 
ii  fupcrbes,  qu'il  s'en  offenfa.  Vaug. 
Concevoir  ,  infinitif,  s'eft  dit  autrefois  pour  penfée, 

conception.  Cogitaiio ,  imelligentia. 
CONÇU,  UE.  part.  palf.  &  adj.  Conceptus.  L'Homme 
eft  conçu  dans  le  péclic.  Conçu  fignifie  quelquefois 
exprimé  ;  un  ordre  conçu  en  ces  termes ,  c'e(V-à-dire , 
exprimé  en  ces  termes.  Cette  phtafe  eft  mal  conçue. 
CONCHE ,  (.  f.  vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  le 
bon  ou  le  mauvais  état  d'une  petfonne,relativcincnt 
à  les  habits ,  à  Ion  équipage.  J'ai  vii  autrefois  ce 
Gentilhomme  en  bonne  conche ,  il  avoir  gtand  équi- 
page -,  maintenant  il  eft  en  fort mauvaife  conche,  il 
n'a  pas  un  habit  ,  un  valet. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  l'italien  con- 
chiarc  ,  ou  acconchiare  ,  quaji  conchiliare  à  concki- 
liis ,  à  cauié  que  les  riches  ornemens  des  Anciens  fe 
tiroient  des  poiflbns  à  coquilles ,  comme  les  perles 
ôc  la  pourpre  ;  ce  qui  témoignoit  la  richefifc  &  la 
bonne  fortune  des  pcrfonnes.  On  a  aulTi-tôt  fait  de 
le  dériver  du  latin  concha. 
Conche,  f.  m.  terme  de  falines.  Ceft  le  nom  de?  fé- 
conds réfervoirs  des  marais  où  l'on  fabrique  le  fel. 
Le  premier  de  ces  réfervoirs  s'appelle  Jas ,  le  jc- 
cond    s'appelle  Conche.  L'eau  de  la  mer  fe  commu- 
nique A\ijas  dans  les  couches  par  des  tuyaux  de  bois, 
&  après  s'être  un  peu  échauffée  dans  les  conchcs  , 
elle  paiîe  dara  un  autre  réfervoir  nommé  le  mort , 
par  un  canal  qu'on  appelle  ame  d'eau. 
Ç3=CONCHES.  Petite  Ville  de  France  enNorm.indie, 
dans   le  pays  d'Ouche  ,  à  trois  ou  quatre  lieues 
d'Evreux. 
IKT  CONCHL  C  m.  Efpèce  de  cannelle ,  dont  il  fe  fait 
un  aflez  gtand  commerce  aa  Caire:  on  la  tire  des 
Indes  par  la  Mer  Rouge. 
CONCHIER.  V.  a.  Chier  en  quelque  endroit,  le  rem- 
plir   de  fon  ordure.  Concacare.  Les  Harpies  con- 
chioient  rous  les  lieux  où  elles  paffoienr.Ce  mot  eft 
très-bas  &  peu  ufitc. 
CONCHIERES.  Vieux  mot  qui  fignifie  poltron  ;  on 

ne  s'en  fert  plus. 
CONCHILE,  f.  f.  terme  de  Géométrie.  Ceft  une 
ligne  courbe  qui  s'approche  toujours  d'une  ligne 
droite  fur  laquelle  elle  eft  inclinée,  &  qui  ne  la 
coupe  jamais.  On  la  décrit  ainfi.  On  tire  deux  li- 
gnes à  angles  droits ,  fur  l'une  defquelles  on  choifit 
un  point  pour  centre  ,  duquel  on  tire  une  infinité 
de  lignes  ou  rayons  qui  coupent  la  tranfverfale.  Puis 
on  prend  fur  chacune  de  ces  lignes  ou  rayons  des 
parties  égales ,  à  commencer  au-delà  de  l'interfec- 
tion  de  la  ligne  tranfverlale  ;  &  alors  on  a  plufieurs 
points  marqués ,  par  lefquels,  fi  l'on  décrit  une  ligne, 
elle  s'appellera  conchile ,  &  approchera  toujours  de 
la  ligne  droite  tranfverfale,  fans  jamais  la  pouvoir 
couper.  Voye^-tn  les  figures  dans  Betinus  in  Apia- 
rio  ,  &  dans  François  Barocio  ,  Sénateut  de  Venife  , 
qui  a  fait  un  excellent  livre  des  lignes  Afymptotes , 
dont  la  conchile  eft  une  efpèce,  où  il  a  démontré 
en  treize  façons  la  folution  du  problème  de  deux 
lignes ,  qui  s'approchent  toujours,  &  qui  ne  fc  cou- 
pent jamais. 


CON 

CONCHITE  ,  f.  f.  terme  d'Hiftoire  Naturelle.  Pétri- 
fication qui  reffemble  à  la  coquille  qui  s'appelle 
concha ,  conchites.  M.  Tournefort ,  qui  prérend  que 
les  pierres  font  végétales ,  foûticnt  dans  les  Mémoi- 
res de  l'Académie  ,  i-]OX,p.  241 ,  que  les  conchites 
ne  font  que  de  véritables  pierres  ,  dont  les  germes 
liquides  font  entrés  dans  le  creux  de  ces  coquilles 
que  l'on  appelle  concha  ,  &  dont  ils  ont  pris  le  re- 
lief. Mais,  lans  fuppofsr  de  germe  ,  il  eft  clair  par 
l'infpedion  de  ces  pétrifications  &  de  toutes  les  au- 
tres femblables ,  que  c'eft  une  elpcce  de  marne  ,  qui 
délayée  par  les  eaux  de  la  mer,  s'eft  infinuée  dans 
ces  coquilles  vides ,  &:  enfuite  pat  Tévaporation  de 
l'humidité,  s'eft  durcie  &  pétrifiée,  &  a  pris  la  forma 
de  la  coquille  où  elle  étoit  renfermée.  Cela  eft  Ci 
vrai ,  que  l'on  trouve  fouvent  fur  la  fuperficie  de  ces 
pétrifications  les  reftcs  de  la  coquille  où  elles  ont 
été  renfermées ,  8c  qui  en  a  été  le  moule.  On  voit 
encore  à  Méglre  plufieurs  ruines  de  bâtimens  de 
cette  belle  pierre  blanche  appelée  conchites ,  qu'on 
trouvoit  feulement  à  Mégare.  Du  Loir,^.  158. 
Prononcez  Conquite, 
CONCHOIDAL.  adj.  Ce  qui  appartient  &  provient 
de  la  ligne  conchoïde.  C'eft  une  queftion  en  Géo- 
métrie de  favoir  (i  l'efpace  conchoidal ,  c'eft-àdirc, 
l'aire  comprife  dans  la  ligne  conchoïde ,  eft  fini  oa 
non. 
CONCHOÏDE,  f.  f,  rerme  de  Géométrie,  C'eft  une 
ligne  courbe  ,  dont  Nicomède  eft  inventeur  ,  & 
dont  il  a  fait  la  démonftration.  A'oye^  Pappus  Alexan- 
drinus.  Conchoïde ^  demi-circulaire,  conchoïde  hy- 
perbolique. Conchoïs  femicircularis  ,  conchoïs  hy- 
perholica.  C'eft  une  elpèce  de  conchile,  ou  plutôt 
la  même  choie.  Du  Ry  ,  Architecle  de  Paris,  donna 
en  1585  ,  un  nouveau  Traité  Géométrique,  &  une 
nouvelle  Méthode  très-aifée  pour  tracer  le  pirofil 
du  fuft  de  la  colonne  qu'on  appelle  conchoïde  irré- 
gulière,  parce  que  c'eft  une  ligne  qui  tient  en  fa 
forme  &  en  la  manière  de  la  décrire ,  de  la  conchoïdt 
de  Nicomède,  mais  elle  en  diffère  pourratit,  en  ce 
qu'étant  prolongée ,  elle  s'éloigne  toujours  de  ion 
axe ,  au  lieu  que  la  véritable  conchoïde  s'approche 
du  fien  continuellement. 
%T  CONCHOS.  (  Les)  Peuples  de  l'Amérique  fepr 
tentrionale  aux  frontières  du  vieux  Mexique  &:  du 
nouveau. 
ffj  CONCHUCOS.   Peuple  de   l'Amérique  méri- 
dionale au  Pérou,  dans  l'Audience  de  Lims. 
CONCHYLE.  f.  m.  Poiifon  dont  on  tire  le  fuc  pour 
teindre  en  écarlate.  Danet.  Conchyle,  conchylium. 
CONCHYLIOLOGIE,  f.  f.  Science  qui  traite  des 

coquillages. 
rc?  CONCHYLIOLOGIQUE.  adj.  Qui  appartient 
aux  coquillages ,  qui  traite  des  coquillages.  Traité 
ConchvHolo^ique. 
fO-  CONCHYLlOLOGISTE,CONCHYLI0LO- 
GRAPHE.  Naturalifte  qui  s'applique  à  la  fcience 
des  coquillages,  qui  les  décrit,  qui  les  diftribue 
eft  diff.-rent^s  claflcs. 
gc?  CÔNCHYLIOTIPOLITE.  Nom  par  lequel  on 
défigne  les  empreintes  de  la  figure  extérieure  des 
coquilles  de  mer  lur  la  pierre.  Tous  ces  mots  vien- 
nent de  conchylium ,  coquillage, 
CONCIERGE,  f.  m.  &:  f.  Celui  ou  celle  qui  a  la 
garde ,  les  clefs  d'un  Châreau  ,  d'un  Hôtel ,  d'un 
Palais.  Cujios  Domus  Regiœ  ,  Palatii  Prxfeclus.  On 
l'appelle  aujourd'hui  plus  ordinairement  Capitaine. 
L'on  nommoit  autrefois  Concierges ,  ceux  que  l'on 
a  depuis  nommes  Capitaines ,  &:  enfuite  Gouver- 
neurs des  Maifons  Royales.  Le  Palais  de  nos  Rois 
avoir  fon  Corac/^rg'f ,  mais  fans  aucune  JuridiÇfion. 
Quand  Louis  Hutin  abandonna  ce  Palais  au  Parle- 
ment pour  yadminiftrer  la  Juftice,il  y  refta  tou- 
.^  jours  un  Concierge ,  avec  tous  les  droits  utiles  atta- 
*  chés  à  cet  Office  ,"mais  fans  aucune  Jurididion ,  non 
plus  qu'auparavant.  Ce  n'eft  que  Ibus  Charles,  Duc 
de  Normandie,  Régent  du  Royaume,  pendant  la 
prifon  du  Roi  Jean  fon  père  ,  qu'il  commença  à  fe 
former  la  Jurididlion  qu'il  a  eue  depuis ,  comme 

nous 


C  ON 

nous  l'avons  explique  au  mot  Bailm  du  Palais  , 
qui  eft  le  nom  qu'il  porte  depuis  Charles  VI. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  Cor.fervius ,  à  confer' 
vando.  Il  dit  que  dans  les  vieux  livres  on  trou- 
ve ,  Conjierge  par  une  s  ,  Remarq.  fur  la  Sat. 
Ménippée. 

Du  Cange ,  le  dérive  de  confergms  ou  confervus  : 
il  ajoute  qu'on  a  dit  au/îî  Concierge  de  foret  i^oui 
dire.  Garde-forêt. 

Concierge  fc  dit  fouvent  pour  fignifîer  un  Geôlier  i 
le  garde  des  priions.  Ciifios  carceris.  On  a  rendu 
le  Concierge  relponlable  de  l'cvaiion  d'un  tel  pri- 
sonnier. 

Concierge  fe  dit  aufTi  par  les  Comédiens ,  d'une  ef- 
pcce  d'Officier  qui  a  loin  d'ouvrir  &  de  fermer 
la  porto.  Jtxnitor. 

(^  CONCIERGERIE  ,  f.  f.  demeure  ,  apparte- 
ment d'un  Concierge,-.<E(/^j  cuftodis ,  vel  Prœfecli 
dumàs  regia.  La  Conciergerie  de  Fontainebleau  , 
de  Choifi.  C'eft  au(fi  la  charge ,  la  commiifion 
d'un  Concierge  d'une  Maifon-Royale  d'un  Pa- 
lais. On  lui  a  donné  la  Conciergerie  de  tel  en- 
droit, 

fj^  CoNciERGîRiE.  Ptifons  dc  la  Conciergerie.  Nom 
qu'on  donne  en  quelques  endroits ,  particulièrement 
à  Paris ,  à  la  prifon  où  le  Parlement  tient  Tes  pri- 
sonniers. Ce  nom  lui  fut  donné,  parce  que  c'é- 
toit  autrefoià  une  partie  du  Palais  de  nos  Rois, 
où  demeuroit  le  Concierge  ;  ainfi  il  ne  doit  point 
être  étendu  aux  autres  geôles  ou  prifons  qui  font 
dans  un  Palais.  Curcer.  On  a  amené  cb  prifonnier 
à  la  Conciergerie ,  c'eft- à-dire  aux  prifons  royales 
du  Parlement  de  Paris. 

CONCILE,  f  m.  Aifemblce  d'Evêques  Catholiques , 
légitimement  convoquée  pour  décider  les  queftions 
de  foi ,  ou  régler  ce  qui  concerne  la  difcipline.  Ccn- 
cïliiim.  Un  Concile  Provincial,  eft  l'alfemblée  des 
Evcques  d'une  Province ,  fous  leur  Métropolitain. 
Un  Concile  National ,  efl:  l'afTcmblée  des  Prélats 
d.'une  nation  fous  un  Patriarclie  ou  un  Primat.  Un 
Concile  Général-,  eft  une  afîcmbléc  de  tous  les  Evê- 
ques  de  la  Chrétienté.  Pour  que  le  Concile  foit 
(Ecuménique  ou  Général ,  il  n'eft  pas  néceifaire 
que  tous  les  Evcques  de  la  Chrétienté  y  foient  ef- 
feélivement  préfens ,  il  fuffit  qu'ils  puiifent  s'y  trou- 
ver ,  qu'ils  y  foient  appelés.  Les  Conciles  Géné- 
raux ibnt  quelquefois  appelés  par  les  Auteurs  Ec- 
cléliaftiques  Conciles  pléniers.  On  compte  dix-huit 
Conciles  Géi.éraux  :  deux  de  Nicée  ,  quatre  de  Con- 
ftantinople ,  un  d'Ephèfe ,  un  de  Chalcédoine ,  cinq 
de  Latran ,  de  Lyon  ,  un  de  Vienne ,  un  de  Flo- 
rence, le  dernier  de  Trente,  tenu  depuis  154^  , 
jufqu'en  i5<Î5.  ItT  En  France  on  met  les  Conciles 
de  Pife ,  de  Confiance  &  de  B.île  au  nombre  des 
Conciles  Généraux.  Ammien  Marcellin  reproche  à 
l'Empereur  Conftance ,  qu'il  étoit  inlatiable  de  Con- 
■ciles.  Les  quatre  premiers  Conciles  Généraux  & 
(Ecuméniques  font  approuvés  par  les  Proteftans, 
Les  Conciles  Nationaux  ou  particuliets  ont  apporté 
de  grandes  utilités  àl'Eglife  pour  fa  difcipline.  Quoi- 
que le  Concile  de  Trente  ait  ordonné  d'aflembler 
des  Conciles  Provinciaux  tous  les  trois  ans ,  on  n'en 
a  point  tenu  en  France  depuis  celui  de  Bourdcaux 
en  i(îi4.  Les  Conciles  Dioccfains  ou  Epifcopaux , 
compofés  de  l'Evcque  &  de  fon  Clergé  s'appellent 
Synodes. 

Les  Canons ,  les  Décrets ,  les  Seffions  du  Con- 
cile de  Nicée  ,  de  Trente.  Les  Avions  d'un  Con- 
cile font  différentes  des  Seffions  ;  car  dans  une  feule 
Seifion  il  peut  y  avoir  pluficurs  Aétions  ,  &  une 
A(5tion  pourroit  occuper  plufieurs  Seffions.  AuCo/z- 
cile  de  Chalcédoine  les  iix  premières  Seffions  qui 
contiennent  autant  d'Adlions  :  mais  la  Seffion  VII 
comprend  trois  Adtions.  L'Action  cft  l'examen  & 
le  Jugement  d'une  caufe. 

Ce  mot  vient  de  Concilium  en  latin ,  qui  ne  figni- 
fie  autre  chofe  qWaffemhlée  ;  car  on  a  dit  Conci- 
iium  Deorum  ,  Concilium  Martyrum,  ôcc.  Il  y  a 
Tome  II, 


CON  7^^ 

plufîeurs  Éditions  des  Conciles^  celle  du  Dodtcur 
Merline,.  imprime  à  Paris  en  1514.  Il  y  en  a  deu^^ 
du  Père  Crabe  de  l'Ordre  de  S,  François  en  ly.}*^ 
&  1551.  Celle  de  Surius  en  156:7.  Celle  de  Ve* 
nife  eh  1585.  Celle  dc  Rome  en  l'an  1608.  Deu^^ 
de  Biniivs,  Chanoine  dc  Cologne  en  1606 &c  icîi* 
en  dix  volumes.  Celle  du  Louvte  KÎ45  en  37  vo'' 
lûmes.  Et  enfin  celle  du  P.  Labbe  &:  du  P.  Cofrart'> 
Jéiliites,  achevée  en  l'an  1672  qui  eft  en  17  vo*- 
lumes ,  Se  plus  ample  que  les  autres.  Il  en  a  paru 
depuis  une  nouvelle  faite  par  les  foins  du  P.  Har* 
douin  ,  Jcfuite. 

■Concile  fe  prend  auflî  pour  les  Décrets,  pour  les  Ca- 
nons ,  pour  les  réglemcns  qUi  fe  font  dans  un  Con- 
cile. Decretam.  Le  Cown/c- dc  Trente  n'eft  pas  reçu 
en  France  pour  les  chofes  de  difcipline. 

CONCILIABULE,  f.  m.  Aflcmblée  de  Prélats  irrégU- 
licre,  illicite ,  tumultueufe  ,  qui  n'a  pas  été  convo- 
quée légitimement  &:  félon  les  ordres  de  l'Eglifc. 
Conciliabulum  ,  conventiculum.  On  appelle  en  o-é- 
nérai ,  conciliabules  ,  les  alfemblées  des  Hérétiques 
qui  n'ont  aucune  autorité. 

|p°  On  le  dit  ironiquement  d'une  aflemblce  de  gens 
occupés  de  quelque  mauvais  complot. 

ffT _  Conciliabule.  Terme  d'hilloire  ancienne.  Con- 
ciliabulum. Endroit  d'une  Province  où  les  Préteurs, 
les  Proprcteurs,  les  Proconfuls  faifoient  a/îémbler 
lcs_  peuples  de  leur  Province,  pour  leur  rendre 
la  jufticc. 

CONCILIANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  fe  plaît  à  conci- 
lier les  ciprits,qui  eft  propre  à  la  conciliation.  Je 
fuis  conciliante ■■,]'z\mc  à  rcffct'rcr  les  liaifons  que  le 
remps  &:  l'abfence  dénouent  quelquefois  à  tel  point, 
qu'on  ne  fè  cônnoît  plus.MAo.  de  Sevigné.  Ifmaal 
Pacha  ,  nouveau  Scraskier  de  Bender ,  étoit  d'un 
tempérament  doux  &  d'un  cfprit  conciliant  qui  lui 
avoii  attiré  la  bienveillance  de  Charles ,  &  l'ami- 
tié de  tous  les  Suédois.  M.  de  Volt.  Et  d'ailleurs, 
dit  la  Prélidente  ,  d'un  air  conciliant,  elle  eft  fa 
maîtreffe,  cette  fille  ;  &  ce  jeune  homme  n'a  dans 
le  fc  id  que  fa  jeunelfe  contre  lui.  M.  de  Mari- 
vaux. 

^  CONCILIATEUR  ,  TRICE.  f.  Conciliator  , 
conciliatrix.  Celui,  celle  qui  concilie,  qui  remet 
bien  enfemble  des  peribnncs  qui  avoient  de  l'é- 
loignement ,  qui  ont  des  intérêts  différens.  Il  a  fait 
les  fondions  d'un  bon  Conciliateur.  S.  Louis  étoit 
le  Conciliateur  des  Princes  Chrétiens ,  entre  les 
Princes  Chrétiens.  L'intérêt  commun  eft  le  grand 
Conciliateur  des  elprirs. 

(fT  En  Jurifprudence ,  on  appelle  Conciliateur  des 
antinomies,  un  Auteur  qui  a  travaillé  pour  conci- 
lier les  loix  qui  paroinént  fe  contredire.  Cujas  efl: 
un  grand  Conciliateur  des  antinomies. 

CONCILIATION ,  f  f.  ac'hion  de  concilier  les  ef- 
prits  qui  ont  de  l'éloignement ,  ou  les  pa/îagcs  qui 
paroiffent  fe  contredire.  Les  Commentateurs  fe 
donnent  la  torture  pour  la  conciliation  des  parta- 
ges contraires  de  leur  Auteur.  Travailler  à  la  con~ 
ciliation  des  efprits. 

1)3"  Concilier,  v.  a.  remettre  bien  enfemble  des  per- 
fonnes  qui  avoient  de  l'éloignement  les  unes  pour 
les  autres.  Conciliare.  Voyez  Accorder. 

§3"  Concilier  fignifie  aufll  lever  les  contradidlions 
apparentes  dans  quelqu'ouvrage ,  entre  quelques 
partages.  A^oyi?^  Accorder.  On  accorde  les  opi- 
nions qui  fc  contrarient.  On  concilie  les  paffage» 
qui  femblent  fe  contredire. 

^fT  On  dit  fe  concilieriez  bonnes  grâces  de  quelqu'un^ 
fe  concilier  l'amitié  des  honnêtes  gens  ;  fe  concilier 
l'attention  des  Auditeurs,  c'eft- à-dire,  gagner  les 
bonnes  grâces ,  l'amitié ,  l'attention  ,  &c.  Sili  cow 
ciliare.  On  dit  auffi  concilier  à  quelqu'un  l'amitié 
de  tout  le  monde.  Il  ne  fort  aucune  parole  de  votre 
bouche  ,  qu'elle  ne  vous  concilie  généralement  tout 
les  Efprits.  S.  EvR.  Dans  le  fens  dont  on  vient  dc 
parler,  concilier  ne  fe  dit  qu'en.^arlant  de  Ja  dit 

Ë  £  £  e  e 


770  C  O  N 

polition  favorable  des  elprits.  On  ne  diroit  pas  Te 
concilier  la  haine,  ic  mépris  du  Public, 
Concilie  ,  ée  ,  part. 

CONCION.  I".  i.  Difcours ,  harangue.  Ce  mot  qui  fe 
voit  dans  Nicot,  Monct  &  Cotgiavc  ,  ell  hors  d'u- 
fa"-e  à  prélent.  Il  vient  du  latin  concio. 
CONCIS  ,  ISE.  adj.  Concifus.  Il  ne  le  dit  que  du  dil- 
■    cours, du  ftyle  Ictré.  Un  ikyle  concis  &c  laconique, 
qui  eft  ferre  &   énergique ,  qui  dir  beaucoup  en 
peu  de  mots.  Dcmoithène  eit  li  pariait    dans  la 
manière  fcricc  &:  concife ,  Se  Cicéron  dans  toute 
l'étendue  de  Ion  dilcours,  qu'on  ne  peut  ncn  re- 
trancher à  l'un ,  &  rien  ajouter  à  l'autre.  P.  Rap, 
Il  eft  concis  dans  Tes  harangues ,  &  n'opine  que  du 
bonnet.  Main,  f^oyei  Court  Si  Succinct. 
CONCISION,  f.f.  icj-  Ce  terme  eft  nouveau  ,  mais 
il  eft  reçu   pour  fignifier  le  laconifme ,  un  ftyle 
ferré  &  énergique  ,  la  qualité  de  ce  qui  eft  concis. 
Viilornm  concifo.On  ne  fauroit  le  foûtenir  dans 
une    égale   élévation ,  dans  une  égale   concijiuii , 
dans  une  égale  netteté  pendant  quinze  ou  vingt 
pages.  Je  ne  hazarde  une  exprelîion  que  pour  don- 
ner plus  de  feu  ,  plus  de  concijion  ,  plus  de  netteté 
à  ce  que  j'exprime.  Grimarest.  La  Poclîe  eft  un 
ornement  dont  l'abbé  du  Relhel  a  cru  ne  pouvoir 
fe  difpenfer ,  pour  approcher  de  plus  près   de  la 
concijion    de   la  langue    angloife.  Goujet  ,  Bihl. 
franc.  Voyez  Précision. 
CONCITOYEN  ,  f.  m,  terme  relatif,  qui  fe  dit  de 
deux  eu   de  plulieurs  citoyens  de  la  même  ville. 
Civis.  Ce  Magiftrat  ctoit  bien  zélé  pour  la^défenfe 
de  fes  concitoyens.  J'aime  mieux  renoncer  à  l'Em- 
pire  que  de  répandre  le  lang  de  mes  concitoyens, 
Vai'G.  Voye:^  Citoyen. 
CONCLAMATION ,  f.  f.  cérémonie    que  les    Ro- 
mains pratiquoicnt  lorfqu'il   mouroit  quelqu'un  , 
qui  conliftoit  à  fonncr  du  cor  ou  de  la  trompette , 
pour  annoncer  que  le  malade  venoit  de  rendre  k 
dernier  foupir.  Dam  Jacques    Martin  dit  que  la 
conclamation  étoit  le  premier  de  tous  les   devoirs 
que  les  Romains  rendoient  aux  morts ,  que  l'ori- 
gine de  fon  ufage  remonte  au  de-là  de  la  fonda- 
tion de  Rome,  que  c'eft  celle  de  toutes  les  céré- 
monies ,  qui  a   été  le  plus  généralement  &  reli- 
gieufement  obfervce  ,    puilqu'elle  ne  s'eft  éteinte 
qu'avec  le  Paganifme  ;  que  c'étoit  une  cérémonie 
purement  civile  ,  qui   ne  faiibit    point   partie  de 
leur  religion ,  &  que  cet  ufage  de  fonner  du  cor 
ou  de   la  trompette  étoit  continué  pendant  huit 
jours.  Kirchmann  dit  qu'on  appeloit  à  grands  cris 
le  mort  par  fon  nom  avant  que  de  brûler  le  cada- 
vre ,  afin  d'arrêter  l'amc  fligitive ,  ou  pour  la  rc- 
Yeiller,{î  elle  étoit  cachée  dans  le  corps  qui  n'n- 
voit  aucun  ligne  de  vie.  fiCT  Et  pour  fignifier  qu'il 
n'avoir   point  répondu ,  parce  qu'il  étoit  décéoé, 
on  difoit  conclamatum  ejt.  Et  on  appeloit  concla- 
mata  cor/^ora  ,  les  corps  appelés  ainlî  à  haute  voix 
avant  que  de  les  mettre  fur  le  bûcher. 

ÇC?  On  appeloit  zmXi  conclamation,  le  lignai  qu'on 
donnoit  aux  Soldats  romains,  pour  plier  bagage 
te  décamper.  De-là,  l'expreffion  conclamare  yaja  ; 
eonclamare  ad  arma  étoit  le  lignai  contraire  de  fe 
tenir  prêts  à  donner. 

CONCLAVE  ,  f.  f.  aflcmblée  des  Cardinaux  pour  l'é- 
leclion  du  Pape.  Sacer  Patrum  purpuratorum  con- 
tenus. Ce  Pape  a  été  élu  prefque  tout  d'une  voix 
par  le  Conclave.  Il  n'y  îi  point  de  mer  plus  ao-itce 
qu'un  Conclave  \  les  pallions  comme  les  Hots,  s'y 
pouffent  fucceffivement.  Hist.  des  Concl.  Les 
chofes  changent  de  face  mille  fois  dans  un  Con- 
clave, &  la  fituation  des  cfprits  eft  à  tout  moment 
différente.  La  cabale  ,  les  intrigues ,  &  tout  ce  que 
l'expérience  d'une  Cour  raffinée  peur  avoir  ap- 
pris d'artifices  &  de  fubtilité  ,  eft  là  mis  en  ufage. 
Id.  Le  Conclave  n'a  commencé  qu'en  1 170.  Clé- 
ment IV  étant  mort  à  Viterbe  en  ii(J8,  les  Car- 
dinaux turent  deux  ans  fans  pouvoir  convenir  de 


C  O  N 

Vc\tû\on  d'un  Pape.  Les  chofes  allèrent  {\  loia  » 
qu  ils  furent  fut  le  point  de  fe  retirer  fans  vouloir 
rien  .conclure.  Les  habitans   de  Viterbe  ayant  eu 
connoiifr.ncc  de  ce  deffcin ,    par  le  coefeil  de  S. 
BonavcntLire  qui  ércit  alors  à  Virirbe,  fermèrent 
les  portes  de  leur  ville  ,  ic  enfermer. m  les  Cardi- 
naux dans  le  Palais  pontifical  qui  étoit  proche  de 
l'Eglife  Cathédtale.  De-là  eft  venue  enfuite  la  cou- 
tume d'enfermer  les  Cardinaux  en  un  feul  Palais , 
jaiqu'à  ce  qu'ils  aient  élu  le  Pape  ;  &  tels  turent 
les  coimnencemens  &   l'origine  du  Conclave  ,  rap- 
porté par  Onuphrius  Panvinus,  par  Ciaconius,& 
par  le  P.  Papcbioch. 
Conclave  eft  auHi  le  lieu  où  s'affemblent  les  Car- 
dinaux pour  l'cleCtion  du  Pape  ;  c'>.ft  à  S.  Pierre 
au  Vatican  ,  quoique  Grégoire  X  &  Clcmcnt  V 
aient  ordonné  qu'il  fe  feroit  où  le  dernier  Pape 
feroit  décédé.  On  en  mure  routes  les  portes  &  les 
fenêtres  en   hiver,  excepté  un  panneau  pour   les 
éclairer ,  iJc  pour  y  porter  une  lumière  tort  fombre. 
En  été  on  ne  les  terme  point.  On  y  lailfe  feulement 
la  première  porte  de  la  lalle  fermée  de  quatre  fer- 
rures &  quatre  verrouils ,  où  il  y  a  une  ouverture 
par  où   l'on  fcrt  à  manger  aux    Prélats   enfermés. 
On  drcffe  dans  les   fallcs,  qui  font  fort    amples, 
des  cellules  pour  autant  de  Cardinaux  qu'il  y  en  a 
de  prélcns  à  l'élection ,  qui  ne  font  féparées  que 
par  des  plandies  de  fapin.  Elles  font  marquées  pat 
des  lettres  de  l'alphabet ,  Se   diftribuécs  par   fon 
aux  Cardinaux.  Chaque  Cardinal  fait  mettre  le? 
armes  fur  la  cellule  qui  lui  eft  échue.  Apscs  trois 
jours  d'affcmblée ,  on  ne  fcrt  plus  que  d'une  vian- 
de, &;  après  cinq  autres  jours  que  du  pain  5c   du 
vin.  Cette  règle  ne   -s'oblerve  pas    à   la   rigueur. 
Voyei  Conringius  ,  Vavre  en    Ion  Hijioire  de  la, 
Cow  Romaine.  Matthieu  Paiis  dit  que  ce  mot  Con.' 
clave   lîgnifioit  autrefois    la   Garâc<rol-^    du   Pape. 
C'eft  un  proverbe  affez  commun  en  Italie  ,  que  qui 
entre  Pape  au  Conclave  ,  en  fort  Cardinal.  Chi  en~ 
tra  Papa ,  efce  Cardinale  ;  pour  dire ,  que  celui  qui, 
fuivanr  le  bruit  commwm ,    fera    élu   Pape  ,  pour 
l'ordinaire  ne  l'eft  pas. 

On  dit ,  le  Conclave  d'un  tel  Pape  ;  pour  dire  ,' 
le  Conclave  où  un  tel  Pape  a  été  élu.  Le  Conclave 
de  Clément  IX.  Acad.  Fr. 

^fT  Conclave  fe  dit  auffi  de  l'affemblce  des  Che- 
valiers de  Malte  pour  l'élection  d'un  grand  Maî- 
tre. Les  Partifans  du  Prieur  de  Capoue ,  renfermés 
dans  le  conclave ,  firent  valoir  fon  courage  ,  la 
valeur  &;  fon  expérience.  Vep.tot. 

CONCLAVISTE,  f.  m.  domeftique  qu'un  Cardi- 
nal choifit  pour  le  fervir,  &  qui  s'enferme  avec  lui 
dans  le  Conclave. Domejïicus  Cardinalis  cum  eodtm 
in  Conclavi  conclujus.  Les  Conclavijies  portent  tous 
une  robe  de  chambre  d'une  même  parure.  Chaque 
Cardinal  à  deux  Conclavijies.  On  en  accorde  ua 
troifième  par  privilège  à  un  Cardinal  Prince. 
1^  Le  nom  de  domeftique  préfente  une  idée  hu- 
miliante ;  mais  les  tbnétions  d'un  Conclavifte  ne 
le  font  pas.  Les  Conclavijies  font  tous  de  jeunes 
Abbés  de  diftinétion  ,  auxquels  on  accorde  ,  après 
le  conclave,  le  Gratis  pour  les  bulles  des  bénéfices 
qu'ils  peuvent  obtenir  par  la  fuite. 

CONCLUANT,  ANTE.  adj.  Qui  conclud,  qui  prou- 
ve. Decretorius.  Une  démonftration  ,  eft  un  ar- 
gument concluant.  Une  dépolîtion  de  deux  témoins 
non  reprochés ,  eft  une  preuve  concluante. 

On  appelle  au  Palais ,  un  défaut  concluant ,  un 
défaut  qu'on  donne  à  juger ,  où  l'on  met  des  con- 
clufions ,  &  qui  emporte  profit. 

CONCLURE.  V.  a.  Il  fe  conjugue  ainfi,  ]e  conclus  ^ 
tu  conclus  ,  il  conclut  ou  //  conclud ,  j'ai  conclu , 
je  conclus  tje  conclurai ,  que  je  conclue  ,  eue  je  con- 
clurois.  Finir,  terminer.  Conclure  un  dircour";,  un 
livre  ,  un  traité,  une  affaire.  Conclndere  ,  faire, 
al-folvere.  L'Orateur  doit  conclure  fon  djTcours  vi- 
vement &:  pathétiquement. 


C  O  N 

0Cr  Corneille  a  employé  ce  mot  comine  fy-nonyme  à 
eff-eùl.iier,  da.ns  Ci nna.  Conclure  des  dedeins  géné- 
reux. Le  mot  de/Tein ,  dit  Voltaire,  ne  convient 
point  à  conclure.  On  conclut  une  affaire  ,  un  traité, 
un  marché,  Q)\\  confomme  un  deliein ,  on  l'exécute , 
on  l'efîeéliue.  Peut-être  que  dans  le  vers  de  Cor- 
neille ,  le  verbe  remplir  eut  été  plus  jufte  &  plus 
poétique ,  que  conclure. 

Conclure  lignifie  encore,  convenir  d'une  chofe  ,  en 
arrêter  les  conditions  ■■,  arrêter  une  chofe  ,  la  rélbu- 
dre.  Statuer e  ,  conjlitnere ,  décerner e.  Ce  maria2;e 
a  été  conclu  ,  mais  il  ne  fera  exécuté  que  dans  un 
an.  Le  traité  fut  conclu.  Ablanc, 

Conclure,  en  termes  de  Philofophie,  efl:  tirer  une 
confsquence  des  propolitjons  qu'on  a  avancées; in- 
férer une  chofe  d'une  autre.  Concludere ,  colli^rere  , 
referre.  C'eft  un  argument  en  forme  ,  qui  conclut 
bien.  Que  conc/wc^-vous  de-là  ;  On  ne  peut  rien 
conclure  fur  une  vaine  préfomption.  Son  exemple 
aujourd'hui  ne  conclut  rien  pour  moi.  Capistron. 

Conclure,  en  termes  du  Palais,  Signifie,  propofer 
fa  demande ,  dire  en  quoi  confille  fa  prétention. 
Proponere ,  exponere.  La  plus  grande  difficulté 
d'une  requête  cft  de  bien  conclure.  Il  faut  conclure, 
établir  fa  demande  dès  les  commencement  d'un 
plaidoyer,  ou  des  écritures. 

Conclure  iîgnifie  aufîl ,  paffer  un  appointement  au 
Greffe  fur  des  procès  par  écrit,  pour  favoir  s'il  a 
été  bien  ou  mal  yjgé.  Dejinire , /latuere.  On  obli- 
ge les  Procureurs  des  Appclans  à  conclure  aux 
Greffes,  linon  on  fait  confirmer  la  dernière  fen- 
tence  par  défaut. 

Conclure  lignifie  aufîl,  juger,  déterminer,  donner 
avis.  Judicare  ,  definire  ,judicium  ferre.  Les  Méde- 
cins qui  ont  vu  ce  malade  ,  ont  tous  conclu  à  la 
mort.  Plulîeurs  Juges  ont  conclu  à  la  queftion,  en 
voyant  ce  procès.  Après  avoir  examiné  les  divers 
récits  qu'on  m'a  faits  de  cette  avanture,je  conclus 
qu'il  n'en  eft  rien.  Vous  voilà  attrapé ,  il  conclut 
tout  le  contraire.  Pasc. 

CONCLU  ,  UE.  part.  &  adj.  Conclufus  ,  affolutus  , 
terminatus  ,  ou  /iatutus  ,  decretus  ,  conjtitutus.  Un 
procès  conclu  eft  un  procès  par  écrit,  fur  lequel  on 
a  palîé  l'arrcc  de  conclufion,  6i  qui  efl:  en  état  d'ê- 
tre mis  à  la  diflribution.  On  dit  aulîî ,  qu'une  af- 
faire efl:  conclue;  pour  dire  ,  qu'elle  efl:  arrêtée  & 
réfolue  ,  &  qu'on  tenteroit  en  vain  d'en  empêcher 
l'exécution. 

Conclu.  Vieux  part,  du  verbe  conclure ,  dans  le  fens 
de  renfermer,  alfcrvir,  foumcttre.  Conclu,  alfet- 
vi ,  fournis.  C'efl:  une  verlion  trop  littérale  de  ce 
mot  de  S.  Paul  :  Omnia  conclujït  jub  peccato. 

^3"  CONCLUSION.  Fin,  ce  qui  termine  quelque 
chofe.  Claufula ,  conclujio.  La  conclujion  d'une 
alKiire  ,  d'un  traité  ,  d'un  mariaa;e. 

ffT  CONCLUSION  ,  dans  l'art  oratoire,  efl  la  der- 
nière partie  du  difcours ,  dans  laquelle  l'Orateur 
fait  une  courte  récapitulation  des  principales  preu- 
ves, &:  cherche  à  exciter  dans  l'ame  des  Auditeurs 
les  fentimens  qui  peuvent  conduire  à  la  perfualion. 
Peroratio ,  orationis  conclujio.  Voyez  Péroraison. 
La  conclujion  d'un  fermon  doit  être  vive  &:  ani- 
mée, pleine  de  grandes  &;  belles  figures,  qui  ten- 
dent à  émouvir  des  palFions  chrétiennes.  Cl. 

Conclusion  efl  aulTi  la  dernière  partie  d'un  argu- 
ment ,  la  conféquencc  qu'on  tire  d'un  raifonne- 
ment  de  ce  qu'on  a  prouvé  auparavant.  Conclufio. 
Conclujion  nécelfaire.  Conclujion  fophiftique.  On 
appelle  en  ce  fens  les  thèfes  qu'on  foùtient  au  col- 
lège, des  Conclu  fions  de  Philofophie,  Théologie  , 
Médecine,  Ss.c.  La.  conclujion  d'un  argument  ren- 
ferme deux  paTties  :  le  conféquent,  qui  eft  la  ma- 
tière; &  la  conféquence,qui  eft  la  forme,  &  qui 
fait  que  de  propolîtion  limple  &:  abfolue  ,  la  con- 
clujion eft  relative  aux  prémillcs  d'où  elle  eft  tirée  , 
&  conlidérée  fous  ce  rapport  qu'elle  a  avec  elles. 
Foye^  Conséquent  ,  Conséq,uence, 


CON  771 

Conclusions  lignifie  les  fins  |,tT  que  l'on  prend  dans 
un  exploit  ou  dans  une  requête  contre  le  Défendeur 
ou  la  Partie  advetfe.  On  prend  encore  des  con- 
clujions  dans  d'autres  écritures,  dans  les  remon- 
trances, avertifîemens ,  inventions ,  caufes  d'appel  , 
gtiefs,  réponlés,  ùc. 
■ifJ'  Il  eft  très-important  de  renfermer  dans  des  co/i' 
clujions  bien  rédigées  toutes  les  demandes ,  &  de 
les  féparer  du  fait  &  des  moyens.  Car  le  Juge  ne 
donne  attention  qu'à  celles  qui  en  font  diftinCles  , 
féparées.  Perrière.  On  lui  a  adjugé  lés  fins  &: 
conclujions.  Les  conclujions  civiles  aux  procès  cri- 
minels, font  les  demandes  des  Parties  pour  leurs 
intérêts  civils. 
Conclusions  du  parquet  des  Gens  du  Roi,  font  les 
demandes  que  font  lesAvocats  &:  Procureurs  Géné- 
raux ,  poyr  l'intérêr  public  ;  qui  concluent  à  peine 
affliéf  ive  en  matière  de  crime ,  en  l'amande  en  af- 
faire civile  ;  &:  qui  donnent  leurs  avis ,  leurs  réqui- 
litoires  aux  affaires  du  Roi ,  des  mineurs ,  des  com- 
munautés ,  Eglifes ,  Hôpitaux  ,  &:  autres  caufes  qui 
regardent  le  public.  Les  Gens  du  Roi  ont  pris  des 
conclujions ,  ont  fait  un  rcquilitoire  contre  ce  Pro-. 
cureur. 
ifj'  Les  conclujions  des  Gens  du  Roi ,  en  matière  crîv 

minelle  ,  font  prépararoires  ou  définirives. 
i}Zr  Les  préparatoires  font  celles  qui  ne  tendent  qu'i 
un  interlocutoire ,  ou  à  faire    ordonner    quelque: 
inftruéfion  ou  procédure. 
§3*  Les  définitives  ,    font   celles  qui  concernent  la 
décifion  du  fond    de  l'affaire.  Celles-ci  font  don- 
nées par  écrit,  &  cachetées. 
Conclusion.     (  Arrêt  de  )    Arrêt  qui    fe    palle  au 
Greffe,  entre  les  Procureurs  fur  les  Procès  par  écrit, 
qui  eft  un  appointement  à  fournir  griefs  &c  réponfes, 
&  qui  lért  à  les  mettre  en  état. 
Conclusion.  Il  le  prend  quelquefois  ad verbialemenc 
dans  le  difcours  familier  ;  pour  dire,  enfin ,  bref,  &c, 
ConcluJi:>n ,  Je  n'en  ferai  rien.  Acad.  Franc. 

On  dit  aulIi  adverbialemenr,  pour   conclujion  à 
enfin  ,  bref,  fomme  toute.  Denique. 

On  dit,  en  tetmes  familiers,  qu'un  homme  eft  en- 
nemi de  la  conclujion;  pour  dire,  qu'on  ne  peut  finir, 
terminer  une  affaire  avec  lui  ;  S-:  à  l'égard  des  femmes; 
pour  dire,  qu'elles  favent  conferver  leur  honneun 
Jufqii'à  la  fin. 
^fj"  Conclusion  fe  dit  aulfi  dans  quelques  compa- 
gnies ,  des  arrêtés  &:  dccilions  de  l'ailemblée. 
Conclusion  ,  terme  d'Hglife.  Ainfi  fe  nommoit  autre- 
fois rOraifon  de  la  Melfe ,  que  nous  appelons  au- 
jourd'hui Pofîcommunion ,  comme  on  le  peut  voir 
dans  le  Sacramentaire  de  Saint  Grégoire  ,  où  l'on 
trouve, fous  le  nom  de  conclu(ions,x.o\.\x.es\ts  mêmes 
Pojlcommunions  que  nous  difons  encore  à  chaque 
Melîe. 
%fTCONCLUSUM,  f. m.  terme  Latin, qui  eft  en  ufage 
en  parlant  des  diètes  de  Pologne  ,  de  Suède.  C'cft 
un  décret  de  la  diète  fur  quelque  point.  Il  fe  dit  aulîî 
des  arrêtés  du  Confeil  Auiique  ,  par  un  Conclufum 
du  Conleil  Auiique,   &c. 
CONCOCTION,  f.  f.  terme  de*Médecine,  qui  fe 
dit  des  alimens  qui  reçoivent  une  altération  utile  à 
l'économie  animale,  &  fe  digèrent  dans  l'eftomac. 
Concociio.  Il  y  a  une  première  concoclion  qui  le  fait 
dans  l'eftomac  ,  par  le  moyen  d'un  ferment  làlé  & 
volatile  -,  &  une  féconde  qui  le  fait  dans  les  inteftins 
grêles  par  le  mélange  de  la  bile  ôc  du  fuc  pancréati- 
que. Coclion. 
CONCOMBRE,   f.  m.  Cucumis.  Plante    cucurbita- 
céc ,  qui  fe  diftingue  par  lés  fruits    qui  font  plus 
petits  que  ceux  des  citrouilles,  des  melons,  des 
potirons  &  des   courges.     Plantes   cependant  qui 
lui  font  congénères  :  l'intérieur  de  fes    fruits  eft 
divifé  en   trois  ou  quatre    loges  remplies  de    fe- 
mcnces ,  petites ,  plates  ,  oblongues  &:  étroites.  Il 
y  a  plufieurs  efpèces  de  concombre,  les  unes  font  bor- 
nes à  manger ,  &  quelques  auttes  ne  le  font  point  du 
tout.  Le  concombre  oid\x\'i\-iZ  qu'on  mange,  Cucumis 
fdtivus,iz  cultive  dans  les  jardins.  Il  poulie  plufieurs 

E  E  E  e  e  ij 


t 


77a  C  O  N 

tiaesrirapantes  fur  tercc ,  rudes  au  toucher ,  pleines 
de  iuc  ,  &c  de  la  irroHlur  au  doigt.  Ses  teuilics  lont 
Wdcs ,  aUcrn..s  /pareilles  à  cetks  du  melon ,  mais 
plus  tudei ,  plus  anguic.  l'es, &  un  peu  plusamol -s. 
Des  ailîelLs  de  plulieurs  de  cts  feuilies  naiilent  les 
vrilles  &c  1  s  Beurs.  Ces  Heurs  .ont  'aunatrcs ,  e  vaices, 
découpées  en  cinq  ,  &  de  demi-pouce  environ  de 
diamètre.  De  ces  fleurs,  quelques-unes  font  Ucnl  s, 
êc  d'autres  nouent.  Ses  fruits  font  verts  d  abord  , 
fermes,  comme  épineux  ,  un  peu  alonges  de  un  peu 
courbes.  On  les  confit  au  vinaigre  ,  &  dans  cet  ctac 
on  les  nomme  cornichons.  Dans  Lur  maturité  iK 
font  longs  de  plus  d'un  demiçic  ,  cpais  de  trois  a 
quatre  pouces  ,  couverts  d'une  ccotce  jaunatri  ou 
blanchâtre,  2c  fort  inégale  ,  &  remplis  d'une  chair 
blanchâtre,  aqueule  ,  douceâtre  ,  divilce  dans  (on 
milieu  en  trois  ou  quatre  loges ,  remplies  de  Icmen- 
ces  ovales  pointues.  Ces  lemences  lont  du  nombre 
des  lemences  froides  majeures.  On  mange  les  con- 
^omhres  en  Eté ,  &i  on  ies  fert  dans  le  potage ,  ou  en 
fricailee.  Ils  font  rafraîchifùns.  • 

Ce  qu'on  nomme  concombre  ieïçcnt,cucumisjie- 
xuojus,  ou  cucumus  ane,uiuus ,  ne  dilîcre  du  pré- 
cédent que  par  fes  fruits ,  qui  font  longs  ,  menus , 
verdàtres ,  &;  plies  de  manière  qu'on  diroit  que  c'elt 
le  corps  de  quelque  ferpent.  Sa  chair  eft  blanche  Se 

douce.  ■    rt    n  ■      r       r 

Le  concombre  fauvage ,  ciicumisjdvejtris ,  Jive  aji- 
■nius  ,  fe  fait  aflez  teconnoître  par  fes  riges  qui  lont 
courtes  :  par  fes  feuilles  qui  font  plus  pointues ,  plus 
velues ,  plus  charnues,  &  blanchâtres  :  par  les  Heurs 
qui  naillént  par  bouquets  i  ^  par  fes  fruits  qui  ne 
font  guère  plus  gros  que  le  pouce-,  ovales ,  verdà- 
tres , Chargés  d'un  poil  rude  qui  les  rend  velus.  Ces 
fruits  dansleur  maturité  fe  détachent  de  leur  pédi- 
cule ,  avec  une  élafticité  furprenante.  Ses  femenccs 
en  même  temps  font  chalîces  avec  impétaolité  hors 
du  fruit.  Ce  fruit  eft  très-amer  au  goût,  d'une  odeur 
vireufe  ,  affez  défagréable.  Ces  lemences  font  apla- 
ties ,  arrondies ,  plus  petites  c;uc  celles  de  la  colo- 
quinte,&  noirâtres  dans  leur  parfaite  maturité.  Cette 
plante  vient  auprès  des  mafures ,  &  le  long  des  che- 
mins. L'extrait  de  fes  fruits  fe  nomme  cUuniim  -, 
c'eft  un  des  plus  violens  Se  des  plus  puiffans  purg.:- 
tifs  que  nous  ayons  dans  les  végétaux.  Un  ou  dedx 
grains  de  cet  extrait  purgea  fait  vomir.  Sa  racine 
eft  émoUiente  &  fort  réfolutive. 

Jean  Struys  parle  dans  les  voyages  d'un  cowcoTO/^r« 
relu  qui  croit  vers  la  partie  Occidentale  du  Volga  , 
6c  qui  femble  ronger  toutes  les  herbes  qui  font  au- 
tour de  fa  tige  :^il  dit  que  ce  fruit  a  la  figure  d'un 
agneau  avec  les  pics,  la  tète  &  la  queue  de  cet  animal 
diftindement  formés,  d'où  on  l'appelle  en  Mofcovie 
BoiinaretOMBonarei-,  c\\i-À-à\K,petit agneau  ;  que 
fa  peau  eft  couverte  d'une  laine  ,  ou  d'un  duvet  fort 
blanc  ,  5c  auffi  délié  que  de  la  foie  -,  que  les  Tar- 
tares  &c  les  Mofcovites  en  font  grand  état ,  £■:  qu'il 
en  a  vu  plufieurs  dans  leurs  maifons  qu'ils  conler- 
voient  -,  qu'il  croît  fur  une  tige  d'environ  trois  pies 
de  haut  ;  que  l'endroit  par  ou  il  tient  eft  une  efpèce 
de  nombril  fut  Ic'quel  il  fe  tourne  5c  fe  baille  vers  les 
herbes  qui  lui  fervent  de  nourtiture,  fe  féchant  & 
fe  flétrilfant  aulfi-tôt  que  ces  herbes  lui  manquent  -, 
que  les  loups  l'aiment  &  le  dévorent  avec  avidité  , 
patce  qu'il  reflcmble  à  un  agneau-,  qu'on  l'a  alllué 
que  ce  fruit  a  effectivement  des  os ,  du  fang  ,  de  la 
chair ,  d'où  vient  qu'on  l'appelle  dans  le  pays  Zoo- 
phire ,  c'eft-à-dire,  plante  animale.  Foye^  agneau. 

Cucumis,  félon  Varron,  a  été  dit  à  curvore.  Citcu- 
mcres  ,  dit-il  ,  quafi  curvimeres.  L'éthymologie  de 
Scaligera  plus  de  vraifemblance,  quand  il  tire  ce 
mot  du  grec  x»  -tAt<ç. 

Les  Turcs  ont  à  Conftantinople  de  petits  concom- 
bres ,  qui  fe  mangent  cruds  avec  du  fel  durant  cinq 
mois  de  l'année  , '&  dont  la  quantité  ne  fait  po-nt 
de  préjudice  à  la  fanté  comme  en  France.  Du  Loir, 
paf.  84.  . 

Concombre.  Sorte  d'infede  marin  ,  qui  a  du  rapport   I 
au  concombre  de  terre. Rond.  ^  C'eft  un  petit  poil-  / 


C  ON 

fon  de  la  longueur  8c  delà  grolîeur  du  doigt   ,  ci  ;  :;; 
de  quelques  tubctcmes,  qui  a  la  couleur  &C   Ixccu 

du  cuncomtre.  ,  ,    ,      . 

CONCOMITANCE  ,  f.  f.  terme  de  Théologie  ,  qui 
iignific  accouipa^nement.  Il  le  dit  d'une  choie  qui 
va  de  compaL-nic  avec  une  autie  ,  qui  eft  la  princi- 
pale. L^ncunac.aïuajocteias  ,  communio.  Selon  la 
ooctrine  ac  fliglife  ,  le  lang  de  Jefus-Chrift  eft  lous 
les  accidens  du  pain  ,  comme  le  corps  le  troaveiou^ 
les  accidens  du  vin  çziconcvmuanc^.  La  charité  ^.n- 
trJnc  toutes  les  autres  \&n\is 'Ç'^x.  concvinuance. 

CONe.OM-TANT  ,  ANTE  ,  adj.  terme  de  Théolo- 
gie. Qui  uccompagn..  Concomuuns.  La  grâce  conco- 
Inuarac  ,  celle  que  Dieu  nous  donne  durant  L-  co-as 
de  nos  avions,  pour  les  faire,  Se  les  rendre  méri- 
toires. La  grâce  concomitante  eft  différente  ,  du 
moins  par  rapport  à  l'effet,  de  là  grâce  prévenante  : 
la  grâce  prévenante  prévient  l'aCtion ,  6c  nous  eft 
donnée  pour  nous  porter  à  la  faire ,  la  grâce  conco- 
mitante accompagne  l'action. 

IJCF  Concomitant  le  dit  qu.  Iquefois  en  général  de 
tout  ce  qui  accompagne.  Il  n'y  a  rien  dans  la  nature 
qui  n'ait  fon  commencement ,  fon  milieu  &  fa  fin  i 
même  des  avant-coureurs  &c  des  fuites  ,  &C  en  quel- 
que forte,  un  cortège  d'accidens  préliminaires,  Cwi- 
coOTZW/ii- 5c  fubféquens.  MÉM.  de  TrÉv. 

f<T  On  h:  dit  dans  le  même  fcns  en  Médecine. 

CONCORDANCE  ,  f.  f.  terme  de  Grammaire.  C'eft 
la  conftrudion  régulière  qui  le  fait  des  noms  ea 
même  genre  ,  cas  £c  nombre  ,  &  des  verbes  félon 
leurs  temps  5c  leurs  perfohnes.  Manière  d'accorder 
tous  les  mots  les  uns  avec  les  autres,  félon  les  règles 
de  la  langue.  Légitima  verborum  jlruclura ,  confimc- 
tio    Cet  aifant  n'en  eft  encore  qu'à  la  Concordance. 

Concordances  ,  au  pi.  fe  dit  des  Livres  où  les  pre- 
mières règles  de  la  Syntaxe  font  enfeignees.  Il  faut 
lui  acheter  des  Concordances.  Acad.  Fr. 

|p=  Concordance  lignifie  auHi  rapport  ,  Conve- 
nance. Convcnientia.  11  y  a  une  merveilleufe  co;;c;3r- 
J.2/2Ci,' entre  les  Evangcliftes.  La  matière,  la  fuire  5C 
la  concorciance  du  dhcours  reclament  contre  cette 
leçon.  CiuriQ.  du  Dict.  de  Bayle. 

|rr  On  le  dit  en  ce  fens,  des  Livres  qui  font  faits  pour 
montrer  la  concordance  àz-i  Écritures  ,_  des  loix,  dc" 
coutumes.  La  concordance  des  Evangiles. 

Concordance  de  la  Bible  ,  eft  un  grand  Dictionnaire 
de  la  bible ,  où  l'on  a  mis  par  ordre  alphabétique 
tous  les  mots  de  la  Bible  ,  afin  de  les  pouvoir  con- 
férer enfemble ,  5c  de  voir  par  ce  moyen  s'ils  on:  la 
même  lignification  pat- tout  où  ils  font  employés  ; 
Bibiiorum  concordantia.  Ces  fortes  de  Concordances 
ont  encore  un  autre  ufage,  qui  eft  d'indiquer  les 
palfagcs  dont  on  a  bcfoin ,  lorfqu'on  ne  les  faitqu'cn 
partie ,  ou  que  l'on  veut  s'aflurer  du  livre  5c  du  cha- 
pitre où  ils  fe  trouvent  :  ce  qui  eft  d'un  très-grand  fc- 
cours  oour  les  Théologiens  6c  pour  les  Prédicateur*. 
Le  Cardinal  Hugues  employa  ^00  Religieux  pour 
faire  la  Concordance  de  la  Bible.  Les  grandes  Con- 
cordances ,  qu'on  appelle  d'Anglererre,  ont  été  faites 
ppt  les  foins  &c  le  travail  de  je-an  Derlington  ,  de 
l'Ordre  des  Frères  Prêcheurs.  La  Concordance  de 
Zamora,pour  être  faite  avec  plus  d'art  encore  5c  plus 
de  foin  ,  n'en  eft  pas  plus  utile  ;  mais  elle  eft  plus 
complète. 

Outre  ces  Concordances  qui  font  latines,  il  y  en 
a  d'Hébraïques,  faites  par  le  R.  Mardochaï  Nathan, 
imprimées  àBâlcen  1541.  C'eft  chaque  racine  hé- 
braïque ,  partagée  en  fes  différentes  fignifications  , 
5C  fous  chaque  lignification  tous  les  endroits  de  l'E- 
ciitute,  où  elle  fe  trouve  félon  l'ordre  des  livres. 
Les  meilleures  Concordances  hébraïques ,  font  celles 
de  Buxtorf,  ouvrage  véritablement  utile.  Il  n'v  a  de 
Concordances  grecques  que  fuf  le  Nouveau  Tcfta-, 
ment.Nous  avons  fut  l'Ancien  les  Concordances  de 
Kirker,  ouvraa;c  très-utile,  maîs  qui  n'eft  pas  pro- 
prement une  concordance,  mais  un  Didlionnaite 
concordantiel  ,  s'il  eft  permis  de  pa-ler  ainfi  ,  c'eft- 
à-dire  ,  que  ce  font  les  dirions  hébraïques  par  or- 
dre alphabçtiqus  ,  8c  deffous  toutes  les  interpréta^ 


C  O  N 

Rons,  ou  tous  les  lens  que  !es  Sjpraare  y  donnent;, 
&  fur  chaque  interprctation  ,  tous  les  endroits  où 
elle  fc  trouve  dans  leur  verfion.  Ce  livre  efl:  de- 
venu rare  &  cher.  Les  Concordances  de  Celalio  , 
Cordelier  Italien ,  font  des  Concordunces  hébraï- 
ques ,  latines  &  grecques  à  deux  colonnes.  La  pre- 
Riièrc,  qui  ell  hébraïque,  n'eft  autre  chofc  que  les 
Concord.inces  de  R.  Ma'rdochaï  Nathan ,  mot  pour 
mot ,  &C  félon  l'ordre  des  livres  &C  des  chapitres.  Sur 
l'autre  colonne  à  coté  efl:  une  interprctation  latine 
de  chaque  endroit  de  l'Ecriture ,  cité  par  R.  Mardo- 
chaï.  Cette  interprétation  efl:  de  la  façon  de  Ca'a- 
lîus  ;  mais  à  la  marge  il  marque  celle  des  SeptjntJ  ^îi 
de  la  Vulgatc  ,  quand  elles  différent  de  la  àenne. 
Cet  ouvrage  efl:  de  quatre  volumes  in-ful.  imprime  à 
Rome  en  i6'ii  ,  &:  efl  rare  &:  cher. 

Il  y  a  audî  une  Concordance  des  Ordonnances  , 
des  Coutunîes. 
CONCORDANT  ,  f.  m.  terme  de  Mulique.  C'eft  une 
des  iix  parties  dans  lelqUelles  on  divife  en  général 
la  voix  humaine.  C'efl:  une  efpcce  de  voix  "qui  efl: 
entre  la  taille  &  la  baffe  taille.  Quelques-uns  com- 
prennent le  concordant  fous  la  balîé-taille  ;  ainii  , 
il  efl  immédiatement  au  deifus  de  la  baife-contre. 
Vox  gravior ,  ou  voxjbni  gravioris.  Le  concordant 
va  haut  &  bas.  Ceux  qui  peuvent  chanter  cette  par- 
tie peuvent  fervir  de  taille  &  de  baife  en  un  befoin. 

Bs-OSSARD.' 

CONCORDANT,  ANTE.  adj.  m.  &  f.  Ce  mot-là 
mériteroit  quelque  faveur,  pour  marquer  l'union  , 
la  concorde  :  ^fT  on  le  dit  au  Palais ,  furtout  d'un 
mariage,  d'un  ménage  où  règne  la  boane  intelli- 
gence. Un  mariage,  un  ménage  co«cor^a;z/.  Rien 
n'eft  plus  ordinaire  que  de  confier  l'exécution  de 
fes  dernières  volontés  à  fon  époufe.  Cette  dernière 
marque  de  confiance  eit  le  tribut  de  l'Amour  ,  dans 
lequel  un  mari  &:  une  femme  ont  vécu  pendant  un 
mariage  bien  concordant.  M.  Chauvei-in  ,  Avoc. 
Gén. 

Concordant,  ante  ,  fe  trouve  dans  Marot,  pour 
convenable,  propre.  Convsnisns ^  decens, 

.CoNcoRDANS.  (  Vcrs  )  Vcrfus fympkonicl ,  ce  font  des 
vers  qui  ont  plulieurs  mots  communs  ,  &  qui  ren- 
ferment un  fens  oppofé  ou  différent,  à  caufe  des 
autres  mots. 


.  canis  V  o-  venatur  V  ";  fervaî. 

\  (-injîlvis)  >&or72nùz} 

.lupiis^.  ini!truur\.  (■  vajlat. 


On  trouve  dans   les  Opéra ,   quantité  d,e  yers 
ioncordans. 


Je  m^abandone  à  ■) 


7  mon  ardeur, 
ma  fureur. 


extrîme  ! 


'.mafurprife\' 
Quel  trouble  mefaijit  ?  i^  ^  ejl 

i  ma  fureur  h 

Chante^    ^ 

(.  tant  de  vertus. 
Chantons  S^ 

7  mourir  f 
Il  faut  <  (•  pour  fatisfaire 

^partir 
A  cette  loifévère, 

CONCORDANTIEL,  ELLE,  adj.  Qui  comprend  des 
Concordances ,  qui  efl  fait  à  la  manière  des  Con- 
cordances. On  fe  fert  quelquefois  de  ce  mot,  pour 
défgner  certains  Ouvrages  de  Grammaire ,  qui  com- 
prennent des  Concordances,  c'efl:- à- dire  ,  toutes 
les  lignifications  des  mors ,  &  tous  les  endroits  où  ces 
mots  fe  trouvent.  Guillaume  Robertfon  a  fliit  un 
Tréfor  de  la  Langue  Sainte ,  qu'il  intitule  aufh  Lexi- 
con  coiicordantiel  de  la  Bible,  hébreu  5c   iatin. 


_     C  O  N  77^ 

Tkifaurus  llngucc  J'anclx  ,  8cc.  Jlve  côncordamuile 
LcxLcon  hcbrizo  -  laiino-BibUcum.  Le  Dictionnaire 
Syriaque  de  Martin  Troftius ,  efl:  auifi  on  Didion- 
naire  concordantiel;  car  il  y  marque  tous  les  en- 
droits, au  moins  tous  les  principaux,  où  un  mot 
fe  trouve  dans  le  Nouveau  Tcflamentlyriaque.  CeS 
Lexiques  ou  Diélionnaires  concerdantiels  font  bons 
&  utiles. 

CONCORDAT,  f.  m.  Convention  qui  fc  fait  en 
matière  bénéficiale  fur  quelque  réiignation  ou  per- 
mutation, &  généralement  iiir  toutes  les  matières 
Eccléliafl;iques ,  contcntieulcs  ou  obligatoires.  Vac- 
tum,pacîlo,  convmturn.  Ip-  Ces  Conventions  i 
l'amiable,  en  matière  bénéfi;ialc  ,  ibnt  permifcs , 
pourvu  qu'elles  Ibicnr  gratuites. 

Il  y  a  une  efpèce  de  conduite  ézConcordat,c\X 
convention,  que  les  Abbés  Commandataircs  ,&;ie; 
Moines ,  font  entr'eux  pour  la  partition  des  biens. 
Ces  Concordats  fe  rompent  facilement,  s'ils  ne  font 
homologués  en  Cour  de  Rome,  &  dan-,  les  Cours 
fupérieures  du  Royaume.  Leurs  fuccclfeurs  y  peu- 
vant_  déroger ,  parce  qu'un  Abbé  n'a  pas  le  pouvoir 
de  lier  la  volonté  de  fon  fucceffcuri  &  aujour- 
d'hui même  ces  fortes  [de  Concordats  fe  rompent 
facilement  ,  quoiqu'ils  aient  été  homologués.  Le 
Concile  de  Trente  ,  S^fj'.  6 ,  dû  R^f.  c.  4 ,  parlant  des 
concordats  qui  ont  été  faits  fous  l'autoiité  &  l'ap- 
probation des  Papes,  les  appelle  concordias  quiz 
tantùm  fuos  obligent  a/itorcs ,  non  fuccefjores.  De 
même  la  Congrégation  des  Cardinaux  ,  qui  a  expli- 
qué ce  Décret  du  Concile ,  déclare  qu'un  Concor- 
dat ne  peut  être  réel ,  &c  paifer  aux  Succefleurs ,  fi  le 
Pape  ,  après  en  avoir  été  pleinement  informé  ,  n'y 
donne  fon  confentementj  ce  qui  eft  conforme  à  la  dé- 
cilion  d'Alexandre  III,  qui  dit,  tit.  dj  Tranfacf.  c.  8, 
que  toute  tranfaétion  touchanr  ce  qui  regarde  l'Églife, 
n'oblige  point  les  luccelfcurs,  (i  le  confenremcnt  du 
fuct-eifeur  n'y  intervient.  Cela  efl:  auifi  confirme  par 
la  Note  de  Charles  du  Moulin  ;&  on  lit  dans  la 
Glofe  fur  ce  chapitre  ,.que,  quand  même  la  tranfac- 
tion  feroit  réelle  dans  l'intention  de  ceux  qui  tran- 
figent,  elle  ne  lai/feroit  pa«  d'être  pcrfonnelle  à  leur 
égard.  La  raifon  efl:  que  les  tranfadf  ions ,  lorfqu'clles 
font  réelles  Se  perpétuelles ,  font  des  aliénations  qui 
ne  peuvent  être  valables,  fi  elles  ne  font  confirmées 
par  les  Supérieurs. 

Tous  Concordats,  tranfaéiions  ou  payions,  en 
matières  bénéfîciales,  doivent  être  homologués  eiï 
Cour  de  Rome ,  parce  qu'il  peut  y  avoir  une  efpèce 
de  (imonie  ,  n'étant  point  permis  aux  particuliers  à^ 
dilpofer  de  leurs  Bénéfices  avec  de  certaines  réren- 
tions,  ou  promefles.  Le  Pape  n'a  aucun  pouvoir 
en  France  fur  le  temporel  des  Bénéfices ,  mais  feule- 
ment fur  le  fpirirncl ,  pour  lequel  on  a  recours  à  lui , 
comme  au  Supérieur ,  afin  d'autorifer  les  Concor- 
dats ou  tranfadlions  que  les  particuliers  font  entre 
eux.  il  y  a  même  des  cas  où  les  Abbés  peuvent  rom- 
pre les  Concordats  de  leurs  prédécelfeurs,  quoiqu'ils 
aient  été  homologués  en  Cour  de  Rome  :  ce  qui  arrive 
quand  ils  voient  qu'ils  ont  été  léfcs  notablement. 
Nous  avons  en  France  plufieurs  exemples  de  cet 
ulage  ;  il  y  a  raifon  de  le  faire  ,  parce  que  les  Abbés 
peuvent  s'accommoder  fccrèrement  avec  les  Moines. 
Alors  les  Abbés  font  en  droit  de  rompre  les  Concor- 
dats ,  faits  par  leurs  prédéceffeurs. 

Concordat  fe  dit  abfolumcnt  en  France,  du  Traité 
qui  a  été  fait  en  1^16  à  Bologne,  entre  le  Pape 
Léon  X  &  le  Roi  FrarvcoisI,  qui  lert  de  règlement 
pour  les  nominations  aux  Bénéfices,  &  qui  eft  ob- 
fervé  mainrenanr  en  fa  plus  grand;e  partie.  Pacîa  in- 
ter Summum  Pontificem  &•  Galliarum  Reses  tranfacla. 
Concordata ,  arum.  Il  tient  lieu  de  la  Pragmarique 
Sanélion.  Le Concor dat  zbolït  la  liberté  deséledfions 
qui  apparrcnoit  au  Clergé ,  fans  la  j^rticipation  du 
Paoe,  ni  du  Roi  •,  il  porte,  entr'autres  chofes ,  que 
le  Roi  nommera  dans  les  (îx  mois  à  tous  les  Evc- 
chés  ou  Archevêchés  vacans ,  à  toutes  les  Abbayes ,  dc 
à  cous  les  Prieuiés  conventuels ,  une  perfonne  âg^a 


774  C  O  N 

de  vingt-fept  ans ,  pour  en  ctrc  pourvue  indirpelifa- 
blement  par  le  Pape.  Ainli ,  dans  ce  partage  entre  le 
Pape  ik  le  Roi,  la  nomination  appartient  auRoi,£c 
la  provilion  au  Pape  ,  qui  s'eft  reierve  le  droit  d'ex- 
pédier les  Bulles.  Le  Parlement  de  Paris  ne  con- 
ientit  à  vérifier  le  Concordat ,  qu'après  les  ordres 
réitères  du  Roi:  perféverant  cependant  dans  la  reib- 
lution  de   ju^er  conlormément   à  la  Pragmatique 
Sandion.  Cdt  pourquoi  François  I  attribua  la  con- 
noilîance  des  Bénéfices  Confiftoriaux  au  Grand  Cor,- 
feil,  par  une  Déclaration  de  15 17.  Rebutfe  a  h'it 
de  grands  Commentaires  (ur  le  Concordat.  Géné- 
brar\i  &  M.   Dupuys  en  ont   tait  un  Traite.    Di- 
vers  Auteurs   ont  écrit  fortement  contre  le  Con- 
cordat,  Se  contre  le  Chancelier  Duprat ,  qui  Tavoit 
conclu ,  comme  ayant  ruine  la  dil'cipline  Apofto- 
lique,  &  fournis  l'Egliie  de  France,  à  une  déplo- 
rable fervitude ,  parce  qu'il  avoir  aboli  les  élec- 
tions Canoniques.  On  a  même  long  temps  tait  de. 
prières   publiques  pour  demander  à  Dieu  l'aboli- 
tion du  Concordat,  Scie  rctablifiement  des  éleétions. 
L'Alfemblée  du  Clergé  en  fit  de  graves  remontrance^ 
en  1 5 1 9  a  Henri  IV,  qui  repondit  fimplement ,  qu'il 
n'étoit  pas  l'Auteur  de  cet  abus.  Port.  R.  D'au- 
tres ont  foûtenu  que  le  Concordat  qui  donne  la  no- 
mination au  Roi ,  apporte  moins    d'inconvéniens 
que   la  brigue  des  eledions   Foyc^  Brantôme  là- 
deffus,   Tom.  I. 

Comme  le  Concordat  fut  fait  pour  abolit  la  Prag- 
matique SaniSion  ,  6c  pour  en  prendre  la  place ,  le 
Roi  ne  nomme  point  en  vertu  Aw  Concordat  ^  aux 
Evèchés  qui  font  dans   les  pays  qui  n'ctoient  pas 
foumisà  la  domination  françoife,  lorfque  la  Pragma- 
tique Sandion  fut  taite ,  comme  les  Evcchés  de  Pro- 
vence &:  de  Bretagne  j  ceux  des  nouvelles  conquê- 
tes, comme  Perpignan,Bellay, Bclançon,  Stralbourg, 
Metz ,  Toul , 'V^erdun ,  Arras ,  Cambrai ,  Saint-Cmer , 
Tournai ,  Ypres  -,  ceux  qui  ibnt  ériges  depuis  la  Prag- 
matique Sanction,  dans  les  pays  où  elle  n'étoit  point 
en  ufage ,  comme  Québec  :  le  Roi  nomme  à  tous  ces 
Evéches ,  en  vertu  de  quelques  Induits  généraux  ou 
particuliers  obtenus  par  lui  ou  par  fes  prédécclléurs. 

Il  y  a  aulîi  le  Concordat  Germanique ,  fait  entre 
le  Pape  Nicolas  'V,  &  l'Empereur  Frédéric  III,  & 
les  Princes  d'Allemagne,  le  ï6  Mars  1448  qui  re- 
garde audi  les  matières  bénéficialcs.  Far  ce  Con- 
cordat, 1°  le  Pape  fe  réferve  la  collation  des  béné- 
fices fcculiersôc  réguliers,  vacans  en  Cour  de  Rome  , 
ou  dans  l'étendue  de  deux  journées  de  la  ville  de 
Rome  (ans  excepter  les  Bénéfices ,  où  l'on  étoit  ac- 
coutumé de  pourvoir  par  éledion.  1°.  Le  Pape  fc 
léferve  la  confirmation  à  l'égard  des  Eglifcs  Métro- 
politaines &  Cathédrales,  qui  ont  droit  d'clecfion. 
30.  A  l'égard  des  Bénéfices  coUatifs,  le  Pape  en 
retient  la  collation, alternativement  avec  les  Colla- 
teurs  ordinaires  pendant  fix  mois  de  l'année  ;  c'efl:-3- 
dire,  qu'il  confère  les  Bénéfices  vacans  pendant  le 
mois 'de  Janvier,  fie  le  Collateur  ordinaire  pendant 
le  mois  de  Février,  6y.  4.^  Le  Pape  règle  les  anna- 
tes  par  les  Bulles.  Mr.ximilien  I  ordonna  en  1  ^i  8  que 
le  Concordat  Germanium  fût  reçu  à  Liège.  On  ap- 
pelle a.uiVi  Concordats  tous  les  Traites  qui  ont  été 
faits  avec  les  Papes ,  fié  non  pas  ceux  qui  fe  font  faits 
entre  des  Princes  fcculiers. 
^CJ"  Il  y  a  encore  A' iuzves  concordats  ,qm  font  tous 
un  accord  fair  avec  le  Pape  &:  un  Souverain  , 
poHr  la  nomination  des  principaux  Bénéfices  de 
fes  États. 
^O"  On  donne  auflTi  le  nom  de  Concordat ,  dans  les 
Troupes  Françoifes,  à  certains  arrangcmcns  clan- 
deftins  entre  un  Officier  qui  veut  quitter  le  Ser- 
vice, ic  celui  qui  doit  le  remplacer,  moyennant 
une  certaine  fomme  qui  lui  efl:  payée ,  patrie  par 
celui  qui  doit  prendre  fa  placc,partie  par  les  Officiers 
qui  montent  par  fa  retraire.  Le  Roi  a  profcrit  ces 
fortes  de  concordats ,  fous  la  même  peine  que  la 
vénalité  des  emplois. 
Ip-  CONCORDE,  f.  f.  Bonne  intelligence,  union  de 
ccEurs  5c  de  volontés.  Us  vivent  dans  une  grande , 


C  O  N 

dans  une  parfaite  concorde.  Concordia;  voluritatum , 
Jitidiorumijue  Jumma  conjcnjio. 
§3"  Dans  un  fens  plus  étendu  ,  il  efl  fynonyme  à  con- 
cordance ,  rapport,  convenance.  M.  Huet,  Evoque 
d'Avranche  ,  a  fait  un  Traité  de  la  Concorde  entre  la 
raifon  8c  la  foi.  Il  y  a  un  Livre  fameux  parmi  les 
Luthériens ,  intitulé ,  le  Livre  de  la  Concorde.  C'ell  , 
un  recueil  publié  en  1579  de  ditfcrentes  profellions 
de  ibi  que  les  Luthériens  ont  publiées  pour  fe  réunir 
enfemble,  mais  inutilement. 

Quelques-uns  ont  cru  que  ce  mot  venoit  de  corde, 
C'ell:  une  ia;norancc  grolfière.  Il  vient  de  cum  avec, 
fie  cor  ,  cœur  ,  d'où  s'eil:  tait  Concors ,  concordis  ,  qui 
n'a  qu'un  même  cœur  avec  un  autre,  fie  de-là  con- 
cordia ,  concorde  ,  la  difpofition  des  gens  qui  n'ont 
qu'un  même   cœur  ,    qui    ont  les  mêmes    fenti- 
mens. 
Concorde  Éy Angélique.  On  a  donné  le  nom  de  Con- 
corde  Evangelitjue  à  l'Hiftoire  de  l'Evangile,  com- 
polée  du  texte  des  quatre  Evangélifles ,  où  l'on  mar- 
que le  nombre  de  ces  iaints  Hiftoriens  qui  rapportent 
les  mêmes  choies ,  félon  l'ordre  qu'elles  étoicnt  arri- 
vées, en  tranfpofant  ce  qui  n'étoit  pas  à  fa  place. 
L'Hérétique  Tatien  eft  celui  qui  a  fait  le  pt  mier 
une  Concorde  fous  le  titre  de  DiatejJ'uron,  Théo- 
phile d'Antioche  8c  Ammonius  en  firent  auill  crns 
leur  temps.  Eufèbe  de  Céfaréc,  S.  jcrcme  èc  S.  Au- 
guRin  ont  fait  des  ouvrages  où  l'on  voit  l'accord 
des  quatre  Évangéliftcs.  Depuis  on  a  vu  Genon, 
Puyhcrbaut,  JanfcniusdeGand,  DubuiflbnficM.  Ar- 
nauld,  qui  ont  travaillé  à  ces  fortes  de  Concordes, 
Après  cela  on  a  vu  paroître  celles  de  M.  Le  Roux, 
du  P.  Lamy  ,  8c  de  M.  Le  Clerc.  M.Toinard  avoit 
fait  une  Concorde  Evangeiique ,  qu'il  n'a  pu  faire 
imprimer  de  fon  vivant •,  mais  après  fa  mort,  fes 
amis  l'ont  fait  imprimer  chez  Cramoify.  C'efl  le  texte 
grec  des  quatre  Evangéliftes ,  qui  pafie  pour  très- 
exad:,  fie  pour  un  chef-d'œuvre  d'imprefllon.  Ceux 
qui  fonr  curieux  de  connoître  tous  les  Auteurs  qui 
ont  fait  des  Concordes  EvaJigeiujues  ,  les  trouveront 
dans  le  111  Tom.  de  la  Bil-Uothè.juegrectjue  de  M.  Fa« 
briciuS ,  dans  la  Bitliotkèque  Sacrée  du  P.  Le  Long, 
fie  dans  la  Bitliotkèque  Sacrée  que  le  P.  Calmera 
mife  à  la  tête  de  fon  Dictionnaire  de  la  Bible. 

CoNcoRDï,en  Mythologie.  Elle  ctoit  honorée  à  Rome 
comme  une  Divinité.  Concordia.  On  lui  bâtit  plu- 
ficurs  Temples ,  dont  le  plus  conlidérable  fut  celui 
duCapitcle,  où  les  Sénateurs  s'alîêmbloient  pour, 
déiibcrer  des  alîaires  de  la  République.  On  trouve 
à  Ijbdefcente  du  Capitole  des  débris  de  ce  Temple 
confacré  par  Camille.  Les  Prêtres  ne  permettoient 
point  que  le  Sénat  s'aflemblàt  en  aucun  Temple  , 
l'ans  avoir  été  confacré  ,  c'tft-à-dire ,  fait  ou  bâti 
en  confcquence  de  quelque  vœu  ou  augure.  Cetta 
efpèce  de  Temple  fe  nommoit  Curia.  Dicl.  de  Peint. 
&  d'Arcliitccl.  Plutarque  dit  qu'on  lui  fit  bâtir  une 
Chapelle  d'airain  de  l'argent  provenu  d'une  raxe  ivx 
les  Publicains.  On  invoquoit  la  Concorde  pour  l'u- 
nion dans  les  familles  entte  les  époux ,  entre  les  Ci- 
toyens :  mais  fon  pouvoir  étoit  renfermé  dans  la 
ville  fie  dans  lesmaifôns;  cequidiftinguela  Concorde 
de  la  Paix,  dont  la  Divinité  s'crendoit  fur  rout  l'Em- 
pire. On  repréfentc  la  Concorde  fous  la  forme  d'une 
jeune  fille  couronnée  de  guirlandes,  tenant  deux 
cornes  d'abondances  entrelacées  ,  ou  bien  on  lui 
met  à  la  main  un  faifccau  de  verges.  Mais  le  fymbole 
le  plus  ordinaire  de  la  Cowcort/^  fonr  deux  mains  join- 
res  qui  tiennent  quelquefois  un  caducée. 

0C?  CoNcoRDF.  (  Pays  de  la  )  Nom  qu'on  donne  à  une 
contrée  des  Terres  Auflrales ,  dans  la  Nouvelle  Hol- 
lande ,  fous  le^  Tropique  du  Capricorne. 

CONCORDÉ.  ÉE  ,  adj.  Accordé.  Concefus  ,  a  ,  ïim. 
Par  la  srace  concordzc.  Marot.  On  ne  le  dit  plus. 

|Cr  CONCORDIA.  Ville  d'Italie,  dans  le  Duché  de 
la  Mirandole  ,  fur  la  Sechia ,  à  fix  milles  de  la  Mi- 
rande. 

CONCORDIAL.  f  m.  Ancienne  Dignité  Sacerdotale 
à  Padouc,  Sacerdçtes  Concordia.  Il  yavoit  unTemple 


CON 

de  la  Concorde  à  Padoue  :  de-là  vient  que  le  chef 

des  Piètres  quifervoient  dans  ce  Temple  s'appdoic 
ConcorJiul. 

CONCORDOÎS  ,  fede  d'hérétiques  qui  font  les  mê- 
mes que  les  Bagnolois,  yoye?  ce  mot. 

fCr  CONCOURANTES  ,  (  Fuiffanus  )  terme  de 
Mcchanique.  Celles  qui  concourent  à  produire  un 
eiîer,  par  oppoiîtion  m^i  puiffances  oçço^cqs  ,  qui 
tendent  à  produire  des  effets  contraires. 

CONCOURIR.  V.  n.  Agir  conjointement  avec  un  au- 
tre pour  produire  quelque  choie,  joindre  &  réunir 
fes  forces  à  celles  d'un  autre  agent ,  pour  produire 
cnlemble  un  eitet  qu'elles  ne  peuvent  produire  Icpa- 
rcmcnc.  Concurrcre.  Nous  avons  befoin  que  la  grâce 
de  Dieu  concoure  avec  nous  pour  produire  dc^bon- 
nes  œuvres.  Dieu,  outre  la  première  impreilion  ,  & 
-  le  mouvement  général  qu'il  a  donné  à  toute  la  na- 
ture concourt  immédiatemant  à  toutes  nos  ac- 
tions ,  &  à  tous  les  événjmens.EnfaifantavicownV 
Dieu  dans  tous  les  évcnemens  particuliers  ,  il  ne 
s;cnru!t  pas  pour  cela  qu'il  foit  auteur  du  péché.  Il 
n'cfl:  point  incompatible  avec  la  lagcile  bc  la  pureté 
de  Dieu  ,  qu'il  concoure  aux  actions  mauvailes. 
S.  E  VR.  HGr  On  le  dit  aufli  des  choies  &:  des  occafîons 
qui  femblent  s'unir  pour  tendre  à  quelque  fin.  Je  n'ai 
concouru  zcz\2.  ni  diredlement ,  ni  indireélement. 
Tous  les  hommes  doivent  concourir  au  bien  public. 

go-  Concourir  fe  dit  aulli  des  choies,  des  évenc- 
mens,  des  occaiions,  fi-c.qiuparoiirentfe  réunir  pour 
tendre  à  quelque  fin.  Tout  concourt  à  fa  fortune  ,  à 
ia  perte.  La  lageife  de  Dieu  fait  concourir  tous  les 
évcnemens  ,  &  nos  paffions  mêmes ,  à  Tes  dclfeins. 
11  faut  que  bien  des  qualités,  des  difpolitions  co/i- 
courcnt  cnlemble,  pour  produire  les  merveilles  que 
nous  fait  voir  h  nature. 

%T  Concourir,  employé  abfolument,  ou  avec  la 
prépofitionpour,  figni fie  fe  mettre  fur  les  rangs  avec 
égalité  de  droit  ou  de  mérite  pour  dilputei  quelque 
^ho'é.  Ces  deux  Auteurs  ont  concouru  pour  le  prix 
d'Eloquence,  ou fimplement  ont  concouru.Ccs  deux 
Poèmes  ont  concouru  pour  le  prix  ,  ou  abfolu- 
ment ont  concouru. 

ÇCT  En  matière  bénériciale,  on  dit  que  deux  provi- 
fions  d'un  même  bénéfice  concourent ,  quand  elles 
font  de  même  date ,  datées  du  même  jour,  y'oyei 
Date,  en  matière  bénéficiale  &  Concours. 

$^  Concourir,  en  terme  de  Géométrie,  fe  dit  des 
lignes  &  des  plans  qui  fe  rencontrent.  Deux  lignes 
concourent,  quand  elles  fe  rencontrent  8c  lé  cou- 
pent ,  ou  fe  recontreroient,  fi  elles  étoient  prolon- 
gées ;  deux  lignes  qui  concourent  en  un  point. 

CONCOURME.  f.  f.  Autrement Terr^  mérita.  Drogue 
propre  à  teindre  en  jaune. 

CONCOUR.S.  {'.  m.  Action  réciproque  des  perfonnes, 
ou  des  choies  qui  agilfcnt  cnfemble  pour  une  même 
fin.  Concurjus.  Le  concours  du  Soleil  &  des  Aihcs 
cil  nécelfaire  pour  la  production  de  toutes  les  choies 
fublunaires.Dieu  prête  fon  concours  immédiat  pour 
tous  les  événcmens.  Jur.  C'eft  relever  la  Majefté  de 
Dieu  ,  que  de  mettre  toutes  les  opérations  des  créa- 
tures dans  une  perpétuelle  dépendance  de  fon  con- 
cours imniédiat.Io.  Si  les  caufes  fécondes  n'avoient 
pas  befoin  du  concours  immédiat  de  Dieu  poui  agir, 
elles  auroient  une  efpccc  d'indépendance  qui  feroit 
jnjurieufe  au  Créateui  immédiat.  Quoique  Dieu  ait 
imprimé  à  toutes  les  créatures  la  vertu  néceflaire  pour 
la  fin  à  laquelle  il  les  a  deftinées,  elles  attendent 
néanmoins  un  concours  particulier ,  &  une  nouvelle 
influence  du  Créateur  pour  chaque  événement.  Le 
concours  de  Dieu  pour  l'aétion  des  caufes  fécondes 
fuffit ,  fans  les  fecours  de  la  prédétermination.  La 
matière  aveugle  peut-elle  par  un  concours  fortuit 
produire  une  machine  aulTi  admirable  que  le  corps 
humnin  î  Jacq. 
CONCOURS,  terme  de  Grammaire.  Rencontre  de 
voyelles.  On  appelle  dans  la  verfification  françoife 
un  vicieux  concours  de  voyelles ,  lorfqu'on  place  de 
fuite  deux  mots,  dont  le  premier  finit  par  une  voyelle 
autre  que  1'«  muet ,  &  le  fécond  commence  par  quel 


CON  775» 

que  voyelle  que  ce  puifié  êtte.  C'eft  à  ce  vicieux  con^ 
cours  ,  ou  vicieule  rencontre  de  voyelles  ,  que  l'on 
a  donne  le  nom  A'hiatus ,  parce  qu'en  effet  on  ne 
iaiiroit  palier  immédiatement  d'une  voyelle  à  l'autre 
fans  une  manière  de  baillcmcnr  qui  rend  la  mefiire 
extrêmement  langu  fiante.  Voye^  Hyatus.  Il  faut 
rcK^arquer  que  les  mots  qui  comuicncenr  par  une  h 
douce  ,  lont  regardés  comme  n'ayant  à  leur  tête  que 
la  voyelle  qui  fuit  cette /T.  Mourg.  Nos  anciens 
Poètes  n'évitoient  pas  avec  foin  ce  concours  des 
voyelles ,  qu'on  ne  peut  foufftir  aujourd'hui ,  que 
la  verlification  eft  plus  exaâic.  Marot  a  dit  dans  une 
épigramme, 

Cy  gift  qui  affez  mal  prkkoit. 

C'eft  la  même  faute  lorf qu'après  une  voyelle  ou 
une  diphtongue,  il  fuit  une  h  qui  n'eft  point  af-. 
pirée,  comme  dans  ce  vers, 

Le  vrai  honneur  n'eji  plus  pie  bagatelle. 

Mais  on  peut  fe  difpenfer  de  cette  exaditude, 
quand  on  cite  quelque  proverbe ,  ou  quand  l'ex- 
pteihon  eft  heurcufe  &  ingcnieufé,  comme  a  fait 
Ménage  dans  les  vers  lliivans. 

Cy  defous  gift  Monfieur  l'Abbé 
Qui  ne  favou  ni  A  ,  ni  B. 
Dieu  nous  en  Joint  liemôt  un  autre , 
Quijache  au  moins  fa  patenôtre. 

Le  concours  des  voyelles  n'eft  point  vicieux  auflî, 
lorfque  le  fécond  mot  connivence  par  une  h  afpirée. 

Un  L  1ère  pour  quinze  fous  fans  craindre  le  hola, 
Peut  aller  au  parterre  attaquer  Attila.  Despreaux. 

Concours  fe  dit  aufîî  en  parlant  des  Bénéfices,  ou 
Cures,  qui  fe  donnent  à  ceux  qui  ont  le  plus  de 
capacité  &  de  mérite,  dans  les  lieux  où  le  Concile 
de  Trente  eft  reçu  ,  conformément  à  la  leflion  14, 
,ch.  18  de  reform.'Lz  Cure  eft  expofée  à  la  difpute 
entre  ceux  qui  y  prétendent ,  Si  cette  difpute  fe 
fait  devant  des  Juges  prépofés  par  l'Evêque ,  afin 
que  le  Bénéfice  foit  donné  au  plus  digne.  D  niori. 
Quoique  cette  coutume  ne  foit  point  reçue  en 
France,  à  caufe  du  Concordat,  &  parce  qu'elle 
prive_  les  Patrons  &  les  Collateurs  de  leur  droir , 
elle  fubfifte  néanmoins  encore  dans  les  pays  con- 
quis parle  Roi  depuis  le  Concordat,  où  le  Con- 
cile eft  reçu  ;  il  y  a  eu  néanmoins  un  Arrêt  du 
Parlement  de  Paris  en  \66o  ,  le  iz  Janvier,  par 
lequel  les  Cures  de  l'Artois,  qui  dépendenr  des 
Abbés  CoUateuts  de  plein  droit  en  font  exemptes. 

|^a°  Il  n'y  a  pas  long  temps  que  le  concours  fe  fai- 
foit  à  Rome  pour  les  Cures  de  Bretagne.  Depuis 
Benoît  XIV  ,  il  fe  faifoit  devant  l'Evêque  diocèfain 
&  fix  Examinateurs  par  lui  choifis. 

^  Concours  fe  dit  aulfi  en  matière  bénéficiale, 
lorfqu'un  Collatcur  a  donné  le  même  Bénéfice  à 
deux  perfonnes,  le  même  jour  de  vacance,  ou 
lorfque  deux  Collateurs  différens  ont  pourvu  en 
même  temps. 

^  Concours  entre  gradués,  lorfque  plufieurs  gra- 
dués ont  requis  un  même  Bénéfice  en  vertu  de  leurs 
grades. 

?fT ^  Lorfque  le  même  collateur  a  donné  des  pro- 
viiions  le  même  Jour  à  deux  perfonnes  pour  le  même 
Bénéfice ,  fur  le  même  genre  de  vacance,  fans  qu'on 
puilTe  juftificr  quelles  fonr  les  premières,  alors  les 
.  deux  provifions  lé  dérruifert  mutuellement,  parce 
qu'on  ne  fair  auquel  des  deux  contendans  le  col- 
lateur a  entendu  donner  le  Bénéfice.  C'eft  pour 
cela  qu'on  retient  des  dates  en  Cour  de  Rome , 
afin  que  dans  le  cas  de  concours  on  puilfe  cnfia 
obtenir  des  provifions  fur  une  date  pour  laquell» 
il  n'y  ait  point  de  concours. 

ift^  Quand  il  y  a  concours  entte  le  Pape  &:  l'Ordi- 


77^  C  O  N 

raire,   il  cft  de  règle  que  le  pourvu  par  l'Ordi- 
naire eft  prctéré.  „ 

§3=  Entre  deux  pourvus ,  l'un  par  1  Eveque  ,  1  autre 
par  ion  Grand-Vicaire ,  le  premier  eft  auili  préféré. 

Concours  fignifie  auffi  un  amas  de  plufieurs  chofes, 
ou  perfonnes  qui  font  aflemblées.  Concurjus.  Il  y  a 
eu  un  grand  concours  de  peuple  à  ce  Icrmon,  à 
cette  fête.  On  rci^arde  le  concours  qui  fe  fait  dans 
les  Eglifes  aux  fctes  folennelles ,  comme  des  af- 
femblées  de  cérémonie ,  plutôt  que  de  dévotion. 
Fléch.  Epicure  croyoit  que  le  concours  des  atomes 
avoir  produit  rous  les  erres. 

^fT  Dans  le  premier  cas,  concours  fignifie  affluence  de 
monde  en  quelqu'endroit.  Dans  le  fécond,  choc, 
rencontre  des  atomes. 

§C?  Concours  en  matière  civile.  Concurrence  en- 
tre perfonncs  qui  prétendent  avoir  droit  au  même 
objet.  Quand  il  y  a  concours  de  privilèges  enrre 
créanciers,  les  privilèges  les  plus  favorables  font 
préférés.  Dans  le  cas  d'égalité  ,  les  créanciers  vien- 
nent par  contribution. 

CONCRESSAUT.  C'étoit  autrefois  une  ville  murée  > 
&  la  nouvelle  coutume  de  Berry  la  met  au  nombre 
des  villes  Royales  de  cette  Province  dans  laquelle 
elle  eft.  Quelques-uns  croient  qu'elle  s'cft  appelée 
autrefois  ConcordmfaUus,  le  bois  de  la  Concorde  , 
mais  fans  nulle  raifon  ,  ni  témoignage  d'aucun  Au- 
teur ancien.  Dans  tous  les  titres  Concreffaut  ell 
appelé  Cucurcutnium,  Concorc:llum\  Concorcialiuin 
ou  Concor lalium -,  Concurcallum.  C'eft  une  Châ- 
tellenie  ,■  qui  a  eu  fes  Seigneurs  particuliers  de- 
puis 8o3  ans,  ou  environ.  Concrejjaut  a  une  Pré- 
vôté 5i  un  Bailliage. 

tfT  CONCRET,  ETE,  adj.  terme  didadlîque  ,  d'u- 
fage  en  Grammaire  K  en  Logique.  Le  terme  concret 
marque  la  fubflance  même  revêtue  de  fes  qualités , 
telle  qu'elle  cxifte  dans  la  nature.  Va/-Jirait  dél^gne 
quelqu'une  de  fes  qualités  confidcrée  en  elle  même 
êc  réparée  de  fon  fujet.  Concretus  ,  abjlraclus.Yoy. 
abfira'u  dont  concret  eft  l'oppofé  &  le  corrélatif. 
Savant ,  rond ,  cairé ,  &c.  font  des  termes  concrets , 
qui  expriment  des  qualités  unies  .à  leurs  fujers  -, 
Science  ,  rondeur  ,  &c.  font  des  termes  ahjlrahs  , 
■qui  expriment  des  qualités  confidérécsfolitairemcnt, 
comme  féparées  de  leurs  lujcts. 

ifj"  Ce  terme  cft  quelquefois  employé  fuMantivc- 
ment ,  en  terme  de  Philofophie  narurelle  ,  pour  ii- 
gnifier  un  corps  comoofé  de  di.fcrcns  prnicipts. 
Dans  ce  fens  c'eil:  à  peu-près  la  même  chofe  que 
mixte  ,  &  l'on  diftingue  des  concrets  naturels  ,  ôc 
des  concrets  artificiels.  L'antimoine  eft  un  concret 
naturel ,  &  le  favon  un  concret  artificiel.  Harris. 

Concret  ,  terme  de  Chimie  dont  on  fe  fert  pour  ex- 
primer une  chofe  fixée  ,  endurcie,  épailîîe  ou  coa- 
gulée. On  appelle  fel  volatil  concret ,  un  fel  volatil 
fixé  par  quelque  acide  qui  l'empêche  de  s'élever  & 
de  fe  fublimer  à  la  chaleur  ,  ou  de  fe  fondre  à  l'hu- 
midité. Ce  mot  vient  du  latin  concrefcere  ,  fe  con- 
denfer  ,  s'épaiUlr.  Col  de  Villars. 

Les  nombres  concrets,  en  termes  d'Arithmétique  , 
font  ceux  qui  font  appliqués  à  maïquer ,  à  exprimer 
quelque  fujer  particulier  ,  comme  deux  hommes , 
trois  livres ,  demi-écu.  Mais  s'il  n'y  a  rien  qui  foit 
joint  au  nombre ,  alors  le  nombre  eft  abftrait ,  & 
pris  univerfellemenr.  Ainfi  5  fignifie  un  compofé  de 
trois  unités ,  foit  d'ho'mracs  ,  foit  de  poids ,  ou  de 
quelque  autre  chofe  qu'il  plaira.  Harris. 

CONCRÉTION  ,  f.  f.  termes  didaélique  ,  fedit  en  gé- 
néral de  l'aâion  par  laquelle  les  corps  mous  ou 
fluides,  deviennent  durs.  Concretio.W  fe  dit  éga- 
lement de  l'endurciilement  ,  de  l'épalirifTement ,  de 
la  coagulation  &  de  la  condenfition. 
Concrétion  eft  encore  l'union  de  plufieurs  petites  par- 
ticules d'un  corps  narurel ,  dans  une  mafle  fenlible 
nommée  concret-,  enforte  que  par  cette  union,  ce 
corps  ait  telle  ou  telle  figure ,  telles  ou  tellespro- 
priétés.  Harris, 


C  ON 

^T  C'cfi:  alnfi  qu'on  dit  qu'une  concrétion  ligneufe 
forme  les  louppes  6i  les  autres  éminences  ligneufes 
qu'on  voit  fur  les  arbres. 
ftF  On  appelle  de  même  concrétions  ,   en  termes 
d'hiftoire  naturelle  ,  des  fubftances  pierreufes  ou 
terreufes ,  qui  font  formées  dans  l'eau  ou  qui  ont 
été  charriées  par  ce  fluide  dans  des  cavités  fouterrai- 
nes ,  &  s'y  l'ont  durcies  fous  difFérenres  figures.  Les 
Stalaélites ,  les  Stalaginites  ,  les  congélations ,  &c. 
font  des  concrétions. 
CONCREU    ,    f.  m.  terme   d'Agriculrure.    Fruges 
terrœ.  On  trouve  ce  mot  dans  quelques  Patentes 
&c  Ordonnances  ;  il  eft  expliqué  dans  une  du  mois 
de    Janvier   I57<j.   Suivant  cette  explication    par 
concreu ,  on  entend  blé  ,  grains  &  aurres  fruits  pro- 
venans  des  terres  labourées  Se  enfemencées. 
Conçu  ,  UE  ,  part.   Voye^  Concevoir. 
CONCUBIN,   f.  m.  Concuhinus.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  les  Auteurs  de  Droit.  On  dit  aujourd'hui  con- 
cubinaire. 
CONCUBINAGE,  f.  m.  Ce  mot  fignifie  toute  con- 
jondion  illicite ,  &  comprend  les  adulrères  ,  les 
inceftes  &  les  fimples  fornications  :   on  reftraint 
quelquefois  la  fignification  de  ce  mot ,  &  parmi 
nous  il  fignifie  le  commerce  charnel  d'un  homme 
&  d'une  Vemme  libres ,  c'eft-à-dire  ,  qui  fie  font 
point  mariés  enfemble   ni  avec  un  aurre.  Goncu- 
hinatus.  Le   concubinage  a   été  autrefois    toléré  -, 
mais  chez  les  Chrétiens  il  eft  défendu  &:  fcanda- 
leux.  Quand  cette  exprellion  fe  trouve    dans   les 
conftitutions   des  Chrétiens  ,  elle  fignifie  ce    que 
nous  appelons  aujourd'hui  mariage  de  confcience  j 
en  ce  fens  ,  le  concubinage  a  éré  permis,  &  l'eft 
encore  aujourd'hui.  Le  concubinage,  qui  a  été  to- 
léré chez  les  Romains  du  temps  de  la  Républi- 
que 6:  des  Empereurs  Payens ,  étoit  un   concubi- 
na-xe   entre  deux  perfonnes  qui  pouvoienr  contrac- 
ter" mariage  enfemble.  On  ne  refufoit  pas  même 
l'hérédité  paternelle  aux  enfans  fortis  de  ce  com- 
merce toléré.  Les  Romains  regardoient  le  concu- 
binage  entre  deux  peifonnes    libres  comme  une 
efpèce  de  mariage  -,  c'eft  pourquoi  ils  lui  ont  ac- 
c»rdé  des  privilèges.  Mais  il  falloir  que  ce  concu- 
binage fut  réduit  à  l'unité ,  parce  qu'en  le  permet- 
tant à  la  fragiliré    humaine  ,  l'on  ne  prérendoit 
pas  aiuorifer  cette  pafllon  brutale,  qui  ne  fe  fatis- 
fait  que  dans  le  nombre  des  femmes  débauchées. 
Ainfi  le  concubinage  avoir  la  figure  ,  &  l'ombra 
du  mariage*  Horman  dit  que  les  loix  Romaines  per- 
mettoient  le  concubinage   long  temps  avant   que 
Jules  Céfar  eût  fait  une  loi ,  qui  permettoit  à  cha- 
cun d'époufer  aurant  de  femmes  qu'il    voudroit. 
L'Empereur  Valentinien  permird'en  époufeidcux, 
comme  difent  Socrare  ,  Paul  Diacre  &:Nicéphore. 
Un  Evêque  a  appelé  la  pluralité  des  Bénéfices,  un 
concubinage  fpirituel. 
Concubinage  ,  en  parlant  de  l'antiquité  ,  fignifie  un 
mariage  fair  avec  moins  de  folennités ,  que  celui 
qu'on"  appeloit  folennel  -,  mariage  avec  une  femme 
d'une  condition  trop  bafle ,  Si  à  laquelle  le  mari 
ne  donne  point  fon  rang  ;  mariage  de  la  main  gau- 
che. Matrimonium  cum  femina  inferioris  conditiO' 
nis.  Voyez  au  mot  Concubine.  Le  plus  grand  Ju- 
rifconfulre  que  la  France  ait  vu  (  Cujas  ad  cap.  In- 
hibendum  efi.  ,  de  cohabit.  Cleric.  &  mulier.  Idem 
Paratitl.  in  kg.  5  ,  cod.  de  concub.  Idem  L.    VU  , 
refponf.  In  commentar.  ad  leg.  3  ,  cod.  de  natural,  li- 
ber.  &    quib.  cauf,   ju[i.  fiant.  Leg.Ji  uxor.  i  ;  ,  /• 
ad  leg.  Juliam  de  adulter.)  dit  que  le  concubinage 
ctoit  une  conjonétion  fi  légitime,  que  la  concubine 
pouvoit  être  accufce  d'adultère  ,  comme  la  femme; 
que  les  loix  permettoient  d'époufer  à  titre  de  con- 
cubine ccrraines  perfonnes  ,  que  l'on  confidéroit 
comme  inégales ,  par  le  défaut  de  quelques  qua- 
lités qu'il  falloir  avoir  pour  foîitenir  le  plein  hon- 
neur du  mariage  i  &  qu'encore  que  le  concubina- 
ge fut  au  deflbus  du  mariage  pour  la  dignité  SC 
pour  les  effers  civils ,  le  nom  de  concubine  étoit 
poiutant  MU  aora  d'honneur ,  bien  diffétent  de  ce- 
lui 


CON 

lui  de  maîtreffe  -,  mais  qu'enfin  le  Vulgaire  en 
France  avoir  corifondu  ces  deux  noms  ,  faute  d'en- 
tendre ce  que  c'étoir  que  le  conculnnage,  quoiqu'il 
foit  encore  tort  en  ulligc  en  quelques  endroits ,  où 
•  il  s'appelle  le  demi-mariage ,  &  en  d'autres  mariage 
de  la  main  gauche.  Cordemoy.  C'ctoit  un  vrai 
mariage  -,  mais  qiii  fe  faifoit  fans  folennités ,  par 
lequel  la  femme  portoit  le  nom  de  concubine  ,& 
non  pas  celui  d'époufe  ,  faute  de  dot ,  ou  de  nail- 
fance.  P.  Dan.  T.I^p.-jjz. 

CONCUBINAIRE.  f.  m.  Qui  vit  avec  une  concubine. 
Qui  concubinam  habet ,  concubinus.  Il  y  a  un  titre 
dans  le  Droit  contre  lesconcubinaires  publics  ,  qui 
les  prive  de  leurs  Bénéfices.  Le  Saint  (  François 
Xavier  )  agillbit  avec  les  concubinaires  ,  à  peu 
près  comme  faifoit  JesUs-Christ  avec  les  Publi- 
cains  &  avec  les  femmes  débauchées.  Bouh. 

CONCUBINE,  f.  f.  Femme  qui  vit  conjugalement 
avec  un  homme,  ians  qu'il  foit  marie  avec  elle. 
Concubma.  La  femme  eft  un  nom  de  dignité',  la 
concubine  eft  un  nom  de  volupté,  dit  la"  Loi.  Les 
Patriarches  avoient  plufieurs  femmes,  qui  ne  te- 
noient  pas  le  même  rang  -,  il  y  en  avoir  de  lubalter- 
iics ,  &  de  fubordonnées  à  la  femme  principale  : 

,  c'étoient  des  concubines  ou  des  demi-femmes, 
fi  l'on  veut  fe  fervir  d'un  nom  plus  honorable.  S. 
EvR.  Les  Pvomains  onr  prohibé  la  pluralité  des 
concubines  ,  &:  n'ont  conlîdéré  que  les  enfans  for- 
tis  d'une  icule  &  une  même  concubine ,  parce  qu'elle 
pouvoir  devenir  une  femme  légitime.  Autrefois  le 
nom  de  concubine  n'étoit  point'"infamant ,  fur-tout 
quand  clic  n'avoir  commerce  qu'avec  un  fcul  hom- 
me. 5aIomon  avoir  700  femmes  &  500  concubines^ 
m.  Reg.^  Cr.p.  II.  L'Empereur  de  la  Chine  a  quel- 
quefois jufqu'à  deux  ou  trois  milles  concubines 
dans  fon  Palais.  Nouv.  Rel.  Darius  fe  fit  fuivre  à 
l'armée  par  ^6 <,  concubines  ,  &  toutes  en  équipa- 
ges de  Reines.  Vaug.  Alexandre  eut  tant  d'affec- 
tion pour  Apelles  ,  qui  étoit  fon  Peintre  ,  qu'il 
lui  donna  Pancarte ,  la  plus  belle  &  la  plus  chérie 
de^  fes  concubines  ,  parce  qu'il  avoir  remarqué 
qu'Apellcs  en  étoit  devenu  amoureux.  Du  Rier. 

Concubine,  femme  vcrirable  ,  légitime  &  unique, 
mais  de  moindre  condition  que  celui  qui  l'époufe  -, 
ou  d'une  condition  trop  balle  pour  lui  &  peu  for- 
table  ■■,  &  à  caufe  de  cela  époufce  par  un  de  ces 
mariages ,  que  nous  appelons  mariages  de  confcien- 
ce,  lôfquels  enfermenrles  mêmes  obligations  que 
ks  autres ,  &  n'en  diffèrent  que  par  le  nom  &  la 
qualité  de  la  femme ,  qu'on  ne  donne  point  à  la 
concubine.  Concubina.  Du  Cange  dir  qu'on  peut 
recueillir  en  plufieurs  endroii6  des  Epitres  des  Pa- 
pes, que  les  concubines  ont  été  autrefois  tolérées. 
Cequife  doit  entendre  des  mariages  de  confcience, 
dont  on  vient  de  parler.  Le  \f  Canon  du  premier 
Concile  de  Tolède  ,  porte  que  celui  qui ,  avec  une 
femme  fidèle  ,  a  une  concubine ,  eft  excommunié  ; 
mais  que  fi  la  concubine  lui  tient  lieu  d'époufe  ,  de 
Ibrte  qu'il  n'ait  qu'une  feule  femme ,  à  titre  d'é- 
poufe oii  de  concubine  ,  à  fon  choix  ,  il  ne  fera 
point  rejeté  de  la  communion.  Ce  qui  montre 
qu'il  y  avoit  des  femmes  légitimes  &  uniques ,  que 
l'on  non-Hiioit  concubines  \  &  vérirablement  les 
Loix  Romaines  ne  permettoient  pas  à  tout  hom- 
me d'époufcr  quelque  femme  que  ce  fîir ,  il  falloir 
qu'il  y  eût  de  la  proportion  entre  les  conditions; 
mais  la  femme  d'une  condition  inférieure  au  mari , 
qui  ne  pouvoir  être  époufe ,  pouvoir  être  concubine , 
Zc  les  Loix  le  permettoient ,  pourvu  que  l'on  n'eûr 
point  d'autre  femme  que  la  conculine;  c'eft-dire, 
que  quand  un  homme  le  vouloir  marier ,  il  pou- 
voit  choifir  une  époufe  ou  une  concubine;  mais  il 
ne  pouvoir  avoir  en  même  remps  une  époufe  &: 
une  concubine.  Les  enfans  des  concubines  n'éroient 
réputés  ni  légitimes ,  ni  bâtards  ,  mais  enfans  na- 
turels ,  capables  feulement  de  donations.  Ce  qui  fe 
doit  entendre  des  Loix  Romaines  ,  qui  n'avoienr 
pas  lieu  parmi  les  François, 
Clovis  avoit  eu  Thietri  d'une  femme  qu'il  n'a- 
Torne  II, 


C  O  N  y^-yy 

voie  pas  tenu  en  qualiré  de  Reine  ,  mais  feule- 
ment ^out  concubine ,  fuivant  la  coutume  de  rc 
temps- la  ou  ces  fortes  de  fociétcs  ,  pourétre  rL-oins 
honorables,  n'en  croient  pas  moins  légitimes  ;  ni 
es  enfans  qui  en  provenoient  moins  capables  de 
iuccedcr,  quand  les  pères  le  vouloient,  du  moins 
parmi  les  francs;  car  encore  que  les  Lcix  Romai- 
nes ne  tegardaiient  pas  les  enfans  nés  de  cette  forte 
comme  b  itards  ,  elles  ne  leur  donnoiewt  pas  le  droit 
de  lucccder.  Cordem.  Ces  mariages  étoient  ce  oue 
nous  appelons  epoufer  de  la  main  gaifche ,  ufâ<re 
commun  encore  aujourd'hui  en  Allemagne.  Le 
Moine  Jonas  a  écrit ,  dans  la  -vie  de  S.  Colombar. 
que  les  quatre  fils  de  Théodoric  n'étoienr  pas  nc3 
d'un  mariage  légitime  ;  &  ,1  eft  vrai  que  Tliéodo- 
ric  les  avoir  eus  ^\\x\z  concubine -.  mais  il  eft  vrai 
auifi  que  le  concubinage,  dont  le  nom  eft  main- 
tenant odieux,  parce  qu'on  en  abufe  ,  étoit  alors 
une  efpece  de  mariage  ,  qui ,  pour  être  moins  fo-- 
lenncl ,  n'croit  pas  moins  indifîblublc  par  les  loix 
de  l'Eglile  que  le  mariage  ordinaire.  Id.  Si  l'on 
coniidère  que  le  mor  de  concubine  fignifioit  une 
femme  mariée  avec  honneur,  &  de  qui  le  maria- 
ge ,  quoique  fair  avec  moins  de  formalités  que 
celui  qu'on  appeloitfolennel ,  ne  lai/Toir  pas  d'être 
valable -,  on  verra  qu'on  ne  doir  pas  regarder  les 
concubines  de  Charlemagne  comme  des  maîtreflés. 
Id. /^oy^^  Concubinage. 
Concubine  ,  dans  l'Antiquité  ,  fe  prend  auifi  fouvenc 
dans  le  mauvais  iens  qu'il  a  parmi  nous ,  c'eft-à- 
dire ,  pour  une  fille  ou  une  femme  avec  qui  l'on 
a  un  mauvais  commerce  fans  mariaçe.  S.  Léon  dit, 
dans  fa  Lettre  à  Anajlaje  de  Thefaloni^^ue  ,c[a\\. 
fautdilhnguer  la  concubine  àz  la  femme  légitime  5 
que  celui  qui  quitte  fa  concubine  pour  fe^nariei? 
fait  bien;  &  que  celle  qui  époufe  un  homme  qui 
avoir  une  concubine  ,  ne  fait  point  mal ,  puifqu'il 
n'étoit  point  marié.  Il  faur  diftinguer  tous  ces  fcns 
qui  ié  trouvent  dans  nos  HiftoriensEccléfiaftiqucs 
&  autres. 

Tous  ces  mots ,  concubinage ,  conCubinaire ,  con- 
cubine viennent  du  latin  concubina  ,  concubimz  , 
qui  vient  de  conçu  bar  e  ,  coucher  avec. 

Concubine.  Terme  de  Fleurifte,  Tulipe  colombln  & 
blanc.  MoRiN, 

CONCUEILLIR.  v.  a.  On  rrouve  ce  mot  dans  quel- 
ques vieux  Auteurs,  pour  dire  ,  diiiger  ,  ramaf- 
Jer  ,  conduire  à  un  terme  ,  à  une  fin. 

IfJ-  CONCUPISCENCE,  f.  f.  Ceft  en  général  une 
paflion  déréglée  de  pollcder  quelque  chofe  ;  un 
penchant  inhércnr  à  l'homme  depuis  fa  chure  qui 
le  porta  au  mal.  Concupifcentia.  Il  eft  défendu  pac 
le  X'  Commandemenr  de  la  Loi  de  Dieu  ,  d'avoit 
de  la  concupiscence  pour  le  bien  de  fon  prochain  , 
ni  pour  Ion  bœuf,  ni  pour  fon  âne.  Il  faut  bien 
remarquer  la  penre  de  la  concupijcence ,  pour  la 
diminuer  par  le  retranchement  de  tout  ce  qui  la 
peut  fortifier.  Nicol.  Aimer  Dieu  par  rapporr  à  no- 
tre félicité  propre  ,  c'eft  l'aimer  d'un  amour  de 
concupiscence.  FeiM. 

|}Cr  On  le  dit  plus  particulièrement  du  penchant 
que  nous  éprouvons  pour  les  plaifirs  illicites  ,■  qui 
nous  entraîne  à  l'amour  deshonnête  ,  que  S.  Jean 
appelle  la  concupifcence  des  yeux  ,  la  concupifcence 
de  la  chair.  La  concupifcence  ,  qui  eft  l'effet  du 
péché  originel ,  Ibllicite  fans  cefle  l'ame  au  péchés 
Avec  quelles  pointes  &  quels  aiguillons  ne  (avons 
nous  pas  réveiller, la  concupifcence  endormie  & 
languilfante  ?  Balz. 

Quoique  ce  mor  fe  prenne  ordinairement  au 
mauvais  fens  dogmatique  ,  cependant  il  a  un  fens 
plus  étendu  ,  &  de  (bi  indifférent.  La  co«cz//'//ci'/2r^ 
en  ce  fens  8c  en  général  eft- le  penchant,  l'inclina- 
tion naturelle  vers  le  bien  fenfible.  Cerre  inclina- 
tion de  foi  n'eft  poinr  mauvaife  :  elle  eft  bonne  , 
&  a  été  donnée  à  l'homme  pour  laconfervation  de 
fa  nature.  Mais  l'obier  de  cette  inclination  ,  le 
bien  fenfible  auquel  elle  fe  porte  eft  quelquefois 
défendu  ,  &  quelquefois  permis.   Quand   elle  fc 

FFFff 


77^  CON 

'  porte  à  un  bien  permis ,  elle  n'cft  point  mauvairc  ; 
rcUc  nous  porre  vers  an  ob>r  o.i  un  bien  lenlible 
dilndu  ,  o'u  l'on  conicnc  a  les  -o-^^ens  ou 
l'on  n'y  conlent  point.Si  l'on  y  conlenc ,  le  con 
fenrcmenr  eft  un  péché  Se  la  rend  mauvaife.  Si 
ro.  n'y  conl-cnc  point  .  fes  mouvemcns  qu> 
s'appcUent  crémiers  mouvemens .  ne  lent  pomt  d.s 
pccU  s  ,  ou  ce  l-ont  d.s  pcchcs  Icukmcnr  matériels , 
L  la  rcViftanc.  qu'on  y  apporte  ,  le  rctus  de  con- 
Ltcmcnt  cft  méritoire.  Quand  D.cu  noas  dclcn. 
Sconcupt(ccnc..\\  ne  nous  dereni  pas  de  icnt  c 
f«  mouvj'mens,  mais  d'y  conlentir.  Quoique  la 
S..«p.>;:..  ,  dans  l'état  préu.-nt  ioit  une  lu.te  du 
pé-hé/eilcea  néanmoins  naturelle  al  homme  ,  & 
SnVna^e  de  fa  narure.  Elle  lui  eft  donnée  ,  com- 
me on  l'a  dé^a  dit,    Pr^''^<=°'^'""""°'',-  ..,Hie 

CONCUPISCIBLE  ,  adj.  terme  de  Philofoph-e  , 
qu'on  Joint  ,  &  qu'on  oppole  a  irajctvk.W  le;om 
roujoutsau  mot  appétit  co.c«/.V"%,  q-  "ou 
porte  vers  un  bien  fenlible  ,  vers  un  objet  q  u  nous 
plaît.  Avpnitus  qui  concupijcit  ,  concupijcibihs. 
L'm^àùt^oncupijcitù  nous  porte  a  louhaiter ,  a 
nous  procurer  le  bien-,  l'iralcible  a  tuir  le  mal  ,  a 

nous  en  défendre. 
CONCURÉ.  f.  m.  Prêtre  charge  avec  d  autres  du  loin 

d--  la  conduite  des  âmes  d'une  paroUfe  ,  avec  un 

pouvoir  é^al,  &:  non  pas  fimpLnnent  comme  \  i- 

caire.   Le  Pape  Clément  VII  érigea  a  Trévoux  un 

Chapitre  en  1515-  ^  eft  compofe  d  un  Doyen  qui 

eft  ContciUer-né  du  Pari  ment  ,  d  un   Sacriftam  , 

&  de  dix  Chanoines  ,  tous  Concuris  de  la  vdle.  M. 

PiGANioL  DE  LA  FoRGE  ,  Nouv.  Dcfc.  de  U  Fruncs  , 

édition  de  i-jt^,  t.  ■>,,  p.  'i^'i-- 

CONCURREMMENT,  adv.  Pat  concutrence  ,  d  une 
manière  contraire  &  oppofée  au  deiîein  l'un  de 
l'autre.  Certatirn.  Ces  deux  bourgeois  briguent 
concurremment  l'Echevinage. 

COMCURREMMENT,  cu  t^tmcs  de  Pahis ,  lign.ee  au 
contraire ,  conjointement  &  également^,  eniemble, 
faifant  de  chaque  côté  la  même  choie,  fariter  , 
fimulf^  eodem  modo.  Ces  deux  créanciets ,  qui  ont 
même  hypothèque  &  même  ptivilegc,  recevront 
concurremment  les  deniers  à  proportion  de  leur 
femme.  Les  cohéritiers  doivent  contribuer  éga- 
lement &  concurremment  au  payement  des  dettes 
de  la  fucce:non,   eu  égard  à  la  portion  quus  y 

prérendent.  .      .        .  . 

Quelques  recherches  qu'ils  aient  faites  concur- 
remmcni  il  ne  lait  a  été  poir,ble  de  raflembkr 
que  ttois  exemples  qu'ils  puilfent  bazarder.  Nom- 
mant. .  ,  .  1 
CONCURRENCE,  f.  f.  Prétention  réciproque  de 
deux  ou  de  plufieuts  perfonnes  à  une  même  charge  , 
di<-pité  ou  autre  avantage.   jEmulatio  i  cenamen 


competuorum  ,  nvalium.  La  concurrence  eft  fou- 
vent  caufe  de  l'excluf.on  de  l'un  &  de  l  autre  des 
prétendans.  Entrer  en  concurrence ,  être  en  con- 
currence. 

Ne  font-ce  pas  ces  fatales  concurrences  ,  qui  en- 
tretiennent entre  les  familles  des  défiances  ,  des 
haines,  des  animofités  éternelles?  Concurrences 
non-feulement  entre  maifons  &:  maifons ,  mais  entre 
particuliers  5:  particuliers ,  non-feulement  entre  les 
grands  ,  mais  entre  les  petits  \  non-!eulement  entre 
les  fcculiers  ,  mais  encore  entre  les  réguliers. 
BoUB-D.    Exhort.   //,  p.  57i- 

GoNCJf^RENCE  fe  dit  aufT.  pour  fignifier  ladionde 
d-'t"  ou  de  plufieurs  perfonnes  qui  concourent, 
&c  s'uniff^nt  enfemble  pour  produire  un  même  effet. 
Concurfus.  Le  Poète  doit  prudemment  ménager 
le  m.'rvrilleux  ,  afi-.  que  la  concurrence  d'un  Dieu 
n'a'ï^oibliire  pas  cdle  du  Héros.  P.  le  Bo-s 

CoMCTTTKEHCE  ,  en  termes  de  Jurifprudence  ,  eft  une 
égalité  de  droit,  d'hypothèque,  de  privilège  que 
divr-rfcs  perfonnes  peuvent  exercer  fur  la  même 
chofe.  Juris  a^uatitas.  Dans  les  diftriburions  des 
deniers  on  ordonne  que  ceux  qui  onr  même  droit 
feront  payés  par  concurrence ■iwmz.zc  la  livre,_ 

Concurrence  fignifie  aulfi    certain    payement  juf- 


CON 

qu'auquel  on  doit  parvenir  pour  être  quitte  d'une 
dette  contrariée.  Cena^uadum  ac  dcterminatajum- 
m.i  ultra  ,uum  non  erogaurjupra.  Les  deniers  pro- 
venans  de  la  vente  de  ces  meubles  feront  payes 
au  propriétaire  julqu'à  la  concurrence  des  loyers 
qui  lui  font  dus ,  c'eft-i-dite  jufqu'à  ce  que  cette 

fomme  foit  remplie.  ,     r.  -   •  •         c 

CoHCVKKiuctd'Oj/ices,  en  termes  de  Bréviaire,  fe 
dit  lors  qu'aux  fécondes  Vêpres  d'un:  tête  double  il 
fe  trouve  un  autre  0,lice  de  fête  de  même  ordre  qui 
doit  fe  célébrer  le  jour  fuivant.  Concurjus  ,  concur- 
r<:nùd.  Il  y  a  diverfes  rubtiques  a  cblerver  pour 
bien  ordonner  fon  Office  -,  foit  pour  les  iranila- 
tions ,  foit  pour  les  commémorations ,  foit  pour  les 
concurrences  des  fêtes.  Pout  l'ordinaire  quand  deux 
fêtes  font  éijalemcnt  folennelles  ,  on  dit  les  Vêpres 
de  la  pnem'^ière  jufqu'au  chapitre  ,  &  de  la  féconde 
depuis  le  chapitre  jufqu'à  la  lin  ,  avec  commémo- 
ration de  la  picmiète  :  quand  il  y  en  a  une  plus 
folennelle  que  l'autre ,  on  dit  les  Vêpres  toutes 
entières  de  la  plus  folennelle  ,  avec  ou  lans  com- 
mémoration de  la  moins  folennelle,  kuvant  le  de- 
eré  de  folennité  de  ces  têtes  comparées  entr'elles. 
Voyez  les  Rubriques  du  BrevLMre,  G  avant  us  ,  Scc. 
COiNÎCURRENT  ,  ENTE.  f.  Qui  a  la  merne  pré- 
tention qu'un  autre  à  une  même  charge  ,  dignité, 
avantage.  Competitor ,  rivalis.  Il  ptétend  époufec 
cette  riche  héritière  ,  mais  il  aura  bien  des  con- 
currens.  La  puilfance  fouveraine  ne  veut  point  de 
concurrent ,  ni  de  compagnon.  Oftavien  tut  heu- 
reux de  fe   délivrer  d'un  concurrent  aulfi  redou- 
table que  Marc -Antoine.  Là  fe  voient  les  tuines 
de   Cartha2;e  ,   cette  fière  concurrente  de  Rome. 
PoRT-R.  L'a  plupart  fe  confoleroient  de  leur  dif- 
grace ,  fi  leurs  concurrens  n'étoient  pas  plus  heu- 
reux  qu'eux.  Bouh. 
Concurrent  fe  dit  proprement  d'un  homme  qUi  court 
avec  un  autre  dans  la  lice  ,  dans  un  carroulel ,  dans 
un  tournois.  Il  remportoit  prefque  tous  les  prix  des 
carroufels,   où  il  avoir  d'ordinaire  l'honneur  d'a- 
voir fon  Prince  pour  concurrent.  P.   Veri. 
gcr  CONCUSSION,  f.  f.  Abus  que  fait  de  fon  pou- 
voit  un  homme  conftitué  en  charge  ,  en  dignité 
ou  en  commidîon  ,  pour  exiger  au-delà  de  ce  qui 
lui  eft  dû  -,  pour  extorquer  de  ceux  (ur  qui  fa  charge 
ou  fon  emploi  lui  donnent  quelque  autorité,  de  l'ar- 
ffcnt  ou  autre  chofe  au-delà  de  ce  qui  lai  eft  du. 
%petund.trum  crimen.  Accufer  quelqu'un  de  con- 
culfion.  Repetundarum  accufire ,  repetundis  pofiu- 
lare.  L'accufation  pour  crime  de  conçu fjion^  peut 
être  intentée  non-feulement  par  la  partie  civile  , 
mus  encore  par  les  Gens  du  Roi  ,  parce  quec'eft 
un  crime  public  en  France.  La  concu(Jîon  eft  déten- 
due oar  l'Ordonnance  de  Moulins,  par.  celles  de 
Blois  &  d'Orléans,  &  par  divers Règlcmens  par- 
ticuliers qui  concernent  différentes  charges  ,  com^ 
miiTions  ou  offices.  .     ,      ■      • 

fta"  La  concuffisn  étoit  autrefois  punie  du  dernier 
fupplice  :  aujourd'hui  cette  peine  eft  arbitraire. 
Quand  l'aifaire  fe  pourfuit  civilement ,  la  peine 
eft  la  reftitution  du  quadruple  de  ce  qui  a  été  ex- 
torqué par  menaces  &  pat  autonté.  Lorlque  la 
pourfuire  de  ce  crime  fe  fait  par  la  voix  de  la  plainte 
èc  de  l'information  ,  la  peine  eft  plus  grande  ,  lui- 

vant  les  circonftances. 
irr  CONCUSSIONNAIRE,  f. m.  Officier,  Receveut 

public,  en  srénéral  celui  qui  hiit  des  conçu  fions, 
qui  exi2;e  au-delà  de  ce  qui  lui  eft  dû.  Repetunda- 
rum reus.  Ceft  un  concujfionnaire ,  concujionaire 

public.  ^  ^  .       '  .       „^    . 

CONDAMNABLE,  adj.  m.  &  f-  Qui  mente  d  être 
condamné.  Damnandus  ycondemnandus.  Cette  pro- 
pofition  eft  hérétique ,  &  condamnable. 


O  d'un  fi  grand  fervice  oubli  trop  condam- 
nable. 
Des  emharras  du  trône  effet  inévitable.Kkci^t. 

CONDAMNATION .  f.  f.  Jugement  qui  con iamne. 


CON 

Damnaùo.  Il  croyoit  fa  caufe  bonne ,  &  ne  croyoit 
pas  qu'il  pur  intervenir  quelque  condamnation 
contre  lui.  La  confirmation  d'une  Icntence  doit  em- 
porter condamnation  de  dépens.  On  entend  auilî 
par  condamnation  les  choies  mêmes  auxquelles  la 
partie  efl;  condamnée ,  comme  une  Ibmme  d'argent , 
les  intérêts  &  frais.  Payer  le  montant  des  condam- 
nations. Au  Palais  on  dit ,  palier  comâamnation  , 
llibir  condamnation  ;  pour  dire,  acquieicer  à  la  de- 
mande ou  à  la  fentence  de  la  partie. 

^fT  Palier  condamnation  ,  c'cft  proprement  confentir 
que  la  pairie  adverfe  obtienne  jugement  à  ion  avan- 
tage :  &  llibir  condamnation^  c'elt  acquilcer  à  un 
jugement  dont  on  pourroit  pourtant  appeler. 

.{~ir  Au  figuré  ,  dans  le  langage  ordinaire  ,  palier  con- 
damnation^ c'cft  convenir  qu'on  a  eu  tort. 

Condamnation  le  dit  auUî  en  matière  fpiritucUe. 
Celui  qui  pèche  morrelicment,  qui  communie  in- 
dignement, z.miQ{d,  condamnation  ,  il  perd  la  grâce 
de  Dieu. 

CONDAMNATOÎRE. 'adj.  Qui  porte  condamna- 
tion. Damnatorius.  Suiftage  condarnnatoire.  Ce 
mot  fe  trouve  dans  Pomey,  Il  n'en  vaut  pas 
mieux. 

CONDAMNER,  v.  a.  Prcsnoncer  un  arrêt ,  une  len- 
tence  ;  donner  un  jugement  contre  quelqu'un  qui 
porte  quelque  peine  ,  perte ,  ou  dommage  ;  foit 
à  l'égard  de  Ion  honneur ,  foit  à  l'égard  de  fa  vie. 
Damnare ,  condemnare.  On  ne  doit  condamner 
perlbnne  fans  l'entendre.  Les  EccléliaAiques  ne  peu- 
vent condamner  perlbnne  à  mort.  Il  a  été  con- 
darnné  à  l'amende  ,  &  aux  dépens ,  dommages  & 
intérêts.    Condamner  par  défaut ,   par   contumace. 

Faites  rougir  ks  Dieux  qui  vous  ont  condamnée. 

Rac. 

^;^CoNDAMNER  fc  ditaulîî  pout  afllijettir  quelqu'un  à 
quelqurc  loi ,  le  réduire  à  la  nécelîitc  de  faire  quel- 
que chofe.  Nous  fommes  tous  condamnés  à  mourir. 

Jéjus-Chrijl  en  mourant  nous  a  tous  condamnés 
A  l'imiter   dans  fa  Jbuffrance.   L'Abbé   Têtu. 

Q^ite  fere^  vous  ,  hé/as  !  d'un  cxur  infortuné 
{^u'à  des  pleurs  éternels  vous  ave^  condamné. 

Rac. 

Condamner,  lignifie  ,  par  extenfîon ,  blâmer  ,  défap- 
prouver.  f^  ituperare  ,  arguer e ,  reprehendere.  Il  y 
a  des  ad;ion5  indifférentes  qu'on  ne  peut  condamner 
fans  injuftice.  Les  gens  de  bien  font  fouvenr  con- 
damnés par  les  méchans.  Les  ignorans  condamnent 
tout  ce  qu'ils  n'entendent  point.  On  eft  bien  aile 
de  trouver  que  les  malheureux  font  coupables , 
afin  de  les  abandonner  ,  &  de  les  condamner  avec 
quelque  apparence  de  juftice.  Port-R. 

Il  faut  fe    regarder   foi-mime    un   fort   long- 
temps , 
Avant  que   de  fonger  à  condamner   les  gens. 

Rac. 

Cnndamner  fe  dit  auffi  de  certaines  penfées ,  &  de 
certaines  façons  de  parler,  qu'on  ne  juge  pas  dignes 
d'entrer  dans  les  beaux  difcours  ,  &  dans  le  beau 
langage.  Damnare  ,  reprehendere  ,  profcrihere.  On 
ne  fe  fert  guère  de  la  raifon  ,  quand  on  condamne 
un  mot  fans  lequel  on  ne  fauroit  raifonner.  Vaug. 
R.  N. 

Fuis  ce  foin  trop  exact , 
Qui  pour  un  mauvais  mot  condamne  nnepenfée. 

ViLL. 

Elle  a  ,  d'une  infoknce  à  nulle  autre  pareille-, 
Apres  trente  levons-,  infulté  mon  oreille^ 
Par  l'impropriété  d'un  motfauvage  &  bas  , 
Qu'en  termes  décififs  Q.ovïàvm.néVaugelas.  Mol. 

lO'CoNDAMNER  foi-mcme,  (Se)  fe  dit  de  ceux  qui  par- 


CON  779 

lent  contre  eux-mêmes,qui  fe  contredifcnr,qui  dilent 
quelque  choie  qui  leur  cil  préjudiciable.  En  avan- 
çant cette  propolition  ,  vous  vous  condamnez  vous- 
même.   Tuo  te  mucronc  jugulas. 

On  dit  figurcment  condamner  une  porte ,  une 
fenêtre  ;  pour  dire ,  la  fermer  en  forte  qu'on  ne 
la  puilfe  plus  ouvrir  -,  en  interdire  l'ulage.  Ohferare. 
On  dit  proverbialement  &  figurcment ,  qu'un 
homme  a  été  condamné  aux  dépens ,  quand  il  a 
fait  quelqu'entreprife  qui  ne  lui  a  pas  réuHl. 

^3"  Condamner  un  vaiffcau  ,  en  termes  de  Marine, 
c'efl  le  juger  incapable  de  tenir  la  mer. 

^fj-  CONDAPOLI.  Ville  de  la  prefqu'ile  de  l'Inde  , 
au  àzc^x  du  Gange ,  au  Royaume  de  Golconde. 

Condamné,  ée.  part. 

CONDAT.  Condatum.  Voyez  Condé,  c'efl  la  même 
chofc  :  &  ce  nom  fe  donne  à  plulieurs  lieux,  pour 
la  même  raifon  que  celui  de  Condé.  Condatum  s'ert: 
dit  en  françois  Condat  ou  Condé  en  différentes 
provinces. 

La  Congrégation  de  Condat  &  de  Saint  Oyan 
efl:  appelée  autrement  la  Congrégation  de  Saint 
Claude.  Voye:^  Claude.  Condat ,  en  latin  Condate, 
efl:  la  même  choie  que  ce  qui  s'eft  dit  ailleurs 
Condé  ,  &c  lignifient  l'un  &  l'autre  confluent ,  jonc- 
tion de  deux  rivières  ;  &  en  effet ,  il  n'y  a  point 
en  France  de  lieu  qui  porrc  l'un  &  l'autre  de  ces 
noms  ,  qui  ne  foit  en  un  endroit  où  deux  rivières 
ou  deux  ruilîeaux  fc  joignent.  L'Abbaye  de  S.  Claude 
ou  de  Condat  efl  au  confluent  des  rivières  de 
Bicnne  &;  d'Aliere. 

§C?  CONDAVERA.  Ville  d'Alie ,  dans  la  prefqu'île. 
de  l'Inde ,  fur  la  côte  de  Malabar ,  au  Royaume  » 
de  Catnate. 

CONDE.  Ce  mot,  en  ancien  langage,  lîgnifîoit  ro;2- 
fluent ,  &  on  a  donné  ce  nom  à  plulieurs  heux 
litués  en  des  endroits  où  deux  rivières  fe  joignent, 
Confluentes ,  Condatum  ,  Condate.  Il  y  a  Condé , 
ville  du  Hainault  dans  les  Pays-Bas ,  au  confluenc 
de  l'Elcaut  Se  de  la  Haifne.  Conde  fur  le  Nereau 
ou  Noireau ,  Condccum  ad  Norallum  ,  efl:  une  pe- 
tite ville  de  Normandie  dans  le  Bellin  fur  le  Nereau  , 
qui  mêle  fes  eaux  avec  l'Orne.  Conde  ,  rivière 
de  France  dans  le  Quercy.  Condé  ,  rivière  de  Ca- 
nada. Il  y  a  auHi  une  contrée  de  la  Balfe  Ethiopie 
nommée  Condé ,  &  le  Cap  Condé  à  l'ell  de  l'Ile  de 
Cayenne. 

Condé  efl:  auflî  le  nom  d'une  branche  de  la  Maifon- 
Royale  de  Ftance.  Le  Chef  de  cette  branche  efl: 
Louis  de  Bourbon  ,  Prince  de  Conde  ,  I  du  nom  , 
fils  de  Charles  de  Bourbon  ,  Duc  de  Vendôme  , 
&  frère  puîné  d'Antoine  de  Bourbon  ,  Duc  de  Ven- 
dôme èc  Roi  de  Navarre.  Condœus.  On  dir ,  la 
Maifon  de  Condé,  le  Prince  de  Condé ,  la  branche 
de  Condé,  l'Hôtel  de  Condé.  Le  Vicaire  de  J.  C. 
fous  une  telle  caution  n'appréhenda  rien  ;  fiir  de 
tout ,  pourvu  que  le  Prince  de  Condé  fût  rendu  à 
l'Eglife  -,  Se  perfuadé  que  d'alVurer  à  l'Eglile  le  Princa 
de  Condé ,  éroit  l'épreuve  la  plus  certaine  qu'il  pou- 
voit  faire  des  difpolitions  du  Roi ,  &c.  P.  Bour- 
D  AL.  Oraifon  Funèbre  du  Prince  de  Condé.  De  quelle 
confolation  ceux  qui  avoient  le  cœur  françois  &  le 
cœur  chrétien  ne  furenr-ils  pas  pénétrés ,  voyant 
cet  enfant ,  que  le  feul  nom  de  Condé  avoit  rendu 
peu  auparavant  redoutable  au  S.  Siège,  rendre  lui- 
même  au  S.  Siège,  dans  la  perlbnne  de  fon  Miniftrc, 
le  devoir  de  l'obéilfance  filiale  ,  &  le  rendre  au  nom 
de  la  France,  dont  ilétoit  l'organe  &:  l'interprète  ! 
Id.  Le  Prince  de  Condé  valoir  feul  des  armées  en- 
tières a  la  France.  Id.  Oraijon  Funubre  de  Louis  de 
Bourbon ,  Prince  de  Condé. 

Le  grand  Condé  ,  c'efl:  ce  même  Louis  de  Bour- 
bon ,  Prince  de  Condé ,  II  du  nom  ,  ce  Héros  li  fa- 
meux. Bourbon-Condé  fe  dit  de  la  même  branche 
de  la  famille  Royale  de  Ftance ,  qui  eft  Bourbon 
par  fa  tige  ,  S:  Condé  par  cette  branche. 

Condé.  Ville  &c  principauté  qui  a  donné  Je  nom  à  la 
branche  de  Bourbon  Condé. 

FFFff  g 


78o  C  O  N 

CONDEMNADE.  f.  i'.  Cctoit  une  forte  de  jeu  de 

cartes  à  trois  perlbnnes.  Nous  Jur  C.  Mann. 
«Cr  CONDENSATEUR .  f.  m.  terme  de  Phyiîque. 
Ccll  ainli  que  quelques  Phyikiens  appellent  une 
inacliine  qui  fort  à  condenfcr  l'air  dans  un  efpace 
donne,  par  exemple,  dans  une  arquebule  à  vent. 

0Cr  CONDENSATK^N,  f.  f.  terme  de  Phyfiquc 
oppofc  à  rarcfaiftion.  Adion  par  laquelle  un  corps 
elt  rendu  plus  denfe ,  plus  compact,  plus  ierrc  : 
par  laquelle  un  corps ,  fans  rien  perdre  de  la  marte  , 
eil;  réduit  à  un  jflus  petit  volume  ,  occupe  un 
moindre  efpace.  Denjatio  ,  condcnjatio.  La  co7i- 
dcnfation  de  l'air  dans  une  arqucbiiic  à  vent. 

ffr  Ce  mot  peut  être  regardé  comme  fynonyme  à 
comprèffion.  Il  y  a  pourtant  quelques  Phyliciens 
qui  rçltreignent  l'ufage  de  ce  mot  à  la  feule  adlion  , 
&  appellent  comprcjjlon  tout  ce  qui  fe  fait  par  l'ap- 
plication d'une  force  extérieure.  Dans  Pufage  or- 
dinaire on  confond  ces  deux  mots. 

CONDENSER,  v.  a.  Rendre  plus  dur,  plus  pcfant, 
plus  compaél  -,  faire  qu'un  corps  occupe^  moins 
«ie  place.  Il  eft  aulîî  réciproque.  Condcnfarc.  Le 
froid  condcnfe  l'air,  il  fe  coiiderifc  avec  le  pifton 
dans  un  corps  de  pompe.  L'eau  fe  congèle,  mais 
ne  fe  condenfe  jamais  quand  elle  efl:  entièrement 
purgée  d'air.  On  a  expérimente  .à  rObfervatoirc , 
pendant  le  grand  hiver  de  l'année  i  ^70,que  les  corps 
les  plus  diirs ,  comme  les  métaux  ,  le  verre  Se  le 
jnarbre ,  étoient  fenfiblement  condenfés^nï  le  froid  , 
fc  qu'ils  étoient  devenus  plus  duis  &  plus  caflans 
qu'auparavant  ,  &  qu'aptes  le  dégel  ils  reprirent 
leur  premier  état. 

Condensé  ,  il,  part. 

CONDESCENDANCE,  f.  f.  Déférence  aux  fenti- 
mens&aux  volontés  d'ciunm.  I/idu/gentia,  ohj'e- 
quium.  Le  meilleur  moyen  de  gagner  les  efprits, 
c'eft  d'avoir  beaucoup  de  ccTidcjcendance  pour  eu::. 
Si  nous  fouflrons  quelque  relâche  ,  c'efl  plutôt  par 
coj:dejccndancc ,  que  par  dertein.  Pasc. 

|Cr  II  fcmble  qu'il  entre  dans  l'idée  de  ce  mot  un 
peu  de  complaiiance  qui  fait  qu'on  fc  rend  trop 
facilement    aux  volontés  des  autres. 

CONDESCENDANT ,  ANTE.  adj.  Qui  a  de  la  con- 
defcendance ,  qui  défère  aux  fentimens  ,  aux  vo- 
lontés d'autrui.  Commodiis  ,  aliorum  voluniaii  ob- 
fequens.  Efprit   condefce/idarn. 

CONDESCENDRE,  v.  n.  Déférer ,  fe  rendre  aux  fen- 
timens d'autrui ,  acquiefcer  à  fcs  volontés.  Alicui, 
alicjtjus  voliintati  ohfequi  ,  alicui  indulgere,  morcm 
gerere-,  mori^erari.  Il  coTidefccnd  à  tout  ce  qu'on 
veut  de  lui.  Il  faut  condefcendre  aux  volontés  de 
fes  fupérieurs,  Arn. 

^Cr  On  dit  auHi  condefcendre  aux  foiblefles  de  quel- 
qu'un -,  pour  dire  ,  accorder  quelque  chofe  à  fes  foi- 
blcfles.  Indulgere. 

Condescendre  ,  terme  de  Pratique.  Se  décharger  fur 
un  autte  d'une  tutelle  à  laquelle  on  efl:  nommé 
par  les  parens  du  mineur.  Tntelam  in  alium  rcji- 
cere.  On  peut  condefcendre  fur  le  parent  le  plus 
proche  ou  le  plusintéreflc  à  la  fuccenion  du  mineur. 
Ce  mot  efl:  formé  de  la  prépofuion  corn  ou  con  , 
qui  fignifie  avec  &  du  verbe  dcjcjndre ,  &  il  ligni- 
fie deiccndre  avec  un  autre ,  defcendre  .à  lui ,  s'a- 
iaifler'  jufqu'à  lui ,  pour  s'accommoder  à  lui.  Nous 
.avons  formé  ces  mors  à  l'exemple  des  Grecs ,  qui  pour 
exprimer  la  même  chofe  avoient  tait  n-vixuTaiiuitu  &: 
i'-.v»%yf«T/ç,  condefcendre  &  condefcendance. 

CONDESCENTE,  f.  f.  terme  de  Pratique.  Aflion  par 
laquelle  celui  qui  efl:  nommé  tuteur  fc  décharge  fur 
un  parent  plus  proche,  ou  plus  habile,  pour  gérer 
la  tutelle  en  fa  place  ,  à  tiitelâ  liheratio. 

CONDIGNE  ,  ad),  m.  &  f.  terme  de  Théologie  ,  qui 
fe  dit  en  ces  phrafes.  Satisfâdiion  condigne  ,  mérite 
condigne,  c'efl:-à-dire,  fatisfaâion  parfaitement  égale 
à  la  faute  pour  laquelle  on  fatisfait  -,  mérite  parfai- 
tement égal  à  la  récompenfe  méritée.  Condignus ,  a , 
z/OT. Nulle  pure  créature  ne  peut  offrir  .à  Dieu  une  fa- 
tisfadion  condipie  pour  le  péché  ;  parce  que  la  fa- 
tisfaétion  condigne  efl:  une  latisfadtion ,  qui,  pai  fa 


C  o  M 

bonté  morale  ,  égale  la  malice  du  ncché  mortel.  î! 
s'enfuit  de-là  qu'il  n'a  pCi  y  avoi  r  de  fatisfadion  con- 
digne  pour  le  péché  mortel;  car,  que  ce  Ibit  une 
créature  qui  fatisfalfc ,  la  iatisfatiion  n'égalera  point 
la  malice  du  péché  ;  que  ce  foir  un  homme-Dii.u  ,  fa 
fatisfadion  fera  non-léulement  condigne ,  maisfura- 
bondante.  Le  mérite  condigne ,  pris  in  concreio  , 
comme  on  parle  dans  l'école  ,cfl  une  adion bonne, 
faite  pour  le  fervice  d'un  autre  ,  &  qui  a  une  telle 
égalité  avec  la  récompenfe  ,  que  cette  récompenfe 
lui  foit  due  en  quelque  forte  par  iun:ice ,  au  moins 
après  la  promcffe  de  celui  qui  propoTe  la  récompenfe. 
Le  mérite  condigne ,  pris  in  al-pracio ,  eft  la  valeur 
5v:  l'égalité  de  cette  adion  avec  la  récompenfe. 
CONDIMENT,  adv.  D'une  manière  condigne  ,  avec 

condignité.  Condigne. 
CONDIGNITÉ  ,  ù'i  terme  Dogmatique.  Qualité  de 
ce  qui  eft  condigne.  Condignum  ,  condignitas.  En 
Théologie  le  mérite  de  condignité,  meritum  de  con- 
digne ,  c'ell  celui  d'une  adion  à  laquelle  la  récom- 
penfe efl:  due  à  titre  de  Juftice  ,  &:  1  efl:  oppofé  au 
mérite  de  congruité.  Les  Théologiens  enfeignent 
que  pour  mériter  par  rapport  à  la  vie  éternelle  d'un 
mérite  de  condignité,  il  faut  i".  que  l'adion  foie 
exempte  non-feulement  de  contrainte  ,  mais  encor; 
de  toute  forte  de  néceffité  antécédente  ,  c'ePc-à-dire, 
qu'il  faut  qu'elle  foit  libre,  z".  Il  faut  être  en  état  de 
grâce.  3  ".  Il  faut  que  la  promeffc  de  Dieu  y  foit  en- 
gagée ,  c'efl:-à-dire,  qu'il  faut  que  Dieu  par  un  effet 
de  fa  bonté  ait  promis  de  donner  fa  gloire  pour  un2 
ndion.  Un  ade  de  charité  furnaturelle  mérite  le 
Ciel  d'un  mérite  àt  condignité.  Condir^nité  de  fatis- 
fadion,  co/zJ/ff/;//d  de  mérite.  Lzcondis;nité  dcmé- 
rite  demande  différentes  conditions ,  les  unes  prifcs 
du  côté  de  celui  qui  agit  ou  qui  mérite ,  les  autres 
prifcs  du  côté  de  ion  adion ,  &  les  autres  delà  part 
de  celui  qui  récompenfe  le  mérite.  Car,  il  faut  ii^.  que 
celui  qui  mérite  foit  dansl^voie,  Ecc/efîaJiif^ueXÎY, 
17.  Joan.  IX ,  4.  Ga/at.  Vf ,  10.  i^.  Il  doit  erre  en 
grâce,  Jcan.XY  ,  4.  Concile  de  T vente ,  fejf',  FI, 
c/iap.  iij,  3c  can.  52. 
CONDISCIPLE,  f.  m.  Compagnon  d'étude.  Ecolier 
de  la  même  chffc ,  &  qui  prend  les  leçons  du  même 
maître  qu'un  autre.  Condijcipufus. 
CONDISI.  f.  m.  Nom  que  les  Arabes  donnent  à  l'herbe 

aux  Eoulons.  Vo\e?^  Heree  a  Foulon. 
CONDIT,  f.  m.  terme  de  Pharmacie,  qui  fe  dit  de 
toutes  fortes  de  confitures,  tant  au  miel  qu'au  fucre. 
Condimentum ,  conditus.  II  y  a  un  condit  fl:omacal  , 
purgatifs  corroboratif,  qui  diffère  des  opiates ,  en 
ce  qu'il  y  a  plus  de  fucre ,  moins  de  poudre,  &  plus 
de  conferve  &:  de  fyrop. 

Ce  mot  vient  du  latin  condire  ,  alfaifonn^er. 
§CT  CONDITELTR  ,  f.  m.  terme  de  Mythologie  , 
par  lequel  on  délignoit  un  Dieu  champêtre,  qui  veil- 
loir  après  les  moiffons ,  à  la  récolte  des  grains,  Con- 
ditcr. 
^  CONDITION,  f  f.  Nature ,  qualité  d'une  per- 
fonneou  d'une  chofe,  qui  la  rend  bonne  ou  mau- 
v.iifc ,  parfaite  ou  imparfaite.  Natnra  ,  conditio. 
La  condition  des  chofes  d'ici-bas ,  efl:  d'être  fujettes 
à  des  révolutions  continuelles.  Cette  marchandifo 
n'a  pas  les  conditions  qu'eMe  devroit  avoir  ,  elle  n'a 
pas  les  conditions  requifes. 
^fF  CoNDiTioNjiîgnifie  aulîi  le  rang  d'un  homme,  con- 
ftdéré  par  rapport  à  fa  naiffance.  Conditio,  fiatus  , 
vitcc  ratio.  Alors  ce  mot  peut  être  regardé  comme 
fynonyme  d'état  :  mais  la  condition  ,  dit  M.  l'Aebé 
Girard  ,  a  plus  de  rapport  au  rang  qu'on  tient  dans 
les  divers  ordres  qui  fo.i-ment  l'économie  de  la  Répu- 
blique. L'état  en  a  davantage  à  l'occupatipn  ou  au 
genre  de  vie  dont  on  fait  profeffion.  Les  richcffes 
nous  font  aifément  oubliet  le  degré  de  notre  condi- 
tion ,  &  nous  détournent  quelquefois  des  devoirs 
de  notre  état.  Il  efl:  difficile  de  décider  fur  la  diffé- 
rence des  conditions ,  8c  d'accorder  là-deffus  les  pré- 
tentions des  divers  états  :  il  y  a  beaucoup  de  gens  qui 
n'en  jugent  que  par  le  brillant  de  la  dépenfe. 
Ç3"  Nous  n'avons  qu'à  jeter  les  yeux  fur  la  cafte  du 


C  O  N 

hîcnde  moral ,  pour  découvrir  f^ar  toute  la  terre  une 
ctoiinante  inégalité  dans  Ls  conditions  humaines  : 
les  unes  immédiatement  ordonnées  par  la  provi- 
dence du  Créateur  -,  des  i^rands  &  des  petits ,  des  ri- 
.     eues  êc  des  pauvres ,  tels  uniquement  parole  Ibrt  de 
leur  naiiîance  :  les  autres  établies  par  la  prudence  des 
Légiflateurs ,  pour  main  tenir  chacune  dans  lés  droits 
&  dans  fes  devoirs  :  des  Princes,  des  Magiflrats , 
des  Officiers  de  toutes  efpèc:s,  prépoles  parties  loix, 
ceux-ci  pour  veiller,    ceux-là  pour  commmander  , 
d'autres  pour  exécuter.  Ceft  ce  que  nous  entendons 
par  ordre  civil  &  politique. 
|P°  II  n'eft  pasqueition  de  le  juftifier  à  ceux  qui  an- 
,     roient  k  malheur  d'être  mécontens  de  leur  partage. 
Il  n'eft  jamais  permis  de  demander  à  Dieu  raifonde 
ies  Ordonnances ,  &:  il  n'eft  plus  temps  de  la  de- 
mander aux  hommes.  L'ordre  eft  établi ,  nous  ne  le 
changerons  pas ,  &nous  aurons  plutôt  lait  de  nous  y 
foumettre  que  de  nous  en  plaindre.  Mais  de  ph;r,rans 

t  demander  ni  .à  Dieu  ni  aux  hommes  railbn  de  leur 
;•  conduite  ,  n'eft-il  pas  évident  que  dans  l'état  prélént 
de  la  nature  humaine,  cette  inégale diftribut'ion  des 
biens  &  des  rangs  étoit  ablbiument  nccciraire  ,  & 
que  de-ià  même  il  réllilre  dans  l'Univers  une  elpècc  de 

beaurc qui  compenfe  peut-être  avec  ullire  le  dclbrdre 
apparent  de  l'inégalité  des  partages  ? 
ffT  Que  cette  inégalité  Ibit  une  lune  nécelTaire  de  l'é- 
tat prélénr  de  la  natute  humaine  ,  la  preuve  en  faute 
aux  yeux.  Faites  aujourd'hui  entre  les  hommes   le 
partage  le  plus  égal  &  le  plus  géométrique  des  biens 
de  la  Terre  ,  l'inégalité  s'y  remettra  demain  par  la 
violence  des  uns,  ou  par  la  mauvaile  économie  des 
autres.  Il  faudroic  ignorer  trop  parfaitement  le  mon- 
de pour  en  douter.  De  même  que  Ton  mette  aujour- 
d'hui tous  les  hommes  dans  un  parfait  niveau  pour 
les  rangs  ;  ce  niveau ,  dont  la  théorie  paroit  li  agréa- 
ble, le  verra  demain  rcnverfé  dans  la  prarique  par 
relprit  de  domination  ,   qui  lailira  les  plus  forts , 
pour  s'élever  fur  la  tête  des  plus  foibles,  ou  par  l'ef- 
prit  d'adulation.,  qui  profternera  toujours  le«  plus 
foibles  r.ux  pies  des  plus  forts.  En  faut-il  d'autres 
preuves  que  le  malheur  des  Etats  qui  tombent  dans 
l'anarchie  par  le  mépris  de  l'ordre  établi  par  les  loix  î 
quelle  confufion  !  quelle  tyrannie  fous  le  nom  de 
proteélion  des  peuples  !  quelle  lérvitude  fous  le  nom 
de  liberté  !  L'égalité  géométrique  ne  pouvant  donc 
fublîfter  entre  les  hommes  ,  ni  pour  les  biens ,  ni 
piour  les  rangs  ,  la  raifon ,  notre  propre  intérêt , 
celui  de  nos  Concitoyens  que  nous  ne  devons  jamais 
fcparer  du  nôtre,  nous diéle  que  ,  pour  nous  rendre 
mutuellement  heureux,  il  faut  nous  contenter  de 
cette  efpèce  d'égalité  morale,  qui  conlîfte  à  main- 
tenir chacun  dans  les  droits ,  dans  fon  état  hérédi- 
taire ou  acquis,  dans  fa  terre,  dans  fa  maifon,  dans 
ia  liberté  naturelle  ;  mais  aulfi  dans  la  fu-bordiriacion 
néceiiairc  pour  y  mainrenir  les  autres.  Ceft  ainli  que 
les  loix  égalent  tout  le  monde.  Pouvons-nous  fage- 
ment  fouhaiter  d'êrre  plus  égaux  î 

§3"  Or,  voilà  le  chef-d'œuvre  de  l'ordre  civil  &  po- 
lirique.  Il  remplace  par  l'équité  des  loix  l'égalité  des 
condiùons.  Il  n'étoit  pas  poUlble  de  les  mettre  de 
niveau.  Il  a  ttouvé  une  balance  poUrles  mettre  du 
moins  dans  une  efpèce  d'équilibre  -,  &  de-là  tous  les 
avantages ,  tous  les  agrémens ,  toutes  les  beautés  que 
nous  voyons  naître  dans  la  Socicré  civile. 

§CrLe  mot  de  co72t////o;2,conlidéré  par  rapporta  la  naif- 
fance,s'emploie  d'ordinaire  avec  laparricule  ^..'.Êtfe 
de  grande  conduion,àc  condition  relevéc,d'honncte 
condition,  de  hnilc  condition  ,  de  condition  kïvilc. 

^C?  On  dit  abfolument  homme  de  condition  ;  pour 
dire,  de  naiflailce  >  mais  il  faut  remarquer  qu'homme 
de  condition  dit  moins  qu'homme  de  qualité.  Les 

.  perfonnes  d'une  haute  nailTance,  ou  celles  qui  s'en 
piquent,  fentent  mieux  sela  que  les  autres.  Mais 

■  le  mot  de  condition  tout  feul  ne  laifle  pas  de  mar- 
quer une  naiflance  diftinguée. 

^CT  De  condition ,  de  aualité ,  dans  une  lignification 
lynonyme.  La  première  de  ces  exprelfions  ,  dit 
M.  L'Aoït  Girard  ,  a  beaucoup  gagné  fur  l'autre  ; 


C  O  N 


c; 


7'>î 

mais,  quoique  fouvcnt  très-fynoilynies  dans  la  boU=^ 
çliedeceux  qui  s'en  fervent,  elles  retiennent  tou- 
loui^  dans  leur  propre  lignification  le  caraclère  qui 
les  difhngue ,  auquel  on  eft  obligé  d'avoir  égard 
en  certaines  occalions,  pour  s'exprimer  d'une  ma- 
mcre  convenable.   De  ^i^a/ité  enchérit  fur  de  condi- 
tion: car  on  le  lert  de  cette  dernière  cxpreffion  dans 
ordre  delà  bourgeoilie,  6c  l'on  ne  peut  fe  fervirdé 
I  autre  que  dans  l'ordre  de  la  nobleiiê.  Un  homme 
ne  roturier  ne  liit  jamais  un  homme  de  çua/ité;  un 
homme  né  dans  la  robe  j  quoique  roturier  ,  fe  die 
Jiomme  de  condition.  Il  femble  que  de  tous  les  Ci- 
toyens partagés  en  deux  portion^ ,  les  gens  de  con- 
amon  en  talfent  une,  &  le  peuple  l'autre,  diftinguées 
entr'elles  par  la  nature  des  occupations  civiles^  les 
uns  s'attachent  aux  emplois  nobles,  les  autres  aux 
emplois  lucratifs;  &  que  parmi  les  perfonnes  qui  corn- 
polent  la  première  portion,  celles  qui  font  illuftrées 
pat  la  nailfance  foient  les  ^^ns  de  qualité.  Les  per- 
fonnes de  condition  joignent  à  des  mœuts  cultivées 
des  manières  polies  -,  &  les  gens  de  qualité  ont  ordi- 
dinairement  des  léntimens  élevés. 
0r?  Il  arrive  fouvent  que  les  perfonnes  nouvellement 
devenues  de  condition  donnent  dans  la  hauteur  des 
manières ,  croyanr  en  prendre  de  belles;  c'eft  par-là 
qu'elles  fe  trahillënr ,  &  font  fut  lefptit  des  auttes  un 
ef>et  tout  contraire  à  leur  intention.  Quelques  gens 
de  i;/^iz//Ve' confondent  l'élévation  des  fcntimensavec 
l'énormité  des  idées  qu'ils  fe  font  fut  le  mérire  de  la 
naillance ,  affectant  continuellement  de  s'en  targuer^ 
&  de  prodiguer  les  airs  de  mépris  pour  tout  ce  qui 
eft  bourgeoilie;  c'eft  un  défaut  qui  leut  fait  beaucoup 
plus  perdre  que  gagner  dans  l'eftime  des  hommes , 
loir  pour  leur  perfonne  ,  Ibit  pour  leur  famille. 
|tJ-  Malgré  les  nuances  qui  diftinguent  les  deux  mots 
de  condition  &c  d'état ,  le  premier  eft  fouvent  em- 
ployé dans  la  lignification  du  fécond,  pour  défigner 
le  genre  de  vie ,  l'occupation  dont  on  fait  ptofeltîon. 
La  condition  deBerger  eft  la  pi  us  ancienne  de  toutes 
les  conditions.  Font.  Le  luxe  &  la  vanité  n'ont  plus 
de  bornes ,  &  chacun  fefait  de  lés  propres  vices  des 
vertus  de  fa  condition.  Fléch.  On  entend  conter  avec 
plaihr  le  dégoiit  des  autres  conditions ,  pour  s'ap- 
plaudir d'avoir  bien  choifi.  S.  EvR.  On  ne  choilit 
point  une  condition  par  rapport  aux  talens  que  l'on 
a  ,  mais  feulement  par  certaines  loix  que  la  vanité 
des  hommes  a  établies,  &  félon  lefquelles  on  croit 
que,  parce  qu'on  eft  d'une  telle  nailfance  ,  il  faut 
choilîr  un  tel  genre  de  vie.  Nie* 

Notre  condition  jamais  ne  nous  contente , 
La  pire  eji  toujours  la  préfente.  La  Font. 

^  On  dit  qu'une  perfonne  n'eft  pas  de  pire  condition 
qu'une  autre  ;  pour  dlre,qu'eUe  adroit  de  prétendre 
aux  mêmes  avantages ,  qu'elle  doit  être  traitée  aiUfi 
favorablement. 

0CF  Le  mot  de  condition  fert  fouvent  parmi-nous  à  ex- 
primer la  domefticité  ,  l'état  d'une  perfonne  qui  eft 
en  lérvice.  Famulatio,fam.ulatiis,  famnlitium.  Alors 
il  s'emploie  d'ordinaire  abfolument.  Être  en  condi- 
tion, hors  de  co«i///io«.  Entrer  en  co/z<y/no«  ;  chan- 
ger de  condition  ;  trouver  une  bonne  condition. 

Condition  fe  dit  auHl  des  aitic-lesd'un  Traité.  Condi- 
tiones,  let^es ,  pacla.  On  a  capitulé  avec  le  Gouver- 
neur de  certe  Place  fous  des  conditions  honorables. 
Voilà  les  articles ,  les  conditions  du  Traité. 

Prefque  au  même  fens,  condition  le  dit  des  claufes, 
charges ,  ou  obligations  qu'on  ftipule  en  toutes  for- 
tes de  contrats,  &  qu'on  appofc  dans  des  donations , 
des  legs  &  des  teftamens.  Quand  cet  liomme  fait  un 
marché  ,  il  fait  toujours  bien  fes  conditions.  Ce  don 
eft  fait  fous  des  conditions  onéreufes.  Un  légataire 
ne  perd  pas  fon  legs ,  s'il  eft  fait  fous  des  conditions 
honteufes  ou  impofîibles. 

§C?  Il  y  a  autant  d'efpèces  de  conditions ,  qu'il  y  à  dé 
différentes  claufes  qu'on  peut  inférer  dans  les  acîles. 

§3"On  appelle  condition  de  droir  ou  légale,celle  que  la 
loi  impofeà  quelqu'un,  &  qui  eft  toujouts  fuppléée 
quand  même  elle  ne  leroit  pas  exprimée  dans  l'aiilei 


7 


8i 


CON 


C  ON 


5c  condition  de  fait  celle  qui  a  pour  objet  des  fous 
exprimes  dans  l'acte,  commode  taire  ou  ds  ne  pas 
tair.e  r-llc  cliofc,!!  tel  cvcncmcnt  a  heu  ou  n  a  pas  heu. 
frr  CoNniTioN  de  futuro  ,  qui  le  rapporte  a  un  evc- 
"  ncraenr  à  venir ,  comme  de  délivrer  un  le^is  ,i  quel- 
qu'un quand  il  iera  majeur.  De  pmtcruo  ,  celle  qui 
a  pour  objet  un  événement  pallc,  comme  de  donner 
une  Ibmme  à  celui  qui  auroit  tait ,  exécute  la  choie 
indiquée  dans  l'acte.  Di  fuefenn  ,  qui  le  rapporte 
au  temps  préiént.  .     .     ,       „   a. 

§CF  Condition  cxpreffh  ,  qui  eft  exprimée  dans  1  ac^e 
ou  dans  la  loi  ;  ««VL-,  qui  n'eft  point  exprimée  dans 
ràd^e    mais  qui  rél'ulte  tellement  de  la  nature  du 
contrat  ou  de  la  loi,qu'elle  eft  toujours  tous  entendue. 
Telle  ell  la  conduion  qui  eft  prefumée  appofce  à  une 
donation  faite  par  une  perlbnne  qui  n'a  point  d'en- 
tans,  que  la  donation  fera  révoquée  au  cas  qui  iur- 
vienne  descnfans  au  donateur. 
Condition  réfolunvc.  Celle  qui  par  l'événement  d'un 
cas  prévu  anéantit  l'acte  qui  avoit  déjà  eu  Ion  éxecu- 
tion. Sufpcrjive  ,  qui  lulpeird  la  convention  julqu'a 
c"  que  la  condition  Ibit  arrivée. 
(CT  Condition  cajuelk.  Celle  qui  dépend  unique- 
ment du  hazard.  fotejiaùvc ,  qui  dépend  du  fait  & 
du  pouvoir  de  celui  auquel  elle  eft  impotec.  Mixte  , 
qm  eft  cafuelle  &  poteftative  tout  eniemblc. 
^ÇTll  V  a  encoie  des  conditions  deshonnetcs,  hc!tes,im- 
*  poir!ble3,no(nbles,inutiles,uïiles,dériioircs,6'c.dont 
on  trouvera  l'explication  fous  les  articles  particuliers. 
On  dit  aufTi  en  Pbiloibphie,  une  condition  tans 
hquelle,  Conditiofine  qua  non,  en  parlant  de  quel- 
q.i"  accident  ou  eirconftance  qui  n'cft  pas  de  l'elknce 
de  la  chofe  ,  mais  qui  eft  néanmoins  ncceilaire  afin 
qu'elle  foit  produite  :  ainà,  quoique  le  ieu  conddéré 
en  lui-même  puifîe  brûler ,  &  que  le  bois  puiilé  être 
briilé  ,  la  prélcnce  du  feu  eft  une  condition Jans  Li- 
qnelklz  bois  ne  fera  point  brûlé  ,  de  même  que  la 
préfence  de  la  lumière  eft  une  coiiduion  jans  laquelle 
un  homme ,  quoiqu'il  ait  de  bons  yeux  ,  ne  verra 
point  les  objets. 
A  Condition,  oi\ fous  condition,  fe  difent  quelque 
fois  zbÇolmwtni.Sul^  coTiditione ,  conditionaliter.  Je 
vous  ai  vendu  cela  à  condition.  Je  vous  l'ai  donne 
fous  condition.  ifT y endïe^donncï fous  condition, 
c'cft  2;arantir  la  choie ,  &  s'engager  à  la  reprendre  fi 
elle  n'a  pas  la  qualité  qu'on  demande. 
|t?   On  dit  baptiierjùz/i  condition,  pont  fignifier  la 
manière  d'adminiftter  le  baptême  à  un  entant,  lorl- 
qu'on  doute  qu'il  ait  été  baptifé  ,  ou  torique  fa  fi- 
t^ure  tient  tellement  du  monftre  ,  qu'on  ne  tait  pas 
s'il  eft  homme.  ^ 

g^^-CoNDiTioN  lé  dit  auffi  tics-touvcnt  dans  le  dilcours 
ordinaire  pour  lignifier  le  parti  avantageux  ou  dela- 
vaniageux  que  l'on  fait  à  quelqu'un  dans  une  affaire. 
Dans  cette  affaire  ma  condition  eft  la  plus  mauvaifc. 
Te  vous  oifre  des  conditions  trcs-avantageufes. 
CONDITIONNÉ  ,  ÉE.  adj.  Chargé  de  conditions. 
Quodluihet  adjuncîarnconditionem.  Billet  condition- 
né, qui  n'eft  payable  qu'en  certain  temps  ;  6:  en  cer- 
tain cas,  dans  ce  fens  il  n'eft  pas  d'ufage.  , 
Conditionné  le  dit  mieux  des  chofes  qui  ont  toutes 
les  qualités  requiles  pour  être  bonnes.  Probcz  ,  pro- 
hatiz  merces.  Ce  Marchand  m'a  vendu  du  vin  bien 
conditionné.  Les  livres  de  cette  Bibliothèque  font 
bien  conditionnés  ;  pour  dire  ,  de  belle  impreilîon, 
de  beau  papier ,  bien  reliés  6c  bien  complets.  Des 
arbres  bien  taillés  5i  bien  conditionnés.  Les  branches 
d'un  arbre  les  mieux  placées  &;  les  mieux  condition- 
nées. La  Clvim.  ^    ,.     ,      , 
Conditionné  ,  ée  ,  ad),  fe  dit  des  hommes  qui  ont , 
ou  qui  n'ont  pas  les  vertus ,  les  talens ,  les  qualités , 
les  conditions  nécelfaires  pour  quelque  chofe.  Bene , 
ou  malè  comparatus.  La  revue  qu'on  iaifoit  des  athlè- 
tes    avant  que  de  les  admettre  aux  jeux  ,  étoit  un 
moyen  alfez  fur  d'écarter  des  jeux  les  athlètes  mal 
conditionnés ,  5i  il  s'en  trouvoit  peu  de  cette  elpèce 
qui  vouluflent  courir  le  rifque  d'un  femblable  exa- 
men. BiTR.  Jcad.  des  Belles-Lct.  T.  I.  M.'m.p.  i.y.. 
On  dit  familièrement  qu'un  homme  eft  bien  con- 


ditionné, quand  il  eft  plein  de  vin  &c  de  bonne  chère. 
Nous  bjmes  a  di.créùon,  &  noys  étions  bien  con- 
ditionnés  les  uns  ic  les  autres  quand  nous  fortîmes. 
Gil-Blas, 
Conditionné  ,  ée  ,  fe  dit  en  Géométrie  d'une  hgne, 
d'une  figure  qui  a  routes  les  conditions  qu'on  a  de- 
mandées ,  formée  en  la  manière  &c  avec  toutes  les 
conditions  qu'on  a  miles.  Etant  donné  une  cycloïde 
ordinaire ,  dont  la  bafe  eft  égale  à  la  circonférence 
du  cercle  générateur,  les  tangentes  que  l'on  titera à 
deux  de  les  points  quelconques ,  prolongées  jufqa'à 
ce  qu'elles  concourent  ,  feront  toujours  un  angle 
droit,pourvu  qu'elles  ibient  conditionnées  d'une  cer- 
taine manière  q  le  M.  Dj  la  Hire  prefcrit.  Acad.  i  704, 
Hiltp.  4(î.  Rien  ne  plait  davantage  à  l'elprit,  en  fait 
de  Géométrie  que  de  voir  naître  d'une  même  gran- 
deur indifféremment  co/2(i/.7b/2ra£V,  dilfcrens  ordres 
infinis  de  progreUlons  égal. ment  invariables  dans 
toutes  leurs  panics ,  &:  qui  ne  fe  démentent  jamais. 
'CrCONDITIONNEL,ELLE.  adj.  Toute; qui  eft  or- 
donné ou  convenu  fous  quelque  condition  ,  tout  es 
qui  porte  certaines  claufes  ouconditions,moyennant 
lelquelles  une  choie  fe  doit  faire.  Conditioncilis ,  eut 
aï]uncl.i  eft  conditio.  Les  promelfes ,  les  legs  condi- 
tionnels ne  font  dûs  qu'après  que  les  conditions  Ibnt 
remplies.  Conditionnel  c^  oppofé  à  pur  &  limple, 
ablblu.  En  Théologie ,  conditionnel  lignifie  tout  ce 
qui  n'eft  point  abfolu,  ce  qui  eft  lûjet  à  des  reftric- 
tions.  S.  EvR.  Il  y  a  des  Théologiens  qui  prétendent 
que  tous  les  décrets  de  Dieu  ,  qui  regardent  le  falut 
de  l'homme  ,  Ibnt  conditionnels  ,  Se  il  y  en  a  d'au- 
tres qui  prétendent  qu'ils  font  tous  abfolus. 

On  dit  en  Logique,  que  les  propofitions  condi- 
tionnelles ou  conditionâles  reçoivent  toutes  fortes  de 
contradiélions.Si  mon  mulet  tranfalpin  voloit,mon 
mulet  tranfalpain  auroit  des  aîles. 
Conditionnel  eft  auifi  un  terme  de  Grammaire.  On 
appelle  conjonélions  conditionnelles,ce\ïes  qui  fervent 
à  faire    des  pnopoCiùons  conditionnelles  ,  comme, 
Jz,  â  moins  que, pourvu  que.  Si  vous  aimez  Dieu,  vous 
aimerez  votre  prochain  en  la  manière  qu'il  l'ordonne. 
Ab.  delaTr. 
fiCF  En  Lçrammaire ,  conditionnel  préfent^fe  dit  fubf- 
"  tantivèment  d'un  temps  qui  marque  qu'une  chofe  fe 
feroit  moyennant  une  condition.  Nous  nous  amu- 
ferions  mieux ,  ii  vous  étiez  de  la  partie.  On  dit 
même  conditionnel  pafle  ,  en  parlant  d'un  temps  qui 
exprime  qu'une  chofe  auroit  été  faite,fi  certaine  con- 
dition avoit  eu  lieu.  Si  vous  étiez  venu  plutôt ,  &c. 
En  Théologie,on  appelle  fcience  des  conditionnels, 
c'eft-à-dire  ,  des  vérités  conditionnelles ,  laconnoif- 
fance  que  Dieu  a  des  chofes  confidércss  non  félon 
leur  elfence  &  leur  nature  ,  ni  félon  leur  exiftence  , 
car  elles  ne  feront  jamais ,    mais  dans  une  certaine 
fuppofition  qui  emporte   une  condition.  Scicntia 
conditionalium.  Ainfi  quand  David  demanda  à  Diea 
fi  les  habitans  de  Ceïla  le  livreroient  à  fes  ennemis , 
Dieu,  qui  conno\iXo\t  ^zt^  \3.  fcience  des  condition-, 
nels  ce  qui  arriveroit ,  (\  David  reftoit  dans  Ceïla, 
lui  répondit  qu'ils  le  livreroient.  Quand  J  es  us- 
Christ  difoit  que  s'il  avoit  fait  à  Tyr  &;  à  Sidon  les 
miracles  qu'il  avoit  faits  à  Bethfaïde  &  à  Corozaïm , 
les  Tyriens  &  les  Sidoniens  auroient  fait  pénitence  , 
il  connoilfoit  cette  vérité'  par  \z  fcience  des  condi- _^ 
tionncU.  L^fcience  des  conditionnels  eft  clairemenc 
marquée  dans  la  fainte  Ecriture.  C'eft  une  erreur  de 
nier  que  Dieu  ait  la  fcience  des  conditionnels.  Les 
Thomiftes  difent  que'la  /c/V««  que  Dieu  a  des  con- 
ditionnels dépend  d'un  décret  prédéterminant  ;  les, 
autresThéologiens  le  nient.  Les  vérités  qui  compo- 
fcnt  h  fcience  des  conditionnels  étant  très-différenres 
de  celles  qui  compofent  la  fcience  ds  viJIon,8c  \:x  fcien- 
ce d'intelligcnce,\\  faut  ajouter  une  ttoifième  cla(re,&: 
divifer  [:l  fcience  de  Dieu  en  trois  efpèces;  en  fcience 
de  vifton  ,  en  fcience  d'intelligence,  Sc  en  fcience  des 
conditionnels.  P.  Dan. 
CONDITIONNELLEMENT.  ad%'.  Avec  des  condi- 
tions. Cum  conditione,adjuncli  conditione,coniitio- 
naliter.Oa  n'a  traité  avec  lui  que  conditionndkment. 


CON 

CONDITIONNER.  V.  a.  Clurger  de  claufes, de  con- 
ditions. Conditkmem   adjiin^erd.   Les  contrats  que 
l'on  conditionne  le  plus ,  font  ccax  qui  font  le  plus 
fujets  à  engendrer  des  procès.  Dans  cette  lignifica- 
tion il  n'ell  pas  d'ul'age. 
iÇCr  Dans  le  Commerce,  ce  terme  s'emploie  pour  expri- 
mer l'adiion  de  donner  à  une  marchandile  toutes  les 
façons  nécelîàires  pour  la  rendre  vénale ,  la  rendre 
tellequ'clle  doit  être  pour  être  de  mile.  Il  eft  quel- 
que fois  Anionyme  à  alfortir.  Encyc. 
CONDOLÉANCE,  f.  £  Témoignage  qu'on  rend  à 
quelqu'un  du  déplailîr  qu'on  a  de  la  perte  qu'il  a 
faite.  Dobris  ex  alterius  dolore  fufcepti  Jîgnificatio. 
Le  Roi  envoie  des  Ambafladeurs  taire  des  compli- 
mens  de  condoléance  aux  autres  Rois  lut  la  mort  d'iln 
£ls,  &c.  Ce  mot  a  paru  étrange  à  Vaugelas  ;  il  efl  cer- 
tain pourtant  qu'on  s'en  peut  fervir  quelquefois  -, 
§3*  mais  dans  ces  phrafes  feulement,  compliment 
de   condoléance  ,  lettre  de  condoléance. 
CONDOM.  Ville  Epifcopale  de  Gafcogne  ,  province 
de  France.  Condomium.Sci[\s,ci  l'appelle  Condomum 
inhofpitumi  parce  qu'elle  eft  peu  peuplée.  Condoni 
eft  litué  lut  la  Baife ,  &  dépendoit  autrefois  de  l'É- 
vêché  d'Agen -,  mais  en   15 17,  Jean  XXII  érigea 
l'Abbaye  de  S.  Pierre  de  Condom  en  Evcché  fuffra- 
gantdeBourdeaux-,  6«:  en  1545)  Jules  III  fécularifa 
le  Chapitre.  On  a  mis  aulTî  un  Prélidial  à  Condom, 
CONDOMOIS.  Codomenfis  ager.  Contrée  de  Gafco- 
gne ,    dont    Condom  eft  la  Capitale.    Le  Condo- 
mois  eft  entre  l'Armagnac ,  la  Gafcogne  propre , 
le  Bazadois  &  les  Landes.  La  Reine  Marguerite , 
quand  elle  prenoit  lés  plus  beaux  titres ,  lé  dilbit 
Comteifc  de  Condomois, 
CONDOMOIS  ,  OISE,  f  m.  &  f.  Qui  eft  de  Con- 
dom. Codomenfis,  L'Hiftorien   Dupleix  étoit  Cou- 
domois.  On  dit  plus   ordinairement  ,  &   mieux , 
étoit  de  Condom. 
CONDONAT.   f  m.  mot  en  ufage  autrefois  dans  la 
Congrégation  fondée  par  le  B.  Raoul  de  laFutaye  , 
dans  laquelle  les  hommes  étoient fournis  aux  filles, 
comme  dans  l'Ordre  de  Fontevraud.  Condonatus. 
Les  Condonats  croient  les  Religieux  de  cette  Con- 
grégation ,  qui   demeuroient  près   des  monaftères 
de  filles  du  même  Ordre  ,  pour  leur  adminiftrer  les 
Sacremens  ,ou  qui  adminiftroienr  des  Cures  dépen- 
dantes de  l'Abbaye  où  ils  avoient  fait  profelfion. 
P.  HÉLYOT,  T.   FI ,  c.  14. 
CONDOR  ou  CONDUR.   f.  m,  Foyei  Cuntur. 
§Cr  CONDORE  ,  Province  de  Mofcovie  vers  la  Tar- 

tarie  déferre  -,  Wergaturia  eft  fa  Capitale. 
CONDORIN.  f  m.  "Sorte  de  petit  poids ,  dont  les 
Chinois ,  particulièrement  ceux  de  Canton  ,  fe  fer- 
vent pour  pcfer  &  débiter  l'argent  dans  le  com- 
merce ;  il  eft  eftimc  un  fol  de  France. 
CONDORMANS.  Nom  de  Seéte.  Condormientes.  Il 
y  en  a  eu  deux  de  ce  nom.  Les  premiers  Condor- 
mans  font  du  XllT  fiècle ,  qui  n'infeétèrent  que 
l'Allemagne  ;  ils  eurenr  pour  Chef  un  homme  de 
Tolède", ils s'alîembloient  dans  un  lieu  près  de  Co- 
logne ,  &  là  ,  ils  adoroient  ,  dit-on  ,  une  image 
de  Lucifer ,  &^  ils  y  recevoient  fcs  réponfes  &  fes 
oracles.  Un  Éclcfaftique  y  ayant  porté  la  fainte 
Euchaiiftie ,  l'idole  fe  brifa  en  mille  pièces.  Leur 
Chef  fit  naufrage  en  pallànt  en  Angleterre  ,  &  périr. 
On  les  appela  Condormans  ,  parce  qu'ils  couchoient 
tous  enfemble ,  hommes ,  femmes ,  jeunes  &  vieux  , 
hommes  faits  &:  enfans. 

Les  autres  font  du  XVP  fiècle.  C'eft  une  Sefle 
d'Anabaptiftes  qui  fâifoient  coucher  dans  une  même 
chambre  ,  plufieurs  perlbnnes  de  différens  fcxes  , 
fous  prétexte  de  charité  Evangélique.  Sander  , 
héref.  199.  Praieole,L.  III,  c.  i8.  Sponde  à  l'an 
1255  de  Jefus-Chrit  y  de  Gautier  dans  fa  Chrono- 
logie ,  parlent  des  Condormans. 
ÇONDORMITION.  f.  f.  Conjugalis  copulatio.  On 
s'eft  fervi  de  ce  terme  pour  copulation  ,  aéle  ou 
ufage  du  mariage. 
CONDOULO!R.(Sf)v.  n.  Témoigner  qu'on  prend 
part  à  la  douleur  d'un  autre.  Alicujus  cajurn  cum 


aliquo   dolore  ,  fuum  de  re  aliquâ  dolorem  alicu^ 
tejtari.  Il  eft  de  peu  d'uftge  hors  l'infinirif.  Ceux 
qui  parlent  bien  ne  s'en  fervent  plus.  Vaug.Bouh* 
^3"  CoNDOULoiR  (SE)avcc  quelqu'un  de  la  mort  d'une 
pcrfonne  ou  de  quelqu'autre  malheur  ^  étoit  autre- 
fois une  cxprelTion  très-uCtée  pour  exprimer  cet  of- 
fice de  charité  ou  de   civilité,  que  la  mifcre  hu- 
maine tend  fi  fréquent  dans  le  m-uidc.  Ce  verbe  eft 
aujourd'hui  abfolument  hors  d'ul'age.  Mais  on  ne  lui 
a  fubftitué  que  des  périphrafes.  Nous  n'avfens  rien 
.1  perdre i  c'eft  appauvrir  la  langue,  que  de  prof- 
crire  des  mots  fans  les  remplacer  par  d'autres. 
Ip-CONDOURSE.Petitc  ville  de  France  dans  IcDau- 
phiné  ,  à  deux  ou  trois  lieues  de  la  ville  de  Nions. 
IP^  CONDOZ  ,  ville   d'Afic  dans   le  Tocareftan  , 

près  de  Kulm, 
CONDRIEUX.    Jolie  petite  ville    de  France   dans 
le  Lyonnois  ,  remarquable  par  fes  bons  vins.  Con- 
driaciim.  Elle  eft  au  pié  d'une  colline  proche  du 
Rhône ,  à  rrois  lieues  de  Vienne  ,  à  fept  de  Lyon. 
Vin  de  Condrieux  ou  abfolument  du  Condrieux. 
CONDRILLE.  f    f.   Quelques-uns   écrivent  Chon-* 
DRILLE.  Ckondrilla.  Nom  de  plante  que  les  anciens 
Botaniftes  avoient  attribué  à  plufieurs    plantes  dé 
dilférens  genres.  M.  Tourneforr  l'a  confervé  à  un 
feul  genre  de  plantes  ,  qui  ne  diffère  de  la  laitue 
que  par  fon  calice  fimple  ,  cylindrique  ,  découpé 
jufques  vers  fa  bafe. 
CoNDRiLLE  vient  du    mot  Grec  yj^^p^i  j  qui    fignifie 
grumeau,  parce  que  le  lait  que  rcndenr  quelques-unea 
de  cescfpéces ,  fe  grumèle  après  qu'il  s'eftexcravafé. 
!fT  CONDROT.  Perite  Contiée  d'Allemagne  ,  aii 
cercle  de  Wcftphalie ,  dans  le  pays  de  Liège.  Hujr 
en  eft  la  Capirale. 
CONDUCTEUR,  f.  m.  Ce  mot  fe  dit  au  fimple  &: 
au  figuré  ,  celui    t]ui  conduir  des  gens  ,    des  af^ 
faires  ,  un  travail.  Dnx  ,   Prcefecius  opéris.  Il  ne 
faut  plus  appréhender  pour  la  France ,  elle  a  un 
trop  fage  conducteur.  Cet  Ingénieur  a  été  le  con' 
ducleur  du  Canal  de  Languedoc  pour  la  commu- 
nication des  mers.  f3°  Moyfe  étoit  le  conducteur 
du  peuple  de  Dieu ,  conduÉieur  de  la  jeunefTe ,  d'un 
troupeau. 
Conducteur,   terme  de  G\xz\:i:c.Conductor.Les  Sct~ 
gens-Majors  de  l'Artillerie,  autrement  conducteurs  , 
ont  le  foin  de  faire  préparer  les  chemins,  &  d'avoir 
les  chofes  néceffaires  pour  la  conduite  des  pièces. 
De   la  Font.  On  a  choifi  un  tel  Commiifaire  des 
Guerres  pour  être  le   conducteur   de    ces    troupes.. 
Les  Grecs  du  bas  Empire    appeloient  un  conduc- 
teur   xuuvn^axafi ,  campi-duSor  ,  que  les  Grecs  des 
fiècles  fupérieurs  appeloient  !>è\y)>ii 
Conducteur.   Conduclor.  Inftrument  de  Chirurgie  ^ 
dont  on  fe  fett  dans  l'opération  de  la  taille  pour 
conduire  les  rencttes   dans  la  veffie ,  après  l'inci- 
fion  du  lithotome  On  le  fait  ordinairement  d'acier.' 
Il  y  en  a  de  deux  forres ,  le  mile  S>c  la  femelle,  Voy. 
le  Diél.  de  M.  Col  de  Villars. 
Conducteur,  terme  nouveau  ,    en  matière  d'élec- 
triciré.  On  appelle  ainfi  un  corps  ifolé,  foûtenu  fut 
des  cordons  de  foie ,  fur  du  verre  ,  &  qui  reçoit 
la  vertu  électrique  par  communication  ,  &  la  tranf^ 
met  .T  un  ou  plufieuts  corps. 
Conducteur  , en  termes  de  coutunie  ,  eft  fynonyme  à 

Fermier. 
CONDUCTRICE,  f.  f.  Celle  qui  conduir.  Dux.  Da-- 
ner ,  en  fe  fervanr  de  ce  rerme  ,  avertit  qu'il  eft 
nouveau.  Virgile  a  AnDux  femina  facîi  ;  pour  dire, 
qu'une  femme  avoir  conduit  l'entreprife  ,  qu'elle 
eii  avoir  été  la  conductrice. 

C'eft  l'exemple  de  cette  Conductrice  que  vous» 
voyez  à  votre  tête,  &  qui  ,  d'un  pas  fi  afiîiré  & 
avec  ranr  de  réfolution  ,  fçut  fournir  roure  la  car- 
rière qu'elle  Vous  a  ouverre.  Bourdal.  Exk.  T.  1  ^ 
p.  ui. 
0=-  CONDUIRE.  V.  at  C*eft  indiquer  le  chemin  erï 
accompagnant  fur  la  route.  Ducere.  Il  fe  dit  dans  le 
fens  propre  &:  Je  fens  figuré.  Les  mots  conduire  , 
guider  ,  mener  ,■  font  fouvent  ttès-fynonymes  dan« 


784  CON 

la  bouche  de  ceux  qui  s'en  fervent  -,  mais  conduira 
Si  cruid^r  ,  ilippofeiu  dans  leur  propre  valeur ,  une 
fupcriorité  de  lumières  que  le  dernier  n'exprime 
pas  -,  le  mot  merrnr  enferme  une  idée  de  ciédir  ôc 
d'ail-endaiu  tout-à-fait  étrangère  aux  deux  autres. 
On  conduit  &:  l'on  guide  ceux  qui  ne  içavent  pas 
les  chemins  -,  on  mcrie  ceux  qui  ne  peuvent  ou  ne 
veulent  pas  aller  (l-uls.  Dans  le  fcns  littéral ,  c'eil 
propijment  la  tête  qui  conduit,  l'oeil  qui  guide  , 
&C  la  main  qui  m;7:e.  On  conduit  un  procès  ;  on 
guid.  un  voyageur  -,  on  mme  un  entant  ;  on  nous 
conduit  dans  les  démarches  ,  afin  que  nous  tai- 
rions prccilcment  ce  qu'il  convient  de  faire.  On 
v\ons  guide  dans  les  routes  pour  nous  empêcher  de 
nous  égarer.  On  nous  mène  chez  les  gens  pour  nous 
en  procurer  la  connoilfance.  M.  l'Abbé  Girard. 

^3'  L'acception  primitive  du  mot  conduire  a  été 
dctournce  d'une  infinité  de  manières  différentes. 
§Cr  Conduire  fe  dit  des  animaux.  Conduire  à^zs  che- 
vaux ,  conduire  des  mulets ,  conduire  un  troupeau. 
ffT  Conduire  fe  dit  des  chofes  inanimées.  Conduire 
des  vivres  ,  conduire  du  vin  ,  conduire  une  voiture. 
ICT  On  dit  aufîî  conduire  l'eau  ;  c'eft  la  faire  aller 
d'un  endroit  à  un  autre  par  des  rigoles,"  par  des 
canaux. 
ÇC?  Conduire  fignifie  auflî  avoir  infpedion  fur  un 
oi^vrage ,  en  avoir  la  direclicwi  -,  èc  en  ce  fens ,  il 
fc  dit  "des  ouvrages  matériels.  Un  tel  eft  celui  qui 
conduit  le  bâtiment  du  Louvre.  C'eft  lui  qui  con- 
duit la  Pompe  du  Pont-neuf ,  l'horloge  du  Palais. 
ffT  II  fe  dit  auffi  des  travaux  à  la  guerre.  Cet  In- 
génieur a  conduit  une  mine  jufque  Ibus  le  Baiîion  , 
une  tranchée  jufque  fur  la  Contrel'carpe. 
Ç5"  Conduire  fc  dit  auflî  des  chofes  morales  &  des 
ouvrages  d'efprit.  Conduire  Un  deffein  ,  une  entre- 
prife  ,  une  inrrigue.  Il  a  bien  conduit  cette  afîairc  -, 
il  a  bien   conduit  cette  pièce  ,  ce  Poëme  ,  cette 
Comédie. 

On  dit  conduire   un  ouvrage  à  fa  perfedlion , 
c'eft  -  à  -  dire,  le  rendre  parfair  ,  y  mettre  la  der- 
nière main. 
^3"  Conduire  fignifie  auffi  fervir  de  Chef,  régir, 
o-ouverner.  Ducere,  Conduire  une  armée,  une  flotte  , 
un  vaifleau  ,  une  barque. 
i^3'  On  dit  proverbialement  qu'un  homme  conduit 
bien  fa  barque ,  lors  qu'il  fe  maintient  bien  dans 
fa  fortune  ,  qu'il  fe  conduit  bien  dans  fes  attires  , 
qu'il  y  réuiîlt. 
gCJ"  Conduire  cl^  auffi  réciproque  ,  fe  conduire,  &: 
il  lignifie  fe   comporter.  Il  fe  conduit  bien  \  il  le 
conduit  mal. 
ffj'  On  dit  qu'un  homme  ne  voit  pas  à  fe  conduire , 
grejfum  regere  ;  pour  dire ,  qu'il  eft  prefque  aveu- 
gle ,  ou  qu'il  fait  une  très-grande  obfcurité.    On 
dit  aufli  qu'un  homme  en  a  conduit  un  autre  des 
yeux  ;  pour  dire ,  qu'il  a  obfervé  fes  pas ,  qu'il  a 
vu  tout  ce  qu'il  a  fait.  Ohfervare.    On  dit  aufli 
qu'on  a  donné  à  quelqu'un  de  quoi  fe  conduire  ; 
pour  dire,  qu'on  lui  a  donné  les  chofes  néceifaires 
pour  fon  voyage.  Viaticum  juppeditare. 
ÇCT  Conduire  fc  dit  auffi  ,  en  parlant  de  la  raifon  , 
des  pallions  ,  &c.  perlbnnifiées."  La  débauche  con- 
duit les  hommes  au  tombeau.  Qu'importe  ,    que 
l'efpér.ince  nous  trompe,  pourvu  qu'elle  nous  coa;- 
duife  à  la  fin  de  la  vie ,  par  un  chemin  agréable. 
S.  EvR. 

Q^ue  la  raifon  conduife,  &  le  favoir  éclaire.  Rac. 

{C?  Conduire  lignifie  auffi  accompagner  quelqu'un 
par  honneur,  par  civilité,  par  occafion  ,  ou  pour 
fûrcté.  Ducere,  profequi,  comitari.  On  a  conduit 
cet  Ambafladeur  à  l'audience  avec  de  grandes  céré- 
monies. J'ai  affaire  en  ces  quartiers-là  ,  ie  vous  y 
conduirai.  AcAD.  Fr.  On  a  commandé  tant  de 
Moufquetaires  pour  conduire  le  prifonnier ,  pour 
conduire  &  efcorter  ce  convoi. 

Conduire, s'emploie  auffien  parlant  des  arts. Z? //cerf , 
regere.  Cet  Ecrivain  conduit  bien  la  main  ;  pour 


CON 


dire  ,  il  l'a  ferme  &  légère  -.  il  conduit  bien  la  maiu 
de  fes  écoliers  \  pour  dire  ,  qu'il  leur  mène  la  main. 
On  dit  aufli  en  Géométrie,  qu'on  peut  conduire  une 
ligne  circulaire  par  5  points  donnés ,  pourvu  qu'ils 
ne  foient  pas  en  droite  ligne  ,  comme  enfeigne 
Euclide  en  fon  quatrième  livre  des  Elemens.  Con. 
duire  une  ligne  ,  fynonymc  de  tirer. 
Conduire,  en  termes  de  Peinture,  lignifie  diriger, 
ménager  ,  diftribuer.  Ce  Peintre  conduit  bien  fon 
pinceau  -,  pour  dire ,  ménage  bien  fes  traits  ,  fes 
couleurs. 
Conduire  l'étoffe  bois  à  bois.  C'eft  ,  en  fait  d'au- 
nage  ,  la  mener  doucement  le  long  de  l'aune  ,  fans 
la  tirer  pour  l'alonger. 

On  dit,  en  termes  de  Fauconnerie ,  conduire  un 
oifeau  ,  pour  foigner  ,  élever  ,  panier.  Il  faur  con- 
duire fagemcnr  un  oifcaii ,  jufqu'à  ce  qu'il  foit  bien 
cnoilélé  -,  faupoudrcr  fa  gorge  de  cannelle  &:  fucre 
candi ,  le  mettant  fur  la  chair  de  l'oileau  qu'il  a 
pris ,  car  cela  lui  fera  aimer  fon  gibier. 
§CF  On  dit ,   en  termes  de  Manège  ,   conduire  fon 
cheval  étroit  ou  lartre.  Le  conduire  étroit ,  c'eft  le 
mener  en  s'approchant  du  centre  du  manège.  Le 
conduire  large  ,  le  mener  en  s'approchant  des  mu- 
railles du  manège. 
ÇCT  Conduire  lé  dit  encore  en  parlant  de  la  culturô 
des  arbres  fruitiers.  Curare  ,    difponere  ,  traclare. 
Conduire  un  arbre  ,  c'eft  le  tailler ,  l'ébourgeonner» 
rémonder  ,  fuivant  fon  elpèce.  Il    faut  être  bon 
jardinier  pour  bien   conduire  les  arbres.  Ce  n'eft 
pas  allez  de  planter  les  arbres  pour  avoir  des  fruits , 
il  faut  encore  fçavoir  les  conduire.  Voyez  les  dif- 
férens  articles  rclatits  à  la  culture  des  arbres  ,  pa- 
liflcr,  nettoyer,  cbourçeonner ,  tailler,  &c. 
ifT  CONDUISEUR,  f  m.  terme  de  marchands  de 
bois.  C'eft  un  Commis  prcpofé   par  le  marchand 
de  bois ,  pour  tenir„un  état  des  bois  qu'on  enlève 
des  ventes.  Le  regiftre  du  condhifeur  fait  foi  en 
juftice.  DuH. 
CONDUIT,  UITE.  Il  a  les  fignifications  du  verbe. 
Voilà  un  builîbn  ,  un  efpalier  conduit  avec  beau- 
coup d'art.  La  Quintinie  fe  fert  auffi  ttès-fouvent 
de  ce  mot.  L'attachement  du  peuple  à  l'erreur  n'eft: 
qu'un  amour  de  lavériré  mal  conduit.  Bayl.  Une 
femme  fe  décrie  plus  par  des  apparences  mal  mé- 
nagées ,   que  par  une  intrigue  conduite  prudem- 
ment. S.  EvR. 
Conduit  ,  en  termes  de  peinture  ,  fignifie  dirigé  ,  mé- 
nagé ,  diftribuc.  Des  jours  &  des  ombres  conduits 
judicieufement.  Fclibien  a  dit  :  un  tableau  bien  con- 
duit de  couleurs ,  c'eft-à-dire  ,  où  les  couleurs  font 
ménagées  &  diftribuées  avec  art. 
Conduit,  f  m.  Canal  ou  tuyau  par  cù  coulent  les 
eaux  ou  autres  chofes  9lu\Aqs.  Meattis ,  aqua  duclus, 
La  terre  a  plufieurs  conduits   fouterrains  ,   par  où 
paffent  les  vapeurs  qui  forment  les  métaux  &  les 
minéraux.  Les  conduits  artificiels ,  pour  conduire  les 
eaux  ,  font  de  pierre  ,  de  plomb  ,  de  fer  fondu  , 
d'aune ,  de  porerie  ,  &c.  On  dit  qu'en  la  province 
de  Mexique  ,  il  y  a  un  conduit  fouterrain  en  for- 
me de  grotte  qui  dure  200  lieues. 
^3*  Conduits  à  vent   ,    terme  d' Architecture.  Sou- 
piraux ou  lieux  fouterrains  ,  dans  lefquels  les  vents 
fc  confcrvent  firais  ,  Se  font  communiqués  par  des 
tuyaux  dans  les  appartemens  d'une  maifon ,  pour 
les  rafraîchir  dans  les  grandes  chaleurs. 

Ce  mot  conduit  vient  de  conduire  ,  parce  qu'un 
canal  conduit  les  eaux ,  ou  les  autres  chofes  flui- 
des ,  dans  le  lieu  où  l'on  veut  qu'elles  fe  rendenr. 
On  trouve  conducîus  au  même  fens  dans  la  plus 
balfe  latinité  ,  comme  dans  la  vie  de  fainte  Fran- 
çoife.  Acl.  Sancl.  Mart.  T.  II,  p.  104.  J. 

En  termes  de  Médecine  ,  on  ^-ipe\]ç conduits,  les 
veines,  artères  ,  &  autres  vai (féaux  parolli  les  hu-  j 
meurs ,  les  efprits  ,  &c.  fe  communiquent  dans  le  ] 
corps.  La  gravelle  bouche  les  conduits  de  l'urine. 
On  a  découvert  les  conduits  falivaires.  L'efquinan- 
cie  bouche  les  conduits  de  la  refpiration.  Les  ma- 
ladies viennent  Ibuvent  d'obftruclion  ,  parce  que 

ks 


CO  N 


les  C07iduits  font  bouches.  On  découvre  toujours 
en  anacomie  de  nouveaux  conduits.  Les  conduits 
biliaires  qui  font  en  fort  grand  nombre  dans  le  foie 
&  fervent  à  porter  la  bile  dans  le  vc/Jcule  du  /ici  ' 
ou  dans  le  duodénum.  M.  Anel  a  fhit  une  deicrip' 
tion  nouvelle  &  trè-s-r>xade  du  conduit  Jacrimal 
dans  Ion  étendue  ,  depuis  les  points  lacrimaux  iul- 
<iues  dans  le  lieu  où  il  s'ouvre  dans  l'intérieur  du 
■   nez. 

Conduit  (  Le  )  de  Pecquet ,  qu'on  appelle  auffi  canal 
thorachu.iid,  eft  une  nouvelle  découverte  qui  a  été 
^lice  en  l'année  1^51  ,  par  Jean  Pecquet,  Médecin 
de  Dieppe.  C  efc  un  canal  de  la  groifeur  d'une  pe- 
tite plume  d'oie  ,  qui  commence  au  réiérvoir  du 
chile  ,  f.tué  fous  le  diaphragme  ,  entre  les  muicles 
ploas.  Il  monte  le  long  des  vertèbres  du  dos  ,  en- 
tre les  cotes  &  k  plèvre,  &  va  aboutir  à  la  veine 
fouclavierc  gauche.  Cette  belle  découverte  renver- 
iele  fentiment  des  anciens,  qui  croyoient  que  le 
chile  croît  porté  par  les  veines  mélaraïques  au  foie 
pour  y  être  converti  en  lang.  On  fait  voir  claire- 
ment, &  perlonne  n'en  doute  aujourd'hui ,  que  le 
chile  cft  porté  par  le  moyen  du  conduit  de  Péc- 
tjuetdans  la  veine  fouclavière  gauche, où  il  fe  mêle 
avec  le  iang,  &  de-Ia  dans  le  ventricule  droit  du 
cœur  par  la  veine  cave  dcfcendante.  Canalis  Pec- 
queti  ou  Peccetti. 
Conduit  de  la  pudeur.  Ceft  le  nom  que  les  Méde- 
cins donnent  au  cou  de  la  matrice  de  Ja  femme  II 
s'appelle  autrement  vagin.  M.  Venette  fe  feit  tou- 
jours du  terme  de  conduit  de  la  pudeur ,  &  notam- 
ment au  chap.  5  ,  art.  i  du  premier  livre  de  Ion  Ta- 
bleau de  r amour  conjugal,  où  il  dit  que  la  nature 
toujours  admirable  dans  ce  qu'elle  fait,  a  compofé' 
de  membranes  charnues  le  conduit  de  la  pudeur. 
Conduit.  Vieux  mot.  Conduite.  Duélus. 


CON 


Son  cri  fini  y  Je  Jit  mener  par  Pair 

Dedans  fon  char  avec  fcs  grâces  belles 

Sous  le  conduit  de  dou^e  colombclles.  Marc  t. 

IKr  CONDUITE,  f.  f.CemotapIufieurs  acceptions 
différentes  dans  notre  langue,  dont  pluheurs  font 
relatives  aux  verbes  conduire ,  diriger.  Il  a  toutes 
les  lignifications  de  fon  verbe  ,  en  latin  comme 
en  ttançois.  On  dit  la  conduite  d'un  voya"-eur 
d'un  état  ,  d'une  famille  ,  d'un  vaiifeau  ,  'd'une 
entreprilé^,  d'un  deifcin ,  d'une  alîàire ,  d'une  in- 
trigue, d'un  bâtiment,  d'un  jeune  homme,  d'un 
arbre.  Il  s'emploie  principalemenr  dans  un  fens 
moral.  ReUio ,  adminijiratio  ,  gubernatio^  curatio 
prudentia  ,  conjUium.  ' 

^CF  Conduite.  Aélion  de  conduire  quelqu'un.  On 
dit  qu'un  tel  eft  chargé  delà  conduite  d'un  Ambaffa- 
deur,  quand  il  eft  chargé  de  l'aller  recevoir  fur  la 
frontière  ,  ou  de  l'y  reconduire  ,  en  lui  fàifant  four- 
nir fur  h  route  'es  voitures  &  les  vivres  nécelfaires. 
|Cr  Conduite.  Ordre  que  l'on  mer  dans  fes  avions  j 
relatif  au  but  que  l'on  fe  propofe.  Si  les  aélions  font 
confcquentes,la  conduite  eft  bonne-,  fi  elles  ne  le 

Ifont  pas ,  la  conduite  eft  mauvaife.  Acrendi  radio. 
Une  conduite  ouverte  &  familière  fait  plus  de 
progrès  fur  l'efprit  des  enfans  ,  qu'une  éducation 
févère.  Fenel. 
%T  Les  moins  fages  font  d'ordinaire  très-fatisfaits  de 
leur  conduite  ,  parce  que  leur  raifon  &  \zm  conduite 
font  d'accord.  Nicot.  Ce  qu'on  veut  faire  pa/lér 
pour  une  conduite  prudente ,  &  proportionnée  à  la 
foibleffe  humaine,  n'eft  quelquefois  qu'un  relâche- 

kment  politique  &  flatteur.  Rien  n'eft  plus  cftimable 
qu'une  conduite  fage  &  judicieufc,  &  qui  eft  l'ou- 
'  T^'^p  ^^  ^^  'n^s'^on.  Fonten.  On  juge  d'ordinaire  par 
lefuccès,&  la  bonne  conduite  ne  fejuftifie  qu'au- 
près de  fort  peu  de  gens,  quand  l'événement  n'eft 
pas  heureux.  S.  Evr. 
$Cr  Conduite  ,  régie, diredion,  adminiftration. Rec- 
tio.  Dieu  a  le  foin,  laco/z^//;V.'de  tout  l'Univers.  Etre 
chargé  de  la  conduite  d'un  Etat ,  d'une  armée  ,  d'un 

régiment, d'un diocèfe,  d'une paroiffe.  ^conduite, 
Jomç  II,  ' 


7^f 

confidérce  fous  ce  point  de  vue  ,  défigne  quelque 
agcile&  quelque  habileté  A  l'égard  des  chofes^ôc 
une /ubordinanon  a  l'égard  des  perlonnes.  FoyeT 
au  mot  Administration  les  idées  particulières  qui 
diftingucnt  tous  ces  mots.  ^ 

rr  Conduite  fe  dit  au.li  de  l'infpedion  qu'on  a 
/ur   es  mœurs ,  fur  les  avions  ,  fur  les  démarches  dé 
qucquun,  afin  qu'il  ne^faife  précifémcnt  que  ce 
quil  convient  de  faire.  Etre  chargé  de  la  cond^dtc 
dun  jeune  Prince,  d'un  jeune  Seigneur. 
Conduite  fignificau(in'intrigue&  la    compofition 
d  une  pièce  de  théâtre,  l'œconomie  d'un  ouvrage 
nagœdia:,  comœdice  œconomia.  Les  Anciens  fe  font 
P  us  attaches  à  la  conduite  de  leurs  pièces ,  que  la 
plupart  des  Modernes,  qui  fe  font  imaginés  que  la 
beauté  de  quelque  ouvrage  que  ce  fût ,  confiftoic 
feulement  dans  les  penfées.  Il  faut  autant  de  génie 
pour  la  conduite  &  l'œconomie  d'un  ouvrage!  qu« 
pour  bien  penfer.  Claud.  a   >  4  • 

Conduite  d'eau  ,  en  termes  de  Méchanique,  eft  une 
iuite  de  tuyaux  pour  conduire  l'eau  d'un  lieu  à  un 
autre,  &  qm  prend  fon  nom  defa  grolfeur,  ou  de 
ion  diamètre.  On  dit  une  conduite" àc  dix  ou  d- 
douze  pouces.  On  di:  encore  ,  une   conduite  de 
plomb,  de  fer,  de  terre  ou  de  bois,  félon  que  les 
tuyaux  qui  portent  l'eau  font  de  l'une  de  ces  matiè- 
res  différentes.  Aqux  ducius. 
Conduite  ,  terme  de  peinture  ,  aélion  de  diri-^er  ' 
ménager,  diftribuer.  Il  y  a  beaucoup  de  ««W 
dans    les  compofitions  du  Poulfin  ,    c'cft-à-dire 
beaucoup  d'entente  &  d'ordonnance.  ' 

Conduite  ,  terme  de  Mufique.  Deduclio.  Ceft  la  fuite 


des  notes,  quand  elles  vont  en  montant  Ut^re^. 
mi,fa,fol,  la.  On  appelle  cette  fuite  du  nom  de 
conduite,  parce  que  la  voix  eft  conduite  par  ks 
notes,  comme  par  autant  de  degrés. 

Conduite  de  cadran.  Tringles  de  fer  qui  portent  des 
molettes ,  &  qui  engrènenr  les  unes  dans  les  autres 
a  angle  droit ,  ou  obtus ,  pour  faire  marquer  l'heure 
au  cadran  cloigné  de  l'horloge.  Il  y  a  des  conduites 
faites  avec  des  genoux  ,  elles  font  meilleures  quand 
les  tringles  font  placées  à  angle  obtus. 

Conduite  ,  terme  de  Jardinage.^  Art,  foin  ,  manière 
de  gouverner  des  arbres ,  de  les  élever ,  tailler ,  &c. 
Ratio  traclandarum  arborum.  La  conduite  de  toutes 
fortes  d'arbres  ,  cft  un  des  chef-d'œuvres  da 
Jardinage. 

CONDURI  ,  en  Malais  ,  ou  Laga,  en  langage  de 
Java.  Elpece  de  fève  d'un  beau  rouge ,  avec  une 
pente  plaque  noire  fur  le  côté,  qui  croît  dans  quel- 
ques endroits  des  Indes  Orientales.  Les  Javans  & 
les  Malais  s'en  fervent  comme  de  poids ,  pour  oe- 
fer  l'or  &  l'argent.  ^ 

CONDYLE  ,  n  m.  terme  d'anatomie.  Ceft  le  nom 
que  les  anatomiftcs  donnent  à  une  p.tite  éminence 
ronde  de  l'os ,  comme  cft  celle  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, qui  entre  dans  les  cavités  de  l'os  pétrcuîc 
Condylus.  Quand  l'éminence  eft  gro/fe,  on  l'appelle* 
tète,  Condyle  défigne  en  général  toutes  les  éminen- 
ces  des  articulations. 

CONDYLOIDE  ,  adj.  m.  5c  f.  terme  d'anatomie.  Quî 
a  la  forme  ,  la  figure  d'un  condyle.  Plufieurs  aujour- 
d'hui écrivent  cowiiV^,  &  cow'iy/oiie,  mais  contre 
l'étymologie.  Condyloïdes.  La  mâchoire  fe  meut 
fur  les  apophyfes  condyloïdes  qui  font  reçues  dans 
les  cavités  glénoïdes  des  temporaux.  Demours  , 
Acad.  d'Ed.  T.  I,p.  147.  Il  y  en  a  qui  ont  dit  que 
les  apophyfes  concfyloïdes  fe  mouvoient  fur  la  racine 
de  l'apophyfe  zigomatique.  Id.   ibid. 

Ce  mot  vient  du  Grec  Ki.^vXt,-, ,  condyle ,  &  J^ij , 
forme  ,  figure. 

CONDYLOIDIEN,  £NNE.  adj.  qui  a  rapport  aux 
condyles. 

CONDYLOME,  f.m.  terme  de  Chirurgie.  Rugofité 
ou  excroifi*ance  de  chair  qui  vient  aux  mufcîes  du 
fiège,  ou  au  cou  de  la  matrice,  qui  forme  plufieurs 
replis  ferrés  les  uns  contre  les  autres  ,  fur  rout  lorf- 
qu'il  cft  enflamme  &  endurci.  Condyhma.  Le  con- 
dylomi  refleoible  i  une   mure.    Les   condylom^ 

G  G  G  g  g 


-j26  C  O  N 

viennent  à'plufieurs  parties  du  corps  -,  Ceux  quî  vien- 
nent aux  parties  génitales,  à  l'anus,  au  périnée,  font 
ordinairement  des  lymptomcs  de  la  vérole. 

Ce  mot  el1:  Grec ,  &  vient  de  Ki,àv>iOi ,  article , 
jointure  :  parce  que  dans  le  condylome  il  y  a  des 
rides  ou  plis  lémblables  à  ceux  des  jointures. 
CONE  ,  r.  m.  terme  de  Géométrie.  Corps  Iblide  com- 
pofé  de  ditFérens  cercles  placés  les  uns  l'ur  les  autres 
&  par  conlcquent  parallèles  entr'eux  ,  qui  vont  tou- 
jours en  dimmuant  depuis  la  bafe  juiqu'à  la  pointe 
du  Cône.  Un  pain  de  lucre  régulier  reprélénte  un 
cône.   Conus.  L'ombre  de  la  rerte  forme  un  cône , 
aboutit  en  cône.  Le  cône  Te  décrit  par  le  mouve- 
ment d'une  ligne  droite  ,  qui  fe  meut  à  l'entour  d'un 
point  immobile  ,  appelé  pointe  ,  le  long  de  la  cir- 
conférence d'un  plan  appelé  bafe.  La  ligne  droite 
tirée  de  la  pointe  du  cône  par  le  centre  de  fa  bafe , 
s'appelle  axe  du  cône.  Ainfi  un  cône  droit ,  e(l  celui 
dont  l'axe  cil:  perpendiculaire  à  la  bafe.  Un  cône 
Scalène ,  eft  celui  dont  l'axe  eft  incliné  à  fa  bafe.  Un 
cône  tronqué  ,  efl  une  partie  d'un  cône  coupé  par  un 
plan  parallèle  à  fa  bafe.  La  bafe  d'un  cône  eft  un  cer- 
cle. Il  y  a  auifi  des  cônes  obtulang'.es  ?<.  acutangles. 
IttF  En    Botanique  ,  on   emprunte   quelquefois    ce 
terme  de  Géométrie  pour  définir  les  parties  qui  ont 
la  figure  d'un  cône  ;  mais  ce  mot  eft  particulièrement 
confacré  aux  fruits  des  pins ,  des  lapins ,  des  Mé- 
lèiés,  6c  on  les  nomme  arbres  conifères.  Arbores 
coniferce.   Voyez  ce  mot. 
CONE,  terme  de  Métallurgie.  On  donne  ce  nom  à 
un  moule  de  fer  fondu ,  de  form.e  conique ,  dans 
lequel  on  verfe  les  métaux  fondus ,  pour  féparer 
la  partie  métallique  des  fcories. 
CONE.   Ville.  Voyei  Cosne. 
CONESSI.  f.  m.  Efpèce  d'écorce.  Fbyeç-e/z  la  defcrip- 

tion  dans  le  Dict.  de  James. 
CONFABULATEUR.  f.  m.  Qui  s'entretient  familiè- 
rement ,  difeur  de  contes.  M.  de  Clavillc  entend 
parler  d'un  mauvais  Prédicateur  ,  lorfqu'il  dit:  iî 
le  hazard  m'expofe  .à  l'ignorance  effrontée  d'un  en- 
nuyeux confalulatenr ,  j'ai  recours  à  mon  Evangile. 
Traité  du  Vrai  Mérite.  Ce  mot  n'a  pas  réuiîî. 
CONFABULATION.   f.  f.  Entretien  familier.  Fami- 
liare  coUoquium  ,  confabulatio.  Ce  mot  eft  peu  d'u- 
fage  dans  le  fcricux ,  au/Ti  bien  que  le  fuivant. 
CONFABULER.     v.   n.   S'entretenir  familicremcnt 
avec   quelqu'un.    Confabulari,   Ce    mot  ne  le  dit 
qu'en   plaifmtant. 
CONFAITEMENT,  adv.  vieux  mot.  Parfaitement, 
férieufement  ,   comment  ,  de  quelle  façon.  Glojf. 
des  Pocf.  du  Roi  de  Nav, 
CONFALON.   f.  m.  Confrérie  établie  par  quelques 
Citoyens  Romains ,  ou  félon  d'autres  ,  par  Clé- 
ment IV  en  iiô'^,  ou  iiô'y.  Confalo -,  Confalonis 
Societas.  Le  delfein  principal  de  cette  fainte  alfo- 
ciation  fut  de  délivrer  les  Chrétiens  captifs  chez 
les  Sarazins.  Elle  prit  fon  nom  du  mot  italien  Co«- 
falone ,  qui  fignifie  un  étendart ,  une  bannière ,  à 
caufc  de  la  bannière  qu'elle  avoir,  &  où  étoit  re- 
préfentée  la  lainte  Vierge  ,  fous  la  protedfio»   de 
laquelle  cette  Confrérie  fe  mit.  Saint  Bonaventure 
régla    les  prières  que  les  Confrères  dévoient  ré- 
citer. Grégoire  XIII  la  confirma  en  1 57*^  >  lui  donna 
beaucoup  de  privilèges,  &  l'crigea  en  Archicon- 
frérie  l'an  1585  ,  &  Sixte  V  fixa  un  revenu  pour  le 
rachat  des  captifs.  II  y  a  auffi  à  Lyon  une  Confrérie 
de  Pénitens  ànConfalon,  aflbciée  à  celle  de  Rome. 
De  Rubis  allure  qu'elle  éroit  établie  dès  l'an  1418. 
D'autres  prétendent  qu'elle  le  lut  par  Maurice  de 
Peirat,  Chevalier  de  S.  Michel.  Quelques-uns  di- 
fent  GonfaloTi ,  &  d'autres  Confanon  ,  ou  Gonfujion. 
Confalon   eft   mieux.   Sponde  aux   années    1274, 
r^~6 ,  158;,  parle  de  la  Confrérie  du  Confalon. 
CONFANON.  f.  m.  Ce  mot   n'eft  plus    en  ufage. 

Voyei  Pavot  rouge  ,  c'eft  la  même  chofe. 
CONFARRÉATION.  f.  f.  Ablancourt  s'en  eft  fervi , 

■  6c  on  s'en  peut  fervir  comme  lui ,  lorfqu'on  aura  à 

■  parler    d'une    certaine    cérémonie  Romaine  ,  qui 
-conliftoit  à  faite  manser  dans  les  mariages,  d'un 


CO  N 

même  pain  au  mari  £c  à  la  femme  qui  deftinoîent 
leurs   enfans  à  l'honneur  du  Sacerdoce.    Car  c'eft 
cette  cérémonie  que  les  Romains  appeloient  Con- 
farréation.  Confarreatio.  La  Confarréation  écoit  la 
plus  facrce  des  trois  manières  de  contraéler  le  ma- 
riage ufité  chez  les  anciens  Romains.  Elle  conliftoit 
en  ce  que  le  Grand  Pontife ,  &  le  Flamen  Dialis 
unifibient  ,  joignoicnt,  marioient  l'homme  &  la 
femme ,  avec  du  froment  Si  un  gâteau  falé.  C'eft  ce> 
qu'en  dit  Scrvius  fur  le  premier  Livre  des  G<ior- 
giques.  Ulpien  Cap.  9.  Init.  nous  apprend  qu'on  y 
oifroit  un  pain  de  pur  froment,  &  que  l'on  pronon- 
çoit  une  certaine  Formule,  en  ptéfencc  de  dix  té- 
moins. Denis  d'Halicarnaiîé  .ajoute  que  le  mari  Se 
la  femme  mangeoient  du  même  pain  de  froment , 
qu'on  en  jetoit  fur  les  vidlimes.   /^oje^  Vigenef-e  , 
Tite-Live,  T.  I ^  p.  968. 
IJCF  Quand  le  mariage  contracté  par  confarréation 
fe  rompoit,  on  appeloit  cela  diff'arréation.  Ce  nom 
vient  du  gâteau  falé,  â  farre  &  rnolâ  falfd. 
CCNFECTEUR.  f.  m.   Gladiateur  ;  qui  combattoit 
contre  les  bêtes  •,  beftiairc,  homme  qui  le  louoit  pour 
combattre  les  bêtes  dans  l'Amphithéâtre.  Confec- 
tor.  Les  Confccleurs  étoient  ainli  appelés  à  confi- 
ciendis  bejliis ,  parce  qu'ils  tuoient  les  bêtes.  Voye^ 
Bestiaire.   Les    Grecs  les   appeloient   n»pxÇoÀoi  , 
c'eft-à-dire  ,  hardis ,  défefpérés ,  téméraires  ,  qui 
s'expofent ,  qui  fe  jettent   dans  le  péril.  De-la  les 
Latins  avoient  fait  les  mots  Parabolani ,  &  Parabo- 
lari ,    qu'on  leur  donnoit  aulîi.  Le  premier  pafia 
dans  l'Eglife,  où  l'on  appela  Parabolani ,  les  valets 
qui  fe  confacroient  aux  fervices  des  Hôpitaux,  §c 
s'ex'pofoicnt  ainfi  aux  périls  déroutes  les  maladies 
qu'on  y  peut  prendre.  Outre  ces  mots  empruntés 
du  grec ,  les  Latins  appeloient  encore  les  Confec-  • 
leurs  en  leur  Langue,  audaces,  hardis,  téméraires, 
&  copiâtes;  du  Grec  Kox/«Tai.   /^oj'tv  Saumaifefur 
Tribellius  Pollion  ,  dans  la  vie  de  Gallien,  C.  iz. 
/.  285.  C.  de  l'Hift.  Jug-  de  l'édition  de  Paris  i6zo. 
fol.    Cafaubon  fur     le  mime  endroit  de   Trebellius 
Pollion,   Bcroald  fur    Suétone,  C  45.  d'AuguJi'èt 
p.  230.  C.  21  ,  de  Claude ,  p.  588.  6c  644.  &  892. 
de  l'édition  de  Paris ,  fol.  i<îio.  C.  29.  de  Néron  ,  p. 
684.  &c.  Saumaife,  de  modo  uJur.C.  5  ,p.  198.  Go- 
defroy  fur  le  Code   Théodojien ,  L.  42  de  Epijc,  & 
Cler.  Perpétue  tomba  entre  les  mains  d'un  Gladia- 
teur mal-adroit ,  qui  la  piqua  entre  les  os  &  la  fit 
crier:  car  ces  exécutions  des  beftiaires demi-morts, 
étoient  l'apprentiflâge  des  nouveaux  Gladiateurs , 
pour  les  accoutumer  fans  péril  au  fang,  &  on  les 
nommoit  Confecteurs.  Fleury,  Hijh  Eccl.  L.  V ,p, 
44,  45.  Il  femble  qu'on  veuille  dire,   i''.  Que  les 
Confecieurs  étoient  diftingués  des  beftiaires.  2^.  Que 
ce  n' étoient  que  les  nouveaux ,  Se  les  apprentifs 
Gladiateurs,  qui  s'appeloient  Confecteurs.  3^'.  Qu'ils 
étoient  ainfi  nommes  à  conficiendis  bejliariis,  parce 
que  les  exécutions  des  bejiiaires  demi-morts  etoierit 
leur  apprentifj'age.  Si  cela  eft,  on  s'eft  trpmpé.  Ala 
vérité  les  Confecieurs  n'étoient  pas  beftiaires  Chré- 
tiens -,  mais    ils  étoient  beftiaires.  Voye:^  au  mot 
Bestiaire  les  diftcrentes  efpèces  de  Beftiaires.  2°. 
Ce  n'étoit  pas  les  nouveaux  Gladiateurs  feulement 
qu'on    nommoit    Confecieurs.    Voyez  les  Auteurs 
cités  ci-delTus.  5°.  Ils  n'étoient  point  appelés ,  Con- 
fecieurs ,    à  conficiendis  bejliariis  ;   mais  à  confi- 
ciendis  tefiis.  Voyez  les  mêmes  Auteurs,  &  furtout 
Suétone  dans  Augufle ,  C.  43. 
CONFECTION,   f.  ï.  Aéfion   par  laquelle  on  fait 
quelque    chofe.  Confeclio,  Il  fe  dit  en  termes  du 
Palais.  II  faut  des  lettres  du  Prince  pour  la  con- 
feclion  d'un  papier  terrier.  La  confeaion  d'inven- 
taire &  fa  clôture  font  néceflâires  pour  diiîbudre 
une  communauté.  Confeclion  d'une  enquête.  Il  n'a 
guère  d'autre  ufage. 
Confection  ,    terme  de  Pharmacie  ,  eft  un  remède 
qui  eft  de  confiftance  d'éleéluaire  liquide,  ou  mou  , 
compofé   de  plufieurs  drogues.  Medica  compofnw. 
La  principale  eft  la  confection  d'alkermès,  ou  en- 
trent les  perlesj  la  pierre  d'azur,  le  rauic^'aiîibre-cris, 


CON 

l'or  en  feuille ,   &  fur  -  tout  le  ûic  du  gram  de 
kermès  qui  lui  donne  l'on  nom  ,  (c'efi l'écarlaie)  le 
tour  mêlé  avec  ilicre,  cannelle,  fantal ,  &€. 
Confection  anacardine.  Elle  fe  compofe  principale- 
ment   avec  des  Anacardes,  qui  lui  ont  donné  Je 
nom  :  les  autres  drogues  font  le  poivre  long ,  le 
poivre  noir ,  prefque  toutes  les  fortes  de  myrobo- 
lans,  le  caftoreum  ,  le  cyperus,  le  collas  blanc,  le 
burungi  ,  les  baies  de  laurier  ,  &  le  beurre  de  vache. 
Cette  confection  purge  le  fang,  &  eft  propre  aux 
maladies  froides. 
Confection  ,  (La  )  Hamech  efl  un  remède  plus  com- 
mun ,  compofe  de  plufîeurs  linij-les  purgatifs ,  poly- 
pode  ,  prunes,  myrobolans ,  agaric  ,  fénc ,  abfinihe, 
rofes  rouges,  cafié,  tamarins,  manne  ,  &c.  le  tout 
réduit  en  forme  d'clc6luaire  mou.  Elle  a  pris  fon 
nom  de  fon  Auseur  ,  Hamech  ,  Médecin  Arabe 
fort  ancien. 
Confection  (  La  )  d'hyacinthe  efl:  faîte  de  faphirs , 
hyacinthes,  cmeraudes,  topafes,  de  perles ,  corail 
rouge,  feuilles  d'or,  os  du  cœur  de  cerf,  &c.  le 
tout  mêl^  avec  le  fyrop  d'œillet  ou  de  limons. 
CONFEDERATION .  f.  f.  Alliance  entre  des  Princes, 
ou  des  Etats.  Feedus ,  focietas ,  confirmata  fœJere 
focittas.  Il  y  a  ligue  offënfive  &  défeniîve,  ^wz/^ûft- 
ration  ancienne  entre  la  France  &  les  Suiffcs.  On  a 
fait  piufieurs  Traites  de  confédération  qui  n'ont  pas 
été  de  longue  durée.  Cette  confédération  n'cft  faite 
que  depuis  notre  Traité.  PathU.  La  dcfunion  & 
l'umbition  des  Chefs  entraînent  inévitablement  la 
raine  des  confédérations.  P.  le  Boss. 

Il  fe  dit  aufli  des  ligues  que  font  entr'eux  dans 
quelques  Etats,  les  Sujets  mccontens. 
^fT  On  le  dit  en  Pologne  des  adbciations  que  font 
entr'eux  les  Nobles  &  les  Grands ,  fans  l'aveu  du 
Roi ,  fouvent  contre  fes  vues ,  pour  maintenir  la 
conftirution  de  la  République. 
CONFEDÉRER  fe  dit  avec  le  prdnom  perfonnel , 
fe  confidérer ,  v,  rccip.  Se  liguer  enfemble.  Fœdus 
facere,  jimgere.  Les  armées  de  Pologne,    &  les 
Princes    d'Allemagne   fe  confidèrent  fouvent.   Ce 
verbe^n'cft  pas  beaucoup  ufité. 
CONFÉDÉRÉ,  ÉÈ,  adj.  qui  fe  dit  des  Princes  ou 
Etats  qui  font  unis,  alliés,  ligués  enfemble  pour 
leur   défenfe  commune ,    pour  attaquer  l'ennemi 
commun.  Socii ,  fœderati ,  amicitiâ  &  fœdere  con- 
junai.  La  paix  leroit  faite ,  iàns  les  intérêts  des 
Princes  &  Etats  confédérés  qu'on  veut  y  comprendre. 
Les  Villes  Hanféatiques    font  confédérées  depuis 
long  temps. 

Ce  mot  fe  prend  auflî  fubllantivemcnt,  8c  lignifie 
Allié.  Les  Confédérés  furent  taillés  en  pièces,  Abl. 
Il  fît  tête  à  l'atmée  des  Confédérés.  Eloge  hiji,  de 
Louis  XIV. 
|Cr  CONFÉRENCE,  f.  f.  Action   par  laquelle  on 
rapproche  ,  on  compare  deux  choies ,  pour  voir  le 
rapport  qu'elles  ont  enfemblejen  quoi  elles  convien- 
nent ,  en  quoi  elles  diffèrent.  Comparatio  ,  collatio. 
Il  fe  dit  particulièrement  en  matière  de  littérature, 
La  conférence  des  coutumes  de  France,  faite  par 
Guenois ,  eft  un  travail  fort  beau  &  fort  utile.  La 
conférence  des  Ordonnances  a  été  rédigée  &  com- 
mentée par  le  même  Auteur.  Les  Critiques  du  liècle 
palTé,  ont  fait  plufieurs    conférences  d'édirions  , 
de  manufcrits ,  de  copies  aux  originaux,  de  paffagcs 
d'Auteurs ,  qui  ont  bien  éclairci  des  difficultés. 
Conférence  fe    dit  aulfi  des  entretiens  qu'ont   en- 
femble des   Miniftres   de  Princes  ,  des    Ambafla- 
deurs ,  pour  négocier  des  affaires  d'Etat.  Congref- 
fus  ,  collo^uium  ,  collocutio.  Le  mariage  du  Roi  & 
la  paix  fe  firent  en  11Î59,  dans  l'île  de  la  Confc- 
ren«,  qui  eft  fur  la  rivière  de  Bidaffoa  ,  qui  fépare 
la  France  de  l'Efpagne.  Il  y  avoir  à  Paris  une  porte 
qu'on  appeloit  de  la  Conférence, 
Conférence  fe  dit  aufTi  des  entretiens  de  quelques 
particuliers  affemblés    pour    parler    d'affaires   ou 
d'études.  Si  on  pouvoit  nouer  une  conférence  en- 
rre  ces  parties  ,  leurs  procès  feroient  bientôt  ac- 
commodés. Nous  avons  eu  de  longues  confsrenas 


CON 


'H.. 


enfemble.  Tenir  conférence.  Etre  en  conùrence  ^- 
trouvcr,  fe  rendre  a  la  conférence.  Ils  entrent'  rû 
conférence  dès  le  moment  qu'ils  font  a/îcn,blés, 
C  cit  une  chofe  trcs-utile  de  convertir  les  convcr- 
fations  en  co^y^r^/zc^d'crudition, 
|Cr  On  ledir  aufli  des  alfemblées  qui  fe  tietlrienï  à 
certains  jours  marqués  à  la  bibliothèque  des  Avo- 
cats  du  Parlement  de  Paris,  en  préfence  d'un  des 
Mefficurs  du  Parquet.  Plufieurs  Avocats  nommés 
pour  difcuter  une  queftion  propofée  dans  ùna 
afîemblée  précédente ,  en  font  le  rapport  ;  &  les 
autres  qui  en  ont  eu  Communication  ,  opincntj 
On  rédige  par  écrit  les  avis  des  opinans ,  &  pour 
la  folution ,  on  fuit  le  plus  grand  nombre. 
Conférence  Eccléfiaflique  ^  aifcmblée  de  Coures  a 
inftituéc  pour  y  rraiter  des  matières  eccléfidftiqucs, 
&  fur-tout  de  la  Théologie  morale  &:  des  cas  de 
eonfcience.  Collatio.  En  plufieurs  diocèfes  il  y  a 
des  Conférences  établies  pour  l'inftrudon  des  Cu- 
rés &  des  Eccléliaftiques,  Souveht  il  y  a  une  per- 
fonne  prépofce  pour  expliquer  dans  ces  afTcmbléeS 
les  matières  qu'on  y  traite.  On  appelle  quelquefois 
cette  perfonne  le  Conférencier. 

On  appelle  dans  plufieurs  communautés  Cohfé-* 
rences  fpirituelles ,  des  aflcmblées  des  perfonnes 
de  la  communauté,  dans  lefquelles  on  traite  àd 
matières  fpirituelles ,  ou  dans  lefquelles  on  ié  rap- 
pelle, &  l'on  répète  ce  qui  acte  dit  dans  les  diP 
cours  &  dans  les  exhortations  fpirituelles  du  Su^ 
péricur.  Collatio  de  rébus  fpiritiialibus.  Au  fémi-, 
naiae  de  S.  Sulpice  ,  tous  les  iamedis  U  la  veille  de 
prefque  toutes  les  fêtes,  il  y  a  des  Cohf  rences 
fpirituelles. 

On  appelle  encore  Conférence  -,  {-x  répétition 
d'étude  qui  fe  fait  en  commun  dans  les  commu- 
nautés, ou  entre  plufîeurs  perfonnes  qui  étudient 
les  mêmes  chofes ,  comme  font  en  Sorbonne,  plu- 
fîeurs Bacheliers.  Enfin  l'on  appelle  Conférence  des 
thèfés  qu'un  écolier  foûtient  en  particuher  chez  lui  , 
pour  fe  préparer  à  une  thèfe  publique,  &  aux- 
quelles il  n'invite  que  quelques  amis  &  des  Ré^ 
pétiteurs  i  pour  argumenter  coi-ttre  lui.  Cet  écohet 
fait  toutes  les  femàines  une  Conférence  de  deux 
heures,  pour  fe  difpofer  à  fa  thèfe. 
Coj^FÉRENCE  fe  dit  aufTi  d'un  Livre.  Cemotfe  dôn-J 
ne  pour  titre  à  un  livfe  qui  contient  l'extrait  ou 
le  réfultat  des  Conférences  faites  fur  quelques  ma-' 
tiètes.  Collatio.  Plufieurs  Evêques  ont  établi  dans 
îeut  diocèfe  que  les  Curés  &;  autres  Ecclciîaf- 
tiques  s'afTemblent  dans  chaque  Doyenné ,  pouf 
conférer  enfemble,  &  traiter  des  cliofes  qu'il  con» 
vient  de  favoir  dans  leur  état,  fur  des  cas  de  con-' 
fcience.  On  a  recueilli  en  quelques  diocèfes  ce  qui 
s'étoit  décidé  dans  leS  afîcmblées  ,&  on  l'a  impri- 
mé fous  le  titre  de  Conférences  de  Paris ,  Confé'f 
rences  de  Grenoble,  Conférences  de  Luçon  ,  Co«- 
ferences  d'Angers.  Ceft  dans  ce  fens  cuie  Ca/neti 
a  fait  les  Conférences  des  Pères  du  déîert. 
CoNFÉRENéE,  vieux  mot,  comparaifon.  Comparatio t 

collatio. 
CONFÉRENCIER,  f.  m.  Celui  qui  préfïde  à  une- 
Conférence,  qui  propofe  les  matières  &  les  expli- 
que ,  &  qui  répond  aux  difficultés  que  les  Afiiftans 
proppfent. 
CONFÉRER.  V.  a.  Donner  ,  o<5lroyer,  Cortferre. 
Dieu  nous  confère  fes  grâces  par  le  moyen  des  Sa- 
cremens.  Le  Roi  de  Pologne  confère  toutes  les  grâ- 
ces ,  &  n'a  point  la  haine  des  châtimens.  Les  Prin-* 
CCS  confèrent  les  honneurs ,  les  dignités.  Les  Pré- 
lats confèrent  les  Ordres. 
Conférer  fe  dit  particulièrement  des  bénéfices.  Cor:* 
ferer  un  bénéfice  ,  pourvoir  à  un  bénéfice  vacant  # 
en  donner  les  provifions.  C'cQ:  le  Roi  qui  nommef 
aux  Prélatures ,  le  Pape  confère.  Le  Pape  peut,  da 
jour  de  la  vacance  ,  conférer  tous  les  bénéfice^ 
par  prévention ,  même  les  élecflifs  collatifs^  fi  le 
Chapitre  re  le  prévient  par  l'eleélion.  Mais  il  ne 
peut  conférer  les  bénéfices  confiftoriaux  que  fur  la 
nomination  du  Roi  ,  ni  les  bénéfices  en  patfonag^ 

G  G  G  g  g  ii 


788 


C  O  N 


laïque ,  que  fur  la  piclcntation  des  Patrons.  Le  Roi 
confire  de  plein  droit  les  bénéfices  dépcndans  de 
l'Evcchc ,  vacans  en  régale.  Le  Roi  peut  auih  con- 
firer  de  plein  droit,  me  Ordinarii  Ik  vice  Papœ  , 
tous  les  bénéfices  dont  il  eft  Collateur  abfolu,  à 
cauledcronLT;ion,6c  parce  qu'il  y  a  une  elpcce 
de  iacerdoce  annexe  à  la  royauté.  Les  autres  Pa- 
trons laïques  n'ont  en  effet  que  la  fimple  prcfen- 
tation ,  lans  pouvoir  conférer.  On  a  même  jugé 
que  le  Roi  peut  admettre  en  réfignation  par  per- 
mutation du  bénéfice  éleélif  confirmatit",  &  k  con- 
férer lorlqu'il  en  efl  le  Collateur  ordinaire.  Aucun 
Supérieur  ne  peut  conférer  au  mépris  d'un  Patron 
laïque. 

Conférer  fignifie  auffi  comparer ,  mettre  deux  cho- 
fes  l'une  è^n  préfence  de  l'autre  ;  pour  voir  le  rap- 
port qu'elles  ont  cnlcmble.  Comparare  ,  conferre. 
Plufieurs  Auteurs  ont  conféré  k  Droit  François  Si 
le  Droit  Romain,  Conférer  les  éditions ,  les  manul- 
crits  d'un  même  Auteur.  On  confère  les  diverfes 
traductions  à  l'original.  Quand  on  confère  ces  deux 
tableaux  ,  il  y  en'^a  un  qui  efface  l'autre.  Ce  qui 
paroît  beau  &  délicat  dans  la  copie  ,  cft  froid  Se 
languifTant  lorlqu'il  eft  conféré  avec  l'original. 
Ablanc. 

Conférer,  v.  n.  lignifie  parler  enfemble,  raifonner 
de  quel  qu'affaire,  de  quelque  point  de  dotfrine. 
î!  faut  faire  conférer  enfemble  ces  parties  5c  leur 
confeil  pour  les  accommoder.  On  a  ordonne  que 
le  Rapporteur  conférerait  de  cette  affaire  avec  les 
Commilfaires  que  le  Roi  a  nommés.  Ces  Doéfeurs 
ont  long  temps  conféré  fur  les  queftions  qui  leur 
ont  été  propofces.  Après  que  les  Généraux'  eurent 
longtemps  conféré  enfemble  ,  il  répondit.  Ablanc. 
Pour  vivre  en  homme  ,  il  faut  conférer  avec  les 
hommes.  S.  EvR. 

^fT  Montagne  s'efl:  fervi  de  ce  mot  comme  fynoni- 
me  à  contribuer ,  être  caufe.  Pourquoi  crains-tu 
ton  dernier  jour,  il  ne  confère  non  plus  à  ta  mort 
qu'aucun  des  autres  ?  On  ne  le  dit  plus. 

jCONFÉRÉ ,  ÉE.  part.  Il  a  deux  ^fignifications  de 
fon  verbe ,  en  latin  comme  en  françois. 

^  CONFERVA  ,  terme  de  Botanique ,  forte  de 
plante,  elpcce  de  matière  cotonncuCe,  commune 
dans  les  eaux  dormantes,  6c  dont  les  filets  font 
trop  fragiles  pour  être  employés  à  aucune  forte  de 
manufadure.  Mem.  de  l'Jcad.  des  Se.  1741. 

jCONFÈS  ,  adj.  vieux  mot ,  confeffé. 

//  voudrait  moult  être  confès. 
Il  eft  un  Chapelain  ci-après. 

Oh  a  dit  aufTi  ^e^072/êj ,  en  parlant  d'un  homme 
tjui  raouroit  fans  conteffion. 
^  CONFESSE.  Locurion  adverbiale  qui  fignifie  con- 
/elfion  ,  t<  fe  met  fans  régime.  Jre  ad  confeffwnem  , 
.aïleï  à.  confeffé.  Rediit  de  ConfeJJïone   Sacra.  Il  eft 
revenu  de  conjeffe, 
ffj'  CONFESSER,  v.  a.  Déclarer  ce  qu'on  a  eu  tort 
de  faire.  Confiteri.  On  avoue  la  faute  qu'on  a  faite. 
On  confeffé  le  péché  dans  lequel    on   eft   tombé. 
J 'La  queftion  fait  avouer  le  crime ,  la  repentance  le 
.   fait   confeffer. 

Confesser  J  e  s  u  s-C  h  r  i  s  t  ,  confeffer  la  foi  -, 
c'eft  faire  une  profetHon  publique  de  la  foi  de 
J.  C.  Confiteri ,  profiteri.  Confeffer  de  cœur  de  de 
.bouche. 

Oui, malgré  les  ohfcurités 
Qui  nous  cachent  tes  vérités , 
Mon  cœur  n'en  doute  point ,  ma  bouche  les  confeffé. 

'i^  Confesser  fignifie  quelquefois  reconnoître  une 
vérité  particulière  ,  demeurer  d'accord.  Confeffé:^ 
ce  qui  en  eft.  Un  brave  fe  confeffé  vaincu  ,  quand 
il  demande  la  vie.  Les  promeffes  &  quittances 
commencent  ainfi  :  Je  foulfigné  ,  reconnois  &  con- 
fère avoir  reçu  ,  devoir ,  ou  promets  payer ,  &c. 
<^o/z/<.;^£  ingénument,  avouez  que  vous  avez  tort 


CON 

On  dit  en  ftyle  populaire  qu'un  homme  confère 
la  dette  quand  il  rcconnoît  qu'il  a  tort. 

^CT  Confesser  fignifie  auffi  déclarer  fes  péchés, 
foit  à  un  Prêtre  dans  k  Sacrement  de  Pénitence, 
foit  à  Dieu  feul ,  dans  une  prière  particulière.  Sa- 
cerdoti  fua  peccata  aperire  ,peccata  Sacerdoti,  Deo 
confiteri.  On  confefjé  à  un  Prêtre  les  péchés  dans 
lesquels  on  eft  tombé.  En  ce  fens ,  il  eft  auffi  ré- 
ciproque. Il  faut  fe  confeffer  premièrement  à  Dieu. 
C'eft  un  des  Commandemens  de  l'Eglife  ,  de  fe 
confeffer  à  Pâques. 

^CT  Confesser  le  dit  auffi  du  Prêtre  qui  entend  la 
déclaration  que  fait  un  pénitent  de  fes  péchés.  Ce 
Curé  confeffé  prcfque  toute  fa  paroiffe  tout  feul. 
jiudire  confitentem  peccata.  Audire  confejfionem 
alicujus. 

^fT  Le  Prêtre  confeffé  k  pénitent ,  mais  il  ne  con- 
fère point  les  péchés  du  pénitent  ,  c'eft-à-dire, 
qu'on  ne  peut  pas  dire  qu'un  Confeffeur  a  confeffé 
les  péchés  d'un  homme  ,  pour  fignifier  qu'il  les  a 
entendus  à  confeffé.  Ainfi  un  de  nos  Poètes  s'eft 
trompe,  &  a  parlé  contre  l'ufage,  quand  il  a  dit: 

D'un  jeune  gars  contrit  à  deux  genoux , 
Frère  Rémi  confeflbit  les  pèches. 

II  n'y  a  de  droit  que  le  Pape  qui  puiffe  conférer 
dans  toute  l'Eglife ,  l'Evêque  dans  tout  fon  diocele. 
Se  les  Curés  chacun  dans  leurs  paroiffes-,mais  d'autres 
peuvent  confeffer  par  permifïion  ,  &  ce  n'eft  qu'au 
Pape  &  aux  Evcqucs  à  donner  cette  permiffion.  Il 
n'y  a  que  les  Prçlats  &:  les  Curés  qui  puiffent  con- 
feffer,  ou  ceux  qui  en  ont  d'eux  la  permiffion. 

Il  ne  fuit  pas  cependant  que  lesCurcs  puiffent  aufT? 
bien  approuver  un  Prêtre  pour  confeffer  queksEvê- 
qucs  ;  &  que  l'approbation  de  l'Evêque  diocéf'ain  ne 
fufîife  pas ,  fi  elle  n'eft  confirmée  par  le  Curé  ;  car  il 
eft  conftant  qu'un  Evêque  peut  confeffer  lui-même 
&:  approuver  quel  Prêtre  il  voudra  pour  confeffer 
dans  la  paroiffe  d'un  de  fes  Curés,  non-feulcmcnc 
à  fon  infu  ,  mais  même  malgré  lui. 

On  dit  proverbiaLment  :  C'eft  k  diable  à  con->. 
feffer  \  pour  dire,  que  ce  qui  reftc  .à  faire  d'une  cho- 
ie ,  eft  le  plus  difhcik ,  ou  que  c'eft  le  hic  ou  le 
nœud  de  l'ad-'aire.  ^fT  On  dit  auffi  qu'un  homme  fe 
ccnfeffe  au  renard,  quand  il  fait  confidence  d'une 
choie  à  quelqu'un  qui  a  intérêt  de  s'oppofer  au 
fuccès.      ^     ^ 

CONFESSE ,  EE  part  :  On  dit  au  Palais  que  des  faits 
font  tenus  pour  confeffes  &c  avérés ,  lorfqu'un  hom- 
me a  refufé  de  répondre  fur  des  faits  &  articles 
qu'on  lui  a  fait  fignifier  pour  le  faire  interroger , 
&i  qu'il  a  été  fufïifamment  contumace.  Cesjugemens 
ne  font  pourtant  la  pUipart  du  temps  que  commi- 
natoires. Confès  s'eft  dir  autrefois  pour  confeffé. 

On  dit  auffi  dans  les  Bulles  apoftoliques ,  qu'elle 
accorde  indulgence  à  tous  Fidèles  dévotement  con- 
feffes 8c  communies ,  &c. 

CONFESSEUR ,  f.  m.  dans  l'ufage  de  la  primitive 
Eglifc ,  Chrétien  qui  a  profefl'c  hautement  Se  pu- 
bîiquement  la  foi  de  Jesus-Christ  ,  qui  a  enduré 
des  tourmens  pour  la  défendre,  8c  qui  eft  prêt  de 
fouffrir  le  martyre  pour  la  foûtenir.  Fidei  Chriflïa- 
r.a  defenfor  ,propugnator.  Un  Saint  s'appelle  Coyi- 
feffeur  ,  Canfeffor  fçouï  k  diftinguer  des  Apôtres, 
Evangéliftes  ,  Martyrs ,  Prélats ,  Dodeurs  ou  "Vier-, 
ges.  ïl  y  a  un  Office  commun  des  Confeffeurs  dans 
le  bréviaire.  Dans  VHi/ioire  Eccléfiafîique  ,  on  a 
appelé  premièrement  Confeffeurs  >  les  Martyrs  qui 
avoient  fouffert  la  mort  en  confeflant  Jesus- 
Christ.  Enfuite  on  a  donné  ce  nom  à  ceux  qui, 
après  avoir  été  tourmentés  pat  des  tyrans ,  ont 
vécu  8:  font  morts  en  paix.  On  les  honoroit  auffi 
du  titre  de  Martyrs.  Enfin  on  a  appelé  Confef- 
feurs, ceux  qui , après  avoir  bien  vécu  ,  font  morts 
en  opinion  de  fainteté.  Baronius ,  au  fécond  de 
Janvier ,  8c  Bollandus  après  lui,  Tome  J.  Janv.p, 
.1      84,  remarquent  que  les  Anciens  ne  donnojent  le 


k 


CO  N 

nom  de  tonfcffcurs  ,  qu'à  ceux    qui  >  interrogés 
par  les  ennemis  du  Chriftianiiine,  avoient  devant 
eux  contbrte   leur  foi  •,  que   s'ils  avoient   Ibuftert 
quelques    tourmens   pour  cela ,    on   les    appeloit 
Martyrs,  &  quelquefois  audi  Confejjeurs  ;  ÎS:  que  , 
quoique  ces  deux  mots,  à  proprement  parler,  li- 
gnifient la  mt-me  chofe  ,  on  les  diltinguoit  cepen- 
dant ainfi  dans  l'uiage,  comme  il  paroït  par  Ter- 
tulien  ,  S.  Cyprien  ,  &c.  Les  cpitres  7  ,  9,10,15, 
30,  3y>  îi  &c  81    de  S.  Cyprien  en  font  foi;i>c 
Pamelius  fait  la  même  remarque  iUr  l'cpitre  c/^  de 
ce  Saint.  Celui  qui  le  préfentoit  au  martyre  de  lui- 
même  &  fans  être  cité ,  on   ne  l'appcloit  point 
Conftjfeur  ,  félon    S.  Cypiien  ,  mais  Profcrteur  , 
Profijfor.  Si  quelqu'un,  par  la  crainte  de  manquer 
de  courage  &  de   nier   la  foi  ,  abandonnoit   ion 
bien  ,  Ion  pays  ,  6'c.  &c  s'exiloit  lui-même  volon- 
tairement, on  l'appeloit  Extorris ,  exilé.  Dans  la 
liiite  l'ufage  a  donné  le  nom  de  ConfeJJ'air  ,  &  on 
le  donne  encore  à  tous  ceux  qui  ayant  mené  une 
vie  lainte  &  chrétienne  ,  meurent  comme  ils  ont 
vécu  ;  &  on  le  leur  donne,  parce  que  c'eft  là  con- 
feffer  Jesus-Chp^ist  par  Tes  œuvres  &:  parfes  adions. 
Quelques  Conciles  ont  auffi  appelé  Confejjeurs  , 
les  Chantres  &  Plalmiftes  des  Eglilés ,  parce  qu'en 
langage  de  l'Ecriture ,  confit er i ,  c'eft  chanter  les 
louanges  de  Dieu, 
Confesseur  eft  auifi  un  Prêtre  fcculier  ou  religieux , 
qui  a  pouvoir  d'ouir  les  Chrétiens  dans  le  Sacre- 
ment de  Pénitence  ,  &  de  leur  donner  l'abfolution. 
Sacerdosqui  confitentes  audit ,  confejfiones  excipit; 
Sdcramenti  Pxnitentice.    adminijier  ,  l'Eglife  l'ap- 
pelle en  htin  Confefiarius ,  pout  le  diftinguer  de 
Confelfor  ,  qui  eft  un  nom  confacré  aux  Saints.  Un 
Confeffeur  doux ,  commode ,  indulgent.  Un  Confef- 
J'eur  rude,  févère ,  riside  ,  habile  ,  prudent. 
^CONFESSION.!".  f.Con/d-^^/fo.  Déclaration  que  l'on 
tait   de  quelque  choie.  Déclaration   que  l'on  fait 
<le  la  vérité.  La  Confejjion  tient  un  peu  de  l'accufa- 
lion.  On  confjjfe  ce  qu'on  a  eu  tort  de  faire.  La 
lepentance  le  fait    confeffer.   Une  ConfeJp.on   qui 
n'eft  pas  accompagnée  de  repentir ,  n'eft  qu'une  in- 
diicrccion    inlukante.    M.  l'Abbé  Girard.     Syn. 
Voye^^  Aveu. 
IJC?   On  dit,  en  termes  de  Droit,  dlvifer  la  Confefjion  ; 
pour  dire  ,  prendre  une  partie  de  ce  qu'un  homme 
confe/îe   &  rejeter   l'autre.  Ac.  Fr.  C'eft  une  ma- 
xime qu'en  matière  civile  on  ne   doit  pas    divilcr 
la  Conft'J/ion  ,'  il  la.    faut  prendre  toute  entière. 
■Confession    eft  auffl  une  déclatation  qu'on   fait  à 
un  Prêtre  de   tous  fes  péchés,  pour  en   recevoir 
l'abfolution.  Peccatorum  Sacerdoti  facla  confejjio  : 
confcientiœ  per facram  confejjlonem  perpurgacio.  La 
CoTifeffion  des  péchés  eft  une  des  parties  du  Sacre- 
ment de  Pénitence.  Tout  le  féjour  de  Saint  Paul 
à  Ephèfc ,  fut  d'environ  trois  ans  :  Pluiicurs  des 
Fidèles  venoient  confeifer    leurs  péchés  .•■  exemple 
remarquable  de  Confejjion  après  le  Baptême.  Fleuri. 
■  La  Confejjion  des  feuls  péchés  publics  &  très-griefs 
fe  faifoir  autrefois  publiquement  ;  maintenant  elle 
eft  auriculaire.  Il  faut  que  toutes  les  grandeurs  s'hu- 
milient devant  le  tribunal  de  la  Co/tfeffion.  Les  Con- 
fejjîons  doivent    être  enlevelies    dans    un   étemel 
iîlence  ,  fous  peine  du  dernier  fupplice  contre  qui 
fera  convaincu  de  les  avoir  révélées.  Ne    cherclie- 
.  t'on   pas    quelquefois  dans   ces  Confejjlons  froides 
&  hiftoriques,   le  ibulagement  de  la  confcience  , 
plîitot  que   l'amendement  de  la  vie.  Fléch.  Dans 
vos  Confejjlons  précipitées  vous  n'examinez  que  la 
furface  de  l'ame.  Jd.  Le  fceau  de  la  Confejfion  doit 
être  inviolable.    L'Abbé    Boilcau    a  fait  en  latin 
l'hiftoirc  de  la  Confefjwn  auriculaire. LesThcologiens 
Catholiques  &  les  Controverfiftes ,  comme  Bellar- 
min,  Valentia  ,  &c.   ont  démontré  la  ncceflîté  & 
l'ufagê  de  la  Confeffion    auriculaire    5c    détaillée 
des  péchés  ,  dcpuisics  premiers  liècles.  Le  Père  Ma- 
billon    réfute    DatUé  fur  cela,    -i4da  SS.  Bened. 
Sccc.  m ,  P.I  ,p.  Ix,  S>Cc.  où  l'on  trouvera  beaucoup 
de  chofes  utiles  fur  cette  matière.  S.  Eloi   étant 


C  O  N 


789 


Venu  en  c-igè  mur  j  Se  voulant  merrrè  fa  cbrifcicnc;^ 
en   repos,  confc/fa  devant  un  Prêtre  tout  ce  qu'il 
avoit  j-ait  depuis  la  jeuneffe.  C'eft  le  premier  exemple 
que  je  iache de  Confejji.  n  générale.  Fleury.  Hildc 
bold,  Evêquede  Soiifons,  fe  srouvânt  dangereufe- 
ment    malade     envoya    fa    Confeffion    par  écrit  à 
Hincmar  ion  Métropolitain  ^   lui"  demandant    des 
lettres  d'abfokition  -,  Hincmar  les  lui  envoya  ,  mais 
en  l'avertiHànt ,  qu'outre  cette  Conf£lon    générale  , 
il    devoir  ,  comme    il     ne    doutoit     point    qu'il 
n'eût  déjà  fait ,  fe  Gonfeflér  en  détail  à  Dieu  ic  à 
un  Prêtre,  de  tous  les  péchés  qu'il  avoit  commis 
depuis  le  commencement  de    fa  vie.   Par  où  l'on 
voit  qu'outre  la  Confejjion  générale  ,  c'cft-à-dire  j 
faite  en   général ,  &    ians  Ipécilicr  aucun  péché  j 
relie  qu'étoit  celle  d'Hildebold ,  il    e(t  néceflàiie! 
d'en  faire  une  particulière  j  détaillée  ,  &:  de  tous  fes 
péchés  ,    à    un    Prêtre.    Hincmar    appelle    aufli 
Confejjîon    générale  ,     une     Confeffion     faite    en 
général ,  fans  Ipéciiier  aucun  péché  ,  telle   qu'eft 
celle  que  l'on  fait  à  la  Méfié  &  dans  l'Office  Divin , 
en  récitant  le  confiteor.  Plufieurs   Théologiens  ont 
ttaité    du    fecret     de    la    Confejjion.   Lanfranc   , 
Arhevêque  de  Cantorbcry,  de  celanda  Confejjlone, 
Dominique  Soto,  dans  un  Traité  du  fecret.    Mal- 
derus ,  de  Slgillo    Confejjionls  jacramentalis ,  en 
\6i6   à   Anvers   .Lochon  en   1708  en   François  , 
Langlet  en  \-j\<^.  Traité Hijiorique  &  dogmatique 
du  fecret  inviolable  de  La  Confellion. 
C'ctoit  une  ancienne  coutume  en  quelqiles  endroits 
de  la  France  ,  &•  en  particulier  à  Paris ,  de  ne  point 
donner  de  Confeifeur  à  ceux  qu'on  conduifoit  au 
f.ipplice  -,  de   même  qu'aujourd'hui  encore  on  ne 
leur  accorde  point  la  Communion.  Le  Concile  de 
Vienne    condamna    cet    ufage  ;    6c    le  Pape  Gré- 
goire XI  écrivit  à  Charles  V  pour  le  faire  abolir  ; 
mais  inutilement.    Le  Seigneur  de  Craon  foUicita 
la  chofe  li  fortement,  qu'il  l'obtint  de  Charles  VI  , 
&  l'on  en  publia  l'ordonnance  :  mais  de  plus  il  fit 
élever  auprès  du  gibet    de    Paris   un   crucifix  de 
pierre  avec  fes  armes ,  &    c'étoit   au  >pié  de  cette 
Croix  que  long  tems  depuis  les  criminels  avoient 
coutume  de  fe   confeflêr  avanr   de  fubir  la  mort. 
Il  donna  un    fonds  aux  Cordeliers  de  Paris  en  lès 
chargeant  i  perpétuité  de  cette  œuvre  de  miféricorde» 
Cet  ufage  avoit  cependant  encore  fubfifté  en  quel- 
ques endroits  ,  &  l'on  en  ttouve  des  exemples  juf- 
qu'à  la  fin  du  XVP  iiècle. 

Les  Indiens  ont  auffi  chci  euic  une  éfpéce  de 
Confejfion  &  de  Pénitence  publique.  Voye^  Ta^ 
vernier.  Les  Juifs  ontauflî  une  elpècê  de  Confej- 
fion dont  ils  ontdreffé  des  formules  pour  ceux  qui 
ne  font  pas  capables  de  faire  le  détail  de  leurs  péchés. 
Ils  en  ont  d'ordinaire  un  compofé  félon  l'ordre 
de  l'alphabet  :  chaque  lettre  renferme  un  Péché 
capiral ,  qui  fe  commet  le  plus  fréquemment.  Ils 
font  cette  Confejfion  ordinairement  le  lundi  &  le 
jeudi,  ?)C  tous  les  jouts  de  jeûne.  Ils  la  répètent 
plufieurs  fois,  en  particulier  au  jeûne  des  pardons; 
de  plus,  lorlqu'ils  font  malades,  ou  en  péril  évident  : 
quelques-uns  la  diient  tous  les  foirs  avanr  de  fe 
coucher,  &tous  les  matins  quand  ils  fe  lèvent.  Lorf- 
que  quelqu'un  d'eux  fe  voit  ptès  de  la  morr  ,  il 
mande  dix  perfonnes ,  plus  ou  moins ,  félon  fa  vo- 
lonté ,  dont  il  faut  qu'il  yen  ait  un  qui  foit  Rabin  \ 
de  en  leur  préfence  ils  récitent  la  Confeffion  dont 
o,n  vient  de  parler,  f^oye^  Léon  de  Modene  ,  Part. 
5.  des  cérém.  des  Juifs ,  C/iap.  ^  &  6.  Ceux  que 
Saint  Jean  baptifoit  confeflbient  leurs  péchés  , 
comme  il  eft  marqué  cxpreifément  au  chap,  5  de 
S.  Mattk,  V  6,  ù  au  chap.  i.  de  S.  Marc,v.  <;. 

Comme  la  Confejfion  eft  une  partie  de  la  Pénî- 
tence ,  le  nom  Confejjion  s'eft  dit  autrefois  pour 
Pénirence  ;  &  parce  que  l'habit  &  la  profelïion  mo- 
naftique  font  un  état  de  pénitence,  on  a  pris  auffi 
Confejfion  dans  ce  fens  ;  &  un  Auteur  de  VHifiolré 
Ecclefiajiicjue  l'y  a  pris  de  même  depuis  peu  en 
notre  langue ,  mais  en  l'expliquant  :  car  ce  mot 
n'a  point  ce  fens  aujourd'hui  en  France.  Raminll 


7^o  CON 

à  la  fin  de  Ta  vie ,  par  les  inftantes  prières  des  Evê- 
queb  &  des  Abbés  ,  reçut  la  Confejjion  ,  c'eft-à-dire , 
l'habit  monaftique ,  6c  mourut  après  avoir  régne 
dix-hait  ans.  Fleury.  Koye^  Du.  Gange  au  mot 
Confession. 
Confession  ,  terme  de  liturgie  3c  d'Hiftoirc 
Ecclcliaflique.  CenfcJJion  croit  un  lieu  dans  les 
Egliles  lequel  étoit  ordinairement  fous  le  grand 
autel,  5i  ou  rcpoibicnt  les  corps  des  Saints  Mar- 
tyrs. C'eft  la  notion  qu'en  donne  le  Cérémonial 
des  Evoques ,  Z,.  1 ,  c.  i  z.  Cortf.Jfio.  Théodoret 
l'appelle  iàri^»Ti<,,  d,:jcen[c  ,  parce  qu'on  y  def- 
cendoit  par  quelques  degrés.  Telle  cil  à  Sainte 
Geneviève  à  Paris  la  Chapelle  qui  Te  voit  Tous  le 
grand  autel, &  à  laquelle  on  delcend  pat  quelques 
degrés.  S.  Etienne  de  Bourges ,  Notre-Dame  de- 
Chartrcs  ,  &  plulieurs  autres  Cathédrales ,  ont  en- 
core de  ces  Chapelles  fouterraines ,  que  l'on  nom- 
moit  autrelois  ConffJJion.  On  appelle  encore  la 
Coiifeffwn  des  SS.  Apôtres,  le  lieu  où  reix)(ent  à 
Rome  les  corps  de  S.  Pierre  &c  de  S.  Paul.  Go- 
deau  dit  Confeifionnal  a.\i.  lieu  de  Confijfîon.  Le  Pape 
Anaftafe  iit  le  Confejfionnal  de  S.  Laurent  Martyr, 
d'argent  mafif,  peiaiit  8o  ou  loo  livres.  Godeau. 
Ce  n'eft  point  l'ulage.  M.  Châtelain  dit  que  la 
ConfiJJion  eft  un  lieu  enrichi  devant  ou  derrière 
rautel,  d'où  Von  voit  au  deflbas  la  place  où  eil 
la  fépulture  d'un  Saint  ou  d'une  Sainte. 

On  prend  encore  ConfeJJîon ,  dans  les  Auteurs 
Ecclciîaftiqaes  ,  pour  ornement  de  ce  lieu  ou  repo- 
Ibient  les  reliques  des  Saints  -,  pour  un  oratoire  ; 
pour  lefiégeoù  un  Conf-eileur  entend  les  ConfiJ/ion s  , 
que  nous  nommons  Conf<:J]îonnal ,  &  pour  la 
pénirence  qu'il  impole.  Voye:^  Baronius  fur  le 
M  Ttyrologe  au  6'  de  Juillet  -,  du  Cange ,  les  Macri , 
H  ftman.  Acia.  SS.  Januar.  T.  Il  y  p.  176.  Feir. 
T   II, p.  ;5o. 

CONFESSION  ,  en  termes  de  Lirurgie,  fignifie  au/îl 
la  prière  du  confiteor  que  le  Prcrre  dit  debout 
&  courbé  au  pié  de  l'Autel,  au  comraîn:em_nt 
de  la  Mcflc ,  ou  dans  l'Office,  &:  que  celui  qui 
fert  la  meffe ,  ou  ceux  qui  récitent  l'Office  ,  répè- 
tent enfuite  au  nom  du  peuple  qui  y  alîifte.  On 
appelle  encore  ConfeJJion  la  réciration  de  cette 
prière.  A'oyt.j;  le  Card.  Bona.  Rerum  Lit.L.ÎI,C. 
1.  n.  5,  Item  le  lieu  où  le  Prêtre  réciroir  certe 
prière  avant  de  commencer  la  Mefle.  Conj'ulu^ 
Du  Cantre,  les  Macri ,  Hoffinan  ,  &c. 

CONFESSION  de  foi  ,  ert  une  lifte ,  ou  dénom- 
brement &  déclaration  des  articles  de  la  Foi  de 
l'Eglife.  C'eft  aulfi  la  déclaration  faite  de  bouche, 
ou  par  écrit ,  de  la  Foi  qu'on  profefle.  Fidei  pro- 
fej[lio,confeljîo.Tous  ceux  qui  demandent  des  Pro- 
vifions  pour  les  Prélatures ,  font  obliges  de  faire 
une  Confeffïon  de  foi-,  de  Jurer  leur  confeffion  de 
Foi.  Au  Concile  de  Rimini ,  les  Evêques  Catholi- 
ques blâmoient  les  dates  dans  une  ConfeJJion  de  foi , 
&•  marquoient  que  l'Eglife  ne  les  datoit  point.^oye^ 
Date.  Les  Hérétiques  en  ont  auffi  fait  dans  chacune 
de  leurs  Eglifes.  La  Confeffion  d'Austourg ,  eft  celle 
des  Lurhcriens,  préfentéë  à  Charles-Quint  en  1550. 
La  Confefion  Belgique,  &c.  S.  Jérôme  appelle 
aulfi  Confel/îon ,  toutes  les  louanges  qu'on  donne 
au  Seigneur ,  &  les  aétions  de  grâces  qu'on  lui 
rend. 

CONFESSIONNAI,  ou  CONFESSIONNAIRE.  f.m. 
Petit  banc  ou  clôture  où  le  Confeifeur  fe  tient 
dans  l'Eglife  pour  entendre  en  confeffion  les  péni- 
tens.  Confeffariifedes,  facrnm  Pœnitentite  Tiilunal, 
Confefflonale.  Aujourd'hui  un  Confe[fionn,il  eft  un 
ouvrage  de  menuifericcompoféd'unfiége  qui  fertde 
Tribunal  ,  &  d'un  prié-Dieu  de  chaque  côté: quel- 
quefois le  Confefjîonnal  eft  élevé  fur  un  marche- 
pié  ,  couvett  d'un  dôme,  orne  de  fculpture,  (^ir. 
L'uraare  n'^^^  point  de  dire  Confefjîonaire, 

CONFESSIONNAL,  roye^  Confession.  Terme 
d'HifT-oire  Eccléfiaftique. 

CONFESSTONISTE.  f.  m.  &  f.  C'eft  le  nom  que 
l'oa  donne  à  ceux  des  Luthétiens  c^ui  fuivenr  la  , 


CON 

Confe/Hon  d'Ausbourg.  Confejfionijla, 

gcrCONFESSOIRE  ,(l'adion)  terme  de  pratique, fe 
dit  quand  un  voilin  prétend  un  droit  de  fervitude 
fur  fon    voiiin, 

^Zr  CONFIANCE  lignifie  en  général  la  bonne  opi- 
nion qu'on  a  de  foi-meme  ,  ou  des  autres,  ou 
de  quelque  chofe  lur  laquelle  on  s'aifure  ,  on  fe  fie, 
ou  plutôt  l'effet  de  la  connoiiiance  &  de  la  bonne 
opinion  qu'on  a  des  bonnes  qualités  d'un  êtreen 
général ,  relatives  à  nos  intérêts  ,  qui  fait  que  nous 
nous  rcpolbns  entièrement  fur  lui.  Fiducia ,  Jirmx 
animi  confjîo. 

Confiance  ,  dans  un  fens  moins  étendu  ,  lignifie 
quelquefois  la  même  chofe  qu'efpérance  ferme  en 
quelqu'un,  en  quelque  chofe.  J'ai  grande  confiance 
en  vous ,  en  votre  fecours.  Mettre  fa  confiance  dans 
les  richeffes.  Il  ne  faur  point  mettre  la  confiance 
.  aux  choies  du  monde.  Il  eft  difficile  de  diftinguer 
l'alfùrance  folide  qui  produir  la  vérité,  de  la  djn- 
fiance  téméraire  qui  naît  de  l'erreur.  L'Homme  en 
la  propre  force  a  mis  fa  confinice.  Fiducia. 

Confiance  (îgnifie  aulfi  l'alfùrance  que  l'on  a  de  I2 
probité  &  de  la  difcrétion  de  quelqu'un ,  qui  fait 
qu'on  s'ouvre  6c  qu'on  fe  livre  à  lui  iansréferve.  C'eft 
dans  ce  iens  qu'on  dit ,  prendre  confiance  ,  mettre  là 
confiance  en  quelqu'un  ;  qu'un  homme  a  Izc^nfitn- 
ce  du  Prince  v  taire  agir  une  perfonne  de  c  'njuace, 
&CC.  La  confiance  nous  flatre  ,  parceque  e'clt  une 
marque  qu'on  nous  croit  prudens.  Nicol,  Ce  Prince 
a  une  entière  confiance  en  fes  Miniftres ,  il  fe  rc- 
pofe  fur  eux  des  affaires  les  plus  importantes, 

La  Confiance  des  autres  ne  naus  plaît,  que  par- 
ce qu'on  la  regarde  comme  une  preuve  qu'on  nous 
rrouve  du  mérite.  Es?.  La  trop  grande  con- 
fiance noils  abandonne  à  la  difcrétion  des  méchans. 
Cail. 

ÇCJ"  Confiance  fe  prend  auflî  quelquefois  pour 
une  liberté  honnête  qu'on  prend  en  cerraines  oc- 
caiions ,  aborder  quelqu'un  avec  confiance  ;  quelque 
fois  pour  fécurité  ,  haidieffe.  Confidentia ,  fiducia. 
Pailer  avec  confiance ,  aller  au  combat  avec  con- 
fiance. La  confiance  avec  laquelle  parle  un  bel  ef- 
prit ,  lui  donne  tout  l'avantage  dans  la  converfation. 
Val.  Il  avoit  de  \3l  confiance  dus  préfomption ,  & 
de  la  crainte  lans  foiblelfe.  Flécpt.  La  confiance  ferc 
plus  à  la  canverfation  que  l'efprir.  S.  Evr., 

gCJ"  Dans  l'ulage  ordinaire,  ce  mot  fe  prend  quel- 
quefois en  mauvaife  parr  comme  fynonyme  à 
préfomption  ,  confidentia  ;  mais  alors^il  eft  fouvenc 
dérerminc  à  cette  lignification  par  répithète  qui 
y  eft  jointe.  C'eft  ainfî  que  l'on  dit  qu'un  homme 
a  des  airs  de  c.9/;ji''.î;2C(?  5  qu'il  eft  plein  de  confiance. 
La  confi  ince  de  plaire  eft  fouvent  un  moyen  de 
déplaire  infailliblement.  La  Roch.  Les  uns  ont  une 
confi ince  fans  crainte,  &  ce  font  les  préfomp- 
tueux -,  les  autres  une  crainte  fans  confiance,  &  ce 
font  les  fbibles.  FlÉch.  Le  faux  refpeCt  de  nos 
amis  nous  endort ,  &:  nous  jette  dans  une  faufTe 
confiance.  Maleb.  Une  timidité  fcrupuleufe  eft  peut- 
être  plus  fùre  qu'une  confiance  décilivc  qui  ne  s'é- 
pouvante de  rien. 

Ip-CONFIANT ,  ANTE.  adj.  Ce  mot  dans  l'ufage  or- 
dinaire paroîr  fynonyrne  de  préfomptueux  ,  hardi 
à  entreprendre  ,  qui  s'imagine  pouvoir  venir  à  bouc 
de  tout.  Confidens.  C'eft  un   homme   confiant. 

M.  Fléchier,  écrivant  à  M.  Huer,  lui  dit:  vous 
voyez ,  Monfieur ,  que  je  ne  fuis  pas  fi  modefte 
que  vous  eulfiez  penfé,  &  que  vous  avez  a.fa'te 
à  un  homme  hardi  &  confiant ,  qui  prend  déjà 
des  rirres  d'amitié. 

Confiant,  ante.  part.  adl.  Qui  fe  confie  à  la 
fidélité  de  quelqu'un.  Plein  de  confiance.  Fidins. 

Votre  tendre  amitié 


Efi  confiante  ,  &  vous  ferei  trahie.  Voltaire. 

CONFICT ,  CTE.  vieux  adj.  Abforbé ,  rempli. 
CONFIDEMMENT  ,  adv.  avec  confiance.  Pronon- 
ce» confidamment.  Cum  fiducia.  Il  y  a  de  Ja  hontÇ 


C  ON 

à  révéler  un  fccrct  qu'un  ami   vous  dît  confiâetn- 
ment.  Familiariter  ,   amicè. 
CONFIDENCE.  L  f.  Communication  de  penfées  & 
de  lecrcts  entre  pcrfonnes  amies  ;part  qu'on  donne 
ou  qu'on   reçoit  d'un    fecrct.  Snmma  cum  aliquo 
Teruni  omnium    communicatio  ,  jiunma    animorum 
■conjunaio.  Rien  ne  flatte  plus  notre  oigueil  que  la 
•confidence  des  Grands ,   parce  que  nous  la  regar- 
■dons  comme  un  effet  de  notre  mérite.   Rochef. 
Bien  -des  gens  ne  font  des  confidens  que  par  im- 
puiHancc  de  garder  le  fecrer.   lu.  Les    crimes   ne 
•doivent  jamais  être    la  matière    d'une  confidence. 
NicoL.  Les  amitiés  les  mieux  établies  ,  &   les  con- 
fidences les  plus  éttoites ,  fe  relâchent  infenfible- 
ment.   S.  Evr.  La  foibklfe  &  la  déraangeailbn  de 
parler , font  plus  de  confidences  que  l'amitié,  S.  Evr. 
Le  Xliniftre  ne  vous  a  fait  une  confidence  ii  pri- 
vilégiée ,  que  par  vanité,   &  par    impatience  de 
conter  fa  bonne  fortune.  M.  Esr.  Il  y  a  mille  pe- 
tites  confidences  fort  chères  aux  perfonnes  qui  s'ai- 
ment 5  &  fort  peu  importantes   aux    indifférents, 
S.    Evr, 
^3"  Faire  une  faufîe   confidence    à    quelqu'un ,  c'eft 
lui  dire  en  fecret  quelque  chofe  de   faux  ,  ordinai- 
rement dans  le  deflcin  de  le  tromper. 
Confidence  ,  en  tetmes  de  Jurifprudence  Canoni- 
que ,   eft  une  paélion  illicite  ^C?  qui  a  lieu  lorf- 
que  le   titulaire  d'un   Bénéfice  ne  l'acquiert   qu'à 
-condition  de  le    réligner  à  un  autre  dans  un  cer- 
tain temps ,  ou  lorfqu'il  conlérve  le  titre  pour  lui , 
mais  à  la  charge  d'en  donner  les  fruits,  ou  pattie 
des  fruits  au  réfignant ,  ou  à  une  autre  perlbnne. 
Confiidenii.t.  C'elt  le  mot  dont  fe  fervent  les  Ca- 
noniiles.  La  Confiidence  fait  vaquer  le  Bénéfice ,  & 
eft  comparée  à  la  fimonie.    Le   premier  exemple 
que  l'on  trouve  de  confidence  en  matière    de  Bé- 
ncnce,  eft  de  l'an  918  ,  où  le  Moine  Tryphon  con- 
fcntit  contre  les  règles ,  de  n'être  ordonné  que  pour 
un  temps  Patriarche  de  Conftantinople  ,  &  de  re- 
mettre cette  dignité  à  Théophilaéte  ,  fils  de  l'Em- 
pereur Romain  le  Jeune,  quand  il  feroit  en  âge 
de  la  polféder. 

Il  y  a  deux  efpèces  àt  confidence  ;  l'une  qui  eft 
un  vTnifidei-commis  ,  quand  le  Collateur  confère  , 
ou  que  le  Réfignant  réligne  à'  condition  de  rendre 
le  Bénéfice  à  un  autre.  La  féconde ,  quand  l'un  porte 
le  titre  du  Bénéfice  ,  &  que  l'autte  jouit  des  fruits. 
Il  y  a  des  Bulles  des  Papes  qui  excommunient  les 
confidenci  tires  ,  &c  qui  les  privent  de  leurs  Béné- 
fices. L'Edit  de  Louis  XIII,  de  l'année  i(3io,art.  I, 
porte  que  fi  qucLiiiun  efi  convaincu  de  Jimonie  , 
ou  de  tenir  desBcnèfices  en  confiidence -,  il  fiera  pour- 
vu auxdits  Bénéfices  comme  vacans.  On  pourroit 
encore  ajouter  une  3'  elpèce  de  confidence  ,  qui 
eft  plus  cachée;  lorfque  des  perfonnes  de  qualité, 
qui  ne  peuvent  pas  jouir  des  Bénéfices,  les  font 
donner  à  des  Eccléfiaftiques  qui  leur  payent  de 
groifes  penfions. 
CONFIDENT  ,  ENTE.  f.  m.  &  f.  Ami  intime  à  qui 
on  confie  fes  plus  fecrètes  penfées.  Qui  alicujus 
confiais  imimus  efi.  Qjii  conjiliorum  ejt  particcps  , 
quicum  arcana  omnia  ,  fieria  ,  ']oca  ,  communiccs. 
Achates  étoit  le  confident  d'Enée.  Il  n'eft  point  de 
confidens  que  les  hommes  ménagent  avec  tant  de 
foin ,  que  ceux  qui  peuvent  devenir  leurs  Accufa- 
teurs.  M.  Esp. 
^C?  On  le  dit  figurément  &  poétiquement  en  parlant 
des  bois ,  des  tocheis ,  des  échos ,  ùc. 

Déferts ,  fieuls  confidens  de  toute  ma  douleur  , 
Je  viens  vous  découvrir  lesfiecrcts  de  mon  cœur. 

LaSuze, 

CONFIDENTIAIRE.  f.  m.  Qui  eft  coupable  de 
confidence  -,  qui  piète  fon  nom  pour  pof- 
féder  le  titre  d'un  Bénéfice,  &en  lailfer  le  revenu 
à  un  autre ,  ou  la  liberté  d'en  difpofer  quand  il 
voudra.  On  le  dit  auffi  de  celui  à  qui  on  prête  fon 
nom,  Confidenticrius,  C'eft  le  mot  dont  fe  fervent 


CO  N 


791 


les  Canoniftcs.  Ce  mot  eft  relatif  aux  deux  perfon- 
nes qui  font  la  paétion  illicite, 

CONFIER,  V,  a.  |p"  Commettre  quelque  chofe  à  la 
fidélité  ou  au  foin  de  quelqu'un  ,  fur  la  bonne  opi- 
nion que  nous  avons  conçue  de  fa  difcrétion  ou 
du  fecours  qu'on  en  peut  attendre.  Se  confier  ,  pren- 
dre confiance.  AUquid  alicui  credere  ,  concredere  , 
committere ,  a/icui  confidere.  Quand  on  a  de  vrais 
amis  ,  on  leur  doit  confier  tous  fes  fecrets.  On  ne 
doit  confier  les  places  fortes  qu'à  ceux  dont  la  fi- 
délité eft  bien  éprouvée.  Il  ne  fiiut  pas  fe  con- 
fier à.  la  foi  d'un  ennemi  réconcilié.  Le  fecrer  eft  un 
dépôt  lacré  ,  fur  lequel  la  haine  &  l'infidélité ,  mê- 
me de  celui  qui  nous  l'a  confié  ,  ne  nous  donne 
point  de  droit.  Bouh.  La  vanité  &c  l'impatience  de 
conter  une  bonne  fortune ,  difpolént  tellement  à 
s'ouvrir  &à  fe  confier,  que  les  plus  petites  occafions 
font  des  pièges  inévitables  ,mêmc  aux  plus  tetenus. 
M.  Esp.  On  ne  découvre  ,  &  on  ne  confie  fes  plus 
fecrettcs  penfées  ,  que  pour  décharger  fon  cœur 
des  chagrins  ou  des  joies  qu'on  ne  peut  plus  rete- 
nir. I0.  La  nation  Juive  ,  l'objet  du  mépris  des  au- 
tres nations  ,  eft  pourtant  celle  à  qui  Dieu  avoir 
confié  fes  oracles  lactés.  Claud.  Je  te  veux  bien 
confier  ma  vengeance.  Rac. 

CONFIE  ,  EE.  paît.  &;  adj.  Qui  eft  commis  à  la  dif- 
crétion ,  à  la  prudence  de  quelqu'un.  Creditus  , 
concreditus ,  commijfius. 

Un  fecret  follement  confié. 
Par  d'indifcrets  amis  efi  bientôt  publié. 

ViLL, 

CONFIGURATION,  f.f.  Forme  extérieure,  ou  fur- 
face  qui  borne  les  corps ,  &  leur  donne  une  figure 
particulière.^oy.FiGURE&  Surface,  i^o/v/z^j^mej. 
Les  moules  différens  donnent  une  différente  co;2jf-. 
guration  aux  corps  fur  lefquels  ils  font  formés.  Lô 
fœtus  acquiert  peu  à  peu  fa  parfaite  configuration^ 
La  vue  courre  ,  ou  la  vue  longue  ,  viennent  de  la, 
diverle  configuration  ducriftallin. 

ifT  On  le  dit  particulièrement  des  parties  infenli- 
blés  des  corps ,  de  leur  tilfu  ,  de  leur  arrangement 
particulier.  Selon  quelques  philofophes  ,  ce  qui  fait 
la  différence  fpécifique  entre  les  corps  ,  c'eft  la 
diverfe  configuration  S>c  la  diverle  fîtuation  des  par- 
ties ,  le  tilfu  intérieur  des  parties  infenlîbles.  Selon 
eux  les  élémens  de  tous  les  coips ,  des  métaux  > 
des  végétaux  ,  de  l'air  ,  de  l'eau  ,  &c.  font  les  mê- 
mes,  l'eau  ne  diffère  de  la  pierre  que  par  la  manière 
dont  les  élémens  de  ce  corps  font  arrangés  ,  pat 
leur  tifTu  ,  par  leur  con^^g-ttr^zz/ow  particulière ,  c'eft 
pourquo*i  Defcartes  ne  demandoit  que  de  la  ma- 
tière &  du  mouvement  pour  compolcr  un  monde. 

Configuration,  ou  afpecî  des  planètes  en  Aftrolo- 
gie  ,  eft  une  certaine  diftance  que  les  planètes  onc 
entr'elles  dans  le  Zodiaque,  par  laquelle  ,  félon  les 
Aftrologues ,  elles  s'aident  ou  fe  nuifent  les  unes 
aux  autres.  Cette  diftance  fe  mefure  par  le  nom- 
bre des  degrés  du  Zodiaque  ,  qui  fépare  ces  deux: 
planètes.  Situs  ,  pojitio. 

CONFINER.  V.  n.  Borner,  être  pioche  des  confins 
d'une  contrée,  d'un  pays.  Confinem  effe  ,  conter^ 
minum.  Mon  héritage  confine  avec  les  communes 
de  la  Paroiffe.  La  France  confine  avec  l'Italie ,  6c 
n'en  eft  féparée  que  par  les  Alpes.  Il  fe  conf' 
tiuit  auffi  avec  le  datif.  La  Champagne  confine 
au  Bairôis.  Ces  terres  confinent  à  la  forer. 

Confiner  ,  v,  a.  lignifie ,  enfermer  en  certain  lieu  de 
peu  d'étendue,  Aliquem  certis  finibus  confcri- 
i>ere  ,  concludere.  Confiner  dans  un  cloître  ,  dans 
une  prifon ,  dans  une  île,  §3*  Il  fîgnifîe  aulfi  re- 
léguer ,  bannir  hors  des  confins  d'un  certain  terri- 
toire. Vous  me  confine^  parmi  les  bêtes  fauvages 
qu'on  ne  peut  apprivoifcr  ,  relc^are  ,  ablegaré  , 
amandare, 

^3"  On  ditaulîl  fe  confiner  dans  une  folitude  ,  dans 
une  province)  ùcp  pour  dire,  s'y  retirer  volontaiê 


75)2.  CON 

rement.  Elle  s'cft  confinée  dans  l'a  maifon  de  cam- 


Au  bout  de  r Univers  vas  ,  cours  te  confiner  , 
Et  fais  place  à  des  coeurs  plus  dignes  de  régner. 

Rac. 

^T  Confiner  un  héritage ,  en  Jutifprudence  ,  c'efl;  1 

en  marquer  les  confins, 
CONFINÉ, ÉE.  part. Il  aies fignifications  de  fon verbe 
pris  en  lignification  adUve  ,  car  dans  la  fignification 
neutre  il^n'a  point  de  participe  pallifi  Relegaïus , 
deportatus  ,  &c. 
CONFINS,  f.   m.    pi.  Limites  d'an    champ  ,  d'une 
Seigneurie ,  d'un  pays.  Confifiia.  Il  faut  mettre  dans 
unefaifie  réelle  les  bornes  &:  cci/{/?/2j  d'un  héritage, 
c'eft-à-dire ,  Tes  tenans  5:  aboutilîans.  Les  confins 
de  l'Efpagne  font  la  mer  &;  les  Pyrénées.  Il  entra 
dans  les  confins  de  la  Médie.  Vaug. 
Ç2"  Les  confins  le  prouvent  par  les  bornes  ,  les  ti- 
tres &  les  témoins.  Les  bornes  prouvent  les  confins 
d'un  héritage  ,  ou  d'une  paroilTe ,  ou  d'un  terri- 
toire ,  lorqu'cUcs  ont  été  placées  fur  les  confins  , 
pour  fervir  de  limites. 
|tCF  Les  titres  qui  prouvent  les  confins  font  les  papiers 
terriers  par  lefquels  l'étendue  &  les  limites  d'un 
territoire  font  déclarés  &  déîignés  par  tenans    &: 
aboutilîans.  Lorfque  ces  deux  preuves  manquent , 
on  a  recours  à  la  commune  renommée  ,  qui  confifte 
dans  le  témoignage  de  plufieurs  habitans  du  lieu 
ou  des  environs    qui  déclarent  qu'ils  ont  vu  un 
tel  labour  ,  ou  tel  héritage ,  tel  Curé  dixmer  juf- 
qu'à  tel  endroit ,  ou   tel  Seigneur    fe,  faire  payer 
de  fes  droits  jufqu'à  tel  endroit , qu'ils  ont  oui  dire 
la  même  choie  à  leurs  prédéceileurs  \  &;  que  c'ert 
la  commune  renommée. 
ÇC?  Il  ne  faut  pas  confondre  les  hornes  avec  les  con- 
fins. Les  confins  ,  comme  on  voit  ,  appartiennent 
à  lachofe,  ils  lafinilTent. Les  ^or/z<?j  lui  font  étran- 
gères ;  elles  la  renferment  dans  le  lieu  qu'elle  oc- 
cupe ;  elles  fervent  à  marquer  les  limites.  Voyez 
Bornes,   Limitis,  Terme, 
Confins  ,  fe  dit  aulTi  figurément,  La  lumière  de  la  rai- 
fon  nous  conduit  jufques  fur  les  confins  de  la  Reli- 
gion. Abad. 
CONFIRE,    v.  a.  Je  confis ,  tu  confis  ,  il  confit ,  nous 
confiions  ,  vous  confije:^  ,  ils  confifent.  Je  confifois  , 
je  confis.  Je  confirai.  Confis.  Qu'il  confife.  Donner 
aux  fruits ,  aux  fleurs ,  aux  herbes ,  aux  racines  , 
certaines  préparations  en  les  infufantdans  du  fucre  , 
du  fyrop  ,  de  l'eau-de-vie  ,  &  pour  les  rendre  plus 
agréables   au    goût  ,  ou    pour  les  conferver  plus 
long  temps.   Condire.  Les  Anciens  ne    confifoient 
qu'avec  le  miel ,  maintenant  on  confit  avec  le  fu- 
cre. On  confit  des  cerifes ,  des  abricots  ,  des  prunes , 
des  oranges ,  des  citrons  ,  &c.  avec  du  fucre. 
Confire   fignifie    aulfi  ,    lailTer    tremper  ,   imbiber 
long  temps  un  mets  dans  la  fauce  ,  dans  le  vin  , 
dans  le  beurre  ,  dans  le  vignaire.  On  confit  les  cor- 
nichons-j  les  capucines  dans   le  vinaigre,  y^oye^ 
Cornichon. 
Confire  des  fardines.  C'efl: ,  après  qu'elles  ont  pris  un 
peu  de  fel ,  les  faire  frire  dans  la  poêle  ,  ou  rôtir  fur 
le  gril ,  &  les  mettre  dans  de  petits  barils  ,  avec  du 
laurier,  du  vinaigre  ,    du  poivre  &   du  girofle, 
qui  font  comme  une  efpèce  de  fauce. 

■On  dit  aulîi  qu'un  fruit  efl   tout  confit  fur  l'ar- 
bre \    pour    dire  ,    qu'on  ne  l'a    cueilli  qu'en    fa 
pleine  maturité.  Maturus,  conditus.  Il  fe  dit  parti- 
culièrement des  fruits  doux  ,  comme  l'abricot ,  les 
figues.  Les  Provençaux  fe  vantent  de  manger  les 
fruits  tout  confits  (nx^  les  arbres. 
Confire  eft  aulli  un  terme  de  chamoifeur  ,  qui  fi- 
gnifie ,  donner  une  certaine  préparation  aux  peaux 
avec  de  l'eau  ,  du  fel ,  de  la  farine,  &  autres  choies 
dans  une  cuve  appelée  confit.  Par  arc ,  apparare. 
Il  faut  confire  ces  peaux. 
CONFIT  ,  ITE.  part.  &  adj.  Conditus.  tfTOn  dit  que 
Izi  fruits  font  confits  fur  l'arbre,  quand   ils  fent 


CON 

extrêmement  mûrs  ,  &  cuits  par  le  folcil.  Ce  mot 
fe  prend  quelquefois  au  figuré  ,  dans  le  flyle  fami- 
lier feulement  •,  une  femme  toute  confite  en  dévo- 
tion ;  pour  dire  ,  qu'elle  cll^lans  les  grandes  prati- 
ques de  la  dévotion. 

Bien  efi-il  vrai  quil parloit  comme  un  livre  , 
Toujours  d'un  ton  confit  en  /avoir  vivre. 

Vert-vert. 

CONFIRMATIF,  IVE.  adj.  Qui  confirme,  qui  rend 
une  chofe  ferme  &  ftable.  Decretum,  ediclum  quo 
aliquid  confirmatur.  Cette  maxime  eft  fondée  fur 
la  loi ,  &  fur  plufieurs  ordonnances  confirmatives. 
Cet  arrêt  efl:  confirmatif  d'une  telle  fentence  du 
Juge  inférieur.  Cette  nouvelle  efl:  confirmative  de 
celle  que  j'avois  déjà  apprife. 

En  matière  bénéficiale ,  on  appelle  Bénéfice  élec- 
tif confirmatif ,  celui  pour  l'élcdlion  duquel  il  faut 
la  confirmation  du  Supérieur  ,  comme  du  Pape  ou 
du  Roi.   Beneficium    quod  confirmatione     indiget. 
On  prétend  qu'un  Bénéfice  cicctit' confirmatif ,  peut 
être  réfigné  par  permutation  ,  &  que  la  réfignation 
en   peut  êtte  admife  en  Cour  de    Rome  malgré 
ceux  à  qui  appartient  l'éledlion.  Le  Roi  prétend 
avoir  le  même  privilège  pour  les  Bénéfices  éleélift 
confirmatifs ,  dont  il  eft  le  CoUateur  ablblu  ,  vice 
Ordinarii ,  6c  vice  Papœ. ,  fauf  au  Chapitre  à  exer- 
cer fon  droit  d'éled:ion  en  cas  de  vacance  du  Béné- 
fice par  mort. 
CONFJPvMATION .  f.  f.  Ratification ,  titre  qui  rend 
une  choie  plus  ferme,  plus  ftable.  Confirmatio.  Le 
Roi  a  donné  des  Lettres  à  cette  ville  pour  la  confir- 
mation de  les  privilèges.  On  a  taxe  les   Officiers 
pour  la  confirmation  d'hérédité. 
§3"  Il  faut  remarquer  que  la  confirmation  d'un  aâ:e 
nul  n'empêche  pas  qu'on  n'en  puilîe  attaquer  la 
nullité.  Q^uod  nullum  ejî   ipfo  jure  ,  perperàm  & 
inutiliter  confirmatur.  Une  donation  qui  n'eft  pas 
infinuce  ,  eft  confirmée  inutilement  ;  un  héritier 
qui  feroit  quelque  aéle  en  conféquence  d'une  telle 
donation  ,  ne  feroit  pas  moins  en  droit  d'en  atta- 
quer la  nullité.  De  même  la  confirmation  que  feroit 
le  Roi ,  d'un  privilège  qui  ne  feroit    plus    vala- 
ble ,    ne   donncroit  pas  plus  de  force  à  ce  privi- 
lège. \Qitia  qui  confirmât,  nihil  dat  de  novo  ,  fed. 
datum  tantùm  confirmât.  Il  n'en  eft  pas  de  même 
quand  l'acte  n'eft  pas  nul  de  foi ,  &  qu'il  s'y  trouve 
feulement  quelque  défaut  qui  peut  le  faire  callêr  ; 
dans  ce  cas,  fi  celui  qui  y  a  quelque  intétèt ,  l'ap- 
prouve en  quelque  façon  que  ce  foit ,  il  n'eft  plus 
rccevable  à  s'en  plaindre. 
03"  Confirmation  fe  dit  aulfi  en  matière  Bénéficia- 
le de  l'acfte  par  lequel  le  fupérieur  confirme  l'élec- 
tion de  celui  qui  eft  pourvu  d'un  Bénéfice  éle(5lif , 
confirmatif.  Voye:^  ces  mots  &:  Bénéfice. 
03"  Confirmation  fe  dit  aulfi  dans  le  difcours  ordi- 
naire ,  de  l'aflurance  nouvelle  &  plus  exprelle  d'une 
chofe  qui  avoir  été  annoncée  comme  vraie  \  j'anends 
par  le  courier    la  confirmation  de   cette  nouvelle. 
Nous  avons  reçu  la  confirmation  de  fon  mariage. Ce 
que  vous  dites  là  a  befoin  de  confirmation.  Il  eft 
de  la  prudence  d'attendre  la  confirmation  des  nou- 
velles publiques  avant  que  d'y  ajouter  foi ,  &  d'être 
en  garde  contre  les   tricheries   de  la  renommée. 
Voye:;;_  Confirmer. 
CoMFiRMATioN  ,   en  tetmes  de  Rhétorique,  efl:  la 
troifième  partie  d'un  difcours ,  dans  laquelle  l'Ora- 
teur doit  prouver  par  loix  ,  raifons ,  autorités  ,  & 
autres  moyens ,  la  vérité  des  faits  &:  des  propofi- 
tions  qu'il  a  avancés ,  foit  dans  fa  narration  ,  foit 
dans  la  divifion.  C'eftce  que  nous  appelons    preu- 
ves &  moyens.  Cette  partie  qu'on  appelle  généra- 
lement contention  ,  renferme  la  preuve  de  ce  que 
l'orateur  a  avancé  &  la  réfutation  des  raifons  de  la 
parrie  adverfe. 
Confirmation,  en  Théologie  ,  eft  un  Sacrement  ds 
l'Eglifc ,  le  fécond  en  ordre ,  qui  outre  la  grâce 
iânâ:ifiante  j  cofifcrç  des  grases  ^'sciî^s*  ^°'^^  cod- 

feiTci 


I 


C  O  M 

feflcr  courageufcmen:  la  foi  de  J.  C.  Confirmationis 
Sdcramcntum.  La  Confirmation  cil  un  des  trois  Sa- 
cremens  qui  impriment  caradlère  ;  ainfi  il  ne  peut 
être  réitéré.  L'Evêque  feul  peut  donner  X's.Conjir- 
mation.  La  forme  de  ce  Sacrement  conlîrte  dans  l'o- 
raifon  qui  accompagne  rimpofuion  des  mains  & 
dans  les  paroles  jointes  à  l'ondlion  faite  avec  le 
Saint  Chrême.  On  voit  encore  ici,  (  Art. XIX.) 
comme  à  la  converfion  de  Samarie  ,  deux  Sacre- 
mens  diilingués.  Le  Baptême  ,  qui  eft  donne  psr 
d'autres  que  par  les  Apôtres ,  comme  par  des  Pie- 
rres ,  ou  des  Diacres:  l'impofition  des  mains,  pour 
recevoir  le  S.  Efprit ,  c'eft-à-dire  ,  la  Confirmation  , 
qui  ne  peut  être  donnée  que  par  les  Apôtres  en 
perfonne  ,  &  par  les  Evêques  leurs  fuccelleurs. 
Fleury.  Tertullicn  dit ,  dans  ion  Traité  du  Baptê- 
me ,  qu'au  Ibrtir  de  l'eau  nous  recevons  l'onélion  , 
d'où  vient  le  nom  de  Chrétien  ;  qu'cnfuite  on  nous 
impofe  la  main ,  avec  la  béncdiclion  &  l'invocarion 
du  S.  Efprit  -.  où  il  marque  le  Sacrement  de  Co-:- 
firmation.  Id.  S.  Cyprien,  dans  fa  lettre  j^  ,  à  Ju- 
b.'iien  ,  marque  très-diftinélement  la  tradition  ti 
l'ufagc  de  la  Confirmation  par  l'impolition  des 
mains  de  l'Evêque  ,  depuis  les  Apôtres  jufqu'à  lui. 

S.  Grégoire  ayanr  écrit  L.  /i/,  ê)j.  5»,  à  Janvier 
de  Cagliari  que  les  Prêtres  ne  dévoient  pas  oindre 
du  Saint  Chrême  au  front  les  enfans  baptifés  ;  mais 
feulement  leur  faire  l'ondlion  fur  la  poitrine  ,  Jaif 
fant  aux  Evêques  à  leur  taire  enfuite  l'oniilion  fir 
le  front ,  quelques-uns  en  furent  contriftés.  Il  ré- 
pondit donc  ,  qu'il  permettoit  même  aux  Prêtres 
de  faire  aux  baptifés  l'ondlion  du  Saint  Chrême 
fur  le  front  ,  au  défiut  des  Evêques  ;  d'où  pluiieuvs 
Théologiens  concluent  que  bien  que  l'Evêque  ibit 
le  Miniftre  ordinaire  du  Sacrement  de  Confirma- 
tion,  il  n'eft  pas  fcul  miniftre,  &  que  le  Prêtre  le 
peut  adminiftrer  ,  s'il  en  a  permiifion.  Et  Ratram- 
ne  ,  en  répondant  aux  Grecs  ,  L.  IV .,  c.j,  ne  nie 
pas  que  les  Prêtres  aienr  ce  droit  &:  ce  pouvoir  -, 
mais  feulement  il  dit  que  ce  n'efl  point  l'ulage. 
Voye:^  plus  bas  ce  qui  regarde  les  Grecs.  Le  Con- 
cile de  Rouen  de  1071 ,  canon  7  ,  ordonn;  que  cc- 
Jui  qui  donne  la  Confirmation  ,  &  ceux  qui  la  reçoi- 
vent ,  feront  à  "Jeun  ■■,  &  qu'on  ne  la  donnera  point 
fans  feu.  Apparemment  c'étoit  pour  lignifier  le  feu 
du  S.  Efprit ,  ou  pour  marquer  les  langues  de  feu 
qui  defcendirent  fur  les  Apôtres  le  Jour  de  la  Pen- 
tecôte. Dans  les  commencemens  les  Evêques  la 
donnoient  immédiatement  après  le  Baptême,  dont 
elle  étoit  en  quelque  manière  la  perfedlion.  C'ell: 
pourquoi  les  Pères  l'ont  appelée  la  perfection  du 
Chrétien  ,  &  l'accompUifement  du  Baptême.  Dans 
la  Confirmation  l'Evêque  répand  le  Saint  Chrême 
furie  front  des  fidèles  baptifés,  en  difant  ces  pa- 
roles :  Je  vous  marque  au  fi%ne  de  la  Croix ,  £•  je 
vous  fortifie  par  le  Chrême  du  falut.  N.  Signo  te  fi- 
gno  crucis  ,  &  confirmo  te  Chrifmate  falutis  ,  in  no- 
mine  Patris  ,  &c. 

Caucus  ,  Archevêque  de  Corfou  ,  dans  le  livre 
qu'il  a  écrit  touchant  les  erreurs  des  nouveaux 
Grecs  ,  adrelfé  au  Pape  Grégoire  XIII,  rapporte 
entre  leurs  erreurs  celle-ci  :  qu'ils  ne  reçoivent  point 
la  Confirmation.  Mais  il  s'eft  tiompc  •,  car  non-feu- 
lement les  Grecs ,  mais  aulTt  toutes  les  autres  focié- 
tés  Chrétiennes  d'Orient,  ynetKnx.\x  Confirmation 
au  nombre  des  Sacremens.  Ce  qui  a  trompé  Cau- 
cus  ,  c'eft  qu'il  en  a  jugé  par  rapport  aux  ufages 
des  Eglifes  d'Occident  ,  où  ce  Sacrement  eft  con- 
féré féparément  du  Baptême  ,  au  lieu  que  dans 
toute  l'Eglile  Orientale  on  le  donaeen  même-temps 
que  le  Baptême.  De  plus  le  Prêtre  parmi  les  Grecs 
adminiftre  ce  Sacrement ,  comme  on  peut  le  voir 
dans  la  Differtation  que  Lucas  Holfténius  a  com- 
pofée  fur  ce  fiijet  ,  &  que  le  Cardinal  François 
Barberin  a  fait  imprimer.  Ce  favant  homme  afllire 
que  cet  ufage  eft  fi  ancien  dans  l'Eglife  grecque  , 
que  le  pouvoir  de  confirmer  eft  devenu  comme  or- 
dinaire aux  Prêtres ,  qui  ont  reçu  des  Evêques  ce 
pouvoir  -,  &  c'eft  en  ce  fens  que  plulîeurs  de  nos 
Tome  H. 


C  O  N  7^^ 

Théotogierts  latins  difent  que  l'Evêque  eft  leMiniftre 
ordmaire  de  Ï2.  Confirmation ,  mais  que  les  Prêtres 
la  peuvent  donner  ,  &  l'ont  même  donnée  en  l'ab- 
fcnce  des  Evêques ,  comme  Miniftres  extraordinai- 
res. Le  Sacrement  de  Confirmation  eft  marqué  dans 
les  Adcs  des  Apôtres  par  l'impofition  des  mains. 
Les  anciens  Pères  l'ont  nommé  Chrême  &  Onc- 
tion ,  &  encore  aujourd'hui  les  Grecs  l'appellent 
Chrifima ,  c'eft-à-dire  ,  OnUion.  Cette  fainte  Onc- 
tion,  dit  le  Père  Amelote ,  eft  un  figne  religieux 
qui  reprcfente  &  honore  le  Fils  de  Dieu  ,  com- 
me factc  parle  S,  Efprit,  qui  demeura  en  lui  dès 
le  premier  moment  de  fa  vie.  Le  Sauveur  le  dé- 
clara lorlqu'il  lut  cet  oracle  d'Ilaïe  dans  la  Synago- 
gue de  Nazareth ,  &  qu'il  l'expliqua  de  fa  perfon- 
ne même  :  L'Efiprit  du  Seigneur  efl  fiur  moi  ,  il 
m'a  fiacre  de  fion  onction.  Luc  c.  4,^.  18.  Les  plus 
anciens  Pères  latins  ont  auHi  appelé  ce  Sacre- 
ment Chrifima  &c  Unciio.  Les  difputes  de  Petrus 
Aurelius  &  du  P.Sirmond  fur  le  Sacrement  de  Con- 
fiirmation  ont  fait  beaucoup  de  bruit  ;  Aurelius  eut 
d'abofd  un  grand  nombre  d'approbateurs  \  mais  le 
lencimentdu  Père  Sirmond  dok  être  préféré-,  les 
plus  habiles  gens  lui  ont  enfin  rendu  Juftice. 

Ip*  CONFIRMER,  v.a.qui  a  différentes  acceptions. 
C'eft  en  général  rendre  plus  ferme  ,  plus  ftable 
en  employant  un  nouveau  moyen  ,  un  renfort.  Fir  - 
mare ,  confirmare.  Les  miracles  confirment  les  pre- 
miers fidèles  dans  la  foi.  Cela  m'a  confirmé  dans 
mon  opinion  ,  dans  mon  projet. 

^fT  On  le  dit  à -peu-près  dans  le  même  fens  en 
parlant  des  droits,  des  privilèges  &  autres  chof-s 
femblables  que  les  Souverains  ou  Seigneurs  conti- 
nuent à  ceux  qui  en  joui/fent ,  en  leur  accordant 
de  nouvelles  lettres.  Le  Roi  a  confirmé  les  droits , 
les  privilèges  de  telle  ville,  de  telle  communauté  , 
de  telle  compagnie  :  il  les  a  confirmes  dans  leurs 
privilèges  ,&c.  Il  y  a  une  nouvelle  Ordonnance  fur 
ce  fujet  qui  confirme  toutes  les  autres. 

DCJ"  Confirmer, en ^terme  de  Jurifprudence  , c'eft  dé- 
clarer ou  reconnoître  un  aéie  valable  :  reconnoîcre 
pat  un  acquiefcemenr  à  fon  exécution  ,  ou  en  or- 
donner l'exécution  par  un  jugement.  Une  dona- 
tion ,  un  teftament,  &c.  font  confinés  ou  par  un 
jugement,  ou  par  l'acquiefcement  des  parties.  Le 
Juge  fupérieur  confirme  ou  infirme  une  fentence 
dont  eft  appel. 

^3'  Confirmer  fignifie  encore  avoir  recours  à  \\x\z 
nouvelle  preuve  ,  ou  au  témoignage  d'autrui ,  pour 
appuyer  quelque  chofe.  C'eft  un  renforr  qu'on  op- 
pofe  au  doute ,  &  donc  on  appuie  ce  qu'on  vcur 
petiuader.  Dans  cette  acception  ,  on  le  regarde 
comme  fynonyme  d'afiurer  &  d'affirmer  -,  mais  ces 
mors  ont  leurs  nuances  particulières.  Le  trop  d'at- 
tention à  vouloir  tout  confirmer^  rend  la  conver- 
fition  ennuyeufe  (Si  fatiguante.  Les  gens  impolis  veu- 
lent quelquefois  confirmer  par  leur  témoignage,  ce 
que  des  perfonnes  fort  audeffus  d'eux,  difent  en  leur 
préfcncc.  La  bonne  manière  défend  de  rien  affir- 
mer ,  que  lors  qu'on  eft  dans  le  cérémonial  de  la 
juftice  ;  elle  ordonne  d'avoir  foin  de  confirmer  ce 
qui  peut  paroître  extraordinaire ,  ou  erre  fu^et  .à  con- 
teftation-,  &:  elle  permet  dans  le  difcours,  l'air  & 
le  ton  affurant  yiots  qu'on  s'appcrçoit  que  les'per- 
ibnnes  à  qui  on  parle  ne  font  pas  au  fait  de  ce  qu'on 
dit,  &  n'en  jugent  que  par  la  contenance  de  l'Orateur. 
{13^  On  confirme  une  nouvelle  qui  avoir  été  dé- 
bitée pour  vraie  ,  quand  on  en  donne  de  nouvel- 
les aflurances  ,  des  aflîirances  plus  cxprefles.  On 
confirme  un  hit ,  une  propofition  que  l'on  a  avan- 
cée, en  apportant  de  nouvelles  preuves  ,  de  nou- 
velles autorirés ,  de  nouveaux  moyens.  Cette  let- 
tre confirme  la  nouvelle  de  fi  mort.  Il  a  confir- 
mé cette- vérité  par  des  autorités  rirées  des  Pères 
de  l'écriture. 

fer  On  le  dit  auffi  avec  le  pronom  perfonne!.  Se 
confirmer  ,  devenir  plus  ferme  ,  plus  ftable,  plus 
folide.  Firmari  ,  confirmari.  Sa  fantc  le  con- 
firme de  jour  en  jour ,  c'eft-i-dire  qu'on  a  taus  les 

HHHhh 


754  C  O  N 

jours  (.le  nouvelles  preuves  que  fa  fanté  fe  tctaMit 
de  plus  en  plus.  On  nous  avoir  mandé  relie  choie 
de  l'aimée  -,  mais  ce  bruir  ne  lé  coiijirme  pa.s. 

^  Confirmer  un  cheval ,  rerme  de  Manège.  Ceit 
achever  de  le  drellér  aux  airs  du  manège. 

gCT  Confirmer  lignifie  auUi  conférer  le  Sacremenr  de 
Confirmation ,  bacremenr  qui  forrifie  dans  la  grâce 
reçue  au  Bapreme.  Co/ifirmaiioms  jacrumencum  im- 
j'/ruri.  Un  tel  a  érc  'conjirmc  par  tel  Evêque.  Le 
droit  de  confirmer  n'appartient  qu'aux  Evèques. 
Voye^  Confirmation  ,Jacrementi 

f3"  t)n  dit  en  théologie  que  Dieu  cow/me en  grâce, 
qu'un  Chrétien  eft  confirme  en  grâce-,  pour  dire,  que 
Dieu  accorde  une  ilirabondance  de  grâce  ,  par  le 
moyen  de  laquelle  on  perrevère  dans  la  juftice.  Les 
Apôtres  furent  ccrfirmas  en  grâce  ,  quand  ils  eurent 
reçu  le  Saint-Eipnr. 

ICJ-  CONFIRMÉ ,  ÉE.  part.  Foyei  le  verbe. 

§Cr  CONFISCABLE.  adj.  Qui  peut-être  confifqué. 
Fifco  addifcendus.  Ses  biens  l'ont  co/ifijcabUs  au  Roi. 
Maucroix. 

CONFISCANT  ,  adj.  v.  terme  du  Palais ,  fur  qui  peut 
tomber  la  confilcation.  On  dit  des  gens  de  main- 
rnorte  ,  qu'il  faut  qu'ils  donnent  au  Seigneur  un 
homm  e  vivant ,  mourant  &  confifcant  -,  pour  dire  , 
par  la  faute  duquel  le  fief  puillé  être  co/z/y^/ze. 

CONFISCATION,  f.  f.  Adjudication  qui  lé  fait  au 
profit  du  Roi  ou  des  Seigneurs  Haut-Jufticicrs  , 
des  biens  d'un  homme  condamné  à  mort.  On  le  dit 
«ufîl  des  biens  confij^uis.  Bonorum  alicujus  fi.jco 
aidiclio  ,  confij'cauo.  Ily  a  des  provinces  où  k  con- 
filcation n'a  point  de  lieu  ,  fi  ce  n'eft  en  ciime  de 
Lèze-Ma)efl:é.  Le  Roi  Jean  a  accordé  ce  privilège  à 
l'Aquitaine.  Ce  crime  emporte  confifcation.  Il  a  ob- 
tenu du  Roi  la  confifcation  d'un  tel.  L.a  confifca- 
tion  efi:  au  profit  du  Roi  quand  il  y  a  félonie.  S. 
Louis  réunit  à  la  Couronne  le  Comté  de  Dreux  , 
ôrc  par  arrêt  de  confifcation  à  Pierre  de  Dreux.  La 
Guyenne  ,  l'Anjou  ,  la  Touraine  ,  le  Maine  ,  l'Au- 
vergne ,   font  venus  à  la  Couromie  par  confijca- 

tion.    L'HOMMEAU. 

1^  Le   mot    confifcation  vient  de  celui  de  Me  qui 
ligninoit  au  ttefois  les  trélbrs    du   Prince  &  ceux 
de  la  République  ,  exprimés  par  le  mot  orarium , 
à'où  l'on   pourroit   dire  que  les  Seigneurs  Kaut- 
Jufliciers  n'ayant  point  de  fifc  ,  la  confifcation  ne 
devroit  regarder  que  le  Prince. 
|Cr  Cependant   ils    jouiflénr  de  ce   droit    pour  les 
biens  &  effets  d'un  homme  condamné  à  mort  na- 
turelle ou  civile  dans  l'étendue  de  leur  feigneurie  , 
&  cela  en  vertu  d'ancienn^'s  conceirions  de  nos  Rois, 
renouvel lées  &  confirmées  dans  la  fuite  ;  mais  fur 
la  confifcation  qui  appartient  aux  Seigneurs  Haut- 
Jufticiers ,  l'on  adjuge  une  amende  au  Roi ,  pour 
réparation  de  l'injure  faite  au  public  par  le  crime 
du  condamne. 
$3-  CONFISERIE,  f.  f.  L'art  de  faire  des  confitu- 
res &  autres  ouvrages  en  fucre  ,  bifcuits ,  maca- 
rons, 6'c.  CoWzwj,  conditiira.  Cet  OiHcieï  entend 
bien  la   confiferie. 
CONFISEUR,    f.    m.  Qui   confit  ,  qui  prépare  des 
fruits  ou  autres  choies  avec  du  lucre.  Conditvr.  Cet 
Officier    eft  un  excellent  Confifcur.  Voyez    Con- 
fiturier. 
CONFISQUER,  v.a.  Adjuger  au  fifc,  ou  à  ceux  qui 
en  ont   les  droits.    Alicujus  bona  fifco   adAicere  , 
confifcare.  On  confifquc  les  corps  &:  les  biens  des 
criminels  &  des  rebelles.   On  confifqui  au  profit 
des  Traitans  toutes  les  marchandilés  qu'on   veut 
faire  paffer  en  fraude  ,  6i  fans  payer  les  droits  éta- 
blis. Qui  confifqué  le  corps  ,  confifqué  les  biens  au 
profit  du  Roi  ou  du  Seigneur  de  fief:  c'eft  un  axiome 
du  Droit  françois ,  qui  veut  dire  que  celui  qui  eft 
condamné  pour  crime  à  perdre  la  vie^  doit  aufîl 
perdre  les  biens',  cependant  les  veuves  de  ceux  qu' 
font  condamnes,  ne  perdent  point  leur  douaire, 
ni  leur  part   des  biens  de  la  communauté  par  le 
forfait  de  leurs  maris.  L'Hommeau. 
Pu  dit,  en  matière  de  fiefs,  qu'un  vafîàl  confif 


C  O  N 


<]Ve  fon  fief-,  lorfqu'il  dénie  à  fpn  Seigneur  celui 
dont  il  relève ,  &c  qu'il  ne  lui  veut  pas  rendre  la 
toi  6c  hommage  -,  &  alors  on  dit  que  le  fief  tom- 
be   en  commilé.    ^oye^  ce  mot. 

Confisqué  ,  Éi.  part. 

Confisqué  le  dit  aulTi  d'un  homme  dont  la  for- 
tune eft  ruinée  ,  ou  dont  la  fanté  eft  défefpéree. 
Exprellion  du  difcours  familier.  Perditus  ,  ever- 
fus  ,  labefaclus  ,  confeclus.  C'eft  un  homme  con- 
fifquc ,  qui  ne  relèvera  jamais  de  cette  maladie. 
Sa  fortune  eft  confifquée,  il  a  déplu  à  fon  maître, 
il  eft  comfifqué. 

CONFIT  ,  f.  m.  terme  de  chamoifeur.  Sorte  de  cuve 
où  l'on  met  confire  les  peaux  de  mouton ,  d'ag- 
neau Se  de  lièvre.  Locus  ad  moliendas  pmparan- 
dafque pelles  idoneusyconditorium.  Mettre  les  peaux 
au  confit. 

Confit.  Les  Marroquiniers  appellent  aufTi  confit  , 
l'excrément  du  chien  délayé  dans  l'eau  tiède ,  dont 
ils  lé  fervent  pour  la  fabrique  de  leurs  maroquins. 

CO^FITEOR.  f.  m.  Terme  latin.  Prière  qu'on 
fait  avant  que  de  lé  confellér.  Confeffio.  On  la  fait 
aulfi  dans  l'églife  à  la  melTe ,  à  prime,  &  à  compiles 
en  certains  offices  marqués  dans  le  Bréviaire.  Oa 
dit  aulîl  à  ceux  qui  font  en  danger  de  mourir,  ou 
qui  y  font  condamnes ,  dites  votte  confiteor. 

On  a  dit  aulTi  populairement  d'un  homme  qu'on 
doit  appliquer  à  la  queftion  ,  ou  à  qui  l'on  fait 
fujir  l'interrogatoire  -.on  lui  fera  dire  fon  confiteor» 
c'  .-ft-à-  dire  ,  avouer  le  fait ,  dire  ce  qui  en  eft. 

CONFITURE,  f  m.  Préparation  faire  avec  du  fucre 
ou  du  miel,  qu'on  donne  aux  fruits  ,  aux  herbes, 
aux  fleurs ,  aux'racines ,  ou  à  certains  fucs ,  pour  les 
rendre  plus  agréables  au  goût ,  ou  pour  les  confer- 
ver^  Il  fe  ditprefque  toujours  au  pluriel.  Condi- 
mcntum  ,  fruclus  faccharo  conditi, 

fCr  On  fait  des  confitures  liquides  &  des  confia 
tures  fèches.  Les  liquides  font  des  fruits  entiers 
ou  divifés  ,  confis  dans  un  firop  liquide  ,  de  la 
môme  couleur  que  les  fruits  qui  y  ont  bouilli.  Les 
fèches  font  des  fruits  qui ,  après  avoir  bouilli  dans- 
un  firop ,  ont  été  cgoutés  Se  féchés  au  four. 
%T  On  fait  aulfi  dqs  œnfitures  mufquées ,  ambrées, 
glacées.  ' 

Les  confitures  à  mi-fucre  ,  font  celles  oix  l'on 
met  peu  de  fucre  ,  afin  qu'elles  conlérvent  davan- 
tage le  goût  du  fruit.  Il  y  a  une  inflruclion  pour 
les  confitures  ,  les  liqueurs  &  les  fruits  ,  oii  l'on 
apprend  à  confire  toutes  fortes  de  fruits  ,  &c.  Paris 
171 5  ,  ^  plufieurs  autres  depuis, 
'"fT  Confiture,  au  figuré,  vieux  mot  fynonyme  <à  af^ 
faifonnement.  Condïmentum.  La  confiture  d'amitié 
git  en  mœurs  douces.  Amicitia  condïmentum  ,Jua- 
vitas  morum  ;  condimenta  omnium  fermonum  fa^ 
cetiœ. 

Ce  mot  vient  du  latin  confeclura.  Ménage.  On 
trouve  dans  la  baflé  latinité  ,'  confecla  dans  ce  fens. 
Dc-là  s'eft  fait  confeclura  ,  &  de  celui-ci  le  nom 
françois.  Confecla  vient  de  conficere  ,  faire  prépa-- 
rer ,  accommoder.  Les  confitures  font  des  fruit .  pré- 
parés. C'eft  dans  le  même  fens  qu'on  les  a  auiiî  ap- 
pelés dans  la  baffe  latinité  compofitalict.  Voyez  les 
notes  du  P.Papebroch  fur  les  adles  des  SS.  Berthold 
&  Meurie.  Jan.  T. IF,  p.  6i. 
CONFITURIER,  f.  m.  Marchand  qui  fait  &:  qui  vend 
des  confitures.  Conditor.  Quelques-uns  l'appellent 
Confifcur.  Quelques  autres  diftinguent  ces  deux 
mots,  Se  appellent  Confifcur  ,  celui  qui  confit  ef- 
fectivement les  fruits  -,  &  Confiturier  ,  celui-là 
feulement  qui  en  fait  commerce. 
CONFITURIERE.  f.  f.  Celle  qui  fait  &:  qui  vend  des 

confitures. 
CONFLAGRATION,  f.  f.  Incendie  générale  d'une 
ville  ou  de  toure  autre  place  confidérable.  Incen- 
dium  ,  exujiio  ,  dêfla^ratio.  Il  y  eut  de  beaux  édi- 
fices ruinés  dans  la  confiagrat'ion  de  Troye.  Néron 
fir  accufer  les  Chréticns"^  de  la  Conflagration  de 
Rome. 

ifj'  Ce  terme  eft  peu  en  ufage  en  ce  fens  :  il  pa- 


C  O  N 

roîc  reftreînt  à  lignifîei:  i'embrafcment  univerfel 
qui ,  lelon  les  livres  laines ,  doit  arriver  à  la  fin 
des  liècles ,  dans  lequel  la  terre  iera  conilimée  par 
un  déluge  de  t'en.  Encore  vaudroit-il  mieux  ic  ibr- 
vir  ,  même  dans  ce  cas  ,  cv'cmbrafement  ,rynonyme 
plus  autorilc  par  l'ulage. 

Les  Payens  iemblent  avoir  eu  quelque  idée  de  la 
confiagration  du  monde  ,  qui  arrivera  au  dernier 
jour. 

Les  magnifiques  images  de  nouveaux  cieux  ,  & 
d'une  terre  nogvclle  reformée  du  cahos  après  la 
cotifuzgraùon,  ont  efl'cClivement  l'aifi  tout  le  mon- 
de.  Rousseau. 

GONFLANTS  ,  CONFLANS  ou  GONFLANT. 
G'eft  le  lieu  ou  deux  rivières  le  joignent.  60/2- 
f^uentes.N oyQz  Confluent.  On  a  donné  en  Fran- 
ce le  nom  de  Confi.int  à  plufieurs  lieux  qui  l'ont 
proche  de  l'endroit  où  deux  rivières  le  joignent  , 
lituésau  confluent  de  deux  rivières.  Conjlans  ,  bourg 
au  de.Tus  de  Paris  ,  à  l'endroit  où  la  Marne  entre 
dans  la  Seine.  C'oAy/^/zi'-Sainte-F^onorine  ,  bourg 
de  l'île  de  France  ,  à  l'endroit  où  l'Oif'e  le  mêle 
à  la  Seine.  Conjlcuis  en  Jarnifi  ,  bourg  du  Duché 
de  B-ir  en  Lorraine  ,  au  confluent  d'une  petite 
rivière  avec  l'Orne.  Confi.im  eH  une  des  deux  Vi- 
gueries  de  RpuHillon,  Dans  la  Marche  on  nomme 
Confoulens  un  bourg  appelé  en  latin  ConjLuentes. 
Ce  nom  coTijlants  s'eft  forme  du  latin  confiuentes. 

CONFLIT  ou  CONFLICT.  r.  m.  Choc  de  plufieurs 
personnes  armées  ,  qui  font  bien  du  bruit  avec 
leurs  armes.  Il  vieillit.  Conjlicius, 

Conflit  fe  dit  figurcment  des  conteftations  qui  fe 
font  dans  les  procès  iic  dans  les  difputes  de  l'école. 
Il  y  eut  un  grand  cunjiit  quand  on  traita  cette  quef- 
tion.  Contentio  ,  comroverjia  ,  dijjîdium.  Il  n'y'a 
rien  de  plus  ordinaire  entre  deux  feétes  oppo- 
fces  ,  qu'an  'certain  conflit  de  remontrances  &;  de 
malédictions  fouqtapyécs  de  part  &  d'autre  ,  qui 
îait  Iburire  les  LeSeurs.  Il  n'eft  pas  encore  ulitc 
en  ce  fens. 

|p°  Conflit  de  Jaridiiîtion,  terme  de  Jurifprudcnce. 
Conreftation  entre  l-.-s  Officiers  de  différentes  Jii- 
ridiclions  qui  prétendent  relpeélivement  que  la 
connoiflancc  d'une  affaire  leur  appartient.  De  jure 
orca  contentio.  Quand  il  y  a  conflit  entre  deux 
Jurididions  indépendantes  ,  &  qui  reffortiffcnt  de- 
vant le  même  Juge  fupcrieur  ,  on  peut  s'adreller 
à  ce  Tribunal  pour  taire  régler  le  conflit  ,  c'ell-à- 
dire  ,  pour  faire  régler  dans  laquelle  des  deux  ju- 
lidiéiions  on  procédera.  Si  le  conflit  cù.  entre  deux 
Cours  fupérieures,  ou  entre  deux  Jurididions  qui 
reffortiiTentà  diffcrens  Tribunaux  ,  on  le  pourvoit 
au  Confeil  en  tellement  de  Juges. 

CONFLUANT,    f.  m.  ^oy.-^  CONVIVANT. 

CONFLUENS.  f.  m.  Nom  d'une  Société  établie  en 
Italie  par  Ccfar  Bianchcni  ,  neveu  du  Cardinal 
Laurent  Bianchetti.  Confiuentes.  Ce  laint  homme 
établit  deux  Sociétés  de  Gentilshommes,  qui  s'cn- 
s;agcoient  à  procurer  l'avancement  de  la  doélrine 
chrétienne.  Les  uns,  fans  demeurer  en  communau- 
té ,  s'affcmbloient  .1  certains  jours  dans  un  lieu  mar- 
qué pour  y  vaquer  aux  exercices  de  piété ,  &  pren- 
dre enfemble  des  mefures  touchant  l'exécution  de 
leur  defiein.  On  appela  ceux-ci  Conflucnti. 

II  établit  dans  la  fuite  une  féconde  Société  com- 
pofée  de  perfonnes  zélées ,  qui  vivans  en  commu- 
nauté ,  concouroient  aux  pieux  deffcins  des  pre- 
miers ,  d'aurant  plus  efficacement  ,  que  débarral- 
fés  de  tout  autre  foin  ,  ils  en  faifoient  leur  uni- 
que affaire.  Ces  féconds  futent  appelés  Conviventi , 
comme  vivans  enfemble.  P.  Hélyot  ,  T.  f^II,  C ti. 
Ces  deux  mots  font  italiens.  Les  prcmicïs  Confluen- 
ti ,  parcequ'ils  s'affembloient  à  certains  jours  ,  Se 
les  féconds  Conviventi  ,  parcequ'ils  vivoient  en 
communauté. 
CONFLUENT  f.  m.  Le  lieu  où  deux  rivières  fe  joi- 
gnent ,  &  mêlent  leurs  eaux.  Contiens ,  confluen- 
tes.  De  ce  mot  a  été  fait  Contant  ,  comme  le 
Confiant  de  Charanton,  où  la  Marne  S:  la  Seine 


CON  75)5' 

fe  joignent  ;  Confiant  Saince-Honorîne  ,  où  l'Oilè 
Se  la  Seine  le  joignent ,  în:  le  Coklens  des  Allemands, 
où  la  Mofelle  entre  dans  le  Rhin.  Quand  on  parle 
de  la  jônélion  &  du  mélange  de  deux  fleuves  ,  on 
ne  Içauroir  dire  le  confiant  i  il  faut  dire  le  con- 
finent de  deux  fleuvci.  Vaug.  Corn. 

Nicolas  Bergier  ,  dans  l'on  Livre  des  grands  che- 
mins ,  dit  que  ces  foites  de  lieux  s'appeloient  au- 
rrelois  Conde  ,  d'un  vieux  mot  françois  qui  efl 
encore  en  ufaij;e  en  quelques  lieux.  Foye:^  Condé. 
CONFLUENT,' ENTE.  adj.  Terme  dont  fe  fervent 
les  Médecins  ,  en  patlant  de  cette  efpèce  de  pe- 
tite vérole  ,  dont  les  pullules  fe  confondent  les 
imes  dans  les  autres,  yoye:^  Petite  vérole  ,  pe-  ' 

TITE  VÉROLE  DISCRETE. 

GONFOLENT  ,  petite  ville  de  France.  Confiuens. 
La  ville  de  Cdnflolent  eft  lituée  fur  les  confins  de 
l'Angoumois ,  du  Poitou  &:  de  la  Marche.  Elle  eft 
baignée  de  la  'Vienne  ,  qui  commence-Ià  à  porter 
bateau.  M.  De  Lille  la  place  dans  l'Angoumois. 
Dans  le  pays  on  prononce  quelquefois  Confoulant, 
Ce  nom  vient  fans  doute  de  Confiuens  ,  lieu 
où  deux  rivières  fe  joignent  ,  &  qu'on  appelle 
communément  Confidut ,  Confient ,  Se  fans  doute 
qu'il  a  été  donné  a  ce  lieu  ,  comme  celui  de  Con- 
fiant à  bien  d'auttes  ,  patce  qu'en  cet  endroit  il 
y  a  quelque  petite  rivière  qui  tombe  dans  la  Vienne. 

CONFONDRE.  V.  a.  C'cfl:  un  compofé  de  fondre, 
qui  ne  fe  dit  point  au  propre  ,  mais  au  figuré. 
Confundcre  -iperturbare.  Je  confonds  ,je  confondis  » 
j'ai  confondu.  ,je  confondrai  ,  que  je  confonde  -.que 
je  confondifje  ,  je  confondrois ,  je  fuis  confondu, 
ifT  Mettre  pêle-mêle  ,  brouiller  plufieurs  choies 
enfemble.  Ce  mot  emporte  toujours  un  vice  d'arran- 
gement ,  l'oit  naturel,  foit  attificiel ,  mifcere,con- 
fundere. 

Le  monde  n'étoit  au  commencement  qu'une 
maffe  groffière  ,  &  un  cahos  épouvantable,  où  touc 
étoit  confondu.  S.  Evr.  Tous  les  élémens  étoienc 
confondus  dans  le  cahos. 

Uàs,e  ,  qui  tonte  chofe  efface , 
Confond  les  titres  &  les  noms.  Voit, 

Lesfieuves  ,  par  divers  c.znaux  , 
Apportent  à  la  mer  le  tribut  de  leurs  eaux , 
Et  fans  y  rien  changer  ,  fe  confondent  en  elle. 

L'Ab.  Têtu. 

f\3'  Confondre  fignifie  auffi  ne  pas  faite  diftindioii 
entte  des  perfonnes  ou  des  chofes  différentes  ;  pren- 
dre l'un  pour  l'autre.  Alterum  pro  altcro  accipere. 
On  confond  fouvent  les  deux  Sénèqucs ,  les  deux 
Plines.  Vous  confonde:;^  Ariftotc  avec  Platon.  Il  ne 
faut  pas  confondre  le  fait  avec  le  droit ,  les  droits 
fpirituels  avec  les  temporels. 

I/CT  Je  ne  veux  point  de  ces  amis  qui  me  confond 
dent  dans  leut  cœur  avec  tout  l'Univers.  S.  Evr. 

IJCF  Confondre  fignifie  aulli  convaincre,  réduire  a. 
n'avoir  rien  à  répandre.  Convincere,  os  occludere, 
Cs  railbnnement  confond  mon'adverfaire.  Cette 
dépofition  a  confondu   l'accufé. 

Si-tôt  que  fur  lin  vice  ils  penfent  me  confondre  » 
Cefl  en  me  corrigeant  que  je  fgais  leur  répondre. 

BoiL, 

Dieu  peut  confondre  Aman  ,  il  peut  brifer  nos  fers  , 
Par  la  plus  faible  main  qui  foit  dans  l'univers. 

Racine, 

CONFONDU  ,  UE.  part.  Il  a  les  fignifications  de 
fon  verbe  ,  en  latin  comme  en  françois. 

IKT  CONFORMATION ,  f.  f.  terme  de  Grammair*. 

''  Arrangement  des  diverfcs  parties  qui  com.pofenc 
un  corps.  Conforrnaiio  ,  conflruclio.  Ce  mot  ,  dit 
M.  l'Abbé  Girard  ,  ne  fe  dit  guère  qu'à  l'égard 
des  parties  du  corps  animal.  Elle  naît  de  leur  rap- 
port ,  Se  réfulte  dz  la  difpofition  qu'elles  ont  à 

^  H  H  H  h  h  ij 


q^G^  CON 

•    s'aquitcer  de  learî  fouillions.  Li  iiitiu-e  la  prod.iit 
plus  ou  moins  convenable  ,  T^lon  la  conciirLcncc 
accidentelle  des  caufes  phy.'iques. 
§Cr  La  forms  naît  de  la  conflruclion,  &;  rcfulte  de 

■  l'arrangement  des  parties. 
|kT  La  ji^un  naît  du  dciîcin,  Se  rcfulte  des  contours 
de  la  choie. 

§CJ"  La  forme  cfl;  ordinaire  ou  extraordinaire  ;  la/- 
gurc  elT:  gratieule  ou  dciagrcabie  ;  la  conformation 
efl:  bonne  ou  mauvaiie. 

^  La  tournure  di  L'cfprit  dépend  de  la  conforma- 
tion ;  les  caules  naturelles  s'en  écartent  moins  que 
les  arbitraires, 
'|Cr  Conformation  ne  le  prend  point  au  figuré,  com- 
me figure  &  forme. 

fîcr  Sous  ce  point  de  vue  ,  conformation  efl:  aulli 
un  terme  de  médecine.  C'efl;  ainlï  qu'on  dit  qu'une 
Isofle  cft  un  vice  de  conformation.  Lx  conformation 
des  membres  de  cet  embryon  n'étoit  pas  aillz  par- 
faite pour  en  faire  la  difleclion. 

fJ3"  C'eft  audi  un  terme  de  phyliquc.  Les  corps ,  di- 
fent  les  Newtoniens  ,  réfléchirent  les  diffcrcntcs 
couleurs  de  la  lumière  ,  fuivant  leur  diffcrente  con- 
formation ,  c'eft-à-dire  ,  iliivant  la  diuércnte  con- 
texturc  ,  &c  la  confidence  particulière  des  parties 
dont  ils  font  compofés. 

CONFORME,  adj.  m.  &  f.  ^  Qui  a  la  même 
forme  ,  ou  plutôr  qui  a  les  mêmes  qualités 
qu'une  autre  chofe.  Il  ne  faut  poir:t  confondre  ce 
mot  avec  rcflemblant  ,  comme  on  le  fait  dans 
l'ufage  ordinaire.  Conformité  dit  plus  que  reffem- 
hlance.  Une  feule  qualité  qui  cfl:  la  même  dans 
deux  fujets  diifcrens  ,  (iifïit  pour  la  rcjfcmblancc; 
il  en"  fxut  plufeurs  pour  la  co::forn:iu.  De  plus  , 
conformité  ne  fe  dit  que  des  objets  intcUedluels , 
Ti'ffemtlancs  fe  dit  de  tout,  f^oye:^  ce  mot.  Con- 
formis  ,  confentaneus  ,  confentiens.  Humeurs  ,  ca- 
raélcres  conform.es.  Ces  deux  amis  ne  vivronr  pas 
longtemps  enfemble;  leurs  humeurs  ne  l'ont  pas 
conformes.  Toute  dodlrine  qui  n'eft  pas  conforme 
à  celle  de  l'églife,  eft  condamnable. 

^3"  C'efl  dans  le  même  fens  qu'on  fe  fert  de  ce 
mot  pour  marquer  le  rapport  exaift  ,  la  conve- 
nance d'une  chofe  avec  nos  goûts  ^  notre  façon  de 
penfer ,  &c.  Céfar  choifît  la  fe6le  d'Epicurc,comme 
la  plus  douce  &  la  plus  conforme  à  fon  naturel  & 
à  fcs  plailirs.  S.  Evr.  Cette  femaue  a  fait  une  ac- 
tion plus  conforme  à  fon  défcfpoir  qu'à  fon  iéxe. 
ViLL.  Hccube  fait  de  trop  belles  réflexions  dans 
Sénéque  :  elles  font  plus  dignes  de  la  tranquillité 
d'un  Fhilofophe  ,  que  conformes  à  l'état  doulou- 
reux où  fes  malheurs  l'avoicnt  réduite.  P.  le  Bossu. 
Les  hom.mes  ne  fouffrent  qu'avec  peine  qu'on  leur 
arrache  l'eftime  pour  ceux  dont  l'état  cft  conformée 
aux  defirs  de  leur  cœur.  Port  R. 

■^C?  On  dit  au  Palais  que  la  copie  d'un  adle  eft  con- 
forme à  fon  original. 

CoNPORME ,  en  termes  de  Logique ,  fe  dit  de  la  con- 
venance ,    de  la  reilemblance  exacte  d'une  idée , 

'  ou  d'une  opération  de  l'ame  à  fon  objet.  Confor- 
mis ,  e.  Une  idée,  un  jugement  n'eft  vrai  qu'au- 
tant qu'il  cft  conforme  à  fon  objet ,  c'eft-à-dirc , 
autant  qu'H  le  repréfente  tel  qu'il  cft. 

CONFORMÉMENT,  adv.  D'une  manière  conforme. 
Con'rruenter  ,  convenienter.  Il  a  été  donné  pluficurs 
déclarations  conformément ,  fc  en  exécution  de  l'E- 
d'.r  d'un  tel  jour.  On  a  jugé  conformément  à  la  loi , 
au  contrat, 

CONFORMER,  v.  a.  Rendre  conforme.  Accommo- 
dare  ad  aliqnid.  Un  Prédicateur  doit  conformer 
la  vie  à  fa  doL,I:rine.  La  loi  du  Seigneur  conforme 
les  aracs  à  fes  inftruftions  falutaires.  Pasc.  Ccn- 
former  fes  inrérèrs  aux  volontés  de  quelqu'un.  Ro- 
CHEF.  Il  fe  dit  aufTi  avec  le  pronom  nerfonnel.  fn- 
gere  fe  ,  accommodare  fe.  Il  faut- qu'une  femme  fe 
conforme  aux  fentimcns  de  fon  mari.  Ceux  qui  ie 
conforment  à  notre  humeur ,  nous  gagnent  bien 
plus  par  cette  complaifance  i^'ai^ions ,  que  par  des 
paroler.  M.  Es  p. 


C  O  N 

CONFORMÉ  ,  ÉE.  part.  paiT.  &  adj.  Il  a  les  fignificî- 
tions  de  l'on  verbe.  Il  lignifie  aud: ,  qui  eft  d'une 
certaine  conlormation  naturelle.  Ainliondit,  qu'un 
corps  eft  bien  ou  mal  conformé,  qu'u.n  enfant  eft 
bien  ou  mal  conforme  \  pour  dire  ,  qu'il  cft  d'une 
contormation  naturelle  bonne  ou  niauvahé.  ^^oye?^ 

CoNFORÎ.IATiON. 

CONFORMISTE,  f.  m,  &  f.  Qui  eft  conform.e.  11 
ne  fe  dit  qu'en  matière  de  Religion  ,  &  (ignirie  en 
Angleterre  celui  qui  fait  profelîlon  de  la  Religion 
do.minanre.  On  appelle  Non-Confprmifîes  ,  en  par- 
lant de  r.''i.ngleterre ,  toutes  les  fedles  différentes 
de  celle  qui  eft  reçue  &  autorifée  par  les  loix  , 
c'cft-.\-dire  ,  de  l'Eglife  Anglicane  ,  qui  ne  s'y  con- 
forment pas.  Alienus ,  dijjidens  ,  diffentiens.  Ainfi 
les  Luthériens,  les  Prcibytériens ,  les  Quakers, 
les  Sociniens  ,  les  Anabaptiftes ,  &c.  font  Non-Con- 
formijtcj.  On  a  décerné  fous  Charles  II  pluficurs 
peines  contre  les  Non-Confornrftes. 

^^fy  Conformiste,  (Non)  en  amour,  lignifie  ce- 
lui qui  pratique  l'amour  antiphyiique.  Pccderajtes. 
"Voyez  SoDOMiSTE. 

UCT  CONFORMITÉ,  f.  f.  Rapport ,  convenance  qui 
fe  trouve  entre  des  choies  qui  ont  les  mêmes  qua- 
lités. Vùye^  Conforme.  Conformitas ,  convenien- 
tia  ,  confenjio,  Co/i/"t)r/72//e  d'el'prir ,  d'humeurs ,  de 
caractères ,  de  fentimens.  Conformité  de  Trairés. 

ifT  Confor?vîîtÉ  à  la  volonté  de  Dieu,  foumilîion 
de  la  propre  volonté  à  celle  de  Dieu  qui  lui  fert 
de  règle. 

Conformité.  Terme  de  Logique.  Convenance  ,  ref- 
fcmblancc  parfaire  d'une  opérarion  de  l'ame  avec 
fon  objet.  Conformitas  ciim  ohjeclo.  C'eft  la  con- 
formitc  d'une  idée,  d'un  jugement  avec  fon  objet 
qui  les  rend  vrais. 

Ccn?o:-..mité  ,  (Non)  en  Angleterre,  fignifie  une 
diifacncc  dans  le  culte  de  la  Religion  ,  refus  de 
fe  founiettre  à  la  Religion  4|piiinante,  &  aux  cc- 
rcmonies  de  l'Eglife  Anglicane.  Abalienatio  y  Af- 
feniio  opinionum. 

Quelques-uns  appellent  l'amour  des  garçons  le 
péché  de  non-conjormité.  M.  Ménage  s'cft  fcrvi  de 
cette  exprelllon  ,  pour  parler  plus  honnêtement. 
Pccderajtia. 

On  Ic-S  accufa,  (les  Templiers)  d'avoir  des  amours 
abominables ,  &  du  crime  que  l'on  appelle  en  Italie 
le  ^cchi:  Ac  non -conformité.  Be.-vuval-Basnage. 

Conformité.,  (en)  manière  de  parler  adverbiale, 
pour  dire,  conformément  à.  "Vous  m'aviez  donné 
tel  ordre ,  j'ai  écrit ,  j'ai  agi  en  conformité.  Mau- 
vais ftyle  de  Pratique  ou  de  Commerce. 

CONFORT,  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  lignifie  aide.  Sul- 
Jîdiiim  ,  auxili'um  t  pr<zjidium..  Confolition,  fou- 
iagement ,  encouragement.  Gloff.  fur  Marot.  Il  eft 
encore  en  ufage  en  cette  phral'e  du  Palais.  Il  eft  en- 
joint aux  Prevôr  des  Maréchaux  de  donner  aide 
•ôc  confort  aux  exécuteurs  de  cet  arrêt. 

CONFORTATIF  ,  IVE.  adj.  Qui  fortifie.  Remède 
confortatif.  Il  eft  auffi  fubftantif.  Ce  remède  cft 
un  grand  confortatif.  Medicamen  corroborans.  C'eft 
un  rcrme  de  Médecine. 

CONFORTATION.  f.  f.  Terme  de  Médecine,  pour 
dire  corroboration.  Voyc^  ce  mot.  Un  eftomach 
aifoibli  a  befoin  de  confortation.  Il  y  a  des  re- 
mèdes pour  la  confortation  des  nerfs. 

CONFORTEM AIN.  Terme  de  Pratique,  qui  fe  dit 
de  cerraincs  Lettres  de  Chancellerie  qu'un  Sei- 
gneur féodal  prenoit  autrefois  pour  rendre  fa  fai- 
f;c  &  exécution  du  fief  de  fon  vaffal  plus  authen- 
tique' ,  étant  confirmée  par  l'autorirc  i'upcrieure 
ou  royale  \  mais  l'ufaae  en  cft  maintenant  abroge. 
Reginm  auxilium  beneficiario  Dynajlx  prceditum , 
in  vindicand»  clientèle  fuce  pradio.  Le  Seigneur 
qui  n'a  poinr  de  juftice ,  &  qui  veut  faifîr  ,  s'a- 
dreife  aujourd'hui  au  Juge  du  lieu  où  eft  fitué  le 
fief  ou  l'hérirage  ccnfuel. 

CONFORTER,  v.  a.  Fortifier  ,  rendre  plus  fort.  Cor- 
rohorare.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'en  Médecine.  Ce  re- 
mède conforte  le  cœur, 


C  ON 

On  le  dit  qnelqucfois  fîgurément  pour  encoura- 
ger ,  conroler.  Il  a  conforte  cet  affli£;é  par  plulieurs 
rai(bnnemcns  de  Morale  ;  il  l'a  confoné  dans  la 
dilgrace.  Il  eft  vieux  ,  &  en  la  place  il  faut  dire  , 
conlbler. 

Conforté  ,  ée.  part. 

|CF  CONFOULENS  on  CONFOLANS.  Petite  ville 
de  France  dans  la  Marche ,  aux  confias  de  l'An- 
Eçoimiois  tSc  du  Poitou  ,  fur  la  Vienne. 

CONFRAIRIE.  Ecrivez  &  prononcez  Confrérie. 

CONFRATERNITÉ,  f.  f.  Le  corps  de  la  Confrérie 
&  relation  qu'il  y  a  entre  des  pcrfonnes  qui  font 
du  même  corps ,  d'une  même  compagnie.  Soda- 
litas.  Ils  font  de  la  même  confraternité.  En  conlî- 
dérarion  de  la  confraternité, 

CONFRERE,  f  m.  Un  des  membres  d'une  Confré- 
rie. Soil.iHs,  ïl  y  a  une  indulgence  pléniète  pour 
tous  les  Confrères. 

CoKFRiîRE  le  dit  aulli  des  membres  d'un  même  corps 
ou  d'une  même  compagnie.  Deux  Confeillcrs  en 
même  Sicgc  font  confrères.  Deux  Académiciens 
font  confrères.  Deux  Médecins ,  deux  Avocats ,  font 
confrères.  Les  Auteurs  font  à  prcfent  mes  confrères. 
S.  EvR. 

Le  Médecin  Tant-pis  vifîtoit  un  malade , 
Que  vijùoit  aujfifon  confrère  Tant-mieux. 

La  Font. 

r 

Confrère  fe  dit  aulîî  parmi  les  Pères  de  l'Oratoire. 
C'eil  le  nom  qu'ils  donnent  chez  eux  à  ceux  qui 
ne  font  pas  Prêtres.  Atnfi  ils  difent  le  Confrère  un 
tel  cfl  forti ,  le  Confrère  un  tel  efl  mort. 

CONFRÉRIE  &  non' pas  CONFRAIRIES.  f.  f.  So- 
ciété de  pcrfonnes  qui  s'allemblent  pour  quelques 
exercices  de  dévotion  ,  ou  pour  quelque  pratique 
de  piété  :  comme  la  Confrérie  ài\  Scapulaire  ,  du 
Cordon  de  S.  François,  &c.  Sacra  Sodalitas  ,  fa- 
cruni  Sodalitium.  Dans  cous  les  Corps  d'Artifans  il 
y  a  des  Maîtres  Az  Confrérie  ,  qui  s'élifent  comme 
les  Jurés.  Nulle  Confrérie  ne  peut  s'établir  fans  le 
confcntementde  l'Evêquc  duDiocèfe.  Il  faut  de  plus 
de  lettres  dûemcnt  véri.'iécs. 

CoNFRÉr^-iEs  ,  (  Les  )  appelées  en  latin  Sodalitates  ,  ti- 
rent leur  origine  des  Payens ,  comme  Polydore  Vir- 
iîilc  l'a  remaraué  dans  fon  livre  de  inventione  re~ 
rnrr..  Le  bon  ufage  que  les  Chrétiens  en  font,  a  pu- 
rifié tout  ce  qu'il  y  avoir  d'impur  dans  une  li  mau- 
vaife  fource.  On  prétend  que  NuniaPompilius  avoir 
établi  dans  l'ancienne  Rome  des  Confréries  pour 
tous  les  Arts  &  Métiers.  Il  ordonna  des  Sacrifices , 
que  chaque  profeliion  devoir  faire  aux  Patrons  6c 
aux  Dieux  tutélaircs  qu'il  leur  avoit  donnés. 

Il  y  a  dans  Rome  une  Confrérie  qui  eft  appelée 
rArchiconfrérie  ou  la  grande  Cowfrt;nV ,  fous  le  titre 
de  Notre-Dame  des  Suffravcs.  Elle  a  été  approu- 
vée &  confirmée  par  une  Bulle  du  Pape  Clément 
VIII  en  1594.  Elle  a  été  établie  en  faveur  des  âmes 
du  Purgatoire.  Le  Souverain  Pontife  lui  a  accorde 
des  privilèges  cxcefîifs ,  &  qui  ne  feroient  pas  re- 
çus facilement  en  France  ,  quoiqu'elle  y  ait  été 
reçue,  au  moins  dans  quelques  villes,  &  princi- 
palement dans  le  Dauphiné. 

Il   y  a  neuf  différentes  fortes  de  Confréries  en 

France,  i".  Des  Confréries  de  dévotion.  Telle  eft 

celle  qui  fut  établie  .à  Pavis  fous  le  règne  de  Louis 

le  Jeune, l'an  11 63,  ccmpofée  d'abord  de  5 <S' Prêtres, 

&  de  pareil  nombre  de  Laïques  notables  Bourgeois , 

en  mémoire  des  foixante  &:  douze  difciplcs  de  J.  C. 

Les  femmes  n'y  furent  admifes  qu'en  1114  que  la 

Reine  &  plufieurs  Dames  de  piété  &  du  premier 

rang  déiîrèrenr  y  être  reçues.   Elle  porte  encore  le 

nom  de  Confrérie  de  Notre-Dame.  2°.  Il  y   en  a 

_  d'établies  pour  exercer  la  charité  &  les  œuvres  de 

miféricorde.  30.    Des  Confréries  de  Pénirens  fous 

clifférens  titres.  40.  Les  Confréries  érigées  à  l'occa- 

fion  des  Pèlerinages ,  comme  font  .à  Paris  celles  du 

S.  Sépulchre  aux  Cordeliers  ;  de  S.  Jacques ,  en 

■fon  Egl^fe  rue  S.  Denys  ;  de  S.  Michel.  5^,  Les  Ce;;- 


.    ^  CON  797 

fréries  établies  par  les  Ncgocians  ,  pour  attirer  LS 
bénédiélions  de  Dieu  fur  leur  commerce.  Telle  fuc 
la  Confrérie  des  Marchands  de  l'eau,  établie  à  Paris 
en  1170.  60  Les  Confréries'  Aes  Officiers  de 
Juftice  ,  comme  celle  des  Notaites  établie  à  Paris 
en  la  chapelle  du  Châtclct  en  1500  -,  celle  de  la 
Compagnie  du  Lieutenant  -  Criminel  de  Robe- 
Courre  ,  en  l'Eglife  de  S.  Denis  de  la  Chartre  j 
celle  de  la  Compagnie  du  Guet ,  en  l'Eglife  de  S. 
Michel  j  celle  des  Huifliers  à  cheval ,  Si  des  Ser= 
gens  à  verge ,  en  l'Eglife  de  Sainte  Croix  de  la 
Bretonnerie.  En  quelques  villes  de  Province  celle 
de  S.  Yves,  de  laquelle  font  tous  les  Officiers  des 
Préfidiaux,  Confeillcrs,  Avocats  &  Procureurs. 
7°.  La  Confrérie  de  la  Paifion  ,  dont  nous  parle- 
rons ailleurs.  8°.  Toutes  celles  des  Artifans  &:  des 
difiérens  Métiers.  5)°.  Il  y  a  eu  des  Confréries  de 
faétions ,  qui  fe  couvroient  du  voile  fpécieux  de 
la  Religion  pour  troubler  TEcat,  Telles  furent  celles 
dont  il  eft  fait  mention  dans  le  Concile  de  Mont- 
pclHer  tenu  l'an  1114,6:  dans  les  Conciles  de  Ton- 
loufc,  d'Orléans,  de  Cognac,  de  Boutdeaux  6^ 
de  Valence,  tenus  en  I2"i4,  1254,  1258,  1248 
&  1255,  &:  en  celui  d'Avignon,  de  15  2(5'.  Dp  la 
.  Mare  ,  Tr.  de  Pol.  L.  n\  T.  XII,  c.  1  &  1. 
Une  des  plus  célèbres  Confréries  eft  celle  qu'oa 
nomme  des  Pénitens ,  qui  eft  à  Lyon  ,  &  dans  plu. 
fleurs  villes  de  la  Provence  &  du  Languedoc.  Il 
n'y  a  que  les  hommes  qui  puilTenr  entrer  dans  cette 
Confrérie.  Les  uns  portent  un  fac  blanc,  &  les 
autres  un  fac  de  toile  bleue.  La  plus  célèbie  Cc:- 
frérie  qui"  foit  dans  Paiis  eft  celle  de  la  paroilTe 
de  la  Madelène  ,  qu'on  nomme  la  grande  Con- 
frérie, 

CONFRONTATION,  f.  f.  Aétion  par  laquelle  on 
confronte  ,  foit  des  chofcs ,  foit  des  pcrfonnes.  Di- 
yerfarum  rerum  inter  fe  collatio  ,  contentio  ,  corn-* 
paratio.  En  matière  criminelle,  c'eft  la  repréfen- 
ration  à  l'accufé  des  témoins  qui  ont  dépofé  conrre 
lui ,  laquelle  fe  fait  aptes  le  recollement.  Teliiunt 
compojitio.  La  conteftation  en  matière  criminelle 
ne  commence  qu'à  la  confrontation.  Ce  procès  a 
été  inftruit  par  recollement  &  confrontation.  La 
confrontation  des  témoins  ne  fe  doit  pas  faire  hors 
des  priions  &  de  l'audiroire ,  autrement  il  pour- 
roit  y  avoir  nullité.  Auboux.  Dans  la  confronta- 
lion  quelquefois  on  produit  au  témoin  quelqu'un 
revêtu  des  habits  de  l'accule  ou  l'accufé  même  entre 
trois  ou  quatre  autres  pcrfonnes,  pour  voir  s'il  le 
reconnoît,  mais  cela  ne  fe  doit  faire  que  rarement 
&  pour  de  grandes  railbns, 

QC?  Il  y  a  confrontation  des  complices  l'un  à  l'autre  ^» 
qui  a  lieu  lorfqu'ils  s'acculent  l'un  &  l'autte ,  ou 
qu'ils  fe  contrarient  dans  leurs  réponfes.  C'eft  ce 
que  les  praticiens  appellent  accuration  ou  affron- 
tation.  Cette  confrontation  mutuelle  de  deux  ac- 
cufés  d'un  même  crime  ne  peut  êtte  faite  qu'après 
que  tous  les  témoins  auront  été  récollés  &  con* 
frontés  ,  parce  qu'elle  n'eft  faire  que  pour  éclair^ 
cir  ce  qui  peut  refter  de  douteux  après  le  récol- 
lemenr  &la  confrontation  des  témoins,  &  que  dans 
ce  récollemenr  &:  certe  confrontation  il  peut  fur- 
venir  de  nouveaux  faits  &  de  nouvelles  charges  , 
dont  il  eft  nécedaire  que  le  Juge  foit  inftruir  avant 
que  de  procéder  à  la  confrontation  mutuelle  des 
accules. 

§Cr  Dans  les  infctiptions  en  faux,  on  fait  confrort'^ 
tation  des  écritures. 

03"  Confrontation  fe  dit  auflî  de  différens  pafTages 
que  l'on  confère  l'un  avec  l'autre.  Par  la  confro» 
tation  des  paflages  on  a  trouvé  que ,  &c. 

CONFRONTER,  v,  a.  Mettre  deux  pcrfonnes  en  pré- 
fence  l'une  de  l'autre ,  pour  éclaircir  la  vérité  de 
quelque  fait  qu'ils  rapportent  différemment.  Corn- 
ponere.  Deux  couriers  nous  apportent  deux  avis  dif- 
fétens  du  fuccès  de  cette  bataille  ,  U  les  faut  con-* 
fronter  enfemble. 

Coi^FB-ONTER  fe  dit  particulièrement  en  matière  cri- 


79B  CON 

criminelle ,    des  témoins  que  l'on  confronte  à  un 
flcculc  ,  ou  des  accules  que  l'on  conjronte  les  uns 
aux  autres.  TijL-s  cumrco  componerc.'Lzs\zmo\\-\'i 
ne  font  point  conj'ronus  ,  qu'ils  n'aient  ccc  aupara- 
vant récollés,  pour  voir  s'ils  pcrliftent  en  leurs  dé- 
polirions. 
CoNFRCNTrB.  fe  dit  par  extcnfion  des  choies  que  l'on 
compare  les  unes  aux  autres,  pour  connoître  les 
rapports  qu'il  y  a  entr'elles.  Confirre  ,  comparare. 
J'ai  confro/né  ces  deux  pallàgcs  de  l'Ecriture ,   &c 
j'en  ai  "trouve  la  conciliation. 
CONFRONTÉ  ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignifications  de 
ion  verbe  ,  en  latin  comme  en  françois.  Il  n'y  a 
que  les  témoins  confrontes  ,  dont  la  depoùrion  talîe 
preuve,  &  doive  ètce  lue  lors  du  jugement.  Ecri- 
tures confrontées.  Copie   confrontée  a  l'original. 
CokfrontÈ.    Terme  de  Blaibh ,  qui  le  dit  lotlque 
l'ccu  eft  parti ,  5c  que  dans  chaque  côté  il  y  a  dcuM 
animaux  qui  le  x:e<j:^^dem.JdverJI,adverJis  fronti/-'US. 
La  ColombièreVa  confondu  mal -à -propos  avec 
afronté. 
IJCF  CONFRONTEMENT.   f.  m.  Ce  mot  eft  cité 
dans  Bornier  lut  l'Edit  de  Kîyo,  comme  étant  de 
l'Edit  de  la  Chambre  de  Languedoc  du  24  Mars 
1661.  Il  n'efl:  plus  en  ulage. 
iÇT  CONFUS  ,  USE.  ad).  Ce  mot  déligne  toujours 
un  défaut  d'arrangement  l'oit  naturel,  Ibit  artifi- 
ciel -,  &  le  dit  tant  au  propre  qu'au  figuré.  Con- 
fuj'ns  ,•  pcrtnrbatiis. 
%fT  On  le  dit  des  chofes  qui  font  pèle-mcle  ,  mê- 
lées fans  aucun  ordre  ,  ou  qui  ne  font  pas  à  leur 
place.   Le   chaos   n'étoit  qu'un  alîemblage  confus 
des    élémens.    Tous  les  livres ,  tous  fes  meubles 
font  encore  confus  à  caufe  de  fon  déménagement. 
ffT  On  dit  dans  ce  fensun  bruit  confus.,  un  cri  confus, 
formé  par  plulieurs  perfonncs  à  la  lois.   Inconditus. 
ffT  Ce   terme  appliqué  à  l'efprit  6c  .1  les  produc- 
tions prélente  la  même  idée.  Un  efprit ,   un  dii- 
cours  confus ,  une  fcience  canfufe  ,  où  il  n'y  a  point 
d'ordre ,   où  tout   ell  embrouillé.    Les  plus  fages 
Payens  n'ont  eu  que  des  idées  fo«////^J  de  la  divinité. 
PoRT-R.  confus  dans  leur  fcience  ,  plus  confus  en- 
core dans  l'explication  de  ce  qu'ils  enfeignent.  Bouh. 
I/CF  On  dit  aulli  dans  ce  fens  un  bruit  confus,  in- 
certain ,  dont  on  ne  fait  aucune  particularité  bien 
cliilincïe.  Les  commencemens  de  la  Monarchie  Fran- 
çoife   ne  fournillent  qu'une  matière  fi  brute  &  li 
covfufe ,  que  toute  l'adrefle  de  l'art  ne  fuiïït  pas 
pour  débrouiller  ce  cahos. 
tfT  Confus  le  dir  aulfi  pour  honteux  &  embarraf- 
fc  ,  foit  que  la  honte  &  l'embarras  viennent  d'une 
.faute  commife  ,  foit  qu'ils  foient  l'effet  de  la  mo- 
dcflie.    Puilorc    (uffujus.    Ce  paflage  formel  doit 
rendre  confus  les  Hérétiques. 
1^  On  dit  par  complimenr.  Je  fuis  tout  confus  de 
T'honneur  que  vous  me  faites. 
Le  Renard  honteux  &  confus , 
Jura,  mais  un  peu  tard,  qu'on  ne  l'y  pr  endroit 
.plus. 

La  Font. 

^fT  Confus  ,  en  Jurisprudence  ,  eft  fynonyme  à 
confondu,  réuni.  On  dit  en  parlant  d'une  pcr- 
fonne  qui  réunit  en  elle  les  droits  aéf  ifs  &  paiiifs 
qui  concernent  un. même  objet ,  que  ces  droits  font 
confus  en  fa  peribnne. 

CONFUSEMENT,  adv.  D'une  manière  confufe.  Con- 
fafi  ,  otfcurè.  J'ai  appris  cela  confufcment.  J'ai 
ferré  tous  les  papiers  confufément.  Les  hommes  n'cn- 
vifagent  la  mort  que  confufément ,  &C  y  cour;iit 
brutalement.  Maleb.  On  feit  aifémcnt  comprendre 
par  les  yeux,  ce  qu'un  long  circuit  de  paroles  ne 
fait   entendre  que  confufément.  S.  Evr. 

CONFUSIBLE.  adj.  Terme  d'Auguftin,  qui  fe  dit 
d'un  Religieux  qui  mérite  châtiment  .&  confulion. 
Pudore  fuffitndcndus.  Il  ell  confujîhli. 

CONFUSION,  f.  £  Mélange  courus  de  plulieurs 
chofes.  Confujîo.  C'efl:  un  homme  peu  foigneux , 
dont  les  livres,  les  meubles,  les  papiers  font  en 


CON 

confufwn.  Tout  le  peuple  marche  en  confiiflon  aux 
Procédions,  Le  cahos  des  Anciens  croit  une  con- 
fujion  gcncrale  des  élémens.  Il  y  a  une  certaine 
confuJLon  qui  a  les  charmes  ,  aulli-bien  que  l'ordre  ; 
ôc  de  plus   il  ne  laut  pas  appeler  confujion ,   Un 
mélange  bien  entendu  de  diveries  choks.  Vaug, 
Confusion  fe  dit  encore  d'une  grande  multitude  de 
perfonncs   ou  d'une  grande  abondance  de  chofes. 
il   y  avoir  une    grande  confujion  de  peuple  à  l'en- 
trée du  Roi,   iTy  avoir  une  grande  confujion  de 
toutes  fortes  de  gens.  On   nous  a  fervi  une  con- 
fujion  étonnante  de  mets,  de  plats. 

Confusion  lignifie  aufli  dcfordre  qui  fe  trouve  dans 
les  choies  morales ,  dans  une  famille  ,  dans  un  Etat. 
Ferturbatio.  La  diverlité  des  Religions  met  tout 
en  confujion  dans  un  Etat.  Les  procès  mettent  de 
la  confujion  dans  les  familles.  Il  remplit  tout  de 
confujion  Se  de  tioubles.  Vaug,  Dans  les  confu- 
jions  d'une  guerre  civile ,  avec  une  puillancc  H 
énorme,  un  brouillon  eft  à  craindre.  Patru. 

ifT  En  terme  de  guerre  ,  confujion  lignifie  dcfordre  , 
quand  les  rangs  font  rompus ,  fans  pouvoir  fe  ré- 
tablir. Tout  ell:  perdu  quand  la  retraite  fe  fait  en 
confujion. 

Confusion  eft  encore  un  terme  de  Droit  :  il  fe  di^ 
quand  on  acquiert  la  propriété  d'un  hérirage  iur  le" 
quel  on  avoir  une  fervitude-,  de  mêm.e  quand  un 
crcancicr  devient  héritiei  de  fon  débiteur.CouRxiN. 
^ZT  Ce  qui  ne  peut  s'entendre  que  de  l'héritier  pur  & 
lîmple,  qui  fe  trouve  créancier  ou  débiteur  du  dé- 
funt auquel  il  fiiccède.  La  dette  par  l'addition  de  l'hc- 
rédité  fe  trouve  confufe  en  fa  perfonne ,  Se  l'obliga- 
tion eft  ctcinre  -,  parce  que  peribnne  ne  peut  être 
créancier  &  débiteur  de  foi-même.  Mais  cette  co-v- 
fujion  n'a  pas  lieu  à  l'égard  de  l'héritier  bénéficiaire, 
"letHiel,  nonobftant  cette  qualité,  en  cas  que  les  biens 
de  1.1  fucceilion  ne  foient  pas  fufiilans  pour  payer  les 
dettes  du  défunt  &  les  Icgî ,  s'il  y  en  a  ,  peut  pour- 
fuivre  le  paycm.ent  de  ce  qui  lui  eft  dû  ,  ou  par  pré- 
férence aux  autres  créanciers ,  fi  la  dette  eft  privi- 
légiée ou  par  concurrence  ,  ou  félon  l'ordre  de  fon 
hypothèque  &:  par  préférence  aux  légataires.  La  rai- 
Ibn  eft  que  l'erfct  du  bénéfice  d'inventaire  eft  d'cir.pê- 
cher  que  la  qualité  d'héritier  ne  préjudicie  à  celui  qui 
a  eu  recours  à  ce  bénéfice. 

ifT  II  y  a  confujion  de  droits  éc  d'aétions  toutes  les 
fois  ou'une  même  peribnne  réunit  en  elle  les  droits 
actifs  &  pallifs  qui  concernent  le  même  objer.  Par 
exemple,  quand  le  propriétaitc  du  fief  dominant 
devient  propriétaire  du  fief  fcrvant ,  &c. 

Confusion  fe  dit  aulîi  de  la  chofe  confondue.  Confu- 
jio.  Eutychès  foûtenoit  la  confufion  des  natures  di- 
vine Se  humaine,  en  Jesus-Christ  ,  &  que  la  nature 
humaine  avoir  été  abforbéc  &  engloutie  par  la  nature 
divine.  Claude. 

Confusion  ^tf  lumière ,  terme  d'Aftronomie.  Con- 
fujio  luminis.  Il  fe  dit  lorfqu'une  planète  le  joint  à 
une  autre  ,  &  qu'auparavant  qu'elle  y  foit  jointe , 
une  troifième,par  un  mouvement  rétrograde,  vient 
fe  mettre  entre  deux, 

ffCrCoNFusioNjdans  le  langage  des  anciens  Chimiftcs, 
eft  fynonyme  à  folution  &  dillblution.  Voye?^  ces 
mots.  Les  Chimiftes  modernes  entendent  par  ce  mot, 
mélange  de  plufieurs  fubftances  différentes ,  qui  ne 
contractent  point  d'union  chimique  ,  telles  que  les 
poudres  compolces,  les  potions  troubles,  de  fa- 
çon que  ces  parties  peuvent  toujouts  être  féparcrs 
par  des  moyens  incchaniqucs.  Enfin  quelques-uns 
enrendcnt  par  confujion  une  union  intime ,  une  dif- 
triburion  exaéle  des  parties  d'un  corps  contondues 
parmi  les  parties  de  l'autre,  de  façon  qu'elles  ne  peu- 
vent plus  être  fcparécs.  L'eau  &c  le  vin,  différentes 
liqueurs  vineufes,  éi'c.  conftituent  par  leur  mélange 
une  confujion  de  cette  claffe. 

Confusion  fignifie  aulîl  honte.  Pudor.  Il  a  eu  une 
grande  confujion  de  lavoir  qu'on  a  découvert  la  tra- 
hilbn  qu'il  a  faire  à  fon  ami.  J'ai  bien  de  lo^confujion 
de  recevoir  toujours  de  vos  bienfaits.  On  ne  ie  cor- 


CON 

iî^eprefque  jamais  des  vices  qui  ne  fontpoîntde  con- 
fujion  au  dehors.  FlÉgh.  I!  ne  tauc  pas  couvrir  ceux 
qu'on  veut  corriger  d'une  confujion  qui  les  irrite , 
éc  qui  les  révolte.  De  Vill. 

Confusion  eft  aulli  un  terme  d'Auguftin,  qiii  veut 
dire  ,  une  faute  publique  qu'on  fait  en  lifant ,  ou  en 
chantant.  Error  publicus.  Il  a  fait  une  confujion  à 
Vêpres. 

§C?  En  confufion.  Façon  de  parler  adverbiale  ,  qui  fi- 
gnifie  ordinairement  en  dcibrdre  ,  coijime  quand  on 
dit  marcher  j  le  battre  en  confujion.  L'armée  fe  ic- 
t\r.\  en  confujion  ,  confufe,  inordinaù\  &  quelque- 
fois ,  en  abondance ,  en  grande  quantité  ;  comme 
quand  on  dit ,  vous  trouverez  de  tout  en  confujion. 
Aff-uini.,  afflutnur. 

CONFUTATiON,  f.  f.  terme  Dogmatique,  qui  fe 
dit  d'une  réponfe  qui  détruit  un  argument ,  ou  delà 
paitie  du  difcours  où  l'on  répond  aux  objcé^ions  de 
fon  advcrfaire ,  &:  où  l'on  réfoud  Tes  difficultés.  C'eft 
;  une  partie  de  la  confirmation.  Confutatio.  Ce  mot 
vieillit ,  on  dit  ordinairement  réfutation. 

CONFUTER.  vieux  v.  a.  Détruire  les  argumerts,  &  les 
ob'ediion';  d'un  adverfaire.  Confiture ,  refutare.  On 
dit  ordinairement  rafiner ,  du  latin  confutiire, 

CONGALI  ou  CONGAL.  f.m.  Nom  d'iiomme.  Con- 
gallus.  S.  Congal ,  ou  Comgal  ,  Abbé  de  Bcnchor, 
dansleComté  de  DonneenIrlandc,mourutran(îoi, 
âgé  de  quatre-vingt-un  ans.  V^siKivSiJjritan  ,  £c- 
c/ef.Antij.W  fut  le  perc  d'une  Congrégation  de  Re- 
ligieux très-confidérable  en  Irlande,  &:  que  l'Auteur 
de  VHiJt.  des  Ord.  Mona/L  &  Relig.  P.  il ,  ch.  zo  , 
met  au  nombre  des  Clianoines  Réguliers. 

CONGE.  I.  m.  Vaifléau  pour  mefurer  des  liqueurs 
cliez  les  Romains.  Contins.  Diofcoride  dit  que  le 
congé  conrenoit  dix  livres  d'eau  ,  poids  Romain  : 
ce  qui  revient  à  iîx  fctiers.  On  voit  encore  à  Rome 
dans  le  Palais  Fan-ièrc  le  con^e  de  Vefpafîcn,  avec 
une  înfcription.  Il  peut  fefvir  de  règle  pour  s'allurer 
des  mefures  anciennes ,  &  de  la  proportion  qu'elles 
avoienr  avec  les  nôtres.  M.  Peirefc  en  fit  faire  à 
Rome  une  copie ,  que  l'on  garde  à  Paris  à  Sainte  Ge- 
neviève. LyVNCELOTi 

§Cr  CONGE  ,  f.  m  fignifie  en  général  permilfion  que 
donne  un  fupérieur  à  un  inférieur  qui  le  difpenfe  de 
quelque  devoir  auquel  il  étoit  obligé  envers  lui. 
Pûtejlas  ,  venia.  Un  Moine  ne  p^ut  Ibrtir  du  Cou- 
vent fans  le  congé  de  l'on  fupériear  -,  un  mineur  ne 
peut  fe  marier  fans  le  congé  de  feS  parens.  Une  femme 
ne  peut  s'obliger  fans  le  congé  de  l'on  mari ,  fans  la 
permi/Tion ,  fans  l'autorité. 

§3°  Ménage  dérive  ce  mot  de  commiatum  qu'on  a  dit 
pour  commentinn.  Les  Italiens  difent  congeio. 

^CF  Congé.  Permilfion  que  donne  un  maîrre  à  fon 
domeftique  de  s'abfent^r  pour  quelque  temps  i  il  a 
accordé  à  Ton  domeflique  un  congé  d'un  mois ,  où 
lapermiffion  de  fe  retirer  pour  toujours ,  où  l'ordre 
de  le  faire  ,  en  cas  de  mécontentement.  Son  maître 
lui  a  donné  fon  congé.  Mijjio ,  dimi(jîo.  On  le  dit 
aufli  de  la  perniifllon  qu'"  deman.le  le  domeflique  de 
fc  retirer  ,  de  quitter  fon  maître.  Il  a  demandé  fon 
congé  à  fon  maître. 

|Cr  Congé  fe  dit  auffi  généralement  de  tout  ordre 
quel'on  donneà  quelqu'un  de  fe  retirer  d'une  maifon, 
de  fé  dcfifter  de  quelque  prcrention.  Dimiffio.  Ce 
jeune  homme  rechercho't  telle  fille ':n  mariage;  mais 
les  parens  lui  ont  donné  fon  congé.  On  a  donné  congé 
à  cet  écorniflcur. 

Congé  eftaulTi  l'adte  ou  déclaration  que  peuvent  faire 
réciproquemert  le  propriétaire  d'une  ma'fon  à  fon 
locataire,  pour  en  faire  dclotrer  le  locataire,  où 
celui-ci  au  propriétaire  ,  'pour  être  déchargé  des 
loyers.  Dimifjio.  Il  faut  donner  con^é  avant  les  iix 
mois  pourun'=  maifon  entière  \  avant  les  trois  mois 
pour  Une  portion  -,  &  avant  les  fix  femaines  pour  des 
chambres. 
Congé,  en  termes  de  Palais ,  eft  un  Ade  donné  au 
défendeur ,  ou  une  décharge  de  l'aillgnarion  donnée 
à  la  requête  d'un  demandeur  ,  qui  ne  comonroît  pas 
pour  plaider  fa  demande.  Proyocato  data  miffio  ad- 


C  ON 


79 


verfiis provocantem  non  tuentem  injure fuamprcvo- 
cationcm.  On  appelle  congé  de  défaut ,  &C  de  non- 
comparence,  lorfqu'il  y  a  des  demandes  ïefpcctivcs^ 
&  qu'il  n'y  a  qu'une  partie  qui  comparoît.  Le  coJigé 
de  défaut  fe  donne  à  l'appelant  qui  a  été  anticipé 
contre  l'anticipant  délkillant ,  parce  qu'il  eli  en  quel- 
que façon  défendeur  &  demandeur.  On  a  prononcé 
le  congé  à  l'audience  en  prcfence  du  Procureur,  il 
y  a  aulfi  un  congé  faute  de  bailler  copie  des  oiéces 
judificatives  de  la  demande.  Il  faut  làire  juger  le  pro- 
fit du  congé. 

Congé  d'adjuger  efl:  une  Sentence  ou  un  Arrêt ,  qui 
cfl:  rendu  fur  l'adignarion  qui  efl:  donnée  à  la  partie 
faifie,  pat  le  poutfuivant  criées ,  à  l'effet  de  propo- 
fer  fes  moyens  de  nullité,  il  aucun  il  y  a  j  contre 
les  exploits  de  commandement,  ftifie-réelle  ,  é:a- 
blifîcment  de  CommiU'aire  ,  fignification  d'iceile  fai- 
fie ,  appofition  d'affiches  avec  pannonceaux  Royaux  , 
fignification  de  ladite  appofition  ,  Procès  verbal  des 
quatre  criées,  &  quatorzaines  anciennes  &  ord'- 
naires  &  accourumées  ,  certifications  d'icelles ,  &C 
Sentence  ou  Arrêt  de  rapport. 

Congé,  terme d'Architefture.  Adouciflfement  en  por- 
tion de  cercle,  comme  celui  qui  joint  le  fût  à  la  cein- 
ture de  la  colonne.  C'eft  la  même  chofe  que  efcape. 
Voyez  EscAPE. 

gO'CoNGÉ  fe  dit  auffi  de  l'aélion  d'aller  faluer  les  per- 
fonnes  à  qui  l'on  doit  beaucoup  de  refpeél:,  &c  pren- 
dre leurs  ordres  avant  que  de  partir.  Salutem  dicera 
Les  Officiers,  avant  que  de  partit  pour  l'Armée,  vont 
prendre  congé  du  Roi ,  oulîmplement  vont  prendre 
congé. 

fC?  On  le  dit  auflî  de  l'adieu  qu'on  dit  à  fes  amis  quand; 
on  va  en  campagne.  Il  partira  demain  ,  il  prend  au- 
jourd'hui congé  de  fes  amis.  Je  n'ai  pas  voulu  partir 
fans  prendie  cojigé  de  vous,  InvLjo  te  ,  projicifci 
nolui. 

03  Quand  on  dit  qu'un  AmbafFadeur  a  eu  fon  audience 
de  congé ,  on  entend  qu'il  a  eu  la  dernière  audienca 
publique  qu'il  devoir  avoir  avant  fon  dépatt,  Koyer 
Audience^ 

Congé  ,  terme  de  Collège.  Jour  auquel  les  chfTes  va- 
quent, oii  l'on  ne  va  point  en  claffe.  Dies  vaca- 
tionis  ,  vacatio  à  fcholls.  C'eft  demain  congé.  Les 
Ecoliets  perdent  leur  temps,  quand  les  congés  font 
ttop  fréquens. 

|ÎC?CoNGÉ,dans  PArtMilitaire.  Permiffion  donnée  a  un 
Soldar  de  s'abfentet  de  l'armée,  ou  de  quitter  tout- 
à-fait  le  fervice.  Miffio. 

gCrCoNGÉ  ahfolu  ,  chez  les  Romains ,  mérité  par  l'âgé 
&  le  fervice.  Miff^o  jufla&  honcjia.  Congé  abfolu , 
pour  raifon  de  blelfureSjOU  infirmirés.  Pour  maF/erfa- 
tions,6'c.  Turpis  &  ignominiofamijio.  Congé  accor- 
dé fous  les  Empereurs  aux  vétérans  dii'pejifés  de 
tout,  excepté  de  combattte  contre  Fennemi.  Exauc' 
tordtio.  Voyez  ce  mot  &  vétéran.  Congé  accordé  aur 
vétérans  qu'on  renvoybit  avec  la  récompenfe  pro-* 
mi  fe,p/enamiJjloi 

0C?  Congé,  en  termes  de  Mariné,  efl:  une  Patenté 
qu'un  Roi  ou  une  République  donnent  .à  leurs  Sujets^ 
pour  leur  permette  de  naviger  ,  de  courir  les  Mers  j 
faure  de  la  repréfentation  de  laquelle  on  eO:  réputé 
corfaire.  Diploma  navigandi  potefîatem  fucicns. 

Congé  efl  auffi  une  permiffion  de  naviger  que  doi-' 
vent  prendre  tous  les  vaifl'eaux  qui  forrenr  des  porrs , 
foit  des  Gouverneurs ,  foit  des  Juges  de  FAmirauté, 
comme  il  ed  enjoint  pat  FOrdonnance  de  la  Marine. 
Commeatus.  Il  faur  remarquer  qu'on  fe  ferr  du  mot 
de  conc^e.,  oi\ paffeport  c\wxnA  on  le  donne  i  des  fu- 
Jcrs  \  Acfîirete ,  quand  on  le  donne  aux  ennemis.  Le 
con<re  fur  les  côtes  de  Rrnagne  s'apn<'lle  Brieuxy 
&:  on  dit ,  parler  aux  ffjhieux  -,  pour  dire  ,  deman- 
der ce  con<:e.  Voyez  l'Ordonnance  On  dit  congé 
po'ir  forrir  d'un  port,  &C permiffion  pouty  entrer. 

Congé  au  menu.  On  nôrtimé  ainfi  à  Bourdeaux  les  pet-' 
minions  qui  font  dc^nées  aur  Mirchands  par  les 
Commis  du  >j-rand  R'ir  \iu  des  Ferme  du  Roi ,  noue 
faire  charger  fur  leurs  valilcaurj  qui  lom.  en  chztga 


8oo 


CO  N 


incnt,  des  marchandiles  pat  le  mmu ,  c'eft-à-dirc  , 
en  détail  U  en  petites  parties. 

fcy  CotiGÉ  d'enirée ,  eft  un  acquit  que  les  Buraliftes 
délivTenta  l'effet  de  pouvoir  enlever  des  vins  ou 
autres  marchandiles  ,  &  les  faire  entrer  dans  la 
ville.  Ces  congés  qui  fe  donnent  aux  Poftes ,  s'appel- 
lent des  laijei-pajfer. 

Congé  de  remuage.  Autre  vexation  ufitée  dans  les  Ai- 
des. Ceft  une  permifïîon  qu'où  obtient  au  Bureau 
des  Aides ,  pour  faire  enlever  Se  tranlporter  les  vins 
d'une  cave  dans  une  autre.  Il  efl:  défendu  à  tous  par- 
ticuliers d'enlever,  ou  faire  enlever  ,  aucuns  vins  de 
leurs  caves ,  celliers  &  autres  lieux  ,  ni  de  les  tranf- 
porter  en  d'autres  maifons ,  fans  prendre  un  congc 
de  remuasse,  à  peine  de  confifcation  &  de  cent  livres 
d'amende.   Ordonn.  des  Aides  de  \6Z6. 

ffT  Congé  d'encavement ,  terme  de  Commis  aux  Ai- 
des. Permifïîon  d'encaver  ,  de  mettre  du  vin  dans 
la  Cave.  Facultas  plenavino  do/ia  in  cellam  vina- 
riam  dimiitendi.  11  n'a  pu  montrer  Ion  congé  d'en- 
cavement. 

Congé  dans  les  Arts  &  Métiers.  Déclaration  par 
écrit  que  tout  garçon  ou  compagnon  efl;  obligé  de 
prendre  du  maître  chez  qui  il  travailloit ,  pour  jufli- 
fier  qu'il  l'a  quitté  de  Ion  bon  gré ,  &  qu'il  y  a  rem- 
pli l'objet  pour  lequel  il  s'y  étoit  engagé.  Il  eft;  dé- 
fendu aux  autres  maîtres ,  fous  peine  d'amende  ,  de 
recevoir  un  Compagnon  qui  ne  Ibit  pas  muni  d'un 
pareil  congé  ou  certificat. 

ffT  Aller  au  congé,  c'eft;  aller  chez  le  Maître  d'où  fort 
l'Ouvrier  qu'on  veut  engager  ,  pour  y  prendre  les 
informations  néceflaires. 

ffT  On  dit  proverbialement ,  pour  boire  de  l'eau  Bi 
coucher  dehors ,  on  n'en  demande  congé  à  perlbnne. 

CONGÉABLE  ,  adj.  terme  de  coutumes,  qui  fe  dit 
d'un  domaine  dont  le  pofléffeur  eft  obligé  de  fe  def- 
faifir  à  la  volonté  du  Seigneur  duquel  il  eft  tenu ,  en 
lui  payant  lés  améliorations.  Il  y  en  a  beaucoup  de 
cette  forte  en  Bretagne. 

CONGÉDIER  ,  V.  a.  Donner  congé  ,  permifïîon  de  fe 
retirer.  Il  fe  dit  des  troupes ,  ce  qu'on  appelle  autre- 
ment Ucender.  Exercimm  dimittcre ,  mijfwnem  ddre 
copiis.  On  le  dit  aufïi  des  compagnies ,  ou  des  aff:m- 
blées.  Dimiterre  ,  mijfumfacere.  On  a  congédié  le 
Clergé,  les  Etats.  On  a  congédié  cet  Ambafîadeur  avec 
de  riches  prélens. 

Du  Gange  dérive  ce  mot  de  congeare,  terme  de  la 
balle  latinité.  On  dilbit  autrefois  congéer. 

Congédier  ,  renvoyer ,   donner  ordre  de  fe  retirer 
Dimittere.'L^  néceflîté  l'a  contraint  de  congédier  la- 
plus  grande  partie  de  fes  gens.  Cette  fille  a  congédié 
tous  fes  amans  pour  fe  retirer  dans  un  Cloître. 

On  dit  aulîi  en  Fauconnerie,  congédier  l'oifcau, 
quand  il  n'efl;  plus  en  état  de  lérvir  ion  maître. 

CongÉd^ié,  ée  ,   part.  Dimiffus. 

CONGÉLATION  ,  f  i.  terme  de  Médecine.  C'eft  un 
nom  qu'on  a  donné  à  la  Catalepfie ,  à  caufe  que  ceux 
qui  en  font  attaqués,  ont  les  membres  roides  2c  fans 
mouvement,  comme  s'ils  étoient  gelés.  Voye:^  Ca- 
talepsie Col  de  Villars. 

Congélation.  M.Félibien  écrit  ce  mot  avec  deux  //. 
Aétion  par  laquelle  une  chofe  eft  congelée  ■■,  &  crat 
où  font  les  liqueurs  co/zge/f'ej, fixation  d'un  fluide  par 
le  froid.  Voye^  Glace.  Congelatio.  La  congélation 
fe  fait  toujours  par  le  froid  ,  &  en  cela  diffère  de  la 
coazula.iion  ,  qui  fe  fait  par  d'autres  caufes. 

ffT  Quelques-uns  confondent  mal-à-propos  la  coa- 
i^ulation  avec  la  congélation.  Les  blellùres  des  af- 
pics  font  mortelles  par  la  prompte  congélation  qui 
fe  fait  du  fang,qui  en  empêche  la  circulation.  Il  faut 
dire  coagulation,  épailTiirement. 

Congélation  fe  dit  aulTi  des  c\\o(es congé lées,Aç:  cer- 
tains corps  fluides  qui  viennent  à  fe  durcir,  par  quel- 
que caufe  que  ce  Ibit.  On  trouve  dans  les  Alpes  mille 
fortes  ce  congélations  de  toutes  fortes  de  fucs  qui  fbnt 
d'Line  variété  admirable.  On  s'en  fert  à  orner  des 
grottes. 

ÇCT  Les  cons^élations  font  des  fucs  de  la  terre  congelés    , 
dans  les  montagnes ,  dans  les  grottes  &  dans  les  ca-  ' 


C  O  N 

verncs  fouterainnes.  On  en  apporte  du  Levant,  de 
Norvège  ,  des  Alpes  ,  qui  font  d'une  variété  ad- 
mirable dans  leurs  figures.  Elles  repréfentent  des  gla- 
çons,  des  grappes  de  railîn,  des  tuyaux,  des  co- 
lonnes ,  &c. 
0Cr  Parmi  les  congélations  appelées  concrétions  crif^ 
tallines ,  celles  qui  font  opaques  &qui  forment  dif- 
férentes figures  rondes  &  relevées  en  relief,  fe  nom- 
ment Stalagmites. 

^tCT  Les  congélations  qui  croifTent  en  longueur  ,  for- 
mant des  Cylindres,  s'appellent  Stalacitês.  Elles  font 
tranf'parcntes  comme  l'eau  qui  les  lorme  ,  &  de  di- 
verfes  figures ,  fbuvent  unies  &  pyramidales  ,  diffé- 
rentes en  cela  des  Stalagmites  qui  font  opaques  &: 
toujours  rondes.  Ce  n'eft  que  du  fpat  qui  s'attache 
à  la  pierre,  &  fe  forme  au  moyen  de  l'eau  qui  pafîe 
à  travers  les  crevaflés  des  grottes  &  des  carrières. 
Cette  eau  s'arrête  au  haut  de  la  voûte  ;  elle  y  paroîr 
fufpendue  en  goûtes  de  figure  cylindrique  ;  &  par  fx 
pciantcur ,  tombe  &  fe  coagule  en  plufieurs  couches, 
dont  l'élévation,  petit-à-petit,  en  forme  d'arbuftes , 
gagne  fbuvent  le  haut  de  la  voûte.  L'eau  qui  tombe 
continuellement  augmente  le  volume  de  ces  congé- 
lations ,  èc  en  varie  infiniment  les  formes. 

§Cr  Dans  les  caves  de  l'obfervatoire ,  dans  l'endroit 
le  plus  fpacieux,  occupé  par  un  gros  rocher  ,  on 
voit  des  congélations  formées  par  des  goures  d'eau 
qui  tombent  de  la  voûte.  Cette  eau  en  fe  filtrant  au. 
travers  de  la  roche,  fe  charge  d^ns  fon  chemin  d'une 
matière  terreftre  &  d'un  lue  pierreux  qui  fe  coagule 
£■:  revêt  la  pierre  par  où  elle  palfe.  Toute  la  voûte  en 
eft  tapiifée.  Ces  goûtes  en  fe  coagulant  fe  font  alon- 
gées  d'un  pouce  avant  de  tomber.  L'eau  qui  gagne 
le  bas  va  fe  perdre  fans  caufer  aucun  change- 
ment, 

(fT  Tournefort  dit  que  ce  n'eft  point  l'eau  qui  forme 
CCS  congélations  ;  mais  que  ce  fonr  des  pierres  &des 
marbres  qui  ont  un  germe  ,  8c  qui  végètent  comme 
les  plantes. 

L'Académie  de  Florence  a  fait  plufieurs  expérien- 
ces fur  les  congélations  artificielles.  Elle  les  explique 
fort  nettement  dans  fes  Saggi  di  naturali  e^pcrien^e^ 
&  voici  les  remarques  qu'elle  fait: on  met  le  liquide 
que  l'on  veut  congeler  dans  une  phiole  de  verre. 
Lorfque  l'on  plonge  la  première  fois  cette  phiole, 
au  moment  qu'on  la  touche,  on  remarque  dans  le 
cou  de  la  phiole  un  petit  foulévement  du  liquide , 
mais  qui  lé  fait  très-vîte.  Enfuite  le  liquide  fe  retire 
dans  la  phiole ,  par  un  mouvement  très-réglé ,  & 
d'une  médiocre  vîrelfe  jufqu'à  un  ccrrain  poinr  , 
où  il  rcftc  en  repos ,  autant  que  les  yeux  en  peuvent 
juger.  Enfuite  on  le  voit  peu-à-peu  recommencer  à 
s'élever  ,  mais  par  un  mouvement  très-lent ,  &  qui 
paroît  toujours  égal.  Après  quoi ,  fans  aucune  accé- 
lération proportionnelle  ,  il  fait  fubitement  un  faut 
fi  rapide  ,  qu'il  eft  impolliblc  de  le  fuivre  des  yeux , 
&  comme  cette  impétuofité  furieufc  commence  en 
un  inftant ,  elle  finit  de  même  en  un  inftant ,  fie  apte  s 
cette  rapidité  fi  grande ,  le  liquide  prend  un  m®uvc- 
ment  à  la  vérité  fort  vîte  ,  mais  incomparablement 
moins  que  le  précédent,  &  continue  ainfi  à  s'élever, 
&  quelquefois  même  jufqu'au  haut  du  cou  de  la 
phiole,  &  jufqu'à  en  fortir.  Pendant  tout  le  temps 
que  ces  chofesfe  pafTent ,  on  voit  par  fois  venir  fur 
l'eau  de  petits  corpufculcs  d'air,  ou  d'une  lùbftance 
encore  plus  fubtile  ,  tantôt  en  plus  grande  quanritc , 
&  tantôt  en  moindre  ;  mais  cetre  féparation  ne  com- 
mence que  lorfque  l'eau  a  prisun  grandfroid ,  com- 
me f[  ce  degré  de  froid  avoir  la  faculté  de  féparer  ces 
parties,  &:  de  les  faire  fortir  de  l'eau.  Or ,  tous  ces 
accidens  font  toujours  arrivés  de  la  même  manière  ^ 
&  toutes  les  fois  qu'on  a  répété  l'expérience.  Du 
refte  ayant  examiné  avec  foin  quel  étoit  le  temps 
précis  de  la  cotigelation  ,  &  pour  cela  ayant  fouvent 
un  peu  retiré  la  phiole  de  la  glace  ,  ou  quelque  foi- 
gneufemenr  qu'on  ait  fait  l'obfervation,  on  n'a  jamais 
pu  remarquer  la  moindre  veine  de  glace ,  mais  la  li- 
gueur a  toujours  paru  ou  toute  fluide  ou  toute  gla- 
cée 


C  O  N 

cèe.  D'où  l'Académie  conclut  que  la  congélation  fe 
fait  en  un  inftant. 

L'Académie  de  Florence  a  plus  fait;  elle  a  donné 
des  tables  de  tous  ces  accidens  dans  Ic/quelles  elle 
marque  comment  ils  arrivent  fur  diffcrens  liquides , 
&  elle  y  met  premièrement  l'État  naturel  du  li- 
quide ,  c'eft-à-dire  >  le  degré  où  il  eft  dans  le  cou  de 
la  phiole  avant  qu'on  la  plonge  dans  la  glace. 

2°.  Le  Saut  de  l'immersion  ,  c'eft-à-dire,  le 
mouvement  du  liquide  au  moment  qu'on  le  plonge 
<lans  la  glace. 

}o.  L'abaissement  ,  c'eft-à-dire  ,  le  degré  auquel 
la  liqueur  Te  remet  après  le  faut  de  l'immerfion. 

4°.  Le  Repos  ,  ou  le  degré  d'élévation  auquel 
elle  reftc  après  s'être  abaidee. 

5°.  Le  Soulèvement.  C'eft  le  degré  où  elle  fe 
lève  enfuiîe  par  un  mouvement  très-lent  &:  toujours 
égal, 

«3°.  Le  Saut  de  la  Congélation.  C'eft  le  degré 
où  le  liquide  monte  par  ce  mouvement  rapide  Se  im- 


^  ON 


^  ^  iN  8oi 

pétueux  qu'il  prend  dans  le  moment  de  la  congela^ 


tton. 


L'Académie  fit  plus.  Elle  fe  fer  vit  d'un  thermomè- 
tre &  d'une  pendule  ,  pour  ohrcrver  par  le  thermo- 
mètre àtjuel  degré  de  ftoid,  &  par  la  pendule  en 
quel  temps  preciicment  arrivoit  chacune  des  varia- 
tions dont  on  a  parlé.  Mais  comme  il  étoit  impofïï- 
ble  d'appliquer  toujours  également  en  même-temps 
la  glace  à  la  phiole  &:  au  thermomètre  ,  que  la  dofè 
de  fel  n'eftpas  toujours  précifément  la  même  fur  la, 
neige  ou  fur  la  glace  dont  on  fe  ferr  pour  faire  ces 
<angilations ,  qu'on  ne  peut  pas  le  diftribuer  égale- 
ment de  touscôt«s ,  parce  que  la  neige  ou  la  glace  fe 
durciflent  aufll-tôt  qu'on  y  jette  le  fel  j  &  qu'ainfi  on 
ne  peut  s'aflurer  qu'il  agilfe  avec  une  égale  force  de 
toutes  parts ,  on  ne  peut  fiirement  compter  fur  Its 
degrés  de  froid  marqués  par  le  thermomètre.  Néan- 
moins on  n'a  pas  laiflé  de  marquer  dans  les  tables  \ts 
degrés  de  froid  du  thermomètre  ,  &  le  nombre  des 
vibrations  dans  lequel  chaque  changement  arrivoit 

Voici  ces  tables  traduites  en  François,  ^ 


PREMIÈRE    CONGÉLATION 
De    l'eau  de   Fontaine. 
Deg.  eu  Vaf,  Différence.  Deg.  du  Th.  Différence.  Vibrations.  Différencej 


ïtat  naturel. 

ï4i. 

r\. 

I}?. 

C. 

o. 

*3 

Saut  dt>  rimmcrlîon. 

ï45t« 

I55' 

23. 

i3T- 

<T4. 

2}2, 

Abaiflêment, 

110. 

a. 

ۂ), 

iO. 

iîî- 

7?. 

Repos. 

110. 

10. 

4?» 

iS, 

3jo. 

1}2, 

Soulèvement, 

I}0. 

7,6. 

55- 

o. 

4^2. 

0. 

Saut  de  la  Con 

gélatîon. 

i66. 

53- 

0, 

îl  eft  à  remarquer  que  dans  cette  congélation  Bc  les  quatre  fuivantes,  les  vibrations  étoîent  de  S^  à  U  itiiïïiXXCl 
SECONDE    CONGÉLATION   DE    LA   MÊME  EAU. 

Deg.  du  Vaf.  Diffétenee.  Deg.  du  Th.  Différence,  Vibrations,  DiffAençe^ 


Etat  naturel. 

144. 

I4îi. 

0. 

Saut  de  l'immerfion. 

14^1 

if 

118. 

a5K 

iy. 

*5. 

Abaiflemenc. 

119  j. 

17. 
0. 

}8. 

80, 

10. 

280. 

Repos. 

Soulèvement. 

Ï19X. 
iji. 

lih 

28. 
17- 

II. 

41  j. 
882, 

4^7' 

Saut  de  la  Congélation. 

170. 

39« 

17- 

0. 

0. 

0, 

TROISIÈME  CONGÉLATION   DE  LA  MÊME  EAU. 

Deg.  du  Vaf.  Différtnce.  Deg.  du  Th.  Différence,  Vibration».  Différence» 


Etat  naturel. 

145. 

i. 

141-1. 

iSi. 

D. 

^î- 

Saut  de  l'immerfion. 

I4J. 

I2J. 

l?» 

Mî. 

74. 

349. 

AbaifTement» 

iipi.  . 

0. 

51. 

7- 

i^9' 

1()S, 

Repos. 

119I. 

»o, 

44» 

^. 

s^s- 

3C8» 

Soulèvement. 

125,1. 

59|. 

?9- 

C. 

5>3Î' 

«. 

Saut  de  la  Cong 

élation. 

16^, 

3i>« 

9. 

Dans  ces  congélations  l'eau  dans  fon  état  naturel 
n'étoit  point  au  même  degré  à  caufe  des  différen- 
tes caufes  extrinfèques ,  du  ftoid  &.  du  chaud  dif- 
férent, qui  en  altétoient  la  température.  De -là 
vient  que  tous  les  accidens  confcquens  n'arrivoient 
pas  non  plus  au  même  degré  ptécjicnjent,  Nçan- 
T«me  JI,  , 


moins  en  réduifant  dans  la  fccânde  Su  la  troîfièmô 
congélation  l'état  naturel  de  l'eau  à  41  degrés ,  &: 
tous  ieî  cinq  autres  changeraens  à  proportion  3  c.i 
veT^  qu'il  y  a  très-peu  de  différence  entre  c(  ■■ 
ccn^î'^noTis  &  la  ^rçiniç:.'  ,   gC  qu'elle  eft  ptefr;- 

llUi 


Hîï' 

IT. 

I4II. 

II. 

0. 

18, 

147. 

58, 

155- 

85. 

51. 

3i<î. 

169. 

49i' 

347. 

lôc). 

0. 

4J- 

4i- 
19^ 

587. 

40. 
558. 

lij. 

ijT. 

ç,X$. 

ÏOj.' 

0. 

■ 

0. 

130. 

Z5i- 

8oi  CON  CON 

PRE   M  ifcR^E    CONGÉLATION 
JDe   l'eau      ke   pleurs    de   Myb-the    distillées. 

Deg.  du  Vaf.  Différence,  Deg.  du  Th.  Différence.  Vibrations.  Différence! 

Etat  naturel. 

Saut  de  rimmerfio  n, 

Abaiflement- 

Repos. 

Soulèvement. 

Saut  de  la  Congélation.  130. 

SECONDE   CONGÉLATION   DE   LA   MEME   EAU. 

"  ^  -  Deg.  du  Vaf.  Différence.  Pcg.  du  Th.  Différence.  Vibrations.  Différence 

Etat  naturel. 

Saut  de  rimmerfion,       lA^i' 
Abaiflement, 
Repos. 
Soulèvement. 

Saut  de  la  Congélation.  131. 
Êans  l«s  congéldficfi^  fuivantes ,  on  changea  d'horloge  ,  &  les  vibrations  n'étoient  plus  que  de  ^0  à  la  .'^-.'nute. 

PREMIÈRECONGÉLATION 
^B    l'eau    Rose    Distillée   dans    du    plomb. 

Deg.  du  Vaf.  Différence,  Deg   du  Th.  Différence.  Vibrations,  Différeneei 


I4(j. 

141. 

0, 

î- 

ir. 

5I' 

1494. 

131. 

18. 

108. 

41. 
0. 

?5. 

96. 

46'o. 

44i. 
58. 

108. 

18I. 

iii. 

lÎT. 

518. 

«09. 

116^^. 

106. 

lOÏ. 

«. 

1327. 

131. 

lyî. 

Etat  naturel. 

«40T. 

a- 

142. 

4« 

0. 

io. 

Sant  de  rimmerfiott, 

143. 

tj. 

138. 

88. 

io. 

351. 

Abaiflèmen% 

ïi<î« 

0. 

JO. 

4- 

351- 

38. 

Repos. 

ii(î. 

II  T' 

4<î. 

20. 

589. 

35^. 

Soulèvement, 

117- 

^7. 

2(?, 

0. 

745' 

0. 

-Çaiif  Af  la.  Conaélâtion 

1.  194. 

ICÎ. 

SECONDE  CONGÉLATION    DE   LA   MÊME    EAU. 

Degr,  du  Vaf,  Différence.  Degr.  du  Th.  Différence.  Vibrations.  Différenc*. 


ïtat  naturel. 

140  T. 

I, 

141. 

itf. 

0, 

21, 

Saut  de  l'Immerfion. 

I42-T- 

^7. 

IZJ. 

8(î. 

21, 

555- 

Abaiflement. 

1'5t. 

0. 

39- 

si' 

354- 

16S, 

Repos. 

I-ISt. 

iii. 

291. 

II. 

5fi. 

73J. 

Soulèvement, 

127. 

^7. 

18  :• 

0. 

Ï2Î7. 

S 

Saut  de  la  Congélation. 

194. 

i8i. 

0. 

PREMIÈRE     CONGÉLATION 

De    fleur   d' Orange    distillée   dans    du    plomb. 

Degr.  du  Vaf.  Différence.  Degr.  du  Th.  Différence.  Vibrations.  DiUsitutai 

Etat,  naturel.  137,  142.  o. 

i. 
$aut  de  l'Immerfion.       159.  150. 

z8. 


12. 

»4. 

14. 

85i. 

*i»7» 

CON 


COH 


^^, 


.    ÀbaifTement. 

Repos. 

Soulèvement, 

Saut  de  la  Congélation.  256, 

Comme  on  remarquoit  toujours  de  la  difFc- 
tence  dans  les  fécondes  congélations ,  on  voulut 
chercher  quelle  en  étoit  la  caufe.  Et  pour  cela , 


III. 

4^1. 

3Ji. 

0. 

1, 

6'4; 

m. 

- 

441. 

375. 

16. 

H. 

505, 

I2t. 

10  ■. 

880, 

123. 

'  à» 

0- 

256, 

lak. 

o„ 

on  vida  la  cuvette,   &  l'on  y  remit  de  la  glacè 
avec  du  fel ,  &  l'expérience  fe  fit  comme  il  fuit; 


SECONDE    CONGELATION. 

De    l'eau    de    fleur    d' Orange. 

Degt.  du  Vaf.  Différence.  Degr.  du  Th.  Différence.  Vibrations.  Différence^ 


Etat  naturel. 

ï37t. 

iî- 

142. 

22, 

0. 

29. 

Saut  de  rimmerfion. 

140, 

z8i. 

120. 

74- 

tÇ). 

5  37« 

AbaifTement. 

liif; 

0; 

4^. 

2. 

i66. 

t8. 

Repos, 

iiif. 

I?. 

44. 

ii|. 

384. 

525, 

Soulèvement; 

îiy. 

Ï2I, 

3IÎ' 

0, 

5)07. 

0. 

Saut  de  la  Congélatioi 

Ti.  248. 

3ii. 

b. 

De  forte  qu'il  paroît  que  la  différence  des  fe- 
tondes  expériences  aux  premières ,  ne  vient  point 
des  liqueurs,  mais  fe  doit  attribuer  à  la  glace,  qu'ap- 
paremment la  pointe  du  froid  que  le  fel  lui  com- 
munique, diminue,  &  qu'elle  a  befoin  d'un  temps 
plus  long  pour  agir.  Et  qu'ainfi  ne  foit,  lorfque 
l^on  a  changé  la  glace ,  la  différence  de  la  pre- 
mière à  la  léconde  congélation  de  l'eau  de  fleur  d'o- 
range n'a  été  que  i' ,  4<î",  aU  lieu  qu'en  ne  la  chan- 
geant point,  elle  eft  allée  jufqu'à  7',  25)"  &  1 5',  20", 
comme  on  le  voit  dans  la  première  &  la  féconde 


congélation  de  l'eau  rofe,  &  dans  la  première  &c  lâ 
troifième  de  l'eau  de  fontaine.  On  verra  même  par 
la  féconde  congélation  ,  de  l'eau  de  fraifes  que  la 
petite  différence  i',4<î"  qui  fe  trouve  dans  la  féconde 
congélation  de  l'eau  de  fleur  d'orange  eft  purement 
accidentelle ,  Sc  qu'elle  ne  vient  point  d'aucune 
rcfiftance  à  une  nouvelle  congélation  qu'elle  ait  ac- 
quife  dans  la  première ,  puifque  la  glace  ayant  été 
auffi  renouvellée  dans  la  Ceconde  congélation  de 
l'eau  de  fraifes  ,  elle  fe  fit  en  }',  15"  moins  que  là 
première. 


PREMIÈRE    CONGÉLATION 
De   l'eAù    de   Fraises   distillées    Au   bain   mariÈô 

Degr.  du  Vaf.  Différence.  Degr.,  du  Th.  Différence.  Vibrations.  Différence^ 


Etat  naturel. 

Ï57' 

i. 

145. 

23; 

0. 

30. 

iSaut  de  l'Immerfion; 

i}5?. 

t20. 

50, 

28. 

83. 

405. 

Abaiffemcnt; 

m. 

0, 

57. 

i. 

43  î^ 

ij; 

Repos; 

iii* 

15. 

3^. 

171- 

4jo, 

558^ 

Soulèvement. 

ri(S, 

8c), 

i8i. 

Oi 

988. 

0. 

Saut  de  la  Con 

délation. 

iij. 

t84. 

6- 

SECONDE   CONGÉLATIONDE   LÀ   MÊME   EAU. 

Degr.  du  Vaf,  Différence.  Degt.  du  Th.  Différence,  Vibrations,  Différence;; 


Etat  naturel. 

139. 

i 

1437. 

9' 

0, 

ï8. 

Saut  de  l'Immerfion, 

141. 

ty; 

i34ï.' 

9^i' 

18. 

40i, 

Abaiffement, 

114. 

ai 

42. 

ii 

420i 

7^ 

Repos. 

114, 

iji 

41; 

20. 

427. 

44^* 

Soulèvement. 

129. 

8<î. 

il; 

Oi 

873- 

Saut  de  la  Consèlatiot 

1,    2Iïi 

11) 

On  peut  remarquer  que  le  faut  de  l'eau  au  mo- 
ment de  la  congélation ,  eft  plus  ou  moins  haut , 
comme  auffi  plus  ou  moins  rapide  en  différens  flui- 


des ,  &  il  paroît  qu'il  eft  plus  haut  &  plus  rapide 
en  ceux  qui  fe  gèlent  plus  fortement. 

iiiiii} 


So/, 


CON 


CON 


CONGÉLATION   DE   L'EAU   DE   CANNELLE   DISTILLÉE. 

Degt.  du  Vaf.  Différence.  Degt.  du  Th.  Diffétenc*.  Vibrations, 


Etat  natarel. 

t59Î. 

l[. 

141. 

7- 

0. 

Saut  de  rimmerfîon. 

141. 

Z9^. 

1551. 

881. 

13. 

Abairtcment. 

aiif. 

0. 

45- 

6. 

547. 

Repos. 

mi. 

9' 

Î9- 

II. 

Co. 

Soulèvement. 

I20i, 

i7- 

500. 

torfque  par  le  mouvement  très-lent,  avec  le- 
quel cette  eau  s'étoit  élevée  après  fon  repos,  elle 
fut  arrivée  à  i  zo  ^ ,  au  lieu  de  s'clancer  par  un  faut 
rapide ,  elle  ne  fit  autre  chofe  que  de  prendre  en 
un  moment  un  mouvement  un  peu  plus  vice.  Ce 
qu'ayant  remarqué,  on  retira  lubitcment  la  phiole 
de  la  glace ,  &c  on  trouva  l'eau  réduite  en  une 
gelée  ïi  fine ,  qu'elle  n'eût  pas  vu  l'air  qu'elle  fut 
détruite. 

Il  "eft  à  remarquer  que  dans  les  congélations 
artificielles ,  il  y  en  a  où  la  glace  eft  plus  tendre  , 


comme  eft  celle  de  l'eau  de  Cannelle,  &  celle  de 
l'eau  Rofe  ,  &  d'autres  où  elle  eft  plus  dure,  telle 
qu'eft  celle  de  l'eau  de  fleurs  d'Orange,  &  celle 
de  ^l'eau  de  fleurs  de  Myrte  ,  laquelle,  à  ce  qu'il 
paroît  julqu'ici ,  eft  celle ,  qui  dans  le  premier 
inftant  de  la  congélation  ,  s'endurcit  le  plus. 

On  pafle  dans  cette  congélation  &  dans  les  fui- 
vantes  les  répétitions  des  expériences ,  parce  qu'on 
peut  fuftifamment  voir  dans  les  exemples  piécé- 
dens ,  la  conformité  des  expériences  dans  les  mêmes 
liqueurs. 


CONGÉLATION    DE    L'EAU    DE     NEIGE. 

Degr.  du  Vaf.  Différenct.  Dejr.  du  Th.  Di.T^rence.  Vibrations,  Différencei 


Etat  naturel. 

I5<^i. 

11. 

14t. 

9- 

0. 

i7 

Saut  de  rimmerfion. 

159. 

28. 

iji. 

80. 

3-7- 

318. 

AbaifTement. 

III. 

0. 

5i- 

4« 

34Î- 

3i 

Repos, 

III. 

5  h 

48. 

S. 

377. 

Soulèvement. 

li6i. 

40. 

Ici  cette  liqueur  accil6ta  Ion  moiivement  ',  mais 
l'accélération  fut  très-lente ,  en  comparaifon  de 
celle  des  autres  liqueurs  au  moment  qu'elles  fe  ge- 
loicnt.  Elle  commença  à  fe  geler  le  long  du  verre, 
&  iùcceflivement  dans  les  parties  extérieures  l'une 
après  l'autre  jufqu'au  centre  ,  avec  la  même  lenteur 
de  raréfaftion  $c  de  mouvement.  La  glace  qui  fe 
£t,-  n'étoit   point   unie  comme  les  autres,  mais 


înref rompue  Se  rayée  de  veînes  inégales  5c:  entre- 
lacées de  tous  les  fens.  L'expérience  ayant  été  faite 
une  féconde  fois,  tout  arriva  à  point  nommé, 
comme  la  première. 

On  la  recommença  avec  la  même  eau  ,  après 
l'avoir  fait  bouillir ,  &  l'on  n'y  remarqua  pas  grande 
différence. 


CONGELATION    DE   L'EAU    DELLA  FICONCELLA. 

Degr.  du  Vaf.  Différence.  Vibrations.  Différence, 


Etat  naturel. 

98. 

» 

0. 

Saut  de  l'Immerfion. 

100. 

i. 

19. 

19. 

AbaifTement. 

71. 

25). 

288. 

ZSc,, 

Repos. 

71. 

0. 

3(^5. 

7J. 

Soulèvement, 

85. 

12. 
117. 

8i5. 

453. 

Saut  de  la  Congélation.  200. 


o. 


CONGÉLATION    DU  VIN    ROUGE    DECRIANT  I. 


Degr.  du  Vaf.   Difll<rence.  Degr,  du  Th.  Diffirence.  Vibrations  Différences 


Etat  naturel. 

141. 

141. 

0. 

. 

Saut  de  l'Immerfion, 

14;. 

2. 

ij-y- 

4. 

IJ. 

I? 

Abaiflemenr. 

77Î. 

0, 

17  i. 

4. 

581- 

95 

CON 


CON 


Repos, 
Soulévemenr, 


Oî 


77 1.' 
2x{. 


71. 


Ho, 


""aucut  fS^  LZZ::r  '^"''^^'  ^^"^^"^  ^-^^  ^^^--^^  S^lo-.  peu  i  peu  dans  le  Vafc  fan.  faire 
CONGÉLATION    DU    VIN    MUSCAT    BLANC 

Cegr.du  Vaf.  Différence.  Dcgr.  d„  Th.  Différence.  Vibr«io«.  Différence. 


Etat  naturel.  j^o. 

Saut  de  rimmerfion,       1421. 
Abaiflement,  -,7, 


11. 


ÎJ9. 

14. 


7* 
108. 


Etant  arnvé-là  fans  s'arrêter  un  moment ,  il  com- 

rmença  a  s'élever  de  nouveau  avec  un  mouvement 

un  peu  plus  vue  que  celui  avec  lequel  on  a  déjà 

du  plufieurs  fois  que  s'élevoient  les  liqueurs,  qui 


C60. 


en  fe  congelant,  s'élançoient  dans  l'inftant  for{ 
liaut.  La  phiole  étant  tirée  de  la  glace  ,  on  trouva 
que  le  vm  avoit  commencé  à  k  geler  dans  les 
parties  extérieures. 


141. 

140." 

0. 

i-. 

14. 

II. 

143« 

154. 

21. 

7)- 

<f8. 

24. 

IIO. 

735. 

724. 

4" 

S- 

440, 

79- 

JS)4' 

ip. 

0. 

II7J. 

^73- 

19. 

CONGÉLATION    DU    VINAIGRE    BLANC. 

Degr.  du  Vaf.  Différence.  Degr.  du  Th.  Différence.  VibraùonE.  Différence. 

Etat  natutel. 
Saut  de  l'Immerfion. 
Abaiflement. 
Soulèvement. 
Il'  Saut  de  la  Congélation.  273. 

CONGÉLATION    DU    JUS    DE    LIMON. 

Degr.  du  Vaf.  Différence.  Degr.  du  Th.  Différencs^ 

Etat  naturel.  141,  j   , 

J  Saut  de  l'Immerfion,       144.  *  j,,^ 

Abai/Tement.  84.  '  22. 

'  Puand  il  fut  arrivé  1  84  degrés ,  il  commença  à  remo:^ter  d'un  mouvement  trés-Ient ,  en  Te  gelant  peu  à  peu. 
CONGÉLATION     DE    L' ESPRIT    DE     VITRIOL. 

Degr.  du  Vaf.  Différence.  Degr.  du  Th.  Différence.  Vibrauon..  Différence. 

Etat  naturel.  1401.  i^of,  o 

I-. 

Saut  de  l'Immerfion.       14.2.  ''     '  tî, 

^  ^7).  15, 


9- 

loi. 


52. 


Abaiflement.  50. 

II  ne  s'arrêta  point-,  mais  étant  arrivé  à  90  de-  ' 

grés  ,  il  commença  à  remonter  avec  un  mouvement 

tres-lent  &  uniforme,  en  fe  srelant  en  même  temps 

en  difFérens  endroits  &  en  différens  plans,  comme 

|On   le  voit  faire  à  l'eau  naturelle,  mife  dans  un 

■vaiflèau  de  verre  ,  &  expofée  .à  l'air  pour  geler. 

CONGÉLATION  DE  L'HUILE. 

Degr.  du  Vaf.  Différence. 

Etat  naturel.         "  j^o. 

18. 

Saut  de  l'Immerfion.       122. 

AbaifTement.  o, 

L'huUe  fe  réduit  toute  dans  le  corps  de  la  phiole , 


37 1. 


7  h 
95  i. 


420. 


15' 
405. 


où  elle  fe  gela  fans  la  moindre  raréfiaion  C'efl 
peut-être  de-là  que  l'huile  gelée  va  au  fond  de 
1  hmie  fondue  &  flu.de ,  au  lieu  que  routes  les  au- 
tres glaces  faites  par  raréfadion,  furnaifenr  dans 
leurs  fluides.  ^ 

L'eau-de-vie  fe  condenfe  merveirieufcmenr  pir 
le  froid  ,  mais  enfuite  elle  fe  raré/ie  8r  ne  fe  >^à[e 
poinr.  Quand  on  jerte  de  l'eau-dc-vie  fur  la  .dace, 
elle  en  augmente  le  froid.  '^ 

La  même  Académie  de  Florence  a  fait  beau- 
coup d'expériences  fur  laJgelée  &  la  glace  natu- 

|&  CONGELER ,  v.  a.  fe  dit  de  l'adion  par  la- 
quelle le  froid  durcit  les  liqueurs.  Fixer  un  fluide 
par  l'adion  du  troid.  Congdare.  Le  grand  froid 
cong'ele  l'eau.  Le  fel  mêlé  avec  de  la  neige  ou  de 
la  glace  ro/zo'^/e  la  plupart  dc^  liqueurs. 

|Cr  Congeler,  dans  la  fignification  de  coa<niler.  l\ 


y  a  des  poifons  qui  conscient  le  fang ,  les  humeurs. 

^concZccre,  L'eau  fe  con^^cU  par  le  troid.  La  cre 
Z^Stcon^^c  auin-rôt   qu'elle  eft  expofee  a 
■air  :  cette    humeur  fe  con^U  par    .^/^^f  ^^'^.'iu 
foleil.  Cc^/z-^/'^W'-  hunior  ijto  cabre  Jolis.  Les  lens 
fe  congèlent  dans  les  grottes.     _  jv      i  . 

On  dit  zMiVi  congeler  des  fruits  ;  pour  dire,  les 
mettre  à  la  ^lace.  LaiHer  congeler  un  bouillon  ,  un 
fyrop,  le   laifler  prendre   &   epailhr  eix  fe  retrci- 

diflant. 
CoNGtLE     ée.   part.  j 

CONGÉNÈRE ,  adj.  terme   d'Anatomie.  Ceft  une 
épithète  que  l'on  donne  à  certains  muicles.  Ejujdem 
eeneris  ,    fimilis.    Les   mufcles   congénères  ,   font 
ceux  qui  concourent  A  un   même  mouvement  -,  ils 
font  oppofcs  aux  antagoniftes ,  qui  font  un  mou- 
vement oppofé.  ,   ,  . 
En  termes  de  Botanique  ,  congénères  fignifie  qui 
eft  de   même  g.mre.  Les  plantes  congénères,  font 
les  différentes  efpèces  compriles   fous    un    même 
genre  de  plantes.  Le  coco  &  le  palmier  lent  des 
plantes  congénères.  Ainfi  nous  avons  dit  ci-delTus , 
le  concombre  fe  diftinguc  par  fes  fruits ,  qui  font 
plus  petits  que    ceux  des   citrouilles ,  des  melons 
des  potirons  &c  des  courges ,  plantes  cependant  qui 
lui  font  congénères. 
ftj-  CONGERIE ,  f.  f.  vieux  terme  dont  on  fe  fer- 
moir en  Phyfique  pour  exprimer  un  mafle  informe  , 
un  tas  de  plufieurs  choies  réunies  ians  ordre.  Con- 

CONGÉSTION  ,  r.  f-  terme  de  Médecine ,  qui  fe 
dit  d'un  amas  d'humeurs  qui  fe  fait  lentement  en 
quelque  partie  du  corps.  Congejtus.  La  congefhon 
fe  fait  peu  à  peu  ,  en  quoi  elle  dilière  de  la  Huxion  , 
qui  fe  fait  plus  promptement. 

CONGIAIRE  ,  f.  m.  terme  de  Mcdailhlte.  Don,  ou 
préfent  reprcfenré  fur  une  médaille.  Congianum. 
Le  con'iaire  de  Nervâ.  Le  conguiire  étoit  un  pré- 
fent que  l'Empereur  faifoit  au  Peuple  romain  ; 
ceux  qu'il  faifoit  aux  foldats  ,  ne  s'appeloient  point 
coîi^iaires  ,  mais  doftatifs  ;  donativiun.  Congianum 
populo  donativum  dedit ,  dit  Tacite ,  en  parlant  du 
jeune  Céfar.  Tibère  donna  pour  congiaires  trois 
cens  pièces  de  monnoie  à  chaque  citoyen.  Cali- 
crula  donna  deux  fois  trois  cens  fefterces  par  tête  : 
Néron  en  donna  quatre  cens  -,  c'eftie  premier  dons 
les  congiaires  foient  marqués  fur  les  médailles. 
On  appelle  aufli  quelquefois  congiaire  s  la  mé- 
■  daille  fur  laquelle  le  co72orzWr£  eft  marqué.  J'ai  tous 
les  congiaires  d'Adrien.  Voilà  un  beau  congiaire , 
Se  qui  eft  bien  rare.  L'infcription  des  congiaires  eft 

CONGIARIUM    OU  LiBERALITAS. 

Ce  mot  vient  de  celui  de  congé,  congius,  parce 
que  les  premiers  préfens  que  l'on  fit  ainli  au 
Peuple ,  confiftoient  en  huile  Se  en  vin  ,  qui  fe 
mefuroient  par  congés.  On  changea  enfuite  l'huile 
&  le  vin  en  d'autres  chofes  ,  mais  le  nom  demeura 
toujours  le  même.  _ 

CONGIUS.  f.  m.  Foyei  Congé.  On  retient  fouvent 
le  mot  latin  congius  en  notre  langue.  L'on  con- 
ferve  à  Rome  un  congius  du  Vatican  ,  dont  Vil- 
lalpandus ,  Viçenère  &c  d'autres ,  ont  donné  la  def- 
cription ,  la  fi2;ure  &  la  capacité.  Vigenère  a  dit 
cancre ,  con"ius\  congie.  Ce  dernier  n'eft  pas  bon. 

CONGLOBÂTION ,  f.  f.  figure  de  Rhétorique  ,  par 
laquelle  on  entafle  plufieurs  preuves,  plufieurs  ar- 
c^umens  les  uns  fur  les  aurrcs.  Co/zg/o^^no. 

CÔNGLOBÉ ,  EE ,  adj.  amaflé  en  un  globe.  Con- 
alebatus.  Ce  terme  eft  en  ufage  dans  l'Anatomie, 
où  l'on  appelle  sjlandes  conglobées  ,  plufieurs  glan- 
des réunies  qui 'n'en  compofent  qu'une  fous  une 
même  enveloppe  dont  la  fuperficie  eft  égale  &  fort 
unie.  Telles  font  les  glandes  du  mcfenrcre.  Les 
glandes  conglobées  ont  toutes  une  arrère  qui  leur 
apporte  du  fan^,  &  une  veine  qui  le  rapporte, 
après  avoir  été' filrré  dans  ces  glandes.  Elles  ont 
aufll  un  ou  plufieurs  vaifleaux  excrétoires.  Il  y  en 


CO  N 

a  qui  ont  une  cavité  au  milieu  ,  &  des  vaifleaux 
lymphariqucs ,  qui  vont  fe  rendre  dans  un  réfervoii 
ott  dans  un  canaL 
Ip-  CONGLOBE,  terme  de  Botanique.  Confertus. 
Entaffé  ,   ramaffé   en    pelotons  très-ferrés.   Voye^ 
Fleurs  ,  Feuilles^,  Racines. 
CONGLOMERE,  EE.  adj.  Ceft  une  épithète  que 
l'on  donne  dans  l'Anatomie  à  une  efpèce  de  glan- 
des. Cortg-/o//2tr^/KJ ,  a.  Les  glandes  conglomérées, 
font  des  glandes  amaffées  en  pelotons  ,  compofées 
de  plufieurs  petits  corps ,  ou  grains  glanduleux  , 
joints  enfemble  fur  une  même  membrane ,  comme 
les  glandes  falivales ,  fudorales  ,  lacrymales  ,  &  le 
pancréas.  Les  glandes  conglomérées  ,  outre  des  ar- 
tères, des  veines  &  des  nerfs ,  font  encore  fournies 
chacune  d'un  vaifleau  excrétoire  ramifié  dans  leur 
propre  fubftance  ,  par  le  moyen  duquel  elles  dé- 
chargent dans  les  réiervoirs  les  liqueurs  qu'elles  ont 
filtrées. 
CONGLUTIN ATION ,  f.  f.  aâ:ion  de  joindre ,  de 
cimenter  deux  corps  enfemble  par  des  parries  onc- 
tueufes ,  gluantes  &  tenaces.  Conglutinatio.  On  met 
de  la  cire  ,  de  la  poix  dans  une  compofition  ,  afin 
que  la  conglutinadon  en  foit  plus  prompte  &  plus 
ferme. 
CONGLUTINER,  v.  a.  lier  ,  attacher  un  corps  avec 
un  autre  par  le  moyen  de  quelque  chofe  de  gluant 
&:   de   tenace.  Conglutinare  ,  agglutinare.  Il  n'eft 
guère  en  ufage  que  dans  le  dogmatique. 
|CJ"  Ceft  encore  rendre  une  liqueur  gluante  &  vif- 
queufe.  Il  y  a  des  poifons  qui  conglutinent  le  fang; 
Conglutiné  ,  ÉF  5  part. 

CONGO  ,  grand  pays  dans  la  bafle  Ethiopie.  Con- 
gum.  Sanibn  renferme  dans  ce  pays  tout  ce  qui  eft 
entre  la  ligne  cquinoxiale  &  le  cap  noir  dans  la 
Cafrerie  ,  parce  que  tous  ces  pays  ont  été  fujets^ 
alliés  ou  tributaires  du  Roi  de  Congo.  Le  royaume 
de  Congo  eft  borné  au  nord  par  le  royaume  de 
Loango ,  &  par  les  peuples  Anzicains ,  il  a  au 
fud  le  royaume  d'Angola,  &  au  couchant  la  mer, 
de  Congo. 

La  mer  de  Congo  eft  une  partie  de  l'Océan  d'E- 
thiopie fur  la  côte  occidentale  de  l'Afrique,  vis-à- 
vis  du  royaume  de  Congo,  dont  elle  tire  fonnom. 
Mare  Congolanum. 
CONGOIS  ]  OISE ,  f,  m.  &:  f.  Congenjîs.  M.  Corneille 
appelle  ainfi  les  peuples  de  Congo,  que  Mary  ap- 
pelle Contro/a/zj.  L'équipage  de  guerre  àcsCongois 
eft  fort  fingulier.Les  Capitaines  portent  des  bon'nets 
carrés,  ornés  de  plumes  de  paon.  Ils  ont  le  de/fus  du 
corps  tout  nu  ,  fi  ce  n'eft  qu'ils  porrent  fur  leurs 
épaules  &  fous  les  aiflêlles  des  chaînes  de  fer  paf^ 
fces  en  fautoir,  dont  les  boucles  fonr  de  la  grofleur 
du  doigt.  Leurs  armes  font  de  grandes  haches  lar- 
ges, des  poignards,  des  arcs  de  fix  paulmes  de 
fong,  des  flèches  avec  un  fer  à  crochet  &  des  plu- 
mes pour  les  rendre  plus  légères ,  des  moufquets, 
des  fufils ,  des  écus  d'écorce  d'arbre  garnis  d'une 
peau  de  bufle.  Corn. 
CONGOLAN  ,  ANE,  f.  m.  &  f.  qui  eft  du  Congo. 
Congolanus.  Les  Congolarts  font  noirs ,  robuftes , 
mais  polrrons.  Maty.  Les  Portugais  ont  converti 
un  rrès-2;rand  nombre  de  Congolans. 
CONGRATULATION  ,  f  f.";^  témoignage  de 
joie  fur  un  heureux  fuccès  ;  adion  par  laquelle 
on  témoigne  à  quelqu'un  la  part  qu'on  prend  à  ce 
qui  lui  eft  arrivé  d'heureux  ,  d'avantageux.  Co/z- 
gratulatio.  Recevoir  les  complimensde  congratula' 
\ion.  II  a  reçu  les  congratulations  au  fujet  de  fon 
mariage.  Ce  mor  n'eft  point  fort  ufité. 
gO"  CONGRATULER ,  v.  a.  aflûrer  quelqu'un  de 
la  part  qu'on  prend  à  ce  qui  lui  eft  arrivé  d'heu- 
reux -,  lui  témoigner  la  joie  qu'on  refTent  du  bon- 
heur qui  lui  eft'arrivé.  Gratarl,  congratulari,gra- 
tulari  alicui  aliquam  rem  ,  aliquâ  re,de,  in ,  ou 
pro  aliquâ  re.  On  l'a  congratulé  fur  fon  mariage» 
fur  la  naiflance  d'un  fils ,  fur  fa  réception  à  l'Aca- 
démie. 
Ip-  Ce  verbe  n'eft  pas  aujourd'hui  d'un  grand  ufage. 


CON 

On  dît  plus  communément  féliciter ,  faire  compli-' 


ment. 


.^CT  On  a  dit  autrefois  congratuler  à  quelque  chofe. 
Corneille  même  s'eft  fcrvi  Ae  et  mot;  congraculer 
à  la  pureté.  Cette  plirafe  eft  latine.  Tibi  congra- 
tulor.  Mais  aujourdliui  congratuler  régit  l'accufa- 
tif  comme  féliciter. 

^fT  Congratulé  ,  ée  ,  part. 

§C?  CONGRE,  r.  m.poifTon  de  mer ,  fort  alongé, 
qui  reffemble  à  une  anguille.  Les  congres  qui  "ne 
s'éloignent  pas  du  rivage ,  ont  le  ventre  blanc  5c 
le  dos  noir.  Ceux  qui  font  dans  la  haute  mer  ,  ont  le 
dos  blanc  comme  le  ventre.  On  fait  peu  de  cas  en 
France  de  ce  poiflbn  dont  la  chair  eft  dure.  Con- 

CONGRÉER  ou  CONGREGER,  Nicot  obferve 
qu'on  difoit  autrefois  ces  verbes  du  mot  de  con- 
gregare^,  ou  de  concrefcere. 

CONGREGANDINE,  f.  f  C'eft  ainfi  que  l'on  nom- 
me vers  la  Bourgogne  &  au-delà  ,  les  Religieufes 
jnftituées  fous  le  nom  de  la  Congrégation  Notre- 
Dame  ,  par  le  P.  Fourrier  (  Fodcrarius  )  Chanoine 
régulier ,  Curé  de  Mataincourt  en  Lorraine. 

.CONGREGANISTE,f.  m.  &  f.  |fcT  celui  ou  celle 
qui  eft  d'une  congrégation  laïque  ,  dirigée  par  des 
Eccléliaftiquesféculiers  ou  réguliers,  i'oi^/ij  5.  M. 
Virginis.  Voyez  Congrégation  dans  cette  accep- 
tion. 

^  CONGREGATION,  f.  f.  terme  de  Phyfique 
dont  s'eft  fervi  M.  Grew  pour  lignifier  le  plus  périr 
degré  de  mélange  des  parties  du  mixte  ,  c'eft-à- 
dire ,  celui  par  lequel  les  parties  du  mixte  n'en- 
trent point  les  unes  dans  les  autres,  ou  n'adhèrent 
point  enfemble  ,  mais  fe  touç.hent  dans  un  pomt. 
Harris  cité  dans  r^wcyc. 

Congrégation,  f.  £  aflèmblée  de  plufieurs  perfonnes 
EcclcfijftiqLies  qui  font  un  corps.  On  le  dit  parti- 
culièrement des    Cardinaux  qui  font   commis  en 
certain  nombre  parle  Pape.',  &  diftribués  en  plu- 
fieurs chambres  pour  exercr.T  certains  offices  de  ju- 
ridiélions  ,  à  peu  près  ccjmme   les  Bureaux    des 
Confeillers  d'Etat  en  Franf:e.  Cœtus  ,  conventus.  La 
première  eft  la  Congrégai  ion  du  S.  Office ,  ou  de 
î'Inquifition.  La  féconde  ,    la  juridiflion    fur    les 
Evcques  &  les  Régulier?,.  La  troifième  eft  celle  du 
Concile.  Elle  a  pouvoir  d'interpréter  le  Concile  de 
Trente.  La  quatrième  eft  Telle  des  coutum.es,  céré- 
monies ,    préfcances .,  cat  in^fations  ,  appelée    la 
Congrégation  des  Rir.s.  La  cinquième,  celle  de  la 
fabrique  de  S.  Pierre ,   qui  connoî:  de  toutes  les 
caufes  pic; ,  dont  une  partie  eft  due  à  la  fibrique 
de  S.  Pierre.  La  fixième  ,  celle  des  eaux  ,  ponts  & 
chauffées,  La  feptième  ,  celle  des  fontaines  &  des 
lues ,  dont  le   Cardinal  grand  Chambellan  eft  le 
chef  La  ]huitième ,  eft  celle  de   l'Index ,  qui  juge 
des  livres   à  imprimer  ,  ou  à  corriger,  La  neuviè- 
.  me  eft  celle  dugou\'^rncment  de  tout  l'Etat  de  l'E- 
glife.  La  dixième  ,  de  bono  regimine.  Le  Cardinal 
Neveu  eft  le  chctde  ces  deux  dernières.  La  onzième 
eft  celle  de  la  Monnoie.  La  douzième,  celle  des 
Evcques ,  où  l'on  examine  ceux  qui  doivent  être 
promus  aux  Evêchés  d'Italie.  Elle  fe  tient  devant 
le  Pape.  La  treizième  ,  celle  des  matières  confif- 
toriales,  dont  le  chef  eft  le  Cardinal  Doyen.  Il  y  a 
encore  une  Congrégation  de  l'aumône ,  qui  a  foin 
de  ce  qui  regarde  la  traite  des  vivres  néceffaires  à 
la  fubliftance  de  Rome  &  de  l'Etat  Eccléfiaftique. 
Les  Con grelottions  changent  quelquefois  félon  la 
"volonté  des    Papes,  qui  en  établiflent  fouvent  de 
nouvelles,  qui  ne  durent  qu'un  certain  temps,  & 
pour  décider  des  affaires  particulières.  Le  Cardinal 
Jean-Baptifte  de   Luca  a  fait  une  relation   de  la 
Cour  Romaine,  où  il  parle  de  toutes  les  Congré- 
gations ,  Tribunaux  8:  Jurididions  de  l'Etat. 
Congrégation  fe  dit  audl  de  plufieurs  fociétés  Re- 
ligieufes. SodaJitas  ,  Sodalitium.  La  Conorrégation 
de  l'Oratoire.  La  Congrégation  de  S,  Maur ,  de  S. 
Vanne,  de  Chiny,  qui  forment  divers  Corps  de 
Béncdidjns  eu  France* 


CON  807 

Congrégation  fe  dit  auffi  de  l'aflemblée  de  plufieurs 
perfonnes  pieufes ,  en  forme  de  Confrairie  érigée 
en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge,  comme  ert 
avoient  particulièrement  les  Jéfuites,  Sodalit^s ,  fo^ 
dahuum  Beat»  Virginis. 

Congrégation  fe  dit  dans  les  Ordres  Relicrieux 
pour  les  affemblées  que  l'on  y  tient  pour  les°a(fai- 
tes  de  l'Ordre.  Congrégation  générale  eft  celle  où 
il  fe  trouve  des  Députés  de  tout  l'Ordre.  Con<-ré4. 
gation  provinciaIe,celle  qui  eft  compofce  des  Dépu- 
tés feulement  d'une  province  de  l'Ordre.  Etant 
allé  à  Avignon  pour  aflifter  à  une  de  ces  afi'em- 
blées  que  nous  appelons  Congrégations  provincia- 
les, il  y  reçut  ordre  de  partir  pour  aller  à  la  Cour* 
P.  d'Orl.  Vie  du  P.  Cot.p.  61. 

Congrégation  du  S.  Sacrement.  Outre  les  Concre-ya' 
tions  dont  on  vient  de  parler ,  il  y  en  a  encorde  une 
autre  en  plufieurs  villes  de  France.  C'eft  une  Con- 
grégation de  Prêtres  féculiers.  On  en  voit  à  Valen- 
ce ,  à  Mat feille  ,  l^^c. 

Congrégation  de  Notre-Dame  de  Reims.  Congréga- 
tion inftituée  à  Reims  ,  &  à  laquelle  appartiennent 
des  privilèges  établis  par  des  bulles  des  Papes  ,  des 
tranfadions  Se  des  arrêts.  Congregatio  Beata  Mariie 
Remenfis.  Cette  Congrégation  eft  compofée  d'abord 
de  tous  les  Dignitaires ,  les  Chanoines  ,  les  Chape- 
lains &  autres  membres  Eccléfiaftiques  de  l'Eglife 
de  Reims.  Le  Chapitre  en  corps  adroit  de  choific 
dans  le  territoire  de  l'archevêché  dix  francs-Ser- 
vans  communs.  Il  y  a  outre  ces  dix  francs-Ser- 
vans  communs  ,  des  francs  -  Servans  particulieta 
de  chaqueChanoine;le  nombre  de  ces  francs-Ser- 
vans  particuliers  pourroit  être  de  ^4  Chanoines , 
mais  rarement  ce  nombre  eft  rempli ,  parce  que 
le  droit  de  choifir  des  francs-Servans  particuliers 
n'appartient  qu'aux  Chanoines  infacris,  gagnant  les 
gros  fruits  de  leur  prébende, Il  y  a4  Coutres-Laïcs, 
4  Contres  Eccléfiaftiques,  &  ifous-Coutres.-Il  y  a  un 
Chapucier.  Il  y  a  trois  Prébendes  &  femi-Prében- 
dés  de  S.  Rigobert ,  appelés  pauvres  de  S.  Rigo- 
berr ,  à  caufe  de  la  modicité  du  tevenu  attaché  à' 
leurs  Offices.  Il  y  a  trois  francs-Sergens  de  l*Archi- 
diacre,  &  autrefois  chaque  Chanoine  avoit  droit 
d'en  choifir  un  pareil  nombre,  mais  par  les  tranf^ 
aâiions  le  droit  des  Chanoines  a  éré  réduit  à  un 
fcul.  Enfin  l'Hôtcl-Dieu  &  l'Eglife  de  S.  Denis, 
jouiflent  encore  du  droit  d'avoir  un  franc-Sergent. 
Voilà  exaétement  tous  les  membres  qui  compo- 
fent  la  Congrégation  de  Notre-Dame  ,  &:  qui ,  en 
qualité  de  membres  de  cette  Congrégation  ,  font 
affranchis  de  la  jutidicaion  de  l'Archevêque,  &c 
font  foumis  à  la  jurididion  du  Chapitre,  quoi- 
qu'ils demeurent  dans  le  ban  de  l'Atchevêché.  Au- 
BRY  ,  Mém.pour  le  Chapitre  de  Reims, 

Congrégation  Pauline.  Voyez  Ecoles  pieuses. 

CONGREGATIONAUX,  f.  m.  pi,  C'eft  une  des 
quatre  principales  feéles  ,  forries  de  l'indépendan- 
tifme.  Voyei  le  Dictionnaire  d'Hoffmann. 

CONGREGEÊ,  adj.  £  Les  ptemieres  Urfulirtes  fon- 
dées vers  l'an  1557,  par  la  B.  Angcle  de  BrefTe  j 
Se  qui  n'etoient  point  encore  Religieufes ,  s'appel- 
lerent  les  Urfulines  Congrégées  ,  &  ce  nom  eft  refté 
à  celles  qui  font  toujours  demeurées  dans  l'état  fé- 
culier.  Voye^  Ursuline. 

Congréger.  Voye:^  CongrÉer. 

CONGRES.  Ç.  m.  L'épreuve  de  la  puiffance  où 
impuiffance  des  gens  mariés ,  autrefois  ordonnée 
par  la  Juftice  &  qui  fe  faifoit  en  prcfence  des  Chirur- 
giens &  de  matrones,  dans  les  occafionsoù  il  s'agif- 
foit  de  la  nullité  d'un  Mariage  pour  caufe  d'im- 
puiffance.  Congreffies.  Le  Droit  Civil ,  ni  le  Droit 
Canonique  ne  fonr  aucune  mention  de  la  preuve 
d'impuiffance  par  le  congrès  :  cet  ufage  doit  fon 
origine  à  la  témérité  d'un  jeune  homme,  qui  de- 
manda le  conçrrès.  Le  Juge  furpris  de  la  nouveau- 
té de  cette  demande,  ne  ciut  pas  qu'elle  pût  être 
refufée ,  regardanr  cette  épreuve  comme  un  moyen 
infaillible  de  découvrir  la  vérité.  Depuis  il  devint 
une  jurifprudence  certaine  dans  les   Officialitcs , 


8o8 


CON 


&  les  arrêts  l'ont  autorifée.  Mais  outre  que  cette 
expérience  oifcnfe  la  pudeur,  &  qu'elle  eft  con- 
traire à  la  pureté  de  nos  moeurs ,  on  a  reconnu 
que  cette  prétendue  certitude  que  l'on  pouvoit  en 
tirer ,  èc  qui  leule  l'avoir  tait  accepter,  croit  ^  une 
illufion-,  Scque  dans  la  plupart  de  ceux  quony 
airuiétiUbit,  la  honte  de  l'accufation ,  la  crainte 
d'un  événement  incertain,  la  pudeur  &  le  rroub  e 
'caulepar  la  prcfence  des  experts  ,produiloiem  le 
même  effet  que  l'impuiflance  naturelle  L  effrontetie 
feule  pouvoir  foûtcnir  les  honteufes  formalités  du 
consrès.  Une  femme  ne  doit  jamais  venu  a  la 
fôcheule  extrémité  de  publier  de  s  malheurs  do- 
meftiques,  que  la  pudeur  lui  ordonne  de  tenir 
fecrets ,  ni  faire  éclater  fon  infortune.  C.  B.  Boi- 
Icau    dit    en  parlant  des  animaux. 

Que  jamais  Juge  entr'eux  ,  ordonnant  le  congrès  , 
3e  ce  burlefque  mot  n'a  fali  fes  arrêts. 

On  a  enfin  abroge  l'ufage  du  congrès  par  un 
face  arrêt  du  Parlement  du  1 8  Février  1677,  in- 
féré dans  le  Journal  du  Palais  ,  il  fait  aujourd'hui 
Loi  dans  tout  le  Royaume,  On  tient  qu'il  n^avoit 
été  pratiqué  en  France  que  depuis  110  ans.  Foyei 
Hotman ,  Tagerau  ,  &  le  Diaionaire  Critique  de 
M.  Bayle  à  l'att.  de  Ç^uellenec.  ,,.,    j 

SCT  CoNGP-ks  fe  dit  aulTi  d'une  aflemblee  de 
'  plufieurs  Miniftres  des  différentes  PuifTances  qui 
fe  font  rendus  dans  le  même  endroit  poui  traiter , 
difcuter,  concilier  les  intérêts  de  leurs  Cours  ref- 
pedives ,  conclure  un  traité  ,  la  paix.  Le  Congres 
de  la  Haye,  d'Utrecht ,  de  Cambrai  ,  de  Soiflons. 
&c.  Ce  mot  vient  du  L^ûn  congrejfio  ,  congrejfus  , 
afîemblce  ,  conférence. 
ta-  CONGRESSION  ,  f.  f.  dans  Montagne,  fyno- 
nyme  à  congrès  -,  accouplement  du  mâle  &:  de  la 

femelle.  j     «    • 

CONGRIER ,  f.  m,  terme  de  Coutume ,  du  latin 
confre^are  ,  eft  un  efpace  dans  une  rivière  enfer- 
mé^de  pieux  joints  près  l'un  de  l'autre,  &  fortant 
■hors  de  l'eau,  entre  lefquels  le  poiffon  eft  en- 
fermé. Droit  de  con^rier  ,  eft  le  droit  de  faire  un 
consrier  dans  une  rivière. 

^O-CÔNGRU,  UE.  adj.  convenable ,  eongruus.  Dans 
ce  fens  on  ne  le  dit  qu'en  Droir  Canonique. 
Portion  congrue,  fomme  que  les  gros  décimateurs 
font  obligés  de  fournir  ou  de  fuppléer  aux  Curés 
qui  n'onr"  pas  afféz  de  revenu  pour  pouvoir  fub- 
fifter  ,  congrua  portio.  Les  portions  congrues  fonr 
ordinairement  taxées  à  300  livies.  Elles  ont  été 
augmentées  dans  ces  derniers  temps ,  Se  portées 
à  4ÎO  livres. 

Congru  ,  ue,  eft  auffi  un  terme  de  Grammaire  qui 
fe  dit  d'un  difcours  où  il  n'y  a  point  de  faute  contre 
la  Grammaire ,  ni  contre  la  fyntaxe.  Sermo  con- 
<rruus  ,  congrua  oratio.  Didtion  congrue  ,  phrafe 
congrue,  qui  eft  félon  les  règles  de  la  Grammaire, 

Congru  ,  en  Géométrie  ,  fe  dit  de  deux  figures  qui 
fe  correfpondent  parfaitement  quand  elles  font 
mifes  l'une  fur  l'autre.  Quœ  mutuojibi  congruunt. 
Deux  triangles  femblables  &  égaux  font  dits 
consjus,  parceque  appliqués  l'un  fur  l'autre  ,  félon 
les  mêmes  dimenfions ,  ils  conviennent  patfaite- 

ment.  ,  -/-.-.. 

Congru,  trr  ,  terme  dogmatique  qui  fe  dit  delà 
grâce,  eongruus  ,  a,  um  ,  propre  à  produire  fon 
effet,  proportionné  à  la  produdion  de  cet  effet -, 
qui  eft  de  telle  nature  ,  qui  a  telle  fotce  ou  ac- 
tivité ,  qui  produira  fon  effet ,  quoiqu'il  put  abfo- 
lument  ne  le  pas  produire.  Voilà  en  général  ce 
que  c'eft  que  congru ,  Sc  ce  que  ce  mot  fignifie  ; 
mais  les  Théologiens  expliquent  différemment  en 
quoi  cela  confifte.  Les  Scotiftes  difent  que  l'effi- 
cacité de  la  grâce  confifte  en  ce  qu'elle  eft  pro- 
portionnée au  gcnie";&  aux  difpofitions  de  celui  à 
qui  elle  eft  donnée  ,'  joinr  un  décret  non  pas  an- 
técédent mais  concomitant ,  accompagnant  la  dé- 
termination de  la  volonté.  Tel  eft   le  fentimenc 


CON 

d'Jn^elus  à  monte  Pilofo.  Plufieurs  auttes  Scotiftes 
cités  °par  Hugo  Cavellus ,  &  Cavellus  lui-même 
dans  fes  Notes  ou  Scholies  fur  les  Ouvrages  de 
Scot ,  craignanr  que  ce  décret  ne  nuife  encoie  à 
la  liberté ,  font  précéder  la  fcience  des  condition- 
nels ,  par  laquelle  Dieu  voit  cette  grâce  tellement 
proportionée  au  génie  &  aux  difpofitions  aduel- 
les  d'un  tel  homme ,  que  fi  elle  lui  eft  donnée 
dans  ces  circonftances ,  elle  aura  intailliblement 
fon  effer  ;  &  ces  Auteurs  prétendent  que  c'eft-là 
la  penfée  de  Scot. 

Les  Tcfuites ,  Se  un  grand  nombre  de  Théolo- 
giens féculiers  &c   réguliers  de  tous  les    Ordres  , 
difenn  auffi  que  la  grâce  congrue  eft  celle  qui  eft 
tellement  proportionée  au   génie  &  aux  difpofi- 
tions de  celui  à  qui  elle  eft  donnée,  que  Dieu  a 
prévu  que  fi  elle  lui  étoit  donnée  en  telle  &  telle 
circonftances ,  elle   auroit  fon  effet.   Et  la  grâce 
efficace  eft  cette  grâce  congrue  donnée  à  l'homme 
par  une  affedion  particulière  de  Dieu.  Cette  grâce 
ne  nuit  point  à  la  liberré ,  car  elle  fuppofe  la  pré- 
fcience  de  l'exercice  de  la  liberté  &  de  la  déter- 
mination de  la  volonté.  D'ailleurs  elle  eft  infaillible 
&  aufli  infaillible  que  la  préfcience  même  de  Dieu. 
Ce  nom  vient  du  latin  eongruus,  &  il  a   été 
donné  à  la  grâce  efficace  à  l'occafion  de  quelques 
paffages  de  .S.  Auguftin ,  qui  appelle  congrus  Içs 
fecours  que  L')ieu  donne  à  l'homme  pour  l'attirée 
à  foi  :  Sic  vocat  ^uomodofcit  congruere,  ut  vocan- 
tem  nonfpernat.  T-X.  L.  L  ad  Simpl,  quxft.  2.  Hoc 
modo  vocavit  quoj.nodo  aptum  erat  eis,quifecuti 
funt  vocantem.  Et    de  hono  perfeverantite,  C.  14. 
ex  quo   apparet  L%bere  qiiojdam   in  ipfo    ingenio 
divinum  natur alite,'-  munus  intelligentie  ,  quo  ma- 
veantur  ad  fidem ,  Jr  congrua  fuis  menttbus    vel 
Jî^na  confpiciant. 
CONGRUAIRE,    adj.   nom  que   l'on   donne  aus 
Curés  ou  Vicaires  pi^rpétuels,  qui  n'ont  qu'une 
portion  congrue  du  revenu  de  leur  bénéfice.  C'eft 
une  maxime  certaine  0  que  les  dixmes   de  terres 
novales  appartiennent    aux  Curés    congruaires ,  à. 
l'exclufion  des  Curés  primitifs  ou  gros  décima- 
teurs, fuivant  la  déclar-. 'tion  du  Roi  de  i6%6y 
C-ONGRUEMENT  ,  adv.    ^oye^  Congrument. 
gcr  CONGRUENCE,  éga.Hté  &  fimilitudededcux 

chofes.  Voyei  Congru  ,tt'rme  de  Géométrie. 
CONGRUENT,  ENTE,  ac'j.  m.  &  f,  vieux  mot, 
convenable,  du  latin  Cong.'uens.  Le  Médecin, 
après  avoir  fair  enlever  de  def.fus  la  table  de  Sancho 
Panca  ,  devenu  Gouverneur  id'une  Ile  ,  beaucoup 
de  mets  capables  d'exciter  l'appétit.  Pour  l'heure  , 
dit-il,  ce  que  doit  manger  fon  Excellence  pour 
entretenir  5c  corroborer  fa  fanté,  c'ell  une  dou- 
zaine de  cornets  avec  quelques  légère  s  lèches  de 
coins,  qui  font  admirables  pour  fa  poi  trine  ,&  lui 
feronr  faire  une  digeftion  congr  uente.  Hifl.  de  Don 
Quich.  tom.  Ji,  ■,  ch.  à,-j  ,p.  lyô.  Sancho  ,  naturelle- 
ment gourmand  ,  fe  mit  dans  une  furi  eufe  colère  , 
5c  chaffa  le  Médecin. 
§0"  CONGRUENT  fe    dit  aulfi   en    Géométrie, 

fynonyme  à  congru.  Voyei  ce  mot. 
CONGRUISME,f.  m.  Doctrine  de  ceux  qui  ex- 
pliquenr  l'efficaciré  de  la  grâce  par  la  grâce  con- 
grue ,  comme  on  l'a  expliqué  à  ce  mo  t, 
CÔNGRUISTE,  f,  m,  terme  dogmatiqi.ie.  On  ap- 
pelle en  Théologie  Congruips ,  ceux  q  ni  tiennent 
le  fyftcme  de  la  congruité  dans  les  matières  de 
la  grâce.   Congruifla. 

Les  Concruijîes  enfeignenr  qu  il  elt  certain  SC 
infaillible  "que  la  volonté  ne  réfifte  point  à  la 
^race  qu'ils  appellent  congrue.  Pourquoi,  parce 
que  cetre  grâce  eft  donnée  dans  le  moment  précis 
auquel  Dieu  a  prévu  que  s'il  la  donnoit ,  l'homme 
fe  détermineroit  à  fuivre  cerre  grâce,  quoiqu'il 
eiit  le  pouvoir  parfair  d'y  réfifter.  Ainfi  certe  cer- 
titude &  cette  infaillibilité  du  confentement  de 
l'homme  eft  fondée  fur  la  prcvifion  de  Dieu ,  qui 
ne  peut  fe  tromper:  cette  prévifion  divine  a  pour 
objets  la  dctctraination  de  la  vol.pncc:  la  détermi- 

aatioa 


CON 


aation  de  la  volonté  fuppole  le  pouvoir  complet 
d'accorder  ou  de  refulbr  le  coiirentement.  AinJî 
cette  infaillibilité  du  confentement  a  la  grâce  con- 
grue, loin  d'exclure  le  pouvoir  de  refufer  ce  con- 
fentement ,  le  fuppole  &C  le  renferme.  Donc  cette 
infaillibilité  eft  conicquente  ,  comme  on  parle  dans 
l'Ecole. 

CONGRUITE  ,  f.  f.  congruuas ,  terme  de  Théolo- 
gie. C'eft  une  convenance  &c  un  rapport  des  cho- 
ies qui  donnent  des  connoilllinces  fùres  de  ce  qui 
arrivera.  Le  fyftcme  de  la  congrinû  dans  la  matière 
de  la  grâce  confifte  à  dire  que  Dieu  ,  qui  connoît 
parfaitement  la  nature  de  la  grâce,  &  les  difpo- 
iitions  de  la  volonté  de  l'homme  dans  toutes  les 
circonftanccs  où  elle  fe  trouvera  ,  donne  des  grâces 
avec  lefquelles ,  en  vertu  de  leur  coiigruité  avec 
la  volonté  de  l'homme ,  confidérée  en  telles  cir- 
conftanccs, l'homme  fera  toujours  infailliblement, 
mais  non  néce/fairement ,  ce  que  Dieu  veut  qu'il 
HlVt ,  parce  que  la  volonté ,  fuit  toujours  infail- 
liblement ,  quoique  librement  &  fans  néceffité  , 
'  fon  plus  grand  attrait. 

CoNGRUiTÉ.  Mérite  de  congruité^merhnm  de  congruo. 
Terme  de  Théologie  ,  qui  fe  dit  da  mérite  d'une 
adtion  à  laquelle  la  récompenfe  n'eft  point  due 
par  juftice ,  mais  qui  eft  telle  qu'elle  met  l'homme 
dans  des  difpofitions  capables  d'engager  Dieu  à 

•  a-ccorder  quelque  chofe  par  bonté  pure  &  par 
Jibcralitc,  qui  fervent  à  obtenir  de  Dieu  la  grâce. 
Un  pécheur  dans  l'état  du  péché  ne  mérite  point 
la  grâce  d'un  mérite  de  condignité  j  mais  il  peut 
faire  &  fait  des  ai5lions  qui  fervent  à  l'obtenir  ; 
c'eft  ce  qu'on  appelle  mérite  de  congruité.  Voyez 
JVIaldonat ,  de  Pccnit.  C.  I.  Telles  font  les  œu- 
vres d«  charité  &  de  miféricorde ,  les  ades  de 
juftice  ,  de  tempérance  &  d'humilité ,  les  aumônes, 
les  prières ,  les  jeiines ,  les  pénitences,  &c.  que  fait 
un  pécheur  avant  d'être  forti  de  l'état  du  péché. 

fl'CF  CONGRUMENT ,  adv.  d'une  manière  congrue. 
Parler  une  langue  congrument ,  congruenter  ;  c'eft- 
à-dire  ,  félon  les  règles  de  la  Grammaire.  &  de 
la  Syntaxe. 

On  dit  dans  un  autre  fens,  parler  congrument  d'une 
affaire  ;  pour  dire,  pertinemment,  ^oye^  ce   mot. 

CONI,  Ville  d'Italie  dans  le  Piémont,  au  con- 
fluent des  rivictcs  de  Sture  &  de  Gez.  Cunaum. 

.CONJECTURAL,  ALE,  adj.  qui  n'eft  fondé  que 
fur  des  conjcdlures,  fur  des  argumens  probables. 
Conjecluralis.  La  Médecine ,  la  Phyfique ,  font  des 
fciences  conjecluraks.  Preuve  conjecturale. 

fHoNiECTURAL  ,  ALE.  Accoutumé  à  conjcfturer. 
L'Auteur  tranfporte  quelquefois  aux  antiques  des 
merveilles  qui  appartiennent  à  leurs  Interprètes , 
dont  elles  ont  échauffé  le  génie  conjectural,  Ohjerv. 
fur  les  Ecr.  mod.  tom.  19  ,  pa.g.  171. 

CONJECTURALEMENT ,  adv.  par  conjeaure. 
■Conjectaiorie.  Vous  ne  pouvez  juger  de  l'avenir 
par  le  paifé ,  fi  ce  n'eft  conjecluralement. 

CONJECTURE,  f  f.  Jugement  fondé  fur  des  pro- 
babilités, fur  des  preuves  qui  n'ont  qu'un  certain 
degré  de  vraifemblance  ;  qui  n'ont  pas  une  liaifbn 
afléz  étroite  avec  la  chofe  que  l'on  en  conclut , 
pour  pouvoir  juger  avec  certitude.  Conjectura ,  con- 
jVSmo.  Les' gens  fagesn'agiflent  point  fur  de  légères 
conjectures.  La  connoifîance  des  gens  que  l'on  voit 
le  plus  fouvcnt ,  n'eft  qu'un  art  de  conjectures  ,  où 
l'on  fe  trompe  fouvent.  M.  Soud. 

CONJECTURER,  v.  a.  juger  par  conjeaure ,  fur 
des  probabilités.  Conjicere ,  conjeciare.  La  prudence 
fait  quelquefois  fi  bien  conjecturer,  qu'elle  prévoit 
les  événemens.  Dc-là  je  conjecture  fa  perte.  Conjec- 
turer de  l'avenir  pM  le  paffé. 

Conjecturé  ,  ée.  part. 

CONJECTUREUR  ,  f.  f.  qui  conjefture.  Les 
Journaliftes  de  Trévoux  fe  fervent  fouvent  de  ce 
mot.  II  eft  plus  de  dix  fois  dans  l'extrait  de  la 
conjonfture  du  Cardinal  de  Cufa  fur  la  fin  du 
monde.  lis  s'en  ferveur  auifi  en  parlant  des  œu- 
vres diverfes  du  P.  Hardouin,  Le  Conjecîureim-' 
Tome  li. 


CON  80^ 

t-il  oublié  que    Lamech ,    defcendant   de  Gain , 
étoit  Nègre  î  Le  P.  Tournemine.  Ce  qui  auroit  ■ 
retenu  un  ConjeSureur  moins  hardi,  anime  l'Ecri- 
vain Anglois.  la. 

CONIFÈRE,  adj.  de  t.  g.  terme  de  Botanique.  On 
appelle  arbres  conifères  ,  ceux  dont  les  fruits  fonc 
de  figure  conique,  comme  le  pin,  le  lapin,  lo 
picea  ,  la  melèlé.  Arbores  conifercc,  ^Zt  Ces  fruits 
font  compofés  d'écaillés  ligneulés  ,  appliquées  les 
unes  contre  les  auttes ,  s'ouvrant  pat  en  haut ,  &C 
fixées  par  le  bas  fur  un  axe  qui  occupe  le  centre. 

CONILLER.  Foyei  Conniller. 

CONIMBRE  ,  que  M.  de  la  Neuville  &  d'autres 
encore  écrivent  COIMBRE  ,  à  la  Portugaife  ;  ce- 
pendant nous  difons  toujours  Conimbre.  Conimbrl- 
ca.  Ville  de  la  Province  de  Beira  en  Portugal. 
Co/zZ/Tz^re  eft  une  grande  Ville,  qui  a  un  Evêché 
fulîraganr  de  Brague  ,  une  Univerfitécélùbte  fon- 
dée par  Jean  III ,  Roi  de  Portugal  ,  &  un  titre 
de  Duché,  La  rivière  de  Mondejo  ,  Munda  ,  palfe 
au  milieu  de  Conimbre. 

Dans  les  Collèges  on  dit  les  Conimbricenfes  » 
pour  citer  un  cours  de  Philofophie  en  quatrt;  vo- 
lumes in-^°.  compofé  par  les  Jéfuites  de  Conimbre 
au  commencement  du  liécle  palfé. 

^  CONINGSMACHEREN,  petite  ViUe  du  Duchç 
de  Luxembourg  ,  à  deux  lieues  de  Thionville. 

CONJOINDRE ,  V.  a.  joindre  une  peribnne  avec 
une  autre.  Co«/K«^erf.Il  ne  faut  pas  que  l'homme 
fépare  ce  que  Dieu  a  conjoint.  §3"  Conjoindre  par 
mariage.  Joindre  enfemble.  Ce  terme  eft  peu  ulité  ;, 
il  fent  un  peu  la  pratique. 

Conjoint,  f  m.  fe  dit  au  pluriel,  en  termes  de 
pratique ,  du  mari  &;  de  la  femme.  Mntrimonio 
juncli,  conjuges.  Les  conjoints  par  mariage  font 
unsôi  commims  en  biens  par  la  Courumc  de  Paris. 
La  polygamie  eft  oppofée  .à  la  tendre  union  qui 
doit  être  entre  les  conjoints  ,  parce  qu'elle  partage 
les  fentimens  du  cœur.  S.  Evr.  On  dit  en  Droit 
que  la  fraude  eft  facilement  préfumée  entre  les 
perfonnes  conjointes;  pour  dire,  entte  les  païens 
ou  intéreflés. 

On  dit  auffi  en  mufique  ,  &  en  expliquant  la 
gamme  des  anciens ,  les  conjointes  y  les  disjointes: 
on  entend  les  confonantes.  Soni  conjuncti ,  dif- 
juncti.  Tétrachordes  cojijoints^  font  deux  tétra- 
chordes  dont  la  même  chorde  eft  la  plus  haute 
du  premier ,  &  la  plus  balfc  du  fécond.  De  Bros- 
SARD.  %fT  Dans  la  Mufique  moderne  ,  on  appelle 
degré  coiijoint ,  la  marche  d'une  note  à  celle  qui 
la  Vuit  immédiatement  dans  la  gamme,  foit  en 
montant,  foit  en  defcendant. 

CONJOINTEMENT  ,  adv.  enfemble  l'un  avec 
l'autre.  Conjunclè  ,  cortjunctim.  Un  arrêt  d'appoin- 
tement  potte  que  deux  inftances  fetont  jugées 
conjointement ,  ou  féparcmcnt ,  ainfi  que  de  railbn. 
Il  faut  que  des  allbciés  travaillent  cow/o/;2/£ff2e«, 
de  concert,  pour  réulfir  en  leurs  delfeins, 

CONJONCTIF,  IVE,  adj  terme  de  Grammaire. 
Qui  joint  un  mot  à  un  autre  mot ,  ou  un  fens  à 
un  autre  fens.  Conjunclivus.  Et  eft  une  parricule 
conjondive  ou  copulative,  oppofée  à  ladisjonélive. 
P articula,  conjun&iva,  copulativa.  Ni  eft  une_  parti- 
cule conjonctive.  Voyez  Conjonction.  Coiijuricti- 
vus.  Et  eft  une  paiticale  conjonctive  ou  eft  dis> 
jon(5bive. 

CoNjoNCTiF  'fe  dit  aulfi  quelquefois  en]  Grammaire 
au  lieu  de  fubjon&if.  ConjunBivus  ,  fubjunclivus 
modus.  Parce  que  la  plupart  de  fes  temps  font 
joints  à  un  tjue,  ou  à  quelque  conjonction,  tçj" 
Mais  ce  n'eft  point  à  caufe  de  cc-tte  conjoncftion 
que  le  Verbe  eft  mis  au  fubjondif  ;  c'eft  parce 
qu'il  eft  dépendant  de  quelque  autie  Verbe  qui  le 
précède  Voye^  Sueiontcif, 

CONJONCTION ,  f,  f  jondion  de  deux  perfonnes. 
On  le  dit  de  l'union  de  Thomme  &  de  la  femme. 
Conjunclio.  Il  fe  fait  dans  le  mariage  une  conjonc- 
tion lacramentale  de  deux  perfonnes ,  qui  ne  font 
plus  qu'une  mêraç  djau».  Si  l'homme  fe  régloit  par 

^      ^  KKKlck 


8io 


CON 


rinftindl  aveugle  des  animaux ,  l'on  pourroit  foû- 
tcnir  qu'il  n'y  a  rien  de  criminel  dans  les  con- 
jonclions  les  plus  illicites.  S.  EvR.  L'honnêteté  , 
qui  efi:  une  loi  inviolable  dans  les  bonnes  mœurs , 
ne  fouflre  pas  ces  conjonSions  vagues ,  &c  ces  em- 
portcmens  immodérés.  Id. 

En  Grammaire,  il  fe  dit  des  particules  qui  lient  , 
qui  joignent  les  parties  d'un  difcours.  La  conjonc- 
tion eu.  la  huiticme  en  ordre  des  parties  de  l'oraifon. 
Et ,  car ,  mais  ,  font  des  conjonclions  gramma- 
ticales. ^Cr  II  y  a  différentes  fortes  de  con 
jonctions.  Les  copulatives ,  qui  lient  les  mots.  Le 
père  &  le  fils.  Les  disjondlives ,  les  augmentatives , 
les  alternatives ,  les  conditionnelles  ou  hipothcti- 
ques ,  les  adverlatives  ,  les  cxtenfives  ,  les  pério- 
diques ,  les  niotivales  ou  caufales ,  les  conclulîves  , 
les  explicatives,  les  tranfitives,  ùc.  Voyez  tous 
ces  mots  pour  l'explication. 

En  Aftronomie  ,  on  appslle  la  conjoncKon  des 
aftres ,  lorfqu'ils  le  rencontrent  dans  un  même  degré 
du  Zodiaque  :  &  que  leur  fuuation  ell  telle,  que  la 
même  ligne  droite  par  laquelle  on  les  regarde  ,  pa/fe 
par  leur  centre  ou  proche  de  leur  centre.  \.%  conjonc- 
tion cft  le  premier  des  afpetâs  des  afttes,  La  lune  Te 
trouve  tous  les  mois  en  conjonclion  avecle  foleil.  La 
lune  fait  le  tDur  du  Zodiaque  en  vingt-fept  jours  ; 
mais  il  lui  en  faut"  encore  près  de  troispour  fe  trou- 
ver en  conjonclion  avec  le  foleil.  Leséclipfes  de  fo- 
leil n'arrivent  que  quand  les  conjonctions  fe  font 
dans  les  nœuds  de  Técliptique  ou  près  des  nœuds. 
^Cr  On  divife  les  conjonclions  en  vraies  ou  centrales  , 
partiales ,  &  apparentes.  Si  les  deux  aftres  font  dans 
le  même  degré  de  longitude  &  de  latitude  enforte 
que  la  ligne  droite  tirée  du  centre  de  la  terre  paffe 
par  le  centre  des  deux  aftres ,  la  conjonclion  efi:  vraie 
&  centrale.  Si  la  ligne  qui  paffe  par  le  centre  des 
deux  aftres ,  ne  pafle  pas  par  le  centre  de  la  terre  , 
on  l'appelle  conjonclion  partiale  ;  fi  les  deux  corps 
ne  fe  renconttent  pas  pr^cifément  dans  le  même 
degcé  de  longitude  ,  en  foite  que  la  ligne  qui  paffe 
par  le  centre  des  deux  aftres  ne  paffe  pas  par  le 
centre  de  la  terre  ,  mais  par  l'œil  de  l'obfervateur , 
]a  conjonclion  cft  appâtante. 

On  divife  encore  les  conjonclions  en  conjonc- 
tions grandes  ,  &  très-grandes.  Les  grandes  con- 
jonclions ,  font  celles  qui  arrivent  en  des  temps 
cloigr >«  ;  comme  celle  de  Saturne  ic  de  Jupiter, 
qui  n'arrive  que  de  lo  ans  en  20  ans.  Les  con^ 
jonclions  très-grandes ,  font  celles  qui  arrivent  en 
des  temps  très-cloignés ,  comme  celle  des  rrois  Pla- 
nètes fupérieures  ,  Saturne  ,  Jupiter  &  Mars ,  qui 
n'arrive  que  de  500  ans  en  500  ans.  Les  Aftro- 
logues  difent ,  que  le  déluge  étant  arrivé  par  l'in- 
fluence &  par  la  conjonclion  de  toutes  les  Planètes 
avec  le  Capricorne  ,  le  monde  brûlera  par  la  con- 
jonclion  de  toutes  les  Planètes  avec  le  ligne  du 
Cancer.  Ainfi  en  fupputant  le  temps  de  cette  con- 
jonclion ,  ils  prétendroient  trouver  la  fin  du  monde. 

Les  Planètes  inférieures,  c'eft-à-dire,  Vénus  & 
Mercure  ,  ont  deux  fortes  de  conjonclions  :  une  con- 
jonclioninfévicare  Si  une  conjonclion  fupéricure  car  : 
pendant  le  temps  d'une  deleuts  révolutions,elle  palfe 
deux  fois  en  conjonclion  avec  le  foleil ,  l'une  entre  le 
foleil  &:  la  tetre  que  l'on  nomme  conjonclion  infé- 
rieure ,  &  l'autre  au-delà  du  foleil ,  qui  fe  trouve  en- 
tr'elles  &  la  terre,  que  l'on  appelle  conjonclion  fupé- 
rieure. 
Conjonction  ,  terme  de  Mufique.  II  en  eft  fouvent 
parlé  dans  les  ouvrages  des  anciens  Muficiens ,  c'eft 
ce  qu'on  appelle  en  grec  fynaphe.  Il  y  a  conjonclion , 
lorfque  de  deux  tétrachordcs  la  même  chordc  eft 
la  plus  haute  du  premier ,  &  la  plus  baffe  du  fé- 
cond ,  c'eft  ce  qui  arrive  dans  les  deux  tétrachordcs 
qui  compofent  l'eptachorde,  ou  la  feptième.  De 
BiujssARD.  Voye^  Conjoint. 
CONJONCTIVE ,  f.  f.  teime  d'Anatomie.  Conjune- 
tiva,  Jdiinata  alba.  L-a  conjonclive  eft  la  mem- 
brane qui  Joint  le  globe  de  l'œil  aux  paupiètes.  , 
Ëlk  eft  ainfi  nommée  >  parce  qu'elle  renferme  toutes  ' 


CON 

les  autres,  ou  parce  qu'elle  attache  l'œil  dnns l'or- 
bite. Elle  eft  unie  ,  polie  ,  &  d'un  blanc  d'albâtrce 
quand  on  fe  porte  bien.  On  dit  comunément  qu'elle 
prend  fon  origine  du  péricrane ,  cela  veut  dire 
qu'elle  a  des  attaches  à  cette  membrane.  La  con- 
jonctive ne  forme  pas  le  globe  de  l'œil  tout  en- 
tier ,  elle  fe  termine  au  bord  delà  fclorotide.  Elle 
eft  parfemée  d'un  million  d'artères  &  de  veines , 
qui  ne  paroiffent  que  lorfque  le  mouvement  du  fang 
eft  plus  rapide  qu'à  l'ordinaire ,  comme  dans  les 
ophralmies.  Dionis. 

ffT  La  conjonclive  eft  ce  qu'on  appelle  vulgairement 
le  blanc  de  l'œil.  Cette  membrane  eft  douée  d'un 
fentiment  exquis.  C'eft  pourquoi  l'introdudtion 
d'un  corps  étranger  enrre  la  paupière  &  le  globe 
de  l'œil  caufe  des  douleurs  fi  cuifantes. 
Ce  mot  vient  de  conjungere ,  joindre. 

CONJONCTURE  ,  f.  f.  amas  ou  affemblage  de  plu- 
fieurs  circonftances ,  qui  fait  trouver  de  la  facilité 
ou  de  la  difficulté  dans  le  fuccès  des  affaires.  Re^ 
rum  Jlatus  ,  rerum  concurfus. 

%fT  Ce  mot  défigne  la  fimultanéité  ,  s'il  eft  permis  de 
parler  ainfi,  de  plufieurs  faits  relatïfeàun  autre  qu'ils 
modifient,foit  enbien,  foiten  mal.  Conjoncture ,  dit 
M.  l'Abbé  Girard ,  ferr  à  marquer  la  fituation  qui 
provient  d'un  concours  d'événemens  ,  d'afîûires , 
ou  d'intérêts.  Ce  font  ordinairement  les  conjonc- 
tures qui  déterminent  au  parti  que  l'on  prend. 
Les  vieillards  font  d'otdinaite  fi  opiniâtres  fur 
les  anciennes  coutumes  ,  qu'ils  ne  favent  ce  que 
c'eft  que  de  s'accommoder  aux  diverfes  conjonctures 
des  temps.  S.  Didier.  Il  fàudroitdire  l'occurrence  , 
&  non  pas  les  conjonctures  des  temps  ,  parce  que 
le  mor  occurrence  fe  dit  de  ce  qui  arrive  fans  qu'on 
le  cherche,  &  avec  un  rapport  fixé  au  temps  pré- 
fent.  Il  faut  fe  comporrer  félon  l'occurrence  des 
temps ,  &  fc  déterminer ,  félon  les  conjonctures  où 
l'on  fe  trouve  ,  c'eft-à-dire ,  félon  que  les  événe- 
raens  ,  les  affaires ,  les  intétcts  relatifs  à  notre  fi- 
tuation paroiffent  l'exiger.  Occurrence  favorable, 
conjoncture  avantageufe.  Borel  remarque  que  ce  mot 
n'cft  venu  en  ufage  que  du  temps  de  la  Reine  Ca- 
therine de  Médicis.  Voye:^  aux  mots  Cas,  Cir- 
constance, Occasion,  les  idées  particulières  de 
ct%  mots  &:  leurs  différences. 

gC?  CONJOUIR ,  (Se)  vieux  verbe  réciproque.  Con~ 
gaudere.  Se  réjouir  avec  quelqu'un  de  ce  qui  luî 
eft  arrivé  d'heureux ,  d'avanrageux.Se  conjouiruvec 
quelqu'un  du  mariage  de  fon  fils.  On  ne  le  dit  plus, 

CONJOUISSANCE,"  f.  f:  marque  que  l'on  donna 
à  quelqu'un  de  la  joie  qu'on  a  de  quelque  heureux 
fuccès  qui  lui  eft  arrivé  enfafortune,  enfesaffaircs, 
Gratulatio ,  Congratulatio.  Les  Princes  s'envoienc 
des  Ambaffadeurs  exprès  pour  'faire  des  compli- 
mens  de  conjouiffance  fut  leurs  mariages ,  fur  leurs 
avénemens  à  la  Couronne ,  &c.  Il  eft  vieux. 

CONIQUE ,  adj.  de  t.  g.  terme  de  Géomcttie.  Coni^ 
eus.  Miroir  conique  ,  fpeculum  turbinatum ,  ca- 
dran conique ,  qui  a  la  figure  d'un  cône  concave 
ou  convexe.  Une  ligne  conique  ,  eft  la  ligne  courbe 
qui  borne  une  feftion  conique  ;  ou  c'eft  la  fe£t\on 
d'un  plan  ,  &  de  la  fuperficie  d'un  cône  ,  qui  n'eft 
pas  coupé  par  Ion  axe.  On  confond  ordinairement 
les  /ignés  coniques ,  avec  les  Jecîions  coniques. 

On  appelle  Jecli%n  conique ,  des  figures  qui  fe 
trouvent  dans  les  différentes  fedtions  du  cône , 
qu'on  peut  couper  en  plufieurs  manières  :  comme 
l'cllipfe,  la  parabole  &  l'hyperbole,  le  cercle  &  le 
triangle.  In  figurant ,  formam  conifecîum.  Le  plan 
par  lequel  fe  fait  la  fedion  d'un  cône  ,  s'appelle  le 
plan  fécant.  Ces  feiflions  coniques  exevc^ni  les  plus 
lubtils  Géomctfes  -,  il  nous  refte  de  l'antiquité  l'ex- 
cellent livre  d'Apollonius  Pergeus.  Archîmèdes , 
Colon  Serenus,  Papus  en  ont  auflî  écrir  chez  les 
Anciens  :  Se  à  l'égard  des  Modernes  ,  François  Ba- 
rocio  Sénareur  deVenife,  LaHire,  &M.  leMar-' 
quis  de  l'Hôpital 

On  appelle,  en  termes  de  Botanique,  fruirs  co- 
niques  ,   ceux  qui  approchent  de  la  figure  d'un 


CO  N 

pain  de  fucre  ,  ou  quelquefois  d'une  pomme  de 
pin.    Foyei  Conifère. 

CONISALE ,  f.  m.  faux  Dieu  de  l'Antiquité.  Coni- 
J'a/ins.  Cctoit  un  Dieu  impur,  adoré  chez  les  Athé- 
niens ,  qui  l'honoroicnt  à  peu  près  de  la  même  ma- 
nière que  les  Lam-pfaciens  honoroient  Priapc.  Stra- 
bon,  L.lîl.  Plulieurs  croient  que  Priape  &  Coni- 
fale  l'ont  la  même  divinité ,  à  laquelle  on  rendoit 
le  même  cuite  dans  deux  endroits  difFércns. 

CONISE  ou  GONYSE.  f.  f  Conyfa.  Genre  de  plante 
dont  les  fleUrs  font  des  bouquets  à  fleurons  cva- 
ics  en  étoile  par  le  haut ,  &  portés  chacun  ilir  un 
embryon  ou  femence  chargée  d'une  aigrette.  Ils 
font  foûtenus  par  un  calice  écailleux ,  Verd.^.tre  ; 
c'efl:  fur  tout  par  ce  calice  qu'on  diftingue  les  Co- 
nyj'es  des  Elycryfum.  Ce  genre  comprend  pluficurs 
efpèces  -,  la  plus  commune  cft  la  Conyfa  •major  ou 
Baccharies,  Ses  feuilles  font  ian  peu  plus  larges 
que  celles  de  la  verge  dorée ,  velues ,  &  d'un  vcrd 
plus  terni.  Ses  fleurs  naidênt  par  bouquets ,  &  Tes 
fleurons  font  jaunâtres.  Il  y  en  a  encore  une  autre 
efpèce  commune  à  la  campagne,  dans  plufieurs 
endroits  du  Royaume.  Elle  croît  dans  les  bois, 
&  fleurit  fur  la  fin  de  l'été.  Ses  fleurs  font  d*un 
beau  jaune  ,  &  fes  feuilles  font  menues  comme  celles 
de  la  Linaire.  Conyfa  linaritz  folio-,  infi.  R.  hcrb. 
PJufieurs  plantes  portent  le  nom  de  Conyfa  dans 
lesAuteutsde  Botanique,  m.ais  kplûpatt  n'en  ont 
pas  le  caraétère. 

Conyfa  vient  du  mot  grec  y.m-^v  ,  moucheron.  Oii 
croit  que  la  conïfe  chalfe  les  moucherons. 

|Kr  CONISTERIUM,  terme  d'Hiftoire  ancienne. 
r-oyç-t^a.  chez  les  Grecs ,  Puherarium  chez  les  La- 
tins ,  l'endroit  où  l'on  rafîêmbloit  la  pouifière  que 
les  Athlètes  fe  jetoient  fur  le  corps  après  s'être 
frotés  d'huile ,  afin  d'avoir  plus  de  prife  les  uns 
fur  les  autres. 

CONJUGAISON,  f  f.  terme  de  Grammaire.  Di- 
ftribution  par  ordre  de  toutes  les  parties  des  verbes 
ou  inflexion  diuérente  des  verbes  fuivant  leurs 
voix,  leurs  divers  niodes  ,  leurs  temps,  les  nombres 
&  les  perfortnes.  Conjngatio.  Les  Latins  avoient 
quatre  conjugafons.  La  plupart  des  Grammairiens 
François  réduifent  auifi  les  nôtres  à  quatre  i  qui 
font  celle  des  verbes  en  er ,  comme  parler  ;  celle 
des  verbes  en  re  comme  croire ,  dire ,  faire  ;  celle 
des  vejrbes  en  ir ,  comme  polir  ;  celle  des  verbes 
en  oir  j  comm.e  voir ,  &:c. 

Conjugaison  de  7ierfs  ,  terme  d'Anatomie.  Conjonc- 
tion de  certaines  paires  de  nerts  qui  ont  la  même 
origine,  &  qui  concoutent  ertleitlble.  Nervorum 
conjugatio.  Il  y  à  dans  Id  corps  humain  40  conju- 
gaijhns  ou  paires  de  nerfs ,  10  partent  du  cerveau  ; 
^o  de  la  moelle  de  l'épine. 

CONJUGAL,  ALE.  adj.  qui  concerne  l'union  d'entre 
le  mari  &:  la  femme.  Conjugia/is ,  conjugalis.  Les 
maris  &  les  femmes  fe  doivent  également  garder  la 
foi  conjugale  ;  ils  font  tenus  à  fe  rendre  le  devoir 
conjugal.  Les  loix  ont  permis  à  la  femme  de  fe 
plaindre ,  quand  elle  a  été  abufée  par  une  vaine 
prcmeflé  d'amour  conjugal.  G.  G.  A  voir  l'indiffé- 
rence des  maris  S^  des  femmes ,  il  femble  qu'il  n'y 
air  rien  de  plus  fade  que  la  tendrelfe  conjugale^ 
S.  EvR.  La  tourterelle  avec  fes  tendres  gémiffe- 
mens ,  &  fes  trilles  fanglots ,  eft  le  fymbole  de  la 
fidélité  cojjwrale.  Id.  La  mort  ne  peut  eflîicer  l'im- 
prefHon  fainte  de  l'union  conjugale.   Pat. 

CONJUGALEMENT,  adv.  d'une  manière  conju- 
gale -,  félon  l'union  qui  doit  être  entre  le  mari 
&:  la  femme.  Conjugum  ritu  ,  more.  Vivre  con- 
jugalement ,  c'eft  vivre  comme  mari  Se  femme.  Ènée 
regrette  un  peu  trop  conjugalement  fa  chère  époufe. 
S.  EvR. 

CONJUGUER  ,  V.  a.  donner  aux  verbes,  fuivant  les 
voix  ,  les  modes ,  les  perfonnes ,  les  nombres  &  les 
temps,  les  différentes  inflexions  &  terminailons , 
fuivant  les  règles  de  la  Grammaire.  Conjugare,  in- 
fleclere.  Conjuguer  un  verbe.  Décliner  un  nom.  Il 
cft  aulfi  réciproque.  Ce  verbe  fe  conjugue  ainli, 


CON  8U 

Les  verbes  fe  conjuguent  différemment  feîon  les  di- 
verfes  langues  ;  les  Uns  ont  plus  detemps  que  les 
autres. 

Ail  lieu  de  conjuguer  le  verbe  Amo  î  il  faifoit 
des  aétes  d'amour.  Je  vous  aime  ,  mon  Dieu  ,  vous 
m'aimez  j  aimer,  étire  aimé,  rien  davantage.  Bou^ 

HOURS. 

CONJUGUE  ,  ÉE.  part,  paff  &  adj.  Conjugatusi 
On  appelle  i  en  termes  de  Grammaire ,  des  mot* 
conjugués  ,  ceux  qui  ont  de  la  liaifon  ,  de  l'affinité  i 
de  la  reflemblartce  entr'eux ,  &  qui  n'ont  que  là 
terminaifon  ou  quelques  lettres  différentes,  comme 
jujiice,  jujle ,  jujkmeTit  ;  homme  ,  humain  ,  hu7na- 
nité  ;  &;  généralement  tous  les  primitifs  &  leurs 
dérivés. 

Conjugués,  (Nerfs)  en  Ariatomie ,  certaities  paires 
de  nerfs  qui  ont  la  même  origine ,  &:  qui  concourent 
à  la  même  opération ,  à  la''mcmc  fon6tion, 

UCT  Conjugué,  feuille  conjuguée,  terme  de  Bota- 
nique, regardé  par  plufieurs,  cdmme  fynonimé 
de  pinnatum.  folium  :  mais  Linnaeus  applique  ce 
terme  aux  feuilles  qui  ne  font  compofées  que  dé 
deux  folioles.   Foye:^  Feuille. 

0CF  Conjugués, (Diamètres)  en  Géométrie  dans  le? 
feétions  coniques ,  ceUx  qui  font  réciproquement 
parallèles  à  leurs  tengentes  au  fommet. 

CONjl/NGO,  f.  m.  terme  de  Collège.  C'eft  un  mot 
latin  qui  iigniRc  je  joins  ^  &  qui  s'eft  introduit 
daris  notre  langue  pour  lignifier  que  l'on  joint  des 
chofes  qui  ne  devroient  pas  être  jointes,  en  écri- 
vant de  fuite  ce  qui  devroit  être  féparé  ,  &  omet- 
tant ce  qui  eft  entre  deux.  NoUs  trouvons  dans 
les  anciens  manufcrits  bien  des  conjungo.  Les  Co- 
piftes  pafîbient  quelquefois  plufieurs  lignes  pouc 
avoir  plutôt  fait,  &  ccrivoient  tout  de  fuite,  ce 
qui  ne  fe  fuivoit  pas  dans  leur  original.  Les  Eco- 
liers de  Philofophie  6c  de  Théologie  font  fujets 
à  faire  des  conjungo.  Quand  ils  oiit  été  abfens ,  ils 
écrivent  tout  de  fuite  ce  qUe  l'on  dide  quand  ils 
reviennent  en  clafle. 

ip-  CONJURATEUR ,  f  m.  celui  qui  fbrme  otl 
conduit  une  conjuration.  Conjurâtus ,  conjuratio- 
nis  artifex.  C'eft  un  dangereux  conjuraieur.  Vau- 
îrelas  prétend  que  ce  mot  n'eft  pas  françois ,  &  qu'il 
faut  dire  conjuré.  L'ufage  eft  contre  Vaugelas.  D'ail- 
leurs conjurateiir  &c  conjuré  ne  font  point  fynoni- 
mes  ,  &  ne  fauroient  être  employés  l'un  pour  l'autre. 
Conjuré ,  celui  qui  eft  entré  dans  une  conjuration  j 
Conjurateur ,  celui  qui  la  forme,    qui  la  conduit. 

ÇCT  Conjurateur  fe  dit  quelquefois  dans  une  autre 
fignification ,  de  ces  prétendus  Magiciens  qui  par 
certaines  paroles ,  caraélères  ou  cérémonies  s'at- 
ttibiioient  le  pouvoir  d'évoquer  ^  de  chafler  les  Dé- 
inons  à  leur  fantaifie  ,  de  détourner  les  tempêtes  « 
les  maladies  &  les  autres  fléaux;  Evocator  Dcemo- 
num,  incàhtator. 

^fT  Conjurateur  des  Démons.  Il  fe  vantoit  d'être 
le  conjurateur  des  tempêtes. 

CONJURATION,  f  f,  tetme  d'Antiquité.,  romaine-. 
On  donnoit  ce  nom  à  une  cérémonie  qui  fe  pra- 
tiquoit  dans  les  grands  dangers  de  la  République  \ 
&   dans  les   occafions  inopinées. 

^fT  Les  Soldats  allemblés  au  Càpitole,  faifoient 
ferment  ,  juroient  entre  leS  mains  du  Général 
de  défendre  la  République  *  &  de  facrifier  leur 
vie  pour  elle.  Ce  ferment  fait,  ils  marchoient  à 
l'ennemi  fous  les  ordres  du  Général.  Cette  céré- 
monie jufqu'au  ferment  s'appeloit  tumulte,  &  après 
le  ferment  prcnoii  le  nom  de  conjuration.  Des 
mots  cnm  ,  enfemble ,  &  jurare  ,  jurer  en  femble. 

fCJ"  Ce  mor  qui,  dans  fa  fignification  primitive,  fe 
prenoit  dans  un  fens  favorable ,  a  été  déterminé 
à  un  fçns  odieux  ,  &c  ne  fe  dit  plus  qu'en  mauvaife 
part ,  pour  exprimer  un  complot  de  gens  mal  inten- 
tionnés ,  contre  le  Prince  du  contre  l'Etat.  Conjura- 
tio.  Tramer ,  taire ,  former  une  conjuration.  En- 
trer dans  une  conjuration.  La  conjuration  de  Ca-^ 

K  K  K  k  k  ij 


8ia 


C  O  N 


tilina  fut  découverte  par  Ciceron.  Salufte  nous 
a  donné  l'Hiftoire  de  la  conjuration  de  Catilina , 
&  l'Abbé  de  S.  Real  l'Hiftoire  de  la  conjuration 
cffe'  Venilé. 

^-    Complot,  confpiration  ,  co7?;«r^«o«  >  confidc- 
rés  dans  une  lignification  fynonime.    Complot  Qit 
le  terme  £;cnctiquc  ,  qui  le  dit  d'un  mauvais  del- 
rein  quelconque ,  forme  contre  deux  ou  plulieurs 
peribnnes.  Conjuration  &c  confpiratwn  ne  le  dilent 
que  d'un  mauvais  dcUcin  formé  par  un  grand  nombre 
de  perfonnes  contre  le  Souverain  ou  contre  1  tm. 
Mais  quelles  font  les  idées  propres  qui  catade- 
rilent  ces  deux  mots ,  &  les  empêchent  d'être  iy- 
nonimes  î  car  on  dit ,  la  conjuration  de  Catilina  , 
la  conjuration  de  Vcniié  ,  la  conjpiratlon  des  pou- 
dres -,  &  l'on  ne   diroit    pas  la   confpiration    de 
Catilina ,  la  conjuration  des  poudres.    Les  Ency- 
clopcdiftes  diiént  que  la  conjuration  eft  de  plu- 
iieurs  particuliers ,  &  la  conspiration  de  tous  les 
ordres  de  l'État.  Cela  peut  être  \  mais  cela  ne  pa- 
roît  pas  fuffifant.  Il  me  lemble  que  le  mot  de  conju- 
ration dit  quelque  choie  de  plus  fort  que  celui  de 
confpiration.  Confpiration  dit  uniquement  le  com- 
plot de  plulieurs  peribnnes  réunies  contre  l'autorité 
légitime.  Conjuration  ajoute  à  cette  idée  celle  du 
fen-nent  pat  lequel  les  conjurés  s'obligent  à  pour- 
fuivre  leur  entreprifc.  Conjufare  ,  jurer  enfemble. 
Un  ou  deux  ou  plulieurs  parriculiers  forment  un 
mauvais  delfein  contre  l'Etat  :  voilà  le  complot.  Un 
grand  nombre  de  gens  mal  intentionnés  de  tous 
les  Ordres  de  l'Etat,  fi  vous  voulez,  entrent  dans 
ce  complot  :  voilà  la  confpiration  fotmée.  Les  conf- 
pirateuts  promettent  de  s'aider ,  de  demeurer  unis , 
de  ne  fe  point  détacher  :  voilà  la  conjuration.  Je 
foumers  cette  idé°  ,  ainfi  que  toutes  les  autres  j  au 
jugement  du  public. 

Conjuration  ,  font  aullî  des  paroles ,  caractères  ou 
cérémonies  magiques ,  par  lefquelles  les  magiciens 
prétendent  évoquer  ou  chalfer  les  efprits  malins, 
&  détourner  les  chofes  nuilibles.  Evocatio  Dccmo- 
num ,  incantatw.  Les  livres  de  Nécromancie  font 
pleins  de  conjurations  ,  également  vaincs  ,  fuper- 
ftitieufes  &  inutiles ,  mais  toutes  condamnables. 

Conjuration  ,  en  matière  Eccléliaftique  ,  lignifie 
Exotcifme.  Diemonum ,  adjuratione  divini  nomi- 
nis ,  expul/îo  ;  Exorcifmus.  Le  Démon  n'eft  forti 
du  corps  de  ce  poiîédé  qu'après  plulieurs  conjura- 
tions. Le  Prêtre  en  faifant  l'eau  bénite  fait  plulieurs 
conjurations  &  exorcifmes. 

Conjuration  le  dit  auiFi  des  inftantes  prières  qu'on 
fait  à  quelqu'un  au  nom  des  chofes  qu'on  croit 
les  plus  capables  de  l'émouvoir,  &:  prcfque  de  la 
même  manière  que  les  Magiciens  font  à  l'égard  des 
Efprits.  Obfecratio,  ohtcflatio.  Ce  pete  fc  rendit 
aux  coîijurations  que  lui  fit  fa  femme  de  pardon- 
ner à  fon  fils. 

CONJURE  ,  terme  de  Coutumes ,  femonce  &  con- 
jure ,  IK? c'efl:  la  prière,  l'invitation  que  le  Seigneur 
féodal  ou  fon  Juge  fait  à  les  feudataires  ou  cenliers 
de   venir  juger  une  affaire  qui  eft  de  leur  com- 
pétence, 

^  CONJUREMENT ,  f.  m.  fynonime  de  con- 
jure dont  on  vient  de  parler. 

CONJURER  ,  V.  a.  prier  avec  inftance  au  nom  de  ce 
qu'on  refpeéle  le  plus,  de  ce  qu'on  a  de  plus  cher. 
Ohfecrare  ,  obteftari.  On  a  conjuré  cet  homme  au 
nom  de  Dieu ,  de  tous  fes  parcns ,  &  de  tous  lés 
amis  i  mais  il  n'a  pas  voulu  pardonner.  Je  vous  con- 
jure par  ce  que  vous  avez  de  plus  cher  au  monde  , 
par  le  fouvenir  de  notre  ancienne  unitjn  ,  ùc.  per 
deos  oro  te  ,  per  antiquam  nece£îtudinem  nof- 
tram  ,  &c. 

Pendant  que  votre  main  fur  eux  appefantie , 
^  leurs  perj'ecuteurs  les  livroit  fans  fecours  , 
Ilcoï\]\.\toiice  Dieu  de  veiller  fur  vos  jour  s. 

Racine. 


C  O  N 

On  le  dit  plus  fimplement.  Aimez-moi ,  ccfivéz- 
moi  fouvcnt ,  je  vous  en  conjure. 
IJC?  Conjurer  léditaufli  dans  la  fignification  d'exor- 
cifcr ,  employer  certaines  prières  pour  challer  les 
Démons.   Dcemones  ,    adjuratione  divini  nominis 
expellere  ,  fugare  ,   ejicere.  Conjurer  le  Diable.  La 
formule  des  conjurations  dont  ulé  l'Eglile  eft  con- 
çue ainfi.  Efprit  immonde  ,  je    te  conjure  par  le 
facré  nom    de   Dieu  ,    &c.    adjuro  te  per   Deuin 
vivurn. 
|3"  En  parlant  de  ces  ptétendus  Magiciens  qui  fe 
vantent  de   faire   des  chofes  merVeilleufes   par  le 
moyen  de  certaines  prières  ou  de  quelques  céré- 
monies, conjurer    eft  fynonime  de  chalfer  ,    dé- 
tourner. Averruncare.  On  dit  en  ce  léns,  conju- 
rer la  tempête  ,  lcs4erpcns  ,  les  maladies ,  la  fièvre , 
&;  en  général  toutes  les  chofes  nuifibles.   Il  y  a  des 
gens  qui  fe  vantent  d'avoir  le  fecret  de  conjurer 
les  otages  \  ce  qu'il  y  a  de  plus  étonnant ,  il  fe 
trouve  des  fots  qui  les  croient. 
^C  On  dit  au  figuré  ,  conjurer  l'orage  ,  la  tempête  ; 
détourner  par  là  prudence  ou  par  fon  adrclfe  un 
malheur  dont  on  eft  menacé.   Ce  Ptince  étoit  me- 
nacé de  toutes  parts  -,  les  Confédétés  étoient  fur 
le  point  d'entrsi  dans  lés  Etats ,  mais  il  a  trouvé 
le  moyen  de  conjurer  la  tempête, 
tfT  Conjurer,  terme  de  Coutume.  Conjuref  Se  Ce- 
mondre  fes  valfaux  ,  en  parlant  d'un  Seigneur  féo- 
dal ou  de  fon  Juge,  c'eft  inviter  les  vallàux  à  ve- 
nir ju2;er  un  procès  ou  un  différent  concernant  fes 
fujets.  Evocare.  C'eft  dans  ce  'ens  qu'on  dit  que 
Philippe  le  Bel  conjura  fes  Pairs  pour  faire  rendre 
jugement  contre  le  Roi  d'Angleterre. 
?ÇT  Enfin  conjurer  fignifie  former  un  complot  contre 
l'Etat  ou  contre  le  Prince  avec  d'autres  peribnnes. 
Conjurare,  Catilina  conjura  com\(:  fa  patrie.  Cinna 
conjura  contre  Augufte.  Et  ablblument ,  Céfar  étoit 
toujours  prêt  à  conjurer. 

ÇC?  Conjurer  contre  quelqtCun  ,  fignifie  encore  agit 
de  concert  avec  d'autres  pour  le  perdre  ,  pouï  le 
ruiner. 

|tT  Avec  un  régime  direâ:.  On  dit  conjurer  la 
ruine  de  fa  patrie.  Et  même  ,  en  parlant  d'une 
feule  perfonne  qui  agit  contre  les  intéicts  d'une' 
autre ,  qui  a  formé  un  mauvais  dcfléin  contre  un 
particulier ,  on  dit  conjurer  la  perte  de  quel- 
qu'un. 

%T  Conjuré  ,   ée.  part.  Voyei_  le  verbe. 

§CF  CONJURÉ  fe  dit  fubftantivement  en  parlant 
de  celui  qui  eft  entré  dans  une  conjuration,  dans 
un  complot  contre  l'Erat  ou  contre  le  Prince.  Con' 
jurationis  particeps ,  conjuratus.  On  le  dit  ordi- 
nairement au  pluriel.  On  arrêta  le  chef  des  con-^ 
jurés  ,  les  ptincipaux  conjurés. 

SfT  CONNAUGHT  &  CONNACIË.  Canada ,  & 
Conachtia.  Province  d'Irlande  ,  dans  la  partie  oc- 
cidentale de  l'île  ,  bornée  par  les  provinces  de  Lin- 
fter ,  d'Ulfter ,  de  Munfter  6c  par  l'Océan.  Capitale 
Galloway, 

CONNERAY  ,  bourg  de  France  dans  le  Maine. 

CONNETABLE ,  f.  m.  Officier  de  la  Couronne  ,  qui 
étoit  au-defilis  des  Maréchaux  de  France,  &:  le  pre- 
mier Officier  des  armées  :  il  ne  fubfifte  plus  ni  en 
France  ni  en  Angleterre.  Cornes  flabuli,  rei  bellicai 
fummus  in  G  allia  Prcefeclus  ,  Connefiabilis  ,  CoTip 
tabularius  ,  Comeftabulus.  Avant  Hugues  Capet  , 
lotfqu'il  y  avoit  en  France  un  Maire  du  Palais ,  le 
Connétable  étoit  ce  qu'cft  aujourd'hui  le  Grand 
Ecuyer  -,  mais  après  que  la  charge  de  Maire  du  Pa- 
lais fut  abolie  ,  le  Connétable  àzvmx  le  chef  ptin- 
eipal  de  toutes  les  armées  fous  rnuroxiré  du  Roi, 
Ce  mot  eft  féminin,  lorfqu'on  parle  de  k  femme 
d'un  Connétable.  Madame  la  Connétable.  Comitis 
Jîabuli  conjux.  On  a  appelé  quelquefois  Connéta- 
bles ,  des  Chefs ,  Capitaines  &:  Gouverneurs  d'une 
ville ,  d'une  frontière ,  ou  d'tme  place  forte ,  com 


C  O  N 

tntf  le  Connètahle  de  S.  Malo.  Alain  Chartier  fait 
mention  d'un  Connétable  de  la  ville  de  Bouideaux 
fous  Charles  VII. 

L'origine  de  ce  mot  vient  de  Cornes Jlabuli ,  par- 
ce qu'autrefois  cette  charge  a  été  exercée  par  le 
grand  Ecuyer  de  France  qui  n'avoir  que  l'inten- 
dance des  Ecuycrs  du  Roi.  On  l'établit  enùiite  Chef 
de  toute  la  Gendarmerie  :  &  c'efl:  une  dignité  qui 
efl:  venue  des  Gots.  Le  premier  Connciatle  qu'on 
trouve  avoir  commandé  les  armées,  eft  un  Comte 
de  Vermandois  ,  ibus  Louis  le  Gros.  Mais  depuis 
cette  charge  s'accrut  beaucoup  en  autorité ,  &  en 
pouvoir.  A  la  vérité  le  Conncta.bk  a  toujours  été 
l'un  des  cinq  grands  Officiers  de  la  Couronne,  & 
l'on  remarque  même  qu'il  iignoit  toutes  les  Let- 
tres patentes  qui  s'expédioient;  mais  il  n'écoit  pas 
le  premier.  Le  grand  Chambellan  &  le  grand  Echan- 
fon  étoient  d'ordinaire  avant  lui.  Cette  grandeur 
commença  Ibus  le  règne  du  père  de  Saint  Louis  , 
en  la  perlbnne  de  Matthieu  de  Montmorency,  qui 
fut  foit  Connétable  en  m  8.  II  porta  fort  haut  les 
droits  &  les  prérogatives  de  cette  dignité.  Elle 
n'étoit  pourtant  encote  que  dans  le  quaciicme  rang  : 
&  ce  ne  fut  que  fous  Philippe  de  Valois  que  k 
Connétable  devint  le  premier  Officier  militaire 
de  la  Couronne.  L'épée  eft  la' marque  de  cette 
première  charge  du  Pvoyaume.  Le  Connétable  la 
recevoir  nue  de  la  main  du  Roi  à  qui  il  en  faifoit 
enfuite  hommage.  Il  avoit  le  droit  de  commander 
les  armées  par  préférence  à  tout  autre  ,  fans  excep- 
tion ,  après  le  Roi.  On  crut  la  dignité  de  Conné- 
table enfevelie  avec  le  Connétable  de  Saint  Paul , 
qui  fut  exécute  à  mort  en  1475.  François  I  ,  la 
fît  revivre  en  faveur  de  Charles  de  Bourbon.  Elle 
a  été  fupprimée  en  \6-l-j  ,  après  la  mort  du  Conné- 
table de  Lefdiguieres.  Tant  qu'il  y  à  eu  en  France 
un  grand  Sénéchil ,  (  il  y  en  a  eu  depuis  Pépin  ju- 
qu'à  Philippe  Augufte  ,  )  le  Connétable  n'a  été  que 
le  premier  Ecuyer  du  Roi.  Le  Gendre. 
IJCT  Depuis  la  llippreifion  de  cette  charge  ,  il  ne 
laiHe  pas  d'y  avoir  au  facre  des  Rois,  un  Conné- 
table, c'eft-A-dire  ,un  Seigneur  qui  repréfente  cet 
Officier  de  la  Couronne. 

Li  juridiélion  de  Connétable  fubfifle  encore  , 
6c  le  iîège  en  eft  établi  à  la  table  de  marbre  du 
Palais  à  Paris  fous  le  nom  de  Connétablie  Si  Maré- 
chauHee  ,  parceque  ,  quand  il  y  avoit  un  Connéta- 
ble ,  cet  Officier  &  les  Maréchaux  de  France  ne 
failbient  qu'un  Corps  ,  dont  le  Connétable  étoii  le 
chef,  &  rendoit  avec  eux  la  Juftice. 

Du  Moulin  le  dérive  àc  cuneus  Ji  ibilis  ;  d'au- 
tres de  Cornes  fiabilis ,  mais  avec  moins  de  fon- 
dement 8i  d'apparence.  GoUût  ,  dans  fes  Mémoires 
des  Bours^uLgnons ,  X. /7,  c.  41  ,  tire  Connétal le  de 
Connincs  ou  Konlncs  ,  qui  en  celtique  lignifie 
Roi  &  de  Staphel  ,  qui  veut  dire  fureté ,  garde  -, 
de  forte  que  de  Connincs  Staphel  fe  feroit  fait  Con- 
nétable ,  &c  qu'il  (ignifîe  ,  Garde  ,  ou  AJfurance 
,  du  Roi  -,  mais  il  n'y  a  nulle  apparence  à  cette  éty- 
mologie. 

Voye:(_  fur  le   Connétable   ce   qu'a    recueilli  du 
w       Tillet ,  I.P,  page  ^^y   &  Jhiv.  &  Lymnieus  ,  Njti- 
P    tia  Regni  Franc.  L.  Il ,    z6.  Le  Gendre ,  Mxurs 
des  François ,  p.  2.08  &  fuiv.  Boutillier  en  fa  Som- 
me rurale ,  du  droit  de  Connétable  &  de  fon  Office. 
Hotoman  ,  De  Comeftabulo ,  (J  ,  14.  Franco-G al- 
lia. ,  &c. 
Connétable     eft    auffi    le    nom    qu'on    a    donné 
aux  chefs  des  Connétablies ,  qui  étoient  des  com- 
pagnies de  gens  de  guerre  ,   ou  à  ceux  qui  com- 
mandoient  dans  une  contrée ,  dans  une  ville. 

PM.  de  Tillemont ,  Hifloire  des  Emper.  T.  IF, p. 
494,  dit  ce  mot  Connétable  ,A'anOffic\Qt  des  Em- 
pereurs Romains ,  qu'on  appeloit  en  latin  Tribu- 
nus  jlabuli ,  c'eft-à-dire  ,  Tribun  de  l'écurie  ,  S: 
qu'il  appelle  plus  proprement  encore  grand  Ecuyer. 
Açilon  ,  dit-il  ,  Connétable  ou  grand  Ecuyer  de 
l'Empereur  Conftance.  Anne  Comnène  ,  dans  /'////■ 
(oire  de  fon  père  Alexis  Comnène  ,  L,  XI II,  parle 


CON  8i| 

de  Connétables ,  qu'elle  appelle  ki>n>rxôkii  ;  mais  ee 
n'écoit  point  une"  charge  unique  ,  comme  elle  étoit 
en  France ,  comme  elle  l'eft  encore  dans  les  en- 
droits   où   elle  fubiifte  ,  mais  comme  nos  Maré- 
chaux de  France ,  qui  font  pluiieurs,  La  même  cho- 
ie le  trouve  dans  Pachymère. 
Connétable  ,  dans  l'Artillerie,  eft  un  certain  Of-" 
iicier  qui  diftribue  dans  les  batteries  la  poudre  ,  & 
les  boulets  aux  Canoniers ,  &  tout  ce  qui  eft  nc- 
ccHaire  pour  le  fervice  du  canon. 
îfT  En  Angleterre,  on  donne  le  nom  àz  Connétable 
à  certains  Officiers  de  police  ,  établis  pour  la  con- 
fervation  de  la  paix  &:  la  révilion  des  armes ,  èc 
aux  Châtelains  t<.  Gouverneurs  des  châteaux.  Les   - 
premiers  ont  un  bâton  de  commandement ,  &  dès 
qu'ils    en    touchent   quelqu'un    ,  il  eft    conftitué 
prifonnier. 
:)CF  Connétable  eft  auffi  un  titre  de  dignité  qui  fe 
donne  en  d'autres  Royaumes  à  quelques  perfonnes 
de  qualité ,  dans  la  maifon  de  qui  elle  eft  hérédi- 
taire, Ainfi  en  Efpaghe  il  y  a  un  Connétable  de  Caf-. 
t'Ue ,  un  Connétable  de  Navarre,  &c. 
"fr  CONNETABLIE  ,  {\i.  Jurididion  du  Connétable 
&  des  Maréchaux  de  France  lut  les  gens  de  guerre  , 
&:  tour  ce  qui  a  rapport  à  la  guerre  direébcmenu 
ou  indiredlement ,  tant  en  matière  civile  que  cri- 
minelle. Quoique  le  titre  de  Connétable  ne  fubfiftc 
plus,  la  Jurididion  donc  il  jouif'b't  fubfiftc  encore 
ibus  le    nom  de  Connétablie   &  Maréchauliee    de 
France.  Jurifdiclio   Conneltabilis  ,    bu  Marefcallo- 
riim  GaUi(Z,in  Curix  Parifunfis palàtio.  La   Con- 
nétablie connoît  de  tous   excès  ,  &:    crimes  cofn- 
mis  par  les   gens  de  guerre  ,  tant  de  pié  que  dé 
cheval-,  au  camp  ou  dans  ksgarnifons,  bu  fur  la 
route  :  des  aél'ons  perfdnnelles  qu'ils  peuvent  avoir 
les  uns  contre  les  autres  ,   ùc.  La  Conmtablie  na 
juge  point  en  dernier  reffort  :  les  appellations  ref- 
focciUent  au  Parlement.  Le  Lieut;nant-Général ,  le 
Procureur  du  Koiàcl:).  Connétablie.  Il  y  a  auffi  le 
Grand    Prévôt   de  la  Connétablie  avec  fes  quatre 
Lieutenans  &  fes  Archers ,  qui  fuivcnt  Tatmée  pour 
faire  le  procès  aux  gens  de  guerre  qui  ont  failli  ,■ 
&   pbur  mettte  le  taux  &  la  police  fur  les  vivres-; 
]C?  Les  Maréchaux  de  France  font  préfidens  nés  de 
la  Connétablie  ,    &  ils   y   viennent  quand  ils  le 
jugent  à  propos ,  habillés  comme  les  Ducs  &:  Pairs , 
en   petit   manteau  ,    avec    un    chapeau   ocnê  de 
plumes. 
JCT  On  appelle  encore  Connétablie ,  la  Juridiiliori  de 
Meffi;urs  les  Maréchaux  de  France  ,  dans  les  con-* 
teftations  qui  concernent  le  point  d'honneur ,  dont 
iîs  décident  par   eux-mêmes  ,  &  fans    appel,   La 
Connétablie  fe  tient  ordinairement  chez  le  Doyen 
des  Maréchaux  de  France,  comme  fepréfentant  lé 
Connétable, 

On  a  auffi  appelé  autrefois   Connétablies  ,  des 
bandes  &   compagnies  de  gens  de  guerre.  Cohof' 
tei  ,  turmce,   Froilfart  appelle   Connétablies  ,  des 
efcadrons  &  bannières  de  Cavalerie.  Le  Roi  Jean 
ordonna  l'an  1 5  ^;  i  ,  que  tous  les  piétons   fulfent 
mis  par  Connétablies  &  compagnies  de   2.5  ou   ;o 
hommes ,  &  que  chaque  Comiétable  eut  doubles 
gages, 
CoNNÉTABLïE    cft  cncote   îc    nom  de    la  charge'  de 
celui  qui  commandoit  ces  Connétablies ,  ou  troupes 
de  gens  de  guette. 
CONNEXE,  adj,  m.  &£  terme  de  Palais.  Ce  qni  a- 
de  la  liaifon  ,  de  la  dépendance,  Connexus.    Ces 
deux  principes  ,  ces  deux  raifons  fonr  connexes  ,■ 
dépendent    l'une    de    l'autre.     Ces  deux    affaires 
font  connexes i  doivent  être  jointes  &  jugées-  en- 
femble. 
=p"  CONNEXION,  f.  f.  du  latin  connexio  ,  con- 
nexus. Liaifon  ,  rapporr  que  certaines  chofes  ont  IfS 
unes  avec  les  autres  ;  dépendance  qui  fe  trouve  en- 
tt'elles.  On  dit  qu'il  y  a  de  la    connexion   entre 
deux  idées ,  entre  deux  Jugemens ,  entre  l'antécé- 
dent &  le  conféquent  ,  entre  des  propolîcions  84 
la  conféq^Lience  c^u'on  en  tire* 


g  14  C  O  N 

IJCF  CONNEXITÉ.  f.  f.  Ce  mot   eft  fouvent  em- 
ployé comme  rynonime  de  connexion.  C'cll:  pro- 
prement la  difpolîtion  réciproque  qu'ont  deux  cho- 
fes  pour  être  jointes  l'une  à  l'autre.  Miitua  reriim 
convenientia.  Il  y  a  connexité  entre  la  morale  &: 
la  jurilprudencc,  entre  laphyfique&  la  m.édecine. 
Quelques  gens  prétendent  qu'il  y  a  quelque  lorte 
de    différence    entre  Connexité  &c  connexion.  Ils 
veulent  que  connexité  fignifie  une  liaifon  ,  &:  une 
dépendance  naturelle  ,  qui  fe  trouve  entre  les  cho- 
ies )  lans  que  nous  y  contribuions  rien  de  notre 
part ,  telle  qu'elle  eft  entre  la  Phyfique  èc  la  Mé- 
decine. Au  lieu  que  connexion  ne  lignifie  ,  félon 
eux  ,  qu'une  liaifcn  qui  eft  à  faire  ,  &  à  laquelle 
nous  devons  contribuer  par  notre  art  :  comme  ii 
on  difoit  par  la  connexion  de  ces  deux  propclîtions, 
vous  verrez  que  l'une  fert  déclaircilfement  à  l'autre. 
Quoique  les  Auteurs  que  nous  avons  pCi  conful- 
tcr ,  confondent  la  fignification  de  ces  deux  termes , 
il  paroît  pourtant  qu'on  doit  les  diftinguer.  Riche- 
Ict  fembleauffi  en  avoir  fenti  la  différence  ;  puif- 
qu'après  avoir  dit  que  connexion  fignifie  rapport , 
il  dit  que  connexité  fignifie  ,  ce  par  quoi  unechofe 
a  rapport  à  une  autre. 

^3°  Le  mot  de  connexion  ,  difent  lesEncyclopédiftes , 
défigne  la  liaifon  intelleduelle  des  objets  de  notre 
méditation  -,  celui  de  connexité  ,  la  liaifon  que  les 
qualités  exiftantes  dans  les  objets  ,  indépendcm- 
ment  de  nos  réflexions,  conftituent  entre  ces  objets. 
Ain(î  il  y  aura  tonnexion  entre  des  abftraits  ,  &: 
connexité  entre  des  concrets  ,  &:  les  qualités  &  les 
rapports  qui  font  la  connexité  feront  les  fonde- 
mcns  de  la  connexion  ;  fans  quoi  notre  entende- 
ment mettroit  dans  les  choies  ce  qui  n'y  efl:  pas, 

ÇONNIDAS  ,  f.  m.  Connidas.  Précepteur  ou  Gou- 
verneur de  Théfée  ,  qui ,  au  rapport  de  Plutarque  , 
dans  la  vie  de  ce  Héros  ,  fut  adoré  comme  un 
Dieu.  On  célébroit  à  Athènes  des  fêtes  en  fon 
honneur  nommées  connidies  ;  on  lui  facrifioit  un 
Bélier. 

Ip-  CONNIDIES.  f.  f.  plur.  Foyei  Connidas. 

CONNIFFLE,  f.  f  efpèce  de  grande  coquille,  com- 
me celles  que  les  Pèlerins  rapportent  de  Saint 
Jacques,  &  de  S.  Michel.  C'ert:  un  excellent  man- 
ger. On  en  trouve  gtand  nombre  dans  la  rivière 
du  Havre  de  la  Haive  ,  fur  la  côte  de  l'Acadie. 
Denis  ,  Defc.  de  l'Am,  Sept,  P.I  ,C.  3. 

CONNIL  ,  f.  m.  vieux  mot.  On  dit  aujourd'hui  Lapin, 

CONNILLER  ,  v.  n.  chercher  des  rufes ,  des  détours , 
des  fubterfuges  pour  s'efquiver ,  pour  fe  cacher. 
Siihter juger e.  Comment  la  Philofophie  qui  me  doit 
roidir  le  courage  pour  fouler  aux  pies  les  adverli- 
tés ,  vient  à  cette  moUefle ,  de  me  faire  connilkr 
par  des  détours  couards  5i  ridicules  î  Mont.  Cette 
exprelfion  eft  fur  tout  fott  en  ufage  dans  l'Anjou. 
On  ne  s'en  fert  plus  ailleurs^ 

CONNILLIÈRE  ,  f  f,  fubterfuge  ,  ou  échappatoire. 
Il  eft  vieux.  Suffugium.  C'cft  aux  dépens  de  notre 
franchife,  &  de  l'honneur  de  notre  courage  ,  que 
nous  défavouons  notre  penfée  ,  &  cherchons  des 
connillieres  en  la  faufleté  pour  nous  accorder. 
Montagne. 

fe?  CONNIVENCE  ,  f.  f,  du  latin  Cohnivencia  , 
qui  fignifie  littéralement  ,  clignement  des  yeux, 
C'eft  la  diffimulation  d'un  mal  qu'on  peut  &  qu'on 
doit  empêcher,  C'eft  une  tolérance  qui  nous  rend 
complices  du  mal  que  nous  devrions  empêcher.  Ce 
mot  ne  peut  fe  prendre  qu'en  m.auvaife  part  , 
parce  qu'il  eft  relatif  à  la  conduite  de  celui  qui 
favorife  une  adlion  qu'on  devtoic  punir.  La  con- 
nivence des  parens  eft  la  caufe  du  défbrdre  des 
enfans.  La  connivence  des  Magiftrats  eft  un  crime. 

tfT  CONNIVER  ,  V.  n.  fe  rendre  complice  par  tolé- 
rance &  par  diffimulation  d'un  mal  qu'on  peut& 
qu'on  doit  empêcher,  Connivere  in  re  cliqua.  Un 
Magiftrat  ne  doit  pas  con/z/vt^r  avec  un  Procureur , 
He  doit  pas  conniver  aux  friponneries  d'un  Procu- 
ceur.  C'eft  un  crime  dans  un  père  de  conniver  aux 


C  O  N 

débauches  de  fes  enfans:  ce  Receveur  &  ce'Coni 
mis  connivent  enfcmble. 
Ifr  CONNOISSABLE ,  adj.  de  t.  g.  qui  eft  aile  à 
connoître.  Qui  facile  potejt  agnofci.  Il  eft  prefque 
toujours  employé  avec  la  négative.  Sa  maladie  l'a 
tellement  changé  ,  qu'il  n'eft  plus  connoiffable, 
0Cr  CONNOISSANCE.  f.  f,  C'eft  en  général  la  repré- 
fentation  que  l'elprit  fe  fait   d'un  objet  ,  c'elt-à- 
dire,  la  perception  de  la  convenance  ou  difcon- 
yenance    qui  fe   trouve  entre  deux   de  nos  idées, 
co^nitio.  La  connoi-ffance  attuelle  eft  la  perception 
prcfente  que  l'elprit  a  de  la  convenance  ou  de  la 
difconvenance  de  quelqu'uncs  de  fes  idées  ,  ou  da 
rapport  qu'elles  ont  l'une  à  l'autre. 
0CFConnoissances,(Les)  en  matière  de  philofophie,  & 
fur-tout  en  Algèbre  ,  ne  s'acquietcnt  que  par  trois 
voies  ;  l'une  qu'on  appelle  fynthétique ,  ou  de  com- 
pofition  ,  lortquc  d'une  chofe  connue  on  defcend  à 
une  moins  connue,  dont  on  tire  une  conféquence, 
La  féconde  analytique  ,  lorfque  de  la  conclufion  on 
remonte  aux  principes  fur  lefquels  elle  eft  fondée.  La 
troifième  s'appelle  d'inquifition  ,  lorfque  ,  fans  avoir 
propofc  aucune  conféquence  à  démontier  ,on  exa- 
mine avec  attention  les  principes  ,  &  on  regarde 
quelle  conféquence  on  en  peut  tirer. 

03"  On  dit  qu'un  homme  connoît  une  propofition  , 
lorfque  cette  propofition  ayant  été  une  fois  prc- 
fentée  à  fon  efpiit  ,  ilaapperçû  la  convenance  ou 
la  difconvenance  décidées  dont  elle  eft  compofce  , 
6c qu'il  l'a  placée  de  telle  manière  dans  fa  mémoire, 
que  toutes  les  fois  qu'il  vient  à  réfléchir  fur  cette 
propofition ,  il  en  voit  la  vérité  ,  ou  confcrve  la 
Ibuvenir  de  la  conviclion  ,  fans  en  retenir  les  preu- 
ves. C'eft  ce  qu'on  appelle  connoiffance  habituelle. 

03°  C'cft  ce  précieux  dépôt  de  vérités ,  confie  à  la 
mémoire  ,  qui  fait  les  richelfes  de  l'efprit  ,  auquel 
on  donne  le  nom  de  connoiffances.  Cet  homme 
a  acquis  plufieurs  connoiffance  s  dans  la  phyfique 
par  des  expériences  &  une  étude  de  trente  ans, 
Démofthène  fe  remplit  l'efprit  de  toutes  les  con- 
noiQances  qui  pouvoient  l'embellir. 

§3°  On  dit  qu'un  homme  à  bien  àts  connoiffances  ^ 
qu'il  a  de  grandes  connoijf'ancss  ;  pour  dire ,  qu'il 
lait  ,  qu'il  a  appris  bien  des  chofes  ;  qu'il  a  une 
grande  connoij/ance  de  certaines  chofes  ,  comme 
livres ,  tableaux  ;  pour  dire ,  qu'il  a  une  grande  pra- 
tique ,  un  grand  ufage  de  ces  chofes  là  ,  qu'il  eft  en 
état  d  en  juget  ;  parler  en  connoijfance  de  Caufe  , 
être  au  fixit  de  l'affaire  dont  on  parle. 

Connoissance  fe  dit  aufli  de  l'étude  ,  &  de  l'atten- 
tion qu'on  a  faite  ou  fur  foi-même  ,  OU  fur  les  au- 
tres ,  pour  en  pénétrer  le  fonds  ,  &  en  connoître 
les  bonnes,  ouïes  mauvaifes  qualités.  Sans  la  con^ 
noifjancc  de  foi-même  ,  toutes  les  vertus  qu'on  a 
d'ailleurs  font  des  occafions  de  chute ,  parce  qu'on 
ne  fait  pas  mefurer  fes  fordes  à  fes  cntreprif'és.  Nié. 

IJ3'  Connoissance  fe  dit  de  la  fonction,  de  l'exer- 
cice des  facultés  de  l'ame.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on 
dit,  dans  le  langage  ordinaire,  qu'un  homme  a  perdu 
connoiffance  ,  eft  fans  connoijfance.  Il  s'eft  donné 
un  coup  fi  violent  en  tombant ,  qu'il  a  perdu  toute 
connoijfance.  Mens,  ratio.  On  dit  qu'un  enfant  elt 
en  âge  de  connoijfance  ,  quand  il  eft  en  âge  de  rai- 
fon  ,  de  difcrétiotl.  Rationis  compos. 

Connoissance  fignifie  aufTi  jurididiiort ,  droit  qu'on 
a  de  juger  de  quelque  chofe.  Jus  cognofcendi  de  re 
aliqua.  Le  Juge  d'Eglife  ne  prend  connoijj.inci 
que  des  chofes  purement  fpirituelles.  On  a  attribué 
au  Parlement  la  connoijfance  des  duels.  Le  Confeil 
a  évoqué  à  lui ,  &  retenu  la  connoijfance  de  ce  pro- 
cès ,  &  l'a  interdit:  à  tous  autres  Juges. 

Connoissance  fe  dit  encore  des  perfonnes  |C  avec 
lefquelles  l'on  a  ou  l'on  a  eu  des  relations ,  des  habitu- 
des, qu'on  voit  fouvent.  Familiaritas,  amicitia,  con- 
fuetudo.  On  trouve  bieri  peu  de  vrais  amis ,  mais  il 
eftaifé  de  faire  bien  des  connoiffance's.T^iiîc  dt  nou- 
velles connoijfances  ,  préférer  les  nouvelles  aux  an- 
ciennes. Je  vous  veux  donner  la  connoiffance  de  cet 
homme.  Il  lui  a  donné  à  dîner  pour  renouvellec 


CON 

cônnoipnce  Cet  homme  a  bien  des  eonnoifT^nces , 
des  amis  ,  des  mtrigues.  J'érois  un  jeune  hom'e 
avide  de  connoi{jances  illultres.  Ménage. 
%  D^^ns  ce  fens ,  on  dit  qu'on  eft  en  pays  de  connoif. 
jancc,  quand  on  eft  dans  un  lieu  où  l'on  connoît 
ceux  qu.  y  lont  &  où  l'on  eft  connu.  On  le  ditTu 
propre  de.  perfonnes ,  &  au  figuré  des  chof.s  aux- 
quelles ont  eft  accoutumé  ;  quand  on  parle  à  un  .^éo- 
met^r^e  de  figures ,  il  dit  qu'il  eft  en  pays  de  cor:^- 

|Cr  CoNNoissANCE  rA^r«.//.,  en  termes  de  Palais  , 
c\  en  fty le  de  caluifte,  /ignifie  habitation  charnelle 
conjondion  de  l'ho.rime  &  de  la  femme  pour  la  ^c- 
ncranon.  Coitus.  L'affinité  charnelle  eft  une  proxi- 
mité qui  provient  d'une  connoijfancc  charnelle  fans 
aucune  parenté  naturelle.  PdfxAs.  L'affinité  pro- 
vient non-leulement  de  la  Connot[fance  charnelle  , 
qui  eft  permiie  dans  le  mariage,    mais  encore  de 

qXlelSrîr".^''^"^'^"^"^^^^^'^-^'^^^^^^^ 
CoNNoiss ANGES  ,  en  termes  de  ChafTe.  ^  Certaines 
marques  imprimées  par  le  pié  du  cerf7&  auxqueï 

Z7  SXh >  '^^T  "^  ''  S^^'^^"^  ^"  ''^^^' 'î" 'l'on 
charte.  On  le  dit  auifi  des  indices  de  l'.W  &  de  la 

forme  du  cerf  par  lesautres  parties,  parlaiête     le 

^Ae^Jr-  P''  f^cheuxA^s  pinces  deibn  cerf, 
&  de  les  conr:ot£ances.  On  dit  qu'un  cerf  a  une  con- 
^c.#/«-.,  quand  11  le  peut  faire  diftinguer  des  au- 
tres pat  quelques  marques. 

On  aauill  fur  la  mer  connoiffance  des  cotes  pat  les 
davers  ,gnes  qui  s'y  rencontrent,  qui  font  juger  du 
heu  ou  l'on  eft,  tant  par  la  deftription  qu'on  en 
trouve  dans  les  Routiers ,  que  par  la  couleur  &  ha  " 
teur  des  terres ,  caps  &  montagnes  qu'on  découvre , 
2v  par  la  nature  du  fond  &  du  fable  ,  les  herbes 
poiflons  &  oifeaux  qu'on  y  roit,  &  autres  indices! 
Locorum  notitia.  Avoir  connoijfance  d'une  terre  fe 
dit  fur  mer  ,  pour  la  voir. 
CONNOISSEMENT  f.  m.  terme  de  Commerce  de 
mer.  C  eft  un  aéle  figné  du  Capitaine  du  vaifTeau  & 
de  1  tcnvain  ,  qui  contient  la  déclaration  des  mat- 
chandiles  d  un  vaiffeau ,  de  leur  qualité  ,  du  nom  de 
ceux  qui  les  ont  chargées  ,  &  à  qui  elles  font  adtef- 
lees,  &del  envoi,  ou  du  lieu  6ù  elles  fontdefti- 
ijces ,  avec  foumiflîon  de  les  porter  au  lieu  de  leur 
deftination.^c?^  manu  Prcef^Bi  navis  obfignata  qui- 
tus  dejcripta  commentur  quiLCumque  nayis  complec- 

CoNNoissÈMENT  ne  fe  dît  pas  feulemciit  de  la  lettre 
du  Capitaine  d'un  vaiifeau  ,  mais  de  toute  lettre  , 
adte,  palîeport  &c.  qui  peuvent  fervir  à  faire  con- 
noitre  ce  qu'il  eft  ,  d'où  il  vient,  où  il  va,  ce  qu'il 
porte,  £-<:.  &  fervir  à  fa  fureté.  Le  Capitaine  du  bâti- 
ment Génois,  qui ,  félon  l'ufage  des  tartanes  &  des 
barques  qu'on  envoie  dans  les  ports  voiiins ,  n'avoit 
que  des  patentes  de  fanté,  n'ayant  pu  foutnir  à'^u- 
xit  connoijfanent ,  le  vaifleau  Anglois  s'en  empara 
malgré,  &c.  Gaz.  1741 ,  ^.  310,  ^ 

fS-  Cet  adle  fait  la  fùreté  des  propriétaires  des  mar- 
chandifcs.  Il  doit  être  triple,  afin  que  le  chargeur  , 
celui  a  qui  les  marchandifes  font  adreflccs ,  ic  le 
maure  ou  l'écrivain  du  vaifleau  en  ayent  chacun  un. 

IC^  Le  Connoissement  ne  fe  fait  proprement  que 
pour  une  partie  de  Ja  marchandife  dont  le  vaifleau 
eit  charge:  car  quand  un  marchand  charge  tout  le 
vaifleau  pour  l'on  compte  ,  cet  ade  s'appelle  charte- 
partie  ,  particulièrement  fur  l'Océan. 

fC?  Sur  la  Méditerranée ,  on  appelle /;o//Vfi«  char- 
gemem  ,  ce  qu'on  entend  par  connoiffemmt  fur  l'O- 
céan. ■" 

CONNOISSFUR  ,  EUSE.  Celui,  celle  qui  a  les  con- 
noiflances  nccefTaires  pour  bien  Juçer  de  lachofe  dont 
Jl  eit  queftion.  Homo  intelligens  \  doclus  rerum  œfii- 
mator,  exifiimator.  Montrez  vos  tableaux  à  ce  cu- 
neux ,  c'cft  un  fort  bon  connoiffeur.  Te  m'en  rap- 
porte aux  conneifeurs.  Ces  connoifeurs  ,  qui  fe  don- 
nent voix  decidvefur  tous  les  ouvrages  ,  retardent 
le  progrès  des  fciences  pat  la  chaleur  de  leurs  con- 


C  ON 


^x^ 


tradiiîlîons.  La  Britv  r^^i"         1  ' 

demeurent  d'accord  de  cela'  r'ac!      '  ^''"""^^^ 

'  ''"'  ^''  '""^^^^^^^^sfon/jupemerH  hués. 
r    ,  Mlle  l'Héritier. 

'^ONNOlSsÉtTR  n'eft    i-Ci'     t-,    .,  " 

CW..o.J..^;ntait'd;  tr  r  detefnt'^^'^'^'''""^- 
"es  Aus,  renlerme  moins^^l' LÎe  d' ,n  "J'' "".  ^''i" 
pour  cet  Art ,  que  d'une  coi^l  ,àn  e  ^e"  Sn 

Xy-J     ^ONNOISSEUR  eft  anfri  oA\   r^r.  -•      .      .    , 

dom  dUi^'^"'  ordinaire,  Cc  mot  â  plufieuts  acî^ep- 
forréll  !'',  ''°"^  quelques-unes  même  foSc 

.4,,,     .'1"^"  '^^  1"  Ptincipale. 
lis    ''^"'^'^''1''''' ^'?^'^  ""^  1^^^  ehipfeiiife  dans 
1  efpr  t  ,  eue  quelqu'ob  et  préfent  rappelle    11  me 

Lu\7  r  '^    "^'  ^"'"'"^  °''  ''^  ^«««ozrdans  là 

ft^  ôn'/'"^''°'',"'?  "^'  particulier  avec  lui, 

auand        ?"  'î"^'^"  ""  qu'on  le  connoiffoù  mal  , 
quand  oji  fe  trompe  au  caradère.  Mais  quand  on 

jgnor         leftPhommeàquil'onparl^-lSdite^ 
mal    ['''"''''l'^/ P^'  '  &  non  pas  je  le  connoiûois 
mal ,  comme  a  fait  Corneille  dans  une  de  fes  pie^ces 
rf.  CoNNoiTRE  fignifieaufn  avoir  une  Grande  Dral 

née?^  r  r  '  "'  "'î=^^  '''  -^^^°^"^^  ^^^  l'on  a  elS 
nées  &  étudiées ,  pénétrer  ufqu'aufond  des  cholbs, 

cette  fcience  a  fond.  Cet  homme  co/z^of/ les  tableaux, 
le  connoit  en  pierreries.  -^i-^ui, 

r^  On  le  dit  également  d^s  petfoMes.  Ort  «g  eonrioît 
fonS  h'  ^""'"  Parfaitement  perfonne  :  la  connoii-- 
fance  des  gens  qu'on  voit  le  plus  fduVent,  n'eft  qu'un 

t,n,  n  "^"^"'''*  °"''°"  ^^  trompe  fecileLn" 
ScuD.  On  croit  connoitre  fes  amis  -,  mais  dans  la  fuite 
la  fortune  ou  l'ambition  renverfe  tout;  &  Votre  dif- 
cerncment  trouvant  toujours  une  nouvelle  occupa- 
non,  fe  lâfte,  &  fe  rebute  &  celTe  de  Chetchcri 
connoitre  ce  qu'il  sypit  cru  Connoitre  pour  toujours. 
ID.  Nous  avons  plus  d'intérêt  à  jouit  du  monde  qu'à 
\zconnoure.  S  Evr.  Pour  bien  connoitre  l'homme  , 
Jl  faut  defcendre  dans  fon  cœur ,  afin  d'y  voir  les  paf- 
fions  fe  former.  '  ^ 

^  C'eft  dans  ce  fens  qu^on  dit  qu'un  pilote  cannois 
la  mer  -,  qu  un  homme  connoit  le  monde,  qu'un  cour- 
tiian  eonnoit  la  Cour. 

Les  Princes  font  ifétrdnftes  gens  , 
Heureux  qui  ne  les  connoît  guère  , 
Plus  heureux  qui  n'en  a  que  faire, 

^e^oréce^i'"^'  ^V""""^^  ^'"''  ^'  ^''"""'^^'^^  foi'-méme. 
r!f^^^  '-^'  '°"'"''^''  roi-même ,  nofce  te  ip^ 
•fW  l-      ^""P""^iP6  de  conduite,  fans  lequel  ort 

par  luiard  ,  quand  on  ne  fe  connoit  point.  Pour 
ceux  qui  commandent  aux  autres ,  rien  ne  leur  aide 
a  fe  connoitre,  ils  font feuls  à  juger  d'eux-mêmes. 
La  raifon  pourquoi  on  c«««ofr  mieux  les  au  très  qu'on 
nefero««o«  fo.-meme,  eft  que  par  le  commerce 
que  nous  avons  avec  nos  propres  inclinatio-s ,  rier» 
ne  rous  eft  nouveau  en  nous-mêmes  ,  &  tout  nouS 
eit  nouveau  en  autrui.  Sctro. 
Connoitre  à  (  Se  ) ,  ou  en  quelnue  chof^»,  tî^efty  êtrâ 
plus  propre  que  lesautres ,  être  en  état  d'en  îu<rer. 
Les  femmes  fe  connotfem  plus  finement  à  bicfl  fakô 


2i6 


C  ON 


les  chofes ,  parce  qne  l'avantage  de  plaire  leur  eft 
naturel.  Le  Ch.  de  M.  S<  coiinvitre  en  poëlie,en  mu- 
liqucjiS-c.  , 

UCFCoNNoÎTRE  ,  (Se  faire)  montrer   ce  quon  elt. 
Manifï'jlarcprobarefe.  Il  s'eft  fak  connaître,)  1  s'cft  (i- 
gnalc  en  cette  occaiion.  Quelqu'un  reprochant  au 
jeune  Scipion ,  qui  briguoit  la  cenlurc  ,  qu'il  ne  cun- 
7.'oiJ/'oii  perlbnne  ,  c'eft ,  rcpondit-il  ,  que  j'ai  tou- 
jours travaillé  à  me  faire  connaître  ,  plutôt  qu'à  con- 
naître les  autres, 
|3-  CoNNoÎTRE  le  dit  quelquefois  pour  avoir  des  ha- 
bitudes, commerce  avec  quelqu'un,  llconnoit  tout 
le  mondc.Je  ne  cannois  point  cet  homme-là,ni  ne  le 
veux  connaître. 
(fT  En  ftyle  d'Ecriture  ,  connaître  nm  icmme  ,  c'eft 
avoir  commerce  avec  elle,  cagnofcerc.  L'Ecriture  dit 
que  David  coucha  avec  Abigaïl,  mais  qu'il  ne  la  con- 
nut point. 
f3"  CoNNOÎTRE  ,  paroît  quelquefois  rynonyme  à  dif- 
c:rner.  La  nuit  ctoit  fi  noire ,  qu'on  ne  pouvoit  con- 
noitre  perConne. 
^  CoNNoÎTRE  fignifie  quelquefois  avoir  de  la  con- 
iidcration,  des  égards  pour  les  autres.  Habere  ratio- 
nem.  Il  le  joint  avec  la  particule  négative.  Un  juge 
doit  être  impartial ,  ne  connaître  perfonne  quand  il 
s'agit  de  rendre  juftice.  Les  gens  fiers  n'ont  jamais 
d'amis  ;  dans  la  prorpériré  ,  ils  ne  connaiffent  per- 
fonne -,  &  dans  l'adverfitc  ,  perfonne  ne  les  connaît. 
§3'  Dans  une  lignification  plus  étendue, il fignifiere- 
fufer  d'admettre,  de  recevoir.  Ne  connaître  point  de 
fupérieut,  n'en  point  avoir ,  ou  prétendre  n'en  point 
avoir.  Agnofcere,  admittere.  Les  Grecs  ne  veulent 
point  connaître  le  Pape ,  avouer  qu'il  eft  chef  de  l'E- 
glife  Univerfelle.  C'eft  dans  ce  Cens  qu'on  dit  qu'un 
libertin  ne  connaît  ni  Dieu  ni  Diable, 
^i  On  le  dit  de  même  des  loix ,  des  coutumes  qui  ne 
font  point  admilcs ,  qui  ne  font  point  reçues  en  cer- 
tains pays.  On  ne  connaît  point  la  Communauté  des 
biens  en  Normandie.  En  tel  endroit  on  ne  connaît 
point  le  Droit  Romain  ,  en  France  nous  ne  connoij- 
fons  point  la  Bulle ,  In  cœnâ  Domini. 
.ÇoNNOiTRE  fignifie  encore  (entir, éprouver. £j:7en"r/ , 
jlntire.  Ce  climat  eft  fi  tempcré,qu'on  n'y  connaît  ni 
le  chaud  ,  ni  le  froid  -,  pour  dire ,  qu'on  n'y  en  fent 
point  :  on  n'y  connaît  point  la  goutte ,  la  gravcUe. 
fer  En  termes  de  Manège  ,  on  dit  qu'un  cheval  con- 
naît la  bride ,  les  éperons ,  &c.  pour  dire ,  qu'il  ré- 
pond avec  iaftcile  à  ces  aides ,  qu'il  fent  &  exécute 
ce  que  le  cavalier  demande  par  les  aides  de  la  bride, 
des  éperonsjfi'c.  Voyez  répondre  aux  aides. 
^  CoNNOÎTRE ,  conftruit  avec  de  ,  ou  quelque  équi- 
valent^ fignifie  avec  droit,  pouvoir  de  juger  de  cer- 
taines matières.    Jus  habere  de  re  aliqua  cognaf- 
cendt.  Les  Prévôts   des  îvîarchands  connoiffent  de 
tous  les  cas  Royaux.  Le  Parlement  connaît  des  duels, 
des  affaires  des  Ducs  &:  Pairs  en  première  inftance. 
Le  Grand-Confcil  connaît  des  règlemens  de  Juges  , 
de  la  contrariété  d'Arrêt.  Je  ne  veux  point  connaître 
de  vos  dilfctends  -,  c'eft-à-dire,  je  ne  veux  point  m'en 
irêler. 

On  dit  populairement  d'un  homme  que  l'on  ne 
connaît  en  aucune  forte  :  je  ne  le  cannais  ni  d'Eve  ni 
d'Adam. 

On  dit  qu'un  homme  ne  fe  connaît  point  -,  pour 
dire,  que  l'orgueil  lui  fait  oublier  ce  qu'il  eft.  Et  on 
dit  auffi  qu'ifne  fe  connoit  point ,  lorlque  quelque 
paifion  le  mer  hors  de  lui.  Âcad.  Fr. 
CoNNOÎTRE  fignifie  quelquefois  dans  l'Ecriture ,  aimer, 
avrouver  '^  comme  au  ch.  lo  de  S.  Jean ,  v.  14 ,  où 
Tesus-Ghris-t  dit  :  je  cannois  mes  brebis  ,  &  mes 
hrebis  me  connaipnt  -,  c'eft-à-dire,;'^ZOT^  mes  brebis, 
&  mes  brebis  m'aiment,  au  ch.  7  de  S.  Matth..  v.%^. 
Jesus-Chri5t  dit ,  parlant  aux  méchans  ,je  ne  vous 
ai  jamais  connu  ;  c'eft-à-dire ,  je  ne  vous  ai  jamais 
■  approuvé.  C'eft  en  ce  même  fens  qu'au  ch.  25  de 
S.  Matth.  V.  Il,  Jésus -Christ  dit  aux  Vierges 
folles-,  je  ne  vous  cannois  point.  S.  Paul ,  dans  fon 
Epitre  1 ,  à  Timathée ,  dit ,  que  le  Seigneur  con- 
rioit  ceux  qui  font  à  lui  5  c'eft-à-dirc,  aime. 


C  ON 

CONNU ,  UE  5  part.  &  adj.  Cognitus  ,  noîus. 

On  app-llc  les  terres  connues  ,  les  terres  décou- 
vertes par  les  Voyageurs,  ou  marquées  par  les  Géo- 
graphes -,  par  oppolition  aux  inconnues ,  où  l'on  n'a 
point  pénétré. 
§3"  CONNOR  ,  vilh  d'Irlande  ,  dans  la  Province 

d'Ulftcr ,  dans  leConué  d'Autrien. 
CONNOTATION,  f.  f.  Ce  mot  eft  répété  pUifieurs 
fois  dans  le  H'  Ch.  de  la  féconde  partie  de  la  Gram- 
maire générale  &  raijonnee.  Ce  qui  fait,  dit  l'Au- 
teur ,  qu'un  nom  ne  peut  iubfifter  par  foi-même ,  cil: 
quand  outre  ia  fignirication   diftiniite ,    il  y  en  a 
encore  une  confufe ,  qu'on  peut  appeler  connotaiion 
d'une  chofe  ,  à  laquelle  convient  ce  qui  eft  marqué 
par  la  fignification  diftinéte  :  ainfi  la  fignification 
diftinde'dc  rouge ,  eft  la  rougeur.  Mais  il  la  fignifie, 
en  marquant  confofcment  le  fujet  de  cette  rougeur  , 
d'où  vient  qu'il  ne  iubfifte  point  iéul  d^s  le  dif- 
cours,  parce  qu'on  y  doit  exprimer  ou  fousentendrç 
le  mot  qui  fignifie  le  fujet. 
CONOCARPÔDENDRON.  f.  m.  Arbre  qui  croît 
dans  le  pays  des  Hottentots ,  près  du  Cap  de  Bonne 
Efpérance.  Foyei-en  la  dejcription  dans  le  Diction- 
naire de  James,  Ko/voxapxièitàptv. 
CONODIS,  f.m.  petite  monnoie  dont  on  fe  fert  à 
Goa,  &■  dans  tout  le  Royaume  de  Cochin.  Elle  vaut 
fcpt  deniers  argent  de  France. 
jJ^CONOIDE, "terme  de  Géométrie.  Corps  ou  folide 
qui  a  la  figure  d'un  cône ,  &  dont  le  fommet  eft  ar- 
rondi. Le  conoïde  cH  un  iblide  produit  par  la  circon- 
volution entière  d'une  leélion  conique  autour  de  fon 
axe.  Ce  folide  fe  nomme  conoïde parabolique  ,c\\xznà. 
il  eft  produit  par  la  circonvolution  entière  d'une  pa- 
rabole autour  de  fon  axe  ;  conoïde  hyperbolique  , 
quand  il  eft  produit  par  la  circonvolution  entière 
d'une  hyperbole  autour  de  fon  axe  -,  &c  conoïde  ellip^ 
tique  ou  Jphéroide ,  quand  il  eft  produit  par  le  mou- 
vement achevé  d'une  ellipfe  autour  de  l'un  de  lés 
axes.  Le  fameux  conoïde  de  moindre  réfiftancc  trouvé 
par  MM.  Newton  ,  Fatio,  &  de  l'Hôpital,  n'a  que 
la  6'7"=  partie  de  la  réfiftance  de  fa  grande  bafc. 

Les  Médecins  appellenr  co/zoî'à^e,  ou  conarium, 
une  glande  qui  fe  rrouve  vers  le  troifième  ventricule 
du  cerveau ,  qui  refiemble  à  une  pomme  de  pin  : 
c'eft  pourquoi  M.  Defcarres  l'appelle /'//zeW^ 5  &  y 
établit  le  fiège  de  Tame  raiibnnable. 
CONOIDAL  ,  ALE,  adj.  m,  &  f.  terme  de  Géométrie,, 
qui  appartient  au  conoïde.  Une  fuperficie  conoidale 
eft  la  furface  d'un  conoïde  ,  Extima  conoïdis  fuper' 
ficies.  On  dit  une  fuperficie  conoïdale  parabolique , 
hyperbolique  ,   ou  elliptique  ,  félon  la  différente 
forme  du  conoïde. 
CONONITES.  C'eft  le  nom  qu'on  a  donné  autrefois 
à  une  branche  d'Eutychiens.  Ils  furent  ainfi  appelés 
d'un  Evcque  nommé  Canon.  Voyez  Euthychiens. 
CONQUE ,  f.  f.  mefure  de  grains ,  dont  on  fe  fert  à 
Bayonne,  &  à  S.  Jean  de  Luz.  On  fe  fert  de  la  conque 
pour  mefurer  les  fcls  à  Bayonne,  Deux  conques  cora- 
pofent  un  fac  ,  mefure  de  Dax. 
Conque  ,  f.  f.  grande  coquille  plare,  Cancha,  On  voyoit 
dans  ce  tableau  Vénus  portée  fur  une  conque.  On 
peint  les  Néréides,  les  Dieux  marins  fur  des  conques. 
On  donne  auffi  le  nom  de  conque  à  certaines  co- 
quilles en  fpirale,  dont,  fuivant  la  Fable ,  les  Tritons 
fe  fervoient  comme  de  trompettes.  Acad.  Fr.  1740. 
^  Conque,  terme  de  Conchyliogie,  On  appelle 
ainfi  les  coquilles  bivalves,  particulièrement  cellc< 
du  genre  de  l'huitre. 
ffT  Conque  i^  Vénus.  Cancha.  Fe/îm'i-.  Nom  qu'on 
a  donné  à  une  coquille  bivalve,  prefqu'ovale,àcauf© 
de  fa  reilemblance  avec  la  vulve  d'une  femme. 
Conque  anatifere.  Voyez  Anatifere. 
Co^QV ifphérïque.  C'eft  une  coquille  de  forme  ronde, 
que  l'on  rapporte  à  la  quatorzième  famille  des  co- 
quilles de  (orme  fphérique  ,   appelées  Globofx  est 
latin,  &  en  françois  Tonnes.  Le  fommet  de  la  tête 
Se  les  petites  tubérofités  déterminent  le  cara<^ère 
elfentiel  de  ces  coquilles  ;  c«r  les  coquilles  de  cette 

quatorzième 


GO 

quatorzième  famille,  pour  être  véntablement_/^/k'- 
riqties  doivent  être  de  forme  ronde  ,  enflées  dans 
leur  milieu  ,  la  tête  peu  gatnie  de  tubercules ,  avec 
une  bouclie  très-évafce  qui  ne  foit  point  garnie  de 
dents. 

Les  Anatomiftes  ont  appelé  l3.tonçue  de  l'oreille, 
ïîon-feulement  la  féconde  cavité  de  fa  partie  exté- 
rieure, (ituce  autour  de  la  première  qui  efl:  au  com- 
mencement du  conduit  auditif;  mais  encore  quel- 
ques-uns ont  donné  le  nom  de  conque  ou  de  coquille, 
A  la  première  cavité  de  l'oreille  interne ,  qu'on  ap- 
pelle autrement  la  caiffe  du  tambour.  Il  y  en  a  qui  le 
donnent  auifi  au  veftibule  du  labyrinthe,  qui  ell:  la 
féconde  cavité  de  l'oreille  interne. 

Il  y  a  aufli  en  Anatomie  les  conques  ou  coquilles 
fupérieures  &  inférieures  du  nez.  La  partie  inférieu- 
re   de    chaque   porrion  latétale  de  l'os  ethmoïdc 
reflcmble  en  quelque  lotte  à  une  coquille  longuette , 
comme  eft  celle  d'une  moule.  Je  lui  donne  le  nom 
de    coquille    ou   conque   fupérieure  des    narines. 
WiNSLovv.  Les  inférieures  font  deux ,  &  (îtuées  dans 
les  folTes  nafales,  au  delTous  des  ouvertures  des  iî- 
nus  maxillaires  ,  &  immédiatement  au  delîlis  des 
orifices  inférieurs  des  conduits  laciymaux  du  nez. 
Elles  couvrent  ces   derniers    orifices   gn  manière 
d'auvent,  à  peu-près  comme  les  conques  ou  coquil- 
les fupérieures ,  c'eft-à-dire ,  prefque  dans  le  même 
lens  que  l'os  ethmoïde  couvre  les  ouvertures  maxil- 
laires ;  on  les  appelle  aufîi  lames  fpongieufes  in- 
fétieures  du  nez.  Le  mot  de  cornet:  ne  convient  pas 
en  d'autres   langues.  Id. 

CONQUÉRANT," ANTE,  qui  fait  de  grandes  conquê- 
tes. Foye~_  ce  mot.  Populorum  domitor.  Alexandre , 
Tamerlan  ,  Mahomet  II ,  ont  été  de  grands  Con- 
querans.  Il  eft  difficile  d'être  équitable  &  Con- 
quèrara  en  même  temps  :  la  vaillance  &  la  juftice 
font  deux  vertus  qui  marchent  rarement  enlémble. 
Voit.  Je  ne  faurois  fouffrir  un  Conquérant  tel 
qu'Enée ,  qui  ne  fournit  que  des  larmes  aux  mal- 
heurs ,  &  des  craintes  à  tous  les  périls  qui  fc  pré- 
fentent.  S.  Evr.  L'Orateur  eft  une  efpèce  de  Con- 
quérant :  l'efprit  eft  la  place  que  l'on  attaque.  P. 
Rap.  Clovis  étoit  brave ,  Se  feloil  l'efprit  des  Conqué- 
rans  ^  injufte  &  fanguinaire.  Mez.  Clovis  ié  jeta 
dans  les  excès  où  l'ambition  &  la  bonne  fortune 
précipirent  les  Conquérans.  P.  Dan.  C'eft  à  un 
Conquérant  à  réparer  une  partie  des  maux  qu'il 
a  faits. 

En  vain  aux  Conquérans , 
L'erreur  parmi  les  Rois  donne  les  pretûiers  fdngs\ 
Entre  ces  grands  Héros  ce  font  les  plus  vulgaires. 

Bon. 

On  appelle  figurément  une  belle  perfonne  ,  une 
Conquérante  ,  parce  qu'elle  s'affujétit  tous  les 
cœurs.  On  le  dit  d'un  Amant  heureux.  Je  ne  doute 
pas  que  cette  femme  n'ait  rendu  fon  mari  le  plus 
heureux  des  Conquérans  par  la  difficulté  de  la 
conquête. 

On    dit  adjedbivement  un  peuple  Conquérant. 

On  dit  figurément  &  familièrement  d'un  homme  , 
d'une  femme,  qui  ont  plus  d'agrément ,  qui  font 
plus  pçirés  qu'à  l'ordinaire,  qu'ils  ont  l'air  Cow^^^ê- 
rant.  Acad.  Franc. 

Conquérant  ,  (Le  Grand  )  terme  de  Fleurifte.  C*eft 
un  œillet  brun  fur  un  blanc  affez  fin-,  fa  fleur  eft 
fort  grolfe  ,  &:  comme  elle  eft  garnie  de  beaucoup 
de  feuilles ,  elle  s'élève  à  la  façon  d'un  petit  dôme  '. 
fes  panaches  ne  font  pas  fott  gros ,  ni  fort  détachés , 
ayant  dès  mouchetures  fur  les  feuilles ,  mais  qui  ne 
ternifTent  point  la  beauté  de  la  fleur  ;  Çx  plante  eft 
robufte  ,  mais  néanmoins  fufc'ptib'e  du  blanc. 
Quoique  fon  bouton  foit  gros ,  il  ne  fe  fend  point. 

CONQUER.EUR.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans 
Coéffeteau  pour  Conquérant ,  mais  il  n'eft  plus  en 
ufage.  ÇoRN.  Voyez  Conquérant. 

CONQUERIR,  v.a.  fe  rendre  maître  d'un  pays,  d'un 
Tome  II, 


Royaume  à  main  armée.  Acquérir  le  droit  de  Sou- 
veraineté fur  un  pays  qu'on  oblige  à  fe  foumcttre  à 
fon  Empire  par  le  fupériorité  des  armes.  Terras 
armis  quzrere ,  Jub  impcrium  fubjicere  ,  in  ditio- 
nem  ,  in  potejiatem  redigere.  Fcrnand  Cortès  a  con- 
quis le  puiflànt  Royaume  de  Mexique  avec  une 
poignée  d'Efpagnols.  Mahomet  II  conquit  100  Vil- 
les ,  1 1  Royaumes  &  deux  Empires  ;  lavoir  de  Tré- 
bifonde  &  de  Conftantinoplc.  Il  n'eft  guère  en  ufao-e 
qu'au  prétérit  indéfini, ye  conquis,  &  au  prétériE 
^^  défini ,  j'ai  conquis.  S'il  peut  être  employé  au  fub- 
jonélif,  il  faut  dite,  qu'il  conquière,  &' non  pas 
qu'il  conquére.  Vaug.  Corn, 

Ce  mot  vient  de  co/2jK/ro  ,  chercher  enfemble^ 
&  de  ce  que  dans  les  premiers  fiècles ,  des  colonies , 
ou  des  troupes  de  gens  fortoient  de  leut  pays  pour 
aller  chercher  enfemble  des  pays  à  habiter  &:  s'y  éta- 
blir. On  trouve  dans  la  balle  latinité  conquxjlus 
pour  conquêts.  Foye^  le  Monafi.  Anglic.  fol.  710  i 
&  les  ^cla  SS.  Mart.  T.  II,  p.  514,  D. 
CONQUIS ,  ISE.  part.  Subjeclus  fub  imperiurti.  -,  in 

ditionem,  in  poteltatem  redaclus, 
CONQUERPvE,  vieux  v.  a.  Conquérir, 
CONQUET,  f,  m.  terme  de  pratique,  C'eft  un  bien 
acquis  pendant  la  communauté  entre  un  mari  &C 
une  femme  ,  qui  entre  dans  la  communauté  qui 
conféquemment    lé  partage    également  ,    avena'nt 
la  mort  de  l'un  ou  de  l'autre,  entre  le  furvivant  8C 
les  héritiers  du  prédécédé ,  au  cas  que  la  femme 
accepte  la  communauté.   Bona  parta.  Cette  terre 
n'eft  ni  un  propre  ni  un  acquêt  du  mari ,  c'eft  url 
conquit. 
0CF  II  faut  excepter  les  biens  qui  leur  adviennent 
par  fucceffion  tant  en  ligne  dire^ile  ,  qu'en  ligne 
collarérale ,  &  ceux  qui  leur  adviennent  par  do- 
nation en  ligne  dircéf  c  ,  qui  font  propres  à  celui 
des  conjoints  auquel  ils  adviennent. 
03°  On  appelle  auiTi  conquêts  les  biens  acqilis  par 
plufieurs  perfonnes  qui ,  fans  erre  mariées ,  font  eil 
communauté  tacite ,  dans  les  pays  où  ces  fortes  de 
communautés  font  autorifées  par  la  coutume. 

Il  y  a  dans  le  pays  de  Brai,  du  côté  de  Beauvaisj 
vingt-quatie  villages    qu'on  appelle    les   conquêts 
de  Gournai ,  ou  fimplement  les  conquêts.  Ils  font 
depuis  plufieurs  fiècles  du  Domaine  de  Gournai  « 
&  ont  été  conquis  ou  pat  Hugues  I,  Seigneur  de 
Gournai,  en  1070,  ou  par  Hugues  II,   en   11 5  9. 
Defcrip.  Geogr.  &  Hijt.  de  la  Haute  Norm.  T.  /» 
p.  18.  &  19. 
CoNQUET,  (Le)  perite  Ville  maritime  de  France  en 
Balfe-Breragne ,  au  pays  de  Cornouailles ,  avec  un 
bon  port ,  &  une  bonne  rade ,  à  cinq  lieues  de 
Breft.  Elle  eft  fort  riche.  Conquejius, 
CONQUETE  ,  f.   f.  acquifition  de  la  fouVerainetc 
que  tait  un  Prince  éttangei  d'une  certaine  étendue 
de    pays  ,  d'une  Province  ,  d'un   Royaume  ,  par 
la  fupériorité  de  ces  armes.  On  le  dit  de  l'aélion 
de    conquérir    &    du    pays   conquis ,  c'eft  à  dire 
obligé  de  fe  ibumettre  à  une  domination  étrangère* 
Bello    qucEJîta  3  parta  ,     Imperio  addita  ,  adjeciat 
Les  conquêtes  d'Alexandre  s'étendiient  bien  loin  j 
&  avec  une  extiême  rapidité.  La  conquête  eft  un 
brigandage  dès  qu'on  y  attache  le  pouvoir  deftruc- 
tif  Ben.  L'ufurparion  d'une  Province  à  force  ou- 
verte ,  eft  revêtue  du  beau  nom  de  conquête.  S.  Evr, 
Il  y  a  des  crimes  qui  deviennent  glorieux  par  leur 
éclat  :  de-là  vient  que  prendre  des  Provinces  inju- 
ftement ,  s'appelle  faire  des    conquêtes.   Rochef. 
Le  droit  de  conquête  ,  dit  M.  de  Montefquieu ,  eft 
un  droit  nécelTaire,  légitime  ,  &  malheureux  ,  qui 
laifTe  toujours  .à  payer  une  dette  immenfe ,  pour 
s'acquitter  envers  la  narure  humaine. 
Conquête  fe  dit  figurément,  fur  rout  ert  termes  de 
galanterie,  quelquefois  en  ftyle  de  fpiritualité.  Co/z 
ci/iatio  animorum.  On  dit  qu'une  belle  femme  fait 
h\cn  Ats  conquêtes  ;  pour  dire,  qu'elle  a  bien  gagné 
des  cœurs  ',  qu'un  tel  eft  fa  conquête  ;  pour  dire , 
qu'il  eft  fon  amant.  Le  faint  homme  ne  fongcoir 
qu'à  faire  des  conquêtes  de  charité,  &  à  ramenés 

L  L  L  U 


8i8 


C  ON 


les  brebis  égarées  dans  la  bergerie.  P.  d'Ori.  Ce  f 
n'eft  pas  rajuileaient  qu'on  cenfure  dans  les  tom- 
mes ,  c'eft  l'intention  de  plaire ,  &c  l'ambition  de 
feire  des  conquêtes,  S.  Evr.  Nos  prudes  &c  ver- 
tiieiifes  aïeules  ne  connoiflbient  point  l'art  d'en- 
chaîner les  cœurs ,  Se  de  faire  des  conquêtes  galan- 
tes. M.  ScuD.  Cet  habile  Prédicateur  lait  railem- 
bler  toutes  les  tbrces  pour  faire  la  conquiu  du  pé- 
cheur qui  réiifte.  Une  ccnquéte  amourcule  fait 
aujourd'hui  toute  l'ambition  des  Romains ,  amolli. 
par  les  douceurs  d'une  vie  délicieufe.  S.  François 
Xavier  eut  bclbin  d'un  grand  courage  &  d'une 
grâce  bien  puiilante,  pour  tenter  une  conqiùu  auffi 
périlleufe  que  celle  des  Idolâtres  du  Japon. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  efl  en 
pays  de  conqutce  ,  qu'il  vit  comme  en  pays  de  coii- 
quite  -,  pour  dire  ,  qu'il  y  vit  à  difcrétion,  qu'il 
traite  les  habitans  avec  dureté. 
Conquête  ,  (La  )  terme  de  Fleurifte.  C'eft  un  œillet 
violet-brun  admirable  ,  fur  un  blanc  de  neige.  Sa 
fleur  eft  très-large,  n'cft  point  fujette  à  crever ,  &; 
porte  graine  volontiers.  Sa  plante  eft  robuftc  , 
mais  le's  marcottes  ont  peine  à  prendre  racine  :  fur 
la  fin  il  coffine  fes  fleurs.  Il  peut  foufifir  4  boutons. 
Quelques-uns  ont  cru  que  c'étoit  le  Primo  \  il  n'y 
a  point  de  différence  dans  la  fleur ,  mais  feulement 
dans  le  fanage.  Morin.  Conquête  Bacquelan  ,  eft 
un  pourpre  &  blanc  fort  détaché  &  large,  fujet  au 
blanc  ;  fes  marcottes  font  délicates  \  mais  fa  fleur 
eft  riche,  portant  des  panaches  de  pièces  empor- 
tées. Id.  Conquête  du  Sautoir ,  eft  un  violet  pour- 
pre &  blanc  j  régulièrement  panaché  ,  large  & 
tond,  garni  de  feuilles,  qui  graine,  &  ne  crevé 
point.  Sa  fleur  eft  allez  jardine ,  fa  plante  allez 
vigoureufe.  Il  a  pris  nailîance  à  Lille  chez  M.  du 
Sautoir.  Id.  Conquête  d'Efirées ,  eft  un  violet  &; 
bhnc  qui  porre  une  groflè  fleur,  qui  pourtant  ne 
fe  fend  point.  Sa  plante  eft  délicate.  Id.  Conquête 
de  verdure  ,  violet  foncé  fur  un  fin  blanc.  Sa  pbntc 
eft  délicate  j  fa  fleur  n'eil:  point  hâtive.  Conquête 
conjlant ,  c'eft  ce  qu'on  appelle  Médor.  Conquête  de 
Laube,  eft  un  violet-brun  fur  un  grand  blanc.  Il 
eft  fort  rond  &:  garni  de  feuilles,  fa  fleur  eft  large 
&  bien  tranchée-,  mais  fa  plante,  quieft  délicate  , 
ne  produit  point  beaucoup  de  marcottes.  Il  porte 
le  nom  d'un  Fleurifte  de  Lille  chez  qui  il  a  pris 
nailîance.  Conquête  des  Prés,  eft  un  violet  blanc, 
qui  porte  une  groiTe  fleur  avec  de  gros  panaches. 
Conquête  malin  ,  eft  un  cramoifi  hâtif  fur  un  blanc 
paflable  ,  alfez  large  ,  fa  plante  robufte.  Conquête 
Ton^e,  eft  une  même  efpèce  d'œillet  que  le  Bel 
Inconnu ,  &  la  Belle  Ecoffoife.  La  Conquête  de  Los 
eft   de  couleur  d'ardoife.  Morin. 

CONQUETER.  v.  a.  Il  fignifie  la  même  chofe  que 
conquérir ,  mais  il  eft  vieux.  Ce  mot  vient  de  con- 
qucEJlare  qu'on  a  dit  dans  la  balle  latinité  dans  la 
même  fignification. 

Conquête    ée  ,    part.    Voye!^    Conquis, 

^  CONQUISITEUR.  ï".  m.  Conquifitor ,  terme 
d'hiftoire  ancienne.  Nom  que  l'on  donnoit  à  Rome 
à  ceux  qu'on  envoyoit  ralTeniblcr  les  foldats  qui 
ne  fe  rendoient  point  fous  leurs  enfeignes. 

CONROY  ,  &  CONROIT.  f.  m.  Ce  mot  a  plufieurs 
lignifications  dans  nos  vieux  Auteurs.  1°,  Il  veut 
dire  troupe ,  ^iiite ,  train.  x°.  Soin.  5°.  Projet , 
d^Jfein.  40.  Ce  qu'il  y  a  de  principal  en  quelque 
choie.  Voye^  encore  Corrois. 

COî-niOYÉR.  Voyei   Corroyer, 

CONROYEUR.  Voyci  Corroyeur. 

CONSACRANT,  adj.  /ubft.  Le  Prêtre  qui  dit  la 
Melle  &  qui  confacre  l'Hoftie.  Sacerdos  divinorum 
verborum   vi  Chrifli  corpus  efficiens. 

Ce  mot,  félon  Du  Cange,  vient  de  confecratus; 
c'eft-cà-dire,  qui  participe  aux  mêmes  Sacremens. 
Car  on  ne  confacre  que  les  chofes  qui  ont  un  ufage 
commun    parmi    les    Eccléfiaftiques. 

§3°  Consacrant  fe  dit  aulfi  de  celui  qui  facre  un 
Evêque.  L'Evêque  confacrant.  LçConfacrant. 
~  CONSACRER  ,''  v."  a.  fignifie  particulièrement 


COKI 

l'afliîon  du  Prêrre  lorfqu'il  prononce  les  paroles 
facramentelles  ,  en  vertu    defquelles  le  corps   &: 
le  fang  de  J.  C.  font  réellement  fous  les  efpèces 
du  pain  &  du  vin.   Panem  &  vinum  vi  verborum 
divinorum  in  Chri/ii  corpus  &  fanguinem  conver- 
tere,    Conjacrer  '  une    Hoftie.    Le   Prêtre  conjacra. 
autant  d'Holties ,  qu'il  y  avoit  de  Communians. 
Consacrer    fignifie    quelquefois    fimplemcnt    con- 
vertir l'ufage  d'une  chofe  prophane  en  un  ufage 
pieux,    en    forte  qu'elle  devienne  lainte,facrée; 
^fT  fandlifier  une  chofe  commune  ou  profane  ,  par 
le    moyen  de  certaines    cérémonies ,  la  dédier  à 
Dieu.    Sacrare  ,  dedicare  ,  confecrare.     L'Evêque 
aujourd'hui   confacre  ,    bénit ,    dédié    une    belle 
Eglife  ;  il  a  conjacré  des  Calices  -,  le  Pape  a  confacre 
des  Médailles,  des  Agnus-Dei,  des  Pains,  des  Pâtes  i 
c'eft- à-dire,  il  a  accordé  des  Indulgences  à  ceux  qui 
les  porteroient  avec  refped: ,  avec  dévotion.  Se  con- 
facrer  au  fervicedes  Autels.  Confacrer  à-Jefus-Chrift 
fa  virginité,  Voye^^  Consécration. 
Consacrer  fe  dit  en  particulier  de  toute  la  cérémo- 
nie qui  fe  fait  pour  conférer  la  puilfance    épifco- 
pale  i  c'eft-à-dirc,  rimpofition  ,  l'onélion  du  chrê- 
me ,  &  la  bénédiètion  que  reçoit  celui  qui  eft  nom- 
mé   à    l'Epifcopat.   Confecrare.    L'Evêque  fe  doit 
faire  confacrer  dans  trois  mois  du  jour  de  fa  pro- 
motion ,  fous  peine  de  deftitution  de  fruirs. 
Consacrer  une  Religieufe.  Voye^  Consécration. 
UCT  Consacrer,  chc'z  les  medailliftes  Voyei  Con- 
sécration. 
ÇO"  Consacrer  fignifie  aulTi  dédier  ,  dévouer  ,  offiric 
à  Dieu  fans  obferver  aucune  cérémonie  particulière* 
Un  tel  a  quitte  le  monde,  &  a  confacre  le  refte 
de  fes  jours  k  D'ieu.  Devovere. 
IfT  Consacrer  ,  dans  ce  fens  ,  fe  dir  aulTi  en  chofes 
fimplement  morales,  Devovere  ,  mancipare.  Quand 
on  fe  confacre  à  la  gloire,  il  faut  renoncer  à  tout, 
pour  courir  après  elle. 
§C?  On  dit    de  même   confacrer  à    quelqu'un    fon 
remps ,  fes  veilles,  fes  foins,  lui  dévouer  tout  cela. 
Confacrer  fa  jeunclle ,  fa  vie  à  l'étude  ,  au  barreau , 
à   la  guerre.   Se   confacrer  au  barreau.  Il  fignifie 
encore  perpétuer  ,    iminortalifer.  Ce  Conquérant 
a   élevé    un  trophée,  un  arc  de  triomphe,  pour 
confacrer  la  mémoire  de  fes  exploits  à  la  poftériré. 
fC?  Consacrer  fe  dir  encore  dans  une  fignification 
particulière;  pour  dire,  relever  le  mérite  d'une  chofe, 
y   attacher  une    idée  de  grandeur  ,  accorder  des 
louanges  à  des  chofes  qui  n'en  méritent  poinr.  De 
tout  temps  l'Efprit  humain  a  eu  un  penchant  natu- 
rel à  coTifacrer  fes  opinions  &  ks  pallions ,  en  les 
imputant  aux  divinirés,  S.  Real.  La  fortune  con- 
facre les    grands  crimes ,  &:  ils  deviennent  des  ver- 
rus,  quand  ils  font  couronnés  par  lefuccès.  BizoT. 

Et  je  rai  vue  au(R  cette  cour  pev.  Jincere 
Des  crimes   de  Néron  approuver  les  horreurs  , 
Je  l'ai  vue  à  genoux  conhczcT  fes  fureurs. 

Consacrer  fignifie  encore  ,  facrifier,  deftiner  ,  dé- 
terminer quelque  chofe  à  un  certain  ufage.  j4ddi' 
cere  ,  deflinare.  J'ai  mis  une  telle  fomme  d'argent  à 
parr,  que  j'ai  confacre  à  augmenter  ma  Bibliorhè- 
que.  Confacre^  tout  votie  loifir  à  l'étude  de  la 
fagefle, 

|3*  "On  dit  que  l'Eglife  a  confacre  un  mot  -,  pour 
dire, qu'elle  l'a  tellement  déterminé  à  une  fignifi- 
cation particulière  ,  que  hors  de-là  il  n'a  point 
d'ufage.  Nous  avons  plufieurs  mots  confacrés  dans 
l'Eglffe  Romaine,  tels  que  ceux  de  confubftantia- 
lité  ,  tranfubftantiation  ,    procelîion,  &c. 

^  On  dit  aulfi  que  l'ufage  a  confacre  une  façon  de 
parler;  pour  dire,  qu'elle  eft  établie  par  l'ufage,  & 
qu'il  n'y  faut  rien  changer ,  quoi  qu'elle  foir  contre 
les  règles.  C'eft  ainfi  que  nous  difons,  &  devons 
dire ,  lettres  Royaux. 

CONSACRÉ  ,  EE.  part  Confecratus.  Il  a  toutes  les  fi-^ 
gnifications  de  fon  verbe.  Hoftie  confacrée.  Vers 
confacrés  à  l'immortalité  &  à  la  Religion,  Autel 
confacre.  Perfonne  confacrée  à  Dieu, 


C  O  M 

Consacre  ,  É  E.  adj.  Ce  mot  fe  dit  aurn  de  cer- 
tains termes ,  Se  de  certaines  phralbs  particulières 
qui  ne  font  bonnes  qu'en  de  certains  endroits  , 
éc  en  de  certaines  occafions.  Conful^Jtciiuul. -, 
tranfichliantiation  ,  font  des  mots  confacrcs  :  le 
premier ,  poiir  lignifier  que  le  Fils  de  Dieu  eft  une 
même  lubrtanccavec  le  Père  ;  &c  le  fécond  pour 
iignifiet  le  changement  qui  fe  fait  du  pain  &  du 
vin  an  corps  &  au  fang  de  Jesus-Christ  par  la 
confccration.  Le  P.  Bouhours ,  dans  h  préface  de 
fa  traduBlon  du  Nouveau  Tejiament  ,  dit  qu'il 
n'a  jamais  pris  la  liberté  de  donner  fans  ncceliité 
un  autre  tout  à  ces  Hébtailmes  qui  étoient  ordinai- 
res aux  Apôtres  ,  lors  même  qu'ils  parloient  en 
grec  •)  comme  font  dans  l'Evangile  ,fLls  de  perdition  , 
enfans  de  lumière ,  abomination  de  defolation, portes 
de  l'enfer  :  &  dans  les  Epîtres  vafe  d^ élection  ,  vafe  de 
colcre,  vafe  de  mifericorde,  enfans  de  ténelres,homme 
dépêché,  Scfemblables  expreiHons qui  viennent  d." 
Ja  langue  fainte  ,  qui  font  comme  confacrées  ,  &  qui 
perdent  fouvent  beaucoup  de  leur  force,  quand  on 
les  veut  expliquer  en  d'autres  termes  ou  par  pé- 
ïiphrafes.  Dépouiller  le  vieil  homme  ,  revêtir  le  nou- 
vel homme  ,  font  des  ^h.v:i{cs  confacrées ^oni  lignifier 
les  deux  parties  de  la  régénération ,  qui  confiile 
à  céder  de  mal  taire ,  &  à  apprendre  à  bien/aire, 

Q^ue  tes    Citations  foient  courtes    &  ferrées , 
Et  n'en  change  jamais  les  phrajes  confo-ctàes,  Vill. 

CONSANGUIN  ,  INE.  On  appelle  au  Palais ,  frères 
confanguins  ,  ceux  qui  font  nés  de  même  pcre , 
par  oppoîition  a.  frères  utérins  ,  qui  (bnt  feulement 
nés  d'une  même  mère.  Fratres  confanguinei.  Selon 
le  fentiment  commun,  les  frères  germains  &  confan- 
guins  ne  peuvent  fe  plaindre  du  tcftament  inoi- 
ficieux  ,  qu'en  alléguant  la  turpitude  de  la  perfonne 
,qui  a  ctc  inllituée  ;  mais  Van  ^''ater  ,  dans  fes 
•  Ohfervaùons  Jur  le  droit  Romain  ,  prétend  que  les 
confanguins  pouvoient  fe  plaindre  de  l'inofficiolité, 
même  quand  le  teftament  n'étoit^point  en  faveur 
d'une  perfonne  incapable.  Dans  l'Edit  d^  Conftan- 
tin  qui  réforme  la  loi  ti  ,  Cod.  de  inoff,  tejiam. 
qui  accordoit  aux  frères  &  aux  fœurs  fans  dillinc- 
tion  ,  la  plainte  d'inoiîiciofité  ;  le  mot  de  frère 
germain  eft  fouvent  mis  pour  celui  de  confanguin. 
Ce  qu'il  dit  dans  la  fuite,  qu'il  ne  pourra  inten- 
tet  cette  ad:ion  que  agnatione  durante ,  en  eft  une 
preuve  bien  fenfible. 

Comme  on  dit  au  Palais  frère  confanguin  ,  on 
dit  auifi  fœut  conjanguine  ,  par  oppoîition  à  fœur 
utérine.  Les  fœurs  confinguines  font  celles  qui  ont 
le  même  père ,  mais  non  pas  la  même  mère.  Ces 
termes  ne  font  que  de  Palais. 

Ce  mot  vient   de  confanguineus  ,  compofé  de 
cum  de  fanguis.Mnfi  dans  l'on  origine,  il  fignifie  ceux 
qui  font  du  même  ping,  dans  qui  le  même  fang  coule 
CONSANGUINITE,  f.  £  Parenté  du  côté  du  père. 
Confanguinitas.  Le  mariage  eft  défendu  par  l'Egli- 
fe  jufqu'au  quatrième  degré  de  confanguinité'mcïu- 
fivcment  :  mais  par  la  loi  de  la  nature  ,  la  con- 
fanguinité  n'eft  point  un  ebftacle  au  matiage  ,  ex- 
cepté en  ligne  direde.  La  confanguinité  finit  au 
fixicme  ou  au  feptième  degré  i  excepté  pour  la  fuc- 
ceflîon  à  la  Couronne  :  en  ce  cas,  la  confanguinité 
lé  perpétue  à  l'infini. 
CONSAULX,  f.  m.  Mot   du  vieux  langage  ,  quia 

lignifié  Confeil  &:  Conful,  ou  Echevin, 
CONSCIENCE,  f.  f.  Témoignage  ou  jugement  fecrer 
de  l'ame  raifonnable,  qui  donne  l'approbation  aux 
adions  qu'elle  fait ,  qui  font  naturellement  bon-* 
;ies ,  Si  qui  lui  fait  un  reproche  ,  ou  qui  lui  donne- 
un  repentir  des  mauvaifes.  Lumière  intérieure  ,  fen- 
timent intérieur,  par  lequel  l'homme  fe  fend  ^té- 
moignage lui-même  du  bien  &  du  mal  qu'il  fait, 
Confcientid.  La  confcicnce  eft  ce  que  nous  à\St?  Ir. 
lumière  naturelle  ,  la  droite  taifon.  Quelquvfois 
nous  n'avons  point  d'autre  guide  pour  régler  notre 
conduite ,  que  la  confcience ,  §i  alors  c'eft  à  notre 


CON  8i^ 

égard  l'irtterprète  des  volontés  de  Dieu.  Là  con- 
fcience cii.  un  Juge  incoftuptible  ,  qui  ne  s'appailè 
jamais  :  c'eft  un  miroir  qui  nous  montre  nos  ta-i 
ches  t,  un  bourreau  qui  nous  déchire  le  cœur.  La 
confcience  a  lés  erreurs  j  elle  a  de  faux  fctupules ,  & 
de  ridicules  inquiétudes.   Une   bonne  adlion  de- 
vient mauvaife  ,  fi  elle  eft  faite  contre  le  didtaitiett 
de  la  confcience.  On  eft  coupable,  même  en  agillànt 
félon  les  mouvemens  de  fa  conjciena ,  lotfqu'oit 
a  des  règles  plus  Aires  que  l'on  peut  confuher.  Ce- 
lui càquila  co/z/aVrtc^  préfente   l'erreur  à  la  place, 
&  fous  la  forme  de  la  vérité  ,  eft  cependant  obligé 
à  obéir  aux  ordres ,  &  à  fuivre  les  fuggeftions  de 
fa  confcience  qui  le  trompe  ,  s'il  n'a  point  de  rè- 
gle plus  fiire  qui  le  puilfe  déterminer,  C'eft  par 
cette  raifon  qu'on  appelle  la  confcience  le  for  in- 
térieur. Il  y  a  des  confciences  timides  &  délicates, 
qu'il  ne  faut  point  alarmer.  S.  Evr.  Ces  troubles  , 
ces  remords  de  la  confcience  ,  &:  ces  regrets  qui  dé- 
vorent l'ame  ,  font  figurés  par  le  vautour  de  la  fable 
qui  déchiroit  fans  celle  le  cœur  de  Prométhce.  Le 
Mait,  Il  n'y  a  point  de  tribunal  plus  févère  que 
celui  d'une  bonne  confcience.  S.  EvR.  Il  ne  faut  pas 
confondre  la  confcience  ,  cet    inftinét  fecret  que 
Dieu  donne  à  l'ame  pour  l'éclairer  ,  &  pour  lui 
faire  difcerner  le  bien  &c  le  mal ,  avec  les  fantai- 
fics  &  les  caprifes  de  notre  volonté  pervertie  ;  ni 
ériger  en  principes  de  confcience  ,  les  dogmes  dont 
une  paffion  aveugle  (k.  opiniâtre  trouve  à  propos 
de  s'entêter.    Poiret,   Ce   n'eft    plus    la  joie   &c 
la  férénité  que  le  fentiment  d'une  bonne  confcience 
étale  fut  le  vifage  ;  les  pallions  triftes  &  auftères 
ont  pris  le  dellus.  La  Bruy,  La  flaterie  endort  le 
pécheur  dans  une  faufle  paix ,  Se  dans  la  tranquil- 
lité d'une  corzjcience  trompée.  Flech.  La  voix  de 
la  confcience ,  quelque  droite  qu'elle  paroilfe,  ne 
doit  jamais  prévaloii  contre  les  décifions  dcTEglife, 
|]CT  II  eft  bien  certain  que  la  confcieiice  eft  le  meil- 
leut  Cafuifte  que    l'on  puifle  confulter  •,   ce  n'eft 
que  quand  on  marchande  avec  elle  ,  qu'on  a  re- 
cours aux   fubtilités  du   raifonncment.  Elle  eft  la 
voix  de  l'ame  ,  comme  les  paillons  font  la  voix 
du  corps  ;  ainfi  il  n'eft  pas  étonnant  que  ces  deui 
langages  lé  contredilént  fi  fouvent.  Mais  pour  fixée 
les  idées  dans  une  matière  aulfi  importante  ,  nous 
joindrons  ici  quelques  obfervations  avec  quelques 
règles,  tirées  de  Burlamaqui  &  de  Pufcndorf. 
^fT  La  confcience  n'eft   proprement  que   la  raifon 
elle-même  ,  confidérée  comme  inftruite  de  la  rè- 
gle que    nous  devons  fuivre  ,  ou  de  la  loi  natu- 
relle ;  &  jugeant  de  la  moralité  de  nos  propres 
adions  ,  &  de  l'obligation  où  nous  fommes  à  cet 
égard  ,  en  les  comparant  avec  cette  règle  ,  confoH- 
mément  aux  idées  que  nous  en  avons. 
gCF  Souvent  aulfi  l'on  ptend  la  confcience  pour  le 
jugement  même  que  nOus  portons  fur  la  moralité 
de  nos  adions  :  jugement  qui  eft  le  réfultat  d'ua 
raifonncment   complet  ,   ou    la  conléquence  que 
nous  tirons  de  deux  prémilTes ,  ou  difertement  ex- 
primées, ou  tacitement  conçues.  On  compare  en- 
fcmble  deux  propofitions  ,  dont  l'une  renferme  la 
loi ,  &:  l'autre  l'adion  dont  il  s'agit ,  &  l'on  en  dé- 
duit une  troifième  ,  qui  eft  le  Jugement  que  nous 
faifons  de  la  qualité  de  notre  adion.  Tel  étoit  le 
raifonncment  de  Judas.  Quiconque  livre  à  la  mort 
un  innocent,  commet  un  crime;  voila  la  loi:  Or, 
c'eft  ce  que  j'ai  fait  ;  voilà  l'adion.  J'ai  donc  com* 
mis  un  ctime  ;  voilà  la  confcquence  ,  ou  le  juge- 
ment que  fa  conjcience  portoit  fur  l'adion  com- 
mif'e. 
"KT  La  confcience  fuppofe  donc  la  connoifiance  dé 
la  loi  ,  &  en  particulier  celle  de  la  loi  naturelle* 
qui  étant  la  fonrce  primitive  de  la  juftice  ,  eft  aulTl 
la  rès;lc  fuprême  de  notre  conduite -,  &  comme  les 
loix    ne  peuvent  nous   fervir  de  règle  ,  qu'autant 
qu'elles  font  coniiucs ,  il  s'enfuit  que  la  confcience 
devient  ainfi  la  règle  immédiate  de  nos  adions  ; 
car   il  eft  bien  évi  lent  qu'on  ne  peut  fe  confor- 
mer à  la  loi  qu'autant  qu'elle  eft  connue, 

LLLllij 


8^o 


C  ON 


f3^  Il  faut  donc  éclairer  fa  conjcience  ,  la  conrulter  , 
fie  en  luivre   ies  confeils.  Eclaiter  la  conjcience  , 
en  s'inftniiiant  cxadcmcnc  de  la  volonté  du  Lé- 
«îiflareiu-  &  de  la  difpoiicion  des  loix  ,  afin  d'avoir 
de  jaftcs  idées  de  ce  qui  ell  ordonné  ,  détendu  ou 
permis  ,  fans  quoi  le  jugement  que  nous  terions 
de  nos  aétions  fcroit  vicieux  :  connoître  parfaite- 
ment l'adion  dont  il  s'agit  ,  faire  attention  aux 
circonltances  qui  l'accompagnent ,  &  aux  conlé- 
quences  qu'elle  peut  avoir  ;  fans  quoi  Ton  pcur- 
roit   fe  méprendre    dans    l'application  des  loix  , 
dont  les  difpoiitions  générales  fouffrent  plulicurs 
modifications ,  fuivant  les  différentes  circonftances 
qui  accompagnent  nos  aétions  ;  ce  qui  influe  né- 
ceJiairement  l'iir   leur  moralité  &  fut  nos  devoirs. 
|Cr  Nous  devons  fiire  ufage  de  ces  connoiflanccs 
pour  diriger  notte  conduite, Il  faut  donc,  quand 
il  cfl;  queîlion  d'agir  ,  confulter  fa  conjcience ,  & 
en  fuivre  les  conicils,  Ceft  là  une  obligation  in- 
difpenfabk  ;  car    la   conjcience  étant  ,  pour  ainli- 
dire ,  le  miniftre  &  l'interprète  des  volontés  du 
Lé2;iflateur  ,  les  confeils  qu'elle  nous  donne  ont 
toute  la  force  &  l'autorité  d'une  loi  ,  &  doivent 
produire  le  même  eiîet  fur  nous. 
gCr  On  s'abuferoit  donc  giofrièrement ,  fi ,  fous  pré- 
texte que  la  confcience^e^  la  règle  immédiate  de 
nos  aurions  ,  l'on  croyoit  que  chacun  peut  toujours 
'     faire  légitimement  tout  ce  qu'il  s'imagine  que  la 
loi  permet  ou  ordonne.  Car  la  conjcience  n'a  quel- 
que part  à  la  direiftion  des.aélions  humaines ,  qu'au- 
tant qu'elle  eH:  inftruite  de  la  loi ,  à  qui  feule  il 
ai-ipartient  proprement  de  diriger  nos  adlions. 
{tr  Avant  que  de  fe    déterminer  à  fuivre  les  mou- 
vemens  de  fa  confcience  ,  il  faut  examiner  fi  l'on 
a  les  lumières  &  les  fecours  nécelfaires  pour  j  uger 
de  la  chofe  dont  il  s'agit  ;  fans  quoi  l'on  ne  peut 
rien  entreprendre  fans  une  rémérité  inexcu fable  &; 
très-dangereufe. 
fS"  Suppofé    qu'en  général   on  air   ces  lumières  & 
ces   fecours  néceflaues  ,    il    faut    voir    enfuite    fi 
l'on  en  a  fait  aduellement  ufage  ,  enforte  qu'on 
puiffe  ,  fans  un  nouvel  examen  ,  fe  porter  à  ce  que 
••   la  conjcience  fuggère. 

I^r  Quand  on  a  fait  tout  cela ,  on  a  fait  tout  ce  que 
l'on  pouvoit  &  ce  que  l'on  devoit  faire  ;  &  il  eil: 
moralemenr  certain  que  l'on  ne  peut  ni  fe  tiom- 
per  dans   fes  jugemens  ,  ni  s'égarer  dans  fes  dé- 
terminations. Si",  malgré  toutes  ces  précautions ,  il 
■     arrivoit  encore  de  (e  méprendre,  ce  feroit  pour 
lors  une  faute    de  foiblelfe  ,  inféparable  de  l'hu- 
iTianiré,  Se  qui  porteroir  fon  excufe  avec  elle  aux 
yeux  du  Souverain  Légiflareur. 
ffT  Nous  jugeons  de  nos  aélions  avant  que  de  les 
faire.  C'eftla  conj'cience  antécédente  ;  ou  après  les 
avoir  fait ,  c'eft  la  confcience  fuhj'équente.  Un  hom- 
me   iage    doit  confulter    fa    conj'cience  avant  que 
d'agir",  pour  fçavoir  fi  ce  qu'il  va  faire  eft  bien 
ou  mal  :  &  après  avoir  agi  ,    pour  fe  confirmer 
dans  le   bon  parti,  s'il  l'a  pris,  ou   pour  redref- 
icr  fon  tort  ,  s'il  s'efl:  trompé  dans  îbn  premier 
jugement ,  8c  fe  précautionner  contre  de  pareil- 
les fautes  à  l'avenir. 
^CF  La  confcience  jubfécjuente  eft  tranquille  ou  in- 
'  quiète,  fuivant  que  le  jugement  que  nous  portons 
de  notre  conduire  ,  après  cetre  révifion  ,  nous  ab- 
fout  ou  nous  condamne. 
IkT   La   confcience  efl:  dccijive  ou  douteufe ,  fuivant 
le  degré  de  pcrfuafion  où  l'on  eft  au  fujet  de  la 
qualité  de  l'aftion.  L'on  doit  fe  porrer  prompte- 
ment ,  volontiers  &  avec  plaifir  à  ce  qu'une  con-  ^ 
•fcience  dccilive  ordonne.Sc  déclarer  contre  les  mou- 
vemens  d'une  telle  confcience ,  c'eft  le  plus  haut 
degré  de  dépravarion  &:  de  malice.  A  l'égard  de 
Iz^confcience  douteufe  ,   lorfque  l'efprit  demeure 
comme  en  fufpens  par  le  conflit  des  raifons  qu'il 
voit  de  part  &  d'autre  ,  &  qui  lui  paroiflenr  d'un 
poids  égal,  il  ne  fiur  rien  négliger  pour  fe  tirer 
d'incertitude  ,  &  s'abftenir  d'agir ,    tant  que  l'on 
ne  fçait  pas  fi  l'on  fera  bien  ou  mal.  Sans  cela ,  on 


CON 

tcmojgneroit  un  mépris  indirect  pour  la  loi ,  e;i 
s'cxpolanr  volontairement  au  hafard  de  la  violer  -, 
mais  fi  l'on  fe  trouve  dans  des  circonftances  où 
l'on  foit  nécellairernent  obligé  de  fe  déterminer 
5i  d'agir ,  il  faut  par  une  nouvelle  attention ,  tâ- 
cher de  démêler  quel  eft  le  parti  le  plus  proba- 
ble ,  le  plus  fur ,  &C  dont  les  conféqucnces  foient 
les  moins  dangereulcs. 

gCT  Dans  la  conjcience  fcrupuleiife  ,  qui  eft  produi- 
te par  des  difticultés  légères  6c  frivoles ,  qui  s'é- 
lèvent dans  l'efprit  ,  quoicpue  l'on  ne  voie  d'ail- 
leurs aucune  bonne  raifon  de  douter  ;  de  tels  fcru- 
pulcs  ne  doivent  pas  nous  empêcher  d'agir  ,  s'il 
le  iaut  -,  &  l'on  en  icra  bientôt  délivré ,  ii  l'on  exa- 
mine la  chofe  attentivement. 

xfT  Dans  la  conjcience  probable  ,  où  le  jugement 
qu'on  porte  n'eft  fondé  que  fur  des  vraifcmblan- 
ces ,  fans  qu'on  en  puiflé  démontrer  la  certitude 
par  des  principes  inconreftales  ,  quoique  l'on  foit 
lîien'convaincu  de  fa  vérité  ;  on  doit  faire  tout  fon 
polhble  pour  augmenter  le  degré  de  vraifembLm- 
ce  de  fes  opinions  -,  &;  il  ne  faut  fe  contenter  de 
la  probabiliré  ,  que  quand  on  ne  peut  pas  faire 
mieux. 

^3"  La  plus  grande  difïiculrc  eft  pour  la  confcience 
erronée.  La  conjcience  décijlve  eft  droite  ou  erronée  y 
fuivant  qu'elle  décide  bien  ou  mal.  Celui  qui  croix 
devoir  s'abftenir  de  la  vengeance  proptement  dite, 
quoique  la  loi  naturelle  permette  une  légitime 
défenfe  à  une  conj'cience  droite.  Celui  qui  pcnfe 
que  la  loi  qui  veut  qu'on  foit  fidèle  à  fes  enga- 
gemens  ,  n'oblige  pas  envers  des  hérétiques ,  Si 
que  l'on  peut  légitimement  s'en  difpenfer  à  leur 
égard  ,  à  une  conjcience  erronée.  On  demande  ce 
qu'il  faur  faire  dans  une  conjcience  erronée, 

§Cr  II  t'aur  toujours  fuivre  les  mouvemens  de  fa 
confcience  ,  lors  même  qu'elle  eft  erronée  ,  &  foit 
que  l'etreur  foit  vincible  ou  invincible. 

IJCT  Cette  règle  peut  d'abord  paroître  étrangère  , 
dit  Burlamaqui  ,  puifqu'elle  Icmble  prefcrire  le 
mal  -,  car  on  ne  fçauroit  douter  que  celui  qui  agit 
liiivant  une  confcience  erronée  ,  ne  prenne  un  mau- 
vais parti-,  mais  ce  parti  eft  encore  moins  mauvais, 
que  fi  l'on  fe  déterminoit  à  faire  une  chofe  que 
l'on  eft  fermement  perùiadé  être  contraire  à  la  dif- 
pofition  des  loix  ;  car  cela  marqueroit  un  mépris 
direél  du  Légiflateur  &c  de  fes  ordres ,  au  lieu  que 
le  premier  parti,  quoique  mauvais  en  foi  ,  eft  ce- 
pendant l'effet  de  ladifpofition  louable  d'obéir  au 
Légiflateur ,  &  de  fe  conformer  à  la  volonté. 

§Cr  Mais  celui  qui  fuit  les  mouvemens  d'une  con- 
fcience erronée  n'eft  excufable  que  lorfque  l'erreur 
eft  invincible  -,  car  fi  l'erreur  eft  vincible ,  &  que 
Ton  fe  trompe  fur  ce  qui  eft  ordonné  ou  défendu, 
l'on  pèche  égalemenr ,  foit  qu'on  agiflé  fuivant  ia 
confcience  ,  ou  contie  fes  difcours  ,  ce  qui  fait 
voir  combien  on  eft  intércfle  .à  éclairer  fa  con- 
fcience ,  puifque  dans  le  cas  dont  nous  parlons , 
on  eft  dans  la  trifte  néceffité  de  faire  mal ,  quel- 
que parti  que  l'on  prenne. 

DCr  Si  l'on  ne  fe  méprend  qu'au  fujet  d'une  chofe 
indifférente  ,  &  que  l'on  fe  foit  fauffement  perfua- 
dé  qu'elle  eft  ordonnée  cki  défendue  ,  on  ne  pè- 
che alors  que  quand  on  agit  contre  les  lumières  de 
fa  confcience. 

En  Méraphyfique  ,  on  entend  par  la  confcience 
ce  que  d'autres  appellenr  Jens  intime  ,  c'eft-à-dire 
le  fentiment  intérieur  qu'on  a  d'une  chofe  donc 
on  ne  peut  former  d'idée  claire  S<  diftinéle.  Dans 
ce  fens ,  on  dit  que  nous  ne  connoiiîbns  notre  ame, 
&  que  nous  ne  fommes  afiurés  de  l'exiftence  de  nos 
penfées ,  que  par  la  conj'cience  \  c'eft-à-dire  par  le  fen- 
timent intérieur  que  nous  en  avons ,  &  par  ce  que 
nous  fentons  ce  qui  fe  pafle  en  nous-mêmes. 

Un  direâ:eur  de  confcience  eft  celui  qui  con- 
duit les  amcs  dans  les  voies  de  la  vie  fpiriruellei 
qui  lève  les  doutes  &C  les  fcrupules  d'une  confcien- 
ce timorée  ou  rrop  délicate.  On  appelle  une  con- 
fcience cautérifée ,  une  confcience  endurcie  &  infen- 


CON 

fible  aux  reproches  &   aux  remords.  On  dit  ,  Je 
mets  cela  fur  votre  confcience  ;  c'eft-à-dire  ,  je  vous 
en  rens  refponlable  devant  Dieu.  Cet  homme  n'a 
point  de   confcicizce  ;  c'eft-à-dire ,  il  n'a  ni  fcru- 
pules  ni  remords. 
Conscience  ,  fe  dit  au/fi  du  fecret  du  cœur.  Confcien- 
tia ,  animus.  Cet  homme  a  déchargé  la  confcience; 
c'eft-à-dire,  rource  qu'il  fçavoir,  tout  ce  qu'il  avoit 
liir  le  cœur.  Il  parle  contre  la  confcience  ;  c'eft-à- 
dire,  contre  fa  propre  connoi/lance  ,  contre  ce  qu'il 
Içait.  Jurer  contre  fa  confcience ,  c'eft  faire  un  fer- 
ment contre  fes  lumières  intérieures ,  en  di/limu- 
lant ,  ou  en  cachant  les  fecrets  fentimens  du  cœur. 
On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  ne  fe 
fait  point  fcrupule  de  chofcs  qui  devroient  lui  en 
faire ,  qui  décide  hardiment  &;  prend  le  parti  le 
plus  lâche  ;  qu'il  a  la  confcience  large  comme  la 
manche  d'un  Cordelier.  Cela  ne  fe  di"t  que  dans  le 
ftylc  familier  &:  en  badinant.  Qui  n'a  confcience  , 
n'a  rien. 
Conscience,  (  En  )  adv.  de  bonne  foi  ,  félon  les  loix 
de  la  juftice.  Sincère  ,  ingénue ,  verè.  Je  vous  dis 
cela  en  confcience ,  en  vérité.  Ce  Marchand  vend 
les  chofcs  en  confcience ,  il  ne  trompe  point. 

On  dit  auill  ,  en  co/ifcience ,  vous  avez  tort  ; 
pour  dire ,  certainement  cela  n'eft  pas  vrai.  En  conj- 
cience,,  êtes  vous  dans  ce  fentiment  ; 

On  appelle  /il-erié  de  confcience ,  la  liberté  qu'on 
accorde  en  quelques  pays  .iux  particuliers  de  croi- 
'^'2  ^ce  qu'il  leur  plaît  ,  de  profelîcr  la  religion 
qu'ils  jugent  à  propos.  Un  autre  vain  fantôme 
vous  trompe  encqre  fous  une  apparence  d'équité 
raturelle,  &  avec  le  nom  de  /ihené  Je  co?fcience, 
nom  funefte  ,  inconnu  à  toute  l'antiquité  chrétien- 
ne >  que  la  feule  fureur  des  guerres  civiles  ,  les 
batailles  fanglantcs  ,  l'autorité^légitime  foulée  aux 
pics  ,  &  les  édits  arrachés  par  force  de  la  main 
du  Souverain,  onr  introduit  en  nos  derniers  jours. 
Péiiss. 

ÇONSCIENCIEUSEMENT,adv.en  confcience.  Sin- 
cère ,  re/igiofè  ,  ex  animo.  Il  eft  rare  que  dans  le 
commerce  du   monde   ,  on  agiffc  toujours    con- 
fciencieufement.   Je    ne    fçais   û   l'on    n'auroit  pas 
moins  de  dépit  de  fe  voir  tuer  brutalement  par 
des  gens  emportés ,  que  de  fe  fentir  confciencieu- 
fement  poignarder  par  des  cens  dévots. 
CONSCIENCIEUX  ,  EUSE.'ad;.  qui  a  la  confcience 
délicate  ,  qui  fe  conduit  fuivant  les  règles  du  de- 
voir &  de  la  juftice.  Homo  inceger  ,  re/igiofus.  Vous 
pouvez  vous  fier  à  cet  homme-là ,  il  eft  fort  con- 
fciencieux  ,  fort  homme  de  bien.  Les  hjrpocrites 
abandonnent  fouvent  de  petites   utilités  ,  afin  de 
paroître  corfciencieux  ;  mais  quand  il  s'agit  de 
quelque  intérêt  afTez  confidérable   pour  hazarder 
leur  réputation,  ils  ne  balancent  point  à  le  faire. 
S.  REAL.  Les  hypocrites  couvrenr  du  manteau  de 
la  religion  ,  le  parti  le  plus  utile   ,   quelque  peu 
confciencieiix  qu'il  puhle  être.  Id. 

CqNSCRIPTEUR,f.m.termeen  ufage  dansl'Univer- 
lité  de  Paris.  Co7ifrriptor.  On  donne  ce  nom  dans  les 
affemblces  de  la  Faculré  de  Théologie  à  des  Doc- 
teurs qui  font  chargés  d'aller  au  bureau  à  la  fin 
des  délibérations  ,  pour  examiner  les  avis  &  les 
vérifier. 

CONSCRIT,  f.  m.  Terme  dont  on  eft  obligé 
de  fe  fervir  dans  VHilloire  Romaine  ,  en  pa  r- 
lant  des  Sénateurs  qu'on  appeloir  les  Pères  conf- 
crits  ,  dont  les  noms  ctoient  écrits  dans  le  régif- 
tre  ,  ou  caralogue  des  Sénateurs.  Confcriptus.  Plu- 

.  tarque  dit  qu'on  r^^'^eXicojjfcrits  ,  ceux  qui  croient 
ajoutés  aux  anciens,  &  que  l'on  crcoit  nouvelle- 
ment ;  on  les  prenoir  de  l'Ordre  des  Chevaliers 
Romains,  ^oye^  Tite  Live  au  commencement  de 
fon  //.  Livre.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  que 
dans  la  fuite ,  tous  les  Sénateurs ,  indiftiniffcmenr , 
furent  appelés  Pères  confcrits.  Patres  confcripti, 

CONSE.  Voyei  Consus. 

CONSÉCRATEUR ,  f.  m.  fynonime  de  confacrant. 
Celui  qui  confacre,  Confecrator.  Le  confécrateur 


GON 


82Î 


d'un  Evêque  doit  être  accompagné  de  deux  autres 
Evêques  pour  le  moins.  Fleury.  Le  Confécrateur 
doit  Jeûner  la  veille  de  la  conlécration.  Id. 

Quoi  de  plus  grand  que  d'être  le  confécrateur 
du  corps  &  du  fang  de  J.  C.  Année  du  chrétien  , 
Sept. p.  27Î. 
CONSÉCRATION  ,  adlion  par  laquelle  le  Prêtre 
qui  célèbre  la  mefle  ,  confacre  le  pain  &  le  vin. 
Chrijii  corporis  effeUio ,  confeciio  ,  confecratio.  L'é- 
lévation de  l'hoftie  fe  fait  incontinent  après  la 
confcration  ,  afin  que  le  peuple  l'adore.  Si  la  fubf- 
tance  qui  demeure  après  la  confcration  a  les  mê- 
mes dimenlîons  &  la  même  fupcrficie  que  le  pain, 
&  (i  elle  fait  la  même  impreilîon  fur  nos    fens  , 
comme  le  fuppofe  Defcartes ,  il  s'enfuit  nccelTaire- 
ment  que  le  pain  demeure  après  la  confécration. 
Pere  Dan. 

11  y  a  de  grandes  difiScultés  entre  les  Théolo- 
giens ,  Touchant  les  paroles  de  la  confécration. 
L'opinion  la  plus  commune  ,  &  la  plus  reçue  dans 
1  cglife  latine  ,  eft  que  la  confécration  du'pain  &; 
du  vin  ,  confifte  en  ces  mots  :  Ceci  eji  mon  corps  , 
ceci  efl  mon  fang.  Ambroife  Carharin,  qui  aailifté 
au  Concile  de  Trenre  ,  &  Chef  -  Fonraine ,  Ar- 
chevêque de  Céfarée ,  ont  combattu  ce  fentiment 
par  des  écrirs  publics.  Le  premier  a  compofé  là- 
deifus  deux  dhlertations ,  qui  ont  été  imprimées  à 
Rome  en  1551,  avec  fes  autres  opufcules  :  dans 
fon  Epitre  dédicatoire  au  Pape  Jule  III ,  il  réfute 
aflèz  au  long  les  difciplcs  de  S.  Thomas.  De  Chef- 
Fontaine  5  dans  un  petit  ouvrage  qu'il  a  publié 
fous  ces  titres  ,  de  neceffaria  Theologice  fcholajticce 
correciione ,  qui  ^ft  adrelfé  au  Pape  Sixte  V ,  pré- 
tend qu'il  faut  corriger  fur  ce  fujet  l'opinion 
commune  des  Théologiens  de  l'école  ,  comme 
étant  contraire  au  Concile  de  Trenre  ,  &  même 
au  texte  des  Evangéliftes.  Il  cite  en  fa  faveur  , 
les  Dodeurs  de  Cologne  ,  Lindanus  &  quelques 
autres  Théologiens.  Quoique  cette  opinion  n'ait 
point  été  cenfurée  par  la  Faculté  de  Théologie  de 
Paris  à  laquelle  le  livre  de  l'Archevêque  deCéfa- 
rée  fur  déféré,  elle  n'eft  point  reçue  communément 
dans  l'églife  larine  ;  mais  elle  eft  reçue  de  toutes  les 
Eglifes  d'Orient. 

Les    Grecs   d'aujourd'hui  attribuent  ,   au  moins 
en  partie,  le  changement  du  pain  &  du  vin  au  corps 
&  au  fang  de  notre  Seigneur ,  à  une  certaine  prière 
qu'ils  appelent  l'invocation  du  Saint-Efprit.  Dans 
cette  prière  ou  invocation  ,  le   Prêtre  demande  à 
Dieu  qu'il  envoyé  fon  Saint-Eiprit  fur  le  pain  & 
fur  le  vin ,  &;  que  par  fa  préfence  ,  il  les  fanétifie 
&  les  change  au  corps  &  au  fang  de  Jesus-Christ. 
Elle  fe  fait  après  que  le  Prêrre  a  récirc  ces  paro* 
les  :  Ceci  eji  mon  corps  ,  ceci  efl  mon  fang;  que  les 
mêmes  grecs  croient  être  feulement  néceflaires  pour 
la  confécration  des  fymboles ,  parce   qu'elles  ren- 
ferment l'hiftoire  de  l'inftitution  de  ce  divin  facri- 
fice.  Cette  opinion  eft  reçue  généralement  de  toute 
l'églife  grecque  ,  qui  s'eft  déclarée  la-defllis  depuis 
quelques  années  dans  une  confefTîon  de  foi  écrite 
en  Grec  vulgaire,  fous  le  titre  de  Confeffion  ortho' 
doxe  de  l'églife  catholique  &  apoflolique  d'Orient, 
L'original  de  ce  livre  fe  trouve  en  manufcrit  avec 
les  foufc-iprions  des  Evêques  ,  dans  la  bibliothè- 
que de  M.  L'Archevêque  de  Reims.  Il  n'y  a  rien 
de  plus  clair  ni    de    plus    décifif  pour    érablir  la 
tranfubftantiation  ,  &   en  même-temps  l'opinion 
des  Grecs  touchant  la  confécration  ,  que  des  paro- 
les qui  fe  trouvent  dans  cette  confeffion  :  Le  Prê- 
tre n'a  pas  plutôt  récité  la  prière  qu'on  appelle 
l'invocation  du  Saint-Efprit ,  que  la  tranful'flan- 
tiation  fe  fait ,  &  que  le  pain  fe  change  au  véritable 
corps  de  Jesus-Curist  ,  &  le  vin  en  fon  véritable 
fang ,  ne  rcftant  plus  que  les  efpèces  qui  paroiiïènt. 
Cette  prière  ,ou  invocation  du  Saint-Efprit  j  daiis 
laquelle  les  Grecs  font  confifter  en  partie  les  paroles 
de  la  confécration  ,  fe  trouve  dans  tous  les  exem- 
plaires de  leurs  liturgies.  Comme  la  liturgie  Grec- 
que eft  la  fource  de  toutes  les  liturgies  des  Eglifes 


^ii  CON 

d'Orient  ,  aufTi  n'y  en  a-t'il  aucune  ,  en  quelque 
langue  qu'elle    foit  écrite  ,  à  moins  qu'elle  n'ait 
ctc'^rcforrace  par  les  Latins ,  qui  ne  contienne  l'in- 
vocation   du 'Saint-Elptit    de    la  même    manière 
qu'elle  efl:  dans  la  liturgie  grecque.  Les  Gtccs  la 
lil'cnt  à  Rome  dans  leur  Miiiel.  Ceux  qui  voudront 
être  inftruits  plus  à  fonds  de  tout  ce  qui  regarde  la 
conficration  ,  doivent  conlulter  les  notes  étendues  \ 
du  P.  Simon  ,  fur  les  Ofulcules  de  Gabriel ,  Ar- 
chevêque de  Philadelphie  ,  qui  ont  été  imprimées 
à  Paris  en  I  (Î7 1 .  11  traite  auili  cette  quellion  dans 
Ton  petit  ouvrage  de  la  créance  de  l'Eglife  Orien- 
tale far  latranJub[iantiation,&C  dans/èi  remarques 
fur  le  voyage  du  Monl  Liban;  ces  deux  livres  on: 
"été  imprimés   au  même  lieu. 
Consécration.  Impolîtion    des   mains  ;  cérémonie 
pour  coniicrer  un  Evêque.  Conjecratio.  Toutes  les 
cérémonies  de  la  conj'écration  repréfentent  quels 
font  les  devoirs  5c  les  fondions  d'un  Evêque.  S. 
EvR.  La  conjecration  de  l'Evêque  efl:  fa  vraie  récep- 
tion. LOYSEAIT. 

Ce  mot  fe  dit  peu ,  on  dit  vulgairement  facre 
&  facrer.  , 

L'ufage  de  cônfacrer  à  Dieu  les  hommes  dellincs 
à  fon  fervice  ,  &  au  minitlère  de  les   temples  & 
de  fes  autels ,  les  lieux  ,  les  vafes  ,  les  inftrumens , 
les  vêtemens  qui  y  feivent ,  cft;  très-ancien  ■■,  Dieu 
l'avoit  ordonné  dans  l'ancienne  Loi ,  &:  il  en  avoir 
prcfcrir  toutes  les  cérémonies ,  comme  on  le  voit 
dans  l'Ectitute.  Exod.XXFIlI,  41.  XXIX,  i  , 
7  ,  II  ,  19,  35  ,  XXXII,  29,  XL,  II.  Lévic. 
Fil,  30,  57,    FUI,  9,  zi  ,  51  >  55^  XFIII, 
XI ,  XXI,  7,10,  XXII ,  i  ,  5  .  XXIII,  12  , 
XXFÎI,  10  ,  16,  II  ,  18.  Nomir.  III,  5  ,  FI,  5  , 
5, ,  13 ,  Fil,  I  ,  e^'c.  FUI,  (1 ,  XFIII,  10.  JoJ. 
FI,  x^.  Jug-  XFI,   17  ,  XFII,  ^,^,  des  Rois  , 
XF,  ï  5  ,  1 .  Parai.  X,  i  o  ,  XFIII  ,11,  XXII , 
10  ,  z  ,  ParaL  11,4,  XFII,  16  ,  XXFI ,  18,1, 
d'EJdr.  III,   5  ,  FUI,  Z5.  Ecckfiafi.  XLIX ,  9. 
-  Dans  la  Loi  nouvelle  ,    quand   ces   confecrations 
re2:ardent  des  hommes,  &  qu'elles  fe  font  par  un 
Sa'crcment    infl:itué    de  Jhsus-Christ  ,  nous  les 
nommons  en  françois  Ort//«^n\';7/j ,  excepté  celle 
des  Evêques    ,   que    nous  appelons    coufècration. 
Quand  elles  fe  font  feulement  pat  une  cérémonie 
inftituée  par  l'Eglife ,  nous  les  nommons  Bénédic- 
tions ;  quand elle's  fe  font  pour  des  temples,  des  au- 
tels ,  des  vafes ,  des  vêtemens,  nous  à\(ùï\sDédicace , 
Bénédictions.  Voyez  tous  ces  mots. 
Consécration  s'eft  dit  autrefois  d'une    cérémonie 
ufitée  à  la  profeifion  des  Religieufes.  Cet  ufage  a 
celle  dans  prcfque  toute  l'Eglife  depuis  le  treiziè- 
me liécle.  L'Abbaye  de  Ronceray  en  Anjou  eft  la 
feule  qui  l'ait  cortlérvé  en  France.  Marc  Cornaro , 
Evêque  de  Padoue  ,  au  commencement  du  dernier 
fiècle  la  voulut  rétablir  dans  fon  Diocèfe  ,  &:  il  con- 
facra  plus  de  deux  cens  Religieufes  en  difîcrens 
Monafl:eres.  Il  femble  qu'elle  foir  encore  en  piati- 
que  dans  l'Abbaye  de   S.  Zachaiie  à  Venife.  En 
1709 ,  M.  Poncet ,  Evêque  d'Angers ,  confacra  treize 
jeunes  Profcflés  de  l'Abbaye  de  Ronceray.  Les  cé- 
rémonies de  cette  Confecration  font  celles  qui  font 
pfefcrices  dans  le  Pontifical  Romain  pour  la  Con- 
fecration des  Vierges.  A  RonCetay  il  y  a  de  plus 
quelques  ufages  particuliers. 
Consécration^  L'Abbé  des  Fontaines  s'eft  fervi  de 
ce  mor  en  parlant  des  enfans  qu'on  deftine  à  l'état 
monaftique.  On  décrit  à  cette  occafion  l'abus  qui 
régnoit  alofs  dans  rEglifeaufujet  de  la  confecration 
de^s  enfans.  Obf.  fur  les  Ecr.  mod.  t.  19,  p.  zoo. 
Consécration  lé  dit  aulTi  des  cérémonies  &:  béné- 
diclions  qui  le  font  fur  quelque  chofe,  afin  que  de 
prophane  qu'elle  étoit ,  elle  devienne  fainte  -,  com- 
me la  confecration  ,  ou  la   dédicace  d'une  Eglilé. 
Elle  fe  fait  par  un  grand  nombre  debénédidions, 
&  d'afperlîons  dedans  èc  dehors.  L'Evêque  conla- 
crant,  la  parfume  d'encens,  Se  fait  aux  muraille; 
plulieurs  onclions  avec  le  faint  Chrême,  C'eft  une 
cérémonie  Epifcopale. 


CON 

Consécration  ,  terme  de  Médailliftes.  C'eft  l'Apo- 
ihéofe  d'un  Empereur ,  fa  tranflation  &c  fa  réception 
dans  le  ciel  parmi  les  Dieux  exprimée  fur  une  mé- 
daille ,  d'un  côté  eft  la  tête  de  l'Empereur ,  cou- 
ronnée de  laurier ,  &  fouvent  voilce  ,  &  dans  l'inl- 
cription  on  lui  donne  le  titre  de  Divus.  Au  revers 
il  y  a  un  temple  ,  ou  un  autel ,  ou  un  bûcher ,  ou 
une  aigle  fur  un  globe ,  &  qui  prend  fon  cllor  poui 
s'élever  au  ciel -,  quelquefois  l'aigle  eft  fur  l'autel, 
ou  fur  un  cippe.  D'auties  fois  l'Empcieui  paroît 
dans  les  airs  porté  fur  un  aigle  qui  l'enlève  au  ciel; 
&C    pour  inlcription  toujours    Consecratio.   Ce 
font  là  les  types  les  plus  ordinaires.  Antonin  Pie ,  a 
au  revers  de  fes  conjécrations  quelquefois  la  colon- 
ne Antonine.  Au  lieu  d'une  aigle  les  Impératrices 
ont  un  paon.  Poui  les  honneurs  rendus  après  la 
mort  aux  Empereurs  ,  qui  conlîftent  à  les  mettre 
au  nombre  des  Dieux  ,  ils  s'expliquent  par  le  mot 
Conjecratio  ,  par  celui  de  Pater  ,  de  Divus  ,  &c  de 
Deus.  Deo  Pio  ,  Divus  Augujlus  Pater.  Dec  & 
Domino  caro.  Quelquefois  autout  des  Temples  & 
des  autels  on    met  Memoria  felix  ,  ou  Memorice 
œterncE.  Quelquefois  aux  Princelfes.  jEternitas  ,  ou 
Sideribus  recepta  :  &  du  côté  de  la  tête  Diva  èc 
les    Grecs  @iâ.   P.  Jobert. 
Conse'cration  eft    aufîi    la     cérémonie    de   l'apo- 
théofe  des  Empereurs  &  des  Impératrices ,  Foyei 
Apothéose. 
^fT    Consécration    des    Pontifes    Romains.     On 
le    faifoit    defcendre    datts    une    folle    avec    fes 
habits  pontificaux  ,  puis  on  couvroit  la  tolîé  d'une 
planche  percée  de  plufieurs  trous  ,  alors  le  vidi-' 
maire  &i  les  autres  Miniftres  fervans  aux  facrifices 
amenoient  fur  la  planche  un  taureau  ornédeguir^ 
landes  de  fleurs  ,  &  lui  cnfoncoicnt    le  couteau 
dans  la  gorge  ,  le  fang  qui  en  découloit  ,  tom- 
boit  par  les  trous  de  la  planche  lur  le  pontife ,  qui 
s'en  {fottoit  les  yeux ,   le  nez  ,  Ifs   oreilles    &  la 
langue.  Après  celte  cércnîonie  on  le   tiroir   de  ht 
foHe  tout  couvert  de  fang ,  on  le  faluoit  par  ces 
paroles  ,  falve  Pontifex  ,  &   après  lui  avoir    fait 
changer  d'habits  ,  on  le  conduifoit  chez  lui  ,  où 
il  y  avoit  un  magnifique  tepas. 
CONSÉCUTIF  ,  IVE  ,  adj.  Qui  fuit  immédiatement 
un  autre.  Confequens  ,  fubfeqnens.  Il  ne  fe  dit  pas 
des  perfonnes ,  mais  feulement  des  chofes  ,  qui  fe 
fuivent  immédiatement  dans  l'otdre  du  temps.  On 
a  fait  cette  réjouirtance  par  ttois  jours  confecutifs , 
c'eft-à-dire ,  de  fuite.  On  publie  les  monitoiies  par 
trois  Dimanches  confecutifs  ;  les  ajournemens  pat 
trois  briefs  jours    de  marché    confecutifs.  On    dit 
dans  le  même  fens  des  malheurs  confecutifs  ,  des 
difgraces  confécutives. 
CONSÉCUTION  ,  f.  f.  terme  d'Aftronomie.  On  ap- 
pelle mois  de  confécution ,  l'efpace  de  temps  entre 
deux  conjondlions  de  la  lune  avec  le  foleil.  Cet 
efpace    eft    de    19    jours  &  demi  ,  c'eft  ce  que 
les  Aftronomes  appellent  mois  de  confécution.  Ils 
le  nomment  encore  mois  fynodique  &i  de  progref- 
fion.  Ce  mois  eft  plus  long  que  celui  de  propaga- 
tion de  deux  jours  &  quatre  heures ,  parce  que  la 
lune  partant  d'un  point  du  Zodiaque  avec  le  fo- 
leil ,  elle  le  devance  ,  &  après  qu'elle  a  fait  fon 
tour,  &  qu'elle  eft  revenue  au  même  point  du  Zo^ 
diaque  ,  elle  n'y  trouve  plus  le  foleil  qui  a  par- 
couru deux  des  lignes  ,  ou  environ  :  en  forte  qu'il 
lùut  encore  deux  jours  &  quatie  heures  à  la  lune 
pour  le  ratrappcr. 
CONSÉCUTIVEMENT,  adv,  tout  de  fuite ,  immé- 
diatement après  félon  l'ordre  du  temps.  Commen- 
ter. Cette  faute  n'eft  pas  pardonnable  ,  il  l'a  faite 
deux  ou   trois  fois  confécutivement.  Il  a  fait  trois 
voyages  confécutivement. 
CONSEIGNEUR  ,  f.  m.    ou  plutôt  Co-seigneur, 
terme  de  Droir  ,  &  de  Coutumes.  Celui  qui  eft 
Seigneur  conjoinrement  avec  quelque  autre   d'un 
lieu ,  d'une  terre. 
|;r  CONSEIL ,  f,  m,  c'eft  le  nom  qu'on  donne  à  des  ai*- 


CON 

fémbléis  établies  parl'aatoriCc  du  SouvctaÎH  ,  pour 
délibérer  fur  les  arfiiires  importantes  de  l'État ,  ou 
pour  juger  les  affaires  des  particuliers.   ConJiUum, 
^3"  Le  Confeil  du  Roi  eft  une  afllmblée  de  certaines 
perlbnnes  qu'il    plaît  au   Roi    d'appeler  pour  les 
confliltet  fur  ce  qui  concerne  l'ordre  &  l'adminil- 
tration  de  fon  Royaume. 
|tr  Le  Confeil  du  Roi  eft  partagé  en  plufieurs  Téan- 
ces,  iavoir;le  Confeil  des  affaires  étrangères,  Con- 
Jeil  d'Etat  ou  Confeil  d'enhaut  ;  le  Confeil  des  dé- 
p>cches;  le  Confeil  de  commerce  ,  &  le  Confeil ^d- 
Vc  ,  oU  le  Confeil  des  parties.  Confeil  des  affaires 
éttangcres ,  CoKyè/7 d'Etat, ou  Confeil  d'enhaut, c'eft 
un  Confeil  où  font  traitées  les  affiiires  d'Etat ,   de 
la  paix  ,  de  la  guêtre  &  autres  ,  dont  le  Roi  veut 
prendre  connoiffance  en  perfonne  :  les  Arrêts  qui 
en  viennent  font  lignes  en  commandement  par  un 
des   Secrétaires   d'Etat,   Confdium  finUius  ,  fe- 
cretius. 
^ZT  Le  Confeil  des  dépêches  eft  l'alTemblce  où  fe  por- 
tent les  affaires  qui  concernent  l'intérieur  duRoyau- 
me. 
^fT  Le  Confeil àz%  finances  eft  celui  où  fc  traitent  les 
affaires  qui  concernent  les  finances  du  Roi ,  tout  ce 
qui  a  rapport  à  l'adminiftration  des  finances.  Con- 
JiUum regium  de  rébus  ad.  œrarium  perùnentibus, 
^ff  Le  Confeil  àç.  commerce  eft  celui  où  fe  traitent 
les  affaires  qui  concernent  le  commerce. 

Le  Confeil  prive ,  autrement  Confeil  des  parties  , 
que  dans  l'ufage  ordinaire  en  appelle  fimplemcnt 
le  Confeil:  &  dont  les  Confeillers  le  nomment  Con- 
feillers  d'Etat:  c'eft  un  Confeil  qui  le  tient  dans  la 
Salle  du  Confeil  par  M.  le  Chancelier  ou  le  Garde 
des  Sceaux,  Scies  jours  qu'il  lui  plaît;  &  quoique 
le  Roi  n'y  affifte  pas ,  le  Fauteuil  de  Sa  Majefté  y 
eft  toujours  placé  &  demeure  vide.  Regium  Confi- 
lium ,  Regium  Conjijiorium  ,  ConJijtoria?wrum  Co- 
mitum  Senatus  ,  ou  Concilium.  La  charge  de 
Chancelier  étant  vacante  ,  le  Roi  Louis  le  Grand 
a  été  une  fois  tenit  le  Confeil  des  parties.  Les  Con- 
feillers d'Etat  &  les  Maîtres  des  Requêtes  y  alîiftent 
&  y  opinent ,  quand  ils  font  de  fervice  :  de  plus  , 
les  Maîtres  des  Requêtes  y  rapportent.  Les  affaites 
qui  y  font  rapportées ,  font  des  cafiations  d'Atrêts 
des  Parlemens  &  autres  Cours  Souveraines,  ou  des 
évocations,  pour  récufation  d'une  Jurididion par- 
ticulière ,  oit  d'un  Parlement  ou  autre  Jurididion 
entière  -,  foitpour  des  cfffaires  particulières  de  Ville 
à  Ville  ,  ou  de  particulier  à  particulier  ,  que  le 
Confeil  évoque  à  foi ,  &  dont  il  s'eft  réfervé  la  con- 
noiffance.  Louis  XIV  a  ordonné  ,  par  l'Article  I , 
de  fon  Règlement  du  5  Janvier  1(^73 ,  que  le  Con- 
feil d'Etat  fera  compofé  de  M.  le  Chancelier  ou 
Garde  des  Sceaux ,  de  XXI  Confeillers  d'Etat  or- 
dinaires ,  dont  tiois  feront  d'églife ,  trois  d'épée ,  du 
Contrôleur  Général  des  Finances,  des  Intendans  des 
Finances ,  tous  ordinaires ,  &  de  douze  Confeillers 
d'Etat  ,  qui  ferviront  par  fcmcftre.  £tat  de  la 
France  ,  T.  III ,  C.  J». 
§Cr  Ce  Confeil  eft  le  plus  nombreux  :  les  affaires  y 
font  décidées  à  la  pluralité  des  voix  -,  &  il  n'y  a  ja- 
mais de  partage,  parce  qu'en  cas  d'égalité  de  fuffra- 
ges ,  la  voix  de  M.  le  Chancelier  ,  eft  prépoftdé- 
rante. 
HP"  Quand  on  dit  Avocat  ,  Greffier  au  Confeil,  fe 
pourvoir  au  Confeil,  être  à  la  fuite  du  Confeil ,  &c, 
on  entend  toujours  le  Ccnfei!  des  parties. 

Le  Co72/f/7dcs  dircdions  ,  eft  \^n  Confeil  oùVovi 
dirige  les  afiaires  des  Finances ,  après  le  rapport 
qui  a  été  fait  en  préfence  de  M.  le  Chancelier  ,  &c 
de  ceux  qui  compofent  le  Confeil  Royal.  Regium 
de  re^endoarario  ConJîliumX^ç  Confeil  de  grande  di- 
redion  fe  tient  une  fois  toutes  les  femaines  chci: 
le  chef  du  Co«/«7  Royal. 
Conseil  de  guerre  &  de  marine  ,  font  des  Confeils 
fecrets ,  que  le  Roi  tient  avec  fes  Miniftres  ,  pour 
délibérer  des  affaires  de  la  guerre  ,  tant  par  terre 
que  par  mer  ,  où  le  Roi  appelle  quelquefois  les 
Princes  &  les  Principajux  Officiers  qui  l'ont  fervi 


CON 


8i| 


dans  fes  armées.  Confdium  militare ,  navale. 

Il  y  a  aufli  en  fait  de  marine  un  Confeil  de  conf^ 
truclion  j  qui  fefair  pour  délibérer  flir  le  bâtiment 
&  le  r.idoub  des  vaiffcaux.  Il  fe  tient  pat  l'Amiral  j 
Vice-Amiral,  Chefs-d'Efcadre ,  Lieutenans,  Inten- 
dans ,  Commiffaires  Généraux  ,  &  les  Capitaineô 
des  Ports. 

On  appelle  aufH  Confeil  de  guerre,  l'affemblée 
des  Chefs  d'une  armée,  ou  d'une  Hôte,  pour  déli- 
bérer fur  les  affaires  qui  fe  préfentcnt  félon  les  oc- 
cafîons,  comme  entreprife  de  fièges ,  retraites,  ba- 
tailles, 6"^.  2c  encore  l'affemblée  des  Officiers  d'un 
régiment ,  ou  d'un  vaifîèau ,  pour  y  juger  des  af^ 
raires  des  foldats  ,  ou  des  matelots  ,  qui  ont  fait 
quelques  crimes,  &  dont  le  procès  acte  inftruit  pac 
les  Prévôts,  Corvfilium  militare. 

Le  Grand-Confeil  ,    eft    une    Jurididion   Sou- 
veraine qui  a  été   établie  par  Charles  VIII,  l'an 
1492  ,  en  Juridiéiion  particuliète.  Conftlium  ma- 
jus.  Aptes  que  le  Parlement  ,  qui  étoit  l'ancien 
Confeil  des  P.ois ,  eût  été  fixé  à  Paris,  les  Rois  s'é- 
tablirent un  nouveau    Confeil ,  compofé  des  plus 
grands  Seigneurs  du  Royaume  ,  ou  de  Confeillers 
tirés  du  Parlement.  Ce  nouveau  Confeil  fnn  appelé 
d'abord    Conjéil  fecret ,  ou  Confeil  étroit  ,  &  plus 
ordinairement  le  Grand-Confeil.  Dans  fon  établiffe- 
ment ,  ce  n'ctoit  point  une  Jurididion  contentieu- 
fe  ;  il  ne  connoiffoit  que  des  affaites  qui  concer- 
noient  les    finances    &  la    guerre ,  mais  dans  la 
fuite  ce  Grand-Conf  a,  pont  fc  donner  plus  d'au- 
torité évoquoit  une  partie  des  affaires ,  &  en  enle- 
voit  la  connoiffance  au  Parlement  :  enforte  que  fous 
Châties  VIII ,  les  Etats  affemblés  requirent  le  Roif 
d'établir  un  Confeil  toujours  féant ,  où  préiideroic 
le  Chancelier  ,  pour  terminer  les  affaires  de  Jufti- 
cequis'ypréfentjient  ;ainli  le   Grand  Confeil  fuÊ 
<5rigéen  Cour  Souveraine.  Le   Chancelier    y  pré- 
fida  jufqu'au  temps  de  François  I  ,  qui  créa  une 
charge  de  Préfident;  La  compétence    du    Grand- 
Confeil  n'étoit  pas  trop  certaine.  La  réliftance  qus 
fit  le  Parlement  pour  vérifier    le   Concordat    fait 
entre  François  I   &  Léon  X   ,  augmenta  foit  la 
Jufididion  du  Grand-Confeil  ;  car  François  1 ,  pout: 
fe  venger  des  refus  du  Parlement ,  par  une  Déclara^    ■ 
tion  de  1 5: 17,  attribua  au  Grand-Confeil ,  à  l'exclu- 
fion  du  Parlement ,  la  connoiffance  de  tous  les  pro- 
cès concernans  les  Archevêchés,  Evêchcs,  Abbayes, 
&c.  ce  qui  s'exécute  encore  aujourd'hui.  Son   pou- 
voir s'étend  par  toute  la  France  ,   il   connoît  des 
contrariétés  d'Arrêts ,  des  Rcglemens  entre   Juges 
Royaux ,  des  Bénéfices  Confillotiaux  ,  &   généra- 
lement de  tous  les  Bénéfices  qui  font  à  la  nomina- 
tion du  Roi  ,  excepté  de  ceux  que  le  Roi  confère- 
en  Régale,  des  Induits  des  Catdinaux  ,  &  du  Par- 
lement -,  des  rerraits  de  biens  Ecciéliaftiques,&  des 
affaires  de  plufieurs  grands  Ordres  du  Royaume  , 
comme  celui  de  Cluni  ,  par  des  attributiony  par- 
ticulières. Il  eft  compofé  de  huit  Prélidens,  tous 
Maîtres  des  Requêtes ,  &  de  54  Confeillers  fervant 
par  femeftre  ;  c'eft  à-dire,  quatre    Prcfidens  &  27 
Confeillers ,  pour  chaque  femeftre.  M.  le  Chance- 
lier y  va  prcfider  quand  il  lui  plaît.  Il  y  a  un  Pro- 
cureur-Général &  deux  Avocats  Généraux.  L'*Pro- 
cureur-Général  eft  perpétuel ,  les  AvocntsGénéraux 
fervent  par  femeftre.  Les  Préfidens  &  Avocats  Gé- 
néraux commencent  leurs  femeftres  aux    moi?  de 
Janvier  &  de  Juillet ,  &  les  Confeillers  hs  com- 
mencent aux  mois  d'Avril  &  d'Odobre.  Par  Edic 
du  mois  de  Janvier  1758  ,  les  charges  de  Préfidens 
du  Grand-Confeil  ont  été  fùpprimces  ,  &  elt^s  for^c 
exercées  en  Commiffions  par  un  Confeilier  d'Etat 
&  huit  Maîtres  des  Requêtes.  La  Commifïîon  du 
Confeilier  d'Etat  dure  un  an  ,  &:  celles  des  Maîtres 
des  Requêtes  ne  font  qite  pour  lîx  mois  ,  quatre 
par  chaque  quartier.  Les  Officiets  du  Grand-Confeil 
jouiflént  de  plufieurs ''rivilèffcs  comme  les  Officiers 
des  Cours  Souveraines  ,  &   notamment  de  ceux 
de  Cornmenfaux  de  la  Maifon  du  Roi. 
^C?  Il  y  avoir  au  Grand-Confeil  des  Procureurs  des 


8h  CO 

1489.   Ils  furent  créés  en  titre  d'oiEce  au  nombre  1 
de.iî  au  mois  de  Septembre  1(^79.  On  les  appelle 
Avocats  au  Coiifeil,  parce  qu'ils  y  plaident. 

On  r.ppelle  'Secrétaires  du  Corijeil,  ceux  qui 
fervent  au  Conjeil  des  finances. 

Il  y  a  aufll  des  Confeils  Souverains  établis  en 
plufîeurs  villes  pour  rendre  la  juftice,  comme  à 
Perpignan  &  à  Colmar  en  Aliace ,  &c.  qui  tien- 
nent lieu  de  Parlement  dans  les  endroits  où  ils  font 
établis. 

Après  la  morr  de  Louis  XIV  ,  M.  le  Duc  d'Or- 
léans ,  Récent  du  Royaume  ,  établit  difïcrens  Con- 
feils. M.  le^  Duc  de  Bourbon ,  comme  Chef  du  Con- 
jeil Royal,  étoit  ch.f  de  chacun  de  ces  Conjeils 
en  parriculier.  M.  le  Duc  du  Maine  y  entroit  auifi. 
Il  y  avoit  outre  cela  dans  chacun  un  Préfident, 
un  Vice-Prcfident  en  quelques-uns  v  pluficurs  Con- 
feillers  ,un  Secrétaire  ,  des  Commis,  dont   quel- 
ques-uns avoient  le  titre  &:  la  fondion  de  premier 
Commis.  Ces  Confeils  étoicnt. 
Conseil  (  Le  )  de  la  Régence  ,  compofé  de  tous  les 
Princes  du   Sang   en   âge   d'y  aalfter.    Outre    les 
Princes ,  il  y  avoir  encore  d'autres  Confeillers  Ec- 
cléiiaftiques  &  Laïques.  Les  Secrétaires  de  ce  Con- 
feil  étoient  les  Secrétaires  d'Etat.  Les  Préfidens  des 
autres  Conjeils  y    entroient    aulfi.    Généralement 
toutes  les  affaires  alloient  à  ce  Confeil,  &;  elles  y 
étoicnt  décidées  après  avoir  été  examinées  &  pré- 
parées dans  les  autres  Confeils. 
Conseil  de  confcience.    C'clt  là   que    s'examinoient 
toutes  les  affaires  qui  alloient  auparavant  au  Se- 
crétaire d'Etat ,  pour  les  aifaires  Ecclélîafliques. 
Conseil  de  ou  pour  la  guerre  ,  qui  connoiifoit  de 
tout  ce  qui  étoit  compris  dans  la  fonction  de  Se- 
crétaire d'Etat  de  la  guerre. 
Conseil  des  ou  pour  les  finances  ,  qui  étoit  chargé 
des  affaires  qui  alloienr  au  Contrôleur  Général  & 
aux  Intendans  des  finances. 
Conseil  Jtf  oupour  la  marine.  Il  n'avoit  que  ce  qui 

regarde  la  marine. 
Conseil  pour  les  affaires  du  dedarh  du  Royaume. 
Son   nom  fait  connoître  quelles  affaires  on  y  trai- 

toit. 
Coî^sïiL  pour  les  affaires  étrangères.  Il  connoiffoit 
des  affaires  qui  alloient  au  Secrétaire  d'Etat  pour 
les  affaires  érrangères. 
Conseil  du  commerce.  Ce  Confeil  a  été  établi  après 
les  autres  -,  &:  comme  le  commerce  a  un  rapport 
néceffaire  avec  les  finances  &  avec  la  marine  ,  le 
chef  de  ce  Confeil  étoit  le  même  que  celui  du 
Confeil  des  finances ,  &  le  Préfident  du  Conjcil  de 
marine  étoit  Préfident  de  ce  Confeil  àc  commerce. 

Les  expéditions  de  ces  Confeils  étoient  rédigées 
par  le  Secrétaire  de  chaque  Confeil ,  &;  fignées  par 
le  Préfident  &  par  le  Conléiller  qui  avoit  rap- 
poité  l'affaire.  Quoique  nous  employions  ici  le 
terme  de  Confeiller  ,  pour  diftinguer  des  Préfidens 
ceux  qui  étoient  après  eux  ,  on  ne  s'en  fervoir  point 
dans  l'ufage  ordinaire  ;  car  on  ne  difoit  point ,  M. 
tel  efl:  Conléiller  du  Confeil  de  la  Régence ,  ou 
du  Confeil  de  la  guerre,  &c.  mais  fimplement , 
M.  tel  eft  du  Confeil  de  la  Régence  ,  du  Confeil  de 
ISl^guerre,  du  Confeil  des  finances,  &c.  Il  n'en 
étoit  pas  de  même  des  Préfidens. 

Tous  ces  Confeils  ne  fubfirtent  plus ,  ou  ont 
change  de  forme  depuis  la  majorité  du  Roi. 
^Cr  II  V  ^  ^"'^'  ""  Confeil  de  confcience ,  dans  le- 
quel on  examlnOit  ce  qui  avoit  rapport  à  l'Egliié 
&:  à  la  Religion  :  il  fut  fupprimé  en  171 8, 
Conseil  de  ville  eft  l'affemblée  de  plufîeurs  Confeil- 
lers qui  afTiftent  les  Prévôt  des  Marchands  & 
Echevins  à  rétilcr  les  affaires  générales  6c  impor- 
tantes de  la  ville.  Confilium  urbanum.  Ils  font  au 
nombre  de  zo  ,  6i  ils  ne  fe  mêlent  point  de  la  Po- 
lice particulière. 

On  appelle  ,  dans  les  Sièges  de  Juftice  ,  la 
Chambre  du  Conjeil,  celle  ou  l'on  rapporte  les 
procès  par  écrit.  Cubiculum  Confilii.  Et  on  appelle 
un  appointement  au  Confeil ,  un  appointement  qui 


C  O  N 

fe  donne   fur  une  appellation  verbale  dans  Ufie 
audience  après  une  plaidoirie. 

On  dit  auffi ,  le  premier ,  le  fécond  Confeil ,  la 
première  ou  féconde  partie  des  Juges  ,  dont  le 
Préfident  prend  les  avis ,  &  Ibuvent  a  diverfes  re- 
priics. 

On  appelle  le  Confeil  des  Princes-,  des  grands 
Seigneurs    &c    des  Communautés  ,  l'affemblée    de 
leurs  Intendans ,  Avocats  &  Procureurs ,  pour  ré- 
gler les  affaires  de  leur  Maifon ,  &;  l'adminiifration 
de  leurs  revenus. 
gCr  Conseil    aulique.    Tribunal   créé   par  l'Empe- 
reur, qui  tient  fes  féances  à  Vienne  ,  compofé  d'un 
Préfident ,   d'un  Vice-Préfident  que  l'Eleiiteur  de 
Maycnce  prélénte  ,  &  de  18  Confeillers ,  dont  fix 
Proteftans.Il  ccnnoît  de  toutes  caufes  civiles  entre 
les  Princes  &:  les  particuliers  de  l'Empire  ;  mais  il 
finit  avec  la  vie   de   l'Empereui ,  au  lieu   que  la 
Chambre  Impériale  fubfifte  pendant  la  vacance  de 
l'Empire. 
Conseil  des  rétentions.  C'efl:  dans  l'Ordre  de  Malte 
un  Cb/zy^i/ qui  fe  forme  pour  Terminer  les  affaires 
qu'on  n'a  pas  pu  régler  dans  le  Chapitre  général. 
Outie  ce  Confeil  provifoite,  il  y  a  toujours  à  Malte 
quatre   Confeils  ;  l'ordinaire  ,   le  complet ,    le  fe- 
crct  &:  le  criminel.  Voye^  l'abbé  de  Vértotj  dans 
fon  Hifioire  de  Malte,  tome  F, page  16%,  de  l'édi- 
tion in-\  2.. 
CoNSHL  fe  dit  auflTi  d'une  fimpleConfultation  d'A- 
vocats, de  Médecins.  Il  faut  allée  un  Confeil,  ap- 
peler du  Confeil.  J'en  veux  communiquer   à  mon 
confeil.  Les  confultations  d'Avocats   commencent 
toutes  ainfi  :  Le  Confeil  fouifigné  qui  a  vu ,  &c. 
Conseil  fignifie  quelquefois  un  Avocat  nommé  parle 
Juge,  pour  fervir  de  confeil  à  quelqu'un  dans  fes 
affaires ,  &  fans  rafliftance  duquel  il  ne  peut  inten- 
ter de  procès, 
03"  CONSEIL  confidéré  comme  préfertrant  à  l'cfprlt 
la  même  idée  générale   qu'avertiffement  &  aVis  , 
c'eft-à-dire    l'action    d'inftruire    quelqu'un    d'une 
chofe  qu'il  lui  importe  de  faire  ou  de  favoir  aéluel- 
lement ,  eft  une  inftruétion  relative  à  ce  qu'on  doit 
faire  ou  ne  pas  faire.  Confilium, 
0Cr  Le  but  de  l'avertifTement  ,  dit  M.  l'abbé  Girard  , 
eft  précilcmenr  d'inftruire  ;  il    fe  fait  pour    nous 
apprendre  certaines  chofes  qu'on  ne  veut  pas  que 
nous  ignorions  ,  ou  que  nous  négligions. 
^fT  L'avis  &  le  confeil  ont  aufTi  pour  but  l'inflruc- 
tion ,  mais  avec  un  rapport   plus   marqué    à   une 
conféquence  de  conduite,  fe  donnant  dans  la  vue 
de  faire  agir  ou  parler  -,  avec  cette  différence  que 
Vavis  ne  renferme  dans   fa    fignification,  aucune 
idée  acceflbire  de  fupériorité  ,  fbit  d'état ,  Ibit  de 
génie  •,  au  lieu  que  le  confeil  emporte  avec  lui  dir 
moins  une  de  ces  deux   idées    de  fupériorité,  & 
quelquefois  toutes  les  deux  enfemble. 
^3"  Malgré  cette  remarque  de  M.  l'abbé  Girard,  il 
femble  qu'on  dit  très-bien   d'un  fupérieur,  qu'il 
donne  des  avis  à  fon  inférieur. 
|C?  Le  confeil deva.nt  conduire,  il  doit  être  fage  6C 
finccre.   Les  pères  &  les  mères  ont  foin  de  donner 
des  confeils  à  leurs  enfans  avant  que  de  les  pro- 
duire dans  le  monde.  La  vanité  toujours  choqr.ce 
du  ton  de  maître,  empêche  de  faire  aucune  dil- 
tinclion  entre  la    fageffe  du   confeil  Se  l'imperui- 
nence  de  la  manière  donr  il  eft  donné ,  en  fbrte 
que  rour  n'aboutit  qu'à  faire  méprifer  le  confeil,  ôc 
rendre  le  confeiller  odieux. 

gCF  Le  confeil  confidéré  comme  une  raifon  capable 
de  faire  impreflîon  fur  l'efprir  d'un  homme ,  &  de 
le  porter  à  foire  ou  à  ne  pas  faire  quelque  chofe, 
eft  oppofé  à  loi ,  précepte ,  commandement  -,  8C 
pour  commander ,  il  iàur  avoir  autorité  ',  pour 
donner  confeil  ,\\(\.\fBi  d'être  fage  &  éclairé.  Les 
anciens  difoient  en  ce  lens,que  c'eft  aux  jeunes 
gens  à  faire  la  guerre ,  &  aux  vieillards  à  donner 
confeil.  Conjilia  fenum ,  haflas  juventim  effe.  Il  y  a 
des  gens  qui  font  ennemis  de  tous  les  confeils  qu'ils 

ne 


c  o 

ne  donnent  pas.  S.  Evr.  Il  ne  faut  pas  même  re- 
jeter tous  les  mauvais  conf&ils ,  de  peur  de  rebuter 
ceux  qui  en  pourroient  donner  de  honz.  Id. 
Cromwel  ne  lailîbit  rien  à  faire  à  la  fortune  de 
ce  qu'il  lui  pouvoir  ôter  par  confeiù  ou  par  pré- 
voyance. Fléch.  Le  Prince  doit  prendre  garde  à 
ne  fe  rendre  pas  trop  farouche  fur  les  confeils  qu'on 
lui  donne.  S,  Evr.  On  ne  doit  riiquer  des  confeils 
&  des  avertiifemens  qu'avec  beaucoup  de  circonf- 
pedion.  Id.  La  pauvreté  ne  donne  que  de  mau- 
vais confeils.  Fléch.  Ne  donnez  pas  vos  confdls 
comme  une  loi  que  vous  impofez.  S.  Evr.  Il  faut 
autant  de  difcrétion  pour  donner  confeilj  que  de 
docilité  pour  le  recevoir.  S.  Evr. 

On  dit  qu'une  femme  prend  confeil  de  fon  mi- 
roir pour  fe  bien  mettre. 
Conseil  fîgnifîe  quelquefois  réfolution.  Le  confdl 
en  eft  pris  ,  c'eft-à-dire  ,  l'affaire  eft  conclue ,  arrê- 
tée. Un  bon  Capitaine  doit  prendre  confeil  fur  le 
champ:  ce  que  les  Latins  appcloient ,  in  arenâ. 

On  attribue  le  confeil  aux  chofes  inanimées  & 
aux  parlions ,  &  on  appelle  confeils ,  les  mouve- 
mens  qu'elles  excitent  dans  l'ame.  Il  fuivoit  tou- 
jours les  confeils  de  l'avarice.  II  n'a  pris  confeil 
«que  de  fon  amour. 

1/  fdutfe  contenter  de  fa  condition , 
Aux  confeils  de  l'amour  &  de  l'ambition 
Nous  devons  fermer  les  oreilles. 

^S°  En  parlant  des  décrets  de  la  Providence  ,  on  dit 
les  confeils  de  Dieu.  Les  confeils  de  Dieu  font  im- 
pénétrables. Notre  deflinée  eft  réfolue  de  toute 
éternité  dans  le  confeil  de  Dieu  ;   nous  nous  tour- 

.  mentons  en  vain,  nous  n'en  changerons  point  les 
arrêts.  S.  Evr.  Il  ne  faut  point  cenfurer  la  conduite 
de  la  Providence  ,  ni  pénétrer  fes  confeils,  Claud. 

gtCr  On  appelle  confeils  évangéliques ,  certains  con- 
/ej'A_ que  l'Evangile  propofe  pour  une  plus  grande 
perfedion.  Ce  font  des  adions  excellentes  que 
J.  C.  nous  a  ptopofées ,  &  auxquelles  il  a  exhorté , 
fans  impofer  aucune  obligation  de  les  pratiquer. 
Ainfi  la  différence  qu'il  y  a  entre  les  préceptes  & 
les  confeils  de  l'Evangile  confifte  en  ce  que  Itspré- 
ceptes  font  d'obligation  par  eux-mêmes  :  on  ne 
peut  jamais  être  fauve  fans  les  accomplir  ,  en  quel- 
qu'ctat  qu'on  fe  trouve  ;  mais  on  peuf  être  fauve 
fans  pratiquer  les  confeils  de  l'Evangile  :  ils  ne  font 
d'obligation  que  pour  ceux  qui  font  engagés  par 
vœu  aies fu ivre» 

Les  confeils  que  Jesits-Christ  donne  aux  hom- 
mes  en  général ,  dit  l'Abbé   de  la  Trappe  ,   lui 
font  devenus  par  fa  vocation  des  préceptes  indif- 
penfables.  Dom  Ma/Ton  ,  Général  des  Chartfeux , 
dans  fa  réponfe,pag.  i  s  ï  ,  dit  que  cette  propcfition 
n'eft  ni  véritable,  ni  foûtenable;  que  la  Profelîîon 
religieufe  ne  change  point  la  qualité  des  confeils 
de  l'Evangile,  fi  ce  n'eft  en  ce  qui  eft  efîentiel  au 
vœu  de  la  Religion ,  qui  eft  devenu  d'obligation 
au  Religieux  par  la  force  de  fon  vœu. 
Conseil  fe  dit  aufll  en  ces  phrafes  :  La  nuit  porte  con- 
feil; pour  dire  ,  qu'il  faut  rêver  à  une  affaire  avant 
que  de  l'entreprendre.  On  dit  aufTi ,  qu'un  homme 
ne  prend  confeil  que  de  fa  tête  ;  pour  dire  ,  qu'il 
ne  demande  confeil  à  perfonne.  On  difoit  en  ce 
fens  de  la  mule  du   Roi  Louis  XI  ,  qu'elle  étoit 
bien  forte  ,  qu'elle  portoit  le  Roi  &  tour  fon  Con- 
feil. On  dit  aufTi ,  à  nouvelles  affaires ,  nouveaux 
confeils;  pour  dire,  qu'il  faut  fe  déterminer  félon 
les  conjoncftures.  On  dit  aufïï  ,  qu'un  homme  a  bien- 
tôt affemblé  fon  confeil  ;  pour  dire,  qu'il  eft  prompt 
à  prendre  fes  rcfolutions. 
|Cr  CONSEILLER  ,  ÈRE.  f.  C'eft  en  général  celui 
ou  celle  qui  donne  confeil.  ConfiUarius  ,  conjilia- 
tor ,  co?ifî!iatrix.  On  le   dit   aufîi   figurément  des 
paffions  &  des  chofes  qui  fervent  à  régler  l'efprit 
&  le  cœur.  Vous  êtes  un  bon  ,  un  mauvais  confeil- 
ler.  La  colère  ,  la  néccflité  font  de  mauvaifes  con- 
Tome  IL 


CON 


if 


feitteres.k  l'étude  des  langues, le  ptince  des  Aftu-. 
ries  joignit  celle  del'hiftoire,  la  fage  corifillèrc 
des  Princes  &  des  Rois.  Mongin. 

^  Le  Roi  a  des  Confeillcrs  auprès  de  fa  perfonne , 
pour  l'aider  dans  le  gouvernement  de  l'Etat.  PIu- 
fieurs ,  fans  être  auprès  du  Roi  diredlement ,  por- 
tent le  titre  de  Confeillers  du  Roi ,  comme  ceux 
qui  font  auprès  des  Juges  royaux.  Quelques-uns 
même,  ians  faire  aucune  fondlion  de  judicarurc, 
prennent  ce  titre.  Il  n'y  a  pas  jufqu'aux  Notaires , 
qui  prennent  maintenant  la  qualité  de  Confeillers- 
Notaires  &  Garde-notes  du  Roi.  On  a  expédié 
phifieurs  brevets  de  Confeillers  ,  Alimôniets  &  Pré- 
dicateurs ordinaires  du  Roi ,  à  des  gens  qui  n'ont 
jamais  fait  cette  fonélion.  Régis  Confiliarius  ,  ReH 
à  conjiliis.  ° 

jp"  Le  titre  de  Confiller  d'Etat ,  de  Confeiller  an 
Roi  en  tous  fes  confeils  fe  donnent  particulière- 
ment aux  Miniftres  ,  Secrétaires  d'Etat  &  autres 
perfonnes  confidérables  qu'il  plaît  au  Roi  d'appe- 
ler auprès  de  fa  perfonne  pour  lès  confulter.  Foye^ 
Conseil  du  Roi.  Régi  fanclioribus  à  conjiliis.  Con^ 
feiller  au  Confeil  royal,  celui  qui  a  entrée  au 
Confeil  royal  des  Finances.  Un  Confeiller  d'Etat  ne 
doit  être  ni  de  ces  gens  hardis  qui  hafardent  trop-, 
ni  de  ces  timides  qui  s'allarment  de  tout.  S.  Evr, 
Le  Prince  doir  autorifer  lui-même  par  des  manières 
humaines  la  fage  liberté  de  fes  Confeillers.  Id. 
§Cr  Conseiller  fe  dit  aufTi  particulièrement  des 
Juges  établis  poutl'adminiftration  de  lajuftice, 
dans  une  compagnie  réglée.  A  Paris ,  &  dans  tout 
le  reifort  du  Parlement",  Confeiller  en  la  Cour ,  fi- 
gnifie  abfolument  un  Confeiller  au  Parlement  de 
Paris.  Cette  qualification  doit  fe  prendre  relative- 
ment au  pays.  Supremx  Curiez  ,  in  Supremâ  Curiâ 
Senator. 

Au  temps  du  premier  érabliffement  du  Parle- 
ment ,  on  appeloit  Les  Conjeillers ,  Maîtres  dic 
Parlement.  Dans  une  Ordonnance  de  l'an  i  J  z  i  , 
il  y  a  une  défenfe  atix  Maîtres  de  défemparer  de 
la  ville  ,  fans  là  permifîîoh  du  Souverain  ;  c'cft-à- 
dire,  du  premier  Préfident.  Pasq.  Les  Confeillers  de 
la  Chambre  des  Comptes  ont  encore  confervé  le 
nom  de  Maîtres.  Un  Confeiller  aux  Enquêtes ,  à  la 
Grand'Chambre ,  à  la  Cour  des  Aides ,  au  Grand- 
Confeil ,  à  la  Cour  des  Monnoies.  Les  Confeillers 
au  Parlement  ont  été  diftingués  en  Jugeurs  ou  Re- 
gardeurs  des  Enquêtes ,  &'Enquêteurs  ou  Rappor- 
teurs ,  aufTi-bien  que  ceux  des  autres  corps ,  com- 
me les  Olim  en  font  foi ,  &  M.  de  la  Mare  le  prou- 
ve dans  fon  Traité  de  la  Police ,  L.  I,  T.  XI,  c.  5, 

On  le  dit  encore  des  Préfîdiaux  &  Sièges  royaux. 
Prajîdialis  Curiez  Senator.  Confeiller  au  Châtelet  , 
au  Bailliage  du  Palais,  aux  Eaux  &  Forêts,  au 
Tréfor  ,  à  i'Eleétion.  Confeillers  de  ville  ,  &c. 

On  divife  encore  les  Confeillers  en  Confeillers 
d'Eglite ,  qui  font  Eccléfîaftiques  ,  &  en  Confeil- 
lers laïques,  qui  font  les  féculiers;  Les  Confeil- 
lers Eccléfîaftiques  font  appelés  communément  Con- 
feiller s-cler es.  Charles  IX.  par  un  EdiC  de  1 573,  créa 
un  Office  dtConfeiller-clerc  dans  tous  les  Sièges  Pré» 
fidiaux  du  Royaume;  afin  qu'en  qualité  d'EccIcfîaf^ 
tique  il  tînt  la  main  à  ce  que  les  droits  de  l'Eglife  ne 
fuflént  point  ufutpés.  Les  Confeillers-clercs  jouifTenc 
du  revenu  de  leurs  bénéfices  ,  quoiqu'ils  ne  réfîdenc 
pas,  parce  qu'ils  rendent  fervice  à  l'Eglife  par  l'exer- 
cice de  leur  charge  ,  en  confervanr  fes  droits ,  &  erl 
veillant  à  fes  intérêts.  Les  Confeillers-clercs  n'afTif- 
tent  point  aux  procès  criminels.  II  y  a  quatte  an- 
ciennes charges  de  Confeilier  s-cler  es  au  Châtelet  , 
qui  dans  la  fuite  fe  font  trouvées  remplies  par  des 
laïques.  La  Roche  Flavin  obferve  que  la  même  chofe 
éroir  arrivée  au  Parlement  •-,  que  néanmoins  ces 
Charges  n'ont  été  câffées  par  aucun  Edit  ;  mais 
qu'autrefois  de  fîmplcs  Clercs  y  ont  été  admis  trop 
facilement;  &  qu'ils  les  ont  fait  pafTer  infenlïble- 
mcnt  dans  l'état  laïque  ,  en  fe  mariant  au  préjudice 
du  ferment  qu'ils  avoient  fait  à  leut  réception,  dç 

M  MMmm 


2iG 


C  O  N 


prendre  les  Ordres  dans  l'année.  Lors  de  la  création 
des  Prclidiaux  ,  l'on  ne  pcnla  point  à  y  mettre  des 
Clercs.  Le  Clergé  s'en  plaignit  -,  ies  remontrances 
réitérées  donnèrent  lieu  aux  Edits  de  création  de 
deux  Conjiilitrs-clercs  en  chaque  Prclidial ,  du  mois 
d'Août  1575  ,  &  Décembre  j^î;,. 
gS"  On  appelle  Cu7:jcillcr  d'hon.îenr  ,(it\m  qui   lans 
être ,  ni  avoir  été  titulaire  d'un  oîtice  de  ConJeilLr  , 
a  entrée  &  voix  dclihcrativc  dans  une  Cour  Sou- 
veraine ,  une  Icance  diltinguée  au  deiîus  de  tous  ies 
Co  nfeilUrs  titulaires.  Les  Conjeilkrs  d'honneur  ne 
rapportent  point ,  &  n'ont  aucune  part  aux  cpices. 
0Cr   Le  ConfciUer  d'iioiinenr  r\c,cik  celui  à  la  aignitc 
duquel  Ietitre6cla  fonction  de  Confeilkr  d'honneur 
font  attachés.  11  y  en  a  d'autres  qui  ne  le  l'ont  qu'en 
vertu  d'un  brevet  du  Prince,  L'Archevêque  de  Paris 
eft  Confeiller  né  au  Parkment.  Speciali  quodum  mu- 
neris  &  ojficii  jurd  S^naior. 
§CT  Conseiller  honoraire,  celui  qui  après  zo  ans 
d'exercice  ,  vend  fa  charge,  &  obtie  t  des  lettres 
de  vétérance  qui'lui  donnent  entrée ,  léance  &  voix 
délibcrative  dans  la  compagnie  ,  fans  pouvoir  ce- 
pendant rapporter    ni  participer  aux  émolumens. 
Saiator    honorarius. 
Conseiller.  C'eft  aulfi  un  titre  qu'oii  donne  à  dix 
Seigneurs  Vénitiens ,  qui ,  conjoinrement  avec    le 
Doge,  repréfentent  le  Corps  de  la  République  de 
Venilé.  On  les  appelle  Confeillers  de  lu  Seigneurie. 
Conseiller.  jP£V.y/o/?/2iZi>£".  C'eftainfi  qu'on  appelle, 
dsns  la  plupart  des  villes  de  Flandre  ^  des  Pays- 
brSjUn  gradué  qui  fait    le  rapport  des  procès  & 
donne  fon  avis  aux  Echevins  &;  Officiers  munici- 
paux qui,  dans  ce  pays,  jugent  les  affaites  en  pre- 
mière   inftance.     Le    Conjeiller   Peniionnaire    n'a 
que  la  voix  confultativ;  ,  &  les  Juges  peuvent  pro- 
noncer contre  Ion  avis. 
Conseillers,  en  termes  de  commerce  ,  s'entend  des 
Marchands  établis  dans  les  villes  où  les  diverfes 
nations  de  l'Europe  ont  des  Conruls,&  qui  font 
choifis  pour  les  adiftet  de  leurs  coniéils. 

On  dit  à  ceux  qui  fe  mêlent  de  donner  confeil 
fans  qu'on  le  leur  demande ,  que  les  Confeillers 
n'ont  point  de  gages. 

On  dit,  en  termes  burlefqucs  &  précieux,  le 
Confeiller  des  grâces  ;  '^ouï  à'iie  ,un  miroir.  Mol. 
On  l'appelle  auffi  le  confeiller  muet  dont  les  Da- 
mes fe  fervent.  La  Font. 
Conseiller  ,  v.  a.  donner  confeil.  yoye:^  Conseil. 
Conjihutn  dure  alicui  ,  aliqtiem  corïjilio  juvare. 
Nous  ne  nous  contentons  pas  d'ordinaire  de  confeil- 
ler nos  amis  ,  nous  prétendons  les  régler.  S.  Real. 
Il  y  a  encore  plus  de  gens  qui  confeillent ,  que  de 
gensdilpofcs  à  fuivre  ies  conleils  qu'on  leur  donne. 
Ae.  Il  cft  dangereux  de  confeiller  les  Grands.  Vaug. 
Si  ta  religion  eft  bonne  ,  elle  ne  t'auroit  pas  co/z- 
feillé  une  méchante  adlion  ,  dit  le  Maréchal  de 
Matignon  à  un  Proteflant  convaincu  d'avoir  voulu 
l'afiàrTincr.  Cail.  Alcibiade  crut  que  conduit  & 
confeilU  par  l'amour ,  il  pouvoir  tout  entreprendre. 

VlLL. 

'Aime^  qiion  vous  zonÇ€\\\z.,ù  non  pas  qu'on  vous  loue. 

^3"  CoNSEilLER  (  Se)  à  quelqu'un  ,  exprciîion  un  peu 
furannéci  pour  dire,  prendre  ou  fuivre  les  coniéils  de 
quelqu'un.  Aliquem  in  conjilium  advocare ,  in  eon- 
Jélio  habere. 

Conseillé  ,  ée,  part.  Conjilio  adjutus  ,  fretiis. 

CONSEILLERE,  f.  f.  fe  dit  dans  les  Communautés  de 
filles ,  de  celles  qui  compofent  le  Confeil  de  la  Su- 
périeure, comme  chez  les  Miramiones.  Quand  on 
efl:  reçue ,  on  pa/Te  un  contrat  entre  celle  qui  cft 
reçue ,  la  Supérieure  &  fes  Confeilleres.  P.  HiiYOT, 
T.  Flll^  p.  251. 

CONSENS,  f.  m.  terme  de  Banquier,  &  de  Chan- 
cellerie Romaine.  I,e  iour  du  confens  cft  le  jour  que 
la  réfignation  d'un  Bénéfice  efl  admife  en  Cour  de 
Rome ,  &:  que  le  correfpondant  du  Banquier  a  rem- 
pli, 5c  figné  la  procuration  qui  lui  a  été  envoyée 


C  O  N 

avec  le  ferment  accoutumé ,  dont  il  efl  fait  mention 
fur  les  dos  du  titre  qu'on  expédie  en  conlcquence. 
Diesijuo  tranjcriptaijialterumBeneJiciiEccleJialiici 
pofjejjio  admijfu  ejt, 

gC?  Le  confens ,  cunfenfus  ,  eft  proprement  la  note 
qui  eft  délivrée  à  la  Chancellerie  Romaine,  portant 
qu'un  tel  Procureur  conftitué  par  la  procuration  ai 
refirrnandiin!,aVcyipcdhïon  de  la  préfentelignature, 
Ôvi  que  l'original  de  la  procuration  cft  demeuré  à  la 
Chancellerie  ou  à  la  Chambre  Apoftolique.  Forma- 
lité inrroduitc  pour  obvier  aux  fraudes  occafionnées 
par  les  petites  dates. 

CONSENTANT,  ANTE  ,  adj.  tetme  de  pratique. 
Qui  agtée  une  choie,  qui  confent.  Confentiens.  Les 
contrats  ne  lé  font  point ,  les  mariages  ne  fe  célè- 
brent point ,  que  les  patties  n'en  foient  confentan- 
tes.  j'ai  joui  dix  ans  de  cette  terre  ,  un  tel  le  voyant 
&:  confentant ,  j'ai  ma  prcfcription  acquife  contre  lui 
par  la  Coutume. 

la-  CONSENTEMENT  ,  f.  m.  Aéle  par  lequel  on 
agrée  &  l'on  permet  ce  que  les  autres  veulent,  f^oyef 
Consentir.  Le  confentement  fe  demande  aux  perfon» 
ncs  intérellées  ■■,  la  pei-mi£ion  au  fupérieur  ;  l'agré- 
ment à  celui  qui  a  infpedion  fur  la  chofe  dont  iL 
s'agit.  Confenfus ,  conjenjio. 

gCF  En  ftyle  de  Palais ,  le  confentetheni  efllêcdncours 
mutuel  de  la  volonté  des  parties  fur  un  fait  dontelleS 
ont  connoilfancc  &:  qu'elles  approuvent.  Un  tefta- 
ment  ou  un  contrat  de  matlage  lait  par  un  confente- 
ment extorqué  de  force  ,  eft  nul.  L'éleélion  de  ce 
Magillrar  s'eft  faite  du  confentement  de  toute  l'Af^ 
femblée.  U n  an  imi  omnium  conjenfu  ,  omnibus  affen-- 
tientihus.  Point  de  contrat  fans  le  confentement  des 
parties.  Les  Moines  nelbrtcnt  qu'avec  la  permifjîon 
du  Supérieur.  Pour  acquérir  une  charge  à  la  Cour  , 
il  faut  l'agrément  du  Roi. 

§Cr  CoNSENtEMENT  fe  dit  aufll  en  logique  &  eh  mo- 
rale pour  acquièfcemenr.  Affenfus.  L'ame  ne  peut 
refufer  l'on  confentement  à  tout  ce  qui  patoît  revêtu 
du  caraétère  de  l'évidence.  On  doit  peu  eftimet  le 
confentement  téméraire  d'une  mulritude  ,  qui  fuit 
plutôt  fes  intérêts  que  fes  lumières  dans  le  choix  des 
opinions. 

0Cr  Le  confenterfient  eft  exptès  oti  tacite,  ou  préfumc 
ou  fuppolé.  Le  confentement  univcrfel  de  l'Eglife 
eft  une  preuve  de  la  vérité  de  notre  foi. 

§3'  Consentement,  terme  de  Médecine.  Voye:^  Sym- 
pathie. 

ÇCF  CONSENTES  ,  f.  m.  pi.  terme  de  Myrhologîe. 
Les  Romains  appcloient  ainlî  des  Dieux  du  premier 
ordre  ,  mais  dont  les  noms  étoienf  cachés  &  incon- 
nus. Confentcs.  Les  infcriptions  nous  apprennent  que 
parmi  les  confentes  il  y  avoit  non-feulement  des 
Dieux,  mais  aulîi  des  Décffes.  Vairon  dans  Arnobe, 
L.  III,  dit  que  ce  nom  venoit  des  Etruriens ,  qui  les 
appeloient  auili  complices  ;  mais  on  eft  partagé  fur 
la  railbn  qui  leur  lit  donner  ce  nom ,  &c  fur  fon  ori- 
gine &  fa  iigniiicarion.  Quelques-uns  veulenr  que 
confentes  l'oit  la  même  chofe  que  confentientes  ,  & 
qu'ils  ont  été  ainli  nommés,  parce  qu'ils  éroienr tou- 
jours d'accord  dans  ce  qu'ils  promerroienr  rous  de 
concert.  D'autres  prétendent  que   confentes  eft  la 
même  chofe  que  confulentes ,  &:  que  la  raifon  qui 
leur  fît  donner  ce  nom  ,  eft  qu'ils  étoient  les  Con- 
feillers de  Jupirer.  Varron  le  dit  en  effet  dans  Ar- 
nobe; mais  il  apporte  une  autre  raifon  de  ce  nom^ 
c'eft ,  dir-il ,  qu'ils  nailîbienr  &  qu'ils  mouroient  en- 
femble ,  quodunà  oriantiir ,  6*  occidant  K/zi.  Junius 
croit  que  ce  nom  vienr  de  l'ancien  verbe  confo,  conjîs, 
qui  lignifioicla  même  chofe  que  confulo.  Il  y  avoir 
douze  Divinités  confentes  ,  lîx  Dieux  &  fix  Dée/fes  j 
&  Vatron  dit  qu'ils  avoient  peu  de  pitié ,  miferatio' 
nisparciffima:.  On  dit  communément  que  ces  Dieus 
confentes  étoient  ceux  qu'Ennius  a  renfermés  dans  ces 
deux  vers, 

Juno,  Vefla,  Minerva-,  Ceres,  Diana,  Venus,  M.^rs, 

Mercuriu»,  Jayis ,  N:ptiinus,  Vulcanus  ,Apono; 


CON 

que  CCS  douze  Divinités  prcfidoient  chacune  à  un 
mois  de  l'année  ,  ainlî  qu'il  cil:  marqué  dans  un  an- 
cien Calendrier  des  Paylan^  Romains,  qui  i'e  voit 
Ibr  un  marbre  au  Palais  Farnele.  Mais  comment  igno- 
roit-on  les  noms  des  Dieux  coJijantss  \  Comment 
étoit-il  défendu  de  les  l'avoir ,  ii  c'étoient  là  leurs 
noms  J  Comment  Jupiter  ie  trouve- 1- il  parmi  les 
Conlcillers  de  Jupiter  ?  Scaligcr  lur  Fellus  remarque 
que  les  Di  ux  conjhites  étcient  des  Dieux  de  famil- 
les. Foyei  aulfi  Vigencre  lut  Tite-Live. 
^3'  Il  y  avoir  encore  douze  Divinités  que  les  anciens 
rcconnoiflbient  pour  celles  qui  avoient  le  foin  parti- 
culier des  chofes  nécellaires  à  une  vie  tranquille  & 
hcureule.  Jupiter  &  la  Terre  croient  révérés  com- 
me les  Prorecteuts  de  tout  ce  qui  eft  à  notte  ufage. 
Le  Soleil  &  la  Lune  ,  comme  les  modérateurs  des 
temps:  Cerès&  Bacchus ,  comme  les  difpenlateurs 
du  boire  &  du  manger  :  Bacchus  &  Flore,commeles 
confervateurs  des  fruits  &  des  fleurs  :  Minerve  & 
Mercure,  comme  les  protedleursdes  Beaux-Arts  qui 
pcrfeétionnentrefprit ,  &  du  Commerce  qui  entre- 
tient èc  augmente  les  richeiîes  •,  &  enfin  ,  Vénus  & 
le  fuccès ,  comme  les  auteurs   de  notre  bonheur  & 
de  norre  joye  ,  par  le  don  d'une  nombreufe  lignée 
&  par  l'accompliflement  de  nos  vœux. 
^CFLes  Grecs  joignirent  à  ces  douze  Divinités  Alexan- 
dre-le-Grand, comme  le  Dieu  des  conquêtes  -,  mais  il 
ne  fut  pas  reconnu  par  les  Romains  qui  avoient  tranf- 
portc  les  douze  autres  de  Grèce  en  Italie ,  où  ils 
croient  adorés  dans  un  Temple  commun  qui  leur 
avoir  été  con;'acré  à  Pile. 
^  CONSENTIES ,  ou  CONSENTIENNES  ,  adj. 
pris  fubfi:ancivem?nt ,  terme  de  Mythologie.  Con- 
j'entia.  Fêtes  à  l'honneur  des  Dieux  confentes  •■,  fêres, 
dit  Fcftus ,  infiiituées  par  le  confentcment  de  plu- 
lîeurs  perfonnes ,  c'efl-à-dire  ,  lelon  Scaliger  ,    de 
toute  une  famille  :  car  cet  auteur,  dans  les  Nores 
fur  le  mot  de  Fejius^  prérend  que  les  Dieux  cvnfentes 
croient  des  Dieux  que  chaque  famille  fe  choiiiiîbit , 
6^:  k-s  Fêtes  coiifenticnnes  ,  les  fêtes  &:  facrifices  que 
chaque  famille  leur  faifoit  i  car,  outre  les  Dieux  gé- 
iiéraux  ,  &l  les  têtes  publiques ,  chaque  famille  avoir 
fes  Dieux  tutélaires,  fcs  patrons,  les  fêtes  &:  fcs  fa- 
crifces  particuliers. 
^"T  CONSENTIR ,  v,  n.  c'efl:  agréer  &:  promcttte 
ce  que  les  autres  veulent,  Jfflntire  ,  afentiri.  Les 
mots  confe/nir,  aquicjcer,  adhcrcr>  tomber  d'accord-, 
font  fouvcnt  très-fynonimes  dans  la  bouche  de  ceux 
qui  s'en  fcrvcnr.  Mais  il  femble  que  le  mor  àzcon- 
JfwnV  fuppoie  un  peu  de  fupérioritéj  que  celui  d'^z- 
çuiejcer  emporte  un  peu  de  ibumilfion  ■,  qu'il  entre 
dans  l'idée  d'adhérer  un  peu  de  complaifance  -,  &c 
que  tomber  d'accord  marque  un  peu  d'iverfion  pour 
la  difpure.  Les  parens  conjencent  à  rétabliCcment 
de  leurs  enfans.  Les  parens  aquiejcent  au  jugement 
d'un  arbitre.  Les  amans  adhcreut  aux  caprices  de 
leurs  maîrrefles.  Les  bonnes-gens  tombent  d'accord 
de  rout.  M.  l'Abeé  Girard.  On  s'oppofe  aux  cho- 
fes auxquelles  on  ne  veut  pas  confentir.^ 

C'efl:  une  maxime  de  Droit.Qui  fe  taîtjfemble  con- 
fentir  .  c'efl  là-deifas  qu'eft  fondée  la  prelcription  , 
la  tacite  réconduaion.  Dans  les  contrats  de  mariage, 
on  met  toujours  cerre  claufe  ,  fi  Dieu  &  norre  Mère 
la  Sainte  Eglife  y  consentent. 
^  Consent»,  eft  un  verbe  neutre  qui  régit  le  datif. 
Je  confensà  votre  demande,  à  donner,  &c.  On 
•    ne  dir  poinr  consentir  quelque  chofe ,  mais  à  quel- 
que chofe. 
ta»  Il  efi:  vrai  qu'on  viole  cette  règle  au  barreau  ou  l'on 
dit  à  Vziklfconjentir  une  vente  ,  confcntir  l'adjudi- 
cation d'une  terre  ,  &c.  Mais,  dit  Voltaire  ,  le  ftyle 
du  b-irrcau  eO:  celui  des  batbatifmes, 
CONSENTI ,  IE  ,   put.  Il   n'a  d'ufage  qu'au  Palais. 
Pacliis,  a,  um.  Appointement  co/z/e/z/i  par  les  par- 

ItrCONSEOUEMMENT,  adv.  qui  fe  prend  dans 
différentes  (isrrif  cations.  Quelquefois  il  ferr  à  mar- 
quer la  fuire  des  idées  lices  les  unes  avec  les  aurres  , 
la  jufte  liaifon  des  propofitions  les  unes  avec  les  au- 


CON 


827 


très.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit  qu'un  homme  rai- 
fonne  confcqucmment.  Voyez  Liaison. 
0CF  Quelquefois  il  fert  à  marquer  la  conformité  de 
l'aâionavec  la  caufe  qui  nous  fait  agir.  C'eft  dans  ce 
fens  qu'on  dit  qu'un  homme  parle,  agit  conféquem- 
ment  ■■,  pour  dire  ,  conféquemment  à  fes  vues ,  à  fes 
principes.  Voye^  Conformité. 
|fc?  Quelquefois  il  lignifie  ,  par  une  fuite  raifonnable 
&:  nécciJaire.  Si  je  me  porte  héritier  pur  ôc  limple , 
je  ferai  conféquemment  chargé  des  dettes  de  la  fuc- 
ceHion.  Couj'equenter. 
tfT  CONSÉQUENCE  ,  f.  f.  conclufion  ,  lignifie  en 
général  une  dépendance  d'idées,  dont  l'une  eft  la 
fuite  de  l'autre.  Confecutio  -,  confequentia.  La  plia- 
part  des  gens  font  plus  portés  à  aquiefcer  à  des  preu- 
ves de  fentiment,  qu'à  fuivre  le  fil  d'un  infinité  de 
conjéquences  enchaînées  avec  méthode.  Bayl,  Un 
dogme  (i  abftrait  ne  peut  être  compris  que  par  un  ef^ 
prit  accoutumé  à  fuivre  un  raifonnement  de  consé- 
quence en  conséquence .  S.  Evr. 

fjcr  Conséquence  fe  dit  en  Philofophic  dans  une  fî- 
gnification  plus  étroite,pour  marquer  la  liaifon  d'une 
propofition  avec  les  prcmiiiés  dont  on  l'a  tirée  : 
d'où  il  eft  évident  qu'il  n'cft  pas  nécefTaire  que  les 
prcmillcs  foient  vraies,  pour  que  la  conséquence  foie 
bonne ,  parce  qu'elle  peur  être  rrès-bien  tirée  de 
propofitions  faujfes.  Or  ,  la  confequence  n'eft  que 
la  liaifon  de  la  propofition  déduite  avec  celles 
dont  elle  eft  déduite.  Ainliil  y  a  liaifon  ,  ou  il  n'y 
en  a  point,  c'eft-à-dire,  que  Iz.  confequence  eft  bien 
ou  mal  déduite  •,  6c  dans  ce  cas  on  l'accorde ,  ou  on 
la  nie  ,  mais  on  ne  la  diftingue  point.  Il  eft  évident 
encore  que  la  confequence  eft  bonne  ou  mauvaife  , 
mais  qu'on  ne  peur  pas  dire  qu'elle  eft  vraieou  f'aufîe 
Voyci  Conséquent,  Conclusion,  Sv  llogisme. 

gCT  Conséquence  fe  dir  encore  de  la  fuite  des  chofes 
des  fuites  qu'une  adion  ou  une  chofe  peut  avoir. 
C'eft  par  la  rail'on  que  l'homme  voir  les  conjéquences. 
Fer  rationem  homo  confe^^ueniia  ctrmt.  Ciccron  en- 
tend qu'à  l'aide  de  la  railbn  l'homme  découvre  la 
fuite  des  chofes.  Cette  chofe  peut  avoir  d'cttmges 
confequences.Ex  eâ  re  confequi,  nafcipofjunt.  Exem- 
ple d'une  dangcreufe  confé-^ucnce.  On  dir  dans  ce 
fens  qu'une  chofe  tireroit  à  confequence  ,  pour  dire  , 
qu'il  f'eroit  à  craindre  que  d'autres  ne  s'en  prévalut 
l'cnr. 

ÇCF  Conséquence  fe  dit  aufTi  dans  le  fens  de  confîdé- 
ration.  Gravis  ,  ma<^ni  momenti ,  ponderis.  Ainfil'on 
dit  un  homme  de  confequence  ,  de  peu  de  confe- 
quence. Un  emploi ,  une  place  de  confequence.  Une 
affaire  de  nulle  conjéquence.  Une  terre  de  confe- 
quence. 

ffT  Conséquence,  (  Sans  )  façon  de  patler  adver- 
biale ,  dont  on  fe  ferr  en  divers  fens.  On  le  dit  quel- 
quefois pour  marquer  qu'il  ne  faut  pas  prendre  à  la 
rigueur  ce  que  dit  ou  fait  quelqu'un  accoutumé  à  dire 
ou  à  faire  ce  qui  lui  plaît,  fans  aucun  inconvénient  i 
qu'il  ne  faut  pas  fe  formalifi:r  des  libertés  qu'il  prend. 
Tout  ce  qu'il  vous  dit  eft  fans  confequence  ,  vous  ne 
devez  pas  vous  en  fâcher. 

irr  En  marlères  de  galanteiic ,  quand  on  dit  qu'un 
homme  eft  fans  confequence:  on  entend  que  fon  âge 
&  fa  réputation  le  mettent  à  couvert  de  tout  foup- 
con. 

Dcr  Dans  le  difcours  ordinaire  ,  un  homme  fans  con- 
fequence, eft  celui  qui  mérire  fi  peu  de  confidération, 
qu'on  ne  doit  pas  prendre  garde  à  les  difco  urs. 

§Cr  On  le  dit  auffi  en  parlant  de  certains  privilèges 
qui  font  tellement  attachés  à  certaines  perfonnes  , 
que  les  autres  ne  peuvenr  pas  fe  prévaloir  de  ce  qu'on 
fair  pour  elles.  Les  honneurs  qu'on  lui  a  rendus  dans 
telle  occafion  ,  font  fans  confequence  poui  d'autres. 

Ip'  On  dir  qu'une  grâce  eft  fans  confequence  ;  pour 
dire,  qu'elle  ne  doit  pas  être  prife  pour  exemple. 
Exemplum  ex  aliquâ  rejumere,  capere. 

0Cr  Conséquence  ,  (  En  )  Autre  façon  de  parler  ad- 
verbiale ,  qui  lignifie  par  une  fuite  néceflaire,  natu- 
relle. Comme  la  matière  n'agit  au'en  confeqiunce  des 

M  M  M  m  m  ij 


82.8 


C  O  M 


loix  que  Dieu  a  établies  ,il  en  connoît  tousles  effets, 

^  On  dit  aulfi  ,  j'ai  reçu  votie  lettre ,  &c  j'agirai  en 
confcijvcnce  ,  ou  avec  un  régime,  en  conja^uaice 
de  ce  que  vous  me  mandez  ,  en  conjcquejice  de  vos 
ordres  ■■,  pour  dire,  coniormément, 

|p=  CONSEQUENT  ,  1".  m.  ou  adj.  pris  fubftantive- 
ment ,  terme  de  Logique  ,  par  lequel  on  dcligne  la 
ieconde  partie  d'un  argument  appelé  cnthymcme. 
Co7iJ'e.j'uent.  Un  enthymème  eft  compolc  de  deux 
propolitionsjdont  la  première  s'appelle  a/uécédent,Sc 
la  Ieconde  confe^juera.  C'eiT:  la  propoiition  qu'on  dé- 
duit ou  qu'on' infère  de  l'antécédent,  des  prémifles 
d'un  railonnement, 

it^Il  ne  faut  pas  confondre  conséquent  8c  conféquence. 
Le  confiqucnt  eft  la  propofition  déduite  de  l'antécé- 
dent,  prife  matériellement  ou  abfolument.  L^.con- 
Jeqacnce  eft  la  liailbn  du  confcqnent  avec  l'antécé- 
dent. Dieu  eft  infiniment  parfait;  donc  il  eft  infi- 
niment bon.  Si  je  conlidère  cette  propofition,  Dieu 
eft  intîniment  bon,  f  mplcment  félon  la  chofe  qu'elle 
exprime,  c^^unconjïquenf.Sï  je  la  conlidère  en 
tant  qu'on  la  conclut  de  celle-ci.  Dieu  eft  infiniment 
pari'\iit,en  tant  qu'elle  exprime  la  liailbn  qui  fe  trouve 
entre  ces  deux  propolitions  ;  c'eft  une  conféquence, 

|Cr  Le  conséquent  peut  être  vrai  ,  quoique  la 
conféquence  Ibit  mauvaife.  Si  Je  dis ,  par  exemple  , 
tour  cercle  eft  une  figure  ■■,  donc  il  eft  rond  ,  ce  con- 
féquent  donc  il  eft  rond,  eft  vrai ,  puifque  le  cer- 
cle eft  une  figure  ronde  ;  mais  la  conféquence  eft  mau- 
vaife 5 c'eft- à-dire  ,  qu'il  n'y  a  point  de  liaifoh  entre 
le  ccnféquent  &  l'antécédent  ;  c'eft-A-dire,  de  ce  que 

-  le  cercle  eft  une  figure  ;  on  ne  peut  pas  inférer  que 
ce  foit  une  figure  ronde.  Voye^;^  Conséquence. 

IJQ^On  ciiftingue  le  co^yc^^r/^nr  lorfqu'il  eft' équivoque, 
&  fulceptible  de  dei'^  fens  dans  l'un  dcfquels  il  eft 
vrai ,  &:  faux  dans  l'autre.  Dans  le  fens  vrai  du  con- 
jéqiient ,  on  accorde  la  conféquence  ,  c'eft-à-dire  , 
qu'on  convicnr.  Le  conféquent  eft  bien  déduit  de 
l'antécédent  en  le  prenant  dans  tel  fens  :  dans  le  fens 
faux  du  conféquent ,  on  nie  la  conféquence  ,  c'cft-à- 
dire  ,  on  nie  qu'il  y  ait  conféquence  ou  liailbn  entre 
l'antécédent  &  le  conféquent ,  entendu  dans  tel  fen<;-, 
maison  ne diftinguc jamais  lu confequence,p3iïce  qu'il 
y  a  liaifon  entre  l'antécédent  3c  la  conféquence ,  où 
il  n'y  en  a  point.  Dans  le  premier  cas  la  conféquence 
eft  bonne;  dans  le  fécond  elle  eft  mauvaife  ;  mais  on 
ne  doit  pas  dire  qu'elle  eft  vraie  ou  faulle. 

f^  Conséquent,  en  termes  de  Mathématiques ,  fi- 
gnifie  le  fécond  terme  d'une  railbn,  d'un  rapport. 
Dans  le  rapport  de  /^  .\  c  ,  la  grandeur  c  eft  le 
conféquent.  Voyez  Rapport  ,  Raison  ,  &c, 

CONSEQUENT ,  ENTE ,  ad],  qui  agit  ,  qui  rai- 
fonne  confcquemment ,  avec  jufteUc.  Les  Poètes  ne 
font  pas  toujours  fort  confequens  :  ils  difent  le  pour 
&  le  contre,  félon  que  l'imaginarion  le  leur  pré- 
fente  ;  &  comme  ils  ne  penfent  pas  d'ordinaire  par 
principes,  il  ne  faut  pas  s'étonner  s'ils  fe  condam- 
nent quelquefois  eux-mêmes ,  fans  s'en  appercevoir. 
M.  DE  LA  Motte.  Dijc.  fur  Homère,  M,  l'Abbc 
Houtteville ,  dans  l'éloquent  difcours  qui  précède 
Ton  Traité  de  la  Reliffion  Chrétienne  ■,  prouvé  par  les 
faits  ,  parle  en  ces  termes  de  l'Apôtre  Saint  Paul  : 
à  juger  de  lui  par  les  ouvrages,  c'étoit  un  gcn'e  fu- 
périeur ,  vif ,  folide,  co/;/è.///^«f  ,&  lumineux.  Pre- 
nanr  toujours  le  plus  haut  point  de  vue  ,  ils'élevoit 
jufqu'aux  premières  vérirés.  De-là  toutes  leurs  fui- 
tes, toutes  leurs  branches  le  montroienrà  lui ,  ran- 
gées comme  par  ordre  ,  &  perfonne  auifi  n'a  jamais 
fi'bien  fair  voir  les  conclulîons  renfermées  dans  leurs 
principes.  On  peur  voir  par  ces  deux  exemples 
cirés  avec  un  peu  d'étendue ,  quelle  eft  la  figni- 
ficarion  S;  la  force  du  terme  conféquent  ,  qui  pa- 
roît  heureufement  inventé.  Si  Defcartcsfe  trompa, 
ce  fut  au  moins  avec  méthode  &  avec  un  efprit  con- 
féquent. On  appelle  efprit  géométrique  ,  l'efprit 
méthodique  &  conféquent.  Lettres  Philofopliiques. 
Pour  fuivre  Defcartes  &;  Newton  ,  il  faut  un  efprit 
préparc  par  des  connoiflances  préliminaires ,  ^ui  ne 


CO  M 

font  pas  communes ,  un  efprit  pénétrant,  judicieux, 
conjequent ,  qui  n'a  pas  cte  donne  a  tout  k  u.onae. 
Otj.fur  les  ter.  mod.  t.  i^  ,  p-  i^o,  L,Lmc  co,je- 
quent,  efprit  conjequent,  eft  une  expr^iiion  lus- 
jufte  &  très-ufitcc.  Le  FreJervatiJ  ,  oiit.iui..jue  des 
Olfervations  fur  les  Ecrits  mod.  p.  it>. 
Conséquent  ,  (  Par  )  adv.  donc,  conféquemment , 
par  une  fuite  néceiiaire,  ouranonnable.  id^o,i'^i.iur, 
at^jue  ade'o ,  ob  eamreni ,  itaque.  Le  loleil  cciaire, 
par  conféquent  il  eft  jour.  Si  l'on  agit  bien  dans  les 
aifaires  publiques  ,  on  orfénlcra  ks  hommes:  lil'on 
y  agit  mal,  on  oifenfera  Dieu  ,  ôcpar  conjequent  on 
ne  s'en  doit  point  mêler.  Port-R. 

Cette  façon  de  parler  adverbiale  fc  met  quelque- 
fois abfolument  dans  la  converiàtion  ,  &:  alors  on 
foulentend  la  conclufon  qui  réiulte  naturellement 
de  la  première  propofition.  Vous  m'avez  donné  vo- 
tre parole  ,  &  par   conjequent  ;  pour  dire  ,  &  par 
conjequent  vous  êtes  obligé  de  la  tenir.  Acad.  Fr. 
Mauvaife  locution. 
CONSÉRANS  ou  COUSERANS.  (  Le  )  Contrée  de 
l'rance  ,  dans  la  Gafcogne  ,  cnrre  le  Comté  deFoix 
au  levant ,  celui  de  Comminges  au  nord  (?i  au  cou- 
chant,  &  la  Catalogne  au  midi.  Conjoranni ,  Con- 
Jbrannus  ager.  Ce  nom  vient  de  celui  de  lés  anciens 
habitans  nommés  Conforannicns.  Pline   en  parle  , 
L.  ly,  ch.  ifj.  Leur  ville  eft  appelée  dans  les  ancien- 
nes notices  la  Cité  des  Conloranniens ,  Conforan^ 
norum  civitas  \  c'eft  la  cinquième  des  douze  villes 
de  la  Novempopulanie.  Aujourd'hui  elle  s'appelle 
S.  Lizier  ou  Lezier  de  ConJerans.  Fanum  S.  Licerii 
in  Conjorannis.  C'eft  un  Evêché  fuftragant  d'Auch, 
Le  ConJerans  a  eu  titre  de  Comté.  JeanArnaud  a'Ef- 
pagne  j  chef  de  la  mailbn  de  Montelpan  ,  le  polîéda 
avec  ce  titre.  De  lis  defcendans  il  p  :iîa  à  Elchivat, 
Comte  de  Bigorre ,  dont  Simon ,  Comte  de  Mont- 
forr,  fon  oncle  hérita.  Ce  dernier  céda  eniuite  Ibn 
droit  .à  Thibaut  VII ,  Roi  de  Navarre.  On  prononce 
communcmcm  Cvnji.rans  ,  &:  quelquefois  Cojerans 
en  Gafcogne.  M.  de  Marca,  dans  fon  Hijl.  de  t>earn^ 
L.  I ,  ck.  5  &:  fj ,  écrit  toujours  ainfi.  Le  Comcnge 
&  le  Cojerans  confinent  avec  les  trois  Cités  de  Toii- 
loufe  ,  de  Carcalîbnne  &  de  Narbonne,  fuivant  l'an- 
cienne étendue  qu'elles  avoicnt  du  temps  de  l'Em- 
pire Romain.  De  Mapca.  La  Capitale  du  ConJerans 
crt  appelée  S.  Lezer ,  à  caulc  de  Glycerius ,  Evêque 
de  Coi.fr ans ,  recommandable  par  fa  fainteté.  Id. 
CONSERVATEUR,  f.  m.  celui  qui  conferve.  Con- 
Jervator.  C'eft  Dieu  léul  qui  eft  notre  conjervateur. 
Le  Roi  eft  le  conjervateur  de  la  fociéré. 
Conservateur,  (Juge  )  eft  celui  qui  eft  érablipour 
conferver  les  Privilèges  accordes  à  certains  Corps, 
ou  qui  a  une  commilfion  pour  juger  de  leurs  diffé- 
rends. Judcx  Conjervator.  Les  appellations  des  or- 
donnances  des  Co7iJérvateurs  refforti lient  au  Parle- 
menr.  Il  y  a  à  Lyon  un  Juge  Conjervateur  des  Pri- 
vilèges des  Foires  de  la  ville.  Le  Prévôt  de  Paris  eft 
J hge  Conjervateur  des  Privilèges    de   l'Univcrfité. 
Cette  qualité  fut  annexée  à  fa  Charge  par  Philippe 
de  Valois  en  1 540.  Il  y  a  d'ordinaire  deux  Conjérva- 
teurs  dans  chaque  Univerfité  ;  Iq  CoTifervateur  des 
Privilèges  Royaux,  c'eft-à-dire,  ceux  qui  ont  cré 
accordés  par  les  Rois ,  &  le  Conjervateur  des  Privi- 
lèges Apoftoliques,  c'eft-à-dire,  (^e  ceux  qui  ont 
été  accordés  par  les  Papes  aux  Univerfités.  Le  Con- 
fervateur  des  Privilèges  Royaux  connoîr  des  caufcs 
perfonnelles  &  mixrcs  des  Régens,   des  Ecoliers, 
&  des  Suppôts  de  l'Univerfité ,  6c  même  du  poilèf- 
foire  des  bénéfices.  Le  Confervateur  Apoftolique  coftJ 
noît  des  matières  fpiriruelles  entre  perfonnes  Ecclé- 
fiaftiques.  Si  le  Pape  délègue  des  Juges  Confervateurs 
pour  quelques  caufes  particulières,  ils  doivent  être 
Eccléfiaftiqu°s,  &  commis  pour  choies  qui  concer- 
nent les  Ecclélîaftiques. 

On  nommoit  autrefois  des  Confervateurs  des 
Traités  de  paix,  ou  des  trêves  qui  fe  fàifoient  en- 
tre les  Princes.  Ils  dévoient  être  Juges  des  infrac- 
tions (jui  le  feroient  aux  Traités ,  &  étoient  changés 


C  O  M 

d'en  foire  faire  fatisfadion.  Cctoit  un  ancien  ufajp 
en  France  ,  &  dans  les  pays  circonvoifins ,  où  .t 
lieu  qu'aujourd'hui  on  s'adrclîë  à  des  Princes  ctrai 
gers  pour  être  garants  des  Traites  ,  c'ctoient   k 
tèudataircs  des  Princes  mcmes  qui  l'ctoient  de  p,:. 
&c  d'autre  ,  &  qui  s'obligeoient  même  ibuvent 
i'c  déclarer  contre  leur    propre  Seigneur  ,  au  c. 
qu'il  violât  le  Traité.  P.  Daniel.  T.  11 ,  p.    i^/ 
Sous  Louis  XI,  cet  ufagc   tut  encore  oblervc  .:i 
Traité  de  Lens. 

Conservateur. (  Grand  )  Nom  d\ine  dignité  dai- 
i'Ocdre  de  Malte.  La  charge  de  Gr.uiJ  ConJer\'ariui 
eft  attachée  à  la  Langue  d'ArraL^on.  Vertot.  Le 
Gtmà  fonfjivauur  àc  Malte  c\\  le  Confervateiu 
du  trélor  commun  dont  il  doit  empêcher  la  diifi- 
pation,  &  faire  la  diftribution  néceUaire.  Il  pear 
être  Chevalier  ou  Chapelain  &  Servant.  On  l'ap- 
pelle :i\il\\Co!2Jervacciir  géncral.Le  Confcrvaisia  2:c- 
néral  eft  change  à  chaqlie  Chapitre  général.  lia  J'nc 
efpece  dlnlpedcur  qu'on  appelle  le  Prud'homme 
du  Coiifefvateur. 

IP*  Conservateur  des  Hypothèques  efî  un  OfÉcier 
delà  grande  Chancellerie,  qui  garde  les  rôles  d  s 
oppolitions  qui  Te  font  au  Iceair,  aux  lettres  de  ra- 
nfication  de  la  vente  des  rentes  lur  l'Hôtel  de  Ville 

CONSERVATION,  f.  f.  adlion  par  laquelle  une 
choie  eft  conlervce  ,  l'efFet  qui  rel'ulte  de  cette  ac- 
tion, Co7ifervano  ,  falus.  On  doit  préférer  là  con- 
jervanon  de  l'honneur  à  Celle  des  biens.  Dès  que 
l'un  des  membres  eft  en  péril ,  tous  les  autres  con- 
courent à  fa  tonjervation-,  fans  avoir  beloin  des  or- 
dres delà  raifon  &  de  la  volonté. P. Dan.  Si  l'on 
ne  peut  pas  remonter  jufqu'à  la  fondation  des  Etats, 
pour  en  rcpréfentet  la  conftitution  originaire  ,  l'on 
ne  peur  contefter  que  Izconfervaùon  mutuelle  n'en 
ait  été  le  motif  univerfel.  Ben.  Le  corps  follicite 
faiis  celfe  l'ame  à  la  recherche  des  chofcs  nécc.Taircs 
à  fa  conj'nvation.  Maleb.  L'attachemeiit  des  hom- 
mes pour  la  vie  les  a  rendus  vigilans  pour  leur  con- 
fervauon ,  Se  les  a.  appliques  à  \iifcerner  les  chofes 
qui  peuvent  hâter  ou  reculer  la  mort.  Le  Cl.  On 
doit  fuppofer  que  c'eft  une  convention  tacite,  que 
les  hommes  ne  fe  font  afîémblc;  en  fociétc  que  pour 
îcur  confervaiion  commune.  S.  Ëvr. 

Conservation  fe  prend  particulièrement  pour  l'ac- 
tion par  laquelle  Dieu  coni'crve  toutes  chofes.  ylc- 
tioconfervativa  ,  ccmferv.ms.  Quelques  Philofophes 
difent  que  la  confervation  des  chofes  n'cft  autre 
chofe  que  la  continuation  dé  raClion  par  laquelle 
elles  ont  été  produites.  Sans  la  confervation  tous 
les  êtres  retomberoient  dans  le  néant.  Voyei  Con- 
server, 

CoNsr.RVATioN  ,  terme  d'Antiquaire  Médaîliifte.  Il 
fignifîe  le  bon  état ,  la  perfedion  ,  l'intégrité  d'une 
médaille  ,  que  le  temps  n^a  point  ufée,  n'a  point 
rongée  ;  dont  toutes  les  figures ,  tous  les  trais ,  toute 
l'infcription  ,  toutes  les  lettres  l'ont  bien  cônfervécs. 
Integritas.  Les  médailles  dii  Cabinet  du  Roi,  font 
d'une  confervation  charmante.  Une  belle  conferva- 
tion. Il  y  a  diffcrens  degrés  de  confervation  ,  une 
confervaiion  plus ,  ou  moin:  belle.  Voilà  une  mé- 
daille d'une  grande  confervation.  Celles-ci  font  en- 
core d'une  aiîez  bonne  Confervation. 

ff?  Conservation  de  Lyon  ,  juridiétion  établie  en 
la  ville  de  Lyon,  pour  la  confervation  dos  Foire: 
de  certe  ville  ,  &  pour  juger  de  toutes  les  contefta- 
tions  qui  naiifent  à  l'égard  du  Commerce  oii  des 
payemens  .à  faire  àu>:  échéances  des  quatre  Foires 
de  Lyon  ,  de  tout  ce  qui  a  rapport  au  commerce  , 
lettres  de  répi ,  banqueroutes*  faillites  ,  déconfi- 
tures ,  &c.  ce  Tribunal  juge  en  dernier  relfort ,  juf- 
qu'à la  concurrence  de  500  livres  ,  &  au  delfus  de 
cette  fomme,  les  Sentences  font  exécutées  pat  pro- 
vifion  ,  dans  toute  l'étendue  du  Royaume  ,  fans 
qu'il  foit  befoin  de  vifa  ni  pareatis. 

CONSERVATOIRE,  f  m.  Hôpital  fondé  à  Rome 
par  le  Cardinal  Baronius  ,  pour  y  retirer  de  pauvres 
filles  orphelines.  Confervatorium  Certe  maifon  f  u 
bâtie  proche  l'Eglife  de  Sainte  Euphémie,  &  s'ap- 


C  O  N  8î5 

f  pelle  le  Confervatoire  de  Sainte  Eupîiémîe.  Lés  On^ 
phjlmes  de  Samte  Euphémie  font  élevées  dans  IcuÈ 
tonjervumrefons  la  direction  de  quelques  femme» 
picufes.P,  Helyot  ,  T.  Fil, p.  107. 
.onservatoire  ,  f  m.  Maifon  où  l'on  retire  des  fille<. 
bc  des  icmmes  pour  les  préferver  de  la  dcbaUche. 
Conjervatorium.  Il  y  a  de  ces  Conferv Moires  ert 
itahe.  Le  Lonjervacoire  de  la  Splendeur  des  Vicrcres 
a  NapleS.  ° 

:onservatoire,  f  (.c^i  la  même  chofe  que  Con-^ 
(Cl  vation,  Tribunal  ,  fiège  d'un  ConfervateUr  des 
Droits  de  quelque  Corps ,  comme  d'Une  Univcrfitéj 
tonjervatorinm  ,<:onfervatio.  Juçes  Mai^iftrats  aiî 
Bailliage,  Confervatoire  &  Siéue'  Prélidiai.  Un  ar^ 
rctdu  Confeilde  16^^  dit:  Vu  la  requête  conte^ 
nant  qu'ils  exercent  la  juftice  au  (iège  de  la  Cè-i^ 
Jervatoire,  Bailliage  &  Préfidial.  OÎl  trouve  dans 
urt  procès-verbal  d'éleélion  de  i^CS  ,que  le  Lieu- 
tenant à  la  Confervarion  prenoit  le  titre  de  Lieu- 
tenant-Gcncral  .à  la  Confervatoire  >  &  qu'il  avoic 
un  Lieutenant  particulier.  Delambon, 
CONSERVATRICE,  f  t\  celle  qui  conferve  ,  quî 
garue  ,  qtii  ptend  foin  des  chofes  qui  lui  l'ont  con- 
fiées, aw/in^^/r/.r.  Cette  Dame  eft  \:i  confervatrice 
du  bien  de  certe  Abbaye.  Nousavon-,  bien  de  To- 
bligation  à  cette  Princelfe  ,  c'eft  notre  conferva- 
trtce.  ■^ 

Cox'servAtrice  ,  furnom  qu'on  donnoit  à  Junon  ,  & 
lous  lequel  elle  eft  défignée  dans  les  médailles  pac 
un  cerf,  parce  que  de  cinq  biches  aux  cornes  d'or  ;^ 
&  plus  grandes  que  des  taureaux  ,  que  Diane  poUr= 
fuivoit  un  jour  dans  les  plaines  de  la  Thelfalie ,  elle 
n'en  prit  que  quatre  ,  &  la  cinquième  qui  fut  fauvée 
par  Junon  ,  devint  le  fymbole  de  cette  Décile  , 
lous  le  nom  de  Junon  Confervatrice.  Servatrix. 

CONSER.yE  ,  f.  f.  confiture  fêchc  qui  fe  fait  de  plu- 
sieurs pâtes  ,  ou  fruits ,  ou  fleurs ,  ou  de  racines  , 
le  tout  mêlé  avec  une  certaine  quantité  de  fucre 
poiir  les  rendre  plus  agréables  au  goût.  Flores,  fruc- 
tus\jaccharo  conditi.  Covferve  de  rofes,  Rofœ  fac^ 
cbaro  conditœ  ,  &c.  d'orange  ,  de  citron  ,  de  pifta- 
ches  ,  de  grenade.  Les  Médecins ,  fous  le  nom  dé 
conjerve,  comprennent  toutes  fortes  de  confitures 
de  fleurs  ,  de  fruits,  femences,  racines  ,  ccorcesi 
feuilles  ,  foit  liquides ,  foir  fèches ,  faites  avec  dii 
fucre  ou  du  miel ,  pour  conferver  long  temps  lés 
qualités  des  fmples. 

Conserves,  en  termes  d'Optique,  fe  dit  de  certaine 
elpèce  de  lunettes  qui  ne  groifilfent  pas  les  objets, 
mais  qui  affoiblilîcnt  au  contraire  la  trop  grande 
lumière  qui  en  rejaillit  ,  &  qui  pourroit  oifenfer 
la  vue.  Les  gens  fur  l'âfre  (c  fervent  de  ces  lunettes, 
Conjpicillium  tuendis  &  confervandis  ocnlis  adhi- 
bitum. 

CoNS  ERVE  ,  en  termes  de  Marine  j  fe  dit  des  vaifleaus 
qui  votit  en  mer  de  compagnie  pour  fe  défendre  , 
s'éfcorter  &  fe  f  courir  les  uns  les  autres.  Fœderatce 
naves  ,  curfum  eiimâem  tenentes,  H  eft  parti  dix: 
vajlfeaiix  qui  vont  de  conferve.  On  dit  aulîî  dans  le 
même  fens  j  aller  de  flotte,  ou  bailler  Cap  à  un  au- 
tre vailfeau ,  ou  l  la  flotte;  On  dit  dans  le  mémd 
fens  que  deux  vaiffeaux  font  de  conferve  ;  pour  dire, 
qu'ils  font  toute  enfemble.  Acad.'Fr..  Les  Navjr;,'s 
chargés  de  marchandifcs  de  prix  font  obiii'-cs  dt 
Inarchcr  de  flotre,  de  fa're  conferve,  de  faire  cap ,  8i 
de^  s'attendre  les  uns  les  autres  ,  &  ne  doivent 
point  partir  qu'ils  n-'  Ibient  du  mo'ns  quatre.  Ils 
doivent  élire  entr'cux  un  Vice-Amîr.il ,  ^  faire 
ferment  de  s'entre -fecourir  ,  fuivant  les  Ordon- 
nances de  la  Marine.  Naves  itineris  fociœ. 

Conserve  ,  en  terme  de  Fortification  ,  eft  la  m*me 
chofe  que  ce  qu'on  appelle  cuntre<:;arde.  Pmfldinm. 

Conserve  ,eftaulli  un  réfervoir  d'eaux  ,  pour  1  s  dif^ 
rribuer  par  des  aqueducs.  Receptaculum  ,  caJleUurn, 
felo'i  B'ihée. 

CONSERVER  ,  v.  a.  fp-  par  rapport  à  Dieu  ,  c'eft 
foùtenir  les  chofes  qu'il  a  tirées",  du  néant,  em- 
pêcher qu'elles  ne  rentre  dntans  le  néant,  fait  que 
cette  adion  foit  une  création  continuée  ,  renoii-> 


8jo  CO  N 

vellce  à  chaque  inftant ,  comn-.e  le  prétendent  quel- 
ques Philolbphes,  Ibit  que  dès  la  cccaticn  même, 
Dieu  aie  donne  à  chaque  être  la  faculté  de  conler- 
ver  loa  cMifcence  ,  dans  laquelle  il  le  laifle  prclcvc- 
rer,  iulqu'à  ce  qu'il  juge  à  propos  de  le  détruire 
par  un  acte  auHi  poiîtit'  que  celui  de  la  création  ; 
opinion  qui  ne  répond  pas  ailéz  à  l'idée  que  nous 
avons  de  la  Souveraine  puiflance  de  Dieu ,  tk  paroit 
rendre  rhommc  indépendant  ,  &c  anéantir  la  pro- 
vidence. Quelle  que  ibit  cette  aélion  ,  les  créatures 
n'exiftent  que  parce  que  Dieu  les  a  tirées  du  néant , 
elles  ne  perléverent   dans  leur  exiftcnce  que  par 
une  volonté  efficace  de  Dieu  ,  de  par  une  opéra- 
tion qui    inHue     direélement    fur    leur    exiftence 
continuée.  Confervare. 
^T  Conserver,  par  rapport  aux  créatures ,  c'efl:  ap- 
porter tout  le  loin  néceliaire  pour   ioûtenir   Ion 
exiftence  ,  ne  rien  faire  qui  puiflé  la  détruire  ou  l'al- 
térer,  &  faire    de   fon  mieux  pour  exifter  le  plus 
long  temps  qu'il  cft  poOible.  Nous  avons  tous  un 
delîr  naturel  de  nous  conferver,  S.Lvk.  Ceft  une 
des  loix  principales  de   la  nature.  C'elt  un  traité 
que  nous    avons  fait  avec   la  Société  par  les  rap- 
ports  que  nous  avons   contradés  avec  elle  ,'   rap- 
port que  nous  ne  pouvons  plus  difîbudre  fans  in- 
juiiice.  Conferver  ,  par  rapporr  aux  choies  qui  font 
à  notre  ufage,  c'eft  apporter  tout  le  foin  néceflaire 
pour  empêcher  qu'une  chbfe  ne  fe  gâte  ,  ne  dépérif- 
fe.  Conjemr  fes  habirs  ,  les  meubles  ,  des  fruits. 
On  le  dit  avec  le  nom  perfonnel  ;  pour  dire,  que 
les  choies  durent  ,  ou  ne    durent  pas  beaucoup  ; 
qu'elles  périflent  ou  fe  corrompent  bien  vite.   Les 
vins  fumeux  fe  confervent  long  tem.ps.  Les  fruits 
d'été  ne  fe  co7ifervent  pas.   Vin    qui    fe    cojiferve 
long  temps.  Vinum  pererme. 

On  dit  d'une  femme  qui  eft  encore  belle  ,  quoi- 
qu'un peu  âgée ,  qu'elle  fe  confervs  bien  ,  qu'elle 
a  bien  coiifervé  fon  teint  ;  &  au  contraire  d'un 
homme  qui  cft  malade  pour  faire  fouvenr  des 
excès ,  qu'il  ne  fe  conferve  point.  La  fanté  eft  un 
bien  lî  précieux  ,  qu'on  ne  fauroit  trop  fe  co7i fer- 
ver  ,  ni  trop  fe  ménager.  Curare  valetud'mem. 

On  dit,  cowjèrver  fes  terres ,  les  terres  des  autres, 
fon  pays ,  &c.  c'eft  en  général  les  garantir  de  tout 
ce  qui  peut  y  apporter  quelque  dommage. 
Conserver  fe  dit  aufli  en  chofes  morales  Se  fpiri- 
x\it\\z'i.'Se<vare,covfervare t  tueri.  Cet  homme  a 
conferve  Ion  bon  fens  ,  fa  mémoire  jufqu'à  fa  der- 
nière vieillefle.  Il  a  conservé  fon  crédit ,  fon  auto- 
rité, les  droits,  ^c.  empêcher  qu'on  y  donne  at- 
teinte :  il  a  confirvé  fon  amour,  fa  colère,  fa  ven- 
geance, fon  orgueil,  &c.  Conferver  fon  honneur, 
fa  répuration  ,  maintenir  fans  aucune  râche. 

Je  ne  m'étonne  point ,  qu'en  ma.  tendre  jeuneffe. 
Mon  cœur  des  paffions  ait  fuivi  la  fureur  ■■, 
Mais  ce  quime  furprend  ,c^efl  de  voir  m.on  erreur 
Se  Cox\iziv^x  dans  mavitilleffe,  L'Ab,  Têtu. 

On  dit  aullî ,  qu'un  homme  s'eft  conferve  en- 
tre deux  partis  \  pour  dire ,  qu'il  eft  demeuré  neu- 
tre ,  également  ami  de  l'un  &  de  l'autre. 

IJ3"  Conserver,  en  patlant  des  troupes  ,  eft  oppo- 
fé  à  licenticr  :  à  la  paix  on  licentia  tels  &  tels  ré- 
gimens ,  on  n'en  confervac^ue  tant.^oy^^LicENTiER. 

Conserver.  En  tetmes  de  Marine.  On  appelle  con- 
ferver un  vaifleau  ,  le  fuivre  de  près,  ne  le  point 
pierdre  de  vue.  Le  grand  venr  &  l'agitation  des 
vagues  m'obligèrent  de  co7//irvtrr  ces  trois  vailleaux 
pendant  deux  jours  ;  au  bout  defquels  j'étois  fur 
le  point  de  hazarder  un  combat  inégal.  Du  Guay- 
TROuiN.  Nous  découvrîmes  pendant  la  nuit  une 
flotte  de  trenre  voiles  ,  nous  la  confervâmes  juf- 
qu'au  jour.  Id.  Pendant  la  nuit  un  vaiifeau  pafla  en- 
tre mon  camarade  &c  moi  :  nous  revirâmes  fur  lui , 
&  le  confervâmes  jufqu'à  la  pointe  du  jour.  Id. 

Conserver  ,  au  jeu  de  Triétac  ,  c'eft  pouvoir  jouer  fon 
coup  fans  dégarnir  aucune  des  cafés  qui  forment 
le  plein.  Autant  de  fois  qu'on  conferve ,  on  doit 


C  O  N 

marquer  quatre  ou  lix  points  avant  que  de  jouer 
fon  coup.  On  marque  lix  points,  quand  oncoyijer- 
ve  par  agublet  ,  &'.  quatre,  quand  on  conferve  par 
(impie.  Lonjerver  par  impuidancc.  On  conjervc  par  _ 
impuiliance  le  plem  du  petit  ou  du  grand  jan  ,  du 
jan  de  retout,  &.  de  la  pile  de  mifcre,  quand  on 
ne  rompt  pas  faute  de  pouvoir  joiier.  On  marque 
également  comme  li  l'on  conjervoit  en  jouant  ,mais 
l'adveriaire  marque  deux  points  pour  chaque  dame 
non  jouée.  Conferver   par    privilège.    Quand    un 
joL:eur  a  fon  jan  de  retour  plein ,  6^:  toutes  fes  da- 
mes dedans  ,  s'il  fait  un    coup  qui  pourroit  être 
joué    par    les  dames   furnuméraires  ,  lî  le  tablier 
avoit  une  fiche  de  plus  ,  il  conferve  par  privilège  , 
il  prend  le  bord  du  tabliei  pour  une  flèche  ,  &  y 
met  la  dame  ou  les  dames  furnumicraircs.  C'eft  le 
privilège  du  jan  de  retour. 
CONSERVE  ,,EE.  parr,  Confervatus ,  fervatus.li  a 
les  ufages  &  la  lignification  de  fon  verbe. 

Outre  cela  conferve  eft  un  terme  de  Médaillifte, 
qui  fe  dit  des  médailles  antiques ,   que  le  tem.ps 
n'a  point  ufées ,  rongées ,  gâtées ,  qui  font  entières , 
dont    les   figures  font  bien  marquées  ,   fe  diftin- 
guent  bien.  11  eft  oppofé  à  frufte.  Integer  ,  incor- 
ruptus  ,  illtefus.  Cette  médaille  eft  rare ,  c'eft  dom- 
mage qu'elle   foit  fi   mal   confervée.  Cette   autre 
plus  commune  eft  aufll  mieux    confervée.  Il  y  a 
des  Empereurs  ,  donr    les  médailles  font  prefque 
toujours  bien  confervees  ,  &  d'autres  dont  les  mé- 
dailles le  font  communément  très-mal.  Cela  vient 
apparemment  de  la  qualité  &:  de  la  fonte  du  mé- 
tal. L'or  eft  toujours  bien  conferve  ,  &  l'argent  prêt 
que  toujours  ;  mais  le  bronze  eft   fouvent  frufte. 
On  le  dit  de  même  des  tableaux  qui  ont  encore  tout 
leur  éclat. 
CONSÉVIUS  ,  f.  m.  terme  de  Myrhologie.  Nom 
d'un    Dieu    des   Romams.    Conjivius.    C'étoit  le 
Dieu  qui  préiîdoit  à  la  conception  des  hommes, 
dit  Tertullien  ,  ad  Islation.  L.  II,  c.   1 1.  C'étoit 
le  même  que  Janus;  car  Macrobe ,  Saturn,  L.  I, 
c.  9  ,  dit  que  Janus  s'appeloit  Conjivius,  Se  que  ce 
nom  lui  venoit  à  confcrcndo  ,  parce  qu'il  préfîdoit 
à  la  conception  ,  confcrcndo ,  id  eji ,  à  propagine 
oencris   humani  quce  Jano  aucîore  conferitur  ;  ou 
commie  parle  Tertullien,  qui  confationiius concu- 
hitalibus  profit. 
CONSÎDENCE,  î.?.  ternie  dogmatique,  qui  fe  dit 
de  l'affaiifement  ,  &  de  l'abaifîement  des   chofes 
appuyées    les    unes    fur   les    autres.   Sedimentum. 
Perr.  Efj.  de  Phyf  Ainli  lorfque  les  parties  de  l'eau 
qui  font  élevées  dans  les  vagues  s'abailfent   pour 
revenir  à  leur  niveau  ,  on  dit  que  cela  fe  fait  pat 
confidence. 
CONSIDÉRABLE ,  adj.  m.  &  f. |tcr  Clarus  ,fpecl.ttus , 
injïpiis  ,  qui  mérite  d'ètte  confidéré  ;  qui  mérite 
de  l'attention  par  fa  qualité  ou  par  fa  quantité  ; 
dans  l'ufage  il  paroît  fynonime  à  grand  -,   mais  il  y 
a  des  occalîons  où  ils  ne  pourroientpas  figurer  l'un 
pour  l'autre.  Un  Prince  eft  un  homme   conjidira- 
ble ,  tient  un  rang  confiderable.  Voltaire  eft  un 
grand  Pcëte  ,  fa  Henriade  eft  nn  grand  ouvrage. 
Voye-^  Grand.  Il  y  a  des  gens  qui  ne  cherchent 
à  s'élever ,  que  pour  fe  rendre  conjîder allés  par  le 
mal  qu'ils  pourront  faire.  S.  Real.  Cette  fomme 
n'eft  pas  allez  confldérable  pour  entreprendre  un 
procès.  Les  mauvais  fuccès  de  l'Amiral  de  Chaftil- 
lon  ne  le  rendoienr  pas  moins  redoutable  à  fes  en- 
nemis, ni  moins  conjideratles.  ceux  de  fa  faction. 
Cail.   Si  les  hommes  défendent  l'innocence  op- 
primée ,  ce  n'eft  que  pour  fe  rendre  conjidérablcs 
par  la  profeffion  apparente  de  quelque  vertu  que 
tout  le  monde  révère.  Maleb.  Cer  homme  eft  charge 
de  tant  d'or ,  qu'il  eft  la  partie  la  moins  conjidéra- 
ble  de  lui-même.  Id. 
CONSIDÉRABLEMENT,  adv,  d'une  manière  con- 
fidérable.  Plaide,  maxime.  Il  a  été  léfé   conjidéra- 
blement  en  ce  traire.  Il  augmenta  confidérablement 
le  prix  des  monnoyes.  Maucroix. 
CONSIDÉRANT,  ANTE  ,  adj.  qui  eft  circonfpedl. 


C  ON 

^uî  ptend  garde  a  toutes  les  circonftance*  ,  à  tou- 
tes les  bienleances  d'une  adtion.  Conjidcratus  ,  pru- 
dens  ,  circumfpecius.  Cet  homme  ell:  tore  confidc- 
rant  y  il  rcconnoit  les  iervices  qu'on  lui  rend.  Ce 
mot  le  dit  peu  ,  &  jamais  hors  du  dilcouts  tamilier. 
CONSIDÉRATION  ,  1".  f.  adion  par  laqu jil.i  on  con- 
/îdérc  ,  on  examine  la  nature  ,  le  mérite  d'une  choie. 
Confihratio  ,  contcmplatio.   Il  n'y  a    rien  qui  ne 
mérite  une  grande  conjidcraùon.  Il  ne  faut  pas  ju- 
i-er  d'un  homme    par  une  feule  adlion  -,  mais  par 
la  confideration  de  toute  fa  vie.  S.  Evr.  Dès  que 
l'on  le  renferme  dans  la  confideration  de  foi-mê- 
me ,  &  que  l'on  ne  dilTipe    point   fes   réflexions 
fur  les  autres ,  il  eft  plus  aifé  de  le  prcfcrire  une 
conduite  raifonnable.  Abad. 
ilfF  CoKsiDÉB-ATioN   fe  dit  aulfi  pour  vue,  raifon, 
motif,  Tiiiio,  rejpeclus--,  des  confidcr aùons   parti- 
culières m'ont  empêche  de  faire  cela.  Par  des  confi- 
dcraiions  d'honneur  &  d'intérêt.  Les   convenions 
qui  fe  font  par  des  vues ,  &  par  des  confidirations 
mon  laines,  ne  font  ni  fncèresni  folides.  Le  Roi 
mec  dans  tous    fes  Edits  :  A  ces  caufes  &  autres 
coJifideratLOiis  ,  à  ce  nous  mouvant ,  &c. 
G0NSIDÉ5.AT10N  fignife  encote, réflexion, _|(Cr atten- 
tion dans  fa  conduite  ,  manquer  de  conjidir ation  , 
avoir  de  la  conjiduranon ,  un  imprudent  agit  fans 
confi'dcr.ition. 
fCr  Considération,  tatio  ,  refpecîtis  ,    attention 
léflcchie  &  mcfurée  avec  laquelle  on  témoigne, 
dans  les  diifétentes  occafions  qui  fe  prefentent,la 
diftinction  &  le  cas  qu'on  tait  de  quelqu'un.  Cette 
efpèce  de   confideration  efl  une   fuite  de  l'eftime 
ou  du  devoir.   L'efprit  du  monde  veilt  qu'on  ait 
de  la  confideration  pour  la  qualité  &^  les  gens  en 
place.  C j  n'efl:  pas  entendre  fes  intérêts  ,^  que  de 
négliger  de  donner  des  marques  de  confideration 
aux  perfonnes  dont  on  a  befoin  dans  fes  affaires 
ou  donc  on    efpère   quelque    fervice^    M.  L'Abbé 
Girard.  Voye:^  Circonspection  ,  Égards  ,  Mé- 
nagement. 
|a°  Considération  fignifie  auflfl  l'eftime,  la  répu- 
tation que  méritent  les  bonnes  qualités  ,  ou  que 
la  dignité  &   les  charges  attirent,    Acad.  Fr.  Le 
mépris  de  la  fortune  n'étoit  dans  les  Philofophes 
qu'un  chemin  détourné  pour  aller  à  Xi  confideration 
qu'ils  ne  pouvoient  avoir  par  tes  richclfes.  Rochef. 
Je  veux  mettre  tout  en  ufage  pour  donner  de  la 
confiider ation.  S.  E\  R.  Un  homme  de  grande  con- 
fideration ,   qui    n'a   nulle    confideration   dans    le 
monde.  Malgré  l'autoiité  de  l'Académie  ,  il  paroît 
que  ces  deux  mots  confideration  &  réputation  pré- 
fentent  des  idées  différentes.  La  confideration  eft 
attaclice  à  b  pbc,  aux  dignités,  aux  richefles , 
en  gérerai  au  befoin  qu'on  a  des  gens  à   qui  on 
l'accorde.  La  réputation  eft  le   fruit  du  l'Hérite  Si 
des  talens.    L'Auteur  de  Cinna  avoir  de  la  répu- 
tation. Un  fût  opulent  a  de  la  confideration  ,  on 
peut  avoir  befoin  de  lui.  Un  homme  élevé  à  une 
1        place  éminente  ,   dont  il  eft  incapable  ,  a  de  la  con- 
fideration fans  réputation. 
Considération  ,  terme   de  politefle  qu'on  emploie 
en  parlant,  ou  en  écrivant.  Le   terme  de  refpcd: 
eft  toujours  bierférnt  à  un   homme  en  parlant  à 
une  Dame.  Celui  de  confideration   ne  peut   être 
mis  en  ufage  qu'avec  les  inférieurs.  J'ai  bien   de 
la  confideration  pour  vous.  Il  y  a   beaucoup  de 
gens  qui  nbufent  de  cette  façon  de  pailer:  les  uns , 
parce  qu'ils  n'en  favent  pas  la  véritable  f  gnih'ca- 
non;Ies  autres,  pour  faire  connoitrc  leur  préten- 
due fupériorité  à  eeux  auxquels   ils  l'appliquent. 
Mots  à  la  mode. 
Considération    fe    dit  encore  ,  pour  confcqucn- 
ce,  importance,  poids.  Momentum,  pondus.  Elles 
fe  rendirent  avec  trente  autres  villes  de  moindre 
confideration.    Abianc.   C'eft    une   autorité    qui 
n'eft  pas  de  petite  confiider ation.  Pasc.  Tous  ces 
arguraens   ne  font  d'aucune  confiidiration  à  mon 
ésrard 
CÔNSIDÊREMENT  ,  adv.  d'une  manière  prudenie 


&  cîrconfpedle.  Cûnfideratè ,  circumfpeàc  y  priiden- 
ter.    II  a  agi  en  cette  affaire  fort  confiderément: 

CONSIDERER ,  v.  a6l.  obfervcr ,  regarder  avec 
attention.  Confidcrare ,  contemplari.  On  ne  peut 
trop  confidérer  les  metveilles  de  la  nature.  Vous 
ne  conjidere^  pas  allez  le  travail  de  ce  tableau , 
&  le  nombre  des  figures. 

§C?  Il  fignifie  aulîî ,  examiner  avec  attention  quelque 
chofe  pour  nous  corriger  plus  fùremcnt  de  nos 
fautes,  il  faut  nous  les  taite  confidérer  dans  les 
aiictes.  S.  Real.  Il  ell  peu  de  fpectacle  plus  agtéa- 
ble  aux  yeux  du  fage ,  que  de  confidérer  la  con- 
duite des  hypocrites ,  dans  les  occafions  où  leuc 
intcrer  ne  s'accorde  pas  avec  la  confçience.  Id. 

Considérer  fignifie  encore  pefer  une  choie,  en  faire  le 
cas  qu'elle  miiniz.  Fonder  are ,  attcndere  ad.Uhova- 
me  ne  confiiiere  ^:is  aflcz  fon  néant  &  la  grandeur 
de  Dieu.  Nos  palTions  nous  enttaînent  avec  tant 
de  rapidité  ,  qu'elle  ne  nous  permettent  pas  de  con- 
fidérer nos  fentimens  à  loifit.  S.  Real. 

Considérer  fignifie  aulfi  avoir  égard  à  quelque  chofe- 
Un  bon  Juge  ne  doit  confidérer  ni  la  faveut ,  nii 
la  qualité  des  perfonnes ,  mais  feulement  le  bon 
droit.  Confidere^  les  bons  feivices  qu'il  vous  a, 
rendus.  Ac,  Fr. 

IL  fignifie  encore  eftimer  une  chofe  pour  fi 
valeur  ,  pour  foh  mérite.  jEfiimare  ,  magni  facere. 
Les  hommes  ne  confiderent  la  vertu  que  félon  les 
fujets  où  elle  fe  trouve ,  &  point  du  tout  en  elle- 
même.  S.  Real. 

Il  fignifie  aulfi  avoir  de  la  cdnfidération  pouc 
quelqu'un  ,  en  faire  cas.  On  dit  c'eft  un  homme 
que  je  confidere  beaucoup  ;  mais  cela  ne  fe  die 
qu'en  parlant  de  fes  inférieurs.  Ac.  Fr. 

Considérer.  (Se  faire)  C'eft  par  fa  conduite  ou  pac 
fes  talens  s'attirer  de  l'eftime  &  la  confideration 
de  la  part  des  autres.  Cet  Officier  fe  i^xw.  confidérer 
à  l'armée  par  Jbn   courage   &  fon    intelligence. 

CONSIDÉRÉ ,  ÉE.part.  Confideratus,' fpeciatus,  per- 
penfus.  Au  Palais  on  fe  i'ert  de  ces  formules ,  la 
conclufion  des  Requêtes  commence  toujours  par  ^ 
ce  confideré ,  Nofleigneurs.  Les  Arrêts  peu  avant 
le  difpofitif ,  difenc  toujours ,  le  tout  vCi  &  con- 
fideré. 

CONSIDIA.  f.  f.  Nom'  ptopte  d'une  famille  Romai- 
ne. Confidia  gens.  La  famille  Confiidia.  étoit  plé- 
béienne. Ses  "médailles  portent  le  prénom  de  Ç. 
Cajus  ,  èc  le  furnom  de  Fœtus.  Paeti.  Il  y  a  auiïî 
fur  les  médailles  un  Confiidius  adopté  par  ua 
Nonius,  qui, en  vertu  de  fon  adoption,porre  le  nom 
deConfidiusNonianus.  ConsidiiNoniani.  Voye^^ 
les   familles  de  Patin  ,  p.  80. 

CONSIGE.  f.  f.  En  Provence  ,  dans  les  Bureaux:' 
pour  la  réceprion  des  droits  du  Roi ,  elle  fignifie 
la  fomme  que  l'on  configue  pour  caution.  Ainfi  l'on 
dit  :  Il  eft  rcfté  entre  les  mains  des  Commis  cent 
écus  de  confige  :  la  confige  a  été  de  deux  cens 
livres. 

CoKsiG-E  ou  CoNsiVE.  On  appelle  à  Lyon  Livre 
de  confige  ,  !'•  livre  du  Maître  des  Coches ,  fur 
lequel  ilconfigne,  &:  entegiftre  les  balles  de  mar- 
cliandifes  dont  il  fe  charge,  pour  en  faire  la 
vo'rure. 

CONSIGNATAIRE ,  f.  m.  dépofitairé  d'un  fomme 
Config-née.  5ey«fy?er,  depofitorum  cujtos  ,  depofita- 
r/ttJ.'Quand  la  diflficulté  des  parties  eft  levée,  on 
s'adreflê  au  confi^^ndtaire ,  pour  délivrer  les  deniers 
à  celui  à  qui  ils  apparciennenr. 

CONSIGNATION,  f  f.  dépor  d'une  foiiime  d'ar- 
gent, de  billets  ou  papiers,  tait  par  autorité  de 
Juftice  entre  les  mains  d'un  Officier  public  établi 
pour  recevoir  ces  fortes  de  dépots.  Depofitum.  De- 
pofitio.  Les  Receveuis  des  Confignations  du  Parle- 
ment,  du  Châtelet  ,  €'c.  font  des  dépofitaires  pu- 
blics établis  pat  autotité  du  Roi  &  de  la  Juftice. 

CovsTGNATioN  fignifie  auiîl  ce  que  l'on  configne, 
ou  ce  qu'on  met  en  dépôt.  Depolhum ,  res  depo- 
jita.  On  met  deux  ou  trois  confignations  entre  les 


C  ON 


mains  du  Buvcticr  ,  pour  faire  y.i^Oi  im  procès 
de  i^rands  Conimiilaires.  Cliaque  coTiJignaUon  eft 
de  quatorze  ccus  Se  demi  pour  chaque  heure  dd 
vacation.  On  appelle  demi-cori/ig?iaiioTi ,  celle  qui 
fe  fait  pour  juger  au  Conlcil  une  aliaire  par  for- 
clufion.  On  fait  auifi  des  conjîgnciiuns  entre  les 
mains  d'un  ami  pour  une  gageiire ,  pour  une  partie, 
&c.  Le  Greffe  des  conJig:iaUons  eft  un  gouffte, 
ou  une  mer  qui  re<^oit  les  eaux  de  tous  les  fleuves , 
&  qui  ne  les  rend  pas.  La  Bruv- 

§3"  Ce  mot  vient  de  covjignare  qui  fignifie  cacheter , 
à  cauie  qu'anciennement  on  ne  donnoit  pas  par 
compte  l'argent  qu'on  dcpofoit,  mais  dans  dss 
facs  où  l'on  appofoit  Ion  cachet  :  quoique  nous 
n'ayons  pas  reçu  cet  uftge,  nous  avons  toujours 
donné  le  nom  de  co-njiyia.iion  à  tout  dépôt  ja- 
dicaire. 

ter  Consignations  (Les)  fe  faifoicnt  autrefois  au 
Greffe.  Elles  le  font  aujourd'hui  entre  le  mains 
du  Receveur  des  conjignations  à  qui  de  certains 
Droits  ont  été  attribues  par  différentes  Déclara- 
tions :  de  forte  qu'aucune  conjianation  ne  peut  être 
faite  par  ordonnance  du  Juge ,  en  d'autres  mains 
qu'en  celles  du  Receveur  des  covjignatioris, 

Se?  On  appelle  les  conji^nations  le  Bureau  établi 
pour  recevoir  les  dépôts  qui  s'y  font  par  aurorité 
de  Ju!Hce.  Porter  fon  argent  aux  conjig^n liions. 

Consignation  ,  terme  de  coutume.  C'efi:  le  rem- 
placement de  la  dot  de  la  femme  fait  6c  ftipulé 
par  le  contrar  de  mariage  fur  tous  les  biens  du 
mari.  Oppi<^ne^ata  pro  uxoris  dou  mariti  bona. 
Par  l'art.  3<î5  de  la  Coutume  de  Normandie,  la 
dot  de  la  femme  ,  lorfqu'il  n'y  a  point  de  conjjg- 
naîion  ,  fe  reprend  fur  les  meubles,  5c  au  détàut 
des  meubles  fur  les  conquêts. 

CONSIGNE,  adj.  m.  &  f.  terme  d'Algèbre.  Qui 
a  les  mêmes  lignes.  Ce  mot  a  été  inventé  par  M. 
de  la  Loubère  dans  fon  Traité  de  la  Rcfolution 
des  équations ,  pour  fignifier  des  termes  d'équa- 
tions qui  ont  leS  mêmes  lignes ,  c'eft-à-direj  qui 
ont  tous  deux  ^  j  ou  tous  deux  —  ,  ou  tous  deux 
-+  &  — ■  ,  ou  —  &  -h  .  En  un  mot,  qui  ont  les 
mêmes  lignes  &  dans  la  même  difpofition.  Son 
contraire  eft  dilîlgne  ,  qui  fe  dit  des  termes  des 
équations  qui  ont  des  lignes  différens.  Si,niliJïgno , 
ou  ji^nis  Jimilitus  a^eclus,  —  i  b  -+  a  clt  con- 
Jî^ne  au  refte  ajouté ,  qui  efl  —  7  b  4_  a*.  La 
LouBERE.  Le  deuxième  période  eft  confiant  au 
premier.  Id.  En  ce  cas-là  le  deuxième  période  qui 
commencera  par  le  rcfte  -+42  —  9  b  fera  con- 
fi3.ne  au  premier.  Id.  M.  de  la  Louberc  fait  tou- 
jours gouverner  à  ces  adjedtifs  le  nom  fuivant  avec 
la  particule  a'^  ,  c'eft-à-dire,  comme  l'on  parle 
communément,  qu'il  leur  fait  régir  le  datif;  on 
pouroit  au  lieu  à! au  mettre  i*; ,  &  leur  faire  régir 
le  génitif,  &  dire  l'un  eft  cow/?£f.7e  ou  dilligne  de 
■  l'autre.  03"  On  ne  fe  fert  point  des  termes  coiijigne 
Se   diiïîgne. 

Consigne,  f.  f.  terme  de  guerre.  Avis,  indruftion 
que  l'on  donne  à  un  foldat ,  à  une  fenrinelle ,  de 
tout  ce  qu'il  doit  faire  &  obferver  dans  le  pofte 
où  on  le  place.  Ainionitio ,  inflraccio ,  iocumentum 
vigilix  âitum.  Le  Caporal  eft  charge  de  difiribuer 
avec  exaélitude  la  confiine  aux  fentinelles  qu'il  po- 
fe  en  fadlion.  Bomb.  Une  fentinetle  doit  lur  toutes 
chofes  écouter  attentivement  la  co«^o-;2e  qui  lui  eft 
donnée,  afin  de  s'en  fouvenir  &  de  l'exécuter  pré- 
cifément.  Id.  Il  faut  que  la  fenrinelle  qui  va  être 
relevée  dife  mot  à  mot  à  celle  qui  la  relève,  tout 
ce  qu'il  y  a  à  expliquer  fur  la  confiine,  tant  de  jour 
que  de  nuit.  Id.  Le  Caporal  de  confias.  Voyez 
Caporal. 

Consigne  eft  encore  dans  les  places  de  guerre  un 
particulier  ou  commis  pofté  près  de  la  barrière  de 
chaque  porte ,  pour  examiner  tout  ce  qui  entre  , 
&  fonder  toutes  les  voitures,  écrire  le  nom  des 
Etrangers ,  &  où  ils  vonr  loger  ,  afin  d'en  rendre 
compte  tous  les  foirs  au  Commandant  de  la  place. 
Bomb.  Lorfqu'il  n'y  a  point  de  confions  à  la  porte , 


C  O  N 

c'efl:  aux  Caporaux  à  vifiter  les  voirures  quî  fe  pr^- 
fentent  pour  entrer  ,  &:  à  fondtr  les  chariots  char- 
gés de  fourage  >  &c.  Idem.  , 

CONSIGNER,  v.  a.  dépofer  une  fomme,  la  mettre 
en  dépôt  entre  les  mains  de  la  Juftice  ou  de  quel- 
que particulier ,  en  attendant  qu'on  la  délivre  en 
temps  &  lieu  ,  à  qui  il  appartiendra.  Deponere.  Ofi 
conligne  l'argent  conteftc  entre  les  mains  des  No- 
taires ,  Greffiers ,  ou  du  Receveur  général  com- 
mis à  cet  elièt.  Quand  on  a  fait  des  offres  raifon- 
nables  qui  ont  été  refufées ,  on  demande  permif- 
fion  de  conjipier  fon  argent. 

Consigner  le  dit  auffi  des  papiers  ,  des  cédules 
qu'on  dépofe  entre  les  mains  d'un  ami ,  pour  les 
garder  julqu'à  uft  certain  temps  convenu  ;  ou  d'un 
Greffier  ,  quand  il  eft  ainfi  ordonné  par  le  Juge. 
On  dit  conjîgner  en  papier  ;  pour  dire ,  don- 
ner un  billet  ,  portant  obligation  de  là  fomme 
qu'on  doit  conjigner.  Acad.  Fr. 

Consigner  ,  terme  de  commerce,  fignifie  remettre  & 
adrcffer.  J'ai  ordonné  de  conjigner  cz  ballot  à  vo- 
tre Commiflionnaire  ;  c'eft-à-dire  ,  de  le  lui  re- 
mettre. 

Il  fignifie  encore  enregiftrer  des  marchandifes 
fur  les  livres  des  MefiTagers ,  &;  autres  Voituriers 
publics. 

Consigner  fe  dit  auflî  en  parlant  des  fommes  qui 
ne  font  pas  encore  dues.  On  to;r/^o72e  les  vacations 
des  Commiffaircs  qui  doivent  juger  un  procès ,  les 
falaires  des  arbitres.  On  a  consigne  l'argent ,  les  frais 
d'une  partie  de  divcrtiflèment ,  pour  la  rendre  fûre , 
afin  qu'on  ne  manque  pas  de  s'y  trouver. 

Consigner  ia  dot,  en  terme  de  Coutumes  ,  c'eft 
la  remplacer  fur  tous  les  biens  du  mari,  Oppigne- 
rare  pro  uxoris  dote  mariti  ^o/î^.  Parla  Coutume 
de  Norm.andic,  les  intérêts  de  la  dot,  loriqu'elle 
eft  confignee ,  courent  du  jour  de  la  mort  du  mari. 

Consigner  ,  terme  de  guerre  ,  c'eft  avertir  une  fen- 
rinelle ,  inftruire  un  foldat  pofé  dans  un  pofte  ,  lui 
ordonner  ce  qu'il  doit  faire  fur  telle  ou  telle  chofc, 
en  tel  ou  tel  caskj  le  charger  de  quelque  chofe.  AÏ- 
monere  ,  docere ,  pracipere.  Aux  portes  des  Com- 
mandans  il  eft  conjigne  de  laiiîcr  paflér  -,  aux  por- 
tes des  magafins  ,  &  fur  le  rempart  il  doit  être 
ccnjigné  de  ne  laiffer  paffer  perfonne  après  la  re- 
traite battue ,  à  l'exception  des  rondes  &  des  pa- 
trouilles. BoMB.  Dès  que  le  détachement  pofera 
les  armes,  à  l'inftant  le  Caporal  mettra  une  fenri- 
nelle pour  garder  l'entrée  du  pofte ,  &  lui  cott/ï- 
gnera  les  armes.  Id. 

IP"  On  dit  figurément  covjigner  quelqu'un  à  une 
porte,  ordonner  qu'on  ne  le  lailîc  point  entrer  5 
&:  quelquefois  donner  ordre  qu'on  le  laifie  entrer, 

03°  Consigner  à  la  poftcritc  ,  conjigner  dans  fes 
écrits  un  événement  pour  en  conferver  la  mémoire  i 
phrafes  barbares,  purement  latines.  Conjignata pU' 
tlicis  litteris  /némoria ,  événement  dont  on  a  fait 
mention  dans  les  regiftres  publics.  Conjignata  in 
animis  notiones  :  notions  gravées ,  empreintes  dans  ^ 
les  efprits.  Litteris  conjignatum  ,  mis  par  écrit. 
|]C?  Consigné  ,  ée.  part. 

$J-  CONSISTANCE,  f.f.  mieux  que   conjz/lence, 
état  de  perfedion  dans  les  'chofes  qui  font  fulcep- 
tibles  d'accroiffement   &    de   diminution  :  temps 
pendant  lequel   elles  font  dans  leur  plus  grande 
vigueur,  fans  augmentation  ni  dépériffement.  Figor» 
roiur.Lcs  animaux ,  les  arbres,  &c.  ont  leur  état  d'ac- 
croiffement, de  conjijiance ,  &  de  dépériffcment.  Un 
arbre  qui  a  pris  tout  l'accroiffemenr  dont  il  étoit 
fufceprible ,  eft  dans  fon  état ,  dans  fon  âge  de  con- 
Jifiance  ;  après  ce  temps  il  eft  fur  le  retour ,  il  com- 
mence \  dépérir  ,  à  décliner.  Voye^^  Accroissement 
&  les  articles  relatifs. 
|C?CoNSisTANCE,termedePhyfiquc,état  du  corps  dans 
lequel  les  parriesqui  le  compofent  font  tellement  liées 
entr'ellcs,  qu'elles  réfiftent  plus  ou  moins  à  leur  fé- 
paration.  Firmitas  yjirmitudo.h^  conjijiance  exprime 
de  la  diificuité  à  féparer  les  parties  çominijes  :  la  con- 
tinuité 


CON 

tinuité  ne  prcfente  l'idée  que  de  contiguïté.  Les 

lîmples  taffetas  n'ont  point  de  coiijîjtuuc-c.  Le  bois 

a  pins  de  conjijidnci.  que  la  cire  i  k  marbre   plus 

que  le  bois.  P'ay^i  Cohésion. 

1^  Consistance  fe  dit  encore  pont  exprima  un 

certain  degré  de  folidité  qu'acquièrent  ks  ciioies 

fluides  lonqu'clles  deviennent  cpaiilcs.  Denfitio  , 

fpijjitudo.  Ainfi  l'on  dit  que  de  la  gelée,  des  con- 

iitures,  de  la  bouillie,  &c.  n'ont  pas  allez  de  con- 

Jijiance  ,  ont  trop  de  corJî^Unce  ;  cet  opiatc ,  cette 

compoiition  doit  avoir  un  certain  degré  de   con- 

Jijtance  ;  faire  bouillir  des  drogues  jufqu'àco/2/^f(Z/2- 

ce  de  i'yrop. 

§Cr  Dans  les  chofes  morales  ,  on  dit  qu'un  efpritn'a 
point  de  conjijtance  ;  pour  dire,  qu'il  n'eft  pas  ferme 
dans  fes  réiolutions.  Les  choies  de  ce  mond:  n'ont 
point  de  conjijlancc  -,  pour  dire  ,  n'ont  point  de 
ilabilité  ,  font  ilijcttes  au  changement.  Les  affai- 
res de  Rome  fembloient  avoir  pris  quelque  con- 
Jijiance  ,  paroiifoient  dans  une  lîtuation  à  ne  pas 
changer  litôt, 

^IZT  Consistance  ,  en  termes  de  Jurifprudence  »  fe 
dit  de  la  totalité  d'une  choie  ,  la  totalité  des  par- 
ties qui  la  contiennent  dans  fon  intégrité.  Dans  ce 
iens  on  dit  la  conjijtance  d'une  fucceilion  ,  tout  ce 
qui  la  compofe.  La  cojijijhmce  d'une  terre,  d'une 
Seigneurie ,  c'eft-à-dire  ,  le  fol ,  les  droits  ,  les  re- 
devances qui  lui  appartiennent.  Il  faut  favoir  la 
coiijîjtance  d'une  fuccclfion  ,  en  connoître  les  effets 
&  les  dettes  ,  avant  que  de  lé  porter  héritier  pur 
&  fimple.  Dans  une  déclaration  ,  on  donne  un  état 
de  la  conjijiance  d'une  terre. 

fa=-  CONSISTANT,  ANTE ,  qui  confifte.  En  jurifpru- 
dcnce  ,  on  dit  une  terre  conjîjlante  en  bois  ,  en 
prés  ,  en  rerres  labourables.  Conjians.  Voyez  l'ar- 
ticle précédent. 

^3"  Consistant,  en  termes  de  phyfique ,  qui  a  un 
certain  degré  de  folidiré.  Corps  conjïjians ,  c'eR-à- 
dire  ,  fixes  &  folides ,  par  oppolîtion  à  fluides.  Koy. 
Consistance,  terme  de  phylique. 

^3°  CONSISTER,  v.  n,  qui  le  dit  de  l'état  d'une  chofe 
confidéréequantà  fa  nature,à  fesqualirés,à  fes  pro- 
priétés. Canjijlere^  contineri ,  Jiare^Jitum,  pojitum 
ejje.  La  perfection  Chréritnnc  co/z/zy?^  dans  la  cha- 
rité. L'att  de  régner  conjijie  à  favoir  bien  difllmu- 
1er.  La  Juftice  conjijie  à  rendre  à  chacun  ce  qui 
lui  appartient.  Le  pouvoir  des  Rois  ne  conjijie 
que  dans  l'amour  &  dans  la  foumilîlon  de  leurs 
Sujets.  Il  y  a  des  pallions  malignes  dont  tout  l'agré- 
ment conjijte  dans  la  douleur  d'autrui.  S.  Real. 
La  beauté  conjijie  dans  la  proportion  des  patries. 
La  vie  de  l'hon  me  conjijie  dans  l'union  du  cotps 
avec  l'ame.  La  véritable  bravoure  ne  conjijie  point 
dans  une  cniète  infenlîbilité  des  dangers.  S.  Real. 

i^  Dans  ce  léns  ,  en  parlant  de  ce  qu'il  y  a  de 
principal  &  de  plus  important  dans  une  affaire  , 
dans  une  queftion ,  dans  une  difficulté  ,  on  dit , 
le  tout   conjilie  à  (avoir.  AcAD.  Fr. 

Consister  lé  dit  auHi  de  l'état  d'une  chofe  confî- 
dérée  en  fes  patries.  Con//ûre ,  contineri ,  conjijiere. 
Toure  la  Loi  conjijie  en  deux  points ,  à  aimer  Dieu 
fur  toutes  choies,  &  l'on  prochain  comme  foi-mê- 
me. Cette  armée  ccijijte  en  tant  de  bataillons  ,  & 
tant  d'efcadrons.  Tout  l'on  revenu  conjijie  en  mai- 
fons  ,  &;  en  rentes.  Cette  maifon  corflie  en  une 
cour ,  tant  de  chambres  ,  cave  &  grenier.  Cette 
ièrme  confjle  en  tant  d'arpens. 

On  dit  ,  que  la  vertu  conjijie  dans  le  milieu  -, 
pour  dire  ,  qu'il  faut  garder  la    modération   en 
tout. 
CONSISTOIRE    ,    f.  m.   §Cr    Confeil   du   Pape  , 
allémblée  des  Cardinaux  convoqués  par  le  Pape, 
pour  les  confultcr  &  demander  leur  avis  fur  quel- 
ques aflF'aires  importantes.  Sacrum  Pontijicis  Con- 
JHium,  Confijiormm.  C'eft  le  premier  Tribunal  de 
Rome  &:  la  Jurididion  la  plus  majeftucufe  de  la 
Cour   du  Pape.    Le  CorJijtoiTe   ne  s'afîcmble  que 
quand  'il  plaît  au  Pape  de  le  convoquer.  Le  Pape 
,  __',/:  i„  }-uj  yjj  Trône  fort  élève,  couvert  d'écai- 


CON  §jî 

îate  ,  &  fur  un  fiège  de  drap  d'or.  Il  a  à  droxté 
les  Cardinaux  Prêtres  &  Evêques  ,  &  à  gauche  les 
Cardinaux  Diacres.  Le  Conjijioire  public  s'aHémble 
dans  la  grande  fale  du  lalais  Apoftolique  de  S. 
Pierre  ,  où  l'on  reçoit  les  Princes  &  Ambaffadcurs 
des  Rois.  Le  Pape  eft  en  lés  habits  Pontificaux. 
Les  autres  Prélats  ,  Protonotaites  ,  Auditeurs  de 
Rote,  &  autres  Officiers,  font  audi  fur  les  det^rés 
du  Trône.  Les  Courtifans  font  aflis  à  tetre.  Iles 
Ambaliàdeurs  des  Rois  font  au  côté  droit  du  Pape; 
les  Avocats  Fiicaux  &  Conliftoriaux  derrière  les  Car- 
dinaux Evêques.  Là  fe  plaident  des  caufes  judiciaires 
devant  le  Pape. 

Le  Conjijioire  fecret  fe  tient  en  une  Chambre  pins 
fccrLrte  qu'on  app.  Ile  la  Chamhre  du  Papes^ai,  où 
le  Pape  pour  tout  Trône  a  un  liège  qui  n'e'ft  élevé 
que  de  deux  àcgic%.  Conjilu  PontijicLi  Conclave  je- 
crctius.  11  n'y  demeure  que  djux  Cardinaux  dont 
il  recueille  les  opmions ,  qu'on  ap^iflle  jentences. 
En  ce  fens  on  dit ,  que  le  Pape  a  t.-nu  Conjijt  ire. 
On  n'expédie  point  de  Bulles  d  Evêchcs  ,  ni  d'Ab- 
bayes qu'elles  n'aient  palfé  par  le  Conjijioire  ,  SC 
qu'ell- s  n'y  aient  été  propofées.VAVRE ,  en  fon  Ilij. 
toife  de  la  Cour  Romaine.  Du  Cange  dérive  ce  mot 
de  corjijiorium  ,  locus  ubi  conjijitur  ,  qui  s'efl  dit 
premiercmcnr  d'un  veltibule  ,  d'une  galerie  ,  oU 
d'une  antichambre  où  les  Courtifins  attendent 
qu'on  leur  ouvre  ■■,  ainii  dir  ,i  cor.jijienu  muLtitudine. 
11  s'eitdit  aufli  du  lieu  où  le  Prince  fortant  de  fâ 
chambre  venoit  donner  audience.  Et  depuis  on  l'a 
dit  généralement  des  lieux  où  le  Prince  tenoit  Con- 
feil pour  délibérer  fur  fes  affaires  ,  ou  juger  les 
procès.  On  a  appelé  Conjijioire ,  le  lieu  où  s'alfem- 
bloient  les  Prélats  6i  les  Prêtres  fur  les  afîàires  fur-* 
venantes.  Et  enfin  ,  ce  mot  s'eft  appliqué  à  l'Afîém-» 
blée  des  Caidintiux. 

Consistoire  ,  dans  le  Droit  Romain,  fîgnifîe ,  ou 
le  lieu  où  l'on  ttaite  des  affaires  publiques  ,  ou  le 
lieu  où  l'on  rend  la  juftice. 

Consistoire  s'eft  dit  autrefois  du  Confeil  des  Empe- 
reurs ,  &  on  le  dit  encore  en  parlant  de  ce  tems-là« 
Conftantin  fît  venir  le  Donatifte  Cécilien  &  lés 
accufateurs  dans  fon  Conjijioire  ;  car  c'eft  ainlî  que 
l'on  nommoit  le  Confeil  où  l'Empereur  traitoit  les 
affaires  les  plus  importante»  ,  &  où  iljugeoit  lui- 
même.  Fleury.  De-là  vient  que  pluiieurs  appellent 
en  latin  le  Confeil  d'Etat  de  nos  Rois  ,  Sacrum 
Conjijiorium  ,  Regiup  Conjijiorium.  Ainfi  M.  PaA 
chai  ,  Conléiller  d'Etat  ,  a  intitulé  fon  ouvrage 
des  Couronnes-: 'C^î; o/i  Pajclialii  ,  Régis  in  jacro 
Conjijiorio  ConJiUarii ,  &  apud  Rxtos  Legati ,  Co- 
Tonœ.  D'autres  dilénr  Sacri  Conjijiorii  Cornes  ,p3ij:- 
ce  qu'on  appeloit  ainfi  les  membres  du  Confijioira 
des  Empereurs. 

Consistoire  fignifie  aufTi ,  parmi  ceux  de  la  religion 
réformée  ,  un  Confeil  ou  une  allémblée  compofée 
des  Miniftres  &  des  anciens  de  leur  Seéle  ,  pour 
régler  leurs  affaires ,  leur  police  &:  leur  difcipline» 
Calvinijiarum  Conjilium.  Le  Miniftre  en  femainê 
y  préfide.  On  a  mandé  cette  fille  au  Conjijioire 
pour  recevoir  corre(3:ion  de  ce  qu'elle  a  été  au  bal. 
On  dit  fîgurément  Conjijioire ,  de  toute  alfem- 
blée  &  de  tout  Confeil ,  en  ftyle  familier ,  comi- 
que ,  ou  burlefque. 

Tout  eji  fait  pour  Louis  ,  ù  dans  leur  Confîftoire, 
Les  Dieux  ont  rejolu  de  juiyre  jcs  dejirs.  Nouv« 

CHOIX    CE    VERS. 

§CTConsistoire  de  la  bourje,  C'eft  àTouloufe  le  lieil 
où  les  Prieur  &  Confuls  des  marchands  de  cette 
ville  s'alfemblent  pour  y  tenir  leur  Juridiélion  ou 
traiter  des  affaires  relatives  au  commerce. 

^  CONSISTORiAL  ,  ALÈ,  adj.  qui  appartient, 
qui  a  rapporr  au  Conliftoire  du  Pape.  Loijijtoria- 
iis  ,  ad  Jacrum  pontijicis  Conjijiorium  pi.runcr.s. 
Matière  conjijioriale.  Officiers  conjtj.oriaux  ,  ju- 
gcmens  corjijtoriaux  ,  bénéfiee  conj/jwrial.  On 
nomme  ainli  tout  bénéfice  dont  les  bulles  font  de- 

NNNnfi 


S54  G  ON 

mandées  Sc  expédiées  pat  la  voie  du  Confiftoire. 
Les  Abbayes ,  les  Evethcs  lont  des  bénéfices  con- 
(iitonaux  à  la  nomination  du  Roi  :  &:  ceux  qui  y 
lont  nommes  ,  lont  propoles  au  Pape  en  pein  con- 
lîftoire,pat  le  Cardinal  protedteut  ,  qui,  la  veil- 
le ,  donne  aux  Cardinaux  du  Conlilloitc  des  mé- 
moires qui  expriment  le  genre  de  vacance ,  le  nom , 
furnom  ,  qualités  &  capacités  de  l'impétrant.  Les 
buUesdoivent  être  obtenues  dans  neutaiois.  Quand 
celui  qui  a  été  nommé  a  reçu  fes  bulles  ,  il  ie 
fait  lacrer ,  &  enlliite  il  prête  ferment  de  fidélité 
entre  les  mains  du  Roi.  Pour  faire  ceiiér  la  ré- 
gale ,  il  faut  que  le  ferment  de  fidélité  Ibit  ré- 
giftré  à  la  Chambre  des  Comptes,  Ces  bcncfic.s 
croient  autrefois  éleétifs  ;  mais  par  le  concordat 
qui  abolit  les  élections  ,  ils  lont  conférés  par  le 
Pape  fur  la  nomination  du  Roi, 

11  y  a  des  Avocats  &  autres  Officiers  conjîfio- 
riaux.  Les  Avocats  conjijlonanx  ont  de  beaux  pri- 
vilèges -,  comme  de  donner  des  lettres  de  docteur 
in  iitroque  jure  ,  Sec. 

CONSISTORIALEMENT  ,  adv.  en  Confiftoire ,  fe- 
Ion  les  règles  du  Confiftoire.  hi  Pontificll  Conjilii 
conventu  ,  ex  formula  Pontifiai  conventus.  Cela  a 
été  réfolu  conjîftorialement. 

CONSISTORIALITE,  f.  f.  qualité  de  celui  qui  eft 
confiftorial  ,  ou  la  forme  obfervéc  dans  les  expé- 
ditions du  Confiftoire.  Encvc. 

CONSIVE,  f.  f.  nom  de  divinité  paycnne.  Conjl- 
va.  C'ctoit  la  Déelfe  des  biens  de  la  terre ,  de  mê- 
me qu'Ops ,  Rhéa  &  la  Terre.  Ses  fêtes  qui  tom- 
bent le  15  d'Août ,  s'appeloient  Opecojiva  ,  Voy. 
Varron  ,  De  L.  Lat.  L.  V.  VoUius  ,  de  IdoL. 
L.  II ,  c.  58,  à  la  fin. 

Ce  nom  vient  de  conferere ,  confero  ,  confevi , 
planter, 

CONSOLABLE  ,  ad),  m.  &  f.  qui  peut  être  con- 
folé.  ConfoUbUis.  Elle  n'eft  pas  confotatle  de  la 
mort  de  fon  galant.  ScAR.  On  ne  le  dit  guère 
qu'avec  la  négative. 

CONSOLANT/ANTE,  ad),  qui  confole.  Confolans  , 
conjb/ailouem  affi.rens  ,  plenus  fol. nia.  Un  tefta- 
ment  à  notre  profit  eft  une  choie  fort  co7iJolante. 
Ce  que  vous  me  dites-là  n'eft  guère  conjolant. 

fer  CONSOLAT  ,  f.  m.  te  me  de  coutume.  Ceftainfi 
qu'on  appelle  à  Gap  un  droit  qui  fe  lève  fur  les 
blés  qui  font  f  xpofcs  au  marché. 

CONSOLATEUR,  f.  m.  qui  confole,  qui  modère 
la  douleur.  Confolator.  Dieu  eft  le  grand  confoLt- 
teur  des  affligés.  Paimi  les  chrétiens  ,  le  Saint- 
Efprit  eft  appelé  le  confolateur  ,  Telprit  confo- 
lateur. 

CONSOLATIF  ,  IVE,adi,  m,  &  f.  La  gazette  qui  fe 
diftribue  à  Paris  tous  les  famedis ,  eft  une  chofc  fort 
récréative  &  fort  confolative  audl ,  entant  que  cette 
babillarde  ne  dit  jamais  de  mauvaifes  nouvelles. 
Gui  Patin.  Expreffion  pafTable  pource  temps  là. 

03"  CONSOLATION  ,  f.  f,  foulagcment  qu'on  don- 
ne à  l'afflidion  de  quelqu'un  \  difcours  qui  tend  à 
adoucir  ,  ou  dans  lequel  on  fe  propofe  de  modérer 
la  douleur  ou  la  peine  des  autres.  ConfolaUo  ,fola- 
tium.  Donner, apporter,  recevoir  de  la  confolation. 
Ecrire  une  lettre  de  lonfolation.  L'homme ,  dans  les 
accidcns  imprévus  qui^lui  arrivent ,  dont  il  teint  de 
n'être  point  ébranlé ,  ne  reçoit  bien  fouvcnt  d'au- 
tre confolation  que  de  fa  vanité.  M.  Esr.  L'ami- 
tic  adoucit  toutes  les  douleurs  ,  &  fait  que  dans 
les  plus  grandes  infortunes  on  trouve  la  confola- 
tion. S,  ÈvR.  Combien  de  miférables  à  qui  il  ne 
tefte  d'autre  confolation  que  celle  de  redire  en- 
nuieufement  leur  mifère  !  Fléch. 

Q^ue  de  fots  complimens  de  confolation, 
Qui  font  furcToit  âaffliclion  !  La  Font. 

fer  CoNSotATioN  fe  dit  aufTi  d'un  vé-rirable  fujetde 
joie.  C'eft  une  grande  confolation  pour  un  père  de 
voir  fes  enfans  fe  porter  au  bien. 

Consolation  ,  en  termes  de  dévotion  ôc  de  fpiritua- 


CON 

lîté  ,  fîgr»ifîe  une  certaine  joie  de  l'ame  dévote  , 
un  mouvement  intérieur  damour  &  d'cfpcrance. 
Ceux  qui  ne  veulent  nourrir  leur  dévotion  que  de 
confolation  &c  d'efpérances,  envifagcnt  Dieu  com- 
me pcre ,  &  cfoyent  n'avoir  rien  à  faire  avec  lui 
comme  juge.  FlÉch.  Les  fpirituels  ,  lorlquc  ks  con- 
folations  leur  manquent ,  tombent  dans  ce  qu'Us 
appellent  aridité  &  fécherelle.  S.  Evr. 

^CT  Consolation  fe  dit  auili  des  chofes  &  des  per- 
fonnes  qui  confolent.  La  philolophie  ,  les  livres  , 
font  toute  fa  confolation.  Dieu  eft  notre  corijola- 
tion.  Sa  fille  eft  ion  unique  confolation. 

Consolation  ,  dans  YHijioire  Ecclcfi.ijiiijue  ,  eft  une 
cérémonie  que  les  Manichéens  Albig.ois  lubfti- 
tuoient  au  Sacrement  de  Pénitence  &.  au  Viatique 
à  l'article  de  la  mort.  Ils  ptétendoient  que  tous 
les  péchés  étoient  remis  fans  confcllion  ni  fatif- 
fadion  par  cette  cérémonie  ;  pourvu  que  le  Mi- 
niftre  qui  la  faifoit ,  ne  fut  point  en  péché  mortel. 
Conjblatio ,  manuum  impojitio.  Elle  conliftoit  à 
réciter  le  Pater  nojier  ,  &à  recevoir  rimpofidon 
des  mains  de  leurs  Docteurs,  qu'ils  nommoienc 
leurs  Dodeurs  Prévôts  ,  Prœpojïti  ,  Evêc]ucs  ou 
Diacres  ,  &  en  général  Ordonnes ,  Ordinati.  Celui 
qui  faifoit  cette  cérémonie ,  avant  que  d'impofet 
les  mains  ,  les  lavoit  fur  la  tête  du  pénitent,  fur 
laquelle  il  mettoit  aufli  le  livre  des  évangiles ,  & 
diibit  fept  fois  le  Pater ,  avec  le  commencement 
de  l'évangile  de  S.  Jean.  Selon  ces  hérétiques ,  roue 
le  fecret  du  falut  confiftoit  à  faifir  heureufement  les 
derniers  momens  de  la  vie  ,  afin  d'y  dire  limple- 
ment  le  Pater  nvfler  ,  &  recevoir  l'iiiiyjgfîrion  des 
mains ,  que  leur  taifoient  leurs  DoeT:eurs  ,  &  que 
l'on  noaimoit  parmi  eux  la  confolation.  Ccmfolés, 
en  effet ,  avec  ce  viatique  de  tout  ce  qu'une  mort 
prochaine  &  une  confcience  bourelce  de  crimes 
peuvenr  caufer  d'inquiétudes ,  ils  mouroient  tran- 
quilles ,  fur  -  ce  dans  les  flâmcs ,  &  auroient  acheté 
la  conjolation  au  prix  de  tous  leurs  biens.  P.  FoN- 
TtNAY.  Koye^  au  mor  Parfait. 

On  dir  proverbialement  que  la  conjolation  des 
malheureux  ,  c'eft  d'avoir  des  (emblablcs. 

|Cr  Consolation  ,  terme  de  jeu  de  cartes.  A  l'homi- 
bre,au  quadrille,  fi-c.  celui  qui  a  demandé  à  jouer. 
Se  qui  perd  ,  diftribue  aux  joueurs  un  tribut  con- 
venu qu'on  appelle  confolation. 

CONSOLATOIRE,  adj,  m.  &  f,  propre  à  confoler. 
Confolator i us.  Il  ne  fe  dit  qu'en  cette  phrafe ,  épi- 
trc  confolatoire  ,  difcours  confolatoire.  Il  eft  vieux. 

CONSOLATRICE  ,  celle  qui  confole.  La  Sainte- 
Vierçrc  eft  appelée  dans  les  WirnicsldiConfolatrice 
des  affli2;és.  Confolatrix  a^iclorum. 

CONSOLE ,  f.  f.  pièce  d' Architecture ,  ou  de  me- 
nuifeiie  ,  qui  eft  en  faillie  ,  qui  fert  à  foûtenir 
quelque  bu  fte,  quelque  vafe,  ou  quelque  poutre, 
ou  petite  voûte  ,  ou  corniche.  Prothyris.  On  les 
appelle  aufli  rouleau±  ,  ou  mutiles  ,  modillons  ÔC 
corbeaux  ;  &:  il  s'en  fait  de  plufieurs  fortes  de  fi- 
gures. Confole  f?  dir  aulfi  de  la  partie  d'une  pièce 
de  bois  qui  eft  coupée  en  pointe  ,  ou  en  dimi- 
nuant par  le  hont., Ancon.  On  appelle  confole  adof- 
fée  en'ferrurrerie,  un  petir  enroulement ,  en  manière 
Aç  ào\\h\ç%confoles.  Lz  confole  awec  enroulcmens,. 
eft  celle  qui  a  des  volutes  en  haut  &  en  bas.  La 
confole  arrafce  eft  celle  dont  les  enroulemens  affleu- 
rent les  côtés.  La  confole  gravée  eft  celle  qui  a 
des  gravures.  La  conjole  plate  ,  celle  qui  eft  en 
manière  de  corbeau  ,  avec  des  glyphes  &  goûtes. 
Confole  en  encorbellement ,  celle  qui  fert  à  porter 
lesménianes  &  les  balcons,  6;  qui  a  des  enroule- 
mens &  nervures,  qui  la  diftingucnt  du  corbeau. 
La  confole  coudée  eft  celle  dont  le  contour  en  ligne 
courbe  eft  interrompu  par  quelque  zn^lc.  Confole 
renvcrféc ,  celle  dont  le  plus  grand  ornement  eft 
en  bas.  Confole  rampante  ,  celle  qui  fuit  la  pente 
d'un  fronton  pointu,pour  en  foûtenir  les  corniches. 
Souvent  on  entaille  des  confoks  fur  les  clefs  des 
arcades. 

On  appelle  aufli  confole ,  un  enroulement  de  fet 


CON 

en  fotme  de  confole  fenverfce  qui  fe  met  au  ccm- 
mcncemenc  &  au  bas  d'un  eicalier  devant  le  pre- 
mier polets  ,  pour  appuyer  &  affermir  la  balullra- 
de-,  ou  contre  des  piliers  déportes  ou  de  clairevoie 
de  fer  pour  affermir. 

^fT  Consoles  ,  terme  de  Charron.  Ce  font  deux  mor- 
ceaux de  bois  quarrés  qui  l'ont  enchairés  dans  des 
mortoifes  faites  au  lifoir  de  devant  ,  &  qui  fer- 
vent à  fupporter  la  coquille.  Encycl. 

Console  ,  terme  de  Botanique.  On  fe  fert  de  ce  ter- 
me en  Botaniq.ue  pour  exprimer  les  bafes  des  feuil- 
les de  cerraines  plantes  qui  font  taillées  en  confo- 
le. DicT.  DE  James. 

CONSOLEMENT  ,  f.  m.  vieux  mot.  Confolation. 

CONSOLER  ,  V.  a.  adoucir  le  chagrin  ,  la  triftefle  ; 
foulager  l'aftlidion  de  quelqu'un  ,  foit  pat  le  dif- 
cours  ,  foit  par  quelque  autre  moyen.  Confolari , 
alicujus  dolorem  confolando  Uvare.  Le  temps  con- 
fole de  toutes  douleurs.  La  Philofophic  confole 
ceux  qui  font  capables  de  réflexions.  Nous  nous 
confolons  quelquefois  par  fbiblcflè  des  maux  dont 
la  raifon  n'a  pas  la  force  de  nous  confoUr.  Rochef. 
C'eft  un  artifice  pour  confoler  un  affligé  ,  que  de 
comparer  fa  mifère  à  une  plus  grande.  Le  tem- 
pérament aide  bien  à  la  raifon  à  fe  confoUr. 
B.  Rab.  On  fe  peut  confoler  de  tout  quand  on 
eft  médiocrement  fage ,  ou  médiocrement  fou.  Ch, 
DE  Mer. 

Iris  me  confoloit  de  tout  ^ 
Et  rien  ne  me  confole  d'elle.  La  SABt, 

Sur  les  ailes  du  temps  ,   la  trifieffe  s'envole  ; 
On  fait  beaucoup  de  bruit ,  &  puis  on  fe  conlble. 

La  Font. 

On  dit  ,  confoler  les  affligés  efl  une  des  fept 
CEUvres  de  miféricorde.  On  dit  encore,  quand  on 
nous  menace  de  la  perte  d'une  chofe  dont  nous 
ne  nous  foncions  pas  beaucoup  :  il  s'en  faudra  con- 
foler ;  j'en  ferai  bientôt  confole. 

I^T  Corneille  ,  dans  les  Horaces  a  dit  ,  confoler 
contre  les  infortunes ,  cela  n'cft  pas  François  ;  on 
confole  du  malheur  ;  on  s'arme  contre  le  mal- 
heur. VoT. 

CONSOLE  ,  EE.  part.  pa/T.  &:  adj.  Confolatione 
recreatus. 

Combien  de  fois  ,  de  douleurs  accablé , 

Par  tes  foins  gcnéreux  me  vis-je  confole  5  Vill. 

jCONSOLEUR ,  f.  m.  vieux  mot  ,  ou  mot  fait  par 
Marot  pour  avoir  une  fillable  de  moins  §£  faire 
fon  vers.  Confoiateur,  Confolator. 

Qui  te  fut  confoleur , 
Pour  fupporter  maintenant  ta  douleur  ?Mak. 

1^  CONSOLIDANT,  ad).  &  C.  m.  terme  de  Chirur- 
gie par  lequel  on  défigne  des  médicamens  qui ,  pu- 
liiîant  avec  une  chaleur  &  une  force  modérée  , 
attirent  ou  chalîent  la  corruption  des  plaies ,  af- 
fermit &c  cicatrife  les  parties  divifées.  Les  baumes 
font  des  confolidans  ,  des  médicamens  confolidans. 
CONSOLIDATION,  f.  f.  terme  de  Chirurgie  ,  qui 
fe  dit  de  l'ai^lion  par  laquelle  la  nature  réunit  les 
os  fradurcs ,  ou  les  lèvres  d'une  plaie.  Congluti- 
natio  ,  cicatrix.  Cette  plaie  eff  dans  une  partie  qui 
fera  que  fa  confolidation  fera  longue. 
Consolidation  eft  aufTi  un  terme  de  Jurifprudence, 
qui  fignifie  la  réunion  del'ufufruit  à  la  propriété  que 
l'on  avoir  déjà  d'un  héritage  -,  ce  qui  arrive  par 
la  mort  de  l'ufufruitier.  Confolidacio.  Forger  em- 
ployé le  mot  de  confolidation  pout  fignifier  l'union 
des  dixmes  à  un  fîet  noble.  L.  Il,  p.  17 
CONSOLIDE,  f  f.  Plante  mcdccinale  qu'on  appelle 

à  préfent  con fouie.  Voyez  Consoude. 
CONSOLIDER  ,  V.  a.  réunir ,  rejoindre  ,  rafermir. 
Conjnhdare.  On  ne  le  dit  au  ptopre  qu'en  Chihir- 
gie.  Les  baumes  confondent  les  plaies.  On  dit 
qu'une  plai?  fe  confolide ,  lorfque  la  chair  vive  com- 
inence  à  croître,  &  que  la  plaie  fe  reterme.  5c- 
lidefcere ,  folidari.  La  partie  nerveufe  du  diaphrag- 


CON  êjf 

lîie  étant  bleflee,  rte  fe  peut  corifolider  ^  hon  plai 

que  les  inteftins  grêles  ,  le  cœur,  le  poumon,  le 

foie  ,  l'eftomac ,  le  cerveau  ,  &c.  On  dit  figutémcnt 

confolider  une  union ,  confolider  un  traité.  ffT  En 

Jurifprudence  ,  on  dit  confolider  l'ufufruit  à  la  pro=^ 

priété  ;  c'eft-à-dire  ,  réunir  ,  ce  qui  arrive  par  la 

morr  de  l'ufufruitier.  Confolidare^ 

Consolidé  ,  ée.  part. 

CONSOMMATEUR  ,  f.  m.  terme  théologiquc.  Pcr^ 

feclor.  Il  ne  fe  dit  qu'en  certaines  phrafes  confa- 

crées.  Jesus-Chrit  eft  l'ailteur  &c  le  confommateuf 

de  notre  foi.  FEN.C'eft-à-ditejil  a  achcvé,ilaaccom- 

pli  lemiflère  de  notre  foi",  confirmé  nos  efpcrances. 

Cette  exprefUon  eft   plife  de  l'Epitre  aux  Hé* 

breux  ,  XII.  i.  où  Saint  Paul  dit  :  jetant  les  yeux 

fur  Jefus  l'auteut  &  le  Confoml-nateilt  de  la  foi. 

§CF  Consommateur  fc  dit  aufll  dans  l'ordre  civil  des 
citoyens  qui  confumént  le  produit  des  terres.  Plus 
il  y  a  de  confommdteurs  dânS  un  Etat ,  plus  cet 
état  eft  puidanf,  mais  par  la  même  raiibn ,  beau- 
coup de  confommatioh  fiitô  pat  un  petit  nombre 
de  confommateurs  ,  eft  une  corrofion  continuelle  , 
Se  toujours  croillante  ,  du  nerf  de  la  population. 
L'Ami  des  hom. 

CONSOMMATION,  f.  f  Ce  terme  a  chez  nous 
plufieurs  acceptions.  Quelquefois  il  eft  fynonime 
à  accompliflement  ,  fin ,  confummatio ,  peifeclu  « 
ahfolutio,  L'Incarnation  a  fait  la  confommation  de 
toutes  les  prophéties,  La  confommation  d'une  af- 
faire ,  d'un  ouvrage,  gCT  C'eft  dans  ce  fens  qu'on 
dit  qu'un  coUateui  ne  peut  plus  revenir  après  fa 
nomination ,  après  la  confommation  de  fon  droit. 

^fT  C'eft  auiîi  dans  Ce  fenS  que  l'on  dit  la  confom- 
mation du  mariage  ,  l'union  charnelle  du  mari  & 
de  la  femme ,  après  la  bénédidion  nuptiale ,  union 
qui  fait  que  le  mariage  ne  peut  plus  être  difîbus 
que  par  la  mort  d'un  des  deux  conjoints. 

Dcr  Consommation  fe  dit  aufll  de  l'emploi ,  du  fté- 
quent  ufage  des  chofes  qui  fervent  à  l'entretien 
de  la  vie  ou  de  la  fociété ,  comme  les  vivres ,  les 
denrées  ,  &  qui  fe  détruifent  par  l'ufage.  Confump~ 
tio.  On  devroit  dite  confomption  ou  confummation  ^ 
mais  par  abus  on  dit  corifommation  en  plufieurs 
phrafes.  Il  fe  fait  dans  Paris  une  grande  confom- 
mation de  blés  ,  de  vins  ,  de  fouragcs  ,  d'étofes* 
Il  fe  fait  une  grande  confommation  de  poudre 
dans  une  bataille.  Les  Fermiers  des  Aides  ont  in- 
térêt qu'il  fe  faffe  une  grande  confommation  de 
denrées.  Ce  malade  ne  pourra  pas  faire  la  Conforn- 
mation  de  l'hôftie, 

^Zt  On  dit  auffi  la  confommation  des  fiècles  ,  5r  dans 
ce  cas ,  le  mot  de  confommation  eft  fynonime  à 
fin;  la  fin  ,  la  deftru6lion  du  monde:  ou  bien  il 
fera  fynonime  à  accompliffement ,  parce  que  fi  la 
confommation  des  fiècles  eft  la  deftru(5lîon  de  pli'- 
fleurs  chofes  ,  elle  eft  auffi  l'accomplilfemcnt  6c 
la  perfeélion  d'une  infinité  d'autres. 

^T  C'eft  auffi  dans  ce  fens  qu'on  dit  en  marine  qu'un 
écrivain  doit  tenir  régiftre  de  la  confommation  ; 
c'eft-à-dire ,  des  cordages  ,  voiles ,  poudre ,  balles , 
&  en  un  mot  de  tout  ce  qui  eft  employé  au  fervi- 
ce  du  vaifîeau. 

03"  Consommation,  dans  le  terme  de  commerce  »  eft 
fynonime  à  débit ,  diftribution  des  marchandifes. 
Quand  le  commerce  ne  va  pas  ,  les  marchands 
difent  qu'il  n'y  â  pas  de  confommation. 

CONSOMMÉ,  f  m,  bouillon  fucculent  qu'on  tire  d'une 
viande  gC?  long  temps  bouillie  ,  &  qui  a  dépofé 
la  plus  grande  partie  de  fes  fucs  dans  l'eau.  Suc- 
cus  ex  decoclis  carnibus  expreffus.  On  lui  a  donné 
un  confommé  très-nourriffant. 

CONSOMMER,  v.  a.  ufer  ,  diffiper  des  denrées, 
des  provilîons  néceflaires  à  la  vie.  Confumere ,  abfu- 
mere  ,  effundere.  Une  groflc  garnifon  confommé  en 
peu  temps  bien  des  provifions '.'hors  Ces  fortes  d'exem- 
ples ,  où  1'-  mauvais  ufage  a  prévalu  fur  le  bon  ,  il 
faut  fe  fervir  de  confumer  ,  quand  on  veut  fignifier 
détraire  ,  anéantir ,  &C.  &  c'eft  auffi  la  décifion  de 
l'Académie, 

N  N  N  n  n  ij 


2^6  CON 

§CF  CoiisoMMER  (Faire)  de  la  viande  ,  c'eft  la  faire 
bouillir  allez  long  temps,  pour  que  les  lacs  qui  en 
Ibnt  exprimes  forment  une  eipèce  de  gelée  avec  le 
bouillon,  Succum  ex  âicoclis  carnibus  cxprimere.  11 
faut  faire  confommer  la  viande  pour  faire  de  la  gelée. 
LcsChimiftes  ne  peuvent  tirer  des  e/fenccs  des  corps 
que  les  fubftances  ne  foient  entièrement  conjomme.es. 
Consommer  lignifie  aulfi  achever ,  finir,  terminer. 
l'erficere ,  ahjulvere  ,  coiifummare.  Il  faut  conligner 
encore  quatre  vacations  pour  confommer ,  pour  taire 
juger  cette  affaire.  Jesus-Christ  dit  en  mourant 
qiie  tout  étoit  coiifommé  ;  pour  dire ,  que  toutes  les 
Prophéties  étoient  accomplies. 
Consommer  lignifie  ,  dans  le  même  fens  ,  venir  au 
dernier  but  du  mariage.  Un  mariage  n'efl  point  par- 
fait ,  julqu'à  ce  qu'il  loit  confomme. 
Consommer,  en  termes  de  Jurifprudence  Canonique, 
liç^nifie  remplir  fon  droit.  Un  Collateur  confomme 
fon  droit,  quand  il  confère  un  bénéfice  a  une  per- 
fonne ,  quoiqu'indigne. 
gCF  On  ne  dit  point  confiimer  pour  conjommer,  Per- 
fonne  ne  s'avife  de  dire  confumer  le  mariage,  une 
vertu  confumee  :  l'abus  eft  de  dite  par- tout  conjommer, 
même  dans  les  cas  où  il  faudroit  dire  confirmer  ;  par 
exemple  ,  confommer  l'on  bien ,  l'on  patrimoine.  On 
dit  de  même,  prelque  par-tout ,  conjommer  la  Sainte 
Hoftie.  Il  faut  abfolument  dire  conj'unier.  Le  Prêtre 
confomme  le  Sacrifice  ,  &:  conjume  l'Hoftie.  Cet  abus 
s'elt  gliUc  dans  plulicurs  autres  phrales.  Bien  des 
gens  difent  indifféremment  conjommer  &  conj'umer 
fes  forces ,  conjommer  &  conj'umer  Ion  bien.  Néan- 
moins confommer  ne  veut  point  dire  cela,  mais  ac- 
complir ,  comme  quand  on  dit  confommer  le  ma- 
riage ,  une  vertu  confommée,  Conjunier ,  c'ell  dé- 
truire ,  anéantir  un  iujet.  Confommer  ,  c'eft  le  met- 
tre dans  la  dernière  perfeélion. 
CONSOMMÉ.  ÉE ,  part.  &  adj.  Perfeaiss,  ahfolutHS, 

confummatus  ou  conjumtus ,  abfumtiis. 
Consommé  lignifie  encore  partait,  très-profond. Pt 7- 
fecius ,  cumulatus ,  in  aliquà  re  yerjatifjimus.  C'ell: 
un  ho'mme  confomme  en  vertu,  enfcicnce,  en  expé- 
rience. Toute  la  gloire  qui  peut  rendre  un  Evêque 
confomme  dans  les  foufftances ,  étoit  renfermée  en 
la  perlbnne  d'Ozius.  Herman.  Le  Politique  le  plus 
confomme  n'auroit  pu  prendre  de  plus  juftes  melures. 
S.  EvR.  S.  François  de  Sales  étoit  un  Sùr\x.  confomme 
dans  la  vie  inrcrieure  &;  contemplative.  Flnel. 
C0NSOMPTIF,IVEouCONSUMPTIF,  IVE,  adj. 
terme  de  Médecine  &  de  Chirurgie  ,  qui  fe  dit  des 
rem.cdes  qui  ont  la  force  de  confumer  les  humeurs 
ou  les  chairs.  ConJ'umpnvus  ,  a,  um.  Les  pierres  à 
cautère ,  l'eau  phagédénique  font  des  remèdes  con- 
Jbmftifs.BuKLET.  Acad,  des  S.   i-joo.  Mêm.p.  izi. 
On  dit  auffifubftantivement,  des  confomptij's ,  pour 
des  ïcmèdes  confomptifs ,  comme  on  dit  des  deifica- 
tifs  ,  des  lénitifs  ,  &c. 
CONSOMPTION  ,  f.  f.  c'eft  le  même  que  confom- 
mation  \  &c  il  le  dit  prefque  des  mêmes  choies  qui  le 
confument.  ConJ'umpcio.  Il  fe  fait  une  grande  con- 
Jbmption  de  vivres  dans  cette  maiibn  ,   dans  cette 
ville.   La  confompùon  des  efpèces  Sacramentelles 
dans  l'Euchariftie,  Le  Critique  du  Dictionnaire  de 
l'Académie  foûtient  qu'on  ne  doit  point  confondre 
ces  deux  mois ,  confompùon  Sa.  confommation.  Voyez 
Ccnsommation  &  Consommer. 
Consomption  eft  auffi  une  certaine  maladie  de  lan- 
gueur ,  |J3°  efpcce  de  phtilie  fort  ordinaire  en  An- 
gleterre ,  qui  confume  &  deflcche  le  poumon,  les 
entrailles,  &:  caufe  enfin  la  morr.  Confiimptio,  On 
croit  qu'elle  eft  caufée  par  la  vapeur  du  charbon  de 
mine  qu'on  brûle  en  ce  pays. 
CONSONNANCE ,  f  £  terme  de  Mufique ,  union  , 
convenance  de  deux  Ions ,  l'un  grave ,  &  l'autre  ai- 
gu ,  qui  fe  mêlent  avec  une  certaine  proportion ,  cn- 
forte  qu'ils  font  un  accord  agréable  à  l'oreille.  Con- 
vcnieniia  ,  conjbnantia.  Confonnance  mixte.  Conjhn- 
■  72rt«<:e  parfaite  ,  imparfaite,  doublée,  triplée,  &c. 
L'uninbn  eft  la  première  des  cofz/owzawc^j.  La  fé- 
conde confonnance  eft  l'oil^avc.  La  troifième,  la 


CON 

quinte  ,  &  cnfuite  la  quarte  ,  les  tierces  &  les 
lixièmes  majeures  &c  mineures.  Les -autres  lontks 
doubles  ou  répétitions  de  celle-là.  Il  n'y  a  eue 
fepc  ou  huit  confonnances  limplcs. 

Les  conjonnances  majeures  font  celles  quifurpai- 
fcnt  les  mineures  d'un  demi-ton.  Les  conjonnances 
mixtes  lont  celles  qui  ibnt  tantôt  majeures  &  tantôt 
mineures.  Lancelot.  Les  quartes  &  les  quintes 
font  les  confonnances  les  plus  conlidérables.  Ir»,  Les 
confonnances  parfaites  font  l'uniHbn ,  l'oftave  Se  la 
quinte ,  &  leurs  répliques. 

Nivers,  dans  fon  Traité  de  la  compojîtion  de  la. 
Miijùjue  ,  rejette  l'unilfon  du  nombre  des  conjon- 
nances, parce  que  toute  confonnance  e{k  entre  des 
tons  diflerens  en  nombre  &  en  efpèce  \  mais  l'ufage 
a  prévalu.  Le  même  Aureur  diftingue  deux  fortes 
de  conjonnance  ,  les  parfaites  &;  les  im-parfaites.  Les 
parfaites ,  font  la  quinte  &:  l'odave.  Les  imparfai- 
tes font ,  la  tierce  &  la  lixième  ,  qui  le  divilent  en 
majeures  èc  mineures. 

Plullcurs  anciens  Mulîciens  ne  mettoient  point 
l'uniUbn  au  nombre  des  conjonnances  ,   parce  qu'ils 
rcgardoient    la  conjonnance   comme   un  mélange 
agréable  de  fons  diliémblables ,  graves  &  aigus,  qui 
frappent  doucement  l'oreille.  Les  conjonnances  fe 
divifcnt  en  limplcs  &  en  compofées  :  les  confon- 
nances (impies  font  celles  en  la  proportion  defquel- 
les  les  deux  extrêmes  font  tellement  ordonnes  cn- 
tr'eux  ,  que  telle  proporrion  ne  peut  être  divifée  par 
un  terme  mitoyen  :  les  conjonnances  compofées  font 
celles  qui  peuvent  être  divifées  en  une  autre  propor- 
tion par  un  terme  mitoyen.  P.  Parran.  Toute  con- 
jonnance eft  parfaite   ou  imparfaite;  les  parfaites 
font  trois,  l'uniffon ,  le  diapcnte  ,  &:  le  diàtefîh- 
ron  :  elles  font  parfaites ,  parce  qu'elles  ne  fauroient 
recevoir  de  changem.ent ,  ou  altération  ,  lâns  quel- 
que mauvais  effet-,  les  imparfaites  font  le  diton,  le. 
Icmi-diton,  l'éxachorde  majeur ,  &  l'éxachorde  mi- 
neur :  on  les  nomme  imparfaites ,  parce  qu'étant 
comparées  aux  autres,  elles  ne  font  pas  fi  parfaites, 
&:  parce  qu'elles  peuvent  recevoir  quelque  altéra- 
tion, en  diminuant  ou  en  augmentant.  Id.  C'eft  l'o- 
reille  qui  doit  faire  le  rapport  des  fons  à  la  raifon  , 
afin  qu'elle  juge  de  la  bonté  des  accords ,  &  de  la 
jurtelfe  des  conjonnances.  Lancelot. 
Consonnance  diffonnante. T ont  zccond  difîbnnant  ns 
peut  être  compolc  que  de  l'union  des  confonnances  ; 
&  c'eft  de  la  comparailbnque  l'on  fait  de  deuKco::- 
Jbnnances  prilés  en  particulier  dans  un  accord  que  is 
forme  la  diifonnance  ;  ainfi  dans  l'accord  de  la  fcp- 
tième  ,  compofé  de  l'union  de  deux  quintes  &  de 
ttois  tierces  l'on  trouvera  que  les  deux  fons  extrê- 
mes font  diflbnnans  entr'eux  ,  puisqu'ils  ne  font  ni 
quinte,  ni  tierce  enfemble,  Si  qu'ils  fonr  au  con- 
traire feptième  ou  féconde  par  renverlêmcnt.  Il  ne 
faut  pas  examiner  feulement  les  intervalles  qui  fe 
trouvent  entre  la  balle  &  les  autres  fons  d'un  accord, 
fans  avoir  égard  aux  différens  intervalles  que  tous 
les  fons  peuvent  former  enfemble  en  les  comparant 
les  uns  aux  autres ,  de  forte  que  l'on  prend  quelque- 
fois pour  co;?yo/zn^«r  un  fon  qui  eft  en  effet  difîbn- 
nant. Par  exemple,  dans  l'accord  de  la  petite  fîxte ,  ii 
ne  fe  trouve  que  ttois  conjbnnances  qui  font  la  tierce, 
la  quarte  &  la  fixte  ;  mais  (î  l'on  confronte  la  tierce 
avec  la  quinte  ,  l'on  trouvera  que  ces  deux  fons  for- 
ment diflbnnance  enfemble.  Pareillement  dans  l'ac- 
cord de  la  grande  fixte, il  fe  ttouve  trois  confonnancesy 
qui  font  la  tierce,la  quinte  &:  la  fixte,où  l'on  trouvera 
encore  une  diflbnnance  entre  la  quinte  &  la  fixte. 
Donc  ces  confonnances  font  dilTonnantes  entr'elles, 
&:ilnerefteplusqu'àravoir  diftinguercelle  qui  forme 
la  di[fbnnance,ct  qui  eft  facile, en  rapportant  ces  ac- 
cords à  leur  fondement ,  où  l'on  verra  que  dans  l'ac- 
cord de  la  petite  fixte  c'eft  la  tierce  qui  forme  la  dif- 
Jbnnancc&c  que  dans  celui  de  la  grande  fixte  c'eft  la 
quinte  -,   puifque  cette  tierce  &  cette  quinte  font  en 
effet  la  feptième  du  Ton  fondamental  de  l'accord  delà 
leptième,dont  ces  deux  dernières  dérivent.  Rameau. 
Pour  connoître  les  confonnances  qui  doivent  être 


C  O  N 

prcfcrées  lorfqu'il  s'agit  de  les  doubler,  il  n'y  a  qu'à 
compter  les  confonnances  par  ordre  :  ainli ,  l'odtavc, 
la  quinte ,  la  quarte ,  la  tierce  &  la  lixte  ,  pour  iavoir 
diftinguer  que  l'on  doit  préférer  l'oétave  a  la  quinte  ■■, 
8c  ainii  de  fuite,  en  remarquant  que  l'odave  eft  dcja 
une  réplique ,  &  que  dans  l'accord  conjonnant  de  la 
lîxte  ,  l'octave  de  la  tierce  ou  de  la  lixte  eO  auHi 
bonne  que  celle  de  la  bailè.lD.^^oyf^DissoNNANCE. 

CoNSONNANCE,  en  terme  de  Grammaire,  fe  dit  au/Ii 
des  cadences  femblables,  |^  de  la  reifemblance  des 
fons  des  mots  dans  la  même  phralc.  Confonannaji- 
miluer  iefmens.Q^  qui  rend  quelquefois  une  longue 
Poclîe  françoife  cnnuyeule,  ce  (ont  les  rimes  qui  ont 
trop  de  confonnances  ,  ou  de  mêmes  chutes.  Les 
confonnances  font  vicicules  dans  la  Proie  irançoile  , 
quoique  les  latins  en  taflênt  une  figure  qu'ils  appel- 
lent of<oic,Ti},evlot.  IJCF  Comme  la  rime  entre  dans  le 
mcchaniime  de  nos  vers  françois,  nous  ne  voulons  la 
voir  que  là,  &  l'oreille efl:  frappée  délagrcablcment 
quand  deux  mots  qui  ont  le  même  fon ,  le  trouvent 
l'un  auprès  de  l'autre  ;  comme  fi  je  dilbis ,  lorlque 
deux  mors  qui  ont  le  même  fon ,  fom  l'un  auprès  de 
l'autre.  Il  faut ,  difent  Vaugelas  &  Bouhours  ,  évi- 
ter en  Profe ,  non-feulemènt  les  rimes ,  mais  encore 
les  confonnances  des  mots  ;  comme  celle  qui  le 
trouve  entre  Soleil  &  immortel.  Les  confonnances 
font  autorifées  dans  nos  proverbes. 

CONSONNANT  ,  adj.  terme  de  Mu/ique.  On  le  dit 
des  tons ,  ou  des  intervalles.  Il  y  a  des  intervalles 
confonnans  :  il  y  en  a  de  dilfonnans. 

CONSONNE.  Quelques-uns  difent  CONSONNAN- 
TE.adj.  &  f.  £  Lettre  qui  ne  produit  point  de  fon  toute 
knlc.ConJonnans.  Lïconfonne,  félon  la  Grammaire, 
efl:  une  lettre  qui  ne  produit  de  fon  qu'avec  une  au- 
tre qui  doit  être  voyelle,  oudipthongue;  &:  c'efl:  de- 
là que  lui  vient  l'on  nom  de  confonne  ,  qui  veut  dire 
une  lettre  qui  rend  un  fon  quand  elle  efl:  jointe  avec 
une  autre  .  qux  fonat  cumalia.  Une  confonnne ,  fé- 
lon la  Philofophie  ,  n'cft  autre  chofe  que  la  modifi- 
cation du  fon  qui  fe  fait  par  le  moyen  des  organes 
delà  voix  :  ainfi  les  fons  marqués  par  ces  caraéfèrcs  , 
a-,e,i,o,u-,ai^auy  &c.  ien  ,  eau  ,  y  eu ,  &c. 
font  autrement  modifiés  quand  on  dit  ab  ,  ou  i>a  , 
que  quand  on  dit  ac,  ou  ca,  ad,  ou  da  ,  &cc.  &  ces 
modifications  s'appellent  conformes  ,  lettres  con- 
fonnes. 

Les  lettres  de  l'Alphabet  font  divifces  en  voyelles 
&  en  confonn-es.  Il  y  a  des  confonnances  doubles  , 
comme  Vx  dans  le  mot  axiUaire,  le  .•;  en  grec  -,  d'au- 
|j|,  très  liquides ,  comme  /,  r,m,n;  d'autres  muettes , 
P  comme  è>,  d ,  &:c.  qui  ne  font  aucun  fon  fans  voyelle. 
La  divifion  la  plus  naturelle  des  confonnes  efl:  celle 
que  font  les  Grammairiens  Hébreux  ,  qui  ont  été 
imités  en  cela  par  les  Grammairiens  des  autres  lan- 
gues Orienrales  &  favantcs.  Ils  divifent  les  confon- 
nes en  cinq  clalîês  ,  par  rapport  aux  cinq  organes 
principaux  de  la  voix  ,  dont  chacun  contribue  avec 
les  quatre  autres,  mais  plus  que  les  quatre  autres  , 
à  certaines  modifications  qui  font  cinq  efpèces  gé- 
nérales de  confonnes.Ch^qus  efpèce  ou  chaque  clafle 
renferme  plufieurs  confonnes  ,  qui  réfultent  des  dif- 
férens  degrés  qu'on  diftingue  dans  la  même  modifi- 
carion ,  ou  dans  les  mouvemens  des  mêmes  organes: 
ces  organes  font  le  gofier,  le  palais ,  la  langue  ,  les 
dents  &  les  lèvres.  Les  cinq  efpèces  de  confonnes 
fonr  ,  les  gutturales,  les  palatiales ,  les  linguales  , 
les  dentales  ou  les  fifflantes,  &  les  labiales. 

On  compte  dix-fept  confonnes  dans  la  langue 
françoife,  qui  font  ^,  Cyd,f,gyk,l,m,\, 
pi  q  ■•  r,  s,  t,  Ar,{,  auxquelles  il  en  faut  ajou- 

tter  trois  autres,  qui  font  Vh  afpirce  ,  l'y  confonne^ 
*  &  l'v  confonne  ;  ce  qui  fait  en  tout  vingt  confonnes  : 
une  gutturale  ,  k  afpirée  ,  comme  dans  les  mots 
héros  ,  hallebarde  :  cinq  palatiales ,  qui  font  c  dur , 
comme  on  le  prononce  devant  a,  o,&cu\g,j  con- 
foTine ,  A ,  &  y.  On  peut  les  remarquer  dans  les  mots 
fuivans  ,  caverne ,  colère  ,  curiofitè  ;  gendre ,  g/ra«- 
dçle,  garantir i  goblet ,  guerre  j  kaïendes  ;  quatre 


C  ON  8^7 

de  la  langue ,  qui  ïont,d,  l  ,n  ,t:  quatre  dentales, 
dont  les  trois  dernières  font  (iftlantes,  r,s,x  7  • 
cmq  labiales  ,  qui  font,  ^  ,  /,  //2,  ^,  v  confonne." 

11  faut  remarquer  fur  cette  divilion  des  confonnes  : 
10.  Que  quoique  le  ç  Ibit  modifié  de  trois  manières 
différentes,  lelon  qu'il  ell  devant  Va  &  Vo,  ou  de- 
vant 1'^  &  l'i,  ou  devant  1'«  ,  il  efl  toujours  confonne 
du  palais,  zo.  Que  le;  confonne  ne  diffère  que  pour 
la  figure  &  le  caraéfère  ,  &  nullement  pour  la  pro- 
nonciation du  o' devant  e  ou  /.  50.  Que  le  A  n'a  point 
d'autre  prononciation  que  celle  du  c  dur.  40.  Que  le 
q  a  deux  prononciations ,  l'une  dure  &  ferme  ,  par 
où  il  reifemblc  pour  le  fon  au  A  &:  au  c  dur ,  comme 
dans  \f~,mot%  qjiand,  querelle,  quatre, quolibet, Sec. 
&:  une  autre  un  peu  plus  douce,  qu'il  a  quand  il  efl: 
imvi  à'ue  ,  ou  à'ui,  qu'on  prononce  mouillés  , 
comme  dans  quelle ,  quille.  50.  Que  quoique  la  pro- 
nonciation du  q  paroiflê  différente  dans  quand  Se 
dans  quadrupède ,  elle  efl:  en  effet  la  même  ;  la  diffé- 
rence apparente  vient  de  ce  que  Vu  ne  fe  prononce  pas 
dans  quand,  &  qu'il  a  le  fon  àel'ou  dans  quadra<yé- 
gune^  quadrupède ,  &CC.  mais  dans  toutes  ces  occa- 
lions  le  q  eft  toujours  une  lettre  palatiale.  60.  L'j  a 
deux  fons  ;  l'un  dur ,  qui  efl-  un  fifflement  rude  ,  & 
fon  propre  fon, l'autre  doux,  par  lequel  elle  reflém- 
ble  au  i  ;  elle  prend  ce  fon  quand  elle  efl:  entre  deux 
voye!les,commc  dans  les  mots  vafe,maifon,a/ine,Scc. 
70.  Vx  renferme  deux  lettres  dans  le  fon  qu'elle  fait 
entendre  :  favoir ,  un  c  dur  ou  un  A: ,  &  une  s  ou  un 
autre  c,  tel  qu'on  le  prononce  devant  é-  ou  i;  ainfî 
les  mois  Alexandre  ou  Alexis  ,  fe  prononcent  com- 
me s'ils  étoient  écrirs  Alecfmdre,  Aleccis,  ou  Alec- 
fis.So.Lec  devant  un  ^,  ou  unz,n'efl:  point  une 
confonne  du  palais,  mais  des  dents ,  parce  qu'il  perd 
alors  fon  propre  fon  pour  prendre  le  fon  fifîlant  de  l'i-. 

M.  l'Abbé  de  Dangeau  trouve  aflèz  railbnnable 
la  divifion  des  confonnes  que  les  Grammairiens  hé- 
breux ont  inventée ,  mais  il  n'cfl:  pas  tout-à-fait  de 
leur  avis  fur  le  partage  qu'ils  en  ont  fait.  Pour  trou- 
ver une  divifion  plus  naturelle  &  plus  jufle  des  con- 
fonnes, il  n'a  poinr  d'égard  à  leur  figure,  ou  au  ca- 
raiffère  qui  les  repréfente  ,  'il  ne  coniidère  que  leur 
fon,  ou  la  modification  qu'elles  donnent  au  fon  : 
fur  ce  principe  il  trouve  cinq  confonnes  labiales,  qui 
font  b  ,p  ,v  confonne  ,  fSc  m  :  cinq  palatiales  ,  qui 
font  ^,  t,  g,  k,n:  quatre  fiftlantcs  ,  qui  font  s  ,  ^, 
i  confonne,  ch  :  deux  liquides ,  l&cr  :  deux  mouil- 
lées ,  qui  font  gn ,  ou  le  fon  qui  commence  la 
féconde  fyllabe  d'ignorant,  &  deux  //  mouillées , 
ou  le  fon  qui  commence  la  dernière  fyllable  de 
bouillon;  ^  Vh  qui  fert  à  marquer  l'afpiration,  ce 
qui  fait  dix-huit  confonnes,  &  une  afpiration.  Il  re- 
remarque  enfuire  les  choies  fuivantes.  10.  Que  Vm 
&  Vn  font  deux  confonnes  nafales ,  Vm  un  b  paflc 
par  le  nez,  &  Vn  un  d  au/fi  paifé  par  le  nez  -,  en  effet, 
ceux  qui  font  fort  enrhumés  prononcent  banger  pour 
manger,  Scjedefaurois  pomje  nefaurois.  1°.  qu'en- 
tre les  confonnes  il  y  en  a  de  foibles  &  de  fortes  \  les 
foi  blés  font,  <J,  v,d,  g,  ^,j  ;  les  fortes  fonr ,/. , 
/,  t,  k,  s,  ch:  elles  différent  en  ce  que  les  foibles 
font  précédées  d'une  petite  émifîîon  de  voix  qui  les 
adoucit.  On  peut  ajouter  que  quand  on  dit  qu'une 
perfonne  parle  du  nez  ,  on  doit  entendre  cela  dans 
unfens  tout  différent  que  celui  que  préfentcnt  ces 
paroles;  car  alors  le  nez  concourt  moins  à  la  pro- 
nonciation,quc  fi  l'on  ne  parloir  pas  du  nez;  puifque 
l'air  qui  ne  peut  paffer  librement  par  le  nez  efl:  ren- 
voyé dans  la  bouche,  où  il  forme  un  fon  obtus, 
qu'on  appelle  fon  nafal. 

De  tout  ce  qu'on  vient  de  dire,  on  doit  condure 
qu'il  n'y  a  plus  de  confonnes  dans  une  langue  que 
dans  une  autre  ,  que  parce  qu'il  y  a  plus  de  modi- 
fications de  fon  reçues  par  l'ufage  ,  &z  établies  dans 
une  langue  ,  que  dans  une  autre;  car  tous  les  hom- 
mes ayant  les  mêmes  organes  ,  ils  peuvent  for- 
mer les  mêmes  modifications  :  ainfi  c'efl:  feukmen:  à 
l'ufage,  &  nullement  à  la  nature,  qu'il  faut  attri- 
buer que  les  François  n'aient  point  le  e  d^s  Grecs 
Quietk  Anglais,  kc/i  des  Allemands  tul  qu'ils  le 


8^8  CON 

prononcent  dans  ich  &  dans  euch  ,  Vain  &  le  hhtth 
des  Hébreux , ou  les  conformes  femblables  des  autres 
langues  orientales  ;  que  les  Chinois  n'aient  point 
d't  ;  que  les  Iroquois  n'aient  point  de  conj'onn^s  h 
bialcs ,  que  les  Hurons  aient  beaucoup  d'afpirations  ■■, 
que  les  Arabes  &  les  Géorgiens  aient  beaucoup  de 
confonncs  doubles  ;  ce  qui  vient  de  ce  qu'ils  font  con- 
courir fortement  plufieurs  organes  à  la  modifi- 
cation d'un  Ton ,  au  lieu  que  les  François  n'y  em- 
ploient ordinairement  d'une  manière  forte  &  bien 
fenfible  qu'un  feul  organe ,  &c  les  autres  que  foible- 
ment. 

Il  eft  encore  vifible  que  dans  toutes  les  langues  , 
les  lertres  gutturales  ou  les  afpirations ,  font  de 
véritables  conjonnes ,  puifque  le  gofier  modifie  au- 
tant le  l'on  que  le  palais  ,  la  langue  ou  les  lèvres. 

Enfin ,  pour  trouver  toutes  les  confonnes  qu'il 
peut  y  avoir  dans  toutes  les  langues  qui  ont  été 
en  ufage  ,  ou  qui  peuvent  être  formées ,  il  n'y  a 
qu'à  oblervcr  toutes  les  modifications  qui  peuvent 
arriver  au  ion  de  la  parole ,  &  l'on  aura  par  ce 
moyen-là  toutes  les  confonnes  qu'on  peut  imaginer. 

Les  langues   du   Nord   écorchent  le   gofier  de 
ceux  qui  parlent ,  &  les  oreilles  de  ceux  qui  écou- 
tent. Toutes  leurs  conjonnes  entafTécs  les  unes  llir 
les  autres  ,  font  horribles  à  prononcer ,  &  ont  un 
fon  qui  fait  peur.  Bouh.  Il  y  en  a  qui  attribuent 
cela  au  froid  du  climat ,  qui  ne  laifle  pas  un  mou- 
vement libre  aux  organes. 
CoNSONNANTE    eft    aulli  un  un  grand  inftrument  de 
Muiique  nouvellement  inventé  par  l'Abbé  Du  Mont, 
qui  participe  du  clavecin  &:  de  la  harpe.  Son  corps 
eft  comme  un   grand  clavecin  poie   à  plomb  fur 
un  piédeftal ,  qui  a  des  cordes  des  deux  côtés  de 
fes  tables ,   lelquelles  on  touche  à  la  manière  de 
la  harpe. 
CONSORTS  ,  f.  m.  pi.  terme  relatif,  qui  fe  dit  au 
Palais, de  ceux  qui  font  engagés  dans  la  même  affaire 
civile  ,  qui  y  ont  un  intérêt  commun.  Conjors  ,_fo- 
£ius,\Jn  Pourfuivant  criées  pourfliit  tant  pour  luique 
pour  fes  conforts  ,  pour  ceux  qui]  font  créanciers 
comme  lui^de  la  même  pcrfonnc.  Cet  héritier  exerce 
les  droits  du  défunt,   tant  pour  lui^quc  pour  les 
conforts  &  cohéritiers.  On  difoit  autrefois  d'une 
femme  à  l'égard  de  fon  mari ,  qu'elle  étoit  fa  lé- 
gitime époufe  &   conforte.    Du  Cange  dérive  ce 
mot  de  confortes,  qui  fignific  desvoifins,  poiTef- 
feurs  d'héritages  qui  fe  touchent  les  uns  les  autres  ; 
fuppofant  que  ces  héritages  avoient  été  autrefois 
diftribués  par  le  fort ,  &  que  ceux  qui  en  avoient 
eu  de  contigus ,  avoient  eu  la   même  fortune. 
CoNSORT  ,    nom  d'une  Société  du  Tiers  Ordre  de 
S  François,    établie  à  Milan  en   Italie.    Confor- 
tium ,  Congregatio  Fratrum  de  Psnitentia,  On  con- 
fîoit  aux  Frères  &  Sœurs  du  Confort  le  foin  d'exé- 
cutet  toutes  les  œuvres  &  les  legs  pieux  que  les 
Fidèles  faifoient  en  faveur  des  pauvres  &  des  af- 
fligés. Dans  la  fuite ,  craignant  qu'on  ne  les  foup- 
çonnât  de  fe  les  attribuer ,  ils  remirent  ce  loin  en- 
tre les  mains  de  quelques  laïques  de  Milan.  Mais 
l'expérience   ayant  appris   que  ces  Frères  &   ces 
Sœurs  du  Confort  s'en  acquittoient  avec  plus  de 
fidélité  ,  les  Milanois,  l'an  1477,  fupplièrent  Sixte 
IV  d'ordonner  à  ces  Tiercaires  de    reprendre  la 
diftribution  de  ces  aumônes,  Wading  ne  dit  point 
ce  qui  fut  réglé,  ni  ce  que  devint  cette  Société. 
Voye?  cet  Auteur  à  l'an  1477  ,  nombre  4(î ,  &  le 
P.  Heiyot  ,  t.  j  ■,  ch.  4j. 
CONSOUDE.  f.  f.  On  difoit  autrefois  Confyre.Co7z/ÔK- 
de  eft  un  nom  qui  fe  tire  de  la  propriété  qu'on  attri- 
buoit  à  plufieurs  efpèces  de  ce  genre  pour  confolider 
les  plaies,  tant  internes  qu'externes.  On  diftinguoit 
autrefois  ces  plantes  en  grande  ,  moyenne  &  petite 
Confonde ,  8c  Confonde  Royzlc.  La  grande  Confonde , 
fymphytum  ou  Confoiida  major ,  croît  dans  des  en- 
droits humides.  Ses  racines  font  groffes  comme  le 
doigt,  cafTantes,  noirâtres  en  dehors ,  blanchâtres 
en    dedans,  vifqueufes,   &  fades  au  goût.    Elles 
jpoufTent  des  tiges  hautes  de  deux  à  trois  pjés , 


CON 

quelquefois  plus  velues ,  ailées  &  garnies  de  feuilles 
alternes  ,  longues  ,  étroites ,  velues  ,  &;  de  la  fi- 
gure de  celles  d'Année,  mais  verdâtres  des  deux 
côtés  ,  &  beaucoup  plus  étroites.  Celles  qui  for- 
tent  mimédiatement  de  la  racine  font  à  peu  près 
de  même  :  fes  fleurs  ,  qui  viennent  pr.r  bouquets 
aux  extrémités  des  tiges  &:  des  branches  ,  font  des 
tuyaux  cylindriques ,  ouverts  par  leurs  deux  bouts , 
longues  de  plus  de  demi-pouce ,  légèrement  cchan- 
crécs  à  leur  ouverture  fupcrieure  ,  &:  de  couleur  ou 
blanche ,  ou  pâle  ,  ou  jaunârre  ,  ou  purpurin  clair  ou 
purpurin  plus  foncé.  Ces  fleurs  font  foûtenues  par 
des  calices  verdâtres ,  à  cinq  pointes ,  &  du  milieu 
defquels  s'élève  un  piftil  qui  enfile  la  fleur  ,  &  qui 
eft  garni  à  fa  bafe  de  quatre  embryons,  qui  de- 
viennent autant  de  femences  femblables  à  des  têtes 
de  vipère.  On  emploie  en  Médecine  les  racines  de 
la  grande  Confonde  pour  les  crachcmens  de  fang ,  &: 
pour  les  dyfléntcries -,  elles  entrent  dans  les  tifannes 
vulnéraires  ôc  adoucillantes.  On  appelle  Confonde 
moyenne  ,  la  Bugle.  Voye^  Bugle.  On  donne  le 
nom  de  petite  Confonde  à  la  pâquerette,  à  la  bru- 
nelle.  Voye^  PAQtTERETTE.  Et  celui  de  Confonde 
royale,  Confo/ida  rega/is  ,  à  cette  efpèce  de  pié 
d'alouette  qui  vient  communément  dans  les  champs, 
&c  qu'on  nomme  à  préfent  Delfhininm  fegetnm. 
Voyez  PiÉ  d'Alouette. 

CoNSouDE  Saraine ,  eft  une  efpèce  de  verge  do- 
rée,  qui  a  fes  tiges  cannelées,  hautes  de  deux  ou 
trois  coudées.  Ses  feuilles  font  longues ,  femblables 
à  celles  du  Saule  ,  un  peu  dentelées  &  liffês. 
Ses  fleurs  font  radiées  ,  de  couleur  jaune  ,  difpo- 
fées  en  épi  le  long  des  tiges.  En  latin  virga  au- 
rea  angujlifolla  [errata  ou  Jb/idago  Saracenica.  On 
fe  fert  en  Médecine  des  feuilles ,  qui  ont  aftrin- 
gentes,  amères,  defîlccatives  &  vulnéraires.  Elles 
font  bonnes  pour  mondifier ,  &  pour  guérir  les 
ulcères  malins. 

|Cr  CONSPIRANT,  ANTE,  ad},  terme  de Mecha- 
nique.  Les  Puitibnccs  confplrantes  ou  concourantes 
font  celles  dont  les  dirciSlions  ne  font  pas  oppofées  , 
&  qui  concourent  plus  ou  moins  à  produire  le 
même  effet.  On  ne  devroit  même  appeler  Puif^ 
fnnces  conff hantes  ,  que  celles  qui  agiliént  fuivant 
la  même  dircâ-ion. 

CONSPIRATEUR  ,  C.  m.  qui  ne  fe  prend  guère  qu'en 
mauvaife  part,  &  fe  dit  de  celui  qui  forme  une 
confniration  ou  qui  y  a  prrt,  foit  dans  le  defîein  foie 
dans  l'exécution. /^ciy''{ Conspiration.  Cor^juratus. 
Quelques  Auteurs  prétendent  qvicconfpirateur  n'cft 
pas  encore  bien  établi,  cependant  l'Académie  l'a- 
dopte y  &  Corneille  a  dit  : 

A'o/z ,  jamais  d'affafjin  ni  de  confpiraieurs 
N'attaquèrent  le  cours  d' une Ji belle  vie. 

CONSPIRATION,  f.  f.  Union  de  plufieurs  perfonnes 
mal  intentionnées  contre  l'État ,  contre  les  Princes  , 
contre  les  perfonnes  publiques.  Confpiratio.  Tramer, 
faire,  former,  conduire,  découvrit  une  confpiration. 
Voyez  au  met  Conjuration  ,  les  différences  rela- 
tives qui  fe  trouvent  entre  les  mots.  Complot, 
Conspiration,  Conjuration. 

(KJ"  Conspiration  fe  ditaufîi,  mais  toujours  en  mau- 
vaife part ,  de  l'intelligence  de  plufieurs  perfonnes 
réunies  pour  un  même  defTein  lans  aucun  rapport  à 
l'État  ni  au  Gouvernement.  On  fait  une  confpiration 
contreun  Auteur.  \\  y Ql  une  confpiration,  on  a  fait 
une  confpiration  pour  lui  faire  perdre  fon  procès, 
pour  le  lui  faire  gagner ,  pour  lui  faire  avoir,  pour 
lui  faire  perdre  une  charse.  Il  y  a  entre  les  hommes 
une  efpèce  de  confpiration  à  fe  diiTimuler  ce  qu'on 
penfe  les  uns  des  autres.  Nicol. 

^  CONSPIRER,  V.  n.être  unis  d'efptitSc  de  vo- 
lonté pout  l'exécution  de  quelque  defTein.  Conf" 
pirare.  On  le  dit  en  bonne  ou  en  mauvaife  part , 
félon  que  le  deffein  eft  bon  ou  mauvais  ,  louable 
ou  blâmable.  Confpirer  au  bi^n  public.  Tous  conf- 
pirent  à  fa  fortune ,  à  fa  ruine.  Brutus  &  Caffius 
confpirèrem  contre  Ccfar,  pour  rendre  à  la  Ré- 


CON 

publique  /on  ancienne  liberté.  On  eonfplrok  f*ou-= 
vent  contre  les  Empereurs  Romains. 

Du  rang  qu^  vous  tene:^.  Confus ,  dêfefpéré  » 
Pour  vous  en  dépouiller  j' ai  cent  fois  conrpiré. 

§CF  On  dit  aâ:ivement  confpirer  la  perte ,  la  mort 
de  quelqu'un.  Il  iemble  qu'ils  aient  confpire  la 
ruine  de  l'Etat. 

03"  Ce  verbe  employé  abfolument  fe  ptend  tou' 
jours  dans  un  lens  odieux  pour  défigner  un  com- 
plot formé  contre  le  Souverain ,  contre  l'État,  contre 
les  perfonnes  publiques.  On  fut  averti  que  l'on  conf 
piroit  dans  telle  ville,  dans  telle  province. 

fp"  On  le  dit  neutralement  dans  un  fens  figuré  des 
chofes  qui  concourent ,  qui  conttibuent  au  même 
effet.  Tous  les  événemens  feniblent  confpirer  à  la 
gloire  du  Souverain ,  au  bonheur  de  l'État. 

Jettez  les  yeux  fur  cette  Province  ,  que  la  guerre 
&:  la  fécherefle  ont  dcfolée ,  enforte  que  le  ciel 
&  la  terre  femblent  avoir  confpire  fa  ruine.  Flech. 
C'eft  à  la  Cour  que  les  pa/fions  s'excitent ,  &  confpi- 
rent  toutes  contre  l'innocence.  Id.  Toutes  chofes 
confpiToient  à  la  fortune  du  Cardinal  de  Riche- 
tîieu  ;  (eut  confpiroit  à  fon  avancement.  Les  vœux 
fdu  peuple  confpirent  à  la  gloire  de  leur  Prince. 

Je  vois  que  lafagejje  elle-mîme  t'infpire  : 
Avec  mes  volontés  tonfentiment  confpire. 

Racine. 
Tout  confpire,  Madame  ta  mon  contentement. 

Mol. 

Conspiré  ,  ee.  part. 

CONSPUER,  v.  a. cracher  fur  quelqu'un.  Confpue- 
re  ,  fpuere  in  aliquem.  Et  au  figuré  méprifer  quel- 
qu'un d'une  façon  marquée.  Il  n'eft  d'ufage  que 
dans  le  ftyle  burlefque.  '      . 

•CONSPUE  ,  EE.  adj.  &  part.  Couvert  de  crachats  j 
liftlé ,  méprifé  ,  mocqué.  Pour  confoler  le  Poète 
confpué  du  mauvais  accueil  du  Parterre  ,  il  lui 
donne  deux  mille  écus  de  penfion  ,  &  lui  en  paffe 
le  contrat  chez  un  Notaire.  Ohferv.fur  les  Ecrits 
mod.  II  eft  à  propos  de  remarquer  que  ce  mot  n'eft 
point  de  l'Auteur  de  Gil-Blas ,  quoiqu'il  fe  trouve 
dans  l'extrait  qu'on  donne  ici  du  /F'  Tome,  Il 
faut  dire  au(Ii ,  pour  la  juftification  de  l'Auteur 
des  Obfervations  ,  qu'il  l'a  mis  en  italique.  Au 
telle ,  il  n'eft  pas  du  bel  ufage ,  &  ne  peut  paiîer 
que  dans  le  ftyle  familier. 

Et  tout  leur  faoult ayant  bernée  hué^ 
Croquignolé ,  foufieté ,  confpué.  R. 

CONSTABLE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Conflabilis.  S. 
Confiâhle  ,  Abbé  de  Cave ,  près  de  Salerne ,  mou- 
rut l'an  1 1 24. 

CONSTAMMENT ,  adv.  d'une  manière  certaine  & 

;  indubitable.  CertiJJimè ,  indubitanter  ,  haud  dubie. 
■  Il  eft  conflamment  vrai  que  le  tout  eft  plus  grand 
que  fa  partie. 

Constamment  ,  fignifie  auflî ,  d'une  manière  uni- 
forme ,  invariable ,  toujours  égale ,  &  qui  ne  change 
poinr.  Conjlanter.  Le  foleil  achève  fon  cours  cm- 
Jlamment  en  5(^5  jours. 

Cefè  aux  gens  mal  tournés ,  c'eji  aux  Amans 

vulgaires  , 
A  brûler  conftamment/)oz/r  des  beautés  féveres. 

Mol. 

II  fignifie  auiTi ,  avec  fermeté.  Les  Martyrs  ont 
enduré  conflamment  les  cruaurcs  des  Tyrans. 
CONSTANCE,  f.  £  qualiré  ,  force  de  l'ame  que  les 
circonftances  ne  font  point  changer  de  difpolition. 
Voye:^  Fermeté. 

M.  de  La  Chambre  dit  que  la  confiance  eft  une  ' 
pafllon  /impie  ,  qu'il  définit  un  mouvement  de  l'ap- 
pétit,   par  lequel  l'ame  s'affermit,    &  fe  roidit 


CON 


Î5t 


pourrefifter  âux  maux  qui  l'attaquent.  Conflantiat 
aninn  Jirmitas.  La  cunjiance  des  Stoïciens  les  en\* 
pêhoit  d'avouer  que  la  douleur  frit  un  mal.  Un 
coup  fi  capable  d'abattre  les  plus  grands  couracres, 
n'cbranla  point  fa  conjtance.  P.  d'Orl.  Il  y  a  plus 
de  conjlance  à  ufer  fa  chaîne ,  qu'à  la  rompre.  Mon  r» 
Polhdonius ,  que  Ciccron  appelle  le  plus  grand  des 
Stoïciens ,  louflrit  aulli  impaciemment  qu'un  homme 
du  Vulgaire,  &  la  goutte  fut  l'écueil  de  là  con- 
fiance, S,  EvR.  Le  méptis  de  la  mort  dans  Pé- 
trone n'étoit  point  la  confiance  forcée  de  Sé- 
nèque ,  qui  a  befoin  de  s'animer  par  le  fouvenic 
de  fes  préceptes.  S.  EvR.  La  confiance  de  ces  il- 
luftres  Payens  qui  fembloient  mépiifer  la  mort, 
venoit  non  d'une  force  vertueufc ,  mais  d'un  ftra- 
tagême  de  l'amour  propre ,  qui  occupoit  leur  ef- 
prit  de  toute  autre  chofe. 

Redouble^  vos  eforts  ;  le  temps ,  votre  coït-* 

ftance 
De  vos  profonds  ennuis  vaincront  la  violence^ 

_  Les  anciens  avoient  f  it  de  la  confiance  une  Di- 
vinité qu'ils  repréfentoient  fur  leurs  médailles  fous 
la  figure  d'une  femme  en  habit  militaire  ,  le  cafque 
en  tête,  une  pique  à  la  main  gauche  ,  &  portant 
la  droite  julqu'à  la  hauteur  du  viiage  ,  en  élevant 
un  doigt  j  ou  bien  elle  tient  la  pique  de  la  main 
droite ,  &  une  cotne  d'abondance  de  la  gauche. 
Constance  fignifie^  perfévérance  dans  le  bien,  dans; 
quelque  attachement ,  dans  l'exécution  d'un  delfcin 
ou  d'une  refolution.  Ce  n'eft  pas  affez  que  d'en* 
treprendre  de  grands  deileins  ,  il  les  faut  pour- 
fuivre  avec  conjlance  ;  6c  ne  fe  i-oint  rebuter  par 
les  premiers  revers.  Get:e  femme  n'a  pas  accoa' 
tumé  de  laffer  la  confiance  de  fes  Amans ,  ni  de 
les  faire  mourir  de  défefpoir,  Balz.  L'atta- 
chement à  la  Religion  qui  prend  le  nom  hono- 
rable de  confiance  pour  la  bonne  caufe  dans  un 
parti ,  s'appelle  opiniâtr.-té  dans  le  mauvais  parti, 
Vous  avez  éprouvé  ma  cmftance  par  vos  ri<jueurs  , 
&  vous  m'avez  fait  faire  mes  preuves  de  fidélité» 
B.  Rab. 

La  co  nftancc ,  &  la  foi ,    ne  font  que  de  vains  noms 

Dont  les  laides  ,  &  les  barbons , 
Tâchent  d'embarraffer  la  jeuneffe  crédule, 

Des-HouI^ 

La  conftance  efi  une  chimère 
Qui  ne  fait  qu'amortir  les  plus  ardens  dcjirs. 

VlLl, 

tfT  La  confiance ,  dit  M,  l'Abbé  Girard  ,  empêche 

de   changer ,    &  fournir    au   cosur  des  reifources 

contre   le   dégoût    &   l'enn  li   d'un  même  objet  s 

elle  tient  de  la  perfévéran(n;  &  fait  briller  l'attache- 
ment. 

§3"  La  fiabilité  empêche  de  varier  ,  &  foûtienc 
le  cœui  contre  les  mouvem.-ns  de  légèreté  &  de 
curiodté,  que  la  diverfité  des  objets  pourroif  y 
produire  :  elle  tient  de  la  préférence  &  juftifie  le 
choix. 

|CF  1.2.  fermeté  empêche  de  céicf ,  U  donne  au  CœuC 
des  forces  courre  les  attaques  qu'on  lui  porte  :  elle 
tient  de  la  réfiftance  ,  &  répond  un  éclat  de  vie- 
to're^ 

^  Les  petits  maîtres  fe  piquent  aujourd'hui  d'être 
volages ,  bien  loin  de  fe  piquer  de  fiabilité  dans 
leurs  engagemcns.  Si  ceux  des  femmes  ne  durent 
pas  éternellement ,  c'eft  moins  par  défaut  de  con- 
fiance pour  ce  qu'elles  aiment ,  que  par  défaut  de 
fermeté  contre  ceux  qui  veulent  s'en  faire  aimer. 

Constance  eft  au(ÏÏ  un  nom  propre  de  femme  , 
que  plufieurs  Princelles  ont  porté,  non-feuhment 
de  la  fimille  de  Conftantin ,  mais  en  France  ôi 
en  Efpagne.  Conftantia,  On  retient  au(Ti  fouvent 
le  mot  latin  Corifiantia,  Vlmpét^ttice  Confiantia 3 
étoit:  femme  de  ticlnius ,  Se  Osiit  de  Conftaniia  » 


840  C  O  N 

fille  de  Conftantius  Chlorus.  La  bonne  Reine  Con- 
fiance penfoit  être   bien   obligée  au  Roi  Robcrc 
fon  mari ,  de  ce  qu'il  avoic  tait  mention  d'elle  en 
l'hymne  qui  commence  ,  O  Con/lantia  Martyrum  l 
Mascurat. 
Constance,  ville  du  Cercle  deSuabeen  Allemagne. 
Confiantia,   Quelques  Géographes  prétendent  que 
Conjtance  efi;  l'ancienne  Gannodurum  ,  que  d'autres 
placent  à  Zurzachou  ,    à  Laufcnbourg.    Conjtana 
efl:  une  ville  grande  :<«:  riche  ,  lur  le  Rhin  :  elle 
porte  les  titrè"s  de  ville  Impériale  &c  de  ville  libre. 
Il  y  a  à  ConjUncc  un  Evêchc  lliffiagant  de  Mayence. 
Il  y  a  été  transféré  de  Windifch  ou  Windinilla, 
ruiné  en  594  par  Childebert  II,  Roi  de  France. 
De  tous  les  Conciles  de  Conjiance ,  le  plus  cclèare 
eft  celui   qui  fut  aflcmblé  en    141 4  &   dura  jiu- 
qu'en  1418.  On  l'imprima  à  Francfort  l'an  1700 
en  lix  petits  volumes  in-folio,  avec  l'Hirtoirc,  Si 
d'autres  pièces  qui  1^  concernent.  L'Evéché  de  Con- 
fiance ,  Conjtantienjîs  Epifcopatusy  etl  un  d.s  États 
du  Cercle  de  Suabe  ,  aux  environs  des  lacs  de  Con- 
fiance ^  dt  Zell,  &■  aux  confins  de  la  Suiile.  L'E- 
vêque  de  Conjiance ,  Prince  de  l'Empir-. ,  Souve- 
rain dans  fon  Evêchc  ,  ne  l'eft  plus  de  la  ville  de 
Confiance ,  &  réfide  dans  le  fauxbourg  ,   nommé 
Percrlingen  ou  Petershaufen ,   de  l'autre  côté  du 
Rhin.   Voye^  Imhoff  Not.  Imp.  L.  IJI ,  c.  9.  Le 
lac  de  Confi.ince  >  qu'on  nomme  aulli ,  mais  rarement 
en  France,  Bodenzée,  s'étend  du  fudeft  au  nor- 
doueft  ,  entre  la  Suabe  &  la  Suiile. 
CONSTANT ,  ANTE  ,  adj.  ce  qui  eft  certain ,  in- 
dub!tnble..C(;r/«J ,  induhitMus  ,  haiià  dubius.  11  eft 
confiant  que  deiixôc  deux  font  quatre.  Il  palle  pour 
confiant  qu'on  a  battu  les  ennemis;  pour  dire,  on 
le  tient  affùré.  Il  eft  confiant  qu'il  y  a  dans  les 
hommes  une  idée  naturelle  de  bienicance.  S.  Real. 
f^t   Constant  i"e  dit  au/li  de  celui  qui  a  cette  qua- 
lité de  l'ame  que  les  circonftances  ne  font  point 
changer ,  qui  perfévère  dans  fon  arrachement  au 
niême  objet.  Confians,  Celui  qui  fera  confiant  juf- 
qu'à  la  fin,  obtiendra  la  couronne  du  ciel.  Conf- 
iant dans  fes  dedeins ,  dans  fa  foi ,  dans  fon  amour. 
Efprit  confiant ,  qui  ne  change  point;  ferme  ,  qui 
recède  point  •,  zwe^r^zw/^^/e,  qui  réfifte  aux  obila- 
des  ;  inflexible ,  qui  ne  s'amollit  point.  Confiant  en 
amitié  ,  ferme  dans  le  malheur ,  inébranlable  aux 
menaces  ,    inflexible   aux  prières.   Les   coquettes 
fe  moquent  des  paillons  héroïques ,  &  félon  leur 
goût ,  la  perfévérance  d'un  amant  confiant  eft  une 
langueur  trifte  &  ennuyeufe.  S.  EvR.  Moitié  par 
habitude  ,  moitié  par  honneur  qu'on  le  fait  d'être 
conjlant -,  on  entretient  long  temps  les  miférables 
reftes  d'une  pafîlon  ufée.  Id.  Une  conduite  confim- 
H  &  réglée,  qui  eft  l'ouvrage  de  la  raifon ,  eft  plus 
louable  que  ces  a(5lions  d'éclat,  qui  ne  font  que  les 
effets  du  hafard.  P.  Rap. 

U honneur  de  paffer  pour  conftant. 
Ne  vaut  pas  la  peine  de  l'itre, 

ffT  Constant  confidéré  comme  fynonîme  a  du- 
rable. Ce  qui  eft  confiant  ne  change  point  -,  il  eft  fer- 
me par  fa  réfolution.  Ce  qui  eft  durable,  ne  cefle 
point;  il  eft  ferme  par  fa  folidité.  Syn.Fr. 

Il  n'eft  point  de  liaifons  durables  entre  les  hom- 
mes ,  fi  elles  ne  font  fondées  fur  le  mérite  &  fur 
la  vertu.  De  toutes  les  paffions ,  l'amour  eft  celle 
qui  fc  pique  le  plus  d'être  confiante  &  qui  l'eft  le 
moins. 

H^"  Constant  fe  dit  figurément  de  toutes  leschofes 
qui  ne  changent  point, ou  qui  font  long  temps  les 
mêmes.  Fortune  confiante ,  état  confiant ,  profpctité 
confiante. 

On  dit  au  Palais,  pendant  &  confiant  le  mariage  ; 
c'eft-à-dirc ,  pendanr  le  cours  &  la  durée  du  maria- 
ge. Durante-,  perflante  matrimonio, 

CONSTANTE ,  (Quantité.  )  terme  de  géométrie  & 
d'algèbre ,  qui  fe  dit  des  quantités  qui  demeurent 
toujours  les  mêmes  par  oppofiîion  à  d'autres  quan- 


CON 

tîtcs  variables ,  qui  croiflent  ou  dccroilTent  tou- 
jours. Confians.  Ainfi  le  demi-diamètre  d'un  cercle 
eft  une  quantité  confiante  ,  ou  la  confiante ,  parce 
que  pendant  que  les  abfilfis  &  les  femi-ordonnées 
croiflénr,  il  demeure  toujours  le  même.  Tout  ce  qu'il 
y  a  ici  à  faire ,  c'eft  de  fubftiruer  dans  la  formule 
générale  les  valeurs  de  y&dev,  trouvées  en  x 
Se  en  confiantes  par  le  moyen  des  courbes  données, 
Varign.  Acad.  i6()^.  Mem. p.  55. 
CONSTANTIN  ,  f.  m.  nom  d'homme.  Cotfiantinus. 
Confiantin  le  Grand  eft  le  premier  Empereur  Chré- 
tien ,  devenu  odieux  aux  Romains  par  fon  atta- 
chement à  la  religion  chrétienne  qu'il  avoir  embral- 
fée;  ce  Prince  rétablit  la  ville  de  Byfancc  ,  qui  de 
.  fon  nom  fut  appelée  Conftantinople  ,  &  y  établit 
le  fiège  de  fon  empire. 

Les  Chevaliers  de  l'Ordre  de  Confiantin  ,  appe- 
lés aufTi  Dores ,  Angéliques  &  de  faint  George.  Voy. 
au  mot  Angéliques,  où  nous  en  avons  parlé,  ^oy. 
auiîi  le  P.  Helyot  ,  Hilt,  des  Ordres  Religieux  ,&c. 
P.L  C.  15. 
CONSTANTINE  ,  nom  de  ville.  Confiantina,  Ville 
capitale  de  Numidie  en  Afrique ,  nommée  autrement 
.Cirthe  >  qui ,  fous  Conftantin  le  Grand  ,  prit  le  nom 
de  Conftantine.  Les  Evêques  d'Afrique  écrivirent  à 
Conftantin  (en^i(î,  )  que  les  Donatiftes  s'étoicnt 
emparés  de  l'églife  ,  que  lui-même  avoir  fiir  biuir 
pour  les  Catholiques  dans  la  ville  de  Cirthe,  ca- 
pitale de  Numidie,  nommée  alors  Confiant.ine  de 
fon  nom.  FtEURY./^oye^  Marmol  ,  livre  FI ,  chap, 
i3. 

^fCt  ConstAntine  eft  encore  une  ville  de  PhéniciCi 
ainfi  nommée  par  le  même  Empereur  Conftantiiî 
le  Gra-id.  Confiantina. 

,ÇT  CoNSTANTiNE  eft  auflî  une  province  de  Barba- 
rie en  Afrique ,  appelée  autremcnr  par  les  anciens 
la  nouvelle  Numidie.  C'eft  aujourd'hui  une  provin- 
ce d'Al  i-er,  qui  a  la  Mediterrannée  au  nord  ,  au  le* 
vant  le  royntm'  de  Tunis  j  au  midi  le  Biledul- 
gcrid  ,  Si  au  co  :chant   le  Sufegmar. 

CONSTANTINIEN  ,  ENNE  ,  adj.  qui  appartient  à 
Conftantin,  qui  vient  de  Conftantin.  Confiantinia- 
nus  ,  a  ,  um.  L'Ordre  Cunfiantinun  eft  un  Ordre  de 
Chevalerie  que  l'on  juctend  avoir  été  inftitué  par 
Conftantin.  Voy.  le  P.  Honoré  de  Sainte  M.irie>dans 
fes  Dijfirtations  hifiori^ues  &  critiques  iar  la  Che- 
valerie ancienne  Si  moderne.  Ce  fat  par  le  canal  des 
Angeli  de  Drivafto  ,  que  l'Ordre  Lonjt.intincen  paf- 
fa  en  Italie.  Les  preuves  juftificativcs  de  kur  Che- 
valerie Confiantiniennc  qu'ils  produilirent  à  Rome, 
futenr  enrégiftrccs  au  Vatican.  Callifte  II,  approu- 
va cet  Ordre.  Pic  II,  Sixte  IV,  Innocent  VlII,  Paul 
III ,  LéonX, Paul  IV,  ClémentVIII ,  UrbainVIII  SC 
quelques  autres  Papes  en  firent  autant.  Jean-André 
l'Ange,  dernier  Grand-Maîrre ,  transféra  tous  fes 
droits  Si  toutes  les  prérogarives  attachées  au  titre 
de  Grand-Maître  à  François  I,  Duc  de  Parme.  L'adte 
fur  expédié  .à  Venife  le  27'  Juillet  KÎ577  ,  &i  deux 
ans  après  confirmé  par  un  bref  d'Innocenr  XII , 
Si  un  cdit  de  l'Empereur  Léopold.  En  i7oi,Clé-, 
menr  XI  ratifia  par  un  décret  le  bref  d'Innocent 
XII.  Fove^  l'Aureur  ciré  ci-defllis  ,DifJertation  cin- 
quième. Pluiieurs  Eglifes  bâties  par  Conftantin  ont 
porté  le  nom  de  Confiantiniennes. 

CONST.\NTINOPLE,  Confiantinopolis ,  \\l\c  de 
Turquie  en  Europe  ,  dans  la  Romanie ,  fur  une 
perite  langue  de  terre  ,  qui  s'avance  vers  la  Na- 
tolie  ,  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  canal , 
qui  n'a  qu'un  mille  de  largeur.  C'eft  l'ancienne  By- 
^ance.  Voyez  ce  nom.  Elle  ne  porte  celui  de 
Conftantinople  que  depuis  l'an  330.  Conftantin 
s'éranr  rendu  odieux  au  Sénat  Si  au  peuple  ido* 
lâtre  de  Rome ,  par  le  mépris  qu'il  faifoit  de  l'ido- 
lâtrie ,  fe  dégoûta  de  cette  ville ,  S-:  réfolut  d'en  bâ- 
tir une  autre  qui  pur  lui  être  comparée ,  &  d'y  éta- 
blir fa  réfidence.  Dioclérien  avoir  déjà  voulu  le  fai-- 
re  à  Nicomcdic.Conftantinvoulut  d'abord  bâtir  près 
de  l'ancienne  Troye.  Il  y  Jeta  des  fondemcns ,  Si 


C  ON 

Commença  à  élever  les  murailles  ;  mais  étant 
venu  à  Byzance,il  fut  charme  de  la  merveilleule 
luuation ,  il  changea  de  dcilèin  ,  &  rélblut  de  bâtir 
en  ce  lieu  la  ville\u'il  méditoit.  Cependant,  par- 
ce que  Conftantin  la  prit  lut  Licinius,  quelques- 
uns  ont  dit  qu'il  l'avoit  rebâtie  comme  un  mo- 
nument de  la  victoire.  En  effet  il  commençai  y 
faire  travailler  peu  après  j  c'eft-à-dire ,  l'an  31^, 
&  il  la  fit  folennellement  dédier  l'an  5  50,  indiCtion 
troilieme,  le  lundi  11  de  Mai  l'an  1080,  depuis  la 
fondation  de  Rome  ,  &  par  coniéquent  l'an  jjSi  , 
après  la  fondation  de  Byzancc,  s'il  eft  vrai  qu'elle 
fut  bâtie  par  Byzas ,  Roi  de  Thrace  ,  la  troilieme 
année  de  la  trentième  olympiade ,  qui  eft  l'an  ^9 
de  la  fondation  de  Rome.  Cette  nouvelle  ville  fut 
appelée  en  grec  ,  qui  étoit  la  langue  du  pays  , 
Ko>s-«»r(i-»  !to'A(ç  Ville  de  Conjtanùn.  Delà  fe  fit  en 
latin  ConjiantinopoUs  ,  &  en  françois  dans  la 
fuite  ,  Coj.jiantinople.  ^C?  Conftantin  ayant  dans  la 
fuite  divilc  les  États  en  Empire  d'Orient  &:  en  Em- 
pire d'Occident ,  Conflantinople  fut  la  capitale  de 
l'Empire  d'Orient  ,  &  elle  a  lublifté  auffi  fous  -jG 
Empereurs ,  jul'qu'à  Conftantin  Palcologue  ,  détro- 
«é  par  Mahomet  II ,  en  145  3  j  qui  en  lit  la  capita- 
le de  l'Empire  Ottoman.  L'Archevêque  de  Conjtan- 
tinople  n'a  eu  le  titre  de  Patriarche  qu'au  premier 
Concile  de  Coujiantinopk  en  585.  Nous  avens  beau- 
coup d'anciennes  monnoics  de  bronze  fort  petites, 
fur  lefquellcs  on  voit  d'un  côté  un  bufte  de  temme 
armée  d'un  calque  &  d'une  cuiraOé,  avec  une  efpcce 
(defceptreà  gauche  qu'elle  tient  droit  de  la  main. 
L'infctiptioncftCoNSTANTiNOPOLis.Aureverseftun 
Ange  qui  de  la  main  droite  tient  un  fceptte  lémbla- 
ble  à  celui  de  la  femme  ,  &:  appuie  fa  main  gauche 
fur  un  bouclier  qui  porte  à  terre  :  à  les  pies  adroi- 
te,  il  a  une  pouppe  de  navire ,  &  quelquefois  une 
branche  de  palme.  Dans  l'éxergue  plc  ,  ou  eoN ,  & 
une  ou  deux  étoiles,  îrp  ,  &  une  étoile  ,  ou  quel- 
ques autres  lettres;  car  il  y  en  a  de  bien  des  for- 
tes. Conjiantmople  fût  auffi  nommée  la  Nouvelle 
Rome.  Sa  dédicace  fe  célébroit  tous  les  ans  com- 
me un  Jour  de  fête ,  par  des  jeux  Iblennels.  L'en- 
ceinte des  nouveaux  murs  ne  fût  que  de  quinze  fta- 
des ,  qui  font  environ'  trois  quarts  de  lieues;  mais 
elle  fut  augmentée  par  les  Empereurs  fuivans.  Conf- 
tantin y  attira  des  habitans  de  l'Ancienne  Rome 
&  des  Provinces,  &:  lui  donna  de  grands  revenus, 
tant  pour  l'entretien  des  bâtimens,  que  pourla  nour- 
riture des  Citoyens.  Il  y  établit  un  Sénat  des  Magif 
trats ,  &  des  Ordres  du  peuple,  de  même  que  dans 
l'Ancienne  Rome.  Elle  étoit  divifée ,  comme  celle 
là,  en  14  régions  ou  quartiers,  &  ornée  des  mêmes 
fortes  d'édifices  publics,hormis  lestemples.il  y  avoit 
plulieurs  places  environnées  de  galeries  couvertes , 
deux  Palais  pour  l'Empereur  ;  un  cirque  ou  hippo- 
drome pour  les  courfes  des  chevaux  ;  des  flades  ou 
carrières  pour  les  courfes  à  pié  ;  un  amphithéâ- 
tre pour  les  combats  des  bêtes  ;  des  théâtres  pour 
les  autres  fpeéVacles  ;  plufieurs  portiques  pour  les 
promenades ,  des  bains ,  des  aqueducs  ,  des  fon- 
taines en  grand  nombre  -,  un  capitole  ,  où  les  Pro- 
felfeurs  des  Arts  avoient  leur  auditoire  ;  un  pré- 
toire,  &  plufieurs  baliliques  ,  où  l'on  s'affembloit 
pour  les  a.'îaires  ;  des  greniers  publics  ;&  fur-tout 
il  fît  confacrer  à  Dieu  tous  les  temples.  La  prin- 
cipale Eglife  fût  dédiée  à  la  Sagefle  Eternel- 
le ,  &  eut  le  nom  de  Sainte  Sophie ,  qu'elle  gar- 
de encore.  îl  yen  eut  une  des  douze  Apôtres,  d'au- 
tres de  Sainte  îrcnc,  de  Sainte  Èuphémie,  de  S. 
Mocius,  de  S.  Procope  ,  deS.  Acace,de  S.  Aga- 
thonique ,  de  S.  Diomcde ,  de  S.  Jean  l'Evangé- 
lifte ,  de  S.  Michel ,  &Ci  II  y  mit  auffi  une  très-belle 
bibliothèque. 
CoNSTANTiNOPLE  cft  la  plus  belle  ville  du  mon- 
de par  fa  fitustion ,  &  pour  fes  vues.  Son  port  paf- 
fe  auffi  pour  être  le  plus  beau  &  le  plus  lut  du 
monde. 

Le  plan  de  cette  grande  ville  eft  triangulnire.  Le 
côté  du  port  efi:  long  de  4  milles ,  celui  de  l'HcUef- 
Tome  IL 


C  O  N 


84  f 


pont  d'autant ,  &  le  côté  de  la  terre  efl;  plus  grand 
d'un  mille  que  les  autres.  Le  ferrail  qui  eft  un  petit 
triangle  de  deux  milles  de  circuits,  compris  dans  la 
ville ,  eft  au  bout  du  promontoire  chryfocéras  ,; 
qui  le  nomme  aujourd'hui  la  pointe  du  ferrail ,  où  k: 
joignent  le«  deux  premieis  côtés ,  qui  lui  font  com- 
muns avec  les  murs  de  la  ville.  Les  bâtimens  en 
font  reculés  jufques  fur  le  haut  de  la  colline,  &  aii  • 
deiîùs  des  jardins  qui  s'étendent  jufqu'au  bord  de 
la  mer.  L'apparence  extérieure  n'en  eft  pas  bien  bel- 
le, parce  que  l'architeélure  n'en  eft  pas  fort  ré- 
gulière, Sd  que  ce  font  dcsappartemens  détachés  en 
forme  de  pavillons  &:  de  dômes.  Du  côté  du  port 
font  les  portes  fecrettes  ,  qui  ne  fervent  qu'à  l'ufa- 
ge  du  Grand-Seigneur  &  de  fes  femmes ,  &  les  rb- 
mifes  de  fes  brigantins  &  de  fes  caiques.  Il  y  à  au/Iî 
fur  le  rivage  un  de  ces  pavillons  que  les  Turcs 
appellent  Kiosk ,  foûtenit  de  douze  belles  colon.* 
nés  de  marbre ,  &  enrichi  d'un  fuperbe  lambris 
peinr  à  la  pcrfanne  ,  où  le  Grand-Seigneur  vient 
çuelqucfois  prendre  l'air,  &  jouir  de  la  Vue  du 
port.  Du  côté  de  l'HcUerpOnt  ,  en  allant  vers  les 
lépt  tours,  qui  font  l'angle  qui  regarde  le  midi  & 
le  couchant,  il  y  a  une  fontaine  que  les  Grecs  ont 
en  fi  grande  vénération  ,  que  le  jour  de  la  TranP" 
figuration  ils  n'en  font  pas  boire  feulement  à  cçux 
qui  font  travaillés  de  la  fièvre  ;  mais  ils  les  enter-' 
rcnt  encore  dans  le  fable  CjUi  eft  autour,  croyant- 
par  ce  moyen  ,  les  foulager  de  leurs  maladies^ 
La  grande  porte  du  ferrail  eft  du  côté  du  feptcn- 
trion,  gardée  par  des  Capidgis.  Sainte  Sophie  en 
eft  fi  proche  ,  que  la  facriftie  ,  qui  fervoit  autre- 
fois à  cet  augufte  Temple  ,  feit  maintenant  de  ma- 
gafin  d'armés.  Dans  la  première  coût  du  ferrail ,  on 
la  voit  à  main  gauche  ,  5c  les  infirmeries  du  ferrail 
vis-à-vis  de  l'autre  côté. 

De  cette  cour  on  entre  dins  une  plus  grande  ^ 
dont  la  porte  eft  gardée  avec  le  plus  grand  foin ,  &c 
elle  conduit  au  Divan  par  une  belle  allée  d'arbres. 
Le  trélbr  du  Grand-Seigneur  eft  à  main  gauche  ^ 
anffi  bien  qu'une  fontaine  où  l'on  fait  couper  la 
tête  à  tous  les  Bâchas  que  le  Giand-Seigneur  faie 
mourir  publiquement. 

Un  peu  au-delà  de  Sainte  Sophie ,  dont  nous 
parlons  au  mot  Sophie',  font  les  logemens  des  Dt^e- 
bedgis.  Il  y  a  auffi  une  vieille  tout ,  qui  étoit  autre- 
fois un  Temple  de  Chrétiens  fort  obfcur  ;  en  y  tient 
des  bêtes ,  lions ,  &c.  En  allant  a  la  Mofquée  neu- 
ve qui  eft  près  de  ce  lieu,  on  voit  dans  une  peti- 
te rue  rrois  grandes  colonnes  de  marbre  blanc,  dif« 
pofées  en  triangle.  Les  Chrétiens  du  pays  tiennent 
par  tradition ,  à  ce  que  Nicéphote  rapporte  ,  que 
Conftantin  fit  ériger  rrois  croix  de  bronze  fur  ces 
trois  colonnes ,  &  qu'en  chacune  il  fit  graver  fé- 
parément  un  de  ces  trois  mots:  ihsoïs  XPi:ros 
NIKA  Jefus-Chri/i  furrnonte  ,  &  ils  en  racontent- 
beaucoup  de  choies  merveiîleufes  qu'on  peut  voie 
dans  Du  Loir,  /^.  51  &;  si. 

La  Mofquée  neuve  qu'ils  appellent  Yn<Tfn  thefl- 
chii  ou  D^iami  ,  eft  bâtie  fur  le  haut  d'une  des 
fppt  collines,  qui  fofit  comprifes  dans  les  murs  de 
Confiantinople.  Son  plan  n'eft  pas  moins  grand  que 
celui  de  Sainre  Sophie  ,  qui  a  été  le  modèle  de  ion 
bâtiment  comme  de  tous  les  aùttes.  Quatte  gros 
piliers  ronds  foûtiennent  le  dôme  ,  &r  tout  auteur 
des  murailles ,  quantité  de  colonnes  appuient  une 
petite  galerie  qui  n'a  pas  plus  de  fix  pic5  àc  large„- 
Les  murs  jufqu'aux  galeries  fonr  revêtus  de  pièces 
de  faconde  porcelaine,  &  il  y  a  une  grande  quan- 
tité de  lampes,  de  chandeliers ,  de  boules  de  verre, 
de  petits  va'iTeaux,  de  galères  &  d'autres  choies 
fufpendues.  Pour  y  entrer  il  faut  pafTer  pat  un  cloî- 
tre carré  oui  a  une  fontaine  au  milieu,  (5.:  dont  les 
galeries  font  couvertes  de  plufieurs  dômes  foûte-' 
nus  de  2(j  colonnes  de  marbre  iafpé,quiont  bieit 
lo  pies  de  haut. 

La  principale  porte  de  cette  Mofouée  regarde 
l'Hippodrome  des  GrecS.  Ccrt'   place  fe  nomme 
Jme\ d'in y  c'eft-à-dire,  Place  des  chevaux,  paro® 
''  .  000  00 


O 


4^  G  Q  N 

G  l'-lk  fert  encore  aujourd'hui  à  les  exercc^r ,  &  cr- 
dinaii-ement  les  vendredis,  ks  jeunes  Spahis  cou- 
ranr  à  toute  bride,  y  lancent  la  zagaic.  Elle  a  bien 
quatre  :\  cinq  cens  pas  de  long,  &  cent  cinquante 
de  larc-e  II  ne  s'y  voit  pour  toute  antiquité  qu  un 
bel  obelildue  d'une  feule  pierre  mifte  ,  de  la  hauteur 
de  plus  de  30  coudées ,  enrichie  de  lettres  hiérogly- 
phiques ,  &  élevée  llir  quatre  boules  de  ir^arbre  tres- 
rin  ily  a  encore  deux  colonnes,  l'une  de  marbre 
&  l'autre  de  bronze  ,  qui  eft  tiite  de  trois  lerpens 
entortillés ,  dont  la  tcteavec  la  gueule  ouverte  font 
le*  chapiteau.  Les  bains  &c  l'hôpital  de  la  Molquee 
neuve  font  très-beaux  ,  Se  il  n'y  a  qu'un  turbe  dans 
lequel  ell  enterre  Sultan  Aehmet ,  qui  l'a  bati ,  &c 
toute  fa  famille.  •      ,    ,,» 

Le  ferraildesZulufdgiles  eft  a  un  des  coms  de  1  At- 
meydan.  Au  delà  de  la^Mofquée  neuve  font  les  deux 
■  Bézeftins ,  ou  marchés ,  le  vieux  &  le  ncur.  Près  de- 
là eft  la  place  où  fe  vendent  les  eiclaves  :  on  la 
nomme  ^«m  ^a^^ri ,  c'eft-à-dire,  /e  marché  des 
femmes,  parce  qu'il  s'y  vend  plus  de  femmes  que 
"d'hommes.  Non  loin  delà  eft  la  Mofquee  du  Sultan 
Bajazet,plus  petite  que  ks  autres,  mais  qui  a  pour- 
tant toutes  fes  appartenances  ,  excepté  des  turbcs. 
Elle  eft  fur  le  haut  de  la  colline  proche  du  vieux 
ferrail,oùronmet  les  veuves  des  Grands-Seigneurs, 
Il  y  a  une  grande  place  auprès  de  cette  Mofquée  , 
où  les  bateleurs  font  leurs  tours  de  gobelets  èc  de 
mains.  Dans  une  longue  galerie  qui  tait  un  des  cô- 
tés de  cette  place  on  vend  toutes  fortes  de  gentil- 
leffes ,  comme  on  fait  à  Paris  au  Palais  ,  excepté  des 
rubans ,  parce  que  les  Turcs  n'en  portent  point. 

Le  milieu  de  la  ville,  d'où  l'on  peut  avoir  en- 
tièrement la  vue  du  port  qui  n'en  eft  pas  éloigné , 
eft  fur  l'éminencc  de  la  colline,  où  Sultan  Suley- 
man  ,  l'Alexandre  des  Turcs ,  a  tait  bâtir  une  Mof- 
quée. Elle  eft  plus  belle  que  les  autres  ,  parce  qu'el- 
le eft  plus  femblable  à  Sainte  Sophie ,  &  entre  tou- 
tes les  riches  colonnes  qui  font  dedans ,  il  y  en  a 
quatre  de  porphyre  d'environ  50  pies  de  haut. 
Son  cloître  n'eft  pas  moins  grand  que  celui  de  la 
Mofquée  de  Sultan  Aehmet.  Il  y  a  deux  colonnes 
de  moins  -,  mais  cela  eft  ilippléé  par  la  beauté  du 
marbre  fin  &:  jafpé  dont  elles  font  faites  ,  &  par 
l'artifice  de  la  fontaine  qui  eft  au  milieu.  Les  bains 
&  l'hôpital  répondent  pareillement  à  la  grandeur 
de  celui  qui  les  a  bâtis ,  lequel  eft  enterré  dans  un 
turbé ,  &;  la  femme  dans  un  autre. 

Dans  une  rue  prochaine  qui  eft  belle  &:  large , 
on  vend  les  arcs  &  les  carquois.  Au  bour  de  cette 
rue  eft  une  des  fept  mofquées ,  qu'ils  comptent  pout 
royales ,  quoiqu'elle  n'ait  été  bâtie  que  par  le  fils 
de  Suleyman  ,  d'où  vient  qu'elle  porte  le  nom  de 
Chaliade ,  qui  fignifie  fils  de  Roi ,  6c  de  l'autre 
côte  de  cette  mofquée  ,  font  les  vieilles  chambres  des 
JanifTaires  ,  qui  font  les  logemens  de  ceux  qui  de- 
meurent dans  Cojifinminople ,  &  qui  ne  font  pas 
mariés.  Il  y  a  deux  colonnes  proche  de-là  fort  re- 
marquables :  l'une  qui  s'appelle  irûlée  ,  parce 
qu'elle  l'a  été  depuis  peu ,  &  qui ,  fans  la  bafe  &  le 
chapiteau,  eft  faite  de  huit  pierres  de  porphyre, 
qui  étoient  fi  bien  jointes  avant  le  feu,  qu'on  les 
croyoit  d'une  feule  pièce ,  parce  que  les  afi'embla- 
ges  que  le  feu  a  fait  paroître  ,  étoient  cachés  par 
des  branches  de  laurier  qui  font  taillés  defl'us  ;  la 
féconde  appellée /ii/Zoriiz/^,  eft  où  fe  tenoit  autre- 
fois le  Marché  des  femmes.  Les  Turcs  rappellent 
Dykili-Tach  ,  c'eft-à-dire ,  Pierre  plantée.  Elle  a 
bien  60  pies  de  haut ,  fur  un  piédeftal  qui  en  peut 
avoir  fix.  Une  expédition  d'Arcadius  eft  taillée  en 
bas  relief ,  de  figure  mal  faire ,  &  celle  de  cet 
Empereur  qui  l'aYait  drefler  étoit  autrefois  dcfllis. 
L'cfcalier  en  eft  merveilleux ,  régnant  dedans  tout 
du  long  comme  une  coquille  de  limaçon  ,  quoi- 
qu'elle" n'ait  que  douze  pies  de  diamètre  au  plus. 

Un  peu  au-delà,  &  aflez  près  de  la  porte  San- 
mathia  ,  dans  un  lieu  qui  appartient  aux  Armé- 
niens ,  nommé  Solimonaftir ,  il  y  a  une  grande  falle 
où  l'on  voit  encore  plufieurs  portraits  de  Saints , 


C  ON 

&  où  Ton  dit  que  fat  tenu  autrefois  un  Synode; 
Les  fept  tours  ,  nommées  en  Turc  Yedikoulle  , 
ri'en  font  pas  fort  éloignées.  Elles  font  un  des  an- 
gles du  plan  de  Conjtantinople  ,  Se  les  Grands-Sei- 
gneurs y  ont  mis  autrefois  leur  rrelbr  ;  à  préfent , 
elles  ne  fervent  plus  que  de  prifon  aux  perfonnes  de 
confidération  &  aux  Etrangers  principalement. 

En  approchant  de  l'autre  angle  de  la  ville,  qui 
eft  au  bout  du  port,  l'on  rencontre  des  aqueducs , 
&  fur  i'éminence  de  la  colline  qtîi  règne  tout  du 
long ,  Sultan  Méhémet  a  fait  bâtir  une  mofquée  , 
à  laquelle  il  a  donné  Ibn  nom.  Le  cloître  en  eft 
aflez  beau  -,  le  refte  n'eft  pas  magnifique.  Entre  les 
turbés  qui  y  font ,  on  voit  celui  de  Sultan  Muha- 
mct ,  &  d'une  Sultane  qu'ils  difent  avoir  été  Prin- 
ceife  Francùife ,  &:  c'eft  de  là  que  vient  la  railbn  dé 
l'alliance,  dont  le  Grand-Seigneur  donne  la  qua- 
lité au  Roi  de  France ,  qu'il  appelle  fon  frère,  La 
mofquée  du  Sultan  Selim  eft  proche  du  port 
&  moins  grande  que  les  autres  royales.  En  allant 
de  cette  mofquée  aux  murs  de  la  ville  ,  on  rencon- 
tre deux  grandes  places  de  citernes ,  il  y  a  une 
ttès-belle  Eglife  des  Grecs  ,  qui  étoit  autrefois  la 
Patriarche  de  Coiijlantinople. 

L'on  voit  encore  près  delà  ,  du  côté  du  Boi^ 
phore ,  entre  la  porte  qu'ils  appellent  Egri  &  celle 
d'Andrinopîe  ,  un  refte  de  vieux  bàtimcns  que  \z% 
Grecs  &  les  Turcs  dilent  avoir  été  le  palais  du 
grand  Conftantin  ;  ce  qui  ne  paroît  pas  vraifem- 
blable  ,  l'endroir  étoit  ttop  petit  pour  loger  un 
Empereur  &:  fes  Officiers.  L'Eglifepatriarchale  des 
Grecs  eft  au-dcçà  du  palais  de  Conjlantinople ,  en 
approchant  du  port  èc  de  la  mofquee  du  Sultan 
Selim  ,  dans  le  quartier  que  les  Turcs  appellent 
Balat,  Se  que  les  Grecs  appeloient  Ki/Hj^iç ,  parce 
que  c'était  le  parc  où  les  Empereurs  fe  divertiffoient 
à  la  chaîîe.  Depuis  l'angle  qui  eft  lur  le  port  jul- 
qu'aux  fept  tours ,  qui  eft  le  côté  de  la  terre,  les 
murs  de  la  ville  font  triples ,  avec  de  groflès  tours' 
diftantes  les  unes  des  autres  environ  de  100  pas. 

ConJiantinopU  n'a  qu'un  fauxbourg,  qui  eft  un  peu 
au-delà  de  cette  porte  au  fond  du  port ,  &  au  bas  de 
la  colline  qui  règne  tout  autout ,  où  l'on  fait  &  l'on 
vend  des  vafes  de  terre  figillée.  Il  s'appelle  Ay- 
venfari  vulgairement ,  &  je  crois  que  proprement 
c'eft  Yupunghifari,  c'eft-à-dire,  la  fortereflè  d'Yup, 
que  les  Turcs  tiennent  pour  un  de  leurs  plus  célè- 
bres Prophètes  &  un  des  plus  vaillans  Capitaines, 
qui ,  ayant  combattu  pour  leur  Religion  ,  fe  foit 
fignalé  en  ce  lieu-là.  Il  y  a  une  mofquée  qui ,  au 
lieu  de  fontaine  au  milieu  de  fon  cloître ,  a  une 
tribune  de  marbre  élevée  fur  des  piliers  de  même 
matière  ,  où  le  Grand-Mufty  ceint  l'épée  au  Grand- 
Seisrneur  ;  ce  qui  eft  comme  la  cérémonie  du  fa- 
credes  Rois  parmi  les  Chrétiens. 

Pour  tourner  de  l'autre   côté  du  port ,  il  faut 
pafler  une  petite  rivière    qui  vient  fe    décharger 
dans  la  mer  après  avoir  arrofé  une  très-agréable 
prairie.  Énfuire  on  rencontre  une  maifon  de  plai-' 
fance  du  Grand-Seigneur ,  qui  eft  bâtie  fur  le  ri- 
vage du  port ,  &  eft  appelée  Aym-ferray,  c'eft-à- 
dire,  le  Serrail  des  miroirs ,  parce  qu'elle  eft  per- 
cée en  tant  d'endroirs ,  qu'il  femble  que  les  mu- 
railles ne  foient  que  des  glaces  de  miroirs.  L'(E- 
meydan  ,  c'eft-à-dire ,  la  place  des  flèches  eft  der- 
rière les  murs  de  ce  Serrail ,  Se  les  Turcs  s'exercent 
en  ce  lieu  à  tirer  de  l'arc.  Il  y  a  des  colonnes  de 
marbre  avec  des  infcriptions  qu'on  y  a  mifes  pour 
marquer  les  beaux  Se  les  grands  coups.  Proche  de- 
là ,  &  parmi  les  cimetières  des  Turcs ,  eft  une  tri- 
bune où  ils  viennent  en  procefTion  faire  leurs  priè- 
res, lorfque   la  pefte   règne  à  Conflandnople.  Un 
peu  au-deçà  du  ferrail  des  miroirs  ,il  y  a  des  paux 
plantés  au  travers  du  pont,  pour   marquer    l'en- 
droit iufqu'où  les  grands  vaiifcaux  peuvent  avoir 
fond.  Plus  bas,  où  le  port  s'élargit  ,  eft  le  quartier 
de  l'arfenal  de  la  marine,  appelé  Caffiin  Bachi. 
Les  galères  du  Grand- Seigneur  y  vont    Jeter  l'an- 
cre. \\  y  a  fix-vjngt  rcmifes  au  rivage  ,  feus  le 


C  O  N 

quelles  on  iabrique  des  galères  neuves ,  &  on  en 
tire  celles  qro  l'ont  déiarmces  pendant  l'hiver  ,  &: 
durant  que  les  Forçats  l'ont  dans  le  lieu  que  les 
Chrétiens  appellent  bain  ,  je  ne  Tirais  pourquoi  ; 
puil'que  c'eft  véritablement  une  pnl'on.  Ceft  dans 
cet  arl'enal  que  le  Capoudan  Jiacha ,  qui  cft  l'A- 
miral de  la  Porte  Ottomane  a  la  juridiélion  ,  &  où 
il  traite  des  aHaires  appartenantes  à  là  charge.  Du 
Loir  ,  /?.  40  ,  66,  Quelques-uns  regardent  Galata  &c 
Pcra  comme  un  fàuxbourg  de  Conjiantinople  ;  nous 
j  en  parlerons  à  leur  place.  Pera  ëc  Galata  Ibnt  de 
l'autre  côté  du  port.  La  mer  de  ce  port  'èc  du 
Bolphorc  eft  li  tranquille,  qu'on  la  palfe  lut  des 
petites  nacelles  appelées  perme^.  Voyez  ce  mot. 
Le  trajet  de  ConllantinopU  à  Scuciiri  n'ell  que  d'un 
mille.    Voye^  Scutari. 

Ditîerence  du  méridien  de  Conflantinople  à  ce- 
lui de  Paris ,  x^,  46',  14",  orient,  ou  z6o  ,  3  j',  50". 
Salongitude  ^6",  14',  50".  Sa  latitude  41",  o',o". 
Cassini. 

Il  y  a  plufieurs  autres  defcriptions ,  tant  ancien- 
nes que  modernes ,  de  la  ville  de  Conjtantinople, 
On  peut  voir  Codin  ,  Grec  anonyme  ,  qui  vivoit 
fous  Alexis  Comnène,  M.  du  Cange,  6c  les  deux 
tomes  qu'a  imprimé  le  P.  Banduri ,  fur  Yhijioirc 
de  Conjtantinople  ,  aufll-bien  que  les  quatre  Livres 
de  Gyllius ,  &  les  Voyages  de  P.  de  Valle ,  le 
Voya<xe  du  Levant  de  Thevenot ,  C.  16  ,  ij ,  19, 
il.  D'Herbelot ,  au  mot  Cojîhantinach  ,  'Vigénere , 
îllujlr.  fur  Chalcondyle ,  p.  318  &  fuiv.  32.5  6« 
fuiv. 
(pr  CONSTANTINOW,  petite  ville  de  Pologne, 

dans  la  "Volhinie  ,  fur  la  rivière  de  Slucza. 
CONSTATER  ,  v.  a.  vérifier  Im  fait ,  le  rendre  conf 
tant  &c  certain ,  établir  la  vérité  d'un  fait  par  des 
preuves  convaincantes.   Probare,  confirrnare  veri- 
tatem  rei.  C'eft  un  fait  que  les  Phyficiens  ont  conf- 
taté  par  des  expériences.  Mém.  de  Trév.  Juillet 
1-J2.6.  Je  n'ai  pas   envie,  pour  conjlater  ce  fait , 
du  nioins  pour  l'éclaircir ,  d'aller  m'enfoncer  dans 
une  bibliothèque  avec  une  foule  d'Interprètes ,  de 
Commentateurs ,  de  Critiques ,  qui  peut-être  après 
avoir  employé  bien  du  temps,  me  lailTeroient  en- 
core dans  le  doute  où  je  fuis.  Merc.  J'^o/if  173  5. 
Il  y  a  cette  dilïcrence  entre  la  preuve  &  l'ampli- 
fication, que  la  preuve  eft  pour  érablir  une  vérité, 
ou  pour  conftater  un  fait ,  &:  que  l'amplification  eft 
pour  exagérer  ou  pour  confirmer  l'importance  de 
la  vérité  "ou  du  fait  en  queftion.  M.  l'Abbé  Colin, 
ffj    Constaté  ,  Ée  ,  part.  Fait  confiaié. 
Constellation,  f.  f.  aHemblage  ,  amas  de  plu- 
fieurs étoiles  que  les  Anciens  ont  appelé  du  nom 
de  quelques  animaux  ,  comme  le  Dragon  ,  la  gran- 
de Outfe  ,  la  petite  Ourlé  ,  le  grand  Chien  ,  &c. 
ou   de   quelques   autres    chofcs    qui   leur    étoicnt 
connues ,  comme  la  Balance  ,  les  Gémeaux ,  le  "Vei- 
fcau,  &c.  Signum  calefle  ,Jidus  ,Jignum.  Les  An- 
ciens ont  divifé  le  Firmament  en  plufieurs  parties 
ou   conjiellations ,   en    réduiiànt    plufieurs   étoiles 
fous  la  repréléntation  de  quelques  images ,  afin  de 
foulager   l'imagination  &c   la   mémoire ,  pour    en 
faire  retenir  &  concevoir  le  nombre  &  la  difpolî- 
tion  ,  même  pour  en  connoître  les  propriétés  &  les 
prétendues  influences.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  a 
dit:  cet  homme  eft  né  fous  une  heureufe  conjlel- 
lation ,  c'eft-à-dire  ,  fous  une  heureufe  difpofition 
des  corps  céleftes-,  pour  dire  ,  qu'il  eft  heureux  ou 
malheureux.  Les  Anciens  ont  divifé  le  ciel  en  48 
confhUations  ,  qu'ils  <jnt  appelées  ajlérif/nes,  dont 
il  y  en  a  iz  qui  forment  les  figues  du  Zodiaque  , 
&c  les  Modernes  y  en  ont  ajouté  11,  qu'ils  ont 
jj^'        obfetvées  veis  le  Pôle  Antardtique.  On  tient  qu'A- 
naximandre  eft  le  premier  qui  a  divifé  le  ciel  en 
conflellations   vers    la   58'   olympiade.  Les  douze 
conjiellations  qui  font  dans  le   Zodiaque  s'appel- 
lent les  douze  fignes. 

Toutes  les  conftellations  ,  &  principalement  cel- 
les de  l'ccliptique,  ont  changé  de  place  depuis  les 
cbf«iYation$  des  plus  anciens  Aftroaoiîies,Lacc;{/^ 


CON  84J 

tellation  du  Bélier ,  par  exemple  ,  qui  paroiflbit  du 
tcms  d'Hipparques  dans  la  commune  léétion  de 
l'ccliptique  &  de  l'cquatcur,  n'a  laiflc  que  fott 
nom  dans  cette  région  du  Ciel  :  car  préfentement 
elle  paroît  avancée  jufqucs  dans  le  lieu  où  ctoit  au- 
trefois celle  du  Taureau  ,&  celle-ci  a  pris  la  place 
de  la  conlkllation  des  Gémeaux ,  laquelle  occupe 
actuellement  le  lieu  où  les  Anciens  ont  placé  !'£« 
creviife. 
CONSTELLE,  EE,  ad),  mis  au  noihbre  des  conf- 
tellations ,  des  aftrcs.  Relatus  in  ajtra,  inter  Jidera. 
LTn  Poète  s'eftfervi  de  ce  mot  dans  une  pièce  ba-; 
dine  ,  fur  la  mort  d'un  chien. 

Maintenant  chofe  étrange  -,  //  ejl  froid  comme  glace  i^ 
Car  il  ejt  mort.  Grand  bien  lui  faffet 
Puiffe-t-il  être  conftellé, 
C'ejî-à-dire ,  tien  infialé 
Au  ddffus  du  figne  d'Hercule  , 
Dans  le  ciel  de  la  Canicule. 

NOUV.  CHOIX   DE  VERS, 

Constellé  ,  ée.  adj.  Ce  qui  a  été  fait  fous  une  cer* 
taine  conftellation.  Une  figure  conflellée.  Un  an- 
neau conftellé.  Une  pierre  ' conjtellée.  Les  talilmans 
font  des  ligutes  conjtellée  s  •■,  &c  Borel  aifûre  même 
dans  les  Etymologies  ,  qu'il  vient  d'un  mot  perfan 
qui  fignifie  gravure  conjtellée. 

Autrefois  on  portoit  des  bagues  conjte/lées  ■■,  c^eû' 
à-dire,  ornées  d'étoiles.  Pétrone  ditqiie  Trimalcion 
en  avoir  une  femblable.  Pline  Se  Trébellius  Pollio 
parlent  de  ces  anneaux  conjtellés  ,  comme  le  rap- 
porte François  Nodor -,  &  Scaliger  alTure  qu'il  en 
a  encore  vu  à  Marléille.  gCJ"  La  fuperftition  atta- 
choit   des  propriétés  merveilleufes    aux    anneaux 
conjielles.  Conjlellatns.  Ce  mot  latin  fignifie  pro- 
prement ,  garni  d'étoiles.  Conjlellati  ialthei ,  bau- 
driers ornés  d'étoiles  en  broderie. 
CONSTER ,  V.  n.  impcrlbnnel.  Etre  certain  &  évi- 
dent. Conjtare.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'au  Palais.  II 
conjle  par  les  pièces  produites  ,  que  le  fait  eft  véri- 
table. 
CONSTERNATION ,  f.  f.  accablement ,  abattement 
de  courage,  caufé  par  un  malheur,  ou  une  cala- 
mité publique.  Conjlernatio.  C'eft  félon  M.  de  la 
Chambre, un  mouvement  de  l'appétit,  par  lequel 
l'ame  fe  relâche  &  s'abandonne  .à  la  violence  du 
mal.   Le  même    Auteur  met  la    confernation   au 
rang  des  palfions  fimples. 
ÇC?  C'eft  proprement   le  dernier  degré  de  frayeur 
dans  lequel   on  eft  jeté  par  l'attente  ou  la  nouvelle 
de  quelque  grand  malheur.  Ce  mal  arrivé ,  caufe 
de  la  douleur  \  la  confternation  eft  l'effet  du  mai 
que  l'on  craint.  La  perte    d'une   bataille  répand 
la  confternation  dans  tout  un  pays  -,  on  en  craint 
les  fuites.  -  '      , 

§Cr  Vétonnement ,  dit  M.  l'abbé  Girard ,  eft  plus 
dans  les  fens ,  &  vient  des  chofcs  blâmables  ou 
peu  approuvées.  Lay}^ r/ri/è  cft  plus  dans  l'efprir , 
&  vient  des  chofes  extraordinaires.  Voye^  ces  mors. 
La  confternation  eft  plus  dans  le  cœur ,  &  vient  des 
chofes  affligeantes. 
^CJ"  Le  premier  de  ces  mors  ne  fe  dit  guère  en  bon- 
ne part  -,  le  fécond  fe  dit  également  en  bonne  Sc 
en  mauvaife  part  -,  &  le  troifième  ne  s'emploie 
jamais  qu'en  mauvaife  part.  La  beauté  d'une  femme 
ne  caufe  ^o\nt  à' étonnement,&ci\  laideur  produit 
quelquefois  cet  effet.  La  rencontre  d'un  ami  com- 
me celle  d'un  ennemi  peut  caufcr  de  la  furprije. 
Un  accident  qui  attaque  l'honneur  ou  qui  dérange 
la  fortune  ,  eft  capable  de  jeter  la  confternation. 
gCT  Vétonnement  fuppofe  dans  l'cvéncment  qui  le 
produit  une  idée  de  force  -,  il  peut  frapper  jufqu'jl 
fufpendre  les  fens  extérieurs.  La.  furprife  y  fup- 
pofe une  idée  de  merveilleux  ;  elle  peut  aller  juf- 
qu'à  l'admiration.  La  confternation  y  en  fuppof» 
un  de  généraUtéj  elle  peut  pouflèr  la  fcnfibilité» 
jufqu'à  un  entier  abattement.  Les  cœurs  bien  pla- 
cés foat  toujouis  «tonnés  des  perfidies  ,  quelque 

0  00««ij 


844 


CON 


fréquentes  qu'elles  foient.  Le  peuple  eft  fufpns  de 
beaucoup  d'cftets  naturels ,  dont  il  enrichit  la  lifte 
des  miracles  &c  des  Ibrtilèges.  Dans  les  calamités 
publiques  &:  dans  les  maux  prelians ,  on  cft  conf- 
terné,  parce  qu'on  manque  de  rcfîburces,  ou  qu'on 
fe  défie  de  celles  qu'on  a.  Le  parfait  Chrétien  & 
le  vrai  Philofophe  font  à  l'abri  de  toute  conjter- 
naùon ,  parce  qu'ils  connoiilent  la  fupcriorité  de 
la  Providence  Se  des  caules  premières  dont  ils  ref- 
peftcnt  les  delfeins  &c  les  effets  par  une  entière 
Ibumiilion. 

pONSTERNÈR ,  V.  a.  mettre  dans  la  conftcrnation, 
abattre ,  faire  perdre  courage.  Conjlernare.  A  la 
mort  d'Alexandre  tous  les  Capitaines  &  fes  Soldats 
furent  concernés.  Btutus  fut  consterné  par  l'appa- 
rition d'un  Ipedre.  La  prife  de  cette  ville  a  cons- 
terné toute  la  Province.  Pendant  que  les  âmes  vul- 
gaires étoient  conjlernées ,  le  héros  failbit  paroître 
un  courage  intrépide.  II  avoir  un  air  (i  effaré  &;  fi 
conjierné ,  qu'il  étoit  aifé  de  s'appercevoir  qu'une 
crainte  exceirive  le  troubloit.  M.  Scud, 

Consterné,  ée.  part.  Si  adj.  Conjlernatus. 

CONSTIPATION,  f.  f.  C;^-  état  de  celui  qui  cft 
conftipé ,  rétention  des  exctémens  caulcc  par  leur 
féchereffe  &  leur  dureté.  C'cft  proprement  le  con- 
traire de  la  diarrhée.  Alvus  adjtriSa.  Alvi  adjlric- 
tio.  Il  y  a  une  conjlipation  naturelle  qu'on  ne  peut 
regarder  comme  une  incommodité.  On  voit  des 
gens  qui  ne  vont  à  la  felle  que  tous  les  cinq  ou 
fix  j'ou  rs ,  &  qui  jouiflént  d'une  fanté  parfaite.  Dans 
la  coîijlipation  contre  nature  ,  on  fait  ufagc  des 
émolhens  ,  de  lavemens ,  &  quelquefois  de  bains 
froids. 

PONSTIPER  ,  v.  a,  durcir  le  ventre  ,  le  rcfferrer  de 
telle  fbrte ,  qu'on  ne  peut  aller  librement  à  la  felle. 
Alvum  adjiringere ,  contrahere.  Courir  la  porte  , 
manger  des  nèfles ,  des  coins ,  font  des  chofcs  qui 
conjlipent ,  qui  empêchent  d'aller  à  la  felle. 

Constipé  ,  ée.  adj. 

CONSTIPE  eft  quelquefois  fubftantif.  Cet  homme 
eft  chagrin ,  il  nous  a  montre  un  vifage  conjlipé, 
Trijlis  ,  morofus ,  tetricns.  Il  a  la  mine  d'un  conf- 
tipé. Ablanc. 

CONSTITUANT  ,  ANTE.  adj.  &  fubft.  Qui  confti- 
tue  un  Procureur  -,  qui  crée ,  qui  établit  une  rente. 
Conâituens.  Le  conjlituant  a  donné  à  N.  pouvoir 
de  pourfuivrc  ,  appeler  ,  iubroger ,  &c.  Cette  rente 
ne  fera  point  rachetable  fans  avertir  la  Damecow/- 
tituante  urt  mois  auparavant, 

'Constituant  ,  ante.  part,  du  préfent,  &  adj.  Ce 
quiconftitucj  ce  qui  compofe  un  être,  un  corps, 
Conjlitums.  Nous  avons  trouve  qu'en  fcparanr  & 
volatilifant  l'efprit  acide  après  la  diffolution  des 
parties  conllituantes  du  fel  par  le  feu  ,  les  parties 
d'air  changent  en  grand  nombre  de  l'état  fixe  à 
l'état  élaftiquc.  De  Ruffon, 

CONSTITUER,  V.  a.  (fT  qui  fe  prend  dans  des  figni- 
iîcations  différenres ,  relativement  à  plufieurs  chofes 
unies  enfemble,  &  qui ,  par  leur  union  ,  formenr 
un  tout  dont  elles  font  partie.  C'eft  compofer  un 
tout.  Conjlituere.  Ce  terme  eft  aufïï  relatif  aux  at- 
tributs d  une  chofe.  C'eft  le  mélange  des  élcmens 
qui  conjHtue  tous  les  corps.  Il  eft  impofïïble  qu'un 
concours  fortuit  d'atomes  conjlitut  un  corps  par- 
fait, un  corps  animé.  L'amc  Si  le  corps  conjlituent 
l'homme.  Ce  qui  conjîitue  la  vertu,  c'eft,  t'c.  ^tr- 
ius  confiât  ex  ,  SCc.  Corpus  confiât  ex  alimentis. 

^CT  On  le  dit  figuicment  des  parties  qui  compofent 
un  corps  politique.  Les  Ducs  Se  Pairs,  les  Préfî- 
dens ,  les  Confejllers  confiituent  le  Parlement. 

ÇrT  Constituer,  en  ftyle  didadfique,  eft  quel- 
quefois relatif  au  lieu ,  au  point  où  une  choie  eft 
placée  ;  &  fouvent  il  eft  fynonime  à  faire  confii- 
tuer.Ponere  ,  canfiituere ,  hcare,  CopcTnic  a  confii- 
îué  le  foleil  au  centre  du  monde.  Les  Philolbplies 
païens  confiituoient  le  fouverain  bien  dans  la  pof- 
reffion  de  la  vertu.  Les  Chrétiens  le  confiituent ,  le 
font  confifter  dans  la  vifion  béatifîque  de  Dieu , 
en  extirpant  tous  les  dcfirs ,  Si  en  dépouillait 


C  ON 

l'homme  de  toute  volonté  -,  il  eft  dangereux  dé  1« 
eonfiituer  dans  l'indolence  &  dans  l'inaétion.  Boss. 

j^3°  Constituer  cft  quelquefois  relatif  au  porte, 
à  la  dignité ,  &  fynonime  à  établir,  confiituere , 
infiituere.  Le  Roi  a  corifiitué  un  rcl  en  dignité. 
Qui  vous  a  ccnfiitué 'jiv^c  lutlfraclî  Je  i'zi  consti- 
tué mon  Procureun 

Constituer.  Procureur  -,  en  termes  de  Palais,  c'eft 
donner  charge  à  quelqu'un  de  défendre  en  Jufticc 
une  cauie ,  ou  lui  donner  pouvoir  d'agir  en  des 
affaires  générales  Se  particulières. 

On  dit  auHI  eonfiituer  un  homme  prifonnieri 
pour  dire ,  le  mettre  en  prifon,  Aliquem  tn  carce- 
rem  comping^re  ,  trudere. 

Constituer  figiiitic  aulfi ,  afTigner ,  créer,  établir 
une  renre,  une  penfion.  Ce7?/Zir«ere,  infiùtuere.  On 
confiitue  les  rentes  au  denier  14,  au  denier  20, 
Quand  on  confiitue  des  rentes,  on  aliène  le  fonds. 
Les  penlîons  ne  le  peuvent  eonfiituer  llir  des  bé- 
néfices ians  le  confentement  du  Patron  laïque. 
Confiiiuer  une  dot,  l'établir.  Confiituer  une  fbm- 
me  ,  un  héritage  en  dot ,  afligncr  une  dot  fur  une 
fomme  ,  fur  un  héritage. 

Constituer  quelqu'un  en  frais,  en  dépenfes  ,  caufer 
de  la  dépenlc  ,  des  frais.  On  a  abrégé  plufieurs  pro- 
cédures qui  cojijtituoient  en  frais  les  parties.  Il  fi- 
gnilie  encore ,  former  une  demande.  Il  s'eft  confii- 
tue incidemment  demandeur  par  fes  défenles  pour 
une  telle  garantie  ,  pour  fon  rembourfement.  Cb/z/- 
titucre  je ,  infiituere  fe. 

CONSTITUÉ ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignifîcations  de  fon 
veibe.  Tout  conftitué  de  telles  parties.  Homme 
conjiitué  en  digniré.  Rente  confiituée.  Procurent 
confiitue. 

^CT  On  dit  qu'un  homme  eft  bien  confiitue ,  qu'il 
a  le  corps  bien  conjiitué  ;  pour  dire,  qu'il  cft  de 
bonne  complexion.  f^oye^  ce  mot.  On  dit  dans 
un  fens  contraire  qu'il  eft  mal  coifiitué. 

^f3'  CONSTITUT,  f.  m.  terme  de  Jurifprudence, 
reconnoiffance  qu'on  pofsède  naturellemenr  Se 
corporellemenr ,  fans  aucun  droit  de  propriété  ou 
de  pofleffion  civile  ,  une  chofe  ,  au  nom  d'un  autre 
qui  nous  en  a  donné  la  jouiiTance  fous  cette  con- 
dition. Conftitutum.  Ferr. 

§C?  Cette  claufe  de  confiitut  fe  met  ordinairement 
dans  la  donation  ou  dans  la  vente  d'un  fonds  , 
avec  réfervc  de  l'ufufruit ,  pendant  la  vie  du  do- 
nateur ou  du  vendeur  ;  par  exemple ,  un  dona- 
teur abandonne  la  propriété  de  fes  biens  à  un  autre , 
Se  déclare  qu'il  ne  veut  jouir  de  l'ufufruit  qu'il 
s'eft  rcfervé ,  que  par  un  confiitut  de  précaire ,  c'eft- 
à-dirc ,  par  fbuffrance ,  Se  comme  par  emprunt. 

CONSTITUTIF,  IVE.  adj.  Qui  conftitué,  qui  éta- 
blit quelque  chofe.  Il  fut  ordonné  à  l'Evêque  de 
rapporter  dans  trois  mois  les  titres  confiitutifs  de 
certe  redevance.  Hifi.  de  tEgl.  de  Meaux  ,  Tom. 
/,  pag.  5  3^- 

jJCT  On  le  dit  aufTi  en  Phyfique  de  ce  qui  conftitué 
efTentiellement  une  chofe.  La  divifîbilité  eft  une 
propriété  conjlitutive  de  l'étendue. 

CONSTITUTION,  f.  f  Etabliflement ,  ordonnance, 
règlement  qui  fe  fait  par  autoriré  du  Prince  ou  des 
Supérieurs.  Conflitutio ,  decretum.  Les  Coiifiitutions 
des  Empereurs  font  dans  le  corps  du  Droir  Ro- 
main -,  celles  de  l'Eglife  dans  le  corps  du  Droit 
Canon.  Les  Fondateurs  des  Ordres  Religieux  ont 
fait  approuver  par  les  Papes  les  Confiitutions ,  les 
règles  de  leur  Ordre. 

fKT  "Constitution  du  Prince  eft  tout  ce  que  le  Roi 
veut  avoit  force  de  loi.  Le  droit  de  faire  des  loix 
eft  le  principal  effet  de  la  fouveraineté  Se  fon  ca- 
raélère  efTcntiel.  Parmi  nous ,  comme  chez  les 
Romains  ,  les  Confiitutions  du  Prince  font  ou  gé- 
nérales ou  particulières. 

0Cr  Les  Confiitutions  générales  règlent  principale- 
ment ce  qui  eft  de  droit  public  ,  elles  établiffent  la 
Jurididion  des  Magiftrats  Se  des  Juges  ,  Se  règlent 
quelquefois  auflî  les  droits  des  particuliers. 

^ft  II  y    a  trois  fortes  de  Confiitutions  généiaîes. 


CON 

Les  Ordonnances ,  les  Edirs  2c  les  Déclarations. 
y^oy^i  ces  mots. 
fCF  Les  conjîitucions  particulières  font  celles  qui  ne 
ie  publient  point  &  qui  ne  regardent  que  les  per- 
fonnes ,  les   Compagnies  &C  Communautés  qui  y 
font  nommées ,  enlbrte  qu'elles  n'ont  point  force 
de  loi  à  l'égard  de  routes  autres. 
^Cr  Tels  font  les  Refcrits,   les  Lettres  de  Jufllion  , 
les  Lettres-Patentes ,  &  les  Arrêts  du  Confeil  d'E- 
tat. Voyei^  ces  mots. 
Constitutions  Apojlollqiies.  C'eft  un  recueil  de  rc- 
glemens  attribués  aux  Apôtres.  Conflituùones  Apo- 
jiolica.  On  ne  connoît  point  l'Auteur  de  ces  Con- 
jiicutions.    Tous  les  Savans  conviennent  qu'elles 
font  fuppofées ,  &  S.  Clément  n'en  eft  pas  l'Au- 
teur. Elles  font  divifées  en  8  livres.  Elles  contien- 
nent un  grand  nombre  de  préceptes  touchant  les 
devoirs   des  Chrétiens,    &    particulièrement  tou- 
chant les  cérémonies  2c  la  difcipline  de  l'Eglilé. 
Constitution  fe  dit  audi  des  décilions  que  font  les 
fouverains  Pontifes  fur  les  matières  qui  regardent 
la  Foi  &  les  moeurs ,  2c  des  règleirvens  qu'Us  font 
pour  la  difcipline  Eccléfiaftique.  On   appelle  ab- 
folument  la  Confiitution ,  celle  du  Pape  Clément 
XI,  qui  commence  par  le  mot  Uniaeiiitus.   Il  y 
a  des  Conjlitutions  en  forme  de  Bulle  ,  &  d'autres 
en  forme  de  Bref.  Pour  favoir  en  quoi  confifte  la 
différence  de    ces   deux  fortes   de    Conjïitutions. 
Voyez  Bref  &  Bulle. 
^3"  Constitution  ,  relativement  à  l'Empire  d'Al- 
lemagne, fe  dit  de  l'état  du  Gouvernement  de  ce 
vafte  corps ,  &:  des  loix  générales  qui  fervent  de 
règle  à  tout  l'Empire.  Melchior  Haiminsfeld  Gol- 
<lat  a  fait  le  recueil  de  ces  loix  générales  fous  le 
titre  de  Collatio  Conjlicmionum  Imperialium.  Chri- 
ftophe  Strinius  a  fait  un  Traité  des  Conjlitutions 
Impériales,  intitulé    Nomothejia  Romano-Germa- 
nica. 
Constitution  ,  en  termes  de  Jurifprudence,  eft  aufli 
un  établilfement ,  une  création  d'une  rente  ,  d'une 
penlîon ,    d'une    charge ,  d'une  fervitude  fur   fon 
■foien  ,  fur  fon  héritage.  Pecuni<z  i?i  prcedio  ,fundo 
collocatx  annuapenjio.  Quelque  ancienne  que  ibit 
\2.  confiitution  d'une  fervitude ,  il  en  faut  rapporter 
le  titre.  La  confiitution  d'une  penfion  fur  un  bé- 
néfice doit  être  approuvée  par  le  Pape. 

On  appelle  ablolument  &  par  excellence  ,  con- 
fiitution ,  les  rentes  créées  à  prix  d'argent.  Un  Mar- 
chand perd  fon  crédit  fur  la  place  ,  quand  il  met 
fon  bien  en  confiitutions.  Tout  le  bien  de  ce  bour- 
geois eft  en  confiitutions. 
gCT  Constitution  de  dot.  Adle  qui  établit  ce  que 
les  futurs  époux  apportent  en  dot.  Dans  les  pays 
coutumiers ,  où  il  n'y  a  point  de  paraphernaux, 
tout  ce  qu'une  femme  apporte  en  ménage  forme 
fa  dot.  Dans  les  pays  du  droit  écrit,  il  n'y  a  de 
biens  dotaux  que  ceux  qui  font  nommément  con- 
ftitués  -,  les  autres  font  réputés  paraphernaux.  Voye:^ 
ce  mot. 
gCT  Constitution  de  Procureur.  C'eft  un  a<5le  par 
lequel    un  Procureur  déclare  au  Procureur  de  la 
partie  adverf^  qu'il  occupera  pour  celui  qui  le  con- 
'     ftitue. 

|Cr  Constitution  d'un  nouveau  Procureur  a  lieu 
quand  le  Procureur  d'une  partie  eft  mort.  En  ce 
cas  fi  celui  pour  qui  il  occupoit  n'en  conftitue  pas 
un  autre  ,  la  partie  adverfe  le  peut  alUgner  en  con- 
fiitution de  nouveau  Procureur. 
|tcr  Constitution  de  précaire.  Voyez  Constitut. 
Constitution,  en  Philofophie,  fignifie  aflemblage 
de  plufieurs  parties  pour  faire  la  compofition  d'un 
tout.  Compojîtio.  Nous  voyons  encore  le  monde 
comme  il  étoit  dans  ia  première  confiitution  :  c'cft- 
à-dire,  l'ordre  &la  fituation  des  parties  du  monde 
entr'elles.   Sa   confiitution  ne   peut  provenir  que 
d'une  figefle  infinie.  La  confiitution  de  nos  Opéra 
doit  paroître  bien  extravagante  à  ceux  qui  ont  le 
bon  goût  du  vraifemblable.  S.  EvR.  On  dit  qu'un 
,    homme  eft  de  bonne  aonfiitution  ,  lorfqu'il  eft  bien 


CON 


Ht 


compofé,  qu'il  eft  fain  &  robufte  -,  qu'il  enduire  le 
froid  ,  le  chaud ,  la  fatigue ,  lans  Cn  ctie  incom- 
modé. Firma  corporis  confiitutio.  Dans  ce  lens  il 
eft  fynonime  à  tempérament,  complexion.  Rien 
n'altère  plus  la  confiitution  du  vifage  ,  que  les  cm- 
portcmens  de  la  colère.  Fel.  Déranger  la  confiitution 
naturelle  d'un  corps ,  BuRETrrs ,"  ^,:.z</.  djsB.L. 
c'eft-à-dire,  l'ordre,  l'arrangement  de  fes  parties. 
CONSTITUTIONNAIRE.  f.  m.  2c  f.  C'cft  le  nom 
que  l'on  donne  à  préfent  à  ceux  qui  fe  ioumctient 
à.  la  Conftitution  Unigenitus.  Voyez  Molinistes  , 
Jansénistes.' 
CONSTRICTEUR,  f  m.  terme  d'Anatomie,  qui 
ferre,  qui  reflcrre.  Confiriclor.  Epithète  que  les  Ana- 
tomiftes  donnent  à  deux  mufcles  du  nez.  Les  con^ 
firicleurs  font  deux  mufcles  du  nCz  internes ,  &: 
caches  fous  la  runique  qui  rêver  les  narines  :  ils  font 
petits  &  membraneux  \  ils  naiflént  de  la  partie  in- 
terne de  l'os  du  nez  ,  2c  s'insèrent  a.  l'aile  inté- 
rieure  de   la  narine  pour  la  relferrer.  Dionis. 

On  donne  encore  ce  nom  à  un  mufcle  qui  en- 
toure les  lèvies  de  fes  fibres,  qui  font  orbiculaires  ; 
de  forre  que  quand  il  agit ,  il  les  ferre  &  les  fronce , 
comme  quand  on  veut  baifer  quelqu'un.  C'cft  pour- 
quoi il  eftauilî  appelé  Ofculatorius^hzïkvn.HKKKis. 
Il  y  a  auffi  des  confiricleurs  du  vagin ,  de  la  veffie  ,  du 
pharinx ,  &c.  dont  les  fonétions  font  les  mêmes. 
^  CONSTRICTION  ,  f.  f.  terme  de  Phyfique ,  ref-   . 
ferrement  des  parties  d'un  corps  :  état  d'une  chofe 
qui  éprouve  ce  reiÇerrement  de  parties.  Conflriclw , 
afiriclio.  Lti  condenfation  eft  une  fuite  de  la  coti- 
firiciion  des  parties. 
CONSTRINGENT  ,  ENTE  ,  adj.  qui  refierre.  L'ab- 
fintc  eft  une  herbe  chaude  ,  confiringente  2c  corro- 
borative.  Alimens  conjlringens 
^  CONSTRUCTION,  f.  f.  difpofition,  arrange- 
ment des  parties  d'un  bâtiment.  Confiruciio.Confiruc- 
tion  belle   2c  folide.  Philibert  de  Lorme  fut  chargé 
de  \-xconfiruclion  de  l'ancien  palais  des  Thuillcries. 
Construction  de  pièce  de  tra.it.  C'eft  le  dévelop- 
pement des  lignes  ralongées  du  plan  par  rapport 
au  profil  d'une  pièce  de  trait. 
§3"  Construction  fe  dit ,  en  termes  de  Marine  ,  de 
l'art  de  bâtir  des  vaiifeaux.    Cet  homme  entend 
bien  la  confiricciion  des  vaiifeaux. 
Construction  fedit,  en  parlant  des  problêmes  de 
Géométrie  &  d'Aftrologie,  delà  figure  qu'on  trace 
2c  des  lignes  qu'on  tire  pour  réfoudre  un  problême. 
Les   Auieurs  font  différens  fur  la  confiruclioji   du 
diême  célefte.    L'égalité  des   lignes  ou  des  côtés 
de  ce  triangle  eft  démontrée  par  la  confiruclion. 
En  termes  d'Algèbre  ,  confiruclion  des  équations 
eft  l'invention  des  lignes  ou  figures,  qui  puiflenr 
démontrer  que  l'équation  ,  la  règle  ou  le  rhéorcmc  , 
eft  vrai  géométiiquement.    Ces  confiruclions  font 
fouvent  d'un  grand  ufage  pour  réfoudre  ,  ou  pour 
éclaircir  les  équations  algébriques.  Harris. 
§CF  Construction  fe  dir,  dans  un  fens  figuré,   en 
parlant  des  ouvrages  d'efprit ,  pour  déligncr  l'ar- 
langement ,  la  difpofition  des  patries.  Conjlru&io , 
firiiclura.  La   confiruclion  de  ce  poëme ,   de  cette", 
pièce  n'eft  pas  régulière ,  n'eft  pas  heureufe. 
0CrOn  leditaulfidans  un  fens  métaphorique,  en  gram- 
maire, pour  dcfigncr  l'arrangement  des  mots  fui- 
vantles  règles  &  l'ufage  de  la  langue.  Confiruclio  , 
firuclura  verliorum.W  y  a  quelque  chofe  qui  manque 
dans  la  confiruclion  de  cette  phrafe.  Cette  confiruc- 
lion eft  louche  ,  c'eft-à-dirc  ,  que  les  mots  font  pla- 
cés de  façon,  qu'ils  fcmblent  fe  rapporter  à  ce  qui 
précède ,  pendant  qu'ils  fe  rapportent  à  ce  qui  fuit , 
de  même  que  les  louches  fcmblent  regarder  d'un 
côté  pendant  qu'ils  regardent  de  l'autre.  Confiruc- 
tion  vicieufe ,  quand  l'arrangement  n'eft  pas  con- 
forme aux  règles  ,  à  l'uiage. 
^3"  On  dir  confiruclion  pleine ,  quand  on  exprime 
rous  les  mots  dont  les  rapports  fucceffifs  forment 
le  fens  que  l'on  veut  énoncet. 
QonsT'u.vcTioti  elliptique ,  lorfque  quelqu'un  de  ces 
mots  eft  fous  entendu.  Il  n'y  a  point  de  langue 


84^ 


CO  N 


dont  la  confiruclion  foie  plus  Imiple  &  plus  facile 
que  celle  de  la  langue  han(^oile.    On  ny  trouve 
point  de  ces  inverlièns  qui  caulent  tant  d'embairas 
&  c;\nt  d'oblcuritc  dans  la  languclatine.  Elle  cpaigne 
à  l'cCpiit  julqu'aux  moindres  efforts  ;  le  nomina- 
tit"  précède  toujouis  le  verbe  -,  &  le  verbe  marche 
toujours  devant  les  cas  obliques  qu'il  régit.   Elle 
expole  les  penfées  dans  le  même  ordre  que  l'ima- 
irination  les  a  conçues  i  &  cette  cofifiru&ion  na- 
turelle ne  fatigue  point  le  lecteur,  Gill.  La  langue 
francoife  eft  peut-être  la   feule  qui  fuive  l'ordre 
naturel  dans  la  conjlruclion.  Les  Grecs  &  les  La- 
tins iinilîênt  le  plus  fouvent  leurs  périodes  par  où 
le  bon  fens  veut  qu'on  les  commence.  L'élégance 
de  leur  langue  confilte  en  partie  dans  cet  arran- 
gement bizarre  ,  ou  plutôt  dans  ce  défordre ,    & 
cette  tranfpoliùon  étrange  de  mots.  S.  Evr.  L'une 
des  beautés  de  la  langue  francoife ,  c'eft  la  coji- 
jiriuiion  direéfe  ,  laquelle  fans  cloute  eft  préférable 
.à  la  coiifirucUon  renverfée  &i  tranfpofce  des  Latins. 
Charp.  Les  parties  du  difcours  fe  peuvent  lier  en- 
femble  ou  par  une  confiruclion  limple  ,  lorfque  tous 
les  termes  ibnt  placés  dans  leur  ordre  naturel  -,  ou 
par  une   coiijirucïion   figurée,  lorfque  s'éloignant 
de  cette  fimplicité  ,  Ton  ufe  de  certaines  expref 
fions  plus  courtes  &  plus  élégantes.  Or,  ceux  qui 
excellent   dans   l'art  de  la  Grammaire  rappellent 
aifément  cette  conjtriiclLon  figurée  aux  loix  de  la 
iimple ,  &  remarquent  bien  ,  que  ce  qui  paroît  con- 
firait fans  aucune  règle  ,  &,pat  un  ufage  arbitraire 
de  la  langue ,  lé  peut  réduire  aux  loix  générales  de 
la  confiruclion   ordinaire.  Port-Pv, 
CONSTRUIRE,  v.  a.  Je  confirais  ,   nous  conjîrui- 
J'ons  ,  je  confiruijîs  ,  j'ai  conjlruit ,  je  conjiruirai , 
^u'il  coTifiruije  ,  que  je  conjtruijijfe.  Il  lignifie  ,  bâ- 
tir 5  édifier  ,  élever  un  bâtiment.   Corijiniere,',  Il  en 
coûtera  cent  mille  écus  pour  conflruire  cette  Eglifc. 
Il  a  fait  conjiiuire  deux  pavillons  .inx  deux  bouts 
de  fa  maifon.  Construire  ijn  Palais.  On  dit  auHi , 
conjlruire  \\n  vailfeau ,  un  bâtiment  de  mer. 
Construire  le  dit  aulTi  en  Géométrie  &  en  Aftro- 
logie.    Conflruire   un  thème  célefte.  Il  faut   con- 
jlruire un  problême  ,  avant  que  d'en  faire  la  dé- 
monitration.  Conjlruire ,  dans  cette  acception ,  li- 
gnifie ttacer  la  figure  ,  tirer  des  lignes ,  faire  toutes 
les  opérations  relatives  au  but  qu'on  fe  propofc. 
Construire  ,  en  termes  de  Grammaire ,  fignifie  au 
figuré  5  arranger  les  mots  fuivant  les  règles  ^  l'u- 
lage  de  la  langue.  y'oye:(  Construction. 

Cette  période  eft  bien  conjlruite,  toutes  les  règles 
grammaticales  y  font  bien  obfcrvées. 
^C?  Construire  fe  die  auill  figurément  en  parlant 
des  ouvrages  d'efprit.  C'eft  en  difpofer  ,  en  ar- 
ranger toutes  les  parties.  Pour  bien  conjlruire  un 
poème,  il  lâut  beaucoup  d'imagination  &i  de  ju- 
gement. On  a  vu  éclore  différens  ouvrages  très- 
utiles  fur  l'état  militaire ,  entr'autres  celui  de  M. 
le  Chevalier  FoUard ,  livre  curieux  &:  très-eftimable , 
bien  qu'allez  mal  conftruit.  Obferv.  fur  les  Ecr. 
Mod,  Pertharite ,  Tragédie  de  Corneille  ,  eft  une 
pièce  mal  conjlruite ,  mais  pleine  de  beaux  traits.  Id. 
Construit,  ite.  part. 

CONSUALES  ,  adj.  &  f.  f.  pi.  terme  de  Mythologie. 
Conjualia,  Confuales  ludi.  Fêtes  à  l'honneur  du 
Dieu  Conlé  ou  Confus ,  c'eft-à-dite  ,  Neptune. 
On  y  faifoit  une  cavalcade  magnifique ,  parce  que 
Neptune  pafîbit  pour  avoir  donné  le  cheval  aux 
hommes.  De  là  lui  vtno\x.  (on  (innom  A' Equejlrc , 
t^-rcaç.  On  dit  que  c'eft  Evandre  qui  inftitua  cette 
Fête.  Romulus  la  rétablit  enfuite  fous  le  nom  de 
Confus,  parce  que  ce  Dieu  lui  avoit  fuggérc  le 
deiléin  d'enlever  les  Sabines.  Car  Romulus  ayant 
inftitué  les  jeux  Confuales  ,  y  invita  lés  voifins ,  & 
ùt  fervit  de  la  folennité  des  factifices  5c  des  jeux 
pour  enlever  les  Sabines ,  qui  étoient  venues  à  la 
cérémonie.  Pour  y  attirer  plus  de  monde,  il  avoit 
répandu  de  tous  côtés  qu'il  avoit  trouve  un  autel 
caché  fous  terre  ,  qu'il  vouloit  confacrer  en  faifanc 
des  facrificcs  au  Dieu  à  qui  cet  autel  avoit  été  érigé. 


C  ON 

Ceux  qui  prétendent  expliquer  les  myftèrcs  de  la 
Théologie  payenne  difent ,  l'autel  caché  fous  tcire 
eft  un  fymbole  du  deiléin  que  Romulus  avoit  d'en- 
lever les   femmes  de  lés  voifins.  Il  eft  parlé  des 
Conjuales  en  plulicurs  endroits  du  Calendrier  Ro- 
main. Les  Conjuales  étoient  du  nombre  des  jeux 
que  les  Romains  appeloient  jacres ,    parce  qu'ils 
étoient  confacrés  à  une  Divinité.  Foyei  Varron , 
Fejlus  ,  Tue-Live ,  Flutarque ,  Kofinus ,  le  Calen- 
drier Romain,  &:c.  Dans  les  commencemens  ces  fêtes 
&:  ces  jeux  ne  diftéroient  point  de  ceux  du  Cirque  ; 
de  là  vient  que  Valere  Maxime,  L.  ll^\c.  4,  dit 
que  l'enlèvement  des  Sabines  fe  fit  aux  jeux  du  Cir- 
que -,  &:  Servius ,  Enéïd.  L.  FUI ,  v.  6^y6,  aux  Con- 
j'uales.   On   couronnoit    &  on  laiflbit  repolér  les 
chevaux  &   les  ânes  ces  jours-là ,  parce  que  c'é- 
toit  la  fête  de  Neptune  l'Equeftre  ,  dit  Plutarque , 
Rom.  quafi.  48.  Feftus  écrit  que  ces  jeux  fe  célé- 
broient  avec  des  mulets ,  parce  qu'on  croyoit  que 
c'etoit  le  premier   animal  qui  ei^it  feivi  à  traîner 
le  char.  Servius  dit  que  les  Confuales  tomboient 
au  i^^  d'Aoiit  -,  mais  Plutarque    &  Denis  d'Hali-  . 
carnalTe  les  mettent  au  mois  de  Mars.  Ces  fêres 
diffèrent    de    celles    qu'on    appeloit  Neptunales , 
Nepiunalia.   Voyez  Vossius  ,  de  Idolol.   Lil>,  /, 
c.  15.  Viiîencre  fur  Tire-Live. 
CONSUBSTANTIALITE ,  f.  f.  terme  de  Théolo- 
gie ,  unité ,  égalité  ,  identité  de  fubftance.  Confub- 
'jtanti.ilitas.  C'eft  le  mot  dont  on  fe  fert  dans  l'Ecole. 
Le   nœud  de   la  difpute  entre  les  Orthodoxes  fie 
les  Ariens ,  confiftoit  dans  la  confubjlantialité  du 
Fils  avec  le  Père. 
CONSUBSTANTIATEUR  ,  TRICE.  f.  m.  &  f.  Ce- 
lui ou  celle  ,qui  croit  le  Veibe ,  le  Fils  de  Dieu 
conùibftantiel  à  fon  Perc.  Qui  Filium  Dei  ttioimit,,, 
confubflancialem  Fa  tri  ejfe  crédit ,  docet.  Apres  que 
le  Concile  de  Nicée  eut  trouvé  le  mot  de  con- 
fubftantiel  ,    qui  fetmoit  la  porte  aux  équivoques 
des  Ariens ,  ils  n'appelèrent  plus  les  Orthodoxes 
que  Homoufiens  ,  c'eft-à-dire  ,    confubftantiels  ou 
Confuhjlantiateurs.  Hélas  !  comme  nos  frères  nous 
appellent    quelquefois    Tranfubjlamiateurs    dans 
leurs  Ecrits.  Peliss. 
UCT  Cet  Auteur    veut  faife  voit  que  les  Reformés 
donnent  aux  Catholiques  des  noms  odieux ,  à  l'exem- 
ple des   Ariens.   Mais  le  mot   homoufiens  eft  -  il 
exaélement  rendu  par  celui  de  Conjuhflantiateurs. 
ÇCr  CONSUBSTANTIATiON  ,  f.  f.  teime  dont  fe 
fervent  les  Luthériens  pour  exprimer  leur  croyance 
fur  la  préfence  réelle  de  Jéfus-Chrift  dans  l'Eu- 
chariftie.  Voye^  Impanation.  C'eft  la  même  choie. 
0Cr  CONSUBSTANTIEL,    ELLE,  adj.  terme  de 
Théologie ,    dont  on  fe  fert  en  patlant  des  per- 
fonnes  de  la  Trinité,  pour  faire  entendre  qu'elles 
n'ont  qu'une  feule  &  même  nature.  Ejufdem  cuin 
altero  fubjlantitz,  ccnfuhflamialis,  C'eft  le  mot  qui 
eft  en  ufage  dans  l'Ecole.  Le  Fils  de  Dieu  eft  con- 
fubflantiel  au  Père.  Ce  terme  fut  choili  &  adopté 
par  les  Pères  du  Concile  de  Nicée  ,  pour  expri- 
mer la  Dodrine  de  l'Eglife  avec  plus  de  précifion, 
&  pour  fer  vir  de  barrière  &;  de  précaution  contre  les 
erreurs  &  courte  les  furprifes  des  Ariens.  Le  terme 
de  confuhflantiel  étoit  en  ufage  parmi  les  Pères  de 
l'Eglife  pour  exprimer  ce  que  nous  croyons  delà  Di- 
vinité éternelle  duFilsde  Dieu,  avant  que  PlotinôC 
Jamblique  fuffent  au  monde  -,  &  s'il  fe  trouve  dans 
les  Ouvrages  de  ces  Philofophes  quelque  chofc  de 
femblable  à  ce  que  les  Chrétiens  onr  dit ,  c'eft  de  la 
doctrine  des  mêmes  Chrétiens  qu'ils  l'ont  pris.  P. 
Baltus.  s.  Denis  d'Alexandrie ,  dans  fa  lettre  contte 
P.aul  de  Samofate  ,  nous  apprend  que  les  SS.  Pères 
qui  l'avoient  précédé ,  avoient  appelé  le  Fils  de  Diçu 
confutjtantiel  à  fon  Père.  Id. 

Le  même  Père  s'en  étoit;  encore  fervi ,  en  par- 
lant du  Verbe ,  dans  l'Apologie  qu'il  envoya  au 
Pape.  Le  Concile  de  Nicée  l'employa  pour  cou- 
per pié  à  toutes  les  vaines  fubtilités  des  Ariens  qui 
avouoicnt  tout,  excepté  ce  que  fignifie  le  mot 
♦>oaVi»î  ,  confubjituuii/ ;çu  ils  alloient  jufqu'à  i«- 


C  O  N 

connoîcre  que  le  Fils  étoic  véritablement  Dieu  ', 
mais  ils  nioient  qu'il  fiit  un  même  Dieu  &  une 
même  ilibftance  que  le  Perc.  Aulïî  fîrent-ils  tou- 
jours tout  ce  qu'ils  purent  pour  abolir  l'ulage  de 
ce  terme.  On  pcrfccuta  les  dcfenfeurs  du  confuù- 
jiamiel;  Conftantius  fit  tous  les  efForts  pour  obliger 
les  Évêques  à  fupprimer  le  térm-e  de  conju/'jia/i- 
tid  ;  mais  la  vérité  triompha ,  &  ce  terme  a  été 
maintenu  dans  les  fymbolcs. 

Sandius  prétend  que  le  terme  de  confubfiantiel 
ctoit  inconnu  avant  le  Concile  de  Nicee,  A4ais  on 
l'avoit  déjai  propole  au  Concile  d'Antioche,  le- 
quel condamna  Paul  de  Saniofare  ,  en  rejettanc 
pourtant  le  mot  de  confuhjlantiel.  Courcelles  au 
contraire  a  foîitenu  que  le  Concile  de  Nicée  avoir 
innové  dans  la  doélrine  ,  en  admettant  une  cx- 
prelîîon  dont  le  Concile  d'Antioche  avoir  aboli 
rura£:çe.  Il  eft  vrai  que  le  mot  de  conjubjlantiel  iwx. 
toujours  recueil  des  Ariens ,  parce  qu'il  attaquoit 
l'erreur  dans  fa  Iburce  ,  &  qu'il  prévenoit  toutes 
leurs  diftindions  &:  toutes  leurs  fubtilités.  Selon 
S.  Athahafe  le  mot  de  confuhjiantiel  ne  fut  con- 
damné par  le  Concile  d'Antioche ,  qu'en  tant  qu'il 
renferme  l'idée  d'une  matière  préexiftente  ,  &:  an- 
■■térieure  aux  chofes  qui  en  ont  été  formées  \  & 
que  l'on  appelle  coejpntiel/i's.  Or ,  en  ce  fens  le 
Pcre  &  le  Fils  ne- i'oni  point  confuéjiaruie/s  ^i  p^iKe 
qu'il  n'y  a  point  de  matière  préexiftente.  L'heu- 
ireufe  fécondité  de  la  langue  grecque,  accoutumée 
aux  mots  compofés ,  fournir  aux  Pères  de  cette 
iainte  Aileiiiblée  le  mot  d'komoou/los  oVo«V/oç  ,  c'efl- 
à  dire,  coyifutfiaTuicl  au  Père  ou  de  même  Ilib- 
ftance que  le  Père  ,  qui  fermoir  la  porte  aux  équi- 
voques des  Ariens.  Quel  bruit  ne  firent-ils  pas  dans 
tout  le  monde  Chrétien  pour  le  foule  ver  contre  la 
nouveauté  de  ce  mot  pris ,  difoient-ils ,  de  la  taufle 
fagef'e ,  inconnu  aux  Apportes ,  &  aux  tirois  pre- 
miers fiècles  de  l'Eglife  ?  Ils  n'appelèrenr  plus  les 
Orthodoxes  qn' Hcmooujiens ,  c'eft-à-dirCj  Confuù- 
ftantieh  ou  Confuhjhwtiateurs. 
CONSUBSTANTIELLEMENT  ,  adv.  d'une  maniè- 
re confubltantielle.  Confubjtantialiur .  C'effc  le  mot 
dont  on  fe  fert  en  Théologie.  Le  Fils  eft  confuhj- 
tamieUement  un  avec  le  Père. 
gCF  CONSUEGRE  ,  ville  de  la  nouvelle  Caftilk  , 

en  Efpa<rne ,  à  dix  lieues  de  Tolède. 
CÔNSUETUDINAIRE.  f.  m.  &  f.  Quia  coutume 
de  faire  quelque  chofc.  Affuetus  aliquid  facere , 
folitus  aliquid  facere.  Ce  mot  n'eft  point  dans  l'ufa- 
ge  ordinaire  de  la  langue.  Pontas    s'en  fert  dans 
l'on  Dictionnaire  des  cas  de  conscience. 
CONSUIVIR.  V.   a.   Mot    du  vieux  langage  ,  qui 
fignifioit  attendre  3  attraper.  On  trouve  aiiifi  con- 
fuivre. 
CONSUL,  f.  m.  §3"  L'un  des  Magiftrats  qui  avoir 
la  principale  autorité  dans  Rome  ;  le  premier  de 
îa  République,  quand  il  n'y  avoir  point  de  Dicta- 
teur. Conjul.  Les  Confuls  étoient  les  chefs  du  Sé- 
nat ,  commandaient  les  armées ,  &  Jugeoient  fou- 
verainement  des  différends  entre  les  Citoyens  Ro- 
mains; mais  parce  qu'ils  abufèrent  de  leur  pouvoir , 
il  fur  permis  par  la  loi  Vakria   d'en  appeler  au 
peuple  ,  fur-tout  lorfqu'iî  s'agiflbit  de  la  vie  d'un 
citoyen.  Dans  la  fuite ,  les  Confuh  étant  trop  oc- 
cupés des  affaires  générales  de  l'État ,  ou  à  Rome, 
eu  à  la   tête  des   armées  ,  on  créa  d'autres  Ma- 
2;ifl:rats  pour  rendre  la  juftice  au  peuple  à  la  place 
des  Confuls. 

Les  Romains ,  depuis  qu'ils  eurenr  chafTé  leur 
Roi  ,  furent  gouvernés  par  des  Confuls  qui  furent 
établis  l'an  Z44  ou  245  de  la  fondation  de  la  ville  , 
ainli  appelés  à  confulendo.  Brutus  &  Collatinus 
lurent  les  premiers  élus  par  l'aflémblée  du  peuple. 
On  défignoit  les  années  par  les  noms  des  ConJ'u/s. 
Quand  l'un  des  Confuls  mouroit  dans  le  cours 
de  l'année  de  fon  confulat ,  on  en  élifoit  un  autre  ; 
mais  on  continuoit  à  donner  à  l'année  le  nom 
de  celui  qui  avoir  eu  le  confulat  ordinaire  ;  c'cft- 
iVdire  ,  celui  qui  avoit  été  élu  au  mois  de  Jau- 


G  t)  N 


847 


vîer.  On  ne  pouvoit  être  Conful  qu'à  43  ans.  IJ( 
y  eut  encore  des  Confuls  du  temps  des  Empereurs^ 
mais  ce  n'étoit  plus  Ibus  eux  qu'un  titre  honorable  ; 
cependant  ils  atfeiftèrent  de  conferver  cette  dignirç 
comnîe  un  refte  de  liberté.  Enfin ,,  il  s'éteignit  in^ 
feniiblement  au  temps  de  Juftinien  ;  enibtre  que 
depuis  lui,  aucun  Empereur  n'a  fait  des  Confuls, 
&  n'en  a  pris  la  qualité.  Bafile  eft  le  nom  du  derr 
nier  Conful  marqué  fur  les  Fajtes-Confulaires  ,  eit 
l'année  ',41.  Cette  dignité  étoit  alors  tellement 
avilie  ,  qu'on  la  conféroit  aux  dernières  peribnnes 
de  l'Empire.  L'Empereur  Juftin  la  voulut  rétablir 
Z5  ans  après  ,  &:  fe  créa  lui-même  Conful'^  niais 
ce  deffein  n'eut  pas  de  fuite.  Caligula  fit  délîgner 
Co/i/«/ fon  cheval. 

Depuis  l'établiflémenr  de  la  République ,  èc  le 
coaiulat  de  L.  jun.  Brutus  &  de  L.  Tarq.  Collât, 
auquel  Valerius  Publicola  fut  fubftitué ,  jufqu'au 
confulat  de  Bafile  ,  c'eft-à-dire  depuis  l'an,  144  ou 
245  de  la  fondation  de  Rome  ,  J09  ans  avant  Je- 
fus-Chrift ,  jufqu'à  l'an  12.93  '^^  ^^  fondation  de 
Pvome  ,  540  après  Jefus-Chrill:  ■,  pendant  1049  j  on 
compta  les  années  par  les  Confuls  ;  mais  depuis 
l'année  540  de  J.  C.  que  Balile  éx.oit  Conful ,  nous 
ne  trouvons  plus  de  Conjuls  ni  de  confulars  faivis. 
On  compta  dans  la  fuite  par  les  années  du  régna 
des  Empereurs  ,  &  par  les  indiétions.  Cependant 
les  années  qui  fuivirent  le  confulat  de  Bafile  font 
encore  marquées  quelquefois  ainfi  ;  poji  confula- 
tum  BaJîUi  1,2,  &c.  jufqu'à  la  25'.  Voyez,  les 
Fajies  Confulaires  imprimés  à  Amfterdam  en  1705:  l 
fiar  M.  d'Almeloveen  ,  Jurifconfulte  hollandois. 
Dans  cet  eipace  de  temps  ,  cet  Auteur  ,  compte 
1060  Confuls  ,  fans  parler  des  Confuls  fubftiîués  ^ 
fuff'ecli.  Cependanr ,  de  l'an  509  avant  J.  C.  juf- 
qu'à l'an  541  dé  J,  C.  il  n'y  a  que  1049  ans.  Sic 
conféquemment  1049  conlulats  ;  encore  fait-il  com- 
mencer les  Confuls  l'an  244,  de,  Rome  ,  quoi- 
qu'ils n'aient  commencé  qu'en  245  j  félon  Tite- 
Live  i  qui .,  à  la  fin  de  Ion  premier  livre  ,  die 
que  le  Gouvernement   des  Rois  dura  244  ans. 

Les  confulats  perpétuels  des  Empereurs  d'O- 
rienr ,  qui  coiripoiént  les  fades  Byzantins ,  com- 
mencerenr  l'an  de  J.C,  5^7,  &  finirent  l'an  <?(j8  3 
avec  la  dernière-^nnée  de  Conflians ,  petit  fils  d'Hé- 
raclius.  Conftantin  Pogonate  youlut  que  le  confu- 
lat fut  inféparable  de  l'Empire  ,  ce  qui  dura  juf- 
qu'à Conftantin  Porphyrogénète,  Dans  cette  for- 
me de  gouvernement  ,  l'Empire  &  le  confulat 
étoient  fi  étroirçment  unis ,  que  l'Impératrice  Irène 
voulut  prendre  le  confulat  ,'  lorfqu'elle  fut  Ré- 
gente. Les  Empereurs  françois ,  ceux  d'Italie ,  &; 
les  Princes  Sarrazins ,  qui  commandoient  en  Ef- 
pagne  ,  ayant  pris  le  confulat ,  comme  les  Empe- 
reurs de  Confianrinople ,  ceux-ci  méprifèrent  ce, 
titre  ,  &  le  quittèrenr  parce  qu'il  étoit  devenu 
trop  commun  ;  de  forte  qu'il  ne  relia  plus  qu'aux 
Magiftrats  des  villes  ,  &  à  certains  autres  Offi- 
ciers 3  ce  qui  arriva  vers  l'an  900.  Voye:^  le  P. 
Pagi  dans  fa  Differtation  Hypatlque  ,  ou  fur  le 
confulat. 

Sous  les  Empereurs ,  il  y  avoit  des  Confuls  or- 
dinaires ,  des  Confuls  honoraires  ,  &  des  Confuls 
fubrogés  5  c'eft-à-dire  ,  mis  à  la  place  des  ordinai- 
res ,  ou  par  la  mort  ou  autrement.  Il  y  en  eut 
aufTi  de  cette  dernière  forte  dans  le  temps  de  la 
République.  Ceux  qui  ont  donné  des  liftes  des 
Confuls,  fonr  Tite-Live  &  Tacite,  Dion  Caffio- 
dore,  Idatius.un  Anonyme  imprimé  par  le  Car- 
dinal Noris,  Onuphri.us,  Panvinius  dans  fes  Faf- 
tes  Confulaires  ,  Pighius ,  le  P.  Petau  dans  fon 
XIIP  liv.  de  Doclrina.  temporum  ,  &c]a.nion  d' A- 
meloveen  ,  Jurifconfulte  hoUandois  ,  en  1705, 
avec  des  notes. 
CoNsut  fe  dit  auffi ,  dans  les  Auteurs  du  moyen  âge , 
pour  Comte  ,  &  Procoriful  ou  Fice-Conjul ,  pour 
Vicomte  ;  ainfi  que  M.  de  Macca  l'a  montré  dans 
fon  Hill  dg  Bearn.  L,  llh  c  3«  P^t  plufieurs  Au=: 


84S 


CD  N 


tcui-:5,  &  boancoup  d'exemples.  Epelman  a  fait  la 
même  remarque  dans  l'on  GtoJJaire. 

Consul  iis^nifie  aull!  les  principaux  Officiers  d'un 
bourg  ou  d'une  petite  ville  dans  les  provinces 
méridionales  de  France  >  qui  ont  foin  des  affaires 
publiques  de  la  communauté,  comme  les  Eche- 
vins  en  d'autres  endroits.  Ce  font  les  Confuls  qui 
règlent  les  impoiitions ,  les  logcmens  de  gens  de 
guerre  ,  &c.  Voyez  les  notes  de  Durand  fur  les 
Origines  de  C/ermoni  en  Auvergne  ,  p.  i^&i  iqi. 
Lcs^''Echevins  y  ont  été  appelés  d'âhozd  Conjuls , 
5c  jufqu'en  155^. 

Consul  fe    dit  aulH    des  Juges  qui  font  dus  entre 

■  les  marchands  pour  régler  les  affaires  du  com- 
merce, fuivantles  privilèges  à  eux  accordés.  Char- 
les IX  érant  un  jour  entré  dans  la  Grand'Cham- 
bre  du  Parlement  de  Paris ,  &:  ayant  ouï  pronon- 
cer lur  un  différend  qui  étoit  entre  deux  mar- 
chands qu'on  envoya  hors  de  Cour  &  lans  dé- 
pens, après  avoir  confumé  dans  une  pourfuite  de 
dix  ou  douze  années  ,  le  meilleur  de  leur  bien  , 
fut  fi  fenfiblement  touché  de  voir  que  les  longueurs 
de  la  chicane  ,  en  ruinant  les  marchands ,  dctrui- 
foicnt  le  commerce  ,  qu'il  fit  un  édit  au  mois 
d'Oclobre ,  l'an  15^5  »  P^"^  l'^'5"el  il  érigea  dans 
les  principales  villes  du  Royaume  ,  comme  il  y 
en  avoir  déjà  dans  Marfeille  &  dans  Rouen  ,  des 
jurididions  particulières  de  Juges  Confu/s  ,  tirés 
du  corps  des  marchands ,  où  l'on  décidâr  promp- 
temenr  les  différens  qui  arrivent  fur  le  commerce, 
D'auttes  difent  que  cette  juridiélion  fut  établie 
d'abord  à  Paris  en  15^5,  &  puis  en  ij<f<J,parun 
édit  général,  dans  toutes  les  bonnes  villes  du 
Royaume.  Il  y  a  un  titre  dans  la  dernière  ordon- 
nance de  1675  ,  qui  segle  la  Jurididion  des  Ju- 
ses-Confuls.  Les  Confuls  jugent  des  affaires  de 
marchand  pour  le  fait  du  négoce  ,  dont  ils  fe 
mêlent  feulement.  Les  fentences  des  Confuls  por- 
tent contrainte  par  corps.  A  Paris  il  y  a  un  Juge 
ëc  quatre  Confuls.  En  d'aurres  villes ,  il  n'y  a  qu'un 
Juge  &  deux  Confuls.  Ils  Jugent  en  dernier  ref- 
fort  ,  jufqu'à  la  fomme  de  500  livres  ,  fuivant 
l'article  8  de  l'édit  de  création.  Dans  les  Parle- 
mens  de  Rouen  &C  de  Touioufe  ,  au  lieu  de 
Juges  &  Confuls ,  on  les  appelle  Prieurs  &  Confuls. 

ConsVl  eft  auHi  une  office  établi  "en  vertu  de  com- 
milfion  du  Roi  ,  dans  toutes  les  échelles  du  Le- 
vant ,  ou  autres  villes  de  commerce  ,  pour  faci- 
lirer  le  négoce  ,  protéger  les  marchands  de  la  na- 
tion, ^CF  &  juger  roussies  différends  qui  naifTcnt 
entre  les  marchands  françois  ,  en  fe  conformant, 
tant  en  matière  civile  que  criminelle  ,  aux  capi- 
tulations faites  avec  les  Souveiains  des  lieux  de 
leur  Gtabliflement. 

|Çr  Les  appellations  des  jugemens  des  Confuls  :, 
tant  aux  échelles  du  Levant ,  qu'aux  côtes  d'Affii- 
que  &  de  Batbarie  ,  fe  relèvent  au  Parlemenr 
d'Aix  ,  &  les  appellations  des  jugemens  des  autres 
Confuls  ,  au  Parlement  le  plus  proche  du  confulat 
cù  les  fentences  ont  été  rendues. 

0CF  En  matière  criminelle ,  quand  il  n'échet  aucune 
peine  aftliclive  ,  ils  peuvent  juger  définitivement , 
pourvii  que  les  jugemens  foienr  rendus  avec  les 
députés,  &  quatre  notables  de  la  nation. 

^  S'il  éehet  peine  afllidive  ,  l'iiiftrudlion  faite  , 
ils  font  tenus   d'envoyer  le  procès  avec  l'accufé 

•  dans  le  premier  vailfcau  faifant  fon  retour  en 
France  ,  pour  être  jugé  par  les  Officiers  de  l'ami- 
rauté du  premier  port  où  le  vaiileau  fera  fa  dé- 
charge. 

L'Ordonnance  de  la  Marine  veut  qu'un  Coriful 
foit  âgé  de  trenre  ans ,  &  que  tous  les  aéles  e::pé- 
diés  en  pays  étrangers  ne  faflent  point  de  foi 
en  France ,  s'ils  ne  font  légalifés  par  les  Confuls. 
Il  y  a  des  Confuls  à  Alep  ,  à  Alexandrie,  à  Smir- 
ne  ,  à  Soïd  ,  à  Tripoli  ,  à  Alger  ,  &c.  Le  Conful 
du  Caire  eft  celui  qui  tait  le  trafic  du  féné  qu'on 
vend  en  Europe.  Le  nom  de  Conful  efl  demeuré 
à  des  Juges  de  la  Mariae ,  lequel  ,  chez  les  Au- 


CON 

teurs  du  moyen  âge ,  fignifie  un  Juge  ordinaire , 
audi-bien  que  celui  de  Comte,  ainh  qu'a  remar- 
qué d'Argentré  en  fon  Hi foire  de  Bretagne,  & 
M.  de  Marca  en  celle  de  bearn. 

Consul  fe  dit  du  chef  de  l'Académie  de  Florence. 
Le  Jurifconfulte  Altoviti  fut  fait  Conful  de  cette 
Académie  en  17^5. 

Onditaudl  Vice-Conful,  Vice-ConfuUs  pro  Con- 
fule.  Il  y  a  des  Via-Confuls  à  Lcopoli  &  à  la 
Carale.  L'Ambafladeur  du  Roi  à  la  Porte  ordon- 
na au  Conful  de  Smyrne  d'envoyer  inccffamment 
à  Scib  im  Vice-Conful.  Jean  Toubeau  ,  Impri- 
meur Libraire  ,  &  ancien  Juge  Conful  de  la  ville 
de  Bourges  ,  a  fait  les  inftitutes  du  droit  con- 
fulaire  ,  la  Jurifprudence  du  droit  des  mar- 
chands. C'eft  un  commentaire  fur  le  droit  établi 
par  Charles  IX  ,  &;  fur  les  ordonnances  qui  le 
concernent,  dans  lequel  il  eft  rraité  des  droits, 
rities  d'honneur  ,  &  prééminences  des  Juges-Co/z- 
fuls. 

CONSULAIRE  ,  adj.  Qui  a  palfé  par  la  charge  de 
Conful.  Conful.iris,  Ciccron  a  été  homme  confulaire. 

^fj"  On  le  dit  aulii  de  ce  qui  appartient  à  la  dignité 
de  Conful,  de  ce  qui  y  a  rapport.  Dignité  con- 
fulaire. Province  confulaire  ,  qui  étoit  gouvernée 
par  un  homme  confulaire.  Famille  conjulaire  y  o\i 
il  y  avoir  eu  un  Conful.  Age  confulaire  ,  où  l'on 
pouvoit  parvenir  au  confulat,  lavoir  à  43  ans. 

f^F  Cette  loi  fut  enfreinte  par  Céfar ,  qui  nomma 
Conful  Dolabella  ,  n'érant  encore  âgé  que  de  15 
ans.  Les  Empereurs  qui  vinrent  après  lui ,  firent 
des  Confuls  qui  n'avoient  pas  même  de  barbe,. 
Des  enfans  ,  avanr  même  qu'ils  euffent  Tufage  de 
la  parole  ,  furent  désignés  Confuls. 

On  donna  même  ce  titre  à  des  gens  qui  ,  fana 
avoir  exercé  le  confular ,  jouilfoient  du  rang  & 
des  maïques  de  cette  dignité.  Mais  leur  rang  étoit 
dcfîgné  par  le  mot  de  confularicas. 

On  appelle  médailles  confulaires ,  les  médailles 
qui  ont  été  frappées  pendant  que  la  République 
romaine  éroit  gouvernée  par  des  Confuls.  Golt- 
zius  en  a  fait  un  recueil  par  ordre  chronologi- 
que. Urfain  a  difpofé  les  médailles  confulaires  pan 
l'ordre  des  fomilles  romaines.  Les  curieux  n'ont  pu 
alfembler  que  1057  médailles  confulaires  ,  qu'on 
rapporte  à  178^ familles  romaines.  M.  Parin  a  expli- 
qué ces  1037  médailles  confulaires.  Quoiqu'on 
leur  donne  le  nom  de  confulaires ,  il  ne  s'enfuit 
pas  qu'elles  aient  toutes  été  battues  par  l'ordre 
des  Confuls  :  c'eft  feulement  pour  les  diftinguec 
de  celles  que  les  Empereurs  ont  fair  fabriquer  j 
6C  cela  marque  l'état  de  la  République. 

Cgnsulaib-e  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  regarde  les  Juges 
Confuls.  L'aétion  d'un  marchand  conrre  un  bour- 
geois n'eft  pas  un  fair  confulaire.  Quand  un  mar- 
chand eft  mal  dans  fes  affaires  ,  qu'il  fait  ban- 
queroutte,  &:  qu'il  ne  forr  point  de  fa  maifon, 
de  crainre  d'crre  pris  &  mis  en  prifon  ,  on  appelle 
cela  à  Paris ,  par  métaphore  ,  avoir  la  goutte  con- 
fulaire. Un  tel  ne  fort  point ,  il  a  la  goutte  con- 
fulaire. Il -eft  familier.  Billet  confulaire  dont  on 
peut  poutfuivre  le  payement  aux  Confuls ,  &  qui 
emporte  la  contrainte  par  corps.  Dette  confulaire-, 
pour  laquelle  on  peur  êtte  alligné  par  devanr  les 
Juges  -  Confuls.  Juridiction  confulaire  ,  qui  e!l  : 
exercée  par  les  Juges-Confuls.  Matières  ,  affaires 
confulaires  ,  dont  les  Juges-Confuls  doivent  con- 
noître.  Jugement  confulaire  ,  émané  de  la  juri- 
didion des  Confuls  ,  &  dans  l'ufage  ordinaire  , 
condamnation  ae  ce  ttibunal  ,  qui  emporre  la 
contrainte  par  corps.  En  rerme  de  blàzon  ,  on 
appelle  une  hache  confulaire ,  celle  qui  eft  entou- 
rée d'un  faifceau  de'Verges ,  telle  qu'en  avoit  une 
dans  fes  atmes  le  Caidinal  Mazarin  \  Se  telle  qu'en 
portent  aujourd'hui  les  La  Porte-Mazarin  ,  Se  les 
Mancini-Mazarin.' 

Consulaire,  f.  m.  Confularis.  Nom  d'un  Officier  de 
l'Empire  Romain.  On  appcloir  confulaires  les  Gou- 
Yerneurs  de  certaines  Provinces.  Il  y  avoit  quinze 

confulaires 


C  ON 

'Confulaîres  en  Orient,  cinq  en  Afie  ,  trois  dans  le 
Pont,  deux  dans  la  Thrace ,  trois  en  lilyrie  ,  huit 
en  Italie  ,  deux  en  Afrique  ,  trois  en  Elpas^ne  ,  lept 
«ians  les  Gaules  ,  deux  en  Pannonie.  Voye:^  les 
Notices  de  l'Empire.  L.  Cœlius  Rufus  avoir  été 
Confidaire  de  la  Campanie  &  de  la  Pouille.  De 

TiLLEMONT, 

GONSULAlREMENTj  adv.  à  la  manière  des  Ja- 
ges-Confuls.  Conj'ular'aer .  Cette  demande  a  été 
jugée  coiij'ulairemenf-,  c'eft -à-dire  ,  luivant  les  maxi- 
mes des  Juges-Conllils  ,  dont  les  fcnterices  font 
exécutoires  par  corps  &  par  proviiion. 

CONSULAT  ,  f.  m.  dignité  de  Conful ,  ou  le  temps 
que  dure  cette  magiflratuie.  Confulatus.  Le  Ccn- 
fulat  étoit  fort  brigue  chez  les  Romains.  Marins 
eft  parvenu  jufqu'au  Ylle  Consulat.  La  conjut-a- 
tion  de  Catiiina  fut  découverte  fous  le  Conjulat 
de  Cicéron,  Voyei^  le  commencement  &  la  fin  du 
Conjulat  i  &  le  nombre  des  Conjulats ,  au  mot 
Consul. 

Consulat  eft  aufTi  la  charge  de  Conful  ,  &  le 
temps  qu'elle  dure ,  foit  dans  les  ptovidces  ,  Toit 
dans  les  villes  de  commerce.  Quand  on  a  exercé 
le  Co7:julut  des  Marchands  ,  on  peut  parvenir  à  l'é- 
chevinage.  Les  Confuls,  dans  les  nations  étran- 
gères ,  ont  un  greffe  qu'on  appelle  la  Chancellerie 
du  Conjulat,  Tous  contrats  maritimes  &C  polices 
d'a/ilifanctS  ,  peuvent  être  palîcs  en  la  Chancel- 
lerie du  Conjulat ,  fuivant  la  dernière  Ordonnan- 
ce de  la 'Marine. 

Consulat  s'eft  dit  aufïî  pour  échevinage  ,  comme 
Conful  s'eft  dit  pour  Echevin.  Le  changement  du 

-  Con/i.-/at  en  échevinage,  fe  fît  pat  la  Reine  mete 
des  Rois  ,  eh  l'an  155«^  ,  &  fut  confirmé  par  le 
Roi  Henri  II  en  la  même  année,-  Savaron  , 
Oria;.  de  Cl er mont, 

CONSULTANT;  f.  m.  &  adj.  Homme  expérimenté 
que  l'on  confulte  au  befoin  ,  dont  on  prend  l'avis. 
AdvQcatus  de-  jure  conjultoribiis  refpondens.  Il  ne 
fe  dit  guère  que  des  anciens  Avocats  &c  Méde- 
cins. Avocat  conj'ultant ,  Médecin  conjultant.  Il  eft 
«du  nombre  des  confultans. 

Ecoute:^  tout  le  monde  djjîdu  confultant , 
Un  fat  quelquefois  ouvre  un  avis  important. 

BoiL. 

CONSULTAT,  r.  m.  Confeillet-CommifTaire.  Le 
Pape  (  Jean  XXII  )  pour  lever  tout  fcrupule  à  fes 
Confuhats,  fufpendit  cette  défenfe  (  d'expliquer  au- 
trement qu'à  la  lettre  la  pauvreré  de  J,  C.  )  Juf- 
qu'à  fon  bon  plailir  ,  par  une  bulle  du  i6  de 
Mars  1322.  Fleury. 

Consultât,  c'eft  le  nom  qu'on  donne  à  un  comp- 
te qu'on  rend  tous  les  vendredis  au  Roi  d'Efpa- 
gne  de  tout  ce  qui  s'eft  pafTé ,  de  tout  ce  qu'on 
a  réglé  &  jugé  dans  tous  fes  Confeils  pendant  le 
cours  de  la  femaine.  Comme  tous  ces  Confei's 
fe  tiennent  dans  difféfertes  falles  du  Palais  du 
Roi ,  &  qu'elles  font  difpofées  de  manière  qu'il 
peut  voir  &  entendre  ,  par  des  jaloufies  ,  tout 
ce  qui  s'y  fait  &  s'y  règle ,  cela  engage  tous  les 
Confeillers  d'état  à  s'obferver  dans  les  Jugemens 
qu'ils  rendent  ;  mais  de  plus  ,  ils  font  obligés 
tous  les  vendredis  au  confultat, 

^  CONSULTATION ,  f.  f.  conférence  que  l'on 
tient  pour  confulter  fur  une  affaire,  fur  une  mala- 
die. Cor;_//</r(ino.  Les  Avocats,  les  Médecins  ont  été 
long  tems  en  confultation.  Ils  n'ont  tien  réfolu 
après  une  \on3,ue  confultation. 

|fCr  Ménage  obferve  qu'on  dit  ordinairement  con- 
fultation à  l'égard  dés  Avocats ,  &  confulte  à  l'é- 
gard des  Médecins  ,  Se  que  le  mot  vient  de  con- 
fulta ,  latin  ,  qu'on  a  dit  pour  confuhatio.  L'ufa- 
ge  a  prévalu  contre  la  décifîon  de  Mcnaae ,  & 
l'on  dit  également  confultation  d'Avocats  ,  cin- 
fultation  de  Médecin";.  Le  mot  de  confulte  n'eft 
plus  guère  d'ufage  que  da^s  les  provinces. 

.CoNSTHTATioN  fe  dît  aufTi  figurcment  desconféïen- 
Tome  H. 


C  ON 


^A^ 


■  ces  que  nous  tenons  intérieurement  avec  rious-mê-^ 
mes  fur  ce  que  nous  devons ,  o\i  ne  devons  pas 
faire.  L'avarice  préfide  à  toutes  les  conjultatwns 
du  cœur  d'un  avare.  Claud. 

Consultation  eft  auili  un  réfultat  de  délibétation 
&  de  l'avis  qu'on  a  ptis  en  confultant.  Summa. 
conjultationis  \  id  quqd.  in  confultatione ,  dcliiera- 
lione  decretum  ,  conjtitutum ,  conclujum  eft.  On  a 
voulu  avoit  une  confultation  par  écrit  lur  certe 
difficulté.  Au  Parlement  de  Boutgogne  ,  les  parties 
produifent  de  part  &:  d'autre  parmi  leilrs  pièces , 
les  conj'u hâtions  de  leurs  Avocats. 

îfT  Consultation  fe  dit  non  feulement  de  l'avis 
qu'on  donne ,  mais  encote  de  celui  qu'on  d  mande  : 
&c  l'on  dit  fort  bien ,  lépondre  à  une  confultation^ 
Confultation  ,  avis  demandé  ,  confeil  donné. 

§3°  On  appelle  au  Palais  banc  des  conj'ultaticns , 
pilier  des  confultations  ,  chambre  des  confulta- 
iions  ,  les  endroits  où  l'on  ttouve  les  Avocats 
conlliltans,  &  où  l'on   va  les  confulter  au  Palais,  ■ 

ÇCF  On  appelle  confultations  de  charité  ,  celles  que 
donnent  gtatuitcment  à  la  bibliothèque  des  Avo- 
cats ,  un  jour  de  la  femaine  ,  lix  Avocats  nommés 
pour  cela  ,  qui  ont  au  moins  dix  ans  de  Palais  j 
&  un  plus  jeune ,  charge  de  faire  le  rapport  des 
qucftions  &:.de  rédiger  les  confultations. 

^fT  Droit  de  confultation  ,  c'eft  un  droit  qu'on  paffe 
en  taxe  aux  Procureurs  ,  dans  leurs  mémoires  de 
frais  j  dans  le  cas  où  ils  ont  confulte  ,  ou  font 
ccnlcs  avoir  confulte  un  Avocat.  Jus  confulta- 
tionis. 

CONSULTATIVE,  adj.  f.  Le  genre  mafculin  n'eft 
point  en  ulage.  Avoir  voix  confultative  ,  c'eft 
avoir  droit  de  dire  fon  avis  dans  quelque  com- 
pagnie, mais  fans  que  l'avis  foit  compté  dans  les 
déHbérations  de  la  compagnie.  Dans  les  conciles, 
les  ÈvêqueS  ont  voix  délibérative  ,  les  Dodleurs 
n'ont  que  voix  confultative  On  n'eft  pas  obligé 
de  fuivte  le  fentiment  de  ceux  qui  n'ont  que  voix: 
conjultative  dans  une  AfTemblce  ,  dans  un  Confeil , 
quoiqu'i's  aient  droit  de  le  dite. 

§3°  CONSULTER  ,  v.  a.  demandei ,  prendre  confeil 
de  quelqu'un.  Confulere  aliquem,  in  conflUum  ad- 
hibere;  conjilium  ab  aliquo petere.  Un  plaideur  con* 
fuite  font  Avocat  pour  fe  défendre  on  pour  agir  con- 
tre fa  partie.  Un  malade  confulte  fon  Médecin  pc<ur 
favoir  ce  qu'il  doit  faire  relativement  à  fa  fanté.  On 
confulte  le  Devin  pour  découvrir  ce  qui  eft  caché.; 
On  confnltoit  les  Oracles  pour  favoir  ce  qui  devoit 
arriver.  Saùl  confulta  la  Pythoniffe  &  l'ombre  de 
Samuel,  pour  favoir  le  fuccès  de  la  bataille  qu'il  de- 
voit donner.  Les  Payens  ne  faifoienr  aucune  entre- 
prife  fans  conjulter  les  Oracles  ,  ni  tes  Perfans  &  les 
Indiens  far^s  conjulter  îesAftrologues.  On  confulte  les 
Cafliiftes  fur  des  cas  de  confcience.  O  i  devroittou- 
jours  demander  avis  à  des  gens  expérimentés  dans 
un  art,  fur  les  difficultés  qu'on  a  dans  des  circanftan' 
ces  épineufes.  Confulerâ  aliquem  confilium  ab  aliquo 
petere ,  aliquem  in  confilium  aihibere. Il  eft  nWè con- 
fulter [a  donation  à  des  Avocats.  Il  a  appelé  des  Mé- 
decins pour  confulter  fur  fon  mal.  Il  eft  al?é  conful- 
ter les  Cafuiftes  de  Sorbonrte  fur  un  fcrupule  de  conf^ 
cience.  Il  a  lonTtemps  confulte  ,  conféré  avec  les 
amis  s'il  devoir  ie  mat ier  On  dit ,  confulter  l'Otaclé^ 
Confulter  les  Devins.  Conjulter  le  Prince.  Abi  ancv 
Le  Sase  confulte  quelquefois  les  hommes  les  moiriS 
jntelligens.  Morale  de  Confucius. 

Il  femble  que  le  Roi  dans  ce  choix  d^ importance 
Ait  daicrné  tous  nous  confiilter. 
Et  fans  ufer  de  fa  puiffance  ,    . 
N'ait  fongé  qu'à  nous  contenter. 

Nouv.  CHOIX  DE  "7ers^ 

^fT  On  d't  en  et  ('^ry'5  confulter  les  Aftres,  confulter 
fes  livtes ,  chercher  dans  fes  livres  le  parti  qu'on  doit' 
prendre. 

ftF  Dans  un  fens  figuré,  confulter  fon  devoir  ,  fâ 
eonfcknce  j  fes  forces  :  examiner  avec  attention  fi  ie 

ï>PP,pp 


gyô  C   O   N 

devoir ,  la  confcience,les  forces  permettent  de  faire 
ce  qu'on  le  propole.  On  doit  exculer  le  crime  com- 
mis dans  le  mouvement  de  la  colère,  tic  ians  avoir 
confulu  la  railon.  M.  Esr.  Ce  bon  mari  ne  loue  & 
ne  blâme  rien  ians  avoir  cunjuhi  les  yeux  6c  le  vi- 
iage  de  la  femme.  La  Bruy.  Chacun  conjuhe  tou- 
jours ion  intérêt ,  quand  il  s'agit  de  eeux  d'autrui. 
Vaug. 

Pronoticeipar  vous-même ,  &  ne  con(\.ûx.txpas 
Des  cœurs  nitércjfes  à  troubler  vos  Etats. 

CAnSTRON. 


Quand  je  confultois  la  nature , 
Je  ne  peiifois  qu'à  me  venger.  L' 


Aebé  têtu* 

^3*  On  dit  de  même ,  qu'une  femme  confulte  ion  mi- 
roir, fur  la  manière  d'étaler  les  appas  qu'elle  prend 
fur  fa  toilette.  Les  appas  viennent  de  ces  grâces  cul- 
tivées que  forme  un  (idèle  miroir  <ro/?/«//£  avec  at- 
tention ,  ôc  qui  font  le  travail  entendu  de  l'art  de 
plaire. 

^fr  Dans  le  fty le  familier,  consulter  fon  chevet  ,  fe 
donner  le  temps  de  délibérer  ,  palier  la  nuit  avant 
que  de  fe  déterminer. 

Consulter  s'emploie  ablblument  pour  délibérer  en- 
femblc. 

Les  Médecins  ont  consulté  fur  fa  maladie ,  les 
Avocats  fur  fon  affaire. 

1^  Consulter  le  dit  aulTi  de  la  chofe  fur  laquelle 
on  demande  avis.  Consulter  une  alîàire ,  une  mala- 
die. Dans  ce  tens  il  le  dit  aulîi  aulii  pallif.  Cette  af- 
faire a  été  confultieznx  meilleurs  Avocats.  Acad.Fr.  1 

Consulter  fignifie  aulli  délibérer  avec  foi-méme , 
être  irréfolu  ^  incertain  quel  parti  on  doit  choifir. 
Confultare ,  deliberaré.  Il  confulte  encore  en  lui- 
même  s'il  achètera  cette  charge. 

Lorsque  vous  covSwlizzfivous  deve^  vous  rendre , 
Hélas  !  vous  êtes  tout  rendus,  Vill, 

Consulté,  ée.  part, 

CONSULTEUPv ,  f.  m.  terme  de  Capucin.  Confultor. 
Celui  qui  donne  avis  au  Général.  Il  y  a  d'autres  Or- 
dres Religieux  où  ce  terme  eft  en  ulage ,  pour  li- 
gnifier ceux  que  le  Supérieur  choilît  pour  les  con- 
fulter,  pour  prendre  confeil  d'eux,  pour  écouter 
leurs  avis  :  ces  confulteurs  doivent  écyre  en  certain 
temps  au  Général ,  èc  lui  rendre  compte  des  af- 
faires. 

,CoNSULTEUR  du  S.  Office.  On  donne  ce  nom  aux  Théo- 
logiens que  le  Pape  commet  pour  examiner  les  livres 
DU  les  propolitions  qui  lui  font  déférées  ,  ou  pour 
donner  leur  avis  fur  quelques  matières  qui  regardent 
la  foi  ou  la  difcipline.Cow/K//or.Les  confulteurs  n'ont 
point  voix  délibérative  dans  les  Congrégations.  Ils 
y  rendenr  feulemenr  compta  des  livres  ou  propoli- 
tions qu'on  les  a  chargés  d'examiner,  &  en  don- 
nent leur  avis  doctrinal, 

CoNSULTEUR  A' Etat ,  nom  de  Charge  ou-  d'Office  dans 
la  République  de  Venife.  Confultor  Reipiibiicx.  Ce 
font  des  Jurifconlultes  que  VEtat  confulte  dans  les 
affaires  difficiles.  Il  y  a  des  confulteurs  d'Etat  en 
matière  Ecclcfiaftique  &  des  Confulteurs  à' Etat  en 
matière  civile ,  comme  on  le  peut  voir  dans  le  Rac- 
colti  J'Opufc.  T.  XIF,  p.  58. 

CONSULTRICE,  f  f.  Conjultrix.CtUt  qui  confeille, 
ou  que  l'on  confeille.  PoMEY, 

CoNSULTRicE ,  f  f.  nom  en  ufage  dans  la  Congrégation 
des  filles  &  veuves  appelées  Dimeffes  ,  ou  Modcjîes. 
Confultrix.  Dans  cette  Congrégation  deux  mailbns 
voilines  élifent  tous  les  ans  une  Supérieure,  deux 
Ajutantes ,  ou  majeures,  pour  chaque  maifon,  qui 
doivenr  avoir  demeuré  au  moins  trois  ans  dans  la 
Congrégation,  &  qu'on  appelle  aulfi  Co«/«/;ricfj. 

P.  HÉLYOT,    T.    FUI,  p.    II. 

CONSUMANT,  ANTE,  qui  confume.  Confumens. 
Un  feu.  confumant.  Il  y  a  des  plaies  qui  demandent 
des  remèdes  confumajis ,  ou  cauftiques. 

Ucr  CONSUMER  ,  V.  a.  détruire  ,  réduire  à  rien. 
Confumere ,  abfumere.  On  le  dit  au  propre,  particu- 
iièrement  du  feu  qui  détruit  pai  une  adion  vive  & 


C  O  N 

rapide  ,  Se  aii  figuré,  du  temps  &  des  maux  dont  les 
progrès  font  plus  lents.  Le  teu  confuma  une  partie 
du  bâtiment.  La  viélime  fut  conjumee  par  le  feu. 
Le  temps  confume  tout.  Tempus    edax  rerum.  Le 
temps  qui  coiijume  les  marbres  les  plus  durs  ,  peut 
venir  à  bour  de  la  réliftanee  laplusobftince.  S.  Evr. 
Il  aune  fièvre  lente  qui  le  coujume.  Le  mouvement 
le  plus  délicat  de  l'amour,  c'eft  la  langueur,  qui, 
comme  une  flamme  fccrette  nous  confume  douce- 
ment. S.  Evr.  Le  feu  de  l'amitié  échauffe  le  cœur 
fans  le  confumer.  Pourquoi  vous  lailfez-vous  con- 
fumcr  aux  chagrins  &  à  la  triltelfc:  |]CJ  On  le  ditaullî 
avec  le  pronom  perlbnnel.  Cette  femme  fe  confume 
en  regrets  lupertlus.  Exedi.  Les  filles  de  Darius  fon- 
doient  en  larmes  ,  6c  fe  confumoient  d'ennui.  Vaug. 
C'eft  un  amant  difcret ,  qui  fe  laiflera  plutôt  confu~ 
mer  que  de  fc  plaindre.  Le  Pays. 

N'allé^  pas  fur  des  vers  fans  fruit  vous  confumer, 
]^i  prendre  pour  génie  un  amour  de  rimer.  BoiL. 

Vaincu,  chargé  de  fers ,  de  regrets  conÇnmc  , 
Jefouffre  tous  les  maux  que  f  ai  fait  devant  Troye, 

Rac. 

0^  Consumer  fe  dit  encore  des  chofes  qui  fe  détrui- 
fent  par  l'ufage.  Confumer  Ion  bien.  Ion  patrimoine. 
Abligurire.  Confumer  fon  bien  en  débauches,  en 
folles  dépenfes.  L'Efpagnol  dit  en  proverbe  que  les 
Juifs  confument  leur  argent  en  Pâques ,  les  Maures 
en  noces  ,  &  les  Chrétiens  en  procès.  Le  Piètre 
confume  la  Sainte  Hoftie. 

Dans  cette  acception  on  dit  abufivementron/ôm- 
mer  \  &;  cet  abus  paroît  autorifc  pat  l'ufage.  fl 

Consumée,  ée,  part. 

CONSUS  ou  CONSE,  f.  m.  terme  de  Mythologie, 
faux  Dieu  des  anciens  Romains.  Co/i/z/j.  C'étoitle 
Dieu  des  Confeils.  On  prétend qiw;c'etoit Neptune, 
Dieu  des  cholescachées.llavoit  à  Rome  dans  le  Cir- 
que un  Temple ,  en  un  lieu  couvert  &  caché ,  pouc 
montrer  que  les  confeils  doivenr  erre  lècrets.  Pour  la 
même  railon  nos  anciens  Auvergnacs  facrifioient  au 
Dieu  confus  ,  dans  des  bocages  épais  Se  bien  touffus,- 
Savaron.  Orig.  Ses  fêtes  s'appeloient  Confualia, 
ffj'  C'eft  pendant  la  célébration  de  ces  fêtes  que  Ro- 
mulus&;  lès  compagnohs  enlevèrent  les  filles  des  Sa- 
bins.  Voye{  Consuales.  On  l'appelle  aulft  AV/n/ne 
Equejire  ,  Neptunus  Equeftris,  Tite-Live  ,  Liv.  L 
Plutarquedans  la  vie  de  Romulus  •,  Tertullien  de 
fpeclaculis,  c.  5 .  Scrvius  fur  le  Vllh  Liv,  de  r Enéide  y 
Volfius ,  de  Idololatr.  Lib.I,  c,  15.  Vigencre  ,  fur  T. 
Live,  T.l,  p.  793  ,  9(^5. 

fKFCONTACT,  f.  m.  (  Prononcez  le  dernier  c, }  rerme . 
Didactique,  fynonime  d'attouchement.  Etat  rela- 
tif de  deux  chofes  qui  fe  touchent.  Contaclus.  Le 
conta  tf  de  deux  Corps  ,  efl  l'application  immédiate 
d'un  Corps  fur  un  autre. 

^fT  En  Géométrie  on  appelle  point  de  contact^  îe  point 
où  une  ligne  droite  touche  une  ligne  courbe ,  tel 
que  le  point  où  la  tangente  touche  le  cercle,  oir 
bien  où  deux  lignes  courbes  fe  touchent.  Deux  glo- 
bes parfaiten>ent  ronds  ne  fe  touchent  que  dans  un 
point  qui  s'appelle  point  de  contact. 

CONTADIN  ,  f.  m.  Payfan ,  habitant  de  la  campagne  » 
de  l'Italien  Contadino  qui  fignifie  la  même  chofe. 

A  raide  ,  Contadins ,  aux  armes  ,■ 

Leur  difoit-il  ,    c'eft  tout  de  bon  : 
Au  toup,vous  dis^je,au  loup,  il  m' emporte  un  mouton. 
Mais  il  a  beau  crier,  on  rit  defes  alarmes,  La  Font. 

CONTAGIEUX  ,  EUSE  ,  adj.  qui  fe  communique 
par  contagion.  Coniaaiofus.  La  petite  vcrole,la  pcflc, 
la  ladrerie  ,  font  des  maux  contagieux.  II  y  a  aulfi  des 
fièvres  contaç^ieufes. 

^fT  Les  maladies  contasieufcs  fe  communiquent,  ou- 
par  un  contait  immédiat,  ou  par  celui  des  habits, 
ou  de  quelque  corps  infedlé  ,  ou  par  le  moyen  de 
l'air  qui  tranfmet  les  fsiîiences  morb  jfigues.  Ce  mot  ,• 


C  O  N 

alnfi  que  contaJl-,  vien:  Accomingere,  toucher.  Con- 
tagion ,  maladie  qui  ic  communique  pat  rattoiiclic- 
menr,  Ibit  immédiat,  Ibit  médiat. 
Contagieux  lé  dit  ligutément  du  vice,  de  l'erreur, 
de  l'héréiie  ,  de  la  rébellion  ,  &  de  toutes  les  mau- 
vaifes  choies  qui  lé' donnent  &  fe  communiquent  par 
fréquentation  &  par  exemple.  Vous  diriez  que  Ton 
malheur  a  été  contagieux  à  toute  la  famille.  Il  cfl: 
difiicilcdc  fe  remplir  de  l'efprit  Eccié(ia;liquc  dans 
le  commerce  du  monde  ,  &  de  confervcr  fon  inno- 
cence dans  un  air  fi  contao-ieiix.  Herman.  Si  vous 
^voulez  vous  guérir  de  l'amour,  éloignez-vous  de 
'ceux  qui  aiment  :lear  commerce  cil  lïop  cont.isUt:x. 
S.  EvR.  " 

Et  je  n'avois  pas  cru  l'amour  contagieux , 
Lorfque,fans y  peT2fcr,jc  le  vis  dans fcs yeux.  La  Sitze. 

^p°CONTAGION  ,  r,  m.  qualité  d'une  maladie  par 
laquelle  elle  peut  pa.Ter  du  iujet  affeélé  à  un  fujet 
fain  ,  &  y  produire  une  maladie  de  la  même  cfpcce. 
Contdgio.  Communication  d'une  maladie  maligue. 
La  fièvre  maligne  fe  prend  par  contagion. 

|CrCe  mot  eil  fouvent  employé  pout  iignificr  la  peîlc. 
Foyci  ce  mot.  La  contagion  règne  dans  tel  pays.  La 
contagion  a  quelquefois  dépeuplé  nos  provinces. 

'  ^Cr  En  ce  fens ,  on  le  dit  figurément  du  vice  &  auttes 
chofes  peinicieufes.  L'héréfie  eft  une  contagion.  On 
le  dit  de  toutes  les  mauvaifes  chofes  qui  fe  commu- 
niquent par  l'exemple  &  par  la  communication  avec 
ceux  qui  en  font  mizù.k%.'L^  contagion  de  l'héréfie, 
des  mauvaifes  mtieurs.  Le  choix  des  compagnies  ell: 
eirenticl  pour  les  Jeunes  gens,  parce  que  les  hommes 
vicieux  infectent  ordinairement  de  leur  contagion 
ceux  qui  fc  trouvent  Ibuvent  en  leur  compagnie. 
La  contagion  ne  s'ctoit  point  encore  répandue  "dans 
les  Ecoles  publiques.  Maucroix.  Il  eft  devenu  mé- 
chant ,  débauché  par  contagion.  Les  gens  heureux 
fuient  les  milerables ,  il  femble  qu'ils  craignent  de 
le  devenir  par  contagion.  S»  EvR. 

CONTAGIONAIRES  ou  ANTICONTAGIONAI- 
Ri£S,  f".  &  adj.  m.  pi.  mots  qu'on  a  faits  dans  ces  der- 
niers temps ,  pour  dcfignet  les  Médecins  qui  fbûte- 
ncjicnt  que  la  pefte  fe  communiquoi:  par  conngion, 
&  ceux  quidifbient  qu'elle  n'étoit  pas  contagieufe. 

CONT AILLES,  adj.  f.  pi.  Les  foies  contailles  font  du 
nombre  des  bourres  de  foie ,  qui  font  les  foies  de  la 
pl:!S  baffe  qualité. 

CO:\TAMINATION,  (.  î.  vieux  mot,  fynonime  de 
f b  u  i  ■  1  u  re.  Co  ntamin atio. 

CONTAMINER,  v.  a,  fouiller  ,  tacher  ,  gâter,  Co;:- 
ic ir.uiare. Ce  mot  eil  vieux  &:  hors d'ufage. 

CoKTA7.ri>;E  ,  ÉE,  part.  Souillé. 

CONTAUT  ,  f  m.  terme  de  Charpenteric  ,  pièce  de 
bois  au  deffus  de  l'enceinte,  ou  cordon  d'une  galère, 
hrate  de  1 5  ou  14  pouces ,  qui  va  en  diminuant  de- 
puis le  milieu  vers  les  extrémités  de  la  proue  &:  de  la 
porippe. 

TiCFCONTE.  f  m.  C'ell  en  général  le  récit  d'une  avan- 
ture  vraie  ou  faiiuleufe,  férieiife  ou  plaifantc,  'foit 
env£rs,fbit  en  profe.  On  le  dit  plus  communément 
d'une  hiftoire  faufTe  &  courte ,  qui  n'a  rien  d'impof- 
lible.  Ficta  ,  commentitia  narratio  ,  fabula.  Les 
Ccv/rej- d'Ouville,  d'Eutraper ,  de  Bonaventure  des 
Périers ,  de  la  Reine  de  Navarre.  La  brièveté  efl: 
r.-ime  du  conte.  La  Font.  Efbpe  a  fu  envelopper  la 
vérité  dans  là  fable  •,  il  faut  beaucoup  d'art  pour  dé- 
guifer  ainfi  en  petits  contes  les  inftruélions  les  plus 
importantes  de  la  Morale.  Fonten.  C'efl  le  propre 
d'yn  grand  efprit  'otfqu'il  commence  à  vieillir  &  à 
décliner  ,  de  fe  plaire  auxfo/zrej  &  aux  fables.  Bo:l. 
Il  faut  toujours  quelque  choie  de  piquant  dans  les 
contes.  S.  E  VR.  Il  y  a  bien  de  l'adrcfie  à  faire  un  conte 
de  bonne  grâce.  Il  entend  bien  à  broder  un  conte. 

U:ie  morale  nue  apporte  de  V  ennui  ; 

L,e  conte  fait  pa(feT  le  précepte  avec  lui.  La  Font. 

§3"  Conte  ,  (  Un  )  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  eft  une 
aventure  feinte  &  narrée  par  un  Auteur  connu.  Uns 


CON  8yi 

fable  eft  une  aventure  faufTe  divulguée  dans  le  public» 
&  dont  on  ignore  l'ori-ine.  Un  Roman  eft  un  com*. 
pofé  &  une  fuite  de  pluiicurs  aventures  fuppolecs. 

Le  mot  de  conte  eft  plus  propre  lorfqu'il  n'cft  quef- 
tion  que  d'une  aventure  de  la  vie  privée. 

CiG^  Les  contes  doivent  être  bien  narrés;  les  failcs 
bien  inventées  5  &  les  Romans  bien  fuivis.  /^ovt^ 
Fable  et  Roman.  r    . 

ifT  Conte  fe  dit  aufîî  des  hiftoires  plaifantes,  vraies 
ou  faulfes ,  que  l'on  fait  dans  la  converfation  pour 
aniufcr,  railler,  médire,  &c.  C'eft  un  cunte  iait  à 
plailii  :  on  fait  d'étranges  contes  de  cette  femme-là, 

ffF  Conte  fe  dit  encore  de  tous  les  difcours  i.uitilcs, 
qui  n'ont  aucun  fondement  ni  appatence  de  vérité. 
Tout  ce  que  vous  me  dites-là  n'clt  qu'un  conte .,  l'ont 
des  contes  en  l'air.  Falulœ.  Voltaire ,  dans  fés.  re- 
marques fur  ce  vers  de  la  Tragédie  d'Heracliv.s  , 

Tit  fais  après  cela  des  contes  fuperfius , 

obferve  que  cette  expreffion  ,  contes  fi:perj:::s ,  eft 
ignoble  -,  quoique  les  expreffions  les .  plus  iimples 
deviennent  quelquefois  les  plus  tragiques  par  la 
place  où  elles  ibnt,  ce  n'eft  pas  en  cet  endroit ,  c'cft 
quand  elles  exprimenrun  grand  fentiment. 

Conte  fédir  proverbialement,  en  ces  phralés.  Ce  font 
des  contes  de  vieilles ,  dont  on  amule  les  eni'ans;  des 
contes  à.  dormir  debour,de  peau  d'âne^de  lacicogne, 
de  ma  mère  l'Oie.  Un  conte  violent,  un  conte  jaune, 
un  conte  bleu  ,   &c. 

tfj-  CONTEMi^LATEUR,  TRICE.  f  celui,  celle  qui 
contemple  ,  particulièrement  par  la  penfce ,  par  les 
yeux  de  l'efprit.  Contemplccor ,  contempUitrix  ,  Spc- 
culator ,  Spcculatrix.  Contemplateur  des  merveilles 
de  Dieu ,  des  fecrets  de  la  nature. 

^  CONTEMPLATIF,  IVE,  adj.  fouvent  employé 
flibftantivement.Ce  terme  dcfîgne  celui  qui  s'attache 
à  contempler  parla  penfce..  Conicmplator.  Philofb-^ 
\A\t  contemplatif.  Je  me  fuis  formée  l'idée  d'un  ci;«- 
templatifcomivi^  d'un  pareffeux  quis'obfcrve  conti- 
nuellement, qui  s'ennuie  fort  ;  &  qui  ne  divertit 
guère  les  autres,  M.  icup.  Un  cfptit  contemplatif 
eft  d'ordinaire  rêveur  &  mélancolique. 

ICF  Contemplatif,  en  termes  de  Théologie  myfti- 
que ,  exprime  l'état  de  celui  dont  l'amc  eft  unie  à 
Dieu  d'une  manière  intime.  Rctum  divinarum  ,.cg:- 
lefiium  conteniplator.  Vie  caïnemplative  ,  çsWt  q\iï 
fe  paffe  dans  la  Méditation  &  dans  l'Oraifon,  Elle 
eft  oppofée  à  la  vie  ndlive.  il  y  a  des  contemplatifs 
qui  lé  rcpaiffcnv  de  l'idée  piéfbmptuculé  d'une  ptr- 
fcè-tion  imaginaire  :  gens  qui  toujours  unis  à  Dieu  , 
.1  les  entendre  ,  &;  rerranchés  dans  la  partie  fupé- 
ricure  de  leur  ame,  ne  daignent  plus  régler  les  mcu- 
vemens  de  l'inférieure,  6i  la  laifîént  en  proie  aux 
pallions.  Les  co7iîf;«/'/i7/i/i  fe  prétendent  élevés  à  la 
plus  fublime  orailbn  ,  &:  à  la  pratique  de  l'amour  de 
Dieu  le  plus  parfait.  Fenel.  Un  contemplatif -c^itcnà 
l'impulfion  divine  dansl'inaftion.  Boss.  La  vie  myf- 
tique  8c  contemplative  eft  Ci  proche  de  l'illufion  du 
fanatifme,  qu'il  ePi  prefqu'impofliblc  de  marquer  les 
juftes  limites  qui  les  fe.parent,  Id.  Les  exraiés  con- 
templatives des  Myftiques  font  quelqueibis  plutôt 
des  folies  d'Amans  inienfés  ,  que  les  pieui  ravifîç- 
mens  d'un  amour  divin.  In.  Les  pieux  contemplatifs 
font  l'objet  de  la  raillerie  de  ceux  qui  ne  fentent  pas 
les  opérations  internes  du  Saint-Efprif.  leurs  extafes 
&  leurs  raviffemens  pafîént  pour  des  viiions  dans  le 
monde.  Fentl.  Le  ftyle  des  contemplatifs  eft  hyper- 
bolique &  fiçruré.  S.  EvR.  L'mdiiîcrence  univer- 
lelle  ,&  l'anéàntifrcmcnrde  toutes  fbrtes  de  fouhaits 
&  de  défîrs,fûnt  l'eiience  de  la  vie  contemplative.  Id, 

CONTEMPLATION,  f  f.  ^  Dans  l'ufage  ordinaire 
ce  mot  eft  fynonime  à  méditation  &  lignifie  l'ap- 
plication de  l'efprit  par  laquelle  il  s'attache  à  réRé- 


chir ,  coniSdérc-r 


bi  a 


admirer  les  merveilles  de 


Dieu  &  de  la  nature.  CoMcmplatio,  Un  Philbfo- 
phe  toujours  dans  la  contemplation  ne  defcend  guè- 
re aux  détails  de  la  vie,  La  contemplation  des-  ou<- 
vrages  de  Dieu  nous  remplît  d'tidmirarit^.T.-.r; 
iCJ  On  le  dit  de  l'aélion  par  laquelle  on  conftdèrr. 

FPPppij 


8^2  C  O  N 

foit  des  yeux  du  corps, Toit  des  yeux  de  rcrptlt. 
Contemplation  des  choies   Divines.  Contemplation 
des  corps  ccleftcs. 
ftrCe  mor  lîgnihe  ,  particulièremeni:  en  philorophie, 
radion  de- fixer  un  même  objet  dans  l'on  entende- 
ment ,  de  l'envilager  fous  toutes  ies  faces  diUcren- 
tes,  pour  en   acquérir  une  connoidance  exacte. 
>     Contemplation  ,  en  termes  de  Spiritualité    fie  de 
Tliéologic  myftique ,  eft  une  vue  de  Dieu  ou  des 
choies  divines ,  limple  ,  libre  ,  pénétrante  ,  certai- 
ne ,  qui  procède  de  l'amour  ,  &  qui  tend  à  l'a- 
moiir.  1°.  Cette  vue  eft  limple.  Dans  la  contem- 
plation l'on  ne  railbnne  point  comme  dans  la  mé- 
ditation. 1".  Elle  eft  libre  ,  parce  que  pour  la  pro- 
duire, il  faut  que  l'ame  foit  aflîanchie  même  des 
moindres  péchés,  des  afFetlions  déréglées ,  de  l'em- 
preflément  &:  des  foins  inutiles  &:  inquiétans.  Sans 
cela  l'entendement  eft  comme  un  oifeau  qui  a  les 
pies  liés ,  &  qui  ne  peut  voler ,  (î  on  ne  le  met  en 
liberté.  3°.  Elle  eft  claire  &  pénétrante  ;  non  pas 
comme' dans  l'état  de  gloire,  mais  aux    prix  des 
connoillances  de  la  foi  qui  font  toujours  obfcures. 
Dans  la  méditation  on  ne  voit  les  choies  que  con- 
fufément ,  comme  de  loin  ,  &  d'une  manière  plus 
fcche.  La  coiuemplation  nous  les    fait    voir    plus 
diftinftem.ent ,  &:  comme  de    près.  Elle  nous  les 
fait  touclier ,  fentir  ,  goûter ,  expérimenter  dans 
l'intérieur.  4°.  Elle  eft  certaine,  parce  que  fon  ob- 
jet font  les  vertus  furna-turelles ,  que  la   lumière 
divine  lui  découvre ,  &  lorfque  cette  manifeftation 
fe  fait  immédiatement  à  l'entendement ,  elle  n'eft 
point  fujette  à  l'erreur.  Quand  elle  fe  fait  ou  par 
les  fens  ou  par  l'imagination  ,  il  s'y  peut  quelque- 
fois mêler  quelque  illulîon.  j".  Elle  procède  de  l'a- 
mour &  tend  à  l'amour.  C'eft  l'emploi  de  la  plus 
pure  &  de  la   plus  parfaite  charité.   L'amour  en 
jl      eft  le  principe,  l'exercice  en  eft  le  terme. 

Les  Myftiques  nomment  la  contemplation  un 
regard  (impie  &  amoureux  fur  Dieu  prcfent.  Fen. 
La  contemplation  confifte  dans  des  aftes  fi  fimples , 
li  direéls,  fi  uniformes  &  fi  paifibles  ,  qu'ils  n'ont 
rien  de  marqué  par  où  l'ame  puiflè  les  diftinguer. 
L'ame  dait  être  entièrement  paîïive  à  l'égard  de 
Dieu  ,  en  forte  qu'elle  Ibit  dans  un  repos  conti- 
nuel,  fans  fecoulTe  &:  fans  agitation  :  de-là  vient 
qu'on  l'appelle  une  oraifon  dzjilcnce  &  de  quiétu- 
■Je  ;  en  forte  qu'elle  doit  être  exempte  de  toute 
l'adlivité  des  âmes  inquiètes  ,  qui  s'agitent  pour 
fentir  leur  opération.  Id.  La  contemplation  la  plus 
fublime  doit  être  fubordonnce  à  la  fcicncc  Théo- 
logique ,  &  aux  règles  de  l'Eglife.  Boss.  La  contem- 
plation n'eft  ni  un  raviilément,ni  unlaififTement, 
ni  une  (ufpenlion  extatique  de  toutes  les  facultés 
de  l'ame  :  l'état  de  contemplation  palfive  n'eft 
qu'une  paix  &  une  fouplefle  infinie  ,  pour  fslahîêr 
mouvoir  aiix  impretrions  de  la  grâce  ,  &  pour 
mieux  fentir  l'impulfion  divine.  Fenel.  Les  Con- 
tem.platifs  difent  que  les  favans  font  moins  difpo- 
fés  à  la  contemplation ,  que  les  ignorans  ,  parce 
qu'ils  ont  moins  de  foi  &  d'humilité.  Boss.  La 
contemplation  eft  TexerciCe  du  pur  amour.  Fenel. 
Contemplation  ,  (  En  )  lignifie  ,  en  termes  de  con- 
trats &  de  traités  ,  en  conlidération.  Hatita  ra- 
tione ,  propter ,  oè.  Cette  donation  lui  a  été  faite 
en  contemplation  de  l'alliance  qu'il  faifoit  avec  le 
donateur.  Les  deux  Rois  ont  relâché  de  leurs  pré- 
tentions en  contemplation  de  la  paix.  En  con- 
templation de  ce  mariage  ,  le  père  a  donné  ,  cé- 
dé ,  &c.  Je  fais  cela  en  contemplation  de  fa  prière. 
Le  Maître. 
Contemplation  ,  terme  de  Médecine,  c'cft  un 
nom  qu'on  a  donné  à  la  cataleplie  ,  parce  que 
ceux  qui  en  font  attaqués ,  paroilîcnt  immobiles  & 
contemplatifs.  Vove^  Catalepsie. 
CONTEMPLATRICE.  Vovei  Contempi  ateur. 
CONTEMPLER  ,  v.  a.  attacher  fon  efprit  ,  ou  fa 
vue  ,  fur  quelque  objet ,  pour  le  confidérer  avec 
attention.  Contemplari ,  fpeculari.  Quand  on  con- 
temple le  ciel ,  ies  aftres ,  les  merveilles  dç  ia  n»' 


C  ON 

ture  ,  on  ne  fauroit  s'empêcher  d'admirer  la  fa- 
ge(Tè  du  Créateur.  Contempler  les  perfections  divi- 
nes. Ce  jeune  homme  à  force  de  contempler  cette 
fille  ,  en  eft  devenu  amoureux  :  il  ne  fe  laflc  point 
de  la  contempler.  Le  plus  grand  plaifir  d'un  hom- 
me orgueilleux  ,  c'eft  de  contempler  l'idée  qu'il  le 
forme"  de  lui-même  ,  &i  fe  relever  à  fes  propres 
yeux.  NicoL. 

Seigneur  ,  je  n^ai  jamais  contemplé  qu'avec  crainte 
L'augujie  Majijiefur  votre  front  empreinte,    Rac. 

On  l'emploie  auffi  abfolument  &  fans  régim», 
alors  il  eft  fynonimc  à  méditer.  C'eft  un  homme 
qui  pafic  i'a  vie  .à  contempler. 

Contemplé  ,  ée.  part. 

Ces  mots  viennent  de  templnm.  On  appeloit  de 
ce  nom  un  endroit  d'où  l'on  pouvoit  regarder  de 
tous  côtés  ,  ou  un  lieu  qu'on  pouvoit  découvrir 
de  tous  côtés.  §3"  C'étoit  un  efpace  de  terre  de- 
couverte  ,  où  les  augures  contemploient  le  vol  des 
oifeaux  ,  après  l'avoir  confacré  par  certaines  pa- 
roles. Voyei_  Varron. 

^ÇT  CONTEMPORAIN  ,  AINE  ,  adj.  qui  eft  du 
même  temps.  JEqiialis  ^ejttfdcm  temporis.  Ces  deux 
Auteurs'lbnt  contemporains. \.z  Reine  Elifabeth  &  la 
Reine  Marie  Stuart  étoient  contemporaines.  Socr?.- 
te  ,    Platon  ,  Ariftophane  croient  contemporains. 

^fT  On  appelle  auteurs  contemporains  ,  ceux  qui 
ont  écrit  l'hiftoire  du  temps  où  ils  vivaient. 

^fj"  On  dit  fubftantivement ,  c'eft  mon  contemporain. 
On  met  les  anciens  bien  haut  pour  faire  dépit  à  Tes 
contemperains,  Fonten. 

CONTEMPTEUR  ,  f.  m.  qui  méprife.  Contemtor.  II 
ne  fe  dit  guère  qu'en  cette  phrafe.  Les  libertins 
fon  contempteurs  des  loix  divines  &  humaines.  La 
Bruyère  lui  a  donné  un  ufage  plus  étendu  ,  quand 
il  a  dit  :  Uni  de  goût  &  d'intérêt  avec  les  contemp- 
teurs d'Homère ,  il  attend  paifiblement  que  les 
hommes  détrompés  lui  préfèrent  les  Poètes  moder- 
nes. Il  a  dit  auflî  contempteur  de  la  vertu.  Ainlï 
il  n'a  point  eu  d'égard  à  la  remarque  de  Vaugelas  , 
qui  condamne  ce  mot  comme  hors  d'ufage.  Danec 
&  Richelet  ne  le  mettent  dans  leurs  Dictionnaires 
que  pour  le  condamner  aufli  ;  cependant  beaucoup 
de  Ptédicateurs  emploient  ce  terme.  Le  Père  de 
l'Aubruflel  a  dit  :  ces  Critiques  téméraires  con- 
tempteurs de  la  tradition,  6'c.  M.  l'Abbé  Des  Fon- 
taines s'en  ferrojt/ouvent.  Ce  mot  eft  ulîté  dans 
le  ftyle  foûtenu. 

CONTEMPTIBLE  ,  adj.  m.  &  £  vieux  mot  ,  qui  fi- 
gnifioit  vil ,  méprifable.  Contemnendus,fpernendus ,, 
defpiciendus  ,  afpsrnandus.  Vaugelas  condamne 
ce  mot  qui  eft  aujourd'hui  peu  ulîté. 

CONTENANCE  ,  f.  f.  capacité  d'un  vailîeau  ,  éten- 
due d'une  chofe.  Capacitas.  Il  faut  qu'un  muid  de 
vin  ,  mefure  de  Paris ,  foit  de  la  contenance  de  140 
pintes.  La  contenance  de  cette  terre  eft  de  tant  d'at- 
pens ,  de  tant  de  fetiers  de  femence. 

1^  Contenance  ,  f.  f.  manière  de  fe  tenir,  pofture, 
difpolition  où  l'homme  met  les  membres  de  fon 
corps.  C'eft  une  habitude  du  corps ,  relative  à  cer- 
taines circonftances ,  qui  marque  qu'on  a  vraiment 
les  difpolîrions ,  foit  dans  le  cœur  ,  foit  dans  l'ef- 
prit,  convenables  à  la  polîtion  où  l'on  fe  trouve. 
Viiltus  ,  totiuj'que  corporis  hahitus.  Les  Rois ,  les 
Magiftrats ,  ont  une  contenance  çrave  &  (crieufe. 
Les  fots,les  gens  qui  n'ont  point  vu  le  monde,  ne 
favent  quelle  contenance  tenir.  L'Orateur  Jeta  d'a- 
botd  les  yeux  fur  fon  auditoire  ,  pour  aflTirer  fa 
contenance.  S.  EvR  Sénèque  eft  un  fanfaron  qui 
tremble  à  la  vue  de  la  mort  ,  &  qui  ramalTe  toutes 
fes  forces  pour  aflùrer  fa  contenance.  Id.  §3*  La 
contenance  eft  différente  fuivant  la  différence  des 
états.  La  contenance  d'un  militaire  n'eft  pas  celle 
d'un  Magiftrat.  La  contenance  n'eft  nécefîaire  que 
dans  l'exercice  des  fonctions  de  fon  état  ,  mais 
on  doir  toujours  avoir  du  maintien.  Le  maintien, 
eft  pour  la  Société  ;  ia  (iontf/ia/zce  pour  la  repré^ 
(emaùoo, 


CO  N 

^d"  N'avoir  point  de  contenance ,  ne  favoir  quelle 
poftiiretenir.  Pctdte  contenance. Ceûci:  toat-à.  coup 
d'avoir  la  contenance  naturelle  par  quelque  cir- 
conftance  qui  dcconcerte. 

1^  On  dit  audi  qu'on  porte  une  choie  put  contenan- 
ce ,  pour  fervir  de  contenance  ;  pour  dire ,  qu'on  la 
porte  fans  belbin  ,  fans  ncceffitc  ,  &  feulement 
pour  le  bon  air  /pour  la  bonne  grâce. 

^fT  Contenance,  dans  le  (cns  figuré  ,  fignine 
bon  ordre ,  fermeté ,  réfolution.  Si  les  Stoïciuis- 
n'étoient  pas  in'eniîbles  à  la  douleur,  ils  faifoienc 
du  moins  bonne  contenance.  S,  Evr.  On  aborda 
les  ennemis  qui  faifoient  bonne  contenance  ^  qui 
attendoient  le  choc  de  pié  ferme.  La  contenance 
des  bataillons  &  des  efcadrons  parut  terrible. 
Ablanc.  Il  cpioit  la  contenance  des  ennemis.  Id. 
Pendant  que  les  troupes  fe  mettoient  en  bataille  , 
il  s'ctoit  attaché  à  reconnoître  la  contenance  des 
Efpagnols.  Rel.  des  Camp,  de  Roc.  Curion  ,  qui 
vit  leur  contenance  ,  fe  confirma  dans  l'opinion 
qu'ils  fuyoient. 

CONTENANT  ,  ANTE  ,  adj.  &  f.  terme  didadtique  , 
qui  contient ,  qui  renferme  en  foi.  Capiens  ,  conti- 
nens ,  compleclens.  Voilà  trois  comptes  que  je  vous 
rends  co/zre/zrtnj  chacun  tant  d'articles.  Lamefure 
eft  la  partie  contenante ,  &  la  liqueur  eft  la  chofe 
coni;enue.  Le  contenant  cfl  toujours  plus  grand 
que  le  contenu. 
CONTENDANT  ,  ANTE ,  adj.  concurrent  ,  com- 
pétiteur ,  qui  afpire  à  quelque  chofe  ,  qui  la  dif-^ 
pute  contre  un  autre.  Ils  croient  trois  contendans 
qui  afpiroient  .à  cette  charge,  s.  ce  parti.  Competi- 
tor  ,  rivalis.  Il  y  avoir  trois  parties  contendantes  , 
pourvues  de-la  même  Cure.  Il  eft  pour  l'ordinaire 
emplové  fubftantivement. 
^ONTENDRE  ,  vieux  v.  n.  difputer.  Contendere. 

Ornant  à  chanfons  tu  y  tefognerois 
De  Jî  grand  art ,  s'en  venait  à  contendfe  j 
Q^ue  i^uandfur  Pan  rien  tu  ne  gagner  ois  , 
Fan  dejpis  toi  rien  ne  pouroit prétendre. 

Marot, 

On  difoit  auHli  Contencer  &  contcncier  ,  ainfi 
que  contens  ■■,  pour  dire  ,  débat.  Il  ne  nous  eft  refté 
de  ce  vieux  mot  que  Contentiuux  &  contention. 

CONTENDS  ,  f.  m.  vieux  mot ,  contention  ,  difpu- 
te.  Conte-Jtio ,  fixa. 

CONTENIR  ,  V.  a.  Je  contie-ns  ,  j'ai  contenu  ,  je 
contins  ,je  contiendrai ,  que  je  continue.  Compren- 
dre ,  renfermer  en  foi  une  ««taine  quantité  ou 
étendue.  Continere  ,  capere  ,  complecli.  La  toife 
contient  f.x  pies  ,  le  pié  douzcpouces.  Le  pouce 
contient  douze  lignes.  Un  arpent  contient  cent 
perches.  Les  corps  fublunaires  font  ceux  qui 
font  contenus  dans  le  concave  du  ciel  de  la 
lune. 

Contenir  fe  dit  auffi  figurément  ,  en  parlant  des 
divifions  &  des  fubdivifions.  Le  genre  contient  fous 
foi  les  cfpèces  ,  &  les  efpèces  contiennent  les  indi- 
vidus. Ce  volume  contient  tant  de  livres.  Ce  livre 
contient  tant  de  chapitres.  Ce  chapitre  contient  tant 
de  fettions. 

Contenir  ,  fe  dit  auffi  des  chofes  vifiblcs  &  invifi- 
bles  qui  entrent  en  la  corapofition  d'une  autre. 
Le  moindre  grain  de  fable  contient  un  très-grand 
nombre  d'atomes.  L'aimant  contient  en  foi  plulieurs 
propriétés;  Ce  mot  contient  ,  enferme  un  grand 
fens.  On  appelle  l'homme  un  microcofme ,  parce 
qu'il  contient  en  abrégé  toutes  les  merveilles  du 
monde.  Dieu  vouloir  faire  adorer  fa  grandeur  aux 
hommes  en  le',ir  faifant  connoîtrc  fes  Ouvrages,  & 
ce  qu'ils  contiennent.  S.  Cyran. 

fer  Contenir  lignifie  audî  retenir  danî  certaines 
bornes.  Ces  digues  ont  été  faites  pour  contenir  les 
eaux. 

fer  Dans  le  fens  figuré  ,  on  dit  contenir  dans  le  de- 
voir ,  dans  Vobci{\'a.nce.Coerccre,reprimere. 

■■^^  On  le  dit  abfolument,  On  ne  peut  le  contenir. 


CON  gyj 

|Cr  On  dit  ailllî  contenir  fes  pa/Iîons  »  les  icptirticr, 

Contenir  ,  avec  le  pronom  pcrfonnel ,  lignifie  aufl] , 
réprimer  fes  pallions ,  les  modérer.  Coercere  ,  re- 
primere  ,  refr&nare  motus  animi ,  Coercere  fe,  re- 
primere  ,  &c.  On  a  de  la  peine  à  fe  Conrenir'dâns 
les  premières  émotions  de  la  colète.  La  chafteté 
&  la  tempérance  font  des  vertus  qui  confiftent  à 
(e  contenir  dans  l'ufage  des  femmes  &  du  vin.  Ce 
jeune  homme  eft  un  emporte  qui  ne  fe  contiendra 
jamais  dans  les  borhes  de  la  raifon  ,  de  Ion  devoir, 

0a°  Contenir  (Sf  )  fignifie  aulfi  s'abftcnir  des  plaifirs 
de  la  chair  -■,  ou  des  chofes  qui  peuvent  ctre  préju- 
diciables à  la  lanté.  Tout  le  monde  n'a  pas  la  Ibr^ 
ce  de  fe  contenir.  Les  Médecins  lui'  ont  défendu 
l'ufage  du  vin  ;  mais  il  a  bien  de  la  peine  x  fe  cow 
tenir.  Il  eft  plus  facile  de  s'abftenir  que  de  fe  conte-^ 
nir.  AcAD.  Fr. 

Contenu  ,  ue.  part. 

CONTENT  ,  ENTE.  adj.  ffT  contentas  ,  eft  auvent 
regardé  comme  fynouime  à  fatisfait  ,  &  donné 
comme  tel  dans  nos  Diétionnaircs.  Ils  ne  fe  ref-^ 
fcmblent  pourtant  que  par  une  idée  générale  ,  erl 
tant  qu'ils  dcligrient  le  plailîr  de  jouir  de  quelque 
chofe.  On  cil  fatisfait ,  dk  M.  L'AbeÉ  Girard  j 
quand  on  a  obtenu  ce  qu*on  fouhaitoit.  On  eft  con- 
tent ,  lorfqu'on  ne  fouhaite  plus.  Satisfait  fe  dit 
ordinairement  des  pallions  :  il  arrive  fouvent  qu'à- 
prcs  s'cnc  fatisfait ,  on  n'en  eft  pas  plus  content. 
La  poflelTîon  nous  rend  x.o\.\\om%  fatisfaits  ,  triais 
il  n'y  a  que  le  goût  de  ce  que  nous  poffédons  qui 
puiflé  nous  rendre  contens. 

^3"  L'homme  content  eft  proprement  celui  qui  jouit 
tranquillement  de  ce  qu'il  polTcde.  Il  n*eft  pas  né-» 
celîaire  d'avoir  défiré  pour  être  àontent ,  on  eft  con- 
tent de  ce  qu'on  a,  on  eft  content  de  peu.  Voyef 
Contentement. 

Qui  vit  content  de  rien  ,  poflede  toute  chofe. 
BôiL.  Iln'eft  pas  même  au  pouvoir  des  Dieux  dé 
rendre  l'homme  content.  M.  SctfD.  Il  faut  de  l'a- 
dtellc  &  de  l'invention  pour  être  àontent  ;  i*l  y  a 
plus  de  myftere  qu'on  ne  penfe.  Ch.  de  Mer. 

Qu'heureux  ejl  te  mortel  qui  du  monde  ignoré , 
Vit  content  de  foi-^méme  en  un  coin  retiré  ! 

Bon. 

Ce  mot  vient  du  latin  contlnens ,  de  contineo.. 
Celui  qui  eft  content  i  fe  contient  en  quelque  ma- 
nière ,  parce  qu'il  ne  fouhaite  plus  rien, 

CG"  Content  fè  dit  par  extenfioti  de  l'air,  du  vifa- 
ge  \  avoir  le  vifagc  content,  faire  paroître  fur  fon 
vifage  le  contentement  qui  eft  dans"  le  cœur ,  ce 
fentiment  qui  rend  l'ame  tranquille. 

Content  fe  dit  aiifîi  de  celui  qui  approuve  quelque 
chofe.  Si  vous  voulez  acheter  ma  rente ,  j'en  fuis 
content.  Cet  ouvrier  n'eft  pas  content  du  payement 
qu'on  lui  a  fait.  Ce  Courtifaii  n'eft  pas.  content  de 
l'accueil  qu'on  lui  a  fait  à  fon  arrivée.  Perfonne  n'eft 
content  de  ceux  qui  ne  font  contens  de  perfonne. 
La  BrWy.  Ce  Prélat  refufoit  fi  obligeamment  , 
qu'on  étoit  du  moins  content  de  la  politelTe  de  fes 
manières  ,  fi  on  ne  l'étoit  pas  de  fes  raifons.  P. 
Gail.  C'eft  de  François  de  Harlay ,  Archevêque  de 
Paris ,  que  cela  a  été  dit  avec  juftice.  Je  fuis  con~ 
tent  de  tout  foulTrir  pour  la  caufe  de  Dieu.  Arn, 
Les  gens  qui  paroilfent  fi  contens  d'eux,  ne  conten* 
tent  guère  les  autres.  Bell. 

Contente  de  périr  ,  s'il  faut  que  je  périffe  i 
J'irai  pour  mon  pays  m' offrir  en  facrifice. 

Racine. 

On  dit  en  de  fens  à  celui  qu'on  ne  tient  pas  compte 
de  fatisfaire  ,  fi  vous  n'êtes  pascow/e«r ,  prenez  des 
cartes.  On  dit  aulTi  d'un  homme  qui  a  bonne  opi- 
nion de  lui ,  d^u'il  eft  bien  content  de  lui-même  , 
qu'il  t^ content  de  fa  petite  perfonne. 
CONTENTEAiENT  ,  f  m.  tfT  joie ,  plaifir ,  dit  le 
Dictionnaire  de  l'Académie,^  Le  contentement  n'eft 


8y4  COU 

po-.nc  tcviu  cela,  il  tcscvcle  pvoprement  l'uncneur 
du  cci:«r  -,  c'ea  un  iencimcnt  qui  rcP.a  amc  tran- 
c^iWicLaioïc  regarde.  pardcuUcrcmcrA  la  demonl- 
màon  extérieure  ,  c  eft  une  expreil.on^exrcvieure 
qui  airkG  quelquefois  l'eiprit.  La  J^r.i^cno/z  regar- 
de pîusles  pallions,,  c'eft  un  retour  lur  le  lucccs 
dans  lequel  on  s'applaudit.  Le  pLuJir  regarde  prm- 
cipalemenc  le  goût  ;  c'ei!:  une  la.iauon  gracicule 
dont  les  fuites  peuvent  quelquefois  être  deiagrea- 
bles.S  YN.  Fr.  A/nmifud  forte  commti  tranquiLluas. 

|t?  CoNTENTEMEKT  (Lf)  cft  uu  fentlmcnt  qui  rend  l'a- 
me  tranquille  dans  la  polielilon  de  ce  qu'on  a,  ians 
rien  délirer  de  plus.  Il  eil  difficile  qu'un  homme 
inquiet  &  turbulent  ait  jamais  un  vrai  contenu- 
jjicnt.  La  plupart  des  hommes  font  gens  de  bien  , 
plus  pour  l'honneur  de  le  paroîtve  ,  que  pour  le  lo- 
lide  conumement  de  l'être  en  eifor. 

On  dit ,  contentemera  pade  richefie  -,  pour  faire 
entendre  que  ce  fentiment  qui  rend  l'ame  tranquil- 

•     le  ,•  eft  le  plus  grand  de  tous  les  biens. 

Qwi  nous  verra  ?  perfonne ,  je  l'ajfure , 
Qiiitte  après  tout  a  perdre  la  gageure  ; 
Le  grand  malheur  l  en  mcnrrei-vous  de  faim . 
Contentement /--.rj/I-  rich.ffe  enfin.  P.  nu  Cerc. 

On  dit  populairement ,  ce  n'eO:  pas  contentement; 
pour  dire, cela  ne  fuffit  pas.  On  n'a  donné  que  tant 
a  cet  ouvrier ,  ce  n'cft  pas  contentement. 

Le  mot  de  contentement  appliqué  au  monde  ,  dc- 
liç^ne  fes  amufemens ,  fes  plâiiirs.  Les  contentemens 
de  ce  monde  paffent  comme  une  ombre.  La  foli- 
tude  ne  donne  point  ces  contentemens  exquis  que 
l'on  2;oûte  dans  une  haute  élévation  de  la  fortune. 
Otleclamentam  ,  voluptas.  ^ 

CONTENTER  ,  v.  a.  rendre  quelqu'un  contefit.  ra- 
cere  ut  aliqnis  contentus  fit.  Expkre  animum  ,  de- 
'iderium  aîicujus.  Il  faut  peu  de  c  hofe  pour  cont^n- 
''ter  un  homme  lage.  Quand  on  veut  contenter  tout 
le  monde  ,  on  ne  contente  d'ordinaire  perfonne.  S. 
EvR.  Il  y  a  tant  d'efprits  de  travers  dans  le  monde  , 
que  ce  icroit  renoncer  au  bonfcns,  que  de  fongcr 
à  les  contenter. 

ffT  Contenter  fc  joint  fouvent  avec  le  pronom  per- 
fonncl  5  fe  contenter  de  fa  fortune ,  de  peu. 

La  vertu  fe  contente  &  vit  à  peu  de  frais.  Bon, 

Toutfe  détrnit:,toutpaffe,&  le  cxur  le  plus  tendre 
Ke  peut  d'un  mzme  otjet  fe  contenter  toujours. 

S.  EvR. 

Contenter  ,  en  parlant  des  pafîîons  ,  figniiîe  , 
remplit  les  délirs  &C  les  fouhaits.  Explere  aîicujus 
dejîderinm,  aniimim.  C'eft  un  homme  infatiable, 
qu'on  ne  peur  jamais  contenter.  On  dit  en  ce  iéns, 
contenter  fes  pallions ,  fes  appétits  -,  pour  dire  ,  ne 
leur  refufer  rien ,  en  fuivre  les  mouvemens.  Con- 
tenir fa  vanité  ,  fon  ambition  ,  fa  curiofitc.  Tou- 
tes les  Içienccs  humaines,  ne  Içauroicnt  contenter 
Jcs  dcfivs  de  l'homme.  Maleb. 

Pour  contenter  fes  frivoles  déjirs , 
L'homme  infenje  vainement  fe  confume  ; 

Il  trouve  l'amertume 

Au  milieu  des  plaijirs.  Rac.  .    , 

On  l'applique  de  même  aux  Iéns.  Cette  mu(;qnc 
contente  l'oreille.  Ce  fpecla'clc  contente  les  yeux. 
Dans  ce  fens  il  eft  comme  fynonime  .à  plaire. 

On  dit  aufil  qu'une  preuve  ,  qu'une  raifon  ccn- 
tcntent  ",  pour  dire  ,que  l'efprit  ne  demande  rien  de 
plus. 
'Co'.JTENTER  fîgnifie  encore,  appaifer  ,  faire  tp.i- 
rc  en  donnant  quelque  chofe.  Satisfacere  alicui  , 
placare  .  mitigare  aliquem.  Contente^  cet  enfant  , 
donnez-lui  ce  qu'il  demande.  Il  faut  contenter  les 
fietits  Créanciers,  pour  empêcher  qu'ils. oe  crient. 


C  ON 

Les  mutins  ne  quitteront  point  les  armes, fi  on  ne 
les  contents, 
^fT  ContenteRj  employé  avec  le  pronom  perfonnel, 
fignifie  en  demeurer  à  un  certain  point  ;  ne  vouloir 
ou  ne  pouvoir  pas  en  faire  davantage.  Sufficere.  II 
ne  le  contente  pas  de  trahir  fa  confcicnce  par  de 
faux  fermens ,  il  a  encore  pratiqué  de  taux  témoins. 
Je  me  contente  de  vous  humilier ,  6c  je  ne  vous  veux 
pas  perdre. 

Il  eft  aifé  de  voir  que  dans  ces  différentes  ex- 
ceptions ,  le  mot  contenter  coniérve  quelque  cho- 
fe de  l'idée  principale  qu'il  préfente. 
CONTENTÉ  ,  EE.  Part.  &:  adj.  Cui  factum  ejifutis, 

expletus  ,fatiatus. 
CONTENiiEUSEMENT,  ad  v.  avec  grande  con- 
tention 6i  opiniâtreté.  Contentiofe.  Cette  queition  a 
été  agitée  &C  jugée  fort  contentieufement ,  elle  a  cic 
débattue  avec  chaleur. 
CONTENTIEUX  ,  EUSE  ,  adj.  litigieux  ,  qui  cfî: 
en  contcftation  ,  ce  qui  fait  l'objet  d'une  con- 
tcftation.  Litigiojus ,  controverfus ,  controverjiojus. 
On  donne  la  recréance  d'un  bénéfice  contentieux 
à  un  Régalifte.  On  dit  plus  ordinairement  béncf.- 
ce  en  litige ,  que  bcncricc  contentieux.  Cet  Avocat 
n'allègue  que  des  faits  contentieux ,  dont  on  ne 
demeure  point  d'accord.  Il  y  a  grand  nombre  d'arti- 
cles ccz/rair/ef^-v  avec  les  Religionnaires.  Je  n'ai  pas 
deifcin  de  recueillir  lesfentimens  contentieux  d'une 
ennuyculé  controvcrfe.  FlÉch. 

Contentieux  ,  euse  ,  fe  dit  auHl  de  celui  ou 
de  celle  qui  aime  .à  difputcr ,  à  contefter.  Pugnax , 
contentiojus.  Je  n'ai  jamais  vu  d'efprit  plus  co::- 
tentieux  ,  d'humeur  plus  contentievfe.  Les  hommes 
contentieux  ont  plus  d'ardeur  à  foûtenir  leurs  er- 
reurs ,  que  les  Sages  à  défendre  la  vérité.  Port-R. 
La  Thcolopie  eft  une  içience  contentieufe,  S.  Evr* 
On  appelle  Juridùlwn  contentieufe,  celle  qui  a 
pou.oir  de  juger  les  diticrens  des  parties  qui  con- 
teftent.  Tribunal  apud  quod  controverf.x  dirimun^ 
tur.  Les  Tréforiers  de  France  n'ont  point  de  7«/.'i 
diction  contentieufe  ,\\%TiÇ.  fdnr  Juges  que  de  la  li- 
gne de  compte. 

On  diftingue  deux  forres  de  Juridiélions  ecclc- 
fiaftiques;  la  Imià-'v^ion  contentieuÇe  eft  oppoféa 
à  la  Juridiction  graticufe.  La  Juridiétion  con- 
tentieufe  eft  celle  qui  inliige  des  peines.  Le";  Offi- 
ciaux  font  revêtus  de  la  Juridiftion  contentieufe  ; 
les  Grands-Vicaires  ont  la  gracieufe. 
CONTENTIF ,  adj.  Continens  terme  de  Chirurgie.. 
On  appelle  bandage  ccntentif  celui  qui  ne  fort  qu'à 
retenir  les  médicamens  iiir  une  partie  malade.  Il 
s'applique  à  toutes  les  parties  du  corps.  Son  nom 
vient  du  latin  continere  ,  contenir,  retenir,  cmbraf- 
fcr.  Col  de  Villars. 
Contention,  f.  f,  dïfpute,  débat,  conteftat'cn. 
Controverjia,rixa.  ïl  eft  ennemi  des  contentions; 
il  fuit  les  contentions.  Il  furvint  une  contention  cn- 
tr'eux.  De  peur  que  la  contention  n'allât  trop  loin, 
il  tut  permis  de  les  féparer.  Aelanc.  Je  n'aimcrois 
pas  ce  mot. 

On  le  dit  aufli  pour  exprimer  la  chaleur,  la  vé- 
hémence dans  la  difpute.  Contentio.  On  difpura  de 
part  &  d'autre  avec  beaucoup  de  contention. 
ffT  Contention  d'efprit ,  grande  applicàtioni  Irn- 
gue ,  forte  &  pénible  application  d'efprit.  Ammi 
contentio.  îl  travaille  à  cela  avec  une  grande  con- 
tention d'efprir.  Il  y  a  des  chofcs  qu'on  ne  faiiit  eue 
pàï  la  contention  d'efprit.  La  trop  grande  contention 
d'^cipric  altère  la  fanté. 
ÇC?  CôNTrNTioN  dit  plus  qu'application.  Elle  fup- 
■'  -pcfe  des  effets  réitères.- 

•^fF  Contention  fe  ditaulTi,  dans  le  même  fens,d'una 
forte  application  des  organes.  Contention  de 
roreille  ,  &c. 
CONTENTOR  ,  f.  m.  terme  de  pratique  ,  c'eft  un 
droir  de  reg'irre  qui  apparti-ent  aux  Audienciers  K 
Contrôleurs  des  Chancelleries,  dontil  eft  fait  men- 
tion dans  l'Edit  du  Roi  Henri  11.  de  l'an  ijf  i. 
CONTENU  3  f.  m.  terme  didaétique:  Ce  qui  eil  rcnr. 


c  o 

fermé  dans  quelque  chofe ,  contentum.  Le  conte- 
nant eft  plus  grand  que  le  contenu. 

Il  iignifîe  auili  ce  que  contient  un  écrit ,  un  dif- 
cours  :  j'umma.  Voici  le  contenu  de  l'Arrêt.  C'cll 
tout  le  coraenu  de  cet  inventaire, 

CONTEOR,  1",  m.  terme  de  coutumes.  L'ancienne 
coutume  de  Normandie  parle  amli  àw  conttor .  Cil 
e(t  appelé  Conteor  que  aucuns  établit  pour  conter 
par  lui  en  Cour.  C'eft  la  même  ehofe  que  conteur. 
Voyez  ce  mot. 

CONTEOURS ,  r.  m.  pL  efpèce  de  Farceurs  ou  Ba- 
teleurs qui  étoient  en  vogue  avant  le  règne  de  Fran- 
çois I,  &  qui  chantoient,  jouoienr  des  inftrumens , 
réciroient  des  vers.  A^oye^CoMiRS. 

CONTER  ,  V.  a.  faire  une  narration,  faire  un  conte  , 
vrai  ou  faux,  férieux  ou  plaiCant.  Narrare.  La  prin- 
cipale qualité  d'un  Hiftorien ,  c'eil  de  conter  bien  & 
nettement  ;  d'un  Avocat ,  de  bien  conter  fbn  fait , 
comme  la  chofe  eft  arrivée.  LesVoyagcurs  ennuyent 
fouvent  en  contant  leurs  aventures;  un  Plaideur  en 
contant  fon  procès.  On  dit  des  femmes  de  mon  âge , 
qu'elles  aiment  à  conter  les  liifloires  de  leur  temps. 
P.  DE  Cl. 

On  nous  a  conté  de  plaifantes  chofes  de  ces 
nouveaux  mariés.  On  dit  familièrement,  il  nous 
a  conté  de  fil  en  aiguille  route  cette  hiftoirei  pour 
dire,  avec  toutes  fes  circonftances.  On  dit  prover- 
bialement, conter  des  fagots  ■■,  pour  dire,  c««/£r  des 
chofes  incroyables  ,■  ou  inutiles.  Nugas  garrire  ,fa- 
bulas  ,fomnia. 

Oui,  oui,  vous  nous  contez  une  plaidante  hifloire. 
Je  conte  jujlement  ce  qu'on  verra  dans  peu.  Mol. 

On  dit  aufîî.co/zrcr  fleurettes  ;  pour  dire,  cajoler 
une  femme  :&  abfolument  il  lui  en  conte  ;  pour  di- 
re, il  lui  en  veut ,  il  en  eft  amoureux.  Procari. 

On  dir  dans  le  même  fcns ,  qu'une  femme  s'en 
fait  conter,  pour  dire,qu'elle  aime  qu'on  lui  en  contJ, 
qu'on  la  cajole. 

Elle  aima  mieux  ,  pour  s'en  faire  conter  j 
Prêter  l'oreille  aux  fleurettes  du  Diable, 
Qiie  d'être  femme  &  ne  pas  coquetter.  Sar.- 

Conté  ,  ee.  Part. 

CONTERIE ,  f.  f.  efpèce  de  raflade  ,  grofle  verrote- 
rie ,  qui  fe  fait  dans  les  Verreries  de  Venife.  Les 
Nègres  &  les  Sauvages  ornent  leurs  capots  de  ces 
■    cordons ,  &  en  font  une  efpèce  de  broderie. 

^CF  CoNTESSA  ,  petite  Ville  de  Turquie  en  Europe  , 
dansla  Macédoine,fur  la  Côte  de  l'Archipel. 

CONTEST  ,  f.  m.  nom  d'homme.  Contextus.  0:l  pro- 
nonce comme  s'il  y  avoir  Contes,  Saint  Contc/i  fur 
Evêque  de  Bayeux,&  fucceflcut  de  Saint  Manvieu. 
Mefïieurs  de  Sainte  Marthe ,  qui  nomment  mal 
Contejlus ,  le  placent  entre  Saint  Manvieu  &  Saint 
Visor.  Chastelain. 

ICrCONTESTABLE  ,  adj.  de  t.  g.  qui  peut-être  coh- 
tefté.  Quod  in  controverjiam  adduci  poteji.  Contro- 
verjîofus.  Maxime  contefiable.  Cela  n'elt  pas  con- 
tejiahle. 

CONTESTANT  ,  ANTE  ,  adj.  qui  conrcftc  ,  qui 
aime  à  Contefter.  Contendcns  ,concertans ,  /itigans, 
contentiofus.  C'eit  un  efprit  aigre  &  contenant,  qui 
bannit  la  paix  de  la  converlation.  La  mort  d'une 
des  parties  contenantes  met  le  procès  hors  d'état. 
Scarron,dans  fa  Ùefcription  des plaijirs  des  champs 
Elifées ,  dit  que  : 

Quife  plut  à  tutter  y  lutte  ; 
Qui  fut  Conteftant  y  difpute, 

^fT  On  dir  fubftantivement  ,  chacun  des  contef- 
tans. 

|CrCONTESTATION,r.  f.  différent,  démêlé  ,  difpu- 
te, débats, querelles,  procès,tous  mots  que  l'on  don- 
ne ordinairement  pour  iynonimcs  -,  mais  tous  dif- 
tingués  les  uns  des  autres  par  une  idée  particulière. 
Le  fujer  du  différent,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  eft 
une  chofe  prêche  &c  déterminée  fur  laquelle  on  fe 


Co  M         y^-f 

contrarie ,  l'un  dilant  oui  Se  l'autre  non.  La  concur- 
rence des  intérêts  caulc  des  diffcrents  entre  les  par- 
ticuliers. Le  fujet  du  démêle  eft  une  choie  moins 
éclaircic,dont  on  n'eft  pas d'accord,&  fur  laquelle  on 
cherche  à  s'expliquer,pourfçavoir.à  quoi  s'en  tenir, 
L'ambition  caufe  des  démêles  entre  les  Puillances. 

Difpute  le  dit  ordinairement  de  la  converfatiori 
de  deux  perionnes  qui  fonr  d'avis  différent  fur  là 
même  matière.  La  contrariété  des  opinions  produ:* 
des  dijputes.  L'aigreur  des  efprits  elt  la  Iburce  des 
querelles.  La  querelle  eft  une  difpute  dans  laquelle 
il  fe  mêle  de  l'aigreur.  Débat  paroît  lignifier  une 
conte fation  tumultueufe  entre  plulieurs  perionnes, 
Voye-^  tous  ces  mots. 

Contestation  eft  un  démêlé  entre  deux  pcrfonnes 
confidérables  fur  un  objet  imporrant,  ou  entre  deux, 
particuliers  pour  une  affaire  judiciaite,  Contentio  , 
concertatio.  Contejïation  entre  deux  Souverains , 
fur  un  article  d'un  traire;  entre  deux  Seigneurs  fur 
la  chafle  -,  enrre  deux  voilins,  lur  les  limites  de  kurs 
héritasses. 

Contestation  ,  en  termes  de  Palais,  fe  prend  ordi- 
nairement pour  querelle,  procès.  On  appelle  con- 
tejiation  en  caufe  ,  le  réglemenr  ou  l'appointement 
fur  les  demandes  ou  dcfenlés  en  matière  civile  ,  &C 
la  confrontation  en  matière  criminelle.  Interpofi- 
tum  acloris  petitioni  &  inficiationi  defenjoris  ,y/:- 
dicis  decretum.  On  ne  pjur  plus  demander  le  ren- 
voi d'une  affaire  ,  quand  il  y  a  ew  contejtation  en 
c/ZK/è.  Par  la  clôture  d'un  procès- verbal,  on  don- 
ne ade  aux  parties  de  leurs  dires  ,  rcquilitions  & 
contcjiations. 

Contestation  ,  dans  l'ancienne  Liturgie  Gal- 
licane ,  c'ctoit  la  partie  quirépondoit  à  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  Préface.  Elle  fe  nommoii 
encore ,  Illation  &z  Immolation.  La  contelîation  con- 
tenoit  en  abrégé  l'f  xplication  du  myftère  ,  ou  la  vie 
du  Saint  que  l'on  honoroit  ,  &  elle  changeoit  à 
chaque  mefle  comme  les  autres  orailbns.  Elle  com- 
mençoit,  comme  aujourd'hui  la  Préface,  par  ces 
paroles  :  Surfum  corda  ;  c'eft-à-dire ,  Eleve^-vos 
cœurs;  &  finiffoit  par  le  trifagion  ;  c'eft-à-dire,  par 
le  Sanclus  ,  répété  trois  fois ,  Saint,  Saint ,  Saint. 

CONTESTEjf.f.  terme  de  Palais,procès,conteftation, 
Li's,contentio,  controverjia.  Ce  mariage,  n'eft  pas  af- 
ffiré,  il  eft  en  contejie  ,  on  le  plaide.  Les  Juges  font 
partagés,  Scfont  en  contejie  fur  leurs  opinions.  Hors 
ces  fortes  d'exemples ,  le  mot  de  contejie  n'eft:  plus 
en  ufage. 

La  mai  fon  à  préfent ,  comme  fçave^  de  refie , 
^u  bon  Monjteur  Tartuffe  appartient  fans  contefter 

MoL. 

CONTESTER  ,  v,  a.  avoir  des  conteftations ,  Ibit  en 
juftice,foir  aurrement.  yoye^  Contestation. Cop- 
tendere  ,  concertare  cum  aliquo  de  re  ,fuper  re  ati- 
qua.  Les  Honnêtes  Gens  ne  conteflent  guères  en- 
lemble.  On\\.\i  contejie  ^3.  qualité  d'héritier,-  d'en- 
fanr  légitime.  Contêjler  une  propolîtion  ,  l'article 
d'un  compre.  Ces  deux  Officiers  lé  contejlent  le  pas. 
Un  Romain  ennuyé  d'un  flatteur ,  qui  ne  celfoit  de 
lui  applaudir,s'ccria  tout  en  colère,  contefle-moi  du 
moins  quelque  choie  ,  afin  de  faire  voir  que  rtous 
fommes  deux.CHEV.il  y  a  des  gens  fi  décififs  qu'il  eft 
inutile  de  contefter  contf  eux  ,  parce  qu'après  avoir 
bien  contejie ,  il  faut  toujours  qu'il  le  trouve  qu'ils 
ontraifon,  &;  que  les  autres  ont  tort.  Nicol.  Mé- 
nage dérive  ce  mot  de  contrajïare,  ou  de  contejtarg; 
dont  a  fait  contejtation. 

Contester  plus  amplement ,  terme  de  Palais  , 
eft  procéder  en  vertu  d'un  Jugement  qui  a  réglé 
certains  chefs,  &  qui  a  ordonné  fur  un  ou  plulieurs 
autres  ,  que  les  parries  contejieront  plus  ample^ 
ment,         ^     ^ 

CONTESTE ,  EE.  Parr.  On  appelle  au  Palais  une  cau- 
fe entière  &  non  contejîée,  celle  que  l'on  peut  faire 
renvoyer,  fur  laquelle  il  n'y  a  point  eu  de  règle- 
ment ,  ni  de  plaidoirie, 

CONTEUR ,  EUSE.  f.  ra.  5:  f,  celui  gui  conte,  Faba^ 


2)6  CON 

/  -„„,A«r  ^trr  II  eft  du  ftyle  favnilieri  5c  quand 
IrivXef^,  il  ?e  prend  .oujou.  de  sau- 
vai ea«,  pour  dcilgner  ceux  qui  promettenr  beau- 
co  p  q^  ne  dirent  rien  de  vrai ,  de  lohde  ou  de 
Sx  Ne  vous  fiez  pas  à  cet  homme-la  ,  ce  n  d\ 
^X  ;o«l;vr.  Je  vieillis  /puiique  je  Uns  conuur 
de  fleurettes.  Scar. 

Si  l'on  voidoit  à  chaque  pas 
Arriter  un  conteur  d'hiJMire, 
■  -Un-auroit  jamais  fait.  La  1-ont. 
On  appeloit  autrefois  Conteurs,  on  Conuors , 
en  cLuours,  les  gens  qui  inventoient  des  conte 
a"rc  blés  ,  qu'ils  alloient  chanter  ou  recite._.ans 
ksmaifon;  des  Grands-,  &c  ils  difteroient  des  Trou- 
ver es, Vocits  du  même  temps,  en  ce  que  ceiix-ci  tai- 
foicnt  leurs  compolkions  en  runes ,  &  les  Lonteors 
en  proie.  Narraior.  ^  „ 

On  appelle  proverbialement  &  bahement  Con- 
teur de  fagots,  un  homme  qui  conte  des  bagatel- 
les 6c  des  "niaiieries.  Acad.  Fr. 
CONTEUR,  i".  m.  terme  de  Coutumes.  Le  cont.ur 
eft  le  même  qu'on  appeloit  ro«/.or  dans  les  temps 
plus  recules.  Ceft  l'Avocat  ou  le  Procureur ,  que 
l'on  a  établi  pour  narrer  &  réciter  le  fait  aux  Ju- 
o-es.  V oye7  Conteor.  t-i  -   i      • 

â:FCONTEXTE,f.  m.mot  ufité  parmi  lesTheologiens 
&  formé  du   latin  co72;^A-/«5  ,  mais  équivoque.  11 
fianifie  quelquefois  dans  leurs  écrits  le  texte  des 
écritures,  d'in  Auteur,  d'un  père.  Quelquefois  il 
ficnific  cette  partie  de  l'écriture  fainteou  de  tout 
autre  livre  qui  le  trouve  avec  le  texte  ,  (oit  devant , 
foit  après ,  Ibit  entremêle,  Se  alors  c'eft  proprement 
uneG/o^.ENCYC.Il  faut  quelquefois  conlultcr  lefo«- 
/cT/e,  pour  entendre  parfaitement  le  lens  du  texte. 
rcCFCONTEXTURE,f.  f.  difpofition  ou  arrangement 
d-s  parties ,  enchaînement  des  parties  difpolees  les 
unesparrapportauxautres,&tormantuntoutioitna- 
tiuelfoit  artificiel.  La  cow/exw/re  des  fibres ,  la  con- 
texture  d'une  ch/inei  il  eft  pourtant  plus  approprie 
aux  ouvrages  de  la  nature.  Textura ,  coutextura. 
La  contexture  des  fibres ,  des  chairs,  du  cerveau  , 
des  parties  de  la  rétine  ,  font  des  choies  qu  on  ne 
fcauroit  allez  admirer.  La  conftitution  &   la  pro- 
priété d'un  mixte  ,  confiftent  dans  la  dofe  exacte  & 
dans  l'arrançement  &  la  comexture  de  les  princi- 
pes. Acad.  des  Sc.iyoi  ,/^'/^./'- ^9-  . 
SCr  II  a  une  lignification  plus  générale  que  /i^«  qui 
paroît  exprimer  plus  particulièrement  la  dilpofition 
des  parties  qui  naît  de  l'ourdillàge.   Le  tijfu  de  la 
peau  ,  du  drap  ,  fi'c. 

On  dit  auflTi,  dans  le  figure  ,  la  contexture  d  un 
diicours ,  d'un  Poème  ,  en  parlant  de  la  fuite,  de 
l'arrangement ,  de  la  difpolition  de  fes  parties.  Je 
fens  avec  déplailif  toutes  les  fautes  qui  lont  dans  la 
conid.vrwre  de  cette  pièce.  Volt. 
CONTI ,  bourg  de  France  en  Picardie.  Conciacum. 
Conti  a  le  titre  de  principauté  ,  &  eft  fitue  lut 
la  Selle ,  dans  l' Amiénois.  C'eft  de  ce  bourg  que 
les  Princes  de  Conti  ont  pris  leur  nom.  _ 

Conti  ou  Conty  ,  nom  d'une  branche  de  la  Nxaiion 
Royale  de  Bourbon.  Con/fw^.  La  branche  de  tonti 
vient  d'Armand  ,  Prince  de  Conti ,  fils  d  Henri  II , 
Prince  de  Condé  ,  &  frère  du  Grand  Conde.  Le 
Prince,  de  Conti.  On  dit  aulfi  en  Poche  ,  c\-  en 
ftyle  Oratoire,  Conti  ,  tout  coutt  ,  pour  le  Prin- 
ce de  Conti. 

Conty  n'eftplus  ;  6  ciel!  fes  vertus  ,  fan  courage, 
Sa  fublime  valeur,  fon  ^èle pour  jon  Rot , 
N'ont  pu  le  garantir  ;  au  milieu  dejon  âge , 
De  la  commune  loi.       Rouss. 
La  maifon  de  Conti,   la  branche  de  Conti  l'hô- 
tel de  Co;2/i  à  Paris.  Bourlon-CoTiti  ,  celfcdansia 
Maifon  Royale  de  France  la  branche  de  Conti. 
CONTIGN  ATION  ,  f.  f.  CP"  terme  de  charpenterie  , 
aflemblai^e  de  pièces  de  bois  deftinées  à  porter  des 
fardeaux\  planches ,  toits  , fi-c.  contignatio.Dzns  les 
bâtimens  &  les   contisnations  ordinaires  ,  les  pie- 
ces  de  bois    font   chargées  dahs  toute   leur  Ion- 


C  ON 

sueur  Se  en  diffétens  points.  Mem.  de  F  Acad.  'des 

Se.  1740  >/'•  4^5-  ,  ,, 

lier  Quoique  ce  mot  ne  paroide  propre  qu  a  la  conl- 
truction  des  mailbns ,  on  l'a  employé  pour  expri- 
mer l'allémblage  des  pièces  d'un  inftrument  altro- 
nomique,  qui  lervent  a  le  rendre  fixe  ,  ftable,  folide. 
CONTIGU  ,  UE  ,adj.  terme  relatif  ,  qui  le  dit  des 
chofes  qui    font  î\  proches ,  qu'elles  fe  joignent , 
qu'elles  le  touchent.  Conii'^uus.  Toutes  les  mai- 
fons  de  l'ancienne  Rome  étoient  ilblées  ,  Ôc  n'é- 
toient  point  curitigues.  On   l'ctablit   Gouverneur 
des  peuples  coniïgus  à  cette  Province.  Vaug. 
ItT  Ce  mot  a  la  même  fignification  en  Phyiîque , 
Se  fe  dit  des  parties   d'un   corps  qui  fe  touchent 
les  unes  8c  les  autres ,  mais  fans  être  liées  enfcm- 
ble  ,  enforte  qu'il  ne  faut  aucun  effort  pour    les 
féparer.   Les   parties  de  l'eau   font   contigues. 
ft?    En  Géon-.étrie    ,   angles   coniigus  ou  adjacens 

font  ceux  qui   ont  un  côté  commun. 
CONTIGUÏTE  ,  f.  f.  voifinage  de  deux  chofes  qui 
fe  joi"-nent ,  qui  fe  touchent.  Continuitas.  La  con- 
ti'yum  de  ces  deux  maifons  a  été  caufe  qu'elles  ont 
péri  par  un  m.eme  incendie. 
CONTINENCE ,  û  f.  vertu  par  laquelle  on  s'abf- 
tient  des  plaifirs'  de  la  chair  ,  ou  qui  fait  qu'on 
modère  les  appétits  charnels.  Continentia,  Le  ma- 
ria'^e  eft  un   remède  à    la  fragilité    de  ceux  qui 
n'ont  pas  le  don  de    continence.    Les  religieufes 
obfervent  une  exadle  continence.  Les  Romains  ont 
loué  Scipion  d'une  grande  continence.  En  entrant 
dans  le  cloître  ,  il  faut  immoler  fes  fens  à  la  dure 
loi  d'une  continence  perpétuelle.  C.  B.  Les  loix  de 
la  continence  font   plus  favorables   aux    hommes 
qu'aux  femmes ,  parce  que  ce  font  les  hommes  qui 
les  ont  faits   contre    les   femmes.  Le  Mait.  On 
voit  en  Hollande  ,  je  ne  fai  quelle  vieille  tradi^ 
tion  de  continence  ,  qui  pafie    de  fille    en  fille  , 
comme  une  efpèce  de  religion.  Saint  Evr. 
^J-  La  continence  confifte  à    s'abftenir  des   plaifirs 
de  l'amour.  La  chafteté  confifte  à  ne  jouir  de  ces 
plaifirs,  qu'autant  que  -la  loi  le  permet ,  8c  de  la 
manière  qu'elle   le    permet.  La  continence   eft  le 
fruit  d'une  viéf  oire  remportée  fut  foi-même. 
CONTINENT,  ENTE,  adj.  qui  a  la  vertu  de  continen- 
ce.  Cominens.  Selon  Ariftote ,  celui  qui  n'a  point  de 
befoins  n'eft  pas  continent.  Il  faut  des  combats  con- 
tre la  chair  Si  contre  les  fens  pour  être  continent. 
Il  faut  être  continent  même  dans  l'ufage  du  mariage. 
CONTINENT,  ENTE.  f.  m.  £<  f.  Voy.  Encratites.. 
CONTINENT.  1".  m.  rerme  de  Géographie  ,  grande 
étendue  de  pays  qui  n'eft  ni  féparée  ni  interrompue 
par  les  mers.  Cominens  terra  ,  continens.  On  le  dit 
par  oppofition  aux  îles.  On  tient  que  la  Sicile  a 
été  autrefois  détachée  du  continent  d'Italie.  On  di- 
vife  d'ordinaire  la  terre  en  deux  grands  continens; 
l'ancien  Se  le   nouveau. 

L'ancien  continent  eft  celui  que  nous  habitons  , 
&c  qui  comprend  l'Afie  ,  l'Europe  &  l'Affrique. 
Le  nouveau  continent  eft  l'Amérique  Si  les  rerres 
nouvellement  découvertes.  Il  eft  néanmoins  allez 
probable  que  l'Amérique  n'a  pas  été  inconnue  aux 
anciens.  On  ne  fait  point  encore  fi  l'Amérique 
n'eft  pas  jointe  à  l'Afie  par  le  Nord  ,  &  fi  ce  n'eft 
pas  un  feul  continent.  Quelques  Géographes  font 
encore  deux  continens  des  terres  auftrales  bc  des 
terres  feptentrionales  ;  mais  fans  raifon  ,  car  les  ter- 
res auftrales  font  manifeftement  des  Iles  ou  une  Ile  : 
S:  pour  les  terres  feptentrionales ,  fi  ce  ne  font  pas 
des  îles  ,  c'eft  la  jondion  de  l'Afie  Se  de  l'Améri- 
que -,  Se  loin  d'être  un  nouveau  continent ,  elles 
n'en  font  qu'un  de  l'Amctique  Se  de  l'Afie.  ^ 
On  appelle  l'ancien  continent ,  continent  fupe- 
rieur  ,  parce  que  ,  félon  l'opinion  du  Vulgaire,  il 
occupe  la  partie  fupérieure  du  globe.  L'Afl-rique 
eft  un  grand  continent  qui  n'eft  attache  a  lAlie 
que  par  un  ifthme.  Les  Efpagnols  ont  conquis  ks 
îles  avant  que  d'entrer  dans  le  continenj.  On  n'eft 
pas  encore  certain  fi  le  Japon  eft  une  Ile  ,  ou  un 
.■,«;,««,  CONTINGENCE, 


) 


■C  O  N 

GONTiNGENCE,  f.  f.  cafualité,  événement  incer- 
tain qui  arrive  par  hazard.  Eventas  fonuitus.  Ce 
mot  n'efl:  guère  en  ufage  qUe  dans  les  phrafes  iiii- 
vantes.  Une  affaire  peut  réuffir  bien  ou  mal,  fui- 
yant  la  diyerlc  conti?ige;ice  des  choies ,  leur  dif- 
férente conjondlure.  Cela  n'empêche  pas  la  contin- 
gence. Vokt-K.  Un  angle  de  contingence ,  cA,  en 
termes  de  Mathématique  ,  celui  que  forme  une  li- 
gne droite  avec  une  ligne  courbe  qu'elle  touche  ; 
ou  celui  que  font  deux  lignes  courbes  qui  ié  tou- 
chent. Co7itaclus. 
CONTINGENT,  ENTÉ.  adj.  &  fub.  ^  Ce  qui  n'cft 
pas  ncceilaire  ,  ce  qui  peut  être  ou  n'être  pas ,  ce 
qui  peut  arriver  ou  n'arriver  pas,  /^oy<?{  Nécessaire, 
Comingens  ,  fonuitus.  Tous  les  événemens humains 
ipnr  contin^ens.  On  appelle  ,  en  termes  de  l'école , 
futur  contingent ,  ce  qui  peut  arriver  ou  n'arriver 
pas  -,  &  propofition  contingente  >,  celle  qui  énonce 
une  choie  qui  peut  être  ou  n'être  pas.  Les  ,So- 
ciniens  foûtiennenr  que  Dieu  ne  peut  prévoir  les 
futurs  comingens ,  parce  qu'ils  dépendent  du  mou- 
vement de  la  libre  volonté,  Jur, 

Contingent,  terme  de  commerce  &  de  Palais.  0'\ 
emploie  ce  terme  en  parlant  des  compagnies.  Il  lé 
dit  de  la  part  &  porrion  qu'on  a  dans  chaque  com- 
pagnie, du  fonds  que  chaque  intérelîc  doit  fournir 
dans  la  Ibciété ,  de  la  portion  que  quelqu'un  peut 
prétendre  dans  un  partage.  Portion  contingente. 

'Contingent  le  dit'auflî  du  profit  qui  revient  à  cha- 
que intérelTé  par  le  compte  de  répartition ,  il  ié  dit 
aufli  de  la  parr  des  frais  communs  d'une  fociété, 

'IJCr  Contingent  fe  dit  dans  le  même  fens  des  dons 
gratuits  que  les  Provinces  ou  le  Clergé  font  au  Roi. 
C'eft  la  portion  que  chaque  ville  d'un  pays  d'états 
ou  chaque  dioccfe  doit  payei  ;  en  général ,  c'clt  la 
part  que  chacun  doit  recevoir  ,  ou  la  part  que 
qhacun  doit  fournir.  Pars  illa  qiiœ  fpeclat  aliquem , 
quo!.  ai  alicjxzem  attinet.  Il  a  payéfon  contingent 
de  cetre  impolirion.  J'ai  traité  de  ma  part  contin- 
gente en  cette  lucceilion  ,  de  ce  qui  pourra  m'en 
revenir ,  pour  éviter  l'embarras  des  procès  ,  des 
partages, 

|)CF  C'eft  ainfi  que  l'on  ditj  que  lorfque  l'Empire  eil: 
engagé  dans  une  guerre  qui  regarde  ou  l'Empe- 
reur ou  le  Corps  germanique  ,  chaque  Prince  d'Al- 
lemagne doit  fournir  pour  Ion  contingent  ,  tant 
d'hommes ,  d'argent  &  de  munitions, 

tfT  CONTINU ,  ÛE,  adj,  fe  dit  ert  général  de  tout  ce 
quia  des  parties  rangées  les  unes  auprès  des  autres , 
qui  ne  laiilénr  aucun  intervalle  entre  elles  •■,  entre 
lefquellcs  on  rie  peut  rien  placer  ,  qui  né  font  point 
aéluellementdiviféeSi  mais  liées  eniémble,  &  feu- 
lement divilîbles  ,  en  quoi  le  continu  diffère  du 
contigu  dont  les  patties  fe  touchent  à  la  vérité  ,  mais 
font  aéluellement  fépatces  les  unes  des  autres. 
Contintius. 

IJCT  Ainfi  ,  continu  fe  dit  du  temps  &  des  aélions 
qui  fe  font  tout  de  fuite ,  entre  lefquelles  il  n'y 
a  point  d'intervalle ,  &  des  chofes  qui  font  liées  & 
unies ,  ou  que  l'on  regarde  comme  liées  &  unies. 

Î^J"  Il  peut  y  avoir  de  l'interruption  dans  ce  qui  eft 
continuel;  maià  ce  qui  eu  continu  n'en  fouffre  point; 
de  forte  que  le  premier  de  ces  mots  marque  pro- 
prement la  lorigueut  de  la  durée  ,  quoique  par  in- 
tervalles &  à  diverfes  reprifes  ;  &  le  fécond  marque 
Simplement  l'unité  de  la  dutée  ihdépeiidamment  de 
3a  longueur  on  de  la  brièveté  du  temps  que  la 
chofe  dure;  Pcrpetuus.  Ainli  l'bn  dit  un  jeu  con- 
tinuel, des  pluies  continuelles  ,  une  fièvre  conti- 
nue ,  une  balle  continue  ,  lorfqu'elle  ne  celle  point. 
Le  couis  des  aftres  eft  un  mouvement  réglé  &: 
éontinu.  Un  rravail  continu  fatigue  &  épuife  l'ef- 
prit.  Depuis  que  le  Poé'te  commence  à  raconter 
fon  fu;ct ,  Si  qu'il  met  lés  perfonnages  fur  la  fcè- 
re ,  il  doit  rendre  fon  aélion  tellement  continue 
jufqu'à  la  fin  ,  qu'on  ne  voie  jamais  fes  perfon- 
nages oilifs  fi  en  ïepos.  P.  le  Bos's, 
Ç3"  'On  divife  la  quantité  en  difcrètc  &  en  continue, 
SCF"  La  quantité  continue  eft  î'étendUe  des  lignes ,  des 
furftces ,  des  foUdçs- C'eft  l'objet  de  la  Géométrie, 

Tome  IJ, 


CON  8f7 

^^  La  quantité  difcrke ,  c'eft  les  nombres  qui  foni" 

ie  fujet  de  l'arithmétique. 
^  Continu  fe  dit  aulfi  fubftaniivemeht.  On  dit  en 
Philofophie  que  le  continu  eft  divifible  à  l'infini; 
Voy:  Divisibilité. 

Une  proportion  continue  ,  en  Mathématique  i 
eft  une  proportion  qui  ne  contient  que  troi^  rcr- 
mes  ,  comme  i  ,  4  ,  8  -,  |p>  c'cft-à-dirc  ,  dans  la- 
quelle le  conféquentde  la  première  railbri  eft  ra^i- 
técédcnt  de  la  féconde  ,  comme  1,4,;  :  4,8, 

En  tetmes  de  mufique  ,  oh  appelle  bafj'e  conti- 
nue ^  la  balfe  qui  joue  toujours,  foit  pendant  Jfes 
récits ,  foit  pour  foiitenir  les  chœurs. 

En  termes  de  médecine  ,  on  appelle^èire  conti- 
nue ,  celle  qui  agite  toujours  le  malade,  8c  dont 
on  ne  connoît  les  accès  que  par  les  redoublemcns, 

IJC?  Continu  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  d'une  pro- 
longation que  l'on  fait  à  Une  compromilllon  dont 
le  temps  eft  expiré.  La  compromilîion  étoit  finie  i 
mais  nous  avons  fait  un  continu. 

CONTINUATEUR,  f,  m.  Celui  qui  continue  un  ou- 
y  rage  qu'un  autre  a  commencé,  Perfeclor.  Brbvius  a 
été  le  contin.uateur  de  Baronius. 

lia-  CONTINUATION,  f.  f  Continuatio.  Ce  moé 
lignifie  également  l'aélion  par  laquelle  on  conti- 
nue ce  qui  eft  commencé  \  la  durée  fans  interrup- 
tion de  la  chofe  continuée  ,  8:  la  chofe  même 
que  l'on  continue.  Ainfi  l'bn  dit  la  continuation 
d'un  ouvrage  ',  la  continuation  de  la  guerre  ,  &  la 
continuation  d'une  muraille  ,  la  continuation  des 
annales  de  Baronius. 

§3"  On  dit  en  Phyfique  tontinuation  du  moUveinenr,  ' 
de  cette  loi  de  la  nature  par  laquelle  un  corps 
qui  eft  en  mouvement  cotinue  de  fe  mouvoir  dans 
la  direclion  ,  &  avec  le  mouvement  de  vîtelTe 
qu'il  a  rsçue  ,  jufqu'à  ce  qu'une  caufe  nouvelle 
l'oblige  à  changei:  d'état.  Règle  cettaine  &  évi- 
dente ;  parceque  le  corps  étant  indiffèrent,  non 
feulement  au  repos  oli  au  mouvement  ,  mais  en- 
cote  à  telle  eu  telle  diredion,  à  telle  ou  tellevîte  fle, 
il  doit  néceifairement  demeuter  dans  l'état  où  il  eft 
jufqu'à  ce  qu'une  caiîfe  extérieure  l'eri  fafié  Ibrtiri 

ifT  Continuation  &  continuité  confidércs  dans 
une  fignification  fyncunime. 

Ç3"  Continuation  eft  pour  la  dutée  &  continuité 
pour  l'étendue.  On  dit  la  continuationd'un  tra- 
vail ,  d'une  aélion  ;  la  continuité  d'urt  efpace  & 
d'une  grandeur.  La  continuation  d'une  même  con- 
duite ,  d'un  même  édifice.  Syn.  Fr. 

1)3*  Le  mot  de  continuation  défigne  néce fiai  rem eijr 
le  rapport  d'une  chofe  avec  ce  qui  la  précède.  Orl 
donne  la  continuation  de  l'ouvrage  d'un  autre  s  & 
la  luire  du  fien  ;  en  continue  ce  qui  n'eft  pas  ache- 
vé :  on  donne  de  la  fuite  à  ce  qui  l'eft. 

Continuation  de  communauté  ,  n'eft  autre  chofd 
que  la  fuite  de  cùmanUnauté  qui  étoit  entre  les 
père  &  mère  avant  la  mort  de  l'un  d'etix  ,  &  qui 
continue  entte  le  furvivant  5c  fes  enfans  ,  faute 
par  le  furvivant  des  père  &  mère  d'avoir  fait  in- 
ventaire après  la  morr  du  prédécédé  ,  &  de  l'avoir 
fait  clore. 

IfT  C'eft  une  règle  certaine  que  route  ëothl-nunaut^ 
finit  par  la  mort  d'un  des  alfociés  ;  mais  conrrç 
le  dtoit  commun  ,  nos  coutumes  ont  fagement  in- 
troduit la  continuation  de  comrnunauté ,  ou  en 
ont  fait  une  nouvelle  forme  ,  à  caufe  de  la  fuf- 
picion  du  recelé  &  divertilfelnent  des  effets  de  la 
com.munauté  par  le  furvivant.  Ainfi  l'on  a  Jugé  à 
propos  ,  pour  obliger  le  furvivant  des  père  &  mère, 
d'établir  cette  continuatinn  de  communauté  ,  ou 
de  faite  faire  l'inventaire  requis  d.tns  ce  caspout 
la  confervarion  du  bien  des  mineurs  incapables  de 
veiller  à  leurs  droits. 

Ift  CONTINUE  ,  f  f.  durée  fans  interruption.  Vieux 
mot  qui  n'eft  plus  eii  ufage  que  dans  cette  phra- 
fe  adverbiale.  A  là.continite  ,  on  ttavaille  d'abord 
avec  ardeur ,  mais  oh  lé  ralentit  bientôt  ;  &  à  la 
continue  ,  oti  fe  lall'e  -,  pour  dite  à  la  longue ,  à 
force  de  continuer.  L'expreUlon  n'eft   pas  noble* 

COTINUEL  >  ELLE.    adj.  qui  dure  long  temps  &i 

QQQciq 


8y8  CON 

à  diverfes  reprifcs.  Continuiis.  Il  fe  pafle  dans  l'ef- 
prit  de  l'homme  un  retour  contimicl  de  la  nature 

,  à  la  rclitrion  ,  &  de  la  religion  à  la  nature.  S. 
EvR.  Les  Tyrans  vivent  dans  une  continuelle  in- 
quiétude. Les  pluies  continuelles  ont  tait  de  grands 
ravages.  Il  n'y  a  peint  d'ai.;rcmcnt  à  l'cprcuve 
d'une  lamiliarité  continuelle.  S.  EvR.  Les  elprits 

y  qui  font  dans  un  mouvement  continuel ,  envila- 
gent  les  choies  différemment  lelon  qu'ils  fe  tour-' 
nent.  Id.  Notre  vie  n'efl:  qu'un  changement  con- 
tinuel de  lujettions  différentes.  S.  Real. 

@Cr  Ce  terme,  comme  nous  l'avons  obfervé  au  mot 
continu ,  marque  proprement  la  longueur  de  la 
durée  ;  mais  il  peut  être  relatif  à  la  durée  toute 
entière  du  temps ,  comme  quand  on  dit  :  les  aftres 
font  dans  un  mouvement  continuel;  ou  il  exprime 
leulement  une  partie  indéterminée  de  cette  durée  ; 
comme  quand  on  dit  ;  certains  hommes  font  dans 
un  mouvement  continuel.  Or ,  il  elt  évident  que 
dans  ces  deux  exemples  ,  le  mot  continuel  mnïquQ 
qu'il  n'y  a  aucun  inftant  dans  la  durée  conlidércc 
ibus  ces  deux  points  de  vue  différens,  où  la  choie 
dont  on  parle  ne  lliblilte  pas  ;  quoique  dans  le  fé- 
cond cas  ce  foit  par  intervalles  &:  à  diverfes  re- 
prifes  -,  ainfi  ,il  peut  y  avoir  de  l'interruption  dans 
ce  qui  eft  continuel.  Koye^  encore  Perpétuel. 

CONTINUELLEMENT,  adv.  fans  interruption  , 
fans  relâche.  A£iduè  ,  continenter  ,  Jine  intermij- 
Jione.  Cette  femme  crie  ,  tempête  ,  querelle  conti- 
nuellement. Qu'y  a  t'ii  de  plus  incommode  qu'un 
homme  qui  n'cft  occupé  que  de  lui ,  ^'  qui  s'ad- 
mire continuellement  2  NicoL.  Rien  n'eft  plus  dou- 
loureux à  l'amour  propre  que  de  fe  voir  mourir 
continuellement  ,  &  de  ne  fcntir  la  vie  qu'à  me- 
iure  qu'on  la  perd.  Abad.  Il  y  a  des  amis  iî 
languiflans,  qu'il  faut  continuellement  les  poufler 
par  l'intérêt  de  leur  gloire.  S.  Evr. 

(^Cr  Ce  qu'on  fait  toujours ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  , 
fe  fait  en  tout  temps  6c  en  toute  occafion.  Ce 
qu'on  fait  continuellement ,  fe  fait  lans  interrup- 
tion S:  fans  reLîche. 

Il  faut  toujours  préférer  fon  devoir  à  fes  plai- 
Jirs.  Il  ell:  difficile  d'être  continuellement  appliqué 
au  travail.  Pour  plaire  en  compagnie  ,  il  faut  y  par- 
ler toujours  bien ,  mais  non  pas  continuellement. 

CONTINUEMENT  ,  adv.  (  Prononcez  continûment. 
On  peut  même  l'écrire  fans  E.  )  d'une  manière 
continue.  Il  travaille  continuement ,  c'eft  la  même 
chofe  que  continuellement. 

Continu  &  continuement  différent  de  continiiel 
Si  continuellement  ;  en  ce  que  continu  &C  conti- 
nuement le  difent  des  choies  qui  ne  font  pas  di- 
vifées  ni  interrompues  depuis  leur  commencement 
jufqu'à  la  fin  ,  &:  que  continuel  &C  continuellement 
fe  difent  auffi  de  celles  qui  font  interrompues , 
mais  qui  recommencent  fouvent  Si  à  peu  d'inter- 
valles. AcAD.  Fr. 

Continuer  ,  v.  a.  pourfuîvre  une  chofe  commen- 
cée. Continuare  ,  perfequi.  Il  continue  fon  Hiftoire 
depuis  Charlemagne  juiqu'à  préfenri  Continuer  un 
Poème,  fes  études,  fon  voyage.  Continuer  ktVire 
quelque  chofe  ,  à  bâtir.  Continuer  d'écrire. 

5J3"  Continuer  ,  dans  la  fignification  de  ptolonger. 
Continuer  un  mur ,  une  galerie ,  une  terrafîe.  Il 
faut  continuer  cette  allée  jufqu'à  tel  endroit.  Pro- 
ferre ,  procedere. 

Ç^ONTiNUER  fedit  auflî  à  l'égard  du  temps.  Se  figni- 
fie  proroger ,  faire  durer  plus  long  temps.  Proro- 
^ure.  On  a  continué  la  jouifîance  de  cette  ferme 
pour  trois  ans.  On  a  continué  ces  Echevins ,  ces 

.  Marguilliers  dans  leurs  charges  pour  deux  ans. 
On  Continua  le  Confulat  .à  Quintus  Fabius ,  pour 
avoir  fubjugué  entièrement  l'Etrurie. 

On  dit  de  même  continuer  un  bail  à  un  Fer- 
mier ,  à  un  locataire  ,  continuer  à  quelqu'un  fa 
penfion.  C'efl:  en  général  copferver  quelqu'un  dans 
la  pofition  d'une  chofe.  Je  vous  prie  de  me  con- 
tinuer vos  bienfaits. 

Continuer  ,  lignifiant  pourfuivre  ce  qu'on  a 


CON 


{p" 


commencé  ,  s'employe  auflî  abfolument.  Je  ne  puis 
ri  ne  veux  continuer.  Continue:^  ,  je  vous  prie ,  \ 
à  m'éctire  ,  de  m'écrire. 

§Cr  Continuer  lignifie  quelquefois  durer,  ne  pas 
uler ,  ik  alors  il  tif  neutre.  La  pluie ,  le  mauvais 
temps  continue  •■,  la  guerre  continue  entre  les  Po- 
lonois  &  les  Turcs.  Cette  plaine  continue  juiqu'à , 
&c.  s'étend.  Patct  plamties  in  longitudinem. 

Continué  ,  ée.  parr.  paif.  &  adj.  Cohtinuatus. 

0Cr  CONTINUITÉ  ,  f  f.  lignifie  en  général  , 
fuite  ,  liaifon  des  parties  pofécs  les  unes  auprès  des 
auttes ,  entre  iefquelles  on  n'en  peut  placet  d'au- 
tres. Continuitas, 

03°  Quelques  Phyfîcicns  entendent  par  continuité , 
la  cohélion  immédiate  des  parties  qui  forment  un 
tout.  Quand  les  corps  durs  ne  le  font  qu'à  caulè 
que  leurs  parties  fe  touchent ,  en  quelques  endroits , 
l'on  ne  fauroit  les  écarter  tant  foit  peu  qu'on  ne 
leur  faffe  perdre  toute  leur  continuité.  Roh.  Vo-j. 
Cohésion  ,  Continu  ,   contigu. 

§3"  En  Chirurgie  J  on  appelle  folution  de  continuité ^ 
la  divifion  qu'une  plaie  fait  dans  un  corps.  En 
Philofophie ,  on  appelle  loi  de  continuité ,  la  loi 
fuivant  laquelle  rien  ne  fe  fait  par  faut  dans  la. 
nature,  &  fuivant  laquelle  aucun  changement  ne 
s'exécute  que  par  degrés  infenlibles.  On  ne  va 
d'un  endroit  dans  un  autre,  qu'en  parcourant  la 
chemin  qui  eft  entre  deux. 

§3"  Continuité  efl  auffi  fynonime  à  durée  conti- 
nue. La  continuité  du  travail  fait  iiiccombet.  La  vie 
des  bienheurcuxefl:  une  continuité  ds  contemplation- 
&  d'amour.  Boss.  Continuatio  ,  continuitas. 

§3"  Continuité  ,  en  matière  de  Littérature  &  de" 
Belles- Lettres.  Par  rapport  au  difcours ,  c'efl:  la 
connexion  entre  toutes  ies  paities.  On  ne  peut 
juger  d'un  difcours  fans  en  voir  toute  la  conti-' 
nuité.  Connexio. 

?fT  Dans  un  Pocme  dramatique,  c'efl  la  liaifon  qui 
doit  régner  entre  les  différentes  fcènes  d'un  même 
aclc. 

Dans  un  Poëme  épique  ,  l'aélion  doit  avoir  de 
îa  continuité  dans  la  narration  ,  quoique  les  évé- 
nemens  ne  foient  pas  continus.  P.  L.  Boss.  Le 
Poète  ,  en  retranchant  les  incidens  languiflans , 
Scies  intervalles  de  temps  vides  d'adlion,  qui  en 
empêchent  la  continuité ,  rend  au  poème  cette  force 
continue  qui  le  fait  par  tout  couler  également.  Id, 

CONTOBABDITE  ,  l".  m.  &  f.  nom  de  fede.  Con- 
tohabdita.  Les  Contohahdites  étoient  des  hérétiques 
du  VI'  fiècle  ,  dont  Nicéphore  Callifte  nous  a 
confervé  la  mémoire  dans  fon  L.  XVIII ,  C.  45). 
Leur  premier  chef  fut  Sévèie  d'Antioche ,  auquel 
fucccda  Jean  le  Grammairien  ,  furnommé  Philo- 
ponus ,  &  un  certain  Théodofe.  Leurs  Sedateurs 
furent  appelés  Agnoètes ,  Théodoliens.  Une  par- 
tic  de  ces  hérétiques  ,  qui  ne  voulut  pas  recevoir 
un  livre  que  Théodofe  avoir  compoic  fur  la  Trinité, 
firent  bande  à  part,  &  furent  appelés  Co/zw^tz^iii- 
tes  ,  de  je  ne  fais  quel  lieu  que  Nicéphore  ne  nom- 
me point,  &  qui  étoit  apparemment  celui  où  ils 
tenoient  leurs  affemblées.  Les  Contobab dites  ne 
recevoient  point  d'Evêques.  C'efl:  tout  ce  que  cet 
Hiftorien  nous  en  apprend. 

Je  ne  fai  pourquoi  Baronius  ,  à  l'an  j  5  5 ,  les  ap- 
pelle Concobabditz  \  beaucoup  moins  où  les  Au- 
teurs du  Moréri  ,  qui  citent  Nicéphore  &  Baro- 
nius ,  ont  pris  le  nom  de  Caucob ar dites ,  qu'ils 
leur  donnent.  Les  éditions  de  Nicéphore ,  &  fur 
tout  la  belle  du  P.  Fronton  du  Duc  ,  portent  tou- 
tes conflamment  KevT8/3af^iT«;  Contobahdites, 

Ip-  CONTONDANT  ,  ANTE.  adj.  Quelques-uns 
écrivent  contondant.  Terme  de  Chirurgie  ,  par 
lequel  on  défigne  ce  qui  blelTe  ,  en  faifant  des 
contulions  ,  fans  percer  ni  couper.  Contundens. 
Un  bâton  ,  une  maffe  ,  (fc.  font  des  inftrumens 
contondans.    Foye^  Contusion. 

IfJ-  CONTORÈSE  ,nom  qu'on  a  donné  à  des  héré- 
tiques albiQ;cois. 

^  CONTORNIATE  ,  adj.   terme  d'Antiquaire  ^. 


CON 

pat  lequel    on  défigne  des  médailles  de  <!liîvre , 
terminées    dans  Iciiv   circontétencc  par  un  cercle 
d'une  ou  deux  lignes  de  largeur  ,  conrinu  avec  le 
métal ,  quoi  qu'il  femble  en  être  détaché  par  une 
rainure   aflez  profonde  ,  qui  règne  à   l'extrémité 
du  champ  de  l'un  &c  l'autre  côte  de  la  médaille. 
Les  médaillons  concorniaces  font  ainfî  appelés , 
à  caufe  qu'il  femble  que  les  bords  ont  été  travaillés 
au  Tour*  Ce  qui  nous  refte  de  médaillons  conior- 
niates,  femble  avoir  été  fait  vers  le  même  temps. 
Le  P.  Hardouin  croit  que  c'efi:  au  treizième  ficelé 
qu'ils  ont  été  fabriqués  i  les  autres  Antiquaires  re- 
montent jufqu'au  cinquième.  Contorniatus  nuthmus. 
Ces  médaillons  font  appelés  comorniates  du  mot 
Italien  ,  qui  marque  la  manière  dont  ils  font  frappés  ; 
favoir;  avec  une  certaine  enfonçure  tout  au  tour, 
qui  lai/Te  un  rond  des  deux  côtés,  &  avec  des  figu- 
res qui  n'ont  prefque  point  de  relief  en  comparaifon 
des  vrais  médaillons.  C'eft  un  ouvrage  né,  comme 
je  crois,  dans  la  Grèce,  dont  on  fe  fervoit  princi- 
palement  pour  honorer    la  mémoire  des  grands 
hommes,  &  de  ceux  qui  avoient  remporté  le  prix 
aux  jeux  publics.  Tels  (ont  ceux  qui  relient  d'Ho- 
lîiere  ,  de  Solon  ^  d'Euclide  ,  de  Pythagore  ,  de 
Socrate,  d'Apollonius  Thyaneus ,  &  deplulieurs 
Athlètes  ,  dont  les  vicloires  font  marquées  par  des 
palmes  &  des  chariots  à  deux  ou  à  quatre  chevaux. 

P,   JOBERT. 

^CT  Contorsion,  f,  f,  mouvement  violent,  procé- 
dant d'une  caufe  interne  qui  tord  quelque  partie 
du  corps ,  &  la  tourne  hors  de  fa  fîtuation  naturelle. 
Dijlorjîo.  La  colique  caufe  de  cruelles  contorfions. 
A  voir  la  contorjion  générale  de  tous  les  membres, 
ne  diroit-on   pas  qu'il  eft  pofîédé  ? 

gcr  Contorsion  fe  dit  auiïi  des  grimaces  &  des 
poflures  extraordinaires  que  certaines  perfonnes  font 
quelquefois  en  parlant  avec  véhémence  ,  ou  qtiand 
ils  font  embarra/rés.  Ce  Prédicateur  fait  des  con- 
torJionSi 

lion  je  ne  hais  rien  tant  que  les  contotfîorlî 
De  tous  ces  gr  ands  faifeur  s  de  protestations. 

^T  Contorsion  en  Peinture  fe  dit  des  attitudes  ou- 
trées ,  quoique  polTibles  ,  foit  du  corps  ,  foit  du 
vifage.  Le  Peintre  en  voulant  donner  de  l'exprefTion 
à  fes  figures ,  ne  leur  fait  faire  Ibuvent  que  des  con- 
torfions, Encyg. 
Contorsion  ié  dit  auflî  figùrcment.  Il  arrive  raremerit 
qu'un   Orateur  fe  tire  d'une  antithèfe  à  plufieurs 
membres,  fans  donner  quelque  co«/or/zo«  à  la  vé- 
rité, pour  l'ajuder  à  fa  figuie,  Port-R, 
Contorsion  fe  prend  paillvement  pour  l'état  d'une 
chofe,  par  exemple,  d'un  membre  qui  eft  de  tra- 
vers, Difiortio.  La  contorfion  du  cou  ell  caufée, 
félon  M.  Nuck,  par  le  relâchement  ou  la  paralyfie 
d'un  des  mufcles  inalloïdes  -,  d'où  il  arrive  que  fon 
antagonifte ,  dont  la  puiffance  n'efl  plus  contreba- 
lancée,  fe    contrarie  avec   toute  fa  force  ,&  rire 
la  tête  de  fon  côté.  On  ne  peut ,  félon  lui ,  remédier 
trop  promptement  à  cette  maladie  -,  &  l'on  doit 
dès  le  commencement  employer  des  linimens  ca- 
pables de  ramollir  &  de  relâcher  les  fibres  ,  &  les 
appliquer  non  feulement  fur  le  mufele  qui  ell  en 
contracflion  ,  mais  principalement  fur  le  mufele  re- 
lâché &  paralytique.  Jour,  des.  Sav.  Dans  la  con- 
torfion du  cou ,  ce  n'efl  pas  le  mulcle  qui  ell  en 
contraction  qui  efl:  proprement  la  partie  malade  , 
mais  le  mufele  relâché  &  paralytique. 
CONTOUR  ,  f  m.  ligne  qui  termine  une  figure , 
&  qui  en  marque  la  forme.   Ambitus  ,  circuitus. 
UCT  Ce  terme  efl  parriculièrement  ufité  en  Pein- 
ture &  en  fculprure.  Le  contour  d'une  figure  efl 
ce  qui  termine  la  figure  ou  les  parties  d'une  figure  , 
&  leur  donnent  le  tour  qu'elles  doivent  avoir  \  les 
traits  qui  la  terminent  &  qui  la  renferment  en  tous 
fens.  Cette  figure  a  de  beaux  contours  ^    ils  font 
hardis  ,  bien  entendus,  bien  defïinés,  bien  pro- 
noncés, peut  dire,  qu«  les  membres  de  h  figure 


CON 


f^ 


font  defTînés  avec  art ,  avec  juflefTe.  Les  contùUrs 
doivent  être  flamboyans ,  on  des  ,  coulans  ,  grands 
6*:  prefque  imperceptibles  au  toucher.  Ce  Peintre 
entend  bien  les  contours ,  réuflit  dans  les  comourst 
Voyez  Contourner. 
0CF  On  dit  de  même  le  contour  d'une  colonne,  lé 

contour  d'un  dôme. 
IJCr  Contour  fe  dit  généralement  de  toutes  fortes 
d'enceintes.  Le  contour  d'une  foret,  le  contour 
d'une  ville,  La  ligne  fondamentale  d'une  fortifica- 
tion marque  les  difïerens  contours  &  les  angles 
d'une  place. 
Contour,  f^oyei  CuNTURi 

CONTOURNÉE,  adj.  f.  terme  de  Conchyliologie. 
C'eft  une  coquille  appelée  autrement   Turi>inée  i 
dont  la  figure  tourne  au  moins  une  fois  dans  toute 
fon  étendue ,  &c  s'élève  en  fpirale.  Une  coquille  peut 
être  contournée  fur  foi  obliquement  fuivant  fa  lon- 
gueur ,  contournée  fur  foi  perpendiculairement  fui- 
vant   la   niême   longueur ,  contournée  fur  foi  en 
travers, 
CONTOURNER ,  v.  a.  marquer  une  figure  fuivanit 
fes  divers  contours.  Suo  circuitu  atque  ambitufi- 
guram  ddineare ,  dejcribere  ,  defignare. 
Contourner  fignifie  encore,  donne'r  de  la  grâce  & 
de  l'art  à  ce  que  l'on  defïine  à  la  main  -,  comme  aux 
enrrfilemens.  Circuitus  atque  ambitus  rei  cujujpiani 
belle  calamo  delineare  ,  adumbrare.  Mal-contournef 
eft  oppofe  à  contourner  pris  en   ce  fens. 
Contourner  ,  terme  de  peinture  ,-  faire  les  contours 
des  figures  que  l'on  peint.  Formare  i  conformare. 
Les   contours  des  figures  font   paroître    une   plus 
grande  connoiffance  du  delfein  que  les  lumières  & 
les  ombres   i  ainfi  il  eft  plus  excellenr  de  favoiif^r 
bien  contourner  les  figures ,  que  de  favoir  donner 
les  jours  Se  les  ombres.  Du  Charmois. 
Contourner  ,  arrondir ,  rendre  bien  rond.  Rotundd- 
re.  Les  ouvriers  en  porcelaine  font  fort  habiles  à 
la  Chine  à  bien  contourner  leurs  vafes  ^  de  quelque 
grandeur  qu'ils  foient.  P.  le   Comte. 
Contourner   fignifie  aulîî ,  tourner  d'une  rnànière 
oblique.  Convertere ,  obvertere.  Le  globe  tetreftre 
fut    non    feulement    fracaffé  par  le  "déluge  j  mais 
ébranlé,    &  contourné,    en  forte  qu'il  efl  expofe' 
obliquement   au  folejl,   S,  EvR.  Cela  eft-il  intel- 
ligible i 
Contourné,  ée.  part, 

gO"  Il  fe  dit  au(Tî  de  ce  qui  eft  de  travers.  Une  tail- 
le contournée.  Des  jambes  contournées. 
Contourné,  en  termes  deBlafon,  fignifie,  tourne 
du  côté  gauche ,  ad finiflram  j'cuti  partem  converfusi 
obverfus.  Un  animal  qui  doit  avoir  régulièrement 
la  tête  tournée  du  côté  droit ,  s'appelle"c07zwwr;te' , 
quand  elle  eft  .à  gauche.  Un  cafque  contourné  eft 
celui  qui  n'efl  pas  vu  de  front  mais  tourné  à  gauche  ; 
c'eft  une  marque  de  la  moindre  noblefle, 
CONTOURNIATE ,  adj.  terme  d'Antiquaire.  Foye^ 

Contorniate  qui  eft  plus  ufitc. 
CONTRABOUT  ,  f,  m.  terme  de  Courûmes  i  c'eft 
un   héritage   appartenant  à  un  homme  qui  prend 
à  cens  &  à  rente,  &   qu'il  affedle  &  hypothèque 
outre  la  chofe  qui  lui  eft  acenfée ,  pour  la  fureté' 
de  la  rente ,  ou  du  cens. 
GONTRACT.  Foyei  Contrat, 
CONTRACTANT  ,  ANTE  ,  adj.  c.  prononcez  îe' 
dans  ce  mot,  &  dans  tous  ceux  qui  liiivent.  Co/z- 
trahens  Ciim  aliquo  ,  pacifcens.  Celui  ou  celle  qui 
contra6le.  L'aéle  demeure  entre  les  mains  de  quel- 
qu'un des  contraclans.  Pat.  11  faut  que  les  Notaires 
fa/fent  figner  les  minutes  des  contrats  aux  parties 
Contractantes ,  ou  qu'ils  faffent  mention  des  caufes 
pour  lefquelles  elles  n'ont  point  figmé. 
CONTRACTATION ,  f,  f.  Tribunal  établi  en  Èfpa-- 
gne  pour   les  affaires   &  le  commerce  des  Indes 
Occidentales.  II  tient  fes  feanccs  à  Cadix, 
CONTRACTE  ,   terme  de  Grammaire,   qui  fe  àXt 
^      quand  deux  voyelles  fe  joignent  en  une,  &  fonf 
l      la  fylla'be  longue.  Duarum  j'y llab arum  in  unaffi- 
1     contrculio.  Les  Grecs  ont  quantité  de  verbes  coii-^ 

QQQ.q^ij 


26o 


CON 


tracles , comme  «-o.i»  x»i£,facio,  /3.««  ^,c',clamo  xf«'i" 

CONTRACTER  ,  v.  a.  faite  un  contrat ,  une  conven- 
tion. Contrahere  cum  aiiquo ,  pacifci. ,  paclionem 
facerc.  Contracter  un  Mariage,  une  Alliance. 
iCr  On  le  dit  auilî  ahi'olumcnt.  Contracler  avec  quel- 
qu'un,  contracter  par  devant  Notaires.  Les  Reli- 
gieux,  les  mineurs,  les  furieux,  les  interdits,  les 
femmes  non  autoriiées  par  leurs  maris ,  font  in- 
capables en  France  de  contracter.  On  contracte  plu- 
tôt avec  les  biens  qu'avec  la  pcrfonne  ,  &  l'on  afiure 
■  fon  argent  plus  fur  les  héritasses  que  fur  la  bonne 
foi  de"  ceux  avec  qui  l'on  contracte.  S.  Evr. 

On  dit  auffi  contracter  des  dettes  -,  peur  dire, 
s'endetter,  faire  des  dettes.  jEs  atienum  contratiere. 
Contracter  fe  dit  aulfi  figurément  en  parlant  d'ac- 
quKitions  motales ,  &  des  engagemens  tacites  de 
la  focictc  civile.  ^3^  Dans  cette  acception  on  le 
dit  des  habitudes  qui  s'acquièrent  par  des  adions 
réitcrceçico/2;riZf7t.T  une  habitude  bonne  ou  mauvailei 
des  maladies  qui  fe  gagnent  par  contagion  ou  au- 
ttemenc  ;  &  des  liaiions  qui  fe  forment  entre  deux 
perfonnes  pat  l'habitude  de  vivre  enicmble.  On  a 
de  la  peine  à  fe  défaire  des  habitudes  qu'on  a 
contractées.  Il  a  contracte  une  maladie  à  l'armée. 
Morkiun  contratiere  ,  concipere.  Nous  ne  devons 
contracter  amitié  qu'avec  ceux  dont  les  mœurs  nous 
font  connues,  amicitiam  junsere.  Il  y  a  une  obliga- 
tion naturelle  qui  fe  contracte  entre  le  père  &  l'en- 
fant, entre  le  fuja  &  le  Souverain,  qui  les  oblige 
à  plufieurs  devoirs  les  uns  envers  les  autres.  Foyei 
Obligation  ,  Devoir. 

UCT  Contracter,  terme  de  phyfique,  fignifie  con- 
depfer,  relîcrrer  les  parties  d'un  corps,  &  les  ré- 
duire à  un  moindre  volume.  Contratiere.  C'eflTop- 
polc  de  dilater,  raréfier,  &c.  A  l'cgard  de  toutes 
les  liqueurs  oléagincufes  ou  fpiritueufes ,  la  gelée 
les  contracte  :  il  n'y  a  que  l'eau  qu'elle  dilate ,  dit 
:M,  Boyer  de  Ptcbandie,  d'après  ri Jjai  des  effets 
de  Pair  fur  le  corps  humain  de  M.  Arbuth.ut, 
qui  s'efl:  fervi  fouvent  de  ce  terme.  Le  froid  produit 
le  fcorbut  par  l'i^rritation  &  rinflan.mation  des  par- 
ties qu'il  con/rrtr7e.  Une  des  principales  qualités  du 
froi4  eft  de  contracter  avec  violence  les  vaiflcaux 
du  torps.  Préf.  de  la  Traduct.  des  vertus  de  l'iùui 
de  M.  Smitti.  L'Eau  appliquée  extérieurement, 
étant  plus  froide  que  l'air  ,  doit  contracter  les  vaif- 
fe'aux  de  la  peau.  Idem. 

Contracter  ,  (Se)  terme  de  Médecine  ,  fe  retirer  , 
■  fe  raccourcir.  Cmtratii.  Quand  un  mufcle  fe  relâche 
&  devienr  paralytique  ,  fon  antagonifte  fe  contracte' 
de  toute  fa  force  ,  &  tire  de  fon  côté  la  partie  à  la- 
quelle iT  efl:   attaché. 

Contracté,  ée.  part. 

CONTRACTION ,  f.  f.  terme  de  Grammaire ,  ré- 
duction de  deux  fyllabes  en  une.  Contraciio  gemincz 
fyllalcz  .in  unam.  La  contraction  eft  fort  en  ufage 
chez  les  Grecs,  qui  ont  des  noms,  &  des  verbes 
.contraéles  ,  comme  AzKo^-fÉ.îr;,  Démoftliène  :  au 
génitif  àry.arSivsi; ,  ou  Ar^-.o!r«ïii«5 ,  de  Demojlh'ei'.e  ; 
iraiiu  waV  ,  umbulo ,  je  marclie  ,  je  me  promène  j 
«•ar£f7<5  ■a«7t/ç,  ambjilas y  tu  te  promènes,  ifc.  En 
François 'on  en  ufe  en  certains  mots ,  comme_/^oz/- 
ler ,  baaillcr  ,  paon ,  où  on  prononccyé/^/er  ,  bâil- 
ler ,  pan. 

gCJ"  Contraction  ,  terme  de  Médecine ,  raccourcifîe- 
ment  qui  arrive  aux  nerfs,  aux  raufcles  lorfqu'ils 
viennent  à  feretirer.N^i.TvorKTO  contractio.Liconvnl- 
lîon  efl:  une  contraction  des  nerts.  La  contraction  du 
cœur,   f^oye:^  Cœur. 

^CT  Contraction  ,  terme  de  phyfique,  lynonime 
à  condenfation.  Reflerrement  des.  parties  d'un 
corps  par  lequel  il  devient  d'un  moindre  volume. 
Kov<?ç  Condensation. 

^  CONTRACTUEL ,  ELLE ,  adj.  terme  de  Jurif- 
-  prudence.  Ce  qui  fe  fait  par  contrar ,  ce  qui  dérive 
d'un  contrat.  Partitius.  Uneinftitution,  fubftitu- 
.tion,  fucceffion  contractuelle ,  eft  celle  qui  eft  ré- 
glée ,  ftipulée   par  contrat  de  mariage ,  ou  autre 


CON 

a(5fce  entre  vifs.  Un  héritier  contractuel  eft  celui  qui 
eit  appelé  par  contrat  à  la  fucceiiion. 

Quelques  Auteuts  ont  prétendu  trouver  l'origine 
des  inftitutions  con/rût?«e//ei  dans  les  loix  Ripuai- 
res,  ou  dans  un  Capitulairc  de  8;o.  Ces  Auteurs 
ont  pris  dans  ces  endroits  une  inftitution  ordinaire 
d'héritier  pour  inftitution  contractuelle  ;  mais  dans 
le  chapitre  de  Matrimonio  ad  Marganaticam  con- 
trado ,  Boniface  VIII  autorifa  en  1219  la  renoncia- 
tion faite  avec  ferment  par  les  flics ,  aux  fuccclllons 
de  leurs  pcres.  En  France  on  n'a  reçu  que  dans  les 
derniers  fiècles ,  félon  M.  De  Lauricre,  les  pades 
fur  les  fiiccelfions  futures.  Ils  étoient  en  ufage  du 
tems  de  Maiver  ,  vieux  Praticien  ,  &  de  la  rédaélion 
de  la  Coutume  de  Bourbonnois  en  1495.  On  en 
confirma  l'ufage  dans  les  Coutumes  delà  Marche, 
d'Auvergne  ,   &c  dans  les  nouvelles  Coutumes  de 
Bouibonnois.    On  a  reçu  prefque  en  même  tem.s 
les    déclarations  d'aînés  ou  d'héritiers   principaux 
dans  l'Anjou  ,  le  Maine ,  la  Tourainc ,  le  Laudunois 
&  la  Normandie  :  enfuite  on  les  a  admis  de  même 
que  la  renonciation  des  files  dans  la  Coutume  de 
Paris ,  &  dans  toute  la  France ,  quoiqu'il  n'y  eiit 
fur  ce  fujet  aucune  difpcfition  dans  les  loi.x  des 
diftcientes  Provinces  du  Royaume.  Telle  eft  l'ori- 
srine  fle  l'inftitution  contractuelle.  L'inûitution  cow- 
)raciuelle  eft  un  don  irrévocable  de  fucceiiion  ou 
d'une    partie  de  iucccilîon  ,  faite  par  contrat  de 
mariace  au  profit  de  l'un  des  deux  conjoints ,  oU; 
des  enfans  qu'ils  doivent  avoii  enfemble.  De  Laur. 
On   dit   aufli   héritier    contractuel.  L'aîné  noble  , 
marié,  comme  héritier  prirc-pal  ,  peut  renoncer 
.aux  luccclfions  ab  inttjiat  de  lés  père  &c  merc ,  Sc 
être  en  même  tems  héritier  ccntraSnel ,  donataire 
entre -vifs  ,  8i  légata'te  univerfel  ou  particulier." 
Car  on  ne  peut  obliger  l'héritier  contracinel  au  rap- 
port lans  détruire   l'inftitution,  &  s'il  n'eft  point 
obli2;e  au  rapport,  quand  il  n'eft  qu'héritier  co;z- 
traciuel,  on  ne  peut  pas  non  plus  l'y  obliger,  quand 
il  prend  la  qualité  d'héritier  univerfel  &  de  Icga- 
'    taire  particulier.  Id.  Il  y  a  des  lubftitutions  con- 

■  traauelks  diredl;es ,  &  des  ilibftitutions  contracxuel- 
les  obliques.  M.  Vullbn ,  Confeiller  au  Pari,  ment 
de  Grenoble,  donnaen  i(>6c)  un  livre  irititùlé- 
Qucftions  fîngulières  de  Droit  fur  les  Eledione 
d'héritiers  contractuels  &  teftamentaires.  •L'inftitu." 
tion  contractuelle  eft  l'inftitution  d'un  héritier  par 
contrat  de  mariage.  Non-feulcmenr  les.  pères  & 
les  mères  peuvent  inftituer  leurs  enfans  en  les  ma- 
riant ,  mais  les  Etrangers  le  peuvenr  aûfîi.  Pour 
la  validité  de  ces  inftitutions ,  il  eft  néccflaire  qu'el- 
les foient  faites  par  un  conttat  de  mariage ,  &  au 
profit  de  l'un  des  conjoints ,  ou  de  leurs  enfans  §i 
defcendans.  Institution  au  Droit  Fr.  fecqnde  edit. 
tom.  z  ,p.  i^;  ,  KÎ4.  Les  inftitutions  contractuelles 
&  les  difpofitions  à  caufe  de  morr  qui  fero^ent 
faites  dans  un  contrat  de  mariage,  même  par  des 
collatéraux  ou  par  des  étrangers ,  ne  pourront  être 
attaquées  par  le  défaut  d'acceptation.  Ordonnance 
du  mots  de  Février  173 1  ,  fur  les  Donations ,  ar- 
ticle I  ; . 

CONTRACTURE,  f.  f.  terme  d'Archiredure ,  re-« 
trécirtémenc  .ou    diminution    qui    fe  fait  dans  la 

'  partie  fupérieure  des  colonnes.  Contraciio-,  con- 
tractas. .     ■    ■ 

§cr  CONTRADICTEUR  ,  c'eft  littéralement  celui 
qui  contredit.  P^oyei  ce  mot.  Q^ui  contradicit ,  ad- 
verfarius,  adverfaton  Un  iî  beau  projet  n'auroit 
dû  trouver  que  des  Approbateurs,  il  a  trouvé' des 

;     Contradicteurs.  Mem.  de   Trév.  en  parLanr  du  pro- 

■  jet  de  M.  Swift:,  -d'une  Académie  anglaifc,  forme 
fur    celui  de  l'Académie   françoife.  Cet  avis-a  eu 

i     beaucoup  de  Contradicteurs. 

^tcr  En  Jurifprudence,  Contradicteur  ,  légitime  Cc»«- 
tradicleur,  fe  dit  de  celui  qui  a  irtérêrou  qu.inté 
pour  contredire.  Les  Procureurs  .o-é-^crnux  font  lé- 
gitimes Contradicteurs  dans  les  affaires  nui  inté- 
reffent  le  Domaine  ,  les  mineurs ,  les  gens  de  main- 
morte ,  &c.  Un   inventaire  de.  nùiieurs  doit  être 


CON 

fhit  avec  le  fubrogc  tuteur ,  qui  eft  le  légitime  Con- 
tradicîcur.JJn  Airct  rendu  contre  le  Fermier,  n'o- 
pcre  rien  contre  le  Maître ,  parce  qu'il  n'elt  pas 
un  légitime  CaitradicieuT. 
^3"  On  ciit ,  en  termes  de  Palais ,  qu'un  a6le  eft  fait 
fans  Contr adicleuT ^  quand  il  eft  par  défaut,  ou  que 
les  parties  intcrrifées  n'y  ont  pas  été  appelées. 
-.   |!CF  CONTRADICTION,  f.  f.  oppolition.  Contni- 
■duiio.  En    termes  de  Pliilofophie ,  contradiclioii  , 
iîgnifie  incompatibiHcé  ,  oppolition  de  deux  idées 
qui  ne  peuvent  pas  fubfifter  enfemble  ,   qui  affir- 
>  ment  8c  nient  la  même  chofe  en  même  temps.  Etre 
&  ne  pas  erre  implique  coritradiclion.  Repu^nantiii. 
Si  le  monde  s'étoit  fait  lui-même,  il  eut  été  avant 
que  d'être  :  ce    qui  renferme  une    contradiclioii. 
Aead. 
^fj"  il  y  a  contradiction  entre  deux    propofî rions , 
quand  elles  fort  tellement  oppolées  l'ime  à  l'autre, 
qu'il   eft  impoUîble   qu'elles  foient   vraies    toutes 
deux  en  même  temps  ;  quand  l'une  affirme  préci- 
fément  ce    que  l'autre    nie.    Voye^^   Contradic- 
toire, Proposition. 
^S-  Contradiction,  en'morale;   Ce  mot  pris  dans 
un  fens  plus  étendu  ,  comme  on  le  prend  dans  l'u- 
fage  ordinaire ,  annonce  (implement  une  oppohtion 
aux  lentimens  &  aux  difcours  de  quelqu'un  ;  tout 
jugement  oppofé  .4  un  autre  jugement  dcja  porré , 
publiantes  jeraenticz  ,  dijcrepantia  ,  diverjîtas  opi- 
7i:cnum.  On  appelle  cfprit  de   contradiàiaii  ,  un 
homme  qui,  pour  l'ordinaire  ,  n'eft  pas  de  Tavis 
dos  autres.  Qui  ^  nt  plurimùm,  ah  aliis,  ou  alio- 
Tiun  opinicni  diffeniit.  Ceux  qui  ont  un  elprit  de 
contr adiciion   conf'dèrent   peu   les    raifons  qui  les 
poirroient    pcrfuadet ,  &  ne  longent  qu'à    celles 
qu'ils   pourroient    oppofer  :  ils  Ibnt    toujours  en 
garde   contre   la  vérité,  &  ils  ne  penfent  qu'aux 
moyens  de  la  repoufler  &  de  l'ob  curcir.  Port-R. 
Ce  qui  rrnd  les  Grands  fi   impatiens  à  la  moindre 
contrudiclion  de   leurs   inférieurs  ,    c'cft  qu'ils   ne 
peuv^nr  Ibuffrir  que  ces  gens  qu'ils  regardent  avec 
mépris ,  prétendent  avoir  autant  de  jugement  & 
de  raifon  qu'eux.  Id.  La  dclicarefle  de  l'efprit  hu- 
main va  Jnfqu'à  ne  pouvoir  Ibuli'rir  de  concradic- 
tim.  De  Vill. 
f^  Dans  une  lignification  plus  étendue  encore,  il  fe 
lit  à  peu  près  dans  le  même  fens  de  toute  objection, 
d-  tout  obftacle  que  l'on  oppofe  à  quelqu'un.  Ce 
r'.ft  pas  à  nous  d'examiner  pourquoi  Dieu  a  expofé 
l's  myftères  de  la  Reiio-'on  aux  contrad  cîions  de  la 
raifoi^.  C'eft  le  'ort  des  bons  Livres,  de  trouver  des 
contr adiclions.  S.  Evr,  Il  ne  faut  point  mettre  trop 
directement    la   raifon  &  la  foi  en    contr  adiciion. 
Claxid. 
CONTRADICTOIRE,  adj.^  terme  du ftyle  dida- 
éti'î'je  ,  d'ulaire  en  philorO[3hie&  en  jurifprudence, 
iîgnifie  en  général ,  qui   conrredit.  Contraiicens , 
contr adiclorius.  Il  eft  impodible  que  deux  propo- 
lîtions    contrahcljiTcs    foient  toutes   deux    vraies. 
Les   propo(itio'^s   contr adicloires    en  général  font 
celles   dont    l'une  affirme  &  l'aurre  nie  la  même 
chofe  du  même  fujet ,  co"fidcré  fous  le  même  rap- 
port ou  la  même  qualité.  Car  en  général  les  propo- 
lit'ons  contr adicloires  ne   font  pas  celles   qui  font 
oppo'c  s  en  quanriré  &  en  aualité ,  puilque  les  pro- 
poft'OPS    contradiSoires    non    univerfelles  ,    mais 
particulières,  comme,  l'Empereur  eft  mort ,  l'Em- 
pereur n'eft  pas  p-ort,  ne  font  pas  comprifes  dans 
cette  définition",  n'ayant  point  de  quantité. 

Pour  que  deux  propofitiois  foient  vérirable- 
mçr\i  contr  adicloires  ,  il  faur  qu'elles  foient  oppolces 
en  quantité  S;  en  qurliré-,  c'cft-à- dire ,  qw  l'une 
fo;r  univerfelle  &:  l'aurre  particulière  ,  c'eft  l'oppo- 
fit'on  de  quantité;  ?<  que  l'une  foit  affimative  & 
l'autre  négative;  c'eft  l'oppofition  de  qualité, 
comme  celles-ci:  Tout  iifa^e  du  vin  &  de  Tarrrent 
ejl  mauvais,  elle  eft  fani;f\  QueLjue  ujaae  d'i  vin 
&  de  l'argej.t  n'ejt  pas  mauvais,  elle  eft  vraie.  Il 
.  faut  de  plus  que  l'une  affrme,  <*?;  que  l'autre  nie 
la  m.ême  chofe  ,  du  même  fujet  confidcrc  dans  les 


CON 


Sd'î 


j      mêmes  circonftances,  s'il  ne  s'agit  pas  d'un  attribut 
eilentiel  ;  car  on  n'a  point  d'égard  aux  circonftances 
dans  les  attributs  cliêntiels  ,^puifquc  chaque  chofe 
a  toujours  fon  cifence  :  c'eft  ce  que  les  Logiciens 
expriment  en  ces  tctmes  ,  affirmare  &  negure  idciri' 
de  eodjni,  ficundnm  idem.  On  peut  faire^audà  des 
propohtions  contradictoires  fur  un  lujet  parriculicr, 
comme    un  individu:  on  les  appelle  propolitions 
fingulicres  contradictoires  ,  comm,-  Pierre  cjijujle, 
Pi-rre  n'^Jipas  jiifie.  Pour  que  ces  deux  propi^litions 
foient    contradiaoires ,   il  faut    confidérei:  Pierre 
dans  le  même  temps  ,  fans  quoi  elles  pourroient 
être  toutes  deux  vraies,  puifqu'il  y  a  eu  un  temps 
où  Pierre  a  ct.cjujie,&c  ui  autre  où  il  a  êxà  pécheur. 
(fT  On    appelle  aulfi    termes  contradictoires  ,    des 
termes  diredemcnt  oppofés  l'un  à  l'autre.   Oui  èc 
non  ,  tout  &c  rien  font  des  termes   contradiaoires. 
Au  Palais  il  le  dit  des  jugemens  rendus  parties 
ouies  à  l'AudicncejOU  furie  vu  de  leurs produdions, 
ïfT  de  tout  ce  qui  eft  tait  en  préfcnce  des  parties  in- 
téreflées.' Un  inventaire,  un  procès  verbal  de  vi- 
fite  ,  |font  contradictoires  ,   lorfque  toutes  les  parties 
y  font  préfentes,' ou  que  du  moins  quelqu'un  y  fti- 
pule  pour  elles.  Un  jugem.ent  par  défaut  eft  oppofé 
au  iugem?nt  contradictoire.  On  ne  peut  revenircon- 
trt  les  jugemens  contradictoires  par  oppofition  ;  il 
n'y  a  que  la  voie  d'appel ,  en  première  inftance  ;  ou 
de  la  _Rf  quêre-Ci  vile  ,  en  Cour  Souveraine  ;  ou  de 
la  calfarion  ,  au  Confcil  privé. 
CONTRADICTOIREMENT,   adv.  d'une  ir.anièrc 
contradictoire.  Contrario  ac  pugnante  J'enfu.  Tout 
ce  qui  femble  corirraire  ,  n'eft  pas  pour  cela  contra» 
dictoirement  oppofé. 

On  dit  au/fi  au  Palais ,  un  Arrêt  rendu  contradîç- 
toirement ,  qui  a  été  rendu  ?fT  après  que  toutes  les 
parties  ont  été  ouïes,  ou  après  qu'elles  ont  produit. 
On  le  dir  par  oppofirion  aux  jugemens  rendus  par" 
défaut.  Latum  ,  dicta  utrin^ue  caufd  ,  judicium. 
CONTR  AlGNABLE,adj.  m.  &  f.gCT  terme  de  Palais. 
Qui  peut  être  forcé  par  quelque  voie  de  droit  à  faire: 
quelque  chofe.  Qui  adtùhità  vi  cogi poteft.  Les  férfi- 
mes  en  piiiiTance  de  mari  ,  les  feptuàgénaires  ,  les 
Prêtres  &:  Diacres,  ne  font  point  contrai%nables  par 
corps.  UCF  II  faur  en  exceprer  les  marchandes  pn« 
bliqiies,  pour  leur  négoce  ou  pour  ftelliônnat  procé- 
dant de  leur  fait.  Hors  delà  ce  mot  n'eft  point  en 
u  fa  ge. 
ip^CÔNTRAINDRE.  v.  a.  Je  contrains.  Je  contr ai- 
gnis^^'^xi  contr aint,)c  contraindrai-,  q\.\c]s contraigne, 
que  je  contr ai^niffe  ,  contraignant.  Obliger ,  forcer , 
violenter,  C'eft  ainii  qu'on  nous  préfente  ces  quatre 
mots,comme  pouvant  figurer  l'un  pour  rautre,quoi- 
qu'ils  ne  fe  re/femblcnt  que  par  une  idée  générale  & 
commune  ,&  qu'ils  aienr  les  uns  &  les  autres  une 
idéeacceffoire  &  particulière  qui  les  diftingue  &  les 
caraétérife.Ils  expriment  tous,  une  adtionqi\i  donne 
plus  ou  moins  atteinte  à  la  liberré.  Celui  de  con^ 
trainte  ,  dir  M.  l'Abbé  Girard  ,  femble  mieux  con- 
venir pour  marquer  une  atteinte  donnée  à  la  liberté 
dans  le  temps  de  la  délibération,  par  des  oppofitions 
gênantes,  qui  font  qu'on  fe  détermine  conrre  là  pro- 
pre inclination,  qu'on  fuivroit  Ç\  les  ir.oyens  n'en'-, 
étoient  pas  ôrcs.  Cogère.  Voyez  les  autres  mors.  Le 
fexe  le  plus  foible  &  le  plus  docile  eft  celui  qui 
aime  le  moins  icnt  contraint.  Dieu  n'a  pas  voulu 
contraindre  uouc  liberté.  C'cft  touiours  un  mal  de. 
contraindre  au  mal,  &  toujours  un  bien  de  contrain-  ' 
dre  au  bien.  L'erreur  n'a  pas  dro:r  de  contraindra  '■, 
c'eft  un  privilège  réfervé  à  la  vérité.  Jur.  On  le  con- 
traignit àz  ,  ou  à  faire  relie  chofe.  La  ncceiîité  co«- 
tranit  la  loi ,  contraint  Ac"  palfer  par  delfus  la  loi. 
Ce  mor  vi^nrdu  latin  conJtrin<rere. 
§Cf  Contraindre  feditauffientermesdePalais^pout 
dire,  forcer  par  Juftice  ,  par  quelque  voie  de  droit 
à  faire  quelque  ciiof-.  Si  vous  ne  me  payez  pas  ,  Je 
vous  ferai  contraindre.  Il  fera  contraint  par  toutes 
voies  dues  &:  raifo'inables ,  par  faifie  &  exéGution  de 
fcs  biens ,  par  corps. 
§CrCoNTRAiNT£  fignifie  quelquefois feplementobli-' 


S6^ 


CON 


CON 


get  quelqu'un  à  quelque  forte  de  retenue,  qui  l'em-  ( 
pêche  de  taire  ce  qu'il  voudroit ,  ce  qui  Icroit  de  fon 
goût.  Vous  voulez  aller  en  tel  endroit ,  je  ne  pré- 
tens  pas  vous  contraindre. 
Ip-  On  le  dit ,  à  peu  près  ,  dans  le  même  fens ,  pour 
prcifer,  gêner,  incommoder.  La  religion  nous  con- 
traint ,  &  ne  nous  aflujettic  pas  allez.  S.  EvR.  L'am- 
bition contraint  quelquefois  l'amour,  &  ne  l'ccouffe 
guère.CoB-N,  Il  n'efl:  pas  jafte  que  la  femme  foitcow- 
trainte  fous  le  joug  d'une  cxadle  ridélitc,  tandis  que 
l'époux  prodigue  ailleurs  fon  amour  conjugal.  S.Ev. 
Un  bienfait  tft  une  chaîne  délicate  qui  lie  notre  cœur, 
&  contraint  ce  beau  feu  Si  ces  hcureufcs  hardieilcs , 
fans  quoi  l'orateur  eft  froid  &:  languiiram.  Id.  En 
Poëfie  la  rime  contraint  fouvent  la  railbn. 
|p°  Contraindre,  dans  un  fens  rigurc  ,  fynonime 
de  ferrer ,  mettre  à  l'étroit.  Cette  chaufTure  lui  con- 
traint les  pies.  Stringere,  promere.Czt  habit  le  con- 
traint fi  fort,  qu'il  n'a  pas  fes  mouvemens  libres.  Il 
vouloir  agrandir  fon  jardin  ,  fa  maifon  -,  mais  il  eft 
contraint  par  la  montagne  ,  par  le  grand  chemin. 
An^ujiari. 
|Cr  Contraindre,  (  Se  )  fe  gêner,  fe  retenir  ,  fe 
faire  violence,  réprimer  cerrains  mouvemens.  Con- 
tinerefc ,  reprimere  fe  ,  coérccre.  Tout  libre  qu'il  eft, 
il  fait  fe  cowrrainire  quand  il  en  eft  befoin.  Il  faut 
fe  contraindre  devant  fes  Supérieurs.  La  peine  de  le 
contraindre  ne  doit  point  paroître  fâcheufe,  quand 
il  s'agit  d'éviter  un  mal  qui  arriveroit  pour  s'être 
donné  trop  de  libertés 
ffj"  Contraint  ,  ainte.  part.  Foyei  le  verbe.  C'cft 
proprement  celui  dont  la  liberté  eft  combattue  par 
des  oppofitions  gênantes, qui  font  qu'il  fe  détermine 
contre  fa  propre  inclinarion  ,  qu'il  fuivroit  ,fi  les 
moyens  n'en  étoient  pas  ôtés.   C'eft  pour  cela  que 
nous  n'aimons  pas  à  être  contraints, 
ffT  Contraint,  ainte,  adj.  (ignifie  gêné  :  dans  ce 
fens  il  eft  oppofé  à  naturel.  Air  contraint,  Pofture 
contrainte.  Il  a  l'air  contraint  dans  tout  ce  qu'il  fait, 
Toto  corporis  habita  minus  facili ,  parum  ad  natu- 
jam  accommodato.  Un  gcfte  contraint  eft  un  grand 
défaut  dans  un  Orateur.  Gejlits  minime  nativus.  Le 
foin  qu'on  prend  de  plaire  donne  un  air  contraint , 
&  je  ne  fai  quoi  d'étudié  qui  rend  encore  plus  défa- 
gréable.  Ch.  de  Mer.  L'air  grave  &  contraint  des 
Hfpagnols  fait  qu'il  n'entre  aucune  familiarité  dans 
leur  commerce.  S.  Evr.  Quand  on  a  t'efprit  libre  , 
tout  ce  qui  eft  contraint ,  tout  ce  qui  eft  cérémonie 
eft  ennuyeux.  M.  Se.  On  ne  perd  que  dans  le  com- 
merce du  monde  cette  contenance  embarraffée,  & 
ce   tout  contraint   qu'on   prend  dans  le  cabiner  & 
dans  la  folitude.  S.  Evr.  ^fT  On  le  dit  fîgurément 
du  ftyle  ,  du  difcours ,  des  ouvrages  d'efprir.  Vers 
cowf rai/if j,  ftyle,  difcours  contraints.  Toux,  zt  qui 
eft  contraint  déplaît ,  parce  que  tout  ce  qui  eft  cofi- 
traint  n'eft  pas  naturel ,  &:  il  n'y  a  que  le  naturel  qui 
ait  droit  de  nous  plaire.  Voye^  Naturel. 
1^  Contraint  fe  dit  aurtl  pour  ferré,  mis  à  l'étroit. 
Il  eft  contraint  dans  fes  habits ,  dans  lés  bottes.  La 
rivière  eft  contrainte  pat  ces  deux  pointes.  Coarcla- 
tus,  in  augujlum  conclufus. 

IJCT  En  mufique  ,  on  appelle  balTe  contrainte ,  Celle  à 
laquelle  le  composteur  aflujcrir  les  aurres  parties , 
êc  qui  fe  répère  ordinairement  de  quatre  mefures  en 
quatre  mefures.  Foyei^Ass^. 

§Cr  Contrainte,  f.  f. atteinte  portée  .à  la  liberté  dans 
le  temps  de  la  délibération ,  par  des  oppolkions  gê- 
nantes ,  qui  font  qu'on  fe  détermine  contre  fa  propre 
inclination.  Fis.hz  cœur  s'oppofe,  8c  fe  foulcvc 
naturellement  contre  la  contrainte,  S.  Evr.  Il  faut 
accoutumer  les  cnfans  au  refpeéï:  par  raifon  ,  &  non 
par  force.  Il  y  a  je  ne  fai  quoi  de  fervile  dans  la  con- 
trainte bc  dans  la  rigueur.  Mont.  La  force  &  la  cor> 
irainte  ne  fervent  qu'à  endurcir  la  confcience  ,  &  à 
déraciner  la  piéré  du  cœuf  des  hommes.  Claud. 
Nous  avons  tant  d'amour  pour  la  liberté,  que  ce  qui 
nous  clt  aifé  ,  quand  nous  Icfaifons  fans  contrainte-, 
BOUS  devient  infupportablc  fi  nous  y  fommes  forces. 


Ch.  de  Msb..  La  confiance  qu'il  prenoit  en  môî",  me 
faifoit  prendre  des  rcfolutions  plus  auftères  qu'au- 
cune contrainte  n'auroit  pii  faire.  P.  de  Cl.  C'eft  une 
nullité  à  un  conrrat ,  d'avoir  été  fait  par  contrainte. 
Contrainte  ,  terme  Dogmarique  ,  violence  qui  eft 
faite  à  la  liberté  par  un  principe  extérieur,  ou  qui 
eft  hors  de  nous.  Coacïio,   Pour  être  véritablement 
libre  ,  il  ne  fuffit  pas  d'être  exempt  de  contrainte  ^ 
îl  faut  auflî  l'être  de  néceinté.  La  volonté  ne  fouffre 
jamais  de  contrainte  dans  fes  propres  aélions ,  car 
elle  veut  toujours  ce  qu'elle  veut.  Voyet^  Liberté. 
Contrainte  fe  dit  aulfi  de  la  retenue  que  la  confidé- 
ration  &  le  refpeét  nous  obligent  d'avoir.  A  la  table 
des  grands,  on  eft  dans  une  grande  contrainte  ,  dans 
une  grande  retenue.  L'épanchement  de  cœur  que 
permet  l'amitié  eft  d'autant  plus  fenfible  ,  qu'il  a- 
doucit  la  contrainte  du  monde,  où  l'on  eft  toujours 
en  fpeftacle.  Sous  prétexte  d'obferver  les  bienféan- 
ccs ,  il  ne  faur  pas  vivre  d'une  manière  gênante  ,  ni 
fe  tenir  dans  une   contrainte  mélancolique.  Bell. 
Tout  ce  qui  a  l'air  de  contrainte^  eft  extrêmement  op- 
pofé à  la  liberté  natutelle  des  François.  Id.  La  vertu 
eft  naturellemenr  auftère ,  par  la  contrainte  qu'elle 
impofe  au  cœur  ,  en  réprimant  fes  défirs.  P.  Rap. 

JJ  amour  fuit  la  contrainte 
De  tous  ces  noms  que  fuit  le  refpecl  &  la  crainte^ 

Rac^ 

I  §cr  Ce  mot  convient  etiCore  quand  il  eft  queftion 
d'exprimer  la  gêne  où  l'on  eft  quand  on  eftrrop  ferré 
dans  fes  habits.  Votre  habit ,  vos  fouliers  vous  font- 
trop  éttoits ,  vous  devez  être  dans  une  grande  con- 
trainte ,  comment  pouvez- vous  fouffrir  cette  con- 
trainte î  Acad.  Fr. 

On  le  dit  aulfi  en  parlant  du  ftyle,du  langage.  On 
fe  dégoûte  bientôt  d'une  certaine  contrainte  de  lan- 
gage ,  que  l'on  tâche  de  faire  reffembler  au  naturel , 
tour  étudié  qu'il  eft.  Val.  Un  Auteut  doit  prendre 
garde  à  ne  pas  étouffer  fon  propre  génie  fous  la  co/z- 
trainte  de  l'imitation.  Il  lui  échappe  quelquefois  (à 
M.  la  Duchefle  du  Maine  )  des  produélions  d'un 
goût  favanr  &  délicat ,  où  fe  font  fentir  à  la  fois  la 
fineflé  &  la  nouveauté  des  penfées  ,  le  charme  de 
l'cxprelîion  ,  &  fur  tout  cet  air  aifé  ,  libre  des  con-^ 
traintes  de  l'art.  Rare  préfent  de  la  nature,  que  ne 
fupplée  point  le  plus  profond  favoir.  Mariotte. 

1^  Contrainte,  en  rermes  de  Pratique  ,  exprime 
toutes  les  voies  que  l'on  peut  employer  pour  forcer 
quelqu'un  à  faire  une  chofe  .à  laquelle  il  eft  oblige 
ou  condamné.  Il  lignifie  auifi  le  ritre  même  qui  donne 
le  droit  d'ufer  àz  contrainte  ,  jugement,  ordon- 
nance. Acte  en  vertu  duquel  on  peut  forcer  quel- 
que chofe.  Potefias  cogendi  alicujus  ad  faciendum 
alijuid per  fententiamjiidicis  data.  On  a  mis  la  con- 
trainte  entre  les  mains  desSergens.On  a  délivré  des 
contraintes  pour  le  payement  de  ces  taxes.  Tcrus  les 
exécutoires  de  Juftice  font  des  contraintes,  L'Or- 
donnance de  Moulins  avoit  introduir  une  contrainte 
par  corps  après  les  quatre  mois  :  elle  eft  abolie  à  l'é- 
gard des  dettes  civiles  par  l'Ordonnance  de  iiîiSt, 
excepté  pour  les  dépens  au  defllis  de  loo  liv.  Il  a 
fallu  obtenir  une  contrainte  pour  faire  fortir  ce  lo- 
cataire d'une  telle  maifon.  Foye:^  Corps. 

Contraire,  adj.  m.  Se  f.  terme  relatif,  fe  dit  des 
chofcs  qui  ont  une  nature,  ou  des  qualités  entière, 
ment  différentes  &;  oppofées ,  qui  fe  détruifent  l'une 
l'aurre.  Contrarias.  Les  corps  fe  compofent  &  Ce  dé- 
truifent par  les  qualités  contraires  des  élémens.  Le 
feu  eft  contraire  à  l'eau  ,  le  blanc  au  noir. 

Contraire  fe  dit  auifi  en  chofes  morales,  dans  la  fî- 
gnification  d'oppofé.  Les  Commentateurs  fe  don- 
nent la  torture  pour  accorder  les  loix,  les  textes  cor!' 
traires  qui  fe  détruifent.  Cer  Auteur  eft  contraire  i 
lui-même  ,il  fe  contredir.  ylfe  ipfo  dijfentit.  Scot  & 
S.  Thomas  font  prefque  toujours  d'un  avis  contraire. 
Les  doutes  &  les  incertitudes  font  les  effets  d'une 
confcience  agitée  par  des  mouvemens  contraires, 
Pa;on.  Cet  homme  m'eft  toujours  contraire.  Ils 


CON 

font  toujours  contraires  l'un  à  l'autre  >  d\in  parti 
oppofc. 
fer  On  dit  en  ce  fens  ,  avoir  le  vent  contraire  ,  ad- 
verfo  uti  venta ,  lorfqu'il  eft  oppofé  à  la  route  qu'on 
veut  tenir,  qu'il  n'eftpas  favorable  à  la  navigation  ; 
&  avoiir  la  fortune  contraire ,  quand  elle  ne  nous  fa- 
vorife  pas. 
ffT  Contraire,  dans  la  fignifîcation   de  nuifible, 
préjudiciable.  Noxins  ,  nocens  ,  nociviis-,  infejius.  11 
~y  a  des  alimens  contraires  à  certains  tempcramens. 
L'ufage  du  vin  efl;  contraire  à  certaines  petlbnnes , 
ic  falutaire  à  d'auttes.  Prelque  tous  ks  remèdes  font 
contraires  à  la  poitrine.  Tout  excès  elt  contraire  ilà 
fan  ré. 

|CF  En  Jurifprudence  on  appelle  faits  contraires,  des 
faits  oppofcsles  uns  aux  autres,  comme  quand  le 
demandeur  &  le  défendeur  prétendent  qu'ils  ont , 
l'un  à  l'exclufion  de  l'autre,  la  propriété  d'une  choie. 
On  dit  que  les  parties  font  appointées  en  faits  con- 
traires ,  quand  on  leur  permer  de  faire  preuve  rel- 
pedive  de  leurs  fairs.  Contredits  en  faits  contraires, 
les  écrirures  qui  contiennent  ces  preuves. 

§3"  On  dit  encore  défenfes  au  contraire ,  quand  on  fe 
réferve  à  alléguer  en  temps  &  lieu  des  raifons  con- 
traires aux  prétentions  d'une  autre  perlbnne. 

fCF  En  logique ,  on  appelle  propofitions  contraires , 
celles  qui  ne  font  point  oppofces  en  quantité ,  c'eft- 
à-dire,  par  rapport  à  leur  étendue  (  ^oye^  étendu), 
mais  feulement  en  qualité  ,  c'eft-à-dire  ,  par  rap- 
port à  l'affirmation  &  à  la  négation.  Par  exemple , 
tous  les  hommes  font  juftes  ;  nul  homme  n'efi:  jufte. 
Deux  propofitions  contraires  peuvent  être  toutes  les 
deuxfauffes ,  mais  ne  fauroiem  erre  toutes  les  deux 
vraies.  Elles  diffèrent  des  propolîrions  contradiétoi- 
res.  f^oye:^  ce  mot  &  oppofition  des  propoîirions. 

§Cr  Contraire  s'emploie  aufli  iubftanrivement  pour 
iîgnifier  une  chofe  oppofée.  Vous  faites  le  contraire 
de  ce  que  vous  avez  promis.  Contra  ac,contrà  atque, 
contra  quatnpromiferas.  Y OU.S  foûtenezcela;  jeloii- 
tiens  le  contraire.  Contraeo.Je  vous  prouverai  le  con- 
traire quand  vous  voudrez.  La  raifon  humaine  eft  fi 
foible,  qu'elle  croit  également  les  deux  contraires. 
Contrarias  partes  amplecîi. 

gCr  On  dit  tamiliéremsnt  ,  aller  au  contraire  d'une 
choie,  s'y  oppofer,  contredire.  Puifque  vous  voulez 
partir ,  perlbnne  n'ira  au  contraire. 

ffj'  Contraires,  en  termes  de  l'École  ,  fe  dit  dans 
une  lignification  plus  précife  des  qualités  qui  font  di- 
reélement  oppofées  fous  un  même  genre  ,  qui  ne 
fauroienr  erre  enfemble  dans  le  même  lliie't,  qui  s'en 
excluent  mutuellement,  comme  le  froid  &  le  chaud, 
le  {'ce  &  l'humide  ,  le  dur  &  le  fluide  ,  &c.  le  froid 
&  le  chaud  font  àç\i^contraires.  Calor  &  frigiisj'uut 
duo  contraria.  Le  feu  eft  le  contraire  de  l'eau.  Ignis 
aqiiœpugnax. 

Contraire  ,  en  ce  fens ,  eft  un  terme  Dogmatique  , 
qu'on  emploie  en  Théologie  ,  au  Palais  ,  en  Philo- 
fophie ,  en  Rhétorique.  Par  la  raifon  des  contraires. 
A  contrario.  Puiique  les  gens  de  bien  font  iauvés , 
par  la  raifon  des  contraires ,  les  libertins  feront  dam- 
nés. Si  les  corps  dont  la  fupcrficie  eft  âpre  &  rudc'ne 
Tcnvoienr  point  de  lumière  ,  les  corps  polis  doivent 
par  la  raifon  des  contraires  la  réfléchir.  Si  un  père 
deshérite  fes  enfans  lorfqu'ils l'ont  outragé,  on  doit 
préfumer  pat  la  raifon  des  contraires  qu'il  ne  l'a  pas 
fair ,  s'ils  ne  lui  ont  jamais  manqué  de  refpeft.  Le 
Père  Bourdaloue  a  employé  avec  fuccès  dans  fes  fer- 
imons  cette  manière  de  prouver  par  la  raifon  des 
contraires. 

§3"  Contraire,  (  Au  )  adv.  tout  autrement ,  d'une 
manière  oppofée.  Vous  direz  qu'il  étoit  parri  ;  au 
contraire ,  il  paflera  ici  l'Eté.  Tant  fans  faut  que  cela 
foit  comme  vous  le  dites,  qu'<z«  contraire,  ôcc.  Tan- 
tàm  ab  efi  ut  è  contra... 
ÇONTR'APPLËGEMENT  ,  f,  m.  terme  de  Coutu- 
mes ,  c'eft  une  oppofition  aux  applégemens  ,  ou 
complaintes  de  celui  qui  veut  rentrer  en  poflcfllon 
d'un  héritage. 

■ÇONTR'APPLEÇER ,  tecmç  de  Coutumes ,  c'eft  de 


CON  86-J 

la  part  d'un  homme  iaii!  d'un  héritage  dont  il  jouir, 
s'oppoler  aux  complainrcs  de  celui  qui  veut  rentrée 
dans  l'héritage. 
IfT  CONTRARIANT  ,  ANTE  .  adj.  qui  eft  d'hu* 
meur  à  contrarier ,  à  dire  ou  faire  le  contraire  de  ce 
que  les  autres  difent  ou  font.  Diffentiens  ab  aiiis, 
repugnaic.  Efprit  contrariant.  Humeur  contrariante» 
C'eft  l'homme  le  plus  contrariant  que  je  connoiife. 
§3*  On  décide  dans  le  grand  vocabulaire  que  ce  mot 
s'emploie  auHi  fubftantivement.  Ce  contrariant  la 
pefécute.  N'en  croyez  rien  ,  fi  vous  voulez  parler 
correctement. 

IJCrCoNTRARiANTauncfignification  plus  étendue  que 
contredifant.  Il  paroît  auili  marquer  un  peu  d'humeur, 

|Cr  En  Angleterre  on  appelle  contrarians  ceux  qui 
prirent  patti  avec  le.Comte  de  Lancaftre  contre  le 
R(t)i  Edouard  II.  Le  crédit  dont  ils  joui/foient  fit 
qu'on  n'ola  leut  donner  le  nom  de  rebelles. 

CONTRARIER  ,  v.  a.  dire  ou  faire  le  contraire  de  ce 
que  les  aurres  dilént  ou  font.  Adverfari,  repugnare 
a/icui.Les  VhWoCophesic contrarient  en  toutes  chc- 
fcs,(buvent  ils  fe  contrarient  eux-mêmes.  Les  grands 
Seigneurs  ne  veulent  point  être  contrariés.Cet  boni- 
me  contrarie  tout,  &  abfolument  ne  fait  que  contra- 
rier. 

Contrarier,  fignifieaufTi,  s'oppofer|p"  à  quelqu'un 
dans  lés  delfeins,  dans  l'es  volontés.  Adverfari  ,ob- 
Jiare  ,  ohjijlere.  Il  me  contrarie  dans  rout  ce  que  je 
veux  entreprendre  ,  dans  tous  mes  deifeins. 

Contrarié,  ée.  part. 

On  dit  fur  la  mer,  être  contrarié  par  le  vent  ;  pour 
dire ,  avoir  le  vent  contraire  à  la  route  que  l'on  veut 
tenir. 

CONTRARIETE ,  f.  f.  combat ,  oppofition  entte  des 
choies  contraires.  Repugnantia ,  dijcrcpantia.  Il  fe 
dit  tant  au  propre  qu'au  figuré  ,  de  rout  ce  qui  a  été 
dit  ci-deiius  des  choies  contraires  ,  des  vents ,  des 
élémens  ,  des  qualités,  desloix,  des  palfages,  des 
avis ,  ùc.  A  moins  que  la  foi  n'affiijétiile  notre  rai- 
fon ,  nous  paffons  la  vie  dans  une  contrariété,  per- 
pétuelle de  fentimens  :  à  croire,  &  à  ne  croire'poinr. 
S.  EvR.  L'efprit  de  l'homme  ,  s'ctant  révolté  con- 
tte  Dieu  ,  fes  fens  fe  font  lévoltés  contre  lui  ;  &  de- 
là viennent  ces  contrariétés  que  nous  lentons  en 
nous-mêmes ,  &  cette  guerre  continuelle  que  nous 
fbmmes  obligés  de  Ibûtenir  contre  nous-mêmes. 
ElÉch.  La  contrariété  de  fentimens  fait  naître  une 
certaine  aigreur,  qui  engendre  de  raverfion,&  quel- 
quefois des  querelles.  Bell.  Il  n'y  a  point  de  fym- 
pathie  qui  ne  foit  mêlée  de  quelque  contrariété, 
S.  EvR.  Où  eft  l'homme  fi  unilbrme,qui  ne  lailfe  voir 
de  l'inégalité  &  delà  co«r^r/e/e' dans  fes  ad;ions  î 
Id. 

Contrariété  ,  en  termes  de  Palais,  fe  dit  de  l'allé- 
gation des  faits  contraires,  fur  lefquels  on  donne 
un  appointement  de  contrariété  poaï  permettre  aux 
parries  d'en  faire  preuve, chacun  de  fon  côté. 

On  appelle  aufli  'contrariété  d'arrêts ,  deux  arrcrs 
qui  font  rendus  en  diffcrents  tribunaux  entre  mêmes 
parries ,  &fur  le  même  fait ,  qui  ont  des  difpofitions 
conttaires  ■■,  &  en  ce  cas-là  la  connoiffance  en  eft  at- 
tribuée au  Gtand-Confeil. 

§3"  II  faut  remarquer  que,  pour  que  l'onpuifie  fe  pour- 
voir au  Grand-Conleil  en  contrariété  d'arrêts ,  il  faut 
que  ces  arrêts  foient  rendus  fur  les  mêmes  demandes. 

Contrariété  fignifie  aufîi  obftacle ,  difficulré  qu'on 
trouve  en  la  pourfuire  de  quelque  chofe.f^Dans  ce 
fens  ,  il  s'emploie  plus  ordinairement  au  pluriel. 
Mora,  difficu/tas,  impedimentum.  C'eft  un  beau  def- 
fein  que  la  réforme  de  la  cljicane ,  mais  on  'a  à 
elfuyer  bien  des  contrariétés  dans  l'exécution.  Cette 
propofirion ,  cette  affaire  a  paffé  après  bien  des  con- 
tradictions. 

§a-  CONTRASTE,  f.  m.  Ce  mot  fignifie  différence , 
oppofition  qui  fe  trouve  enrre  certaines  chofes.  On 
le  dit  parriculièrement  en  Peinture  ,  en  Architec- 
ture, è'c.  Les  contrajies  Ce  donnent  du  relief  jpat; 
ieur  oppoiiîion^ 


ts^ 


C  ON 


C  ON 


i 


Pour  le  divorce  qu'amènent 

Ces  contraftcs  douloureux , 

Où  les  eUmens  reprennent 

Tout  ce  qu'on  a  reçu  d'eux  , 

Referve^^  ce  front  tranqudle.^^^  c.s-Moul. 


Comment  le  C.  de  V.  fcra-t-il  pour  concilier  des 
tontruHes  aufli  bizarres  &c  au.li  diamctra  ement  op- 
pofcsî'NoRM.  Des  contrajtes  dianTCcralemcnt  op- 
polcs  !  Concilier  des  contrajhs  !  Quand  on  veut 
taire  des  métaphores,  il  faut  les  taire  Iclon  la  na- 
ture des  choies.  Les  contrats  ne  lont  point  faits 
pour  être  conciliés,  ce  ne  lont  point  choies  a  être 
conciliées ,  ce  font  chofes  au  contraire  a  refter  tou- 
)oms  contr.:Jies  ,  toujours  oppofées ,  pour  produire 
leur  effet,  qui  eft  de  le  donner  du  relief  parleur 
oppofition.  Gardons-nous  de  tout  ce  néotcrilme  mal 
entendu.  On  concilie  des  contradictions,  on  ne  con- 
cilie  point  des  contrafies. 
Contraste  ,  en  termes  de  Peinture  Se  d'Architefture, 
'    ie  dit  de  la    différente  polition  des  figures  ,    qui 
donnent  de  la  variété  dans  un  tableau  pat  les  dif- 
férentes attitudes  :  comme  lorlque  dans  un  grouppe 
de    trois    figures ,    l'une  ie  tait  voir  par  devant , 
l'autre  par  ^derrière  ,  &  la  troihcme  par  le  cote , 
on  dit  qu'il  y  a  du  contrafie.    Cd\   l'oppohtion 
foit  entre  le  caradère  des  ligures ,   foit  entre  les 
paities  d'une  même  ligure,  foit  entre  les  couleurs. 
Status,  habitus  ,  ftus ,  gefius ,  varutas.  Le  /o«- 
trajîe  eft  la  plus  ç^rande  beauté  d'un  tablau.  M.  de 
ï^iles  ,    dans    Ion    Cours    de   Peinture ,    définit  le 
contrajle  ,   une  oppofition  des  lignes  qui  forment 
les  objers  par  laquelle  ils  fe  font  valoir  l'un  l'autre. 
Ce  Peintre    entend  bien  le  contrap.   Il  faut  ob- 
server  le    contrap  dans  les  figures  :  c'eft  ce  qui 
donne  de  l'ame ,   de  l'énergie  au  fujet ,    de  l'ame 
&  du  mouvement  à  toutes  les  parties  d'une  com- 

pofition.  ^ 

fKF  Hn  Littérature  ,    on  dit  contrap  de  pallions  ; 
pour  dire,  combat  de  pallions,  paffions  oppofees. 
Il  y  a  dans  cette  Tragédie  un  contrajîe  de  pallions  , 
qui  fait  un  très-bel  effet.  Acad.  Fr.  P^oyei  Passion. 
|13"  On  dit  de  même  contrap  de  caradères ,  de  fen- 
'  timens  -,  oppofition  de  ca'radères ,  de  fcntiment. 
ÊCr  En  Mufique  ,  on  dit  qu'il  y  a  contrap  dans  une 
pièce  ,  quand  le  mouvement  paflé  du  lent  au  vite  , 
du  vite  au   lent  -,  lorfque   le  diapafon  de  la  mé- 
lodie  paffe  du  giave  à  l'aigu  ,  de  l'aigu  au  grave -, 
lorfque  le  chant  paffe  du  doux  au  fort ,  du  fort  au 

doux ,  &c. 

Ce  mot  vient  d'Italie ,  &  il  ell  tiré  du  latin  con- 
traliarAo  :  c'e^  le  fentiment  de  M.  Huer. 
ÊCr  CONTRASTER  ,  v.  a.  terme  de  Peinture   & 
de  Sculpture  ,  taire  un  contrafte  ,  varier  les  cou- 
leurs ,  la  difpofition  des  objets ,  le  caraïaère  ,  les 
attitudes-  des  fiffures.  Variare  fitum  ,  ptum -,  ha- 
hitum  ,  gejiurn.  'il  n'y  a  qu'un  habile  Peintre  qui 
fâche  contrajler  les  figures ,  contrapr  les  têtes ,  &: 
leur  confervet  un  air  naturel. 
Contraster  fe  dit  aulTi  d'une  figure,  lorfque  dans 
fon  attitude  les  membres  font  oppofés  les  uns  aux 
autres ,   qu'ils  fe  croifent ,  ou  qu'ils  fe  portent  de 
différens   côtés.    Cette  figure   eft  bien  contrape. 
De  Piles, 
etr  Contraster  eft  aulTi  neutre.  Ces  figures  con- 
traftent  bien  enfemble.   Cette  fiïure  ne  contrap 
pas  bien   avec  celle-là.  Cette  tête  contrap   bien 
avec  l'autre. 

On  dit  figurément,  en  parlant  d'un  Poème  , 
que  le  Poëte^  a  bien  contrap  fes  perfonnages ,  que 
tels  &  tels  caractères  contrapnt   bien   enfemble. 

Acad.  Fr.  1-740. 
Contraster  ,■  en  Architedure  ,  fignifie  éviter  lare- 
pétition  de  la  même  chofe  ,  pour  plaire  par  la  va- 
riété ,  comme  on  a  fait  à  la  grande  galerre  du 
Louvre ,  où  les  frontons  font  alternativement  cin- 
trés &  angulaires. 


Contraster  fe  trouve  auffi  dans  Pomey  pour  dé- 
battre, quereller.    Jltercari,  contendere,  rixar  h 
Mais  dans  ce  fens  il  n'eft  point  ufitc. 
Contrasté  ,  ée.  part. 

'Xr  CONTRAT,  f.  m.  Dans  le  Droit  françois ,  c'clt 
toute  convention  faite  entre  deux  ou  plUlieurs  per- 
fonnes ,  par  laquelle  toutes  s'obligent  réciproque- 
ment l'une  envers  l'autre  ,    ou  une  feule  d'entr'- 
elles   s'oblige  envers  les   autres,    à  donner  ou  à 
faire   quelque  choie  qui  n'cft  point  contraire  aux 
loix  ni  aux  bonnes  mœurs.  Paclum ,  paclio ,  con- 
ventum,  conventio.    Les  Jurifconfultes  fe  fervent 
aufli  de  contraclus.  Les  ventes,  échanges-,  dona- 
tions, baux  &:  tranfaclions ,  font  diverfes  efpcces 
de  contrats.  Dans  le  mariage ,  il  y  a  le  contrat  ci- 
vil ,  qui  eft  le  confcntement  des  parties  -,  &  le  Sa- 
crement ,  qui  eft  la  bénédidion  du  Prêtre.  Dans 
le  Droit,  on  diftingue  les  contrats  de  bonne  foi, 
d'avec  ceux  qui  font  de  Droir  étroit  &  de  rigueur. 
C'eft  une  maxime  de  Droit ,  que  d'un  contrat  nul 
on    ne    doit  aucuns    droits    Seigneuriaux.    Tout 
contrat  qui  peut  être  caflé  ,  n'eft  pas  pour  cela  nul 
de  droit.  Les   contrats  nuls  de  droit,   font  ceuS 
que  la  loi  défend  de  faire  ,  &  qu'elle  déclare  nuls 
en  cas  qu'ils  Ibient  faits  ;  tels  font  les  contrats  faits 
avec  des  mineurs  fans  décret ,  ni  autoriré  de  Ju- 
ftice  ,  les  aliénations  des  biens  d'Eglife  fans  les  for- 
malités requifes ,   la  vente  qu'une  femme  mariée 
fait  de  fes  biens  fans  autorité  de  fon  mari.  Le  con- 
trat gracieux  n'eft  point  fujet  à  vente  durant  la 
gtace.  On  dit  que  les  contrats  au  commencement 
îbnt  volontaires ,  mais  quand  ils  fonr  paffés ,  ils 
font  nécclTaires  -,  pour  dire  ,  qu'on  eft  libre  de  les 
fkire,  &  qu'on  eft  obligé  de  les  garder  quand  ils 
font  faits-  ,     . 

Contrat  fignifie  aufll  l'inftrument  par  cent  qui 
ferr  de  preuve  du  confcntement  donné  ,  &  de  l'o- 
blii^ation  pallee  par  les  parties.  Les  contrats  ne 
ponent  hypothèque  que  du  jour  qu'ils  font  partes 
ou  reconnus  par  devant  Notaires.  On  a  fair  grof- 
foyer  ce  contrat ,  Se  on  l'a  fait  fceller.  Il  faut  faire 
infinuer  les  contrats  de  donations  ,  faire  ratilier 
en  majorité  les  contrats  faits  par  les  mineurs.  Toute 
la  bonne  opinion  qu'on  peut  avoir  du  plus  hon^ 
nète-homme  du  monde,  n'eft  point  bleffee  paf 
les  précautions  d'un  contrat.  S.  Evr.  « 


Les  connais  font  la  porte 
Par  où  la  noife  entra  dans  l'Univers. 

La  Font,- 

Contrats,  (Les  )&  tous  les  ades  volontaires  chez 
les  Romains ,  croient  écrits  par  les  parties  mêmes 
ou  par  quelqu'un  des  témoins  ou  par  un  Secrétaire 
Ecrivain  domeftique  de  l'une  des  parties ,  que  l'on 
nommoit  ^iotaire  ,  maïs  qui  n'étoit  point  homme 
public,  comme  aujourdh'ui  chez  nous.  Cet  ulage 
paffa  dans  les  Gaules  avec  la  domination  romaine, 
&  continua  fous  nos  premiers  Rois.  Les  anciennes 
Formules  de  Marculphe ,  &  celles  qui  ont  depuis 
été  recueillies  par  d'autres  Auteurs,  nous  en  rendent 
un  témo's;nage  qui  ne  peut  être  fufped.  Le  Ma- 
giftrat  auquel  ces  Ecritures  éroient  enfuite  appor- 
tées ,  &  qui  leur  donnoit  l'autorité  publique  ea 
les  recevant  au  nombre  des  acTies   de  fa  Juridic- 
tion ,d^wdf  acla.tn  faifoirênfuite  délivrer  aux  par- 
ties des  expéditions  écrites  &  fcellées  de  Ion  fecau , 
par  fes  Clercs  ou  Greffiers  domeftiques.  Nos  Rqis 
appliquèrent  à  leur  domaine  ce  qui  étoir  payé  pout 
ces  expéditions  -,  le  Maçiftrat  étoit  chatge    d'en 
rendre  compte.  Saint  Louis,   voulant  debarralTer 
le  Prevôr  de  Paris  de  rout  ce  qui  pourroit  avoir 
quelque  rapport  à  la  finance ,   créa  foixante  No- 
taires en  titre  d'OfSce ,  pour  recevoir  tous  les  actes 
volonraires  de  fa  Jurididion. 
Contrat  de  direction  ,   eft  un  contrat  qui ,  fur  1  a- 
bandonncment  des  biens  ,  qui  a  été  fait  par  un  dé- 
biteur .1  les  créanciers ,  fe  palTe  entr'eux  ,  par  le- 
g^uçi,  pour  çmpêçhei  9iUS  les  bieus  nefoientcon- 


C  O  N 


filmes  en  frais ,  ils  conviennent  qu'ils  foient  ven- 
dus entr'eux  à  Tamiable. 
Contrat  mohatra.  Les  Cafuifles  donnent  ce  nom 
au  gain  illicite  que  font  les  Marchands  ,  en  ven- 
dant leurs  marehandifes  à  plus  haut  prix  qu'elles 
ne  valent ,  &  en  les  faifant  enfuice  racheter  pour 
leur  compte  ,  par  des  perfonnes  interpofées ,  à  plus 
bas  prix  qu'ils  ne  les  ont  vendues.  Voyc^  Mo- 
hatra. 

En  termes  de  Marine  ,  on  appelle  un  contrat 
à  la.  grojfe  (  on  foufentend  aventure  )  ou  à  retour 
de  voyage. ,  une  efpèce  de  focictc  entre  deux  par- 
ticuliers ,  dont  l'un  envoie  des  effets  pat  mer ,  & 
l'autre  lui  fournit  une  fommc  d'argent ,  à  condi- 
tion on  de  la  retirer  avçc  un  certain  profit  en  cas  de 
bon  voyage  i  &  de  la  perdre ,  i\  les  effets  pcrilîènt. 
Foyei  les  autres  efpcces  de  contrats  fous  leurs 
noms  particuliers. 
IJCr  Dans  une  lignification  plus  étendue,  contrat 
fe  prend  quelquefois  pour  toute  convention  faite 
entre  deux  ou  plufieurs  perfonnes.  Dans  cette  accep- 
tion on  dit  contrat  verbal ,  cowrr ^/tacite.  Acad.Fr. 

CONTRAVENTION  ,  f.  f  adlion  par  laquelle  on 
contrevient  à  une  loi,^à  une  ordonnance,  à  un  arrêt , 
à  un  traité  ,  à  un  contrat  qu'on  a  fait.  Legis ,  edic- 
ti  ,  prornijjî  violatio  ;  peccatum  adverfum  legeni  , 
ediclum  ,  fidem  datam.  On  n'eft  pas  affez  févcre  \ 
punir  les  contraventions  aux  contrats  &  aux  loix. 
Les  peines  portées  en  cas  de  contraventions  ne 
paffent  fouvent  que  pour  comminatoires.  On  ap- 
pelle comme  d'abus  quand  il  y  a  contraventions 
aux  Saints  Conciles  &  aux  anciens  Canons.  'Lti  con- 
travention au  Concordat,  donne  lieu  à  l'appel 
comme  d'abus.  Fevret. 

Ce  mot^  fe  prend  au  Palais  dans  une  lignifica- 
tion plus  étroite:  il  lignifie  alors  inexécution  d'une 
Ordonnance.  Contravention  dit  moins  que  préva- 
rication ;  contravention  n'eft  qu'un  effet  de  né"-li- 
gence  ou  d'ignorance. 

gcr  Contravention    fe    dit   particulièrement    des' 
fraudes  qui  font  coramifes  au  préjudice  des  droits 
du  Roi. 

CONTRAYERVA ,  f.  m.  plante  qui  croît  en  Char- 
cis  ,  Province  du  Pérou.  On  fait  ufage  en  Mé- 
decine de  fa  racine.  Elle  eft  rougeâtre'en  dehors, 
blanche  au  dedans ,  nouée  Se  fiijreufe.  Son  goût 
eft  aromatique  ,  accompagné  de  quelque  acri- 
monie. 

Ce  nom  qui  eft  efpagnol ,  compofé  de  contra , 
contre,  &  yerva  ,  proprement  herbe  y  fignifie 
contrepoifon,  à  caufe  que  les  Efpagnols  appellent 
yerva  y  l'ellébore  blanc,  du  fuc  duquel  les  Chaf- 
feurs  cmpoifonnent  leurs  flèches  dans  ce  pays-là. 

CONTRE ,  prépofition.  Quand  elle  eft  relative ,  elle 
fignifie  oppofition.  Contra,  adverjus ,  adverfum 
in  aliquem.  Il  plaide  pour  un  tel  ,  demandeur  , 
contre  un  tel,  défendeur.  Les  Chevaliers  com- 
battoient  autrefois  contre  tous  vermns.  Les  Au- 
teurs écrivent  fouvent  les  uns  contre  les  autres. 
Si  Dieu  eft  pour  nous  ,    qui  fera  contre  nous  > 

Contre  fe  dit  prefque  en  même  féns  de  l'enrière 
différence  qui  eft  entre  les  chofes ,  ce  qui  fait 
qu'elles  fe  choquent,  qu'elles  fe  détruifent.  Le 
(c:c  combat  contre  l'humide  ,  l'eau  contre  le  feu. 
Il  parle  contre  lui  -  même.  Cette  raifbn  fait  contre 
vous. 

§3"  On  dit  figurément  élever  autel  contre  autel , 
faire  un  fchifme  dans  l'Eglife  \  de  quelquefois  op- 
pofer  l'autorité  d'une  perfonne  puiffante  à  l'au- 
torité d'une  autre  qui  ne  l'cft  pas  moins. 

fC?  On  dit  proverbialement ,  c'eft  le  pot  de  terre 
contre  le  pot  de  fer ,  en  parlant  d'une  perfonne 
fans  crédit ,  fans  force  ,  qui  a  affaire  à  un  autre  qui 
en  a  beaucoup. 

Contre  fignifie  encore  ,  au  préjudice ,  fans  avoir 
égard.  In ,  contra  ,  adverfum  aliqueni  ,  nullâ  ha- 
bita rations  alicujus.  On  cafle  tous  les  ades  qui 
font  faits  contre  &  au  préjudice  des  défenfes  des 
Juges.  Il  a  fait  cette  entreprife  contre  tout  droit 
Tome  II, 


CON  26  f 

&  raifon.  Cela  s'eft  paffé  contre  mon  avis.  On  nô 
peut  pas  venir  contre  fon  fait,  faire  une  c'iofe 
contrau-e  a  ce  qu'on  s'eft  obligé  de  fUire.  Les  lucres 
font  homicides  s'ils  fbnt  mourir  quelqu'un  eortrc 
les  loix.  Pasc. 

Contre  fe  dit  aufîi  en  chofes  morales  &  fpirituelles. 
lldircela  contre  fa  penfée.  Il  parle  contre  fa  con- 
icience  ,  contre  le  bon  fens. 

^  Contre  ,  malgré  :  on  agir  contre  la  volo.-.t/-  od 
contre  la  règle  ,  &  malgrè'lcs  oppofitions. 

§C?  L'homme  de  bien  ne  fait  rien  contre  fa  con- 
fciencc.  Le  fcélérat  commet  le  crime  mahrc  la  pu- 
nition qui  y  eft  attachée.  " 

fCF  Les  valets  parlent  fouvent  contre  les  intentions 
de  leurs  maîtres  &  malgré  leurs  défenfes. 

IP"  Il  eft  plus  aifé  de  décider  contre  l'avis  &  le 
confcil  d'un  fage  ami ,  que  d'exécutet  malgré  la 
force  &  la  rcfiftance  d'un  puifîànr  ennemi.  La  ve- 
nte doit  toujours  erre  foîitenue  contre  les  raifon- 
nemens  des  favans ,  &  malgré  les  perfécutions  deS 
faux  zélés.  Syn.  Fr. 

^  On  dit  figurément ,  dans  le  ftyle  familier  ,  allée 
contre  vcnr  &  marée  ,  s'embarquer  dans  une  af- 
faire malgré  toutes  les  difficultés  ,  malgré  les  avis , 
les  confeils,  &c. 

IK?  Au  jeu  de  la  Bête ,  on  dit  faire  contre ,  lorf- 
qu'un  des  Joueurs  faifant  jouer ,  un  des  autres  dé- 
clare enfuite  qu'il  joue  aufll.  Celui  qui  fait  co/«re, 
s'il  perd,  petd  le  double  de  ce  qu'il  auroit 
gagné. 

ter  On  appelle  fubftantivement  le  contre ,  le  fécond 
des  Joueurs  qui  fait  jouer.  Le  contre  paye  double. 
Il  faut  nuire  au  contre  ,  le  faire  perdre  ,  fi  l'on 
peur. 

1^  On  dit  encore  fubftantivement  le  pour  &  le 
contre  d'une  affaire,  d'un  projet  ;  pour  dire,  le 
fort  &:  le  foible  ,  les  raifons  qui  fbnt  pour  &:  contre. 
Soutenir  le  pour  &  le  contre.  Difputare  verbis  in 
utramijue partem,  in  contrarias partes.Nous avons 
eu  une  feuille  périodique  intitulée  le  pour  &C 
contre. 

%Ç3'  En  termes  d'Efcrime  ,  parer  au  contre  ,  c'eft  pa- 
rer en  dégageant.  Si  votre  adverfaire  dégage  en 
alongeant  l'eftocade  de  quatre,  vous  dégagez  &C 
la  parez  de  tierce  ;  &  fi  l'eftocade  eft  de  tierce, 
vous  la  parez  de  quarte. 

|fc?  Contre  ,  f.  m.  terme  de  Formier  ,  inftrumenc 
long,  large  &  peu  tranchant  dont  fe  fervent  les 
Formiers  pour  fendre  leurs   bois.  Encyc. 

ifT  Contre  entre  dans  la  compofition  de  plufieurs 
yiots  de  la  langue  ,  comme  on  le  verra  par  les  ar- 
ticles fuivans. 

CONTREABLE  ,  adj.  du  vieux  langage  ,  con- 
traire. 

CONTRE-ALLEE,  (.  f.  allée  qui  en  accompagne 
une  plus  grande ,  dans  toute  fa  longueur.  Allée 
latérale  &  parallèle  à  une  allée  principale.  Voilà 
de  belles  contre -allées.  Cezzz  contre- allée  eft  fore' 
agréable.  Liger. 

CONTRE-AMIRAL,  f.  m.  eft  l'Officier  qui  com- 
mande l'arrière-garde  ou  la  dernière  divifion  d'uixe 
armée  navale.  Ultimce.  claffis  divifioni  imperans. 
Ce  n'eft  poinr  un  Officier  en  titre ,  mais  le  plus 
ancien  des  Chefs  d'Efcadre  qui  en  fait  la  fondfion. 
En  Hollande,  le  Contre-Amiral  eft  un  Officier 
des  armées  navales  de  Hollande.  C'eft  au  Contre- 
Amiral  à  avoir  foin  ,  que  durant  la  nuit ,  les  vaif- 
feaux  gardent  leur  ordre,  en  naviguant,  pour  ne 
fé  point  rencontrer. 

|KF'On  le  dit  auifi  du  vaiffeau  commandé  par  le 
Contre- Amiral.  Il  fervoit  fur  le  Contre- Am.irat. 
Le  pavillon  du  Contre- Amiral  eft  blanc,  de  fi- 
gure carrée,  &  s'arbore  à  l'artimon. 

CONTRE- APPEL,  en  termes  d'Efcrime  ,  appel  op- 
pofé  à  celui  que  l'adverfaire  a  fait ,  quand  on  op- 
polé  à  l'ennemi  finelîe  contre  fineffe  ,  &  qu'on  fait 
un  mouvement  tout  oppofé  ;  comme  s'il  fait  un 

RR-Rrr  ^ 


266 


CON 


CON 


appel  d'engagement  à  l'épce  pat  le  dcdatr; ,  on 
lui  en  fera  un  conuraire  pat  le  dehors.  Fi(ia  ac 
fimidat.t  adverfarii  petitio. 
CONTRE-APPROCHES ,    f.  f.  pi.  terme  de  l'Art 
militaire.  Ce  l'ont  des  lignes  ou  des  travaux  que 
font  les    affiégcs  -,    quand  ils   viennent  par  tran- 
chées rencontrer  les  lignes  d'attaque  des  alllcgeans. 
Aih'-rjk  foljx  cajirenfes. 
j^  CONTKE-AUGMENT ,  f.  m.  terme  de  Jurif- 
prudence»  Gain  de  fervice  en  faveur  du  mari  fur 
la  dot  de  la  femme.  Il  n'a  lieu  qu'en  vertu  d'une 
ftipulation  exprellè  j   excepté  dans  quelques  cou- 
tumes. 
CONTREBALANCER  ou  CONTRE-BALANCER, 
V.  a.  égaler  avec  des  poids,  enforte  qu'un  des  cô- 
tes de  la  balance   ne  l'emporte  pas   fur  l'autre  ; 
mais  il  n'eft  en  ufage  que  dans  le  fens  figuré  ,  &  fi- 
gnifie  j  IJCF"  compenfer  unechofe  par  une  autre.  On 
le  dit  en  parlant  de  la  proportion  qui  eft  entre  des 
choies  oppofées ,  en  matière  de  morale,  Ccmpen- 
j't.re  ,  aquare.   Ses  bonnes  qualités  contre-balan- 
ccnt   fes  défauts.  Le  mal  qu'a  fait  cet  homme-là 
contre-balance    bien   les   fervices  qu'il    a  rendus. 
Vous  jugerez  fi  des  aftes  de  cette  nature  peuvent 
contrebalancer  trois  ou  quarte  ac^es  d'une  foi  ir 
réprocliable.  Pat  ru.  Il  voulut  contrebalancer  cette 
perre  par  la  prife  d'une  ville.  Histoire  de  Louis 
XIV. 
CONTREBANDE,  f.  f.  On  défigne  par  ce  mot  tous 
les  effets ,  toutes  les  marchandifes  dont  le  com- 
merce eft  défendu  par  l'ordonnance  ,  par  les  loix. 
Merces    interdiclce.    Les    marchandifes  de  contre- 
lande  font  fujettes  à  confiication.  Entie  les  mar- 
chandifes  de    contrebande ,    il    y  en  a  d'entrée , 
comme  le  fel,    l'huile  de  poiflbns  étrangers,   & 
quelques  dentelles  ou  étoffes.   Il  y  en  a  pout  la 
foitie ,  qui  font  l'or  &  l'argent  monnoyé  ou  non  , 
toutes  fbttes  d'armes ,  de   munitions  qui  fervent 
à  la  guette  ou  à  la  navigation ,   les  chevaux  de 
prix, le  papier,l'acier,  fer,  mitraille,  cuirs,  cires, 
fuifs  ,  filafles ,   &c. 
^fj"  Contrebande  &  fraude  confidérées  dans  une  fi- 

gnification  fynonime. 
gC?  Contrebande  fe  dit  du  commerce  ou  tiafic 
de  toutes  mardiandifes  ou  denrées  prohibées  par 
l'Ordonnance  du  Prince  ,  favoir  des  marchandifes 
éttangètes  dont  l'entrée  eft  prohibée,  &  de  quel- 
ques denrées  nationales  dont  la  l'ortie  n'eft  pas  per- 
mife. 
^fT  La  fraude  confifte  à  éluder  le  payement  des  droirs 
impolcs  fur  les  marchandifes  nationales  ou  étran- 
gères ,  foit  dans  la  confommation  intérieure  ,  foit  à 
l'impottation  &  exportation. 

On  dit,  faire  X^l  contrebande  ;  pour  dire ,  faire 
commerce  de  marchandifes  de  contrebande. 

Ce  mot  vient  de  l'italien  contrabando  ;  c'eft- 
à-dire  ,  contre ,  maigri  le  ban  Se  publication  des 
dSfenfes. 
Contrebande,  terme  de  Blafon ,  qui  fe  dit  lorf- 
qu'une  bande  eft  divifée  en  deux  patries ,  qui  font 
deux  demi-bandes ,  qui  font  de  différons  émaux  , 
&  dont  l'une  doit  être  régulièrement  de  méral , 
6c  l'autre  de  couleur. 

On  appelle  la  barre  une  contrebande ,  parce  qu'elle 
-coupe  reçu  dans  un  fens  contraire  &  oppofé  : 
Tœnics  à  dextro  latere  ad  Jînijlrum  ducla  & 
alternatim  oppojîta.  On  appelle  aulTi  contre-che- 
■yron ,  contre-pal,  &  autres  pièces  honorables  de 
l'écu ,  lorfqu'il  y  en  a  deux  de  même  nature  qui 
font  oppofées  l'une  à  l'autre  ,  en  relie  forte  que 
le  métal  foit  oppofé  à  la  couleur ,  &  la  couleur 
au  métal  :  &  on  appelle  un  écu  contre  paie  , 
contre-fafcé  ,  conire-componné  ■>  contre-breteffc  , 
contrebande  ,  6*  contre-barre ,  quand  il  a  les  di- 
vifions  ci-defTus  -,  contr'écartele ,  quand  un  des  quar- 
tiers de  fon  écarrelure  eft  derechef  écartelé.  On 
dit  de  même  contre-jleuré ,  contre-potence  ,  contre- 
varié  ,  quand  les  figures  font  altetnces  &  oppo- 
sées ,  &  quand  le  métal  répond  à  la  couleur.  On 


( 


appelle  aufTi  les  animaux  contte-pajfans ,  Iorf*quÔ 
l'un  paffe  d'un  côrc ,  &  l'autre  de  l'autre. 
CONTREBANDIER  ,  ÈRE.  1.  m.  &  f.  Celui  ou  celle 
qui  fait  la  contrebande  ,  qui  vend  des  marchan- 
difes de  contrebande.   Mercium  vetitarum  mcrca- 
tor.  Il  eft  prefqu'impolfible  de  détruire  les  Faux- 
fauniers  Se  les  Contrebandiers.  Cm.  de  Rior.  Il  y 
a  dans  les  Ordonnances  des  peines  décernées  contre 
les   Contrebandiers, 
CONTREBARRE,  f.  f.  terme  de  Blafon,  barre  di- 
vifée en  deux  demi-barres ,  dont  l'une  eft  de  mé- 
tal ,   &  l'autre  de  couleur. 
CONTREBARRE ,  adj.  m.  terme  de  Blafon  ,   qui 
fe    dit  d'un  écu  où  il  y  a  une  ou  pluficurs  con- 
trebarrcs. 
CONTREBAS  ,  adv.  de  bas  en  haut.  C'eft  l'oppofé 
de  centre-haut.  On  le  dit  principalement  en  Ar- 
cbitedute.  Contre-bas  marque  la  direftion  de  bas-» 
en-haut.    Ab   imo   ad  jummum.  Et  contre-haut  la 
direiffion  de  haut  en-bas.  A  jiimmo  ad  imum. 
CONTRE-BASSE,  r.  f.  groflé  Baffe  de  violon ,ftir  la- 
quelle on  joue  ordinairement  la  partie  de  la  Baffe, 
une  oétave  plus  bas  que  fut  la  Baffe  de  violon 
commune. 
CONTRE-BATTERIE,  f.  f.  terme  d'Arr  militaire:, 
eft  la  battetie  d'une  paitie  qui  eft  oppofée  à  celle  d^ 
l'ennemi.  Si  fur-tout  celle  qui  tache  à  démonter  fon 
canon.  Tormenta   bellica   tor mentis  oppojîta,   ob- 
jecla  ,  adverja  ;  machina,  machinis  oppo(itm. 

On  appelle  fîgurément  contre-batterie ,  les  pré- 
paiatifs   qu'on  fait ,  des   moyens    qu'on    prépare 
pour  fe  défendre  de  fon  côté  ,  conrre  les  attaques 
&  les  menées  d'un  adverfaire  en  quclqu'afFaite  que 
ce  foir.  Injîdiiz  injidiis  oppojita.  Il  faifoit  cela  pouf 
ralentir  les  efforts  du  Pape  ,  &  dreffer  une  contre" 
batterie  dans  fes  Etats.  Mezeray. 
CONTREBIAIS.  f.   m.  J'en  fais  qui  j  pont  ne  pas 
tombei  dans  cet  amour  propre ,  ofit  été  les  'plus 
injufles  du  monde  à  contrebiais.  M.  Pascal, 
1^  CONTRE-BISEAtJ.  f.  m.  Dans  les  jeux  d'Or- 
gues qui  font  de  bois ,  c'eft  une  pièce  de  même 
matière  ,  ajuftce  au  bas    d'un  tuyau  ,  pour  en  fer-» 
mer  entièrement  l'ouverture,  Encyc, 
CONTRE-BITTE ,  f.  f.  terme  de  Marine,  Les  contra- 
bittes  font  des  courbes  qui  appuient,  foûtiennent 
5c  affcrmiffent  les  bittes. 
CONTRÈ-BOUTANT ,  f,  m.  pièces  de  bois  qui 
pouffent  i^  atboutent,  ou  pillieis  de    pierre  qui 
font  le  même  efîet,  C'eft  la  même  chofe  qu'arc- 
boutant  qui  eft  plus  ufité." 
CONTRE-BOUTER ,  v.  â.  contre-tenîr  la  poufTée 
d'un  arc  ou  d'une  plate-bande  ,  avec  un  pilier  ou 
une  étaie.  C'eft  la  même  chofe  qu'arc-bouter. 
(^  CONTRE-BRASSER ,  V.  a.  terme  de  Marine, 
c'eft  après  que  les  voiles  font  braffées  &  orientée» 
d'un  bord  ,  les  braffer  vivement  à  contre-fens, 
CONTRE-BRLTESSE,  f.  f.  terme  de  Blafon,  ran- 
gée de  créneaux  de  différent  émail  fur  une  même 
fàfce  ,  bande  ,  barre ,  pal ,  &c. 
CONTRE-BRÉTESSÉ ,  EE,ad).  terme  de  Blafon, 
qui  fe  dit  de  l'écu  &  des  pièces  qui  ont  des  con- 
tre-bréteflè's.  Un  écu  contre-brétejfe  ,  une  fafce  coa- 
tre-lréteffee.  On  dit  aufli  contre-bretécké. 
CONTRE-BRODÉ  ,  f,  m.  ou  plutôt  adj.  ptis  fuhftan- 
tivement ,  efpèce  de  rafTade  blanche  &  noire  ,  dont 
les  Européens  fe  fervent  dans  ks  échanges  qu'ils 
font  avec  les  Nèa-rcs  des  cotes  d'Afrique. 
ÇCr  CONTRE-CÀLQUER ,  v.   a.  terme  de    Gra- 
veurs ,  ttacei  une  féconde  fois  les  traits  marqués 
d'un  deffein  calqué  ,  aiîn  que  l'efîampe  fe  rrouye 
dans  le  même   fens  que  le  tableau  ou  le  deffeitt 
otiginal. 
^3"  Contre-calque,  ÉE.part. 
Ip"  CONTRE-CAPION  ,  f.  m.  terme  de  Marine  , 
pièce  de  bois   qui  fert  de  doublage  au  capion  da 
proue  ,  ou  au  capîon  de  poupe. 
CONTRE-CARÈNE,  f.  £  terme  de  Marine  ,  c'eft  la 
pièce  oppofée  à  la   carène ,  dans   la  ccnftruélion 
4'une  galère.  Trabes cari/us  ojpjjita,  La  carène,» 


CÔM 

l'égard  des  galères,  eft  là  même  chofc  que  la  quille 
à  l'égard  des  vai/Teaiix. 

CONTRECARRER ,  v.  a.  s'oppofer  diredemenr  aux 
delkins  de  quelqu'un  ,  à  les  vues, à  les  projets, 
à  les  lentimens ,  le  mortifier  en  failancle  contraire 
de  ce  qu'il  veut,  Alicùi  adverfari palàrn.  Ces  deux 
Magiftrats  font  rivaux  ,  ils  fe  contrecarreni  en  tout. 
ïl  voulut  faire  ces  nouvelles  troupes  ,a/in  de  con- 
trecarrer les  vieilles.  Vaug. 

Cela  lui  arrive  tous  les  jours  ,  &  il  ne  lauroic 
vivre  fans  me  contrecarrer.  R.  Ce  mot  vient  de 
car  a. ,  vi^e. 

CONTRE  ART,  f.  m.  terme  de  Blafon.  Parties 
d'un  écu  comr'ccartelé.  Partes fcuti  comrajuajn- 
partiti. 

CONTR'ÉCARTELÉ ,  ÉE ,  adj.  terme  de  Blaon.  On 
le  dit  d'un  quartier  d'un  écu  ,  quand  il  eft  lui-mê- 
me écartelé. 

CONTR'ÉCARTELER,v.  a.  terme  de  Blafon,  di- 
vifer  en  quatre  quartiers  un  des  quartiers  de  i'ccu 
qui-eft  déjà  écartelé.  Contra.iuadnpartiri. 

^  toNTR'ECHANGE,  f.  m.  fynonime  d'échan- 
ge. Commuiatio.  Je  lui  ai  donné  une  maifon  en 
contr'echans^^e, 

rr  CONTRE-CHARGE  ,  f.  f.  terme  de  Rubanîer  , 

c'eft  la  pierre  que  l'on  met  au  bout  de  la  corde  des 

contre-poids.  Encyc, 
CONTRE-CHARME  ,  f.  m.  cJiarme  contraire  ,  qui 

détruit    ou    empêche    l'effet   d'un   autre    charme. 

Jdverfum  incantamemum.  Voyez  Charm£ 
CONTRE-CHASSIS  ,  f.  m.  chi/fis  de  verre  ,'ou  de 

papier  que  l'on  met  devant  un  châifis  ordinaire. 

Voye^  Châssis. 

CONTRE-CHEVRON,  f  m.  terme  de  Blafon,  che- 
vron oppofe  à  un  autre  chevron  de  différent  émail 

CONTRE-CHEVRONNE,  adj.  terme  de  Blafon, 
qui  fe  dit  d'un  écu  qui  a  un  ou  plaileurs  contre- 
chevrons. 

CONTRE-CLEF  ,  f.  f.  terme  d'Architedure ,  c'eft  un 
vouloir  joignant  la  clef  à  la  droite  ou  à  la  gau- 
che. FrÉzier.  Cuneus  vicinus  clavi. 

<CONTRE-C(SUR  ,  f.  m.  le  fond  d'une  cheminée  en- 
tre les  jambages  &  le  foyer.  Focns.  C'eft  au.li  une 
plaque  de  fer  ornée  de  fculpture  ,  qu'on  met  an  mi- 
lieu de  la  cheminée  pour  conferver  le  mur ,  &:  ren- 
voyer la  chaleur. 

CoNTRE-cŒUR,  cfpèce  de  naufée  qui  donne  des  en- 
vies de  vomir.  Si  ce  mot  s'eft  dit,  on  \m  le  dit  plus. 

Contre-cœur,  (A)  adv.  contre  fon  inclination,  à 
îegret.^orrî,  gravatè,  œgro  anima.  La  fièvre  l'a  li  rott 
dégoùré ,  qu'il  ne  mange  quM  contre-Ccur.  Il  ne 
s'eft  réfolu  d'aller  à  cetre  expédition  qu'à  contn- 
cxur. 

CONTRE-COMPONÉ,  ÉE,  ad?,  m.  &  f.  terme  de 
Blafon.  Contra-compofitiLs.  On  dit  fafcé  d'or  &  de 
fable  5  à  la  bordure  concre-compon:e  de  mime  ; 
c'eft-à-dire  ,  l'écu  étant  fafcé  d'or  &  de  fable ,  5c  les 
compons  de  fable ,  aux  fafccs  d'or. 

'^  CONTRE-COUP  ,  f.  m.  réT-xion  ,  répercualon 
d'un  corps  fur  un  aarte.  Reperchffus  ,  repercu{fi>. 
Le  boulet  alla  contre  le  rocher,  &:  le  tua  du  con- 
tre-coup. 

'^  On  le  dir  au  billard  ,  lorfqu'une  bille  ,  ayant  été 
frappée  par  une  autre  ,  revient  enfaite  frapper  h 
première.  Reciproca  percujjio.  Ce  contre-coup  m'a 
été  favorable. 

gC?  On  appelle  auifi  contre-coup  ,  l'imprefTion  qu'un 
coup  fait  à  une  partie  oppofée  à  celle  qui  a  été 
firappée.  Le  contre-coup  eft  quelquefois  plus  dange- 
reux que  le  coup. 

#3"  En  parlant  du  crâne  j  le  contre-coup  eft  une  fente 
ou  fêlure  du  crâne  ,  faite  dans  la  partie  oppofée  à 
celle  qui  a  reçu  immédiatement  le  coup.  Reper- 
cuffus.  Les  anciens  Médecins  parlent  de  cette  frac- 
ture, comme  d'une  chofe  non-feulemenr  polfible, 
mais  qui  arrive  fouvent.  Ils  prétendent  que  c'eft 
l'air  du  dedans  de  la  tête  ,  qui ,  étant  pouTc  à  la 
partie  oppofée  par  le  violent  e.Tort  du  co  ip  ,  fiit 
fendre  cet  endroit-là  plutôt  que  l'autre.  Ils  app.'l- 


lent  cette  fraéturc^  contre-fente ,  6tl  c6tttrc-fo)u- 
re.  C^uclqucs  Médecins  modernes  foûtiennent  au. 
contraire ,  que  le  contre-coup  eft  une  chimère ,  & 
qu  A  ne  iauroit  arriver.  Leur  raifon  eft  que  le  crâne 
ctant  compolé  de  plufieurs  pièces.  Je  coup  doit 
être  amorti  ,  &  qu'il  n'en  eft  pas  ici  comme  des 
pots  de  rcrre,  qui  par  une  vertu  élaftique  fe  fêlent 
ou  le  ca/knr  quelquefois  à  la  partie  oppofée  à  celle 
qui  a  cte  frappée.  Mais  un  grand  nombre  d'exem- 
ples journaliers  prouve  que  le  contre-coup  eft  une 
chofe  très-récllc,  &  qu'il  lé  fait  non-feulement  de 
devant  en  arrière  ,  mais  encore  d'un  côté  de  la  tête 
a  l'autre.  On  peut  voir  fur  cela  \zi  Opérations  d» 
M.  Dionis,   ,  .     . 

Dans  les  blellures  du  crâne  ,  il  faut  prendre 
garde  au  contre-coup  ,  c'eft  là  où  le  forme  l'abcès. 
Contre-coup  le  dit  ligurément  du  malheur  de  oucl- 
qu'un,  lorlqu'il  retombe,  ou  qu'il  porte  fur  un  au- 
tre. Quand  un  Favori  eft  difgracié  toutes  les  créa- 
tures s'en  relléntent  par  contre-coup.  J'ai  fenti  juf- 
qu'au  fond  Je  l'ame  ,  le  contre-coup  de  votre  dou- 
leur. CosTARD,  Il  y  a  des  louantes  qui  font  voir 
par  contre-coup  des  défauts  en  ceux  qu'on  loue. 
La  RocH.  Le  contre-coup  retombera  fur  vous  :  cela 
reviendra  lur  vous  par  contre-coup.  In  te  recidcty 
in  te  rcdundahit. 
CONTRE-DANSE  ,  f.  f.  fotté  de  danfe  moins  :?rave 
que  les  anciennes,  &  où  plufieuis  pcrfonnes^fiffu-^ 
rênr  cnfemble  ,  de  manière  qu'elles  font  les  mêmes 
mouvemens  chacune  de  leur  côté.  Le  bal  com- 
mence par  des  menuets  ,  &  finit  par  des  contre- 
danjes.  Le  goût  des  contre-danfes  a  fait  négliger  Se 
oublier  les  anciennes  danlés. 

Les  contre-danfes  font  de  petites  danfes  fîo-urées 
qui  fé  ctanfcnt  à  plulieurs  perfonnes  &  avec'beau- 
coup  de  mouvement.  Les  contre-danfes  Çom  prefque 
toutesdes  gavotcs  qui  lé  danfent  d'un  air  familier 
&  badin  ;  mais  dont  les  figures  s'exécuten:  avec 
tant  de  rapidité  ,  qu'elles  échauffent   extraordinai- 
remenr.  Les  danfes  réglées  ne  fonr  prefque   plus 
d'ulage.  On  commence  le  bal  par  quelques-unes , 
&   puis    on    donne    dans    les    contre- danjes   qui 
lonr  plus   du    goût  des  François ,  &  quelquefois 
Ton  continue  pendant  toute   la   nuit.  La  chaîne  , 
la  chaife,  la  joloulie  ,  les    rats,  la  chriftine,  les 
cotillons ,  &c.  font  des  contre-danjes.  Comme  le 
nombre   n'éroir  pas   grand ,  on    quitta  les   danfes 
trançoiles    pour    fe     mettte     aux    contre  -  danjes. 
Mcm.   du  Cimte  de  Grammoi.t.   Dès   que  l'Iieure 
des  contre-danfes  fut  arrivée  ,  fon  coufin  Hamilcon 
eut  ordre  de  la  mener.  Id. 
ft?  CONTRE-DÉGAGEMENT,  f.  m.  terme  d'ef- 
cnme  ,  aclion  de  dégager  dans  le  même  temps  que 
r..rnemi    dr<ra?c. 
CONTRE-DÉGÀGER  ,  terme    d'efcrime.  Il  fe  dit 
lorfque  la  partie  dégage  ,  &  qu'en  même  temps 
vous  faites  aulïî  un  dégagement ,  en  forre  que  les 
épces  fe  trouvent  engagées  comme  auparavant.  En- 
fes  vicifjîm  expedi.endo  impedire. 
f3~  CONTREiDIRÉ,  v.  a.  qui  fe  conjugué  par-tout 
comme  dire ,  excepté  à  la  féconde  perfonne  du  plu- 
riel du  ptéfcnt   de  l'indicatif',  où  l'on  dit,  nous 
contredifons  ,  vous    contredirez  ,  &   non  pas   volls 
contredites.  Dire  le  conrraire.  Contradicere.  Contre- 
dire une  propofîrion  ,  contredire  quelqu'un  :  &■  ab- 
foiumenr  aimer  à  contredire.  L'efprit  de  pédanterie 
met  ("on  plus  grand  plaifir  à  chicanner  les  a«res 
fur  les  plus    petites    chofés ,  &  à  contredire  tout 
avec  une  baffe  malignité.  Pôrt-R.    L'impatience 
qui  nous  porte  à  contredire  les  autres  tvcc  chaleur, 
ne  vienrque  de  ce  que  nous  ne  foulFrons  cu'avcc 
peine  qu'ils  aient  des  fcntimens  diiFerens  des  nô- 
rres.  Nicol. 
ter  II  eft  ■3s.vS\  réciproque.  La  plupairt  des  Auteurs 
fe  contredifent  les  uns  j  les  autres,  ^yï-  invicem  dif- 
fentire  ,  diverfa  fentire.  Il  y  a  dans    les    hommes 
une  humeur  maligne  qui   les   porte  à  fe  contredire 
les  uns  les  autres.  Il  eft  encore  réfléchi.  Se  contre- 
dire ^tw  en  contradiction  ,   n'être  pas  d'accord 

R  R  R  r  t  jj 


262 


CON 


avec  foi-même  ,  dire  ou  écrire  des  cliofes  contrai- 
res à  celles  qu'on  avoir  dites  ou  ccnx..s.  DijJcnUre 
à  Je  ipfoijecum  pugiiare  ,  pugnantia.  lojui.  i'tenez 
donc  garde  à  ce  que  vous  ducs  ;  vous  vous  contre- 
difei  à  tour  moment.  Un  rémoin  qui  le  conindit 
n'cft  pas  reccvablc. 
ffr  Contredire  ,  en  rermes  de  Palais ,  c'eft  faire 
des  écritures  [lour  combattre  les  pièces  de  la  par- 
tie advcrfe,  &  les  introductions  qu'elle  en  tire, 
&  généralement  pour  rct'urer  6c  détruire  les  rai- 
fons  &  les  moyens  dont  elle  fe  ferr.  Confutare. 
Voyez  Contredits 
CONTREDISANT,  ANTE ,  adj.  qui  fe  plaît  à 
contredire.  Repiignax.  Efprit  conncdifant  ■,  hu- 
meur contredi jante.  Je  connois  un  homme  li  con- 
tredifant ,  qu'il  dilpute  toujours,  qu'il  cefle  de 
vouloir  ce  qu'il  veut,  dès  qu'un  autre  le  veut 
comme  lui  ;  qu'il  quitte  fes  propres  ("cntimens ,  dès 
qu'il  efl;  venu  à  bout  de  les  periuader  à  quelqu'un  , 
de  peur  d'être  de  l'avis  d'un  autre  ;  &  qui  chalie 
enfin  la  paix  de  toutes  les  converfations.  M.  Scud. 
Cette  delcription  d'un  comredijant  en  fait  la  défi- 
nition. Les  coîitredifans  qui  ne  s'emportent  point 
jufqu'à  tioublet  la  paix,  font  encore  moins  en- 
nuyeux que  ces  complailans  qui  demeurent  d'ac- 
cord de  tour.  Bell. 

On  le  dir  au  Palais  de  ceux  qui  fourniffent  des 
contredits.  Adverfarius.  Les  premiers  coniredifans 
ont  l'avantage.  Il  n'y  a  darrs  les  criées  que  trois 
contredijans  -y  le  pourfuivant ,  le  faifi  ,  le  plus  an- 
cien des  oppofans. 
CONTREDIT ,  ITE ,  patt.  c'efl:  le  cata6lère  des  œu- 
vres de  Dieu  d'être  ainlî  contTeiitcs  ,&  nous  n'en 
devons  jamais  attendre  un    plus    heureux  fuccès  , 
que  lorfqu'il  y  a  moins  lieu ,  félon  les  vues  hu- 
maines,  de  l'efpérer.  BotTRDAL,  Exh.  T. /,/'.519. 
CONTREDIT  ,  f.  m.  allégation  cortraire  ,  réponfe 
contre  ce  qui  a  été  dir.  Controverjia.  Ce  que  vous 
dires  ne  peut   recevoir   aucun  contredit.  Cela  eft 
fans  contredit.  Les  circonftances  les  plus  décifives, 
&  les  moins  fujerres  à  contredit.  Norm.   On  dit 
que  tout  a  lieu  jufqu'à  contredit. 
g^  Contredit,  (Sans)  façon  de  parler  adverbiale , 
qui  équivaut  à  certainement ,  fans  difficulté,  fans 
oppofition.  Sine  rontroverjla.  C'étoit  fans  contredit 
le  premier  homme  de  Ion  fiècle. 
"Contredit  eft  auflî  une  réponfe  qu'on  fâîr  à  quelque 
pièce  que  produir  une  partie  dans  un  procès ,  ou  à 
rinduulion  qu'elle  en  tire.    Confutatio.  C'eft    un 
bon  contredit  contre  une  donation ,  qu'un  défaut 
d'infmuation. 

<2ontredits  ,  au  pl.  fe  dit  d'une  pièce  d'écritures 
qu'on  fournit  dans  les  procès  pour  combarrre  les 
pièces  de  la  partie  adverfe,  S^  contredire  toutes  les 
inductions  qu'elle  a  tirées  dans  fon  inventaire  de 
produdtion.  On  a  appoinré  les  parties  à  cctire , 
produire ,  bailler  contredits  &  falvarions. 

CONTRÉE,  f.  f.  ffT  Ce  mot  fe  prend  dans  une  ac- 
ceptation  générale  pour  une  étendue  de  pays  indé- 
terminée. Regio. ^On  dit  en  ce  fens  qu'un  homme 
a  parcouru  ^\\x(\tvLts  contrées ,  qu'il  a  voyagé  dans 
toutes  les  contrées  de  l'Europe.  Chaque  contrée  a 
fes  mœurs  &  façons  de  faire, parriculicres.  La  Zone 
Torride  eft  inhabitable,  à  caufe  des  ardeurs  du  fb- 
leil  qui  brûlent  &  qui  defïechent  ces  vaftes  con- 
trées. S.  Ev. 

Fils  du  puijfant  Atrée , 
Vous pofféde^  des  Grecs  lu  plus  riche  contrée. 

Racine. 


'^fF  Le  mot  contrée  fe  prend  plus  fonvent  pour  un 
petit  pays  faifant  partie  d'un  plus  grand  ,  &  qui  a 
fes  bornes  &  fes  limires.  C'eft  ainfi  que  l'on  dit  que 
le  pays  de  Caux  ,  le  Vexin ,  &c.  font  des  contrées 
de  Normandie.  Traclus. 

^Cr  On  dit  à  peu  près ,  dans  le  même  fens ,  ce  gen- 
tilhomme a  le  plus  beau  château  de  la  contrée , 


CON 

c'cft-à-dlre ,  du  voifinagc ,  des  environs.  Viclnia  , 
circumjecia  loca. 

Ce  mot  vient  de  la  prépofition  contra.  S.Odcric  • 
qui  mourut  en  1 5  5 1 ,  dit  contrat  a ,  une  contrée.  C.  1 , 
dejon  l^oyage  des  Indes  ,  imprimé  par  hollandus  > 
»  Jan.T,  l,p.^U.  ScMart.T.  Il,p.  141,  C.Les  Bollan- 
dilles  dilent  que  ce  mot  s'cft  forme  de  conierrata,&c 
qu'il  fîgnifie  un  territoire  ,  un  diftridl;  où  il  y  a  plu- 
fieurs  bourgs  &  villages  que  l'on  appelle  terres, 
urr<z  i  de  même  que  commarca ,  s'eft  dit  de  l'alfem- 
blage  de  plufîeurs  bourgs  &  villes  qui  font  dans 
les  mêmes  marches  ,  marcas  c'eft-à-dire  ,  dans  les 
mêmes  limites.  Ils  difent  néanmoins  encore  à  l'en- 
droit cité  ,  &  au  Ille  T.  de  Mars  ,  p.  lo^  ,  E  ,  que 
eontrata  fe  prend  dans  un  fens  plus  étroit  pour 
une  rue ,  ou  un  quarrier  ,  dans  une  ville. 
CONTR'ÉCAILLE  ,  f  f.  fp*  contre  la  difpofition 
naturelle  des  écailles.  Quand  on  écaille  une  carpe, 
il  faut  la  prendre  à  contr' écaille ,  à  rebours  de  ré- 
caille.  Adverjis  fqiiamis.  Pendant  que  j'étois  aux 
Indes ,  dans  la  côte  de  Malabar ,  on  vint  un  jour 
m'avcrtir  qu'un  crocodile  s'étant  un  peu  trop  éloi- 
gné   de   l'eau,  le  rrouvoit  égaré  dans  un  chemin 
enrre  deux  haies.  J'y  allai  aufTi-tôt  avec  un  Fiançois 
&  quelques-uns  de  nos  domeftiqucs,  qui  s'armèrenr 
de  moufquets  &;  de  lances.  Ils  lui  tiièrenr  d'abord 
quelques   coups  qui  ne  firent  aucun   effet,  parce 
que  les  balles  glilfoient  fur  les  écailles,  &c  ne  les 
perçoient  pas.  Dans  la  fiiite ,  on  réulïîr  mieux  ,  &: 
en  tirant  en  contf écaille  ,  on  le  blefla ,  &  nous 
vîmes  patoîrre  du  fang.  Cer  animal  qui  nous  avoir 
d'abord  regardé   atttentivement  fans  bouget  de  fa 
place ,  parut  étonné  par  le  bruit  que  l'on  fit  ,&  par 
les  premiers  coups  qu'on  lui  tira  ;  mais  quand  il 
fe  fentit  blefTé  ,  il  courut  l'efpace  de  quarante  ou 
cinquante  pas  avec  précipitation,  &  fit  un  grand 
bruit  avec  fes  dents ,  hauffant  fa   mâchoire  fupé- 
Tieure ,    &   frappant   fur   l'inférieure    qu'il  a  im- 
mobile. Enfin  il  s'arrêta  dans  la  plaine  ,    où    on 
acheva  de  le  tuer  à  coups  de  lances.  M.  Dellon  , 
tome  I  de  fes  Voyages ,  p.  72  ,  75  ,  ch.  10. 
COKTRE-ECHÂNGE.  Voyei  Contr'échange. 
CONTRE-ENQUETE  ou  "CONTR'ENQUETE  ,  f. 
f.  Enquête  oppofée  à  celle  de  la  partie  adveife. 
La  règle  veut  que  dans  le  civil ,  en  permettant  à  une 
partie  de  faire  fon  Enquête  ,  on  permette  à  l'autre 
partie  de  faite  fa  Contre-enquête.  Caufes  célèbres  , 
tome  ^,p.  1,1^. 
CONTRE-ÉPREUVE  ou  CONTR'ÉPREUVE,  f.  f. 
eft  une  image  qu'on  tire  fur  une  autre  fraîchement 
imprimée  6c  qui  marque  les  mêmes  trairs ,  mais  à 
rebours ,  le  côté  droit  paroiffant  à  gauche,  ^fj"  Le 
noir  de  l'eftampe  qui  n'eft  point  encore  fec  ,  fe  dé- 
tache de  l'épreuve,  s'attache  à  la  feuille  du  papier 
blanc,  ôc  donne  le  même  deffm  ,  mais  plus  pâle, 
&  en  un  fens  contraire  ,  le  côté  droit  paroiffant  à 
gauche.  Imago  juper  recenlem  é  typo  imaginem  al~ 
teram  expreffa. 
CONTRE-ÉPREUVER,  ou  CONTR'ÉPREUVER^ 
V.  a.  tirer  une  épreuve  fur  une  autre  épreuve  ,  lorf- 
que  cette  autre  eft  encore  toute  fraîche.  Super  re- 
centem  è  typo  imaginem  ,  alteram  imaginem  expri- 
mere. 
CONTRE-ESPALIER ,  ou  mieux  ,  CONTR'ESPA- 
LIER,  f.  m.  terme  de  Jardinier  ,  c'eft  la  plateban- 
de  oppofee  à  l'efpalier.  C'eft  une  rangée  ou  file 
d'arbres   fruitiers,  ou  de  feps  de  vigne,  attachée 
contre  un  petit  treillage  à  hauteur  d'appui,  à  quel- 
que diftance  de   l'efpalier ,  avec  lequel  il  forme 
une  allée.  Ordo  arborum  exaRcc  brevitatis  appli- 
citis  muro  arboribus  ex  adverfo  pojîtus.  On  le  dit 
aufTi  des  arbres  que  l'on  met  fur  le  bord  d'un  caicé. 
qui  eft  le  long  d'une  allée ,  &:  auxquels  on  donne 
la  même  figure  qu'aux  efpaliers ,  en  les  pali(rant,&: 
les  attachant  à  un  treillage  fait  exprès.  Confertœ  ra- 
mis  arbores.  P.  Rapin. 
'\fT  On  donne  le  nom  de  contr'ejpalier  aux  arbres 
ainfi  difpofés  ,  parce  qu'ils  font  ordinairement  op- 
pofcs  aux  efpaliers  appliqués  contre  les  murs.  Les 


CON 

arbres  en  ccntr'efpaliers  font  conduits  de  la  même 
façon  que  ceux  en  elpalier ,  h  ce  n'efl  qu'on  les  tient 
plus  bas ,  &  que  d'ailleurs  ils  prcfentcnt  deux  faces. 

1^  CoNTRt-ÉlAMBORD.    Voye^^   CoNTRESTAMBORD. 
%T  CONTRE-ÉTRAVE.  Voye^  CoNTRESTRAVE. 

CONTRE-EXTENSION  ,  f.  f.  terme  de  Chirurgie. 
Contra,  -  extenjio.  Acîlion  pat  laquelle  on  retient 
une   partie  luxée  ou  fradlurée,  contre  l'extenfion 
qu'on  fait  pour  la  remettre  dans  fa  lituation  naturel- 
le. Col  de  Villars. 
|D- CONTREFACÉ.  A^oy^^  Contrefascé. 
CONTREFAÇON  ,  f.  f.  fraude  qu'on  fait  en  con- 
trefaifant  ou  l'imprellion  d'un  livre  ,  ou  la  ma- 
nufadlure  d'une  étoffe  ,  au  préjudice  de  ceux  qui 
en  ont  le  droit  &  le  privilège.  On  dit  d'un  Mar- 
chand ou  d'un  ouvrier,  qu'il  a  été  mis  à  l'amende 
pour  contrefiçon. 
CONTREFACTEUR,  f.m.  terme  de  Libraire.  Ce- 
lui qui  imprime  un  livre  dont  un  autre  a  le  pri- 
vilège. 
CONTREFACTION,  f.  f.  fignifie  la  même  chofe, 
&  fe  dit  plus  particulièrement  de  la  réimpre/lion 
d'un  livre  ,  entteprife  par  un  autre  Libraire  que  ce- 
lui qui  en  a  obtenu  le  privilège.  Toures  les  con- 
trefaclions  de  livres  importans,  ont  été  jufqu'ici  fort 
mauvaifes  ,  &  n'ont  point  téuffi  au  gré  de  ces  En- 
trepreneurs ,  qui  fe  font  un  jeu  de  mettre  la  faulx 
dans  la  moi/Ton  d'autrui,  Ohj'.fur  Us  Ec.  Mod, 
CONTREFAIRE,  V.  a.  copier,  imiter  quelque  cho- 
fe ,  &  tâcher  de  la  rendre  femblable.  Imitando  ef- 
Jingere  ,  exprimere.  Ce  bouffon  fçait  fort  bien  con- 
trefaire toutes  fortes  de  perfonnes.  Combien  de 
gens  fe  font  trouves  engagés  dans  la  paillon  qu'ils 
ne  faifoient  que  contrefaire  ?  Nicol.  Ce  fauflairc 
fçait  contrefaire  toutes  fortes  de  feings  &  d'écri- 
tures. Eft-il  poffible  que  le  Démon  ait  le  pouvoir 
de  bouleverfer  les  élémens,  &C  de  contrefaire  ziafi  la. 
Divinité.  S.  Evr. 
^CT  Contrefaire  le  fon  de  la  flûte  ,  le  chant  des  oi- 
fcaux  ,  contrefaire  la  voix  humaine.  Vocem  huma- 
nam  reddere, 
^Cr  Contrefaire  fedit  plus  ordinairement  enmau- 
vaiie  part  \  pour  dire  ,  copier  quelqu'un  dans  la  vue 
de  le  rendre  ridicule.  Imitando  aliquem  propina- 
re  aliis  diridendum.  Cette  femme  fe  rend  odieufe , 
elle  contrefait  tout  le  monde.  L'habitude  de  con- 
trefaireles  autres  efl;  dangereufe. 
1^  Contrefaire  ,  dans  !e  commerce.  On  le  dit  par- 
ticulièrement en  terme  d'Imprimerie  &  de  manu- 
fadlures.  Faire  imprimer  un  livre ,  ou  fabriquer  une 
étoffe  ou  autre  chofe  au  préjudice  de  ceux  qui  ont 
le  droit  ou  le  privilège  de  le  faire.  Adulterare,  imi- 
tando effin^ere.  Il  a  été  condamné  à  une  amende  , 
pour  avoir  contrefait  cet  ouvrage. 
fcyCoNTREFAiREjdans  la  lignification  de  déguifer. 
Simulare.  On  contrefait  fa  voix ,  fa  manière  de  par- 
ler, pour  n'être  pas  reconnu.  Contrefaire  Çow  écri- 
ture. On  contrefait  le  libéral  ou  le  brave  pour  faire 
fa  fortune  \  il  n'y  a  point  de  figures  qu'on  ne  faf- 
fe  pour  cela.  S.  Evr.  Ceux  qui  contrefont  les 
vots ,  font  dangereux  ;  &  ceux  qui  contrefont  les 
braves  ,  ne  font   guère  à  craindre.    Speciem  viri 
boni  prœbere  ,  prxfe  ferre. 
ffT  On  dit  en  ce  fens  fe  contrefaire  ,  déguifer  fon 
cara6l;ère.  On  ne  peut  pasfe  contrefaire  long  temps. 
Il  y  a  bien  peu  d'occafions  où  il  foit  permis  de  fe 
contrefaire. 
Ucr  Ces  trois  verbes ,  contrefaire  ,  imiter ,  copier  , 
ont  une  idée  commune  qui  eft  celle  de  faire  ref- 
fembler;  mais  on  imite  ce  qu'on  ne  peut  égaler; 
on  copie  ce  qu'on  ne  peui  imiter  ;  on  contrefait  les 
perfonnes  qu'on  trouve  ridicules. 
§C?  Contrefaire  fignifie  encore  rendre  difforme , 
défiguré.  Deformare  ,  deformem  reddere.  La  pe- 
tite vérole  ,  les  convulfions  lui  ont  contrefait  tout 
le  vifaçrc. 
|Cr  CONTREFAIT ,  AITE,  part.  U adj.  imité,  fal- 
fifié,   Adulteratiis ,  ficlus  ,  cmentitus.   Exemplaire  j 
contrefait.  Seing  contrefait.  Le  Sénat  faifoit  d'au-  ' 


CON  8^9 

tant  plus  de  démonftrations  d'amour  &c  de  joie» 
qu'elles   étoient  faullès  &   cancrefaites.  Ablanc, 
Tout  ce   qui  efl:  contrefait  déplaît  avec  les  mê- 
mes chofcs  qui  charment  lorfqu'clles  font  naturel- 
les. La  Roch. 
Contrefait,  difforme  ,  mal -fait;  qui  a  quelque 
difformité  de  corps ,  foit  naturelle  ,  foit  par  une 
mauvaife  habitude.  Dijiortus  ,  deformis.  Être  con- 
trejait ,  avoir  la  taille  contrefaite.  Il  marche  fi  mal, 
qu'il  fcmble  qu'il  eft  tout  contrefait.  Le  Prince  de 
Condé,  dans  un  corps  contrefait ,  avoit  une  gran- 
deur d'ame  comparable  aux  Héroi  de  l'antiquité. 
Mez. 
CONTREFAISEUR,f.m.  qui  contrefait  les  gens, 
qui  imite  leurs  paroles ,  leurs  geftes  &  leurs  ac- 
tions. Molière  ,  dans  fon  Impromptu  de  Verfail- 
les.  Se.  î ,  pag.  1 19  du  7^  tome  de  fes  œuvres , 
édition  de  Paris ,  fait  dire  à  Mademoifellc  Hervé, 
parlant  de  lui-même  :  point  de  quartier  à  ce  con- 
irefaifeur  de  gens.  Il  n'eft  pas  reçu. 
CONTRE-FANONS ,  f.  m,  terme  de  marine ,  ce  font 
des  cordes  amarrées  au  milieu  de  la  vergue  du  cô- 
té oppofé  à  la  bouline  ,  pour  troufler  ou  carguer 
un  côté  delà  voile.  On  les  appelle  autrement  car' 
giies  lûulines. 
CONTREFASCE  ,  f.  f.  terme  de  blafon  ,  c'eft  quand 
une  fafce  eft  divifée  en  deux  demi-fafces  ,  dont 
l'une  eft  d'un  émail,  &  l'autre  d'un  autre  émail  ; 
en  forte  que  l'émail  de  l'un  eft  oppofé  à  l'émail 
de  l'autre. 
CONTREFASCÉ,  ÉE ,  adj.  m.  &  f.  terme  de  blafon , 
fe   dit   des   pièces  dont   les  fafces  font  oppofées. 
Contrefafcé  d'argent  &:  de  fable  de  trois  pièces.  Faf- 
ciis  in  tranfverfum  duclis  contraque  alternatim  po~ 
Jitis  exaratus. 
Ip-  CONTREFENDIS  ,  f.  m.  pi.  divifions  &  fubdi- 
viiîons    des   quartiers   d'ardoifes  réduits  enfin  en 
portions  minces ,  telles  que  celles  dont  on  couvre 
les  toits. 
CONTRE-FENÊTRE  ,  f.  f.  double  fenêtre  ,  ou  con- 
tre -  vent.  Exterius  fneflrce  ojliiim. 
CONTRE-FENTE   ou  CONTRE  -  FISSURE,  f.  f. 
terme  de  Chirurgie ,  nom  qu'on  donne  à  la  fiffure 
qui  fe  fait  par  contre-coup  à  la  partie  oppofée  à 
celle  qui  a  été  frappée.  On  V^-^^cWt  contre-fente , 
pour  la  diftinguer  de  celle  qui  fe  fait  à  la  partie  frap- 
pée qui  s'i'fi'^cWc fiffure. 
CONTRE  -  FICHE  ,  f.  f.  ou  liens,  terme  de  Char- 
penterie.  Les  contre-fiches  font  des  pièces  qui  font 
partie  d'un  affemblage  de  la  Charpenrcrie  ou  cou- 
verture des  bâtimens ,  qui  fervent  à  en  lier  d'autres, 
&  à  les  arcboutei  &  foûtenir,  comme  celles  qui  font 
dans  une  maîtreffe  -  ferme ,  qui   pofbnt  d'un   bout 
fur  le  poinçon,  &  de  l'autre  foûtiennent  la  jambe 
de  force  deifus.  ÇapreoH.  On  s'en  fert  aulfi  en  plu- 
fîeurs  autres  occafions. 
CONTRE  -  FINESSE,  f.  f.  fineffe  oppofée  à  une  au- 
tre fineffe.  On  dit  en  ce   fens ,  ufcr  de  contre-fi- 
ne ffe. 
|CrCONTRE-FISSURE,f.  f.  lamême  chofe  que 

contre-fente ,  &  même  plus  ufîté. 
CONTRE- FLAMBANT,  ANTE  ,  adj.  m.&f.  ter- 
me  de  blafon,  qui  fe  dit  des  pièces  oppofées ,  on- 
dées &  aiguifées  en  forme  de  flammes.  On  dit  , 
d'argent  à  un  bâton  de  gueule  flambant ,  &  con- 
tre-flambant de  dix  pièces  de  racme.Contravilra/iSy 
contra  iaculans  flammas. 
CONTREFLEURÉouCONTREFLEURONNË,ÉE, 
terme  de  blafon.  Il  fe  dit  d'un  Ecu  dont  les  fleu- 
rons font  alternes  &  oppofés,enforteque  la  cou- 
leur répond  au  métal.  Floribus  utrinque  diflivclus. 
L'Écoffe  porte  d'or  au  lion  de  gueule  renfermé  dans 
un  double  trefcheur  fleuré ,  Si  contrefleuri  de  mê- 


me. 


CONTR.EFORT  ,  f.  m.  ou  éperon.,  pilier  de  maçon- 
nerie ,  mur  contreboutant  ,  appui  de  murs  ,  ou 
terraffes  qui  pouffent  &  menacent  d'éctouler.  An- 
teris  ,  eripna.  Ces  fortes  d'ouvrages  font  bandé  ;  en 
berceau  ,  &;  diftans  les  uns  des  autres  pour  fou- 


870  CON 

renir  une  muraille.  Quand  on  bâtit  <'ontre  une 
pente  de  montagne  ,  il  faut  faire  des  conlrejorts ,  ou 
des  éperons  bien  lies  avec  le  mur  qui  foûtient  les 
terres ,  à  la  diftance  de  deux  toifes  l'une  de  l'autre. 
On  s'en  fort  aufîi  dans  les  mines. 
|C?  C'cftauiliun  terme  de  fortification,  qui  fignifie 
des  avances  dans  le  rampart  qui  prennent  racine 
au  revêtement ,  qui  font  de  la  même  matière ,  & 
qui  aident  le  revêtement  à  foiitenir  la  pouiîce  du 
rampart.  Encyc. 

Les  Bottiers  donnent  aulfi  ce  nom  .1  des  pièces 
que  l'on  coud  par  la  tige  pour  rendre  la  botte  plus 
forte. 
§CF  Contrefort  ,  t^rme  de  marine ,  c'eft  la  même 

chofc  que  clé  des  étais.   Voye^  Clé, 
CONTREFRASER,  terme  de  boulangerie.  Foye^ 

Frasir. 
CONTRE-FRUIT ,  f.  m.  terme  d'Architedlute.  On 
appelle /r««,  une  diminution  |tT  du  mur  du  bas 
en  hauL  fur  fon  épailleur,  de  manière  que  le  dedans 
foit  à  plomb ,  &  le  dehors  un  peu  en  talus.  On 
appelle  donc  contre-fruit  ■>  Teffet  contraire  au  fruit -, 
c'cft-à-dire ,  que  l'on  fortifie  le  mur  ou  en  dehors , 
ou  en  dedans ,  afin  que  le  mur  puiflè  porter  plus 
de  charge.  Addltum  muro  firmamenturn. 
■COMTRÉFUGUE,  rerme  de  Mufique.  ^oye^ Fugue, 

où  ce  mot  efl:  explique. 
CONTRE-GAGE  ,  f.  m,  terme  de  Jurifprudence  ,  ce 
que  l'on  donne  à  un  créancier  pour  fureté  de  fon 
dû  ■■,  ou  à  un  Seigneur ,  pour  lui  affûrer  le  paye- 
ment de  fes  droits ,  en  cas  de  fraude. 
"ffT  Contre-gage  ,  terme  de  Coutiup.e ,  droit  en 
vertu  duquel  un  Seigneur  peut  fe  failir  des  biens 
d'un  autre  Seigneur ,  ou  de  ceux  de  fes  vaflaux  , 
lorfque  ce  dernier  a  commencé  à  s'emparer  des  effets 
du  premier  ou  de  ceux  de  fes  vaflaux.  Voye:^  Ra- 
gueau  dans  fon  Indice  au  mot  Gage  ,  qui  cite  deux 
Arrêts  du  Parlement  de  Paris,  rendus  l'an  1181  & 
1183  ,  contre  les  Comtes  de  Champagne  &:  d'Au- 
xerre. 
CONTREGAGER,  V.  a.  prendre  des  fûretés  de  quel- 
qu'un ,  avant  que  de  s'engager  avec  lui ,  &  de  lui 
accorder  ce  qu'il  demande.  Un  Supérieur  trouve 
fort  mauvais  que  fon  inférieur  veuille  le  contrega- 
ger.  Ac.  Fr.  1-7 18.  Ce  mot  a  difparu  de  la  dernière 
édition,  Se  n'eft  plus  en  ufage. 
CONTREGARDE  ou  Conferve,  f.  f,  terme  de  For- 
tification ,  c'eft  un  ouvrage  triangulaire  en  forme 
de  gros  parapet,  qu'on  met  au-delà  du  folié  de- 
vant la  pointe  &  les  faces  d'un  baftion.  Additum 
propuç^nflcuto  prcefdium,munimentum.£.\\t  diffère 
de  la  demi -lune  ,  en  ce  qu'elle  cmbralfe  le  baf- 
tion. La  plupart  des  Ingénieurs  l'appelle  aujour- 
d'hui enveloppe.  On  en  fait  principalement  quand 
le  baftion  eft  fur  une  hauteur  -,  &  c'eft  par  leur 
iTioyen  qu'on  double  &  qu'on  triple  les  baftions. 
Ces  ouvrages  font  très-propres  à  couvrir  les  parties 
foibles  d'une  place. 

L'ctymologie  eft  gardi  :  contre  -  garde  ,  garde 
oppofée  .a  garde  ;  c'eft-à-dire  qui  garde  des  deux 
côrés. 
Contregarde,  en  terme  deMonnoie,  eft  l'Officier 
qui  tient  le  regiftre  des  matières  qu'on  apporte  à  la 
Monnoic  pour  fondre.  Materiez  in  monetam  con- 
f.cindce  cufios.  ^ 

0-  CONTREGARDE ,  EE ,  adj.  qui  eft  couvert  de 
contre-gardes.  Les  baftions  contre-gardes  du  Ma- 
réchal de  Vauban ,   font  d'une    fort  bonne    dé- 
ferîfe. 
^  CONTREG ARDER ,  v.  a.  garder  avec  foin.  Se 

contremrder  ,  fe  renir  fur  fes  gardes.  Rabelais. 
CONTR  E-HACHER  ,  v.  n.  terme  de  Graveur  ou  de 
Deffinareur ,  c'eft  dans  un  deflein  où  l'on  a  fait  avec 
la  plume  des  ombres ,  &  des  teintes  par  les  li- 
gnes les  plus  égales  &  les  plus  parallèles  qui  eft 
potTible ,  en  pafTer  de  fécondes  diagonalcment , 
afin  de  rendre  ces  ombres  &  ces  reintes  plus  fortes. 
Lineis  parallelis  diagonicas  fuperducere. 

CONTRE-HARMONIQUE,  adj;  terme  de  Géomc- 


CON 

trie.  Trois  nombres  font  en  proportion  èontte* 
harmonique ,  lorfque  la  dilfcjence  du  premier  Si 
du  fécond  eft  à  la  diiférence  du  fécond  5c  du 
troifième  ,  comme  le  troifième  eft  au  premier.  Pat 
exemple ,  3  ,  5  &  ^  font  des  nombres  en  propor- 
tion contre-haimonique  :  car  z  :  i  :  :  (î  :  3.  Encyc. 
CONTREHÂTIER  ,  f.  m  uftenfile  de  cuifme  ,  qui 
fe  dit  des  grands  chenets  qui  ont  pîuficurs  cram- 
pons, fur  lefquels  on  peut  mettre  plufîeurs  bro- 
ches chargées  de  viandes  les  unes  au  deiiùs  des 
autres.  Uaiciis  injiruclus  utroque  foci  latere  ca- 
preolus.  On  fe  Icrt  dans  les  cuihncs  des  Grands  Sei- 
gneurs de  contrehdtiers  au  lieu  de  chenets. 
CÔNTREHAUT  ,  adv.  de  haut  en  bas.  A  fummo  ai 

iniutn.  Cela  ne  fe  dit  ffuère  qu'en  Architediure. 
CONTRE-HERMINE  ,  EE ,  terme  de  blafon ,  qui  (z 
dit  d'un  champ  de  fable  moucheté  d'argent.  Atrct 
fcuti  area  velUre  pontico,  argenteo  dijiincia.  C'eft 
le  contraire  de  l'hermûné  qui  eft  un  champ  d'argent 
moucheté  de  fable. 
CONTRE-HURTOIR ,  &cfous-contre-hurtoir ,  f.  m. 
c'eft  un  des  morceaux  des  bandes  de  fer,  qui  accom- 
pagnent le  hurtoir. 
CONTRE-JAN ,  1".  m.  terme  du  jeu  de  tridrac.  Foye^ 

Jan, 
Contre -Jan,  de  deux  tables,  ou  de  Mé:^éas  , 
terme  du  jeu  de  triélrac.  Le  contre  -jan  de  deux 
tables  fe  fait  lorfque  votre  adverfaire  ayanrfon  coin, 
vous  n'avez  que  deux  dames  abbatues  en  rout  votre 
jeu  ,  dont  vous  battez  les  deux  coins ,  Se  comme 
le  coin  de  votre  homme  fe  trouve  pris,  vous  per- 
dez quatre  points  par  fimple  ,  Se  fix  par  doublet.  Le 
jan  de  deux  tables  ne  doit  point  être  forcé  ni  re- 
cherché. Il  y  faut  néanmoins  prendre  garde. 
CONTRE  -  JAUGER  ,  v.  a.  terme  d'Architeaure. 
Contre -jauger  les  aflémblages  de  charpenrerie  ; 
c'eft-cà-dire ,  transférer  la  largeur  d'une  mortoife 
fur  l'endroit  d'une  pièce  de  bois  où  doir  être  le 
tenon,  afin  que  le  tenon  foit  égal  à  la  mottoife.  Car' 
dinem  cavo  metiri. 
CONTRE-INDICATION  ,  f.  f.  terme  de  médecine. 
Contra  -  indicatio,  Connoiffance  qu'on  a  par  cer- 
tains fignes,  qui  détournent  Se  empêchent  de  mef- 
tr?  à  exécution  les  moyens  que  l'indication  four- 
nit pour  la  gucrifon  des  maladies.  Par  exemple, 
la  connoiffance  qu'on  a  de  l'extrême  foibleflé  d'un 
malade  ,  d'un  bleffé  ,  qui  empêchent  de  tenter  une 
opération  indiquée ,  eft  une  contre-indication.  Cot 

DE    ViLLARS. 

CONTRE  JOUR,  f.  m.  endroit  oppofé  au  grand 
jour ,  où  la  lumière  ne  donne  pas  à  plein.  Lux  ma- 
ligna  ,  locus  minime  luminofus.  Les  femmes  cher- 
chent d'ordinaire  le  contre-jour. 

IJCJ"  On  l'emploie  pour  l'ordinaire  dans  certe  phrafe 
adverbiale  ,  à  contre-jour  ,  être  à  contre-jour  ;  voie 
à  contre-jour.  Mettre  un  tableau  à  contre-jour.  Ta- 
bulam  in  malo  lumine  collocare, 

CONTRE-ISSANT ,  adj.  terme  de  blafon.  Il  fe  dit 
des  animaux  adofics  -,  ic  dont  la  tête  Si  les  pies  de 
devant  fortent  d'une  pièce  de  l'Ecu.  Contra  emer- 
gens. 

CONTRE- JUMELLES,  f.  f.  terme  de  maçonnerie, 
ce  font  dans  le  milieu  des  ruifléaux  des  rues,  les 
pavés  qui  fe  joignent  deux  à  deux,  &c  font  liaifon 
avec  les  caniveaux  &c  les  morces. 

CONTRE-LAMES,  f.  f.  pi.  terme  de  Manufaflure, 
ce  font  dans  les  métiets  de  faifeurs  de  gazes  les 
tringles  de  bois  qui  fervent  à.  tirer  les  lifîés ,  d'où 
ils  font  aufïl  appelés  Tire-lijfes. 

CONTRE-LATTE ,  f.  f.  terme  de  Couvreurs ,  qui  fe 
dit  des  lattes  qui  fe  pofent  en  longueur  entre  les  che- 
vrons pour  foûrenir  les  lattes  qui  font  en  travers , 
&  qui  portent  les  tuiles.  PoJit(Z  in  longum  régula 
tranfver^s  fujiinendis.  Quand  il  y  a  deux  chevrons 
à  la  latte  ,  on  fait  la  contre-latte  de  la  latte  même. 
Quand  il  y  en  a  trois,  il  faut  des  contre-lattes  de 
fciage.  Celle-ci  eft  de  quatre  à  cinq  pouces  do 
large.  Se:  d'un  demi -pouce  d'épaifleur ,  &  fcrt  à 
couvrir  en  ardoifes. 


C  ON 

CO  NTREUTTER  ,  V.  a.  couvrir  un  pm  de  Châr- 
penre  de  lapes  des  deux  côtés,  pour  Tenduire  de 
plâtre  ou  de  mortier,  Sirucluram.  mauriariam  rc- 
gulis  utrinque  tegere ,  injtruere.  On  taxe  la  valeur 
du   mur  de   charpente  latte  &  conïrelatté  autant 
qu'un  gros  mur. 
CONTRELATTOIR  ,  T.  m.   terme  de  Couvreur, 
inftrument  dont  fe  fervent  les  Couvreurs  pour  Ibû- 
tenir  les  lattes  en  clouarit  deflus. 
CONTRE-LETTRE  ,  f.  f.  écrit  fccret  &  particulier , 
ade  qui  détruit  un  autre  ad:e  public ,  ou  plus  fo- 
lennel ,  qui  en  altère  ,  ou  en  diminue  les  chufes  , 
qui  y  déroge ,  ou  qui  contient  une  déclaration  con- 
traire. ^rca/2iîyy;zgr^/;^<z  aherius  vim  imminuens  ■> 
elevans  ,    abrogans  ,  refigens.  gCT  Si  Titus ,  par 
exemple,  continue  une  rente  au  profit  de  Mivius  ; 
&  que  Mxvius ,  par  un  acte  icparc  ,  reconnoille 
que  la  rente  ne  lui  eft  point  due,  &  que  fi  le  con- 
trat a  été  pafTé  à  fon  profit ,  ce  n'a  été  que  pour 
lui  faire  plaifir. 
■^  On  voit  par  là  qu'il  y  a  une  grande  différence 
entre  la  contre-lettre  Se  la  déclaration  au  profit  d'un 
tiers.  La  contre  -  /ettre  détruit  entièrement  le  con- 
trat ou  i'ade ,  &  fait  connoître  qu'il  n'efl:  pas  fé- 
rieux.  La  déclaration  au  profit  d'un  tiers ,  ne  dé- 
truit pas  l'adle  fur  lequel  elle  eft  faite  :  elle  fait  feu- 
lement connoître  que  le  droit  de  la  propriété  du- 
dit  ade  appartient  à  la  tierce  perfonnequi  eft  dé- 
noncée dans  la  déclaration ,  Sc  au  profit  de   qui 
elle  eft  faite. 
^  Ici  lettre  eft  prife  pour  un  atfle  obligatoire.  Can- 
tre-lettre^  ,  ade  contraire  à  la  lettre;  contrat  qui 
en  détruit  un  autre. 
|Cr  Les  contre-lettresnt  font  foi  que  lorfqu^elles  font 
paffées  par  devant  Notaires ,  ou  reconnues  en  jufti- 
cé  ;  autrement  il  dépendroit  des  parties  de  fe  fervir 
d'antidatés ,  au  préjudice  d'un  tiers.  Il  y  a  bien  des 
gens  qui  mettent  leur  bien  à  couvert  par  des  fauf- 
fes  obligarions  ,  dont  ils  ont  par  deveis  eitx  les 
contre-lettres.  La  coutume  de  Paris  annulle  tou- 
tes contre-lettres  qui   font  faites  contre  la  teneur 
d'un  contrat  de  mariage.  Ces  padions  particuliè- 
res qui  fe  font  fans  la  participation  de  la  famille  , 
&  qui  ruinent  les  claufes  du  contrat ,  font  nulles 
&  prohibées.    Il  n'y  a  guère  de  cmitre-lettres  qui 
ne    foient    faites   en    fraude    de  quelqu'un  ,    ou 
contre  la  foi  publique  ;  c'eft  pourquoi  elles  de- 
vroient  être  abfolumenr  défendues.  On  approuve 
les  contre-lettres  d'un  fils  à  fon  père  ,  qui  lui  a  pro- 
mis un  avancement  trop  confidcrable ,  pour  lui  pro- 
curer un  mariage  avantageux. 
CONTRELIGNÈ  ,  f.  f.  eft^Ia  même  chofe  que  con- 
tre -  vdllation, 
CONTRE-MÀILLË  ,  CONTRE-MAILLER  ,  ter- 
me   de  Pêcheurs."   On  dit  un  filet  contre-niaillé  , 
c'eft-à-dire  ,  un  filet  à  mailles  doubles, 
CONTRE-MAÎTRE,  f.  m.  rerme  de  marine,  c'eft 
l'Officier   qui  eft  immédiatement   au  deflbusj  du 
Maître  d'équipage ,  &  qui  a  foin  de  viiiter  le  vaif- 
feau  ,  de  le  faire  agréer ,  d'examiner  s'il  eft  garni 
de  tous  les  apparaux  néceffaircs  pour  le  voyage. 
Il  fait  aufTi  exécuter  les  ordres  du  Maître,  tant  de 
nuit  que  de  jour ,  &  commande  fur  le  devant ,  fur 
l'ancrage  &  fur  le  cabeftan  ;  &  en  l'abfcence  du  Maî- 
tre ,  fuivanr  les  réglemens  du  ritre  5  du  livre  i  de 
l'Ordonnance  de  la  marine.  Elle  l'appelle  aulTi  No- 
cher. Son  commandemenr  eft  depuis  l'éperon  ou  la 
proue    jufqu'au  mât  de  mifaine ,  icelui  compris. 
Proreta.  Le  fécond  Contre-Maître  eft  l'aide  du  Con- 
tre-Maître, 
Contre  -  Maître.  On  appelle  contre-Maître  dans 
les  manufadlures  confîdérables  ,  dans  les   raffine- 
ries ,  clui  qui  eft  prcpofé  par  l'Entrepreneur,  pour 
avoir  la  vue  fur  tous  le<:  Ouvriers. 
CONTRE-MANCHE ,  ÉE ,  adj.  m.  &  f.    rerme  de 
blafon  ,  parri  coupé  &  contre-manché  de  fable  Ss 
d'argent ,  de  l'un  en  l'autre.  Obverjis  mutuo  cuf- 
pidihus  infecfus. 
CONTREMAND  ,  f.  m.  vieux  terme  de  pratique, 


CON  87J 

c'eft  une  excufe  qu'on  apporte  pour  faire  remettre 
ou  différer  un  arîtgnation.  Le  contranand  à\ffiï(^àé 
l'exoine  en  ce  que  i».  par  le  contremarid  on  pro" 
pofe  démettre  l'aflignation  à  un  jour  certain,  ÔC 
par  l'exoine  on  ne  propofe  pas  de  jour  certain.  î.". 
Dans  l'exoine  on  propofe  une  caufc  qu'on  affirme 
véritable  ,  pour  remettre  l'ajournement  ;  mais  dans 
le  contremand  on  n'eft  point  oblige  d'affirmer. 

CONTREMANDEMENT,  f.  m.  mandement  con-^ 
traire  à  celui  qu'on  avoir  envoyé  ,  révocation  d'un 
ordre.  Priori  prœcepto prccceptiim  polierius  contra' 
rium.  Cet  Ambaffadeur  ell  revenu ,  parcequ'il  a 
eu  un  contreniandement,  Ort  île  dit  plus  contre- 
mandement,m^h  cuntre-ordre,tcwocMon  d'.unordre„ 

^  CONTRE-MANDER,v.  a.  révoquer  im  ordre 
donné.  On  le  dit  également  des  pcrfonnes  &:  des 
chofes.  Le  Roi  avoit  mandé  fon  Parlement,  il  l'ai 
cont're-mandé  ;  j'avois  commande  un  dîner  qui  ne 
peut  avoir  lieu  ,  je  vais  le  coutre-mander.  Vous 
avez  demandé  votre  carroffe  »  vous  pouvez  le  con- 
tre-mander  ,  Je  vous  mènerai  où  vous  avez  affaire. 

Contre-mandé  ,  ÉE.  part. 

CONTRE-MARC,  f.4n.  terme  deCharperitiers,  mar-^ 
ques  ou  traits  dont  ces  Ouvriers  fe  fervent  pour 
marquer  leurs  bois ,  à  mefure  qu'ils  achèvent  de 
les  fiçonner ,  afin  de  les  reconnoitre  dans  l'afieni- 
blage.  /^oyf^  Marc-fr^nc. 

^  CONTRE-MARCHE,  f.  f  terme  de  l'art  mili^ 
taire  ,  qui  fe  dit  d'une  armée  qui  fait  une  marche 
contraire  ou  oppofée  à  celle  qu'elle  avoit  com- 
mencé ,  ou  qu'elle  paroiffoit  vouloir  faite.  L'armée 
avoit  pris  fa  marche  vers  tel  endroit  ;  mais  fur  le 

-  bruit  qui  fe  répandit  que  l'ennemi  avoit  fait  cer- 
tains mouvemens ,  le  général  lui  h"t  faire  une  co«- 
tre-marche  ôrelle  fe  rabattit  fur  telle  plOiCe.Defleclere 
abincœpto  itinere  ,  feque  alio  verfum  convertere^ 
Voyez  Marche. 

Contre-marche  fe  dit  auffi  fur  la  mer,  lorfquc  tous  les 
vai/feaux  d'une  armée,  ou  d'une  divifion  ,  étant  fur 
une  même  ligne,  vontjufqu'à  une  certaine  ligne  der- 
rière le  dernier  ,  pour  revirer  ou  changer  de  bord. 
On  dit  qu'une  armée  fait  la  cowrre-ra^zrc/^,?,  quand" 
tous  fes  vaiffeaux  changentde  roure  lesunsaprès  les 
autres  dans  ié  même  point.  P.  Hoste,  Jés. 

Contre -Marche  ,  eft  un  teime  deCharpentier,qui 
fe  dit  des  marches  d'un  elcalier. 

CONTRE-MARÉE ,  f.  f  terme  de  Marine ,  marée  dif- 
férente ,  oppofée  à  la  marée  ordinaire.  Il  y  a  des 
contre-marées  dans  certains  endroits  refferrés  de  la 
mer. 

CONTRE-MARQUE  ,  f.  f.  eft  une  féconde  marque 
qu'on  feit  fur  un  ballot ,  ou  autres  chofes ,  quand 
plufieuis  perfbnnes  ont  intérêt  à  la  chofe  ,  afin 
qu'elle  foit  ouverte  en  prélence  de  tous.  Addita 
priori  notez  nota  pojlerior. 

On  le  dit  au/Ii  de  certaines  marques  qui  font  né- 
ceflaires  aux  pièces  de  vaiflclle  d'argent ,  du  d'étain 
pour  marquer  qu'on  en  a  fair  l'e/iâi  ^ou  l'épreuve,'  & 
qu'elles  font  de  la  qualité  pour  laquelle  on  les 
vend.  Les  Orfèvres  mettent  leur  marque  à  la  vaif- 
felle  d'argent  ;  &  elle  eft  contre-marquée  du  poin- 
çon de  Paris ,  ou  de  la  Communauté. 

gO"  Contre-Marque  fe  dit  audi  d'un  fécond  billee 
que  donne  le  portier  d'un  Spedacle.  Celui  qui 
fort  du  Speftacle  ,  prend  une  contre-marque  afin 
de  pouvoir  rentrer  quand  il  lui  plaît.  TeJJera, 

Contré-marque  ,  terme  de  Médaillifte  &  d'Antî-s 
quaire,  c'eft  une  marque  ajoutée  à  une  médaille 
long  temps  après  fa  fabrication,  ^es  contre-marques 
pourroienr  être  prifes  pour  des  défauts,  parce  qu'el- 
les femblenr  des  difgracesartivées  auïc  médailles, 
dont  elles  entament  le  champ  ,  quelquefois  du  cô- 
té de  la  tête,  d'autres  fois  du  côré  du  revers ,  par* 
riculièremerir  dans  le  grand  &  dans  le  moyen 
bronze.  Cependant  ce  font  des  beautés  pour  les 
Savans ,  qui  leur  font  rechercher  ces  fortes  de  mé- 
dailles ,  dont  ils  reconnoillênt  le  changement  de 
prix  ,  qui  leur  eft  indiqué  par  ces  contre-marque:,. 


8y2  C  O  N      . 

comme  nous  en  voyons  à  nos  fous  que  le  peuple 
nomme  Tappcs  ,  à  cauie  du  coup  qui  tau  1  coton- 
cure  qui  y  demeure.  Les  Antiquaues  ne  convien- 
nent pas  de  la  ligniticanon  des  caraderes  que  1  on 
V  trouve.  Aux  unes ,  N.  Prob.  A  d'autres ,  N.  Carp . 
Casr.  Rm.  Ant.  Aug.  p.  joEEr.T.  Il  y  en  a  dont  la 
con:rc-r:iarque  eft  la  tête  d'un  Empereur  -.j'en  ai  une 
de  Bithynicoù  il  y  en  a  trois.  ]'en  ai  vu  d  autres 
avec  une  corne  d'abondance.  Pour  celles  ou  Ion 
trouve  se  ,  elles  ne  Ibuttrent  point  de  diiîicultc. 
Id.  Il  tint  prendre  garde  à  ne  pas  contondre  les 
monoi;rammes  avec  les  contre-marques.  La  ma- 
nière de  les  diftin2;uer  eft  ailée.  Les  cvutn^-marques 
font  'toujours  entoncces ,  parce  qu'elles  lonr  frap- 
pées après  la  médaille  battue.  Les  monogrammes 
battus  en  même-temps  que  la  médaille  y  tont  plu- 
tôt un  petit  relief.  Id.  ,,     V  r 

iC?  Contre-Marque  ,  en  termes  de  Manège  ,  te 
dit  d'une  fauile  marque  imitant  le  germe  de  fcve, 
que  le  maquignon  fait  adroitement  dans  une  ca- 
vité qu'il  a  creufée  lui-irxme  à  la  dent  d'un  cheval 
qui  ne  marque  plus ,  pour  faire  croire  que  ce  che- 
val n'a  que  fix  ans.  Signurn  adulunniim  equi  den- 
titus  impreffum. 

CONTRE-MARQUER ,  v.  a.  appofer  une  leconde 
marque.  Jlteram  priori  nota  notam  addere.  Voyez 
CoxNTRE-MARQUE.  Contre-murquer  de  la  vailklle  , 
des  médailles  ,  des  balots. 

CONTRE-MARQUE  ,  EE.    part.  Une  médaille  con- 


tre-marquée.   Les  médailles    contre-marquées 


„  font 

recherchées"  des  Antiquaires.  Vaillélle  marquée  de 
la  marque  de  l'Orfèvre  ,  £c  contre-marquée  du 
poinçon  de  la  Communauté. 

CONTRE-MINE,  Li.  terne  de  Guerre,  c'eft  une 
voûte  ,  ou  allée  fous  terre  tout  le  long  de  la  murail- 
le ,  large  de  trois  pies  ,  6c  hjute  de^  fix  , 
avec  plufieurs  trous  pour  empêcher  l'etlort 
des  mines.  Contrarias  ,  adverfus  cumculus.  Cet 
te  Ibrre  de  contre-mine  n'elT:  plus  en  ufage.  Au- 
jourd'hui c'eft  un  puits ,  une  galerie ,  un  ouvrage 
fouterrain  qu'on  tait  pour  éventer  lamine  de  l'en- 
nemi ,  &  en  empêcher  l'effet. 

§CF  On  appelle  aulli  contre-mine  ,  une  mine  prati^ 
quée  fous  les  baftions  &  fous  les  dehors  d'une  place, 
pour  faire  faurer  les  ennemis ,  en  cas  qu'ils  vinflént  a 
s'y  loger.  A'oye^  Mine.  En  bâtiflani  cette  place,  on 
a  faitune  coritre-mine  fous  chaque  baftion. 

CoNTRE-MiNEjfigurcment ,  fignifie  une  adreilé  qu'on 
trouve  pour  empêcher  qu'un  autre  ne  nous  faflé  K 
mal  que  nous  favons  qu'il  a  defléin  de  nous  faire. 
Meliori  fraude  retuja  fraus.  On  ne  le  dit  guère, 
ou  plutôt  on  ne  le  dit  point. 

CONTRE-MINER  ,  v.  a.  faire  des  contre-mines.  Baf- 
tion contre-mine.  Les  dehors  de  la  place  lont  cor.- 
tre-minés.  Cuniculos  agere ,  cuniculis  tranjverjis 
hofiium  cuniculos  excipere.  Voyez  Miner. 

CoNTRE-MiNER,fe  dit  au  figuré.  Loin  de  les  favori- 
fer  ,  je  ferois  le  premier  i^ contre-miner  toutes  leurs 
menées  par  les  obftacles  invincibles  quel'honneur  & 
laqualité  de  premier  Prince  du  fang  me  doit  obliger 
d'y  former  pour  l'intérêt  du  peuple.  Manifej.e  de 
M.  le  Prince  Louis  11   de  Conde. 

CcNTRE-MINÉ  ,   EE.  part. 

CONTRE-MINEUR,  f.  m.  Ceki  qui  fait  des  contre- 
mines.  Amicularius, 

CONTRE-MONT.adv.Onl'aietélespiéscowrre-OTOw/; 
en  haut ,  en  l'air.  Il  eft  vieux.  Surjum  ,furfurn  verfus. 
Il  faut  des  chevaux  pour  tirer  les  bateaux  à  coritre- 
mont  ,  pour  les    faire  aller  contre  le  fil  de  l'eau 
Adverjo  jluminc. 

CoNTRE-MONT  ,  adv.  à  coutrc  fens  ,  contre  le  fens 
naturel ,  mertant  en  haut  ce  qui  doit  être  en  bas 
Contra  quam  natura  fert  ;  Des  graines  plantée^ 
contre  -  mont ,  c'eft-à-dire  ,  la  racine  en  haut ,  ^^ 
la  tige  en  bas.  Inverfa  femina.  Dodart.  Jcad 
1700.  Mem.  p.  5 1.  J'ai  choifis  fîx  glands  qui  avoient 
été  pofcs  contre-mont,  c'eft-à-dire  ,  le  calice  en  bas 
&  la  pointe  en  haut.  lo.p.  51. 

CONTRE -MUR  5  petit  mut  qu'on' applique  à  un  au- 


C  ON 

tre  pour  le  fortifier  ,  ou  pour  le  conferver  afin  que 
le  voifin  ne  foutlre  aucun  dommage  ni  incommo- 
dité des  conftrudtions  qui  font  auprès.  Muro  mu- 
rus  vL-verjus  ,  murus  muro  jultus.  Quand  on  iai: 
une  étable  contre  un  mur  mitoyen  ,  il  faut  faire 
un  contre-mur  de  huit  pouces  d'épaifléur  ,  &  de 
hauteur  jufqu'au  lez  delà  mangeoire.  Art.  i83 
de  la.  Coutume  de  Paris.  On  y  eft  aulli  obligé  en 
plufieurs  autres  occalions.  M.  Bullet  remarque  fur 
cet  article  de  la  Coutume  de  Paiis ,  que  le  contre- 
mur  ne  doit  point  êtie  lié  avec  le  vrai  mur  ,  parce- 
qu'il  n'eft  fait  c;ue  pour  empêcher  que  le  vrai  mur 
ne  Ibit  endommagé ,  comme  étant  mitoyen  ,  &  il 
le  icroit  s'il  y  avoit  liaifcn  &  continuité. 

|i3°  CoNTRE-MUR  ,  terme  de  fortifcation  ,  c'eft  un 
mur  extérieur  bâti  autour  d'un  mur  principal  d'une 
Ville. 

CONTRE-MURER  ,  v.  a.  faire  un  contre-mur.  Muro 
murum  addere ,  miirum  muro  munire.  La  coutume 
oblige  à  centre-murer  les  foiîês  d'un  privé  ,  les 
âtrcs  ,  ùc. 

CONTRE-ONGLE  ,  &  mieux  CONTR'ONGLE , 
à  Conir'ongle  \  expreifion  adverbiale  ,  terme  de 
challê ,  qui  le  dit  pour  fignifier  au  rebours ,  lorl- 
qu'on  a  méjugé  des  allures  du  cerf  ,  &  qu'on  a 
pris  le  talon  pour  la  pince.  In  cervinis  vejligiis  er- 
ratio.  Prendre  le  pié  de  la  bête  à  contfcngle. 

CONTRE-ORDRE ,  f.  m,  gC?  &  mieux  contr'ordre  , 
révocation  d'un  ordre  antérieur  par  un  ordre  pof- 
térieur.  La  même  chofe  que  contremandement  , 
plus  ulîté  ;  donner,  recevoir  un  contr'ordre. 

CONTRE-OUVERTURE ,  Cf.  &  mieux  Contfouver-^ 
ture  ,  terme  de  Chirurgie  ,  incifion  qu'on  fait  à 
une  partie  dans  un  endroit  plus  ou  m.oins  éloigné 
d'une  plaie.  Cette  opération  eft  quelquefois  né- 
ceflairc  dans  les  plaies ,  pour  décharger  la  matière 
qu'elles  contiennent,  £c  empêcher  qu'elles  dégé- 
nèrent en  fiftule.  Contra-apertura. 

CONTRE-PAL,  f.  m.  terme  de  blafon  ,  qui  fe  dit 
lorfqu'un  pal  eft  divifé  en  deux  parties  ,  dont  l'une 
eft  d'une  couleur  ou  d'un  métal  ,  &  l'autre  d'une 
autre  couleur  ou  métal ,  ce  qui  fait  comme  deux 
pals  oppofés  l'un  à  l'autre.  Quand  dans  un  ecu  il 
y  a  un  pal  de  cette  forte  j  on  dit  qu'il  eft  con- 
tre-palé.  Fcyez  ce  mot. 

CONTRE-PALE,  EE  ,  terme  de  Blafon  ,  fe  dit  de 
l'Ecu  où  un  pal  eft  oppofé  à  un  autre  pal ,  en  forte 
qu'ils  font  alternes ,  &  que  la  couleur  répond  au 
métal.  Contrapalatus.  Contrepalé  de  gueules  & 
de  fable. 

CONTRE  PAN ,  f.  m.  terme  de  Coutumes.  L'ordi- 
naire &  coutumier  contre-pan  en  quelques  lieux  , 
eft  l'eftime  du  huitième  denier  de  l'héritage  donné 
à  cens ,  ou  rente  ,  pour  venir  au  rachat  conven- 
tionnel. 

ifT  CONTRE-PAN  ,  dans  quelques  Coutumes ,  fi- 
gnifie la  même  chofe  que  contre-gage, &  quelque- 
fois hypothèque., 

CONTRE-PANÉ,  EE.  adj.  terme  de  Coutumes.  Ren- 
te contre-panée ,  eft  une  rente  fur  contrepans  &:  hé- 
ritages. Voye^  CoNTRE-PAN. 

Ces  mots  viennent  de  contre  ,  ^^:  dep.ind;  mot 
de  la  l:n^ue  Tudefque  ,  qui  veut  dire  gage. 

CONTREPARTIE  ,  f.  f.  terme  de  Mufique,  qui^fe 
dit  de  deux  parties  opolces.  Imusfummo  fonus  op- 
pofitus.  Le  deillis  fie  la  bafle  font  deux  contrepar- 
ties. On  le  dit  de  chacune  des  deux  parties  confi- 
dérée  par  rapporta  l'autre. 

Contrepartie  d'un  compte.  C'eft ,  en  termes  de  Ban- 
que &  de  Commis  aux  Bureaux  des  Fermes  du 
Roi,  le  regiftre  que  tient  le  Contrôleur  ,  fur  le- 
quel il  couche  &:  enregiftre  toutes  les  parties  dont 
le  teneur  de  livres,  fi  c'eft  pour  la  Banque,  ou  le 
Receveur,  fi  c'eft  pour  les  Fermes  du  Roi ,  charge 

le  fien. 
Contrepartie,  en  termes  de  Marquettetie  ,  fignifie 

ce  qui  refte  d'un  defTm  ,  lorfqii'on  l'a  évidé  fur 
les  baquers  de  cuivre  ,  ou  d'étain  ,  pour  en  faire 
des  ouvrages  de  rapport,  &  de  pl3ca?e. 

"^  CONTREPASSANT, 


CON 

CONTREPASSANT  ,  adj.  m.  terme  de  Blafon,  Il  fe 
dit  de  deux  aminaux  1'  n  lut  raiitte  ,  dont  l'un 
paflè  d'un  côte ,  &  l'autre  de  l'autre.  Corura  ,  ex 
adverjo  gradiejis. 

CONTRÉPAS.SATION  D'ORDRE  ,  en  termes  de 
commerce  de  lettres  dj  change  ,  veut  dire  la  même 
choie  que  rctroceUlon,  en  termes  de  Pratique,  La 
contrdpafJa.tion  d'ordre  fe  tait  ,  lorlqu'un  ordre  a 
éré  paire  au  dos  d'une  Lettre  de  chani;c  ,  par  une 
perlbnne  ,  au  profit  d'une  autre  ,  &;  que  cette  au- 
tre redonne  la  même  Lettre  de  change  en  payement 
à  celle  qui  la  lui  avoit  déjà  donnée  ,  &;  qu'elle  palîe 
fon  ordre  en  la  Faveur, de  même  que  s'il  le  palfoit 
au  profit  d'une  troilicmc  pcrfonne ,  qui  lui  payefoit 
comptant  le  contenu  en  la  Lettre  de  change. 

CONTREPENTE.  f.  f.  On  appelle  contrepente  dans 
le  canal  d'un  ruiiîeau,  ou  d'un  aqueduc  ,  l'inter- 
ruption du  niveau  de  pente  ,  qui  Fait  que  les  eaux 
s'arrêtent,  foit  qu'on  ait  mal  conduit  le  niveau  , 
foit  que  TafFallfement  du  terrain  en  Ibit  la  caulê. 
Declivitatis  interruptio, 

CONTREPERCER ,  v.  a.  pefcer  dans  un  fcns  con- 
traire. Les  ouvriers  fe  fervent  de  contrepoinçons 
pour  coutrepercer.Ex  adveijo  terekrare  ,  perforare. 

CoNTRFPFRtÉ  ,  ÉE  ,  part.  Il  a  les  lignifications  de  fon 
verbe  en  François  &  en  latin. 

CONTREPESÈR  ,  v,  a.  fcrvir  de  contre-poids  ,  ce 
qui  le  dir  de  route  force  qui  lert  à  diminuer  l'et- 
fort  d'une  Force  oppofce.  On  ne  le  dit  prefque  point 
au  propre. 

Il  fe  dit  aulTî  au  figure,  pour  contre-balancer,  com- 
penfer,  iêrvir  de  contie.-ço\às,JEquare-,compe-.Jare. 
Ces  rai(bns-là  font  trop  foibles  pour  contrepejer  les 
autres.  Les  fervices  que  je  vous  ai  rendus  contrepej'ent 
tous  les  dons  que  vous  m'avez  Faits.  Où  trouve-t'on 
des  gens  qui  comptent  de  bonne  foi  ,  &  qui  ne 
mettent  dans  la  balance  le  plus  léger  déplailîr  , 
pour  contrepejer  le  fervice  du  plus  grand  poids  î 
S.  EvR.  Il  eft  peu  ufité ,  même  au  figuré. 

CONTREPESÉ  ,  ÉE.  part, 

CONTREPETTER  ,  v.  a.  imiter ,  contrefaire  ,  être 
finge  de  quelqu'un.  CoTGRAVE.  Le  Recteur  Roze  , 
haranguant  les  Etats  de  la  Ligue  ,  dit  ingénument 
au  Duc  de  Mayenne  :  <<  Vous  avez  beau  faite  le 
M  Roi,  &  contrepetter  le  Biarn  ois  en  JEdits  8c  Dé- 
J9  datations,  en  Sceaux,  en  Gardes,  en  Grands 
jj  Prévôts  &  Maître  des  requêtes  de  votre  Hôtel  , 
»  quand  vous  devriez  crever  &  vous  enfler  gros 
M  comme  un  bœuf,  comme  fit  la  mère  grenouille, 
M  vous   ne   ferez  jamais  (î  gros  Seigneur  que  lui , 
»>  encore  qu'on  die  qu'il  n'a  pas  de  grailfe  fur  tout 
M  fon   corps   pour  paître  une  alouette.  »  Satyre 
Mcn.  in-%°.  p.  <)i  Se  9 5. 
fer  CONTRE-PIÉ  ,  f.  m.  terme  de  Vénerie  ,  fc 
dit  lorfque  les    chiens  érant  tombés  fur  les  voies 
de  la  bête  ,  prennent  pour  la    fuivre   le   chemin 
qu'elle  a  fait.  C'efl:  aller  par  où  la  bête  eft  venue  , 
au  lieu  de  prendre  le  chemin  qu'elle  tient.  Pren- 
dre   le  contre-pie  de  la  bête,  feram  adverfa    in- 
dasine  Jecîari ,  injccîari. 
gCr  On  a  tranlpovté   cette  exprelïîon  du  fens  pro- 
pre au  fens  figuré  ,  pour  lignifier ,  le  conttaite.  Con- 
traria ratio  ,  via.   Vous  prenez   le    contre-pié  de 
ce  qu'on  vous  dit,  le  fens  tout  contraire.  Infenfttm 
contrarium  accipere.  Vous  prenez  le   contrepie  de 
la  véritable  éloquence.  Ab.  Ce  qui  fait  le  plus  fou- 
vent  qu'on  déplaît ,  c'eft  qu'on  cherche  à  plaire  , 
le  qu'on  en  prend  le  contre-pié.  Ch.  de  Mer.  Tel- 
le eft  l'antipathie  de  l'homme  pour  la  raifon,  qu'il 
ne  manque  jamais  de  prendre  le  contre-pié,   S. 
Real. 
CONTREPLEGE,  f.  m.  ou  mieux contre-pleige.Tcr- 
me   de    Pratique  &   de    Coutumes.   Siitvas.    Un 
contreplège  eft  un  certificateur  de  la  caution ,  dans 
les  pays  ou  Ja  caution  eft  appelée  pleige. 
CONTREPLÉGER  ,  ou  plutôt  contre-pleiger  ,  terme 
de  Pratique  &  de  Coutumes  ,  c'eft  cetcifier  pout 
la  caution  ,  dans  les  endroits  où   pleige  figni^e 
caution. 
Tome  II, 


CON  87? 

CONTRE-POIDS,  f.  f.  Ce  qui  eft  mis  pour  contre- 
p  1er.  Sacoma ,  ccquipondiu/n.  Le  contre-poids  d'une 
horloge.  Libranuntum.  C'eft  un  petit  poids  qu'on 
attache  a  l'extrémité  du  cordon  du  poids ,  afin  que 
le  cordon  s'accroche  fueccliivcment  aux  petites 
pointes  qui  font  fur  le  cercle  que  le  poids  doit 
laire  roarncr.  Les  Danfciirs  de  corde  fe  fervent  de 
contre-poids  pour  tenir  leur  corps  en  équilibre. 

|Cr  Contre-poids  fe  dit  en  général  de  toute  for- 
ce qui  lérr  à  diminuer  l'effort  d'une  force  contraire,. 
Tantôt  il  eft  égal  à  la  Force  qui  lui  eft  oppofée, 
tantôt  plus  grand  ,  tantôt  plus  petit.  Il  eft  d'ufage 
dans  plulîeurs  arts  &:  métiers. 

Contre-poids  ,  en  termes  de  Manège  ,  fc  dit  de 
cette  liberté  d'allîette  du  corps  que  garde  le  ca- 
valier pour  demeurer  toujours  dans  le  milieu  de  la 
ielle  fans  pencher  de  côté  ni  d'autre  ,  quelque  mou- 
vement que  faife  le  cheval,  Libr amcntum  cor-^ 
ports. 

Contre-poids  ,  fe  dit  aulfi  au  figuré ,  |tCF  des  qualités 
des  choll-s  qui  fervent  à  en  contre-balancer  d'au- 
tres-, fa  lâcheté  fert  de  contre-poids  .i  fon  inlblcnce. 
La  vie  de  l'homme  eft  mêlée  de  profpcrité  &  d'ad- 
vcrlitéj  fans  un  tel  contre-poids  ^  cette  élévation  le 
rendroit  horriblement  vain  ,  ou  cet  abailfement 
le  rendroit  horriblement  abjedl.  Pasc.  La  crainte 
,  de  la  mort  rabar  l'orgueil ,  &  fcrt  comme  de  con- 
tre-poids pour  rabailfer  le  penchant  que  l'homme 
a  à  s'élever.  Nicoi..  L'avarice  fert  quelquefois  de 
contre-poids  \  la  cruauté  des  Barbares.  Boun. 

CONTRE-POIL,  ^CTfens  contraire  à  ladifpolition 
naturelle  du  poil  ,  rebours  du  poil.  Capillus  ad' 
verjus.   Vous  prenez  le  contre-poil. 

xfT  CoNTRE-poiL,  (A)  façon  de  parler  adverbiale, 
faire  la  barbe  à  contre-poil ,  ctiiUer  un  cheval  à 
contre-poil. 

^Cr  On  le  dit  dans  le  même  fens  des  ctofTcs.  Les 
Tailleuts  ne  doivent  pas  employer  le  drap  à  co«- 
/re-z'OiV.  BrofTer  un  chapeau  à  contre-poil  •■)  du  fens 
conrraire  à  celui  dont  le  poil  eft  couché,  pilis 
adverjis. 

CoNTRE-poiL  fe  dit  aulTi  au  figuré  j'"  dans  le  ftyle  fa- 
milier feulement.  Cet  homme  ptend  toutes  chofes 
à  contre-poil ,  au  rebours,  contre  le  fcns  ordinaire. 
Rem  contra  accipere  quàtn  par  fit.  Damon  eft  bon 
homme  ;  mais  il  ne  faut  pas  le  prendre  à  contre' 
poil. 

Un  efprit  à  contre-poil  ;  pour  dite,  un  efprit  qui 
penfe  tout  autrement  que  les  autres,  &  qui  fe  plait 
à  contredire. 

CONTREPOINÇON  ,  f.  m.  c'eft  un  poinçon  don 
difFérens  ouvriers  fe  fervent  pour  contrepercer  les 
trous  ,   pour  river  les  pièces.  Il  y  a  des  contrepoin- 
çons barlonsrs ,  il  y  en  a  de  carrés,  Voye:^  Poinçon. 

CONTREPOINT,  f.  m.  terme  de  Muliquc.  Nota- 
rum  muficarum  aliarum  citm  aliis  compofitio.  C'eft 
en  général  toute  compofition  qui  fait  harmonie  •■» 
mais  plus  particulièrement,  c'eft  un  ou  plufieurs 
chants  différens  compofés  fur  un  fujet  donné.  Com- 
pofitio harmonica.  On  dit  contrepoint  afFeJlé  ,  boi- 
teux ou  à  la  boiteufe,  compofé,  coloré,  délié, 
libre,  diminué  ,  fimple  i  co/zfre/jow/  au  delTus  ou 
au  delTousdu  fujct;  contrepoint  double  ,  entrelacé, 
fait  fur  le  champ  ,  figuré,  V\.çm\  \contrepoint  fu- 
gué ,  délié ,  lié ,  obligé  ,  fyncopé  -,  contrepoint 
obftiné,  afFccîlé,  fimple ,  fur  le  livre,  &c.  Le  con- 
trepoint fimple  eft  la  plus  fimple  des  compofitions 
de  mufique  ,  qui  fe  fait  note  contre  note  ,  quand 
une  note  de  la  bafle  répond  .à  une  note  delÏÏis  ;  & 
cette  mulique  s'appelle  faux-hoiirdon.  Le  contre- 
point figuré ,  compofé  ou  diminué  ,  eft  quand  on 
fe  fert  de  notes  de  diffctente  valeur  pour  les  op- 
pofer  les  unes  aux  auttes  dans  de  différentes  par- 
ties,  de  forre  que  2,  4,  8  ou  i(î  notes  d'une  par- 
tie ,  répondent  à  une  feule  de  l'autre  qui  eft 
chantée  en  même  temps  ;  ce  qui  fait  .la  pleine 
mufique  &:  les  fyncopes.  Le  P.  Paran  appelle  contre- 
point pre^e  ou  étroit-,  une  compofition  favantc ,» 
Se  étroitement  obfervéc ,  où  les  con Tonnantes  fouc 

SSSss 


874  C  O  N 

lices  &  n'iêlces  avec  les  diflbnnante^  nvcc  art  -,  con- 
trepoint large  ,  celui  où  l'on  n'obfcrve  pas  fi  exac- 
tement ces  chofes  ',  &  contrepoint  mêle ,  celui  où 
l'on  Te  lert  tantôt  du  contrepoint  large ,  &  tantôt 
du  contrepoint  ferré  ou  étroit.  On  appelle  contre- 
point au  defllis,  quand  on  met  le  fujct  à  la  taille 
ou  à  quelque  autre  partie  fupérieurc  \  Se  la  baffe 
ou  les  autres  parties  qu'on  fait  au  delfous  ,  s'ap- 
pellent contrepoint  au  delfous.  Si  le  contrepoint  le 
tait  fans  aucune  note  fyncopée  ,  c'eft  un  contrepoint 
libre  &:  délié  -,  s'il  y  a  plufîeurs  fyncopes ,  on  l'ap- 
pelle lié,  ou  f y  ne  api  ou  entrelace;  ii  l'on  fait  des 
fiigucs  ou  des  imitations,  c'cft  le  contrepoint  fugué  \ 
s'il  cd:  fait  de  manière  qu'on  le  puillè  chanter  au- 
delfous  de  l'on  fujet  fans  gâter  riiarinonic  ,  c'ed:  le 
contrepoint  double,  &c.  Il  y  a  une  infunté  de  ma- 
nières àt  contrepoint. 

Parmi  les  gens  de  l'art ,  oA  entend  par  le  mot  de 
contrepoint  une  Muiîque  conipofce  fur  un  iùjer  parti- 
culier, qui  fe  tire  ordinairement  des  chants  de  l'c- 
glife.  Rameau. 

Ce  nom  de  contrepoint  vient  de  ce  qu'on  (c  fcrvoit 
autrefois  de  points  au  lieu  de  notes. 
CONTREPOINTE.  Voye^  Courte-Pointe. 
Ip-CONTREPOINTER ,  v.  a.  piquer  des  deux  côtés, 
avec  du  fil  ou  de  la  foie  ,  des  ouvrages  de  toile ,  de 
tafretas.  Âcu  dejifèpun^ereex  iitrâque parte.  Contre- 
pointer  une  jupe  ,  une  couverture. 

On  le  dit  aulfi  d'une  batterie  qu'on  oppofe  à  une 
autre.  Contrepointer  du  canon. 
fCJ"  Contrepointer  ,  dans  le  feiis  figuré  ,  lignife 
être  d'avis ,  de  fentiment  contraire  ,  contre-dire  , 
contrecarrer.  Vous  ne  deviez  pas  le  contrepointer  en 
cela.  Vous  le  contrepointe:^  en  tout  ce  qu'il  dit.  Ad- 
verfari ,  contradlcere.  Toutes  les  fois  qu'ils  font  en- 
femble,  ils  fe  contrepointent. 
CONTREPOINTE,  ÉE.part.  Il  a  les  fignifications  de 

fon  verbe ,  en  latin  comme  en  françois. 
Contrepointé,  terme  de  Blafon,  quia  poinre  con- 
tre pointe.  Cufpidiius ,  invicern  ,  mutuh  oivcrjis. 
Il  porte  d'argent  à  deux  chevrons  contrcpointcs  d'a- 
zur. 
CONTREPOINTIER.  f.  m.  Pomey  dit  CONTRE- 
POINTEUR.  C'cfl:  une  qualité  qu'on  donne  aux 
Marchands  Tapiiliers  dans  leurs  Lettres ,  à  caufc 
qu'ils  font  des  matelats ,  des  contrepointes,  Stra- 
gtili  compunaendi  opifex. 

CONTRE-POISON,  f.  m.  Antidote  ,  remède  qui  em- 
pêche l'efret  du  poifon,  ^,'2//i/o/«/;2  >  Antidotiis.  La 
Thériaque,  le  MithidtateSi  l'Orviétan,  fontd'ex- 
ceilemcontre-poifons.  Les  contre-poifons  ,  font  ou 
communs ,  ou  fpécifiques.  Les  contrepoifons  com- 
muns, font  l'angélique  ,  la  rue,  le  chardon  béni  , 
le  vincétoxicum ,  la  fcabieufe,  le  didlame  ,  la  fcor- 
fonère  9  la  zédoairc,  les  citrons  ,  le  bézoard  ,  la 
corne  de  ccrf,^^.  Les  fpécifiques  fonr,récorce  de  ci- 
tron ,  qui  eft  le  contre  -  poifon  de  la  noix  vomi- 
que  ;  la  thériaque,de  la  morfure  de  la  vipère  ;  l'huile 
de  fcorpion,  de  la  morfure  des  fcorpions  \  l'huile  de 
pignons,  de  l'orpiment  ;  la  gentiane, de  la  ciguë,  &c. 
Linder ,  Médecin  Suédois .  dans  fon  Traité  de  Vc- 
jienis ,  dit  qu'en  toute  maladie  ,  &:  mauvaife  difpo- 
fition  putride  ,  foit  qu'elle  vienne  de  la  morfure  des 
animaux  venimeux  ,  ou  d'un  alcali  formé  pat  putrc- 
fadlion ,  il  faut  avaler  du  vinaigre,  ou  fimple  Se  pur, 
ou  diftillé ,  ou  avec  du  miel  en  forme  d'oximel  ,  ou 
avec  de  l'oignon  de  fquille;  que  c'cft-Ià  un  excel- 
lent contre-poijon ,  qui ,  par  fon  acidité  corrige  les 
alcalis  vicieux ,  diflbut  la  coagulation  des  humeurs, 
&  les  met  en  état  de  pouffer  le  venin  dehors  -,  que 
les  auttes  acides  ont  à  peu  près  le  même  effet ,  com- 
me les  efprits  de  virriol ,  de  nitte  ,  de  ibufre. 

Contre-poison  fe  dit  auiri  au  figuré.  Ce  livre  eft  le 
contre-poijon  des  nouvelles  héréfies.  Il  n'y  a  point  de 
meilleur  con/re-/'o//Ô7:  pour  les  héréfies,  que  celui 
que  l'on  rite  de  la  parole  de  Dieu  ,  &  des  dccifions 
de  l'éo-life. 
CONTRE-PORTE,  f.  f.  Seconde  porte  qu'on  fait  pour 


C  O  N 

fe  mieux  dcfendie  contre  l'ennemi.  Ohverja  in  urhc, 
arec  porta  ;  ou  double  porte  qu'on  lait  pour  fc  dé- 
tendre du  vent,  Obverja  in  conclavijanua.  Celle- 
ci  le  fait  ordinairement  d'étoffe. 
CONTRE-PORTER  ,  v.  a.  vendre  des  marchandifes 
en  les  portant  chez  les  bourgeois,  au  li-u  de  tenir 
une  boutique.  Mercesper  domos  ojnatim  circumferre.  • 
Par  les  ftatuts  de  la  plupart  des  métiers  ,  il  eil  dé- 
fendu de  contre-porter. 

CONTRE-PORTEUR ,  f.  m.  celui  qui  porte  les  mar- 
chandifes par  les  rues  pour  les  vendre.  Circitmfora- 
neiis  propola.  Oh  a  depuis  appelé  Colporteurs  les 
Contre-porteurs  ,  parce  que  leurs  marchandifes  font 
fouvent  dans  une  manne  qu'ils  portent  à  leur  cou.  Jl 
eft  détendu  aux  Colporteurs  de  vendre  par  la  ville 
aucune  toile  ni  étoffe  neuve, 

Pafquier  prétend  que  le  mot  de  Contre-porteur 
cfl:  corrompu  de  Colporteur  :  mais  je  ne  fais  fi  l'un  Se 
l'autre  ne  fignifient  pas  proprement  &  à  la  lettre  ce 
qu'ils  défignent ,  les  Contre-porteurs  ou  Colporteurs 
ayant  accoutumé  d'appuyer  contre  l'cftomac  le  pa- 
nier qui  leur  pend  au  cou.  li  fe  peut  pourtant  que 
CoZ/ior/^v/r  eft  plus  ancien  que  ra:.;trc  mot  ,  puifque 
Rabelais  s'en  étoit  fervi.  Rem.  fur  la  Sat.  Men. 

CONTRE-POSÉ,  ÉE,  adj.  m.  &  f.  terme  de  Blafon. 
Il  fe  dit  de  deux  pièces  pofées  d'un  fcnsditlcrent  ; 
par  exemple ,  deux  dards ,  dont  l'un  a  le  fer  en  bas  , 
l'autre  en  haut.  Contra pojitu s. 

CONTRE-POSER  ,  v.  a.  terme  de  teneurs  de  livres 
en  parties  doubles ,  quifignifie  mal  porter  ou  mal 
pofer  un  article  dans  le  grand  Livre ,  foit  au  débit  , 
foit  au  crédir  de  quelque  compre. 

CONTRE-POSEUR ,  f,  m,  terme  de  Maçon  ,  c'eft 
celui  qui  aide  au  pofeur  de  pierre  ;  c'cft-à-dirc  ,  à 
celui  quimct  la  piciie  en  place  d'alignement  6:  à 
demeure.  Struclcris  in  collocandis  lapidil us  adjutcr, 

CONTRE-POSITION,  f.  f.  Avoir  fait  une  contre-po- 
Jîtion,  c'eft  avoir  porté  mal-à-propos  dans  un  compte 
du  grand  Livre  un  article  ^-our  un  autre. 

CONTRE-POTENCÉ  ,  ÉE  ,  adj.  m.  &:  f.  terme  de 
Blafon.  Il  fe  dit  de  plufieurs  potences  pofces  diverse- 
ment ;  l'une  ,  le  bois  de  traverfe  en  haut ,  &  l'autre 
en  bas.  Contrapatibulatus. 

CONTR'ÉPREUVE.  f.  f.   Voye^  Contre-Épreuve. 

CONTR'ÉPREUVER.  Voye\  Contre-épreuver. 

CONTRE  ^PROMESSE.  "C'eft  une  déclaration  de 
celui  au  profit  duquel  une  promcffe  eft  faite,  qui 
l'annulle  ,  en  conillfant  qu'elle  eft  fmuiée ,  &  qu'il 
ne  prétend  point  s'en  fervir.  C'eft  la  m.êmc  chofc  que 
la  contre-lettre.  Adverjiim  chirographum  quo  irri- 
tum  declaratur  aller nm. 

CONTRE-QUARRER.  Vove:^  Contre-carrer. 

CONTRE-QUEUE-D'ARONDE  ,  terme  de  Fortifi- 
cations ,  eft  un  dehors  ou  ravelin  fait  en  tenaille  , 
plus  large  du  côte  de  la  place  que  vers  la  campagne. 
On  s'en  fert  quand  on  veut  couvrir  une  grande  cour- 
tine. Propugnaculurn  exteriusforcipisinjpeciem  ex- 
truclum. 

CONTRE-QUILLE  ,  terme  de  Marine.  Voyez  Car- 
LiNGifE  ouEscARiiNGUE  ,  c'eft  la  même  chofe. 

CONTRE-RAMPANT  ,  ANTE.  adj.  m.  &  f.  terme 
de  Blafon.  Il  fe  dit  de  deux  animaux  rampans ,  dont 
l'un  eft  tourne  vers  V:iinx:c.Repens  &  olverfus. 

CONTRE-REMONTRANS ,  contra-remonjhantes. 
C'eft  le  nom  qui  fut  donné  en  Hollande  en  Kîii  , 
aux  Calviniftes  quis'oppofèient  aux  Arminiens,  qui 
furent  appelés  remontrans ,  remonflrantes ,  à  caufe 
d'une  remontrance  ,  ou  Requête  qu'ils  préfentèrent 
aux  Etats.  Ct\.te  remontrance ,  remonjlrantia  ,fpoz- 
toit  entr'autres  chofes  qu'on  reverroit  la  Confeilîoii 
de  Foi  &:  le  Cathéchifme,  marquant  en  même-temps 
les  raifbns  de  leur  demande.  Les  Calviniftes  dépu- 
tèrent à  la  Haye  fix  de  leurs  Miniftres ,  qui  préfen- 
tètcnt  aux  Etats  une  contre-remontrance,  contra-re- 
monjlrantia ,  &  c'eft  de-là  que  font  venus  les  noms 
remontrans  &  de  contre-remontrans. 

'-p- CONTRE-RETABLE,  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'écrit 
Davilcr  ,  mieux  que  CONTRETABLE  ,  terme 
d'Architeiture.C'eft  dans  la  décoration  d'un  autel. 


C  O  N 


le  fond  en  forme  de  lambris  ,  où  l'on   met    un 
tableau   ,   ou  un  bas  relief  ,  &:  contre  lequel  le 
tabernacle efl  ado/îc.  Lignca com pages  atafiimino  in 
Teccjfu  impoJita,cui  tJ-bernaculum  obvenitur. 
CON  f  RE-ROLE.  Voye^  Conti^Ôle. 
CONTRE-RONDE,  f.  f;  C'cft  une  féconde  ronde  , 
qui  le  fait  par  une  route  oppofée  à  la  première,  pour 
obferverii  les  foldats  font  bien  leur  devoir.  Alura 
per  contrariam  viain  vigilidrum  lullratio. 
CONTRE-RUSE  ,    f.   f.  ou  CONTRE-FINESSE. 
Rufe  oppofée  à  rufe  ,   pour  fe  défendre  d'un  piège 
d'un  ennemi.  Dolus  dolo  retufus. 
CONTRE-SABORD  ,  f  m.  terme  de  Marine ,  fenêtre 
qui  fert  à  fermer  le  fabord.  Les  comre-fabords  s'ap- 
pellent auffi  Mantclets. 
^  CONTRE-SAILLANT,  ad),  terme  de  Blafon  , 
qui  fe  dit  de  deux  animaux  qui  femblcnt  fautcr,ens'c- 
carrant  l'un  de  l'autre,  direélement  en  fens  contraire. 
CONTRE-SALUT ,  terme  de  Marine ,  marque  de  ref- 
pea  ,  de  défërcnce  qu'on  donne  à  celui  de  qui  on  a 
ctéfaluc  :  adlion  ,  manière  pat  laquelle  on  rend  le 
falut ,  en  faifant  tirer  certain  nombre  de  coups  de 
canon ,  &c.  Refalutatio. 
CONTRE-SANGLON,  Hm.  petites  couttoies  de  cuir 
clouées  aux  arçons  delà  felle  pour  y  attacher  les  fan- 
gles  d'un  cheval ,  ou  d'autres  bctcs  de  fomme.  Cor- 
Tigia. 

CONTRESCARPE  ,  terme  de  Fortifications ,  hVne 
qui  termine  le  foifé  de  la  campagne.  ffT  C'elt  la 
pente  du  mur  extérieur  du  folle  ,^celle  'qui  regarde 
la  place  ,  &  non  pas  celle  qui  regarde  la  campagne  , 
comme  le  difent  les  vocabuliltes".  Ceft  le  talus  ou  If 
penchant  que  l'on  donne  au  bord  d'un  foffé  pour  foù- 
tenir  la  terie  de  la  campagne  ,  de  peur  qu'elle  ne  s'é  - 
boule  dans  le  folle.  Fojjx  declivis  crepido,  crepidini.s 
ou  marginis  acclivitas ,  declivhas  in  parte  foffcs ex- 
timâ.  L.d.iontrefcarpe  eft  le  long  du  folle  de'la'place, 
&_du  côté  de  la  campagne.  On  comprend  quelque- 
fois ibus  ce  nom  le  chemin  couvert  &  le  glacis.  Etre 
loge  fur  la  comrefcarpe  ,  c'efl:  être  logé  fur  le  glacis , 
ou  fur  le  chemin  couvert.  On  a  percéla  contre] carpe. 
On  a  attaqué  ,  on  a  ihfulté  la  contrcfcarpe.  On  àt- 
^taqua  la  contre/carpe  la  nuit  du  6  au  7  du  mois.  La 
'contre/carpe  fut  prile  ,fut  emportée  après  un  com- 
bat opiniâtre  de  deux  heures.  On  fe  logea  fur  la 
contre/carpe^ 

ÇÔNTRE-ESCARPÉ  ,  EE.  adj.  Prœruptus  ,  abrup- 
tus  ,  a.  Ce  chemin  dure  deux  bonnes  lieues  fur  un 
roc  contre-escarpé.  On  voit  en  bas  la  mer ,  comme 
un  précipice  ,  &  au  defllis  les  rochers  s'élèvent  (î 
haut ,  que  de  part  &  d'autre  ils  font  effroyables. 
Du   Loir,  p.  559. 

ÇONTRE-SCEL  *  f  m.  terme  de  Chancellerie ,  c'eft 
un  petit  fceau  qu'on  applique  à  gauche  des  Lettres 
fcellées  fur  un  tiret  ou  lacet  qui"  attache  les  pièces 
quiontfervi  de  fondement  pour  les  faire  palier  au 
fceau  3  afin  d'empêcher  qu'on  ne  les  détache.  Sigil- 
lum  figillo  ex  adverfo  pofitum'.  Les  commillions 
qu'on  obtient  pour  l'excciition  des  Arrêts  y  font  at- 
tachées fous  le  contre-fcel.  Les  quittances  de  finance 
&  procuration  adrejignandum  doivent  êtte  attachées 
fous  le  contre-fcel Aqs  provifions.  On  commença  d'a- 
jouter le  contre-fcel i  qu'on  appeloit  d'abord  le  Sceau 
du  fecret,  du  temps  de  Louis  le  Jeune.  D'abord  ce 
n'étoit  qu'une  fimple  figure  d'un  aigle  ,  d'an  lion  , 
d'une  fleur ,  ou  de  quelque  tête  humaine ,  appliquée 
fur  le  derrière  du  Sceau  :  ce  qui  lui  a  donné  le  nom 
de  contre-fcel.  Depuis  on  y  a  mis  des  éculTons.  Celui 
de  Louis  le  Jeune  étoit  alors  d'une  feule  flcur-de- 
lys.  On  a  fouvent  repréfenté  ce  contre-fcel cvi  forme 
de  rofe,  parce  qu'elle  éroit  chez  les  Anciens  le  fym- 
bole  du  fecret,  d'où  eft  venu  un  proverbe  qu'on  di- 
P  '  foit  autrefois  ,  Datumfub  rofâ;  ce  qu'on  dir  main- 
tenant fous  la  cheminée,^ parler  fecrettement.  Quel- 
ques-uns prétendent  que  c'eft  a  l'imitation  de  ces 
rofes  qu'on  a  fait  des  colliers  des  Ordres  de  Cheva- 
lerie, &  tous  ces  ornemcns  ou  marques  d'honneur 
qu'on  a  mis  autour  de  l'Ecu  qui  ont  pu  fe  tourner  en 
rond,  comme  la  jarretière  d'Angleterre  ,  les  corde- 


CON  §7^ 

lières ,  les  guirlandes  de  feuilles  &  de  fleurs,ies  coua 
ronnes  d'épines ,  &c. 
|p°  pn  appelle  encore  contre-fcel,  un  fécond  fceail 
quun  Juge  appofe  fur  des  efretsfcellcs  par  un  autre 
Juge,  lorfqueplufieurs juridictions  différentes  pré- 
tendent avoir  droit  d'en  faire  inventaire  ou  d'y  être 
appelées.  Les  effets  des  comptables  peuvent ,  après 
avoir  été  icellés  du  Sceau  du  Chatelet ,  et*  contre- 
fcellcs  par  la  Chambre  des  Comptes. 
CONTRE-SCELLER,  v,  a.  appliquer  le  contre-fcel, 

Adverjum  Jîgillo  Jigillum  apponere. 
CoNTRE-scELLÉ  ,  ée.  part.  &  adj.  Sigillum  habens  fi- 

t^illo  ex  adverfo  appojuiim. 
CONTRE-SEING,  f  m.  Signature  de  celui  qui  contrc- 
%ne ,  au  deffous  de  celle  du  Supérieur.  Le  Mande- 
ment d'un  Evêque  porte  le  feing  du  Prélat  ,  &  lé 
contre-feing  de  Ion  Secrétaire.  Certe  Patente  porte 
fiing  &  contre-feing.   Ce  qui  fepeut  dire  de  tout  es 
quieftcontre-figné. 
?)CrCONTRE-SÉMPLER,v.n.  terme  de  manufadlure 
en  Soie  ,  c'efl:  tranfporter  un  deffein  déjà  lu  fur  utl 
Jemple,  dans  un  a.inîcfemple,  fur  lequel  il  n'y  a  rien» 
fans  fe  fervir  du  miniftère  de  la  lifeufe.  Encyc. 
(CFCONTRE-SENS  ,  f  m.  fens  qu'on  donne  à  un  mot, 
à  un  difcours  lorfqu'on  le  prend  dans  un  fens  con- 
traire à  celui  qu'il  a  naturellement.   Contrantes  fen- 
fus.  Quand  le  difcours  rend  une  autte  penfée  que 
celle  qu'on  a  dans  l'elpiit ,  ou  que  l'Auteur  qu'on  in- 
terprète y  avoit,  c'eft  un  contre-fens.  Je  vous  ai  bien 
expliqué  ma  penfée,  &  vous  avez  pris  le  contre-fens^ 
Les  traduiiteurs  font  fujets  à  faire  des  contre-fens» 
Verba  in  contrariumfenÇum  detorquere. 
gcrCoNTRE-sENsfe  dit  aulli  ctt parlant  dcs  étoffcs  & aU- 
très  chofes.pour  matquer  qu'elles  ne  font  pas  du  fens 
&  du  côté  qu'elles  doivent  être.   Mon  tailleur  a  pris 
le  contre-fens  de  l'étoffe. 
fR?On  l'emploie  plus  ordinairement  adverbialementj, 
&  fouvent  dans  un  fens  figuré.  Cet  homme  a  l'efprit 
mal  fait,  il  prend  tout  à  contre-fens  &  à  rebours» 
Les  contre-vérités  font  des  chofesqui  fe  doivent  en- 
tendre à  contre-fens ,  dans  un  fens  contraire.  Notre 
imperfeiftion  nous  fait  prendre  ,  pour  ainfi  dire,  le 
zèle  des  Supérieurs  à  contre-fens,  &  au  lieu  de  l'ap- 
prouver &  de  Taimer  comme  un  moyen  de  fanétifi- 
cation  par  rapport  à  nous,  nous  le  condamnons,  & 
nous  nous  en  choquons.  Bourdal.  Ex/i.  T.I,p.  218, 
Un  fer  frotté  d'aimant  attire  un  autre  fer  ;  mais  il 
perd  cette  propriété  lorfqu'il  eft  frotté  à  contre-fenSi 
RoH. 

CONTRE-SIGNER,  v.  a.  ligner  un  ordre  ,  ou  une  pa* 
tente  d'un  Supérieur  en  qualité  de  Secrétaire,  pouf 
rendre  la  choie  plus  z\\i\\e.nùqut.Chirographuni  chi' 
rographo  ex  adverfo  apponere.  Les  bievets  du  Roi 
font  contre- fignés  au  bas  par  un  Secrétaire  d'Etat. 
Les  provifions  d'une  Chanoinie  font  fignées  par  le 
Collateut ,  &  contreflgnées  par  fon  Secrétaire ,  aufîî- 
bien  que  les  provifions  des  charges  que  donnent  les 
Princes.  On  étend  fouvent  ce  mot  à  toute  autre  fé- 
conde fignatute. 

CoNTRE-siGNER  fe  dit  auffi 'en  ^patlant  dcs  Icttics  quî 
viennent  des  Bureaux  des  Miniftres ,  &  fur  l'enve- 
loppe defquelles  oA  met  leur  nom  &  leur  cacliet» 

Contre-signÉ,  ÉE ,   part. 

CONTRE-SOMMATION ,  f.  f.  aélion  par  laquelle 
une  tierce  perfonne  appelée  en  garantie  ,  en  appelle 
une  autre  en  Juftice,  qui  eft  aufîî  obligée  de  la  ga-^ 
rantirdela  iliême  pourfuite.  Vadantis  ad  altérant 
vadem  appellatio.  Quand  une  terre  a  paifé  par  plu- 
fieurs  mains  fans  être  décrétée ,  elle  eft  fujette  à  plu- 
fieurs  fommations,  &  contre-fommations. 

CONTRE-SOMMER ,  v.  a.  dénoncer  \  fon  garant  une 
d,emande  en  fommation ,  ou  garantie,  qui  eft  faite 
par  un  nouvel  acquéteur  au  dernier  vendeur.^/»/>e/- 
lationem  à  vadato  faclam,  alteri  vadanti  denunciare. 
Un  garant  contre- fomme  à  foji  vendeur  toutes  les 
pourfuites  qu'on  fait  contre  lui.  Les  pourfuivans 
criées  contrefomment  au  faifi  &  aux  créanciers  les  de- 
mandes des  oppofans  ,  &  fommcnt  de  leur  fournir 
des  moyens  pour  les  faire  cefler. 

S  S  S  s  s  i) 


§7^  C  O  N 

fcoNTRE-èOMMÉ  j   ÉE,   part. 

CONTRE-SOMMIER,  i'.  m.  Les  Parchcminiers  nom- 
ment ain(i  une  peau  de  parchemin  en  colle ,  qu'ils 
mettent  entre  le  iommier  &c  le  parchemin ,  lotlqu'ils 
le  raturent  avec  le  fer. 

CONTR'E  S  PALIER.  Foye^  Coktre-espalier. 

CONTRESTAMBORD  ,  ou  plutôt  CONTRE- 
ÉTAMBORD.f.  m.  terme  de  Marine,  c'cfl:  une 
pièce  courbe  ,  triangulaire  ,  qui  lie  l'etambord  lut  la 

quille.  / 

CONTRESTR AVE  ,&  mieux  CONTRE-ETRAVE, 
f.  f.  terme  de  Marine ,  c'eft  une  pièce  de  bois  courbe, 
qui  eft  pofée  au  dellus  de  la  quille  &  de  l'etrave  , 
pour  les  lier  enfemble. 
CONTRETABLE.  Foye^  Contre-retable. 
fp-  CONTRE-TAILLES  &  TRIPLES-TAILLES , 
termes  de  Graveurs  en  bois  ,  c'eft  dans  la  gravure 
en  bois,  des  tailles  croifces  par  dellus  d'autres  tailles, 
ou  la  même  chofe  que  les  Graveurs  en  cuivre  appel- 
lent contre  hachutes  ,  ou  fécondes  &   troiiièmes 
tailles.  Encvc. 
CONTRE-TEMPS  ou  CONTRE-TEMS  ,  f.  m.  temps 
mal  pris  pout  dire  ,  ou  faire  quelque  chofe.gCF  Evé- 
nement qui  traverfe  le  fuecès  d'une  aiiairc  ,  &  qui 
rompt  les  mefures  qu'on  avoit  prifcs.  Alienum  tem- 
pus.  Il  fe  ttouve  dans  les  affaires  des  contre-temps  , 
qu'on  ne  peut  prévoit.  L'efprit  humain  par  un  contre- 
temps perpétuel  fait  le  bon  Catholique  quand  il  faut 
être  bon  fujet ,  &  le  bon  fujet  quand  il  faut  être  bon 
Catholique.  S.  RÉAi.  Il  eft  des  contre-temps  qu'il  faut 
qu'un  fage  efliiie.  Racine.  Il  fe  dit  plus^  fouvcnt 
adverbialement.  Prenez  garde  de  parler  à  coritre- 
temps.  Une  cnx.Teçn(t(3i\iZ3.  contre-temps  ne  rcuilit 
jamais.  Prxpojierè ,  alieno  tempore. 
Contre-temps.  C'eft  ainfi  que  Molière  a  intitule  une 
de  fes  comédies ,  parce  qu'il  y  inttoduit  un  jeune 
homme  qui  ,  par  plulieurs  contre-temps  ,  &  par  des 
coups  d'étourdi  ,  rompt  toutes  les  mefures  qu'on 
avoit  prifes  pour  fervir  fon  amour. 
CoNTRE-TEMPS  ,  en  tctmcs  de  manège,  eft  une  me- 
fure  ou  cadence  interrompue  en  maniant ,  l'oit  par 
la  malice  du  cheval  j  foit  paû  le  peu  de  foin  du 
cavalier  qui  L^  monte,lorfquc  le  cheval  continue  des 
ruades ,  au  lieu  qu'il  devroit  lever  le  devant. 
Contre-temps  ,  chez  les  maîtres  en  foit  d'armes ,  fe 
dit  lorfque  les  deux  ennemis  s'alongent  en  même 
temps  :  ce  qui  produit  le  coup  fourre.  Mutuapeti- 
fio.  Le  contre-temps  fe  dit  auifi  ,   quand  l'ennemi 
prend  un  temps  qu'on  lui  a  prélenté  à  delièin  par 
quelque  appel  ou  temps  faux  qui  eft  hors  la  mc- 
fure  afin  de  prendre  le  dcfliis  ou  le  dellous  ,  ou 
de  quarrçr  fuivanc  l'occalion. 
Contre-temps  ,   terme  de  danfe  ,   §C?  fe  dit  d'un 
certain  pas ,  lorfque  le  pié  qu'on  doit  pofer  étant 
en  l'air  ,  on    faute  fur  l'autre  pié  ,  avant  que  de 
le  pofer,    TolUre  pedem  in  altum  ,  altero  pede  juj- 
penfo ,  cui  viJeretur  injijlendum.  Les  contre-temps 
du  menuet  tenfermcnt  trois  manières  différentes  de 
fauter  :  l'une  eft  fautée  avant  le  pas  -,  la  deuxième 
eft  fautée  après  le  pas ,  &  la  troilicme  en  faifant 
le  pas. 

La  première  manière  eft  que  lorfque  vous  avez 
fîni  votre  pas  de  menuet  (  &  comme  vous  le  fi- 
niflez  du  pié  gauche)  il  faut  porrer  le  corps  en- 
tièrement deflus  ,  &:  approcher  le  droir  auprès  de 
le  première  polîtion  ,  puis  plier  delïïis  le  gauche, 
&  vous  relever  en  fautant  ;  c'cft  ce  qu'on  appelle 
communément  fauter  à  cloche-pié  ,  Se  c'eft  fauter 
avant  le  pas. 

La  1=  eft  qu'ayant  le  corps  fut  le  pic  gauche , 
vous  repliez  une  féconde  deflus  ,  &  puis  étant 
plies  ,  vous  gliUcz  le  pié  droir  devant  vous  à  la 
quatrième  pofition  ,  &  vous  vous  relevez  deffus  en 
fautant ,  Se  c'eft  fauter  après  le  pas. 

La  j": ,  enfin ,  eft  que  ,  comme  vous  avez  le 
corps  pofé  fur  le  pié  droit,  vous  pliez  deflus  ap- 
prochant le  gauche  tout  auprès  5  puis  en  vous  éle- 


C  O  N 

vant ,  vous  le  paflèz  devant  doucement ,  &  voué 
vous  laiflez  tomocr  deflus  en  fautaat  ,  ainfi  c'eft 
fauter  en  tahant  le  pas. 

Mais  quand  vous  comprenez  bien  ces  trois  temps 
dilïcrcns,  vous  les  faites  tout  de  lùite  ,  pour  for- 
mer votre  contre-temps  dans  toute  Ion  étendue.  Les 
Dames  doivent  adoucir  les  contre-temps.  Les  cou- 
tre-temps  neconviennjntqu'à  de  jcunei  pcribnnes , 
ôi  à  des  perfonnes  de  moyenne  taille. 

hts  contretemps  lont  de  ces  pas  fautes  qui  ahi-' 
ment  la  dame  par  les  différences  manières  de  les 
faire. 

Il  y  a  le  contre-temps  de  gavotte  &  le  contre 
temps  en  avant.  Pour  ij  faire  au  pié  droit ,  il  faut 
avoir  le  corps  pôle  lur  la  gauclic,  étant  pofé  à  la 
quatrième  polition  ,  le  droit  dciriete  le  talon  levé» 
puis  plier   lur  la  gauche  &c  le  relever  en  faurant 
deflus  :  mais   du    même  temps  ,  la  jamb:   droite 
qui  étoit  prête  à  partir  ,  pâlie  devant  en  fe  por- 
tant à  la  quatrième  poliiion  ,  &i  lut  la  pointe  du 
pié  ,  les  deux  jambes  fort  étendues  ■,  enfuite  fau- 
tant un  autre  pas  du  pié  gauche    en  avant   à  la 
quatrième  polition ,  ce  qui  fait  le  contre-temps  com- 
plet. Il  fe  fait  de  la  même  manière  en  arrière.  Il 
occupe  le  même  temps  que  le  temps  de  bourrée 
ordinaire. 

Le  contre-temps  de  côté  fe  fait  différemment  du 
contre-temps  en  avant ,  fur-tout  celui  qui  eft  croué; 
La  différence  eft  qu'il  faut  plier  fur  un  pié  pour 
le  contre-temps  en  avant ,  &  pour  celui-ci  on  doit 
pliet  fur  les  deux.  Si  vous  voulez  faire  un  contre- 
temps en  avant  du  côté  gauche  ,  il  fe  .ait  du  pié 
droit  ayant  les  deux  pies  à  la  deuxième  porition  , 
le  corps  droit  dans  fon  aplomb  ,  5c  vous  pli. z, 
puis  vous   vous  relevez  en  fautant.  Mais  comme 
le  mouvement  que  l'on  prend  pour  fautet  eft  plus 
forcé  que  celui  pour  s'elevcr  en  demi-coupé ,  ce- 
la fait  qu'en  vous  élevant ,  la  jambe  droite  rejette 
le  corps  fur  le  pié  gauche ,  &  elle  refte  en  l'aix  . 
fort  étendue  à  côté,"  &  de  fuite  vous  faites  un  pas 
de  cette  même  jambe  en  la  croifant  jufqu'à  la  cin- 
quième pofition  ,  en  pofant  le  corps  deflus  ;  puis 
vous  faites   de  fuite  un  autre  pas  du  pié  g2ucl\e 
en  le  portant  à  côté  à  la  deuxième  pofition  ,  ce 
qui  finit  ce  pas.  Pluficurs  le  font  foire  comme  le 
contre-temps  en  avant.  On  fait  aulfi  de  ces  mêmes 
contre-temps  en  tournante 
CoNTRE-TEMPS  de  chaconne ,  ou  contre-tenip s  ouvert. 
Il  fe  fait  le  pic  gauche  devant,  &  le  corps  pofà 
deflus  la  jambe  droite  ,  s'approche  derrière,  &  vous 
pliez  &  vous  vous  relevez  deflus  en  fautant  fur  le  pié 
gauche  ,  &  la  jambe  droite  qui  eft  en  l'air  fe  porte 
a  côté  à  la  quatrième  pofition  ,  &  le  pié  gauche 
fe  porte  foit  derrière  ou  devant  à  la  cinquième  po- 
fition ,  ce  qui  en  fait  l'étendue. 
Contre-têmps  à  deux  mouvemens  ,  ou  contre-temps 
talonne.    Cette  manière  de    contre-temps  eft  des 
plus  gracieules  &  des  plus  gaies  i  ce  pas  fe  fait  en 
avant ,  en  arrière  &  à  côté  ,  les  uhs  comme  les  au- 
tres.  Pour  le    faire   en    avant  &    du  pié   droit  , 
ayant  le  gauche  devant  à  la  quatrième  pofition , 
le  corps  pofé  deflus,  il  faut  plier  &  vous  relever 
en  fautant  fur  le  même  pié  ,  &c  la  jambe  droite 
qui  eft   derrière  ,   fe  palfe  devant  dans  le  même 
temps  que  vous  pliez,  &  fe  tient  en  l'air  fort  éten- 
due pendant  ce  premier  mouvement  ;  mais  vous 
reprenez  de  fuite  un  fécond  mouvement  en  pliant 
fut    le  pié    gauche  ,  ce    qui  vous  rejette    fu-r  le 
pié  droit    en    formant  un  jeté.   Ainfi  ce   pas  eft 
compofé  de  deux  mouvemens  différens  ,  lavoir, 
plier  &   fauter  fur  un  pié  ,  &  fe  reicter  fur  l'au- 
tre. Ce  pas  a  pris  apparemment  l'épithète  de  talon- 
né ,  de  Bilon,  fameux  danfeur.  Rameau. 
CONTRETENANT ,    f.   m.    champion    qui  entra 
en  lice  dans  un  tournois  pour  combattre  celui  qui 
eft  le  tenant  ,  qui  avoit  fait  le  premier  défi.  Op- 
pugn  itor. 

On  le  dit  aufll  dans   la  diffute.  Diiplcix  s'eft 


co 


G  Ô  M 


P 


appelé  le  contretcnant  de  Vaugelas  ,  dans  ie  li- 
vre qu'il  a  écrie  contre  les  remarques. 
CONTRE-TERRASSE,  f.  £  tcrrailc  élevée  au-dcf- 
Tus  d'une  autre  terralle ,  pour  quelque  élcvacioii 
de  parterre  ,  ou  racommodement  de  terrain.  Ter- 
Tenus  offgcr  agereri  cerreno  itnpojitus: 
CONTRÉ-TIRÊR  ,  v.  a.  copier  un  deflein  ,  un  ta- 
bleau ,  en  obibrvant  les  mêmes  traits  &;  mcdircs. 
Exemplar  aliquoil  pingenao  imiiari .,  ce  qu'on  fait 
par  le  moyen  d'une  toile  fine ,  d'un  papier  huilé 
ou  autres  matières  rraniparentes  ,  en  marquant  les 
mêmes  traits  qu'on  voit  à  travers.  On  le  lait  au/Ti 
avec  des  inftrumens ,  comme  avec  le  châiills  ,  le 
fînge  ,  ou  le  prrallélograme  des  gcomctres. 

On  appelle  aaiîi  en  Imprimerie  contre-tir er  , 
lorfque  l'on  tire  une  contr'épreuve  fur  une  épreu-' 
ve  fraîchement  tirée  ,  &  qu'on  en  imprime  une 
autre.  Imaginem  ah  excuja  recens  imagine  expri- 
mere. 
Contre-tiré  ,  ée.  part. 

CONTRËTRANCHÉES ,  f.  £  pi.  terme  de  fortifi- 
cation. Ce  Ibnc  des  tranchées  que  l'on  fait  con- 
tre les  afliégcans ,  Icfquelles  ,  par  conféquent ,  ont 
leur  parapet  tourné  du  côté  des  afliégeans.  Fo^a 
munita  vallo  ohjiientibus  objecla.  Elles  font  d'or- 
dinaire enfilées  de  plusieurs  endroits  de  la  place, 
afin  d'empêcher  les  ennemis  de  s'en  fervir  ,  en 
cas  qu'ils  s'en  rendent  les  maîtres. 
CONTRETRAVE.  f.  m.  Pour  l'explication  ■^voye^^ 

CoNTRETRAVE. 

CONTRE-VAIR  ,  terme  de  Blafon  ,  c'ell  le  con- 
traire de  Vair.  Il  fe  dit  des  fourrures  dont  les 
peaux  font  oppofées  les  unes  aux  autres  ,  &  com- 
me elles  peuvent  l'être  en  trois  manières,  contre- 
vair  fe  dit  aulîi  de  trois  façons.  Si  les  bafes  font 
oppofées  aux  bafes ,  ayant  argent  contre  argent, 
&  azur  contre  azur  ,  on  l'appelle  (implcment 
contre-vair  ;  mais  fi  les  bafes  font  oppofées  aux 
pointes,  on  dit  contre-vair  en  pointe,  &  fi  les 
pointes  étoicnt  oppofées  aux  pointes,  on  l'appellc- 
roit  contre-vair  oppole  en  pointe. 
CONTREVAIRE  ,  EE.  ad),  terme  de  blafon  ,  qui 
fe  dit  d'un  écu  chatgé  de  contre-vairs.  Ceft  l'op- 
pofé  de  vair  ,  &:  il  fe  dit  quand  le  métal  autre 
que  l'argent  eft  oppofc  à  l'azur.  Contrapetafatus, 
Contrevairé  en  pointes  ,  Se  contrevairê  oppofé 
en  pointes.  Voye^^  Contrevair  où  cela  cft  ex- 
pliqué. La  maifon  du  PlcfTis-Auger  porte  contre- 
vairé d'argent  &  dazur. 
CONTREVAL,  vieux  adv.  en  defceridant  ,  en  bas* 
Deorfùm,  C'cft  le  contraire  de  contrcmont. 

Ce  mot  cft  compofé  de  contra  ,  contre ,  &  val- 
lis  ,  val ,  vallée.  Ce  qui  va  contre  la  vallée  ,  va  en 
defcendant. 
CONTREVALLATION  ,  f.  f.  terme  de  l'art  mili- 
taire.   Contreligne   ou    fofl'é   qu'on     fait     autour 
d'une  place  afiicgée,  pour  empêcher  les  forties  de 
la  garnifon  quand  elle  eft  forte.  Fojfa  munita  val- 
lo ^  otfell(Z  urbi  circumducla.  Il  eft  bordé  d'un  pa- 
rapet du  côté  de  la  place  ,  &  flanqué  de  diftance 
en  diftance. 
CONTREVENANT  ,    ANTE.   adj.    ordinairettient 
employé  fubftantivemcnr.  Les  fentcnccs  qui  con- 
tiennent les  défenfes ,  portent  fouvent  permiffion 
d'emprifonner  les  contrevenans  à  ce  qu'elles  or- 
donnent.  Violator  ,  vio/ata:  rei  cuji/fpiamreitSi 
CONTREVENIR  ,  v.  n.  faire  quelque  chofe  contre 
quelque  loi ,  quelque  coutume  ,  ou  quelque  obli- 
gation qu'on  a   contra(5i:ée.   Legis  fiatuta  ,  pacfa  , 
fœJus  violare ,  perfringere.  La  procédure  eft  nulle  , 
quand  on  contrevientà  la  dernière  Ordonnance.  Les 
Infidèles  contreviennent  fouvent  aux  traités  qu'ils 
ont  fait  avec  les  Chrétiens.  Le  Roi  fit  punir  févé- 
remcnt  ceux  qui  contrevinrent  à  fes  ordres.  Choisi. 
Il  contrevint  aux   ordres  de  l'Empereur.  Ablanc. 
CONTREVENT,  f.  m.  grand  volet  qui  s'ouvre  & 
fe  ferme   en  dehors ,  &  qui  a  toute  la  hauteur  de 
la  fenêtre.  Exterius  fenejircz  ojlium.   On  en  met 
fur  -  tout  aux  maifons  de  campagne  ,   tant  pour 


■877 


gabhtir  les  vitres  des  vents  &  de  la  grêle  ,   que 
pour  les  fermer  &  défendre  les  maifons  des  voleurs; 
On  appelle  aufli  contrevens  i  les  pièces  de  bois 
qui  fervent  à  aliérmir  les  fermes  contre  la  vio- 
lence des  vents  ;  quand  les  toits  ont  beaucoup  de 
,  hauteur  ,  on  les  met  en  croix  de  S.  André. 
CONTRE  VENTER,  v.  n.   c'eft  mettre  des   pièces 
de  bois  obliques  dans  les  charpentes  des  bâtimens , 
pour   rciîfter  à   Ifi  violence  des  vents. 
|t?  CONTRE-VERGE ,  f.  f.  inftrument  du  métiec 
des  étoffes  de  foie.  Baguette  ronde ,  fans  écorce,  qui 
fert  à  apprêter  les  verges  quand  il  y  a  du  poil  ,  à 
fixer   les  divers  compofteurs  dont   on   fe  ferr    au 
métier,  &  à  féparer  le  poil  de  la  chaîne  ,  pour  don- 
ner la  facilité  d'habiller  les  fils  &  de  remettre.  EncyCo' 
CONTREVÉRITE  ,  f.  f,  difcours  évidemment  faux 
&  oppofé  à  la  vérité  ,  fait  exprès  pour  faire  com- 
prendre tout  le  contraire  de  ce  qu'on  dit  ;  par  exem- 
ple ,  en  donnant  des   louanges  à   quelqu'un  fur 
des  bonnes  qualités  qu'il  n'a  pas ,  on  fait  enten- 
dre qu'il  a  les  vices   oppofés.  Dire  d'un  poltront 
que  c'eft  un  brave  ,  d'une  femme  reconnue  liberti- 
ne, que  c'eft  une  Lucrèce,  ce  font  des  contreverites, 
^  CONTRE- VISITE ,  f.  f.  féconde  vifite  des  lieux 
contentieux  qu'une  partie  fait  ordonner  en  juftice  « 
quand  elle  prétend  que  la  première  vifite  faite  à  là 
requête  de  fa  partie  adverfe  ,  eft  nulle  ou  vicieufe. 
On  appelle  aufli  contre-vijites  ,  de  fécondes  vi- 
fites  de  Police  ,  ou  de  Commis,  pour  empêcher 
les  fraudes    qui  pourroient  avoir    été  faites  dans 
les   vifites  fixées  &  ordonnées  p>ar  les  réglemens. 
CONTREUVE  ,  f".  f.  vieuxmotqui  fignifioit  un  conte 
inventé  ,  une  fable  faite  à  plaifir.  On  a  dit  auffi 
controuvaille  dans  le  même  fens. 
ÇCr  CONTR'EXTENSION.  Voyei  Contre-exten- 
sion. 
CONTRIBUABLE^ adj.  m.  &  f.  terme  de  finances  s^ 
qui  doit  fournir  fa  part  de  quelque  impofitionou 
dépenfe  commune.  Qiii  defuo  trihuere  quidpiam  tC' 
netur.  Les  nobles  ne  font  point  contribuables  pout  les 
tailles.  Le  rôle  contient  le  nombre  des  contribuables, 
CONTRIBUER,  v.n.  foi  rniria  part  d'une  im.  oofitioti 
ou  déperifé  commune.  Contribuere,con  ferre.  Tous  les 
habitans  doivent  contribuer  aux  charges  de  ville. 
Ces  paroiiiiens  cownYz/e«/à  laconftrudion  du  pref 
bytère.  Dans  ce  fens,  c'eft  payer  extraordihairemehc 
une  fomme  pour  quelque  néceflité  publique. 
03°  CONTRIBUER  ,  en  termes  de  guerre  ,  fe  dit  en 
parlant   des  fbmm'S  que  l'on   paye   aux  ennemis 
pour  fe  racheter  du  pillage  &  des  exécutions  mili- 
taires. Pecuniam  imperatant  conferre.  Tout  ie  pays  a 
contribué.  Le  Général  a  fait  contribuer  tout  le  pnys. 
§Cr  On  le  dit  par  abus  des  voleurs  de  rrand  che- 
min qui  font  contribuer  les  paffans.  J'entrai  dans 
tme  troupe  d'hommes  courageux  qui  fàifoient  co/z- 
tribuer  les  voyageurs. 
^CF  Contribuer  fignifie  encore  aider  j  de  quelque 
manière  que  ce  foit,  au  progrès,  au  fuccès  d'une 
entreprifè  ,  à  l'exécution   de  quelque  projet.  Ccw 
ferre.  Un  hon  me  puiflant  contribue  à  la  fortune  s 
à  l'avancement  de  fon  protégé.  Le  foldar  contri- 
bue au  gain  d'une  bataille.  Contribuer  de  fcs  de- 
niers ,  de  fes  foins  ,  de  fon  crédit ,  &c.  Opes ,  vires  ^ 
aticloritatem  conferre  ad  alicjuid. 
lîCF  Contribuer  fe  dit  encore  d'un  nombre  de  créan- 
ciers qui  doivent  porter  une  partie  de  la  perte  qu'il  y 
a  à  fouffrir  dans  une  banqueroute.  Aliquid  cède- 
re  de  jure  fuo  ,  decedere.  Quand  il  n'y  a  que  des 
effets    mobiiiaires  &c   infuffifans  pour  leur    entier 
payement ,  ils  font  obligés  de  contribuer ,  de  per- 
dre fur  leur   dette  à  proportion    de  leur  dû  ;  ce 
qui  s'appelle  autrement,  être  payé  au  fou  la  livre  , 
au  marc  la  livre, 
Contribué  ,  ée.  part. 

CONTRIBUTION,  f.  £  payement  que  chacun  fait 
de  la  part  qu'il  doit  porter  d'une  impoftior,ou 
d'une  dépenfe  commune.  Pecuniœ  ccllatio.  Il  y  a 
des  contributions  forcées ,  comme  celles  des  tailles 
5c  des  ijnpots.  Il  y  a  des  contributions  volon  taires  3 


SyS  CON 

comme  celles  des  frais  pour  taire  réufîîr  une  af- 
faire de  communaiitc. 

On  dit  que  les  voleurs  mettent  les  pailans  à 
contribution  ;  peut  dire,qu'ils  leur  font  donner  leur 
argent ,  qu'ils  les  dévaliicnt. 

Contribution  lustrale.  Collation  iuftrale ,  impôt 
qui  le  levoit  autrefois  fur  les  marchands.  Collatio 
iïijîralis.  La  troificme  exemption  que  Conftantin 
accorde  aux  clercs ,  cft  de  la  contribution  Inf- 
trah  ,  qui  fe  levoit  fur  les  marchands.  Fleury. 
Cette  contribution  fc  remit  enfuite  fur  les  clercs , 
car  Gratien  les  exempta  de  nouveau.  Foyc^  Col- 
lation  LUSTRALE. 

^3"  On  appelle  parriculièrement  contributions  , 
en  terme  de  guerre  ,  ce  qu'on  paye  aux  enne- 
mis pour  fe  garantir  du  pillage  &  fe  rédimer  des 
exécutions  militaires.  Tributum,vecligalimp.ratum. 
Le  Général  a  mis  tout  le  pays  à  contribution  , 
fous  contribution.  Payer  ,  faire  payer  les  contribu- 
tions. 

Contribution,  en  terme  de  Palais,  fe  dit  du  par- 
tage des  elFets  mobiliaires  du  débiteur  ,  qui  fe 
fait  entte  plufieurs  créanciers  ,  quand  ces  effets  ne 
font  pas  fuffilans  pour  les  payer  entièrement  de 
leurs  créances  :  auquel  cas  il  faut  qu'ils  peident  à 
proportion  lur  les  fommcs  qui  leur  font  dues.  On 
a  fait  un  procès  verbal  de  contribution  au  fou  la 
livre.  La  contribution  n'a  lieu  en  matière  hypothé- 
caire ,  que  quand  il  y  a  concurrence  de  privilège. 

^C?  Contribution  aux  dettes  d'un  défunt  ;  c'eft  la 
répaitition  qui  fe  fait  entré  les  héritiers  de  la  maf 
fe  des  dettes,  afin  que  chacun  d'eux  en  fupportc 
la  portion  qui  eft  à  fa  charge  ,  à  proportion  de  la 
paît  qu'il  a  dans  la  fucceflion. 

11  fe  fait  auiîî  une  contribution  fur  la  met  entre 
îes  aflureurs  &  les  marchands  alfùrcs  ou  les  maîtres 
de  navire  ,  quand  il  eft  arrivé  quelque  perte  ou 
avatie,  ce  qu'ils  appellent  aulTi  rétribution. 

CONTRISTER,v.  a6t. donner  duchagrin,de  l'afflic- 
tion. Contrijliire  aliquem  ,  mœjlitinm  alicui  inferre, 
La  nouvelle  de  la  mort  d'une  perfonne  aimée  co/z- 
trijle  beaucoup.  Ce  mot  n'eft  pas  d'un  grand  ufagc. 
fen  terme  de  l'écriture-fainte  ,  contrijler  le  Saint- 
Efprit ,  c'eft  retombei  dans  le  péché  ,  après  avoir 
reçu  les  grâces  ,  les   dons  du  Saint-Eiptit. 

Contristé,  eé.  part. 

CONTRIT  ,  ITE.  adj.  Ce  mot  fe  dit  proprement 
en  terme  de  dévotion  &  fignifie  proprement  celui 
qui  a  un  grand  regret  de  fes  péchés  par  un  pur 
amour  de  Dieu  ,  avec  le  vœu  de  remplir  tout  ce 
qui  eft  néceflaire  pour  recevoir  dignement  le  Sa- 
crement de  Pénitence.  De  peccatis  admijfis  vehe- 
menter  dolens  ,  cum  propofito  cor.fitendi  &  fatif- 
faciendi ,  dit  S.Thomas.  Dieu  ne  dédaignera  pas 
un  cœur  contrir  &  humilié  ,  dit  le  Pfalmifte.  S'at- 
fliger  d'un  péché  ,  &:  en  gémir  ,  ce  n'eft  pas  le 
hair,  comme  le  hait  Dieu,  qui  n'en  eft  ni  affli- 
gé ni  contrit.  Boss. 

Tu  ne  te  plais  ,  Seigneur ,  à  d'autres  facrifices , 
Qu'à  ceux  d'un  cœur  contrit. 

Contrit  ,  ite  ,  fe  dit  auflî  par  une  efpèce  de 
plaifanterie -,  pour  dire,  trifte,  affligé,  mortifié.  Il 
étoit  bien  contrit  de  cette  affaire. 

CONTRITION ,  f.  f.  terme  de  Théologie  ,  c'eft  la 
véritable  douleur  que  fent  un  pénitent  dansle  regret 
qu'il  a  d'avoir  offenfé  Dieu  ,  caufé  par  un  pur 
amour  de  Dieu ,  &;  par  la  feule  conlidération  de 
fa  bonté,  fans  faire  réflexion  fur  la  crainte  des 
fupplices  que  le  péché  mérite.  Sunimus  animi  dolor 
oh  peccata  adverfùs  Deum  infinité  amabi/em  com- 
miffa  ,  co/2tritio.  Les  Docteurs  tiennent  que  la  con- 
trition fuffit  pDur  obtenir  de  Dieu  mifcricorde , 
dans  les  occafions  où  l'on  ne  peut  pas  faire  une 
confelTion  facramentale ,  &;  qu'en  cela  elle  diffère 
de  l'atttition.  Il  faut  faite  fouvent  des  aéles  de 
contrition. 


CON 

ifT  Ce  terme  métaphorique  vient  du  verbe  conte- 
rere  ,  brifet  j  bioyer. 

IJCF  L'ufage  l'a  conlàcré  ,  pour  marquer  l'état  d'une 
ame  que  le  repentir  déchire.  Cette  douleur  en  effet 
brife  ,  pour  ainfi  dire,  les  cœurs,  &  amollir  la 
dureté.  Elle  doit  être  intérieure ,  furnaturelle , 
fouveraine  &c  univerlélle.  Il  y  en  a  de  deux  ibrres, 
l'une  parfaire,  qu'on  nomme  fimplement  contri- 
tion ,  l'autre  imparfaite,  que  les  Théologiens  nom- 
ment attrition.  La  première  eft  une  douleur  &  une 
déteftation  du  péché ,  caufce  par  le  mouvement 
d'une  charité  parfaite.  La  féconde  eft  une  douleur 
&  une  déteftation  du  péché,  caufce  ordinairement 
par  la  confidération  de  la  difformité  ou  laideur  du 
péché ,  ou  par  la  crainte  du  châtiment ,  &  qui  a 
pour  principe  le  Saint-Efprit  qui  n'habite  pas  encore 
dans  un  cœut ,  mais  qui  l'excite  &  le  porte  au  bien  , 
(  5c  par  conféquent  un  amour  de  Dieu  encore 
foible.  ) 

f3"  La  contrition  parfaite  réconcilie  rhomtTse  avec 
Dieu ,  avant  même  qu'il  ait  leçu  le  factement  de 
Pénitence ,  en  vettu  du  défit  de  recevoir  ce  là- 
ctement. 

(!Cr  Si  la  douleur  que  caufe  Vattrition  eft  accom.pa- 
gnée  d'une  volonté  fincère  de  ne  plus  pécher  &  de 
i'elpérance  du  pardon-,  bien  loin  de  rendre  l'homme 
hypocrite  &c  plus  grand  pécheur ,  elle  le  difpofe  à 
obtenir  la  çrrace  de  Dieu  dans  le  facrement  de  Pé- 
nitence. 

CONTROLE  ,  C.  m.  c'eft  un  rcgiftre  double  qu'on 
tient  des  expéditions ,  des  adtes  de  finance  &z  de 
juftice  ,  pour  en  affùrcr  davantage  la  confervation 
&  la  vérité.  Un  rcgiftre  qu'on  tient  pour  la  véri- 
fication d'un  rôle  ,  d'un  autre  regiftre.  Commenta-  ■ 
rins  ,  acla.  Tenir  ,  faire  le  conttôle.  Toutes  les  quit- 
tances de  finance  s'enregiftrent  au  Contrôle  gcné- 
lal.  Il  fe  fait  un  contrôle  du  payement  des  rentes 
de  la  Ville.  L'Edit  du  contrôle  des  Bénéfices  de 
l'année  \6^6  ,  contient  des  réglemens  rrès-utiles  ; 
mais  il  a  été  tévoqué  pour  la  plus  grande  partie  en 
l'année  \6j^6.  Le  contrôle  des  exploits  empêche 
bien  des  antidates  ,  des  ftiponneries  de  Scrgcns. 
On  a  des  Commis  aux  portes,  aux  bureaux,  qui 
tiennent  le  contrôle  des  entrées. 

îfF  Contrôle  des  ouvrages  d'or  &  d'argent,  mar- 
que ou  poinçon  que  les  Orfèvres  &  auttes  font 
obligés  de  faire  appliquer  fur  tous  les  ouviages 
d'oi  &  d'atgent ,  avant  que  de  les  mettre  en  vente.. 
Foyei  Marque  ,  Poinçon. 

Contrôle  eft  auffi  le  droit  qu'on  paye  pout  ce  con- 
trôle. Le  contrôle  des  exploits  rapporre  tant.  Il 
a  acheté  le  contrôle  d'une  telle  partie  de  rente  fur 
la  Ville. 

Contrôle  fe  dit  aufll  de  quelques  droits  &  impofi- 
tions.  On  paye  un  droit  de  contrôle ,  quand  on 
taxe  des  dépens.  Des  contrôles  pour  des  matques 
de  marchandifes. 

fer  Contrôle  fignifie  auflî  l'office  de  celui  qui  tient 
le  contrôle.  Le  contrôle  de  l'Hôtel  de  Ville ,  le 
contrôle  des  Finances,  des  Domaines  &  Bois ,  &c. 
Quand  on  dit  fimplement  contrôk  génétal ,  on 
entend  le  contrôle  génétal  des  Finances. 

CONTROLER  ,  v.  a.  tenir  un  contrôle  ,  enregiftrer 
des  aéles  de  finance  ou  de  juftice.  In  commentaria, 
in  acla  referre.  On  ne  délivre  point  de  lettres  de 
Chancellerie  ,  ni  d'exploits ,  qu'ils  ne  ibient  con» 
trèlis.  On  contrôle  toutes  les  quittances  de  finance 
pout  leur  validité. 

|C?  Contrôler  fignifie  auffi  faire  mettre  fur  les 
nouveaux  ouvrages  d'or  &  d'argent,  la  marque 
ou  poinçon  qui  fait  foi  qu'ils  ont  payé  les  droits 
du  Roi 

Contrôler  fignifie  aufïi  reprendre  les  paroles  ou  les 
adions  d'autrui,  les  critiquer,  y  trouver  .\  redire. 
Ar guère,  vellicare,increpare,cenforid  vir^ulànotare^ 
Il  y  a  des  gens  incommodes  qui  conrrôlent  toutes 
les  adlions  des  autres,  qui  ne  rrouvent  rien  de  bien 
fait  à  leut  fantaifie.  Sous  prétexte  qu'il  n'eft  pas 
permis  de  contrôler  les  ordres  de  la  Providence, 


C  O  N 


nî  de  fonier  les  proibndears  de  fa  ùgziTe ,  il  ne 
faut  pas  lui  attribuei-  une  conduite  injufte  &  biiarre. 
S.  EvR.  Contrôler  les  adtions  des  Dieux.  Aïs,  Taiiez- 
vous,  ignorance,  ce  n'eit  pas  à  vous  à  eomrôUr  les 
gens.  Mol. 

Car  il  contrôle  tout  ce  Critique  lélé  ; 
Et  tout  ce  qu'il  contrôle  eji  fort  bien  contrôlé. 

Mol. 

CONTROLE  ,  EE,  part,  kdtt ,  contrôle  ,  conduite 

Contrôlée. 
CONTROLEUR,  f.  m.  Officier  établi  pour  contrôler, 
pour  tenir  le  contrôle,  &  cerrifier  que  les  choies 
ont  été  contrôlées.  Le  Contrôleur  G*cnéral  des  Fi- 
nances. Le  Contrôleur  du  marc  d'or.  Les  Contrô.eurs 
de^  la  Chancellerie.  Il  y  a  aulli  des  Commis  Cvn- 
trôleurs  d'Exploits ,   Contrôleurs  aux  portes ,  aux 
bureaux. 
fer  Le  Contrôleur  Général  des  finances  ed  celui  qui 
a  la  diredlion  &  adminiftration  de  toutes  les  Wr^iw- 
ces  du  royaume  tant  ordinaires  qu'extraordinaires. 
C'efl:  lui  qui  contrôle  &  enrcgiibe  tous  les  aiites 
qui  ont  rapport  aux  finances  du  Roi. 
Contrôleur    i"e  dit  auifi  chez  le  Roi,  les  Princes  & 
les  Grands  Seigneurs,  des  Officiers  établis  pour 
régler  ou  ^certirier    les   dépeniés  de  leur  mailbn. 
Ahenœ.  fiàel  in  gerendo  muncre  infpeclor.  Les  Con- 
trôleurs généraux  de  la  Mailbn  du  Roi.  Les  Con- 
trôleurs &  les  Maîtres  d'Hôtel  des  Seigneurs  s'en- 
tendent fouvent  eniémbie. 
Contrôleurs  des  actes,  font  des  Commis  pjrépofés 
pour  l'enregiftrement    &  le  contrôle  des  actes  de 
Notaires  &  Tabellions  royaux. 
Contrôleur  gênerai  des  rejies  ,  eft  un  Oiïicicr  de  la 
Chambre  des  Comptes  dei'aris,  créé  pour  faire 
\£  recouvrement  des  reftes  &  débets  des  comptes 
rendus  à  la  Cliambre. 
Contrôleur  de  la  Marine ,  eft  un  Officier  qui  con- 
trôle &  obferve  les  marchés  qui  fe  font  dans  un 
arfenaj  de  îvlarine,  tant  pour  les  marchandifes  & 
provilions ,  que  pour  le  falaire  &  le  travail  des  ou- 
vriers ,   &  qui  alfifte  aux  montres  &:  revues  des 
équipages  avec  le  Commiffaire  ordinaire.  Rei  ma- 
ritimes infpeclor. 
Contrôleurs  des  rentes.  La  première  fonélionqui 
efl:  attribuée  à  ces  Officiers  par  leur  édit  de  création , 
c'eft  d'être  préfens  lorfque  les  payeurs  des  rentes 
font  leur  payement,  pour  en  tenir  le  contrôle. 
Contrôleur,  euse  ,  fe  du  aulfj  figurémcnr  dans  le 
ftyle  familier  des  curieux  &  critiques ,  qui  oblér- 
vent  les  adlions  d'autrui  pour  les  blâmer  &:  les  re- 
prendre. Cerifor  importunus.  On  a  beau  faire  bien 
on  ne  manque  jamais  de  contrôleurs,  ou  de  con- 
trôleufes   qui  blâment  la  conduite  des  gens.  Du 
Cange  dit  qu'en  la  baife  latinité    on  appeloit    un 
contrôleur ,  curiofus. 
CONTROVAILLÉ  ,  Ç.   f.  vieux  mot,  fable,  ima- 
gination. 
CÔNTROVEPvSE  ,  f.  f.  terme  dogmatique,  difpute 
fur  une  chofe  qui   n'ell   pas  certaine ,  où  il  s'agit 
d'opinions  qui  peuvent  être  fotûenues  de  part'& 
1     d'autres.   Controvcrjii.    Les    Aftronomes   ne    font 
r      plus  en  controverje  fur  le  mouvement  de  la  terre; 
il  efl:  hors  de  controverfe.  Sénèque  a  fait  deux  livres 
âc-controverfes. 
Controverse    fe  dit    maintenant    en  un  fcns  plus 
étroit,  des  difputes  fur  les  matières  de    Religion 
ffT  qui  ne  font  pas  abfolument  décidées  par^l'E- 
glife ,  ou  fur  les  points  de  foi ,  entre  les  Catholiques 
&:  les  Hérétiques.  Etudier  la  controverfe,  c'efl:-à-dire 
les  matiètes  controverfées;  prêcher  iz  controverfe , 
fe  dit  d'un  Prédicateur  qui  difcute ,  éclaircit  en 
chaire  les  points  contcftés  entre  les  Catholiques  tSc 
les  Protêftans.  De  re  ad  chrifianam  fidem  perti- 
nente controverfia.  On  ne  doit  point  craindre  de 
rtoubler  la  paix  du  Chiirtianifme  par  des  contro- 
verfcs,  quand  il  s'agît  d'établir  les  vérités  de  la 
Religion.  Rien  n'efl:  plus  capable  de  ramener  dans 


COKf  §7^ 

li  butine  voie  ceux  qui  s'en  font  malheureufement 
égares,  que  de  favantes  controverfes.  Les  ikrcti- 
ques  n'ont  rien  tant  en  horreur  que  ies  controy^^jest 
parce   que  nen  ne  fait  mieux  voir  la  ^auuciJ  d- 
leurs  opmions ,  &  ne  dccrompe  plus  efficacement 
ceux  qui  font   dans  l'erreur; 
CONTROVERSE,  ÉE,  dilputé,  débattu  de  part& 
d  autre.  Controverjus.  En  rain  les  Galvinidcs  prc- 
tendent-ils    faire  du  Purgatoire  un  point  contro- 
verje ,  depuis  que  l'Eglife  a  reconnu  cette  doCltmé 
établie  dans  les   Livres  faints. 
CONTROVERSISTE ,  f.  m.-  qui  écrit ,  ou  qui  prêché 
la  controverle.  Gontroverfi-irum  de  rébus  adiidem 
pertinemibus  fcriptor.   Les    Cardinaux  BeUânniii 
&  du  Perron  ont  été   de  grands    Controverj-ucs. 
Tout  le  monde  fe  mêle  d'être  Controverjiite.  L-s 
Hérétiques  ne  font  plus  excufables  de  leurs  é^are- 
mens  depuis  que  tant  d'habiles  ControverJiitS'lxcni. 
ont   faK  Gonnoîtte  la  vérité.  Le  zélé  des  i^ontrovef- 
Jijtes  paife  dans  l'efprit  des  Hérétiques  pour  des 
emportemens  d'une  ame  ambitjeufe ,  qui  allume  la 
dilcorde,&  la  dillénfion,  pour  fe  rendre  coniidé- 
rablc  ious  prétexte  de  défendre  la  vérité.  L'ardeur 
des  Controverjjies  eft  un  elfet  d'un  amour  véhément 
pour  les  mtctets  de  la  venté.  Les   Controverfltes 
doivent  moins  ambitionner  de  ttiompher  de  ic-ir 
adverlaire ,  que   de  l'erreur.  Combien  le  zèle  des 
habiles  Controverjijies  a-t'il  fait  lentrer  dans  le  iéin 
de  l'Eglife  de  bonnes  âmes  que  Is  feul  malheur  de 
leur  naiîlance  tenoic  engagées  dàris  l'erreur  !  Tatit 
de  faintcs  an-ves ,  réunies  de  bonne  foi  au  troupeau 
de  J.  C.  font  redevables  de  leur  converiion  a  la  fer- 
veur des  habiles  Controverjijtes. 
CONTROUVER,  v.  a.  inventer  une  faufTeté,  uns 
impofture.    Fingere  ,    confingsre ,  comminifci.  Cet 
Avocat  n'a  plaidé  que  des  faits  controuvcs.  Voilà 
des  çhofes  controuvées  pour  l'endurcir.  Il  faut  que 
ce    foit    un   démon  ,  pour  avoir  controuvé  une  fi 
noire  calomnie.  Il  y  a  quelques  gens  qui  croient 
que    controuver  eft  trop  vieux    pour  s'en  fervir»- 
mafs  il  efl:  certain  qu'il  peut  êrred'ufage,  pourvu 

quon  ne  l'emploie  pas  fouvent  ,&  qLie""cû/z/r<;/,K,r 
des  mèiifonges  efl:  fort  bien  dit.  Vaug. 
=p"  Ce  mot  a  vieilli   encore  depuis  Vaugeîas ,  &  il 
eft   certain   qu'on  s'en   fert  peu  aujourd'hui. 

?ïrÇ?i>f  ^*"°"^'^  '  "'  P^"'  P^^'^^^<=ommentitius. 
^Ij  CONTUMACEjf.ftcrmedeprocédure  criminelle, 
retus  de  comparoître ,  de  fe  préfenter  au  tiribunal 
du  Juge  pardevant  lequel  on  eft  appelé  pour  crime, 
C'eft  ce  qu'on  appelle  défaut  dans  le  civil.  Fadi- 
momi  dcfeclio  ,  detraclatio.  Être  condamné  par  coti- 
tumxce.  Faire  juger,  purger  \z  contumace,  It-iàit-^ 
fauts  &  contumaces  font  mis  au  néant ,  quand  on 
fe  vient  purger  dans  les  cinq  ans.  Si  le  condamné 
par  contumace  meurt  dans  les  cinq  ans  ,  les  patcn-, 
font  reçus  à  purger  fa  mémoire.  La  contumace  n'eit 
pr.s  Toujours  Une  préfbraption  que  l'accufé  foit 
coupable.  On  condamne  l'accufé  par  contumace, 
nori  parce  que  le  crime  eft  prouvé,  mais  pire»  que 
l'accufé  eft  abfent.  Le  xMait.  S.  Athanafc  aima 
mieux  fe  iaifîer  condamner  ^p^x  contumace  i  qnc  de 
fe  préfenter;  la  railbn  eft  qu'un  accule  a  olutôt  de- 
vant les  yeux  ce  que  les  Juges  peuv^ent ,  que  ce 
qu'ils  doivent.  Id.  Par  les  loixRomaines  on  lie  fal- 
loir point  le  procès  par  contumace  dans  la  premiè- 
re année  de  l'abfence.  On  annotoit  feulement  lés 
biens  du  fugitif,  &  s'il  mouroit  dans  l'année, il 
mouroit  integri  fîatus  :  mais  après  l'an  expiré,  il 
étoit  réputé   coupable. 

Ce  mot  vient  du  latin  contumax ,  défobéiflanr- 

tfT  Contumace,  adj.  La  même  chofe  que  contumax, 
II   a   été  déclaré   contumace    ou  contumix 

rr  CONTÙMACER  ,  v.  a.  terme  de  pratique ,  inf- 
truire  la  contumace,  en  pourfuivre  l'inftruelion , 
donner  les  a/fignations,  faire  les  pubiicationj  &: 
procédures  néceflaires  contre  celui  qui  ne  compa-' 
roît  pas.  Vadimonii  dsferti  reum  pre::unciare 
judicare  ,  aliquem  ob  difertiim  vadimoninm  jontem. 
pronunciare.  Il  n'a  point  comparu  pour  être  intcr- 


88o 


C  O  N 


CO  N 


rogé  fur  faits  èc  articles,  quoiqu'il  ait  étéafTignc 
par  trois  t'ois,  &c  dûment  contumace.  Il  s'eft  laiHc 
trompeter  &i  contumacer  lans  avoir  olc  paroître. 
CONTUMACE ,  ÉE  ,  part,  jugé  par  coutumace ,  con- 
damné par  contumace.  Dejerto  vadimonio  damna- 
tus.  Ayant  été  long  temps  pourûiivi  &C  contu- 
mace. Fleury. 
ffT  CONTUM  AX  ,  terme  de  pratique ,  fynonn-ne  de 
contumace.  On  appelle  ainli  celui  qui  rcfule  de 
comparoître  en  Jurtice  fur  les  aflignations  qui  lui 
font  données,  f^adimonii  deferior.  Il  ne  fe  dit  qu'en 
matiCre  criminelle.  Il  a  été  déclaré  contumax ,  & 
comme  tel  déclaré  atteint  Se  convaincu,  &c. 

Dans  le  Droit  F.omain  ,  contumax  ,  eft  celui 
qui  ayant  eu  trois  fommations  pour  comparoître , 
ou  une  feule  qu^on  appelle  peremptoire  ,  &  qui  eft 
équivalente  aux  trois  autres ,  rcfufe  de  comparoître. 
Contumax.  Voyez  Contumace. 
Contumax  fe  dit  aulfi  en  Théologie  morale  ou  en 
Droit  canon,  de  celui  qui  ne  fait  point  de  cas  des 
Ordonnances  de  l'Eglifc  ,  qui  les  méprife.  Pour  être 
frappé  de  cenfure,  il  faut  êtie  véritablement  co/z- 
tumax,  &  pour  être  véritablement  contumax  ,  il  eft 
nécelfaire  qu'il  ait  précédé  au  moins  une  monition 
avec  menace  de  cenfure  ,  faite  de  la  part  d'un  Juge 
Eccléfiaftique,  Contumax  eft  indéclinable ,  comme 
beaucoup  d'autres  pris  des  langues  étrangères.  Il  eft 
purement  latin,  6c  fignifie  opiniâtre,  réfradaire  , 
défobéiflant. 
CONTUMÉLIE  ,  f.  f.  vieux  mot ,  qui  fignifioit  au- 
trefois une  vilaine  injure,  un  honteux  reproche. 
Contume/ia. 
CONTUMELIEUSEMENT  ,  adv.   injurieufement  , 

outrageufemcnt.il  eft  vieux.  Acad.  Fr.  1718. 
CONTUMÉLIEUX,  EUSE,  adj.  qui  dit  de  vilaines 
injures ,  qui  fair  de  honteux  affronts.  Contumeliofus 
Il  ne  faut  rien  dire  à  cet  hpmme-là  -,    car  il  eft  lort 
contumUicux.  Ce  mot  eft:  hors  d'ufage. 
CONTUNDANT,  terme  de  Chirurgie.  Voyei  Con- 
tondant. 
,  ^CONTUS  ,  USE  ,  ad),  meurtri ,  froifle.  Conmjus. 

'•  CONTUSION  ,  f.  f.  terme  de  Chirurgie ,  meartrii"- 
fure  dans  la  chair  ou  dans  les  os,  occafionnée  par 
une  chute  ,  un  coup  ou  une  comprellion  violente  -, 
enforte  que  la  chair  eft  endommagée ,  fans  cepen- 
dant aucune  rupture  extérieure,  &:  qui  eft:  fuivie 
d'une  cffiifion  de  fang  de  plufieurs  petits  vaifléaiix 
rompus.  Contujîo.  Contufion  interne ,  forte  ou  lé- 
gère ,  lîmple  ou  compliquée.  Plaie  avec  contufion, 

CONVAINCRE,  v.  a.  Je  convaincs  ,j'ai  convaincu  , 
je  convai?iquis ,  je  convaincrai.,  que  je  convaincue  ^, 
que  je  convainquiffe  ,  je  convaincrais.  §3"  forcer 
quelqu'un  par  le  raifonncnient ,  par  des  raifons 
évidentes  &:  démonftracives  de  fe  rendre  à  une  vé- 
rité qu'il  ne  comprenoit  pas ,  ou  de  convenir  d'un 
tait  qu'il  nioit.  Convincere.  Il  n'y  a  point  d'opi- 
niâtre qui  ne  fe  laiffe  convaincre  par  les  démonftra- 
tions  de  la  Géométrie.  Il  a  été  convaincu  de  cette 
vérité  par  le  témoignage  de  fes  yeux.  Nous  paflbns 
la  vie  à  croire  ,  &;  à  ne  croire  point  -,  à  vouloir  nous 
perfuader,  fans  pouvoir  nous  convaincre.  S,  Evr. 
Rien  ne  fait  mieux  voir  la  foiblefle  de  la  nature 
humaine,  qu'on  foit  convaincu  de  la  raifon.  Se 
qu'on  ne  la  fuit  pas.  B.  Rab. 

Convaincre  fîgnifie  aufll  prouver  un  crime  ou  un 
fait  qu'on  défavoue-,  montrer  par  preuves  authen- 
tiques qu'un  accufé  eft  coupable.  Convincere  ali- 
quan  crimine.  Ce  criminel  eft  atteint  Se  convaincu 
d'aHâffinat.  J'avois  une  fi  grande  confiance  en  vous , 
que  vous  auriez  pu  me  trahir ,  fans  crainte  d'être 
convaincu,  Vill. 

Cefl  à  des  cœurs  formés  pour  de  faibles  vertus  , 
A  fe  croire  innoccns  ,  s'ils  ne  j'ont  convaincus. 

Breb. 

CONVAINCU  ,  UE ,  part.  03"  Le  ftyle  de  cette 
formule  que  les  Juges  emploient  dans  les  Sentences 


criminelles ,  dûment  atteint  &  convaincu  ,  paroîr 
aifez  bizarre.  C'eft  plutôt  le  Juge ,  dit  -  on  ,  qui 
eft    convaincu  du    crime  ,    que   l'accufé  ,   lequel 
dénie  ordinairement  le  crime.  Quand  il  en  feroic 
intérieuremenr    convaincu  ,  on    ne  peut  pas  Tac- 
cufer  ,  puifqu'il   ne  le  manifefte  pas    extérieure- 
ment. Il  arrive  même  quelquetois  que  des  inno- 
cens  font  condamnes  comme    coupables ,  foit  fur 
de  faurtes  dépolitions,  foit  fur j  des  indices  trom- 
peurs. Il  eft  bien  certain  dans  ce  cas  que  l'accufé 
n'cft  point  intérieurement  cojivaincu  du  crime.  Il 
femble  donc  que  la  forme  de  déclarer  un  accufc 
atteint  &  convaincu,  ne  conviendroit  que  dans  le 
cas  où  il  avoue  le  crime,  &:  que  quand  il  le  nie, 
on  dcvroit  feulement  le  rcputer  coupable.   Cepen- 
dant on  ne  fait  aucune  diftindtion  à  cet  égard ,  & 
l'ufage  a  prévalu. 
fCr  CONVAINQUANT  ,  ou  plurôt  CONVAIN- 
CANT ,  ANTE ,  comme  on  écrit  aujourd'hui ,  adj. 
qui  a  la  force  de  convaincre.  Raifon  convaincante. 
Argument  convaincant.  Ratio  probatijjïma,  certif- 
fima  ,  argiunentum  jirmijjimum.  La  dcpofition   de 
deux     témoins    non   reprochés  ,  pa(fe    pour    une 
preuve  convaincante.  Les  preuves  de  la  Religion 
font  fi  convaincantes ,  qu'à  moins  d'un  aveugle- 
ment volontaire ,  on  eft  obli2:é  d'y  foufcrire. 
tfT  CONVALESCENCE,  f.  i.  éïat  d'une  perfonnequi 
relève  de   maladie  &  recouvre  infenfiblcment  la 
fanté ,  reprend  des  forces.  Ab  adverjd  valetudine 
recreatio.  La  convalescence  eft  un  état  où  il  fe  faut 
bien  ménager.  Le  moindre  excès  peut  caufer  des" 
rechûtes  dangereufes.  Prendre  part  à  la  convalej- 
cence  de  quelqu'un. 
CONVALESCENT  ,  ENTE.  adj.  &  f.  qui  relève  de 
maladie  &   recouvre  infenfiblcment  la  fanté.  Ex 
morbo  convalefcens.  Les  convalej'cens  ont  bon  ap- 
pétit, mais  ils  doivent  manger  fobremenr. 
tfr  CONVENABLE,  adj.  m.  &  f.  décent,  prop(^- 
tionné  ,    conforme.   Ce  mor  exprime  particuliè- 
rement la  confotmicé  des  allions  avec    les    opi- 
nions reçues ,  l'ufagc  &  la  coutume,  deux  efpècc«; 
de  loix  indépendantes  de  la  raifon ,  dans  ce  qui 
concerne  l'intérieur  de  la  conduite.    Conveniens  ^ 
cengruens.   Il   n'cft  pas  convenable  à  un  homme 
fage  de  faire  telle  chofe.  Cette  charge ,  certe  com- 
milllon  ne  vous  eft  pas  convenable ,  n'eft  pas  con- 
venable à  votre  rang ,  à  votre  dignité.  Un  grand 
fervice  demande  une  récompenfe  convenable ^  aulîi- 
bien  à  la  perfonne  qu'à  l'aftion.  Il  faur  que  le  dil- 
cours  de  l'Orateur  (oit  convenable  à  celui  qui  parle, 
à  celui  qui  écoute ,  &  aux  circonftances  du  lieu  Sc 
du  remps.  S.  Evr. 
CONVENABLEMENT  ,  adv.  d'une  manière  conve- 
nable. Convenienter ,  congruenter.  On  a  traité  cet 
Ambafladeur  convenablement  à  fa  qualité. 
^CONVENANCE,  f.  f.  terme  relatif  aux  chofcs, 
&qui  paroit  exprimer  le  plus  ou  moins  de  confor- 
mité, les  différens  rapports  qu'elles  ont  entr'elles. 
Convenientia.  Mais  comme  ces  rapports  fe  multi- 
plient à  l'infini,  il  eft  bien  diflficile  de  donner  de  ce 
terme,  une  notion  générale  qui  foit  ^bien  cxaifle,  Sc 
applicable  à  tous  les  cas. 
^CT  II  eft  quelquefois  fynonime  à  conformité.  Pour 
bien  parler  des  chofcs  il  faut  fçavoir  les  convenances 
&  les  différences.  Le  blanc  &  le  noir  n'ont  aucune 
convenance  enfemble.  Quelle  convenance  y  eut-il, 
entre  l'offrande  &  celui  qui  la  recevoir  ?  Godeau. 
^CF  Convenance  exprime  fouvent  des  rapports  plus 
éloignés,  d'âge,  d'érar ,  de  fortune,de  tempérament, 
de  caraiilcre  &  d'humeurs ,  &c,  ;  comme  quand  on 
dit  qu'il  y  a  convenance  entre  deux  partis  qui  fe  ma- 
rient. Garder  Isi  convenances  dans  ce  cas ,  c'eft  con- 
fulter  ces  différens  rapports. 
§3°  Convenance  eft  quelquefois  fynonime  à  bien- 
féance  ,  commodité.  C'eft  ainfi  qu'on  dit  qu'un  tel 
a  fait  une  acquifition,  un  échange  de  telle  terre  par 
raifon  de  convenance.  Souvent  auffi  il  exprime  les 
égards  qu'on  a  pour  les  opinions  reçues  ;  il  n'y  au- 
roit  pas  de  convenance  ù  en  ufer  de  la  forte. 

^  On 


1 


C  O  N 

gcTOn  appelle,  en  morale,  râifons  de  convenari::.,  cel- 
les qui  ibnt  plaulibles  &  probables  ,  &  qui  ne  font 
point  démonllratives. 
§CF  On  appelle  proprement  raifori  de  convenance , 
une  railbn  tirée  de  la  néeeflitc  d'admettre  une  cho- 
ie comme  certaine  pour  la  perfcdiion  d'un  l'yftême, 
d'ailleurs  folide  ,  utile  &  bieti  lié;  mais  qui  i'ans  ce 
point  là  le  trouveroit  défetlucux  :  quoiqu'il  n'y  aL 
aucune  raiibn  de  llippoler  qu'il  pêche  par  quel- 
que défaut  ertèntiel.  Par  exemple  ,un  grand  ôc  ma- 
gnifique palais  fe  préfente  à  notre  vue  :  nous  y  re- 
marquons une  fymctïic  &  une  proportion  admira- 
ble :  toutes  les  règles  de  l'art  qui  Ibnt  la  foliditc  , 
la  commodité  &  la  beauté  d'Un  édifice,  y  font  ob- 
fervées  :  en  un  mot ,  tout  ce  que  nous  voyons  du 
bâtiment  indique  un  habile  Architede.  Ne  fuppo- 
fera-r'on  pas  avec  raifon ,  que  les  fondcmehs  que 
nous  ne  voyons  point,  font  également  folidcs  & 
proportionnes  à  la  malfe  qu'ils  portent  ?  Peut-on 
croire  qu'un  habile  ArchitcCle  le  foit  oublié  dans 
un  point  fi  important.  Il  faudroit  pour  cela  avoir 
des  preuves  d'un  tel  oubli,  ou  avoir  vii  qu'en  eiFet 
les  fondemens  manquent,  pour  préfumer  une  cliofe 
il  peu  vrai-fcmblable.  Qui  eft-ce  qui  lur  la  fimple 
poiîibilité  mctaphyfiquej  qu'on  ait  négligé  de  pofer 
cesfondemens,voudroit  gager  que  la  choie  eft  ainfi? 
§Cr  Le  fondement  général  de  cetre  manière  de  rai- 
Ibnner,  c'eft  qu'il  ne  faut  pas  regarder  feulement 
ce  qui  efl:  po/lible  ,  mais  ce  qui  efl:  probable  ;  ^' 
qu'une  vérité  peu  connue  par  elle-même  ,  acquiert 
de  la  vrai-femblance  par  fa  liaifon  naturelle  avec 
d'autres  vérités  plus  connues.  Ainfi  les  Phyficiens 
ne  doutent  pas  qu'ils  n'ayent  trouvé  le  vrai  i  quand 
une  hypothèfe  explique  heureufement  tous  les  pi  é- 
inomènes  ;  &  un  événement,  quoique  peu  cornu 
dans  l'hiftoirc,  ne  paroît  plus  doutcuS:,  quand  en 
voit  qu'il  ferr  de  clé  &  de  bafe  unique  à  plufieits 
autres  évériemens  très-certains; 
^3"  C'eft  en  grande  partie  fur  Ce  principe  que  rou- 
le la  certitude  morale  ,  dont  on  lait  tant  d'ufatie 
dans  la  pliipatt  des  fçiences ,  auiïi  bien  que  dans  la 
conduite  de  la  vie ,  Si  dans  les  choies  de  la  plus 
grande  importance  pour  les   particuliers  ,   pour 
les  familles  6i  pour  la  fociété  entière. 
ffj"  Ces  raifons  de  convenance  font  plus  ou  moins 
forres  à  proportion  de  la  néceflité  plus  ou  moins 
grande  fur  laquelle  elles  fe  trouvent  établies.  Plus 
les  vues  &  le  deflein  de  l'Auteur  nous  Ibnr  connus, 
plus    nous  fommes  aifurcs  de  la  fagefle  &  de  fes 
autres  qualités  \  plus  ces  qualités  font  parfaites , 
plus  les  inconvénicns  qui  réfultent  du  fyftêmc  op- 
pofé  ,  font  grands  ;  plus  ils  approchent  de  rabfur- 
dé,  Se  plus  aulTi  les  conféquences  tirées  de  ces  for- 
tes de  conlîdérations  ,  deviennent  prefTantes  :  car 
alors  ,  on  n'a  rien  à  leur  oppoler  qui  les  contreba- 
lance -,  &  par  conféquent  c'eft  de  ce  côté  là  que  la 
droite  railbn  nous  détermine. 
IpCT  On  appelle  auilï  raifons  de  convenance ,  des  rai- 
fons de  pure  bienféance  ,  des  égards  pour  les  opi- 
li_.  nions  reçues.  Souvent  nous  n'allons  pas  chercher  fi 
K.  loin  les  raifons  de  convenance ,  nous  les  trouvons 
B    dans  une  certaine  complaifance  pour  nous-mêmes, 
K    dans  nos  goûrs ,  dans  notre  état ,  dans  notre  fan- 
■'    té  ,  &  qui  pis  eft  ,  dans  nos  intérêts. 
^fT  On  voir  par  là  combien  il  eft  difficile  de  don- 
ner une  notion  exacte  &  précife  de  ce  qu'on  ap- 
pelle convenance.  Elle  confifte  ,  difent  les  Encyclc- 
pédiftcs,  dans  des  confidérations  tantôt  raifonna- 
bles,  tantôt  ridicules,  fur  lefquellcs  les   hommes 
font  perfuadés  que  fur  ce  qui  leur  manque  &:  qu'ils 
recherchent,  Icut  rendra  plus  douce  ou  moins  oné- 
teufe  la  poficiîlon  de  ce  qu'ils  ont. 
Convenance  s'eft  dir  autrefois  pour  accord.  L'acftion 
de  convenir  avec  un  autre  de  quelque  chofe.  Gom- 
pojitio  ,  concordia;  concurdia  reconciliatio.  On  dit 
aulTi  convenance  ,  pour  promeflè  ,  paéle  •,  &  tenir 
le  convenant-,  pour  dire,  taire  la  chofe  que  l'on 
étoit  convenu  de  faire. 
CONVENANCER ,  v.  a.  vieux  mot  j  faire  paélion , 
Tome  11, 


GÔ  N 


Ui 


demeurer  d'accord  par  ftipulatioh  ou  autrcmeht 
d'une  chofe  qui  eft  difputée  entre  les  parries.  Con- 
venancer  une  fille  ou  une  femme  à  futur  mariage  i 
c'eft-à-dire  fiancer.  Convenance,  ftipulé ,  d'une  cer- 
taine manière  ,  coutume  locale  de  la  ville  &  ban- 
lieue d'Amiens.  Art.  4. 
CONVENANT  ,  ANTE,  adj.  fortable,  bicnfcant, 
Conveniens  i  congruens.  L'amour  ^  la  galanterie  , 
n'eft  pas  une  chofe  convenante  à  un  vieillard.  H 
n'eft  plus  d'ulage. 
CONVENANT  ,  f  m.  terme  fait  de  l'Anglois  conve- 
nant, qui  eft  fréquent  dans  les  Auteurs  qui  onr  écrit 
l'hiftoire  d'Angleterre.  Il  fignifie  confédération  * 
ligue  ,  alliance.  Fœdus.  On  appelle  convenant  la 
confédération  qui  fut  faite  en  Ecofle  en  1658,  peut 
changer  les  cérémonies  de  la  religion.  Le  Parle- 
ment d'Angleterre  ligna  le  convenant  en  i(?45; 

Convenant,  ou  convenant  juré.  f.  m.'Ce  mot  s'éll 
dit  autrefois  pour  paélion  >  dit  NicoD. 

CONVENIR  ,  V.  n.  je  conviens  ,  je  fuis  convenu  ^js 
convins ,  je  conviendrai ,  ^^  demeurer  d'accord  , 
être  du  même  fentiment.  Confentire  ,  fateri ,  con- 
venire.  Tous  les  peuples  conviennent  que  les  fii- 
crilèges,  les  meurtres  &  les  adultèrcs,lbnr  de  grands 
crimes,  ^^e  conviens  de  tout  ce  que  vous  dites.  Con- 
venir  d'experts,  du  tems,  du  lieu. 

DCr  Convenir  fignifie  auHi  être  conforme  ,  avoir  du 
rapport ,  de  la  reîfemblance.  Convenire  ,congruere. 
Les  dépolirions  des  témoins  qui  conviennent  foht 
une  preuve.  Ce  pafiage  convient,  a  du  rapport  avec 
tel  autre. 

Convenir  fignifie  auffi  ,  être  propre ,  fortable  ,  bien- 
fcanr.  Convcnire  ,  congruere.  Cet  homme  eft 
forr  habile,  une  grande  charge  lui  conviendrait 
bien.  Ces  difcours  ne  conviennent  pas.,  ne  font 
pas  bienfcans  à  un  homme  de  fa  robe.  L'inftintS 
de  la  narure  nous  porre  à  ce  qui  nous  convient  i 
&  nous  obligé  de  ramener  roint  à  nous-mêmes.  S. 
EvR.  Des  mœurs  fi  rudes  &  fi  grolfières  conve- 
naient à  la  République  qui  fe  formoir,  Id.  II  m'ot- 
frir  plufieurs  chofes  qui  ne  me  convenoient  pas* 

'JCrCoNVENiR  ,  dans  cette  acception,  fe  conjugué  avec 
l'auxiliaire  avoir,  ic  s'cmploye  avec  la  ptépofirion 
à,  au  lieu  que  quand  il  fignifie  demeurer  d accord, 
il  fe  conjugue  avec  être ,  &c  s'employe  avec  la  pré- 
pofiridn  de.  Cette  maifon  m'a  convenu  ;  &c  je  fuis 
convenu  du  ptix. 

03°  Convenir  ,  en  matière  de  délibération  ,  figiiî- 
fie  la  même  chofe  qiie  être  à  propos,  être  expédient, 
&  alors  il  s'em.ploye  perlbnncllemenr.  Convenire  i 
expedire ,  congruere.  On  fut  long  tems  à  délibérer 
fur  ce  qu'il  convenoit  de  faire  en  une  telle  con- 
jondlure.  On  trouva  qu'il  convenoit  de  rafer  la  pla- 
ce qu'on  ne  pouvoir   défendre. 

Convenir  fe  dit  aulli ,  en  Grammaire  &  en  Logique  i 
pour  marquer  la  conformiré.  Il  faur  que  le  nom 
fubftantif  &  l'adjedlif  conviennent  en  genre  ,  en 
cas  &  en  nombre.  Convenire  ,  concordare  ,  con 
gruere.  Il  faut  que  l'attribut  convienne  au  fujet  > 
l'épithcte  à  la  chofe. 

Convenir  i  en  termes  du  Palais  ,  fignifie  aflîgner 
en  Juftiee  ,  former  une  demande  contre  quelqu'un. 
Convenire  i  in  jus  vocare.  Il  aéré  convenu  t  aifigné 
en  déclaration  d'hypothèque. 

^fj"  Dans  Rabelais  convenir  eft  fynbnimé  avec  s'af- 
fembler.  Il  eft  tout  latin,  Convenire, 

CONVENU, UE,  parr,  Congre(fus,commiffiis.Lts^yi' 
perrs  convenus ,  les  arbitres  convenus  ont  rapporté^ 
ont  jugé,  &c. 

Convenu  ,  ue  ,  fe  dit  padlvefnent  d'une  chofe  dôrit 
on  eft  convenu-,  arrêté,  fixé,  d.èitzm\nQ:.  Ratus  ,fi- 
xus  ,  unanimi  conjenju  receptus.  Il  y  a  près  de  60 
ans  que  le  fcavanr  Bofluer  foùrenoit  comme  une 
chofe  certaine  ,  avérée  &  convenue  enrre  toutes  lés 
parties,  que  ce  jugement  du  livre  de  Janfcnius  a 
été  rendu  par  le  S.  Siège,  (S-c.  Cette  théorie  n'eft 
pas  encore  convenue  de  tour  le  monde.  Phrafc 
barbare  &  qui  doit  être  bannie  de  la  langue.  On 
^it  :  tout  le   monde  ne  convient  point  de  cette 

TTTtt 


882. 


CO  N 


théorie.  Convtnii-,tn  ce  fens,  a  un  rcgime,&:  ne  fe  du 
tout  au  plus  qu'au  Palais. 
CONVENT.  A'oj.-{  Couvent.  _ 

CONVENTICULE ,  r.  m.  gO"  petite  aflemblce.  11  fc 
.  prend  roujouts  en  mauvail'e  parr  pour  une  afîem- 
blce  illicite,    irrcgulièrc,   icditieule.  Co«vt««c«- 
lum.  Les  Occidentaux  regardèrent  d'abord  le  cin— 
quicme  Concile  -  Général  comme  un  conv cnticuk 
illicite.  P.  DouciN. 
CONVENTION,  i".  f.  IP"  Convention  ,  chez  nous , 
eft  le  confentement  de  deux  ou  de  plulieurs  per- 
Ibnnes  fur  une  même  choie  ,  dans  la  vue  de  con- 
tracter une  obligation.  Conventio  ,  convcntum.  Lq 
confentement    eft  le    principe  de   la  convention. 
L'accord  eft  l'eftet  de  la  convention.  D'un  com- 
mun confentement  ils  ont  fait  une  convention  qui 
les  met  d'accord.  Il  y  avoir  chez  les  Romains  deux 
fortes  de  conventions ,  le  paéle  fmiple  &c  le  con-- 
trar-,  mais  parmi  nous,  toute  convention  qui  n'cft 
pas  contraire  aux  bonnes  mœurs  ,  eft  contrat  & 
produit  une  obligation  civile.  C'eft  d'après  cette 
diftinélion  qu'il  faut  entendre  quelques  exemples 
qu'on  cite  ici. 

Toute  convention  faite  entre  les  hommes ,  qui 
n'eft  pas  contre  l'honnêteté  ,  &  les  bonnes  mœurs  , 
produit   une  obligation  naturelle  ,  qui  fait  que 
les  hommes  font  obligés  de  fatisfiire  à  ce  qu'ils 
ont  promis.  Instit.   du  Droit.  Toutes   les  con- 
ventions ont  un  nom  ou  une  caufe  j  en  ce  cas  elles 
obligent  civilement  ôi  naturellement  ;  ou  elles  font 
fimples ,  fans  nom  &:  lans  caufe  ;  alors  elles  n'obli- 
gent que  naturellement.  Nous  avons  fait  enfcm- 
ble  une  telle  convention  verbalement.  Conventum  , 
paSum,  conventio ,  paclio.  Une  femme  féparée  de 
biens  agit  pour  répéter  fes  conventions  matrimo- 
niales. Ceft  une  convention  tacite  que  les  hom- 
mes ne  fe  font  affemblés  en  fociété  que  pour  leur 
confcrvation  commune.  S.  Evr.  Toutes  les  con- 
.  tentions  entre  un  ufurpateur  ,"&  la  narion  qu'il 
.  fubjugue ,  font  nulles  de  plein  droir,  parce  que  la 
force'd'un  côté  ,  &c  la  néceUité  de  l'autre  ,  en  font 
le  principe.  Id.  En  conféquencc  de  la  convention 
commune,  qui  tait  le  bien  de  la  fociété,  celui  qui 
la  viole  fe  trouvant  plus  foible  que  le  refte  des 
contradians  ,   eft  obligé  de  fubir  la  peine  de  la 
loi.  Maleb, 
fer  Conventions  matrimoniales  font  celles  qui  font 
portées  par  un  contrat  de  màfiage  ,  qui  fervent  de 
loi  dans  la  famille  ,  6^  auxqtielles  les  conjoints  ne 
peuvent  déroger. 
^fTOv^  appelleauffi  conventions  matrimoniales,  les 
difpofirions  de  la  loi ,  dont  les  conjoints  peuvent , 
après  la  dilfolution  du  mariage  ou  de  la  commu- 
nauté, demander  l'exécution. 
flO"  On  dit  quelquefois  qu'un  homme  eft  de  diffi- 
cile convention  ;  pour  dire, qu'il  eft  peu  ttaitablc. 
minime  traclabilis. 
Convention  ,  terme  d'hiftoire  ,  nom  que  les  Anglois 
ont  donne  à  J'aflémblée  extraordinaire  du  Parle- 
ment, fans  Lettres-Parentes  du  Roi ,  fiite  en  l'an- 
née 1(589  ,  après  la  retraite  du  Roi  Jacques  II.  Le 
Prince  &  la  Princefle  d'Orange  fureur  appelés  par 
la  convention  pour  occuper  la  place  du  Prince  & 
de  la  Princeife  légitime  que  la  révolte  de  leurs  fujets 
avoient  obligé  de  fe  rerirer.Laco«rc-«/wH  hir  auHi- 
tôt  convertie  en  Parlement  par  le  Prince  d'Orange. 
CONVENTIONNEL ,  ELLE  ,  adj.  aéle  qui  a  été 
fait  avec  certaines  conventions  entre  des  parties. 
Paclitius.  En  matière  de  faiiics  réelles ,  on  conver- 
tit les  baux  conventionnels  en  baux  judiciaires.  Re- 
trait conventionnel. 

Dans  la  Congrégation  des  Barrhclémites ,  en  Al- 
lemagne, on  a  iait^un  ferment  qu'on  appelle  co«- 
vcntionnel  ,  par  lequel  on  s'oblige  .à  ne  point  fe 
fcparer  du  Corps  de  fon  propre  mouvement.  Père 
HÉL.  T.  Fin, p.  iii.  Les  Prêtres  ,  dits  Bavthélé- 
mitcs,en  entrant  dans  cette  Congrégation,  prê- 
tent un  ferment  qu'on  appelle  conventionnel.,  par 
,  lequel  ils  s'obligent  .à  ne  point  fe  fcparer  du  Cor^s 


CO  N 

de  leur  propre  mouvement.  P.  Hél. 
CONVENTIONNELLEMENT.  adv. Ce  motfe  trou- 
ve dans  Pomey ,  pour  fignifier  fous ,  ou  par  con- 
venrion.  Ex  ccnvento,  ex pa&o. 
CONVENTRI  ,  ville  au  Nord  de  l'Angleterre  ,  du 

côté  de  l'Ecoffe.     , 
CONVENTUALITE,  f.  f.  Société  de  Moines  qui 
'vivent  enfemble  dans  une  maifon  érigée  en  Cou- 
vent. Societas  religioja ,  familia.  On  a  rétabli  la 
conventualité  dans  pluiieurs  Prieurés  qui  pailbient 
pour  fimples  ■■,  c'eft- a-dire  ,  on  y  a  mis  des  Religieux 
pour  deliérvir  le  bénéfice.  Par  une  déclaration  du 
6  de  Mai  i(Si5o ,  le  Roi  a  décidé  que  la  conven- 
tualité  ne  pourra  être  prefcrite  par  aucun  laps  de 
temps  5  quel  qu'il  puiifc  être  ,  tant  qu'il  y  aura  des 
lieux  réguliers  fubiiftans  pour  y  mettie  dix  ou  dou- 
ze Religieux,  &c  que  les  revenus  des  bénéfices  l'e- 
ront  fuffifans  pour  les  y  entretenir.  Conventualité 
lignifie  proprement  ici  l'état  ou  la  forme  d'une  mai- 
fon religieufe,  ce  qui  établit ,  ce  qui  conftitue  uns 
fociété ,  une  maifon  religieufe  ,  qui  confiftc  dans 
la  dilcipline  religieufe. 
CONVENTUEL  ,  ELLE  ,  adj.   qui  appartient  au 
Couvent,  qui  concerne  le  couvent.  Religiojo  catui^ 
conventui  communis.  Il  fe  dit  premièrement  de  la 
maifon  qui  eft  habitée  par  des  Religieux  ,  &:  qui 
a  des  lieux  réguliers.  Les  Prieurés  conventuels  ne 
fe  peuvent  poifcder  lans  Bulles.  Ils  fe  donnent  à  la 
charge  d'être  Prêtre  dans  l'an.  Il  y  a  des  Prieurés 
aétuellement  conventuels ,  d'autres  qui  le  font  feu- 
lement par  habitude  ,  où  il  n'y  a  point  et',  de  Re- 
ligieux depuis  40  ans.  Prioratus   ccetu  frequens , 
conventu  injtrucius.  S'il  y  a  encore  un  feul  Reli- 
gieux, le  Prieuré  demeure  conventuel  aciu.  Mais 
s'il  n'y  en  a  point  du  tout ,  ils  pallént  pour  lim- 
ples,  &  s'obtiennent  fous  une  lignature  ordinaire. 
Conventuel  fe  dit  aufli  d'un  Religieux  qui  habite 
aélucllement  le  couvent,  à  la  diftimStion  de  ceux 
qui  n'y  font  qu'hôtes ,  ou  paffagers ,  ou  qui  onc 
des  bénéfices  dépendans  de  la  maifon.  Monachus  in 
eanobio  hatitans. 
Conventuel  fe  dit  aufli  du  revenu  du  QoMStwx.Redi- 
tus  Religioji  conventus,  La  mcnfe  conventuelle  eft 
féparée  "de  l'abbatiale  par  un  partage  fait  un   tel. 
jour.  On  a  fait  des  unions  des  ofîices  clauftraux  à 
la  mcnfe  conventuelle  ,  qui  l'ont  fort  augmentée. 

On  appelle  auffi  Melfe  conventuelle ,  la  grande 
Melfc  qui  fe  dir  dans  le  couvent ,  où  airiftc  or- 
dinairement toute  la  communauté  des  Religieux, 
à  la  diiférence  de  celles  qui  fe  chantent  pour  des 
obits,  ou  des  fondations,  Miff'a  totius  conventùs 
Conventuel  ,  dans  l'hifiolre  du  Monachifme  ,  fe  dit 
d'une  partie  de  l'Ordre  de  S.  François.  Conventua- 
lis.  Le  nom  de  Frères  Mineurs  conventuels  ,  ayant 
été  donné  dès  l'an  i  ijopar  InnocentlV  ,  à  fous  les 
Religieux  de  l'Ordre  de  S.  François  quivivoient 
en  communauté  ,  pour  les  diftinguer  tant  de 
ceux  qui  lé  retiroient  dans  des  folitudes  pour  y 
obferver  la  règle  dans  une  plus  grande  perfeélion, 
que  de  ceux  qui  étoienr  hôres  ou  étrangers,  on  l'at- 
tribuoit  également  à  ceux  qui  étant  portés  au  relâ- 
chement ,  s'y  oppofoient.  Mais  lorfquc  Léon  X,qui 
ne  put  réufîir  dans  le  defléin  qu'il  avoir  de  réunir 
tout  l'Ordre  dans  une  même  obfervance,  eut  don- 
né par  les  Bulles  de  l'an  1517  ,  le  nom  de  con- 
ventuels à  ceux  qui  perfiftenr  à  vivre  dans  le  re- 
lâchement ,&  qu'ils  voulurcnr  jouir  des  privilèges 
qu'ils  avoienr  obtenus  de  pouvoir  pofléder  des 
fonds  &  des  revenus ,  l'Ordre  fe  vir  partagé  en 
deux  corps ,  &  on  commença  à  diftinguer  ces  Re- 
ligieux fous  deux  noms  difFérens.  Ceux  dont  nous 
venons  de  parler,  fous  le  nom  de  conventuels  ,  & 
les  autres,  fous  le  nom  d'Obfervans.  Ils  ont  cha- 
cun un  Miniftre  général  ;  mais  celui  des  Obfervans, 
comme  Miniftre'général  de  tout  l'Or Jre,  a  la  pré- 
éminence ôc  l'autorité  fur  celui  des  conventuels.  Il 
le  confirme  ,  &  les  conventuels  doivent  donner  la 
prcféance  aux  Obfervans  dans  les  cérémonies  J^les 
a6le$  publics ,  comme  il  eft  porte  par  la  Bulle  dç 


C  O  N 

Léon  X,de  l'an  lîiy,  &:  par  un  concordat  que 
CCS  deux  corps  firent  enfemble  le  8  Juillet  de  la 
même  année.  Malgré  les  tentatives  des  conventuels, 
tout  cela  a  été  confirmé  pat  un  Décret  de  la  Congré- 
gation des  Cardinaux,  du  ii  Mars  i<j3  i  ,  &  encore 
du  12  Avril  de  la  même  année.  Il  y  avoir  en  El- 
pagne  parmi  ces  conventuels  des  particuliers ,  qui , 
ne  fe  contentant  pas  des  privilèges  qui  leur  avoicnt 
été  accordes ,  avoienr  en  propre  ,  des  terres ,  des 
maifbns  &:  des  revenus  ,  les  uns  fe  diiant  conven- 
tuels-,  &  les  auties  clauftraux.  Sous  le  règne  des 
Rois  Catholiques,  Ferdinand  &  Ifabelle,  par  les 
ibins  du  Cardinal  Ximénès ,  ces  abus  furent  abo- 
lis, &  l'on  ôta  aux  conventuels  prefque  toutes  leurs 
maifons,  &  on  les  donna  aux  Obfervantins.  On  fit 
quelque  chofc  d'à  peu  près  lemblable  en  France  , 
en  Allemagne  &  dans  les  Pays- Bas. /^oye{  le  P.  Hél. 
T.  VU,  C,  22.  Dominic.  de  Gubernatis ,  Orl^is  Se- 
raph.  T.  II ,  L.  9.  Fortunatus  Hofpitel ,  yînciquio- 
ritas  Franclfcana.  Gabriel  Fabet ,  fpeculurn  Fran- 
cif.  Religion. 

Il  y  a  des  conventuels  réformés.  On  en  diftin- 
gue  deux  Congrégations,  l'une  inftituée  en  confc- 
quencc  d'une  Bulle  de  Léon  -,  mais  qu'on  ne  fçait 
ni  quand,  ni  comment  elle  fut  établie.  L'autre  com- 
mença fous  Sixte  V,  par  le  zèle  &:  le  foin  d'An- 
toine Calafcibare  ,  de  Bonavcnture  de  Partane  , 
de  Martin  de  Tauroraine  &  d'André  de  Novelle  , 
Religieux  conventuels.  Sixre  V  confirma  cette  re- 
forme par  une  Bulle 'de  l'an  1587,  voulant  néan- 
moins qu'ils  fudént  toujours  unis  avec  les  conven- 
tuels ,  &  qu'ils  ne  fillent  qu'un  même  Corps  fous 
un  même  Général  &  les  mêmes  Provinciaux  ;  que 
leur  habit  feroit  d'une  étoffe  grolfière  &  de  cou- 
leur cendrée,  le  capuce  en  forme  de  grand  camail, 
avec  la  rofétte  en  rond ,  féparé  de  la  tunique  -,  qu'ils 
iroicnt  nuds  pies  ,  &  qu'ils  auroient  le  choix  de 
porter  des  focques  de  bois  ou  des  fandales  de  cuir. 
Urbain  VIII  les  iupprima ,  &  les  réunit  aux  con- 
vetituels.  Ils  le  maintinrent  néanmoins  dans  le 
royaume  de  Naplcs  ;  mais  Clément  IX  ayant  don- 
né leur  maifon  de  Naples  aux  DéchaufTés  de  S. 
Pierre  d'Alcantara  ,  ils  aimèrent  mieux  pafTer  chez 
eux  ,  que  chez  les  conventuels.  Ainfi  cette  réforme 
qui  ne  s'ctoit  point  étendue  hors  de  l'Italie,  n'y 
fubfifte  plus.  Dominic.  de  Gubernatis,  Orb.fera.ph. 
T.  II,  L.  9.  P.  HÉLYOT  ,  T.  VU,  C.  23. 

Les  Grandmontains  fe  font  auffi  appelés  conven- 
tuels. Voyez  Collégiate. 
CONVENTUELLEMENT  ,  adv.  ^  en  commu- 
nauté ,  félon  l'ufage  &  les  règles  de  la  fociété  re- 
ligieufe.  Ces  Religieux  vivent  conventiiellement.  In 
fociétate.  Conventuellement  aflemblés  au  fon  de  la 
cloche.  On  dit  plutôt  capitulairement  en  ce  cas.  Vo- 
cati  in  confejfum. 
^  CONVERGENCE  ,  f.  f,  terme  de  Géométrie  & 
de  Dioptrique.  En  Géométrie  ,  c'eft  l'état  de  deux 
lignes  qui  vont  toa'jours  en  fe  rapprochant ,  de  ma- 
nière qu'étant  prolongées,  elles  fe  rencontreroient. 
En  Dioptrique,  c'efl  de  même.  La  difpofition  des 
rayons  d'un  corps  lumineux,  qui  approchent  tous 
les  uns  des  autres  julqu'à  ce  qu'ils  fe  réunifient  en 
un  point.  Convergentia.  La  dircélion  qu'avoient 
les  rayons  partis  d'un  feul  point  ,  lori'qu'ils  ont 
rencontré  un  fécond  milieu,  c'eft-à-dire,  leur  di- 
vergence ,  leur  parallélillne  ou  leur  convergence. 
AcAD.  DES  Se.  1 704.  ffiji.  p-  77.  Il  faut ,  pour  con- 
noître  le  degré  de  la  divergence  ou  de  la  convergence 
des  rayons  qui  ont  été  rompus  par  une  furface  courbe 
connoître  le  degré  de  fa  courbure.  Ibid.  &fe<j.  Ja- 
mais les  rayons  d'un  même  point  ne  peuvent  tomber 
convergens  fur  une  furface  que  par  accident ,  c'efl-à- 
dire,  à  moins  qu'ils  n'aient  été  déjà  lompus  pat  une 
autre  furface  qui  ait  changé  leur  divergence  natu- 
relle en  convergence.  Ibid./?,  80  Donner  une  con- 
vergence plus  forte ,  &  faire  avancer  le  foyer  fur  le 
rayon.  Ib.  p.  80. 
f3-  CONVERGENT  ,  ENTE.  adj.  tetme  de  Géo- 
métrie   &  de  Dioptrique.  C'eft  l'oppofé  de  di- 


CON  883 

vergent.  On  le  dit  en  Géométrie  des  lignes  qui  vont 
en  le  rapprochant  continuellement  ,  de  façon 
qu'étant  prolongées  ,  elles  fe  rencontreroient  "en 
quelque  point.  Et  en  Dioptrique  on  le  dit  des 
rayons  de  lumière  qui  ont  fouffert  réfraélion 
en  pafîant  dans  un  milieu  plus  denfe  que  celui 
où  ils  étoient  ,  en  forte  qu'ils  fe  rapprochent 
pour  tendre  à  un  môme  centre.  Adunatus ,  con- 
vergens. Les  verres  convexes  &  omphaloptres 
rendent  les  rayons  convergens  ;  les  concaves  les 
rendenr  divergens.  Ceux-là  s'approchent ,  &;  ceux- 
ci  s'écartent  de  leui  centre. 

En  quelque  endroit  que  les  tayons  qui  partent 
de  tous  les  points  de  quelque  objet ,  viennent  à 
fe  rencontrer  en  tout  autant  de  points  après  avoir 
été  rendus  convergens  par  réflexions  ou  par  ré- 
fraction ,  ils  feront-là  une  peinture  de  l'objet  , 
fur  quelque  corps  blanc  qu'ils  viennent  à  tomber. 
Newton.  Opt.  trad. 

^fT  Quelques  Géomètres  ont  aufTi  fait  mention  d'une 
proportion,d'uneféric  co«vérg««re.Ilsappellentainfi 
celle  dont  les  termes  vont  toujours  en  diminuant. 

CONVERGER,  V.  n.  terme  d'Optique,  qui  fe  dit 
des  rayons  qui  après  avoir  été  rompus ,  s'ap- 
prochent les  uns  des  autres ,  &  vont  fe  réunir 
dans  un  même  point.  Accedere  ad  je  inviccrn  ;  & 
in  unum  puncîum  tendere  ,  convergera.  Les  rayons 
homogènes  qui  venant  de  différents  points  d'un 
objet ,  tombent  perpendiculairement  ou  prefque 
perpendiculairement  fur  une  furface  plane  ou  fphé- 
rique ,  réfléchiffante  ou  réfringente  ,  divergent  en- 
fuite  d'autant  d'auttes  points  ou  bien  deviennent 
parallèles  à  autant  d'autres  poinrs ,  &  cela  avec 
une  entière  exadiitude  au  fans  aucune  erreur  fen- 
fible.  Newton.  Opt.  trad.  Le  point  d'où  les  rayons 
divergent  ou  auquel  ils  convergent ,  peut  être  ap- 
pelé le  foyer  de  ces  rayons.  Id.  La  lumière  qui 
part  de  différens  points  de  l'objet  fouffte  de  telles 
réfradtions  en  paifant  par  les  tuniques ,  &  les  hu- 
meurs de  l'œil ,  que  convergeant  elle  fe  réunit  en 
autant  de  points  au  fond  l'œil ,  &  y  trace  l'i- 
mage de  l'objet  fur  la  rétine.  Id.  A  pareilles  in- 
cidences du  bleu  &  du  rouge  fiir  la  lentille ,  le 
bleu  étoit  plus  rompu  par  la  lentille  que  le  rouge, 
de  forte  qu'il  convergeait  un  pouce  &  demi  plus 
près  de  la  lentille ,  &.  par  conféquent  le  bleu  ell 
plus  réftangible  que   le  rouge.  Id. 

Converge  ,  ÉE.  part.  &  adj.  raffemblé  en  un  même 
point  en'rapprochant.  .T?^w/2(Z/«j,  congre^atus  ,  a. 
La  lumièie  qui  failbit  l'extrémité  violette  de  l'i- 
mage, fut  d'autant  plus  convergée,  &c  raffemblée  par 
une  plus  grande  réftaétion  ,  que  ne  le  fut  la  lumière 
qui  compofoit  l'extrémité  rouge.NEWTON.O/?/-.  trad. 

CON  VERS.  ERSE.  adj.  C'eft  un  nom  qu'on  donne 
en  plufieurs  couvens  aux  Frères  lais  qui  n'ont  point 
d'Ordres ,  &  qui  ne  chantent  point  au  Chœur  , 
mais  qui  fervent  en  divers  bas  offices  de  la  mai- 
fon. Rei  domejiicce  in  cœnolno  adminiflrator  ,  ad- 
minifler  ,  laictis  ■,  converfus.  Dans  les  premiers 
temps ,  &  jufqu'au  onzième  (îècle ,  on  nomma  Con- 
vcrs  ,  converji ,  c'eft-à-dire  ,  convertis ,  cewa  qui 
cmbraflbient  la  vie  monaftique  en  âge  de  raifon  -, 
Si  ce  nom  les  diftinguoit  de  ceux  que  leurs  pa- 
rens  y  avoient  engagés  en  les  offrant  à  Dieu  dès 
l'enfance  ,  &  que  pour  cela  l'on  nommoit  oblats  , 
0/?'/^// -,  c'eft-à-dirc  offerts.  Dans  le  onzième  ficelé 
on  commença  à  recevoir  dans  les  Monaftères  des 
gens  fans  lettres ,  qui  ne  pouvoient  devenir  Clercs , 
&  qui  étoient  uniquement  deftincs  au  travail  cor- 
porel &  aux  œuvres  extérieures  ,  &  on  les  nom- 
ma Frères  lais  ou  conversi  C'eft  ce  qu'en  dit  le 
Peie  Mabilion  ,  Sisc.  VI,  Bened.  Prcef.  Il,  n. 
II,  Le  même  Auteur  prérend  au  même  endroit, 
n.  90  ,  que  Saint  Jean  Gualbeit ,  '  Inftituteur  '  & 
premier  Abbé  de  Vallombreufe',  cft  auffi  Tlnftitu- 
teur  des  Frères  convers  ,  diftingués  par  état  des 
Moines  du  Chœur  ,  qui  dès-lors  étoient  Cleics  ou 
propres  à  le  devenir. 

Il  les  reçut  pour  aVoir  foin' du  temporel  de  fon 

T  T  T  1 1  ij 


884 


C  O  N 


Ordre.  Les   couver fes  ne  furent  établies  qu'après 
ia  mort.  Elles  n'ctoient  pas  Religicufes  ,  comme 
les    convers  ;  mais    lelon    toutes   les    apparences 
elles    croient   du    nombre  de  celles  qui  le   don- 
noicnt  en  iervitude  elles  &:  leurs  defcendans  à  un 
Monaftèrc.  Celles  de  Vallombreufe  jouiUbient  de 
leurs  biens  leur  vie  durant ,  s'il  en  faut  croire  Di- 
dace  Franchi  &;  quelques  autres  Hifioriens  de  cet 
Ordre.    Elles   faii'oicnt    néanmoins  une  efpcce  de 
profellion  entre  les  mains  de  l'Abbé ,  &  vivoient 
comme  en  fociété  fous  robéillance  des  Supérieurs 
de  l'Ordre.  P.  Hél.  T.  V ,  c  z8.  S.Guillaume, 
Abbé  d'Hirfaugc ,  fut  le  premier  qui  établit  des 
convers  en   Allemagne  dans  le   XP  fiècle.  Id.   c. 
5Z.  Les  Frères  cowverj  Bénédidlins  de  la  Congré- 
gation du  Mont  Canin  s'appellent  Frères  commis. 
Id.  T,  VI,  c.  19.  Un  Frère  converj  ne  peur  pof- 
féder    des  bénéfices.   Une  Sœur  converfe,    Admi- 
jiijira ,  adjutrix  ,  converfa  Soror.         ^ 

Ce  mot  vient  du  latin  converfns.  Quelques  Au- 
teurs les  ont  appelés /r^;rej  barbati ,  parce  qu'ils 
laiiîbient  croître  leurs  barbes ,  ce  qui  fe  pratique 
dans  l'Ordre  des  Chartreux. 
CONVERSABLE  ,  adj.  m.  &  f,  commode  ,  agréable 
dans  la  converfation  i  qui  a    l'accès ,  l'entretien 
doux  &  facile.  Sociabilis  ,  commodus.  Il  me  femblc 
qu'il  n'y  a  plus  de  perfonnes  converfables  dans  le 
monde.  Voit.  Les  Pcdans ,  les   gens  chagrins  & 
inquiets  ne  font  guère  converfabks.    Ce  mot  efl: 
hors  d'ufage. 
(fT  CONVERSANO,  ville duRoyaumedeNaples, 
dans  la  province  de  Bari ,  avec  un  Evêché  fuffra- 
gant  de  Bari. 
|Cr  CONVERSATION  ,  f.  f.  difcours  matuels  entre 
deux  ou  plufieurs  perfonnes  fur  les  objets  qui  fe 
prcfentent.  L'entretien  roule  fur  un  objet  déterminé, 
&  fe  dit  ordinairement  de  fupérieur  à  inférieur. 
Serments  communie jtio  ,  colloquium  ,  converjacio. 
Voyez  Entretien.  La  converfation  efl  le  lien  de 
la  fociété ,  c'eft  par  elle  que  s'entretient  le  com- 
merce de  la  vie   civile ,   que  les  efprits  fe    com- 
muniquent   leurs  penfées  ,    £c  que  les  cœurs  ex- 
priment leurs  mouvemens.  S.  Evr.  La  communi- 
cation de  penfccs  &  de  fentimcns ,  qui  fe  fait  par 
le  commerce  de  la  converfation,  efi:  le  plailîr  le 
plus    doux  de   la   vie  raifonnable.  Val.  Comme 
les  livres    ne   parlent  pas   d'ordinaire  comme  on 
parle  en  converfation  ,  il  ne  faut  pas  aulfi  patlcr 
en  converfation  comme  les  livres.  M.  Scvd.  C'eft 
dans  la   converfation  que  nailfent  d'ordinaire  les 
termes  nouveaux    :    ils   y   demeurent    Jufqu'à  ce 
qu'un  long  ufage  leur  faife  perdre  entièrement  le 
caratflère  de  la  nouveauté.  Bouh.  Il  faut  ufer  avec 
beaucoup  de  réferve  ,  dans  la  converfation  même , 
des  termes   qui  ne  font  que  de  naître  ;  les  mots 
&;  les  phrafes  d'une  langue  étant  à  peu  près  coinme 
les  fruits ,  qui  ne  valent  rien  ni  rrop  mûrs  ,  ni  trop 
verds.  Id.  h3.converfition  a  du  rapport  au  gouverne- 
ment populaire ,  où  chacun  a  droit  de  fuiFrage , 
&  jouît  de  la  libellé.  Balz.  Lz  converfation  toute 
feule    peut    donner   l'agrément    du   langage.  M. 
ScuD.  L'agrément  de  fon  efprit  le  rendoit  maître 
de  la  converfatian  dans  tous  les  lieux  où  il  étoit. 
P.  DE  Cl.  L'art  de  la  converfation  conliftc  moins 
à  y  montter  de  l'efprit ,  qu'à  en  faire  trouver  aux 
autres.    La    Bruy.  La   converfation   eft   un  com- 
merce où  chacun  doir  contribuer  du  fien  pour  le 
rendre  agréable.    Bell.    Il  y  a  des  malices  ingé- 
nieufes  qui  rendent  la  converfation  plus  piquante 
&  plus  enjouée.  S.  Evr.  Dans  la  converjation  or- 
dinaire ,  comme  il  ne  faut  rien  dire  avec  étude , 
il    ne  faut  auflî  rien  dire  par  hafard.   S.  Evr.  Il 
faut  que  la  converfation  foit  un  peu  flatteufe  avec 
les  femmes,   &  qu'il  y  ait  je  ne  fai  quoi  de  re- 
tenu. Ch.  de  Mer.  L'étude  augmente  les  talens 
de  la  nature  -,  -mais  c'eft  la  converfation   qui   les 
met  en  œuvre ,  &  qui  les  polir.  S.  Evr.  ff3'  Le 
ton  de  la  bonne  converfation  eft  coulant  &  na- 
turel ,  il  0' eft  ni  pefant,  ni  frivole  j  il  eft  fans  pc- 


C  ON 

danterie ,  gai  fans  tumulte ,  poli  fans  aifeftation , 
galant  fans  fadeur ,  badin  fans  équivoque.  Ce  ne 
font  ni  des  diifcrtations ,  ni  des  épigrammes  •,  on 
y  raifonne  fans  argumenter  -,  on  y  plaifanre  fans 
jeux   de    mots  s  on  y  allbcie  avec  art  l'efprit   & 
la  raifon  ,  les  maximes  2c  les  faillies ,  l'ingénieufe 
raillerie  Se  la  morale  aullère.  On  y  parle  de  tout , 
pour  que   chacun  ait  quelque  chofe  à  dite  ;  oa 
n'approlondit  point  les  queftions,  de  peur  d'en- 
nuyer ;  on  les  propofe  comme  en  partant ,  on  les 
traite  avec  rapidité  ,  la  précilion  mène  à  l'élégance  •■, 
chacun  dit  fon  avis,  l'appuie  en  peu  de  mots ,  Se 
n'attaque  point  avec  chaleur  celui  d'autrui  -,  nul  ne 
défend  opiniâtrement  le  fien  -,  on  difpute  pour  s'é- 
clairer ,    on    s'arrête    avant    la    difpute ,    chacun 
s'inftruit ,    chacun    s'amufe ,    tous   s'en  vont  con- 
tcns  •,  &  le  fage  même  peut  rapporter  de  ces  en- 
tretiens   des   fujets    dignes    d'être  médites  en  lî- 
lence.  R.  Eft-ce  là  votre  ton  ;  Foye:^  Caquet. 

CONVERSE ,  adj.  &  f.  f.  terme  de  Géométrie.  Con- 
verfus.  Une  propofition  eft  appelée  converfe  d'une 
autte  ,  quand  ,  après  avoir  tiré  une  conclulion  de 
quelque  chofe  qu'on  a  fuppofé,  on  vient  dans 
cette  autre  propofition  converfe  à  fuppofer  ce  qui 
avoit  été  conclu  ,  &  à  en  tirer  ce  qui  avoir  été 
fuppofé.  Pat  exemple  ,  on  démontre  en  Géomé- 
trie que  fi  les  côtés  d'un  triangle  font  égaux,  les 
angles  oppofés  à  ces  côtés  font  aulli  égaux  :  la 
converfe  de  cette  propofition  eft  ,  que  fi  les  angles 
d'un  triangle  font  égaux  ,  les  côtés  oppofés  i 
ces  angles  font  égaux. 

Converse,  terme  d'Aftrologie,  direélion  converfe. 
Direclio  converfa,  C'eft  celle  qui  eft  oppofée  à  la  di- 
recftion  direéte,  c'eft-à-dire  ,  que  par  la  diretîlion 
direéle  ,  le  Promoreur  eft  porté  au  fignificateur 
fuivant  l'ordte  des  lignes ,  &  par  la  converfe  il  y 
eft  porté  d'Orient  en  Occident ,  &  contre  l'oidre 
des  fignes. 

§C?  En  Logique,  on  dit  qu'une  propofition  cftco/z- 
verfe  d'une  autre ,  lorfque  de  l'atrribut  de  la  pre- 
mière on  fait  le  fujet  de  la  féconde,  &  du  fujec 
de  la  première  l'atttibut  de  la  féconde.  Cette  pro- 
pofirion,  tout  ce  qui  efi  matière  ejl  impénétrable  3 
eft  la  converfe  de  celle-ci  :  tout  ce  qui  ejl  impé*>^ 
nétrable  efi  matière.  Voyez  Conversion. 

CONVERSEAU  ,  f.  m.  teime  de  Chatpentier.  Le» 
converfeaux  dans  les  moulins  font  quatre  planches 
d'un  pouce  &  demi  d'épailleur ,  pofées  au  deflus 
des  archures  ,  deux  devant ,  &:  deux  derrière. 

CONVERSER  ,  V.  n.  difcourir  mutuellement  fur  àiî- 
férens  objets.  Colloqui ,  fermonem  conferre.  Les 
Chartreux  ne  doivent  converfer  avec  perfonne. 
Dans  l'humeur  où  je  me  trouve,  je  ne  dois  plus 
converfer  avec  les  perfonnes  vivantes.  Voit,  Con' 
verjèr  avec  les  gens  de  lettres. 

C'ejl  peu  d'être  agréable ,   &  charmant  dans 

un  livre  ; 
Il  faut  encore  favoir  &  con'C'erfer  &  vivre. 

BoiL. 

Converser  fe  dit  figurément ,  en  parlant  de  la 
lediure ,  de  la  contemplation.  Les  gens  d'étude 
converfent  avec  leurs  livres ,  avec  les  Savans  de 
l'antiquité  ,  avec  les  morrs.  Verfari  cum  /ibris. 
Les  contemplatifs  converfent  avec  leurs  penfées , 
avec  Dieu  ,  avec  les  Anges.  Secum ,  cum  Deo  ,  ■ 
cum  Angelis  verfari. 

CONVERSIBLE.  Foyei  Convertible  ,  qui  eft 
plus  ufité. 

Ip-  CONVERSION,  f.  m.  Cs  mot  déC^gns  en  gé- 
néral l'idée  d'un  changemenr  ;  mais  il  a  difTé- 
rentes  acceptions  fuivant  l'emploi  qu'on  en  fait  au 
propre  ou  au  figuré. 

|CF  Ce  mot  eft  quelquefois  fynonime  à  tranfmu- 
tation.  Converfio ,  mutatio.  Les  Payens  ont  ciu  le# 
converjîons  ,  les  métamorphofes  d'hommes  en  ar- 
bres, en  fontaines,  en  pierres,  en  oiieaui,  &c. 


CON 


Les  Chimiftes  chercheni:  la  converjion  des  métaux 
imparfaits  en  or  &  en  argenr. 

§Cr  II  ie  dit  quelquefois  d'un  iîmple  changement 
de  forme.  La  convdrjion  des  erpèces ,  des  ccus  vieux 
en  écus  neufs. 

Conversion,  en  Morale,  fignifie  retour  au  bien  ; 
changement ,  foit  du  cœur  1  l'égard  des  mœurs , 
foit  de  l'eiprit  à  l'égard  des  léntimens.  Morum , 
in^iuiuorumque  mutatio  in  melius.  Dieu  ne  de- 
mande pas  la  mort  du  pécheur  ,  mais  fa  con- 
verfion.  L'éloquence  &  le  zèle  de  ces  Miillon- 
naires  ont  fait  grand  nombre  de  converjions.  L'E- 
glife  prie  pour  la  converfion  des  Liiidcles.  Le  cha- 
grin ,  la  bienféance,  la  vanité,  font  plus  àt  con- 
yerfions  que  la  piété.  FlÉch.  Défiez-vous  de  ces 
tempéramens  fi  bouillans ,  qui ,  des  le  premier  dé- 
iîr  de  converfion,  afpirent  aux  vertus  du  premier 
ordre  ;  ces  hauts  delfeins  marquent  plus  de  vanité 
que  de  pénitence.  De  Vill.  Si  l'homme  ne  coo- 
père point  à  fa  propre  converfion  ,  il  n'a  pas  bc- 
foin  d'agir  ;  il  n'a  qu'à  attendre  le  S.  Efprit.  Boss. 
C'efl:  par  la  queftion  de  l'Eglife  que  commencent 
&  que  finiffent  toutes  les  converjions  véritables. 
Pélisson. 

^  Je  n'appelle  converfion  parfaite ,  que  celle  où 
l'ame  demeure  bien  affermie  ,  fans  être  fujette 
à  ces  incertitudes ,  qui  rendent  fa  foi  chan- 
celante. BouRDAL.  Exhort.  Terne  I ,  page  ii8. 
La  Converfion  de  S.  Paul  eft  une  fcte  qui  fe 
célèbre  ie  vingt-cinquième  de  Janvier. 

^  Conversion,  terme  de  l'art  militaire,  mouve- 
metit  qu'on  fait  faire  aux  troupes.  Converfion  à 
droite,  converfion  à  gauche.  Quart  de  converfion. 
Ce  mouvement  fiit  tourner  la  tête  d'un  baraïUon 
du  côté  où  étoit  le  flanc.  Converfiio.  Le  quart  de 
converfion  fe  fait  à  droit  ou  à  gauche  :  s'il  fe  tait 
à  droit,  l'aîle  gauche  part  la  première  ,  &  décrit 
des  quarts  de  cercle  autour  du  iérre/ile  :  s'il  fe  fait 
à  gauche ,  l'aîle  droite  part  la  première. 

Conversion  fe  dit  aufïî  en  Logique  des  argumens 
qu'on  retourne,  qu'on  rétotque,  qu'on  fait  voit 
en  un  fens  contraire  ,  en  changeant  le  fujet  en 
attribut ,  &  l'attribut  en  fujet.  Port-R. 

Par  exemple  :  le  Catholique  eft  Ibumis  en  tout 
à  l'Eglife  :  celui  qui  ell  fournis  en  tout  à  l'Eglife 
eft  Catholique.  Il  y  a  en  Dialeélique  deux  fortes 
de  converfion.  La  converfion  fimple  &:  la  conver- 
fion accidentelle  ,  ou  par  accident.  La  converjion 
limplefe  fait  en  changeant  le  lujet  en  attribur,  & 
l'attribut  en  fujet ,  &  confervant  la  même  qualité 
&  la  même  quantité  dans  la  propofîtion,  comme; 
un  cercle  efl:  une  figure  ronde.  Une  figure  ronde  eft 
un  cercle.  La  convcrfiwn  par  accident  eft  lorfque  non 
feulement  l'on  change  le  fujet  en  attribut  &  l'attri- 
but en  fujet ,  mais  que  l'on  change  aulîi  la  quan- 
tité de  propofition.  Ainfi  tout  homme  eft  un  être  : 
quelqu'être  eft  un  homme,  eft  une  converfion 
par  accident.  Les  Logiciens  reconnoiflcnr  encore 
une  converfion  par  contrepofition  ,  per  contrapofii- 
tionem.  C'eft  lorfque  confervant  la  quantité  &  qua- 
litéde  la  propofition,  on  change  les  termes  finis 
en  infinis,  ou  les  infinis  en  finis,  comme  tout 
homme  eft  animal,  donc  tout  ce  qui  n'eft  point 
animal  n'eft  point  homme  ,  ou  bien,  tout  ce  qui 
n'eft  point  animal,  n'eft  point  homme  -,  donc  tout 
homme  eft  animal.  Ou  bien  :  quelque  homme  n'eft 
pas  pierre,  donc  quelque  chofe  qui  n'eft  pas 
pierre,  n'eft  pas  homme.  Ou  au  contraire  :  quel- 
que chofe  qui  n'eft  pas  pierre,  n'eft  pas  homme  -, 
donc  quelque  homme  n'eft  pas  pierre.  Voye:^  Ri- 
card Lyucci  è  Soc.  Jef.Curf.Philof.  L.1F,  Tract, 
ch.  6. 

CoNVERs^iON  fe  dit  pour  changement  de  penfée,  d'i- 
dée ,  d'opinion.  M.  Aftruc  a  dit  en  ce  fens  :  Voilà 
l'Achille  qui  doit  opérer,  félon  eux,  (les  Anti- 
contagionaircs  )  une  converfion  générale.  Si  l'on 
répond  à  cette  objeétion  unique ,  on  a  répondu 
a  tout,  &  la  converfion  eft  manquéc. 

IJcr  On  appelle  en  ilcthorique  converfion,  une  cer- 


CON  88y 

taine  figure  qui  confifte  à  terminer  les  divers  mem 
bres  d'une  période  par  les  mêmes  fons  ;  ainfi  que 
1  art  de  retourner  ou  de  rétorquer   un  araumenr 
ou  de  le  montrer  par  des  côtes  oppofés ,  en  chan- 
geant le  fujet  en  attribut,  &  l'attribut  en  fujet. 
comme  on  l'a  dit  ci-devant. 

|Cr  On  fait  aufîî  des  converfions  d'argumens  d'une 
figure  a  une  autre  ,  &  des  propofitions  générales  , 
aux  particulières.   Foyei  Retorsion. 

Conversion,  en  termes  du  Palais,  fe  dit  du  chan- 
gement d'un  ade  en  un  autre.  La  converfion  d'une 
obligation  en  rente,  Convcrfiwn  d'appel  en  oppo- 
sition ,  converfiion  d'ajournement  peifonnel  en  dé- 
cret de  prife  de  corps.  La  converfion  des  lettres 
de  défertion  en  anticipation.  La  converfion  d'un 
bail  conventionnel  en  un  bail  judiciaire.  On  dit  dé- 
crets originaires  &  décrets  par  converfiion.  Quelque- 
fois on  decrere  originairement  deptife  de  corps  , 
quelque-fois  cela  ne  fe  fait  que  ^ns  converfiion, c'ç.S\.-l- 
dire,  qu'un  décrété  afîigné  pour  être  olii,  faute  de  fe 
préfcntcr,  donne  occafion  de  convertir  fon  décret 
de  priie  de  corps  :  mais  ce  décret  n'étant  que  pat 
converfiion,  tombe  &  eft  anéanti,  dès  que  le  dé- 
crété comparoir. 

En  Arithmétique  on  dit  ,  proportion  par  con-^ 
verfion  de  raijon.  C'eft  la  comparaifon  de  l'anté- 
cédent &  du  conféquent  dans  deux  laifons  égales. 
CoIIano,  comparatio.  Ainfi  comme  il  y  a  même 
raifonde  2  à  5  que  de  8  à  iz,  on  conclut  qu'il 
y  a  même  raifon  de  2  à  i  ,  que  de  8  à  4. 

Conversion  d'équations  en  Algèbre ,  c'eft  lorfque 
l'on  réduira  une  commune  dénomination  une  quan- 
tité compofée  d'entiers  &  de  frat5i:ions.  Par  exemple  , 

m  -*  ce  r       » 

^  ~  l''^^  — - —  ^-  h  1-  b  :  multipliez  par  d,  alors 

vous  aurez  d  a  —db  ZZaa +~  c  c-i-  d  h +.  d  b  , 
&  ce  fera  une  converfion    d'équarion.  Harrjs. 

CONVERSO,  Ç.  m.  terme  de  Marine,  eft  la  partie 
du  tillac  d'enhaut  qui  eft  entre  le  grand  mât  & 
le  mât  de  borfet,  où  chacun  fe  vifite  &  fait  la 
converfarion.    Ce  mot  nous  vient  d-es  Portugais. 

CONVERTIBLE.adj.  de  t.  g.  terme  de  Logique,  qui  fe 
dit  d'une  propofition  fufceptible  de  converfe ,  ou  de 
deux  tetmes  qui  préfentent  précifcment  la  sr.ême 
idée.  Quoi  converti  potejl.  Matière  &  impéné- 
trable font  des  tetmes  convertiè/es.  Cette  propo- 
fition, tout  ce  qui  eft  matière  eft  impénétrable, 
eft  convertible  en  celle-ci  :  tout  ce  qui  eft  impé- 
nétrable eft  matière. 

03"  En  termes  de  Commerce  &  de  Finances ,  con~ 
vertib/e  ié  dit  d'un  bien,  d'un  eiîét  qui  peut  être 
changé  contre  un  autre.    Billet  convertièle  en  at- 

gcnt. 

CONVERTIR  ,  v.  a.  tranfmuer  ,  faire  changer 
de  nature  à  quelques  corps.  Convertere ,  mutare. 
Jésus -Christ  ,  aux  noces  de  Cana  ,  convertit 
l'eau  en  vin.  Dans  la  confécration  ,  le  pain  &  le 
vin  fe  convertirent  au  vrai  corps  &  au  fang  de 
Jesus-Christ.  Les  alimens  digérés  fe  convertifjenc 
en  notre  fubftance.  L'eau  congelée  dans  les  grot- 
tes ,  fe  convertit  en  ctyftal. 

Convertir  fe  dit  aufll  des  altérations  &  change- 
mens  qui  fe  font  par  la  générarion  &  la  corruption 
ou  autrement.  Le  feu  convertit  le  bois  en  cendres. 
Cette  fauce  fe  convertit  en  huile.  La  glace  fon- 

.    duc  fe  convertit  en  eau. 

On  dit  aufïî  d'un  homme  qui  a  changé  fon  bieti 
de  nature  ,  qu'il  a  converti  fes  héritages  en  effets 
mobiliaircs  ,  qu'il  a  converti  une  rente  au  denier 
18  ,  en  une  renre  au  denier  20;  qu'un  bail  con- 
ventionnel a  été  csKvem  en  bail  judiciaire;  qu'un 
appel   a  été  converti  en  oppofition. 

Convertir  fe  dit  aufTi  pour  changer,  lorfque  ,  fans 
toucher  à  la  narurc  &  à  la  fubftance  de  la  chofe , 
on  en  change  feulemenr  l'ufage.  On  convertit  les 
vafes  facrés  en  des  ufages  profanes,  Mauc.  C'eft 
ainfi  que  les  Proreftans'prétendent  que  le  pain  5c 
le  vin  de  l'Euchariftie  font  feulement  convertis . 


§8^ 


C  G  N 


parce  qu'ils  foin  transïcrcs  d'un  ufage  commun  à 
un  uKige  faint  6c  facic. 

gCJ"  Convertir  ,  en  matière  de  religion  &c  de  mo- 
rakjlc  dit  tigurcmcnt  pour  tiiire  changer  de  croyan- 
ce ,  de  lentimens  &  de  moeurs  i  produire  un  chan- 
gement dans  la  volonté  du  pécheur  ,  en  conlé- 
quence  duquel  il  fe  repent  de  Tes  fautes  ,&  le  dé- 
termine fmccrement  à  s'en  corriger  &c  à  les  ex- 
pier. ALiqucm  ai  tonam  fritgem  revocare  ;  f  ravis 
opinionibits  imbutum  querripiam  religiom  caihoUcce 
TeJUtucre.  Les  Apôtres  ont  converti  les  Gentils  à 
la  foi.  Il  y  a  tel  Ecclclîaftique  qui  fe  réjouit  plus 
d'avoir  converti  quelqu'un  ,  pour  la  gloire  qui  lui 
en  revient ,  que  pour  le  falut  de  la  perfonne  con- 
vertie. Ben.  Les  Controvcrfiftcs  doivent  moins  fon- 
ger  a  triompher  cie  leurs  adverfaires ,  qu'à  les  con- 
vertir. Un  homme  ne  convertit  point  un  autre 
homme  ;  c'eft  Dieu  qui  nous  convertit  tous.  Peliss. 

^fT  On  le  dit  abfolument  avec  le  pronom  pcrlbn- 
nel ,  le  convertir  ,  &  s'entend  toujouis  d'un  chan- 
ffwnent  de  mal   en  bien.  Ce  débauché  s'efl:  con- 


verti. 


(fT  On  dit  ,  dans  le  difcours  ordinaire  ,  convertir 
quelqu'un  ,  le  faire  changer  d'opinion ,  de  réfo- 
lution. 

Je  l'ai  converti  fur  ce  point ,  c'eft-àdire ,  je  l'ai 
fait  changer  de  fentiment.  Je  m'engage  de  le  con- 
vertir.  On  aura  de  la  peine  à  le  convertir. 
^^  Convertir  ,  en  terme  de  Logique  &:  de  Rhétori- 
que j  c'eft  retourner  ,  rétorquer  un  argument ,  le 
montrer  par  des  côtés  oppofés ,  en  changeant  l'at- 
tribut en  fujct ,  &:  le  fujet  en   attribut.  Cotiverte- 
re  ,  intervertere. 
§CF  On  le  dit  auflTi  des  termes  qui  peuvent  fe  dire 
l'un  de  l'autre.   Etendue  5c  divilibilitc  font  deux 
termes  qui  fe   converti_[fent.  Tout  ce   qui  efl  éten- 
du en  longueur  ,  largeur   &  profondeur,  eft  un 
corps.  Tout  corps  eft  ce  qui  eft  étendu  en  lon- 
gueur j  largeur  ik  profondeur.  Voilà  deux  propo- 
rtions qui  fe  conyertijfsnt-. 
CONVERTI  ,  lE.    part.    Il  a  les  lignifications   du 
verbe.  En  matière  de  religion ,  ai>  erroruni  ca  li- 
gine  ad  verœ  Jincerczqiiefidei  lumen  rêverons  ,  dam- 
natis  hœreticorum  dogmatibus   ad  ecclefia  finum 
regrcjjus ,  on  dit  au  fubftantif,  un  nouveau  con- 
verti. On    a  établi   plulîeurs    communautés  pour 
les  nouveaux  convertis  6:  les  nouvelles  converties. 
On   appelle  aulîi    les  nouveaux  convertis  ,   !cs 
mailbns  5  les  communautés  &  congrégations,  tant 
d'hommes  que  de    filles    où  l'on    reçoit  ,  &    on 
inftruit  ceux    qui    veulent    le    faire    chrétiens    iS: 
recevoir  le  baptême  ,  ou  les  hérétiques   qui  veu- 
lent le  convertir  ,  &:  rentrer-dans  le  fein  de  l'é- 
glife,  &  où  on  les  inftruit  pour  cela  de  la  doc- 
trine catholique.    Je  viens  des  nouveaux  conver- 
tis ,   où  j'ai  vu  deux  juifs   qui    fe  font    inftruire 
&  fe  difpofent  au  baptême.  Voye^  Nouveaux  Ca- 
tholiques. 
CONVERTIE,  f.  f.  Nom  que  l'on  donne  à  plulîeurs 
communautés  religieufes  de  filles  qui ,  après  avoir 
vécu  dans   le  monde  avec  trop  de  licence  Se  de 
dérèglement ,  fe  retirent  dans  le  cloitre  pour  faire 
pénitence.  On  les  nomme  autrement  pénitentes. 
Converfœ,  Fœnitentes.  Yoyez  Pénitente. 

Les  converties  d'Orviette  font  des  filles  qui  fe 
font  retirées  du  défordre.  Elles  ont  été  fondées  en 
1662. ,  par  Antoine  Simonelli,  Gentilhomme  d'Or- 
viette ,  èc  ont  les  mêmes  obfervances  que  les  Car- 
mélites déchauflees.  Elles  ont  aulîî  le  même  ha- 
billement, mais  au  lieu  de  fandalcs  ou  albergattes  , 
clle.^  ont  des  pantoufles  allez  hautes  ,  &:  leur  voile 
eft  noir ,  doublé  d'une  toile  blanche.  Toutes  les 
autres  converties  fuivent  la  règle  de  S.  Auguftin. 
On  donne  aulFi  ce  nom  aux  femmes  ou  fil- 
les qui  re^'iennent  de  l'infidclitc  ,  ou  de  l'hérélîc, 
qui  y  ont  renoncé  ,  qui  en  ont  fait  abjuration , 
qui  fe  font  hh  catholiques  •,  &  aux  mailbns  & 
communautés  où  on  les  reçoit ,  &:  où  on  les  dil- 
pofe   au    baptême  ou  à  l'abjuration  ,  où  on  les  I 


C  O  N 

inftruit  pour  cela.  Mais  on  ne  dit  point  ce  nom 
feul ,  on  y  joint  nouvelles.  J'ai  entendu  le  fermon , 
la  mclfe  aux  nouvelles  converties.  On  a  mis  cette 
Dcmoifelle  huguenotte  aux  nouvelles  converties. 
La  Supérieure  des  nouvelles  converties  en  eft  bien 
contente.  On  les  appelle  aufli  nouvelles  catholi- 
ques.  Voyez  Nouvelles  Catholiques. 

CON  VERTISSEMENT,f.  m.  terme  de  monnoies  qui 
fe  dit  lorfque  l'on  rond  les  vieilles  efpèces  d'or 
ou  d'argent,  &  qu'on  les  convertit  en  d'autres  ef- 
pèces de  diuérent  poids  &  valeur.  En  l'année 
KÎ40  ,  on  a  fair  un  convertiflement  de  toutes  mon- 
noies étrangères  ôc  légères  en  louis  d'or  Se  d'ar- 
gent.   Converjzo. 

CONVERTISSEUR,  f.  m.  Qui  réulTit  à  convertir 
les  hérétiques.  Qiii  revocandis  ad  catholicam  fi- 
dem  hereticis  operam  impertit,  collocat.  On  appe- 
lait le  Cardinal  du  Peron  le  convertiffeur. 

Ce  mot  a  été  employé  fur-tout  depuis  la  ré- 
vocation de  l'èdit  de  Nantes.  Les  écrivains  calvi- 
niftes  ,  &:  Jurieu  principalement  ,  le  répètent 
fans-ceflè.  Ils  appeloient  ainli  les  catholiques  qui 
s'appliquoient  ,  qui  travailloient  à  la  converfion 
des  huguenots  ou  calviniftes  de  France.  On  ne 
devoir  pas  s'attendre  que  cet  auteur  ,  qui  traite  fi 
mai  les  convertis  ,  traitât  mieux  les  convertijfeurs. 
Arn.  Celui-ci  eft  une  efpèce  de  raillerie  en  par- 
lant d'un  converti,  de  joindre  à  cette  qualité  celle 
de  convertijfeur.  Id.  S'ériger  en  converti[/eur.  Polit. 
du  Clergé.  Ce  n'eft  pas  qu'il  loir  bcfoin  d'un 
autre  convertiffeur  que  celui-là.  Fléch. 

CONVEXE,  adj.  m.  &  f.  Courbé  ,  cinrré.  On  le  dit 
de  la  furface  extérieure  d'un  corps  rond  ,  par  op- 
pofuion  à  la  furface  intérieure  qui  eft  creufe  ou 
concave.  Ccnvexus.  Un  miroir  convexe  fair  voir  les 
obj.^ts  plus  petits  ,  &  un  concave  les  fait  voir  plus 
gros.  Le  verre  fphérique  convexe  z'^  plus  épais  en 
ibn  milieu  qu'en  lès  extrémités.  Lorfqu'on  plie  un 
corps  dur,  fes  parties  s'écartent  du  cbxk  convexe  -, 
&  fe  rapprochent  du  côté  concave.  Roh.  Scarron 
a  dit  en  plailàntant  de  lui-même. 

Ma  poit:  ine  eji  toute  convexe  : 
Enjinjefuis  tout  circonflexe  •, 

CONVEXITÉ ,  f,  f.  fuperfîcie  extérieure  d'un  corps 
rond  ,  de  ce  qui  eft  convexe.  Exterior  gloti  faciès ^ 
juperficies  gloloja  ,  convexa.  La  convexité  du  glo- 
be de  la  terre  fair  que  l'horifon  fenlible  ne  palîe 
pas  50  lieues.  Les  convexités  des  verres  fphéri- 
ques  Ibnr  ou  égales  ou  plus  grandes ,  ou  moindres , 
refpeélivemenr  à  l'habitude  qu'ont  entre  eux  les 
diamètres  de  leurs  fpheres. 
CONVICIER,  V.  a.  vi«ux  mot ,  dire  des  injures  à 

quelqu'un.  Conviciari. 
ffJ-  CONVICTION,  f.  f.  preuve  claire  &  évidente 
d'une  choie.  Rei  alicujus   inexpugnabilis  probatio. 
On  a  trouvé  dans  fes  papiers  la  conviclion  de  fon 
crime.  On  ne  condamne  point  à  mort  ,  fans  une 
pleine  conviclion  de  l'accule. 
§C?  On  le  dit  plus  fouvent  de  l'effet  qu'une  preuve 
évidente   produit  dans  l'efprit ,  c'eft-à-dire  de  la 
connoilfance  qu'on  a  qu'une  chofe  eft  ou  n'eft  pas 
fondée,  fur  des  preuves  évidenres.  Ainli ,  conviclicn 
&z  perfuajîon  ne  font  point  fynonimes.  Ce  dont 
on  eft  convaincu  eft  nécellàirement  vtai  :  on  peut 
être  perfiiadé  d'une  chofe  faufle.  Avoir  une  entière 
conviéfion  des  preuves  de  la  religion. 
CONVIER,  v.  a.   inviter  à  quelque  repas,  à  quelque 
fête,  à  quelque  cérémonie.  Invitare.  On  a  convié 
rous  les    grands    du   Royaume   d'aflifter  au  fccrs 
du  Roi. 

Ce  mot  vient  du  latin  convitare  ,  qui  a  été 
formé  de  cum  &  vivere  ,  c'eft-à-dire  ,  vivre  enfem- 
hle.  Men. 
Convier  lignifie  aufli  exciter,  porrer  à  faire  quelque 
chofe.  Cyrus  convia  les  Athéniens  à  quitter  l'allian- 
ce de  fon  frère.  Ab.  L'Empereur  Ferdinand  conviai 
Elifabeth  de  ne  point  k,  féparat  ds  la  créance  des 


G  ON 

Princes  Chrcciens.  Maucr.  La  nccenjtc  des  affai- 
rés le  convia  à  fe  réconcilier.  RôCb 

Heureufe  incertitude  !  aimable  obfcurité  l 

Par  ou,  la  divine  bonté 
A  veiller  >  àpricr  Jans  cejj'e  nous  convie- 

L'Ab.  Tétù. 

Convier  ,  v.  b.  vieui  mot  qui  fîgnifîoit  manger  en- 
lemble.  Convivere. 

Convié,  ée.  parc.  Invitatus. 

On  le  dit  aulTi  au  lubftantif.  C'eft  un  des  con- 
i'iés  à  la  noce.  Jesus-Christ  a  fait  une  parabole 
des  convies  à  Ion  feftin  ,  des  conviés  aux  noces.  Il 
y  avoir  grand  nombre  de  convies  à  une  telle  fcte. 
C'ctoit  un  proverbe  chez  les  Grecs  :  Je  hais  le 
convie  qui  a  de  la  mémoire  ,  c'eft-à-dire  ,  le  convie 
qui  va  révéler  les  Icerets  de  la  table. 

CONVIS ,  i".  m.  Se  pi.  vieux  mot.  Feftins.  Zpulce. 
Je  cro^s  que  c'cit  plutôt  convici  ,  &  au  plurier 
convias  ,  du  latin  convictus. 

CONVIVANT.  1"  m.  Qui  vit  avec  d'autres.  Convi- 
vens.  Il  y  a  dans  la  congrégation  de  S,  Gabriel 
en  Italie ,  des  convivans  &  des  confluans.  Les  pre- 
miers vivent  enfemble.  Les  leconds  ne  vivent  pas 
enlembie  >  mais  le  rendeut  à  certains  jours  dans 
un  même  li:u  deftinc  pour  leurs  aiîembices.  Con- 
viventi  eft  le  mot  Italien, 

CONVIVE,  i:  m.  Celui  qui  eft  invité  &  qui  afTifte 
à  un  repas  avec  d'autres  perlonncs.  Conviva.  Il 
faut  avoir  un  tel  à  louper^c'eft  un  bon  convive.  Il  n'y 
avoir  que  des  convives  choilis  àcette  rejoui/lance. 

Convive  ,  f.  m.  vieux  mot,  état  des  choies  ;  llcua- 
.  tion  des  affaires,  Rerum  fiatus,  La  Chronique  de 
Flandre,  c.  ip,  dit,  quand  la  Reine  de  France 
fut  leur  co/zv/Vt  ,&  qu'ils  avoient  ordonné.  Et  c.  15. 
S'il  vous  plait  nous  ferions  monter  aux  échelles , 
fi  l'aurions  le  convive  d'eux.  Jean  de  Mehun ,  en 
fon  Tejtament  manufccit  dit  : 

Les  uns  prennent  les  Rois  $  &  les  autres  les  Roines . . . 
Pourjçavoir  la  j^^crets  des  cœurs  ,  &  les  convives, 

fCr  CONVOCATION  ,  f.  f.  invitation  ,  ordre,  aver- 
tiflement  donné  à  plulicurs  perionnes  pour  le  ral- 
lémbler ,  l'oit  pour  des  arfaircs  généraks ,  l'oit  pour 
des  affaires  particulières.  Convocatio.  On  a  fait  une 
convocation  des  Prélats  pour  tenir  un  Concile.  Le 
ban  ôc  arrière- ban  Ibnt  des  convocations  dtïi.  no 
bielle  pour  aller  à  la  guerre.  On  r^ra  la  convo- 
cation des  États  de  lirct-gne  ,  de  Languedoc ,  au 
deuxième  du  mois  prochain. 

Le  Coni'eil  ayant  jugé  nécclîàire  d'afrembler  les 
États  de  Caftillc ,  on  ne  put  jamais  obtenir  de 
la  Reine  qu'elle  lignât  les  lettres  de  convocatio/^. 
FlÉch.  Fie  de  Xim.  L.  U ,  p-  i^i. 

On  le  ditauHi  de  quelques  airemblées  de  familles 
ou  de  petites  communautés.  Ce  mariage  s'eit  fait 
à  la  hâte  ,  il  n'y  avoit  point  de  convocation  de  pa- 
rens.  L'élection  de  ce  Marguiilier  eft  conteltée  , 
parce  qu'il  n'y  a  point  eu  de  convocation  de  pa- 
loilliens. 

Ce  mot  vient  dU  latin  convocatio, 

CONVOI.  1".  m.  Transport  d'un  mort ,  de  la  màifon 
au  lieu  de  la  fépulcure  ;  ademblce  qui  accompa- 
gne un  corps  mort  qu'on  porte  au  lieu  de  la  ié- 
pulture  avec  les  cérémonies  funèbres.  Pompa  fu- 
Tubris  :  Vous  êtes  priés  d'ailifter  au  convoi ,  l'er- 
vice  Si  enrerrcment.  Il  y  a  deux  lortcs  de  convois  ; 
l'un  général ,  lorl'que  tous  les  Ecclcfiaftiques  habi- 
tués d'une  Paroille  accompagnent  un  corps  qu'on 
porte  en  terre.  L'autre  s'appelle  convoi  de  chœur  , 
èc  c'efl:  lorlqu'il  n'y  a  que  les  écclcliaftiqucs  qui 
compofent  le  chœur  de  la  Paroill'e  qui  accompa- 
gnent le  corps. 

|Cr  Convoi,  terme  uficé  dans  l'art  militaire  pour  ligni- 
fier une  quantité  de  provilions,  de  vivres ,  de  mu- 
nitions ,  d'argent  ,  &c.  elcortés  par  un  corps  de 
troupes  ,  que  l'on  fait  pafl'er  dans  un  camp  ou 
dans  une  ville  alfiégée.  Çommeaius.  Préparer  un 
grand  convoi» 


dÔN  8S7 

§3*  On  dît  en  ce  l'ens  battre  un  convoi,,  c'cft^à-dirc 
Teicorte  qui  l'accompagne.  Attaquer  ,  furptendre 
un  convoi. 

On  le  dit  auHi  des  navires  de  guerre  qu'on 
donne  pour  CiCorte  à  des  navires  marchands.  Ort 
appelle  encore  convoi ,  une  Hotte  de  vailleaux  mar- 
chands ,  avec  fon  el'cocce. 

Convoi  de  Bordeaux.  Bureau  du  Roi  établi  en  la 
ville  de  Bordeaux,  pour  la  perception  des  droits 
qui  fe  levenr  par  met  feulement ,  lut  fix  ou  fept 
fortes  de  marcliandifes  ,  comme  fur  les  vins  ,  eaux- 
dc-vie ,  prunes ,  ùc. 

L'origir.e  de  ce  droit  vient  de  ce  qu'ancienne- 
ment ,  les  bouigeois  CJi  marchands  de  Cordeaux  j 
pour  la  fureté  de  leur  commerce ,  faii'oient  des  ar- 
mcmens  pour  clcorter  les  vailfcaux  qu'ils  en  • 
voyoient  iur  Mer,  &  pour  furvenir  .à  cette  dé- 
penfe ,  ils  s'impoloicnt  eux-mêmes  certains  droits 
à  proportion  des  marchandifes  qu'ils  envoyoient 
&  chargeoient  fur  les  vailfeaux.  Dans  la  fuite ,  le 
Confcil  ayant  trouve  plus  convenable  de  donna 
des  el'corccs  pour  convoy'  r  les  vaiifeaux  marchands 
Sa  Majefté  ordonna  qu'il  léroit  établi  en  la  ville 
de  Bordeaux ,  un  bureau  de  convoi,  pour  la  per- 
ceprion  de  ce  droit  à  fon  profir ,  au  moyen  de 
quoi  Sa  Majefté  équiperoit  &  armeroit  à  fes  frais  i 
les  vailleaux  nécelfaircs  pour  efcorter  les  vaifleaux 
marchands  qui  appartiendioient aux  habitans  delà 
ville  de  Bordeaux. 

Convoi  fe  dit  pareillement  dii  droit  même  dont 
oii  fair  reccrte  dans  ce  bureau. 

Ip"  CONVOIER.    Voyei  Convoyer, 

CONVOITABLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  peut  être  con- 
voité &  défiré.  Expetendus ,deJideratilis.Vi  n'y  a 
rien  en  ce  monde  qui  foit  véritablement  convsi- 
table ,  que  la  vertu. 

Ce  mot  eft  vieux  ,  &  ne  fe  dit  plus  qu'en  riant» 

CONVOITER  ,  V.  a.  délirer  ardemment  le  bien  d'au- 
trui.  Alif^uid  ardenter  expetere  ,  concupifcere.  Il 
eft  défendu  par  le  X^  commandement  de  convoiter 
le  bœuf  ni  l'âne  de  fon  voiiin  ,  ni  aucune  chofe 
qui  lui  appartienne  Ce  mot  n'eft  d'ufage  que  dans 
la  Théologie  morale  ,  &  il  fuppofe  tou'ours  ua 
objet  illicite  &  défendu  par  la  loi  de  Dieu,  Ort 
convoite  la  femme  ou  le  bien  d'autrui. 

Ce  mot  vient  du  latin  convotarè.  Men.  D'au- 
tres croient  qu'il  vient  de  hait ,  vieux  mot  trah- 
çois ,  qui  lignifie  joie  ôc  allesreffe. 

Convoité  ,  ée.  part.  Defidcratus  ,  appetilus, 

CONVOITEÙX  ,  EUSE.  adj.  Qii  convoite  ,  qui 
dedr."  le  biert  d'autrui.  Ce  mot  eft  vieux  &  n'eft 
plus  en  ufage.  Appeiens  ,  percupidus  ,  ayidif- 
Jmvs. 

CONVOITISE,  f.  m.  concupifccnce ,  defir  de  pof- 
féder  le  bien  ou  la  femme  d'autrui.  Cupiditas.  La 
convoitise  des  richclfi;s  eft  la  foutce  la  plus  ordi- 
naire de  tous  les  péchés.  Dans  les  accès  de  la  con» 
voitife  ,  fe  jerer  dans  la  neige  pour  rélifter  aux  ten^ 
tarions  de  la  volupté  charnelle.  Bayl.  La  ^0»- 
voitijé  de  régner  eft  la  plus  forte  des  pallîons. 
Suivte  fes  convoitifes ,  s'abandonnet  à  (es  convoi^ 
iifes  ,  fe  lailTer  maîtrifer  par  fes  convoitifes  ,  domp- 
ter fes  convoitijes  ,  S:c,  Il  eft  hors  de  doute  que 
ce  plurier  eft  ulité.  Les  exemples  fuivans  vont  ea 
convaincre.  Que  le  péché  ne  domine  donc  point 
dans  votre  corps  mortel ,  enforte  que  vous  vous 
foumettiez  à  fes  convoitijes.  Bouh.  Ep.  aux  Rom^ 
VI  ,  II.  Pour  ceux  qui  apartienncRt  à  Jesus- 
Chrit  ,  ils  ont  crucifié  leur  chair  av-c  les  vic-s  Sc 
les  convoitifes.  Id.  Galat.  V  ,  14.  D'où  viennent 
les  dillenfions  &  les  querelles  qui  font  patmi  vous» 
N'eft-ce  pas  de  ceci  ,  de  vos  convoitifes  ,  qui  font 
une  guerre  dans  vos  membres  î  Id.  £p.  de  i.  Jacqé 
IV  I.  Vous  demandez  &  vous  ne  recevez  pas  , 
parce  que  vous  demandez  mal  pour  fournir  à  vos 
convoitifes, 

CON VOLER,  V,  n.  terme  de  Palais.  Il  fe  dit  des 
veuves  qui  fe  remarient,  Jd  a/terum  conjueium 
(ranjire  ,    ai  fccundas  »    ténias  nuptias   con- 


888 


COH 


volare.Vn  fcirme  pendant  Ton  année  de  Viduitc , 
ne  doit  pas  convoler  à  de  iccondes  noces.  La  temme 
ne  peut  pas  avantai^cr  Ton  mari ,  quand  elle  i:onvo/<: 
en  ftcondes  noces ,  de  plus  gtoile  ibmme  que  celle 
qu'elle  lailîe  à  celui  de  fes  enfans  ,  à  qui  elle  donne 

le  moins. 

fCT  On  doit  dire  *  convoler  a  de  fécondes  noces  , 
convoler  à  un  fécond  mariage,  &  non  pas  convoler 
en  fécondes  noces  ,  quoiqu'on  décide  le  contraire 
dans  le  Di^.  de  rJcad.  Pourquoi  cette  diftiniaion , 
convoler  à  un  fécond  mariagq  i  cwvo/^r  enkcondes 
noces  î 

Convoler  fe  dit  auflTi  quelquefois  abfolument  par 
une  efpcce  d'ellipfe.  Cette  veuve  ne  fera  pas  long- 
temps fans  convoler.  Elle  a  convolé.  Il  eft  du  ityle 
familier,  Ac.  Franc. 

CONVOQUER ,  V,  a.  faire  aflembler  par  autorité 
juridique.  Convocare  ,S>cc.l[  t:iuz  convo^i^er  exprès 
tout  le  Chapitre  ,  pour  rendre  valables  les  délibé- 
rations importantes.  Convoquer  un  Concile,  les 
Etats.  Convoquer  les  deux  femeftres  d'une  compa- 
s^nie.  On  convoque  avec  quelques  folemnitcs.  On 
le  dit  des  aHemblées  publiques  :  mais  on  convie  , 
quand  on  fait  des  aflemblces  particulières  de  pa- 
rens,  amis ,  &é. 

Convoqué  ,  ée.  parr.  Convocatus. 

CONVOY ,  l^oyei  CONVOI. 

CONVOYER  ,  vieux  v.  a.  qui  s'eft  dit  autrefois  pour 
inviter  ,  attirer.  Invitare  ,  vocare. 

Convoyer  >  V.  a.  accompagner  quelque  perfonnc , 
quelque  chofe  ,  foit  pour  lui  faire  honneur,  foit 
avec  main  forte  pour  fa  fureté.  Le  corps  mort  de 
cette  Princelfe  a  été  convoyé  par  un  grand  nombre 
d'Officiers  ,  jufqu'au  tombeau  de  fes  percs.  Fune- 
hrem  alicujus  pompam  comitari.  On  a  fait  convoyer 
'cette  voiture  d'argent  jufqu'à  l'armée,  par  deux 
compagnies  de  Cavalerie.  Convoyer  des  vaiHeaux 
marchands  fe  dit  d'un  vailleau  de  guette  qui  les  ef- 
corte  5c  prend  foin  de  leur  conduire.  Perfequi  com- 
meatiim. 

IJCr  Convoyer  n'a  guère  d'ufage  que  dans  cette  der- 
nière acception. 

Convoyé,  ée.  part. 

Ce  mot  vient  de  convtare  ,  comitari  per  viam, 

CONVOYONS.,  Voyei  Couvoyons, 

CONVULSE  ,  ÉE  ,  adj.  qui  fouffte  une  convulfion  , 
qui  eft  attaqué  de  convulfions.  Convulfus  ,  a  ,  um. 
La  glotte  convulfée.  Dod.  Acad.  des  Se.  1700. 
Mém.  p.  145.  Des  mufcles  ^0/;^«//«^. 

CONVULSIF ,  IVE  ,  adj.  terme  de  Médecine ,  qui  fe 
dit  desmouvemens  qui  dépendent  naturellement 
delà  volonté, 5c  qui  deviennent  involontaires  par 
quelque  caufe  étrangère.  Motus  fpaticus  ,  motus 
qui  contradicîione  ricrvorum  cietur ,  convuljus.  Le 
mouvement  convuljîf  eft  une  contraâlion  qui  fe 
fait  pat  intervalles;  en  quoi  il  diffère  de  la  con- 
vulfion ,  qui  eft  une  conrraétion  continue.  Quand 
le  principe  des  nerfs  eft  attaqué  ,  il  arrive  des  mou- 
mens  convuljifs.  La  tenfîon  convulfive  des  folides 
eft  une  des  principales  caufes  qui  détruifent  l'équi- 
libre qui  doit  être  entre  les  folides  &:  les  fluides. 

JOURN.  DES  SaV. 

CoNVULsiF  fe  ditauflî  de  ce  qui  caufe  la  convulfion  , 
ou  les  mouvemens  convuljifs.  Les  plaies  des  nerfs 
font  convuljives.  L'ellébore  blanc  eft  convulfif. 

CoNVULSiF  îiu  figuré ,  fe  dit  des  mouvemens  trop  em- 
portés &  trop"  violens  de  la  colère  ,  ou  de  quel- 
qu'autte  pafllon.  Motus  animi  impotens.  Vos  mou- 
vemens convulfifs  de  fureurs  me  font  craindre  pour 
votre  raifon.  S.  Evr. 

CONVULSION,  f.  f.  terme  de  Médecine,  c'eft  une 
contraction  conrinue  qui  fe  fait  contre  notre  vo- 
lonté des  parties  du  corps ,  qui  ont  accoutume  de 
fe  mouvoir  fuivant  notre  volonté.  Spafmus ,  con- 
vulfio,  contrario  nervorum.  Les  maladies  violentes 
font  mourir  quelquefois  avec  de  grandes  convul- 
fions. 


CO  N 

UC?"  Ort  appelle  proprement  convulfion  »  un  mouve-^ 
ment  irrégulier  5c  involontaire  des  mufcles ,  avec 
fecouiîe  &  violence. 

Convulsion  fe  dit  figuiément  des  emportemens  , 
efforts  extraordinaires  qu'on  fait  pour  quelque 
chofe.  Animi  impotentia  ,  animi  impotentis  effrena- 
tio.  La  feule  vue  d'un  homme  qui  demande  de  l'ar- 
gent à  cet  avate  lui  donne  des  convulfions.  Moi.. 
Puifque  les  figures  expriment  les  mouvemens  de 
notre  amc ,  celles  que  l'on  mêle  en  des  fujets  où 
l'ame  ne  s'émeut  point ,  font  des  mouvemens  con- 
tre la  nature  ,  &  des  efpèces  de  convulfions.  Port- 
R.  Cet  homme  rit  avec  un  emportement  ridicule  ; 
fort  accès  va  jufqu'aux  convulfions.  Bell.  Les  ani- 
maux de  l'humeur  de  notre  fâcheux  ,  font  toujours 
farouches  ,  5c  il  leur  prend  des  convulfions  fi  fubi- 
tes ,  que  perfonne  n'eft  en  aflûrance  auprès  d'eux, 
Balz. 

Et  tandis  que  tous  deux  étaient  précipités 
Dans  les  convulfions  de  leurs  civilités  , 
]e  me  fuis  doucement  efquivéfans  rien  dire.  Mol. 

CONVULSIONNAIRE,f.  m.  malade  agité  de  cbn- 
vulfions. 

go-  CONVULSIONNAIRES  ou  CONVULSIO- 
NISTES.  On  a  donné  ce  nom  à  quelques  fanati- 
ques modernes  dont  la  fecSe  a  commencé  de  nos 
jours  fur  le  tombeau  de  M.  Paris.  Ce  fanatifme 
déplorable  fut  rejeté  avec  unanimité  par  les  ap- 
pelans  les  plus  éclairés  ;  de-là  ,  les  noms  de  Convul- 
fionnaires  &c  à' Anticonvulfionrtaires.  Tous  les  mi- 
raculés étoicnt  agités  fur  le  rombeau  de  M.  Paris 
de  convulfions  les  plus  furprenantes ,  dont  on  peut 
voir  le  détail  dans  un  auteur  npii  fufpedl ,  M. 
Colbert ,  Evêque  de  Montpellier ,  dans  fon  Ordon- 
nance du  II  Nûv.  ij'^ô.  Ces  convulfions,  dit-il, 
confiftoient  dans  des  élancemens  fubits ,  des  trem- 
blcmens  Se  des  fecoufies  violentes  de  tout  le  corps,- 
des  roulemens  par  terre ,  des  bondiHemens  fur  le 
pavé,  des  roideurs,  des  agitations  efBrayantes  de» 
bras,  des  jambes,  de  la  tête  contre  le  pavé,  des 
extcnfions  douloureufes ,  des  friflbnncmens  ,  des 
grinccmcns  de  dents ,  des  renverfemcns  dans  les 
yeux,  des  contorfions  dans  ]eVifage,des  mouve- 
mens impétueux  &:  involontaires  qui  paroifibient 
tenir  de  la  fureur,  des  douleurs  inexprimables, 
des  états  d'infenfibilité  5c  de  mort  apparente,  des 
cris  affreux  qui  reflembloient  à  des  mugiffemens, 
des  altérations ,  S>c  quelquefois  même  des  paroles 
d'jmparience  5c  d'emportement.  Reconnoît-on  ici 
l'œuvre  de  Dicu.'^  Eft-ce  de  miraculés  qu'on  nous 
parle  ,  ou  plutôt  ne  nous  fait-on  pas  le  récit  des 
plus  furieufes  poflèffions  î 

^j^Zt  Le  Cimetière  fut  fermé  par  ordre  du  Roi ,  au 
mois  de  Janvier  17^1.  Des  maifons  particulières 
furent  les  théâtres  où  l'on  conrinua  de  jouer  en  fe- 
crer  ces  farces  fcandakufes.  Mais  enfin  les  con- 
vulfions ont  eu  le  fort  de  toutes  les  nouveautés ,  Sc 
font  tombées  avec  le  temps  dans  le  difcrédit. 

CONYZA  ,  f  f.  plante.  Foye-{^  Conise. 

CONZA  ,  petite  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Na- 
plcs ,  dans  la  principauté  ultérieure  ,  au  pié  de 
l'Apennin. 

CONZÉLATEUR ,  f.  m.  un  des  arcs-boutans  d'un 
parti.  C'eft  l'cpirhète  que  Girillaume  Rofe  donne 
au  Commiflaire  Louchard,  qui  fut  un  des  quatre 
de  la  faélion  des  feize  ,  que  le  Duc  de  Mayenne  fit 
pendre  pour  la  mort  du  Préfidenr  Brifîon.  »  Mon- 
»  fieurlc  Lieutenant,  dit-il,  vous  avez  fait  pendre 
»  vorre  Argentier  congélateur  Louchard,  &  avez 
»  déclaré  par  confcquent  pendables  tous  ceux  qui 
»  ontafîiftéàla  cérémonie  de  l'Ordre  de  l'union 
»  qu'on  a  baillé  au  Préfidenr  Brillbn.  »  Sat.  Mén. 
in-8°. /.  8z. 

§3"  CONZIEU  ,  petite  ville  de  France  dans  le  Bu- 
i      sey,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  Bellay. 

"  COOBLIGE, 


d  o 


c  o  o. 

COOBLIGE  ,  EE  ,  adj.  &  f.  qui  eft  obligé  avec  un 
ou  plulieurs  autres  dans  un  adle  public.  Spoiifores , 
vades  quorum  Jinguli  in  foliduin  fpopondcrunt , 
commmii  adjlri'dus  vinculo.  Les  cautions  iblidai- 
res  ibnt  coobligées.  Un  débiteur  peut  choifir  tel  des 
cooé/igés  qu'il  lui  plaît  pour  le  contraindre  ,  &C  la.il'- 
icr  en  repos  les  autres.  L'hypothèque  ie  divile  entre 
coobllgés ,  quand  ils  n'ont  renonce  au  bénéfice  d'or- 
dre &c  de  divilion.  L'Hommeau. 
§CF  COOMB.  {.   m.  La  même   chofe   que   Comb, 

f^oyei  ce  mot. 
Ip-  COOPÉR  ATEUR. ,  f.  m.  celui  qui  opère  avec 
quelqu'un  ;  celui  qui  coopère  avec  un  autre;  celui 
qui  concourt  avec  un  autre  à  la  production  de  qucl- 
qu'eifet  jlbit  dans  l'ordre  naturel  ,  foit  dans  l'ordre 
furnaturcl.  Il  ne  i'e  dit  guère  que  dans  les  matières 
de  piété  &:  en  Théologie.  Rei  alicujus  efficiendx 
adjutor  yjocuis  ,  coaperaior.  Les  Apôtres  prennent 
le  titre  de  coopérauurs  dans  l'œuvre  de  notre  régé- 
nération. Nous  Ibmmcs  les  coopcraceurs  ds  Dieu. 
PoRT-R.  Les  coopiraicurs  de  la  grâce. 
CoopÉRATEUR ,  f.  m.  nom  d'un  Officier  eccléfiaftique 
en  Allemagne  ,  ou  du  moins  en  quelques  diocèlcs 
d'Allemagne.  L'Evêque  de  Coire  ou  de  Chure  en 
Suiflé  publia  un  Mahdemerit  l'an  1644,  adrefle  à 
tous  les  Doyens,  Chambriers ,   Curés  ,  Coopéra- 
teiirs  &c  Chapelains  de  Ion   Diocèfe.  P.  Hel.  T, 
FIJI ,  p.  1 10.  L'ordre  dans   lequel  ces   Officiers 
font  nommés ,  montre  que  les  Coopérateurs  font  ce 
que  nous  appelons   Vicaires ,  qui  réellement  font 
les  CqopérateuTS  &  les  aides  des  Curés. 
COOPÉRATION  ,  f.  f.  aélion  de  celui  qui  concourt 
avec  un  autre  pour  produire  un  même  effet.  Operœ 
communis  coUatio  ,  opéra  mutuo  coUata.  La  coopé- 
ration de  l'homme  dans  fa  cônverfion  ,  eft  un  ef- 
fet de  la  grâce  &  de  la  volonté  du  pécheur.  Dieu 
ne  nous  lauve  que  par  notre  coo/'era/iOTZ. 
COOPER  ATRICE  ,  f.  f.  celle  qui  agit  avec  Uh  autre. 
Bei  alicujus  perfi'-iendis  focia  &    adjutrix.   Vous 
êtes  par-là  les  Miniftres  delà  miféricorde  de  Dieu, 
vous  en  êtes  les  Cooperatrices  &:  les  Coadjutrices, 

BoURDAL.  £;!f/^.  T,I,p.  IC7, 

COOPÉRER ,  V.  n.  opérer  conjointement  avec  un 
autre  ;  joindre  fon  adlion  à  celle  d'un  autre  poUr 
produire  cnfemble  quelqu'effet.  Conferre  operam  , 
juvare  aliquem.  En  vain  donne-t-on  des  remèdes, 
fi  la  nature  n'cfl;  afl'ez  forte  pour  coopérer  à  la  gué- 
rifon  du  malade. 

CoorÉRER  fe  dit  fîgurément  en  chofes  morales.  L'hom- 
me coopère  à  la  grâce ,  c'eft;à-dire ,  qu'il  répond 
aux  mouveméns  de  la  grâce.  Dieu  n'approuve  point 
le  crime  en  coopérant  à  l'aélibn  du  pécheur,  il  ne 
fait  que  remplir  la  qualité  de  caufe  première  Çr 
univerfelle  en  concourant  avec  les  caufes  fécondes. 
L'homme  coopère  à  fa  cônverfion  avec  le  Saint- 
Efprir-,  mais  il  ne  coopère  que  par  le  fecours  de  la 
grâce.  Boss.  L'adreflé  feule  ne  fait  pas  les  gens  ri- 
ches, il  faut  que  la  fortune  y  coo/J^re  beaucoup. 
Il  ne  feroit  point  parvenu  à  cette  dignité ,  fi  les 
Puiiîances  n'y  avoient  coopéré.  On  ne  fe  fcrt  guère 
de  ce  mot  hors  les  matières  de  piété. 

.COOPTATION  ,  f.  f.  l'aftion  d'aiîbcier ,  d'agréger. 
Les  Augures ,  les  Pontifes  étoient  en  polTeflion  de 
remplir  les  places  vacantes  dans  leurs  Collèges 
par  voie  de  cooptation.  Domitius ,  Tribun  du  peu- 
ple ,  fit  paffer  une  loi  qui  transféroit  au  peuple  le 
droit  de  nommer  à  ces  Sacerdoces.  Par  rapport  au 
Grand  Pontife ,  on  convoquoit  dix-fept  Tribuns 
feulement ,  tirés  au  fort ,  &  celui  qui  avoir  la  plu- 
ralité des  fuffrages  dans  cette  aflémblée ,  étoit 
coopté  par  les  Pontifes.  Le  Tribun  fit  ordonner 
que  la  même  chofe  fe  pratiqueroit  à  l'égard  de 
toutes  les  auttes  places  de  Pontife  &  d'Augure. 
Crevier. 

Cooptation.  Dans  les  Univerfités ,  dans  quelque 
Corps  i  c'eft  un  terme  dont  on  fe  fert  pour  t^~ 
Tome  n, 


C  ô  p 


u 


ptîmet  le  pafTage  fubit  d'une  Ùnîverfité  où  l'on  à 
pris  les  degrés ,  dans  nne  autre ,  fans  y  faire  aucune 
étude.  C'eft  une  efpèce  d'agrégation.  Quoique 
Monficur  Couture  ne  fût  Maître  ès-Arts  que  de 
Cacn  ,  rUniverfité  de  Paris  le  choifit  cependant  -^ 
malgré  fes  ftaturs ,  pour  Profeffcur  de  Rhétorique 
au  Collège  de  la  Marche,  par  cooptation,  voie 
permiie  dans  les  cas  finguliers,&  dont  on  fit  ufage 
pour  la  première  fois  en  fa  faveur.  Il  fut  dans  la 
fuite  Redeur  de  là  inême  Univeriîté.  Obf.jur  les 
Ecr.  mod.t,  1^  ,  p.  10 j  ,  100. 

0C?  Ainli  la  cooptation  cfl:  une  efpèce  d'agrégatioii 
extraordinaire  accompagnée  de  difpenfe. 

COOPTER,  v,  a.  afibcier,  agréger,  Ce  verbe  qui 
vient  du  latin  cooptare ,  n'eft  pas  encore  fort  en 
ufage, mais  il  a  été  employé  par  M.  Huer,  qui, 
en  parlant  de  Pierre  Halley  ,  dit  que  l'Univerlitc 
de  Paris  ,  par  une  faveur  particulière  ,  le  coopta  en 
l'année  1 641. /^oje^  Cooptation. 

COORDES  ,  f.  f.  pi.  vieux  mot,  citrouilles, 

§Cr  COORDONNÉES,  adj.  pi.  terme  de  Géomé- 
trie. On  appelle  de  ce  nom  les  abfciffes  &  les  or- 
données d'une  courbe.  Foyei  Abscisses  &  Or- 
données, 

C  O  P. 

COP,f.  m,  vieux  mot,  coup.  On  a  dit  auiîl  coptef 
coûter  ,  pour  dire,  frapper ,  du  grec  xÔtVe.v  ,  qui  veut 
dire  la  même  chofe. 

|fc?  COPAÏBA.   Foyei  Cupayba. 

IfT  COPAHU,  (Baume  de)  ^ojez  Baume  &  Cu- 

PAYDA. 

COPAL ,  f.  m.  nom  que  les  Mexicains  donnent  i 
toutes  les  réfines  &  gommes  odorantes,  dont  ils 
diftinguent  les  différentes  efpèces  par  un  furnonl 
particulier.  Il  y  a  une  réfine  appelée  particulière- 
ment de  ce  nom  ,  qu'on  apporte  de  la  nouvelle  Ef^ 
pagne  ;  elle  eft  fort  blanche ,  reluifante  ,  tranfpa- 
rente ,  en  grofles  pièces  qui  reflêmblent  au  citron 
confit  ,  bien  clair  &  tranfparent.  Les  Indiens  s'en 
fervent  au  lieu  d'encens  dans  leurs  facrifices.  Cette: 
réfine  eft  bonne  pour  les  maladies  de  la  tête  :  elle 
échauffe,  réfour  &  ramollit. 

CoPAL  eft  aulli  l'arbre  d'où  cette  gomme  découle.  Le 
copaleQ:  un  arbre  dont  il  fbrr  de  la  gomm-^.quf 
répand  une  odeur  auffi  agréable  que  celle  de  l'eil- 
cens.  Let,  cur.  et  Édif.  T.  XL 

COPALXOCOTL  ,f.  m,  arbre  de  la  nouvelle  Efpa- 
gne,  dont  le  bois  fe^^coupe  aifémenr ,  fans  qu'il  fe 
fende  jamais  ;  il  n'eft  pas  fujer  aux  vers ,  &c  approche 
de  la  fenteur  £<:  de  la  faveur  du  copal.  Ses  feuilles  reP 
femblent  à  celles  de  nos  cerifiers.  Son  fruit  eit 
doiix  ,  mais  aftringent:  il  eft  femblable  à  de  petites 
pommes-,  il  en  diftille  une  falive  foit  gluiineufe , 
laquelle  étant  appliquée,  guérit  la  fièvre  &  les  dé- 
jeélions  fanguinolantes.  Les  Efpagnols  l'appellent 
cerife  "ommeufe.  Ceraja  gurnmofa. 

COPARTAGEANT,  ANTE,  adj,  qui  partage  quel- 
que chofe  avec  un  autre.  Confors  ,focius.  Ils  ne  font 
qaeuo'n  copartageans  zncttte  fuccelfion.  Un  pro- 
cès s'eft  élevé  entre  les  copartàgeàns. 

COPAYBA.  Voyei  Cupayba. 

COPEAU,  f.  m.  menu,  bois  qu'on  retranche ,  qu'ori 
rogne  d'une  grande  pièce ,  lorfqu'on  l'abat  &  qu'on. 
a  taille  ou  qu'on  h.  hconne.  Jljfula  ,fegmen  ,  feg- 
mencum.  Les  pauvres  gens  fe  chauffent  des  co- 
peaux qu'ils  ramafknt  dans  les  bois ,  dans  les  at- 
teliets.  Les  Marchands  de  vins  éclaircifl'cnt  leur  viri 
avec  des  co/ieawx  que  les  Menuifiets  enlèvcnravec 
le  rabot ,  &  ils  l'appellent  vin  de  copeaux.  On  a  dit 
autrefois  coupeaux. 

Ce  mor  vienr  du  grec  xi-rtn  qui  fignifie  morceau 
ou  fra<^ment  de  quelque  chofe  que  ce  foir ,  du  verbe 
H'--'  ■ ,  ccedo  ,feco.  « 

COPEC,  qu'on  nomme  aufTi  Copique  ^'  Kopeké  , 
f.  m.  monnoie  qui  fe  fabrique  &  qui  a  cours  en  Mof- 
covie.  Le  copec  d'or  vaut  trente-neuf  fols  huit  dg- 

V  V  V  V  V 


S^o  C  OP 

ni»rs  -,  celui  d'arsçent  un  fou  quatre  deniers  de  France. 

COPEGHI.  Dinar  Copcghi.  Voyez  Dinaa. 

COPEIZ,  i".  m.  terme  de^ Coutume ,  bois  nouvellement 
coupes. 

COPENHAGUE,  ville  capitale  du  Royaume  de 
Dannemark  ,  iicuce  dans  l'île  de  Zcelanae  ou  Sce- 
landcjlur  le  détroit  du  Sund,  vis-à-vis  de  l'Ile 
d'Amagh ,  à  laquelle  elle  eft  jointe  par  un  pont  de 
bois.  Niifhia,Codania.  Copenhague  n'efl:  pas  ancien. 
Un  Evcquc  de  Rochild  ht  bâtir  d.-ins  le  XiP-  iiccle 
un  fort  en  ce  lieu  pour  arrêter  les  Pirates;  plulieurs 
pêcheurs  bâtirent  leurs  cabanes  auprès  de  ce  fort  ; 
on  le  nomma  d'abord  Stagelbourg,  enfuite  on  lui 
donna  le  nom  d'Axcl-huys  ,  à  caul'e  d'Axil  Vidon  , 
Archevêque  de  Lunden ,  qui  contribua  beaucoup  à 
l'orner  vers  l'an  1158.  Enrin ,  parce  qu'il  y  venoit 
plufieurs  marchands  pour  acheter  le  poilfon  des 
pêcheurs  ,  on  le  nomma  Hiohmaus  haren  ,  ou 
Hafjen ,  c'eft-à-dire,  Port  des  Marchands;  de-là 
s'ert  fait  Copenha£^um,  &  en  françois  Copenhague. 
Le  Roi  y  introduifit  la  Religion  Luthérienne  en 
1555,  malgré  les  Evcqiles  qu'il  chalïa.  Il  y  a  une 
Univcriité  à  Copenhague,  fondée  en  14745  parChrif- 
tiern  I.  Le  port  de  Copenhague  pafie  pour  être  un 
des  plus  beaux  du  monde. 

Ditfcrence  du  méridien  de  Paris  o"  41'  41"  criait, 
ou  100  15'  15".  Longitude  30°  16' 35".  Latitude  55° 
40'  45".  Cassini. 

COPERMUTANT  ,  f.  m.  terme  relatif:  chacun  de 
ceux  qui  permutent  cnfemble  un  bénéfice;  Commu- 
tans.  Il  arrive  fouvent  que  les  deux  Copermutans 
fe  trompent  l'un  l'autre. 

^  COPERNIC ,  f.  m.  nom  d'homme.  Nicolas  Co- 
pernic, célèbre  Aflronome ,  natif  de  Thorn,  dans 
la  Pruffe  Royale  ,  &  Chanoine  de  l'Eglife  de  War- 
mie  ,  propofa  en  1530,  la  fameufc  hypothèlé  qui 
a  été  généralement  adoptée  ^  excepté  en  Italie. 
Voyant  que  le  fyflême  de  Ptolomée  étoit  infoii- 
tenable ,  il  prir  une  route  toute  différente  de  la 
fienne.  Il  plaça  le  foleil  fenfiblement  au  milieu  du 
monde  ,  &:  il  ne  lui  donna  qu'un  mouvement  fur 
ion  axe,  qui  fe  fait  en  vingt-cinq  Jours  &  demi. 
Au  tour  du  foleil,  il  fit  tourner,  d'occident  en 
orient,  dans  des  oibes  fenfiblement  circulaires ,  & 
réellement  elliptiques  ,  Mercure  en  trois  mois  , 
.  Vénus  en  huit ,  la  Terre  en  un  an  ,  Mars  en  deux, 
Jupiter  en  douze,  &  Saturne  en  trente. 

0Cr  Outre  ces  mouvemens  périodiques  ,  il  donne 
aux  planètes  principales,  un  mouvement  d'occi- 
dent en  orient  fur  leur  axe.  Vénus  achevé  le  fîen 
en  vingr-trois  heures,  vingr  minurcs;  la  Terre  en 
vingt-trois  heures  cinquanre-fix  minutes  •,  Mars  en 
vingt-quatre  heures  quarante  minutes  ;  Jupiter  en 
neuf  heures  cinquante-fix  minutes;  Mercure  &:  Sa- 
turne onr ,  comme  les  autres  planètes  principales, 
leur  mouvement  de  rotation  fur  leur  axe  ■>  mais  le 
premier  eft  trop  près ,  &  le  fécond  efl:  trop  loin  du 
foleil,  pour  que  les  Aflronomes  en  aient  pu  fixer 
le  temps.  Au deflus  de  l'orbe  de  Saturne,  mais  à 
ime  diftance  prefque  infinie  -,  Copernic  place  les 
■étoiles  fixes  auxquelles  il  ne  donne  qu'un  mouve- 
ment fut  leur  axe. 

^C?  Voici  donc  en  deux  rnots  tout  le  fyftême.  1°.  A 
peu  près  au  centre  du  monde ,  c'ed-à-dire ,  à  un 
des  foyers  des  cllipfes  planétaires  fe  trouve  le 
foleil  ;  z".  rellipfe  parcourue  par  Mercure;  50.  l'el- 
lipfe  parcourue  par  Vénus  ;  40.  l'ellipfe  parcourue 
par  la  Terre-,  5°.  l'ellipfe  de  Mars  j  6°.  l'ellipfe  de 
Jupiter  :  enfin  l'ellipfe  de  Saturne,  Le  refte  du 
Ciel  cft  occupé  par  les  étoiles  fixes. 
^Cr  On  trouvera, fous  diffcrens  articles,  l'explication 
des  phénomènes  qui  doivent  réfulter  de  cet  arran- 
gement de?  corps  ce! efte?.  ^oy£{  Système  ,Cart£- 
siANTSMi  ^  les  articles  relatifs. 
COPERNIC  ,  f.  m.  terme  d'Aftronomie  ,  c'ell:  le  no^n 
que  les  Aftrondmes  donnent  à  la  tache  de  la  lune, 
qui  eft  la  onzième  dans  le  catalogue  du  P.  Riccioli, 
On  lui  a  donné  ce  nom  en  l'honneur  du  fameux 
•  Nicolas  Copernic,  l'un  des  plus  gtaciiis  Aflronomes 


G  OP 


de  f  Univers.  On  trouve  dans  le  DiFtionnaire  les 
noms  de  quelques  taches  de  la  lune  ,  comme  £r<i/- 
thenes  ,  Eudoxus  j  &c. 

ffT  Copernic  eft  aufli  le  nom  d'un  inftrument  af- 
tronomiquc  inventé  par  M.  Whifton  pour  calculer 
&C  reprcfcntcr  les  mouvemens  des  planètes  pre- 
mières &  fccondaires.  Encyc. 

0CF  Cet  inflrument  eft  peu  en  ufage. 

COPERNICIENS,  f  m.  pi.  partifans  de  Copernic, 
ceux  qui  foCiticnnent  fon  hypothèfc  aftronomi- 
quc. 

COPHTË  bu  COPTE  ,  ancienne  ville  d'Egypte, 
que  les  Arabes  appellenr  Gott,^  les  Cophtcs  ,  Kejï. 
Les  Arabes  difcnt  qu'elle  a  tiré  ce  nom  de  Col^t , 
fils  de  Mefra  ou  Mirfraîm  ,  qui  la  lui  donna.  Quel- 
ques Auteurs  ont  prérendu  que  c'cft  dc-la  que  s'cft 
fbrmé  le  nom  à  Egypte.  Le  P.  Kirker  cil  de  cet 
avis.  Voye^  fon  (Edip.  ALg.  T.  I ,  p.  ^i  &  ^x,  Hc 
fon  Prodromus  Cop[,  c.  i. 

CopHTE  ou  Copte  ,  f.  m.  &  f.  Cophtus  ,  Coptiis,  noni 
qu'on  donne  aux  Chrétiens  d'Egypte  qui  iont  de  la 
feâ:e  des  Jacobites.  Lesfentimens  font  tort  partagés 
fur  l'origine  de  ce  nom;  car  premièrement  on  l'écrit 
différemment;  les  uns  ài\^QX\iGophte  jGophtus.,  les 
aurres  Cophtus ,  Cophte ,  d'autres  Copte  ,  Coptus  ;  Se 
d'autres  enfin  Cophtue ,  ou  Coptue ,  Cophtita  ou 
Coptita.  Scaliger  i  dans  fon  Livre  de  emendatione. 
p.  705  ,  prétend  que  ce  nom  vient  de  celui  àt  Copte  y 
Coptos  ,  ville  autrefois  célèbre  &  fort  marchande  en 
Egypte,  &:  métropole  de  la  Thébaïde,  dont  il  eft 
fait  mention  dans  Strabon  &  dans  Plutatque.  Le  P. 
Kirker  le  réfute  dans  fon  Prodromus  Coptus ,  c.  15 
&;  Scaliger  lui-mêine  change  de  fentiment  ailleurs , 
comme  nous  le  verrons  bientôt.  D'autres  le  dérivent 
de  Cahtim ,  fécond  Roi  des  anciens  Egyptiens;  Jean 
Léon ,  dans  fa  Defcription  de  P  Afrique ,  &  d'autres 
après  lui  difenr  que  les  Egyptiens  appellent  leur  pays 
Elehibth  ou  Chihth-,  fans  l'article;  que  ce  nom  lui 
a  été  donné  'çizx  Chibih ,  qui  eft  le  premier  Roi  qui 
y  ait  régné.  Vanfleb  j  dans  la  Priface  de  fon  Hi  flaire 
d'Alexandrie  ,  dit  que  l'Egypte  a  été  ainfi  nommée 
de  Copt  fils  de  Mitfraïm ,  &:  petit-fils  de  Noé ,  qui 
après  avoir  vaincu  trois  frères  qu'il  avoir,  régna  feul 
dans  rout  ce  pays.  Tout  cela  font  autant  de  fables; 
Scaliger  a  penfé  plus  raifonnablement,  quand  i!  a 
dit  que  les  Ethiopiens  appellent  l'Egypte  Giptu  &: 
Gihetu  ,  que  les  Egyptiens  Mahomttans  appellent 
leurs  Compatriotes  Chrétiens  Elehitth  ;  qui  n'eft 
rien  autre  chofe  que  Eleupti  ,  &  que  ces  noms  fe 
font  formés  de  AirrnTOi: ,  par  le  retranchement  de 
la  première  fyllabe.  Quelque  vraifembiable  qaefi^ic 
certe  érymdlogie ,  le  P.  du  Sollier  y  trouve  des  dif- 
ficultés. La  ptemière  eft  ,  que  le  nom  Grec  de  l'E- 
gypte eft  plus  ancien  que  fon  nom  Egyptien.  Pour 
obviera  cette  difiiculté,  il  croit  qu'on  pourroit  dire 
que  les  Grecs  ont  fait  leur  Alyw'ia-  du  nom  Egyptien 
Gupti  ou  Gypti ,  en  y  ajoiitant  le  mot  grec  A.»  pour 
Va.}*,  de  forte  que  AiVutToç  fut  la  même  chofe  que 
Terra,  Gyptiorurn,  la  terre  des  Gyptiens.  Cela  n'eft 
point  probable  ni  néceffaire.  Il  n'y  a  nulle  preuve 
que  les  anciens  aient  cré  appelés  Gypti  ou  Kupti , 
ou  Copti  ;  &  ce  n'eft  point  un  inconvénient  que  le 
nom  égyptien  d'aujourd'hui  foit  plus  récent  que  le 
nom  grec.  Que  les  Grecs  ayant  été  i\  long  temps 
maîtres  de  l'Egypte  ,  &  leur  langue  ayant  été  fi  fort 
en  ufage ,  les  Arabes  furvcnant  &  trouvant  AiVi>3-76?  ; 
^gV/'^w-f,  établi  pour  le  nom  de  ce  pays,  ils  l'aient 
abrégé  ,  &  dit  Elehibth ,  pour  Eleehibth,  rien  n'eft 
plus  faifable;  aufli  ce  fentiment  eft  non-feulement 
de  Scaliger,  mais  auffi  du  P.  iMorin,  qui  cite  fur 
cela  le  Talmud  deBabylone  ckms  le  Traite  Megilla, 
fol.  1 8  ,  ;?.  I  ,  où  les  Egyptiens  font  appelés  Gypres  -, 
du  P.  Hardouin,  cité  par  le  P.  du  Sollier;  Scàs 
M.  l'Abbé  Renaudor.  La  feule  raifon  plaudble  qua 
ce  Père  oppofc,  eft  que  tous  les  Egyptiens  devroient 
s'appeler  Co/'/^/c'j,qu'il  n'y  a  cependant  que  les  Chré- 
tiens; que  parmi  les  Chrétiens  mcmes,il  n'y  a  que  ce 
les  Jacobites  qui  portent  ce  nom  ;  qu'on  ne  le  donne 
point  aux  Melchites,  Cela  fait  croire  au  P.  du  Sollier 


C  O  P 

que  ce  mot  s'eft  formé  du  nom  Jacobite  :  par  le  re- 
tranchement de  la  première  fyllabe,  on  a  fait  Cob'ue, 
Cobta ,  Copte  ou  Coplm,  Il  ne  donne  cepenaanc  ceci 
que  comme  une  conjecture  \  mais  il  faut  avouer 
qu'elle  n'cft  point  méprifable,  quoique  le  fencimenc 
précédent  paroilfe  beaucoup  plus  vrai ,  car  félon  la 
remarque  de  M.  l'Abbé  RenauJot ,  les  vocabulaires 
Cuphtes  S<  Arabes  décident  la  diliiculré,  traduifant 
le  mot  AîVt/3-7««  5  qui  ligniHe  Egyptien,  Cophteon 
Copie;  &  les  Arabes,  dans  leurs  Hiltoircs  d'Hgypte, 
dont  il  y  en  a  un  grand  nombre ,  parlant  des  anciens 
Egyptiens ,  les  appellent  Copies.  Voyez  le  PoUier 
Jélliitc  ,  dans  VAppendix  ad  AUxandnnos  Patriar- 
chas  de  Coptis  Jacobitis ,  imprimée  en  lyoS  ,  à  An- 
vers ,  à  la  tin  de  fon  Traité  des  Patriarches  d'Alexan- 
drie ,  où  il  a  rraité  fort  favammenc  des  commence- 
mens  des  Jacobites,  des  mjears,  des  fentimens  , 
des  erreurs,  d;s  ries,  des  iacrjmens,  des  jeûnes  , 
de  la  circoncilion  des  Coptes  ,  &c.  M.  l'Abbé  Re- 
naudot ,  de  U  Fer  p.  de  Lifoi ,  T.  Jf^,  L.  I,  c.y  ik 
10,  Le  P.  HjI.  HijL  des  Ordres  Ke/ig.l,  P.  c,  8.  Le 
P.Vanneb,  ffijioire  de  TEg/ife  d"JLxandrie ,.  im- 
primée à  Paris  en  iSyy  ,  &  dans  la  relation  Italienne 
de  l'Etat  préfent  de  l'Egypte,  imprimée  au  même 
lieu  en  1671  ,  &  dans  la  nouvelle  r.lation  d'un 
voyage  fait  en  Egypte ,  imprimée  aulfi  à  Paris  en 

Les  Cophtes  font  divifés  en  trois  Ordres.  Le  Clergé 
d'abord  ,  puis  les  Laïques  qui  fe  divilent  en  deux  : 
les  gens  conlidcrables,  qu'ils  appellent  Mçbafckers, 
mot  Arabe  dérivé  de  ii.',:]  bajchcir ,  Nuntiavit -,  & 
qui  figniiic  Nujicius  ,  d'où  vient  qu'ils  appellent  les 
Evangéliftes  d'un  nom  femblable  î  Le  lecond  ordr^ 
des  Laïques  eft;  compofé  des  Artil'ans  &  de  tout  le 
peuple.  C'eftceque  nous  appelons  le  Clergé,  la  No- 
bleiîe  &  le  Tiers  Etat. 

Le  P.  Kirker,  dans  fon  Prodromus  Coptus  ,  c.  1, 
didingas  les  Cophtes  des  Coptes,  ainli  qu'il  les  ap- 
pelle ,  &  qui  font  les  Coptes  ,  ou  Chtétiens  Jacobi- 
tes d'Egypte,  dont  nous  venons  de  parler;&  il  pré- 
tend que  Copte  eft  un  nom  forgé  par  les  Mahomé- 
tans ,  qui  appellent  ainii  les  Chrétiens  &  les  Moines 
d'Egypte  ;  que  ce  nom  iignifie  coupé ,  circoncis  :  ce 
qu'il  fait  bien  remarquer ,  parce  qu'il  n?  fe  fouvienc 
point  d'avoir  trouvé  '««.o^  dans  les  anciens  Auteurs. 
Le  P.  du  Sollier,  Jéfuite,  dans  VAppendix  qu'il  a 
mifc  à  la  fin  de  fon  Traite  des  Patriarches  d'Alexan- 
drie, Se  dans  laquelle  il  traite  des  Coptes  ou  Cophtes, 
réfute  le  P.  Kirker  ,  &  foûtient  que  dans  les  anciens 
Auteurs  on  ne  trouve  pas  plus  Copte  q'cic  Cophte;  que 
ces  noms  font  auifi  nouveaux  l'un  que  l'autre.  Il 
ajoute  qu'il  ne  voit  pas  pourquoi  les  Mahomérans 
appelleroicnt  les  Chrétiens  d'Egypte  par  dcrilion 
Coptes,  c'eft-à-dire  ,  circoncis,  puifqu'ilsle  font  eux- 
mêmes  ;  &  que  fi  c'étoit  un  terme  de  mépris ,  il  ne 
conçoit  pas  comment  la  Chronique  d'Alexandrie 
leurdonneroitcenom  ;que  perfonne  avant  le  P.  Kir- 
ker n'a  fait  cette  diftintlion  ;  car  Qaarelhius ,  qui 
femble  aulfi  la  faire  ,  Liv.  I,  c,  ^6,  écrivoit  en  même 
temps  que  ce  Jéfuite  ;  qu'enfin  on  ne  peut  pas  fup- 
po'et  que  des  leVJlI'  ouIX'iiècletousles  Chrétiens 
Jacobites  d'Egypte  onr  été  appelés  Cophtites  ,  à 
caufc  de  la  circoncifion,puifqu'il  eft  probable  que  ce 
n'efl:  qu'au  XÏPfiècIe,  fous  les  Parriarches  Macarius 
&:  Abul-Magfde  ,  que  la  circoncilion  a^été  commu- 
«ément  rrçue  ,  ou  recommandée  parmi  eux  ,  &  que 
Il  elle  fut  pratiquée  auparavant ,  ce  ne  fut  que  par 
quelques  parriculiers,  &  fans  oblisration.  Tout  ceci 
eft  tiré  de  l'Ouvrage  du  P.  du  SolHcr  ,  dont  nous 
avons  parlé  au  mot  Copthe  ;  5c  M.  l'Abbé  R^naudot 
a  fait  enfuîte  la  même  réflexion  da".s  le  IK'  T.  de  la 
Perpét.  de  la  Foi,  Liv.  I,  c.  9  ,/>.  --i.  Autrefois  dans 
tout  le  Diocèfe  ou  Pattiarchat  d'Alexandrie  ,  il  n'y 
avoir  qu'un feul  Archevêque  ,  qui  croit  le  Patriarche 
d'Alexandrie  ,  qui  n'avoit  fous  lui  que  des  Evoques. 
Les  Grecs  orthodoxes  ont  établi  dans  la  fuite  beau- 
coup de  Métropolirains.  Les  Jacobites  ont  confervé 
l'ancienne  forme  de  la  hiérarchie.  Ils  n'ont  encore 
aujourd'hui  d'Archevêque  que  leur  Patriarche ,  qui 


CO  P  891 

réfide  ordinairement  au  Caire ,  &  qui  prend  le  titrc 
d'Alexandrie.  Il  a  onze  ou  douze  Evcques  Ibus  lui» 
L'Evoque  de  Diamette  eft  le  leul  quifoit  appelé  Mé- 
tropolitain ,  &  cela  dans  le  Xir  iiècle  léulement.  Le 
rerte  du  Clergé  ,  ou  Séculier  ou  Régulier,  eft  com- 
pofé des  Ordres  de  Saint  Antoine,  de  S.  Paul  Se  de 
S.  Macaire,  qui  ont  chacun  leurs  Monaftères.  Ou- 
tre les  Ordres  de  Prêtrife ,  de  Diaconat  Si  de  Souf- 
diaconat,  les  Cophtes  ont  auifi  des  Igoumenes  ,  ou 
Archimandrites,  &:  ils  leur  confèrent  cette  dignité 
avec  les  mêmes  prières  Se  les  mêmes  cérémonies  que 
les  Ordres.  Elle  fait  une  diftnélion  conlidérablo  en- 
tre les  Prêtres  ;  &  outre  le  rang  &:  l'autor. ré  qu'elle 
donne  à  l'égard  des  Religieux,  elle  compr.nd  le 
rang  &  les  fondions  des  Archiprctres.  Par  un  ulàge 
de  plus  de  fix  cens  ans ,  ii  un  Prêtre  élu  Evtque  n'a 
pas  étr  Archimandrite  ,  on  lui  confère  cerre  dignité 
avant  l'Ordination  Epifcopale. 

La  féconde  perfonne  du  Clergé  ,  &  qui,  après  le 
Patriarche,  rient  le  premier  rang  parmi  les  Evcques, 
eft  celui  qu'ils  appellent  Patriarche  de  Jcruiàkm, 
qui ,  par  un  ancien  droit ,  ou  coutume  qui  a  pafle  en 
loi ,  gouverne  l'Eglife  Copthe  pendant  la  vacaAce 
du  fiége  Patriarcal.  Ce  patriarche  dejcrufalem  rélide 
au  Caire  depuis  long  temps  ,  apparerfimcnt  parce 
qu'il  y  a  trop  peu  de  Cophtes  à  Jérufalem.  Il  y  va  feu- 
lem.nt  à  Pâques,  &  tait  quelques  vilites  dans  la 
parde  de  la  Paleftine  qui  touche  l'Egypte  ,  &  qui 
reconnoîtfajuril'didion.  Il  n'eft  proprement  qu'Evê- 
que  du  Caire  ■-,  Se  il  ne  prend  ce  titre  étranger ,  qu'a- 
fin  que  le  Patriarche  d'Alexandrie  rélidanf  au  Caire, 
ne  pui/îè  y  prendre  aucuneautorité.  Ce  n'eft  donc 
point  comme  l'a  cru  M.  Simon  ,  le  Patriarche  d'A- 
lexandrie qui  porte  aulfi  le  titre  de  Parriarche  de  Jé- 
rufalem. Pour  erre  élu  Patriarche,  il  faur  avoir  paiîc 
toute  la  vie  dans  la  continence ,  Se  même  être  vif  rs:;e, 
&:  l'on  choifit  prefque  toujours  un  Religieix,  C'eft 
lui  qui  confère  les  Evêchcs.  Pour  êtreEvêque  ,  il 
faut  être  dans  le  célibat,  &  fi  l'on  a  été  marié  ,  il 
faut  ne  l'avoir  été  qu'une  fois.  Les  Prêtres  &:  les  Mi- 
niftres  inférieurs  peuvent  fe  marier  ,  mais  on  ne  les 
y  oblige  point,  comme  l'écrit  fauifement  Ludolph; 
Se  l'on  en  voit  plulieurs  qui  paifent  leut  vie  entière 
dans  le  célibat,  comme  dans  l'Eglife  latine.  Bien 
plus ,  ils  ne  peuvent  plus  fe  marier  quand  ils  onr  été 
ordonnés,  foit  qu'ils  ne  l'aient  point  été  avant  leur 
ordination  ,  foit  qu'ils  deviennent  veufs.  Il  y  a  une 
infinité  de  Diacres-,  Se  on  les  ordonne  fouvent  dès 
l'enfance.  On  n'élève  aux  Ordres  Eccléfîaftiquesque 
des  Artilans  Se  des  gens  du  peuple  ;  de  là  l'ignorance 
où  ils  font.  Se  où  les  trouva  le  P.  Roderic,  Jéfuite, 
Le  refpedl  des  Laïques  pour  le  Clergé,  &  des  ordres 
inférieurs  dans  le  Clergé  pour  les  fupérieurs,  ne  laiflb 
pas  d'êtte  extrême  Se  confiant.  Ils  ont  un  Office  plus 
long  même  que  le  Romain  ,  qui  ne  change  jamais 
en  rien.  L'Oîficc  du  Carême  eft  plus  longqu'en  au- 
tre temps,  &  celui  des  Evêques  l'eft  plus  que  celui 
des  Ordres  inférieurs.  Ils  ont  trois  Liturgies  ,  qu'ils 
changent  félon  les  temps.  La  plus  ordinaire  eft  de 
Saint  Bafile;  les  deux  autres  fonr  celles  de  S.  Gré- 
goire de  Nyffe  §c de  S.  Cyrille,  qui  font  beaucoup 
plus  longues.  Le  P,  Vanfleb  parle  d'une  Litu-gie 
Grégorienne,  dont  ils  ne  fe  fervenr  que  dans  les  fê- 
tes de  N,  S.  &  dans  quelques  aurres  des  plus  célè- 
bres. Cet  Auteur  parle  encore  de  douze  autres  Li- 
turgies des  Coptes ,  mais  ce  qu'il  en  dit  paroit  peu 
sûr  au  P.  du  Sollier, 

Il  y  a  des  Religieux  Se  des  Religieufes  Coptes,  & 
la  pro'eifion  Monaftiqueeften  grande  ePime  parmi 
eux.  Pour  y  être  reçu,  il  faut  avoir  la  permiifion  de 
fon  Evêque.  Ces  Religieux  Coptes  font  vœu  decha/i 
tetc  perpétuelle.  Ils  renoncenr  à  leurs  parens  &  à 
leurs  biens,  &  n'en  pofT-dent  aucun.  Ils  habi- 
tent dans  les  dcferts.  Ils  ne  s'habillent  que  de  laine  j 
ils  fe  ceignent  d'une  courroie  ;  ils  ne  mangenr  point 
de  viande  ,  fi  ce  n'eft  dans  la  dernière  néceffirc  ,  & 
font  obligés  même  à  retrancher  de  leur  repas  toutes 
les  viandes  délicieufes.  Se  .i  fe  priver  de  routes  les 
fortes  de  nourritures  fans  Icfquollpt;  le  corps  fe  peut 

V  V  V  vv  ij 


892  COP 

foCucnir.Ils  partent  leur  vie  en  oraifons  &  au  travail, 
gc  s'appliquent  à  la  Icdntc  de  l'Ecriture  Sainte.  Us 
dorment  iur  une  natte  cicndu:  par  terre  ,  excepte 
les  Supérieurs  Se  les  malades.  Il  ne  leur  elt  pas  per- 
mis de  quitter  leurs  habits ,  ni  leurs  ceintures ,  m  de 
dormir  deux  lur  la  même  natte  ,  ni  proclie  1  un  de 
l'autre.  Ils  l'ont  obliges  aux  Heures  Canoniales,  &  le 
prolternent  tous  les  ibirs  cent  cinquante  tois ,  la  lace 
Se  le  ventre  contre  terre,  étendant  L's  bras  en  croix 
Se  les  points  fermés ,  Se  taifant  à  chaque  tois  le  li- 
sne  de  la  croix.  Ils  s'occupent  à  travailler  a  la  cam- 
pagne. Ils  mangent  à  Sexte,  Se  à  la  rin  du  jour  ;  Se 
s'ils  ne  font  pas  occupes  a  des  travaux  rudes,  ils  doi- 
vent le  contenter  d'un  leul  repas,  qu'ils  font  à  None , 
ou  à  la  fin  du  jour.  Ils  n'ont  point  de  jeunes  que  ceux 
de  l'Eglile  Copte.  Ils  ont  beaucoup  de  Monalteres , 
dont  le  P.  Hclvot  parle  dans  l'on  HijL  des  Ordres 
Religieux  ,  I.'P,  c  8.  Outre  les  Auteurs  cites  ,  on 
peu^voir  encore  le  Févrc,  Traité  de  la.   Turquie; 
Quarefnius  ,    Elucid.  Terres  Sauciez  ;  Thevcnot  , 
Foyace  du  Levant,  L.  I  ;  le  Monde  de  Davity  ;  1'-^- 
friquedc  Marmol  ;  la  Relation  d'Egypte  du  P.  Vanl- 
kb  i  &  le  Foyage  de  la   Terrî-Suinte  du  P.  Eug. 
Roger.  Les  Moines  &:  les  Religieules  Coptes  loin 
tous  de  li*lie  du  peuple.  Ils  ne  vivent  que  d'aumô- 
nes :  ils  mènent  une  vie  fort  dure ,  Se  ne  mangent  ja- 
mais de  viande  ,  fi  ce  n'eft  dans  leurs  voyages,  hors 
de  leurs  Monaftères.  Les  Monaftères  de  Femmes 
font  proprement  des  Hôpitaux.  Il  n'y  entre  guère 
que  des  veuves  réduites  à  la  mendicité. 

LesMébafchers,  car  c'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire  , 
puifqu'il  vient  de  T:?n  &  non  pasMcbachers,  avec 
leP.  duSollier,  comme  s'il  venoit  den:3a  ou  inn 
(  le  P,  du  Bernât  qui  eft  François  en  écrivant  ainfi 
dans  fes  letttes  au  P.  du  SoUier  a  voulu  exprimer  le 
fon  du  w  Arabe ,  qui  eft  le  même  que  celui  de  notre 
£h  françois  ;  mais  en  l'écrivant  ainfi  ,  fur  tout  en  la- 
tin ,  on  défigure  ce  mor  -,  duquel  ceux  même  qui  la- 
vent l'Arabe ,  n'entendroient  plus  l'origine  Se  la  li- 
gnification )  les  Mébafchers ,  dis-je  ,  font  la  No- 
blefle  des  Coptes  ,  fi  cependant  on  peut  donner  ce 
nom  à  des  gens  qui  ne  font  que  les  Fermiers  Géné- 
raux des  Turcs  &  des  pattifans  d'Egypte.  Ils  font  ri- 
ches, pri-ndpalement  ceux  des  douze  premières  fa- 
milles ,  qui  ont  trouvé  le  moyen  de  rendre  cet  em- 
ploi héréditaire  dans  leur  famille.  Le  refte  du  peu- 
ple eft  très-gueux  ;  &  les  uns  Se  les  autres  font  très- 
ignorans,  ceux-là  parnégligence  &:  par  mépris.  Se 
ceux-ci  faute  d'inftiuftion. 

Le  P.  Roderic,  au  rapport  de  Sacchin,  Hifl.  Societ. 
Jef.  T.  Il,  L.  IF,  §.  lio  &luivans ,  réduit  les  er- 
reuis  Se  les  fentimens  des  Coptes  à  fix  chefs.  1°.  Qu'ils 
répudient  leurs  femmes ,  Se  en  époufent  une  autre 
du  vivant  de  celle  qu'ils  ont  répudiée,  i".  Qu'ils  cir- 
concifent  leuts  enfans  avant  le  Baptême.  5°.  Qu'ils 
ont  à  la  vérité  fept  Sacremens ,  dont  les  quatre  pre- 
miers font  le  Baptême,  l'Euchariftie  ,  la  Confirma- 
tion Se  l'Ordre,  mais  que  les  trois  autres  font  la 
Foi,  le  Jeûne  &  rOraifon.  4°.  Qu'ils  nienr  que  le 
Saint-Efprit  procède  du  Fils.  5°.  Qu'ils  ne  recon- 
noilfcnt  que  trois  Conciles  (Ecuméniques ,  qui  font 
ceuxdeNicée,  de  Conftantinoplc  Se  d'Ephèle;  Se 
que  dans  celui  de  Nicée  ils  ont  84  canons ,  defqucls 
il  y  en  a  deux  qui  ordonnent  l'obéifiance  au  Pape 
comme  les  Catholiques.  60.  Qu'ils  rejettent  le  Con- 
cile de  Chalcédoine,  Se  ne  reconnoiflent  dans  Je- 
sus-CHRiST,après  l'union  de  l'humanité  avec  la  Di- 
vinité, qu'une  feule  nature,  une  volonté  ,  une  ac- 
tion. Dans  la  difcipline  6c  lesrits,  il  trouve  qu'ils 
pèchent  encore  en   plufieurs  chofes  ;  car  ,   i".  Ils 
croient  qu'il  faut  encore  s'abftenir  de  manger  du 
fang  Se  des  animaux  fuffoqués.  x°.  Que  le  mariage 
eft  permis  au  fécond  degré.  Ils  ordonnent  des  Dia- 
cres dès  l'âge  de  cinq  ans  -,  &:4°.Enfin  en  plongeant 
l'enfant  dans  les  fonts  de  Baptême,  ils  répètent  trois 
fois  la  formule.  D'autres  ajoiitent  encore  quelques 
abus ,  comme  de  croire  qu'il  y  a  un  Baptême  de  fsu , 
.  qu'ils  donnent  avant  le  Baptême  d'«au  ,  en  appli- 
-'-.guantun  fer  chaud  fur  le  fironc ,  ou  fur  les  deux 


COP 

joues.  Voyez  Jacobus  de  Fitriaco,  Hifior.  Orient. 
C.  7<S  -,  ie  Sanutas ,  L.  HI ,  i^art.  Flll ,  c.  4  j  &  le 
P.  du  Sollier ,/?.  li?. 

D'autres  retranchent  de  ces  erreurs ,  &  excufent 
fur  cela  les  Cophtes  ;  car,   1°.  le  P.  Van  fie  b  ,  qui 
rraire  fort  exaétement  du  Mariage  des  Cophtes, p.  H, 
c.  51,  55  ,   54  &:  55  ,  ne  leur  reproche  rien  fur  le 
chapitre  du  Divorce  &;  de  la  Polygamie  limultanée. 
S'ils  pèchent  en  cela,  c'eft  dans  la  pratique ,  ce  n'eft 
point  dans  la  doélrine.  Ils  enfeigncnt  que  le  mariage 
eft  indiifoluble.  Ils  tolèrent  à  la  vérité  de  nouvelles 
noces  aprèsle  divorce;  mais  ils  s'en  excufent  fur  la 
domination  du  Turc  ,  Se  l'impuiflance  où  ils  font 
de  faire  obferver  les  Canons  fous  ces  maîtres.  On 
prétend  encore  qu'ils  n'errent  point  fur  la  Procef- 
fion  du  S.  Efprit.  Ce  qui  paroît  de  plus  vrai  ,  c'eft 
qu'ils  ignorent  même  cette  difpute.  M.  Simon  les 
accule  d'obferver  le  Sabbat  :  cela  n'eft  point  vrai  ; 
feulement  ils  ne  jeûnent  point  ce  jour-là.  S'ils  ne 
mangent  point  d'animal  fuftbqué  ,  c'eft  dans  quelT 
ques-uns  raifon  de  fanté  ,  &c  dans  d'autres  c'eft  er- 
reur -,  mais  erreur  de  quelques  particuliets  feulement, 
qui  croient  que  le  précepte  des  Apôttes  ^3.  XF,  29, 
oblige  encore -,  ce  n'eft  point  le  fentiment  de  la  . 
feéte  entière.  Le  mariage  au  fécond  degré  eft  un  abus 
introduir  dans  les  mœurs ,  mais  non  point  dans  la 
dodrine  ;  &:  ainfi  du  refte. 

Les  Cophtes  ont  les  fept  Sacremens  de  l'E- 
glile Catholique ,  comme  on  le  peut  voir  dans  le 
P.  du  Sollier,  yec7.  ///  -,  &  dans  M.  l'Abbé  Renau- 
dot ,  T.  IF  de  la  Perpét.  de  la  Foi,  L.  I ,  c.  10. 
La  Circoncilion  n'eft  en  ufage  parmi  eux  que  depuis 
la  conquête  des  Arabes  Mahométans.  Aucun  Auteur 
ne  parle  de  la  Circoncifion  des  Cophtes  avant  le 
XII'  fiècle  -,  Se  jamais  ils  ne  l'ont  regardée  ,  &  ne  la 
regardent  point  encore  comme  nécelfaire. 

Quant  à  ce  que  Roderic  accule  les  Cophtes  de 
faite  circoncire  leurs  enfans  avant  le  Baptême  , 
comme  ce  n'eft  point  par  un  principe  de  Religion  , 
qu'ils  circoncifent  leurs  enfans  ,  on  ne  doit  point 
mettre  cela  au  nombre  de  leurs  erreurs  ;  le  P, 
Vanlîcb  ,  dans  fon  HiJL  de  fEglife  d'Alexandrie , 
ch.io,  dit  que  la  Circoncifion  eft  en  ufage  chez 
les  Cophtes  ,  non  par  un  commandement  Judaïque  , 
ni  par  un  précepte  de  Religion  ,  mais  par  une  an- 
cienne coutume  qu'ils  ont  prife  des  Ifmaelites  , 
comme  le  témoigne  un  de  leurs  Auteurs  nommé  Am- 
ba  Michel ,  Métropolitain  dcDiamette.Ils  tiennent 
la  Circoncifion  comme  une  choie  indifférente,  Sc 
ils  croient  pratiquer  ce  que  S.  Paul  a  écrit  aux  Co- 
rinthiens, quand  il  dit:  (lui  vocatus  fuerit  ad  fidem 
&  hahet  pmputium  non  circumciùatur  ,&  qui  voca- 
tur  &  efi  circumcijus  ,  non  revertatur  adprœputinm, 
c'eft-à-dire,  félon  leur  explication,  ceux  qui  de- 
vienncrr  Fidèles  &qui  font  circoncis ,  qu'ils  conti- 
nuent à  fe  circoncire  Se  route  leur  poftéritc.  Ls 
même  Père  Vanll-.b  ,  après  avoir  obfervé  qu'ils  cir- 
concifent an  lli  leurs  filles,  ajoute  :  mais  tune  & 
l'autre  dt  ces  cérémonies  fe  fait  par  une  femme  Tur- 
que dans  un  tain  put  lie  ,  ou  dans  une  maifon  parti- 
culière ,  fans  y  obferver  aucune  cérémonie  religieufe. 
Voyez  encore  ce  qui  a  été  remarqué  là-delfus  enpar- 
lanr  des  Abilfins. 

Pour  le  Baprême  de  feu  qu'ils  donnent,  dit-on  , 
par  l'application  d'un  fer  chaud  ,  c'eft  une  fable  qui 
n'eft  fondée  que  fur  le  rémoignage  de  Jacques  de 
Vitry ,  qui  ne  la  raconre  que  fur  le  rapport  des  au- 
tres ,  Se  qui  a  mal  pris  &e  attribué  à  tous  les  Cophtes^ 
ce  qu'il  avoit  apparemment  oui-dire  de  quelques-uns 
feulement,  quiavoient  des  marques  de  croix  fur  la 
peau  i  comme  quelques  voyageurs  de  la  Terre-Sainte, 
même  parmi  nous ,  s'en  font.  Ce  qu'on  leur  repro- 
che par  rapport  à  l'héréfie  des  Monophyfîtes ,  aux 
Conciles  qu'ils  rejettent,  à  l'ordination  des  Diacres 
dès  l'enfonce  ,  eft  mieux  fondé  ,  &:  n'eft  que  trop 
vrai.  Ils  ne  croient  point  avoir  feuls  la  véritable  Egli- 
fe,  mais  ils  en  excluent  les  francs,  c'eft-à-diic  ,  les 
Catholiques  5c  les  Melchites.  Du  refte  ,  ils  difent 


COP 

^uc  depuis  le  Concile  de  Chalcédoîne  &  la  divifion 
«les  Patriarches  ,  chacun  d'eux  eft  chef  dans  Ion 
Eglile. 

Les  Cophtes  ont  fait  en  différens  temps  différentes 
léunions  avec  l'Egiife  Romaine  ;  mais  en  apparence 
Seulement,  &  dans  la  néceilité  de  leurs  affaires.  Sous 
Paul  ly  il  parut  à  Rome  un  Syrien  qui  le  dilbit  en- 
voyé du  Patriarche  Cofthe  d'Alexandrie,  &  qui  ap- 
portoit  de  lui  des  Lettres  au  Pape ,  par  lefquelles  il 
reconnoiffoir  l'on  autorité  ,  &  lui  promeitoit  obcif- 
fance.  Paul  IVjCtant  mort  lut  ces  entrefaites.  Pic  IV, 
qui  lui  fiiccéda,  après  s'être  alfûré  autant  qu'il  le  put 
de  la  vérité  des  lettres  de  l'envoyé  par  le  moyen  du 
Conflil  Vénitien  du  Caire  ,  &:  même  avoir  reçu  de 
nouvelles  lettres  du  Patriarche  plus  iormellcs  encore 
que  les  premicres,&  par  lelqut lies  il  demandoit  qu'on 
lui  envoyât  quelqu'un  avec  qui  il  pût  traiter  de  la 
réunion  de  Iba  Eglilé  à  l'Eglilc  Romaine  ,  le  Pape 
choilit  le  P.  Roderic  Jéliiite,  qu'il  fit  partir  en  i  jiîi, 
avec  la  qualité  de  Nonce  Apoftoliquc.  Mais  ce  Jé- 
iuite,  après  quelques  conférences  avec  deuxCo/»A/ej 
commis  pour  cela  par  leur  Patriarche  Gabriel ,  n'eut 
pas  toute  la  latisfaClion  qu'il  attendoic.  Ils  avouèrent 
que  dans  la  lettre  écrite  au  Pape  ,  on  lui  avoit  donné 
à  la  vérité  la  qualité  de /'c;rc</ej/'£;rej,  de  Pajteur 
des  Pujieurs  ,  de  M.iitre  de  toutes  les  Eglifes  ■■,  mais 
ils  ajoûtètcnt  qu'on  ne  devoir  pas  prendre  à  la  ri- 
gueur des  term:s  qui  n'étoient  que  des  civilités  j  & 
que  c'eft  de  cette  manière  qu'on  a  coutumc'd'écrire 
à  des  amis.  Ils  dirent  de  plus,  que  depuisle  Concile 
de  Chalccdoine ,  &  rétabliffement  des  différens  Pa- 
triarches indépendans  les  uns  des  autres  ,   chacun 
étoit  Chef  Se  iVLûtre  dans  Ion  Eglife.  C'eft  ainli  que 
le  Patriarche  des  Cophtes  traita  les  envoyés  du  Pape, 
après  qu'il  eût  reçu  du  Conflil  l'argent  qu'on  luien- 
voyoit  de  Rome.  Toute  cette  hiftoire  efl  rapportée 
plus  au  long  au  Livre  11^'^  de  CHijloire  de  la  Compa- 
gnie de  Jefus  ,  écrite  par  le  Père  Sachini,  Jéiuite. 
Copte  ou  CopHTE ,    (Le)  ell  l'ancienne  langue  des 
Egypthiens  mêlée  de  beaucoup  de  Grec.  Le  P.  Kir- 
ker  eft  le  premier  qui  ait  publié  un  Vocabulaire  & 
quelques  Grammaires  Cophtes.  Il  ne  s'eft  jufqu'à  prc- 
fent  trouve  aucun  livre  en  langue  Copte  qui  ne  fût 
des  TradiLclions  de  l'Ecriture-S.iinte ,  ou  des  Offices 
■EccLfiaJU-jues  ,  ou  d'autD'S  qui  ont  rapport  à.  cette 
matière,  comme  des  Grammtires&c  des  Dictionnai- 
res. Les  caradtères  de  cette  langue  font  purement 
grecs.  ; 

Les  Cophtes  ne  pari -nt  pUi'i  depuis  longtemps 
leur  ancienne  lanirue  C'ti/Zi/tf,  qui  ne  fe  trouve  que 
dans  leurs  livres.  On  parle  Arabe  dans  tout  le  pays. 
Cette  langue  Cophte  ,  qu-  le  Jcfuite  Kirker  prétend 
être  une  langue  matrice  &  indépendante  de  toute  au- 
tte,  a  été  beaucoup  altérée  parla  langue  grecque. 
Car  outre  qu'elle  en  retient  encore  les  caradères  un 
peu  changés ,  un  très-gtand  nombre  de  ces  mots  font 
purement  gr^cs.  Ifaac  Voifius,  qui  a  pris  pLiilir  à 
avancer  des  paradoxes,  a  prétendu ,  dans  une  de  lés 
réponfesà  M.  Simon  ,  qu'il  n'y  a  eu  aucune  langue 
Cophte  avant  que  l'Egypte  tîit  foumile  aux  Arabes. 
Cette  langue,  félon  lui,  eft  un  mélange  du  grec 
&  de  l'arabe-,  le  nom  même  de  cette  langue  n'crant 
point  dans  le  monde  avant  que  les  Arabes  fuflcntles 
maîtres  de  l'Egypte.  Mais  cela  prouve  feulement , 
quecequ'onnommoirauparav.int  langue  égyptienne 
a  été  appelé  depuis  Copte  par  les  Arabes ,  &  par  une 
corruption  de  langage.  Il  fe  peut  faire  que  les  Arabes 
aient  apporté  quelques  mots  de  leur  langue  dans 
l'ancien  Cophte,  ou  Egyptien.  On  ne  conclura  pas 
de  là  qu'il  n'y  avoit  avant  ce  temps-là  aucune  lan- 
gue Cophte  ou  Egyptienne. 

C'eft  ce  que  M.  Simon  a  répondu  à  M.  Voflïus 
dans  fon  Hifi.  Crit.  des  verrons  du  Nouveau  Tejla- 
ment ,  chap.  i6\  &  il  ajoute  en  mcme-f'mps,  que 
les  mots  atabes  qui  font  dans  la  langue  Cophte  peu- 
Yent  y  avoir  été  avant  que  les  Egyptiens  tulîcnt  fou- 
rnis aux  Arabes.  Les  anciens  Gco^rinhes ,  dit  il  , 
aflûrentque  la  ville  capitale  de  la  Thébaïde  ,  ap- 
pelée Coptos ,  étoit  le  lieu  où  les  Arabes ,  les  In- 


COP  §95 

dicns  &  les  Ethiopiens  apportoicnt  l:urs  marchan- 
difes  ;  &c  ainli  il  n'eft  pas  furprenant  que  le  commerce 
des  Egyptiens  avec  les  Arabes  &  les  Ethiopiens  ait 
introduit  quelquelques  mots  Arabes  dans  le  Cophte 
ou  Egyptien.  On  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roi  plufieurs  livres  écrits  en  langue  Copht.-.  Mais  ce 
font  des  Vetfions  de  l'Ecriturc-Sainte,  ou  des  livres 
de  leur  Office  Eccléfiaftique,  Il  y  en  a  un  dans  la  Bi- 
bliothèque du  Collège  des  Jciuitcs  à  Paris,  qui  con- 
tient l'Evangile  de  S.  Jean  avec  une  verlion  Arabe 
interlinéaire.  Pietro  délia  Valle,  dans  la  lettre  citée 
ci-defîûs ,  dit  que  les  Cophtes  ont  perdu  entièrement 
leur  ancienne  langue,  dans  laquelle  ils  ont  feule- 
ment quelques  livres  facrés ,  dilant  encore  la  McfTe 
en  cette  langue.  Ej'olo  hanno  in  ejja  alcuni  lilri  fa- 
cri  ,  dicendo  ancora  la  Mejfa  in  quella  lingua.  Il 
ajoute  que  comme  cette  langue  n'tft  plus  entendue, 
tous  leurs  livres  ont  été  traduits  en  Arabe  ,  qui  eft 
leut  langue  vulgaire.  C'eft  pourquoi  ils  liiént  deux 
fois  à  la  MelTe  l'Evangile  &  l'Epitre ,  favo^r ,  une  fois 
en  Copte,&c  une  fois  en  Arabe.  Mais  fi  nous  en  croyons 
le  P.  Vanflebdans  faRclarion  Iralienne  de  l'ctar  pré- 
fent  de  l'Egypte,  les  Cophtes  célèbrent  la  Mellè  en 
Arabe,  à  la  réiérve  de  l'Evangile,  &;  de  quelques 
auttes  chofes  qu'ils  lifent  otdinaircment  en  Cophte 
&  en  Arabe.  La  Mejja  celebrano  in  lingua  Arabica, 
eccetto  lEvangelio  &  alcune  altre  coje  che  loliano 
lesgere  nella  lingua  Copia  &  Jraha. 

COPHTIQUEou  COPTIQUE,ad).  m.  &:  f.  qui  appar- 
tient aux  Cophtes  ou  Copies.  Cophticus  ,  Copticus  , 
a,  um.  Les  Liturgies  Cophtiques  font  celles  dont  fe 
fervent  ceux  des  Chrétiens  d'Egypte  ,  qui  ne  recon- 
noi/fent  qu'une  feule  natuie  en  J.  C.  &  qui  fe  iont 
féparés  du  temps  de  Diofcote.  II  y  a  tro's  Liturgies 
Cophtiques.  La  première  eft  attribuée  à  S.  Bafile ,  la 
féconde  à  S.  Grégoire  le  Théologien .  &  la  troifîcme 
à  S.  Cyrille  d'Alexandrie.  Les  Liturgies  Cophtiques 
ont  été  traduires  en  Arabe  ,  à  l'ufage  du  peuple,  &: 
même  des  Prêtres  qui  n'entendent  pas  à  prélcnt  la 
langue  Cophtique.  Le  P.  Kirker  prétend  que  la  lan- 
gue Cophtique  eft  l'ancienne  langue  des  Egyptiens  , 
&  qu'on  peut  s'en  fetvir  pour  expliquer  les  Hiérogly- 
phes &  les  anciennes  Infcriptions.  D'autres  dilVnt 
que  c'eft  un  mélange  de  Libyen  ,  d'Arabe  &  d'Egyp- 
tien ,  formé  par  le  mélange  de  différentes  nations 
Barbares.  D'aurres  prétendent  que  cette  largue  n'a. 
jamais  été  en  ufage,&que  c'eft  un  Jargon  fait  àpl:iifir. 
L'abbé  Renaudot ,  dans  fa  Collection  des  Liturgies 
Orientales,  croit  que  la  \v^^\xt  Cophtique  s'eft  for- 
mée en  Egypte  de  l'arcienne  langue  du  pays,qu'elle 
a  reçu  plufieurs  mots  tires  du  grec,  fur  tout  pour  les 
matières  qui  regardent  la  Religion  -,  qu'elle  étoit  en 
ufage  avant  que  les'  Mahométans  fe  fuffent  rendus 
maîtres  de  l'Egypte  ,  comme  il  paroîr  par  d'anciens 
Hiftoriens  &  par  des  manufcrits  qui  font  datés  du 
Xle  fiècle. 

Cophtique  ou  Coptique,  f.  m.  la  langue  des  Coph- 
tes ,  la  langue  Copthi.ue.  Lingua  Copthica.  M.  Re- 
naudot foûtient  que  par  le  moyen  du  Cophtique  on 
ne  peut  expliquer  les  Hiéroglyphes.  Il  ne  paroîr  dans 
le  Cophtique  ni  tour  ni  inflexion  arabe. 

§3°  COPIA ,  province  de  l'Amérique  méridionale  au 
Popayan  ,  entre  les  Piovinces  de  Cartama  &  de 
Pozzo. 

|Cr  COPIAPO ,  ville  maritime  du  Chili ,  à  l'embou- 
chure d'une  rivière  de  même  nom  ,  fous  le  509  d. 
de  long.  &  le  27  de  lat.  méridionale. 

COPIATE.  f.  m.  FofToyeur ,  qui  fait  les  foffes  pour  en- 
terrer les  morts.Fe//'///».  Dans  les  premiers  fiècles  de 
l'Egliléjil  y  avoit  des  Clercs  deftincs  à  ce  travail.  En 
5  37  Conftantin  fît  une  loi  en  faveur  des  Prêtres  Co- 
piates,  c'eft-à-dire,  les  Foffoyeurs  qui  avoient  foin 
des  enterremens.  Il  les  exempte  par  un  privilège 
parriculier  de  la  contribution  luftrale,  que  payoient 
tous  les  marchands.  Fleitry.  C'eft  fous  Confta-nin 
que  l'on  commença  à  les  appeler  Copiâtes  ,  c'eft-à- 
dire  ,  des  Clercs  deftinés  au  trnvail ,  du  Grec ,  xô^tt 
travail,  qui  vient  de  yW:-  fcindo  ,  ctzdo ,  ferio  » 
tundo.  Auparavant  ils  s'appeloient  Decani ,  &  Lecli* 


894  COP 

carii ,  peut-être ,  parce  qu'ils  ctoient  diviTés  par  di- 
xaincs ,  dont  chacune  avoit  une  bière  ,  ou  litière 
pour  porter  les  corps.  On  leur  donne  ordinairement 
rar.t;  parmi  les  Clercs ,  Si  même  avant  les  Chantres. 
On  en  trouve  dans  les  Gaules  Tous  Honorius ,  mais 
leur  nom,  qui  cft  tout  Grec,  fait  juger  qu'ils  ve- 
noient  originairement  de  l'Orient,  &  peut-être  de 
rctabliilcment  que  Conltantin  en  avoit  fait  dans  fa 
nouvelle  ville.  Till£Mont  ,  Hiji.  des  Emp.  T.  IF, 

^fF"  COPIE,  f.  f.  Ce  mot  dont  nous  allons  marquer 
les  différentes  acceptations ,  fignifie  en  général  un 
double  d'un  écrit ,  d'un  ouvrage.  La  copie  doit  être 
fidelle  &  contenir ,  même  les  défauts  de  l'original. 
Ce  mot  vient  de  copia  dont  on  s'eft  fervi  dans  la 
balfc  latinité  dans  la  même  lignification. 

Copie  fignifie  ordinairement  ce  qui  eft  fait  d'après 
un  original-,  mais  il  y  a  des  cas  où  l'on  emploie  ce 
mot  dans  un  lens  tout  oppofé  pour  exprimer  le  pre- 
mier ouvrage  même  fur  lequel  on  conduit  le  fécond. 
C'eft  ainfi  que  l'on  appelle  copie  ,  la  minute  que 
les  Avocats  gardent  de  leurs  écritures,  5c  les  ma- 
nufcvits  d'un  Auteur.  Exemplum,exemplar.Y oysz 
Copie  ,  en  Librairie  &:  l'Art.  Copie  &  modèle  de 
■  M.  L'Abbé  Girard. 

Ce  mot  vient  de  copia ,  dont  les  latins  fe  font 
f^rvis  dans  la  même  fignification. 

Copie fediten  Jurifptudence,  delà  tranfcription  d'un 
adle  en  groffc  ou  en  forme,  qu'on  réduit  en  moindre 
volume  pour  le  faire  lignifier  à  une  partie ,  ou  pour 
en  garder  un  mémoire  par  devers  foi.  Dejcriptio  , 
exemplum ,  exemplnr.  Cette  copie  a  été  pril'e  fur  l'o- 
riginal ,  coUationnée  à  Toriginal.  Quelques  anciens 
titres  ne  font  qu'en  forme  de  vidimus,  de  copies  col- 
lationnées.  Aujourd'hui  les  copies  coUationnées  ne 
font  point  de  foi,  fi  la  collation  n'en  eft  faite  avec 
la  pattieintérefîce.  Les  Huiillers  font  obligés  de  laii- 
(ci  copie  àç  tous  les  aiîles  qu'ils  lignifient. 

ÇjOvii figurée,  çi\.  \iï\t  copie  entièrement  conforme  à 
l'original ,  non-feulement  en  la  fubftance  5c  teneur 
de  l'adle  ,  mais  encore  en  la  difpofition  des  mots , 
des  lignes,  des  pages  ,dcs  lîgnatures ,  &;c.  Dejcriptio 
exernplari  archetypo  penitùs  , plane Jïmilis. 

IJCT  Ce  terme  efl:  quelquefois  oppofé  à  original:  on 
lignifie  la  copie  d'un  cxploirau  défendeur  ;  quelque- 
fois à  minute ,  lorfque  les  aiiles  fur  lefquels  la  copit 
efl:  faite  ,  s'appellent  minutes,  comme  lesacSes  no- 
tariées ,  les  écritures  d'un  Avocar. 

§CT  Les  groffes  &  les  expéditions  font  des  copies  , 
mais  n'en  portent  point  le  nom.  Foye^  leurs  diffé- 
rences aux  mots  Grosse  &  Expéditions. 

Copie  lé  dit  aullî  de  l'imitation  qu'on  fait  d'un  origi- 
nal ,  Se  fe  dit  particulièrement  des  tableaux  ,  des 
defleins  Se  des  ouvrages  de  littératuie.  Exemplum  , 
exemplar.  Les  moindres  originaux  font  plus  efliimcs 
que  les  meilleures  copies.  Ce  bâtimenr  n'cft  que  la 
copie  d'un  autre  qui  eft  à  Rome.  Tous  les  Poètes  ont 
voulu  imiter  Virgile  ;  mais  toutes  ces  copies  font  de- 
meurées bien  au  defîbus  de  l'original. 

Copie  fe  dit  auiTi  d'une  tradudlion.  L«  P.  Bouhours 
dit  en  parlant  de  fa  Traduction  du  Nouveau  Tejia- 
ment ,  faite  fur  la  Vulgate  ,  n'ayant  pas  de  dtoit  de 
rejeter  le  texte  de  la  Vulgate,  ou  d'y  changer  rien 
de  notre  autorité  particulière,  nous  l'avons  traduite 
telle  qu'elle  eft  v  Se  la  traduétion  que  nous  en  avons 
faite ,  eft  une  copie  reffemblante ,  qui  repréfente  juf 
qu'aux  défauts  de  l'original  latin  ,  s'il  étoit  permis 
d'ufer  de  ce  mot  en  parlant  du  texte  lacté. 

Copie  fe  dir  encore  de  l'ùnitation  des  aélions  Se  des 
manières  d'autrui.  Les  défbrdres  de  notre  temps  ne 
peuvent  être  que  des  copies  des  fîècles  paffés.  S.  Evr. 

Copie  ,  en  terme  de  Libraires  Se  d'Imprimeurs  ,  eft 
le  manufcrit ,  l'original  d'un  livre  qu'on  leur  donne, 
fur  lequel  ils  impriment.  Exemplar  archetypum,mci- 
nufcriptus  codex  ,  liber.  Il  fautenvoyet  à  l'Auteur 
demander  de  la  copie.  Ce  font  les  bonnes  copies  qui 
ont  enrichi  ce  Libraire. 

On  dit  compter  la  copie;  pour  dire,  juger  com- 
bien de  feuilles  il  y  auradans  un  manufcrit  propofé , 


CO  P 

5e  on  appelle  copies  de  chapelle  ,  les  quatre  îxem» 
plaires  que  les  Compagnons  retiennent  pour  leur 
droit ,  Se  qui  fe  rendent  en  le  payant. 

On  dit  d'un  homme  qui  ne  réudir  pas  à  en  imiter 
un  autre  qui  eft  excellent  dans  fon  genre  ,  que  c'eft 
une  méchante  copie  d'un  fort  bon  original.  On  dit, 
en  ftyle  familier,  d'un  homme  finguiièrement  ridi- 
cule ,  que  c'eft  un  original  fans  copie. 
^3"  Copie  ,  modèle.  Le  fens  dans  lequel  ces  mots 
font  lynonimes ,  ne  fe  préfente  pas  d'abord  à  l'efprit, 
dit  M.  L'Abbé  Girard.  Le  premier  coup  d'œil  qui 
nous  montre  une  copie  faire  fur  un  ouvrage  qui  en 
eft  l'original ,  Se  un  modèle  fervant  d'original  à  l'ou- 
vrage ,  met  entr'eux  une  différence  totale. . .  Mais 
une  féconde  réflexion  nous  fait  voir  que  l'ufage  em- 
ploie en  beaucoup  d'occafions  ces  deux  mots  fous  une 
idée  commune ,  pout  marquer  également  l'otiginal 
d"après  lequel  on  fait  l'ouvtage ,  Se  l'ouvrage  fair  d'a- 
près roriginal.Co/'/£feprenanr,ainfi  queOToiè/f,pour 
le  premier  ouvrage  fur  lequel  on  conduit  le  fécond  -, 
Se  modèle  ié  prenant,  ainfi  que  copie ,  pour  le  fécond 
ouvrage ,  conduit  fur  le  premier  ;  de  façon  qu'ils 
deviennent  doublement  Synonimes  ,  c'eft-à-diie  , 
qu'ils  le  font  dans  l'un  Se  l'autte  des  fens  dont  l'inf- 
titution  où  la  première  idée  fembloit  avoir  fait  à 
chacun  d'eux  fon  partage ,  avec  les  différences  fui- 
vantes, 

IJCTDans  le  premier  kx\^,copie  ne  fe  dit  qu'en  fait  d'im- 
prefllon.  Se  du  manufcrit  de  l'Auteur  fur  lequel  l'Im- 
primeur ttavaille  :  modèle  fe  dit  en  toute  autre  occa- 
fîon,  dans  la  morale  comme  dans  les  Arts,  L'épreuve 
n'eft  fouvent  fautive,que  patce  que  la  copie  l'cft  auflî. 
Il  n'eft  point  de  parfait  modèle  de  vertu.  Je  crois  que 
les  Arts  Se  les  Sciences  gagneroient  beaucoup ,  fi  les 
Auteurs  s'attachoient  plus  à  fuivie  leur  génie,  qu'à 
imiter  les  /Hotfé/ej  qu'ils  rencontrent. 

IJC?  Dans  le  fécond  fens,  copie  fé  dit  pour  la  peinture. 
Modèle  pour  le  relief.  La  copie  doit  être  fidèle ,  Se  le 
modèle  doit  êtte  jufte.  Il  flmble  que  le  fécond  de  ces 
mots  fuppofe  la  rcffemblance  avec  plus  de  force  que 
le  premier.  Les  rableaux  de  Raphaël  ont  de  l'agré- 
ment jul'que  dans  les  mauvaifes  copies.  Les  fimples 
modèles  de  l'antique,  qui  font  au  Louvre,  n'y  fîgu- 
renr  pas  moins  bien  que  les  originaux  des  pièces  mo- 
dernes. 

COPIER  ,  V.  aift.  tranfcrire  un  zCtt,  un  livre,  un  dif- 
cours  •,  en  faite  un  double.  Defcribere  ,  exfcribere  , 
tranfcritere  . 

On  le  dit  auflî  des  tableaux  ,  des  deffeins,  des 
batimens,  des  ftatues.  Piciuram  ex  altéra  exprimere, 
falulam  pingenio  imitari.  Copier  un  tableau  de  Ru- 
bens ,  imiter  un  original. 

Copier  fignifie  aufli  imitet  -,  Se  quelquefois  dérobet 
l'invention,  le  livre,  le  travail  d'autrui.  Imitari  , 
dej'crihere ,  fuhfurari.  La  plupart  des  Auteurs  ne 
font  que  fe  copier  les  uns  les  autres.  Montagne  fait 
donner  un  air  d'original  aux  chofes  mêmes  qu'il  copie. 
Maleb. 

Copier  fe  dit  auffi  fîgurément  des  perfonnes.  Se  li- 
gnifie les  imiter  ,  les  prendre  pour  modèle.  Imi- 
tari aliquem.  Ceux  qui  ne  font  pas  nés  dans  un  rang 
jUuftre ,  Se  qui  veulent  copier  les  Grands,  les  copient 
mal,  ils  ne  prennent  que  de  faux  airs  de  grandeur. 
Rell.  Les  moindres  agrémens  qui  font  naturels  , 
valent  mieux  que  ceux  qu'on  affecte  de  copier  des 
autres.  Bouh. 

Apprenti  tout  au  plus  du  c'elehre  Molière , 
Tu  devais  copier  fon  noble  caractère.  Pradon. 

|tT  Dans  cette  acceptation  où  copier  fignifie  rendre  , 
exprimer  une  chofe  par  l'imiration,  les  manières,  les 
aélions ,  le  ftyle,  ùc.  ce  verbe  fé  prend  en  bonne 
parr.  On  dit  qu'un  Auteur  copie  ce  qu'il  y  a  de  meil- 
leur. Copier  un  ouvrage  ,  c'eft  le  bien  imiter.  La 
Bruyère  a  copié  les  mœurs  de  fon  Siècle.  On  dit  de 
même  qu'un  Peintre  copie  la  nature.  On  le  dit  de 
même  du  Poète.  fVyf^  Imiter  ,  Exprimer,  Ren- 
dre, 


c  o  p 

1^  CopiPR  (Se)  Te  dit  dans  un  Cens  défavorable,  b'n 
Pejinrc  qui  fe  copie  ,  eft  un  Peintre  qui  (c  répète  , 
q.ui  n\-ftpas  varié  dans  fcs  attitudes,  (on  ton,  &/. 

Copier  lignifie  quelquefois,  contrefaire  les  manières', 
les  gedes  d'une  perfonne,  pour  la  rendre  ridicule.' 
Ahuuan  imuando  explodere  ,  illudere.W  a  un  grand 
talent  pour  copier  les  autres. 

Copié,  éwp-an.lmitando  exprcjfus;  efficlus. 

COPIERE  ,  r.  m.  c'efl  le  nom  que  les  Italiens  donnent 
a  l'Oiîicier  Porre-Barette. 

COPIEUSEMENT,  adv.  d'une  manière  copieufe.  Co- 
-pios£\  aéundanter,  cumulaù.  Les  gens  du  Nord  boi- 
vent copieusement.  ^  Voyez  aux  mots  ,  Bien  , 
BEAUCOUP ,  ABONDAMMENT ,  leut  différence.  Voyez 
auUi  Copieux. 

r?  COPIEUX  ,  EUSË  ,  ad),  term.e  relatif  à  la  quan- 
tité ,  quand  il  s'agit  des  fonélions  animales.  Selle  , 
évacuation  copieufe.  On  le  trouve  quelquefois  ap- 
pliqué aux  langues,  La  langue  grecque  eft  plus  co- 
puuje  que  la  latine.  Mais  il  paroit  déplacé.  Copiofus. 

Copieux  iignîfie  aufTi,  en  vieux  ftyle,  imitateur,  celui 
qui  contrefait  les  geftcs  ,  &  les  manières  d'autrui 
pour  les  tourner  en  ridicule.  Imitator.  Les  copieux 
de  la  Flèche  en  Anjou  font  plulîeurs  fois  cités  dans 
les  Contes  de  Bonaventure  Dejpériers. 

fer  COPJN,  nom  d'Hércfiarque.  Copin  &  Quintin  , 
chels  des  Hérétiques ,  nommés  Libertins  ,  s'effor- 
çoient  de  répandre  leurs  erreurs  dans  le  Brabant& 
dans  la  Hollande,  vers  l'an  1525,  Foye^  Libertins. 

COPISTE  ,  f.  m.  celui  qui  copie.  Librarius.  Les  der- 
niers Clercs  des  Procureurs  font  les  Copifies. 

Copiste.  Commis  qui  copie  dans  un  Bureau  fous  les 
ordres  d'un  E)ireéteur;celui  qui  met  au  net  les  comp- 
tes ,  les  états ,  &  autres  expéditions  qui  concernent 
fon  Bureau  ;  c'eft  propirement  ce  qu'on  appelle  Com- 
mis aux  écritures. 

Copiste  fe  dit  au/IÎ  des  Peintres,  des  Deirmateurs , 
des  Architeéles,  des  Auteurs  qui  ne  font  rien  qu'i- 
miter les  autres,  &  qui  ne  font  rien  de  leur  propre 
invention,qui  ne  travaillent  point  de  génie.  Ficlurce, 
tabula,  imitator.  Ce  n'eft  qu'un  Peintre  copiée. 

|Cr  En  Littérature  ,  il  eft  fouvcnt  fynonime  à  pla- 
giaire. 

Copiste  ,  Officier  de  Comédiens  qui  a  foin  de  garder 
les  originaux  des  pièces  pour  copier  les  rôles  Ts.:  les 
diftribuer  aux  KOitwK.  Librarius,  C'eft  lui  qui  afTifte 
aux  repréfentations ,  qui  fe  met  à  une  des  aîles  du 
théâtre ,  &  relevé  l'Aéleur  s'il  tombe  en  quelque 
faute  de  mémoire,  Théat.  Franc. 

COPONIÀ  j  f.  f.  nom  propre  d'une  famille  Romaine, 
Çoponiagens.  La  famille  Coponià  étoit  originaire  de 
iTibur  bu  Tivoli.  Elle  n'étoit  pas  ancienne.  Le 
premier  Citoyen  Romain  de  cette  famille  fut  T. 
Coponius ,  grand-pere  des  deux  Coponius  ,  Titus 
&:  Caïus  ,  qui  vivoient  dit  temps  de  Cicéron ,  & 
dont  il  parle  ,  aufli-bien  que  de  leur  aïeul ,  dans  fori 
€>raifonpour  Cornelims  Balbus^n.  55.  La  famille 
Coponia  porte  fur  fes  médailles  une  mafTue  avec  une 
peau  de  lion  &  un  arc  ,  parce  qu'elle  étoit  de  Ti- 
voli ,  qui  étoit  confacré  à  Hercule,  C'eft  la  penfée  de 
M,  Patin  ,  p.  8i. 

|cr  COPOSIE,  ville  de  l'Empire Ruffien, da ns  l'In- 
grie  ,  à  l'embouchure  d'une  perite  rivière  qui  porte 
le  même  nom.  Long,  47°,  15',  Lat,  59°,  }(î', 

COPOU,  f.m.  terme  de  relation.  C'eft  une  efpèce  de 

toile  la  plus  eftimée  qui  foit  à  la  Chine  ,  &  qui  fe 

nomme  Copou  ,  parce  qu'elle  eft  faite  d'une  herbe 

que  les  gens  du  pays  appellenr  Co  ,  qui  fe  trouve 

■'■      dans  la  province  de  Fokien.  P.  le  Comte. 

COPOVICH-OCCASSOU  ,  f.  m.  c'eft  un  arlare  dont 
parle  Lac:,  qui  croît  dans  les  Indes  Occidentales. 
Ses  feuilles  relfemblent  à  celles  du  poirier  ,&  fon 
fruir  que  l'on  appelle  oumery,  eft  comme  une  groife 
poire  ,  &  l'on  en  fait  grand  cas  lorlqu'il  a  atteint  fa 
maturité.  Ray  ,  Hifi.  Plant. 

COPPA  ,  f.  m.  c'eft  le  nom  d'un  caraélèregrec,  figuré 
chez  les  Anciens  comme  un  P  retourné ,"c'cft-à-dire  , 
comme  le  Q  des  Latins.  Les  Grecs  poftérieurs  l'ont 


marque  conirne  un  G.  Le  nombre  qu'il  iîgnifioiV 
dans  les  chiffres  croit  90. 

COPPAT{AS,r.  m.  Coppatias  equus.  On  appelok 
ainii  un  cheval  qui  croit  marqué  d'un  coppa^C^^x  on 
avoir  coutume  de  les  marquer  tous  ou  du  coupa  où 
du  (igma.  ^oytç  CoppÀ. 

COPRENEUR,f.  m.  celui  qui  prend  avec  un  autre 
des  terres ,  une  maifon ,  des  droits,  des  rente  6'c 
a  loyer  ou  à  ferme.  ' 

COPRONYME  i  f.  m,  furnortà  d'homme.  Copronjmus 
C'eft  le  furnom  que  l'on  donne  à  Conftantin  VI=  du 
nom,  Empereur  de  Conftantinople  ,  fils  de  Léon 
1  Ifaunque ,  &  Iconoclafte  comme  lui.  Conftantin 
Copronyme  fut  couronné  en  720,  commença  à  régner 
feul  après  la  mort  de  fon  père  en  742  ,  &  mourut 
en  775. 

Ce  nom  eft  grec,  &  compofé  de  «V^». ,  fier  eu  s,  iW«, 
nomen.  Cer  Empereur  fut  ainlï  furnommé  ,  parce 
que  dans  la  cérémonie  de  fon  Baptême  lorlqu'on  fie 
les  immerfions,  il  falit  les  facrés  fonts,  de  fon  ordure. 
Voyei  Cédrénus  ,  Zonaras ,  &  Maimbourg  dan$ 
fon  Hifioire  des  IconoclafieS, 

COPROPRIÉTAIRE ,  f.  m.  &  f.  qui  poffôde  par  indi- 
vis une  mailon  ,  une  terre  ,  une  Seigneurie,  ou  autre 
immeuble.  Qui  cum  altéra  velcum  pluribus  alicujus 
tel  proprietarius  eft.  C'eft  ainfi  que  s'expliquent  leS 
Jurifconfuites.  Un  bail  d'une  terre  ainfi  poifédée 
n'eft  point  valable  s'il  n'eft  fait  par  tous  les  copro- 
priétaires ou  en  leur  nom, 

COPTE. 7^0^^:^    COPHTÈ. 

C-OPTER  ,  v,  a,  faire  battre  le  barrant  de  la  cloche  feu- 
lement d'un  côté.  Pulfare  alternum  talus  àris  carn-- 
pani.  Copter  Une  cloche, 

COPTIQUE,  Foyei   Cophtique. 

COPULATIF  ,  IVE,  adj,  qui  joint ,  qui  lie  enfemble. 
CopiUativus.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'au  féminin  &: 
en  Grammaire  des  particules  qui  lient  le  difcours. 
Et  eft  une  conjonôtion  copulative, 

COPULATION,f,f.  vieux  mot,jon(flion  du  mâle  avec 
la  femelle  pour  la  génération.  Coïtus ,  coïtio.  On  y 
ajoure  ordinairement  charnelle.  ^  Il  n'eft  guère 
d'ufage  que  dans  les  procédures  de  l'Officialité  ,  & 
il  fe  joint  ordinairement  avec  l'cpirhète  charnelle. 
La  Copulation  charnelle  ,  hors  le  mariage  ,  eft  dé- 
fendue, 

M.  Ménage  s'en  eft  fervi  même  dans  fon  Hiftoire  ds 
Sablé,  L.  m.  C.  16. p.  89,  ouvrage  férieux.  Avanr  le 
Concile  de  Trenre,  dit-il ,  la  copulation  illicite  fai- 
foit  parenté  juiqu'au  fcptième  degré  ,  réduit  par 
ce  Concile  au  fécond. 

COPULE  ,  f.  f.  ternie  de  Logique ,  c'eft  la  partie 
d'une  propofition  qui  joint  l'attribut  au  fujet  ,  o\i 
le  fujet&  l'attriburenfemble.  C'eft  le  verbe  Etre  qui 
fair  la  copule  dans  toutes  les  propofitions.  Dieu  ell 
infinii-nent  bon  ;  l'ame  f/inimortelle.  Les  iujets  lont 
Dieu  ,  Vame  :  les  attributs  bon  ,  immortel:  &  la  co- 
pi^le,  le  verbe  eft;  mais  dans  une  propolition  né- 
gative, la  copule  joint-elle  le  fujet  &  l'attribut  ?  Oui, 
parce  qu'on  la  réduit  à  une  propofirion  affirmative, 
en  mertant  la  négation  devant  l'attribui:,  par  exem- 
ple :  la  Religion  n'eft  pas  dourcufe  ,  elle  eft  invin- 
ciblement démontrée  ;  l'Athée  &  le  Déifte  ne  font 
pas  excufables.  L'Athée  &  le  Déifte  font  nort 
excufables. 

fO"  Quelquefois  la  copule  &c  l'attribut  font  renfermés 
dans  un  feul  mor ,  mais  il  eft  aifé  de  les  féparer, 
Pierre  aime  ,  pierre  eft  aimant.  C'eft  la  même 
chofe  fi  la  propofirion  eft  renfermée  dans  un  feuî 
mor.  Comme  faime. 

Copule,  terme  de  droit,  c'eft  l'union  Sfla  joncaion 
de  l'homme  avec  la  femme.  CvpiiJa  ,  coïtus.  En 
Juridiétion  tant  Civile  qu'EccIcliaftique  ,  on  n'ap- 
pelle point  autrement  cette  jonétion  que  copule. 
Les  Cafuiftes  fe  fervent  aufTi  du  terme  de  copule, 
Lorfqu'une  fille  n'a  confenti  à  la  copule  que  fous 
promeife  de  mariage  ,  celui  qui  l'a  faite  i  eft  oblige 
en  confcience  de  l'époufet-, 


89^ 


GO  a 


COQ. 


c  o  a 


It?  rOO,  Cm.  forte  d'oifeau  domeftique,  qiù  eft 
^e  mâle  de  la  pouk.  Gallus.  Un  peu  avant  la  pointe 
du  jour  on  entend  le  co?  chanter.  Notre-Seigneui 
prédit  à  S.  Pierre  qu'il  le  renieroit  trois  tois  avant 
que  le  co./  eut  chanté.  Les  poules  pondent  des 
iuft  fans  avoir  vu  le  co^ ,  mais  ils  lont  intcconds. 


cH.  45.  'p-  ^30  ^  ^"'^-  ^^'  "'^•Z-  '  'P-  '?°  '  ''r  '''k^  ' 
&  dit  avoir  vu  un  œuf  de  coq ,  dans  lequel  au  heu 
de  poulet  il  y  avoir  un  ferpent  forme.  Dans  les 
Ephémérides  des  Curieux  de  la  Nature  ,  Decad.  I. 
A.  III.  Obf.  177  ,  Z'.  5  5^ .  il  eft  P'irle  à\m  coq  qui 
en  treize  jours  pondit  dix  œufs.  Au  même  ouvrage , 
Decad.  II.  A.  I.  Ohf.  145,  Z».  5  59'  '^l^^" '7"<=  'l^^ 
dans  l'efpace  d'un  mois  en  pondit  iix.  ht  ObJ.iii, 
p.  4z?  ,  d'un  autre  qui  avoir  pondu  trois  fois,  & 
1  457,  d'un  oie  mâle  qui  pondit  aulîi.  On  trouve 
encore  de  pareils  exemples,  Decad.  III.  A.  V & 
VI  Orf.  1 58  , ;».  1 78  &  Ohfv.  i(S^,p.  574-  On  rap- 
porte plufieurs  raifons  de  ces  productions,  qu'on 
peut  voir  dans  une  Diflertation  de  M.  Sto  terfoht 
inférée  dans  fes  Nouv.  Lit.  de  Ix  Aur  Bal:.  1701, 
p  zio  8C  fuiv.  M.  Stolterfoht  a  foupçonnc  que 
lés  animaux  aux  quels  cela  arrivoit  étoient  herma- 
phrodires,  mais  il  n'en  a  aucune  preuve -,&  un 
habile  Médecin  de  Copenhague  qui  fit  la  direction 
d'un  de  ces  animaux  n'en  put  trouver.  Quant  a 
l'autre  point,  favoir,  que  de  l'œuf  d'un  co^  il  en 
naît  un  bafiUc ,  SoHn  ,  c  49.  ^hcn  ,  L.  1  ,del  Hijt. 
de^  Anim.  c.  i.  Pline  ,  L.  FUI,  c  zi  ,6c  d'autres 
l'afllirent.  M.  Stolterfoht  en  doute  tort,  &  dit 
qu'il  n'a  pu  encore  en  avoir  de  preuve.  Il  avoue  ce- 
pendant que  de  la  matière  corrompue  de  ces  œuh  , 
il  en  peut  naître  plufieurs  fortes  de  vermine ,  ou  de 
reptiles  -,  que  cela  doit  arriver  fur-tout  dans  les  pou- 
les, &  par  conféquent  aulli  dans  les  coqs ,  parce  que 
ces  animaux  mangent  plus  d'ordures  &  d'inleCtes 
qu'aucun  autre;  que  le  germe  de  ces  inleétes  peut 
paifer  dans  l'œuf  de  la  poule  ,  ou  du  coq  ,,&  y  cclo- 
re  enfuite-,  qu'on  a  remarqué  dans  les  œuh  différen- 
tes fortes  de  vers  -,  &  que  c'eft  un  axiome  parmi  les 
Médecins ,  qu'il  n'eft  rien  de  plus  fujet  a  la  corrup- 
tion que  les  œufs,  qu'ils  font  bons  quand  ils  font 
très-frais ,  mais  que  plus  ils  font  vieux  ,  plus  ils  font 
mauvais  -,   &  qu'il  s'en  faut  abllenir  comme  d'un 

poifon. 
Coq.  On  dit  proverbialement  ;  niauvaife  maifon  ou 
le  coq  le  taît  &  la  poule  chante  -,  pour  dire ,  que 
c'eft  un  mauvais  ménage  où  la  femme  eft  la  maîtredc. 
On  dit  autrement  qu'il  ne  faut  pas  que  la  poule 
chante  devant  le  coq.  On  dit  que  bon  coq  ne  fut 

Jamais  gras.  .   -  r  •    j 

Ménage  croit,  après  Guyet,  que  coq  a  ctc  tait  de 
cloccus,^ic  de  clocitare.  D'autres  croient  que  c'eft 
un  ancien  mot  gaulois ,  comme  aflure  Borel ,  auih- 
bien  que  le  mot  de  coquart ,  qui  eft  fouvent  dans 
Villon  ,  qui  lignifie  un  s,Ioricux  fans  fujet ,  comme 
les  enfans  qui  mettent  des  plumes  de  coq  fur  leurs 
bonnets ,  &  qui  pour  cela  s'eftiment  bien  braves. 
On  dilbir  aufli  autrefois  un  bonnet  à  lacoquarde. 
Il  dit  aulîl  que  ce  mot  pourroit  venir  de  coccus  ,  ou 
cochenille,  à  caufe  de  fa  crête  rouge.  Et  enfin  il  dit 
que  ce  mot  vient  du  Breton  co^,  qui  fignifie  rou^e. 
Bêçe  a  remarqué  que  c'eft  le  feul  terme  de  la  langue 
francoife  qui  fe  termine  en  q.  Coq ,  félon  le  P.  Pez- 
ron  ,'  eft  un  mot  celtique ,  duquel  eft  dérive  non- 
feulement  le   François  coq,  mais  encore  le  nom 

Il  efl:  certain  que  le  mot  coq  eftceltiq^ie  aufTi- 
bien  que  bec  :  dans  Suétone  un  capitaine  eft  nommé 
Bcco  ,  &  il  le  traduit  en  latin  par  Rnftriim  oalli. 

Le  coq  eft  le  fymbole  de  la  vigilance.  On  le  donne 
fur  les  médailles  au  Dieu  Janus'SC  à  Mercure ,  -<iuel- 


^luefols  à  Bacchus ,  parce  qu'on  le  lui  factifioit  pour 
la  confcrvation  des  vignes.  11  marque  aulli  les  com- 
bats, la  victoire.  P.  Jomeert. 

On  appelle  le  chant  du  coq ,  Galli  cantus ,  le 
point  du  jour,  parc;  que  les  coqs  chantent  en  ce 
temps-là ,  Se  réveillcnr  ceux  qui  dorment. 

Coq  de  Bruyère,  eft  un  coq  fauvage  qui  vole  bas, 
&  le  prend  à  la  palfée  comme  les  beccallés.  Il  le 
nourrit  dans  les  bruyères.  Gallus  Jilvejtris. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  diftingucnt  entre  coq 
fauvage  &  coq  de  fois.  Ils  appellent  coq  fauva;rg 
une  efpèce  de  faifan  particulier  qu'ils  difcnt  fe 
trouver  dans  les  pays  feptentrionaux.  Et  Belon 
appelle  coq  de  tois  un  oifeau  plus  gros  que  le  taifan  , 
qui  a  les  plumes  noirâtres,  luifantes  ôc  changeantes, 
&  les  fourcils  très-rouges. 

Coq  lis:nifie  aulîl  le  mâle  de  la  perdrix.  Petdix  maf- 
cula ,  perdix  mas. 

Coq  d'Inde,  prononcez  Co-d'Inde  ,  eft  un  gros 
oifeau  auHi  domeftique  ,  qui  aies  qualités  d'un  coq , 
6c  qui  a  été  apporté  depuis  quelque  temps  des  Indes 
Occidentales.  Gallus  Indicus.  Il  y  a  un  coq  Indien 
qui  eft  différent  de  celui  qu'on  nomme  coq  d'Inde  , 
qui  a  été  apporté  d'Afrique,  où  il  eft  appelé  ano. 
Jonfton  l'apelle  Gallus  Perjicus ,  Hc  Gelnei:  &c  Al- 
drovandus ,  Gallus  Indicus.  Son  plumage  eft  noir , 
&:  il  a  un  œil  verdâtre,  à  la  réferve  du  dos,  dont 
les  plumes  vers  la  racine  font  de  couleur  de  gris 
de  noyer ,  &  quelques  unes  blanches.  Sa  taille  eft 
d'un  médiocre  poulet  d'Inde.  Markgraviiis  décria 
un  coq  du  Bréfil  qui  eft  tout  vert,  &  qui  a  fur  la  têrc 
une  crête  ou  panache  de  plumes  noires.  Quelques- 
uns  croient  que  le  meleagris  des  Anciens  eft  notre 
coq  d'Inde.  Le  coq  d'Inde  eft  fort  goulu,  il  croît  & 
s'engraillé  beaucoup  ,  &  quelquefois  il  s'en  trotive 
qui  pèlent  plus  de  vingt  livres.  Ses  petits  font  fort 
difficiles  à  élever,  &  le  tettips  un  peu  rude  leà 
tait  mourir.  Quand  le  coq  d'Inde  fe  carre  &  fe  pa- 
vanne  en  étcndanr  fa  queue  £c  en  étalant  lés  aîles , 
on  dit  qu'il  fait  la  roue.  Cet  oifeau  liait  le  roiu^c, 
&  fe  met  en  colère  quand  il  en  voit.  Il  a  le  cou ,  la 
tête  &  un  grand  lambeau  qui  lui  tombe  fur  le  bec  j 
tort  rouges ,  quand  il  fe  carre ,  mais  quand  il  eft 
dans  fa  pofture  ordinaire  ,  ces  parties  deviennent 
entièrement  pâles.  Il  y  en  a  qui  ont  tout  le  champ 
du  pennage  noir ,  avec  un  peu  de  blanc  à  l'extrémité 
des  grandes  pennes.  D'autres  font  gtifâtres  ;  d'autres 
d'un^gris  un  peu  rougeâtre.  Ils  ont  unc.grolfe  touffe 
de  poils  rudes  comme  des  crins  au  milieu  de  la 
poitrine.  Quelques-uns  l'appellent  la  barbe  du 
Coq  d'Inde.  Sa  femelle  s'appelle  Poule  d'Inde, 
Foyei  Poule. 

Àldrovand  fait  mention  d'un  Coq  d'Inde  ,  qui 
a  plutôt  la  rcfTemblance  d'un  Dragon  que  d'un  Coq. 
Son  bec  a  beaucoup  de  rapport  à  celui  des  Perro- 
quets ;  il  eft  tout-â-fait  courbé  par  le  deflus ,  &: 
entièrement  rouge.  Sa  tête  ,  fa  poitrine  &:  fon  ventre 
font  de  couleur'de  rôle  fort  clair ,  fa  poitrine  eft 
fcmée  de  taches  de  couleur  de  rofe  encore  plus 
lavée  que  le  fonds  ;  Se  au  ventre  elles  font  plus 
grandes ,  &  ttaVerfccs  d'une  ligne  blanche.  Il  a  deux 
crêtes ,  la  première  eft  de  chair ,  &c  placée  proche  dit 
becj  entre  cette  tache  &  le  bec  il  y  a  une  tache 
longue  qui  eft  bleue.  L'autre  crête  eft  compofée  de 
plumes  jaunes  très-petites,  qui  font  proche  de  R. 
première  crête ,  &:  s'élèvent  fur  le  Ibmmet  de  la 
tête,  puis  vont  finir  fur  le  haur  du  cou.  Ses  yeux 
difpofés  en  long,  comme  ceux  de  l'homme  ^  leur 
prunelle  eft  noire  ,  le  cercle  qui  l'environne  jaune  j 
&  les  fourcis  noirs.  II  a  des  oreilles  grandes  &  droi- 
tes. Ses  plumes  font  fort  diverfifices  de  vert,  de  bleu, 
de  blanc  ,  de  couleur  de  rofe ,  &  de  rouille  de 
rouîre.  Il  adeux  queues, une perite.  Se  une  grande, 
compofée  de  neuf  e;randes  pennes  inégales,  &  dif- 
férentes en  couleurs,  &c  fur  lefquclles  on  voit  des 
yeux  en  ovale ,  qui  font  rouges ,  ou  blancs ,  toujours 
bordés  ou  environnés  de  bleu  :  fes  piesfonr  rou- 
ges, Se  ornés  de  taches  brunes.  Il  n'a  que  trois 
doigts ,  doQt  les  ongles  Se  l'éperon  font  blancs.  Le 

dos 


c  o  a 


dos  eft  prcfque  tout  rouge ,  &  marqué  de  taches 
noires  en  forme  de  croiUant ,  &;  travcrfée  par  le 
mileu  de  taches  blanches. 
Coq    de  bois  ,  en  général  ,  c'cft  un  faifan.    f-'oye:^ 
Faisan. 

-Coq  de  bois  d'Ecoffe.  He(5lor  Boëtius  rapporte  que 
l'on  trouve  en  Hcoflc  une  elpccc  de  C'oy  d^ion, 
dont  la  chair  cft  approchante  de  celle  du  hùlan  ,  & 
qui  eft  de  pareille  grandeur.  Il  a  le  pennat;e  noir,  ik 
les  paupières  extrêmement  rouges  •■,  il  vit  de  blé. 
La  Poule  eft  plus  petite,  &  Ion  pcnnage  cil  brun. 
Le  mâle  a  le  cou  ,  la  poitrine  ,  les  aïljs  &  les  cuiills 
femécs  de  points  rouges.  La  femelle  efl  d'un  gris 
cendié  &  diverfific  de  taches  noires.  Ils  onf  l'un 
&  l'autre  les  paupières  &  les  foiircils  garnis  d'une 
membrane  tougc.  Ces  animaux  le  retirent  dans  les 
brouHaiiles. 

Coq  de  Marais  d'Ecole  ,  c'cfl:  un  oiléau  que  les 
Ecoflbis  &  les  Anglois  appellent  Coç  de  Marais. 
Ils  en  font  «rrand  cas  à  caufe  de  la  délicateiié  de 
fa  chair.  Il  cherche  pour  l'ordinaire  fa  parure  dans 
les  lieux  marécageux.  Son  pennage  ell  roujlatre  , 
ou  plutôt  jaunâtre  ,  femé  de  points  noirâtres  ,  gé- 
néralement par  toutes  les  parties  du  corps.  Ses 
fourcils  &  les  barbes  qui  lui  tombent  au  dellbus  du 
bec,  font  compo.'cs  d'une  membrane  rouge,  com- 
me celle  de  la  plupart  des  Coqs  de  Bois.  Il  a  les 
jambes  &:  les  doigts  robuftes  &  faits  comme  ceux 
des  Faifans ,  ou  des  Coqs  ,  excepté  qu'il  n'a  point 
d'ergor. 

Coq  iîgnifie  figurément ,  en  (lyle  familier  ,  urv  no- 
table bourgeois ,  ou  habitant  d'une  Paroi/îe  j  qui 
eft  difringué  par  l'on  crédit ,  par  fes  richcifes.  I^ir 
primarum  ii-.rer  juos  partium.  Un  tel  cfi:  le  Coq 
de  la  Paroi  Hc. 

Coq  fignifie  aulfi  une  figure  de  Coq  qui  eft  ordi- 
nairement doré  ,  &  qui  fe  met  fur  la  pointe  d'un 
clocher,  ou  d'une  flèche  d'Eglife  ,  pour  lérvir  de 
girouette  ,  &  faire  connoître  le  charagenient  des 
vents.  Inaurata  ç^dlli  fissura  -,  gallus, 

CoQjcn  termes  d'Horloger  ,  eft  un  petit  treillis  de 
cuivre  doré  &:  fort  délicat,  qui  eft  fur  la  platine 
de  deflbus  d'une  montre  ,  oc  Icrt  de  bafc  à  l'un  des 
pivots  da  balancier  &  en  même  temps  à  le  cou- 
vrir   en  entier  ,  &c   empêcher  que  rien   n'y  piiiife 

_  toucher  ,  parce  que  la  moindre  choie,  en  y  toa^ 
chant  ,eft  capable  d'arrêter  la  montre. 

Coq  ,  en  termes  de  Marine  ,  eft  le  cuilinier  d'un 
vailît.m.  Coqîius. 

Coq-a-l'âne  ,  f.  m.  indéclinable,  terme  du  ftyle  fa- 
milier qui  fignifie  un  difcours  ansiuite,  lâns  liai- 
fon  ;  propos  rompu  dont  la  fuite  n'a  aucun  rap- 
port au  commencemcnr:  comme  fi  quelqu'un  ,  au 
lieu  de  fuivre  un  difcours  qu'il  auroit  commence 
de  fon  Coq  >  parloit  foudain  de  fon  âne  ,  dont  il 
n'étoit  point  queftion.  Aliquid  alieuum  ab  repro^ 
pojita  dicere.  Ménage  dit  que  Marot  a  été  le  par- 
rain de  cette  façon  de  patler ,  &  qu'il  fit  une  Hpi- 
tre  qu'il  nomma  du  coq-u-l'dne  ,  enluite  de  la- 
quelle pkdieurs  Poètes  ont  ftft  des  Satyres  qu'ils 
ont  intitulées  de  ce  nom,  où  ils  difoient  plulieurs 
vérités  qui  n'avoicnt  ni  ordre  ,  ni  fuite.  Je  ne  puis 
mieux  comparer  les  Sonnets  del  Burchlcllo  ,  qu'à 
nos  coqs-a-l'àiie ,  puifque  chaque  vers  contient  un 
fensfépaté  de  tons  les  autres,  fans  aucune  liaiion 
aufîi-bien  que  le  Commentaire  fur  iceux  de  Fr.  Ma- 
ria Doni  ,  qui  a  voulu  enrichir  par  fes  extrava- 
gances fur  le  texte ,  ubique  enim  arcna  fine  calce 
eJi.MA<icVK.  p.  Z17. 

Coq  ,  ou  Coq  des  Jardins  ,  terme  de  Botanique.  Cof- 
tus  hortcnjis  ,  coflum  hortenfe  ,  menta.  gr«^^.  Plan- 
te dont  les  racines  fcnt  femblables  à  celles  de  la 
jr.ente  ,  rondes  Si  chevelues.  Ses  tiges  font  hautes 
d'une  coudée  ou  d'une  coudée  &  demie  ,  bran- 
chiies,  d'un  vert-pâle.  Ses  feuilles  font  de  la  mê- 
me couleur  ,  découpées  fur  les  bords  ,  d'une  odeur 
forte  ,  d'un  goût  très-amer  :  elles  reflemblent  à  cel- 
les d<-  la  bétoine.  Aux  extrémitcs  des  branches  vien- 
nent l'-s  flpurs  ,  qui  font  jaunes  ^  radiées.  Ses  fe- 
TQme  11. 


C  O  a 


8^7 

rtences  foht  petites  j  oblongues  &:  aplaties.  Cette 
plante  eft  bonne  pour  les  crudités  de  l'eftomac  » 
pour  le    vomillémcrtt  ,  pour  la  colique  ,  pour  la 
cardirialgie  &   pour  la  puanteur  de  la  bouche. 
Coci,  Ordre  deCh-valerie.  Il  futinftituccn  11 14,  par 
un  Dauphin  tie  Viennois,  qui  fut  tiré  par  Claude 
Polier  d'un  grand  danger  où  il  fe  trouva  en  con> 
butant  contre  les  Anglois.  Le  Seigneur  de  Polier 
fut  le  premier  Chevalier  de  l'Ordre  du  Coq  ,  que 
le  Dauphin    nomma  ainfi  ,  parce  que  les  Poli.rs 
portent  d'argent  à  un  Coq  de  fable  dans  leurs  ar- 
mes. L'Abbé  Bcrnardo  Juftinani  ,  T.  I ,  c.  ^  ,  de 
fon    Niji.    des    Ordres  de  ChevaLrie   ,    parle  en-* 
cote  d'un  Ordre  du  Coq  iiiftituc  par  un  Pierre  de 
Montmorency.   Voyei  L'Ordre  du  chien. 
!fT  COQUARDE.  f.  f  L'Académie  écrit  coc^ric; ,  &! 
c'eftl'ufagc  le  plus  ordinaire.  Noeud  de  rubans  qu'on 
met  au  retrouHls  du    chapeau  ,  dont  les  gens  de 
guerre   font   particulièrement    ufage.    Les  fbldats 
portent  des  coquardes  d'une  couleur  ou  de  cou- 
leurs diiférenres  ,  félon  les  difïcrcns  Corps. 

Dans  les  habillemens  de  théâtre,  on  appelle  co- 
qîiarde,  une  efpèce  de  bouquet  de  plume  qui  s'é- 
lève au  deffus  de  la  forme  du  chapeau  du  côté 
du  retroUffis.  C'cft  aux  chapeaux  des  danllurs  que 
l'on  met  des  coquardes. 

Ce  mot  vient  apparemment  de  Coq,  Ces  fortes 
d'ornemens  font  des  efpèces  de  ctcte  ,  &  les'Coyjr 
ont  des  crêtes.  De  plus  ,  on  appeloit  autrefois 
bonnet  .à  la  coquarde  ,  les  bonnets  où  les  enianS 
mettoient  des  plumes  de  Coq. 
COQUARDEAU  ,  f.  m.  vieux  mot.  Galant ,  difeuc 
de  douceurs. 

^l  (ignifie  auffi  jeune  for  ,  étourdi  ,    ignorant» 
Stultus  ,  i^narus, 
COQUARDIE,  f.  f.  vieux  mot.  Avanture. 
COQUART.  f.  m.  Sot  ,  benêt.  Glof  fur  Marot. 
Coquart  ,  vieux  mot  ,  qui  veut  aire  ,   Jafeur.  De 
co^uart  on  a  formé  caqueter.  Coq  eft  le  mot  d'où, 
tous  ceux-ci  ,  &  même  celui  de  coquart ,  tirent 
leur  origine ,  parce  que  ceux  qui  caquettent ,  ou  qui 
patient, beaucoup  ,  font  un  bruit  qui  approche  d« 
celui  que  fonr  les  Coqs. 
COQUATIER.  t^oyei  Coquetier. 
COQUATRE  ,  &:  mieux  ,  Cocâire  ,  f  m.  Coq  à  demi    ' 

châtré  ,  à  qui  on  a  laiffé  un  des  tefticules.  Gallus 
.    m  lie  cajtratus. 

COQUATRIS.  f  m.  Quelques-uns  croient  que  c'eft 
le  bafilic.  Haython  l'Arménien  croit  que  c'eft  le 
crocodile  ,  qu'on  a  ainfi  nommé  par  corruption. 

HuET, 

COQUE  ,  f  m.  ccorce  dure  d'une  noix  -,  ccale ,  pciu 
dure  d'un  oeuf.  Ovi  ,  nucis  putamen.  Cette  noix 
eft  anghufe  ,  on  ne  la  peut  tirer  de  fa  coque.  Il  y  a 
des  oeufs  qui  ont  une  coque  dure ,  8i  les  autres  mol- 
le. Manger  des  œufs  à  la  co.jue  ,  c'i.ft  les  manger 
après  les  avoir  fair  cuire  dans  leur  cojV/f,  en  trem^ 
pant  dedans  des  mouillettes  ou  apprêtes.  Les  meiN 
leurs  poudriers  ou  horloges  de  fable  fe  font  avec 
des  coques  d'ceufs  calcinées  &:  pulvérifées. 

§Cr  CoQUF. ,  coQîJiLLF.  Conceptaculum.  En  parlant  des 
fcmences ,  dit  M.  Duhamel  ,  on  appelle  coque, 
les  envelopcs  qui  font  ptefque  ovales,  légères  &  dé- 
liées. Sili^u.i,  On  dit  vulgairement  coquilles  de 
noix,  de  noifcttes ,  d'amandes,  pour  lignifier  la 
partie  ligneufe  du  noyau-,  ce  qui  ditfke  beaucouj» 
de  la  coque  ,  conceptaculum  ;  ÔC  la  coque  di.fcre  de 
la  capfule  uniloculaire  ,  en  ce  que  les  panneaux  en 
font  mousoi  moins  roides  ,  comme  à  l'envclope 
des  frmenccs  de  Mouron. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  concha ,  ?<  de  con~ 
chula,  aulTi  bien  que  lé  mot  de  coquille.  Ft  le  P. 
Pezron  prétend  que  coque  eft  un  mot  c 'Itique  , 
d'où  vient  non-feulement  coquille,  mais  auffi  le 
Grec  y^'/f  >  concha. 

Coque  de  Perles.  Ce  font  de  ccrtain'^s  élévations  ert 
demi-rord  ,  que  l'on  trouve  attachées  à  la  nacre. 
Ce  font  des  perles  véritables  que  la  mrurea  atta- 

XXXxx 


.8^8 


co  a 


chées  à  fa  coquille.  Les  Lapidaires  fcient  les  coques 
de  perles ,  éi  de  deux  coques  qu'ils  ont  l'adrellc 
de  joindre  ,  ils  en  font  une  leule  perle.  11  faur  être 
bien  connoliieur  pour  s'appercevoir  de  l'ar- 
rii'kc. 

CcQUE  de  Vira  Soie,  Cefl:  l'envelope  où  le  ver  ie 
rcntcrme  quand  il  veut  iilcr.Certe  coi^uc  étant  ache- 
vée ,  le  ver  fc  change  en  t'cve  ,  &  de  t'cve  en  pa- 
pillon .•  cnCuite  il  perce  fa  co(jue  pour  en  iortir. 
Eomtycis  foUiculus. 

On  ditproverbialcment  &  par  reproche  ,  qu'un 
jeune  garçon  ne  iair  que  fortir  de  la  coque  ;  pour 
dire,  que  ce  n'efl:  encore  qu'un  enfant.  Àc.  Fr. 

Coque  ,  en  ternies  de  Marine  ,  eft  un  faux  pli  qui 
fc  fait  à  une  corde  qui  cft  trop  torlc.  Kii^a. 

Coque,  en  termes  de  Serrurier.  Ce  l'ont  des  pièces 
de  fer  qui  fervent  à  conduire  le  pêne  d'une  fer- 
rure ,  &  dans  Icfquelles  entre  l'aubercn. 

Coque  de  Levant  ,  font  de  petits  fruits  ou  baies 
grolfes  comme  de  gros  pois,  de  couleur 'obicurc. 
Elles  contiennent  chacune  une  femencc  jaunâtre  . 
frir.l:le,  dont  la  force  fe  diflipe  en  vicilliU'ant.  On 
s'en  fert  comme  de  la  ftaphifaigre  pour  faire  mou- 
rir les  poux.  §3"  On  en  jette  auifi  dans  la  rivière 
pour  enivrer  les  poiflbns  &  les  prendre  enfuite 
plus  facilement. 

COQUEFREDOUILLE  ,  f  m.  mot  bas  &  burlefque  ; 
pour  fignifier  ,  l'elon  Cotgrave  ,  pauvre  hère  ,  /ra- 
jcrablc  ,  malotru  ^  ou,  félon  l'Auteur  du  Di(5i:ion- 
naire  Comique  ,  jot ,  fat ,  fans  efprit. 

UEfpagnol ,  ce  Coquefredouille  , 
■    f^ a  toujours  ai  école,  &  perd  toujours  bredouille, 

Desh. 

L'Auteur  delà.  Fulminante ,  page  56,  s'efl:  fcrvi 
de  ce  terme  ,  en  parlant  des  démêlés  des  Rois 
Philippe  Augufle  £c  le  Bel  avec  les  Papes.  C'étoit , 
dit-il,  un  temps  où  la  Religion  Catholique  étoit 
fioriflante  ,  mais  la  France  portoit  des  hommes 
mâles  ,  &c  non  des  coquefredouilles  embéguinés. 
Le  Didiionnaire  de  Rimes  de  Richelet  ,  pag,  ^11, 
où  ce  mot  eft  mal  écrit  Coquefredouille  ,  l'expli- 
que par /;r//or ,  moqueur  ,  railleur-,  mais  ce  n'eft 
pas  là  le  fcns  de  coquefredouille. 

COQUELICOT  ,  COQÛELICOC  ,  ou  COQUE- 
LICOQ.  {'.  m.  Le  premier  eft  le  meilleur  &  celui 
que  l'Académie  a  préféré.  Efpèce  de  pavot  fauvage 
qui  croît  dans  les  blés ,  &  dont  la  fleur  eft  rouge. 
Erraticumpapaver. On  l'appelle  zuiïi  ponce  au.  Voy. 
Pavot  ,  On  fait  une  eau  diftillée  &c  un  fyrop 
de  fleurs  de  coquelicot, 

COQUELÎNER  ,  v,  n.  rerme  d'OifclIerie  ,  pour  ex- 
primer le  chant  du  coq.  L'on  dit  du  coq  coqueliner, 
Faultbieb.. 

COQUELOURE.  f.  f.  Pulfatilla,  Plante  qui  a  du 
rapport  avec  l'Anémone ,  &  qui  n'en  diffère  que 
par  fes  femences,qui  font  terminées  par  une  queue 
barbue.  Il  y  a  plufeurs  efpèces  de  coquelourdc;  la 
-  plus  commune  eft  celle  qu'on  nomme  Pulfati-lla 
folio  craffiore  &  majori  flore.  C.  B.  Saracine  eft  groflè 
comme  le  doigt ,  longue,  noirâtre  ,  branchue,  fi- 
brcufc  ,  amère  &  acre  au  goût.  Elle  donne  des 
feuilles  découpées  fort  menu  ,  foûtenues  par  des 
queues  ailez  longues  •,  du  milieu  de  ces  feuilles 
naît  une  tige  lifle,  arrondie  un  peu  ,  velue  ,  haute 
de  cinq  .1  lîx  pouces  environ ,  &  garnie  quelquefois 
de  trois  feuilles  auffi  finemicnt  incifées  que  celles 
du  bas ,  &  difpofces  en  manière  de  collet.  Elle  eft 
terminée  par  une  fleur  bleuâtre  ou  pourpre  ,  à  lîx 
pétales  velues ,  rangées  comme  celles  de  l'Anémo- 
ne. Le  piftil  eft  chargé  de  quanrité  de  femences 
ramaffées  en  tête  &  terminées  par  une  queue  bar- 
bue -,  &:  il  eft  environne  d'un  grand  nombre  d'é- 
ramines  violettes  qui  porrent  des  fommets  jaunâ- 
tres. Cerre  coquelourdc  fleurit  au  printemps ,  &  elle 
croît  dans  pluiîeurs  endroits  du  Royaume.  Les  au- 
tres efpèces  de  coquelourdc  dilE-rent  de  cellt-ci  I 
pat  la  couleui  de  leurs  fleurs  &:  par  leurs  feuilles,     I 


COQ, 

COQUELOURDE  eft  encore  le  noi\i  que  donnent 
Icsfleuriftesà  une  plante  appelée  Lychus  Coronaria. 
Jaiiva ,  S<.c. 

IfT  COQUELUCFiE  ,  C.  f.  vieux  mot  qui  lîgni/îoit 
capuchon.  On  dit  ligurémenr  &  par  allulion  à  la 
coqueluche  dont  on  le  cocifbit ,  qu'une  perlbnne  eft 
la  coqueluche  de  la  Cour ,  du  beau  monde  ,  de  la 
ville  -,  pour  dire  ,  qu'elle  eft  fort  en  vogue  ,&  extrê- 
mement à  la  mode.  Ac.  Fr.  C'eft  dans  ce  fens 
que  la  Bruyère  a  dit  au  chapitre  de  la  Socieié, 
page  i(j4  ,  des  éditions  9  fr  10  ,  6"  page  15?  3. 
du  premier  tome  de  l'édition  de  M.  Cofje  :  "  Si 
j>  à  votre  âge  vous  êtes  û  vif  &:  fi  impétueux  , 
»  quel  nom  Thcobalde  ,  falloit-il  vous  donner 
)3  dans  votre  jeunelfe  ,  &:  lorlque  vous  cticz  la  co- 
»  queluche  on  l'entêtement  de  certaines  tenmcs  qui 
j;  ne  juroicnt  que  par  vous  &  fur  votre  parole  î  » 
Quelques-uns  prérendent  que  c'eft  Bourlâult  qui 
eft  malqué  ici  lous  le  nom  de  Théobalde.  Il  avoir 
beaucoup  d'clprit  Se  de  vivacité.  Boilcau  déclare  à 
la  fin  de  la  remarque  furie  vers  6^  de  fa  neuvième 
Epitre  ,  que  de  tous  les  Aureurs  qu'il  a  critiqués, 
Boutlaulteft,  à  fon  fens  ,  celui  qui  a  le  plus  da 
mérite.  D'autres  croient  que  le  Thcobalde  de  la 
Bruyère  eft  Benferade  ,  qui  a  été  efi'cétivemcnt  la 
coqueluche  de  la  Cour  pendant  plus  de  quarante 
ans  ,  &  qui  défendoit  fes  ouvrages  avec  un  tel  en- 
têtement ,  que  ceux  même  qu'il  conTultoit  ,  ne 
pouvoicnt  lui  dire  leur  penfée  ,  fans  s'expofer  de 
fa  part  à  d'étranges  emportcmens.  Voy.  l'HiJlcire  de 
V  Académie  ,  Françoije  ,  in- iz  ,  1730,  tome  x  ,  p. 
i<?7  &  16S. 
Coqueluche  ,  maladie  contagieufe  &:  nialigne  , 
qui  régna  en  1510,  15586c  \^-]-].Cucullaris  mor- 
lus.  C'czok  une  fluxion  fur  la  poittine  ,  accompa- 
gnée de  mai  de  tête,  qui  fit  mourir  beaucoup  de 
monde,  Mczeray  dit  que  fous  Charles  Vî ,  en  1414, 
un  étrange  rhume  ,  qu'on  nomme  coqueluche  ,wui:- 
menta  toutes  forres  de  perlb.nnes ,  &  leur  rendit  la 
voix  lî  enrouée  ,  que  le  Barreau  &c  les  Collèges 
en  furenr  muets.  Un  Médecin  nommé  Vaicriola , 
dans  V Apendice  de  fes  lieux  communs  ,  dit  que 
ce  nom  lui  fit  donné  par  le  peuple  ,  parce  que 
ceux  qui  en  étoient  attaqués  portoient  une  coque- 
Inche  ,  ou  capuchon  de  Moine  ,  pour  fe  tenir 
chaudemement.  Ménage  Si  Monet  font  du  même 
avis.  Un  autre  Médecin  ,  appelé  le  Bon,  a  écrit 
que  cette  mala»die  a  été  ainfi  nommée  à  caufe  du 
remède  qu'on  y  apporta  ,  qui  fut  le  loch  de  codion^ 
fait  avec  les  têtes  de  pavot ,  qui  font  appelées  co~ 
dion  ,  ou  têtes  de  coquelicot.  On  l'a  aullî  appelée 
quinte.  Cette  maladie  fe  fait  fentir  de  temps  en 
temps,  elle  fit  de  grands  ravages  en  1723  bc  en 
1753. 

COQUELUCHER.  v.  n.  Ce  mot  fe  difoit  autrefois 
pour  dire  ,  être  attaqué  ,  travaillé ,  tourmenté  de 
la  coqueluche.  Cucullo  morho  laborare. 

Pareillement  m'avertis  ,Ji  tous  ceux 
De  ton  quartier  ont  été  fi  touffeux  , 
Comme  deçà  on  va  coqueluchant, 

COQUELUCHON  ,  f  m.  Capuchon  de  Moine  fuit 
de  grofle  bure.  Cucullus.  Les  uns  font  en  pointe , 
Si  les  autres  en  rond. 

CoQUELucHON  le  dit  encore  d'une  efpèce  de  capu- 
chon ,  donr  les  Pénirens  (  Confrérie  forr  en  vo- 
gue dans  les  provinces  au-delà  de  la  Loire)  fe  cou- 
vrent le  vifage  &  la  tête.  Il  eft  formé  d'un  morceau 
de  roile  carré ,  de  la  couleur  du  refte  de  leur  habit , 
plié  en  diagonale,  dont  deux  des  côtés  font  con- 
fus cnfemblc.  Comme  il  leur  couvre  tout-à-fait  le 
vifage ,  on  y  prarique  deux  trous  vis-à-vis  les  yeux, 
pour  qu'ilj  voient  à  fe  conduire. 

D.  de  Vert  dérive  coqueluchon  de  cucullio ,  o\x 
cucullus ,  &  ceux-là  du  mot  Gr:ec  Koukoullion  ■,  Sc 
de  Kuklos  ,  y.inXt; ,  un  cercle  ,  parce  que  le  capuce  , 
ou  capuchon  ,  ou  coqueluchon  ,  ferme  en  effet 


€  O  Ci 


C  G  d 


.    lin  cercle  âctour  du  viiage. 

COQUEMAR  ,  1".  m.  uRcnûle  de  cuifinc-,  efpèce  de 
pet  ayant  une  anie  ,  qui  fert  à  faire  bouillir  de 
l'eau  ,  £c  à  cuiie  p'.uficurs  chofes.  Cocnma.  Les  Bar- 
biers portent  avec  eux  leur  bafîin  i-c  leur  coqucm.ir. 
On  fait  des  coqucmars  de  terrejd'étain  /de  cuivre, 
d'argent. 

Ce  mot  vient  du  latin  ci/cuma  ,  chaudière ,  ou 
de  cucumarium  qui  efl  une  forte  de  vafc  ainfi  appelé, 
4juod.  ventnm  'hal'--t  magnum  iiti  cucumi's, 

COQUEPLUMtT.  \.  m.  Homme  qui  porte  des  plu- 
mes fur  Ion  cliapcau.  Batteur  de  pavé  ,  fiérabras , 
fendcur  de  naftaux.  Cotgrave  ell  le  feul  Lexico- 
graphe de  ma  connoiilance,qui  ait  placé  ce  niot  dans 
fon  Ditlionnaiie.  L'Archevêque  de  Lyon  ,  ou  plutôt 
■  l'Auteur  de  la  Harangue  (Nicolas  Rapin)  après  avoir 
fait  voit  que  la_Ligue  étoit  compoice  de  quantité 
de  fcélérats  &  de  vauriens  ;,  dit  qu'il  n'y  veut 
pas  comprendre  maints  Gentilshommes ,  &  autres 
qui  font  du  bois  dont  on  les  fait ,  ou  du  moins 
qui  en  ont  la  mine  ,  &:  fe  montrent  vaillans  coqiic- 
plitmets  fur  le  pavé  de  Paris.  Satyre  Méiiip.  in-S". 
page  6c). 

COQUEREAU  ,  f  m.  efpèce  de  petit  navire.'  Le  P. 

Léon. 
COQUERELLE.  f  f.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  dans 
l'Abbaye  de  Remiremont  à  de  certaines  femmes , 
dont  la  foniiiion  cft    de  garder  les  Chanoineiics 
depuis  rExrrcmc-Onélionjjuiqu'à  leur  enterrement. 
La   Doyenne  du  Chapitre  a  droit  de  nommer  le 
Solliciteur  dti  Chapitre  &  l'Ecolâtre  ,   de  placer 
l'Infirmière  &  les  Coquerelles,  &  les  deftituer  quand 
il  y  a  caufe.  Amelot  de  la  Hoits. 
COQUERELLES,  autrefois  COQCJERÉES,  f.  f.  ter- 
me de  Blaibn ,  qui  lignifie  de  petites  noifettcs  dans 
leurs  fourreaux  ,  toutes  vertes  ,  jointes  enfembleau 
nombre  de  trois ,  &  relies  qu'on  les  cueille  fur  les 
noiferiers.  AvclLince.  Il  y  en  a  dans  Técu  des  lieurs 
de  Montmagny.    Pierre  Huault  de  Montmagny  , 
qui  vivoiten  ijoo,  tige  des  Seigneurs  de  Bernay 
en  Brie,  portoit  d'or  à  là  face  d'azur  chargée  de 
trois  molettes  d'éperon  d'or,  accompagnée  de  trois 
bouquets  de  co.jitenllcs  de  gueules ,  deux  &;  im. 
Quelques-uns  tiennent  que  ce  font  des  oignons  de 
fleur.  I)'autces  difent   que  ce  foiit  des  vefliîs  ou 
bourfe?  de  l'alkakenge  ,  qui  ell  une  'efpèce  de  fo- 
ianum  ,  faites  comme  des  boutfes  qui  enferment 
un  grain  rouge  de  la  groffeur  de  l'anis  de  Verdun  , 
dont  on  fe  iert  pour  faire  des  bouquets  en- hiver. 
Ce  dernier  fentiment  cft  le  meilleur.  Dans  Ic^  ti- 
tres des  Chevaliers  de  Malte  du  nom  de  Huault , 
de  Vaires-BufTy  &:  de  Montmagny  ,  les  coquerel- 
les font  appelées  coquerées. 
COQUERET.  f  m.  Alkekengi.  Plante  que  qilelqiies 
uns  appeloient   autrefois  alkekenge  ,  ou  alkeken- 
gi. Ses  racines  fo-^t  longues  ,  noueules ,  genouil- 
lées,  traçantes,  &  poiUfent  plulieurs  tiges  hautes 
d'environ  un  pic  ,  m.enues ,  rougeâtres  ,    un  peu 
velues ,  mocleufes ,  noueules ,  &  garnies  à  l'endroit 
de  leurs  nœuds  de  feuilles, citernes   -,    plus   gran- 
des que   celles  de  la   morelle  ,    dentelées  fur  les 
bords ,  &  foûtenues  par  des  queues  longues  d'un 
pouce  environ.  Des  ailîelles  de  quelques-imes  de 
ces  feuilles  naiflent  des  fl?ars  ordinairement  feu- 
les ,  allez  grandes ,  blanchâtres ,  d'une  feule  pièce, 
taillées  en  manière  d'étoile ,  foûtenaes  par  un  pé- 
dicule d'un  pouce  de  long.  Le  piftil  qui  s'élève  du 
milieu  du  calice  ,  &  qui  enfile  la^fleur,  devienr 
après  fa  chute  une  baie  molle ,  de  la  grolfcur  &: 
delà  couleur  d'une  cerife  ,  &  remplie  de  femen- 
ces  plates  &  blanchâtres.    Cette  baie  eft  renfet- 
mée  dans  le  calice  ,  qui  a  pris  alors  la  figure  d'une 
velfie  rougeâtre.  Les   Médecins    ordonnent  cette 
plante  fous  le   nom  dt  foLinum  halïcacahum.  Ses 
baies  font  d'ufage  dans  les  maladies  de  la  veflîe. 
Il  y  a  plulieurs  autres  efpèces  de  coqueret ,  mais 
qui  font  étrangères.  Celle  qu'on  nomme  alktken<ii 
fruclu  parvo  veniciL'ato ,  In  fi.  R.  herl^,  eft  réputée 


'%'^'^ 


Vencneule  -,  &  plulieurs  Botaniftes  ont  cru  que  c  c^ 
toit  le  folaman  fornniferiim  maximum  ,  ou  la  mo- 
relle fomnifère  des  anciens.  On  n'oleroit  ffe  fervic 
intérieurement  de  cette  deri\ière  efpèce  ,  à"  caufe 
qu'elle  jette  dans  des  délires  affreux  -,  on  fe  conten- 
te fculcmefit  de  l'appliquer  extérieurement  'pour 
calmer  les  douleurs ,  &:  pour  procurer  le  fommeil. 
COQUERICO, f  m.  chant  du  coq.  Le  coq  cha'p- 
ta  coquenco.  Théâc.  Ital,  dans  la  pièce  intitulée 
les  Animaux  raisonnables ,  on  a  fait  ce  rondeàiï 
pour  la  poule. 

Coquerîco. 
J'entends  Jitôt  que  je  càquetle  , 
Coquerico. 
Autour  de  moi  mon  joli  coq  , 
Toujours  ardent  pour  fa  poulette  , 
A  chaque  moment  me  répète 

Coquerico.  Théâtre  de  la  Foire, 

COQLTERIQUEk,  v.  n.  tctme  dont  on  fe  fert  pour 
exprimer  la  manière  de  crier  du  coq.  Les  coqs 
coqucriquem.  Dans  les  campagnes  on  entend  co- 
queriqucr  les  coqs  qui  annoncent  le  point  du  jour. 

COQUÊPvON  ,  f.  m.  terme  de  Navigation.  Quel- 
ques-uns nomment  ainli  une  petite  cliambrc  ou  re- 
tranchement qui  cil:  à  l'avant  des  petits  batimens. 
On  le  nomme  ainli  ,   parce  qu'il  fert  de  cuifine. 

COQUES,  f.  f.  pi.  terme  de  pêche.  (Eufs  de  poif-^ 
ion  de  mer  que  l'on  emploie  pour  amorcer  les 
filets  ,  avec  Icfquels  on  pêche  les  fardines. 

COQUESIGRUE.  f.  f.  Alcnage  écrit  coquecigrue, 
Poiifon  de  Mer  qu'on  ^dit  fe  donner  des  clyllc- 
res  avec  l'eau  de  la  mer  ,  que  les  anciens  appe- 
loient  clyjîer.  A  Paris ,  dans  les  cabinets  des  cu- 
rieux ,  on  appelle  coquecigrue ,  les  coquilles  de 
Mer.  Conchcc.  Quelques-uns  fe  fervent  de  ce  mot 
pour  lignifier  quelque  chofe  de  frivole  ou  de  chi- 
mérique. Commentitiurn  qiiid.  Vous  nous  contez 
des  coquefigrues,  Garrire  nugas  ,  fabulas  narrare. 

Mon  efprit  à  cheval  fur  des  coquefigriies.  S.  Am. 

On  dit  proverbialemenr  qu'une  chofe  arrivera 
à  la  venue  des  coqucjlgrues  ;  pour  dire,  qu'elle  n'ar- 
rivera jamais:  un  coq  &:  iix  grues,  eft  le  rébus  de 
Locfigrues. 

Coquesigrue,  terme  de  Botanique.  Il  faut  dire  foc- 
ci^rue  ;  c'eft  un  fruit  qui  naît  à  un  arbre.  Cocci- 
gria  Theophrafli,  Il  eft  gros  comme  un  petit  graia 
de  veffe  &  vient  dans  unB  panache.  Le  bois  fert  à 
teindre  en  jaune,  &  s'appelle /}///<?/. 

?fr   COQUET  ,  ETTE,  adj.  quelquefois  employé 
fubftantivement.  Qui  cherche  à  plaire.  On  le  dit 
plus  fouvent  des  femmes.  Une  femme  coquette  elt 
celle  qui  cherche,  à  plaire,  à  paroître  aimable  à 
plulieurs  hommes  à  la  fois  ,  &:  qui  a  l'art  de  fe  les 
attacher  en  leur  failant  efpérer  un  bonheur  qu'elle 
eft  bien  décidée   à  leur  refufer.  Mulier  amatoriis 
blandimentis  dedita  ,  procorum  amans.  Il  ne  fut 
jamais  d'homme  plus  coquet.  Les  coquettes  tâchent 
d'engager  les  hommes ,  &  ne  veulent  pas  s'enga- 
get.  Je  ne  puis  fupporter  ces  coquets  ,  qui  em- 
brafl'entdix  ou  douze  intrigues  fans  aucun  amour  i 
&  qui  fe  font  cent  affaires  fans  en  avoir  une  feule, 
M.  ScuD.  Une  femme  co^7/e//<r  fe  foucie  peu  d'être 
aimée  -,  il  lui  fufïit  d'être  trouvée  aimable  ,  &  de 
palier  pour  belle.  Ce  qui  domine  en  elle,   c'eft 
la  vanité  &  la  légèreté.  La  Bru  y.  Les  coquettes  ne 
cherchent  en   amour  que  l'occupation  d'une   in- 
trigue ,  &:  l'émotion  d'efprit  que  donne  la  galan- 
terie. Roc.  Une  coquette  ne  fe  rend  jamais  fur  la 
palfion  de  plaire.  Se  fur  l'opinion  qu'elle  a  de  fa 
beauté.  La  Bruy.  Une  coquette  veut  avoir  plulieurs 
amufemens  à  la   fois.    Id.    Les    amans   fidèles  ont 
de  la  peine  à  mettre    les  coquettes  de   profellion 
au   rang  des  gens  d'honneur.  M.  Sctjd.    Une  co- 
quette n'aime  pas  la  perlbnne  de  fes  amans  ,   elle 
n'en   aime  que  les    pallions.  B.  Rab.  Voye^  Ga- 
lanterie et  Coquetterie.     .      , 

X  X  X  X  X  ij 


JOO 


COQ_ 


COQ. 


La  prude  donne  plus  de  gloire , 
La  coquette  plus  de  plaijir,  Id. 

On  dit  aiifTi  un  efprit  coquet  ,  un  air  coquet. 
Mcnage  ,  apiès  Pal'quier ,  dérive  ce  mot  de  coq. 
Mais  il  vient  plutôt  de  coquart  ,  vieux  mot  tran- 
çois,  qui  {\s,mi\c  jâfeur  ,  babillard. 

Le  mot  de  coquet  ,  quand  il  eft  lubftantif ,  eft 
moins  en  uiage  au  malculin   qu'au  féminin. 
COQUET,  r.  m.  Petit  bateau  qu'on  amène  Je  Nor- 
mandie .\   Paris.  Scapha. 
COQUETEP>.,v.  n.  quelquefois  ^Ol.V^kq  \z  coquet , 
la  coquette.  Se  plaire  à  conter  ou  à  écouter  des 
fleurettes.  Amatoriis  nugis  indulgere.  Les  jeunes 
taincans ,  les  femmes  galantes  ,  ne  font  autre  cho- 
.    ie  que  caqueter. 

Eve  aima  mieux  ,  peur  s'en  faire  conter  , 
Prêter  l'oreille  aux  f.eurettes  du  Diable, 
Que  d'être  femme  &  «t  ;;^z^  coquecer.  Saraz. 

Et  fi  Jafon  n'eut  coquêté  Médée , 
//  n'eût  jamais  en  Grèce  rapporté 
Cette  toifon  fifierement  gardée.  Id. 

CoQUETER  ,  fur  la  Mer  ,  fc  dit  d'un  homme  qui  , 
avec  un  aviron,  mène  un  yailîcau  par  Ion  arrière. 
Re/Tip  navem  retroducere. 

COQUETIER  ,  f,  m.  marchand  qui  amxne  ordinai- 
rement à  Paris  des  œufs ,  du  beurre  ,  des  volail- 
les ,/ du  poiilbn  de  fomme ,  &c.  Ovorum ,  biuy- 
Ti  ,volatilium  pecudum  piopola.  Gallinarius  de- 
liacus.  Dans  le  Traité  de  la  Pologne  ,  L.  V  ,T. 
XXXlll"  c.  8  ,  on  les  appelle  Fruitiers  ,  Coquetiers 
&c  Beuriers;  leur  communauté,  dit-on,  lut  origi- 
nairement formée  fous  le  nom  de  Regratiers  de 
fruit.  On  y  rapporte  d'anciens  Statuts  que  leur 
donna  Etienne  Boileau ,  Prévôt  de  Paris,  dans  la 
grande  réforme  qu'il  fît  de  la  police  ,  par  ordre 
de  S.  Louis ,  environ  l'an  IZ58.  Ceft  le  plus  an- 
cien de  nos  réglemens  de  police. 

En  quelques  provinces ,  on  dit  coquaciers  ou 
cocatiers  ■■,  les  anciens  les  nommoient  déliaques. 
Voye^  ce  mot. 

Coquetier  eft  auTi  un  petit  vaifleau  fervant  à  ta- 
ble ,  fait  en  forme  d'une  falière  ,  pour  porter  un 
œuf  à  la  coque.  Vafculum  ovo  fujiinendo  accom- 
modatum. 

COQUETTERIE,  f.  f.  Affeiflation  de  plaire  .à  plu- 
fieurs  perfonnes  à  la  fois  -,  dcHéin  général  de  pa- 
roître  aimable ,  &  de  traîner  après  foi  une  loule 
d'amans,  hnmoderatum  placendi  jludium.  La  co- 
quetterie eft  le  fond  de  l'humeur  des  femmes  ; 
mais  toutes  ne  la  mettent  pas  en  pratique  ,  parce 
que  la  coquetterie  de  .quelques-unes  eft  retenue 
par  la  crainte  ou  par  la  raifon.  Roch.  Après  tout, 
la  coquetterie  n'aboutit  qu'à  des  manières  enga- 
geantes qui  femblent  dire  tout ,  &:  qui  ne  dilént 
rien.  M.  Scud.  Toute  la  vertu  des  femmes  n'eft 
qu'une  habileté  à  cacher  leur  coquetterie,  S.  Evr. 
Un  cœur  ufé  par  mille  coquetteries  n'eft  pas  ca- 
pable d'une  grande  paillon.  M.  Scud. 

§3=-  Le  manège  de  la  coquetterie  exige  un  difccrne- 
nient  plus  fin  que  celui  de  la  politefîe  ;  car  pour- 
vti  qu'une  femme  polie  lefoit  envers  rout  le  monde, 
elle  a  toujours  aflcz  bien  tait  ;  mais  la  coquette 
petdroit  bientôt  fon  empire  par  cette  unitormitc 
mal  adroite.  A  force  de  vouloir  obliger  tous  Ls 
amans ,  elle  les  rebuteroit  tous.  Dans  la  focicté  ,  les 
manières  qu'on  prend  avec  tous  les  hommes ,  ne 
laiflent  pas  de  plaire  à  chacun  :  pourvu  qu'on  ioir 
bien  traité  ,  l'on  n'y  regarde  pas  de  li  près  fur  les 
préférences  -,  mais  en  amour ,  une  laveur  qui  n'eft 
pas  exclulive  eft  une  injure.  Un  homme  fenlîble 
aimeroit  cent  fois  mieux  être  feul  maltraité  ,  que 


carefle  avec  tous  les  autres  ,  &c  ce  qui  peut  arriver 
de  pis  ,  eft  de  n'être  point  diftingué. 

COQUILLAGE  ,  f.  m.  terme  collectif.  Poifibns  tefta- 
ces  ,  couverts  d'une  écaille  dure  &  toute  d'une 
pièce.  ConchiS  ,  conchylia  ,  tejLi.  Les  huitves  ,  les 
moules ,  les  tortues  ,  les  pourpres ,  fout  des  co- 
quillages. 

{jCT  On  appelle  ces  poifions  tefuicés  ,  parce  qu'ih 
font  recouverts  d'une  matière  dure  conuiie  une 
terre  cuite  ,  un  tell.  Tejhi. 

On  appelle  aulîi  coquillage,  l'écaillc  où  ces  pçif- 
fons  font  entcrmcE.  Concka.  Les  curieux  lent  des 
cabinets  remplis  de  coquillages  exquis.  On  trou- 
vera dans  Aldrovand  y  Eefner  ù  Fabius  Colnmna  y 
tout  ce  que  les  anciens  ont  dit  fur  la  matière  des 
coquillages.  En  iiîc)!  ,  Lifter  Anglois  a  publié  un 
in-folio  rempli  de  planches  ,  où  font  rcprciéntécs 
les  diverlés  fortes  de  coquillages.  Dans  le  prem.ier 
ordre,  il  a  i^n^i,c\c^  coquillages  terreftres  ;  danslc 
fécond  ,  les  coquillages  d'eau  douce  ,  tant  ceux 
qu'on  appelle  turbin.ita  ,  que  les  bivalvia.  Il  a 
diipofé  dans  le  troifième  ,  toutes  les  coquilles  de 
mer .,  les  bivalvia  èc  les  rnultivalvia  ;  &c  dans  le 
quatrième  ,  il  a  divifé  en  pluiieurs  claffcs  ,  les  co- 
quilles de  Mer  qu'on  nonmie  turbinata. 

On  trouve  dans  la  terre  &  dans  des  carrières , 
en  des  lieux  très-éloignés  de  la  mer,  &jufques  fur 
le  fommet  des  montagnes ,  des  coquillages  folliles 
Hc  d'autres  corps  étrangers  ,  qui  onr  fait ,  depuis 
quelques  années,  le  iujet  de  pluiîeurs  diflertations 
des  plus  habiles  Naturaliftes.    Foye^  Fossile    & 

DÉLUGE. 

£Cr  Piufeurs  favans  Fhyficiens,  &  particulièremeni; 
M.  Woodward,  ont  prétendu  que  les  vaftes  cou- 
ches de  coquillages ,  difpofées  comme  des  lits  de 
marne  ou  de  pierre  en  ditfcrens  endroits ,  foit  dans 
les  plaines ,  loit  dans  les  racines  des  montagnes,  & 
même  jufqu'à  leur  fommet ,  y  avoient  été  ainli  dé- 
pofées  par  les  eaux  du  déluge.  Il  eft  cependant 
difficile,  de  concevoir  comment ,  dans  un  eipace 
auiîi  court  que  celui  d'une  année  ,  les  eaux  du  dé- 
luge auroient  pu  former  les  longues  chaînes  de 
montagnes,  comme  les  Alpes,  les  Pyrénées  &  les 
Cordillieres  eu  Pérou ,  dans  lefqueJles  on  trouve 
en  beaucoup  d'endroits  de  ces  couches  horifon- 
talcs. 

{tCJ*  Quelques  autres  Phyficiens ,  mais  en  plus  petit 
nombre ,  prétendent  que  c'eft  la  mer  feule  qui  a 
formé  ces  vaftes  lits  de  coquillages ,  que  l'on  trouve 
<çuek]uefois  jufqu'à  une  très-grande  profondeur, 
comme  jufqu'à  uiie  très-grande  hauteur.  La  mer , 
difent-ils,  a  couvert  pendant  une  très-longue  fuite 
de  fiècles  toute  la  furtace  du  globe.  Ce  n'eft  qu'a- 
près une  rrès-grande  fuccedion  de  temps ,  qu'elle 
a  été  réduite  dans  les  bornes  que  nous  lui  con- 
noiflbns.  Comnie  elle  fe  forme  aujourd'hui  des 
rivages ,  des  bancs ,  qu'elle  détruit  d'un  côté  pour 
tranfporrcr  de  l'autre  ,  qu'elle  creufe  dans  certains 
endroits ,  pour  amonceler  les  débris  dans  d'autres, 
elle  la  fait  daris  tous  les  temps  -,  c'eft  ainfi  qu'en  dé- 
pofant  fucceirivemcnt  des  coquillages ,  des  fables, 
des  débris ,  elle  a  formé  en  différens  endroits  de  la 
terre  les  montagnes,  dont  la  hauteur  &  la  vafte 
étendue  nous  étonnent.  Voye^  ce  fentiment  ,-ex- 
pofé  avec  tous  les  charmes  de  l'éloquence ,  dans 
VHifloire  Naturelle  de  M.  de  Boffon,  tom.   1. 

M.  Gerfaint,  marchand  de  Paris ,  a  donné,  en 
175Ô,  un  excellent  ouvrage  fur  ce  fujer  fous  le  ti- 
tre àz  Catalogue  raifonné  des  coquilles  ,  Sec' avec 
une  lifte  des  principaux  cabiners  ,  &:  une  autre 
lifte  des  Auteurs  les  plus  rares  qui  onr  traité  de 
cette  matière.  Cer  ouvrage  eft  très- bien  ccrir , 
avec  goiit  ,  avec  jugement  ,  &  le  plus  inftrudif 
que  l'on  ait  fur  ce  ilijet. 

On  a  donné  dans  les  Tranjacllons  philofophi- 
ques  de  1735  ,  /».  ijf' ,  une  nouvelle  méthode  de 
divifer  les  coquillages  félon  leurs  genres  &  leurs 
efpèces  ,  &:  de  les  ranger  dans  les  cabinets.  Elis    .    |j 


co  a 

eft  Je  M.  Breym  ,   dans  un  livre  intitulé  :  Dif-  \ 
fcnoiùa  Phyjica,  di  PolyihcJamus.  Godani ,  1751.  I 


CO  Q_ 


901 

Elle  peut  être  utile  aux  Naturaliftcs  &:  aux  cu- 
rieux, La  voici. 


Tubulus. 


Monothalamia. 


t 


Cochlidium. 


TubulofU, 


Tefua. 


P^afculofa. 


Dentalia. 

Entalia. 

Solen  iinivalvis  laide^ 

Belemnites  PrujJ, 

Najitilus  tenuis. 

Auris  marina., 

Nerica. 

Cochlea. 

Buccimim. 

Murex. 

Cajjis, 

Cylindrurn,  |k 

Voliita. 

Porcellana, 

Ndutilus. 

^   ,    ,    ,      ■  r,  ,    1    ,      ■  j  Amnionia. 

Polymalamia,  Polythiiutmuim.    -s  j^i[uus. 

Orthocerata, 

Patdla. 

Chanca. 

Mytulus, 

Tellen, 

Pinna. 

OJtrea. 

Peclen. 

Anomici. 

PhoLis. 

Coucha.  Anatifcra. 

Balanus. 

Echinometra. 

Echinoconos. 

Eclïinocory^. 

Echinanîhos, 

Echinofpatageus, 

Echinobrijlus. 

Echinoj'dicus. 


Simplex. 


Compojita. 


Lepas, 


Coucha, 


Conchoides. 
Biilauus, 

Echimis, 


Coquillage    fîrnifîe    aufîî    l'ouvrage    fait  de    co- 
quilles ,   comme  on  en  voie  dans  les  grottes  ar- 
tificielles,  &  dans  les  cabinets  des  curieux.  Alors 
c'efl:  un  arrangement  de  diverles  coquilles.  Opus 
conchyUatum. 
COQUlLLART  ,  f.  m.  terme  de  Carrier.  Cefl  un 
des  bancs  ,  ou  lits  de  pierre  de  taille  ,  qui  le  trou- 
vent  dans  les  carrières,    où  il  eft  ordinairement 
le   quatrième.   On  l'appelle    co^juilUrt ,    à    caufe 
des  petits  coquillages  dont  il  eft  tout  rempli. 
COQUILLE,  L  f.couvcrture^ou  coque  des  limaçons, 
&  des  poiflbns  que  les  Naturaliftcs  appellent  te- 
Jiacés ,   comme   les  moules ,   pourpres ,   limas  de 
mer ,  &c.  Coucha.  La  coquille  d'un  limaçon ,  co- 
chlea ,  tCjQa.  Bonnanus  remarque  que  les  animaux 
à  coquilles  n'ont  point  de  diverlité  de  Texe  i  qu'ils 
n'ont  point  d'œuF,    parce  qu'ils    n'ont  point  de 
fang  -,  que  s'ils  ont  quelque  choie  d'analogue  aux 
œufs ,  c'eft  plutôt  pour  leur  nourriture  ,  que  pour 
,  la   propagation   de   l'elpèce.     Voye^^  fon  Traité  , 
intitulé,  Recreatio  mentis  &  oculi  in  ohfervacione 
animalium  t.:  (lace  or  uni ,  &c. 

Les  coquilles  font  d'une  ou  de  deux  pièces ,  ce 
que    l'on   appelle  univahes  ou  bivalves  ;  Se  par 
conféqucnt  il  ne  dcvroit  y  avoir  que  deux  clafles 
générales.    Cependant    on    en  fait  ordinairement 
trois  ,    patce    que  l'on    divife  en  ^leux  celle  des 
■univalves.  On  peut  do"c  appeler  la  première  clafle 
des  univalves  qui  ne  font  pas  turhinées  ,  o  i  qui 
ne  forment  nulle  volute  ,    en   latin   teflacex  non 
turhinata.  La  féconde  clalfe  eft  celle  des  univalves 
turhinées  01  turbinites  ,   qui  forment  une  volute  , 
en  latin  te^acea  mrbinata.  La  troifîème  clatfe  eft 
celle  des  bivalves  ,  tejlacea  bivalvia  ,    quoi  qu'à 
la   prendre  à  la  rigueur,  les  univalves  de  la  fé- 
conde claife  puiflent  être  appelées  bivalves,  ainfi 
que   celles    qui  font    à  deux  pottes  ou  battans  , 
parce  que  l'animal  de  prefque  toutes  ces  efpèces 


a  un  opercule  ou  couvercule  engendre  avec  lui, 
&  attaché  à  une  partie  de  fa  peau  ,  comme  l'ongle 
l'cft  à  la  chair ,  qui  lui  fert  de  défenfe  ,  avec  le- 
quel il  le  ferme  toutes  les  fois  qu'il  fe  veut  re- 
tirer dans  fon  étui.  La  nature  a  ftit  cette  potte 
ii  jufte ,  &  li  bien  proportionnée  ,  qu'il  eft  impof- 
fible  d'appercevoir  la  moindre  joinf.re  quand  l'a- 
nimal y  eft  enfermé.  On  peut  obferver  la  même 
exaélitude  dans  les  bivalves ,  qui  ont  des  char- 
nières fi  liantes  &li  juftes ,  &dont  les  deux  battans, 
malgré  leurs  contours  &  leurs  formes  irrégulières , 
ferment  avec  tant  d'exaiflitude  ,  que  l'Orfèvre 
le  plus  adroit  ne  pourroit 'parvenir  à  cette  pré- 
cifion.  Merc,  de  Fev.  175 5. 
IJCr  On  appelle  génétalcment  coquilles  multivalves 
celles  qui  font  compofées  de  plulieurs  pièces,  de 
trois ,  de  cinq  ,  de  douze  ,  6fc.  Toutes  les  co- 
quilles de  terre  font  univalves^  Celles  d'eau  douce  , 
univalves  ou  bivalves.  Celles  de  mer  font  des  trois 
efpèces. 

On  appelle  coquilles  à  oreilles ,  celles  qui  ont 
deux  pointes  en  haut,  comme  celles  de  S.  Jac- 
ques. Voici  le  nom  des  coquilles  les  plus  tares  & 
les  plus  curieufes.  La  couronne  papale ,  qui  tire 
fon  nom  de  ia  forme ,  &:  qui  fur  un  fond  blanc 
eft  toute  marquée  de  rouge.  Tiara  pontificia.  La 
plume ,  dont  la  blancheuf  &  les  marques  incar- 
nates rangées  avec  fymétrie  ,  font  un  (i  bel  effet. 
Penna.  VHebraïjue  ,  qui  a  fut  un  fond  blanc 
comme  neige,  des  marques  noires  comme dujayet , 
fort  femblables  aux  caraiffcres  Hébreux.  H.braïca. 
Le  limaçon  de  U  Chine ,  qui  a  fur  du  minime  brun  , 
une  broderie  verte  &  noire.  Limax  Jinicus.  Le 
drap  d^or ,  qui  a  un  tiflli  admirable  de  jaune,  de 
brun  &  de  blanc.  Textile  aureum.  Le  drap  d'ar- 
frent^  qui  ne  le  cède  point  en  beauté  au  drap 
d'or.  Textile  ar<ienteum,  ht  léopard,  qui  eft  tout 
moucheté   P ardus.  Le  tigre  ou  la  coquille  grife  , 


502.  COQ, 

dont  la  moucheture  eft  encore  plus  bell?,  Tigris  y 
Jeu  coucha  cineracta.  Le  ériançon ,  dont  l'email 
eft  mêlé  d'une  manière  charmante.  Briancion,  La 
corne  de  cerf ,  qui  a  des  taches  noires  l'ur  un  tond 
blanc.  Cervinum  cornu.  La  corne  geke  ,  dont  on 
admire  la  diveriké.  Gelatum  cornu,  La  tannée  , 
que  pluiicurs  tiennent  pour  la  plus  belle  ,  à  caule 
du  mélanine  étonnant  de  Ion  blanc  &  de  ion  tanné. 
Itulva,  La  bourfe ,  ainli  nommée  à  caulé  de  la  fi- 
gure, a  une  broderie  mêlée  de  trois  ou  quatre 
couleurs.  Cr amena.  Le  cadran  ,  que  l'on  appelle 
ainli  à  caufe  de  la  forme.  Solariuw  m.fnuaiiuin. 
La  chenille  ,  paTce  qu'elle  rcHemble  a  cer  inlècle. 
Eruca.  Il  y  a  encore  la  fuféj  ,  Peribolus.  La  Ne- 
rite  ,  Nentes  ;  le  I.epas ,  Lepa/za  ;  VApporrays  , 
Aj^wrays  -,  Ix  Trompe,  Tuba  ;  lo.  CaJ'que,  Gakx\ 
le"  Nautile  blanc-,  NautiUs  canduLi  ;  &C  quelques 
autres  dont  on  voit  le  dedans ,  &;  qui  n'ont  point 
d'oreilles  ,  s'appellent  Vans  ou  Vannets. 
Coquille  fe  dit  aufîl  de  la  coque  ou  couverture  de 
l'isnir".  Ovi  putamen.  Des  que  le  pouiTin  clt  ibrci 
de  Ta  coquille  ,  il  cherche  à  béqueter.  On  dit  aufli , 
une  coquille  de  noix.  Nucis  putamen.  Voyez 
Coque. 
^C?  On  dit  proverbialement  qu'un  homme  vend 
bien  fes  coquilles,  fait  bien  valoir  i'es  co^juilles  ;  pour 
dire  ,  qu'il  fait  bien  faire  valoir  fes  marchan.iiies  , 
&  tirer  parti  de  ion  travail. 

On  dit  auHi  proverbialement ,  rcnrrer  dans  fa 
êoquille  \  pour  dire  ,  lé  rerirer  d'une  entierriié 
téméraire  ^  pour  dire  ,  qu'une  perfonne  cli:  fort 
jeune ,  on  dit  qu'elle  ne  fait  -que  fbrtir  de  la  co- 
quille. Ac.  Fr. 
§Cr  En  termes  de  Blafon  on  ne  diftinguc  les  co- 
quilles que  pat  leur  grandeur.  Les  petites  s'ap- 
pellent coquilles  de  S.  Michel,  les  plus  grandes 
s'appellent  de  S.  Jacques. 
IJCT  Quelques-uns  cependant  prétendent  que  celles 

dont  on  voit  le   dedans  s'appellent  Vannes. 
lifT  Coquille  i/?  «rtVrf,  grande  cyy«z7/t;    plate,  qui 
a  le  brillant,  la  couleur  &:  l'éclat  des  plus  belles 
perles  d'Orient. 
Coquille  fedit,  en  termes  de  Méchaniquej  de  la 
partie  d'un    tuyau,    fur  laquelle   porte    une  foa- 
pape.    Des   foupapes  de  fonte  parfairemenr  bien 
"     faites  &  bien  drcifées  fur  leurs  coquilles,  Ac.  des 
;     Se.  1705.  Hiji.  p.  95.  Les  furfaces  des  foupapes 
doivent  être  appliquées  le  plus  exaélement  qu'il 
eft  Doifible   à  celles  de  leurs  coquilles. 
■Coquille.  On  appelle  auiTi  de  la  forte  ,  en  termes  de 
Boutonnericj  la  lame  ou  feuille  de  métal  j  quia 
été  emboutie  ,  &  dont  on  couvre  le  moule  de  bois 
du  boiton. 
Coquille  eft  audl  un  petit  inftrument  decuivre ,  dont 
,     fè  fervent  les  Lapidaires  pour  tailler  le  diamant ,  Se 

quelques  autres  pierres  prccieufes. 
Coquille,   terme    d'Architedure.   C'eft  une  voûte 
en  quart  de  fphère  ouverte  ,  donr  le  pôle  eft  au 
milieu  du  fond  fur  l'impoftc,  duquel  s'élèvent  des 
rangs  de  vouflbirs  qui  s'élargiffent  comme  les  côtes 
des  coquilles  jufqu'à  la  face.^Elle  fert  .à  couvrir  des 
niches.  Frézier. 
Coquille  eT-  aulîi  un  ornement  de  Sculpture  imité 
des  conques  marines  *  on  appelle  coquilles   dou- 
bles ,  celles  qui  ont  deux  ou  trois  lèvres.  Les  Char- 
pentiers   appellent  coquilles  d'efcalier  ,  le  defîlis 
des  marches  d'un  efcalier  à  vis   de  pierre  ,    lef- 
quelles  tournent  en  limaçon ,  &:  portent  leur  dclar- 
demenc.  Cochleiz.  C'eft  le  parement  inférieur  des 
marches  d'un  efcalier  tournant ,  délardées  fa,ns  ref 
faut  ou  avec  de  petits  reffauts.    C'eft  une  iurface 
hélicoïde.  Frézier. 
§Cr  CoQini LE  ,  rcrme  de  Charron,  planche  fcul^^e 
en  coquille,    qui   fert  à  appuyer  le  pié  du    »^0- 
cl^er. 
Coquilles  à  boulet ,  terme  d'Artillerie.  Ce  font  deux 
coquilles  qui   fe  ioisnent,    &  fe  ferrenr  enfcmble 
quand  on  y  coule  le  1er  pour  former  le  boulet. 
Cette  jointure  n'eft  jamais  fi  jufte,  qu'il  n'en  ibrse 


COQ 


;  un  peu  de  métal  qu'on  appelle  barbe,  &  que  l'on 
/  caffe  pour  arrondir  le  boulet. 
Coquille,  en  termes  d'Anatomie,  eft  cette  partie 
de  l'oreille  interne  qu'on  appelle  autrement  le  li- 
maijon,  Z-/>«cîa:.  Voyez  Limaçon.  Quelques-uns  ont 
donné  aufli  le  nom  de  coquille ,  de  conque  ou  de 
baflin  ,  à  une  autre  partie  de  l'oreille  inrerne  , 
appelée  ordinairement  la  c ai jje  du  tambour.  Concha, 
Voyez  Oreille. 
Coquille  fe  dit  encore  de  plufieurs  ouvr;iges  qui  re- 
préfentent  la  figure  des  coquilles.  I^  pliiparr  des 
balfins,  des  fontaines,  des  cafcadcs ,  des  gargouilles , 
font  faits  en  coquilles.  Des  lièg»  de  rapilîéne  faits 
en  coquille.Unc  garde  d'epée,  une  garde  en  coquille. 
On  appelle  coqui/le,ce  qui  fert  à  lever  le  loquet  d'une 
porte  parce  qu'il  eft  fait  en  coquille.  Les  Orfèvres  ap- 
pellent auffi  la  coquille  d'une  plaque  d'argent ,  la 
coquille  d'une  anfe  ,  d'une  aiguière ,  parce  qu'elles 
reprélénient  la  figure  d'une  coquille.  En  général 
les  Ouvriers  appellent  coquille  deux  moitiés  de 
métal  deftinées  à  être  foudées  enfemble  :  comme 
la  moitié  d'une  boule.  On  appeloit  ^autrefois 
coquille ,  une  efpèee  de  coiffure  de  femme ,  qui 
a  donné  le  nom  à  la  rue  CoquiUi'ere  où  fc  fai- 
foienr  ces  fortes  de  coéfïures.  Conchxta  mulisris 
mitella. 
Coquille.  C'eft  le  nom  d'un  Ordre  de  Chevalerie  , 
inftituc  par  un  Comte  d'Hollande  en  12,92..  Mo- 
iréri  dit  que  Thierri  de  Lynden  11^  étoit  de  cet 
Ordre  militaire ,  qui  fut  érigé  en  l'honneur  de 
S.  Jacques. 

M.  de  Thôu  appelle  les  Chevaliers  de  l'Ordre 
de  S.  Michel  ,  inftitués  par  Louis  XL  ConchyJia- 
tos  Equités  ,  c'eft-à-dire  ,  des  Chevaliers  à  coquille 
ou  des  Coquillards. 

Ce  mot  vient  du  latin  Conchula  ,  diminutif  de 
Concha  ou  de  Conchylium.  On  appelle  aufll  l'Ordre 
du  Navire  inftitué  par  S.  Louis   en  \x6^.  Ordre 
du  Navire  &  des  Coquilles.   Voyez  Navire  ,  & 
r.Vbhé  Juftiniani ,    T.  II ,  c.  45. 
COQUILLER  ,  f  m.  colleélion  de  coquilles  ou  le 
lieu  où  on  les  rafîémblé.  Les  coquilles  qui  con- 
viennent le  mieux  aux  curieux  ,  font  celles  de  la 
moyenne  cfpècc  ,  dont  on  fait  des  fuites  ,   6c  qu'on 
range  fur  du  coron  avec  art  &  intelligence  dans 
un  cabinet  compofé  de  tiroirs  de  différentes  gran- 
deurs ,    doublés   de  fatin  blanc  ou  autre  érofïé , 
avec  compartimens.  Ces  cabinets  s'appillrnt  Co- 
quilliers.    Merc.  Fev.   175^.  Ces  objets  vous    fbnc 
familiers  :  le  tout  eft  d'après  le  riche  Coijuillier 
que  vous    avez  fî  fouvcnt    parcouru.  Spccl.  de  la 
Nat.  Conchyliorutn  tolltcîio,  concharnm  arca  oU 
cimelium, 
ÇfZt  Les  Eventailliftes  appellent  aufîl  to^rv/V/er,  une 
petite  boîte  divifce  en  plulîeurs  cellules  dans  lef^ 
quelles  ils  placent  les  coquilles  qui  contiennent 
les  couleurs  dont  ils  fe  fervent. 
COQUILLItRE.    adj.    f.   Les    Maçons    appellent 
des  pierres  coquilli'eres  ,  celles  dans  lefquclles  il  fe 
rrouve  des  coquilles.  Les  pierres  coquillieres.qais 
l'on  trouve  dans  de  cerrains  lieux,  font  la  preuve 
que  la  mer  inondoit  autrefois  ces  lieux-là. 
COQITILLON ,  f  m.  terme  de  Monnoies.  Coqinlîon 
d'affinage  d'argenr,    c'eft  l'argent  qui  s'attache  nu 
bout  de  la  canne  en  forme  de  coquille  quard  on 
le  rerire  de  la  coup-elle.  Quand  l'argent  a  été  bien 
purifié  &;  affiné  dans  la  coupelle,  &  qu'il  pareîc 
de  couleur  d'opale,   on  le  retire  avec  une  barre 
tie  fer  en  manière  de  grolfe  canne  ,  qu'on  appelle 
aufTi  une  canne.    L'argent  s'attache  en  forme  de 
coquille  nu  bout  de  la  canne,  quand  il  n'y  refte 
plus  de  plomb  ,    &  que  l'argent  eft  pur  &  fîn  -, 
&  par  ce  moyen  on  retire  l'argent  à  plufîeurs  fois 
en  coquilles  de  différenrcs  grofleu»-?  :  on  appelle 
cette    manière  ,    retirer    l'argent    en     coquillons. 

BoiZARD. 

COQUIMBO.  Ville  de  l'Amérique  m.érîdionale  au 
Chili.  On  la  nomme  aufîi  la  Serena.  Elle  diffère 
du  Kiéridien  de  Paris  de  40,  54',  ij"  occid.  ou 


COQ 

75°  5  55']  4î"-  Sa  longitude  eft  de  18 jo,  31',  ij". 
Latitude  du  mcrid.  290,  54',  40". 
CiCr  COQUIN  ,  INE ,  teime  d'injure  &c  de  mépris 
qui  iignifioit  originairement  un  homme  vil  &c  mé- 
priiable.  Nous  le  dilbns  quelquefois  comme  fyno- 
nime  de  lâche  ,  infâme.  C'ell:  un  coquin  qui  pour 
le  moindre  intérêt  trahiroit  ibn  ami.  On  dit  d'une 
tèmme  qui  lé  proftitue ,  que  c'eft  une  coquine. 

Je  révois  cette  nuit  que  de  mal  confumé  , 
Côte  à  côte  d'un  pauvre  on  niavou  inhumé  ; 
Mais  ne  pouvant  jouQrir  ce  fâcheux  voijînage  y 
En  mort  de  qualité  je  lui  tins  ce  langage  : 
Retire-toi ,  coquin  ,  vas  pourrir  lom  d'ici , 
//  ne  t'appartient  pas  de  m' approcher  ainji. 
Coquin  l  ce  me  dit-il,  d'une  arrogance  extrzme-, 
Vas  chercher  tes  coquins  ailleurs ,  coquin  toi-même: 
Ici  tous  j'ont  égaux  ,  je  ne  te  dois  plus  rien  : 
Je  fuis  fur  mon  fumier  ,  comme  toi  fur  le  tien. 

Patris. 

Ce  mot  vient  de  coquus ,  comme  qui  diroit,  il 
ne  bouge  de  la  cuifine.  En  vieux  trançois  ,  on  ap- 
peloit  coquine  ,  un  pot ,  ou  marmite  :  d'où  vient 
que  le  vrai  coquin  eft  celui  qui  luit  les  cuilines 
d'autrui  pour  vivre.  Plaute  témoigne  qu'on  a  donne 
le  nom  de  cocus  à  un  larron  ;  &c  Du  Cange  uit 
que  dans  la  bafle  latinité  on  a  appe  é  cocciones , 
des  vagabonds  qui  hantent  les  foires  pour  dérober 
les  Marchands ,  &  couper  des  bourlés.  Les  Jc- 
fuites d'Anvers  dilént  aufîi  qu'originairement  le  mot 
coquin,  coquinus  ,  vient  de  coquus,  cuiiinier ,  S>i 
qu'il  ne  s'eft  dit  que  des  plus  bas  officiers  de  cui- 
fine ,  &  cnfuite  des  gens  les  plus  vils  &  les  plus 
mépriiablcs.  Jcl.i.  SS.  Mail,   T.  IV,  p.  549.  E. 

^5°  On  dit  communément  d'une  femme  qui  fe  proi- 
titue ,  que  c'efl:  une  coquine.  Ce  mot  ell  quelque- 
fois employé  adjectivement  dans  le  ftyle  familier 
ou  bourgeois,  comme  quand  on  dit,  métier  co- 
quin, vie  coquine;  povn  àke,  un  métier,  un  gen- 
re de  vie  qui  plaît ,  qui  accoquine  ,  parce  qu'il  n'y 
a  rien  à  foire. 

COQUIN.  Coquinus.  Le  peuple  de  Liège  a  donné 
autrefois  ce  nom  à  une  Communauté  établie  à  Liè- 
ge par  Lambert  le  Bègue  ,  l'an  1150,  qui  donna 
à  ces  Coquins  une  maiion  &  un  fonds.  Voye:^  Petr. 
Cocus,  Difo.  Hilt.  de  Beguinar,  Onff.  &  le  P.  Hé- 
lyot,  T.  FUI.  /3. 

COQUINAILLE  ,  f.  f.  terme  populaire  ,  troupe  de 
coquins ,  de  gueux,  Pomey.  Fxx  hominum ,  plebis 
quifquilicz, 

COQUINE,  f.  f.  mot  du  vieux  langage,  qui  figni- 
fîoit  un  pot.  Borel  fait  venir  de-là  le  nom  de  co- 
quin, qu'on  donne  à  unmifcrable,  comme  vou- 
lant dire  :  qui  a  belbin  d'aller  dans  les  cuifînes  d'au- 
trui pour  vivre.  On  a  dit  auili  Coquelle ,  dans  le 
même  fens. 

"COQUINER,  V.  n.  faire  le  métier  de  coquin  ,  gueu- 
fer,  PoMEY.  Mendicare  ,  mendicato  vivere.  11  n'cfl: 
pas  d'ufage. 

CÔQUINERIE  ,  f.  f,  aeftion  qui  n'appartient  qu'à 
un  coquin,  Ignavum  ,  pudendum  facinus.  Cet  hom- 
me a  fait  une  grande  coquinerie.  Il  eft  auffi  du  fty- 
le  familier. 

COQUIOLE.  r.  f.Fefiuca,  on  uEgylops.  Efpèce  de 
Chiendent  qui  a  pris  ce  dernier  nom  latin  de  ce 
qu'on  prétendoitque  cette  plante  étoit  bonne  pour 
la  maladie  des  yeux  appelée  ^gylops.  Les  Anciens 
croyoient  que  la  coquiole  n'étoit  qu'un  orge  dé- 
généré -,  mais  aujourd'hui  l'on  nie  avec  raifon  ces 
prétendues  mutations.  Daléchamp  eft  peut-être  le 
feul  qui  s'eft  fervi  du  mot  de  coquiole, 
COQUO,  Garcix.  Voyez  Coco, 

COR. 

COR  )  f.  m.  efpèce  de  calus  ou  de  durillon  qui  fe 
forme  aux  doigts  des  pies.  Clavus ,  gemurfa.  Les 
cors  viennent  §fF  d'une  trop  grande  comprelfion 


COR 


iV 


50  g 


de  la  peau  caufée  par  une  chau/Ture  trop  étroite. 
La  peau  fe  détruit  &  forme  un  nœud.  Il  eft  dan- 
gereux d'appliquer  fur  ks  cors  des  remèdes  cor- 
rofift. 

CORjf.  m.  tromperie  de  chaflcur  ,  inftrument  de 
cuivre  tourné  en  plulicurs  cercL-s,  dans  lequel  on 
fouitle  pour  faire  un  grand  bruir  qui  anime  &  qui 
rappelle  les  chiens  &  les  challéurs.  Cornu.  On  dit, 
donner  du  cor  ,  fonner  du  cor.  On  falloir  autrefois 
des  cors  d'yvoire. 

Mais  le  coïfonne  la  retraite , 

Sous  les  eaux  l'aflre  du  jour  fuit,        ' 

Un  repas  ruflique  s'apprcte  , 

Déjà  le  feu  chaffe  la  nuit.  Nouv.  CH.  de  vers. 

Les  Chafleurs  ont  un  petit  cor  qu'on  appelle 
huchet,qm  eft  un  tuyau  de  cuivre  recourbé  fans  au- 
cun retour,  étroit  par  l'embouchure  ,  &  large  pair 
l'autre  bour.  Il  y  a  auffi  des  cors  qui  ont  un  retour 
au  milieu  comme  un  anneau  ,  qu'on  appelle  trom- 
pes ;  &  des  cors  tortillés  qui  ont  jufqu'à  huit  ou 
neui:  retours  qui  font  plus  en  ufage  dans  les  concerts. 
Le  grand  cort^  de  même  figure  que  le  huchcr,  m.ais 
bien  de  plus  grand  volume.  On  peut  donner  au  cor 
toute  l'étendue  d'une  trompette.  L'endroit  pat  où 
l'on  embouche  le  cor ,  fe  nomme  local ,  qu'on  fait 
d'argent ,  de  cuivre,  de  corne  ,  ou  de  bois.  L'au- 
tre extrémité ,  qui  eft  fort  large  ,  s'appelle  le  pa- 
villon. 

Il  y  a  auHi  de  petits  cors  de  la  même  figure, 
dont  fe  fervent  les  Portillons ,  qu'ils  portcntpen- 
dus  à  leur  cou.  Les  Vachers  &  les  Bergers  ont  auf- 
fi des  cors  qu'ils  font  de  cornes  de  béliers  ou  ds 
bœufs,  dont  ils  coupent  le  petit  bout  po  ir  faire 
l'embouchure  ,  où  ils  ajoutent  un  petit  b^ton  de 
fureau  percé  &  cretifé,  qui  fert  de  portevent  &  de 
bocal.  Ces  fortes  de  cors  s'appellent  propnment 
cornjts-à-louquin.  Lc^  Hébreux  ie  fervoient  de  ces 
cors  faits  de  cornes  de  bélier  pour  annoncer  le  Ju- 
bilé ,  dont  le  nom  Juéel  fignifie  lelier ,  corne  de 
bélier  ,d'où  eft  venu  le  mor jubile. 

On  dit  proverbialement,  par  une  métaphore  ti- 
rée de  la  chaffe  ,  qu'on  a  cherché  quelqu'un  à  cor 
&  .1  cri  ;  pour  dire  ,  qu'on  a  fait  toute  la  diligence 
poffible  pour  le  trouver.  Omni  fludiu  ac  diligentiày 
remis  velif^ue,  ou  velis  equifque. 

On  le  dit  auffi  de  la  pourfuirc  d'une  affaire  qu'on 
fait  hautement  &  avec  éclat.  Omni  contentione, 
intentis  animis  ac  viribus. 

Cor  ,  en  termes  de  Chaffe ,  fe  dit  des  pointes  ou  che- 
villures  fortans  du  marrein  de  la  tête  des  cerfa 
fur  chaque  branche  au  defîbus  du  furandouiller. 
Cornuum  cervinorum  ramiili  ,  rami.  Un  cerf 
dix  cors. 

Cor  de  mer  ,  coquille  rude  par  dehors ,  unie  Sc 
blanche  par  dedans,  larg»  par  le  milieu ,  qui  va  en 
pointe  ,  &  qui  eft  propre  à  recevoir  la  bouche ,  afin 
de  corner. 

Cette  coquille  renferme  une  forte  de  poifîbn, 
RoN. 

CORACES  ,  f.  m.  pi.  terme  de  Mythologie.  Minif- 
très  de  Mithtas.  Foye:;^  Mitrtaques, 

CORACITE.  f.  f.  Coracites.  Pierre  figurée.  Elle  efl 
femblable  à  la  couleur  du  corbeau. 

CORACOBRACHIAL,  adj.  &  f  m.  terme  d'Ana. 
tomie.  Coracobrachialis  mufculus.  Le  Coracnbra- 
chial  eft  un  mufcle  long  du  côté  interne  de  la 
moitié  fupéiieurc  de  l'os  du  bras ,  c'eft  -  .1  -  dire  du 
côté  qui  répond  direélemenr  à  l'hcmifphère  de  la 
tête  de  cet  os ,  ^:  au  condyle  fiillant  &  interne. 
Il  eft  attaché  en  haut  à  la  pointe  du  bec  caracoï- 
de ,  entre  les  attaches  du  biceps  &  du  petit  pec- 
toral ,  par  un  tendon  qui  en  defcendant  eft  joint 
par  une  adhérence  allez  étendue  aux  tendons  de  ces 
deux  mufcles.  Enfuite  il  defcend  tout  charnu  ,  gc 
s'attache  obliquement  pat  une  extrémité  élargie , 
mince  &  très-peu  tendineufe  à  la  partie  moyen- 
ne de  l'os  du  bras ,  tout  le  long  de  la  petite  ban- 


^04  COR 

d.lette  ligamenteufe,  qui  bride  les  attaches  du  grand 
dorl'al  rond.  Il  continue  l'on  attache  au  deHbus  de 
cette   bandelette,  &  attenant  le  ligament  inter- 
mufculaire  interne  ,  auquel  il  eft  auiîi  un  peu  at- 
tache, WiNSLOw.  Ce  mLifcie  padc  derrière  le  ten- 
don du  grapd  pcdoral.  Il  eft  un  peu  tcodu  pour 
donner  paHage  à  un  nerf".  C'eft  pourquoi  ,  quel- 
ques-uns l'ont  appelé  en  latin  perforatus  Cajjcrii , 
c'eft-à-dirc  ,   le   mufcle  percé  de  Callerius,  Au- 
teur, qui  le  premier  en  a  donné  une  figure  par- 
ticulière. L'autre  nom  de  ce  muicle  s'accorde  avec 
fes  attaches.  Id. 
CORACOHYOIDIEN  ,  f.  m.   ternie   d'Anatomie. 
Cora.cohyoïdicus.'Hoïw  d'un  mufcle  qui  prend  Ion 
origine   de  l'apophyle   coracoïde  de  l'omoplate  , 
&  vient  s'inlcrer  à  la  partie  inférieure  &:  latéra- 
le de  la  bafe    de  l'os  hyoïde ,  qu'il  tire    en    bas 
vers  le  côté.  On  le  nomme  aufil  digaftrique,  parce 
qu'il  a  deux  ventres  à  fes  deux  extrémités  ,  &  un 
t»:ndon  dans  fon   milieu  ,  qui  efl  l'endroit  où  il 
touche  l'artère  carotide ,  &(.  "la  veine  jugulaire  in- 
terne.  DiONIS. 

Ce  mot  eft  compofé  de  coracoïde  ,  &  de  hyoï- 
de, parce  que  le  mufcle  qui  le  porte,  appartient 
5c  touche  à  ces  deux  parties  du  corps  humain  , 
dont  nous  donnons  l'étymologie  en  leut  place. 
coracoïde  ,  terme  d'Anatomie.  Coracoïiis.  Qui 
a  la  figure  de  corbeau.  Nom  grec  compofé  de 
xifixy.*i  Corheau  ,  &  de  n'^o?  foTine.  C'eft  le  nom 
que  l'on  donne  à  un  apophyfe  ,  parce  qu'elle  rel- 
femble  au  bec  d'un  corbeau.  La  coracoïde  efl:  l'apo- 
phyfe  placée  à  la  partie  llipérieure  du  cou,  &  qui 
s'avance  au  dedus  de  la  tête  de  l'os  du  bras.  La  co- 
racoïde aiïermit  l'articulation  de  l'épaule,  tH  donne 
oriî^ine  à  un  des  mufclesdu  bras. 
CORACOIDIEN  ,  f.  m.  terme  d'Anatomie.  Nom  du 
fixieme  des  neuf  mufcles  du  bras  ,  ainfi  appelé , 
parce  qu'il  prend  fon  origine  de  l'apophyfe  cora- 
coïde de  l'omoplate.  Cordcoïdicus.  Le  coracoidlen 
va  s'inférer  à  la  partie  moyenne  &c  interne  de  l'ha- 
(ncrus  ;  il   tire  avec  le  peéloral  le  bras  en  avant. 

DiONIS. 

€ORACO-RADIAL,adi.  &  f.  m.  terme  d'Anatomie, 
qui  fe  dit  d'un  mufcle  appelé  autrement  Biceps. 
Cûracoradia/is.  Le  coraco-radial  eft  un  mufcle  ju- 
meau ,  compofé  de  deux  corps  cornus,  longs,  plus 
ou  moins  arondis ,  pofés  l'un  auprès  de   l'autre , 
le  long  de  la  partie  anrérieure  ,  8i  un  peu  interne 
du  bras.  Ces  deux  corps  ibni  Icparés  en  haut ,  où 
chacun  fe  termine  par  un  tendon  grêle.  Ils  font  con- 
tigus  en  dcfcendant,?^  fort  unis  en  bas  par  un  ten- 
don commun  &  plus  large.  Les  Anciens  qui  ont  re- 
gardé fes  extrémités  fupérieurei  comme  deux  têtes, 
lui  ont  donné  le  nom  de  biceps.  C'ell  par  rapport 
aux  attaches  que  je  l'appelle  coraco-radiaL^ias- 
j-ow.  Il  eft  attaché  pat  l'un  de  fes  tendons  f  ipé- 
rieurs  au  bout  de  l'apophyfe  ou  épiphyfe  coracoï- 
de de  l'omoplate  ,  .à  côté  du  tendon  coraco-bra- 
chial  ,  qui  lui  eft   fort  adhérent.  Id. 
CORADOUN.  Foye^  Corradoux. 
CORAIL.  Il  fait  coraux  au  pluriel,  f.  m.  Plante  ma- 
ritime qui  croît  au  fond  de  la  Mer.  Cor.tllum  ,  co- 
rallium.  On  en  voit  des  arbrifleaux  de  la  Ji.uiteur 
d'un  homme.   Ils  s'arrachent  du  fond  de  la  Mjr 
avec  des  crochets  en  forme  d'ancres.  Le  P.  Bo  i- 
hours  dit  avoir  vu  un  collier  de    l'Ordre  du  S. 
Efprit,  fait  d'une  feule  pièce  à.t  corail.  Le  corail 
fe  diftingue  des  Lithophyton  &  des  Fuens ,  parce 
qu'il  eft  tout  pierreux.  Quoique  le  corail  paroiiie 
au  premier  coup  d'œil  un  petit  arbrifieau  dépouil- 
lé des  feuilles  ;  cependant  cette  conlîftmce  pier- 
reufe  qui  lui  eft  propre  ,  comme  aux  Madrépores 
&  aurres  plantes  marines  :  Cette  conliftance,  dis- 
je ,  Icmbloit  fervir  de  preuve  à  plufieurs  Philofo- 
phes  pour  ne  pas  ranger  le  corail  au  nombre  des 
plantes ,  &  pour  le  mettre  dans  un  règne  miicral, 
c'eft-à-dire  ,  de  le  croire  une   pierre    qui    n'avoir 
point  les  prérogatives  des   végétaux  ,  &  qui  ne 
pouvoit  fe  multiplier  par  femences.  Des  obferva- 


COR 

tions  faites  depuis  peu  par  le  Comte  de  Marfigli 
doivent  convamcrc  les  plus  incrédules;  cer  illaf-  . 
tre  Phyiicien  a  découvert  certaines  parties  qui  IciU' 
blent  tenir  lieu  de  fleur  &:  de  f  inenccs  dans  le 
corail;  £c  il  a  trouvé  que  l'analyle  du  corail  ré- 
pond à  celle  des  autres  plantes  marires ,  &  à  cel- 
le des  plantes  de  terre  ;  elles  donnent  les  unes 
&  les  autres  un  fel  urineux.  On  peut  ajouter  à  ces 
obfervations ,  que  cette  régularité  conilante  dans 
la  figure  du  corail,  qui  eft  toujours  branchu  ,  dans 
fa  fubftance  qui  eft  la  même  dans  tous  les  mor- 
ceaux-, &  que  cette  organifation  qui  fe  trouve  pa- 
reille dans  tous  les  pies  du  corail,  foit  par  rap- 
port à  leur  ccorce ,  qui   eft  toute  remplie  de  cel- 
lules qui  fe  communiquent  les  unes  aux  autres,  &: 
qui  renferment  un  fuc  laiteux ,  foit  par  leur  iùr- 
face  extérieure  ,  qui  paroit  toute  cannelée  ;  tout 
cela  marque  adez  que  le  feul  hazard  ne  peut  point 
avoir  part  à  de  lémblables  produélions ,  &  qu'il 
n'y  a  qu'une  ibmence  qui  puhîe  produire  des  vé- 
gétations auffi  régulières.  Le  corail  eft  la  plus  no- 
ble déroutes  les  plantes  de  la  mer.  Font,  futtout 
à  caufe  de  fa  couleur  rouge,  qui  n'cft  agréable  que 
quand  on  a  emporté  fon  écorce  ,5c  qu'après  l'avoir 
poli  avec  Témeril. 

On  trouve  des  coraux  de  plufieurs  couleurs  ;  or- 
dinairement il  eft  rouge  ,  rarement  blanc  ,,peu 
fouvcn:  feuille  morte  ,  couleur  de  rofe  ,  ou  in- 
carnat. Ce  qu'on  appelle  corail  noir ,  appelé  par 
Diofcoride  Jmipathes ,  n'eft  que  le  tronc,  ou  quel- 
que grofle  branche  de  Litkophyton  polie.  Mémoire 
dd  l'AcAu.  DES  SciENC.  ann.  1710.  SuppL  du  Jour- 
nal dfs  Sçavans  de.  1707.  On  voit  auHî  du  corail 
vert  ;  on  en  voit  de  jaune ,  de  cendré  ,  de  ibm- 
bre,  &■  d'autre  couleur  mêlée,  &c  dont  les  extré- 
mités des  branches  paroiflent  vifîblement  n'être  que 
du  bois  ,  &  les  autres  étant  changées  en  corail 
blanc  &  rouge  :  ce  qui  montre  qu'il  fe  forme  peu- 
à-peu  d'un  fuc  pétrifiant,  &  qu'il  ne  rougit  qu'après 
avoir  acquis  fa  pleine  maturité  ,  comme  font  les 
fruits.  Lorfque  les  branches  font  vertes  ,  ou  blan- 
ches,  c'eft  une  marque  qu'il  n'eft  pas  encore  mûr. 
Le  rouge  &:  le  blanc  font  les  plus  eftimcs.  On  tient 
que  le  cor^^V  eft  plus  rouge  porré  par  un  homme 
que  par  une  fVmme,  &  qu'étant  porté  par  un  ma- 
lade,il  devient  pàl.-,livide&tout  taché;  de  forte  que 
par  le  changement  de  ù  couleur  il  avertir  de  quel- 
que maladie  prochaine  On  lui  rend  fa  couleur  en  le 
fufpendantfutdu  famier,ou  en  le  couvrantd;  fcm;n- 
ce  demoutarde,ouen  le  lavant  avec  du  pain  mouillé. 
La  pêche  du  corail  Ce  fait  en  C-rrains  temps  de  l'an- 
née,&  on  le  tire  vers  IcBaftion  de  France  en  Afrique, 
&  vers  rifle  de  Corfe  &  de  Majorque  ,  à  Tabarqus 
&  vers  le  Cap  de  Q  licrs  en  Catalogne.  Les  ancien- 
nes pêcheries  croient  la  Mer  Perfique,  la  Mer  Rou- 
ge, la  Mer  de  Sicile  &  de  Naples.  On  n'en  trouve 
point  dans  l'Océan.  Le  Père  Kiiker  dir  qu'il  y  a 
des  forersentiètes  de  cor  .«/dans  la  Mer  Rouge.  On 
en  voit  des  branches  toutes  mangées  des  vers  com- 
me du  bois  vermoulu.  Les  Japonnois  font  plus  de 
cas  du  corail  que  de  toutes  les  pierreries.  En  phar- 
macie ,  on  fe  fert  de  coraux  mis  en  poudre.  On  en 
fait  des  fyrops,  on  en  tire  des  teintures  ,  &  il  ferc 
à  plufieurs  médicamens.  On  dit  auffi  que  le  corail 
arrétf  le  fang  ,  qu'il  défend  les  maifons  de  la  fou- 
dre &  qu'il  en  écarte  les  mauvais  génies.  Bouh.  On 
le  nomme  en  grec  en  larin  lithodendriim^zommc  qui 
A'noh pierre  ,  arbre.  Ganfius  a  écrir  l'Hiftoire  du 
corail ,  &  dir  que  c'eft  un  minéral  qui  végère.  Les 
Anciens  l'ont  auffi  appelé  ^orzonium,  parce  qu'ils 
croyoient  qu'il  le  pctrifioit  à  l'air  comme  à  la  vie 
de  la  tête  de  Médafe.  Le  jus  de  citron  tire  la  rein- 
ture  du  corail,  Se  le  fait  devenir  blanc  comme  nei- 
ge ,  quand  il  y  a  trempé  un  jour  ou  deux  étant 
pulvérifé.  Le  corail z  fervi  de  monnoie  à  quelques 
peuples.  M.  Lemery  le  Père  a  découvert  dans 
cette  plante  pierreuie,  dilîbure  Se  précipitée,  des 
particules  de  fer  en  aîîèz  grande  quantité.  Hifi, 
de  /'AcAD.  DES    SciENc,  1711,   On  trouve   dans 

l'HiJi. 


COR 

/"ffiji.  de  PAcAD.D^s  SciENc.  171 1  quelques  expé- 
riences faites  par  M.  le  Comte  de  Mariigli  fur  le  co- 
r^// fraîchement  tiic  de  la  Mer,  avec  ion  ccorce. 
Se  le  fuc  laiteux  qui  lui  fert  de  nourriture.  C'eft 
une  plante  trcs-abondantc  en  alcali.  Le  Comte  de 
Marfigli  découvrit  en  11707  les  fleurs  de  corail;  el- 
les l'ont  blanches ,  à  huit  feuilles  ,  en  très-grana 
nombre  fur  toute  la  plante-,  elles fortent  de  tous  les 
tubules  de  l'écorce ,  &  y  rentrent  dans  l'inftant 
que  l'on  retire  la  plante  de  l'eau.  Si  on  l'y  remet, 
elle  refleurit  tout  entièie  en  moins  d'une  heure  ,  ^ 
quelquefois  elle  fait  pendant  douze  jours  entiers , 
alternativement  ces  changemens  dans  l'eau  &  hors 
de  l'eau,  après  quoi  les  fleurs  prennent  la  forme 
d'une  petite  boule  jaune,  &  tomb-nt  au  fond  de 
l'eau.  Ces  petites  boules ,  lelon  l'analogie  des  au- 
tres plantes ,  devroient  contenir  la  graine  du  corail, 
cependant  le  Comte  de  Marfigli  n'y  a  trouvé  ni 
graine,  ni  rien  qui  en  approchât,  mais  feulement 
un  fuc  gluant  femblable  à  celui  de  l'écorce. 
^fj"  Les  dernières  obfer varions  faites  fur  le  corail  poLï 
M.  Peyflbnnel ,  paroilTent  prouver  que  le  corail , 
ainîi  que  plufîeurs  autres  produirons  que  l'on  a  re- 
gardées   comme    plantes  marines  ,  appartiennent 
au  règne  animal ,  parce  qu'elles  font  produites  par 
des  inlééles  de  Mer.  Il  a  découvert  que  les  préten- 
dues fleurs  du  corail  obfervées  par  M.  le  Comte 
de  Marfigli ,  étoient  de  véritables  infedles  ^  qu'il 
appelle  orties  coraUines. 

On  en  fait  d'artificiel  avec  du  cinabre  bien  broyé, 
dont  on  fait  une  couche  fur  quelque  branche  de 
bois  bien  fcche  ,  bien  polie,  imbue  auparavant  de 
colle  de  gant.  On  la  polit  enfuite ,  &  on  y  met  pour 
vernis  une  couche  de  blanc  d'œuf^ 

On  d't  poétiquement  des  lèvres  de  cor  ail  l  pour 
dire  ,  bien  vermeilleS;  Labra  corallina. 

Il  y  a  en  plufieurs  Iles  de  l'Amérique  un  petit  ar- 
brifléau  qu'on  appelle  bois  de  corail,pa.ïce  qu'il  por- 
te une  petite  graine  rouge  comme  du  corail.  Elle 
croît  par  bouquets  à  l'extrémité  de  fes  Branches  , 
qui  en  reçoivent  un  grand  luftre  ;  mais  ces  petits 
grains  ont  une  petite  marque  noire  à  l'un  des  bouts 
qui  les  déiigure ,  leur  fait  perdre  leur  prix,  félon 
quelques-uns  ;  d'autres  difent  tout  au  contraire , 
que  cette  bigarurre  de  couleurs  ne  les  rend  que 
plus  agréables.  On  s'en  fert  à  faire  des  braffelets. 
C'eft  ce  qu'en  dit  M.  LonvUlers  de  Poincy  ,  Gou- 
verneur pour  le  Roi  de  nos  Iles  Antilles ,  dans  fon 
Hiftoire-naturelle  des  Antilles,  L.  I  ,C.  IX,  art.  4_ 

CORAIL  de  jardin  ,  c'eft  le  nom  que  l'on  donne  au 
piment,  ou  poivre  de  Guinée. 

CORAILLE  ou  COURILLE,  f.  f.  mot  employé 
pour  Cœur,  dans  le  vieux  langage.  Couralement 
fe  difoit  alors  pour  cordialement.  De  mi  qui  l'ai 
aimai  couralement.  On  dit  aulfi  corcé  ,  pour  cœur 
Se  entrailles, 

CORAILLER.  v.  n.  C'eft  le  verbe  dont  on  fe  fert 
pour  exprimer  le  cri  des  corbeaux.  Le  corbeau  co- 
r aille.  On  dir  aulli  qu'il  croate  ,  &  tous  deux  font 
bons  \  mais  quelques-uns  aiment  mieux  fe  fervir 
de  corailler  que  de  croa^er  ,  à  caufe  du  trop  grand 
rapport  de  ce  dernier  avec  coajfer ,  dont  on  fe  fert 
pour  exprimer  les  cris  des  grenouilles. 

fCF  Quoi  qu'il  en  foir,  le  mot  de  corailler  eft  pref- 
qu'inconnu  ,  &  croajjer  eft  feul  en  ufage. 

CORAILLEUR,  f.  m.  celui  qui  travaille  à  la  pêclie 
du  corail, 

CORAISCHITE  ,  f.  m.  nom  d'une  famille  ,  ou 
Tribu  principale  de  la  ville  de  la  Mecque  ,  de  la- 
quelle on  tiroir  avant  Mahomet  les  Adminiftra- 
teurs  &  Gardiens  du  Temple.  Mahomet  éroit  Co- 
raïfchite,  &c  eut  néanmoins  les  gens  de  cette  fa- 
mille pour  fes  plus  grands  ennemis.  On  ne  laifle  pas 
néanmoins  d'appeler  de  ce  nom  ,  tous  les  anciens 
Arabes  de  la  Mecque  fes  contemporains  &  fes 
compagnons.  D'Herb.  Foyei  auflTi  Cartel  ,au  verbe 

Ce  mot  vient  de  l'arabe  «'llp,  Coraifch ,  qui 
To//ie  11, 


c 


O  R 


LV 


5)05- 

vient  de  l'arabe  X3^~. ,  Karafcga  ;  colley,  ad.uU 
Jivit.  ■* 

CORAL ,  f.  m.  cfpèce  de  parc  dans  l'Amérique  ,  &; 
particulièrement  i  Cuba,  l'une  des  Antilles,  où. 
les  Efpagnols  nourriffent  quantité  de  porcs. 
CORALiN,iNH.  adj.  ifr  L'Académie  écrit  coraU 
//;z,&  c'eft  arnli  qu'il  faut  écrire.  Qui  a  la  cou- 
leur ou  les  qualités  du  corail,  rouge  comme  corail^ 
Coralhnus.  On  difoit  autrefois  en  Poclie,  bouchi 
coralline,  lèvres  corallines.  Ces  expreffions  onc 
vielli ,  &  ne  l'ont  plus  en  ufage. 

Les  Chimrft.'s  tirent  avec  de  la  cire  une  teinture 
coraline  ,  toute  la  couleur  du  corail. 
CORALINE.  f,  f.  Coralina.  Plante  marine  qui  croît 
fur  les  rochers  dans  le  fond  de  la  mer ,  &:  qui  eifr 
pierreufe  comme  le  corail,  mais  infiniment  plus 
petite,  branchue,  &:compofée  de  plus  petites  pic- 
ces  attachées  les  unes  aux  autres  ;  c'eft  fur-rout  pac 
ces  efpèces  d'articulations  qu'on  peut  la  diftinguec 
des  autres  plantes  qui  lui  font  congénères.  Elle  n'a 
guère  plus  de  deux  pouces  de  hauteur.  Elle  eft  ver- 
dâtre ,  blanchâtre  ,  ou  purpurine.  Elle  a  une  odeuc 
de  marée  ,  &  eft  d'un  goût  falé.  On  fe  fert  en  Mé- 
decine de  la  coraline,  pour  faire  mourir  les  vers  des 
enfans.  Il  y  a  plulieurs  efpèces  de  coraline  :  on  les 
prenoit  autrefois  pour  de  la  mouife  de  mer.  Elle 
croît  fur  les  rochers  de  la  mer  ,  fur  les  coquilles  des 
poilfons  &fur  le  corail  même,  d'où  vient  le  nom 
de  coraline. 
Coraline  eft  auffî  le  nom  que  l'on  donne  au  Levanç 

à  une  chajoupe  légère  ,  pour  la  péché  du  corail. 
CORAILLE,    EE,  adj.  terme  de    Médecine  &z  de 
Pharmacie,  qui  fe  dit  des  remèdes  où  il  entre  du 
corail.  Cor  allô  un  x  tus ,  temperatus ,  a  ,  um.  De  l'eau. 
cie  plantin  bien  foulée  de  nitre  corail^.  Breaio.st. 
173 1  5/'-  179- 
CORALLOIDE,  adi.  m.  &  f.  terme  d'Hiftoire  natu- 
relle. Qui  reriémble  à  du  corail;  de  l'efpèce  du  co- 
rail. Coralloïdes.  Plufieurs  belles  plantes  cor^//oj'i^-i 
&  flexibles ,  de  couleurs  vives.  Gersaint. 
CORALLOÏDES.  f  f.  pi.  Ce  font  les  femences  du  co- 
rail blanc ,  quand  il  commence  à  végéter ,  &  qu'il 
n'a  pas  encore  reçu  toute  fa  perfeélion, 
CORASMIN,  INE,  f  m.  Peuple  d'Alie.  Corafminiis, 
a.  Les  Cofafmins  croient  illas,  à  ce  qu'on  prérend , 
des  anciens  Parthes  ,  du  moins  au  treizième  fiècle-, 
ils  en  occupoient  le  pays   appelé    Yrac  A^emy  ^ 
ou  Hircanie  Perfienne.  D'autres  les  placeur  dans  le 
Covarzem,  proche  de  la  Curfane:  mais  je  ne  fais;(i 
ces  Corafmins  n'éroient  pas  plutôt  originaires  du 
Royaume  de  Carizme  ,  que  Pcolémée  appelle  Co- 
rajrnia  ,  d'où   ces  Barbares ,  la  plupau  pâtres  ,  &C 
qui  n'avoient  guère  de    demeure  fixe,  pouvoienc 
avoir   paflé  dans    quelques-unes  des   provinces  de 
Perfe.  Ces  peuples.  Païens  de  religion  ,  cruels ,  féro- 
ces &:  barbares ,  parcoururent  diferentes  contrées, 
fans  pouvoir  trouver  de  demeure  fixe  &  allikée  , 
ni  aucun  Prince  qui   les  voulut  foufFrir   dans  fes 
Etats.  Odieux  aux  Mahométans  ,  comme  aux  Chré 
tiens ,  à  caufe  de    leurs  brigandages  &    de  leurs 
cruautés ,  ils  étoient  regardés  comme  les  ennemis 
du  genre  humain.  'Vertot.  Hifi.  de  Malte  ,  L.  ÎÏI, 
Voyez    encore    la   Bibliothèque   orientale   de    M, 
d'Herbelot. 
IP"  CORBACH ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  U 

Helfe  ,  capitale  de  la  principauté  de  Waldeck. 
03°  CORBAN  ,  f.  m.  terme  qui ,  dans  l'Ecriture ,  îi- 

gnifie  oblarion  faite  à  Dieu. 
CoRBAN ,  cérémonie  que  les  Mahométans  font  au 
pié  de  la  montagne  Arafat  en  Arabie ,  près  de  Va, 
Mecque.  Ohlatio.  Elle  conlifte  à  égorger  plufieurs 
moutons,  &  aies  diftribuer  aux  pauvres. RigauTj 
de  r Empire    Ottoman. 

Ce  ihot  eft  arabe ,  &:  originairement  hébreu. 
De  2ip,  Karab  ,  (\xi\  fîgnihe  approcher,  &  a  la 
conjugaifon  iphil ,  faire  approcher  ,  olftir  ,  fe  forme 
VP"^  ,  Korban  ,  qui  fgnifie  ojfrande  ,  ablation, 
CORBEAU,  f.  m.  gCJ*  oilcau  de  plumage  noir,  car- 
nalficr ,  &:  vivant  ordinaireraenr  de  charogne,  Cor^ 

y  Y  Y  y  y 


^o6 


COR 


vus.  Le  corbeau  ctoit  parmi  les  Romains  un  oîfcau 
funefte  &  de  maiivaife  augure,  lur-tout  lorlbu'il 
paroiflbit  à  la  droite ,  8c  du  côté  de  l'orient  -,  la 
corneille  au  contraire  éroii  un  préfasc  heureux  , 
quand  elle  fe  montroit  à  la  gauche.  Dac. 

La  femelle  du  corheau  ne  s'appelle  point  cor- 
neille. La  corneille  eft  une  eipèce  différente.  Il  faut 
dire  corbeau  mâle  ,  corbeau  femelle.  Corvus  mas  , 
corvus  fccmina. 

Le  for^t;att  ctoit  confacré à  Apollon,  comme  au 
Dieu  de  la  divination.  Ce  qu'Héfiode  dit  dans 
Pline  ,  L.  yJI ,  C.  48  ,  que  le  corbeau  vit  neuf  fois 
autant  que  l'homme  ,  eft  une  fable  ,' comme  Pline 
en  avertit  ;  mais  on  affûte  qu'il  vit  jufqu'à  cent  ans. 
Le  corbeau  Tentant  fes  petits  corbillats  affcz  forts,  les 
chaffe  de  fon  nid  pour  les  faire  parier  ailleurs.  On 
dit  qu'un  homme  eft  noir  comme  un  corbeau ,  par- 
ce que  le  corbeau  eft  très-noir.  Corvacinus. 

On  dit  qu'on  rend  les  corbeaux  blancs  ,  en  les 
expofant  à  la  fumée  du  foufre  ,  lorfqu'on  les  a  pris 
jeunes  &  dans  le  nid.  Willoughby  dit  dans  fon 
Ornithologie  ,  que  \cs  corbeaux  naiffans ,  dûment 
appliques ,  combattent  le  haut  mal. 

Afi'ftotc  &  Scaliger  difent  qu'il  y  a  des  pays  où 
l'on  trouve  des  Corbeaux  blancs.  Olaiis  Magnus 
dit  qu'il  y  en  a  quantité  aux  pays  feptentrionaux  ; 
&:  Gibb.  Longolius  dit  que  ce  n'eft  pas  une  rareté 
de  voir  des  corbeaux  blancs  en  Norwège.  Voffius 
dit  en  avoir  vu.  Et  dans  un  compte  du  Tréforier 
du  Duc  de  Bretagne,  il  y  a  pour  un  cayge  à  garder 
le  corbin  blanc  du  Duc.  IV'.  L.  Lobin,  T.  Il,  pa'^'e 
1471.  Le  froid  peut  produire  ,  &  produit  véritable- 
ment cet  effet.  A^oye^  Froid.  On  a  ctu  qu'ils  con- 
cevoient  par  le  bec  •,  c'eft  une  erreur.  P^oye:^  lur 
cela  ,  &  fur  beaucoup  d'autres  partioularités  qui 
regardent  cet  oifeau  ,  Voffius  au  ch.  49  ,  78  ,  79 ,  80 , 
81,  8i ,  8  5  ,  8(î  ,  89 ,  5,6  ,  97  ,  98  ,  i/«  Ul'  Liv.  de 
idololatria. 

On  dit  proverbialement  :  nourris  un  corbeau , 
il  te  crèvera  l'œil  -,  pour  dire  ,  que  ceux  à  qui  l'on 
fait  du  bien  ,  nous  font  fouvent  du  mal. 

Le  corbeau  a  les  yeux  brillans  &  luifans.  Son 
bec  eft  très-robufte ,  de  d'une  dureté  extraordinaire, 
fort  gros  &  aigu  ,  un  peu  courbé  &  très-noir,  pro- 
pre enfin  à  caffer  8i  rompre  plulîeurs  fortes  de 
choies  ,  comme  les  noix  &c  les  autres  fruits  duis , 
&  à  fe  défendre  des  auttes  oifeaux.  Ce  bec  com- 
mence à  fc  courber  dès  le  haut.  On  a  vu  des  cor- 
beaux  qui  avoient  le  bec  Silcs  pies  rouges  comme 
du  corail.  Il  vit  de  tout  ce  qu'il  rencontre.  Il  appro- 
che beaucoup  de  rcfpcce  des  oifeaux  de  rapine; 
car  il  arraque  Ibuvent  les  autres  oifeaux  ,  quand 
il  eft  prcffé  de  la  faim.  Il  conftruit  le  plus  fouvent 
fon  nid  dans  des  trous  de  hautes  tours ,  ou  bien  au 
fommet  de  quelque  arbre  fort  élevé  ,  &  fait  non 
pas  deux  œufs  iéulemcnt ,  comme  quelques-uns 
l'ont  écrit,  mais  jufqu'à  quatre  ou  cinq,  dit  Arif- 
tote.  Il  s'apparie  ,  fait  fon  nid  ,  &  pond  fes  œufs  au 
mois  de  Mars ,  ainfi  que  l'affure  Oppien.  Il  couve 
l'cipace  de  20  jours.  Quand  leurs  petits  font  écios, 
ils  les  abandonnent  ;  quelques-uns  difent  que  c'eft 
parce  qu'alors  ils  font  gris.  On  ne  fait  de  quoi  ils 
vivent.  Setvius  dit  que  c'eft  par  oubli  qu'ils  les 
abandonnent ,  mais  que  le  mâle,  par  un  inftin6t  na- 
turel ,  porte  beaucoup  de  viande  dans  le  nid  pen- 
dant que  la  femelle  couve  •■,  que  cette  viande  fe 
corrompt,  &  engendre  des  vers ,  dont  les  petits  fe 
nourriffent  pendant  fept  jours ,  après  quoi  com- 
mcnçanr  à  noircir ,  le  père  &  la  mère  les  nourif- 
fenr. 

IL  y  a  un  corbeau  rouge,  pyrrhus  corax ,  ou 
corvus  ,  que  quelques-uns  confondent  avec  le  chô- 
mas rouge  ,  quoiqu'il  foit  d'efpèce  différente.  D'au- 
tres le  confondenr  avec  le  grand  pic  noir.  Il  a,  dit 
Pline ,  le  bec  jaune  tiiant  fur  le  noir  :  il  eft  plus 
petit  que  la  corneille  &  que  le  chômas  rouge  :  il  eft 
de  la  groffeur  d'un  périt  chômas  ou  chouchette. 
Ses  jambes  &  fon  bec  font  jaimes;  du  refte  il  eft 
tout  noir.  Cet  oifeau  fe  voit  fréquemment  dans  les 


COR 

Alpes.  On  en  voit  aulîi  eri  Angleterre  dans  le  pays 
de  Cornouailles  ;  ainfi  il  n'eft  pas  particulier  aux 
Alpes  ,  comme  Pline  l'a  cru.  Il  y  en  a  auffi  à  Can- 
die ,  en  Suiffe  ,  en  Auvergne  ,  dans  le  mont  d'Or  & 
de  ]mo..  Bellon  dit  qu'il  y  en  a  quantité  dans  les 
îles  de  l'Archipel  ,  &c  le  long  des  rives  de  la  mer 
Britannique.  Sa  voix  eft  très-haute  &:  aiguë ,  &  fe 
fait  entendre  de  loin,  il  vit  de  toutes  fortes  de 
grains. 

Corbeau  aquatique.  Cornus  aquatiUs  ou  aqiiaticus. 
Il  a  le  bec  long  &  crochu  par  le  bout.  Il  a  le  haut 
de  la  mandibule  fupétieure  noir ,  le  refte  d'une  cou- 
leur compolée  de  jaune  &  de  rouge.  Proche  du 
bec,  au  commencement  de  fatcte,  l'on  voit  de  part 
&  d'autre  une  tache  blanche.  Les  plumes  de  fes  ai- 
les &  de  ion  dos  font  de  couleur  châtain;  les  bords 
extérieurs  en  font  noirs  :  tout  le  refte  de  l'oifcau  eft 
noir.  Il  a  une  peau  jaune  qui  lui  prend  deffous  le 
bec ,  &  va  au  côté  de  fes  yeux.  Les  plum.es  de  fon 
ventre  l'ont  blanches  •,  fes  doigts  &  leurs  membra- 
nes font  noirs,  les  plumes  de  fon  dos  font  colorées 
d'un  verd  noirâtre  par  les  bords  &  par  le  milieu 
d'un  cendré  clair  &  roux  s  le  deffus  du  cou  eft-  cou- 
vert de  plumes  noires  5c  blanches ,  &  le  devant  de 
plumes  noites  &  vertes.  Ses  aîlcs  font  très-longues 
5:  de  même  couleur  que  le  dos  ,  finon  qu'elles 
iônt  plus  touffes,  &;  mêlées  d'un  cendré  luifant. 
Ariftote  dit  qu'il  fc  perche  fur  les  arbres ,  Si  y  fait 
fon  nid. 
CoRBEAtj  de  bois.  Il  fait  ordinairement  fa  retraite 
dans  les  forêts ,  les  montagnes  déferres ,  les  rochers 
inacceffibles  ,  les  tours  inhabitées ,  &  y  fait  fon  nid. 
Les  Lorrains  l'appellent  corneille  de  mer.  Il  eft  de  la 
grandeur  d'une  poule.  A  le  voir  de  loin  ,  il  paroït 
noir  par  tout  le  corps  ;  mais  fî  on  le  coniîdère  de 
près,  principalement  lorfque  les  rayons  du  Ibleil 
donnent  fur  lui ,  on  y  voit  une  couleur  verte ,  qui 
fait  quelque  diverfité  dans  le  champ  de  fon  penna- 
ge.  Il  a  les  pies  à  peu  près  femblables  à  ceux  d'une 
poule  ,  un  peu  plus  longs.  Ses  doigts  font  coupés, 
ians  membtane  ;  fa  queue  n'eft  pas  fort  longue  : 
il  a  une  hupe  qui  tombe  detrière  (à  tête  ,  au  moins 
quelques-uns  l'ont.  Son  bec  eft  rougeâtre  &  lon- 
guet ,  &  très-propre  à  entrer  dans  les  ouvertures 
de  la  terre,  des  arbres ,  des  murs  ,  &;  dans  tous  Jes 
trous  des  pierres ,  pour  en  tirer  les  vers  &  les  in- 
fcéles  qui  s'y  retirent,  &  dont  il  fe  nourrit.  Ses 
jambes  font  longues,  6c  d'un  rouge  obfcur. Il  aimiC 
les  fautcrelles ,  les  grillons ,  les  petits  poiffons  & 
les  grenouilles.  Il  fait  fon  nid  ordinairement  au 
haut  des  tours  qui  tombent  en  ruine.  Il  fait  dciut 
ou  trois  œufs.  Il  vole  très-haut ,  &  arrive  llir  le  com- 
mencement de  Juin.  Les  petits  pris  au  nid  ,  font 
très-faciles  .à  nourrir,  &  s'apprivoifent  aifément. 
On  dit  que  la  chair  de  ces  petits  eft  très-dclicatc. 

Corbeau.  (  Petit  )  C'eft  une  efpèce  qui  fréquente  les 
eaux  ,  &  le  retire  dans  les  rofcaux  ,  011  il  fait  la  nuit 
un  cii  fort  défagrcablc,  &  tel  qu'un  homme  qui 
vomit.  On  l'appelle  en  latin  Nyclicorax  ,  corbeau 
de  nuit.  Il  fait  fon  nid  au  haut  des  atbres ,  pond 
deux  ou  trois  œufs ,  &  fe  nourrit  ordinairement  de 
poiiions.  On  difoit  autrefois  corbin.  Le  nom  de 
corbeau  vient  de  corvus ,  &  félon  Charleton ,  Mé- 
decin Angiois,  de  y-ôfa.%. 

Corbeau  ,  (  Le)  ou  Poifeau  de  Phcebus  ,  eft  le  nom  que 
les  Aftronomes  donnent  à  l'une  des  quinze  conftel- 
lations  méridionales. 

Corbeau  de  mer  ,  poiffon  dont  le  dos  eft  d'un  bleu 
obfcur ,  les  côtes  rouges,  le  ventre  blanc  &  la  tête 
grande.  Ron. 

Corbeau  fe  dir  Igurément  de  ceux  qui  viennent  ai- 
'rierles  maifons  infeéfées  de  pefte,&:  qui  |JCF  en- 
lèvent les  peftiférés ,  foir  pour  les  porter  à  l'hôpi- 
tal ,  foit  pour  les  enterrer.  On  donne  ce  nom  aux 
Follbyeurs.  Vefpillo. 

Corbeau  eft  auffi  un  tetme  de  Marine  qui  fignifie  un 
croc  de  fer  pour  accrocher  les  navires  de  l'ennemi, 
quand  on  fe  bat.  Corvus  nauticus. 

Le  nom  de  corbeau  fut  auffi  donné  autrefois  à 


différences  machines  dâ<e-ùS#rè-' proFpres  à  défendre 
les  villes.  L'une  fut  invôftcce  par  iirt  nonïraé  Diades, 
une  miivl  {Sar  les  Tj^siiifls^  Qiiinc-Curee  c'n  parle, 
Liv.  I>^y  c,  i?,  une  aturc  par^Cn.  Uveliius.  Vitruvc  , 
Liv.  X-i  €.  '19',  api^e-l'la-tô  pee-mier  corbeau  dlmolif- 
feiir,en  luin  ^  cori'UP'demc/iioi' ^  &  non.  pas  ;  co/ - 
Itau  oaJiimoii.fpM-.U'V<ippelle  encore  rai/iffeur  ■, 
djprxj.Mor.  D'autrss^' l'appellent  grue.  Polybeej 
décrit  un  dans  ion  premier  Livre  ,  qui  fut  invente 
par  C'  Daillius  contrir-ia,  flotte  des  Cartliaginois 
C'étoit  des  e(pèc^-s  de  î^rapins  ou  de.ccocs  pour 
arponner  ou  attirer  à  foi.  Gelui  que  détruit  Q.  Curce 
fe  lançcir  avec  une  balifte.  Ainli  il  y  en  avoir  de 
phi(icurs  fortes.  .  n'.Mi'i 

Corbeau  ,  en  termes  rdff. Maçonnerie  ,  lignifie  une 
grodè  pierre  de  taille  en  faillie  ,  <l"i  fert.  à  foiirenir 
une  poutre.  Moiuulus.  On  fait  aulfi  des  corbeaux 
de  fer  pour  foûtenir  quelques  pièces  de  boiis. 

En  Architciiture  ,  on  appelle  quelquefois  tor- 
beaux  ,  les  murules  ou  mod liions  qui  font  dans  les 
corniches  des  colonnes,  &;  particulicrenienr  dans 
les  doriques.  Mutulus.  C'ell  un  nom  qu'on  donne 
auili  aux  confoles. 
CoRBFAu  ,  c'eft  encore  le  nom  d'une  des  conftella- 
■  tions  méridionales. 

COR  BEGEO,  f.  m.  efpccc  d'oifeau  aquatique.  Il  y  a 
en  Acadie  ,  des  marais  &  de  perits  étangs  qui  font 
tous  remplis  de  gibier ,  outardes  ,  cravans,  canards, 
farcelles ,  oies  blanches  &  griles,  beccaifes ,  beccaf- 
fmes  ,  allouetres,  cor/^egeos  ,  &c  beaucoup  d'auues 
fortes  de  bon  gibier.  Denis  ,  F.  U  ,  C.  5. 
CORBEIL.  Cortolium.  Quelques-uns ,  comme  Vige- 
nère,  croient  que  c'efl:  le  Mctioj'cdum  dont  Cé/'ar 
parle  trois  fois ,  6c  que  d'autres  croient  être  Melun. 
On  appelle  auiTi  CorbiiL  Jojedum.  C'elt  une  ville 
de  l'Jle  de  France,  lur  la  rivière  de  Seine,  à  fept 
lieues  au  dellus  de  Paris ,  à  l'endroit  où  la  petite 
rivière  d'EUbne  ou  d'Etampes ,  appelée  Juines  ,  fe 
re;id  dans  la  Seine.  Le  vieux  Corbeil  eft  un  lieu  le 
long  du  rivage  d'Eifone  où  la  Reine  d'Ifembourg  , 
ou  Ingeburge,  femme  du  Roi  Philippe-Augufte , 
fit  bâtir  une  maifon  de  plaifance  dont  on  voit  en- 
core quelques  vertiges ,  &:  où  elle  fe  rerira  après 
qu'elle  eut  été  répudiée. 

On  dit  proverbialement  de  ceux  qui  fe  trompent 
en  prenant  une  chofe  pour  une  autre,  qu'ils  pren- 
nent Corbeil  pour  Paris. 

Il  y  a  une  pêche  qu'on  nomme  la  pêche  de  Cor- 
dez/, c'eft:  une  des  luiir  que  la  Quintinie  condam- 
ne, &  qu'il  rejette,  comme  moins  bonne  que  les  au- 
tres ,  ou  même  comme  mauvaife. 
CORBEILLE,  f,  f.  efpèce.de  panier  d'ofier  |cr  fer- 
vant  à  différcns  uf'ges.  Il  y  en  a  de  diifércntes 
grandeurs  &:  formes.  Corbis.Qn  s'en  ferr  ordinairc- 
înent  pour  mettre  des  fruits.  Une  corbeille  couvcr- 
■   te  ;  une  corbeille  découverte. 

Ce  mot  vient  de  corbecula  ,  diminutif  de  corbis , 
panier,  qui  fe  trouve  dans  la  balle  latinité. 
Corbeille  fe  dit  auHi  de  ces  petits  paniers  propres 
&:  galans  où  l'on  mec  des  fleurs ,  dans  lefquelles  on 
envoie  des  préléns.Cor/^«/(Z.  Des  corbeilles  d'argenr, 
de  filigrane  toute  couverte  de  rubans,  &c. 
IJCF  On'appelle  ablblumcnt  la  Corbeille,  les  bijoux 
que  l'époux  futur  envoie  dans  une  corbeille  à  la 
perfonne  qu'il  doit  époufer.  Ac.  Fr. 

On  appelle  aulfi  corbeilles,  en  Architeélure  ,des 
vaiffeaux  qu'on  met  d'ordinaire  fur  la  tête  des  fi- 
gures cariatides  ,  &  quelquefois  ailleurs  ,  &  qui 
font  chargés  de  fleurs  ,  ou  de  fruirs  ,  ou  d'autres 
ornemens.  Caniprum. 
CORBEILLES  ,  f.  f.  p).  Sont  une  efpèce  de  gabions 
remplis  de  terre,  cu'on  met  fur  le  parapet,  pour 
faire  feu  fur  l'ennemi  fars  être  vu  de  lui. 
CORBETLLÉE,  f  f.  %fT  ce  que  peut  contenir  une 
corbcillc.il  m'a  envoyé  une  cbrbeillee  de  fleurs  , 
de  fruits  \  je  doute  que  ce  mot  foit  en  ufage.  On 
dit  une  corbeille  de  fleurs ,  de  fruits.  Il  m'a  en- 
voyé une  corbeille  de  fleurs  ,  une  corbeille  de 
&uits. 


,'C  O  Iv  ^,0'1 

•  CORBcILLIER.  f.  m.  Officier  du  Chapitre  de  l'Eglf- 
fe  d'Arig'ecs  ,  qui  aucretiàis  diftribuoit 'Jé'pain  de 
Chapitre.  A  .preleat  jls 'officienc  aux  Fétc^'doft- 
bles ,  il  y  en  a  quatre.  Le  ^vand: ^Cbr~éei/lier  «It  le 
chef  du  bas  chœur,  c'eft  le  Curé  du  Chapitre.  Le 
Bréviaire  de  ceux  qui  décèdent  lui  appartient.  Ces 
Prcbendicrs  font  immédiatement  après  Ids.GIianbi- 
nes.  _  ■    •  .  V , 

CORBiE  ,  Nom  de  Iieu.,jCir>r^eza.  JI  y  a  la  vieille' & 
nouvelle  Corbie.  La  vieille  Corbie  ^  eÛ  une  petite 
ville  de  Picardie  fiir  la  Somme  ,  dans  le  pecirpays 
appelé  Santerre.  -■-;.';:."■ 

L'Abbaye  de  Corbie  eft  iine  ancienTier.&^arneiife 
Abbaye  deBénédiélins,  fondée  l'anô'isro  j  par  lâinte 
Batiide,  femme  de  Clovis  II.  Les  manufcrits  de 
Corbie  ont  paru  lùfpeéls  à  gens  qurn'avoienr  point 
de  critique.  ■  ;,  -^  '.  ,, 

La  nouvelle  Corbie  ,  eft  une  petite  vrllé  d'Al- 
lemagne en  Weftphaliefur  le  Wefer  ,  dans  le  Dio- 
cèié  dcPaderborn  ,  on  l'appelle  eir  Allertand  Cor- 
Wcy ,  Corbcia.  Il  y  a  une  Abbaye  de  Bénédictins 
fondée  en  811  ,  par  Louis  le  Débonnaire  ;  les  pre- 
miers Moines  qu'on  y  mit  furent  tirés  AofCorbie  en 
Picardie  ■,  c'eft  ppur  cette  raifôn  qu'elle  prit  le  mê- 
me nom.  Foyei  Imhoff,  Nut.  Imp.  L.  lîl ,  c.  ig , 
Adelhard,  proche  parent  de  Ch.irlcmagne  ,  &  Ab- 
bé de  l'ancienne  Corbie  ,  confeilla  à  l'Empereur 
Louis  de  bârir  en  Saxe  un  monaftère  ,  &  d'expier 
par  cette  bonne  œuvre  fes  péchés.  Adelhard  fut 
le  premier  Abbé  die  ce  monaftère  :  il  y  mena  quel- 
ques-uns de  fes  Religieux  ,  y  établit  lesobfervan- 
ces  qui  fe  pratiquoient  à  Corbie  en  France  ,  ce  qui 
fît  appeler  le  monaftère  de  Saxe  ,  la  nouvelle 
Corbie. 

CORBIERES,  ou  h  vMéedeCorbieres ,  -petiz  pays 
de  France  dans  le  Diocèfe  de  Narbonné  ,  &  dont 
la  capitale  eft  Sejan.  Vallis  Corbaria.  Charlema- 
gne  défit  les  Sarrazins  dans  la  vallée  de  Corbieres. 

CORBIEUeft  un  jurement  un  peu  déguifé  &  adouci, 
au  lieu  de  dire ,  par  le  corps  de  Dieu, 

Par  le  corps  bicu 

Tu  me  contes  de  grandes  matières. 

MARor. 

CORBIGNY,  ville  de  France  dans  le  Nivernois  , 
avec  une  Abbaye  de  Bénédiétins.  Corbiniacum. 

CORBILLARD  ,  f,  m.  coche  d'eau  qui  mène  à  Cor- 
beil ,  petite  vilL"à  iépt  lieues  de  \^ms.  Fiatoriim 
7iavigium  tarifais  Corbolium. 

On  appelle  ironiquement  un  corbillard,  un  car^ 
roffe  bourgeois  ,  où  l'on  voit  plufieurs  pejabnnes 
forr  pre/fées. 

gCT  On  donne  ce  nom  chez  les  Princes  aux^randg 
carrofll-s  deftinés  à  voirurer  les  ^ens  de   leur  fuire 

CORBILLAT.  f  m.  C'eft  le  petit  du  corbeau.  Carvi", 
ou  corvinus piilius.  Voyez  CorEeau. 

CORBILLON,  f  m.  panier  à  mettre  des  oublies, 
étroir  par  le  milieu  ,  large  par  les  exrrémirés.  Cor- 
bula.  On  a  gagné  le  corbillon  de  cet  Oublieur.  On 
le  dit  aufll  d'un  petit  panier  d'ofier ,  où  l'on  pré- 
fente les  balles  dans  un  jeu  de  paume.  On  le  dit 
pareillement  fur  mer  d'un  panier  où  l'on  mec 
le  bifcuit ,  qu'on  donne  à  chaque  repas  pour  un 
plat  de  l'équipage.  C'eft  une  efpèce  de  demi»baril- 
lefeétroit  par  tn  bas ,  large  par  en  haur.  On  dit  pror 
verbialement  &  figurémenr ,  changement  de  cor- 
billon ,  fait  appétit  de  pain  bénit  ;  pour  dire,  qu'il 
y  a  une  efpèce  de  ragoût  dans  le  changement. 

CoRBiLioN  eft  aulTi  un  petit  jeu  d'enfans  où  il  faut 
répondre  en  rimant  en  or:,  Puerilis  Indus  cino  in- 
terrcgantibus  vcx  fubjicitur  in  on  terminata.  Ceux 
qui  ne  fauroient  rimer  en  on  ,  ou  qU'i  trouvent 
une  rime  qui  a  déjà  éré  dite  ,  donnent  un  îjflo-e. 

Je  prétends  que  ma  femme  en  clartés  peu  fublime. 
Mime  ne  Cache  pas  ce  que  c''e(l  qu'une  rime  : 

Y  Y  Y  y  y  ij 


Qo8 


COR 


Et  s'il  faut  qu'avec  elle  on  joue  au  corbillon  , 

Et  qu'on  vienne  à  lui  dire  àfontour  ,  qu'y  met-on? 

Je  veux  qu'elle  réponde  ,  une  tarte  à  la  crème. 

MOLL. 


COR 

/  CoRGEiET.  Voyei  Casaquin 
CoRCELET.  ^oye^  Corselet. 


CORBIN ,  f.  m.  vieux  mot ,  qui  fignifioit  corbeau. 
Corvus.  On  difoit  autrefois  corlnner  \  pour  dire  , 
d<Jrober  ;  faire  le  métier  de  corbin  ,  ou  de  corbeau , 
déchirer  ou  tiret  ce  qu'on  pouvoir  attraper  d'une 
carcaflc.  Furari ,fuhfurari,  ckpere ,jurripcre.  On 
a  auilî  appelé  au  Palais  Corbineurs  ,  ceux  qui  ri- 
roient  la  pièce  des  Plaideurs  ,    &c  ruinoient  des 
parties.  Subbajilieanus  vulturius.  En  général  on  ap- 
pelle encore  en  plufieuis  Provinces  Corbineurs  ,  les 
gens  qui  trompent  les  autres  par  leur  flatterie  :  ce 
qui  a  été  dit  par  allufion  à  la  fable  d'Efope  ,  du  re- 
nard qui   trompa  le  corbeau.  Alieni  fraudulentus 
raptor. 
Corbin  (Bec  de),  eft  une  arme  dont  on  fe  fervoit 
aurrefois  à  la  guerre.  Hajlx  Jeu  bipennis  genus.  C'é- 
toit  une  efpèce  de  hallebarde.  On  appelle  Bec  de 
corbin  une  compagnie  de   Gentilshommes   de   la 
Maifon  du  Roi  qui  portent  ces  armes  ,  &:  qui  ne 
fervent  plus  qu'aux  grandes  cérémonies. 
Corbin  (  Bec  de  ) ,  eft  auflî  un  inftrumcnt  qui  fert 
aux  Chiiurgiens  dans  leurs  opérations ,  &  particu- 
lièiement  à  tirer    des  plaies  le    plomb  &  autres 
corps  étrangers.  Inflrumentum  Chirurgicum  corvini 
ro/iri  in  morem  recurvum. 

On  appelle  auifi  Btc  de  corbin  ,  certaines  pom- 
mes de  cannes ,  dont  un  des  bouts ,  ou  tous  ks 
deux  font  recourbés.  Ils  font  ordinairement  de 
porcelaine,  de  bois  des  Indes  ,  ou  d'or. 
CORBINAGE  ,  f.  m.  terme  de  Coutume.  Pat  ce  mot 
on  entend  difFérens  droits  i  quelquefois  c'eft  un 
droit  en  vettu  duquel  les  Curés  prétendent  avoir 
le  lit  des  Gentilshommes  qui  meurent  dans  leur 
Paroiflc  :  quelquefois  c'eft  mi  droit  annuel  que  le 
Seigneur  Châtelain  prétend  fut  chaque  bœuf  qui 
labouie  la  terre,  ou  fur  ceux  qui  (ement  les  blés. 
Ce  droit  a  difFérens  noms  en  diverfes  Provinces , 
on  l'appelle  Carnage  ,  Fromentage  ,  Bladage  ;  & 
en  Latin  Cornefagium ,  Boagium ,  Bovagium  ,  Hor- 
negildum-^-Carbagium.  Voyez  M.  de  Lauriere  fur 
Ragueau. 
èORBINER ,  V.  a.  &  n.  vieux  mot.  Foye^  Corbin. 
CORBINEURjf.  m.  trompeur , voleur. f«r , /<i/ro , 

deceptor.  Voyez  Corbin. 
CORBIOIS.  Le  Cortiois  eft  le  Territoire  de  Corbie. 
Corbeïenjis  ager ,  dans  Valois,  Not.  Gall.p.  159. 
CORBONDIER  ,  f.  m.  vieux  mot  &:  hors  d'ufagc. 
C'éioit  un  ancien  inftrument  de  Mufique  de  la  na- 
ture  du  cor  ,   dont  on  fonnoit  dans  les  grandes 
réjouiflances ,  &  dont  il  eft  pailé  dans  le  Roman 
des  quatie  fîls  Aymon.  Buccincegenus. 
CORBULO. Afo/z/f  Corbulo.  Montagne  fituée  à  douze 

milles  de  Sienne  en  Tofcane. 
Corbulo  (  CAa?zozVî«  Réguliers  de  Monte.)  Congvc- 
■    gation  de  Chanoines  Réguliets,  dont  le  premier 
Monaffère  étoit  fitué  fur  le  Mont  Corbulo.  Leur 
Inftitutcur  fut  Piètre  de  Reggio.  Il  obtint  d'Alexan- 
dre VI ,  la  permifTion  de  fonder  cette  Congrégation 
fous  le  nom  de  Saint  "Piètre  dans  l'Eglife  de  S. 
Michel  fut  le  Mont  Corbulo.  Elle  fut  confirmée 
par  Jules  II ,  félon  Raphaël  de  Volrerre,ou  par 
Leôn  X  ,  comme  aflure  Benc^t  de  S.   Géminien  , 
Chanoine  de  la  même  Congrégation  ,  cite  par  Pen- 
not.  Leur  habit  confiftoit  en  une  tunique  grifc  , 
fur  laquelle  ils  mcttoient  un  rocher  ,&  fur  le  rocher 
une  aumufle  ,  ou  capuce.  Le  P.  Bonanni  fcmble 
dire  que  certe  Congrégation  fubfifte  encore  ,  Hifl. 
des  Ord.  Mon.  Sr  Relig.  P.  II,  c.  37. 
f^-  CORCANG.  Ville  d'Afie  dans  le  pays   de  la 
Chorafmie  dont  elle  eft  la  capitale  ,  fur  IcGihun. 
CORCELET.  f.  m.  La  paitie  de  l'Infeéle  la  plus  près 
de  la  tête  ,  celle  qui  eft   propremenr  fa  poitrine 
après  la  tête ,  fuit  le  cou ,  après  le  cou  ,  le  corcelet , 
&  enfin  le  corps.  Abrégé  de  l'HiJioire  des  Infectes. 


CORCHIS.  Gardes  du  Roi  4c  Perfe ,  ou  JanilTaires. 
Satelles  Régis  Perfarum.  Amba.ss,  deFigueroa. 
CORCHORE.  f  m.  Cor^Aor/j.Plante  dont  la  tige  unie, 
s'élève  à  la  hauteur  d'une  coudée  ,  Se  dont  les  feuil- 
les font  alFez  femblables  à  celles  du  cynocrambe, 
ou  de  la  mercuriale  ,  mais  un  peu  plus  larges.  Ses 
gouHés  font  attachées  à  des  pédicules  foit  courts; 
elles  ont  quatre  ou  cinq  pouces  de  long,  elles  font 
marquerées  de  raies  jaunâtres  ,  pointues ,  divifécs 
en  long  en  cinq  parties  \  elles  contiennent  une  pe- 
tite femence  d'une  couleur  cendrée ,  vifqueufe  au 
goût,  angulcufe  Sccopieufe,  &c.  Cette  plante  eft 
ordinaire  d'Egypte.  Il  n'y  a  point  d'alimcns  plus 
communs  &  plus  agréables  aux  Egyptiens  que  cet- 
te plante,  f^oye^  Melochia. 
CORCULUS ,  f.  m.  petit  infede  aquatique  ,  dont 
parle  Jonfton.  Son  corps  ,  lorfqu'on  lui  a  coupé  la 
tête  &  les  pics,  rcffemble  à  un  périt  cœur  ,  d'où 
ilatiréfon  nom.  Il  a  les  yeux  petits  &  noirs,  &c 
fix  jambes  ,  dont  chacune  a  au  bout  deux  petits 
doigts. 
"CORCYRE.  Corcyra.  île  de  la  Mer  Ionienne  fur  les 
côtes  de  l'Epite.  Elle  a  été  appelée  autrefois  SicJ.e- 
ria  &  Phceacia.  Aujourd'hui  fon  nom  eft  Corfou. 
Les  Grecs  difent  qu'elle  prit  le  nom  de  Corcyre  , 
d'une  Nymphe  fille  d'Afopus ,  qui  s'appeloit  Cor- 
cyre  ,  que  Neptune  viola  dans  cette  Ile.  Bochart  , 
qn'ï ,  Ckan.  Liv.  I,  c.  15.  avoue  qu'on  ne  fait  pas 
trop  d'où  vienr  ce  nom ,  conjeélure  néanmoins  que 
ce  nom  eft  Phénicien  ;  qu'il  fîgnifie  un  pays  tran- 
quille ,  &:  où  l'on  vit  en  repos.  Ses  railbns  font 
qu'en  Aiabenp  ,Karra,  fîgnifie  ,  fur-tout  à  la  di- 
xième conjugaifon ,  être  en  repos  &c  en  lurcté.  Il 
le  prouve  par  la  verfion  Arabe  ,  Pfalm.  106 ,  z8,  & 
par  celle  de  S.  Jérôme  ,  qui ,  Jug.  yill ,  10 ,  tra- 
duir ,  être  en  carcor  ,  par  itre  en  repos.  D^  plus, 
rT^p^p,   Karkara  ,  fignifie  dans  Gigeius  une  terre 
où  Ton  vit  en  repos.  Enfin ,  dans  Homère  Odyfl'   . 
V.  ICI.  Nauficaa  dit  que  qui  que  ce  foit  que  les  Phé- 
niciens n'ofe  aborder  à  cette  île.  VoycT;^  Corfott. 
CORCYRtEN  ,  ENNE.  f  m.  &  f.  Coicyraus ,  a.  Qui 

eft  de  Corcyrc.  La  Ville  des  Corcyréens.  Corn. 
CORD ,  terme  de  Flcurifte.  Anémone  à  peluche ,  ap- 
pelée auttement  Fiolet  on  cinq  couleurs.  Y.\\z3i\çs 
grandes  feuilles  &  la  peluche  rouge  :  fa  fraiiê  ,  ou 
cordon  ,  qui  croîr  plus  qu'aux  aurres  anémones ,  de- 
vient de  couleur  violette  tiranr  fur  l'amaranthe, 
peu  de  jours  avant  qu'elle  défleurifîe  -,  fa  rige  ne  fe 
foûrienr  pas  bien  droite,  ce  qui  fait  qu'on  ncl'cf- 
time  guère.  Morin. 
CORDA  ,  f.  f.  efpèce  de  groiTe  ferge  croffée  &  drs- 

pée  ,  toute  de  laine. 
CORDAGE,  f.  f.  C'eft  le  nom  d'une  danfe  des  An- 
ciens qui  étoit  vive  ,  gaie ,  &  forr  hfcive  ,  &  qu'on 
ne  s'avifoit  guère  de  danfer  que  lorlqu'on  étoit  ivre. 
Mcurfius  en  parle  dans  fbn  Orcheftre ,  &:  Pétrone 
en  dit  un  mot  en  palFant ,  fans  dite  ce  que  c'eft.  Il 
fait  feulement  plaindteTrimalcion  de  ce  qucper- 
fbnne  n'a  pris  fa  femme  Fortunata  poui  danfer.  Pcr- 
fonne  ,  dit-il  ,  ne  fcait  pourtant  mieux  qu'elle  cet- 
te danfe  que  nous  appelons  la  Cordace. 
CORDAGE,  f.  m.  tout  l'appateil  de  cotde  qu'il  faut 
pour  un  vaifFeau  ,  ou  pour  un  bâtiment ,  pour  un 
équipage  de  guerre.  Grande  quantité  de  cordes  ; 
nombre  de  cordes  enfemble.  Funium  apparatus  , 
copia.  Il  faur  une  infiniré  de  cordages  pour  faire 
les  manœuvres  d'un  vaifFeau.  Le  cordage  étuvé  ,  eft 
le  cordasse  qui  a  pafFé  par  l'éruve  ,  où  il  a  refîlié 
&  jeté  fon  humeut  aqueufe.  Le  cordage  blanc ,  eft 
le  cordage  qui  n'a  pas  encore  éré  goudronné.  Le 
cordage  goudronné  en  fil,  eft  le  cordage  fair  de  fil 
de  carrer ,  qui  éroit  goudronné  avant  d'êtne  em- 
ployé. Du  cord^ige  refair,  c'eft  du  cor^iig's  fait  avec 
des  cordes  qui  ont  déjà  fervi.  Quand  on  dit ,  un 
cordage  de  douze  pouces ,  c'cft-à-dire  ,  un  cordarie 
qui  a  douze  pouces  de  circonférence  ;  un  cord-tge 
de  foixante  fils ,  c'eft-à-diie  ,  un  cordage  defoixan- 


C  O  R 

te  fils  de  catret.  On  dit ,  cordage  de  rechange  ,  cor- 
dage moilî ,  cordage  rague ,  cordage  à  deux  torons, 
ffT  Cordage  fe  dit  auHi  d'une  grofle  corde  toute 

feule ,  ce  cordage  n'eft  pas  aflez  fort. 
Cordage  efl:  aulîi  le  mefuragc  du  bois  de  corde. 
DeJ'ecli  caiidicis  menfura.  Les  Jurés  Mouleurs  de 
bois  font  établis  pour  prendre  garde  au  cordage  , 
pour  empêcher  que  le  Marchand  ne  trompe  le 
Bourgeois  fur  le  cordage. 
CORDAGER ,  V.  n.  c'eft  cprdcr  ,  ou  faire  des  cordes. 

Fîmes  torquere. 
CORDE  ,  f.  f.  ^  tortis  fait  ordinairement  de  fila- 
ijiens  de  chanvre  appliqués  fortement  les  uns  con- 
tre les  autres ,  fervant  à  différens  ufages.  Tunis ,  ref- 
us. 

On  fait  des  cordes  de  plufieurs  autres  matières  , 
de  lin  ,  de  laine  ,  de  jonc  ,  d'ccorce  de  tilleul  & 
d'autres  matières  pliantes  &  flexibles.  Aux  Indes  on 
en  fait  de  coco  ,  de  Magnay,  5cc.  Quand  elle  cft  ex- 
trêmement gjrortc  ,  on  l'appelle  câble.  Tunis  nau- 
$icus ,  rudens.  Quand  elle  eft  fort  délice  >  on  la 
nomme  ficelle.  Funiculus  ,  reflicula.  Corde  de  puits , 
d'un  bac.  Echelle  de  corde.  Voyez  le  Mémoire  de 
M,  de  Reaumur  ,  ou  M.  l'Akbc  Nolet ,  T,  III,  de 
fes  leçons  de  phyfique  ,  on  y  trouvera  de  belles 
remarques  à  faire  lur  les  cordes.  On  fait  aufli  des 
fangles  de  corde ,  des  ponts  de  corde ,  des  fouliers 
accorde,  qne  les  El'pagnols  nomment  <2//'<iro-^re.î  , 
de  dont  on  fait  grand  trafic  aux  Indes,  jufqu'à  en 
charger  des  navires.  Les  enfans  de  Bramines  por- 
tent à  cinq  ans  une  petite  corc/e  au  cou  en  manière 
de  chaîne  d'or,  &  ils  eftiment  fi  fort  cette  corde, 
qu'ils  la  renouvellent  tous  les  ans.  Vie  de  Bram. 
Ce  mot  de  corde  vient  du  Grec  xh^'  >  1"^  fignifîe 
proprement  un  gros  inteftin  dont  on  peut  faire 
des  cordes. 

On  dit   proverbialement  &  figurcment  :  vous 
verrez  beau  jeu  fi  la  corde  ne  rompt  ;  pour  dire  , 
vous  verrez  des  chofes-fort  furprenantes  dans  quel- 
que affaire  ,  dans  quelque  entreprife  ,  fi  les  moyens 
dont  on  fe  fert  pour  y  parvenir  ne  manquent  pas. 
^3="  Corde  fe  dit  aufTi  d'un  gros    caWe  tendu   en 
l'air  ,  attaché   par  les    deux  bouts  ,  fur  lequel  les 
bateleurs  danfent.  D^nCcuz  de  corde.  Funambulus, 
fchcsnobatis. 
lÙfT  On  dit  au  figuré  qu'un  homme  danfe  fur  la  corde  ; 
pour  dire  ,  qu'il  eft  dans  une  affaire  pcrilleufe  , 
dans  une  fîtuation  incertaine  &  chancelante,  dans 
laquelle  il  peut  fuccomber  à  tout  moment. 
pj"  La  corde  d'un  arc  ,  d'un  arbalète ,  eft  celle  qui 
fait  partir  la  flèche.  Nervus  ,  chorda.  Tendre  ,  ban- 
der la  corde, 
fCT  On  dit  en  ce  fens  au  figuré  qu'un  homme  a  plu- 
fieurs cordes  à  fon  arc  ,  quand  il  a  plufieurs  moyens 
de  faire  réufTir  une  affaire. 
«Corde  fe  dit  aufTi,  en  termes  de  jeu  de  paume ,  de  cel- 
le qui  fe  tend  au  milieu  du  jeu  avec  un  filet  qui 
va  jufqu'à  terre  pour  arrêter  les  balles.  Le  joueur 
qui  ne  fait  pas  palfet  la  balle  par  deflus  la  corde , 
perd  un  quinze.  Mettre  fous  la  corde.  Funis.  Et 
on  dit  qu'une  balle  a  pafTé  à  fleur  de  corde  ,  qu'el- 
le a  firifc  la  corde,  funem  perjlrinaere  ;  pour  dire  , 
que  peu  s'en  eft  falu  qu'elle  n'ait  été  defTous. 

On  fe  fert  des  mêmes  phrafes  en  un  fens  figu- 
ré ;  pour  dire  ,  qu'un  homme  a  penfé  à  être  con- 
damné ,  à  perdre  fon  procès ,  qu'il  n'a  eu  que  ce 
qu'il  lui  falloir  de  voix  en  juftice  pour  le  gagner. 
On  dit  aufTi  qu'un  homme  a  frifé  la  corde  ;  pour 
dire  ,  que  peu  s'en  eft  falu  qu'il  n'ait  été  condam- 
né à  être  pendu.  _ 
Corde,  en  parlant  du  drap,fe  dit  des  fils  dont  il  eft 
tiffu.  Filum.  Quand  le  drap  eft  ufé  ,  il  montre  la 
corde.  On  dit  fîgurément  d'une  fineife  aifée  à  d'é- 
couvrir.  Cela  montre   la  corde. 
Corde  fîgnifie  aufTi  le  fupplice  de  la  potence  ,  parce 
qu'on  étrangle  avec  une  corde  les  criminels  qui  font 
pendus.  Laqueus,  rejiis.  Ainfi  on  dit ,  il  mérite  la 
corde  ,  il  fille  fa  corde  ,  il  traîne  fa  corde  ;  il  n'y  va 
que  de  la  corde  ,  il  a  frifc  la  corde  ;  pour  dire  ,  il 


COR 


909 


à  penfé  être  pendu  \  expteffion  tirée  du  jeu  cte  pau- 
me. Il  eft  échappé  de  la  corde.  Soufïrir  le  libciti- 
nage  des  enfans,  c'eft  leur  mettre  la  corde zu  cou. 
Faire  amende  honorable  la  corde  au  cou.  On  dit 
auffi  d'une  légère  faute  ,    la  corde  &  le  fouet  en 
font  dehors.  On  dit  d'un  homme  très- fournis  qui 
vient  demander  grâce  à  fa  partie ,  qu'il  l'eft  venu 
fupplier  la  corde  au  cou.  En  ce  fens  ,  on  appelle  un 
komme  de  fac  &  de  corde,  un  fcclérat,  un  homme 
qui  mérite  d'être  noyé  ,  ou  pendu  -,  car  autrefois  on 
enfermoit  les  criminels  dans  un  fac  pour  les  noyer. 
On  dit  encore ,  quand  on  donne  la  queftion  ,  ah 
premier  ,  au  fécond  trait  de  corde  :  c'eft  quand  o»i 
met  un  tréteau  plus  haut  pour  étendre  davantage 
les  nerfs  du  patient  ,  qui  eft  fufpendu  nvec  de» 
cordes.   On    le    dit  auffi    des    coups    d'cftrapade, 
ÇC?  On  dit  proverbialement  qu'il  ne  faut  poiiit  par- 
ler jle  corde  dans  la  maifon  d'un  pendu  ,  pour  faire 
entendre  qu'il  ne  faut  point  parler  de  chofes  dont 
le  reproche  peut  tomber   fur  quelqu'un  de  ceux 
avec  qui  l'on  eft. 

En  termes  de  Marine  ,  on  appelle  corde  de  rete- 
nue ,  une  corde  dont  l'ufiige  eft  de  retenir  un  far- 
deau loiiqu'on  l'embarque.  On  appelle  encore  , 
cordes  de  défenfes ,  de  groffes  cordes  mêlées  &;  en- 
trelacées ,  qu'on  fait  pendre  fut  les  flal^cs  d'an 
vailTeau ,  pour  le  conferver  contre  le  choc  des  au- 
tres vaifTeaux. 
Corde  ,  terme  d'Anatomie ,  fe  dit  d'un  nerf  qui  eft 
couché  fur  la  membrane  du  tambour  de  l'oreille.  ' 
C'eft  une  petire  portion  de  nerf  qui  appartient  au 
tympan  de  l'oreille  ,  &  qui  part  du  rameau  du 
nerf  qui  va  fc  diftribuer  à  la  langue.  DemoItrs  , 
Acad.  d'Ed.  T.  l,p.  185.  Je  dirai  avec  les  autres 
Anatoraiftes  que  la  corde  du  tympan  eft  une  pro- 
duction ou  un  rameau  de  la  branche  maxillaire 
inférieure  ,  quoique  je  ferois  plus  porté  à  croire 
qu'elle  eft  une  branche  de  la  portion  dure  de  la 
feptième  paire  unie  avec  la  cinquième.  La  corde 
du  tympan  prend  le  plus  fouvent  fon  origine  de 
cette  branche  de  la  cinquième  paire,  qui  va  fe 
diftribuer  à  la  langue  ;  mais^e  l'ai  vfi  fouvent  fe 
détacher  du  tronc'même  qui  fourni-t  cette  bran- 
che qui  fe  porte  à  la  langue  ,  &  celle  qui  entre 
dans  le  conduit  de  la  mâchoire  inférieure.  La 
corde  du  tympan  ,  dès  fa  naiffance,  fe  porte  en 
arrière  &  en  dehors  ,  étant  enveloppée  dans  un 
tifTu  cellulaire  jufqu'à  ce  qu'eUe  entte  dans  la  par- 
tie offeufe  de  la  trompe  d'Euftachius.  lu.  p.  ijç), 
180.  Chorda.  Les  Anatomiftes  ne  s'accordent  pas 
fur  l'ufage  de  cette  petite  corde.  Les  uns  veulent 
qu'elle  ferve  à  donner  quelque  fon  à  cette  mem- 
brane ,  comme  fait  celle  qu'on  met  fur  la  peau 
des  tambouis  ;  5c  les  auttcs  prétendent  que  cette 
corde  n'eft  autre  chofe  qu'une  branche  de  la  cin- 
quième paire. 
Corde  ,  autre  terme  d'anatomie  &  de  nouttice  ,  qui 
fe  dit  des  mammelles  des  femmes  qui  donnent  ^' 
tetter.  Dans  les  commencemens  ,  avant  que  le  lait 
vienne  abondamment  par  les  bouts ,  il  faut  que 
les  cordes  fe  cafTcnt ,  c'eft-à-dire  ,  que  les  pafl'ages 
fe  faffent. 
Cordes  à  boyau  ,  font  celles  que  l'on  fait  de  boyau 
de  mouton  pour  des  raquettes.  Nervus.  On  en  ap- 
plique aulTi  fur  des  inftrumcns  de  mufique  ,  le  luth, 
le  thuorbe  ,  le  violon  ,  la  viole  ,  la  guitarre. 
Chorda  ,  fide4.  Les  anciens  qui  ne  connoiffoicnt 
pas  l'ufage  de  ce^  cordes  à  boyau  y  fe  fervoient  de 
cordes  de  lin. 

Quelques-uns  croient  que  le  mot  de  corde  vient 
du  grec  -/M"  ,  qui  cft  un  nom  que  les  médecins 
donnent  aux  boyaux  ,  parce  que  la  plupart  des 
cordes  des  inftrumens  de  mufique  ,  font  faites 
de  boyaux  defTéchés.  On  en  fait  d'autres  de  fil  de 
fer  &  de  laiton ,  pour  les  épinettes ,  claveffins  , 
pfaltérions  &  autres.  Une  corde  faufTe, c'eft  celle 
qui  n'eft  pas  unie  ,  &  qui  rend  de  mauvais  tons. 
On  a  trouvé  depuis  peu  ,  l'invention  de  charger 
les  c«rdxs  à  boyau  pout  rendre  leur   fon  beau- 


^IO 


'€  'O  R 


~    coup  plus  fort  fans"eh 'changet  le  ton  ,  cottiîrie 
remarque  M.  Perriulh'  ïl&s  cordés'  f^hê%^:à''ov  iz^'iv 
dans  les  clavcflîns  ,  rerident  an  fou  prefqu'Line  fois 
plus  fort  que  celai  des  cor.^ji 'de  cuivre.  Une' cc^r- 
de  d'acier  a    le  fou  plus    foiblc  qu'une  cûrd(i  ,de 
''  'lafton  ,  parce  qu'il  eft  moins  pelant '6c  moijis  ç^iic- 
''■  ti1,e.  La  iixième  corde  'des  balfes  .de  viole  ,'&:,  1/ 
'd'î^iènie  des  grands  thuorbcs  font  faites  de  çô  filets 
''   'àc  boyau"  •,'&  il  y  en  a  qui  ont  julqu'à  cent  pieds 
de  long  ,  qu'on' tord  &;  qu'on  polit  avec  la  prêle. 
SCT'  Outre  les  cordi's  ii  boyau  dont  oii  vient  de  parler , 
'  les  boyaudicrs  eh  'forit  d'autres  plus  g'roflïères  de 
''  boyaux  unis  en  'filets ,  tortillés  5c:  luYis'aVcc  la  prêle, 
^iii  fervent  à  fortiiîe'rou  à  mouvoir  'dc5_  machines. 
Ç3°  Oh  a  fait  aifHf' 'des  cordes  de  nerfs  où  plutôt 
'    de'ligamens&TÎde   tendons  qu'un  à  voulu  fabf- 
"  tituer  aux  réffbr'ds  des  chaifes  de  pofte  6c  des  aû- 
ftes  voitur'es.  n'paroît  que  cette  nouvellcénven- 
tion  n'a  pas  eu  le  fuccès  dont  on  s'ctoit  flatté. 
Corde  ,  en  termes  de  muilque,  fignifie  la  note  ,  ou 
le  ton  qu'il  fout  toucher  ou  entonner,  8i  fe  dit 
de  tous  les  intetvalles  de  mufique.  Nota,  foniis. 
La  quinte  à  cinq  cord.s  ou  cinq  fons.  On  l'appelle 
'  dominante.  La  tierce   s'appelle  mididnte ,  &  celle 
par  laquelle  on  finit ,  s'appcllcjÎTZii/^.  Corde  fignihe 
'  "  aiuîî  un  accotd  ;'  c'eft  dans  ce  l'ens  qu'on  dit  :  cette 
"pièce  a  de  belles  cor./i'^,  pour -exprimer  les  bcau- 
j-.tés  qu'on  trouve  dans  lamélodie.  Rameau.  Il  y  a 
"*  ,«ians  le  mode  quatre  fons  elfenticls ,  qu'on  nom- 
"''inè  cordes  :  la  corde  fondamentale  qui  eft  ordinal - 
^'.'reiTient  la  finale,  la  tierce  du  delfus  de  la  finale, 
"■qu'on  nomme  médiante  ,  la  quinte  au-defllis  de 
^   la  finale  qu'on  nomme  dominante,  Se  l'odlave  qu'on 
'"romme 'réplique.  La  corde  principale  eft  celle  qui 
~'.fért  de  fondement  aux  autres.  Monteclair. 
CoRDES-AVALÉES  ,  tcrme^  dc  Mufique.  Cfeft   un  ac- 
■    cord  du  violon  en  quarte  ,  au   lieu  que  l'accord 
"'ordinaire  eft  une  quinte.  Les    habiles  joueurs  de 
'  .  violon  jouent  à  cordes  avalées  ,  afin  de  faire  plus 
V  facilement  des  accords. 

■■      On  dit  figurémcnt  en  ce  fens ,  toucher  la  groflc 
"\corde ,  quand  on  parle  d'une  chofe  qui  doit  faire 
_.  du   bruit  ,    ou  toucher  vivement  celui  à  qui  on 
parle.  On  d1r  auffî ,  il  ne  faut  pas  toucher  cette 
corde-là  -,  pour  dire,ne  parlez  point  de  cette  affaire , 
'!_dc  cette  circonftance  ,  de  peur  de  choquer  quel- 
"'qu'un  qui  renverferoit  tous  vos  defleins. 
Corde   de  bois  ,  c'cft  une  certaine  mefure  de  bois  à 
brûler  qui  fe  faifoir  autrefois  avec  une  corde.  Men- 
fitra  defecli  caudicis.  Aujourd'hui  on  la  mellire  en- 
tre deux  membrures  de  quatre   pies  de  haut ,   & 
éloignés  l'une  de  l'autre  de    huit   pieds.  Le  mot 
de  corde  eft  le  mot  ufité  parmi  les  marchands  de 
bois.  J'ai  vendu ,  diront-ils  ,  cent  cordes  de  bois 
■cette  femaine  •,  j'ai  bien  deux  milles  cordes  de  bois 
dans  mon  chantier.  Cependant  le  peuple  de  Paris 
fe  lerr  ordinairement  de  voie  ,.qui  ne  contient 
qu'une  demi-corde.  Il  me  faut  huit  voies  de   bois 
pour  mon  hivet  ;  c'eft- à-dire  ,  il  me  faut  quatre 
cordes.  Le  bois  de  corde  eft  proprement  le  boi« 
neuf  qui  eft  oppofé  à  celui  qui  eft  flotte,  parce 
qu'il  vient  par  bateau  ,  8c  que  les  marchands  le 
mefurent  par  cordes. 

En  géométrie,  on  appelle  corde ,  la  ligne  droite 
qui  fe  termine  à  deux  points  de  la  circonférence 
d'un  cercle  ,  fans  pafl'er  par  le  centre,  &  qui  di- 
vife  le  cercle  en  deux  partie^  inégales ,  qu'on  ap- 
pelle fegmens.  La  corde  d'un  arc  eft  la  ligne  droite 
qui  va  de  l'exrrémiré  d'un  arc  de  cercle  à  l'autre. 
Linea.  On  l'appelle  autrement  fubtendinte.  Les 
cordes  font  marquées  fur  le  compas  de  propor- 
tion- On  appelle  corde  du  complément  d'un  arc, 
ou  demi-cercle,  la  corde  qui  foûtient  le  refte  de  cet 
arc,  ou  demi-cercle.  La  corde  s'appelle  en  latin  chc.r- 
da,o\-\  j'iib tendens  chorum.  Elle  coupe  à  angles  droits 
la  ligne  tirée  depuis  fon  milieu  jufqu'au  centre  du 
cercle.  Elle  eft  à  fon  égard  dans  la  même  difpo- 
fition  que  la  corde  d'un  arc  eft  à  l'égard  de  la 
flèche  5  5c  c'eft  ce  qui  a  fait  nommer  cette  ligne 


,  &0  w 

lî.  corde  &t  l'arc,'  si  î'aiitre  la  Rèche  At  l'arc,  fa- 
g//Wj^plnmç,rïippenent  les  ancieri^  C^jcomettes.  Le, 
"mot  de  corde"  z^  toujours  dcmeuïé  ;  iiiais  on  ne 
fç  fert  plus  guère  de  celui  de  flèche.  Ce  que,  les 
Anciens  appeloic;ht  flèche  ,s'appclle, maintenant  le 
lînus  du  'coniplçinent  ;   la. moitié  de  la  corde  de 
,lWè  doublé'  eft-' ce.'qû'on  appelle  inaintenant.le  ,'fî- 
nUs  droit  ',   la  différence  de  la  flèche  au  rayon, 'bu 
la  ligne  qui_-ya  depuis  la  circonférence  perpendi- 
culairement Tur  le  milieu  delà  corr/t;  5  s'appelle  fî- 
nus  vcrfe.  La.  corie  d'un  angle  6c  la  corde  àt  for^ 
complément  au  demi-cercle  eft  la  même  chofe.  La 
corde  àc  50  degrés  eft  au/Ti  'la  corde  de  150.  On 
écrit  toujoufs  en  'françois  '  corde  fans  h.  Les  grecs 
écrivent  y^ùih  ,    6c  les  latins  chorda.  ■  '    '- 

En  agricùltiire  on  appelle  cor^/e, certaine  dureté 
qui  vient  au  milieu  de  certaines  plantes  8c  racines. 
Rigor  ,  durities.  Ces  raves    ne  valent  plus  rien , 
elle  ont  des  cordes.  Condurefcere  ,  obdurefcere.  On 
le  dit  de  quelques  pOiflbnj ,  comme  de  la  lamproie , 
parce  que   dans  une  certaine   faifon  ,  lorfqu'elles 
commencent  à  le  paifer,  elles  durciflent  ,  ?^  il  s'y 
forme-,  comme  dans  les  raves ,  une  efpèce  de  corde. 
Voyez  au  mot  Corder, 
Corde  ,  en  termes  de  manège  ,  eft  la  grande  loge 
qu'on  tient  à  l'entour  du  pilier  où  le  cheval  eft 
attaché  pour  le  dégourdir,  ou'le  faire  manier.  On 
appelle  aufîi  les  cordes  des  deux  piliers ,  les  lon- 
ges du  cavcfîbn  ,  quand  le, cheval  travaille  entre 
deux  piliers  :  ^  on  dir  qu'on  le  fait  donner' dans 
les  cordes  ,  pour  le  dreflér  à  erre  bon  fauteur. 
Corde  cablee ,  rerme  ufité  dans  la  chafie  des  oifeaux 
S<.  la  pêche  des  poiilbns.  C'eft  une  cor^t^  fembla- 
ble  à  celle  dont  on  le  fert  aux  bareaux ,  laquelle 
eft  faite  de  trois   cordons  ,  compofcs  chacun  de 
rrois  autres.  Dicl.  (Econom.  au  mot  Termes  non~ 
vulgdires.  . 

On  dit  aulTi  des  chevaux  ,  qu'ils  font  la  corde  \ 
pour  dire,  que  par  la  refpiration,  ils  retirent  la  peau 
du  ventre  à  eux  au  défaut  des  côtes.  Soleisel.  On 
dit  encore  que  les  chevaux  ont  une  corde  de  farcin, 
quand  ils  en  ont  bien  des  boutons  de  fuite  ,  qui 
font  comme  une  corde.  On  le  dit  aufTi  dans  cer- 
taines maladies  vénétiennes. 

Corde  à/«/.  Ce  terme  d'artificier  fignifie  ordi- 
nairement les  mèches  de  corde ,  'dont  on  le  fert 
pour  confervcr  long  temps  une  petite  quantité,  de 
feu  ,  6c  en  allumer  dans  le  befoin.  On  donne 
auHî  ce  nom  à  une  forte  d'étoupille  qui  portele 
feu  plus   lentement  que  les  autres.  ' 

Cordes  feuillards.  On  nomme  ainfi  à  Bordeaux 
S:Z  dans  le  refte  de  la  Guienne ,  les  cordes  à  relier 
les  futailles. 

On   appelle  auflTi  la  corde  d'une  montre ,   une 
corde  de  boyau  qui  fe  range  autour   de  la  fulee , 
quand  le  refibrt  eft  bandé  ,  quoi  qu'on  la  TalTe  pat 
fois  de  fer  ou  de  cuivre ,  SiC  que  ce  loit  une  pe- 
tite chaîne.  Catella. 
Corde  {ans  fin  ,  terme  d'horlogerie.  C'eft  une  corde 
dont  les  deux  bouts  font  confus  enfcmble  ,  ^  dans 
laquelle  on  renferme  quarte  poulies ,  quand  on  l'ap- 
plique à   une  pendule  à  fécondes.  Cette  corde  a 
la  propriété  de  ne  point  faire  perdre  le  temps  au 
mouvement ,  quand  on  remonte  le   poids. 
IJC?  Corde  ,   terme  de  jeu  de  billard.  On  appelle 
corde  deux  clous  placés   fur  les   deux  bandes  des 
côtés ,  en  deçà  defquels  un  joueur  do'.r  placer  fa 
bille  pour  commencer  à  jouer. 
Corde  (  Tabac  en  )  ;  on  appelle  ainfi  celui  qui  a  été 

cordé.  Voycj^  Corder. 
CORDEAU  ,  f.  m.  petite  corde.  Il  fe  dit  propre- 
menr  de  ces  longues  cordes  S<.  menues  qui  fervent 
aux  Géomètres  SiC  Ingénieurs  pour  lever  des  plans , 
pour  tracer  des  de/leins  de  bârimens ,  ou  des  for- 
tifications -,  ou  de  celles  des  jardiniers  qui  font 
des  parrerres ,  ou  qui  plantent  des  arbres  en  droite 
ligne  ;  ou  de  celles  des  charpentiers  avec  lefquel- 
les  ils  allignenr  leur  bois.  Linea.  Le  maçon  appel- 
le ii§ne ,  ce  que  le  jardinier  appelle  cordeau.  On 


COR 

dit  bancîer  le  cordeau  \  tracer  le  long  du  cordeaw. 
Cette  allée  ,  ce  bâtiment  ,  font  tirés  au  cordeau. 
Tirer  une  planche  au  cordeau  ,  une  allée  ,  une 
rue  tirée  au  cordeau.  Des  alignemens  tirés  au 
cordon. 

Cordeau  fîgnifie  encore  la  petite  cor^de  avec  laquelle 
on  étrangle  ceux  qui  font  condamnés  à  la  poten- 
ce. Rejiis  ,  rcjiicula  laqueus. 

CORDEAU  ,  i'.  m.  pi.  en  termes  de  pêche.  Ce  font 
plufieurs  morceaux  de  lignette  ,  ou  médiocre  fi- 
celle ,  qui  .'"ont  attachés  de  dirtance  en  diftance  à 
la  corde  de  la  ligne  de  fond, 

CoRÔEAUx  ,  terme  de  manufadure.  Ce  font  aufli 
des  efpèces  de  liiières  ,  que  l'on  fait  à  certaines 
étoffes. 

CORDEE ,  f,  £  ficelles  de  fiX  ou  fept  brafles  ou  plus, 
À  laquelle  on  attache  ,  d'efpace  en  efpace ,  plu- 
iîeurs  petits  hameçons  avec  quelque  appât  pour 
prendre  des  anguilles  ,  &c. 

CORDELAT  ,  f.  m.  étoffe  de  laine  ,  qui  fe  fabrique 
à  Albi ,  &  aux  environs  de  cette  ville  de  Lan- 
guedoc. 

CORDELE.    Foye[  Cordelle. 

CORDELER ,  v.  a.  tortiller  quelque  chofe  en  for- 
me de  corde.  Cordeler  les  cheveux  ou  autres  ma- 
tières déliées,    Tortjuere. 

CoRDEiÉ,  ÉE.  part.  pafT.  &  ad], 

Leur  longue  chevelure  en  natte  cordelée^ 
Et  de  trcffes  d'argent  &  d'incarnat  mêlée  , 
Leur  jlottoit fur  l'épaule.  P.  Le  Moine. 

CORDELETTE  ,  f.  f.  diminutif  de  corde.  Funiculus. 
Corde  menue. 

CoRDELETTEj  terme  de  Conchyliologie.  C'eftune  élé- 
vation ronde  Se  étroite,  qui  règne  le  long  d'une 
coquille  entre  les  ftiles  &  les  cannelures. 

CORDELI  ,  ad),  terme  de  verrerie.  Epithète  que  l'on 
donne  au  verre  ,  lorfquele  four  étant  un  peu  froid, 
il  y  aura  dans  le  pot  une  partie  du  verre  qui  de- 
viendra plus  dure  que  l'autre  ,  &  qu'ayant  pris 
avec  la  canne  ,  de  l'une  &  de  l'autre  ,  on  en  aura 
Ibuflé  une  pièce  dans  laquelle  on  appercevra  com- 
me de  la  ficelle ,  tantôt  grode ,  tantôt  menue.  Com- 
me ces  traces  font  d'une  qualité  différente  du  relie 
de  l'ouvrage  ,  elles  le  feront  caffer.  Encyc. 

CORDELIER  ^  f.  m.  Religieux  de  l'ordre  de  S.Fran- 
çois ,  qui  eft  habillé  de  gros  drap  gris ,  avec  un 
petit  capuce,une  mozette  ou  chaperon  ,  &;  un  man- 
teau de  même  étoffe  -,  qui  porte  le  foc  ou  fandale, 
8i  qui  a  une  ceinture  de  corde  où  il  y  a  trois  nœuds. 
Francifcanus  cui  apud  gallos  nonten  eji  à  fane  quo 
c'niclus  ejt.  On  l'appelle  autrement  frcre  mineur. 
Les  Cordeliers  font  ainfi  appelés  à  caufe  de  la  cor- 
de dont  ils  font  liés  :  &  ce  nom  leur  fut  donné 
à  la  guerre  de  S.  Louis  contre  les  infidèles ,  à 
laquelle  les  frères  mineurs  ayant  repouffé  les  bar- 
bares ,  quand  le  Roi  demanda  leur  nom  ,  on  lui 
répondit  que  c'étoit  des  gens*de  corde  liés.  Les 
Cordeliers  font  agrégés  dans  l'univérfité  ,  Se  reçus 
dodteurs.  Ils  fuivent  les  fentimens,  de  Scôt  qui  tut 
parmi  eux  un  grand  homme  i>i  un  fubtil  dodtcur. 
On  dit  d'un  homme  peu  fcrupuleux  ,  qu'il  a  la 
confcience  large  comme  la  manche  d'un  cordelier. 
On  appelleauffi  la  haquenée  ou  la  jument  des 
Cordeliers  ,  un  bâton  fur  lequel  s'appuient  ceux 
qui  voyagent  à  pié.  On  dit  auffi  parler  latin  devant 
les  Cordeliers;  pour  dire,  vouloir  faire  parade  de 
fa  fcience  devant  ceux  qui  en  fçavent  davantage  : 
ce  qui  repond  au  proverbe  latin.  Sus  docet  mi- 
nervam.  Voyez  origine  du  proverbe  françois  dans 
les  Heures  perdues  du  Chevalier  de  Rior  ,  p.  12. 

CORDELIÈRE  ,  f.  f.  Religieufc  du  même  ordre 
que  les  Cordeliers,  &.'  qui  porte  une  femblable  cein- 
ture. Monialis  francifcana. 

CoRDtLiiîRE  ,  en  terme  d'Architecture,  eft  un  petit 
ornement  taillé  en  forme  de  cordes  fur  les  ba- 
guettes ,  ou  un  petit  liteau  qui  fe  met  fous  les 
patenôtres,  Funiculi  variis  nodis  impliciti. 


G  Ô  R  $  î  I 

On  appelle  aufli  cordelière  ,  une  petite  treffé 
de  foie  noire  avec  plufieurs  nœuds  .1  la  diftance 
d'un  pouce  ,  que  les  femmes  portent  quelquefois 
au  cou  ,  en  place  de  coller.  Funiculi ,  bombycini; 
CORDELIERE  ,  efpèce  de  ferge  rafe  qui  fe  fabri- 
que dans  quelques  endroirs  de  Champagne,  particu- 
lièrement à  Reims  \  elles  font  en  partie" laines  d'Ef^- 
pagne ,  &;  en  parrie  laines  françoifes. 

On  appelle  tm^i  Cor  délier  es  ,  entérines  de  bla- 
fon,  le  filet  plein   de   nœuds  que   les  veuves  ou 
les  filles  mettent  en  guife  de  cordon  ,   pour  en- 
tourer l'écu  de  leurs  armes.  Funiculi  variis  nodis 
impliciti.  La  plûparr  tiennent  que  l'otigine  en  vient 
d'Anne  de  Bretagne.  Cette  Reine  de  France ,  époufe 
de  Charles  VllI ,  qui  commença  à  régner  en  1485, 
puis  de  Louis  XII ,  qui  lui  fuccéda  en  1498  ,  inf- 
titua  une  efpèce  d'ordre  en  l'honneur  des  cordcS 
dont  notre  Seigneur  fut  lié  en  fa  paffion  ,  &  pour 
la  dévotion  qu'elle  avoit  à  S.  François  d'Affffe , 
dont  elle  porroit  le  cordon.  Elle  donna  à  cerre  or- 
dre le  nom  de  la  cordelière  ^  &c  pour  marque  un 
collier  fait  d'une  corde  à  plufieurs  nœuds  entre- 
lacés de  lacs  d'amour  dont  elle  honora  les  princi- 
pales dames  de  fa  cour,  pour  le  mettre  autour  de 
leurs  armes.  M.  Herman  ,  dans  fon  Hifhire  des  or- 
dres militaires  ,  dit  que   cette  Princeffe    inftitua 
cet  ordre    après    la   mort    de  Charles    VIII  ,    6C 
qu'elle  prit  pour  devife  :  j'ai  le  corps  délie  ,  fai- 
fant  allufion  au  mot  Cordelier  ,  parce  que  la  mort 
de    fon    mari  l'avoir    affranchie  du  ioua;  du  ma- 
nage  ;  mais  cette   cordelière    fignifioit  plutôt  un 
engagement  qu'un    affranchiffement  de   loix  ,    dc 
Herman    a    confondu  apparemment   cette  Reine 
avec   Louife   de  la  Tour  d'Auvergne ,  qui ,  après 
la  morr  de  Claude  de  Moncaigu  fon  mari ,    prit 
pour  devife  -.j'ai  le  corps  délié,  P.  Hél,   T.  FUI ^ 
c.  68.  Anne  de  Bretagne  inftitua  cet  ordre  à  l'imi- 
tation de  fon  père  François ,  Duc  de  Bretagne  * 
qui  en  mit   un    pareil    alentour  de  l'écu    de  fes 
armes  ,  à  caufe  de   la  dévotion    qu'il  avoit  à  S, 
François  d'Ailîfe,  Claude  Faucher,  dans  fes  Origines 
des  armes ,  dit  que   la  cordelière  jadis  fut  com- 
me la  marque  d'honneur    que  la   Reine  Anne  de 
Bretagne  donnait  à  celles  qu'elle  choififfoit ,  ainjï 
que  le   collier  à   coquilles  jadis  donne  par  le  Roi 
aux  Chevaliers  de  l'ordre  de  S.  Michel.  Voyez  fur 
Cet  ordre  vrai  ou  prétendu  ,  l'Abbé  Juflin  j  T. Il  y 
C.  89  ,  /7.  845  ,  &  Favyn,  Hijt.  de  Nav.  L.  X  , 
p.  524.  &  L.  XFIII,  p.  1170  j  Mais  Matthieu 
CompaJn ,  Jéfuite  ,  dit  qu'on  en  a  vu  de  plus  an- 
ciennes à  Châlons    fur    des  ornemens.  Avant   les 
Cordelières  ,  les  armoiriers  des  hommes  &c  des  ani- 
mes s'entouroient  de  guirlandes  ,  de  feuilles  ou  de 
fleurs ,  comme  les  images  que  les  grecs  &  les  ro- 
mains nom.moient  (îcmmata.  Les  religieux  les  ont 
entourées  de  couronnes  d'épines  ,  ou  de  chape- 
1ers  &  de  patenôtres  ;  ce  qu'a  retenu  encore  l'or- 
dre de  Malte. 
Cop-DELiÈRE  ,  (La)  nom  d'un  vaiffcau  de  Louis  XII , 
l'Amital  de  i'a  flotte.  Ce  vaiffeau  avoit  été  bâti  par 
les  foins  la  Reine ,   qui  en  avoit  fait  la  dépenfe; 
C'étoit  un  des  plus  beaux  navires  qu'on  ait  jamais 
vu.  En  1252,  dans  un  combat  naval  contre  les  An- 
glois,  la  Cordelière  accrocha  le  Régent,  le  plus 
grand  de  la  flotte  angloife ,  &  ils  furent  tous  deux 
bridés  fans  qu'on  ait  fu  par  oîi  le  feu  s'y  croit  mis. 
^  CORDELLE,  CORDEAU,  petite  corde.  Ce 
mot  n'eft  point  d'ufage  au  propre.  On  dit  quel- 
quefois dans    un  fens   figuré  ,    attirer   quelc^i'un 
dans  la  cordelle  ;  pour  dire  ,  dans  fon  parri ,  dans 
fa   faétion.    In  focietatem  ,    in  partes    fuas    tra- 
here.  Il  fe  dit  ordinairement  en  mauvaife  parr.  Les 
Ligueurs  répandirent  un  certain  nombre  de  Bour- 
geois des  plus  habiles  d'entr'cux  dans  les  provinces 
&:  les  villes  principales  du  Royaume  ,    pour  at- 
tirer à  leur  cordelle  les  Catholiques  les  plus  zélés, 
&  fortifier  le  parri.  Vign.  Marv. 

Dans   nos  vieux  Poètes  cordelle  fé  prend  pour 
toutes  fortes  de  liaifons,   &  ne  fignifie  pas  tou- 


^12 


COR 


jours  une  rocicté  vicieule.  L'amour  me  tient  dans 
fa  cordelle  ,  c'eft-à-dite  ,  dans  les  liens. 

On  attire  à  fa  cordelle 
La  flamme  la  plus  Jidellc. 

CoRi>Ei.LE,  terme  de  Marine,  corde  de  moyenne 
gtoHeur  avec  laque. le  on  hâle  un  vaillcau  d'un 
lieu  à  un  autre  ,  ou  qui  iert  à  conduire  une  cha- 
loupe de  terre  à  un  navire ,  lors  qu'il  eft  dans  le 
porc ,  ou  pour  palier  d'un  cote  de  la  rivière  à 
l'autre.  Fiunculus  nauticus. 

CORDER ,  V.  ad.  taire  une  corde  avec  de  la  fi- 
lafle  ,  de  la  foie  ,  ùc.  Funem  torquere ,  nectcre.  Il 
y  a  des  matières  qui  le  cordent  bien  mieux  les  unes 
que  les  autres. 

Corder  du  tois  ,  fignifie  mefurer  une  corde  de  bois. 
Defcàum  caudtcem  metiri.  Le  bois  iortu  ne  le  corde 
pas  bien  ,  li  on  ne  le  lait  arranger. 

Corder  ,  en  termes  ci'Lmballeur,lier  avec  des  cordes. 
Nicii^re  ,  cormccîere  i  vincire  funièus.  Il  faut  corutT 
ces  ballots. 

Corder  du  tabac.  C'eft  tordre  des  feuilles  de  tabac ,  & 
en  faire  une  elpèce  de  corde. 

Ip"  Corder  ,  (  Se  )  v.  récip.  fe  dit ,  en  termes  de  Jar- 
dinage ,  des  raves  èc  de  quelques  autres  racines , 
quand  elles  deviennent  creules  ,  &  que  leurs  fibres 
le  durciflent  :  ce  qui  arrive  lorfque  la  faii'on  en  cil: 
paflee  ,  &  qu'elles  commencent  à  monter  en  graine. 
Indurefcere ,  obdurefcere.  Alors  on  dit  de  ces  forces 
de  racines,  qu'elles  fe  cardent,  qu'elles  devien- 
nent cordées  ,  parce  qu'en  effet  il  y  en  a  qui  fo 
durciflent  au  dedans,  &  tout  du  long  ,  &  forment 
par-là  une  efpèce  de  corde.  Il  y  en  a  d'autres  qui 
de  charnues ,  &:  folides  qu'elles  étoicnc ,  devien- 
nent creufes  Si  filamenteufes ,  &  leurs  hlamcns 
font  autant  de  petites  cordes  ,  comme  les  raves , 
panais , betteraves,  ô-c.  Voici  le  temps  que  les  raves 
fe  cordent.  La  fcorfonnère  ne  fe  corde  jamais.  On 
dit  auffi  des  lamproies  qu'elles  fe  cordent,  parce 
qu'iLy  a  un  temps  où  il  fe  forme  dans  leur  corps 
une  efpèce  de  cartilage  qui  prend  depuis  la  tête 
jufqu'à  la  queue ,  &  qui  teflemble  allez  à  une 
corde.  Quand  elles  font  ainfi  cordées ,  il  n'y  a  plus 
que  les  pauvres  qui  en  mangent. 

CORDÉ ,  ÉE.  part.  palT.  &:  adj'^  Il  s-  la  lignification 
de  l'on  verbe ,  en  latin  comme  en  françois.  Pline 
appelle  une  racine  cordée,  lignofa  radix.  Liger. 
En  termes  de  Blafon  ,  on  dit  des  arcs  à  tirer  & 
des.  inftrumens  ds  Mufique  à  cordes ,  qu'ils  font 
cordes  ,  quand  leurs  cordes  font  reprcfentces  d'un 
a.utre  émail.  Cordis  inpruclus. 

En  termes  de  Médecine  ,  cordé  fe  dit  d'une  ma- 
ladie vénérienne  ,  appelée  chaude-piflé  :  la  chaude- 
pilTe  devient  cordée  par  la  malignité  du  virus  , 
qui  corrode  la  parrie  inférieure  de  l'urètre. 
C'eft  une  inflammacion  &  contraction  Aw  frœnuni 
Se  de  la  partie  du  pénis  qui  efl:  au  deflbus  ,  la- 
quelle rend  l'éreClion  douloureufe. 
CORDERIE  ,  f.  f.  lieu  propre  pour  faire  les  cordes, 
où  on  fait  des  cordes,  &  où  on  les  garde  quand  elles 
font  faites.  Funium  texendorum  officina.  C'eft  aulfi 
l'art  de  les  faire. 

^  CORDES.  Petite  ville  de  France  dans  l'Albi- 
geois, fur  la  petite  rivière  de  l'Aurou. 
CÔRDIA.  Nom  propre  d'une  famille  de  l'ancienne 
P.ome.  Cordia  s;ens.  La  famille  Cordiae^i  peu  connue. 
Cicéron  eft  peut-être  le  feul  Auteur  qui  parle  d'un 
Cordius.  Sur  les  médailles ,  parmi  lefquelles  il  y 
en  a  deux  ou  trois  affez  communes ,  elle  a  le  pré- 
nom Mv.  &  le  furnom  rufus.  Dans  les  médailles 
de  la  famille  Mutia  on  trouve  cordi.  Peut-être 
que  les  Cordius  n'écoient  qu'une  branche  de  Mu- 
tins,  &  que  MV  fignifie  Murius.  Car  il  eft  cer- 
tain que  la  famille  Mutia  s'étoit  divifée  en  deux 
branches ,  donc  l'une  croient  les  Cordas  ,  comme 
on  dit  communément ,  ou  plutôt  peut-ctte  les 
Cnr/^ij:s  ,  &  l'autre  les  Scxvola. 
CORDIAL ,  ALE  ,  adj.  qui  réjouit  le  cccur  ,  qui  le 


COR 

fortifie.  Cordi  utilis  ,  conveniens.  Le  vin  vieux  cil: 
cordial.  Les  trois  fleurs  cordiales  font  celles  debu- 
glole  ,  de  bourrache  &c  de  violette.  Quelques-uns 
y  ajoutent  les  œillets  Se  les  rofes.  Les  quatre  eaux 
cordiales  font  celles  de  bourrache ,   de  buglofe  , 
d'endive ,  Ôi  de  chicorée.  Quelques-uns  â']oucen: 
celles  du  chardon  bénit ,  de  fcorfonnère  ,  de  mor- 
Jus  diaboli,  de  fcabieufe ,  d'oléille  &:  d'alleluya. 
Poudre  cordiale.  Voyez  PouuRE. 
Cordial  fe  dit  figurément  de  celui  qui  eft  fincère , 
qui   eft  plein   d'aifédion  ,    qui  procède  du  tond 
du  cœur.  Ex  animo  amicus  ,  vere  bcn^volus  ,    cor- 
datus.  On  ne  lauroir  trop  chérir  un  ami  tranc  & 
cordial.    Amour  cordial.  Atfedion  cordiale.    Ge- 
nuinus   ,  Jincerus. 
Cordial,  f.  m.  terme  de  Médecine.  Remède  con- 
forratif  qui  ranime  &:  fortifie  le  cœur.  Remedium  , 
pharmacum  cordi  unie.  Les  cordiaux  ont  fauve  ce 
malade,  &  lui  ont  aidé  à  furmonter  la  malignité 
du  mal. 
Cordial  fe  prend  aulli  au  figuré  pour  un  fecours ,  & 
une  confolation  concre  les  afflidions    de  l'efprit. 
Pr&filium,  jolatium.  Le  chagrin  ac  la  triftelié  me 
ron.i;;ent ,  quand  je  ne  fuis  point  muni  de  ces  fe- 
cours agréables  ,  qui  me  fervent  de  cordiaux  contre 
le  venin  de  ces  deux  cruelles  pallions.  Balz. 

CORDIALEMENT,  adv.  fincèrement ,  d'une  manière 
affedueufe  &  cordiale.  Sincère ,  verè.,  ex  animo. 
C'eft  un  homme  qui  vous  aime  cordialement ,  8C 
du  fonl  du  cœur. 

CORDIALITÉ ,  f.  m.  amitié  franche  &  finccre.  Amor 
verus  ,  non  jicîus  ,  Jingularis.  Ces  deux  amis  vi- 
vent enfemble  dans  une  gtznàe  cordialité.  Parler» 
airir  avec  cordialit'e. 

CORDIER  ,  f  m.  celui  qui  fait  ou  qui  vend  de  la 
corde.  Refîio  ,  rcjiiarius.  On  dir  en  r<iillerie,  que 
les  Cordisrs  çrasrnent  leur  vie  à  reculons. 

{fr  CO:iDIFÔRME,  terme  de  Botanique,  cordi- 
formis,  qui  repréiénte  la  figure  d'un  cœur.  On  cic 
aulîi ,  figuré  en  cœur. 

CORDILIAS  ,  f.  m.  eft  une  grolfe  éroffe  de  laine 
qui  eft  une  efpèce  de  gros  drap  ou  de  bure.  Le- 
videnfa.  Il  en  vient  d'Efpagne  &  de   Languedoc, 

CORDILLE.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  au 
jeune  Thon  qui  vient  de  fortir  de  l'œuf.  Limaire 
&C  Fela/nide  iom  les  autres  degrés  de  grandeur  de  ce 
poiffon ,  qui  s'appelle  cordille  quand  il  vient  de 
naître. 

CORDOANIER ,  f.  m.  vieux  mot  qui  fe  difoit  pour. 
Cordonnier  ,  à  caufe  du  cordouan  ,  efpèce  de  cuic 
venu  de  Cordoue  en  Efpagnc,  dont  on  fait  le 
delÏÏis  des  fouliers. 

CORDON,  f.  m.  petits  brins  ou  fils  de  chanvre  ou 
de  corde,  qu'on  tortille  pour  en  faire  une  plus 
grolle  corde.  Funiculus ,  rcfiicula.  Cette  corde  eft 
compofée  de  trois ,  de  quatre  cordons. 

Cordon  fe  die  aulTi  quelquefois  de  ce  qui  fert  à 
lier  ou  à  entourer  quelque  chofe.  Vinculum ,  cin~ 
gulum.  Des  cordons  de  fouliers.  Des  cordons  de 
bourfe.  Des  cordons  de  chapeau,  de  foie,  d'or 
ou  d'argent.  Le  cordon  de  chapeau  eft  ce  qui  en- 
toure le  chapeau  par  le  bas  de  la  forme  en  de- 
hors. Des  cordons  de  caleçons.  Des  cordons  a 
pendre  un  miroir,  des  rablecces,  des  tableaux. 

Cordon  à  la  ratière.  C'eft  le  nom  que  Ion  donne  à  la 
ganfe,  lorfqu'elle  a  été  travaillée  fur  un  métier  avec 
la  navette. 

Cordon  de  chanvre.  C'eft  du  chanvre  prêr  à  fi- 
ler ,  plié ,  &  comme  cordé  en  gros  ou  petits  pa- 
quets. 

Cordon  fignifie  aufli  quelquefois  la lifière d'une  étoffe. 
Ce  ternie  eft  parriculièrement  en  ufage  dans  les 
Manufadures  de  Languedoc  ,d'Auch,  Montauban, 
Bourdeaux  &;  Rouiîillon. 

Cordon  eft  quelquefois  une  inarque  de  Chevale- 
rie. On  appelle  un  Cordon  bleu  ,  Eqidtum  torqua'^ 
torum  Ordmis  Sancli  Spirints  vitta  Ccerulea  ,  celui 
qui  eft  Chevalier  de  l'Ordre  du  S.  Efprit ,  &  qui 
porte  un  ruban  large  de  cette  couleur  ,au  bout  du- 
quel 


COR 

quel  pend  la  croix  de  l'Ordre.  Le  Cordon  de  S. 
Michel  cft  mêlé  de  plulieurs  coquilles  d'émail. 
Chaque  Ordre  de  Chevalerie  a  un  Cordon  diric- 
renr. 
Cordon  hku.  Ce  mot  fe  dit  figurémcnt  d'une  per- 
fonne  d'un  mérire  diftinguc  dans  une  Commu- 
nauté. Fir  infignis  ,  vir  ceUbris.  Le  Père  tel  efl 
un  Cordon  bUu  de  l'Ordre. 

On  appelle  auiFi ,  en  tetmes  de  Dévotion ,  le 
Cordon  S,  François ,  un  certain  cordon  garni  de 
nœuds,  que  portent  les  Confrères  de  la  ^Confré- 
rie inltituéc  à  l'honneur  de  ce  Saint.  Cirignlum 
Sancii  Francijci.  Les  uns,  comme  les  Corddicrs , 
les  Capucins,  les  Minimes  &:  les  Rccollets,  por- 
tent ce  cordon  blanc  ,  &  les  autres ,  comme  les  Pi- 
quepuces ,  le  portent  noir.  Cette  Confrérie  du  Cor- 
don S.  François  a  été  inftiruée  en  mémoire  des 
liens  dont  Jésus-Christ  fut  attaché.  Elle  cft 
compoiéc  de  plusieurs  particuliers  qui  ne  font  pas 
Religieux.  Ces  gens,  pour  gagner  des  indulgences, 
font  feulement  obligés  de'  d'ire  tous  les  .>ci!rs  cinq 
Pater  &  cinq  Ave.  Gloria  Patri ,  &  de  porter  le 
Cordon  que  tous  les  Religieux  peuvent  donner  ; 
niais^  oui  ne  peut  être  béni  que  par  les  Supérieurs 
de  l'Ordre  de  S.  François.  On  dit  être  du  Cordvn 
S.  François.  Avoir  le  Cordon.  Porter  le  Cordon. 
Donner  le  Cordon.  Prendre  le  Cordon.  Les  Indul- 
gences du   Cordon  S.  François. 

Les  Frères  du  Cordon  's.  François  font  dif- 
ieiens  du  Tiers-Ordre  de  S.  François  ,  n'ont  point 
de  règle,  mais  des  ftatuts ,  U  ne  font  point  de 
vœux.  Ce  fut_  le  Pape  Sixte  V ,  qui  inaitua  à 
AiUfe    la  Confrérie  du   Cordon   S.   François   l'an 

Ço-KDOT^  jaitrze.  Nom  de  Chevalerie.  L'Ordre  du  Cor- 
don jaune.  Les  Chevaliers  du  Cordon  jaune.  Cet 
Ordre  fut  inftitué  par  le  Duc  de  Nevers ,  fous  le 
règne  d'Henri   IV,    Roi   de  France.  C'éroit  une 
compagnie  de  Chevaliers  Catholiques  8c  Héréti- 
ques ,  qu'on  recevoir  néanmoins  dans  l'Eglife  en 
préfence  des  Curés.  Pour  cette  cércmonicon  pte- 
noit  un  Dimanche  ,  &  après  avoir  ouï  la  MeHé  j 
■on  fonnoit  une  cloche,  &  tous  les  Chevalier  de 
l'une  &  de  l'autre  Religion  s'approchoient  de  l'au- 
tel, &c  prenoient  des  places  fur  des  bancs ,  fans  gar- 
der de  rang.  Le  Général  ou  celui  à  qui  il  en  don- 
noit  la  commilîlon  ,  faifoit  un  difcours  à  celui  cjui 
demandoit  le  Cordon  jaune  ,  touchant  l'Ordre  qu'il 
■  alloit  recevoir.  Ce  difcours  fini ,  le  Grcitier  lifoit 
les    ftatuts  ,    après  quoi   le  Prêrre  qui  avoir  cé- 
lébré la  Mefle,    ouvroit  le  livre  des  Evangiles  , 
&  le  récipiendaire ,  un  genou  en  rerre  &  fansépcc  , 
mettant  les  mains  delTus ,  promerroit  avec  ferment 
d'obferver  les  ftatars ,  dont  on  venoit  de  lui  faire 
la  leélure  ■■,  le  Général ,  ou  celui  <à  qui  il  en  don- 
îioit  la  comm.ifîion,  lui  mcttoit  enfuite  une  épée 
au  coté  &  le  Cordon  jaune  au  cou ,     puis  l'em- 
braffbit.  Le  Duc  de  Nevers  étoit  Général.  Les  Che- 
valiers écoient  obligés  par  leurs  ilatuts ,  de  favoir 
le  jeu  de  la   mourre.    Il  devoir  y  avoir  un  fond 
pour  aider  le'^  Chevaliers  qui  feroient  dans  la  né- 
ceffiré.  Il  y  avoir  dans  les  ftatuts  bien  des  chofes 
ridicules  &  indécentes,  Henri  IV  l'abolit  en  \6o6. 
Cordon.     En    matière    de    blafon  ,     les    Prélars 
ont  chacun  un  cordon  différent  qui  accompagne 
l'écuilbn  de  leurs  armes,  &  defccnd  du  chapeau 
qu'ils  portent  pour  cimier.  Ce  cordon  fe  termine ,  en 
/e  divifant  &  fubdivifant ,  en  un  nombre  de  houpes 
-   plus  ou  moins  grand,  félon  leur  dignité.  Les  Car- 
dinaux ont  un- cordon  rouge  d'où  pendent  de  chaque 
côté  de  l'écuiTon,    quinze  houpes  de  même  cou- 
leur ,  en  cinq  rangs,  en  cet  otdrc  :  i  ,  i ,   3,4, 
5.  Celui  des  Archevêques  eft  de  finople,  ainfi  que 
les  houpes ,  qui  font  au  nombre  de  dix ,  en  ruatre 
rangs  -.1,2,    3,4.   Les  Evêques  l'ont  auffi  de 
finople  ,    &  n'ont  que  fix  houpes  en  cet  ordre  : 
I  ,   1  S-c  ? ,  &  les  Protonotaircs ,  qui  l'ont  auiïi  de 
finople,  n'ont  que  trois  houpes,   i   &  2. 
Cordon  ,  en  termes  d'Anatoraic,  fe  dit  de  l'ombilic , 
Torne  II, 


COR 


913^ 


ou  nombril  de  l'enfant ,  lorfqu'il  eft  encore  dans 
la  matrice.  Ce  cordon  eft  de  la  longueur  d'une  aune 
ou  environ.  Il  va  de  l'arrière-faix  jul'qu'au  vcntrs 

de  l'en.ant ,  &  renleinic  quatre  vaiiîcaux  qui  ibnt 
une  veine ,  deux  artères  &  l'ouraquc.  Ce  cordon 
icn  a  tortifier  ces  vaiifcaux  ,  &  empêche  que  l'en- 
fant ne  les  rompe  par  les  mouvcmens  qu'il  ian. 
Il  fait  encore  que  l'enf^nr  &  l'arrière-faix  puidént 
ibrtir  l'un  après  l'autre.  Aufîi-tôr  que  l'enfant  eft 
né,  on  fait  une  ligature  à  ce  cordon  ,  à  deux  tra- 
vers de  doigt  proche  le  ventre  de  l'enfant,  &: 
on  le  coupe  au  deffus  de  la  ligature.  Eniliite  la 
nature  forme  de  ce  qui  en  reftc  le  nœud  que  nous  ap* 
pelons  nombril,  tel  qu'il  eft  dans  l'homme  par- 
fait. .      " 

Cordon  ,  en  termes  d'Architedurc  ,  eft  un  arron- 
diflcment,  ou  un  certain  rang  de  pierres  qui  avan^ 
cent ,  &  qui  marquent  les  diviiions  d'une  mu- 
raille. Corona  mitri.  Le  cordon  marque  oii  finit  la 
muraille  ,  &;  où  commence  le  parapet.  Les  murs 
de  cette  place  font  élevés  jufqu'au  cordon. 

Cordon  ,  en  Charpenterie  ,  éft  la  hauteur  de  l'cn^ 
ceinte  qui  cft  d'environ  trois  pouces ,  &  qui  em* 
brade  rout  le  corps  de  la  galère. 

Cordon  ,  en  Sculpture,  eft  une  moulure  ronde  en 
manière  de  tore  ,  qu'on  emploie  dans  les  cornivhes 
de  dedans,  &  fur]  laquelle  on  taille  des  (leurs , 
des  feuilles  de  chêne  ou  de  laurier  continues  ou 
par  bouquets ,  ou  quelquefois  tortillées  de  ruban* 
Direclio ,  torus. 

En  Jardinage,  on  appelle  cordon  de  ç^aion  ,  un 
rond  de  gazon  de  certn'.-ie  largeur  ,  qu'on  emploie 
dans  les  compartimens  de  parterre  de  gaïon.  Or- 
hiculus  cejpiùcius.  On  s'en  fert  aulTi  pour  faire  les 
bords  d'un  ballin  de  fontaine.  Les  Fleuriftes  difent 
audl  le  cordon  d'une  anémone. 

Cordon  fe  dit  encore  de  tout  ce  qui  ayant  peu  de 
latgeur,  &  quelque  érendue  en  longueur ,  ou  fai- 
fant  un  cercle  ,  reifemble  à  un  filet.  Cingulum. 

Autour  de  cet  amas    de  viandes  entaffScs , 
Régnait  un  long  cordon  d'alouettes  prcffees. 

BoiL. 

On  appelle  auffi  cordon  ovx  filet ,  ce  qui  règne 

fur  la*Hrconfércnce  d'une  monnoie. 
CORDCNNER  ,  v,  a.  mettre  en  forme  de  cordon, 

tortiller  pluficurs  fils   enfemble,  FUum  torqnere  j 

contexere.  Cor  donner  fés  cheveux.  Cor  donner  de  la 

foie. 
CORDONNERIE  ,  f.  f,  l'art  de  faire  des  fouliers ,  & 

le  lieu  où  on  les  expofe  en  vente,  Sutnna ,  tabsrnd 

ftitrina. 

CORDONNET,  petit  cordon  de  fil  délié,  qui  fert  à  at- 
tacher un  rabar ,  ou  à  coucher  fur  les  broderies 
pour  les  relever  ,  &  en  marquer  le  delfein.  Con- 
textus  è  fi/o  funicnlus.  Cordonnet  d'or ,  d'argent  * 
de  fil ,  de  foie  ,  &c. 

CORDONNIER. ,  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  des  chauP 
fures  en  cuir ,  fouliers ,  bottes  ou  pantoufles.  Su- 
tor ,  calcearius  Cordonnière  ,  c'eft  la  femme  d'un 
Cordonnier.  François  Sforza  ,  qui  prit  Milan ,  §: 
qui  épouiii  la  b.âtarde  de  Philippe  Marie,  D.:c 
de  Milan ,  avoir  été  long-temps  Cordonnier.  Rg- 
CHEFORT.  Benoît  Baudouin,  natif  d'Amiens ,  fils 
de  Cordonnier  ,  &:  Cordonnier  lui-même  dans  la 
boutique  de  (on  père  ,  a  fait  entre  aurres  ouvrages 
un  Traire  de  Caîceo  antiquo&  myfîico ,  pour  faire 
honneur  à  'on  pren^ier  métier,  comme  il  le  dé- 
clare lui-même.  Jean-Baprifte  Gallo ,  Cordonrzicr 
à  Florence,  nous  a  donné  de  beaux  ouvrajrcs  ert 
fa  la'igue  ,  cntr'autres  des  Dialogues  à  l'imita- 
tion de  Lucien.  De  Vign.  Marv. 

Cordonniers,  (  ^^rtr^j  )  nom  d'une  Communauté 
d'artifans  Cc-.'onniers.  Fratres  Calcearii.  Les  Com- 
munautés des  Frères  Cordonniers  Sc  Tailleurs  éta- 
blis en  plufîeurs  villes  de  France  ,  prirent  naijîanc3 
à  Paris  par  le  moyen  de  Michel  B'ich,  Mai'rrc 
Cordonnier  ,  natif  du  Duché  de  Luxembourg,  au 

ZZ  Zz2 


^14  COR 

Dioccfc  de  Trêves,  Si  par  les  conreils  &  les  fc-  . 
cours  que  lui  fournit  le  Baron  de  Rcncy  ,  &c  quel-  1 
ques  autres  perlbnnes  de  diftintîtion  &  de  piété. 
Pendant  le  temps  qu'il  travailloit  à  détruire  le  com- 
paçnonage,  dont  nous  avons  parlé  en  l'on  lieu, 
Mfde  Renty  ôc  pluiieurs  autres  perlbnnes  de  piété 
lui  confcillèrent  d'établir  une  Tainte  (bciété  de  gens 
<le  la  profeifion  ,  qui ,  en»gagnant  leur  vie  du  tra- 
vail de  leurs  mains ,  ferviilcnt  Dieu  en  obl'crvant 
certaines  pratiques  de  dévotion ,  qui  leur  tuffent 
communes.  Le  Baron  de  Renty  ,  le  jour  de  la  Pu- 
rification de  la  Sainte  Vierge  ,  l'an  1^41  ,  mena 
Michel  Buch,  qu'on  appeloit  le  bon  Henri  ,  & 
qu'il  avoir  fait  recevoir  Maître  Cordonnier ,  il  le 
mena,dis-je,  au  Curé  de  S.Paul,  qui,  avec  fon 
Vicaire  ,  les  ayant  interrogés ,  déclara  que  leur  vo- 
-  cation  éroit  bonne,  èc  que  Dieu  vouloir  être  ho- 
noré &  Icrvi  par  cette  allbciation.  Ainlî  ce  fut  ce 
jour-là  que  cette  fociété  fut  réfoluc  &  formée. 
Le  Curé  de  S.  Paul  leur  donna  des  rcgiemens. 
M.  de  Renty  fut  déclaré  leur  protedeur.  L'Ar- 
chevêque de  Paris  approuva  leurs  réglemens.  P. 
H£lyot,  t.  nu,  c.  15. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  cor  douanier  ,  qui  a  été 
fait  de  cordouan  ,  efpèce  de  cuir  qui  vient  de  Cor- 
doue.  D'autres  tiennent  qu'il  vient  de  corde ,  parce 
qu'autrefois  on  faiibit  des  fouliers  de  corde.  On  fait 
encore  grand  trafic  en  Efpagne  Se  en  Amérique  de 
ces  forres  de  fouliers ,  qu'ils  appellent  alpar»dtes. 

On  appelle  auffi  Cordonniers-,  ies  Artifans  qui 
font  des  cordons  de  chapeaux.  Funiculorum  textu- 
res. 

On  dit  ordinairemenr ,  qu'il  n'y  a  que  les  Cordon- 
niers de  mal  chauUcsi  pour  dire  ,  que  ceux  qui  tra- 
vaillent bien  pour  aurrui ,  n'ont  pas  le  temps  de  tra- 
vailler pour  eux-mêmes. 
CORDOUAN ,  f.  m.  efpèce  de  cuir  qui  vient  de  Cor- 
doue,  &  dont  on  fait  le  defTus  des  fouliers.  Capri- 
num  corium.  Il  fe  fait  de  cuir  de  chèvre  pafle  en  tan  : 
ce  qui  le  diftingue  du  maroquin ,  qui  eft  paflc  en 

Saille- 
Cordouan  ,  adj.  qui  eft  de  Cordoue,  ville  Epifcopale 

de  l'Andaloufie  ,  en  Efpagne. 

Méprendra  plus  le  bourdon  pour  P abeille  ^ 
Ni  les  fredons  du  chantre  Cordouan  ,*" 
Pour  les  vrais  airs  du  Cygne  Mantouan.  Re. 

GouDoUAN  ,  Tour  à  l'embouchure  de  la  Garonne  en 
Gafcogne,  qui  diffère  du  méridien  de  Paris  de  o-',  1 4', 
17"  occid.  ou  30,  56',  4j".  Sa  longitude  i^î»,  li', 
45".  Sa  latitude,  ou  élévation  du  pôle  450,50',  10". 
Cass. 

CORDOUANIER ,  f.  m.  celui  qui  prépare  Se  pafle 
les  cuirs  nommes  Cordouans. 

CORDOUE.  Corduba.  Ville  Epifcopale  d'Andaloufie 
en  Efpagne  ,  fur  le  Guadalquivir,  Cordoue  eft  une 
ville  forr  ancienne ,  qui  fût  la  patrie  des  deux  Sénè- 
ques  &  de  Lucain.  Cordoue  a  été  plus  de  deux  cens 
ans  Capitale  d'un  Royaume  des  Maures ,  &  le  fiêge, 
de  leurs  Rois ,  dont  l'on  y  voit  encore  l'ancien  Pa- 
lais ;  une  Mofquée  qui  paflbit  pour  la  plus  belle  du 
monde  ,  à  larélérve  de  celle  de  la  Mecque  ,  fiir  au- 
jourd'hui la  Cathédrale  de  l'Evêquc  qui  eft  fuffragant 
de  Séville.  Cordoue  fut  reprile  par  ies  Chrétiens  l'an 

1 1  î  <î. 

Il  y  a  une  petite  ville  Epifcopale  du  Paraguai ,  à 
laquelle  on  a  donné  le  même  nom.  Laér ,  L.  XIF , 
c.  lô ,  la  met  au  5 1'  degré  ,  30  min.  de  latitude  mé- 
ridionale. 

Cordoue,  forterefle  de  ja  Tucumanie ,  bâtie  par  Ju- 
lien Sedenro ,  fous  les  ordres  de  Gomcz  Zurita  , 
Gouverneur  de  la  Tucumanie  ,  vers  le  milieu  du 
XVPfiècle.ElIe  étoit  fur  les  confins  des  Calchaquins, 
peuples  barbares  dont  elle  arrêtoit  les  courfes.  Del 
Techo ,  L.  / ,  c.  10 ,  Hijl.  Paras;. 

ÇORDZILER  ,  f.  m.  garde  du  Roi  de  Perfe  ,  Cufios, 
Sdtelles  Récris  Perfarum.  Les  Maléozogles  ayant  at- 
taqué 8c  blelTé  Ifmaël  Sophi  ,  les  Cordiilers  ,  qui 


COR 


étoient  autour  du  Prince  ,  fe  jetèrent  fur  eux  Si.  les 
mirent  à  mort  :  ces  Cord^i/ers  ibnt  les  Cardes  de 
Rois  de  Perfe  ,  car  ils  le  iervent  de  trois  Ibrres  de 
gens  en  leurs  armées  :  de  Turcomans ,  qui  ibnt  ceux 
qui  ont  des  fiefs, &  qui  doivent  fervir  le  Prince  quand 
il  les  m.ande,  à  peu-près  comme  notre  ban  &:  arrière- 
ban  :  les  féconds  font  les  Cori^i,  Coridjchi,  ou  Cord- 
!^iUrs ,  car  on  leur  donne  tous  ces  noms ,  qui  font 
ilipendiés,  Si  font  la  garde  du  Prince  ;  les  troilicmcs 
font  les  Auxiliaires  des  Provinces.  A.Thomas. 

CoRE  ou  Chore  ,  f.  m.  Corus.  Mefure  des  Hébreux  qui 
contcnoir  dix  baths ,  ou  ,  lélon  le  P.  Calmer ,  298 
pintes  ,  ehopine  ,  demi-fetier  Se  -tl^î^  de  pouce 
cube.  Lorfque  Dieu  envoya  des  cailles  pour  la  fé- 
conde fois  dans  le  camp  des  Hébreux,  chacun  en 
amafla  une  fi  grande  quanriré,que  ceux  qui  en  avoicnt 
le  moins ,  en  eurent  jufqu'à  dix  cores.  Norab.  c.  XI, 
V.  52.  Cette  mefure  s'appelle  auffi  chômer.  Les  Tra- 
duéleurs  de  Louvain  la  nomment  coron.  Je  donnerai 
vingr  mille  corons  de  froment.  Si  autant  de  corons 
d'orge.  Paralip.  ch.  Il,  v.  10. 

CORÉE  ,  f-  f.  ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey  ,  pourfi- 
gniner  frefiure  de  bête.  Ext:i,vijcera.  D'autres  di- 
lent  courrce.  Ces  mots  ne  font  d'ufage  que  dans  quel- 
ques provinces. 

COREE.  Corea.  La  Corée  eft  une  grande  prefqu'îla 
d'Afie  qui  a  titre  de  Royaume  ,  qui  rient  à  la  Chine 
du  côté  du  Japon.  Foyei  Martinius  fur  ce  pays. 

Corée  ,  f.  m.  pié  d'un  vers  grec  ou  larin  ,  compofé 
d'une  longue  bc  d'une  brève. 

Corées  ,  f.f.  pi.  fêtes  en  l'honneur  de  Proferpine  , 
que  les  Siciliens  honoroient  Ibus  le  nom  de  Cora, 
De  x""^  ■>  jeune  5c  belle  fille. 

CORENTIN,  f  m.  nom  d'homme.  Corentinus.  S.  Co- 
rentm  ,  premier  Evêque  de  Quimper,  éroir  difciple' 
de  S.  Marrin,  par  lequel  on  dit  qu'il  tût  lacré  :  fon 
Eglife  Cathédrale  l'ayant  pris  pour  fon  patron  titu- 
laire avec  la  Sainre  Vierge,  la  ville  s'appela  depuis 
Qttimper-Corentin  ,  comme  s'il  en  croit  le  fonda- 
teur. 

CORÉRIE  ,  f.f.  nom.  qui,  à  la  grande  Charrreufe,  fe 
donne  à  la  maifon  d'en  bas ,  où  dem:urenr  les  Con- 
vcrs.  Coreria,  Il  y  a  des  livres  imprimés  à  la  Corerie, 
Corerice. 

CORÉSIE,  f.  f.  Co-ejia,  terme  de  Mythologie,  nom 
que  les  Arcadi'-'ns  donnoient  à  Minerve. 

CORÉSIEN  ,  ENNE  ,  f.  m.  Si  f.  qui  eft  de  la  Corée. 
Coreanus  ,  a.  Les  Corejiens  fonr  idolâtres ,  Si  ont 
plufiairs  Religieux  Si  pluficurs  Monaftcres.  Avant 
que  le  Tartarc  fc  fût  rendu  Maître  de  la  Corée  ,  les 
Coréficns  fe  plongeoient  dans  toutes  fortes  de  dilîb- 
lutions.  Corn. 

CORESSES,  f.  f.  pi.  on  nomme  ainfi  à  Calais  les  lieux 
où  l'on  fait  forer  le  hareng  -,  ailleurs  on  les  appelle 
Roudablcs. 

CORÉSUS.  Cm.Prêtre  de  Bacchus.Il  y  auneTragédie 
intitulée^  Corv/ài  ,  par  M.  de  la  Folfe. 

CORRÉVÊQUE.  Voye:^  Chorévêque. 

CORÉYEN  ,  ENNE  ,  f.  m.  Si  f.  nom  de  peuple.  Ce 
font  les  habitans  de  la  Corée,  grande  Pcninfule, 
joinre  à  la  Chine,  du  côté  du  Japon.  On  dit  autli 
Corcfitns.  Le  P.  Crafiêr  dans  fon  Hifioire  du  Japon  , 
ccrir  toujours  Corcyen. 

CORFIOTE  ,  f.  m.  &  i.  Corcyrœus ,  qui  eft  de  l'île  de 
Corfou.  Les  Corfiotes  fonr  prefquc  rous  Grecs  fchif- 
matiques.  Ils  fe  donnèrenr  l'an  1586  aux  Vénitiens , 
qui,  pour  être  maîrres  S>c  paifibles  pofTelfeursde  cette 
île  ,  paycrenr  l'an  1401  ,  trenre  mille  ducats  à  La- 
diHas,  Roi  de  Naples ,  auquel  Corfou  appartenoit 
auparavant. 

Ce  mot  eft  formé  de  l'Italien  Corfioiti. 

CORFINIUM,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  le  p.iys 
des  Péligniens  ,  aujourd'hui  l'Abruzze  citéricure. 
Elle  n'ét'oit  pas  loin  de  Sulmone -,  elle  eft  ruinée. 
Dans  la  guerre  appelée  5ocw/^ ,  les  alliés,  Marfes , 
Samnites,  Si  aurres  peuples  d'Italie  l'établirent  leut 
Capitale ,  Se  le  fiègc  de  leut  Goavcrnemcnr,  l'an  de 
Rome  66j ,  Si  la  nommèrenr  Italique  ,  comme  la 
commune  Patrie  Scia  métropole  de  tous  les  peuple* 


COR 

4e  ritalie  ligues  cnfcmble.  Ils  y  tracèrent  une  grande 
PLce  5c  un  Palais  pour  le  Sénat  à  l'inltar  de  celui 
de  Rome.  Ils  eurent  foin  auffi  de  la  fortifier ,  &  d'y 
amalîer  toutes  fortes  de  provilions ,  argent ,  vivre  tk 
munition  de  guerre.  On  croit  que  c'eft;  le  village  ap- 
pelé aujourd'hui  San-Pelano.  D'autres  diient  que 
c'eft  le  village  Pentin.i. 
CORFOU,  nom  d'une  Île  nommée  Corryre  par  les 
Anciens  ;  CoTcyra.  L'Ile  de  Corfoii  n'eft  Icparée  de 
i'Epire  que  pat  un  canal  d'une  à  deux  lieues  de 
largeur.  Maty.  L'air  y  eft  bon,  le  terroir  fertile  en 
vin ,  huile  ,  citrons ,  oranges ,  &c.  Les  habitans  de 
l'Ile  de  Cor  fou  s'appellent  Corfiotti.  1d.  Foye:^CoK- 

CYRE  &  CoRFIOTE. 

L'Ile  de  Corfou  pourroit  difputer  de  Fortereflc 
avec  celle  de  Malte,  Ci  elle  ctoit  audi  régulière  ,  &c 
on  peut  dire  que  ce  font  les  deux  portes  de  la  Chré- 
tienté. De  plus  la  beauté  de  fon  territoire  eft  autant 
agréable  &  fertile ,  que  celui  de  Malte  eft  ftériie 
&  ennuyeux.  Du  Loir  ,  L.  X ,  p,  556.  Il  y  a  bien 
des  chofes  à  apprendre  fur  cette  famcufe  Ile  dans  le 
bel  ouvrage  de  M.  le  Cardinal  Querini,  imprimé  à 
Brefle  en  1758  ,  fous  ce  titre  :  Primordia  Corcyra:. 
Il  fuffira  de  voir  les  Mémoires  de  Trcvoux ,  année 

1759- 
CoRFou  eft  aufll  le  nom  de  la  capitale  de  la  même 
Ile.  C'eft  la  feule  ville  qu'il,  y  ait ,  mais  on  y  trouve 
quantité  de  bourgs  &  de  villages. 
CORGEou  COURGE,  f  f.  termes  dont  on  fefert  aux 
Indes  Orientales  dans  le  commerce  des  toiles  de 
coton ,  pour  lignifier  une  certaine  quantité  de  pièces 
de  toile,  hzcorge  eft  de  vingt  pièces. 
CORGIE  ,  f.  f.  vieux  mot.  Verge  ou  fangle  de  cuir. 
On  difoit  audi  courne.  C'eft  delà  qu'on  a  dit  une 
ejcoiirt^ce, 
CORIACE,  adj.  m.  &  f.  qui  eft  dur ,  &  qui  tient  du 
cuir.  Caro  dura ,  d^ntibus  non  cedcns.  Il  ne  le  dit  que 
des  viandes  cuites  qu'on  mange  avec  peine  ,  qui  fe 
divifent  avec  peine.  La  vache  eft  fort  coriace. 

On  dit  figurément ,  dans  le  ftyle  familier  ,  d'un 
homme  avare ,  dur ,  difficile  ,  &:  dont  on  a  de  la 
peine  à  tirer  quelque  chofe  ,  que  c'eft  un  homme 
coriace. 

Ce  mot  vient  du  latin  coriaceus .'Hicovi. 
CORIAMBE,f.  m.  C'eft  un  terme  de  profodie  grecque 
fi<;lai;ine,qui  lignifie  le  pié  d'un  vers  compofé  de  deux 
brèves  entre  deux  longues ,  comme  hijtoricz.  Il  s'ap- 
pelle Cor/iîOT/^4f  à  cauie  qu'il  eft  compofé  d'un  Corée 
&  d'un  ïambe. 
CORIANDRE ,  f.  f.  fe  prend  le  plus  fouvent  pour 
la  fcmence  d'une  plante  ombellifère,  dont  nous  al- 
lons parler. 
Coriandre.  Coriandrum.  Plante  annuelle  ,  qui  a  pris 
fon  nom  de  fon  odeur ,  qui  eft  aulîî  dclai^rcablc  que 
celle  de  la  punaife,loriquc  cette  plante  eft-  verte.  On 
feme  des  champs  entiers  de  corAz/z^rcdans  plufieurs 
endroits  du  Royaume.  Sa  racine  eft  menue,  fibreuie, 
blanchâtre.  Sa  tige  eft  haute  de  deux  pies  environ  , 
quelquefois  moins,  lilîe,  glabre,  arrondie,  raoel- 
leule  ,  branchue,  &  gSrnie  dans  le  bas  de  feuilles 
larges ,  découpées  en  quelques  fegmens ,  dentelées 
fur^leurs bords,  &:  pareilles  à  une  portion  de  feg- 
mens de  la  feuille  de  perfil ,  mais  un  peu  arrondies, 
d'un  vert  gai,  &  d'une  odeur  très-dcfagréable.  Celles 
du  haut  font  finement  découpées ,  &;  imitent  celles 
de  la  camomille  ;  Textrcmité   des  branches  &  des 
tiges  eft  rerminée  par  des  dentelles  de  fleurs  blan- 
châtres ;  à  cinq  pétales  inégales  &  fleurdclifées.  Le 
calice  qui  foûtient  ces  fleurs  devient  un  fruit  com- 
pofé de  deux  graines  rondes  -,  &  il  arrive  fouvent 
qu'une  des  deux  avorre.  Cette  graine  pour  lors  eft 
plus  ronde,  fétide  lorfqu'elle  eft  fraîche,  mais  agréa- 
ble étant  deiféchée.  On  ne  fe  fert  que  de  la  coriandre 
ieche  ,  elle  eft  ftomacale  ,  cordiale  &  carminative. 
On  forme  des  dragées  avec  la  coriandre,  dont  on  fe 
fert  pour  exciter  l'appétit  &:  chafler  les  vens.  Les  An- 
ciens ont  cru  que  le  ius  de  coriandre  étoit  dangereux, 
&  faifoit  perdre  le  fens ,  K  même  la  vie  :  mais  les 
Modernes  en  ufcnt  en  plufieurs  remèdes.  La  manne 


c 


O  R 


9i\ 

qui  nourrit  les  Hébreux  dans  le  défert  rcflcmbloit  "^ 
la  graine  de  coriandre. 

Quelques-uns  font  venir  ce  mot  de  x^V'-  5  qui  fi- 
gnifie  une punaije ,  parce  que  fes  leuilles  fententfla 
punaife.  D'autres  lelont  venirdu  mot  Grec  K'>fr. ,  qui 
fignifie  [2Lprunelle  des  yeux  ,  &:  de  ^.4f>»» ,  hominumt 
parce  que  la  coriandre  alfoiblit  la  vue. 

ffs"  CORIARIA ,  petit  arbtiffeau  qui  croît  aux  en- 
virons de  Montpellier  ,  &  qui  fert  à  tanner  les 
cuirs. 

%fT  CORICÉE.  Coriceuni,  pièce  des  Palcftrcs  anciens. 
Les  Grammairiens  ne  conviennent  pas  oc  la  lignifi- 
cation de  ce  mot.  Ceux  qui  le  font  venir  du  mot 
grec  ».0(1--;,  jeune  fille  ,  prétendent  queCor/c^/zmctoic 
le  lieu  où  les  jeunes  filles  s'excrçoicnt  à  la  lutte  &  à 
la  courfe.  Quelques-uns  le  font  venir  de  x^if  ■>  die- 
veux  ,  &  difcnt  que  c'étoit  un  lieu  deftiné  à  taire  le 
poil.  Mercurial,  fans  s'embarrafiér  de  l'étymologie, 
dit  que  c'ctoit  un  lieu  où  l'on  ferroit  les  habits  de 
ceux  qui  s'exerçoient  dans  les  Paleftrcs ,  ou  qui 
febaignoienr.Baldus  dérive  le  motcor/ct/iw  du  mot 
grec  x'-^^'X'^'^  ?  qui  fignifie  baie  ou  creu  ;  &:  dit  que 
c'eft  un  jeu  de  longue  paume  &  de  balon  ,  pièce  né- 
ceifaire  dans  un  Paleftre.  Cette  explication  paroît 
préférable.  Ant.  Grec,  et  Romain. 

CORIE,  f  f.  terme  de  Myrhologie.  Les  Arcndiens, 
dir  Cicéron  ,  appcloicnt  de  ce  nom  la  Minerve  , 
fille  de  Jupiter  &  de  Coriphe,  une  des  Occanides, 
6-:  la  regardoicnt  comme  inventrice  des  Quadriges. 

CORINTHE  ,  Corinthus  ,  ville  de  Grèce  ,  dans  lePé- 
loponnèfe  ,  ou  la  Morce  ,  près  de  l'Ifthir.c  ,  ou  de 
la  langue  de  terre  quijointlcPcloponnèfeà  la  Grèce, 
entre  le  Golfe  de  Lépante  &:  celui  i.VEne,h\:i.Corin:he 
fut  fondée  par  Sifyphe  filsd'Éole,  ou  fclon  Patercu- 
lus ,  L.  i  ,  c.  -j  ,  environ  cent  ans  après  le  Sac  de 
Troye,  par  Halètes ,  fils  d'Hippotes,  &  lefixième 
des  Héraclides  depuis  Hercule  leur  chef.  Homcre 
en  parle  ,  I/iad.  L.  11 ,  v.  570.  Elle  s'appela  d'abord 
Ephyre,  dit  Patcrcuius.  On  croit  qu'elle  prit  le  nom 
Curinthe ,  de  Corinthe  fils  de  Marathon,  ou  ,  félon 
d'autres ,  de  Pélops ,  qui  larctablit.  C'a  été  une  des 
plus  importantes  villes  de  la  Grèce.  Elle  eut  d'abord 
des  Rois  :  eni'uite  elle  fe  fit  république.  Lucius  Mum» 
mius  la  prit  pour  lesP^omains,  &  la  pilla  l'année 
même  que  Scipion  détruifjt  Carthage  ,  c'eft-à-dire, 
l'an  de  Rome  60-/  ;  5c  par  conféqucnt  147  ans  avant 
Jesus-Christ.  Elle  fublifta, félon  Paterculus,8  5 1  ans. 
Le  feu  que  le  Conful  Mummius  y  fit  mettre  en  la 
réduifant  en  cendre,  fondit  toutes  les  ftatues ,  &:  les 
ouvrages  de  ,  diftcrens  métaux ,  qu'il  y  avoit  en 
très-grande  quantité  •,  Se  ce  mélange  de  tous  ces  dif- 
férens  métaux  fondus  enfemble  produifit  l'airain  de 
corinthe,  fi  eftimé  chez  les  Anciens.  Jules  Célar  la 
rétablit ,  &  du  temps  de  S.  Paul  elle  étoit  encore  flo- 
rilfante.  Etienne  dit  qu'elle  s'eft  appelée  Epope  , 
Pagos  Ephyta ,  Heliopolis ,  &  Acrocorinthus.  Ce 
dernier  nom  ne  fedonnoit  proprement  qu'à  la  cita- 
delle •,  elle  étoit  fi  élevée  ,  ôc  d'un  accès  fi  difficile  , 
qu'il  avoit  palfé  en  proverbe  de  dire  des  chofes  diffi- 
ciles. Il  n'eft  pas  permis  à  tout  le  monde  d'aller  à 
Corinthe.  Non  omnibus  licct  adiré  Corinthum.  C'é- 
toit proche  de  Corinthe  que  fe  faifoient  les  jeuxlfth- 
miques.  /^ciyf{  Vigenere  fur  Céfar.  Quand  cette  ville 
fut  Chrétienne,  elle  devint  le  Siège  d'un  Archevê- 
que fournis  au  Patriarchat  de  Conftantinople.  Dans 
la  fuite  elle  fut  foumife  aux  Vénitiens ,  par  la  con- 
celTion  que  leur  en  firent  les  Defpores.  Elle  obéit  au 
Turc  depuis  1458,  que  Mahomet  II  la  prit  aux  Vé- 
nitiens. 

Après  \\v\vmx\\\x%Corinthe  fut  loo'ans  fans  être  ha- 
bitée. Elle  a  été  deux  fois  le  théâtre  des  cruautés  d' A» 
murât  II,  &  de  Mchcmet  lîn  fils.  Ces  Ottomane 
l'ont  tellement  ruinée,  qu'elle  ne  contient  pas  vin!;E 
maifons ,  encore  ne  font-ce  que  desmazures.  Je  n'y 
ai  rien  vu  de  plus  enrier  que  II  colonnes ,  qui  n'ont 
aflûrément  fubfiftc  , 'que  parce  qu'elles  n'ont  pas  de 
beauté.  Elles  ne  font  que  de  grofiiés  pierres  -,  &  je 
pcnfe  qu'elles  ont  été  faîtes  avant  que  les  ordres  de 
î'Architedure  fulfent  inventés.  Elles  ont  pour  le 

Z  Z  Z  z  z  jj 


5>l<^ 


COR 


COR 


moins  5  pies  de  diamètre,  &  n'en  ont  pas  lo  de  hau- 
teur ,  &  pour  chapiteau  il  n  y  a  deffus  qu'un  limpie 
cordon  tait  comme  un  bourlct.  Elles ibntii  vieilles, 
^ciu'elles  font  toutes  rongées  par  le  temps,  ôi  ne  Tont 
qu'à  1 5  pics  les  unes  d-  s  autres 

On  voit  afiez  proche  de  ces  colonnesun  refted'E- 
glile  dont  la  vouce  &  les  murailles  Ibnt  tcvètucs  de 
brique,  &  les  inlcriptions  qui  lont  en  dedans  lut  un 
pilier  nous  en  pourroient  apprendre  quelque  choie, 
fi  elles  n'étoient  tcikmertt  eltacées,  qu'il  eft  impol- 
fiblc  de  les  lire. 

Dans  un  champ  voiiîn  de  cette  Eglife  ,  j'ai  remar- 
que une  groliè  tète  de  matbie  blanc  tout-à-tait  gâtée 
8:  mcconnoidable,  &  une  table  de  pareille  maricre, 
fur  laquelle  ctoit  taillée  en  bas  reliet",d'une  Iculpturc 
admirable,  un  refte  de  bataille,  dont  le  principal 
perlbnnage  eft  un  jeune  cavalier  armé  à  la  Romaine , 
grand  à  demi-nature. 

Ce  morceau  efl.  tout  ce  que  je  vis  dans  Corinthe  qili 
me  pût  fatisfaire  après  la  vue  de  la  fîtuation  qui  eft 
merveillculc.  Elle  efl:  à  un  quart  de  lieu  de  la  mer  lur 
une  colline  faite  en  amphithéâtre  ,  dont  les  degrés 
vont  infenliblement  fe  rendre  au  port  Léchée  ,  où  il 
y  a  encore  une  tour  qui  fervoit  de  fanal  autrefois. 

Pour  VAcrocorinthe  ,  au  pié  duquel  la  ville  éroit , 
ni  les  Romains  ni  les  Turcs  ne  l'ont  pas  détruit.  C'eft 
un  rocher  fort  haut,  qui  a  deux  pointes  &:  uneForte- 
refle  bâtie  deflus ,  que  tiennent  les  Turcs ,  &  qui  ell 
inacceiîîble  de  tous  côtés,  fi  ce  n'eft  de  celui  du  port 
Cenchrée  qui  fait  la  meilleure  partie  de  la  ville.  Les 
Turcs  ont  peuplé  le  refl:e  de  Nègres.  Du  Loir  ,  Let. 
X -,  p.  54i  ,  343- 

Auprès  de  Corinthe  efl:  un  bois  de  Cyprès  que  les 
Anciens  appeloient  Craneum,  vers  lequel  étoicnt 
autrefois  les  fépulchrcs  de  Lais  &:  de  Diogène  le  Cy- 
nique. On  nous  dit  qu'il  y  avoit  encore  dans  ce  bois 
un  grand  bâtiment  de  marbre  blanc  ruiné  ,  qui  pour- 
roit  être  le  temple  de  Bellérophon,  ou  celui  de  Vé- 
nus de  Ménalide. 

Le  territoire  de  Corinthe  n'cft  pas  moins  fertile 
qu'agrcable.  Son  golfe  lui  fcrt  de  canal ,  m'ayant 
pas  plus  de  8  à  lo  milles  de  large,  fi  ce  n'eft  en 
quelque  endroir ,  comme  vers  Crhfa ,  où  il  s'étend 
un  peu  davantage.  Sinus   Corinthiacus, 
Corinthe  ,  f.  f.  efl:    aulJi  le   nom   d'une   forte    de 
raifin  ,  dont  le  gtain  eft  petit,  fetté  &  fort  bon. 
On  l'appelle  raifin  de  Corintlie  ,  &  le  corinthe.  Le 
chalfclas ,  le  cloutât  &:  le  corinthe  ,  font  de  bons 
raihns.  La    Quintin.   Raifin   de  Corinthe  ,  petit 
raifm  à  grain  menu  ,  qui  a  l'eau  fort  douce  &  agréa- 
ble-, il  y  en  a  de  deux  ou  trois  couleuts.  Id.  Le 
corinthe  blanc  efl:  un  raifin  fort  doux ,  les  grapes 
en  ibnt  petites  5c  longues,  les  grains  en  Ibnt  me- 
nus ,  très-prelfés  ,  &  n'ont  point  de  pépin  ,  le  rou- 
çe  n'eft  pas  meilleur  que  le  blanc.  Id. 
CORINTHIE ,  f.  f.  terme  de  Fleurifle ,  tulipe  jaune- 
doré  ,  blanc  i>i  rou2;e. 
CORINTHIEN,  ENNE,  f.  m.  ^Sc  f.  qui  eft  de  Co- 
rinthe. Corinthius  ,  a.  S.  Paul  écrivit  deux  lettres 
aux  Corinthiens  que  nous  avons  encore  ,  &:  qu'on 
cite  ,  première  Epitre  aux  Corinthiens,  ou  pre- 
mière aux  Corinthiens  -,  féconde  Epitre   aux   Co- 
rinthiens, ou  i'ewizmcni  féconde    i2K,v  Corinthiens. 
La    première    Epitre    de    Saint    Paul    aux    Corin- 
thiens fut  écrite  l'an  57  de  Jesi^s-Christ  ,  24  ans 
après  la  pafîion  de  J.  C.  Poi^-x-R.  La  féconde  eft 
aufli  à  peu-près  du  même  temps. 
Corinthien,  ad),  m.  L'Ordre  Corinthien  eft  le  qua- 
trième des  cinq  Ordres  d'Architeéturc.  Corinthius  , 
Corinthiacus.  C'eft  le  plus  parfait  de  tous ,  &  le 
chef-d'œuvre  de  yArchireél:urc.  Le  chapiteau  Co- 
rinthien eft  orné  de  feuilles  d'acanthe  recourbées. 
Villalpand   dit  que  ce  font  des    feuilles  de  pal- 
mier imitées  fur  celles  du  Temple  de   S.alomon. 
On  prétend  que  l'invention  de  l'Ordre  Corinthien 
eft  due  à  un  Sculpteur  Athénien  nommé  Calima- 
que.  Vitruve  en  rapporte  l'hiftoire  dans  ibn  i^ua- 
trieme livre, c.  i.  Mais  Villalpand  traire  cette  hif 
loire  de  fable.  L'Ordre  Corinthien  a  bien  des  cho- 


fes  qui  le  diftinguent  des  autres.  Son  chapiteau  eft 
orné  de    deux  rangs  de    feuilles  &  de    huit  vo- 
lutes ,  qui  en   foutiennent  le   tailloir  ;  fa    colon- 
ne a  dix  diamètres  de  hauteur  ,  &:  fa  corniche  des 
modillons.  Vitruve  remarque,  dans  le  même  cha- 
pitre, que  l'Otdre  Corinthien  n'a  point  d'ordon- 
nance propre  &:  particulière  pour  fa  corniche ,  ni 
pour  fes  auties  ornemens ,  puilqu'il  prend  fes  mu- 
tulcs  ou  modillons  des  triglyphcs  de  l'Ordre  Do- 
rique ,  &  il  tient  de  l'Ordre  Ionique  la   fculpture 
~  qu'il  a  dans  les  friies  ,  comme  auili  fes  denticu- 
l.s&fes  coiniches.  Depuis  Vitruve  on  a  change 
quelque  choie  à  l'Otdre  Corinthien  ,  &  ians  parler 
du  Corinthien  moderne  ,  qui  eft  une  clpèce  d'Or- 
dre compoic  ,  nous  ne  trouvons  point  dans  tout 
ce  qui  nous  refte  d'ancien  Corinthien  fait  depuis 
Vitruve,  les  proportions  exa(5les  qu'il  matque  dans, 
ibn  livre. 
COR  ION  ,  f.  m.  vieux  mot.  Attache  de  cuir ,  du  la- 
tin Corium-y  cuir.  Il  eft  dans  Froiflard  ,  /.  3. 
CORIS ,  f.  f.  nom  qu'on  donne  à  pluùeurs  plantes. 
La  coris  de  Matthiole  ,  el1:  une  efpèce  de  mille- 
pertuis :  elle  pouHe  des  tiges  de  la  grandeur  du, 
thvm  &  rojîîeâtics.  Ses  feuilles  font  iemblables  à 
celles  de  la  bruyère  ,  &  oppoices  le  long  des  tiges» 
Ses  flcuts  ibnt  jaunes  ,  compolces  de  cinq  feuil- 
les difpoieas  en  rolé.  'Coris  luteu,  ou  hypericoides. 
La  coris  bleue  de  Montpellier  jette  pluiieurs  bran- 
ches aifez  dures ,  droites ,  rondes ,  de  la  hauteur 
d'une  paume  ,   ou  d'une  paume  &   demie  :  elles 
font  garnies   de  beaucoup   de  feuilles  qui  re/iem- 
blent  auiii  à  celles  de  la  bruyère  ,  &  qui  ibnt  ar- 
rangées tout  de  même.  A  la  cime  de  ces  branches , 
il  vient  des  fleuts  purpurées,  ou  qui  tirent  fur  le 
bleu  ,  Ss.  qui  ibnt  fort  belles.  La  racine  eft  groiîe, 
longue  &i  de  couleur  rouge,  Coris  cxrulea  mariti- 
ma  ,  ou  Monfpeliaca.  Il  y  a  encore  une  elpèce  d'eu- 
fraife  qu'on  appelle  coris  jaune  de   Montpellier  , 
dont  la  tige  eft  mince,  ligneuie  ,  pfefque  rouge  &: 
quarrée.  Ses  feuilles  relfemblcnt  à  celles  du  lin  ou 
de  rhydbpe.  Ses  fleuts  ibnt  jaunes.  Euphrajia  pra- 
tenfîs  lutea.  Voyez  Cauris. 
CORIS  ,  f.  m.  Coquille  qui  n'eft  guère  plus  grofTe 
qu'une    petite   olive  ,  &  qui  en  a  la  figure  ,  elle 
fcrt  de  monnoie  à  Siaméc  autres  endroits  des  In- 
des. Abbé  de  Choisy.  La  Compagnie  des  Indes  en 
fait  commerce 
CORISTEN  ,  INE  ,  ou  CHORISCHITE,  f.  m.  &  f. 
Nom  d'une  Tribu  des  Arabes.  Coriflenus ,  a.  Corif- 
chita.  Les  Corifens  ou  Corifchites  étoient  la  plus 
noble  Tribu  de  l'Arabie. 
CORLIEU  ,  ou   COURLIS  ,  ou  CORLIS  ,  f.  m. 
Oileau  de  rivière ,  gris  &  marqué  de  taches  rou- 
ges (Se  noires  ,  qui  a  les  jambes  longues,  le  bec 
long  &  courbé  -,  eipèce  de  macreufe.  En  latin  c/o- 
rius  ,  numenius ,  arquata  ,  crex ,  corlinus  ou  cor- 
livus.  Les  Atabes  appellent  auffi  cet  oiieiu  corll. 
Le  françois  5-:  l'arabe  ont  été  faits  de  la  voix  de 
cet  oiieau.  Ménage.  BelQU  croit  que  c'eft  le  mê- 
me oifeau  qu'Arifl:ote  nomme  sAo^ioç  dans  Athénée  , 
L.    II.     c.    II.    Antiphanes    le   met   au    nombre 
des  mets   les   plus  exquis    de  la    Gtèce.   De    la 
Mare.  Les  Corlis  font  plus  gros  que  les  vanneaux. 
Ils  ont  le  bec  long  d'un  demi-pié ,  &  courbé  en 
faucille.  Ils  ibnt  plus  recherchés  que  les  vanneaux , 
parce  qu'ils  Ibnt  plus  rares.  C'eft  un  très-bon  man- 
der, quoique  leur  chair  fente  un  peu  la  fauvagine. 
De  la  MarFjT/-.  de  Pol.  L.  V,  T.  XXIIUc.  1,  §.  29. 
Les  jambes  du  Corlis  font  longues,  ibn'  corps 
eft  brun  ou  cendré  ,  l'extrémité  de  iés  doigts  efl: 
noirâtre.  Ils  font  féparés  -,  mais  il  y  a  une  mem- 
brane qui  les  joint    par  le  commencement  ,  qui 
delcend  de  part  &  d'autre  proche  des  doigts  ,  Sc 
les  élargit  par  en  bas.  Ses  ongles  font   ttès-noirs; 
fon  bec  eft  long  de  huit  pouces ,  ou  environ  ;  il 
va  quelquefois  jufqu'à  neuf  pouces  ;    après  trois 
doiçts  de  diftance  de  la  tête  il  commence  à  fe  cour- 
bei\  Sa  couleur  eft  noire.  Ses  plumes  tirent  furie 
bruni  mais  elles  ibn:  diverliiiées&maTquetcîs.  Gel- 


COR 

les  qui  font  entre  les  aîles  &  le  dos  Tont  fort  Iiiî- 
iantes ,  comme  des  poils  de  foie  ;  par  le  milieu 
elles  l'ont  noires  ;  autour ,  cil  js  font  rouiîeâtrcs  par 
intervalles.  Son  cou  cil  long  de  (ix  doigts.  Sa  cou- 
leur a  plus  de  brun  Se  de  cendre  que  de  blanc. 
Sa  plume  efl:  très-douce ,  les  plumes  de  fa  queue 
font  longues  de  cinq  doigts ,  &  dilbinguées  de  ta- 
ches blanches  &  noires  par  intervalles,  il  a  des 
taches  noirâtres  à  la  poitrine  ,  autour  defqucllcs 
,  les  plumes  font  rougeâtres  ■,  les  extrémités  des  pen- 
nes font  noirâtres.  Le  ventre  &  le  de  fous  des  aîies 
ibnt  blanchâtres.  Ses  aïles  font  grandes  &  diver- 
lîfiées  de  noir  ,  de  blanc  &  de  brun. 

Cet  oifeau  cft  d'un  goût  merveilleux.  Il  a  la 
moitié  de  la  cuiife  au  delfus  du  genouil  dénuée  de 
plumes ,  ainfi  que  la  plupart  des  oifeaux  de  ma- 
rais. Les  Cor/;<;//A- volent  en  troupe,  &  font  leur 
pâture  dans  les  prés  de  la  verveine  qu'ils  y  rencon- 
trent. Ils  font  quatre  œufs ,  qui  font  de  couleur 
pâle  ,  &  couvent  au  mois  d'Avril, 

tp^  CORLIEU  de  plaine.  Foy^i  Courlis. 

|Cr  CORLIN  ,  ville  d'Allemagne  dans  la  Pomcra- 
nie  ultérieure.  Elle  appartient  à  l'Evêché  deCam- 
min; 

CORME  ,  C.  f  fruit  fort  acide  &c  acre  ,  qui  efl;  fait  en 
forme  de  pctirc  poire  fiuvage ,  tlont  les  Paylâns 
font  de  la  boilfon  ,  &  dont  on  ne  peut  manger  , 
qu'elles  ne  foient  tout-à-tait  mûres  ,  c'eft-à-dire  , 
qu'elles  ne  foienr  molles  &  noirâtres.  On  l'appelle 
autrement/orife  ,  f,rtum-,  d'où  Ménage  prétend  que 
le  mot  françois  eft  dérivé.  Voye:^  Sorbe. 

CORMERY,  petite  ville  de  France  en  Touraine  ,  fur 
l'Indre  ,  à  trois  lieues  de  Tours,  avec  une  Abbaye 
de  Bénédiétins.  Cormeri.icum. 

CORMETY  ,  f  m.  nom  que  les  Turcs  donnent  à  la 
Cochenille. 

CORMICI,  petite  ville  de  France  en  Champagne, 
dans  le  Remois ,  à  quatre  lieues  de  Reims.  Cul- 
mifciacum. 

CORMIER  ,  f  m.  grand  arbre  qui  porte  des  cor- 
mes, &  qu'on  plante  d'ordinaire  dans  une  terre  à 
blé.  Sorbus.  Lé  cormier  eft  un  bois  propre  à  faire 
des  fufeaux  pour  les  rouets ,  &  bnterncs  des  mou- 
lins ,  qui  fe  doivent  débiter  ou  fendre  de  quatre 
pouces  en  quatre.  On  en  fait  auifi  les  outils  des 
Menuiliers  j  car  ce  bois  eft  cxrrêmctrient  dur  &  ferré. 
On  dit  qu'un  ais  de  cormier  mis  dans  un  tas  de 
blé  ,  en  chalfe  toutes  fortes  d'infeCtes.  Aldrovan- 
Dus.  Voye^  Sorbitr.. 

Il  y  a  dans  les  Iles  Antilles  un  arbre  qu'on  ap- 
pelle cormier  ,  parce  qUe  fon- fruit  a  le  goîit  de  la 
corme.  Il  cft  bien  différent  du  cormier  qu'on  voit 
en  France;  car  il  ell  d'une  hauteur  exceillve,  &; 
forr  beau  à  voir ,  ayant  de  belles  feuilles  &  plu 
fleurs  branches  qui  les  accompagnent.  Il  po''te  un 
fruit  agréable  &  rond  comme  une  cerife.  Ce  fruit 
•eft  de  couleur  jaune ,  tacheté  de  petites  marques 
rouges ,  &:  qui  tombe  de  lui-même  lorfqu'il  eft  mûr. 
Les  oifeaux  en  (ont  fort  friands.  Rochefort. 

CORMIÈRE,f  m.  terme  de  marine,  C'eft  la  der- 
nière pièce  de  bois  au  plus  haut  de  la  poupe  ,  qui 
étant  artemblée  avec  le  bout  iupérieur  de  l'ctam- 
bord  ,  forme  k  bout  de  la  poupe.  Fiiypis  pro- 
duclio.  On  l'appelle  auHi  trepot  y  ou  alonge  de  pou- 
pe. 

CORMORAN  ,  f.  f  oifeau  aquatique ,  qui  appro- 
che de  la  figure  du  corbeau  ,  ou  du  pélican  de 
Mer  ,  félon  quelques  autres.  Philacrocoran  ,  cor- 
vus  aijuaticus.  Il  a  le  bec  long  auHî-bien  que  le 
cou ,  &  le  pié  plar.  On  l'appelle  auffi  corbeau  pé- 
cheur ,  ou  corbeau  marin.  Il  eft  fort  glouton ,  & 
grand  deftruéfcnr  de  poiffon.  Le  cormoran  avale 
de  gros  poiflbns  à  caufe  qu'il  a  le  gofier  fort  lar- 
ge. Il  eft  de  la  grandeur  d'un  chapon;  fon  bec  cft 
long,  aigu  &  rougeâtre.  Son  plumage  eft  noir  ou 
gris  fort  brun  -,  un  peu  verdâtre  par  les  aîles  \  mais 
au  deffous  du  cou  &  du  ventre  il  a  des  plumes 
blanches  bordées  de  noir.  Sous  les  grandes  plumes 

.    jj  a  Un  duvet  gris  fort  fin  ,  comme  le  cigne  ;  mais 


COR  517^ 

celles  de  la  tête  &  du  cou  font  épaiflès  &  menues 
comme  de  la  frange.  On  prépare  fa  peau  comme 
celle  des  vautours  pour  échauffer  rcftomac.  Son 
bec  par  les  côtés  eft  gris  ^  rougeâtre.  Il  eii  noir 
par  dcffus ,  long  de  trois  pouces  ,"  crochu  &  poin- 
tu. Sa  tête  eft  prefque  route  dénuée  de  plumes , 
&  couverte  d'une  peau  qui  a  beaucoup  de  reiicni- 
blance  à  de  la  chair.  Il  lui  tombe  des  poils  du  coa 
comme  une  jubé  ,  &  de  même  que  l'on  en  voit 
aux  chapons.  Ses  pies  font  de  même  ,  hormis  qu'ils 
font  mêlés  de  quelques  plumes  doiées,  &  qu'ils  l'ont 
plats. 

Les  cormorans  font  leur  nid  fur  les  arbres,  S<:  tien- 
nent leur  perche  fur  1-  bord  des  étangs ,  ou  le  long 
des  eaux  falées.  Agricola  dit  qu'ils  le  tranlpoctent 
en  hy  ver  aux  lacs  Seaux  rivières  qui  ne  gèlent  point. 
Il  jette  en  l'air  le  poiffon  qu'il  a  pris  pour  le  re- 
cevoir dans  fon  bec  par  la  tête,  &  l'avaler  plus  com- 
modément. On  s'en  fcrt  pour  la  pêche,  en  lui  met- 
tant un  anneau  de  tti  au  bas  du  cou  ,  par  le  moyen 
duquel  on  lui  fait  rendre  le  poiffon  qui  eft  demeu- 
ré dans  fon  œfbphagequi  eft  fort  large.  Il  a  les  yeui 
petits ,  les  pies  courts ,  noirs  &  luifans,  couverts 
d'écaillés  dont  les  doigts  font  joints  par  des  mem,- 
branes  picotées  comme  du  chagrin.  Le  plus  grand 
doigt  a  cinq  os  ou  phal.-inges ,  celui  d'après  quatre, 
le  troiliême  trois ,  le  quatrième  deux.  Il  a  des  on- 
gles crochus  &:  pointus,  dont  le  plus  grand  eft  le 
dentelé.  Il  eft  le  feul  des  plongeons  qui  fe  perche 
fur  les  arbres ,  félon  Ariftote.  Les  Médecins  appel- 
lent ce  gente  A'o\(c2U  palmipèdes.  Lâchait  Ae%  cor- 
morans n'eft  pas  fort  exquilé  ,  ni  fort  délicate. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  corvus  marinus  ,  &C 
ajoute  que  les  anciens  Gaulois  diloient  mon  ,  pour 
lignifier  la  mer. Aïbczt  le  Grand  l'appelle  car/o  aijua- 
ticus. 

Il  y  a  une  autre  efpèce  de  cormoran  d'une  taille 
plus  petite  que  l'oie.  Son  bec  eft  large  ,  l'extré- 
mité en  eft  pointue.  Il  a  des  dents  très-aigii:s ,  &: 
en  quantité.  Sa  couleur  eft  comporée  de  blanc  èc 
de  jaune  qui  tite  fur  le  roux  ,  ainli  que  ces  pics. 
Sa  poitrine  eft  blanche.  Toutes  les  autres  parties 
l'ont  diverlîfiées. 

On  parle  encore  d'un  autre  oifeau  de  la  même 
efpèce  ,  ou  approchant ,  appelé  Mvrplux  -,6:  tn  Al- 
lemagne Scholaclieren,  Il  cft  noir  -,  fon  bec  eft  den- 
telé comme  une  fcie  ,  &:  fort  robufte -,  fes  orgies 
forts.  Il  plonge  dans  l'eau  ,  &:  pêche  de  grands 
poiffons  ,  fur-tout  les  anguilles.  Ces  oifeaux  le  met- 
tent en  troupe  pour  faire  leurs  nids ,  S:  les  conf- 
truifent  fur  des  atbres  forr  élevés  proche  des  eaux; 
Ils  nourriffent  leurs  petits  de  poiîî'ons.  Leur  fei  te 
delsèche  &  fait  mourir  les  branches  des  arbres  fur 
lefquelles  ils  fé  mettent,  ainfî  que  le  héron.  Ils  ont 
le  ventie  &  la  poitrine  cendrée.  Leur  vol  eft  très- 
lent.  Les  Allemands  les  appellent  oies  aux  anguil. 
les.  Probablement  ce  n'eft  autre  choie  que  notre  ccV' 
moran. 

A  la  Chine  ,  on  élève  des  cormorans  à  la  pêche  i 
comme  nous  dreffons  ici  les  chiens  ,  ou  mtmelcs 
oifeaux  à  la  chalfe.  Un  Pêehcur  en  peut  facilement 
gouverner  cent  •,  il  les  tient  perches  fur  le  bord  de 
l'on  bairnu  ,  trancuillcs ,  attendant  l'ordre  avec  pa- 
tience ,  juf'qu'à  ce  qu'ils  ibient  arrivés  au  lieu  de  la 
pêche.  Alors,  au  premier  fîenal  qu'on  leur  donne  , 
chacun  prend  l'effor  ,  6.:  s'envole  du  côté  qui  lui  cft 
alligné. C'eft  une  cholé  fort  agréable  que  de  voirccm- 
me  ils  partagent  cntr'eux  toute  la  largeur  de  la  ri- 
vière ou  de  l'étang.  Ils  cherchent,  ils  plongent  & 
ils  reviennent  cent  fois  fur  l'eau  ,  jufqu'à  ce  cu'i's 
ayent  trouvé  leur  proie  ;  alors  ils  la  fniffl'ert  avec 
le  bec  par  le  milieu  du  corps,  6^:  la  pcrrrrt  incon- 
tinent à  leur  maître. Quand  le  po'fion  (  ft  ticprros, 
ils  s'ertr'aident  mutuellement  ;  l'un  le  prerd  par 
la  queue  ^  l'autre  par  la  tête  ,  S'  ils  vortai.lïî  de 
con  pagnie  jn'cu'au  bateau  ,  cù  en  Icrr  prcfrrte 
de  longues  r.inn  s  Ils  s'y  perchent  avec  leur  poif 
fon  qu'ils  i^'abandonnent  que  pour  en  aller  cher- 
cher un  autre.  Quand  ils  l'ont  bien  las  ,  on  les  laiflè 


5ii8 


COR 


repofer  quelque  temps  -,  mais  on  ne  leur  donne  a 
mangei-  qu'à  la  fin  de  la  pechc  ,  durant  laquelle  ds 
ont  fe  golier  lié  avec  une  petite  corde ,  de  peur  qu'ils 
n'avalent  les  petits  poiilbns  ,  5c  qu'ils  n'aient  plus 
envie  de  travailler.  P.  le  Comte. 

On  appelle  ordinairement  cormor^z/?,  un  homme 
cxtrcmcmcnt  fec  &c  maigre. 
CORNAC,  i".  m.    terme   de  relations.  On    appelle 
aux  indes  le  Condudeur  de  l'Éléphant  cor/iuc.  il 
eft  adis  fur  le  cou  de  l'animal ,  &  tient  en  i'a  main  , 
au  lieu  de  bride  ,  deux  crochets  de  fer  de  diife- 
rentes  grandeurs,  dont  il  fe  lert  pour  le  faire  aller 
où  &  de  manière  qu'il  lui  plait.  Le  moindre  de  ces 
crochets  eft  celui  qui  lui  fcrt  le  plus  ordinairement", 
il  en  frappe  légèrement  l'Éléphant  au  front,  pour 
le  gouverner.  Ainii  cet  animal  a  toujours  à  la  tête 
une  playc  ouverte  &  fanglante.  Lorlque  l'Eléphant 
refufe  d'obéir ,  5i  qu'il  y  a  du  danger  qu'il  ne  le  ré- 
volte ,  &  ne    falié    du   délbrdre  ,   ce   qui   arrive 
principalement  quand  il  ell  en  chaleur,  le  cornac 
le  frappe  avec  le  grand  crocher  :  par  ce  moyen ,  il 
le  ramène  à  fon  devoir.  Voyages  de  Dellon ,  t.  i. 
c.  16  ^  p.  110, 
CORNACHINE,  f.  f.  terme  de  Pharmacie.  C'cft  une 
poudre  purgative  compofée  de  Icammonée,  de  crè- 
me de  tartre ,  &  de  diaphorétique  minétal.  Elle  eft 
ainlî  appelée  du  nom  de  fon  Auteur,  Cornachinus , 
ProfefTeur  en  Médecine  à  Pile. 
CORNADOS ,  f.  f.  petite  monnoie  de  compte ,  dont 
■  on  fe  fert  en  Efpagne.  C'clt  la  quatrième  partie  du 
maravcdis  -,  à  peu-près  comme  en  France  ,  les' pires 
6c  les  demi-pites  font  les  diminutions  du  denier. 
CORN  AGE,  f.m.  rerme  de  coutumes.  Droit  quilTTeft 
dû  à  quelques  Seigneurs,princi paiement  dans  IcBer- 
ri,  pour  chaque  bœuf  qui  laboure  la  rcrrc  dans  leur 
Seigneurie,  par  ceux  qui  fèment  du  blé  l'hyver. 
On'appelle  ce  droit  cornags ,  parce  que  les  bœufs , 
fonr  des  bctes  à  cornes.  Le  droir  de  carnage  eft  la 
même  chofe  que  le  droit  de  coiage. 
CO'i^.NAÎLLER  ,  v.   n.  terme  de  Charpentier.  On 
dit  qu'un  tenon  cornaille  dans  une  mortaife  ,  quand 
il  n'y  entre  pas  carrément ,  6c  qu'il  n'a  pas  été  bien 
dégauchi.  Noti  quadrare. 
CORNALINE  ,  f..  f.  pierre  précieufe  qui   n'efl:  pas 
diaphane.  On  fait  des  bracelers  de  cornaline  ,  des 
cachets ,  &c.  Onyx  corneola.  Il  y  en  a  de  blanche , 
&  de  rouge  tirant  fur  l'orangé.  Elle  eft  eftimée  pour 
fa  dureté.  Les  plus  belles  gravures  de  l'antiquité  , 
tant  en  creux  qu'en  relief,  font  fur  la  cornaline , 
particalièremenr  llir  la  rouge.  Elle  fouffre  la  vio- 
lence du  feu ,  5c  l'on  peut  peindre  delîlis  en  émail , 
■    comme  fur  une  plaque  d'or  ;5c  certe  peinture  prend 
au  feu  tout  le  poliment  6c  l'éclat  qu'on  peut  fou- 
haiter.  Les  plus  grands  morceaux  qui  s'en  trouvenr 
n'excèdent  point  trois  pouces  de  haur.  On  l'appelle 
auHl    carneol  ou   corncole.  Les  Italiens  l'appellent 
corniolos ,  de  corno,  corne,  à  caufe  qu'elle  reflemble 
à  la  corne. 
CORNARD ,  f.  m.  Cocu  ,  terme  injurieux  qu'on  don- 
ne à  celui   dont  la  femme  eft  infidelle.  Corriica, 
Quelques-uns  croienr  que  ce  mot  ^ient  des  habits 
de  fous  ,  qui  portoienr  autrefois  des  cornes ,  parce 
qu'on  accufe  de  fottifes ,  ou  de  folie,  ceux  qui  fouf- 
frent  le  libcrrinage  de  leurs  femm.es.  Borel  dir  qu'il 
vient  de  cornettes  de  femme  ,  5c  qu'on  a  dit  qu'un 
homme  qui  obéiiîbit  à  fa  femme  portoit  la  cor- 
nette j  comme  on  dit  de  celle  qui  eft  la  maîtrefll- 
dans  la  maifon  ,  qu'elle  porre  le  haut-de-chauflc. 
Ce  mot  eft  bas.  Le  même  Borel ,  fur  le  mor  cornard, 
qui   veut  dire  fot  en  vieux  langage  ,  dit  que  cor- 
TZizri  a  été  formé  de  co;2^Cii,^ù"  qu'on  a  dit  c(,r- 
Tiard  pour  conard ,  parce  que  ceux  dont  les  épou- 
fes  font  infidelles  font  méprifés  ?>:  regardés  comme 
des  lots. 
CORNARD  ,  l'Abbé  des  Cornards  :  Ablas  Cornar- 
dornm ,  dans   la  balle  latinité,  lignifie  celui    qui 
étoit  choifi  pour  prclîder  à  la  fête  des  fous.  Voy. 
FÊTE  DES  Fous.  M.  l'Abbé  le  Bœuf  penfe  que  le 
mot  de  Cornard  pourroit  être  dérivé  des  Joueurs 


COR 

de  cornet  ou  d'autres  inftrumens  femblables  ,  Se 
que  l'Abbé  des  Cornards  pouvoir  être  le  chef 
des  MeiuJLriers  ,  Ccrneurs  éc  autres  Joueurs  d'in- 
ftrumcns.  Jean  Régnier  fe  fert  du  verbe  corner. 

Encore  vouldroye  bien  avoir 
Des  Mcncjirias  trois  ou  quatre , 
Qui  de  corner  feiffent  devoir 
Devant  le  corps  pour  gens   esbattre. 

Cov.^Av.D,  Keratophorus.  Ce  mor  fe  rrouvedans  le 
même  léns  qu'on  le  dir  dans  la  plupart  des  lan- 
gues modernes,  dans  une  épigramme  grecque  de 
Lucilius  S<.  dans  Artémidore. 
CORNARDISE,  f.  f.  Condition,  qualité,  état  de 
l'i-.omme  dont  la  femme  eft  infidelle.  Ce  mot  fe 
trouve  dans  Rocheiort.  S'il  eft  reçu  ,  ce  ne  peut 
être  que  dans  le  ftyle  bas.  La  cornardife  eft  un 
caractcrc  qui  ne  s'eifece  j'amais.   Rochef.  Mon- 
ragne  avoir  dit  avant  lui  :  le  caraéf  ère  de  la  cor- 
nardiji:  eft  indélébile  ,  p.   870. 
CORNARTISTE  ,  f.  m.   èc  f.  Nom  de  fed:e.  Cor- 
nartianus ,  cornurtianes.     Les    Cornartijtes    font 
des  Proteftans  difciples  de  Cotnhait ,  ou  Corn- 
herr ,  Secréraire  des  Etats  de  Hollande ,  qui  fut 
une  efpèce  d'tnthouliafte. 
CORNE  ,  f.   f.  partie  dure  que  pluiieurs  animaux 
ont  à  la  tête  ôc  qui  leur  fert  de  défenfe.  Cornu. 
Les    bœufs    ont    deux    cornes  qui  leur    fortenc 
de  la  tète ,  avec  lefquelles  on  les  attache  au  joug. 
Les   chèvres ,  les  boucs ,  les  vaches  onr  des  cor- 
nes.   Le    Rhinocéros,  les   licornes    n'ont  qu'une 
corne.  On  tient  qu'il  n'y  a  que  les  feules  bêtes 
à  pié   fourché    qui  aient  des  cornes.    Le  bubale 
a  les  cernes  rournées  en  rond  l'une  vers  l'autre. 
Le  daim  des  Anciens  les  a  crochues  en  devanr, 
6;  le  chamois  en  arrière.  Les  béliers  les  ont  tour- 
nées en  ligne  fpirale.  En  787,1e  Concile  de  Cal- 
cuih  en  Angleterre  défendit  d'offrir  le  faint  Sa- 
crifice dans  des  Calices  6c  des  Patènes  de  corne. 
La  coutume  de  boire  dans  la  corne  d'un  animal 
à  quatre  pies  a    duré    long-remps  dans  le  Sep- 
rentrion.  Foye^^  Vossius ,  de  Idol.  L.  III, c.  71. 
Carn ,  ou  Corn  ,  une  corne ,  eft  un  mot  Celtique, 
Pezron.  Ce  nom,  aufîi-bien  que  le  latin   cornu ^ 
vient  de  l'hébreu  flp  ,  keren ,  corne. 
On  appelle  un  troupeau  de  bêres  à  corne,  un  trou- 
peau de  bœufs  ,  de  vaches ,  ou  de   chèvres  feu- 
lement. CornutiS  bejlice. 
On    fair   pluiieurs   ouvrages   de  corne ,  comme  des 
peignes  ,  des  lanternes ,  des  demi-cercles  divifcs 
6'c.  Des  chapelets  de  corne  de  bufle. 
Corne  de  cerf ,  lignifie  chez  les  Ouvriers  ce   qui 
s'appelle  le  bois  de  cerf  chez  les  Chalîèurs.  Cer- 
vinurn  cornu.   On  fait  des  manches  de  couteaux 
de  corne  de  cerf.  La  raclure  de  corne  de  cerfeti. 
aftringente.  On  en   fair  de  la  gelée  ,   qu'on  ap- 
pelle gelée  de  corne  de  cerf. 
QOKiii  de  cerf,  f.  f.  Coronopus  ,   f,  m.   plante  qui 
approche    beaucoup    du    plantain.  Sa   racine   eft 
groflc  au  plus  comme  "le  petit  doigt,  blanchâtre 
6c  un  peu  afttingenre  au  goût.  Elle   pouffe  phi- 
fieuts  feuilles  couchées  fur  terre,  difpofces  en  rond, 
6c   elles   font   oblongues  ,  étroires ,  incifées   fur 
leurs  bords  allez   profondément  ;  en  forte  qu'el- 
les relfemblent  en  quelque  manière  par  leurs  de- 
coupures  au  bois  d'un   cerf ,   d'où  vient  aulfi  le 
nom  qu'on  a  atribué  à  route  la  plante.  Du  milieu 
de  fes  feuilles  fortent  un  ou  plufieurs  épis  longs 
de   quelques  pouces ,  S<.    garnis    de  fleurs  6c  de 
femences    pareilles    à    celles    du  plantain  ;  on  ne 
diftingue    auffi   ces    deux   plantes    que  par   leurs 
feuilles ,  qui   dans  le  plantain    font  entières ,  &c 
déchiquetées  à  la  corne  de  cerf  La  corne  de  cerf 
croît  communément  à  la  campagne  :  on  la  cul- 
tive dans  les   jardins,  où  fes  feuilles   deviennent 
plus  grandes  ,  plus  charnues  ,  plus  tendres  ,   & 
propres  à  erre  mangées  en  lalade.  Coronopus  hor- 
tenjis  ,  ou  cornu  cervinum,  La  graine  de  la  car- 


COR 

Hè  de  cerf  eft  une  des  plus  menues  que  nous 
ayons:  elle  efl:  longuette  &  de  couleur  minime 
fort  obfcure  ,  elle  fe'forme  dans  une  manière  de 
queue  de  rat.  La  Quint.  La  corne  de  cerf  iie  le 
multiplie  que  degraine.  Id. 
Coionoptis  vient  de  j-.o/>^'»o  ,  corneille  ,&:«■«,  pié , 
comme  qui  diroit  pîé  de  corneille  5  car  on  a 
cru  trouver  quelque  rellemblance  entre  les  feuil- 
les de  cette  plante  &  le  pié  d'ilne  corneille.  Il 
y  a  d'autres  cfpèces  de  corjie  de  cerf. 
Corne  ,  en  termes   de  Cllaife  ,  fignirie   la  tête    du 

chevteuil.  Capriniim  capiu. 
Corne    fe    dit  audî  des  petites  pointes  qui  fortent 
de  la  tête  du  limaçon  &  d'autres  femblablcs  bê- 
tes. Les  limaçons  montrent,  font  fortir,  reifetrent 
leurs  cornes. 
Les  ducs ,  efpcce  de  chathuans  ,  ont   aufll  de  pe- 
tites toui'fcs  de  plumes  fur  la  tète,  qui  leur  tien- 
nent lieu  de  cornes. 
CoRNn,  en  termes  de  Manèf^e ,  cft  un  ongle  dur, 
&  épais  d'un  doigt,  qui  règne  autour  du  jabot 
du    cheval ,  &  qui  environne  la  Ible  !k    le   pic  : 
c'cfl:  là  où  on  broche  les  doux  quand  on  les  ferre. 
l/r.gu/a.  On  met  du  furpoinr  à  la  corne  du  pi^  des 
chevaux  ,  quand  elle  eft  fèche  ,  ou  ulce.  Oh  le  dit 
auffi  de  la  partie    dure  des  pies  de  plufieurs  au- 
tres animaux  .  comme  miiicts,  ârics  ,  élans,  &c. 
On  dit  en  maréchallerie,  donner  un  coup  de  cofne 
à    un    cheval-,  pour  dire,  le   faigner    au    milieil 
du^  troilième  ou   quatrième  cran    ou   fiUon  de  la 
mâchoire  fupcrieure  :  ce  qu*on  fiit  avec  une  cctne 
de  cerf,  dont  le  bou:    efl:   fort  affilé  &  pointu. 
Cornu  f.inguinenl  ellcere. 
Corne  ,  en  termes  d'Anatomie ,  fe  dit  de  quelques 
parties  du  corps.  Les  cornes  de   la  matrice  font 
deux  émincnces,  qui  font  à  fes  deux   côtés,  & 
où  s'attachent  les  deux  ligamens  inférieurs  de  là 
matrice ,  que   l'on    nomme    les   ligamens   ronds. 
De    Ces   deux   Cjrnes  ,  ou    cminences  j  l'interne 
efl:  parfemé  de   beaucoup   de   petits  pores    &  de 
petits    vaiffeaux    qui   difl:illent  tous   les   mois    le 
iang ,  qui    doit    être   évacué  ,  qu'on   appelle    les 
mois  ou  menllrues.  Les  Médecins,  &  Dioclès  le 
premier,  ont   appelé   cornes  ces   deux  extrémités 
du  corps  ou  du  fond  de  la  matrice ,  p.uce  qu'el- 
les re/lémblent  aux  cornes    nai Hantes  d'un    mou- 
ton. Elles  font  plus  apparentes  aux  bêtes  qu'aux 
femmes. 
J^es  cornes  de  l'os  hyoïde  font  fes  parties  latérales, 
compofées  de   quatre    petits   os  \  car   cet    os    eft 
compofé  de  cinq  os  \  le  plus  gros  qui  eft  au  milieu 
cft  fa  bafc ,  à  laquelle  deux  autres  petits  os  font 
attachés  un  de  chaque   côté,  &  deux  très-petits 
os  font  joints  aux  extrémités  de  ces  derniers.  Ce 
font    ces    quatre  perits   os    qile    l'on  appelle   les 
cornes  de  l'os  hyoïde. 
Corne   à    amorcer,  efl:    une   corne  de  bœuf  qu'on 
emplit  de  poudre  fine  pour  amorcer  les  canons. 
Corne  de  vergue-,  en  termes    de  Marine,  efl:  une 
concavité  en  forme  de  croiflant ,  qui  cil  au  bout 
de  la  vergue  de  la  chaloupe  ,  dans  laquelle  entre 
le  haut  du  mât ,  lorfque  la  voile  efl:  appareillée. 
Cavus  antennciruin. 
Corne   de    bélier  ^  fe   dit  ,   en     Architedure  ,  des 
volutes    qui    fervent    d'ornement   aux    chapitaux 
des  Ordres  Ionique  &  Compofite.  Foluta,  hélix. 
On  appelle  aulll  cornes  d'un  chapiteau  ,  les  qua- 
tre coins  du  tailloir.  Abaci  cornua.  On  appelle 
auflî  corne  de  bœuf ,  ou  corne  ds  vache  ,  une  por- 
te ,  ou  une   fenêtre  de  biais.  Cela  fe  nomme  au- 
trement biais  pafTé.  La  corne  de  vache   eft  auill 
une  efpcce  de   voûte  en   cône   tronqué  ,  dont  la 
d'teéfi  n  des    lits  ne    pafle    pas   au    fommet    du 
cône.  FrÉzier.  Vaccintim  cornu. 
Corne    d' a.bondance ,  en    termes    de    Poëfie   &  de 
M/thologic  ,  cft  une  corne  d'où  fortoient  toutes 
chofes   en  abondance,  par  un  privilège  que  Ju- 
piter donna    à  h  nourrice ,  qu'on   a   feint  avoir 
été  la  chèvre  d'Amalthée.  Cornu  copia.  Le  ■  vrai 


COR 


^i^ 


fehs  de  cette  fable  cft,  4«'il  y  à  un  terroir  cri 
Lybie  en  figure  de  corne  de  bœuf,  fort  ïenlld 
en  V  n  de  truits  exquis  ,  qui  fut  donné  par  la 
Roi  Ammon  à  fa  fille  Amalthée ,  que  les  Poète» 
ont  feint  avoir  été  nourrice  de  Jupiter,  voyer 
Abondance;  Dans  rArchiteaure  &  la  Sculpture 
corne  d'abondunce  eft  la  figure  d'une  grande  cor- 
ne,  d'où  Ibrtent  des  fleurs,  des  fruits,  des  ri- 
chclfes. 

Sur  les  médailles  les  Cornes  d'abondance  k  donlienï 
à  toutes  les  Divinités,  aux  Génies  &:  aux  Héros, 
pour  marqu.r  les  richefiés ,  la  félicité  &  l'abon- 
dance de  tous  les  biens ,  procurée  par  la  bonté 
des  uns,  ou  par  les  (oms  &  la  valeur  des  au- 
tres. Quclquelois  on  en  met  deux,  pour  marquct 
une  abondance  extraordinaire.  P.  Jobfrt. 

On  appelle  corne  d'abondance  figurément  &  famî» 
lièrement,  celles  d'un  mati  dont  la  femme  cft 
entretenue  par  un  riche  galant,  qui  fait  beau- 
coup de  bien  à  la  famille. 

Corne  ,  ou  crudité  de  cuir  ,  fè  dit  chet  leS  Tan- 
neurs ,  d'une  certaine  raie  blanche  qui  paroît  dans 
les  gros  cuirs  tannés,  eh,  les  fendâht  par  le  mi- 
lieu ,  ce  qui  (ait  connoïtre  qu'ils  n'ont  pas  été 
fuffifamment  nourris  dans  le  plain  &  dans  le  ran. 

Corne  d' Ammon ,  terme  d'hiftoire  naturelle.  Efpè- 
ce  de  pierre  roulée,  noueufe ,  de  couleur  cen- 
drée ,  êc  recourbée  en  forme  de  corne  de  bélier  i 
telles  qu'étoient  celles  que  l'antiquité  donnoit  à 
Jupiter  Ammon.  Ammor.is  cornu.  On  difpute  fî 
la  corne  d' Ammon  eft  Un  foililcj  ou  un  nautile. 
M.  Camératius  prétend  que  c'eft  un  foffile,  que 
l'on  en  trouve  en  grand  nombre  dans  la  terre, 
ce  fur  de  hautes  montagnes  ;  au  lieu  qu'on  n'en 
trouve  que  rarement  fur'lcs  bords  de  la  mer.  M. 
Wodward,  dans  fon  Hijioire  naturelle  illiijîrée 
&  augmentée,  foûtient  que  c'eft  un  co^uillaoe  du 
nombre  des  nautiles  ;  qu'il  a  été  formé  dans  la 
mer,  &  tranfporté  delà  par  les  eaux  du  déluge 
dans  les  terres  d'où  on  le  tire  -,  que  fi  l'on  ri'eti 
voir  que  rarement  au  bord  d^  la  mer,  c'eft  que 
les  coquillages  &  les  auttes  corps  attachés  au 
fond  de  la  mer,  relies  que  doivent  être  pref- 
quc  toutes  les  tfpèces  de  cornes  d' Ammon ,  n'en 
pourroient  être  arrachées  que  par  des  tempêtes  j 
qui  les  poulléroient  enfuite  vers  le  rivage  ;  que 
les  tempêtes  les  plus  violentes  n'agitant  jamais  le 
fond  de  la  mer,  ainli  que  les  Plongeurs  en  font 
toi  ,  il  n'eft  pas  ûirptenant  qu'elfes  n'en  déta- 
chent aucuns  des  corps  qui  s'y  font  fixés  ^  mais 
que  d  ris  le  boulev^rfcment  du  globe  terreftre: 
arrivé  par  le  déluge  ,  les  cornes  d' Ammon,  ainfi  que 
mille  autres  ptoduClions  de  la  mer ,  ont  pi^ï  être 
portées  du  fond  des  eaux  dans  les  lieux  où  elles 
fc  trouvent  préfentement. 

La  corne  d' Ammon  eft  de  différentes  grofîeurs  i 
elle  fe  trouve  en  pf.ifieurs  liaix  d'Allemagne.  Elle 
eft  grande  comme  la  main  -,  &:  il  y  en  a  qui  pefent 
jufqu'à  trois  livres.  Les  autres  font  grolfes  comme 
une   noix.    Cetre  corne  ctoir  autrefois   confacrée 
à  Jupirer  Ammon,  d'où  elle   a    pris   fon    nom  > 
cornu  Ammonis;   fi  ce  n'eft  plutôt  de  îa  figure  > 
comme  nous  l'avons   infinué  au  commencement. 
J'en  ai    vu  qui  avoient   été   ttouvées  en   France 
au  fommet  d'une  montagne  s  où  il  y  en  a  beau- 
coup. Ell^s  étoient  longues  d'un  bon  doigt  j  ou 
trois   pouces  ,  rondes   mais   ayant  des  côtes  :  La 
plus  grande  avoit   environ  fix  lignes    de    diamè-' 
tre  à  fon  plus  gros  bout  ;  elle  alloit  toujours  en 
diminuant  jufqu'à  l'autre  bout.  Leur  envelope  ex- 
térieure étoit  couleur   de  plomb ,-  &c  même  une 
elpèce  de  matière  de  plomb.   Le  dedans  reifcm- 
bloit   à  une  matrice  de  diamant  qui    en    conte-" 
noit  plufieurs    fur  les  faces  defquels  &  dans  leurs 
Jointures  paroiffoient  de  petits   grains  ou  paillet- 
tes d'or.  On   les  porta  i   la  Mj'-'noie  d?   Paris, 
pour  en  faire  l'épreuve ,  à  laquelle  i'afiiftai.-  On 
en  mit  une  afiêz   grodc  dans  un  mortier,  Si.  on 
l'y  pila  ,  &  la  réduilit  eh  pouifière  ;  après  quoi 


■^zo 


CO  R 


on  mit  dans  le  morciei:  de  Tenu  que  1  on  rc,et- 
toit  en  penchant  &c  remuant  doucement  le  moi- 
ticr  ,  ce  que  l'on  El  )ufqu'à  ce  que  l'eau  eut  em- 
porté toute  la  poullicre  ;  après  quoi  on  trouva 
au  fond  du  mortier  un  petit  grain  d'or,  quy  tut 
éprouvé  à  la  pierre  de  touche  ,  ëi  juge  de  1  or 
excellent ,  &  pour  me  iervir  du  terme  de  1  U^h- 
cier  de  la  Monnoie,  de  l'or  de  Ducat.  Cepen- 
dant les  Officiers  de  la  Monnoie  convinrent  que 
pour  en  bien  juger ,  il  eût  fallu  en  avoir  une 
quantité  allez  grande  pour  les  mettre  au  ieu    & 

à  la  coupelle.  r  s       ,  ■, 

Corne  de  S.  Hubert,  nom  d'une  efpscc  de  coquil- 
lage de   mer.  SanUi  Huherti  cornu. 

Corne  eft  aufll  un  terme  de  fortification.  L'ouvra- 
ge à  cornes  cft  un  dehors  fort  étendu  &  avance 
pour  couvrir  une  courtine,  ou  un  baftion.  0/'«i 
cornutum,propugnaculnm  cornutum.  Il  cfl:  tait  de 
deux  flancs  défendus  de  la  place  à  la  portée  du 
moufquet.  Sa  tête  fortifiée  d'une  tenaille ,  ou  de 
deux  derai-bàftions  joints  par  une  courtine. 
Les  côtés  font  ordinairement  parallèles.  11  y  en  a 
pourtant  qui  font  plus  ferres  vers  la  place  ,  qu'on 

.  appelle  à  queue  d'aronde;  d'autres  plusctendus, 
qu'on  appelle  à  contre-queue  d'aronde  ,  félon 
qu'on  veut  couvrir  un  plus  grand  ou  un  moin- 
dre endroit  de  la  place.  Quand  les  côtés  ioxM 
trop  longs,  on  y  fait  quelquefois  des  épaulemens 
pour  les  flanquer. 

Corne  fisnifie  auffi  ce  qui.ell    angulaire  &  poin- 
tu. Cornu.  Dans  le  rituel  on   diitingue  la  corne 
droite  de  l'autel ,  de  la  fcneftre.  On  dit  aufîi  Ls 
cornes   du    Croillant,  quand    la    nouvelle    lune, 
commence  à  paroître.  ^CF  Dans  un  bonnet  car- 
ré, tel   que    le    portent    les   Eccléiiaftiqucs  ,  les 
Dodeurs,  les  Gens  de  Juftice  ,  on  appelle  cornes 
certaines  petites  crêtes  qui  s'clcvcnt  fur  le  bon- 
net. Bonnet  carré   à  trois ,  à   quatre  cornes.   On 
prend   un  bonnet  carré  par   une    de   fes    cornes. 
La  corne  d'un  échaudc,  d'une  talmoufe  ,   fe  dit 
aufll   d'un  des  angles,  d'une  des  pointes,  d'un 
échaudé  ,  d'un  pain  ,  d'une  patiderie  faite  à  angles. 
.  Corne,  en  termes  de  l'écriture,   fignifie   honneur, 
gloire  ,  exaltation,  puiflance  ,  force.  Cornua.  Moiic 
eft  fouvent  peint   avec  des   cornes  ,  qui    étoicnt 
des   rayons    de   lumière  qui  parurent  fur  la  tête 
en  defcendant  de  la  montagne  de  Sinaï.  On  dit 
prefque  en  ce  fens ,  qu'un  homme   levé   mainte- 
nant les  cornes,  qu'il  commence    à    montrer  les 
cornes,  quand  il  revient  en  honneur,  en  crédir, 
en  autorité ,  après  avoir  efluyé  quelque  mauvaife 
fortune.   On  a   pris   en  latin     cornua    dans    une 
lignification  à  peu-près  fcmblablc ,  JJJit  cornua 
pauperi,  dit  Horace  i  c'eft-à-dire ,  lui  donne  du 
courage ,    de    la   force ,  de   la    hardieiîe ,  de    la 
confiance. 
Corne    fe   dit  en  un  fens  tout    contraire  ,  quand 
on  montre  à  quelqu'un  les  deux  doigts  écartes  en 
forme  de  cornes  ,  ou  pour  marquer  une   honre  , 
ou  quelque  infamie,  llludere  alicui.  Tout  le  monde 
le  montre  au  doigt ,  lui  fait  les  cornes.  C'ell  en 
ce  fens  qu'on  fait  porter  les  cornes  à  un  homme , 
quand  on  le  dcshonore,en  fubornant  fa  femme  ,  en 
la   rendant  infidelle.  Voilà  un  hardi  maraut ,  de 
Touloir    planter    des    cornes  à   Jupiter.  Adlanc. 
M.  Dacier  a  obfervé  que  cette  idée  infamante  at- 
tachée aux  cornes ,  croit  inconnue  aux  Anciens. 
Corne   en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'une   cfpcce 
.  de  bonnet  pointu  qui  eft  rouge  &:  bordé   d'or , 
que  porte  le  Doge  de  Venife  pour  marque  de  fa 
dignité.  En  ce  fens  il  eft  mafculin ,  &  on    dit  le 
cerne.  P  iléus  cor  nu  tus. 
Corne    fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  d'un  homme  lurpris  de  quelque  nouvelle ,  de 
quelque   accident    extraordinaire  ,   qu'il  eft   aiiiri 
étonné  que  fi  les  cornes   lui  venoient  à  la_  tête. 
On  dit  d'un  homme  qui  a  mal  entendu,  qu'il  en- 
tend de  corne ,  qu'il  a  mangé   de  la  vache.  On 
dit  d'une  viande  qui  eft  dure ,  que  c'eft  de  la  corne  , 


COR 

qu'elle  eft  dure  comme  de  la  corne.  On  dit  qu'on 
prend  les  hommes  par  les  paroles ,  &c   les  bêtes 
par  les  cornes.  On  dit  auffi  d'un  goulu  qui  maiv 
ne  vite  ,  qu'il  n'a   pas   beibin    qu'on    lui    donne 
un  coup  de  corne  pour  lui  donner  de  l'appént. 
On  dit  d'un  fatyrique  qui  a  donné  quelque  trait 
piquant  à  quelqu'un ,  qu'il  lui  a  donné  un  coup 
de  corne. 
CORNÉE,  f.  f.  terme  d'anatomie,  nom  qu'on  donne 
à  la  partie  antérieure  de  la  membrane  fclérotide, 
qui  eft  la   première  des   membranes    propres  de 
lœil.  Ccrnea.  Elle  a  été  ainfi  appelée  ,  parce  quelle 
reiîcmble    à    une    feuille    de   corne    tort   mince, 
qu'elle  fe   lève  par   écaille  comme  la  corne  ,  &c 
qu'elle  eft  tranfparente  pour  donner  pafliige  à  la 
lumière.  Le  rcfte    de  cette   membrane   eft   épais 
&  opaque  ;  il  retient  le  nom  de  fclérotide ,  c'eft- 
à-dire,  dure. 
Cornée  ,  terme  d'Artificier ,  qui  fignifie  une  cuille- 
rée de  matière  ccmbuftible   qu'on  verfe  dans  le 
cartouche  avec  une  cfpèce  de  cuiller  cylindrique , 
de  corne,  de  cuivre,  ou  de  1er  blanc,  donc  la 
capacité   eft    proportionnée    à    la   grolfeur 'de   la 
fufée,  f^   au    diamètre    intérieur    du   cartouche, 
afin  qu'on  ne  mette  à  chaque  reprife  de  la  char- 
ge qu'on  doit  battre  Se  fouler  à  coups  de  maii- 
fcts,  que  la  quantité   convenable  pour  qu'elle  le 
foit  fortement  &  également.  .    ■     r-,  a 

Cornée, ad),  f.  lune  cornée  ,  terme  de  Chimie.  C'eft 
la  précipitation  de  l'atgent  en  forme  de  caillé  blanc, 
que  l'on  a  expofé  au  feu  ,  &  qui  eft  formé  de  quel- 
qucs  gouttes  de  la  diflblution  des  criftaux  de  fel  de 
fuccin ,  verfées  dans  une  diflblution  d'argent  par 
l'efprit  de  nitre.  Hijl  de  PJcad.  des  Sc.,\-^x,p.  50. 
CORNEILLAN,  petite  ville  de  France  dans  l'Ar- 
magnac. 
CORNEILLE,  f.  m.  nom  propre  d'homme.  Corneuus, 
Ce  n-iot  eft  latin  ,  &  s'eft  formé  de  Cornélius.  On  le 
dit  du  Centenier ,  dont  le  baptême  eft  rapporté  eux 
Atles  des  Apôtres  C.  X.  Corneille  Centenier, 
homme  jufte  Se  craignant  Dieu  ,  félon  le  témoignage 
que  lui  rend  toute  la  nation  juive  ,<£'c.  Port-R.  On 
le  dit  aulTi  des  SS.  du  Nouveau  Tt/lament  qn'i  ont 
porté  ce  nom ,  comme  Corneille  ,  Patriarche  d'An- 
tioche  au  I^  fiècle.  S.  Corneille  Pape  ,  qui  fuccédaà 
Saint  Fabien  l'an  251.  Mais  quand  on  parle  des 
anciens  romains  :  il  faut  dire  Cornélius ,  &c  non  pas 
Corneille.  Cornélius  Fufcus  ,  homme  de  grande 
nailJancc  ,  &:  dans  la  vigueur  de  fon  .âge ,  lut  l'un 
des  principaux  flambeaux  de  certe  guerre.  D'A- 
BLANc.  Cornélius  Laco,  Chef  des  Cohortes  Pré- 
toriennes ,  &  l'un  des  Miniftres  de  Galba.  II  ne  faut 
donc  pas  dire  Corneille  Afina.  Il  faut  cependant 
excepter  Corneille  Tacite,  qu'on  appelle  toujours 
ainfi  ,  d^  jamais  Cornélius.  La  famille  des  Cornélius, 
Gens  Cornelia.  Voyez  Cornelia. 
CORNEILLE,  f.  f.  oifeaude  la  couleur  d'un  corbeau, 
mais  de  moindre  grofiéur.  Cornicula ,  cormx^àxL 
o-rcc  K»p<«'...  Il  y  a^aulfi  une  corneille  picotée  de 
blanc  ,  qui  eft  fort  goulue ,  ^  qui  vit  de  grain  ,  qui 
dérobe  la  monnoie':  ce  qui  la  fait  appeler  par  les 
latins  monedula.  Ceux  qui  croient  que  la  corneille 
eft  la  femelle  du  corbeau  fe  trompent  :  ce  font  des 
oifeaux  d'efpèce  diférente.  Ménage.  M._ Ménage, 
dans  lés  Juris  Civilis  amœnitates ,  prétend  que 
Gracculus  ne  fignifie  point  un  geai,  mais  une  cor- 
neille. Il  n'y  a  point  de  pays  au  monde_où  il  y  air 
tant  de  corneilles  qu'en  Angleterre.  L'humidité  de 
fon  terroir  ena-endre  quantité  de  vers,  dont  ces 
oifeaux  fe  nourriflent.  Rochef.  Ce  que  l'on  dit  après 
Hcfiode  de  la  longue  vie  du  corbeau  6;  de  la  cor- 
neille, eft  une  fable  -,  On  dit  cependant  qu'elles 
vivent  jiifqu'à  cent  ans.  Voyei  Voss.  de  Jdolol.  L. 
III,  c.  jc),^6,  &  c)S  où  il  parle  des  corneilles. 
Viroile  dit  que  la  cor/z^f//^  prélage ,  ou  annonce  la 
plufe  avec  une  voix  enrouée.  Elle  eft  chez  le?  an- 
ciens le  fymbole  de  la  concorde  ;  les  nouveaux 
mariés  avcient  courume  de  l'invoquer;  félon  les  uns 
elle  étoit  de  bon  augure ,  &  de  mauvais  félon  ks 

autres. 


COR 

autres.  La  corneille  avertie  des  malheuts  à  venir.  La 
Font.  Ily  a  en  Angleterre  beaucoup  de  corneilles 
toutes  blanches.  Morton,  Hijt.  nat.  de  Nor- 
thampton. 
Corneille  emmentelée ,  eft  celle  qui  eft  en  partie 
noire ,  en  partie  grife ,  qui  a  la  couleur  depuis  le  cou , 
jufqu'à  la  moitié  du  corps,  diiférente  du  rcfte. 
Cornix  partira  atri,  par  dm.  cinerei  coloris. 

Il  y  a  piuiieurs  autres  cfpèces  de  corneilles,  La  cor- 
neille de  bois ,  appelée  Freux  ,  Graie  ,  ou  Groffe. 
Cornix  frugilegu.  La  corneille  bleue ,  cornix  ccerulea , 
quife  voit  en  Mifnie,  ou  en  Allemagne.  C'eft  un 
oiieau  vorace  qui  n'efl:  recommandable  que  par  la 
beauté  de  Tes  couleurs.  Son  bec  efl,  noir ,  les  cuiiles 
brunes  &  courtes.  Il  a  du  bleu  à  piuiieurs  endroits 
de  Ton  pennage  ;  favoir  à  la  queue,  aux  ailes  ,  à  la 
tête ,  aurour  du  croupion  ,  à  la  partie  de  defllis.  Par 
endroits  il  eft  couvert ,  en  d'autres  il  eft  mêlé  d'une 
couleur  verte.  Le  dos ,  le  cou  ik  le  devant  font  bruns , 
les  grandes  pennes  des  aîlcs  l'ont  noires.  Corneille 
de  mer.   Voyei  Corbeau  de  bois. 

Il  y  a  dans  la  Fauconnerie  du  Roi,  des  oifeaux 
&  des  Officiers  pour  le  vol  de  la  corneille. 

On  dit  figurémenc  d'un  Auteur  qui  a  fait  quelque 
Ouvrage  en  ramalfanr  ou  en  dérobant  les  penfces 
des  autres,  que  c'eft  la  corneille  d'Efope,  ou  la 
corneille  d'Horace,  par  allulion  à  la  fable  qu'ils 
rapportent  de  la  corneille,  qui  fe  trouva  fans  plumes, 
quand  les  autres  oifeaux  eurent  repris  celles  qu'elle 
Jeur  avoir  dérobées  pour  fe  parer.  La  Fontaine  dit 
dans  fes  fables  que  ce  fut  au  geai  que  cette  avanture 
arriva. 

La  corneille  eft  le  fymbole  d'Apollon ,  le  Dieu 
des    Devins.  Politien  ,  dans  fes  Mifcellan.  c,  6-j. 
Quand  elle  eft  perchée ,  elle  marque  la  foi  conju- 
gale. P.  JOBERT. 
jCoRNEiLLE  ,    terme  de  Botanique ,  f.  f.  Lyjîmachia. 
Plante    qu'on   appelle  encore  Lyfimachie.  On  en 
connoît    piuiieurs  efpèces  ;    la  plus  ordinaire  eft 
celle  qu'on  nomme  Lyjîmachia.  luiea  major .,  forte 
Diofcoridis.    C.  B.  &  qu'on  ttouve  au  bord  des 
luiffeaux  &  dans  les  endroits  humides.    Sa  racine 
trace  conlidérablement  ,   &  donne  piuiieurs  titres 
qui  font  d'abord  rougeâtres,  &  qui  s'élèvent  à  la  ■ 
iauteur  de  trois  à    quatre    pics ,  un  peu   velues , 
cannelées  &  noueufes  par  inrervalle  ,  de  ces  nœuds 
naiflent  trois,  quatie,  raremenr  cinq  feuilles ,  qui 
environnent  la  tige  ■,  elles  font  plus  ou  moins  larges , 
fuivant  la  bonté  du  terroir;  pareilles  en  quelque 
manière  par  leur  figure  à  celles  du  faule ordinaire, 
un  peu  plus  larges,  d'un  vert-blanchâtre.  L'extré- 
mité des  tige<:  eft  branchue  ,  &  eft  garnie  de  bou- 
quets de  fleurs  jaunes ,  d'une  feule  pièce  ,  découpées 
affez   profondément    en  cinq  parties ,  à  peu-près 
de  même  grandeur  que  celles  du  millepertuis,  & 
ibi!itenues  par  un  calice  verdâtre  à  cinq  pointes  ,  du 
milieu  duquel  s'élève  un  piftil  qui  enfile  la  fleur ,  & 
qui  devient  un  fruit  l'phérique  de  la  grolfeur  &  figu- 
re d'un  grain  de  coriandre.  Ce  fruit  s'ouvre  .à  fa 
pointe  en  plufieurs  parties,  &  il  contient  plufieurs 
iemences  dans  fa  cavité.  Cette  plante  porte  le  nom 
de  Lylimachus ,  qu'on  prérend  avoir  été  fon  pre- 
mier inventeur.  La   corneille  eft    aftringente.  On 
a^fure  fur  plufieurs  expériences ,   que  l'on  prétend 
certaines ,  que  le  jus  de  la  corneille  veric  fur  les 
plaies  les  plus  dangereufes ,  les  guérit  en  très-peu 
de  temps. 
CORNELIA,f.  f.  nom  propre  d'une  famille  des  an- 
ciens Romains.  Cornelia  gens.  La  famille  Cor/)^A^ 
étoitune  des  plus  grandes,  des  plus  illuftres  S<  des 
plus  étendues  de  Rome.  Elle  avoit  plufieurs  bran- 
ches, les  unes  Patriciennes  ,  &  les  autres  Plébéien- 
nes. Les  Patriciennes  éroient  les  Blafions  ,  les  Len- 
tulus,  les  Scipions.,  les   Cinna,  les  Sifenna,  les 
Sulla,    les  Coifus,    les  Metula,  les  Dolabella   & 
les  Céthégus.  Il  y  a  beaucoup  de  médailles  de  la 
famille  Cornelia ,   la  plupart  des   Lentûlus.  Il   ne 
faut  point  dire  la  famille  des  Cornéliens  ,  comn'ie 
on  fait  dans  le  Moréri,  mais  la  famille  Cornelia  i 
Tome  IL 


COR 


pz  I 


nos   Antiquaires   parlent  toujours  ainfi.  On  peut 
roDM^'s'ii"  ^ornchus,  la  famille  des  Corneuus. 
^.  /1  ,      •      '•  *•  "°"^  V^o^'^t  de  tcmmc.  Cornelia. 
Celt  le  fcminm  de  Corneille  ou  Cornélius,  &  les 
noms  des  femmes  de  la  famille  Cornelia. 

Et  je  ne  puis  au  calme  abandonner  ma  vie , 
Ou   craindre  des  périls  ,  qu'aj^ronte  Cornélie. 

Brebeuf. 

Nos  Antiquaires  &  nos  Médailliftes  difenr  auiïî 
fouvent  Cornelia  :  on  ne  dit  même  Jamais  autre- 
ment, quand  on  y  joint  un  autre  nom,  Cornelia 
Salonina ,  &  non  pas  Cornélie  Saloniria ,  quoiqu'on 
dife  communément  Salonine  tout  fcul. 

CORNELIUS  ,  CORNELIA.  Voye^  Corneille  , 
Cornelia,  Cornélie. 

CORNEMENT  ,  f.  m.  maladie  d'oreille  qui  fait 
cr&ire  au  malade  qu'il  entend  toujours  un  bruit  de 
cornet.  Tinnitus  aurium.  Le  cornemem  d'oreille 
vient  ibuvent  d'obftruélion.  Ce  mot  n'eft  plus  en 
ulage.  On  dit   tintement  d'oreille. 

CORNEMUSE,  f.  f.  inftrument  ruftique  dont  fe 
Icrvent  les  bergers  pour  faire  danfcr.  Uter  j'ym- 
phoniacns ,  utriculus,  La  cornemufe  eft  la  même 
chofe  que  la  chalemie  ,  à  la  réferve  que  la  chalemie 
n'a  poinr  de  petit  bourdon.  La  cornemufe  a  deux 
parties.  L'une  eft  la  peau  de  mouton  qu'on  enfle 
comme  un  ballon  par  le  moy-n  d'un  porte-vent 
qui  eft  ente  fur  cette  peau,  qui  eft  bouché  pat  une 
foupape.  L'autre  partie  confifte  en  trois  chalumeaux 
ou  flûres.  L'un  s'appelle  le  gros  bourdon,  &  le 
fécond  petit  bourdon ,  qui  ne  font  fortir  le  vens 
que  par  leurs  patcs  ;  &  le  troifième  chalumeau  eft 
fait  à  anches ,  &  on  en  Joue  en  ferrant  la  peau  fous 
le  bras,  quand  elle  eft  enflée,  &  en  ouvranr  &  fer- 
mant avec  les  doigts  les  trous  dont  il  eft  percé ,  qui 
font  au  nombte  de  huit.  Le  petit  bourdon  a  un 
pié  de  long  ,  le  porte-vent  fix  pouces ,  le  chalu- 
meau treize  pouces,  y  compris  fon  anche,  lefquels  fe 
brifent  &  fe  divifent  par  les  nœuds ,  pour  être  plus 
portatifs.  Sa  peau  eft  d'un  pié  &  demi  de  long,  &: 
de  dix  pouces  de  large:  ce  qui  eft  pourrant arbi- 
traire. La  cornemufe  a  trois  oélaves  d'étendue.  La 
cornemufe  fert  de  de/fus  aux  hautbois  du  Poitou. 

On  dit  proverbialemenr  &  baffement,  quand  la 
cornemufe  eft  pleine,  on  en  chante  mieux  &  plus 
volontiers. 
^  CORNEMUSÊUR,  f.  m.  qui  Joue  de  la  c<jr/2^- 
muje.  Rabelais  s'eft  fervi  de  ce  mot.  On  ne  le  dit 
plus. , 

CORNEOLE  ,  f.  f  pierre  précieufe  ^oye^ Cornaline. 

CoRNÉoLE  ou  CoRONÉOLE ,  f.  f.  plaure ,  efpèce  de 
genêr  ,  qui  rampe  prefque  toujours  fur  rerre.  Sa 
racine  eft  ligneufe.  Ses  feuilles  naiflent  alternes  le 
long  des  branches  -,  elles  font  minces ,  longues,  fem- 
blables  à  celles  de  l'hyflbpe.  Sa  femence  eft  petite, 
de  la  figure  d'un  petit  rein ,  &:  renfermée  dans  une 
gouflé  platte.  On  l'appelle  auiîi  flair  â  teindre  ,  ou 
/lerbe  à  jaunir  ,  parce  que  les  Tcinruricrs  s'en  fer- 
vent pour  teindre  les  draps  en  jaune,  &  s'ils  les 
plongent  auparavant  dans  If  paftel  ou  guède  ,  ils 
les  teignent  en  verr.  En  Larin  genijîa  tiruloria 
Germ.tnica. 

fCF"  CORNER  ,  V.  n.  fonner  d'un  cornet,  d'une 
corne.  Cornu  cancre.  Les  vachers  cornent  pour  raA 
lémbler  les  vaches  qu'ils  mencnr  aux  champs. 

§Cr  On  dit  en  ce  fens  d'un  homme  qui  fonnemal 
du  cor  ,  qu'il  ne  fair  que  corner. 

|G°  Corner  fignifie  aufli  parler  dans  un  corner  pour 
fe  faire  entendre  à  un  fourd.  Il  faut  lui  corder  aux 
oreilles  pour  fe  faire  entendre.  Aurem  alicui 
perfonare. 

(fT  On  dir  aéfivcmenr,  mais  dans  le  ftyle  familier 
feukmrnr  ,  corner  une  chofe  ,  une  nouvelle  par 
tour,  par  toute  la  ville,  avec  imprudence  &  im- 
portun i  té.  ^/it/z/i^/ /W(Z/«  &  ubiquejérere,  diffemi- 
mre,  evulsare.  On  avoit  fait  cette  confidence  en 
fecret,  il  l'eft  allé  corner  par-tout. 

A  A  A  A  a  a 


522. 


CO^ 


Lafiivre  de  parler  me  brûle  &  me  confumey 
Etfe  n'eTig,iuns point,  que  pendant,  quinie  jours 
Je  ne  L'aille  corner  dans  tous  les  carrefours.  R. 

f:T  En  termes  de  chaiTe,  corner  les  chiens,  Tonner 
du  cor  pour  les  exciter  ou  pour  les  rappeler  Voye^ 
Cor,  Corner  requête,  ibnner  du  cor  pour  obliger 
les  chiens  à  requcter  de  nouveau  la  bcte ,  lorlqu'ils 
font  en  défaut. 
|Cr  On  dit  encore  neutralement ,  corner  aux  oreilles 
de  quelqu'un,  lui  fuggérer  quelque  choie  avec  im- 
porcunité.  Il  elt  venu'à  bout  de  le  faire  rcfoudre  à 
cela ,  à  force  de  lui  corner  aux  oreilles. 
%fT  On  ditfigurément  que  les  oreilles  cornent ,  quand 
on  a  des  bourdonnemens  d'oreilles. TiH«/«n/  aures  : 
&  que  les  oreilles  doivent  avoir  bien  corne  cà  quel- 
qu'un ;  pour  dire  ,  qu'on  a  fort  parlé  de  lui,     * 
IJC/"  On  dit  encore  figurénient ,  en  parlant  d'une^er- 
fonne  qui  entend  de  travers,  que  les  oreilles  lui 
cornent.  Toutes   ces  phrales  font  proverbialesôc 
familières. 
CORNET,  f.m.  petit  cor  de  chafle  qui  eft  de  cuivre , 
qui  n'a  quelquefois  qu'un  demi-cercle.  Cornu.  Quel- 
quefois il  a  plufieurs  tours  ou  cercles  pour  faire  cir- 
culer la  voix. 
Cornet    fe  dit  d'un  petit  cot  fait  de  corne  ,  qui  fert 
à  augmenter  le  cri  ou  le  fon  de  la  voix.  Un  cornet 
de  vacher  eft  fait  d'une  corne  de  vache.  Cornu  paj- 
toritium.  Un  cornet  de  Vo?t\\\or\,  cornu  veredarn, 
lui  fert  à  donner  de  loin  le  fignal  pour  qu'on  lui 
prépare  des  chevaux.  Il  faut  un  cornet  pour  parler  à 
gCT  celui  qui  a  l'oreille  dure.  Le  fon  fe  confcrve 
dans  ces  initrumens,  parce  qu'en  traverlant  leurs 
parois ,  il  ne  peut  fe  répandre  circuiairement  Se  le 
fon  ainfi  rai-nailc,  frappe  l'organe  avec  plus  de  force. 
Foyei  Porte-Voix. 
fp-  En  termes  de  Blafon  ,  on  reconnoît  trois  fortes 
•    de  cornets ,  les  uns  tout  limples,  fans  viroles ,  atta- 
ches ,  ni    autres    garnitures  ,  Cornu  mutilum  ;  les 
autres  font  mornes  &  viroles  ,  armillatum  ;  d'autres 
font  enguichés,  cornu  cujus  os  alterius  coloris  eji\ 
çenàas,  pendu  lu  m  ;   attachés  ou  liés ,  ligatum,  Ev 
toutes    ces    garnitures   font   fouvent  de  diiférens 
émaux. 
Cornet  eft   autu  un  inftrument  de  guerre  des  An- 
ciens. Cornu.  Végèce  ,  L.  II.  c.  ii ,  nous  apprend 
que  les  Légions  avoient  des  trompettes ,  des  cornets 
■    Se  des  buccines  i  que  lorlque  les  cornets  fonnoient , 
il  n'y  avoit  que  les  Enfeignes  qui  obéifToient,  &  non 
les  foldats  ;  que  quand  les  Enfeignes  dévoient  mar- 
cher feules  lans  les  foldats,  on  ne  fonnoit  que  des 
cornets,  comme  on  ne  fonnoit  que  des  trompettes 
quand  il  étoit  queftion  de  faire  marcher  les  foldats 
fcuîs ,  fans  leS  drapeaux  ,  pour  quelque  faélion  ou 
quelque  ouvrage",  que  c'étoient  les  cornets  &  les 
buccines  qui  fonnoient  la  charge  ôcla  retraite -,  & 
que  pendant  le  combat  les  trompettes  &  les  cornets 
fonnoient  cnfemble,    Foye^  Vigenère  fur   Céfar , 
fol.   179.  col.  4. 
Cornet  à  bouquin,  inftrDment  de  Mufique  qui  fert 
à  foûtenir  un  grand  chœur  dans  un  lieu  vafte  & 
étendu ,  comme  dans  les  Cathédrales.    Muficum  , 
fymphoniacum  cornu.  Le  cornet  à  bouquin  ell:  une 
efpèce  de  grande  flûte  qui  a  fépt  trous  ,  dont  le 
fcptième    eft    inutile.    Il  y  en  a  de  tous  droirs , 
faits  d'une  feule  pièce  de  bois  de  cormier  ou  de 
.    prunier.  D'autres  font  courbés  Se  de  deux  pièces. 
On  les  couvre  de  cuir  pour  les  conferver.  Le  deffus 
eft   de  deux  pies  de  long ,  &  la  balle  de  quatre. 
Le  diamètre  de  fa  pâte  eft  d'un  pouce,  celui  de 
fon  bocal  d'une  ligne,  &  celui  de  chaque  trou  de 
quatre  lignes.  Il  a  l'étendue  d'une  odave.  On  peut 
jouer  fur" le  cornet  jufqu'à  cent  mefures  fans  ref- 
pirer ,  parce  qu'il  dépenfe  moins  de   vent  qu'on 
ne    fait  avec  la  bouche  ,  par  la  refpiration  ordi- 
naire. 
Cornet  eft  aulTi  un  des  principaux  jeux  de  l'orgue. 
Il  y  a  le  grand  comH ,  qui  a  cinq  tuyaux  fur  tou- 


CO  N 

che,  &  dîx-neuf  touches  parlantes  fans  les  diefès. 
Le  petit  cornet  eft  un  jeu  qui  a  un  troificme  cla- 
vier féparé  de  celui  du  pofitif  &  du  grand  corps 
de  l'orgue,  lequel  on  appelle  auflTi  cornet  féparé , 
&c  n'a  -que  dix-neuf  touches  qui  jouent.  Il  a  cinq 
■rangs  de  tuyaux  lut  marche.  Le  premier  eft  bouché, 
■&  eft  à  cheminée  d'un  pié  de  long.  Le  fécond  eft 
auili  d'un  pié,  mais  ouvert  :  le  troilième  d'environ 
huit  pouces  &  demi  :  le  quatrième  d'un  demi-pié, 
&c  le  cinquième  de  cinq  pouces  ouverts ,  &  on  les 
accompagne  du  bourdon  &  du  preftant  :  ce  qui  fait 
fept  tuyaux. 
Cornet  d'eco/ ,  eft  un  autre  jeu  qui  a  un  quatrième 
clavier  féparé  dans  les  grandes  orgues ,  qui  a  audî 
cinq  tuyaux  fur  marche  ,  Hc  dix-neuf  touches  qui 
jouent. 

On  appelle  aulIi  cornets,  pIufTieurs  petits  vaif- 
feaux  qui  font  ordinairement  de  corne.  Un  cornet 
pour  jouer  aux  dés  &  au  triiflrac.  Pyrgus,  fritil- 
lum.  Reptéfentez- vous  l'inquiétude  d'un  joueur 
qui  voit  fa  mort  ou  fa  vie  Ibrtir  de  fon  cornet. 
BoiL. 

Un  cornet  d'écritoire,  eft  la  partie  de  l'écri- 
toire  où  on  met  l'encre.  Scriptorium  corna ,  atra- 
mentifcriptorii  vafculum.  Un  cornet  de  corne.  Un 
cornet  de  plomb ,  de  cuivre ,  d'argenr.  Vafculum 
corneum  ,  ccreum  ,  argenteum. 

On  dit   aulîl  d'es  cornets  de  papiet ,  lorfqu^on 
tortille  du  papier  en  pointe  pour  y  enfermer  quel- 
que chofe.  Papyraceus  ,  chartaceus  cucullus.  Ua 
cornet  de   dragée,  un  cornet  de  poivre.  Les  Ca- 
nonniers  ont  aulfi  àtî,  cor7iets  pour  tenir  le  pu!- 
vérin    de  l'amorce ,    fait  d'une   grande   corne  de 
bœuf. 
Cornet,  terme  de  Mohnoie  ,  cornet   d'eflais  d'or  j 
c'eft  un  bouton  d'or  tiré  des  coupelles ,  que  l'oa 
bat  f.ir  le  talfeau  ou  enclume  ,  afin  de  l'étendre  &£' 
de  le  rendre  mince  autant  qu'il  le  peut  être  ,  c'eft- 
à-dir: ,  environ  de  la  grandeur  d'un  grand  fou  , 
&  10  lié    enfuite   en  manière  de  cornet,  fans  le 
prefler.  Auri  volumen. 
Cornet  à  ventonfer ,  c'eft  iln  inftrument  dont  on  fe 
fett  pour  appliquer  des  ventoufes.  Cucurtita  Chi- 
rurgica. 
Cqrnet  de  fayance  ou  de  porcelaine.  Vafa ficîilia  fa- 
ventina  owporcelana  quce  fritilli figurant  iniitantur. 
C'eft  un  vaifleau  de  fayance  ou  de  porcelaine,  quî 
eft  fait  en  forme  de  cornet  à  jouer  ,  &;  dont  on  fe 
fert  pour  parer  les  coins  des  cabinets  ou  de  ceux 
des    cheminées.   Les  cornets   de   porcelaine    font 
bien  plus  chers  que  les  autres. 
Cornet  A'épice ,    en  termes  de  Marine  ,  eft  une  ef- 
pèce de  broche  de  fer  dont  on  fe  ferr  pour  épicec 
une  corde. 
Cornet  de  mât,  rerme  de    Marine,  eft  une  efpèce 
d'emboîtement  de  planches  vers  l'arrière  du  mât  de 
divers  petits  bâtimcns,   où  s'emboîte    le   pié  du 
mir. 
Cornet  eft    au(Tî  une  efpèce  de    pâtifTerie  faite  de 
farine  &  de  fucre  ,  qu'on  cuit  entre  deux  fers  com- 
mî  une  gauifre,  &  qu'on  tortille  en  forme  Ae  cor- 
net  d'épice,  de  cornet  de  dez.  Libi  genus  pyrgi  in 
morem  conformatum.  Les  cornets  de  métier  pour 
le  peuple  fe  font  feulement  avec  du  miel. 
Cornet  de  pourpre ,  eft  une  efpèce   de  pourpre  011 
de  poirtbn  fervant  aux  teintures ,  qu'on  appelle  au- 
trement porcelaine.  En  Latin  buccina  ,  en  Grec, 


KTi^vy. 


à  caufe  de  fa  figure. 


Cornet  ,  f.  m.  terme  de  Conchyliologie.  Voyei^ 
Volute. 

gcr  CORNETER.  v.  a.  Ce  mot  s'eft  dit  pour  ven- 
toufer.  Cucurbitulam  admovere. 

CORNETIER,  f.  m.  ou  refendeur  de  cornes.  C'eft 
un  artifan  qui  refend  les  cornes  de  bœufs ,  qui  les 
redrefle  avec  cies  fers  chauds  &  autres  inftrumens , 
&  les  revend  aux  peigniers ,  pour  en  faire  des  pei- 
gnes ,  &:  aux  Patenôtriers  pour  en  faire  des  chape- 
1ers.  Seclor  cornuum. 

CORNETTE  ,    f,  f,  ce  mot  fe  difoit  autrefois  de 


COR 

toute  forte  d'habillement  de  tête  -,  &:  on  appeîoîc 
cornetu  de  Moine  ,  leur  capuchon  ;  cornette  d'A- 
vocats ,  de  Dodleur ,  le  chaperon  qu'ils  portoicnt 
autrefois  fur  leur  tête.  Capitis  tegumemum.  La  par- 
tie de  devant  de  ce  chaperon ,  ou  bourlet ,  s'en- 
îortilloit  fur  le  haut  de  la  tête ,  &  ce  nom  lui  vient 
de  ce  qu'après  avoir  fait  quelques  touis ,  les  extré- 
mités ibrmoient  fur  la  tcte   comme  deux  petites 
cornes.    C'eft  encore  maintenant  une  marque  de 
magiftrature ,  &  on  la  porte  pendante  lut  l'épaule , 
&  le  chaperon  par  derrière  ,  comme  les  ConHils  , 
ou  Echevins  en  quelques  endroits.  Epomis.  Le  Do- 
ge de  Venifc  porte  au/fi  une  cornette  ,   qui   cft 
un  bonnet  fait  en  pointe.  On  tcgardoit  comme  un 
grand  dcfordre  en   149.5  ,  que  les  Eccléliaftiques 
commençaient  à  la  manière  des  Séculiers ,  de  por- 
ter des  chapeaux  fans  cornettes.  II  fut  ordonné  qu'ils 
auroient  des  chaperons  de  drap  noir  ,  avec  des  cor- 
nettes honnêtes,  &  que  s'ils  étoient  trop  pauvres, 
ils  auroient  du  moins  des  cornettes  attachées  à  leurs 
chapeaux ,  &  cela  fous  peine  de  fufpenfion  ,  d'ex- 
communication ,  &  de  cent  fous  d'amende.  Lo- 
BINEAU,    T./,  p.  845;, 
Cornette  ne  fe  dit  plus  maintenant,  en  langage  or- 
dinaire ,  que  des  coeffes,  ou  linges ,  que  lesVemmes 
mettent  la  nuit  fur  leurs  têtes ,  &  quand  elles  font 
en  déshabillé.  Linea  mulieris  mitella.  On  l'appelle 
cornette  ,  des    deux    bouts  de   cette    coëffure  , 
qui  reifemblcnt  à  des  cornes. 

Vous  ave:^  de  riches  manteaux  , 
Vous  ave:^  de  belles  cornettes  , 
Vous  faites  d'affiquets  nouveaux 
Toujours  d'inutiles  emplettes  : 
Mais  dejeunejje ,  Iris ,  i embonpoint  &  d'attraits  , 
N'en    fereT-vous  ramait  ? 


N'en  ferei-vous  jamais 


COULANGE. 


CORNETTE  ,  en  termes  de  Guerre  ,  efl:  un  ctendart 
de  Cavalerie  ,  ou  de  Dragons.  Equcflris  turmx  ve- 
xillum,  La  cornette  efl:  un  ctendart  carré  ,  qui  fe 
porte  au  bout  d'une  lance  par  le  troilième  Offi- 
cier de  la  compagnie.  Celle  de  la  Mefl:re  de  Camp 
eft  blanche.  C'efl:  pour  cela  qu'on  appelle  le  pre- 
mier régiment  de  Cavalerie  légère  ,  le  régiment 
de  la  cornette  blanche.  Dans  les  compagnies  de 
Chevaux-Légers ,  de  Dragons  &  de  Mouicjuetai- 
res ,  il  y  a  des  cornettes. 

Cornette  ,  f.  m.  Officier  de  Cavalerie  ou  de  Dra- 
gons qui  porte  l'étendart  de  la  compagnie,  &  qui 
la  commande  en  l'abfence  du  Capitaine  ,  &  du 
Lieutenant.  Turmœ  vexillarius.  Ce  mot  vient  à  cor- 
nu ,  parce  qu'on  met  les  cornettes  de  Cavalerie  fur 
les  aîles ,  qui  forment  une  efpèce  de  pointe  ,  ou 
de  corne  de  l'armée.  En  ce  fens  il  efl:  maculin. 

Cornette  fe  prend  aullï  quelquefois  pour  la  com- 
pagnie entière  qui  marche  fous  la  Cornette.  Equi- 
tum  turma.  On  a  levé  trente  Cornettes  de  Cava- 
lerie •,  pour  dire  ,  trente  compagnies.  On  leva 
quinze  cor^^'W^j'.  P.  Daniel. 

Cornette  ,  en  termes  de  Marine,  efl  le  pavillon  du 
Chef  d'efcadre ,  qui  eft  carré  &  blanc.  Vexillum 
navale.  Il  le  porte  au  mât  d'artimon,  quand  il  eft  en 
corps  d'armée,  &  au  grand  mât  ,  quand  il  com- 
mande en  chef.  Le  battant  de  la  cornette  doit  avoir 
quatre  fois  la  hauteur  du  guindant.  Elle  doit  être 
fendue  par  le  milieu  des  deux  tiers  de  fa  hauteur. 

Cornette  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  eft  la  houppe 
ou  tiroir  de  deflus  le  chaperon  de  l'oifeau.  Apex. 

Cornette  eft  auffi  le  nom  qu'on  donne  à  une  forte 
de  fer.  Le  fer  cornette  a  huit  ou  neuf  pics  de  long, 
trois  pouces  de  large ,  &  quatre  à  cinq  lignes  d'é- 
paifleur. 

Cornette  eft  aufTl  une  forte  de  fleur  fauvage,  qui 
croît  parmi  les  blés  quand  ils  fonr  mûrs ,  &  qui  ref- 
femble  à  la  violette.  Il  y  a  auffi  des  cornettes  culti- 
vées ,  &  ces  ibttes  de  cornettes  font  fimples ,  dou- 
bles ,  violettes  ,  incarnates  ,  panachées  ,  en  un 
mot,  déroutes  couleurs.  La  cor/z^we  ,  comme  un 


COR  9ij 

arbriffeau  ,  a  plufieurs  petites  branches ,  qui  portent 
quantité  de  fleurs  faites  comme  les  godets  des  clo- 
chettes double?.  Elle  eft  violette  par  les  bords ,  & 
tire  au  rouge  :  elle  a  une  bonne  odeur  \  &;  com- 
me elle  vient  de  graine ,  on  la  rcfème  tous  les  ans, 
Morin. 

CORNEVILLE.  Abbaye  de  Chanoines  Réguliers  , 
iituée  fur  la  Rile ,  deux  lieues  au  dedlis  du  Pont- 
Audemer  ,  Se  ibndcc  en  1 145.  Dejcript.  Gco^r.  ù 
Hiji.de  la  Haute-Norrn,  t.  1  ,  p.    ^ic^, 

CORNEUR  ,  f.  m,  celui  qui  corne. 

La  nuit  venue  ,  arrive  le  Corneuï. 
Il  leur  cria  d'un  ton  à  faire  peur. . . .  ♦ 

La  Font, 

Mais  quajidvcrrei  Chanfonniers ,  faifeur s  d'Odes  t 
Rauques  corneurs  de  leurs  vers  incommodes  > 

Dire^  alors  en  voyant  tel  gibier  , 
Ceci  paroit  citoyen  du  bourbier. 

VotTAIRE. 

CORNICHE ,  f  f.  IfT  ornement  d'architedture ,  en 
faillie  ,  qui  eft  au  deffus  de  la  frife ,  &  qui  fert  de 
couronnement  à  toutes  fortes  d'ouvrages  d'architec- 
ture. Corona.  La  corniche  fe  mefure  depuis  la  fri- 
fe jufqu'à  la  cymaife  inelufivemenr.  Les  piédcftaux 
ont  aulfi  leurs  corniches  en  faillie.  La  corniche  eft 
dilferente  félon  les  cinq  ordres  d'Archireéhire.  La 
corniche  Tofcane  ,  eft  celle  qui  a  le  moins  de  mou- 
lures ,  &  qui  eft  fans  otnemens.  Tufcana.  La  corni- 
che Dorique  ,  eft  celle  qui  eft  ornée  de  mutules , 
ou  de  denticules.  Dorica.  La  corniche  Ionique  , 
eft  celle  qui  a  quelquefois  fes  moulures  taillées  d'or- 
nemens  avec  des  denticules.  lonica.  La  corniche  Co- 
rinthienne ,  eft  celle  qui  a  le  plus  de  moulures ,  de 
modillons,  quelquefois  des  denticules,  Corinthia. 
"Lx  corniche  Compojïte ,  eft  celle  qui  a  des  moulu- 
res taillées,  des  denticules  ,  &  des  canaux  fous  fon 
plafond.  Compojita. 

On  appelle  Corniche  de  couronnement  ,  celle 
qui  eft  la  deinière  d'une  façade  ,  qu'on  nomme  en- 
tablement, ôcfur  laquelle  pofe  l'égoiit,  ouchêneau 
d'un  comble.  Ornamenta,  Corniche  d'appartement , 
toute  faillie  qui  dans  une  pièce  d'appartement  ferc 
a  en  foijtcnir  le  plafond  ou  le  cintre  ,  &  à  couron- 
ner le  lambris  de  revêtement.  Projecîura.  Cornichs 
architravée ,  celle  qui  eft  confondue  avec  l'architra- 
ve ,  la  trife  en  étant  fupprimée,  Junclum  coroncz 
epiflylium.  Corniche  mutilée  ,  celle  don:  la  faillie 
eft  retranchée  &:  coupée  au  droit  du  larmier ,  ou 
réduite  en  plate  bande  avec  une  cymaife.  Corona. 
mutila  projcclurà  carens.  Corniche  en  chamfrein  , 
celle  qui  eft  la  plus  fmiple  ,  &:  qui  n'a  point  de 
moulures.  Corona  pura.  Corniche  continue  ,  celle 
qui  dans  toute  fon  étendue  ,  &  fes  retours  ,  n'eft  in- 
terrompue par  aucun  corps,  &C  rentre  dans  elle-mê- 
me. Continua,  Corniche  coupée  ,  celle  qui  ne  régne 
pas  de  fuite ,  mais  qui  eft  interrompue  dans  Von 
cours  par  quelque  corps.  Secla  ,  interrupta.  Corni- 
che circulaire  ,  celle  du  dehors  ,  ou  du  dedans  de 
la  tour  d'un  dôme.  Circularis.  Corniche  cintrée  , 
celle  qui  dans  fon  élévation  eft  tournée  en  arcades. 
Arcuaia.  Corniche  rampante  ,  celle  d'un  fronton 
pointu.  Acclivis.  Corniche  de  placard  ,  celle  qui 
couronne  la  décoration  d'une  porte,  ou  d'une croi- 
fée  de  menuiferie ,  ou  de  marbre.  Corona  plana. 
Corniche  volante  ,  toute  corniche  de  menuiferie 
chamfreinée  par  derrière,  qui  fert  à  couronner  "un 
lambris ,  ou  .à  foûtenir  un  plafond. 

Corniche  fe  dit  auiîî  de  toutes  ces  petites  faillies 
qui  avancent  en  maçonnerie  Si  en  menuiferie  , 
quoiqu'il  n'y  ait  point  de  colonnes.  Ornamenta. 
La  corniche  d'une  cheminée.  La  corniche  à'\in.  buf- 
fet ,  d'une  armoire.  Corona. 

CORNICHON  ,  f  m.  petite  corne.  Corniculum.  Cet- 
te vache  n*a  encore  que  des  cornîihons.  Il  fe  dit 
aulfi  des  chevillures  du  cerf. 

AAA  A  aa  ij 


^24- 


COR 


On  appelle  aufli  coniichons  ,  de  petits  concom- 
bres que  l'on  coupe  avant  qu'ils  parviennent  à  une 
certaine  groilèur  ,  &i  qu'on  tait  confire  avec  du 
fe\  Se  du  \inz\2;vc.J i-oruvus  ciicumis  &  cornu  in  mo- 
rem  incurvuslU^ici  dit  que  Pline  appelle  les  corni- 
chons ,  cornicula. 

On  appelle  encore  cornichon  ,  au  jeu  de  boule  , 
une  i^roH'e  boule  que  l'on  jette  la  première,  pour 
lervir  de  but.  Glohulus  metix.  inj'crvuns.  Ce  terme 
eft  apparemment  en  ulage  dans  quelques  Provm- 
ces.  On  dir  ici  but ,  boule  lervant  de  but.  ^       _   _ 
CORNICHON  va  devant,  forte  de  jeu,  a  qui  ira 
plus  vite  en  ramadant  quelque  choie-,  &  comme 
dit  Montagne-,  parmi  t.int  d'admirables  aCHons  de 
Scipion  l'ayeul  ,  il  n'eft   rien  qui  lui  donne  plus 
de  orace  que  de  le  voir  nonchalamment  &  puérile- 
ment baguenaudant ,  amafler  &  choifir  des  coquil- 
les, &:  jouer  à  cornichon  va  devant ,  le  long  de  la 
marine  avec  Lxlius  fon  ami  intime.  Montagne, 
L.I,C.  I  ^  Mascur.  p.  447- 
CORNICULAIRE.  1".  m.  Cornicu/arius.  Nom  d'un 
Officier  de  guerre  chez  les  Romains.  C'étoit  com- 
me le  Lieutenant  du  Tribun  miliraire,  qu'il  ibu- 
lageoit  dans  l'exercice  de  la  charge.  Les  Cornicu- 
laires  failbient  les  rondes  à  la  place  des  Tribuns , 
vUitoient  les  corps-de-garde ,  &  ils  croient  à  peu- 
près  ce  que  font  aujourd'hui  les  Aide-Majors  dans 
nos  troupes.  Le  nom  de  Corniculaires  tut  donné 
à  ces  Officiers ,  parce  qu'ils  avoicnr  un  petit  cor  , 
corniculum  ,  dont  ils  le  lervoient   pour  donner  les 
ordres  aux  Ibldats.  Suétone  ,    dans    le  Livre  des 
Grammaivicns  illujlres  ,  Valere  Maxime ,  L.  f^l ,  c. 
I  ,  &  pUifieurs  autres  Auteurs ,  parlent  des  Corni- 
culaircs  :  il  en  cft  aulli  parlé  dans  le  Droit. 

On  trouve  aulfi  dans  les  Notices  de  l'Empire 
un  Huilîîer  ,  ou  Greffier  ,  nommé  Corniculaire. 
5on  office  étoit  d'accompagner  par  tout  le  Juge  , 
&  de  le  lervir  ■■,  d'écrire  les'léntences  qu'il  pronon- 
^oit.  Exccptor  ,  Commentarienjis  ,  Cornicularius. 
Voyez  GoDEFROY y«r  la  L.io  ,  Theodof.  de  Cohort. 
de  Jurer  fur  Symmaque  ,  L.  X,  ^pii''^^  5^- 
(tr  Les  Corniculaires  ,  cornicularii  ,  étoient  une 
forte  d'Huilllers  qui  le  renoient  à  l'un  des  coins  du 
parquet,  où  le  magiftrat  rendoit  la  Juflice  ,  pour 
empêcher  que  perfonne  n'y  entrât.  Cornicularii , 
(]ui.a  cornihus  fecretarii  pmtorianipneerant.  Ant. 
Grec.  &  Rom. 

Ce  nom ,  pris  au  premier  fcns ,  vient ,  félon  Sau- 
maife,  de  corniculum,  qui  lignifie  le  cimier  d'un 
calque  -,  &  en  elfet  Pline  nous  apprend  qu'on  mer- 
toit  fur  les  calques  des  cornes  de  fer ,  ou  d'airain, 
&  que  cela  s'appeloit  cornicula.  D'autres  le  tirent 
du  petit  cor  qu'avoir  cet  Officier.  Cela  efl  plus  vrai- 
femblable.  Dans  le  fécond  fens ,  on  prérend  qu'il 
eft    dérivé    de    corniculum  ,  un  cornet  à  merrre 
de  l'encre. 
CORNIER  ,  ad),  m.  terme  qui  fe  dit  des  pilaftres  qui 
font  l'encognure  d'un  bâtiment ,  ou  qui  font  dans 
un  angle.  Angulata  parajiatarum  commi(fura.  On 
le  dit'aulll  des  poteaux  ,  ou  grandes  pièces  de  bois 
qui  font  dans  les  angles  des  panneaux  de  charpen- 
teric.  Ang;ulare  lignum  ,  angularis  tignorum  com- 
mi(jura.  Les  Selliers  appellenr  aulTî  corniers ,  les 
quatre  '  quenouilles   ou    pilliers   qui   foûtienncnt 
l'impériale  d'un  carrolle. 
CoRNiER  ,  en  termes  des  Eaux  &  Forêts  ,  fe  dit  des 
chênes  &:  gros  arbres  qui  Ibnr  choifis  &c  marqués 
par  autorité  de  Juflice  ,  pour  marquer  les  bornes 
des  ventes  &:  des  coupes  de  bois ,  tant  taillis  que 
de  haute  futaie.  Ils  font  d'ordinaire  dans  les  angles 
des  plans  &:  figures  que  font  les  arpenreurs  de  ces 
coupes ,  8i  s'appcllenr//t;'j  corniers.  Arborant  cx- 
(ionis  terminus ,  flipes. 

On  appelle  en  Charpentevie  le  canal  de  tuille  , 

«u  de  plomb  ,  qui  ell  le  long  d'un  angle  de  deu\ 

toits ,  ou  bâtimens ,  \3.  jointure  cornière.  Imbricatis 

&  an^ulares.  compluviorum  coUiquice. 

ÇoRNiER.  Arbre.  Vose^^  Cornouiller.'         • 

CORNIÈRE,  f.  f.  terme  de  Blalbn.,  cjui  fignjiîe  un 


COR 

anfe  de  pot  qui  le  trouve  dans  plufieurs  Ecus ,  & 
entre  autres  dans  celui  de  Lïle-Adam,  Prévôt  de 
Paris.  Anjula. 
Cornière  ,  terme  de  Marine.  Les  cornières  font  ce 
qu'on  appelle  auHi  alonges  de  poupes  ,  qui  font  les 
dernières  pièces  de  bois  qui  font  pofécs  fur  l'arrière 
vailfeau  ,  Se  qui  forment  le  haut  de  la  poupe.  Sum- 
ma  &  extrema pupi'is. 
CORNIERES,  f.  f.  pi.  terme  d'Imprimerie.  Ce  font 
quatre  équières  de  fer  attachés  aux  quatre  angles 
de  ce  qu'on  appelle  le  coffre  dans  la  prelfe  des 
Imprimeurs ,  pour  y  tenir  la  forme  par  le  moyen 
de  quelques  coins  de  bois. 

Ce  mot  vient  de  corne  ,  qui  a  lignifié  un  angle; 
car  on  dit  encore  la  corne  droite  de  l'autel ,  à  caufe 
qu'autrefois  on  mettoit  des  cornes  ou  des  anles  à 
ces  angles  afin  de  le  tranfporter  ou  le  faire  mou- 
voir plus  facilement  :  &  c'efl;  pour  cette  raifon  que 
Moïle  en  fit  mettre  à  l'aurel  des  parfums.  Dans  le 
Blalbn  ces  anfes  de  fer  qui  étoient  aux  cornes  des 
autels,  ont  retenu  le  nom  de  cornières. 
CORNILLAS  ,  1.  m.  le  petit  d'une  Corneille.  Corni- 

cis  pu! lus. 
CORNIOLE  ,  f.  f.  plante.  Voyei  Tribule  aquati- 
que ,  c'eft  la  même  chofe. 
gcr  CORNIPETE  ,  ad),  qui  donne  des  coups    de 

corne.  Rabelais.  De  cornu  &c  petere. 
CORNO  ,  f,  m.  ou  CORNE.  C'eft  le  nom  du  bon- 
net ou  roque  du  Doge  de  Venife.  Le  Doge  n'ote 
jamais  fon  corno ,  qu'au  moment  de  l'élévation  de 
l'Hoftie  ,  ou  lorfqu'il  reçoit  vifite  d'un  Prince  du 
fang  Royal ,  ou  d'un  Cardinal.  Misson.  En  Italie 
nuT  ne  met  la  couronne  fur  fes  armes  -,  le  Doge 
feul  y  met  la  Couronne  Ducale  ,  qu'on  appelle 
autrement  le  corne. 
CORNOUAILLE.  Cornubia.  Province  d'Angleterre, 
ainfi  appelée  ,  dit-on  ,  parce  qu'elle  a  la  figure 
d'une  corne  ,  qui  n'eft  point  recourbée.  Cette  Pro- 
vince eft  baignée  au  midi  par  la  mer  de  Bretagne , 
&  au  nord  pa"r  celle  d'Irlande.  La  Corncuaille  eft  un 
pays  fort  fertile.  C'eft  dans  la  Cornoudille  que  font 
les  plus  riches  mines  de  l'étain  fin.  II  n'y  a  point  de 
villes  dans  ^Q\^\.t\^Cornouaille.  La  Cornouaille  eft 
pleine  de  montagnes.  Les  anciens  Bretons  s'y  main- 
tinrent contre  les  Anglo-Saxons.  Edouard  III  l'érigea 
en  Duché  -,  &:  depuis'ce  temps-là ,  ç'à  toujours  été  un 
des  apanages  du  fils  aîné  des  Rois  d'Angleterre. 

Le  Cap  de  Cornouaille,  Cornubitz  caput,  ou  com- 
me on  l'appeloit  ancienncmment  ,  Bolerium  ,  Sc 
Antivefieum  promontorium.  Cap  d'Agngleterre  le 
plus  occidental  de  la  Cornouaille ,  Sr.même  de  toute 
l'Angleterre.   C'eft   pour  cela  que  les  Anglois  le 
nomment  Ldnd  Ends  ,  c'eft-à-dire ,  Bout  de  la 
terre. 
Cornouaille,  en  France.  C'eft  l'Evêché  de  Quim- 
per-Corentin.  Curiofolitum  ager ,  Curiofolittt,  dans 
Pline  CurioJ'ulites,  ou  Curiofuelites  ;  Cornu  Galliœ. 
Ce  pays  eft  fur  la  côte  métidionale  de  Bretagne  du 
côté  de  l'occident.  Quimper-Corentin  eft  la  prin- 
cipale ville  du  pays  de  Cornouaille.  Baudrandaux 
mots  Cornouaille   &    Quimper. 
Cornouaille   fe   dit  figurément  &    burlefquement 
du  pays  habité  par  les  cornards.  Il  y  a  des  fous  qui 
veulent  à  toute  force  que  le  Parlement  leur  donne 
des  Lettres-Patentes  de  Bourgeoifie  dans  le  pays  de 
Cornouaille.  Ecole  du  Monde.  Gareau  ,  en  parlant 
de  fa  femme  dans   la  dernière  Scène    du  Pédant 
Joué  ,  dit:  Par  ma  fiquettc  ,  al  me  boutit  à  cor- 
nnaille  en  tout   bian  &  tout   honneur.  C'eft  vrai- 
femblablement  de-là  que  M.  le  Noble  a  tiré  cette 
exprelfion  ,  ou  de  l'une  des  deux  Provinces  qui  por- 
tent le  nom  de  Cornouaille  ,  la  premièrecn  Angle- 
terre ,  ^  l'autre  en  France  ,  dans  la  balfe  Bretagne. 
CORNOUILLE,  f.  f.  fruit  rouge  &  acide  qui  croît 
fur    le  cornouiller ,   &  qui   miirit  en  Septembre. 
Corniim.   Les    Cornouilks    font    raffraîchiflantes , 
dcfficatives  &  aftringentes.  On  s'en  fert  dans  la  dyf- 
fenterie  &  dans  la  diarrhée.  On  en  fait  une  gelée 
femblable  au  cotignac  ,  qu'on  confit  avec  dufucre , 


COR 

Sz  qui  eft  fort  bonne  pour  reflèrrer.  On  les  confît 
audi  dans  la  laumiire  comme  des  olives, 

CORNOUILLER,  f.  m.  arbre  qui  porte  des  cor- 
nouilles.  Cornus.  Il  y  en  a  un  mâle  &  un  femelle , 
1^  iliivant  le  langage  ordinaire  i  mais  il  eil  évi- 
dent que  cette  diitinCtion  eft  mal  appliquée  ici , 
puifque  chaque  cfpèce  ,  comme  on  va  le  voir,  eft 
mâle  &:  femelle  tout  euLmble. 

Le  cornouiller  mâle  eft  un  arbre  aflez  haut  & 
fort  branchu  ;  fon  écorce  eft  rougeatre  ,  cendrée  , 
fon  bois  eft  blanc  ,  ferme  ,  folide  &  dur;  fes  fleurs 
viennent  par  petits  bouquets,  elles  lont  petites, 
toutes  jaunes,  compofécs  de  quatre  à  cinq  pétales 
pointues  ;  fes  fruits  qui  viennent  enluite  font  ova- 
les, approchant  des  olives  ,  verts  au  commence- 
ment ,  &:  d'un  goût  acerbe  ;  mais  en  mîiriifant ,  ils 
deviennent  rouges  comme  du  fanffj&aiffre-doux  :ils 
renterment  un  noyau  ofleux  qui  >  ft  très-dur ,  divi- 
fé  en  deux  loges ,  qui  renferment  chacune  une  fe- 
mence  ou  amande  oblongue  ;  fes  feuilles  relfem- 
blent  à  celles  du  pomm'er  commun  ,  ou  du  coi- 
gnier;  elles  font  fort  delficatives  ,  &c  propres  à  fon- 
der ks  plaies.  On  emploie  le  bois  de  cornoidlkr  , 
à  caufe  de  fa  dureté,  à  faire  des  roues  de  moulin. 
Il  faut  prendre  garde  à  ne  pas  mettre  des  ruches 
de  mouches  à  miel  auprès  de  cet  arbre  •,  car  fi  elles 
goiitent  i"a  fleur ,  elles  prennent  un  flux  de  ventre 
dont  elles  meurent.  Ce  mot  vier  t  de  cornu  ,  c  rne , 
à  caufe  que  le  noyau  de  cornouiller  eft  très-dur. 
hç  cornouiller  femelle  a  fes  feuilles  femblables  à 
celles  du  mâle  :  fon  bois  eft  dur  &  oifenx  ,  ne  cé- 
dant pointa  celui  du  mâle;  f-s  verges  font  plus 
minces ,  fort-S  &  nouées  -,  fes  fleurs  Ibnt  en  om- 
belles odorantes ,  blanches ,  compofées  de  quatre 
pétales  i  fes  fruits  font  drs  baies  grofles  comme  des 
pois,  vertes  d'abord  ,  puis  noirâtres.  Elles  font  de 
très-mauvais  goiit.  Cornus  femina  ou  virgaj.tngui- 
nea. 

^fT  On  diftingue  plufieurs  autres  efpèc?s  de  cor- 
noiiil'ers  ,  qui  diffèrent,  ou  par  la  culture,  ou  par 
leurs  fleurs ,  ou  par  leurs  fruits. 

CORNU  ,  UE ,  adj.  qui  a  des  cornes.  Cornutus,  Le 
bœuf,  le  bouc  ,  lont  des  animaux  cornus. 

Les  for it s  en  trembler cnt  ■, 
Faunes  cornus  vers  leurs  trous  s'envolèrent.  R. 

ffy  CoRNiT  fe  dit  figurcment  de  plufieurs  chofes  qui 
ont  des  ongles  ou  des  pointes.  Un  pain  cornu;  une 
pièce  de  tetre  cornue.  Parmi  le  peuple,  on  donne 
quelquefois  cette  cpithète  à  un  cocu. 

En  Logique  ,on  appelle  un  dilemme,  argument 
corTZW, parce  que  les  deux  parties  dont  il  eft  com- 
pofé  ,  prelfent  également  l'adverfairc.  Utroque 
ferit.  Argumentwn  cornutum.  Par  exemple ,  un 
Général  qui  a  ôté  à  fes  foldats  les  moyens  de  s'en- 
fuir, leur  dit ,  pour  les  engager  à  fe  bien  battre  : 
il  faut  vaincre  ou  mo'irir. 

On  dit  proverbialement  &  figurément  :  à  mal 
enfourner,  on  fait  des  pains  cornus;  pour  dite, 
qu'il  faut  bien  commencer  une  aîfaire  ,  pour  en  at- 
tendte  un  bon  fuccès.  On  dit  aulfi  métaphorique- 
ment ;  qu'un  avis  eft  bien  crnu  ;  pour  dire,  qu'il 
n'eft  guère  raifonnable.  ^fj'  Des  raiibns  cornues  \ 
des  raifonnemens  cornus  \  de  méchantes  raifons  ; 
des  raifonnemens  qui  ne  concluent  point  :  des  vi- 
fions  cornues ,  des  idées  folles  ôi  exttavagantes. 
Tout  cela  eft  du  difcours  familier,  lllepidus  ,  alfur- 
dus. 

J'aime  mieux  mettre  encor  cent  arpens  au  niveau , 
Q^ue  (f  aller  follement  égaré  dans  les  nues 
Aie  lajferà  chercher  des  vijîons  cotnues.  Boit. 

Cornu  ,  f.  m.  terme  de  monnoie.  Cornutus.  Petit  cor- 
nu ,parvus  cornutus.  Monnoie  de  France  que  l'on 
battit  fous  Philippe  IV.  Il  y  avoit  des  cornus  pa- 
tiiis.  Les  premiers  pefoient  2.1  grains,  £c  avoient 


COR  ^25- 

î  deniers  18  grains  de  loi,  &  valoient  i  denier 
tournois.  Les  autres  étoient  de  zo  grains  fie  de  j 
den.  1 1  grains  de  loi ,  &c  valoient  un  demcr  parilis. 
Voyc^  du  Cange  ,  au  mot  Moneta. 

CORNU  AU  ,  f.  m.  poilfon  de  mer  qui  reffemble 
beaucoup  à  l'aloie  ,  &  qui  remonte  la  Loiie  avec 
elle  ,  mais  un  peu  plus  court ,  &  qui  n'eft  pas  li  bon 
à  mangei.  Les  paylàns  &:  artilans  en  man.,cr.t  pen- 
dant toute  la  fahon, 

CORNUE,  Li.  terme  de  Chymie  eft  un  vailfeaa 
de  terre  ,  ou  de  verre,  qui  a  un  cou  recourbé  au- 
quel on  joint  un  récipient.  Ampulla  cornuta. 
Lorfquelle  eft  de  verre  on  la  lutte,  c'eft-à-dire, 
qu'on  l'enduit  de  pâte  de  l'épaiUéur  d'un  pouce, 
afin  qu'elle  puiffe  rélifter  au  feu.  La  cornue  fert  à 
tirer  les  efprits  fie  les  huiles  des  bois ,  des  gommes  , 
des  terres  minérales ,  &  des  autres  chof-s  qui  exigent 
un  grand  feu.  On  l'appelle  autremenr  reforte  ou 
matras  courbe, 

CORNUELLE,!".  f.  planre.  Foye^ Tribule  aquati- 
que :  c'eft  la  même  choie. 

CORNUET,f  m.  forte  de  pâtifléric  avec  un  peu  de 
lavande  ,  &  qui  a  été  ainii  nommée ,  parce  qu'elle  a 
la  figure  de  deux  petites  cornes ,  difpofces  en  com- 
pas à  demi  ouvert.  Elle  eft  en  ufagc  dans  quelques 
endroits  de  la  Champagne ,  où  l'on  en  mange,  fur- 
tout  pendant  le  Carême.  Les  cornuets  font  excel- 

I  ns ,  dépecés  dans  la  faucc  de  la  carpe  à  l'ctuvée, 
CORNUFICIA,  nom  propre  d'une  famille  Romaine, 

Cornuficia  gens.  La  famille  Corni.ficia  étoir  une  fa- 
mille 1  lébéïenne,  parce  que  l'on  trouve  Quintus 
Cornuficius  fur  les  médailles  pour  JunonConferva- 
trice,i'o//«<ï.M.  Patin  conjethire  que  cette  famille 
étoit  peut-être  originaire  de  Lanuvium  ,  aujour- 
d'hui Civita LivinLd  ,  où  Junon  ConféLvatrice,/tt- 
no  SoJ'pita,  étoit  honorée. 

CO'IO ,  ['.  m.  droit  qui  le  paie  au  Roi  d'Efpagne  ,  poar 
l'or  &  l'argent  qui  lé  tirent  des  mines  du  Chily  §c 
du  Pérou. 

\fT  CoRo,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  capi- 
tale de  la  province  de  Venezuela  ,dont  on  lui  don- 
ne quelquefois  le  nom.  . 

COR-OGNE,  ville  d'Efpagne,  dans  le  Royaume  de 
C^V\cc.  Cor unna,  Crunna.  Le  pott  de  la  Corogne  eft 
tort  bon.  Quelques  Géogtaphes  prennent  la  Corogne 
poar  ['ancien  Coronium,  appelé  auHi  Adrohicùm; 
d'autres  pour  le  Flavium  brigintium  des  Anciens, 

II  faut  éciire  &  prononcer  en  françois  Corogne, 
quoique  quelques-uns  de  nos  Auteuts  cciivent  com- 
me en  efpagnol ,  Coruna  ou  Corunna. 

COROLITIQUE.  adj.  m.  &:  f  En  Architedure,  on 
appelle  colonne  corolitique  ,  celle  qui  eft  ornée  de 
feuillages, ou  de  fleurs  tournées  en  ligne  fpirale  à 
l'entour  de  fon  fut ,  ou  par  couronnes  ou  par  fef^ 
tons.  Intextafrondibus  autfioribus  columna. 

IJCr  COROLLAIRE,  f.  m.  Le  mot  latin  coroUarium 
lignifie  proprement  le  par-delfus ,  ce  qu'on  donne 
outre  le  poids  &:  la  mefure.  Corollaire  eft  un  terme 
didaélique,  qui  lignifie  ce  qu'on  ajoute  par  furabon- 
dance ,  pour  augmenter  la  force  des  raifons  dont  on 
s'eft  lérvi  pour  prouver  une  propolition ,  &  qui  fuf- 
fifoient  par  elles  feules.  Il  ferr  .à  renchérir.  Ainfi  l'on 
dit  à  toutes  les  raifons  qu'on  vient  de  détailler.  On 
peut  ajouter  pour  corollaire, ^c. 

§C?  Le  mot  corollaire  a  une  lignification  particulière 
en  Mathématique ,  &  fignifie  proprement  une  con- 
féquence  qu'on  tire  d'une  ou  de  plufieurs  propor- 
tions démontrées. 

gCT  COROLLE,  f.  f.  Corolla.  Terme  de  Botanique, 
pétale  ou  neétarium  ,  feuille  des  fleurs  qui  envelo- 
pe  immédiarement  les  oiganes  de  la  fructifica- 
tion. Voyei  PÉTALE,  Nectarium. 

§3*  Corolla  œqualis ,\o'i:{'c[\^ç  les  pétales,  qui  fotment 
une  fleur  ,  font  égaux  &  qu'ils  ont  une  même  figu- 
re. Corolla  inaqualis ,  lotfque  les  pétales  font  de 
même  figure  ,  mais  de  grandeur  inégale. 

^fT  Corolla  regularis ,  lorfque  les  pétales  fe  reflem- 
blent ,  ^  irregularis ,  lorfque  les  pétales  du  lymbe 
ibnt  difïetens  en  grandeur,  figure  &  proportion. 


^z6  COR 

§0=-  CoroUula  de  Linnxiis  efl;  la  même  chofe  que  le 
fleuron  &  demi-fleuron  de  Tourncfort, 

COROMANDEL.  La  côte  de  Coronuindd  eft  une 
partie  de  la  côte  orientale  de  la  Pcninllilc  de  Tlnde 
deçà  le  Gange.  CoTomandelis  ,  Coroinanddls  ora  ,  i 
Coromanddis  rcgimm.  Quelques-uns  dilent  Coro- 
rtidndelQM  Corohandcr ,m:^ii  ce  dernier  mot  n'eft 
point  en  ufage  ,  au  moins  en  notre  langue. 

CORONAIRE ,  ad),    terme    d'Anatomie,    épithète 
qu'on  donne  à  deux  artères  qui  prennent  leur  ori- 
gine de  l'aorte,  &  qui  portent  le  fang  dans  la  fub- 
ftance  du  cœur  :  elles   l'environnent  par  fa  bafe 
comme  une  couronne  ,  d'où  vient  qu'on  les  a  ainii 
appelées.  Coro/2«r/«J.  Il  y  a  auHî  une  veine  répan- 
due iur  la  partie  extérieure  du  cœur ,  qu'on  appelle 
coronaire:  elle  efî;  faite  de  pluficurs  branches  qui 
viennent  de  toutes  les  parties  du  cœur ,  &  va  le  ren- 
dre à  la  veine  cave ,  où  elle  reporte  le  refte  du  fang 
qui  a  été  apporté  par  les  artères  coronaires.  Lz  coro- 
nairejiomachiijue  efl:  une  veine  qui  s'infère  au  tronc 
de  la  veine  fplénique ,  qui ,  en  fe  réuniflant  au  mé- 
fentérique,  fait  la  veine  porte.  On  doit  à  Barthéle- 
ini  Eufliache  ,  natif  de  San  Sévérino  en  Italie  ,  la 
découverte  de  la  valvule  qui  efl:  à  l'orifice  de  la 
veine  coronaire, 
CoB-ONAiRE  ,  f.  m.  Officier  de  Jufl:ice  en  Angleterre, 
dont  la  fonclion  efl:  d'examiner  avec  douze  aliiltans 
de  lapart  delà  Couronne,  fi  un  corps  que  l'on  a  trou- 
vé mort  a  été  tué  &  aflàifiné ,  ou  s'il  efl:  mort  de  fa 
belle  mort.  Boyer.  C'eft-à-dire  ,  de  mort  naturelle. 
Spelman  l'appelle  en  latin  Coronator  ;  &  la  vie  de 
S.Richard,  Evêque  de  Chîcelter  ,  écrite  par  Rodul- 
phe  Bocking  ,  Dominicain  ,  Confefléur  du  Saint , 
Coronarius  ;  en  anglois  Coroner. 

Ce  mot  vient  de  couronne  ,  &  s'ed:  donné  à  cet 
Officier,  parce  que  c'efl:un  Officier  de  la  Couron- 
ne, qui  exerce  fa  charge  de  la  part  de  la  Couronne, 
c'efl:-à-dire,  de  l'Etat ,  du  Public. 
CORONAL ,  ALE ,  adj.  terme  d'Anatomie  ,  qui  fe 
dit  de  l'os  du  front ,  qu'on  appelle  Vos  coronal  ou 
frontal,  ou  Vos  de  la  poupe,  Coronarius.  On  ap- 
pelle audî //m^r^  coronale,  la  jointure  de  l'os  du 
front  avec  les  os  pariétaux  ,  parce  que  c'ell  en  cet 
endroit, qu'on  pofe  les  couronnes. 
CORONÉ  ,  f.  m.  terme  d'Anatomie ,  qui  fignifie  une 
éminence  pointue  de  l'os.  Apex.  Il  y  en  a  de  plu- 
iieurs  fortes  auxquelles  on  a  donné  des  noms  diffé- 
rens  jfuivant  la  diiference  de  leurs  figures.  Il  y  en  a 
une  à  l'os  pétreux  ,  appelée  ftyloïde  ,  parce  qu'elle 
efl  faite  comme  un  fl:ylet  ;  une  autre  appelée  maf- 
toïde,  parce  qu'elle  tefremble  à  un  mammelon  -,  une 
autre  qui  efl:  à  l'omoplate,  appelée coracoïdc, parce 
qu'elle  reflerable  au  bec  d'un  corbeau.  Enfin ,  il  y  en 
a. à  l'os  fphénoïde  , qu'on  appelle  ptérigoides , parce 
qu'elles  ont  la  figure  des  aîîes  de  chauve-fouris. 
CORONER  ,  f.  m.  nom  d'un  Officier  de  Juftice  en 

Angleterre.  Voye:;^  Coronaire. 
CORONILLE ,  f.  f.  arbufl:c  ou  petit  arbriflcau  qui 
poufle  des  branches  ligneufes5c  dures.  Coroni//a. 
Ses  feuilles  font  petites ,  oblongues ,  charnues , 
rangées  ordinairement  cinq  ou  fept  fur  une  côte. 
Ses  fleurs  naifTent  aux  fommités  des  rameaux  ,  pe- 
tites ,  légumineufes  &  jaunes.  Il  leur  fucccde  des 
gonfles  afléz  déliées,  compofées  de  plufieurs  pic- 
ces  prefque  cylindriques,  articulées  bout  à  bout, 
&  renfermant  chacune  fa  femence  oblongue,  noire, 
d'un  goût  défagréable.  Elle  croît  aux  lieux  fablon- 
neux  ,  &:  principalement  en  Efpagne ,  où  on  l'ap- 
pelle Coronilla  del  Rey.  Ce  nom  de  coronille  lui 
vienr  de  ce  que  fes  fleurs  font  difpofées  en  manière 
de  petite  couronne.  On  fe  fert  de  ces  fleurs  pour 
amollir ,  pour  réfoudre  &  pour  chafler  les  vents. 
On  en  met  dans  les  lavemers  ,  dans  les  fomenta- 
tions 8*  dans  les  cataplafmes.  Lémery. 
CORONIS,  f.  f  terme  de  Mythologie.  Paufanias 
parle  d'une  Déefle  de  ce  nom  honorée  à  Sicyone. 
Elle  n'avoir  point  de  Temple,  mais  on  lui  facri- 
fioir  dans  celui  de  Pallas. 
CORONOIDE,  adj.  ra.  &  f.  terme  d'Anatomie  co- 


COR 

ronairc  ,  femblable  à  une  couronne.  Coronoïdes. 
L'apophyfe  coronoïde.  La  caufe  de  ce  que  la  bouche 
ne  peut  fe  fermer ,  quand  la  mâchoire  efl:  luxée,  efl: 
que  l'apophyfe  coronoide  gliffe  fous  la  racine  anté- 
rieure de  l'apophyfe  zygomatique,  Se  qu'elle  eft 
preflée  contre  cet  os.  Pour  réduire  cette  luxation  , 
il  taut  preflcr  par  quelque  moyen  ,  l'apophyfe  co- 
ronoide  contre  l'os  de  la  mâchoire  fupéricure.  Dem, 
Ac.  d'Ed.  T.  I,  p.  \-j6  ,  177. 

Ce  mot  efl:  compofé  du  mot  latin  corona ,  cou- 
ronne ,&:  du  mot  grec  liiV, ,  forme ,  figure  coronoide, 
qui  a  la  forme  ,  la  figure  d'une  couronne. 
COROSOL ,  f.  m.  fruit  de  la  groifeur  d'un  melon , 
qui  fe  trouve  dans  les  Antilles,  &  qui  eft  un  peu 
pointu  &;  recourbé  par  le  bout  d'enbas.  Il  al'ècorce 
verte  ,  lilfée  &C  aflez  épaifle  -,  &  il  femble  qu'on  ait 
pris  plaifir  à  j:racer  de  petites  écailles  delTus  avec 
une  plume  Sc'de  l'encre.  Au  milieu  de  chacune  de 
fes  écailles ,  il  y  a  une  petite  pointe  de  même  ma- 
tière que  l'écorcc.  Ce  fruit  efl:  attaché  au  tronc  aulîi 
bien  qu'aux  branches.   Toute    la    chair  eft  d'une 
blancheur  de  neige ,  quoiqu'elle  foit  un  peu  filaf- 
feufe.  Elle  fe  fond  dans  la  bouche  ,  8c  fe  réfoud  en 
une  eau  qui  a  le  goût  de  la  pêche.  Il  eft  relevé  par 
ime  petite  aigreur  fort  agréable,  &  qui  rafiraîchic 
extrêmement.  C'eft  un  des  plus  excellens  fruits  de 
toutes  ces  Iles..  On  y  trouve  plufieurs  graines  noi- 
res ,  liflees  &  marquées  de  petites  veines  d'or.  L'ar- 
brilfeau  qui  le  porte  eft  femblable  au  laurier  ,  tant 
pour  fa  grandeur  que  pour  fes  feuilles.  Les  François 
l'ont  appelé  corofol  ou  corojfolier ,  à  caufe  qu'il  a 
été  apporté  d'une  Ile  que  les  Hollandois ,  par  qui 
elle  e(t  habitée  ,  appellent  curaçao  ou  curaffaro. 
COROT  ,  f.  m.  vieux  mot ,  courroux. 
COROURE  ,  f.  m.  efpèce  de  monnoie  de  compte  , 
dont  on  fe  lert  dans  plufieurs  endroits  de  l'Orient , 
particulièrement  dans  les  Etats  du  Mogol ,  pout 
calculer  les  grandes  femmes ,  comme  on   fait    en 
France  de  millions  &  de  milliars. 
COROZA ,  f.  m.  poiflbn  furieux  qui  fe'trouve  dans 
la  mer  qui  eft  entre  le  cap  de  Comorin  ,  les  Baiies 
de  Chilao  &  l'Ile  de  Zéilan  ,  &  que  l'on  appelle 
La  Pefcaria  délie  Perle ,  à  caufe  de  la  pêche  des 
perles  qui  s'y  fait  entre  les  mois  de  Mars  &  Avril, 
Ce  poiflbn  a  deux  rangs  de  dents  affilées  Se  fort  lon- 
gues autour  de  la  langue  ,  avec  lefquelles  il  coupe 
le  bras  &  la  cuifle  d'un  homme.  Les  Plongeurs  fe 
fervent  de  Magiciens  pour  fe  mertre  à  couvert  de 
ce  danger ,  fi  l'on  s'en  rapporte  à  Vincent  le  Blanc; 
COROZAÏN  qu'il  faut  prononcer  en  quatre  fyllabes, 
ne  faifant  point  un  diphtongue  de  3.ï.Coroiain.  An- 
cienne ville  de  la   Galilée,  dans  la  Terre-Sainte. 
C'éroir  une  des  villes  delà  Décapole,  fur  le  bord 
du  Jourdain  ,  à  l'endroir  où  il  entre  dans  le  lac  de 
Tibériade ,  vis-à-vis  de  Capharnaum.  Coroiaïn  étoic 
de  la  demi-tribu  de  Manaffé  ,   établi  au-delà  du 
Jourdain.  J.  C.  prêcha  &  fit  beaucoup  de  miracles  à 
Coroiaïn.  Malheur  à  roi,  Coro^iii'n  ,  malheur  à  roi, 
Betfaïde  :  car  fi  les  miracles  qui  ont  été  faits  chez 
vousavoient  été  faits  dansTyr&  dans  Sidon,  il  y  a 
long  temps  qu'elles  auroient  fait  pénitence  avec 
le  fac  &  la  cendie.  '^ova.Matth.  XI,  11.  Le  Port-R. 
écrit  aufîi  Coroiatn,5c  non  pas  Corofaïn  ,  comme  M, 
Corneille.  Le  grec  de  l'Evangile  l'appelle  Coraiin. 
Drufius,  fur  S.  Matth.  XI,  ii  ,  dit  que,  félon 
quelques  Auteurs,  ce  nom  fignifie  hoc  myjlerium 
meum ,  &  qu'il  eft  compofé  de  l'adverbe  de  com- 
paraifon  rd ,  Choh  ,  qui  fignifieyTc ,  &  fe  rend  quel- 
quefois par  hoc  ,  &  de  fn  ,  myjlerium  meum  ;  mais 
il  n'approuve  pas.  Se  avec  raifon,  qu'on  néglige  le 
^,  uun,  qui  eft  à  la  fin.  Il  blâme  encore  ceux  qui , 
comme  Ortelius ,  mettent  une  /w  à  la  fin ,  Coroiaïm, 
au  lieu  d'une  n, 
CORPORAL ,  f.  m.  terme  de  Liturgie ,  linge  facré  , 
fin  Se  délié ,  qu'on  étend  fous  le  calice  en  difant  Ja 
Méfie  ,  pour  recevoir  les  fragmens  de  l'hoftie ,  s'il 
en  tomboit  quelques-uns.  Corporale.  Le  Corporal 
étoit  autrefois  une  grande  nappe  qui  couvroit  tout 
l'Autel.  Le  Corporal  doit  être  de  toile  de  lin ,  ou 


COR 

âc  chanvre  fans  aucun  ornement,  fi  ce  n'efl:  vers 
les  bords.  Il  y  en  a  q,ui  difenr  que  le  Pape  Eufèbe 
a  le  premier  ordonne  Tulage  du  Corporal;  d'autres 
difent  que  c'ell  Saint  Silvellre.  koye^i  Alcuin  , 
Burchard ,  Gavantus,  Polidore  Virgile.  Philippe 
de  Cominesditque  le  Pape  envoya'au  Roi  Louis  XI 
le  Corporal  fur  lequel  chantoit  Monleigneur  Saint 
Pierre.  C'ctoit  la  coutume  de  porter  un  Corporal 
aux  incendies ,  &:  de  l'élever  contre  le  feu ,  pour 
l'éteindre.  Fdyei  D.  Mabillon ,  Acîa  Sanci.  Ben. 
fœc.  FI,  p.  I,  prxf.  §.  F,  n.  ^6 ,  èc  Aimoin  ,  L  1, 
de  Mirac.  S,  Benedicii ,  C.  9. 

Ce  mor  vient  de  corpus,  corps,  dont  on  a  fait 
corporale,  comme  de  peÛus  ,  pectorale  ,  Se  humer  aie 
de  humérus.  On  a  donné  ce  nom  à  ce  linge,  parce 
que  c'eft  fur  ce  linge  que  fe  met,  que  repofe  le 
Corps  de  Notre  Seigneur  pendant  le  facrifice  de  la 
Meiîé.  Au  relie  ,  ce  mot  cft  très-ancien.  Oa  le 
trouve  dans  tous  les  Ordres  Romains,  dans  le  Sa- 
cramentairc  de  S.  Grégoire  ,  dans  Saint  Ifidore  , 
Epifi.  penult.  dans  les  Capitulaires  de  nos  Rois  de 
l'an  810,  n.  4^1  du  Z,/vr^  Vlïl ,  dd.ns  Amalari s, 
L.  III,  C.  19.  Dans  le  Rir  Ambroiien  on  l'appelle 
ie  linceul,  Syrzdon,  parce  qu'on  le  regarde  comme 
le  linceul  dans  lequel  N.  S.  fur  enfeVeli. 

^T  Le  peuple  appelle  Corporal  un  bas  Officier  de 
guerre  qu'on  appelle  plus  communementCfrjCor^/. 
Corporal  eft  condamnant  l'ancien  nom  qui  a  été 
formé  de  celui  de  corps  de  garde ,  parce  que  ce  bas 
Officier  y  commande  au  défaut  d'autres  Officiers. 
Ce  mor  eft  rire  du  françois ,  au  lieu  que  celui  de 
Caporal  qu'on  y  a  fubftitué  ,  &  qui  eft  feul  en 
uiage  parmi  les  honnêtes  gens ,  eft  pris  de  la  langue 
italienne.  Voye^  les  Dial.jur  le  nouveau  langage  , 
pag.  iTi. 

tORPORALlER.  f.  m.  C'eft  la  boîte  où  on  ferre 
les  corporaux  qu'on  met  fous  le  calice.  Corpora- 
lium  tlieca. 

CORPORATION,  f!  f.  fCF  Corps  politique ,  efpèce 
de  communauté  dont  tous  les  membres  ne  formenr 
qu'un  corps,  qui  ont  un  fceau  commun,  &  qui 
font  qualifiés  pour  agir,  acquérir ,  attaquer  ou  être 
attaqués  en  juftice  au  nom  de  tous.  On  a  levé 
dans  la  corporation  de  Briftol  cinq  cens   giiinées 

.    pour  les  frais  du  repas ,    &  l'on  paroît  difpole  à 

.  ne  rien  épargner  pour  rendre  la  fête  brillante. 
C'eft  un  mot  anglois  qui  ne  feroit  pas  mal  dans 
notre  langue  ,  ^fT  d'aurant  plus  que  nous  n'en 
avons  point  qui  y  réponde  exaélement.  Le  mot  de 
communauté  dit  moins.  M.  Skiner  harangua  le 
Prince  d'Orange  à  Oxford  aU  nom  de  Incorporation, 
Le  Pour^  et  Contre. 

tORPOREITÉ  ,  f  f.  terme  Didadique  ,  qualité  de 
ce  qui  eft  corporel ,  qui  conftitue  un  Corps.  Corpo- 
reitas.  La  corporéité  deDieu  étoit  l'erreur  capitale  des 
Anthropomorphites.  Pluiieurs  Anciens  ont  cru  la 
<ror/7ore//é  des  Anges.  Tcrtullieneftforr  éloigné  de 
tenir  la  corporéité  de  Dieu.  Il  eft  manifefte  que  par 
corps ,  il  n'entend  autre  chofe  que  fubftance.  Les 
Mahométans  reprochent  aujourd'hui  auxSamaritains 
d'admettre  la  corporéité  en  Dieu.  D'Herbelot» 

'CORPOREL  ,  ELLE  ,  qui  a  un  corps.  Corporeus,cor- 

^  poratus  ,  corporalis,  La  fubftance  fe  divife  en  corpo- 
relle, &  fpiiituelle.  Les  objets  corporels  nous  occu- 
pent malgré  nous  ,  parce  qu'enrrant  par  les  fens ,  ils 
fonr  une  impreffion  plus  réelle.  Jaq,  La  fubftance 
qui  penfe  eft  trop  au  dcffus  de  la  fubftance  corpo- 
relle,  pour  décider  qu'il  n'y  a  d'autre  différence  cn- 
tr'elles  qu'une  modification,  ou  ime  fituation  diifé- 
renre  des  parties.  In. 

fCF  Corporel  fe  dit  auffi  de  tour  ce  qui  eft  relarif  au 
corps,  confidéré  fous  cette  relation. Qualités  corpo- 
relles-, peine  corporelle ,  &c. 

On  appelle  plaifirs  corporels ,  ceux  qui  n'affedcnt 
que  les  fens  ,  à  la  dillimSiion  des  fpirituels ,  qui  fe 
font  fentir  à  l'ame. 

CORPORELLEMENT  ,  adv.  à  la  manière  du  corps  , 
d'une  manière  corporelle,  qui  a  rapport  au  corps. 
Corporum  OTor^. Les  Jurilconfultesdilént  corpor  aliter. 


C  O  R 


^27 


Jesus-Christ  eft  réellement  S<.  corpcrelleme'm  dan'» 
le  Sacremenr  de  i'Euchariftie.  Dieu  s'efr  abaiflc  yii- 
qu'à  l'homme ,  il  nous  a  parlé  corporellement  te  (jn- 
liblement ,  lui,  qui  par  fa  nature  ne  parle  point,  & 
ne  fait  que  vouloir',  &:  que  penfcr.  Peliss.  Purir 
coiporeilement.  On  a  pris  policilion  de  ce  bcnciice 
réellement ,  corporelkmcnr.  &;  de  fait. 

CORPORENCE.  f.  f.  Madame  du  Noyer  a  emploVé 
ce  mot  pour  CORPULENCE. 

CORPORIFICATION.  On  dit  auffi  CORPORÏSA- 
TION  ,  f  f.  terme  de  Chimie.  C'eft  une  opération 
qui  redonne  aux  clpntslemêmc  corps  ,  ou  du  moins 
approchant  de  celui  qu'ils  avoient  avant  leur  l'pi- 
ritualifation.  Redintegratio  corporis. 

CORPORIFIER.  V.  a.  On  a  dit  auffi  CORPORISER  ; 
fixer  &  réduire  en  corps.  In  corpus  cogère.  Il  cft  dif- 
ficile de  fixer  &  de  corporifier  le  mercOre.Lesfels  vo- 
latils le  peuvent  ramallér  Hc  corporifier. 

0Cr  C0RP0RIEIER  lignifie  auHi  donner  ou  fuppofer 
un  corpsàcequin'enapoinr.ll  y  a  eu  des  hérétiques 
qui çorporifioient  les  Anges,  Angeles  corpmcos  ,  cor- 
poratos  efje  exijtimaianr. 

CORPORU,  U£,  adj.  vieux  mot  qui  lignifie  une 
chofe  qui  donne  beaucoup  de  prife  ,  &  a  beawcoup 
de  corps.  Les  navires  fonr  pluséminens  &  plus  cor- 
porus  que  les  Galères.  M.  Du  Bellay, 

§CrCORPS,  f.  m.  fubftance  ércndue,  purement  paffive 
d'elle-même  j  capable  de  tou'rc  forte  de  mouvement, 
déforme  &  de  figure.  Elle  eft  compolce,  fuivantles 
Péripatéticiens,  de  matière,  de  forme  5i  de  priva- 
tion :  fuivantles  Epicuriens  f:  autres  Corpulculaires^ 
d'arômes  entrelacés,  accrochés  les  uns  aux  autres  :  i'ui- 
vantles  Cartéfiens  5  d'une  certaine  portion  d'éten- 
due. Corpus.  Voyez  Elément,  Pp.  incipe  ,  Étendue. 
Ce  qui  conftitue  le  corps  phylique  ,  ce  font  les 
trois  dimenfions ,  longueur ,  largeur  &:  profondeur. 
M.  de  Ville  imprima  en  1680  à  Paris  un  Traité  fur 
le  jéntiment  de  Dejcartes  ,  touchant  l'cjjence  &  les 
propriétés  du  corps ,  où  il  montre  qu'il  eft  oppofé  à 
la  doétrine  de  l'Eglife  ;  que  ce  font  les  mêmes  prin- 
cipes que  ceux  de  Calvin  &  des  Calviniftcs  ;  que  ces 
hérétiques  en  concluent  qu'il  eft  impoffible  que  le 
Corps  de  J.  C.  foit  dans  I'Euchariftie  de  la  manière 
que  l'enfeigne  l'Eglile  Romaine  ;  &:  que  la  conclu- 
lion  de  Calvin  feroit  bonne  ,  û  le  principe  de  Del^ 
cartes  étoit  vrai.  La  pénérration  des  corps  eft  abfurde 
dans  l'opinion  des  Cartéfiens.  C'eft  <à  eux  cà  accorder 
cette  doiftrine  avec  ce  que  la  Foi  nous  oblige  de 
croire  du  myftère  de  I'Euchariftie.  Il  eft  aujourd'hui 
des  Philoibphes  qui  fe  perfuadcnt  &  qui  tâchejit 
de  periuadcr  aux  autres  qu'aucun  de  nûus  n'eft  fiir 
métaphyfiquement  qu'il  y  ait  des  corps  hors  de  nous , 
parce  que,  difent-ils,  il  fe  peut  faire  abfolument  &: 
au  moins  par  miracle,  que  les  fenîations  que  nous 
en  avons  foient  dans  nous-,  fans  qu'aucun  corps  les 
ptoduife,  &  par  l'opération  de  Dieu,  qui  excite  en 
nous  ces  perceptions.  Il  eft  clair  que  ces  prétendus 
Philofophes  ne  devroient  pas  s'en  tenir  aux  cor^'j, 
&  que  s'ils  penfent  conlcquemment,  ils  doivent  y 
ajouter  les  âmes,  &  généralement  tout  ce  qui  exifte 
hors  de  nous,  &  notre  propre  ^or/?^  ;  &  toures  les 
âmes  que  nous  imaginons  exiiter  dans  ces  hommes 
que  nous  croyons  voir  &  entendre.  Car  je  ne  juge 
que  cet  animal  que  je  m'imagine  voir  &  enrendrè  , 
eft  un  ànimlai  raifonnable  ou  un  homme,  qile  par  les 
raifonnemens  &  les  opérations  fpiricuelles,  que  je 
ih'imagine  lui  entendre  faire;  or  Dieii  peut  au/li- 
bien  mettre  en  moi  cette  fenfation  ou  cette  percep- 
tion ,  qu'il  y  peut  mettre  celle  du  corps  dans  lequel 
je  luppofe  qu'eft  cette  ame.  Ainfi  ces  favans  Philofo- 
phes prétendent  queje  ne  fuis  fur  métaphyfiquement 
que  de  l'exiftence  de  mon  ame  ,  &  qu'à  l'égard  de 
tout  \c  reftc ,  rout  ce  que  je  ctois  être  dans  l'Univers 
corps  &  âmes ,  n'exifte  &  n'exiftera  peut-être  Jamais, 
&:  que  ce  n'eft  qu'une  illufion.  En  convenant  avec 
eux  que  dans  le  cas  particulier  où  je  puis  ne  pas  être 
fur  méraphyfiquemeht  qu'un  autre  être  exifte  hors 
de  moi,  on  ne  peur  s'ern pêcher  de  leur  montrera  qUe 
s'ils  reconnoilfent  un  Dieu  ,  leur  ptopofitiôrt  g-éné- 


c?z8  COR 

raie,  comme  ils  l'avancent ,  eft  faufTe  ,  abfurde  ,  té- 
méraire, &  qu'elle  détruit  ce  Dieu  qu'ils  prétendent 
reconnoitre.  Car  s'ils  avouent  qu'il  y  ait  un  Dieu, 
ilsreconnoiUént  un  être  inrinimen:  pariixit ,  infini- 
ment bon,  infiniment  vrai,  qui  n'elt  point  un  fourbe, 
5c  qui ,  comme  il  ne  peut  le  tromper  lui-même  ,  ne 
peut  auffi  tromper  perlbnne.  Cependant  li  de  tout 
ce  que  je  crois  voir  au  monde  ,  enrendre  ,  iéntir  , 
il  n'en  eft  tien  ,  h  rien  de  tout  cela  n'exilte,  fi  de- 
puis zo  ,  50  ,  40  ,  50 ,  <Jo  ,  80  ans ,  &  plus  que  je 
crois  voir  ces  choies ,  les  fentir ,  les  entendre  ,  je  ne 
les  vois ,  ne  les  entens ,  ne  les  fens  point ,  celui  qui 
me  les  fait  voir  ,  fentir,  entendre ,  qui  excite  en  moi 
ces  perceptions  ,  qui  à  chaque  moment  de  ma  vie 
m'abufcnt ,  me  trompent,  me  font  illulîon,  n'eft 
point  un  Dieu  ,  &  il  faut  ou  renoncer  à  Dieu ,  ou 
renoncer  à  la  propofition  générale. 

Et  en  efRtjquoique  dans  un  cas  particulier  il  puiffe 
le  faire  que  l'être  que  je  crois  cxifter  hors  de  moi ,  n'e- 
xille  poinr  -,  il  ne  peut  le  faire  néanmoins  que  l'état 
dans  lequel  le  Créateur  m'a  mis ,  toit  un  état  perpé- 
tuel d'iliufion,  &  que  généralement  ou  prefque  gé- 
néralement ce  que  je  crois  voir,  entendre,  fentir  hors 
de  moi ,  n'exifte  nullement ,  que  dans  tous  les  mo- 
niens  depuis  le  commencement  de  ma  vie  jufqu'à  la 
£n,  ou  du  moins  prefque  toujours,  &c  pour  ainfi  dire 
habituellement  &;  par  état ,  toutes  ou  même  prefque 
toutes  mes  perceptions  ne  foient  que  des  Ululions  , 
des  tromperies.  Cela,  dis-je,  ne  peut  fe  faire,  & 
j'en  fuis  aufÏÏ  fùï  que  je  fuis  fur  que  Dieu  eft  in- 
finiment bon  ,  vrai ,  fage , qu'il  n'eft  point  un  tourbe 
ni  un  trompeur  ;  j'en  fuis  donc  métaphyliquemcnt 
{ûr.  Et  à  quelle  fin  raifonnable  &  fage  Dieu  pourroit- 
il  en  ufer  ainfi  2  Et  fi  cette  doélrine  perverfé  alloit 
s'introduire ,  où  en  feroit  la  religion ,  &C  que  devien- 
droient  fes  preuves  î 

^C?  Le  corps  naturel  &  fenfible  ,  c'eft-à-dire  ,  en 
tant  qu'il  eft  formé  par  les  caufes  naturelles ,  &  re- 
vêtu des  qualités  fenfibfes,  eft  l'objet  de  la  Phyiique. 
Lecor^iconfîdéré  par  rapport  aux  trois  dimenlions 
eft  l'objet  de  laGéométiie. 

Les  cor/'J  naturels  font  animés  ou  inanimés,  ^'oyt^ 
Ame. 

Corps  ,  à  l'égard  des  animaux ,  fe  dit  de  ce  qui  eft  op- 
pofé  au  principe  de  la  penfée  ,  à  l'ame.  C'eft  cette 
partie  de  l'homme  &  des  bêtes  qui  eft  compofée  de 
chair,  d'os ,  de  nerfs ,  &c.  qui  eft  matérielle.  On  ne 
peut  affez  admirer  la  Providence  dans  l'arrangement 
des  corps ,  &  dans  les  différens  organes  qui  compo- 
fent  la  machine  des  animaux.  Que  d'ordre,  que  de 
reflbrts ,  quede  liaifonsl  Maleb.  L'ame  n'eft  point 
la  forme  du  corps  humain  ;  bien  loin  que  la  vie  ani- 
male foit  dépendante  de  l'ame ,  parce  qu'elle  ceflé 
dès  que  l'ame  en  eft  féparée,  il  arrive  au  contraire 
que  la  demeure  de  l'ame  dans  le  corps  eft  dépendante 
■de  la  difpofition  du  corps ,  &  qu'elle  ne  s'en  fcpare 
qu'après  que  l'ordre  du  corps  eft  interrompu.  Roh. 
L'ame  &  le  corps  font  trop  difproportionnés ,  pour 
que  les  penlees  de  l'ame  cauient  des  mouvemens  dans 
le  corps  :  ainfi  ces  mouvemens  réciproques  ne  pou- 
vant être  la  caufe  direéte  l'un  de  l'autre ,  ils  en  font 
l'occafion  ,  ou  la  caufe  occafionnelle.  Dieu  ,  à  l'occa- 
fion  d'un  mouvement  du  corps,  imprime  une  penlce 
à  l'ame  ;  &  de  même  .à  l'occafion  d'une  penfce  de 
l'ame ,  il  imprime  un  mouvement  au    corps.   Par 
conféquent  Dieu  eft  comme  le  médiateur  de  tout  le 
commerce  entre  l'ame  &  le  corps.  C'eft  toujours 
Defcartesqui  patle  félon  fes  principes,  &  dont  les 
confcquences  font  terribles. L'union  entre  l'ame  &le 
corps  eft  fi  étroite,qu'il  ne  fe  paflê  rien  dans  le  corps 
dont  l'ame  ne  foit  aulTi-tôt  avertie.  Val.  Les  Stoï- 
ciens entreprirent  de  perfuader  que  les  intérêts  de 
leur  propre  corps  leur  étoient  indifFérens ,  &  ils  fe 
retranchoient  dans  la  partie  fpirituelle  d'eux-mêmes. 
Sonefprit,  malgré  le  poids  des  années  &:  des  affai- 
res ,  aconfervéfa  force  &  fa  vigueur  dans  les  ruines 
mêmes  de  fon  corps.  FlÉch.  Dans  la  machine  du 
corps  de  l'animal  les  Auteurs  de  la  trituration  com- 
parent le  cerveau  à  l'arbre  du  prelfoir ,  le  cœur  au 


COR 

pifton,  les  poumons  aux  foufflets,  la  bouche  à  la 
meule  &  aux  pilons,  l'eftomac  au  prefroir,les  boyaux 
au  réiervoir,  ou  à  la  meule.  Nigrilbli ,  dans  fes  con- 
JideraUons  jur  La  gerieration  des  corps  vivans ,  traire 
au  long  des  caulés  de  la  formation  de  nos  corps ,  èc 
de  leur  organilation. 

§0°  Le  mot  de  corps  ,  dans  cette  acception ,  peut  être 
confidére  fous  diiférens  points  de  vue,  &  devient 
fulceptible  de  différentes  épithètes. 

§C? L'homme  eft  compofé  de  corps  &  d'ame,  du  corps 
&  de  l'ame.  Coiuiatex  mente  6*  corpore Jimul  unitis. 
Quand  l'ame  eft  fcparéedu  corps  ,  le  corps  s'appelle 
cadavre. 

0Cr  Le  corps  confidére  par  rapport  à  la  taille  ,  à  la 
conformation  ou  à  la  figure,  eft  d'une  taille  petite, 
moyenne  ou  grande  ,  d'une  conformation  bonne  ou 
mauvaiié  ,  d'une  figure  gracieulé  ou  défagrcable. 

^J"  Le  corps  confidére  par  rapport  aux  exercices  dont 
il  eft  capable  ,  a  plus  ou  moins  de  facilité  à  s'acquit- 
ter de  certaines  fondtions-,  facilité  qui  dépend  de  la 
difpofition  des  parties  organiques  ,  &  rél'ulte  de  la 
concurrence  accidentelle  des  caulés  phyliques.  Le 
corps  eft  fou  pie ,  dénoué  ,  agile  ,  ùc.  ou  il  a  les 
qualités  contraires. 

'^fT  Confidére  par  rapport  à  la  fanté ,  il  eft  bien  ou. 
mal  conftitué ,  forr,  robufte,  rigoureux,  foible  , 
fluet,  délicat.  Cor/75  exténué,  cacochime  ,  d'une 
mauvaife  pâte. 

tjCJ"  Dans  la  lutte  ,  dans  les  combats,  on  fe  prend, on 
fe  faifit  corps  à  corps  ,  on  fe  bat ,  on  lutte  corps  à 
corps. 

|tT  On  dit  encoie  gagner  quelque  chofe  à  la  fueur  de 
fon  corps  ,  c'eft-à-dire ,  en  travaillant  beaucoup. 
Traiter  durement ,  délicatement  fon  cor/'J.  Faire  des 
folies  de  fon  corps ,  en  parlant  des  perfbnnes  da 
fexe ,  la  même  chofe  que  s'abandonner  ;  ftyle  fami- 
lier. A  corps  perdu  ,  façon  de  parler  adverbiale  ,  qui 
fignifie  fans  crainte  du  danger.  Il  fe  jeta  à  corps 
/7er</«  dans  la  mêlée-,  à  (on  corps  défendant,  mieux 
qu'en  fbn  corps  défendant.  Faire  une  chofe  à  fon 
corps  défendant ,  contre  fon  gré ,  pour  éviter  un 
plus  grand  mal. 

Mais  Fà^e  dans  fon  ame  a  mis  ce  :^è/e  ardent. 
Et  fon  Jait  qu'elle  eji  fage  à  fon  corps  défendant. 

Mol. 

03"  Corps  fe  preijd  aufTi  par  oppofition  à  l'efprit.  On 
dit,  en  ce  fens ,  les  plaifirs  du  corps  ;  pour  dire  ,  les 
plaifirs  qui  n'affeéf  cnt  que  le  fens.  Si  l'homme  n'a- 
voit  point  péché,  l'ame  8c  les  corps  ne  feroicntpoint 
importunés  par  des  defirs  déraifbnnabics.  Port-R. 
Il  eft  beau  qu'il  fe  trouve  dans  le  Chriftianifme  des 
âmes  fi  détachées  de  la  terre  &  d'elles-mêmes, qu'el- 
les lémblent  indépendantes  du  corps  auquel  elles 
ibnt  attachées ,  &c  qu'elles  traitcnr  comme  leur  ei- 
clave.  Aead.  Le  corps  tyrannife  l'ame.  Maleb.  La 
rébellion  du  corps  dont  nous  fommes  les  efclaves, 
vient  du  péché. 

Quoi  !  vous  ne  'goûte^  pas 
Cette  union  des  cœurs  où  le  corps  n'entre  pas  î  Mot 

Ce  n'ejiqu'à  fefprit  feulque  vont  tous  les  tranfports; 
Et  fon  ne  s' apperçoit  jamais  qu^on  ait  un  corps.  Id. 

03"  Corps  ,  en  termes  d'Anatomie,  fe  dit  de  plufieurs 
parties  du  corps  de  l'animal ,  que  l'on  défigne  alors 
par  des  cpithères  particulières.  C'eft  ainfi  qu'on  dit , 
le  corps  calleux  ,  les  corps  cannelés  du  cerveau  ,  les 
corps  caverneux  de  la  verge  ,  le  corps  glanduleux  du 
foie  ,  les  corps  mamillaires  des  reins ,  les  corps  pa- 
pillaires  de  la  langue ,  &c  ;  pour  dire ,  une  matière , 
une  flibftance  calleufe ,  les  îubftances  cannelées  du 
cerveau  ,  &c. 

fP?  Corps  fe  dit  aufîî  de  la  partie  du  corps  humain  qui?| 
eft  entre  le  cou  &  les  hanches.  On  dit,  en  ce  fens, 
un  corps  bien  fait.  Avoir  le  corps  de  travers.  Il  a  le 
corps  bien  fait ,  mais  les  jambes  trop  courtes. 

fj3"  On  le  dit  plus  particulièrement  du  tronc  ,  delà 
capacité  du  corps,  PeSus ,  flomachus ,  thorax  ,  ven- 
ter. 


COR 

ter.  ÎI  â  eu  le  corps  perce  de  trois  balles.  Cet  hoitime 
eft  fort  gai  quand  il  a  une  bouteille  de  vin  dans  le 
corps,  II  fut  tué  d'un  coup  d'épée  au  travers  du  corps  : 
il  fut  ouvert,  on  lui  tro'.iva  un  abcès  dans  le  corps. 
Les  Médecins  divilcnt  le  corps  en  trois  ventres ,  ou 
capacités,  qui  font  la  tète  ,  le  thorax,  &  le  bas- 
venrre.  Ils  appellent  le  rcfte  les  membres ,  ou  les  ex- 
trémités. Les  Maîtres  en  fait  d'Armes  divifent  le  corps 
en  trois  parties,  la  haute  comprend  la  tête  ,  la  gorge 
&  les  épaules;  la  moyenne,  la  poitrine  ,  i'cifo.nac 
&  le  ventre  fupérieur  -,  &  la  balle  eft  le  ventre  infé- 
rieur, &  au  defîbus  jufques  vers  les  cuifles. 

On  dit  fîgurément  en  ce  fens ,  il  faut  voir  ce  que 
cet  homme  a  dans  le  corpj;  pour  dire,  tacher  à  dé- 
couvrir fcs  fcntimens ,  fes  opinions,  ouluitàterle 
pouls  fur  fa  bravoure.  Jfeclus  animi  ,  peniùorcs 


COR 


525) 


animi   receUus, 


■.cffii 


Corps  glorieux  fe  dit  de  l'état  d'un  corps  qui  eft 
dans  la  gloire  célefte.  Le  corps  glorieux  ell  im- 
pailible. 

On  dit  abufivcment  &  fimilièremcnt  en  parlant 
■d'une  perfonne  qui  eft  long-temps  fans  éprouver 
les  befoins  corporels ,  que  c'eft  un  corps  glo- 
rieux. 

Corps  fe  dit  pour  homme  ,  perfonne  j  comme 
en  latin  caput  ;  mais  il  ne  fe  dit  que  dans  le  ftyle 
ou  populaire  ou  familier  ,  voilà  un  plaifant  corps. 
O  le  plaifant  corps  !  Lepidum  caput  !  Il  ne  fe  dit 
guère  qu'avec  plaifant  ,  &  le  Traduéleur  Fran- 
çois du  Speélatpur  Anglois  n'a  pas  bien  fû  Tu- 
fage ,  quand  il  a  dit,  qu'il  avoit  entendu  qu'on 
dilbit  de  lui ,  voilà  un  bizarre  corps  ;  il  falloir 
dire  un  bizarre  perfonnage. 

^CJ"  On  dit  auiîi  d'un  homme  qui  n'a  ni  efprit  ni 
vigueur ,  que  c'eft  un  pauvre  corps. 

Corps  fe  dit  aufll  des  habits,  des  armes  qui  fervent 
à  couvrir  certe  partie  du  corps  qui  va  du  cou  juf 
qu'à  la  ceinture.  Il  faut  ert'iyer  ce  corps  de  pour- 
point, ce  cor/' j- de  jupe.  Thorax,  tuniciz  thorax. 
On  dit  un  corps  de  cuiralfc  ,  en  parlant  de  la  cui- 
rafle  même  fans  les  armures  des  bras  &  des  cuifles. 
Lorica, 

On  dit ,  en  termes  de  Palais ,  qu'un  homme  s'eft 
obligé  corps  &  biens  ;  pour  dire,  qu'il  s'eft  fou- 
rnis à  tenir  prifon  faute  de  payement.  L'Ordon- 
nance de  i'^ôj  a  abrogé  les  contraintes  par  corps 
après  les  quatre  mois ,  pour  les  dertes  civiles.  On 
peut  feulement  contraindre  par  corps  nour  dépens 
civils ,  lorfqu'i's  excèdent  loo  livres.  Une  femme, 
bien  qu'il  femble  qu'elle  ne  puilfe  engager  fa  per- 
fonne qu'à  fon  mari ,  eft  prennbi?  par  corps  ,  lorf- 
qu'elle  fair  un  commerce  difti'tdï  &  féparé  de  ce- 
lui de  fon  mari.  On  a  j'tgc  la  contrainte  par  corps 
pour  intérêts  réfiltans  d'un  procès  criminel  contre 
une  femme.  C.  B. 

Un  décret  de  prife  de  corps  eft  une  Ordonnance 
d'un  Juge  pour  prendre  prifonnier  un  criminel. 
Décréta  rei  comrrehenjîo.  On  dit  auifi  une  confif- 
cation  de  corps  &  de  biens  :  c'eft  une  fuite  d'une 
peine  capital'.  Une  féparation  de  corps  ik.  de  biens, 
c'eft  la  réparation  d'habir.nion  qu'on  accorde  aune 
femme  confe  (b->  mpti  à  caufe  de  (eijevices.  Un 
Geôlier  répond  d'un  prifonnier  qui  eft  à  fa  garde 
corps  pour  corps. 
^3"  Corps  (ignifie  quelquefois  corps  privé  de  la  vie  , 
cadavre.  Ouvrir ,  embaumer ,  enterrer  un  corps  , 
jetter  de  l^eau  bénite  fur  un  corps.  Diflcquer  un 
corps,  faire  l'anatomie  d'un  corps. 

On  dit  dans  la  même  lignification  corps  mort. 
Cadaver.  L  s  Juges  font  des  procès-verbaux  de 
rét;'t  des  corps  morts  qu'ils  enlèvent.  Tertullien 
a  écrit  un  beau  Traité  de  l.i  rejurccllon  des  corps. 
Quand  les  corps  ne  pourirtént  point  ,  on  tient 
en  Occident  cela  pour  marque  que  ce  fonr  des 
corps  .r-lorieux  -,  en  Orient  pour  une  marque  qu'ils 
font  réprouvés  ,  comme  il  paroît  dans  le  Rituel  \ 
des  Arméniens,  • 

Tome  II, 


Que  de  corps  emajfés  !  que  de  membres  épars , 
Privés  dcjépulture  ! 
Grand  Dieu  !  tes  Saints  /ont  la  pâture 
Des  tigres  &  des  léopards.  Racine. 

Corps  fe  dit  auffi  des  chofes  qui  ont  plus  de  force, 
de  conlîrtance ,  de  folidité  que  d'autres.  Les  ctoftca 
qui  ont  bien  du  corps  durent  plus  que  les  autres. 
Panniis  crafjior.  Un  papier  qui  n'a  guère  do  corps 
eft  fujet  à    boire.  Papyrus  tentas.    Les  vins  qui 
ont  bien  du  corps  fe  gardent  plus  long-temps. 
'ifT  Corps  fe  dit  auifi ,  dans  un  fens  figuré,  de  ce 
qu'il  y  a  de  principal  dans  les  ouvrages  de  l'art  , 
de  ce  qui  eft  comme  la  bafe ,   le  fondement  -,  la 
principale  partie   fur   laquelle  pofent  les   autres , 
&:  qui  font  à  fon  égard  ce  que  les  membres  fonc 
à  ^  l'égard  du  corps.   Le  corps  d'un  navire  eft  le 
bâtiment  confidéré  fans  les  ponts ,  les  mâts ,  les 
voiles ,  les  cordages ,  les  agrès.  Un  corps  de  car- 
ro/fe  eft  la  partie  qui  cil  fufpendue.  Un  corps  de  luth, 
eft  la  partie  creule ,  confidcréc  fans  manche.  Le 
corps   d'un  édifice  eft  la  grofTe  maçonnerie  prilè 
fins  la  charpentcrie  ,  la  menuifcrie. 
%fT  On  dir  \z  corps  du  folcil ,  d'une  planète  ,  iSr  ; 
pour  dire  ,    fon  globe  ou  fon  difque.  On  a  dé- 
couvert des    taches  dans  le  corps   du  foleil.  On 
voit  des  éminences  &  des  creux  dans  le  corps  de 
la  lune. 
Corps  fe  dit  aufTi  d'un  bâtiment  de  fond  en  comble, 
foit  qu'il  foitfépaté  ou  joint  avec  un  autre.  jEdium 
rcgio ,  membrum.  Il  y  a  deux  corps  de  logis  dans 
cette  mailbn  qui  font  joints  par  une  galerie.  Il  a 
loué  un  corps  d'Hôtel  féparé.  En  Italie  on  fait  les 
corps  de  logis  doublés ,    à  caufe  de  la  chaleur  ■■, 
&  en  France,  à  caufe  de   la  commodité.  Il  a  fàic 
bâtir   un  avant-cor/>j   en  fa  mailbn  ,    qui  en  faic 
un  grand  ornement. 

En  Architedture  ,  cor/jj  fignifie  encore  toute  par- 
tie  qui  avance,  &;  qui  excède  le  nud  du  mur  , 
&  qui  fert  de  champ  &  de  fond  à  une  décora- 
tion. On  appelle  corps  de  fonds  celui  qui  porte  dès 
le  bas  d'un  bâtiment  avec  empatemens  &  re- 
traite. 
Corps  fe  dit  aufïî  figurément  de  pluiîeurs  chofes 
ramaffees  enlém.ble  :  premièrement  de  ce  qui  eft 
enfermé  en  quelque  enceinte.  Le  corps  d'une  ville, 
d'une  fortcreffe  ,  c'eft- à-dire  ,  la  place  elle-même 
confidérée  fans  les  dehors ,  fans  les  ouvrages  qui 
l'accompagnent.  Pars  urbis  ,  arcis  intima  ,  urts 
ipfa.  On  n'avoir  attaqué  Jufqu'ici  que  les  dehors , 
maintenant  on  eft  attaché  au  corps  de  la  place. 
Arx  ipja.  Ce  petit  fort  eft  hors  de  l'enceinte  des 
murs ,  &:  détaché  du  corps  de  la  place. 
Corps  fe  dit  auffi  de  plufieurs  Ouvrages  de  même 
nature ,  qui  ont  été  recueillis ,  joints  ^-  reliés  en- 
femble.  Corpus.  Gratien  a  recueilli  les  Canons  de 
l'Eglilc ,  &  en  a  fait  un  corps ,  qu'on  appelle  le 
Corps  Canoni.jue.  Le  Corps  du  Digefte  ,  du  Code, 
&  des  Inftitutes.  On  a  fait  un  corps  des  Poëtcs 
Grecs  ,  un  de  quelques  Hiftoriens  Romains.  Du 
Ch^ne  a  recueilli  en  un  corps  quantité  de  vieux 
Hiftoriens  François. 
Corps  de  Doctrine,  eft  la  même  chofe  que  Syftême. 
C'eft  un  amas  de  principes  &  de  conclufîons  qui 
renferme  ce  qui  fe  peut  dire,  &  ce  qu'on  doit  la- 
voir fur  un  fujet ,  fur  une  queftion. 

On  appelle  le  co'ps  du  livre,  ce  qui  eft  en  ef- 
fet le  principal  &:  la  fubftance  du  livre,  à  la  di« 
ftin(5lion  des  Préfaces ,  Exordes ,  Epilogues ,  Glofes  j 
Commentaires  &  Annôrarions  qu'on  y  insère,  Se 
qu'on  y  mêle  quelquefois.  On  dit  aulfi  d'une  pièce 
de  théâtre  que  le  corps  en  eft  fait ,  quand  on  en 
a  fait  le  defîein  ,  la  diftribution ,  &  qu'il  n'y  a  plus 
que  les  vers  à  faire. 

En  matière  de  devifes ,  on  appelle  le  corps ,  les 
figures  qui  en  font  le  fujet  :  ce  qu'on  a  peint  pour 
marquer  la  penfée  ",  &  Wime  c{i  le  mot  qui  donne 
l'explication, 

BBBBbb 


^^o  COR 

Corps  de  délit ,  eft  l'exiftence  d'un  délit  qui  fe  ma- 
nifefte  cvidemnient ,  de  manière  qu'on  ne  peut  dou- 
ter qu'il  n'ait  été  commis. 

Il  faut  qu'il  y  ait  un  corps  de  délit  qui  foit 
conftaté  ,  avant  qu'on  puiilé  condamner  un  homme , 
qui  ilir  de  iimples  prélbmptions  ,  quoique  très- 
foLces ,  leroit  accule  d'avoii  commis  un  crime. 

En  termes  de  Chirurgie  ,  on  appelle  corfs  étran- 
ger ou  corps  étrange  tout  ce  qui  lurvient  au  corps 
de  l'animal  contre  "la  nature  ,  Ibit  qu'il  vienne  de 
dehors,  comme  le  plomb,  la  bourre,  uneécharde, 
&c.  Les  corps  étranges  empêchent  la  conlblida- 
tion  des  plaies. 

En  termes  de  Manège,  on  dit  qu'un  cheval  a 
du  corps ,  quand  il  a  beaucoup  de  boyau ,  beau- 
coup de  flanc ,  quand  il  a  les  côtes  amples  & 
longues  :  &  on  dit  qu'une  telle  nourriture  fait  bon 
corps  ;  pour  dire ,  le  rend  lain  &c  vigoureux  ■■,  qu'il 
a  tait  corps  neuf,  lorfqu'il  a  été  bien  purgé  ,  qu'on 
1*4  mis  à  l'herbe.  Cette  dernière  exprcllion  fe  dit 
auiii  d'un  homme  qui  a  eu  une  maladie  qui  a  con- 
fumé  toutes  Tes  mauvaifes  humeuts  ,  ou  qui  a  été 
bien  purgé. 
Corps  de  Pompe  ,  tetme  de  Méchanique.  C'eft  la  pat- 
tic  la  plus  groHe  du  tuyau  de  la  pompe  ,  où  le  pi- 
llon  agit. 
0CF  Corps  fe  dit  encore,  en  un  fens  figuré,  de  l'union 
de  plufieurs  perfonnes  qui  vivent  fous  le  même  gou- 
vernement &  fuivent  les  mêmes  loix ,  les  mêmes 
coutumes  Un  R.oyaume,  un  Etat  eft  un  corps  po- 
litique. L'Eglife  ed:  un  corps  dont  Jesus-Christ 
eft  le  Chef  invilible  ,  Se  dont  nous  fonimes  les 
membres. 
§C?  Dans  cette  acception ,  le  mot  de  corps  fe  dit  plus 
particulièrement  de  certaines  compagnies  qui  exif- 
tcnt  dans  l'Etat  fousTautorité  publique.  Ordo  ,  cor- 
pus,cœtiis.  Cezte  fage  compagnie  ne  crut  pas  qu'il  fût 
de  la  dignité  de  fon  corps  de  fe  lallfer  émouvoir  par 
les  railleries.  S.Evr.  Dieua  établi  un  ror/'j."  vilîble  , 
qu'il  anime  de  fon  efprit,  &  dans  lequel  il  confervera 
toujours  la  vérité.  PoRT-R.  Les  Etats  font  compofes 
du  corps  du  Clergé  ,  du  corps  de  la  Noblcife  ,  du 
cor/jj- du  Tiers-Etat.  Le  Parlement,  les  Cours  Sou- 
veraines marchent  en  corps  de  Cour.  On  dit  gé- 
néralement des  compagnies  aflemblées ,  que  ce  font 
des  corps  politiques. 

On  dit  aulli  le  corps  de  ville  ;  pour  dire,  les 
Officiers  de  la  ville  ,  qui  font  le  Prévôt  des  Mar- 
chands ,  les  Echevins  &c  les  Confeillers  de  ville , 
&  le  Procureur  du  Roi.  CiviUs  Magiflratus. 

Les  lix  corps  des  Marchands  à  Paris,  ce  font 
les  Merciers,  les  Foureurs ,  les  Epiciers,  les  Dra- 
piers ,  les  Bonnetiers  &  les  Orfèvres.  Les  Mar- 
chands de  vin  prétendoient  faire  le  feptième  corps. 
Corps  fe  dit  auffi  de  toutes  les  autres  Communautés. 
Le  corps  de  l'Univerfîté.  Acaiemia  univerfa.  Le 
corps  de  Sorbonne  ,  du  Chapitre  de  Paris,  Ils  font 
aflémblés  en  corps  de  Chapitre.  Ce  Docteur  efi: 
un  des  premiers  hommes  de  fon  corps.  Les  Curés 
de  Paris  ne  font  point  corps.  Societas ,  corpus. 

En  termes  de  Géométrie ,  on  appelle  les  corps 
réguliers  ,  ceux  dont  toutes  les  faces  5c  les  an- 
gles font  égaux.  Ils  ne  font  qu'au  nombre  de  cinq  : 
le  Tétraèdre  compofé  de  4  ttiangles ,  l'Odlaëdre 
de  8  ,  l'Ifocaëdre  de  10  triangles,  le  Dodécaèdre 
de  II  pentagones,  &  le  cube  de  6  quartes. 
Corps  de  Chriji  ,  nom  d'un  Ordre  ou  Congréga- 
tion Religieufe,  Voye^  Christ.  Grégoire  XIII  , 
fur  les  inftances  qui  lui  furent  faites  par  D.  Jean 
Baptilte  Vallati  de  Folignf,  pour  lors  Général, 
réunir  cet  Ordre  à  celui  du  Mont  Olivet.  P.  Hé- 

LYOT  ,    T.    FI ,    C.    IJ. 

Corps,  en  ternaes  de  Guerre,  lignifie  un  certain  nombre 
de  Soldats  ,  tant  de  pic  que  de  cheval ,  unis  & 
marchans  enfemble  fous  un  Chef  ■■,  on  a  fait  fortir 
les  garni fons  pour  en  faire  un  corps  d'armée.  Exer- 
citiis  ,  agmen.  Des  troupes  rangées  en  bataille  font 
divifées  en  trois  corps.  Tripurtiuo.  L'avant-garde  , 
l'arrière-garde  ,    ôc  le   corps  de  bataille.   Prima 


COR 

acies  ,  pojlrema  ,  noviffima  acies ,  média  actes.  Le 
corps  de  bataille,  tant  i.;r  mer  que  fur  terre ,  eft  d'or- 
dinaire la  divifion  du  Commandant ,  laquelle  fait 
le  milieu  de  la  ligne.  11  y  a  auHi  le  corps  de  ré- 
ferve  ,  &c  des  corps  détachés.  Sutjidium  ,  j'ubjl- 
diariiz  cohortes ,  fiiljidiarii. 

Corps  fe  dit  auifi  des  Régimens.  Toute  la  Cavale- 
rie fe  divife  en  Compagnies  franches ,  &  en  corps 
de  Régimens ,  qui  lont  plufieurs  Compagnies ,  fous 
un  même  Chef.  Equitatus.  Les  premiers  corps 
d'Infanterie  font  les  Régimens  des  Gardcs-Fran- 
çoifes  &  Suilfes.  Après  marcheur  les  fix  vieux 
corps  ,  qui  font  les  Régimens  de  la  plus  an- 
cienne création  \  lavoir,  Picardie,  Piedmont , 
Champagne ,  Navarre ,  Normandie  8i  la  Marine, 
Enûiite  ibnt  les  fix  petits  vieux  corps  ,  qui  ont  été 
établis  peu  de  temps  après,  Pedejiris  exercims , 
acies  ,  peditatus. 

Corps  de  garde ,  eft  un  pofte  où  on  met  des  Sol- 
dats qui  veillent  à  garder  une  porte,  un  palfage, 
un  travail ,  &  à  tenir  en  fureté  un  quartier ,  un 
camp ,  une  place  ,  Jîatio  ;  &  on  le  dit  tant  des 
Soldats  qui  y  font  poltés ,  &  qu'on  relève  de  temps 
en  temps ,  que  du  pofte  même ,  foit  qu'il  foit  à  l'air , 
foit  qu'il  foit  à  couvert,  Excuhicz  ,  excubitores. 
On  avance  un  grand  &:  petit  corps  de  garde  bien 
loin  devant  les  lignes ,  afin  d'être  plutôt  averti 
de  l'approche  des  ennemis.  Le  corps  de  garde  d'un 
vailîêau  ,  eft  la  partie  qui  fe  trouve  fous  le  gail- 
lart  de  l'arrière. 

On  appelle  mots  de  corps  de  garde-,  railleries 
de  corps  de  garde  ,  plaifanteries  de  corps  de  garde  \ 
des  mots ,  des  railleries ,  des  plaifanteries  grof- 
fières ,  balles  ,  impudentes. 

Corps  de  garde  retranché  ,  petit  corps  de  garde  re- 
tranché. C'eft  un  réduit  pratiqué  dans  la  gorge 
d'un  baftion  ,  d'une  demi-lune  ,  d'un  ravelin  ,  (fc. 
couvert  d'un  parapet ,  &  environné  d'un  folfé ,  où 
les  Soldats  fë  retirent  lorfqu'ils  ne  peuvent  foû- 
tenir  l'aflau'c  de  la  demi-lune.  On  pratique  quel- 
quefois de  ces  corps  de  garde  dans  le  folfé.  Alors 
on  creufe  en  terre  un  efpace  à  contenir  un  cer- 
tain nombre  de  Soldats ,  qu'on  relève  d'un  pa- 
rapet où  il  y  a  de  petits  créneaux  ou  embrâfures 
pour  tirer. 

Corps.  (  Gardes  du)  font  les  quatre  Compagnies 
de  Cavalerie  qui  fervent  à  garder  le  Roi.  Régis 
Jiipatorcs  ,  corporis  cujiodes.  Et  en  général ,  Offi- 
ciers du  Corps,  font  ceux  qui  fervent  auprès  de 
fa  perlbnne  facrée.  Le  carrolîe  du  Corps  ,  le  Co- 
cher du  Corps. 

Corps  ,  en  termes  de  Fondeurs  de  caradtère  d'Im- 
primerie ,  fe  dit  tantôt  d'un  corps  entier  de  ca- 
raêlères,  tantôt  du   corps  d'une  feule  lettre. 

CoRPs-/«or/,  noni  que  les  Matelots  donnent  à  u"  3 
pièce  de  bois  mile  de  travers  dans  la  terre  ,  cC 
où  tient  une  chaîne  pour  amarrer  les  vail- 
feaux. 

Corps  fe  dit  proverbialement  en  cette  phrafe ,  on 
l'a  enlevé  comme  un  corps  faint.  Voyez  l'origine 
de  ce  proverbe  aux  mots  Banquier ,  &   Caorfin, 
Il  y  a  plufieurs  autres   façons  de  patler  où  le  mot 
de  corps  entre ,  tant  au  propre  qu'au  figuré  ,  &  qui 
font  en  quelque  forte  proverbiales.  Par  exemple  , 
on  dir]  d'un  homme  qui  travaille  beaucoup  ,  mais 
dont  le  travail  eft  ingrat ,  qu'il  fe  tue  le  cœur  &: 
le   corps.  On  dit  qu'il  fait  litière  de  fon  corps  ; 
pour  dire  ,  qu'il',  ne  s'épargne  point  :   &  qu'il  fait 
bon  marche  de  fon  corps  ■■,  pour  dire ,  qu'il  s'ex- 
pofe  facilement  à   toutes  fortes   de  dangers.    On 
dit  qu'un  homme  a  le  diable  au  corps  •,  pour  dire, 
qu'il  eft  méchant  Sc  furieux.  On  le  dir  aulfi  pour 
fignifier  qu'il  a  beaucoup  d'efprir  &  d'invention. 
Je  ne  fai  où  il  prend  tout  ce  qu'il  dit  Se  tout  ce 
qu'il  fair ,  je  crois  qu'il  a  le  diable  au  corps.  On 
dir  d'un  homme  qui  n'a  ni  efprit  ni  vigueur,  que 
c'eft  un  pauvre  corps.  Le   pauvre  corps  !  On  dit 
aulli  d'un  homme  tnalicieux ,  que  c'eft  un  malin 


COR 

iorps  -,  &  d'un  homme  plaifant  &  facétîeux ,  que 
c'efl:  un  drôle  de  corps.  On  dit ,  cant  que  l'ame 
me  battra  au*  corps  ;  pour  dire  ,  tant  que  je  vi- 
vrai. On  dit  qu'un  homme  n'eft  pas  traître  à  Ion 
i:orps  ;  pour  dire  ,  qu'il  le  traite  bien ,  qu'il  fait 
bonne  chère  ;  &:  au  contraire,  qu'il  cft  ennemi 
de  fon  corps  •■,  pour  dire ,  qu'il  fe  donne  trop  de 
peine,  qu'il  le  refufeles  chofes  nécelliires.  On  dit 
qu'un  homme  gagne  Ion  pain  à  lafueur  de  (on  corps-, 
c'eft-à-dire ,  qu'il  vit  de  fon  travail,  ou  de.  Ion 
induftrie.  On  dit  plus  ordinairement ,  à  la  fueur 
de  ion  front  :  phrafe  tirée  de  l'Ecriture,  Gcn.  III, 
19.  Infudore  vultus  tid  vefceris pane.  On  dit  qu'un 
homme  a  fait  corps  neuf  -,  pour  dire ,  que  fon 
corps  s'efl:  tout  renouvelle  par  le  rétabliflement  de 
fa  fanté ,  à  caufe  des  nouveaux  alimens  qu'il  a  pris. 
On  dit  aulli  des  chevaux  qu'on  a  mis  à  l'herbe  , 
qu'ils  ont  fait  corps  neuf. 

gCr  On  dit  encore  proverbialement  &  fîgurément , 
prendre  l'ombre  pour  le  corps  ;  pour  dire ,  l'appa- 
rence pour  la  réalité.  On  dit  encore  que  l'envie  fuit 
la  vertu  ,  comme  l'ombr-e  fuit  le  corps. 

tfT  CORPULENCE,  f.  £  CorpuUntia.  Volume  du 
corps ,  taille,  état  du  corps  confidéré  ,  par  rapport 
à  fa  grandeur  &  à  fa  grolTeur.  Un  homme  d'une 
grofle,  d'une  grande  corpulence.  Les  gens  qui  font 
d'une  grofle  corpulence  font  fujets  à  plulîeurs  in- 
cpmmodités. 

Sur  le  Commet  de  ce  pulffant  s,lobuls ,  (  un  bol  ) 

Je  vis  s'affeoir  la  Dée[je  Santé  , 

jlu  teint  vermeil,  à  ferme  corpulence 

A  la  dent  Hanche ,  à  F  œil  plein  de  gaieté  ; 

Et  telle  enfin  qiCauJiecle  d'innocence 

Toujours  les  Dieux  l'accordoient  aux  humains. 

NOUV.  CHOIX  DES  VERS. 

^fr  En  Médecine,  il  efl:  fynonime  à  obé/ité ,  &  mar- 
que l'état  d'une  perfonne  trop  graffe.  Obefitas. 

On   dit   auiTi ,    un   homme    de    petite    corpu- 
lence. 

CORPULENT,  adj.  Ce  mot  fe  trouve  dansPomey, 

pour  lignifier  un   homme  qui  a  de  la  corpulence. 

Obejus ,  corpulentus, 
CORPUS,  f.  m.   C'efl:  ainfi  que   le  peuple  appelle 

le  pain  à  chanter  fur  lequel  on  peut  fai^e  la  Con- 

lecration, 

CORPUSCULAIRE,  adj.m.&f.  qui  eft  relatif  aux 
corpufcules.  La  Phylique  corpiifculaire  eft  celle  qui 
prétend  rendre  raifon  de  tout,  pat  le  moyen  des 
corpufcules  ou  atomes  ;  qui  cherche  à  expliquer  les 
différons  phénomènes  par  la  configuration  ,  la  dif- 
polîtion  &  le  mouvement  des  parties  des  corps. 
£ffècïus  naturœ  per  corpufcula  explicans.  Si  la 
Médecine  n'a  pas  marché  d'un  pas  égal  vers  la 
perfeftion ,  il  faut  s'en  prendre  à  la  Philoibphie 
fcliolaftique  ,  amie  des  querelles  &  des  difputes  j 
à  la  Physique  corpufculaire ,  fertile  en  imagina- 
tions •,  à  la  Chimie  ,  &c.  Journal  de?  Savans. 
La  Philoibphie  corpufculaire  eft  fi  ancienne  ,  qu'a- 
vant qu'Epicure  &  Démocrite  ,  avant  même  que 
Leucippe  l'eût  cnfeignée  dans  la  Gièce ,  il  y  avoit 
un  Philofophe  Phénicien  qui  expliquoit  tous  les 
phénomènes  de  la  nature  par  le  mouvement ,  la 
oonformation ,  la  difpofition  des  petits  corps  de 
matière  ,  ainfi  que  l'antiquité  nous  l'apprend.  Cette 
forte  de  Philofophie  pourroit  donc  être  appelée 
Pliilofophie  Phénicienne ,  à  plus  jufte  titre  que  la 
Philofophie  Epicurienne.  Harris. 

M.  Boile  a  réduit  les  principes  de  la  Philofo- 
phie corpifculaire  à  ces  quatre  points.  1°.  Il  y  a 
une  matière  univetfelle,  qui  eft  une  fubftance  éten- 
due ,  impénétrable  &  indivifible ,  commune  à  tous 
les  corps  ,  &  capable  de  toutes  fortes  de  formes. 
20.  Que  pour  former  cette  variété  immenfc  de 
corps  naturels ,  il  eft  nécefifaire  que  cette  matière 
ait  du  mouvement  dans  quelques-unes  ,  ou  dans 
toutes  fes  parties  qui  peuvent  être  défignées  ;  cjue 


COR  ^9  £ 

j  c'eft  Dieu  créateur  de  toutes  chofes  qui  lui  a  nrt- 
prn-ne  ce  mouvement  ;  &  qu'elle  a  tout-es  ^  s  ma- 
nières de  directions  &  de  tendances  ou  d'efforts 
qui  peuvent  être.  30,  Que  cette  matière  doit  être 
actucllemeut  divifée  en  parties,  &  que  chacune  de 
ces  parties  primitives  ou  fragmcns ,  qu'on  appelle 
atomes,  a  fa  grandeur  &  fon  volume  particulier, 
comme  auifi  fa  forme  &  fa  propre  figure.  40.  Enfin , 
que  ces  parties  étant  de  diffcrente's  grandeurs  &. 
différemment  configurées,  elles  doivent  avoit  des 
rangs,  des  fituations ,  des  pofitions  différentes; 
d'où  naît  une  variété  prodigieufe  dans  la  compo- 
lition  des  corps.  Harris.  Ceux  qui  oiit  écrit  de 
la  Philofophie  corpufculaire  font  Lucrèce,  Dé- 
mocrite &  Epicure  dans  Diogène  Lacrce,  Gaffendi 
&  Dernier. 

|p°_Ce  mot  qui  s'eft  d'abord  appliqué  à  la  doc- 
trine ,  s'eft  enfuite  appliqué  aux  perlbnnes ,  &  l'on 
dit  également  Phyfique  corpufculaire  de  Phyficiens 
corpufculaires.  Il  eft  auffi  employé  comme  fub- 
ftantif.  FoyeiKTOMiSTi. 

CORPUSCULE  ,  f.  m.  atome  ;  petit  corps  ou  pe- 
tite partie  d'un  corps.  Corpufculum.  Les  corpuf- 
cules ne  font  autre  chofe  qUc  les  parties  les  plus 
déliées,  &  les  plus  fubtiles  de  la  matière.  Val. 
Il  eft  certain  que  de  tous  les  animaux  ,  il  fe  fait 
une  émiffion  de  corpufcules  ,  dont  il  fe  forme  une 
efpèce  de  tourbillon  qui  circule  autour  de  la  cir- 
conférence du  corps  d'où  ils  émanent.  Id.  Cet 
écoulement  continuel  de  corpufcules  impercepti- 
bles fe  fait  par  la  ti'anfpiration ,  &:  par  les  efpa- 
ces  vides  qui  fe  remarquent  dans  la  contexture 
des  corps.  Id.  Il  y  a  dans  la  nature ,  une  infinité 
de  corpufcules  ,  dont  nous  en  appercevons  quel*, 
ques-uns  avec  le  microfcope  ,  &  les  autres  fuient 
la  vue  la  plus  fubtile.  A  le  bi-en  prendre  ,  ces  cor- 
pufcules font  la  même  chofe  que  les  atomes  de 
Gaffendi ,  &  la  matière  fubtile  de  Defcartes. 

CORPUSCULITE.  f.  m.  Philofbphe  qui  admet 
les  corpufcules  ,  les  atomes.  C'eft  la  même 
chofe  (\\CAtomifle.  Les  Ariftotéliciens  &  les  Cor-^ 
pufculites  font  toujours  prêts  à  s'égorger  fur  ;ie 
plein  ou  fur  le  vide ,  llir  la  matière  &  fur  la  for- 
me -,  fur  les  principes  des  corps  ,  &  fur  le  derniec 
terme  des  décompofitions ,  &  tout  cela  fans  fruit. 
Ils  bataillent  entr'euxfur  la  meilleure  manière  d'or- 
donner la  matière  ,  comme  s'il  étoit  queftion  de 
créer  le  monde  ,  ou  de  le  gouverner.  Il  eft  fuit ,  il 
va  fon  train  fans  eux.  To«t  leur  lavoir  tend  donc  à 
remplir  les  écoles  de  difputes ,  dont  il  ne  nous  re- 
vient rien.  Spectacle  de  la  N'attire ,  t.\,  p.  ^^6  , 
■^47- 

CORRADOUX  ou  COURADOUX  ,  f.  m.  terme  de 
Marine.  C'eft  l'efpace  enferme  entre  les  deux  ponts 
des  vaideaux. 

CORREAUX  ,  f.  m.  pi.  On  nomme  ainfi  à  Bordeaux 
une  efpèce  de  bateaux ,  dont  on  fe  fert  pour  dé- 
charger les  barques  &  autres  bâtimens  de  fel  qui 
fe  mettent  en  coutume  pour  être  raillés  au  large. 

CORRECIER  ou  CORROCIER  ,  vieux  mot.  Fa^ 
cher,  courroucer  quelqu'un.  Poéf.du  Roi  de  N'av. 

CORRECT  ,  ECTE  ,  adj.  où  il  n'y  a  aucune  faute. 
On  le  dit  principalement  de  l'écriture  &  du  lan- 
gage, Emendatus  ,  cajligatus  ,  expurgatus ,  mefldis 
carens.'fZzx.  h\.\x.ç.\xx.  elt  fort  correct  ;  fon  ftyle,  fon 
difcours  eft  fort  correct.  Cette  copie  eft  corretle ,  il 
n'y  a  pas  une  feule  faute.  Ce  peintre  eft  fort  cor- 
rect ;  il  deffine  fott  jufte.  On  appelle  un  defîein 
correct ,  un  delfein  dont  les  parties  font  bien  ar- 
rêtées ,  &  leurs  coruours  exadement  femblables  à 
ceux  que  préfente  la  nature. 

Dans  ce  mot  ,  &:  dans  tous  les  fuivans  ,  commu- 
nément ,  &  dans  l'ufage  ordinaire  ,  on  ne  pro- 
nonce point  deux  rr ,  mais  dans  un  difcours  foûre- 
nu  ,  oratoire,  ou  déclamatoire,  on  peut  les  faire 
plus  fenrir  qu'on  ne  fait  dans  le  difcours  ordi- 
naire. 

CORRECTEMENT ,  adv.  d'une  manière  correde. 

B  B  B  B  b  b  ij 


93 


COR 


Emendaù.  Ecrire,  parler  ,  deffiner  correnement , 

fans  faure.  . 

CORRECTEUR  ,  T.  m.  q^ii  corrige.  Correclor ,  ertien- 
dator.  Les  Magiftrats  de  Police  font  établis  pour 
être  les  correïLurs  &  réformateurs  des_  abus  de  la 
Police  ,   des  mœurs  dépravées  des  habitans. 

Correcteur  ,  nom  de  charge  &:  de  dignité  cnez  les 
Romains.  Cétoit  un  Magiftrat  que  les  Empereurs 
envoyoient  dans  les  Provinces  ,  ôc  dont  parle 
Treb,  PoUion  ,  dans  la  vie  Ai  Teirujue père  ,  c.  15. 
Vopifcus,  dans  celle  d'Aurclun,  c.  59  ,  Europe  , 
L.  IX,  c.  9.  Foyei  encore  Saumaile  fur  Solin  ,  p. 
2>o6'  M.  de  Tillemont  remarque  ,  Hijl  des  Emp. 
T  r,p.  3<J3,  qu'ils  étoient  ]uges  ordinaires  avec 
les  Confulaires  &  les  Prcfidens.  L.  Celius  Rutus 
avoir  été  correcteur  de  la  Tofcane  &  de  l'Ombrie. 

DE   TlLLEM. 

Correcteurs  des  Comptes  ,  font  des  Officiers  de 
la  Chambre  des  Comptes  qui  marchent  entre  les 
maîtres  &  les  auditeurs  ,  &  qui  font  rétablis  pour 
réformer  les  erreurs  qui  le  font  gliflees  dans  les 
comptes  ,  lors  de  leur  premier  examen.  Regiarum 
rationum  cognitores.  La  corredion  des  comptes 
le  faifoient  ordinairement  par  des  clercs  ,^  avant 
que  les  corrcaeiirs  fulîent  érigés  en  titre  d'office. 
Charles  VI,  par  fon  édit  de  l'an  141  o  ,  créa  deux 
correcîeurs  ,  pour  la  révifion  &  correélion  des 
comptes.  On  en  a  depuis  fort  augmenté  le  nom- 
bre. Koyei  le  Guidon  des  financiers  ,  &  les  Anno- 
tations du  corrccleur  Gelée.  L'emploi  de  correcteur 
des  comptes  n'etoit  d'abord  qu'une  commiffion.  En- 
fuite  il  a  été  érigé  en  titre  d'office. 

Correcteur  d'Imprimerie  efl;  celui  qui  relit  &  qui 
corrige  les  épreuves  des  livres  qu'on  imprime. 
Correcior  ,  emendator.  L'avantage  d'un  livre  efl:  de 
pafler  par  les  mains  d'un  bon  correcteur. 

Correcteur  ,  en  termes  de  collège,  eft  celui  qui  châ- 
tie &  qui  fouette  les  écoliers  par  l'ordre  du  Ré- 
gent ou  du  Préfet. 

Correcteur  eft  auflî  dans  plufieurs  couvens  ,  le 
fupérieur  qui  régit ,  &  qui  gouverne  le  couvent , 
&  qui  efl:  maître  de  la  dilcipline  des  religieux  : 
tel  eft  le  correcteur  des  Minimes  ,  auquel  néan- 
moins ,  depuis  quelque  temps  les  Minimes  eux- 
mêmes  commencent  à  donner  le  nom  de  fupérieur. 
Dans  l'ordre  de  Grandmont ,  on  donnoit  auffi  au 
treizième  fiècle  ,  le  nom  de  correcteur  au  fupérieur 
de  la  maifon, 

S.  Etienne  de  Grandmont  recevoir  les  difciplcs 
qui  venoient  à  lui ,  à  condition  qu'ils  ne  lui  don- 
neroient  jamais  le  nom  de  maître  ni  d'Abbé  ; 
mais  feulement  l'humble  titre  de  correcteur.  P, 
HÉLYOT,  T.  Fil,  p.  ^lU 

A  l'exemple  de  ce  faint  ,  les  fupérieursdumême 
ordre  ont  auflî  porté  le  nom  de  correcteur.  Le 
correcteur  du  monaftcre  de  Vincennes  près  Paris , 
étoit  le  premier  viliteur  de  l'abbaye  de  Grand- 
mont ,  chef  d'ordre  ,  Se  confirmoit  auffi  l'élec- 
tion de  l'Abbé  avec  les  Prieurs  de  Bois  Rayer , 
du  Puits  Chévrier  ,  &  de  Detfends,  P.  Hélyot  , 
U.  p.  414.  Guillaume  Treynac  ,  V^  Prieur  de 
Grandmont,  réduifit  fi  bien  les  convers  qui  exer- 
çoient  l'office  de  correcteurs  aufli  bien  que  les 
clercs ,  qu'il  leur  donna  l'exclufion  pour  toutes  les 
fupériorités  des  maifons  de  l'ordre.  Id. /?.  41  (>. 

CORRECTIF  ;  f,  m.  fC?  ce  qui  a  la  propriété  de 
corriger  ,  de  tempérer.  Corrigens ,  emendans. 

^fT  On  le  dit  figurément  en  grammaire  de  tout  ce 
qui  réduit  un  mot  à  fa  propre  fignification  ,  une 
penféc  à  fon  vrai  fens ,  comme  les  adverbes  ,  les 
propoiirions  ,  les  épithètes  qui  fervent  à  modifier 
&  rempérer  l'acception  ,  &  généralement  de  tout 
ce  qu'on  emploie  dans  le  difcouis  pour  faire  paf- 
fer  favorablement  quelque  propofition  ou  quelque 
expreffion  trop  forte  &  trop  hardie.  Par  exemple , 
s'il  efl:  permis  de  parler  ainfi ,  pour  ainfi  dire,  & 
autres  femblables  expreffions.  Cette  propofition  a 
befoin  de  quelque  correctif.  Un  orateur  ne  doit 


COR 

point  hafarder  un  mot  barbare  ,  ou  nouveau  ,  fans 
quelque  correctif,  ou  adouciflement. 

gcr  On  le  dit  aufli  en  Morale  de  Ce  qui  réduit  une 
adion  à  l'équité  ou  à  l'honnêteté. 

Vous  fçavez  le  correc?i/imporrant  &  néceflaire, 
dont  on  à  eu  foin  de  nous  prémunir  ,  pour  ne 
pas  abufer  de  cette  maxime.  Bourd  Exlwrt.  T.  I , 
p.  207.  La  honte  du  Fils  de  Dieu  eft  comme  le 
modèle  ou  le  correctif  à&  la  nôtre.  Id. // 5/^.  75. 
Correctif  fe  dit  aufli  en  Médecine,  de  ce  qui 
tempère  &  adoucit  les  humeurs  &c  les  médica- 
mens.  Temperamentum.  La  graille  eft  le  correctif 
des  fels  acres  qui  s'engendrent  dans  le  fang.  L'ef- 
prit  de  vin  eft  le  correctif  àc  l'efprit  de  fcl.  L'anis 
eft  le  correctif  à\x  féné  ,  il  difllpe  les  flatuolités  qui 
donnent  des  tranchées, 

CORRECTION  ,  f.  f.  adion  par  laquelle  en  cor- 
rige. Correctio  ,  emendatio.  Les  Magiftrats  font  éta- 
blis ,  les  loix  font  faites  pour  la  correction  des 
mcEurs.  Les  États  ,  les  Conciles  s'afiemblent  pour 
la  correction  des  abus  ,  le  rétablilîement  de  lar^ 
difcipline. 

Correction  ,  pureté  de  la  bngue.  Obfervation 
fcrupuleufe  des  règles  de  la  Grammaire.  L'exadi- 
tudc  tombe  fut  les  faits  &  fur  les  chofes  -,  la  correct 
tion  fur  les  mots.  |p"  H  fe  pique  d'une  grande 
correction.  Son  ftyle  eft  d'une  grande  correction. 
Les  Anglois  n'étoient  pas  encore  parvenus  du 
temps  de  Waller  à  écrire  avec  correction.  Voltaire. 
Ce  qui  conftitue  une  lettre  bien  écrite  ,  neconfifte 
pas    feulement  dans   la  correction   duftyle    ,    &'c> 

MoNTCRlF. 

gC?  Correction  fe  dit  aufli  de  ce  que  l'on  fait  pour 
rcdifier  un  défaut.  Dans  ce  fens ,  le  mot  de  cor- 
rection regarde  toutes  fortes  de  fautes ,  foit  en  fait 
de  mœurs  ,  foit  en  fait  d'efprit  ou  de  langage.  On 
dit  qu'un  ouvrage,  foit  de  l'efprit,  foit  del'arr, 
a  befoin  de  correction  ;  qu'il  y  a  des  chofes  qui  de- 
mandent correction  ;  qu'une  correction  eft  bonne. 
Un  cenfeur  cherche  à  s'élever  au  defllis  de  celui 
qu'il  cenfure  par  la  fupérioritéde  fa  correction.  S, 
EvR.  On  dit  en  ce  fens ,  correction  ,  en  matière 
d'Imprimerie  ,  &  l'on  entend  par  ce  mot ,  les  fau- 
tes corrigées  fur  une  épreuve.  Voilà  la  féconde 
correction  de  cette  épreuve. 

Dans  l'Imprimerie  ,  on  appelle  auflî  corrections , 
ce  que  l'on  écrit  à  la  marge  ,  ou  à  l'interligne 
d'une  épreuve  ou  d'un  manufcrit  pour  les  corri- 
ger. AcAD.  Fr. 

Correction  fe  dit  auflî  d'une  fimpîe  admonition  , 
d'un  avertiflement  de  charité  ou  d'amitié.  Admo- 
nitio  ,  animadverjïo.  La  correction  fratetnelle  eft 
condamnée  par  l'Évangile  ;  mais  elle  doit  être  faite 
avec  prudence  &  modeftie.  Les  Supérieurs  quel- 
quefois convertiffent  la  corrt-ffion  chrétienne  qu'ils 
ont  droit  d'exercer  en  une  dominarion  mondaine, 
qui  fait  perdre  le  refped  qu'on  avoit  pour  eux. 
Des  corrections  indifcrètes  font  quelquefois  plus 
de  mal  ,  que  le  vice  même  qu'on  veut  corriger, 

ViLL. 

//  faut  mettre  le  poids  d'une  vie  exemplaire 
A  ces  corrections  qu'aux  autres  on  veut  faire. 

Moi. 

Tous  les  dévots  de  cœur  font  aifés  à  connaître  ; 

Ils  ne  cenfurent  point  toutes  nos  actions , 

Ils  trouvent  trop  (T  orgueil  dans  ces  correélions.  Id. 

Correction  fignifie  encore  amendement ,  change- 
ment de  maf  en  bien  de  la  difpofition  du  cœur  ou 
de  l'efprit.  Morum  mutatio  in  melius.  On  a  beau 
ftire  des  prédications ,  on  ne  voir  point  de  cor- 
rection ,  le  peuple  n'en  profite  point. 

^  Correction  fe  prend  encore  pour  châtiment , 
punition  ,  &  pour  le  pouvoir  de  reprendre  &  de 
punir.  Animadverjïo,  cafligatio.  Ainfi  l'on  dit  qu'un 
père  ufe  de  correction  envers  fes  enfans ,  un  maî- 
tre envers  fes  domeftiqucsj  &  que  les  enfans  font 


COR 

fous  la  correction  de  leur  père  ,  les  valets  Tous  celle 
de  leurs  maîtres.  On  ne  peut  pas  empêcher  le  mal 
que  font  ceux  qui  ne  font  pas  Ibus  notre  corrcUlon. 
Les  pères  ont  droit  de  correclion  fur  leurs  enfans , 
les  maris  fur  leurs  femmes  ,  les  maîtres  Air  leurs 
domeftiques ,  mais  modérément. 
%fT  On  appelle  maifons  de  correclion  ,  des  lieux  où 
font  enfermées  par  autorité  de  juftice  ,  des  perfon- 
nes  de  mauvaifcs  mœurs,  ou  qui  fe comportent  mal. 
Il  y  a  des  maifons  de  correction  pour  les  hommes , 
&;  d'autres  pour  les  femmes. 
Correction  efl  auifi  un  bureau  où  les  correcteurs 
des  comptes  travaillent  Se  réforment  les  erreurs  qui 
fe  font  gliifées  dans  les  comptes.  Correctio ,  emen- 
datio.  On  a  mis  le  compte  d'un  tel  à  la  cor- 
rection \  c'cft-à-dire ,  on  l'a  porté  en  cette  cham- 
bre pour  le  voir  &  le  réformer. 
Corrections  de  quartier  ,  en  terme  de  navigation , 
font  les  méthodes  par  lefquelles  on  corrige  les 
récries  de  la  navigation. 
Cos-RECTioN  ,  en  termes  de  pharmacie  ,  efl:  une  pré- 
paration du  médicamenr ,  pour  en  diminuer  l'ac- 
tion trop  violente  ,  comme  quand  on  calcine'  le 
verre  d'antimoine  avec  un  peu  de  falpêtre  ,  ou 
pour  empêcher  les  tranchées ,  comme  quand  on 
diffout  du  fcl  de  tartre  dans  l'infufion  du  féné. 
Temferatio. 
Correction  eft  auffi  un  terme  de  Rhétorique,  Cor- 
ref7/o.  C'eft  une  figure  par  laquelle  on  condamne 
fes  premières  exprelfions  ,  &:  on  les  corrige  comme 
trop  foibles.  La  correction  augmente  &:  amplifie 
le  difcours.  La  correclion  eft  touchante  &  pathéti- 
que ,  quand  elle  eft  bien  faite.  Je  l'aim»  5  que 
dis-je  5  aimer ,  je  l'adore. 
Correction  de  dejjein,  terme  de  Peinture.  Les  Pein- 
tres fe  fervent  ordinairem.ent  de  ce  terme  pour  ex- 
primer l'état  du  dedein  qui  eft  exempt  de  fautes 
dans  les  mcfures.  Cette  correclion  dépend  de  la 
juftelfe  des  proportions  &;  de  la  connoiflance  de 
i'anatômie.  de  Piles.  ^fT  C'eft  l'exaifle  obfervation 
des  proportions  ,  &  la  jufte  difpofirion  des  figures 
qui  rendent  le  deflein  correél ,  indépendamment 
du  coloris.  Raphaël  s'eft  diftingué  jjans  la  correc- 
tion du  deffein. 

On  dit  adverbialement ,  Cznf  correclion ,  ou  fous 
correction  ,  par  civilité  ,  ou  par  refpeét ,  pour  cor- 
riger &  adoucir  quelque  chofe  qu'on  a  dit  de  trop 
libre  ,  ou  qui  pourroit  offenfer  quelqu'un.  Pace 
tud,  tuâ  bond  veniâ  ,  Honos  dur  ibus  fit. 

Les  Avocats ,  en  plaidant ,  difent  ,y(r«/ou  fous 
correclion  de  la  cour  ,   ou  Amplement ,  fauf  ou 
Cous  correclion.  Tout  paffe  dans  le  ftyle  du  Palais. 
Partout  ailleuts  ,  cette  façon  de  parler  eft  bour- 
^eoife. 
CORRECTIONNEL,  ELLE  ,  adj.  qui  appartient  à 
la  correélion.    Ai   correctionem  pertinens.  Juri- 
diélion  correctionnelle.  Cela  ne  feroit  point  ma- 
tière de  la  juridiction  correctionnelle.  Il  y  a  des  fau- 
tes foumifes  à  la  juridiClion  correctionnelle  ,   que 
plufieurs  Chapitres  font  en  poflefTion  d'exercer  par 
leur  officiai. 
CORRECTOIRE  ,  f.  m.  nom  en  ufage  chez  les  Mi- 
nimes. Correuoriiim.  Le  Correaoire  eft  un  livre  que 
S.  François  de  Paule  a  fair  pour  fes  religieux  ,  & 
dans  lequel  il  a  mis  les  pénitences  qu'il  faut  im- 
pofet  dans  fon  ordre  pour   les  tranfgtellions  des 
commandemens  de  Dieu  &  de  rÉglifejSc  les  pré- 
varications de  la  règle.  P.  Hélyot  ,  T.  Fil, p.  417. 
Le  Correcloire  fut  approuvé  par  Jules  II.   Le  P. 
Thuillier  ,  Minime  ,  a  donné  une  tradudion  de 
la  règle,  du  corre&oire  8c  du  cérémonial  ,  avec 
des  remarques  hiftoriques  llir  ces   trois  ouvrages. 
]D.  Ibid.  p.  ^3.4. 
CORRECTRICE  ,  C.  f.  celle  qui  corrige.  Ce  mot 

eft  nouveau.  Danet.  Emendcttrix. 
Correctrice,  nom  que  l'on  donne  à  la  fupcrieure 
d'un  couvent  de  Religieufes  Minimes.  Correcîrix. 
La  différence  qu'il  y  a  entre  les  correctrices  des  Re- 
ligieufes Minimes  &  les  Ccrredteuts  des  Religieux, 


Cor         9^:j 

c  eft  que  les  correctrices  ne  font  élues  que  tous  les 
trois  ans,&  que  les  corrcéleurs  doivent  être  élus  tous 
les  ans.  P.  Hélyot,  T.  f^II, p.  ^j^6.  Ce  mot  fe  dit  àt 
même^  dans  le  Tiers-Ordre  de  S.  François  de  Paule*. 
CORREGENCE  ,  f  f.  l'office  ou  la  dignité  de  celuii 
qui  eft  régent  conjointement  avec  un  autre;,  Ils 
portèrent  le  P.  Sirmond  fon  confeifeur  à  lui  pro- 
pofer  la  corregence  pour  Monfieur  avec  la  Reine* 
M.  DE  LA  Châtre  ,  dans  fes  Mémoires. 
CORRÉGENT  ,  f  m.  régent  conjointement  avec  un 
autre.  M.  de  la  Châtre  ,  dans  fes  Mémoires ,  fe  ferr 
de  ce  terme.  Son  Alteife  I^oyale  perdant  toute 
elpérance  d'être  corregent. 
CORREGIE)OR  ,  f  m.  nom  d'un  Officiet  de  juf^ 
tice  en  Elpagne ,  &  dans  les  pays  fournis  à  l'Ef- 
pagne.  C'eft  le  premier  Officier  de  jiiftice  d'une 
ville  ou  d'une  province  ,  d'une  juridiétion  ;  Sé- 
néchal ,  Bailli.  Proitor.  La  juftice  fe  rend  dans  les 
terres  d'Amérique  foumifes  au  Roi  d'Eipagne.  Le 
Corrégidor  en  eft  le  chef.  Il  a  fous  lui  plufieurs 
Confeillers  &  Avocats.  Mém.  de  Tr,  Quelques-uns 
appellent  en  notre  langue ,  le  corrégidor  ,  Gouver- 
neur -,  mais  ce  font  deux  charges  diftinguées.  Oïl 
tâchera  dabord  d'engager  le  Gouverneur  &  le 
corrégidor  à  rançonner  la  ville.  Mém.  de  Tr,  Les 
corregidors&c  les  Gouverneurs  amaffent  en  très-peu 
de  temps  de  grands  biens.  Le  dernier  corrégidor 
qui  mourut  à  Guiaquil ,  laiila  à  fes  héritiers  plus 
de  500000  pièces  de  huir.  Ibid. 

Corrégir  ,  en   Efpagnol ,  fignrfie  corriger  ,  châ- 
tier,  &i  corrigidor  proprement  correcteur. 
CORRÉGIO  ,  petite  ville  d'Italie  ,  Capitale  de  la 
principauté  de  même  nom  dans  le  Modénois.  Corre- 
gium.   Elle    fe  rendit  auPrince  Eugène  en  170«?  j 
elle  eft  à  quarte  lieues  de  Modène. 
CORRELAIRE  ,  m,  vieux  mot ,  falaire ,  loyer. 
CORRELATIF,  IVE ,  ^ff  terme  qui  marque  une  rela- 
tion   commune   &    réciproque  entre    deux  cho- 
fes  \    qui  dcfigne  deux    chofes    qui  ont    rapport 
entte    elles ,  &    qu'on  confidère   par  ce  rapport. 
Le  père  &  le   fils  font  deux  corrélatifs.  Pater  & 
filius  mutub  fibi  refpondent.   La  lumière  &  les  té- 
nèbres ,  le  mouvement  &  le  lepos  font  des  termes 
corrélatifs  8c  oppofés.  Sunt  duo  correlativa. 
CORRÉLATION  ,  f.  f.  relation  commune  &  iréci- 
proque  entre  deux  chofes.  Il  y  a  corrélation  entre 
le  père  &  le  fils  ,  entre  la  lumière  &:    las   ténè- 
bres. La  nature  de  (fF  la  corrélation  confifte  dans 
le  rapport  de  deux  qualités  dont  l'une  ne  peut  fe 
concevoir  fans  l'autre. 
CORRÉSO  ,  f  m.  nom  d'un  oifeaU  de  l'Amérique, 
Le  corréfo  eft  plus  gros  qu'une  poule  d'Inde  ordi- 
naire. Le  mâle  eft  noir ,  &:  a  une  huppe  de  plumes 
noires  fur  la  tête.  La  femelle  eft  d'un  brun-obfcur. 
Les  corréfos  fe  rtourriflent  de  baies  ,  &  l'ont  aifez 
bons  à  manger  \   mais  on  dit  que  leurs  os  font 
venimeux",  delà  vient  qu'on  les  brûle i  ou  qu'on 
les  enterre  ,  de  peur  que  les  chiens  n'en  mangent, 
CoRRÉso  eft  un  mot  Efpagnol  ,  qui  fignifie  coriace. 
Ip-  CORRESPONDANCE  ,  f.  f  relation  que  des 
Marchands   ont   enfemble  pour  leur   commerce. 
Cet  homme  a  des  correfpondances  dans  toutes  les 
villes  de  l'Europe,  entretient  des  correfpondances 
dans  les  pays  étrangers.  Il  eft  en  correfpondance 
avec  telles  &:  telles  perfonnes. 
Correspondance  fe  dit  aulTi  des  perfonnes  avec  lef 
quelles    on    entretient  commerce  de   lettres.  Ma 
correfpondance  m'écrit.    Mes  correfpondances  me 
manquent.  Ac,  Franc, 
03="  Correspondance    fe   dit  aufTi  des  différentes 
liaifons ,  ou  relations  que  des  perfonnes  ont  enil-m- 
ble.  Avoir  correfpondance  de  lettres  avec  quclqu'im. 
commercium  habere  litterarum.  Entretenir  corref- 
pondance avec  les  gens  de  lettres  ;  je  n'ai  aicune 
correfpondance  avec  lui.  Nullius  rei  ùommerciurn 
mihi  cnm  illo  eft. 
ifT  Correspondance   fe  dit  encore  pour   confor- 
mité ,  accord  entre  deux  perfonnes  pour  certaines 
chofes.    confenfus  ,   confenfio.  Il   n'^  a  point  de 


$.?4  COR 

correfpondance  d'humeur ,  ni  de  fentimens  entre 
le  mari  &:  la  femme.  Le  père  a  trouve  dans  fon  fils 
une  pariaitc  correfpondance  à  les  intentions.  On 
le  dit  de  même  des  rapports  que  les  êtres  peuvent 
avoir  entr'eux.  On  le  dit  de  deux  idées  ,  de  deux 
mots,  de  deux  chofes ,  iorlqu'elles  oftt  un  même 
rapport  avec  une  troilicme  à  laquelle  on  les  rap- 
porte. 

§3"  CORRESPONDANT ,  f.  m.  terme  de  commer- 
ce. Marchand  qui  ell:  en  commerce  réglé  avec  un 
autre  ,  par  le  moyen  duquel  il  exerce  Ion  négoce 
d'une  Place  à  l'autre.  Ncgociorum procurator.  J'ai 
écrir  à  mon  correffondarn  , -mon  correjponda/u  me 
mande  que,  &c. 

IJCT  On  le  dit  généralement  de  celui  avec  qui  on  efl 
en  Société  dans  un  commerce  réglé  de  lettres  , 
foit  ponr  affaire  ,  foit  pour  nouvelles.  Je  luis  in- 
formé de  tous  les  événemens  qui  peuvent  être  de 
«quelque  coulëquence.  Mon  correfpojidam  me 
mande  les  cliofes  avec  autant  d'exaditude  que  de 
fidélité.  Ille  qui  curn  mihi  litterarum  commercium 
efi ,  &CC. 

§Cr  CORRESPONDANT,  ANTE,  adi.  qui  s'appli- 
que à  des  chofes  qui  fe  correfpondent.  Voyez  ce  mot. 
,  Angles  correfpondans  ,  lignes  correfpondanles.  Sihi 
mutuo  refpondentes. 

^  CORRESPONDRE  ,  v.  n.  répondre  de  fa  part, 
faire  réciproquement  de  l'on  côté  ce  que  l'on  doit. 
Rej'pondere  alicui  in  aliqua  re.  Les  enfans  ne  cor- 
rej'pondent  pas  toujours  aux  defléins  de  leurs  pères 
pour  leur  fortune  ,  ou  pour  leur  éducation.  Les 
Amans  fc  plaignent  to4jjburs  que  leur  Maîtrclîc 
ne  correspond  pas  à  leur  paillon.  Faites  ce  que  vous 
pourrez  pour  cette  affaire  ,  j'y  correspondrai  de  ma 
part.  Correfpondre  à  la  grâce  ,  aux  infpirations 
que  Dieu  nous  envoie. 

^fT  Correspondre  lignifie  auili  avoir  du  rapport, 
de  la  conformité  ,  de  la  proportion  ,  fymétrifer. 
Convenire  ,  congruere.  Ces  deux  pavillons  fe  cor- 
refpondent ,  font  fymétrie. 

CORRIDOR  ,  f.  m.  terme  de  fortification.  C'cft 
un  chemin  fur  le  bord  du  fofle  en  dehors, qui  fait 
tout  le  tour  des  Fortifications  de  la  place.  Imini- 
tiens  fofja:  ponicus  ,  via propier  foffdm  terreno  ag- 
gere  teaa.  On  l'appelle  autrement  c/zt'OTi'racoavt'rf, 
&:  même  ce  terme  cil  plus  ufîté,  parce  qu'il  eft 
couverr  du  glacis  ,  ou  efplanade  qui  lui  fert  de  pa- 
rapet. Le  corridor  ell  large  ordinairement  de  trois 
ou  quatre  toifes. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  coridore  ,  ou  de  l'efpa- 
gnol  coredor.  Quelques-uns  difent  couridor. 

Corridor,  terme  d'architeélure  ,  eft  une  galerie, 
étroite  autour  d'un  bâtiment ,  qui  conduit  à  plu- 
lieurs  chambres  dégagées  l'une  de  l'autre.  Opcrium 
iter  ex  altéra  parte  dormis  in  altérant. 

^J-  CORRIGER ,  V.  a.  c'eft  en  général  reiftifier  ou 
montrer  la  manière  de  reélifiet  les  défaurs  foit 
en  fait  de  mœurs  ,  foit  en  fait  d'efprit  &  de  lan- 
gage. Corrigere,  emendare.  On  le  dit  des  perfonnes 
&  des  chofes ,  on  ne  corrige  pas  celui  qu'on  pend  , 
dit  Montagne  :  on  corrige  les  autres  par  lui. 
L'expérience  prouve  qu'on  ne  corrige  perfonne  , 
&C  que  l'exemple  eft  en  pure  perte.  Prenez  garde  de 
ne  point  irriter  celui  que  vous  voulez  corriger  :  fi 
vous  le  reprenez  avec  chagrin  ,  c'eft  le  ftyle  de  la 
haine  ,  plutôt  que  de  l'amitié.  Vill.  L'Evêque 
doic  cenfurer  en  père  qui  corrige ,  &  non  en  en- 
nemi qui  fe  venge.  Herman.  Là  morale  ne  s'oc- 
cupe qu'à  corriger  les  déréglemens  du  cœur.  S. 
EvR. 

Sans  dire  ,  comme  vous  ,  des  injures  aux  gens , 
Molière  a  corrigé  les  vices  de  fon  temps. 

Pradon. 

^C?  On  corrige  les  vices  des  hommes  &  les  défauts 
d'un  tableau  ,  d'un  deflein,  &c.  J'avois  fait  le  plan 
de  ma  maifon  ,  un  tel  me  l'a  corrigé ,  le  maître  cor- 
rige les  coHipcfitions  de  fes  écoliers.  On  corrige 


COR 

rîmgrelTîon  d'un  livrg  ,  on  corrige  les  épreuves. 
Voyei  Correcteur  ,  Correction  ,  ÉpREuvEs.On 
corrige  une  copie  fur  l'original. 

ÇCF  Corriger  fe  dit  auffi  en  fait  de  mœurs  &  de 
conduite ,  dans  la  lignification  de  réprimander  , 
châtier.  Cafiigure ,  animadvertere  in  aliquem.  Les 
fupérieurs  font  en  droit  de  corr/§'<;r  leurs  inférieurs, 
un  père  corrige  fes  enfans  ,  un  Prieur  corrige  fes 
religieux  ,  un  régent  corrige  fes  écoliers. 

Corriger  ,  fignifie  auiTi  tempérer.  Temperare.  La  ref- 
pirarion  corrige,  tempère  la  chaleur  de  la  poitrine. 
Corriger  les  humeurs  peccantes.  Il  faut  corriger  la 
crudité  de  l'eau  avec  un  peu  de  vin.  On  peut  cor- 
riger  l'influence  des  aftres  malins.  Bon. 

1^  Ce  verbe  eft  encore  employé  dans  la  fignification 
de  réparer.  C'eft  ainfi  que  l'on  dit  Corriger  l'injuf- 
tice  du  fort ,  de  la  fortune.  Les  latins  on  dit  de  mê- 
me ,  corrigere  curfu  tarditatcm.  Réparer  fon  retar- 
dement à  force  de  courir. 

Non  ,  il  faut  à  tes  yeux  dépouiller  l'artifice , 
Je  fus  de  mon  dejlin  corriger  l'injufice. 

Racine, 

CORRIGER,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifie, 
devenir  meilleur,  s'amender  ,  fe  défaire  de  fes  dé- 
fauts ,  de  fes  mauvaifes  habitudes.  Ad  bonam  fru- 
gemfe  recipere,  in  melius  rnutari.Vcu  de  gensfont  af^ 
fez  raifonnables  peur  vouloir  bien  fe  corriger.  M, 
ScuD. 

Si-tôt  que  fur  un  vice  ils  penfent  me  confondre  , 
Cefl  en  me  corrigeant  que  je  f  ai  leur  répondre. 

Bon, 

On  dit  proverbialement,' Avocat,  corrige:^  vo- 
tre plaidoyé  ;  pour  dire  ,  changez  de  langage  ,  par- 
lez avec  plus  de  circonfpedlion ,  plus  de  fagefîe  , 
plus  de  vérité.  Ce  qui  vient  d'une  ancienne  formule 
de  prononcer  des  appointemens ,  qu'on  obferve  en- 
core dans  les  Provinces  où  l'on  ordonne  que  les 
Avocats  corrigeront  &  remettront.  On  dit  aufli  pro- 
verbialement ,  corriger  Magnificat  à  Matines; pour 
dire ,  repramdre  mal  à  propos.  Ac.  Fr. 

03°  Nous  joindrons  ici  les  remarques  de  M.  l'Abbé 
Girard  fur  la  vraie  fignification  des  verbes  corriger  , 
reprendre ,  réprimander  que  l'on  confond  fouvent 
dans  l'ufage  ordinaire. 

gCT  Celui  qui  corrige  montre  ,  ou  veut  montrer  la 
manière  de  redlifier  un  défaut  ,  celui  qui  reprend- 
ne  fait  qu'indiquer  ou  relever  la  faute  ;  celui  quî 
réprimande  prétend  punir  ou  mortifier  le  coupable. 

fSB'  Corriger  regarde  toutes  fortes  de  fautes ,  foie 
en  fait  de  mœurs  ,  foit  en  fait  d'efprit  ou  de  lan- 
gage. Reprendre  ne  fe  dit  guère  que  des  fautes  d'ef- 
prit 5c  de  langage.  Réprimander  ne  convient  qu'à 
l'égard  des  mœurs  &:  de  la  conduite.  Il  faut  favoir 
faire  pour  corriger.  Peu  de  gens  favent  corriger  : 
beaucoup  fe  mêlent  de  reprendre  :  quelques  uns 
s'^viCenv^de^  réprimander  fans  autorité. 

■CORRIGÉ ,  ÉE ,  part.  Il  a  les  mêmes  fignifications 
que  fon  verbe  ,  en  latin  comme  en  francois. 

CORRIGIBLE,  ad),  m.  &  f.  Qui  fe  peut  corriger. 
Qui  ,  ou  quod  emendari  ,  corrigi  potefl.  Il  n'eft 
guère  en  ufage  qu'avec  la  iK'gative.  Cet  homme  n'eft 
pas  corrigible.  Cette  faute  d'imprellion  n'eft  plus 
corrigible  ,  car  la  forme  eft  rirée  à  fonds.  On  le 
dit  plus  ordinairement  des  mœurs. 

CORRIGIOLE  ,  ['.  £  plante  qu'on  appelle  autrement 
renouée.  Voyez  Renouée.  On  l'a  nommée  corri- 
giole  du  latin  corrigia  ,  courroie  ,  à  caule  qu'elle 
eft  fi  longue  &c  fi  pliante ,  qu'on  en  pourroit  faire 
une  courroie.  Polygonum, 

CORRIVAL,  f  m.  vieux  mor  relatif,  qui  fignifioit 
otiginairement  celui  qui  tiroit  de  l'eau  d'une  mê- 
me fou rce  qu'un  autre  ,  qui  la  conduifoit  par  un 
même  canal  pour  la  faire  venir  liir  fes  terres,  &  pour 
cela  avoir  fouvent  conteftation  avec  lui.  Rivalis  , 
(cmulus.  Depuis  on  l'a  dit  de  ceux  qui  ont  les  mt- 


COR 

mes  prétentions ,  qui  aipirent  en  même  temps  à  la 
mcme  choie  ,  qui  aiment  une  même  t'emme  •,  au 
jourd'liLii  il  n'eft  plus  d'ulage.  On  dit  rival  dans  la 
même  fignification. 

CORROBORATIF,  IVE,ad).  terme  de  Médecine, 
qui  donne  ou  augmente  les  forces.  Corroborant, 
Tous  les  cardiaques  ibnt  cor  roboratifs.  Des  tablet- 
tes ,  des  poudres ,  des  potions  corruboratives, 

C0RR0B0B.ATIF  cfl:  aulfi  quelquefois  ilibftantil-".  Phar- 
maciim  ,  mcdicamentuni  corrotorans.  Cet  hom- 
me a  be.'bin  de  bons  corroboratifs. 

CORROBORER,  V.  a.  fortifier  une  partie  foiblc,  ou 
malade.  Corroborare.  Il  y  a  plulicurs  remèdes  qui 
corroborait  les  parties  débiles.  Il  fe  met  quelquefois 
abfolument.  Le  vin  fert  à  corroborer.  On  le  dit 
principalement  des  alimens  ,  fie  de  l'homme  feule- 
ment. 

Corroboré  ,  ée  ,  part. 

CORRODANT ,  ANTE  ,  adj.  le  même  que  Cor- 
rosif. 

COR.RODER  ,  V.  a.  ronger  petit-.à-petit.  Corrodere. 
Il  fe  dit  de  la  vermine  à  l'égard  des  grains.  On  le 
dit  aufîi  des  acides  à  l'égard  des  autres  corps  na- 
turels ,  des  humeurs  malignes  &  des  chofes  qui  par 
une  certaine  acrimonie  ou  pat  une  qualité  cau- 
ftique  rongent  les  patries  des  corps.  Les  vers  cor- 
Todait  les  blés  ,  les  étoffes.  L'arlénic  tue  ,  parce 
qu'il  corrode  les  boyaux  avec  fes  petits  atomes  aci- 
des &  pointus.  L'eau  forte  corrode  les  métaux  & 
les  ronge.  Ce  mot  eft  en  ufage  en  Médecine ,  en 
Chimie  ,  dans  les  iciences  naturelles ,  &  dans  quel- 
ques arts. 

Corrodé  ,  ée.  part. 

%fj  CORROI  ,  f.  m.  façon  que  le  corroyeur  donne 
aux  cuirs  pour  les  rendre  propres  aux  ufages  aux- 
c|uels  on  les  deftinc.  Voye^  Corroyeur  &  Cor- 
royer. 

^CT  CoRROi ,  en  architedure  hydraulique  ,  fignifie 
auffi  un  raaffif  de  terre  glaife  propre  à  tenir  l'eau  ; 
en  ce  fens  on  dit  ,  faire  un  corroi.  C'eft  par  le 
moyen  des  corrois  que  les  bafTms  &  les  fontaines 
retiennent  l'eau. 

CORROI.  Voyei  CouRROi. 

CORROIS,f.  m.  vieuxmot.  Ordre  de  bataille.  ^c/«.î, 
acies  injlnicla.  Et  l'Empeiètes  Alexis  les  attendoit 
à  granz  batailles ,  &  à  granz  corroii  de  l'autre  part. 

ViLLEHARD  ,  112-%°, 

On  écrivoir  aufTi  conroy.  La  Chronique  de  Flan- 
dre ,  ch.  7-'.  Et  tantôt  fe  mirent  les  François  en 
conroy. "Lq  Traité  manufcrir  des  Tournois  des  Che- 
valeirs  de  la  table  ronde  :  &  ainlî  pat  ceft  ordre  fe 
mêloient  tant  qu'il  y  avoit  de  batailles  ad  ce  que 
les  conrois  eftoient  aflemblés.  Guill.  Guyart. 

Toute  la.  sent  que  H  Roi  a , 
Et  qui  s'ejt  a  lui  arree , 
Se  tient  d'autre  fart  ferrée. 
En  conroi  nul  ne  s'en  ejioche, 

Voyei  Spelman  5i^  la  Glofe  de  Sommerius  fur  les 
Hifi.  d  Angleterre  au  mot  corredium.  Du  Frêne  , 
Gloffaire  de  Villehardouin. 

CORROMPRE.  V.  a.  Je  corromps  ,  je  corrompis  , 
j'ai  corrompu  ,  je  corromprai  ,  que  je  corrompe , 
que  je  corrompijfe.  Altérer  la  nature  de  quelque 
chofe  ,  la  gâter ,  la  changer  en  mal.  Corrumpere  , 
vitiare.  La  fièvre  en  peu  de  temps  corrompt  touzç 
la  maffe  du  fang.  La  grande  chaleur  corrompt  la 
viande. 

Corrompre  ,  dans  ce  fens ,  avec  le  pronom  perfon- 
nel ,  fignifie  ,  fe  gâter,  fe  pourrir.  Corrumpi,  vi- 
tiari.  Les  fruits  d'cté  fe  corrompent ,  fe  gâtent  ailé- 
rnent.  Si  le  grain  ne  meurr  ,  &  ne  fe  corrompt 
dans  la  terre  ,  il  ne  fe  multipliera  point ,  dit  l'E- 
vangile. 

Corrompre  (îgnifie  quelquefois ,  dans  les  arts  mécha- 
niques  ,  changer  fimplement  la  forme.  Deformare. 
L'emballage  corrompt  la  forme  d'un  chapeau.  La 


COR 


-V  9  ?  T 

couverture  d'un  livre  le  corrompt ,  lorfqu'il  eft  trop 
manié.  . 

Corrompre  fc  dit  fîgurément  dans  cette  /îgnifica- 
tion.  unniutiire,  adnhsrare.  Les  Hérétiques  cor- 
rompent les  textes ,  les  palfagcs  de  l'Ecriture ,  c'eft- 
à-dire,  les  altèrent,  les  tronquent ,  les  changeur. 
Cet  AvocTUcorrompt  les  Loix  ,  les  détourne  dc'leuc 
vrai  fens.  Lvrrompre \d.Loi  du  Seigneur.  Pasc.  Il 
n'y  a  rien  que  la  crainte  &  la  flaterie  qui  corrom- 
pent la  vente  de  l'Hifloire.  Du  Rier. 

Corrompre  lignihe  au(ii  faire  faire  à  quelqu'un  une 
chofe  contie  Ion  devoir.  Jliquem  corrumpere,  ali- 
cujus  jidem  pretio  labefictare.  Le  Gouverneur  de 
cctre  place  s'eft  laiilc  corrompre  par  argent.  Les  pié- 
fens  &  la  beauté  corrompent  les  Juges.  Quelque  al- 
cendant  qu'on  eût  fur  lui ,  on  pouvoir  le  prévenir , 
mais  non  pas  le  corrompe.  Fléch.  Le  plailir  que 
les  pallions  font  à  l'efptit  le  corrompent  en  Icut  fa- 
veur. Maleb.  Les  Leéteurs  fontd'oidinaire  gagnés 
fie  corrompus  par  les  manières  libres  &  naturelles 
de  Montagne.  Id.  Voilà  des  témoins  qui  ont  été 
corrompus  &  fubornés. 

Corrompre  toujours,  dans  le  fens  métaphyfîque,  fi- 
gnifie dépraver ,  changer  de  bien  en  mal.  Depra- 
vare  alicujus  animum ,  mores  corrumpere.  La  beau- 
té ,  toute  innocente  qu'elle  cil  ,  ne  lailîe  pas  de 
faire  des  coupables  ,  ^  de  corrompre  les  regards. 
Flech.  L'oiiiveté  corrompt  les  plus  généreux  cou» 
rages.  S.  Evr.  La  llatterie  corrompt  la  vertu  ,  &  la 
médifance  la  déctie.  Fléch.  Il  y  a  du  danger  à  re- 
tenir dans  le  monde  des  âmes  tendres  &  fragiles, 
que  la  préfence  des  objets  peut  corrompre  ,  Si  qui 
fepoutroient  fanélifiet  dans  la  rettaite.  C  B.  Les 
cajoleties  de  ce  galant  ont  corrompit  cetts  fille,  il 
a  ttiomphc  de  ion  honneur. 

Non  ,  je  ne  fuis  pas  étonné , 
Que  ton  perfide  cœur,  au  vice  abandonné  y 
Corrompe  ta  raifon  par  de  fa.ujjes  maximes. 

L'Abbé  Tétu. 

gCFCORROMPRE  fe  dit,  dans  lesAtts  mcchaniques , 
avec  le  pronom  perfonnel  ainii  qu'en  parlant  des 
mœurs  ,  du  langage.  Mon  chapeau  commence  à  fe 
corrompre  ;  les  mœurs  fe  corrompent  ;  la  langue 
latine  commence  à  fe  corrompre.  Dans  toutes  ces 
acceptions ,  le  mot  corrompre  préfente  l'idée  d'un 
changement  de  bien  en  mal. 

On  dit ,  en  termes  de  l'Ecriture-Sainte  ,  que  toute 
chair  avoit  corrompu  fa  voie  -,  pour  dire  ,  que  rous 
les  hommes  s'étoient  abandonnés  à  toutes  lottes 
de  ciimes.  Acad.  Fr. 

Corrompre  fe  prend  aufîi  pour  gâter  ,  diminuer , 
troubler.  Turbare ,  perturbare  ,  imminuere. 

Adieu  donc ,  fi  du  plaijir , 
Que  la   crainte  peut  corrompre. 

La  Fontaine, 

Corrompre  eft  auflï  un  terme  de  Corroyeur ,  qui 
fignifie  ,  faire  venir  le  grain  à  un  cuir  de  vache 
par  le  moyen  de  la  pomelle.  Corrompre  la  vache. 

CORROMPU  ,  UE  ,  part.  &  adj.  Corruptus,  depra- 
vatus ,  adulteratus.  Un  mot  corrompu  par  l'ufage. 
Un  lîècle  corrompu  &c  dépravé.  La  raifon  humaine 
efl  trop  corrompue  pour  s'abandonnera  fa  conduire. 
S.  Evr.  Les  perfes  abattus  pat  lamollefTe,  &C  cor- 
rompus pat  les  délices ,  ne  purent  s'oppofer  à  la 
chCire  de  leur  Empire.  Vaitg.  Les  hommes  font  tel- 
lement corrompus  ,  que  ne  pouvant  les  faire  venir 
à  nous ,  il  faut  bien  que  nous  allions  à  eux.  Cette 
erreur  fe  répandit  en  peu  de  temps  par  l'intL*Ili- 
gence  qu'elle  ttouva  dans  les  inclinations  corrom" 
pues  des  hommes.  Nie.  Une  chair  corrompue  SC 
pourrie. 

Corrompu  efl  quelquefois  fubftantif ,  &  alors  il  fi- 
gnifie ,  un  homme  débauché  ,  &  dont  les  maximes 
&  les  mœurs  font  corrompues.  Ceft  un  vieux  cor- 
rompu, ^^  Cette  expreflion  eft  empruntée  de  ce 


^-^^  COR 

qui  Te  pafle  dans  la  gangrène  du  corps ,  &  tranf- 
pontéeà  l'état  de  l'anie -,  ainli,  dilent  les  Encyclo- 
pédiftes  ,  un  cœur  corrompu  eft  un  homme  dont 
les  mœurs  l'ont  aufli  mal  laines  en  elles-mcmes , 
i]u'unc  fubRance  qui  tombe  en  pourriture  ;  &  aull: 
choquantes  pour  ceux  qui  les  ont  innocentes  &  pu- 
tes ,  que  le  IpeClacle  de  cette  lubftance  ,  &  la  va- 
peur qui  s'en  exhale  ,  le  l'eroient  pour  ceux  qui  au 
roient  les  lens  délicats. 
CORROR  ,  V.  n.  mot  du  vieux  langage  ,  pour  dire , 
tomber.  On  trouve  dans  Villehardouin  -.Je  lau  cor- 
ror,  pour  le  laillcr  tomber.  Ce  mot  vient  du  latin 

cornière. 
CORROSIF,  IVE,  adj.  qui  corrode,  qui  ronge  les 
parties  lut  lelquelles  il  eR  applique.  Voys^  Cor- 
roder. Rodens,  jlypùcus.  Le  vitriol  calciné  ,  l'alun , 
le  iublimé  &C  l'arlcnic  font  corrcjifs  ,  à  cauie  de 
l'acrimonie  de  leurs  parties.  Tous  les  remèdes  caus- 
tiques font  corrofifs,  acres  ^^  mordicans.  Il  efl:  auili 
fubftantif.  Le  Chirurgien  a  mis  un  corrojif  for  la 
chair  morte. 
CORROSION ,  f.  £  a^ion  &  effet  de  ce  qui  corrode. 
Corrofio.  On  a  vu  en  ouvrant  ce  corps ,  les  marq'je? 
du   poifon   pat  la  corrojion   des   parties.  ftCT  Ce 
terme  ,  ulité  en  Phylique  6c  en  Médecine ,  eft  nc- 
cellaire  dans  l'ulage   ordinaire,   &   ne  peut  être 
remplacé  par  un  autre. 
CORROYER  ,  V.  a.  terme  de  Corroyeur,  donner  la 
dernière   préparation  au   cuir  après  qu'il  efl  lorti 
de  la  tannerie.  ^  Cette  préparation  conlifte  à  ks 
•parer,  repallcr ,  ratillér ,  adoucir  &:  à  les  renare 
par-là  phis  propres  aux  diiïerens  ulages  auxquels 
on  les  dcftine.  C«riumj'utigtre,  polire.  Les  Orien- 
taux lavent  mieux  corroyer  les  cuirs  que  ceux  d'Eu- 
rope. Ils  ks  lavent  mieux  teindre  ,  ratilTer, amollir 
Se  rendre  plus  maniables. 
Corroyer  fo  dir  aulll  d'une  préparation  qu'on  donne 
à  de  la  terre  glaile  ,  en  la  pétrifiant  &  la  remuant 
pour  la  rendre  propre  à  retenir  l'eau,  qurmd  on  en 
fait  des  bâtardeaux,    ou  des  ballins  de  tontaine. 
Suhiosre  argillam, 
^Cr  On  dit  en  ce  fens,  corroyer  un  baflln,  un  canal, 
&c.  Y  foire  un  niallif  de  terre  glaile  pour  retenir 
l'eau. 
Corroyer,  en  termes  de  menuiferie,  fignifie  préparer 
du  bois  pour  le  rendre  propre  A  mettre  en  œuvre 
en  toutes  fortes  d'ouvrages  :  c'eft  le  raboter  &:  l'c- 
quarir  à  l'cquerre.  Polire,  levigare. 
Corroyer  le  fer  &  l'acier ,  terme  de  Serrurier,  c'eft 
le  battre  à  chaud ,  quand  il  fort  de  la  forge  prêr  a 
fondre  -,  l'étendre  &:  le  plier  plulieurs  fois  Tous  le 
marteau ,  afin  de  le  purifier ,  &  le  rendre  propre 
à  faire  des  rafoirs  &c  autres  tranchans.  Ferrum  ca- 
lens  tundere. 
Corroyer  le  mortier,  terme   de  maçonnerie.  C'eil 
mêler  bien  la  chaux  Se  le  lable  par  le  moyen  du 
rabot.  Jrenâ   calccm  mifcere.  Plus  on    corroie  le 
«lortier,  meilleur  il  eft. 
CORROYEUR  ,  1".  m.  artifan  qui  corroie  les  cuirs , 
qui  leur  donne  la  dernière   préparation   pour  les 
mettre  en  œuvre,  qui  les  teint,  qui  les  amollit,  qui 
les  graille.  Coriarii/s.  Autrefois  on  écrivoit  Si  on 
prononcoit  Conroyeiir. 
JPORRUDA  ou  CORRUDE  ,  f.  f  plante  qui  eft  une 
efpèce-  d'afperge  ,  5c  qu'on  af  pelle  afperge  fcwvage. 
Elle  jette  des  verges  dures ,  blanches  &c  ligneulés , 
qui  croilîent  à  la  hauteui  d'un  homme.  Ses  feuilles 
fortent  cinq  ou  fix  d'une  même  pointe  :  elles  font 
■dures ,  courtes  &c  fort  piquantes ,  de  forte  qu'on 
devroit  plutôt  les  appeler  des  épines.  Ses  fleurs  font 
petites ,  pâles ,  compofoes  de  fix  feuilles  &c  d'une 
odeur   agréable.  Elle  croît  patmi  les  haies  5:  les 
broulfailles.  Jfparagus    foliis  aciitis  ou  corruda. 
Les  tiges  de  la  corrude  lâchent  le  ventre  ,  Se  font 
uriner"  La  décoétion  de  fa  racine  prile  en  breuvage 
eft  bonne  pour  la  difficulté  d'uriner ,  la  jaunillé , 
la  douleur  des  reins  Sr  la  fciatique.  Voyei  Aspergf. 
|3°  CORRUGATION,  f.  f  état  d'une  choie  ri- 
dée. Rabelais  s'eft  fervi  de  ce  mot. 


COR 

CORR.UMPABLE ,  adj.  m.  Se  f.  vieux  mot.   Cor- 
ruptible. Corruptibilis ,  e. 
CORRUPTEUR,    f.  m.  f/CJ"  Qui  corrompt  les  au- 
tres. Ce  mot  ne  fe  dit  point  au  propre.  En  mo- 
rale c'eft  celui  qui  porte  dans  les  mœurs  des  au- 
tres la   dépravation    qui    règne  dans   les  liennes. 
On   le    dit    des   mœurs ,    de   l'efprit  ,    du    goiit.    • 
Corruptor.  Les  libertins  font  d'un  dangereux  com- 
merce :  ce  font  des    corrupteurs  de   jeunelfe.  Le 
mauvais  uiage  eft  le  grand  corrupteur  des  langues. 
Il  ne    faut  pas  envelopper  la   bonté   des    choies 
que  l'on  corrompt  avec  la  malice  des  corrupteurs. 
Mol.  Les  Déclamateuis  ont  été  les  premiets  ccr- 
rupteurs  de  l'éloquence.  S.  Evr.  Epicutc  a  ban- 
ni du  jardin,  où  il  philofophoit  avec  fes  amis, 
les  corrupteurs  de  fa  iage   volupté.  Id.   C'eft  un 
corrupteur   de  jeunefle.  Maucr.  C'eft  un  inlignc 
corrupteur    de    l'écriture.    Id,    Adulator.   Voyez 
C0R.RUPTRICE.       ^ 
CORRUPTIBILITE,  f.  i.  qualité  |>0°  par  laquelle 
un  corps  phylique  eft  fojct  à  corruption.  La  cor- 
Tuptibi'.itè  eft  attachée  à  tous   les  corps.  Hoc  ha- 
hent  omnia  corpora ,   ut  corruptioni  oboxui  JiJit. 
CORRUPTIBLE,    adj.  m.  Se  f  Qui  eft  lujet  a  cor- 
ruption.   Corruptioni    obnoxius.    Tous  les    corps 
fublunaires  font   corruptibles.  Il  n'y  a  que   l'anis 
railbnnable    qui   ne   Ibit    pas    corruptible  ,  parce 
qu'elle  eft  Tpirituelle. 
Corruptible    fe   dit   aulfi  au   figuré  ,  Si   fignifie , 
qui  fe  lailfe  Icduire  Se  entraîner  à  faire  des  cho- 
ies contre  fon  devoir.  Mais  il  eft  plus    en  ulage 
avec  la   négative   qu'avec  l'affirmative.    Ce    juge 
n'eft  pas  corruptible. 
Corruptibles,  nom   de  Sedle.   Voye^  Corrupti- 

COLES. 

CORRUPTICOLES  ,  nom  d'Hérétiques  ,  ou  d'une 
Secte  Eutychienne.  Corrupticohz.  Les  Corrupticoles 
font  des  hérétiques  Eutychiens ,  qui  commencè- 
rent vers  l'an  551  de  Jelus-Chvift-,  it.  qui  eurent 
pour  chef  Sévère ,  faux  Patriarche  d'Antioche. 
Cette  Sedfe  naquit  en  Egypte  ;  car  Sévère  s'étant 
retiré  à  Alexandrie ,  y  foutint  que  le  Corps  de 
Jefus-Chrift  étoit  corruptible;  que  les  Pères  l'a- 
voient  reconnu;  que  le  nier,  c'étoit  nier  la  véri- 
té de  la  Paillon  du  Sauveur.  D'un  autre  côté 
Julien  d'Halicainalfe  ,  aurre  Eutychien  réfugié 
audi  en  Egypte  ,  Ibûtenoit  que  le  Corps  de  Je- 
fus-Chrift a  toujours  été  incorruptible  ;  que  de 
dire  qu'il  croit  corruptible  ,  c'étoit  admettre  de 
la  diftincfion  entre  Jel'us-Chrift  Se  le  Verbe  ,  Sc 
par  conlequenr  deux  natures  en  Jellis-Chrift.  Le 
peuple  d'Alexandrie  fe  partagea  entre  ces  deux  opi- 
nions; Se  les  partifans  de  Sévère  furent  appelés 
Corrupticoles  ,  c'cft-à-dire.  Adorateurs  du  corrup- 
tible, ou  de  celui  qui  a  été  corrompu;  car  ce 
inor  eft  formé  de  corruptus  ,  corrompu ,  Se  de 
colo ,  j'honore ,  j'adore.  Pour  les  Sediateurs  de 
Julien,  on  les  nomma  incorruptibles,  ou  Phan- 
nfiaftes.  Quelques  Auteurs  appellent  aulfi  quel- 
quefois les  Corrupticoles  lîmplement  Corruptibles. 
Le  Clergé  (  d'Alexandrie  )  Se  les  Pailîances  fécu- 
lières  favoriibient  Théodofe  ,  homme  de  lettres , 
dilciple  de  Sévère  ,  Se  de  la  Secfe  des  Corrupti- 
bles ;  mais  les  Moines  Se  le  peuple  étoient  pour 
l'Archidiacre  Gaïcn,  difciple  de  Julien,  S>c  delà 
Sedle  des  Phantaliaftes.  Fleury. 

IJCF  CORRUPTION,  f.  f.  changement  confidcra- 
ble  dans  la  llibftance  Se  dans  les  qualités  clFen- 
tielles  d'un  corps,  par  lequel  il  celfe  d'être  ce- 
qu'il  étoit.  Se  devient  un  nouveau  compofo  ;  un 
œuf  corrompu  devient  un  poulet.  Corruption  dit 
plus  qu'altérarion.  Voye^  Ce  mot. 

IJCF  C'eft  dans  ce  fens  que  le  prennent  les  Philo- 
fophes  quand  ils  dilent  que  la  corruption  d'une 
chofe  elt  la  génération  d'une  autre.  Corruptio 
unius  efl  generdtio  alterius. 

f)Cr  C'eft"  une  erreur  de  l'ancienne  philolbph'e  de 
croire  aue  les  inleules  s'engendrent  de  corruption. 

Voyez  GÉNÉRATION. 

ïfT  Dans 


COR 

{k3*  Dans  le  Cens  vulgaire  corruption  exprime,  ou- 
tre fon   idée  principale,  celle    de    dépravation, 
de  purréfadlion  &  de  puanteur.  La  gangrené  eft 
la  corruption  des  chairs.   Les  abcès  viennent  de 
la   corruption  des  humeurs.   Ce   cloaque   infecte 
tout  le  voifinagc  par  fa  puanteur  &  fa  corruption, 
La  pelle  n'eft  qu'une   corruption  de  l'air,  t^utre- 
do ,  fœtor. 
Corruption  fe  dit  figurément  de  la  dépravation  , 
&  du  dérèglement  des  hommes ,  des  abus  ,  '6'  da 
mauvais    ufage   des   chofes.   Morum    corruptela, 
pravitas  ;  corrupti ,  depravati   mores.    Dieu    en- 
voya le  Déluge  ,  à  caufe  de  la  corruption  géné- 
rale qui  regnoit  fur  la   terre.   La  railbn ,  par  la 
corruption   des  hommes,  eft  réduite    à   fetvir    à 
l'injullice,  &  à  juftifîer  les  pafTions.  Maleb.  C'eft 
en   vain  que  l'on  crie   contre  la  corruption  des 
mœurs ,  du  lîècle  &c  des  efprits.  Il  y  a  bien  des 
mots  qui  fe  dilent  par   corruption  ,    ou   par   un 
vice  de  langage;  pour  dire,  qu'ils  ont  été  altérés. 
Il  y  a  dans  la  doctrine,  dans  la  Juftice ,  bien  de 
la  corruption  ,  bien  du  relâchement.  La  corruption 
de  la  Cour  s'établit  enfin    comme   une  politelîe 
dans  les  Provinces.  Fléch-  C'eft  la  corruption  du 
cœur  qui  fait  l'incrédulité.  De  Vill.  Les  égare- 
mens  &  la  corruption  de  quelques  nations  ,    ne 
forment  pas  le  droit  des  gens.  S.  Evr.  La  foiu- 
ce  de  notre  corruption  eft  dans  notre  cœur.  Abad. 
Il  fe  dit  aufli  des  changemens  vicieux    qui    lé 
trouvent    dans    le    te;:te ,   dans    un  paflage   d'un 
Livre.  Il  y  a  corruption  dans   ce  texte-là. 
Corruption    fignifie    encore     les     moyens    qu'on 
emploie  pour  laire  faire  à  quelqu'un  quelque  chofe 
contre   fon    devoir.   Corruptela,   Les  largefles  de 
Céfar  étoient  plutôt  des  corruptions  que    des  li- 
béralités. S.  Evr. 
CORRUPTRICE.  ÇJ.  C'eft  le  féminin  de   corrup- 
teur. Celle  qui  corrompt ,  qui    gâte,  qui  altère, 
qui   féduit.    Corruptrix.  La  volupté   eft  la    cor- 
ruptrice du  genre  humain. 
CORS  ,  f.  m.  terme  de  ch%'Tc,    La  chevillure   de 
la  tête  d'un  cerf  Cervini  cornu  ramuli.  Un  cerf 
de  dix  cors,  c'eft  un  cerf  de  moyen  âge. 
CORSAGE ,  f.  m.  forme  du  corps  humain  depuis 
les  hanches  jufqu'aux  épaules.  Corporatura  ,  corpo- 
ratio.  Cette  payfanne  eft  d'un  beau  corjage. 

Gentil  corfage  &  -.  minois  fait  autour. 

Nouv,  CHOIX.  DE  Vers, 

Ce  mot  n'eft  plus  guère  en  ufage  qu'en  par- 
lant de  la  forme  du  corps  d'un  cerf. 

Il  fe  dit  aufli  des  chevaux  :  ce  Cheval  a  un 
beau  corfage, 
CORSAIRE  ,  f.  m.  &  quelquefois  adj.  Pirate ,  ecu- 
meur  de  mer,  celui  qui  court  les  mers  avec  un 
vaiffeau  armé,  fans  aucune  commilîion,  pour  vo- 
ler indifféremment  les  vaifleaux  Marchands.  Pi- 
rata ,  prœdo  tnariiimus.  Barberouile  croit  un  fa- 
meux Ccrfaire.  Ab.  Quand  on  peut  attraper  un 
Corfaire,  il  eft  pendu  fans  rémiifion.  Tous  les 
vaiifeaux  Corjaires  font  de  bonne  prife.  f/CT  Sui- 
vant le  Dift.  de  l'Acad.  Fr.  Corfaire  fignifie  ce- 
lui qui  commande  un  vaiffeau  armé  en  guerre  , 
&C  qui  a  une  com.mifîion  porriculière  de  quelque 
puiiiance.    Corfaire  de    S.   Malo. 

On  ne  devroit  donner  ce  nom  qu'à  celui  qui 
n'a  point  de  commiffion  parriculicre ,  &  qui  ar- 
taque  également  les  vaifiéaux  amis  &  ennemis  ;  mais 
l'ufage  a  prévalu ,  &  l'or  appelle  Corfaire  celui  qui 
a  une  comminion  du  Prince  pour  courir  fur  les 
ennemis  de  l'Érnr 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  corfaro  ■>  qui  a  été 
dit  à  Cor  fis  ,  ou  à  curfilus ,  ou  ^  Caurfinis ,  ou 
à  Corycais.  Ménage. 
Corsaire  fe  dit  aufli  figurément  de  ceux  qui  ven- 
dent trop  cher  leurs  marchandifes,  qui  exigent  de 
trop  grands  droits,  qui  rançonnent  ceux  qui  font 
obligés  de  pafTer  par  leurs  mains ,  &  générale- 
Tome  IL 


C  O  R  957 

ment  d  un  homme  dur ,  inique  ,  qui  profita  ds 
tout  pour  s'enrichir.  Durus  ,  immifcricors.  L^s 
Hôteliers  lont  de  vrais  curfaires.  Les  Sergens 
font  de  grands  corfaires. 

Endurcis-toi  le  cœur  ;  fois  Arabe ,  Côrfaire'j 
Engraife-toi ,  mon  fis ,  dufuc  des  malheure::  x. 

Bon., 

CORSE ,   Corfica.  lie  de  la  mer  méditcrranée  ,  fi- 
tuce  enrre  les  côtes  de  Gênes  &   l'Ilè  de  Sardai- 
gne,  dont  elle    n'eft   féparée  que    par  un   can.-iî 
de  trois  lieues  de  largeur.   L'air  y  eft  malfain,  il 
y  a  des  montagnes  qui  la  fcparent  en  deux  par- 
ties, dont  celle  qui   eft  au  midi  s'apptilc  (Tût/J 
de  delà  les  monts  -,   &:  celle  qui    eft   au   nord', 
Corje  de  deçà  les  mont:.  Cette  île  s'appela  a'a- 
bord  Therapne,  enfuite  elle  prit  le  nom  de  Cyr~ 
nus,  ou  Kyinus  ,  fils    de    Battus  ,  &-  p  tit-fils 
d'Hercule.  Pour  celui  de  Corfe,  il  lui  fut  donné, 
dit-on  ,   d'une    gardcufe    de    bœufs  ,     dont    un 
bœuf  pada  de  la  rerre  ferme  dans  cette  île.  Mais 
félon  Bocliart  ,   Ckana:in ,  L.  I ,  c.  31.  les  noms 
Kyrnus  ,  &  Corfica  ,  font  phéniciens.  Le  premier 
vient    de    n;  keren  ,  qui    fignifie   Corne  ,  parçp 
que  cette  île  eft  pleine  de  cornes, ou  pointes  de 
terre, caps  &  promontoires,   qui  avancent    dans 
la  mer  ;  &   le  fécond  Corfuia ,  ou  Corfs ,  vient 
de  la/ lin  Char  fi,  qui  fignifie,  lieu  plein  de  bois  y 
de^  forêts  ■,  parce  qu'en  eifct  elle  en  éroit  pleine. 
L'ile   de  Corfe.  eft  à    la   P..cpublique.  de    Gènes. 
Les  Thyrréniens  fonr  les  premiers  maîtres  qu'ait 
eus  l'Ile  de  Corfe.  Dans  la  fuire  les  Carthaginois 
s'en   emparèrent,  &c  après  eux  les   Romains.    Au 
Ville  fiècle    lès  Sarrafuis  la  prirent.  Les  Génois 
les  en  chafTèrcnt  l'an   1 144],  &  l'ont  toujours  gar-t 
dée  depuis.   La  Baftie  eft  *la  ville  la  plus  confî- 
dérable  de  l'île  de  Corfe.  ..... 

Corse,  f.  Qui  eft  de  l'île  de  Corfe.  Corfus.  En  gé- 
néral les  Corfes  Ibnt  courageux ,  &c  bons  foldats. 
Alphonfe  d'Ornano ,  Colonel  d'un  Régiment  de 
Corfes,  fervit  utilement  Henri  III  &  Henri  VI, 
qui  le  fit  Maréchal  de  France.  Tean-Baptifte  d'Or- 
nano fon  fils   le  fur    aufft.    Sanpietro    Baftelica , 
père  d'Alphonfe  d'Ornano,  Corfe  &  Colonel  Gé- 
néral des  Corfes  ,  eft  un  exemple  mémorable  de 
la  férocité  naturelle  de  cette  nation. 
Les    Corfes   étoient    autrefois    un   Régiment  de    la 
Garde  du  Pape.  Corfi.  Ils  furent  ciifes  en   i<î6'4  , 
pour  une  infulte  faite  à  l'Amballadeur  de  France. 
Ce  fut  un  article  du  Traité  de  Pife. 
Corse   eft  auiTi  un  adj.  Les  efclaves  Corfes   étoient 
autrefois  reconnus  parmi   les  autres    à   caufe    de 
leur  grande  ftupidiré ,  &  de  leur  humeur  farou.- 
che.   Les   chevaux  Corfes  fonr  forts,  mais    fou- 
gueux. 
CORSELET,  f.  m.  petite  cûiraffe  que  portoient  les 
piquiers.   Levis    lorica.   Un  corflet  à    l'épreuve. 
Les  Matelots  étoient  armés  de  corfelets.  Vaug. 
CORSET,  f.  m.  corps  de  cotte  fans  manches,  que 
portent    les    payfannes ,  fur-rouc  les    nourrices. 
Tunicx   thorax. 
Corset    fe  dit  aufïi  d'un   petit  corps ,  qui  eft  or- 
dinairement  de    toile  piquée  ,    &    fans    baleine , 
que  les  Dames  mettent  lorfqu'elles  font  en   desr 
habillé.  Voilà  un  joli  corfet ,  voilà  un  corfe:  b'ien 
propre. 
CORSÎN,  f  m.    Corfinus.    Nous  difons    S.   André 
Corfin  ,  pour  Corfini.  Ce  faint  Evêque  de  Fiéfoli 
ctoit  de  la  famille  des  Corfini  de  Florence.  Foys^ 
Caorcin. 
CORSOIDE  ,  f.  f.  Pierre  figurée.   Efpèce,  d'Agate 
par  fa  couleur,  laquelle  repréfente  une  tSte  dont 
la  chevelure  imite  celle  de  l'homme. 
^  CORTE ,  ville  de  l'île  de  Corfe ,  vers  le  mi- 
lieu,, à  vingr  cinq   milles  de  Calvi. 
CORTEGE,  f.  m.  fîC?  Train  nombreux  ;    tout  cç 
qui  accompagne  un  Prince,  un  grand  Seigneur* 
un  Ambalîadeur  ,  dans  quelque  .pompe  ou  cérc- 

C  C  C  C  c  c 


9  5g  COR 

monie  publique,  avec  cartolfes ,  chevaux  Se  au-  t 
très  choies,  pour  lui  faire    honneur.  Honorijictu 
comitaULS.  L'Ambaffadeur  de  Rome  allant  à  l'au- 
dience   a    toujours    un    corùge    fort    nombreux , 
tant  de  fa  fuite  que  de  la  Noblcfle  qui  l'accom- 
pagne. Il  y   avoit  trente   carrofles  à  fon  cortège. 
ht  mot  de  cortège  fe  dit  proprement  de  la  fuite 
de  quelque   grand  d'Italie,  &c  abulivement  de  la 
fuite   &    du^  train    de    quelque  Seigneur  que  ce 
puilfe   être ,  dans   un  jour  de   repréfentation  ou 
de  fondions  publiques.  On  diroit  mal  le    cortège 
d'un  Souverain. 

///  difoient  voyant  ce  cortège , 
Foin  de  l'Ambaf'adeur  de  neige.  Ben. 

CORTELÏN.  f.  m.  Cortdinus.  Nom  d'un  Officier 
de  la  Coût  des  Empereurs  de  Conftantinople. 
C'étoient  les  (impies  portiets  du  Palais,  office 
bas ,  &  au  deflbus  de  celui  des  Cortinaires ,  qu'il 
ne  faut  point  confondre  avec  ceux-ci.  Voyei 
Gretfei  fur  Codin  ,  L,l,  C.  F,  p.  zio. 

Ce  mot  vient  de  Corts  ,    cortis .  y.ipTi  qui  a  fî- 
gnific   tente ,  &  s'eft  dit  aufli  de  la    Cour    d'un 
Prince.  Gretser. 
.COR.TES.   f.  f.  pi.  Ce  mot  eft  purement  efpagnol, 
Se  lignifie  ptoprement  les  Cours,  c'eft-à-dire  ,  les 
Etats.    Comitia.  Nous    nous   en  fervons    quelque- 
fois  en  parlant  des  affaires  d'Efpagnc. 
CORTICAL,  ALE.adj,  Qui  appartient   à  l'écorce  , 
femblable  à   de  l'écorce.  Corttcalis  ,  cortici  funi- 
lis.  On  fe  fert  de  ce  terme  dans  l'Anaiomie  ^' 
pour  exprimer  une  fubftance  qui  entoure  une  partie, 
comme  l'ccorce  encoure  l'arbre.  Il  y  a  une  par- 
tie  du  cerveau   qu'on  appelle  la  fubftance  corti- 
cale ,  &  autrement  le  corps  cendre.  La  fubftance 
corticale  cd  grisâtre  Se  forr  molle.  Dionis.  Lo-Cab- 
R3.nce  corticale  du  cerveau  fe  nomme  ainlî,  àcaufe 
qu'elle  eft  comme  l'écorce  du  cerveau,  qui  l'en- 
vironne de  toutes  parts.  Ce  n'eft  autre  chofc  que 
l'ailemblage    d'une    infinité     de     pentes    glandes 
rangées  les  unes  auprès  des  autres.  Id.  Nous  de- 
vons  à   Archange    Picolcmini,  Fcrrarois ,  né  en 
iji^,  la  diftindion  de  la   fublLmce  du  cerveau 
en   corticale    ou   cendrée  j  &  en  médullaire   ou 
calleufe. 

CORTINAIRE ,  f.  m.  terme  d'Hiftoire.  Notn  d'un 
Officier  des  Empereurs  de  Conftantinople  ',  dont 
parle  Pachymère.  Cortinarius.  Les  Cortinaires , 
dit  le  P.  Poufine  dans  fon  Glojjaire  de  Pachy- 
mère ,  ctoient  les  Officiets  de  l'Empereur ,  qui 
etoient  toujours  en-dedans  de  la  cortine,  c'eft-à- 
dire,  de  la  portière  de  la  chambre  de  l'Empe- 
reur ,  pour  être  toujours  prêts  à  recevoir  les  or- 
dres de  l'Empereur  i  c'eft-à-dire,  les  HuiHîers  de 
fon  appartement.  Janitores,  Le  Comte  des  Corti- 
naires étoit  leur  chef.  Il  ne  faut  point  confon- 
dre, comme  ont  fait  quelques  Auteuts ,  les  Corti- 
naires avec  les  Cortelins.  Voye^  Codin  de  Offl 
Confl.  C.  y,  n.  $o  &  $2,.  Gretfcr  fur  Codin,  L. 
lyC.   Si  p.  110.  Meurfius  au  mot  ^c^r'và^iioç 

Ce  mot  vient  de  Cortina ,  comme  nous  l'avons 
indique  cidcffiis ,  ou  comme  a  ctu  Gretfer ,  à  l'en- 
droit cité ,  de  Cors  ,  cortis  ,  xifti  >  tent€  &c  Cour 
d'un  Prince, 

jjCr  CORTINE ,  f.  f.  nom  qu'on  donnoit  à  Rome 
à  un  trépié  d'airain  confacré  à  Apollon  ,  &  qui 
étoit  gatdé  chez  les  Qiiindccemvirs.  Ce  qu'on 
appeloit  Cortina  Ph  ebi  ,  étoit  une  efpèce  de 
fiège  à  trois  pics,  un  ttépié ,  une  machine  foû- 
tenue  par  trois  pies,  où  s'aileyoit  la  Prêttelfe 
d'Apollon  pour  rendre  fes  oracles. 

CORTONE.  Cortona  ,  Corto  ,  Cyrtonium.  Ville  de 
Tofcane  en  Italie  ,  dans  le  Florentin ,  fur  les 
confins  du  Pérugin.  Cortone  eft  une  fort  petite 
ville  ,  mais  ancienne  &  bien  bâtie.  L'Evêquc 
de  Cortone  n'eft  fuffrairant  que   du  Pape. 

CORTUSA.  f.  f.  Plante.  Voye^  OREILLE  D'OURS. 

CORU.  f.  m.  Arbre  des  Indes  Orientales  qui  ref- 


COR 

femble  à  Un   petit  oranger.  Il  a  auffi  fes  feuilles 

femblables ,    finon  qu'elles  ont  la  côte  du  milieu 
plus  grolfe ,  avec   huit   ou  neuf  autres    nerfs  qui 
en  fortent  à  côté.  Sa  fleur  eft  jaune,  &  ne  fenc 
ptefque  rien.  L'écorce  de  fa  racine  eft  d'un  vert- 
claii ,  unie  &  déliée  :  cette  écorce  étant  rompue  i 
ou  entamée,  rend  beaucoup  de  lait  plus  vifqueux, 
6:  plus   gluant  que  celui   qui   vient    du    niacer , 
d'un   goiit    fade  avec    quelque  peu  d'amertume. 
Ceux   du  pays   fe  fervent  de  ce    fuc  contre  tou^ 
tes  fortes   de  flux  de  ventre,  quoiqu'il  foit  fort 
dcfagréable. 
CORVEABLE,  adj.  fouvent   employé  fubftamive- 
ment.    Termes    de    Coutumes.  Gens   corvéables  i  ' 
font  ceux  qui  doivent  des  corvées.  Sujets  ou  vaf- 
faux ,  tenus  à  ce  titte  ,  de   faire  quelques  ouvra- 
ges pour  leur  Seigneur.  Anaarii, 

CORVEE  ,  f.^  f,  fervitude  ,  redevance  corporelle  , 
qu'on  doit  à  un  Seigneur  dominant  pour  quelque 
droit,  ou  héritage  qu'on  tient  de  lui  à  cette 
chatge,  Opits  tributarium ,  Angarià.  L'ulage  des 
corvées  eft  très-ancien  en  France.  Parmi  les  Gau- 
lois les  payfans  n'étoient  pas  moins  fournis 
à  leurs  Seigneurs  que  les  efclaves  à  leurs  maî- 
tres :  cette  tyrannique  coutume  a  duré  fort  long- 
temps. L'Ordonnance  de  Louis  XII, en  1499, "a 
extrêmement  modéré  la  rigueur  de  ces  exadlions  : 
&  comme  les  corvées  font  odieufes,  on  ne  peut 
les  acquétit ,  même  par  la  prefcriprion  cenrénaire , 
il  faut  un  titre  pofitif.  Les  corvées  font  des  fer- 
vitudes  qui  ofl-enfent  la  liberré  publique  ,  &: 
marquent  les  violences  des  Seigneurs  fur  leurs  fa- 
jets.  Le  Mait.  §3"  L'origine  des  corvées ,  je  ne 
parle  point  de  celles  qui  ne  font  fondées  que 
fur  la  force  &  la  violence  des  Seigneurs,  vient 
de  ce  que  les  Seigneurs  anciennement  ne  con- 
fentoient  à  l'affranchiffement  des  ferfs  qui  éroienf 
dans  l'étendue  de  leur  Seigneurie ,  que  moyen- 
nant certaines  redevances  en  argent,  en  grains 
ou  en  corvées. 

gCT  II  y  a  deux  fortes  de  corvées ,  les  réelles  5c 
les  perfonnelles. 

ifT  Les  réelles  font  celles  qui  font  dues  par  les 
poifeUeurs  des  fonds ,  comme  devoirs  réels  & 
fonciers. 

53"  Les  perfonnelles  font  celles  qui  font  ducs  au 
Seigneur  per  fes  fujets,à  caufe  de  leur  perfonne. 

§;?■  Ceux  qui  ne  font  pas  fujets  d'un  Seigneur 
font  exemts  des  corvées  petfonnelles:  les  réelles 
font  dues  par  tous  ceux  qui  pofledent  des  héri- 
tages dans  l'étendue  de  la  Seigneurie  ,  même  fo^ 
rains ,  aulfi  bien  que  pat  les  Gentils-hommes  & 
Eccléfiaftiques  -,  mais  ils  peuvent  les  faire  faire 
par  un  tiers.  Les  uns  SiC  les  autres  font  exemts 
des  corvées  perfonnelles. 

Ce  mot ,  félon  Cujas  &  autres ,  eft  dérive  de  corps  t 
quajr.  corpus ,  aiu    opéra  corporalia ,   ou  à    cor- 
pore  vekendo.  Mais  Ménage  le*  dérive  de  curbada, 
dont  les  Auteurs  de  la  balle  latinité  fe  font  fer- 
vis  en  cette  fignification,  parce  qu'on  fe  courbe 
en    Travaillant  i   d'autres    de   courbe,  qui   fignifi© 
deux  chevaux   qui    remontent  les  bateaux  fur  la 
Seine  ,  parce  qu'une  courbe  de  chevaux  fait  une 
bonne  corvée.  Ragueau  le  dérive  avec  plus  d'ap- 
rence  du   mot   de  corps ,  &  de  vée ,  qui  eft    un 
vieux  mot  gaulois  fignifiant  peine  &  travail.   Du 
Cange   dit   qu'en   la  baflc  latinité  on  les  a    ap- 
pelées   corvata ,  -curvatie,  corveice ,  &   courbicsy 
eb  quod  prcejlentur  ab  Us  quos  horrrines  de  corpo- 
re  appellabant.    On  a  appelé  en  latin  une  cor- 
vée ,  manopera ,  quand    elle    confiftoir    dans    un 
travail  des  mains ,  du  corps;  Se  carropera,  &  en- 
fuite  corvata,  quand  on  croit  obligé  de  fournir 
des  voitures  au  Seigneur,  &  qu'elles  confiftoient 
dans  des  charrois. 

Corvée,  fe  dit  aulfi  par  extenlîon  ,  de  toute  peine, 

toute  fatigue,  ou  de  tout  travail  de  corps ,  ou  d'ef- 

prit  qu'on  le  donne  comme  à  regret,  en  confidé- 

I      ration  d'un  Supérieur ,  ou  d'un  ami  ,  fans  en  at-. 


COR 

IZiZi'  ;''TP'''^'-  Operofus  lahor.  Trouvez- 
vo us  que  Jes  xcmraes  perdent  beaucoup,  à  n'être 
point  appelées  à  ces  corvc.s  brillantes  qu  rendent 
les  hommes  f,  célèbres  ^  Com.  Le  plai/ir  qui  fe  pré! 
fente  dans  un  ordre  fi  égal  la/le  ailément ,  \\  L 
v)cntcomme  une  ç......  Le  C.  .b  M.  J'ai  du  plaifir 

de  la  corvée  c^vCA  vous  a  fait  faire.  Balz.  Vous 
m  avez  oblige  de  me  relever  d'une  fi  facheufe  cor- 
vee.  Mait.  Je  vous  donne  de  grandes  corvées  • 
mais  quiconque  m'aime ,  ne  le  ffuroit  évkerT  ' 

qu  11  fait  corvée  ;  pour  dire  ,  il  fait  cela  avec  rcpu- 
c6r  VETTF"'r  f'^  "''^"  '"^'^^  ^"'^^"  P^ofi^- 

cu'un  mf  r'  ''^'"  '^'.  ^^^^"^  ^°"S"^  q-i  "'- 
quun  mat  &  un  petit  trinquet   ou   niât  d'avant. 

Elle  va  a  voiles  &  à  rames.  On  s'en  fert  dans  le 

.nrmees  navales  pour  aller  à  la  découverte  ,  &  pou 

tres-vite.La  corvm.  publique  a  apporté  ;o  pafla- 
gers.  Tout  ce  qui  eft  au  deflbus  de  thi^t  canons  eft 

Zl    P    ""''  '  ^.  P'"^  ^^°'^  1 8  ,  W  ,  14 ,  :! 
deux  ^âts'  T°'"  '  f«'"  ,^°''''^^'"  °"^  -"  nioins 
y.//.  eft  la  même  chofe  que  le  Sloop  de  s^uerre 
des  Anglois.  Ils  s'en  fervent  comme   de  fréga  es 
légères.  i>.-3<in.j 

CORUNNADELCONDE,  village  d'Erpa<.ne  C/u 

d'Ar'ant"^'  ''■^^''^  ^'^'^'^'^^  ^^Dou":'  pSs 
d  Arande   Cctoit  autrefois  une  ville  confiderable, 

vi^,I.  r.  jj^  éclat  de  lumière.  Vieux 

CORWEY.  Foy^^  Corbie  la  vieille 

CORYBANTE ,  f.  m.  Coryèas.  Nom  des  Prêtres  de 
Cybele  ,  qui  fautoient  &  danfoient  au  fon  des 
fliites  &  des  tambours.  Catulle  dans  ùm  poème, 
intitule  Jtys,  en  fait  une  belle  defcription  ,  les 
reprefentant  comme  des  furieux.  Maximus  Tyrius , 
Urpo.i  22'=  ,  du  que  ceux  qui  font  pouflcs  de 
a  fureur  des  Cory tantes  ,  auflitôt  qu'ils  entendent 
le  fon  d  une  flûte  ,  font  faifîs  d'enthoufiafme  ,  & 
perdent  1  ufage  de  la  raifon.  Les  Grecs  fe  fervent  du 
mot  .-.fV."-'«  cory/>ami/er  ;  pour  dire,  être 
tranfporte  ,  être  poficdé  du  Démon.  Quelques  Au- 
teurs difent  que  les  Coryiantes  ctoient  tous  Eunu- 
ques; &  c'eft  pour  cela  que  Catulle  ,  dans  fon  poè- 
me à^iys,  parlant  d'eux,  ufe  touiours  de  rela- 
tifs &  d  cpithetes  féminines  :  Coryé^ame  eft  la  mê- 
me choie  que  Curète.  Voyez  Curète. 

Diodore  de  Sicile,  £.  ^,dit  que  Corybas ,  fils 
de  Jafion  &  de  Cybèle  ,  p,.<rant  en  Phryaie  avec 
fon  oncle  Dardanus ,  y  inftitua  le  culte  de^la  mère 
des  Dieux  ,&c  donna  fon  nom  aux  CoryLintes  ,  qui 
font  les  Prêtres  de  la  même  Déeffe.  Strabon  rap- 
porte ,  L.  X,  que  quelques-uns  difent  que  les  Co- 
Tybarites  font  enfans  de  Jupitei  ^  de  Calliope  ,  & 
les  mêmes  que  les  Cabires.  Le  mot  Corylames 
vient ,  difent  d'autres ,  de  ce  que  ces  Prêtres  mar- 
choient  en  danfant,  ^«oJ.o^.V/.ms  e«,vw»  Voss.  De 
Liolol.  L.  II^C.  5  :; 

CORYBANTÎASME,  f.  m.  nom  que  les  anciens  don- 
noienta  une  maladie.  CoritamiaJmus.Ccioh  une 
efpecede  phrénéfie.  Ceux  qui  en  ctoient  attaqués, 
s'imaginoient  avoir  toujours  des  phantômes  devant 
les  yeux.  Ils  avoient  des  tiutemens  &  des  fiHemens 
continuels  dans  les  oreilles.Ils  ne  dormoient  point, 
ou  /i  quelquefois  ils  dormoient  ,  c'étoit  touiours 
les  yeux  ouverts.  On  les  nommoit  du  nom  des  Co- 
rybantes,  qui  pafibient  pour  ne  point  dormir.  On 
prctendoit  aufîi  que  ces  Frénétiques  avoient  été 
frappes  de  terreur  par  ces  Prêtres  de  Cybèle.  Foye? 
Saumaise  sur  Solin.  •  '^ 

CORYBANTIER,  v.  n,  mot  dont  Rabelais  s'eft  fcrvi 
pour  dire ,  dormir  les   yeux  ouverts. 

CORYBANTIQUES  ,  adj.  pi.  m.  On  appeloit  ainfi 
quelquefois  les  myftères  de  Cybèle  célébrés  par  les 
Corybantes.  "^ 


^    O     S  0  2  Q 

CORYCIDES  ^ou  CORYCICS.  f.  f.  p,.  Nymphes 
qu,  habitoient  près  du  Mont  Parnaflê.Leu  non 
eft^pns  dune  caverne  de  cette  montagaea^pS 

''^^efJr'r"'^'  l"'  ^^'^'"^,,'^-  ^^  "-  efpèce  de 
tumcterre,  IL  quon  appelle  en  Efclavonie   (plu 

^-^l^^-corydalu.oufurr.ar.aluua.Voyi:Y^^^^^^^ 

COR  YMBES,f  pi.  têtes  ou  fommités  en  forme  de  pe- 
ms  bouquets  de  grains  de  lierre,qui  viennent  au  haut 

les  de  la  République  des  Lucres  de  Mars  KÎ89, 
an.  1  ,  dit  que  l'hyffope   des  Anciens  n'a  aucun 

c^XTr"  ^'  "''"'  d'aujourd'hui,  &  que  l'an- 
cien hyffope  avoit  des  corymbes,  au  li.u  que  le 
notre  n'a  que  des  épies  m  >^  ^^ 

rr  CORYMBIFÈRES  (  P.aktes  ) ,  terme  de  Bo- 
tanique. Corymbojct  plantez  ,  font  celles  qui  por- 
tent quantité  de  fleurs  ou  de  fruits  rafTemblcs  en 
bouquets^,  comme  la  mille-feuille 
CORYPHEE    f  m.  terme  dont  on  fi  fert  quelque- 
fois dans  1  Ecole ,  pour  fignifîerlechef&leprin. 
Cl  pal  d  une  compagnie,  d'une  communauté,  d'une 
dodrine,  dune  Sede.  Coryph^us.  Ainfi  Zenon  a 
e^eappelele  Coryphée  à^.  Stoïciens  par  Cicéron, 
Dans  1  ancienne  tragédie  ,  le  chef  de  la  troupe  qui 
compofoit  le  chœut,  s'appeloit  le  Coryphée.  C'étoit 
ui  qu,  parloir  par  tout ,  quand  le  chœur  fe  mê- 
oit  al  adion  pendant  le  coûts  des  adtes ,  pour  par- 
er,  &  pour  faire  les  fondions  d'un  perfonna^e  de 
la  pièce.  On  a  étendu  depuis  la  fignification  de 
Coryphée  au  chef  d'un  parti  ou  d'un  corps.  Eufta- 
che  d  Antioche  eft  appelé  le  Coryphée  du  Concile 
de  Nicee,  comme  étant  à  la  tête  des  autres.  H>^r- 
MAN  II  vient  d'un  mot  grec,  qui  lignifie  le /o/tz- 
met  de  la  tae.  •' 

CORYZA,  C  m.  Gravedo.  Fluxions  d'humeurs  fé- 
reufes&  acres  fur  les  narines.  Coryza  ed  un  mot 
grec  que  les  latins  &  ks  françois  ont  retenu  . 
-^<«  11  %nifie  une  diftillation  d'humeur  crue 
de  la  tête  fur  les  narines.  Cette  maladie  eft  accom- 
pagnée a  une  douleur  de  tête  très-pcfante ,  ce  qui 
fait  qu  on  1  appelle  en  latin  gravedo.  Col  de  Vill. 

COS. 

COS,ou  cous  ou  COUX,  f  m.  terme  de  Cou- 
tumes. Ce  mot  eft  hors  d'ufage  ,  il  fi>,nifie  la  même 
chofe  que  cocu  ,  c'eft- à-dire  celui  qui  nourrir  les 
enfans  d  un  autre  comme  les  fiens ,  parce  que  fa 
femme  n'a  pas  été  fidelle.C/.c«./\z/«^,  de  cucutiare, 
terme  de  la  balle  latinité,  qui  veut  dire,  commet- 
tre un  adultère. 

Suis-je  mis  dans  la  confrérie 

Saint  Arnoul  le  Seigneur  des  Coux  J  R.  de  la. 
Rose. 

COS,  ou  COSSE  ,  terme  de  relations.  C'eft  une  me- 
iure  de  chemin  dont  on  fe  fert  par  toutes  les  In- 
des ,  qui  vaut  une  demi-lieue  de  France. 

IK?  Il  y  a  une  pierre  appelée  cos  ou  (jueux  ,  cos , 
aurrcment  pierre  naxienne.  Elle  eft  jaunâtre  ,  quel- 
quefois verte  ,  blanche  ou  noire.  Elle  a  le  grain  fin , 
&  eltaffez  dure,  quoique  compofce  de  d'eux  cou- 
ches, pour  rcfifter  aux  outils  de  fer  &:  d'acier  qu'elle 
aiguife.  On  les  frotte  les  unes  d'huile  ,  les  autres 
d'eau,  quelquefois  de  fiilive  ,d'oii  elles  ont  pris  le 
nom  d'Olearia: ,  a^uaria  &  falivariœ. 

COSAQUE  ,  f.  m.  &  f.  nom  du  peuple.  Cofacus, 
Ce  nom ,  qui  vient  de  cofa  qui  fignifie  une  chè- 
vre en  polonois ,  fut  donné  d'abord  .à  un  ramas 
de  Ruffes  hardis  &  prompts,  qui  tous  les  ans  au 
printemps  quittoient  leurs  maifons  ,  leurs  femmes 
&  leurs  enfans,  &  s'affembloient  dans  les  îles  qui 
font  à  l'embouchure  du  Borifthèn'-  ,  au  de'fous 
de  Porowis ,  ou  fauts  de  ce  fleuve  ,  ri'où  vient  qu'on 
les  nomma  audî  Zaporouski  ,  on  Znporaviens ,  & 
Cofaques  ,  à  caufe  de  leur  agilité.  De  ces  îles  qui 

C  C  C  C  c  c  ij 


94*3  C  O  S 

leur  fervoient  de  retraite  ,  ils  faifoient  des  cbiïtCes 
fur  toute  la  Mer  noire  ,  &  dans  l'Anatohe.  Etienne 
Battori  en  1 57<î ,  "ut ,  pouvoir  tirer  de  bons  fervi- 
ces  de  ces  coureurs.  11  en  fit  un  corps  de  quarante 
mille  hommes,  auxquels  il  joignit  deux  mille  che- 
vaux lc<^ers  -,  d'où  quelques-uns  croient  qu'eit  ve- 
nu le  nom  de  Cofaques.  Il  les  établit  dans  la  bafle 
Volhinie,  &  la  ball'e  Podolie,  à  condition  qu'ils 
détcndroient  ce  pays  contre  les  Tartares ,  &i  leur 
donna  la  ville  de  Trcchtymirow  pour  place  d  ar- 
mes ,   leur   permit  de  le  choifir  leur  General  & 
leurs  Officiers  ,  &  leur  alfigna  pout  folde  la  qua- 
trième partie  de  fon  domaine  ,   delà  vient  qu'on 
les  appela  Quariani ,  &  Quartiam.  Il  leur  don- 
na des  privilèges  pareils  à  ceux  des  francs  Archers 
que  le  Roi  Charles  inftitua  en  l'année  1449.  Ces 
<:oJaques  défendirent  fi  bien  ce  pays  ,  qu'on  y  con- 
duifit  plufieurs  colonies  ,  qui  prirent  le  nom  de 
Cofaques  :  &c  ce  pays  fut  appelé  /es   Terres  des 
Cofaques  ou  V Ukraine ,  c'eft-à-dire , /ro/2//t;r«.  Les 
Cofaques  ont  depuis  fait   payer  bien  cher  aux  Po- 
lonois  les  fervices  qu'ils  leur  avoient  rendus.  De- 
puis la  paix  que  fit  avec  eux  Jean  IV  qui  les  avoit 
battus  étant  Grand-Marcchal  ,  ils  font  divifés  en 
trois  Ordres  -,  les  Cofaques  fidèles  qui  fe  fourni- 
rent aux  Polonois ,  &  qui  habitent  la  haute  Vol- 
hinie; les  Cofaques  Mofcovites    qui  pofiedent  la 
partie  du  Païatinat  de  Kiovie  qui  appartient  aux 
Mofcovites  ;   les  Cofaques  infidèles ,  ou  rebelles ., 
qui   occupent  les    terres  qui  font  entre  le  Boril- 
thcne  &:  le  pays  des  Tartares  d'Oczakow.  Korlun 
ea  leur  capitale ,  &  ils   font  tributaires  du  Turc. 
Les  Cofaques  fuivent   le  rit  grec. 

COSCINOMANCE  ,  ou  COSKINOMANCE  ,  ou 
COSKINOMANTIE ,  f.  f.  divination  qui  fe  fait 
par  le  crible.  On  élève  un  crible  fur  quelque  cho- 
ie ,  puis  après  avoir  dit  quelques  paroles  ,  on  le 
prend  de  deux  doigrs  feulement  ;  on  récite  les  noms 
de  ceux  qui  font  fufpe(fts,&  celui  au  nom  duquel  le 
crible  tourne,tremble  ou  branle,eft  tenu  coupable  du 
mal  dont  on  cherche  Va.ux.cw'i.Cofcinomantia.  Thco- 
crite  parle  dans  fa  troijième  Idylle  d'une  femme 
habile  en  coskinomantu  ,  èc  qui  l'exerçoit.  On  dit 
que  cette  forte  de  divination  fe  pratiquoit  aulii 
en  fufpendant  un  crible  par  un  fil ,  ou  le  pofant 
fur  une  pointe  de  cifeaux,&  le  faifant  tourner, 
en  nommant  pendant  qu'il  tournoit  les  noms  des 
perfonnes  fufpe6tes.  Il  paroît  par  Théocrite  qu'on 
s'en  fervoit ,  non  -  feulement  pour  les  perfonnes 
inconnues,  mais  encore  pour  les  fentimens  intérieurs 
&  cachés  des  perfonnes  que  l'on  connoiifoit.  Il  y 
en  a  qui  écrivent  coffinomantia  :  cela  efl:  contraire 
à  rétymologie.  roye{  le  Tradu6leur  de  Peucer  , 
qui  s'eft  trompe  en  difant  de  la  cofcinomance  ce 
qui  convient  à  l'Axinomance  ,  &  de  l'Axinomance  , 
ce  qui  convient  à  la  cofcinomance. 

|p°  Ceft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  parmi  le  peu- 
ple, tourner  /« /dj ,  pratique  aufTi  ridicule  que  fii- 
perftitieufe. 

Ce  mot  vient  de  «oVxoov  crible  ,  &  ftajrilc,  divi- 
nation. 

COSCOMA ,  f.  m.  arbre  qui  fe  trouve  dans  le  royau- 
me de  Monomotapa,&  qui  porte  un  fruit  iem- 
blable  aux  pommes  d'amour ,  tirant  fur  le  violet. 
Il  eft  de  bon  goût  -,  mais  fi  on  le  prend  en  quan- 
tité, il  purge  violemment. 

ÇOSCONIUS,  COSCONIA,  f.  m.Bc  f.  nom  pro- 
pre d'une  famille  Romaine.  Cofconia  ^ens.  La  fa- 
mille Cofconia  eft  peu  connue  :  fes  médailles  font 
en  forr  petit  nombre,  &  les  Aureurs  en  parlent  peu. 
On  ne  fcait  fi  elle  étoit  patricienne  ou  plébéienne. 

ÇOSÉCANTE,  f.  f.  terme  de  Géométrie.^  C'eft  la 
fécante  d'un  arc  ,  qui  eft  le  complément  d'un  autre 
arc.  Harris.  La  Cofécantt  de  50  degrés  eft  la  fé- 
cante de  (jQ  degrés. 

COSEIGNEUR.  V.  m.  Il  faut  prononcer  fortement 
l'j. Terme  relatif  Celui  qui  poflêde  une  terre,  un 
lîef  avec  un  autre  ,  foit  par  indivis ,  foit  en  n'en 
pofledant  qu'une  partie  féparée.  Ejujdem  pradu 


cos 

CWn  ahero  Dominus  ,  communls  Dominas  ejuf 
dem  pradii.  Il  y  a  fouvent  procès  entre  les  Coj^i- 
eneurs  pour  les  droits  honorifiques.  On  dit  aulfi 
Confeianeur  ;  mais  le  premier  eft  plus  ufité. 

COOSKÏNOMANCE  ,  ou  COSKINOMANTIE. 
Voye:^  CosciNOMANCE. 

lïCjCCSiNUS  f,  m.  terme  de  Géométrie.  Lt  Jinus 
du  complément  d'un  angle  a  90  degrés.  Le  coji- 
nus  de  30  degrés  eft  ]e  Jinus  de  60  degrés 

COSME,  ou  plutôt  COME,  f.  m.  nom  d'homme, 
dans  lequel  ilne  faut  point  prononcer  l's.  Comas. 

COSME ,  Chevaliers  de  S.  Cômc  &c  de  S.  Damien. 
Ordre  Militaire  ,  qui ,  félon  l'Auteur  de  VHiJioire 
des  Ordres  Monafiiques ,  [.  i,  n'a  exifté  que  dans 
l'imagination  de  quelques  Ecrivains  modernes ,  qui 
prétendent  qu'il  commença  l'an  1050.  C'étoicnt , 
difent-ils  ,des  Hofpitaliers  qui  avoient  des  Hôpi- 
taux à  Jérufalem,&  en  d'autres  villes  delaPalcf- 
tinc ,  où  ils  recevoienr  &  prcnoient  foin  des  Chré- 
tiens malades  qui  étoient  venus  de  routes  parts 
pour  tâcher  de  retirer  les  faints  lieux  des  mains  des 
Infidèles.  Ils  s'employoient  auHi  à  les  racheter. 
Jean  XX  ,  en  confirmant  leur  Inftitut,  leur  ordon- 
na de  fuivre  la  règle  de  S.  Bafile  ,  &  leur  donna  pour 
marque  de  leur  dignité  un  manteau  blanc  ,  fuir 
lequel  il  y  avoit  une  croix  rouge,  au  milieu  de 
laquelle  étoit  un  cercle  ,  qui  renfermoir  les  Images 
de  S.  Côme  &  de  S.  Damien  leurs  patrons.  Mène- 
nius,  &  l'Abbé  Juftiniani  parlent  de  cet  Ordre, 
comme  ayant  vérirablemenr  exifté.  Foye^  encore 
André  Mendo  ,  de  Ordinibus  Milit.  Jos.  Michie- 
Li  Tefor  Milit.  di  Caval.  Harman  &;  Scoonebec 
d2.ns\z\xis  Hifi.  des  Ord.Mil.  SckP.  Hélyot  cite. 

T./,  C.  H»/'-  ^7^. 

Chanoine  Régulier  de  S.  Côme.  Canomcus  Regu- 
laris  Sancli  Cofmx  Turonenjis.  Les  Chanoines  Ré- 
guliers de  S.  Come-lez-Tours ,  font  du  nombre  de 
ceux  qui  ayant  trouvé  la  règle  de  S.  Benoit  trop 
auftcre,la  quittèrenr  pour  prendre  celle  de  S.  Auguf- 
rin,ac  onr  pris  leritre  de  Chanoines  Réguliers.  Leur 
Eulife  de  S.  Côme  fut  bâtie  dans  le  onzième  fiè- 
cle  par  Hervé ,  Tréforier  de  S.Marrin  de  Tours , 
qui  s'y  retira  ,  mais  qui  ayant  eu  ordre  de  reve- 
nir ,  la  fit  donner  aux  Bénédidlins  de  Marmourier  -, 
maison  ne  fait  point  en  quelle  année  le  changement 
de  règle  s'eft  fait. 

Saint  Côme  ,  à  Paris,  fignifie  la  Communauté,  le 
Corps  de  Chirurgiens  de  cerre  Capitale.  Collegium 
Chirurgorum.  Et  l'on  dit  Chirurgien  reçu  à  S.  Côme, 
c'eft-à-dire,  pafle  M=  Chirurgien  après  les  examens 
&  les  épreuves  réglées.  Oculifte  reçu  à  S.  Côme. 
Bandagifte  reçu  à  S.  Côme. 

Il  fe  prend  anifi  pour  l'Ecole  de  Chirurgie  ,  ou 
l'Amphithéâtre  Anatomique,  où  fe  font  les  cours 
d'Anatomie,  d'Opérations  pour  les  Maîtres  Chi- 
rurgiens. Le  cours  d'Anaromie  commencera  bien- 
tôt'à  S.  Côme.  Cet  Amphithéâtre  eft  tout  proche 
de  la  Paroiffe  de  S.  Côme  ,  &  c'eft  delà  que  ce 
lieu  ,  &  le  Corps  qui  y  rient  fes  afiemblées,a  pris 
fon  nom. 

|!CrCOSMES,f.  m.  pl.Magiftrats  qui  étoient  établis  en 
Crête  pour  mainrenir  le  bon  ordre  ,  ainfi  nommés 
du  mot  --éî-.o; ,  ordre. 

COSMÉTIQUE ,  ad),  m.  &  f  terme  donr  les  Mé- 
decins fe  fervenr  en  parlant  des  remèdes ,  des  re- 
cettes  &:  drogues  qui  fervent  à  rembellifiement  du 
vifage  ,  &  a  entretenir  le  reinr  h:\s.Pharmacum 
tiiendtz  formez  comparatum.  Dans  les  pharmacopées 
il  y  a  plufieurs  rccertes  &  compofitions  cofménques. 
Les  Indiens  fe  fervent  de  l'eau  de  noix  Je  cocos 
étant  encore  verres ,  comme  d'un  grand  cofméti- 
^tt^qui  embellit  le  teint  des  femmes. 

Ce  mot  eft  grec  ..o-;«t«.;  du  verbe  xotr^f»»  or- 
ner. 

COSMIQUE ,  terme  d'Aftronomie  ^  qui  a  rap- 
port au  monde  en  général.  On  le  dir  des  afpeds 
des  planètes.  Cofmicus.  Afpcd:  cofmique  ,  c'eft-à- 
dire  ,  par  rapport  à  la  terre-,  une  planète,  p.ir 
exemple  ,  qui  eft  fur  la  defcente  de  l'afcendant,  eft 


» 


c  os 

en  carré  d'une  autre  qui  eft  fur  la  pointe  du  milieu 
du  ciel  ;  encore  bien  que  cette  diftance  (bit  de  plus 
ou  moins  de  quarante  degrés  ,  cet  afpecit  s'appelle 
cofmiijue. 
COiMIQUEMENT.  adv.  Lorfqu'on  dit  qu'un  aftre 
fe  lève  &  fe  couche  cojmiquemenc ;  c'eft  qu'il  fe  lève 
ou  fe  couche  à  l'inftant  que  le  foleil  fe  lève  :  ainli 
une  étoile  qui  fe  lève  ou  fe  couche  le  matin  ,  le 
lève  ou  fe  couche  cofmiquement.  Les  Anciens  dii- 
tinguoient  trois  fortes  de  lever  &  coucher  des  aftres, 
le  Cojtnique-,  VAclironique,  &  VHcliaque.  IriJi.Ajiro- 
nom.  p.  575. 
COSMOGONIE,  f  f.  dcfcription  de  la  manière  dont 
l'univers  a  été  créé  ou   formé,  La  féconde  partie 
du  premier  tome  des  Réflexions  critiques  de  Mr. 
Fourmont  fur  les  Hijlcires  des  anciens  peuples  dé- 
veloppe la  Cofmogonie,oa  la  manière  dont  l'univers, 
félon  Sanchoniathon  ,  a  été  formé  ,  ôC  l'on  fait 
voir  la  conformité  avec  la  cojmogonie  de  MoiVe. 
Prévôt  d'Exilés.  La  Genefe  elt  le  feul  livre  digne 
de  foi  fur  la  cojmogonie. 
.COSMOGRAPHE  ,  f  m.  Auteur  qui  a  écrit ,  ou  qui 
enfeigne  la  ftruélure ,  la  figure  &  la  compofition 
du  monde.  Cofmographus  ,  qui  defcribic  aut    dc- 
fcripfii  mundum.  Munfter  étoit  un  grand  Cojmogra- 
phe. 
COSMOGRAPHIE,  f.  f.  defcription  du  monde  ,  ou 
fcience  qui  nous  enfeigne  quelle  efl:  fa  conftruélion, 
fa  figure  ,&  la  difpolition  de  toutes  fes  parties.  La 
cofmol»gie  raifonne  fur  la  figure  &  la  difpofition 
des  parties  de  l'univers  &  fur  leurs  différens  rap- 
ports. La  cojmographie  s'en  tient  à  la  fimple  defcrip- 
tion de  ces  parties.  Cofmographia  ,  mundi  defcrip- 
xio.  La  cojmographie  a  deux  parties  :  l'Aftronomie 
fait  connoîtrc  la  conftrudtion  des  cieux  &  la  dif- 
pofition des  aftres  ;  la  Géométrie  celle  de  la  terre. 
Ce  mot  vient  du  Gtec  x^s-^.s ,  mundus  ,  &  de 
'vtâ.(iiw  ,  defcrilo. 
COSMOGRAPHIQUE ,  adj.  m.  &  f.  qui  appartient 
à  la  Cormographie.  ^d  mundi  defcriptionem  perti- 
Tiens ,  cofmographicus.  Une  carte  cofmographique , 
c'eft  une  Mappemonde  ,  une  délinéation  du  monde 
fur  du  papier,  ou  autre  matière  propre. 
COSMOLABE  ,  f.  m.  ancien  inftrument  de  Mathé- 
matique, qui  fert  à  prendre  les  mefures  du  monde, 
tant  du  ciel  que  de  la  terre.  Cofmolatium.  C'eft 
prefque  la  même  chofe  que  VÂJtrolate,  Il  eft  aufTi 
nommé  Pantocofme ,  ou  inftrument  univcrfcl,  dans 
un  livre  exprès  qu'en  a  fait  Léon  Morgard,  Mathé- 
maticien de  Paris  ,  imprimé  en  16  \x. 

Ce  mot  vient  d'È  /«Ônv,  aor.  i,  de  ^eti^Sii»,  accipio, 
qui  prend  fes  temps  du  verbe  inufité  A-'f*'. 
gtCr  COSMOLOGIE  ,  f.  f.  Science  des  Loix  générales 
par  lel'quelles  le  monde  eft  gouverné.  Ce  terme  eft 
formé  des  mots  Grecs  x  ,-  _,  ,  monde ,  &c  »0^,^,  dij- 
cours.  Science  qui  difcourt  fur  le  monde  que  nous 
habitons. 
f:T  COSMOLOGIQUE  ,  adj.  qui  appartient  à  la 

Cofmologie. 
COSMOPOLITAIN  ,  AINE.  f.  m.  &  f.  Cofmopolita  , 
Cofmopolitanus.  On  dit  quelquefois  ce  mot  en  ba- 
dinant, pour  fignifier  un  homme  qui  n'a  point  de 
demeure  fixe ,  ou  bien  un  homme  qui  nulle  patt 
n'eft  étranger.  Il  vient  de  xô(7-tt0£ ,  le  monde ,  &  ^0^'« , 
ville-,  Se  fignifie  un  homme  dont  tour  le  monde  eft 
la  ville  ou  la  patiie.  Un  ancien  Philofophc  étant 
interrogé  d'où  il  étoit  -,  répondit  :  je  fuis  Cofmopo- 
iite  ,  c'eft-à-dire,  citoyen  de  l'univers.  L'Auteur 
inconnu  d'un  excellent  Traité  de  Chimie  ,  intitulé 
Lumen  chymicum ,  s'eft  donné  le  nom  de  Cojmo- 
politain. 

On  dit  ordinairement  Cosmopolite  ;  &  comme 
on  dit  Néapolitain  &  Conftantinopolitain  ,  &  non 
pas  Conftantinopolite  &  Néapolite ,  l'analogie  de- 
manderoit  qu'on  dît  Cofmopohtain. 

ffT  L'ufage  a  prévalu  contre  la  prétendue  loi  de  l'a- 
nalogie ,  8c  l'on  dit  aujourd'hui  Cofmopolite, 
COSMOS ,  f.  m,  breuvage  que  les  Tartares  font  avec 


COS  5?4t 

du  lait  de  jument»  &  dont  ils  ufent.  Fotus  Tana- 
roTum  equino  lacle  confecius.b3.C3.X.ây  nous  demanda 
fi  nous  voulions  boire  du  cojmos ,  &  je  m'en  cxculai 
pour  lors.  Fleury. 
COSNEouCONE,  petite  ville  de  Franc:  dans  le 
Catinois  aux  confins  du  Nivcrnois,  lyr  le  bord  de 
la  Loire  ,  Se  duDiocèlc  d'Auxcrre  pour  le  Ipirituch 
Cojna,  Conada  ,  Conium,  Condate;  félon  la  Notice 
de  Valois.  La  coutellerie  de  Loue  eft  tftimcc.  On  y 
faiioit  autrefois  du  canon  ,  Se  d'autres  grands  ou- 
vrages de  fonre.  Il  y  a  encore  une  viUe'de  ce  nom 
dans  le  Bourbonnois. 
COSSARTS  BROUN  ,    f.  m.  pi.  roilcs  d:  coton 

écrues  qui  viennent  des  Indes  Oricntaljs. 
COSSAS ,  f  m.  pi.  Ce  mot  n'eft  en  ulage  que  dans 
les  campagnes  ,  au  lieu  de  coffes ,  pour  fignifier 
la  coffe  qui  enveloppe  les  pois ,  les  fèves  &  autres 
légumes.  Siliqua.  Les  cojfjs  de  fèves  brûles  Se  pul- 
vèrifcs  font  employés  en  Médecine  pour  guérir  la 
gravelle. 

Quelques-uns  ont  cru  que  ce  mot  venoit  de  cofe , 

ou  coeffe,  qui  eft  le  nom  qu'on  donne  encore  en 

Balfigny  au^  gouifes  des  fèves.  Du  Cange  dit  qu'en 

la  baife  latinité  on  a  dit  coj/te,  pour  d\tz  Ji'iquce. 

CnssAs ,  f  m.  toile  de  mouifeline  unie  &  fine,  que 

les  Anglois  rapportent  des  Indes  Orientales. 
|C?  COSSE,  f.  f.  Valva,  On  appelle  ainfi  les  pan- 
neaux qui  forment  les  filiques  ou  les  gouifes  des  lé- 
gumes. On  les  appelle  aulfi  battans.  On  dit  mal 
coHas  &  écolfes.  Ces  mots  ne  font  employés  que 
par  les  femmes  qui  vendent  des  pois. 

On  appelle  des  pois  fans  coffe ,  ceux  qui  ont  la 
coffi  fi  tendre  Si  fi  mince,  qu'on  la  mange  avec  les 
pois  fans  les  écolier.  Pifa  tenuioris  teneriorifque  Jî' 
iiqux.  On  les  appelle  aufiTi/^oâ  goulus. 
Cosse  ,    efpèce   de   graine  de  navette  un  peu  plus 
groHé  que  la  navette  ordinaire.  On  en  tire  une  huile 
qui  eft  bonne  à  brûler. 
Cosse  J  eft   aulfi  une  efpèce  de  fruit  qui  fe  trouve 
dans  quelques  lieux  des  côtes  de  Guinée,  particu- 
lièrement  fur   les  bords   de   la  rivière  de  Serre- 
Lionne. 
Cosse,  terme  de  Parcheminier.  On  appelle  du  par- 
chemin en  coffe ,  ou  en  croûte ,  la  peau  du  mouton 
telle  qu'elle  fort  de  la  mégie,  c'eft-à-dire,  dont  on 
a  fait  feulement  tomber  la  laine  ;  on  arrache  le  par- 
chemin en  cofje  fur  un  chalfis  qui  s'appelle  herfe  : 
là  on  le  rature  ,  &  l'on  en  ôte  routes  les  fuperfluités. 
tfT  Cosse  fe  dir  auiri  dans  les  ardoifières ,  de  la  pre- 
mière couche  que  l'on  rencontre  ,  &  qui  ne  fournît 
qu'une  mauvaife  matière.  Encyc. 
Cosse,  en  termes  de  Marine,  eft  un  anneau  de  fet 
cannelé,  &  garni  de  petits  cordages,  pour  confer- 
ver  les  gros  cordages  qu'on  fait  palTer  au  tiavérj  de 
cer  anneau.  Annulus  Jlriatus. 

Il  y  a  aulTi  des  coffes  de  bois  que  l'on  nomme 
Margouillets.  Voyez  Margouillet. 
Cosse  de  Geneste.  Ordre  de  Chevaliers.  Il  fut  inf- 
litué  par  S.  Louis  à  la  folennité  de  fon  mariage 
avec  Marguerire  de  Provence.  Il  a  duré  jufqu'à 
Charles  VI.  La  devife  de  cet  Ordre  de  la  Coffe  de 
Genève  éroit  ce  mot,  exaltas  humiles.  Le  collier 
de  l'Ôtdrc  étoit  compofé  de  Coffe  degenefle  ,  entre- 
lacées de  fleurs  de  lis  d'or,  renfermées  dans  des 
lozançes  cléchées ,  au  bout  duquel  pendoit  une 
croix  fleurdelifée. 
COSSER ,  v.  n.  terme  d'économie  ruftique ,  qui  fe 
dit  des  mourons  qui  fe  beurrent  la  rcte  les  uns  con- 
tte  les  auttes.  Conifcare.  C'ift  un  bon  figne  quand 
les  montons  coffent  au  fortir  de  la  bergerie. 
COSSIQUE  ,  adj.  de  t.  g.  terme  d'Algèbre.  On  ap- 
pelle nombres  coffiques  les  nombres  d'une  pro- 
grelTion  géométrique-,  laquelle  commence  par  une 
racine  qui  fait  enfuite  un  carré,  enfuite  un  cube, 
un  carré-carré,  &  ainfi  de  fuite  à  l'infini ,  en  pafiànc 
par  rous  les  degrés  ou  puilfanccs.  Quelques-uns 
difenr  queCo/i  en  italien  veut  dire  Algèbre,  &que 
delà  vient  coffîque.  Ce  mot  n'eft  plus  guère  en 
ufage. 


^42-  C  O  S 

COSSON ,  f.  m.  charcnçon ,  calcndre  ,^  ver  qui  gâte 
les  blés ,  l'ur-tout  les  pois ,  Ls  tèves.  Curculio.  Feftus 
le  dit  aiUJi  des  vers  velus  qui  s'engendrent  dans  les 
bois.  En  latin  coQ'iu  ,  coffcs  ,  d'où  le  nom  trançois 
eft  dérive,  ou  de  cojtt ,  qu'on  dit  encore  en  Bajié- 
Bretagne. 
î^  CÔSSON  ,  bouton  de  la  vigne.  Comme  il  y  en 
a  toujours  deux  .à  la  même  haut.'ur ,  le  plus  gros  le 
nomniw  le  mdUre-cojfon  ,  &  ibuvL-nt  il  n  y  a  que  lai 
qui  lé  développe.  Le  petit  lé  nomme  comre-cofon  , 
tn\zi\n  eu jto s ,  oa  fuccurjus  ,  parce  que  quand  le 
premier  a  péri ,  le  fécond  lé  développe. 
COSSU  ,    UE.  adj.  qui  lé  dit  des  pois  qui  ont  de 
groHés  cojfes.  Pija  dcnfx  durx.jue  Jilijucz.  On  dit   j 
fiç^urément  &  proverbialement  d'un  homme  riche 
6c  qui  elT:  à  Ion  aife  ,  qu'il  eft  co[fu ,  bien  cojfu  ;  ou 
d'un  homme  qui  débite  des  menlbnges  ou  des  im- 
pertinences ,  qu'il  en  conte  de  bien  CoJJ'ues. 
COSSUTIU5 ,  COSSUTI A ,  f.  m.  &  f.  nom  propre 
d'une  famille  de  l'ancienne  Rome.  Coffutla  gens.  La 
famille  Coff/nia  a  deux  prénoms  •,  celui  de  Caïus ,  qui 
ie  voit  fur  les  médailles  ;  &  celui  de  Quintus  ,  que 
l'on  trouve  dans  les  infcriptions  antiques.  Elle  a 
aulfi  deux  furnoms  fur  les  médailles  ;  celui  de  Saoula, 
&c  celui  de  Maridianus ,  qui  marque  apparemment 
une  adoption. 
COST,  ou  COQ  DES  JARDINS,  terme  de  Bota- 
nique. ^'bv^{  CosTUs. 
COSTA  ,  montagne  d'Auvergne  en  France.  Elle  efl: 
près  du  Mont  d'Or.  Le  haut  de  cette  montagne  eft 
élevé  de  850  toifes  fur  lafurface  de  la  mer  Méditer- 
ranée. Maraldi  ,  Aead.des  Se.  1705  ,  M^m.p,  2.32. 
COSTAL,  ALE.  adj.  ufitc  en  Anatomie.  Prononcez 
Vs  ,  quoiqu'on  ne  la  prononce  point  dans  Cojie.  Qui 
appartient  aux  côtes.  Cojialis.  Il  y  a  huit  vertèbres 
que  l'on  appelle  eojLiles  ou  plenrires  ,  parce  qu'elles 
arriculent  les  côtes  qui  font  tapidées  intérieurement 
de  la  pleure.  Les  vertèbres  cojlales  font  les  huit  qui 
fuivent  la  féconde,    que  Von  noinmc  axillaires  ; 
ainfi  c'eft  la  troifième  ,  la  quatrième  ,  fi'i:.  jufqu'à  la 
dixième  inclufivcment. 

Ce  nom  vient  du  latin  cofla  ,  côte. 
COSTAL  ou  COTEAU,  f.  m.  On  trouve  ces  mots 

dans  le  vieux  langage  pour  fignilîer  auprès. 
COSTE.  Voyei  Cote. 
COSTEMJ. 'Foyei  Côtîau. 
COSTELETTE.  J^oye^  Côtelette. 
COSTEMENT,  f.  m.  vieux  mot,  coud  ,  dcpenfe. 
Imper.fa  ,  furnpcus.  Et  pai  roit  le  cojtement  aux  Vé- 
niliens.  ViLLEHARD,  «.  ICI.  Quelques  Auteurs  la- 
tins du  moyen  âge  ont  dit  citJiamemum.Dv  Fresne, 
GlofTcfur  Fillehard. 
COSTH,  f.  m.  racine  femblable  au  gingembre,  de 
laquelle  on  fe  fcrt  dans  la  compofition  des  parfums. 
Il  y  en  a  de  deux  efpèccs-,  l'une  amère,  que  l'on 
trouve  communément  dans  le  territoire  de  Schiras, 
où  on  la  nomme  Cojt  tdkh  La  féconde,  doue?  ,  qui 
vienr  des  Indes,  &  qui  s'appelle  Cojih  Schirin  en 
periien.  Les  grecs  l'ont  nommée  Cojtos,  6c  les  la- 
tins Cojius.  C'eft  une  efpèce  de  gingembre  fauvage, 
&  de  zédoaria.  Diofcoride  en  diftingue  trois  ef- 
pèces  -,  l'Arabique,  qui  eft  blanche  -,  l'Indienne,  qui 
eft  noire  -,  6-:  la  Syriaque ,  de  couleur  de  buis ,  dont 
elle  a  aulïl  la  pefanteur.  Pline  n'en  diftingue  que 
deux  ;  la  blanche  8c  la  noire.  D'Herb. 
COSTIFRE.  Foyei  Côtiere. 

COSTON  ,  f.  m.  tetme  de  Marine.  Pièce  de  bois 
dont  on  fc  fert  pour  fortifiet  un  mât,  auquel  on  le 
Joint  étroitement. 

On  dit  auiri,en  termes  de  Jardinage,  eojions  d'ar- 
ti  baux.' 
COSTOYER.  Foyei  Côtoyer. 
COSTUME  ,  f.  m.  terme  de  Peinture.  Ce  mot  eft 
tout  italien  ,  mais  il  a  palfé  dans  notre  langue  ;  il 
lignifie  proptement  «yi?f,  coutume.  On  l'entend, 
1°.  de  tout  ce  qui  concerne  les.ufaiics,  les  mœurs, 
les  habillemens  ,  les  armes ,  la  phylîonomie  &  la 
façon  de  vivre  de  chaque  peuple  ■,  2".  de  tout  ce  qui 
regatde  la  Chronologie,  l'ordre  des  temps  &  la 


C  OT 

vérité  de  certains  faits  connus  de  tout  le  monde  ; 
30.  de  ce  qui  concerne  ks  bicnféances ,  le  caraélère 
&i  les  convenances  propres  de  chaque  âge   &  de 
chaque  condition  i  4".  enfin  de  tout  ce  qui  regarde 
la  nature  ,  la  qualité  &c  la  propriété  cfltntielle  des 
élcmcns ,  des  corps  &c  de  toutes  les  choies  natu- 
relles. Les  grands  Peintres  Lombards  fe  font  plus 
attaches  à  ce  qui  regarde  la  couleur ,  qu'à  ce  qui  eft 
du   dclfcin  ,  éc  à  ce  qu''on  appelle  eojtume.  Félib. 
C'eft  proprement  l'art  de  traiter  ou  de  peindre  un 
fujjt  lùivant  la  manière  qui  lui   eft  propre,  en  fe 
conformant  aux  ufages  des  difîcrers  temps  &  des 
diiicr  ns  lieux.  Dans  la  defcription  géographique 
de  la  Chine  ,  on  trouve  que  la  gravure  des  figures 
mérite  un  éloge  particulier.  Outre  la  douceur  du 
burin  ,  on  y  admire  le  goût  &  l'entente  des  figures 
ii.  formes  Chmoilcs  priies  d'après  nature  avec  une 
parfaite  intelligence  du  co/Z/zOTt"  Chinois.  Journ,  de 
Trev.  Murs  1-7 \6.  Nous  écrivons  &  nous  pronon- 
çons eojtume  •,  les  Italiens  cojlumc. 
COSTUS  ,  f.  m.  plante  des  Indes  Orientales  dont  les 
Anciens  ont  décrit  tro^s  efpèces  -,  fiivoir  Y  Arabique, 
qui   eft  blanc  ,    léger   &    d'^ine  odeur  douce  8c 
agréable  ;  l'Indique  qui   eft  plein,  noir  &  léger 
comme  la  férule  ;  &  le  Syriaque  qui  eft  pefant ,  de 
couleur  de  buis ,  &  d'une  o  leur  forte.  Cojtiis  ,  Cof- 
tum.  Quelques  modetnes  croient  que  ces  ccjtus  font 
la  racine  d'une  même  plante,  8c  qu?  leur  différence 
ne  vient  que  de  la  diverfîté  du  cl'mat,  ou  de  la 
terre  où  ils  croilfent.  Le  cjfius  qn'o-^  trouve  chez 
les  Apothicaires  eft  une  racine  de  la  rrodéur  du 
pouce ,    &  quelquefois  de  deux  ,    d'une  couleur 
blanche  tirant  fur  celle  du  bu'S,  d'une  odeur  aro- 
matique &c  d'un  goût  un  peu  acre ,  mêlé  de  quelq'ie 
douceut  &  de  quelque  amcftum".  Il  y  a  une  autre 
efpèce  de  cojîus ,  qu'on  apnelle  cojius  corticofus. 
C'eft  l'écorce  d'un  arbre,  grife,  rahof'ife  &  d1  ine 
de  fidûres  en  dehors,  blanche  au  dedans,  tin  p-'U 
plus  épairte  que  la  cannelle  ,    à   la^  i-Il-  ell-  ref- 
femble  pour  la  forme  :  elle  eft  aufTi  fort  aroma- 
tique ,    &  approche  aifez  du  goût  &  d^s  qualités 
du  véritable  coftj's.  Le  cofius  eft  propre  pour  1"s 
maladies  de  l'eftomnc,  du  fo'e  ,  de  la  mntr'c?  & 
des  reins.  On  s'en  fert  dins  la  colique,  dans  les 
obftruiftions  &  dans  la  paralyfie, 

C  O  T. 

COTANGENTE  ,  f.  f  terme  de  Géométrie.  C'eft  la 
tangente  d'un  arc  nui  eft  le  com^'lément  d'un  au- 
tte  arc.  Harris.  La  coc.z/igente  de  30  degrés,  eft 
la  Unirence  de  So  degrés. 

COTANTIN.  Contrée  de  la  bifle-Normandie  ,  dont 
une  partie  forme  une  prefqa'Ile  qui  s'avance  fur 
l'Océan  ,  &  qui  fait  les  pies  de  devant  du  chien 
couché  que  repréfcnte  la  Normandie  fur  les  cartes. 
Conjiantienjis  ager.  Autrefois  on  écrivoit  Caut.in- 
tin  ,  Conjiintin  &  Cout.intin  ,  comme  écrit  encore 
Maty  j  mais  aujourd'Iiui  il  faut  écrire  &:  prononcer 
Cotmtin  ,  quoique  l'on  dife  Courancc.  'L'iCotantin 
a  lamerBritanniqueauSeprentrion  &  à  l'Occident-, 
le  BeHiii  à  l'Orient ,  &  l'Avranchin  au  Midi.  Ce 
pays  prend  fon  nom  de  Coutance  fa  Capitale.  Les 
peuples  de  ce  canton  ont  été  premièrement  connus 
foas  le  nom  de  Romandui-,  5c  depuis ,  félon  Sanfon , 
fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule-,  &  d'Ablancourt 
en  fa  traduclion  des  Commémores  de  Cej.ir  , 
Unelli -,  Le  Cotantin  a  eu  anciennement  titre  de 
Comté.  S.  Thomas  étoit  originaire  du  Cotmtin  par 
fa  mère.  Voye^^  au  mot  Thomas.  Le  Cardinal  du 
Perron  &;  S.  Evremont  étoient  auflî  originaires  du 
Cotantin.  Belleforèt  écrit  Cofltntin  ;  &  Charles  de 
Boutgeville  ,  en  fes  Antiquités  d^  Nciiflrie  ,  au/fi- 
bien  que  Dumoulin  ,  dans  ConHiJi.  de  Norm,  Caf- 
tent in. 

COTE,  adj.  5c  f.  f  (  la  première  fyllabe  eft  brève.) 
Quelques-uns  écrivenr  quote  ;  mais  fes  dérivés  en 
font  changer  l'orthographe.  Partie  d'un  tout  qui  eft 


COT 

'dîvifé  pour  en  diftribuèr  à  chacun  Ta  pah,lbit  pour 
îe  gain ,  Ibit  pour  la  perte.  Pars.  On  a  tait  l'ailiette 
de  la  taille,  on  vous  en  a  donné  tant  pour  votre 
ico/e-part  Capiti  cuiliiet  iniuui  tributi  pars.  On  a 
partage  le  profit  de  notre  fbciété ,  il  m'en  révient 
tant  pour  ma  cf/^-pairt. 

CoTE-OTor/c  cil  la  dépouille  i  la  fuccefTion  d'un  Moine 
qui  vivoit  hors  laMenfc  comniune,  qui  avoir  quel- 
que Bénéfice  ,  ou  quelque  pécule,  dont  l'Abbé  &  le 
Couvent  héritent.  Monachi  extra  nwnujleriiim  mo- 
rientis  hercditas, 

La  Cote-morte  des  Religieux  de  Cîteaux  n'appar- 
tient point  aux  Abbés  Commendataires ,  mais  au 
Moriaîlère, 

Cote  mal  taillée.  On  dit  dans  le  langage  commun  & 
ordinaire ,  Faire  une  cote  mal  taillée  ;  pour  dire , 
arrêter  un  compte,  en  rabatant  quelque  choie  de 
part  &  d'autre  ,  &:  lans  l'examiner  exaélcment. 
Paclio  arbitraria  vel  cum  aliquo  jiib  damna. 

|CF  Cette  exprefllon  vient  de  l'ulagé  bt\  l'on 
ctoit  autrefois;  &  où  l'on  elt  encore  aujourd'hui 
dans  quelques  endroits ,  de  marquer  la  quantité  des 
fbrnitures  que  l'on  acheté  à  crédit  fur  des  tailles , 
c'eft-à-dire ,  un  morceau  de  bois  iéndu  en  deux , 
dont  chacun  garde  une  moitié.  Quand  les  entailles 
faites  avec  le  couteau  fur  ces  deux  parties  que  l'on 
rapproche  l'une  de  l'aurrc  ,  ne  fé  rapportent  pas , 
on  dit  que  c'eft  une  cote  mal  taillée'. 

On  le  die  quelquefois  abfolument.  Chacun  a  payé 
volontairement  la  cofe.  C'eft  en  ce  fens  qu'on  dit, 
faire  une  cote  mdl taillée;  pour  dire,  régler  une  choie 
incertaine  &;  embrouillée  à  une  Ibmme  liquide ,  fans 
entrer  dans  la  dilcuffion  des  particularités  pour  la 
partager.  PaFtio  arbitraria^  non  excuffa  re.  Dans  ce 
procès  il  y  avoir  bien  des  demandes  de  part  &  d'au- 
tre ,  les  Jiiges  en  ont  fait  une  co/e  mal  taillés ,  S^ 
n'ont  adjugé  que  telle  fomme  à  un  tel. 

Cote,  en  termes  de  Palais ,  eft  une  lettre  ou  im  chiffre 
qu'on  mer  au  dos  d'une  pièce  menrionnée  en  un 
inventaire  ou  en  une  produélioh  ,  pour  la  marquer 
&  la  diftinguer  des  autres,  &  la  trouver  plus  faci- 
lement. SUperfcriptus  alicui  codici  numerus,  vel 
fuperfcripta  littera.  Cette  pièce  eft  la  troîfîème  pro- 
duite fous  !a  cote  B. 

Cote  lignifie  auffi  la  part  que  chacun  doit  porter  & 
payer  d'une  impofition  ,  ou  dépenfe  commune.  Im- 
pojitum  capitibus  fmgulis  tributum,  exaclio  capi- 
tum.  Ce  font  les  ÀfTeeurs  des  tailles  qui  règlent  la 
cote  de  chacun  des  contribuables.  Ce  payfan  a  payé 
fa  core.  Cet  autre  eft  appelant  de  {-xcote.  De  cette 
contribution  chacun  doit  payer  fa  core-part.  En  ce 
fens,  &  en  celui  de  l'article  précédent,  ce  mot 
vient  de  quotas  ou  quot-,  qui  veut  dire  quantième 
t)u  combien  ;  &  c'eft  par  corruption  qu'on  l'écrit 
par  un  c ,  puifqu'on  devoir  écrire   quote.    Voyez 

QùOTE. 

COTE  ,  f.  f.  terme  d'Anatomie.  Os  long  &c  fait  en 
arc  qui  fert  à  former  les  parries  latérales  du  rhorax. 
Cojia.  Les  côtes  onr  leur  arriculation  dii  côté  du 
dos  avec  les  verrèbres.  Elles  finilîént  antérieure- 
ment par  des  cartilages  qui  leur  fervent  d'cpiphifes. 
Il  y  a  vingt-quatre  ca/e5,-  douze  de  chaque  côté. 
Tous  les  hommes  n'ont  pas  le  mènie  nombre  de 
côtes,  il  y  en  a  qui  en  onr  plus  que  les  autres  ,  & 
d'autres  qui  en  ont  moins,  f^oyei  l'Anatomie  de 
Bartholin,  L.  IF,  C.  17.  Les  côtes  fe  divifent  en 
vraies  &  en  fautes.  Les  vraies  font  les  fept  fupé- 
tieures ,  que  l'on  appelle  ainfi ,  parce  qu'elles  achè- 
vent le  cercle  plus  parfaitement  que  les  autres ,  & 
qu'elles  touchent  au  fternum,  avec  lequel  elles  ont 
une  ferme  articulation.  Les  cinq  dernières  s'appel- 
lent fflK/ej  coV^r^ ,  parce  qu'elles  font  plus  petites 
Si  plus  courtes  que  les  autres  ,  &  qu'elles  ne  vont 
pas  jufqu'au  fternum  ,  ce  qui  fait  qu'elles  n'ont 
qu'une  articulation  fort  lâche.  Elles  fe  terminent 
en  des  cartilages  longs  &  mous ,  qui  fe  recourbent 
en  haut ,  &c  s'uniflent"aux  co;«  lupérieures,  comme 
s'ils  y  étoienr  collés  -,  excepré  la  dernière,  qui  étant 
la  plus  petite  de  toutes  n'eft  point  adhérente  par 


devant  à  aucune  autre.  Les  côtes  les  plus  hautes  (but 
plus  larges  que  les  plus  balfes. 
.     On  le  dit   aufli   des  animaux.    Des    côtes    de 
bœuf,  de  mouton,  de  baleine. 
§Cr  Eve  fut' formée  d'une  côte  d'Adam.  C'eft  poiit 
cela  que  Boileau  a  dit  en   badinant. 

Ce  Marquis  imbécile; 
Croit  que  Dieu  tout  exprès ,  d'une  côte  nouveilc 
A  tiré  pour  lui  J'eul  une  femme  fidelle, 

^fT  Dans  quelques  phrafes  le  mot  côte  fe  dit  figu- 
rément  éc  familièrement  pour  extraélion ,  def- 
ccndans.  Nous  fommes  tous  venus  de  la  côte 
d'Adam.  II  fe  croit  de  la  côte  de  S.  Louis ,  en 
parlant  d'un  homme  qui  fe  pique  mal-à-propos 
d'une  haute  nobleflè. . 

03"  Côte  à  côte  adv.  à  côté  l'un  de  l'autre.  Mar- 
cher côte  à  côte.  On  le  dit  quelquefois  pour 
marquer  l'égalité  des  conditions.  Commiffls  late-' 
ribus  viam  inire,  ex  xquo  incedere.  Deux  Con- 
feillers  doivent  marcher  côte  à  côte, 

Ç^ui  déformais  à  la  maltôte 

Ofera  difputer  le  rang , 

Depuis  qu'elle  va  côte  â  côte , 

Avec  tous  les  Princes  dufang  ?  P.  Le  JaYo 

Cette  Epigranlme  fut  faite  à  l'occafion  de  la 
capitition  qui  fut  la  même  pour  les  Princes  dii 
fang ,  &  pour  les  Fermiers  Généraux. 

On  dit  d'un  homme  ,  ou  d'un  animal  très-mai- 
gre ,  qu'on  lui  voit  les  cotes ,  qu'on  lui  compte 
les  c-ôtes. 

On  dit  proverbialement  &c  populairement  mefurer 
les  côtes  -,  pour  dire  ,  battre  à  coups  de  bâton ,  de 
plat  d'épée ,  de  nerf  de  bœuf,  ou  de  quelque 
chofe  qui  plie  en  frappant. 
,  On  dit  prov.  &  fig.  ferrer  les  côtes  à  un 
homme  ,  pour  lignifier  qu'on  le  preffe  vivement, 
qu'on  le  pourfuit  avec  chaleur ,  pour  l'obliger  à 
faire  quelque  chofe.  AcAd.  Fr. 

CÔTE  fe  dit  aufTi ,  par  refTemblance  ,  de  plufieurs 
chofes  étendues  en  longueur ,  &  qui  fbnt  arron- 
dies pour  enfermer  quelque  chofe,  CoJia.  En  ce 
fens  on  dit  les  côtes  d'un  luth  ,  les  côtes  d'un 
melon,  les  côtes  d'une  carcalTé,  qui  eft  une  ef- 
pèce  cie  bonibe, 

CÔTE  ,  en  termes  de  Betanique  ,  lignifie  les  arêres 
relevées  qui  font  fur  le  dos  des  feuilles.  StaminUr, 
Côte  eft  aufli  le  brin  qui  foiitient  les  feuilles  de 
ïaccacià,  par  exeinple- ,  &  des  autres  feuilles 
compofées.  On  appelle  côte  branckue  celle  qui 
eft  divilee  en  branches. 

On  appelle  en  Guienne  ,  tabac  (zns  cotes , 
celui  donr  on  ôte  la  nervure  avant  que  de  le  filer  j 
on  y  deftine  les  meilleures  feuilles ,  c'cft-à-dire  , 
celles  qui  fbnt  au  milieu  de  la   tige. 

CÔTE  de  foie.  Soie  de  médiocre  qualité.  C'eft  ce 
qu'on  nofnine  comrhunémeïit  du  fcapiton,  ou  du 
fleuret, 

CÔTE ,  en  Architedure ,  font  les  lifteîs  qui  féparent 
les  cannelures  fur  le  fût  d'une  colonne  cannelée,; 

Côtes  de  Dôme,  ce  font  les  faillies,  qui  excèdent 
le  nu  de  la  convexité  du  dôme,  &  la  partagent 
feulemenr ,  en  répondant  à  plomb  aux  jambeé 
de  k  tour ,  &  terminant  à  la  lanterne  :  elles  font 
ou  fîmpîes  en  manière  de  plarebandes ,  ou  or- 
nées de  inoulures ,  comme  la  plupart  des  dômes 
de  Rome.  Stria  média  inter  geminas  flriges. 

CÔTES  de  Coupe,  font  des  faillies  qui  féparent  la 
douelle  d'une  voûte  fphérique  en  parties  égales, 
Cofla.  Elles  fonr  quelquefois  enrichies  de  com- 
partimens.  On  appelle  côteS  de  pierres  ,  ou  de 
marbre ,  les  plus  longs  morceaux  qui  fervent  i 
incrufter  ;  ils  font  étroits ,  &  plus  épais  que  les 
fimples  tranches. 

En  termes  de  Marine,  on  appelle  côtes,  ou  mem- 
bres de  navire,  les  pièces  qui  font  îoïntes  à  la 
quille  ,  &  qui  moment  jufqu'au  platbord  pouE 
compofer  le  corps  du  vajfleaur  Elles  fone  de  pla* 


Q/LA.  C   O    JL 

fleurs  pièces ,  5c  ont  plulicurs  noms,  &  confiftent 
en  varangues ,  fourcats ,  genouils  &  alonges. 
fer  CÔTE  îii^nifie  aufiTi  les  rivages  Si  les  terres  qui 
s'étendent'^lc  long  du  bord  de  la  mer,  Ora,  httus. 
La  France  a  plus  de  cinq  cens  lieues  de  côtes. 
Tel  vailîeau  a  paru  à  la  côie ,  lur  la  côte.  Les 
gens  de  mer  dilenr  toujours  côte  ,  ,&  jamais  riva- 
ge ,  en  parlant  de  la  mer.  On  dit ,  la  côte  efl: 
faine;  pour  dire,  qu'il  n'y  a  point  de  rochers. 
Cote  tacheule ,  dansereufe  ,  pleine  d'ccueils.  Côte 
fous  le  vent ,  c'ell  la  côte  où  le  vent  poufle  le 
vailîeau.  Côte  en  écorre  ,  eft  une  côte  taillée  en 
précipice.  Alongcr,  ranger,  râler  la  côte,  c'cfl: 
aller  fur  mer  près  de  la  cote.  Etre  jeté  à  la  cote , 
cela  fe  dit  de  ce  que  la  mer  rejette  fur  les  côtes. 
Donner  à  la  côte,  aller  à  la  côte,  fe  dit  d'un 
vaiffcau  qui  touche  à  côte ,  qui  s'approche  trop 
près  de  la  côte ,  qui  périt  pour  toucher  à  la  côte. 
On  dit  qu'une  côte  court  Eft-Oueft  ■■,  pour  dire  , 
qu'elle  va  d'Orient  en  Occident.  Ji>  Oriente  ad 
Occidentem.  Du  Gange  dit  qu'en  la  baîfe  lati- 
nité on  a  dit  cojla  maris  ;  pour  dire ,  côte  de  la 

mer. 

On  appelle  Gardes-côtes ,  des  navires  armes  en 
guerre  qui  croilént  fur  les  côtes  pour  les  défendre 
des  Corfaires.  Naves  littoriuii ,  orarum  ciijiodes.  ^ 
hznoïXi  as  côte  fe  donne  comme  nom  propre  à 
plulieurs  pays  fitués  fur  la  mer.  Cojîa  rica ,  ou  côte 
r/c/^e, Province  de  l'Audience  de  Guatimaj.'à  dans 
la  nouvelle  Elpagne.  Côte  des  Caftes  ou  Cafteric. 
Côte  des  dents.  Ora  dentium ,  partie  de  la  Gui- 
née en  Afrique.  Ccte  déferre ,  partie  de  la  Cafre- 
rie  vers  le  Cap  de  Bonne-Efpérance ,  entre  le 
Cap  do  Infante  ,  ou  de  l'Infant ,  &  la  rivière  de 
même  nom.  On  donne  le  même  nom^  à  une  par- 
tie des  Terres  Magellaniques  ,  du  côté  de  l'O- 
rient, entre  la  rivière  de  la  Plata  &:  le  port  dé- 
fîré.  Côte  d'or,  Ora  atirea,  la  plus  grande  & 
la  plus  orientale  partie  de  la  Guinée.  Côte  de 
Grain  en  Afrique ,  depuis  les  bords  de  Rio  StÇ- 
tos  jufqu'au-delà  du  Cap  des  palmes.  Côte  de 
Gènes  en  Italie.  Côte  de  la  Pêcherie,  5c  non  pas 
de  Pêcheries,  comme  dit  Maty,  &  après  lui  M. 
Corneille,  Voye^  Pêcherie. 

^  CÔTE  fe  dit  encore  pour  le  penchant  d'une 
montaç^ne,  d'une  colline.  Declivitas.  Audi  l'on 
dit  une  belle  côte ,  une  côte  fertile  &  agréable. 
Une  côte  plantée  en  vignes,  en  bois.  Maifon 
bâtie  fur  la  côte,  fur  le  haut,  au  bas  de  la  côte. 

§Cr  Mi-cÔTE.  Façon  de  parler  adverbiale.  Maifon 
bâtie  à  mi-côte,  &C  non  pas  à  demi-côte,  fur  le 
penchant. 

fp-  CÔTE  rôtie.  Colline  de  France ,  connue  par  les 
bons  vins  qu'elle  produit.  Ce  nom  lui  vient  de 
ce  que  le  foleil  femble  la  brûler  de  fes  rayons , 
&  y  mûrit  les  raifms  d'une  façon  particulière. 

^iZT  CÔTE  de  S.  André,  ou  funplemenr  la  côte. 
Petite  ville  de  Dauphiné ,  dans  le  Viennois ,  à 
cinq  lieues  de  Vienne. 

'Cô-ïi.-rouge.  Efpèce  de  fromage  ,  que  l'on  tire  de 
Hollande ,  dont  la  pâte  eft  dure  &C  ferrée ,  com- 
me celle  du   Parmefan  d'Italie. 

CoTi.-blanche.  Autre  forte  de  fromage  de  Hollande  , 
qu'on  nomme  aufTi  pâte  molle,  pour  le  diftin- 
guer  de  la  côte-rouge. 

Cote  ,  terme  de  Conchiliologie.  Les  côtes  font  des 
élévations  plates  &:  alongées  que  l'on  voit  fur  cer- 
taines coquilles,  comme  fur  les  peignes. 

CÔTE  ,  en  termes  de  Charcutier ,  fe  dit  du  boyau 
de  porc  ,  qui  fert  d'envelope  aux  divers  ingré- 
diens  qui  enrrent  dans  la  compofition  du  boudin 
&  des  faucilles. 

CÔTE ,  terme  de  Vannier.  On  appelle  côtes ,  dans 
les  ouvrages  de  Vannerie  ,  les  nervures  qui  font 
formées  par  l'entrelacement  des  menus  olîers , 
autour  des  ofiers  plus  forrs ,  qui  en  font  comme 
la   carcafTe.  Les  côtes  d'une  hotte ,  &c, 

ffr  COTE ,  f.  m.  partie  droit  ou  gauche  du  corps   | 
<fc  l'animal,  depuis  l'ailfelle    jufqu'à   la  hanche. 


COT 

Lattis.  Côté  gauche,  côté  droit.  On  fe  couche 
fur  le  côté.  Recevoir  un  coup  d'épée  dans  le  côté. 
Le  côté  lui   fait  mal. 

^3"  CÔTÉ  fe  prend  dans  une  acception  plus  géné- 
rale de  toute  la  partie  droite  ou  gauche  de  l'ani- 
mal. Boiter  du  côté  droit ,  du  côté  gauche  ,  des 
deux  côtés.  Il  eft  perclus  du  côté  gauche ,  de  la 
partie  droite  du  .corps.  Son  ami  marchoit  à  fon 
côté  ,  à  fes  côtés. 

ffT  On  dit  marcher  à  côté  de  quelqu'un  ,  foit  au 
propre  ,  pour  dire  auprès  ,  foit  au  figuré  , 
pour^dire  ,  à  peu -près  fon  égal.  Quand  Louis 
fait  la  guerre,  la  viâoire  marche  roujours  à  fon 
côté. 

Moi-même  fur  fon  trône  à  fes  côtés  afjife , 
Je  fuis  à  cette  loi ,  comme  un  autre  ,  joumife. 

Rac. 

^  Molière  marche  à  côté  de  Plante  &  de  Tc- 
rence.  Dans  le  ftyle  familier ,  fe  tenir  les  côtés  de 
rire ,  rire  à  gorge  déployée. 

|Cr  Et  figurément  ,  mettre  quelque  chofe  du  côté 
de  l'épée ,  mettre  à  couVeit  quelque  gain  qu'on 
a  fait ,  quelque  Ibmme  d'argent.  On  le  dit  ordi- 
nairemenr  en  mauvaife  part  d'un  gain  illégitime, 

IJC?  Côté  lignifie  encore  endroit ,  je  ne  fai  de  quel 
côté  tourner.  Qiiam  in  partem ,  &c.  Voyez  de  quel 
côté  vient  le  vent.  Dans  un  fcns  figuré  examiner 
de  quel  côté  vient  le  vent ,  c'eft  examiner  l'état 
des  afiùires  pour  fe  déterminer  &c  prendre  fon 
parri  en  conféquence.  Exprelfion  proverbiale ,  &C 
du  ftyle  famiher.  Les  Mages  virent  l'éroile  du 
côté  d'Orient,  Ab  Oriente.  Les  Portugais  ont 
trouvé  le  chemin  des  Indes  du  côté  de  l'Occident, 
Ab  Occidente  Ce  Général  a  fait  femblant  d'aller 
vers  un  tel  lieu,  mais  il  a  tourné  fa  marche 
d'un   autre  côté.  Alio ,  aliorfùrh. 

On  dit  par  analogie  \e  côte  droit ,  le  côté  gauclie 
d'un  bâtiment.  Les  bas  côtés  d'une  églife  font  les 
aîles  bafles  qui  font  à  côté  de  la  nef.  Foye^  Bas, 

CÔTÉ,  en  ce  fens,  fe  dit  non-feulement  de  ce  qui 
eft  à  droite  &;  à  gauche ,  mais  auifi  de  tout  ce 
qui  eft  autour ,  aux  environs.  Undique  ,  unde- 
cunque.Ccv.t  ville  eft  aHiégée  d'ennemis  de  tous 
les  côtés.  Ce  Prince  eft  environné  de  tous  côtés 
d'une  foule  de  Courtifans.  Un  Surintendant  ne 
voir  de  tous  côtés  que  des  demandeurs  &  des 
importuns.  Ce  malheureux  eft  pcrfécuté  de  tous 
côtés  par  ces  créanciers,  par  toutes  fortes  de  maux. 

Ciel!  quel  nombreux  effain  d'innocentes  beautés 
S'offre  à  mes  yeux  enfouie ,  &  fort  de  tous  côtés  ? 

Rac. 

CÔTÉ ,  en  terme  de  Marine ,  fe  dit  des  flancs  du 
vailfeau.  Latera.  Stribotd  eft  le  côté  droit,  bâ- 
bord eft  le  gr.uche.  On  dit  qu'un  vahfeau  a  un 
faux  côté,  lorfque  le  vaifleau  a  un  côté  plus  fort 
que  l'autre.  On  dit  aufTi  ,  qu'un  vaiffeau  eft  fur 
le  côté  ,  lorfqu'il  eft  échoué  fur  les  fables  ,  &  qu'il 
eft  plus  penchant  d'un  côté  que  d'autre.  On  le 
dit  aulîi ,  lorfqu'on  l'a  tiré  à  terre  pour  le  radou- 
ber ,  &:  qu'on  a  été  oblige  de  le  renverfer.  On 
dit  auffi ,  mettre  le  vailfeau  côté  à  travers ,  ou 
mettre  de  travers ,  lorfque  de  gros  temps  on 
préfente  le  côté  au  vent  ,  &  qu'on  ne  peut 
pas  porter  à  roure ,  ou  lorfqu'on  ne  veut  pas 
avancer  dans  un  parage  dangereux ,  en  lailTanr 
aller  le  vaifleau  à  la  dérive  au  gré  des  vents 
&  des  marées.  Oblique.  Côté  en'  travers ,  fe  dit 
aufîî  d'un  vaifleau  qui  préfente  le  côté  à  une 
forterefle  pour  la  canonncr.  On  d;t  encore 
donner  le  côté  ,  prcfcnrer  le  côté.  Le  côté  du 
venr  eft  le  côté  d'où  vient  le  vent,  côté  fous 
le  vent ,  eft  le  côté  où  le  vent  porte  le  vaifleau. 
Faux-côté,  fe  dit  d'un  vaifleau  qui  a  un  côté 
foible,  mal  gariM, 

On  dit  qu'on  a  mis  trente  bouteilles  fur  le  côté  ; 

pour 


C  O  T 

pour  dire,  qu'on  les  a  renverfées  ,  couchées  .1 
terre  après  les  avoir  bues.  Exhaurire.  Cette  bou- 
teille ell:  fur  le  côté  ;  elle  eft  vide.  On  a  jeté 
cet  homme  fur  le  câtS\  pour  dire,  qu'on  l'a  eni- 
vre, Se  obligé  di  fe  coucher;  &  même  on  le  dit 
de  ceux  qu'on  a  tués. 
ffj"  On  dit  auffi  figurément  &c  familièrement  d'un 
homme  dont  les  affaires  font  en  mauvais  état , 
qu'il  eft  fur  le  côté ,  res  inclinata.  On  le  dit  de 
même  d'un  courtiian  qui  perd  fon  crédit. 

On  dit  au  manège,  porter  un  cheval  de  côté, 
pour   dire,  le  faire  marcher  fur  deux  piftes,dont 
l'une  eft  marquée  par  les  épaules ,  l'autre  pat  les 
hanches. 
En  Arithmétique  on  met  d'un  côté  le  divifeur  ,  de 
l'autre  côté    le    quotient.    Hinc ,   lUinc  ;  ex   iina 
exaltera pj.rte.  Le  pal  divife  les  deux  côtés  de  l'Ecu. 
Utraqiu  pars  ,  iitrumque  latiis. 
^3"  En  géométrie ,  les  côtés  d'une  figure   fonr  fes 
lignes  que  forment  fon   périmètre.  Le  côté  d'un 
angle  eft  une  des  lignes  qui  forment  l'angle. 
^3"  Le  côté  d'une  puiffance  eft   iynonime  à  racine. 

Voye^^  Racine,  en  géométrie. 
^CFCôtÉ  lignifie  auflî  partie  d'une  chofe,  lesdifférens 
fens,  les  différens  biais  dans  iefquels  on  peut  prendre 
une  chofe  ,  &  en  parlant  des  étoffés ,  l'endroit  & 
l'envers.  Toutes  les  étoffes  ont  le  côté  de  l'endroit, 
&  le  côté  de  l'envers  :  il  les  faut  regarder  du 
bon  côté\  il  les  faut  couper  de  droit  fil,  &  non 
pas  de  biais ,  pour  les  couper  du  bon  côté.  Les 
lunettes  font  voir  d'un  côté  les  objets  plus  grands , 
•  &  de  l'autre  plus  petits.  Il  y  a  des  perfpetlives 
qui  font  voit  d'un  côté  des  objets  agréables,  & 
de  l'autre  des  monftres. 
ffT  On  le  dit ,  dans  un  fens  figuré  ,  des  diffcrenres 
manières  d'examiner  les  perfonnes  &  les  choies  , 
des  différentes  faces  fous  lefquelles  on  peut  les 
confidérer  ;  ainfi  l'on  dit  prendre  une  chofe  du 
bon  ,  du  mauvais  côté.  In  bonatn  ,  in  malam  partem 
accipere  y  interpretari.  Les  envieux  ne  regardent 
jamais  les  actions  des  hommes  du  bon  côté.  Ut 
oportet .,  ut  decet.  On  l'a  interrogé,  on  l'a  pris 
paf  tous  les  côtés ,  partes  in  omnes ,  on  n'a  pu 
tirer  la  vérité  de  fa  bouche.  Il  eft  impolfible  de 
corrompre  ce  Juge,  de  quelque  côté  qu'on  le 
tente.  Ce  paflage  fe  peut  entendre  également 
bien  des  deux  côtés  ,  en  quelque  fens  qu'on  le 
prenne.  In  utrumque  fenfum  accipi poteJl.On  n'aime 
point  à  être  montre  d'un  côté  ridicule.  Beli, 

Mais  eut-on  d'autre  part  cent  belles  qualités , 
On  regarde   les  gens  par  leurs  mechans  côtés. 

Mol. 

Coté.  tfT  En  Jurifprudence,  lignifie  ligne  de  pa- 
renté. Parent  du  côté  du  père ,  du  côté  de  la 
mère.  Côté  paternel ,  côté  maternel.  Il  eft  héritier 
d'un  tel  du  côté  du  père.  Les  propres  marernels 
viennent  du  côté  de  la  mère.  Ex  génère  paterno , 
materno.  On  dit  qu'un  enfant  eft  du  côté  gau- 
che ;  pour  dire  ,  qu'il  eft  bârard.  Spurius.  Cette 
façon  de  parler  efî  tirée  du  Blafon ,  parce  que  la 
marque  de  bâtardife  dans  les  Ecus  eft  une  barre , 
ou  filer,  qui  le  taille  ou  divife,  en  prenant  du 
côté  gauche  au   droit. 

CÔTÉ  ù  ligne ,  font  termes    qui   fe  trouvent    dans 
les  articles  }i<j  &   329  de  la  Coutume  de  Paris  , 
qui  expliquent  quels  font  les  parens  qui  font  appe- 
lés à  la  fuccelTion  des  piopres ,  dans  cette  Cou- 
tume &  dans  les  autres,  qui  par  une  difpofition 
femblable  gardent  le  milieu  entre   les  coutumes 
fouchères,  &:  celles  qui  appellent  à  la  fucceflîon 
des  ptopres  le  plus  proche  parent  du  défunt ,  du 
côté  paternel  ou  maternel ,  fans  avoit  égard    s'il 
eft  le  plus  proche  du  côté  &  li^ne  de  celui  qui 
a  mis  le  premier  les  biens  dans  la  famille. 
CÔTÉ  fignifie  aufli  un  parti.  ^CF   Ainfi  l'on  dit  être 
du  côté  de  quelqu'un  ,  être  dans  fon  parti.  Stare 
iii> ,  cum  ,  ou  pro  aliquo  ;  partes  alicujus  tencre. 
Tome  II, 


C  O  X  S4T 

Il  faut  fe  ranger  du  coté  le  plus  jufte  ,  du  côté 
de  la  juftice  ,  de  la  raifon.  Se  mettre  du  côté  des 
plus  forts.  Il  eft  neutre,  il  n'eft  d'aucun  côté,  m 
d'un  côté  ni  d'un  autre.  Propenjior  in  neutram 
partem.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit  qu'un  homme 
a  les  rieurs  de  fon  côté, 

IfT  A  CÔTÉ  eft  quelquefois  propofition ,  Sc  quel- 
quefois adverbe ,  &  fignifie  au  côte ,  i  droite  ou 
à  gauche ,  &  auprès.  Se  mettre  à  côté  de  quel- 
qu'un. Donner  à  côté  du  but.  Adverbialement 
marcher  à  côté.  Quand  vous  ferez  arrivé  en  tel 
endroit ,  prenez  à  côté.  Donner  à  côté ,  au  pro- 
pre &  au  figuré,  c'eft  s'éloigner  du  but.  Foyei 
But. 

1^  De  côté  ,  adv.  de  biais ,  de  travers ,  oblique- 
ment. Aller,  marcher  de  côté.  Votre  manteau  eft 
de  côté.  Ce  château  n'a  qu'une  vue  de  côté.  Re- 
garder de  côté  y  dans  un  fens  figuré,  regarder 
avec  mépris ,  ou  avec  colère.  Limis  oculis  af- 
peclare. 

|p°  Mettre  une  chofe  de  côté ,  la  mettre  en  réfer- 
ve  ,  pour  en  dérober  la  connoiffance  aux  autres, 
Seponere. 

Haut-cÔtÉ  ,  f.  m.  les  côtés  d'un  mouton.  Cofix 
vervecine, 

COTEAU  ,  f.  m.  gCT  n'écrivez  pas  côtau  avec 
Ménage.  ColUculus,  petite  élévation  de  terre  en 
forme  de  colline ,  ou  plutôt  penchant  d'une  col- 
line depuis  le  haut  jufqu'au  bas.  Si  le  terrain 
élevé  en  plan  incliné  au  deflus  du  niveau  de  la 
plaine  ,  qu'on  appelle  coteau  ,  a  une  certai- 
ne étendue ,  il  prend  alors  le  nom  de  côte.  Co- 
teau planté  de  vignes.  Coteaux  agréables ,  ferti- 
les. On  a  appelé  l'Ordre  des  coteaux  une  certai- 
ne fociété  de  débauchés  délicats,  qui  ne  vouloienc 
du  vin  que  d'un  certain  coteau.  Et  c'eft  apparem- 
ment eu  égard  à  cela  que  la  Bruyère  a  dit  :  qu'il 
y  a  des  grands  qui  fe  laiifenr  appauvrir  &  mai- 
trifer  par  des  Intendans ,  &  qui  le  contentent 
d'être  gourmets  ou  côtexux  ,  8c  d'aller  chez 
Thaïs ,  ou  chez  Phryné.  Boileau  en  a  auilî  parlé 
dans  fes  Satires ,  quand  il  a  dit  : 

Sur-tout  certain  hâbleur  à  la  gueule  affamée , 
Et  qui  s'ejidit  Profés dans  l'Ordre  des  coteaux, 
A  fait ,  en  mangeant  bien ,  l'éloge  des  morceaux. 

Voyez  une  Comédie  fur  ces  coteaux  faite  par 
S.  Evremont  qui  étoit  Coteau  lui-même.  Cette 
Comédie  eft  intitulée  :  Les  coteaux  ou  Marquis 
friands.  Il  y  décrit  ainfi  ces  coteaux, 

L  É  A  N  D  R  E. 

Je  crois  qiCen  eflimant  la  table  de  Terfandre  » 
Et  celle  de  Léonte ,  on  ne  peut  fe  méprendre. 

V  A  L  E  R  E, 
Cejl  un  Côreau. 

O  R  O  N  T  E- 
Marquis ,  qui  font  donc  ces  Coteaux  i 

V  A  L  E  R  E. 

Ce  font  gens  délicats  ,  aimant  les  bons  morceaux. 

Et  qui  les  connoiffant ,  ont  par  expérience 

Le  goût  le  plus  certain  &  le  meilleur  de  France  î 

Des  friands  d'aujourd'hui  ,  c'eji  f  élite  ù  la  fleur. 

En  -voyant  du  gibier  ,  ils  difent  à  l^ odeur  , 

De  quel  pays  il  vient.  Ces  hommes  admirables  , 

Ces  Palais  délicats  ,  ces  vrais  amis  des  tables , 

Et  qu'on  en  peut  nommer  les  dignes  Souverains , 

Savent  tous  les  coteaux  où  naiffent  les  bons  vins  } 

Et  leur  goût  leur  ayant  acquis  cette  fcience , 

Du  grand  nom  de  coteaux ,  on  les  appelle  en  France^ 

S.    EvREMOiTT, 

DDDDdd 


^4^ 


-r-» 


col 


COTELETTE ,  f.  f-  petite  côte.  Cojîa.  Il  ne  Te  dit 
qu'en  ces  phrafcs.  Des  côtMtus  de  mouton  ,  de 
cochon  ,  de  veau.  On  ne  leur  donne  ce  nom  que 
lor'que  l'endroit  où  ibnt  les  cotes,  clt  Icpare  de 
l'animal ,  &  que  les  côtes  elles-mêmes  lont  icpa- 
rces  les  unes  des  autres.   '  .       ,     • 

Les  cotckttcs  de  porc  -,  c'cd  un  ancien  droit  que 
les  Seiçrneurs  de  Bretagne  levoient  lur  Icuis  lujets. 

LOBINEAU  ,    T.  /  if-  iO^-  . 

COTELEE  r  f  lorte  d'habillement  des  trançois  , 
qui  ctoit  en'ulWe  il  Y  ^  ^"^'^1.^^'^.^  l.ccles.  Borel 
croit  que  la   cotelle  étoit  une  elpece  de  julte-au- 

corps.  .,  . 

COTER  V  a.  marquer  une  picce  au  dos  ou  une 
liifîe  d'un'chifre  ou  d'une  lettre  ,  pour  la  trouver 
au  befoin.  Supcrfcriberc ,  infcribere.  Ce  (ont  les 
Notaires  qui  cotait  &c  qui  paraphent  eux-mêmes 
les  pièces  d'un  inventaire. 
Coter  ii^nifie  aulfi  marquer  precifement.  Scnptons 
aliaqus  verba  afcne ,  profrre.lï  tant  nous  cour 
les  textes  où  vous  avez  vu  cette  doctrmc.  Co/cr 
un  chapitre,  un  verlet,c'eft  marquer  quel  quan- 
tième il  eft.  .  /^,  n.  j  ■ 
ItT  Coter  Procureur,  terme  de  pratique. Ceit dé- 
clarer par  exploit  que  tel  Procureur  occupera  pour 
celui  qui  fait  donner  l'exploit. 
Coté  ,  ÉE.  part.  ïnfcriptus  ,  juperjcrtptus.  _  _ 
COTEREAU  1".  m.  Coterellus.  Les  cotereaux  etoient 
•  des  voleurs,  des  bandits,  qui  infettèrenr  le  Lan- 
<ruedoc  &  laGafcogne  dans  le  XIIc  liecle  ,  fous 
Louis  VII  Les  Cotereaux  fe  louoient  comme  les 
Brabançons  pour  faire  la  guerre  ,_  à  ceux  qui 
vouloient  tirer  vengeance  d'une  injure  ,  &  rava- 
eeoient  tout  le  pays.  Ccft  pour  cela  qu  on  les 
Ippeloit  auin  Brabançons  ,-  ôc  peut-être  que  plu- 
lieurs  n'ctoient  que  Brabançons ,  c  eft-a-dire  des 
avanturiers  ,  des  bandits.  Foye^  Brabançon. 
Ou  plutôt  les  Cotereaux  éroient  les  tantallins  aes 
Brabançons  -,  car  les  Brabançons  qui  croient  fan- 
tair.ns,s'appeloient  Cotereaux  ,  ëc  ceux  qui  fer- 
voient  à  cheval,  i?o^'n>5.  Le  Concile  de  Latran 
fous  Alexandre  III  ,  en  1 179  >  1"  appelle  encore 
Ari-oniens  ,  Navarrois  ,  Bafques  &  Triaverdins. 
Mail  ni  ce  Concile  ,  ni  Baronius  ne  diient  point 
qu'ils  fuirent  hérétiques  ;&  ils  les  diftinguent  des 
Cathares  ou  Patarins  &  Publicains.  Le  Concile  les 
condamne  leulcment  aux  mêmes  peines  que  ces 
hérétiques.  Comment  donc  certains  Auteurs  les 
confondent  ils  2  Favyn  ,  Hijl.  de  Nav.  ,Liv.  Vil, p. 
2  S(î  dit  que  ces  gens  étoient  appelés  Coutereaux , 
d'un' vieux  mot  françois  cotterie ,  c'eft-à  dire ,  com- 
pacrnie  &  fociété.  Ce  vieux  mot  françois  fe  du 
encore  au  même  fens.  Favyn  cent  Couttereau  & 
Cotterie.  Quelques-uns ,  comme  Chameau  ,  dans 
Ion  Hijt.  de  Berry  ,  écrivent  Cothereaux  ,  mais  fans 

"'on'  donna  auiTi  ce  nom  aux  voleurs  ,  depuis 
une  émeute  où  les  paylans  avoient  paru  armes  de 
bâtons  ou  de  cotterets.  _ 

COTEREL  ,  f.  m.  forre  d'arme  ancienne  dont  il  eit 
parlé  dans  nos  anciens  Poètes. 

COTERIE,  f.  f.  C'eft  un  mot  qui  fe  dit  dans  plu- 
ficurs  coutumes ,  qui  fe  dit  des  compagnies  &  fo- 
ciétés  de  villageois  demeurans  enlemble ,  pour  te- 
nir d'un  Seis^neur  quelques  héritages  qu'on  appel- 
le tenus  en  coterie  -,  ce  qui  arrive  particulièrement 
parmi  les   gens  de  main-morte.  Societas. 

On  appelle  auffî  coterie  ,  un  héritage  chargé 
d'une  redevance  roturière  ,  qui  eft  une  terre  vile  , 
5c  une  pollémon  de  main  ferme  -,  ce  qui  eft  op- 
pofe  au  lieu  noble  xenu  a  fief  Se  à  cens  :  8c  on 
dit  une  terre  cotière  ,  un  lieu  cotier  ou  tenu  cotiè- 
rement  ;  homme  cotier,  ou  tenancier  cotier  ,}p:it 
oppofition  aux  hommes  de  fief  ou  cenliers.  Pra- 
dium  veclicra/is  annui  plebeïo  jure.  Chofe  cottere  ; 
tenant  cotur  ,  fief  cotier  ,  biens  cotiers  ,  héritage 

cotier.  .     , 

Coterie  fe  dit  aufTi  parmi  les  artifans  ,  d  un  )urè, 
■    ou  d'un  maître  de  confrérie  à  l'égard  de  celui  qui 


C  O  T 

eft  en  même  charge  -,  d'un  ouvrier  &  manœuvre 
à  l'égard  de  fon  camarade. 

Coterie  ,  en  termes  de  converfation  ,Jfr  fe  dit  par- 
ticulièrement des  petites  fociétés  où  l'on  vit  fami- 
milièremcnt  ;  de  certaines  compagnies  de  quartier , 
de  tamillc,  de  parties  de  plaifir  à  certains  jours 
réiîlés.  On  fait  fouvent  coterie  avec  fes  voilîns. 
Deux  années  ne  pailént  point  fur  une  même  co- 
/tw:lajalouliedelabeauté  ,  ou  d'autres  intérêts 
dérangent  bientôt  la  République.  La  Bru.  Ces 
gens  ibnt  de  même  coterie.  Il  eft  familier. 

Cotterie  s'eft  dir  autrefois  d'une  fociété  de  payfans 
armés  &  révoltés  qu'on  appeloit  cotereaux.  Voyez 
ce  mot.  C'eft  de  cette  dernière  fignification  qu'eft 
venu  l'ufage  de  dire  coterie  pout  fociété. 

COTHUP-NE.  f.  m.  C'eft  une  efpèce  de  (bulier  fort 
haut ,  ou  une  efpèce  de  patin  élevé  par  des  fe- 
melles de  liège  dont  le  fervoient  les  anciens  ac- 
teurs des  Tragédies  fur  la  fcène  ,  pour  paroître  de 
plus  belle  taille.  Il  couvroit  le  gras  de  la  jambe , 
&  étoit  lié  fous  le  genou.  Cothurnns.  On  dit  que 
Sophocle  en  fut  l'inventeur.  Vigenère  dit  que  c'c- 
toit  de  grands  brodequins  liécés  ,  fjr  lefquels  les 
Adeurs'des  Tragédies  étoient  montés  comme  fur 

des  échalfes. 

Cothurne  le  dit  figurément  du  ftyle  pompeux  & 
tragique.  Ampull(z\  Jefquipedalia  verba  ,  jiilus  in- 
fia)us  ,  masnificus  ,  tragicus.  Quitte  ce  langage 
trafique  ,  &;  mets  bas  le  cothurne.  Ablanc.  Alais 
quoi  ,  je  chaufle  ici  le  cothurne  tragique  ?  Boil. 
c'eft-à-dire  je  prends  un  ton  trop  haut  &;  trop  élevé. 
Euripide  prenoit  quelquefois  le  cothurne  ;  mais  il 
ne  montoit  pas  fur  des  échalfes.  S.  Evr.  Voila 
des  vers  qui  font  dignes  du  cothurne.  Ce  Poète  a 
chaufle  le  cothurne  ;  c'eft-à-dire  il  s'applique  à  faire 
des  Trafjédies.  ChaulTer  le  cothurne  lignifie  auili 
jouer  des  Tragédies. 

COTICE  ,  f.  f.  terme  de  blafon  ,  eft  une  efpcce  de 
bande  diminuée  ,  plus  étroite  ,  qui  n'a  que  les 
deux  tiers  de  la  bande  ordinaire  ,  qui  n'occupe 
que  la  quatrième  ou  cinquième  parrie  de  l'ccu, 
Tctniola,faJciola  diagonalis.  Elle  fe  pofe  de  même 
biais ,  tirant  de  l'angle  dextre  du  haut  au  fénef- 
tre  d'en  bas.  La  cotCce  fe  met  aulTi  en  barre  ,  ti- 
ranr  du  côté  gauche  au  droit ,  comme  le  filet  ds 
batardife.  Pithou  les  zpptWz  frète  aux  ,  parce  qu'eu 
effet  les  frètes  font  des  compofés  de  cotices  Se  de 
conzte-cotices.  Quand  la  cotice  tient  lieu  de  bri- 
fure  ,  on  la  nomme  bâton.  On  appelle  un  écu 
coûcé  ,  quand  tout  fon  champ  eft  rempli  de  dix 
bandes  de  couleurs  alternées. 

COTIER  ,  adj.  on  appelle  en  termes  de  marine  , 
pilotes  ,  cotiers  ,  /ittorum  ,  or  arum  pericus ,  ceux 
qui  ont  grande  connoiffance  des  côtes ,  des  rades  , 
des  ports  &  rivages ,  par  oppolitions  à  pilotes  haw 
iuriers  ,  qui  gouvernent  les  vaifleaux  en  pleine  nficr, 
&  en  prenant  la  hauteur  des  aftres.  Il  eft  auffi  Aibf- 
tantif.  Ce  pilote  eft  bon  cotier. 

COTIER,  1ERE.  Foyei  ci-delfus  Coterie,  terme 
de  coutume. 

COTIERE  ,  f.  f.  fuite  des  côtes  de  mer.  Il  croifa  pen- 
dant deux  mois  fur  telle  côtière. 

Les  jardiniers  appellent  aulTi  côtières  ,  les  plan- 
ches qui  font  le  long  des  murailles  bien  expofccs 
&  qui  vont  ordinairement  en  talus.  Acclivis  & 
apricus  pulvinus  hortenfis ,  fecus  murum.  Ils  met- 
tent leurs  belles  tulipes  dans  les  carreaux,  &  les 
fimples  couleurs  dans  les  côtières.^ 

COTIEREMENT  ,  adv.  d'une  manière  cotiere  ,  qui 
eft  différente  de  celle  par  laquelle  on  tient  les 
biens  noblement,  roy*?  Coterie  ,  terme  de  cou- 
tumes. .  .  _ 

COTIGNIAC  ou  COTIGNAC.  Cotimatum.  Bourg 
de  France  dans  la  Provence  ,  que  quelques  Géogra- 
phes prennent  pour  l'ancien  Maittaromum.  Co- 
ti^niac  eft  fitué  fur  la  rivière  d'Argens  ,  à  trois 
lieues  de  Brignoles  ,  à  l'Occident.  Coti^nac  tire 
un  gros  profit  des  figues  &  des  autres  fruits  que 
l'on  y  prépare, 


COT 

COTÎGNAC.  r.  m.  Confiture  ou  pire  faite  de  jus  de 
coins  &  de  ilicre.  Le  bon  congnac  le  tait  à  Or- 
léans. Cyioniatum ,  ou  dlacynodues.  Le  cotignac 
efl:  aftringent  Ç\  on  le  prend  à  l'entrée  du  repas , 
il  fortifie  l'éftomac  ,  aide  à  la  digcftion ,  garantit 
la  tête  des  fumées  qui  montent  au  cerveau  après 
avoir  bu  ;  au  contraire  ,  s'il  efl  pris  après  le  repas , 
il  lâche  le  ventre  infènfiblement  ,  &  peu-à-peu, 
fans  l'ofFenfer,  Le  Maire  ,  Hijt.  iOrl.  p,  54. 

Ce  mot  vient  de  ce  qu'il  eft  fait  ex  malis  co- 
toneis.  On  l'a  dit   par  corruption  de  coùgnat. 

CoTiGNAc  fe  dit  auïTi  de  la  pâte  ou  gelée  de  quel- 
ques autres  fruits.  On  fait  du  congnac  de  gro- 
feilles. 

CoTiGNAC  de  Bacc/ius-,  mot  burlefque  5  pour  dire,  du 
ftomage.  Cajeus, 

O  doux  cotignac  de  Bacchus  > 

Fromage  que  tu  vaux  d'écus  !  S.  Amant. 

COTILLON  ,  r.  m.  diminutif  de  coue  ,  partie  de 
l'habillement  des  femmes.  Petite  Juppé  de  defîus. 
On  le  dit  particulièrement  de  celles  des  femmes 
du  commun.  Tunicula,  crocotula.  On  a  trouflé  Ton 
cotillon  pour  lui  donner  le  fouet.  On  dit  qu'un 
homme  aime  le  cotillon  ,  pour  dire>  qu'il  aime  les 
femmes.  Expreflîon  populaire. 

♦         Laitons   la  qualité  t 
Sous  les  cotillons  des  grifettes 
Peut  loger  autant  de  beauté 
Que  fous  les  jupes  des  coquettes.  La  Fontaine. 

Cotillons,  f.  m.  pi.  C'eft^le  nom  d'une  contre-danfe. 
Les  cotillons  fe  danfent  à  quatre  ou  à  huit  per- 
fonnes ,  &  chacun  fait  Ion  perfonrtage  à  fon  tour. 
Je  veux  que  nous  danfîons  enfemble  le  rigaudon  , 
la  chafle  ,  les  cotillons ,  la  Jaloufie  ,  &  toutes  les 
autres  danfes  nouvelles.  Regnard. 

Et  je  veux  avec  vous  danfer  les  cotillons.  Id. 

Pour  la  danfe,  je  ne  crois  pas  que  perfonne  l'é- 
gale à  danfer  les  cotillons.  S.  Didier.  Aujourd'hui 
on  dit  danfer  le  cotillon  au  fingulier. 

COTINUS  ,  f.  m.  plante.  /^oye^^FusTET. 

COTIR  ,  v.  a.  froiffer  ,  meurtrir.  Contundere.  Il  ne 
fe  dit  guère  que  des  fruits.  La  grêle  a  coti  ces 
pommes  ,  ces  poires.  La  Quinrinie  prétend  que 
cotir  ou  cottir ,  Comme  il  écrit,  eft  un  terme  po- 
pulaire Se  barbare.  Il  eft  au  moins  populaire  & 
peu  nlîté ,  finon  dans  quelques  provinces. 

COTI,  lE.  part.  Des  fruits  cotis.  Contufus.Des  melons 
cotis  j  des  pommes ,  des  poires  ,  des  prunes  coties, 

COTISATION  5  f.  f.  divifion  d'une  fommequi  doit 
être  payée  par  plufieurs  ,  pour  fçavoir  ce  que 
chacun  en  doit  payer  pour  fa  part,  Triiuti  in 
Jingula  capita  defcriptio.  Les  tailles  ,  fubventions 
&  autres  charges  fe  payent  par  les  habitans  ,  cha- 
cun félon  leur  cotifation.  Il  s'eft  fait  une  cotijation 
dans  cette  paroiffe  pour  la  fubfiftancc  des  pau- 
vres,  pour  laquelle  chacun  s'ell  cotile  volontai- 
reuxent. 

COTISER ,  V.  a.  régler  la  part  que  chacun  doit  payer 
d'une  fomme  qui  eft  à  lever  fur  quelque  commu 
nauté.  Tributum  in  provincias ,  in  urhes  ,  infami- 
lias  ,  in  capita  defcr ibère  ,  indicere  ,  imponere.  Or 
cotife  les  pcrfonnes  à  proportion  de  leur  bien  , 
de  leur  induftrie  ,  de  leur  trafic.  Chacun  fe  co- 
tife de  bon  gré  félon  fes  facultés.' 
Cotisé  ,  ée.  part. 

COTISSURE  ,  f,  f.  Ce  mot  fe  dit  du  fruit  ,  quand 
par  fa  chute  ou  autrement  ,  il  s'eftfroiifé  ,  meur- 
tri. Contujio.  La  cotiffnre  fait  pourrir  les  fruits. 
La  moindre  cotiffure  empêclie  les  fruits  de  fe  gar- 
der.   Cotijpire  n'cft  guère  plus  ufité  que  cotir. 

COTITÉ.    Foyei  Quotité. 

COTON  ,  f.  m.  cfpèce  de  bourre  de  laine  ou  de  fi- 


COT 


9A-^ 


hfTe  ,  qui  environne  la  femence  du  cotonnier 
Gojfypium  ;  Xyli  bombix ,  lanugo. 
Coton  ,  fe  dit  aufli  de  l'arbre  qui  porte  le  coton  oJ. 
la  iilaflè  dont  on  vient  de  parler.  On  l'appelle 
autrement  Cotonnier,  Voyez  ce  nom.  Le  coion 
croiffoit  autrefois  feulement  en  Egypte  ■■,  &:  les  fa- 
crificateurs  s'en  faifoient  faire  des  robes.  Main- 
tenant il  en  vient  en  Chypre ,  .à  Candie ,  en  Si- 
cile ,  dans  laPouille  ,  &  fur-tout  aux  Indes ,  où  on 
en  fait  grand  trafic.  On  fille  cette  matière  ;  &c  Pline 
appelle  le  fil  qui  en  vient  xilinuin.  On  en  taie 
de  belles  toiles  de  coton.  On  en  fait  aulfi  des  bas , 
des  couvertures  ,  des  matelas  ,  des  tapifferies  &: 
toutes  fortes  d'ouvrages.  On  dit  des  toiles  de  coton , 
des  bas  de  coton ,  &:c.  Les  belles  indiennes  ou 
toiles  peintes  des  Indes  ,  font  de  coton.  Les  In- 
diens fe  fervent  particulièrement  de  coton.  Le  coton 
vient  en  groffes  balles.  On  lit  dans  une  nouvelle 
Relation  de  la  Chine  ,  qu'il  y  croît  quantité  de 
coton ,  &  même  de  toutes  fortes  de  couleurs. 

Ménage  dit  que  ce  mot  vient  de  cotonea  ,  qui 
fignifie  la  petite  mouffe  qu'on  voit  fur  les  coins , 
qui  refîènible  au  coton.  Mais  Nicod  dit  que  les  Ara- 
bes l'appellent  cotum  ou  bombafum  ,  d'où  on  a 
fait  coton  &  bombaiin.  L'Arabe  ait  auffi  Akoton, 

L'inflammation  qui  paroît  aux  bleffures  fur  lef- 
quelles  on  applique  du  coton  au  lieu  de  linge, 
décide  aflez  de  l'ufage  qu'on  en  doit  faire  dans  la 
chirurgie.  Leeuwenhœk  ,  pour  montret  non- 
feulement  que  le  coton  eft  la  caufe  de  cette  inflam- 
mation ,  mais  encore  comment  il  en  eft  la  caufe  , 
a  obfervé  avec  le  inicrofcope  que  le  coton  avoir 
deux  côtés  plats  ;  d'où  il  conclud  que  chacune  de 
fes  parties  ,  comme  il  parle  ,  a  auffi  deux  côtés  ai- 
gus ;  que  ces  côté'S  aigus  n'étant  pas  feulement  plus 
minces  &  plus  fubtils  que  les  globules  dont  les 
filamens  charneux  font  compofcs  ,  mais  ctartt  en- 
core plus  fermes  que  toute  cette  chair  globuleufc, 
il  s'enfuit  que  quand  on  applique  du  coton  à  une 
bleffure  ,fes  côtés  ne  nuifent  pas  feulement  aux  glo- 
btdes  de  la  chair  qui  eft  faine  &  entière  ,  mais  ils 
coupent  encore  la  nouvelle  matière  qui  y  abonde 
pour  produire  de  nouvelle  chair  ,  avec  d'autarit 
plus  de  facilité  ,  que  cette  matière  n'ayant  pas 
encore  atteint  la  fermeté  &  la  confîftence  de  la 
chair,  n'eft  pas  aflez  forte  pour  réfiftet  à  fes  at- 
teintes ;  au  lieu  que  les  petits  morceaux  de  linge  , 
dont  ou  fe  doit  fervir  ,  étant  compofcs  de  petites 
parties  rondes  &  fort  ferrées  les  unes  conrre  les 
autres,  font ,  à  caufe  de  leur  grand  nombre,  une 
maffe  bien  plus  grande  j  &  ainfî  ne  font  pas  ca- 
pables de  blefler  les  parries  globuleufes  de  la 
chair. 

Ontroiivedans  les  îles  Antilles  une  efpèce  àzioton 
ou  cotonnier  que  les  Sauvages  appellent /7za/zow/o«- 
akecha.  Il  croît  de  la  hauteur  d'un  pêcher  ;  il  a  l'é' 
corce  brune  ,  les  feuilles  petites ,  diviices  en  trois. 
Il  porte  une  fleur  de  la  grandeur  d'une  rofe ,  qui 
eft  foûtentie  par  le   bas  fur   trois  petites  feuilles 
vertes  &:  piquantes  qui  l'cnfetrent.  Cette  flcur  efl 
compofce  de  cinq  feuilles  qui  font  d'un  jaune-doré  : 
elles  ont  dans  leur  fond  de  petites  lignes  de  cou- 
leur de  pourpre  ,  &  un  bouton  jaune  qui  eft  en-" 
toute   de   petits   filamens    de  même  couleur.  Les 
fleurs  font  fuivies  d'un  fruit  de  figure  ovale  ,  qui 
eft  de  la  groffeur  dtine  petite  noix  avec  fa  coqùe^ 
Quand  il  eft  parvenu  à  fa  maturité  ,    il    eft  tout 
noir  par  dehors  ,  &  il  s'en  trouve  en  trois  endroits  , 
qui  font  voir  la  blancheur  du  coton  qu'il  refferre 
fous  cette  rude  couverture.  On  trouve  dans  cha- 
que fruit  fept  petites  fèves  qui  font  la  femence  de 
l'arbre.  Il  y  a  une  autre  efpèce  de  coton  ,  qui  ram- 
pe fur  la  terre  ,  comme  la  vigne  deftituée  d'appui  : 
c'eft   celle  qui  produit  le  coton   le  plus   fin  &  le 
plus  eftimé. 
Coton  fe  dit  auffi  du  duvet  qui  vient  fur  quelques 
fruits  Se  plantesjcomme  furies  coins  &  fur  les  bour» 
geons  de  vigne,  Lanugo. 

D  D  D  D  d  d  ij 


H^ 


COT 


COT 


Coton  fe  dit  auflî  ,mais  figurément ,  du  premier  poil  ^ 
follet  qui  vient  au  menton  des  jeunes  gens  avant  la 
barbe.  Lanugo. 

Et  ne  tarderont fes  conquêtes.... 

Qu'autant  que  U  premier  coton , 

■Qui  de  jeunejj'e  ejtle  mejfage  , 

Tardera  d'are  a  fon  vijage. 

Et  de  faire  ombre  àfon  menton,  Malhep-be. 

On  dit  proverbialement  :  Cela  jetera  un  beau 
coton  ;  pour  faire",  entendre  qu'une  choie  mal  en- 
treprife  produira  un  mauvais  effet,  &:  qu'elle  fera 
dcfavantageufe  à  ceux  qui  l'ont  commencée.  Cette 
façon  de  parler ,  quoiqu'elle  ait  pafle  de  la  ville 
jufqu'à  la  Cour ,  eft  balfe  &  ridicule.  Cail.  On  dit , 
Jctter  un  vilain  coton  ;  pour  dire  ,  ne  faite  rien  qui 
vaille ,  en  parlant  d'un  homme  dont  les  affaires  font 
ruinées. 

Coton,  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  Amé- 
rique aux  petits  d'un  oileau  qu'on  appelle  Diable 
ou  Diablotin.  Les  cotons  font  couverts  d'un  duvet 
épais  &  jaune ,  comme  les  oilbns ,  &  font  com- 
me des  pelotons  de  graifle.  Ils  font  plus  délicats 
que  les  Diables ,  maïs  fi  chargés  de  graillé  ,  qu'ils 
la  rendent,  comme  s'ils  croient  pleins  d'huile.  La- 
BAT.  Foye^  Diable. 

COTONINE.  Foye^  ci  -après  Cotonnine  ,  forte  de 
grôfle  toile ,  &  de  pierre. 

tp-  COTONNER.  v.  n.  Il  fe  joint  toujours  avec 
le  pronom  perfonnel  &:  lignifie  commencer  à  fc  cou- 
vrir de  duvet ,  de  bourre  de  coton.  Flocculis  Lanu- 
ginofis perpergi.  Le  Diél.  de  l'Acad.  l'applique  aux 
joues  des  jeunes  gens  qui  fe  couvrent  du  premier 
poil  follet.  Ses  joues  fe  cotonnent.  Il  fe  dit  peu  dans 
cette  acception.  On  le  dit  plus  ordinairement  des 
étoffes  fur  lefquelles  il  s'élève  une  certaine  bourre. 
Cette  étoffe,  cette  toile  fe  cotonne  ;  &c  des  fruits, 
pommes ,  poires ,  artichauds ,  &c.  quand  leur  fubf- 
tance  devient  moUaffe  ôc  ipongieufe  comme  du 
coton.      ^ 

COTONNE,  E£  ,  adj.  Qui  tient  du  coton,  qui  ref 
femble  au  coton.  Goffipio  fimilis  ,  gojjipium  refe- 
rens.  Les  étamines  du  Chamœrododendros  font 
plus  ou  moins  colorées  de  purpurin,  mais  blanches 
&  cotonnées  à  leur  nailfance.  Tournefort  ,  Acad. 
DES  Se.  \-;oj,,Mém.p.  34^.  Le  ciel  étoit  foit  brouil- 
lé ,&  la  lune  étoit  couverte  de  nuages  cotonnés , 
qui  empêchoient  de  voir  bien  diftindement  les 
taches  de  la  lune.  De   la  Hire.  Ibid.  p.  352. 

COTONNÉ ,  ÉE  ,  part.  palf.  &  adj.  Qui  eft  plein  &: 
couvert  de  coton.  Floculis  lanuginofis  perperjus. 
De  toutes  les  fouirures  ,  les  plus  communes  à  la 
Chine  ,  font  celles  de  peau  d'agneaux  :  elles  font 
blanches  ,  cotonnées,  &  forts  chaudes,  mais  pelan- 
tes, &c.  P.  le  Comte. 

^^  On  appelle  cheveux  cotonnés ,  des  cheveux  courts 
&C  frifés  comme  ceux  des  Nègres. 

COTONNEUX  ,  EUSE,  adj.  m.ollalTc  &  fpongicux 
comme  du  coton.  Il  fe  dit  feulement  des  fruits  & 
des  racines,  qui  commencent  à  s'amollir,  &:  n'ont 
plus  le  même  goîit  ni  la  même  faveur  que  dans 
leur  point  de  maturité.  C'eft  en  ce  fcns  que  l'on 
dit ,  des  raves  cotonneufes  ,  des  pommes  cotonneu- 
fes,  des  pêches  cotonneufes,  des  poires  cotonneufes. 

COTONNIER ,  f.  m.  Xylon,  plante  qui  porte  le  co- 
ton. Le  Ct)/o«72fVr  ordinaire.  Xylon  herbaceum,], 
B.  eft  annuel.  On  le  cultive  à  Malte  &  dans  plu- 
fieurs  endroits  du  Levant.  Sa  tige  eft  haute  ,  envi- 
ron de  trois  à  quatre  pies ,  droite  ,  velue ,  un  peu 
ligneufe,  &  prefque  toujours  branchue.  Ses  feuil- 
le's  font  alternes  ,  fie  paieilles  à  celles  du  petit  éra- 
ble, mais  moins  fermes ,  plus  velues  &:  plus  blan- 
châtres -,  celles  du  bas  de  la  plante  font  arrondies 
&  échancrces  feulement  en  quelques  endroits.  Ses 
fleurs  ,  qui  naillcnt  aux  extrémités  des  branches , 
font  de  la  gtandeur  à  peu-près  bc  de  la  figure  des 
fleurs  de  la'mauveordinairei  elles  font  jaunes  furies 
bords ,  pourprées  dans  leur  fond.  Le  piftil ,  après 


^Ue  la  fleur  eft  palfée  devient  un  fruit  gros  comme 
une  petite  noix,  dwifé  en  quatre  ou  plulieurs  lo- 
ges ,  qui  contiennent  chacune  plulieurs  femences 
enveloppées  d'une  lilalfe  blanche  qui  eft  appelée 
coton. 

Le  Cotonier  ,3.zbie  ,  Xylon  arboreum  ,  J.  B.  dif- 
fère du  précédent  par  la  grandeur  de  toutes  fes 
parties.  Celui-ci  eft  très-fréquent  dans  ks  Indes , 
&  ne  périt  pas  toutes  les  années  :  fa  tige  eft  haute 
de  plulieurs  pics  ,  &  donne  des  branches  ligneules, 
chargées  de  feuilles  alternes,  qui  ne  l'ont  pas  beau- 
coup différentes  de  celles  du  Ricin.  11  n'y  a  pref- 
que que  la  conliftance  &  la  e  .uleur  qui  ks  diftin- 
guent.  Ses  fleurs  font  jaunes ,  6c  du  diamètre  des 
fleurs  de  la  Mauve  qu'on  nomme  rofe  d'outre  mer  i 
fon  fruit  eft  plus  gros ,  mais  la  femence  &  le  coton 
font  tout-à-tait  lemblabks  au  précédent. 
Cotonnier  fe  prend  encore  pour  L'Apocy  n,qu'onnom- 

me  ainfi  en  Canada.   Foye:^  Apocyn. 
Cl.)TONNINE  ,  f  f.  grollé  toile  ,  dont  la  chaîne  eft 
de   coton  ,  &;  la  trame  de  chanvre.  On  s'en  ferr 
pour  les  voiles  des  galères ,  &  en  certains  pays  pour 
les  petites  voiles  des  autres  vailfeaux. 

Albâtre    cotonnine   ,  pierre    précieufe  ,  efpèee 
d'agathe  ,  commune  en  Italie.  Il  y  en  a  un  beau 
tabernacle  aux  Carmélites  de  Lyon  ,  fait  à  Floren- 
ce en   1CJ84  ,  &  donné  par  M.  de  Villeroy. 
COTONNIS.  f.  m.  pi.  Les  attlas  cotonnis  Ibnt  des 

fatins  qui  viennent  des  Indes  Orientales. 
COTONS ,  f  m.  pi.  terme  de  marine.  Ce  font  des 
pièces  de  bois  dont  on  fe  fett  pour  fortifier  un  mât, 
auquel  en  les  joint  étroircment. 
ÇCT  COTON  AL ,  dans  ks  Indes,  eft  le  Juge  des  affai- 
res criminelles ,  Soubachi  en  Turquie  ,  Daroga  ou 
Daruga  en  Perle.  Une  peut  faite  mourir  perfonne, 
qu'il  "n'ait  envoyé  un  Courier  au  Roi  <,  pour  appren- 
dre fa  volonté  fur  le  procès  de  celui  qui  mérite  la 
mort.  Ce  Cotonal  doit  répondre  de  tous  les  vols 
qui  fe  font  dans  la  ville.  C'eft  pourquoi  il  a  des 
Archers  qui  font  des  Corps-de-garde  ,&  qui  y  font 
la  vifite  trois  fois  la  nuit,  à  neuf  heutes ,  à  minuit 
&  à  trois  heures. 
COTOYER  ,  V.  a.  marcher  à  côté  de  quelqu'un.  Ali- 
cujus  latus  tegere.  Le  premier  Echevin  côtoie  le  Pré- 
vôt des  Marchands  dans  les  cérémonies, 
CÔTOYER  fignifie  auffi  marcher  le  long  d'une  côte ^ 
d'un  rivage,  ou  d'une  autre  chofe  étendue  en  lon- 
gueur. Oram  légère ,  littiis  radere.  L'armée  fut  obli-^ 
gée  de  coroyer  long  temps  la  montagne.  Les  galè- 
res côtoient  le  rivage  ,  quand  elles  vont  terre  à 
terre.  Les  côtes  de  Malabai  font  pleines  de  Corfai-* 
res  qui  les  côtoient  fans  ceflê, 
CÔTOYÉ ,  ÉE  ,  adj.  en  rermes  de  blafon  ,'fe  dit  lorÂ' 
qu'une  bande  ,  côtice  ou  barre  ,  eft  accompagnée 
de  quelques  autres  pièces  en  même  fens  ,  &  en  mê- 
me nombre,  égale  des  deux  côtés  la  principale  dcfi 
pièces.  Sïipatus. 
COTRET  ,  f  m.  falfceau  de  morceaux  de  bois  de 
moyenne  groffeur ,  &  liés  par  les  deux  bouts  avec 
des  harres."  Ligni  fafciculus  brevior.  Uri  bâton  de 
cotret.  Un  cotret  de  hêtre.  On  dit ,  châtter,  des 
cotrets;  pour  dire,  en  ôter  quelques  bâtons.  Les 
cotrets ,  foit  de  taillis",  foit  de  quartier ,  doivent 
avoir  deux  pies  de  longueur  fur  dix-fept  ou  dix- 
huit  pouces  de  circonférence.  Ce  nom  a  été  don- 
né à  cette  efpèee  de  bois  ,  parce  qu'il  eft  venu 
d'abbrd  de  la  forêt  de  Villers  -  Cojlerets ,  ou  Col 
de  rets. 

Ménage  dérive  pourtant  ce  mot  du  latin  cof- 
trettum  j'qu'on  a  dit  au  lieu  de  conjiriclum ,  d'où  les 
Italiens  ont  fait  confireto ,  à  cauie  qu'on  les  lie  à 
deux  endroirs.  D'auttes  le  dérive  du  mot  Danois 
got  trehe  ,  qui  fignifie  bon  bois. 

On  appelle  figutément  &  burlefquement  des  coups 
de  bâton  ,  huile  de  cotret.  On  dit  aulTi  d'un  hom- 
me maigte  &  décharné,  qu'il  eft  fec  comme  un 
cotret. 
On  dit  proverbialement  :  on  vendra  demain  des 


COT 

cotrets  à  Paris  -,  pour  fignifier ,  que  demain  ne  fera 
pas  chommé ,  que  c'eft  un  jour  ouvrable. 

M.  Huer  croir  que  le  nom  de  çotrei  pourroir  bien 
erre  venu  de  la  forer  Cotia ,  qui  éroit  proche  de 
Compiegnc. 
COTRON  ou  COTERON.  Foye^  Cotteron. 
COTTA  ,  r.  f.  efpèce  de  meiurc  de  conrinence  donr 
on  fe  ferr  aiix  Maldives  pour  mefurer  les  cauris , 
c'eft-à-dire  ,  cctre  forre  de  perires  coquilles  qui  fer- 
vent de  monnoie  en  quelques  endroits  de  l'Afie , 
&  prelque  fur  routes  les  côtes  d'Afrique.  La  cotta 
conrienr  douze  mille  cauris. 

Le  Di<5t.  Encyc.  fair  ce  mot  du  genre  mafculin. 
Le  cottd. 
COTTE ,  f.  f.  partie  du  vêtement  des  femmes ,  qui 
s'attache  à  leur  ceinrure ,  &  qui  defcend  jufqu'en 
bas.  Tunica,  crocota.  Il  ne  fe  dit  plus  qu'à  l'égard 
des  payfannes ,  oU  perfonnes  du  peuple.  Les  Da- 
mes de  qualité  l'appellent  jupe.  On  dit  encore  à 
l'égard  des  enfans;  levez  votre  cotte ^  trouifez  votre 
cotte. 

Ménagé  après  Scaliger  ,  dérive  ce  mot  du  larin, 
crocota ,  dont  parle  Cicéron ,  qui  eft  une  efpèce 
de  jupe  ou  de  robe  de  femmes ,  qui  répond  à  ce 
cjue  nous  appelons  cotte  8c  cotillon.  Du  Gange  dir 
que  cota  étoit  un  habillement  propre  aux  Ecclé- 
Jiaftiquesi 

On  appelle  encore  corps  de  cotte ,  le  corps  pi- 
qué que  les  femmes  porrent  fous  leurs  robes ,  où 
elles  attachent  leurs  jupes  &  leurs  cottes.  Tu'nicce 
thorax, 
|tCF  On  dir  donner  là  cotte  verte  ,  jeter  une  fille  fur 
l'herbe  ,  en  folâtranr  avec  elle. 

Cotte  d'armes  ,  en  rermes  de  blafon  ,  fe  dit  d^un 
habillemenr  que  metroient  autrefois  les  Chevaliers 
fur  leurs  armes ,  rant  à  la  guerre  que  dans  les  tour- 
nois ,  &c  qui  fe  porte  encore  à  préfent  par  les  Hé- 
rauts d'armes.  Sagum.  C'étoit  un  petit  manteau  qui 
defcendoit  jufques  vers  le  nombril ,  ouvert  par  les 
côrés  avec  des  manches  courtes,  comme  des  man- 
ches d'Ange,  quelquefois  fourré  d'hermines  &  de 
Vair  ,  fur  lequel  s'appliquoienr  les  armoiries  du 
Chevalier,  brodées  en  or  5c  en  argent,  &  avec  de 
l'étain  battu  émaillc  de  couleurs ,  d'où  eft  venu  la 
règle  de  blafon ,  de  ne  point  mettre  couleur  fur 
couleur ,  ni  méral  fur  métal.  Ces  couleurs  étoient 
faites  d'un  étain  battu  &  émaillé  de  rouge, de  verd, 
de  noir  &:  de  bleu  ;  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  nom 
A'émaux.  Ces  cottes  d'armes  éroient  volantes  ,  & 
Ibuvent  diverfifiécs  de  plufieurs  bandes  de  cou- 
leurs différentes ,  alternes  &  mifes  en  divers  fensj 
comme  les  drapeaux  font  encore  écartelcs,  ondes 
.  &  vivres.  Ces  fortes  d'habits  s'appeloient  divifés , 
parce  qu'ils  éroient  compofés  de  plulieurs  pièces 
divifées  &  coufues  enfcmble  ,  d'où  font  venus  les 
mots  de  fafce  ,  de  pal ,  de  chevron ,  de  bande ,  de 
croix,  dejautoir  ,  de  lofante,  &:c.  dont  on  a  fait  de- 
puis les  pièces  honorables  de  l'Ecu.  Les  cottes  d'ar- 
mes &  les  bannières  n'ont  jamais  été  pcrmifes  qu'aux 
Chevaliers  &  aux  anciens  Nobles. 
Cotte  de  Mailles ,  ou  Jaque  de  Mailles ,  efi:  auffi 
une  armure  faite  en  forme  de  chemife ,  &  tiflue  de 
petits  anneaux  de  fer.  Lorica  hamis  conjita. 
Ip-  COTTE  -  MORTE.  Voyei  Cote-morte, 
COTTÉE  ,  f.  f.  petit  plongeon ,  efpèce  de  Canard  j 

Voye^  Petit  Canard, 
COTTER.  Foyei  Coter. 

COTTEREAUX.  f  m.  Voleurs ,  pillards  &  aven- 
turiers ,  qui  pilloient  les  Payfans  ,  les  Eglifes  &  les 
Monaftères ,  qui  furent  défaits  en  Berri  du  tempsjde 
Philippe  Augufte  ,  en  l'an  116^  ,dont  il  eft  fait  fou- 
vent  mention  dans  les  vieilles  hiftoires.  Pradones , 
Taptores.  Ils  ont  été  aufTi  appelés  Routiers  &  par  les 
"    Auteurs  latins  Ruptarii ,  comme  qui  diroit  Ecor- 

cheurs.  Voyez  Cotereaux. 
COTTERIE.  Foyei  Coterie. 
COTTERON  ,  f.  m.  petite  cotte  courte  &:  étroite, 
çiu'on  met   par  deflbus  les  jupes  pour  être   plus 


G  O  T  ^v^9 

chaudement  en  hyvcr,  Tumcula ,  crocotula.  Cotte- 
ron de  ratine ,  d'ouâtce. 
COTTIENNES  ,  furnom  d'une  partie  des  Alpes  qui 
eft  entre  le  monr  Vifo  au  midi  ,  &  le  mont  Ccnis 
au  feptentrion,  &: comprend  le  mont  Vifo,  le  mont 
au  col  de  la  Croix ,  le  mont  Cenèvre  Se  le  mont 
Cénis.  Elles  féparent  le  Dauphiné  du  Piémont. 
Alpes  Cottiâ  ,  ou  Cottiana.  Elles  ont  pris  ce  nom 
d'un  Seigneur  de  ce  pays  nommé  Cottus  ou  Cot- 
tius,  dont  Suétone  parle  dans  la  vie  de  Tibère,  êc 
à  qui  Claude  donna  le  ritre  de  Roi  l'an  44  de  Jesus- 
Christ.  ^ovf{  ci-deifus  Alpes. 

COTTIER,  ERE.    Foyez  Cotier. 

COTTIÈREMENT.  Foye^  Cotiérement. 

COTTIMO ,  f  m.  terme  du  commerce  de  Mer ,  èà 
ùfage  dans  les  Echelles  du  Levarir.  C'eft  une  impo- 
iîtion  que  les  Confuls ,  par  ordre  de  la  Cour ,  ou 
du  confenremenr  des  Marchands  ,  impoiént  à  tant 
pour  cent  fur  les  vaifléaux  ,  foir  pour  le  payement 
de  quelques  avances  ,  foir  d'autres  aifaires  com- 
munes de  la  nation. 

COTTION.  f.  m.  Cottio.  Certains  Pénirens,  appelés 
aurremenr  Mangons ,  qui  parurenr  au  VHP  fiècle, 
vagabonds ,  qui  couroient  le  pays  tous  nuds  ,  char- 
gés de  chaînes ,  fous  prcrexte  de  pénircnce.  Le  Ca- 
pitulaire  d'Aix-la- Chapelle  en  789  fous  Chatle- 
màgne  ,  défend  de  foufiVir  les  Cottions. 

COTTIR.  Foyei  Cotir. 

COTTISSURE.  Foye^CoTissuRi. 

COTULA,  f  f.  planre  dont  les  feuilles  font  petites 
comme  celles  de  la  camomille.  Sa  ileur  eft  couron- 
née Ou  liûe,  fes  femenccs  font  pLites  en  forme  dé 
cœur ,  6y  ailées  j  fon  calice  eft  ordinairement  etl 
écailles.  Dict;  de  James*  On  la  dit  vulnéraire  &  af- 
rringente. 

COTUTEUR.  f.  m.  Celui  qui  a  une  rutelle  conjoin- 
tement avec  un  autre.  S'il  y  avoit  pldlîeurs  tuteurs 
nommés  par  l'aéle  de  tutelle  ,  fans  divifer  leurs 
fonélions,  quoiqu'ils  fuifenr  convenus  enfemble  de 
féparer  la  geftion  ,  Se  d'en  exercer  chacun  la  par- 
tie, chacun  des  deux  ne  lailferoit  pas  d'être  tenu 
folidairement ,  tant  pour  la  part  qu'il  avoit  admi- 
niftrée  ,  que  pour  celle  de  fon  Cotuteur.  Injiitutiort 
au.  Droit  François.  La  mère  mineure  de  vingt-cinq 
ans ,  ne  peut  être  donnée  pour  tutrice  à  fes  enfans  , 
encore  qu'elle  ait  été  nommée  tutrice  par  le  tefta- 
ment  de  fon  mari,  finon  en  baillanr  un  Cc///rf«r » 
qui  demeure  ircfponfable  folidairemenr  de  l'admi- 
niftratian  par  elle  faire  duranr  fa  minorité.  Auza- 

NET. 

^O'COTUY,  ville  de  l'Amérique  Septentrionale  dans 
l'île  de  S.  Domingue  ,  environ  à  foixante  lieues  dé 
la  capitale. 

COTYLE  ,  f.  f.  mefuré  attiqiié  pour  les  llqueùfsi 
Cotyla.  On  a  fupputé  qu'une  cotyle  éroir  égale  à 
Un  demi-ferier  Romain.  On  prérend  que  l'hémine 
eft  la  même  mefure  que  la  cotyle.  La  cotyle  Romai- 
ne eft  de  douze  onces  pour  quelques  liqueurs  que 
ce  foir.  Savot.  Si  cela  eft,  il  y  avoit  autant  de  diffé- 
rentes cotyles ,  qu'il  y  a  de  liqueilrs  qui  fe  ven- 
deur ordinairement  ;  ce  qui  ne  doit  pas  étonner  i 
puifqu'en  quelques  pays  plufieurs  mefures  de  diffé- 
renres  grandeurs  ont  le  même  nom  lorfqu'clles  con- 
tiennent le  même  poids ,  quoique  fousdiffcrens  vo- 
lumes. Fannius  dit  que  la  cotyle  étoit  la  mêmecho^ 
fe  que  l'hémine,  que  c'étoic  la  moitié  du  fetier. 

Àî  cetylas,  quas  ,fi placeat ,  dixiffe  Ucehit 
Heminas ,  recepit  geminas  fextarius  unuSi 

Chorier ,  Hifî.  du  Dauph.  L.  U,p.\o\  ■>  dit ,  qiiè 
dans  certe  Province  on  appelle  Cotovilli  ,  &  Co- 
tillon ,  un  por  de  rerre  propre  à  renir  de  l'Iuiile  j 
du  vin  ,  de  Kort/'/i:.  Il  ajoure  néanmoins  que  la  cotyle 
éroir  attribuée  aux  choies  fèches ,  auili  bien  qu'aux 
liquides ,  &  que  Thucydide  dit  en  lih  endroir  deux 
cotyles  de  vin  i  &  en  un  autre  deux  cotyles  dé  pâin.- 
Get  Auteut  écrit  cotule  j  mais  Ttilage  eft  de  dire  io^ 


^yo         cou 

tyle.  Voyez  ViGENÉRE  Tur  Tue-Live,  T.  I,p.  1550. 
'     Il  parle  de  la  cotyU. 

CoTYLE,  1'.  m.  terme  d'Anatomie  ,  qui  fe  dit  des  ca- 
vités extérieures  des  os  qui  font  grandes ,  environ- 
nées de  bords  épais,  &  dans  leiquelles  lont  reçues 
les  têtes  apophyfes  des  autres  os  qui  y  fonr  attachés  ; 
comme  celle  qui  efl  dans  l'os  de  Ja  hanche  ,  ou 
ilchion,  qui  reçoit  la  tête  de  l'os  de  la  cuiflê.  Co- 
tylcc.  On  l'appelle  m&.  acétahiile  ,  c'eft- à -dire, 
godet, 

COTYLÉDON,  f.  m.  terme  d'Anatomie,  qui  fignifie  , 
félon  quelques-uns ,  l'orifice  des  veines  qui  ibnt  ré- 
pandues dans  la  cavité  de  la  matrice,  &:  ibnt  gon- 
flées de  lang  :  Si  félon  quelques  autres  ,  le  placen- 
ta même  qui  cft  cave  d'un  côté  ,  &  convexe  de 
l'autre.  Cotyladon.  On  donne  à  ce  mot  diverfes  au- 
tres explicarions.  Quelques  Modernes  difent  avec 
plus  de  fondement ,  qu'il  n'y  a  que  les  brebis  &  les 
chèvres  qui  ayent  des  cotylédons  ;  &  ils  donnent  ce 
nom  aux  glandes  qu'on  trouve  dans  la  matrice  de 
ces  animaux  ,  qui  font  creulés ,  &  faites  comme  un 
godet  -,  d'où  vient  que  les  Latins  les  ont  appelées 
acetabula. 

Cotylédon,  f.  m.  Cotylédon ,  ou  Umbilicus  Vcnerls, 
Plante  qui  croît  dans  des  endroits  humides,  dans 
des  fentes  de  rochers  5:  far  les  vieilles  murailles. 
Sa  racine  eft  tubéreufe  ,  charnue  ,  ronde  ,  &;  groffe 
comme  un  pois;  elle  pouffe  quelques  feuilles  char- 
nues ,  pleines  de  lue  \  arrondies  en  forme  de  badin, 
creufesdans  leur  centre  ,  où  viennent  aboutir  leurs 
queues.  D'entre  ces  feuilles  s'élève  une  tige  arron- 
die, menue ,  longue  d'un  demi-pié ,  garnie  de  quel- 
ques feuilles  anguleufes ,  rarement  arrondies  ,  & 
qui  ont  leurs  queues  placées  à  leur  marge.  Le  haut 
de  ces  tiges  eft  un  épi  de  petites  fleurs  verdâtres, 
alongées  en  tuyau  à  cinq  pointes  ,  fans  odeur.  Le 
piftil  qui  s'élève  du  fond  de  leur  calice,  taillé  en 
godet,  devient  un  fruit  compofé  de  pluiîeurs  pe- 
tites gaines  membraneufes  ,  longues  de  quelques 
lignes  ,  &  qui  en  s'ouvrant  dans  leur  longueur  laif- 
fent  tomber  une  femence  très-menue,  en  forme  de 
pou /fié re. 

Cotylédon  vient  d'un  mot  grec  qui  fignifie  une  ca- 
vité ,  ce  qui  convient  en  quelque  manière  aux  pre- 
mières feuilles  de  cette  plante.  On  attribue  au  Coty- 
lédon les  mêmes  propriétés  qu'à  la  rhubarbe  ,  &  on 
l'emploie  aux  mêmes  ulages. 

Il  y  en  a  une  efpèce  à  fleur  jaune ,  &  qui  a  la  racine 
tubéreufe  ,  dont  les  fcLiilles  font  vertes  durant  l'hi- 
ver, &fe  flétriflént  au  mois  de  Mai.  On  en  trouve 
la  figure  dans  les  Mem,  de  l'Acad.  des  Sciences, 

COTYLOIDE  ,  ad],  terme  d'Anatomie  ,  qui  le  dit  des 
cavités  profondes  des  os.  La  cavité  cotyloïde  de  l'os 
du  fémur.  Voye<^  Cotyle. 

Ce  nom  vienr  du  grec  Kotua»  ,  melure  des  Grecs 
appelée  cotyle ,  &  de  eiJ'oç,  forme,  &  fignifie,  qui  a 
la  forme  d'une  cotyle.  Et  on  a  donné  ce  nom  à  ces 
cavités ,  parce  qu'elles  reffemblenr  à  la  mefure  des 
grecs  appelée  cotyle.  Quelques  Anaromiftes  écrivent 
cotile  ,  &  cotiloïde",  mais  mal  j  en  grec  c'eftKorJ/  . 

COTYTTÉES  ,  f.  f.  pi.  terme  de  Mythologie.  Myf- 
rères  de  la  Déeffe  Cotytto.  Voye:^  l'art,  fuivant. 

COTYTTO  ,  f.  f.  Déefié  de  l'im"pureté.  Cotytto.  Elle 
étoit  honorée  à  Athènes,  où  lés  Prêtres ,  qu'on  nom- 
mo'iz  Baptes ,  iui  failbient  des  ficrifices  noclurnes. 
Probus  croit  qu'elle  avoit  été  Comédienne  ou  Dan- 
feufe ,  &  que  les  Bapres ,  fes  Sacrificateurs,  imiroient 
les  mœurs  de  Cotytto  par  des  dan  lés  lafcivcs.  Ju  vénal 
en  parle ,  Sat.  II ,  r.  9 1 ,  &;  Horace ,  Epod,  XFII, 
58.  L'Abbé  de  MaroUes  traduit  Cotytto. 

COU. 

COU  ,  f.  m,  on  difoit  autrefois:  col ,  qui  n'eft  plus  en 
ufage  qu'en  (fT  Poefie  ou  dans  quelques  phrafes 
du  langage  ordinaire,  pour  éviter;  par  exemple, 
la  rencontre  des  voyelles.  Ainfi  l'on  diroit  col  court, 
&c  non  pas  cou  court.  C'eft  la  partie  du  corps  humain, 
ou  de  plufieurs  animaux ,  qui  eft  eiitre  la  tête  &  le 


COU 

tronc  du  corps ,  qui  joint  la  tête  aux  épaules.  Col- 
lum.  Les  animaux  qui  n'ont  point  de  poumons  ,  ou 
de  voix,  n'ont  jamais  de  cou -y  comme  les  poiffonsôc 
les  grenouilles.  Sa  partie  extérieure  par  devant  s'ap- 
pelle la  gorge  ,  ou  le  gofier ,  &  la  partie  fupcricure 
de  la  gorge  fc  nomme  le  morceau  ,  ou  hpomrne  d'A- 
dam, Fauces,  Le  trou  qui  eft  entre  les  deux  clavi- 
cules n'a  pas  de  nom  en  françois  ;  en  latin  il  s'ap- 
pchsjugulum  ,  &:  en  grec  ^(p«-/«  ;  c'eft-à-dire,  meur- 
tre,  parce  qu'il  cft  fort  aifé  de  tuer  un  homme  parla. 
Le  derrière  du  cou  eft  appelé  en  latin  cervix  ;  &  le 
creux  qui  eft  entre  la  première  &  féconde  vertèbre  , 
s'appelle  la  nuque ,  &  en  latin  fojfa  ,  ima  cervix.  Cs 
qui  eft  au  dclîbus  s'appelle  le  chignon  du  cou  ,  5c  par 
les  Médecins  epomis.  Ses  part'es  latérales  commen- 
cent depuis  le  dellbus  des  oreilles,  &s'appellent/7fl- 
rotides.  Ses  parties  intérieures  font  fcpt  vertèbres  , 
l'artère  trachée ,  le  larynx ,  les  veines  jugulaires ,  les 
artères  carotides  ,  le  nerf  intercoftal  ,  celui  de  la 
huirième  paire  avec  le  récurrent,  &  plufieurs  muf- 
cles.  Philoxène  étoit  un  Philofophe  fi  voluptueux, 
qu'il  fouhaitoit  avoir  un  co/^  de  gru?,  afin  qu'il  eût 
plus  long-temps  le  plaifir  de  goûter  le  vin  &  les 
viandes. 

On  dir ,  qu'un  homme  a  un  cou  de  grue  ,  quand 
il  l'a  grêle  &  long.  On  dit  d'un  père  qui  flarte  fes 
enfans  dans  leurs  vices,  qui  leur  met  la  corde  au  cou. 
On  dit  auHl  pour  aliiirer  une  choie  ,  je  veux  avoir  le 
cou  coupé',  pour  dire,  j'y  gagerois  ma  tête. Coupée 
le  cou  ,  eft  en  France  le  lupplice  des  Nobles  qui  ont 
commis  quelque  crime  capital.  C'eft  féparer  la  tête 
des  épaules.  Caput  adjcindere  ,  cervicts  refecare,  A 
l'égard  des  Roturiers  ,  on  dit  qu'ils  feront  pen- 
dus par  leur  cou;  pour  dire,  qu'ils  léronr  étranglés 
avec  une  corde.  11  en  eft  tout  autrement  en  Turquie, 
où  l'on  n'étrangle  que  les  gens  de  qualité,ou  de  quel- 
que diftinclion  •,  au  lieu  que  l'on  n'y  coupe  le  cou 
qu'aux  féditieux ,  au  traîtres  à  l'Etat,  &  aux  miféra- 
bles.  Et  la  raifon  de  cela  eft  qu'en  général  toute  mort 
où  il  y  a  ef^ufion  de  fang  eft  ignominieulé  parmi  les 
Turcs.  Du  Mont.  Foyages.On  dk  dn  Diable,quand 
il  étrangle  des  Sorciers,  qu'il  leur  tort  le  cou.  On  dit 
encore,  qu'un  homme  prend  fej  jambes  à  fon  cou  ; 
pour  dire,  qu'il  le  rélbut  à  partir  fur  l'heure  pour 
laire  quelque  meflage ,  ou  pour  s'enfuir. 

On  dit  auffi  qu'une  perlbnne  a  fauté  an  coti  de  quel- 
qu'un -,  pour  dire ,  qu'il  l'eft  allé  baifér  ,  caredcr , 
embraflér.  In  alicujus  amplexum  ruere  ;  qu'une  mère 
a  toujours  fes  enfans  pendus  à  fon  cou  ,  quand  elle 
les  careflé  fouvenr.  On  dit  auffi  de  ceux  qui  ont  un 
grand  fardeau  fur  les  épaules  ,  qu'ils  en  ont  chargé 
leur  cou.  Cervicihus  onus  imponere. 

On  dit  auffi  qu'un  homme  s'eft  rompu  le  cou  ; 
pour  dire  ,  qu'il  eft  tombé  &  qu'il  s'eft  blcfTé  :  &  en 
ce  féns,  on  le  dit  figurément  de  la  fortune,  ou  des 
affaires.  Ce  marchanda  tant  fait  de  crédit,  qu'il 
s'eft  rompu  le  cou ,  qu'il  s'eft  ruiné.  On  a  rompu  le 
cou  à  ce  pro'et  ;  pour  dire ,  on  y  a  mis  tant  d'obfta- 
cles ,  qu'on  l'a  empêché  de  rcuffir.  En  voulant  s'é- 
Iev;r  trop  haut,  l'on  tombe  ,  &  l'on  fe  calfe  le  cou. 
S.  EvR.  11  n'eft  point  de  mer  fi  pleine  d'orages ,  ni 
qui  roule  plus  de  vagues ,  qu'il  s'élève  de  mouve- 
mens  dans  une  mulrirude ,  quand  elle  a  la  bride  fut 
le  cou.  Vaug. 
Cou  ié  dit  auffi  de  quelque  partie  des  habits  qui  fe 
mettent  fut  le  cou  ,  ou  autour  du  cou.  Le  cou  de  ce 
pourpoint,  de  cette  chemife  eft  trop  étroit,  il  étran- 
gle, ThorucLS  collare ,  amiculum.  Un  mouchoir  de 
cou,  c'eft  le  mouchoir  que  merrent  les  femmes  fiir 
le  cou  pour  cacher  leur  gorge.  Tour  de  cou  ,  cft  un 
gros  linge  qu'on  met  la  nuit  fur  le  cou  de  peur.de 
s'enrhumer.  CoUi  amiclus ,  amiculum.  On  appelle 
auffi  un  tour  de  cou  une  groflégance,  ou  treffe  qu'on 
coud  au  haut  d'un  manteau  pour  l'attacher. 
Cou  fe  dit  auffi  par  reffemblance  de  plufieurs  chofes 
qui  font  longues  ,  menues  ou  étroites.  Collum.  La 
cou  d'une  bouteille  ,  d'un  matras,  ou  iiiftrumentqui 
fert  aux  diftillations  de  Chimie,  qui  a  wxs.  cou  fort 
long.  On  le  dit  auffi  des  paffages  étroits  qui  font 


cou 


dans  ks  montagnes.  Fauces.  L'année  a  pa/fé  le  col 
de  Perçus  pour  entrer  en  Catalogne. 

En  termes  d'Anatomie  ,  on  donne  le  nom  de  cou 
ou  col -y  adirfercutes  choies.  Dans  les  os  le  cou  efl:  la 
partie  la  plus  étroite  d'un  os ,  qui  d'étroit  qu'il  efl: 
•dan?  fon  commencement,  fe  dilate  peu-à-peu.  Le 
cou  d'un  os  eli:  placé  fous  une  tète  ;  &  le  cou  &  la 
ttte  diffèrent  en  ce  que  la  tête  efl:  prefque  toujours 
épiphyfe ,  Se  le  cou  apophyie.  Le  cou  de  la  matrice, 
le  cou  de  la  veifie ,  le  cou  de  la  vciicule  du  iicl ,  font 
des  ouvcitures  longues  &  étroites  qu'ont  ces  parties. 
Le  conduit  qui  efl:  depuis  l'orifice  interne  jufqu'à  la 
principale  cavité  de  la  matrice ,  6-:  qui  efl  de  la  lon- 
gueur d'un  pouce ,  ou  environ,  s'appelle  le  cou  court 
de  la  matrice.  Foyc^  Col. 

On  appelle  en  Anatomie  ,  le  cou  du  pié  ,  la  partie 
la  plus  haute  du  pié  de  l'homme ,  &  que  les  Méde- 
cins appellent  [e  tarfe.  Tarjus pedis.  Voyez  Tarse. 
L'on  ne  à^ii cou  du  pU  c[UQ.  par  corruption  pour  co//^e 
du  pié  ;  mais  cou  du  pié  efl  plus  commun  ,  ou  plutôt 
le  Icul  que  l'on  dile  dans  l'ulage  ordinaire.  L'Aca- 
démie écrit  en  un  l'eul  mot  coudepié  :  &  c'efl:  ainii 
qu'on  le  prononce  le  plus  communément  ,  au  lieu 
qu'il  efl  afléz  rare  à  préfent  d'entendre  dire  le  cou 
du  pié. 
Cou  DE  PIÉ ,  fe  dit  aufTi  de  l'endroit  de  la  forme  du 
foulier  qui  répond  au  cou  du  pié  de  l'homme.  Pars 
calceitarjbpcdts  rcfpondens.  J'ai  belbin  d'une  forme 
qui  ait  le  cou  di pu  fort  haut. 
Cou  de  Chameau  y  terme  de  Fleurifle  :  le  cou  de  cha- 
meau cft  ainfi  nommé ,  parce  qu'en  fleurilîant  il  pan- 
che  la  tête ,  &  courbe  le  cou  comme  un  chameau.  Il 
eft  autrement  appelé  Narciife  à  tête  longue ,  ou 
Narciiiè  couronné.  Il  s'en  trouve  de  trois  fortes ,  de 
blanc  fimple,  de  double ,  &  de  blanc  pâle.  Le  blanc 
iimple  étend  fix  feuilles ,  du  milieu  delqueiles  s'é- 
lève un  godet, dont  l'extrémité  efl  bordée  d'un  petit 
trait  rouge.  Le  blanc  pâle  a  la  fleur  plus  petite ,  mais 
il  porte  au/Ti  bien  davantage  ,  faifanc  quatre  ou  cinq 
fleurs  fur  chaque  tige.  Le  blanc  double  ,  à  caufe  de 
Ja  plénitude  de  les  feuilles  &  de  l'on  godet  doré  ,  orlé 
d'une  ligne  rouge  qui  l'environne  ,  enfermé  d'une 
couronne  ,  peut  juflement  ctte  appelé  le  Narciife 
couronné.  Il  eO:  de  tous  le  plus  beau  &  le  plus  efti- 
mé.  Plufieurs  Fleuriftes  nomment  cette  fleur  Roj'e  de 
■   Notre-Dame.  Dans  toutes  ces  trois  efpcces  elle  ne 
veut  pas  avoit  beaucoup  de  ioleil;  ellefe  plaît  dans 
un  fonds  de  bonne  terre  graHé  &  détrempée,  de  la 
profondeur  de  quatre  doigts,  un  demi  empan  de 
clifl:ance.  Il  la  faut  recouvrir  avec  la  terre  de  potager 
pour  la  faire  plus  facilement  fleurir.  On  les  tire  tous 
les  trois  ans  pour  en  détacher  les  cayeux.  Morin. 
COUARD ,  ARDE,  adj.  &  f.  qui  manque  de  hardieffc, 
qui  a  de  la  lâcheté  ,  de  la  poltronnerie.  Ignavus. 
C'efl  un  Couard. 

Ce  mot  eft  bas  &  vieux ,  il  vient  de  ce  qu'on  re- 
proche aux  poltrons  qu'ils  s'enfuient  la  queue  entre 
les  jambes,  comme  font  les  chiens.  Car  c'eft  une 
marque  de  timiJ.ité  aux  animaux  d'avoir  la  queue 
avalée. D'autres  le  dérivent  de  l'Allemand  knhe  hert^; 
qui  veut  dire  ,  cœur  de  vache  ■■>  d'autres  de  coyon  , 
qui  vient  de  ijuietus. 
ffT  COUARD  le  dit,  en  termes  de  Blafon,  d'un  Lion 
qui  porte  fa  queue  retrouHce  en  deilbus  entre  les 
jambes,  Encyc. 
§C?  Couard  ,  f.  m.  fignifîe  l'extrémité  faite  en  anfe  , 
par  laquelle  on  applique  le  manche  à  la  faulx  à  fau- 
cher. On  le  ferre  fur  le  manche  avec  des  coins  &:  une 
virole. 
COUARDISE,  f.  f.  timidité,  poltronnerie.  Ignavia.  Le 
plus  grand  reproche  qu'on  puifle faire  à  un  homme, 
c'eft  de  l'accufer  de  couardije.  On  punit  la  couardife 
pnr  honte  &  par  ignominie.  Mont.  Il  eft  bas. 
COUBAIS.  f.  m.  Efpèce  de  vaifleau  du  Japon  dont  on 
ne  fe  fert  que  fur  les  rivières  &  les  eaux  internes. 
On  mer  ordinairement  fur  un  Cow/'^i^quaranre  hom- 
mes à  ramer  qui  le  font  aller  fort  vite.  Les  Couhais 
font  embellis  de  divers  ornemens,  &  d'une  cham- 
bre à  l'avant  qui  s'élève  en  forme  de  petit  gajliard.    I 


COU  5T1 

j  COUCH-ADASI ,  c'eft-à-dire,  l'île  des  Oifeaux  ,  pe- 
tite ville  de  la  Natolie.  Avium  injula.  J'eftimerois 
que  le  port  d'Ephèfe  auroit  été  celui  d'une  petite 
ville,  qui  étoit  peut-être  Myus  chez  les  anciens,  &: 
quin'cft  éloignée  que  d'une  demi-lieu  du  Méandre, 
appelée  par  les  Tm^^Couch-AdaJl ,  c'eft-à-dire, 
l'Ile  des  Oifeaux  ,  &  par  les  Marchands  étrangers , 
Scala  Nuova.  Du  Loir,  p.  55. 
COUCHAGE,  f.  m.  terme  de  Laineurou  Applaineur. 

Il  (ignifie  réparage. 
COUCHANT  ,  adj.  m.  &  f.  pi.  terme  de  Géographie  : 
lefoleil  couchant,  c'eft  le  Ibleii  qui  defcend  fous 
l'horifon.  Occidens  ,  foloccidc/is. 
f^  Couchant,  Oueft,  Occident,  mots  fynonymes. 
Occident  pour  les  Géographes  \  ouejt  pour  les  Ma- 
rins -,  couchant  pour  le  dilcours  ordinaire. 

On  dit  qu'on  adore  plutôt  le  foleil  levant  que  le 
^  couchant  ■■,  pour  dire  ,  qu'on  s'attache  plutôt  à  la 
fortune  des  jeunes  Princes ,  qu'à  celle  des  vieux ,  à  la 
puiflance  nailîante,qu'à  celle  qui  cft  fur  le  déclin. 
IJCT  Couchant  le  dit  fubftantivement  pour  la  partie 
occidentale  de  la  terre.  Du  /t'van/jufqu'au  couchant. 
Entre  le  midi  &  le  couchant,  c'eft  du  côté  du  vent 
Sud-Oueft. 

C'eft  quelquefois  l'endroit  où  le  foleil  fe  couche. 
Maifon  expofée  au  couchant.  Le  couchant  d'Été. 
Couchant  (  Chien  )  terme  de  Challéur.  Chien  qu'on 
a  drede  pour  arrêter  les  perdrix  ,  &  autre  gibier,  &c 
qui  le  couche  ordinairement  fur  le  ventre  quand  il 
les  voit.  Canis  auceps.  Voyez  Chien.  De  là  vient 
qu'on  dit  figurément  &  balfement ,  qu'un  homme 
fait  le  chien  couchant  auprès  de  quelqu'un  ;  pour 
dire,  qu'il  eft  flatteur  &  fournis  auprès  de  lui ,  pour 
trouver  l'occaiion  de  le  furprendre ,  ou  pour  gagner 
fes  bonnes  grâces ,  par  fes  carelîes  &  fes  bafles  fou- 
miifions.  Turpis  adulator. 
COUCHE,  f.  m.  bois  de  lit  :  une  couche  à  hauts  piliers. 
Leclus.  Les  Anciens  faifoient  des  couches  de  cèdre  , 
de  citronnier.  On  en  a  vii  une  chez  la  Reine  de  bois 
de  Calemba  d'un  ttès-grand  prix.  Et  quand  on  crie 
à  l'encan  une  coz/c/z£  ,  on  n'entend  vendre  que  le 
bois  du  lit.  Ménage  dérive  ce  mot  de  culca,  d'où 
vient  le  diminutif  f«/a/iZ  :  ce  que  dit  auiïï  VoUîus. 
Couche  fe  prend  auifi  pour  le  lit  entier  ;  mais  en  ce 
fens  il  eft  de  peu  d'ufage ,  à  moins  qu'on  ne  l'em- 
ploie dans  la  Poëfie  ,  ou  dans  quelques  façons  de 
parler  confacrées ,  comme  la  couche  nuptiale  ,  la 
couche  royale. 
Couche  fe  dit  dans  les  matières  de  piété  pour  un  beau 
lit ,  un  lit  magnifique.  Lefoleil  eft  comme  un  époux 
qui  fort  de  fa  couche.  Maucroix. 
CoucHi  fe  prend  aufli  figurément  en  Morale',  pour  le 
mariage.  Nuptice.  On  dit  d'une  femme ,  qu'elle  a 
fouillé   la  couche  de  fon  mari ,  quand  elle  a  com- 
mis un  adultète.  Souiller  la  couche  de  quelqu'un  , 
abufer  de  fa  femme.  On  dit  aulTi ,  les  fruits  de  fa 
couche  ;  pour  dire,  les  fruits  du  mariage.  Dieu  a  béni 
leur  couche  %  pour  dire  ,  leur  a  donné  des  enfans, 
,  Leclus  genialis. 

Les  Dieux  ne  montrent  point  que  fa.  douleur  les  touche  : 
D'aucun  gage ,  Narcijfe  ,  ils  n'honorent  fa  couche. 

Rac. 

Couche  fignifl^auflî  l'enfantement.  Partus.  Cette 
femme  a  eu  une  mauvaife  couche,  a  été  fort  malade 
en  accouchant ,  ou  depuis  qu'elle  eft  accouchée  :  c'eft 
fa  première  couche.  Une  faiiffe  couche,  eft  un  accou- 
chement avant  tefme./-^oy?{  AccoucuEMENT.^ior- 
tus,abortio.  Les  violens  &:  fréquens  vomiUemens,  les 
coliques  &:  les  tranchées  violentes  font  faire  de  fauf^ 
fes  couches.  Une  trop  grande  colère  ,  une  peur  fii- 
bite  ,  une  médecine  forte ,  peuvent  caufer  une  fauffe 
couche.  Une  femme  à  qui  une  faujfe  couche  arrive  , 
eft  bien  plus  en  danger  de  la  vie  qu'une  femme  qui 
accouche  naturellement.  Mauriceau, 

Couche  fignifie  encore  la  maladie  ,  le  rravail  d'une 
femme  qui  enfante ,  ou  le  temps  qu'elle  eft  obligée 
de  gardée  le  Ut  pourfe  remettre ,  &  pour  reprendre 


9S^ 


COU 


{es  forces.  Puerperium.  Cette  femme  eft  robufte  , 
elle  n'eft  que  quinze  jours  en  couche.  Elle  a  fait  faire 
un  beau  lit  pour  les  couches,  il  n'y  a  que  deux  jours 
qu'elle  elt  relevée  de  couche. 

On  appelle  les  couches  de  la  Fierge  ,  une  dévo- 
tion à  la  Sainte  Vierge ,  où  on  lui  chante  des  Saints 
neuf  jours  avantNoël.  On  dit  auili  que  lapermiHion 
de  manger  de  la  chair  les  ùmedis  jufqa'à  la  Chande- 
leur en  certains  Dioccfes,  le  donne  en  l'honneur  des 
couches  iacrccs  de  la  Vierge,  On  fait  une  cérémonie 
à  l'Eglile  quand  les  femmes  relèvent  de  couche ,  en 
mémoire  de  la  Purification  qui  fe  failbit  dans  l'an- 
cienne Lo,i  après  les  couches. 

^3"  Couche  eft  auHi  un  des  linges  dont  on  enveloppe 
les  enfans  au  maillot ,  &  que  l'on  change  auHi  Ibu- 
vcnt  que  la  propreté  l'exige.  Cunce,  cunàhuLa.  Il 
faut  changer  cet  enfant  de  couches. 

COUCHE efl:  auHi  un  enduit  de  couleurs,"  ou  autre 
choie  liquide,  molle,  qu'on  met  fur  quelque  choie 
pour  la  colorer,  ou  pour  la  rendre  plus  ferme  6c  plus 
unie.  Il  faut  mettre  la  dernière  couche  de  plâtre  fin 
pour  rendre  cette  muraille  bien  polie ,  bien  luilante. 
Cor  mm  ,  cru/la,  incrujiatio.  Pour  imprimer  une  toile 
à  peindre ,  il  y  faut  deux  couches  de  colle  avant  que 
d'y  mettre  la  peinture.  On  met  deux  ou  trois  cou- 
ches de  blanc  de  plomb  fur  du  bois ,  avant  la  couche 
d'or  qu'on  y  applique  ;  une  couche  de  vernis  fur  une 
cane.  Color  inducîus,  coloris  induclio.  On  dit  don- 
ner la  dernière  couche  à  un  tableau  ,  il  faut  donner 
Aewy.  couches  de  couleurs  à  un  plafond.  Félib. 

Couche  le  dit  en  Chimie  des  lits  diffcrens  des  diffé- 
rentes matières  qu'on  met  alternativement  les  unes 
après  les  autres ,  pour  les  faire  mieux  fondre  ou  im- 
biber. On  appelle  cela  zwiXi flratijication  ,  oiijlra- 
tumfuperjiratum  :  ce  qui  s'exprime  par  cette  note , 
S,  S,  S. 

IP"  Couches  //ir72«//èj ,  termes  d'Hiftoirc  naturelle. 
On  appelle  ainli  certains  cercles  ligneux  que  l'on 
remarque  quand  on  coupe  horilbntalement  un  tronc 
d'arbre,  &  qui  marquent  la  crue  de  chaque  année, 
Voyei  au  mot  Arbre  ,  comment  fe  fait  l'augmenta- 
tion en  grolîeur  par  le  moyen  de  ces  couches  li- 
gncufes. 

IfC?  Il  faut  remarquer  que  ces  cercles  ligneux  ne  font 
pas  toujours  concentriques  à  l'axe,  mais  qu'ordi- 
nairement ils  s'en  écartent  plus  d'un  côté  que  d'un 
autre.  Quelques  Auteurs  ont  penfé  que  c'ctoit  prin- 
cipalement du  côté  du  nor*^  :  pluiîeurs  ont  cru  que 
c'ctoit  du  côté  du  midi  ;  mais  ils  le  font  accordés  à 
dire  qu'au  moyen  de  cette  excentricité  de  couches 
ligneufes  ,  les  Voyageurs  égarés  y  trouveroient  une 
boulîble  naturelle  qui  les  orienteroit ,  &  l'on  a  en- 
trepris de  donner  des  talions  phyliques  de  ce  phéno- 
mène utile. 

03"  Ceux  qui  prétendoient  que  les  couches  ligneufes 
étoient  plus  épaifles  du  côté  du  nord  ,  "appor- 
toient  pour  railbn  que  le  foleil  ayant  moins  d'ac- 
tion de  ce  côté  ,  il  s'y  conferveroit  plus  d'humidité  , 
ce  qui  devroit  nécelfairement  produire  une  augmen- 
tation de  ces  couches  ligneufes.  Ceux  au  contraire 
qui  prétendoient  avoir  oblervc  que  les  couches  font 
plus  épaiifes  du  côté  du  midi,  difbient  que  le  foleil, 
comme  principal  moteur  de  la  fève,  la  déterminoir 
à  palfer  plus  abondamment  de  ce  côté,  Ainli  chacun 
trouvoit  dans  la  Phylique  des  railbns  fpécieufes  d'une 
choie  qui  n'eft  pas.  Le  fait  mieux  obfervé  déconcerte 
entièrement  leur  fyfcême, 

|Cr  Nous  avons  reconnu,  dit  M,  Duhamel,  que  les 
couches  font  fouvent  ,  &  prefque  toujours  plus 
épaifles  d'un  côté  que  d'un  autre  ;  mais  cela  arrive 
indiiTcremment,  foit  du  côté  du  nord  ,  foit  du  côté 
du  midi  ,  de  l'eft  ou  de  l'oueft.  Cette  prétendue 
boulFole  efl  donc  lujette  à  bien  des  variations,  qui 
dérouteroient  furieufcment  un  voyagent  é^arc  qui 
vowdroit  y  mettre  fa  confiance.  Mais  elle  eft  bien 
autrement  fujette  à  erreur,  puifque  nous  avons  ob- 
fervé que  dans  un  même  arbre  la  plus  grande  épaif- 
feur  des  couches  varie  quelquefois  de  tout  le  dia- 
mètre de  l'arbre  ;  en  forte  que  ,  fi  auprès  des  racines, 


COU 

la  plus  grande  épaiflèur  le  trouve  du  côté  du  midi  -, 
elle  s'obferve  fouvent  auprès  des  branches  du  côté 
du  nord  ,  ou  vers  toute  autre  partie  de  la  circonfé- 
rence de  l'arbre.  11  eft  aile  d'apperccvoir  la  railba 
phylique  de  cette  inégalité  d'epaillèur  des  couches 
ligneufes,  puif^^u'il  cit  clair  qu'elle  dépend  de l'in- 
fertion  des  racines  &c  de  l'éruption  des  branches.  S'il 
fe  trouve  du  côté  du  nord  une  grolfe  racine,  les  cou- 
ches ligneufes  du  bas  de  l'arbre  feront  plus  épaifles 
de  ce  côté-là ,  parce  que  la  fève  y  fera  portée  avec 
plus  d'abondance.  Si  au  contraire  vers  la  cime  du 
même  arbre  ,  il  fortune  grolfe  branche  du  côté  du 
midi,  les  couches  ligneufes  examinées  en  cet  en- 
droit ,  feront  plus  épaiifes  de  ce  côté  ,  parce  que  la 
levé  aura  été  déterminée  à  y  couler  plus  abondam- 
ment-, de  forte  que  les  variétés  fans  bornes  qu'on 
obferve  dans  la  polition  des  racines  6c  des  branches, 
en  produilént  d'auili  conlîdérables  dans  l'épailîeur 
des  couches  ligneufes,  C'efl  ainli  qu'il  arrive  fouvent 
que  le  merveilleux  s'évanouit  quand  on  obferve  at- 
tentivement la  nature. 
Couche  ,  en  termes  de  Botanique,  fe  prend  pour  le 
fond  du  calice  des  fleurs  à  fleurons  ôc  à  demi-fleu- 
rons ,  &  des  fleurs  radiées ,  du  calice ,  dis-je,  de  ces 
fleurs ,  fur  lequel  font  pofées  les  femences,  Calicis 
fundus  ,  ima  pars. 

On  le  dit  auifi  dans  la  cuilîne  ordinaire.  Pour 
faire  des  foupes ,  des  ragoîjts,  des  fyrops  ,  il  faut 
mettre  une  couche  de  pain,  um couche  de  fromage, 
de  pommes ,  &c.  c'eft-à-dire,  diflPérens  lits. 
Couche  ,  terme  de  Boulanger,  C'efl  un  morceau  de 
grolfe  toile  fur  lequel  on  couche  le  pain  au  lait.  Tela 
crajjior  excipiendo  pani  comparata.  Les  pains  font 
fur  la  couche. 
Couche  ,  terme  de  Tireur  d'or  ,  feuille  d'or  ou  d'ar- 
gent ,  qu'on  met  autour  du  bâton  qu'on  veut  doter 
ou  arpenter.  Braclea. 
Couche  ,  terme  de  Doreur  fur  cuir  ^compolition  d'eau. 
Se  de  blanc  d'œuf  qu'on  pof;  fur  le  cuir  avant  que 
de  le  dorer.  Coloris  induclio. 
Couche  ,  terme'de  Tanneur  ;  ce  font  quatre  ou  cinq 
cuirs  qu'on  met  fur  le  chevalet  pour  être  quiolfés  , 
c'efl-à-dire ,  pour  en  faire  fortir  la   grolfe  ordure 
avec  la  quiolfe.    Pelles   induclct  pelle.    Faire  une 
couche. 
Couche  ,  en  termes  de  Charpenterie ,  efl  la  pièce  de 
bois  qui  le  met  Ibus  une  étaie  qui  fert  de  patin, 
ainli  nommée ,  parce  qu'elle  efl  couchée  de  plat.. 
Tianuin  inplanum  collocatum.W  y  a  des  couches  de 
haut  &  d'autres  de  bas. 
Couche  d'ArquebuJier  efl  la  partie  du  fût  d'une  arme 
à  feu  qu'on  approche  du  vifage,  quand  on  veut 
coucher  en  joue  quelque  choie.  Ferrece  fijtulce pof- 
tica  pars.  C'efl  ce  qu'autrefois  on  appeloit  crojfe 
au  moufquet. 
Couche  ,  en  termes   de  Jardinage  ,  efl  une  prépara- 
tion iCT  de  grand  fumier  de    cheval  qu'on  tripe 
bien  ,  &  couvert  d'environ  un  demi-pié  de  terreau , 
élevé  de  deux  ou  trois  pies  au  delfus  de  la  fuperfi- 
cie  de  la  terre,  pour  y  femer  des  graines  ou  des 
plantes  délicates ,  &;  qu'on  veut  avancet.  Pulvinus. 
0C?  La  couche  chaude  efl  celle  qui  efl  nouvelle, &  qui 
conferve  encore  fa  chaleur  qu'on  efl  obligé  de  lailîèr 
évaporer  pendant  fept  à  huit  jours  avant  que  d'y 
rien  femer.  On  juge  en  enfonçant  le  doiçt  dans  la 
couche ,  du  degré   de    chaleur    convenable   pour 
femer. 
ffZT  La  couche  tiède  efl  celle  quî  a  perdu  un  peu  trop 
de  fa  chaleur ,  &  qui  a  befoin  d'être  réchaufïèe-,  ce 
qui  fe  fait  en  répandant  du  grand  ftimier  dans  les 
fentiers  qui  font  autour  de  la  cowcAe,  &  que  Ton 
appelle  réchauds. 
|Cf  Lsl  couche  fourde  efl  celle  qui  efl  enfoncée  en 
terre  ,  &  ne  s'élève  point  au  deflus  de  la  fuperficie 
du  terrain  ,  compofce  de  fumier  comme  les  autres, 
mais  ayant  beaucoup  moins  de  chaleur.  On  fe  fert 
auifi  de  cette  dernière  pour  faire  venir  les  cham- 
pignons ,  &  pour  réchauffer  des  arbres  plantés  en 
caille, 

§:T  Quand 


cou 

§3*  Quand  on  craint  la  fraîcheur  des  njîts ,  on  cou- 
vre les  couches  de  paillafrons  &:  de  briie-vcnts. 

Couche,  entre  les  joueurs,  eft  le  premier  enjeu,  ce 
qu'on  met  d'argent  d'abord  fur  une  carte  fans  le 
rcnvi.  Dcpojîta  à  luforibus  pecunia.  Cs  joueur  efl: 
faiîe  ,  il  ne  renvie  point ,  il  ne  prend  jamais  que  fa 
couche, 

COUCHEE  s  f.  f.  gîte  ,  lieu  où  l'on  couche,  particu- 
lièrement en  voyage.  Manjio,  Nous  avons  plus  loin 
à  aller  à  la  couchée ,  que  nous  n'avons  eu  à  la  dînée. 

§3"  Couchée  fignifie  au(fi  le  fouper  &  le  logement 
des  voyageurs  dans  l'hôtellerie.  Jl  nous  en  a  tant 
coûté  pour  la  couchie  ■,  ^o\xi  àsit ,  pour  le  gîte  & 
pour  le  repas. 

§Cr  COUCHEMENT, vieux  f.  m.  état  d'une  perfon- 
ne  couchée.  Cubatus.  Dict.  de  Charles  Etienne. 

ifT  COUCHER ,  V.  a.  étendre  un  corps ,  ou  le  pofer 
de  niveau  à  terre  ou  fur  une  furface ,  félon  la  plus 
grande  de  fes  dimenlîons.  In  planum  coUocare.  Cou- 
cher une  pièce  de  bois ,  une  fiblière  ,  fur  un  fonde- 
ment à  rez-de-chaullce  ,  pour  élever  defîus  un  pan 
de  charpente ,  la  coucher  de  plat  ou  de  champ. 

Couches,  fignifie  aulfi  abattre  ce  qui  eft  élevé,  ou  à 
plomb,  pour  le  mettre  à  fleur  de  terre.  Sternere , 
projierrien ,  evertere.  Il  faut  coucher  par  terre  ces 
arbres  ,  les  couper.  En  ce  fens ,  on  dit  qu'un  lutteur 
a  couché  par  terre  fon  homme;  qu'un  combattant  a 
ccwcAJ par  terre  fon  ennemi,  qu'ill'a  coacAe  fur  Ij 
carreau.  La  grêle,  la  pluie,  ont  couché  les  blés  ;  , 
pour  dire ,  qu'elles  les  ont  abatus  &  verfcs.  On  dit  j 
en  ce  fens ,  coucher  un  bouteille  fur  le  côté  ■,  pour 
dire ,  la  vider. 

Coucher  tf«  yo«e,  fignifie  mirer  avec  une  arme  à  feu 
ou  de  trait ,  pour  tirer  fur  quelque  chofe.  Ferream 
fi^alam  in  aliquem  dirigere  ,  coUinare.  Il  a  couche 
<"«  ;o«c  fon  ennemi  par  trois  fois,&:  il  n'a  ofé  lâ- 
cher fon  coup.  En  ce  fens ,  on  le  dit  au  figuré  de 
ceux  qui  vifent  à  quelque  chofe  d'avantageux  qu'ils 
tâchent  d'obtenir.  AUquidj'peclare  ,  ad  ali^uid  tzfpi- 
rare.  Il  y  a  long  temps  qu'il  couche  en  joue  cette 
iille  pour  l'époufer.  Il  couche  en  joue  cette  charge  , 
il  obf-'rve  quand  elle  fera'vacante. 

L  i  vil!  i  reoife  ejî  belle  S^  jeune  ,je  P avoue  -y 

JDjm  Alphonfe  enpaffant  peut  La  coucher  en  joue. 

SCAR. 

I^T'  Coucher,  ficrnifle  auffi  étendre  tout  de  fon  long 
fur  terre  ou  fur  quelqu'autre  chofe.  S.  Laurent  fut 
couché  fur  un  gril.  Sternere^ ,  proflernere. 

{C?  Coucher  fignifie  aulfi  mettre  quelqu'un  au  lit , 
l'aider  à  fe  déshabiller.  Alicui  veflimentum  detra- 
hère  ,a!i^uein  in  leclocollocdre.  Les  Valets-de-cham- 
bre couchent  leurs  Maîtres.  Les  garçons  de  la  noce 
viennent  coucher  la  mariée. 

Coucher,  avec  le  pronom  perfonnel,fe  dit  particu- 
lièrement des  hommes  &  des  animaux  qui  s'éten- 
dent tout  de  leur  long  fur  la  terre.  Procumbere 
terrx ,  in  terrant ,  jlerni  terra  ,  in  terrant.  Ge  che- 
val efl  vicieux  ,  il  fe  couche  dans  l'eau  ,  il  fe  couche 
au  lieu  d'avanc:r.  E^uus  cubitor.  Ces  troupeaux 
étoient  couchés  llir  le  gazon.  C'cfi:  une  erreur  des 
Anciens  de  croire  que  les  éléphans  ne  fe  couchent 
point,  &  qu'ils  n'ont  point  de  jointures.  Les  cha- 
meaux font  drefîcs  à  fe  coucher  pour  recevoir  leur 
charge, 

ffT  Coucher  ,  v.  n.  fignifie  être  étendu  pour  pren- 
dre fon  repos.  Coucher  dans  un  lit ,  fur  un  matelat; 
coucher  fur  la  dure.  A  la  ville  on  eft  couché  bien 
mollement  entre  deux  draps.  A  la  guerre  on  fe  cou- 
che fouvent  llir  la  paille,  fur  la  terre.  Avec  le  pro- 
noTi  perfonnel ,  il  fignifie  fe  mettre  au  lit ,  s'étendre 
fur  quelqu'autre  chofe.  Se  coucher  fans  fouper.  Se 
toucher  f  ir  le  trazon. 

§CJ"  CoTTCfîER ,  (  Se  )  en  A^lronomie ,  fe  dit  du  foleil , 
des  étoiles  &  dc":  olanettes  qui  difparoilfent.  Le  fo- 
leil fc  couche ,  rft  couché ,  c'eft-à-dire  ,  defcend  ,  ou 
eft  d?fcendu  fous  l'horifon,  Oecidere, 
Tome  II „ 


COU  9U 

§C5"  On  dit  qu'un  mouchoir  de  cou ,  une  cravate  > 
un  ruban  ,  te.  fé  couchent  hum;  pour  dire  ,  qu'il* 
pr.nn^nt  un  bon  pli ,  &c  qu'ils  s'a^ullent  comme  il 
faut  fur  la  perfonne.  On  le  dit  auili  de  ce  nui  s'af- 
faiffejdece  qui  d:vient  plat.  Depnrù ,  confîdere, 
Lc-b  plumes ,  les  garnitures  de  rubans  (é  couchent , 
s'afFaifîent  dans  les  temps  humides. 
Coucher  fignifie  auHi  gîter ,  pafler  la  nuit  en  qucl- 
qu'endroit.  Cubare.  La  Vierge  fut  contrainte  de 
couclwr  dani  une  ctable  ,  parce  qu'il  n'y  avoir  point 
de  place  dans  les  hôtelleries.  Cet  homme  a  couché 
en  ville  ,  il  a  couché  dehors ,  parce  que  les  porres 
étoient  fermées  ',11  a  couché  au  cabarer,  il  y  a  paffc 
la  nuit  à  jouer  ^  à  boire.  On  dit  en  ce  fens  ,  coucher 
à  l'enfeigne  de  la  lune  ,  à  la  belle  étoile  ;  pour  dire  > 
coucher  dehors,  n'avoir  point  de  gîte.  Sub  dio 
pernoaare.  On  dit  encore  en  ce  fins ,  qu'une  porte 
a  couche  ouverte  j  pour  dire,  qu'on  ne  l'a  point 
fermée  de  toute  la  nuit. 

On  dit  figur.  &  prov,  qu'un  homme  a  couché  dans 
fon  iourreau  comme  l'épée  du  Roi ,  ou  fimplemcnt, 
qu'il  a  couche  dans  fon  fourreau  j  pour  dire  ,  qu'il  a 
couche  tour  vêtu.  On  dit  prov.  que  pour  boire  de 
l'eau  &  coucher  dehors ,  il  ne  faut  demander  congé 
à  perfonne.  On. dit  proverbialement',  ceux  qui  n'en 
vou  iront  pas ,  qu'ils  fe  couchent  auprès ,  en  parlant 
de  ceax  qui  refufent  un  ofî'te  qu'on  croit  raifon- 
nahlc. 
Coucher  fignifie  atKfi  avoir  habitation  charnelle  avec 
Une  femme  ,  foit  de  jour,  foit  de  nuit  savoir  com- 
merce avec  elle.  Concubare.  Ces  amans  ont  couche 
long  temps  eûfemble  avant  que  de   déclarer  leur 
mariage. 
Coucher,  v.  a,  en  termes  de  Jardinage,  fe  dit  des 
branches  de  quelque  plante  que  ce  foit  qu'on  in- 
cline en  terre;  c'eft-à-dire,  que  l'on  fait  pencher 
en  terre,  &  que  l'on  couvre   de  terre  pour  faire 
prendre  racine.  Il  faut  coucher  les  branches  de  ce 
figuier,  pour  en   faire  des  marcottes.  Le  farment 
veut  qu'on   le  couche  pour  en  faire  des  provins. 
Vineam  in  terram  projiernere,  propagare  vîtes  in 
fulcos.  Voyez  Provin. 
Coucher,  en  rermes  de  Tondeurs  de  draps ,  fignifie 
ranger  le  poil  fur  la  fuperficie  de  l'étoffe ,  après 
qu'elle  a  été  tondue  à  la  fin. 
Coucher  fe  dit  auffi  des  enduits  de  couleurs  qu'on 
étend  fur   quelque  chofe.  Inducere.  Il  faut  coucher 
une  telle  couleur  avant  cette  autie  fur  cette  raenui- 
ferie.  Il  faut  coucher  une  feuille  d'or ,  de  l'émail  fur 
cette  montre,  coucher  du  vernis  fiir   cette  carte. 
C'eft  un  grand  art  de  favoir  bien  coucher  les  cou- 
leurs les  unes  après  les  autres. 
Coucher  ,  terme  de  jeu  ,  fignifie  mettre  au  Jeu ,  parce 
qu'en  effet  on  couche ,  on  étend  de  l'argent  fur  une 
table,  fur  une  carte.   Deponere  in  folium  luforium. 
Tiummos  ,  pecuniatn  deponere.  On  a  couché  d'abord 
une  piftole  fur  une   carte ,  &  on  a  renvié  à  la  fia 
julqu'à  dix.  Il  eft  grand  joueur,  il  couche  gros. 
|J3"  Dans  ce  fens ,  on  dit  figurémenr  Sc  familièrement 
coucher  gros,en  parlant  de  ceux  qui  s'engagent  trop^ 
qui  promettent  ou  avancent  des  chofes  au  deffus 
de  leurs  forces.  Multa  &  praclara  minari  ,fibi  mul- 
tùm  fumere.  Il  parle  de  faire  agir  les  Puiflànces  ;  il 
couche  gros.  Ce  jeune  homme  ne    demande    pas 
moins  qu'une  fille  de  cent  mille  écus  en  mariage, 
il  couche  gros. 

En  termes  de  Manège,  on  dit  qu'urt  cheval  fis 
couche  fur  les  voltes  ;  pout  dire ,  qu'il  porte  la  tête 
&  la  croupe  en  dehors ,  comme  lorfqu'en  maniant 
la  droite  ,  il  a  le  corps  plié  &  courbé ,  comme  s'il 
alloit  à  gauche.  IncHnare. 
Coucher /<z/»<7r<;,  terme  de  Boulanger ,  c'eft  mettre 
le  pain  fur  la  couche-,  c'eft-à-dire ,  fur  un  morceau 
degroffe  roile,  où  l'on  mer  le  pain  au  lait,  pouc 
le  faire  gonfler  &  revenir,  te  l'enfourner  enfuite* 
CoUocare  panem.  Couche:^  ce  pain. 
Coucher  ,  terme  dc  Chapelier.  Coucher  un  chàpeauj 

c'eft  le  mettre  dans  la  feutrière  avec  le  lambeau. 
Coucher  fe  dit  figurément  des  écritures,  du  ftyle> 

E  E  E  £  ce 


5^)4- 


c  o  u 


Scribcre,fcriptis  maniare.  C'eft  VlK".  homme  qui  cou- 
cheVxzv.  par  écrit,  qui  explique  bien  fes  pcniccs. 
Dans  ce  iens ,  il  eCc  vieux  S:  populaire. 

CoucHHR,en  Jurilprudencc  &:  en  matière  de  comp- 
tes, c'cft:  employer,  comprendre  dans  unacle  ,dans 
un  compte.  AlL.jidd  verhi.s  exprimcre.Ou  ^couche 
cette  claufe  exprelîement  dans  cette  donation.La  dc- 
cilion  de  cjtte  affùire  eft  conclue  en  termes  formels 
dans  le  texte  de  cette  loi ,  dans  les  regiftres  de  la 
Cour.  Il  a  couche  cela  en  recette,  en  dépenle  ,  dans 
les  articles  de  Ion  compte.  On  dit  en  ce  Iens ,  qu'un 
homme  a  été  couché  lur  l'Etat  -,  pour  dire,  qu'il  a  été 
mis  &:  employé  (ut  l'état ,  iùr  le  catalogue  de  ceux 
qui  doivent  être  payés  de  quelques  gages ,  appoin- 
tmicns ,  ■pcnhons ,  &c.  .A Hcuj us  jwrnen  in  rationcs 
Refis  l'Jjiendianus  referre. 

COUCftE,  EE.  part.  On  dit,  il  efl  venu  à  foleil 
couche  ;  pour  dire  ,  un  peu  après  que  le  foleil  eft 
■couche.  On  dit  de  même  avant  &  après  foleil  cou- 
•ché.  Anù  on  poji  occafum  Jolis. 

On  dit  prov.&  populairement,  qu'en  efl  plus 
couché  que  debout  ;  pour  dire  ,  que  le  temps  que 
dure  la  vie  eft  peu  confidérable  ,  en  compalaifon  de 
celui  qui  la  fuit.  Acad.  Fr. 

Couché  ,  en  retmcs  de  Blafon,  fe  dit  du  cerf,  du  lion , 
du  chien  &;  autres  animaux.  Caminga  enFrife  porte 
d'or  au  ccxi' couché  de  gueules. 

■^3"  COUCHER  ,  f.  m.  c'cft  en  général  la  manière  de 
fe  tenir  couché^  pofture  dans' laquelle  on  fe  tient 
au  lit, foit  enfanté,  foit  en  maladie.  Cubatio,cu- 
katiis. 

'§:?"  Coucher  fe  die  à  peu  près  dans  le  même  fens 
pour  l'ulage  du  lir.  On  dit  d'un  homme  qu'il  eft  dé- 
licat fur  le  coucher.  Quand  on  couche  dehors ,  il 
n'en  coûte  Tien  pour  le  coucher. 

Coucher  fignifîe  encore  l'adion  de  celui  qui  cou- 
che. On  lui  a  interdit  le  coucher  avec  les  femmes  , 
à  caufe  de  la  foibleflè  de  fa  poitrine.  C'eft  en  ce 
fens  qu'on  fe  fert  de  cette  maxime  de  Coutume  : 
au  coucher  fe  gagne  le  douaire  j  pour  dire ,  qu'il 
n'eft  point  acquis  à  la  femme  ,  que  le  mariage  ne 
foit  confommé.  Concubitus. 

fer  Coucher  fe  dit  non  feulement  de  l'aélion  de  fe 
coucher ,  mais  encore  du  temps  où  l'on  fe  couche. 
Ainfi  l'on  dit  fe  trouver  au  coucher  de  quelqu'un. 
.  Aflîfter  au  lever  S:  ^\x  coucher  du  Roi.  Apporter  le 
vin  du  coucher.  On  appelle  à  la  Cour  ,  le  petit  cou- 
cher du  Roi ,  l'efpacc  de  temps  qui  s'écoule  depuis 
que  le  Roi  a  pris  fa  chemife  ,  &  donné  le  bon  foir 
aux  perfonnes  de  la  Cour  <\m  fe  trouvent  préJen- 
tes,iufqu'au  moment  où  il  fe  mer  au  lit.  On  dit, 
être  du  petit  coucher  du  Roi.  Etre  au  petit  cou- 
cher du^oi ,  oufimplemcnt  au  petit  cowcwfr.  Cela 
fut  dit  au  petit  coucher. 

^  Coucher  fe  dit  auflî  de  la  garniture  d'un  lit. 
Matelas ,  lit  de  plume  ,  (Sv.  On  dit  en  ce  fens ,  un 
bon  ,  un  mauvais  coucher. 

En  termes  d'Aftronomie  ,  le  coucher  du  foleil  &  des 
aftres  fe  dit  du  tems  où  ils  fe  cachent  fous  l'hotifon. 
Occafus.  A  l'égard  des  aftres ,  il  y  a  trois  fortes  de 
lever  &  de  coucher  \  le  cofmique  ,  le  chronique 
&:  l'héliaque  ou  folaire.  Le  cofmique  ou  vérirable 
eft  quand  un  aftre  fe  couche  en  même  temps  que  le 
foleil  monte  fut  l'horifon.  Le  chronique  eil:  quand 
un  aftre  fe  couche  avec  le  foleil.  L'héliaque  ou  cou- 
cher apparent  eft  lorfque  l'aftre  entre  dans  les 
rayons  du  foleil,  &;  en  eft  oiïiiiqué  &  eflàcé;  en 
forte  qu'il  commence  à  difparoîrre  ,  &  à  céder  d'ê- 
tre vu. 
$3"  Coucher  vient  de  cubare.  Nicod.  Ménage, 
après  de  Valois ,  le  dérive  de  collocare.  Du  Cange 
eft  de  même  avis ,  eh  quoi  nofmetipji  in  leclo  coUo- 
cemus. 
COUCHETTE  ,  f.  f.  petit  lit  qui  n'a  point  de  ciel ,  ni 
de  rideaux ,  ni  de  pilieis.  Leclulus. 

Tout  ejî  aux  écoliers  couchette  &  mattelas. 
Un  honnite  homme  en  pareil  c ils 
Auroit  fait  un  faut  de  vingt  braffes.  La  Font. 


COU 

COUCHEUR, EUSE,  f,  qui  couche  avec  un  autre. 
Lecli  cornes ,  focia.  Un  mauvais  coucheur  eft  un 

homme  qui  empêche  fon  camarade  de  dormir.  Con- 
cubuor  molejiiis  ,  importumis. 

V Amour  efl  un  mauvais  coucheur  *, 

Car  la  nuit  fans  ceffe  il  frétille.  La  Font. 

Coucheur,  f.  m.  terme  de  Papeterie,  ouvrier  qui  tra- 
vaille dans  les  Papeteries  à  renverfer  les  feuilles 
de  papier  furies  feutres,  à  mefure  que  les  form.es 
ou  moules  lui  font  préfentés  par  celui  qui  les  a 
plongés  dans  la  cuve  où  eft  la  pâte. 

COUCHIS ,  f  m.  c'eft  la  forme  de  fable  d'un  pic  d'é- 
paijfeur ,  qu'on  met  fut  les  madriers  d'un  pont  de 
bois  pour  y  alfeoir  le  pavé:  les  poutres  ,  le  fable  Sc 
la  terre  tout  enfemble  qui  font  fous  le  pavé,  Corium, 
crufla  ex  arenario  ^^fiatumen. 

COUCHOIR  ,  f.  m.  terme  de  Doreur  ,  petit  morceau 
de  buis  fort  propre  ,  avec  lequel  on  prend  les  tran- 
ches d'or  pour  les  appliquer  fur  les  bords  des  li- 
vres. Buxum  applicandx  braclece.  idoneum. 

COUCI-COUCI ,  fii^on  de  parler  familière ,  qui  fig^ 
nine  tellement  quellement.  Il  s'eft  acquitté  de  cette 
ccmminîon  couci-couci.  Qjioquo  modo  ■,  utcumi^u^. 

Puifje  l'enfant  fans  merci 
Vous  forcer  à  rendre  hommage 
A  quelqu'lris  de  village  , 
Dont  le  Cizur  fourbe  &  volarc 
Vous  aime  couci-couci,     Des-H, 

Par  vos  bienfaits  avons  de  quoi  mander 
Couci-couci-,  mais  item  il  faut  boire." 

Nouv.  cH,  de  Vers. 

Cette  façon  de  parler  vient  de  l'italien  cofi,  cojt, 
qui  (ignilie  la  même  chofe. 

COUCI.  Codiciacum  ,  Catujîacum ,  Coccium  ,  Cocia- 
cum.  Bourg  de  l'île  de  France  ,  enrrc  Sohîbns  &  la 
Fere  -,  il  a  donné  aurrefois  fon  nom  à  l'illuftre  Mai- 
fon  AzCouci.  La  tour  deCo««a  lyi  pies  de  hau- 
teur, &  505  de  circonférence.  Dom  Dupleffis  a 
imprimé  en  1718  ,  une  nouvelle  hiftoire  de  la  ville 
&  des  Seigneurs  de  Couci.  La  forêt  de  Coud.  Silva 
f^ofa^us. 

COUCON,  Voyei  Cocon. 

COUCOU  ,  f.  m.  oileau  dont  le  nona  eft  tiré  de  foR 
chant.  Cuculus.  Il  ne  paroît  &;  ne  chante  qu'au 
printemps. 

Ip*  Le  Coucou  ne  fait  point  de  nid  s,  il  s'empare  du 
nid  des  autres  oifeaux  ,y  met  fon  œuf,  (car  il  n'en 
pond  qu'un  )&  l'abandonne.  L'oifeau  propriéraire 
du  nid,  couve  l'œuf  du  coucou  ^^  prend  foin  du 
petit  lotfqu'il  eft  éclos.  C'eft  pourquoi  les  Anciens 
ont  fait  du  mot  coucou ,  un  terme  d'injure  &  de  mé- 
pris. Ils  appcloient  coucou,  un  lâche  ,  un  ftupide, 
un  fot,  qui  laiffe  faire  aux  autres  ce  qu'il  doir  faire 
liii-même.  Voffius  dit  qu'il  met  des  œufs  dans  le 
nid  des  autres  ,  parce  qu'il  eft  extrêmement  froid , 
&  qu'il  n'a  point  allez  de  chaleur  pour  couver  Se 
faire  éclorre  fes  œufs.  Quelques-uns  mettent  le 
coucou  au  nombre  des  oifeaux  de  rapine  :  c'eft  une 
efpèce  d'épervier. 

Albert,  Ariftote  &  Avicenne,  dîftinguent  deux 
différens  genres  des  coucous  ,  l'un  grand  ,  l'autre 
petit. 

Le  grand  coucou  de  la  grande  efpèce  a  le  bec 
aflez  long,  &  prefque  d'égale  grandeur  à  celui  des 
ramiers,  mais  il  eft  plus  gros  ,  plus  aigu ,  &:  un  peu 
plus  crochu.  Sa  partie  de  defïïis  à  l'extrémité  eft  un 
peu  courbée,  &  plus  longue  que  la  partie  inférieure. 
Celle  de  deilus  eft  noire",  &  celle  de  defTous  de  cou- 
leur de  corne.  L'ouverture  du  bec  avec  tout  ce  qui 
paroîr  en  dedans,  &  la  langue,  font  Jaiînes.  Les 
narines  font  rondes  &  ouvertes  j  l'iris  de  l'œil  eft 
d'un^  jaune  éclatant  ;  la  prunelle  eft  brune,  OU 
plutôt  noire.  Toute  la  partie  courbée  en  avanr, 
tant  celle  qui  eft  cendrée  que  la  blanche,  eft  dif- 
tinguée  de  lignes,  ©u  plutôt  de  marques  obfcures 


cou 


cou 


«fiti  S'écend.^nt  en  travers,  &  qui  ne  font  pas  con- 
.linvies,  mais  entrecoupées.  Le  champ  de  Ion  pen- 
rags  en  général  eft  divetlifié  d'une  couleur  noire  &c 
fte  rouille,  la  plus  grande  partie  des  pennes  blan- 
chiment vers  leurs  extrémités.  Les  grandes  6c  celles 
■qui  couvrent  les  grandes  pennes, que  les  Fauconniers 
nomment  les  témoins,  l'ont  divetliftées  de  lignes 
bianclîes ,  également  mifes  par  ordre  par  les  bords, 
l^our  les  grandes  pennes  des  aîles ,  elles  ibnt  prei'que 
Toutes  noires,  bl.mchiiiant  toutefois  au  milieu  de 
patt  Se  d'autre  des  extrémités ,  qui  s'étendent  beau- 
coup par  delà  le  milieu  de  la  queue,  laquelle  e(1: 
au(fi  divetfîhcc  de  blanc  ,  de  noir  &  de  rouille,  La 
couhur  noire  paroît  en  chaque  penne  ,&  compofe 
deux  lignes  qui  riniflént  en  angle  au  milieu,  &  lont 
divilées  pat  diftances  égales  d'un  bel  ordre  julques 
au  bout.  Les  côtés  des  pennes  ibnt  teints  d'une  cou- 
]  :ur  de  rouille.  Il  y  a  une  ligne  blanche  qui  coupe 
îes  pennes  par  le  milieu.  Toutes  les  extrémités  des 
pennes  Ibnt  blanchâtres.  Ses  jambes  font  fortgtêles, 
&  courtes,  &  peu  proportionnées  au  rcfte  du  corps. 
Ses  cuiilcs  Ibnt  courtes  &  grêles ,  8c  l'os  de  la  jambe 
ell:  à  peine  plus  long  que  le  travers  du  pouce.  Elles 
font  couvertes  par  enhaut  de  poil  blanchâtre,  qui 
tombe  de  fes  cuiiîes  par  delà  les  genoux ,  lefquelles 
iont  teintes  d\m  jaune  lavé  &  clair ,  ainli  que  les 
doigts  des  pies ,  defquels  il  y  en  a  deux  devant , .  &C 
deux  derrière. 

L'autre  grand  coucou  efl:  de  même  grandeur  que 
le  premier.  Il  a  le  bec  plus  long  &  plus  courbe  -,  le 
defilis  en  efl:  noir ,  &  le  delfous  de  couleur  de  corne. 
L'ouverture  &  le  dedans  du  bec  font  entièrement 
3. unies.  Le  cercle  qui  environne  la  prunelle  de  l'œil 
e!l:  d'un  jaune  refplendilfant  ,  la  prunelle  noire. 
Tout  le  deflbus  de  l'oifeau  elt  cendré,  ou  gtis-blan- 
chàtre,  tirant  un  peu  fur  le  châtain,  par  les  man- 
teaux particulièrement-,  car  la  tête,  le  defllis  du 
cou,  éc  le  bas  du  dos,  font  entièrement  d'un  gris 
cendré.  Les  grandes  pennes,  particulièrement  les 
deux  plus  grandes,  s'étendent  jufqu'au  milieu  de  la 
queue.  Celles  qui  font  vers  le  dos ,  font  lémces  de 
marques  blanches,  qui  font  mifes  par  ordre  en  long. 
Les  dix  pennes  de  la  queue  font  marquées  des  deux 
côtés  du  tuyau  de  taches  faites  en  façon  de  cœur , 
qui  font  à  un  doigt  d'intervalle,  &  compofent  un 
très-bel  ordre ,  Se  fort  agréable  à  voir  -,  mais  les 
mêmes  par  leurs  bords  intérieurs  (  excepté  les  deux 
du  milieu ,  Se  tous  leurs  bouts  )  font  toutes  marque- 
tées de  taches  très-blanches.  Son  ventre,  fa  poi- 
trine S:  (on  croupion,  fon  d'un  cendre  blanchâtre, 
avec  des  lignes  noires  quilestraverfent ,  ainli  qu'aux 
autres  oifeaux  de  proie.  Ses  jambes  ibnt  fort  cour- 
tes ,  Se  couvertes  de  petites  plumes  jufqu'auprès  des 
pies,  qui  fonr  d'un  jaune  très- couvert  ,  Se  envi- 
tonné  de  tablettes,  auHi-bien  que  les  doigts  des 
pies  qui  fonr  pareillement  un  peu  jaunâtres.  Le 
plus  grand  des  doigts  des  pies,  c'eft-à -dite  ,  celui 
du  milieu  ,  efl  un  peu  plus  large  vers  le  milieu  ,  & 
un  peu  creux,  pour  mieux  ferrer.  Ses  doigts  font 
partagés  devant  &  derrière ,  ainfi  qu'au  précédent. 

Le  coucou  de  la  petire  elpèce  efl;  fort  lémblable 
pour  la  grandeur  de  fon  corfage  à  l'épervier ,  Se  s'il 
avoir  le  bec  courbé  ,  plufieurs  y  feroient  trompés , 
tant  leurs  plumages  ont  de  rapport.  Il  n'a  pas  plus 
de  chair  qu'une  grive  -,  fa  voix  eft  très-haute.  Cet 
oifeau  efl:  fin  Se  avifé.  C'efl:  lui  qui,  fi-tôt  qu'il  a 
trouve  le  nid  de  quelqu'autre  oiléau,  en  caffe  les 
ceufs ,  les  mange ,  &i  v  fait  fon  œuf  à  la  place.  Quel- 
quefois trouvant  le  père  Se  la  mère  dans  le  nid  ,  il 
demeure  au  guet  jufqu'à  ce  qu'ils  partent.  Il  amafle 
quelquefois  jufqu'à  un  boiffeau  de  blé  dans  le  creux 
d'un  arbre,  pour  pafler  fon  hiver.  Il  ne  forr  qu'à  la 
fîn  d'Avril  de  fa  cache ,  parce  qu'il  appréhende  ex- 
trêmement le  froid.  Il  craint  les  autres  oifeaux  de 
proie  ,  principalement  l'épervier  ,  qui  lui  fait  la 
guerre  &  le  tue  lorfqu'il  peut  le  rencontrer.  On  le 
tient  bârard  d'épervier.  Il  Cz  rcrire  pendant  les  jours 
caniculaires. 

On  dit  que  le  grand  coucou  met  fes  œufs  dans 


^r 


It?  nid  des  pigeons  ramiers,  Jr  le  petit  dans  celus 
du  hochequeue  Se  de  l'alouette,  Se  fur-rour  dans 
celui  du  verdon  ,  curruca.  Voyez  fur  cet  oiiéau  Se 
fes  propriétés  VoUius,  du  Idolol.  L.  IJJ ,  C.  8i, 
95,  98, 
ÇC?  Le  concolT,étoit  confacté  à  Jupiter,  On  dit  que 
ce  Dieu  ,  tranii  de  froid  ,  alla  ibus  la  forme  de  cet 
G' l'eau  le  repofer  fur  le  fein  de  Junon  pour  fe 
réchauffer. 

On  dit  figurément,  qu'un  homme  eft  coucou ,  ou 
cocu  3  quand  fa  femme  ne  lui  garde  pas  la  fidélité 
conjuirale. 

En  termes    de  Jardinage ,  on  appelle  coucou , 
une  efpcce  de  frkilier  qui  fleurit  beaucoup ,  Se  qui 
ne  porte  jamais  de  fruit.  Fragaria  Juri/is. 
Coucou  ,  terme  de  jeu,  C'efl:  le  nom  d'un  certain  Jeu 
de  carres,  qu'on  appelle  ainli  à  Paris,  Se  kere  ou 
/laire  dans  plufieurs  Province?.  Voye^  ce  mot ,  Sc 
les  règles  du  coucou  dans  le  Livre  de  l'Académie 
des  Jeux, 
Coucou.  Plante  Se  fleur  printanière.  Voye^  Prime- 
vère. C'efl  la  même  choie. 
|tlr  CoNCY  ,  ville  de  France  en  Picardie,  entre  Laon 

Se  la  rivière  d'Oyfe,  Codiciacum, 
COUDE,  f,  m,  L'Angle  extérieur  qui  fe  fait  pat  le 
pli  du  bras ,  Se  le  point  où  s'inclinent  les  deux  0$ 
qui  le  compoicnt,  Cubitum  ,  cutitus.  Cette  émi^ 
nence  ,  fur  laquelle  on  appuie  le  coude,  a  été  appe- 
lée par  les  grecs  à^y.m ,  Se  par  d'autres  i^^Upavi.  Elit 
efl:  formée  par  la  groflé  apophife  ou  coude.  Je  lui 
ai  donné  un  coup  de  coude.  Il  fe  dit  au/fi  de  la 
patrie  de   l'habit  qui  couvre  le   coude. 

Il  n'efl  rien  que  le  temps  ne  dijfoude  ', 
Vous  étonner c'^-vous  qu'un  méchant  pourpoint  noir  if 
{yui  m'a  duré  deux  ans  ,foit  percé  par  le  coude  ? 

ScARRi, 

Coude,  fe  dit  auffi  d'un  des  os  de  l'avant-bras,  qu'on 
appelle  l'os  du  coude,  Ulna  ou  cubitus.  Voyez 
Bras, 

Il  y  a  aufTî  le  coude  Ju  pié,  qui  efl:  le  defïïis  du 
pié,  que  l'on  nommerommunément  par  corruption 
cou  du  pié  ou  plutôt  coudepié. 

Coude  ,  en  termes  de  Manège ,  eft  une  jointure  au 
train  du  devant  du  cheval  ,  qui  affemble  le  bout  de 
l'épaule  avec  l'exttémité  du  btas. 

ff3'  On  le  dit  par  analogie  de  plufieurs  chofes  qui 
forment  un  angle   exrérieur. 

Coude  ,  en  termes  de  Vigneron  ,  eft  l'endroit  où  naît 
le  bois  qui  donne  le  raifin.  Ce  terme  eft  principale- 
ment en  ufage  dans  l'Auxerrois ,  où  on  élève  leï 
vignes  fur  une  perche  mife  de  travers,  à  la  hauteur 
d'un  pié  Se  demi,  fur  laquelle /7t;rcAe  on  a  coutume 
de  plier  le  fep  lorfqu'il  eft  alfez  haut  pout  y  parve- 
nir ,  &  on  l'y  plie  deforte  qu'il  fait  une  efpèce  de 
coude.  Les  Vignerons  difent ,  lorfqu'on  cbourgeon- 
ne  la  vigne ,  il  faut  être  foigneux  d'ébourgeonnet 
jufqu'au  coude  du  fep.  Liger. 

On  dit  auiH  le  coude  d'une  branche  d'arbre  eti 
termes  de  jardinage.  C'eft  l'angle  que  fait  une  bran- 
che taillée  immédiatement  llii  une  autre,  &  fi court, 
qu'il  n'y  refte  pas  le  moindre  ergor. 

Coude  lignifie  aufli ,  chez  les  Architedes  &:  les  Ma- 
çons ,  un  angle  forr  obtus  que  fait  une  muraille ,  un 
chemin  ,  &  qui  l'éloigné  un  peu  de  la  ligne  droirc. 
Vous  avez  enjambé  fur  mon  héritage  par  le  moyen 
d'un  coude  que  vous  avez  fait  en  rebâtiffant  notre 
mur  mitoyen.  Le  coude  eft  un  jarret  faillant.  Voye:^ 
Jarret. 

Coude,  fe  dit  aufTi,  chez  les  Artifans  ,/a/rf  coaif» 
de  ce  qui  fait  un  angle  ouunrerour,  foit  par  li- 
gnes droites .  foit  pat  lignes  courbes.  Ainfi  on  dit 
le  coude  d'une  équerre,  d'un  valer  de  menuiferie  , 
d'une  conduite  ou  tuyau  de. plomb,  de  la  branche 
d'un  mors  de  cheval ,  des  finuolités  des  rivières ,  St 
en  plufieurs  aurres  occalions. 

Coude  fe  dit  de  la  tranchée  au  même  fens  que  retour  i 
replif 

E  E  E  E  e  e  il 


cou 

»a;.  Qui  ea  ployé  ,  qui  fait  un  angle , 


il  y  a  beaucoup 


COUDE , EE 

d'un  ctvàc.Angulatus,  indexai 

d'outils  qui  font  cuudcs. 

COUDt-E  ,   i".  i'.  mciurc  dont  ufoient  les  Anciens ,  & 

fuitout  les  Hébreux,  qui  étoitpiile  lut  la  longueur 

oiu'nairc  du  bras    de  l'homme    ucpuis  le    coude 

juiqu'au  bout  de  la  main,  %,uùuus.  i^Ue  avoir  en  fa 

moyenne  irrancieur  un  pie  &:  uix  pouces  de  roi. 

La  plus  petite  n'avoit  qu'un  pie  &  cinq  pouces  :  & 

la  plus  gr.inae,ou  Izcoudce  tccomctrique,  croît  de 

deux  pi?s  &  d  ux  pouces  .1e  roi.  Le  Père  Merlcnne 

ftir  la  cuiwitfc;  hébraïque  d'un  pie,  quatre  uoigts  &: 

trois  lignes,  par  rapport  au  pic  du  Capitole.  Héron 

fait  \icou  Le  gcomctriqu:  d.'  vingt-quatre  ûoigtsi 

&    Vitruvc  fait  le  pic  des  deux  tiers  de  la  coati^e, 

c'eft-à-dire  ,  de  Jeize  doigts.  L'Arche  de  Noé  avo't 

trois  c  -ns  coudics  de  long,  cinquante  de  large  ,  èc 

tr:nre  de  haut  ■-,  &:  la  fenêtre  croit  d'une  coucUe. 

On  dit  ligurcmenr,  avoir  fcs  coudées  'a^riz\^^%\ 
pour  dire  ,  erre  au  large ,  avoir  liberté  de  bâtir ,  de 
s'étendre,  de  fe  promener,  de  tout  faire  fans  être 
çênc-,  ni  repris  de  perionnc.  Laxo  &  hberiore  uti 
hco  ,  fpatio.  On  le  dit  fur  tout  des  libertés  qu'on 
P'-end  a  la  table,  quand  on  a  fes  coudrs  fur  la  table  , 
Se  cv-iand  on  y  eft  alfis  au  large.  On  dit  auJî ,  qu'un 
homnic  n'a  qu'une  coudre  ;  pour  dire,  qu  û  eft  nain, 
qu'il  eft  fort  petit.  Cutitalis.  I 

COUDELATTE,  terme  de  Charpenterie.  Ce  font 
dans  la  conftruCtion  d'une  galère  ,   des  pièces  de 
bois   plus  épaiifes   pat   les  extrémités  que  par  le 
milieu  ,  &  qui  reçoivent  une  longue  pièce  de  bois 
de  quatre  pouces  en  carré ,  qu'on  appelle  tapicre, 
COUDER ,  V.  a.  terme  de  Tailleur.  Faire  le  coude 
d'une  manche  ;  donner  à  la  partie  de  l'habit  qui 
couvre  le  coude ,  la  forme  qu'elle  doit  avoir.  CuHto 
manicam  nptare.  Couder  une  manche  de  pourpoint , 
de  jufte-aii-corps.  Cette  manche  eft  bien  coudée. 
ffX  CoUDS!».  fe  dit  généralement  des  choies  qu'on 
pliî  en  forme  de  coude.  Couder  une  barre  de  fer; 
couder  une  branche  de  vigne ,  la  coucher  ou  plier 
en  anïle  ohus. 
COUDOYER  ,  V.  a.heurfer  quelqu'un  avec  le  coude. 
Pu/fare  aliquem  cubito.  Il  coudoya  ceux  qui  étoient 
alEis  au  ■.■'tes  de  lui.  Ablanc.  Je  coudoie  les  plus  pto- 
ches  pour  me  faire  place.  Id. 
COUDRAIE  ,  f.  f.  lieu  planré  de  coudriers.  Coryktum. 
En  quelques  lieux  on  l'appelle  coudrette.  On  trouve 
coi'Hrdi  f.  m.  dans  C.  Etienne.  On  ne  le  dit  plus. 
COUDRAN,  f  m.  compolition  de  certaines  herbes 
mêlées  de  plufieurs  ingrédiens ,  dont  fe  fervent  les 
bateliers  de  Paris  pour  empêcher  que  les  cordes  ne 
fe  pourriflent.  On  dit  plus  ordinairement  %oudron , 
qui  n'eft  autre  chofe  qu'une  poix  noire  &  liquide. 
Pix  liqnidi. 
COUDRANNER,  v.  a.  tremper  une  cotde  dans  le 

co'idran. 
COUDRANNEUR  ,  f.  m.  ouvrier  qui  trempe  les 

cordes  dans  le  coudran. 
COUDRE,  f.  m.  arbre  qui  porte  des  noifetces,  Corutus. 

Vovez  Coudrier.. 
COUDRE,  V.  a.  Je  coudf,  tu  couds^  il  coud,  nous 
coufons  ,  &c.  je  coujis  ,j'ai  coufu  ,je  coudrai.  Que 
jecoufe^  que  je  cotijîjfe,  je  cmdrois.  Joindre,a(Tem- 
bler  deux  oupluficurs  chofcî.  avec  du  fil  ou  de  la  foie 
ou  quelqu'autre  choie  femblable,  palfée  dans  une 
aiguille  ,  ou  dans  quelqu'autre  ouril  analogue  à  l'ai- 
guille, poinçon,  alêne,  iic.fuere,  confuere.  Coudre 
une  chemife\  un  habit ,  des  boutons  à  un  habit , 
des  manchettes  à  une  chemife.  Les  Cordonniers , 
les  Bourreliers ,  coufent  les  cuirs  avec  les  alênes. 
Les  Chirurgiens    coufent  délicatement  les  plaies. 
Jupiter  coufît  le  petit  Baccus  dans  fa  cuiffe.  Bens. 
On  a  dit  autrefois  coufer  à  l'infinitif-,  &  de-là  vient 
que   quelques-uns    difcnt   encore  je  coufer  ai ,  au 
ftitur  -,  mais  mal. 

C*-  mot  vient  de  confuere.  Nîcod.  D'autres  le 
dérivenr  de  l'hébreu  coût,  qui  lignifie  du  //.  Ou 
plutôt  il  vient  de  cufare ,  qui  fe  trouve  dans  la 
même  fignification  au  deuxième  Livre  de«  miracles 


COU 

de  S.  Rerrln  ,  C.  5.  Cet  ouvrage  eft  du  commence' 
ment  du  dixième  iiêcle.  De  cujare  on  a  fait  coufre^ 
&c  cnluite  coudre. 
Coudre  fe  dit  figurément  des    paflaget  d'Auteurs, 
des  hiftoites ,  &  autres  chofes  qu'on  ajoute  IpJ"  dans 
les  ouvrages  d'efprit ,  qu'on  adapre  les  uns  aux  autres 
pour  en  former  un  tout.  Quelques  paflâges  coufus 
enfemble  ,  tbrmoient  tout  fon  dilcours.  J'aurois 
toujours  des  mots  pour  les  coudre  au  befoin.  BoiL. 
afjuere.  ]ufte  Lipfe  a  fait  un  livre  de  Politiques ,  où 
il  n'a  mis  que  des  particules  ^OMicoudre  les  partages 
des  Auteurs.  "Defmarèts  a  dit  dans  les  Vifionnaires. 
Il  ne  faudroit  qu'y  coudre  un  morceau  de  Roman. 
§Cr  On   dit  figurément  &  familièrement  qu'il  faut 
coudre  la  peau  du  renard  avec  celle  du  lion  -,  pour 
dire,  joindre  la  iufe  à  la  force ,  la  finelfe  avec  la  pru- 
dence. Conjbciare^ 
gCT  Et  en  parlant  d'une  affaire  défefpérée  >  d'un  mal 
arrive ,  ou  prêt  d'arriver ,  on  dit  dans  le  même  ftyle 
qu'on  ne  fait  plus  quelle  pièce  y  coudre ,  c'eft-à- 
dire  quel  remède  y  porrer. 
Cousu  ,  UE ,  part.  palf.  Se  acij.  Sutus ,  confutus. 

En  termes  de  Blafon  ,  on  a.  pelle  un  chzi'coufu  , 
quand  il  eft  de  métal  fur  métal ,  ou  de  couleur  fut 
couleur.  Il  eft  expliqué  à  Chef.  Quclques-UQS  re- 
tendent aux  autres  pièces  honorables  de  l'Ecu. 
IP"  Courues  (Finesses)  de  fil  blanc.  Feyei^Yua.sst 

ET  Fil. 
g:j-  En  termes  de  Manège,  on  dit  d'un  cheval  maigre 

6c  efflanqué,  qu'il  a  les  flancs  coufus. 
ffj"  Et  dans  le  langage  ordinaire  d'un  homme  exté- 
nué, qu'il  a  les  joues  coufues.  Un  homme  coufu 
d'ccus ,  qui  a  bcaucoiip  d'argent  comptant.  Couf* 
de  coups ,  couvert  de  bleffures, 
|Cr  On  dit  aulii  d'un  homme  dont  le  vifage  eft  fort 
marqué  de  petite  vérole  ,  qu'il  en  a  le  vifage  tout 
coufu.  Un  habit  coufu  fur  quelqu'un ,  qui  prend  biea 
la  taille,  bien  jufte.  Bouche  coufue.  Ne  dites  mot. 
gardez  le  iîlence.  La  plupart  de  ces  expreiîîons  fi- 
gurées ne  font  que  du  ftyle  familier, 
CÔUDREMENT.  f.  m.  Les  Tanneurs  difent  :  met- 
tre les    cuirs  en  coudrement  ';  pour  fignificr ,  les 
mettte  étendus  dans  la  cuve  avec  de  l'eau  chaude  & 
du  tan ,  pour  les  rougir  -,  ce  qui  s'appelle  les  brafTer  , 
ou  coudrer,  pour  leur  donner  le  grain. 
COUDRER,  v.  a.  ou  bralTer  les  cuirs.  C'eft  les  re- 
muer ,  en  tournant  pendant  un  certain  temps  dans 
la  cuve  avec  le  tan  5c  l'eau  chaude  pour  les  rougir, 
COUDRETTE    ou    COULDRETTE  ,  f.  f.  vieux 
mot.  Coudraie.  Lieu  pi  anrc  de  coudriers.  Coryletum. 
Il  fe  dit  encore  en  quelques  endroirs. 
COUDRIER  ou  COUDRE  ,  f.  m.  arbre  qui  porte 
des  noilettes,  5c  qu'on  appelle  autiemcnt  NAfettier, 
Corylus  Voyez  Noisettier. 

On  trouve  dans  l'île  de  la  Guadeloupe  un  arbre 

que  les  habitans  nomment  coudrier ,  à  caufe  qu'il 

jette  dès  fa  racine  plufieurs  bn.nches  qui  s'étendent 

comme  celles  de  cet  arbriif-au.  Ses  feuilles  font 

femblables   à    celles   du  laurier-thym  ,  rudes  pat 

dedbus   &  liflcs   par   defTas.  A  l'exrr^mité   de  ks 

branches  il  potte  de  petites  queues  lo-^gues  comme 

le  doigt,  fort  me-'ues,  &  toutes  environnées  de 

petits  firuits  blancs  ^  rouges,  f-brr  délicats ,  8c  de  la 

grofleur  des  grofeilles  rouges,  do^t  Us  ont  prefque 

le  goiit.  Ses  feuilles  ont  une  p'-iiriété  merveilleufe 

pour  la   gucrifon  des  vieux  ulckes.  Le  de^us  de 

ces   feuilles   les   nertoic ,  les  rend  vermeilles,  & 

mange  les  chairs  baveafes;  8c  quand  ils  font  dans 

cet  état,  le  defTous  de  la  même  feuille ach.-ve  en  fore 

peu  de  remps  de  !fs  suérir. 

COUDROT  ou  CAUDROT ,  Ville  de  Franc?  en 

Gafcogne ,  fur  la  Garonne ,  entre  la  Reoh  Sx.  Saint 

Macairc. 

COUÉ,  i.E,  adj.  vieux  terme  d- ChafT-,  qui  f?  dit 

des  animaux  à  qui  on  n'a  point  ôté  la  queue.  Cnw 

datus.  Son  compofé  8c  contraire  eftecowtf.  Ctuii 

truncus.  On  appelle  les  Anglois  <:f)K«,  parce  qu'en 

509,  ceux  de  Dorchcfterattach'^'rent  desgrenouillî« 

pat  dérifion  au  derrifirc  de  celui  que  le  Pape  Gté» 


cou 


goire  leur  avoit  envoyé  pour  leur  prêcher  TEvan- 
gilc  :  en  punition  de  quoi ,  conime  on  le  conte , 
ceux  de  cette  province  naiflent  avec  une  queue  par 
derrière ,  ce  qui  les  a  fait  appeler  Anglois  coues, 

COVENDEUR. ,  f.  m.  qui  vend  avec  un  autre  une 
chofc  poUbdce  en  commun.  Ménage ,  dans  Tes 
Ohfervationsfur  la  langue  Françoijè  ^  décide  qu'il 
faut  dire  covendeur ,  &  non  pas  convendeiir, 

COUENNE ,  f.  f.  greffe-  peau  qu'on  lève  de  dc/Tus  le 
lard  d'un  pourceau.  Suil/a  cutis. 

Ce  mot  vient  de  cutaneus.  Nicod.  II  y  en  a  qui 
écrivent  coene ,  fur  quoi  M.  Huet  remarque  que 
dans  la  langue  de  Galles  cenn  veut  à'ucpeau^  cuir. 

Couenne  fe  dit  par  dérifion  de  la  peau  des  perfonnes , 
quand  elle  eft  fort  grolTe,  &  fort  vilaine,  &  on  dit 
popu-lairement  en  menaçant,  je  lui  frotterai  la 
couenne  ;  pouc  dire,  je  le  batttai  bien. 

COUENNEUX  ,  adj.  les  Médecins  appellent  un  fang 
couennenx ,  celui  fur  la  furface  duquel  il  fe  forme 
une  efpèce  de  peauépaifTe  qui  reflemble  aflèz  à  une 
couenne. 

COUENQUE.  Vo-^ei  CUENÇA. 

COVENTRE  ou'COVENTRI.  Coventria.  Ville 
Epil'copale  d'Angleterre  fous  l'Archevêché  de  Can- 
torbcry  ,  dans  la  paitie  fepîentrionale  du  Comté  de 
Bar\i/ik. 

Hospitalier  de  S.  Jean-Baptiste  de  Coventri. 
yoye^  JtAN. 

COVERSÉ ,  adj.  Sinus  coverfé.  Ce  terme  ne  fe  trouve 
point  dans  nos  Géomètres  ;  mais  les  Anglais  s'en 
fervent ,  ainfî  qu'il  paroît  par  le  Didlionnaire  des 
Arts  de  M.  Harris ,  au  mot  Coverfedjinus.  Le  finus 
coverfé  efl  le  tcftant  d'un  diamètre  après  qu'on  en 
a  ôté  le  linus  verfé ,  ou  la  flèche.  Harris. 

COUET  ,  f.  m.  terme  de  Marine  ,  qui  fe  dit  de 
quatre  grofles  cordes  amarrées  au  bas  des  voiles, 
deux  à  la  grande ,  &  deux  à  la  voile  de  mifaine  , 
les  unes  &  les  autres  vers  l'avant  du  vaifleau.  Elles 
répondent  aux  écoutes  qui  font  amatrées  vers  l'ar- 
rière dans  les  mêmes  points.  Elles  fervent  à  faire  la 
manœuvre  de  ces  voiles ,  félon  qu'on  les  largue  ou 
qu'on  les  hâle ,  c'eft-à-dire  ,  qu'on  les  lâche  ou 
qu'on  les  bande  du  côté  dont  on  a  befoin  pour  re- 
cevoir le  vent,  On  appelle  amurer  ,  faire  la  ma- 
nœuvrf^  Aç'icouets.  Et  d'autres  coefte  ou  coetce. 

COUETTE  ,  f.  f.  Quelques-uns  dilent  Coite.  Lit  de 
plujiie  qui  fert  à  garnir  une  couche.  Culcinaplumea. 
Chorier .  H'-jL  de  Dauph.  L.  Il, p.  94,  dit  que  le 
peuple  (  ""^  Dauphiné  )  les  appelle  entres ,  d'un 
nom  plus  conforme  à  celui  qu'elles  ont  première- 
ment eu ,  culcitra  ;  que  l'ufage  des  couettes  efl:  une 
invention  dcî  Gaules,  Si  qu'il  ne  faut  pas  s'ima- 
giner fur  leur  nou,  que  ce  foit  celle  d'un  autre 
peuple. 

^3"  Ce  mot  efl:  vieux  Sc  ne  fe  dit  plus  que  parmi  le 
peuple.  On  dit  ///  de  plume. 

Couette  ,  chez  les  Artifans  ,  efl:  ce  quon  appelle 
autrement  crapaudine  &  grenouille.  C'efl:  une  pièce 
de  métal  creufé  en  rond  ,  fur  laquelle  tourne  le 
pivot ,  ou  le  gond  d'en  bas  d'une  porte  cochère , 
ou  d'une  éclufe.  Cavus  cui  cardo  verfatilis  incumbit. 

COUETTEUX,  adj.  vieux  mot.  Convoiteux. 

COUPLES,  f.  f.  pi.  C'eft  ainfi  qu'on  nomme  les 
balles  ,  dans  lefquelles  oh  apporte  le  fené  du 
Levant. 

COUGAT  ,  f.  m.  nom  d'homme.  Cucuphatus,  Voyez 

CoTTOtTENFAT. 

COUAGE,  ou  fève  puante,  f.  f.  C'eft  une  efpèce  de 
/erf  qu'on  nous  apporte  des  Indes  Orientales,  où 
l'on  en  fait  ufage  dans  l'hydropifie.  Phafeolus  lurra- 
tenfls. 

COXJHAN  ,  f.  m.  la  graine  de  couhan.  Voyez  Cermin. 
C'eft  chouan  au'ilfaut  dire.  Voye^  Chouan. 

CCUHOYARN,  r.  m.  nom  d'homme.  Conhoyarnus. 
S.  Couhovarn  ctO't  Moine  de  Redon  au  Diocèfe  de 
Vamf-s  m  Titetagne  ,  Province  de  France.  La  vie  de 
ce  Saint ,  Ci  mort  &  'es  miracles ,  font  au  quatrième 

,  charitre  de  la  vie  des  SS.  Moines  de  Redon  ,  qui 
foat  le  fécond  Uvrt  de  la  vie  de  S.C«uvoyon,doan(:e 


COU  9T7 

par  Dom  Mabillen  dans  fcs  /îècles  Bcncdietins ,  i 
l'an  868  de  N.  S.  Chastelain  ;  c'eft-à-dire  ,  dan* 
les  Aéla  Siin&.  Bened.  Sac.  IX. 

^^  ce  UlER,  f.  m.  terme  de  Rivière,  grofle  corde 
que  l'on  attache  à  terre  pour  empêcher  que  le  der- 
rière d'un  bateau  ne  s'en  éloigne,  fur  tout  dans  le» 
gros  temps.  Encyc. 

COUILLARD  ,  f.  m.  vieux  mot.  C'eft  la  corde  qui 
tient  la  grande  voile  à  la  grande  attaque  du  grand 
mât. 

Couii.LARD,en  termes  de  Charpenterie,fc  dit  de  deux 
pièces  de  bois  qui  entretiennent  les  trates  qui  fépa- 
rcHt  la  cage  d'un  moulin  de  la  chaife  qui  eft  au  def- 
fous.  Les  deux  couillards  ont  chacun  trois  pies  de 
long.  Caron. 

CouiLLARD  fe  difoit  auflî  autrefois  pour  une  ma- 
chine de  euerre  propre  à  jeter  des  pierres. 

COUILLAÙT ,  valet  de  Chanoine  de  l'Eglife  Ca- 
thédrale d'Angers. De  Colliberti.Y oycT.  là  deflus  les 
Origines  de  la  langue  françoife  de  M.  Ménage. 

COUILLON  de  chien.  Plante.  Foye[SxT\Kio^. 

COVIN.  f.  m.  Currus  roflratus.  Sorte  de  charriot  donc 
les  Gaulois  &  les  Anglois  fe  fervoienr  autiefois.  Les 
Covitis  étoient  descharriots  armés  &  propres  à  com- 
batrie  :  on  pourroit  les  appeler  en  \zt\nfalcaticur' 
rus. 

COUINE ,  f.  f.  vieux  mot  qui  s'eft  dit  d'une  fuite  de 
perfonnes  ,  &  qui  vient  de  queue.  On  a  dit  aulïi 
Couvine. 

COUIS  ,  f.  m.  efpèce  de  febiile  dont  on  fe  fert  dans 
les  Iles  françoifes  de  l'Amérique  à  la  place  des  fe- 
billes  de  bois  ordinaires,qui  font  en  ufage  en  France  ^ 
cette  febiile  fe  fait  avec  le  fruit  du  callebafller. 

COUIT,  qu'on  nomme  au/fi  Gun^.  Sorte  d'aune  donc 
on  fe  fert  à  Moka  pour  mefurer  les  toiles  &  lep 
étoffes  de  foie  :  elle  pot  te  14  pouces  de  long. 

COULADOUX  ,  f.  m.  pi.  terme  de  Marine.  Corda-; 
gcs  qui  tiennent  lieu  fur  les  galères  des  rides  de  hau- 
bans. 

COULAGE  ,  f.  m.  terme  de  Négoce,  de  Commerce- 
C'eft  la  perte,  la  diminution  qui  fe  fait  des  liqueurs 
qui  s'écowlent  des  vaifleaux  où  elles  font  enfermées. 
Fluxus.  Marchandifes  fujettes  à  coulage.  Dans  le 
commerce  de  ces  fortes  de  Marchandifes,on  compte 
tant  pout  le  coulage. 

COULAMMENT,  adv.  d'une  manière  aifée, coulante. 
II  ne  fe  dit  guère  que  des  paroles  qui  n'ont  rien  de 
rude  à  l'oreille ,  qui  viennent  naturellement  à  la 
fuite  les  unes  des  auttes ,  qui  coulent  facilement  , 
comme  de  fource  ,  ou  de  la  bouche  d'un  Orateur  ^ 
ou  de  la  plume  d'un  Ecrivain.  Cet  homme  parle, 
écrit  coulimment.  Fluit  leviter    oratio. 

COULANGE.  Cûlangia.  Coul-ange  la  Vineufe  ,  eft  un 
Bourg  de  l'Auxerrois  près  de  la  rivière  d'Ionne  , 
renommé  par  fes  bons  vins  Colingia  vinetorum.  Cou- 
lange  fur  lonne  eft  un  autre  bourg  à  cinq  lieues  dik 
précédent.  Colangia  ad  leannam. 

ItCF  COULANT,  ANTE,  adj.  qui  coule aifémenc, 
Fluens.  On  dit  au  propre  ,  un  ruifleau  coulant.  Au 
figuré,  un  ftyle  coulant,  qui  n'a  rien  de  rude,  de 
raboteux.  Molle  dicendi  genus.  Des  Vers  coulans  ^ 
aifés ,  naturels  ,  agréables  à  l'oreille.  Une  veine 
coulante.  L'arrangement  du  difcours  le  rend  plus 
coulant  &  plus  agréable.  Charp, 
jJCT  On  dit  aulfi  un  vin  coulant^  agréable  à  boire, 
&  qui  paffe  ailement.  MolU  vinum. 

On  appelle  auflî  un  noeud  coulant ,  un  nœud  qui 
fe  fetie  S:  fe  deflerre  fans  fe  dénouer.  Nodus  fiueiis. 

En  termes  de  Marine,  on  appelle  manœuvres  cou- 
lantes ou  courantes  ,  les  cordes  qu'on  manœuvre  i 
tout  moment ,  comme  celles  qui  tiennent  les  voiles, 
par  oppofition  aux  manœuvres  dormantes ,  qui  font 
îîxes  ic  arrêtées ,  comme  les  haubans  qui  tiennent  les 
m.its. 
COULANT,  f.  m.  C'eft  un  otnemcnt  de  diamans  que 
les  Dames  portent  au  cou ,  compofé  d'une  croix ,  Sc 
d'un  gros  diamant,  qui  f;  met  à  quelque  diftanceatt 
dcifus  de  la  croix ,  &;  qui  coule  dans  la  ganfe  à  la- 


oy8  COU 

quelle  la  croix  eR  attachée.  Ceft  proprement  ce  gros 
diamant  que  l'on  appelle  coulant. 

Coulant  i'un  Tour  ,  cft  la  pièce  qui  fixe  le  fupport  -, 
k  coulant  d'une  machine  à  fendre  fixe  la  frai(e. 

^  C:hcz  les  Boutcnnicrs  ,  on  appelle  coulant  un 
morceau  de  bois  arrondi  par  les  bords  ôc  percé  en 
travers;  quand  il  eft  couvert,  il  lert  de  novud  aux 
cordons  de  canne,  démontre,  aux  guides  de  che- 
vaux ,    f'C.  K-tT    r  c 

COULDR  AI ,  vieux  mot  f.  m.  ou  CXDULDRAIE,  f.  f. 

Fove:^  CouPRAiE. 
COIÎLDRETTE.  roy<?{CouDRïTTE, 
•COULE,  r.  i.  terme  de  Bernardin  &:  de  Bénédi6tm. 
Pallium.  Il  y  a  de  deux  fortes  de  cok/cj,  une  blanche 
oui  efl:  un  habit  fort  ample  ,  &  dont  les  Bernadins 
ie  fervent  dans  les  cérémonies  ,  Se  lorfqu'ils  aiîif- 
ftent  à  l'office.  L'autre  cou/f  eft  noire,  &  eft  aufli 
x\n  habit  fort  ample  dont  les  Bénédidins  lé  fervent 
feulement  dans  les  villes  ,  Si  lorfqu'ils  vont  par  les 
rues.  Foyei  fur  la  forme  de  la  coule  le  P.  Mabillon , 
Jcla  SanB.  Bened.  Sœc.lV ,  p.  i  ,  Pref.  «.19";.  Il 
prétend  que  la  cou/e  eft  la  même  chofe  que  le  Sca- 
pulaire.    L'Auteur   de  VJpologie    de  l'Empereur  i 
U.-nri  IV  ,    diftingue  deux  fortes  <le  coule.  L'une 
eft  une  robe  ,  ainfi' appelée  ,  parce  qu'elle  a  un  ca- 
puchon. Cucullus.  C'eft  une  robe  qui  dcicend  juf- 
qu'aux  talons  ,  qui  a  un  capuchon  &  des  manches, 
&:qui,quand  elle  eft  étendue ,  aîa  figure  d'une  croix. 
L'autre  coule  ,  euculla  altéra  ,  qui  fert  pour  le  tra- 
vail,  eft  le  fcapulaire  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  ne 
couvre  que  la  tête  &  les  épaulés  -,  t<.  il  dit  en  avoit 
vu  une  qui  ne  defcendoit  que  jufqu'aux  reins ,  S:  qui 
n'alloitdes  deux  côtés  que  jufqu'au  bout  des  épaules; 
&  c'eft-là  proprement,  dit-il,   le  fcapulairc.  Dom 
Mabillon  traite  encore  plus  particulièrement  de  la 
coule  dans  la  Préface  des  Acla  Sancl.  Bened.  Sisc.  V. 
■     77.  59  &'f!tiv. 

Ce  mot  cou/e  s'eft  formé  du  latin  ccuHa,  en  con- 
fondant  les  deux  premièr°s  fyllabes  en  une  ,  parce 
.  qu'elles  font  la  même  fyllabe  répétée  deux  fois. 
CouiE.  Ce  mot  eft  auffi  en  ufage  parmi  les  Bernar- 
dines. C'eft  une  forte  de  grand  habit  de  chœur, 
qui  eft  blanc  ,  &:  qui  a  de  grandes  manches. 
^CT  COULÉ,terme  de  Mulique,  ie  coulé  fe  fait  lotfque 
la  voix  ou  les  inftrumens  palfent  d'une  note  à  une 
autre  ,  en  faifanr  une  efpèce  de  liaifon  enrre  ces 
notes;  lorfqu'au  lieu  de  marquer  chaque  note,  on 
en  pa.'fe  deux  ou  plulieurs  fous  la  même  articulation, 
en  piolongcant  l'expiration  ou    le  mouvement  de 
l'atchet.  La  trop  grande  quantité  de  coulés  dans  la 
Mufique  efféminé  le  goût.  Montecl. 

Ce  fubftantif  eft  formé  de  coulé ,  participe  du 
verbe  couler. 
Coulé  eft  aufïi  un  pas  de  danfe.  Faire  un  coulé.  Voyez 

Menuet  et  couler. 
^  COULÉE  ,   adj.  f  &  f.  terme  de  Maître  à  écrire. 
Il  y  a  une  forte  d'écriture  qu'on  nomme  coulée , 
écriture  coulée.  C'eft  un  caradère  penché  ,   tracé 
affez  rapidement ,    avec    des    liaifons    de  pié  en 
tête. 
Coulée,  f.  f.  terme  de  Marine.   C'eft  un  adouciffe- 
ment  qui  fe  fait  au  bas  d'un  vaifieau  entre  les  ge- 
noux Se    la  quille  ,  afin  que  le  plat  de  la  varangue 
paroifTe  moins ,  Se  que  l'eau  coupée  par  la  proue 
coule,  glilfe  Se  s'échappe  plus  doucement  jufqu'à 
la  pouppe.  Declivitas. 
^3"  Coulée  fe  dit  aufTî  dans  les   grofle/  fôrges  de 
l'endroit  par  où  s'écoule  la  fonte  con|cnue  dans 
le  creufet.   Effluvium, 
ffT  COULEMENT  ,  f  m.  ir,ouvcment  des  fluides 
fuivant  leur  penre.  Fluxus ,  jluxio.  Ce  mor  n'eft 
pas  reçu.  On  ne  dir  poinr  un  trow/cw^/zr  de  fang  , 
un  coulement  de  pituite.  C'eft  dommage.  Il  exprime 
très-bien  le  mouvement  des  corps  fluides  ;  Se  il 
me  femble  qu'on  diroit  avec  grâce  ,  le  vent  con- 
fifte  dans  un  coulement  d'air  vers  un  certain  en- 
dtoit. 
Coulement  ,  terme  de  Maître  d'Armos.  Il  confifte  à 


COU 

giifler  Se  à  avancer  au  même  temps.  Faire  un  cou. 
iement  d'épée.  Liancourt. 
COULEF..  V.  n.  Qui  exprime  le  mouvemenr  de  tous 
les  Huidcs  fuivant  une  pente  naturelle.  Il  ie  dit 
premièrement  du  cours  ordinaire  des  eaux.  F  hier  e, 
manare.  Les  rivières  coulent  ordinairement  vers  le 
Nord  ou  vers  le  Midi.  Il  y  en  a  quelques-unes , 
comme  le  Danube,  Se  le  fl.nive  de  S.  Laurent, 
qui  coulent  d'Occident  en  Orienr.  Les  gelées  em- 
pêchent que  les  rivières  ne  couUnt.  Le  Pénée  coule 
.à  l'ombre  entre  les  foiêts  délicieufes  qui  bordent  fe« 
rivages.  Vaug. 

Ce  mot  vient  du  mot  latin  colare ,  qui  fignifie  , 
faite  pailèr  une  liqueur  par  quelque  linge. 

On  le  dit  aulfi  des  humeurs,    Se  des  fucs  en- 
fermés dans  les  vaiffeaux  des  corps  animés,  lorf- 
qu'ils  montent ,  qu'ils  deicendent   Se  qu'ils  cir- 
cu-lenr.  Le  fang  coule  des  artères  dans  les  veines , 
Se  des  veines  dans  les  ventricules  du  cœur.  Né- 
ron fit  couler  des  totrens  de  lang.  S.  Evr.  Si  Dieu 
remue  fon  bras  par  le  cours  des  efprits  animaux  , 
c'eft  Dieu  qui  fait  couler    Se  agir  ces  petits  corps. 
Malee.  Les  rhumes,  les  fluxions  ■coulent  du  cer- 
veau ,  félon  le  fentiment  des  Anciens.  Les  larmes 
coulent  par  les  yeux ,  la  fucur  par  les  pores.    Le 
fuc  qui  nourrit  les  végétaux row/c  Semonue  le  long 
de  leurs  fibres. 
§Cr  Couler  fe  dit  auflTi  avec  le  pronom  des  autre-s 
fluides.  Penetrare,  pervadere ,  permeare.  L'air  fe 
couler  travers  de  fort  petites  ouverfjres,  La  ma- 
tière fubtile  fe  coule  dans  tous  les  corps.  La  lu- 
mière fe  coule  Se  traverfe  le  verre. 
ffT  On    dit  aufifi  figurément  que  le  temps  coule  j 
pour  dire  ,  qu'il  pafle  promptcment.  Ahire  ,   ef- 
jlere.   Les  joufs ,  les  années  coulent  infenfiblemenr. 
Celui  qui  eft  comblé  de  joie  trouve  que  le  temps 
lui  échappe  ,  Se  qu'il  coule  avec  trop  de  précipira- 
tion.  Maleb. 
IJttT  Couler  ,  terme  de  Chandelier.  On  dir  que  la 
chandelle  coule ,  quand  on  y  a  mêlé  du  fuif  de 
poutceau  ,   qui  n'a  pas  affez  de  confiftance  pour 
Ibûtenir  celui  qui  eft  fondu  ,  Se  qui  fcrr  d'aliment 
au  feu  de  la  mèche  ,  ou  bien  quand  quelque  bout 
de  la  mèche  eft  tombé  fur  les  bords ,  Se  les  a  fon- 
dus. De  fil/ ère  ,  liqiiefieri. 
^3"  On  ciir  aufTi  des  chofcs  foîides  qu'elles  coulent:, 
pour  dire  qu'elles  s'échappent  Se  qu'elles  tombent, 
quand  elles  trouvenr  de  la  penre.  Loti,  eÇîuere,  Il 
a  coulé  de  deflus  cette  grange  rrois  chevrons  qui 
n'étoient  pas  bien  chevillés.  L'échelle  a  coulé  fous 
lui.  Une  tuile  coula,  d'un  toit,  Se  lui  tomba  fut 
la  tête. 
§Cr  On  le  dit  particulièrement  des  corps  folidcs  ré- 
duits en  poudre ,  du  fable  ,  des  grains ,  &c.  Le  blé 
coule  par  un  rrou  du  fac.   Le  tem.ps  humide  fait 
que  le  fable  de  cette  horloge  ne  coule  pas. 
Coulep.  ,  V.  a.  fignifie  filtter  ,  faire  paffer  une  chofc 
liquide  à  travers  un  linge,  du  fable,  6'c.  gluant, 
plus  fluide.  Colare ,  percolare.   On  coule  l'hippo- 
cras  par  la  chauffe,  le  blanc  d'œufparle  papier 
gris ,  le  mercure  par  le  chamois ,   pour  les  épurer. 
Quand  l'encre  eft  rrop  épaiffc ,  on  y  met  de  l'eau 
pour  la  faire  couler. 
Couler  ,    en  Chymie ,  fignifie  aufli  vcrfer  de  l'eau 
fur  des  cendres ,  ou  des  terres ,  pour  en  tirer  les 
fels ,  foit  des  minéraux  ,  foit  des  végétaux.  Infun- 
dere.  Le  falpctte  fe  fait  à  force  At  couler  de  l'eau 
fur  les  terres    nirreufes  ,    qu'on  fait  enfuite  éva- 
porer ,  quand  elles  font  imprégnées  de  leurs  féls. 
La  lefTive   ordinaire    fe  fair  en   coulant  de  l'eau 
chaude  fur  des  cendres  de  bois  neuf  ou  des  cendrés 
gravelées  ,  qui  en  détache  les  fels  qui  blanchiffent 
le  linge. 
CouLER^à  fond  un  vaifTeau,  terme  de  Mâtine,  c'eft 
le  percer  à  coups  de  canon  dans  les  œuvres  vives, 
ou  l'ouvrir  en  quelque  aurre  manière  que  ce  foit, 
pour  y  faire  entrer  l'eau  Se  le  fubmerger.  Dépri- 
mer e.,  demer^^ere.  Les  Capiraines  fonr  quelquefois 
couler  à  fond  leurs  chalouppes ,  pour  ôter  aux  Ma- 


cou 


teiots  l'efpcrance  de  fe  fauver.  On  dît  abrolument , 
qu'un    vaifleau  coule  à  tond,    quand  par  quelque 
accident  que  ce  Ibit ,  il  s'y  eft  fait  des  voies  d'eau 
qu'on  ne  peut  épuifer.  On  dit  pareillement ,  couler 
bas;  pour  dire,  enfoncer  &  faire  périr  un  vaidcau. 
On  dit  au  conrraire  ,  qu'un  muid  coule,  quand  il 
ne  joint  pas  alfez  bien,  pour  contenir  la  liqueur 
qui  y  efl  enfermée.  Defiuit.  Couler  à.  ior\à,  eft  plus 
ordinairement  adif ,  &  couler  bas  cft  neutre  ,  félon 
la  remarque  du  P.  Hofte  fur  ce  mot.  |Cr  Un  vaif- 
fean   coule  bas ,  quand  il  s'y  fait  une  voie  d'eau 
à  laquelle  on  ne  peut  remédier. 
i^  On  dit  figurément  couler  quelqu'un  à  fond  dans 
la  diipute  ,  le  réduire  .à  ne  favoir  que  répondre. 
On  le  dit  de   même ,  en   parlant  de  la   fortune , 
couler  quelqu'un  à  fond,  ruiner  fa  fortune,   fon 
■crédit. 
'■CovviT.  à  fond.  Ctttt  manière  de  parler  efl  d'un  ufage 
fréquent  dans  les  atmées  de   teire  :  elle  fe  dit  en 
particulier  de  la  Maifon  du  Roi,  Couler   à  fond , 
c'eft  prendre  tous  les  corps  l'un  aptes  l'autre  pour 
-les  nnployer  tous.  Dans  les  détachemcnsSc  autres 
emplois,  on  comm.ence  par  les  Gardes  du  Corps, 
■eniuite  les  Gendarmes  de'  la  Garde  -,  après  les  Che- 
vaux Légers,  ainfi  de  tous  les  auttes  corps  qu'on 
coule  à  tond  ,  puis  on  recommence.  Le  P.  Daniel 
fe  fert  fouvent  de  cette  phrafe  dans  Ibn  Hijioire  de 
la   Milice  Françoije. 
Couler,  en  termes  de  Fonderie.  On  à\t couler  une 
pièce  de  canon  -,  c'eft  en  fondre  le  inetal  &:  le  faire 
paifer ,  le  faire  couler  dans  le  moule.  Voir  couler , 
-faire  couler  la  gueufe  ,  c'eft  faire  couler  le  fer  fondu. 
Li^uefacere  &  dijfuudere.  Couler  en  plomb,  c'eft 
xenipi  jr  de  plomb  des  joints  de  pierre ,  des  marches 
de  perron  à  l'ait ,  fceller  avec  du  plomb  des  cram- 
pons de  fer  ou  de  bronze. 
^C?  CoHLER  une  glace,  c'eft  en  faire  couler  la  ma- 
tière fondue  fur  une  table  préparée  exprès. 

On  dit  neutialement ,  en  pariant  d'un  ouvrage 
de  tonte  qu'on  a  Jeté  en  moule,  que  la  ftatue , 
que  la  cloche  a  coulé  ;  pour  dire ,  que  le  métal  s'cft 
échappé  par  quelque  fente  faite  au  moule. 
Coui  FR  ,  en  termes  d'Agriculture  ,  fe  dit  auflî  nen- 
traiement  des  fruits  qui  ont  fleuri  &  qui  n'ont  pas 
noué.  Roraiior2e  dejluere.  Là  vigne  a  coulé;  c'eft- 
à-dire ,  que  la  vigne  étant  en  fleur ,  il  cft  furvenu 
des  pluies  froides ,  qui  ont  empêché  le  raifin  de 
fe  former,  f^cyei  Fleur,  Étamines,  Sommets. 
CoiTLER  lignifie  encore  dans  un  fens  figure  faire 
paflcr  quelque  chofe  avec  adreffe  en  quelque 
lieu.  Jvjinuare  ,  inducere  aliquid.  Cet  Amant  a  fu 
couler  fbn  poulet  par  le  fecours  d'une  confidente. 
Ce  Plaideur  a  gagné  fa  caufe  ,  parce  qu'il  â  fait 
■couler  quelque  argent  dans  la  main  du  Secrétaire. 
Le  Notaire  a  fait  couler  cette  claufe  dans  ce  tefta- 
ment  en  faveur  d'un  de  fes  amis.  Les  Coupeurs  de 
bourfe  ibnt  adroits  à  couler  la  main  dans  la  poche. 
tfT  On  le  dit ,  dans  le  commerce,  des  mauvaifes  mar- 
chanàifcs  qu'on  fait  paflet  à  la  faveur  des  bonnes. 
Ce  Marchand  a  coulé  quelques  mauvaifes  pièces 
de  drap  parmi  celles  qu'il  m'a  livrées.  On  ne  fait 
guère  de  payement  qu'il  ne  s'y  coule  de  mauvaifes 
pièces. 
Couler  ,  prcfque  en  ce  fens ,  fe  dit  de  gCT  ceux  qui 
partent  fans  faire  de  bruit ,  crainte  d'être  apperçus  ; 
6:  dans  ce  cas  ,  il  peut  auffi  fe  mettic  avec  les 
pronoms  perfonneis.  Injînuart  fe ,  irrepere.  Ce 
ptilbnnier  s'échappa  à  la  faveur  de  la  foule  où  il 
fe  coula.  La  nuir  eft  favorable  aux  fecours  qu'on 
veut  faire  couler  dans  une  Ville  afîiégée.  Il  a  coule 
le  long  du  mur. 

■  Il  fignifie  auflî  paffer  un  défilé  ,  foit  un  .à  un  , 
foit  en  petit  nombre.  Irrepere ,  fuhrepere ,  otrepere. 
Coulez-vous  les  uns  après  les  autres  dans  cette  porte, 
dans  ce  mauvais  pas. 

On  dit  qu'un  rafoir  coule  bien  -,  pour  dire  ,  qu'il 
rafe  doucement ,  légèrcmenr,  qu'il  n'cft  point  ru- 
de. A  CAD.  Fr. 
ÇX  On  dit  des  bons  vins ,  qu'ils  coulent  agréable- 


COU 


9S9 


mJht  ;  pour  dire  "qu'ils  flattent  le  palais ,  qu'oà 
les  boit  avec  plaifir. 

liCrCouLER  fe  dit  encore  dans  un  fens  figuré  ,  en  par- 
lant du  difcôurs ,  du  ftyle  ;  pour  dire',  qu'il  ne  s'y 
trouve  rien  de  dur  ,  de  raboteux  -,  rien  qui  ne  flat- 
te agréablement  l'oreille;  rien  qui  ne  foit  écrit 
ou  dit  natiu-ellement  &  d'une  manière  ai  fée.  C'eft 
amù  qu'on  dit  d'une  période,  d'un  vers  ,  quils  cou- 
lent  bien,  qu'il  ne  s'y  trouve  rien  qui  bleifc  l'orclle. 
Cela  coule  de  fource  ,  c'eft-à-dire,  cela  eft  dit* 
écrit  d'une  manière  aifée ,  natutelle.  * 

tfJ'  On  le  dit  encore  de  ce  qui  eft  fait.  On  dit  con- 
formément au  génie  ,  naturellement ,  de  l'abon- 
dance du  coeur  ;  il  dit  des  choies  fort  coniblantes, 
cela  coule  de  fource. 

^  Couler  fc  dit  encore  de  la  manière  dont  le  dif- 
côurs doit  marcher.  La  nartation  doit  couler  ma- 
jeftueufement ,  comme  les  grands  fleuves,  &;  non. 
pas  avec  rapidité  comme  les  tortens.  S.  Evr, 

?]Cr  On  s'en  lért  auffi  pour  marquer  l'abondance. 

Bon  Dieu  !  comme  che^  vous  les  vers  s'en  vont  couler. 

BoiL, 

fleur  eux  ,  dit-on  ,  le  peuple  fiorijfarit 
Sur  qui  les  iien:>  de  Dieu  coulent  en  abondance. 

Couler  ,  en  termes  de  danfc ,  fignifie  porter  fa  jàm- 
b?  doucement ,  iégérement  &  à  /leur  de  terre,  fans 
prefque  marquer  les  cadances.  Crus  movere  molli.- 
^T  '  f'^/''^'?  leviter  crurc perjiringere.  La  danfe  con- 
fîfte  à  favoir  bien  couler  ,  coapev'&c  pirouetter. 
le?  On  dit  auîFî  acftivemcnt ,  couler  un  pas  ,  le  mar- 
quer légèrement.  Pliez  Ôc  couk^  votre  pas. 
Couler,  en  termes  de  Mufiquc,  fe  dit  d'un  certain 
mouvement  doux  &  lié  que  l'on  donne  aux  inftru- 
mcns  par  le  moyen  de  l'aichet,  quand  ils  en  ont, 
ou  pour  les  touches  de  claveffins ,  des  orgues,  ou 
par  la  manière  de  ménager  l'air  dans  la  voix  humai- 
ne, ou  dans  les  inftrumens  qui  fe  jouent  aveclabou. 
che  ;   couler   &  tirer  font  deux  chofes  différen- 
tes ;  paï  exemple  ,  quand  on  veut  couler  en  jouant 
de  la  viole,  il  n'y  a  que  les  doigts  qui  doivent 
agir,  &  l'archet  ne  doit  point  quitter  ïz.%  cordes: 
mais  quand  on  tire  deux  fois ,  ou  deux  notes,  il  faut 
foulever  l'archet  à  la  moitié  environ  de  fon  coups, 
&  le  remettre  au'Fitôt  en  continuant  le  même  coup, 
&  non  pas  en  recommençant  à  tirer.  Rousseau. 
UC?  Couler  une  note  ou  plufieurs ,  c'eft  les  pafTer 
légèrement ,  pafîer  de  l'une  à  l'autre ,  foit  avec  la 
voix ,  fbit  avec  les  inftrumens  ,  en  fàifant  une  efpè- 
ce  de  liailbn  entre  ces  notes.  Voyei  Coulé-, 
^  Couler  après ,  terme  dû  jeu  de  billard ,  fe  dit 
Jorfqu'un  Joueur  fait  entrer  la  bille  de  fon  adver- 
f'.iirc^  dans  une  bloufe  ,  &  que  la  fienne  tombe  dans 
la  même  bloufe,  in  cavum  delabi. 
Coulé  ,  ée  ,  part. 

COULETAGE,f.  m.  terme  de  Coutumes.  C'eft  un 

droit  qui  fé  prend  en  quelques  endroirs  fur  toutes 

les  marchandifes  qui  fe  vendent.  Couletage  eft  la 

même  chofe  que  courtage. 

COULETIER    oiï   COULTIER  ,  f.  m.  terme  de 

Coutumes.  C'eft  la  même  chofe  que  Courtier. 
CCTCOULETTE ,  f.  f.  termî  de  Rubanier.  Petite  bro- 
che de  fer  fervant  à  merrre  dans  un  rocher  de  foie 
ou  de  fil  que  l'on  veut  furvider  fur  un  aurre. 
l^fT  COULEUR ,  f.  f.  On  peut  confîdérer  la  couleur 
comme  une  propriérc  de  la  lumière  des  corps  qui 
la  renvoyent  &  nous  affedent  de  telle  ou  telle  cf^ 
pèce  de  couleur  ,  en  produifant  fur  nos  orp-anes  tels 
ou  tels  cbraTlemens  ,  ou  comme  une  f'nfat'on  par- 
ticul  cr:-  de  l'ame  qui  eft  une  fuite  de  cet  ébranle- 
ment. Color. 
§Cr  II  eft  évident  quel»  mot  fo«/v/r,  pris  dans  cette 
dernière  àccen'on  pou  une  modification  d^I'amej 
ne  peut  appnrtenir  an  corps;  que  la  cnuleur  que  morl 
ame  nnp-^rcoit,  n*eft  poi'n  dans  l'olrctcolorc.  C'eft 
aux  M"tap'iyfici?ns  à  expliquer  comment  l'anie  j  en 
vertu  des  loix  de  fon  union  avec  le  corps ,  s'accoiis 


p/^o         cou 

tume  à  rapporter  aux  objets  extérieurs  ,  à  des  rubf- 
tances  ni-aLcncliCs  &uivi:iblcs,  les  in-opres  ll-nla- 
tions  qui  n.-  peavcnt  appartenir  qu'à  une  iubflance 
lpi.it.iclle  & .  nvle.  l^oy^i  Malebb-AWCHE. 
go*  t)n  ciu.-n.i  i)ac  couleur  une  i";niAtion  de  l'amc 
cxcitce  piL-  i'a^t'on  ac  Li  lamici-e  Uir  la  recine,  & 
d  ifcrentc,,  luvant  le  dhictcnt  d.'-re  de  rctrangi- 
b'iuc  de  la  lumière  ,  &  la  vitede  ou  la  tTtandcar  de 
les  parties ,  ou  limplcmcnt  l'iniprciiion  que  tait  lut 
l'oEil  la  luraiérj  r^acchie  &  aioditicc  pat  la^lurïac 
des  corps  ,  qui  les  i.iit  paroittc  rouges ,  jaunes  , 
bkus ,  Oc. 
^  Dans  .c  y^ôme  des  Cartcfiens ,  k  lumière  elt  un 
co'p^  panaitenient  homoiiènc,  Scie  même  rayon 
de  Kimière  di.tecemuvjnt  modifie,  c'elt-à-aire ,  dii- 
tcrtniiment  réfléchi  a  nos  yeux  ,  tantôt  avec  plu>, 
tantôt  avec  moins  de  torce ,  donne  des  cjuUun 
d'une  tfpèje  di.fcrente.  Le  lentiment  des  couUnn 
cfl:  en  nous  ,  dit  D  'icart-s  ;  elles  ne  font  que  des 
di  Icienees  de  la  lumiète  réfléchie  i  &  cate  di.te- 
r.hcc  vient  de  h  diveriitc  de  la  iuriace  des  corps , 
qui  renvoycnt  diverl'cment  la  lumière. 
ffT  Les  objets  font  invilibles  par  eux-mêmes ,  dit  Ma- 
lebi-anclie.  Nous  croyons  Ijs  voir,  parce  que  la  dilFc- 
rente  riillire  de  hur   ùrface   rcflechiflant  divcrll- 
ment,  la  lumière -lait  en  nous  divers  f  ntimens  de 
couUiLT  que  nous  leur  attribuons.  Cependant  les 
couleurs  ne  font  que  des  fentimens  de  la  part  de 
rame;&dela  part  du  corps ,  ce  ne  font  que  des 
vibrations  plus  ou  moins  promptes  de  la  matière 
éthérce.On  doit  ajouter  que  de  la  part  des  corps  la 
couleur  c^  la  dilpofition  de  leur  lliriace;  &  com- 
me la  furface  efl  difpofée  différemment  dans  les 
corps ,  les  corps  ne  font  pas  de  même  couleur.  Ce 
fyftème   dont  nous  avons  occaiion  de  parler  dans 
diiferens  articles  de  ce  Dictionnaire,  efi:  abandonné 
de  prefque  tous  les  Phyficiens   depuis  le   célèbre 
Nexyton. 
fCT  L'exp'ication  des  couleur  s  tW.  wn  des  points  où 

triomphe  la  phyfique  de  ce  grand  homme. 
Çcr  Suivant  NcNX'ton  ,  la  lum'ière  n'efl:  pas  un  corps 
fimplc  ce  homogène  ,  c'eft-à-dire  ,  un  corps  compo- 
fé  de  parties  Icmblables  enttc  elles ,  comme  dans 
le  fyftcme  de  Defcartcs ,  mais  un  corps  mixte  & 
hctcrogcne  ,  c'cfl-à-dire ,  un  corps  compolc  de  par- 
ties ditrctenrcs  les  unes  des  autres  :  c'eft  un  com- 
pofé  de  di.'îcreites  couleurs. 
IP"  Les  rayons  d  i  foleil  ont  d'eux-mêmes  les  fept 
couleurs  ,  que  l'on  nomme  primitives ,  c'eft-à-dire, 
le  rouge  ,   l'orange  ,  le  jaune  ,  le  vert ,  le  bleu  , 
l'indigo  &  le  violet.  Les  rayons  des  différentes  coû- 
te urs^  onz  diiférens  degrés  de  refrangibiliré  &  de 
ré.^cxibilitc.  Le  rayon  violet  eft  celui  qui  de  tous 
les  rayons  elt  le  plus  rcfrangible  &  le  plus  réflcxi- 
ble  -,  5:  le  rayon  rouge  celui  qui  de  tous  les  rayons , 
cfl:  le  moins  rcrrangible  &  le  moins  rcfléxible.  Les 
autres  font  plus  ou"  moins  réfraneibles  &  rcflcxi- 
bl'-s,fuivai''t  au'ils  font  plus  ou  moins  près  du  rayon 
violet.  Ces  rayons  une  fois  fcparcs  &  obfervcs  à 
pnrt,  confervent  confl:amment  leur  couleur  origi- 
naire, fans  qu'aucune   réfraction  ou  réflexion  ou 
rnêlange  d'ombre  puifle  l'altérer.  Voye^  au  mot  Ré- 
fraction ,  les  Expériences  de  Newton  ,  qui  ptou- 
vent  la  vérité  de  ces  principes. 
fiT  C'eft  donc  de  cetre  différence  de   réfrangibilitc 
^  de  rcfléxibUitc  que  dépend  la  différence  des  cou- 
leurs ;  d'où  il  s'enfuit  que  toutes  les  couleurs  qui 
exiftent  dans  h  nature  ,  fort  relies  que  les  doivent 
produire  les  quaiirés  colorifîques  Se  originales  des 
rayons  dont  la  lumière   cfl:  compofée;  &:  que  fi 
la  lumière  ne  confiftoit   qu'en  rayons  cgalemenr 
tcfrangibles  ,   il  n'y  auroir  qu'une   feule  couleur 
dans  le  monde  ,  &:  qu'il  fcroir  impofTible  d'en  pro- 
duire une  nouvelle,  ni  par  réflexion,  ni  par  rc- 
fraiftion. 
Ç:T  Le  mélange  des  fept  couleurs  primitives  forme 
le  blanc.  Ainfi  un  corps  paroît  blanc  ,  lorfcu'il  ré- 
fléchir rnus  les  rayons  de  lumière  fans  les  dccom- 
pofer,  f^jef  Blanc, 


COU 


IP*  L'abfence  de  tontes  les  ccwfc/rj  primitives,  fsr- 
me  le  noii.  Ainli  un  corps  paroît  noir,  lorlqu'ilne 
réfléchit  aucun  rayon  de  lumière.   Foye^  Noir. 
?Cr  La  réflexion  d'un  icul  rayon  primitif,  cfl  la  caufa 
des  couleurs  primitives  que  nous  remarquons  dans 
les  corps ,  c'eR-àdire  ,  que  les  corps  paroiffent  diiTé- 
remment  colorés  ,   lliivant  qu'ils  rcfléchiflent  les 
rayons  d'une  certaine  couleur  ,  &  abforbent   les 
autres.  Ainfi  un  corps  paroîtra  parfaitement  rouge, 
lorlqu'il  ne  rcdcchira  que  les  rayons  rouges;  jaune  , 
quand  il  ne  réfléchira  que  Ls  rayons  jaunes,  6'C. 
IjCr   Les  couleurs  que   l'on  nomme  fecondaires,  ne 
font  formées  que  par  la  réunion  de  quelques  rayons 
primitifs.  Si  un  corps  réfléchit  les  lajons  rouges 
■&  les  rayons  orangés ,  il  aura  une  couleur  fecon- 
daire,  qui  tiendra' comme  le  milieu  entre  le  rouge 
6c  l'orangé,  ou  pour  mieux  dire ,  qui  participera 
&  du  rouge  &  de  l'o'angc. 
gO"  Il  Y  a  un  nombre  infini  de  couleurs  compofées, 
c'eit-a-dirc ,  qui  réfalrenr  de  leurs  divers  mélanges, 
en  les  prenanr  deux  à  deux,  trois  à  trois ,  quatre 
à  quatre,  &c.  &  en  combinanr  encotj  ces  rcl'ultatî 
les  uns  avec  les  aufes  pour  en  former  de  no  veaux 
mélanges ,  qui  par  les  règles  des  combinailons  noas 
en  donneront  encore  un  plus  grand  nombre  à  l'in» 
fni. 
^CT  On  app-Ue  auffi  coK/cwr  les  drogues ,  les  corps 
folides  qui  f.rvent  aux  Peintres  &  aux  Teinturiers 
pour  faire  paroître  ces  couleurs.  On  dit  en  ce  llnn 
mêler  ,  broyer ,  préparer,  appliquer  les  couleurs.  Ce 
Peintre  manie  bien  les  couleurs.  Adoucir, amortir, 
ranimer ,  réhauflêr ,  relever  les  couleurs.  Merrre  un 
plancher  en  couleur.  Avant  que  de  dorer  un  lambris, 
il  faut  le  mettre  en  couleur. 
gCT  M.  de  la  Chambre ,  en  blâmant  la  diftindioft 
que  font  les  Philofophes  des  couleurs  ,  en  couleurs 
réelles  ,  &C  en  couleurs  apparentes ,  dit  que  toutes 
les  couleurs  font  réelles,  &  qu'il  faut  les  divifer en 
^couleurs  fixes ,  attachées  &  adhérentes  à  leurs  fujets, 
8c  en  couleurs  mobiles. 
ÇO"  Jl  y  a  des  couleurs  fimples ,  telles  que  font  les 
cinq  couleurs  matrices  des  Teinturiers ,  dont  tou- 
tes les  autres  dérivent.  Il  y  en  a  de  corapofces  5  fça- 
voir,lebIeu,  le  rouge,  le  jaune,  lefiuve,  ou  cou- 
leur de  racine  ,  Se  le  noir.  A  l'égard  du  vert  ,^  il  n'jr 
a  point  dans  la  nature  de  drogue  qui  ferve  à  tein- 
dre en  cerre  couleur  ;  mais  on  teint  les  étoffes  deux 
fois,d'aboid  en  bleu  ,  Si  puis  en  jaune,  &  elle» 
deviennent  vertes.  Du  mélange  des  premières  co;^- 
/eurs ,  il  s'en  fait  un  grand  nombre  ,  comme  le 
violet ,  le  gris  de  lin  ,  &c.  expliquées  à  leur  or- 
dre. 

On  appelle  auffi  couleurs  Jîmp les ,  celles  qm  fer- 
vent aux  Enlumineurs  6c  aux  Peintres  ,  qui  vien- 
nenr  des  végcraux  ,  5c  qui  ne  peuvent  pas  fbuffrit 
le  feu ,  comme  le  jaune  fait  de  fàfran  ou  de  graine 
d'Avignon  ,  la  laque  6c  autres  teintures  extraites 
des  fleurs.  Color  nativus.  Les  autres  fonr  minérales, 
qui  fe  tirent  des  métaux ,  Se  qui  fouffrent  le  feu  ; 
ce  font  les  feules  propres  à  faire  l'émail.  Co/or  facîi' 
tius.  Ainli  on  tire  de  l'or  Se  du  fer,  le  rouge  ;  de 
l'ars^ent ,  le  bleu  ;  du  cuivre  ,  le  vert  -,  du  plomb, 
le  blanc  ou  la  ccrufe ,  quand  il  eft  dilfous  avec  le 
feul  vinaigre  ■■,  mais  quand  la  ccrufe  a  éré  cuite  dans 
le  fourneau ,  elle  donne  du  mafficot ,  Se  du  miniura 
quand  elle  efl:  pouHce  davantage  au  feu. 

Les  Peintics  diftinguentaulTi  les  couleurs  en  lé- 
gères. Se  en  pefantes.  Sous  le  blanc,  on  comprend 
toutes  les  couleurs  légères.  Color  languidus  ,  lan- 
guefceus ,  evanidus.  L'outtemcr  efl  mis  au  rang  des 
couleurs  légères.  Sous  le  noir  on  comprend  routes 
les  couleurs  peCzmes  terreftres.  Color  jatur ,  aujU- 
rus,pre{fus ,  nuHlus.  Le brun-rougc ,  la  rcrre  d'om- 
bre ,  le  vert -brun  Se  le  biftrc,  font  les  couleurs 
les  plus  pefantes  après  le  noir.  Les  Peintres  ap- 
pellenr  aufTi  couleurs  rompues,  les  couleurs  trop 
vives,  qui  aflbibliffent  par  leur  mclanre  d'nurres 
phis  fon.bres.  Color  vividus  ,  acutus.  On  dit^  que 
l'azur    d'outremer  eu  rompu  de  laque  Sie  d'ocre 

jajne> 


c  o  u 

jaune;  pour  dire,qu'il  y  entre  un  peu  de  ces  couleurs. 
Les  couleurs  rompues  i'ervent  à  l'uni'oa  &  à  Taccôrd 
des  couleurs  ,  loit  dans  les  tournans  des  corps , 
fbit  dans  leurs  ombres.  'On  appelle  couleurs  jicyees , 
celles  qui  s'affoibliflent  iniènliblement,  comme  font 
celles  qui  ionrent  les  nuances  :  &  on  appelle  un 
ton  de  couleurs ,  un  degré  de  couleurs  ,  par  rap- 
port au  dair  obfcur.  Languefcdns  ,  evanidus.  Le 
Géorgien  s'eft  rendu  admirable  par  le  maniement 
&  la  beauté  des  couleurs.  Quand  en  dit  en  Pein- 
ture que  les  couleurs  font  bonnes ,  cela  tic  fignifie 
pas  que  les  couleurs  foicnt  d'une  meilleure  ma- 
tière que  d'autres ,  mais  que  le  choix  de  la  diftri- 
bution  en  eft  meilleur ,  &  que  la  rencontre  des 
unes  auprès  des  autres  en  eft  plus  excel'.ente. 

Les  couleurs  changeantes  ibnt  celles  qui  dépen- 
dent de  la  iituation  des  objets  à  l'égard  de  là  lu- 
mière ,  comme  celles  des  taffetas  changcnns ,  de  la 
gorge  des  pigeons,  &c.  Colvr  v^ri»ï/7j.  Néanmoms 
quand  on  regarde  attentivement  avec  un  bon  mi 
crofcopc  les  plumes  de  la  gorge  du  pigeon  ,  on  voir 
que  chaque  fil  de  fes  plumes  eft  compofé  de  plu- 
lieurs  petits  carrés  alternativement  rouges  &  verts  ^ 
&  ainii  ce  font  des  couleurs  fixes.  Le  Père  Kirket  dit 
que  les  couleurs  changeantes  qu'on  voit  for  ces  plu- 
mes de  pigeons  &  de  paons ,  viennent  de  ce  que  les 
plumes  font  diaphanes ,  &  d'une  figure  iémblable  à 
celle  des  triangles  de  cryftal ,  ou  prifmes  de  verre  , 
qui  étant  oppofcs  à  la  lumière  ,  font  voir  des  iris. 
Les  couleurs  fixes  &  permanentes ,  ne  fe  font  point 
par  des  rcfraétions ,  comme  les  changeantes ,  mais 
par  le  pafîage  di'redl  de  la  lumière  \  travers  certains 
corps  ,  foit  en  les  traverlant  entièrement ,  foit  en 
réfléchiflant  lut  quelques-unes  de  leurs  parties  in- 
ternes ,  ou  après  avoir  un  peu  pénétré  les  fliperfi- 
cielles.  Il  y  a  deux  ordres  dilfcrens  dans  les  couleurs 
pour  paiîèr  du  blanc  au  noir.  L'un  eft  le  blanc  ,  le 
jaune  ,  le  rouge  &:  le  noir.  L'autre  eft  le  blanc  , 
le  bleu,  le  violet  &  le  noir.  C'eft  la  doè1:rine  de 
Mariotte  dans  l'excellent  livre  que  nous  avbns  cité 
ci-de/lus. 

I^T  Couleur  eft  quelquefois  oppofée  au  noir,  par- 
ce qu'en  effet  le  noir  n'eft  pas  une  couleur  ,  à  cau- 
fe  qu'il  abforbc  to':te  la  lumière  ,  &■  qu'il  n'en  ré- 
fléchie aucune  partie.  (To/or^r/ij.  En  ce  fens  on  dit 
que  les  gens  tie  guerre  &:  les  Courtifans  portent 
des  habits  de  couleur  ,  &  que  les  gens  de  Robe 
te  d'Eglire.  en  portent  dé  noirs. 

Hn  approchant  de  ce  fens,  on  appelle  couleur 
haute  ,  couleur  rude  ,  couleur  forte .,  grave  ,  color 
fioridui  ,  couleur  éclatante  ,  fplendidus ,  couleur 
claire,  acutus,  celle  qui  refléchit  à  nos  yeux  plus 
de  rayons  de  lumière ,  comme  la  couleur  de  cerife , 
la  couleur  de  feu  ,  l'incarnat.  Et  au  contraire,  on 
appelle  couleur  douce  ,  fbmbre  ,  morne ,  trifte,  mo- 
dcfte,  celle  qui  en  réfléchit  le  moins ,  comme  le 
giis  de  lin  ,  feuille  -  morte  ,  couleur  d'olive  ,  cou- 
leur de  penfée ,  &c. 

Couleur  d'eau.  C'eft  cettain  brillant  violet  qu'ac- 
quiert le  fer  bien  poli ,  quand  il  a  palle  au  feu 
dans  un  certain  degré  de  chaleur.  C&ruleum  ferrUm, 
Cxrulei  fer  ri  color. 

^  Couleurs  amies,  terme  de  Peinture.  De  même 
cu'il  y  a  dans  la  Mufique  des  fons  accordans  & 
des  fons  dircordans,il  y  a  dans  l'Optioue  des  cou- 
leurs amies  Se  àei  couleurs  ennemies.  D:^s  couleurs 
amies  qui  femblent  fe  rechercher  pour  s'embellir 
mutuellement  i  des  couleurs  ennemies  ,  jaloufcs , 
pour  oinfi  dire,  de  la  beauté  les  unes  des  autres  , 
&  qui  femblent  fe  fliir.  C'eft  ce  qu'on  fuppofe  natu- 
rcU  ment,quand  on  appioche  la  doublure  de  l'étof- 
fe ,  pour  voir  fi  elles  ibnt  bien  aiîorcies. 

|Cr  Mais  il  faut  obferver  qu'il  n'y  a  point  de  couleurs 
fi  amies ,  qui  étant  affemblées  fur  le  même  fonds  , 
n'ayent  be'b'n  de  quelque  autre  couleur  moyen- 
ne ,  qui  les  fépare  un  peu  ,  pour  empêcher  que  leur 
union  ne  paro'fîe  trop  brufque  ;  ni  de  couleurs  fi 
e!Tir  miet- ,  que  l'on  ne  puifle  les  réconcilier  cnfem- 
ble  par  la  médiation  de  quelque  autre  >  comme 
Tome  Ile 


C  o  u 


'9iï 


par  une  amie  commune.  C'eft  dans  ces  deux  poinr; 
■que  confifte  la  perfection  de  la  Peintute. 

Nuance  de  coulars',  eft  une  cettaine  difpofition 
■de  la  même  couleur  inêlangce,  &  montant  par  de^ 
grés  depuis  le  plus  c'.ur  julqu'au  plus  obfcur.  Colo- 
'rum  nexus\  Leurs  notns  iVronc  expliqués  à  leur 
ordre. 

03"  Couleur  posante ,  celle  qui  change  promptc- 
ment  &  fe  flétrit  à  l'air, 

§3°  Couleurs  rompues  ,  mélange  de  deux  ou  phi- 
fieurs  couleurs  -,  qui  tempère  le  ton  de  celle  qu? 
paroît  principalement.  On  dit  qu'un  tableau  eft  de 
bonne  couleur  ,  non,  parce  que  les  couleurs  en  fbnr 
plus  exquilés,  mais  parce  que  le  choix  dans  la  diftii- 
^■>utiOH  en  eft  meilleur, 

fîCF"  Belle  co«/<??/r,fvnonime  à  bien  colorié'. 

^fj'  Il  y  a  une  grande  différence  entre  couleur  &  co- 
ioris.  hes  couleurs  font  des  matières  molles  &  liqui- 
des qu'on  employé  pour  peindre.  Le  coloris  eft  l'ct- 
fet  qui  réfulte  des  couleurs  ,  lorfqu'elîes  font  em- 
ployées. Couleurs  tendres,  amies,  fières,f6ndues.  Le 
ton  ,  l'harmonie,  l'union  6c  l'amitié  des  couleurs^ 
DicT.  DE  Peint-,  ^oye^  encore  Coloris'. 

Couleur  fe  dit  ailfifî  de  la  difpbfitioli  dn 'teint,  nà 
vifage  &:  des  chairs.  Color.  Les  gens  qui  fe  porrent 
bien  oiit  la  couleur  vermeille.  Cette  femme  a  de 
belles  couleurs.  Bonne  ,  mauvaife  couleur.  Couleur 
pâle,  bl'cme,  plombée.  Les  Efpagnol-s  ont  la  couleur 
olivâtre.  Quand  la  gangrène  paroît ,  elle  reild  la 
chair  de  couleKr  livide. 

On  le  die  aùifi  des  altérations  qui  furviennent  ait 
vifage  par  les  mouvemens  inréricurs  d;  l'ame  ,  pat 
quelquecaufe  natutelle  ouaccidentelle.LTn  reproche 
fondé  fait  à  uh  homme,  Ife  fait  Changer  de  couleur  i 
il  rougit  de  honte  ,  ou  pâlit  de  colère.  La  couleur 
lui  a  monté  au  vifage  ;  pour  dire  ,  il  a  rougi.  La  cou- 
leur que  la  colère  imprime  fur  le  vifage  ,  eft  fi  na- 
turelle ,  &  lî  attachée  aux  émotions  intérieures  de 
l'ame  , qu'il  eft  difficile  d'empêcher  les  diverfeS  alté- 
rations qu'elle  caufc.  Félib. 

Qiielle  étranne  pîîeu'r  , 

T>e  fou  teint  tout  à  coup  efface  la  oouîeur  ! 

Et  fon  vifage  fans  couleux , 

'Faifoit  connoitre  que  fes  plaintes 
Etoient  moindres  que  fa  douleur,  Malh. 

03°  On  appelle  pâles  ceuleurs  ,  une  thala-die  déjeu- 
nes filles  qui  leur  rend  le  teint  pâle  &  jaune,  c'efi 
ordinairement  le  figne  de  la  flippreffion  d-s  rè- 
gles ,  &:  de  la  cacochymie  même  dans  les  deux  fexcs; 
Chlorojîs.  Voyez  ce   mot. 

CouLEUïf-fe  dit  encore  des  changemcrs  qui  arrive?lt 
à  diflerentes  chofes  par  la  différente  cuiflbn  &-appli- 
cation  du  feu  &  fur-tout  en  Chymie  pour  marquée 
la  couleur  que  ces  cliofes  doivent  avoir  quand  e!ies 
font  cuites  à  propos.  Cp  pain  ,  ce  rôt  eft  cuit ,  mais 
il  n'a  pas  encore  aflcz  de  couleur.  Les  Chymiftes 
admirent  les  changemens  de  couleurs  qui  ié  font 
dans  les  métaux  ,  &  cherchent  fur-tout  le  bcail 
rouge ,  le  beau  citrin  ,  qui  fbnr  les  couleurs  de  la 
Benoîte.  -        •      . 

Couleur  ,  en  termes  de  Fleuriftc ,  fe  dit  d'une  tulipe 
qui  n'eft  que  d'une  couleur  ,  dont  la  plus  fantafque 
eft  la  plus  eftimée.  Unicolor,  On  a  mis  les  pana- 
chées dans  ces  carreaux  ;  multicolor  ;  &  les  couleurs 
fbnt  dans  les  les  coftières. 

Couleur  de  {eu ,  rerme  de  Flcurifte.  Nom  qui  fe 
donne  à  une  efpèce  d'anémone ,  à  caufé  d£  fS 
couleur. 

{CJ^On  appelle  couleur  ,  aux  jeux  de  cartes  ,  le  pique  ; 
le  tièfle,  le  cœur  &:  le  carreau.  Ainfi  l'on  demandé 
de  quelle  couleur  eft  la  triomphe.  J'ai  dans  mori 
jeu  des  quatre  couleurs.  J'ai  écarté  une  couleur  en- 
tière, je  renonce  à  telle  co///t;«r. 

^iCT  Au  médiateur,  on  appelle  couleur  favorite  ,  ce\\l 
qui  eft  la  première  tirée  au  hazard  ,  &  qui  don n<* 
certains  privilèges  à  celui  qui  joue  en  cette  cdù- 

FF  FF ff 


riét 


C  0  tj 


îeiir ,  comme  d'avoir  la  prclcrence  Cat  celui  qui 

dcmaiulc  à  jouet  dans  une  autre  couleur. 

ter  Au  Lanlquenec,    prendre  coukur  -,   c'eft  entrer 

au  jeu  5c  couper.  Quand  quelqu'un  arrive,  &  que 

le  coup  eft  achevé  ,   on  demande ,    voulez-vous 

prendre  couleur  ?  n.  r  j' 

fp=-  Dans  un  fens  figure  prendre  couleur ,  c'cit  le  dc- 

'  cider ,  fe  déclarer.  Reprendre  couleur  ,  rentrer  en 

faveur,  rétablir  fa  fortune. 
ïfj-  On  dit  aulfi  d'un  homme  qui,  après  une  longue 
retraite  ,  reparoît  dans  le  monde  ,  ou  revient  à  la 
Cour ,    qu'il  a  repris  couleur.  Ces  cxprelfions  fi- 
gurées ne  font  que  du  ftyle  familier. 
Couleur  fe  dit  figurément  des  ornemens ,  des  ap- 
parences  ou    des  prétextes  dont  on  couvi'e  ,  ou 
dont  on  déguifc  les  chofes.'Co/or ,  figura.  Scnèque 
a  tant  de   peur  qu'une  belle  penlée  n'cchappe  à 
fes  Leéleurs ,  qu'il  la  pare  de  toutes  les  couleurs 
qui  la  peuvent  rendre  brillante  &  agréable.  Bouh. 
Ce  font  nos  pafî'ions  qui  donnent  la  couleur  &<-  la 
teinture  à  tous  les  objets  :  ce  font  elles  qui  pré- 
lident  à  toutes  les  confultations  du  cœur.  Claud. 
Ceux  qui  ontde  l'efprit,  peuvent  donner  des  cok- 
ieurs  &  des  apparences  à  tous  les  partis  qu'ils  en- 
treprennent de  foûtenir.  Mont.  Démorihène  avoir 
de  grandes  expreifions ,  des  couleurs  vives  5:  écla- 
tantes ,  &:  des  traits  pénétrans.  P.  Rap.  Les  pal- 
lions obfcurciflent  prefque  toujours  la  vérité  ,  &  ne 
îa  lailfent  paroitre  que  lorfqu'elle  eft  teinte  de  fes 
fauffes  couleurs.  Maleb.  Il  ne  faut  point  tarder 
la  vérité  par  des  couleurs  fenfibles ,  qui ,  en  la  ren- 
dant plus  délicate,  lui  ôtent  fa  force.  Idem.   Le 
peuple  ne  tient  pour  l'erreur  que  fous  l'image  &; 
fous  les  couleurs  de  la  vérité.  Bail.  La  vtaie  élo- 
quence ne  fe  pare  jamais  de  cw/f^/ri  empruntées  : 
c'eft  par  les  traits  de  fa  beauté  naturelle  qu'elle 
charme  ,  &  qu'elle  perfuade.  S.  Evr.  Repréfciitcz 
avec   toutes  les  couleurs  de  l'éloquence  les  fup- 
plices  que  doivent  fouftrir  éternellement  les  damnes. 
Bouh.  Xav.  J ,  IP^. 
IJC?  Dans  cette  acception,  il  fe  prend  quelquefois 
plus  étroitement  pour  une  raifon  apparente  dont 
on  fe  fett  pour  couvrir  &  pallier  quelque   men- 
fonge  ,  ou  quelque  mauvaife  adion ,  afin  de  per- 
fuader  ce  qu'on  defire.  On  donne  .à  cela  une  fort 
mauvaife  couleur.  Il  fait  donner  une  couleur  fpé- 
cieufe  à  ce  qu'il  fait  de  mal.  Le  menfonge  fe  re- 
vêt des  couleurs  de  la  vérité. 

J'inventai  des  couleurs,  j'aidai  la  calomnie. 

Racine. 

Couleur,  en  termes  de  Blafon ,  eft  une  des  prin- 
cipales défignations  des  pièces  de  Técu.  Color.  On 
n'en  admet"^  que  cinq  :  gueules,  c'cft  le  rouge. 
Miniatus  ,  coccineus ,  ruber.  Azur,  le  bleu.  Ca- 
ruleus.  Sinople,  le  veu.  Prajinus ,  viridis.  Le 
fable ,  le  noir.  Jter ,  niger.  Le  pourpre  eft  mé- 
langé de  gueules  &:  d'azur.  Purpureus  ,  violaceus. 
Leurs  fignifications  feront  expliquées  à  leur  ordre. 
C'eft  une  maxime,  qu'il  ne  faut  point  mettre  co;/- 
leur  fur  couleur  ,  ni  métal  fur  métal.  On  tient  que 
ce  fut  un  certain  (Bnomalis  qui  inventa  la  diftinc- 
tion  des  couleurs  pour  les  diverfes  Quadrilles  des 
combattans  aux  Jeux  Circenfes  :  le  vert  pour  ceux 
qui  repréfentoient  la  terre  ,  &  le  bleu  pour  ceux  qui 
repréfentoient  la  mer. 

Les  différentes  couleurs,  en  termes  de  Rubrique, 
fervent  à  diftinguer  les  myftères  &:  les  ietes  que 
l'Eglife  célèbre  :  elle  ne  fe  fert  régulièrement  que 
de  "cinq  couleurs  ,  qui  font  le  blanc  ,  le  rouge  ,  le 
vert,  le  violet  &  le  noir  :  il  n'y  a  pas  long-temps 
que  la  couleur  violette  eft  en  ufage  en  France  , 
comme  on  en  peut  juger  par  les  ouvrages  de  Du- 
rand. La  couleur  blanche  eft  employée  pour  les 
myftères  de  Notrc-Seigneur ,  excepté  le  Vendredi- 
Saint  ,  pour  les  Fêtes  de  la  Sainte  Vierge ,  celles 
des  Anges,  celles  des  Confeileiirs  ,  celles  des 
Vierges^  &  des  autres  Saints  Se' Saintes  qui  n'ont 


CÔÛ 

pas  foufFert  le  maityre.  La  couleur  rouge  eft  pouf 
les  myftères  S>c  les  folennités  propres  du  S.  Elprit , 
pour  les  têtes  des  Apôtres,  excepté  S.  Jean,   &: 
pour  celles  des  martyrs.    La  couleur  verte  tft  la 
couleur  propre  du  temps  depuis  la  Pentecôte  jus- 
qu'à i'Avent ,  &  depuis  l'Epiphanie  jufqu'à  la  Sep- 
tuagéfimc.    La  couleur   violette  eft  en  ufage  I'A- 
vent ,    le  Carême  ,    aux   Quatre-temps ,  aux  Vi- 
giles ,  aux  Rogations  &  aux  Meifes  votives    qui  fe 
difent  à  l'occafion  ds  la  guerre.  La  couleur  noire 
eft  pour  les  Morts  &  pour  les  cérémonies  qui  les 
regardent.    Dans  le  Diocèfe  de  Paris,  la  couleur 
rouge  eft  employée  pour  la  fête  du  Saint  Sacre- 
ment ,   &c    la  couleur  verte  pour  les  Confelfeurs 
Pontifes.  Dans  le  Diocèfe  du  Mans ,  on  prend  des 
ornemens  de  couleur  rouge  le  Vendredi-Saint.  Les 
étolFes  d'or  &  d'argent ,  &  les  broderies  d'or  ou 
d'argent ,  quand  elles  couvrent  entièrement  le  fonds , 
s'emploient  pour  toutes  les  couleurs ,  dans  quel- 
que folennité  que  ce  foit.  Saint  Louis  avoir  tou- 
jours en  Paleftine  des  ornemens  précieux  de  di- 
verfes couleurs ,  félon  les  fêtes  3c  les  folennités , 
&  en  prenoit  un  foin  particulier.  C'étoit  donc  alors 
lin    ufage    reçu  que  le   changement  des  couleurs 
félon  les  Fêtes.  L'Eglife  Grecque  a  eu  auffi  l'ufage 
des  couleurs  différentes  pour  différens  temps  &  ditle- 
rentes  Fêtes.  Le  rouge  étoit  dans  ce  rit  la  couleur 
du  Carême,  &  pour  les  Offices  des  Morts.   Voye^ 
le  P.  Goar  fur  Godin  ,  /?.  84 ,  AV.  9  &:  10. 
Couleurs  ,  au  plur.  fe  dit  auffi  des  livrées  que  quel- 
qu'un affedte  &  choifit  pour  fe  diftinguer   d'un 
autre  ,  &  pour  fignifier  quelque  paffion.  Injîf^nia. 
En  ce  léns  il  vient  du  Blafon  &  de  la  coutume  des 
anciens  Chevaliers ,  qui  dans  les  tournois ,  armés 
de  toutes  pièces ,  n'étoient  diftingués  que  par  leurs 
habits  ,    plumes  &  rubans  de  diverfes  couleurs  , 
qui   étoient   ordinairement    celles    de  leurs  Maî- 
treflés ,  Se  qui  étoient  le  fymbole  de  quelque  qua- 
lité   de    leurs  paflîons.    Delà  eft  venu  le  blafon 
des  couleurs,  auquel  on  a  attribué  diverfes  figni- 
fications qu'on  trouve  dans  les  livres  de  la  Science 
Héraldique.  Et  comme  les  Chefs  de  ces  tournois 
faifoient  habiller  toutes  leurs  Quadrilles  de  même 
parure,  cela  a  fait  qu'on  a  appelé  couleurs  les  ha- 
bits   que    les  perfonnes  de  condition  donnoient 
à  leurs  gens  de  livrée.  Ainfi  on  dit  que  le  bleu  , 
c'eft  la  couleur  du  Roi,  le  vert,  la  couleur  delà 
Maifon  de    Lorraine,    &c.   On  appelle    propre- 
ment Gens  de  couleurs  les  Pages ,  Laquais ,  Co- 
chers   &    Suifies.   Et  quand  on  dit  abfolument  , 
qu'un  homme  a   porté   les  couleurs  ,   on   entend 
qu'il  a  été  Laquais.   On  dit  mieux ,  &c   plus  or- 
dinairement, porter  la  livrée. 

Tel  aujourd'hui  triomphe  au  plus  haut  de  la  roue. 
Qu'on  verroit   de  couleurs  tiiarrement  orné. 
Conduire  le  carro£e ,  où  Von  le  voit  traîné.  Boil. 

Le  mot  de  couleur  vient  du  latin  color,  qui 
vient  du  verbe  grec  xP" i  color 0 ,  je  donne  la. 
couleur. 

|CJ"  Coulîvrée.  Voye:^  Couleuvre. 

COULEVRENIER  ou  COULEVRINIER  ,_  f.  m. 
ancien  nom  d'une  milice  en  ufage  au  XV"  fiècle 
en  France.  Les  Coulevreniers  hauront  le  hauber- 
geon  à  manches,  gourgerin ,  falade  &:placart  de- 
vant (  fe  havoir  le  peuvent  )  dagues  &  efpées 
tranchans,  à  une  main.  Gollut,  Mém.  de  Bourg;, 
L.  X,  c.  ^6.  Les  gaiges  de  l'Archier,  de  Coule- 
vrinier  ,  &  du  Picquenaire  à  pic,  feront  de  quatre 
francs  par  mois.  Id. 

COULEVRINE  ,  f.  f.  pièce  d'artillerie  fort  longue  , 
&  qui  porre  bien  loin.  Tormentum  à  culuhro  dic- 
tum.  Son  calibre  eft  de  quatre  pouces  dix  lignes 
de  diamètre.  Son  boulet  eft  de  16  lignes  &  de- 
mie. Selon  Diego  Ufano  ,  la  coulevrine  légirime 
a  51  calibres  de  long,  tire  20  livres  de  fer  avec 
12  livres  de  poudre."  La  bâtarde,  qu'on  nomme 
autrement yer/Jfn/f/z ,  a  17  calibres,  tire  24  livres 
de  fer  avec  14  livres  de  poudre.  E:  l'extraordi- 


cou 

naîre,  qu'on  appelle  auiTi pajfemur ,  a  40  calibres, 
&  tire  16  livres  de  fer  avec  1 1  livres  de  poudre.  La 
double  couUvrine  légitime  a  }  i  calibres  de  long  , 
tire  48  livres  de  fer  avec  14  livres  de  poudre,  La 
bâtarde  ,  qu'on  appelle  autrement  biifuic,  a  2.6  cali- 
bres ,  tire  18  livres  de  ier  avec  14  livres  de  poudre. 
L'extraordinaire  ,  qu'on  appelle  autrement  dragon 
volant,  a  39  calibres,  rire  31  livres  de  fer  avec 
19  livres  de  poudre.  La  demi-coulevrine  légitime 
a  3:5  calibres,  tire  10  livres  de  fer  avec  8  livres  de 
poudre.  Hanzelet  ,  en  fa  Pyrotechnie.  On  l'ap- 
peloit  autrefois  un  demi-canon. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  hein  colubrina.  D'au- 
tres le  font  szmtAz  coluber  -,  couleuvre  ,  ferpenc , 
à  caufe  de  la  longueur  de  ces  pièces  d'artillerie  , 
ou  des  ravages  qu'elles  fonr. 

On  dit  fîgurément ,  qu'un  homme  ,  qu'une 
terre  efl:  fous  la  coulcvrine  d'un  autre  ,  quand  il 
eft  tellement  dépendant  d'un  plus  pniilant  ,  ou 
que  fa  terre  efl:  li  proche  des  lieux  où  il  a  au- 
torité ,  qu'il  efl:  obligé  d'avoir  toute  déférence 
pour  lui ,  de  fe  tenit  fous  fa  protection,  ALcujus po- 
tejiati ,  imperio  olmoxius. 

^  COULEUVRE,  f.  f.  efpèce  de  reptile  du  genre 
des  ierpens.  Nous  appelons  couleuvre,  la  plus 
grande  efpèce  de  nos  ferpens.  Voye:^  Serpent.  Co- 
Inber  ,  colubra. 

En  termes  deBlafon  ,  on  l'appelle  guivre  ou 
gyvre.  La  gyvte  de  Milan.  La  gyvre  dans  les  ar- 
moiries efl:  une  grofle  couleuvre  qui  vomit  un  en- 
fant nud  ,  la  tête  de  l'enfant  paroît.  On  l'appelle 
auffi  bijfe  ,  colubra  ijifantivoma  ,  boa.  Les  armes 
de  Milan  font  d'argent  à  une  guivre  d'azur  ,  à 
l'enfant  iflant  de  gueules ,  couronnée  d'or. 

I!  y  a  aux  Molucques  des  couleuvres  de  trente- 
deux  pies  de  long ,  qui  fe  pendent  aux  branches 
des  arbres  qui  fonr  fur  le  chemin  ,  &  de  là  fe  lan- 
cent fur  les  hommes  &  fur  les  bêtes  fauves  ,  & 
après  leur  avoir  fait  trois  ou  quatre  tours  autour  du 
corps ,  leur  caflcnt  les  os ,  &  les  dévorent. 

Il  y  a  dans  la  Caroline  de  couleuvres  fonnantes  i 
voici  la  defcription  d'une  de  ces  couleuvres ,  qui 
a  été  appoitce  de  ces  pays-là  en  Angleterre ,  & 
qui  efl:  entre  les  raretés  qui  fe  voient  dans  la  galeiie 
du  Collège  de  la  Société  Royale.  Cette  couleuvre 
efl:  longue  de  quatre  pies  -,  il  y  en  a  de  beaucoup 
plus  grandes.  Le  corps  par  le  milieu  efl:  de  la  grof- 
feur  du  poignet ,  d'une  couleur  mêlée  de  gris-vert 
&  jaunâtre  ,  rayé  &  agréablement  marqueté  de 
taches  rondes  &  en  lozanges.  Depuis  plu?  de  neuf 
mois  que  cette  couleuvre  efl:  partie  de  la  Caroline 
fon  pays  natal ,  on  ne  s'efl:  pas  apperçu  qu'elle  ait  ni 
bu  ni  mangé.  C'eft  le  plus  venimeux  de  tous  les 
ferpens.  Elle  a  deux  dents  longues ,  aiguës ,  &  re- 
courbées en  dedans  ,  à  la  mâchoire  d'en  haut  ■-, 
mais  elle  n'en  a  point  à  la  mâchoire  d'en  bas.  Le 
bout  de  fa  queue  efl:  à  peu  près  de  la  longueur 
&C  de  la  largeur  du  pouce,  mais  moins  épais  -, 
&  pour  peu  qu'on  y  touche ,  cela  fait  le  même 
bruit  que  feroient  cinq  ou  (ix  grains  de  menu  plomb 
dans  un  petir  fac  de  vélin  (ce  &C  dur.  Et  c'eft 
ce  bruit  qui  l'a   fait   appeler  couleuvre  fonnante. 

Ce  reptile  croit  confacré  à  Efculape.  Et  comme 
ce  Dieu  s'étoit  caché  pluiîeurs  fois  fous  fa  figure  , 
on  éleva  des  temples  à  la  Couleuvre  à  Rome  &  à 
Epidaure. 
Couleuvre.  C'efl:  une  efpèce  de  fac  dont  les  Amé- 
ricains fe  fervent  pour  preflcr  leur  Manioc.  La  cou- 
leuvre eft  faire  de  rolcaux  refendus,  ou  de  branches 
de  latanier  natées  &  treflces  enfemble  comme  fe- 
roient des  bas  de  coton.  La  couleuvre  a  iix  à  fept 
pies  de  long  ,  5:  quatre  à  cinq  pouces  de  dia- 
mètre quand"  elle  eft  vide  -,  mais  le  manioc  qu'on 
y  met ,  &  qu'on  foule  à  mefure  ,  augmente  le  dia- 
mètre ,  &  racourcit  fa  longueur.  On  pend  enfuire 
la  couleuvre ,  &  l'on  y  attache  un  poids  au  bas. 

On  dit  qu'un  homme  a  bien  avalé  des  cou- 
leuvres ,  lorfqu'on  a  dit  ou  fait  devant  lui  plu- 


COU  5»^5 

fieurs  chofes  fâcheufes ,  qu'il  fe  peut  appliquer  ; 
qu'il  a  eu  bien  des  chagrins  &:  des  dégoiits  fans 
oler  s'en  plaindre. 

COULEUVREAU  ,  f.  m.  diminutif  de  couleuvre. 
Petit  de  couleuvre.  Muwr  coluber. 

COULEUVRÉE ,  f.  f.  mieux  que  COULEVRÉE , 
plante  rampante  qui  s'étend  fort  loin  par  des  bran- 
ches menues  &  feuillues  ,  qui  fert  à  couvrir  des 
berceaux  de  jardin,  hzcouleuvrée  eft  femblable  à 
la  vigne  par  les  feuilles,  les  bourgeons  6i  les  vrilles 
avec  lefquelles  elle  s'attache  à  tout  ce  qu'elle  ren- 
contre. Ses  fleurs ,  difpolcc-s  en  grappe ,  font  bla- 
fardes ,  &c  faites  en  forme  d'étoile.  Son  fiuit  eft 
vineux ,  &c  compofé  de  grains  femblables  à  ceux 
de  la  morelle  ,  qui  en  miiriffant  fe  changent  de 
verts  en  rouges,  &  quelquefois  en  noir.  Sa  ra- 
cine eft  grande  &  groife  plus  que  la  cuhlè  d'un 
homme  ,  longue  d'une  coudée ,  féparée  vers  fa 
queue ,  ôc  pleine  de  plulieurs  verrues  vers  fa  tête  j 
au  refte  cendrée  par  dehors ,  &  blanche  par  de- 
dans, pulpeufe,  vineufe  ,  d'un  goût  amer,  acre  & 
aftringent ,  avec  un  Jus  gluant  6c  une  odeur  forte. 
Il  y  a  auffi  une  coulcuvrée  noire  ,  que  quelques- 
uns  appellent  tan  ,  5c  en  latin  vitis  nigra  ou  uva 
taminia ,  dont  on  mange  les  premiers  bourgeons 
en  falade  comme  des  afperges.  On  appelle  autre- 
ment la  couleuvrée ,  colubrine  ou  feu  ardent ,  & 
en  latin  bryonia ,  vitis  alba  ,  viticella  ,  £/?- 
lûthrum. 

Il  y  a  une  efpèce  de  ferpentaire  qu'on  appelle 
coulcuvrée ,  qui  a  fes  feuilles  attachées  à  une 
longue  queue  ,  qui  produit  plufieurs  riges  feuil- 
lues ,  à  la  cime  defquelles  fortent  des  fleurs  her- 
beufes  &:  une  graine  en  forme  de  grappe.  Toute 
la  plante  eft  blanche ,  comme  fi  on  î'avoit  iau- 
poudrce  de  folle  farine  ;  d'ailleurs  fort  polie  & 
li/fe.  Sa  racine  eft  forte  &  groffe ,  de  couleur  fi- 
franée  &  éparpillée  çà  &  là.  Matthiole,  Des 
Charlatans  s'en  font  fervis  pour  contrefaire  les 
mandragores  ,  &  les  expofer  au  public.  Foye^  Man- 
dragore. 
COULEUVRINIER ,  (.  m.  dans  les  Preuves  de  VHi(i. 
de  Bretagne  ,  T.  Il,  p.  1350,  il  eft  fait  mentioa 
de    Couleuvriniers    à.   main.    Voyez    Coule vj(,e- 

NIER. 

|CT  COULIERES  ,  terme  de  rivière  ,  pièces  de  bois 
placées  fur  un  train  &  fervant  à  tenir  fa  branche 
en  état.  Encyc. 

ICr  COULIS ,  f.  m.  jus  d'une  chofe  confommée  à 
force  de  cuire ,  &  tiré  par  expreffion  à  travers  un 
linge  ,  une  étamine  ,  un  couloir ,  ùc.  Coulis  gras  , 
coulis  maigre  ,  coulis  de  perdrix ,  de  pigeons ,  de 
gelée  ,  d'écreviffes.  Succus  colatus  ,  percolatus. 

Coulis,  (Vent)  eft  un  air  qui  pafTe  à  travers  les 
fentes  des  portes ,  ^  des  fenêtres  &  des  cloifons 
dans  quelque  lieu  fermé.  Ventus  per  rimam  inj'~ 
piratus.  Il  eft  ordinairement  froid ,  perçant  & 
dangereux.  En  ce  fens  il  eft  adjctStif. 

Coulis  ,  en  Maçonnerie  ,  eft  du  plâtre  gâché  clair  , 
pour  remplir  les  joints  des  pierres,  &  pour  les 
ficher.  Cypfum  dilutius. 

ÇCJ"  COULISSE,  f.  f.  longue  rainure  dans  laquelle 
eft  enfermé  un  corps  mobile ,  un  châffis  ,  une  fe- 
nctie  ,  &c.  Et  dans  laquelle  on  le  fait  couler  ,  aller 
&  venir,  monter  &  defcendre.  Canaliculus.  La 
coulijfe  d'un  châffis ,  d'une  jaloulîe  :  la  coulijle 
d'une  herfe.  Les  perfpedivcs  de  machines  fe  meu- 
vent par  des  couliffès.  Les  inftrumens  de  Mathé- 
matique ont  la  plupart  des  couliffès  où  fe  meuvent 
des  boutons ,  des  pinnules ,  &  autres  choies  qu'il 
faut  approcher,  ou  éloigner  en  plufieurs  opéra- 
tions. Il  y  a  dans  les  Arts  mille  chofes  qu'on 
appelle  couliffès  ,  parce  qu'étant  appliquées ,  l'une 
contre  l'autre  ,  on  peut  leut  donner  du  mouve- 
ment en  les  tirant ,    alongeant  ,  6'c, 

0Cr  On  le  dit  auffi  du  cotps  mobile,  du  volet  qui 
va  &  vient  dans  ces  rainures,  &:  dont  on  f'c  fert 
pour  fermer.  Fermez  cette  couliffe^  Foricula  per 
canaliculos  duciilis, 

FFFFff  ij 


o^4  COU 

Coulisse  ,    terme    d'Horlogcïie.   Cc(\:   un    dcmi- 
cetcle  fous  lequel  le  râteau  du  rcflbic  Ipiral  le  peut 

mouvoir.  rn-  f 

En  termes  de  Théâtre  ,  on  appelle  couhl/ti  1  cf- 
pace    qui  eft  entre  les  pilailres  qui  ibnt  aux  deux 
côtes  du  Théâtre  ,  &  qui  fervent  a  la  décoration. 
C'eft  par  les  coulifei  que  les  Adieurs  s'introduiicnt 
fur  le  Théâtre  ,    &  qu'ils  en  fortent.    On  donne 
encore  par  extcnfion  le  nom  de  coulijfe  à  l'elpace 
qui  eft  derrière  les  pilaftres ,  &c  aux  pilailres  mêmes. 
Cet  Aéteur  eft  entré  par  une  des  couliffcs  du  de- 
vant du  Théâtre  ,   &  eft  relforti  par  une  du  fond. 
Cette  Actrice  étoir  appuyée  contre  une  des  cou- 
lijjes.  L'Auteur ,  le  Poème  à  la  main  ,  s'aifit  dans 
les  couli[fcs  à  portée  de  foaftler.  Ce  mot  vient  de 
ce  que  dans  les  changcmens  de  décoration  on  en 
fait   couler  une  nouvelle  fur  celle  que  l'on  veut 
cacher,  ou  en  faifant  couler  celle  de  deflus,  afin 
d'en  découvrir  une  autre  qui  eft  deflbus.  Les  pe- 
tits   maîtres    vonr  dans  les  couliffes  courtifer  les 
Héroïnes  de  Théâtre  ,  ou  pour  lorgner  à  leur  aile 
les  belles   qui   font    dans  les  loges.    La  ville  eft 
bonne  ,    &    l'on    y  rencontre  fouvcnt  des  fujits 
qui    valent    bien    les    Princelfcs  de  coulijfes.    Le 
Sage, 

Et  méprifans  de  vains  lauriers  , 
Bornent  tous  leurs  exploits  guerriers 
A  lorgner  dans  une  coulilîc 
(Quelque  belle  au  tendre  regard; 
Laquelle au(fi  n' efl pas  novice 
A  contre-lorgner  déjà  part.  Regnard. 

Coulisse,  terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  d'un  château 
&  d'une  tout  qui  ont  laheife  ou  la  coulijje  à  la  porte, 
Cajiellum  cataruclâ ,  porta  injiruanm. 

Les  Imprimeurs  appellent  coulijje  de  galce  ,  la 
pièce  de  bois  fur  laquelle  le  Compoiîteur  arrange 
fes  lignes,  Tahella  hinc  &  illinc per  canalem  duclilis, 
tfr  CÔULISSOIRE,  f  £  petite  écouenne  dont  les 
faâieurs  de  mulette  le  fervent  pour  crcufer  les  cou- 
liffes des  Bourdons.  Encyc. 
UCT  COULOGNE ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la 
Gafcogne  Touloulaine,  à  fcpt  lieues  de  Touloulè  , 
en  allant  vers  Leytoure. 
fp-  COULOIR,  f.  m.  C'eft  ainli  qu'on  appelle  un 
petit  vailfeau  dont  on  le  fert  pour  couler  le  lait  à  me- 
fure  qu'on  le  tire.  Colum.  C'eft  une  efpcce  d'ecuelle, 
ordinairement  de  bois ,  qui  au  lieu  de  tond,  a  un 
morceau  de  linge  à  travers  duquel  le  lait  paife. 
ft?  Couloir   fe  \lit,  en  architectuic,  d'un   palfagc 
de  dégagement  d'un  appartement  à  un  autre.  On  K 
dit  particulièrement  en  maiine  ,  pour  exprimer  le 
palfage  qui  conduit  dans  les  chambres  du  vailîcau. 
Iter  ab  uno  loco  in  alium  pervium.  On  dit  auilî  Cii 
marine,  courier  &  couîoir. 
^fT  En  anatomie ,  on  donne  ce  nom  aux  vailfeaux 
qui  contiennent  les  liqueurs  du  corps  humain.  Les 
couloirs  de  la  bile.  A^oy^^;  Vaisseaux  ,  terme  d'A- 
natomie. 
COULOIRE.  f  f.  PafToire,  vailfeau  troué  pour  faire 
palier  une  liqueur,  pour  faire  égourer  ce  qui  eft 
trop  humide  ,  fîCT  ou  le  fuc  de  quelque  fubftance 
acide  que  l'on  reçoit  dans  un  autre  vailfeau  pour  en 
faire  un  coulis ,  une  fauce ,  &c.  Une  couloire  d'A- 
pothicaire. Une  couloire  de  preflbir.  Colum. 
COULOMB  ,  f.  m.  pigeon.  Cohunhus.  C'eft  un  vieux 

mor. 
gCJ"  COULOM  -  CHA  ,  nom  que  l'on  donne  en 
Perle  aux  Gentilshommes  que  le  Roi  envoie  aux 
Gouvetneurs  des  Provinces  ,  aux  Vice-Rois  ,  ,5 
autres  per'bnnes  conlîdérables.  Ce  mot  lignifie  ef- 
clave  du  Roi ,  non  qu'ils  foient  efclaves  ,  mais  pour 
marquer  feulement  qu'ils  font  entièrement  dévoues 
au  fervice  du  Souverain.  Ce  font  laplûpnrt  des  en- 
fans  de  qualité  ,  élevés  dès  leur  jeunelfc  à  la  Cour, 
pour  s'y  rendre  capables  des  plus  grands  emplois. 
Le  Roi  les  envoie  porter  fes  préfens  ou  fes  ordres  aux 
Gouverneraens,  Celui  vers  lequel  ils  font  envoyés 


COU 


doit  leur  donner  un  riche  habit  à  leur  arrivée ,  &  un 
prêtent  convenable  à  leur  qualité  ,  quand  ils  s'en  re- 
tournent. Souvent  même  le  Roi  taxe  le  prêtent  qu'on 
doit  faire  à  ton  Coulom-cha  :  dans  ce  cas  on  eft 
obligé  de  le  payer  d'abord  ,  comme  une  dette  ,  & 
de  faire  encore  des  libéralités  félon  le  mérite  de 
l'envoyé  ,  Si  le  crédit  qu'il  a  à  la  Cour.  Chardin. 
Voyage  de    Perje. 
COULOMMIERS  ,  petite  ville  de  commerce ,  agréa- 
blement fituée  à  treize  lieues  de  Paris ,   &  à  quatre 
deMeaux  entre  l'Orienr  &  le  Midi.  Elle  eft  afîife  fur 
un  bras  du  Grand-Morin  ,  qui  forme  en  cet  endroit 
une  île  alfez  étendue,  oîi  Catherine  de  Gonzagues  , 
Duchclfe  de  Longueville ,  fit  bâtir  au  liècle  palféun 
magnifique  château.  Il  y  avoir  là  un  Prieure  confi- 
dérabk  fous  le  nom  de  Stc  Foi,  &  de  la  dépen- 
dance de  l'Abbaye  de  Conques.  Il  eft  maintenant 
fécularifé.  Hijh  de  rEgliJe  de  Maux ,  tom.  \,p.  n^. 
COULON  ,  i".  m.  vieux  mot  qui  lignifioit/^zo-c-ow.  Co- 
lumhus.   Le  Roman  de  la  Rôle  dit  ,  fimple  ctoit 
comme  font  coulons.  On  fe  fert  encore  de  ce  mot  en 
quelques  endroits  ,  comme  en  Artois. 
COULPE ,  f  f.  terme  de  dévotion.  Tache  du  péché 
qui  prive  le  pénitent  de  la  grâce  de  Dieu.  Culpa. 
Les  Théologiens  diftinguent  deux  choies  dans  le 
péché;  la.  coulpe ,  qui  eft  remife  au  Sacrement  de 
Pénitence  ;  &  la  peine  qui  demande  fatisfaétion.  La 
charité  parfaite  emporte  la.  coulpe  Se  la  peine. 
CouLPE  le  dit  fur  tout  dans  les  Monaftèrcs  où  les  Moi- 
nes difent  leurs  coulpes  au  Chapitre  ,  c'eft-à-dire , 
qu'ils  avouent  publiquement  devant  leurs  frères  af- 
femblés  les  fautes  qu'ils  ont  commifes.  On  leur  dit 
quelquefois  aulfi  leur  coulpe,  c'eft-à-dire,  que  l'Abbé 
ou  le  Supérieur  les  en  avertit ,  les  en  reprend  en  pu- 
blic. Dans  les  Monaftères  de  Filles  ,  on  dit  auHî  fa 
coulpe.  Il  eft  vilible  que  coulpe  vient  du  latin  culpa. 
Quelques  Jurilconfultes  françois  fe  fervent  aulfi 
de  ce  terme  ,  en  expliquant  les  efpèces  différentes 
de  fautes  que  peut  commettre  le  locataire  ;  par  exem- 
ple ,  pour  être  refponfable  ,  ou  non,  du  dommage, 
ou  de  la  perte  de  la  chofe.  La  première  eft  lata  culpa, 
une  ignorance  groUlère  ,  une  extrême  négligence. 
La  féconde  ,  culpa levis\  une  coulpe  légère.  Latroi- 
fième  ,  culpa  levi(Jima\  la  coulpe  u^:s-\(i^hK'^.  H  ,  M. 
COULT ,  f,  m.  efpèce  de  bois  qui  fert  à  la  Médecine, 
&  à  la  Marqueterie,  Il  croît  dans  la  nouvelle  E(- 
paffne, 
COULURE,  f.  f  acftion  par  laquelle  une  chofe  coule. 
Fluxus.  Il  nefe  dit  guère  qu'en  ces  phrales.  Cequ~ 
les  Fondeurs  craignent  le  plus,  c'eft  la  coulure  du 
meta'  hors  de   leurs  moules.  La  coulure  eft  In  por- 
tion du  métal  qui  s'échappe  du  moule  quand  en 
jette  la  pièce.  La  coulure  de  la  vigne  eft  ce  oui  ar- 
rive quand  la  fîeur  de  la  vigne  qui  doit  former  le 
grain  de  railin,  au  lieu  de  fe  nouer  à  la  grappe,  s'en 
détache,  &;  coule  à  terre  par  quelque  mauvais  temps. 
Rcratio. 

^C?  La  fève  interrompue  dans  fon  mouvement  par 
quelque  caufeque  ce  foit ,  cetle  de  nourrir  les  fl:urs 
qui  tombent  fans  donner  de  fruit  :  ou  bien  ,  fi  pen- 
dant la  fleur  de  la  vigne  il  furvient  une  pluie  ahon- 
d.mte  qui  emporte  les  ibmmets  &  la  poufïière  qui 
eft  néceflaire  pour  féconder  les  plantes.  (  Kovc^ 
Examines  &  Sommets.)  La  vigne  co«/^,  point  de 
raifin.  C'eft  la  même  chofe  pour  les  blés  quand  ils 
font  en  fleur. 

COULURES  ,  f.  f.  pi.  termes  de  Pécheurs  :  ce  font 
les  deux  longues  cordes  de  crin  qui  bordent  le  haut 
&'  le  bas  de  leut  feine  ,  où  l'on  attache  les  lièges 
pir  en  haut,  &  les  pareaux  ou  cailloux  par  en  bas. 

COUODO  ,  f  m.  mefure  de  Portugal ,  qui  contient 
deux  aun°s  &  un  quart  de  Hollande  :  cette  aune  fai- 
fant cimrrefeptièmes  de  l'aune  de  Paris, 

ï:^"  COU'^.  f.  m.  Choc,  mouvement  plus  ou  moins 
violent  a'un  corps  qui  tombe  fut  un  autre,  Impreflion 
que  fait  un  corps  lut  un  autre  ,  en  le  frappant ,  le 
p-rcant,  le  divifant,  ùc.  Iclus.  Coup  de  pié,  de 
poingj  d'cpcc,  de  piftolet.  Donner  un  gtand,  ua 


cou 

petit  ro///7.  Recevoir,  détourner,  parer,  efquiver 
un  coup, 

Mcnag'e  dérive  ce  mot  du  latin  colpus  ,  qui  le 
trouve  dans  cette  iîgiiification  dans  la  Loi  Salique  , 
qu'on  prétend  dériver  du  mot  grec  x.ii7rlc^  ,  c'eft- 
à-dire  ,  ferio.  En  vieux  françois  on  difoit ,  copier 
ou  cobttr  ;  c'eft-à-dire  ,  frapper.  Du  Cangc  après 
Wendendelin  ,  dit  que  co/^Ki  ell  un  diminutif  de 
colaphus.  Et  colaphus  le  prend  dans  la  Loi  Salique  , 
Tit.  45 ,  pour  un  coup ,  &  s'y  met  pour  lignifier  les 
coups  de  t'ouec  dont  on  punit  un  enclave  coupable  -, 
&  co'pus  qui  s'y  trouve  auili ,  Tit,  lo,  s'y  prend  à 
peu  près  dans  la  même  lignification.  Voye:^  le  Glol'- 
îaire  lalique  de  Chiftlet  à  ces  deux  mots. 

On  dit  qu'un  homme  vaaux  cow/jj  tête  bai iTée.  In 
plaidas,,  ïnvulmra  rucn;  pour  dire,  qu'il  vaaux 
occalions,  au  combat  ;  qu'il  ellliie  les  coups  de  ca- 
non &  les  autres  dangers  ;  qu'il  va  faire  le  coup  de 
piftoleti  pour  dire,  qu'il  va  défier  l'ennemi,  qu'il 
va  elcarmoucher  contre  lui,  Sclopeto  hojlempctere, 

La  vicloire ,  &  la  nuit  plus  cruelle  que  nous , 
J^ous  excitaient  au  meunre,&  cùjifonàoiejit  nos  cou  ps, 

Racinf. 

On  dit  ironiquement  &  populairement  de  celui 
qui  a  été  battu ,  qu'il  a  été  le  plus  fort,  car  il  a 
porté  l' s  coups;  &  d'un  homme  qui  efl;  (ûr  l'âge  , 
que  les  plus  grands  coups  font  rués. 

En  termes  de  Marine  &  de  Guerre ,  on  dit ,  une 
falve  de  tiwt  àz  coups  de  canon  j  pour  dire,  faire 
un  lalut  de  mer  ou  militaire  en  déchargeant  l'ar- 
tillerie  6c  fes  armes,  Emijjio.  Un  coup  de  mer  -,  c'ttt 
le  choc  violent  d'une  lame  d'eau  contre  le  vaifîeau 
dans  un  gros  temps.  Commoti  maris  jlucius  major. 
Ui.  coup  de  vent.,  fe  dir  du  gros  vent,  de  la  tem- 
pête. Vehementior  ventijLutus ,  temperas.  Donner 
un  coup  de  siouvcrnail,  c'efl  pouHeravec  violence  le 
gouvernail  à  basbord ,  ou  à  flribord.  Gubernaculi 
impuljus ,  impuijio.  Avoir  des  coups  de  canon  à 
Peau.,  c'efl  les  avoir  dars  la  partie  du  vailleau  qui 
entre  dans  l'eau.  Coups  de  canon  en  bois.,  c'efl:  les 
avoir  dans  le  corps  du  vailfeau  qui  eft  hors  de  l'eau. 
Coup  de  partence  ,  eft  un  coup  de  canon  tiré  fans 
balle  ,  pour  avertir  qu'on  va  partir.  Coup  fe  dit  aulTi 
de  la  quantité  de  pouire  qu'il  faur  pour  charger  une 
srmeàfeu.  lia  quatre  coz^pj  à  cirer,  c'eft-l-dire,  il 
a  quatre  fois  la  quantité  de  poudre  qu'il  fuit  pour 
tirer. 
1^  On  appelle  cow/'  de  partence.,  ]c  coup  de  canon 
qu'on  tire  quand  une  flore  ou  un  vailfeau  part.  On 
tira  le  coup  de  partence  à  la  pointe  du  jour. 
1^  Coup  fe  dit  aulfi  de  la  marque  des  coups  qu'on  a 
reçus.  Plas;a  ,  vu/nus.  On  dit  qu'un  homme  eft 
tout  couvert  de  coups ,  percé  de  coups.  Fulneri- 
hus  confvffus.  Donner  des  coups  de  bâton  à  auel- 
<:[u'ur).  Fujiem  alicui  impingere.  Il  y  a  à  la  Chin: 
une  infinité  de  gens ,  dir  le  P.  LeComre,  qui  ne 
vivent  que  àzcoups  debâton,c'eft-à-dire,qui,pourde 
l'argent  prennent  la  place  des  coupables  que  les 
Mandarins  condamnent  à  la  baftonade. 

On  appelle  coup  de  feu,  la  blelfure  faite  par  une 
arme  à  feu. 

On  appelle  le  coup  de  grâce  ,  celui  que  l'exécu- 
teur donne  aux  patiens  fur  l'eftomac  pour  l'empê- 
cher de  languir  long-temps  ;&  figurémenr,  le  der- 
nier coup  qu'on  porte  à  quelqu'un  pour  achever  de 
le  perdre. 

On  appelle  un  coup  orbe,  un  coup  fait  par  un 
infiniment  contondant ,  qui  fait  une  conrufion  fur 
la  chair  ,  fans  ouverture.  Contufio.  Un  coup  d'eflra- 
macon  ,  un  grand  co///?  qui  fe  fair  par  le  tranchant 
d'un  coutelas,  Vulnus,  plar'a.JJn  coup  fourré  ,  le 
ccrp  réc'proque  que  deux  ennemis  fe  portent  en 
même-temps.  Mutua  ruinera. 

On  dit  fîçurément  &:  familièrement ,  porter  un 
cc'/p  fo'.irré  à  quelqu'un,  lui  rendre  en  fecret  un 
rnnuvais  office. 
fer  On  appelle  coa^  de  fan^i  répanchemcnc  fubic 


COU 


9^1 


qui  fe  fait  dans  le  cerveau  par  la  rupture  de  quel- 
ques vaifleaux  fanguins. 

IJCr  Couple  dit  aulH  d'un  mouvement  impétueux , 
tel  que  celui  du  vent,  ^^oye^  Coup  j  terme  de  Ma- 
rine. 

^^3"  Coup  defoleil.  Imprelfion  violente,  fouvcntmor- 
telle,que  fait  unjoleil irdenx.  fur  ceux  qui  y  font  ex- 
pofcs.Un  tel  a  eu  un  coup  de  j'oleil,  a  été  frappé  d'un 
coup  de  foleil.  Cet  accident  arrive  ordinairement 
lorfqu'il  vient  à  fortir  de  deflbus  un  nur.ge,  &  darde 
fes  rayons  fur  quelque  partie  du  corps  découverte. 

IJC?  Coup  de  tonnerre ,  bruit  qui  accompagne  ou  qui 
fuit  une  éclair.  Tonitru^  tonitrui  fragor.  On  le 
dit  aufTi  de  l'adlion  du  tonnerre.  Ictus  fulmmum.  Il 
a  été  tué  d'un  coiip  de  tonnerre.  Voyez  Tonnerre. 

0C?  On  dit  ironiquement  ôc  familièrement  d'une  pet- 
fonne  qui  divulgue  tout  ce  qu'elle  fait,  qu'elle  eft 
fecrette  comme  un  coup  de  tonnerre  ,  ou  comme  un 
coup  de  canon. 

En  termes  de  Fauconnerie  ,  on  dit  que  Toifeau  a 
pus  coup ,  lorfqu'il  s'efl  heurté  rudement  contre  fa 
proie  ,  ou  contre  quelqu'autte  chofe,  Frcedam  ad- 
verfo  pecîore  impetere.  Quand  i'ôifeau  a  pris  coup  , 
faites  bouillir  dans  du  vin  de  la  fauge ,  de  la  mente  , 
du  pouliot  &  de  la  guimauve  ,  &  étuvez  de  ce  vin 
avec  une  éponge  le  lieu  malade  ,  jufqu'à  ce  que 
l'oifeau  fue  ;  puis  mettez  fur  ce  même  endroit  de 
l'encens  en  poudre ,  de  la  guimauve ,  mêlés  dans 
du  blanc  d'œuf ,  après  eliliyez  l'oifeau  au  feu  , 
S:  le  tenez  chaudement ,  &  faites  cela  deux  fois  le 
Jour ,  jufqu'à  ce  que  l'oifeau  foit  amendé. 

Coup  fe  dit  aulfi  des  opérations  légères,  qui  fe  font 
fur  un  corps  pour  le  guérir ,  pour  le  loulager  de 
quelque  incommodité,  11  lui  faut  donner  un  coup 
de  lancette  ;  pour  dire , .  il  le  faut  faigner.  Un  coup 
debiflouri',  pour  dire,  il  lui  faut  percer  quelque 
apoftème  ,  couper  quelques  chairs,  Venam  ,  apotie- 
ma,  carnem  incidere.  Un  coup  de  rafoir  -,  pour  dire  , 
il  le  faut  rafer,  Kadere.Xin  coi:p  dépeigne-,  pour 
dire,  il  le  faut  peigner.  Peclere.  On  dir  aulîl , donner 
un  coup  de  corne  à  un  cheval,  Vove^  Corne. 

Coup  fe  dit  aulfi  des  aclions  qui  fe  réitèrent,  &  lignifie 
fuis.  Un  homme  lobre  ne  boit  que  deux  ou  trois 
coups  à  l'on  repas.  Semel ,  bis,  ter  ,  frc.  Ce  tour 
efl  difficile  à  faire,  à  deviner,  je  vous  le  donne  en 
dix  coups.Xin  canon  en  batterie  tire  douze  à  quinze 
coups  par  heure.  Paifc  pour  le  coup  ;  pour  dire,  je 
pardonne  pour  cette  fois-ci.  Hàc  vice,  gCJ"  On  dit 
donner  un  coup  d'oeil  fur  quelque  ouvrage  ,  y  jeter 
les  yeux.  Jntuitus,  Cette  mailbn  plaît  au  pr  miec 
coup  d'œil  ;  fon  premier  afpedl  fair  plailîr.  Cer  hom- 
me à  le  coup  d'œil  excellent,  il  connoît  d'abord  tout 
ce  qu'il  lui  importe  de  lavoir.  On  dit  aulfi ,  faire 
d'une  pierre  deux  coups  ;  pour  dire,  tirer  deux  avan- 
tages d'une  même  adlion.  Und  atque  eâdem  operd 
aliijuid  facere  ,  ou  pour  rendre  ce  proverbe  fran- 
çois par  un  autre  larin.  Duos  parietes  de  eâdem  fi' 
delid  dealbare:  On  dit  d'une  atlion  qui  ne  fait  ni 
bien  ni  mal  •,  c'efl  un  coup  dans  l'eau  ,  un  cou  perdu. 
Ictus  vanus  ,  irritus  ,  inanis.  On  dit  encore,  don- 
nez un  coup  de  pié ,  un  coup  d'éperon  jufques-là  j 
pour  dire ,  allez  vite  jufqu'à  un  tel  endroit,  Fropera 
alijuo. 

Coup  fe  dit  aufTi  des  aélions  quife  font  promprement. 
Ce  Capitaine  a  dix  mille  hommes  prêts  à  s'armer  au 
premier  co/z/J  de  tambour.  Ad  tympani  fonuni.  Les 
voleurs  s'amallent  avec  un  coup  de  (\^ex.Ad Jibilum, 
Un  Financier  peut  être  ruiné  d'un  coup  de  plume, 
Duclu  calami  :  On  donne  bien  des  coups  de  chapeau 
à  celui  qui  peur  faire  du  bien  ou  du  mal  -,  c'efl:  à- 
dire  ,  ovAe  i-iXwe.  Salutatio.  Exprelfion  bourgeoile 
&  familière.  On  dir  d'un  homme  qui  ne  prend  point 
de  parri ,  qui  n'efl-là  que  pour  juger  des  coups.  Mé- 
dius rerum  utrinque  fpeclator  otiofus. 

Coup  fignifie  quelqu'^fois  tour  fubtil ,  adrefTe,  promp- 
ritude  à  faire  quelque  choie,  Solertia,  indujiria  , 
fraus,  dolus ,  &c.  Voilà  un  coup  de  Rn  matois, 
d'un  chicaneur.Ce  coupeur  de  bourfes  a  eu  bientôt 


k 


^66  COU 

fait  Ton  coup.  Cet  homme  vous  a  trompé  ,  ce  font 
de  Tes  tours ,  de  l'es  coups  ordinaires. 

Coup  fe  dit  audl  des  actions  ,  ou  des  ent reptiles 
hardies,  des  complots,  ou  des  deileins  extraordi- 
naires ,  (bit  en  bien  ,  ibit  en  mal.  Opus ,  facinus  , 
Tcs  maximi  adrerumf  mmam  momenti.  I-a  prile  de 
la  Rochelle  fut  un  coup  d'Etat.  La  paix  de  Cafal  lut 
un  coup  de  tctc,  &  quelques-uns  ont  ajouté  un  coup 
de  chapeau  ,  parce  que  M.  Mazarin  qui  la  fit  en  de- 
vint Cardinal. 

^3"  Coup  d'état  (  Un  )  efl:  un  coup  utile  au  bien 
public.  Un  co/ZjP  de  tète  ,  un  coup  d'un  grand  juge- 

■  ment.  Quelquefois  auili  par  coup  de  tête  ,  on  en- 
tend une  action  étourdie.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on 
dit ,  voilà  un  coup  de  la  tête. 

|p=  Coup  d'état ,  coup  de  partie,  dans  le  fens  figuré  , 
fi2:nifie  une  adion  qui  décide  du  fuccès  d'une  arfairc. 

Coup  de  Maître  ,  coup  d'habile  homme. 
Mes  pareils  à  deux  fols  nefe  font  point  connaître. 
Et  pour  leurs  coups  d'efai  veulent  des  coups  de  maître. 

On  dit  au  contraire,  l'adion  de  Caton  fut  blâ- 
mée ,  parce  que  c'étoit  un  coup  de  défcfpoir.  Ctt 
homme  eft  un  traître ,  capable  de  taire  un  méchant 
coup.  Malum  facinus.  On  lui  a  fait  manquer  un  beau 
coup. 

Ha  \Jipour  un  moment  vous poiivîe^  voir  vous-mime  , 
Pour  i^uels  coups  on  fe  fert  de  votre  nomfuprime. 

Campistron. 

Coup,  fe  dit  encore  des  efforts  ,  &  des  tentatives 
qu'on  tait  pour  venir  à  bout  de  quelque  choie.  Co- 
natus. 

Ils  veulent  aujourd'hui  qu'un  mime  coup  mortel , 
Abuliffe ton  nom,  ton  temple,  ton  autel.  Racine. 

Coup  d'ejfai,  premier  ouvrage  d'un  homme  en  quel- 
que art ,  première  épreuve  qu'il  fait  de  ce  qu'il  lait 
en  cet  art.  Primum  opus ,  primum  artis  tentamen  , 
ou  tentamentum.  Artis  ou  doclrince  fpecimen.  Il 
faut  l'exculér  ,  s'il  n'a  pas  li  bien  réulli,  c'eft  ion 
coup  d\'ffai.  Pour  votre  coup  d'effai ,  vous  avez  fait 
un  coup  de  maître. 

Lorfjue pour  coup  d'ellai  de  tes  nobles  exploits  , 
On  te  voit  entaffer  vicloire  fur  vicloire  ; 
Que  par  cent  actions  tu  ternis  la  mémoire 
Des  plus  grands  Conquérans  &  des  plus  fages  Rois. 

R.EGN.  DES  MAR. 

ffF  Coup  d'effai,  coup  de  Maître  ,  dit  Voltaire  dans 
fes  remarques  fur  le  Cid  ,  termes  familiers  qu'on  ne 
doir  jamais  employer  dans  le  ftyle  tragique. 

|Cr  Corneille  a  dit  dans  Heraclius. .  le  bras  qui  fait 
fes  lâches  coups  :  on  ne  fait  point  des  coups.  On  dit 
dans  le  ftyle  familier,  faire  un  mauvais  coup  ,  mais 
jamais  faire  des  coups, 

^3"  Corneille  a  fait  encore  un  mauvais  ufagedu  même 
mot  dans  Rodogune ,  en  difant  rompre  le  coup.  On 
ne  rompt  point  un  coup  :  on  le  pare ,  on  le  détourne, 
on  l'aftbiblit ,  on  le  repouflé.  De  plus,  on  prononce 
ces  mots ,  comme  rompre  le  cou.  Il  faut  éviter  cette 
équivoque.  Si  l'exprelfion  ,  rompre  un  coup,  eft 
prifc  des  jeux ,  comme  par  exemple ,  du  jeu  de  dez, 
où  l'on  dit  rompre  le  coup,  quand  on  arrête  les  dez 
de  fon  adverfaire,  cette  figure  alors  eft  indigne  du 
ftyle  noble. 

^3"  Qovv  de  Jarnac  ,  coup  moxr.ç\  &  imprévu.  Il  lui 
a  donné  un  coup  de  Jarnac,  le  coup  de  Jarnac  :  ce 
qui  le  prend  toujours  en  mauvaife  part  ,  pour  un 
tour  auquel  on  ne  s'attend  pas,  qui  ruine  quelqu'un, 
ou  détruir  la  fortune  ,  par  allufion  au  Duel  où  Jar- 
nac tua  la  Châtaigneraie  par  un  coup  imprévu. 

On  dit  figurément  &  familièrement,  cet  homme 
a  un  coup  de  hache  ;  pour  dire  ,  qu'il  a  un  grain  de 
folie. 

Coup  fe  dit  aulfi  des  événemens  extraordinaires  qui 
font  des  effets  de  la  Providence ,  .de  quelque  caufe 


COU 

inconnue  ,  de  la  fortune,  du  hafard.  Le  fuccès  de  1» 
bataille  gagnée  par  Charles  Martel  fut  un  coup  du 
ciel.  Divuiitu.,faclum  eji,&c.  On  le  dit, en  ce  fens, 
de  tous  les  événemens  merveilleux  qu'on  ne  doit  pas 
attendre  natutellement.  La  mort  du  Roi  Henri  II 
fut  un  grand  coup  de  malheur.  Fatali  cajii  contigit. 
L'élévation  &  la  chute  de  Séjan  furent  des  coups  de 
la  fortune.  Ce  brave  eft  allé  exécuter  une  entr-jpiife 
fore  dangereufe,  c'eft  un  grand  coup  de  hafard  s'il  en 
écha.ppe.  Cafus.  Les  Grands  font  bien  plus  cxpofés 
aux  coups  de  la  fortune  que  les  autres.  Fortuncz  ca- 
Jlbus  obnoxius.  Maleb. 

Vous  vous  trouble:^  beaucoup , 
Mon  cceur  n'ejl point  du  tout  ébranlé  de  ce  coup.  Mol,' 

Coup  de  Théâtre,  en  termes  de  Poëfie  dramatique  ,  eft 
un  événement  lurprenant  qui  frappe  tout  d'un  coup 
l'efprit ,  parce  qu'on  ne  s'y  attendoit  pas.  Il  y  en  a 
de  deux  fortes ,  une  d'aétion  ,  l'autie  de  penfée.  La 
première  a  plus  de  force  que  la  feconde.On  en  rrouve 
deux  exemples  dans  Molière  ;  la  Scène  de  Valere 
amené  à  Ifabelle  par  fon  tuteur  même  ,  dans  l'Ecole 
des  Maris  ;  îk  dans  George  Dandîn  ,  l'aélion  d'An- 
gélique qui  fait  lémblantde  lé  tuer.  Voyez  les  Ob- 
ferv.fur  la  Com.  &  fur  le  Génie  de  Molière  de  M.  Rie- 
coboni. 

Coup  s'emploie  aulTi  en  toutes  fortes  de  jeux,  tant 
pour  la  répétition  de  l'action  ,  que  pour  la  manière 
de  jouer ,  &:  pour  certaines  rencontres  qui  fe  font 
dans  le  jeu.  Il  a  fait  au  Piquet  un  coup  de  8o  points. 
Numerum  oclo^ejimum  explevit.  A  la  boule  ,  il  a 
mis  un  coup  fur  le  but.  Hccjît  in  meta.  A  la  Paume, 
il  a  fait  un  coup  de  grille  ,  de  dedans  ,de  tambour, 
PiLim  in  fenejtram  ,  in  tympanum  trufu  ,  impulit , 
d'arrière-main  ,  aversâ  manu  pilam  hidere.  Aux 
dés,  coup  de  dés,  tefferarum  jaclus.  On  entend 
par  coup  de  dés  les  différentes  combinaifons  que 
les  dés  peuvent  amener.  lia  fair  un  beau  co/z^p  de 
dés ,  il  a  tait  un  coup  de  râtle.  Jaclus  veneris.  Au 
Triiilrac  coup  &  dés ,  pour  fignifier  que  le  caup  que 
l'on  joue  pour  voir  qui  aura  le  dé  fert  aulli  de  coup 
pour  le  jeu  ,  en  forte  que  celui  qui  a  le  dé  marque. 
Aux  Dames ,  il  a  fait  coup  de  deux  ,  de  trois.  Scru- 
pos  ,  latrunculos  duos  uni  eâdemque  operà  cepit , 
abjiulit.  On  dit  aulFi ,  il  a  le  coup  fur  lui  ;  c'eft-à- 
dire  ,  qu'il  ne  gagne  que  parce  que  c'eft  à  lui  à 
jouer  ,  Fîcit  quia  lufu  prior.  Il  a  un  coup  lûr  ; 
pour  dire  ,  il  a  beau  jeu  ,  un  moyen  de  gagner  in- 
failliblement. 5e«i  ,  feliciterqueludere.On  dit  aulfi, 
voilà  un  coup  de  partie  ;  pour  dire,  qui  donne  un 
grand  avantage,  d'où  dépend  le  gain  delà  partie: 
ce  qui  le  dit  au  figuré  dans  toutes  les  affaires  férieu- 
fes ,  lorfqu'on  a  quelque  préjugé  pour  foi ,  ou  qu'on 
a  des  avantages ,  des  facilites  de  les  taire  réuHir, 
Opus ,  facinus ,  res  egregii  ad  rem  alîquam  momenti. 
On  dit  aufli  un  coup  de  filet  ;  pour  dire  ,  le  jet  da 
filet  dans  l'eau  pour  prendre  du  poiflbn.  Retinm 
jaclus.  Au  premier  coup  de  filet  ils  prirenr  une  in- 
finité de  gros  poilfons.  On  dit  aulfi  figurément  , 
voilà  un  bon  coup  de  filet ,  quand  on  lùrprend 
plufieurs  perfonnes ,  ou  quand  on  réulTit  en  quel- 
que chofe  d'avantageux. 

Coup  carreau  jeu  de  Trictrac  ,  quand  les  nombres 
font  tellement  placés  pat  rapport  au  plein  qu'on 
veut  faire  ,  qu'il  faut  amener  des  nombres  pairs 
pour  remplir. 

Coup  du  Roi  ,  terme  du  jeu  de  Billard.  Il  fe  dit 
lorfque  la  bille  de  l'adverfaire  eft  immédiarcmcnt 
au  delfus  d'une  des  bloufes  du  milieu,  &  qu'on 
poulfe  la  lienne contre  la  bande  du  bout,  afin  qu'en 
revenant  elle  la  frappe  par  derrière ,  &:  la  falTe  au 
milieu.  Coup  de  cul ,  eft  audl  un  terme  de  billards 
il  fe  dit  lorfque  la  bille  du  joueur  frappe  celle  de 
fbn  adverfaire  par  derrière.  Pofiica  perçu ffio.  Coup 
de  trois ,  c'eft  lorfque  l'on  manque  à  frapper ,  Sc 
que  l'on  fe  perd,  ou  en  fautant  ou  en  coulant  dans 
la  bloufe.  Coupiec  ,  eft  un  coup  qui  le  fait  en  frap- 
pant du  billard  contre  la  bille ,  &  le  retirant  aufli- 


cou 

jtôt,  au  lieu  que  dans  l'oMinaite  on  pouffé  h 
bille,  &  on  la  conduit  avec  le  billard.  On  joue  à 
coi/p  lec  de  crainte  de  billarder.  Lorfque  la  bille 
tient  du  fer  on  ell  obligé  de  jouer  à  coup  lec  ou  de 

f    bricole. 

Coup  Ce  dit  fîgurément  de  ces  affligions  imptcvues 
qui  font  comme  des  traits  qui  nous  percent  le  cœur. 
Fanejlus  ,  facalis  >  infelix  cafus,  La  nouvelle  de  la 
mort  de  fa  femme  fut  un  coup  mortel  pour  lui. 
Quand  ce  favori  apprit  la  nouvelle  de  fa  dilgrace, 

.-   ce  fut  un  coup  de  foudre  qui  l'abattit. 

^fT  On  dit  5  dan";  le  même  fens ,  un  coup  de  maflue  , 
événement  imprévu  ,  étonnant  ,  accablant  ,  &c. 
Cette  nouvelle  a  été  pour  lui  un  coup  de  malluc. 
Coup  de  foudre  eft  plus  noble. 

Coup  fe  dit  auHi  des  atteintes  &;  des  blefllires  que 
caufent  les  pallions.  Icius  ,plaga  ,  vulnus. 

Non  ,  mortels  d^pUiJîrs  ,je  ne  crains  point  vos  coups. 

Voit. 

':Ah  !  de  quel  coup  me  percez-vous  le  cœur  ? 

Racine. 

Le  chagrin  me  dévore ,  6*  mon  ame  abattue , 
Sans  force  ,  fans  Jecours ,  cède  au  coup  qui  la  tue, 

La  Suze. 

L'amour  me  fait  fentir  fes  plus  funejles  couçs. 

Racine. 

Vos  regards  font  mortels ,  leurs  cou^sfoniredoutabhs. 

Id. 

Coup  fe  dit  encore  figurément  des  traits  fatyriques , 
ou  des  attaques  qui  fe  font  par  le  difcours.  Petitio, 
iclus  j  malediclum.  Cette  femme  donne  toujours 
quelque  coup  de  bec  à  fa  rivale.  Ce  Satyrique  don- 
né toujours  quelque  coup  de  dent ,  quelque  coup 
de  pinceau  à  Ion  ennemi. 

On  dit ,  en  Morale  ,  qu'une  chofe  porte  coup  ; 
pour  dire  ,  qu'elle  eft  importante  ,  qu'elle  tire  à 
confcquence.  Opus  ,  facinus  aliquod  magni  mo- 
memi ,  &c. 

On  dit ,  en  Maçonnerie ,  qu'un  mur  prend  coup; 
pour  dire  ,  qu'il  fait  ventre  ,  qu'il  n'eft  plus  .à 
plomb.  Cafum  ,  ruinam  minari. 

Coup  fe  prend  auill  adverbialement.  Une  ville 
en  Suifle  eft  fondue  towK.-a.-coup  ,  en  un  moment. 
Repente ,  fubitb.  Perfonne  ne  devient  fcélérac  tout 
d'un  coup,  S.  REAL.  Nenio  repente  fuit  turpifjimus, 
ïl  lui  vint  cette  année  deux  fuccelfions  tout-d'un- 
coup  ;  c'cft-à-dire,  en  même-temps,  Eodem  tempote. 
Tout-à-coup  marque  mieux  que  tout-d' un-coup  , 
que  la  chofe  eft  arrivée  brufquement  ;  &  dans  l'inf- 
lant  même  ,  &  qu'il  y  a  de  la  furprife  ;  c'eft  pour- 
quoi il  ne  faut  pas  les  employer  toujours  indiifé- 
remmenr.  Comme  on  ne  va  pas  tout-d'un-coup  à 
la  corruption  entière  ,  il  y  eut  un  paffage  de  l'hon- 
neur à  l'intérêt.  S.  EvR.  Le  plus  grand  mal  dans  le 
tcnverfement  des  grandes  fortunes ,  c'eft  qu'il  arri- 
ve tout-a-coup,  PoRT-R.  Souvent  les  malheurs  font 
epchaînés  &  arrivent  coup  fur  coup  ;  c'eft-à-dire  , 
immédiatement  l'un  après  l'autre.  A  ce  coup  il  fe 
faut  réjouir  ;  c'eft-à-dire  ,  en  cette  occafion.  Nunc 
Autcm,  Cela  ne  vient  qu'après  coup  ■■,  pour  dire , 
quand  on  n'en  a  plus  que  faire  ,  quand  on  fait  déjà 
une  chofe.  Prccpoftere.  Il  a  tiré ,  il  a  joué  à  coup  per- 
du ,  nullum  infcopum  iclum  dirioens  ;  c'eft-à-dire  , 
fans  vifer  à  aucun  but  certain.  Il  arrive  à  rous  coups  \ 
c'eft-à-dire  ,  fort  fouvent ,  £'c.  Jîngulis  momentis. 

§3*  Coup.  (Encore  un)  Façon  de  parler  dont  Racine 
fait  fouvent  ufage,  condamnée  par  Voltaire  com- 
me trop  familière  &  prefque  bafle.  La  critique 
n'eft-elle  pas  un  peu  trop  rigoureufe.  On  s'en  ferc 
principalement  lorfqu'on  répète  avec  vivacité  ce 
qu'on  a  déjà  dit •,  encort' K/z  coiip,]e  vous  dis  que 
cela  n'eft  pas  vrai.  Iterùm. 

CûupSc  a  Coup  s'eft  dit  autrefois  adverbialement  pour  , 


^^7 

à  ptélenc ,  en  ce  moment.  Nunc  ,  hoc  ipfo  tem- 
pore. 

tfT  COUPABLE  ,  adj.de  t.  g.  fouvent  employé  fubf- 
tantivement ,  qui  a  commis  une  faute  ,  un  crime  \ 
une  mauvaife  aclion.  Sons ,  nocens.  Il  femble  que 
la  juftice  de  Dieu  ne  peut  permettre  que  l'in- 
nocenr  ferve  de  viétime  pour  expier  le  crime  des 
coupables.  Cl.  Celui  qui  boit  6c  mange  indigne- 
ment ce  pain  ,  fe  rend  coupable  du  iàng  du  Sei- 
gneur. Pi:liss.  Celiù  qui  fe  fent  coupable ,  f^\.en<i 
pour  lui  tout  ce  qu'on  dit.  S.  ReAl.  Nous  dimi- 
nuons l'idée  de  nos  défauts  en  les  regardant  com- 
me communs  à  bien  d'autres ,  &  en  nous  cachant 
dailsla  foule  des  <:o///;^/^/dj.NicoL.  J'avois  tropd'in- 
térct  moi-même  à  votre  innocence  pour  en  dou- 
ter,  &  li  je  vous  avois  trouvée  coupable  ffen  euf- 
fe  été  bien  puni  le  premier.  Voit.  Un  coupable 
puni  eft  un  exemple  pour  la  canaille  5  un  inno- 
cent condamné  eft  l'affaire  de  tous  les  honnêtes 
gens.  La  Bruy.  La  bonne  foi  qui  accompagne  l'i- 
gnorance excufe  le  coupable ,  èc  ôte  lin  degré  d'a- 
trocité. 

L'abfcnce  des  remords  efl  dans  un  cœur  coupable. 
D'un  Tyran  achevé  la  marque  indubitable. 

QUINa 

Une  coupable  aimée  eft  bientôt  innocente, 

MOLL» 

De  rintérét  du  Ciel  pourquoi  vous  chargez-vous  ?  . 
Pour  punir  le  coupable  a-t-il  befoin  de  vous  ? 

Id. 

IP"  Corneille  a  dit  dans  jy^râc/iW. 


//  confpira  lui  feul 


Mon  nom  feul  efi  coupable  j 


ItO*  On  ne  peut  pas  dire  qu'un  nom  a  confpiré  j 
bien  moins  encore  qu'il  a  confpiré  feul  :  mais  , 
mon  nom  feul  ejl  coupable ,  eft ,  dit  Voltaire ,  une 
très-noble  hardieflé  d'exprellîon. 

I^  Coupable  fe  dit  ,  en  jurifprudence  ,  d'un  ac- 
cufé  convaincu.  L'accufé  ne  peut  être  qualifié 
coupable  ou  criminel ,  que  quand  il  eft  convaincu 
du  crime  q  l'on  lui  impute  ;  jufque-là  il  n'eft  ^a'^c- 
cufi. 

On  dit  proverbialement  que  l'innocenc  pâtit 
fouvent  pour  le  coupable  ,  le  bon  pour  le  mau- 
vais. 

COUPANT  ,  ANTE  ,  adj.  qui  coupe  ,  qui  tranche, 
Secans ,  incidens.  Les  Chirurgiens  rapportent  que 
cette  plaie  a  été  faite  par  des  inftrumens  coupans 
&  tranchans. 

Coupant  ,  f.  m.  pièce  d'or  ou  d'argent  du  Japon, 
C'eft  aufli  un  petit  poids  ,  dont  on  le  fert  dans  l'île 
de  Bornéo  ,  pour  pefer  les  diamans. 

COUPANS.  Ce  mot  fe  ttouve  dans  Pomey  ,  pour  li- 
gnifier les  bords  des  deux  côtés  de  l'ongle  du  fan- 
slier.  Apraricefolece.  cultellata  latera, 

COUPARA.  f.  £  Efpèce  de  Laque. 

COUPÉ  ,  pas  de  danfe.  Voyez  Coupe  participe. 

COUPE  ,  f  f.  féparation  d'un  corps  folide  ,  continu 
en  plufîeurs  parties.  Cafio  ,  cœfura. 

Coupe  fe  dit  auffi  de  cette  même  féparation  qu'on 
fait  pour  effayer  &  découvrir  la  bonne  ou  mauvaife 
qualité  d'une  chofe  qu'on  coupe.  Je  ne  veux  ache- 
ter les  melons  qu'à  la  coupe.  On  connoît  la  bonté 
du  drap  à  la  coupe.  On  n'a  pu  découvrir  la  faufletc 
de  cette  monnoie  qu'à  la  coupe. 

Coupe  lignifie  auffi  l'art  &  la  manière  de  tailler  les 
pierres  &  plufîeurs  autres  chofes.  Secîio.  Le  Père 
Déran ,  Jéfuite  ,  a  fair  un  beau  Traité  de  la  Coupe 
des  pierres,  Philibert  de  Lorme  en  a  auffi  écrit 
moins  amplement.  ItT  Les  pierres  fe  caffenr  à  la 
coupe  ,  fi  on  n'entend  bien  la  coupe.  On  le  dit  auffi 
de  l'endroit  par  où  l'étoffe  eft  coupée,  cette  étoffe 
eft  belle  à  la  coupe.  On  dit  auffi  qu'une  écoifg  cû 


y6%  COU 

dure  à  la  couve  ,  qu'elle  rcfifte  au  cifeau.  Les  Scul- 
pteurs dilenc  auHi  ,  la  coupe  du  bois;  cC  les  Gra- 
veurs ,  la  coiife  du  cuivre  ;  de  les  Cordonniers  ,  la 
coupe  du  cuir ,  en  parlant  de  l'art  de  les  tailler. 

gCT  La  Coupe  d'une  pierre ,  en  atchitcClure  ,  eft  la 
direClion  d'un  lit  ou  d'un  joint  perpendiculaire  à  la 
flirface  droite  ou  courbe  de  la  douelle  ou  de  la  tê- 
te d'un  voufroir  ,  mais  oblique  au  plafond  dans 
les  plate-bandes. 

^  Coupe  lignifie  auiTi  quelquefois  rinclinaifon  des 

joints  des  vouilbirs  d'un  arc  &:  des  claveaux  d'une 
plate-bande.  On  dit  dans  ce  lens  donner  plus  ou 
moins  de  coupe. 
ffT  Cov  p-E  des  cheveux,  terme  de  Perruquier,  ma- 
nière de  les  tailler  6c  de  les  ctager. 
|Cr  Coupe  d'hahits  ,  t?rme  de  Tailleur ,  manière  de 
tailler  toutes  les  pièces  qui  entrent  dans  la  compo- 
fition  d'un  habit.  Un  tailleur  doit  avoir  la  coupe 
bonne. 
fC?  Coupe  ,  dans   les  manufadures    de  lainage  ,  fe 
dit  de  chaque  tonture  que  les  tondeurs  donnent 
aux  draps. 
Coupe,  dans  un  fens  prefque  fcmblable ,  ie  dit  en 
termes  d'Architecture  &c  de  Charpenterie  ,  de  la  re- 
ptéfentation  d'un  édifice,  d'un  bâiiment  de  terre, 
ou  de  mer.  Coupe  perpendiculaire  d'une  Eghie , 
d*un  corps  de  logis  ,  d'un  vaifleau,  d'un  moulin 
à  vent ,  &c.  Coupe  horizontale. 
Coupe  fignifie  aUfll  la  quantité  de  bois  qui  eft  defti- 
né  à  être  coupé ,  6c  le  remps  propre  à  la  taire,  de- 
fura  ,  fe&ura ,  ae/io  ,  fc cl io.  La.  coupe  de  bois  ne  fe 
doit  faire  qu'en  hiver  6c  hors  de  la  lève.  Les  coupes 
de  taillis  le  font  de  neuf  en  neuf  ans  :   lelon  la 
bonté   des    terres  ,  on  les  partage   en  coupes  ré- 
glées. Voilà  des  bois  qui  font  en  coupe.  Les  Maî- 
tres des  Eaux  &  Forêts  ont  jugé  une  telle  coi/pe 
de  bois 
Coupe   fe  dit  auffi  de  cette  divilîon  des  cartes  qui 
fe  fait   en  deux  parties    par  celui  qui  eft  au  côté 
gauche  du  joueur  qui  les  a  battues.  Divijio.  On 
voit  des  joueurs  qui  croient  que  certaines  ^ens  ont 
une  coupe  malheurcufe,  qui  ne  veulent  point  être 
fous  leur  coupe.  Ils  appellent  une  coupe  foircufe  , 
celle  qui  n'eft  pas  nette  ,  6c  dont  on  laiffe  échap- 
per quelques  carres  en  coupant. 
^CFDans  ce  fens,  on  dit  figurément  &:  familièrement , 
être,  fe  trouver  fous  la  coupe  de  quelqu'un,  être 
dans  fa  dépendance,  être  expofé  aux  effrts  de  l'on 
reffentiment;  vous  tomberez  quelque  jour  fous  ma 
coupe  ,  je  vous  revaudrai  cela. 
fer  COUPE,    f.   f.  Talfe  ,  vafe   ordinairement  plus 
large  que  profond  ,  lérvant  à  boire.  Pater  a ,  cnuer  , 
poculum   ,    cuppa   ,     calix.   Ce  mot  eft    noble  , 
■     Ôc  rcfervc  aux  chofes  facrées  èc  au  ftyle  fublime. 
Un  calice  doit  avoir  tout  du  moins  fa  coupe  d'ar- 
gent ;  le  pié  peut  être  d'étain.Les  Prêtres  anciens 
prenoient  la  coupe  poui   faire  leurs  facrifices ,  leurs 
libations.  Soctate  prit  hardiment  la  coupe  où  étoit 
le  poifon  qu'on  lui  avoit  préparé.  La  coupe  en- 
chantée de  l'Ariofte  ,  où  l'on  éprouvoit  la  fidélité 
d'une  femme.  "Ldi  coupe  des  pécheurs  répand  fur  lés 
bords  une  liqueur  trompeufe.  Aead, 

Le  neclar  efl  verfé  dans  la  céiejle  coupe. 

Racine. 

Ce  mot  vient  du  latin  cuppa  ,  ou  cupa  ,  qui 
fignifie  la  même  chofe  ,  6c  qui  vient  du  verbe  ca- 
pio  ,  propter  capacitatem.  Ce  mot  eft  très-ancien 
dans  la  langue.  Dans  la  vie  de  fainte  Geneviève , 
imprimée  par  Bollandus ,  t^  qui  eft  peut-être  celle 
que  PapiriusMalîon  dit  avoit  été  écrite  dix-huit 
ans  après  la  morrde  la  Sainte,  on  appelle  ce  vafe 
cupa^  ou  cuppa. 
Coupes.  (Fêtes  des  )  Démophon  ,  Roi  d'Athènes, 
voyant  Orefte  chargé  d'un  parricide  ,  ne  voulut 
ni  l'admettre  à  fa  table ,  ni  pourtant  l'éconduire. 
Il  s'avifa  donc  de  le  taire  fervir  féparcment  -  6:  pour 
juftifier  cette  efpècc  d'affront ,  il  voulut  qu'on  fer- 


COU 


vît  à  chaque  convive  nne  coupe  particulière  ,  con- 
tte  l'ufagc  de  ces  temps-là  ,  où  tout  le  monde  bu- 
voit  dans  la  l'acmé  coupe.  En  méirioire  de  cet  événe- 
ment ,  les  Athéniens  établirent  une  tête  ,  où  l'on 
faifoit  la  m.cme  chofe  dans  les  repas. 
Coupe  fe  dit  d'un  Calice   où  l'on  confacre  le  fang 
de  Jesus-Ciirist.  Le  Concile  d'Alexandrie  ,  en  jul- 
tifiant  S.  Athanafe  fur  le  calice  d'Ichyras  dit,  puif- 
qu'il  n'y    avoit  point  là  d'Eglife  ,  ni    de  Prêtres 
pour  facrifier ,  &;  que  le  jour  ne  k-  demandoir  pas, 
comment  y  auroit-on  brifé  une  coupe  myftiqueî 
Il  y   a    quantité    de  coupes   dans    les    mailbns  , 
6c  dans  le  maiché  -,  on  les  brife  fans  impiété  ;  mais 
c'en    eft   une   de    brilét   v'olonrairement  la   coupe 
myftique  ;  elle  ne  fe  trouve  que  chez  les  Prêtres 
légitimes  :   vous  avez  droit  de    la  préfenter  aux 
peuples  ,  &c.  Fleury. 

Coupe  ,  en  termes  de  Religion  ,  fert  quelquefois  à  ex- 
primer la  communion  fous  l'efpèce  du  vin.  L'E- 
glife  a  eu  de  bonnes  raifons  pour  ûter  la  coupe  aus 
Laïques.  On  accorde  la  coupe  aux  Rois ,  le  jour  de 
leur  l'acre.  On  appelle  coupe  de  calice  ,  la  partie  du 
calice  où  l'on  verlé  le  vin  pour  la  communion. 

CoiTPE  ,  pris  figurément  ic  dans  le  langage  de  l'Ecri- 
ture, fignifie  ,  le  commerce  ,  la  liaiion  ,  la  reflém- 
blance  de  mœurs  avec  quelqu'un  -,  parce  que  ceux 
qui  boivent  de  la  coupe  ,  ou  dans  la  coupe  d'un 
autre  ,  vivent  avec  lui ,  ont  des  liaifons ,  de  la  com- 
munication avec  lui  ;  ainfi  boire  dans  la  coupe  de 
l'impie  ,  c'cft  être  impie. 

//  hoit  dans  la  coupe  infernale  ; 
Et  l'épais  venin  qu'elle  exhale 
Dérote  le  jour  àfesyeux. 

NOUV.  CHOIX    DE    VERS. 

CouPE,tîrme  d'aftronomie.On  donne  le  nom  découpe^ 
OU  de  v.ife ,  ou  de  tajfe ,  à  l'une  desConftellations 
méridionales. 

Coupe  ,  en  Sculpture  ,  eft  une  efpèce  de  vafe  moins 
haut  que  large  ,  avec  un  pié,  qui  fert  à  couronner 
quelque  décoration.  Vofculum,  Architeclonici  ope- 
ris  orniimentum. 

Coupe  eft  aulfi  un  petit  baffm  de  fontaine  fait  d'une 
pièce  de  marbre  ,  ou  de  pierre,  qui  étant  pofé  fur 
un  pié ,  ou  une  tige  dans  le  milieu  d'un  grand  baf- 
fin  ,  reçoit  le  jet  ou  la  gerbe  d'eau  qui  tombe  pour 
formel;  une  nape.  Crater. 

Coupe  où  Coupole  ,  terme  d'Àrchiteélure.  C'eft  I2 
haut  du  dôme  d'une  Eglife.  Tholus.  La  coupe  de 
cette  Eglife  le  Voit  de  loin.  La  coupole  de  cette 
Egii'e  eft  bien  peinte. 

COUPE-,  adj.  vieux  mot  qui  fignifioit  cocii. 

Car  ptiif.iue  vous  m'ave:^  fait  coups  ^ 
Je  vous  ferai  de  tel  pain  joupe. 

Gloss.  du  Rom.  de  la  Rose, 

L'Auteur  du  Supplément  au  Gloflaire  du  Roman 
de  la  Rofe,  dit  que  coupe  eft  un  adjectif  mafcu- 
lin  6c  féminin,  par  apocope  de  c>ureau  ,  qui 
fignifie  cocu.  Paîquier  prétend  que  coupeau  vient 
de  coupe  ,  c'cft-i-dire  ,  infidcliré  dérivée  de  coulpe 
faure  :  &c  l'on  dilbit  ta  femme  t'a  fait  conpe  ; 
pour  dire ,  cocu.  Nos  anciens  difoient  au  fémi- 
nin coupe  &C  accouple  dans  la  même  fignificat'on. 

COUPEAU.  f.  m.  Sommet  d'une  mortasne.  Men- 
tis cacumen ,  vertex ,  jw^um.  La  première  choîe 
qu'on  apperçoit  en  mer,  ce  font  les  coupeaux 
des  montagnes.  On  appelle  le  Parnafîê  la  mon- 
tagne au  double  coupeau.  Il  vieillit. 

Coupeau ,  pris  pour  fommer  ,  vient  de  coppa  ,  qui 
fignifie  la  même  choie  en  langue  de  Galles.  Ht'et. 

Coupeau  fignifie  encore  un  éclat  He  bois  ,  ou 
même  de  pierre.  Afjula,  Dans  ce  fens  on  dit 
copeau. 

On  appeloit  aufTi  autrefois  coupeaux  ,  on  coupeaus  , 
ceux  qui  fou^tcnt  l'infidélité  de  leurs  femm.es  : 
ce  qui  viept ,  félon  quelques-uns ,  qubd  fux  uxo- 

ris 


cou 


ris  copiam  facianc.  Mais  Pafquier  dit  que  ce  mot 
vient  de  coupe  ,  qui  fîgnifioit  autrefois  infidéli- 
té ;  Se  l'on  dilbit  d'abord ,  ta  femme  t'a  fait 
coupe  ;  pour  dire  ,  couveau. 

COUPE-BOURGEON  ,'  f  m.  petit  animal  de  la 
groiîèur  d'une  lentille.  On  l'appelle  Coupe-bour- 
geon ,  parce  qu'il  ronge  les  jeunes  jets  des  ar- 
bres fruitiers.  On  l'appelle  autrement  lifet. 

COUPE-CERCLE,  1".  m.  cft  un  inftrument  qui  fert 
à  couper  du  carton  circulaircment  pour  faire  des 
fphères  &  autres  pièces  qui  fervent  a  l'Aftrono- 
mie  &  à  la  Géométrie.  Les  compas  à  quatre 
pointes  en  ont  toujours  une  tranchante  qui  s'ap- 
pelle le  coupe-cercle. 
COUPE-CU  ,  ou  COUPE-CUL.  f.  m.  C'eft  le 
plus  malheureux  coup  du  jeu  de  Lanfquenet,  quand 
celui  qui  tient  les  cartes  amène  la  Tienne  la  pre- 
mière ,  &  perd  toutes  les  autres  où  il  avoir 
couché  de  l'argent  ^  &  alors  on  dit  que  celui 
qui  a  coupé,  lui  a  donné  un  vilain  coupe-cu. 

On  dit  aulli  adverbialement,  Jouer  une  partie  à 
coupe-cu.  Ce  mot  ne  le  dit  prel'que  plus,  on  dit 
plus  ordinairement  coi/pe-gorge ,  dans  quelque 
jeu  que  ce  Ibit ,  quand  on  ne  veut  plus  jouer , 
ni  être  obligé  à  donner  revanche. 

COUPE-GORGE ,  f.  m.  Lieu  où  l'on  vole  ,  où 
l'on  allalline .  les  gens ,  où  il  eft  dangereux  de 
palier  à  caufe  des  voleurs.  Cxdibus  infamis  locus. 
Les  vallées  des  Mores  ,  de  Torfou  ,  fur  les 
chemins  de  Chartres  &  d'Orléans ,  ont  été  ap- 
pelées des  coupe-gorges.  Il  y  a  eu  des  hôtelle- 
ries appelées  des  coupe-gorges  ,  à  caufe  que  les 
miîtres  y  airaifinoient  ,  ou  y  laiffoient  airaffiner 
leurs  hôtes. 

C0UPE-GOB.GE  fe  dit  aulfi  des  boutiques  des  Mar- 
chands où  l'on  vend  trop  cher ,  des  maifons  où 
l'on  eft  rançonne  &  mal  fervi ,  &  généralement 
de  tous  les  endroits  où  il  fe  commet  des  injuf- 
tices.  Tdberna  in  quibus  merces  jujio  pluris  vie- 
neunt.  N'allez  rien  acheter  chez  un  tel  Marchand  , 
c'eft  un  coupe-gorge.  C'eft  là  un  méchant  ca- 
baret, un  vrai  coupe-gorge.  Le  monde  eft  un 
£oupe-gorge  ,  il  n^y    a  que  fraude  &c  trahifon.  S. 

EVR.  ^ 

Coupe-gorge,  en  termes  de  Marine,  "e  dit  des 
courbes  de  charpenterie  qui  forment  la  go^ge 
du  vaifleau ,  &  s'élèvent  infeniiDlement  en  arc 
vers  l'ctrave  &c  fous  l'cperon.  Les  Charp::ntiers 
les  appellent  gorgeres  ,  &c  les  Matelots  coupe- 
<Tor"es ,  au  lieu  de  dire  courbes  de  gorges. 

CouPE-GORGE  ,  f.  m.  Terme  de  jeu  de  Lanfquenet. 
C'eft  la  même  chofe  que  coupe-cu  -,  mais  il  eft 
plus  ufité.  Le  coupe-gorge  eft  le  plus  malheureux 
cour  de  Lanfquenet.  L'un  s'emport  ;  ,  l'autre  dé- 
chire les  cartes  ;  celle-ci  les  mord,  l'autre  les 
écrafe  ;  elle  maudit  la  couleur  ,  fe  défefpère  du 
coupe-gorge.  S.  Evremontiana. 

//  a  fïu  trente  fois  coupe-gorge  aujourd'hui. 

Regnard. 

Vingt  fois  le  coupe-gorge  ,  &  toujours  premier 
pris.  Id. 

COUPE-JARRET,  f.  m.  Bretteur,  aflalTm,  qui  ne 
porte  répée  que  pour  battre  ,  alt^ifiner  &c  fiite 
infulte  aux  autres.  Sicarius  ,  grajjacor.  C'eft  un 
fcélérat  qui  fe  fait  accompagner  d'une  douzaine 
de  coupe-jarrets. 

COUPELLE,  f.  f.  terme  d'affineur.  Manière  de  eu 
de  lampe-,  petit  vaifleau  plat,  &  un  peu  creux, 
préparé  pour  eflayer  &  pour  purifier  l'or  &  l'ar- 
gent. Ces  coupelles  d'affinage  font  compofccs  de 
cendres  bien  lelfivées ,  deflalées  ,  fèches ,  battues 
&  tamifées.  Ces  fortes  de  coupelles  font  aulfi 
appelées  cafjes  ,  ou  cendrées.  Et  ainfi  ces  trois 
termes  font  fynonymes  ,  &:  lignifient  la  même 
chofe.  BoizARD.  ^zr  Cependant  la  grande  cou- 
pelle ,  où  l'on  fait  en  grand  ce  qui  fe  fait  en 
Tome  JI, 


G  O  IJ  5<f9 

petit  dans  la  petite  ,  porte  particulièrement  le 
nom  de  ca/fe,  &  diifcre  de  la  petite,  non  par 
les  matières  dont  elle  eft  laite,  mais  par  fa 
cc^uv.rture  &  fon  fourneau.  Pour  affiner  l'or  &; 
l'argenr  on  met  une  coupdle  à  un  reu  de  réver- 
bère,  &  on  y  met  du  plomb  à  proportion  de 
la  quantité  6c  de  la  qualité  des  matières  à  affi- 
ner. Quand  le  plomb  a  bouilli  quelque  temps,  on 
jette  les  matières  dans  la  coupelle,  ce  qui  s'ap- 
pelle charger  la  coupelle.  Ce  plomb  s'imbibe 
dans  ce  crcufet,  ou  s'évapore  i  &:  il  emporte 
avec  lui  l'impureté  du  métal.  Auro  argeinoque 
excoquendo  catinus, 
IJC?  Pour  l'intelligence  de  cette  opération ,  il  fauc 
remarquer  enpaifantque  tous  les  métaux  ,  excepté 
l'or  &  l'argent  ,  fe  vitrifient  aifément  avec  le 
plomb. 

On  appelle  or  de  coupelle  ,  &  plus  commu- 
nément,  or  d'elfai ,  l'or  qui  approche  davan- 
tage de  14  carats ,  qui  eft  le  plus  haut  titre  de 
l'or.  L'argent  de  coupelle  eft  l'argenr  à  1 1  deniers 
25  grains. 
Coupelle  eft  auffi  une  efpèce  de  poelc  de  cuivre , 
ou  de  fer  blanc ,  dont  fe  fervent  les  Canonniers 
pour  emplir  les  gargouHes  de  poudre. 

On  dit  figurément  qu'un  homme  a  paflé  par 
la  coupelle,  quand  il  a  fubi  un  très-févere  exa- 
men ,  quand  il  a  été  bien  faigné  &  bien  purgé 
après  une  grande  maladie  ,  comme  on  examine 
£c  on  purge  les  métaux  par  la  coupelle.  Faire 
paflèr  un  ouvrage  à  la  coupelle,  Vign.  Marv. 
Coupelle  sèche.  C'eft  une  coupelle  faite  de  terre 
de  creufet  ,  qu'on  appelle  de  la  forre  ,  parce 
qu'elle  ne  s'imbibe  pas  à  caufe  de  la  matière. 
Les  Affineurs  s'en  fervent  pour  adoucir  avec  le 
falpêtre  &  le  borax ,  lorfqu'ils  ont  affiné  avec 
l'antimoine. 
COUPELLER  ,  V.  a.  palfer  de  l'or  &  de  l'argent 
à  la  coupelle.  Aurum  catino  excoquere.  Ce  n'eft 
pas  un  examen  fuffifant  que  la  pierre  de  touche , 
ni  la  coupe  par  le  burin  -,  pour  juger  fureraent 
de  la  bonté  d'un  or,  il  faut  le  coupcller. 
Coupelle  ,  ée.    part.   Excoclum  in   catino    aurum  , 

argentum. 
COÙPE-PÂTE,  f.  m.  terme   de   boulanger.   C'eft 
un  inftrument  de  fer,  avec  un  rouleau  au  haut, 
&  qui  eft  plus  délié  &:  plus   large  que   la    pau- 
me de  la  main ,  duquel  on  fe  fert  pour  couper 
la  pare. 
gCF  Les  Patilliers  fe  fervent  auffi  de  coupe-pâte.  Ce 
font  des  moules  fcrvant  à  couper  la  pâte   de  la 
grandeur  que  l'on  veut. 
Ip-  COUPE-QUEUE,  f.    m.   inftrument    dont   fe 
fervent    les  Mégiilîers    pour    couper    les    queues 
des  peaux  qu'ils  veulent  paffer  en  mégie.  Encyc, 
COUPER  ,  V.  a.  féparer  avec  un  inftrument  tranchant 
un  corps  continu  &  folide  ,  en  deux  ,  ou  plulieuts 
parties.  Secare  ,  difjecare  ,  refecare  ,  incidere  ,  cœ- 
djre ,  fcindere.  On   cotipe   les  blés  avsc  une  fau- 
cille. On  coupe   l'herbe  avec  une  faulx.  On  coupe 
les  arbres  avec  une  coignce    de   la  ferpe.   Le  la- 
boureur coupe  la  terre  avec  la  charrue  &   le  cou- 
rre. Couper  du  pain ,  de  la  viande  avec  un  cou- 
teau.   Un  fanfaron  dir  en  menaçant ,  qu'il  coupe- 
ra bras  Si  jambes  à  quelqu'un  ;  pour  dire  ,  qu'il 
fera   routes   fortes  de  mauvais  traitemens  :  &c    au 
figuré ,  on  dir  qu'un  juge  a  coupe  bras  ÔC  jambes 
à  une  partie  ;  pout    dire  ,  qu'il  lui  a  fait  tout  le 
tort  qu'il  a  pu.  Malè  excipere ,  malè  habere  ,  ma- 
ie muhare  aliquem.  On  dit  aulfi  ,  couper  la  bout- 
fe  à  quelqu'un  ,  fCT  dans  le  fens  propre,  c'eft  lui 
voler   adroiremenr    fa  bourfe  ,  ce  qu'il    a  fur  lui  j 
figurément ,  c'eft  tirer  de  l'argenr  d'une   perfon- 
ne    qui  n'a  pas  beaucoup    d'envie    d'en    donner. 
Emunsere  ali./uem    argento  ,  diminuere  alicui  pe- 
\       cuniam.  Il  s'eft  lallfc  couper  la  bourfe  pour  avoir 
la   paix.  ^ 

^CF  COUPER    fignifie  quelquefois   tailler    fnivan 
I       les  règles  de  l'art.  Ce  tailleur  eft  adroit  ;  il  fai 

G  G  G  G  gg 


^yO  COU 

bien  couper   un  habit.  Cet    ouvrier  entend  bien  j 
à  couper  les   pierres.  Ce  Icjlpteur  coupe  bien  le  ^ 
bois.  On   dit  aaiîî  couper  des  louliers,  des  pan- 
toufles ,  des  bottes. 

Ce  mot  vient  du  grec  t^^lcn  qui  lignifie  la  mê- 
me cho;e,  iclon  Nicod ,  après  Buace.  D'autres 
le  dérivent  dj  latin  cj-pulare ,  qui  le  trouve 
dans  la  balle  latinité  au  mcme  iens  de  couper. 
Voyez  la  Loi  bali^^ue  ^  Tit.  2:.  §.  J.  la  m  de 
S.  i/rjmcLTe  ,  c.  1.  n.  5.  ^aa  SS.  Aprii.  T.  11. 
p.  566.  D.  Voilius  L.  IF,  de  Vitiis  Jirm.  dérive 
capularc  de  capulus  ;  mais  les  Bollandiiles  à  Ten- 
droit  cité  p.  567.  B-  n'approuvent  point  cette 
ctymologie,  parce  que  capulus  vient  de  cap:o, 
iîc;nificat!on  qui  ne  convient  nullement  à  celle 
de  capuUre ,  qu'ils  aiment  mieux  tirer  de  l'alle- 
mand Cdfpen  ,  qui  veut  dire  fendre  en  frappant 
d'une  coignee,  d'un  couteau,  d'une  épee,  &c. 

Il  fis^nfne  auilî ,  interrompre  un  ordre  ,  une 
fuire ,  un  rang  de  penbnnes ,  ou  de  choies ,  en 
mettant  quelqu'un  ou  quelque  choie  entre.  In- 
icTTumpere ,  drud^re.  Les  Pairs  de  France ,  dans 
leur  Mémoire  au  jeu  Roi  ,  difent  :  L'autre  ch;r' 
dont  nous  oi'ons  nous  plaindre  à  A'.  M.  c'eil 
qu'il  y  a  un  Confeiller  au  bout  de  chaque  banc 
des  Princes  du  Sang  &:  des  Pairs ,  &  quainii 
nous  nous  trouvons  coupis  par  eus ,  qui  ne  laa- 
roient  opiner  à  la  place  où  ils  font ,  &  par 
confcquent  ils  ne  l'ont  pas  à  leur  place.  Et  dans 
la  Requtie  preferacc  a  Louis  XV ;  lorfque  les 
Pairs  l€  font  trouvés  en  afléz  grand  nombre  ^ux 
fcances  des  bas  lièges ,  pour  remplir  les  bancs 
qui  forment  le  premier  rang  du  parquet  intérieur  , 
ils  (  les  Préfidens  ")  ont  aÀclé  de  placer  à  l'ex- 
trémité de  chaque  banc  un  Confeiiler,  qui  fe 
trouvant  au  milieu  des  Pairs ,  qui  font  à  fa  droi- 
te Se  à  fa  gauche ,  interrompt  &  coupe  l'ordre 
rie  leur  féance.  Il  arriveroit  même  que  dans  la 
fuite  5  lî  le  Royaume  étoit  aflez  heureuï  pour 
voir  des  Princes  de  vone  Sang  augufre  en  allez 
grand  nombre  pour  occuper  plus  d'un  banc , 
les  Conl'dilers  les  couperaient,  &  par  conféquent 
fe  placeroient  au  defiiis  de  quelques-uns  d'eux. 

SfT  COUPER   chemin  à  quelqu'un  ,  fe  metrre  fur 
'fon  chemin   au  devant  de  lui,  pour  l'errpccher 
de  païTer,  &  figurément ,  couper  chemin  à  un  mal , 
en  arrêter  le  cours. 

|CF  Couper  quelqu'un  ,  le  devancer ,  prendre  les 
devans.  Son  carrolîé  nous  coupa.  Pravertere  , 
pr averti.  Couper  par  le  plus  court,  par  le  plus 
court  chemin,  prendre  le  chemin  le  plus  court. 
Ccupe^  par  ce  l'entier,  vous  arriverez  plutôt. 

gCF  En  termes  de  chalfes ,  on  dit  qu'un  chien  cou- 
pe., quand  il  veut  gagner  la  tête  de  la  meute, 
anteire ,  ou  quand  il  quine  la  voie  de  la  bête 
pour  la  devancer-,  ce  qui  eft  un  déiâut. 

f;Cr  En  termes  de  guerre  ,  couper  les  ennemis ,  c'eft 
fe  porter  entre  deux  parties  de  leur  armée,  pour 
les  empêcher  de  fe  rejoindre ,  ou  entre  leur  ar- 
mée 8c  la  place  qu'ils  couvrent ..  pour  les  empê- 
cher d'y  entrer.  Dans  le  même  fens  couper  la 
cemm.unication  d'une  ville  ,  d'un  quartier ,  fe  pof- 
ter  de  manière  qu'on  ne  puiife  y  envoyer  du  fe- 
cours. 

^CJ"  Couper,  les  vivres ,  fermer  les  avenues  pour 
empêcher  qu'on  ne  porte  des  vivres,  des  muni- 
tions à  une  armée, à  une  ville  afliégée.  Lommea- 
îum  hoflittis,  ou  hoftes  commeatibus  intercludcre  : 
au  figuré  co::per  les  vivres  à  quelqu'un ,  lui  re- 
trancher les  moyens  de  fubfifter. 

^3"  Couper,  les  eaux  à  une  ville,  couper  les  ca- 
naux qui  y  portent  de  l'eau. 

Couper  les  Ions,  terme  de  Mulîque.  Sonos  alrum- 
pere ,  c'eft  ne  pas,  traîner  ou  alonger  certains 
fons ,  &  ne  les  continuer  qu'autant  de  temps 
qu'il  feut  pour  les  faire  entendre ,  en  forte  qu'il 
y  ait  quelque  filence  cr.rre  chaque  fon.  Cette 
manière  de  couper  les  fons  fait  fouvent  un  bel 
effet  dans  les  exprefiions  de  doiileurs ,  pour  ex- 


COU 

primer  des  foupirs  &  des  fanglots,  dans  les  ex- 
prellions  d'ctonnement  &  d'admiration ,  dans  les 
cérémonies  magiques  &  teiribles.  De  Brossard. 
En  tetmes  de  moiuioie  on  dit  couper  des  la- 
mes en  flans.  Quand  les  lames,  foit  d'or,  foit 
d'argent ,  foit  de  cuivre ,  font  à  peu  près  de  l'e- 
paiileur  des  efpèces  à  fabriquer ,  on  en  coupe 
des  morceaux  avec  des  inftrumens  de  fer ,  en  ma- 
nière d'emporre-pièce  appelés  ccupcirs.  Ces  mor- 
ceaux font  de  la  grandeur ,  de  l'epaiflêur ,  de  la 
rondeur ,  &  à  peu  près  du  poids  des  efpèces  à 
fabriquer ,  &  font  nommes  pans  jufqu'à  ce  que 
l'efiigie  du  Roi  y  ait  été  empreinte.  C'eft  là  ce 
qui  s'appelle  couper   les  lames  en  flans. 

En  terme  de  jardinage,  on  dit  couper  en  pic 
de  biche  ;  pour  dire ,  couper  de  biais.  Otlijue 
Jeca.re  ,  incidere.  Couper  une  branche  à  l'épaif- 
feur  d'un  ecu ,  c'eft  couper  certaines  branches 
qui  défigurent  l'arbre,  obfervant  néanmoins  de 
lailfei  la  paitie  du  côté  du  vide  qu'on  veut 
remplir ,  plus  élevée  que  l'autre  ;  Se  la  fève  par 
cette  taille  donne  par  l'œil  qui  refte  une  branche 
qui  fe  porte  où  l'on  veut  qu'elle  foit.  Amputare 
ramum  ad  primum  ocelium.  Couper  en  moignon  , 
truncare  ,  c'eft  couper  une  branche  raifonnable- 
mient  grolfe  à  trois  ou  quatre  doigts  de  longueur. 
Couper  en  talus,  c'eft  la  n'iême  <  hofe  qu'en  pié 
de  biche.  Ollique  amputare.  Couper  carrément, 
c'eft  couper  de  forte  que  la  taille  foit  bien  unie 
&:  bien  égale ,  sfin  qu'il  fe  forme  tout  autour 
trois  ou  quatre  branches  bien  placées  Se  bien  dif- 
pofees  pour  faire  un  bui.Ton  bien  rond ,  bien  ou- 
vert, &  également  garni;  car  cela  fe  pratique  à 
l'égard  des  builfons.  Voye:;_  la  Quintinie  &  Li- 
ger  au  mot  Couper. 
Couper  lignifie  encore  entamer  quelque  chofe , 
y  faire  quelque  ouverture.  Incidere,  Cet  homme 
s'eft  coupé  au  doigt.  Cette  piftole  eft  douteufè  , 
elle  a  été  fouvent  coupée.  Voiîn  un  vent  de  Notd 
qui  coupe  commue  un  rafoir,  c'eft- à-dire,  il  en- 
tame ,  il  fait  fendre  la  peau.  Le  froid  gerce ,  lait 
que  la  peau  fe  coupe.  Urere.  Couper  dans  le  vif, 
fe  dit  d'un  Chirurgien  qui ,  en  faifant  fon  opéra- 
tion, co^t^  jufque  dans  la  chair  vive. 

On  le  dit  au  figuré  pour  dire  ;  toucher  à  ce- 
qui  eft  le  plus  fenfible. 
Couper,  terme  d'efcrirae.  On  coupe  fur  la  pointe 
&  fous  poignet ,  au  lieu  de  dégager.  Il  eft  très- 
difficile  de  parer  une  botte  coupée  fous   le    poi- 
gnet. 
?C?  Couper   fous    le   poignet  ,  c'eft   dégager    par 
delfous  le  poignet  de  l'ennemi  ,  au  lieu  de  dé- 
gager par  defl'ous  le  talon  de  fa  lame ,  &  couper 
fur  pointe  ,  c'eft  porter  une  eftocade  à  l'ennemi 
en  dégageant  par  defius  la   pointe  de  fon  épce. 
On  dit  auilî,  en  termes  de  Manège,  qu'un  che- 
val fe  ccupe ,  quand  par  l'un  de  l'es  fers  il  enta- 
me la  peau  d'un  de  fes  boulets.  Incidere.  On  dit 
auffi,  couper  le  rond  ,  ou  couper  la  volte,  quand 
un  cheval  change  de  main  en  travaillant  fur  les 
voltes. 
Couper   un  cheval ,  c'eft  le  chitrer.    Caftrare  On 
a  été  obligé    de    couper  ce   cheval  ,  parce  qu'il 
ruoit    &   mordoit.    On    le    dit    auffi    de    quel- 
ques auties  animaux ,  &  ce  terme  eft  plus  honnê- 
te que  fes  fynonimes. 
Couper  s'emploie  auifi  ,  en  parlant  de  divers  fup- 
plices  par  lefqueis  on  mutile  les  corps  des  crimi- 
nels. Amputare.  En  France  on  coupe  la  tête  aux 
Gentilshommes  avec  un  coutelas.  Pracidtre  cervi- 
ces,  refecare.   En    Anglctterre  on   la  leur    coupe 
avec  une  doloire  fur  un  billot.  On  coure  le  poing 
aux   parricides ,  aux    meurtriers  des   Princes ,  de 
leurs  parens,  de  leurs  maîtres,  &  av.x  facrilèges. 
CoiTPER  la  gorge  fignifie,  tuer  ,  maifacrer.  7z/?a/<î- 
re.  On    coupa    la  gorge  à  tous  les  François   au 
temps    des  Vêpres"  Sicilienne-:.  Ce   voleur  a  été 
roué  pour  avoir  coupé  la  gorge  à  pluheurs  paf- 
fans.  Se  couper  la  gorge  avec  quelqu'un ,  fe  bac- 


G  ô  tî 


G  0  tî 


be  en  duel  avec  lui.  Je  veux  itic  couper  la  gor- 
ge avec  vous. 

En  ce  lens  oti  dit  figurcment  j  qu'on  coupe  la 
gorge  à  quelqu'un ,  quand  on  lui  caufe  quelque 
dommage  confidcrable.  Grave  detrimencum  aferre  : 
on  peut  Te  lervir  du  mot  jugulare  ,  en  ajoutant 
la  particule  quaji.  On  coupe  la  gorge  aux  entans , 
quand  on  ne  les  inftruit  pas  bien  ,  quand  on 
les  laifl'e  vivre  dans  un  plein  libertinage.  Vous 
lui  ôtez  cet  emploi,  vous  lui  coupe[  la  gorge. 
Le  Juge  a  coupé  la  gorge  à  cette  partie ,  en  lui 
ftifant  perdre  ion  procès.  On  coupe  la  gorge  dans 
cette  hôtellerie  ,  on  y  rançonne  lès  paflans.  On 
dit  auffi  d'une  raifon  peremptoire  &  déciiive , 
qu'elle  coupe  la  gorge  à  un  adverlaire ,  lorfqu'il 
n'a  rien  à  y  répondre. 
Couper  fignifie  au/fi  divifer  un  pays.  Dijfociare , 
dividere.  L'Appennin  eft  une  chaîne  de  montagnes 
qui  coupe  toute  l'Italie.  La  France  eft  coupée  &c 
arrofée  de  plulieurs  rivières.  La  Flandre  eft  coupée 
d'un  nombre  infini  de  toflcs  6c  de  canaux.  Foye^ 
ci-defllis  comme  il  ie  dit  des  personnes  &  des 
rangs ,  ou  luites  interrompues ,  à  peu  près  en  ce 
^  même  fens. 

Couper  Te  dit  figurértient  en  chofes  Tpirituelles  &: 
morales.  Abrumpere.  Vous  avez  coupe  le  nœud  que 
vous  ne  pouviez  délier.  S.  Real,  On  dit  qu'un  cri- 
minel ie  coupe  en  Tes  réponfes  ,  quand  il  fe  contre- 
dit ,  ou  quand  il  varie,  Pugnantia  loqui  ;  qu'un  Ora- 
teur coupe  fon  ftyle-,  qu'un  Poète  coupe  les  ftances  ; 
pour  dire,  qu'il  y  fait  plufîeurs  diviiîons,  Concidere, 
concifus  jtylus ,concifaoratio.  On  dit  en  ce  fens, 
couper  court  -,  pour  dire ,  abréger ,  s'expliquer  en 
peu  de  paroles.  Refcindere  oraiionem ,finern,mo- 
dum  orationi  imponere.  On  dit ,  couper  la  parole  à 
quelqu'un  ;  pour  dire,  l'interromprCv^V/^Ke/w  inter- 
pellare.  La  douleur,  les  foupirs,  les  fanglots  lui 
coupoient  la  voix  ■,  pour  dire,  l'empêclioient  de  par- 
ler, inrerrompoicnt  fon  difcours.  hitercludere 

On  dit  aufîi  figurément  &  familièrement,  to//- 
per  l'herbe  fous  les  pies  de  quelqu'un  ;  pour  dire  , 
lui  faire  perdre  quelque  avantage  ,  le  fupplanter. 
Spem  alicu'jus  ,  expeclaùonem  infringere  ,  praci- 
àere  ,  detrimentum  afferre.  On  dit  auiîi ,  qu'on  s'eft 
coupé  de  l'on  couteau  ,  ou  qu'on  s'eft  coupé  la  gor- 
ge, quand  on  a  lâché  quelques  paroles,  qui  enfuite 
portent  un  grand  préjudice,  Suo  fe  gladio  confo- 
dere. 

On  dit  qu'on  coupe  la  racine  d'un  procès ,  quand 
on  en  ôte  la  fource,  ou  ce  qui  le  caufe,  ou  qui  le  peut 
fomenter.  Couper  pié  à  un  mal ,  à  un  abus  ;  en  ôter 
la  caufe. 
Couper  le  cable  ,  couper  les  mâts ,  termes  de  Marine  , 
c'eft  couper  le  cable  fut  les  bittes  ou  ftir  l'efcubier , 
&  le  laider  aller  à  la  mer;  ce  qui  fe  fair  par  com- 
mandement à  l'égard  du  cable  ,  lorfqu'il  faur  appa- 
reiller promptement  pu  par  nécelFité  ;  &  à  l'égard 
des  mâts ,  aulÏÏ  bien  que  des  cables,  lorfque  la  tem- 
pête prelFe ,  &  qu'on  craint  de  choquer  contre  d'au- 
tres vaifléaux. 
^CF  Couper  la  lame  ,  fe  dir,  en  termes  de  Marines  , 
quand  la  pointe  du  vaifleau  fend  le  milieu  de  la 
larrie  ,  c'eft-à-dire  ,  les  flots  ou  la  vague  ,  &  pafle 
au  travers.  FluRum  dividere.  On  dit  dans  ie  même 
fens  d'un  nageur ,  qu'il  coupe  l'eau. 
Couper  ,  c'eft  aullI  un  terme  de  Mcfureur ,  qui  figni- 
fie racler  avec  la  racloire  une  mefure ,  lorfqu'ellc 
eft  pleine,  Prœcidere.  Il  y  a  des  lieux  où  l'on  en 
talTe  les  mefures  ,  &c  d'autres  où  on  les  coupe.  Quand 
on  vend  à  couper  la  mefure ,  il  ne  peut  plus  y  avoir 
de  difpute. 
Couper  le  poil ,  terme  qui  eft'  en  ufagc  chez  les  Car- 

deurs  &  parmi  les  Chapeliers. 
Couper /e  grain,  ternie  de  Corroyeur  ,  c'eft  former 
fur  la  fuperficie  du  cuir  qu'on  corroie  ,  du  côté  de 
la  fleur,  ces  pérîtes  figures  entrecoupées  de  tous 
fens ,  à  angles  inégaux ,  que  l'on  voit  fur  les  veaux 
&  vaches  retournées  -,  ce  qui  fait  une  efpèce  de 
grains, 


_^7î 

Couper  du  vin  ,  c'eft  mettre  ,  mêler  plufieùrs  fortes 

•  de  vins  enlémble,  Vina  rnifcere. 

5cr  Couper  fe  dit,  dans  le  mente  fens ,  de  difFércris 
fluides!  Couper  un  fluide  avec  un  autie  ,les  mêler , 
tempérer  l'un  par  l'autre.  Couper  fon  vin.  Fimm 
aqud  temperare.  Y  mettre  de  l'eau. 

Couper  fe  dit,  en  termes  de  Jeu,  d'un  paquet  de 
cartes  qu'on  fépare  en  deux  ,  après  que  celui  qui 
les  rient  les  a  bien  mêlées.  Dividere.  On  dit  encore 
couper ,  pour  voir  à  qui  fera ,  lorlque  chacun  prend 
un  paquet  de  ces  carres  ,  &:  qu'il  montre  celle  qui 
eft  à  découvert ,   dont  la  plus   hante  commande^ 
J'ai  coupé  un  as,  &  vous  n'avez  qu'un  dix.  On  Iç 
dit  au  (Fi,  quand  fur  des  cartes  qu'on  jette,  on  ert 
met  une  plus  haute  pour  gagner  la  main  ,  ou  même  " 
lorfqu'on  en  met  une  plus  balFe  ,  pourvu  que  iélori 
les  règles  du  jeu  elle  doive  l'emporter  ;  ainfi  couper'^ 
en  ce  fens ,  peut  être  expliqué  ainfi  ,  mettre    une 
triomphe  fur  les  carres  qui  ont  été  jouées.  Il  a  coupl 
d'un  roi ,    d'une  triomphe  ,  d'un  matador ,  d'une 
carte  qui  eft  hoc.  Au  Lanfquenet ,  couper  fe  dit  de 
ceux  qui  tiennent  la  carte.  Je  n'ai  pas  le  temps  de 
couper  aujourd'hui ,  je  vais  feulement  carroter  quel- 
ques piftoles. 
Couper   ck,  terme  de  Joiieurs  ,  fignifie  fe  retirer 
après  qu'on  a  gagné  ,  &  fans  donner  la  revanche  à 
fon  adverlaire  qui  a  perdu  -,  n'attendre  point  qu'il 
foit  raquirté.  Ne  plus  tenir  jeu  ,  le  quirier  ,  aban- 
donner prife,  fe  retirer  tout-à-coup  ,  planter  là  ce- 
lui avec  qui  l'on  joue,  DicT,CoMM,  Il  n'y  a  point 
de  perdant  qui  ne  trouve  mauvais  qu'on  lui  coupe 
eu,  AUquem  redintegrandi  lufûs  expeclatione  fruf- 
trari  ;  alicui  repeiendi  lujàs  facuUatem  adimere  j 
part-im  ludo  pecuniam  auferre,  necvelle  iterum  ludo 
cpmmiuere.  Cilrn   viclor  Jis  ,  nolle   ludum  repetere  a 
cominiidre  ;  ludum  dbrumpere. 

Qu'ils  fe  gouvernent  comme  au  jeu  i 
Quand  on  leur  coupe  eu ,  qu'ils  modèrent  leur  feu  % 
Et  fans  examiner  fila  ckofe  efîpermife  , 
Que  celui  que  l'on  quitte  ,  au  lieu  de  s'offenfer, 

Nefonge  qu'à  recommencer 

Avec  un  antre  une  reprifei 

En  termes  de  Paume ,  on  appelle  couper  un  coups-' 
qnand  on  poulie  la  balle  avec  la  raquette  inclinée  j 
en  forte  qu'elle  roule  au  lieu  de  rebondir.  Obliqua 
feticulo pilam  impellere. 

En  termes  de  dés,  cott/'erles  dés,  c'eft  les  jeten 
fur  la  rable  en  retirant  le  cornet,  de  manière  qu'ils 
ne  jjartent  point  de  la  place. 

En  termes  de  danfc  ,  on  appelle  couper  un  pas  -, 
quand  on  fait  un  petit  faut  en  pliant  un  pié  ,  tandis 
qu'on  paiTe  légèrement  Fautre  par  delFus.  Sic  altC' 
rum  crus  infleclere ,  ut  extenfo  altero  procédas  ,pro- 
grediare  ;  inflcxo  altero  crure-,  molliter  incedere  „ 
gre[fum  frangere.  ... 

En  termes  de  Blafon  ,  on  appelle  couper  un  écu  j 
quand  on  le  divife  en  deux  parties  égales ,  diamé- 
tralement par  une  ligne  parallèle  à  l'horilbn  ,  &:  eni 
même  fens  ou  difpofition  que  la  fafce.  Scutum  bifa-^ 
riàm  tranfverfè  fecare.  Cet  écu  étoit  coupé  de 
gueules  &  de  fable,  De-là  vient  qu'on  dit  que  deux 
couleurs  fe  co«jO^«/ ,'lorfqu'elles  font  fort  différen- 
tes &  fort  vives  ,  &:  qu'elles  n'ont  aucune  nuance 
ou  couleur  douce  qui  les  joigne. 

En  termes  d'Architeélure  ,  couper  une  pierrej 
c'eft  ôter  de  fon  lit ,  ou  de  fon  parement  plus  qu'il 
ne  faut ,  en  forte  qu'elle  ne  peut  plus  être  pofée  à 
l'endroir  oùelle  étoir  deftinée. 
Couper  du  trait ,  en  termes  d'Architedrure  ,  c'eft 
faire  un  modèle  en  petit  avec  de  la  craie  ou  du 
plâtre  ,  du  bois  ,  ou  autre  chofe  facile  à  couper  , 
pour  voir  la  figure  des  vourtbirs ,  &  s'inftruirc  dans 
l'application  du  trair  de  l'épure  fur  la  pierre  par  le 
moyen  des  inftrumens  ,  comme  cherches  ,  pa- 
meaux  ,  biveaux  &  équerres  dont  on  fe  fert  en 
grand.  Frézier. 

En  termes  de  Maçonnerie,  cow/'er  le  plâtre  ,  c'eft 
G  G  G  G  g  g  Ji 


.y"  /« 


cou 


91'' 

iaiie  les  moniures  de  i^lâtie  à  la  main  &  a  l'ounî. 

En  termes  de  Sculpture,  couper  le  bois,  c'eli 
tailler  des  ornemens  avec  propreté,  couf^r  in  bois 
fe  dit  pliitôt  des  ornemens  que  des  hgures. 

En  termes  de  Gravure,  on  dit,  bien  couper  \c 
cuivre,  c'eR-d-dire ,  bien  graver,  faire  des  traits 
hatdis,&  graves  également Telon  le  fort  &  le  toible. 

On  dit^encore ,"  en  matières d'étoftes,  qu'elles  fe 
coupent ,  quand  elles  fe  tendent  ou  le  callcnt  dans  les 
plis  pour  n'être  pas  aiîéz  moëlleules.  hiciài. 

On  dit  taire  couper  l'on  carroUè  lorCqu'un 


car- 


tofle  a  deux  fonds  &:  qu'on  en  tait  retrancher  un. 
Currumanteriore,parudecunare. 

gCF  Coii?ER,  en  peinture,  trancher,  fe  dit  d'une 
couleur  forte  mife  près  d'une  autre  fans  adoucif- 
fement ,  fans  aucun  partage  d'une  couleur  à  l'autre. 

COUPE,  ÉE,  part.  paff.  &  adj.  Onappelleun  ftyle 
coupe  ,  un  langage  bref  &  laconique,  dont  les  pé- 
riodes Ibnt  court^es^  peu  lices.  CunciJ us. LoïCquc  le 
fujct  qu'on  traite  demande  du  feu  &  du  mouve- 
ment -,  les  périodes  coupées  font  à  propos ,  parce 
qu'elles  ont  je  ne  fai  quoi  de  vit&  de  n.âle  ,  qui  cft 
un  des  plus  grands  ornemens  du  langage.  Vous 
voyez  des  chofcs  coupées  dans  Scneque  qui  ont 
l'air  de  iéntences  ,  &:  qui  n'en  ont  pas  la  folidité.  S. 
EvR.  On  dit  des  vers  coupés  ,  des  ftances  coupées  , 
<juand  il  y  a  certaines  diviiîons  au  milieu  des  vers 
&  du  coupler,  quand  les  repos  y  font  oblérvés. 
On  Tippelle,  point  row/'d,  une  eipcce  de  dentelle 
faite  avec  des  feuilles  pointues.  Un  carroifc  coupé  , 
qui  n'a  qu'un  fond  fur  le  derrière.  Anteriore  parte 
immmutus ^dccurtatus.Vn  che\2il  coupé,  un  hon- 
gre. Cr.jiratus. 

|cr  CouiÉ  ,  (  Pays)  traverfé  de  canaux  ,de  rivières, 
de  montagnes ,  &c. 

Coupé.  (  Lait  )  Les  Médecins  appellent  ainfi  toute 
efpèce  de  lait ,  de  la  dofe  duquel  on  a  retranché 
une  partie  que  l'on  remplace  en  y  fubftituant  quel- 

.  que  liqueur  appropriée  aux  circonflancesde  la  ma- 
ladie. Quand  l'u'age  du  lait  pur  donne  des  maux 
d'eltomac ,  il  faut  le  couper  avec  la  moitié  d'eau  de 
café.  Le  lait  co/z/'e  avec  de  l'eau  d'orge  eft  plus  lé- 
ger, il  pafle  mieux. 

Coupé  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  ccu  divifc 
parle  milieu  ,  &:  en  deux  parties  égales  de  droite 
à  gauche  par  une  ligne  parallèle  à  l'horifon ,  ou 
dans  les  fens  de  la  fafce.  Scutum  tranjecium  hifi- 
riars).  On  le  dit  audl  des  pièces  honorables ,  ^  mê- 
me des  animaux  5c  des  meubles  qui  chargent  Tccu, 
quand  ils  font  divifés  également  dans  le  même 
fens,  en  forte  toutefois  qu'une  partie  foit  de  cou- 
leur, l'autre  de  méral.  On  dit  auffi  coupé  des  tètes 
de  loups ,  de  fangliers ,  &:  autres  animaux  ou  oi- 
feaux  ,  même  de'  leurs  pies  &  autres  membres  , 
quand  ils  paroiflènt  féparés  du  corps  nettement, 
fans  y  laiflèr  ni  poils  ni  plumes ,  comme  il  en  pa- 
roît  à  ceux  qu'on  appelle  arraches.  Et  on  appelle 
cow/e  de  l'un  dans  l'autre  ,  quand  fur  un  écu  ainfi 
coupé  il  y  a  un  animal  ou  autre  pièce  ,  ou  meuble 
brochanr  fur  le  tout,  qui  efl:  pareillement  coupé, 
en  forte  que  l'émail  du  chef  fe  trouve  en  la  pointe  , 
&  réciproquement  celui  d'en  bas,  fe  trouve  en 
haut.  Coupé ,  fe  dit  encore  des  pièces  honorables  de 
l'ccu  qui  ne  touchent  point  les  extrémités  de  l'écu. 
Elles  s'appellent  coupées,  quand  il  s'en  faut  beau- 
coup qu'elles  n'en  approchent ,  comme  on  les  ap- 
pelle aléfces  ,  ou  alaizées ,  lorfqu'il  s'en  faut  peu. 

^fT  Coupé, terme  de  Botanique  ,  déchiré  ,confi///j. 
Ce  terme  convient  aux  feuilles  &:  aux  pétales. 
^rve{  ces, mots. 

C  OU  P  É  ,  ÉE  ,  en  termes  de  filou  ,  fe  dit  des  cartes 
rosnérs,  roA'/'eV.f  par  les  bords ,  en  forte  que  dans  le 
même  jeu  il  v  en  ait  de  plus  larges  &:  de  plus  étroi- 
tes. Les  filous  en  tirent  avantage  ,  foit  pour  les 
connoître,  foit  pour  fe  faire  tomber  celles  qu'ils 
veulent. 

On  dit  proverbialement ,  pain  coupé  n'a  point 
de  maître. 

CoupÉ,  f.  m,  pas  de  danfe,  mouvement  par  lequel 


COU 

on  fe  jette  fur  un  pié  ,  en  pafTant  l'autre  devant  où. 
derrière.  Jnjlexio  cruris  alterius  ,  dum  altcrum  ex- 
tenjuin  moLliter  incedit.  Le  Maître  à  danfer  dit  à 
fon  difciple  ,  coupe[  ,  ou  faites  un  coupe.  Ce  nom 
parricipe  &:  adjcdif  de  lui-même  eft  devenu  fub- 
ftanrif ,  en  retranchant  le  mot  àt  pas.  Le  coupe  or- 
dinaire clt  compol'c  de  deux  pas  ;  lavoir ,  un  demi- 
coupe  &  un  pas  glilfé.  Rameau.  Le  gliflc  doit  être 
plié  à  propos ,  élevé  en  cadence ,  &  foiitenu  gra- 
cieulèmenr.  Id.  On  le  fait  de  différentes  manièresj 
le  changement  ne  conlîfle  que  dans  le  fécond  pas. 
Le  premier  eft  toujours  un  Acmi-coupe.  Id.  Il  fe  fait 
une  efpèce  de  coupé  que  l'on  noiTime  g/iJfade.Yoycz 
ce  mot. 

gCT  Coupé  ,  en  Mufîque  ,  fe  dit,,  quand  au  Heu 
de  faire  durer  une  note  toute  fa  valeur ,  on  la 
frappe  par  un  fon  fec  &  bref ,  au  moment  qu'élis 
commence,  palfant  en  fîlence  le  rcfte  de  fa  durée. 

gCr  COUPER,  ville  de  l'EcotTe  méridionale,  d.ans 
la  province  de  Fite,  fur  la  rivière  d'Eden. 

COUPERET ,  f.  m.  inftrument  tranchant  ,  large  &  4 
pelant,  propre  à  couper  des  choies  dures.  Cu.'ter  * 
grandior.  Il  fert  particulièrement  à  la  cuilîne  &  à 
la  boucherie  pour  couper  les  viandes,  pour  faire 
des  hachis.  Il  fert  aulli  aux  Mcnuifiers  pour  fendre 
du  menu  bois ,  pour  faire  des  chevilles,  des  coins 
&  autres  chofcs. 

Couperet  ,  terme  d'Emaillcurs.  Les  Emailleurs  appel- 
lent aulîl  de  la  forte  ,  un  outil  d'acier  qui  leur  fert 
à  couper  les  canons  ou  filets  d'émail, 

COUPEROSE,  (.(.  vitriol,  minéral  qui  fe  trouve 
dans  les  mines  de  cuivre.  La  coupcrofe  verte  eft  le 
vitriol  romain.  La  coupcrofe  bleue  eu  le  vitriol  de 
Chypre.  Il  y  a  auHl  de  la  couperofe  blanche.  La  cou- 
peroje  fert  à  faire  l'cau-forre  commune  ,  de  l'encre. 
Scutorium  atramentum,  &cc.  Chalchantiim.  L'opi- 
nion commune  cft  eue  la  couperofe  ne  diffère 
pas  du  chalchantum  ,  &  que  c'eft  une  efpèce  de  vi- 
triol. Quelques-uns  difent  que  ce  minéral  eft  le 
chalcitis  des  Anciens.  La  terre  du  Valentino's  en 
Dauphiné  ,  dans  la  Patoifle  de  Larnage  ,en  produit 
abondamment.  Chorier  ,  Hi(i.  de  Dauph.  L.  I,p^ 
jï.  Elle  fert  aux  Teintutieis.  Gaudin  l'appelle  en 
latin  ,  chalchantum  &■  futoriu7n  atramentum. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'allemand  kupfervnf- 

fer  ,fuivant  l'avis  de  Saumaife,  D'autres  de  ciipri- 

rofa ,  car  en  efTct  on  le  tire  des  mines  de  cuivre 

rouge,  qu'on  appelle aulTi  rôfette.  h^  couperofe  eft 

proprement^  le  fel  de  la  pierre  pyrite. 

COUPEROSE  ,  EE ,  fe  dit  particulièrement  d'an, 
vifage  rempli  de  boutons  ,  de  rougeurs,  &  autres 
chofcs  qui  le  rendent  défagréable.  Os  puflulis  U~ 
ventihis  afperfum. 

il  fe  dit  aufll  des  perfoanes.  Cet  homme  eft  tout 
couperofe. 

COUPE-TETE  ,  jeu  d'cnfens  ,  où  les  uns  fe  tiennent 
courbés ,  &  les  autres  fautent  par  deifus. 

On  dit  figurément  &  baficment ,  qu'on  a  joué  à 
coupe-téte  ,c\{x-:i.nà  après  quelque  fcdition  ou  révol- 
te ,  on  tait  trancher  la  tête  à  plufîeuts  des  criminels 
qu'on  a   pris. 

COUPEUR  ,  EUSE,  f.  qui  coupe.  Secior  ,feclrix.  Oà 
le  dit  dans  les  phrafes  fuivanres. 

Coupeur  ,  euse  ,  Vendangeur  qu'on  loue  pour  coupef 
&  détacher  les  raifîns  des  feps  de  la  vigne.  Vinde- 
miator.  Il  me  faut  tant  de  hottcurs  &  tant  de  cou- 
peurs. 

Coupeur  de  bourfes ,  ^fT  fynonime  à  filou,  celui 
qui  coupe  la  bourfe  ,  qui  vole  adroitement  l'ar- 
gent, les  bijoux  &:  autres  chofes  qu'on  peut  avoir 
fur  foi.  Zonarius fecîor,  jeclrix.  Cr umenarum fecior. 

(ÎZT  Coupeur  de  poil ,  chez  les  Chapeliers ,  ouvrier 
qui  coupe  le  poil  des  peaux  ,  afin  de  pouvoir  l'ar- 
conner  de  l'employer  à  faire  des  capades. 

Coupeur  ,  terme  de  Lanfquenet.  On  appelle  coupeurs 
ceux  qui  tiennent  les  cartes.  Nous  étions  dix  cou- 
peurs. 

Coûteuses  de  feui/Ies ,  f.  f.  pi.  fortes  d'abeilles  qui 
font  leurs  nids  dans  la  crête  des  lîllons ,  dans  les 


C  ÔtJ 


jatdin's  &  dahs  les  terres  unies.  Elles  couvrent  ietirs 
étuis  de  rouleaux  de  feuilles  d'arbre  ou  de  plante  , 
qu'elles  coupent  avec  les  dents.  Abrégé  de  l'iiijt, 
des  Infecles. 

COUPIS ,  toile  de  coton  A  carreaux  ,  que  l'on  ap- 
porte des  Indes  Orientales,  particulièrement  de 
Beni^ale. 

COUPLE  ,  f,  f,  lien  avec  lequel  on  attache  les  chiens 
de  chafte  deux  à  deux.  Canum  copuln.  La  couple  ert 
rompue. 

Couple  fe  dit  aùffi  de  deux  chiens  attachés  enfem- 
ble.  Une  couple  de  lévriers.  On  le  dit  par  exten- 
fion  de  deux  ailttes  chofcs  de  même  elpcce  qu'on 
joint  enfemble.  Il  lui  faut  donner  une  couple  d'c- 
cus  pour  Ton  falaire.  Duo  nummi.  Il  a  apporté  pour 
fa  part  une  couple  de  bouteilles  de  vin.  Geminx 
amphora.  Il  lui  a  fait  préfent  d'une  couple  de  pi- 
geons. Columbarum  par. 'M.cn^i^ç  a  décidé  que  le 
mot  de  cow/j/^  en  ce  fens  ctoit  mafculin  :  mais  quel- 
les que  puilîent  être  fes  raifons ,  Tufage  étant  con- 
traire à  fa  décifion  ,  il  faut  le  faire  féminin  ;  &  c'cft 
aufli  le  fentimcntde  l'Académie  Françoife,  qui  dit 
une  oouple  d'œufs ,  bina  ova  5  une  couple  de  cha- 
pons ,  hini  capones  ;  une  couple  de  boîteS  de  confi- 
tures. Il  faut  cependant  convenir  que  quelques 
gens  difcnt  quelquefois'  un  couple. 

Ce  mot  vient  de  copula.  Nicod.  Du  Cange  té- 
moigne qu'on  a  dit  cupla  dans  la  baiFe  latinité  dans 
le  même  fens. 

Quand  les  chofes  qui  font  de  même  efpèce  vont 
néeefîairemcnt  deux  enfemble,  comme  les  fouliers, 
les  bas ,  les  gans ,  on  fe  fert  du  mot  Aç paire  ,  &  non 
pas  du  mot  de  couple.  On  parleroit  très -mal  lî  on 
difoit  une  couple  de  fouliers ,  (S-c.  Il  faut  dire  une 
paire  de  fouliers ,  &a 

CotJPL*  fedit  de  deux  perfonnes  unies  enfemble,  ou 
par  amour,  ou  par  mariage;  mais  alors  il  eftmaf 
culin.  Far.  Heureux  couple  d'amans  :  Par  ainantum. 
Malherbe.  Couple  ingrat  &  perfide.  Corn.  Voiture 
a  néanmoins  fait  couple  féminin  en  ce  /ens  ,  quand 
il  a  dit ,  on  mit  dans  la  couche  nuptiale  ,  la  belle 
toupie  lans  égale.  Mais  il  ne  doit  point  être  imité. 
§Cr  Ain'i  pour  établir  une  règle  générale  fondée 
fur  l'ufage,  on  peut  dire  que  le  mot  couple  eft  du 
genre  mafculin  quand  on  parle  de  l'efpèce  hu- 
maine 5  &  du  genre  féminin  dans  tous  les  autres 
cas,  même  en  parlanr  des  animaux.  Heureux  cou- 
ple d'amans.  Une  couple  de  pigeons  \  une  couple 
d'œufs* 

Et  ce  couple  charmant  ; 
S'unit  long  temps ,  dit-on ,  avant  le  Sacrement. 

BoiL. 
Je  vais  d'un  coup  de  pinceau 
Peindre  ce  cousit  Ji beau.  Pélisson. 

En  Vénerie  ,on  appelle  couple  03"  le  lien  avec 
lequel  on  attache  deux  chiens  de  chaffc  enfemble. 
Canum  copula.  Ces  chiens  ont  rompu  leur  couple. 
^CF  En  termes  de  Blafon  ,  couple  eft  un  bâton  d'un 
derai-pié  ,  auquel  pendent  deux  attaches  dont  on 
fe  lert  pour  coupler  les  cliiéns. 

Couple  ,  en  termes  de  Marine  ,  lignifie  les  côtes  d'un 
navire.  L^rera;  parce  qu'elles  font  toujours  appa- 
riées &:  jointes  enfemble,  &  font  d'égale  grandeur 
quand  elles  font  également  éloignées  de  la  princi- 
pale côre. 

COUPLER  ,  V.  a.  attacher  des  chiens  deux  à  deux 
avec  une  couple.  Fenaticos  canes  copulare,  copula 
coTiJlringere. 

03"  Coupler  fe  dit  auffi  des  perfonnes,  lorfqu'ôn 
en  loge  deux  enfemble  dans  les  maifons  où  les  lo- 
gemens  font  marqués  par  les  Maréchaux  des  logis. 
Il  n'y  avoir  pas  où  loger  tout  le  monde  féparé- 
ment ,  on  coupla  les  Officiers  de  la  Maifon  du  Roi. 
AcAD.  Fr. 

Ceux  qui  cherchent  l'origine  de  tous  les  mots 
dans  la  langue  hébraïque ,  diient  que  coupler ,  copu- 


C  o  tl         §7 

tafé  ,  vient  de  caphal ,  coupler  ,  Joutlei- ,  joindre 

enfemble  :  c'eft  le  fentiment  d'Adtien  Schieck. 
Couplé  ,^ée.  part.  Koye:^  le  verbe. 
COUPLE  ,    EE  ,  adj.  qui  s'eft  dit  autrefois  pbut  aic- 

couplé ,  joint ,  aflbcic.  Junclus  ,  fociatns  >,  confo- 

ciatus ,  rt,  um. 

Toutes  chofes 
Qui ,  lors  étoient  enfemble  mal  couplées , 
Et  l'une  &  C  autre  en  grand  difcord  troubliez; 

Mar; 

COUPLET  j  f.  xn,  dîvifîon  de  Vers  qui  fe  fait  datis  une 
Hymne,  dans  une  Ode.  gCTCeft  la  même  chofe  que 
ftrophe.  Stance  dans  une  Chanlbn.  Dans  une  Chan- 
fon ,  c'eft  un  certain  nombre  de  Vers ,  qui  font  le 
tout  ou  partie  de  la  Chanfon.  Strophe.  Cette  Chan- 
fon  ,  cette  Hymne  eft  compolce  de  tant  de  couplets^ 
On  le  dit  aulfi  des  Pfcaumes ,  &  des  Profcs  qu'on 
chante  à  l'Eglife.  Le  premier  cowp/tv  de  Magnificat^ 
Verjiculus.  Le  dernier  couplet  du  Ficlimx  Pafchali 
laudes.  A  l'égard  des  Odes  &  des  Stances ,  ces  divi- 
iions  font  plus  ordinairement  appelées  Strophes.  Le 
mot  couplet  vient  du  latin  copula. 

fCF  Couplet  fe  dit  auffi  en  Mufique  des  difFérenteé 
variations  d'un  même  air ,  auquel  on  fait  quelque 
changement  fans  défigurer  le  fond  de  l'air. 

Couplet  (îgnifie  auffi  un  fufil  brifé ,  dont  le  canon 
eft  de  deux  pièces  ,  qui  fe  ra/îêmblent  par  le  moyca 
d'une  vis.  Les  couplets  font  défendus ,  à  caufe  qu'ils 
fervent  aux  payfans  pour  aller  de  nuit  à  la  chafle. 

Couplets  fe  dit  auffi  des  fiches  à  doubles  nœuds ,  bti 
charnières  qui  fervent  de  pentutes  pour  les  portes  &" 
pour  les  fenêtres,  parce  que  ce  font  deux  pattes  dé 
fer  à  queue  d'aroride ,  unies  par  deux  charnières.  In- 
fert£  mutuo  fbula. 

COUPLETER ,  Vi  a.  inaltraiter  quelqu'un  dans  des 
couplets  de  Chanfon,  faire  des  Chanfbns  courre  lui. 
On  fit  ce  mot  dans  le  temps  des  fameux  couplets  ^ 
attribués  à  Rouffeau. 

i7n  certain  guerrier  coupleté  i 
Pour  rabattre  fa  vanité  , 
Se  vengea  defon  P^audeville 
Canne  en  main.  Anti-R"*^*,- 

Plufieurs<ron;j/f;;j  parlèrent  à  R**  fur  un  ton  fî 
vif,  &  fi  prêt  d'eii  venir  au  châtimertt,  qu'il  dcfa- 
voua  fes  couplets.  Quelques  coupUtés  perdant  pa- 
tience ,  le.chanfbnhèrent  à  leur  tour.  Id. 

ffT  COUPLIERES  ,  f  f.  pi.  terme  de  Rivière  ,  elï 
un  affemblagè  de  huit  roucttes  bouclées  par  uii 
bout,  où  elles  formentune  efpèce  de  nœud  coulant; 
On  s'eri  ferr  dans  la  conftruiflion  des  trains,  pouc 
retenir  la  branche  d'un  train  fur  l'attelier, 

COUPOIR  ,  f",  m.  eft  un  outil  de  fer  tranchant  &  bîeiî 
acéré ,  dont  on  fe  fert  dans  les  monnoies  pour  cou- 
per les  flans  avant  qije  de  ks  maiïquer.  Ferrum  inci- 
dins  aiirum.  C'cft  une  efpèce  d'emporte-ptèce  qui 
coupe  les  lames  en  rond  de  la  grandeur  des  cfpèces. 
Il  eft  compofé  de  deux  morceaux  d'acier  fort  ttan- 
chans  pofés  l'un  fur  l'autre,  dont  celui  de  dcflbuS 
eft  un  peu  creux ,  &  repréfcrite  un  mortief  ,  Se  celui 
de  deflus  un  pilon.  Ilscoupent  en  rondeur  le  lingot 
de  métal  qu'on  met  entre  deux, 

CoupoiR  ,  en  termes  de  Chandelier  ,  fîgnifie  l'inftru- 
ment  avec  lequel  on  rogné  le  cul  des  chandelles 
communes  ;  c'eft-à  dire ,  de  celles  qui  font  faites 
à  la  broche.  On  fe  fert  du  coiipoir  dans  pl'ufieurs  Arts 
&•  Métiers. 

COUPOLE  ,  f  f  terme  d'Architedlute,  venu  d'Italie; 
c'eft  une  voûte  fphéïiqUe ,  ou  le  haut  du  dôme  d'une 
Eglife  ronde,  faite  en  forme  d'une  coupe  renverfécc 
Tholus.  La  coupole  du  Val-de-Gtace ,  de  l'Aflbmp- 
tion. 

C'eft  auffi  rintcrieur,la  partie  concaive  d'un  dôme»' 
Cette  coupole  eft  bien  peinte. 

Ce  mot  vient  de  la  baffe  latinité,  oùl'onadîÉ 
cuppula ,  autrement  tholus ,  ou  fornix  ,  d'où-  Jey 


>74  C  O  tl 

Italiens  ont  fait  leur  cupola  ,  dans  le  même  feris. 

COUPON ,  r.  m.  petite  pièce  de  toile  de  deux  ou 
trois  aunes,  qui  lemble  retranchée  d'une  plus  grande, 
&  qui  l'ert  quelquefois  en  effet.  Reliclum  panni  fruj- 
tum.  Il  y  a  aulll  des  coupons  d'étoffe,  ^  On  appelle 
particulièrement  coupon  un  petit  relte  d'une  pièce 
d'étoffe  ou  de  toile. 

Coupon  ,  chez  les  Marchands  de  bois  flotté  ,  eft  une 
certaine  quantité  de  huches  lices  enfemble  ,  avec 
des  perches  &  des  rouettes.  Il  faut  dix-huit  coupons 
pour  former  un  train  de  bois  flotté. 

Coupon  d'acUon  ,  cfi;  une  portion  de  la  dividende 
d'une  aùlion.  Ce  terme,  en  ce  fens ,  a  été  inconnu  eri 
France  jufqu'au  règne  de  Louis  XV,  dans  l'établiffe- 
fnent  desadions  de  la  Compagnie  deslndes,qui  fuc- 
cédèrent  aux  adions  des  Fermes  du  Roi,  prefqu'auf- 
iitôt  fupprimées  qu'elles  furent  créées.  Ces  adions 
remirent  les  coupons  en  vogue  &  en  crédit  -,  &  ce  fut 
afors  que  l'ufage  en  fut  entièrement  affermi  dans  le 
commerce  des  adions.  Il  faut  donc  fuppoler  ou  fa- 
yoir  que  chaque  dividende  ou  répartition  d'adion 
donne  à  un  adionnaire  &  lui  rapporte  un  profit  pat 
an  ,  &  cette  adion  eft  divifée  en  deux  coupons.  Ces 
coupons  ont  été  inventés  pour  faciliter  le  payement 
des  dividendes ,  &  épargner  à  l'adionnaire  le  foin 
de  faire  dreffer  des  quittances  à  chaque  demi-année. 
Chaque  coupon  d'adion  a  une  empreinte  du  fceau 
de  la  Compagnie;  enforte  qu'une  police  d'adion 
pour  trois  années  a  fept  fceaux.On  peut  négocier  les 
coupons  d'adions ,  comme  les  adions  mêmes. 

Du  Cange  le  dérive  de  colpo ,  qu'on  a  dit  dans  la 
baffe  latinité  dans  la  même  fignification,  tiré  du  grec 
xôwffflv ,  qui  lignifie  morceau ,  ou  fragment  de  quelque 
choje. 

^fT  COUPURE  ,  f,  f.  Solution  de  continuité  ,  divi- 
lîon  qui  refait  dans  un  corps  continu  par  un  infttu- 
ment  tranchant.  Cizjio ,  incijio  ,  cxfura.  Votre  Bar- 
bier vous  a  fait  une  coupure  à  la  gorge.  La  coupure 
de  cette  étoffe  n'eft  pas  de  droit  fil.  Je  me  fuis  fait 
une  coupure  qui  va  jufqu'à  l'os. 

Coupure  ,  en  termes  de  Guerre ,  fe  dit  des  retranche- 
mens ,  foffés ,  paliffadcs ,  &c,  qui  fe  font  dans  un  ou- 
vrage derrière  une  brèche  >  pour  s'y  défendre.  Fojfa, 
Ce  m.ot  eft  d'un  grand  ufage  dans  l'art  militaire. 
On  fait  des  coupures  aux  reiranchemens  d'un  camp, 
aux  lignes  de  circonvallation  &  de  contrevallation. 
Elles  fervent  pour  aller  &  venir ,  pour  faire  des  for- 
ties  fur  l'ennemi.  On  a  loin  de  les  fermer  d'une  bar- 
rière. On  fait  auffi  des  coupures  pour  arrêter  la  ca- 
valerie en  rafe  campagne.  On  fait  des  coupures  pour 
faigner  une  rivière,  un  marais. 

COUQUEFAT  &  COQUENFAT.  ^oye^  Cucufat. 

^fT  COUR  ,  f.  f.  efpace  ,  portion  de  terrein  décou- 
vert ,  enfermé  de  murs  ou  enrouré  de  bitimens , 
placé  ordinaitement  à  l'entrée  d'une  maifon  ,  d'un 
hôtel ,  d'un  palais ,  dont  il  fait  partie.  Arca.  Cour 
de  devant ,  ou  avant-co«r  :  cour  de  derrière ,  ou  in- 
térieure ,  entourée  de  corps  de  logis.  Cavcedium  ,  ou 
cavum  cedium.  Cour  des  Cuifines  du  Louvre.  Petite 
COUT  à  fumier.  Cette  chambre  a  vîie  d'un  côté  fur  la 
cour ,  de  l'autre  fur  le  jardin.  On  appelle  baffecour  .î 
la  campagne ,  celle  où  l'on  nourrit  la  volaille  & 
les  beftiaux,  A  la  ville  ,  c'cft  le  lieu  où  font  les  écu- 
ries ,  les  remil'es,  les  équipages ,  &  le  logement  des 
bas  domeftiques.  Cohors ,  chors.  On  appelle  nou- 
velles de  la  bajfecour ,  des  nouvelles  qui  fe  débi- 
tent par  des  gens  mal  inftruits ,  &  peu  éclaiiés.  Dans 
les  belles  maifons  de  campagne,  il  y  a  auffi  une  avant- 
cour  ,  qui  eft  un  lieu  fermé  de  murailles  couvert  de 
gazon  ,  qui  eft  au  devant  de  la  principale  cour  du 
château. 

Nicod  dérive  ce  mot  du  larin  coJiors^qWÎ  fe  trouve 
dans  plufieurs  Auteurs  en  la  même  fignification.  Et 
Ménage  dit  qu'il  vient  de  cortis ,  &  non  pas  de  cu- 
ria.  Ce  mot  cohors  ou  chors  ,  fignifioir  ordi- 
nairement ce  que  nous  appelons  cour  de  Tnaifon.Elis 
ctoit  ronde  ,  S<:  a  donné  le  nom  à  la  troupe  des  fol- 
dats  qu'on  a  depuis  appelée  cohorte,qm  faifoit  partie  j 
d'une  Légion.  En  Picardie  &C  en  Baffigni  on  appe-  ' 


CO  U 


loit  court ,  le  château  du  Seigneur;  &  on  difoit  ^  ]c 
m'en  vais  à  la  court  d'un  tel  ;  pour  dire  ,  en  fa  mai- 
fon ,  en  fon  château  -,  &  dc-là  vient  que  la  plupart 
des  noms  des  villages  fe  terminent  en  court.  Voyez 
Court. 

Cour  de  Col/ège.  Ccd  Une  grande  place  qui  eft  dans  le 
Collège  ,  &  où  les  Ecoliers  jouent  &c  fe  divertiffent. 
Area. 

^ft  Cour  ,  fe  dit  auflî  du  lieu  où  eft  un  Souverain  , 
ôc  de  l'a  fuite.  Dans  cette  acception  la  Cour  eft  com- 
pofée  des  Princes  ôi  Princeifes ,  des  Miniftrcs  ,  dcS 
Seigneurs  &  des  Ofliciers  attachés  par  leurs  places 
auprès  du  Souverain.  Aula.  Un  Courtifan  doit  étte 
toujours  à  la  Cour  ,  ou  aller  fouvent  à  la  Cour.  Les 
Cours  feroient  déferres ,  &  les  Rois  prefque  feuls  y 
fil'on  croit  guéri  de  la  vaniré  de  l'intérêt.  La  Bruv. 
C'eft  à  la  Cour  que  les  paffions  s'excitent ,  &  conP 
pirent  contre  l'innocence.  Fléch.  La  fourberie  paiîs 
pour  une  vertu  à  la  Cour.  Arn.  La  Cour  eft  un  extrait 
de  tout  le  Royaume  :  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  fin  &: 
déplus  pur  s'y  rencontre.  S.  Evr.  Remarquez  qu'il 
y  a  bien  de  la  différence  entre  un  homme ,  ou  une 
femme  de  Cour  ,  &:  un  homme  ou  une  femme  de  la 
Cour,  Une  femme  de  Cour  eft  d'ordinaire  une  femme 
d'intrigue.  Mais  une  femme  de  la  Cour  ,  eft  une 
femme  que  fa  naiffance  ,  ou  fes  emplois  attachent 
à  la  Cour.  Bouh.  L'efprit  d'une  femme  de  la  Coured 
plus  adif  que  celui  d'une  Payfannc,  Port-R.  Il  a 
écrit  en  Cour,  il  eft  bien  en  Cour  :  ces  expreffions  ont 
vieilli ,  &  Vaugelas  les  condamne  dans  fes  remar- 
ques. Il  faut  dire ,  il  a  écrit  à  la  Cour ,  il  eft  bien  â 
la  CouT^ 

Selon  que  vous  fer  e^^  puiffant  ou  mi  [érable , 
Les  jugemens  de  cour  vous  rendront  blanc  ou  noir; 

La  Font. 

Ne  voife  au  bal  qui  n'aimer  a  la  danfe, 
Ny  au  banquet  qui  ne  voudra  manger, 
hly  fur  la  mer  qui  craindra  le  danger, 
Ny  à  la  Cour  qui  dira  ce  qu'ilpenje.  Pybrac 

Nefoye^  à  la  Coiit  ,JÎ  vous  voule:^y  plaire , 
Ni  fade  adulateur  >  ni  par  leur  trop  Jincere. 

La  Font, 

Ce  nom  ,  en  ce  fens ,  vient  félon  le  Jéfuite  Gret- 
fer  ,  Obfer.  L.  II,  C.  6 ,  in  Codini ,  C  5  ,  de  cortis 
ou  curtis ,  >!.ip1>, ,  qui  a  fignifié  une  Tente,  qui  s'ffl 
pris  aulfi  pour  toute  la  cour  d'un  Prince,  d'où  s'eft 
Biiz  courtoi/ie  ,  &  en  Allemand  <:or/^cA ,  qui  veut 
dire  coiirtoifement ,  poliment.  Il  y  a  dans  les  Lciix 
des  Allemands  un  titre  De  eo  qui  in  curte  Régis  fur- 
tum  commiferit  ;  un  autre.  De  eo  qui  in  curte  Ducis 
hominem  occiderit.  Cour  s'eft  dit  en  France  pour  le 
Château  d'un  Seigneur.  Voye^  ci-deffus  leS  étymo- 
logies.  Curtis  eft  un  nom  Romanefque  ,  ou  fait  du 
latin  cohors  ou  chors  ,  par  les  Gaulois  ^  &:  cohors  ou 
fAorj,  viennent  du  grec  xh^i'^-  ^oye^  au/fi  Chiflet, 
Gloff.  Salicum, 

^3"  Cour  céUjle ,  en  ftyle  de  dévoticm  &  de  Poëfie  , 
fynonime  de  paradis.  Aula  cœlejlis. 

|C?J  Le  mor  de  coMrfe  pirend  particulièrement  pour  le 
Roi  &  fon  Confeil.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit,  at- 
tendte,  recevoir  des  ordres  de  la  Cour.  La  Cour  a 
dépêché  des  coùriers ,  &c.  un  tel  eft  bien  à  la  Cour. 

Cour  fe  prend  encore  pour  rair,la  manière  de  vivre  de 
la  Cour.  Aulicorum  mores. 

Cet  homme  fur  bien  la  Cour  ;  il  a  bien  pris  l'air 
de  \diCour.  Il  Ait  toutes  les  intrigues  de  laCbwr.Cet 
homme  n'eft  plus  à  la  mode,  il  eft  de  la  vieille  Cour. 
Un  homme  qui  fait  la  Cour  eft  maître  de  fon  gefte , 
de  fes  yeux,  de  fon  vifage,  fourir  à  fes  ennemis, 
contraint  fon  humeur,  dcguife  fes  paflîons ,  dément 
fon  cœur  ,  parle  &  agit  contre  fes  fentimens.  La 
Bruy.  Je  ne  fuis  point  la  dupe  de  ces  hypocrites  de 
CoKr,  qui  prêchent  les  autres  fur  la  retraite.  S.  Evr, 
Un  homme  de  Cour  ,  efl:  un  homme  fouple ,  adroit  : 
mais  faux  &  artificieux  ,  &  qui  met  tout  en  ufagc 


cou 


pouf  parvenir  à  Tes  fins,  Bouh.  Aulicus.  Balzac  ap- 
pelle les  gens  de  Cour ,  des  Renards  -de  Cour.  N'cV- 
pérez  plus  de  francliife,  ni  de  candeur  d'un  homme 
qui  s'cfl:  livré  à  la  Cour,  &  qui  fecrettement  veut  faire 
fortune.  La  Bruy.  Les  jurifconlultes  de  Cour  ,  tou- 
jours bien  alîbrtis  de  maximes  Hatceufes ,  ne  man- 
quèrent pas  d'étaler  leur  éloquence  mercenaire. 
Tour. 

On  appelle  Evalue  de  Cour  ,  un  Evêque  attaché 
à  la  Co:/r  ,  qui  ne  rc(îde  point,  qui  brigue  la  faveur. 
L'Auteur  de  trois  vohu-nes  intitules /'£vc|/?/e  Je  Co?/r, 
oppole  un  Evêque  de  Cour  ,  à  un  Evêque  Apofto- 
lique. 

On  appelle,  eau  bénite  de  Cbz/r,  les  vaines  pro- 
medes ,  les  carclîes  trompeufes ,  &  les  complimcns 
tels  qu'en  font  les  gens  de  Cour.  Amis  de  Co?/r ,  des 
amis  lur  qui  on  ne  peut  guère  comprer.  fp"  Eiprit 
de  Cour,  expreffion  employée  par  Corneille  dans 
Rodogune ,  pour  un  ejprù  de  Cour  ,  &  nourri  chci 
les  Grands-,  c'eft  Clcopatre  qui  parle  ainfi.  Ce  n'efl: 
pas  là  ,  dit  Voltaire  ,  le  langage  d'une  Reine.  E/pric 
deCour  efl  une  expreificn  bourgeoife. 
Ctr  On  dit  proverbialement  d'une  maiibn  où  chacun 

veut  commander,  que  c'eft  l^Cour  du  Roi  Pétaut. 
fer  Avoir  bouche  à  cour  chez  le  Roi ,  chez  un  Prince, 
c'efl  avoir  droirdemangeraux  tables  entretenues  par 
le  Roi,  par  le  Prince.  Tel  Officier  a  des  appoin- 
remens  coniidérables  ,  &  bouche  à  cour. 
^  Cour  fe  prçnd  encore  pour  la  fuite  d'un  Prince  , 
quoiqu'il  ne  foitpas  fouverain  d'un  grand  Seigneur  : 
il  eft  de  la  cour  d'un  tel  Prince.  Les  petites  cours  ont 
leurs  intrigues  auili  bien  que  les  grandes, 
|!Cr  Cour  fe  prend  encore  fouvent"  pour  les  refpeds, 
les  alliduités  qu'on  rend  à  quelqu'un,  .à  un  Supérieur, 
à  un  Seigneur.  Ohfequium  ,  officiofafodalitas.  Faire 
fa  cour  au  Roi ,  aux  Miniftres ,  aux  Grands. 
§3"  On  dit  de  m.ême  ,  faire  la  cour  à  une  femme ,  pour 
marquer  les  foins  qu'on  prend  pour  lui  plaire.  Af- 
feciari ,  blandiri  ,pa/pari  mulieri.  Il  y  a  long  temps 
qu'il  t'ait  Is. cour  à  cette  veuve. 
IJCT  Dans  cette  acception  ,  faire  la  cour  à  une  femme, 
efl:  une  expreffion  bannie  du  ftyle  tragique  j  Vol- 
taire ,  dans  fes  remarques  fur  Nicomede. 
^fr  Faire  la  cour  de  quelqu'un  ,  lui  rendre  de  bons 
offices  auprès  de  quelqu'un.  Vous  avez  befoin  d'un 
tel  ,  je  lui  ai  bien  fait  votre  cour. 
^  Cour.  (  Hifi.  ancienne.  )  Curia.  Selon  Feflus ,  c'é- 
toit  le  lieu  où  s'afîembloient  ceux  qui  avoient  foin  des 
affaires  publiques.  Mais  G^r/rî,  chez  les  Romains, 
fîgnifioir  plutôt  les  perfonnes  qui  compofoient  le 
Confeil,  que  le  lieu  où  fe  faifoit  l'aflemblée,  parce 
que  ce  lieu  n'ctoit  point  certain  :  le  Sénat  s'ailem- 
blant,  tantôt  dans  un  Temple,tantôt  dans  un  autre. 
Il  y  avoir  néanmoins  de  certains  lieux  appelés  O/r/iî, 
comme  Curia  HoJlUia ,  Curia  Calahra  ,  Curia  Sa- 
liorjim  ,  Curia  Pompei,  Curia  Augujli  :  mais  on  ne 
iait  pas  trop  ce  que  c'étoit.  Ces  cours  étoienr  de 
deux  fortes  -,   les  unes  où  les  Pontifes  s'afTemblcicnt 
pour  régler  les  affaires  de  la  Religion  :  on  les  appe- 
loit  d'un  nom   général  Curies  veceres.  On  encom- 
ptoit  quatre  5    Forienjzs,    Ravia     Vellenfis   &  Ve- 
litia,  qui  croient  dans  le  dixième   quattier  de  la 
ville  -,  les  autres  où  le  Sénat  s'aiîembloit  pour  les 
affaires    de  l'Eat.  Ciirix  uhi  facerdotes  res  divinas 
curarent,  ut    curia    veteres  :  &    ubi  Senatus  ku- 
manas,  ut  ciiria  hofti/ia,  àitYanon. 
Cour  lignine  auffi  le  lieu  où  les  Juges  exercent  leur 
Juridiélion.  Curia ,  Senatus,  Ce  procès  a  été  jugé 
en  la  Cour  de  Parlement  ,  en  la  Cour  des  Pairs  en 
pleine  audience.    On  prononce    dans  les  Arrêts , 
hors  de  Cour. 
0Cf"  On  donnoit  autrefois  le  nom  de  Cour  à  tous  les 
Tribunaux ,  Se  l'on  difoit  Cour  du  Seigneur ,  Cour 
d'Eglile,  (  nom  préfentement  réfetvé  aux  Juridic- 
tions Souveraines  ).  C'eft  dans  ce  fens  qu'un  Juge  , 
même  inférieur,  mer  les  Parties  hors  de  Cour  ,  les 
renvoie ,  &  les  met  hors  de  procès.  (  Foyei  hors 
de  Cour.  ) 
^G"  Dans  les  Coutumes ,  il  efl:  parlé  de  la  Cour  féo- 


COU  97Y 

dalc  ,  où  les  vaffaux  des  Seigneurs  font  Juifés.  Cour 
foncière,  la  Balfc-Juilice  pour  les  droits  Vonciets. 
tWr  perlbnnclie  ,  celle  où  les  Parties  doivent  com- 
paroître  &c  procéder  en  perfonne. 
D;3'  Ravoir  la  Cour,   c'efl:  obtenir  le  renvoi  d'une 
^  caule.  Rendre  la  Cour  ,i  fes  hommes ,  c'eft  renvoyer 
les  Parries  en  la  Jullice  de  fes  valîàux. 
Cour  fe  dit  audi  du  pouvoir  de  juger.  Dans  les  Ar- 
rêrs  de  renvoi  du  Confeil ,  le  Roi\iit  qu'il  attribue 
aux  Juges  par  lui  délégués  route  Cour  &c  Juridic- 
tion, pour  connoître  d'une  affaire. 
§Cr  Cour  ,   iiège  de  Juftice ,  alfembléc    de  Juges. 
Curia.  Les  Cours  fe  diftinguent  en  Cours  Souve- 
raines &  en  Cours  SubalrermW!  Cour  Souveraine  , 
eft  une  Cour  fupérieure  ,  qui ,  fous  l'autorité    du 
Roi,  connoît  des  différens  des  particuliers  fouve- 
rainement  &  fans  appel ,  &  dont  les  jugemens  ne 
peuvent  être  calfcs  que  par  le  Roi  en  Ion  Conleil. 
Superiores  Curiœ.  Comme  (ont  les  Parlcmens,  le 
Grand  Confeil,  les  Chambres  des   Comptes,  les 
Cours  des  Aides  &  la  Cour  des  Monnoies  de  Paris, 
_&  Meilleurs  des  Requêtes  de  l'Hôtel ,  quand  ils 
jugent  au  Souverain.  Voye^  tous  ces  articles,chacun 
à  fa  place. 

Les  Cours  fe  diftinguent  en  Souveraines  :  ces 
Cours  Souveraines  font  indépendantes  les  unes  des 
autres,  &:  elles  font  également  puilîàntes  dans  l'é- 
tendue de  leur  refforr.  Les  autres  font  fubaltetnes , 
ou  intérieures ,  comme  celles  des  Prélidiaux  & 
Sièges  Royaux  ,qui  ne  jugcnr  point  fouverainemenr 
&  fans  appel.  Elles  fe  diftinguent  audl  en  Cours 
Laïques  &:  en  Cours  Ecclc/iaftiques  ou  d'Eglile. 
Inferiores  Ctirice.  On  dit  aulfi ,  la  Cour  de  Rome, 
en  parlanr  des  lettres  qui  s'expédient  en  Chancel- 
lerie &  en  la  Pénitencerie  de  Rome.  E^omana, 
Curia. 

Il  y  a  quatre  principales  Cours  en  Angleterre  , 
qui  fubliftent  encore  aujourd'hui ,  6i  qui  ont  été 
établies  par  l'ancienne  coutume  du  Royaume  ;  plu- 
tôt que  par  aucun  ftatut  ",  feulement  de  temps  en 
temps  elles  ont  tenu  leur  conftiturion  par  les  aCies 
de  Parlemens.  Ces  Cours  font  celles  du  Banc  du 
Roi ,  celle  des^Plaidoiers  communs ,  celle  des  Fi- 
nances ou  de  rEchiquier,&  celle  de  la  Chancellerie. 
Cour  Jt-  Chrétienté.  C'eft  ainli  qu'on  appeloit  autre- 
fois la  Jurididlion  des  Evêques.  Epijcop.ilis  Curia, 
Certe  Juridiélion  embraffoit  toutes  fortes  d'affaires. 
L'Evêque,par  fon  Officiai  ou  par  lui-même  >  quand 
il, vouloir,  connoiffoit  de  toutes  les  chofes  où 
l'Eglife  avoit  intérêt  -,  il  connoiffoir  de  plus  ,  des 
marchés  avec  ferment ,  des  mariages  ,  des  tefta- 
mens,  desfacrilèges ,  du  parjure,  de  l'adultère  ,  & 
généralement  de  routes  les  adions  où  il  peut  y 
avoir  du  péché.  Lf  Gendre.  Bien  des  chofes  avoient 
contribué  à  établir  &  .à  étendre  la  Juridiélion 
des  Prélats  ;  le  crédit  que  donne  leur  place  , 
le  refpeél  qu'on  avoit  pour  eu-x  ,  leurs  vertus  ex- 
traordinaires ,  &;  leur  capacité  beaucoup  plus  gran- 
de en  ce  remps-là  que  n'étoit  celle  des  l'éculiers , 
qui  ne  fçavoient  la  plûparr  ni  lire  ni  écrire.  Id.  Le 
crédir  des  Papes  qui  Ibûtenoient  cette  Juridiétion, 
étant  venu  à  diminuer,  les  Evèques  qui  les  exer- 
çoient ,  n'ayant  plus  la  réputation  où  éroient  leurs 
prédécefîeurs  ;  d'un  autre  côté  ,  la  nobleffe  s'érant 
ennuyée  d'être  foumile ,  comme  le  peuple  ,  à  la 
corredion  des  Prêrres  -,  enfin ,  les  laïques  s'éranr  ap- 
pliqués à  l'étude  des  loix  ,  pour  participer  au  pro- 
fir  que  rapporrent  ordinairemenr  les  affaires  liti- 
gieufes ,  la  Jutidiélion  féculi:re  a  rcllement  pris  le 
deffus ,  qu'elle  a  prefqif  abforbé  la  Jurididlion  deS 
Evêques.  Ce  changemenr  arriva  rard.  Pendant 
plus  de  mille  ans ,  ni  Duc  ,  ni  Comte  ,  ni  Cen- 
renier ,  n'eut  ofé  entreprendre  fur  la  Juftice  de  l'E- 
glife. Id. 
Cour  Majour  ,  comme  on  prononce  en  Gafcogne , 
ou  Cour  majeure  ,  comme  il  faur  dire  en  François. 
Cour  Souveraine  de  Bearn  ,  qui  étoit  en  ufige  du 
temps  du  Comte  Centulle  IV  ,  pour  juger  fou- 
verainemenr les  procès  des  habitans  de  Bearn.  On 


^7^  COU 

VTippelokzuCTi  CûurpL'/ilère.  Curla.  fiipremaBear-  i 
ncnjis.  Suprimus  Bcarncujis  ditionis  Sinatus, 

Les  grandes  afl-aires  qui  regardoienr  i'intcrët  gé- 
ncr:il  du   pays  y  étoient  réiblues  ;  &  la  dccilion 
des  caules  particulières  s'y  failbit  ibuverainement 
par  le  Seigneur ,  avec  les  Evêques  &c  ies  Vallaux , 
ou  par  ,ceux  d'entr'eux  que  les    parties  élilbient , 
Se  qui  font  appelés  les  Jurais  de  la  Cour  ,  dans 
le  for  de  Morlas  ,   &:  dans  les  anciens  titres  la- 
tins,  Conjuratons  &  Ugitimi  procures.  L'origine 
de  cette  Cour  doit  être  prile  des  loix  Romaines 
du  Code  Thcodoiîen  ,  Tuivant  lelquelles  les  Gou- 
verneurs  adembloient  les  principaux   de  la   Pro- 
vince pour  faire  îïls  rcglemens  néceflaires  ,  ce  que 
les  Romains  appellent  agcre  fora  &  conventus  ■,  Ss. 
en  ces   aflcmblces  ,  ils   rendoiént  juftice  avec  le 
confeil  de  leur  Afleiîeur.  Mais  plus  particulière- 
ment on  apprend  par  VEdit  d'Alaric  ,  Roi  des  Vi- 
ligoths ,    qui  coniirme  ce  Code  ,  que  la  publica- 
tion en  fut  arrêtée  avec  l'avis  des  Evèqucs,  &:  des 
principaux  députés  du  Royaume  ,  de  même  que 
les  loix  Vifigotiques  furent  ordonnées  depuis  pour 
l'Elpagne  ,  par  le  Roi  Rechefvind  ,  de  l'avis  des 
Evêques  &:  des  Seigneurs  de  l'on  Palais  ;  &  en  la 
première  &  féconde  race  de  nos  Rois ,  les  gran- 
des   caufes  furent  jugées ,    &  les  réglemens  faits 
avec  l'avis  des  Evêques  Ss.  les  premiers  Vaflàux  du 
Royaume.  De  Marca,  Hiji.  de  Bearn,  L.  IF , 
C.  17.  L.  F  ,  c  5.  Cet  Auteur  décrit   l'ordre  ob- 
fervc  en  la  tenue  de  cette  Cour  ,  L.  FI ,  c.  25.  Elle 
fur   fuprimée    du    temps  du  Roi  Jean  ,  &:  de  la 
Reine  Catherine  de  Navarre  environ  l'an   1490, 
le  Confeil   fouverain    lui  ayant    été  llibftitué.  Id. 
Cour  plcniere.  On  appelle  ainli  ces  magnifiques  af- 
femblées  que  nos  anciens  Rois  faifoient  à  Noël  &: 
à  Pâques  ,    ou   à  l'occafion   d'un  mariage  ou  d'un 
autre  fujet  de  joie  extraordinaire  ,  tantôt  dans  un 
de  leurs  Palais  ,  tantôt  dans  quelque  grande  ville  , 
quelquefois  en  pleine  campagne  \  toujours  en  un 
•lieu  commode  pour  y  loger  les  Grands  Seigneurs. 
Tous  croient  invités  à  cette  adêmblée  ,  &  obligés 
de   s'y  trouver.    Le  Gendre.  Les  Rois  portoient 
dans  les  Cours  pUnières  un  fceptte  à  la  main  & 
une  couronne  fur  la  tête,  Id.  Cet  Auteur  en  dé- 
crit les  cérémonies  dans  fes  Mœurs  des  François  , 
p.    25  ,  6"  fuiv.    Les   Cours  plcràer es  furent  plus 
fréquentes  ibus  les  Rois  de  la  féconde  race  ,  qu'elles 
ne  l'avoicnr  encore  éré.  Elles  étoient  magnifiques 
fousCharlemagne.  Cette  magnificence  alla  toujours 
en  diminuant  depuis  le  règne  de  Charles  le  fim- 
ple.  Son   fils  &;  fbn    petit  fils   avoient  fî  peu  de 
revenu  ,  qu'ils  euffent  été  incommodés  de  tenir  de 
ces  Cours plcnïeres.W\i'^\.\<c'i  Capet  les  rérablir,  Ro- 
bert continua.  Tout  modefte    qu'étoit    S.   Louis 
dans  fes  meubles,    table  &  habits,  il  outroit  la 
fomptuofité  en  ces  jours  de  cérémonie.  Il  s'en  fal- 
loir néanmoins  beaucoup  que  ces  nouvelles  Cours 
pUnieres  eulîent  la  majefté  &  le  luftre  des  ancien- 
nes, parceque  les  Comtes  &  les  Ducs  devenus  Prin- 
ces fouverains,enconvoquoient  d'aurres  chez  eux,&: 
déd'aignoient  de  fe  trouver  à  celles  qu'indiquoient 
les  Rois.    Id.  Sous   Charles  VII  ,    plus  de  Cours 
plénieres  ,  les  grandes  fbmmes  qu'il  en  coûtoitpour 
les  tenir  ,  fuTent  caufe  qu'on  n'entint  plus.  Id. 
Cour  Royite,  c'étoit  la  même  chc)ie  que  Cour  pU- 
ni'ere  ,    dont  nous  venons  de  parler.  Les   Rois  y 
paroiflbient  la  courone  fur  la  tête  ,  c'eft  pourquoi 
on   les    appeloir   auffi    Cours  couronnées.  On  les 
nommoit  encore  Cours  folennelles  ,  fêtes  royales. 
Cour  Rovale  ,  rcrmc    de  Flcuriftc.  C'efl  un  œillet 
brun  &  blanc  ,  régulièrement  panaché  :  fa  fleur  eft 
grnfle  i*^  large  ,  fa  plante  vicoureufe.  Morin. 
COURABLE  ,  adj.  terme  de  chaffe.  Il  fc  dit  en  par- 
lant des  bêtes  de  chaffe  ,  &  veut  dire  celle  qui  peut 
être  courue,  qui  eft  bonne  à  courre.  La  raille  du 
lièvre  ,  &   celle  du   cerf  font  les  plus    éloignées 
de  la  proportion  des  bêtes  courahles.  Salnoue. 
COURADOUX  ,  f  m.  rerme  de  Marine  ,  que  quel- 
ques-uns féparent  en  trois  mots  ;  Cour  à  doux,  Cell 


COU 

l'efpace  qui  eft  entre  deux  ponts.  Dans  une  ga- 
lère c'eft  le  lieu  où  couchent  les  ibldats. 

gC?  COURAGE,  i.  m.  Animus.  Ce  mot  efl  regarde 
comme  iynonime  à  valeur  :,  intrépidité ,  cœur  ,  bra- 
voure. Mais  on  peur  dire  que  le  courage  eft  une 
ardeur  de  l'ame  qui  nous  rend  impariens  d'atta- 
quer ,  nous  fait  entreprendre  hardiment  &  fans 
craindre  la  difiiculté.  Cœur ,  courage  &  valeur  ont 
plus  de  rapport  3.  l'action  que  les  mots  bravoure, 
intrépidité  ,  qui  en  onr'  davanrage  au  danger.  Le 
courage  tait  avancer;  mais  il  ne  faut  pasque  le 
courage  nous  détermine  toujours  à  agir.  M.  l'Abbk 
Girard.  .5y/2.  Le  courage  n'eft  louable  que  quand 
il  eft  accompagné  de  prudence.  Ben. 

zfT  II  fc  dit  des  animaux  hardis ,  comme  font  les 
lions,  les  fangliers ,  les  chiens  ,  les  chevaux,  les 
aigles.  Ce  chien  a  bien  du  courage.  Le  lyon  eft 
celui  de  tous  les  animaux  qui  a  le  plus  de  courage. 
Ac.  Fr.  Du  Cang.-  croir  que  ce  mot  vient  de 
coragium  qui  eft  dit  de  ce  que  l'on  demande, de 
tout  fon  cœur.  Joanncs  à  Janua  le  dérive  de  cor 
&  ago.  Corragio  ,  en  Italien  ,  veut  dire  la  même 
chofe  que  courage  en  François. 

Courage  eft  aulli  une  force  ou  une  vertu  qui  élevé 
l'ame  ,  &:  qui  la  porte  à  mépriler  les  périls  ,  à 
foiitenir  les  malheurs  &  les  revers  de  la  for- 
tune, ou  à  IbufTrir  les  douleurs  avec  conftance  & 
avec  fernreté  :  c'eft  cette  vigueur  néceffaire  à  l'ame 
pour  exécuter  des  adions  vertueufes  ,  qui  ,  par 
des  obftacles  qu'il  faut  braver ,  feroient  imprati- 
cables à  des  coeurs  pufiUanimes.  Magnanimitas,for- 
titudo  ,  magnitudo  animi  ,  conjîxntia.  Quand  la 
fortune -fe  mer  à  perfécuter  quelqu'un  ,  elle  vient 
à  bout  du  plus  ferme  courage.  S.  Evr.  La  mi- 
fcre  &  la  mauvaife  fortune  abattent  le  courage. 
PoRT-R.  Rien  n'a  jamais  égalé  ce  courace  pai- 
fîble  ,  qui  ,  fans  faire  effort  pour  s'élever  ,  s'eft 
trouvé  par  fa  naturelle  fimation  au  deffus  des  ac- 
cidens  les  plus  redoutables.  Boss.  On  n'admire 
rien  tant  qu'un  homme  qui  fçait  être  malheureu.x 
avec  courage.  Racine.  C'eft  un  fpei5lacle  indigne 
de  voir  le  courage  d'un  Héros  ,  amolli  par  "des  J 
larmes  &  par  des  foupirs.  S.  Evr.  Le  propre  des 
grands  courages  eft  de  méprifer  la  mort ,  &  non 
pas  de  haïr  la  vie.  Vaug.  La  philofophie  me  doit  ] 
mettre  les  armes  à  la  main  pour  combattre  la  for- 
tune ,  &  me  roidir  le  courage  pour  fouler  aux 
pies  les  adverfités  humaines.  Mont.  Son  cou- 
rage mal  affermi ,  &  déjà  ébranlé  par  tant  de  dif- 
grâces  ,  fuccomba  à  cette  dernière  attaque.  S.Evr. 

Un  moment  a  changé  ce  courage  inflexible, 

Raciîie. 

gO"  Les  Poètes  emploient  quelquefois  ce  mot  pour 
-ejpru.  Aigrir  les  courages  pour  les  efprits  ,  dans 
Cinna.  On  peur  encore  ,  dit  Voltaire  ,  fe  fervir  da 
mot  courage  dans  ce  fens. 

ÇCF  Le  mot  de  courage  eft  quelquefois  déterminé  en 
mauvaife  part  parles  épithèrcs  qui  l'accompagnent. 
Ainfi  l'on  dit  un  toible  courage  ,  un  courage  moi'  » 
un  courage  brutal.  Animus  angujlus  ,  demijjiis  , 
fero.x ,  &c. 

Içj'  Courage  fe  prend  quelquefois  pour  affedion. 
Servir  quelqu'un  de  grand  ,  de  bon  courage.  Il 
n'a  pas  fait  cela  de  bon  courage.  Liéenter ,  /léenti 
animo.  Mauvais  ftyle. 

ICT  Quelquefois  pour  fentiment  ,  pafTion,  dureté, 
cruauté.  Il  n'a  fçu  vaincre  fbn  courage.  Si  j'en 
croyois  mon  courage,  je  t'étranglerois.  Ingrat ,  au- 
ras-ru le  courage  de  m'abandonner  î  Je  fus  Tou- 
ché de  fes  pleurs  ,  8c  je  n'eus  pas  le  courage  d'in-» 
flilter  à  fa  milêre.  Médée  eur  le  courage  de  dé- 
chirer fes  enfans.  Arrée  eut  le  courage  de  faire 
manger  .à  Thyefte  fes  propres  enfans.  Toures  phra- 
fes  bannies  du   ftyle  noble,  grave  &  férieux. 

ffT  On  dit  famil'ièrcment  tenir  fon  cour  âge  ,  çtxM- 
ter  dans  fon  re/fentiment ,  dans  fon  dépit ,  dans  fa 
haine,  dans  fa  colère.  Il  avoir  juré  qu'il  pe  la  ver- 

roit 


cou 

roit  jamais  ,  il  n*a  pas  tenu  fon  courage.  Acad. 
Fr.  Mauvais  jargon  ,  même  dans  le  ftyie  familier. 
Courage  le  dit  ablblument  fJCF  comme  particule 
ou  interjetlion  exhortative.  Macle  au  vocatif  lin- 
giilicr  ,  Se  maal  pour  le  pliirier ,  de  l'ancien  mac- 
tiis ,  pour  magis  actus.  Allons  ,  ferme  ,  courage. 
M.iae  virilise  ,  macie  virtute  ejio  ,  macle  animi  ou 
animo.  Allons ,  courage ,  point  de  foibleile.  Macli 
efle  pucri->  macli  virtute   ejle. 

COC/RAGEUSEMENT,  adv.  d'une  manière  cou- 
rageule.  Fortiter ,  (trenuè  ,  animosh ,  viriliter.  Les 
François  fe  battent  touiours  fort  coiirageufement. 
L'Orateur  doit  le  détacher  courageujement  de  tous 
les  intérêts  qui  le  pourroient  engager  à  une  flatc- 
rie  fervile.  S.  Evr.  Il  faut  peut-être  plus  pour  lup- 
porter  coiirageufemcnt  les  accidi-ns  &  les  calamités 
de  la  vie  ,  que  pour  faire  de  grandes  &  éclatantes 
adrions.  M.  Es  p.  Il  a  courageujement  triomphé  de 
tous  Tes  maux.  God. 

COURAGEUX  ,  EUSE  ,  adj.  qui  a  du  courage.  Ani- 
mofus ,  magnanimus.  Le  lion  eft  courageux.  Les 
Gentilsliommes  font  plus  courageux  que  les  au- 
tres. Ils  font  d'une  race  d'où  il  y  a  peu  de  gens 
qui  ne  Ibient  braves  &c  courageux.  Comines  Men. 
En  voulant  peindre  un  homme  hardi  &  coura- 
geux,  il  ne  faut  pas  le  peindte  furieux  ôc  info- 
lent.  Fel.  Il  n'y  a  que  la  toi  qui  puiiTe  infpirer  un 
mépris  courageux  des  faux  biens.  S.  Evr. 

COURAMMENT  ,  adv.  tout  courant ,  rapidement  , 
avec  facilité.  Facile  ,  expedite.  Lire  ,  écrire  cou- 
ramment. 

Ce  mot  vient  du  latin  currenter ,  qui  n'eft  point 
en  ufage. 

COURANT  ,  ANTE ,  adj.  qui  court.  Currens.  Chien 
courant.  Voye^  Chien.  Eau  courante ,  eau  vive 
qui  coule  toujours.  jli,ua  jluens  ,  projiuens. 

§Cr  On  dit  fîgurément  intérêt  courant  ,  celui  qui 
court  actuellement  ,  qui  n'efl:  pas  encote  échu  , 
par  oppolîtion  aux  anciens  arrérages.  Foye:^  Inté- 
rêt ,  Arrérages.  Année  courante  ,mo\$  courant. 
Prœfens ,  qui  niinc  agitur  ,  volvitur.  Dans  le  Com- 
merce on  dit  (implement  le  quatre,  le  cinq  du 
courant.  Monncie  ccurante  ,  qui  a  cours ,  qu'on  re- 
çoit dans  le  commerce.  Monœta  cornniunis ,  quœ. 
in  ufu  ejL  Prix  courant ,  prix  commun  de  ordinai- 
re des  denrées.  Pretiumxommune,  Acheter  au  prix 
courant. 
'  IJCF  Toife  ,  aune  courante  ,  mefure  d'une  chofe  , 
d'une  rapiflèrie,  par  exemple  ,  fuivant  fa  longueur , 
fans  avoir  égard  .à  fa  haurcur,  ce  qui  efl:  oppofé 
à  la  toife  ou  à  l'aune  carrée,  nienjio  in  longum. 
L'aune  courante  de  cette  tapifferie  vaut  tant. 

|CF  Écriture  courante.,  qu'on  trace  vue.  Les  Chinois 
ont  auffi  une  écriture  courante ,  dont  les  traits  plus 
liés  &  moins  diftingués  les  uns  des  autres,  don- 
nent la  facilité  d'écrire  plus  vite.  On  la  nomme 
pour  cela  lettre  courante.  P.  Le  Comte. 

fKF  En  termes  de  Marine  ,  manœuvres  courantes , 
la  même  chofe  que  manœuvres  coulan  tes.  Voy. 
ce  mot. 

JC?  En  termes  de  Blafon  ,  courant  fe  dit  des  ani- 
maux qui  courrenr.  Currens.  D'azur  à  deux  cerfs 
courans  d'argent 

^  COURANT,  f.  m.  Le  courant  de  l'eau  &  le 
fj  de  l'eau.  Termes  fynonimes.  Aller  fuivant  le 
courant  de  l'eau.  Secundo  amni  ,jîuvio. 

^fT  Un  courant  d'eau  ,  dans  l' ufage  ordinaire  ,  efl: 
un  canal ,  un  ruifleau  qui  cour'.  Fluentum ,  pro- 
fiuens.  Ce  courant  d'eau  fulïit  pour  faire  moudre 
des  moulins, 

X/n  agneau  fe  dé  f  altérait 

Dans  le  courant  d'une  onde  pure,  La  Font. 

•   Le  grand  courant  de  la  rivière  fe  dit   du  bras 
de  la  rivière  le  plus  large  &  le  plus  rapide. 
ffC?  En  Hydrographie  ,on  entend  par  ce  mot  le  mou- 
vement d'une  certaine  quantité  d'eau  plus  ou  moins 
confidérable ,  fuivant  une  certaine  dired;ion. 
Tome  IL 


f>T 


COU  977 

i^  En  termes  de  Marine  ,  on  appelle  aînfi  les  mou- 
vcmcns  des  eaux  de  la  Mer  ;  mais  particulière- 
ment certains  endroits  de  l'Océan  ,  où  la  Mer  a 
un  cours  plus  ou  moins  rapide  ,  foit  dans  toute 
fa  profondeur ,  foit  à  une  certaine  profondeur  fcu- 
lemenr ,  au  lieu  qu'à  quelque  diftance  ,  elle  paroît 
n'en  point  avoir  du  tout  ,  ou  môme  en  avoir  un. 
tout  oppolé.  Projluens  aquarum  curfus. 

(fT  Quelquefois  le  mot  de  courant  efl  fynonime  à 
Marée  ;  mais  il .  y  a  des  Mers  où  ,  comme  on 
vient  de  le  dire  ,  l'eau  court  vers  un  des  points 
de  la  Bouffole  ,  ce  qu'on  n'éprouve  point  avant 
que  d'arriver  en  ces  endroits  là  ,  ni  dès  qu'on 
les  a  palTés. 

^fT  II  y  a  des  courans  naturels  &  généraux  ,  qui 
viennent  d'une  caufe  conftante  &  unifotme  ;  d'au- 
tres accidentels  &  particuliers,  qui  viennent  de  ce 
que  les  eaux  étant  poulfécs  contre  des  promon- 
toires, ou  dans  des  golfes  &  des  détroits  où  elles 
n'ont  pas  adlz  de  place  pour  s'étendre  ,  elles  font 
forcées  de  reculer,  &:  troublent  par  ce  moyen  le 
flux  ordinaire  de  la  Mer. 

Les  courans  fous  l'Equateur  font  'îx  violens  ,  que 
les  vaiffcaux  peuvent  aller  promptement  d'Afrique 
en  Amérique  ;  mais  ils  empêchent  ablblument  qu'on 
revienne  par  le  même  chemin  ,  de  Ibrte  qu'il  faut 
remonter  jufqu'à  150  degrés  par  les  brifes  ,  ou 
des  vents  d'abas  pour  revenir  en  Europe.  On  ar- 
tribue  aulFi  à  cette  caufe  les  violens  teHux  du  dé- 
troit de  Magellan  ,  parce  qu'on  croit  que  les  cou- 
rans de  la  Mer  du  Sud  &  celle  du  Nord  s'y  entre- 
choquent. Il  y  a  des  courans  qui  portent  vers  le 
vent,  d'autres  qui  portent  contre  le  vent.  Etee  em- 
poté par  les  courans  ,  être  porté  par  le  courant. 
Nous  nous  ibmmes  trouves  fort  près  d'une  roche 
où  le  courant  nous  portoit.  De  Choisi.  Au  décroit 
de  Gibraltar ,  les  courans  portent  prefque  tou- 
jours vers  l'Eft  pour  entrer  dans  la  Mer  Méditer- 
ranée. Les  courans  portent  aulll  ordinairement  à  en- 
trer dans  la  Manche.  Il  y  a  encore  de  fameux 
courans  dans  le  canal  de  Mozambique  ,  qui  font 
quelquefois  faire  aux  vaiifeaux  le  double  de  che- 

•  min  qu'on  avoir  eftimé  ,  &  principalement  en  al- 
lant vers  l'Efl:.  Dans  toutes  fortes  d'endroits  éloi- 
gnés des  côtes,  il  e(t  aflêz  ordinaire  que.  les  cou- 
rans portent  du  même  côté  que  le  vent.  Bouguer. 
Courant  ,  terme  de  Charpenterie.  On  dit  courant  de 
comble  \  pour  dire  ,  la  longueur  du  comble  ,  le 
comble  coniidéré  dans  fa  longueur  ,  lorfqu'elle  eft 
beaucoup  plus  grande  que  fa  largeur. 

On  dit  iigurcment.  Le  courant  du  marché  ;  pour 
dire  ,  le  prix  que  le  vendent  les  dentées  commu- 
nes ,  pretium.  On  appelle  le  co«ra;zf  des  affaires  , 
les  afl^ires  ordinaires ,  par  oppolîtion  aux  affaires 
extraordinaires  qui  furviennent.  On  dit  \q.  courant 
du  monde  ;  pour  dire  ,  la  manière  ordinaire  du 
monde.  Acad.  Fr.  Se  laillcr  aller  au  courant  du 
monde. 

ifT  Le  courant ,  en  matière  de  renres  ,  figniiîe  le 
terme  qui  court ,  je  vous  tiens  quitte  de  tous  les  ar- 
rérages échus ,  pourvu  que  vous  me  payez  le  cou- 
rant. Dans  les  quittances  on  met  la  claufe  ,  fans 
préjudice  du  courant. 

§Cr  Courant  ,  (  Tout  )  adv.  très-vîte  ,  fans  peine  , 
facilement.  Allez  tout-courant ,  curjim,  en  tel  en- 

.  droit.  On  vend  ce  livre  dix  écus  tout-courant  j 
pour  dire  ,  on  en  a  un  grand  débit  à  ce  prix-là.  Cet 
écolier  lit  tout-courant  ;  pour  dire  ,  fort  vite  &c  fans 
héliter.  Il  gagne  cet  homme -là  aux  échecs  tout- 
courant  ,  c'eft-à-dire ,  il  fait  mieux  jouer  que  lui. 
Tout  cela  n'eft  pas  élégant. 

COURANTE,  f.  f.  terme  de  Mufique  &  de  Danfe. 
Car  on  appelle  courante  ,  tant  l'air ,  que  les  pas 
qu'on  fait  defllis  pour  la  danfer  ,  &c  même  les  pa- 
roles llir  Icfquellcs  on  a  mis  un  air  de  cette  mefure. 
Par  rapport  à  la  Mufique  c'eft  une  pièce  de  Mufi- 
que ,  d'une  mefure  rriple  ou  mouvement  ternaire. 
Currens  faltatio.  L'air  de  la  courante  fe  note  ordi- 

H  H  H  H  h  h 


^. 


978  C  O  TJ 

nairemenc  en  triples  de  blanches,  avec  deux  reprifes 
qu'on  recommence  chacune  deux  fois.  Elle  com- 
mence &c  finit ,  quand  celui  qui  bat  la  mellire  baif- 
le  la  main  ;  au  contraire  de  la  iarabandc  ,  qui  finit 
ordinairement  quand  il  la  lève. 

Par  rapport  à  la  Danl'e,  la  Co//;'.-?«/^  cft  la  plus 
commiine  de  toutes  les  dan  (es  qu'on  pratique  en 
France,  qui  fe  fait  d'un  temps,  d'un  pas,  d'un  ba- 
lancement &  d'un  coupe.  La  courante  reçoit  aulîi 
plufieurs  autres  pas.  Autrefois  on  en  faucoit  les  pas , 
&c  en  ce  point  elle  étoit  différente  des  balîes  dan- 
fes  ,  &dcs  pavanes.  Il  y  a  des  courantes  lîmplcs , 
t^  des  courantes  figurées ,  qui  le  danfent  toutes  à. 
deux  peribnnes. 

Ma  franchile  a  danfé  la  courante.  ExpreUlon  co- 
mique &  hurlefque  ;  pour  dire  ,  j'ai  perdu  ma  fran 
chife.  Elle  eft  de  Molière.  .    . 

CouRAi--TE  fe  dit  aufll  baflement  du  flux  de  ventre  , 
à  caufe  qu'il  faut  courir  aux  néceffités,  Alvipro- 
fr/viurn. 

COURANTIN  ,  terme  d'Artificier.  Fufée  dont  onfe 
fert  dans  les  jours  de  rcjouiflance  ,  &  dans  un  feu 
d'artifice  ,  pour  parcourir  une  corde  tendue ,  &; 
bandée  en  l'air  6c  porter  le  feu  d'un  lieu  à  un  au- 
tre. On  met  d'ordinaire  le  iourantin  dans  une  li- 
gure d'ozier  qui  repréfente  un  homme ,  ou  quel- 
que animal ,  &  cela  forme  quelquefois  un  combat 
en  l'air ,  entre  ces  figures. 

COURAP  ,  f.  m.  Nomque  les  Indiens  donnent  à  une 
maladie  que  Bontius  nous  apprend  être  ttès-com- 
mune  à  Java  ,  &  dans  d'autres  contrées  des  Indes 
Orientales.  C'eft  une  efpcce  de  herpe  ou  gale  qui 
paroît  ordinairement  aux  aiflclles  ,  à  la  poitrine  , 
aux  aînés  &:  au  vifage.  Dict.  de  ]  amfs. 

COURATIER  ,  f.  m.  ancien  terme  dont  on  fe  fer- 
voit  pour  exprimer  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui 
Courtier.  f\Y^l  ce  mot 

COUR  AU,  f. 'm.  petit  bateau  dont  onfe  fert  fur  la  Ga- 
ronne à  charger  les  2;rands  bateaux. 

COURBARI  ou  COÛRBARIL,  f.  m.  arbre d'Am.éri- 
que  qui  s'élève  fort  haut ,  &  dont  le  bois  eft  dur , 
rougeâtre ,  &  bon  pour  la  menuiferie.  Son  tronc  &: 
fcs  branches  font  couvertes  d'une  écorce  épaiile ,, 
rude,  inégale  Se  brune.  Ses  branch{:s  font  longues 
&  fort  ramifiées.  Elles  font  chatgées  de  feuilles  gla- 
bres ,  pareilles  à  celles  du  laurier,  mais  d'un  vert 
moins  foncé  ,  fans  aucun  goût  aromatique.  Elles 
viennent  au  nombre  de  deux  à  l'extrcmitc  de  cha- 
que queue.  Ses  fleurs  naiflent  par  bouquets  alfcz 
confidérables  ,  &  difpofcs  en  manière  de  pyramide. 
Elles  font  légumineufes ,  purpurines ,  Se  donneur 
des  gonfles  fort  grolfes ,  aurcs ,  aplaties  ,  dont  les 
cofTes  font  fi  étroitement  unies,  qu'on  ne  fauroit 
les  féparer  ,  &  dont  l'intérieur  eft  rempli  d'une 
fubftance  qui  étant  féchée  eft  toute  fibreufe  ,  foyeu- 
fc  &  mêlée  d'une  poudre  ou  farine  douce  &  jaunâ- 
tre. Cette  flibftance  enveloppe  des  fcmences  un 
peu  ovales,  groHês,  dures  ,  noirâtres  au  defîlis  , 
blanchâtres  en  dedans.  Il  découle  de  cet  arbre  une 
gomme  réfine  fort  ttanfparente  ,  d'affez  bonne 
odeur  lorfqu'on  la  met  au  feu.  Pifon ,  en  parlant 
de  cet  arbre  fous  le  nom  de  Jetaiia  ,  dit  que  cette 
refine  eft  nommée  Animé  chez  les  Portugais.  La 
réfine  qu'on  Vend  aujourd'hui  pour  gomme  Copal , 
&  qu'on  employé  dans  les  beaux  vernis  ,  n'tft  pas 
différente  de  l'Animé  des  Portugais.  Le  Courhari 
eft  commun  dans  nos  îles  Antilles.  Voye::^  Plum. 
du  Tertre-,  Rochef.  Hernand. 

On  a  trouvé  à  quelques-uns  de  ces  arbres  des 
morceaux  de  gomme  gros  comme  le  poing  ,  mais 
dure  ,  ttanfparente  ,  &  claire  comme  de  l'ambre  , 
qui  ne  fe  diffout  ni  à  l'eau  ,  ni  à  l'huile.  Cette  gom- 
me eft  de  bonne  odeur ,  5i  quand  on  la  brijle ,  el- 
le exhale  une  fumée  fort  agréable.  On  fe  lert  ordi- 
nairement du  bois  de  cet  arbre  pour  faire  les  rou- 
leaux des  moulins  à  fucrc.  C'eft  quand  il  eft  vieux 
qu'il  rend  de  la  gomme.  Quelques  Indiens  en  for- 
ment des  boutons  de  différentes  figurés  ,  dont  ils 
font  des  iirr.cclets ,  des  colieri  &  des  pendans  cl'o- 


C 


o  u 


rellle,  qui  font  beaux  ,  luifans  ,  5i  fentent  fort 
bon. 
CouRBARi    fe  prend  quelquefois  pour  la  gouffe  de 

l'arbre  qu'on  vient  de  décrire. 
COURBATON  ,  f.  m.  terme  de  Charpentcrie.  Les 
courbatons  font  des  pièces  de  bois  courbées  pref- 
qu'à  angles  droits  dont  l'ufage  eft  de  joindre  les 
membres  des  côtes  du  haut  des  vaiflcaux  à  ceux 
de  dedans  -,  comme  auffide  lietles  alongcs  aux  ba- 
rots,  Tlgnum  incurvum.  Courhaton  de  beaupré  , 
eft  une  pièce  de  bois  qui  fait  un  angle  aigu  avec 
la  tête  du  mât  ,  au  bout  duquel  il  y  a  un  petit 
chouquet  où  l'on  paflé  le  pertoquet  du  beaupré. 
Courbatons  de  hunes.  Voyez  Taquets.  Courbatons 
de  l'éperon ,  font  ceux  qui  font  la  rondeut  de  l'é- 
peron depuis  la  flèche  fupérieure  jufqu'au  premier 
porte-vergue. 

Courbatons  fonr  aufll  de  fortes  pièces  de  bois  at' 
tachées  fur  la  fourrure  d'une  galère,  pour  fervir  de 
contre-forts. 

COURBATU,  UE.  adj.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle' urv 
cheval  qui  n'a  pas  le  mouvement  des  jambes  bien 
libre.  Un  cheval  courbatu  eft  celui  qui  a  été  fur- 
mené  ,  dont  la  refpiration  n'eft  altérée  que  par  l'ex- 
cès du  ttavail.  Il  devient  aufli  courbatu  ,  lorfqu'il 
eft  trop  échauffé  ,  ou  plein  de  inauvaifes  hu- 
meurs. 

§CF  On  obferve  dans  le  diélionnaire  de  l'Académie 
Françoile  ,  que  courbatu  fe  dit  quelquefois  des  per- 
fonnes.  Je  me  lens  tout  courbatu.  Si  Cela  e:ft,il  eft 
au  moins  d'un  ufa^^e  bien  rare.  . . 

§CF  COURBATURE,  f.  f.  terme  de  Maréchallerie; 
maladie  du  cheval  qui  n'a  pas  le  mouvement  des 
Jambes  bien  libre,  ^(oyt;{  Courbatu.  SoJeifeldit  que 
la  courbature  eft  une  chaleur  érrangei'e  caufée  par 
les  obftruCtions  qui  font  dans  les  inteftins  &  dans 
le  poumon  ,  ce  qui  donne  les  mêmes  fignes  que 
la  pouffe .  Le  poux  ,  la  moive  &la  courbature  font 
trois  cas  rcdhibitoires  qui  annullent  la  vente  du 
cheval.  On  en  eft  garant  neuf  jours ,  parce  que  ce 
font  des  dél'auts  qu'on  peut  cacher  Jufqucs-là. 

COURBATURE  ,  f.  f.  fe  dit  quelquefois  en  parlant 
des  hommes ,  pour  fignifier  une  laffitude  douloU- 
reufe.  Sa  maladie  commença  par  >me  courbature, 
AcAD.  Fr. 

COURBE,  adj.  m.  &  f.  §0"  oppofé  .à  droit.La  ligne 
droite  ,  dilént  les  Géomètres  ,  eft  la  plus  courte 
mefure  entre  deux  points  donnés.  La  ligne  courbe 
eft  celle  qui  n'eft  pas  le  chemin  le  plus  court  d'un 
point  à  un  autre  ,  ce  fetoit  embrouiller  des  notions 
aufîl  fimples  que  de  chercher  à  les  expliquer.  Cur- 
vus.  En  Géométrie  il  y  a  des  lignes  courbes  régu- 
lières ,  comme  le  cercle  ,  l'ellipfe  ,  la  parabole 
&  l'hyperbole  ;  d'autres  irrégulières,  comme  lacon- 
choïde,  la  cycloïde ,  l'hélice,  quoiqu'elles  fe  puif- 
fent  tracer  avec  art  j  d'autres  tout-à-fàit  irrégulières  , 
comme  celles  qu'on  fait  au  hazard  avec  la  plume, 
ce  qui  fe  dit  de  tout  ce  qui  eft  tortu. 

COURBE  fe  dit  f ubftantivement ,  en  termes  de  Géo- 
métrie Se  génériquement,  pour  ligne  courbe. Curya.. 
Ce  qui  fait  voir  que  cette  courbe  eft  ici  une  fécon- 
de parabole  du  cinquième  degré.  Varign.  Acad. 
des  Se.  i6ç)Ç).  Mém.  pag.  57.  Cette  courbe  doit  êtte 
ici  une  parabole  ordinaire.  Id.  Ibid.  Cette  courbe 
générative  fe  trouve  êtte  telle  ou  telle  ieClion  co- 
nique. 

Il  y  a  deux  fortes  de  courbes ,  les  géométriques 
&  les  méchaniques.  Les  courbes  géométriques  font 
celles  dont  on  peut  exprimer  &  déterminer  la  na- 
ture par  le  rapport  des  ordonnées  &:  des  abfciifes , 
qui  font  les  unes  &:  les  autres  des  grandeurs  finies. 
Les  méchaniques  font  celles  dont  on  peut  expri- 
mer ainfi  la  nature  ,  parce  que  les  ordonnées 
&:  les  abfcifles  n'ont  point  de  rapport  réglé. 
Les  fedtions  coniques  font  géométriques.  La 
cycloïde,  lacilfoide,  la  conchoïde  font  méchani- 


ques. Acad.  des 


j>c.  1704, 


h:, 


p.  115. 


Courbe  logarithmique  ,  terme  de  Géométrie.  Curva. 
lo"irit.hmitlca,  La  courbe  que  l'on  appell-a  logarith. 


CO  If 

mique  eft  telle,  que  û  l'en  prend  fes  àhfciïTe^  en 
progrertion  anthiiictique  ,  fcs  ordonnces  feront  en 
progreilion  gcomctrique,  &  de  là  vient  ibn  nom. 
AcAD.  DEsSc.  1(^04.;,.  56.11  y  a  une  fpirale  loga- 
rithmique, M.  Varignon  en  a  trouve  cinq  "ou 
M  nouvelles,  f^oy^i  les  Mémoires  des  Sciences , 
1704.  Ce  qui  fait  qu'une  fpirale  eft  logarithmique, 
c  elt  que  quelques  unes  des  grandeurs  qui  la  com- 
pofent  fuivent  l'une  des  deux  progreflions ,  tandis 
que  les  autres  grandeurs  fuivent  Vautre  Ie  Mi/i 
P-  57.  ■      -^  ' 

Ce  mot  vient  du  latin  curviis. 
Courbe,  en  termes  de  Charpenterie,  eft  une  pièce 
de  bois  coupée  en  arc ,  dont  on  fe  ferr  pour  faire 
les  cintres  les  toits  des  dômes  ronds ,  des  genoux 
de  navire  ,  les  liens  &  lese/îèliers.  Tignum  ,Ucillum 
mcurvum.  Il  y  a  des  chevrons  cinttcs ,  ou  faits  de 
courbes  ;  des  coiir/'es  qu'on  appelle  de  cul  de  four. 
Courbe  rampante,  c'eft  le  limon  d'un  efcalier  de 
bois  a  vis ,  bien  dégauchi  iblon  fa  cherche  ram- 
pante. 

CouREE  ,  ternie  d'Architeaure.  Ligne  courbe.  Curva. 
Il  y  a  en  Architeéture  deux  efpèces  de  courbes  ,  les 
unes  planes,  lesautres  à  double  courbure.  Les  cour- 
tes planes ,  font  celles  qu'on  peut  exaétcmcnt  tra- 
cer (ur  un  plan  ,lc;quelles  fe  rcduifent  pour  l'ufa-e 
de  la  coupe  des  pierres  aux  ferions  coniques  &  aux 
ipirales.  Les  courbes  à  double  courbure  font  celles 
qu'on  ne  peut  tracer  fur  une  furCice  plane  qu'en  rac- 
courci ,  par  le  moyen  de  la  projedion  ;  telles  font 
la  plupart  des  arrêtes  des  angles  des  entoncemens 
des  voûtes  ,  qui  fe  rencontrent.  Frézier 

Courbe  ,  terme  d'Horlogerie.  La  courbe  'd'une  pen- 
dule d'cquation  ,e;l;  une  pièce  en  forme  d'cllipl-e, 
qui  rentre  dmx  fois  fur  elle-même. 

Courbes  d'arcajje ,  en  termes  de  Marine  ,  font  des 
pièces  de  Iiaifon  aflèmblées  dans  chacun  des  angles 
delà  poupe,  d'un  bout  contre  la  liife  de  hourdi  , 
&  en  retour  contre  les  membres  du  vaifl'eau. 

Courbes  Jt  fo^^re-arc^T^^.  Ce  (bnt  des  pièces  de  bois 
polées  en  fond  de  cale,  &attachées  du  bout  d'en  bas 
fur  les  membres  du  vaiffeau,  &  par  en  haut  arcbou- 
tces  contre  l'arcaffc.  En  général  les  courbes  pren- 
nent le  nom  des  chofes  aufquelles  elles  font  em- 
ployées. Courbes  du  premier  ^pom, courbes  du  haut 
pont ,  courbes  de  la  clef  des  érains  ,  courbes  de  la 
iainre-barbe  ,  courbes  de  la  dunette  ,  courbes  du 
château  d'arrière,  co//; /5«  de  bittes ,  courbes  d'écu- 
bier  ;  on  appelle  au/Ii  courbes  à  équerre,  courbes  à 
faufle  équerre ,  des  courbes  qui  ont  la  figure  ,  la  fi- 
tuation  exprimée  par  ces  mots. 

Courbes  de  r^orge  ,  &  par  corruption  coupe-gor^e  , 
ci-de)fus  expliqué  au  mot  cotf/je.  *    ° 

Courbe  ,  en  termes  de  Manège ,  efl:  une  tumeur  dure 
&  calleufe  qui  vient  en  longueur  au  dedans  du  jar- 
ret du  cheval.  Tumor  duriis  ,callofus. 

Courbe  ,  f  f.  en  termes  de  rivière  ,  fe  dit  de  deux  che- 
vaux accouplés  qui  fervenr  à  remonter  les  bateaux 
fur  les  rivières.  Eijuorum  copula.  Il  faut  dix  ou 
douze  courbes  de  chevaux  pour  remonter  ce  bateau 
fbncet. 

|^_On  appelle  encore  courbe  fur  les  rivières,  une 
pièce  de  bois  arrondie,  placée  des  deux  côtés  d'un 
bateau  foncct,  tant  derrière  que  devant ,  fur  lei- 
quelles  on   ferme  les  cordes  du  bateau. 

COUR  BEMENT.  f.  m.  L'adion  de  courber.  Curva- 
tio,  ir.Jiexio.  Le  courbemeni  d'un  arc.  Tachard. 
Il  n'eft  pas  ufité. 

COURBER  ,  v.  a.  mettre  hors  de  la  ligne  droite  , 
^fT  donner  des  direélions  différentes' aux  parties 
d'une  chofe.  Cor/r/»i?r  une  pièce  de  bois ,  (S'c.  Cur- 
yare,  infleclere  II  faut  courber  cette  voûte  en  arc, 
en  plein  cintre;  il  feroit  trop  dangereux  de  la  faire 
toute  droite.  Courber  une  règle.Le  srand  âge  l'a 
courbe. 

Il  s'emploie  quelquefois  neutralement.  II  cour- 
boit  fous  le  faix. 

On  le  dit  auffi  avec  le  pronom  pcrfonnel.  Qtr- 


v>  O  U  97  9 

varl ,  Inèurvari  ,  Il  faut  fe  courber  pour  pa/fer  r-r 
un  guichet  de  prifon ,  il  commence  à  fe  courb.r. 

Linfolem  devant  moi  lie  fe  ccinha  jam.iis. 

Racine, 

COURBÉ ,  ÈE,  p:in.Curvatus,  infiexus.  Il  eft  devenu 
bolîu  pour  s'être  tenu  trop  long-temps  courbe.  Le 
fardeau  des  ans  &  des  fatigues  a  rendu  ce  vieillard 
tout  courbé. 

Tandis  que  libre  encor  ,  malgré  les  deftinées , 
Mon  corps  n'eji  point  co\x\.hè  fous  le  faix  des  années. 

BûIL. 

Courbé  ,  en  termes  de  blafon  ,  c'eft  la  fituation  des 
dauphins ,  &  des  bars ,  qui  ne  s'exprime  pas ,  par- 
ce que  c'eft  leur  pofturc  propre  &c  naturelle.  On 
le  dit  des  fafccs  un  peu  voûtées  en  arc. 

COURBET,  f.  m.  C'eft  la  partie  d'un  bât  de  mulet, 
qui  eft  élevée  en  forme  d'arcade  fur  les  aubes.  Cur- 
vatura,  Pomey. 

COURBETTE ,  f.  £  terme  de  Manège.  C'eft  un  faut 
médiocre  du  cheval ,  ÇfT  qui  lève  égalemenr  les 
deux  piés  de  devant  en  l'air,  &  les  rabat  auffitôc 
en  élevant  ceux  de  derrière.  SurrcFas  ahcrndtim. 
cruribus^  numcrofus  inceffus.  On  dit,  manier  un 
cheval  à  courbettes  ,  le  mettre  à  l'air  des  cour- 
bettes. 

On  appelle  courbettes  les  révérences  qu'on  eft 
forcé  de  faire  dans  de  certaines  occalions  ,  comme 
dans  la  follicitatlon  d'un  procès.  On  eft  obligé  de 
faire  mille  courbettes  à  des  gens  qu'on  n'a  Jamais 
vus ,  ou  que  l'on  connoît  quelquefois  pour  n'être 
pas  dans  nos  intérêts.  Expreflîon  du  ftyle  familier. 

On  dit  figurément  &  bafTement ,  qu'on  fait  allcc 
un  homme  à  courbettes  ,  lorfqu'on  a  plein  pou- 
voir fur  lui,  qu'on  le  gourmande  ,  qu'on  lui  fait 
fahe  les  choies  de  haureur.  Aliquem  cum  impcrio 
fieclere. 

COURBETTER  ,  v.  n,  faire  des  courbettes.  Mon 
cheval  ne  fait  que  courbetter.  Surreclis  altcrnatim 
cruribusnumerosi  incedere.  Il  faut  dire,  faire  des 
courbettes  ,  aller  à  courbettes. 

COURBUPvE,  f.  f.  inclinailbn  d'une  ligne  en  arc  • 
état  ,  qualité  de  la  chofe  courbée.  Curvatura ,  cur- 
vamen ,  curvatio.  La  Courbure  d'une  voûte  eft  ce 
qui  fait  fa  force. 

COUPvCAILLET ,  f.  m.  le  cri  que  font  les  cailles, 
Coturmcis  fibiLus.  C'eft  auffi  un  petit  fiftiet  qui 
imite  le  cri  des  cailles ,  &:  qui  lert  d'appeau  pour 
les  attirer,  Aucupis  fiflula  quâ  coturnices  illicit.  Il 
eft  fait  de  cuir  qui  fe  pliife  en  rond  ,  s'étend  ,  &  qui 
fe  reflerre  pour  former  ce  bruit.  On  a  porté  autre- 
fois des  habits ,  des  chauffes  faites  en  courcaillet  , 
parce  qu'elles  étcient  pliffées  de  la  même  manière 
que  cet  appeau. 

COURGE  ,  f.m.  terme  de  Vigneron.  Il  fe  dit  du  bois 
qu'on  laiffe  à  la  taille. 

COURGE ,  EE ,  vieux  adj.  qui  s'eft  dit  par  abrévia- 
tion &  corruption  pour  courroucé  ,  fâché.  îratusy 
indignatus ,  a ,  um. 

COURCELLE ,  f.  f.  petite  cour.  Les  experts  des  bâti- 
mens  fe  fervenj:  dece  terme  dans  leurs  rapports.  Les 
cours  &:  cour  celles  joignantes  ;  pour  dire ,  les  grandes 
cours  &  les  petites  qui  font  auprès. 

COURSER ,  fe  courfer.  Mot  du  vieux  langage  ,  fe 
fâcher ,  fe  couroucer. 

COURCIER  ,  f.  m.  place  à  l'avant ,  &  au  milieu 
d'une  chaloupe,  où  l'on  pointe  une  pièce  de  canon. 
Cela  ne  fe  dit  proprement  que  des  galères.  Locus  in 
triremi  librando  tormento  deftinatus.  Voyez  Cour- 
sier. 

COURCIVE,  f  f,  terme  de  Marine.  Demi-pont  que 
Ton  fait  de  l'avant  à  l'arrière  des  deux  côtés  de  cer- 
rains  petits  bâtimens  qui  ne  font  point  pontes. 

COURÇON,  f.  m.  tetme  d'arrillerie.  Pièce  de  fer 
longue  qui  fe  couche  tout  du  long  des  moules  des 
pièces ,  6c  cjui  fert  à  les  bander  ou  à  les  fcfrer. 

HliHHhh   ij 


<,8o  COU 

CouRçoN  eft  auffi  le  nom  qu'on  donne  a  une  forte 
de  ter.  Le  fer  de  cour^on  eft  par  gros  morceaux  de 
deux ,  trois  S£  quatre  pics  de  long ,  6c  de  deux 
pouces  &:  demi  en  quarrc. 

fer  On  appelle  encore  courçon  ,  le  boiî  qui  na  pas 
la  longueur  marquée  par  l'Ordonnance.     ^ 

On  donne  encore  le  même  nom  a  des  pièces  qui 
relient  dans  les  jivières  de  quelques  batardeaux 
qu'on  y  a  faits ,  &  qui  bleifent  quelquefois  les  ba- 

COUREAU ,  f.  m.  Vieux  mot  françois ,  qui  fignifioit 

•     harr^3 ,  coulips  &  verroux.  Feclis  ,  pejfu/us.  On  le 

trouve  en  pkdicurs  Coutumes ,  &  il  le  du  encore 

dans  les  Provinces,  aufli  bien  qaeceurou.  Ce  mot 

vicn  de  courir. 

On  appelle  aufll  coureau  un  petit  bateau  de  la 
Garonne  qui  fert  à  charger  les  grands 

GOURÉE,  COUROT,  S/  COUROL,  termes  de 
Marine.  Compohtion  de  fuif,  de  foutre,  de  refinc 
Se  de  verre  pile,  donr  on  frotte  les  vaiifcaux  pour 
les  mettre  en  mer,  ou  pour  faire  un  voyage  de  long 
cours ,  pour  conferver  le  bordage.  Pice  ,  jebo,  jul- 
vhure,  refind,  navem  nnire.Q_Mnd  on  dit,  fuiver 
un  bâtiment,  c'eft  lui  donner  la  courée.  Puare. 

CoûRÉE  fe  dit  en  quelques  endroits  pour  une  treilure 
de  mouton.  Fifcer  a,  inujîina.  C'eft  la  même  choie 

que  Corée. 

f3-  Ces  mots  courée  &  corée  ne  font  d  ufage  que 
dans  quelques  Provinces  parmi  le  peuple  ,  pour 
défigner  une  freffure.  .       i   r  ■ 

|Cr  COU  RESE.  CKrr«z^.  Rivière  de  France  dans  le  Li- 
mofin ,  qui  a  fa  fource  près  de  Tulle ,  palle  à  Brive, 
&  fe  jette  dans  la  Vcsère. 

COURET.  royf{  Courée. 

COUREUR,  f.  m.  Léger  à  la  courfe  ,  qui  fe  pique 
de  bien  courir.  Curjbr  ,  fladiodromus.  Aux  ]eux 
Olympiques  il  y  avoir  des  Lutteurs ,  des  Counurs 
&  autres  gens  excellens  en  toutes  forces  d'exercices. 

Coureurs  ,  en  teimes  de  Guerre  ,  font  des  Cavaliers 
détachés  pour  battre  l'cflrade  ,  pour  aller  aux  nou- 
velles &  à  la  découverte  des  ennemis.  Speculatores, 
exploratores,  antecurfores.  On  le  dit  aulli  de  ceux 
qui  font  la  petite  guerre.  ,        ,    , 

Coureur,  en  termes  de  Manège ,  eft  un  cheval  de 
felle  propre  pour  la  courle  ,  &  particulièrement 
pour  la  chaffe.  Equus  curfor.  Ce  Seigneur  a  une 
vingraine  de  coureurs  dans  fon  équipage  de  chalîc. 
On  appelle  coureur  de  bague,  coureur  de  retes, 
celui  qui  court  la  bague  ,  les  têtes ,  qui  eft  propre 
pour  cela.  Voye^  ces  mots.  ^ 

fp"  On  appelle  auffi  coureur  ,  un  homme  qu  on 
trouve  rarement  chez  lui,  qui  va,  qui  vient ,  qui 
eft  fouvent  en  ville  ou  en  voyage.  Vagus ,  erro , 
errahundus.  C'eft  un  coureur  perpétuel  qu'on  ne 
trouve  jamais  à  la  maiion. 

Coureur  fignifie  auffi  un  inconftant  en  amour ,  qui 
en  va  conter  à  toutes  les  femmes.  Levis  ,  inconjUins, 
varius  Une  Dame  de  mérite  veut  de  l'attachement , 
&  ne  fauroit  aimer  un  coureur. 

gO"  On  appelle  cowrez/r^  d'inventaire,  ceux  qui  font 
dans  l'habitude  d'aller  aux  inventaires.  On  dir  fami- 
lièrement dans  le  même  fens ,  coureur  de  fermons  , 
d'indulgences ,  de  concerts ,  &c.  Affiduus  m  men- 
Çarum  affecla  ,  qui  courr  les  bonnes  tables.  Cou- 
reur de  Bénéfices ,  celui  qui  eft  âpre  à  chercher  des 
Bénéfices  ,  qui  envoie  en  Cour  de  Rome  pour  ob- 
tenir des  provifions  ou  par  mort,  ou  par  dévokit. 
Dom  Diesio  Lucifugue  de  Quevedo  étoit  un  coureur 
d'aventures  nodlurnes ,  &  on  l'appeloit  le  coureur 
de  nuit.  Nûclurnus ,  noclambulus,  nociivagus,  nociua- 
hundus.  .    n 

Coureur  fe  dit  auffi  d'un  jeune  homme  qui  elt  aux 
gardes  d'une  perfonne  de  qualité,  pour  aller  a  pic 
dans  tous  les  lieux  de  la  ville  où  on  l'envoie ,  & 
pour  en  rapporter  promptcment  des  nouvelles. 
Curfor.  Ce  n'eft  que  depuis  peu  qu'il  y  a  des  cou- 
reurs en  Franc-,  &:  c'eft  une  mode  venue  d'Italie. 

On  appelle  chez  le  Roi ,  coureur  de  vin  ,  cerrain 
Pfiicier  qui  porte  à  là  fuite  du  Roi ,  à  la  chalîe  6c 


COU 

ailleurs,  du  vin ,  de  l'eau  &:  de  quoi  faire  collation, 

COUREUR  de  bois  du  Canada.  Ce  font  les  habitans 
de  ce  pays  ,  François  de  nation  ou  d'origine  ,  qui 
vont  trafiquer  ac  pelleteries  avec  les  Sauvages,  amis 
de  la  nation  françoife. 

IP"  COUREUSE  ,  f.  f.  Ce  mot  ne  s'emploie  plus 
dans  la  fignification  de  coureur.  L'idée  acceflbirc 
que  nous  y  avons  attachée  ,  tait  qu'il  eft  toujours 
pris  en  mauvaife  part ,  pour  fignificr  une  femme 
ou  une  fille  proftituée.  C'eft  um  courtuje ,  une  in- 
fâme. Vénus  n'cft  plus  la  mère  des  tendres  amours, 
c'eft  aujourd'hui  une  coureuje  &  une  eiironcée ,  qui 
fe  proltitue  à  tout  le  monde.  G.  G.  On  dit  dans  le 
même  léns ,  une  coureuje  de  pont-ntuf ,  de  rem- 
parts. Les  latins  les  appcloient,  Vug,i  femina,  va- 
gahunda ,  projiibulum. 

COURGE ,  i.  f.  Lucurbita  loKg.i  folio  molli ,  flore 
â//'0.  Plante  qui  eft  du  mên;e  genre  que  la  caleballe; 
elle  n'en  diffère  que  par  la  figure  de  (on  fruir  qui  eft 
alongée.  Voye^  Calebasse.  Il  y  en  a  de  cultivées 
&  de  lauvages.  Les  courges  de  jardin  qu'on  m.mge 
font  de  trois  Ibrccs  ,  longues,  rondes  &  plates, 
mais  ne  diffère,  nt  que  par  la  figure.  Matthiok  die 
qu'on  en  peut  changer  la  forme  p;.r  art,  en  choiiii- 
fant  les  graines  :  Si  que  celles  qui  font  le  plus  près 
du  cou  tont  venir  les  longues ,  celles  du  milieu  les 
rondes ,  &  celles  des  côrcs  les  courtes  &  les  plates. 
Que  lî  on  veut  avoir  de  groffes  courges  ,  il  en  faut 
planter  la  graine  fens  deîïïis  dcllbiis.  flO"  Si  Mat- 
thiole  dit  cela ,  l'expérience  prouve  le  concraire» 
La  femence  de  courge  eft  une  des  quatre  grandes 
femences  froides. 

II  y  en  a  qu'on  nomme  courges  d'Inde ,  parce 
qu'elles  font  venues  des  Indes  occidentales ,  qui  fe 
confervent  toute  l'année ,  qui  font  de  diifcrente 
grandeur  ,  forme  &  couleur ,  mais  de  même  tem- 
pérature que  les  nôtres.  Leur  feuille  eft  fcniblable 
à  celle  de  la  vigne  ,  leur  queue  &  leurs  larmens 
gros ,  âpres  &c  velus ,  leur  fleur  femblable  à  celle 
du  lis  ,  Se  leur  graine  a  une  amande  plare.  La  co- 
loquinte eft  une  efpèce  de  courge  fauvage.  Co/o^ 
cynthis. 

Courge  fe  prend  le  plus  fouvent  pour  le  fruit.  On 
mange  la  courge  apprêtée  comme  le  concombre. 

Courg"e  fignifie  auffi  un  bâton  qu'on  met  fur  l'épaule, 
aux  deux  bouts  duquel  on  attache  des  fe.iux  pour 
porter  de  l'eau  dans  les  ateliers.  Baculus  fujiinendis 
utrinquejitulis. 

Nicod  croit  que  ce  mot  eft  corrompu  de  courbe , 
&  eft  ainfi  appelé  à  curvitate. 

Courge  ,  en  Architedlurc,  eft  une  efpèce  de  corbeau 
de  pierre  ou  de  fer  ,  qui  porte  le  faux  manteau 
d'une  ancienne  cheminée  ,  Mutulus. 

COURGIE  ,  f.  f.  Vieux  mot  qui  veut  dire  fouet ,  5c 
qui  eft  la  même  chofe  que  Corgie. 

COURIER  ,  f.  m.  (  l'Acad.  écrit  courrier  )  Poftillon 
qui  fait  métier  de  courir  la  pofte ,  de  porter  des 
dépêches.  Curfor,  veredarius.  Il  a  été  dépêché  un 
Courier  extraordinaire  pour  cette  affaire,  parce  que 
l'ordinaire  étoit  parti.  Il  y  a  des  ofEces  de  Couriers 
du  Cabinet ,  le  Maître  des  Couriers. 

ffj"  On  appelle  Courier  du  Cabinet  ceux  qui  portent 
les  dépêches  du  Roi  ou  de  fon  Confeil. 

sfT  On  appelle  auffi  courier  tout  homme  qui  court 
la  pofte  ,  quoiqu'il  ne  porte  aucunes  dépêches, 
Voye[  Poste. 

L'antiquité  a  eu  auffi  fes  couriers  ;  elle  en  a  eu 
de  trois  (brtes  :  des  couriers  à  pié ,  que  les  Grecs 
appeloient  hemerodromi ,  c'eft- à-dire  couriers  d'un 
jour.  Diarii  curfores.  Pline, L.  //,  c.  71 ,  f^U ,  c.  io„ 
Cornélius  Nepos ,  L.  /  ,  c.  4.  Ccfar  ,  Comment» 
L.  Fil,  c.  ;  ,  parlent  de  cerrains  de  ces  couriers 
qui  avoienr  fait  20 ,  30  &  ;(î  lieues  en  un  jour ,  &: 
Jufqu'à  40  dans  le  Cirque  pour  remporter  le  prix; 
des  couriers  à  cheval  qui  changeoient  de  chevaux 
comme  on  fait  aujourd'hui.  L'ufage  des  couriers  eft 
même  beaucoup  plus  ancien.  Xénophon  l'attribue 
à  Cyrus,  L.  FIU  de  la  Cyropédie.  Hérodore  , 
L.  FUI,  c.  f)7  &  p8 ,  dit  ^u'il  étoit  ordinaire  chez 


coir 

les  Perfes  ,  5c  qu'il  n'y  a  rien  dans  le  monde  de 
plus  vice  que  ces  fortes  de  MefTIigers.  Il  ne  paroît 
pas  cependant  qu'ils  couruifent,  car  ils  ne  chan- 
geoienc  de  cheval  qu'au  bout  du  jour.  Cyrus ,  dit 
Xcnophon  ,  examina  ce  qu'un  cheval  pouvoir  faire 
de  chemin  par  jour  ;  &  à  chaque  journée  de  cheval 
il  fit  bâtir  des  écuries  ,  y  mit  des  chevaux  &  des 
gens  pour  en  avoir  foin.  II  y  avoir  auifi  dans  cha- 
cune de  ces  polies  un  homme  qui ,  quand  il  arrivoit 
un  Courier  ,  prenoitle  paquet  qu'il  apportoit,  mon- 
toit  fur  un  cheval  frais ,  &c  tandis  que  le  premier  fe 
tepofoit  avec  fon  cheval ,  il  alloit  porter  les  dé- 
pêches à  une  journée  de  là ,  où  il  trouvoit  un 
nouveau  cavalier  qu'il  en  chargeoit,  &  ain/i  de 
même  jufqu'à  la  Cour.  Hérodote  dir  précifément 
la  même  chofe  des  Perfes  en  général  ;  ainfi  c'étaient 
plutôt  des  meflagers  que  des  couriers.  Les  Perfes 
appeloient  cette  forte  de  courfe  aVv*/"!»",  Ans^a- 
i%ium  ,  peut-êrre  de  "i;0  qui  en  Hébreu  iigni(ie 
diffluxit ,  diff'udu,  effudit  fe.  Ces  couriers  alloicnt 
jour  &  nuir. 

Il  n'ell  pas  iîir  que  les  Grecs  ni  lesRomains,avant 
Augufte,  aient  eu  de  ces  fortes  de  poftes  réglées', 
mais  il  eft  fur  qu'ils  ont  quelquefois  couru  en  chan- 
geanr  ainli  de  chevaux  ;  rémoin  Gracchus ,  dc>nt 
parle  Tite-Live ,  L.  XXXFll ,  £.  7 ,  &:  Vibullius , 
<ionr  parle  Céfar,  De  Bello  Civili ,  L.  111,  c.  11. 
Augufte  fut  le  premier  qui  établit  des  poftes  ré- 
glées; mais  on  couroit  en  char.  On  courut  enfuite 
à  cheval ,  comme  il  paroît  par  Socrace ,  L.  FUI. 
<le  fon  Hiji.  Eccl.  c.  157.  Il  y  avoir  des  chevaux  pu- 
blics entretenus  pour  cela  :  &:  il  parle  d'un  courier 
nommé  Palladius  fous  Théodofe  ,  qui  alloit  de 
Conftantinople  aux  confins  de  la  Perfe  en  trois 
jours  ,  &  revenoir  de  même.  C'étoit  faire  environ 
60  lieues  par  jour.  Je  ne  trouve  point  en  quel 
temps  ces  couriers  à  cheval  commencèrenr  dans 
l'Empire  Romain. 

Les  couriers  des  Turcs  changent  aufli  de  mon- 
ture ,  mais  en  prenanr  le  cheval  frais  du  premier 
qu'ils  trouvent  en  chemin  ,  Sc  le  contraignant  de 
prendre  à  la  place  le  leur  qui  eft  recru.  Ghalcond. 
X.  IX,  c.  14. 

Au  lieu  de  couriers  ,  on  s'eft  fervi  &  on  fe  fert 
encore  de  certains  animaux  pour  porrer  des  nou- 
velles. Un  Roi  d'Egypte  avoir,  dit-on,  une  cor- 
neille dreffée  à  porter  fes  lettres  où  il  vouloir.  En 
Orient ,  à  Tyr  ,   à  Alcp  ,  on  fe  fert  de  pigeons. 
Voyei  le  voyage  du  P.  d'Avril ,  &:  ci-defTus  au  mot 
Alexandrette.  D'autres  fe  font  fervis  d'un  chien, 
d'aurres  d'hirondelles.  Foye^  Pline,  L.  X,  c.  24, 
33  <£•  55  ,  &  Oforius ,  HtjL  Liifit.  L.  III. 
CouRiïR,  Curfor,  fe  rrouve  aulfi  quelquefois  dans  le 
moyen  âge  pour  coureur  ,  gens  que  l'on  envoie  de- 
vant loi  pour  découvrir  les  chemins ,  ou  examiner 
s'ils  fonr  sûrs  ,  &  quelquefois  pour  un  laquais  ,  un 
valet  de  pié.  Voyez  le  Glo[faire  de  Cédrenus  par 
Fabror ,  au  mot  Kaioe-oin-, 
Courier   s'cft  aulfi  dit  autrefois  pour  Cellérier  ,  dit 
de  S.  Julien,  dans  fon  Origiiie  des  Bourguignons  , 
apparemment  parce  que  fon  devoir  éroit  de  courir 
&  aller  çà  &  là  pour  les  affaires  remporelles,  tandis 
que  les  autres  étoienr  rranquilles  à  l'office. 
Courier  éroit  aulîi  une  charge  dans  la  maifon  des 
Prélats  féculiers,  &:  cerre  charge  étoir  confidérable, 
comme  on  en  peut  juger  par  la  qualité  de  ceux  qui 
la  polfcdoient.  Correarius,  Conrearius,  Courrerius. 
Gui  de  RofTiUon  étoir  le  courier  de  la  ville   de 
Vienne  l'an  i  ^  57  ;&:  l'Archevêque  Bertrand  de  la 
Chapelle  ayanr   inccrdir  Sibond  de  Ciermont  de 
l'Office  de  Miftral  ,   il  commir  pour  en  faire  les 
fondions  le  même  Gui  de  Roffillon.  Jean  Feuche- 
rand  l'étoit  l'an  1381,  &  Pierre  de  Bufferent  l'an 
1385.  Les  fondions  du  courier  étoient  de  tenir  la 
main  à  l'exécution  des  ordres  &  des  réglemens  de 
l'Archevêque.  Le  courier  avoir  beaucoup  de  parr  au 
gouvernement,  car  il  renoit  lieu  de  Bailly  pour 
l'Archevêque ,  &  dans  une  rranfadion  faite  entre 
Bertrand ,  Archevêque  d'Embrun  ,    &:  Gui  XIII , 


COU 


981 


Bâuphin  ,  le  courier  de  l'Archevêque  eft  oppcfé 
au  Bailly  du  Dauphin  ,  nommé  le  premier ,  &  ap- 
pelé Juge  comme  lui.  Dans  un  Regiftrc  des  Ar- 
chives de  la  ville  de  Vienne ,  te  courier  eft  appelé 
Vicegérent ,  Correxrius ,  feu  Ficegerens.  Le  courier 
en  effet  étoit  Lieutenant  de  l'Archevêque  au  tem- 
porel de  l'Arehevêché.  La  qualité  en  eft  dortnée; 
dans  un  Regiftre  à  Antoine,  Seigneur  de  GroUée  , 
qui  eft  appelé  Noble  &  puiffanr  homme.  Nobilis  & 
potens  vir  Dominus  Antonius  à  Groloa ,  Miles  , 
Correarius  Fiennx,  locum  tenens  Domini  Archi- 
epifcopi  in  temporalibus.  Les  Princes  laïcs  avoient 
aulfi  leur  courier.  Guyonnet  de  Tochelow  croit 
courier  de  la  Cour  temporelle  de  Vienne  l'an  \%\6 
pour  l'Archevêque ,  &:  Renaud  de  Morel  pour  le 
Dauphin.  Enfin  cette  charge ,  quoique  diviféc ,  a 
duré  avec  honneur  jufqu'au  XVI'  fiècle  ;  car  l'ait 
15 10,  Pierre  de  Martel,  Genrilhomme  d'ancienne 
noblefle  ,  l'excrçoir  encore  dans  Vienne.  Il  eft  vrai 
qu'infenfiblement  ce  qu'elle  avoir  d'éclat  s'eft  éteint 
après  lui.  Chorier  ,  À///,  du  Dauph.  L.  XI,  p.  864, 

En  un  mor  courier  eft  le  nom  que  l'on  a  donné 
aux  Procureurs  ou  Intendans  des  Evcqùcs  ,  Abbés  , 
Prieurs  &  Communaurés  Eccléfiaftiques.  Il  eft  en- 
core en  ufage  dans  ce  fens  à  la  Grande-Chartrcufe  , 
où  celui  qu'on  nomme  le  courier  eft  proprement  le 
Procureur  de  la  Maifon.  Valbonnet,  Aïem.  pour 
l'Hifl.  du  Dauphiné  i  Difc.  F,  c.  4. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  l'Officier  de  l'Evêque 
nommé  Conrearius ,  Jîve  Courrerius ,  n'eft  point 
différent  de  celui  qui  fe  préfente  en  plufieurs  en- 
droits du  Confulaire  de  l'Églife  de  Grenoble  ,  fous 
le  nom  de  Procurator  Epifcopi.  Id. 

Le  Courier  éroit  le  fécond  Magiftrat  de  la  ville 
de  Vienne  •,  l'Official  en  étoit  le  premier  :  celui-ci 
avoir  la  connoiffance  des  matières  qui  apparte- 
noient  à  la  Juridiélion  Eccléliaftique  ;  &  le  cou^ 
rier  exercoi&la  Jurididion  purement  laïque  Sc 
remporelle.  Tous  deux  étoient  établis  par  l'Arche- 
vêque ,  &  leur  autorité  étoit  une  émanation  de  la 
Tienne.  ïd,  Tom.  Il,  p.  io8. 

L'emploi  de  cet  Officier  ne  fe  botnoit  pas  K 
veiller  aux  intérêts  de  ceux  qui  l'avoient  commis  j 
il  faifoit  quelquefois  les  fonétions  de  Juge  ,  ou 
même  celles  de  Procureur  Filcal.  Valbonnet  ,  ibidt 
M,  le  Préfident  Valbonnet  ,  à  l'endroit  cité  , 
écrit  que  c'étoit  en  qualité  d'Abbé  de  S.  Bernard 
de  Romans ,  que  l'Archevêque  de  Vienne  avoir  un 
Courier  qui  exerçoir  fa  Juridiélion  dans  la  ville  ^ 
que  fes  fondions  étoient  forr  limitées ,  &  ne  con- 
fiftoient  prefque  qu'à  renit  la  main  à  l'exécurioii 
des  Jugemcns ,  ôi  à  la  punition  des  criminels  après 
leur  condamnarion  j  à  quoi  fe  rapportent  afîéz 
celles  de  Vicegérenr,  ou  de  Lieurenanr  de  l'Ar- 
chevêque pour  le  remporel  ;  qui  étoient  des  litres 
que  le  courier  mertoit  quelquefois  dans  fes  quali- 
tés ,  comme  on  l'a  vu  ci-deifus.  Dans  le  procèi 
que  l'Archevêque  de  Vienne  eur  à  la  Cour  du  Pape 
en  1359  conrre  le  Dauphin  Humbert ,  il  prétend 
que  ce  font  encore  des  droits  de  fon  courier,  d'in- 
former de  roures  fortes  de  crimes ,  &  de  faire  mer- 
tre  les  criminels  dans  fes  priions ,  d'établir  des 
gardes  pour  la  sûreté  de  la  ville  ,  &  d'avoir  inl- 
peélion  fur  tout  ce  qui  regardoit  la  Police. 

Le  courier  de  l'Evêque  de  Grenoble  avoir  une 
autre  prérogative.  Il  pouvoir  convoquer  l'arrière 
ban  &  les  milices ,  &  faire  mcrtre  les  habitans  de 
la  ville  fous  les  armes  au  nom  de  l'Evêque  ,  comme 
il  paroir  par  une  afTîgnarion  donnée  au  crieur  public 
en  1337.  Valbon. 

Il  y  avoir  aufTi  un  courier  entre  les  Officiers  de 
Juftice  de  l'Archevêque  &  du  Chapirre  de  Lyon  , 
&c  cette  charge  y  éroir  aufTi  confidérable  ,  puifque 
l'on  ne  rrouve  que  des  Gentilshommes  qui  l'aient 
exercée.  Ils  avoienr  auffi  leurs  couriers  dans  leurs 
principales  rerres.  Ces  couriers  avoiear  leurs  Lieu- 
rcnans.  Cer  office  éroir  annuel.  Foye:^  le  P,  Ménef-' 
trier ,  Hiji,  de  Lyon  ,/'.555)  6"  fuiv. 


cou 


cou 


Jeiiis  comniilllons  ,&  qu'ils  envoyoïcnt  par- tout  oi, 
ils  avoient  des  ordies ,  des  lettres ,  des  avis  ,  de^ 
nouvelles  à  porter  ou  à  quérir.  Les  Empereurs  ci 
eurent  auHi  ,    &   dans  l'Empire  de  Ccnftantino- 
ple  on  les  ippclzCurJ  or  es.  11  y  eut  audi  dans  le- 
premiers  temps  des  Couriers  dans  l'Eglile.  Curjv- 
rcs.  Ils  ctoient  chartjes ,  dans  le  temps  de  la  perle 
cution,  de  porter  les  lettres  des  Lveques,  Se  a'aver- 
tir  les  Fidèles  du  temps  &:  du  lieu  où  le  devoien 
faire  les  aHemblces  pour  célébrer  les  faints  Myftè- 
res.  Cell  à  ces  Couriers   de    la   primitive  Egliic 
qu'ont  (accédé  les  Couriers  Apojtoli^^ues.  Lear  de- 
voir cft  d'avertir  les  Cardinaux  ,  les  Ambaffadeun 
&:  les  Princes  du  Trône  ,  de  le  tioL-vej;  aux  Con- 
liftoires,  aux  Cavalcades  èc  aux  Chapelles  que  tient 
le  Pape.  Leur  habit  d'ordonnance  eft  une  robe  vio- 
lette ,  &   ils   portent  un  bâton  d'épine  en  main 
Chaque  Cardinal  eft  obligé  de  leur  donner  audien- 
ce fur  le  champ ,  en  quelque  état  qu'il  foif,  &  ii 
les  écoute  debout  &  à  découvert.  Le  Courier  lu 
parle  un  gcnouil   en  terre.  Aux  Ambailadeurs  ôv 
aux  Prince^s  du  Trône,  ils  ne  mettent  point  de  gc- 
nouil en  terre.  Ils  convoquent  encore  le  lacré  Col 
iège  &  les  quatre  Ordres  Mendians  aux  obf.'que^ 
.     d'un  Cardinal.  Ils  adiftent  aux  Cavalcades  où  le 
Pape  le  trouve  ,  Se  entourent  la  litière  montée  lu; 
des  mules ,  vêtus  de  leurs  robes  violettes ,  &:  por- 
tant en  main  une  malîe  d'argent.  C'cft  eux  aulfi  qu 
ont  loin  d'afficher  les  Bulles ,  les  Décrets ,  les Coni- 
titutions  du  Pape  aux  portes  de  S.  Jean  de  Latran, 
de  S.Pierre  de  Rome,  du  Palais  de  l'Inquilition 
&:  de  la  Chancellerie  Apoftolique ,  5c  au  champ  de 
Flore.  Ils  font  dix-neuf.  Il  y  en  a  un  qui,  pendant 
trois  mois ,  exerce  rofSce  de  Maître,  comme  au- 
trefois dans  l'Empire  parmi  les  Couriers  Palatins , 
Curforcs  Palatini,\\  y  avoit  le  Prévôt  des  Couriers , 
Prœpojïtus  Curforum ,  comme  on  le  voit  fur  d'an- 
ciennes infcriptions.  C'eft  au  Maître  iéul  des  Cou- 
riers que  font  adrcflees  les  commiiHons  lignées  par 
le  Pape ,  ou  par  le  Cardinal  Préfet  de  la  iignature  de 
Juftice.  Foyei  Piazza  ,  Eufeèoiog.  Rom.  Trcicl,  IL 
chap.  \6. 

Au  refte  il  faut  dire  en  notre  langue ,  Ccz/rùr 
' Apofiolique ,  &  non  pas  Curfeur  Apofiolique ,  com- 
me font  les  Auteurs  du  Morery.  Toutes  les  tra- 
duélions  françoifes  que  j'ai  vues  des  Bulles  ou  Conf- 
titutions  des  Papes  difent  Courier  ,  à  la  rcferve 
d'une ,  qui  dit  Curfeur. 

Il  y  en  a  aulfi  qui  lignent  Courier  de  N.  S,  P.  le 
Pape ,  &  de  la  fainte  Inquijition  ;  en  latin  ,  Santif. 
D.  N.Papx,  &fancliff.  Inquijîtionis  Curfor  ;  ce  que 
la  traduélion  de  la  Cenfure  du  Catécliifme  de  la 
Grâce  appelle  HuiJJîer  de  N.  T.  S.  P.  &  de  lafain:^ 
Inquijiùon.  Cela  ne  fe  trouve  qu'aux  Décrets  de  l'In- 
quilition. 
COURIÈRE  fe  dit  poétiquement  de  l'aiirore  qui  vient 
annoncer  le  jour.  Lucis pmnuncia.  Et  de  la  lune, 
qu'on  a  appelée ,  la  courière  des  mois ,  l'inégale 
courière  des  nuits. 

Déjà  des  fombres  nuits  la  changeante  Courière 
Trois  fois  avoit  fourni  fon  ohfcure  carrière.  P.  Le 

Moine. 

fer  COURIR  &  courre,  v.  n.  quelquefois  aciif.  Aller 
de  vîteiTe  pour  avancer  chemin.  Il  fe  conjugue  de  la 
manière  f.iivante.  Je  cours  ,  tu  cours  ,  il  court.  Je 
courais.  J'ai  couru  ,  je  courus  ,  je  courrai.  Je  cou- 
Tois.  Cours  ,  qu'il  coure  ,  que  je  couruffe.  Currere. 

^3°  Il  ne  faut  pas  fe  fervir  indifféremment  de  courir 
èc  de  courre.  Ce  dernier  n'a  lieu  que  dans  quelques 
laçons  de  parler  que  Tufaee  a  autorifées,  comme 
quand  on  dit  courir  ou  courre  le  lièvre  ;  courir  ou 
courre  la  bague,  8c  dans  quelques  autres  occalîons 
dont  nous  parlerons  plus  bas. 

fer  Courre  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  eft  un  verbe 


adlif.  C'eft  pourfuivre  quelqu'un  pour  l'àttraprr. 
Courir  cil  un  verbe  neutre.  C'eft  aller  fort  vite  pour 
avancer  chemin. 

ffT  On  dit  courre  le  cerf;  courir  à  toute  bride  ;  & 
il  me  lemble  que  ce  ne  leroit  pas  mal  de  dire  ,  que 
pour  courre  les  bénéfices  &  les  emplois  ,  il  faut  cou- 
rir aux  ruelles  &  audiences. 

03"  Excepté  CCS  cas ,  5c  ceux  dont  nous  parlerons , 
on  doit  toujours  dire  courir ,  ôc  l'on  peut  même 
s'en  feivir  par  tout  où  l'on  a  le  moindre  doute. 
En  difant  courre ,  on  peut  faire  une  faute  ;  en  di- 
fant  courir ,  on  n'en  lait  jamais.  C'eft  un  homme  qui 
court  bien  ,  il  court  comme  un  Bafque.  Il  coun  à 
toutes  jambe, ,  a  bride  abattue.  On  y  court  comme 
au  feu  ,  comme  à  la  noce.  Concurritur.  La  more 
étant  la  dernière  de  toutes  les  chofes ,  c'eft  bi  n  af- 
fez  qu'on  aille  à  elle  d'un  pas  allure  >  fans  que  l'on 
y  coure.  Vaug. 

Oui  toujours  un  amifcait  pl.iire  quand  il  aime  ; 
AuJLCOurs  d'un  ami ,  toujours  prêt  à  courir. 
Il  ne  garde  Jes  biens  que  pour  le  fecourir. 

Que  dit-il ,  quand  il  voit  avec  la  mort  en  trouffe 
Courir  cke^  un  malade  ,  un  affajftn  en  horUe  ? 

BoiLEAU. 

Quand  les  Officiers  de  la  Porte  vonr  prendre  féaa  ■ 
ce  au  Divan ,  ils  n'en  approchent  qu'en  ourant, 
y  ayant  des  Capidgis  qui  crient  à  ceux  qui  mar- 
chent d'un  pas  trop  lent  -.feghyrt ,  qui  lignine  cours^ 
voulant  faire  entendre  par  cette  précipitanonavec 
laquelle  tous  valets  en  Turquie  approchent  leurs 
Maîtres  quand  ils  fonr  appelés ,  la  prompte  obéil- 
fance  qu'on  doit  aux  coramandemens  de  la  juftice. 
DU  Loir.,/). 78. 

Courir  pris  adiivement  lignifie,  pourfuivre  avec  del^ 
fein  d'artaquer.  h:fequi-,  perfequi.  Courir  quelqu'un 
pour  le  prendre.  Courir  quelqu'un  l'cpée  dans  les 
reins. 

Courir  fe  dit,  en  ce  fens ,  des  incurfions ,  hoftilitcs  & 
ravages  qui  fe  font  à  main  armée.  Pradari.  Cette 
garnifon  vient  de  courir  jufqu'à  nos  portes.  Les 
Corfaires  vont  courir  les  Mers,  Les  troupes  ont  cou- 
ru cette  Province. 

Courir  fe  dit  aufli  des  courfes  qui  fe  font  par  jeu  & 
par  tjisxcicc.  Decurrere ,  fiadium  currere.  Alexan- 
dre ne  voulut  pas  courir  aux  jeux  Olympiques  :  â 
moins  que  des  Rois  n'y  courulfcnt.  Dans  les  Acadé- 
mies on  court  la  bague  ,  les  têtes ,  le  faquin.  Equcf- 
tri  ad  annulum  trajicicndum  decurjione  ajLire.  En  El- 
pagne  on  court  les  taureaux.  Courir  une  lance. 

Courir  0«  Courre,  entérines  de  Chaiîe  ,  fignifie  , 
pourfuivre  le  cerf,  le  lièvre  ,  le  chevreuil.  Perfequi, 
feclari.  LaiJîer  courre\ç%  chiens ,  c'eft  les  découpler 
après  la  bête  ;  &  l'on  appelle  le  Liiffer  courre  le 
lieu  où  l'on  découplé  les  chiens ,  en  fàifant  un  fiibf- 
tantif  des  deux  infinitifs-,  on  dit  encore  d^ln  pays 
commode  pour  la  chaîle  ,  que  c'eft  un  beau  courre. 

Courre  un  cheval  dans  les  manèges,  fignifie,  foire 
galopper  un  cheval  de  toute  fa  force ,  le  faire  courre 
à  bride  abattue ,  étant  monté  defTus.  E^ujis  habe- 
nis  a^itare^  concitare.  Vous  avez  trop  couru  ce 
cheval ,  c'eft-à-dire ,  vous  l'avez  outré ,  fait  courir 
trop  vite  &  trop  long  tems. 

Courir  fismifie  encore  ,  voyager ,  aller  çà  5c  là  ,  par- 
courir. Pere^rinari  ,  errare  ,  vagari.  Cet  homme 
a  bien  couru  par  mer  5c  par  rerre.  Il  a  couru  l:s 
quatre  coins  du  monde.  On  dit  en  ce  fens  qu'an 
homme  a  bien  couru  le  monde  ,  ou  fimplement 
qu'il  a  bien  couru:  pour  dire,  qu'il  a  beaucoup  voyn- 
gé.  On  dit  des  g?ns  inquiets ,  qu'ils  courent  de  tous 
côtés,  Se  cependant  qu'ils  ne  viennent  d'aucun  en- 
droit, 5c  ne  vqnt  nulle  part.  La  Brut. 

L'infenfé  qu'il  était 

S'en  alla  follement ,  &  croyant  être  un  Dieu  , 
Courir  comme  un  bandit  qui  n'a  ni  feu  ni  lien. 

Boii.. 


cou 

fCFOn  dit  famîlicremcnt  donner  à  courre  A  quelqu'un, 

le  Tnettre  dans  la  nécelfité  de  faire  bien  des  pas 
tyT  On  dit  d'un  homme  qui  a  i'efprit  troublé  juf'- 
qu'à  être  extravagant ,  qu'il   ell  fou  à  courir  les 
rues ,  à  courre  les  champs. 
^fT  En  ftyle  populaire  ,  courir  la  prétentaine.  Aller 
ians  s'arrêter.  Courir  ou  courre  le  guilledou ,  aller  en 
débauche. 
Courir  ,  en  termes  de  marine ,  lignifie  ,  faire  rouie  , 
gouverner,  porter  le  cap  du  côté  où  l'on  veut  aller. 
Excurrere.  Ce  vaiflêau  a  courte  deux  Jours  fous  un 
»iême  rumb  ,  fous  un  même  méridien.  On  appelle 
Courir  des  bordées  diiférentes,  quand  on  eft  obli- 
gé à  louvoyer  &  à  faire  divers  reviremens.  Courir 
ou  coarre  à  l'autte  bord,  c'eft   cingler  à  un  rumb 
de  vent  oppofé  à  celui  que  l'on  fait.  Quand  on  ré- 
pond à  la  qaeftion  ,    où  court-il,  qwi  veut  dite, 
quelle  route  tient-il  ?  //  court  comme  nous  ;  c'eft-à- 
dire,il  fait  la  même  route  que  nous.  Courir  Nord 
c'cfl;  aller  au  Nord  ;  courir  Sud ,  c'eft  aller  au  Sud , 
ou  du  Sud  au  Nord.Cb/zrir  en  longitude  ,  c'eft  aller 
del'Eft  à  l'Oueft,  &  de  l'Oueft  A.  l'Eft.  Co.vnr  en 
latitude  ,  c'eft  cingler  du  Nord  au  Sud  ,  eu  du  Sud 
iu  Nord.On  dit  qu'unvailfeau  a  couru  fur  fon  ancre , 
lorfqu'étant  pou/fé  par  le  vent ,  ou  par  le  courant 
de  la  mer  ,  il  a  été  porté  vers  l'endroit  où  l'ancre  a 
mouillé.  Courir  terre  à  terre,  ou  cabottcr,  c'eft  aller 
le  long  de  la  côte.  Courir  la  mer ,  c'eft  aller  en  h  ui- 
te  mer  ■,  c'eft  aufîi  aller  ,  venir  ,  faire  diverfes  cour- 
fes  fur  mer  pour  butiner.  Courir  le  bon  bord  ,  par- 
mi les  Corfaires ,  fignifie  attaquer  les  vaifleaux  mar- 
chands dont  la  prifc  peut  enrichir.  Dans  le  ftyle  fi- 
guré &:  famdlier ,  courir  le  bon  bord  ,  c'eft  fréquen- 
ter les  mauvais  lieux.  Courir  bord  fur  bord,  c'eft 
louvoyer   tantôt  d'un  côté ,  tantôt  de   l'autre  en 
chicannanf  le  vent  quand  il  eft  contraire ,  ou  en 
attendant  un  autre  vaifleau  dont  on  ne  veut  pas  s'é- 
loigner. 
Courir  au  plus  près,  terme  de  Marine ,  c'eft  aller 
autant  qu'il  eft  poiîîblc  ,  contre  le  vent  :  ainfi  fi  le 
vent  eft  au  Nord,  on  peur  aller  au  Oueft-Nord- 
Oueft,  où  en  changeant  de  bord  ,  à  l'Eft  -  Nord- 
Eft. 
Courir  fe  dît  auffi  des  terres ,  des  rochers  &  des  côtes 
qui  s'étendent  félon  tel  air  de  vent.  Vers^ere ,  pro- 
(cndi.  Cette  côte  court  Eft-Oueft',  c'eft  à-dire  ,  va 
<iroit  d'Orient  en  Occident.  Ces  rochers  courent 
5ud-Oucft  environ  tiois  lieues  ;  pour  dire,  s'éten- 
<ient  depuis  le  midi  jufquà  l'Occident.  Le  Caucafe  , 
ou  le  Taurus,eft  une  longue  fuite  de  montagnes  qui 
'<ourt  par  le  milieu  de  l'Afie  du  Couchant  à  l'Orient. 
■  Chevreau. 

Courre  la  bouline.  Châtiment  fur  mer.  On  fait  paf 
fer  le  criminel  au  milieu  de  rout  l'équipage  rangé 
en  haie  des  deux  côtés ,  de  l'avant  à  l'arrière  ,  &; 
chacun  lui  donne  un  coup  de  corde. 
1|3"  Courir,  terme  d'Efcrime.  C'eft  avancer  fur  fon 
ennemi.  Urs,ere  aiverjariiim. 

Courir  le  bal,  aller  de  bal  en  bal.    Courir]cs 
luelles ,  aller  de  vifitc  en  vifite  chez  les  Dames,  f^ir- 
gineos  cxtus ,  circulos  confeclari. 
([f3"  Courir  ou  Courre  fus  à  quelqu'un.  C'eft  un 
ftyle  d'ordonnances  &:  de  .déclarations ,  fe  jeter  fur 
lui ,  l'arrêter ,  le  tuer.  Tout  le  monde  lui  court  fus. 
Il  a  paru  une  déclaration  qui  enjoint  de  courir  fus 
l'ennemi. 
Courir  fignifie  aufiTi  ,  fréquenter  certains  lieux ,  y 
aller  fouvent.  Sequi ,  feÛari.  Les  curieux  de  ta- 
bleaux ,  de  bijoux ,  courent  les  inventaires.  Les  dé- 
vots courent  les  fermons.  Les  galants  courent  le  bal, 
les  ruelles.  Les  Muficiens  courentles  concerts.  On 
dit  en  ce  fens ,  on  court  un  tel  Prédicateur.  Cet 
homme   eft  fi  agréable  ,  que  toutes  les  Dames  le 
courent.  Il  ne  tient  pas  à  moi  que  je  ne  voie  Ma- 
dame une  telle.  C'eft  afiez  qu'elle  vous  aime  pour 
me  la  faire  courir  ,  mais  elle  court  après  quelqu'au- 
tte  ;   j'ai  beau  la  prier  de  m'attendre  ,  je  ne  puis 
parvenir  à  ce  bonheur.  Madame  de  Sev. 
^3-  Courir  fe  dit  encore  de  certaines  chofes  qu'on 


■G 


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^v  ^ 


^^•? 


fait  vîtç  ,  avec  précipitation,  Lifez  aoucement:., 
l'ie  courei  pas.  Gela  eft  écrit  en  courant,  'Çu'rjîm.  fi 
ne  faut  pas  co:<','7>  en  di.^ant  fes  prières.  •  •  ,.,. 
{?3*CouRiR,  dans  la  fignific.uioi'»  de  couler  ,'fe  dit  cv,- 
tore  pour  exprimer  le  Hiouvemcnt  des  chofes  flui^ 
des,  des  ruiiîèaux,  des  rivières  ,  du  fang,  ùc, 
Fluerc.  L'eau  qui  court  eft  la  plus  faine.  Le  fang 
court  dans  les  veines.  Je  fens  une  humeur  qui  rti« 
coî/r/ dans  la  tête,  -'•:.. 

Courir  fe  ditaulfi  duxei-nps  &  des  chofes  qui  fe  fuc- 
cèdentjou  qui  coulent  l'une  après  l'autre.  Fluerc\ 
volvi,  C'eft  le  mois  qui  court ,  l'année  qui  court; 
pour  dire  ,  le  mois ,  l'année  préfente.  Le  ternp"^  de 
fon  baniii/fement  a  couru  d'un  tel  jour  -,  pour  dire , 
a  commencé  un  tel  jour.  On  le  dit  aulll  des  inté- 
rêts qui  courent  du  jour  de  la  demande  en  juftice'., 
du  jour  de  la  conftirution;  pour  dire  ,  qu'ils  font 
diis  dès  ce  temps-là.  On  dit  auffi  qu'une  homme 
court  fa  quarante-cinquième  année,  court  fon  an- 
née,climadiérique;  pour  dire  qu'il  cftparvenu  à  ces 
âges-là.  Decurrere. 
Co'jRiR  fignifie  àu(Ti  être  en  vogue  ,  être  reçu  ,  -ipr 
prouvé.  In  ufu  elj'e  ,  recipi  ab  omnibus.  Il  faut  fui- 
vre  la  mode  qui  court.  La  monnoie  qui  court,  ■ 
Courir  fe  dit  aufii  de  ce  qui  fe  publie  ,  de  ce  qui  fe 
répand ,  de  ce  qu'on  fème  dans  le  monde  ,  de  ce 
qu'on  f^it  par  les  mains,  ou  par  la  bouche  de  plu- 
fieurs  perfonncs.  Il  court  un  bruit.  Rumor  efi,  jpur- 
gitur^manat.  Vous 'verrez  courir  de  ma  façon  ,  dans 
les  belles  ruelles,  deux  chanfons.  Mol.  On  a  fait 
co?/rir  un  manifefte  fur  la  déclaration  de  la  guerre. 
On  a  fait  courir  un  libelle  contre  Thoneur  de  cet- 
te partie.  Répandre  dans  le  public  j  ks  chanfons 
qui  courent  par  la  ville. 
IjCr  On  dit  de  quelqu'un  qui  cherche  de  l'aigent  à 
emprunter,  que  fon  billet  court    chea  les  Notai- 
res ,  &  que  ces  billets  courent  fur  la  place  ,  pour 
dire  qu'on  cherche  à  s'en  défaire. 
^y  On  fait  courir  des  billets ,  le  billet ,  pour  aver- 
tir ou  aflembler  des  gens  qui  ont  intéiêt  à  quelque 
affaire.    ,  ,    •        . 

f^  On  fait  crz^'ir  le  billet ,  pour  avertir,  des  chofes 
volées  ou  perdues.  On  dit  auffi  ,  faire  courir  une 
fanté,  pour  dire,  la  faire  boire  à  la  ronde.  Propi-r 
nando  cuipiam  pateram  circumfcrre.  On  dit  auflî  » 
qu'il  court  bien  des  fièvres,  des  maladies;  pour 
dite ,  qu'elles  font  bien  communes  que  plufieurs 
gens  en  font  attaqués. 
^fT  Dans  les  délibérations,  on  dit  l'avis,  qui  cour;.; 
pout  dire  le  plus  fort,  celui  qui  à  plus  de  voix. 

On  dit,  faire  courir  la  voix-,  pour  dire,  de^- 
mander  les  avis  à  ceux  qui  compofent  une  afTeiU; 
blée,  AcAD,  Fa.  ,,,  .  . 

QovKiK-franc i  terme  de  négoce  d'argent,  qui  fç 
dit  lorfque  les  Agens  de  banque  ne  prennent  rien 
pour  leurs  falaires  des  Lettres  de  change  qu'ils  font 
fcurnit  pour  de  l'argent  comptant. 

Courir  ,  en  termes  de  Manufaifture  de  draps ,  on 
dit  que  les  fils  courent ,  lorfque  l'étoff;  n'eft  pas 
aflez  remplie  de  trame,  ou  qu'elle  n'eft  pas  fu/ii- 
famment  battue.  >    , 

Courir  la  poule ,  terme  de  jeu  de  Triii^rac.  Lorfqu'on 
eft  quatre  ou  cinq  joueurs ,  &  qu'on  n'a  qu'un  feul 
triftrac ,  on  peut  courir  la  pouls  ,  'pour  que  chacun 
s'amufe  :  on  tire  au  forr  pour  le  rang,  chacun  met 
un  petit  enjeu ,  &  celui  qui  peut  gagner  uo  couc 
contre  chacun  des  autres  ,>irc  la  poule  ;  mais  quand 
celui  qui  a  gagné  quelques  tours  en  perd  un ,  ceux 
qui  n'ont  pas  encore  joué,  jouent  fucceflivemcnt 
contre  le  dernier  vainqueur ,  après  quoi  les  pre- 
miers vaincus  reviennent  fur  les  rangs,  le  premkc 
de  tous ,  met  un  fécond  enjeu  fur  la  poule,  joue 
fa  partie ,  &  chacun  y  pafle  à  Ton  tour ,  en  fournif- 
fanr  fon  enjeu ,  pour  groilir  la  poule ,  jufqu'à  ce 
qu'un  des  concurrens  ait  vaincu  tous  les  autres , 
fans  interruption.  A  chaque  fois 'qu'un ^  ancieri 
vaincu  fe  remet  au  jeu,  il  grofîit  toujdurs  b  i^oulè» 
elle  devient  par-là  très-conlidér.-^.bk ,  pûifquoiî  ?.($ 


584 


cou 


fouvcnt  des  femaines  Se  des  mois  entiers  à  courir 

la  même.  ,        ,v 

Quand  on  veut  abréger,  on  n  a  qu  a  convenir 
que  celui  qui  gagnera  un  tour  contre  chacun  des 
autres  avec  ouVans  interruption,  retirera  la  poule. 
Alors  on  peut  ordinairement  hnir  dans  une  leance 
un  peu  longue.  L.  S. 
Courir  le  dit  aulfi  figurcmenr  en  chofes  morales. 
Currere.  Quand  Dieu  a  rél'olu  de  perdre  quel- 
qu'un ,  il  le  laiile  courir  aveuglément  au  précipice. 
Sherlock,  On  court  à. la  railbn ,  6c  on  cherche 
la  vcrirc  par  les  doutes  &:  par  la  dilpute.  Balz. 
Il  ne  faut  pas  s'ctonner  que  tant  de  gens  courent 
après  la  fauflc  gloire  -,  puifqu'il  en  eft  fi  peu  qui 
connoiflent  la  véritable.  Ab.  de  S.  R.  Si  les  Ef- 
pagnols  ne  courent  point  au  péril ,  c'eft  moins  par 
timidité  que  par  prudence.  S.  Ea^r.  Il  faut  Ibrtir 
de  la  carrière  de  la  fortune ,  quand  on  ne  fe  lent 
pas  propre  pour  y  courir. 

Combien  de  gens  voit-on  d'une  ardeur  non  com- 
mune , 
Par  le  chemin  du  ciel  courir  à  leur  fortune  ? 

Mol. 

On  dit  qu'un  homme  court  une  belle  fortune  5 
pour  dire,  qu'il  eft  en  belle  pafle  :  qu'il  court  à 
i'Evêchc  ,  au  chapeau  de  Cardinal  ,  au  bâton  de 
Maréchal  ;  pour  duc,  qu'il  y  afpire,  &  qu'il  y 
a  apparence  qu'il  y  peut  parvenir  -,  qu'il  court  à 
la  gloire  ;  pour  dire,  qu'il  n'eftime  que  l'hon- 
neur ,  que  le  prix  de  la  vertu.  On  dit ,  qu'il  court 
à  l'hôpital,  à  fa  ruine,  à  fa  perte  j  pour  dire, 
qu'il  conduit  fes  affaires  de  manière  à  fe  perdre, 
à  fc  ruiner  proniptcment.  Ruere  in  exitium  , 
in  Tuinam.  Courir  à  l'hôpital  eft  familier.  On  dit 
aufTi  qu'un  homme  coiirt  hafard ,  court  fortune  ■■, 
pour  dire ,  qu'il  lui  peut  arriver  du  bien  t<.  du  mal. 
Subire  periculum  ,  akam. 


Votre  honneur  avec  moi  ne  court  point  de  hafard. 
Et  ri  a.  nulle  difgrace  à  craindre  de  ma  part. 

Mol, 

On  dit  encore  ,  qu'un  homme  veut  bien  courir 
tifque  de  quelque  choie ,  quand  il  la  prend  à  fes 
périls  ^:  fortunes  -,  qu'il  veut  bien  que  la  perte 
tombe  fur  lui.  On  dit  encore  ,  qu'un  homme  a 
bien  couru  des  fortunes  en  fa  vie  ;  pour  dire  ,  qu'il 
a  bien  cifuyé  des  périls,   des  dangers. 

|iCr  Courir  après  les  honneurs,  après  les  richefles , 
&c.  les  regarder  avec  ardeur.  Honores  ,  divitias  e.x- 
petere ,  concupire.  Courir  une  charge  ,  un  béné- 
fice ,  &c. 

§0"  Courir  un  bénéfice,  lignifie  aufli,  envoyer  un 
Courier  à  Rome  ou  à  celui  qui  a  la  nomination 
du  bénéfice  pour  être  le  premier  à  le  demander. 
On  dit  aulTi  courre  un  bénéfice.  Voye^  Courre. 

|tT  Courir  fur  le  marché  de  quelqu'un.  Dans  le 
propre ,  c'eft  enchérir  fur  lui  pour  emporter  ce 
qu'il  marchande.  Au  figuré  ,  c'eft  vouloir  empor- 
ter fur  lui  une  chofc  à  laquelle  il  a  prérendu  le 
premier.  On  dit  aulTi  courir  fur  les  brifées  de 
quelqu'un  ,  expreffions  familières. 

^Cr  Courir  après  fon  argent ,  continuer  à  jouer , 
regagner  ce  qu'on  a  perdu.  Proverbialement  cou- 
rir après  fon  éteuf ,  fe  donner  bien  de  la  peine 
pour  recouvrer  un  bien  qu'on  a  laifle  échapper. 
Je  me  fuis  payé  par  mes  mains  pour  ne  pas  cou- 
rir après  mon  éteuf. 

Couru  ,  ue.  part.  Il  a  la  fignification  de  fon  verbe  en 
latin  comme  en  firançois. 

COUR-LAYE.  f.  f.  C'eft  une  Jurididion  féculièrc 
oppofée  à  la  Juridiiilion  Ecclcfiaftique. 

COURLIS  ou  COURLIEU,  f.  m.  efpèce  d'oifeaa 
aquatique  qui  a  un  grand  bec  façonné  en  fau- 
cille, C/orf«J  5  parce  qu'en  volant  il  prononce  cor- 


c  ou 

lieu.  Voyez  Corlieu.  Il  y  a  le  courlis  de  plaine  qui 
eft  plus  grand  Se  plus  gros  que  la  perdrix  ,  &  plus 
haut  monté  fur  lés  jambes.  Sa  tête  eft  pUn  grande, 
plus  gfoilé ,  &  autrement  faite  ,  auiîl  bien  que  le 
bec  qui  eft  plus  long.  11  court  de  grande  vîtciîe , 
il  fe  plaît  particulièrement  dans  les  plaines  Si  les         j 
terres  iabouiécs.  Cet  oiieau  ne  chante  point,  mais        1| 
il  fait  un  cri,  ou  plutôt  une  forte  de  iifflcment, 
que  l'on  entend  de  très-loin.  L'on  en  voir  en  Ef- 
pagne  &  en  Sicile  ,  dans  les  montagnes  où  croiifent 
le  nard  &  le  romarin  ■,  on  en  voit  auIli  en  France. 
Ils  font  leurs  nids  de  même  que  la  perdrix  -,  leur 
chair  n'a  pas  moins  de  bonré  ni  de  délicatelfe  que      À 
celle    de  cet  oil'eau.  Si  l'on  en  veut  nourrir  ,    il       " 
faut  leur  ajufter  une  petite  loge,  dans  laquelle  ils 
le  puinént  rerirer,  &  y  même  du  gravier  Se  des 
pierrailles ,  S:  quelque  rouffc  d'herbe  ,  parce  qu'ils 
fe  rerirenr  volontiers  entre  les  pierres.  Ils  ne  font 
pas  difficiles  à  nourrir,  parce  qu'ils  mangent  toutes 
fortes  de  grains. 

0CF  COUP-OI ,  f.  m.  teime  de  Marine  ,  fynonimc       J 
à  CouRÉr   &  COURET.  1 

■^  COUROIR  ,  f.  m.  terme  de  Marine.  Paflage 
étroit  pour  aller  dans  les  chambres. 

COURUNDI,  f.  m.  grand  arbre  toujouis  vert,  qui 
croît  aux  environs  de  Paracaro  ,  &  dans  les  Indes 
Orientales.  Le  fuc  exprimé  de  fes  feuilles ,  pris  dans 
du  lait  chaud,  guérir  la  diarrhée  Se  la  dyllenterie. 
Les  amendes  de  fon  fruit,  préparées  de  la  même 
manière  ,  produifent  le  même  effet.  Ray.  Hifi. 
Plant. 

COURONNE,  f.  f.  C'eft  une  marque  de  dignité  : 
ornement  que  les  Rois  &  les  Souverains  mettent 
fur  leur  tête  pour  marque  de  leur  pouvoir  abfolu. 
Se  fur  tout  dans  les  grandes  cérémonies,  Corona. 
L'antiquité  la  plus  reculée  ne  déféra  les  couronnes 
qu'à  la  Diviniré.  Bacchus  fut  un  des  premiers  qui 
s'en  para  :  après,  les  Sacrificateurs  en  mirent  fur  leurs 
têtes.  Se  fur  celles  des  victimes.  Arhénée,  L.  XV , 
6e  Q.  Fabius- Pidor ,  £.  / ,  dii'enr  que  Janus  eft 
l'inventeur  des  couronnes ,  que  c'eft  lui  qui  s'en  \ 
fervit  le  piemier  dans  les  facrifices.  Mais  Pline  ,  ■ 
L.  XVI ,  c,  4  ,  dit  que  c'eft  Bacchus.  Phérécydes , 
ciré  par  Tertullien  ,  de  Coron,  c.  7  dit  que  Saturne 
e-H;  le  premier  qui  fe  foit  couronne  5  Diodorc  ,  que 
ce  fut  Jupiter  après  fa  vidloire  fur  les  Titans  i 
Léon  l'Egyptien,  qu'Ilis  fe  couronna  la  première 
d'cpics  de  blé  dont  elle  avoit  appris  l'ufage  aux 
hommes.  Il  ajoute  que  Claudius  Saturnius  avoit 
compofé  un  livre  des  couronnes  ,  où  il  rraitoirde 
leur  origine,  de  leurs  caufes,  de  leurs  efpèces ,  Se 
des  cérémonies  qu'on  obfervoit  à  cet  égard. 

Les  premières  couronnes  n'étoient  qu'une  ban- 
delette dont  on  fe  ceignoit  la  tête  ,  Se  qui  fe  lioit 
par  derrière ,  comme  on  le  voit  aux  têtes  de  Ju- 
piter qui  font  fur  les  médailles.  Voyez-ie  fur 
celles  des  Ptolomées  d'Egypte.  Les  Rois  de  Syrie 
font  aulïi  fouvent  couronnés  de  même.  Quelque- 
fois on  les  faifoit  de  deux  bandelettes  •,  enfuite  on 
prit  des  rameaux  de  differens  arbres  ;  puis  on  y 
ajouta  des  fleurs  ;  Se  Tertullien,  à  l'endroit  cité, 
écrit  qu'il  paroiffoir  par  le  Livre  de  Claudius  Sa- 
turnius qu'il  n'y  avoir  aucune  plante  dont  on 
rit\xiiz.\tàz^  couronnes.  Pline,  L.  XXI ,  c,  ^ ,  dit 
que  P.  Claudius  Pulcher  fut  le  premier  qui  mit 
aux  couronnes  une  perire  lame  ou  bande  de  mé- 
tal. Les  Rois  Macédoniens  de  Syrie  font  les  pre- 
miers qui  portèrent  fur  les  médailles  la  couronne 
rayonnante  ,  radiata.  Les  couronnes  des  Dieux 
étoient  dirfetentcs.  Celle  de  Jupiter  étoit  de  fleurs  ; 
elle  eft  fouvent  de  laurier  fur  les  médailles  ;  celle 
de  Junon  ,  de  vigne  ;  celle  de  Bacchus ,  de  vigne, 
de  raifins ,  de  pampres ,  de  branches  de  lierre  char- 
gées de  fleurs  Se  de  fruits  ;  celles  de  Caftor ,  de 
Pollux  Se  des  Fleuves  ,  de  rofeaux  -,  celle  d'A- 
pollon de  rofeaux  ou  de  laurier  ;  celle  de  Sa- 
turne ,  de  figues  nouvelles  &  fraîches  ;  celle  d'Her- 
cule ,  de  peuplier  ;  celle  de  Pan  fe  faifoit  de  pin 
ou  d'yèble  ;  celle  de  Lucine,  de  didame  j  celle 

des 


des  Heures ,  de  fruits  propres  de  chaq-ue  raiion  5 
celles  des  Grâces ,  de  branches  d'olivier  ,  aulH- 
bien  que  celle  de  Minerve  ;  celle  de  Venus ,  de 
loles  ;  celle  de  Ccrès  ,  d'épics ,  auffi-bien  que  celle 
d'Ifis  ;  celles  des  Lares,  de  myrte  ou  de  roma- 
rin ,  &c. 

Non-ieulcment  les  couronnes  farent  employées 
pour  les  ftatues  &  les  images  des  Dieux  ,  pour 
les  Prêtres  dans  les  Sacrifices  »  pour  les  Rois 
&  les  Empereurs  j  mais  encore  on  couronnoit  les 
autels  j  les  temples ,  les  portes  des  maifons  ,  les 
vafes  facrés,  les  vidlimes,  les  navires,  ùc.  les 
Poètes ,  ceux  qui  remportoient  la  vidoire  dans  les 
jeux  folennels  ,  les  gens  de  guerre  qui  le  diftin- 
guoient  dans  quelque  adlion. 

Eufcbe  de  Célarce  commence  ainli  le  panégy- 
rique qu'il  fir  à  la  dédicace  de  l'Eglife  de  Tyr'en 
315.  O  !  Am.is  de  Dieu  &  Pontifes,  qui  portez 
la  fainte  tunique ,  &  la  couronne  célefte  de  gloire  ■■, 
paroles  qui  montrent  que  les  Evcques  avoient  des 
habits  particuliers  &  des  ornemens ,  au  moins  dans 
l'Eglile  ,  &:  pour  les  faints  myRères  ;  d'autant 
plus  qu'il  eft  fouvent  parlé  de  leur  couronne.  Euseb. 
L.  X,  c,  5. 

Les  Empereurs  Romains  ont  quatre  fortes  de 
couronnes  fur  les  médailles.  1°.  Une  couronne  de 
laurier.  1°.  Une  co«ro/z«e  rayonnée.  30.  UnecoK- 
Tonne  ornée  de  perles  ,  5c  quelquefois  de  pierre- 
ries. 40.  Une  efpèce  de  bonnet  à  peu  près  fem- 
blable  à  un  mortier  ,  ou  au  bonner  que  les  Princes 
de   l'Empire  mettent  fur  leur  écu. 

En  France  ,  les  Rois  delà  première  Race  îz  con- 
tentoient  d'ordinaire  d'un  diadème  d'or  :  quelques- 
uns  portoient  une  couronne  \ '^omxt.  ^  ou  radiale, 
à  la  manière  des  Empereurs  Romains  ,  comme  on 
le  peut  Voir  fur  les  médailles  du  bas  Empire  \  car 
les  Empereurs  de  la  race  des  Ccfars  ne  portoient 
qu'une  couronne  de  laurier.  On  remarque  fur  les 
monnoies fabriquées  fous  la  féconde  Race,  que  la 
tête  des  Rois  eft  toujours  couronnée  de  lau- 
rier. Louis  VI  &  Louis  VII ,  delairoîfième  Race 
portent  une  couronne  faite  en  forme  de  bonnet 
carré  ,  avec  des  fleurons  ou  des  fleurs  de  lis  aux 
extrémités.  Le  Blanc.  Charlemagne  fir  faire  une 
couronne  d'or  enrichie  de  pierres  précieufes ,  & 
rehauiféc  de  quatre  fleurons.  On  la  garde  dans  le 
tréfor  de  S.  Denis.  ,Sous  la  II  Race  ,  c'étoit  la  cou- 
tume que  les  Rois  dans  les  grandes  fêtes  paruf- 
fent  à  l'Eglife  avec  leurs  ornemens  Royaux ,  la 
couronne  fur  la  tête  ,  le  fceptre  à  la  main ,  Z'.  re- 
vêrus  d'un  manteau  Royal.  P.  Daniel.  Dans  le 
onzième  fîècle  ils  la  recevoient  de  la  main  des 
Evêques.  Ainlî  Yves  de  Chartres  témoigne  ,  Ep. 
66,  6-!,  84,  que  le  Roi  Philippe  reçut  une  fois 
à  Noël  la  couronne  de  la  main  de  l'Archevêque 
de  Tours  ,  &  une  autre  fois  à  la  Penrecôte  de 
quelques  Evêques  de  la  Province  Belgique.  Ce  qui 
n'avoir  rien  de  commun  avec  le  Sacre ,  puifque 
Philippe  avoir  été  facré  à  Reims  l'an  1059,  par 
l'Archevêque  Gervais,  &  que  le  Sacre  ne  fe  fai- 
foirpas  deux  fois,  mais  une  fois  feulemenr  au  com- 
tncncement  du  règne.  On  met  fur  la  tête  des  Rois 
cette  couronne  quand  on  les  facre.  Il  n'y  a  que 
les  Rois  &  les  Souverains  qui  aient  droit  de  por- 
ter la  couronne  fur  la  tête.  Les  anciens  Ducs  , 
Comtes  &  Pairs ,  ou  ceux  qui  les  repréfentent  au\ 
Sacres  des  Rois  ,  en  porrent  auifi  pendant  la  fo- 
lennité  feulement.  On  croit  que  Charles  le  Chauv. 
eft  le  premier  de  nos  Rois  qui  ait  accordé  la  cou- 
ronne aux  Ducs  ,  parce  que  nos  annales  difcnt 
qu'en  ^-/6.  étant  revenu  de  Rome  à  Paris ,  il  v  fir 
BofoH  fon  beau  -  fcèr»  Duc  de  cette  Pro- 
vince ,  en  lui  mettant  fur  la  tcte  une  couronne 
Ducale. 

Tous  tes  Rois  ont  une  couronne  } 
Tous  ne  la  Javent  pas  porter  ; 
Tous  au  pouvoir  qiCelle  donne 
Nefaventpas  réjîjîer,  CoohAV. 
Tome  II, 


Si  vous  n^aVe^  pas  la  couronne  , 
C^eji  la  fortune  qui  la  donne , 
lljujpt  de  la  mériter,  S.  EvR. 

Du  Cange  dit  que  l'Empereur  recevoir  une  triple 
couronne  :  la  première  d'argent  en  Allemagne ,  là 
féconde  de  fer  dans  le  Comté  de  Milan  ",  &  la 
troifième  d'or  en  divers  lieux  :  &  que  l'Empe- 
reur Frédéric  I  eut  cinq  couronnes  d'or ,  la  pre- 
mière à  Aix-la-Chapelle  ;  pour  le  Royaume  de 
France;  la  féconde  à  Ratilbonne ,  pour  celui  d'Al- 
lemagne j  la  ttoifième  à  Pavie  ,  pour  celui  de  Lom- 
bardie  ,  la  quatrième  à  Rome  pour  l'Empire  Ro- 
main ;  6c  la  cinquième  à  Monza  fur  le  Lambro 
dans  le  Milanois ,  à  rrois  lieues  de  Milan,  pour 
le  Royaume  d'Italie.  Au  couronnement  de  Charles- 
Quint  on  apporta  d'abord  la  couronne  de  fer  qui 
eft  celle  du  Roi  des  Lombards ,  que  les  Empe- 
reurs recevoient  anciennement  à  Milan ,  &:  puis 
enluite  la  couronne  d'or  qui  eft  celle  dts  Empe- 
reurs Romains.  La  Princefle  Théodelinde  de  Ba- 
vière ayant  fait  renforcer  d'un  cercle  de  fer  Isl  cou- 
ronne  d'or  qui  fut  mife  fur  la  tête  d'Agilulphe 
Roi  des  Lombards  fon  époux  .à  la  cérémonie  de 
fon  couronnement ,  qui  fe  fit  à  Milan  l'an  590  ou 
591  ,  les  Empereurs  dm  pris  de  là  ,  félon  quel- 
ques Auteurs  ,  la  courume  de  prendre  une  cou- 
ronne à  leur  inauguration  ,  en  qualité  de  Rois 
des  Romains ,  qui  ne  s'appelle  plus  que  la  cou- 
ronne de  fer  i  à  caufc  du  cercle  de  fer  qui  cfe 
dedans. 

Gélior,  dans  fon  Indice  jirmorial ,  tient  que 
ce  mot  de  couronne  vient  de  corne  ,  parceque  les 
couronnes  anciennes  étoient  en   pointes ,    &  que 
les  cornes  étoient  des  marques  de  pui/fance  i   dz 
dignité  ,  de  force ,  d'autorité  8^  d'empire  :  &c  dans 
laSainre  Ecriture  les  dotnes  font  fouvent prifes  pour 
la   Dignité  Royale.  Corne  6c  couronne  en  hébreu 
font  expliqués  par  le  même  mot.  Couronne  coro- 
na ,  vient  des  Celtes  j  qui  difent  Curum  8c  Coron,, 
Pezron.  L'invention  des  couronnes  eft  attribuée 
par  quelques  Auteurs  à  Janus ,  parce  que  plufieurs 
monnoies  de    Sicile  &c  d'Italie  avoient  fur  le  re- 
vers l'empreinte  d'une  couronne  6c  de  f autre  côté 
un  Janus  à   deux  têtes,    comme  le  dit  Athénée. 
Charles  Pafchal,  Confeillcr    d'Etat,    a  fait  un  fa- 
vant  ouvrage  latin  en  X  livres ,    de  Coronis  ,  iin- 
primé  à  Paris  //2-40.  en  i<j  10 ,  Se  M.  Raudelot  j  dans 
VHifloire  de    Ptolomêe   Auletes ,  a  fait  beaucoup 
de  remarques  échappées  à  Pafchal.  M.  Du  Cange 
a  fait  une  lavante  6c  cutieufe  Dilfertation  fur  leS 
couronnes   de  nos    Rois.  Un  Allemand,  nommé 
Shmei^ell ,   a  fair  un  Traité  fur  les  couronnes  Roya- 
les, tant  anciennes  que  modernes. 
Couronne  antique.  C'cft  une  couronne  formée  pat 
une   feuille  tournée    en    cercle,   &c  découpée  en 
grandes  poinres  jufque  vers  la  bafe  ou  cercle  qui 
entoutie  le   front  ,    telles  que  font  les  couronnes 
des  Princes  d'Iralie.  Il  y  r».  des  efpèces  d'amaranthe  j 
qui  ont  les  étamines  découpées  en  couronne  anti- 
que. DicT.  DE  James. 
Couronne,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  aulTi  delà 
repréfentation  de   ces   ornemens  qu'on  met  pouC 
timbie  aux  armoiries ,  pour  marquer  la  dignité  des 
perfonnes.  Elles  font  même  plus  anciennes  que  les 
cafques  ;  6c  c'étoit  autrefois  une  marque  de  Che- 
valerie ,  6c  un  fymbole  de  viiftoire  8c  de  ttiomphe* 
On  appelle  couronnes  rayonnées  ,   ou  à  pointes  j 
celles  des  anciens  Empeteurs ,  qui  avoient  douze 
pointes ,  qui  repréfentoient ,   dit-on  ,  les  mois  de 
l'année.  Corona  radiata.  On  appelle  couronnes per' 
lées  ou  fleuronnées  ,  celles  qui  ont  des  perles,  des 
fleurons  d'aches  ou  de  perfil ,  comme  étoient  au- 
trefois prefque  toutes  les  couronnes  ,  même  celles 
des   Souverains ,    qui   n'ont    été    mifes  fur   leurs 
écus   que  depuis  environ  deux  cens  ans,  Corona 
gemmata  ,  florida.  Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes. 
La  couronne  paprika  eft  compofée  d'une  tiare, 

XlIIii 


^^6  COU 

Ss.  crâne  triple  couronne  quf  environne  la  tiare  > 
laquelle  a  deux  pendans  ,  comme  la  mitre  des 
Evcques.  Ces  trois  couronnes  reprcientent  le  Pape 
com.me  Souverain  Sacrificateur ,  comme  Juge  fu- 
prême ,  &  comme  le  i'eul  Légiflateur  des  Chré- 
tiens. 

Celle  de  l'Empereur  efl  un  bonnet  ou  tiare 
avec  un  demi-cercle  d'or  ,  qui  porte  la  figure  du 
monde,  cintré  &;  fommé  d'une  croix.  Elle  fait 
voir  l'on  bonnet  entr'ouvert  ilir  les  deux  côtés  de 
fon  cintre,  &  elle  a  par  le  bas  deux  fanons  ou 
pendans ,   comme  les  mitres  des  Evëques. 

Celle  du  Roi  de  France  efl  un  cercle  de  huit 
fleurs  de  lis  cintré  de  fix  diadèmes  qui  le  ferment , 
&c  qui  portent  au  defllts  une  double  fleur  de 
lis ,  qui  eft  le  cimier  de  France.  Le  Roi  Charles 
VIII  efl  le  premier  qui  l'a  porté  fermée.  François  I , 
l'a  portée  fouvent  ouverte.  Mais  depuis  Henri  II , 
tous  les  Rois  de  France  ,  &:  même  ceux  des  aurres 
Royaumes ,  l'ont  porré  aulfi  fermée  :  ce  fut  Charles 
VII  qui  le  premier  mit  la  couronne  fur  l'éculfon 
des  fleurs  de  lis. 

Celle  du  Rûi  d'Efpagne  e(l  rehaufifée  de  grands 
trèfles  refendus ,  que  l'on  appelle  fouvent  hauts 
jleurons  ,  &  couverte  de  diadèmes  aboutiffans  à 
un  globe  furmonté  d'une  croix.  Philippe  II  a  été  le 
premier  des  Rois  d'Efpagne  qui  air  porté  la  cou- 
ronne fermée  en  qualité  de  fils  d'Empereur. 

Celle  du  Roi  d'Angleterre  efl  rehauflce  de  quatre 
croix  de  la  façon  de  celles  de  Malte  ,  entre  Icf- 
qucUes  il  y  a  quatre  fleurs  de  lis.  Elle  efl  couverte 
de  quatre  diadèmes  ,  qui  aboutiiîent  à  un  petit 
globe  fupportant  une  même  croix. 

Celles  de  la  plupart  des  autres  Rois  font  de 
hauts  fleurons  ou  grand  trèfles  ,  &  aulîi  fermées 
de  quatre,  fix  ou  huit  cintres ,  ou  diadèmes,  &c 
fommées  d'un  globe  croifé. 

Celle  du  Dauphin  de  France  efl  de  même  que 
celle  du  Roi ,  à  la  réferve  qu'elle  n'eft  fermée  que 
de  quatre  diadèmes,  formés  par  quatre  Dauphins. 
Celles  des  Enfans  de  France  font  ouvertes  par  le 
haut.  Se  ont  feulement  les  huit  fleurs  de  lis.  Les 
Princes  du  Sang  Royal  portent  feulement  quatre 
fleurs  de  lis  ,  entre  lefquelles  font  des  fleurons. 
Bonifâce  VIII  efl  le  premier  des  Papes  qui  a  mis 
trois  couronnes  fur  fa  tiare.  Ce  n'efl  que  depuis 
cent  ans  que  les  Evcques  Comtes  ont  mis  des  cou- 
ronnes fur  leurs  armoiries. 

Le  Duc  de  Savoie  ,  qui  fe  qualifie  Roi  de  Chy- 
pre ,  porte  fa  couronne  fermée  de  deux  demi-cer- 
cles couverts  de  perles ,  &  au  de  (fus  un  globe  fur- 
monté  de  la  croix  de  Saint  Maurice  ,  qui  efl 
tréflée. 

La  couronne  du  Duc  de  Florence  eil  ouverte , 
Se  rehaufTée  de  deux  fleurs  de  lis  épanouis ,  &  de 
pointes  &c  rayons  aigus  à  la  façon  des  couronnes  an- 
tiques. 

Celle  des  Archiducs  a  un  feul  demi-cercle  en 
cintre,  garni  de  perles  ,  qui  porte  un  globe  croifé, 
6c  efl  relevée  de  huit  hauts  fleurons  enfermans  un 
bonnet  rond  d'écarlate. 

La  couronne  des  Eleifleurs  de  l'Empire  efl  une 
efpèce  de  bonnet  d'écarlate ,  &  retroufle  d'hermi- 
nes, diadème  d'un  demi-cercle  d'or ,  tout  couvert 
de  petles ,  fommé  d'un  globe  furmonté  d'une  croix 
d'or ,  que  quelques  Souverains  d'Allemagne  s'attii- 
buent  aulll. 

Les  Républiques  de  Venife  Se  de  Gênes  ont 
aufll  des  couronnes  fermées ,  <à  caufe  des  Royau- 
mes de  Chypre  Se  de  Sardaignc. 

Les   Seigneurs    qui  ont   des  terres  en   princi- 
pauté ,  portent  la  couronne  à  l'antique  ■,  un  cercle 
d'or  rehauflè  de    douze  pointes  ou  rayons  aigus. 
La  couronne  ducale  efl  toute  de  fleurons  à  fleurs 
d'ache  ,  ou  de  perfil. 

Celle  des  Marquis  efl  moitié  fleurons  &  moitié 
perles  alternés. 

Celle  des  Comtes  efl  de  perles  fur  un  cercle  d'or. 
On  les  appelle  perles  de  compte  ,  parcequ'on  ne 


COTÎ 


les  vend  pas  au  poid';  ni  à  l'once  j  maïs  félon  lent 
nombre.    - 

Celle  des  Vicomtes  efl  compofce  de  neuf  perles  , 
de  trois  en  trois  entaflccs  l'une  lur  l'autre. 

Celle  des  Barons  efl  une  efpèce  de  bonnet  avec 
tortil  ou  des  tours  de  perles  en  bandes  fur  le 
cercle. 

Les  Vidâmes  portent  aufTi  des  couronnes  qui 
font  d'or ,  garnies  de  perles  ,  rehauflces  de  quatre 
croix  pâtées ,  qui  marquent  qu'ils  ont  été  érigés 
pour  erre  les  appuis  de  l'Églife. 

En  Italie  ,  nul  ne  met  la  couronne  fur  fes  armes, 
6c  le  doge  de  Veniie  feul  y  met  le  bonnet  Du- 
cal,  qu'on  appelle  ordinairement  /e  corne.  En  Al- 
lemagne toutes  les  couronnes  des  dignités  lont 
également  faites  de  feuilles  de  perhl  &.  à  bas  fleu- 
rons. Les  couro72nes  ne  (onz  pas  des  preuves  d'an^ 
cienne  noblelfe  ,  &  ceux  qui  les  portent  n'ont 
pas  ce  droit  en  qualité  de  Gentilshommes ,  mais 
feulement  comme  étant  Seigneurs  des  terres  qu'ils 
pofledent,  qui  ont  titre  pour  les  porter. 

Le  P.  Méneftrier,  dans  les  Origines  desornemens 
des  armoiries^  prétend  que  c'ell  par   les  monnoies 
que  s'efl  introduit  l'ufage  de  couronner  les  écul- 
fons  ;  que  l'on  commença  fous  Charles  VII  à  faire 
des  gros  dont  le  revers  étoit  une  co///o72/2e ,  .eus 
laquelle  il  y  avoit  trois  fleurs  de  lis  fans  écuflbn  •■, 
que  fous  Charles  VII  ,  on  mit  la  couronne  fur  l'é- 
cuffon  de   trois  fleurs  de  lis  dans  i'ccu  d'or  ,  Se 
qu'on  a   toujouts  contmué  depuis  ;   qu'avant  ce 
Prince,  on  ne  fçavoit  ce  que  c'étoit^que  de  cou- 
ronner les  écuflons,  parce  qu'ils  étoient  ordinai- 
rement penchés  ;  qu'aucun   noble  Vénitien  ,  en 
quelque  dignité  qu'il ibit, ne  peut  mettre  unecow- 
ronne  fur  fes  armoiries  -,  que  M.  le  Prince  Henri 
de  Condc  efl  le  premier  des  Princes  du  fang  qui 
a  porté  la  couronne  purement  de  fleurs  de  lis  ;  que 
ce  n'efl  que  depuis   loo  ans  que  les  Evèqucs  qui 
font  comtes  ont  mis  des  couronnes   fur  leurs  ar- 
moiries. 
Couronne  efl  aulïl  un  ornement    donr  on  charge 
les  écus  des  armoiries.  L'écu  de  Suède  c(l  chargé 
de  rrois  couronnes  ,  pour  marquer  la  Suède  ,  la 
Norwège  Se  le  Dannemark.  La  ville  de  Cologne 
porte  aulfi  rrois  couronnes  ,  en  mémoire  des  trois 
Rois  qu'on  prétend  y  être  enterrés.  Plufieurs  villes 
d'Efpagne  portent  aufli   des  couronnes   par  con- 
cefîions  des  Rois. 
CouE-ONNE  fe  prend  auflt  figurément  comme  fyno- 
nime  à  Royaume  &  à    la  qualité  de  Souverain. 
Reonum.  Nous  fommes  venus  pour  lui  ôter  la  cou- 
ronne. Agathocle ,  fils  d'un  Potier  ,  parvint  à  la  cou- 
ronne. Cette  maifon  prétend  à  la  couronne  de  Cal- 
tille.  Charles  V  renonça  à  la  couronne  y  abdiqua 
l'Empire.  On  paye  un  droit  pourle  joyeux  avè- 
nement   du  Roi   à  la    couronne.  La  couronne   de 
France  n'efl  point  héréditaire  -,  elle  appartient  au 
premier  Prince  du  fang  par  la  loi  du  Royaume  , 
fans  qu'il  foit  héritier  ,  ni  obligé  aux   dettes  de 
fon  prédécelfeur.   Louis  VIII  ,  quoiqu'il  ne  gou- 
vernâr  pas  par  lui-même  ,  a  été  l'un  des  plus  ja- 
loux  des  prérogatives  de  fa  couronne.  P.  d'Orl. 
C'efl  un  crime  impardonnable  que  d'avoir  touché 
à  la  couronne  ,  Se  avancé  la  main  pour  la  iaiiir. 
De  Larrey. 

La  plus  telle  couronne. 
N'a  que  de  faux  brillans  dont  l'éclat  L'environne, 

'     ,  Corn, 

Plus  la  haute  naiff'ance  approche  des  couronnes , 
Plus  cette  grandeur  mime  ajfervit  nos perjonnes,  Id. 

On  dit  traiter  de  couronne  à  couronne ,  pour 
dire ,  trairer  de  Souverain  à  Souverain.  On  le  dit 
auffi  figurément  Se  par  manière  de  raillerie ,  en 
parlant  des  perfonnes  particulières,  lorlqu'un  in- 
férieur veut  trairer  avec  fon  fupérieur  ,  comme 
s'il  étoit  fon  égal.  Acad.  Fr, 


o  V 

Couronne  fîgnifîe  aiiffi  le  corps  de  l'Etat  teptcfenté  j 
par  le  Souverain.  Regnum.  Il  y  a  eu  fouvent  rup- 
ture entre  ces  deux   couronnes.  Les    biens  de  la 
couronne  font  inaliénables ,  &  avec  le  temps  font 
réunis  à   la  couronne.  Le  Prince   eft   indirpenfa- 
blement  obligé  de  maintenir  les  droits  de  la  cou- 
ronne ,  dont  il  n'eft   que  le  dépositaire.  Le  Rgi 
d'Efpagne  a  perdu  un  des  plus  beaux  fleurons  de 
fa  couronne  ,  en  perdant  la  Hollande.  Le  Connc 
table  ,   le  Chancelier   ,    font  des  Officiers  de  la 
couronne.  Les  Secrétaires  du  Roi  fe  dilent  Secré- 
taires  de  la  maifon  &;   couronne  de    France  ,  & 
des  finances. 
Couronne  Royale,  Ordre  de  Chevalerie.  Ordo  mi- 
litarisa corona  re^ia  nuncupatus.  On  prétend  qu'il 
fut  inilitué  par  Charlemagne.  Les  Chevaliers  por 
toient  inr  l'eftomac  une  couronne  en  broderie  d'or. 
L'Abbé  Juftiniani  en  parle,   T.  1 ,  c  14,  &  le  P. 
Hélyot,  F.  I ,  c.  33,/'.  171.  Cet  ordre  s'appelle 
l'ordre  de  la  couronne ,  ou  les  Chevaliers  Frifons 
ou  de  Fril'e  -,   il  fut    inftitué  l'an    8oz.  Ils  por- 
toient  une  couronne  impériale  dorée  fur  un  habit 
blanc.    Voye^  Frise.  Cet  ordre  n'a  exlftc  que  dans 
l'imagination     de   quelques   écrivains  modernes. 
Foye^  le  premier  tome  de  l'Hijioire  des  Ordres 
Religieux  par  le  R.  P.  Hélyot  ■■,   mais  il  y  a  eu 
un  véritable  ordre  de  la  couronne  ,  inftitué  par 
Êngucrrand    VII ,  Sire  de^  Couci  ,   &  Comte  de 
SoiHbns.  Foye^  Dom  Duplelfis ,  Hijl.  de  Couci , 
p.   88  ,  89. 

Il  eft  tait  mention  de  cet  ordre  dans  des  let- 
tres de  confirmation  que  Louis ,  Duc  d'Orléans  , 
accorda  aux  Pères  Céleftins  de  Villeneuve  ,  après 
iqu'il  eut  acheté  la  terre  de  Couci ,  &  le  Comté 
de  Soiflbns.  Ces  lettres  font  inférées  dans  le  Cartu- 
laire  de  la  Chambre  des  comptes  de  Blois,  de  l'an 
."397  :>  fol.  54.  v°.  Il  le  trouve  un  fceau  de  ce 
Prince  à  là  Chambre  des  Comptes  de  Blois  où  il 
eft  repréfenté  ,  tenant  une  couronne  renverfée ,  at- 
tachée au  bras  droit  à  une  courroie  paiice  dans  une 
boucle.  On  voit  aulfi  fes  armes  au  château  de  Blois 
&c  à  l'Hôtel  de  Ville,  au  bas  defquclles  il  y  a  aullî 
une  couronne  renverfée.  Cette  couronne  pourroit 
être  la  marque  de  l'ordre  de  la  couronne ,  infti- 
tué par  Engucrrand  de  Couci  ,  que  le  Duc  d'Or- 
léans auroit  confervc  après  être  devenu  Seigneur 
de  Couci  &  de  Sdiffons.  P.  Hélyot,  T.  FUI, 
C.  39. 
Couronne  fe  dît ,  par  extenfion  ,  de  plufieurs  orne- 
mcns  qu'on  met  liir  la  tête  pour  marques  d'hon- 
fteur  ou  de  réjouiifance.  Corona,  Conftantin  mit, 
pourairifi  dite,  la  couronne  (\xï\^  tête  de  l'Églife. 
Herman.  On  donne  aux  guerriers  des  couronnes 
de  laurier  j  aux  amans,  de  myrrhe  •,  aux';  buveurs  , 
de  lierre.  Les  bergers  portent  des  couronnes  de 
fleurs  dans  leurs  fêtes.  Quand  l'Ariofte  eut  reçu 
la  couronne  des  mains  de  Charles  V  ,  il  fut  fi 
tranfporté  ,  qu'il  courur  toute  la  ville  ,  plus  fu- 
rieux que  fon  Roland.  Henry  Lorit  ayant  été  cou- 
ronné par  Maximilien  I  ,  recevoir  les  étrangers 
qui  le  venoient  voir  dans  une  falle  magnifique 
affis  dans  un  fauteuil  qui  lui  fervoit  de  trône  ,  la 
couronne  fur  la  tête ,  fans  leur  faire  l'honneur  de 
leur  dire  un  feul  mot. 

Chez  les  Romains ,  il  y  avoir  diverfes  couronnes 
poui  récompenfer  les  exploits  militaires.  Jl^i  cou- 
roTine  ovale  étoit  la  première  -,  elle  étoir  faite  de 
myrte,  &  fe  donnoit  aux  Généraux  qui  avoienr 
vaincu  des  ennemis  indignes  d'exercer  la  vaillance 
romaine ,  Se  à  qui  on  décernoit  les  honneurs  du 
petit  triomphe  appelé  oy^/io/z.  Ov^Z/j.  La  féconde 
croir  la  navale  ou  roflrale  ,  qui  croit  un  cercle 
d'or  relevé  de  proues  éc  de  poupes  de  navires  qu'on 
donnoit  au  Capitaine  ou  foldatqui  ,  le  premier 
avoir  accroché  ou  fauté  dans  un  vaifleau  ennemi. 
Navalis  vel  rojlrata.  La  troifième ,  nommée  val- 
iaire  ou  caflrenfe  ,  étoit  aulîi  un  cercle  d'or  re- 
levé de  paux  oit  de  pieux  ,  que  le  Général  don- 
noit au  Capitaine  ou  foldat ,  qui  le  premier  avoir 


C  Ô  Xj  ^Sj 

franchi  le   camp  ennemi  ,  &c  force   la  palKTadei' 
Fallaris ,  cajirenjis.  La  quarrième,  wz/ra/t;,  étolE 
un  cercle  d'or  crénelé,  qui  fe  donnoit  à  celui  qui, 
le  premier  avoir  monté  fur  la  muraille  d'une  ville 
aifiégée  ,  &:   y  avoir  arboré  l'étendatt.  Muralis, 
C'eft  auflî  iiir  les  médailles  ,  l'ornement  des  Gé- 
nies &  de   Déités  qui  les  protègent.  C'eft  pour- 
quoi Cybèle ,  la  Dcefle  de  la  terre  ,  &  rous  les 
génies  particuliers   des  Provinces    &  des  Villes  , 
portent  des  couronnes  tourclées.  La  cinquième  j, 
civique,  étoit  faite  d'une    branche  de  chêne  vertj, 
qui  fe  donnoit  à  un  citoyen  qui  avoir  fauve  la  vie 
à  un  autre  citoyen  dans  une  bataille  ou  dans  un 
affaut.  Civica,  Elle  étoit  fort  eftimée  ,  &  fut  même 
donnée  à  Augufte ,  &  il  en  fut  fait  des  monnoies 
avec  cette  devife  ,  oh  cives  fervatos.  On  la  don- 
na   aufll  à  Ciccron    après  qu'il  eut  découvert  la 
conjurarion  de  Catilina.  La  iixièrae  étoit  la  triom- 
phale faite  de  branches  de  laurier  ,  qiii  fe  don- 
noit au  Général  qui  avoir  gagné  quelque  baraille  , 
ou  conquis  quelque  province.  Triumphalis.  On  la 
fît  d'or  dans  la    fuite.  La  feptième  étoit  VohJiJio- 
nale  ou  gr aminée  ,  parce  qu'elle  fe  faifoit  de  gra- 
mcn ,  ou  des  herbes  qui  fe  trouvoient  fur  le  ter- 
rain.   Objldionalis  vel  graminea.  Elle  fe  donttoic 
aux  Généraux  qui  avoienr  délivté  une  atmée  ro- 
maine affiégée   des    ennemis  ,    &  qui  les  avoienr 
obligé  .à   décamper.    La  huitième   étoit  auili  une 
couronne  de  laurier  ,  que  les  Grecs  donnoient  aux 
Lutteurs ,  &  les  Romains  à  ceux  qui  avoient  mé- 
nagé ou   confirmé  la  paix  avec  les  ennemis  ;  c'é- 
roir  la  moins  eftimée.  Laurea.  Les  couronnes  ra- 
diales fe  donnoient  aux  Princes ,  lorfqu'ils  éroicnr 
mis  au  rang   des  Dieux  ,  foit  devant,  foit  apl'ès 
leur  mort  ;   cette  forre  de  couronne  n'érant  pro- 
pre qu'à  des  Déités,  dit  Cafaubon  ,  je  ne  préterts 
pas  néanmoins  faire  de  cela  une  maxime  conftante; 
mais  aucun  Empereur  vivant   ne  l'a    prife  avant 
Néron.  Les  couronnes   Athlétiques  étoient  defti- 
nées  à  couronner  ceux  qui  remportoient  le  prix 
aux  jeiix  publics.  On  voir  la  couronne  d'ache  des 
jeux  iftmiens  fur  une  médaille  de  Néron.  Adrien  , 
en  faveur  d'Antinous,  en  fit  faire  une  de  Lotus  à 
laquelle  il    donna   fon  nom    Antinoeia  j  qui  fe 
trouve  fur    des  médailles.  Il   y  a  des  couronnes 
Sacerdotales  ou  Pontificales  pour  les  Prêtres.  Les 
Déités  ont   des    couronnes  particulières,  Bacchus 
eft  couronné  rantôt  de  pampre,  rantôt  de  lierre.  Her- 
cule en  porreune  d'un  feuillage  femblableau  lierre. 
Ccrès  en  porte  une  d'épics  de  blé.  Flore  en  porte 
une    de   fleurs.  P.  Jobert.  Jupiter  eft  couronné 
d'un  diadème ,  ou   de  laurier.  Enfin  ,  on  fe  cou- 
ronnoit  de  fleurs ,  de  rofes  ,  &  fur-roiu  de  myrrhe 
&  de    lierre  dans  les    feftins  &    dans  les  parties 
de  divertiffemens ,  tant  chez  les  Grecs   que  chez; 
les  Romains  ,  comme  on  le  voit  fi  fouvent  dans 
Anacréon  &  dans  les  autres  Poëres.  Quoique  tous 
les  noms    des    couronnes  dont  nous   avons  parlé 
foient  latins  ,  nos  antiquaires  &  nos  médaîUiftes 
ne  font  point  de  difficulté  de  s'en  fervir ,  ils  les 
emploient  tous ,  &  ils  font  devenus  François,  /^oy, 
les  Sciences  des  médailles ,  par  le  P.  Jobert ,  Jé- 
fuite  ,p.  Kjp  &  fuiv.  de  la  dernière  édition. 

Sur  les  médailles  ,  les  couronnes  des  Empereurs, 
depuis  Jules  Céfar  ,  fonr  ordinairement  de  laurier  j 
le  droit  de  les  porter  lui  fut  accordé  par  le  Sé- 
nar  ,  &  depuis  conrinué  à  ks  fucceOeurs,  Juf- 
tinien  eft  le  premier  qui  a  pris  une  efpèce  de 
couronne  fermée ,  qui  tantôt  eft  plus  ptofonde  eti 
forme  de  bonner  ,  Si  tantôt  plus  plate  ,  appro- 
chanr  du  mortier  de  nos  Préfidens,  excepté  qu'il 
eft  furmonté  d'une  croix  ,  &  fouvent  bordé  de  per- 
les .^  double  rang.  C'eft  ce  que  M.  du  Cange  ap- 
pelle Camelaucium. 

En  rermes  de  Théologie  ,  on  dit  la  couronne 
de  gloire  ,  ou  la  couronne  du  ciel;  pour  dire  la  béa-i 
titude  éternelle.  Corona  glorice  ,  corona  ccelejlis.  La 
couronne  du  Martyre  •,  pour  dire  la  récompenle 
certaine  qui  eft  due  aux  Martyrs.  Laurea  Marcy^ 

I II I  i  i  ij 


5^8  COU 

mm.  Voyez   le  Jclliirc  RolVeid  dans  fon  favant 
Onomajiicon.  On  onie  aiiiii  la  tête  des  faints  d'une 
couronne  de  rayons ,  quand  ils  font  canonilcs.  Co- 
rona  radiata.  Les  Hiftoriens  parlenc  de  la  couron- 
ne d' épines  dont  Jeûis-Chrifl:  ùu  couronné.  Corona 
fpineu.  Ils  alUuencque  Baiidoum,  Empereur  des  La- 
tins à  Conftantinoplc  ,    en  fit  un  prélcnt  à  Saint 
Louis  ,  qui  la  ht  tranlporter  en  France  avec  beau- 
coup de  pompe  &  de  ccrcmonic.  Il  en  diftribua 
dévotement   quelques  morceaux  aux  cglifcs  qu'il 
afi-eélionnoit.  On   la  conlervoit  avec    véncration 
dans  la  Chapelle  Impériale  à  Conitantinoplc.  Ce- 
pendant aucun  Auteur  plus    ancien  que   le  XIP 
Hccle  n'en  a  parlé.  Cet  Auteur  affirme  qu'elle  lub- 
iiftoit  de  l'on  temps ,  &  que  les  épines  en  étoicnt 
toujours  verres,  Hîst.  de  S.  Louis.  S.  Louis  dé- 
gagea à  les  frais  la  couronne  d'épines  de  N.  S.  5c 
un  morceau  confidérable  de  la  vraie  croix  ,  &  d'au- 
tres précieules  reliques ,  qui  avoient  été  engagées 
par  Baudouin  ,  Empereur  de  Conftantinoplc  ,  pour 
une  trèsgroiFe  fomme  d'argent.  La  couronne  d'épi- 
nes fut  quelque  temps  après  apportée  en  France, 
&  placée  dans  la  Sainte  Chapelle ,  où  l'on  la  garde 
encore  aujourdhui ,  comme  un  des  plus  riches  tré- 
fcrs  qu'il  y  ait  dans  le  monde.  P.  Daniel,  T.  i, 
p.  30,  Elle  eft  enfermée   dans  une  chafle  qui  eft 
derrière    l'autel  ,    foiitenue    de  quatre  colonnes. 
Quelques  auteurs   ,  après    Clément  Alexandrin  , 
prétendent  qu'elle  étoit  de  ronce  ,  ex  rubo.  D'cu- 
tres,  qu'elle  étoit  de  burgcpine ,  ou  nerprun,  i?;e 
rhamno.  D'autres ,  d'épine  blanche  ,  &  d'autres , 
de  jonc  marin.    Ceux  qui   l'ont  vu  à   la    Sainte 
Chapelle  font  de  ce  dernier  fentimenr. 

Couronne  le  dit  auill  de  la  tonfute  cléricale  que 
l'on  fait  fur  le  haut  de  la  tête  des  Eccléfiafi:iqucs. 
C'ell  un  petit  rond  de  cheveux  qu'on  raie  au  Ibm- 
met  de  la  tcte ,  qu'on  fait  plus  ou  moins  grand, 
félon  la  dignité  des  Ordres  qu'on  a  reçus.  Corona 
Clencorum.  Celle  de  Clerc  eft  la  plus  petite.  Celle 
des  Prêtres  Si  des  Moines  elt  la  plus  grande. 
Une  coxironne  monacale.  La  couroime  cléricale 
ii'étoit  autrefois  qu'un  tour  de  cheveux,  qui  re- 
préfentoit  véritablement  une  couronne  \  on  le  re- 
marque aiicment  dans  pluheurs  ftatues  &  autres 
monumens  anciens.  Quelques  Religieux  la  portent 
encore  ainii  ,  comme  ceux  de  S.  Dominique  Si 
de  S.  François.  Grégoire  de  Tours  dir  que  S. 
Pierre  Apôtre  fut  Auteur  de  cette  couronne  ,  en 
mémoire  de  la  couronne  d'épines  de  N.  S.  On 
appelle  en  quelques  rituels  la  première  tonfure  , 
Benedi&io  corona.  Voyez  Ratrame  dans  fon  /i' 
Livre  contre  les  Grecs -^  c,  5  ,  où  il  piarle  de  la  cou- 
ronne cléricale.  Anciennement  on  coupoit  les  che- 
veux .en  forme  de  couronne  aux  Religieulés  Se  aux 
Vierges  qui  fe  confacroient  à  Dieu.  Il  y  en  a 
un  exemple  du  feptième  fiècle  dans  VHiftoire  des 
Chunoinejfes  de  A'iye//e,  Voyez  le  P,  Héi.yot  , 
T.  FI,  C.54. 

Couronne  ,  en  termes  d'Anatomie  ,  c'efl:  la  bûfe  du 
gland.  On  remarque  autour  de  la  couronne ,  des 
corps  gros  comme  une  (o\p  fine  de  porc  ,  longs 
d'une  demi-ligne,  défigure  prcfque  cylindrique  , 
pofés  parallèlement  fur  cette  couronne ,  félon  la 
direélicn  du  gland ,  Si  éloignés  les  uns  des  au- 
tres d'un  tiers  de  lisne.  C;n  entrevoit  .à  l'extré- 
mite  poltcrieure  de  chacun  des  corps ,  un  petit 
trou  par  où  j'ai  fouvent  fait  fortir  une  matière 
blanche  S:  épaifle ,  qui,  en  fortant,  fe  forme  en 
filets ,  comme  celle  qu'on  exprime  des  glandss  des 
paupières.  Ce  qui  prouve  évideniment  que  les  pe- 
tits corps  de  la  couronne  du  gland  ibnt  des  ailan- 
des,  auflî  bien  que  celles  des  paupières  ,  Si  non 
pas  des  mamelons  de  la  peau  gonflés ,  comme  quel- 
ques-uns croient  ,  puifqu'il  ne  forr  aucune  ma- 
tière par  les  mamelons  de  la  peau.  Littre  ,  Acad, 
des  Se.  1700.  Mèm  ,  p.  508. 

Couronne  eft  aufïl  un  petit  chapelet  qu'on  dit  à 
l'honneur  de  la  Vierge  ,  qu'on  appelle  la  couronne, 
Corona  Beata   Virginis. 


COU 


En  termes  de  guerre  ,  on  appelle  ouvrap  i. 
couronne  ,  ou  ouvrage  couronné ,  ou  couronnement  , 
des  dehors  avancés  vers  la  campagne  pour  éloigner 
l'ennemi ,  &C  couvrir  d'autres  ouvrages  de  la  place, 
Opus  coronacuin.  Cet  ouvrage  eft  compofc  de  deux 
demi-baftions  aux  extrémiités ,  d'un  baftion  entier 
au  milieu ,  avec  deux  courtines. 
Couronne,  en  termes  d'Architecture,  fe  dit  de  la 
partie  plate,  fupérieure,  6c  la  plus  avancée  delà 
corniche  ,  qu'on  nomme  autrement  larmier  ,  gout- 
tière ,  ou  mouchctte.  Corona. 

Couronne,  terme  de  Charpcnteric  Si  d'autres  Arrs. 
On  appelle  couronne  de  pieu  ,  la  tête  d'un  pieu  qui 
eft  fouvent  garnie  d'un  cercle  de  fer ,  pour  l'empê- 
cher de  s'éclater  quand  on  l'enfonce. 

Couronne,  en  Géométrie,  eft  un  plan  tetminé  ou 
enfermé  par  deux  circonférences  parallèles  de  cer- 
cles inégaux  ayant  un  même  centre  ,  ix.  qu'à  caufe  ' 
de  cela  on  appelle  cercles   concentriques,  Circull 
quitus  commune  centrum  eji. 

Couronne  ,  terme  d'Aftronomie.  Corona,  Il  y  a  deux 
conftellations  de  ce  nom.  La  couronne  feptentrio- 
nale  ,  eft  une  conftellation  de  l'hémifphère  fepten- 
trional ,  compofée  d'environ  vingt  étoiles.  La  cou- 
tonne  feptentrionale  eft  entre  le  Dragon  ,  Hercule  , 
le  Serpent  ^  Bootes  :  cette  couronne  eft  un  amas 
d'étoiles  en  forme  de  couronne.  La  couronne  méri- 
dionale ,  eft  une  conftellation  de  l'hémifphère  mé- 
ridional ,  compofée  de  treize  étoiles. 

En  termes  de  Verrerie,  on  appelle  couronne., 
une  efpèce  de  petit  dôme  qui  porte  fut  les  arcades 
du  four.  Tkolus, 

Couronne  foudroyante ,  c'eft  une  couronne  remplie 
de  feux  d'artifice,  dont  on  fe  fcrt  dans  les  fièsjes 
contre  les  ennemis.  Corona  fulminea. 

Couronne,  petite  monnoie  d'argent  d'Angleterre, 
que  les  Anglois  nomment  Crowon,  &  que  les  Fran- 
çois prononcent  Corone  ;  c'eft  coramequi  diroit  à 
Paris  un  écu  blanc.  La  couronne  vaur  cinq  fchelings , 
c'eft--à-dire  ,  trois  livres  1 5  fous  de  France.' 

CouF-ONNE ,  c'eft  aufll  une  monnoie  d'argent  de  Dan- 
nemarck. 

Couronne  ,  terme  de  Papetier ,  papier  qui  a  pour 
marque  une  couronne.  Papyrus  corcme  Jîgno  im- 
prcff'a.  Donnez-moi  du  papier  à  la  couronne 

Couronne,  en  teimes  de  Manège,  eft  une  marque        j 
qui  demeure  à  un  cheval  qui  s'eft  fi  fort  bleiîé  au     ,,i 
genou,  que  le  poil  en  eft  tombé,  foit  par  chute, 
foit  autrement 

Couronne  eft  auffi  la  partie  la  plus  bafle  du  paturon 
du  cheval  qui  règne  le  long  du  fabot ,  qui  le  diftin- 
gue  par  le  poil,  qui  joint  Si  qui  couvre  le  haut  du 
fabot.  Eqiànce  fuff}aginis  corona. 

Couronne  ,  en  termes  de  Fauconnerie,  eft  le  duvet 
qui  couronne  ou  environne  le  bec  de  i'oifeau  à  l'en- 
droit où  il  fe  joint  à  la  tête.  Faultr,  Rojlri  orbicu' 
lus  ,  corolla. 

Couronne,  en  termes  d'Orfèvre,  eft  la  partie  d'une 
lampe  d'Eglife  qui  porte  le  verre.  Circulus. 

Couronne  ardente ,  terme  de  Fleurifte,  tulipe  blan- 
che de  par  le  milieu  de  couleur  d'agriote  -,  printa- 
nière.  Morin. 

Couronne //K/?tT/a/^.  Plante  à  qui  onadonné  ce  nom, 
parce  que  fes  fleurs  fonr  difpolees ,  pour  ainfi  dire ,         . 
en  couronne  furmontée  d'un  bouquet  de  feuilles.  Li-        1 
lium  perjicum ,  Corona  imperialis.  C'eft  une  plante         * 
bulbeufe  qui  a  fes  fleurs  pareilles  à  celles  du  li.,  ordi 
naire.  Sa  racine  eft  une  bulbe  épailîe,  arrondie, 
blanchâtre  ,  compofée  de  plufieurs  membranes  ou 
tuniques  collées  les  unes  fur  les  autres  ;  &  d'une 
odeur  dclagtéable  \  elle    pouffe   quelques  feuilles 
approchantes  de  celles  du  lis  blanc.  Entre  ces  feuilles 
s'élève  une  tige  grofle  comme  le  doigt,  arrondie, 
lavée  d'un  pourpre  foncé ,  haut  de  trois  pies  envi- 
ron ,  Si  garnie  de  feuilles  placées  fans  ordre  ix  plus 
petites  que  celles  du  bas.  Ses  fleurs  ne  différent  de 
celles  du  lis  blanc  que  par  la  couleur  S<:  par  la  fi'gure 
du  fond  de  ces  mêmes  fleurs.  On  trouve  le  plus 
fouvent  fix  pétales  à  chaque  fleur,  Si  ces  fleurs  font 


C  Olî 


"ïonjours  penchées  &  difpofces  en  manière  âe  cou- 
ronne à  rextrcmitc  de  la  tige,  qui  eft  ilirmontée  par 
un  toupec  de  t'euilles  plus  larges  que  celles  de  la 
tige.  Le  piftil  devient  un  fruit  divilc  en  trois  loges 
qui  renferment  chacune  deux  rangs  de  fenicnce.  11 
y  a  des  Courcnncs  impériales  à  fleurs  jaunes  &  à 
fleurs  rouges,  celles-ci  font  les  plus  ordinaires. 
Celles  qui  donnent  double  rang  de  fleurs ,  ou  des 
fleurs  doubles,  font  les  plus  rares. 

Cette  plante  fleurit  au  mois  d'Avril.  Elle  eft  en- 
core appelée  le  Lis  Royal  ;  fcs  fleurs  reflèmblent  à 
des  lis,  bien  qu'elles  n'aient  pas  les  bords  renverfés, 
&  qu'ils  ne  s'écartent  pas  tant  à  l'ouverture.  Elles 
ne  viennent  pas  toujours  dans  un  nombre  égal , 
quelquefois  il  en  fleurit  peu ,  &  quelquefois  beau- 
coup. L'ordre  S<.  l'arrangement  de  Ton  tout  change 
au/li-bien  que  la  couleur  de  fes  fleurs.  Il  y  en  a  à 
un,  à  deux  &i  à  trois  étages.  Chaque  feuille  de 
Cette  fleur  -a  dans  le  fond  une  certaine  humeur 
aqueufe  ,  qui  forme  comme  une  perle  très-blanche  , 
qui  dillille  peu  à  peu  des  gouttes  d'eau  très-nettes 
Si  très-claires,  Voye:^  Morin  ,  de  la  Culture  des 
fleurs.  La  couronne  impériale  ne  veut  de  foleil  que 
médiocrement ,  une  terre  à  potager  ,  la  profondeur 
&.  la  djftancc  de  quatre  doigts.  Comme  l'oignon 
n'a  point  de  robe,  &  qu'il  eft  fort  tendre  ,  il  ne  faut 
îc  1-ever  de  terre  que  pour  en  détacher  les  cayeux  i 
ce  qui  fe  fait  au  mois  de  Septembre  ;  &  on  les 
replante  auiri-tct.  Si  on  les  veut  tenir  hors  de  terre , 
il  faut  les  ferrer  dans  des  boîtes  &c  les  enveloppe  r 
dans   du  papier.  Morin. 

Dans  un  Recueil  de  Differtations  critiques  fur 
des  endroits  difficiles  de  l' Ecriture  ,  &c,  imprimé  à 
Paris  en  171 5",  l'Auteur  montre  dans  la  /i'  DiJJer- 
tation  que  li  c'cft  une  fleur  qui  fe  voit  au  revers  de 
quelques  médailles  d'Hérode  I,  c'eft  une  fleur  de 
couronne  impériale  ;  que  la  couronne  impériale  eft 
ïe  Lis  de  l'Ecriture,  ou  le  \V}^W  des  Kcbreux  ,  qui 
croiiibit  dans  la  Terre-Sainte  ;  qu'elle  nous  eil: 
venue  de  Perfe  ;  qu'on  l'y  appelle  Tliufai  •■,  que  ce 
font  les  Turcs  qui  l'en  ont  apporté  ;  &  que  de 
Conftanrinople  elle  a  paflc  dans  ces  pays-ci  ;  que 
les  Arabes  ont  porté  fon  nom  en  Efpagne,  &  l'ont 
donné  au  Lis  qu'on  y  appelle  Acuccna;  que  le 
Thujai  des  Perfes  eft  le  Lis  Royal  des  Anciens,  &: 
que  le  Lis  Royal  eft  la  couronne  impériale;  que 
c'eft  le  liiunn  repandum  de  S.  Jérôme  dans  la  Vul- 
gate  ;  &  enfin  que  l'eau  qu'elle  diftille  eft  la  myrrhe 
que  Salom.on  dit  diftiller  du  fflu;  ou  du  Lis  des 
Hébreux.    Cant.  v.    15.    Voye^!^  cette  Diflertation. 

Couronne,  en  termes  de  Phyiîque,  fe  dit  d'un  mé- 
téore qui  paroît  en  forme  de  cercle  lumineux  autour 
du  Ibleil  Cv  de  la  lune,  quand  leur  lumière  eft  ré- 
fléchie fur  des  nuées  médiocrement  épaiifcs.  Corona, 
Les  couronnes  font  oïdinairement  de  quatre  Si  cinq 
degrés  de  diamètte;  mais  quand  le  ciel  eft  fercin, 
elles  en  ont  jufqu'à  45.  Elles  font  terminées  à  l'ex- 
térieur par  une  couleur  rougeâtre-obfcur.  A  l'in- 
térieur elles  tirent  un  peu  fur  le  bleu.  M.  Mariotte  , 
dans  fon  îF'  E(fai  de  Phyjique^àit  que  les  grandes 
couronnes  qui  fe  voient  autour  dufoleil  &  de  la  lune 
font  cauf;es  par  de  petits  filamens  de  neige  médio- 
crement tranfparents,  qui  ont  la  figure  d'un  prifme 
triangulaire  équilatéral. 

Couronne,  en  termes  de  Jardinage,  fe  dit  de  certaines 
groflcs  branches  à  l'extrémité  5:  autour  defquelles 
font  crues  plufieurs  autres  petites  branches  par  la 
malhabileté  de  ceux  qui  conduifent  les  arbres  :  alors 
on  dit  ironiquement ,  voilà  de  belles  couronnes. 
Cer  arbre  ne  manque  point  de  couronnes,  Liger. 
Arlor  téne  coronata, 

^fT  On  emploie  aulTi  ce  mot  dans  les  defcriptions 
de  Botanique.  Coronula,  petite  couronne  en  (oïmc 
de  godet  qui  s'obferve  au  bout  de  quelques  femen- 
ces.  Cette  partie  forme  un  calice  propre  à  chaque 
fleuron. 

^CF  II  y  a  auflî  une  manière  de  greffer,  que  les  jardi- 
niers appellent  greffei  en  couronne.  Voyez  Greffer. 

Couronne  d'Ethiopie ,   nom  d'une   des   efpèces  de 


COU         ^e^ 

cùquiilages  marins.  Corona   JEtUopicR.  Une  cou~ 
ronne  d'Ethiopie  brune.  Gers. 
Couronne  Papale^  nom  d'une  efpèce  de  coquilles. 

Voyc[  Coquille. 
COURONNEMENT  ,  f.  m.  cérémonie  dans  laquelle 
on  met  la  couronne  fur  la  tcte  des  Souverains.  Co- 
rona: impojitio  ,  P^ev:^is  inaugaratio.  Voyez  iUr  le 
couronnement  de  nos  Rois  Du  Tillet ,  'êcLymnœus  j 
/,  11,  C.  4.  Charles-Quint  ,à  fon  couronnernent 
parut  d'abord  fous  l'habit  d'un  Chanoine  de  Sainte 
Marie  de  la  Tour  de  Rome  ;  enfuite  il  prir  l'habit 
religieux  de  Diacre  ,  &  enfin  il  fe  revêtit  de  fes  ha- 
bits impériaux.  Ce  fut  foiis  ce  dernier  habit  qu'il 
fut  facré.  Larrey.  Les  cérémonies  anciennes  &  mo- 
dernes du  couronnement  des  Rois  de  Hongrie  fonc 
décrites  dans  la  Vh partie  de  l'Hijloire  des  Trou- 
bles de  Hongrie,  imprimée  à  Paris  en   1688, 

Le  couronnement  de  la  Sainte  Vierge  ,  eft  line 
cérémonie  pratiquée  le  jour  du  Samedi  faint  dans 
l'Ordre  des  Servîtes.  Calîifte  III  &  Innocent  VIII 
permirent  aux  Religieux  de  cet  Ordre  de  célé- 
brer le  même  jour  une  melfe-  folemnelle.  Pie  V 
abolit  cette  pratique.  P.  Hélyot  ,  T.  111 ,  p.  5ot, 

CouRONNEAiENT  ,  en  termes  d'Architcéltute  ,  eft  la. 
partie  llipérieure  du  bâtiment,  qui  termine  un  ouvra- 
ge. Coronis.  On  appelle  auiïi  couronnement  d'une 
voûte ,  le  plus  haut  de  l'extrados  d'une  voûte ,  pris 
au  vif  de  la  clé.    Tejiitiidinis  concliijurai 

Couronnement  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  dit 
haut  de  la  poupe  d'un  vaifleau ,  où  font  les  orne- 
mens  dejnenuiferie,  &  de  fculpture,  pour  l'era- 
belliffement  de  l'arrière.  OrndÊmnta  ,  coronis. 

Couronnement, en  Serrurerie, eit  un  grand  morceau 
de  fer  à  jour  qui  fert  d'ornement  au  deffas  d'une 
porte  de  clôture  de  choEurj^4'Eglife  ,  ou  de  cour  , 
ou  de  jardin.  Coronis ,  ornamenta.  Il  eft  compofé 
d'enroulemens ,  de  feuillages ,  d'armes  ,  de  chiffres  s, 
&c.  Les  Serruriers  appellent  auffi  couronnement  de 
ferrure ,  certains  ornemens  qui  fe  mettent  flir  l'écuf- 
fon  ,  &  au  deffus  de  l'ouverture.  En  général  cok- 
ronnement  àiïaXt^  Arts ,  fedit  de  quelque  partie  de 
l'ouvrage  qui  eft  au  defllis  des  autres, 

^fT  Couronnement  du  chemin  couvert,  C'eft  dans 
l'attaque  des  places ,  le  logement  qu'on  fait  fur  la 
haut  des  glacis  ,  qui  enferme  ou  couronne  toute 
les  branches  du  chemin  couvert  du  front  de  l'at- 
taque. Encyc. 

Couronnement  ,  en  termes  de  Jardinage ,  eft  la  mê-^ 
me  chofe  que  couronne.  Cet  arbre  étêtérepoufîéra 
du  tronc  ,  au  dcffous  de  l'endroit  où  il  avoit  pouffé 
fes  branches ,  un  grand  nombre  de  jets  ou  au  cou- 
ronnement ,  ou  vers  le  couronnement.  Don  art  , 
Acad,  des  Se,  1700.  Mém.  p,  139.  Le  maronnier 
d'Inde  poulie  du  couronnement ,  &  l'orme  près  du 
couronnement.  J'ai  coupé  ç)6  jets  au  couronnement 
d'un  maronnier d'Inde dede'ux  pouces  de  diamèrre.Ioi 

Couronnement  eft  auffi  un  terme  d'Accoucheur  & 
de  Sage-femme,  C'eft  l'entrée  extérieure  de  la  ma- 
trice, Uteri  ora  exterior.  On  appelle  cette  entrée 
couronnement  j  parce  qu'au  momenr  que  la  femme 
accouche ,  cet  endtoit  entoure  la  tête  de  l'enfant 
en  manière  de  couronne.  On  dit ,  l'enfant  eft  au 
couronnement. 

^fT  II  ne  faut  pas  imaginer  qu'il  y  ait  aucune  partie 
du  corps  humain  qui  s'appelle  ainfi  ;  c'eft  une  po- 
fition  de  l'enfant,  lorfqu'il  eft  fur  le  point  de  ve- 
nir au  monde  ,  dans  laquelle  l'orifice  de  la  matri- 
ce lui  cmbrafle  la  tête. 

Couronnement  fc  dit  figurément  de  la  pe.rfei5lion 
d'un  ouvrage,  Coronis ,  operis  perfeclio  ,  abfolutio^ 
Cette  dernière  a6lion  qu'il  fit  fut  le  couronnement 
de  l'œuvre,  C'eft  le  couronnement  de  la  dodlrine. 
Pasc. 

COURONNER  ,  v.  a.  mettre  une  couronne  fur  k 
tête.  Alicui  coronam  irnponere  ,  aliquemcoronare, 
Regem  inaugurare.  On  couronne  le  Roi ,  lot fqu'on 
le  f.icre.  Pétrarque ,  voulut  être  coKrowne  à  Rome 
dans  l'endroit  même  où  l'on  a  coutume  de  courons 
nerlcs  Empereurs, 


99^ 


COU 


Couronner  lignifie  aufli,  donner  un  Royaume  ,  faire 
Roi  ou  Reine.  Rage/n  vd  Reginam  facere.  Une 
Reine  qui  cpoufe  un  Prince  le  couronne  ,  le  fait 
Roi  :  de  même  un  Roi  qui  époule  une  femme  , 
quelle  ou'elle  foit  ,  la  fait  Reine  :  cela  n'eft  pas 
toujours  vrai,  le  Prince  Georges  de  Dannemark  , 
n'étoit  pas  Roi  d'Angleterre  ,  quoiqu'il  eût  épou- 
fc  Anne,1fiile  du  Roi  Jacques  Second  ,  &  recon- 
nue Reine  d'Angleterre. 


Le  fier  Jjfuerus  couronne  fa  captive  , 
Et  le  Perl'.m  Cuver be  efl  aux  piés  d'une  Ji 


EtlePerjaaj'uperbe  efiaiixpi 


uive. 
Racine. 


Couronner  fe  djt  pour  environner.  Circumdare  , 
circumjl'pire.  L'he  de  Sancien  a  un  très-beau  port 
tout  co«ro«7Z£:  de  montagnes.  Bou H.  ^^v.  L.VI. 

Couronner  fe  dit  fimplement  pour  orner  ,  embel- 
lir. Ornare.Se  couronner.  Ornare Je ,  efnlgere -.moÂs 
c'eft  Toujours  par  quelque  refferablance  à  une  véri- 
table couronne. 

La   nuit:  d'après    cette   temphe  y 
Le  Ciel  y  favorable  à  nos  vœux  , 
Se  couronna  des  plus  beaux  feux 
Qu'on  eût  jamais  vu  fur  fa  tète. 

P.  Le  m. 

Couronner  fe  dit  autfi  de  la  gloire  dont  la  Majcflé 
Divine  eft  environnée  de  toutes  pzits.Circumdatus , 
fulgens  gloria.  * 


O  Dieu  ,  ^ue  la  gloire  couronne , 
Dieu  ,  ^'«d  la  lumière  environne. 


Racine. 


Couronner  fe  dit  auflî  des  couronnes  de  fleurs  qu'on 
met  fur  la  rcte  en  des  fêres  &  des  rcjoui/rances.  Co- 
ronare.  Dans  cette  fête  paftorale  les  Bergers  &  les 
Bergères  furenr  couronnés  de  fleurs.  On  couronnoit 
les  vidimes  de  fleurs  dans  les  anciens  facrih'ces.  J.C. 
fut  couronné  d'épines.  Alexandre  couronna  le  tom- 
beau d'Achille. 

Couronner  fîgnifie  aufll ,  mettre  une  couronne  fur 
des  Armoiries.  §3"  Graver  une  couronne  pour  or- 
nement ,  ou  pour  marque  de  dignité.  Coronam 
fcuto  addere  ,  fcuto  coronam  imponere  ,  fcutum 
coronâ  ernare.  li  z  couronné  fonEcu  d'une  couron- 
ne de  Comte. 

Couronner  fîgnifie  figurément ,  récompenfer  par  des 
marques  d'honneur ,  ou  autrement.  Mercedem  labo- 
Tum'tribuere,  perfolvere  ,  dare.  Les  éloges  &  les 
panégyriques  font  faits  pour  couronner  la  vertu. 
Les  Martyrs  &:  les  Saints  feront  couronnés  d'une 
gloire  éternelle.  L'innocence  de  cette  fille  a  été  re- 
connue ,  &  a  été  enfin  couronnée  par  les  récompen- 
fes  qu'elle  a  reçues.  Dieu  couronne  en  fccret  l'inno- 
cence des  juftes.  PoRT-R.  L'amour  ne  manque  guè- 
re de  couronner  ceux  qui  lui  font  fidèles.  Voit. 
Quelle  apparence  que  Dieu  ait  voulu  fe  cacher  à 
cette  fuite  d'excellens  hommes  ,  qu'on  nomme 
Saints ,  dont  la,  courfe  s'cft  paffée  à  méditer  fa  pa- 
role jour  &  nuit ,  &:  à  fuivre  non-feulement  fes  pré- 
ceptes ,  mais  fes  confeils  ,  par  une  vie  femblable  à 
celle  des  Anges ,  couronnée  quelquefois  d'une  mort 
encore  plus  précieufc  à  fes  yeux  ?  Péliss. 

Ma  vertu  pour  le  moins  ne  me  trahira  pas  : 
On  la  verra  brillante  au  bord  du  précipice  , 
Se  couronner  de  gloire  en  bravant  lefupplice. 

Corn. 

Un  arand  cœur  cède  un  trône ,  &  le  cède  avec  gloire  ; 
Cet  effort  de  vertu  couronne  fa  mémoire.  Id. 

Ses  vertus  feront  couronnées.  Racine. 

Le  célèbre  RoufTeau  a  dit  couronner  des  vœux , 
pour  remplir  ,  fatisfaire  des  défîrs. 


C  ou 

Mais  Monjieur  votre  père-,  ami  de  fon  argent  j 
A  couronner  vos  vœux  efl  un  peu  négiigint, 

{fT  Couronner  fe  dir  figurément,  pour  apporter 
la  dernière  perfeClion.  Ferficere  ,  abfolvere.  Il  a 
couronné  fa  vie  par  une  fin  giorieufe.  Finir  glorieu- 
fement.  La  vidT:oire  s'avançoit  à  grands  pas ,  pour 
couronner  fes  triomphes.  Yaug.  Cette  adlion  coïc^ 
ronne  toutes  les  autres. 

On  dit  proverbialement  que  la  fin  couronne  l'œu- 
vre -,  pour  dire ,  que  la  vertu  parfaite  doit  perfé- 
vérer  juiqu'à  la  fin.  Finis  coronat  opus. 

Couronner  ,  en  terfnes  d'Arc'nitedure  ,  c'eft  terminer 
un  ouvrage  ou  une  décoration,  avec  amortilîje- 
ment.  Coronidem ,  fajiigium  ,  apicem  operi  im~ 
ponere. 

ffj'  En  termes  de  Jardinage  ,  on  dit  que  des  arbres 
fe  couronnent ,  quand  ils  vieilLiifent  &  qu'ils  fe  deP 
fèchent  par  la  rcte. 

Couronné  ,  ée  ,  part.  Coronatus. 

Au  def.r  de  régner  fans  cejfe  abandonné , 
Tout  lui  déplaît  ici ,  n'étant  point  couronne. 

Campistron. 

Couronné  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  lions , 
du  cafque  &:  des  autres  chofes  qui  ont  une  cou- 
ronne, Coronatus. 

On  appelle  les  Tttcs  couronnées ,  les  Rois  & 
I  Empereur.  Reges.  On  met  la  République  de 
Venile  au  rang  des  Tctes  couronnées  ,3.  caufe  du 
Royaume  de  Chypre  fur  lequel  elle  prérend 
avoir  dro't   pour  l'avoir  long- temps  poffcdé. 

On  appelle  une  plaine  couronnée  de  montagnes , 
quand  elle  en  efl:  environnée.  Continuis  montibus 
cincla planities.\jxs\\\Q  de  Rhodes  efl:  couronnée 
de  divers  petits  coteaux.  Les  écus  d'or  de  France 
ont  été  appelés  autrefois  couronnés  ^  &  c'eft  un 
nom  qu'ils  retiennent  encore  chez  les  étrangers,^ 
§CF  En  termes  de  fortification ,  on  appelle  ouvra- 
ge à  couronne ,  un  ouvrage  avancé  vers  la  cam- 
pagne ,  en  forme  de  couronne ,  pour  défendre  les 
approches  d'un  place. 

On  dit,  en  termes  de  Jardinage,  qu*un  arbre 
eft  couronné  ;  c'eft-à-dire  ,  qu'il  eft  fur  fon  re- 
tour ,  &  qu'il  ne  pouffe  plus  de  bois  qu'à  l'ex- 
trémité  de  Ces  branches.   Vetula  arbor. 

On  appelle  cheval  couronné  ^  un  cheval  qui 
s'cft  fouvent  blcfîe  aux  genoux  en  tombant,  & 
à  qui  le  poil  du  genou  eft  tombé. 
COURONNÉE ,  f.  f.  forte  de  rime  ancienne.  La 
rime  étoit  formée  fur  les  derïiicres  fyllabes  ré- 
pétées du  pénultième  mot  de  chaque  vers;  En 
voici  un  exemple  tité  de  Marot  : 

La  blanche  colombelle  belle  , 
Souvent  je  vais  priant  criant  •■, 
Mais  deffous  la  cor  délie  d'elle , 
Me  jette  un  œil  friand  riant. 

COURONNURE,  f  f.  terme  de  ChafTe,  qui  fe 
dit  de  fept  ou  huit  menus  cors  au  fbmmet  de 
la  tête  du  cerf  rangés  en  guife  de  couronne. 
,  Cervini  cornu  coronatus  apex. 

COUROU ,  f.  m.^  Monnoie  de  compte ,  dont  on 
fe  fert  dans  les  États  du  Grand  Mogol.  Le  courou 
de  roupies  fait  cent  mille  lacks  de  roupies ,  & 
le  lack  cent  mille  roupies. 

COUROUK ,  en  Perfc  ,  eft  une  défenfe  de  fe  rroiP 
ver  lur  le  chemin  ,  par  où  le  Roi  doit  paffer  avec 
fes  femmes.  Tous  1^$'  hommes  font  obligés  d'a- 
bandonner leurs  maifons ,  6c  de  s'enfiiir  dans  iirt 
quartier  éloigné  ,  ou  à  la  campagne.  Si  un  hom- 
me ofoit  feulement  les  regarder,  il  féroit  puni 
de  mort.  Les  Rois  de  Perfe  exercent  encore  cette 
tyrannie  de  faire  de  temps  en  temps  Courouk  de 
volailles ,  de  poiffons ,  &  autres  denrées  de  leur 
goût  i  &  quand  il  y  a  Courouk  de  quelque  cho- 


COI? 


fe,  perfdnne  ne  peut  en  vendre,  fi  ce  n'eft  pour 
le  Roi.  Thevenot  ,  Voyage  du  Lev,  cité  dans  le 

MORERI. 

COUROÙ-MCSLLI ,  f.  m.  Arbrifleau  qui  s'élève  à 
la  hauteur  de  quatre  ou  cinq  pies,  &  qui  croît 
aux  environs  de  Baypin  ,  &  dans  d'autres  con- 
trées fahloneufes,  voifînes  de  Cocliin ,  dans  les 
Indes  Orientales.  Son  écorce  &  la  racine  bouil- 
lies eniemble  dans  du  lait  de  vache,  pafTe  pour 
un  antidote  contre  la  morfure  des  lerpens.  On 
fait  avec  l'écorce  broyée  dans  de  l'huile  un  Uni- 
ment qu'on  dit  être  bon  pour  la  goutte.  Son 
fruit  efl:  une  baie  noire  ,  luifante ,  '&  fucculen- 
k ,  acide ,  &  très-dclicieufc  au  goût,  Ray  ,  Hijl. 
Plant. 

COURRATIER.  f.  f.  Ce  mot  fe  trouve  dans  plu- 
iieurs  Coutumes ,  il  veut  dire  médiateur  ,  entremet- 
teur. Sequejter. 
COURRE.  Foyei  Courir. 

COURREAU,  f.  m.  vieux  mot  qui  a  fignifié  une 
barre  ,  une  coulifle.  Marot  a  dit  dans  Ygs  Pleau- 
înès: 

D'avoir  jufqu'aux    courreaux    rompu  d'airain 
les  portes. 

COURRIER.  Voyei  Courier. 
COURROI ,  f.  m.  le  dit  de  l'apprêt  ou  façon  que 
l'on  donne  au  fable,  dont  les  Fondeurs  leVervent 
pour  jeter  ou  couler  leurs  légers  ouvrages. 
CouRRoi    ou    CoRRoi.    Éu    Picardie ,    particulière- 
ment .à  Amiens,  on  appelle  courrai  ,  un  certain 
rouleau  ou  efpcce  de  métier  ,  Tur  lequel  on  rou- 
le des  étoffes  de  laine  ,  lorfqu'elles   viennent  de 
la  teinture ,  &  qu'elles  font   lèches.  On    nomme 
auffi  Courrai ,   l'Ouvrier  qui  donne  cette  façon. 
-COURROIE,  f.  f.  lanière    de    cuir,  morceau   qui 
eft  coupé  en  longueur  ,  &  avec   peu   de  largeur. 
Corrigia.  Les  courroies  d'un  carroife  ,  d'une  felle. 
Ce  mot  vient  de  cuirroie  ,  parce  que  la  courroie 
étoit  faite  d'une  roie  oii  longue   pièce   de   cuir. 
D'autres  le  dérivent  du  latin  corrigia^ 

On  dit  en  ce  fens ,   faire  du  cuir   d'autrui  lar- 
ge courroie  \  pour  dire  ,  être  libéral  de  ce  qui  ne 
nous  coûte  rien.  Ce  proverbe  vient  d'une  fable  , 
où  l'on  feint  que  le   renard   étant    Médecin  du 
lion  malade,  lui  ordonna  de  fé  ceindre  les  reins  d'une 
ceinture  tirée  de  la  peau  du  loup  ;  après  quoi   il 
coupa  au  loup  une  longue   &  large  courroie  de 
fa  peau  ,  lequel  en  hurlant  s'en    plaignit  en  ces 
termes  :  que    vous   faites   du   cuir  d'autrui  large 
courroie.  Le   latin   dit  ,  de  alieno    corio    ludere. 
On  dit  aulfi  ,  alonger    ou    étendre  la    courroie  \ 
pour  dire  ,  étendre  l'es  dtoits,  fes  fonctions,  un 
peu   plus  que  de   raifon  ,  ajouter    quelque  chofe 
de  fon   crû  à  une   conte ,  à  une  hiftoire ,  à  une 
réponfe  qu'on  rapporte. 
COURROUÇA ,  f.  m.  arbre  de  nos  îles  de  l'Amé- 
rique.   Les    habitans   de    la     Guadeloupe    difent 
qu'un  Gafcon  l'ayant  trouvé  fi  dur ,  qu'il   émouf- 
foit  toute   fa  hache  ,  la  jeta  au  pié  ,   en  difant 
qu'il  étoit  courrouça ,  nom  qui  lui  eft   demeuré 
depuis.  C'eft  un  arbre,  gros,  droit  Se  fort  hauf, 
fon  écorce  eft  noire:  l'aubier  en  eft  rouge,  &le 
cœur  de  l'arbre  d'un  violet  fi  brun ,  qu'il   fcmble 
quafi  noir  comme  de  l'ébène.  Il  y  a  au  bout  de 
fes  branches   comme   des  grappes    compofées  de 
certaines  goulTes  rondes ,  dans  chacune  defquelles 
eft  emboîté  un   fruit  prefque  rond ,  moitié  rouge 
&  motié  noir,  gros  comme  une  balle  de  mouf- 
quet.  Les  Aras  &  les  Perroquets  font  forts  friands 
de  ce  fruit  quand  il   eft  vert.  Quand  il   eft   fec 
il  devient  trop  dur.  P.  Du  Tert. 
COURROLTCER,  v.  a.  mettre  en  courroux.    Ad 
iracundiam   aliquem  provocare  ,  dliquem   ira  ajfi- 
cere  ,  exafperare   aliquem  ,  jlomachum   alicui  mo- 
vere.  Au  temps   du  dcUiçe  les  crimes  des   hom- 
mes avoient  courroucé  Dieu.  Ce  mot  vieillit  ;  ce- 
pendant, félon  Vaugelas,  l'on  s'en  peut  encore 


COU 


5>5i 


fervîr  quelquefois ,  &  de  bons  Autenis  approu- 
vent courroucer  quelqu'un.  Il  eft  bien  placé 
dans  le  ftyle  foûtenu.  Il  fe  dit  aufli  avec  le 
pronom  perfonnel,  fe  courroucer  contre  quel- 
qu'un. Alicui  irajci,juccenfere.  Dieu  fe  courrou- 
ce contre  les  médians.  Foye^  Courroux. 

Cejl  contré  le  péché  que  fon  cœur  fe  courrbucei 
Etl-intérit  du  Cieleji  tout  ce  qui  le  pouffe.  Moi- 
Mais  courroucer  eft  parfaitement  beau  dans  le 
figuré.  Il  y  a  même   quelque   chofe  de  grand  & 
de  noble  ,  &  fignifié,  être  agité.  La  mer  fe  cour^ 
rouce.  La  mer   étoir  terriblement  courroucée. 
Courroucé  ,  tE^  Part. 

COURROUX,  ou  COUROUX.  f.  m.  Iracundia. 
C'eft  une  agitation  impatiente  contre  quelqu'un 
qui  nous  obftine  ,  qui  nous  olfenfe  ,  ou  qui  nous 
manque  dans  l'occafion.  Ce  mot  dit  une  palfion 
qui  dure  moins  que  la  colère  ,  mais  plus  long- 
temps que  l'emportement.  Le  courroux  enferme 
dafis  fon  idée  quelque  chofe  qui  tient  de  la  fu- 
périorité  &  qui  refpire  hautement  la  veaigeancé 
ou  la  punition.  Il  eft  aulfi  du  ftyle  plus  empou- 
lé.  M.  L'Abbé  Girard. 

On  n'emploie  point  courroux  au  pluriel.  En  le 
prononçant ,  on  ne  fait  point  fentii  de  double  r. 
Souvent  le  courroux  n'a  d'autre  mobile  que 
la  vanité  qui  exige  fimplement  une  fatisfadlion , 
6c  parce  qu'il  agit  alors  plus  par  jugement  que 
par  fentiment ,  il  en  eft  plus  difficile  à  appaifer„ 
M.  L'Abbé  Girard. 
^fT  Mr.  Dacier  condamne  l'exprelTîon  des  deux 
vers  fuivans  comme  étant  trop  enflée  &  trop 
peu  naturelle. 

§CF  Ce  fang  qui  tout  verfé  fume  encore  de  courroux 
Defe  voir  répandu  pour  d'autres  que  pour  vous. 

Corn. 

Scuderi ,  dit  M.  de  Voltaire  ,  ne  reprit  point 
ces  hyperboles  poétiques ,  qui  n'étant  point  dans 
la  nature ,  aftbiblifient  le  pathétique  de  ce  dif- 
cours.  C'eft  le  poëte  qui  dit  que  ce  fang  fume 
de  courroux;  ce  n'eft  pas  afiTûrcment  Chimène  ; 
on  ne  pailc  pas  ainfi  d'un  père  mourant.  Scude- 
ri beaucoup  plus  accoutumé  que  Corneille  à 
ces  figures  outrées  &  puériles  ,  ne  remarqua  pas 
même  en  autrui ,  tout  éclairé  qu'il  étoit  par  l'en- 
vie ,  une  faute  qu'il  ne  fentoit  pas  dans  lui-même. 

f3"  Le  mot  courroux  fe  dit  au/fi  de  quelques  ani- 
maux nobles  &  féroces.  Le  courroux  du  Lion, 
du  Taureau  j&c. 

Courroux  fe  dit  figurément  des  clidles  inanimées: 
comme  le  courroux  de  la  mer ,  des  vents  ,  de 
l'orage.  Iratum  mare  ,  ira  maris,  §3"  On  die 
poétiquement  le  courroux  de  Neptune ,  le  cour- 
roux du  ciel.  Ce  monftre  que  l'enfer  en  cour- 
roux a  vomi. 

Céfar  qui  fe  répond  &  des  Dieux ,  &  du  fort  i 
De  la  vague  en  courroux  rédoute  peu  l'effort, 

BrEBo 

COURROY.  Voyei  Corroi. 

COURROYER  ou  CORROYER ,  v.  ad.  fe  dît 
dans  les  Manufactures  de  lainage  de  Picardie  i 
particulièrement  à  Amiens ,  d'une  façon  que  l'ou- 
vrier ,  nommé  Courrai  ,  donne  aux  éroifes  au 
retour  de  la  teinture ,  êc  lorfqu'elles  font  lèches. 
I^ôyef  Corroyer. 

COÛRROYEUR.   Vo^e^  Corroyeur. 

^  COURS,  f.  m.  Curfus.  Terme  relarif  ail  mou- 
vement. Efpace  que  patcoutt  un  corps  par  uri 
mouvement  progielTif.  On  le  dit  premièrement  des 
mouvemens  réels  ou  apparens  des  corps  céleftes. 
Le  cours  du  Soleil  &  des  Aftres  eft  ccirtain  &: 
périodique.  Le  Soleil  fair  fon  cours  dans  l'ËcUp- 
tique  en  365  Jours, fix  heures,  quelques  minutes 


€)^z  COU 

•  moins.  L'Adronomie  efl;  la  fcience  qui 
à  connoicre  le  cours  des  corps  ccleftcs. 


COU 


enfeigne 


Ces  voûtes  claires  &  folides  , 
Ces  beaux  deux  au  front  a^uré , 
Qui  font  dans  leur  cours  mejïirè. 

Et  Ji  légers  &  Ji  rapides. 
D'une  puijjante  voix  annoncent  le  pouvoir 

Du  i>eigneur  qui  les  fait  mouvoir. 

GODEAU. 

Cours    Te   dit  auiïi  d'un  long  voyage  fur  mer,  en 
des  pays   éloignés,  Ainfi  les    voyages   des  Indes 
font  appelés  des  voyages  de  long  cours,   Longa 
navigatio  ,  longa  navigationis    curfus.  Ces  vail- 
l'eaiix  font  armés  en   cours ,  pour  courir  fur  les 
ennemis.  Excurjîo. 
Cours    fignifie  auifi  le  fillage,  la  route  du  vaifTeau. 
Iter ,  via ,  curfus.  Ces  deux  bâtimens  ont  fait  le 
même  cours  ,  ont  fuivi  la  même  route  ;  il  ne  leur 
eft  rien  arrivé  qui  air  arrêré  leur   coursy  qui  ait 
empêché  leur    navigation.  Faire  le   cours  ,   c'efl: 
aller  en  mer  avec  des  vaifTeaux  armés  en  guerre 
pour  courir  fur  les  ennemis ,  ou  fur  les  corfaires. 
Les  Malouins  s'entendent  bien  à  faire  le  cours , 
ont  toujours  des  vailfeaux  en  cours.  Faire  le  cours , 
c'eft  mettre  en  mer  des  vaiffeaux  armés  en  guer- 
re, pour  combattre  les  Corfaires. 
Cours    efl    auHl   un   lieu  agréable  où  eft  le  ren- 
dez-vous du    beau    monde    pour    fe  promener  à 
certaines  heures;  &  fe  dit  tant  du  lieu,  que  de 
railèmblce    qui  s'y   trouve.   Amhulatio  ,  ambula- 
crum.  Le  cours   de  la  Reine  à  Paris  eft  un   lieu 
planté  de  pluficurs  rangs  d'arbres  fur  le  bord  de 
la  Seine  ,  !ous  la  régence  de  la  Reine  Marie  de 
Médicis.    Le  cours  du  Mardi-gras    fe    tient   aux 
Fauxbourg  Saint  Antoine.  Le  cours  de  Vcnife  eft 
fur  l'eau ,  &  en  gondoles. 
Cours  fe  dit  particulièrement,   de  la  pente  ou  du 
mouvement   naturel  des   corps  fluides.   ProfLuens 
curfus  ,  fuxus  ,  lapfus.  On    a   changé   le   cours 
de   cette  rivière ,  on  a  détourne  fon  cours ,  on  a 
fait  abattre  toutes  les  conftrudlions  qui  arrêtoicnt 
le  cours   de  l'eau.  Le  cours ,  de  la  Saohe  efl:  li 
lent ,  qu'on  a  peine  à  s'en  apperccvoir.  Ceux  que 
le  cours  d'une  rivière  defennuie  ,  ne  s'ennuyoient 
guère  apparemment.  Mr.  Es  p. 
Cours  fe    dit  encore  de  la  rourc  que  prennent  les 
humeurs  renfermées   dans  le  corps  des   animaux. 
Fluxus.  Les   humeurs   détournées   de  leurs  cours 
ordinaires  caufcnr  les  rhumarifmes.il  faurque  le  mal 
ait  fon  cours,  il  faut  lui  laiffer  prendre  fon  co?/aj 
par-là;  pour  dire,  qu'il  faut   laiffer  décharger   la 
nature.  La  moindre    férofîté    peut   empêcher   les 
efprits  animaux  de  couler;  la  moindre  alrération 
en  peut  retarder    ou  précipiter  le  cours.  Val. 
IJCr  Cours  de  ventre  ,j?y.v  de  ventre ,  devoiemcm , 

termes  fynonimes. 
Cours  fe  dit  encore  de  la  durée  ou  du  progrès 
des  chofes.  Fitœ  fpatium  ,  curfus.  Le  cours  de  la 
vie  des  Patriarches  fut  limité  à  120  ans  après  le 
Déluge.  Le  cours  des  années  fair  périr  les  plus 
beaux  ouvrages.  La  mort  interrompir  le  cours 
des  victoires  d'Alexandre.  Augufle  fut  forr  paiii- 
ble  durant  le  cours  de  fon  règne.  Par  un  enchaî- 
nemenr  de  caufcs  inconnues ,  mais  déterminées 
de  tout  temps  ,  chaque  chofe  marche  en  fon  rang, 
&  achevé  le  cours  de  fa  deftinée.  Vaug. 


Que  le  cours  de  fes  ans  dure  autant  que    le 
di  la  Seine  &  de  la  Loire.  S.  EvR. 


cours 


Cours  fe  dit  aufTi  quelquefois  de  l'étendue  des 
chofes ,  en  longueur  feulement  fans  avoir  égard  à 
la  haureur.  Longitudo.  Certe  tapiflerie  a  zj  au- 
nes de  cours.  La  rivière  de  Saint  Laurent  a  800 
lieues  de  cours  depuis  fa  fource  jufqu'à  fon  em- 
bouchure. 

Cours    fe  dit   figuréraent ,  de  la  fuite  Se  du  train- 


que  prennent  les  afîâires-,  &  du  progrès  des  opi- 
nions. Curfus.  Il  faut  voir  quel  cours  prendra  ce 
procès.  Ce  deffein  doit  rcufTir  fuivanr  le  cours 
ordinaire  du  monde.  Le  Prince ,  quand  il  s'agit 
de  multiplier ,  ou  de  hâter  fes  bienfaits ,  veut 
que  rien  n'en  trouble  Se  n'en  interrompe  le  cours. 
Tour. 

De  combien  de  foi/pirs  interrompant  le  cours, 
Ai-je  évité  vojyeux  que  je  cher  chois  toujours  ? 

Rac. 

De  nos  d^Jîrs  errans  rien  n'arrête  le  cours , 
Ce  quiplaît  aujourd'hui ,  déplaît  en  peu  de  jours^ 

S.  EvR, 

Pleurons  &  gèmîffons  ,  mes  fidèles  compagnes  , 
A  nos  fanglots  donnons  un  libre  cours. 

Rac, 

Sa  flamme  à  tout  moment  peut  prendre  un  autre 

cours.  Corn. 


Le  même  a  dit  de  la  Juflice  ; 

Son  cours  lent  &  douteux  fait  trop  perdre   dé 
larmes. 

II  faut  arrêter  le  cours  de  cette  héréfiCj  de 
cette  fcdition  ;  pour  dire ,  empêcher  que  le  mal 
ne  croiife  davantage.  Ire  obviam  ,  cccurrere  rnalo, 
hœrefî ,  feditioni.  On  dit ,  couper  cours  à  quel- 
que choie  5  pour  dire  ,  y  mettre  fin  ou  la  tran- 
cher ,  l'expédier. 

On  appelle  le  cours  du  marché ,  le  prix  com- 
mun que  valent  les  chofes  en  un  certain  joue 
du  marché.  Commune  mercis  alicujus  pretium. 
Cours  fe  dit  aufîi  du  débit,  quodhabet ,  invcnit, 
emtorem ,  quod  facile  venditur ,  ou  du  cas  que 
l'on  fait  des  chofes  qui  font  en  vogue.  Pretium. 
De  ce  qui  eft  à  la  mode  &  dans  l'ufage  com- 
mun. Quod  in  ufu  efl.  Les  Ballades  ,  les  Ron- 
deaux n'ont  plus  de  coiirs  comme  autrefois.  Les 
chanfonnettes  ,  les  hiftoriettes  ,  efl  ce  qui  a  le 
plus  de  cours.  Ces  monnoics  décriées  n'ont  plus 
de  cours.  On  a  beau  décrier  les  denrelles  d'or 
&  d'argent,  le  luxe  des  femmes  leur  donnera 
tou)ours  du  cours.  Ce  livre  a  un  grand  cours. 

On  le  dit  à    peu-près   dans  le  même  feus  du 
crédirou  difcrédir  que  les  billets  d'un  marchand, 
d'un  banquier,  (S-c.  ont  dans  le  commerce,  &dc 
la   faveur  que  prennent  ou  perdent  les  difFérens 
effets  introduits  dans  le  commerce. 
Cours    fe  dir  auffi  du   recueil,  de  la  compilation 
des  Loix  &:  des  Canons.  Collcclio,  Le  Cours  Ci- 
vil eft  le   recueil   des   Loix  Romaines,  compile 
par  l'ordre  de  Juftinien.  Corpus  Civile.  Le  tours 
Canonique  eft  le  recueil  du  Droit  Canon  qui  a  été 
compilé  par   Gratien  ,  &c.  Corpus  Canonicum. 
COURS    fe    dit  aufli  du  temps  qu'on  emploie  à  ap- 
prendre les  principes  d'une  fcience.  Curfus  ,  cur^ 
riculum.  On  dit  qu'un  écolier  a  fait  fon    cours 
en  Humanités,  en  Philofophie ,  dans  les  Ecoles. 
Un    cours    de  Philofophie    confifte  en  Logique, 
Phyfîque,  Métaphyfique  5.:  Morale  Un  cours  de 
Théologie  ,  de   Médecine.    On  étudie   un  cours 
de  Théologie,  de  même  qu'un  fyftème  de  phi- 
lofophie ,  pour  s'exercer  .à  la  difpute.  S.  EvR. 

On  appelle  auiTi  cours.,  les  livres  imprimés 
qu'on  fait  fur  principes  généraux  des  feiences, 
&  ce  qui  eft  le  plus  néceifaire  d'en  favoir.  G/r- 
fus.  Ainiî  on  appelle  le  cours  de  Chimie ,  le 
cours  de  Mathématique  du  P.  Defchales , 
d'Hérigone ,  ùc. 
IjfZr  On  le  dit  non  feulement  des  élémens  &  des 
principes  d'une  fcience  rédigés  par  écrit,  mais 
encore  de  ces  mêmes  principes  démontres  en  pu- 
blic p;ir  des  expériences.  Faire  un  cours  de  Chi- 
mie chez  M.  Rouelle;  fans  doute  parée  qu'on  y 

parcoutj 


c  o  u 

parcourt  tout  ce  qui  appartient  à  l'objet  qu'on 
y  traite.  , 

COURS  ECCLtSIASTIQUE.  Ccft  le  nom  qu'on 
donnoit  autrefois  à  l'Office  Divin  j'que  l'on  nom- 
me aujourd'hui  Heures  Canoniales ,  ou  Bréviai- 
re. Ciirjuf  Ecclejiajîicus.  Voyez  les  Conférences 
Eccléiiaftiques  de  Luçon ,  Tom'.  XII. 

Cours  en  Architeélure.  On  appelle  cours  d'ajfife , 
un  rang  continu  de  pierres  de  niveau,  &  de  mê- 
me hauteur  dans  toute  la  longueur  d'une  façade, 
fans  erre  interrompu  par  aucune  ouverture. 
Continuata  lapïdum  ad  libellam  Jiriicîura.  Cours 
de  pUnclie  ,'ia.  continuité  d'une  plinthe  de  pier- 
re ou  de  plâtre,  dans  les  murs  de  face,  pour 
marquer  la  iéparation  des  étages,  Continuata 
plintki  JiruHura.  Cours  de  pannes  ,  une  fuite  de 
plulieurs  pannes  bout-à-bout  dans  le  long  pan 
d'un    comble.  Tympanorum  or  do  continuatus. 

Cours,  terme  de  Coutume. Le  cours  en  Brclfe  eft 
une  rente  d'œufs,  de  poulets,  de  chapons,  de  beurre, 
de  fromage ,  é-c.  qui  eft  due  au  maître  par  le  gran- 
ger  à  proportion  de  ce  qu'il  nourrit  de  poiiles , 
de  vaches ,  ùc.  Cette  rente  s'appelle  cours ,  parce 
qu'elle  eft  allîgnée  fur  les  chofes  qui  viennent  de 
la  bade-cour. 

CicuRS  de  chardon,  terme  en  ufage  dans  les  Manu- 
faétures  dé  lainage.  Il  lignifie  la  même  chofc  que 
yoie  de  chardon. 

COURSE ,  1".  f.  mouvement  d'un  homme  ou  d'un 
animal ,  par  lequel  il  précipite  fes  pas  :  efpace  de 
chemin  qu'on  parcourt  en  ié  tranfportant  avec  vî- 
tefle  en  quelque  lieu.  Curj'us.  Les  daims  font  fort  lé- 
gers à  la  courj'e.  On  fait  par  exercice  &  par  divertif- 
fement  des  courfes  de  bague,  de  faquin,  de  la  quin- 
tziue.Ecjuefiris  decur/io  adtrajiciendum  annulum  , 
ad,  8cc.  Les  joutes  &  les  tournois  font  des  efpèces 
de  courfes.  Les  courfes  de  tête  font  nouvelles  en  ce 
Royaume,  mais  elles  font  d'un  ufage  plus  ancien 
en  Allemagne,  pour  s'exercer  à  courre  des  têtes  de 
Turcs  &  de  Maures,  &  recourre  les  têtes  de  leurs 
/bldats  que  les  Turcs  ont  coutume  d'enlever. 

Sous  /es yeux  d'un  Centaure  habile ^ 
De  fa  valeur  le  jeune  Achille  , 
Fit  éclater  les  premiers  traits. 
[  Jl prenait  les  Cerfs  à  la  courfe  ! 

lldomptoit  la  Lionne  &  l'Ourfe 
Avant  qu'il fecourùt  les  Grecs. 

NOUV.  CH,   DE    VIRS. 

ÇovKSt  pul/i^jue ,  c'étoit  chez  les  Romains  ce  que 
nous  appelons  voiture  publique.  Curfus  publicus  , 
veclura  publica.  Conftantin  fournit  libéralement 
aux  Evêques  les  voitures,  ibit  de  chevaux,  fcit  pour 
la  commodité  de  ceux  qui  voyageoient  par  ordre 
du  Prince.  Fleury,  L.ll. 

Course  fe  dit  aufli  du  mouvement  des  fleuves  &  des 
rivières,  &:  du  chemin  qu'ils  parcourent  pour  tranf- 
porter  leurs  eaux  d'un  lieu  à  un  autre.  Curfus , 
lapfus. 

Comme  d'une  cowxÇc  fidelle 
Les  fleuves  par  divers  canaux  , 
Apportent  à  la  mer  le  tribut  de  leurs  eaux  , 
Et  fans  y  rien  changer  fe  confondent  en  elle; 
Ainfi L'ab.  Tetu, 

Course  fe  dit  auffi  du  mouvement  réel  ou  apparent 
du  Soleil  &:  des  Aftres.  Curfus.  Quand  le  Soleil  eft 
fur  les  bords  de  l'horifon,  on  dit  qu'il  va  finir  fa 
coîirfe  ;  pour  dire ,  que  le  jour  va  finir.  La  courfe 
fi  régulière  des  Aftres  prouve  qu'il  y  a  un  premier 
moteur.  Le  Vassor. 

Depuis  que  du  Soleil  la  courfe  mefurée  , 

Se  finit  tous  les  ans ,  fans  finir  fa  durée.  Breb. 

Les  Poètes  difent  aufll  la  courfe  vagabonde  d'un 
ruiifeau. 

Tome    H, 


COU 


993 


Le  Tibre  écumeux  &  bruyant , 
,    . ,      De  fa  courfe  fougueufe  étonne  fon  rivagi, 
'-'  -c;:; 

On  le  dit  figurément  du  cours  de  la  vie,  &  de 
plufieurs  auttes  chofes;  &, alors  il  lignifie,  durée,  . 
progrès ,  route.  Curfus ,  fpatium.  Il  a  heureufe- 
ment  terminé  fa  courfe  par  une  mort  glorieufe.  Rien 
ne  peut  arrêter  le  temps  dans  fa  courfe  précipitée. 
Quelle  apparence  que  Dieu  ait  voulu  fe  cacher  à 
cctre  fuite  d'excellens  hommes,  qu'on  nomme  Saints, 
dont  la  courfe  s'eftpailce  à  méditer  fa  parole  jour  & 
nuit  V  Peliss. 

La  courfe  de  vos  jours  eflplus  qu'à  demi-faite. 

Racine» 

Je  prévois  trois  ou  quatre  inconvéniens  &  puif- 
fantes  barrières   qui  s'oppoléront  à  votrecoz/r/i;. 

Pasc, 

Mais  qui  peut  dans  fa  Courfe  arrêter  ce  torrent  ? 
Achille  va  combattre,  &  triomphe  en  courant. 

Racine. 

Quelquefois  dans  fa  courfe  un  efprit  vigoureux  , 
Trop  refferré  par  l'art  fort  des  règles  prejcrites. 

BoiL* 

Course  fe  dit  auffi  des  voyages ,  &de  ce  qu*on donna 
pour  récompenfe,  pour  les  frais  de  voyage.  Ce  na- 
vire qui  a  été  au  Levant  a  été  deux  ans'à  fiire  fa 
courj'e.  Navigatio.  Ce  Marchand  a  fait  pluiieurs 
courfes  en  rouies  fortes  de  pays  ,  il  a  été  mal  payé 
de  toutes  fes  courfes.  Peregrinatio.  On  taxe  500  écus 
pour  la  courfe  d'un  Courier  extraordinaire  de  Paris 
à  Rome. 
COURSE.  Vai/Teau  armé  en  courfe;  c'eft  un  vaiffeail 
armé  par  des  particuliers  pour  courir  fur  les  enne- 
mis de  l'Etat ,  pout  interrompre  leur  commerce  èc 
leur  navigation. 
IP"  COURSE  fe  dit  aufîî  du  temps  qu'un  vaifTeau 
met  A  aller  d'un  lieu  .à  un  autre,  fur-tout  dans  les 
voyages  de  long  cours. 
Course  fignifie  auifi ,  incurfion,  invafion  fubite,  aâie 
d'hûftilité.  Les  Tattares  ont  fait  quelquefois  des 
courfes  jufqu'en  Moravie.  Les  galères  de  Malte  font 
en  courj'e,  vont  faire  des  courfes  jiîfqu'aux  Darda- 
nelles. 

En  termes  de  Serrurerie,on  dit,  donner  courfe  à  un. 
pêne  ;  pour  dire ,  le  faire  fortir  &  avancer. 
Course,  faire  une  courj'e,  terme  en  ufage  chez  les 
brodeurs.  C'eft  aller  travailler  chez  les   maîrres, 
pour  faire  voir  qu'on  eft  capable  d'être  reçu  à  la 
maîtrife. 
Course,  tiret  à  la  courfe,  terme  d'Emailleur.  C'eft: 
tirer  l'émail  en  longs  filets  après  qu'on  l'a  puile  li- 
quide dans  la  cuiller ,  où  il  eft  en  fufion  avec  le 
cryftallin, 
Course  ambitieufe.  En  matière  bénéficiale,  on  ap* 
pelle  ainfi  la  rétention  des  dates  faite  en  Cour  de 
Rome  ,  avant  la  mort  du  titulaiie  du  bénéfice.  Ces 
fortes  de  courfes   font  défendues    par  les  Canons  ^ 
&:  celui  qui  retient  des  dates  ptématurément ,  de- 
vient indigne  du  bénéfice. 
COURSIE  ou  Coursier,  f,  m.   terme  de  Marine. 
Forus.  Partage  qui  eft  entre  les  bans  des  forçats  fut 
une  galère  depuis  la  poupe,  où  fe  met  le  Comité 
pour  les  faire  ramer.  Toute  la  Chiourme  fe  rangea 
fur  la  courfie  de  la  galère.  Du  Loir ,  /;.  290. 
COURSIER ,  f.  m.  terme  de  Marine  ,  eft  un  gros 
canon  d'une  galère  qui  rire  par  -  defTus  l'éperon,  il 
eft  ordinairemenr  de  fonte  verre.  Tormentum  majus . 
C'eft  auffi  une  place  à  l'avant,  &  à  l'arrière  du  vaif- 
feau  où  l'on  met  le  canon  en  batcrie.  Le  cour  fier  eft 
encore  une  efpèce  de  rue  dans  la  galère,  large  d'un 
pié  &  demi ,  fur  laquelle  on  va  d'un  bout  à  l'autre. 
La  même  chofe  que  courjie. 
I  Coursier,  terme  de  manège,  çrrand  cheval  propre 

KK  K  K  k  k 


^94'  G  O  U 

pour  la  courfe  5c  les  combats.  Equus  belUtor.  Les 
bons  courCurs  viennent  de  Naples.  On  ne  fe  fert 
cruère  de  ce  mot  que  dans  le  ftyle  eleve ,  ou  aans  la 
Poëfie  Ce  jeune  Héros  ne  ptenoit  plaihr  qu'a  domp- 
ter nn  courjier,  &  à  le  couvrir  de  lang  Se  de  pouf- 
fière  dans  les  combats.  S.  EvR. 

Son  courfier  écumam  fous  un  maître  intrépide, 
Marche  tout  orgueilleux  de  la.  main  qui  le  guide. 

Boa. 

■  Infiruit  dans  l'art  par  Neptune  inventé,  ^ 
Rendre  docile  au  frein  un  eoutliet  indompté. 

Racine. 

Aujfitôt  Phaéton  prend  les  renés  en  main  ; 

Les  courriers  du  Soleil  à  fa  voix  font  dociles.  BoiL. 

COURSikRE,  f.  f.  terme  de  Marine,  qui  fc  dit  d'un 
pont-levis,  &:  couvert  depuis  le  gaillard  jufqu'au 
château  de  proue  ,  fervant  pendant  le  combat  ppui 
la  prompte  communication  d'une  partie  du  vaiileau 
à  l'autre.  Forus.  On  l'appelle  le  pont  de  courjière, 

COUllSON ,  f.  m.  terme  d'Agriculture ,  c'eft  la  bran- 
che de  vigne  taillée  &  racourcie  à  trois  ou  quatre 
yeux.  Pollex  ,  cujtos  ,  refex  ,  palmes  prtzfdiarius. 
Ainfi  on  dit  :  il  e(t  Ibrti  trois  ou  quatre  belles  bran- 
ches du  courfon  de  l'année.  Le  courfon  de  l'année  a 
donné  de  fort  belles  branches.  Les  règles  de  la  taille 
des  vignes  demandent  qu'on  laifVe  toujours  un  cour- 
fon pour  renouveller  le  lep ,  au  cas  qu'il  vienne  à 
manquer  ;  &  ce  courfon  le  laifle  toujours  au  pié  du 

fept.  LiGER. 

CouRSON  lé  dit  aufli  des  arbres,  quand  la  branche  de 
l'année  précédente  en  ayant  pouffé  trois  ou  qua- 
tre fort  belles,  on  eft  obligé  de  n'en  conferver 
qu'une  d'une  grandeur  raifonnable ,  c'eft-à-dire  , 
de  cinq  ou  fix  pouces.  La  Qoint.  Il  lé  fait  imman- 
quablement aux  moignons  &:  aux  courfons ,  une  dé- 
charge de  levé ,  qui  produit  des  branches  favora- 
bles, &c.  Idem.  |Cr  C'eft  pourquoi  on  conferve 
quelquefois  des  courfons  pour  remplir  un  vide ,  ou 
pour  faire  Ibrtir  quelques  branches  bien  placées. 

fp-  COURT  ,  COURTE,  adj.  5r^vi\î.  Terme  relatif 
à  la  quantité  de  l'efpace  6:  du  temps.  Il  lignifie  qui 
a  peu  d'étendue  ou  peu  de  durée.  Il  eft  oppofé  .i 
long.On  alonge  ce  qui  eft  court.  M.  l'Abbé  Girard. 
Habit  court.  Cheveux  courts.  La  perdrix  a  la  chair 
uès-courte.  Ceriiés  à  couru  queue.  Il  a  le  cou  tiès- 
court. 

§3"  Ce  mot  vient  du  grec  xi/>7«5  NieoD.  Ménage  le 
dérive  du  latin  Curtus. 

|p="  On  dit  d'une  perlbnne  qu'elle  eft  courte,  lorf- 
qu'elle  a  la  taille  petite  5i  entaflee.  Il  eft  gros  & 
court-,  &CC.  AcAD.  Fr. 

fc?  On  dit  qu'un  homme  a  la  vue  cowrfe -,  pour  dire  ,^ 
qu'il  ne  voit  pas  de  loin. 

Ip"  En  termes  de  chaffe,  on  dit  longue  levretfe,  & 
court  lévrier. 

|p="  On  dit  aulfi  dans  le  fens  figuré,  vous  avez  les 
bras  trop  courts  pour  arteindre  là.  On  dit  aufli,  c'eft 
là  le  plus  court  pour  vous ,  c'eft  là  votre  plus  court. 
Le  chemin  le  plus  court,  ou  fimplement  le  plus 
court,  pour  lignifier  le  moyen  de  terminer  plus 
promptement  quelque  chofe. 

^CT  On  dit  aulTi  être  court,  fe  trouver  court  d'argent 
ou  de  quelque  chofe  que  ce  foit  ;  pour  dire,  n'avoir 
pas  alfez  d'argent,  ou  de  quelque  chofe  que  ce  foit. 
Il  vouloit  acheter  cette  terre ,  mais  il  s'eft  trouvé 
coz:rt  d'argent. 

{J^'CouRT  k  dit  encore  figurément  en  parlant  des  cho- 
ies fpiriruelles.  Parumperfpicax  ,  hehetior  ,  obtu- 
fus.  Cet  homme  a  l'intelligence  courte,  des  vues 
courtes.  Il  a  eu  la  mémoire  courte,  il  eft  demeuré 
au  milieu  de  fon  fermon.  Fallax,  hebes.  La  pré- 
voyance ,  la  prudence  humaine  eft  trop  courte.  Mi- 
nus faaax ,  minus  perfpicax, 

^3"  Court  lignifie  auHi  qui  a  peu  de  durée  :  cette 
faulfe  nouvelle  a  donné  une  courte  joie.  Gel  hoinnie 


GÔ  U 


a  la  courte,  haleine.  On  appelle  les  jours  d'hiver,  les 
jours  courts.  Harangue  courte  &:  bonne.  Vie  courte 
&  bonne,  fi-c.  Acad.  Fr. 
gC?    On  dit  proverbialement  courte  ptière  pénètic 

les  Cieux. 
Court  eft  un  nom  que  les  Anatomiftes  donnent  à  cinq 
ou  lix  mulcles  du  cotps  humain.  Le  4«  mufcle  du 
bras  eft  appelé  le  court ,  parce  qu'il  eft  plus  court  ; 
que  le  5«.  Il  prend  fon  origine  de  la  partie  polle- 
rieure  &  fupérieure  de  l'humérus,  Hc  va  s'inférer  à 
l'olécrane  comme  le  précédent.  Dionis^  Le  5'  cies 
extenfeurs  du  carpe  s'appelle  auHi  le  court ,  patce 
qu'il  eft  plus  court  que  le  fécond  3  qu'on  nomme  le 
long.  Il  prend  fon  origine  de  la  partie  la  plus  baffe 
de  l'humérus ,  &  étant  couché  le  long  du  rayon , 
va  paffer  fous  le  ligament  annulaire,  &  lé  terminer 
à  l'os  du  carpe  qui  foûtient  le  doigt  du  milieu.Quel- 
ques-uns  ne  le  diftinguent  pas  du  Itcond ,  &  les  ap- 
pellent bicornis  ,  ou  radiale  externe.  Ceux  qui  le? 
diftinguent ,  le  fondent  fur  ce  qu'ils  ont  deux  origi- 
nes àc  deux  infertions  ,  &  que  leurs  corps  fe  peu- 
vent fcparer.  Le  court  eft  encore  le  troifîème  des 
mulcles  extenfeurs  du  pouce,  ainfi  appelé  par  op- 
pofition  au  fécond  ,  qui  eft  &  que  l'on  nomme  le 
long.  Ils  ont  tous  deux  la  même  origine ,  qui  eft  la 
partie  fupérieure  Si  externe  de  l'os  du  coude.  De-  l.i 
celui-ci  palfant  fous  le  ligament  annulaire,  va  s'in- 
férer au  troifîème  os  du  pouce ,  qu'il  lérr  à  étendre. 
Le  fécond  des  mufcles  fupinateurs  du  rayon  eft  un 
autre  mufcle  appelé  court,  pour  le  diftinguer  du 
premier ,  nommé  le  long.  Il  a  fon  origine  à  la  partie 
inférieure  du  condyie  inférieur  &  externe  de  l'hu- 
mérus ,  &  tournant  autour  du  rayon ,  va  de  derrière 
en  devant  s'inférer  en  fa  partie  fupérieure  &  anté- 
rieure. Ce  mufcle  avec  le  long  fait  tourner  la  main  , 
en  forte  que  la  paume  regarde  en  haut.  Le  6^  &  le 
V;  des  mufcles  péroniers  de  la  jambe  s'appellent  auili 
le  long  &  le  court.  Celui-ci  prend  fon  origine  à  la 
partie  inférieure  du  péroné,  &  va  s'inférer  à  l'os  du 
métatarfe,  qui  foûtient  le  petit  doigt.  Ces  mufcles 
tirent  le  pié  en  arrière. 
Court,  adv.  d'une  manière  abrégée  &  courte.  Brevi- 
ter.  Cet  Avocat  a  coupé  trop  court  en  cet  endroit      j 
de  fon  plaidoyc.  ' 

Ip*  Pour  faire  court,  pour  couper  courte  exprelTion 
familière  ;  pour  dire,  la  chofe  en  peu  de  mots,  en 
paffant  fous  filence  bien  des  choies  qu'on  pourroit 
dire  ;  ut  multaprxteream ,  ut  paucis  abfolyam. 

Ilfoupe ,  il  crève ,  on  y  court-. 
On  lui  donne  maints  clyfleres. 
On  lui  dit ,  pour  faire  courr  : 
Qji^tl  mette  ordre  àfes  affaires. 

La  Fontaine, 

Pour  faire  court ,  la  grenouille  tropfière , 
Foulant  s'enfler ,  éclate  comme  un  verre. 

Ghev.  de  s.  Gilles, 

Quand  on  lui  a  fait  cette  objection,  il  eft  de- 
meuré co7/rr,  il  n'a  fçu  que  répondre.  Celui  qui  ne 
va  au  bien  que  pour  la  réputation,s'arrête  tout  court 
dès  qu'il  n'a  plus  de  témoins.  S.  Evr.  Prendre  un 
Marchand  de  court,  c'eft  lui  demander  le  paie- 
ment d'une  lettre  de   change,  d'une  obligarion» 
d'une  dette  ,•  lorfqu'il  a  peu  ou  point  de  fonds  dans       à 
facaiffe.  Ce  Marchand  a  fair  banqueroute,  parce       i 
qu'on  l'a  pris  de  court,  que  fes  créanciers  l'ont 
trop  pKd'é.  Repente,  fubito.U  faut  tenir  les  fem- 
mes de  court,  veiller  fur  leurs  aélions,  leur  don- 
ner peu  de  liberté.  Il  avoit  été  tenu  de  court  par  fon 
père.  On  dit  dans   le  même  fens,  tenir  la  bride 
courte  à  quelqu'un.  Arcliùs  atque  feveriàs  aliquem 
habere ,  coercere.  Les  chevaux  neufs  fe  doivent  tenir 
de  court.  Un  cocher  qui  tourne  court,  eft  en  danger 
de  verlér.  Jn  vefiizio  ipfo,  in  loco  angiifliore.La 
Orienranx  chevauchent  coKr/;  pour  dire ,  n'alon- 
gent  pas  leurs  étriers  tant  que  nous.  On  dit  au/Ii , 
couper  f(?«r;  à  quelqu'un-,  pour  dire,  l'interrompre 


cou 

Se  ne  le  vouloir  pas  écouter  long-temps.  Loquen- 
Itn  iili^usm  occuparst  interpeUarc.  Oi\  dit  aulji  : 
je  reviens  tout  court  \  pour  dire ,  je  ne  m'arrêterai 
point  au  lieu  où  je  vais.  11  tourna  court  fur  l'Infan- 
terie. Ablanc.  Stitim,  repenti.  Quand  nous  dii'ons 
en  France,  le  Roi,  tout  court,  nous  entendons 
parler  du,R.oi  qui  règne.  Vkvc.Nouv.  Rem.  On  dit 
auifi,  ^flonlieur,  tout  court,  fans  ajouter  de  nom 
ni  de  qualirc,  coinme  quand  on  parie  du  Frère  du 
Roi ,  ou  du'  Maître  de  la  maifon.  Nul/o  adjcclo  vo- 
caéu/o. 

CouitT  fc  «iic  proverbialement  en  ces  phrafes.  Les  plus 
courtes  folies  font  les  meilleures  ;  pour  dire,  que 
c'ert  une  fagefie  de  fe  retirer  d'une  mauvaife  affaire 
cà  l'on  s'eft  engagé.  On  dit  audi  :  favoir  le  court  &c 
le  ion'i:  d'une  affaire i  pour  dire,  en  avoir  dccou- 

'  rert  toutes  les  particularités.  On  dit  aulli  d'un 
homme  qui  e(l  peu  dévot ,  qu'il  fait  courte  Mclié  & 
long  dîner.  On  dit  auHl  d'un  homme  qui  n'a  pas 
alfez  de  tbrce  pour  achever  une  affaire,  une  entre- 
prife,  que  fon  épée  eft  courte  pour  y  atteindre  i 
qu'il  a  les  bras  trop  courts  .^  qu'il  s'eft  trouvé  trop 
court  d'un  point.  On  dit  aulli  d'un  homme  a 
donné  à  fes  plailirs,  qu'il  veut  mener  bonne  vie  & 
courte.  On 'dit  auHi,  tirer  au  court  -bâton-,  tirer 
à  la  c*«r/e-paille.  ^oy«f  plus  bas  ce  que  c'eft.  Ou 
dit  d'un  homme  qui  n's.  pas  réuifi  en  quelque  nc- 
geciacion  ,  qu'il  s'en  eft:  retourné  avec  fa  courte 
honte.  Oa  dit  auili  qu'un  homme  a  été  pendu  haut 
&:  court;  pour  dire,  que  fon  procès  lui  a  été  bien- 
tôt fait,  qu'on  l'a  pendu  au  premier  arbre,  ainiî 
qu'on  fait  à  l'armée.  On  dit  encore,à  vaillant  homme 
courte  cpée.  On  dit  d'un  homme  adroit  &  induf- 
trieux  j  que  l'herbe -fera  bien  courte,  s'il  ne  trouve 
à  brouter',  pour  dire,  qu'il  trouvera  à  vivre  par- 
tout. 

CO'JP.TAGE,  f.  m.  profefTion  de  celui  qui  s'entre- 
met de  faire  vendre ,  acheter ,  échanger  des  mar- 
chandifes,  ou  de  faire  prêter  de  l'argent,  Ars proxe- 
■netica.  Voyez  Courtier. 

Ce  mot  vient  de  courre  ou  courir ,  parce  que  le 

*"  courtm  le  fait  par  plufit-urs  allées  &  venues. 

CoiTXTAGE-  fignifîe  aulîî  le  droit,  le  falaire  qu'on 
donne  à  ceux  qui  exercent  le  courtage.  Jus  proxe- 
netorum,  on  proxeneùcum.  Les  Marchands  don- 
nent un  quart  pour  cent  à  ceux  qui  leur  négotient 
leurs  lettres  fur  la  place. 

Cotîi'-TAGE,  droit  d'aides  qui  fe  paye  aux  Officiers 
Jaujeurs  Si  Courriers  à  chaque  fois  que  le  vin  eft 
vend'' ,  ou  qu'il  change  de  main. 

COURTAGE  de  Bourdeaux,  droit  qui  fe  perçoit  par 
mer  fur  routes  fortes  de  marchandifes.  La  recette 
du  droit  de  courtage  appartenoir  originairement  à 
la  ville  de  Bourdeaux,  qui  vendit  ce  droit  .à  qua- 
rante pirticuliers  qui  élifoient  entr'eux  un  Rece- 
veur pour  en  faire  la  perception.  Mais  en  kîSg  , 
Louis  XIV  tir  la  réunion  de  ce  droit  au  Bureau  de 
Convoi  &  Comptablie  de  Bourdeaux  ;  &  pour  dé- 
«^ommager  les  particuliers  qui  en  jouiifoient,  il 
leur  accorda  des  provifions  de  Courtiers  Royaux  , 
&:  en  rendit  les  offices  héréditaires.  C'eft  pour  cette 
raifon  qu'en  fopprimant  les  charges  des  Agens  de 
chantée  &  Courtiers  dans  tout  le  Royaume,  on  en 
excepta  celles  de  la  ville  de  Bourdeaux.  Edit  de 

COURTAUD,  AUDE,  adj.  &  f.  m.  ce  qui  eft  court 
&  ncourci.  Celui  ou  celle  qui  eft  d'une  taille  courte, 
grcfle  5c  entaflee  :  il  eft  du  ftyle  familier.Gros  cour- 
taud, groffe  courtaude. 

En  termes  de  Manège ,  on  appelle  courtaud  un 
cheval  de  moyenne  taille  à  qui  on  a  coupé  la  queue 
&^  les  oreilles.  Equus  caudà  auribufijue  mutilus.  Il 
étoit  monté  fur  un  courtaud.  On  appelle  auffi 
chien  courtaud,  celui  à  qui  on  a  coupé  la  queue. 

On  appelle  proverbialement  cowr/aa^  de  bouti- 
que, un  garçon  marchand,  un  ar'rifan,  un  homme 
du  peuple  qui  travaille  en  bourique  :  ce  qui  vient 
4e  ce  qu'autrefois  tous  les  gens  confidciables  de  la  ' 


COU 


5>95' 


ville  portoient  des  habits  longs  ;  il  n'y  avoit  que  le 
peuple  Si  les  artifans  qui  fuflênt  habillés  d'une  robe 
qui  ne  defcendoit  point  plus  bas  que  le  genou  :  &C 
on  les  appeloit  ainli,  à  caufe  que  leurs  habits 
étoient  courtauds.  Tabernarius  adininijler. 

O  Paris  !  ô  ville  fupcrbe! 
O  qu'ilm'ejl  doux  de  te  quitter  ! 
J'aime  bien  mieux  marcher  jur  C herbe, 
Qucjur  ton  pave  me  crotter. 
Lorjqu'un  vilain  courtaud  me  pou^'e 
Et  me  jette  vers  le  ruijjeau  ; 
Ou  qu'un  carroffe  m'eclaboujfe , 
Chargeant  de  mouches  mon  manteau. 

P.  DU  Cerc, 

On  dit  auffi  qu'on  a  étrillé  quelqu'un  en  chictl 
courtaud,  qu'on  l'a  frotté  en  chien  courtaud,  pour 
dire  qu'il  a  été  battu  outrageufement, 

Coquillard  dans  le  monologue  des  perruques 
dir: 

Pah'eurs  &  revendeurs  de  pommes , 
Ont  longues  robes  de  cinq  aunes  , 
Au^i-bien  que  les  Gentilshommes. 

Ce  qui  confirme  l'étimologie  du  mot  courtaud 
rapporté  ci-deffus.  Quelques-uns  écrivent  courtaut, 
mais  on  ne  dit  point  courtaute  au  féminin. 

Courtaud  eft  auffi' un  inftrument  de  Mufique,  èC 
une  efpèce  de  fagot  oubaffion  racourci ,  qui  fert  de 
balfe  aux  mufettes.  C'eft  un  gros  morceau  de  bois 
cylindrique,  donr  quelques-uns  font  de  grands 
bourdons  de  Pèlerins.  Il  eft  percé  de  rout  fon  long; 
par  deux  rrous  qui  fe  communiquent,  par  lefqueis 
le  vent  defcend  d'abord,  &  puis  remonte,  à  caufe 
qu'il  eft  bouché  par  en  bas, 

COURT AUDER  ,  v.  a.  couper  la  queue.  Il  n'eft  ea 
ufage  qu'en  parlant  des  chevaux,  &  on  dit,  faire 
courtauder  fon  cheval. 

Courtaudé\   ée,  part. 

COURT-BÂTON.  Ce  mot  ne  fe  dît  qu'en  cetts 
phiafe ,  tirer  au  court-bâton ,  qui  veut  dire ,  dif- 
putet  avec  chaleur  quelque  chofe  à  quelqu'un.  Li- 
tigare,contendere  cum  aliquo,  on  peut  ajouter  acri- 
ter,  ou  quelque  mot  femblable. 

COURT-BOUILLON ,  f.  m.  manière  de  faire  cuire 
certains  poiifons ,  comme  les  carpes,  les  faumoriiS  , 
les  brochets  :  ce  qui  fe  fait  avec  du  vin ,  du  laurier  , 
du  romarin  ,  du  fel  &  des  épices  ;  après  quoi  on  les 
fert  à  fec  dans  une  ferviette ,  ou  on  les  mange  à  la. 
fauce  àT'huile,  au  vinaigre  &  au  fel.  Modus  co- 
qucndi pifces  in  vino  cum  arwnatis. 

On  appelle  àzvon-court-bouillon  la  même  manière 
de  les  apprêter,  mais  on  les  lért  avec  un  peu  de  la 
lauce  où  ils  ont  été  cuits. 

Ces  bonnes  filles  fi  vantées. 

Qui  d'un  pareil  ejpoir  flattées  , 

Mirent  leur  père  au  courr-bouillon  , 

Pour  lui  rendre  fon  vermillon , 

Se  trouvèrent  bien  attrapées.  P.  du  Cerc. 

COURT-BOUTON  ,  f.  m.  cheville  de  bois  à  demi- 
équerre,  qui  fert  à  lier  les  bœufs  avec  un  ombles 
ou  anneau  de  bois  rortillé  au  bout  du  timon. 

fir  COURTE-BOTTE,  f.  m.  terme  populaire  &  de 
mépris-,  pourdire,petit  homme.Breviorisflatuneho- 
mo,homunculus.  On  fe  moque  du  courte-botte,  la. 
queue  lui  pend  au  petit  courte-botte,  Caudam  trahit 
homuncio.  On  attachoit  une  queue  par-derrière  à 
ceux  donr  on  vouloir  fe  moquer. 

COURTE-BOULE,  f.  f.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  un 
jeu  de  boule ,  dans  lequel  il  faut  pouffier  la  boula 
avec  un  peu  de  force  &  beaucoup  d'adreffe,  parce 
que  l'efpace  en  eft  fort  court  &  fort  limité.  Globu- 
lorum  ludus  angufio  fpatio  circumfcriptus.  Jouer  â 
la  courte-boule. 

COURTE-HALEINE»  f.  m.  maladie  qu'on  nommé 

KK.KK.kkij 


f  9^ 


C  O  II 


y 


autrement  l'aJI/ime.  Avoir  la  courte-haleine ,  c'eft- 
à-dirc  ,  être  aftlimatique,  /'oyf^  Asthme.' 

|Kr  COURTELIN,  ville  de  France  dans  la  Beauce,  à 
trois  lieues  de  Chàceaudun. 

-COURTEMENT,  adv.  brièvement ,  en  peu  de  mots. 
Termofiris  raconroit  li  bien  les  choies  pailees ,  qu'on 
croyoit  les  voir  \  mais  il  les  raconroit  courtement  , 
^jcimaisles  hiftoites  ne  m'ont  lalle.  TélÉmaque. 
Ce  net  n'cft  point  ailleurs. 

COURTENAY,  petite  ville  de  France  dans  le  Gâ- 
tinois ,  qui  a  donné  fon  nom  à  l'illurtre  Maifon  de 
Couricnay  ^  à-:  laquelle  l'ont  ibrtis  trois  Empereurs 
de  Ccnflantinople,  &  qui  delcendoit  de  Pierre  I. 
du  rom  ,  fils  de  Louis  le  gros  Roi  de  France  , 
&  d'Adélaïde  de  Savoie.  Curtiniacum  ,  Conenia- 
atm^  Curtinacum,  Curtinetum. 

COURTE-PAILLE  ,  f.  f.  jeu  qui  confifte  à  choifir  au- 
tant de  brins  de  paille  que  l'on  eft  de  joueurs.  Ces 
brins  de  paille  qu'on  tient  cachés  dans  la  main  ,  en 

"  forte  que  l'oniVen  laide  voir  que  l'un  des  bours,lbnt 
de  diiicrentes  \ox\s.u.e\iis.Ludus  quopaleœ  aiiez  aliis 
longiores  ac  hrevwres  forte  ducuntur.  Celui  \qui 
tire  la  plus  courte  g-agne  ou  perd ,  félon  que  l'on 
eft  convenu.  Tirons  à  la  courte-pailk  à  qui  payera 
lefonper, 

COURTE-PAUME,  f.  f.  C'eft  un  jeu  de  paume  dans 
lequel  il  ne  iàut  pas  employer  beaucoup  de  force 
pour  poufler  la  balle  jufqu'au  bout  de  l'clpace  où 
l'on  joue.  Ludus  piltz  angujlo  in  /patio  conc/ufus. 
Tout  confifte  en  adreffe ,  ibit  pout  relever  la  balle , 

-*îfoit  pour  la  renvoyer.  Il  y  a  pourtant  de  certaines 
occafions  où  l'on  pou  fie  la  balle  de  toutes  fes  forces, 

■  mais  c'eft  ou  pour  lui  faire  faire  plufieurs  bricoles 

■  contre  les  murailles ,  ou  pour  la  faire  revenir  par 
réflexion  jufqucs  vers  la  corde.  On  l'appelle  courte- 

■  paume,  pour  la  diftinguer  de  la  longue  paume  où 
l'on  joue  dans  un  efpace  plus  étendu  &:  découvert. 
Voye:^  Paume. 

COURTE-POINTE  ou  CONTRE-POINTE,  f.  m. 
C'eft  une  couvertute  de  lit  faite  d'une  étofte  dou- 
ble, qui  eft  piquée  point  contre  point -.on  garnit 
l'entre-deux  des  étoffes  de  cotton ,  de  ouatte ,  ou 
d'autre  choie  femblable  pour  l'hiver.  Celles  d'été 
font  plus  légères.  Stragulum  acupunclum. 

Ce  mot  vient  de  contrepointe  \  du  latin  contra  Sc 
punclum ,  parce  qu'autrefois  ces  couvertures  étoient 
piquées.  On  appelle  encore  ceux  qui  les  font  Con- 
trepointiers.  Du  Cange.  D'autres  dilént  qu'il  vient 
de  cukitra  puncla ,  qui  lignifie  une  couverture  pi- 
quée -,  en  changeanr  /  en  r ,  comme  il  arrive  fou- 
vent.  C'eft  !c  iéntiment  des  BoUandiftes.  A&a  SS. 
Maii,  T.  VU, p.  81-',  où  ils  n'approuvent  point 
l'étymologie  de  du  Cange. 

M.  de  Valois  croit  du  fentiment  des  BoUandif- 
tes -,  mais  il  railbnne  un  peu  différemment.  Culcita, 
dit-il ,  lignifioit  proprement  un  lit  de  plume  ,  &  non 
pas  une  couverture-,  néanmoins  il  n'a  pas  laiflé  de 
fe  prendre  pour  couverture  piquée  ,  à  caufe  qu'on 
les  remplit  de  hine  ou  de  coton ,  à  peu  près  comme 
les  matelas.  Foyei  le  Valejiana,p.^9,  ;  mais  quoi 
qu'il  en  (bit  de  l'origine  de  ce  mot ,  l'ufage  eft  de 
dire  courtepointe. 
|CF  COURTEZON ,  petite  ville  de  France  ,  en  Pro- 
vence ,  dans  la  principauté  d'Orange  ,  à  deux  lieues 
d'Orange. 
COURTI ,  f.  m,  terme  de  Blafon.  Ce  terme  eft  vieux. 
Il  fignifioit  autrefois  la  tête  d'un  More  lorfquelle 
avoir  un  collier  d'argent. 
COURTIBAULT  ,  f.  m.  eft  un  vieux  mot  qui  figni- 
fioit autrefois  une  tunique  ou  challible  courte  "que 
portent  les  Diacres  &.  les  Sous-Diacres  en  officiant  : 
on  l'appelle  encore  de  ce  nom  en  Berri-,  &  il  fc 
trouve  dans  Rabelais  &  autres  Auteurs.  Dalmatica. 
Ce  mot ,  félon  Nicod ,  vient  de  curta  tihena  , 
parce  que  ce  fut  un  Tebenus  d'Arcadie  qui  en  fut 
l'inventeur.  Ménage  le  dérive  de  curtum  tibiale  \  & 
M.  Huer  de  cnrtus  hulteus. 
COURTIBAUT,  f.  m.  terme  bas  &  populaire.  Le 


C  o  u 

peuple  donne  ce  nom  aux  gens  qui  font  trapus  &  de 
petite  taille. 
COURTIER ,  1ÈRE.  f.  m.  &  f  On  difoit  autrefois 
Couratier  ,  qui    s'entremet  pour    faire   faire    des 
ventes  ,cles  prêts  d'argent.  Froxeneta,proxenetrix. 
Il  y  a  des  Courtiers  établis   en  titie  d'office ,  pour 
négocier  les  prêts  qui  le  font  llir  la  place  du  Chan-      j 
ge  ,    qu'on    nomme  Agens ,  procuratores.    Voye?     \ 
Agents. 

Les  Courtiers  de  chevailx  de  la  marchandife 
par  eau  ,  font  des  Officiers  de  ville  établis  pour  la 
navigation  ,  qui  ont  foin  de  vifiter  les  chevaux  pour 
le  montage  des  coches  Se  des  bateaux,  de  biller  les 
cordes ,  &  d'obliger  les  Voituriers  à  réparer  ou 
dépecer  les  bateaux  qui  ne  fetont  pas  en  état  de 
faire  voyage.  Il  y  a  d'autres  Courtiers  de  chevaux 
qui  fe  mêlent  de  faire  vendre  des  chevaux 

Les  Cou,rtiers  de  iél  Ibnt  des  Officiers  desGabel- 
les  qui  alliftent  au  grenier ,  Se  fournilfent  lesmi- 
nots  aux  Mcfureurs ,  Se  les  toiles  &  bannes  pour 
mettre  fous  les  minors. 

Les  Courtiers  de  lards  &c  de  graifles  ,  font  des 
Officiers  de  ville  établis  pour  décharger ,  empiler, 
&  Tifîtet  les  marchandifes  dans  les  places  où  elles 
fe  vendent,  &  qui  font  refponfables  envers  l'ache- 
teur de  la  bonté  de  la  marchandife ,  &c  envers  le 
vendeur  du  paiement  du  prix.  On  les  appelle  danà 
le  nouveau  Traité  de  Police  Courtiers  eu  Viliteurs 
des  chairs ,  lards  &  grailles  de  porcs. 

Les  "JuTcs  Courtiers  de  vins  fut  les  ports ,  font  des 
Officiers  de  ville  ,  dont  la  charge  eft  de  goiker  les 
vins ,  pout  connoître  s'ils  ne  font  point  chargés 
d'éau  ou  d'auties  mauvais  remplages.  Ils  doivent 
avertir  l'acheteur  fi  le  vaifleau  ne  "contient  pas  la 
jufte  moilbn  fuivant  la  marque  appofce  pat  le  Jau- 
geur. 

Chaque  Corps  de  Marchands  a  fes  Courtiers  , 
qui  font  nommés  par  fes  Maîtres  &  Gardes.  Il  y  en 
a  auifi  chez  les  Manufacturiers. 

Ce  mot  vient  de  Corraterius  ,  qu'on  a  dit  dans 
la  baffe  latinité  en  la  même  lignification.  On  les  a 
appelés  auffi  Cnrritores  Sc  Curfores. 

On  appelle  par  raillerie ,  Courtier  ou  Courtière 
de  mariage  ,  ceux  qui  fe  mêlent  de  faire  des  ma* 
riages. 
COÙRTIES  ou  COURTIL,  terme  de  Cordier, 

champ  propre  à  mettre  du  chanvre. 
COURTIGE  ,  f.  m,  terme  en  ufage  à  Marfeille  &  dans 
le  Levant,  pour  lignifier  ce  qui  manque  fur  la  lon- 
gueur que  doivent  avoir  les  étoffes. 
COURTIL,  f.  m.  peritcoui  ou  jardin  de  campagne 
qui  n'eft  point  fermé  de  murs  ;  mais  feulement"  de 
haies,  de  fagotage ,  ou  de  folfés.  C/iors ,  cokors.  On 
le  dit  aufTi  des  balles  cours  où  l'on  fait  le  ménage  de 
la  campagne.  On  le  dit  aufîî  en  quelques  lieux  des 
jardins. 
|XF  Ce  mot  eft  vieux ,  Se  n'eft  plus  en  ufage  que  dans 
quelques  Provinces  parmi  les  gens  de  la  campagne. 
Ce  mot  vient  de  cortile,  latin  diminutif  de  cortis, 

MÉNAGE. 

COURTILLE,f.  f.  lamêmechofe  que  couttil,  un  jar- 
din, un  enclos.  Ckors  ,  hortus.C'eH  un  vieux  mot 
qui  fe  trouve  dans  les  anciens  titres ,  Se  que  quel- 
ques lieux  ,  qui  ont  depuis  été  bâtis ,  retiennent  en- 
core. II  y  avoir  autrefois  proche  Paris  les  Courtilles 
de  S.  Martin  ,  les  Courtilles  du  Temple.  Ces  Cour- 
tilles  étoient  des  jardins  champêtres,  comme  font 
nos  marais  d'aujourd'hui.Le  village  qui  a  été  bâti  fur 
une  partie  de  la  Courtille  du  Temple  en  a  rerenu 
le  nom.  On  fe  fert  encore  en  Picardie  de  ce  mot  de 
courtilles  dans  ce  même  iens.  De  la  Mare  ,  7>.  de 
laPol.Liv.I,T.FI,c.^. 

On  dit  proverbialemenr ,  du  vin  de  la  Courtille  , 
ou  du  vin  de  Courtille  ;  pour  dire ,  de  mauvais  virt  -, 
parce  que  les  treilles  des  jardins  ou  courtilles  n'en 
produifent  jamais  de  bon.Io. 

COURTILLIERE  ,  f.  f.  efpèce  d'infedle  qui  fe  forme 
dans  le  fumier  de  cheval.  Il  eft  d'ordinaire  long  de 
deux  pouces ,  jaunâtre.  Il  ronge  le  pié  des  mclonS, 


c  o  u 

'des  laitues  i&cl  II  a  plulIcLirs  pics ,  &  marche  afTcz 
Vite.  Il  n'y  a  rien  que  les  Jardiniers  ne  tentent  pour 
attraper  les  courtilùres  ,  parce  qu'elles  font  beau- 
coup de  dégât.  GriLlo-talpa.  Oh  a  donné  ce  nom  à 
cetinfedle,  parce  qu'il  fait  un  grand  bruit  comme 
celui  du  grillon  ,  &  qu'il  refte  fous  terre  comme  la 
taupe. 
§3°  On  prétend  que  pour  faire  périr  les  courtlUieres  , 
il  n'y  a  qu'à  fuivre  avec  le  doigt  la  trace  qu'elles 
font  5  tiace  qui  eft  prefqu'à  fleur  de  terre  ,  jufqu'à  ce 
qu'on  trouve  un  trou  qui  defcend  perpendiculai- 
rement j  c'eft  la  retraite  de  l'infcde.  On  pre/l'e  le 
plus  qu'on  peut  du  doigt  la  terre  contre  les  parois 
de  ce  trou,  afin  qu'elle  ne  s'écroule  point;  enfuitc 
on  verfe  dans  ce  trou  ,  deux  ou  trois  goûtes  d'huile 
quelconque  i  puis  orr  remplit  le  trou  d'eau.  Bientôt 
on  voit  fortir  l'animal  qui  vient  mourit  fur  le  bord 
du  trou ,  à  moins  qu'il  ne  foit  étouffé  fur  le  champ 
fous  terre.  Extrait,  des  Annon.  de  1759. 
COURTINE,  f,  £  terme  de  Fortifications.  C'eft  la  par- 
tie de  la  muraille  ou  du  rempart  qui  eft  entre  deux 
baftions  ,&  qui  en  joint  les  flancs.  Jgg^ris  inter  duo 
propiignacula  fions  ,  faciès  ,  vuls^o  cortina.  Quand 
l'ennemi  attaque  les  dehors ,  il  faut  faire  un  grand 
feu  fur  la  courtine  ;  c'eft-à-dire  ,  tirer  par  toute  l'é- 
'tenJue  de  la  courtine. 

Du  Cange  détivece  mot  du  latin  cortina  -,  quafi 
minor  cortis  ,  ou  petite  cour  de  payfan  entourée  de 
murs  :  &  il  dit  que  par  imitation  on  a  ainfi  appelé 
les  murs  &;  parapets  des  villes  qui  les  renferment 
comme  des  cours.  Il  dit  aulîl  que  les  courtines  ou 
rideaux  de  lit  &:  les  voiles  qui  renferment  les  autels , 
ont  pris  leur  nom  de  la  même  origine  :  il  affure  qu'on 
a  appelé  cortis  ,  la  tente  du  Prince  ou  du  Général 
d'armée  ;  &  que  les  gens  qui  la  gardoient  ont  été 
appelés  Cortinarii ,  Cor ti Uni  &  Curtifani,  d'où  l'on 
a  fait  le  mot  de  Courtifans.  Voyez  aufli  Meurfius 
dan  s  fon  Gloffaire  ,  au  mot  Kop-rUx  ,  &  le  Père  Pouf- 
fmc  ,  Jéùiite  ,  dans  fon  Gloffaire  fur  l'Alexiade 
d'Anne  Comnens  qui  le  fert  de  ce  mot  que  les  Grecs 
or  t  ptis  des  Latins, 

On  appelle  aufîl  le  feu  de  la  courtine ,  la  ligne 
de  délenfe  qui  commence  à  une  partie  de  la  cour- 
tine ,  lorfque  cette  partie  ,  qui  va  jufqu'au  flanc , 
fert  aulîi  de  flanc  pour  défendre  la  place  du  baftion 
oppol'é. 
Courtine,  dans  l'Architeélure  civile  ,  fe  prend  poijr 
une  des  façades    d'un    biriment ,  comprife   entre 
'deux  pavillons.  Mûri  duas  inter  turres  frons  ,  fa- 
ciès, 
jCoui^TiNE  /îgnifîe  auflî  des  rideaux  de  lit.  Leclivelum. 
Mais  en  ce  fens  il  eft  vieux.  On  le  dit  feulement  à 
l'Eglile  ,  des  rideaux  qui  l'ont  des  deux  côtés  de 
l'autel. 
Courtine  ,  en  termes  de  Marine  ,  eft  un  filet  qui  fe 
tend  fur  les  fables  que  la  mer  couvre  &  découvre 
par  lôn  flux  &  reflux.  Retis  genus.  Il  eft  fort  en  ufa- 
ge  fur  les  côtes  de  Normandie. 
CÔURT-J OINTE, f.  m.  terme  de  Manège,  c'eft  le 
nom  qu'on  donne  au  cheval  qui  a  le  paturon  court, 
qui  a  les  jambes  droites  depuis  le  genou  jufqu'à  la 
couronne.    Equus  brevioribus  fuffraginibus.    Les 
chevaux  court-jointés  fatigiijent  mieux  que  les  longs- 
jointés ,  mais  ils  ne  manient  pas  fi  bien. 

En  Fauconnerie ,  on  appelle  un  oifeau  court-join- 
té  ,  quand  les  jambeS  font  de  médiocre  longueur. 
COURTISAN  ,f.  m.  homtne  qui  fréquente  la  Cour , 
qui  eft  à  la  fuite  du  Roi.  Aulicus,  Ce  Seigneur  eft 
un  fage  Courtifan  ,  un  habile,  un  rnfé  Courtifan. 
Les  Courtifans  ne  doivent  pas  dire  tour  ce  qu'ils 
penfent.  Les  Courtifans  ont  un  maître  à  adorer,  &  la 
fortune,cctte  birarre,qui  fe  joue  d'eux  inceflamment: 
ne  font-ils  pas  plus'miférables  que  nous  autres  ber- 
gers ,  qui  n'avons  à  craindre  que  les  vilains  jours  't 
B.  Rab.  Les  Courtifans  font  les  parafites  des  Rois. 
Ac.  Tout  ce  qu'il  y  a  de  bifarre  dans  l'amour,  ne 
ie  peut  trouver  en  aucune  autre  pafîion  ,  qu'en 
celle  des  Courtifans  pour  leur  Prince.  M.  Scud.  Il 
y  a  une  grande  dificrence  entre  les  Courtifans  de 


C  O  tJ  -99^ 

bonne  foi ,  qui  aimcnr  le  Prince  ,  &'îes  Courtifans 
inrcreflcs  ,  qui  ne  cherchciit  que  la  fortune.  Id.'  Les 
Philofophes  appellent,  les  aifujettiffemens  de -11 
Cour,  ks'mijcres  des  Cotlnifans.  Bail.  Le  per- 
fonnage  des  Courtifans  demande  un  efprit  bien 
fouple  &  hàen  rafiné.  S.  Evr.  Les  Courtifans  regar- 
dent les  gens  de  Province  &  les  Savans  avec  "dé- 
dain ,  &:  avec  pitié.  Mont.  Les  Courtifans  font  com- 
me les  enfans  de  tribut,  qui  ne  reconnoifTenr  point 
de  païens  ;  charmes  de  la  Cour ,  ils  ne  penfent  qu'à 
fatisfaire  leur  ambition.  Ch.  DE  Mer.  Il  commença 
dès  lors  à  faire  voir  qu'il  n'eft  pas  pofTible  d'accoV- 
dcr  le  devoir  d'un  bon  Courtifan ,  avec  les  obliga- 
tions d'un  véritable  Chrétien.  P.  Verj. 

Les  Courtifans  m  font  que  dejirnples  r  efforts  : 

Sont  ce  qu'il  plait  au  Prince  j  ou  s'ils  ne  peuvent  l'être 

Tachent  au  moins  de  le  paraître  ; 
Peuple  caméléon  ,  peuple  Jinge  du  maître.  La  Font. 

Courtisan  fe  dit  en  général  de  ceux  qui  font  exad:s 
,1  rendre  des  foins  &  des  devoirs  :  ou  en  particulier 
de  ceux  qui  rendent  des  refpedls ,  ou  des  afliduités 
à  de  Grands  Seigneurs  pour  en  obtenir  quelqu'a- 
vantage.^/iVwœ  gratiz  captator.  Ceux  qui  ont  bien 
des  emplois  à  donner,  à  procurer,  ne  manquent 
point  de  Courtifans, 

On  nomme  aufîi  Courtifans ,  les  Amans  des  Da- 
mes ,  ceux  qui  leiK  comptenr  des  fleurettes.  Procus, 
Cette  femme  riche  a  beau  être  laide  ,  elle  ne  man- 
que point  de  Courtifans  qui  la  veulent  cpoufer. 

U^T  COURTISANE ,  f.  f,  nom  que  l'on  donnoit  aux 
femmes  publiques  chez  les  anciens  Grecs  &:  Ro- 
mains. On  les  appelle  encore  ainfi  en  Iralie.  On 
donne  le  même  nom  chez  nous  aux  femmes  livrées  à. 
la  débauche  publique  ,  mais  qui  font  un  peu  confi- 
dérables ,  &  qui  mettent  tm  air  de  décence  dans  un 
métier  qui  n'en  eft  guère  fufceptible.  Les  Courti- 
_/iz/?e^  font  un  peu  moins  méprifables  que  les  Cou~ 
reufes.  Meretrix.  Laïs  étoit  une  fameufe  Courtifane, 
qui  demandoit  dix  raille  écus  à  ceux  qui  vouloient 
pafler  une  nuit  avec  elle.  Venife  eft  le  lieu  du  mon- 
de où  il  y  a  le  plus  de  Courtifanes  :  on  dit  même 
qu'il  y  a  150  ans  que  le  Sénat  qui  les  avoit  chaflees, 
fut  obligé  de  les  faire  revenir ,  afin  de  pourvoir  à  . 
la  fureté  des  femmes  d'honneur ,  &  d'occuper  la 
Noblefîe  ,  de  peur  qu'elle  ne  méditât  des  nouveau- 
tés contre  l'Etat.  C'eft  pourquoi  le  peuple  regarde 
les  Courtifanes  avec  plus  d'envie  pour  leur  fortune, 
que  d'horreur  pour  leur  conduite.  S.Didier.  Elle 
répondit  fîèremenr  que  la  toilette  &  les  ajuftemens 
d'Cine  Courtifane  n'étoient  pas  propres  à  une  reine. 
Fléch. 

COURTISER  ,  V.  a.  flatter  quelqu'un  ,  ^  lui  faire 
la  cour  pour  en  obtenir  quelque  chofe.  On  dit 
dans  le  même  fens  courtifer  les  Dames.  Alicujus  be- 
nevolentiani. ,  gratiam  captare  ,  aucupari.ll  y  a  long 
temps  que  ce  jeune  homme  courtife  cette  veuve. 
On  courtije  ce  vieillard,  pour  être  mis  dans  fon 
tcftament.  Ce  verbe  ne  s'emploie  ordinairement 
que  dans  le  ftyle familier  -,  cependant  M.  de  S.  Real 
s'en  eft  fervi  avec  grâce  en  parlant  des  affaires  de 
Marins  &  de  Sylla.  Marius  commença  donc  à  coar- 
tifer  le  peuple ,  &  à  déclamer  contre  le  luxe  &  l'of 
gueil  infupportable  des  Sénateurs.  De  S.  Real. 
Pafquier  remarque  que  le  premier  qui  s'eft  fervi  de 
ce  mot  eft  Olivier  Maigny. 

Les  Achilles  &  les  Théfces  , 
Là-bas  fous  leurs  trifies  lauriers. 
Ne  font  ni  plus  grands  ,  ni  plus  fiers  , 
Ni  leurs  ombres  plus  courtifées.  Voit, 

On  dit  fîgurément  qu'un  homme  courtife  les  Mu- 
fes  ,  les  neuf  fœurs  ;  pour  dire,  qu'il  aime  à  faire 
des  vers ,  qu'il  s'applique  à  la  Poëfie.  Studiofus  Poe- 
feos. 

Courtisé,  ée.  part. 

COUKT-MANCHER,  v.  a.    terme  de  Boufherié 


99^ 


c  o  u 


C  eft  rapprocher  le  manche  d'une  épaule  de  mou- 
ton du  gros  de  l'cpaulc,  pour  la  parer.  Les  bouchers 
ont  des  brochettes  de  bois ,  qu'ils  appellent  bro- 
chettes à  court-inancher. 
COURTOI.S,  OJSE  ,adj.  qui  a  des  manières  hon- 
ncres  &  agréables ,  qui  iàit  un  accueil  doux  &; 
gracieux  à  tout  le  monde.  Comis  ,  humcinns  ,  ur- 
tanus.  La  marque  d'un  lionnetc  homme  ,  c'ell  d'ê- 
tre courtcis.  Un  brave  Cavahir  ctl  connais  aux 
DameSr  Ce  mot  a  vieilli ,  &  n'eft  plus  du  bel  ul'age. 
Bouiî,  M.  Ménage  s'en  e(l  pourtant  lervi. 

Il  tji  civil ,  acco fiable  , 

Doux  5  lenm ,  courtois  ,  afable.  MÉN. 

Les  Italiens  dilent  conèfe.  Il  vient  de  Corte  y 
Cf/c/,  parce  que  ks  gtns  ue  Cour  l'ont  plus  civils 
que  les  autits.  C'cft  ainli ,  6c  pour  la  méuie  raifon  , 
qiic  dsnsla  balît  larinite,  on  trouve  de  CV/r/tz  iLour, 
curialiter  ,  car i-tliidi  5:  curiahjjimus  ,  pour  ligni- 
fier de  l'honnêteté,  de  la  politeilê,  des  manières 
ap-rcables,  de  la  bcntc.  Bollanuus  ,  Acia.  SS.  Fttr. 
T.  III ,  f.  loi  ^D.  &  j).io^  ,A.  On  ditprovcrbiaie- 
irent ,  que  \ 

Doux  &  courtois  lar.«a^e 
Vaut.  miLhx  ^jic  riche  hcntage 

Pour  figni.lerque  Ln  politeïTe  ,  l'honnêteté  valent 
mieux  que  ksrlchciles. 
CCURTOÎSLS  5  (  Ar  MES  )  armjcs  oui  ne  lauroienr 
b'eircr.  y/7/;?a  oljiuja  ,reti:ja  ■,  hchctcua^  itinocen- 
iidi  nnoxia.  Les  armes  connoifcs  font  opipolécs  aux 
aim^s  à  outrance.  Dans  les  tournois,  on  ne  le  fervit 
d'abord  que  d'armes  co/.T/ci/^i,  il  n'y  avoir  point  de 
fer  au  bourdes  lances,  ni  de  pointes  aux  cpces  : 
mais  on  crut  dans  la  fuite  qu'on  ne  marquoit  point 
de  va,lcur  dans  des  combats  où  il  n'y  avoir  poinr  de 
péril  jc'eft  pourquoi  on  fe  iérvit  bientôt  des  armes 
a  ourrance ,  qui  ont  fouvent  enfanglanrc  la  carrière 
&  CGÛcé  la  vie  aux  R.ois  mêmes.  Journ.  des  Sav. 

I-'2.I  .  p.  I07. 

COURTOISEMENT  ,  adv.  d'une  manière  courtoife 
Se  civile.  Ccmiur ,  urhane ,  humaniter.  Ce  Prince 
l'a  reçu  fort  courtoifement,  lui  a  parlé  fort  cour- 
toij'cnum.  11  efi  vieux 

COURTOISIE  5  f.  f.  civilité,  honnête  accueil.  Comi- 
tas  y  urbanitas ,  humariuas.  Les  grands  gagneur  le 
cœur  de  rous  leurs  fujcrs  par  la  courtcijïi' ,  par  la 
douceur  ce  l'accueil  qu'ils  font  .à  leurs  inlcricurs. 
Mêlons  js'il  fe  peut  ,1a  csurtcijù  avec  la  guerre. 
Balz,  On  ne  le  dir  plus  guère. 

Courtoisie  f gnifie  auHi  un  bon  office,  plaifîr  qu'on 
rend  volontairement  à  quelqu'un  fans  y  être  obligé. 
Humaniiiis  ,  beriificirim.  Je  tiens  cette  faveur  de  la 
courtijifie  d'un  tel.  J'attends  ce  plaif  r  de  votre  cour- 
U:ijîc,  de  votre  humeur  obligeante.  On  le  dit  peu- 

ffr  En  termes  de  Fauconnerie  ,  ta're  la  courtoise  aux 
autours ,  c'eft  leur  laiflcr  plumer  le  gibier. 

COURTON.  f.  m.  C'cfl:  la  troif  cme  des  quatre  fortes 
de  filaflé  que  l'on  tire  du  chanvre  i  les  aurrcs  fonr 
le  chanvre ,  la  irllaiTc  &  l'éroupe  ;  le  courton  cfl:  ainfi 
nommé  ,  de  ce  qu'il  eft  très-court.  C'eft  la  plus 
m^uvai'e  fillaffe  après  l'éroupe. 

COU-  TPENDU ,  COURPENDU ,  CAPENDU.  f. 
m.  Tous  CCS  mots  fe  difenr  ;  mais  les  deux  ptemiers 
font  les  plus  uftés.  Malum  curtipendium.  Efpèce  de 
^omme  ,  à  qui  l'on  avoit  voulu  changer  fon  ancien 
nom  pour  lui  donner  celui  de  bardin.  Il  eft  rout- 
à-fait  de  figure  de  pomme,  6c  d'une  grofléur  raifon- 
nable  ;  il  efr  gris-rouflâtrc  d'un  côté,  &  afléz  char- 
gé de  vermillon  de  l'autre  ;  la  chair  en  eft  très-fine  , 
&  l'eau  très-douce  ôr  fort  agréable-,  on  en  mange 
depuis  le  mois  de  Décembre  jufqu'en  Février  &: 
Mars  ;  mais  il  ne  lui  fiur  pas  donner  le  temps  de 
devenir  trop  ridée  ,  parce  qu'alors  elle  eft  infipide. 
Le  courtrendu  eft  une  rrès-jolie  pomme.  La  Quint. 
Cerre  pomme  eft  airfi  nommée  ,  parce  qu'elle  a  la 
queue  fort  courte.  Urobrachys.  Il  y  a  deux  fortes 


COU 

de  courtpcrdu  ;  l'un  gris  &  l'autre  rouge  ,  dit  muf- 
que  ,  ou  pomme  de  ijchn. 

Ce  mot  fe  dit  auiii  ac  l'.ubre  ou  du  pommier  qui 
porte  ce  Iruit.  J'ai  fair  planter  cjuatrc  courtptndus  t 
deux  de   chacuc  eipèce. 
§C?  COURT-PLIS  ,  i;  m.  terme  de    A  latine.  C'eft 
dans  l'aunage   des    toiles  à  voile  -,  tout  pli  qui    i 
moins  d'une  aune.  Encvc. 
COUi<.TS-JOURS  ,  terme  deNcgocians  en  change. 
Une  lettre  de  change  à  courts-jours  ,  c'eft  une  let- 
tre de  change  qui  n'a  plus  que  quelques  jours  pour 
être  échue.  On  dir  tirer  ou  remettre  à  courts-jours , 
lorl'qu'on  veuttiier  ou  remettre  une  lettre  de  chan- 
ge qui  foit  bientôt  échue. 
COURTRAY.  Cortracum ,  Cortoriacum.  Grande  ville 
des  Pays-Bas  ,  dans  la  Flandre  Walone  ,  fur  la  Lys. 
Parlattèvede  1684,  les  François  démantelèrent 
Courtray  tx\.  le  rendant. 
COURTRÉSIS  ,  petit  pays  de  la  Flandre  Walone , 
qui  eft  de  la  dépendance  de  Courtray  -,  territoire 
de  Courrtay.  Fagus  Cortoriacenjis,  VAioii  ,  Not, 
Gall. 
COURVEE.  Voysi  Corve'e. 
COURVETTE  ou  CORVETTE  qui  eft  plus  ufité, 
f.  f.  terme  de  Marine  ,  eft  une  efpèce  de  barque 
longue  qui  n'a  qu'un  màr  &  un  petit  tranquei ,  & 
qui  va, à  voiles  &;  à  rames.  Scapha  longior  malo  in-' 
Jita  ,malo  corkita  ir.jirucia..  Il  y  en  a  d'ordinaire  à 
la  fuite  d'une  armée  navale  pour  aller  à  la  décou- 
verre,  &'  pour  porter  des  nouvelles. 
et?  COUPv  VILLE,  perire  ville  de  France,  dans  le 
Perche ,  fur  la  rivière   d'Eure  ,  à  cinq  lieues  de 
Chartres. 
COUS  ou   COYER  ,  f.  m.  pierre  à  aiguifer  (  vient 
de  cotis.  )  On  appelle  auHl  coyer  le  fabot  perce , 
qui  diftille  de  P. nu  fur  la  pierre. 

On  appelle  fcyer  en  baHè  Norm^andic  ,  un  petit 
vaiffeau  de  bois  ou  de  cuivre  rond  ,  gc  dont  le  tond 
fe  termine  en  pomte,  dans  lecuel  les  Faucheurs 
mertent  leur  pierre  à  aisuifer.  Jh  le  portent  à  leur 
ceinture,  à  l.rquelle  il  eu  attaché  par  un  crochet 
qui  tient  à  ce  vailicr.u.  Ce  mot  a  été  fait  de  cotia^ 
nvw,  formé  de  cos  ,  coris.  On  le  nomme  encore 
aurrement  buhau  ou  buhot.  Addition  à  l'Etym.  de 

COUSIN,  INEjf.m,  &f.  terme  relatif  &  de  paren- 
ré ,  qui  fe  dit  de  ceux  qr.i  font  iflus  de  deux  frères. 
Patrueiis  ,  frater  p.itruelis  ,  joror  patruelis.  Il  (z 
dit  auHi  des  enfans  de  deux  Cœurs  ,  ou  d'un  frerc 
&:  d'une  fœur.  Corfoirinus  ,  conjobrinn.  Dans  la 
première  génération  ,  ils  s'appellent  confins  ser- 
mair2s\en  la  féconde  ,  i/fus  de  germains;  en  la 
troiiicme  &  quatrième ,  on  les  appelle  coujins  au. 
troijizme  &  au  quatrième  degré.  Sobrinus  ^Jobriniu 
Dans  la  primitive  Eglife  ,  il  étoit  petmis  à  un  cou- 
Jin  germain  d'époufer  fa  confine  germaine,  c'eft-i- 
dire ,  aux  enfans  de  deux  frères ,  pour  empêcher 
ou'on  ne  s'alh'ât  dans  les  familles  païennes.  Mais 
Théodofe  le  Grand  défendir  les  mariages  cnrre  cou- 
fins  germains,  fous  peine  de  mort,  liir  ce  prérexte 
de  bienféa"ce ,  que  les  coufiines  germaines  tien- 
nent lieu  de  fœurs  à  l'égard  de  leurs  confins  ger- 
mains. 

Ce  mot  vient  de  confanguineus.  Nicod.  Mais 
Ménage  le  dérive  de  congenius  ou  congeneus ,  com- 
me qui  diroir  ex  eodem  zenere. 

Cousin,  parenr.  Les  Ecoflbis  fe  fonr  rous  confins  du 
Roi.  Apol.  pour  Hérodote  de  rEdit.  de  17^5,/.  i  ,  c. 
3  j/».  iT.  L'orgueil  &  la  fierté  de  la  Nation  peuvent 
avoir  donné  lieu  au  proverbe  :  Un  temps  fiir  que  la 
France  fe  rrouvoir  fort  bien  du  fecoufs  d'Ecofîe 
contre  les  Anglois  ;  &:  alors  à  rour  aurant  de  Sei- 
gneurs ou  de  Gentilshommes  Eco/îbis  à  qui  le  Roi 
écrivoit  ;  ou  qui  pa/Toient  les  mers  pour  le  fervir, 
il  donnoir  libéra!em?rr  le  ritre  de  confln.  Encore 
nu'ourd'hui,  d'un  homme  forr  vain  ,  on  dir  cu'i  l'en 
croire ,  le  Roi  n'eft  pas  fon  coiifi.n.  Note  de  M.  Le 
Duchat. 

Cousin  Paternel  Ç.c  dit  des  confins  qui  font  iiTus  4es 


GÔ  tJ. 


^arens  du  côté  du  ^iere  ;  Patrue'Iis.  Coujin  matetncl , 
de  ceux  qui  (ont;  ili'us  du  côte  de  la  merè.  Amitimis, 
,  amitma. 
Cousin  efl:  aufTi  un  terme  d'honneur  que  les  Rois 
donnent  aux  Princes  de  leur  lang,  aux  Cardinaux  , 
à  des  Princes  étrangers ,  &  aux  principales  perlbn- 
nés  de  leurs  Etats  qu'ils  veulent  honorer.  Cugnatus. 
Le  Roi  traite  les  Ducs  &  Pairs  ,  les  Maréchaux  de 
France  de  confins.  Le  Roi  donne  la  qualité  de  cou- 
fin  aux  Archevêques ,  quand  il  leur  écrit  \  mais  il 
n'en  honore  pas  les  Evêques. 
Cousin  cil;  encore  un  nom  que  fe  donnent  les  parti- 
culiers en  témoignagne  d'amitié.  Amicus.  Si  vous 
faites  cela,  nous  ne  ferons  pas  confins ,  c'eft  à-dire  , 
nous  ne  lérons  pas  amis.  Ces  deux  hommes  ne  vont 
Jamais  l'un  lans  l'autre ,  ils  font  grands  confins. 
Cousin  fe  dit  auifi  ,  en  dyle  burlefque  ,  des  ccorni- 
fleurs  de  campagne,  qui ,  fous  prétexte  de  parenté 
ou  d'amitié  ,  vont  manger  Chez  les  gentilshommes 
du  voihnage.  Farafiti.  Pluiieurs    font    obliges  de 
vendre  ,  de  quitter  leurs  terres  ,  parce  qu'ils  font 
mangés  de  confins, 
^fT  A  Bourges ,  on  appelle  confins  de  la  Fête-Dieu  , 
ceux  qui  vont  dei'cendre  &  loger  chez  quelqu'un 
fous  prétexte  de  parenté,  le  jour  de  la  Fête-Dieu, 
pour  y  voit  la  procelîion  •,  &  confins  du  Sacre ,  ceux 
qui  viennent  à  Angers  voir  la   même    proceilion 
qu'on  appelle  Sacre, 
Cousin  fignifîe  un  chanteau  long  qu'on  faifoit  ci-de- 
vant ,  quand  on  rendoit  le  pain  bénit,  pour  en  en- 
voyer des  parts  aux  parens  5c  aux  amis,  parce  que 
le  chanteau  de  l'Eglife  ne  fuffifoit  pas ,  &  n'étoit  pas 
lî  bien  éto.'fé  ,  ni  fi  délicat.  Libum  placenta.  On  fai- 
foit honneur  à  fes  amis  en  leur  envoyant  Axicoufin. 
Cousin  ,  en  termes  de  groffc  forge.  Les  Maîtres  de 
groiîe  forge  appellent  le  gouverneur  du  fourneau, 
le  fendeur  ,  i'affineur ,  le  marceleur  &  les  aurrcs 
Forgerons,  co«j'?nJ.  Ils  difent  que  dans  les  forges, 
ils  font  tous  Confins ,  le  Maître  eft  coufin  comme  les 

autres.  ,       . 

Cousin,  Ijcr  petit  infeifte  ,  fotte  de  moucheron  a/Tcz 
conuu  par  fon  bourdonnement,  &  par  la  piqûre 
qu'il  fait.  Q/Ux,  Les  coi  fins  &  les  mouches  ont  (ix 
grandes  jambes ,  n'ont  point  de  cou,  &  ont  une 
trompe  qu'ils  allongent  &  retirent,  par  le  moyen 
de  laquelle  ils  fuccent  le  fang  des  animaux  &  les 
autres  liqueurs  dont  ils  fe  nourriffent.  |C  Le  meil- 
leur remède  contre  les  piqûres  des  coifins  ,  c'efl  de 
laver  la  plaie  auffitôt  qu'on  a  été  piqué ,  avec  de 
l'eau  ou  tout  autre  topique  cmoUient  &  ralFraî- 
chiflant,  afin  de  prévenir  ou  de  diminuer  au  moins 
l'enflure  Se  la  démangeaifon. 

En  Amérique ,  on  efl:  tellement  affligé  de  confins^ 
qu'on  ne  fauroit  dormir  à  l'air,  ni  avoir  aucune 
partie  du  corps  découverte.  Pour  s'en  défendre ,  il 
faut  fe  fervir  d'une  coufmière:  précaution  qu'on 
prend  dans  tous  les  pays  chauds.  Pour  les  faire  for- 
tir  d'une  chambre  ,  il  faut  mettre  une  lumière  au 
dehors ,  ils  y  accourent ,  &  puis  on  ferme  prompte- 
roent  toutes  les  fenêtres.  ^ 

Ménase  dérive  ce  mot  de  culcihus  ,  formé  de 
culex. 
Cousin  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Tous 
Gentilshommes  font  c:oz//?«j  ,&  tous  vilains  ,■  com- 
pères. On  appelle  du  mauvais  vin  dans  un  logis,  du 
chaffc-confin.  On  dit  dans  le  ilyle  familier  ,  fi  telle 
fortune  m'arrivoir ,  le  Roi  ne  feroit  pas  mon  cojtjln  ; 
pour  dire ,  je  m'eftimerois  plus  heureux  que  le  Roi. 
AcAD.  Fr. 
COUSINAGE,  f.  m.  Parente  ^^  entre  coufin  -,  on 
le  dit    auffi  de   l'aflemblce  des  parens.  Cognatio. 
Cet  homme  vous  traite  de  coulin  ,  dites-moi    de 
quel  côté  vicni  ce  coi/finage.  Le  coifinage  efl;  bien 
fouvent  un   prétexte  pour  fe  voir   fans   fcan<Iale. 
Pour  les  noces  de  petites  gens  on  aflemble  tout  le 
covfimaoc.  Ce  mot  n'eft  que  du  ftyle  familier. 
COUSINER  ,  V.  n.  s'aller  vifiter  comme  confins ,  ou 
amis.  Cognatosfe  mutub  vocare  &  invifere.  Un  tel 
confine  avec  un  tel,  Ce  Hobereau  ne  vit  qu'en  ceu- 


G  b  II 

/? 

finant  chez  l'un ,  chez  l'autie.  Il  n'y  a  guère  que  lei 
Provinciaux  qui  confinent  :  ce  terme  de  familiarité 
n'eft  point  en  ufage  à  la  Cour. 

^fj'  Le  Dui.  de  l'Àcad,  Fr,  en  fait  àuffi  uli  verbe  ac- 
tif, un  tel  vous  confine ,  de  quel  côté  efl;-il  votre 
coufin  î 

COUSINETTE  ou  COUSINOTTE ,  H  f  c'eft  le 
nom  d'une  efpèce  de  pommé  qui.  approche  de  \i. 
calville  ,  &  qui  fe  garde  jufqu'en  Février.  Son  eau 
eft  d'abord  fort  aigre,  la  queue  eft  longue  &  fort 
menue.  On  l'appelle  autrement  petite  êalville  d'é- 
té. La  Quint. 

^  COUSINIÈRE  ,  f.  f.  forte  de  eafe  dont  on  en:: 
toute  un  lit  ,  pour  fe  garantit  des  coufins  j  pré- 
caution ncceifaire  dans  lès  pays  où  il  y  a  beaucoup 
de  ces  infecfes. 

COUSINIÈRE  ,  nombreufe  parenté  ,  comme  elle 
eft  ordinairement  dans  les  petites  villes  ,  où  pres- 
que tous  les  parens  ,  ne  fuflént-ils  parens  qu'ail 
dixième  degré  ,  fe  traitent  de  coulins. 

Je  n'ai  fait  de  Paris  ici  presque  qu'un  faut 
F^t  n'y  croyois  jamais  arriver  a({e:^tôt. 
J'arrive  ,  &  n'y  fiiis  pas  une  journée  entière , 
Qu'ahymé  tout  d'un  coup  dans  une  coulinière  , 
Je  penfe ,  tantjefouffre  &  d'efprit  &  de  corps  , 
Que  jamais  ajjei^tôt  je  n'en  ferais  dehors,  , 

Du  Cerceàt/:; 

COUSOIR  ,  f.  m.  terme  de  Relieur.  C'eft  urie  ma- 
nière de  petite  table  ,  fur  laquelle  on  coud  dés  li- 
vres qu'on  veut  relier. 

0Cr  GOUSSE,  Rivière  d'Auvergne,  qui  a  fa  fource 
dans  les  montagnes ,  palfe  à  IfToire,  6c  fe  perd  daos 
l'Allier.  - 

COUSSIN,  f.  m.  efpèce  d'oreiller,  ou  de  carreau, 
qu'on  emplit  de  plume  ,  de  boutrc ,  ou  autre  ma- 
tière molle  &:  élaftique,  pour  être  aifis  pu  couche 
plus  doucement.  Pulvinus ,  pulvinar.  On  ne  s'ert 
fert  guère  que  pour  dire  un  carreau  qui  fe  met  fut 
un  fiége  ,  ou  une  chaife.  Cail.  Le  Père  Bouhours 
dit  pourtant  que  le  Sultan  avoir  accoutume  de 
s'aiîéoir  fur  des  couffins. 

Et  fon  corps  ramage  dans  fa  courte  groffewtji 
Fait  gémir  les  couilinsjous  Ja  molle  epaiffeur. 

BOIL. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  kufferi  ,  ou  htffin  ^ 
fignifiant  la  même  chofe.  C'eft  le  fentiment  de  "Bol- 
iandus  ,  AU,  SS.  Febr.  T.  III ,  p.  loji  Sur  le  mot 
Cu£inus  ,  ou  Cujfio ,  qui  fe  trouve  dans  k  même 
fens  dans  un  Ecrit  de  S.  Angilb' rt.  Onrrouvedans 
quelques  Auteurs  cz(^«z/i-  bccufjinûm  ;  pour  dire, 
couffin. 

On  le  dit  proprement  de  ce  qu'on  ihet  fur  les 
fiéges  de  carrofle.  Ils  font  de  cuir  remplis  de  plu- 
me ,  &  couverts  par  deifus  de  la  même  étoffe  dont 
le  carroffe  eft  garni.  On  appelle  plus  ordinairement 
carreaux  les  couffins  qui  font  fur  les  fiéges ,  ou  fuc 
lefquels  on  fe  met  à  genoux. 

On  appelle  auffi  un  couffin  pour  courre  la  porte  , 
ou  couffinet,  une  efpèce  de  petit  matelas  piqué  ÔC 
mollet  qu'on  met  fut  une  felle  ;  Si  pareillement 
celui  qu'on  attache  derrière  la  felle  du  cheval  pour 
porter  une  valife  ,    ou  fur  le  garrot  ou  ppitraiî 
des  chevaux  de  carroffe  ,  pour  empêcher  que  le  hàt- 
nois  ne  les  blelTe. 
COUSSIN  ou  COUSSINET,  terme  d'Horlogerie; 
Pièce  raraudée  qui  fait  moitié  de  la  filière  double.' 
Coussin.  Les  Doreurs  fur  cuir  appellent  ainfi  un  petit 
ais  couvert  d'une  peau  de  veau  ,  fous   laquelle  il  y 
a  du  poil  de  cerf,  &  fur  laquelle  on  coupe  les  tran- 
ches d'or. 
Coussin  deCanon  ,  terme  d'Artillerie ,  c'eft  un  gros 
billot  de  bois  pofé  fur  le  derrière  de  l'afFût ,  &  qui 
en  foùtient  la  culafTe,  On  l'appelle  aufli  chevet  dà 
canon. 
)  Coussin  d'Amburrc  »  en  terme  de  Marine,  fe  dk 


looo  cou 

d'un  dira  de  bitorc ,  que  l'on  met  fur  le  platbord 
du  vaiireau  ,  où  porte  la  ralingue  de  la  voile  pour 
l'empêcher  de  fe  couper.  CouJJln  fe  dit  encore  d'un 
pareil  tilTu  que  l'on  met  fur  le  mât  de  beaupré  ,  & 
îiir  les  cercles  des  hunes  pour  le  même  ula^e. 

COUSSINET,!",  m.  diminutif.  Petit  cou  fTm.Pz/ZvzV- 
lus.  On  met  des  coujjinets  pleins  de  choies  odori- 
férantes fur  les  lits. 

Coussinet  à  Mouj'qiietaire.  C'eft  un  cou  (fine  t  q\it  le 
-Soldat  plaçoit  autrefois  fous  fa  bandoulière,  à  l'en- 
droit où  il  porte  le  moulquet.  Il  y  a  aulîi  des  couf- 
(inets  que  Ton  met  fur  le  garot  des  chevaux  de  car- 
rolfe  ,  de  peur  qu'ils  ne  le  blelfcnr  en  cet  endroit- 
là.  Les  Doreurs  fur  bois  ont  des  coujjinets  pour  tail- 
ler leur  or  &les  Graveurs  pour  foûtenir  les  plan- 
ches qu'ils  graveur. 

Coussinet  efl:  auHi  la  première  alïîfe  qui  porte  la 
rampe  des  piédroits  des  voûtes  rampantes.  Pulvi- 
■rms.  On  l'appelle  fommier  dans  les  croifées  ,  ou 
portes.  Le  coujjînet  ,  ou  premier  voulfoir  d'une 
voûte  en  arcade  ,  a  un  lit  de  niveau  ,  &  celui  de  def 
fus  en  coupe  en  pente  pour  recevoir  les  fuivans  , 
auxquels  il  ferr  d'appui.  Frézier. 

EnArchireélure  on  appelle  coufflnet  l'ornement  du 
chapiteau  Ionique  entre  l'ove  &  l'abaque  ,  qui  ferr 
à  former  les  moulures.  Pulvinus.  On  l'appelle  couj- 
jînet ,  parce  qu'il  repréfcnte  comme  un  oreiller 
prefle  par  la  charge  qui  eft  delfus ,  &  qui  eft  roulé 
&  arraché  d'une  courroie.  C'ell  aulfi  un  nom  qu'on 
donne  à  l'impofte. 

CoussiNET.On  appelle  ainlî ,  en  termes  deCouvreurs , 
des  rouleaux  de  nattes  de  paille  ,  que  ces  ouvriers 
attachent  au  detfous  des  échelles ,  dont  ils  le  fer- 
vent fur  les  couvertures  des  bàtimens.  Echelle  à 
coujjinet  ,  eft  une  échelle  où  font  attachés  un ,  ou 
deux  de   ces  rouleaux. 

gCF  CoussiNiT  ,  terme  de  bottier  ,  petit  fac  plein 
de  crin  ôi  piqué  ,  qu'on  met  à  la  genouillière  des 
bottes ,  pour  empêcher  qu'elles  ne  blelfent. 

Coussinets  de  Mamis  ,  f.  m.  pi.  Plante  qui  pouffe 
plufieurs  tiges  menues  comme  des  fibres  ,  foibles  , 
d'un  rouge-brun  ,  fe  couchant  &  fe  répandant  au 
large  fur  la  terre  ,  revêtues  de  feuilles  femblables 
à  celles  du  ferpoler  ,  mais  plus  petites  ,  dures  , 
vertes  en  deflùs ,  vert-cendré  en  delfous,  à  queue 
fort  courte  ,  rangées  alternativement  le  long  des 
tiges.  Ses  fleurs  nailfent  aux  fommités  des  branches. 
Elles  font  découpées  en  quatre  parties  pointues, 
purpurines  ,  avec  plulteurs  étamines  qui  jointes  au 
piftil ,  font  enfemble  comme  un  corps  pointu.  Il 
leur  fuccède  des  baies  prefque  rondes  ou  ovales  , 
rougeâtres  ou  jaunes-vcrdâtres  ,  marquetées  de 
points  rouges  ,  ornées  d'un  ombilic  purpurin  ,  for- 
mé en  croix  ,  d'un  goût  acre  :  ce  qui  a  fait  nom- 
mer cette  plante  en  latin  Oxycoceum.  Elle  croît 
dans  les  marais  &  dans  les  autres  lieux  humides  &: 
ombragés.  On  prérend  que  les  feuilles  ,  les  fleurs 
&  fes  baies  arrêtent  le  vomllfement  &  rclîftent  au 
venin. 

COÎJSSINOTTE ,  f  f.  nom  de  pomme.  Foye^  Cou- 

SINETTE. 

COUSSON  ,  (.  m.  terme  d'Agriculture.  Nos  Villa- 
geois (  de  Dauphiné  )  appellent  ainli  une  vapeur 
chaude  qui  brûle  les  bourgeons  les  plus  tendres  des 
vignes,  quand  elles  commencent  à  poulfer.  Cho- 
KIER  ,  Hifl.  de  Dauph.  L.  Il ,  p,  loi. 

Ce  mot  vient  du  Grec  Kaua-o-, ,  ou  xài/yu  ,  qui  li- 
gnifie ardeur.  Id. 

ffT  Rabelais  appelle  Couffon  un  morceau  de  linge 
quarré  qu'on  met  fous  l'ailîelle  aux  cnfans. 

^  COUSSON  ou  COSSON  ,  (LE  )  petite  rivière 
de  France  en  Sologne  qui  vient  d'auprès  de  Gien  , 
&  fe  jette  dans  la  Loire  au  deiîbus  de  Blois. 

COUSTANGE  ,  f.  f.  vieux  mot.  Coût,  On  a  dit  , 
faire  coujlange  à  un  autre  -,  pour  dire  ,  lui  caufer  de 
la  dépenfe. 

COUSTIERES ,  f.  f.  pi.  terme  de  Marine  ,  foiu  de 
gros  cordages  qui  foûriennent  les  mâts  d'une 
galère  ,  5c  lui  f&rvent  de  haubans,  L'arbre  de  Mef- 


COU 

ttea  cinq  co«/?ièrM  à  chaque  côtér-5ç  le  trinquet 


rrois 


-'.'  O; 


COUSTILLARDE  ,  f  f.  vieux  mot ,  efl:  une  plaie  ou 
balafre  par  une  dague  ,  ou  long  poignard  qu'on 
appeloit  autrefois  fow/W/e  ,  parce  qu'on  les  portoit 
fur  le  côté-,  ou  de  coujhl ,  qui  fignifioic  autrefois 
couteau  .  de  on  appeloir  Coujiillhrs  ,  ceux  qui  por- 

,  toient  la  couftille  d'un  homme  d'arme ,  t?c  qui  le 
tenoient  près  de  lui  ,  comme  remarque  Faucher, 
On  dit  encore  des  affalfins  &  brerreurs ,  qu'ils  onr 
donné  plufieurs  coujiillades  à  quelqu'un  ,  quand  ils 
lui  ont  tait  plulieurs  blelfures,  fur-tout  au  vifacre,- 
PLuj^a  luculenta. 

ffT  COUSTILLIER.  f  m.  Ecuyer  qui  porta  les  ar- 
mes à  côté  de  fon  maître.  Armiger.  Nicod. 

'COUSU  ,  UE  ,  adj.  &  parricipe  du  verbe  coudre. 
Ce  qui  eft  attaché  à  un  autre  avec  du  fîl  ,  de  la  foie , 
&c.Sutus,  confuius.  Voilà  un  habit,  des  o-anrs  ' 
des  ibuliers  coujus  bien  propremenr. 

Ip"  En  rermes  de  Manège  ,  on  dit  d'un  cheval  mai'- 
gre  &  efflanqué  qu'il  a  les  flancs  coujhs  ,  parce 
qu'Uyalî  peu  d'épailfeur,  qu'ils  paroiifenr  confus 
enfemble.  M^cer ,  ntacilentus. 

%T  On  dit  dans  le  même  fens  d'un  homme  exténué, 
qu'il  a  les  joues  coufues. 

Cousu  lignirie  encore  cicatrifc ,  rempli  de  couture* 
fur  la  peau  ,  qui  marquent  des  veftiges  de  plaies  du 
d'ulcères  guéris  il  y  a  long  temps.  ï'icatricofus.  U 
n'eft  que  du  ftyle  familier". 

On  dit,  en  termes  de  Manège  ,  qu'une  homme 
eft  coufu  dans  la  Telle  ;  pour  dire  ,  qu'il  n'en  bran- 
le pas ,  qu'il  femble  y  être  attaché.  Injidens  equo 
frmiter 

Cousu  ou  Chef  coufu  ,  fe~  dit  en  termes  de  Blafon. 
Voyei  Coudre. 

Cousu  fe  dit  figurément  des  paroles  &  des  parties 
d'un  difcours  ,  joint ,  uni  enfemble  ,  ajuHé.  Confu- 
tus ,  a,  um.  Cet  Orateur  nous  a  fair  un  difcours 
pitoyable  ;  ce  ne  font  que  des  paroles  mai  coufues 
enfemble.  Un  fatras  de  partages  mal  coufus  enfem- 
ble. Des  penfées  même  aflez"  belles ,  pillées  çà-Sc- 
là  ,  mais  mal  aflbrties  &:  mal  coufues  enfemble  , 
fans  fuite  ,  fans  jugement ,  fans  raifon. 

Cousu  fe  dit  en  ces  phrafcs  familières.  On  appelle  un 
homme  tout  coufu  de  piftoles,  celui  qui  en  a  beau- 
coup ,  par  allulion  à  la  manière  des  avares ,  qui  cou- 
fenr  leur  argent  dans  leurs  ceintures  ,  dans  leurs 
habits ,  pour  le  mieux  cacher  &  garder.  Oui  de 
pareils  difcours  ,  &  les  dépenfes  que  vous  faires  , 
feront  caufe  qu'un  de  ces  jours  on  me  viendra  cou- 
per la  gorge  ,  dans  la  penfée  que  je  fuis  rout  coufu 
de  piftoles.  Mol.  On  appelle  des  h'nefles  coufues  de 
fîl  blanc ,  celles  qui  font  grolfières  &  aifces  à  dé- 
couvrir. On  dit  aulîî  bouche  coufue  en  parlant  à 
quelqu'un  à  qui  l'on  recommande  de  garder  un  fe- 
cret  ;   ne  parlez  point  ,  hanche  cotifue. 

COUT,  f  m.  prix  de  la  choie  qu'on  achète ,  ou  ce 
qu'on  eft  obligé  de  dépenfer  pour  l'acquérir,  pour 
la  conftruire ,  ou  pour  l'entrerenir.  Sumtus  ,  im- 
penfa.  Les  bàtimens  font  de  grand  coût.  L'artille- 
rie ,  les  équipages  de  mer,  font  de  grand  coût  à 
l'Etat.  Ce  mot  eft  vieux  dans  la  langue  ,  &  y  eft 
palfé  tout  pur  du  Celtique ,  ou  Bas-Breton  ,  où  il 
lîgnifîe  la  même  chofe.  Mazarin  fut  en  compagnie 
du  Cardinal  Colonne  étudier  à  Alcade  de  Héna- 
rès ,  où  il  demeura  dix-huir  mois  à  fes  propres  coûts 
&c  dépens.  Mascur. 

On  dit,  en  termes  de  Palais ,  rembor.rfer  les  frais 
&  loyaux  coûts  ;  pour  dfre  ,  ce  qu'il  en  a  Ié3:iri- 
memcnt  coûté  à  acheter  une  chofe  ;  comme  en  ma- 
tière d'hérirage ,  c'eft  outre  le  pris  ,  les  lods  & 
ventes ,  les  frais  du  contrat  ,1e  payement  des  char- 
ges ,  &c.  On  dit  en  ce  fens ,  le  coût  en  fait  perdre 
le  goûr;  pour  dire,  qu'il  fe  faut  pa/fcrd'unechofe, 
quand  on  n'a  pas  le  moyen  de  l'acheter. 

COUT  D'ASSURANCE ,  f.  m,  terme  de  commerce 
de  mer.  Foye^  Prime  d'Assurance. 

COUTAGE ,  f.  m.  vieux  mot ,  qui  veut  dire  la  même 
chofe  que  coût.  VoyetCi  mot. 

COUTAOE 


cou 

CoTjTAGE  OU  CousTANCF  ,  f.  m.  cii'oit  des  Seigiiciirs 
iur  leurs  Vallaux  ou  Sujets.  Cotagium.  Il  étoit  en  uia- 
ge  en  Bretagne  dès  le  XII'-  licclc.  Lobineau  ,  Hiji, 
diBrct.  r. /,/?.  281,  &  7. //, /7.  iiîi. 

COUTANCE  ,  Ville  de  France  dans  la  bafle  Norman- 
die ,  capitale  du  Cotantin  ,  auquel  elle  a  donne  ce 
nom.  Conjiamia.  Cajira.  Quelques-uns  veulent  que 
fon  propre  nom  Ibit  ÇonjtantKZ  ,  arum  plurier ,  par- 
ce qu'elle  étoit  divifce  en  deux,  ou  Flavia  Conj- 
tantla.  Plufieurs  Savans  veulent  qu'elle  ait  été  ainii 
appelée  ,  parce  que  ce  fut  d'abord  un   Camp  de 
Conltantius  Chlorus,  père  du  Grand  Conftantin  , 
qui  dans  la  Tuite  eft  devenu  ville.  M.  Huet  eft  de 
ce  l'entiment ,  dans  fes  Origines  de  Caën  ,  c.  III  \ 
M.  Corneille  au  mot  Cotantin,  ptétend,  fur  un  paf- 
fage  d'Ammien  Marcellin,qui  dit  que  laSeine  Te  dé- 
charge dans  la  mer  , /jro/je  cajira  Conjlantia  ,  que 
ces  Cajcra  Confiantia ,  ou  ce  Camp  de  Conftantius , 
efl:  tout  le  Cotantin,  &  non  pas  Coutance  feule, 
mais  on  n'a  jamais  appelé  Camp,  C^y/r^  ,  un  pays 
entier  ;  mais  des  lieux  fortifiés  ,  qui  dans  la  fuite 
font  devenus  des  villes.  D'autres  prétendent  que  ce 
nom  lui  fut  donné  à  caufe  de  fa  confiance  à  rélîfter 
aux  Romains.  D'autres  veulent  que  ce  foit  le  Coft- 
dix  d'Ammien  Marcellin.  D'autres  difent  qu'elle  fut 
ainfi  appelée  à  l'honneur  de  l'Augulte  Conftantius , 
petit  fils  de  Conftantius  Chlorus ,  &  frère  de  Conf- 
tans ,  pour  qui  l'on  y  avoir  érigé  quelque  arc  de 
triomphe  ,  ou  quelque  autre  monumenr.  D'autres 
enfin  l'appellent  Augufta  Rornanduorum  ^  &  difent 
qu'elle  étoit  la  Capitale  du  peuple  appelé  Roman- 
dui ,  &  enluite  de  ceux  qu'on  nommoit  Unelli ,  ou 
Venelli,  &C  qui  fuccédèrent  aux  Romanduens.  On 
trouve  dans  la  Carte  de  Peutinger  Conjlantia  Crou- 
ciaconum ,  Ss.  dans  Ptolomée  Conjlantia  Crocitano- 
Tum  yenetorum.  On  la  trouve  auflî  nommée  Conf- 
tantina  «r/'J.Elle  eft  fous  le  kj»,  5',  55;"  de  lon- 
gitude ,  &  fous  le  49° ,  z' ,  jo"  de  latitude.  La  diffé- 
férence  de  fon  méridien  .à  celui  de  l'Obfervatoire 
de  Paris  eft  de  oh,  15',   10"  occid.  ou  3",   47',  15". 
Cass.  Plufieurs  Auteurs  onr  cru  que  cette  ville  avoit 
été  bâtie  par  Pvomus  ,  ou  Romaiis,  l'an  du   monde 
ijio.  Coutance  z^  un  Evêque  fort  ancien.  S.  Lo  , 
cinquième  Evêché  de  cette  ville  ,  aflifta  l'an  54(î  , 
au  cinquième  Concile  d'Orléans.  M.  Daireaux  de 
Vendôme  a  fait  des  recherches  très-curieufes  pour 
l'Hiftoirc  de  Coutance  &  du  Cotantin.  M.  Corneille 
écrit  Coutançes:  mais  M.  Huet  &:  plufieurs  autres 
ne  mettent  point  d'^  à  la  fin. 

COUTANT  ,  adj.  m.  fe  dit  en  cette  phrafe,|Cr  le  prix 
coûtant ,  je^vous  le  donne  au  prix  coûtant ,  au  prix 
qu'il  m'a  coûté. 

COUTEAU,  f.  m.  uftenfile  fervant  à  la  table,  fait 
d'un  fer  accré,  tranchant  d'un  côté,  qui  fert  prin- 
cipalement à  couper  le  pain,  les  viandes.  Culter. 
Cette  viande  eft  tendre  au  couteau.  Ce  fruit  eft 
mûr ,  il  eft  doux  au  couteau. 

Ce  mot ,  couteau  ,  vient  du  latin  ,  cultellus  ;  & 
fi  l'on  en  croit  le  P.  Pezron  cultellus  ,  un  couteau  , 
eft  tiré  du  celtique  ,  coutel,  ou  goutel.  Il  faudroit 
qu'il  fut  bien  prouvé  que  coutel  ou  goutel  eft  celti- 
que ,  &  qu'il  ne  vient  pas  de  cultellus. 

Il  y  a  plufieurs  fortes  de  couteaux  :  un  couteau 
de  poche  ,  qui  a  fa  gaine  :  un  couteau  piant  à  une 
jambette  :  couteau  de  cuifine  ,  de  boucher ,  pour 
couper  la  grolfe  viande.  Les  couteaux  pointus  , 
qu'on  nommz  baïomiettes  ,  font  défendus.  En  Italie 
on  ne  fe  fert  que  de  couteaux  arrondis  par  le  bout. 
On  appeloit  les  facrés  couteaux  chez  les  Payens, 
ceux  qui  leur  fervoientà  égorger  des  vidimes.  Frap- 
pe,  je  tends  le  fein  à  tes  (acres  couteaux.  Dans 
le  temple  de  la  Mort ,  de  Habert. 

Minijire ,  pour  qui  fe  prépare 
Cet  autel ,  ce  fatal  bandeau  , 
Déjà  dans  une  ^nain  barbare  , 
J'apperçoislefacré  couteau. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 

CoUTEAiT  fe  dit  auffi  d'une  courte  cpée  de  ville  > 
Tomt  II, 


COU  looi 

qu'on  porte  feulement  pour  parade.  G/iZf/iwj.  Lorf- 
qu'il  fut  attaqué,  il  n'avoit  qu'un  petit  couteau.  Ils 
fe  font  battus  avec  armes  inégales ,  l'un  avoit  une 
longue  épéc  ,  l'autre  n'avoit  qu'un  couteau.  On  dit 
qu'un  homme  eft  un  couteau  de  Tripière,  quand 
il  dir  du  bien  &:  du  mal  de  la  même  perfonne , 
qu'il  flatte  les  deux  partis  contraires.  |^  Expref- 
fion  baife  &  figurée.  Le  couteau  de  tripière  eft  un 
couteau  qui  rranche  des  deux  côtés. 

Couteau  de  Pie  ,  eft  un  outil  de  Cordonnier  fervant 
à  couper  le  cuir  ,  qui  eft  tranchanr  &  arrondi  en 
demi-ccrcle^,  &  dont  le  manche  eft  fait  en  poignée. 
Scalprum, 

Les  Juifs  ont  fait  quelquefois  la  circoncifion  de 
leurs  enfans  avec  un  couteau  de  pierre,  Cultellus  la- 
pideus.  On  fait  des  couteaux  d'ivoire  ,  dont  les 
Secrétaires  ié  fervent  pour  plier  plus  proprement 
les  lettres.  Cultellus  eburneus. 

Dans  le  Manège,  on  appelle  un  couteau  de  cha- 
leur,  un  morceau  de  faulx  avec  lequel  on  abat  la 
fucur  des  chevaux ,  en  le  coulant  doucement  fut 
leur  poil. 

Couteau  de  feu  ,  eft  un  inftrument  de  Maréchal  en 
forme  de  couteau ,  fait  de  fer ,  pu  de  cuivre.  Cul- 
tellus ignitus.  Il  eft  long  d'un  pié ,  épais  par  le 
dos  5  &  mince  de  l'autre  côté.  On  le  fait  chauffer 
dans  la  forge,  &:  il  fert  à  donner  le  feu  aux  parties 
malades  des  chevaux  qui  en  ont  beibin. 

Couteau  de  Charpentier.  Les  Charpentiers  ont  tou- 
jours un  couteau  avec  eux ,  dont  ils  fe  fervent  au 
lieu  de  compas ,  pour  tracer  les  lignes  fort  fines. 

Couteau  fourd.  C'eft  un  inftrument  dont  fe  fervent 
les  Corroyeurs  dans  l'apprct  de  quelques-uns  de 
leurs  cuirs  i  on  le  nomme  autrement  Boutoir.  Il  a 
deux  manches  ,"un  à  chaque  bout ,  &  le  tranchant 
en  eft  fort  émoullèj  c'eft  d'où  vient  fon  nom. 

Couteau  à  revers,  ou  Echarnoir.  Outil  de  Cor- 
royeur,dont  le  tranchant  eft  un  peu  renverfé.On  s'en 
fert  pour  écharner  les  peaux  de  vache. 

Couteau  à  (io/er ,  terme  de  Gantier.  C'eft  un  outil 
d'acier  qui  fert  à  dolec  les  étavillons",  c'eft-à-dire, 
amincir ,  ou  parer  les  morceaux  de  cuir  déjà  dif- 
poiés  à  faire  les  gants. 

Couteau  à  e/^ez/r^r  ou  cotr/^^w  de  rivière,  terme  de 
Chamoifleur  &:  de  MégiiTier. 

03"  Morceau  d'acier  large ,  aminci  pat  le  coupant , 
avec  un  manche  à  l'autre  bout,  dont  les  Relieurs 
fe  fervent  pour  amincir  les  couvertures  des  livres  y 
afin  qu'elles  fe  collent  mieux  fur  le  carton. 

Couteau  à  hacher.  C'eft  un  couteau  à  lame  courte 
&  un  peu  large ,  dont  fe  fervent  les  Doreurs  fur  mé- 
tal ,  pour  faire  des  hachures  fur  le  cuivre  ou  fur  le 
fer ,  a  vant  de  les  dorer  de  ce  qu'on  appelle  Or  ha- 
ché. 

Couteau  à  chapiteau.  Les  Charpentiers  nomment 
ainfi  une  efpèce  de  couteau  qui  fert  à  éguiler  1» 
pierre  noire,  avec  laquelle  ils  marquent  ou  tracent 
leur  ouvrage. 

Couteau  à  tailler.  Outil  de  Fourbifleurs  ,  dont  ils 
fe  fervent  pour  faire  les  hachures  ,  fur  lefquelles 
ils  placent  le  fil  d'or  ou  d'argent ,  quand  ils  veu-, 
lent  damafquiner  un  ouvrage. 

Couteau  à  refendre.  C'eft  un  petit  outil  de  Four- 
biffeur ,  du  nombre  de  ceux  qu'on  appelle  Cife- 
lets.  On  s'en  fert  à  refendre  des  feuilles  qu'on 
a  gravées  en  relief  fur  l'or ,  l'argent  ,  ou  l'acier. 

Couteau  à  tracer.  C'eft  un  des  cifelets  des  Fourbif- 
feurs,  avec  lequel  ils  rracent  Sc  enfoncent  un  peu 
les  endroits  où  ils  veulent  pafler  quelqu'un  de  leurs 
cifelets  gravés. 

Couteau  à  fcie.  Efpèce  de  fcie  à  main  ,  dont  fe  fer- 
vent les  Maçons  &  les  Tailleurs  de  pierre. 

Couteau  à  trancher.  Ternie  de  Menuiferie ,  de  pla- 
cage &c  de  marqueterie. 

Couteau  à  mèche,  terme  de  Chandelier.  C'eft  l'info 
trument  qui  fert  à  couper  de  longueur  le  coton , 
dont  on  feit  la  mèche  des  chandelles. 

Couteau  à  travailler.  Outil  de  Vannier. 

CouTEAy  à  débiter.  Les  Boulangers  fe  fervent  de  ce 

LLLLU 


I00  2,  COU 

coûte ju,  pour  coupei:  en  morceaux  le  gros  pain 
qu'ils  vendent  en  détail  &  à  la  livre. 

Couteau.  Inftrumenc  de  Chirurgie.  Il  y  en  a  de  qua- 
tre fortes.  Le  couteau  courbe  &  le  droit  pour  les 
amputations  ^  le  couteau  lenticulaire  pour  le  tré- 
pan ;  le  couteau  à  crochet  pour  l'extraction  du  tot- 
tiis  mort  dans  la  matrice.  Voye^  le  Dict.  de  M. 
Col  de  Villars. 

Couteau  de  chajje.  Epée  courte  que  portent  les 
Chadeurs  pour  couper  les  branches  dans  les  bois. 

^^  On  dit  rigurément,  mettre  le  couteau  à  la  gorge 
à  quelqu'un  pour  lui  taire  faite  une  choie  ,  lui  taire 
violence.  Fini  inferre.  Cette  nouvelle  lui  a  mis  le 
couttaii  dans  le  cœur,  a  été  un  coup  de  couteau  pour 
lui ,  l'a  fenliblemeni;  affligé;  Plag.mi  inferre.  On  dit 
au/îl,  que  des  gens  aiguil'ent  leurs  couteaux  ;  pour 
dire,  qu'ils  fc  préparent  à  ie  battre  ,  à  fe  querel- 
ler, à  fe  difputer.  Gladios  acuere.  Et  qu'ils  vont 
)ouer  des  couteaux;  pour  dire,  qu'ils  font  prêts  à 
en  venir  aux  mains.  Ai  manus  ,  ad  arma  venire. 
Je  me  contente  de  lavoir  danfer  &;  jouer  de  la  flûte  , 
&  quelquefois  des  couteaux.  Ab.  J'en  fuis  ,  &  j'y 
jouerai  comme  il  faut  des  couteaux.  Scaîi. 

On  dit  auft'i  au  jeu  de  cartes,  quand  un  hom- 
me a  voulu  couper  une  carte,  &  qXi'un  fuivant  a 
coupé  au  deffus  de  lui ,  que  l'on  couteau  n'ctoit  pas 
a/ll'Z  fort. 

On  dit  qu'un  homme  eft  le  couteau  pendant  d'un 
autre  ;  pour  dire ,  qu'il  efl  toujours  à  ces  côtés ,  qu'il 
le  fuit,  l'accompagne  par-tout,  par allufion  aux  gens 
qui  portoicnt  autrefois  leur'  couteau  pendu  à  la 
ceinture,  comme  le  font  encore  des  Cuiliniers , 
des  Charcutiers  ,  des  Bouchers ,  ùc, 

Oii  dit  auHi ,  que  des  hommes  font  aux  cpées 
&  aux  couteaux ,  tirés  -,  pour  dire  ,  qu'ils  font  en- 
nemis jurés,  qu'ils  font  prêts  à  le  battte  ,  à  fe  nuire 
l'un  à  l'autie.  On  dit  mettre  un  couteau  fur  fable  j 
pour  dire ,  fe  préparer  à  faire  grande  chère.  Epu- 
lum  apparare.  On  dit  encore  d'une'pièce  de  drap 
dans  laquelle  on  a  taillé  un  habit,  &  qu'on  a  en- 
tamée ,  qu'on  a  mis  le  couteau   dedans. 

On  die  proverbialement  aux  enfans  qui  demandent 
quelque  chofe  qui  n'cfl  pas  de  leur  compétence  :  on 
vous  en  donnera  des  petits  couteaux  à  perdre.Toutes 
ces  exprclfions  font  familières  ou  populaires. 

Couteau  ,  f.  m,  terme  de  Fauconnerie.  C'ell:  la  pre- 
iTiière  penne  des  aîles  aux  oifcaux  de  poing.  Ces 
plumes  n'ont  des  barbes  longues  que  d'un  côté,  &; 
des  courtes  de  l'autre  ^  elles  fe  terminent  en  pointe, 
&  ainfi  lellemblent  en  quelque  forte  à  un  couteau. 
Prier  alcepenna.  Les  grandes  pennes  Sclescouteaux 
de  la  frcfaie  font  noirs.  Les  plumes  de  l'orfraie  qui 
couvrent  les  grandes  pennes  &  les  couteaux  ont  des 
taches  blanches   à  leurs  extiémités. 

COUTEAUX.  On  appelle  à  Conllantinople  ,  pre- 
miers couteaux,  les  peaux  de  bœuf  ou  de  vache, 
qu'on  lève  de  defTus  ces  animaux ,  depuis  le  mois 
de  Juin  jufqu'au  mois  de  Novembre.  Ce  font  les 
meilleures  de  toutes. 

COUTELAS ,  f.  m.  épée  de  fin  acier  fort  tranchan- 
te, d'un  côté  feulement,  large,  &  qui  va  un  peu 
en  fe  courbant.  Acinaces.  On  tranche  la  tête  en 
France  avec  un  coutelas.  On  prétend  que  le  cou- 
telas d'aujourd'hui  eft  uneefpèce  de  cimeterre  affez 
femblable  à  celui  dont  fe  fervoient  les  Mèdes,  les 
Parthcs ,  les  Perfes. 

CouTELAs,en  termes  de  Marine,fe  dit  des  petites  voiles 
qu'on  attache  de  beau  temps  à  côté  des  grandes , 
qu'on  appelle  autrement  bonnettes  en  étui.  Fêla  mi- 
nora. 

COUTELAS,  f,  m.  Poiflbn.  Foye:^  Espadon  :c'eft 
la  même  chofe. 

COUTELIER,  f.  m.  Celui  qui  fait  ou  qui  vend  des 
couteaux.  Cultorum  faber.  Sa  femme  eft  appelée 
Coutelière.  Fabri  cultorum  conjux.  Par  un  édit  de 
ïS66,  il  eft^  défendu  aux  Couteliers  de  fabriquer 
&.  débiter  des  bayonnettes ,  poignards  ,  couteaux 
en  terme  de  poignards,  dagues ,  épces  en  bâtons , 


COU 


£'c.  &  de  fe  retiret  dans  les  Collèges  5c  autres  fem- 
blables  Communautés, 

Quelques-uns  écrivent  Coujîeliers  ,  c'étoit  l'an- 
cien ufagc  ;  aujourd'hui  on  écrit  couteau  Se  Cou- 
telier. 

COUTELIER,  terme  de  Conchyliologie.  C'eft  le  nom 
d'un  coquillage  qui  s'appelle  ainli ,  parce  qu'il  eft 
dans  fa  coquille  comme  un  couteau  dans  fa  gaîne. 
Cette  coquille  eft  ronde  &;  compofée  de  deux  par- 
ties femblables  .à  deux  moitiés  d'un  cylindre  creux, 
jointes  de  chaque  côté  par  une  membrane  qui  leur 
permet  de  s'écarter  un  peu  ou  de  fe  rapprocher. 
Le  Coutelier  fe  tient  toujours  debout  Se  perpendi- 
culairement dans  cette  gaîne,  &c  n'a  point  d'autre 
mouvement  que  celui  d'entoncer  un  peu  dans  le 
fable,  ou  de  s'en  retirer;  ce  qu'il  fait  par  le  moyen 
d'une  efpèce  de  jambe  qu'il  fait  fortir  à  fon  gré 
par  le  bas  de  la  gaîne.  Ce  coquillage  appréhende 
fort  le  fel ,  &  il  eft  furprenanr  qu'un  animal  qui 
vit  dans  l'eau  falée  ait  tant  d'averfion  pour  le  fel. 
ffi/i.  DV.i'AcAD.  DES  Se.  1718./'.  1 5 ,  d'après  M.  de 
Reaumur.  Foye^  Manche  de  Couteau. 

COUTELIÈRE,f.f.  étui  où  onmerplufieurs  couteaux, 
Cultorum  theca.Sï  j'achète  les  couteaux,  je  veux 
qu'on  me  donne  apHî  la  coutelière.  Ce  mot  eft  vieux 
&  fe  dit  peu. 

COUTELÎNE,  f.  f.  Groffe  toile  blanche  ou  bleue 
faite  de  fil  de  coton  ,  qui  vient  des  Indes  Orien- 
tales ,  particulièrement  de  Surate. 

COUTELLERIE,  f.  m.  Ce  terme  fe  prend  pour  le  mé- 
tier de  Coutelier  ,  l'art  de  faire  des  couteaux  , 
cifeaux  &  autres  ouvrages ,  &  généralement  pout 
les  ouvrages  que  font  &  débitent  les  Couteliers. 
Cultorum  ojjicina.  Les  artifans  de  Moulins  font  fore 
experts  en  coutellerie.  Il  fe  fait  un  grand  débit  de 
coutellerie  à  Chàtclleraud. 

tfT  COUTER,  V.  n.  terme  relatif  au  prix  qu'une  chofe 
eft  vendue.  Etre  acheté  un  certain  prix,  Conjiare, 
On  dit  qu'une  chofe  cow^e  peu  ,  beaucoup.  P<im, 
magni  conflare.  Qu'elle  ne  co/z/e guères,  qu'elletozz- 
/^  trop  ,  plus  qu'elle  ne  vaut.  Combien  vons  coûts 
cela  ;  Quanti  confiât ,  quanti  emijti  ?  La  victoire 
nous  coûte  bien  du  monde.  Conjiat  Victoria  pluri- 
morum  morte.  Le  blé  eft  ramendé ,  il  ne  coûte  plus 
que  tant.  Il  en  faut  avoir  quoi  qu'il  cow/e.  Eft-il  né- 
celîaire  d'acheter  des  perruques  ,  lorfqu'on  peut 
porter  des  cheveux  de  fon  crû  &  qui  ne  coûtent  rien? 
Mol. 

Coûter  fignifie  aufifi  obliger  à  de  grandes  dépenfes. 
Conjiare.  Les  procès  l'on  ruiné  ,  lui  ont  coûté  tout 
fon  bien.  L'exercice  de  la  paume  coûte  beaucoup. 
Un  équipage  coûte  beaucoup  à  entretenir  dans 
Paris. 

Coûter  fe  dit  auflî  figurément  en  chofcs  morales  & 
fpirituelles ,  de  ce  qui  caufe  de  la  peine  ou  de  la 
douleur.  Stare,  Cette  perte  lui  a  bien  coûté  des 
larmes  &  des  foupirs.  Cet  homme  n'a  pas  le  gé- 
nie facile  ,  fes  vers  lui  coûtent  beaucoup.  Pour  pu- 
nition de  fa  faute ,  il  lui  en  coûte  un  mois  de  pri- 
fon.  Ne  tenons  pas  nos  fermens,  je  vous  prie,  il 
coz/r^  trop  de  les  obferver.  Les  vieillards  aiment  à 
conter  les  hiftoiresdeleur  temps ,  parce  que  quand 
l'efprit  a  perdu  fa  force  ,  il  aime  à  dire  ce  qui  ne 
coûte  rien  à  penfer.  S.  Evr.  C'eft  acheter  trop  cher 
le  ménagement  de  nos  intérêts  ,  lorfqu'il  en  coûte 
des  balfelles.  Id.  Son  amitié  coûte  cher  ,  en  par- 
lant d'une  perfonne  dont  il  faut  efluyer  les  capri- 
ces &  les  méchantes  humeuis.  On  achète  les  chofes 
bien  cher,  quand -il  en  conte  un  repentir.  Idem. 

//  me  coûte  affé^  cher ,  Pingrat  ,  pour  être  à  moi. 
Et  tel  mot ,  pour  avoir  réjoui  le  Lecteur , 
.//coûté  bien  fouvent  des  larmes  à  l'Auteur. 

C'eft  à  ceux-là  à  combattre  qui  peuvent  mourjt 
fans  qu'il  en  coûte  rien  qu'à  eux  -,  mais  vous  donc 
la  vie  renferme  la  deftinée  de  tant  de  monde  ,  vous 
ne  devez  point  courir  au  danger.  Bouh.  La  tran- 
quillité publique  entretenue  vaut  mieux  que  ces  vie* 


cou 


cou 


îoîres  qui  counnt  d'ordinaire  tant  de  fang  &  tant 
de  larmes.  FlÉch.  Rien  ne  coûte  plus  que  ce  qui 
paroît  n'avoir  rien  couu  :  je  veux  dire  cet  air  fimple 
ifc  naturel ,  mais  noble  Se  poli,  en  quoi  notre  lan- 
gue efl:  iî  différente  des  autres.  Bouh.  Le  nécel- 
faire  d'une  langue  ne  coûte  guères,  mais  les  déli- 
catelles  font  difficiles.  Ch,  de  Mer.  L'efprit  n'cfl: 
point  piqué  agtéablement,  quand  il  lui  couu  trop 
4e  peine  à  démêler  l'obfcuritc  d'une penfce.  Bouh. 

Aprèsles  noirs  forfaits  que  votre  amour  vo«.vcoute, 
Votre  ame  doitfrémirde  la  paix  qu'elle  goâte.Qvi. 

De  tant  de  duretés  que  f  étale  à  regret , 
Chaque  mot  à  mon  caur  coûte  unjoupir  fecret. 

Corn. 

Et  quand  par  mts  efforts  je  pourrais  P  attendrir  , 
'  Mesjoursnevalentj)&intqu'ilm''en  coûte  unjoupir. 

Campistron. 

CouTîR  fignifîe  auffi  faire  une  chofe  à  regret ,  avec 
répugnance.  jEgré  ferre  aliquid.  On  peut  auiîi  fe 

'  fetvir  du  verbe  conjîare  bcfiare.  Jamais  réfolution 
n'a  tant  coûté  à  prendre.  Voit.  Quand  il  faut  qu'un 
honnête  homme  faife  des  foumifïîons  ,  flatte  les 
Grands  ,  tout  lui  coûte.  Quand  il  faut  letvir  fes 
amis,  tienne  lui  co'«/«.  On  dit  aufll  d'un  prodigue, 
que  l'argent  ne  lui  coûte  rien.  On  dit  en  amour; 


Tout  efl  doux  ,  rien  ne  coûte , 
Pour  un  cœur  qui  fiait  aimer. 

On  Le  dit  aufll  des  autres  chofes  dont  on  efl: 
mauvais  ménager.  Ce  Capitaine  expofetrop  fesfol- 
dats ,  la  vie  des  hommes  ne  lui  coûte  guère.  La  pei- 
ne de  fes  valets  ne  lui  coûte  rien.  On  dit  prover- 
bialement qu'une  chofe  coûte  plus  cher  qu'au  mar- 
ché -,  pour  dire  ,  qu'elle  coûte  trop  cher.  On  dit , 
dans  le  même  fens,  qu'elle  coûte  poil  &  bourre. 
COUTERIE  ,  f.  f,  terme    d'hifl:oire    eccléiiaftique. 
Otf.ce  de  Coutre,  Officier  inférieur  dans  une  Eglifc. 
Office  de  Sacrift:ain,  de  celui  qui  gardoit  les  or- 
nemens  d'une  Eglife.  On  l'appeloit  anfTi  Cufl:odie. 
Cuflodia.  La  Cuftodie  ou  Couterie  de  l'Eglife  du 
village  de  LampernefTe  n'étoit  qu'unOffice  de  Clerc 
fuivant  le  Curé.  Differt.  fur  l'Abbé  de  S.  Berlin  , 
p.   zi(i.  Cet  office  conliftoit  ii  gatder  les  clés  de 
l'Eglife  &  du  ttéfor  ,  à  prendre  foin  du  luminaire , 
&à  enttetcnir  les  lampes,  à  ouvrir  les  portes,  à 
fonner  les  cloches.  Ib. /7<i£^.  117. 
COUTEUX  ,  EUSE.  Qui  coûte   beaucoup  :   fait  à 
grands  frais  :  qui  engage  de  la  dépenfe.  Une  ma- 
chine ttès- couteuje.  La  manière  la  moins  couteufe 
de  mettre  en  terte  le  jeune  plant,  e(t  d'y  employer 
la  charrue.  Specl.  de  la  Nat.  Le  goût  des  tableaux 
eft  coûteux. 
U3"  Ce  mot  marque  toujours  une  valeur  confidéra- 

ble  ,  quand  il  eft  employé  feul. 
COUTIER ,  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  des  outils.  Cul- 
citarum  opifex.  Les  Maîcies  TapifTiers.  prennent 
dans  leurs  letties  &  ftatuts  la  qualité  de  Contre- 
pointicrs  ncuttés  &  Coutiers. 
COUTIÈRES ,  f.  f  terme  de  Marine.   Ce  font  de 
groffes  cordes  qui  foûtiennent  les  mâts  d'une  galère. 
&  lui  fervent  de  haubans.  Funes  nautici, 
COUTIL.  Quelques-uns  difent  COUTIS  ,  f.  m.  toile 
faite  de  fil ,  fort  déliée  ,  &  fort  prefTée ,  qui  fert  à 
faire  des  tentes  ,  à  renfermer  de  la  plume  pour  fai- 
re des  lits  ,  des  traverfins  &  des  oreillers ,  parce 
qu'elle  eft  extrêmement  forte  &  ferrée.  Telafiliden- 
Jioris.  Les  coutils  doivent  être  faits  de  bon  fîl  de 
chanvre  &  fans  étoupe.  Ils  font  maïqués  à  huit , 
neuf  &  dix  raies,  qui  ont  leurs  longueurs  &  largeurs 
ordonnées  par  les  ftatuts  des  Tapifïïers,  félon  les 
villes  où  on  les  fabrique.  Ceux  de  Bruxelles  font  les 
plus  eftimés. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  culcitra.  Vi- 
gcncre  fur  Céfar  dit  ^u«  a^ml  fe  dit  en  latin  Çaditr' 


lOOJ 


cum  ,  à  caufe  qu'il  s'en  faifoit  anciennement  de  fort 
bon  .1  Cahots  ÔC  dans  le  pays  de  Quercy. 

On  appelle  coutils  de  brins  ou  grains  groj/iers, 
les  gros  coutils ,  dont  on  fe  fett  pour  garnit  Ict 
chaifcs  6c  autres  meubles. 
COU  TILLE,  f.  f.  arme  offenfive  dont  fe  fer  voient 
quelques  foldats  François  au  XV'  fiècle  &c  vers  le 
remps  de  Charles  VII.  Cultellus,  C'ctoit  une  cfpèce 
d'cpce  dont  il  eft  fait  mention  dans  nos  anciens  HiC' 
toriens  Ibus  le  nom  de  cultellus.  Elles  étoient  plus 
longues  que  les  épées  otdinaites,&  ttanchantes  de- 
puis la  gatde  jufqu'à  la  pointe ,  foit  menue  &  à  trois 
faces  ou  pans.  P.  Daniel.  T.  II,pag.  1174,  liyj. 
Voyez  Lobineau,  HiJL  de  Bret.  T.I,p.  5(^5.  Il  y 
en  a  qui  éciivent  coujiilles. 
COUTILLIER,  f.  m,c'cft-à-direfortvtai-fcmblablc- 
ment ,  un  foldat  qui  fe  fetvoit  d'une  coutille.  P.  Da- 
N I  KL  ,    T.  Il ,  pag.  1 174.  Cuflos  ,  Satelles ,  Latero  , 
MlUs  armatus  cultello  ,  Cultdlarius.  Chaque  lan- 
ce ou  homme   d'aimes  des  compagnies  d'otdon- 
nance  qu'établit  Châties  VII,devoit  êtte  payé  pour 
fix  petfonnes,  lui-même  compris  dans  ce  nombre, 
dont  trois  feroient  Archers  à  cheval ,  un  Coutillier 
8c  un  Page  ou  Valet.  Id.  C'eft  apparemment  la  mê- 
me chofe"  que  les  Cotilleurs  qui  fe  trouvent  parmi 
les  Officiers  de  la  maifon    du  Duc  de  Bretagne. 
LoBiN.  T.  II  y  p.  1371.  Les  règles  de  la  Milice  du 
Duc  de  Bourgogne  Charles ,  rapportée  par  GoUut, 
Mém.  des  Bourg.  L,  X,  c.  ^6  ,  pottent  que  les  Hom- 
mes-d'armes autont  long  cftoc  ,  roide  Se  légiet , 
couteau  taillant ,  pendant  au  féneftte  ,    du  côté 
de  la  felle  ;  feront  montés  de  trois  chevaux  ,  donc 
l'un  fera  fuffifant  pour    courre  &  rompre  lance  , 
qu'il  ait  chauftcin  &  plumas  ,  &  aulli  bardes ,  s'il 
en*peut  recouvrer  :  les  deux  autres  chevaux  ne  foienc 
mendres  du  prix  ,  l'un  de  30  ccus  &  l'autte  de  10 
écus  pour  portet  leur  Page  &  Coutilkr  ',  lequel  CoU" 
tiller  foit  habillé  de  btigandine  ou  de  corfet,  fendu 
au  côté  à  la  façon  d'Allemagne  ;  gorgerin  ,  falladc  , 
flamatds,  faites  ou  brayers  d'Archier  ;  de  avant- 
btas  à  petites  gardes  8c  gantelets ,  javeline  à  atrêts 
1      légière  ,  &  la  plus  roide  qu'il  pourra  trouver  pour 
la  couchier  au  befoin  ,  &  foit  fournie  de  bonne  épce 
&:  dague  longue,  ttanchante  à  deux  côtés.  Le  même 
GoUut  dit ,  c.   98  ,  les  Chefs  d'efquadrc  &  leuis 
Lieutenans  havoient  chacun  un   ÇoutilLr  d'aime 
payé  par  le  Duc  ,  faifant  en  tout  le  nombre  de 
douze  Coutillers  -,  la  charge  defquels  étoit  d'aller 
avec  le  Fouvtier  de  la  garde  pout  prendre  les  logis. 
Deux  d'iceux  ,  pour  efquadrç  ,  de   drefTer  le  logis 
pour  leur  efquadrc  ,  &  le  tieis   retoutnoit  au-de- 
vant pour  guider  &    conduire  l'efquadre  en  foa 
logis. 

Il  y  a  apparence  que  le  nom  de  coutillier  a  été  for- 
mé du  nom  de  coutille,  comme  on  a  formé  les  noms 
de  Piquiir  ,  Grenadier  ,  Fufilier ,  Canonier  ,  Cara- 
binier ,  &c,  des  noms  de  Pique  ,  Grenade ,  Fujil , 
C.tnon  ,  Carabine  ,  &c, 
COUTON.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'un  arbre  qui  croît  au 
Canada ,  &  qui  eft  afTez  femblable  à  notre  noyer. 
Cet  atbtc  eft  remarquable  par  le  fuc  qu'il  donne , 
en  y  faifant  des  incifions.  Ce  fuc  eft  très-agréable  au 
goût,  &:  on  le  picndioit  pout  du  vin  d'Orléans.  .<4fr- 
bor  viniferajuslandijîmilis. 
COUTONNINE.  FoyeiCorovuim.  C'eft  ainfi  qu'il 

faut  éctire. 
COUTRAS,  Corterate ,  petite  ville  de  France  dans  le 
Périgord  ,  remarquable  par  la  vidloire  qu'Henri  Roi 
de  Navarre,  depuis  Henri  IV,  Roi  de  France,  &c. 
y  remporta  en  1 587.  Elle  eft  fur  la  Dotdogne  à  n<î 
lieues  de  Patis. 
COUTRAU.  La  poire  de  coutrau,  efpèce  de  mauvaife 
poire,  appelée  autrement  de  S.Gilles.  Elle  fe  mange 
au  mois  d'Août.  La  Quintinie. 
COUTRE ,  f.  m.  grofife  plaque  de  fer  tranchant  atta- 
chée à  un  des  côtés  de  la  charrue  pour  fendre  &  ver- 
fer  la  tsnc' A ratri  culter,  dens,  dentale.  Il  diffère  du 
foc  ,  qui  eft  une  autre  groffe  pièce  de  fer  pointu  qui 
commence  l'ouyeiture  de  la  terre.  Les  Poètes  buco» 

iLLLlIi/ 


Î0  04 


cou 


liques  fe  rcrveni  fouvent  de  cette  épithcte,  If  s  con- 
tres tranchsns. 
CoUTRE  efl-autfi  un  nom  que  l'on  donne  en  plufieurs 
Efflilcs  à  celui  qui  a  loin  de  Ibnner  les  cloches,  &  de 
garder  les  clcs  de  l'Egliie.  TempU  foribus,  arique 
campano  prapojltus, 

M.  Chaftelain  remarque  fort  bien  quecoKfrf  eft  la 
même  chofe  que  £K/fer  ,  ou  plutôt  Kufier  en  alle- 
mand-, mais  ce  qu'ilajoùten'eft  pas  vrai,  que  ce  nom 
vient  de  cujiode  ablatif  de  cujios  ,  gardien  ,  Si  que 
coût-re  eft  à  peu  près  comme  Tréforier  ;  car  Kujier 
eft  un  mot  purement  teutonique  &  franc  ,  &  peut 
être  aulîi  celtique ,  qui  iignilîe  celui  qui  orne  ,  qui 
pare ,  comme  il  paroît  par  nos  anciens  mots  ac- 
couJlreT  &c  accoujlrement.  Ainfî  ceUtre  eft  propre- 
ment celui  qui  a  loin  d'orner  ,  de  parer  TEglife ,  le 
Sacriftain.Koy^^  encore  AccousxRER.Ménage  dans 
fon  mil.  de  Sablé ,  Liv,  II,  c.  3  ,  />.  2(î,  remarque 
que  dans  l'original  de  la  fondation  du  prieuré  de 
Soulclmeson  lit  cK//om,  ic  que  dans  la  lifte  des 
Chanoines  de  la  Métropolitaine  de  Mayence,  il  y  a 
de  même  cujior  pour  cujios;  &  que  c'eft  de  là  que 
s'cft  lait  le  mot  de  coàtrc  pour  cuftos  Ecclejitz  dans 
l'Eglife  de  Reims  ;  Se  dans  celle  de  S.  Quentin,  pour 
confervator  EccUJix.  îl  ajoute  ,  L.  IX,  c.%,  p.i^i, 
que  cujior  s'eft  dit  pour  cujios ,  comme  arbor  pour 
arbos  ;  mais  on  n'a  point  terminé  en  or  les  noms  en 
«j  dans  la  baffe  latinité  ,  l'étymologie  alleniande 
paroît  plus  convenable. 
COUTREMINE.  f.  f.  C'eft  la  même  chofe  que  Ca- 

femau, 
COUTUMAT,  que  quelques-uns  prononcent  Con- 
tumat.  f.  m.  Il  fe  dit  en  Guienne,  particulièrement  à 
Bayonne ,  des  lieux  où  fe  paye  le  droit  de  Coutume. 
COUTUME  ,  f,  f.  rrainxic  vie  ,  ou  fuite  d'aclions  or- 
dinaires ,  qui  étant  plufieurs  fois  répétées  donnent 
une  habitude ,  ou  facilité  de  les  faire  quand  on  veut. 
ConJ'uetudo ,  mos ,  ujus.  La  coutume  adoucit  les  cho- 
fes  les  plus  rudes ,  5c  apprivoife  Jufqu'aux  maux. 
Ablanc.  Le  péché  s'établit  par  des  coutumes  qui  de- 
viennenr  des  néceifités ,  &:  par  des  complaifances 
dont  on  fe  fait  de  miférabics  devoirs.  FlÉch.  Les 
femmes  aiment  mieux  pleurer  par  coutume  ,  que  fe 
confolçr  par  raifon.  Malh.   Les  impreffions  de  la 
coutume  &  de  l'éducation  entraînent  la  plupart  des 
hommes ,  qui  ne  dograatifentque  fur  ces  vains  fon- 
demcns.  Nous  nous  endurciflbns  à  tout  par  la  cou- 
tume \  elle  endorr  notre  fcnciment  à  la  fouiftance. 
Mont.  Combien  voit-on  de  Chrétiens  courir  à  l'E- 
gliie, moins  par  dévotion  &  par  devoir,  que  par 
coutume  &  parbienféance.pLÉcH.  hz  coutume îoxmc 
notre  train  de  vie ,  &  diverfifîe  notre  nature  comme 
il  lui  plaît.  Mont.  La  coutume  nous  entraîne,  &  nous 
mettons  au  rang  des  vérités  les  erreurs  qui  font  de- 
venues publiques.  Charp. 
(Jcy  Coutume  &  habitude  dans  une  fignifîcation  fy- 
nonime.  La  coutume  a  rapport  à  l'objet  -,  elle  le  rend 
familier.  Vhatitude  a  rapport  à  l'adlion  ;  elle  la 
rend  facile.  La  coutume  ou  l'accoutumance  naît  de 
l'uniformité.  L'habitude  de  la  répérition. 

Ce  mot  eft  dérivé  à  confuetudine,  par  contraclion. 
Du  Cange  dit ,  qu'en  la  balfe  latinité  on  a  dit  cuj- 
tuma,  cujiumarius ,  bccujlumare. 
^fT  CouTXTME  fe  dit  auffi  ligurément  de  ce  qui  ar- 
rive ordinairement  aux  choies  inanimées.  Les  pierres 
nouvellement  tirées  de  la  carrière,  ont  coutume  de 
fendre  à  la  gelée.Cette  cheminée  a  coww/;i£  deiàuTier. 
Les  arbres  ont  cow/«*ïf  de  pouffer  au  prinremps.  Les 
Rolfignols  ont  coutume  de  chanter  au  mois  de  Mai. 
Le  mot  de  coutume ,  quand  il  fe  trouve  joint  au  verbe 
auxiliaire ,  comme  il  l'cft  dans  les  exemples  de  cet 
article  ,  s'exprime  en  latin  par  le  vti\>tfolere. 

On  dit  abfolumenr,  il  en  u(è  comme  At  coutume. 
Il  eft  plus  gai  que  de  coutume.  Solito  lœtior. 
Coutume  fe  dit  aulfi  des  mœurs,  des  cérémonies  ,  des 
façons  de  vivre  des  peuples  qui  ont  paflc  en  ufage  , 
pu  en  force  de  loi.  Injiitutum,  confuetudo.  Les  rela- 
tions des  Voyageurs  nous  apprennent  d'étranges 
-  coutumes  des  peuple»  éloignes.  Ils  font  préoccupes  i 


COU 

de  la  bonté  de  leurs  coutumes ,  comme  nous  des       ■ 
nôtres.  Philon  Juif,  dit  que  Dieu  n'a  permis  la  coa-       f 
fullon  des  langues ,  &:  ladiverlité  des  coutumes,  que 
pour  la  punition  du  genre  humain.  S.  Chryfoftomc 
com.pare  la  coutume  aux  fucceifions  :  elle  transfère  k 
la  poftérité  un  ufage  héréditaire. 
Coutume,  prefqu'cn  ce  léns,  fe  dit  des  chofes  qui 
étoicnt  d'abord  volontaires,  &  qui  font  d; venues 
nécelîaires  par  l'ulage.  Mos  ,  uJus ,  conJhaudo.'L'cs 
étrennes  font  palTees  en  coutume.  Les  préfens  qu'on 
fait  aux  nouveaux  mariés  ,  que  font  les  Officiers  à 
leur  réception  en  des  charges ,  font  dûs ,  parce  qu'ils 
ont  palfé  en  coutume. 
^3"  Ce  que  la  plus  grande  partie  des  gens  pratique , 
dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  eft  un  uja^e.  Ce  qui  s'eft  pra- 
tiqué depuis  long  temps  eft  une  coutume.  V'jJ'age 
paroît  être  plus  univerfcl  ;  li  coutume  plus  ancienne, 
IJCT L'ulage  s'introduit  &'s'étend,Lafoww«£s'établit  Sc 
acquiert  de  l'autorité.  Le  premier  fait  la.  mode ,  la  fé- 
conde forme  Phabitude.  L'un  &  l'autre  font  des  ef- 
pcces  de  loix  ,  entièrement  indépendantes  de  la  rai-       J 
fon  dans  ce  qui  regarde  l'extcrieuT  de  la  conduite.  "        ' 
âS"  11  eft  quelquefois  plus  1  propos  de  fe  conformer 
à  un  mauvais  zijit!;e,  que  de  fe  diftinguer,  même  par 
quelque  chofe  de  bon.  Bien  des  gens  fuivent  ia  cou- 
tume dans  la  façon  de  penfer ,  comme  dans  le  céré- 
monial ;  ils  s'en  tiennent  à  ce  que  leurs  mères  &  leurs 
nourrices  ont  penlé  avant  eux. 
gCJ"  CouTUME,dansle  droit  Romain,  eft  un  droit  non 
écrit,  introduit  par  l'ufage ,  du  tacite  cuafentement 
de  ceux  qui  s'y  ibnt  volontairement  foumis;  &c  cet 
ufage, après  avoir  été  obfervé  pendant  un  temps  con- 
fidérable  a  foroe  &  aurorité  de  ioi.Nam  diuturni  mo- 
res conjenju  utentium  comprobati  legem  imitantur. 
^3"  La  coutume  imite  la  loi ,  en  ce  qu'il  lui  arrive  fou- 
vent  d'introduire  un  droit  nouveau.  Elle  interprête 
la  loi ,  lorfqu'clle  lui  donne  des  extenlîons  ou  de» 
modifications  convenables  pour  la  conferver  autant 
qu'il  eft  podible,  Optima  le^um  interpres  conjue- 
tudo.  Elle  abroge  quelquefois  la  loi  par  un  non-ufage 
de  la  loi  j  &  par  un  ul'age  contraire  qui  lui  fuccède: 
non  qu'elle  l'oit  fupérieure  à  laloi ,  qui  prévaut  tou- 
jours fur  elle  dans  lesjugemens  :  maislaloi  ccflant 
d'être  en  vigueur  &  s'anéantiifant  d'elle-même  par 
un  non  ufage ,  la  coutume  qui  eft  reçue  en  fa  place, 
paroît  avoir  détruit  &  abrogé  laloi. 
^3"  Voilà  ce  que  les  loix  Romaines  ont  entendu  par 
coutume,  &:  l'autorité  qu'elles  lui  ont  donnée.  Ce 
que  nous  pouvons  appliquer  à  ce  que  nous  appelons 
ufage.  y'oyei  ce  mot. 
^fT  Suivant  notre  droit  François,  Xz  coutume  eft  une 
loi  écrite ,  à  laquelle  le  Roi  donne  la  forme  &  1« 
caradlère  de  la  loi,  dont  les  dilpofîtions  font  déter- 
minées &  arrêtées  par  la  reconnoiifance  &  le  con- 
fentement  des  habitans  d'une  province. 
^fT  Ce  concours  ,  du  confentement  du  peuple  avec 
l'autorité    du    Roi  pour   fixer   &  déterminer    les 
coutumes  &  leur  donner  le  caraélère  de  loi ,  ne 
porte  aucune  atteinte  à  la  puiffance  légillative  qui 
réfide  dans  la  perfonne  du  Souverain,  puifque  c'eft 
le  Prince  qui  fait  la  loi ,  qui  nomme  les  Commiffai- 
res ,  auxquels  il  donne  pouvoir  de  rédiger  par  écrit 
les  coutumes,^  que  les  députés  des  États  n'y  affiftenc 
que  pour  raifon  des  ufages  de  la  province,  danslef- 
quels  ces  députés  demandenr  au  nom  des  trois  or- 
dres d'êne  maintenus.  §C?  Ainfî  ce  mot  coutume  li- 
gnifie proprement  le  droit  particulier  ou  municipal 
établi  par  l'ufage  en  certaines  provinces,  qui  a  force 
de  loi  depuis  qu'il  a  été  rédigé  par  écrir.  Jus  muni- 
cipale ,  moribus  conjlitutum.  Jus  antiqui  moris.  Les 
coutumes  font   fouveraines  dans  leur  reflbrt.    Ls 
Mait.  Les  coutumes  font  réelles,  5:  font  renfermées 
dans  les  limites  de  leur  rerritoire.  Il  y  a  auilî  des  cou- 
tûmes  locales  ,  qui  font  en  ufage  dans  des  lieux  ou 
Seigneuries  particulières. 

La  coutume  de  Normandie  eft  appelée  \d.Jage  cou- 
tume. La  coutuw.e  de  Paris  ferr  de  règle  pour  toutes 
les  autres  coutumes  quand  elles  n'ont  point  de  dif-- 
pofitiojis  contraires.  Du  Moulia  ,   Sfc,  ont  com-X 


cou 

mente  la  cautuint  dePariszBuridan  celle  de  Reims  : 
d'Argentié  celle  de  Bretagne  :  L'Abbé  &  Ragueau 
celle  de  Bèiri  :  Chaflanée  celle  de  Bourgogne  ,  &c. 
On  appelle  auffi  un  pays  accoutume,  par  oppori- 
tion  au  pays  de  Droit  écrit  ,  celui  qui  eft  régi  par 
unecoutume  particulière.  Ceftun  point  de  coutume, 
un  article  ,  une  queftion  de  coutume.  M.  Catheri- 
not ,  Avocat  du  Roi  à  Bourges ,  a  fait  une  dilTcrta- 
tion  pour  montrer  que  les  coutumes  ne  font  pas  de 
droit  étroit. 

On  dit  auffi  ,  Aiivant  les  us  &  coutumes  du  pays, 
les  us  &c  coutumes  de  la  mer.  Voye:^  Us. 

Les  Gaulois,  au  rapport  de  Célar  ,  L.  I ,  de  Bell. 
Call.  avoient  leurs  coutumes  particulières  qu'ils  ont 
toujours  conlervées-,  &  il  flit  impoflîble  aux  Ro- 
mains de  les  gouverner  par  d'autres  loix.  Il  n'y  eut 
que  les  Provinces  voilines  de  l'Italie  qui  futent  for- 
cées de  recevoir  les  loix  Romaines. 

On  ne  convient  pas  trop  en  quel  temps  s'efl:  intro- 
duite cette  diverfité  de  coutumes  ,  qui  règne  dans 
les  diverfes  Provinces  de  France.  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
rence  que  les  Romains, après  la  Conquête  des  Gaules 
impofèrent  aux  vaincus  la  néceflîté  de  s'afîujétir  aux 
loix  Romaines,  Mais  dans  la  décadence  de  l'Empire, 
■&  lorfque  les  peuples  venus  du  Nord,  ou  fortis  d'Al- 
lemagne ,  inondèrent  la  Gaule,  ils  apportèrent  une 
grande  confufion  à  cet  égard.  Quelques-uns  préten- 
dent qu'on  fe  régla  encore  long  temps  par  le  Droit 
Romain,  parce  que  ces  nations  barbares  ignoroient 
même  jufqu'à  Tufage  des  lettres  &  de  l'écriture  -,  en- 
/brte  qu'ils  n'avoient  aucunes  loix  fixes ,  &  qu'ils  ne 
le  gouvernoientque  par  certains  ufages ,  qui  le  con- 
icrvoient  parmi  eux  par  tradition.  Les  François  fu- 
rent les  premiers  qui  rédigèrent  des  loix  par  écrit , 
après  qu'ils  eurent  pafle  le  Rhin  :  on  n'attribue  pour- 
tant la  publication  de  la  loi  Salique  qu'.à  Clovis  v  8c 
avant  lui  les  Vifigoths,  ibus  leur  Roi  Evarick  ,  qui 
tenoiti'aCour  à  Touloufe,  avoient  déjà  publié  quel- 
ques loix.  Cette  loi  Salique  fut  fort  augmentée  par 
les  fucceileurs  de  Clovis  ;  &  Charlemagne  y  ajouta 
plufîeurs  articles ,  &  la  fit  rédiger  dans  un  meilleur 
ordre.  Ainfi  les  François  obfervoient  la  loi  Salique, 
&  les  Capitulaires  de  Charlemagne,  de  Louis  le  Dé- 
bonnaire &  de  Charles  le  Chauve.Pour  les  Romains, 
qui  étoient  demeurés  dans  les  Gaules  ,  &  les   an- 
ciens Gaulois ,  ils  confervèrent  l'ufage  des  loix  Ro- 
maines. On  tient  m.ême  que  fous  les  Rois  de  la  pre- 
mière Race  le  Droit  Romain  étoit  la  loi  générale  , 
&  que  l'on  n'y  dérogeoit  à  l'égard  des  François,  que 
dans  le  cas  où  leurs  nouvelles  loix  contenoienr  quel- 
que chofe  de  contraire.  Les  Eccléfiaftiques  fur-tout 
obfervoient  le  Droit  Romain ,  &  la  langue  latine 
croit  celle  des  Tribunaux  où  l'on  rendoit  la  Juftice. 
Pour  les  Bourguinons  ,  &  les  Vifigoths ,  qui  occu- 
poient  la  partie  méridionale  de  la  France  ,  ils  s'en 
tenoient  toujoursau  Droit  Romain.Sous  la  II'  Race, 
les  François  firent  prévaloir  les  loix  civiles  &  Ec- 
.eléfiaftiques  de  leurs  Rois,  &  le  Droit  Romain  com- 
mençoit  à  être  aboli  :  ce  fut  alors  que  le  droit  cou- 
tumier  prit  naifiance  ■■,  mais  !a  folbleffe  des  derniers 
Rois  Carlovingiens  produifit  une  nouvelle  confu- 
fion ;  car  les  grands  Seigneurs  ayant  ufurpéla  Sou- 
veraineté ,  chacun  d'eux  s'arrogea  auflî  le  pouvoir  de 
faire  des  loix.  Ils  firent  des  conftitutions  dans  l'é- 
tendue de  leur  territoire  ,  &  c'eft  de  là  fans  doute 
qu'cft  venue  la  diverfité  des  coutumes ,  qui  eft  fi 
grande  dans  le  Royaume.  Avant  Louis  VII ,  il  n'y 
avoit  en  France  ni  Juges  ni  loix.  Le  Seigneur  d'un 
lieu  en  étoit  la  loi  bc  le  Juge.  Le  Roi  &  les  grands 
s'étant  trouvés  vers  ce  temps-là  incommodes  de  la 
dépcnfe  qu'ils  avoient  faite   aux  Croifades  ,   aux 
Cours  plénières ,  &  aux  Tournois ,  propofèrenr  aux 
villes  &  aux  bourgs  qui  étoient  de  leur  dépendance 
de  fe  racheter  pour  de  l'argent.  'Cette  propofition 
fut  à  la  fin  acceptée  de  tout  le  monde.  Le  peuple 
alors  devenu  libre ,  demanda  des  loix ,  chaque  Sei- 
gneur en  donna  de  pkr,  ou  moins  favorables,  félon 
le  parti  qu'on  lui  faifoit.  De  là  vint  cette  multi- 
tude 4?  tiWtHmfs  ^ue  r«ii  voit  encore  aujourd'hui 


COU         Ï005' 

dans  les  villes ,  bourgades  &  villages.  Le  Gindre. 

La  première  rédadtion  de  toutes  les  coutumes  de 
France  par  autorité  publique  fut  faite  fous  Charles 
VI ,  au  rapport  de  M.  Rouillard.La  féconde  rédac- 
tion fut  faite  en  conféquence  de  l'Ordonnance  de- 
Charles  VII,  donnée  au  mois  d'Avril  145:5  ,  au 
Montil-Ies-Tours.  Et  en  l'année  1577,  les  États  af- 
femblésàBlois  demandèrent  la  réformation  des  coU' 
tûmes.  Cela  fut  exécuté  en  1585.  Pour  hi  coutume 
de  Normandie.  Voyez  IHifl.  des  Rois  Jean^  Char" 
les  r,  FI ,  Fil,  par  M.  l'Abbé  de  Choifi.  Foye^ 
audi  M.  Bruneau,  dansfon  Traité  des  Criées,  oii 
il  donne  une  table  chronologique  des  coutumes  , 
&  marque  en  quelle  année  chaque  coutume  a.  été 
rédigée. 

Coutumes  fouchères,  font  celles  qui  veulent  que  pout 
fuccéder  à  un  propre ,  on  foit  defcendu  en  ligne  di« 
recle  de  l'acquéreur ,  c'eft-à-dire ,  de  celui  qui  a  ac- 
quis le  premier  l'héritage,  &  l'a  mis  dans  la  famille, 
lequel  d'acquêt  qu'il  étoit  en  fa  perfonne,  eft  de- 
venu propre  à  ceux  de  la  famille,  auxquels  il  eft 
échu  par  les  moyens  qui  font  les  propres. 
Coutumes  locales  ,  font  celles' qui  font  particulière- 
ment oblervces  dans  un  certain  lieu  ,  &  qui  ne 
le  font  pas  dans  vous  les  endroits  où  s'étend  la  cou- 
tume générale  du  lieu. 
CouTUME,en  Angleterre,fignific  ce  que  nous  appelons 

en  France  Douane. 
Coutume  fe  dit  auffi  d'un  droit  qu'on  paye  ordinaire- 
ment comme  une  efpèce  de  péage  aux  paflages  des 
villes ,  &  le  plusfouvcnt  à  l'entrée  des  bailliages  èc 
Vicomtes,  pour  l'entretien  des  ponts  5c  partages 
dont  on  ne  connoît  point  l'origine  ni  l'établiiTèment. 
Jus  moriius  con^itutum^in  mor^ pojitum.  On  met  un 
morceau  de  bois  rourné  &  attaché  au  bout  d'une  per- 
che ,  pour  fignal  aux  Voituriers  qu'il  faut  payer  ce 
droit  ;  &  on  l'appelle  hillot  ou  lillet ,  furquoi  oa 
a  fait  ces  vers  : 

Ce  iillot  fufpejidu  qui  à  l'air  fe  confume , 
Avertit  le  Marchand  d'acquitter  fa  coutume. 

On  appelle  en  quelques  lieux  petite  coutume ,  le 
payement  d'un  denier  pour  bœuf;  &  la  grande  cow 
tume  ,  celui  de  quatre  deniers.  Les  Eccléfiaftiques 
appelèrent  autrefois  louable  coutume ,  les  droits  que 
le  Clergé  levoit  fur  les  gens  d'Eglife ,  comme  déci- 
mes,  annates,  déports,  proficiats ,  fi-c.  contre  lef- 
quels  Paquier  a  fait  de  fortes  invedives.  On  a  ap- 
pelé coutumes  EpiJcopaUs ,  certains  deniers  ou 
tributs  qu'ils  taifoient  payer  à  Pâque. 

Le  mot  de  coutume  fe  prend  auflî  dans  le  droit 
Canon  pour  de  certains  droits  que  les  Evêques  cxi- 
geoient  des  Eccléfiaftiques  &  des  Moines  dans  leurs 
viiites.  Ils  les  appelèrent  droits  de  procuration  ou 
<le  coutumes  -.comme  ils  ne  fe  contentoient  pas  des 
droits  ordinaiies,  les  Moines  ont  fouveiit  adreflc 
aux  Papes  leurs  plaintes ,  pour  avoir  quelque  modé- 
ration. Le  Pape  Clément  V  jugea  à  propos  dans  le 
Concile  de  Vienne  d'apporter  le  remède  néceiîaire 
à  ces  excès.  Il  y  fut  arrêté  que  les  Evêques  dans  les 
vifites  des  Monaftères  n'exigeroient  que  ce  que  le 
droit  commun  ou fpécial,  Xzçoutume  ou  le  piivilège 
leuraccorderoierit.  A^oytf^  les  Clémentines  au  titre 
de  Cenjibus ,  exaclionibus  ù  procurationibus. 

Coutume  a  fignifié  autrefois  un  revenu  annuel  en  blé, 
vin  &  autre  chofe  payable  au  Seigneur  qui  avoir 
donné  l'héritage  à  cette  condition.  Ainfi  on  dit , 
prendre  un  hérirage  à  coutume  \  pour  dire,  à  cer- 
taines charges  fpccifiées ,  ou  félon  l'ufage  ordinaire 
des  lieux.  On  appelle  au(îi  droits  des  coutumes,  d'au- 
tres fortes  de  droits  établis  par  les  Seigneurs  dans  les 
marchés  fur  les  denrées  pat  l'ufage  &  la  coutume  des 
lieux. 

Coutume  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  C'eft 
la  coutume  de  Lorris ,  où  le  battu  pave  l'amende:  ce 
qui  fe  dit ,  quand  un  homme  qui  a  fujct  de  fc  plain- 
drcj  eft  encore  cond»ranc.  Cet  «iticle  ne  fe  trouva 


lOo^ 


COU 


point  dans  la  coutume  de  Lortis ,  maïs  bien  dans  un 
vieux  titre  de  l'an  1448  ,  qui  cft  une  confirmation 
des  privilèges  de  Lorris ,  faite  par  le  Roi  Philippe, 
où  il  eft  dit  que  quand  quelqu'un  des  combattans  en 
gage  de  bataille  étoit  vaincu ,  le  pleige  étoit  oblige 
de  payer  cent  douze  l'ois  d'amende  •,  ce  qui  ne  le 
fiifojt  point  dans  tous  les  autres  lieux  en  dcfemb'.a- 
bles  combats,  C'eft  une  remarque  qu'a  fait  Pafquier, 
mais  d'autres  ajoutent  que  cela  avoit  aufli  lieu  en 
d'autres  endroits  ,  comme  on  voit  dans  la  vie  des 
Evcqucs  de  Mets,  en  un  temps  où  tous  les  différends 
fe  vidoient  en  champ  de  bataille  ,  &c  à  coups  de 
main  j  &  alors  les  battus  payoient  l'amende.  Mais 
quelques-uns  diient  que  c'eft  la  mauvaile  intelligence 
de  ce  proverbe  qui  caufc  de  l'ctonnement  ■■,  car  la 
loi  voulant  que  ceux  qui  battent  les  autres  /oient 
punis,  elle  s'eft  expliquée  en  ces  termes ,  qui  tien- 
nent de  l'apoftrophe  -,  Le  bas-tu  paye  l'amende. 
yoyei^  Coquille ,  Hiji.  de  Nivernois ,  p.  174.  On 
dit  une  fois  n'eft  pas  coutume.  Il  ne  faut  pas  perdre 
les  bonnes  coutumes,  Acad.  Fr. 

COUTUMEPJE  ,  f.  £  terme  de  Coutumes.  Dans 
les  coutumes  où  ce  mot  fc  trouve  ,  il  veut  dire  la 
même  chofe  qu^  péagerie  ,  c'eft-à-dire,  la  levée  des 
péages,  des  droits  qu'on  impofe.  Fecligalium  cxac- 
tio.  Ce  mot  liiçnific  aaffi  l'étendue  de  la  Seigneurie 
dans  laquelle  un  Seigneur  perçoit  le  droit  de  cou- 
tum.c  ou  pc3?e. 

COUTUMIEll ,  lERH ,  qui  a  coutume  défaire  quel- 
que chofe.  5't/Ari/j ,  confuetus  ,  de  more  .^  ex  more. 
Il  eftcoutumitr  de  s'aller  promener' tous  les  matins. 
Les  femmes  font  coutumieres  d'être  galantes.  Il  eft 
vieux.  On  dit ,  il  eft  coutumier  du  fait  ;  il  n'eft  pas 
coviumier  du  fait  ;  pour  dire ,  il  acourume  ,  ou  n'a 
pas  coutume  de  faire  une  telle  chofe  :  tout  cela  n'eft 
bon  que  dans  le  ftyle  familier. 

Coutumier  ,  iere  ,  adj.  qui  fe  dit  quelquefois  de  ce 
qui  eft  ordinaire  ,  accoutume.  Confuetus.  Mais  il 
n'eft  guère  en  ufage  qu'au  féminin  &  en  Poelic, 

La  lune  eji  coutumière 

De  naître  tous  les  mois.  RoN. 

Corneille  a  dit  dans  Polieuéie  : 

Et  mes  yeux  éclairés  de  plus  vives  lumières , 
Ne  trouventplus  en  eux  leurs  grâces  coutumieres. 

COUTUMIER,  f.  m.  fignifiele  volume  où  font  conte- 
nues les  Coutumes  d'une  Province,  ou  le  recueil  de 
toutes  les  Coutumes  de  France  ,  tant  générales 
que  locales  ,  c'cli-à-dire  ,  des  lieux  particuliers  , 
comme  celles  de  Gifors ,  Andely  ,  Cacn  ,  Bayeux  , 
Vernon  ,  Langres,  fi'c.  Volumen  juris  moritus  corif- 
tituti.  Le  grand  coutumier  de  Normandie  a  été  d'a- 
bord imprimé'&  commenté  par  Guillaume  Rouillier 
d'Alcnçon  en  15  59. 

On  appelle  auffi  pays  coutumier  ,  le  pays  qui  fe 
régit  par  la  coutume ,  par  oppofition  aux  pays  de 
Droit  écrit,  qui  fc  régit  par  le  Droit  Romain  , 
comme  le  Languedoc  ,  le  Lyonnois  ,  &c.  Jus  non 
fcriptum  ,  jus  in  more  pojîtum.  Le  Droit  com- 
mun de  la  France  coutumière  doir  fervir  de  loi. 
Patru.  Voye[  les  Injiitutes  coutumieres  de  Loifel. 

Coutumier  a  fignifié  auffi  autrefois  les  fujetsd'un  Sei- 
gneur féodal  non  nobles  IgnoUlis ,  pleleïus.  Ainfi 
on  a  appelé  perfonne  coutumière,  vilain  coutumier, 
homme  ,  femme  &  fille  coutumière  ,  fujets  étagers 
&  coutumier  s ,  ceux  qu'on  a  voulu  nommer  rotu- 
riers :  &  on  appelle  bourfe  coutumière ,  l'achat  que 
faifoit  un  roturier  d'un  héritage  noble  ou  non  : 
amendes  coutumieres  ,  les  amendes  taxées  par  la 
coutume,  ou  arbitraires;  Scondifoit,  partager  un 
héritage  coutumier ement ,  par  oppofition  à  un  par- 
tage qui  fe  faifoit  noblement  :  ce  qUi  eft  fort  fréquent 
dans  les  Coutumes  de  France. 

On  appelle  auffi  coutumiers  &c  coutumes  ,  les 
ufagers  &  les  ufases  de  bois,  pacages  ou  panages. 

■COUTUMiiREMENT,  adv.  terme  de  Coutumes. 


COU 

Cet  adverbe ,  dans  les  Coutumes  d'Anjou  &  da 
Maine  ,  marque  la  nature  des  biens  qui  ne  font  pas 
nobles.  Coutumierement  eft  oppofé  à  noblement ,  SC 
marque  la  différence  qu'il  y  a  avec  (X  qui  le  partage 
noblement. 

Montagne  a  employé  ce  mot  pour  ordinairementc 
||3*  COUTURE  ,  f.  f.  jondion  de  deux  choies  atta- 
chées enlemble  avec  ftu  fil ,  de  la  foie  ,  ou  autre 
chofe,  par  le  moyen  d'une  aiguille,  d'une  alêne,  ^c. 
Suturu.  Quand  on  veut  qu'une  chofe  tienne  bien,  il 
faut  y  faire  une  double  couture.  Rabattre  la  couturcy 
c'eft  coudre  une  féconde  fois  en  rabattant  les  bords 
d'une  chofe  coufue  les  uns  furies  autres.  On  appelle 
des  draps  fans  couture  ,  ceux  qui  font  faits  d'un  feul 
lé  de  toile  qui  eft  fort  large.  La  robe  de  Notre  Sei- 
gneur étoit  fans  couture  ,  Se  ne  put  être  divifée. 
Couture  à  l'Angloife ,  couture  à  points  par  defluSj&c. 
Couture  fe  ditauîfi  de  l'art  de  coudre,  &  de  la  dé- 
licatefle  du  travail,  y^rs  futum ,  Arsfuend?.  On  a 
mis  cette  fille  chez  une  Maurelfe  pour  apprendre  la 
couture,  La  couture  des  gants  d'Angleterre  eft  plus 
propre  _que  celle  de  France. 
Couture  eft  aulfi  un  terme  d'Auguftin ,  qui  fîgnifie  la 

lieu  où  l'on  fait  des  habits.  Sartoris  officinu. 
Couture  fîgnifie  auifi  la  cicatrice  ,  la  marque  que 
laiflent  fur  la  peau  les  plaies  &  les  ulcères  qui  ont 
été  autrefois  guéris.  Cicatrix.  Cette  fille  a  eu  la  pe- 
tite vérole,  il  lui  eft  refté  phiilems  coutures  furie 
vifage.  Cet  Officier  a  reçu  pluiicurs  blcffurcs  à  l'ar- 
mée ,  on  en  voit  encore  les  coutures. 
Couture  ,  en  termes  de  Gharpenterie  marine  ,  eft  k 
diftance  qui  le  trouve  entre  deux  botdages  d'un  vaif- 
feau  ,  &  que  l'on  a  calfatée.  Co«/«r<;  ouverte,    (a 
dit  lorfque  l'ctouppe  qui  avoit  été  mile  entre  les 
deux  bordages  s'eft  échappée. 
Couture,  terme  de  Plombier.  Manière  d'accommo- 
der le  plomb  fur  les  ouvertures.  Commij^ura.  Les 
Plombiers  couvrent  quelquefois  fans  Ibuder  les  ta- 
bles de  plomb,  nuis  feulement  avec  des  coutures, 
c'eft  à- dire  ,  que  le  plomb  eft  retourné  l'un  fur  l'au- 
tre, &  attaché  avec  des  clous  pour  empêcher  qu'il 
ne  fe  rompe  par  la  chaleur ,  ou  par  le  froid. 
Couture  lé  dit  auffi  de  quelques  lieux  particuliers 
abufivemenr ,  au  lieu  de  culture.  La  Couture  Sainte 
Catherine  à  Paris.  L'Abbaye  de  la  Couture  au  Mans. 
En  ce  fens,  il  vient  de  cultura,  qui  a  fignifié  un 
champ  cultivé.  Voyez  Culture. 

On  dit  figurcment ,  qu'une  armée  a  été  défaite  à 
plate  couture  ;  pour  dire  ,  entièrement  &  fans  ref- 
fource.  Penitus,  adinternecioncm. 
COUTURERIE.  (.  f.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey 
pour  figniher  le  lieu  où  les  Couturiers  travaillent. 
Sartoris  officina.  Il  eft  en  ufagc  dans  quelques  mai- 
fons  religieufcs. 
COUTURIER,  f.  m.  Tailleur  de  village,  ou  celui  qui 
travaille  dans  les  villes,  &  qui  n'eft  poinr  Maître, 
m.ais  qui  raconte  des  habits  pour  des  Fripiers ,  ou  de 
pauvres  gens.  Sartor  ,  Sarcinator. 
Couturier  ,  terme  d'Anatomie.  C'eft  le  premier  des 
mufcles  abdudleurs  de  la  jambe ,  ainfi  appelé ,  parce 
qu'il  fait  plier  la  jambe  en  dedans  de  la  manière  que 
font  les  couturiers  pour  travailler  :  on  le  nomme  au- 
tremenr  le  long.  Il  prend  fon  origine  de  l'épine  fupé- 
rieure  Si  antérieure  de  l'os  des  iles  ,  &  va  S'inférer 
obliquem.ent  à  la  partie  interne  &  fupérieure  du  ti- 
bia qu'il  tire  en  dedans.  DiONIS. 
COUTURIERE  ,  f.  f.  femme  autorifée  a  travailler  x 
différens  vêtemens  en  qualité  de  membre  d'une  com- 
munauté. Couturière  en  habits ,  Couturière  en  corps 
d'enfaHt ,  Couturière  en  linge ,  Couturière  en  garni- 
tures. 
COUVAIN.  C.  m.  Le  couvain  ou  couvein  ,  comme  l'é- 
crit la  Quintinie,  eft  la  femence  des  punaifes.  Les 
punaifes  de  jardin  laiffent  leur  couvain  fur  les  bran- 
ches 5c  fous  les  feuilles  des  arbres.  Ce  couvain  ae 
paroît  d'abord  qu'une  poufllcre  /aie  &  rouflatre  que 
les  punaifes  jettent  en  automne  ;  mais  les  chaleurs 
de  l'été  fuivant  le  font  croître  &  enfler  juiqu'à  la 
groffeut  d'une  lentille ,  Se  pour  lors  il  cclôt  &  fait 


cou 

d'autres  punaiies.  Les  fourmis  chefchent  avec  avi- 
dité le  couvain  des  punaiies  ;  c'cft  pourquoi  les  jar- 
diniers ont  beaucoup  de  loin  d'en  nettoyer  leurs  ar- 
foriiîèaax ,  &  principalement  les  orangers ,  foit  avec 
leurs  doigts ,  ou  avec  des  broiles  ;  tant  parce  que 
ce  couvain  les  rend  fales ,  hideux  &  mai-propres  , 
que  parce  que  cela  y  attire  les  fourmis ,  qui  desho- 
norent ces  beaux  arbres ,  dont  ils  rongent  toutes  les 
feuilles,  &  parce  qu'ils  ont  obfervé  que  ces  animaux 
ceflcnt  de  les  attaquer  dès  que  le  couvain  des  punai- 
fes  enefl:  ôté. 
COUVÉE  ,  î.  f.  totalité  des  œufs  qu'une  poule  couve 
en  même-temps.  Incubationis,  incubitùs,  incuhacàs 
uniiis  ova.  Malpighi ,  favant  Boulonois ,  a  eu  la 
curiofîté  de  caffer  plufieurs  fois  tous  les  œufs  d'une 
couvée  à  demi-heure  l'un  de  l'autre, &  de  voir  avec 
tinmicrofcope  tous  les  changemens  qui  s'y  faifoient 
juiqu'à  ce  que  le  poulet  fiit  éclos  :  il  en  a  donné  au 
public  des  figures  fort  bien  gravées.  Il  y  avoir  tant 
d'œufs  à  la  couvée.  On  le  dit  auffl  des  œufs  de  toute 
forte  d'oifeaux. 
Couvée  ,  fe  dit  au/ïî  des  petits  q"bi  font  éclos  de  ces 
œufs.    Pullatio  ,   pullities.  La  poule  ic  toute  fa 
couvée. 
Couvée  lignifie  figurément  une  mauvaife  engeance. 
Mala proies ,  malafoboles.  Le  pete ,  la  mère ,  toute 
la  couvée  n'en  vaut  rien.  Quelle  joie  de  voir  partir 
une  couvée  de  Provençaux,  tels  que  vous  me  les  nom- 
mez! Madame  de  Sév,  Il  eft  familier. 
COUVENT,  f  m.  On  difoit  autrefois  Convent ,  com- 
r.'r  on  le  prononce  encore  dans  fes  dérivés.  Monaf- 
tère  de  Religieux  de  l'un  ou  de  l'autre  lexe.  Mailbn 
Religieufe  où  fe  retirent  des  perfonnes  de  l'un  ou 
l'autre  fexe  pour  y  vivre  dans  la  retraite  &  dans  la 
pratique  de  la  vertu.  Monafierium,  cœnoéium.Yau- 
gelas  veut  qu'on  écrive  Convent,  parce  qu'il  vient  du 
mot  latin  convcntus ,  èc  qu'on  prononce  Couvent, 
Mais  tout  le  monde  piononce  &  écrit  Cbz/ven/.MÉN. 
Corn.  Les  Convens  font  autant  de  citadelles  où  la 
pudeur  trouvera  un  afile  contre  le  dérèglement  &  la 
corruption  du  iiècle.  S.  Louis  aimoit  le  filence  &  la 
retraite  du  Couvent,  Port-R.  Il  faut  que  le  Couvent 
foit  le  choix  du  cœur  ,  &  non  pas  une  néceiîité. 
S.  EvR.Ilfaut  au  moins  trois  Religieux  pour  établir 
un  Couvent  -,  mais  un  feul  en  conferve  le  droit  &  le 
titre.  Entrer  au  Couvent,  fortir  du  Couvent  j  c'ell 
prendre  ou  quitter  l'habit  d'un  Coz/yfn/. 

Ahlfouffrei  qu'un  Couvent ,  dans  les  aujléritîs , 
Ufe  les  trijles  jours  que  le  Ciel  m' a  comptés.  Mol. 

Couvent  lignifie  auffi  le  Corps  ou  la  Communauté  des 
Religieux  ,  ou  Religieuics  qui  habitent  ces  Mailbns. 
Relih-ofa  familia.  Tout  le  Couvent  a  été  alîemblé  ca- 
pituiairement  au  fon  de  la  cloche.  Les  procès  s'in- 
tentent au  nom  des  Religieux  ,  Prieur  &  Couvent. 

On  dit ,  en  menaçant  une  fille  défcbéiffantcqu'on 
la  mettra  dans  un  Convint;  pour  dire,  qu'on  la  fera 
Religieufe  malgré  elle  ,  qu'il  faut  qu'elle  époufe  le 
pr.tti  qu'on  lui  propofe ,  ou  un  Couvent. 

Couvent  dans  l'Ordre  de  Malte  eft  le  lieu  où  eft  le 
Maître  ou  fon  Lieu;enant ,  TEglilé ,  l'Infirmerie ,  &: 
les  Auberges ,  ou  les  huit  langues. 

COUVER ,  V.  a.  fe  dit  des  oifeaux  màles  ou  fe- 
melles qui  fe  tiennent  fut  les  œufs  pour  les  échauf- 
fer, jufqu'à  ce  que  les  petits  foient  éclos.  Ovafovere, 
ovis  incuhare ,  Sedere  in  ovis.  Les  pigeons  couvent 
plufieurs  fois  l'année.  C'eft  une  erreur  populaire  de 
croire  que  les  tortues  cowvewf  des  yeux;  elles  cou- 
vrent feulement  leurs  œufs  de  fable ,  &  le  foleil  part 
fa  chaleur  les  fait  éclorre. 

IffT  On  le  dit  quelquefois  abfolument.  C'eft  la  faifon 
de  mettre  les  poules  couver  ,  où  les  oifeaux  cou- 
yent. 

CemotvientdecK/'^re.NicoD.DuCange'ditauffi 

qu'il  vient  de  cubareova. 

3^  On  dit  figurément,  mais  dans  le  ftyle  familier 
feulement ,  couver  quelqu'un  des  yeux ,  avoir  les 


COU 


Î007 


yeux  attachés  fur  lui,  le  regarder  avec  affecT:ion,  avec 
tcndrc/fe  &;  complaifance,"&  fans  pouvoir  s'cnlafièr. 
Oculos  in  nlifuem  deponere  ;  haut  ire  oculis  ,  oculis 
hizreri.  Elle  aime  fi  fort  fon  fils,  qu'elle  le  couv^  des 
yeux. 

fer  Couver  fedit  au  figuré  \  pour  dire  ,  tenir  ca- 
ché, oc  fe  prend  prelque  toujours  en  mauvaife  parc 
Couver  un  deffein,  le  tenir  renfermé  dans  fon  amc 
jufqu'au  moment  de  l'exécution. OciTif/zart'.  La  con- 
duite de  ces  Princes  fait  croire  qu'Us  couvent  quel- 
que grand  deffein  dans  leur  arae.  Dans  ce  fens,  il  eu: 
encore  zQàî, 

^fT  On  le  dit  au  neutre  dans  la  même  fignificatiofi  des 
chofcs  qui  demeuient  long  temps  cachées ,  &qui  fe 
découvrent  enfin.  Le  feu  a  long  temps  couvé  fous  la 
cendre,&  puis  l'incendie  a  recommencé.  On  croyoit 
fon  amour  éteint;  il  a  long  temps  couvé  dans  fon 
cœur  fans  paroître.  Cette  confpiration  a  couvé  long 
temps  avant  d'éclater.  Latere,  occultàri. 

Il  eft  quelquefois  réciproque.  Il  ié  couve  là-defTous 
je  ne  lais  quoi. 

^^  Ce  verbe  a  une  fignificaticn  particulière  parmi  les 
femmes  du  peuple  qui  rfiettentlbus  leurs  jupes  une 
petite  chaufîretteavec  du  feu  pour  fe  tenir  chaude- 
ment pendant  l'hiver  :  ce  qui  s'appelle  couver.  FocOp, 
focu/o  injidere ,  incuhare. 

Couvé,  ée.  part.  &  adj.  Fotus. 

COUVERCLE,  f  m.  Ce  qui  fert  pour  couvrir  ,  pouf 
fermer  quelque  vailîéau.  Operculum.  Le  couvercle 
d'une  boîte,  d'un  ccfffte  ,  d'un  cuvier  ,  d'une  ai* 
guière.  Dalibray  a  dit  dans  la  Métamotphofe  de 
Montmaur  en  marmite  ; 

Le  cou  di  fon  pourpoint  s'élargit  en  grand  cercle  , 
Son  chapeau  de  Docteur  s'applatit  en  couveicle. 

Ces  deux  vers  font  remarquables  en  ce  que  les 
deux  feuls  mots  terminés  en  ercle ,  qu'il  y  ait  dans  la 
langue  françoife  ,  s'y  trouvent  heureufement  placés 
pour  rimer  enfemble. 

Ce  mot  vient  du  latin  cooperculum  ,  qui  n'eft  pas 
de  la  bonne  latinité. 

COUVERSEAU  ,  f  m.  terme  de  Charpenterie.  Les 
couverfeaux  font  quatte  planches  d'un  pouce  ,  ou 
d'un  pouce  &  demi  d'épaiffeur ,  qui  font  au  deilbus 
des  achures  d'unmoulin. 

COUVER.T  ,  f  m.  lieu  à  l'ombre,  lieu  planté  d'arbres 
qui  donnent  de  l'ombre.  Urnbrojus  locus.  Il  y  a 
bien  du  couvert  dans  cette  mailbn  :  un  beau  couvert 
d'arbres. 

Ce  mot  vient  du  latin  coopertus. 

CoTTVERT  fignifie  aufîi  logement  où  l'on  eft  à  l'abiî 
des  injures  du  temps.  Teclum,  Ce  Religieux  a  été 
demandei  le  couvert  pour  une  nuit  en  ce  château. 
Iln'avoit  que  le  cowver/ à  l'Hôpital ,  &  il  falloic 
que  pour  vivre  il  mendi.û  fon  pain  de  porte  en  porte. 
BouH.  Fie  de  S,  Ign.  Liv,  IL 

Couvert  fignifie  auffi  la  nappe  ,  la  couverture  de  la 
table,  encore  plus  particulièrement  ce  qui  fert  à  cha- 
cun des  conviés  ,  comme  l'affiettc  ,  la  ferviette,  la 
cuillei ,  le  couteau  &  la  fourchette.  Menfœ  ap' 
paratus ,  ornatus.  On  a  mis  le  couvert  dans  cette 
falle.  Ce  Seigneui  tient  une  table  réglée  de  douze 
couverts.  Duodenis  capitibus  menjam  injlruit. 

^fT  On  appelle  encore  couvert  un  étui  garni  d'une 
cuiller  ,  d'une  fourchette  &  d'un  couteau.  Il  porte 
fon  couvert  à  la  campagne. 

COUVERT,  ERTE.  adj.  &  part.  Ce  qu'on  ne  voit  pas, 
qui  eft  caché  par  un  autre  corps.ÇCjCe  terme  préfente 
à  l'efprit  l'idée  d'un  voile  qui  cache ,  qui  dérobe  une 
chofe  à  la  vue.  Teclus ,  velatus ,  opertus ,  adopertust 
coopertus ,  nubilus  ,  caliginofus.  Le  Ciel  eft  cou-* 
vert  de  nuages.  Une  carte  couverte  eft  celle  fur  la- 
quelle on  a  jeté  une  autre  carte.  Le  feu  eft  couvert  ; 
Tout  le  monde  eft  couché.  On  dit  en  ce  fens ,  qu'un 
pays  eft  couvert ,  quand  il  eft  rempli  de  bois.  Il  eft 
dangereux  de  paffer  dans  les  Ardcnnes ,  c'eft  un  pays 
trop  couvert^ 


ioo8 


COU 


Couvert  fc  dit  aufli  comme  fynonime  à  vctu  ^ 
paré.  Inducus  ,  vefluus.  Les  Savans  l'ont  d'ordi- 
naire déciiircs  &  mal  couverts.  Cet  homme  a  des 
laquais  atuli  bien  couveru  que  des  Gentilshom- 
mes. Dans  ce  lens,  le  mot  de  couvert  n'efl:  point 
du  bel  ul'age.  Il  faut  maïcher  bien  couvert  ,  bien 
vêtu  pendant  le  froid  ,  de  peur  du  rhume. 

Couvert  le  dit  auHi  hypcrboliquement  des  chofes 
qui  ibnt  en  quantité  ,  en  abondance  l'ut  une  autre. 
irittàus  ,  coopertus,  opertus.  11  avoitun  habit  tout 
couvert  de  broderie.  Cette  mariée  étoit  toute  cou- 
verte de  pierreries.  Le  corps  de  Job  croit  tout 
coz/vt-;-/ d'ulcères.  Il  ctoït  couvert  de  lueur.  Aelanc. 
La  rivière  étoit  couverte  d'arbres.  'Vaug.  Je  l'ai 
trouve  couvert  d'une  affreufe  poulfière.  Rac. 

Couvert  fe  dir  aulfi  des  teintures  fortes  &  foncées 
qui  tirent  fur  l'obfcur.  Color  otfcurus.  Ce  bleu 
èft  un  peu  trop  couvert  ,  &  n'eil:  pas  aflez  clair. 
Le  vin  de  brie  eft  trop  couvert  ,  eft  d'une  cou- 
leur trop  chargée.  Vinum  nigrum. 

Couvert  ,  en  termes  de  Manufaélures  de  lainerie  , 
fe  dit  des  étoffes  qui  n'ont  pas  été  tondues  d''af- 
fez  près. 

Couvert  5  en  termes  de  Guerre,  fignifîe  défendu, 
lieu  où  on  eft  en  fiireté.  Tutus  ,  defenfus.  Ce 
baftion  eft  couvert  d'un  ouvrage  à  corne.  Ce  camp 
■eft  couvert  d'un  marais  6c  d'un  bois.  Ce  rampart 
eft  couvert  d'un  parapet.  On  appelle  par  excellen- 
ce le  corridor  ,  le  chemin  couvert ,  parce  qu'il  a 
pour  parapet  le  glacis  de  l'efplanade.  La  frontière 
eft  couve/ le  par  de  fortes  places. 

Couvert,  en  termes  de  Palais,  fe  dit  des  chofes 
contre  lefqucUcs  on  a  de  bonnes  défenfes.  Cette 
demande  eft  couverte  par  un  compte  ,  par  une  lon- 
gue prefcription. 

En  teimes  de  Mulîque ,  on  appelle  parties  cou- 
vertes ou  mitoyennes,  celles  qui  tiennent  le  mi- 
lieu entre  le  dclfus  &  la  bafl'e. 

Couvert  fe  dit  figurément  en  chofes  morales.  C'eft 
un  fcélcrat  qui  eft  tout  couvert  de  crimes  ,  qui 
eft  noté  en  juftice,  couvert  d'infamie.  Opertus,  cvo- 
pertus.  Il  revient  couvert  de  honte  &  de  rifée. 
BoiL.  Pudore  fufujus. 

Couvert  ou  de  louange  ou  d'opprobre  éternel, 

%fT  Vers  de  Cort^eille  dans  Héraclius.  Cela  n'eft  pas 
François, dit  "Voltaire,  il  faut  d'un  opprolre  éternel; 
d'opprobre  eft  ici  abfolu  &  ne  fouftre  point  d'épi- 
ihète  \  &  on  ne  peut  dire  couvert  de  louange  com- 
nie  on  dit  couvert  de  gloire  ,  de  lauriers ,  d'op- 
probre,  de  honte.  Pourquoi?  c'eft  qu'en  e.fet  la 
honte,  l'opprobre,  la  gloire,  les  lauriers  fembknt 
environner  un  homme  ,  le  couvrir.  La  gloire  cou- 
rre de  fes  rayons  ;  les  lauriers  couvrent  la  tcte  ; 
la  honte  ,  la  rougeur  couvrent  le  vil'age  ;  mais  la 
louange  ne  couvre  pas. 

|C?  Corneille  a  donné  au  mot  couvert  une  ligni- 
fication qu'il  n'a  pas  dans  ce  vers  de  l'on  Héra- 
clius. 

§CF  II  tient  (  le  ciel  )  en  ma  faveur  leur  naiflance 
couverte  ,  en  parlant  des  deux  Princes.  Couvert 
n'eft  pas  le  mot- propre,  dit  "Voltaire;  il  ne  veut 
pas  dire  incertain ,  obfcur. 

On  appelle  aulH  un  homme  couvert  ,  celui  qui 
n'eft  pas  communicatif,  qui  eft  caché.  TeÉlus.  Conf- 
iance étoit  d'un  efprit  couvert  Se  dilfimulé.  Her- 
MAN.  Les  gens  qui  négocient,  doivent  être  cou- 
verts ,  &c  ne  découvrir  pas  leurs  fentimens.  Ce 
Seigneur ,  pendant  les  troubles  s'eft  tenu  clos  & 
couvert ,  il  n'a  point  pris  de  parti.  Il  vaut  mieux 
d'être  eftimé  lîmple  pour  être  lincère  ,  que  de  fe 
tenir  couvert  fous  les  fubtilités  d'une  dangereufe 
prudence.  Ben.  Il  y  a  une  inimitié  couverte,  c'eU-à.- 
dire,  cachée  entre  ces  deux  hommes. 

Couvert  fe  dit  encore  figurément  en  ces  phrafes , 
parler  en  paroles  couvertes  ,  c'eft-à-dire  en  paroles 
ambiguës  ,  qui  cachent  un  autre  fens  que  celui  qui 
fe  préfente  dabord ,  fans  expliquer  la  chofe  net- 


COU 

tement.  Teêlis  verbis.  On  appelle  mots  couverts, 
des  paroles  honnêtes  qui  en  font  entendre  d'obf- 
cènes.  AmUgua  verbab  objcœnurn  jenfum  celantia. 

Couvert  (  a)  adv.  caché  ,  à  l'abri,  en  fureté.  Tutus, 
munitus  ,  defcnj'us  ab  aliquare.  In  tuto ponere.  Cet 
homme  a  gagné  du  bien  ,  il  eft  à  couvert  de  la 
néceUité.  Il  s'eft  retiré  dans  un  monaftcre  pour 
être  à  couvert  de  l'orage.  Il  a  mis  à  couvert  rout 
fon  bien  fous  des  noms  empruntés  ,  pour  dire  , 
l'a  caché ,  il  l'a  m.is  en  fûr'jté.  Il  y  a  des  villes 
où  l'on  marche  toujours  à.  couvert  ,  où  on  ne 
craint  pas  la  pluie.  Cette  rivière  met  le  camp  à 
couvert  des  ennemis.  Cette  éminence  le  met  à 
couvert  de  leur  canon.  Cette  pièce  nous  met  à 
couvert  de  rout  procès.  On  l'a  obligé  d'cpoufer  . 
la  fille  qu'il  avoit  abufée  ,  pour  mettre  fon  honneur 
à  couvert.  On  dit  aulTi  ironiquement  d'un  homme 
qu'on  a  mis  en  prifon  ,  qu'on  l'a  mis  à  couvert. 
L'envie  &  l'ambition  fecrette  qui  rongent  les 
dévots  ,  vont  toujours  à  couvert  de  leurs  pieufes 
intentions.  Bell.  Le  faux  zèle  fait  bien  mettre  fes 
pallions  à  couvert  de  la  raifon.  Maleb. 

^fj  Ce  mot  à  couvert,  difent  les  Encyclopédîftesj 
prcfente  l'idée  d'un  voile  qui  dérobe  :  <i /'«^ri , 
l'idée  d'un  rempart  qui  défend.  On  fe  met  à 
couvert  du  foleil ,  &:  à  l'abri  du  mauvais  temps. 

§3"  On  a  beau  s'enfoncer  dans  l'obfcurité,  tienne 
met  à  couvert  des  pouri'uites  de  la  méchanceté-, 
rien  ne  met  à  l'abri  des  traits  de  l'envie. 

gC?  En  termes  de  Blafon ,  on  appelle  couvert ,  un 
château  ou   une  tour  avec  un  comble. 

On  dit  proverbialem  nt  ,  fervir  un  homme 
à  plars  couverts  ;  pour  dire ,  lui  faire  un  myftère 
de  quelque  choie  ,  lui  cacher  une  partie  du  fe- 
cret  d'une  affaire  ,  lui  faire  une  dem.ie  ou  une 
faufle  confidence,  lui  rendre fecrettement  de  mau- 
vais offices. 

COUVERTE  ,  f.  f.  terme  de  Marire  du  Levant, 
qui  lignifie  ponr  ou  tillac.  Furi.  Ou  dit  qu'un 
vailfeau  porte  couverte  ,  quand  il  eft  ponté.  On  ap- 
pelle Couverte  de  Tiicocelle  de  proue  ,  un  cer- 
tain cfpace  qui  règne  vers  l'arbre  du  trinquet ,  &: 
vers  les  r.mbades  :  on  y  charge  aulfi  l'artilleiie. 

Couverte,  f.  f.  terme  de  Fauconnerie.  Les  deux 
grandes  pennes  du  milieu  de  la  queue  font  ap- 
pelées les  couvertes.  Dus:  majores  penna.  in  mediâ 
avis  caudàjua.  Les  autres  ,  fçavoir  les  premiers 
de  chaque  côté  ,"  font  appelées  les  premières  du 
coin  ^celles  qui  luivent  les  deuxièmes  du  coin, 
&  ainli  des  autres.  Vol  à  la  couverte  fe  dit,  en 
termes  de  Fauconnerie,  lorfque  l'on  approche  le 
gibier  à  couvert  de  quelques  haies.  Voye^.  Vol. 

Couverte.  C'eft  dans  les  manufatflures  de  porce- 
laine ,  de  fayance  &  de  terres  fines ,  l'émail  dont 
eft  revêtue  la  terre  mife  en  œuvre.  La  pâte  d'une 
bonne  potcelaine  doit  être  fans  fels  ,  &  la  cou- 
verte fans  métaux. 

Dans  quelques  Provinces,  couverte  fe  dit  pur 
couverture  de  lit. 

COUVERTEMENT  ,  adv.  d'une  manière  couverte, 
fecrette ,  cachée.  Tehe  ,  occulte  ,  clam  ,  abfconditè, 
latenter ,  tacite.  Il  lui  a  fait  ce  reproche  couverte- 
ment ,  en  paroles  couverres ,  &  à  demi  mot.  Cet 
Agent  négocie  fort  couvertement, 

COUVERTURE,  f.  f.  Ce  mor  pris  en  général  pré- 
fente l'idée  d'une  chofe  qui  s'étend  fur  une  autre 
pour  la  cacher ,  la  conl'erver  ou  l'orner.  Teg/nen 
tegumentum  ,  operimentum  ,  amiclus  ,  tecium. 

Couverture  de  lit ,  pièce  d'étoffe  qu'on  étend  fur  un 
lit  pour  fe- garantir  du  froid.  Lodix  ,Jlragulum  , 
fafcta  lecli.  Il  y  a  des  couvertures  à  poil,  d'au- 
tres à  ploc.  Des  couvertures  piquées.  Il  n'a  pour 
toute  couverture  que  fa  courtepointe.  Faire  la  coa- 
verture  ,  c'eft  préparer  le  lir,  replier  le  drap  &  la 
couverture  pour  fe  coucher.  On  appelle  nufTv  cou- 
verture une  pièce  de  laine  dont  on  enveloppe  des 
enfans  en  maillor ,  ou  que  les  payfans  mettent  fur 
leur  tête  en  guife  de  cappe  pour  fe  garantir  de  la 
pluie. 

Ce 


c  o  ir 

Ce  mot  vient  de  coopercura. 
On  appelle  auffi  couverture  ,  les  pièces  d'étoffe 
q'i'on  met  fur  les  mulets ,  non  pas  tant  pour  les 
garantir  de  la  pluie,  que  par  ornemenr  pour  mon- 
trer à  qui  ils  appartiennent  par  les  écuffons  &  bro- 
deries qu'on  y  met  deJTus.  Stragulum.  On  en  fait 
audi  de  parade  dans  les  entrées  &  les  grandes 
cérémonies.  Quelques-uns  appellent  afîcz  mal  cou- 
verture ,  l'étoffe  ,  la  tapiflérie  qui  fert  à  couvrir 
des  chailes  &  autres  meubles. 

Couverture  l*e  dit  auflî  des  peaux  que  les  relieurs 
mettent  llir  les  livres  quand  on  les  relie.  Teamen  , 
tegumcnturn  ,  tegumen.  Une  couverture  de  veau  , 
de  maroquin  ,  de  parchemin  ,  de  papier  marbré. 
Cet  homme  ne  connoît  les  livres  que  par  la  cou- 
verture. Une  faufle  couverture ,  c'eft  une  pièce  de 
bafane  ,  ou  de  parchemin  ,  qu'on  met  fur  la  vraie 
couverture  pour  la  conferver. 

Les  ferruriers  appellent  couverture  de  la  ferrure, 
la  pièce  de  fer  qui  en  couvre  les  gardes  ;  ce  qu'on 
nomme  aufli  foncet.  Opertorium, 

Couverture  lignifie  au/fi  le  toit  des  maifons  ,  ce 
qui  défend  ie  dedans  des  injures  de  l'a'r.  Teclum, 
Une  couverture  d'ardoife,  de  tuile  ,  de  plomb  ,  de 
bardeau ,  de  chaume.  Une  couverture  à  claire  voie 
eft  celle  dont  les  tuiles  font  peu  preffces ,  comme 
fur  un  appentis  qui  ne  doit  pas  fubfifter  long-temps. 
Les  couvertures  d'Orient  font  toutes  en  platefor- 
me. Les  couvertures  à  la  manfarde  font  des  toits 
dont  la  charpente  efl  brifée  ,  qui  fait  un  angle, 
ou  deux  faces  de  chaque  côté.  On  affeéle  dans 
les  bâtimens  modernes  d'emjpêcher  qu'on  ne  voie  la 
couverture. 

On  dit  au/fi  d'un  parapet ,  d'une  colline,  qu'ils 
fervent  de  couverture  à  un  logement,  à  un  camp  j 
pout  dire  qu'ils  les  mettent  à  couvert  des  ennemis  , 
qu'ils  fervent  de  défenfes.  Propugnaculum. 

Couverture  de  fanaux ,  termes  de  Marine.  Ce  font 
des  baquets  ou  autres  chofes  qu'on  mer  fur  les  fa- 
naux lorfqu'on  les  ferre  ,  pour  les  conferver  & 
empêcher  qu'ils  ne  fe  gâtent.  Operculum. 

Couverture  fe  dit  figurément  en  chofes  morales ,  & 
lignifie  prétexte  pour  couvrir  ,  pour  déguifer  un 
deffein,  pour  excufer  une  faute.  Simulatio  ,  cdufa  , 
prœtextus.  La  dévotion  fert  de  co?/v^r/?/rt' aux  hy- 
pocrites pour  faire  bien  des  méchancetés.  C'efl: 
pour  fervir  de  prétexte  &  de  couverture  .à  l'avarice 
&  à  l'ingratitude.  Patru.  Un  mari  fert  de  cou- 
verture à  une  femme  adultère. 

COUVERTURIER  ,  f  m.  marchand  ou  artifan  qui 
vend  ou  qui  fait  des  couvertures.  Stragulorum  , 
lodicum  opifex. 

COUVET ,  f.  m.  pot  de  terre  ou  de  cuivre  avec 
une  anfe  que  les  pauvres  femmes  rempliflént  de 
feu ,  &;  mettent  fous  elles  l'hiver.  Jgniculum.  Ce 
mot  n'eft  connu  que  parmi  le  petit  peuple. 

COUVEUSE  ,  f.  f.  poule  qui  couve  ,  qu'on  garde 
dans  une  métairie  pour  couver.  GallinaincuSans, 

C  O  U  V I  ,  adj.  œuf  qui  eft  à  demi  couvé  par 
la  poule  ,  ou  gâté  pour  avoir  été  gardé  ttop 
long  temps.  Ovum  incubatione  vitiatum.  Sancho 
Panfa  fut  traite  avec  une  omelette  d'œufs  couvis. 

COUVIN  ,  nom  d'une  petite  place  du  pays  de  Liège. 
Convinum.  Couvin  eft  iîtué  entre  Rocroy  &  Ma- 
riamon. 

COUVINE  ,  f  f.  Ce  mot  qui  étoit  autrefois  en 
ufage  ,  veut  dire  queue.  Dame  à  grand  couvine  , 
dans  les  vieux  Auteurs  ,  eft  une  Dame  qui  a  une 
longue  queue  à  fon  habit. 

COUVIVER  ,  v.  a.  vieux  mot.  Flater, 

COUVOYON  ,  f.  m.  nom  d'homme.  Covoyonus  , 
Comvoyo.  S.  Convoyon  ,  que  nous  prononçons 
couvoyon  ,  de  même  que  Mouchi  ,  Moutier  ,  Cou- 
vent Coutances  étoit  fils  d'un  Gentilhomme  de 
Bretagne,  &  fut  premier  Abbé  de  S.  Sauveur  de 
Redon  en  Bretagne,  l^oye^  Ga//ia  Ckriji.  T.  IF^ , 
au  mot  rotonum  ,  &  Bailler  au  vingt-huitième  de 
Décembre  ,  &  le  Martyrologe  de  M.  Chaftelaiii  au 
cinquième  de  Janvier  ^  p,  ç,x  fi-  fuiv. 
Tome  IL 


COU  ioo9 

COUVRE-CHEF  ,  f  m.  coçffure  dont  les  femmes 
de  village  fe  fervent  en  piuiicurs  endroits,  com- 
me en  Normandie  ,  Picardie  ,  &c.  Rica.  Elle  cil: 
faite  d'un  morceau  de  toile  empefée  &  tortillée, 
dont  elles  entourent  leur  tête. 

On  appelle  auffi  de  ce  nom  ,  tout  ce  qu'on  met 
fur  la  tête  &  fur  le  vifage  pour  les  couvrir,  rant 
aux  hommes  cju'aux  femmes.  Capitis  tegmen  ,  te- 
gumcntum.  L'Ecriture  nous  apprend  que  l'on  mit 
un  couvre-chef  <\ix.  la  rête  du  Lazare  &  de  Jcfus- 
Chrift ,  lorfqu'on  les  enfevelir.  Philotas  avoit  lea 
mains  liées  derrière  le  dos  ,  &  la  tête  voilée  d'un 
couvre-chef  Vaug, 

Couvre-chef  ,  f.  m.  c'eft  une  partie  de  l'habillement 
de  l'Abbede&de  la  Secrète  de  Remiremont  ,  qui 
ont  feules  droit  de  le  porter.  Ceft  une  efpèce  de 
linge  qui  s'appelle  co«vr^-cAe/",  quoiqu'elles  ne  le 
mettent  pas  fur  leur  tête.  Il  s'attache  feulement 
derrière  la  tête  ,  &  les  deux  bouts  viennent  join- 
dre la  petite  barbette  qui  leur  couvre  le  fein  en 
manière  de  guimpe  ,  puis  elles  mettent  fut  leur 
tête  deux  gtandes  coëffes,  l'une  de  taffetas,  dont 
les  deux  bouts  fe  nouent  fur  la  barbette  &  la  ca- 
chent en  patrie  j  &  l'autre  de  gaze  ou  crêpe,  qui 
pend  par  derrière  :  le  couvre-chef  n'eft  que  de  la 
haureur  de  la  perfonne,  rombant  par  derrière  juf- 
qu'à  terre  ,  &  eft  couvert  d'une  gaze  noire.  P.  Hé- 
lyot.   t.  fi  ,  p.  415. 

Couvre-chef,  terme  de  Chirurgie.  Fafcia  cuculLita. 

Bandage  dont  on  fe  fert  pour  envelopper  la  tête. 

Il  y  en  a  de  deux  fortes ,  l'un  grand  ,  l'autre  petit. 
Couvre-chef  fe  dit  aulli  quelquefois  en  riant  S<.  dans 

le  ftyle  burlefque  ,  pour  fignifîer  tout    ce  qu'on 

met  fur  la  tête  d'une  perfonne'  pour    l'accabler. 

Jupiter  fit  à  Thyphon  leur  grand  chef. 
D'une  montagne  un  couvre-chef.  Scar. 

COUVRE-FEU ,  f.  m.  inftrument  IfT  de  fer  ou 
de  cuivre  qu'on  met  fur  le  feu  pour  le  couvrir  &le 
conferver  pendant  la  nuit.  Foci  operculum. 

Couvre-feu,  fignal  de  retraite  qu'on  donne  dans: 
les  villes  de  guerre  pour  fe  coucher ,  pour  avertir 
qu'on  ne  forte  plus.  Signum  vefpertino  receptui. 
Par  une  Ordonnance  de  Philippe  de  Valois ,  il  pa- 
roît  qu'on  fonnoit  le  couvre-feu  au  fbit  &  au  point 
du  jout  -,  &  qu'à  Laon  on  fit  dépendre  la  cloche 
du  beffroi  pour  punit  les  habitans  d'une  (édition 
qui  étoit  arrivée.  Pafquier  dit  qu'on  appeloir  au- 
rrefois  le  couvre-feu  ou  cour  feu ,  &  par  corruprion 
carfou  ,  ou  félon  d'autres ,  gârefoit ,  pout  avertir 
de  lé  mettre  à  couvert  des  da^auchés  H  des  vo- 
leurs de  nuit.  On  l'appelle  en  Gafcogne  chafj'e- 
ribauds. 

CouvRE-FEU  ,  f  m.  nom  de  la  cloche  qu'on  fon- 
noit en  Angleterre  tous  les  foirs  au  commence- 
ment de  la  nuit.  Cette  coutume  &.:  le  nom  de 
cette  cloche  vinrent  de  Guillaume  le  Conquérant, 
qui  ordonna  fous  de  rigoureufes  peines  qu'au  fon 
de  la  cloche ,  qui  fonnoit  à  fept  heures  du  foir , 
chacun  fe  tînt  renfermé  dans  fa  maifon  ,  qu'on 
éteignît  les  chandelles  >  &  qu'on  couvtît  le  feu. 
UCT  Ceux  qui  manquoient  d'exadlitude  dans  Tob- 
fervation  de  cette  loi,étoient  rigoureufement  punis. 
Le  couvre-feu  fut  aboli  par  Henti  II. 

§Cr  Le  couvre-feu  étoit  une  police  ecclélîaftique  ^ 
autrefois  en  ufage  dans  les  cloîtres.  Cette  cou- 
tume s'obferve  encore  aéluellement  dans  quelque* 
endroits.  Dans  l'églife  cathédrale  de  Paris  ,  on 
fonne  tous  les  foirs  à  fept  heures  le  couvre-feu , 
&  la  cloche  qui  fonne  le  fignal ,  porte  aufli  le 
nom   de  Couvre-feu. 

COUVRE-PIÉ ,  f.  m.  efpèce  de  couverture  qui  ne 
s'étend  que  fut  une  partie  du  lit ,  &  qui  fert  à 
couvrir  les  pies.  Les  couvre-piés  font  ordinaire- 
ment de  toile  ou  de  taffetas  piqué  &  garni  en- 
rre  deux  d'aigredon  ,  ou  autre  chofe  propre  à  don- 
ner de  la  chaleur. 

M  Al  M  M  m  m 


loio       cou 

COUVREUR  ,  f.  m,  artifan  qui  couvre  les  maîfons. 
Qui  domos  operic ,  qui  cedium  tecla  munit  adverjus 
imbres.  Il  y  a  des  couvreurs  en  ardoifc  ,  en  tuile  , 
en  chaume. 

On  dit  populairement  à  bas  couvreur  ,  la  tuile 
eftcadce,  quand  on  commande  à  quelqu'un  de  dcl- 
cendre  d'un  lieu  où  il   eft  monté. 

Couvreur  de  flacons.  C'cft  un  des  noms  que  pren- 
nent dans  leurs  ftatuts  les  maîtres  marchands  ver- 
rier; &  fayanciers  de  la  ville  &  fauxbourgs  de 
Paris. 

COUVREUSE,  r.  f.  femme   ou  veuve  de  couvreur. 

CouvREUSE  ,  celle  qui  couvre  de  paille  certaines 
chai  Tes.  Qucc  jcllas  incernit  paleâ. 

COUVRIR  ,  v,  a.  mettre  un«  chofc  fur  une  autre  , 
ou  devant  une  autre.  Operire  ,  cooperire  ,  iegt:re  , 
contegere  ,  amicire ,  adoperire  ,  inugere ,  obliger e  , 
prxtexere.  Ce  mot  a  divers  ufages  ,  fuivant  fes 
diverfcs  applications.  Il  vient  de  cooperire.  Nicod. 

Couvrir  fe  dit  premièrement  des  chofes  qu'on  met 
fur  les  autres  pour  les  conferver ,  pour  les  garan- 
tir des  injures  de  l'air.  Couvrir  une  maifon  ,  une 
cglife ,  c'cft  y  mettre  le  toit  ,  de  peur  qu'il  n'y 
pleuve ,  &  la  couvrir  de  plomb ,  d'ardoife ,  de  tuile , 
de  bardeau  ,  de  chaume.  On  couvre  de  paille  & 
de  recoupes  de  pierres  les  murs  imparfaits  dans 
les  atteliers  pour  les  garantir  de  la  gelée.  Les  jar- 
diniers couvrent  de  paillaflbns  leurs  couches  de 
fleurs  &  de  plantes  nouvellement  levées  pour  leur 
ôter  le  trop  grand  foleil  ,  ou  les  préierver  du 
trop  grand  froid. 

Couvrir  fîgnifie  auffi  cacher,  empêcher  qu'on  ne 
voie.  Tegere,  operire  ,abdere  ,  ve/are.  Adzm ,  après 
fa  faute  ,  fe  vit  obligé  de  couvrir  fa  nudité.  On  cou- 
vre toutes  les  images  d'un  voile  pendant  le  carême. 
Il  a  enfoui  fon  tréibr  ,  il  l'a  couvert  de  rerre.  Le 
ciel  fe  couvrit  de  nuages  ,  &c  nous  menaça  de 
rempête. 

Couvrir  fe  dit  auiTi  de  ce  qu'on  met  fur  un  autre 
corps  pour  le  tenir  chaudement  ou  proprement. 
Operire.  Il  faut  bien  couvrir  ce  malade  durant 
fon  friffon.  Le  Prêtre  couvre  fon  calice  avec  le 
voler.  Couvre^  ce  pot  de  peur  des  mouches.  Oper- 
cule tegere ,  operculare.  En  ce  fens ,  on  dit  fe  cou- 
vrir; pour  dire ,  mettre  fon  chapeau  fur  fa  tête.  Pe- 
tafo  ,pileo  caput  tegere.,  operire.  Les  Grands  d'Efpa- 
gne  fe  couvrent  devant  le  Roi.  Vittorio  Siri  , 
dans  fon  IV^  volume  ,  dit  que  jufqu'au  règne  de 
Louis  XII ,  on  fe  couvroit  devant  les  Rois  de 
France  ,  &  qu'on  fe  découvroit  feulement  quand 
on  errtroit  dans  leur  chambre  ,  quand  ils  parioient 
à  quelqu'un,  ou  quand  ils  buvoient  à  table ,  cat 
alors  tout  le  monde  mettoit  le  chapeau  bas ,  & 
après  on  le  remetioit  fut  fa  tête  avec  une  pro- 
fonde révérence. 

§Cr  Couvrir  ,  dans  la  fignification  de  revêtir.  Cou- 
vrir les  pauvres. 

§Cr  Couvrir  fe  dit  encore  dans  la  fignification  de 
charger  ,  mertre  une  chofe  en  grande  quantité 
fur  une  autre.  Couvrir  la  table  de  plats ,  de  mets. 
Menfam  onerare ,  injlruere  dapibus ,  epiilis.  Cou- 
vrir la  campagne  de  gens  de  guerre ,  la  mer  de 
fes  vaifleaux.  Couvrir  de  pouflicre.  Il  étoit  tout 
couvert  de  blcffures.  Onujlus  vulneribus. 

Seigneur ,  toute  la  mer  ejî  de  vaijfeaux  couverte. 

Rac. 

|C^  Couvrir  fe  dit  dans  un  fens  approchant  de  ce 
qu'on  met  pour  orner  la  chofe  fur  laquelle  on 
l'applique.  Tegere  ,  operire ,  injlernere.  Il  a  fait 
couvrir  tous  fes  livres  de  maroquin  ,  tous  fes  (îègcs 
de  velours ,  couvrir  fon  plancher  d'un  riche  tapis  \ 
couvrir  un  habit  de  galons  d'or  ,  de  broderie.  Au 
printemps ,  la  terre  i'e  couvre  de  fleurs. 

Couvrir  ,  en  termes  de  Guerre,  fignifîe  mettre  quel- 
que corps  au  devant  de  loi  pour  fe  défendre  de 
l'ennemi ,  ou  lui  faire  quelque  obftacle  qui  l'em- 
pêche   d'approcher,    Tueri  ,  deffendere  ,    munire. 


COU 


Dans  les  villes  on  fe  couvre  par  des  parapets ,  des 
remparts ,  des  murailles.  Ce  ravelin,  cet  ouvrage  à 
corne  couvroit  toute  la  couttinc.  Les  cafcmates  fe 
couvroient  autrefois  par  des  qrillons.  Dans  les 
campemens  on  le  couvre  d'un  bois ,  d'une  rivière  , 
d'un  rideau.  11  fc  couvrit  d'un  ruiUcau  pour  n'être 
point  furpris  par  les  ennemis.  Il  couvrit  fon  aîle 
gauche  d'une  chaîne  de  montagnes,  C'eft  fe  porter 
près  de  ces  chofjs ,  d'une  manière  qu'on  ne  puiilè 
être  attaqué  que  difficilement  de  ce  côté  là.  Dans 
les  fièges  on  le  couvre  de  gabions ,  de  chandeliers, 
de  mantelets ,  d'épaulemens.  On  dit  d'une  place 
forre  ,  qu'elle  couvre  tout  un  pays ,  toute  une 
frontière.  Un  combattant  lé  couvre  de  fon  bou- 
clier, de  fon  épée.  Le  Prince  Philippe  qui  n'avoir 
que  quatorze  ans ,  couvroit  le  Roi  Jean  fon  père  à 
la  bataille  de  Poitiers.  Du  Tulet, 

Couvrir  fignitie  encore,  en  termes  de  Guerre  ,  ca- 
cher ,  empêcher  que  l'ennemi  ne  s'apperçoive  de 
ce  qu'on  a  deifcin  de  faire,  Tegere  ,  occultare  , 
dijffimulare.  Er  c'eft  en  ce  fens  qu'on  dit ,  couvrir 
la  marche  d'une  armée  ,  couvrir  la  marche  des 
troupes.  Ab, 

En  rermes  de  Palais,  couvrir  fignifîe  apporrer 
quelque  défenlé  ,  quelque  exception  peremptoire. 
Tueri ,  defendere  ,  tutari ,  reparare.  La  fin  de  non- 
recevoir,  la  prefcription  vous  couvre  de  la  demande 
de  votre  partie.  Un  arrêt  de  compte  ,  une  tranf- 
aélion  ,  couvre  les  aélions  &  demandes  qu'on 
pourroit  faire  pour  le  palfé.  Un  mariage  fubfé- 
quent  couvre  le  défaut  de  nailfance  desenfans.  Se 
les  rend  légitimes.  Les  faux  5c  doubles  emplois , 
les  erreurs  de  calcul  ne  fe  couvrent  jamais ,  ni  par 
arrêts,  ni  par  tranfaclions.  Quand  on  apporte  de 
méchantes  excufes  ,  on  dit  proverbialement  & 
figurément  qu'on  fe  couvre  d'un  fac  mouiiic. 

En  Jurifprudence  féodale ,  on  appelle  couvrir  uri 
fief  ou  un  arrière-fief,  quand  le  vaflal  a  fait  la  foi 
6c  hommage  ,  ou  a  offerr  de  la  faire  pour  l'ouver- 
ture ou  mutation  du  fief  avenu  ,  8ç  pour  en  pré- 
venir 6c  empêcher  la  faifie.  Couvrir  le  feu  de  fon 
Finarier ,  c'eft  de  la  parr  du  Seigneur  de  fief  mettre 
au  ban ,  6c  failîr ,  quand  fon  fujer  ne  lui  paye  pas 
fes  droits. 

Couvrir,  terme  de  jeu ,  fignifie  mettre  de  l'argent 
fur  une  carte,  ou  tenir  ce  qu'un  autre  a  mis  deffus. 
Deponere.  On  le  dit  encore  d'une  carre  qu'on  met 
fur  une  autre  en  jouanr  les  cartes,   Tegere  ,  operire. 

ÇC?  Couvrir  un  momon  ,  accepter ,  recevoir  le 
défi  d'un  momon,  Voye^  Momon, 

^fT  On  dit  auHi  couvrir  une  enchère,  enchérir  au- 
deifus  de  quelqu'un  ;  &c  populairement  couvrir  la 
joue  à  quelqu'un,  lui  donner  un  fouftlet.  Alapam^ 
colaphum  ducere  alicui  ,  incutere ,  injligere ,  in- 
fr  ingère. 

Couvrir  ,  en  termes  de  tridlrac.  On  ne  dit  pas  feu- 
lement couvrir  une  dame  ,  mais  on  dit  aulfi  à  un 
joueur  couvre^-v OMS  ,  ôc  il  dit  lui-même,  je  me 
couvre  •,  pour  dire  ,  je  couvre  une  de  mes  dames 
qui  éroit  découverre.  Couvrir  une  dame,  c'eft  met- 
tre une  dame  fur  une  flèche ,  où  il  n'y  avoir  qu'une 
demi-cafe,  Ainfi  dame  couverte  &c  café  c'eft  la  même 
chofe ,  comme  dame  découverte  Se  demi-cafe  eft  la 
mêmechofe.Lcs  dames  ne  fe  couvrent  pas  au  triélrac 
comme  au  jeu  des  dames  en  les  mcrrant  l'une  fur 
l'autre  ,  mais  l'une  devanr  l'autre.  On  appelle  faire 
la  demi-calé  ,  couvrir  ou  fe  couvrir ,  parce  qu'une 
dame  qui  pouvoir  être  bartue  étant  feule ,  ne  le 
peut  plus  être  étant  couverre  d'une  autre  dame.  L.  S. 

Couvrir.  Les  Marchands  Verriers  difenr,  couvrir 
un  flacon,  couvrir  une  boureille  ;  pour  dire,  iiire 
par-defîus  cet  entrelacement  d'ofier  fin  Se  plat  qui 
fert  à  les  conferver. 

Couvrir  fe  dit  aufli  des  animaux  qui  s'accouplent 
pour  la  génération.  On  choifit  de  beaux  étalons 
pour  couvrir  les  cavales  dans  les  haras.  Ccrte  épa- 
gneule  a  été  couverte  d'un  fort  beau  chien.  Marem 
pati. 
Couvrir  fe  dit  figurément  en  chofes  rtmrales.  Ui»« 


i 


cou 


CRA 


loi  r 


lâche  aéiîon  couvre  un  homme  âCinÇimic,  Pudore  ^ 
dedecore  ju^undere.  Ce  Capitaine  le  couvrit  d'nviQ 
honte  éc.rncUe  pat  ia  révolte.  Ce  Conquérant  rj- 
vint  triomphant ,  tout  couvert  de  gloire,  de  lau- 
riers. ClaruSi  zV/«y/ri,f.  Il  n'elt  point  de  gloire  dont 
on  ne  doive  vous  couvrir.  Al.  Scud.  f^oy<;^  Cou- 
vert. 
Couvrir  fe  dit  aufTi  fîgurément  pour  cacher ,  dcgui- 
/er ,  voiler  ,  dérober  à  la  connoiflance  des  hommes. 
Tegere ,  occulcare  ,    dijjîmulare  ,  vélum  obtendcre  , 
prxtendere,  pneicxere.  Les  hypocrites  Ce  couvrent 
du  manteau  de  la  dévotion  pour  cacher  leurs  crimes, 
pour  couvrir  leurs  défauts.    Cet  homme  efi:  tort 
adroit ,  il  Tait  bien  couvrir  ion  jeu ,  l'es  dcfTeins ,  Ta 
marche.  Cet  amant  eft  fott  difcret ,  il  a  bien  couvert 
juCqu'ici  ia  p.Ulion.  Ils  couvrent  leur  prudence  hu- 
maine &  politique  du  prétexte  d'une  prudence  di- 
vine 8:  chrétienne.  Ceux  qui  conteftent  les  miracles 
modernes  font  des  profanes ,  qui  couvrent  leur  in- 
crédulité du    itre  fpécieux  de  bon  fens.  Vous  ne 
pouvez  digérer  que  Ton  ait  levé  le  voile  de  defîus 
le  fond  d'iniquité  que  vous  alïedlez  de  couvrir  du 
prétexte  de  zcle.  S.  EvR.  Quand  nous  aimons  quel- 
qu'un, notre  palfion  couvre  tous  fes  défauts.  Maleb. 

Envain  vous  vous  couvrez  des  vertus  de  vos  pères. 

BûlL. 

CouvsRT  ,  EB.TE.  part.  Voyei  ci-iejfus, 

c  o  w. 

COWALAM ,  f.  m.  grand  arbre  qui  croît  au  Malabar, 
&  dans  l'Ile  de  Ccylan,  Son  fruit  relfemble  à  une 
pomme  ronde  ;  il  eft  couvert  d'une  écorce  épaifle 
&  verdâtre ,  fous  laquelle  on  en  trouve  une  autre 
dure,  ligneufe  &:  renfermée  dans  une  fubftance  vil- 
queufe ,  humide  ,  jaunâtre  ,  acide  &  douceâtre , 
dans  laquelle  font  des  graines  plates ,  oblongues , 
blanches  &  pleines  d'un  fuc  tranfparent  &  gom- 
meux.  Lorfque  ce  fruir  eft  mûr ,  les  habitans  de  ces 
contrées  le  mangent  &  le  trouvent  délicieux.  Leurs 
Médecins  fe  fervent  dans  la  diarrhée  de  fon  fruit 
vcrr  conlervc  dans  du  miel  ou  dans  du  vinaigre  ;  & 
c'eft  encore  un  des  remèdes  auxquels  ils  ont  recours, 
&  même  avec  beaucoup  de  fuccès  dans  la  dyiîen- 
terie.  Ray,  Hijt.  plant. 

COUX  ,  f.  m.  vieux  mot  qui  lignifie  cocu. 

Par  vous  fuis  à  honte  livré; 
Par  vous ,  par  vojlre  Iccherie , 
Suis-je  mis  en  la  confrérie 
Saint  Arnoul  le  Seigneur  des  ceux  j 
Dont  nul  ne  peut  être  rcfcoux. 
T  Rom.  de  la  Rose, 

Saint  Gengoux  en  Bourgogne  eft  regardé  comme 
ïe  patron  de  cette  confrérie  ,  à  plus  jufte  titre  que 
S.  Arnoul  à  Metz.  Supl,  au  Gloff.  du  Rom,  de  la. 
Jiofe,  au  mot  Coux.  Voye:^y  aujfi  S,  Arnoul,  Ze- 
<:Ae?/e,  que  Nicot  écrit /icAtr/t' ,  figniiîe  friandife  , 
bonne  chère. 

COUY  ,  f.  m.  terme  de  Relation.  Dans  nos  îles  de 
l'Amérique  on  appelle  ainfi  une  moitié  de  calebafle. 
Dimidium  cucurbitce ,  dimidia  pars  cucurbitce.  Le 
Médecin  Nègre  prit  un  coz/y,c'eft-à-dire  une  moitié 
de  calebafle ,  où  il  y  avoit  du  feu,  il  mit  de  la  gom- 
me deflus,  &  encenfa  l'idole.  P.  Lab.  On  cueille  les 
pois,  les  graines  &  autres  menues  denrées  dans  des 
couys.  Les  Nègres  recueillent  les  graines  de  Rou- 
cou  dans  des  couys.  C'eft  dans  des  couys  que  les 
femmes  des  Caraïbes  préparent  du  roucou  avec  de 
l'huile  de  carapat,  pour  en  peindre  leurs  maris. 
Le  P.  Lab. 

|Cr  COUSIN  ou  COUZIN ,  (  LE  )  rivière  de  France 
dans  la  Bourgogne ,  qui  a  fa  fource  dans  l'étang 
de  Chara  ^'^anx,  Bailtiap-e  deSaulieu  ;  &  après  avoir 
arrofé  qielques  villes,  fe  jette  dans  la  Cure,  dans 
le  Nirernois, 


C  O  Y. 


COY,  COYE.  Voy eiCoï.Coiï. 
COYI.MBOUÇ,  f.  m,  efpèce  de  coffre  dont  on  fe 
fert  dans  les  Iles ,  principalement  quand  les  habi- 
tans appréhendent  d'être  pillés  par  les  ennemis.  Les 
coyemboucs  iont  compofés  de  deux  cak-balfes  d'ar- 
bres dont  on  a  été  de  chacune  la  quatrième  ou  la 
cinquième  partie.  On  abouche  ces  deux  callebafle* 
les  unes  contre  les  autres ,  comme  le  delllis  &:  le 
defibus  d'un  cncenfoir.  Quand  le  coycmhouc  eft  rem- 
pli de  ce  qu'on  y  veut  mettre,  on  lie  &;  ferre  le 
delfus  &  le  deflbus  avec  de  la  ficelle  de  Mahot  ou 
de  Pite  ,  &  l'on  pend  le  coyembouc  dans  les  arbres 
qui  ont  de  grandes  feuilles ,  jufqu'à  ce  que  les  en- 
nemis fe  foient  retirés.  Le  P.  I^ab.  t.  2. 

COYEMENT.  roy^ç  Coiment. 

COYAU.  f  m.  Petite  pièce  de  bois  entaillée  fuf  la, 
roue  d'un  moulin,  qui  fert  à  foûtenir  l.s  aubes  ou 
petites  planches  fur  Icfquelles  l'eau  fait  fon  im- 
predîon  pour  faire  tourner  la  roue. 

On  le  dit  aulfi  en  Charpenterie  ,  d-rs  petits  bouts 
de  chevrons  qui  font  fous  la  couvecture  d'un  toît , 
&  qui  la  portent  jufqu'à  l'endroit  ncceflaire,  juf- 
qu'au  bord  de  l'entablement  pour  la  pente  &  ia 
chute  des  eaux.  Ces  pièces  de  bois  s'appellent  ea 
pluljeurs  lieux  chaulâtes,  Dcli^uia. 

COYERS.  f.  m.  Pièces  de  charpente ,  ou  chevron? 
pofés  en  diagonale  fur  le  toît  d'une  maifon ,  ou 
dins  l'enrayeure  d'un -comble,  Sc  qui  répondent, 
fous  l'arêtier.  Colliqnits, 

COYON.   Voyei  Coïon, 

COYONNER.  Foyei  Coïon>jer. 

COYONNERIE.  Foyei  Coionnerie. 

C  O  z. 

COZOQUOIS ,  OISE.  Nom  d'une  Seûe  hérétîque, 
dont  nous  avons  parlé  au  mot  Bagnole,  C'eft  la 
même  chofe. 

CRA, 

§:?  CRABE,  f.  m.  PoifTon  de  mer ,  du  genre  de« 
animaux  cruftacés,  reflemblant  alfez  à  une  araignée. 
Cancer. 

^fT  On  en  diftingue  plufieurs  efpèces.  Il  y  en  a  même 
d'eau  douce.  Cancer  fiuviatilis, 

gcr  On  voit  dans  les  Antilles  des  crabes  ■v\o\tz^,  de 
blancs  &  ceux  qu'on  appelle  dans  le  pays  tourloiirou. 
Il  y  en  a  auffi  qui  font  une  efp'c;  d'écrevilfe  am- 
phibie dont  fe  nourrhfent  les  habitans.  Amphibium 
cancri  chenus.  Les  crabes  fortent  des  bois  au  mois 
de  Mai  pour  s'aller  baigner  dans  la  mer ,  &  y  Jetec 
leurs  œufs.  Ils  font  pour  lors  en  li  grand  nombre 
dans  la  campagne  ,  qu'on  ne  fauroit  mettre  le  pié  à 
terre  lans  en  écrafer  quelqu'un.  Dans  leur  marche 
ils  fe  divifent  en  plufieurs  bataillons  longs  d'une 
dcmi-Iieue  ,  &  larges  de  cinquante  pas.  Ils  ont 
deux  tenailles  ou  mordans  fort  dangereux ,  donc 
ils  font  un  fi  grand  bruit,  qu'il  femble  que  ce  foienc 
des  corfelets  ou  talfettes  d'un  Régiment  de  Suifles. 
On  en  voit  en  Syrie  ,  &  particulièrement  à  Alep  , 
qui  fortent  de  la  rivière  ,  &  montent  au  haut  des 
meuriers  blancs,  pour  manger  les  meures. 

Crabe  ,  en  quelques  pays  auprès  de  l'Efpagne,  fe  dit 
pour  chèvre.  Capra. 

Crabe,  f.  m.  Sorte  de  bois  qui  vient  de  l'Amérique, 
dont  on  fait  un  affez  bon  commerce  à  la  RochelleJ 

CRABTER. ,  f.  m.  efpèce  de  héron  qui  fe  rrouve  dans 
les  î'es  de  l'Amérique.  On  l'appelle  cr^^/er ,  parce 
qu'il  vir  de  crabes. 

CRAC.  Terme  populaire  indéclinable  ,  &  fans  aucun 
genre,  qui  fe  dir  en  parlant  du  bruit  que  fait  le 
bois  quand  il  travaille  ou  quand  on  le  rompt ,  SZ 
en  général  tDUs  les  corps  durs ,  kc%  8c  folides  qu'on 
divifc  ou  qui  éclatent  avec  violence.  Fra<^or.  J'en- 
tendis crac ,  cra:  ,  &:  c'éroit  une  folive  qui  éclatoit. 
Ses  fouliers  font  neufs ,  ils  font  cric  -  crac.  Ce  mot 
M  M  M  M  m  m  ij 


C  R  A 


I0I2 

eft  familier ,  &  l'on  ne  peut  s'en  fcrvir  qu'en  ba- 
dinant. Il  eft  formé  par  le  Ton  que  fait  la  choie , 
comme  celui  de  pouf.  Si  autres  lemblables. 

Il  y  en  a  qui  dérivent  ce  mot  de  l'hébreu  piV 
Kara<r,  c'eft  le  fentiment  de  Schiek ,  mais  il  eft 
bien  plus  naturel  de  dire  que  crac  &c  craquer  font 
des  mots  formés  du  bruit  éclatant  que  font  certaines 
chofcs  qui  fe  rompent ,  fe  fendent  avec  violence  , 
qui  travaillent ,  qu'on  déchire. 

Crac  fe  dit  auffi  populairement  de  tout  ce  qui  fe  fait 

■  avec  promptitude  &  tout  d'un  coup.  Sutito,  repente 
continuo.   Crac,  le  voiLi  dans  le  tombeau.  Scar. 

Crac  ,  f.  f.  en  termes  de  Fauconnerie  ,  eft  un  certain 
mal  qui  vient  aux  faucons. 

Crac  ,  forte  d'interjeâ:ion  dont  on  fe  fert  lorf- 
qu'uné  perfonne  dit  quelque  chofe  un  peu  fujevte 
à  caution ,  &:  raconte  quelque  hiftoire  outrée ,  fa- 
buleufe  ou  impolfible  ,  ou  lorfqu'elle  vante  fon 
mérite  ou  fon  extraction. 

CRACHAT,  f  m.  Salive,  excrément  qu'on  vide  par 
la  bouche.  Spiuum  ^fputus.  ^fj"  Les  Médecins  don- 
nent le  nom  de  crachat  à  toutes  les  matières  éva- 
cuées par  la  bouche,  en  confcqucnce  des  mouve- 
mens  &  des  fecouifes  de  l'expeftoration.  L'écoule- 
ment contre  nature  de  la  falive  s'appelle/a/zv;z/zo«. 
L'Evangile  de  S.  Marc  a  été  regardé  par  plufeurs 
comme  un  abrégé  de  celui  de  S.  Mathieu  -,  mais  cet 
abrégé  ,  fi  l'on  veut  l'appelet  ainfi  ,  rapporte  quel- 
quefois des  circonftances  que  S.  Mathieu  avoit 
omifes,  comme  on  le  peut  voir,  par  exemple,  fur 
l'aveugle  guéri  avec  du  crachat ,  &c.  Péliss.  L'exa- 
men des  crachats  dans  les  Phthifsques  eft  d'une 
grande  importance  ;  &  Bennet ,  Médecin  Anglois , 
s'y  eft  fort  attaché  dans  fon  Livre  intitulé  Tatido- 
rum  Theatrum. 

On  dit  qu'une  maifon  eft  bâtie  de  boue  &  de 
crachat ,  quand  elle  eft  bâtie  de  méchans  matc- 
ihux.ConfcIa  luto  domus. Ondk  hyperboliquement 
d'un  malheureux  ,  qu'il  fe  noyeroit  dans  un  crachat, 

CRACHEMENT,  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  crache. 
Excreatio  ,  fcreatus.  Les  pulmoniques ,  les  enrhu- 
més font  incommodés  d'un  crachement  perpétuel. 
Le  crachement  de  fang  eft  un  figne  que  le  poumon 
eft  ulcéré.  Voye^  Hemophtysie. 

CRACHER,  v.  a.  Vider  par  la  bouche  la  falive  fiC?  & 
les  autres  matières  qui  fortenr  de  la  trachée-artère, 
de  la  gorge  ,  &c.  Spuere  ,  defpuere  ,  expuere ,  tx- 
creare  ,fcreare.  Cracher  du  fang.  Il  a  craché  du  fang 
tout  pur.  Cracher  fcs  poumons,  fon  poumon.  Il  a 
mis  dans  fa  bouche  une  dragée  où  il  y  avoit  du 
chicotin ,  il  l'a  crachée  fut  le  champ. 

ItT  On  dit  proverbialemenr  qu'un  homme  crache  du 
coton  •,  pour  dire,  qu'il  a  bien  foif ,  &;  qu'il  crache 
blanc.  Sicco  fpuit  ore. 

ItT  On  l'emploie  auHi  abfolument.  Cet  homme  ne 
fait  que  cracher.  Il  a  craché  toute  la  nuit.  Il  crache 
au  nez ,  il  écarte  la  dragée.  Spuit  in  os.  Scaligcr 
dérive  ce  mot  du  verbe  ïaùnferacere,  quife  trouve 
dans  les  Auteurs.  D'autres  difent  qu'il  été  fait  par 
onomatopée  du  fon  qu'on  fait  en  crachant.  Mén. 

Cracher  au  nez  ,  gCT  cracher  au  vifage-,  traitement 
humiliant.  Confputare  aliquem ,  fputis  confpnrcare, 
eonfpergere.  Un  des  plus  grands  outrages  que  J.  C, 
fouffrit  en  fa  paffion ,  c'eft  que  les  Juifs  lui  cra- 
chcient  au  nez. 

^CF  On  dit  figurément  &  familièrement  cracher  des 
injures,  dire  beaucoup  d'injures. 

-g:?  On  dit  provcibialement  &:  en  badinant  cracher 
du  grec,  du  latin,  parler  grec  ou  latin  mal-à-pro- 
pos" Defmarets  a  dit  d'un  Poète  ridicule,  dans  fcs 
yijionnaires  : 

Toutefois  iVcrachoit  du  creux  de  fes poumons , 
L'Èpode ,  l'^ntiflrophe ,  &'  cent  autres  Démons. 

Ne  dites  plus ,  s'il  vous  plaît ,  cracher  des  Sen- 
tences ,  cracher  des  apophthegmcs  •,  le  mot  cracher 
n'eft  pas  aflez  beau  pour  en  tirer  des  images  &  des 
métaphores.  Balz. 


C  R  A 

On  dit  provcibialement  &c  populairement,  qui 
crache  contre  le  ciel ,  il  lui  retombe  fur  le  vifa- 
ge •,  pour  dire ,  qu'on  eft  châtié  quand  on  invec- 
tive  contre    les   Puiffances.    On    dit  aufîi ,  faire 
cracher  au  badin;  pour  dire,  obliger   quelqu'un 
à  contribuer  à  quelque  dépenfe. 
§3"  Cracher,  V.  n.  terme  de  fonderie,  fe  dit  d'un 
moule  qui  rejette  une  partie  du  métal  en  fulîon. 
Ce  moule,  a  craché. 
CRACHÉ,  EE.  part. On  dit  populairement  d'un  en- 
fant qui  reflemble   fott  à  fon  père,   que  c'eft  le 
père  tout   craché.   Puer    ijte    emnimodo  patrijjat. 
Voilà    déjà    un    petit    Grichar    tout   crache.   Le 
Grondeur ,  Com. 
CRACHEUR ,  EUSE.  f.  Qui  crache  fouvent.  Spu- 
lator ,  fcreator.   Les  cracheurs  &    toufleuts   font 
gens  incommodes  dans  une  aflemblée. 
CRACHOIR ,  C.  m.  forre  de  vafe  qui  fert  à  rece- 
voit    les    crachats    des    perfonnes    incommodées 
^3"  ou   en  fanté.  Vafculum  ,  fputis  excipiehdis. 
Ce  font    de  petites    vafes  d'argent,  de    fayance 
ou  d'autre  matière. 

On  donne  auili  le  nom  de  crachoir  ,  à  une  cf- 
pèce  de  petite  boîte  ians  couvercle ,  ou  d'auge 
de  bois  remplie  de  chaux  vive  ou  de  fable  qu'on 
met  dans  les  Eglifes,  dans  les  cabinets  ,  dans 
les  buieaux  ,  dans  les  endroits  où  l'on  s'aifemble , 
afin  qu'on  crache  dedans. 

En  Hollande  où  l'on  ne  peut  fouffrir  de  cra- 
chats fur  les  planchers ,  les  crachoirs  font  fort 
en  ufage, 
CRACHOTEMENT,  f.  m.  action  de  crachoter 
ou  de  ctachet  fouvent.  Cet  homme  a  un  cracha* 
tement  continuel. 

Elle  forrit  un  jout  qu'il  geloit ,  &  qu'il  fàifoit 

un  vent  fec  &  piquant,  ce  qui  lui  procura  une 

légère  fluxion  fur  le  vifage  ,  fie  un  crachotement 

de  matière  fércufe.  Ac.  d'Edimb,  T.  I ,  p,  6^. 

CRACHOTER ,  v.   fréquentatif.   Ciacher   peu    & 

fouvent.  Spntare, 
^  CRACKOW.   Petite  ville  d'Allemagne ,  dans 

la  baffe  Saxe ,  au  Duché  de  Meckelbourg. 
CRACOVIE.  Cracovia.  Cracropolis.  Quelques  Géo- 
graphes l'appellenr  Carrodunum ,  ville  de  le  pe- 
tite Pologne  ,  fîtuée  fur  la  ViftuUe.  Cracovie 
fut  bâtie  pat  Cracus ,  ou  Crac  I  ,  Duc  ou  Prince 
de  Pologne ,  élu  l'an  700  de  J.  C.  &  c'eft  de 
lui  qu'elle  a  pris  fon  nom.  Cracovie  eft  grande-J 
belle  ,  riche  &  bien  peuplée.  C'étoit  auttefois  le 
féjout  des  Rois  de  Pologne.  Elle  a  une  Univer- 
lité  ,  un  Evèché  ,  dont  l'Evêque  eft  fufFragant  de 
Gnclhe  ,  Duc  de  Sibéiie  ,  Chancelier  né  de  l'Uni- 
verfité,  &  ptemier  Evêque  du  Royaume.  Il  y  a 
auffi  un  Palatinat  &  une  châtellenie  ,  dont  le 
Caftellan  a  depuis  1105.  le  privilège  de  précé- 
der tous  les  Palatins  de  Pologne.  Cracovie  s'ap- 
pelle la  Rome  de  Pologne ,  &  fon  Académie , 
la  ville  de  Sorbonncj  parce  que  Cazimir  I  qut  la 
fonda  en  13(^4,  fit  venir  des  Doéleurs  de  Sor- 
bonne  pouf  commencer  cet  établiffement.  Craco- 
vie difR-re  du  méridien  de  Paris  de  ih  ,  10',  o" 
orient,  ou  17°  ,  50',  o".  Sa  longitude  eft  370,  n', 
20".  Sa  latitude  50°,  10',  o".  Cassini. 
CRAIE  ,  f.  f.  forte  de  §C?  pierre  calcaire  ,  plus 
ou  moins  friable ,  ordinairemenr  blanche  &  pro- 
pre à  marquer.  Creta ,  à  caufe  de  l'Ile  de  Crète , 
aujourd'hui  Candie  ,  où  il  y  en  a  une  grande 
quantité.  On  en  trouve  auffi  beaucoup  en  pJu- 
fieurs  autres  pays.  Quelques  Médecins  la  défini)! 
fent ,  une  terre  minérale  ,  blanche  ,  emplaftique 
&:  polychrefte.  Ils  difent  qu'elle  eft  mêléç  de 
beaucoup  de  patties  de  fel ,  de  foufre  Se  de  mer- 
cure. ^JF  Quelques  naturaliftes  attribuent  la  for- 
mation de  la  craie  à  la  dccompofîtion  du  Silex , 
parceque  les  pierres  à  fufil  noires  fe  trouvent  or- 
dinairement dans  des  couches  de  craie  ,  en- 
vironnées d'une  écorce  qui  y  reffemble  affez. 
D'autres  prétendent  que  la  craie  eft  formée  des 
débris  de  coquilles  ,  par;e  qu'on   découvre   tou- 


C  R  A 

jours  dans  îa  craie  des  vertiges  de    coquilles  qui 
en  forment  le  tiffii.  Il  s'en  produit  dans  toutes  les 
paitjes  du  monde ,  &  en  particulier  l'île  de  Ru- 
ga  &   celle    d'Ufedom    dans   la    Poméranie  font 
très-fertiles  en  craie.  Quelques  Médecins  ne  croient 
pas  que  la  craie  mérite  d'avoir    place   parmi  les 
remèdes  ;  d'autres    prétendent  qu'elle  a  de  très- 
bons  effets,  &    qu'on    en    ufe  avec    fuccès  dans 
plufieurs  maladies ,  telles    que   Ibnt    les    fièvres  , 
même  malignes ,   les  maladies    qui   viennent    de 
quelque   intempérie    particulière  ,    les    douleurs, 
les  obftrudions    des    parties,  des    vaifleaux,  ou 
des  pores ,   le   flux  des  humeuts  utiles  ou  inuti- 
les qui  fortent  du  corps,  les  tumeurs,  les  plaies , 
les  ulcères ,  les  vices  de  la  peau ,  l'épilepfie ,    la 
difficulté  de  retenir   les  urines.    Les    ptincipales 
propriétés  de   la  craie  font  d'abforber,  de  chan- 
ger ,    &c.    Abforbendi  ,    invertendi  ,  futur andi^ 
&CC.   Au/îi    l'emploie-t-on   comme  un    alcali   ou 
abforbant  terreux. 

Quelques   Auteurs   en   font   trois  efpèces  :   de 
blanche  ,  de   verdâtre  &  de  noire.  Il   n'y  a  que 
la  blanche  dont  on  fe  ferve  dans  la   Médecine  : 
elle  efl:  deflcchante,  déterfive  &  eniplaftique  i  & 
étant  appliquée  au  dehors ,  elle  deHeche  &  cica- 
trice les  plaies  &:  les  ulcères.  On   s'en  fert  auffi 
ciuelquefois  intérieurement  contre  les  ardeurs  de 
l'eftomac.  Elle  fert  encore  à  blanchir  la  vaiflélle , 
les  cuirs  ,  les  draps ,  &c.  Toute  la  ville  de  Reims 
cft  bâtie  de  craie.  Ce  qui  fait  la  bonté  des  vin'î 
de  Champagne ,  c'efl:  qu'ils  viennent  fur  des  col- 
lines de   craie.  Il  y  a  quelques    pierres    rouges 
&  noires  dont  les  Artifans  fe  fervent  pour  mar- 
quer^ leurs  mefurcs  ,  qu'ils  appellenr  aufli  craies. 
CRAIE    de    Briançon.   Efpèce   de  pierre  allez  ap- 
prochante  de  la    nature   du    talc ,  à    la    réferve 
qu'elle  n'eft  pas  fi  ccailieule ,  Se  qu'elle  efl:   plus 
dure. 
Craie  rouge.  Efpèce  de  bol  Arméniert ,.  commun  , 
mais  en  tout  inférieur  au  véritable  bol  d'Armé- 
nie ,  étant    très-frêle    &c  très-aifé   à  tompre.    La 
meilleure  croît  en  Egypte   &  autour  de  Cartha- 
ge  :  on  en  trouve  aufli  aux  Indes  Occidentales. 
^C?  Les  tailleurs  fc  fervent   de   la  craie  de  Brian- 
çon   pour  tracer  des  lignes  fur   les  étoffes.  Elle 
fte  de  peu  d'ufage   en  médecine  &  ce  n'efl:  qu'im- 
proprement qu'on  lui  donne  le  nom  de  craie, 
§S?  Il  y  a  plufieurs  autres  efpèces  de  craie  qui  ne 
différent  les  unes  des  autres   que    par  leur  cou- 
leur &    quelques   qualités  accidentelles. 
Craie  ,  terme  de  Marine.  Nom  que  l'on  donne  à 
des  vaifleaux    Suédois    &    Danois  j  qui    portent 
trois  mâts  fans  huniers. 
Craie    fe   dit  abfolument  pout  la  marque  de  craie 
que  les  Maréchaux  des  Logis ,  ou  Fourriers   du 
Roi  mettent  fur   les   portes    des   maifons,  pour 
figne  qu'elles  doivent  fervir  au  logement  de  cer- 
taines perfonnes.  Creiatus ,  cretâ  notatus.  Il  y   a 
tant  de  maifons  fujettes  à  la  craie  en  une  telle 
ville. 
Craie  ,  f.  f.  terme  de  Fauconnerie.  C'efl:  une  ma- 
ladie des   oifeaux  appelée  la  pierre ,  ou  la  craie. 
L'on  reconnoît  que  î'oifeau  a  la  craie ,  quand  il 
a  les  yeux  &  les  pies   enfles ,  &  qu'il  les  frot- 
te du  haut   de   fon  aîle  :  alors  les    deux   veines 
qui  font  entre  fes  yeux  pouflent  fort ,  fes  naril- 
les  font  bouchées.  Il  levé  la  queue  deux  ou  trois 
fois  avant  que  de  pouvoir  émeutir  ,  &  quand  il 
veut  émeutir ,  il  fait  fon  ,  comme  petits  pets ,  &: 
•  fon  émeut  efl:  liquide  &  comme  eau  ttouble ,  &£ 
quelquefois  vifqueux  comme  de  la  chaux  endur- 

CIC 

fJC?  CRAINBOURG  ou  KRAINBURG.  Ville 
d'Allemagne  dans  la  Carniole,  fur  la  fave. 

CRAINDRE ,  v.  a.  a  au  préfent  de  l'indicatif  je 
crains  \  5i  non  je  crair:.  Y avg.  Corn.  A  l'impé- 
ratif crain ,  ou  crains ,  qui  efl:  le  meilleur.  Il  y 
en  a  cependant  qui  difent  qu'on  ne  doit  pas 
mettre  d's  à   la  fin   de  la  féconde   perfonne   du 


CR  A 


ÎOîî 


préfent  de  l'impératif;  v/.?«-ça  ,  croz-moi,  &c 
io,  je  crains,  tu  crains,  il  craint,  nous  crai- 
gnons ,  je  craignais  ,  je  craignis  ,  j'ai  craint ,  je 
craindrai,  que  je  craigne,  ijue  je  craigniffe ,  je. 
craindrais.  Prouver  un  fentimeiu  de'  crainte. 
Voyez  crainte.  Timere  ,  mctuere  ,  in  metu  effe  , 
vereri,  tremere  formidare  ,  extimefcere.  Un  brave 
ne  craint  ni  la  mort  ni  les  dangers.  Il  efl  plus 
iûr  aux  Rois  de  fe  faire  craindre  ,  mais  il  efl  plus 
doux  de  fe  faire  aimer.  Celui  que  beaucoup  de 
gens  craignent,  a  audl  ncceffaircmcnr  beaucoup 
/  de  gens  à  craindre.  S.  Evr.  S'il  y  a  des  craintes 
\  foibles  &  puériles,  il  y  en  a  de  jufl:es,  &  celui 
qui  ne  craint  rien ,  n'eft  pas  raifonnaWe.  M. 
ScuD.  Rien  n'eft  plus  ennuyeux  que  cette  vie 
tiède,  qui  fans  rien  craindre,  &  fans  rien  défi- 
rer,  n'a  rien  de  feniîble.  S.  Evr.  On  craint  de 
fe  connoître,  parce  qu'on  n'cft  pas  'tel  qu'on  der 
yroit  être.  Fléch,  Il  y  a  tout  à  cfpcrer ,  &  rien 
a  craindre  quand  on  {e  rrompcroit  à  croire  qu'il 
y  a  un  Dieu-,  &  au  contraire  tout  eft  craindre, 
&  rien  à  efpérer  dans  le  parti  du  libertinage, 
Jaq.  Comme  il  y  a  de  la  foibleflc  à  craindre 
fans  fujets ,  il  y  a  aulli  de  la  prudence  à  craindre 
avec  raifon.  M.  Scud. 

Je  ne  craignoii  que  vous  ,  vousne  craignez  que  moi; 
Et  puifqu^il  faut  ici  parler  de  bonne  fui, 
C'etoit  avec  raijbn  que  jaloux  l'un  de  l'autre , 
Vous  craigniez  7720«  pouvoir ,  que  je    c'raignois  Is 
vôtre.    Campistron. 

§3"  Une  faut  craindre  rien  ,  quand  on  a  tout  à  crain- 
dre. Corn. 

§CJ"  Cette  fentence  paroît  quelque  chofe  de  con- 
tradiétoire  :  elle  eft  cependant  au  fonds  d'une 
très-grande  vérité.  Elle  fîgnifie  qu'il  faut  tout  ha» 
farder  quand  tous  .  les  partis  ibni;  également 
dangereux.  Il  eut  falu  ,  je  ctois>  éviter  le  jeu  de 
mot  &  l'antithèfe. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  cremere ,  qu'on  à 
dit  vraiièmblablement  pour  tremere.  Il  rémoigne 
que  les  vieux  Auteurs  ont  dit  cremir,  cremeur  6" 
créméteux ,  pour  craindre,   crainte  &  craintif. 

Crainte  fe  dit  aufli  des  chofes  inanimées ,  quoi- 
qu'elles ne  foient  fujettes  à  aucune  paffjon  &  fi- 
gnihe  alors  qu'une  chofe  cft  contraire  à  une  autre, 
Abhorrert.  Les  oranges  craignent  la  gelée.  Les 
fleurs,  le  teint,  craignent  le  hâîe.  Le  feu  craint 
'l'eau.  On  dit  figurément  qu'un  bon  vaifleau  ne 
craint  que  la  terre  &:  le  feu  ;  pour  dire ,  qu'il 
n'y  a  rien  à  craindre  pour  ce  vaifieau  ,  que 
d'échouer  ou  d'être  brûlé.  Ac.  Fr. 

On  dit  d'un  homme  craintif ^. qui  craint  tout, 
qu'il  craint  la  touche  ,  la  réprimande  :  &  au 
contraire  d'un  emporté ,  d'un  libertin  qui  ne 
craint  rien,  qu'il  ne  craint  ni  Dieu  ,  ni  Diable. 

Craindre  lignifie  auiîi  s'abftenir ,  fe  retenir  p.ir 
refpedl ,  par  amour ,  par  honneur ,  de  faire  quel- 
que chofe.  Cavere ,  timere,  refugere.  tJn  homme 
de  bien  craint  d'oflenfer  Dieu  ,  parce  qu'il  eft 
bon.  Cette  femme  aime-  tant  fon  mari  >  qu'elle 
craint  fans  cefle  de  le  fâcher.  Il  craint  de  bief: 
fer  les  oreilles  chaftes.  Il  craint  de  choquer  leî 
loix  de  la  bienféance ,  de  la  Grammaire. 

Craint,  ainte.  part.  pall".  &  adj.  Formidatus.     , 

CRAINTE  ,  f.  f.  ^  agitation  ,  inquiétude  de  l'ame 
occafionnée  par  la  vue  d'un  mil  qui  nous  me- 
nace ,  ou  donr  nous  nous  croyons  menacés.  M. 
de  la  Chambre  définit  la  crainte ,  un  mouve- 
ment de  l'appétit,  par  lequel  Tame  fe  retire,  5;: 
fuit  avec  précipitation  le  mal  qui  vient,  fondre 
fur  elle:  félon  cet  Auteur,  la  crainte  eft  une 
palfion  iimple.  Timor.  La  crainte  relTerre  le  cœur  , 
&  l'affoiblit  par  l'apprchenfion  du  mal  qui  le  me- 
nace \  c'eft  ce  qui  fait  que  toute  la  chaleur  éranc 
contrainte  d'ûccourir  au  fecours  du  cœur ,  le  vi-f 
fage  devient  pâle,  FÉLfB.   Je   ne  faurois   fdufïrit 


I  O  14- 


'K^     i-V 


A 


le  héros  de  Virgile,  il  ne  fournit   que   des  lar- 
mes Se  des  crainies  à  tous  les  pcrils  qui  ("e  prc- 
ientent.  S.  Evr.  La  crainte  tft  un  mouvement  h 
fubit,  qu'elle  ne  laiflc  pas  toujours  la  railbn   li- 
bre. S.   Evn..  Voyez  ceux   qui    l'ont  pofledcs    de 
la  crainte,  ils  ont  une  râleur  mortelle  llir  le  vi- 
fage ,  &  un  air  fi  effaré  &  li  conllerné ,  qu'il  eft 
aifé   de    connoitre   qu'une   craime   excci^ive   les 
trouble  ;  iur-tout  quand  cette    crainte  va  jufqu'à 
l'cilToi,  elle  les  tranfit,^  les  rend  immobiles. M. 
tle  ScuD.  La  crainte   qui  eft   une    folblcife  ,  tait 
en  bien  des  occalions  une   partie  de  la  prudence. 
Bell.  La  lageffe  lait  s'élever  au  delîus  des  craintes 
&:  d.'s  complailances  humaines.  Fléck.  La  crainte 
ti'ainandir  pas  feulement  les  maux,  elle  les  mul- 
tiplie ;  elle  va  même  au  devant  d'eux ,  &  en  in- 
vente de  faux.   M.   Scud.  La  crainte   de  la  mort 
eft  plus  forte  que  tous   les  raifonnemens    qu'on 
fait  centre  elle.  Nicol. 
|Cr  On    craint  ,  dit    M.    l'Abbé    Girard ,  par   un 
mouvement  d'averfion  pour  le  mal  ,  dans  Tidce 
qu'il  peut  arriver.   On  appréhende  par  un  mou- 
vement de  dcllr  pour  le  bien ,  dans  l'idée   qu'il 
peut  manquer.  On  redoute  par  un  fentiment  d'cf- 
time  pour   l'adverfaire ,  dans    l'idée  qu'il  eft  fu- 
périeur.  Ona. peur  par  une  foibleife  d'efprit  pour 
ie  foin  dç  fa  confervation ,  dans  l'idée  qu'il  y  a 
du  danger,- 
^CT  Le  défaut  de  courage  fait  craindre  :  l'incertitu- 
dc  du  faccès  fait    appréhender.    La    défiance  des 
forces    fait  redouter,   lés  peintures  de  l'imagina- 
tion font  avoir  peur. 
^3"  Le  commun   des   hommes  craint  la  mort  au- 
deilijs  de  tout  ;  les  Epicuriens    craignent  davan- 
tage la  douleur  ;  mais   les   gens  d'honneur  pen- 
fent    que    l'infamie   eft    ce   qu'il   y    a  de  plus  à 
craindre. 
Cf-ainte  , terme  Thcologiqae.  Aimer  Dieu ,  &  crain- 
•dre  Dieu  ,  font  des   termes   fynonimes   dans    l'E- 
criture.   Les   Théologiens    néanmoins  diftinguent 
trois  fortes  de    crainte  ;  favoir ,  la  crainte  mon- 
daine, la  fervile   Si-  la  filiale.  La  mondaine    eft 
celle  qui  conlidcre   plus    la    faveur    du   monde  , 
que    celle    de   Dieu.  Quand  on   ftiit  le  péché  à 
caufe  des  peines~que  Dieu  prépareà  ceux  quille 
commenrpt  ,  &  non  pas  parce  qu'il  lui  déplaît, 
cette  crainte  s'apfdle  fervile.  Il  y  a  divers  de- 
grés de  ceac  crainte;  il  y  en  a  une  qui  eft  pu- 
rement Icrvile  &  criminelle,  &  elle  vient  de  la^ 
préférence  qu'elle  donne  à  la  peine  par-def!us  le 
péché ,  le  coEur  étant  d'ailleurs  attaché  au  crime. 
Il  y  en  a  une  autre  qui  n'cft  point  criminelle , 
&c  qui  peut  être  au  contraire  un  commencement 
de  vertu.  Cela  arrive  lorfque  le  cœur  d'un  hom- 
me n'a  point  d'9.vcrfion  comte  la  vertu ,  8c  qu'il 
commence  h.  l'aimer  :  mais  il  n'en  eft  pas  '■ncore 
a  charmé ,  ni  fi  dégoûté  des  plaifirs    du  péché , 
qu'il  n'y  eût  une   grande   pente,  s'il  n'étoit    dé- 
tourné par  l'horreur  de  l'enfer.  Plufieurs  Théolo- 
giens confidèrent  cette  crainte  comme  un  premier 
pas  bc  une  entrée  dans  la  piété  ,  âc  comme    un 
commencement    du    véritable    amour    de    Dieu. 
Elle  peut  fcrvir  ,  félon  eux,  de  difpofition  pour 
•obtenir  la  grâce  par  le  Sacrement  de  Baptême , 
ou  de    la  Pénitence.    On    nomme  crainte  filiale 
celle  qui  eft  propre  de  l'ame  Chrérienne,  &  qui 
nous   éloigne   du  péché,  parce   que  nous  appré- 
j^endons   plus  que  la   mort  de  déplaire  à  Dieu  , 
£i;  que  rien  ne  nous   feroit  plus  fâcheux  que  de 
manquer  à  tout  ce  qu'il  défire  de  nous. 
|Cr  Toute  crainte  ne  bannit  pas  du  cœur  l'efpérance 
chrétienne-,  ]a  crainte  filiale  qui  porte  à  s'abftenir 
du  péché  ,  non  feulement  dans  la  vue  déviter  la 
damnation  ,  mais  encore  par  l'amour  de  la  juftice  , 
qui  le  défend,  non  feulement  n'eft  point  incompa- 
tible avec  l'efpérance  ;  mais  même  elle  la  fuppofe. 
La  crainte  fmplement  fervile  ne  l'exclut  pas  non 
-plus,  mais  la  crainte  fervilement  fervile  ne  laifle 


(J  K  A 

qu'âne  cfpcrance  bien  foible  dans  le  cœur  qu'elle 
r.nime. 

§3"  Crainte  en  droit ,  eft  un  mouvement  de  l'cf- 
prit  caufé  par  un  péril  prcfent  ou  qui  peut  arriver 
La  criu'rzre  légère  ,  metits  lévis  ,  eft  celle  qui  fe  ren- 
contre dans  l'clprit  d'un  homme  timide;  comme 
idi  crainte  At  déplaire  -à  quelqu'un  ,  d'encourir  fa 
difgtace.  La  crainte  grave  ,  mctus  gravis  ,  eft  celle 
qui  peut  atîédcr  un  homme  intrépide ,  commue  la 
crainte  de  la  mort ,  deia  piifon  ,  de  l'infamie ,  fi**:. 

|Cr  La  crainte  que  le  refped  infpire  aux  enfans  en- 
vers leur  père  ,  qu'on  appelle  en  droit  timor  reve- 
rentialLs,  n'eft  pas  une  crainte  grave  -,  c'eft  pour- 
j  quoi  le  mariage  contraélé  par  un  fils  6n  conféqucn- 
ce  d'une  telle  crainte,  eft  valable,  parce  qu'elle 
n^'exclut  pas  le  confentement. 

§3^  La  crainte  grave  eft  une  jufte  caufe  de  reftitution 
contre  ce  qu'elle  nous  a  fait  faire  malgé  nous  à  no- 
tre délavantage. 

Crainte  de,  ('De  )  Conjondiion.  De  peur  de.  Ne. 
L'orgueilleux  n'approuve  rien  de  crainte  de  fe  fou- 
mettre.  Le  P.  Rap, 

On  dit  autfi  Amplement  ,  Crainte  d'accident  , 
crainte  de  pis.  Il  eft  du   ftyle  familier.  Acad.  Fr.^ 

Cr-Ainte  en  Mythologie.  Il  y  avoit  des  Divinités 
chez  les  Anciens  que  nous  pouvons  appeler  crai>2/<r 
en  notre  langue,  mais  qui  palfoient  pour  des  Dieux, 
-&  non  pas  pour  des  Dceill-s ,  parce  que  les  noms 
latins  qui  fignifient  la  peur  ou  la  crainte  ne  font 
pas  féminins  comme  en  François ,  mais  mafculins. 
Ces  noms  fonr  Metus ,  Timor  ,  Pavor.  Nous  par- 
lerons du  Dieu  Pavor  au  mot  Peur  \  nous  allons 
parlet  ici  des  deux  autres.  Les  Poètes  mettent  le 
premier ,  Mctus ,  au  nombre  des  compagnons  de 
Mars  ,  &  en  font  un  Génie  de  fa  fuite  ,  témoin 
Stace.  Theb.L.  I^c.x-j. 

Le  Dieu  que  l'on  appeloit  Timor  ctoit  aulfi  un 
des  compagnons  &  de  la  fuite  de  Mars.  C'étoic 
une  Divinité  infernale.  Pour  obtenir  de  ce  Dieu 
qu'il  ne  fût  point  nuifible  ,  on  lui  facrifioit  le  chien 
&  la  brebis.  Plurarque  dit  que  ce  Dieu  avoir  im 
temple  à  Lacédémone.  La  politique  fit  mettre  la 
crainte  entre  les  Dieux.  Quand  on  craint  l'autori- 
té légitime  &:  les  peines  auxquelles  elle  peut  con- 
damner, on  la  refpeâ:e,on  n'entreprend  riencon- 
tr'elle.  De  plus  on  voyoit  que  tout  ,  même  les  plus 
grands  cœurs,  croient  fournis  à  la  crainte;  que  le 
plus  brave  pâlit  en  pienant  fes  armes,  que  le  foldat 
le  plus  brutal  tremble  au  lignai  du  combat ,  que 
le  Chef  le  plus  intrépide  rcffent  les  atteintes  de 
la  crainte  avant  le  choc  des  armées  ,  que  l'Ora- 
teur le  plus  éloquent  ftémit  quand  il  s'aprcte  à  par- 
ler en  public  ;  qu'enfin  la  crainte  produit  fouvent 
la  valeur  &;  fait  des  braves.  Chez  les  Romains ,  T. 
Hoftilius  mit  la  crainte  au  nombre  des  Divinités  : 
mais  avec  cette  différence,  que  lés  Romains  qui 
l'avoient  jointe  à  la  Pâleur  y  la  révcroient  fous  l'i- 
dée d'une  padîon  fervile  ,  foible  &  balTe  ,  non 
point  comme  le  fentiment  louable  d'une  ame  bien 
née.  Quelques  Auteurs  croient  que  les  Payens 
avoient  pris  le  culte  de  la  crainte  dans  les  livres 
faints  mal-entendus.  En  effet ,  il  y  eft  fouvent  par-, 
lé  de  la  crainte  de  Dieu  &:  des  effets  ^excellens 
qu'elle  produit  -,  &  dans  la  Gencfe  XXXI  ,  54. 
Jacob  jure  par  la  crainte  defon  père  Ifaac  ,  '7n£33 
vas  pryi.  f^oye^  fur  tout  ceci  Barthius  ,  fur 
la  Thél-aïde  de  Stace.  L.  III  ,  v.  66  j.  Alex,  ab 
Alexandre.  Génial.  Dier.  L.  I,  C.  i^.  Rivet  fur  la 
Gencfe  XXXI ,  <;  5 . 

Marot  décrir  ainfi  !a  crainte  ,  dans  fon  Epîrre 
à  Madame  la  Ducheffc  d'Alençon  Se  de  Berry ,  in- 
titulée, le  Dépourvu. 

« 

Mais  toiitfeudain  ,  Dame  très-vertueufcy 
Vers  moi  s'en  vint  une  vieille  kideiife  , 
M:igre  de  corps ,  &  de  face  Hefmie, 
QUfe  difoit  de  fortune  ennemie  : 
Le  cœur  avait  plus  froid  ûue  glace ,  oumarhre  , 
Le  corps  tremblant  comme  la  feuille  en  l'arbre. 


C  R  A 

Lts  yeux  kaijfést  comme  de  peur  ejlrainte  > 
Et  s'appelou  par  fon  propre  nom  crainte. 

Marot. 


C  R  A 


îoîf 


CRAINTIF,  IVE,  fujet  à  la  crainte.   Timidus ,  me- 
ticulofus.   Il  fied   bien    aux  femmes  d'être  crain- 
tives. Les  moutons ,  les  cerfs  ,  font  des  animaux 
.    craintifs.  La  crainte  fi  décriée  a  trouvé  des  hommes 
artez  craintifs  pour  lui  bâtir  des  temples.  M.  Scao. 
La    prévoyance    trop    craintive    fait   fouvent  que 
croyant  tout  perdu  ,  on  ne  fait  rien  pour  fe  fau- 
ver.  M.  Scup.  Gomme  je  refpedle  volontiers  ce 
que  j'aime ,  je  veux  qu'on  foit  un  peu  timide  & 
craintif  en  amour.  Mont. 
CRAINTIVEMENT  ,  adv.  timidement ,  d'une  ma- 
nière craintive.  Timide ,  pavidè.  On  marche  tou- 
jours la  nuit  craintivement   dans  les  bois ,    dans 
les  pays  qu'on  ne  connoît  point.  Ce  mot  ne  fe  dit 
point,  ou  s'il  le  dit,  il  n'eft  pas  du  bel  ufa^e. 
CRAM AILLER  ,    f.   m.  terme  d'Horlogerie.    C'eft 
un  râteau  denté  en  rochet ,  qu'on  emploie  .à  cer- 
taine méchanique  ,  comme  .à  des  cadratures  de  ré- 
pétition. 
CRAMANI,    f.   m.   terme  de  Relation.    C'crt:   aux 
Indes  le  premier  Juge  d'une  ville.   Le  Cramani  de 
Tarcolan  ,    nouvellement  Chrétien ,  conlulta  mes 
Catcchiftes  fur  la  conduite  qu'il  devoit  tenir.  Let. 
CuR.  &  Edif.   t.  XI.  Le  Cramani  vint  alors  me 
témoigner  la  part  qu'il    prenoit  à    ma    difgracc. 
Id.  f.  XI. 
^fF  CRAMOISI,  f.  m.  forte  de  teinture  qui  rend 
les  couleurs  où  on  l'emploie  plus  vives  &  pkis  du- 
rables. On  dit  en  ce  fens  ,  étoffe  teinte  en  cra- 
moiji. 
gCF  Ce  mot  efl:  auffi  adjeiftif.  Velours  cramoiji,  rouge 
cramoiji ,  foie  cramoijie.  Alors  il  défigne  ce  qui  eft 
teint  en  cramoiji.  C'eft  en  général  une  excellente 
teinture  qui  conferve  fa  couleur  malgré  les  injures 
du  temps,  &  qui  rehauflé  beaucoup  l'éclat  de  l'é- 
toffe qui  en  eft  teinte.  Les  étoffes  qu'on  veut  teindre 
en  cramoiji  ■,  après  avoir  été  dégorgées  de  leur  fa- 
Von  &;  alunées  fortement,  doivent  être  mifes  dans 
lin  bain  de  cochenille,  chacune  félon  fa  couleur. 
Les  couleurs  qui  ne  font  pas  cramoijies  font  appe- 
lées couleurs  communes  ;  &  les  couleuts  cramoijies 
font  celles  qui  fe  font  avec  la  cochenille.  Ainfi  on 
dit ,    de  l'ccarlate  cramoijie  ,   du  violet  cramoiji. 
Matliiole  dit  qu'il  y  a  bien  de  la  différence  entie 
notre  cramoiji  &  le  cactus  des  Grecs  :  &  que  le 
kermès  n'eft  autre  chofe  que  la  graine  dont  on  teint 
en  écarbte ,  qui  eft  ,  dit-il ,  ce  qu'on  trouve  attaché 
aux  racines  de  la  pimprenelle  :  mais  il  fe  trompe, 
&:  la  graine  d'écarlâte  ordinaire  eft  la  graine  du 
chêne  vert. 
Cramoisi  fe  dit  abfolument  d'un  rouge  foncé.  Voilà 
un  beau  cramoiji. 

Ce  mot  vient  de  l'arabe  kermejî^  qUi  a  été  fait 
de  kermès ,  qui  fignifie  rouge.  On  trouve  dans  la 
plus  baife  latinité ,  cremejinus  ,  cramoifinus  ,  6" 
carmojinus  ,  vellutum  cremejinum  ,  A3.  SS.  Mart. 
T.  III ,  p.  807,  F.  que  les  Bollandiftes  défîniffcnt 
Paniius  fericus  Crémone  textus,  c'eft-à-dire ,  étoffe 
de  foie  faite  à  Crémone";  inlinuant  c[\xt  Cramoiji 
vient  de  Crémone  ,  &  eft  mis  pout  Crémonois. 

On   dit  figurément  &  proverbialement ,  qu'un 
homme  eft  foten  cramoiji \  pour  dire,  qu'il  eft  for 
au  dernier  degré ,  Se  que  fa  fottife  eft  telle ,  qu'elle 
ne  s'effacera  point  ,  quelque  chofe  qui  arrive.  Il 
eft  laid  en  cramoiji. 
CRAMOISIE ,  f  f.  terme  de  Fleurifte.  Anémone  à 
peluche  ,  qui  eft  d'un  rouge-brun  velouté, &  dont 
la  peluche  eft   fort  bien   rangée.  Morin  ,    Cuit, 
des  FI. 
CRAMPE ,  f.  f.  efpèce  d'engourdiffement ,  ou    de 
convulfion  qui  fait  tetiter  ou  étendie  les  doigts 
des  mains  &  des   pies    &  les  jambes ,  avec    une 
violente  douleur  qui  n'eft  pas  de  durée  &  que  le 
iîmple     frottement   djffipe.    Conyuljionis   fpecies 


^uâ  Jape  manuum  pedumque  digiti  ,nonnumijuarn 
&  crura  ,  vel  extenduntur  ,  veL  in  Je  contrahun- 
tur  Jummo  curn  dolore  ,  Jed  eo  hrevi ,  ù  qui  fric- 
tione  jold  mitefcat,  Fern. 
§Cr  Ces  contradions  convulfives  ne  fc  font  guère 
fentir  que  dans  les  mufcles  du  pié  &:  de  la  jam- 
be. Il  lui  prit   une  crampe  en   nageant. 

Ce  mot  vient  de  l'allemand  krampff^  lignifiant 
Ja  même  chofe. 
03°  On  le  prend  adjectivement  dans  ce  mot.  Gout- 
te-crampe  ,  efpèce  de  goutte  fublte ,  ou  de  con- 
vulfion ttcs-douloureulè  qui  prend  au  nerf  de  la 
jambe ,  &  qui  n'eft  que  momentanée. 
Crampe  eft  auffi  un  engourdiffcment  qui  prend 
au  jarret  des  chevaux  ,  qui  leut  fait  traîner  la 
jambe  ,  ôi  qui  fe  diiîîpe  par  le  mouvement.  Tor' 
por.  .    . 

Crampe  eft  auffi  un  crampon  de  fer  dont  la  tête  . 

eft  arrondie. 
CRAMPON,  f.  m.  pièce  de  fer  qui  a  les  extrémi- 
tés  recourbées  ,  qui    fert    à   attacher   des    pièces 
de  bois ,  &  à    retenir  des  pierres    les  unes   avec 
les  autres  dans  la  confttuclion  des  b.âtimens  en  pier- 
res.   Lamina  ferrea  immiffà  utrinque  citfpide  duo 
faxa    aut   ligna    confiringens.    Les    gonds    qu'on 
fcelle  en  plâtre  font  à  crampons.  Ces  piètres  fe 
tiennent   avec   des    crampons   de    fer  fcellés   en 
plomb.   Les  crampons    de  verroux  ,  de  ferrures  y 
&c.  font  les  petits  morceaux  de  fer  dans  lefquels 
coulent  les  verroux  Se  les  pênes  des  ferrures ,  & 
qui  les  attachent   .à  la  targette    ou  à  la   feirure. 
i/nca  Jibula  ,  confibula.  Quelques-uns  croient  que 
ce  mot  vient  par  corruption  de  agrahon  ,  ou  de 
l'Italien  rampone  ,  qui  fignifie  la  même  chofe. 
Crampon   eft  auffi  un  terme  de  Sellier  ,  qui  Signi- 
fie un  petit    morceau  de   cuir    qui   eft  en  formé 
d'anneau  ,  &   qui  eft   fur    le  devant   de    la  felle 
pour  attachei  les  fourreaux  des  piftolets. 
Crampon    eft  auffi  un  terme  de  Maréchal.  C*eft  le 
renverfement  de  l'éponge  du  fer  du  cheval,  ou  la 
manière  de  renverfer  cette  éponge  :  c'eft  un  bouc 
de  fer  recourbé  qu'on  fait  exptès  auic  fers ,  quand 
on  Veut  ferrer  les  chevaux  à  glace,  Equinca  Joletê 
auricula.  Crampons,  oreille  de  lièvre. 
CrAmpon,  en  termes  de  Blafon ,   fe  dit  des  petits 
motceaux  d'acier  ou  de  fer ,  qui  fervoient  autre- 
fois à  mettre  au  bout  des  échelles  pour  efcalader  les 
villes.  Uncum utrinque ferrum.V\w\\ti\ïS  allemands 
en  ont  chargé  l'écu  de  leuis  Armes.  Il  eft  fait  ea 
foime  d'un  Z  ,  pointu  par  les  extrémités. 
CRAMPONET .  f.  m.  Anfa.  Diminutif  de  crampon, 
petit  crampon.  Les  cramponets  fervent  à  tenir  les 
verroux  &  les  tatgettes  lut  leurs  platines,  ou  à  les 
attacher  fur  les  portes  &  croifées  de  menuiferie. 
Daviier. 
CRAMPONNER,  v.  a.  lier,  ferrer,  attacher  avec 
des  crampons.  Laminis  ferreis  utrinque  infixis  ali~ 
quid  conjtringere.  Cramponner  une  pièce  de  bois. 
0Cr  On  l'emploie  avec  le  pronom  perfonnel.  Se  cram- 
ponner à  quelque  chofe,  s'y    attacher  fortemenf 
pout  ne  point  lâchet  prife.  Il  fe  cramponna  fi  fort  au 
bateau  ,  qu'on  ne  put  l'en  tirer. 
CRAMPONNER  les  fers  d'uii  cheval ,  y_  faire  des 
crampons. Et  cramponner  un  cheval,  le  ferrer  avec 
des  fers  cramponnés ,  recourbés  par  le  bout ,  afin 
qu'il  fe  tienne  pins  feime  fur  la  glace. 
CRAMPONNÉ  ,  ÉE.  part.  On  dit ,  en  termes  de  Bla- 
fon, une  croix  cramponnée.,  des  macles  cramponnées  , 
quand  leurs  extrémités  font  recourbées  comme  cel- 
les d'un  fer  cramponné,ou  zy uni  une  demi-potence. 
Recurvus. 

On  dit  populairement  qu'uri  animal  a  l'ame 
cramponnée,  ou  chevillée  dans  le  corps;  pour  dire, 
qu'il  vit  long-temps  ,  qu'il  conabat  long-temps 
contre  la  mort. 
CRAN ,  f.  m.  petite  entaille  qu'on  fait  dans  un  coips 
dur  pour  arrctet  ou  accrocher  quelque  chofe.  Inci- 
fio  ,  incifura ,  crena.  Les  roues  des  montres  entrent 
dans  les  crans  des  pignons,  Il  faut  hauffcï  la  Ciê'^ 


Ioi6 


CR  A 


maillère  d'un  cran.  Les  Podomètres  à  chaque  pas  ' 
t]u'on  fait  avancent  d'un  cran. 

Cran,  en  termes  de  Manège,  fe  dit  des  inégalités 
ou  replis  de  la  chair,  qui  font  comme  des  lillons  pô- 
les de  travers  dans  le  palais  de  la  bouche  du  cheval. 

•  Crente.  Il  faut  donner  un  coup  de  corne  au  troiiicme, 
au  quatrième  craji  de  ce  cheval ,  pour  le  laigncr. 

En  termes  de  Marin';,  mettre  un  vailleau  en  cran, 
c'eft  le  mettre  l'ur  le  côté  pour  le  caréner,  ou  i'uiver. 
Navem  in  latusjlatuere.  Voyez  Carenf,:'.. 

CRAN.  Ce  mot,en  termes  d'Imprimerie,  lignifie  cette 
petite  profondeur ,  ou  canal  qui  eft  vers  le  bas  de 
chaque  caractère  ,  &  qui  le  fait  dans  la  fonte  même. 
On  dit  figurcment  &;  familièrement  haulll-r  ou 
ballfcr  d'un  criZ«-,  pour  dire,  augmenter  ou  dimi- 
nueï.  Sa  fortune  ,  fa  réputation  ,  fa  fanté  ont  baille 
d'un  cran,  c'eft-à-dire  ,  diminuent,  baillent  ou 
commencent  à  diminuer. 

gcr  CRAN, nom  du  Raifort  fauvage.  Voyei  Raifort. 

CRANCELIN  ou  CANCERLIN ,  f.  m,  terme  de 
Blafon,  qui  fe  dit  d'une  portion  de  couronne  po- 
fee  en  bande  à  travers  un  écu  ,  qui  fe  termine  à  les 
deux  extrémités  tant  du  côté  du  chef,  que  de  la 
pointe. 

CRAND,  f.  m.  terme  de  Coutumes,  fiiretc,  all'û- 
rance.  CrandAc  àznzs,.  Grand  femble  auHî  lignifier 
ce  qui  eft  ^icx.c.Creduum. 

CRÂNE,  f.  m.  terme  d'Anatomie.  Alfemblage  de 
plufieurs  os ,  boîte  oHeulé  qui  couvre  &  qui  ren- 
ferme le  cerveau  ,  le  cervelet  &:  la  moelle  alongée. 
Cava,  cavaria.  Le  crâne  fe  divife  en  deux  tables , 
qui  font  comme  deux  lames  appliquées  l'une  fur 
l'autre  ,  entre  lefquelles  il  y  a  le  diploe,  qui  ell  une 
fubftance  mcélleufe ,  pleine  de  cellules  de  diffé- 
rente grandeur.  Il  eft  percé  de  plufieurs  trous  qui 
donnent  palfage  à  la  moelle  de  l'cpine,  aux  ncr^<; , 
aux  artères  &  aux  veines.  Sa  figure  eft  ronde  &  un 
peu  longue;  car  elle  avajice  par  derrière ,  &  s'aplat- 
'•  tit  par  les  deux  côtés  vers  les  temples.  Il  eft  com- 
pofé  de  huit  os ,  qu'on  appele/ro/rw  ,  qui  font  l'os 
du  front ,  celui  de  detrière  la  tête ,  les  deux  parié- 
taux ,  &  les  deux  des  temples.  Dans  les  émincnces 
des  os  des  temples  eft  contenu  l'organe  de  l'ouie 
avec  les  quatre  oflelets  qui  y  fervent  ;  favoir,  l'é- 
trier,  l'enclume,  le  mailler  &  le  circulaire.  Outre 
cela  il  y  en  a  deux  communes,  le  fphénoïde  &  l'erh- 
moïde  ,  qui  font  expliqués  à  leur  ordre.  Le  cr<i/ze  a 
quatre  futures  communes  qui  le  divilént  d'avec  la 
mâchoire.  Il  en  a  de  propres,  dont  il  y  en  a  trois 
vraies,  la  coronale  ,  la  fagittale  ,  ^  la  lambdocde. 
Il  y  en  a  trois  faufles ,  qu'on  nomme  3lU'X\  fjuam- 
meufes ,  ou.  temporales ,  qui  font  aulfi  expliquées  à 
leur  ordre.  Velfchius,  dans  fes  Oèfervanons  de 
Phyjique  &  de  Médecine,  parle  d'un  homme  dont 
le  crâne  fe  trouva  aptes  fa  mort  épais  d'un  doigt , 
&  fans  future,  &  qui  néanmoins  ne  s'éroit  jamais 
plaint  de  maux  de  tête  pendant  fa  vie. 

Ce  mot  de  crâne  eft  dérivé  de  >^o«uo? ,  mor  Grec 
qui  fignifie,  ga/giî,  armet,o\i  mor  ion,  parce  qu'il 
fcrtà  défendre  le  cerveau  comme  un  cafque.  icfccut, , 
Cranium,  le  crâne,  vient  du  celtique  Crcn,  qui 
eft  ainh  nommé  à  caufe  de  fa  rondeur.  Pezron. 

CRANEQUIN,  f.  m.  tetme  de  l'arr  Militaire,  inf- 
trument  de  fer  donr  onfe  fervoit  autrefois  en  France 
pour  bander  l'arc.  On  l'appelle  autrement  pié  de 
Fiche. 

CRANEQUINIER.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donnoit 
autrefois  à  certains  Arbalétriers  à  pié  &  à  cheval , 
qui  porroient  des  arbalètes  légères  faites  première- 
ment de  bois ,  puis  de  corne,  &  enfin  d'acier.  El- 
les fe  bandoienr  avec  un  bandage  de  fer  attaché  à 
la  ceinture,  qu'on  appeloit  crans^uin  ;  d'où  eft 
venu  ce  nom ,  que  Philippe  de  Commines  croit 
être  allemand.  H  y  avoir  autrefois  un  Grand  Maître 
des  Arbalétriers  &  Cranequiniers ,  à  la  charge  du- 
quel le  Grand  Maître  de  l'Arrillcrie  a  fuccédé.,Dans 
les  auteurs  larins  on  les  appelle  Cren/iiVz^inV.  Voyez 
les  Rem.  fur  la  Sat.  Mén. 

CRANGANOR,  Cranganor  ,  Ville  des  Indes  Otien- 


C  R  A 

taies  dans  la  prefqu'Ile  de  deçà  le  Gange,  capitale 
d'un  Royaume  de  même  nom,  qui  appartient  au 
Roi  de  Calécut  •■,  elle  eft  fur  la  côte  de  Malabar  ;  elle 
a  un  Archevêché ,  &:  il  y  a  plufieurs  Chrétiens  de 
S.Tliomas.  Les  HoUandoisont  pris  Cranganor  aux 
Portugais  ,  qui  en  éroienr  aurrefois  maîtres.  Foye^ 
Maff'ee,  Ihji.  Ind.  L.II.  Jarric.  L.  FI,  C.  14.  & 
Gorea  ,  de  Frogr.  Eccl,  L  ,  II.  c.  1 9. 

CRANOSTAW  ,  pcrite  ville  de  Pologne  dans  la  Ruf- 
fie  rouge  ,  fur  la  rivière  de  Wieperrz. 

CRANSAC.  Ce  lieu  eft  dans  le  bas  Rouergue  •,  les 
eaux  minérales  qui  en  porrent  le  nom  n'ont  aucune 
odeut  lénfible  ,  leur  faveur  eft  un  peu  acre  &  vitrio- 
lique.  Douze  onces  de  ces  eaux  ont  donné  pat  l'é- 
vaporarion  dix-huit  grains  d'un  fel  gris  riranr  fur  le 
blanc ,  d'un  goûr  falé  &  Icgcremenr  virriolique.  On 
les  regarde  comme  apéririves  &  purgarives ,  &  on 
les  emploie  avec  fuccès  dans  les  maladies  prove- 
nanres  d'obftrudion.  Hijt.  de  l'Acad.  des  Se.  année 
1705,  p.  67. 

CR  AON.  f.  m.  Credo  Andegavoriim.  Le  Craon  eft  une 
rivière  d'Anjou. 

Craon.  Credo ,  Credoniium ,  perire  ville  de  France 
fur  l'Oudon  dans  l'Anjou,  -Se  non  poinr  fur  le  Craon, 
comme  l'a  cru  Maflbn  ,  qui  dir  qu'elle  rite  fon  nom 
de  cette  rivière. 

CRAONOIS,  Credonenjis  ager ,  prononcez  Cranois  ; 
plufieurs  même  l'écrivent  ainfi  :  territoire  de  Craon. 
Valois,  Notit.  Gai.  p.  Kîi.  Pagus,  on  âge  r  Cra- 
tumnenjis'- 

CRAPAUD,  f  m.  animal  venimeux  dont  la  figure 
approche  de  la  grenouille,  excepté  qu'il  fe  traîne, 
&:  que  la  grenouille  faute.  Biifo.  Le  crapaud  n'a 
point  de  dents,  &  ne  lailfe  pas  de  mordre  dange- 
reufement  avec  fes  babines.  Il  jette  fon  venin  par  fon 
urine,  fa  bave  &  fon  vomillemenr  fur  les  herbes, 
&  particulièrement  fur  les  fraifes  &  les  champi- 
gnons,  dont  il  eft  fort  friand.  Le  plus  dangereux 
crapaud  eft  celui  qu'on  appelle  Crapaud  verdier,  ou 
grai£ei,  ou  raine  ver  de,  en  Larin^ayô.  J!  îe  gonfle 
pour  jeter  plus  loin  Ton  urine  fur  les  herbes,  qui 
n'eft  pas  moinsvenimeufe  que  le  napellus.  Son  fang 
eft  mortel ,  de  même  que  la  poudre  qu'on  en  fait. 
On  dit  que  les  crapauds  ï'otcsni  les  petits  oifeaux  & 
les  belettes  à  fe  jeter  eux-mêmes  dans  leurs  gueules. 
On  dit  la  même  chofe  de  quelques  ferpens-,mais  cela 
eft  fort  fufpeèf.Lc  crapaudz  pour  ennemi  lebullard, 
qui  le  dévore  fans  qu'il  lui  arrive  aucun  mal.  Rond. 
Les  canards  mangenr  aulfi  des  crapauds,  fans  en 
relTenrir  aucun  mauvais  effet.  Ces  obfervations,  & 
quelques  a.uttes  paroilTent  rendre  fufpeile  la  qua- 
liré  vénéneule  du  crapaud.  Mais  d'un  autre  côré  U 
y  a  tant  de  faits  conttaires ,  &  qui  paroilfent  dé- 
montrer l'exiftence  de  ce  venin,  qu'il  y  auroit  aa 
moins  de  l'imprudence  à  s'expofer  au  danger. 

Quelques-uns  onr  cru  que  les  Rois  de  France 
avoient  eu  d'abord  pour  armes  rrois  crapauds;  c'eft 
une  fable.  Sous  le  règne  de  Pharamond  les  Francs 
s'habiruèrent  fur  les  rives  du  Rhin ,  &.  des  marais 
de  Weftphalie  ,  où  font  les  Duchés  de  Clêvcs, 
Gueldres,  Juliers ,  la  Frife ,  la  Hollande,  la  Zé- 
lande  &  le  Brabant,  près  de  Cologne  5c  de  Liège, 
où  font  les  Ribarols.  De  cette  demeure  en  ces  lieux 
aquatiques  &  marécageux  ils  furenr  appelés  Riba- 
rols ,  bu  Ripuaires ,  h.  de-Ià  eft  venue  la  fable  de 
ceux  qui  ont  cru  que  Pharamond  porroit  en  armes 
l'écu  d'argent  à  nois crapauds  de  fable,  parce  que 
ces  animaux  fonr  aquariques.  De-là  encore  le  fobri- 
quer  de  crapauds-ka.nchozs ,  que  les  Flamands  &C 
les  Walons  donnent  aux  François.  Favyn  ,  Mijl.  de 
Nav.  L.  Fil,  p.  599. 

On  trouve  dans  la  vie  de  S.  Pierre  Céleftin , 
crapollus  ,  comme  fi  ce  mot  venoir  de  crapok 
Voyez  A&.  SS.  Mali ,  T.  IF, p.  42-?.  -?". 

On  dir  ironiquement  &  proverbialement,  qu'un 
homme  eft  chargé  d'argenr  comme  un  crapaud  àt 
plumes  -,  pour  dire,  qu'il  a  peu  d'argenr.  On  dit  en- 
core, qu'un  homme  faute  comme  un  crapaud-, 
pour  dire,  qu'il  n'eft  pas  léger  &  difpofé.  On  dit 

figurcment 


CR  A 

figurémcnt  d'un  homme  fort  laid,  c'efi  un  vîhin 
crapaud. 

11  y  a  une  ef^ièce  de  poire  qu'on  appelle  crapaud, 
ou  poire  de  crapaud.  Elle  mûrit  en  janvier ,  &  la 
Quintinie  la  compte  parmi  les  mauvaifes  poires. 

CRAPAUDAILLE,  f.  i'.  par  corruption  dumottr<;- 
podaille.  Crcpon ,  fotte  de  crêpe  ou  gafe  fort  légère 
&:  foft  claire.  La  coëffe  de  defTus  des  filles  de  l'u- 
nion Chrétienne  eft  de  taffetas  noir ,  celle  de  dcf- 
fous  eft  d'étamine,  de  ibie,  ou  de  crapaudaïUe. 
V.  HÉLYOT  ,  T.  rlîl,  C.  20.  FoyeiCKÉvon. 

CRAPAUDIÈRE,  f.  f.  lieu  où  il  y  a  beaucoup  de 
crapauds.On  appelle  figurément  crapauâùre  un  lieu 
bas,  humide,  fale  &  mal-propre. 

^  CRAPAUDINE,  Cf. pierre  prccieufe  que  le  vul- 
gaire dit  fe  trouver  dans  la  tête  d'un  vieux  crapaud. 
Batrachites.  Elle  eft  de  couleur  grife  tendant  fut  le 
louge,  convexe  d'un  coté,  plane  ou  concave  de 
l'autre.  On  la  trouve  dans  les  champs,  Pierie  d'Ap- 
pone,  dit  le  Conciliateur,  en  fait  grand  état,  & 
les  Médecins  croient    qu'elle   réfifte  aux  venins. 

?''oye{-CRAPAUDINE  ,    PÉTRIFICATION. 

Crapaudine  ,  en  termes  de  Manège  ,  eft  une  crevafle 
qui  fe  fait  au  pié  d'un  cheval  par  les  atteintes  qu'il 
fe  donne  avec  fes  fers,  Fijfura  in  craponis  equinx 
fuffraginis. 
Crapaudine  ,  eft  aufîî  une  pièce  de  métal ,  de  fer  ou 
de  cuivre,  dans  laquelle  entre  le  pivot  liir  lequel 
tourne  une  porte  cochère ,  celle  d'une  éclufe ,  ou 
qKelque  fardeau  qu'on  fait  tourner  en  rond.  On  l'ap- 
pelle audi  couette.  Voyez  Couette. 
lO^Chez  les  Diamantaires ,  on  appelle  crapaudine  une 
malle  de  fer  au  milieu  de  laquelle  il  y  a  un  trou 
dans  lequel  toiirne  un  pivot. 
ffT  On  appelle  encore  crapaudine  une  plaque  de  fer 
ou  de  plomb  ,  peicée  de  plufieurs  trous ,  ou  limple- 
iTient  une  grille  de  fil  d'archal  qui  fe  met  à  l'entrée 
d'un  tuyau  de  baflTm  ,  de  réfervoir  &  pour  empêcher 
que  les  crapauds  &  les  ordures  n'y  entrent. 
Crapaudine.    Sideritis.   Plante   qui  croît  dans  des 
lieux  incultes.  On  la  diftingue  des  autres  plantes  à 
fleur  en  gueule  par  fes  fleurs  qui  font  difpofées  en 
anneaux ,  ou  verticiiles ,  &  par  étage  le  long  des 
tiges  &  des'btanches.  La  crapaudine  ordinaire  onji- 
deritis  hirfuta procumbens  ,  C.B.  a  fa  racine  vivace  > 
ligneule ,  &  pouffe  quelques  tiges  longues  de  deux 
pies  environ  ,  branchues ,  velues  ,  carrées ,  menues , 
chargées  de  feuilles  oppofées  deux  à  deux.  Ces 
feuilles  font  velues ,  femblables  en  quelque  manière 
aux  feuilles  de  la  petite  fauge  ,  mais  plus  obtufes  , 
moins  épaiffes ,  fans  odeur  particulière,  crénelées 
fur  leurs  bords  plus  ou  moins,  fuivant  leur  âge, 
&  bien  moins  blanches.  Les  branches  &  les  tiges 
font  terminées  par  des  verticiiles  de  fleurs  éloignes 
les  uns  des  autres  plus  ou  moins.  La  fleur  eft  taillée 
en  gueule  d'un  blanc  tirant  fur  le  jaune  ,  &  tachée 
de  quelques  points  de  couleur  de  pourpre  obfcur. 
La  lèvre  fupérieure  eft  relevée  &  retrouffée ,  &  l'in- 
férieure  eft  divifée  en  trois  parties.  Son  calice  eft 
un  tuyau  velu ,  à  cinq  pointes ,  &  qui  renfentie 
quatre  petites  femences  noirâtres.  On  trouve  en 
Efpagne  &:  dans  les  Alpes  plufnurs  efpèces  de  cra- 
paudine. On  a  cru  <me  le  nom  àtjideritis  avoir  été 
donné  à  cette  planté  ,  parce  qu'on  avoir  remarqué 
en  elle  une  qualité  vulnéraire,  &  propre  pour  les 
blefliites  faites  par  le  fer. 
CRAPAUDINE  ou  Garatroine,  f.  f.  gCT  pétrification 
Bufonites  lapis  ,  chelonites  ,   Batrachites.    Pierre 
argilleufc    repréfentant  un    crapaud  ou  une  gre- 
nouille de  builTon.  Sa  couleur  eft  verte  -,  elle  eft 
creufe  &:  reprcfente  un  œil ,  avec  un  cercle  blanc 
&■  noir.  Sa  figure  en  calotte  l'a  fait  nommei  crapau- 
dine. Il  y  en  a  deux  efpèces  :  l'une  ronde ,  creufe  & 
convexe,  formant  une  petite  calotte  fort  polie; 
l'autre  oblorgne ,  toutes  deux  de  couleur  grife, 
verdnT"  ,  cuelquefois  blanche  ou  noire  &  marquée 
de  râches  rouflatres.  On   les  découvre  fut  les  ro- 
chers, les  montagnes.   On  le  dit  des  dents  pctri- 
Éées  d'un  poilTon  noitimé  le  Grondeur. 
Tome  IL 


C  R  A 


Î0Ï7 


|C?  Ceft  un»  erreur  de  croire  que  ces  petites  pierres 
fortent  des  tètes  de  crapauds  &  des  grenouilles.  La 
crapraudine  eft  un  follile 
Crapaudine,  efpèce   de  poire,  qui  vient  au  mois 
d'Août,  bc  qu'on  appelle  autrement  Giife-bonne  , 
ou  Ambtette  d'été.  La  Quint,  la  met  au  nombre 
des  poires  médiocres. 
Crapaudine  ,  rermede  Cuifinier  &  de  Traiteur,  Dc?s 
pigeons  à  la  crapaudine  ,  font  des  pigeons  préparés 
de  la  manière  qui  iliit.  On  les  fend  fur  le  dos  du 
haut  en  bas  ,  on  ouvte  &c  on  écatte  les  deux  patries 
fans  les  féparer,  on  les  ccrafe  &  on  les  aplartit,  on 
les  faupoudre  de  fel  &c  de  poivre  ,  on  les  fait  lotir 
fur  un  gril ,  Se  on  les  mange  avec  uij  peu  de  verjus 
ou  de  vinaigre,  ou  une  fauce  piquante. 
CRÀPONE  ,  Ç.  f.  terme  d'Horlogerie.  Lime  bâtatde> 

faire  dans  une   ville  de  ce  nom. 
^CT  Crapone,  petite  ville  de  France  en  languedoc, 
dans  le  Vêlai  ;  il  y  a  une  aurre  petite  ville  de  même 
nom  en  Auvergne  fur  une  rivière  qui  fe  jette  dans- 
l'Allier.  Et  un  Canal  en  Provence  quiferr  feulement: 
à  faire  tourner  quelques  moulins  &  a  fertilifer  le* 
campagnes  par  où  il  pafîe. 
CRAPULE,  f.  f.  vilaine  &  continuelle  débauche  de 
vin ,  ou  d'autres  liqueurs  qui  enivrenr.  Crapuià., 
Les  peuples  du  Nord  font  forcfujets  à  la  crapule, 
à.  une  perpétuelle  ivrognerie.  Un  grand  s'cnivts- 
de  meilleur  vin  que  le  peuple;  c'eft  la  feule  diffé- 
rence qu'il  y  a  dans  fa  crapule.  La  Brwy. 
§CT  Ce  mot  ne  s'eft  appliqué  d'abord  qu'à  la  débau- 
che   habiruelle  du  vin.  On  le  dit  aujourd'hui  de 
toure   débauche  habituelle   &  exceffive    dans    le 
manger ,  &  principalement  en  matière  d'amour.  I£ 
femble  que  quand  on  dir  qu'un  homme  vit  dans  la. 
crapule ,  on  attache  à  ce  mot  l'idée  d'un   homme 
entraîné  par  l'habitude  qu'il  a  contractée  de  boire 
te  de  manger  avec  excès ,  &  de  fe  livrer  de  même 
aux  plailirs  de  l'amour ,  fans  choix  dans  les  objets, 
fans  modération  dans  la  jouiifance. 

Ce  root  vient  de  xpxiTrâxv ,  de  x«^« ,  caput  SC 
Ki.x?,£ii,  vilrare  ,  exagitare. 
CRAPULER,  V.  n.  vivre  dans  la  crapule.  Voyes^  Cc 
mor.  Crapulx  indulgere.  Cette  fièvre  lui  eft  venue 
après  avoir  long-temps  crapule,  avoir  fait  des  excè» 
de  vin.  Ce  mot  eft  du  ftyle  familier. 
CRAPULEUX  ,  EUSE ,  adj.  qui  aime  la  crapule. 

Voyei   Crapule. 
CRAQUE  ,  rcrmc  d'Horlogerie,  dont  on  fe  fert  pour 

dire  qu'un  reilbrt  commence  à  fe  caffer. 
CRAQUELIM  ,  f'.  m.  prononcez  Craclin.  Pitifferie 
fort  fèche  qui  eft  faite  ordinairement  en  forme 
d'une  écuelle ,  &  qui  craque  fous  la  dent  en  la  man- 
geant. Libum.  Il  y  a  des  gens  qui  confondent  les 
craquelins  avec  les  échaudés.  Ils  n'en  diffèrent  guère 
que  par  la  forme. 
CRAQUELOT  ,  f.  m.  on  nomme  ainfî  le  hareng  for  , 

quand  il  eft  encore  dans  la  primeur. 
CRAQUEMENT ,  f  m.  bruit  que  font  les  corps  dur* 
&  fecs ,  en  fe  frottant  violemment ,  ou  en  s'éclatant» 
Fragor  ,  crepitus.  J'ai  enteiidu  le  craquement  de 
cette  poutte.  ' 

Craquement  fe  dit  aufTi  dû  bruit  que  font  les  dents 
lorfqu'on  les  preffe  violemment  les  unes  contre  les 
autres.  Craquement  de  dents.  Dentium  crepitus. 
CRAQUER  ,  V.  n,  §cr  produire  le  bruir  que  fSnt 
les  corps  durs  &  fecs  quand  on  les  frone  les  uns 
contre  les  autres ,  ou  qu'ils  éclatent.  Crepare ,  &C 
crepitare.  On  a  donné  la  queftion  fi  fotte  à  ce  pa- 
tient ,  qu'on  e'ntendoit  craquer  fes  ôs.  La  menuiferie 
craque  quand  on  y  a  employé  du  bois  ttop  verd» 
On  dit  ce  mot  des  ouviages  de  charpenterie ,  on 
le  dit  d'un  vaiffeau  bartu  de  la  tempête.  Tout  le 
vaiffeau  craquait  en  fes  membres.  Ce  lit  craque.  La 
croûte  craque  fous  la  dent.  • 

Craquer  fignifîe  auffi ,  dans  le  ftyle  populaire  ,  men"" 
rir ,  habler,  fe  vanter  mal-à-propos.  On  n'cftirae 
pas  un  homme  qui  ne  fait  que  craquer. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  Arrtc/:^»,  fîgnifîant 
la  même  chofe,  Schicck  le  dérive  de  hharack  3 

NN  N  N  n  n 


n 


ioi8  C  R  A     . 

mot    hébreu  qui  lignifie  faire  du  bruit  des  dents. 

Frendere,  jiridure  dentihiis. 
Craquer,  v.  n.  le  dit  en  Fauconnerie  ou  Oiielerie 

du  cri  des  grues  &  du  bruit  qu'elles  font  en  terraant 

leur  bec.  On  die  des  grues  craquer  &  trompeter. 
La  grue  craque.  Je  viens  d'entendre  craquer  une 

grue.  Faultrier. 
CRAQUERIE  ,  f.  1'.  menterie,  hâblerie  ,  terme  popu 

laire. 

CRAQUÈTEMENT ,  f.  m.  Ce  mot  le  dit  des  dsnts , 
&  lignifie  une  convuHion  des  mulcics  des  mâciioires. 
Degori.  Deruiurn  crépitas. 

CRAQUETER  ,  V.  n.  craquer  Ibuvent  &  avec  petit 
bruit.  Crepitare.  Les  bois  de  hêtre ,  de  bréfil  craque 
tent  quand  on  en  brûle.  L'air  qui  le  dégage  du  dois 
où  il  eft  enfermé,  craqueté  en  fortant. J'entends 
craqueter  le  tonnerre.  Théoph.  On  le  dit  peu. 

CRAQUETER ,  v.  n.  c'eft  le  terme  dont  on  le  fcrt 
pour  exprimer  le  cri  de  la  cigogne.  La  cigogne 
craqueté.  On  a  entendu  craqueter  les  cigognes. 

CRAQUEUR,  EUSE,  f.  m.  &  f.  celui  ou  celle  qui 
ne  tait  que  mentir  &  fe  vanter  fauilement.  Il  le  dit 
d'un  menteur  qui  a  toujours  à  conter  quelque 
hiftoire  raite  à  plaifir.  Il  étoit  aulEi  craqueur  que  s'il 
avoir  été  nourri  fur  les  bords  de  la  Garonne.  M.  du 
Noyer.  Il  efl:  populaire. 
Ék  CRÀSE  ou'SYNERESE.  f.  f.  terme  de  Grammaire. 
*^  Fii'-ure  par  laquelle  on  joint  deux  fyllabes  en  une  , 

Crajis ,  comme  dans  ce  vers  de  Virgile. 

Oi^h^i  Calliopea ,  Lino  formofus  Apollo.  Ecl.  iv  , 

V.  57. 

Il  y  a  crâfe  au  mot  Orphei ,  qui  n'efl:  que  de 
deux  fyllabes  dans  ce  vers.  Ka-/»,  pour  »«<  .«-/^ 
&  moi,  en  Grec-,  l'honneur,  l'amour  ,  pour  k 
honneur  ,  le  amour  ,  en  italien  ;  e"l  dcjir  ,  e'imer- 
to  ,  S>c  le  dejïr  &  le  mérite ,  en  françois,  pour  e  il 
dejir  ,  &  il  merto.Jl  y  en  a  qui  diftinguent  la  crâj.. 
de  la  fynerèfe.  Il  y  a  crdfe  ,  félon  eux  ,  lorfque  ki 
voyelles  le  confondent ,  fe  mêlent  ,  &  qu'on  en 
retranche  quelqu'une  ,  comme  il  arrive  dans  le; 
exemples  qu'on  vient  de  raporter  ,  hormis  le  pre- 
mier. Il  y  a  une  fynerèfe  lorfque  deux  ou  plulieurs 
voyelles  au  lieu  de  faire  plufieurs  fyllabes  n'en  font 
qu'une,  comme  dans  le  premier  exemple  Orphei, 
&r  dans  les  mots  François  Caën,Laon,  Faon,  &c. 
Ces  notions  font  plus  conformes  à  l'étymologie 
des  noms  de  crdje  ,  &c  de  fynerèfe. 

Le  nom  de  crdfe  vient  dcxfànç ,  qui  veut  dire 
rnéla/:cre. 

|Cr  Crâse  fe  dit  aiilEi  en  Médecine  de  l'état  naturel 
du  fang  ,  dans  lequel  fes  principes  font  mêles  & 
unis  comme  ils  doivent  l'être  ,  fon  oppofé  eft  dif- 
crdje,  mélange  vicieux  des  principes  diflerens  dont 
le    fang  eft  compofé. 

CRASPEDON.  f.  m.  Kp«r5r.'^.v .  Maladie  de  la  luette , 
dans  laquelle  cette  partie  pend  fous  la  forme  d'une 
membrane  oblonguc  &  foible.  Aretée  ,  de  caujis  & 
fig.  Acut.  Lib.  I ,  cap.  8. 

CRASSANE  ou  CRASANE  ,  mais  il  faut  prononcer 
rS  forte  ,  f.  £  Sorte  de  poite.  La  craffane  a  la  chair 
beurrée,  tendre  ,  délicate  ,  avec  une  eau  douce, 
liicrée  &  de  bon  goût ,  &C  un  peu  de  parfum.  La 
Quint.  Bien  des  gens  la  nomment  Bergamorte  cra- 
fane  ;  Bergamotte  ,  à  caufe  de  fa  chair ,  &  crafane , 
à  caufe  de  fa  figure ,  qui  paroît  comme  écrafée.  Il 
me  femble  qu'il  lui  conviendroit  mieux  de  porter 
le  nom  de  Beurrée  plat;  car  elle  eft  alTez  de  la  na- 
ture &  de  la  couleur  du  Beurrée  ;  cependant  elle 
en  eft  différente  par  fa  figure  plate:  elle  eft  à  peu 
près  de  la  forme  des  Melîire-Jean  :  le  fond  de  fon 
foloris  eft  verdâtre ,  jauniflant  en  matutité ,  &  pref- 
que  tout  chargé  de  rouiîcurs  :  la  q\ieue  en  eft  lon- 
gue ,  médiocrement  grolTe  ,  courbée  &  enfoncée 
comme  celle  des  pommes.  La  peau  en  eft  rude  :  la 
chair  extrêmement  tendre  &  beurrée,  quoiqu'elle  ne 
foit  pas  rou'ours  fort  fine.  L'eau  en  eft  aulfi  abon- 
dante que  celle  des  fameux  beurrées  j  &  renchérit 


CR  A 

fur  eux  par  une  âcrerc  un  peu  trop  grande.  Dans  utt 
terrain  un  peu  gras  &c  humide  elle  n'a  pas  ce  défaut. 
Elle  lé  conlcrvc  un  mois  entier  en  maturité ,  elle 
ne  mollit  jamais  ;  mais  elle  pourrit  comme  toutes 
les  autres  poires.  La  Quint.  Les  crafjanes  deman-  . 
dent  un  terrain  raifonnablcment  humide  Id, 

0CFCRASSE  ,  adj.  de  t.  g.  mais  qui  n'a  d'ufage  qu'au 
féminin.  Il  eft  fynonime  d'épais ,  grollier  -,  humeur 
craj/e,  matières  craffes.  Ce  font  les  humeurs  craffes 
qui  font  des  obftructions  dans  le  corps ,  qui  caufent 
la  plupart  des  maladies.  La  Chimie  s'applique  à  fé- 
parer  des  corps  les  parties  les  plus  fubtiles  d'avec 
les  plus  craffes. 

On  dit  rigurément,  une  ignorance  craffe  ;  pour 
dire  ,  extrême  ,  grolfière  ,  inexcufable.  Summa  igno- 
rantia.  Un  Auteur  peut  être  accule  d'une  ignoran- 
ce craffe  ,  quand  il  ignore  les  principes  de  la  ma- 
tière dont  il  traite. 

CRASSE  ,  f.  (.  ordure  qui  s'amafle  fur  la  peau ,  foie 
par  les  petites  parties  qui  s'en  détachent  ,  foit  par 
la  poudre  ou  autres  faletés  qui  viennent  de  dehors 
qui  s'y  attachent.  Squalor  ,  p&dor  ,  itluvies ,  Jitus. 
Les  étrilles  fervent  à  ôter  la  craffe  du  poil  des  che- 
vaux ,  les  bains  pour  ôcer  la  craffe  du  corps  ,  des 
jambes.  La  craffe  n'eft  aurre  chofe  que  la  férolité 
qui  Ibrr  par  la  tranfpiration ,  ou  par' les  fueurs, 
delléchée  fur  la  peau ,  &  mêlée  de  faletés  étran- 
gères. f)3*  Elle  eft  capable  de  produire  plulieur« 
maladies  ,  clous ,  gale  ,  &c.  qu'il  eft  aile-  de  pré- 
venir par  les  bains. 

Crasse  le  dit  encore  plus  particulièrement  de  l'ot" 
dure  qu'on  tait  tomber  de  la  rète  en  fe  peignant, 
Furfures  capitis. 

Ce  mot  vient  du  grec  yfi<rT»i ,  fignifiant  fordes 
in  velleribus. 

Les  Médecins  appellent  aulfi  craffe  ,  l'ordure 
qui  vient  fur  la  langue  aes  rcbncirans. 

■CT  Les  Fondeurs  appellent  craffe  des  métaux  ,  l'or-« 
dure,  l'écume  qui  tn  forr  quand  on  les.  fond. 

tfs"  Les  Ouvriers  en  méraux  appellent  Cricore  craffes 

-  ou  pailles,  l'écaillé  qui  le  détache  au  métal  chaud 
quand  on  le  bat  fur  l'enclume. 

Crasse  fe  dit  aulfi  de  la  poudre,  de  l'ordure  qui  s'ell 
attachée  fur  d'autres  corps.  Pulvis  ,  fordes.  Ce  ta- 
bleau eft  plein  de  craffe ,  il  le  faut  n  -ttoyer  &  ver- 
nir. Ces  habirs ,  ces  meubles  fonr  pleins  de  cra^e  j 
il  les  faur  bien  vergeter  &:  dcgraiHer, 

Crasse  ,  fe  prend  quelquefois  pour  malpropreté.  Sor- 
des ,  immu'ndities.  11  y  a  des  gens  qui  aiment  \'xcraf- 
fe ,  Se  d'autres  la  propreté.  On  a  fait  une  farce  da 
Baron  de  la  craffe. 

IJCT  Crasse  fe  prend  quelquefois  pour  avarice  for- 
dide.  Il  a  toujours  vécu  dans  la  craffe.  Acad.  Fr. 

Crasse  fe  ditfigurémenr  de  ce  qui  eft  méprifable. 
Les  Chinois  fe  figuroient  les  autres  hommes  comme 
des  nains  &  de  petits  monftrcs,qui  avoient  ete  je- 
tés fur  les  exrrémités  de  la  terre  comme  la  craffe  &c 
le  rebut  de  la  narure.  P.  le  Comte.  On  dit  aullî 
qu'un  homme  eft  né  dans  la  craje  ;  pour  dire  , 
qu'il  eft  d'une  nailfance  rrès-bafle. 

Crasse  fe  dit  parriculièrement  de  la  faleté  des  gens 
de  Collège  ,  tant  au  propre  ,  en  parlanr  de  leurs 
perfonnes ,  qu'au  figuré  ,  en  parlant  de  leur  man- 
que de  politelfe  ,  de  leur  3;ïoiïièïezé.  Inurbanitas , 
rujiicitas.  Il  y  a  des  gens  fi  ruftiques  ,  qu'ils  ne  fe 
peuvenr  jamais  défaire  du  pédantilme  &  de  la  craf- 
fe du  Collège.  L'étude  immodérée  engendre  une 
craffe  dans  l'efprir  :  il  faut  que  la  converfation  l'é- 
pure &  le  rcdreOe.  S.  Evr. 

CRASSEUX  ,  EUSE  ,  adj.  mal  propre ,  couvert  de 
craflê,  Sordidus  ,  immiindus  ,  fquallidus.  Vifage 
craffeux  ,  mains  craffeufes.  Il  a  des  hab'M'i  cr affeux  , 
vilains,  crottes,  &c.  On  dit  aulfi  craffeux,  pour 
fordidement  avare.  HG"  Il  eft  quelquefois  pris  fubf- 
tantivement.  C'eft  un  craffeux  ,\'\h\n  cpaffsux. 

Ce  mot  vient  du  latin  craffus  ,  félon  quelques- 
uns. 

CRAT^OGONUM  ,  f.  m.  plante  dont  parle  Diorco- 
ride,  C'eft  uaeef^èce'demelampyrum  ,  ou  blé  noir. 


C  R  A 

En  latin ,  inelampyrum  luteum  latifolium ,  ou  cra- 
txogonum  vulgare.  Voyez  Froment. 
CRATÉE ,  f.  f.  terme  de  Mythologie ,  DéefTe  des  Sor- 
ciers &:  des  Enchanteurs ,  lelon  Hoinère  ,  mère  de 
la  fameuie  Scylla.    On  croit  que    c'd\  la  même 
qu'Hécate.) 
Cratée  ou  Cb-étée.  f.  m.  Roi  de  Crète  ,  félon  la  My- 
thologie. Il  étoit  fils  de  Minos  &  de  PafiphaériUe  du 
SoleiL  II  partagea  la  Souveraineté  avec  Deucalion 
fon  frère ,  &  fut  tué  par  Ion  propre  fils ,  ainfi  que  l'O- 
racle le  lui  avoir  prédit.  Althéménès  qui  étoit  ce  fils, 
voulant  prévenir  ce  malhtur  s'exila  lui-même,  &c  il 
retira  à  Rhodes.  Le  chagrin  que  l'ai-ilènce  d'un  i: 
bon  Als  caufa  à  Cratée,  l'obligea  de  l'aller  chercher. 
Il  équipa  un  vaiUcau  pour  ce  lu  jet,  &  aborda  à  l'île 
de  Rhodes.  Les  habitans,  croyant  que  c^étoient  des 
ennemis ,  prirent  les  armes.  Althéménès  y  accourut 
comme  les  autres  ,  &  tira  une  flèche   fur  le    plus 
.    apparent,  qui  étoit  fon  père,  &  le  tua.  Ce  malheu- 
reux fils  ayant  reconnu  fon  malheur ,  pria  les  Dieux 
de  ne  le  laifler  pas  furvivre  à  fon  père.  Il  fut  exaucé, 
la  terre  s'ouvrit  Se  l'engloutit. 
CPvATERE  ,  pour  dire  coupe ,  n'cft  plus  en  ufage  que 
dans  l'Univerfité  de  Paris.On  dit  les  craures  de  Sor- 
bonne  ,  les  cratères  du  Collège  de  Navarre.  Ce  l'ont 
des  coupes  d'argent  en  tormc  d'écuelles  fans  oreil- 
les. Celles  du  Collège  du  Cardinal  le  Moine  font 
grandes,  &  en  forme  d'un  chapeau  qui  a  les  bords 
abaiiîes.  De  M^ziriac,  da;is  Çon  CoinrmntMre  fur 
la  Lettre  de  Brijeis  a  Achille,  fait  une  critique  exacle 
du  mot  crater,  qui  eft  dans  les  Auteurs  grecs  ,  &c 
qui  a  été  mal  traduit,  fclon  lui,  par  Vigenère  & 
par  Amyot.  Crater  ,  dit-il ,  étoit  un  gtand  vaiffeau 
dont  on  ne  fe  fervoit  point  pour  boire  -,  mais  feule- 
ment pour  y  mêler  l'eau  avec  le  vin  ,  dont  on  de- 
voit  boire  pendant  le  repas  j  &  de  ce  vaiifeauon  pui- 
foit  le  vin  ainfi  mêlé  avec  des  coupes  •,  ou  première- 
ment ils  en  verfoient  dans  des  pots  &  dans  des  cho 
pines ,  &  de-là  dans  les  tafles.  Ce  qu'il  prouve  par 
quelques  vers  de  l'Iliade   d'Homère,  &  il  ajoïite 
qu' Amyot  a  commis  une  faute  dans  tous  les  endroits 
de  Plutarque  où  il  eft  parlé  de  cette  forte  de  vaif 
feau,  l'ayant  pris  pour  une  coupe.  Il  vaudroit  mieux, 
dit  de  Méziriac  ,  retenir  le  mot  de  crater  ,  ou  l'ex- 
pliquer par  quelque  périphrafe,  que  de  mettre  une 
chofe  pour  une  autre. 
CRAU.  Crava,  Carnpl  Lapidei.  Petit  pays  de  Pro- 
vence, entre  la  faulfe  Crapone,  &  la  branche  orien- 
tale du  Rhône.  Ce  pays  eft  li  plein  de  pierres,  qu'on 
n'y  voit  pas  un  pouce  de  terre  ,  quoiqu'il  n'y  en  ait 
point  dans  toute  la  Camargue ,  qui  n'en  eft  fcpa- 
rée  que  par  une  branche  du  Rhône.  On  a  fort  cher- 
ché la  caufe  de  cette  différence  fans  la  trouver.  On 
ne  laiife  pas  d'y  femer  du  blé  en  quelques  endroits  , 
&C  il  vient  entre  les  pierres  une  herbe  très-nourrif 
fante  pour  les   beftiaux.  De  Valois ,  Notit.  Gall. 
/;.  115  ,en  parle,  &  rapporte  tout  ce  que  les  an- 
ciens en  ont  dit.  Il  écrit  la  Crau,  ou  las  Craux.  On 
l'appelle  Champ  Hctculien.  Bouche,  Hift.de  Pro- 
vence y  L.  I,  C.  IV,  §.  ^  Hercule,  dit  la  fable,  com- 
battant contre  Giron  le  Géant,  fils  de  Neptune,  & 
manquant  de  flèches,  invoqua  Jupiter,  qui  lui  en- 
voya une  pluie  de  cailloux.  Ce  font  les  cailloux  dont 
eft  couverte  l'île  de  la  Crau ,  à  l'embouchure  du 
Rhône,  campagne  que  Pline  appelle  un  monument 
des  combats  d'Hercule. 

Ce  mot  Crau  vient  peut-être  de  «p«^»  ,  q,ui  veut 
dire  crier  ;  ou  crau  s'eft  dit  comme  grau  ,  ou  gra- 
vier. Gave ,  en  Provençal  fignifie  gravier.  Ce  font 
appatei-nment  des  noms  celtiques,  comme  l'infinue 
Cambden  ,  qui  dit  que  craig  ,  en  langue  britanni- 
que, fignifie  une  pierre.  Bouche. 
CRAVAN,f.  m.  vilain  coquillage  qui  s'attache 
au  fond  d'un  vaiffeau  qui  a  été  long  temps  à  la 
mer. 
CRAVAN.  Oifeau  aquatique,  qui  reffemble  beaucoup 
au  canard  fauvage  pour  la  grandeur  &:  pour  la  figure, 
dont  le  plumage  eft  noir ,'  un  peu  bafanc  ,  en  latin 


CR  A 


ïoïf 


(inas  mufcaria,  parce  qu'il  prend  les  mouches  quî 
volent  fur  l'eau. 

Cravan.  Ville.  Foye^  Crevan. 

CRAVATE.  Nom  de  peuples.  Cordas,  Chrovàtus  ^ 
Croatus.  Les  Cravates  font  les  Croates,  ou  peuples 
de  Croatie.  Voyez  ces  noms ,  &c  les  articles  fuivans. 

Cravate  ,  f.  m.  efpèce  de  cheval  qui  vient  de  Croa-» 
rie  en  Allemagne,  qui  ordinairement  eft  fort  vite. 
Eqaus  Croata.  Les  Cravates  battent  à  la  main  ,  & 
portent  au  vent.  Ils  ont  l'encolure  haute ,  &  tendem 
le  nez  en  branlant  la  tête. 

Cravater,  en  termes  de  Guerre,  corps  de  Cavale- 
rie étrangère ,  commandé  par  un  Colonel.  Croatie 
équités.  Ih  kivtm  d'enfans  perdus  dans  les.  batail- 
les ,  de  batteurs  d'cftrade  dans  un  camp  à  aller  en 
parti ,  à  enlever  des  quartiers ,  &c. 

'^fT  Pour  parler  régulicrement,il  faudroit  dire  Croate^ 
Voiture  même  avoir  écrit  ainfi  :  mai"s  depuis  il  s'eft 
toujours  fervi  du  mot  Cravates,  &.  l'ufage  général  a 
prévalu  de  dire  &  d'écrire  Cravate. 

$3-  CRAVATE,  f.  f.  linge  qui  fe  met  au  tour  dut 
cou;  toile  fine  qui  fait  pluiieurs  tours  autour  du 
cou ,  fe  ncfUe  par-devant.  &c  dont  les  deux  bouts 
pendent  fur  la  poitrine.  Cœjîtium  colla  circumvo- 
lutum,  nodoqae  fub  mento  conjiriclum  Une  cravate- 
de  moufleline,  de  taffetas.  La  mode  de  cetajufte-  ^ 
ment  eft  de  iii^-,6  ;  elle  nous  vint  d'Allemagne. 
On  en  attribue  la  première  invention  aux  Croates, 
qu'on  appelle  ordinairement  Cravates. 
ffT  On  ne  porte  plus  guère  de   cravates.  On  leur 

a  fubftitué  les  tours  de  cou. 
gO"  On  a  aufTi  appelé  cravate ,  une  efpèce  de  touc 
de  cou  que  les  femmes  portoient  autour  de  leur 
robe  ,  qui  faifoit  le  tour  de  leur  fein  &  de  leurs 
épaules. 
tfr  En  termes  de  jeu  de  Trièfrac  ,  la  cravate  eft  une 
marque  que  l'on  met  à  fon  ficher,  pour  montret 
qu'on  à  la  grande  bredouille.  Voyei  Bredouille» 
|Cr  CRAULANT,  ANTE  ,  part,  du    vieux  verbe 
neutre  ,  crauler ,  branler  ,  tomber.  Poëfies  du  Ros 
de  Navarre. 
CRAYE.  f.  f.  Voyei  Craie. 

CRAYON   ,  f.    f.  petite   pierre  ,  pâte  ou   matière 
colorée ,  qui  fert  à  marquer ,  écrire  ,  deffiner ,  pein- 
dvc  au    paftel.    Stvlus    ex  plumbo  ,   ex  hcematife 
ujîo  ,  ex  carbone.  La  terre  rouge   appelée  Rubrica. 
Ltminata  feu  terra  fynopica ,  fe  nomme  en  françois  , 
crayon  rouge  q\\  fanguine.  Sa  couleur  eft  unie,  quel- 
quefois tachée.  On  s'en  fert  pour  delTmer.  On  en  tire 
des  carrières  deCappadoce.  On  fait  du  crayon  noie 
avec  du  charbon  de  faule  &  avec  de  la  mine  de 
plomb.  On  en  fait  qu'on  nomme,  paftel ,  avec  de 
la  pâte  de  toutes  fortes  de  couleurs.  On  écrit  avec 
du  crayon  fur  des  rablettes.  On  marque  avec  du 
cray&n  des  endroits  d'un  livre  qu'on  veut  retrouver. 
Il  y  a  une  des  pointes  du  compas  qui  lerr  de  porte 
crayon. 
Crayon    fignifie   au/Ti    les   portraits  ,   les    defleinS 
qu'on  fait  avec  le  crayon.  Opus  rubricâ ,  plumbo , 
carbone  adumbratum.  Les  crayons  êi<i  du  Moutier, 
de  Nanteuil,  ibnt  fort  eftimés.  Ce  Peintre  a  fait 
le  crayon  d'un  tel 
irr  On  le  dit  figurément  de  la   defcription  qu'on 
fait  d'une  perfonne.  Vous  nous  avez  fait  un  fidèle 
^rayon  de  cet  homme-là ,  vous  nous  l'avez  bien 
(jépeint. 
fKT  Crayon  fignifie   aufli  le   premier    deflein  ;  la 
"*   première  ébauche  d'un  tableau  qu'on  trace  avec  du 
crayon.  Adumbratio,  deformatio.llrCz  encore  faic 
qu'un  crayon  de  ce  tableau.  Cen'eft  là  qu'un  crayon 
groHler  j^in  léger  crayon. 
#Ï3=-  On  le  dit  dans  un  fens  figure  des  ouvrasses  d'cf- 
prit.  Cette  pièce  n'cft  pas  achevée  :  ce  n'eft  encore 
qu'un  crayon  ,  un  premier  crayon. 
frj-    On  dit  aulîi  figurément  que  l'homme  eft  un  fojj; 


î 020  C  R  A 

■ble^Myon  de  la  Divinité-,  pour  dire  qu'on  en  voît  i 
en  lui  quelques  traits  ■■,  imago. 

$CT  Crayon  le  dit,  en  termes  d'Agriculture,  d'une 
<erre   dure ,  blanchâtre ,  tout-à-fait  ftctile.  Terra  , 
cretcfa.  Elle  Te  trouve  au-dedbus  de  la  bonne  terre ,  j 
quelquefois  allez  proche  de  la  luperficie,  en  forte  l 
-que  le  folcil  pénétrant  trop  tôt  la  bonne  terre  ,  al- 
tère &  brûle  les  racines  des  arbres  qui  tracent,  c'eft- 
à-dire  qui  s'étendent  en  rampant  fur  ce  lit  déterre 
dure  où  elles  ne  peuvent  pénétrer. 

'CRAYONNER.  V,  a.  Tracer  ,  marquer  avec  du 
crayon.  Plumhoy  carbone  ,  rubricâ  adumbrare ,  de- 
lineare.  Cela  cft  crayonné  de  la  main  d'un  tel. 
Crayonner  une  tête,  un  bras,  é-c.c'eftles  deiriner 
avec  du  crayon. 

1^  Crayonner  fignifie  auflî  delîiner  groflièrement , 
tracer  les  premiers  traits,  Infor mem  op^ris  fpeciem 
dejïgnare.  Cela  n'efl:  que  crayonné. 

fèCT  On  le  dit  au  figuré,  dans  le  même  fens  qu'on  dit 
peindre  quelqu'un,  le  blafonner,  en  dire  du  mal. 
Ces  Meflîeurs  k  crayonnent  maintenant  à  leur  mode. 


C  R  A 

Masc.  Dans  ce  fens ,  il  n'eft  que  du  ftyle  familî  er. 

Crayonné  ,  ée.  part. 

CRAYONNEUR,  f.  m.  qui  crayonne.  Les  nouveaux 
cara6lères  de  Corneille ,  Racine  ,  la  Fontaine,  dans 
l'édition  du  Temple  du  goût,  font  autant  de  beau- 
tés nouvelles.  Il  n'y  a  qu'une  certaine  ame  d'Au- 
gufte  &c  de  Cinna  qu'on  ne  rcconnoît  pas  pour 
l'ouvrage  de  Corneille  ,  qui  étoit  véritablement 
peintre ,  ôc  non  pas  crayonneur.  Pour  et  contre. 


Ce  Corneille  qui  crayonna 

L'ame  d'AuguJle  &  de  Cinna. 
» 
tft  CRAYONNEUX ,  EUSE  ,  qui  eft,  qui  tient  de  I* 
nature  du  crayon.  Le  frêne  qui  s'emploie  à  faire  des 
elîieux ,  des  charrues  ,  des  rames ,  des  perches , 
des  échalas  ,  &  bien  d'autres  inftrumens,  ne  réulfic 
point  dans  les  rerres  dures,  froides,  argilleufes, 
crayonneufes  ;  mais  il  viendra  vue ,  &  s'élèvera  pro- 
digieufement  en  plaine  ,  dans  une  terre  légère,  ôC 
peu  profonde.  Spect.  de  la  Nat, 


F/iV  BV  TOME  SECOND. 


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